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REVUE
DBS
ÉTUDES JUIVES
VKKSAILLES
CBRP KT FILS, IMPRIMEURS
59, RUE DUPLRSSIS, 59
REVUE
DES
ÉTUDES JUIVES
PUBLICATION TRIMESTRIELLE
DE LA SOCIÉTÉ DBS ÉTUDBS JUIVES
TOME QUINZIÈME
PARIS
A LA LIBRAIRIE A. DURLACHER
sa"*, RUB I^PATBTTB
1887
U CONTROVERSE DE 12C3 A BARCELONE
EKTRE PAULUS CHRISTIANL ET MOÏSE BEN NAHMAN
I) faut pourtant montrer une fois, et par un exemple, à quels
lexcAspeut ï^o Hyr^^r un homme égaré par Tesprit de secte et le
Iprëjugé religieux. Le spectacle en est curieux, mais affligeant.
Le Père Denifle, de Tordre <îes Frères Prêcheurs» vient de
[publier une iHude sur la controverse que Paulus {en espagnol
Pabio) Cliristiani, un juif renégat, obligea le rabbin Moïse b. Nab-
man à soutenir contlre lui, en 1263, à la cour du rot d*Âragon, à
Barcelone *.
Je tiens le P. Denifle pour un savant homme et no galant
iomme, il n'est pas responsable des énormitës qu*îl dit, il obéit,
r»ans le savoir peut-être, à d'ancienneâ traditions et à des habi-
Uudes invétérées.
« Et lui avons reraonstré qu'il mentait*., t* Ainsi parlait Tinqui-
^Ition, m»^me celle qui n'élevait pas de bûchers, des pauvres Juifs
Iqu'elle tenait dans ses griffes. Ainsi parle encore le P. Denifle,
ivec la même hauteur et les mêmes airs de dédain, sinon avec les
îêraes moyens de persuasion. Il a remonstre w à Moïse Nabmani
ît à M. Graetz qu'ils ont menti. Le mot y est en toutes lettres.
Sur la controverse (de P263) on a beaucoup menti, depuis Moïse
S'ahmani jusqu'à Graetz (p. 226), — L'écrit deNahmani est-il donc
une œuvre de mensonge? Certainement (p. 229). » Et encore
« Le litre de ceUe publication du P. Déni Ile est î QuHlm tnr Disputatioi^
^milu Ckriêtiûm% mit M aies Nnekittani zu Banelona fffiJ. Elle a paru daiiB le
Jakrhuth, de Ia Oômâ-GmlUchaft, BHùée 1881. — lii-8<> de p. 225
T. XV, H» 2»,
!
2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
deux fois (p. 230) la même assertion revient. Le Juif (ce mot aussi
revient sans cesse et fait partie des aménités de langage que le
P. Denifle a trouvées dans les auteurs du moyen âge), le Juif a
meyiti.
Et pourquoi Nahmani a-t-il menti ? — On ne le croirait jamais,
il faut revenir de l'autre monde pour dire une incongruité pareille.
Nahmani a menti, parce que, dans la relation qu'il a faite de la
controverse, il se vanterait d'avoir mis quelquefois son adversaire
dans l'embarras et d'être sorti triomphant de la dispute*. En
sommes-nous là, bon Dieu ! Le P. Denifle ne sait donc pas ce que
c'est qu'une controverse religieuse? N'est-il pas de règle que,
dans ces joutes, chacun des partis s'attribue sincèrement la vic-
toire et la gloire d'avoir réduit l'ennemi en poussière? Et cette
opinion, en somme, n'est-elle pas vraie, au moins pour le moyen
âge? Avec les raisonnements saugrenus de cette époque, il était
impossible qu'aucun des adversaires fût jamais à bout d'argu-
ments. Le P. Denifle prend tout à fait au sérieux cette dialec-
tique puérile ; Nahmani, à ses yeux, est un grand coupable pour
avoir omis de mentionner deux ou trois des réponses de Pablo, qui
sont des plus importantes, à ce qu'il paraît. Il nous permettra de
trouver la naïveté un peu forte *.
Et pourquoi M. Graetz a-t-il menti? Tout simplement parce
^ Sans doute le P. Denifle relève encore d^autres charges contre lui, nous y
reviendrons, mais dans son introduction, il insiste uniquement sur celle-ci.
■ Si ou voulait argumenter do cette façon contre le procès-verbal des Pères, on y
trouverait des omissions bien autrement graves, mais qui est-ce qui va attacher de
l'importance au détail de ces discussions, qui sont, en grande partie, de purs bavar-
dages ? La méthode scientifique y fait entièrement défaut. La thèse de Pablo était,
du reste, bien singulière, et il était positivement permis à Nahmani de négliger
quelques-uns de ses arguments. A qui fera-t-on croire aujourd'hui que la Bible et
le Talmud, comme le soutenait Pablo, aient prédit ravènemenl de Jésus ? Il n'y a
pas un savant digne de ce nom qui ne prenne en pitié de pareilles balivernes.
Nous avons, pour la curiosité de la chose, vérifié les quatre passages du Pugio Fviei
où, d'après le P. Denifle (p. 233, notes), il serait prouvé que le Talmud, contraire-
ment à l'assertion de Nahmani, parle des souffrances et de la mort du Messie :
1* Partie 2, ch. 7, n<* 4, il n'est pas question du Talmud (mais d^un Midrascb) ni des
Bouffrances ni de la mort du Messie ; 2« Partie 2, ch. 11, n° 16. Il n'est pas question
du Talmud, mais d'un Midrascb, et Nahmani n'admet pas l'autorité du Midrasch ;
3* Partie 3, distinct. 3, ch. 16, n» 20. C'est le même passage que celui du n* 2,
même observation ; 4<> Ibid.^ n« 28. Ici encore ce n^est pas le Talmud, mais le
Torgum qui est cité. Il est, du reste, faux que Nahmani ait soutenu que les Uvres
des Juifs ne parlent pas des souffrances et de la mort du Messie, il a convenu (voir
sa relation, édit. Steinschneider, p. 9) qu'il y en a qui appliquent an Messie les
chap. 52-53 d'Isaïe, où ses souffrances et, si Ton veut, sa mort sont décrites, mais il
a ajouté que ces livres sont des aggadot, non des livres canoniques. Il a dit, en
outre, que ces aggadot ne parlent jamais de la mort du "Messie fils de David, et cela
est probablement vrai. Le P. Denifie ne savait pas qu'il y a, pour le Midrasch,
deux Messies, le Messie fils do Joseph, qui meurt ; le Messie fils de David, qui ne
meurt pas.
LA CONTROVERSE DE 1263 A BARCELONE 3
(|u1la copié la relation deNalimani et cru à la défaite da cham*
l»ioachrt^lien. Quelle imposture» 1
U
Examinons la question en d*^tail, elle est assez intéressante,
el nous espérons que cette petite étude servira à élucider» en
plui d*un point resté obscur, Thistoire de cette célèbre contro-
verse.
Pablo n'en était paa à son coup d'essai. 11 était probablement né
dans le midi de la France et dans cette province qui faisait alors
partie (lu royaume d'Aragon. Depuis longtemps il toormentatt les
communautés juives de cette région, qu'il voulait à toute force
coayertîrau christianisme-. Quand it vint plus tard en Aragon,
llconlinua ses menées. Il se mit à engager des controverses reli-
gieuses avec les Juifs du royaume, et, entre autres, avec ceux de
Girone* nu Nalimani était rabbin. Nous avons vu qu'il était entré
dans cet ordre des Frères Prêcheurs auquel appartient le P. De-
fii/leet qui inspirait aux Juifs une crainte parlaiteraent justifiée.
Leji Juifs d'Aragon n*osaient probablement pas refuser d'écouter
leur ancien coreligionnaire, devenu membre d'un ordre redou-
table, mais ils sVflbrçaient d'esquiver la discussion : ils no
savaient pas, ils n'avaient pas appris, la controverse n'était pas
Iw fort ni leur affaire, cela regardait leurs rabbins, entre autres
le célèbre r<tbbin de Girone, qu'on appelait le Maître» qui était
i toutes ces questions et pouvait en parler savamment*,
lent livrer bataille à un adversaire qui se dérobe? Pablo
'If. On«tx a aussi connsis la faute impardonnable d'avoir fait son Hislmte des
Jifc, où il fallait bicu parler des Juifs d'Espagne, sans aller dépouiller h& archlvcB
^ift Qirct!on« . \1, Amador de los Hios, qui a écrit trois voliimËS £iur nijstoire des
Jiuîid'£i pagne, et que le P. Daolfle devrait coonoltre^ a pu, au conlTaire, De j>as
^iibeoiiiiuitvr ces archites. — M, Graetz, sur l autorité Je Carpzo?^ se Irompc sur
\» hiaà'an» bulle, tout en faisanl remarquer qu^il tloit y avoir erreur^ M, Uraetz
Itit us grtad coupable, Carpzov ne Test pas. — M. Graelï a commis un laptui ©n
[Uiat ijua Tordre du jour de la controverse avait été fixé par Nubmani ; il est îm-
^le qu'il sa soil trompé volontairement, car Nahmani lui-tnêmo dit t)uo Tordra
B jour Fut arrêté d'un commua accord entre Pablo et lui; pour le P. I>eniûe,
* (Î7. a meoti. La choac en valait la peine î
* Voir Bêihim fran(aû^ Paris^ 1877» p. 563 et euîv„ où Ton trouvera rbistoîre
_ I agisscmeoU et controverses de Pablo. Cf. Bthr, Biàliot^rajikis, XV 1875, p. 89;
iVI |rî6, p. 42; XXI 18S2, p, 88; Bévue, Ui, p. 216.
* Tout c«la et la sutt4?^ dans le Prologutî du Procès- verbal latin de la controverse.
^ Le titr« 4o MoUrt <)u^od donuait à Nahmani ne signiâe pas médecin ; dans sa
Uoâ ip* 7], Nabmaiii le traduit en bébreu par Msà.
BEVUE DES ÉTUDES JUrVES
obtint tlu roi d'Aragon que Nabmani, avec frautrps Juifs instruits,
lût apj>î3lé à Barcelone pour soutenir le corabat. On aurait enfiu à
qui parler, Pablo pourrait se faire valoir, et comme l'issue de la
lutte ne pouvait être douteuse pour lui, ni pour les Frères Prê-
cheurs et Mineurs qui Curent consultés par le roi, on se flattait
de profiter de la victoire remportée sur le fameux rabbin pour
convertir les autres Juifs de gré ou de force.
On a deux relations de la controverse: une espèce de procès-
verbal en latin, rédigé probablement par les Frères Pr^^cheurs,
et une relation hébraïque de Naliraani *. D'après le Procès-verbal,
la controverse eut lieu le 20 juillet P2(î3, mais personne ne saurait
douter, après avoir lu la relation de Nalimani, qu'elle a duré
quatre jours non-consécutifs. Le Procès-verbal Ini-môme prouve
qu'elle ne finit pas en uu jour : il rapporte qu'à un certain
raoment^ Nahmani dit que les Juifs, le frère mineur P. de Janua
et plusieurs habitants chrétiens de la ville lavaient engagé à ne
pas continuer la discussion (dans la crainte d'exciter les esprits,
comme il est dit dans la Relation hébraïque). Il est impossible que
cet incident se soit produit dans le cours de la première séance, il
y en a donc eu plus d'une. Le Procès-verbal n'est pas explicite
sur ce point» il se borne à dire, en tête, que la controverse eut
lieu le 20 juillet 1263, mais iî ne porle pas de date à la lin, et il est
certain, nous le montrerons plus loin, qu*il a été rédigé plusieurs
jours au moins après le 20 juillet.
Nahmani oublie de donner la date du premier jour de la con-
troverse, mais la majeure partie de la discussion rapportée par le
Procès-verbal, et placée par-ce document au 20 juillet, est placée
par Nahmani dans la première de ses quatre séances. Le premier
jour de la controverse fut donc le 20 juillet.
C'était un lundi. La prochaine séance fut ajournée au lundi sui-
vant. Le second jour de la controverse fut donc le lundi 21 juillet*.
* Le Procès-verbal est imprimé per le P, Denifle, après d^ttiilres, La RelaUon de
Nahmani, publiée par Wageaseil dans ses Tela ifffma^ a été «iditée, entre autres, par
M, Slcinschneider sous le Litre do 1"D73nn HlD^T Nachmaaidis Dixputtitia, Stcltm-
BcrUn, IKGO, Tout ce ijuo nous cq disous est pris dans cette dcroièrc uditioQ ;
celle do Wagcneeil est tros feutivo, elio contieat^ entre autres, des interjections peu
bicnveillaûtea à l'odresse de Pablo, qui laTail, du reste, bien mérité. EUes ont été
ajoutées par les copistes et ne sont pas dû Nabmanii. Conlraircment it ce que dit te
P. Denilk^ qui no connaît que réditiou de Wogpugeil» Noiimani n iiisuUo paB une
seule lois Pabl(\ il teint niSmo do croire que sa conversion est eincère et en protite
pour lui opposer un ar^um«ut très spirituel (p, 6 dt» lu relation hébr.). U ne lui
témoigne pus beaucoup de considération, il est vrd, mam rauditoire no paraît pas en
avoir été bieti choqué, c'était entre Juif a.
* Wagenseil a : samidi^ au lieu de lundi, maïs nous sommes convaincu qu'on
n^'obUgea pas Nahmani à venir disputer lo samedi.
I
LA CONTROVERSE DE 1263 A BARCELONE 5
La troisième séance eut lieu le jeudi suivant, 30 juillet, et la
quatrif^me et dernière séance le lendemain, vendredi 31 juillet*.
L'ordre du jour qui avait été arrêté au début de la controverse
était loin d'être épuisé. On était convenu qu'on discuterait quatre
points (trois , suivant îs'ahmani). D'après le Procès-verbal on
pourrait croire qu'on ne discuta que le premier point ; d'après
Nahmani, le dernier jour aurait été consacré h la discussion du
second point, qui, chez lui, comprend, à ce qu*ii semble, les
points 12 et 3 du Procôs-verbaL Nalimani et le Procès-verbal n'ex-
pliquent pas de la même façon cette brusque interruption des
séances, nous reviendrons sur ce sujet plus loin. Nahmani ajoute
qu'après la quatrième séance, il alla cliez le roi, qui lui annonça
çue samedi il viendrait à la synagogue de Barcelone. Comme
Nahmani raconte qu'il resta exprès huit jours de plus à Barce-
lone, sans doute pour recevoir lui-même le roi à la synagogue,
on voit que cette visite eut lieu le samedi 8 août. Le lendemain,
Nâtimani, diaprés sa Relation, prit congé du roi, qui lui remit
300 maravédis pour ses frais de voyage.
m
Dans Pensemble du récit et même dans les détails, le Procès-
verbal latin et la Relation hébraïque sont d'accord ; sur un très
j»etit nombre de points, ils diffèi'ent et se contredisent. C'est là
<|ue le P. Denifle voit les mensonges de Nabniani : du moment que
le Juif n'est pas d'accord avec les Pères, il est évident qu'il a tort
^t que les Pères ont raison. Il est permis de ne pas admettre cet
axiome. Je sais bien qu'il y a Tattestation du roi au bas du Pro-
cès-verbal, mais nous en reparlerons.
La vérité est que les présomptions sont toutes en faveur de
Nabniani et contre le Procès-verbal des Pères.
L Les Pères poursuivent une œuvre de propagande, ils sont
puissants, autoritaires, fanatiques, ils veulent forcer la conscience
liea Juifs; leur preslige, qui est grand, ne peut ni ne doit subir
aucune atteinte, il faut absolumeut qu'ils aient raison. Ce ne
sont pas de bonnes dispositions ni une situation faite pour être
impartiaL
* D'iutres mss. (voir RtlttL héhr., p. U^ n* 9» et p. 17. n. 3) ont, pour U Iroiiièmo
tfottce, maf^i AU lieu de yeik/t, cela ËEt {lOSsiLle ; paur la [|ualrième séaacc, mtr-
<^i, «u lieu tl« w»rfrer/t ,' si celle leclure était boone, NalimuDÎ serait resté dix
/OiUi et uun huit joura a Burceloue puur laUt^udrc U vlbUû du rui a k syoëgogue.
. 6 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
2. Les Pères sont conduits par le fameux Raymond de Pena-
forte, leur ancien général, qui joue un rôle important dans la
controverse et dont on connaît Tesprit violent*. Ils ont pour
instrument un Juif converti dont il est permis de dire le plus
grand mal sans être injuste. Toute conversion sincère est respec-
table, mais Pablo, après sa conversion, s*est fait le persécuteur
des Juifs, et la publication du P. Denifle montre tout le mal qu'il
leur a fait, c*est un triste personnage. Nahmani est un homme
vénérable et sans tache.
3. Le roi, Raymond de Peiïaforte et les autres assistants chré-
tiens avaient, au début de la controverse, promis à Nahmani qu'il
pouvait parler en toute liberté et que ses réponses ne devien-
draient pas prétexte à poursuite judiciaire. Lorsque, plus tard,
Nahmani, sur la demande de l'évoque de Girone, fit sa Relation
de la controverse*, les Pères, oubliant leur parole, le poursui-
virent pour ce qu'il avait dit à la controverse et aussi, il faut
l'ajouter, parce qu'il en avait fait une relation écrite. Le roi,
malgré la crainte que lui inspiraient certainement les Pères, eut
le courage de montrer qu'il ne trouvait pas cette conduite très
loyale. Pourquoi le Procès-verbal le serait-il davantage ^ ?
4. La Relation officielle de cette procédure engagée en 1265
contre Nahmani dit bien que celui-ci, dans l'écrit qu'il avait fait
pour révoque de Girone, comme pendant la controverse de 1263,
avait offensé la religion chrétienne (on sait ce que cela veut dire),
mais, contrairement à ce que prétend ou laisse supposer le
1 M. Oraetz a cru (Amador de Lob Rios aussi) que Raymond de Penaforte était
encore à cette époque général do Tordre des Frères Prêcheurs ; il ne Pétait plus
depuis 1240 (P. Denifle, p. 239, notes], mais les documents latin et hébreu montrent
le rôle important joué par Raymond de P. dans toute l'histoire de celte contro-
verse. M. Gr. a donc eu tort, comme le remarque le P. D., de parler, à cette occa-
sion, du < fanatique général de Tordre, R. de PeSaforte, > mais c'est le mot général
qui seul est de trop, contrairement à ce que pourrait faire supposer la phrase du
P. D. sur ce sujet.
* Cette relation, étant destinée à 6tre lue par Tévêque de Girone, était sûrement
écrite en latin ou en espagnol. On peut admettre qu'elle a été traduite de la relation
hébraïque, et que la relation hébraïque a été faite dans cette circonstance, pour servir
d*original à la relation latine ou espagnole. D'autres hypothèses sont possibles.
* Nous raisonnons dans Thypothèse que TÂstrugus de Porta, poursuivi en 1265
pour avoir écrit une relation d'une controverse qui avait eu lieu antérieurement à
Barcelone, est le môme que notre Nahmani. Le 1\ D. admet également cette hypo-
thèse et il en tire môme, pour sa thèse, des arguments qui tomberaient si cette iden-
tification n'était pas exacte. Nous croyons, au contraire, que toutes nos preuves
subsistent, quelques-unes avec do légères modifications, lors môme que cette iden-
tification ne serait pas admise. Dans ce dernier cas, nous tournerions comiLe suit
Targument auquel se rapporte cette note : Les Pères ont manqué de parole à
Astrugus de Porta, qui nous garantit que dans leurs actes et dans leur procès-verba
ils aient été plus délicats envers Nahmani?
LA rONTRÛVERSlC DK 126.1 A BARCELONE 7
V. Denide, elle ne dit pas i|iril y ait erreur ou inexactituile et
encore moins mensonge dans cet tjcrit. Devant les témoins de la
coalroverse, il était probablement impossible de produire cette
lion. C*est seulement dans la plainte adressée plus tard au
par les Pères que Nahniani était accusé de mensonge, car
imebulledu souverain pontife énonce cette accusation^ mais le
u'ëlait pas en mesure de vérifier ce que lui écrivaient les
i, il ne pouvait que le répéter.
5. Les Pères pouvaient dire et écrire impunément ce qu^ils vou-
Nabmani se serait évidemment exposé à de graves dan-
s*il avait rais des inexactitudes ou des mensonges dans sa
iBelation. Il ne Taurait pas osé.
6. La Relation est précise et détaillée, le Procès-verbal est évi-
fiemment un peu confus, il ne fait pas de distinction entre les
différentes séances, il confond et mêle les questions soigneusement
Bttmi^rotées dans le programme do la controverse, il omet une
grande partie de la discussion.
1. On pourrait croire que le Procès-verbal a été rédigé séance
tenante et qu*il présente, par conséquent, plus de garanties d'exac-
lilude que la Relation» écrite plus tard, peut-être longtemps après
b Controverse et probablement de mémoire. Mais il est facile de
toofttror que la date du 20 juillet qui se trouve en tête du Procès-
Vrbaln'e.st pas la date de la rédaction de cette pièce. Il est ques-
tion, à la fîn du Procès-verbal, d'une absence faite par le roi après
b clôture de la controverse, d'une prétendue fuite de Nahmani
ipri^s le départ du roi. de Tattestation du roi sur tous ces incidents
Postérieurs à la controverse; comme la controver.se, avec la visite
io rai à la synagogue avant èon départ, a duré trois semaines,^
1<* Hroçès-verbal aurait été écrit au moins trois semaines après
1^ 21) juillet, lors même qu'on n^aurait pas attendu, pour le
î^'diger, le retour du roi. L'absence de date à la fin de la pièce
't as^ez singulière, un esprit soupçonneux pourrait suppo-
*<îrque celte omission est préméditée et destinée à faire illusion
*<ir la date réelle du document. On peut se demander s'il n'a
pt*, en réalité, été rédigé deux ans plus tard, à Fépoque ou les
*»^rç$ ont fait à Nahmani le procès dont nous avons parlé plus
liaut, et pour servir de pièce à conviction dans ce procès. On ne
It pas trop, autrement, pourquoi on aurait rédigé cet acte
il '^^r à toutes les affaires publiques et à Tadministration
REVU£ DES ÉTUDES JUIVES
IV
Si maintenant on examine de près la Relation de Nahmani, on
est frappé de Tabondance et de la précision des renseignements
qu'elle fournit. Cette prétendue « œuvre de mensonge » contient
tout ce que contient le Procès-verbal et beaucoup davantage. Sur
tous les points qui sont communs aux deux textes, la conformité
des deux récits est étonnante, elle est une preuve de l'exactitude
scrupuleuse et minutieuse qu'y a mise Nahmani.
Le Procès- verbal raconte que Ton commença par arrêter le plan
de la conférence et fixer les points à discuter, Nahmani le dit éga-
lement. Ces points étaient au nombre de quatre, d'après le Procès-
verbal; de trois, d'après Nahmani, mais, comme nous Tavons dit
plus haut, Nahmani a sans doute confondu en un seul les points
2 et 3 du Procès-verbal. La définition des points à discuter est la
môme, sauf des nuances dans la manière de concevoir les choses,
dans le Procès-verbal et chez Nahmani.
Le Procès- verbal énumère quatre ou cinq questions (les divisions
ne sont pas faciles à faire) qui furent discutées pour élucider le
premier point de Tordre du jour. Elles se trouvent toutes^ avec le
plus grand détail, chez Nahmani : la discussion sur la trinité qui
avait déjà eu lieu à Girone (la Relation n'oublie môme pas ce
détail) entre Pablo et Nahmani ; l'aveu de Nahmani que, d'après
un midrasch, le Messie était, en eflet, né à Bethléem et était apparu
à Rome; la question faite à Nahmani sur l'endroit où séjournait le
Messie, puisque les Juifs prétendaient qu'il était peut-ôtre né, mais
que sa mission n*avait pas commencé; la réponse de Nahmani [le
Messie est dans le Paradis avec Elie) ; le développement de la thèse
de Nahmani que le Messie peut être né, mais qu'il n'est pas um;
l'inévitable apparition du fameux verset de la Genèse (ch. 49,y.
10) : « Le sceptre ne tombera pas de la main de Juda jusqu'à ce que
vienne Silo » ; celle du non moins fameux chapitre 52-53 d'Isaïe,
qui était le cheval de bataille des controversistes chrétiens du
moyen âge; la discussion sur l'époque où les Juifs auraient cessé
d'avoir des princes ou des chefs, et l'opinion de Nahmani qu'il
peut y avoir vacance du pouvoir (le mot vacat est dans les deui
récits), sans suppression définitive; la prétention de Pablo de
prouver à Nahmani que le Talmud môme est pour Jésus contre
les Juifs; la réponse faite par Nahmani que les midraschim et
aggadot n'ont pas d'autorité et que ce sont de simples conversa*
LA CONTROVERSE DE 1263 A BARCELONE 0
Iromélies (le raot serraories même est daas les deux récits)
ée ; la contestation sur le conseil qu on avait donné à
Nahfflajii de se refuser à continuer la controverse; tout cela se
tronfidans la Relation, avec la plus grande fidélité. Elle men-
e^ comme le Procès-verbal ou d'autres pièces relatives à ce
|jlâ)atja présence du Roi, de Raymond de Peiïafarte, de Pierre
MeJanaa (Gènes), frère mineur, du frère Arnaî de Segarra, des
IbbiUnts chrétiens de Barcelone. Le Procès-verbal ne dit rien de
lit liberté de parole accordée à Nahmani et dont celai-ct parle
Fitt commencement de sa Relation, mais la véracité de Nabmani
sîirce|)Ornt esi confirmée par une autre pièce ofticielle*, Nah-
niani II oublie même pas que Pabto lui a reproché de porter Je
titwde Rabbin ou de Maître, sous prétexte qu'il ne convenait plus
i un Juif de porter ce titre honorilique. A moins d'avoir un
îl^nograptie ou un phonographe à sa disposition, il était impos-
liililede faire un rapport plus exact. Quand même ce récit, géné-
jraiemeiit si tidèle, contiendrait les deux ou trois inexactitudes
I que le P. Denifle veut y trouver, c'est outrageusement défigurer
Icj choses que de l'appeler a œuvre de mensonge »,
Voyons maintenant les points où le Procès-verbal et la Relation
ftvsont pas d'accord. Nous croyons qu'il est facile de montrer que
Iw vraisemblances sont en faveur de la Relation contre ïe Procès-
^erhal, ou que les contradictions, que le P. DeniOe est porté à
«^lagirrer» sont plutût apfiarentes que réelles.
l Xahmani dit que Tordre du jour fut fixé d*uu commun accord
^tre lui et Pablo; le Procès-verbal dit que Fahlo proposa à Nah-
tt>«Jii les points à discuter. V a-t-il là une véritable contradiction?
il y en aurait, en voilà une affaire; il vaut vraiment bien
> je s'y arrêter.
t D'après le Procès-verbal, le tort de Nahmanide porter le titre
^Uaiire viendrait de ce que, depuis la passion du Christ, aucun
Juif ne doit porter ce nom. On ne sait vraiment pas ce que cela
«igaifie* La réponse faite par Nahraani, d'après la Relation, prouve
>' ' ' r î de Nahmani cunsiste dans une contravention contre les
j ; , i lons juives, et il ne peut pas y avoir de prescription juive
dé ce genre qui se rattache à l'avènement du Christ. Qu'on lise,
) L« documotit H* ë publid par le P. Ûeuillc: : voir k k liu do ce UtvaiU
10 REVUE DES ETUDES JUIVES
au contraire, Nahmani sur ce point, tout devient clair. Vous n'a-
vez plus d'autorité, dit Pablo, pour faire l'investiture rabbinique
(puisque le sceptre est tombé des mains de Juda), donc vous ne
pouvez être ni Rabbin, ni Maître. Nahmani, dans sa réponse, dit
qu'en effet, depuis le \^ siècle, l'ancienne investiture a cessé, c'est
ce qui explique les huit cents ans (de 400 à 1200, en chiffres
ronds) que dure cette suppression de l'investiture, et qui, dans le
Procès- verbal, sont incompréhensibles *.
3. Le Procès-verbal prétend que Nahmani ne sut rien répondre
à Pablo sur les preuves que celui-ci lui donna de la trinité divine.
Est-ce vraiment possible et probable ? Dans sa Relation, Nahmani
y répond bien, pourquoi n'aurait-il pas su y répondre dans le
cours de la discussion ? Croit-on qu'on Tait pris à l'improviste sur
un sujet pareil, et la question de la trinité est-elle si claire et si
évidente qu'il n'y ait pas moyen d'y faire des objections*^
4. Le Procès-verbal prétend que Nahmani « accorda que le
Christ ou Messie était né à Bethléem il y avait mille ans ». D'après
la Relation, Nahmani accorda que cela se trouvait, en effet, dans
une de ces aggadot qui n'avaient, pour lui, aucune autorité*.
Pour qui, nous le demandons, sont les probabilités, pour le Procès-
verbal ou pour la Relation ?
* Les données chronologiques du Procès- verbal comme de la Relalion sont, en
général, très curieuses, et mériteraient d'être étudiées de plus près que nous ne le
faisons ici. Nous venons d'expliquer tant bien que mal les 800 ans; un peu plus
loin, le Procès-verbal fait dire à N. que le Messie est venu depuis mille ans, ce qui
provient probablement des textes cités dans le Pugio Fidei, 2* partie, cb. 6, d** 1
â 4. — Dans un autre endroit du Procès-verbal, N. convient qu'il n'y a plus
de sceptre en Juda depuis 500 ans. On peut supposer quMl croyait Tcxilarchat de
Babylone éteint depuis 500 ans. — Voici également quelques singularités relevées
dans la Relation. On ne sera pas étonné que N. place l'année 1263 de Tère chrétienne
en l'an 1195 après la destruction du temple (p. 15), au lieu de 1193, tout le monde
sait que la chronologie juive place la destruction du temple en l'an 68 et non 70 de
l'ère chrétienne. On sait aussi pourquoi N. dit (p. 8) que Jésus est né, d'après les
calculs des Juifs, 200 ans avant la destruction du temple, et, diaprés les calculs des
chrétiens, 73 ans avant la destruction du temple. La légende juive fait de Jésus un
contemporain de Josua b. Perahia, docteur juif qui a vécu environ deux siècles
avant la destruction du temple (voir Sé'far haccahbala, d'Abraham ibn Daud, édiu
Venise, 1545, f« 27 « ; Johasin, édit. l'ilipowski, p. 14-15; Milhémtt Aoôfl, édit.
GonstanUnople, 1710, f«»o7fl^; Késehet u-Magen, édit. Livourne, f» lia; AV
çahon, de Lippmann Muhauscn. n* 332). Jehiel de Paris, dans sa controverse, soU'
tient la même thèsç. — Dans un autre passage (p. 14), N. dit que, d'après les JuifSt
Jésus est né 30 semaines, c'est-à-dire 30 fois 7 ans ou 210 ans, avant la destruction
du temple, et même, d'après les chrétiens. 20 semaines, c'est-à-dire 140 ans, tnal
la destruction du temple. Un peu plus loin (p. 15), N. calcule que le Messie vicndit
95 ans après la controverse, soit 1290 ans après la destruction du temple, c'est-à-
dire en 5118 de l'ère de la création, ou 1358 de Tère chrétienne {voir Zunz, dâM
W. ZeUschrift, de Geiger, IX, 1871, p. 107). De son côté, Pablo (p. 16 de la Rela-
tion) place Maïmonide, qui était à peine mort depuis 60 ans, à 400 ans en arrière.
^ Voir plus haut la note 2, p. 2.
LA CONTROVERSR DE 1263 A îiAliCELnMC 11
5- Nahmani, d'après le Procès-verbal, estobîigë de convenir que,
jepuis cinq cents ans, le sceptre est tombé véritablement et défi-
nitivement des mains de Juda, Pourquoi cinq cents ans ? On ne le
sait pas, mais, dans la Relation, Nahmani n*en convient pas ainsi
du tout, il donne, sur ce sceptre de Jmia, des explications et des
faisons qu*il a sûrement données aussi pendant la conférence,
;ette question aussi était prévue, et Nahraanl y était sûrement
^préparé K
6. Le Procès-verbal prétend que Nahmani convint que les cha-
I \>ltres 52-53 d'Isaïe parlent du Messie; dans la Relation il n'en
convient pas le moins du monde, il donne de ces fameux chapitres
une explication des plus admissibles, c'est qu'îls's'appliquent au
p^'Uple d'Israf^L Sur ce point encore, il était préparé, il n'a pas
pinlire autre chose que ce uujI dit dans la Relation, Le Procès-
verbal, il est vrai, assure qu'on prouva à Nahmani que la tliôse
chrétienne était confirmée par le Talinud-; D'après la Relation,
Nalmiâni a répondu que, sll en était ainsi, il était bien étonnant
qualesTaJmudistes ne se fussent pas faits chrétiens. Voilà une
réponse bieu facile, et Nahmani n aurait pas pu la faire à Bar-
'^tone l
'^> On ne volt pas bien clairement, dans le Procès-verbal, pour-
quoi tout à coup Nahmani veut arrêter la controverse. La Rela-
^tHï Texplique fort bien. Les Juifs avaient peur que la liberté des
^ponsè5 de Nahmani n'excitât les Frères ou môme le public et ne
^^s portât à quelque acte de violence ; les notables chrétiens de
Û^celone pouvaient aussi craindre qu'il ne se produisit des dé-
^f^rdres dans la ville; enfin, le Père P. de Jauua, qui était de
^Wdredes Mineurs, a pu très bien, comme l'a supposé M. Oraetz,
le^ji^yer de contrecarrer sous main, et par jalousie, les desseins des
J/rères Prêcheurs ** On fit entendre plus ou moins discrètement à
P^hmani qu*il serait sage de s arrêter. Mais ces terribles Frères
^i^ôcheurs faisaient peur à tout le monde ; quand, en séance pu*
k' ^' ' iiani refusa de continuer, en s'appuyant sur rautorité
f t de P. de Janua, le pauvre homme fut abandonné
' Lfl P. DenîÛe prétend fp. 232, notes) que Nahïnatii, eti rapportant cetto argu-
menittbo, om«t les parties eur Icsqubites il ue peut pas répondre. N. e»l beau-
Ctt^ip l>lU8 explicite et plus abondant sur ce point que le Procès-verbal, nous ne
nranare tju*il aurait omis.
^ Il Jtut voir encore sur ce point ee que oon^ avons dit plus haut : Nahmani coq-
^iebt^nec«rt«iu& écrits juiii tans autorité ont appliqué le cliapiue d baïe au Messie,
ccttUicnlc coticc;&3ion qu'il fait,
' Dtji, dans un précèdent Incident, le Père P. de Janua avait donné à Nthmanî
^Btit^iwa 4 approtiaiion (Relation, p. 7], mais comme Nahmani fle bâta de souligocr
etUaioipig^ de tympaibic, ie Père pnl peur el battit en relraiio.
12 REVUE DES ETUDES JUIVES
de tout le monde, personne n'avait rien dit, on ne savait ce qu'il
voulait. Voilà comment il fut convaincu de mensonge ! Croit-on
vraiment que Nahmani fut assez maladroit ou assez imprudent pour
inventer cette intervention des bourgeois et du Père P. de Janua,
et était-ce la peine, pour un si mince sujet, de s'exposer de gaité
de cœur à un démenti ? Le démenti qu'on lui donna ne fut proba-
blement pas si catégorique que le prétend le Procès-verbal, et Nah-
mani lui-môme, dans sa Relation, dit qu'il y eut, sur ce sujet, une
longue discussion. Il avait évidemment commis une maladresse,
et les personnes qu'il compromettait involontairement l'en punis-
saient en le désavouant.
8. Le Procès-verbal dit encore une ou deux fois que Nahmani
ne put rien répondre. Nous l'avons dit plus haut, avec les méthodes
de discussion du moyen âge, on avait réponse à tout, il aurait
fallu être un triple idiot pour ne rien trouver à répondre à Pablo.
Si Nahmani nous disait que Pablo resta court, nous ne le croirions
pas. Que faut-il, dans de pareilles discussions, à défaut de science
et de bonnes raisons ? De la faconde et de l'aplomb, nous croyons
très volontiers que Pablo en avait à revendre. Mais Nahmani ne
se vante pas du tout d'avoir fermé la bouche à son adversaire, tme
seule fois il dit que Pablo « se tut » ou « fut réduit au silence »,
mais c'est dans une question de fait, sur laquelle il n'y avait rien
à répondre *. Le P. Denifle dit cependant que Nahmani se vante
d'avoir cœistamment fait taire et trembler son adversaire, mais
l'assertion est toute gratuite *. C'est le Procès-verbal qui se donne
la joie puérile de réduire Nahmani au silence. Nous le deman-
dons à tout homme non prévenu : Pablo n'était assurément pas un
grand savant, ses travaux scientifiques n'ont pas lui d'un bien
grand éclat; au dire de la Relation, tout ce qu'il savait se réduisait
à une connaissance plus ou moins superficielle de l'aggada, avec
laquelle il s'était familiarisé pour soutenir ces controverses; Nah-
mani, au contraire, est un homme d'une profonde science théo-
logique et d'une érudition étonnante ; qui donc voudra croire,
surtout si l'on se rappelle que la vérité scientifique était sûrement
du côté de Nahmani, que Pablo ait pu l'emporter sur lui? Nous
n'en voulons pas aux Pères d'avoir si complaisamment enregistré
ses prétendues défaites, mais combien l'attitude de Nahmani est
plus digne et sa Relation plus fidèle. Il convient franchement qu'il
n'a pas remporté de victoire, et c'est lui qui raconte qu'à son dé-
part, le roi lui dit : « Je n'ai jamais vu si bien défendre une pluî
» Relat. hébr., p. 19.
' Nous ne savons vraiment où le P. D. a pris cela.
LA œNTBOVEHSR DE 12fî3 A BARCELONE
13
iviSse cause. » Ce seul a?uu peint rhomme et montre sa loyauté
faite.
VI
[Reste enfin un dernier point et le phis grave, Nahmani raconte
l'aprèslâ quatrième séance, il alla trouver le roi, et que celui-ci
i dit que les conférences allaient cesser. Le roi trouvait, sans
bute, qae le jeu avait assez duré. Cest ce qui explique pourquai
brdrp du jour ne fut pas dpuis<5. Puis vint la visite du roi à la
nagogue, le cong»^ que prit Nahraani du roi et le dou qu'il en
çulpour couvrir ses frais. D'après le Procès-verbal, tout cela
ait faux : Nahmani aurait fini par ne plus oser ni pouvoir sou-
Dirla discussion, et quoiqu'il eût promis de le faire devant un
etit cercle, il aurait profité d'une absence du roi pour s'enfuir !
Iceia est attesté» comme tout le reste du Procès-verbal, par Tap-
«itjon du sceau royal. Toute cette Intéressante entrevue finale
Nâhmanî avec le roi, le mot si aimable du roi, le don de
ïmaravédis, tout cela serait pur mensonge,
I Parlons d*abord de Tattestation royale placée au bas du Procès-
rbal. Nous savons bien, parla Relation, que le roi s'intéressait
veroent à ces discussions et qu'il n'hésitait même pas à y prendre
Irt, mais il ne pouvait évidemment s'en mtHer qu'en amateur.
InVtait pas théologien et ne pouvait prendre sur lui de témoi-
per, en toute conscience, en faveur de la partie Ihéologîque du
kverbal. Et du moment que cette attestation ne s'applique pas
rverbal tout entier, est-on siir qu'elle s'applique plutàt
ige du Procès-verbal où est racontée la prétendue fuite
ï Nahmani? ou n*est-on pas autorisé à dire que cette attestation
ffôt pa!î très sérieuse, et que le roi n'y a pas regardé de bien près?
elle est authentique, il nous parait clair que le roi a signé de
afiance. 11 y avait eu une controverse, le roi l'atteste, le reste
vait lui être passablement indifférent, ni l'État ni le Trésor
étaient intéressés, c'était TatTaire des Pères, ils pourraient
Ji^er cela comme ils l'entendraient.
lya, du reste, justement en ce qui concerne cette prétendue
de Nahmani, une inadvertance curieuse dans le Procès-
il. Il raconte que Nahraani s'est enfui en Vabsence du roi,
' imillëdiatement après vient le témoignage royal attestant que
oe qui précède < a été dit et lait en ma présence, » Voilà,
14 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
assurément, un témoignage bien singulier : le roi était à la fo
absent et présent I C'est probablement un miracle.
Eh quoi! le Procès-verbal des Pères ne serait pas exact ?Noa
croyons avoir suffisamment démontré qu'ils se sont permis quel
ques inexactitudes, et nous n'hésiterions pas à penser que, pai
vanité et gloriole, ils ont, dans leur récit, triomphé de Nalunaai
un peu plus que de raison. Nous n'irons pas, pour cela, comme le
P. Denifle, employer le mot de mensonge, qui est un bien gros
mot pour des enfantillages de ce genre. Qu'est-ce que cela peut
bien faire que les Pères, entre eux, se félicitent et se glorifient de
leur victoire, et qui cela peut-il gôner? Ces petites supercheries,
en partie sincères, sont tout à fait inoffensives.
Mais les Pères, sur ce point de la fuite de Nahmani, ne peuvent-
ils pas avoir raison? Pour qu'ils eussent raison, il faudrait qae
Nahmani eût véritablement été dans Timpuissance de soutenirla
discussion, c'est une supposition absurde. Et puis, que signifie
cette fuite ? Nous savons bien que Nahmani n'a pas quitté son
domicile et son pays, on savait où le trouver, il ne pouvait passe
soustraire aux ordres du roi. Ce départ clandestin de Barcelone
aurait donc été aussi inutile que ridicule. Il est impossible d'y
croire.
Il y a plus : il n'est pas du tout démontré que le Procès-verbal
soit, sur ce point, en contradiction avec la Relation. Pour expli-
quer notre pensée, il faut que nous reproduisions ici textuellement
le passage du Procès-verbal (vers la fin de cette pièce) :
« Item cum promisisset [dictus Magister Moyses] coram domino
rege et multis aliis quod coram paucis responderet de fidesuaet
lege, cum dictus dominus esset extra civitatem, latanter aufugil
etrecessit. »
Il faut d'abord remarquer ce mot promisisset. Qu'avait-on be-
soin de la promesse de Nahmani? Le roi était le maître, on ne
voit pas qu'il ait fait promettre à Nahmani de venir à Barceloije,
de soutenir la controverse, il avait ordonné, et Nahmani n'avait
eu qu'à obéir.
La promesse aurait été faite devant le roi et d'autres, mais la
discussion future qu'elle laissait espérer devait avoir lieu devant
un petit nombre de personnes, probablement hors de la présent
du roi. Les séances auxquelles le roi avait assisté avaient toujour
été entourées d'un certain apparat, celles qu'on annonce ici de
vaient se faire en petit comité.
Sur quoi devait rouler la discussion future évitée finalement pa
Nahmani ? Que l'on veuille bien se rappeler que le programme d
la controverse ne fut pas épuisé dans les quatre séances racontée
LA CONTïlOVKÎtSE DE 1263 A BARCELONE
f5
ir NalimaiiL La Relation roule sur les deux premières questions
me, qui sont, on le sait, les trois premières questions
-. rbal, et roii peut admettre que le Procès-verbal aussi
Jt^, pltw ou moins clairement, de ces deux (trois) questions. La
prnière question seule n'avait pas encore <jlé touchée. Le Procès-
|lerbaUa définit comme suit : Prouver que les lois religieuses et ce-
rtmoniellés des Juifs ont été abolies par la venue du Messie ;
^alimani la définit ainsi : Savoir si ce sont les Juifs ou les cliré-
f liens qui pratiquent la bonne religon. C'est évidemmenï la môme
chose, aous une autre forme. Les questions précédentes roulaient
sur te Messie» la dernière était consacrée à rexaraen comparatif
i_iiçs religions juive et chrétienne; comme les Pères, ûès le début,
lient mis la religion chrélienne hors de cause, cela ne pouvait
fqu*une espèce de justilication de la religion juive qu'on de-
mandait à Nahmani. C'est évidemment le responderei de fide sua
etlege^le nolrp texte.
Tout «explique maintenant. Le roi avait trouvé, après quatre
[fétoces, qu'il y en avait assez, il se proposait aussi probablement
' de faire une excursion hors de Barcelone, mais les Pères nV?taient
pas rassasiés, cette quatrième question du programme leur tenait
i OBar Après que le roi eut prononcé la clôture des conférences»
et encore en sa présence, ils insistèrent probablement auprès de
Xâhmani pour qu'il consentit à venir volontairement discuter
iTeceux« en séance privée, cette dernière question, et Nahmani
•urt tapement laissé entendre qu'il pourrait bien se prêter à
o^tt« (antaisie. Mais après qu il eut pris congé du roi, et que le
roi était probablement parti de Barcelone, il n'aura pas jugé à
|»ropr>s de prolonger le divertissement, et il sera retourné à Gi*
rone sans [«résenter ses respects aux Pères. Qui sait ce qui se-
rtit arrivé s'il avait continué la discussion en Tabsence du roi et
(joell*' tournure les choses auraient prise pour lui ou même ponr
les Jttlfs de Barcelone? Il eut mille fois raison de partir, mais
pour les Pères, qui auraient voulu le retenir, ce départ devint
nm faite*
Vil
Notif espérons avoir démontré que les accusations portées contre
Nahinanl n'ont pas le moindre fondement et même quil est par-
(àitemenl évident, quoique sans autre importance, que c'est le
Procès«Terbal, et non Nahmani, qui prend des airs avantageux et
16 REVUE DES ETUDES JUIVES
des poses triomphantes. Remercions cependant le P. Denifle de
nous avoir donné, sur cette célèbre controverse, ou plutôt sur ses
suites, d'après un ms. de Barcelone, quelques pièces inédites. Les
documents qu'il publie ou analyse sont au nombre de onze. Ed
voici rénumération :
4. Le Procès-verbal dont nous avons tant de fois parlé. Déjà sou-
vent publié, entre autres dans E. C. Girbal, Los Judios en Oirons,
Girone, 4870.
2. Mandement du roi Jayme I«^ daté de Barcelone, 26 août 4263,
par lequel le roi ordonne aux fonctionnaires de bien accueillir les
Frères prêcheurs qui viendraient pour convertir les Juifs et les
Sarrasins ; d'engager ceux-ci et au besoin de les forcer, y compris
les enfants, les vieillards et les femmes, à se réunir pour écouter les
Pères en silence ; de protéger la liberté et les biens de ceux qui vou-
draient se convertir et de punir ceux qui les appelleraient renegêi
ou tomadis^ (tourné, converti). — Inédit.
3. Mandement de Jayme P^ daté de Barcelone, 28 août 4263. Ordre
aux fonctionnaires de faire saisir tous les livres appelés Soffrim,
composés par Moïse, fils de Maymon, égyptien du Caire, et conte-
nant des blasphèmes contre Jésus-Christ, et de les faire brûler
publiquement. Les Juifs qui ne livreraient pas ces ouvrages seront
traités en blasphémateurs. — Inédit. Il faut remarquer que dansla
controverse, Paulus s*était appuyé sur Maïmonide et l'avait appelé
en témoignage contre Nahmani.
4. Mandement de Jayme l®*", daté de Barcelone, 29 août 1263, par
lequel le roi fait savoir aux Juifs qu'il délègue auprès d'eux Paulus
Christiani pour leur prêcher la parole de Dieu. — Déjà plusieurs fois
publié.
5. Mandement de Jayme P"*, daté du même jour, 29 août, parleqpel
le roi ordonne aux Juifs d'effacer de leurs livres, dans un délai de
trois mois, tous les blasphèmes contre la religion chrétienne qui leur
seraient signalés par Paulus Christiani, d'accord avec Raymond de
Peîiaforte et A. Segarra ou qu'ils y découvriraient eux-mêmes, et
leur fait défense de les remettre après radiation, sous peine de mille
maravédis et de la destruction desdits livres. Les dix ou vingt
maiores et discretiores de chaque aljama (alhamia, dans le texte) sont
chargés de l'exécution de cette mesure. — Inédit.
6. Mandement de Jayme P^, daté de Barcelone, 30 août 4 263, adressé
aux fonctionnaires publics, et leur ordonnant de ne pas forcer les
Juifs ni permettre qu'ils fussent forcés de venir entendre les Frères
prêcheurs au dehors du quartier juif, mais si les Frères vont prêcher
dans le call (rue, quartier) juif et dans les synagogues, les Juifs
iront les entendre, s'ils veulent. Toute disposition contraire est abo-
1 Le P. D. lit eomadit.
LA CONTROVERSE DE 1263 A BARCELONE 17
r^^ÎQédiL Ce tnandement esi une attéouatîoii à celui un ^9 août
4, plus haul)* Il est difficile de compreodre comment le roi se
tôQlredit ainsi à un jour de distance.
1, Handemeol de Jayme 1^% daté d'Esea, 27 mars 1264, lia été
tonrenii (plus haut, pièce S) que les Juifs rayeraient de leurs livres
ibUsphèmes contre la religion chrétienne, dans un délai de trois
ftais après que ces passages leur auraient été signalés, et sous peiue
jtûilie maravédis d'amende» mais les Juifs ne sont pas obligés de
(t«Qdre rînlUaiive de la radiation, Paulus ou un autre leur signalera
[ks ïtfssages à rayer, et un tribunal composé de Tévêque de Barce-
[lime, de Raymond de Pefia forte, de A. de Segarra, du frère Raymond
lïtartioi (le fameux auleur du Pu^io Fidei) et de P. de Genioa (proba-
blement notre P. de Janua), est institué pour entendre à ce sujet et
juger les contestations entre les Juifs el ies censeurs. Les Juifs
Oût an mois pour en appeler à ce tribunal, et les trois mois de
délai accordés pour la radiation courront à partir du prononcé du
[ jugemcol de ce tribunaL — Inédit, Ici encore il est question des
|i vingt ou ircûte » maiores ou àiscreiiores de la communauté des
[Juifs.
K Lettre patente de Jayme !«% datée de Barcelone, 12 avril 1265. où
[est raconté le procès fait à B<jnastruc de Porta, maître juif de Gi-
rone, à cause de la Relation de îa controverse de Barcelone qu*il a
^ ttriit sur la demande de Tévéque de Girone. ^- Déjà antérieurement
^iiDprimtN entre autres dans Girbal. Tout le monde est d'accord que
naslruc de Porta, fnailre^ est notre Moïse Nahmanii et que la
atroTerse dont il a fait la relation est celle de Ii63. Une main pos-
léîieare a ajouté, dans le ms., que Bonastruc aurait été puni d'une
imemlcde 500 maravédis, le document n'en fait pas mention.
1 Bulle du pape Clément IV, probablement de 1266 ou t267, adres-
1 8^ au roi d*Aragon Jayme I•^ Le pape, après avoir parlé des Sarra-
sliis,prie le roi de ne plus confier de fonctions publiques aux Juifs,
<krffréûer leurs blasphèmes contre la religion cliretienne, et princi-
palement de punir ce Juif (Astrugus de Porta) d'avoir écrit sur ta con*
•roY^rsc qu'eut avec lui Paulus Christîani, en présence du roi, un
I ^iiwlie plein de mensonge et de tielions et distribué, pour la diflusion
|6iTeurs qull contient, en différentes régions. Cependant le cou-
I ne doit pas être mis en danger de mort ni de mutilation de son
— Déjà éditée. Le roi n^ayanl pas voulu punir Astrugus aussi
jfiéTèrement que les Frères l'avaient demandé, les Frères s'étaient
plalot5au pape.
10, Bulle de Clément IV, datée de Viterbo, la juillet 1267, adressée
irArcbcrèque de Terragone. Il le prie d'engager le roi Jayme à faire
liner, avec le concours des Frères prôchetirs el niioeurs, les
iplaires du Talmud et tous les livres des Juifs, et confisquer
■«ôux qui contiennent des bla!?pbèmes contre la religion chrétienne.
JeUre sera apportée à Tévéque de Terragone par Paulus Chris-
— Déjà plusieurs fois publiée*
T, XV, »• «. i
18 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
44. Bulle de Clément IV, datée de Viterbo, 15 juillet 4267, et
adressée au roi d'Aragon. Même teneur. — Déjà plusieurs fois
publiée.
Nous serons suffisamment récompensé de notre travail si nous
avons convaincu le P.Denifle qu'il est allé trop loin de toute façon.
Nous espérons qu*il nous rapportera de Barcelone beaucoup de
documents sur les Juifs et qu'il les interprétera dorénavant avec
plus de bienveillance.
Isidore LoEB.
LES JUIFS
DES ANCIENS COMTÉS DE IlOCSSILLON ET DE CERDAGNE
I
T4BUSSB&iE?{T PES JDÏFS DANS LES DE0X COMTÉS; — ORDONNANCES
SUR L*USUREt
Etablis à Narbonne dès la fin du v^» siècle, les juifs ne tardèrent
pis â se répandre dans les environs de cette métropole et dans les
lutres Tilles de la province narbonnaise. La favpur dont ils y
Jauissaient allait même jusqu'à scandaliser les évéques catholiques
<ltt royaume des Wisigotbs, Il paraît qu'en Vûn G72, ils se cfurent
w*a importants pour se mêler awx querelles qui divisaient les
ATerses provinces de ce royaume, car ils prirent ^parti pour le
^uc Paul, révolté contre le roi Waniba. La victoire resta à ce der-
**ifr, ijui chassa les juifs de la Septimanie *, Ils ne tardèrent pas
cependant à y revenir; mais il semble que la leçon leur avait servi
^^ qu'ils restèrent tranquilles. Ils furent, en tout cas, expressément
exceptés des mesures rigoureuses prescrites pour le reste de l*Es-
P^gae par le concile de Tolède de Tan 094 *.
' K^eutii 4ti kiâtoti^ni des &auU$ et de la France ^ i. U, p, HG; Mariaua, ^TiV
^fééirûU d'Bêpngme, liv, VI, ch. ini,
* Iliit lÉâitiikideni bebro^ia ad pncseas resÉrTAtii qui QaUia) proTinciui Ttdelicet
liln fliiiuttriâ noscuotur babilatores cz^tslere {ÇottciL max. Eitp. Coihct.y p. 753),
*- li dut lir« uitfii tu lieu de intra et traduire • au-delà des Clausures • (par rap-
Mri ans ètâ^uea du concile de Tolède). 11 s'agit^ t»a eJIet, ici, des juifs qui résida leot
UM ItÊprù^meu gauloitei, c'e<Uà-dira dans la SepUminîe, eu-delÀ dea Clausures,
Um tOMi let Cluui, Le passage d«s Cluses est plus couou aujourd'hui sous le
dt Qol du Perthos. Il j a dans celte gorge deux îmnicaux dits la Ciusa ^ Amont
U !• Cliua 4 dvâii ; iit forment une commune que les documeuU admîmsirttifs ap-
fBipiropremeiit VMcluit,
20 REVUE DES ETUDES JUIVES
La cité de Narbonne et plusieurs autres villes de la Septimanie
en conservèrent de nombreuses colonies qui, d'après les fables
ridicules accréditées autrefois, auraient favorisé Tiovasion des
Sarrasins et travaillé à la ruine des Goths ^ Mais on n'en trouve
aucune trace en Roussillon avant le xii* siècle, soit que les
comtes n'eussent pas voulu les souffrir dans leurs États, soit que
Perpignan, Elne et les autres villes du pays fussent encore trop
peu importantes pour les attirer. Le voyage de Benjamin de Tu-
dèle nomme ceux de Gerona et de Narbonne, mais il ne fait au-
cune mention de ceux du Roussillon, pays que ce rabbin avait dû
traverser en IITO.
Cependant un acte de 1011, cité par Marca *, parle d'un quartier
de ludegaSy situé dans le territoire de Clayra, aujourd'hui com-
mune du canton de Rivesaltes. Un autre document, daté de 1089,
nous révèle l'existence d'une villa ludaicas ', au territoire de
Saint-IIippolyte, dans le même canton, et un troisième, daté de
1139, donne le nom d'un individu qui s'appelle Beniardus Mas-
solide Itidaicis*. En 1153, ce nom se transforma en Indeges et
luzeges * et, plus tard, en JuhegueSy qui est la forme actuelle.
Ces mots, qui désignent évidemment le môme lieu «, dérivent du
latin judeus, et judaicus, d'où le catalan a tiré juheu « juif »,
a issu de la Judée », et judaich, qui marque la qualité de « ce qui
est juif D. Doit-on voir dans la villa de judaicis ou de iuzeges
une colonie de juifs établis chez nous bien avant le xi« siècle?
Nous serions assez fente de le croire, quoique les documents de
cette époque soient absolument muets sur la présence des juifs
parmi les populations du Roussillon. Je trouve, d'ailleurs, dans le
territoire de Salses un quartier que divers actes de l'an 1269 ap-
pellent ad claperium judeoy^AU, judei etdejuseu''. Ici, l'origine
étymologique est encore plus certaine que pour Juhegues, et on ne
i La vie de saint Théodard (dans les Mémoira de Caiel) dit que les juifs do la
Seplimanie pressèrent les Sarrasins, vainqueurs de l'Espagne, de s^emparer de la
Gaule, et qu'ils se concertèrent, dans ce but, avec les chefs arabes.
• In Sancto Laurentio et in ludegas {Marca hispanica^ n» 1C4).
> Jn adiacenciam Sce Marie de Villa ludaicas (Archives des Pyrénées-Orientales,
B. 45, original sur parchemin).
• Ibidem.
5 « Vente en franc-àllcu au chapitre d'Espira de TAgli, par Kaymond et Guil-
laume de Juzeges, de leur honneur (propriétés) au territoire de Roussillon > {Eeeueil
de Fossa).
• Juhegues n'est plus aujourd'hui qu'une simple chapelle du territoire de Tor-
reilles. J'ose à peine signaler, tant elle est fantaisiste, l'étymologie de juœta açuus
[près des eaux de la rivière de TAgli), qui est donnée par Just (Ermitages du dioeite
de Perpignan^ p. 42).
7 Claperiuth signifie « tas de pierres >. — Saige (Les Juif^ du Languedoc ^ p. 69)
cite une villa judaica dans la banlieue de Narbonne.
LES JUIFS DE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE 21
peut douter que ce nom ne s'appliquât à quelque ancien domaine,
jeut-être ni<^me à quelque cimetière de juifs anciennement ou
encore existant à Salses.
Quoi qu*il en soit, nous trouvons certainement un juif en Rous-
&inon pendant Tann^^e 1185. G*est un nommé Vilalis de Cabalo,
ûxtU Perpignan, auquel Raymond d'Orle fait un legs par testa-
ment*. Ce nom de Cahalo^qne nous retrouverons plus tard, dé-
signe incontestablement la petite ville de Cavaillon, chef-lieu de
canton du département de Vaucluse* Mais, chose assez sing^ulière,
nous ne trouvons plus une seule mention de juifs en Roussillon
jusqu'en 1217* Il ne parait point possible que Vidal de Cavaillon
lit été le seul habitant juif des comtés à cette époque ; il y était
très probablement en compagnie de plusieurs de ses coreîigion-
nairfsdont le nom ne nous est point parvenu. Les juifs avaient,
en tout cas, le droit de résider chez nous « comme sujets et sous
la Sauvegarde du souverain », ainsi qu'on ï>eut le voir dans la
charte lie paix et trêve, jurée au mois d'octobre 1217 par Nunyo
Sanche et les principaux seigneurs du Roussillon et de la Cer-
dagne, U y est dit : « Seront aussi sous cette paix les Juifs et les
Sanrasins, savoir ceux qui habitent sous notre foi et sauvegarde»
dîna notre teri'e, avec tous leurs biens et possessions^ î». Une
autre charte de Nunyo Sanche, du 15 des calendes de décembre
1227, relative aux droits de Iburnage de Perpignan, indique clai-
ppnaentqu*il y avait alors des juifs établis dans cette ville* « Nous
mandons, y est-il dit» à tous les hommes et femmes habitants de la
VtUede Perpignan et dans son territoire, qulls soient chrétiens,
Joifiï ou sarrasins, que nul ne se permette de faire cuire son pain
ailleurs qu'au tour de la chevalerie du Temple ^ »
i^s Sarrasins dont il est question dans ces deux documents
H'onl jamais pu résider en Roussillon que comme esclaves, à
ûioins qu'il n*y eût, dès cette époque, ce qu'on appela plus tard à
Majorque des Sarrahins franchs, « Sarrasins libres moyennant
Une certaine redevance de séjour », ce qui ne paraît point proba-
t/e*. On sait, en eflet que, aux époques dont nous parlons ci-
' Ef^ Riymuodus de OruUx . , el. . . niBHumissores mea débita persolvaQl, scili-
litMturQt4mo. u m. SoL Mal. et VilaU Jiidco, xx, vu. Soh de Calialo [stc) et Bet-
ifdo de PofU,. «le, (Arch, des Pyr. Or., Cattulaire dt* Temple, f^ 4«i v*) — OrJe
\ im *cBTl de La communo do Toulouge», à 4 kilom, k Touest de Pûrpifçnan, Les
y cureul une préceptoiro àb9 la première aoiiée do leur étab lisse meot eu
m^ kite pofe tint omnts Judœi et Sarra^efti qui videlieet «uh fidt et ewtodia
I moêin hûbitauteé et omnes res et poMasiouei eurum (d'Achéry, Spicihgimn,
l, p. 387).
! * Ms^. d«â PjfMJr,, CitHulain da Temple, f" 7,
I* M99Wêd«ê Bîitdu jmtet^ IV, p. 114,
S2
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
dessus» les Sarrasins occupaient les Iles Baléares, et qu'ils n'a-
vaient que des rapports hostiles avec le Roussillon et la Catalogne,
Jeurs plus proches voisins. Pendant Tann^^e 1*227» les Malîorquins
avaient même capturé des navires barcelonais, et le roi sarrasin
n'avait répondu que par des insultes aux plaintes du roi Jacques 1*^
d'Aragon*.
Parmi les juifs qui habitaient Perpignan dans les premières an-
nées du xHP siècle nous pouvons citer un nommé Eliaix, auquel
Béranger, seigneur de Pejrestortes, reconnaît devoir une certaine
somme le 12 des calendes de janvier 1224*, et Âaron, auquel
Nunyo Sanche fait un legs dans son testament du 15 des calendes
de janvier 1241 \ Dans une donation d*une|d^ce de terre, sise à
Mailloles, faite aux Templiers le 2 des ides de juin 1236, je vois
intervenir le juit Samiel Vidal en qualité de créancier*. Il cède à
la a Milice » tous les droits d'engagement et d'hypothèque qu'il
avait sur cette propriété.
Ce Samiel Vidal était fils de Vidal de Cabalo, déjà établi à Per-
pignan en 1185. Outre les prêts usuraires auxquels il se livrait,
comme les autres juifs, Samiel Vidal achetait aussi des immeubles.
C'est ainsi que Guillaume de Montesquieu, iseigneur de Saint-
Estève, lui avait vendu, dans le territoire de sa seigneurie, la moi-
tié d'une eolomina dite camp de la Sala. Le (t champ de la Salle »i
passa, plus tard, à Mosse Samiel, 111s de Samieî Vidal, et à son
petit-fils Sautell, qui le possédait encore en 1266 *. En 1265, un
autre juif achetait à un cordonnier chrétien une vigne située au
territoire de Vernet ^ et confrontant avec la propriété d'Astruc
Mair, Des acquisitions de ce genre, faites par des juifs dans di-
vers lieux du Roussillon, furent encore fréquentes pendant le
xiii'* siècle, mais elles furent extrêmement rares par la suite. Les
juifs n'acquirent plus que par le prêt d'argent (pratiqué éga-
lement par les chrétiens ^) des propriétés situées hors de Per-
pignan.
I
I
I
• Alirt, Frimtè^u et tiirei d$$ aneimi t<miéë de EcuitHlon et de Cerda^nê,
IK 127.
t Arch. des Pyr.-Or^, Fondi d'Omi*
* îhidtm^ B. 9< Ca lôsiament avait été reçu par Pierro Calvet, notaire de Per-
ptgna».
♦ + SftmiellB Vitalis Judo;! qui hec omaîa laudo jure crediloris et soWo et deffînio
domui MLHcîe quicquM jtiris habeo racione pignaris veL obligadonls vel alio modo
{Carinlairt du Temple, f* 564).
* Arch. dus Py^.-Or., B. 63.
• Banlieue de Perpignao.
' Un acte de vente d'une propriété, appartenent à dea mineurs, fait en 1298, porte
t|ue \& tuteur cat obligé de se défaire do celte partie de la auccession de ses pupilles,
peur les irracher ■ le ruine usurairu de leurs créanciers, tant juits que obretietts.
LKS ItJIFS m ROUSSILLON ET DE CEBDAGNI-:
23
hHtoh d'Amgon avaient clierchë, de bonne heure, à réprimer
Xtum pratiquée par les juifs. Le 5 des calendes de mars 1240
pSférrier 1241), le roi Jacques I««* rendit un edit à ce sujet. Cet
édit ne fut peat-ôtre pas applicable tout de suite aux comtés,
puisqu'il n'y existait pas de communauté ou aljama constituée,
miis nous savons qu'il fut inscrit plus tard parmi les privilèges de
It tille de Perpignan. Il y est dit que « l'appétit des chrétiens
sVtanttout à fait calmé en ce qui concerne les extorsions usu-
mires, Tinsatiable avidité des juifs s'est mise à sévir dans de telles
proportions qu'ils ne craignent plus d'exiger, non seulement des
inléréls immodérés et au-dessus du taux réglé par les consti-
tutions, pour les sommes qalls prêtent, mais encore des intérêts
des intérêts, » En conséquence, il est défendu aux juifs de joindre
les intérAts au capital pour en exiger de nouveaux intérêts, et de
prendre au-dessus de quatre deniers par mois, pour une livre
d'argent prêtée *• Déjà, par son ordonnance du II des calendes de
janvier (19 décembre) 1228, Jacques l^"" avait défendu de prendre,
pour rintérét de Targent prêté, plus de quatre deniers par livre
d'argent par mois ou plus du sixi<^rae de la valeur prêtée par
an, que le prêt eût lieu sur nantissement ou non. Afin d'empêcher
que le prêteur^ usant du besoin de l'emprunteur, ne prît des voies
détournées pour éluder la loi, Tordonnance interdisait aux tribu-
naux de s*en rapporter au serment d'un juif en matière de récla-
Eûttion de dettes, et l'emprunteur, au moment de passer l'acte,
iieT?ait jurer « qu'il avait reçu telle somme, qu'il payerait tant
J'ijilérét et qu'il n'avait rien donne ni promis da plus * ». Cette
ortJonaance fut renouvelée, en 1280, par le premier roi de Ma-
jorque, qui défendit, de plus, aux juifs de prendre usure d'usure
et de faire implication d'usure au renouvellement des papiers et
contrats, ou de toute autre manière^.
Les ordonnances concernant les juifs faites par les rois d'Âra-
80U étalent certainement applicables à ceux de Perpignan ; mais
«îJJasiia concernaient guère que leurs opérations financières ou
^salaires. Nous n'y voyons rien qui nous renseigne sur les autres
' conditions de leur existence. Cependant une charte de Jacques I"
'dat^e du 11 des calendes de janvier 1228 défend aux juifs Texer-
famjmimê ^ta^^mimbui wwrit qnam eriiiianu (Henry, BiHûin de Roumthn, II,
t SOCI. — Le 7 des i*ic» de Bpptembra de la môme annexe, lu tulrice do Théntier do
ï lUUal^ d'IDe, vead une maisoii dehitii uryeatibus judfofKtn f/uibm sub Uêtti'is
tfjfiJw iktmê pmpillun fu^rat tfhliffotM (Àrcbives du syndicat dUlie).
< Li9fw 9trt n»n$ur des urchives de l*Lôti}l do villo de Perpjgaau, f« 27-29.
• HeuTf, iikUnndu Eou4nllan, 1, p. 205.
• lUdêm, ^ 206.
24
REVUE DES ETUDES JUIVES
cice de toute fonction, publique et leur interdit d'avoir des chré-
tiens à leur service dans la maison, quod Judœi officia pubttca
"non prœswnant aliquate^itis exercere, in doynibus suis non te-
néant christianos K Une assemblée ecclésiastique ^\x t des ides
de février de la môme année ajouta de nouvelles pénalités aui
anciennes en défendant la traduction de la Bible en ro)7um
(catalan) et en réduisant à vingt pour cent les intérêts permis aux
juifs *.
Il est donc certain que le petit nombre de Juifs établis à Per-
pignan étaient séparés des chrétiens, sans qu'il soit possible de
dire s'ils vivaient dispersés sur divers points ou bien groupés
dans quelque rue qu'on ne saurait désigner.
C'est tout ce que nous trouvons d'indications sur les Juifs de
Perpignan et du Roussillon avant l'établissement du Call, qui est
lieu sous le successeur de Nunyo-Sanche.
II
CRÉATION DU Call DE PERPIGNAN.
Nunyo-Sanche, qui avait administré pendant vingt-neuf ans
les « Seigneuries » de Roussillon, Vallespir, Confient et Cerdagne,
mourut vers le commencement de l'année 1242. Avec son titre de
« Seigneur », le fils de Sanche avait usé de tous les pouvoirs et
droits d'un véritable souverain ; tous ses actes furent confirmés
par les rois ses successeurs comme émanés d'une autorité légitime
et souveraine : c'est là un des faits les plus curieux de l'histoire
de nos deux comtés, qui, au fond, étaient toujours des dépen-
dances du royaume d'Aragon ou, plutôt, du comté de Barcelone.
La suzeraineté du roi d'Aragon sur le Roussillon et la Cerdagne
ne cessa jamais d'être énoncée dans des actes publics reconnus et
consentis par Nunyo*Sanche et celui-ci d'ailleurs ne cessa jamais
de se proclamer le fidèle vassal ou le « chevalier » de Jacques I*.
Par là s'expliquent l'application aux juifs des comtés de certaine»
ordonnances du roi d'Aragon.
Après la mort de Nunyo-Sanche, son neveu, Jacques I», roi
d'Aragon, prit la souveraineté des deux comtés. C'est de ce mo-
ment que date l'agrandissement de Perpignan et l'établissement
* Marea hUpan.^ n» 507.
« Ibidem, ii<«5i1.
LES JUIFS DE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE 23
9â call ou a quartier juif ». Alors aussi s'organisa Valjama ou
« communauté juive », qui comprit dans sa collecte ou « contrit
|l)Latîazi *» tous les juifs existant dans les deux comtés de Rous-
sillon et de Cerdagne *-
Ainsi que nous Favons fait pressentir, jusqu'alors les juifs
avaient été peu nombreux dans Perpignan» où ils se logeaient,
très probablement, sans distinction de quartier. Mais, depuis
qaelque temps, leur nombre avait singulièrement augmenté. Il en
était venu de rÂmpurdà et de Girone, de Narbonne, Béziers,
Montpellier et autres villes du Languedoc. Le roi Jacques I" se
décida à les réunir tous dans un quartier à part.
La ville de Perpignan ne s'étendait pas alors, du côté deTEst,
au-<ielà de Téglise Saint-Jean et du correch ou ^c ravin » qui
passe aujourd'hui sous les rues du Ruisseau et du Basiion Saint'
I>Ofninique. Le correch séparait la ville d'un ^îîd^ ou a coteau ij,
sur lecjuel on bâtissait des maisons à ce moment même *, Au bas
Ju puiff, et sur les bords du ravin, se trouvait ia maison des Lé-
preux, déjà fort ancienne, qui avait donné son nom au coteau [le
Podium Leprosor^im ou « coteau des Lépreux »).
i.e roi Alphonse avait commencé la pobtacio du cûteau ou puifj
^es Li^preux vers 1175, et tout semble indiquer que le roi Jac-
llUesI^y trouva une nouvelle petite ville en 1243, puisqu'il en
lécarta les Lépreux, dont il donna la maison à Tordre deSaint-Do-
Ittiiuique. La même année, Pons de Sparra, prieur provincial des
pr-^res prêcheurs, jetait en ce même endroit les fondements de
l*^g|i$e du nouveau couvent. D'ailleurs, Tancienne ville débordait
muraille de toutes parts. Sous le roi Pierre P^on avait beau-
"ciiip construit en dehors de la porte d'Elue, au sud des rues
^otnelles de la Fusterle et de Saint-Sauveur, L'accroissement
^'^^tail continué sous Nunyo-Sanche en dehors de la porte de
^MalJoles *, et bientôt le roi Jacques, d*accord avec les Templiers,
"établit ujie nouvelle poî^iacio entre cette porte et le petit monas-
* CaU est dérivé de callit, qui sîgQiijait < roule, cbnuscéû •. Le mol eallis élutt
*ris iusai «jaus le scqs de vv:tts * rue * et i quarli«r ».
l^mot aljama ou al-fljamâa est un tnot d'origiiie arabe, dont le sens primitif est
** réuuioQ d'Uomiaes >. Mais, dans les villes qui couteivaient des juifs, ceux-ci élaî&D t
^Vpclâ {lar les Arabes djamâ'a al^j/thoud « la réunion des juiis t » ou gimplomeut itt^
^j^mi'a. Les Espagoûls appliquereuL souvent le uom d^aijama au quartier des juils ;
**»», dans nos deux comtes, il désigne presque toujuurs la * Communauté juive *,
Uiidli ()ue le mot eaUmm^ kaUum ou call^ désigae toujours lo * quartier •, le
* la Pûdio qui lune aate Perpiuiaoum ha'difficabalur (Procuracio real de Mal-
i^'jut, f- lii!)). — On Lfavaillait aussi alors a P%lisc Saint-Jacques, qui est située
"iins U piriic la plus élevée du Pui^% Il eu est fait meoiion eo 1244.
' Au foiitai|;e de oc qu*oii appelle ttujourd bui lo Pont den Vntit*
26 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tère de Saint-Martin*. Il décida aussi que de nouveaux quartiers
seraient établis sur tous les flancs du Pidg des Lépreux '. Le
haut et la pente du coteau se couvrirent de maisons de tisserands,
de pareurs et autres ouvriers, pendant que les Lépreux allaient
se fixer sur les hauteurs dites depuis « de Saint-Lazare », à Test
de l'église Saint-Jacques. Tout Tespace compris du côté de l'ouest
entre la « place du Puig » et la nouvelle maison de Saint-Domi-
nique fut destiné à rétablissement du Call des juifs, qui demeura
ainsi compris entre le point le plus élevé du Puig, le rempart, les
Dominicains et la côte qui prit bientôt le nom de 4 Montée des
Prêcheurs », Piijâda de PréhicadorSy aujourd'hui « rue de
l'Anguille » (?).
Les juifs se trouvaient ainsi entre deux églises et des quartiers
chrétiens à peine ébauchés, comme le Call lui-même. Malgré les
faveurs accordées par le roi aux juifs qui viendraient peupler le
Puig dans les limites déterminées, il est bien évident que ceni
qui existaient alors à Perpignan restèrent encore quelque temps
dispersés sur divers points de la ville. C'est ce qui résulte de la
charte môme de fondation du Call, datée du 13 des calendes de mai
1243. Le roi y concède et confirme à tous les juifs pobladors du
Puig t toutes les habitations, palus ou maisons qui leur avaient
été ou leur seraient assignées sur ledit puig pour les tenir et
posséder en toute propriété et en libre et franc alleu, avec faculté
de les vendre ou aliéner entre eux, sans payer aucun droit de
foriscapi (mutation), droit que le roi se réservait dans le cas
seulement où ils les engageraient à des chrétiens * », Nous allons
voir dans un instant que ces dernières dispositions de la charte
du roi Jacques furent annulées par sa femme Yolande*. Lors de
^ CetiQ poblacio est devenue le quartier Saint-Mathieu.
* Le PodiuWi Zeprosorum prendra bientôt le nom de Podium Saneti Jacobi, < Foig
de Saint-Jacques >, qu'il a conservé jusqu'à nos jours. 11 est cité sous ce nom dans un
document de 1286.
^ Noverint universi quod nos Jacobus, Dei gracia rex Aragonum, Maioricarum et
Valencie, cornes Barchinone et Urgelli et dominus Montispessulani, per nos et nos-
Iros laudamus, concedimus et confirmamus vobis universis Judeis populatoribus Podii
Perpiniani preseutibus et i'uluris in perpcluum omnia stalica sive patui et domos
que assignate sunt vel fuerint vobis assignati in dicto Podio ad habendum, possi-
dendum, expletandum per alodium proprium, franchum et liberum, ad dandum, ven*
dendum, inpignorandum et ad omnes vestras et vestrorum voluntatcs cuicumqne
volueriiis faciendas, exceptis militibus et sanctis. Hoc salvo quod si de ipsis domibns
venderitis vel alicnaveritis Jadeis non detis nobis nec noslris ibriscapium nec Uu-
dimium, scd si cas venderitis christianis tenoamini nobis dare foriscapium et lauài-
mium (Arch. dès Pyr.-Or., B. 10).
* Ou Violantei fille d'André II, roi de Hongrie. De sa première femme Léonor, fille
d'Alphonse IX, de Castille, répudiée en 1229, Jacques I*' avait eu un fils, nommé
Alphonse, qui mourut eu 1260 ; il eut de Violante quatre fils et cinq tilles. L'une de
ces dernière:?, Isabelle, épousa le roi de France, Philippe le Hardi, en 1262. Des
LES JUIFS m ROUSSILLOÎT ET ÙK CEllDACNK 27
m ntriâge avec efle eifi 1235, If? roi lui avait tïonnt* le Rous-
Bon H la Cerdajîfie f*n garantie <ln sa tlot. Yolande n'avait
imftM joui de la souveraineté efteclive des deux conit^'S, mais
îDe y levait divers revenus, entre autres ceux de FAIjama des
Ut» (le Perpignan, et elle avait naturellement dans cette ville un
■Ui ou procureur pour Tadministration de ses domaines. Les
Wtsde la reine étaient souverains à cet égard- Elle en fit usage
dw« une charte datL% de Collioure le 16 des calendes d'avril
1!5<) (17 mars 1251) ** La reine accorde atu) habitants du Puig
4e Pei'pigtian que « tous les juifs de cette ville seront obligés de
le transférer audit Puig pour y avoir leur domicile, dans le quar^
tkrà eux assigné (par le roi), transfert qui devra être exécuté
imtU prochaine fête de No/'L sous peine de cinquante mara-
biins alphonsins pour chaque contravention ». Jusqu'à Tenlière
Q^ution de cette ordonnance. « le bailli de la reine et autres
MjQksaires) élus par les habitants du Fui^ » fêtaient autorisés
tpOQfJHiiYte dans leur personne et leurs biens les juifs récalci-
ittts, pour les contraindre à établir leur domicile au Puig dans
9 délai prescrit.
cette époque» tous les habitants de Perpignan, qu'ils appar-
t A la ville primitive ou aux nouvelles poMados établies-
lebors des anciens murs Jouissaient des niAmes droits, cou-
et privilèges. « Mais il est cerUin» dit Alart, que la poblacio
Qjgavait dû jouir de certaines faveurs dès rorigine. C'était
une population purement industrielle, presque entièremejit
de tisserands et de pareurs de drap. Elle avait donc
Intérêts particuliers» jusqu'à un certain point distincts de ceux
stede la population de Perpignan, intérêts que le roi tenait
icoup à conser\'er et à dév«doiq)er. La résidence des juifs au
des bourgeois de rancienne ville ne pouvait que porter
fj ■ Tijx industriels du Puig, qui devaient tenir beaucoup à
[lanieurs d*argent fassent toujours à leur portée*. » On
BpHfud d^ailleurs que les juits, continés au Puig, n'étaient pas
I en mesure d'acheter ou de construire une maison; c'étaient
» Ck, F«rdiûand mourut sbds Avoir ré^aé ; rAulre, Sancbu, deviui archevêque
i; AOttA tturoDi • Qi>u8 occuper, pla« Uiin, des deux autiefl : Pierre, qui fui
A, «I Jtte<{u«i, qui fut roî de Majorque,
E«t cft eujouia bui |*crdu. Fosse, qui l'airait copié dam le» archivée de
irit de» pwcur» ou tiasiiraiids en drap do S ainl- Jacques, Ta reproduit dana
fémoéft p^HT l'ordre dn avocati^ p. G6. Alnrt l'a réédité daus ma PripiUgeê U
^ p* KiO, rv«c dea eotomptitaired que nous reproduisous eo parlif!.
ni/^ p. \99, *— Ou trouve^ d'oii leurs, une autre prouve de li protection
i fm ie9 •onveraJJia aux iotérdts iDdustrieU du Puig dans tine ordonnance du
1 1"^ ikUe du 23 mai 1262.
28 REVUE DES ETUDES JUIVES
là, par conséquent, des locataires tout trouvés *. Les ordres de la
reine Yolande furent désormais exécutés avec la dernière rigueur,
car on ne trouve plus ensuite aucun juif résidant en dehors du
Call, qui est définitivement établi, bien délimité et clôturé*.
III
les juifs des deux comtés pendant le règne de jacqubs 1*
d'aragon.
Jacques d'Aragon est une des grandes figures du xiii* siècle. Il
éleva son royaume au premier rang parmi les États de l'Espagne.
Il protégea les sciences et les lettres, et il encouragea l'indusWe
et le commerce. Avec de semblables dispositions, Jacques ne pou-
vait guère se montrer l'ennemi des juifs, industriels et comme^
çants par excellence. Malgré la rigueur de certaines dispositions
qui les atteignirent, les juifs de cette époque obtinrent la protec-
tion efficace du souverain. Nous ne voyons pas, en tout cas, dans
les documents qui nous restent du xiii° siècle, ces persécutions
> En 1265, Bonet Astruch prend a ferme la maison do Béranger Piquer, siseaa
Puig et attenant à celle du juif Léon Vidal ; le bail est pour une durée de cinq tns,
et le prix est de 31 sols G deniers par an. En 1278, Pons Rasedor reconnaît tToir
reçu d'Astruc, fîls de Vidal d'Elne, le loyer d'une maison sise dans le Call duMf
et attenant à celle du juif Bonisac Fagim ûls. Ailleurs, Girma, jurisconsulte, aflenoe
â Issac Mosse de Villamanya une maison qu'il possède au Paig.
> En 1282, il est question de maisons achetées par les juifs ej^tra elamuram eilU
(Arch. des Pyr.-Or., B. 17). — Les maisons des juifs n'avaient point d^SBue mt
les rues des chrétiens. Toutefois, le roi accorda quelquefois Tautorisation d*ouTrird«»
portes sur ces rues, notamment en 1356. Mais, dans la suite, ces autorisations furent
toujours refusées, et, le 30 avril 1451, ordre fut donné de fermer à pierre et à chaox.
toutes les portes qui s'ouvraient sur les rues des chrétiens (B. 405). Il est queitioa
ici de la rue dite Carrer dels Juheus de fora lo cayll^ qui correspond à la rue de TAn-
guille, et du Carrer non situé aussi extra callum, dont il nous est impossible de fixer
la situation, mais qui devait se trouver à l'est du Ca//, c'est-à-dire vers la place dia
Puig Saint-Jacques.
L^entrée du Call était à la place Saint-Dominique (aujourd'hui de la iS^bo/uKoa)»
Là éuit uno porte qui, à partir de 1451, dut être, fermée à clef, tacto simholo latrowi^
(B. 405).
Par diverses ordonnances, on voit qu'il était défendu aux chrétiens de fréquenter
le Call, II est a croire que les juifs no tenaient pas beaucoup à leur visite. Ha cnteo*
daient se soustraire à leur curiosité. C'est ainsi qu'en 1374, les secrétaires de l'Âljam*
se plaignaient au gouverneur de ce que P. Parayre, propriétaire d'un alàerek (mai-
son) situé eu face du maseyll (boucherie) du call, l'élevait a dos solers (à deut
étages), d'où il pourrait voir ce qui se passerait dans le Call, Le gouverneur promit
d'arrêter les travaux exécutés par Parayre, à condition que PAljama payerait une in-
demnité. Celle-ci était si élevée qnc les secrétaires renoncèrent à toute oppoeiUon,
Proeuraeio real, reg. (X, f«» 55).
LES JriFS m BOUSStLLON ET DE CKHDAGNK 29
oes Texations de toutes sortes dont on abreuva les juifs de
?*Nous trouvons plutôt la tolérance, la modération, la Inen-
ince même envers eux dans un grand nombre d^actes de la
literie du roi Jacques.
f 5 février 1266, il accorda à perpétuité aux babitanls de Per-
pan un privilège portant qu'à Tavenir, tout juif ou juive qui
rait en gage un objet vole appartenant à un chrétien» ou
engagé sans consentement du propriétaire, serait tenu de
Irer, en cas de réclamation, la personne qui aurait mis ledit
len gage. S*il ne pouvait pas désigner ladite personne, Tobjet
Igé serait purement et simplement restitué au proprié lai re.
Il la désignait et si Tobjet n'appartenait pas à celui qui Fâurait
ïgagé, on devait le restituer au propriétaire, qui serait tenu de
ourser audit juif ou juive la somme donnée, mais sans inté-
i« « pourvu toutefois que ledit objet eût été rais en gage
lleraent et à l'insu du propriétaire * ».
1284. Jacques de Majorque renouvela Tordonnance du roi
Igon, son père. Le livre des Ordinacions de riiôtel de ville
erpîgnan ^ porte, en effet, VOrdommient co toi juseti qui
l sobre peyora = sia (engui d'amosirar de gui l'a ahuda, e
\ M ta nech *, esio fasia que'n sia pimit aixi co si la a via
d'Aragon était venu deux fois à Perpignan pendant le
But de Tannée 1269, Lors de son second voyage, et par une
ïdatée de Perpignan, du 10 octobre, il avait informé ses vi-
et autres ofûciers que, <t en récompense dos nombreux et
acieux services que ses îidèles juifs de Perpignan lui ont rondos
> cessent de lui rendre », il leur a accordé un privilège qui les
incîiit de tout péage de « leudes n pour leurs personnes et leurs
lltures dans tous les lieux de vigueries royales ^ Le roi pres-
en conséquence, de restituer aux juifs toutes les soraraes
lies ou les saisies laites contre eux à l'occasion desdîtes leudes,
I la promulgation dudit privilège \
ï ttrt, miD«ur. f* 23. — Cû privilège est daté do Murcia,
iimâeiont, I, f" S, \».
] iM le oie pa^ *.
•11 ravaii volée ».
t conoaissoQs paa le texte de ce document.
{•Ct fl tpia ptgDora ab ipsis Tel iHquo ipsorum copcrunt aliquî, clcrici Vfil
(in alitât] o bco liictarum vic^iriarum redooe predicta a temporo citm quo not
{iiivtlffriuœ sive dictam franquitatcm conccssimus eisdem, ipsa pignora eia
r«»liloi ta^^ialis i&coQltiienti, doq obstanle aliquo mondolo a uobis m contra-
>; Boc perniUtalis ctiam dictos Judeos vel aliquem ipsomin do telero in
» dicumm TicahartUD racione predicta pigoorari vd irapcdiri ûh eliquo
30 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Par une autre charte du 30 janvier 1270 il confirma à « tooslei
juifs habitant à Perpignan, en Confient et en Cerdagne et à toos
les autres dépendant de leur collecte » la franchise des leudes i
eux accordée par le roi son père ' .
Il est probable que cette franchise ne s'appliquait qu'aux juifs
de la collecte de Perpignan, sortant du Boussillon ou de la Cer*
dagne pour passer en Catalogne, ou bien aux pays de Foixoade
Languedoc, et qu'ils payaient les leudes comme les autres habi-
tants lorsqu'ils ne faisaient que circuler dans les deux comtés.
En effet, on voit les juifs inscrits à la taxe des leudes de Perpi*
gnan, Collioure, Puigcerda et Querol- dans les difiérents tarife ré-
digés sous le règne de Jacques de Majorque et maintenus para»
successeurs*. Ce qui est certain, c'est qu'ils étaient exemptés de
lezdes pour leurs montures à Salses, Collioure, Arles, le V(A>
(Boulou), Puigcerda, Bellver et Querol».
Par une charte datée du 3 des nones d'août 1273, Jacques remit
aux habitants de Perpignan, y compris les juifs, toute peine en-
courue au sujet du cours de la monnaie de Malgone, et in pre-
dictis omnibics intelligimus Judeos Perpiniani siciU ckris-'
iianos*.
En 1275, le roi se trouvait de nouveau à Perpignan. Le 24 juin
de cette année, il déclara francs et libres, dans le présent et dans
l'avenir, tous les terrains acquis par les juifs de TAljama de cette
ville, pour y construire des maisons ; de plus, ils n'auraient rien i
payerau domaine pour droit de censive, de lods ou autres, lesquels,
le roi se réserverait cependant dans le cas où ces propriété» pas
seraient aux mains des chrétiens.
Un grand nombre de documents de cette époque se rapporteni
à des prêts d'argent faits par des juifs à des chrétiens ; parmi cea
Tel aliquibus clericis vel lajcis, immo dictam franquitatem obeenrari iiTioUbiliM
faciatis eisdem, ut est dictum (Arch. des Pjr.-Or., Proeuracio real, regifUt A
f«25).
1 Prtvilegi dels Juheus cum son franchi de leuda [Proeuracio rtal reg, III, f* 19j.
* Tôt Juheu e Juhia^ e, si es preyns (enceinte), paga [lo prenyat
I, s., 1. dr. [Leuda de Collioure dé 1249). '.
Item de cascun Jueu o Jueua si nos es stadant de Pugcerda que vena ni n^ ■
de Pugcerda a Perpcnya o Queragut 1 . s.
hem si Jueu ou Jueua vh de Cathalunya c va vers Perpenya o vers Qucngi^
e passa per Pugcerda exament, 1, vi, dr. {Leuda de Puigcerda de 1288).
Item tôt Juheu que sia slrany o sen vulla passar deçà o délia, 1 . s.
Item tôt Juhia, 1. s.
E si es prenys, 1. s. vx dr. (Leuda de Querol). B. 138, f» 71-73.
* Privilège du 6 des ides d'octobre 1269, confirmé par le roi Pierra ûl, ^
13 mars 1385, et par le roi Jçan, le 11 mai 1390 (Arch. des Pyr.-Or., B. lH
f« 25, r»).
* iMre 9trt mineur^ f» 24-
LES JUIFS DE ROUSSfLLON ET DE CERDAGNE 31
jurent des moines, chanoines» abbés et autres person-
^siastiques. Ces gens-là n'avaient aucune répugnance à
ctlpr l'or des juifs, qa'ils affectaient pourtant de mépriser.
Je toiii qu*en 1*274, Tabbé du monastère de Saint-Martin de
ligou empruntait à Cresques Astrach, juif de Perpignan, une
oe de 3,000 sols barcelonais, destinés à solder « le service »
le monastère avait fait en dernier lieu « au seigneur roi et
I seigneur infant Jacques, son fils » et au payement de la <t dé-
ne » que « le seigneur pai>e exigeait des moines et des revenus
couvent * ».
L*» Manuel du notaire Querubi, de Perpignan, pour Tannée
*3» contient une foule d*actes qui se rapportent à des juifs. J'y
Dis que le 2 des ides de juin de cette année, Astruch Vidal et
kram Vidal, ïiis de Vidal Astruch, firent des concessions de ter-
lin à des habitants de Perpignan, ce qui prouve encore que les
nk étaient propriétaires de biens-fonds. Parmi les testaments,
! rero,irque celui de Vidal, juif de Montpellier, à ce moment à
eqàguan (5 des ides d'août). Vidal laisse plusieurs livres à ses
lies, entre autres, les Lois de Moise, et demande qu'on rende à
1 femme sa dot tout entière, «t ainsi qu'il est convenu dans leur
ontratde mariage rédigé en hébreu * ^k
I ^ Aitb. d«s Pyr.-Or., Tonds de Canigou.
[ÏA \tàes calendes de juia 1261, le précepteur de riiûpilal des pauvres de Talxo
'Aaoat recoooaU devoir 60 bous de BareclûUû couronaés à Jucef d'Elno (NoiuU
ipHïï m(aa aprî'J, les religieux du monaslère de Vttllbonoe rôcouiiflisseiit devoir
m lous de Barcelone aiu même 3ucfif (Ihidem).
Bu Ï2TI, le chevalier Pons d'Ille veod à Davinus Coen de Lunel une créance de
i barcelonais couroonés i{ue lui devait l'abbé de Saint-Martin do Canigou
i Pyr.-Or., ïond» dû Caajgou},
■Doéc, Tabbé du monastère de Vallhm^e et ses moines rcconnaiesenl
rà • Mmm FiHo • •! à • Hérodi i, à Vives Vitalis, et à Astruch de Bclcayre la
) d« iSOO loiasde HAroelone eat causa mutni {M&Huel de 1\ Amoros).
pn^QM «tiûée eocortj, liaymotid Jucel de Castello et Boodio de Lunel payent,
\ de t^inUat Jacques, uuq somme due pour l'achat du village de TorreiUefl
KliteealeAdes de novembre 1276, frère Â., abbé de Vallbone, re coq aait devoir
I ftb et À ses tuteurs, Astruc de PuUro tadro (Beaucairo), et Vives Vilalîs»
ja miàtui ûti i, nnnum^ et donne pour caution sept habitants de Yi-
•u d'Amont (Ar^h. des Pyr.*Or., Pratocaitum anni t27ti, uotaires n* (j506).
[Le $ des ides de novenihrc5, Asinichus Vitalis vendait et cédait à Boujiies et à
\ûi» ethéruiers de feu Jucef d'Ejne, et à Salomora SuUam de Porta et Bon-
lAjdajr, leurs curateurs, tous las droits qu il avait contre Tabbaye de Saint-
de Cusa pour une dette de 4500 sous de Barcelone (Manuel d'Arnald
«Jtaéc. Tabbé de Saint-Genis-dcB-Fontames go dit prôl a payer aux
i iocif à9 Crajia et Samuel Bonafos 51 livres et 5 sola barcelonais qu'il kur
Le 14 de* calandM de février 1255, A. Fabre, cordonnier de Perpignan, vend à
32 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Ailleors, je trouve, en 1276 (4 des ides de février), le testament
d*un Juif très connu, Asser de Lunel, habitant de Perpignan. 0
nomme ses fils, Samiel et Mosse et sa femme, Bonafilia, sa fille,
Bonaaunis, veuve de Vitalis Mosse de Scola, son autre fille Bona-
domina, femme de Mosse Daiiini de Capitestagno, sa sœur Bona-
filia, femme deSullam de Béziers. Il laisse sa maison àxiCallûu
Puig à sa femme, et lègue 625 sols à distribuer « in festo quod
Judei vocant de Cabanes »; plus douze sols 6 deniers à l'œuvre du
pont de la Tet, «.operi Pontis Tetis Perpiniani». Parmi les té-
moins, je vois sept chrétiens et un juif appelé Vitalis Bonifilm
de Soal * .
Puisque je cite des documents de 1276, je noterai ici que les
secrétaires de TAljama, pour cette année, furent : Astruchus
Abrae, Salamonus Asiruci de Villa francha, Mayr Al)rae et
Asser Coen de Lunello *.
A l'époque où nous sommes arrivés, c'est-à-dire à la fin du
règne de Jacques I^' (1276), le nombre des juifs avait singulière-
ment augmenté à Perpignan, et l'Aljama de cette ville avait pris
une importance considérable. La a collecte » s'étendait déjà sur
un certain nombre de petites villes des deux comtés, Collioure,
Céret, Millas, Ille, Villefranche-de-Conflent, Puigcerda, où nous
voyons des juifs établis vers le milieu du xiii« siècle '.
Le roi Jacques d'Aragon mourut à Valence, le 26 juillet 1276.
Dès le mois d'août de Tan 1272, il avait partagé ses États entre ses
deux fils. Pierre, qui était l'aîné, eut l'Aragon, Valence et la Cata-
logne ; Jacques eut pour sa part les îles Baléares, la seigneurie de
Montpellier et les deux comtés de Roussillon et de Cerdagne, avec
le titre de roi de Majorque. Les deux frères devaient être in-
Jucef d'Elne une vigne sise au territoire de Vernet (banlieue de Perpignan) et tou-
chant à une autre vigne qui appartient à Âstruc Mair {Manuel do Pierre Caltet (t),
notaires, n° 6504}. — Le 4 des calendes du même mois, Salomon de Montpellier anît
approuvé la vente que son dis Astruc avait faite à un habitant de Collioure d^ioc
vigne située au territoire de celte petite ville, au lieu dit Valle de Pintes {Ihidem].-'
En 1335, Natan Samiel, juif de Perpignan, possédait à Pontella des vignes et dei
champs. Le souvenir de cette possession semble s'être longtemps conservé à Poa-
tella, car un acte de 1443 signale encore près d'Âyguaviva une terre appelée Cm?
del Juheu,
« Notaires, n<» 6506.
* Ibidem,
* En 1261, je vois à Perpignan un Jucef de Flna, et cependant il ressort d'an
document de 1349 que les juifs ne s'établirent à Elne, cité épiscopale, qu'à celte
dernière date : Tractatum est quod dominus rex concédât graciose *cclesie elnensi éece»
casas Judeorum qui tamen contribuant cum aljama Judeorum Perpiniani pront tt
similibus fit in Cathalonia, etc. Ces conventions conclues par les officiers du roi
Pierre d'Aragon et ceux de Tévêque d'Elne furent approuvées par le roi à Sarag06M
le 9 des calendes d'août 1349 (Ârch. des Pyr.-Or., B. 346, f« 128).
LES JllFS DE ROUSSÏLLOiV ET DE CERDAGr^ ^
[dépendants Tun de l'autre, mais ils furent constamment en lutte.
Nous verrons, plus tard, quelle fut la condition des juifs des
deux comtés pendant ïa durée de cette nouvelle monarchie ; mais
il nous faut dire tout de suite quelques mots de l'organisation de
la juiveriede Perpignan qui, ainsi que nous Tavons déjà marqué»
comprenait dans sa collecte, recoUita ou colita^ les autres j ut veries
du Roussillon et de la Cerdagne,
IV
ORaANlSATlON POLITIQUE, FÎNAf^CIÈRE ET JUDICIAIRE DE L'aLJAMA.
IDK PERPIGNAN.
Écartés des affaires publiques, les juifs vivaient libres dans le
CaiL Leur communauté ou AIjama formait comme un petit état
dans TtHat, avec ses assemblées, ses statuts et ses magistrats
]>arUcuUers. Reconnue et protégée paroles rois d'Aragon ou de
Majorque, elle jouissait» sons leur surveillance, d'une certaine
liberté politique et d*une complète autonomie rdigieose. Elle choi-
sissait elle-inôme ses magistrats, faisait ses règlements, dressait
^s imp43ts et se livrait sans obstacle à toutes les pratiques de son
culte. Toutefois, ses élections, sa législation particulière, ses con*
tributions devaient être approuvées et confirmées par le roi ou
par son représentant dans les deux comtés de Roussillon et de
Cerdagne.
Xâ population de cette petite république était gouvernée par
|U fie assemblée nommée « Conseil de i'Aljama » et composée d'un
ïrtâin nombre de « conseillers ?>, de quatre « secrétaires » ou
i^einanim et d*uu « clavaire n. Le clavaire était chargé de la
hoirie et de la petite police. Il avait à surveiller le macell ou bou-
[c.lierie et les boutiquiers du Gall ; mais il remplissait, à TAljama de
ï*erpîgnan, les fonctions de trésorier. Il en était d*ailleurs ainsi à
^*toOtel de ville*. Les fonctions de secrétaires étaient bien plus
élevées. Les secrétaires étaient les exécuteurs des décisions du
^nseil de rAljama, Ils avaient dans leurs attributions le pouvoir
' Le 3 ooTembre t4S6, et sur 1« demsude d«8 JoifSi il est ordooDé pir te r^ouver-
BiHir rojftl qu'il fera fait trois clefs diiïérontes pour la caisse de l'Aljuma ; Tuoe sera
terne par le da^aire^ les «'juires par deux re^idon^ et l'oiiverture sera toujours faite
mprémnce de deux notables de l*AlJama (B. 412), — Il ressort d'uti document du
f** mai 1376 c^ti'il y avait au moius deux clavaires à celtû époque (B, 133, f"* 9t)).
T* XV, w« M. S
.^14 REVUE DES ÉTUDES IVIVES
de dresser les talls ou taxeSi pouvoir qui, à la vérité, leur l'ut
retiré dans la suite. Nous voyons, en eflet, par un document de
1411, que le gouverneur de Roussilloo, sur la dananâe de l'Ai-
jama^ nomme douiîe conseillers ou « protecteurs >j avec pouvoir
de dresser les talls ou taxes d'impositions pour payer les charges
de la communauté, ainsi que de rédiger les ordonnances néces-
saires, quas secrelarii alias facere cotisiievenmt K
Les secri'taires furent toujours au nombre de quatre à rAljama
de Perpignan, mais le nombre des conseillers varia, Par lettns
données à Saragosse le 27 janvier 1382, l'Infant Jean donnait ati
donzcll Pierre d'Ortafa le pouvoir d'augmenter ou de diminaer
le nombre des conseillers de TAIjama des juifs de Perpignan.
Quelques jours après, le 5 février de la même année, le nuSme
prince donnait au même donzell des commissions pour le règle-
ment du nombre des conseillers. Enfin, par lettres données à Barce-
lone le 9 avril 1387, il confirmait à Pierre d'Ortafa la commission
de composer ou modilier le conseil de l'Aljama des juifs de P6^
pignan en portant le nombre des conseillers à irenle *.
Le conseil était élu pour un an, et il se recrutait lui-méine.
Les membres sortants nommaient les membres entrants. Il était
défendu à ces derniers d'exercer leurs fonctions avant d'avoir
prêté serment au procureur royal, qui les agréait ou les refusait*
Le 17 avril 1455, Belslioms de Blanes et Dayes Manatem, secré-
taires sortants, constitués par devant Félix Andreu, juge du
domaine royal, nommèrent comme secrétaires de TAljama pour
Tannée suivante Mosse Manafem et Issach Xatau. Ils agissaient,
disaient-ils {ui dLvenoit), avec Passentiment de tout le conseil de
ladite Aîjaraa. Le juge approuva rélectiou de Mosse Manafem
dlsjîacb Xatau et leur donna pouvoir d'élire pour conseillei
a ceux qui leur senibleront aptes, selon leur conscience ». Le;
deux secrétaires prêtèrent serment ainsi que N'Astrucli Sciri, clâ--
vaire. Jusse de Céret, conseiller en chef, Gresques et Jusse Salam ♦
conseillers nouvellement élus ^ Ainsi donc, le pouvoir des secr<
ta ires d'élire les conseillers est formel, aussi bien que celui
conseillers d'élire les secrétaires.
Une lettre du roi Jacques de Majorque du mois d'avril 1
nous apprend que les secrétaires avaient pris Tbabitude de reste:^
en fonctions « tant qu'il leur plaisait », Le roi réforme cet abusdfl
ordonne que les secrétaires soient élus tous les ans. Il ne paraît
point qu'on ait contrevenu à ces ordres dans la suite. Par la mêm ^
« B. 336.
' B. 2t7p iM7.
» B» 406,
LES JDIFS DE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE
35
secrétaires de rendre leurs
iptcf
le roi prescrit \
diaque gestion K
Le 21 février 1357 se pr<^^sentèrent devant le [i:ouverneur des
[deux comtés Astrucli Bonisacli, Asmies Cabrit, Vitalîs Abram et
jVitalisde la Cavaleria, secrétaires deTAljama, disant que eux et
le* conseillers (consiliarii] avaient, secioidum ordmacionem
lûidealjanie, élu comme secrétaires, pour Tannée suivante, As-
[tfach de Besalduno (Besalu]^ Astruc Nasaii, Maymo Momet et
l&miel Caracosa, et que les deux derniers refusaient remploi de
[secrétaires [lasecrelaria], parce qu*ilsravaientdéjà rempli et que
aptes n*étaient pas encore approuvés. Le gouverneur tient
Ff6nseil avec les secrétaires mêmes, un grand nombre de
fjiu'b {ctmi muUis judeis), au nombre desquels nous voyons :
iBoaifos Vidall, Bonafos Daui, Astruch Bendit, Vidall Benevist,
Boîyicli de Montpellier, Mosse Vides, ^ maître » Jacob Bonjuhes,
[Stnjch Bonmacip, Astruch Maymo, Astruch Daui de Cochliure
jfioUkfHre), « maitre » Abram Vas ', Salamon Abram ^ « maître »
00 Diyot. De Ta vis de tout le conseil présent le gouverneur
[décide la vérification des comptes de la gestion de Maymo Momet
Ut de Samtel Caracosa, afin qu'ils puissent remplir leurs fonctions
I de nMTétaires s
Quelquefois ces élections amenaient des difficultés d'un autre
[pure» Le 26 avril 1456, les secrétaires déclarent au procureur
[TOyil quîls ont élu et nomment, '< ainsi qu'ils Tavaient déjà fait
liîtàc leur conseil *, Cresques de Suau et Struch Siri comme
wcti^taire5 pour Tannée suivante et demandent que ces derniers
I loient contraints et forcéa d'accepter ces fonctions. Mais le juge
du domaine royal, « attendu que Télection faite par ïesdits secré-
^tlireg est nulle et irréguliére, ainsi que le prétendent quelques
hr^s de TAljama» parce qu'une autre élecHon avait été déjà
[fcite entre etix, selon Tanciénne coutume », procède à une autre
Son par mode de rodotitis ou bulletins. Le scrutin désigne
bûffls de Blanes et Jucef Salamo *.
«F«tJ m mfAîâ tuphettndo pHttum quod tum ieCf'etafu ditU aîjame {Pêrpiniam)
■« ftottmtiam tt alittr^ hiii rétro Umporihuâ tteterifit et rematuerint in
t «ffé9 fmamtmm eu pUtubat tt e^ hoc oljame eidem tam tx ecstaeioHt reddieionis
idt adminiitrat ii et reteptis de homs ilHus quam aUai^ dampntt non mo*
ttjuti^ ordonnons, <;tc. (B. 94, 1* 82). — Quelques jours après, le jeudi
al %%%Tt^ En S<«niel Peiit, En lîonalos Vidal, Eq BoDBVtda Mosse, Ea Daui de
ya prêteront sermeiît en qudtilé dd secrétaires iohe la ieg </« Mohistn tt en
fid hômofûi Un Kamon Thol^a^ proù9radof Mml [Uidâm]*
• pMiWilre rtndriiuii lire : Soi,
as
BEVFE DES ÉTUDES JUIVES
Les conseillers se réunissaient dans un local sp<5cial qui ébi
comme rhôtel-de-viUe du Call. La domiis concilH est citée eu 1357.
En 1377, il est question d*tine maison sise au Call confrontant celle
de Cresques Davi et domtis vocale (tel ConceyL Le conseil est
rassemblée souveraine de la communauté juive. 11 réunit dans set
mains le pouvoir de rédiger et de voter les statuts et de les faire
ex€*cuter. C'est lui qui autorise la levée des impôts, qui dispose
des finances de rAljama, en règle et en surveille l'emploi; il
afferme le ^naçell (bouclierie), choisit ou nomme à Télection les
magistrats ou fonctionnaires, taliadors (taxateurs), experts, con-|
trôleurs, collecteurs K 11 reçoit les plaintes portées contre Ja com-1
munauté et juge les ditierends qui s'élèvent entre elle et les parti-]
culiers. C'est à lui que Tautorité s'adresse pour donner des ordres
à la population Israélite. Le conseil dirige, en un mot, toutes li
affaires de la communauté.
Le conseil est tenu de se réunir toutes les fois qu'il est coih
voqué par les secrétaires - ; il tient ses séances dans la scolatM
synagogue. Les lois faites par le conseil, puis approuvées par 1
procureur royal, sont oblig'atoires pour tous les Juifs de la
lecte » des deux comtés. Quiconque vient à les enfreind:
maudit, excommunié et banni delMljama, après avoir été coib
damné à payer une amende. En somme, les lois votées par li
conseil n'étaient que des statuts concernant Fadministration et la
religion ou des règlements de police. Il était interdit aux conseil'
lers de prononcer d'autres peines que Tamende et Texcommuni-
cation. Ils ne pouvaient condamner et jeter quelquVn en prisoi
qu'avec Tautorisation et en vertu d'un ordre du gouverneur oi
du procureur royal ^ La juridiction pénale ne lui appartenait pasi
sauf dans les cas de peu d'importance. Néanmoins, à Tintéi
du Call son action avait une grande puissance.
Tous les juifs de l'Aljaraa contribuaient aux impôts pro fd
1 ^,pass%m (d&DS les divers registres de la Proruracio rtal)^
* Certaines assemblées générales où Toa étebUssail des imposiUons, où roo
fiait les comptes^ etc., élaient auterisées par le conimis$airt H conservaimtr fiffd
juifij doQl U est question plus Loin.
• Le 3 septembre 1381, Boflîlus Struch, juif de Perpigaan, se plaint d'avoir ^
des coupa et blessures de Jaco Daui^ juif de Perpignan comme lui. lU preoneol p**
arbitre» Hca ■ discrets ■ Bouanaseb Cresquos Alphaquim^ Mosse Mager, Ben^n
SalftmoDis, Samitïl Salom et Vives Mosse, lesquels condamnent Jaco Daui é p*5*
35 llorios pour la va/fra (blessure) et l'exilent pendant trois ans du Rouaailloa. 1
sentence est rendue avec Vantorisation du gotnerneur des comtés [Notmlê de Gol
laome Fabre, notsiros, a* ISÛ). ^ — Pendant longtemps, on enferma dans k
f^ogne les juifs condamnés u la prison. Plus tard^ le roi Martin d'Aragon ofdoni
d^étabU'r dans la juivcrio de Perpignan un local spécial qui devait servir de pril^
pour les Juifs de rAljamB de gcUo vilte et do ceux de sa collecte ou contnbutîd
(B. 217). . ^
LES JUIFS DE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE
37
tailbus, c'est-à-dire proportionneUeraent à leur avoir. Il y en
I avait de plusieurs sortes. C'était d'abord la taiJle, espèce d'impôt
1 foccier, frappant à la fois les meubles et les terres et dont la
[levée était facultative» pourvu qu'elle eût été préalablemnnt auto-
par le roi ou sou procureur général des comtés. Il y avait
des tailles extraordinaires destinées à rentretieri de la
[Byuagogue et des bains ; à payer les dettes de rAljama, le cens que
I l'étéque d*Elne percevait sur le fossar ou cimetière Israélite, le
I tribut annuel dû au roi, etc.
Jacques le Conquérant avait fixé la quotité de ce tribut ou
I impôt royal; Jacques II régla la capitation que payeraient les juifs
I derAljama de Perpignan et des autres villes et terres cismarines.
Otte pragmatique, donnée à Perpignan le 7 des calendes de sep-
tembre 133y, iixa à vingt sous de tern par tète, sans différence
[d^âgenide sexe, la taxe à payer sur toutes rentes, cens, biens
liers quelconques de rAljama, y compris les vases et joyaux
ret d'argent, les parures et vêtements individuels, les orne-
I menu de la synagogue et tous autres objets servant à Tusage ordi-
I naire de la vie, et non commerciaux. Cette capitation {cabeS'
\si0îum) devait se payer tous les ans à la fête de Pâques. Le roi
, pouvait la remplacer par un impôt de douze deniers pour livre de
Ifârgent possédé par les juifs, déduction faite des sommes qui
k^raiont reconnues ne pas appartenir à ceux des terres du roi et
qui se trouveraient entre leurs mains à raison d'affaires commer-
ciales avec des juifs étrangers, déduction faite pareillement des
I dettes, ainsi que des sommes engagées pour des affaires de né-
ijoce'tLeroi restait maître de choisir entre les deux modes de
; (Sf ement que nous venons d'exposer*. On remarquera l'exemp-
(lion du capital engagé dans le commerce. Les services que ren-
Niitle négoce des juifs étaient énormes ; ils contribuèrent beau-
jtoup i leur ménager un traitement plus doux. D'ailleurs, le roi
liocordait des exemptions du cabessatge à qui il lui plaisait \
* 8. vfl (rti^trft V de U Prùcurach real) f» 73. — Le roi ordonne atiï juif» de
'^Jsk&ir de toute usure et de praticfuer seulciaetii le commerce Ucile. La pragmu-
I îe&oureile tu^ juifs Pautorisatiou de résider en RoussilloD, CooHeni ei Cer-
|Mt» p«r une nooTelIe praj^8ti<pie du 10 des caleodos de septembre de la
noée, toc^irdait au^ juifs de Perpignaa^ de ^mtia tptcioli, que, à parUr do la
M fila de Pâques ad duot amiêot non teneantur dsre nohii nui ti, dén, pro
t futwmm fnoin kahtmm *>t x ioL pro cûbfuagw^ mon ohitanU qwùdam instru^
•• fm^ tomitm^nr fuod tinnit $imffmlU Itnvantur nQbit dar§ pro Cabtuagiû ma^
a m* dtm, pn> hàra (B. %, f« 124, v»).
Ka i^i'é, 1340, ete.^ exemplioDS du çabasût^e en faveur dlssach Bonet, Katan
I al se* isendfea, Daui Boajom del Barri {dé Barrio\, Mocse Alpbaquim, mé-
(pkuù)f Uofis« de Saverdun, juifs de TÀiJama de Pefpignaii, Vidal Cohen
38 REVUE DES ETUDES JUIVES
LMmpôt ou tribut dont nous venons de parler n*était pas le
seul argent que le roi tirât des juifs. Le 28 avril 1358 Pierre
assigne aux infantes Constance et Jeanne une rente de 1,000 sols
super peylis, stibsidiis et iributis et aliis quWiiSvis exaccUmi-
hus eangendis ab aljama judeorum ville Perpiniani; mais il
reconnut, quelques jours après, qu'il avait fait inutilement cette
assignation, puisqu'il avait déjà assigné les questes de l'Aljama
À son tailleur. Force lui fut de reporter la rente sur d'autres
revenus*.
En 1413 l'Aljama de Perpignan s'imposa une taille dont le pro-
duit devait être consacré à solder le montant d'une somme due
par la communauté à la suite d'un compromis fait à un bourgeois
de Perpignan appelé Jean de Rivesaltes, qui était conseiller du
roi, puis à payer un certain nombre de créanciers, tant juifs que
chrétiens*, et enfin à solder au trésorier du roi l'une de ces peyios^
questas et trahiitos dont il a été question ci-dessus *.
Il ressort de ce document qu'il y avait environ à Perpignan cent
quatre-vingts familles juives en 1413.
Le rôle de cette taille parle d'un impôt dit « des prêts » ou drf
prestech.lsasic Salomon Bendit était chargé d'en faire le recouvre-
ment cette année-là. On retrouve cet impôt en d'autres endroits
avec les ajudas raiipanim, merchini, mutuorum et pignorum
ac cadmium judeorum et judearum Ville Perpiniani et Comi-
tatuum Rossilionis et Cerrilanie, autant d'aides levées par des
collecteurs spéciaux (en 1396) *. On voit par plusieurs documents
médecin {phiticia) d'Ille et Astruc Comte de Puigcerda (B. 95, ^ 125, y* et/M»i«j.
Naian Samiel était exempté en raison des services qu'il avait rendus au roi et à sa
< trésorerie • <U quada tumtna pecunU.
Quelquefois, le roi faisait payer sur le eahestatge le salaire de ses servitean.
C'est ainsi que, le 12 août 1340, il donne ordre aux secrétaires de l'Aljama de pajer
les appointements dus à son barbier Messiot (B. 95, (^ 123, v«J. Le 2 mai 1341, il
leur ordonnait de payer au juif Jacob Fferrassol 17 liv. S sol., que la cour loi àt-
vait raeione trium alarogiorum (B. 95, f» 122).
* Cartulaire d'Alart, H. 207.
* En 1266, les chanoines de Saint-Jean décidaient que Targent provenant dec
rentes qu'ils possédaient sur les juifs serait affecté à la construction du chœur dfl
leur église (Coma, Notieies de la igUsia colUgiada de Sant-Joan^ ms. de la bibli»'
thèque publique de Perpignan).
* M. Loeb a fait l'histoire de cette taille dans la Revue (KIV, p. 55 et suiO*
d'après le manuscrit hébreu qui la contient (ms. de la bibliothèque publique de Per-
pignan, n° 21).
* Je trouve plusieurs rôles de Taide des marchandises et effets d'habillement {mtreu
et raupas). L'un de ces rôles, qui est dans B . 332, est rédigé en hébreu. Le même
registre contient un règlement fait par les secrétaires de l'Aljama pour la mise en
vente de l'impôt sur le vin des juifs {vin Juhic) de Perpignan et de sa collecte, qui
comprend le Houssillon, le Vellespir, le Confient, la Cerdagne et le Barida (entn
Bellver et la Seu d'Urgell). Citons encore le tall lucrorum ou deU gutuanyagn (taill*
ou aide des bénéfices) .
LES JITIFS DK ROtrSSILLOX ET DE CERDACNE 39
qtie les fermiers avaient le droit de poursuivre les contribuables,
inOmeles veuves et les femmes en l'absence de leurs maris, jjour
le paiement des tailles, et les faire mettre en [Hisoii, de prendre
leurs biens en gage et de les vendre à leur profit jusqu'à
concurrence de la somme due. Une excommunication générale
était prononcée à la synagogue contre tous ceux qui clierche-
raient, par un moyen ou un autre, à échapper à la nécessité de
payer la taille *.
La déclaration des sommes et l'estimation des biens sur les-
quels on établissait les tailles ou contributions devaient être faites
par chaque juif et juive avec serment sur la loi et suivant le
rife de leur culte. Chaque juif faisait son manifeste, c'est-à-dire
Çu*ii déclarait Tétat réel de sa fortune. On trouve cet usa^^e pra-
tiqué à TAIjama de Perpignan dès Tannée 1261. Le jour des nones
tl'aout, Bonjuses» tîls de Mosse Gatalani, déclare par acte public
à X^eon d'Elne et à Davi de Béziers» secrétaires de TAljama, qu'il
4 fait un état exact et vrai de ses biens dans le mémonal ou
tnanifeste qu'il leur a remis. Il ajoute qu*il consent, dans le cas
-Oix l'on trouverait île lui, en Roussillon, Gonilent et Gerdagne,
f d '.autres créances que celles qu*il a indiquées, à ce qu'elles soient
ii^djogées au seigneur roi, ilia sint dommî régis et illa possit
y»3e vel sui peiere et habere et recuperare iatiqnam sua pro-
L*excommumcatîon ou herem que chaque Juif devait entendre
en faisant son manifeste n'était pas une vaine formalité» Celai qui
était convaincu de mensonge pouvait être excommunié, eajposé
dan^la synagogue, le lundi et le jeudi. Le coupable était assis sur
^îî« cliaise spéciale, appelée d'un nom qui a disparu dans le
<*<^ument qui me fournit le fait que Je vais <;iter- En 1385,
Mojige Macip et Samuel Slruch Macip avaient pris à ferme
* *» aide des prêts ». Us s'aperçurent qulsaach de Blanes les
^^'au trompés en faisant son manifeste, et le firent comparaUro
**^vant notaire. Là, ils demandèrent pour le menteur la punition
^^ la chaise, a Vos, En notari, disenUils, livatz carta que nos
^Jïionestam Nischa * de Bîanes qui assi es que [ ] per
^^'''tut del sograment e herem e vet per ell scotat sobre radjuda
"^^s presteclis [ell se] aja a seure dilus e digous e Taltre dilus
P^p segens a la cadira apelada [ ] n, e aço per com es
hUâùfê Locb, Hiitoiretie ta taille de H M, lor.eit,
* MtmmêlAé^ Rîerra Calvel, nolnire do Perptg:«au. — Ou voit quelcjucfoiâ des juifi
.^ t^arpigMQ kiftftêT leurs bienâ au souveraia, d&os Ifi cas ûii leurs héritiers vien-^
I '^tc&t & mourir ^nfi eolanlâ.
^ Pour N^bchi, En bcha, ou mieux ëq Issacli.
40 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
casegut en ban e a fraiidada Tadjuda a nos pertanyent sobre U
quantitat per ell prestada sobre penyores, laquai no a a noi
denoncjada, en [tal ra] anera protestam de tôles pênes de lesquals
a nos sia legut de protestar contre ell *. *i
Les ConstUîUions de Catalogne nous ont conservé le teite
catalan d'un serment que les Juifs t*taient tenus de prêter auï
clirétiens dans certaines circonstances. Il est emprunté au vingt-
huitième chapitre du Deidéronome, 11 est remarquable par
les excessives précautions au moyen desquelles le législateur
a cherché à lier la conscience de celui qui devait le prêter.
11 semble impossible d*accumuler plus d'imprécations contre le
parjure, qu'on poursuit dans sa personne» dans ses biens, dans
sa santé, dans son avenir, dans sa famille, dans sa race, dans
toute sa postérité. Tous les tléaux, tous les désastres, toutes
les calamités physiques et morales sont appelées sur sa téti,
sur son honneur, comme père et comme époux. En prêtant ce
serment, celui de qui on l'exige se dévoue à toutes les ma-
ladies les plus redoutables et les plus cruelles s'il ne remplit
pas ses engagements ou s'il ne dit pas la vérité ; en un mot,
la formule de ce serment est combinée sur la cupidité» TaYa-
rice et la mauvaise foi qu'on regardait comme inhérentes à
la qualité de Juif, et on cherche à faire tourner contre celui
qui serait tenté de se parjurer tout ce qull y a de plus sacrt
dans Tancienne loi. L'extrême longueur de ce serment, fû
devait être individuel, ne pouvait que faire perdre un temps
considérable quand plusieurs individus étaient appelés à le
prêter '.
Quelque redoutable que fut ce serment, il parait que, exigé par
des chrétiens, ii perdait, aux yeux des juifs, tout le caractère de
gravité dont il était formulé, et ils ne se faisaient guère scrupule
de le violer ou de le prêter en vain, du moins en matière d*iûté*
rêt pécuniaire, puisque, par un édit rendu aux Corts de Barcelone
en 1228, Jacques V^^ statua que dans toute cause de dette il w
^ Mi^nuel de Bernard Fabre. C'est ce même notaire qui reçut le rôle de U UiUi
de 1413» si savamment Inierprétée par M. Loeb. — Dans uu autre document dl
1385, Te X commuai cal ion écoutée par les juifs au moment où ils tai&aîeat leur Bl^
mfesLe est ainsi qualifiée : vet tocutum ehrayce herem et Nildujf {I&idem), — Lei Jftîfe
habitant la campagne devaieut se présenter en personue à la ajnago^e de Perffr-
l^nan pour y eatendre Le kerem. Le dernier jour de lévrier 13S5| Samiel Mtdpi
t emptor et collector ajude prcslilorum Judeorum Perpinîani [ ] JadeomOl
commoranelum eilra vlllam Perpinîani qui sunt de collecta Bijame, ■ fait savoir
Samiel de RipoU, Juif liabiLaoL d'Arles £D Valieâpir, qu'il ait à se préseniar <
peraonnc a la synagogue de Perpigôan pour y enteiidrÊ le h^rém {Manuel de Bl
nard Fabre).
1 Conmtutiom y 9Ur§â drets de Cathûiun^a, volumea tercefi Ulûl V, Z.
LES JUIFS DE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE
M
It prêté aucune foi aux serments des juifs ; que ceux qui
Sonneraient pour créanciers ne pourraient être admis à faire
raloir leurs créatices que sur un titre liien légitime ou sur la
déposition de témoins dont Taffirmation ne piit inspirer aucune
déliance.
Après les conseillers et les secrétaires venait le clavaire, dont
nous avons déjà parlé. Sa place était élective comme la leur. 11 y
avait d'autres fonctionnaires qui tenaient de plus ou moins près à
la religion et au culte. De ce nombre étaient les « maîtres de la
iConfrériedu cimetière », qui avaient la mission de nettoyer les
ivres et de présider aux funérailles. Ils faisaient enterrer le
à la place choisie par les parents, et réclamaient aux héri-
tiers les frais de Fenterrement.
Di>s leur établissement à Perpignan, les juifs eurent sans doute
cimetière particulier, car, dans un acte du 16 des calendes de
lai 1279, il est déjà question du a nouveau cimetière des juifs de
^rpigïian, w et in cimmterio novo judeonmi Pe?yinia7iîK
ÎToutefois, le peu dlndications fournies parce document ne nous
îrmettent pas de fixer avec sûreté remplacement du nouveau
Imetière pas plus que celui de Fancien, En 1310, on créa un
|c»uveau cimetière. Gela ressort des criées faites à Perpignan au
lOis de février de cette année par mandement du bailli de cette
plie, ad instanciam supraposUorum cimiterii novi et nunc de
\,ov& consirucii judeorum *. Nous connaissons remplacement du
Cimetière de 131D, 11 était situé sur la rive droite de la Tel, non
loin de la maison de Saint-Lazare, ainsi qu on peut le voir par
iiivers actes dont nous citerons les principaux seulement. Le
avril 1403, les « préposés des jardins et des délimitations, »
^GbreposcUs oriorum et ienninorum, furent requis par Mosse
ieBealduno (de Bésaluj et Salamo Freuot, juifs de Perpignan et
maîtres de la Confrérie du cimetière de FAljama, » d*avoir à
■^limiter le champ appelé fossar dels juheus (cimetière des
[yifs) et la vigne de G. Castanyer, jardinier. Il est dit que la Vî--
*J*e passe fins en L moniment de pera (probablement une croix
^^ pierre), et que le champ ou fossar et la vigne en question sont
^^Us le terme de la paroisse de Saint-Jean, <t devant la maison
Saint-Lazare ^ » Or, nous avons déjà vu que les Lépreux,
quittant le Puig» étaient venus s'établir sur une colline située
l'est de réglise Saint- Jacques. Le cimetière des juifs était
de
AteK iUM Pyr.-Or., Cartuîmre^du Temple, f° '290 r^.
Ordmamtnt dd etmenttrt deis Juteut daas le livre des Ordinacict^i^ £, T*^ 4lî| aux
^^i»w de l'hôtel do ville de Perpifrnaii.
42 REVUB DES ÉTUDES JUIVES
donc en face de la porte de Ganet actuelle ^ Un autre document
de 1403 ne laisse aucun doute à ce sujet. Cet acte, qui avait été
reçu par le notaire Bernard Fabre, avait été fait et signé in
cimiterîo judeorum Perpiniani prope et ante Portale txm-
ium de Caneto ville Perpiniani^. Quatre-vingt-dix ans plus
tard, nous trouvons le cimetière juif sur un autre point date^
ritoire de Perpignan, à côté du Ponl de la Pierre^ et non loin
de la Maison de Saint-Lazare, qui, à son tour, avait été changée
de place '.
Tout ce que cous venons de dire indique que la population
Israélite de Perpignan s'était singulièrement augmentée an
XIV® siècle. La taille de 1413 que nous avons citée ne comprend
pas moins de deux cent trente-cinq juifs ou juives.
Puisque nous venons de parler du cimetière des juifs, ajoutons
qu'on n'a jamais découvert d'inscription hébraïque dans notre ré-
gion, quoiqu'il y ait eu des fossars aille, Thuir^ Céret, Poigccrdâ
et autres lieux des deux comtés. Pour le fossar de Perpignan, on
s'explique fort bien qu'on n'en ait point retrouvé une seule pierre
inscrite, car, en 1420, la communauté juive s'étant trouvée en
retard pour le payement de diverses contributions, et notamment
pour la pension qu'elle faisait au gardien des lions du Château
royal, le Domaine fit une saisie sur les débiteurs, et, pour ne pas
les ruiner complètement, c'est-à-dire pour ne pas saisir l'argent
on les biens qu'ils pouvaient avoir, — ce qui aurait porté un pré-
judice évident aux revenus du fisc, — on trouva fort à propos de
faire main basse sur des biens que les gouvernants ne s'étaient
pas encore avisés d'imposer. On saisit donc les pierres sépulcrales
du fossar y qu'elles fussent ou non chargées d'inscriptions, et la
vente en fut faite aux enchères publiques en faveur de maçons et
d'entrepreneurs. Le détail de cette vente existe encore*. Noos
n'avons pas besoin de dire que si cette collection archéologique
existait encore, Tétat pourrait la vendre à des prix bien plus
élevés. Toutes ces pierres furent donc employées comme maté-
riaux de construction à Perpignan ou aux environs. 11 doit
1 Eûtre cette porte et le cimetière était le moli dels Juheus.
* Manuel de Bernard Fabre, notaires, n*" 5091.
* Un cerUin Tarba réclame, en 1493, un champ situé al Pont d$ la Ptdrê iUU
fossar deU Jueus.
* B. 217. — Plusieurs de ces pierres provenaient de la carrière de Baixas, qui est
encore exploitée actuellement. Le 31 décembre 1410, Benvenist Struch de Besaloa,
fils et héritier de feu Struch de Besalun, juif de Perpignan, traite avec Irois carriot
de Baixas, qui s'enp^agent à lui fournir unum lapidem monuwtenti eèrayc$ vocêhm
Mosseua (ailleurs Maçeua) semblable à la pierre qui a été placée sur la tomba di
BoDsenyor Mameti (Manuel de Bernard Fabre, noiairee, n* 5094).
LES JUIFS DE ROCSStLLON ET DK CERDAGNE
43
DFP en exister quelques dt'bris que le liasard des démolitions
m mettre âu jour.
I /ait vient, ce me semble, à Tappui de Topinion de M. Loeb,
[ne croît pas à V immense fortune que pos&édaieiii les juifs du
I àçe*. Ceux de Perpignan paraissent, en elTet^n avoir joui,
ant les xni« et xiv" siècles, que d'une fortune raisonnable,
dquerois même médiocre. Au milieu du XV" siècle, ils étaient
vres, ou à peu près. La taille de 1413 donne une fortune
fêimede 37 livres par tête. « Ce n'est pas une grosse fortune »,
l^vec raison M. Loeb. Bailleurs, nous voyons les juifs de
l})ignan emprunter souvent de l'argent aux clirétiens. C'était,
l4^)n, une pratique intéressée^ car, plus ils devaient aux
fUens^ moins ceux-ci cberchaiout à les faire expulser. Cela
Itétre vrai-, mais ce qui ne Ve^i pas moin.s, ce sont les em-
ras financiers qu'il est facile de constater a diverses reprises
J'A^ama de Perpignan. Pour n'eii citer qu'un exemple, le
lUovembre 1400, Mosse Duran et Salarao de Bellcayre, a pro-
cteurs et syndics de TAJjama de Perpignan et de sa collecte, »
ûtractent, en son nom, un emprunt destiné à payer ses dettes,
récrasent' ». D'un autre côté, on voit souvent la corona
aion) des créanciers du Call mettre en mouvement ses « pro-
ears » et faire poursuivre les juifs débiteurs, vendre leurs
iou les faire mettre en prison*. En 139G, Tun des créanciers,
an Garrius, exige de l'argent des juifs. Ils répondent qu'ils ne
UTenl pas on donner et allèguent lurs grans e impmiabies
rtchs e desanmisament e desteniment delurjuhena, Gar-
Itsfait appeler les dix ou douze plus riches de la communauté,
Qi lesquels Sa miel Asday et Mosse Alphaquim, et les fait
(fermer dans un silo obscur et ténébreux, en una siija scura e
ebrasa, dans le Call méme^
altivement, la connaissance des aflaires concernant les juifs
attribuée aux gouverneurs des deux Comtés. Un assesseur
^Stfmfdet Ktudujuhcs, XIV, p. 65.
Do toïl ir*s Bourpût des juifs cbercher a s'enfuir de Perpignan, Les roîa se
obliges do prendre des mesures rigourouBos pour les retenir sur le sol du
uUon ; il» nomment quelquelois des sergents iitppiémmtairex, chargés d'urrdter
'i #«r ia iimpis ré^mutUoa des sscrétsires d& rAlJBma, afiCHlo qnod ^uùtidiê
if^iti *t jmdft fUffinnt a villa Perpiniani (B. 209). Un jaur, Jean 1" d'Aragon
3ïi su gouverneur des deux comtés do faire séquestrer et invontorier les biens
Us juifs de t'AIjams de Perpignan qui seraient soupçonnés de vouloir quit-
» fin* pour aller s'établir en F*ranco (B 154),
kdsCles avec les arrérages s'élèvent à la somme de 29,408 livres, 6 sous^ 6 de
, tSS. (•112â 125.)
1740!^. B. 225, etc.
> B. 109.
44 ' REVUE DES ÉTUDES JUIVES
remplissait les fonctions « de Commissaire royal des jui
et c'est lui qui servait d'intermédiaire entre l'autorité supé
et les gouvernants de rAIjama, dont il annulait quelqueft
décisions*. Plus tard, le roi Alphonse d'Aragon attribua ei
vement au procureur royal la juridiction civile et crimine
juifs de l'Aljama de Perpignan et de sa « Collecte » *. Le ;
reur. royal eut quelquefois à défendre ses prérogatives en
matière, notamment le 20 mars 1451. Une rixe assez s^
s'était élevée entre Lehon Jaffuda, Mosse Assau, Cresqi
Suau et Issach Grassan, d'une part, et En Bellsbom de :
de l'autre ; ils étaient tous juifs de Perpignan. Le pro(
fiscal du gouverneur leur intenta un procès ; mais le proi
royal, qui avait fait arrêter les délinquants et les a ten
sa cour », protesta, en affirmant son droit de les juger *.
Plusieurs ordonnances des baillis de Perpignan contienne
règlements relatifs aux juifs ; nous avons môme des sen
rendues par ces fonctionnaires, jugeant des Israélites *.
le 23 février 1452, il fut fait expresse défense au bailli
David « de se mêler en quoi que ce soit » de la juridicti(
juifs®, qui fut réservée au procureur royal. Pour assigt
juifs on procédait de la même façon que pour les chré
mais il semble ressortir de certains documents que les as
tions faites un samedi étaient renvoyées « parce que leî
font leur prière ce jour-là » '.
Dans les afiaires d'intérêt ou de famille, l'arbitrage jeu
grand rôle à l'Aljama. Les arbitres sont très souvent les
taires et, souvent aussi, ce sont des juifs qui n'ont aucum
dans l'administration de la juiverie. On voit des juifs ré
leurs femmes conformément à une sentence arbitrale proi
par deux arbitres Israélites » ; d'autres signent des paix et
sur l'avis motivé d'arbitres choisis.
On sait combien les juifs ont toujours été attachés à leu
gion et à leur culte, qui comprenait surtout la prière et V
gnement. Partout où ils se trouvaient en nombre, leur p
1 Encore en 1387, le roi Jean conférait a Jean Vallseca rofBce d'asse
gouverneur et offieium commissarii Judeorum aljame Perpiniani, en remp
do Guillaume Jorda. •
« B. 330.
3 B. 331.
♦ B. 405.
5 B. 332.
« B. 405.
' Fa la lur oracio (B. 226).
« B. 335.
LES JOIFS HE ROirSSILLOM ET DE CERDAGNE /i!î
îTflait de rechercher un local pour y installer la synagogue.
Vîft là qu'ils célébraient Je sabbat et les fêtes de l'année; c*est
qu'ils sVdifiaient dans le courant de la semaine* En 1303, les
!0cureurs royaux iureodèrent à R. Savina et à Perrot de Burges
la partie de terrain où était située la scola ou synagogue, in qua
muevii esse scola site sinagoga judeorum Perpiniani ^ Une
velle synagogue venait d'être construite dans le Call m*^me,
Kaus ne saurions fixer avec certitude remplacement qii*occii«
lit la synagogue dans le Call, mais nous croyons que le couvent
t Minimes (aujourd'hui la Manutention) fut fondé sur ses ruines
1575. Ce couvent était aussi appelé de la Vicloire. La rue du
ill ou des juifs prit alors ce dernier nom. C'est actuellement la
Saint-François-de-Paule,
Il existait une imposition dite des Setis ou sièges de la syna-
pe. Les secrétaires faisaient un jour sommation à En Salamo
tuol» jtiif de Perpignan, d'avoir à payer sa contribution de
lois par an imposée, pour chaque seli ou cetl, sur chacun des
Cs de rAljama *.
t Les maîtres de la confrérie du cimetière w n'étaient peut-être
des ministres du culte, mais ils devaient être plus- ou moins
la dépendance du prêtre officiant, appelé capeUanKs judens
capelia Suheti (curé juif) dans les documents chrétiens ^
11 eiistait des fonctionnaires chargés de V ^ aumône de Fallu-
inaire », procuraiores helemosine îuminm'ie Alimne judeo-
m Perpiniani, qui s'occupaient de l'entretien de la lampe éter-
\ifi (ner tamid) et des lampes ordinaires allumées à divers mo-
enlsde la semaine, surtout le jour du sabbat, pour illuminer la
Hagogue *.
Oii sait que la culture intellectuelle n'a jamais été négligée
li les juifs, et la religion leur faisait un devoir de connaître
Tkora, Des fonctionnaires spéciaux, véritables instituteurs à
fois civils et religieux, étaient chargés de lire la loi à la jeu-
ue de KAljama, Les secrétaires nommaient les lecteurs de la
el leur imposaient Fûbligation de remidir leur devoir. S*ils
11.21.^23, ^\
' B* 332; B. 334, — L'article B. 335 conUent un r<"ile des déf^rèveînfinls elTec-
' tes quatre secrétaires sur la vente de la contribution ordinaire des sièges
de la synagogue, SuiTent deux pages de noms et de nombres en
^Kn 132! . SfO Mayr Bot^eti, eapetlamts JmUui hahîtator Perpiniani (Notuk de
' Eiv ' fo* Daui et Vidal Vitûs de Bêziers remplissaient ces fonctions
isXtf .:jie MalTred, notaires, n» WUa). — Il y avait au C«ll de Perpignan
1 de i^auoiùnt *i€S juift^ dont il eBt parlé en plusieurs endroits* Elle tviit
■Uateors spéciaux, nommés par le conseil et les secrétaires*
\
46 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
refusaient, le représentant de l'autorité supérieure intervenait _
C'est ainsi que le procureur royal, à la date du 28 avril 145S- ^,
enjoignait, sous peine d'une amende de 25 livres, à Jusse de Lé — -
rach d'avoir à faire la lecture aux enfants du Call pendant li
temps à lui assigné par les secrétaires, qui devront lui payer deui
florins pour son salaire.
LES JUIFS DES DEUX COMTÉS PENDANT LA DOMINATION MAJOI
QUINE. — RÈGLEMENTS DIVERS SUR LA POLICE DE L'AUAMA. -
ORDONNANCE DU BAILLI DE PERPIGNAN SUR LE PORT DE LA ROI
IMPOSÉ AUX JUIFS (1276-1344).
La création du royaume de Majorque à côté du royaume d'i
gon fut une source intarissable de dissensions et de malheurs. T *es
deux fils de Jacques le Conquérant se firent une guerre achs^B-r-
née ; leurs successeurs continuèrent ce duel odieux, haineux, (^^ui
amena la ruine du royaume de Majorque (1344)*. Les princ^^
majorquins résidèrent habituellement au château de Perpign^iï,
circonstance très avantageuse pour la ville et les deux comtés^ et
il fallut tous les maux qu'entraîne la guerre impitoyable poiir
arrêter l'essor agricole, industriel et commercial commencé soiis
le règne de Jacques le Conquérant. Toutefois, il serait facile ^e
montrer que la monarchie majorquine favorisa efficacement l'a-
griculture, rindustrie et le commerce, auxquels les Juifs des deux
comtés ne furent certainement pas étrangers. Plusieurs d'entre
eux achètent et expédient des laines, des cotons; d'autres sont
marchands de livres ; quelques-uns sont teinturiers ; je vois des
relieurs, des tailleurs. Ces ouvriers juifs étaient soumis à Tex»--
men des préposés des corporations de métiers*. D'ailleurs 1^^
princes majorquins se montrèrent favorables au développemei^^t
de la liberté, et leurs règlements et ordonnances relatifs au-"^
Juifs, tracassiers et vexatoires à nos yeux, ne sont, pour la plt*""
* Jacques 1«' de Majorque mourut ea 1311. Son fils Sanche, qui lui succéda, Bao*-*-'
rut en 1324, et laissa le trOne à son neveu, Jacques II, qui fut le troisième et dern^-
roi de Majorque.
» B. 226. Dans le livre premier des Orditiûeiotu (f» 55, v«), U est quMtîoift^ ^°^
juifs colporteurs ou marchands ambulants, portanteê rûubàm ad €ollum ê$ «rf
et itamMt et laMm et Mrot causa fundmUper mUam Ferpiniani»
LES JUIFS DE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE
17
e des règleaients de police exigés par les circonstances et
rs de Tt^poque*
Les chrétiens du Roussillon aimaient beaucoup les jeux de ha-
ies juifs s'y livraient avec non moins de passion,
l'an 1279, nous trouvons une ordonnance des consuls de
Perpignan qui défend de prêter de Fargent au jeu, sous peine au
jT^teurde perdre sa créance, quel que soit Temprunteur, juif ou
rétien *. En 1284, Jacques l*"" de Majorque prohiba toute espèce
jeuide dés, tant dans Tintérieur qu*à Textérieur de Perpignan,
ieluî qui n'aurait pas de quoi payer l'amende (dix sols) recevrait
m coup de fouet ou de verge (assoi) pour chaque sol dont il se-
H insolvable *. Parmi les jeux prohibés se trouve le iindaxireyt
kcabraboch; mais nous ignorons quelle en était la règle ou
nanit^re de les jouer. Celui qui est appelé amicdalorum amie-
iia pro aniicdalis était un jeu purement de hasard.
De par une ordonnance du 12 des calendes de novembre 1295,
Rjuife ne pouvaient pas jouer aux dés pendant leurs fêtes (en
^eslurs\ ni les jours de noces, ni en nulle autre circonstance.
Ils n'en avaient reçu la permission du baiiii royai, qui savait la
faire payer ; dans aucun cas ils ne devaient jouer avec des
-, Le seul jeu de des permis aux juifs vers le milieu du
'* était celui qu'on appelait en catalan iaides mallela
iautes ferrando; mais nous ignorons aussi en quoi il con-
lUit.
jett amenait quelquefois des contrats assez singuliers. Un
f de Perpignan appelé Gracien Cap s'engageait un jour envers
Trillar à ne pas jouer de deux ans au jeu dit amicdatO'
nicdafa pro arnicdalis* Ces sortes d'engagements étaient
devant un notaire ou un employé de la « scrivanie », et,
le les parties voulaient les casser, elles revenaient devant
gistrats Le 10 des calendes d*avril 127(3, Astruc Abram
geait un de ses coreligionnaires et ses biens de toute ques-
^ull pourrait soulever contre lui. Il le dégageait aussi de la
qu'il lui avait promise chaque fois qu'il jouerait ou ferait
à un jeu auquel il pourrait perdre quelque chose du sien,
pourras donc jouer sans crainte, lui dit-il; je brise Facte
lenous avions fait en la scrivanie de Perpignan, et je reconnais
reçu pour cette définition la somme de mille sols barce-
Le
Uvrâ premier dea Ordinactùiu de la cour du bailli de Perpigiiûû, f» 9, v«
/i8 REVUE DES ETUDES JUIVES
L'ordonnance royale du 12 des calendes de novembre que nous
citions plus haut contient, sous forme d'appendice, une ordon-
nance d*Ën Vidal Grimau, balUe ou bailli de Perpignan, où il est
recommandé aux juifs de ne point se permettre de sortir «sans
cape », que cCaqui anant negu juseu no gaits anar tneym
de capa^.
Cette défense de « marcher sans la cape » prouve que cet ha-
billement, qui affectait la forme d'un long et vaste manteau, fut
d'abord le signe particulier auquel on reconnaissait les juifs. En
effet, la roue ne leur fut prescrite qu'en 1314, et encore le port de
ce signe distinctif ne fut imposé qu'à ceux qui ne portaient pas la
cape. La roue était cousue sur la robe de dessus, au milieu de la
poitrine et de la manière la plus apparente. Elle était de toile oa
de soie et d'une couleur bien tranchée avec celle de la robe •. Elle
était très petite, si l'on s'en rapporte à la figure qui la représente
dans le livre premier des Ordinacioyis.
Quelques juifs furent dispensés de porter la roue. J'en citerai
un exemple. La veille des ides de septembre 1323, le roi Sanche
de Majorque, successeur de son père Jacques !<=% autorisa Bonjorn
del Barri de faire partie de l'Aljama de Perpignan, de voyager et
trafiquer librement dans tous ses États et de ne porter sur ses
habits ni la roue ni aucun autre signe qui pût le faire reconnaître
comme juif, « attendu, dit le roi à Bonjorn del Barri, qu'un pa-
reil signe, si vous le portiez, pourrait vous occasionner divers
dangers et périls réels et personnels lorsque vous devriez aller çà
et là pour votre négoce, à cause de la haine presque commune
qu'on a pour les juifs, » propier quasi commune odium Ju-
deorum ^.
Ce qui n'était qu'une exception devint plus tard une règle pour
* Ordinacions, i, f» 7. v», cilé par Alart, Documents sur la langue catalane dtse»'
ciens comtés de Roussillon et de Cerdagne^ p. 106.
« VI. Kls aprilis anno dfii M. CGC. XIIII.
Ordinatum fuit per dominum Bernardum Dauini militem bajulum Perpiniani é«
mandato illustrissimi domini nostri régis Maioricarum quod omnes judaei dicionis dicki
dni quod {sic) non portabunt capas habeant portare rotam fili vel cirici in rauba sb>
prema in medio pectore unum palmum cane Montepusellani (sic) subtus orim postis
pectorie ; que rota non sit talis coloris talis erit dicta rauba. Et si de cetero inveniitiiî
aliquis judœus per sagiones curie qui non portât predictam rotam sub forma et coadi-
cione predictis quod dictus judœus amitat raubam supremam quam tune portabunt
de qua roba {sic) sagiones babeant terciam partem et curia dni régis duas paries.
Que rota sit hujus magnitudinis Ç\
(Ordinacions^ i, f» 54, v»).
* B., 94, fo 45, v». — C'est Grégoire IX qui, en 1234, avait exigé de tous les to
de la Péninsule l'accom plissement du canon du concile général de Latran de 1215 i
latif au signe distinctif et au costume des Juifs.
LES JriFS DE HODSSILLON ET DE CEBDAGXE rs
^5 Juifs en voyajîe. Nous verrons, en effet, qne, dans rintên^td*^
leur surettV, Alphonse V d'Aragon afiranchit lesjuir^^ de Tobliga-
tion de porter la roue ou tout autre sigau qui pourrait les faire
reconnaître.
En 1279, Jacgues de Majorque défend à tout juif ou juive de
prendre une chrétienne pour nourrice, pour femme de chambre
tprediceca] ou pour servante; ; il dt^^fenil aussi à toute femme cliré-
tieaae de s'engager à eux en cette qualité, sous peine de deux
cents sous d'amende contre l'un et l'autre ; et s'ils ne peuvent pas
payer cette somme, ils seront fustig<^s par toute la ville (fusH-
gentur per VUlam Pef^piniani tamjudeKS et judea quam chris-
tiaiia). La même peine sera encourue par toute femme chrétienne
Jtii entrerait dans une maison juive, soit pour ses propres aflaires,
lit pour y faire quelque service (pro iwgùcUs suis vel servicio
eis (aux juifs) faciendo inUis domus *).
■ Une addition à cette ordonnance» qui est du 5 des ides de juin
1279. interdit aux chrétiens de porter de Teau à un juif ou à une
juive, de faire sa lessive, de porter son pain au four. Une chré-
tienne ne peut aller rendre visite à une juive nouvellement ma-
r-î^e, ni à une accouchée {ni gaus anar coHejar novia jusia ni
t>€Mri€ra) ; elle se gardera de faire aucun service dans une maison
j laive. Un « établissement » de la m<)me année (1206) défend a tout
. JU-if baptisé de conserver aucune relation avec ses anciens core-
fcligionnaires, de les fréquenter et môme de leur parier. Quelques
Hjours apri>3, le hatUe ou bailli de Perpignan, En Vidal Grimau,
■ti^feod à tout chrétien d'aller vendre des comestibles [negunes
" c<zuse5 inenjadorcs) dans le CalL
Aucune denrée ne pouvait être exposée en vente par les juifs
fî€* TAljama ; ils devaient se pçurvoir de tout au marché. Un rè-
glement du bailli royal, en date du 8 des calendes de septembre
X^lJi), défendit aux marchands de fruits de permettre aux juifs de
r^icn toucher dans les paniers. Le roi décida quil ne serait point
^^]t de criée à ce sujet; le bailli devait se borner à transmettre
*on «( mandement » aux secrétaires de rAIjama, qui le communi-
queraient aux juifs dans la synagogue *,
• Z«»rir fî<rrf mt«9i»r, f* 54, T*, et Ordinacio1ki^ l^ i° 6, V"*
* Après .if êo {\^ manamtnt du bailli), ctnc tn audeneia dtl Senyùf ny 0 fe vêana-
^*^i fWên^M tridat mui qut hom fei manameHt ait êtcreiarii fW 0 dt^âuen dir
T, XV, w* 29.
\
30 REVUE DES ETUPES JUIVES
VI
LES JUIFS DES DEUX COMTÉS SOUS LES RÈGNES DE PIERRE IV
DE JEAN I®"* D'ARAGON. — LETTRES DE QUiatge, — RÈGLEMENTS^^^
CONCERNANT LES APPROVISIONNEMENTS DES JUIFS SUR LBS MAR .-
CHÉS PUBLICS. — ENVAHISSEMENT DU CALL PAR LES CHRÉTIEN^^ s
(1344-1396J.
Pieprre IV, dit le Cérémonieux, avait succédé à son père Al ^M-
phonse sur le trône d*Aragon. Il chercha vite querelle au roi d^^Be
Majorque, qu'il s'était promis de dépouiller de ses États. Pierr^rrxe
envahit donc le Roussillon, en 1343, s'empara de Collioure r-^g
d'Klpô> occupa Perpignan et s'installa au château des rois de Ma^^-
jorque. Le 22 juillet 1344, il fit publier dans l'église Saint-Je^^n
racle de réunion des comtés de Roussillon et de Cerdagne à h
couronne d'Aragon. Le royaume de Majorque avait vécu.
3ous le règne de Pierre IV, les juifs des deux comtés paraisse^ssnt
avoir laissé le petit trafic pour se livrer au grand négoce. Au :ssi
nous les voyons très souvent en voyage, allant en Catalogne ou
en France. Mais il ne faudrait pas croire pour cela qu'ils eus^a ,nt
toute liberté de sortir des comtés. S'ils n'étaient pas précisém^^nt
considérés comme une marchandise'par les rois de Majorque et
d'Aragon, ces princes avaient grand soin de les empocher de
sortir de leur royaume, car ils avaient continuellement une "^hy-
pothèque sur leur bourse, dont ils ne voulaient pas voir dimin^^^ier
le capital. On trouve, en effet, les juifs inscrits dans les rôles 4ies
objets dont la sortie est prohibée*. Pour passer la frontière » ils
avaient besoin d'une permission émanée de l'autorité royale oui de
celle des officiers royaux. C'est ainsi qu'en 1372, Pierre IV ay^t
frappé une forte contribution sur TAljama de Barcelone, ce prfece
donna à l'un d'eux, Jussef Zarch, la commission de se rendre en
France pour solliciter de ses coreligionnaires des secours, afinie
solder la somme, et le bailli royal de Barcelone lui donna une lettre
en forme de passeport pour que le gouverneur du Roussillon li»-^
permît la sortie du royaume d'Aragon *. Le même roi donna A di^^
* n existe des criées, faites au nom de Pierre IV, qui interdisent Pezporlation ^^\
Tor, de Pargent et d'autres métaux, ouvrés ou non, des chevaux, armes, yivres ^f^S,
munitions de guerre, des Juifs ou Juives, de la laine, des cochons, etc. (Registre X\^^
de la Procuracio real^ B. 136).
> Par lettre du !•' mai 1376, datée de Montso, Pierre IV défendit au gouveroec^^
LES JUIFS DE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE 5t
jcib de Perpignan raetorisation de passer en France pour y
suirre àes affaires de ne^goce *. Le souverain donnait aussi des
kttm de ffuiaige ou sauf-contluits aux juifs i^trangers qui de-
mandaient à venir dans les comtt^s. On en trouve* la preuve dans
Otte lettre que te gouverneur de Eoussillon et de Geniagne adres-
sait à IssacU j'uiC de Carrassoiine, le 12 octobre 1377 **
L<*« juifs se levaient matin* Leur premier soin était d'alter au
marché, où ils achetaient, comme de juste, ce qui <1tait à leur
convenance. Or» il se rencontrait que, presque toujours, la viande
laplas jolie, les volailles les plus grasses et les fruits les plus
ffiis «étaient à leur convenance. Ils se gardaient donc bien de les
^lil«ser pour ces paresseux de chrétiens, qui dormaient jusqu'à
Ma heure avancée du jour. Les chrétiens se fàchf^rent et ob-
tinrent de l'un des rois de Majorque un statut interdisant aux
Imfs de paraître sur le marché avant que « la troisîArae heure fût
#onnée » *, En 1358 on dut s'apercevoir que les juifs violaient le
italut roya), puisque Pierre IV, par lettres données à Girone le
SS avril 1358. défendit qu'aucun juif osiU acheter volailles, gibier,
fmmajfp ou comestibles quelconques sur la place du marché [in
uteDAnls de donner de ces sortes de permissioDS aux juifs de
. laissant ce dfoit Oiu procureup royal (Registre X de la ProûH~
' Ués te roi exigeait des cautioa» d'unâ telle nature que le juif ce pouvait piiB
■\ ue de firveuir chez lui. Le 28 aoQt 136^i^lo roi écrit à Âruald d'Orcbau^gou*
Comtéâ^qu'il aulorisc Stnich Dmii Choen, Mahîr Samicl ot Vidal Samit'î,
;aas, de sortir du RouBsilloQ et de passer en France * où ils espèrent
jroce airec plus de protit que dans aes terres % à condition, toutefois,
€QUi k Perpignan, ou autre lieu du domûine royal, leurk feroroes €i leurs
,el donneront des garanties sulfisantes pour le paieraent des contributions aui-
( il< feront astreints comme membres de rAljama âa cette villi^pH^ndant leur ab-
» [B, 121, l* 49, v"). Même autorisation donnée ie 3 lévrier i306 à Jusse Tbouia
t JacoL Cboen {IbiJem, t*' S2, v"). — Ce denvier devait être un des
tj du Call de I^ferpi^nau, Je vois que le 24 novembre 1369 le pro-
donoe encore des lettres de gmatgc pour aller * commercer » on
, êt€ê iûuentiiHtnt et la toltmté de Cresques Na^bi et Jusse Thouia, sccrc-
1 4!i.«tni< nef not^ de preientando se coram noHs, ajoute ie procureur royal,
tf^uam red^iril a dicto regno fi fuftit tf xnlla Perpiniani {lèidem).
i^ii il« Per<os, cavalter, «çovernador de Rosselio 0t de Cerdanya, per-
~^ }uheu habitant de Carcbassona, vois venir k Porpenya par comptar
^ aU quais as tengut, puiam e ass^fruram tu dit Usscti us:i que per
iMtat dauias o aitres causas civil* o per peytes d'alyama o d'altres no puguea
\ UB alurat tu persona ans puxes enlrar salvament e estar e tomar tota ve-
r qp^ voira» dina dot meses de la dada de la présent avant comptadors par
► mea avant volem que dur aquest guiatge.*. • — Celte lettre fut eonirmée
eauivaxit par Adday Tauros Mossa, magiUtt Vitaiis SamieL et Crasques
b, secrétaires da i'Aljama de Perpignan (kotwU de Guillaume Fabre, no-
la itite et la date de c« statut qui est rippAlé dani calui que nous
s ci-4«aaoiia.
1
REVUE DES ÉTlîDES JUIVES
platea GaUinarum), savant que la troisième partie du jonrfftt
finie, » donec transierit ie7\Ha pa7'S clieiK
Il est à croire que les JuKa protestèrent contre cette ordoa-
nance et que le roi Pierre IV la retira. On ne peut s'expliquer
différemment ïe contenu dWe autre ordonnance, datée deCer-
vera le 14 décemlire de l'année suivante (1359J. Il y est dit qae
le roi retire aux juifs la permission qu'il leur avait donnée
(tacheter sur les marchés de Pey^pignan, Il rappelle cette fois
rordonnance dont il a été question ci-dessus et il ordonne delà
faire exécuter dans toute sa rigueur *.
A la laveur des trouilles causés par la dernière guerre entre les
deux rois de Majorque et d'Aragon, quelques juifs de Perpignan
avaient quitté le Ca/^ et s'étaient répandus dans Tintériear de la
ville. Jean Gilles, consul, et Guillaujue Redon, bourgeois, toûs
deux syndics de V « université u de Perpignan, s'en plaignireai
vivement au roi. Pierre écrivit aussitôt au sieur d'Orcliaa, por-
iant'Veus ou lieutenant de son gouverneur en Roussillon : « Plu-
sieurs juifs, dit-il, ont abandonné le Puig des Tisserands ' qui
leur avait été assigné anciennement et ont acheté des maisons-
dans une rue qui conduit au Puig, rue qui est habitée par des
chrétiens ». Cela n'est point tolérable, car lorsque le Saint*Sâcre^
ment passe dans cette rue, les juifs le blasphèment « tacitemeat» -
En conséquence, Areald dTJrchau voudra bien chasser immédia-
tement les juifs de toute rue habitée par des chrétiens, ave^
défense absolue dliabiter les maisons qu*iis y ont achetées. L*
lettre est datée de Barcelone, le 26 octobre 1366. Le roi Yoalai^
qu'on s'en tint à ses ordres jusqu'à son arrivée à Perpignan*.
' Livré tert mimeur^ fol. 219^ r*.
« Peinis dei gradt rex... tiobUi ol dilecio gerentî vices guberaatoris in eaniftàlîb
HoseiUonIs el Cemlanie ceitiristjtiis ofiidalibuB uoBtris ville PerpiDÎnoi prote&Uhu*
futuriâ et locateneiitibus eorumdem saluteLti ni grsciam, Cum ut pcr siodicos uaiv^
sitatm ville Perpiniam ad nosnovifer missos pro cuha tjuam uunc CathalonbCerviri^
cetebramus fuit uobis expositum revereuler nos coucessi^rimus judeis oioâdem tiU'
qaoà poBBiDl emere quacumijue ora diey qualibet victualla prout faciutit cbhstitiub*^
qU6 foctum esae dicatur contra ûrdinacionem fitctn per ohm Reges Ma4oric4n%m ^fl*
cavetur quod auliusJudÊus aut judea aub penu \. sol. audeat emere aui emi fioe^
ia die mercati nec ûie domiuica vel festiva nisi post pulsadoDem terciu gmllinis, p^"
loB. anceres, anatos aut aliam voie in ri a m^ ova vel caseos el eeiam co&Lra loop^
xisnm in dicta vjUa de prediclis obft«.*rvatum * Kliam post impeiratioDem phvilegii isw
morati et propierea noUs fuerit aupplicatum ut super biis digoaremur de cppOflttM
remËdio providure, ideo supplicaiioiLe prodicta beuigne admiasa \'obis el cuiiii>ct viir
irum dicimiis et maodamus qualauus ordiuacioîitiîQ &t usum prodictoa totaLiler obaartt»
lia dicta uon obslante coucessioU'O cui per uaum couiraiium extitit derogalum (Xnn
véft mineur^ fol, 225 , v^}.
* Podimn Tmtorum^ anciemiËmeot Podium Lejtrotorum, Le roi Sa&che avait donfii
ordre à loua les ti&utrandt de véuif habiter le Puig (B. 61).
* «• . Eed^mptori^ cujujb Gon>u£ &aaGUûcaiuiii, ijuod dam feriur per iUum
LES JFIFS DE ROt SSfLLON ET DE CERDAGHE
53
Jacques II, roi d*Aragon, avait ordonné que tout écrit ou con-
lralpais<?, à titre usuraire ou non, par les juifs de son royaume,
ne serait plus valable après un laps de six ans, si, dans cet in-
tervalle, le créancier n'avait fait quelque instance judiciaire, à
moins toatefois que le contrat ne fût en faveur d*un rai neur ou
d'uflâb^nt K Par lettre donnée à Perpignan le 6 décembre 1366,
Pierre IV manda à ses officiers d'appliquer ce statut aux juifs du
RoQSsillon, Le 27 avril 1367, cette lettre fut présentée à Jaspert
deTregura, juge royal, par Mayrao Momet, Bonjach de Montpel-
lier, Samiel Caracosa et Jusse Touia, secrétaires de rAljaraa. Le
15 mars 1368 seulement le juge royal rendît une sentence qui
rendait exécutoire l'ordonnance du 6 décembre 1366 *.
Pierre IV prit un jour le parti des juifs contre le corps muni-
cipil de Perpignan, Celui-ci avait voulu frapper la viande d'un
impOt Pour rendre cet impOt moins onéreux aux habitants, en le
Uïnni porter sur un plus grand nombre de contribuables, il avait
«l^idéque, au lieu de frapper d'impôt la viande débitée dans les
boQctieries, on imposerait chaque tète d^animal qui entrerait en
Tille pour la consommation. De cette manière, la taxe atteignait
le» clercs, alors Ir^s nombreux dans Perpignan, aussi bien que
les^ulters.
U clergé protesta : on violait les libertés de Péglise et on atta-
îuailses immunités. L^évéque d'Elne s'en plaignit vivement aux
coosuls. 11 n'en put rien obtenir. 11 lança alors une sentence d'ex-
coiamunication et fit entamer devant les juges ecclésiastiques un
procès contre ces magistats. Le roi prit parti pour les consuls ; il
ordonna à Tévéque de renoncer aux procédures, et, sur le refus
«le ce prélat, il fit saisir et occuper ses temporalités.
Celte même taxe avait frappé les juifs, qui réclamèrent comme
tTtient fait les clercs. Par une de ces contradictions administra-
l'mqui lui étaient familières, Pierre ÏV écrivit aux consuls de
Perpignan, le 22 janvier, qu'ils avaient, sans permission et contre
«1 volonté frappé d'une contribution les juifs de leur ville; qu'il
w souvient très bien cependant qu en aucune session de corts et
en aucune autre circonstance, il n*avait voulu accorder ni à eux
»i d*aulres que ses juifs -- judœi nosiri — fussent compris
i les impositions des chrétiens sur le vin et la viande ; que les
, «littiiuii infinnos rtl alias taeiu blastematur... Quinîmo eosdero ab omni
iicto iocontinenli expallatîs «t eis inhibeatis ut nullatenus in dictia boapidis
oac ea intrare <{u<ra3qiie nos fuerioius ia dicta TÎUa personaHter cona-
Lifuoiitain DOS eo tune re subjceta oceulis et audilis utnusque partis racîoaibus
rboc pfùvidebÎTiius de Kinadio coodecenti {Livrt 99ft «Mnir, f» 242, r*.J.
flaSJy, li^iùtre dt RamsitUon, U, p. 206.
0. IIS iNûtuU A'Kndté Komau], f< 6.
54 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
juifs ne devaient être tributaires que de lui seul, tandis que, par
cette voie, les consuls les rendaient tributaires de la ville. Il
défend, en conséquence, de leur faire payer cette taxe, et charge
le gouverneur du Roussillon, le bailli et leurs lieutenants de lui
dénoncer toute nouvelle contravention de ce genre et de la faire
amender au double * .
(1 Cette taxe, ajoute Henry, auquel nous empruntons tous les
renseignements qui précèdent, n'était pourtant que celle qu'atait
autorisée ce prince pour Tamortissement des dettes dç la Tille.
Les raisons qu'il faisait valoir en faveur des juifs pouvaient s'ap-
pliquer également aux clercs, qui n'appartenaient pas plus que lés
juifs à la juridiction municipale, et que les consuls ne pouvaiient
pas plus rendre tributaires de la ville. »
• Deux ans après, ces mômes juifs, auxquels le roi donnait sa
protection, furent assaillis dans le Call par les chrétiens. Le fait
ne nous est connu tout d'abord que par une note du Livre vert
mineur *j qui est aux archives communales de Perpignan. La Toici:
//// Kal. Augusii. hoc die lune anno M.CCC.LXX''. fuit rumor
contra judeos Perpiniani, Et c'est tout. Le Call fut très proba-
blement saccagé. Le procureur royal avait nommé des commis-
saires pour faire une enquête, mais ils ne dressèrent aucune
écriture pour constater les pertes subies par VAljama, Les secré-
taires s'en plaignirent vivement dans une requête présentée par
ce maître » Bonet Belshoms et Samuel Asday, deux d'entre eux.
Ils déclarèrent qu'ils n'avaient « aucune juridiction » et aucune
autorité pour prendre acte des pertes que la communauté avait
éprouvées en lo feyt del avalot (émeute) dels Juseus ; qu'ils igno-
raient ce que juif ou juive pouvait avoir perdu dans ledit avalot *.
Nous n'avons point d'autres renseignements sur cet événement;
nous ne connaissons pas non plus les causes qui l'avaient amené.
Une nouvelle invasion du Call eut lieu en 1392, sous lé règne
du roi Jean I«% qui avait succédé à Pierre IV sur le trône d'Ara-
gon. Celle-ci fut, en quelque sorte, le dernier acte d'une sanglante
1 Henry, Histoire du Roussillon, II, p. 208.
« Fo 4, r».
* Los sécréta ris dels juseus de la vila de Perpenya comparons per alscons manfr-
mcns ad als feyts per alcuns affermansa sots delegats del feyt del avalol dels joseitt
del dit loch de Perpenya. . . disen que cert es quels dits secretaris no han degant *
jurediccio ni nul temps no busaren de juridiccio ni es acostumat qoe ad els sia cornes
cosa que toch jurediccio, y dir que els fassen en tormassio es usar de jurediccio, e so
que els no sabrien fer, car axo pertany a senyors davocats e escrivans crestîans. . .
îten disen que certs notaris e serts prohomens foren elegits per lo lochtenent de go>
vernador e per los senyors consols que presessen lo dit {pour qu'ils prissent U
dire) de tots aquels qui pretendihen aver perdut en lo dit avalot ui que lou avienper-
dut per que agen ho daquels, car los secretaris nulteoips non feren escriptnra . . . E
dits secretaris no sabeu tôt so que juseu o juseua aja perdut en lo dit avalot (B. 329).
LES JUJFS DE HOUSSILLON ET DK CERIUGNE
55
tragédie dont le premier s'était joué dans le royaume de Gastille
vers le milieu de Tannée 1391. La multitude avait pillé, saccagé
les maisons et les boutiques de la juiverie de Séville et mis à mort
/es juifs qui avaient opposé quelque résistance. Cette nouvelle
parvint à Majorque au mois de juillet. On raconta aussi que des
chrétiens du royaume de Valence, faciemlo avaloi cont7'a Jitdeos
Vak^iciCf avaient bien massacré quatre-vingts juifs, à la suite de
<luoi ils avaient envahi le Call de cette ville et emporté les biens
lies juifs'. Ces faits étaient vrais. L'inlant Martin fit faire d'ail*
lears des poursuites rigoureuses à ce sujet. Malheureusement»
elles n^arri^tèrent pas le courant d'intolérance qui, venant des
États du roi de Castilie» soufflait sur toutes les villes où il y avait
«l*^5juifs. Le 2 août, le Call de Majorque fut pris et pillé. Trois
cljrétiens perdirent la vie dans la lutte. Elle fut payée par la mort .
*^e trois cents juifs*. Le 4, ce fut le tour du Call de Barcelone^.
Le la, soixante-dix-lmit juifs étaient égorgés à Lérida *, A Tar-
ï'âgotie. à Girone, il y eut aussi tuerie de juifs. Quelques jours
«près, les chrétiens de Perpignan envaliissaient le Call du Puig ^.
Si je prends au pied de la lettre un document de 1394» le Call
fol fL détruit ». Il est dit, en effet, dans ce document que Je tau-
iaiQe dêl masell (boucherie) n'y rapporte plus que cinq livres au
foi» per (à cause de) la cleslruclio ciel dit caii'K Nous savons,
^^ tout cas, que les juifs se virent obligés d'abandonner leurs
'liaisons et de se réfugier au château royal '. Je n'ai point, pour
Iy uoment, d'autres renseignements sur ce triste événement.
' PiEHRE Vidal.
* Villâouevo, fiAfe titiftftio Ù la$ igUHMdt Bêpûna^ t. XIX, p. 221.
• ihUÊm
^ /6»i^«ii,l. XVI.p. 194.
^ h%d*w%, t* XVlll, p, 21. C'est le )oufna1 de Mascaro où il osl dit : • La fçuerre
^^^^i* contre t«K juila eut tieu (13ÎJ1).* . Elle comtûGnça à Valence, puis elle se fit à
'**■'*' «loQK. Ua le» poursuivit pendant cinq jours dans 1© Vatl en brûlant et tuassacrdnt
ic»%it.eequ^oD put trouver. Le vigttier géuL^ril dn roi Q. de Sun Clûment fit iranslérer
>^ ciittciu ueui tous k-a juifs qu'il put sauver; mais ils y furent assiégés a coups de
"^«tkwpit le p«QpI«, et plus encore par la fttm el la soit. Le mardi 1 août ils s'ein^a-
ip**^*ûlft jfct'VviiT If. hoptême, ce qu'ils fircot pour la plupart, car d'autres, et surtout
•*ï« fetnm- if-nt se laisser luer ». Mascaro 1er mine ainsi sa reUliôn : * IsU
;
^ftuietD de /: ieorum inccpit priraitus m refçno Qastelle, iï% diversis civilatibus
•f**-* preaietau d«?f iructionem. Posi modum fuit coDtinuata in civiiate Vulentina, Bar-
««iti&iji^ (llerda, Terrachona,Gerunde oc Ptrptniano, , . -
^o document daté du 1^ décembre 1392 parle d'une maison juive située en
»ûra ijii <jaii« laquelle «si dirupta a die ijuajudet deseruerunt Callum proptût* metum
*f*^» [MaHutlAt Deruard Fabre).
^ fi février !Iîl»2, les socrétoires et «utrcs Juifs do l'Aljama tiennent conseil t#
, * ^«tiH rê0u tulgariter ttominata In Sala iComana, hv lendemain je Tcha encore
* i*»ifs délibérer m putuo duU castri. {Uidem,]
M MONNAIE HYBRIDE DES INSIREGÏÏONS MES
J'ai fait reproduire, ci-dessus (flg. 1), d'après une empreiiK=nte
électrotypique due à l'obligeance de M. Montague, vice-présid< >nt
delà Sociét(^ numismatique de Londres, une pièce d'argent qur-3fa
figuré récemment à VAnglo-jeivish Exhibition, où j'ai eu occasL on
de l'examiner *. Elle fait partie de la riche collection du Révéra Mid
Churchill Babington. M. Maddenl'a mentionnée, en passant, dm, us
la dernière édition de son Corpus des monnaies juives*, mais //
n'a pas cru devoir en donner de gravure et il a exprimé des
doutes sur son authenticité. Je me propose de montrer que non
seulement ces doutes ne sont pas justifiés, mais encore que notre
pièce, convenablement interprétée, peut servir à éclaircir dans
une certaine mesure ce que M. Renan appelle « les énormes dif-
ficultés de la numismatique juive '.»
Donnons, tout d'abord, une description complète de la pièc«
dans son état actuel :
yR 4. Poids: 2gr.785.
Droit : Triple grappe de raisins, vue de face; le pédoncule por^^
une feuille. Légende circulaire, écrite de droite à gauche, en »-'»-
ciens caractères hébreux :
....'O'^n (trou) :ibn ......
* Le Catalogue enregistre cette pièce sous le n<> 2570 ; «n réalité, elle était
posée sous le n« 2573.
* F. Madden, Coins of the Jetvs [Numismata orientalia, 1881), p* 236 ad fin»
* Renan, L'Eglise chrétienne ^ p. 549.
I
UNE MONNAIE HYBRIDE DES INSURRECTIONS JUIVES 57
Le lotit dans un cercle perlé.
Kevet^s : Lyre à trois cordes, vue de face. Légende dispos<5e
cotume sur le droit :
I bcnto-'^in (trou) d
Cercle perlé (le trou a probablement été pratiqué pour enfiler la
médaille sur un collier).
En ce qui concerne Tauthenticité de la médaille, je pourrais me
contenter d*opposer à Topinion de M. Madden celle déjuges aussi
eicpérimentés que MM. Babingtoii et Montagne ; mais les autorités
valent peu de chose auprès des raisons : voyons donc les raisons
qu'on peut alléguer de part et d'autre.
^ Kien dans Taspect extérieur de notre pièce ne trahit la main
cl'^an faussaire. La gravure est excellente, La fabntjue, les dimen-
sions sont celles des pièces d'argent bien connues qui portent les
noms d'Eléazar et de Simon. Les types, parfaitement orthodoxes,
se retrouvent également sur ces pièces. Le poids — en tenant
compte de la matière enlevée par le trou — représente celui d'un
dénier romain de la fin du r^»' siècle de rère chrétienne*, et Ton
sait que ce poids est celui des pif^ces susdites, qui sont d'ailleurs
toutes, ou presque toutes, des deniers romains surfrappes. Enfin,
les légendes sont écrites dans le caractère vulgairement appelé
S€Mmarttahif qui figure exclusivement sur toutes les monnaies
juives depuis les premiers llasmouéens jusqu'à Barcochébas, Bref,
n'f'lajt le texte de ces légendes, personne ne songerait à contester
rauthenticité de la médaille : c'est donc ce texte qu'il faut exa-
miner.
U restitution même de nos légendes n^offre guère de difficulté
®* On les rapproclie de celles des monnaies analogues que je viens
^c rappeler. La légende du droit doit se compléter ainsi :
banlts-* nlb6«i5b nfn)K (ns^
Shenat ahat Ugullat Israël
« An le*- de la délivrance d'Israël *
l^t celle du revers :
bttms"» (nn)nn!b''!3j ''la
Shenat bet lehernt Israël *
M An 2 de la liberté d*isra/H. »
' Poid« moyen du ilenier romain liepuis Néron : 3 ^r. 41t. L'itlitgo de cuivre est
*i* 5â !(i 0,0 tous Néron, df> \h 0/0 sous Trojan,
' 1^ d«ut dernièrâs lettres du mot ni'inb sont souvent omises à desjem dans
l'B^illes qui portent la date de ran 2; voir Maddon, op. cit^^ p. 241 et suiv.^
Î58 REVUE DES ÉTUDES nJlVES
Ces lectures sont conformes à celles du Catalogué âe YÂn-
glO'jewish Exhibition ; celles de M. Madden diffèrent pouf la
deuxième légende, qu'il lit ainsi : Sh[enat) aleph (= ahaC) lehe-
rut Israël; mais cette lecture est Inadmissible par la raison
que, dans aucune monnaie de la classe qui nous occupe, le numé-
ral ahat n'est représenté par une simple lettre; d'autre part,
comme on peut s'en assurer facilement, il n'y a pas place pour
plus d'un caractère entre le shin qui représente shenai et le
commencement du mot leher(ut). La leçon de MM. Babingtonet
Montagne est donc la bonne.
Une monnaie .qui porte sur une de ses faces « An 1 de la déli-
vrance » et sur l'autre « An 2 » est assurément chose singulière.
Il ne viendra à l'idée de personne qu'on ait pu, de propos délibéré,*
lancer dans la circulation de pareilles pièces ; d'autre part, on
faussaire qui inventerait un monstre de ce genre saurait bien mal
son métier. Aussi notre médaille n'est-elle ni un faux, ni le spé-
cimen d'une émission réelle ; elle est tout simplement une. pièce
hybride, résultant de l'association erronée des reVers de d«a
coins différents, qui se sont trouvés réunis, par hasard, sous Ii^
main d'un ouvrier distrait.
Les monnaies hybrides — en anglais mules — ne sont pas on
fait rare dans la numismatique, particulièrement dans la numis-
matique romaine, dite consulaire. Mais sans sortir du domaine de
la numismatique juive, en voici un exemple remarquable, admif
par M. Madden lui-même, et qui aurait dû le mettre sur la voiedi
l'exacte interprétation de notre médaille. C'est la pièce suivante
(fig. 2J
ii
A 4 imnn n(Tr)bN Eleazar hakkohen. Vase et ïiahne.
rJ (p)3^7a('û) Simon dans une couronne de feuilles.
Cette médaille résulte, comme on l'a reconnu depuis longtemps^
1 Cette figure, comme les suivantes, est empruntée à Fouvrige cît4 de Ma^
p. 201. L'original de la pièce est à Berlin et son authenticité ee( oertifiéB|l
MM. von Sallet, Friedliender et de Vogué. Ou remarquera que la pièce est (roai
comme celle de M. Babin<:tou : die provient du collier d'une femme d'Aiep. i%
sais si la pièce de M. Babington a la môme provenance.
mK JJO.NNAIE IITDRIDE DES INSUHUECTÏONS JUIVES
m
bjnaison des droits de deux coins difTt^rents* qui sont
mtés par plusieurs exemplaires dans des collections. Voici
is que j'appellerai A et B, et que je place en regard l'un de
Ipour facilikT le raisonnement.
A ' (fig. 3)
akm^ Vase et palme.
ahat liçuttat
Grappe.
Simon dans urte cou Confie,
pj Shmal bel leherui
IsraeL Lyre.
A4.
Hi
irons maintenant les pièces A et B d'une part avec Vlip-
e Berlin (Hg. 2), dVutre part avec Thybride Babingtoji
b On voit iraraédiatement que :
léme que 2 résuite de la combinaison des droits de A et B,
résulte de la combinaison des revers de A et B.
bent ces deux erreurs, peut-<5tre simultanées, se sont-elles
esTU suffit de supposer que Touvrier chargé de la fabri-
iTâit sous la main les coins A (droit), A (revers)* B (droit),
rsj. Au lieu de les accoupler dans Tordre indiqué — ou
ter les coins A, probablement démonétises — » il les brouilla
rina le 1" avec le 3% le 2^' avec Je 4". De là sont résultés
X hybrides, qui s'expliquent et se complètent mutuelle-
is avoir établi Fauthenticitè de notre pièce ; resté à en
ir rintéri^t scientifique.
I un fait avéré en numismatique, c'est que l'existence de
hybrides prouve la contemporanéité des coins qui ont
les fabriquer : c'est même grâce à cet indice qu on a pu
date de certains monétaires romains inconnus de This-
idis dont le nom se trouve associé sur des monnaies à celui
:e plus célèbre. Les hybrides Eléazar-Siraon prouvent
ees deux personnages étaient contemporains, et Ton ne
l'arrêter au système de M. Madden qui rapporte les pièces
€0 REVUE DES ÉTTDES JUIVES. J
d'Eléazar à la première n^rolte, celles de Simon à la seconde, et,:
chose plas extraordinaire, les hybrides à la première : c*etf
comme si Ton faisait naître on fils avant son père ' 1 AjoutonsfM
les pièces d'argent de Simon ne font pas double emploi avec cdBa
d'Eléazar. En effet, les deniers da premier chef on n'ont pasfc
date, ou sont datés de Tan 2 : il n'en existe pas de Tan P; a
contraire, les deniers d'Eléazar portent tous cette dernière dafe
Il s'est donc opéré une transmission de pouvoir à la fin de la pn*
mière année de l'insurrection.
Maintenant, si Eléazar et Simon sont contemporains, fanMl hl
placer pendant la première révolte (sous Xéron) ou pendant I
seconde (sous Adrien) ? Je n'hésite pas à répondre, avec Saal<7i
M. de Sallet : pendant la seconde. En effet, nous possédons da
deniers de Simon, absolument identités à ceux qui ont été dé-
crits plus haut, mais refrappés sur des deniers romains qui ^
tent les noms d'empereurs postérieurs à la première révolte Çf^
pasien, Trajan, etc.). Séparer ces deux groupes de pièces est lUM
inspiration malheureuse de quelques namismatistes allemands ^
ne soutient pas l'examen >. Il ne reste donc plus qu*à conclon
que iOî(S les deniers de Simon, surfrappés ou non (beaucoup d
deniers < non surfrappés » ne sont, d'ailleurs, que des deniers ol
la surfrappe n'est pas apparente), et les pièces d'Eléazar appar
tiennent à la deuxième révolte, celle de Barcochébas.
Maintenant, quel était cet Eléazar ? quel était ce Simon? ic
commence le terrain des hypothèses où je ne veux pas ra'engaga
Simon est très probablement le nom propre de Barcochébas Id
même ; Eléazar pourrait être son oncle, l'agadiste Eléazar de Hù
déïn, que Barcochébas tua d'un coup de pied,, comme suspect!
trahison ♦ : c^est possible, mais non certain, et je veux m'en teni
» Voir Maddeo, op. cit., p. 197, 198, 201 et 233.
* Il existe, il est vrai, des pièces Ht cuivre au nom de Simon Nati Itrail^ daté* i
l'an I ; mais quand même on admettrait, comme jlncline à le faire, ridendié è
deux Simon, le raisonnement du texte n'en serait pas in6rmé : Simon a pu, fl
dant la première année, exercer une autorité inférieure et frapper à ce tiin 4
pièces de bronze, mais non d'argent.
* C'est ce que reconnaît d'ailleurs M. Gnetz dans la Monatuchrift fltr Getdià
vnd Wissentchaft des Judenthutns, avril 1887 ; mais le système propre de M.Ctai
repose, je regrette de devoir le dire, sur un tissu d'erreurs. Le portique qui figl
sur les t sicles au loulab > est bien un temple et non un tabernacle (!) ; qaiil
nier Tautbenticité de toutes les pièces surfrappées de cette classe (p. 161), àk\
plupart des deniers de Simon et des bronzes de la 4* année (p. 172), ce Mil ^
assertions qui prouvent à la fois Tinexpérience numismatique du savant autearAl
entraînement» de l'esprit de système.
* On peut conjecturer que les insurgés l'avaient d'abord placé i leur têta (ooi
grand-prêtre sans doute) parce qu^en sa qualité de natif de Modéin, il aorait
sa généalogie aux Hasmonéens, originaires, comme on sait, de cette
Cf. Scbûrer, Lekrbuch der neutestamentlicksn Zêiigsschickte^ 1*« éd., p. 357.
UNE MONNAIE HYBRIDE DES INSURRECTIONS JUIVES 61
iQx faits scientifiquement démontrés. Toutefois, je dois énoncer
es à présent ce qui me paraît être -une conséquence inévitable
!iadate, désormais fixée, des deniers d'Ëléazar et de Simon. Si
is pièces et d^autres qui s'y rattachent étroitement par les types,
i l^endes et la fabrique (bronzes d*Eléazar et de Simon, sicles
type du temple et de Tétoile) se placent sous la seconde ré-
Ite, on est conduit à l'alternative ou de refuser tout monnayage
rgent à la première révolte — la plus importante des deux
ou de lui assigner, avec Ewald, les sicles et demi-sicles aux
es de la coupe et du lis (communément attribués à Simon
cchabée). C'est à cette seconde opinion que je n*hésite pas à
rallier, en me réservant de la démontrer plus longuement un
r.
Théodore Reinach.
LA MORT DE TITUS
j
Titus, après avoir profané le temple, insulte le Dieu des Juifs
et le provoque au combat. Dieu lui répond que, pour le vaincre»
il se servira de la plus petite de ses créatures. A peine, en effet, le
conquérant est-il revenu à Rome, qu'une mouche lui entre dans
le nez, gagne le cerveau, qu'elle dévore, et Titus meurt, vaincu
par ce chétif instrument de la justice de Dieu. Telle est l'étrange
façon dont les docteurs du Talmud racontent la fin de l'empereur
romain qui avait détruit le temple. Cette légende a-t-elle quelque
point d'appui dans l'histoire, ou n'est-elle qu'un pur jeu de l'ima-
gination ? On a voulu y voir un souvenir du passe-temps de Do-
mitien, qui s'amusait à enfiler des mouches *, une réminiscence
littéraire du mythe de Tytius dévoré par un vautour*, une inter-
prétation anecdotique du nom de Vespasien, Vespa, en grec, si-
gnifiant guêpe. Autant d'hypothèses qui ne sont point faites pour
emporter la conviction.
A mon avis, tant qu'on cherchera à ces contes pieux un fonde-
ment historique ou une origine littéraire, on suivra une fausse
voie. De bonne heure, en effet, les empereurs romains qui sont
intervenus dans les affaires de la Judée sont devenus des per-
sonnages fabuleux, traités à la façon des héros de l'antiquité,
et destinés à servir de sujets d'édification. Au regard des créa-
teurs de ces fictions naïves, un Titus était sur le même plan
qu'un Alexandre : un type fameux dont le trait caractéristique
servait à instruire les fidèles. Comme Alexandre était le mo-
dèle du conquérant cupide, ainsi Titus fut celui de l'ennemi de
1 J. Derenbourg, Bssai sur Vhistoire et la géographie de la Palestine^ page 363,
note i.
« J. Halévy, Revue det Études juives, U VIII, p. 39.
LA MORT DE TlTl'S
<\3
peu, 4u destructeur du temple. Le rabbin qui, au ii* ou au nr
de, composa cette fable pieuse connaissait*!] les clrcons-
^nce^dela mort de Titus, la maladie qui remporta? Ce n'est
il$ sûr» ni même [>robal)Ie. Il lui suffit d'avoir ouï dire qu'il
enlevé éstm toute la force de l'âge, pour qu il vît dans son
*paî5 l'œuvre du Dieu vengeur*. Partant de cette donn<^e, il éctia-
ada toute une fable entièrement due à sa fantaisie. SU a fait
[ilerirehir la mouche dans cette fiction, c'est parce que cet insectn
présente la plus petite créature et afin de prouver que Dieu,
ar se venger, peut se servir de fétre le plus chétif* Qui ne voit
^11 a tout simplement refait, sur un mode religieux, la fable
\tion et du moucheron? Non que je prétende que, connaissant
\ J)^J>lo, il Tait transposée et fondue avec Thistoire de Titus, ce
lilteurs, ne serait pas si invraisemblable, puisque plusieurs
[grecques étalent déjà en ce temps riipandues chez les Juîts;
jlÊijx dire qu'il Ta composée de toute pièce, à propos de la
l>'stériéuse de l'empereur romain. Il y a un certain nombre
i de fictions qui se rencontrent dans les régions les plus di-
ses i|ut D*ont probablement jamais eu de communications entre
^ce qui prouve seulement que fimagination a ses cadres.
entiel est ici de constater si Fauteur a bien marqué son
^iitloti et mis en relief la moralité qu'il voulait tirer de son
%L Les deux textes qui nous ont conseryé cette légende ne
eul aucun doute à cet égard*
DOS les publions ici en entier, n*ayant point de goût pour les
)» «lui laissent toujours la porte ouverte à Tarbitraire et
it de ûjodiller ces (tontes suivant l'idée préconçue avec
|QêUe on les étudie^* Nous soulignons les passages rédigés en
iCtiÉt Im ChrétJeDs aussi, lliiEloire était habillée do la eoi-te. Ke rat^oniait^on
rt de Néroo élait due a ropération chirurgicale que pritiquêrenl sur lui
, trompés par la vue de son veiilre enllé par ses vices t!OQlre nature?
II? ruât.^« té(c«adé, qui rappelle de loin la aotre^ eal rapportée par Jean de
a, diffOitaiie dtf l éfriise jAcobitc d^Egyple (2" moitié du \\v* sièetc"). Notices tt
>•!, â lire M. Halévy, on croirait que rhistoire ne comporle que deux épi-
* Tuui ligiâtra avec uue ctiurlisane ttaua le Saint des Sainta et voit cou cet-
bcoqi)/aU par une hiroudeile • {?). Il est dif^^oe de remarque que tous les
I bébfniï que les \li4rascUim otit f«iiU de cette légende passent £ous giletice
1 bonUUM de lampereur. Le premier irait se réduit au déii de Titus. Pirké
Eït/«#r« XLIX, ou su ttrr* ment du rjdcau sacré, Vaifikra Rahha^ XX ; Pniklo
. SéÂma, p. 172 a; éd. Uut^er, 111, p, 6L Même omission cIil*2 les
J9 iiril-"^, C** ^i,ut il ces résumés qui expliquent comment l'outeur
ch. I, a pu foudre notre hisloîj-e avec celle de Minum fille
Soucca, IV ; Soueea, M &, et j. 5^ d, — Cette rédaction, di-
»>k co p«M«nt« t!î»t bien déreciueuae. Elle débute ainsi : • Que le pied orgueil-
K sa rtaiioa paa aur mot (Fs. xxtvi, 12]. Ce verset s'applique à rimpie Tilua, —
» M» afttinbrea aoienl brisés (vr^73^:r IpnPSi;? est nne traduction fautlTe de
6'i REVUK DES ETUDES JUIVES
araraéen et qui révèlent par là leur caractère d'interpolation, et
mettons entre parenthèses les gloses rabbiniques qui interrompent
le récit. On n^aura qa*à détacher ces gloses et ces additions pour
reconstituer la version originale. Il semble bien que ce récit soit
une bereita, car il est rédigé en hébreu. Comme tel, il peut être
placé au ii^' siècle ; en tous cas, il ne peut dépasser le iii^', puisque
les gloses qui y sont mêlées sont d'auteurs du iv« siècle et qu'une
bereita même se réfère à cette légende.
Bbrsschit babba, X.
Titus l'impie entra dans le Saint des Saints, répée nue à la main,
et en transperça le voile du sanctuaire ^ Il prit deux prostituées et
eut commerce avec elles sur TauteP. Son épée en sortit pleine de
sang (les uns disent que ce sang provenait des aspersions des sa-
crifices, les autres, du sang du bouc du Kippour*]. Il se répandit
en blasphèmes, prit tous les vases du temple, et en fit une sorte de
paquet *. Puis il fit entendre ses blasphèmes (disant : Celui qui cnh
bat un roi en campagne et le vaine ne ressemble pa^ à celui qui UdU
avec lui dans son propre palais et le défait). Il s'embarqua dans ui
navire, mais, dès qu'il y fut, la tempête se mit à souffler. « On dirait,
s'écria-t-il, que tout son pouvoir est dans l'eau, c'est par l'eau quH
s'est vengé de la génération d*Enos, de celle du déluge, de Phanen
et de son armée. Pour moi, tout le temps que j'étais dans sa maisoii -
et dans son domaine, il n'a pu me tenir tête ; maintenant, il m'at-
taque, s'imaginant qu'il me tuera dans l'eau! ^ Impie, répondit le
Saint, béni soit-il, par ta vie, c'est de la plus chétive des créatures
que je me servirai pour te punir. » Aussitôt Dieu fit un signe au
prince de la mer, et la tempête cessa. Lorsque Titus arriva à Rome,
tous les grands de la ville sortirent à sa rencontre en le couvrant de
VCUX^ p'^rnS) — qui montrait du doigt et frappait Tautel... • L^autenr n't pufi
quil faut ici parler de pied, comme dans la Tossofta, sinon la citation du venelfll
sans objet. En outre, on ne comprend pas quel genre d^insolenoe figure le geste il
Titus. Faut-il supposer que les mots yv^l ^TWTZ sont destinés à remphev
1 Le texte dit : les deux voiles, mais c'est évidemment une faute, qu^xpUqntli
répétition du nombre « deux > qui vient ensuite. D ailleurs, dans F«ytfrf rf^K
XXII, et Qohélet rabba, V, qui ont copié Bereschit rabba, le mot deux n'y est pM.
> Vayiqra rabba ajoute ici qu'il déroula le livre de la loi sous eux. Cest la foMi
des deux versions.
> Il y a ici une transposition ; sûrement, cette dernière phrase se rapporta an fM-
mier acte de Titus. L'addition suivante, d^ailleurs, le prouve également, car elle bit
allusion à une discussion talmudique qui roule sur le voila du sanctuaire. Voyei jK.
Toma, 42 d ; Yoma, 56 a.
* Littéralement: un panier, ce qui ne s explique pas. Ymyiqrm rmbèa et Q/tUtâ
rabba ont encore ici une version plus complète : « Il réunit touB les Tasoi du Vm^
dana un panier. • Mais le texte du Taimud est meiUeur.
LA MORT DE TITUS «î
ttinges. Dés <xu*il fut dans Borne même, il se rendit aux bains,
uaûd il en sorti l, on lui prêsenla une coupe de via ; alors vint uoe
ouchc, qui lui entra dans le nez. Celle bète iui dévora le cerveau,
U'^Qgriiisso à ce point qu'elle devint aussi grosse qu*un oiseau de
ux livres. Il cria : c Fendez-moi le crâue» qu'on sache <!ommenl le
«udes Juifs s'est vengé de moi. i> On appela des médecins, qui lui
^TTirent le crâne et en sortirent la mouche» grosse comme un oi-
lu de deux livres. (Rabbi Elazar bar Yosé ûii : J'ai tu à Morne
ititnd^un côté deux litres et de l'attire Voiseau, ei les deux plateaux se
Ai$^l éqitiltbre\ On prit celte mouche et on la plaça dans uo vase.
; mesure quelle safaièlissait, Titus s'afaibiissaii ; lorsqu'elle s'en-
, l'âme de Titus sattola aussi.
Talmud de Babylone, Gittin\56*.
[• ûù est leur Dieu» le rocher auquel ils se coniiaieut ? » Ce verset
lèlé dit par Titus l'impie, qui se répandit en blasphèmes contre
eu* Que fit- il? 11 prit une prostituée par la main, entra avec elle
i le Saint des Saints, déroula un livre de la Loi et eut dessus
nmerce avec elle. Puis, il prit une épée et en perça le voile. Alors
^produisit un miracle : û en jaillit du sang II crut avoir tué Dieu
kmème., . Ensuite, il prit le voile, en fit une sorte de panier; il
finll tous les vases du temple et les embarqua dans uu vaisseau
'aller en tirer gloire. Alors la tempête mauqua Tengloulir. w Ou
àt, s'écria-l-il, que leur Dieu n'a de pouvoir que dans leau; Pha-
, il Ta englouti dans Teau* Sisera égalenrent. Moi aussi, il veut
! submerger. S'il est tort, qu'il vienne sur le continent et qu'il lutte
«c moi T>. Une voix se fil alors entendre : a Impie, tils d'impie,
eu de rimpie Esaù ', j'ai dans ce monde une petite bête qui m'ap-
Lieat: c'est la mouche. Monte sur le continent, et elle combattra
;loi. Il débarqua, la mouche entra dans son nez et lui dévora le
reau pendant sept ans. Un jour qu'il passait à la porte d'un for-
i, ilintendit le hruii d^un marteau^ et la mouche se tut : *l II y a
^M remède, s'écria-t-iL » Aussi^ tons les Jours, il faisait frapper
Imi par un forgeron. Aus païens il donnait quatre zouzi aux
iiUs^ %t disait de sô contenter de voir leur ennemi en cet état. Au
lie trente jours, la mouche s* y était habitué.'*
i est rapporté dans une èereila : Rabbi Pinhas ben Arouba dit* :
fÎM T^mlmms {éd, Buber, IV, p. 99] lui fait fiire ; impie QJs d^'impio* neveu de
Nmirod, c« qui MOiblerait faire croire que l'auteur de ce recueil coiiD«is»ait
de «ribe dont nous parlons plus toi a.
I CaftI plutdl e« docteur que Habbi Blazar bar Yosé qui a rapporté ce renseigoe-
, <Br atttrrmeot ou ne compreodratt pas commcol ce oom^ si rare dans le Tal-
■tt aub^litué à celui d'Ëlazar, qui revient si fréquemment. Le contraire
I Crèt bieOf fitazar étaût coauu pour être allé à Rome ei avoir racoiité un ftii
•f i« reppurie au voile eolevé par Tilus : « J'ai vu« diL-il, ù Home le voile
BVf fl de gouttes de *eOfÇ * ; ). Toma, ^î d ; Attila^ M b ; Yoma, 57 a.
T. XV, !•* î». . 5
06 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
J'élais parmi les grands de Rome et, lorsqu'il mourut, on lui ouvrit
le cerveau et on y trouva comme un passereau du poids de deux
séla. Dans une autre bereita il est enseigné que la mouche était aussi
grosse qu'un oiseau d'un an du poids de deux livres. Abaï dit : Nous
savons qu'elle avait une bouche d'airain et des oncles de fer. Au moment
de mourir, il recommanda qu'on le brûlât et qu'on dispersât ses cendres
dans un délai de sept jours, pour que le Dieu des Juifs ne pût le trouer
et le citer en justice^.]
La moralité de cette légende s'en détache si nettement et a été
si bien mise en lumière par l'auteur, que, malgré les altération^s
que le récit a reçues en passant dans les autres littératures, ell^
apparaît toujours avec la même force. Les Arabes l'ont si bier^
vue, qu'ils ont exagéré encore la faiblesse de l'insecte qui vient ai
bout du puissant monarque. Ils ont, en eifet, admis le conte tal —
mudique dans le cycle de leurs légendes bibliques ; mais, comm ^
Titus ne leur disait rien, ils l'ont remplacé par Nemrod, dontl^
nom, d'après eux comme d'après le Talmud, signifie a le révolté» -
Nemrod dit : Je ne cesserai pas de faire la guerre contre Dieu.
Dieu lui envoya un ange, qui lui dit : a. N'agis pas ainsi..., tu as
voulu monter au ciel pour faire la guerre à Dieu, tu as jeté dans les
flammes un de ses prophètes. . ., Dieu ne t'a infligé aucun chàtimeo. t
pour tous ces crimes, n'agis donc pas comme tu te le proposes, e*
crois à Abraham. Si tu n'obéis pas, Dieu te prendra et te fera périï
par la plus faible de ses créatures ». Nemrod répondit : t Tu eS
certainement parent de ce magicien, et moi je ne reconnais sur 1^
terre aucun autre roi que moi ; pour le ciel, je ne sais pas ce qui %*2f
passe. Or, s'il y a dans le ciel un roi plus puissant que moi, toii
Abraham et ses lieutenants, dites-lui qu'il amène son armée, et mo*
j'amènerai la mienne, afin que, s'il est le plus fort, il montre s^
supériorité et, si c'est moi, que tu le voies de tes yeux... » Nemro^
réunit •autour de lui cent mille hommes armés. Alors il dit ^
l'ange : « Engage le Dieu du ciel à amener son armée, car j'^*
réuni la mienne ». L'ange lui répondit : « Dieu n'a pas besoin d'eia^
ployer une armée contre toi, mais il ordonnera à la plus faible de s^^
créatures de te détruire, toi et ton armée •. Dieu alors donna s^^
ordres au moucheron et une armée de moucherons tomba sur l^
tète et le visage de ces infidèles. Toutes les blessures qu'ils fai.^
saient paraissaient incurables. Les moucheronâ étaient si noir^^
brcux qu'ils empêchaient les soldats de Nemrod de se voir, et te^
chevaux sautaient en l'air en renversant leurs cavaliers. L'armée 3-*
Nemrod fut entièrement dispersée, et Nemrod s'enfuit seul chez la"* -
* Pareille idée se retrouve dans une anecdote d'Etienne de Bourbon, p. .368. X^^
usurier ordonne qu'à sa mort sou corps soit donné en pâture aux serpents, pour c^."**®
son âme ne soit pas dévorée dans laveuir.
LA MOHT D£ TITUS
07
a*il eut atteint sa maisoo, il peosa avoir échappé au sort qui
asçait. Alors Dieu iospira à ud moucheroD des plus faibles,
et boil^ux, de dâscendre dans les airs ei de se poser sur les
de Nemrod. Celui-ci voulut le frapper, mais le moucheron,
ûvola, lui entra dans le nez et raoDta jusqu'à son cerv^eau, qu il
ttça a dévorer. Or, toutes les fois qu*0D frappait sur la tête de
i, le moucheron s'arrêtait et ce prince trouvait du repos. Il
Blait lui donner contmueltement des coups sur la tète, et il y avait
ours une personne chargée de ce soin. Il ordonna ensuite de
I un marteau de forgeron, et les priaces, les chefs de Tarmée et
secrétaires les plus intimes prenaient ce marteau et lui frap-
tour à tour sur la tète. Plus les coups étaient forts, plus
était content. Il avait régné 4,000 ans lorsqu'il commença
AVer ce tourment, et il vécut quatre cents ans avec ce mou-
ifon [Çàroniqu€S de Tabari, trad. Zoienberg, t. 1, p. U8-150).
[Notre thèse peut donc tenir en une ligne : la légende de Titus
]k moucheron n*est qu'une variante pieuse de la fable du Lion
du moucheron, composée, sinon adaptée, pour justifier les
divines.
n
I On a vu dans le récit de Tabarî que Nemrod est puni pour
|rûir déflé le Dieu d'Abraham. C*est qu'avant Thistoire de la mou*
Tauteur persan raconte, en résumé, ce qui suit : « Nemrod,
de voir Abraham mettre â mal ses idoles et échapper par
Itection de Dieu au feu du bûcher, prend la résolution d'aller
pj>€r ce Dieu. Il fait construire une tour, puis se fait fabriquer
Ms&e carrée avec quatre piques aux quatre angles et quatre
lux de chair au bout des piques; ensuite, il fait atteler
vautours aux pieds de la caisse et monte, armé en guerre
' an<r^antir Dieu. Les vautours, voulant saisir la viande, enlê-
st la caisse et la soutiennent dans les airs. A la troisième nuit.
[terre disparaît de vue : ils sont près du ciel*. Nerarod lance
déchet qui disparaît un moment et retomhe rouge de sang.
Nejsrod s'écrie : « J'ai tué le Dieu du ciel x». Dans une
i m'^ÊÊ pÊ» tealiH€iit dans b Uuértture musulmane qu'ua pencMUMga K-
pf«9d \m plac« d'Akiindre d«BS «in ifceiuioa au ciel : cbei Us Biifffff» te
i ctt érUicsé par Salomoii, ^û tâl mumi un noi oirguetllcus. Voir RaaiWiiil,
68
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
version d^Âzizi rapportée par Ibn ÂyasS la caisse tombe dans la
mer et est rejetée à terre par les vagues. C'est alors que Nemrod
provoque Dieu à un combat sur le continent.
M. J. Darmesteter, qui a consacré à cette histoire un article
dans le Journal asiatique ^^ a été très frappé de retrouver l'é-
pisode de la flèche de Nemrod dans une chronique chinoise an-
térieure à rère vulgaire. L'empereur Wou-y, y est-il dit, croyant
avoir à se plaindre des dieux, jura de se venger d'eux. « 11 pre-
nait son arc et décochait continuellement des flèches contre le
ciel, et, pour faire croire que sa vengeance était entière, il faisait
suspendre en Tair des vessies pleines de sang, qu'il avait soin de
dérober à la vue du peuple, afln qu'on ne s'aperçût point d*où ce
sang découlait. Il publiait ensuite que c'étaient là les marques
de sa vengeance. »
Pour M. Darmesteter, cette anecdote chinoise est l'origine de
la légende musulmane. Il ne reste plus donc qu'à trouver les
intermédiaires entre le chroniqueur chinois et Tabari. Rien de
plus* facile. Nemrod est identifié par les Musulmans avec Kai-
Kaous, lequel, d'après la légende, tenta aussi d'atteindre le ciel.
Firdousi raconte même que, d'après une tradition, il aurait volé
vers le ciel pour le combattre « avec l'arc et les flèches ». Or, la
légende de Kai-Kaous est antérieure de beaucoup à l'Islam, puis-
qu'il y est fait allusion dans l'Avesta. « L'histoire de la propa-
gation est des plus simples. Un Persan de Tépoque sassanide
entend raconter l'histoire d'un roi impie qui fait saigner le del
en lançant des flèches contre lui : l'histoire a du succès et va se
rattacher tout naturellement dans Timagination populaire à This-
toire du roi qui a voulu monter au ciel, Kai-Kaous. Mais Kai-
Kaous est Nemrod, puisque Nemrod, lui aussi, a voulu s'élever au
ciel, voilà l'histoire qui entre dans le cercle musulman. »
L'histoire de cette légende est plus simple encore, à notre avis.
Il n*est pas besoin de supposer un intermédiaire persan, qui
n'existe pas ; pas besoin de vouloir que l'épisode de l'ascension de
Kai-Kaous ait nécessairement comporté celui du tir des flèches.
Gomme la majorité, sinon la totalité, des légendes arabes qui se
rapportent aux héros bibliques, celle de Nemrod est tout entière
le décalque d'une version juive. Il suffit, en eflîet, de placer en
face l'un de l'autre le texte de l'histoire de Titus et celui de Tabari
pour voir que la légende de Nemrod est simplement la transposi-
tion de celle de Titus. Le scénario est le même d'un bout à l'autre
* Voir Mélutine^ t. III, col. 199 et suiv.
* J. Darmesteter, Journal asiatiçue, 1885, t. V, p. 222.
Il LA MOHT DE TITUS 69
|t)es traits caraclérisUques ont été conservés. Nemrod s'écrie ;
, • J'ai tué le Dieu d'Ahraham », ou ^ le Dieu du ciel », comme Titus
avait (lit : « J'ai tu(^ le Dieu des Juifs. »
On pourrait objecter, il est vrai, que l'auteur musulman a subs-
tué à la scène du tecnple riiistoire de Nemrod tirant contre le
►J, parce qu'elle lui calait connue d'ailleurs. Mais, pour cela, il
ûdrait que l'existence en fût sûrement constatée antérieurement
iVIslam, ce qui n*est pas; il faudrait, en outre, que la tradition
TO ne fournit aucun trait ayant pu servir à la transformation
l'épisode du temple. Or, précisément c'est elle qui fait de Nom-
I le constructeur de la tour, qui lui fait commander de bâtir
ttelour « pour monter au ciel, i»arce que Dieu n'a de force que
\sl'eau^ d'y établir une idole portant un glaire pour faire la
rre devant elle » (Bereschit Habba, 38; Targoum du pst-udo-
liathan, Genèse, xi, 4; Pirké de R. EHézer, 24). Du moment où
iFod prenait la place de Titus, iï était naturel que le temple
Iptrôt, et, comme Nemrod était transporté près du ciel, que le
ile du sanctuaire, derrière lequel Dieu habite, devînt le ciel,
I est aussi le voile derrière lequel réside la divinité. Que,
lutre part, l'épée fût changée en iiêche, c'était nécessaire» car
féï ne peut atteindre que ce qui est à portée, tandis que la
;he vole jusqu'à perte de vue.
Quant au fond de Thistoire de ces gouttes de sanjç, on peut
qu'il repose sur une idée quasi universelle : c*est la même
^jtnce qui a produit au moyen âge ces malheureuses légendes
iks hosties sanglantes*
Israël Lbvi.
3
LE PROCÈS DE SAMUEL IBN TIBBON
MARSEILLE, 1255
Nous avons publié Tannée dernière, diaprés un manuscrit ao
tuellement à la bibliothèque Bodléienne à Oxford, une petite étude
intitulée : Un procès dans la famille des Ibn Tibbon [Marseille,
42SS'S6], 2« édition, Paris, 1886, in-8o de 19 p.
Une analyse partielle du manuscrit, avec la reproduction de
fragments des pièces de ce procès, avait été publiée antérieure^
ment par M. Ad. Neubauer dans cette Revue, t. XII, p. 82 et suiv.
Enfin, M. H. Graetz a bien voulu consacrer à notre relation du
procès un article intéressant publié dans sa Monatsschrift, n^ de
février 1887, p. 49 et suiv.
Nous n'étions pas en mesure. Tannée dernière, de publier les
actes du procès. Notre travail avait été fait uniquement d'après des
notes prises autrefois par nous sur le manuscrit vendu depuis à la
bibliothèque Bodléienne et que le propriétaire avait bien vouliJ
mettre à notre disposition pour un ou deux jours, et nous n'étioni
pas autorisé à publier ces notes avant que le ms. fût dans une bi
bliothèque publique. Depuis cette époque, nous avons pu acquérir
pour la bibliothèque de VAlliance Israélite universelle, un ma
nuscrit qui parait contenir absolument les mêmes consultation
que celui d'Oxford * et qui contient également les pièces de notr
procès. Ce ms. est matériellement moins beau que celui d'Oxford
il est sur papier et d'une écriture hispano-française plus cursi\«
que celle du ms. d'Oxford, mais le texte, sans être parfait, en es
bon et par endroits au moins meilleur que celui du ms. d'Oi
ford*. Les fragments publiés par M. Neubauer s'y retrouvent tei
* Nous rappelons que ce ms. porte pour lilre : d'^^ItlN d"^3 13*^1 N"aTO*^îl73 r"'
b"XT.
* Voici, d'aprèt notre ms., quelques corrections au texte publié par M. Neubai
LE PROCÈS DE SAMlTEL ÏBS TIBBON H
"taëiSSëtit, même avec les fautes ou les petites lacunes d*tin ou
ded^ux mots freprésentées par de petits blancs dans notre ras.),
L intérêt que le public a montré pour cet épisode de 1 histoire
d«l*i célèbre famille des Ibn Tihbon nous encourage à publier ici,
d'apiH^a notre ms.» les pirVes compl<>teâ du proct^s. Nous les repro-
duisons dans une traduction française aussi fidèle que possible,
ce procédé a, entre autres avantages, celui de nous permettre
tfeipliquer facilement, par de petites incidentes (nous les mettons
toujours entre parenthèses) les parties obscures ou ambiguës du
Me.
Résumons d'abord les faits aussi brièvement que possible,
Mois^ Tibbon, le traducteur bien connu, avait un fils nommé
Samuel, qui n'a laissé aucun travail scientilique, et qui joue un
tnû% rôle dans notre pro'^ès. Moïse demeurait avec son fils à
Marseille ; il avait, à Naples, une sœur nommée Bella, mariée à
untiomme instruit, ie hakam R. Josef Cohen, qui était mort vers
1235', laissant trois lilles (n''36) et un fils. En 1245 ou 1246, àrce
piW semble (n'*» 4 et 9 a], Moïse se rendit à Naples, et il y fut
(jui'slioD, entre lui et sa sœur Belïa, de mariage entre son flls
SiiQuel et une des filles de Bella, sûrement la dernière, appelée
Bienvenue ** Au dire de Samuel, celle-ci avait, à cette époque,
MïâTis (n*^ 4 et 9 a) ; elle prétendait, au contraire, qu'elle n*avait
eu alors que trois ans (n' 21). Plus tard, vers 1252, trois ans et
f\m avant l'ouverture du procès (n<* 12), Bella vint s'établir à
Marseille avec sa fille Bienvenue, et en lisri 5015 (sept.-oct.
12M), Bienvenue épousa, à Marseille, Isaac tar haac bar Sim-
m, probablement d-Aix (n*^ 32 a). Le mariage fut fait par procu-
ration, Isaac n*y assistait pas, et à Fépoque où s ouvre notre
procès, il semble qu Isaac et Bienvenue ne vivaient pas encore
ensemble (n« 6) ; même après ce mariage, Bienvenue est encore
appâtée feufié fille (myz] et non femme [n'''' 5 et 34),
iloM *urgit inopinément une dilficulté singulière. Samuel, qui
t,XU| : P. È2, dernière Ugw, ÛTûb non Û'^1 ; P« ^3, h 1, -y^y^ non n?i ;
^^*^rQTO o'^anaDISî; P. U,l 5, nboisn non boiDn; l- 9, tei-^yi noa
IPli^; l 21, by a« •'D aou by ^D ; l. 22, n*^7:bTn no» nJ^blS; les deux noms
•*<<. an rt*te. porlés aUcrnativemeni pur lo tn^rae personne j avanl-dGinièro ligne,
auj: aon rrr^i ; P ^^ '- ^^K rrnn non '^'^nrï*
* Vwr phis loin nolro tistp nominative. Les numéros qui vont snivro se rapporteot
«tptr^^fiphfs do la traduction du texte que nous donnons plus loin.
* Nous 9Vç>nA autrefois écnt Biongude, ({ue nous uvons pris pour Bionjude^ et
ré conima é^ale à Bonnejuive (lo nom do B'^njuif Dst lr(^((ueiit). Lo ms. écrit
Mmarnl Btnis^a, roiis il a deux fois enia:')2''n. Ccb feil supposer qu*il faut
ifudt ti Bivenjudû^ c'est-à-dire Bienvenue.
I
n REVUE DES ETUDES JUIVES
s'était marié de son côté» avant l'arrivée de Belîa à Marseille,
pri^tendït tout à coup que Bienvenue était sa femme légitime et
que son mariage avec Isaac devait ^tre annulé. Voici comment il
expliquait Içs choses.
Lorsque son pt'^re avait été à Naples, il Tavait réellement fiancé
à Bienvenue, et après le retour de son père à Marseille, son père
et lui avaient envoyé à Bienvenue Ips cadeaux {sablonoî) qui font
le signe d'an mariage véritable (tr* 9, 10, IJ). Des sablonot à titre
de mariage avaient aussi été envoyés par lui plus tard à Bien-
venue, vers 1249, six ans avant l'époque du procèi» (n^ 15 a), Il
prétendait que ce mariage était un mariage valable et légal. Ce-
pendant, pour prévenir tonte contestation, après que Bella fut
vemu? à Marseille, il épousa une seconde fois Bienvenue, à ce
qu'il prétendait, devant deux témoins et en remplissant les for-
malités prescrites par la iot^a. C'est ce second mariage qu'il ap-
pelle toujouris, dans les actes du procrs, le mariage suivant la
îora. On avait dressé un acte attestant ce mariage, et signé par les
témoins qui y avaient assisté, mais il Tavait perdu (n* 15&). En-
lin, par surcroît de précautions, il avait épousé Bienvenue une
troisième fois, en tamniux 5014 (1254), et il produisait des témoins
qui prétendaient avoir assisté à ce mariage* Il avouait, du reste,
qu'il ii*avait pas approché Bienvenue H'oyjj ncr «ri (n^ 13 c).
A ces allégations, Bienvenue répondait qu'elles étaient de pure
invention et qull n'y avait, dans tout cela» pas un mot de vrai.
Les pourparlers entre Bella et le pr'^re de Samuel, à Naples,
étaient de simples projets, auxquels il ne fut pas donné suite»
puisque Samuel s'était marié de son côté, ce qui n'aurait pas eu
lieu s'il avait été marié à Bienvenue (n»21]*. Il ny avait au-
cune preuve ni du premier ni du second mariage dont parlait
Samuel, il jouait par trop de malheur, ses témoins étaient morts,
ou en pays d'outremer, ou ne voulaient pas venir, ou il ne se«
rappelait pas leurs noms ; l'acte qu'il prétendait avoir eu étai^
perdu ou lui avait été volé. Le troisième mariage n'était pas plus
véritable, les témoins étaient de faux témoins, leur témoignage
avait été acheté, ils s'étaient formellement rétractés, et, de plus,
Tun d'eux était un mauvais sujet dont le témoignage n'avait au-
cane valeur légale. De plus, ajoutait Bienvenue, il était bien
étonnant que personne n'eut jamais entendu parler de ces ma-
riages de Samuel avec elle, les mariages ne restant pas secrets^
Enfin, Samuel et son père Moïse avaient assisté à son mariage"
I
I
* On ne voit pas commeni Samuel concilie ses prétenUons et sa conduite avec \t
hérem de H* Gcrsom, qui défend In poljiçoinic.
LE PROCÈS DE SAMUEL JBN TliiBQN
73
lîraac fait à la synagogue de Marseille et au repas qui le soi"
f. Moïse avait même écrit le contrat (n''ôï3n) et fait lui-mL^me les
pourparlers pour ce mariage, preuve évidente que Samuel n*a-
vait jamais éf^ousé Bienvenue,
Mai^ pourquoi alors ce procès et que voulait Samuel? Bienve-
, nue avait eu un frère qui devait probablement lu^riter de toute la
fortune de leurs parents, et cette fortune était considérable* Ce
fr^re était mort récemment, peu de temp^, sans doute, après le
mariage de Bienvenue avec Isaac» et Bienvenue devenait, par
suite, une riche héritière. Samuel voulait s'approprier la fortune
de Bienvenue ou au moins en tirer parti ; voilà pourquoi il avait
} inventé ces trois mariages successifs avec la même personne et
intenta? ce procès.
Il était soutenu dans ses démarches par une sorte de parti ou
d*association, qui semble avoir pris Taffaire en commandite, pour
en partager les bénélices avec Samuel, ou qui peut avoir agi sim-
plement par haine contre Bella et contre le beau-père de Bien-
venue, Ifisac bar Simson. Bella avait aussi son parti, que Samuel
I accuse de terroriser les témoins qui pouvaient parler en sa fa-
veur. L'affaire avait éveillé beaucoup de convoitises, un grand
nombre de personnes s'en occupaient et s'y mêlaient, par intérêt»
■ par haine ou par amitié. On voit clairement, dans les actes du
procès» les personnages qui prennent pusilion pour Tun ou Tautre
parti. Abba Mari b. Josef et Isaac b. SalomoUi témoins du ma-
■ riage de Bienvenue avec Isaac, interviennent pour réiiabiSiter
un des témoins de Bella, qu'on voulait invalider; Isaac b. Salu-
mon, en outre, essaie d*in valider un des témoins de Samuel ; Mar-
dochée b, Menahem assiste à la fois à Tenvoi des sahlonoi à Bien-
Tenue et au second mariage de Samuel ; Samuel b. Abraîiam, qui
fait, par procuration, le mariage dlsaac avec Bienvenue, invalide
^aussi un témoin de Samuel. Le sire Gigonet in** 24), devant lequel
^cïe témoin se rétracte, n*est assurément pas indifférent à Tissue
du procès : il aura été gagné à la cause de Bienvenue. Le ruie
^ t*i*^^^M^^L ^^^^ la direction des intérêts de Samuel, appartient à
^ trois p<^rsonnes : David b. Jacob, Juda b. Abraham et Simsou
b. Abraham ibn Slam, qui sont les ennemis déclarés de Bella et
d^Isaac, et si on peut trouver une excuse à la conduite de Samuel,
c>st celle d'avoir suivi docilement les conseils et les inspirations
, de ces trois personnages. Ils n'avaient même pas hésité à dresser,
en qualité déjuges, un acte de réception de témoignage contre
r Bien venue et en l'absence de celle-ci, tout en sachant quVn leur
I ffualjté d'ennemis de Bienvenue, ils ne pouvaient, en cette affaire,
, remphr les fonctions de juges. Après eux, il faut remarquer les
74 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
témoins Mardochée b. Jekutiel (témoin de Samuel) et Mardoch. ^^i^
b. Méir (témoin de Bienvenue), dont les dépositions ont une si
grande importance dans le procès et dont les agissements ne sc^jot
pas de la plus grande délicatesse.
C'est au plus tard vers le milieu de Tannée 5015 (printein ps
1255) que Samuel a dû commencer à réunir ou à créer les preuves
de ses allégations. Bientôt après, le triumvirat dont nous avons
parlé plus haut se constitua en tribunal pour recevoir le témoi-
gnage de Mardochée b. Jekutiel et d'une autre personne, attes-
tant tous deux qu'ils avaient assisté comme témoins au troisièzDe
mariage de Samuel (n« 16). Déjà le vendredi 24 juin 1255 (len-
demain du 17tammuz 5015), Mardochée b. Jekutiel se rétracta
(n® 24) devant le sire Gigonet. Les menées allèrent leur train, et
enfin un tribunal de trois personnes fut nommé pour élucider et
peut-être décider la question. C'est ce tribunal qui est appelé, dan^'
les pièces, le tribunal élu {tribunal des élus y dnnaa).
Les pièces de notre manuscrit, à partir du n« 9 jusqu'à la ùn^^
sont les pièces dressées devant ce tribunal. Contrairement à ce^^
que nous avons dit dans notre précédente étude, il est manifeste^^
que ce tribunal a siégé, non pas à Montpellier, comme nous l'a- — '
vions supposé, mais à Marseille *, et que, par suite, Hillel de Vé- —
rone, qui est un des trois juges élus, a été à Marseille en 1255.
Nous n'avons ni la décision finale de ce tribunal ni tous les actes ^
qu'il fit dresser. Dans la séance du jeudi 23 tébet (23 décembre^
1255), il renvoie à « mardi prochain », qui serait le 28 tébet, mais^^
le procès-verbal de cette dernière séance n'est plus là et il n'esP^
sans doute pas le seul qui manque. L'omission de ces pièces s*ex
plique, à notre avis, de la façon suivante. Vers la fin de tébet
l'état de la question était assez avancé pour qu'il fût possibl^i^E
au tribunal de Marseille de consulter, sur les points de droit, le -a
autorités rabbiniques de l'époque. Parmi les rabbins consultés
et il y en eut un certain nombre (n® 7) — se trouve R. Samuel l^ .
Josef b. Salomon, c'est sa réponse qui est placée en tête de nc^s
pièces ; les pièces que nous avons et qui suivent sont probabl^3-
ment une copie de celles qu'on lui envoya, vers la fin de téb^ 1,
pour qu'il pût faire sa consultation. 11 ne demeurait pas à Ma^M*-
seille.
L'examen plus approfondi de nos pièces nous a aussi mon'fcré
* On en trouvera la preuve dans les n«>« 1, 2, H a et 15 a (Isaac vient ict, évi3.«m-
ment à Marseille), 12 (B. vient ici à Marseille) ; 13 3 (Samuel a épousé B. f«, c''«st-
a-dire à Marseille); 15 3 (le mariage que j'ai fait ici à Marseille). Voir aussi 33^,
et 33 b, note.
ieau-pèrede Bienveaue, Isaac b, Simson. demeurait à Âix
MC b. Simson dans notre liste nominative des personnes
}aaique nous ne connaissions pas Tissiie du procès, iï nous pa*
il extrêmement probable qu*eUe ne fut pas favorable à Samuel,
consultation de R. Samuel b. Josef donne raison^ sur tous les
inU^ à Bienvenue, et traite Samuel de mis^'^rable.
1 est toujours assez diûicile de dire avec précision quelles
iciit, au juste» les conclusions de Sanuieh Dans notre précé-
ttite étude, nous avons supposé qu'il voulait faire condamner
nvenue à lui demander une lettre de divorce pour qu'elle put
l^r avec Isaac« et il n'aurait accordé cette lettre de divorce que
WJtre espèces sonnantes. Sans le hérem de R, Gersom (nous ne
vous pas au juste quel compte on en tenait à cette époque à
irseille), il aurait même pu soutenir que le mariage de Bien-
mue avec Isaac étant nul, d'après ses allégations, Bienvenue
lit sa femme à lui Samuel, C'était le meillfor moyen de s'em-
de la fortune de Bienvenue, qu'on l'accusait de convoiter.
ne voulons pas entrer ici dans une discussion talmudique
ce sujet, ni prétendre que ces conclusions de Samuel eussent
W parfaitement contbrmes au droit canonique juif, mais la ma-
èreest sujette à controverse» et il est certain que les deux tbèses
ût nous venons de parler pouvaient parfaitement se plaider et
K tenir. Les personnes qui voudront s*en convaincre peuvent
ter : pour la première thèse (que Bienvenue doit prendre
^t de Samuel), Giiiin 89 b, -^ra «cisn pc^n cnsti; Twr ében
,17, fin, mz3n''5 i« iTOîtn r^i2 d« "^D^b nnniî: i pour la se-
(que Bienvenue peut et doit retourner auprès de Sa-
mï)^Jetfamoi 87 ô, 88 &, 91 <ï, «Vis rt««î ... rhp^ ^bno n^Nrr
bjiaV rtb mn •♦«721 ^ . . «•'H noiSKT . * ^ ib nimb nnnr^j [t"3; mïsns
fz*j» c^r; ^id,92a, ib nnmb n-im?: nbyn sïd D'nKi n'aipna;
kW. 33 ^ (cas qui a de Tanalogie avec le nôtre), ^-nc laipo û^ît:
T^B^bnnn .-*D''«3; Tnr ében ézer, n° 17, Topinion de H. Jeru-
lamdansle comment, de Josef Caro (vers le commencement);
hd , tin, n^'»-i3: nr« nbji Km nab na^prs ttbK -^vsh ns*\D5 «b n&t
fSfinb nimb n-imTîi ^:cn!3 cas, On peut voir, en outre, les consul-
Itionfi de R* Salomon b. Adret, V" partie, n*" 10, 568, 1164, 1189
\ 1253. La consultation annexée à nos pièces, et qui insiste sur
feittUlité de donner gêf à Bienvenue pour qu'elle puisse rester
rec Lnaac, parait montrer que Samuel voulait surtout se faire
iiater an géi. Ce fut aussi probablement Tobjet des transac-
fu'on essaya avec lui au début du procès (n°« 17 d, 18, 24 a],
thèse soutenue par Bienvenue était hiQn simple : puisque
76 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
toutes les aiîé^ations de Samuel étaient de pure fantaisie, on
ii^avait qu'à ne pas en tenir compte. La consultation qui se trouve
dans nos pièces répond aux objections qui nous ont été faites, an
sujet de cette thèse, par M. Graetz.
Le n*'9è de nos pièces raontre aussi sufflsaranient que nous
n'avons pas eu tort de regretter que Moïse, le père de Samuel,
n*ait pas ^ié appelé en témoignage, et que, malgré sa parenté avec
les parties, on pouvait le consulter, sauf à lOir ensuite quelle va-
leur légale on donnerait à son témoignage. Puisque le tribunal
prévoit que Samuel ne pourra peut-être pas amener son père, on
peut en conclure que nous avons bien fait de supposer, dans notre
précédent travail, que Moïse Tibbon était à cette époque à Mont-
pellier. Il avait peut-être quitté Marseille pour échapper au scan-
dale de c^e procès.
Dans tous les cas, on nous rendra cette justice que notre opi-
nion sur Samuel est exactement celle du rabbin dont nous avons
la consultation, et paraît être aussi celle des juges, qui traitent
Saraueî avec beaucoup de mépïîs. Si M* Graetz a cru que c*était
par galanterie française que nous prenions partie contre Samuel
en faveur de Bienvenue, la publication des documents montre que
nous ne méritions pas ce compliment.
11 sera utile que nous donnions ici la liste norainalive des per-
sonnes nommées dans les pièces, elle en facilitera grandement
l'étude (les chiffres indiquent les numéros de notre traduction).
I
I
1
1
Abba Mari h, Jacob, Voit venir à Neples, lui et Méir Fiaverdet, les
cadeaux de Moïse Tibbon, <5 a; voir Méir Fiaverdet.
Abba Mari b. Josef. Témoin du mariage par procuration d'Isaac
2tifC ; intervient pour la réhabilitation de Mardochée b. Méir,
28^. Voir Isaac b. Salomon.
Abba b. Pesado. Invoqué comme témoin sur Fâge de B. ', 36.
Abraham, fils du précédent. Esta Naples en 1239; témoigne sur Và^<
de B., 36.
Abraham b. Gerr^on. Un des trois qui légalisent Tacte de récepLio ^»
de témoignage, 16^; les deux autres sont Josef b. Abr. ^^^
Isaec h. Juda. ■
Abraham b. Isaac. Veut invalider Mardochée b. Jekutiel, témoin c^d .
SamueK H a à.
Abraham b. Laveyre nn*^*>ib b. Jonatan, avocat de B., Ha, 24^. H-a
lecture Laveyre est purement hypothétique.
R, Anotoli, parent de Samuel. Demeure à Naples; a vu apporter i.^;s
cadeaux, tS/e, 33 a, 35.
' U. ^iunifiera Bienvenue.
LE PROCÈS DE SAMUEL IB?* TJHBON 77
tella,mère de Bienvenue, tante de Samuel, sœur de Moïse Tibbon,
épouse de Jacob Cohen, belle-mère d'Isaac Coben.
BieQveoue, tille de BeUa, le principal pei'soanage du procès, avec
Samuel ; «ou frère, 2t.
DaineBoUine, 28^.
^vitl b. Abraham. Samuel veut lui faire porter faux témoigaage. 22
(voir Isaac b. Josef); a été à Naples en 5041, 34.
I^vid b. Isaac. Témoin de la commission donnée à Marseille pour les
cadeaux à porter a Bienvenue, l\ b^ 15 £ï. Il y a des hommes
I qui étudient chez lui,
David b. Jacob, fils du nadib Salomon. Un des trois qui font la ré-
ception du témoignage du troisième mariage de Samuel à Mar-
seille (avec Juda b. Abr. et Simson b. Abr, ibii Stam), 45 rf»
46 (ff, 33 d; ces trois personnes sont les ennemis déclarés de
Bienvenue et les amis et conseillers de Samuel, M€\ veut
corrompre un témoin, 24 û.
David b. Juda. Invalide Mardochée b, Méir, témoin de Bienvenue,
Vtb, Voir Salomon h. Netanel.
t David b, Juda. Invalide Mardochée b. Jekutiel^ témoin de Samuel,
37. Voir Samuel b, Abraham. Il est possible que ce personnage
soit le môme que le précédent et que le suivant,
l^avid b, Juda b. Isaac, de Marseille. Prisonnier à Meyruel, 27 et 28.
.David Legros, Il b.
) bou Esment de Villa. Fait prisonnier David b. Juda b. Isaacj27 et 28.
l^tt français (juif du Nord) à Marseille, 4 5 a.
I ^ sire Gigonet. Prend des informations oflicieuses sur Je procès»
JHUel fils du hacid R. Samuel de Vérone. Un des trois juges du
procès (avec Jacob b. Isaac et Moïse b. Menahem le ^a-
Tusch), 9 a.
Isaac Coheo. Gendre de Bella ; demeure à Naples. 4 4 a, 45 a.
Hsaac b. Isaac b. Simson. Mari de Bienvenue; demeure probable-
ment à Aix; i, 47//, 20, 24, 3i.
îsaac b. JekutieL Possède une maison dans celte partie de Ja ville
de Marseille qui appartient à l'évoque, 27 b,
Isaac b. Josef. Prétend que Samuel lui a fait l'aire faux témoignage,
39 (voir David b. Abrah.).
Bcb. Juda. Voir Abrabam b. Gerson*
ic b. Salomon (Salmie). Invalide Mardochée b, Jekuliel, témoin
de Samuel, 25 a ^, 29 c ; est (de passage "?) à Aix, 25 a b ; est té-
moin, avec Abba Mari b. Josef, du mariage par procuration
dlsaacavec Bienvenue» 32 ^Cî intervient, avec le même Abba
Mari, pour réhabiliter Mardochée b. Méir, témoin de Bien-
venue, 28 b.
*Mc 1)^ Simson. Père d'Isaac, beau-père de Bienvenue; demeure
sans doutée Aix, 25 a ^. 28 ô.
■<^<^b Cohen. Père de Bienvenue, 45 rf, î5a» 28fl, 32 a, 3:1 a, 3i, 39.
7? RE^TE DES fiTTDBS JCITBS
Jacob b. Isaac. Un des trois jages da procès. Voir HOtal; mr lei
suivant.
Jacob fils du nadib R. Isaac. On lai donne un acte i <
Hàt peut-être le même que le précédent.
Jacob b. Josef et Jacob b. Samuel. Volent apporter à Napleslts^
de Samuel. Il b, 45a.
Jacob b. Samuel. Voir le nom précédent.
Jonathau fils du hakam Avigdor. Bella looe on logement cbei Ml |
Marseille, 46c
Josef b. Abraham. Voir Abraham b. Gerson.
Josef b Samuel. Est avec Mardochée b. JekuUel lémoim du troîdêill]
mariage de Samuel, 13^, 46^^, 45eif» 23 «à.
Juda b. Abraham. Voir David b. Jacob.
Laveyre. Voir Abraham Laveyre.
Mardochée b. Jekutiel. Voir Josef b. Samuel ; son invalidation eonuii {
témoin forme une des parties importantes du ph)Cè8;ii8t1
rétracte devant Gigonet et à Aix; 43^, 44, 45éf, l€e, i2i,S3«^ j
24 a à, i'ô a c, 26 a *.
Mardochée b. Meuahem. Voir David b. Isaac, Il ^; témoin da seoii' *
mariage de Samuel, 43 ^
Méir ::'n-i2 »:>z (Flaverdet ?j. Voir Abba Mari b. Jëtéb.
Méir b. Menahem. Est d'Aix ; sigoe, avec Netanel b. SamaM,iuiaM
de témoignage pour l'invalidation de Mardochée b. Méir, tf*
moin de Bienvenue, il b, 28 a, 29 a.
Moïse fils de Menahem le parusch. Voir Hillel.
Moïse Tibbon, père de Samuel.
Netanel b. Samuel (et encore : fils du hakam R. Samuel}. Bstd^Âii.
Voir Méir b. Menahem.
Samuel b. Abraham. Fait, par procuration, le mariage d'Isaac atet
Bienvenue, 32. Est a Aix (y demeure?), 25 a ^; invalide Mai-
dochée b Jekutiel, témoin de Samuel, 24^, 37.
Samuel b. Josef fils du rab R. Salomon (et encore : Salamie). Autem
de la consultaiioD qui est en tète de nos pièces ; ne demeure
pas à Marseille, 4 .
Samuel b. Moïse Tibbon. Auteur de notre procès ; prétendu mari de
Bienvenue.
Salomon (Salamie) b. Isaac. Invalide, avec Semtob b. Isaac, Mardo-
chée b. Méir, témoin de Bienvenue, 31.
Salomon (Salamie) b. Netanel. Invalide Mardochée b. Méir, témoin
de Bienvenue, 27 b c.
Simson b. Abraham, médecin, 30, 39.
Simson b. Abraham ibn Slam. Voir David b. Jacob. 11 n'est pas du
tout impossible qu'il soit le même que le précédent.
Semaria b. Eiie. Voit venir à Naples les cadeaux de Samuel pour
Bienvenue, 45 a. Voir Anatoli.
Semtob b. Isaac. Voir Salomon b. Isaac.
Le vicomte de Marseille "jncapo, 27 a.
LE PROCKS DE SAMUEL IBN TIBBON
79
Nou^doîinon.s aussi, avant la traduction des documenta, la liste
le.< mob hébreux techniques qui s'y rencontrent le plus souvent,
en ïes accompagnant des mots français ou en caractères français
dont nous nous sommes constamment servi pour les traduire ou
les transcrire :
»'^nî2N vraisemblance, probabilité. — non» épouse ; 'j'»3in"»î* épou-
sailles, mariage, — X^i rr^a hêt-din, tribunal (c'est toujours un iri-
buuûl jUif), — nbi^5 majeure; ^\^\^7 majorité. — »n"mÈt"T règle
biblique, tirée de la Bib'e ; "liam règle rabbiuique, d'institution
I Tûbbjnif|UL\ —*rrr-m nr^T examiner et scruter (les témoins).—
rrnîn règle. — ûrn hakam (rabbin]. — ûnn hérem (excommunication).
1— pi:3 avocat ; nnj:?û allégalions, plaidoyer. — t^d valable (témoin
jvnlablel. — 3*^3 nadih (liomme notable). — n^^r* défenderesse, —
XT^'.vhz'^ $ahîonol (cadeau de mariage ayant une signification légale).
|— 5^s I témoin) impropre à témoigner, iucapable de témoigner, in-
iVôlitiô, récusé ; boD invalider, récuser.— ïîTp épouser, se marier;
[t«np kidduschin, mariage. — naap mineure ; mîî2p minorité. —
jt*:*? kinyati (acquisition, formalité légale pour conclure un contrat).
[Cîpieatfj (amende^ — 31 raù (rabbin), — '0"*b«'»i royaux imonnaie).
nisn n?l2C serment grave. — ^to fiancer; l^snT:: liançailles;
e*est aoe traductiou par à-peu-près. — nai3 acte. — mm tora
Voici maintenant la traduction de nos pièces. Tous les numé-
rotages, titres, sous-titres, résumés en tète des pièces, indication
1"% séances en ttîte des pièces, ont été ajoutés par nous pour la
facilité des recherches. Les folios de tjotre manuscrit sont in-
diqijt*3 en chi tires entre crochetn. Pour les phrases et mots hé-
i*raiijues intercalés dans notre traduction, il faut noter que nous
îïvorj^ rais entre parenthèses les mots hébreux traduits en français
''t destinés uniquement à illustrer la traductiou Irannaise; les
ïïiota ou passages hébreux qui ne sont pas entre parenthèses ne
«ont f»as traduits en français.
Isidore Loeu.
CONSULTATION DE H. SAMUEL BAR JOSEF
, ^' -" [13 à]. Voici récrit (arD) du grand hakam R. Samuel bar Josef
^^ tïu rab R. Sulomou Vît.
^.Lr > UFS^nit. ^.Jîi.Tii: "TT^ lit ii:.Lf in^DMicer iu sujcl dcli
- ..:.: :. >•.!: ;i: r-s 'tii.L t' i L^.. TL ... i.Tfc,; r:»jufée quand
î-.i: : .1. ri'M'î r...!;: i>'t i '"r: ' i:r^t:ii-jiitai: Zi*- B.. 3t ;a mère et dcs
:n:-::.r .:? ' ^T— T : :— :..LCî.<"Li i'^'Ufi.i rrinn avec elle et
: . î 1 i -1. :.«.r : ■ ■ ---.r -=r-r t~ Fm T-:: . ITZM :: dit qu'il
4'.. ::•.',.:--■: ..I'î î-r: .iL j: .r ii:"t.l .taj '_I_* . T.! -I. acie Ce Ce Illl-
•u^: à'*. V : .--r^- r ïi-r:iî. n^i..-? PL . i^Ti^; iitriiL Cri ac:e ."ZC),
V. . :»: : *.. .. :• ..: .r .!:i2 .:.-r i. il..!.- it :rt-^i^tT naria^re ni pour
: >:•.■..::. r..».-r . t.. V-'- "•:■ J»^iu:j:î lit :»t-r5.:citts oal tu ccl
*i.' : ;. - i"i. V. -: ::u..:.î r n . l'i. iiî^tll ITUiC il al.cpue qu'il
i^i. ::«...-: i. ;.:;: .~..^-:z^ .r ûr-»j.: î'îi'- -1.5. , "II: 'lisant. Celle
•"...>•- s 'î '...r 7 .. ^r* iiT * i;i»!i tni.iLa-s '- 1 jc If j'i.? îoD*temps.
>...* : -•.■.^: :: ..- r .-. -■?•: lu." .••.':: I. '^•art'-.Li: i^ i-.t: i*Taleur,né-
;»:">^;. 't :-.■*.." . -■: t au." .-Çt =• : "Liû.hr- . *^. TL'i:: iv^rs'.erce dernier
n.i.' .^•■: :.*. 1 *«■ : ^:- 'r.»î'ji. iii "ïi « i-f :rz:::r::a« "tïî
— r -"r* :•:■.; .a - .. ..:... .-.a.nrt . t-.. ii:-r.: lii^s les procès-
li. y : ... > - ^.-^:■:5' * 1 -'■- i^u. T^ 1 ilL TïLT .r» I^îIlLeS """2-
r i 'A . •> . :
..!.>: . .? ■:- :■:: .i:? :'^.-: '^ ^ r-ir :-î njraLT* f: IrS lémoins
'«•.-.> • .. • - ..."■• -.: .--r ■•:. .-i- :: na.-j-pt. i.: js aron? re-
:'.i: . ^ . .':^. . :-? ■:- .-.-T- . -I:? ir 5 ï t -^i !_ -f :.: iir* ces allé-
^;j .L.:>>..: .-î .-. ..: ...^: : v ^ : -I -ï^:!"" :•* zt-tl^ ?'■?>: emparé
-.:-..-->: t-^ï :•: 2. t-' ri- 1 voulu s'em-
.u •. ,1. >.! ... : ■ r-..* ^r ^5- *■ i""? "i^ :«*':-.* !.:< raîoiiisonl
. ; >.: ..-. .- . .r ?, : T^.. : : .- 7 i .riiic dans un
•..■.»:•.>. .- '■ .- . ■* -- :■* ■ .-"^ -Il :ie '.nsn.'tz f- es laissant
..* -.-^.v.:^:. . - - :; ■ :^ ' . -^ r'i . ts^ tMCz . Z'i t'éloigneras
j '. ... :^ .-<. : .. j^ ..^- • " - ■. .. :^ .: ^ao..ri i.: ;/iedan>ttn
- ..o > • V : ; ■ i ..-..»* : -i^j.Ti.zti-: e; soruier .les
. >■ . : I.- >r- iO. -;...>'"■ >:* râci- ns ont
■ . , . ^ , i .. ."-.:> ■:'?' : ifïH-'-iiâ' :":ii;"i*il-s. «"'a né
j. .. ^ .\--. ■■ -.. . - .-^ ^ ..12- ;« 'i-T ïisé^^er ■;uïisnc
.iK.: . .: ,..^, ! V ^ .■ . -c . ."■: * ; :-:^'' li;*-.:* leur le moi-
^...,.^. , ». X • . -. • V . V -v :. .u : r. l-î^ fxâînmer
,-.*^' x.-w^ • .X** ^ "'•*•:: N:'"r ^^-•r:' _ jc :. r-?.i.-.e qu'aussi
■; . . , •. -. ^ '.-. ..■■-- ■■ ^i.uiti ï. J. M.. Sa3-:*'. âls
• I- . ., .,x^v' '••*■ ^**" •''•"•'^
... \ ■ 1...
LE PROCES DE SAMCEL IBN TIBBON
81
iBique dans des procès d'argent il l'aul examirier et scruter les
mm, quand il y a fraude, il faut, daos des questions conjugales
ilotes, examiner et scruter les témoins, comme dans le cas ac-
A où il y a fraude. Il est vrai que, suivant la règle» une femme
peut se marier s*il y a simple rumeur (qu'elle est déjà mariée),
quand il est prouvé qu'il y a sûrement fraude, il faut examiner
scruter, et il n*y a pas de dilTérence entre la défense (de se ma-
'} et les questions d'intérêt ', Du reste, même dans le cas de ru-
publique i^h-p), si on peut attribuer cette rumeur à des enne-
(de la personne qu^elle concerne), elle est sans valeur. Si on
élend que, même quand il y a fraude, des témoins n*ont pas
tioâ de valeur qu^un simple bruit, et on sait qu'un bruit est pris
coûsidéralton, on répondra que, dans le cas dont s'agit, les té-
iûâ ne sont venus qu*après le mariage, et il est de règle qu'une
meur qui se produit après le mariage (V&<^*»£33) n*est plus prise en
idération, et les témoms qui ont attesté le mariage (de Samuel)
bût pas plus d'autorité qu'une rumeur.
i'— ETANT DONC ÉTABLI qull faut examiner et scruter, lorsqu'il
I fraude, on peut dire que, dans le cas dont s*agit, le témoignage
ifu devant le tribunal au sujet du dernier mariage (de Samuel) est
3 valeur et ne peut pas servir à défendre à B. de se marier à un
re, car les témoiùs ont dit qu'ils ne savaient ni le jour ni le mois
le prétendu mariage eut lieu), et il est de règle, dans l'examen
témoins, que si Tun d'eux dit : « Je ne sais pas -i, leur lémoi-
ge est nul* DE plus, ces lémoins (qui prétendaient avoir assisté
ïiroisjème mariage) sont revenus sur le témoignage fait par eux
Nfaal le tribunal, et ont juré qu'ils n'avaieut pas du tout vu ce
tnige; or, un témoignage qui n'a pas été scruté est nul, les té-
I^M qui Font l'ait peuvent le retirer, et ceux-ci (nos lémoins) ont
Hirôieur témoignage avant d'avoir témoigné en dernier lieu de-
ûl le tribunal des élus [suit une petite discussion d'ordre théo-
rie pour prouver qu'un témoignage peut être retiré et contredit
ries témoins qui Font fait, si ce témoignage n'a pas été examiné
scruté par un tribunal, \t lignes). [20^1 EN octre, quand il y a
ide, comme dans le cas présent, où il y a sûrement fraude,
e on le verra plus loin, le tribunal n'aurait pas dû entendre
I témoins en l'absence de la partie adverse, Nms''Nn '"*sm, et même
U qui soutiennent que, si on a entendu les témoins en Tabsence
II partie adverse, (le procédé est irrégulier, mais] le lémoignage
t oéanraoins valable, ceux-là admettent aussi qu'en cas de fraude,
lémoignage est nul et les témoins qui l'ont fait peuvent le retirer,
Qd sait qu'un des témoins de notre mariage a retiré son témoi-
ige. £1 nous disons [c'est-à-dire il est admis) que si un tribunal
T«aiu : -^3 i-Tcnipa KTsb^a etbp3 encnri tzs-»» riu;«i b'^'^pi :i"s^Ki
%b miG Btri m-'pm msm *^yn mKï:-i -«it è^^-»»! Ètnbt: t^nsiïD
^«3i7:ttb tt-no-»»
«. XV, m^ !«. 6
82 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
se trompe dans la réception d'un témoignage, Tacte de réception est
nul. BIEN PLUS, quand un tribunal se trompe sur un seul point,
quand môme tout le reste est régulier, tout ce qu'il a fait est nul et
sans valeur (preuve tirée du Talmud, 6 lignes) ; or notre tribunal
s*est trompé dans la réception du témoignage, en oubliant d'insérer \
la date de cette réception, et, puisqu'un témoin, quand une fois il a
déposé, no peut plus retirer son témoignage et le contredire, ce tri-
bunal aurait dû (absolument) dater Pacte de la réception du témoi-
gnage, afin que, d'un côté, les témoins ne pussent plus renier ce
témoignage, et que, d'autre part, il fût possible de constater s'ils
n'avaient pas déjà fait antérieurement, devant d'autres, un témoi-
gnage contraire (preuve tirée du Talmud. 7 lignes). [21 a] IL kst
VRAI qu'un témoignage non daté n'est pas nul, mais la règle est
néanmoins que l'acte doit être daté. EN outre, on peut dire qcil
n'y a pas lieu de tenir compte de ce témoignage fait devant le tribu-
nal au sujet de ce mariage, parce que les témoins sont des ignorants
qui ne savent môme pas lire un seul chapitre (du Pentateuque?), et
la règle est qu'on n'accepte pas le témoignage [d*un ignorant])
comme il est dit dans Pecahim. Et si tu objectes que nous suivons
Topinion du docteur qui dit que de nos jours on accepte le témoi-
gnage des ignorants, 11 faut noter que le gaon a dit là-dessus que
s'il y a suspicion contre le témoin ignorant, son témoignage n'est
pas accepté, et dans le cas dont s^agit (il y a suspicion, car) un des
témoins a été invalidé pour avoir prêté à intérêt et volé, et le prêta
intérêt et le vol sont des motifs d'invalidation tirés de la Bible, et il
ne faut pas que cette invalidation ait été publiquement proclamée
auparavant (petite discussion talmudique sur ce point, 4 lignes).
Des paroles du gaon il résulte qu'un ignorant qui est suspect ne
peut être témoin, quand même il n'y a pas de témoignage formel
contre lui, car le gaon dit que le passage précité de Peçahim s'ap-
plique à un témoin ignorant qui est suspect, et s'il y avait témoi-
gnage véritable que le témoin est suspect de soustraction ou vol, U
serait inutile de dire que le passage s'applique à un témoin igno-
rant, un témoin qui ne serait pas ignorant serait également invalidé,
dans ce cas. Le gaon a aussi écrit, dans ses Consultations, qu'un
mariage fait devaiit des témoins que des lois rabbiniques seules ont
invalidés (non des lois bibliques), n'est pas valable. DE plus, il est
expliqué dans le livre du rab Barceloni, chapitre des témoins inva-
lidés (rni:r "^bioo 'n), au nom de Rabbénu Haï et au nom de Mar
Jehudai gaon, que, lorsque les témoins ne sont invalidés que par une
règle rabbinique, et non par règle du Pentateuque, le mariage qu'ils
attestent est valable, si les deux (mariés) conviennent et qu'il est
certain (nnnin) que le mariage a eu lieu, mais quand la femme
conteste et dit qu'elle n'a pas été mariée, même quand les motifs
d'invalidation contre les témoins sont seulement d'institution rabbi-
liique, le mariage (attesté) n'est pas valable et la femme n'a pas be-
soin de lettre de divorce (pour se marier à un autre), et lors même
LE PROCÈS DE SAMUEL IBN TIBBON
Hii
fïïÊ êM deux témoins est Tilablo et que Tautre est seulement
tidé par motif rabblnique, le mariage n'est pas teou pour véri-
tibk Cest ce t|U*il {[g BârceîoDi) a écrîL formellement dans son
pfn dt*s Juges, trailédes Icmoins nou invalidés ('isbna D'^r'^Tn 'o
pm:f ^biODKet on peut s'appuyer en toute coûtiaoce sur routorité de
Hlîbeûu Haï goon et de Mar Jehudaî^ soit daus un procès fraudé,
)it dans un procès non fraudé,
i — ON DEMANDERA OU eêt la pFcuve que dans le cas présent il
^a fraude Y Sûrement, il y a fraude, on ue peut en douter, il y a
rtaitiement fraude, car cette jeuuci fiUe et sa mère :îont filles de
;«ods personnages (D"*bTï:i B'^b**3:«) et possèdent de grands bieos;
plaignant pn:?73) aussi descend d'hommes illustres et savants
^*m D'iVi^a p), comment auraient-ils (Tune et rautre) tenu si peu
cotnple de leur réputalicïii en se mariant devant des hommes
iùs importance et des ignorants ? [21 fl Et où Irouvera-t-ou une
tome riche, destinée à hériter de grands biens, qui puisse se marier
m que sa famille ou celle de sou mari n'en répandent le bruit, et
lui-ci (Samuel) n'a ni parié ni fait aucune réclamation au ^ujet de
L jusqu'à la mort du fière de celle-ci ', KN outre, d'après les ollé-
Hoosdu plaignant Samuel, B. est mariée avec lui depuis plus de
baog, comme mineure et puis comme majeure, et comment esi-it
éibte que (pendant ce long temps) aucune rumeur de ce mariage
se soit produite jusqu*â la mort du frère de B., et que Samuel
^itpas parlé de ce mariage? DE plus, comment le plaignant sest-
lu«u moment où R. Isaac a épousé Bienvenue et a fait le repas
i épousailles tpOTi^») devant lui (Samuel) et devant R. Moïse son
«, etoù a-t-on jamais vu un homme laisser un autre épouser
femme en sa présence ou dans la ville où il demeure, et garder h»
TDE PLUS, comment le public a t-il ignoré les deux premières
de mariages (V^inp ■♦3"»:3) que Samuel aurait contractés, et
mt le troisième mariage est-il resté ignoré et caché josqu'au
r où est mort le frère de la jeune fille ? EN outrk, comment se
it-Uque la réception de témoignage faite devant le tribunal après le
riage et le repas d'épousailles (V^in"^» nniro) de R. Isaac ne soit
devenue publique à l'époque où elle a été faite ï Et comment,
•prèi celte réception de témoignage, n'a-t-on rien su du tout
te public? ITBM, sans la crainte des amendes prononcées par
tribunal des élus, on ne saurait pas encore maintenant comment
eboies se seraient passées, on ne conno lirait ni les noms des
ni des juges (qui ont reçu le témoignage), car ils ont agi en
!, preuve évidente que les témoins sont mensongers. Gela
ibie au cas où il est dit : «. Si tout mariage d'une jeune ûile
Jiii, qtidnd il vient des témoins [qui attestent qu'il y a eu un
dont personne ne sait rien), que faut-il décider ? Ht on
: il Itut les considérer comme faux témoins ^; et sûrement,
A« iM di mu 11173 ^9 ii« rrriM n» w*
« I BEVTE DES ETUDIS JTI^IS
•lans > i'jàs *icai 1 3'ag:% s'il êtaix vrai qws hs mariage ait en lieu, le
on:: i «ta ieraïc rrîpanti:i. L esït vrai qri'oa diC qull y a des geos ([ui
«pi'iii^i«ini «la iecr«K ec a «la parusac po:} même aax voisina, mais ils ne
jçirieax <:e ii:em:>* r^e ia:f«^'aa momexic <ia mariai ^: après le ma-
ria^, oa il* ûic et..nnai:x^ ec repamins «ians le pubiiCy car il n^est pas
po&sihiA >fi Tioe ,eane dile nssti^ loo^çtemps mariée sans qoe la chose
devienne piibni^ue. DEI ?L:r:?, S. assure ipie iseaocoop de persoDnes
«!onnai:»âa.en: «re^ deiix espèces àe manage précédentes, mais que ces
per3«"iaiies tUient coates mortes. E> ocrui, il dit qu'il avait nnacle
ar.oftâcanL ««jU manaze. i^u il avaic perla cet acte, mais que beaucoup
de per^nnes l'avaient vu. mais il n 7 a ame «pii vive qui vienne en
tfiaiouzner, et oa iiroare un !as anai'jçue ilans GUtiM, rrnscanVîî:
-7:ar: -nr: zrr p-— ixr rri: -rar rrrrcai p -rirr rr^ r» »ii
ES BÉs^MC, poispi'il V a frirement liraude. et que, dans un procès
fraudt*. :i faut exam.aer et scruter les témoins, le témoignage de
nos tiimoins ne va il pas pluà qu'une rumeur, et la règle est qu'une
rumeur qui se produit après Le mana^e Vw""» .on ne s'en inquiète
pas; or, nos témoins sont tous venus après Le mariage avec R. Isaac-
D'aiileurs, a Le bien consii^irer. quand il y a fraude et qu'on n'a pas
examine et scrdté U chose, même une rumeur qui vient avant le
mariage V-'"'» «^t sans va-eur.
5. — ti, a DE PLCs, il jr a une bonne raison pour permettre à
cette jeune nl.e de se marier ,a un autre que Samuel^ car elle dit
qu'elle est mineure, et il n'est pas prouvé qu'elle ne le soit pas, et
nous devoni la teoir p«jur telle rs^pTrrz jusqu'à ce qu'il soit prouvé
par témoins qu'elle était majeure à l'époque où R. S. prétend qu'il
Ta épousée. Et lors même qu'elle serait aujourd'hui majeure, puis-
qu'il s'est écoulé un ^rrand temps ^rrzz r^û ytr depuis ce mariage
(avec Samuel) jusqu'à ce jour, nous ne pouvons pas dire qu'étant
majeure aujourd'hui, elle l'était aussi à l'épo^^ue de ce mariage, cai
son âge croit tous les jours, et comme elle doit être considérée
mineure r*x:p r^rr jusqu'à ce qu'il soit certain quelle est majeure
et que d'un autre côté son mariage ^avec Isaac] est un fait accompli
on ne l'obligera pas de quitter son mari Isaac'. IL est vrai qu'ell
a dit devant les tribunaux chrétiens ^r'îfiCTjra, il y a plusieur
jours (OU il y a longtemps, st:"» rriDrrr), qu'elle est majeure, mai
cela ne signifie rien, il arrive tous les jours que des orphelins m
neurs jurent qu'ils ont vingt ans, afin que leurs paroles et plaint»
soient écoutées devant ces tribunaux et qu'ils n'aient pas besoin <
tuteur. C'est pourquoi Taveu fait par B. devant le tribunal chréti<
:cnfic-:r , non devant le tribunal juif yfiét-din), n'a aucune valei
quoiqu'elle ait fait serment devant le tribunal chrétien, b"^ »
Xznrb i"^-n:. Daillkurs, elle peut dire : Je croyais que j'éU
majeure et plus tard je me suis convaincue que j'étais encore n
neure. (Suit une peUte explicaUon théorique d*où U ressort qu'u
t ProUbkment par cninta des inlhgues qui pouinimt contrarier le mtmge.
LE PROCÈS DE SAMUEL JBN TIBBON 85
itâmipeut, à la rigueur, être crue quand elle dit qu*elle a la matu-
rité physique des femmes majeures (mi:?o TiD. !ï ligues)» mais elle
O'esipas crue quand elle donne ea chillres le compte de ses années,
df elle ne le connaît pas, et quand même elle dit qu*elle a Tâge des
femmes majeures, elle peut retirer cette assertion et dire qu'elle le
croyait, mais qu'elle s'est depuis convaincue du contraire^ et par
uent, son aveu (qu'elle est majeure) ne peut servira Tempô-
dese marier, car les femmes, eu général, n'étant pas admises à
Igner sur l'âge des personnes exprimé eo années, une femme
m peut pas témoigner pour elle-même sur son âge exprimé en
limées, aussi longtemps qull y a doute si elle est majeure ou
muieure, C'EST pourquoi nous croyons que ce mariage (avec îsaac)
est au-dessus de tout soupçon dlrrégularité [Oira*»?^ rr^a l&ïs 'j'^Mî, et
fpii\ n'y a pas lieu de tenir compte des allégations de R. S. le plai-
gDADi, et B. n'a nullement besoin de lettre de divorce p:i}| et si
quelqu'un prétend qu elle en a besoin, nous ne sommes pas de
SOD avis.
6. — EN OUTBB, je dis que, lors même qu elle aurait besoin de
lettre de divorce, elle peut <^tre la femme de R. Isaac ('nb mmw
pw), l^b] si le plaignant lui donne lettre de divorce, et il n'y a
flAlieu de dire qu'elle doit quitter Tun et 1 autre mari (Samuel et
;), quoique R, Isaac ait seulement accompli la formalité du
iDsriage, sans plus :
Rrr r?» pns^ 'n nircn ni^T nr^ tîitn nmh ^nn "^-«^ï: «bi
r:xz: r^pn ,^31 iD:p Kno\^< r^i37i n»iD3 ir-iïa»i «m ,b;^2
.rrrra nt<"^3 •*!:? xn p iin^ ^t:? p p «nn irn^tt «bi .n^ini
ryriy^ rran r-i^p 13b c^i .n^ra mr^^ **iid\^ '^^hi «D^rr t^tbet
nr^jc nr» nn» 3n ,nHon nTO^i ns^-^tj ^îba rrsDp mtii'^i
î*ci7 aïK V**'' , r^b-^*i:in'^T: ïnotcnn b^^m amD?3 rr^ts^^ai *m
K?« ,b7i3 a-'SiDï*-! i^cni-'pi t^nyï^ i&îbi ,m5T tnb"'^3 irb'^j^3
♦^c?3 ::; riD^"!^ n:\x '*:rpi'ai ;i^D7 brin isnn l'-mp oisb
p p"^.?:ôt wbi ,nnm?3 ir::i<nbi 73"t:3 ,l^^s^ïnb nnna« -«snp t<bi
îTfiOH ôrrri n»iC30 ^STsb rrbrnsi , r-rN^3 ns? p p iin-" ^^y p
rsTip •'3'<«rT '^îpp n«*an rr^i \^«n ni?3-ïb î^id^'ôïi y^s^Ni ^inu«ib
1^: Tsim ^^is-'Oït ittb px , 's?:?: p,Hia3 r^bi in-»^nnb
*:cn brn i^^bcsi ;\Nr:::3 ib'^DNi pv:b p^d-^^ .nxïîs ^:npT?3i
'^ p ;n imTa» «bi .pct^ib nnm?:! i:y i3^^n ria-^-i^ pôti
^tr5 ,nV>jatt -p^^icj-^N t^z^&ii b^Nin .rr^^n -«nr p p nn-»
17*7 Vd 133 rp-"i3: rra'^Nn n:3i3 i3nrn rrb:^ '^hdi '^bpOT ni3i:?3
^'txi Km pspcb pî«i s-'HT]!» 13N n:!'i .i3n«3*^ D-'TDr::::! bou
rtîTob ''^EK r-i7:«3 rn3yjK3 ï-rbra "^rsb nntjfi*'^ na^n r^:i3t3rr
nrnsîb nci-'.jî pn ib -^s'c p^bn *b3pnn 's n5i?3 •*3m -)t!«p
:3 m:B np:?i3 niSK p6< rrpin iriTsst M-^-ia poin\H3 ib-^DKn
tXirarï 3nT3 'p-'bi '?2iî*r!i , T£:n:t?3n 'd3 p<î''in3 nr)i?3iD prrb^s
oisi 2rQO i*'3snn'î .t<:-):93n nns t^nsbn ■'«m ♦QibrD ■i'*"i3T3
86 REVUE DBS ÉTUDES IU1YKS
rrra T»b:f ^iraob i*^ .rrbnnsî) f«w53nb rrroto mh Maison an
lersm iT>s canTaifin û-^pcpcTa «■» imta .ittipnîi roi» «sr in»
«■«« la'^Ta r<D'»bT -^Dncîna m72«o mcNa «"d ,®nab iT»a otd -an
n^D» , «"-in 3r3 pi , nbnnDb i^nDîn i^bi nb tîin nmb i:b
'•^Db-^i .bbD onrrD «bi n^-^nb ib n-^» t-iÉtODT ITO '-n-^fin Kiaija
'■»-i73«T b-^Nim y» »rt5inDb »"»Tm «rpa rnan ']m r<^»T7 ,ivnr
lan •'«n te-^bN tsib fsbn ,1'^a'na l-^op m:D rrfcm t^a ts^rja
bicfica D-^nar t^rs-'» [23 w] r<n i"»:^opT "^«rb ir-^TC^n t^^bi .t*»î:br
wpn ûM •j-'bma c-^ 'ca p-^-irîO "pi .ï-ibina Nrno tz'^rm
tn^^T\»2 ta-'ij ïsim .t^ccnb irc^m c^n r-tawa bp5 rr-^aca
matpt "j-^cinp 'can tsirn , t»*rcp «b , a^rx na-nna a'ny r<i\ti
ncnpna •»»'ti «m ^'^iTsab «-^an i-^oinp •'TapTan «bpD «bron wsw
.naiiD ma «cipT i^^ra^o "^s^na mn -^ û'»arTr m «ba nVr
•j-^bma O"^ 'cai r<m "i-cmp 'oran ^rr "^-loa "^a fiw:-n«n pan
'et •jna ixri .is^D sz^nr c^c iî^ t<ccn r<nr:r:a t<bp "^an «pen
i^naiafa bax , rra^-D ma r-rin «ra^c «nrrsa .irainp 'o^an "pa
ncnpraa -:n»b xb» -tp^r ba eo:^ «b lana^rn ,rpa '-nan '••bpsi
.n-ïTart ^x p^^c nat-"2 yzt -^nsb r^b« -n:? «bi .û'nita I'Oit?
oraarc^i taba jcia'îrT 'nt ts-^c^a r-na^n tn« ï^n-^nta lairo 113^1
.^:-j<ac ^ra ri «ba mTrrb û-'Éta na» la^ai
7. — R. SAMUEL ailôgue que beaucoup de personnes ont vu cet
aele de mariage qu'il a i>er lu, et quil était signé de témoins, mais
il uV a pas à tenir compte de cette allégation, même si des témoins
venaient attester quils ont vu cet acte entre ses mains (suit un
expose théorique* 15 lignes, d'où il résulte qu'il faut d'abord prouver
que ees signatures» si elles ont été vues, sont authentiques ; et, en
outre, que fussent-elles authentiques, il faut encore, dans un cas
suspect cv>nuue celui-ci, examiner et scruter la voracité de TactelBl
il y a d'autres motuV encore donnes (vir de grands MoÀMamim, comp-
tam i>aruu los hommes remarquables de notre époque ipour re-
pousser les prétentions do Samuel\ et je suis d'accord avec ces
mbbios en ce qui cvmcerue la (ormuLe de mariage prononcée par le
plaignant ,iJ d : * lu es mou épouse ^c^-'X' depuis longtempSt
9oi;»4e encv>re par ceci >. Cela n'est point un mariage, car on ne peui
|Ni;jL t^ire luariaice sur mariage vT^T? -r î^cs'rr yr'!"ip v**^. ce
d^Ktiier mariai ue compte donc pas* DK plcs» Samuel a rattaché ce
vKHruier mariage au précèdent, et puisque le précèdent n a aucune
réalité, celui-nri ue siguide rien, puisqu'il s'appuie sur le précédent;
e e*t uu tKunt sur lequel cv*s grands savants se soat étendus dans ce
^uMs OUI écrit, et leur opxuiou paraîtra prQbabie a toute personne
disposée à recv»uuaUre U vcrtte. Jt; n\wi pas tire d'argument de ce
^ue IL du que S. lui aurait doaae lettre de divorce et quVlle se
sewtit «Mrie# eusuue avec Isaac, car il semble que son cooàeik lui a
scu^^rc cvU et lui a eus«.^<guc ce uieu^u^ "^c^ 7?^*^-^ xr^rr*
LE PROCÈS DE SAMUEL IW TfBBON
m
aussi bien que le mariage alîegué par la plaignant est
e, aussi bien rallcgatioa de B. qu'il y aurait pu divorce est
mensoDge, elj'ai trouvé dans Torat cohanim du Lévi tique, section
A'ifo, uu cas semblable, d'où il résulte que, quand il y a apparence
(ri;^y, on n'accueilîe pas une alk^gation de ce genre. On y dit :
R* Méif dit : * Si tout de suite un liomme dit qu'il a agi exprès
(T^ra^, on le croit ; mais s'il ne le dit qu/après de longues discus-
sions, oo ne lécoule pas. De même» dit H. Méir, si on dit à un homme
qu'il cet nazir et qu'il répond (tout de suite, non, mais) j'avais î'in-
teottoo de faire le vœu de nanr^ on le croit; si, au contraire, il
l^ffgirerèe toute la journée, etc., et dit seulement à la fin qu'il avait
(tuu<;aoraeQt) rintention de faire le vœu, '^mais qu'en réalité il ne Ta
jttsfditi^on ne le croit pas. A le bien examiner, rallégation pro-
duite maintenant parB., qu'elle a reçu divorce, ressemble à celle
iflaire de nazir. J'ai trouvé dans le ^"Oi "iNï5 Din*» 'O du rab Barce-
\m\, À la fin des règles du divorce î^^^ nnsbn), une consultation
du jîaon R, Isaac Al-Fo^^si. dont voici le texte' :
7i^,n ^z 3"nK') mîtc:i nbrna nr^z^s'C nc« nVe«w5 ^-ït \^i7^
. rs^ip *|!:Ta •^DK bnp t^b r!::?a s^tît rr^ncns wb 'yn^^ n^-i^^i
*^ïï^^ lb t«tss Btb "^am ^s-^nb ^rn n^rr inbs fa-'nnn T*3p t^bx
T^T'T. '^ir-c-.s ^23 niv'^^ K^n n^îm r-rrr^rî rnnm rniîODTZS D-»ir
rri:!« ^-iz^ n^:--CD npmin •'in-c3 qVïs îT'^iain v^ -în^t■l :::♦ -►b
3 ^: r^r: î*b r-^ïca i?:d i^bn a^n^-r pp Nbî< irrn n'^rr «b
iTîra nrs^i ::5 nb::i3 nr» •^rD-ipr: «b r^.n?3i«n b^i "^^^t
r:n:a rwbr'cH br v^*^:*,::^ i^ôîi mstbs «bn pi-iid ï^bi rr^ins xb
tt' r^aib mtibnrK in-' pDD Kina v^ bD "jd -?:\n rrr« ana
Et je sais que tous les hommes de valeur et maîtres eu questions
derertuet de péché («"'•^I^n '^^tdi ïT'b^ ^h^^) diront que nos paroles
loût fleur de farine pure et il [Uauleur de cet écrit) a bien décidé et a
bien mérité avec les autres hommes éminents de l'époque. Samuel
uji JosKF BiJi Salmie (na b»n:a*^ -ii^n •'bn^ -in'» ^y ï^s-'n yi n^^^
9. — J*di aussi trouvé quelque chose de rab Haï Gaou, dans le
litre du rab Barceloni, au sujet du mariage contracté [%ïa\ par un
boffime dans une saile de festin [DiKP*c?arT r'^nnl. où il s'était marié
ivrç une jeune fille, et les témoins du mariage étaient impropres au
làm^i^nage par suite de parenté (avec un des mariés) et par simple
t^k rabbînique, et la jeune fiUe contestait le témoignage (disait
Qu'elle n'était pas mariée), et il (R. Haï) répondit que celui qui con-
IrtCle mariage avec témoin impropre par règle rabbinique, quand
wkmt un des témoins est bon ["VD^), du moment que la mariée
^ûQtredit les témoins, le mariage est nul, comme je Tai écrit plus
JMiill, mois si la femme convient qu'il y a eu mariage, ce mariage
• Cette coasulUtion parait médite.
iM
88 REVUE DES ÉTUDES JUIYES
compte (l^tDinps l^tD^in), quand rimproprlété des témoins ^ent
seulement d'une règle rabbinique.
r\^M r^^naa onpb arr373 rr^rt d-^î© moD ht i^Dmsa ûnb nbtti
rrann^a baa -noD «b» ^'01p'> «bo irspr rmn*» «sam vcrva tzrà
tenb ipn rrTïi nio5 la-^KO bDi i-^ott^n r-iDnai ta-^n^f nîD''nn
OTpTa Np pa-n Nn:?^» «np^an bD irnTDKiD l'^oinpa i-^oom i*î«î
rriD ipnb tDsb ifin tDnx t\»i .ms-»» l-^oinp "jann im-'^^wn
nanran ir^aan iod •'d -^bibn .D":^ no ans» tas-ra^a pbropci
nboT !-TrT>n t-iTDfit mnn temin n«K rrmn ■'bra nnrr •'bni
oDm y^D tD-^asmo n©» nnrr "^sb rm ipnb -«ifin rnrr ,rTp3
PROCÈS-VERBAUX DU TRIBUNAL DE MARSEILLE
I
Premières allégations de Samml.
9 à 14 : Récit sommaire de ses trois mariages successifs, les cadeaux envoyés à
Bienvenue, l'acte perdu, Tarrivée de Bella à Marseille, etc.
9. — a) ALLÈGUE R. Samuel fils de R. Moïse : Quand la fille de
R. Moïse Cohen était âgée d'environ 6 ans ou plus, elle fut fiancée
(ïin^liD) à lui R. S. par sa mère (Bella) et ses tuteurs, il y a 40 ans
environ, par acte, et témoins, et kinyariy et kenas^ et serment grave
prêté par moi (Samuel) et par les tuteurs, avec toutes les sortes de
confirmation (pim). Et son père, le hakam R. Moïse était là (à Naples)
et reçut les engagements (û'^NSn) et les serments au nom de son fils
ledit R. S., et R. Moïse prit des engagements semblables (ïTS?
dm73D d'»N5n)'. A la suite de ces fiançailles ('(■•aTiO), ledit R. Moïse
envoya à B. beaucoup de présents (m373) au nom de sondit fils, à
Utre de sablonot, conformément à Tusage. Bon et certifié : Jacob
FILS DE R. ISAAC 1''?T^^ "^"^'♦t HiLLKL FILS DU HAGID R. SaMUKL DE
Vérone V'itt; Moïse fils de R. Menahem H'y ^"insïi*.
b) NOUS tribunal de trois avons, d'un commun accord, ordonné
à R. S. de produire l'acte de ses fiançailles, qu'il dit avoir été faites
par son père pour lui. Nous avons ordonné aussi qu'il amène son
père devant nous pour nous dire si ledit R. Samuel était consentant
* Sur ce nom de IDIID, voir Benjamin de Tudèle, édit. Asher, 1 (hébr.), p. 3,
qui nomme un R. Ascher ^^^'^D^^. de Lunel, et explique ce que c'est qu'un CT^D :
un homme détaché des choses de ce monde, qui étudie la Loi jour et nuit, jeûne et
ne mange pas de viande.
LE PROCÈS DE SAMUEL IBN TIBBON
tins) à ces fiançailles el à ces sablonot qu'il (R. Moïse) avait en-
^«Qyèos â B au nom de son (ils, et s'il do peut pas amener son père,
lu lî produise des témoms sur le fait de ce consentement aux fiau-
iUltîJ railes par son père et aux sablonot envoyées, et qu*ii indique
immédiaiement les noms do ses témoins, s'il en a ; et s'il n'en a pas,
Flt^'i) le déclare (immédiatement) devant nous. Tout bon et certifié ;
[Jacob tic.^ Hillel eic. Moïse etc.
\lUù\ ITEM DIT R. S,, en toute certitude (»"^n33), que ladite B.
I épouse ('^nai^-HJ connaissait les liançaUles par lesquelles sa mère
[«t ses tuteurs la fiancèrent avec serment et kenas el Unyan ; elle
tit aussi et avait vu qu'on iui avait opportét en présence de
Ds, des cadeaux d étoile n^^) et autres choses à titre de suMo-
Fwf, de la part de R, S,, et do H. Moïse au nom de son fils H. S,, et
liueiie fut consentante. Tout bon et certifié. Cette allégation fait
partie de la première [précédente) et les deux n'eu font qu'un. Tout
■ i>OQ et certifié : Jacob etc., Hjllkl etc.. Moïse itc.
I é] ET NOUS tribunal lui avons dit de produire les témoins devant
' lesquels fut donnée la commission (mn^btaj d'apporter ces sablonot
<Ii*'U lui avait envoyées à son nom [r^'^y^'i ; peutètre pour iï3©3. en
soaûom, au nom de Samuel). l\ répondit, avec serment, qu'il ne se
'•PNûit pas s*il avait eu des témoins de cette commission, Nous lui
«i^oas demandé ensuite s'il avait des témoins devant lesquels B.
«îait reçu letofle et les autres objets envoyés à titre de sablonot ; il
'^pôodit, avec serment, qull ne se rappelait pas. Tout bon et cer-
^^é : Jacob etc., Hillel etc.. Moïse etc.
^^ - û) ITEM DIT R. S. que B. son épouse (inon») avait reçu
*ievaDi témoins de Targent et des sablonot et autres objels qui lui
^'*^'al apportes, à litre de cadeaux de mariage (r*^"'"^? ^''^^)^ ^^
•^'jfM*illc à Kaples, au nom dudit R. S., et quelle avait porté plu-
sieurs années le vêlement qui lui fut fait de cette éiolTe; et qu'il y
tVBti d'autres témoins pour certifier que ces cadeaux lui furent
fovoyés ait Marseille, â lUre de kiddu^chin, par ledit R. S. Vépoux
''**î< et par R. Moïse au nom de son Ois, el les chi fions (mnbn) de
" ^ «étoffes fou vêtements) existaient encore. Tout bon et certifié :
J*coiî»fc., HiLLBL etc.. Moïse elc.
*) ITEM OIT R. S. que B.,son épouse (inoinst;, avait reçu devant
l^ffloins deTargent et des sablonot d'étofTe et autres objets* Nous lui
*i?ous demandé sll avait des témoins sur ce lait, et il a répondu que
«cl argument est comme le second argument et qu'il ne se rappelait
pas s'il avait des témoins. Tout bon et cerlifié: Jacob «(c,, Hillkl
f^'^Wi^K etc.
iL^a^ ITEM 0IT R. Samuel* : J*ai moi-même envoyé à R. Isaac,
^^ Te de dame Bella, ma tanle. des cadeaux et sablonot pour ma
• pouse ff^Di";») B., et je lui ai donné commission d*èLre mon
^P^'éseaunt â Naples par lettre de commission faite ici, par des
'^'^«nùcr |3«9sag« reproduit pu M. Neubauer p, 82.
90 REVUE DES ETUDES JUIVES
témoins valables, avec charge de remettre à madite épouse ('0T«)
lesdites sablonot à titre de kiddusehin^ devant témoins valables.
Quand Jacob vint ici, il me dit qu'il avait remis à madite épouse
Coin») B. lesdites sablonot devant témoins valables et connus et ayant
signé (l'acte de remise), et ceci me fut certifié avec vérité par d'autres
personnes. Tout bon et certifié : Jacob etc., Moisa eic.^ Hillkl^^.
b) ET NOUS TRIBUNAL lui avons demandé quels étaient les témoins
de la lettre de commission dont il parlait et disait qu'elle avait été
faite ici par témoins valables ; à quoi il répondit que ce furent R. Da-
vid bar Isaac et [25 a] R. Mardochée bar Menahem qu'il avait nom-
més (ou auxquels il avait fait allusion) dans ses allégations (T'DTrro
vm33>a3). Et les lémoius devant lesquels ladite B. avait reçu les
sablonot étaient (suivant Samuel) R. Jacob bar Samuel et R. Jacob
bar Josef. Tout bon et certifié : Jacob etc, Hillel etCy Moisis, etc.
12. — ITEM DIT R. Samuel : Parce que B. mon épouse ('0T^«) et
ma tante sa mère ne sont pas venues ici (à Marseille) dans le déldi
Convenu avec monseigneur mon père, monseigneur mon père m*a
forcé de prendre une autre femme en dehors de mon intention ("pn
t:>TO), mais je ne pouvais pas transgresser son ordre obligatoire»
C'est pourquoi lorsque, il y a trois ans et plus, elle vint ici, elle vint
dans ma maison, qui est la maison de monseigneur mon pèreR. Moïse «
en vertu (ns:^:^^) des fiançailles primitives et des sablonot précédente»,
et je l'approchai pnK "^na-ip) et elle demeura dans ma maison, c'est-
à-dire la maison de monseigneur mon père, environ trois mois, el
souvent nous étions ensemble (û'^nrPTiTS^ moi et elle dans les étages
et les appartements (û'^nnnm riT^b^ra], sans cesse, de jour et de nuit,
tantôt devant témoins, tantôt sans témoins. Lorsqu'elle eut quitté
ma maison, j'ai plusieurs fois mangé dans sa maison et couché dans
sa maison, sans cesse, j*y étais comme un familier et habitué (^rr^m
nbitfit b-^am n-nn). Mon cœur était fier d'elle (na oa), à cause des
fiançailles et des sablonot que nous lui avions envoyées moi et mon-
seigneur mon père à titre de kidduschin. Il est vrai qu'elle était encore
mineure quand elle reçut les sablonot, mais elle grandit (a acquis sa
majorité) après qu'elle est venue ici et qu'elle avait demeuré dans ma
maison, et quand elle a grandi, ses kidduschin ont grandi avec elle,
elle est donc mariée en vertu de ce mariage, qui est un mariage véri-
table. Tout bon et certifié. Moïsb g/c, Hillel tf^ç., Jacob etc.
13. — a) ITEM DIT R. Samuel : Afin d'écarter toute espèce da
doute, et quoique j'eusse pu m'en rapporter à ce premier mariage,
puisqu'elle avait atteint l'âge de la majorité et avait les signes connoa
(de puberté) ïipînn by nnr, et n'avait pas protesté (fait ln«'»73). avant
sa majorité, contre son mariage avec moi, et qu'étant devenue ma-
jeure, son mariage avait grandi avec elle; néanmoins j'ai voulu (p«f
surcroît de précaution) l'épouser par mariage de la tora et je TépouBai
ici devant des témoins valables et dignes de foi. En ce mariage p>f
lequel je l'épousai j*ai aussi voulu accumuler les précautions et le
confirmer, tout en sachant bien que des kidduschin faits une fois
LE PROCES DE SAMUEL IBN TIBDON
dt
lent, mois; pour qu*d ne pût y avoir ni discussion ni contestû-
T aucun de ces mariages, ni au suji^i des temoiiiâ, ûi au sujet
e la minorUé (de B»), ni à aucun autre sujet, je Tai épousée eDcore
lUQc fols devant d'autres témoins. De plus» quand je jouais avec cUe,
1« lui dûouais de l)eaux fruits et autres présents nnra), en des
«époques ditlcrenies, b-^a-n nnm n^Tan \n'^-'n ûai "^niacb kV^i ^nixb
lïSâi, Souvent nous étions ensemble dans les élage"* et les appar-
ais, devant témoins et quelque fois Bans témoins ; et aussi je
lâis, couchais et me tenais (couchais, la nuit ; me Unais, le jour)
<Uassa maison çontinuellemeni» les jours et les nuits. Une partie
àts \ ia mariage* ont sigué [25 ^1 de leur raain, pour attester
l<?ur . un acte de léraoiguage authentique, mais cet acte m'a
êl« voiu ou s est perdu. Je ne sais lequel des deux. Une autre partie
desiémoinsdu mariage ont porté témoignage devant eux (le bél-din)
tQ présence de témoins, et une partie^ ne s'est occupée ni de signer
ni de porter témoignage devant le tribunal, mais ils se sont récasés
*a disant: « Noui> n'avons rien vu, et si nous avons vu et entendu,
û<nis ne ren donnerons pas témoignage actuellement, et si (pour
5Vi>iruolre lomoignage) lu nous imposes une contrainte quelcoïKiue,
l»rla cour ou par serment ou hérêm, sache, en vérité» que nous nie-
f'iostout et que nous dirons quUl n'y a rien de vrai dans ton alléga-
Uon» car nous craignons pour nos léies et nos personnes, depuis que
nous avouB vu de nos yeux ce que les adversaires ont fait à toi et à
t^ témoins et à ceux qui le soutiennent et à ton père» et nous savons
««p'ils répandent d*or pour vous perdre (Kn« ^inDTsV) et pour vous
8H«indre dans vos personnes et vos biens ; qui pourrait résistera ces
toapsdc force? Nous sommes convaincus que nous ne pécherons pas
«û refusant notre témoignage, à cause de ce danger que nous signa-
loiis, car la Bible dit: Jl viv^ra par là, et non: // en mourra, ^ Les
témoins du mariage ne sont pas les seuls qui parlent ainsi, mais
^ucoup do témoins dont le témoignage serait formel sur d'autres
points se récusent et retiennent leur témoignage et s'abstiennent de
parler actuellement, parce que c*est dangereux, si nous ne leur jurons
pfis, par serment grave, que nous cacherons et tairons leurs noms et
tiélw ferons connaître â âme qui vive ni par acte ni par parole con-
cerDânt ct*{it matière, à cause de ces rebejles et terroristes [D''T3b«n
rînxTî'^) grands et puissants. Bref, Tacte de témoignage des témoins
ûu mariage signé par ces témoins, je ne sais commeut ils*est perdu,
fliaU beaucoup de gens Tout vu en vérité. Tout bon et eertitié : Jacos
»fe., HiLLKL itc, Moïse elc,
^] BT NOUS, TRIBUNAL soussigoé, Dous avoDS examiué celle alléga-
' C« pftisige. qui parait obscur, devient très clair si. par les mots * une partie des
'^otni du OiArtitge ». oa eoteod : uqo partie de tous les témoins que J'ai sur tous
^ tfu{| mtriage$. f avoir, les témoins du second mariage. Quelques lignes plus loio^
"» aiçiùt» mots dèâi^oent les témoins du troisième mariage.
* ^ w parli«4 c'est-à-dirtî les témoms qui avaicul vu le priHendu acte du secand
*'*"^. on ^ttclqutf-uttt d^ ctfui. (|iii aYeicut vu partir ou arriver ba loA/^n^f, atc.
92 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tion dudit R. S. disant qu'il a voulu épouser B. suivant la tora\îi
quMl l'a épousée ici (riD) devant des témoins valables et dignes de foi,
et nous lui avons demandé quels étaient ces témoins, et il nous a
répondu : Tun est R. Mardochée bar Menabem, je ne me rappelle pas
qui était Tautre, un acte signé par eux a été fait *, il m'a élé volé ou je
rai perdu. SUR es qu'il a dit qu'il Ta épousée une autre fois devant
témoins valables, nous avons demandé quels étaient ces témoins, et
il nous a répondu que c'était R. Mardocbée bar Samuel [lire : bar
Jekutiel] et R. Josef bar Samuel. Un acte de réception de leur témoi-
gnage a (en effet) été dressé devant un tribunal, il est entre nos mains,
et c'est là ce qu'il veut dire quand il allègue que quelques-uns des
témoins du mariage en ont porté verbalement témoignage devant le
tribunal. Les mots « un acte a été dressé de leur signature, il m'a
été volé ou je Tai perdu », qui sont en surcharge entre les lignes, et
tout le reste écrit ici, sont bons et certifiés : Jacob etc., Molsz etc.,
HiLLBL etc.
e) ET MOUS TRIBUNAL soussîgné avons interrogé ledit R. S. sur
ce qu'il allègue qu'il se rencontrait avec B. dans les étages et les
appartements, devant témoins et sans témoins, et lui avons de-
mandé si, dans ces rencontres, il avait accompli jusqu'au bout l'acte
du mariage, et il a répondu devant nous que non Kbn ivby M3 vh^
dbi^b iroyi2 Ma rns:^, [26 a] et c'est pourquoi nous l'avons dis-
pensé d'amener les témoins de ces rencontres. Le mot vh entre les
lignes, le mot dbi:rb sur la marge, et tout le reste qui est écrit dans
cet acte, est bon et certifié : Jacob etc., Hillel etc.^ Moïse etc.
n.
Seconde série des allégations de Samuel.
I. 14-15 a. Cadeaux envoyés à B. il y a six ans. — 15 ^. Le seconl mariage à Maf
seille. — 15 c. Plaintes contre le tribunal. — 15 d. Arrêt du tribunal (qu'il four-
nisse des preuves). La séance est antérieure de quelques jours a» 45 kislev.
II. Séance dtt43 kislev (dimanche 14 nov. 1255). — 16. Acte de réception du lémoi'
gnage de Mardochée b. Jekutiel (M. b. J.) et d'un autre témoin sur le troisième
mariage.
14. — VOICI les allégations de R. S. b. M. Tibbon, Sans leui
ordre, la première en premier lieu, la dernière en dernier lieu, ei
le mariage qu'il a fait avec B. devant R. Mardochée bar Jekutiel e
R. Josef bar Samuel est le dernier de ses mariages, c'est ce qu'il î
dit lui-môme de vive voix et ce dont convient aussi l'avocat qu
parle pour lui. Nous avons signé pour certifier la vérité. Tout boi
certifié : Jacob etc., IIillbl etc.. Moïse etc.
15. — a) IL EST ÉCRIT, dans mes allégations (c'est-à-dire dans le
* C'est son second mariage.
* C'ei t le Mul seni probable des mots *nC3t& rnZ)3^ ûm'^nnTSI.
LE PROCÈS DE SAMUEL IBX TIBBON
n
pracè8-trerbdux anlérieursi, que j*a vais charge B. Isaac Cohen, gendre
de dame Bella, a Naples, d'ôlre mon représeoLaot pour donner eu
flum nom, à lilre de kiddnschin^ les sablonot que je lui avais envoyées
(i îsaïc) pour les donner en mon nom. Les lémoios de celte com-
mission sont U. David bar Isaac et R. Mardocîiée bar Menahem» qui
étudiait dans sa maison (celle de David) et on français qni y Jogeiiit
ifiec eux, et îl y a de cela plus de six ans. Après un certain temps,
H. Isaac Cohen vint ici et nous raconta qu'il avait exécuté ma com-
mission et avait donné les sablonot à B. et qu^elle les avait reeues a
lirns de kidduschin véritables, en mon nom, de la main de R. Isaac
3» eu présence de mon parent le liakam H, Anatoli, et devant le
im H. Schemaria bar Elie, et devant R. Jacob bar Josefet R.
fitcob bar Samuel, qui se trouvaient là pour cela et pour autre
chose de ce genre. Peut-être trouvcra-t-on leur acte de témoignage
«cril et signé de leur propre main, ou peuln'^trc trouvera-t-oo des
WiDoiDS qui auront vu cet acte signé de leur main. Les sablonot
laisl que monseigneur mon père a envoyées à R. eu mon nom et
pu ma volonté^ et avec mon plein consentement du commence-
meot À la tin, il en a donné commission devant témoins^ quoi-
({ueoe ne fût pas nécessaire^ et l'homme à ce commis les a remis
li-ba8,à Naples, aux mains de la jeune fille mon épouse pnDin») B,,
fo {tré^enee de R. Abba Mari fils de R. Jacob et de R. Méir &<bD
TTTcx el de beaucoup de gens de la ville de Kaples dont je ne con-
fiais pas le nom.
h IL EST éCRiT VdàQS mes allégations que quelques-uns des té-
oloioidu mariage Tout attesté en un acte signé de leur main : ce
sont la les témoins du mariage que j'ai fait ici, à Marseille^ d'après
litoftf ', mais je ne me rappelle pas les noms de ces témoins et je
ne suis pas très bien sur de Tépoque exacte {de ce mariage?), el cet
icleijele dis en toute sincérité, je Fai perdu, je ne sais pas corn-
ment ni dans quelles mains il se trouve» mais sachez, en vérité,
<iu*ily a, dans la ville et hors la ville» beaucoup de personnes qui ont
îu cet acte signé de la main de ces témoins, qui étaieul valables et
%D«s de foi. [t6 ^] je ne puis les forcer, ni par contrainte ni par per-
^uisian, à venir devant le tribunal pour porter témoignage de ce
! j'ils ont vu écrit et signé par ces témoins, el si vous (tribunal)
i ii?ei/par héreni, les forcer à parler, faileslc. Tout bon et cer-
c) KT SUR CK QUE vous étes convenus vous deux* (DD'^DïD) de me
dire clore {Dirnb) en un jour toutes mes allégations en matière de
nanage (en une matière si difticile et qui demanderait plus de
Mips), je dis que vous n*en avez pas le droit, pas plus que de pro-
* Saoood pMHg« reproduit p«r M. Neub., p, 82-83,
* tm ÊÊCOùà rnanage.
* li j « Iroitf juges, Stmuel a probablemçtic à &e plaindre aurtoat da deu^
4%alr» «as.
94 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
noDcer les amendes dont vous me frappez (dans le cas où il ne se
soumettrait pas à celte décision), mais, par respect pour vous, je vais
cependant dire tout ce que je puis dire aujourd'hui (en ce seul jour)
sur ce que je me rappelle concernant le mariage et les cadeaux. Je vous
rapporterai aussi le récit des témoins concernant lessaàionot et le ma-
riage. Je dirai ce que je me rappelle, donnant le certain pour cerlB'O,
le douteux pour douteux, le oui pour oui, le non pour non, et moa ow
sera vrai et mon non sera vrai. D'après moi, vous êtes forcés de me
dire* ("^b )7)^b) pourquoi vous m'avez condamné à clore mon plaidoyer,
car c'est une question où, même au bout de nombreuses années, je
pourrai en appeler du jugement en cette matière, avec des argumeals
ou des preuves nouvelles, si j'en trouve, même si le jugement cîail
rendu par le tribunal de Moïse», et même si (maintenant) je voas
disais mille fois que je n'ai ni témoins ni preuve. Pourquoi donc me
conjurez-vous en pure perte (d'amener des témoins), surtout en celle
question où tout le monde sait et voit (agir mes adversaires) les 1er-
rorlsles, et pourquoi éhaque décision qae vous prenex à mon sujet
est-elle accompagnée, sur chaque point, d'une clause d'amende?
Tout bon et certifié : Jacob etc., Hillel etc., Moïse etc.
d) ET NOUS TRIBUNAL avous, d'uu commun accord, ordonné a
R. S. b. M. Tibbon de nous apporter l'acte du tribunal qu'il a sur la
réception (devant ce tribunal) du témoignage du mariage en lequel
il dit avoir épousé B., fille de R. Jacob Cohen, devant R. Mardocbée
bar Jekuliel et R. Josef bar Samuel, et le tribunal (devant lequel
cet acte fut dressé) était composé de R. Simson bar Abraham el
de R. David bar Jacob fils du Nadib R. Salomon»; et lui avons or-
donné d'apporter cet acte d'ici jusqu'à dimanche prochain qui est le
43 kislev.
16. — a) Au jour dit, il vint devant nous (le tribunal) et apporta
ledit acte, en voici la teneur :
b) « NOUS TRIBUNAL soussigné * avons été sommés par R. Samuel
bar Moïse Tibbon de recevoir le témoignage suivant de la part des
témoins suivants qu'il a amenés devant nous, en tout ce qu'ils té-
moigneront et diront mot pour mot ; Et avons reçu leur rapport,
chacun parlant en l'absence des autres, selon le droit et la règle, en
tout ce qu'ils ont dit, sans addition ni retranchement (de notre pari).
Et nous les connaissons pour témoins valables, auxquels *nous ne
connaissons aucune incapacité testimoniale. Voici donc le témoi-
gnage qu'ils ont fait devant nous.
c) » R. MARDOGHÉE b. Jekutiel a dit, en témoignage authentique
qu'étant une fois entré dans la maison de dame Belle, fille du hakai
R. Samuel Tibbon, il y avait trouvé R. Samuel fils de son frère (frèi
1 II manque probablement un mot.
« Inutile d'avertir quMl s'agit ici du Moïse de la Bible.
» U manque Iq nom de Juda bar Abraham, comme il est facile de s'en convainc
par la suite.
♦ Troisième passage reproduit par M. Neub., p. 84.
LE PROCES DE SAMUEL IBN TIBBON
95
^Bella} R* Moïse Tibboa, qui y était seul avec B., fille de dame
rilftiei lui parlait des tiaDcaillcs autérieiires el des doos et présents
r«13i msta) que lui et son père lui avaient envoyés (à BO à titre
^ol, quand elle était encore à Naplcs, [27 a] par riuleriné-
plusieurs personnes, et il l'appelait son a épouEe », Et tout
fclui disant cei^ choses en ma présence et en celle de K. Josef bar
Duel, qui élûit là avec moi, il sortit de sa poche uûe (leur en ori-
lu^ el la donna a ladite B., devant nous, ù titre de kidduscAin^ et
\ûli : • Tu es depuis longtemps mon épouse pnonnK), sois encore
i épouse ('Sin») par cet objet. » Et il lui dit aussi en provençal :
' ceci mon « épouse o. Après que ce têmoiD eut parlé, nous
Dgeàmes : Dans quelle maison était-ce -f Réponse : Dans la
oa que dame Bel la avait louée de R. Jonalhan fils de hokam
[»A»igdor. — Quels jour, mois, année ? Réponse ; il ne savait ni se
fl>flaitlu date mensuelle, mais il savait que c'était en tammuz de
4) • APRÈS QUB ce témoin fut sorti, on fit entrer R. Josef bar
Simud, et il témoigna devant nous parlant do lui-même ivdiq, sans
! Les juges lntervin^sent pour f interroger)^ conformément à tout
^qu'urait dit le témoin précédent^ sans addition ni r^trancliement,
rlifê faits, le lieu el Tépoque, seulemeni il ne se rappelait pas le
fcr. Bî après avoir reçu ce témoignage de leur bouche, selon la
, nauf» avons écrit et signé selon tout ce que nous avons en-
i de ieur bouche, lettre par lettre, mot pour mot, et nous avons
aé[r«cte> audit R. Samuel bar Moïse Tibboo pour lui servir de
kStiisox Bar A3£abam ibn ^"Tz^iz D«bo , Juda rab Abraham
iri0 Bar Jacob pîls du nadjïi R. Salomox n''33. w
^BT voiCi la léjîaljsation (Dvp) de celL acte 'elle est en araméou) :
r Nous juges sooâsigués siégeant tous trois ensemble, avons vu
•cle dressé par les juges R. Simsou bar Abraham ibn S la m
Set R» Juda bar Abraham Yt et H. David bar Jacob fils du
R. Salocooû r"23 ; et sont venus de%'anL nous R. Simson hor
iiiâm el R* Juda bar Abraham lesdits juges, et ont chacun porté
oiÇQftge de leur signature qu'elle est authentique ; et est venu un
lat de la rue et a témoigné que la signature du juge David
Jacub cii»jt authentique, et Icsdits juges Simsou bar Abraham et
bat Abraham ont chacun également certihè l'authenticité de lu
liure du juge David bar Jacob. En conséquence, nous avons
iùù et légalisé Tacte comme il convient^ el il est cerlihé el léga-
Josxr fi.4Ji Abraeah "^"ns, Isaag bah Juda n^n, Abaqam bah
I* »
^'•M-è-dif6 en cttîTre iloré«
96 REVUE DES ETUDES JUIVES
III
AlUgaiUms de Bienvenue,
17. — ûh. Incompétence des juges; c. Témoignante en l'absence d*une des ptrties;
d. Juges ennemis de B. ; efg. Défauts de forme ; A. Témoins i invalider. — 18,
1 9, 20. Témoins corrompus.
17. — a) VOICI les réponses de B. la défenderesse, faites par
R. Abraham bar Laveyre, son avocat (l^^na) :
h) D'ABORD, JE DIS devant vous, juges, qu'il n'y a pas lieu de
tenir compte et de se préoccuper et de faire état de cet acte de ré-
ception de témoignage produit devant vous par R. S. b. M. Tibbon,
et cela pour plusieurs raisons. Premièrement, il n'a pas été fait par
des juges experts et instruits et connaissant les règles et procédés de
témoignage et l'art d'examiner la bonne foi des témoins et de les
embarrasser, comme l'a écrit le grand rab R. Isaac le grand, fils
d'Abba Mari, dans son livre * [Il b] (suit un passage d'ordre pure-
ment théorique sur Taudition des témoins, 9 lignes). Ces juges qui
ont reçu ce témoignage n'ont jamais sérieusement appris le Talmud
(tab*u^73 KnJt3)D irmy Kb), cela se voit à leurs paroles, à leurs actions
et à leur rédaction, et ils sont connus pour n'être ni experts ni
instruits pour la réception des témoignages et pour examiner les
témoins et les embarrasser, et pour multiplier les questions qu'on
leur adresse et pour les scruter, les faire passer d'un point à Taulre
dans l'interrogatoire, afin de les réduire au silence ou de les amener
à se rectilier^ si leur témoignage contient quelque inexactitude,
comme il est nécessaire d'examiner et d'embarrasser les témoins et
de recevoir le témoignage selon la loi et le droit, et ces juges ne
savent pas quelle est retendue/ et la gravité de la faute de celui qui
laisse porter faux témoignage "^Vt imsnxx «irr rroDi.
c) DE PLUS, ils ont fait erreur en recevant ce témoignage en secret,
sans en informer B. et sans lui communiquer le témoignage, comme
c'est obligatoire, car il est de règle qu'on ne reçoit témoignage que
devant la partie adverse, à moins qu elle ne fasse défaut après avoir
été convoquée ; de sorte que, lors même que ces juges seraient
experts et que les témoins seraient valables, un acte dressé dansées
conditions ne fait pas foi, comme l'a écrit le rab susdit (suit un pas*
sage d'ordre théorique, 4 lignes). Sachez et voyez à quel point oef
juges se sont trompés en recevant ce témoignage, ils l'ont reçu ^
l'absence de la partie adverse, et le mal commis par eux est d'autant
plus grand qu'ils savaient, à l'époque où ils ont reçu ce témoignage^
qu'il y avait contestation sur ce témoignage, car B. et tous ses ami^
« Cesl le Sffkr ka-ittmr.
LE PROCÈS DE SAMUEL IBN TIBBON
97
tajeot, ei eux (l6s juges) ne les oui pas informés (pour as-
la séance^
I ]TEM, une autre erreur de ces juges est qu'ils n étaieûl pas com-
ficuts pour former uo tribunal en rieo de ce qui concerne B. et R,
Isaac bar Isaac, car ils sonl tous (ces juges) les ennemis de H, et du
l£<iit R. Isaac, sou mari, ce sout eux qui ont créé et fait uaitre lout
procès et cette querelle et celte inimitié qui s*est éle%'ée entre R,
et B. et sa mère dame BelJa, et tout le moode sait que tout ce que
S. b. M. a fait [tH a] a été fait sur leur avis, leur ordre et leur con-
II» ils y ont aidé â toute heure et de toute leur force', a la cour et
fs la cour, et se sonl engagés à fond pour lui (nmprï *^2'^T2 ic:=î51
!»2?3\ et cependant ils se sont constitues eii tribunal sur ce sujei,
(ensachant qu'ils ne le pûuvaieut pas, car nous avons dans la
lie de grands hakamim, plus instruits qu*eux, mais la haine est
uvaise conseillère. La preuve est que chaque fois qu*on parlait
fuae transaction sur ce sujet à R, S. b. M,, il répondait : Aile?, chez
1. Juda bar Abraham et chez R, David bar Jacub et ptirlez-eu avec
1. car Ta ffa ire dépend d'eux^ non de moi, et tout ce qu'ils voudront
médiront de faire, je suis prêt à le faire et à le tenir, CE qui le
ïmve encore, c'est que les dits R. Juda bar Abraham et R, David
Jacob, qui ont reçu ce témoignage, ont dit publiquement, dans
rues et sur les places, quand on parlait de transaction avec R.
ffse et R, S. son fils : « Ne vous adressez pas à eux, mais â nous,
ffatre ne dépend pas d'eux, mais de nous. » R. Simson aussi, le
•Isiéme juge, a dit en public que tout ce qu'il avait fait (comme
itigateur), il l'avait fait par haine contre R. Isaac bar Simson et
atre le tils de celui-ci, lesquels il haïssait d'une haine violente,
»ilà de grandes et fortes preuves que ces jugfs sont leR ennemis de
et de son mari, et il est dérègle qu'un ennemi est incapable d être
Se; par conséquent, s'ils étaient experts, ils ne se seraient pas
llsii tués juges en rien de ce qui regarde B. et R, Isaac son père
Uz: son beau-'père ou son mari], car un homme expert sait qu'un
lemi ne peut être juge, comme dit la règle : « Ne peut juger qui-
i(]ueade la bienveillance ou de la haine (pour la partie inté-
tj ITEM, AUTRE KKREtJH : le témoignage du second lé moin n'a pas
reçu comme il faut, car il est dit, dans Tacte qu'ils ont tait, que ce
ùad témoin a dit lout ce qu'avait dit le premier, mais son lémoi-
kige n'a pas été exposé explicitement, et la régie dit : « Si le témoin
^îli je témoigne comme l'autre, son témoignage est nul par mesure
ï^libiaîque» * et les mesures rabbiuiques doivent être observées plus
*tndemeul que celles de ia iora. DE plus, le second iemoin n'a pas
: qu'au moment où, suivant lui, les kldduscÂt/ir furent fiiils
imuel), l'autre témoin n'était pas présent avec Jui (ne faut-il
pa^ plutôt: était présent?)
r^ iE DIS, en outre, qu'ils ont fait erreur, car, s'il est vrai que
1<>*S îobbiûs n'ont pas ordonné de marquer Tépoque des kidduscàiu
96 RRVLE DES ETUDES JUIVES
Cl'^npa 173T ispn «b), cependant, après que ces témoins ont i
le mois et l'année, mais n*ont pu indiquer convenablement :
puisqu'ils n*ont pas su indiquer le jour et la semaine, cet i
nulel infirmé par son contenu, et par conséquent ce témoigo
nul, car R. Eliézer convient qu'un acte qui s'infirme par so
tenu est nul.
g) JE DIS, en outre, que ces témoins devaient absolument ii
le jour et la semaine où ils assistèrent au mariage, car B. s a[
les démentir et à les invalider, en vertu de l'opinion du susdi
il faut que les témoins de l'acte se souviennent de la date, qm
a d'autres témoins qui les invalident "^finr: szps -^st: 'n'^3'7
et puisque nos témoins ne se rappellent pas le jour, leur témi
échappe à la vérification et est nul et sans valeur.
h) ITEM, CBS JUGES ont commis une autre erreur : ils ont
témoignage de gens qui ne sont pas propres à témoigner, p
verses raisons connues de tout le monde, car ils sont répul
propres au témoignage pour tous les motifs possibles d^nvali
car ils sont voleurs, joueurs [â8 b] et ils n'ont pas d'autre pro
que celle-là (le vol et le jeu ?), et l'un d'eux est soupçonné d'ac
et ils ne sont pas [instruits] ni dans la Bible ni dans la Miscl
dans les usages du monde ;y*i« T^T\ et bien des fois ils oni
gressé les décisions de la communauté, et le dit rab a écrit: I
suite que quiconque transgresse les décisions de la commuua
impropre au témoignage, car c'est ■^lû'^n nrnnO; c'est auss
nion de R. Jacob et de B. Mescbullam b"j (suit une petite dis<
théorique, 6 lignes).
(La fin au prochain numéro,)
HISTOIRE D'UN PEÊT FORCÉ
BmBDË A LA COMMUNAUTÉ DES JUIFS DE FKAUCFORT
EJS 1622-1623
lej maux que les Juifs eurent à souffrir pendant la guerre de
TPDnl'* Ans furent bien moiiidres que ce qu*ûH aurait pu craindre
dflVxas|>ération des [>artis belligérants, de la sauvagerie et de la
brutalité des mœurs amenées par ces luttes interminables. Toute-
fois <iu»^lqups communautés isolées ressentirent toutes les lior-
«arsdu fléau et quelques-unes disparurent même entièrement *,
Néanmoins, le savant juif llabii Nurlingeu, qui écrivait vers 1630,
prétend que ses coreligionnaires ont été moins éprouvés que les
chrétiens*. Les Juifs des villes libres surtout se trouvèrent re-
toteroent en sûreté perUlant cette période agitée. Peu de temps
avant l*explo^ion de la guerre, les villes libres de Worms * et
fc Francfort avaient expulsé leurs Itabitants juifs. Ces expulsions
'ejoifs étaient fréquentes alors et jusque-là elles s^étaient ac-
s impunément. Mais, cette fois, il se produisit quelque
1 inattendu : non seulement 1 empereur Mathias II imposa
ic€3 cités le rappel des expulsés, mais il punit sévèrement les
'•^s et obligea les habitants à restituer aux Juifs ce qui leur
tr pris ou à les dédominyger. Cette ieçon iiilligi'e par Tem-
pereup aux villes libres ne fut pas perdue pour Tavenir : elle
eoi - cités d'abuser des mesures arbitraires à l'égard des
Ju i 1 i à la murt de Mathias 11, Ferdinand 11 mouta sur le
Ifûfle impérial ItîS Juifs purent craindre d'avoir à traverser des
temps difficiles» sous un prince auquel on prétait cette parole
sjgniflcative quHl aimerait nii^ux régner sur un désert que sur
I çé V..... Dif ntfnaffifjiiU PtétAta du MttUlaltert, p. 342-343.
• \ . Ueuk. dtr Judetê, X, p. 3'.l, et i^urlout la noie 2,
« \«-. :. .-, iJtÈthicktt dtr Juden tan Wonm^ el, dûiia Geschiehte dei- Jufien ro«
^w^fUi^s-a^'M» tU Kriegk, l« chvpitte iatuylé i rémeulo dû PeUinilcIi *.
iCO RBVCE DES rnJI>KS JniTES
an État peuplé d'bérétiqaes. Ileareusement, ils se trompèrent
leurs appréhensions. Malgré son intolérance envers ses sujeli
protestants, il fat à Tégard des Juifs d'une remarquable maox
suétude. Nous avons une série d*édits par lesquels il défendit
chaleureusement les droits menacés des Juifs, recommandant l
ses généraux et à ses soldats d'épargner leur vie et leurs biens,
de ne pas les accaJbler de contributions de guerre, de billeU
de logement pour les troupes, etc.; et de les protéger en toute
circonstance autant que possible ^ Le récit qui va suivre est
une preuve de Ténergique intervention de ce prince en faveur
des Juifs *.
La bataille du « Weissen Berge »» avait mis fin rapidement à la
puissance du » roi d*hiver » Frédéric V de Bohême ; fuyant devant
la vengeance de l'empereur» il avait fini par trouver un asiieeil
Hollande. Cependant Tempereur cherchait à user de sa victoire
sans ménagement et à dépouiller TElecteur proscrit de toutes set
possessions. Bientôt Tarmée de la Ligue, commandée par Tillf,
jointe aux troupes espagnoles, envahit le Palatinat inférieur et coi
quit successivement toutes les places fortes* Elle fut arrêtée danÉ
ses succès par Ernest de Mansfeld , que Frédéric V avait nommé soi
généralissime. Au printemps de 1622, celui-ci arriva sur le théâtre
de la guerre, à la tôte de 20,000 hommes, et réveilla le courage é
Frédéric V. Ce prince quitta La Haye et se rendit au camp di
Mansfeld, La campagne s'ouvrit par le succès que remporta Mans
feld près de Mingolslieim et de Wiesloch, Si le généralissime paf
venait à faire sa jonction avec le duc Christian de Brunswick, q**
arrivait du Nord, Tilly allait se trouver en grand danger. Mans-
feld s*avança donc à la rencontre de son alli*^, à marches lorcées
Le 2 juin, lui et le comte du Palatinat atteignirent Dannstadt,
qu'ils traitèrent en ville conquise. Le trésor de guerre de Mani
feld se trouvant complètement épuisé, il demanda au landgravi
Louis de Hesse, un emprunt de 60,000 florins ^. Celui-ci, poi
écha[)per à cette prétention, prit la ïuite, et Mansfeld se vit oMig
de chercher un autre moyen de se procurer de rargent.i)ans
ville de Francfort, située non loin de Darmstadt, demeuraieti
beaucoup de Juifs riches ; quoi de plus commode que de cherchi
à leur extorquer les sommes d'argent nécessaires ? Mansfe
comptait les etîrayer par ses menaces et les plier ainsi à ses ex
< Voir rarliclo de Wolf, Dh Jndtn unter Ferdinand II, dins Jaht'htuk /llr
GeichûhU def Judtn^ 1, el surtout les appendices III, VI, XIIL
* Los matédiux do «e travail nous ont été fournis par environ 41 documents
Arcbives municipales do Franclt»rt~sur-Mdn.
* Voir Gindoly, GtuhiehU det Jtf jàhrigen Krit^t^ 11^ 364,
msromE d'un prêt force bemandê aux m¥$ de fbancfort un
lences. Dès le 3 juin» il cliar-f^ea de cette mission le lieiitenant-
olonel Lippe, qu*il envoya à FrancforI: en lui donnant des lettres
* créance |iour le Coiïiàeii, Mais, au lieu de s'adresser à celui-cî et
^ lui communiquer ses ordres, Lippe se rendit, aussitôt après
rivée à Francibrt, auprès des î>n?sidents (Baumeister) de la
iunauté des Juifs, qui s'étaient réunis dans la salle de la
mmimauté. Là, en ^ qualité d'envoyé du « roi de Bohême », il
la déclaration suivante : Les Juifs savaient bien qu'ils étaient
kligés de [»ayer, tous les ans» un ImiuU de protection aux princes
lecteurs du Pafatiuat, et qu'ils avaient, de ce chef, un arriéré de
iaelques années à payer; le roi ayant préci-sément besoin de fortes
_tomes pour recouvrer ses États héréditaires, il exigeait: d'eux
îp paiement immédiat des sommes érhues et, en outre» une con-
tribution supplénaentaire de 60,000 thalers ; en retour, il leur as-
^^urait sa protection lïour Tavenir.
Celte réclamation, fondée sur des motifs si étranges, provoqua
Jlitz les Juits la surprise la phis vive. Il leur semblait dérisoire
Hie le prince dépossédé, qui ne pouvait se protéger lui-même,
Teup utTrit ^a protection» Ils répondirent au lieutenant-colonel
jl*ils n'avaient Jamais été les protégés du Paîatinat et qu*ils n'a-
Bient jamais entendu parler des droits à payer, à cet effet, au
pi'ince^électeur. Ni leurs quittances, ni leurs registres n*indi-
puaient rien à ce sujet. Au surplus, il leur était défendu sévère-
ment, par rautoritë supérieure, -x de procéder, à son insu, en ma-
cère si grave i^. Lifipe déclara qu'il attendrait leur consentement
Jusqu'au soir. Entre temps, ils pourraient communiquer sa de-
^pndeaux deux bourgmestres ; ce qui fut fait. Les bourgmestres
^'èrent les Juifs de soumettre au Conseil, qui se réunirait le
kMemaïn (samedi), un procès^verbal de Tentretieu qu'ils avaient
Havec le lieutenant-colonel ; au surplus, ils devaient, dans une
^BT^vue ultérieure, faire observer à celui-ci que l'électeur du
Hlatinat n*avait aucun droit sur les Juifs de Francfort, Le lieute-
■Bt-oolonel finit par reconnaître ce point: il s'excusa en disant
Wif, ses instructions ayant été écrites à la hâte, il y avait eu une
*^eur de commise. Cependant il persista dans ses réclamations.
lUit qu'il attendrait jusqu'au samedi soir la résolution définitive
des Juifs pour la communiquer à Sa Majesté royale, qui, certes,
fronierart d'autres voies et moyens pour faire valoir ses droits sur
fes Juifs,
Entre temps, Lippe avait remis ses lettres de créance au Con-
piL Hais, à son grand étonnement, celui-ci n'y trouva pas la
lO/ndre justification des prétendues obligations des Juits envers
acteur du Paîatinat. Au contraire, Mansfeld disait simplement
102 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
qu*il avait besoin d'argent pour payer ses mercenaires, il n*atteik .
dait pas que la ville lui en donnât et il ne l'exigeait pas. Il voil^
lait seulement entrer en relation avec les Juifs de la ville pojxrt
leur faire un emprunt de 100,000 thalers, qu'il entendait restituer
prochainement. L'envoyé du roi faisait encore observer aux con-
seillers délégués que son maître emmènerait ses troupes hors du
territoire de Francfort, dès qu'il pourrait satisfaire à leurs exi-
gences, et que, dans le cas contraire, il serait obligé de camper
devant la ville, qui aurait ainsi à supporter tout le fardeau de la
guerre. Les conseillers délégués déclarèrent que, vu la gravité de
l'affaire, le Conseil assemblé pourrait seul en décider. Cependant
ils engagèrent Lippe à entrer en pourparlers avec les Juifs eux-
mêmes.
Le lieutenant-colonel se rendit, en effet, dès le dimanche soir,
auprès des chefs de la communauté juive — il n'était donc pas re-
parti le samedi soir — et exigea, en prétendant y être autorisé par
le Conseil, un prêt de 100,000 thalers, accompagnant sa demande
de violentes menaces. En vain les Juifs firent-ils observer qu'ils
ne pouvaient se procurer une somme aussi forte, en vain oflH-
rent-ils 10,000 à 15,000 florins. Lippe déclara qu'il ne rabatterait
pas un liard de la somme demandée. II ne restait donc aux Juifs
d'autre ressource que de s'adresser au Conseil en implorant son
assistance. Il était, d*ailleurs, de Tintérêt du Conseil que ses con-
tribuables ne fussent pas trop pressurés. Cette fois encore, comme
en d*autres circon^ances beaucoup plus importantes, le Conseil
montra quil manquait du courage nécessaire pour prendre une
attitude décidée ; il chercha, de nouveau, un compromis pour
mettre les deux partis d'accord. Dans sa séance du lundi, il dé-
cida de ne pas exercer de pression sur les Juifs, mais il leur Bl
comprendre qu'ils eussent à s'entendre pour le mieux avec l'en-
voyé royal, afin d'éviter des dommages plus considérables. Les
Juifs entrèrent alors en pourparlers avec le comte de Mansfeld
lui-même et trouvèrent chez lui beaucoup de bon vouloir. En effet,
il avait appçis que Tilly s'avançait à sa rencontre, et, comme il ne
voulait pas se mesurer avec ce dernier avant sa jonction avec
Christian de Brunswick, il était forcé de quitter, sous peu, Darm-
stadt et de se mettre rapidement d'accord avec les Juifs au sujet
de l'emprunt. Ceux-ci finirent par consentir un emprunt de
10,000 thalers, mais ils reculèrent de jour en jour le versement de
cette somme, désireux d'attendi-e pour savoir de quel côté tour-
nerait la chance de la guerre. Christian s'approchait déjà, venant
du nord; le 12 mars, il avait établi son quartier-général à îsiddt
(grand-duché de Hesse; ; de là, il envoya le colonel Dodo de Knip-
mSTOIRB OTN PRET FORCÉ DEMANDÉ AUX JUIFS DE FRANCFORT
liâUî«pn à Francfort et fit <1ire au Conseil qu'il songeait à marcher
m Frant!fL>rt et à traverser le Mein; ii ne tenait pas à traverser
Iitilje, mais, en échange, il priait qu'on mît des bateaux à sa dis-
pwiMon* f^our que ses troupes pussent traverser le iîeuve, et,
€ comme en temjîs de guerre, on a toujours le droit de rançonner
les Juifs, « ii demandait qu*on les imposât d'une somme de 30,000
ers.
fait qu'à quelques jours dlntervalle on avait adressé de
ieuxciHés différents des demandes si considérables aux Juifs de
IVilie rendit le Conseil hésitant. Que signifiait cela encore^ 11
lit bien combattre cette prétention sur les Juifs, qui en fai-
sait une sorte d'épongé que chacun pourrait presser à son gré. Le
B«eiî renvoya le colonel en lui faisant savoir que le duc était
5 l'erreur; que les Juifs nVtaient pas à la merci de tout arbi-
Iraire, mais <r qu'ils étaient placés sous la protectioji et sauve-
deda Sénat ». Lesnéj^ociations des Juifs avec Mansfeld étaient
venues aux oreilles de Tilly, mais toutes déiigurées : « Mans-
feld, loi avait-on dit, avait imposé au clergé catholique une con-
îfibulion de 200,000 florins, et aux Juifs une contribution de
l0O,OOO jîorins, et, ces derniers, efirayés, seraient disposés à lui
donner 10,000 thalers. »> Tilly écrit donc à la date du 13 juillet,
irBbon<lailt [près de la » Bf'r^strasse »), une lettre menaçante au
Conseil, disant que ta conduite de fa ville, en cette affaire, le sur-
prenait au plus haut point, que le devoir de toute autorité était
dêdt'femire les sujets et de les proté^^er contre de semblables pré-
ienljons [Itisotentien]^ surtout lorsqu'il y avait de ce chef grand
ilomma^re pour les intérêts de l'empereur, leur très gracieux
matlre. Il exigeait donc formellement que la ville ne fournit pas
f avances à ses ennemis et refusât éner^^iquement les conditions
imposées au clergé catholique et aux Juits. Si le comte recevait'
nn seul liard de la ville, les Conseillers en seraient responsables.
Sïn commissaire de la guerre, Alexandre Massoni, devait met-
tra rembargo sur les 10,000 thalers remis, entre temps, par les
Juifs.
Ainsi le chef de la troisième armée qui se trouvait dans le voi-
tiuage de Francfort, venait d'entrer également dans le débat. Dans
sa réponse, le Conseil protesta de sa soumission inébranlable aux
intérêts de l'empereur, mais ajouta que les ennemis de la ville
avaient répandu des bruits malveillants au sujet des négociations
tnljimëes avec Mansfeld. Celui-ci n^avait pas eu, vis-à-vis des
Juifsnj vis-à-vis du clergé, des exigences semblables à celles que
TUly décrit dans sa lettre. Contre la volonté formelle du Conseil
-^ceci n*est pas très exact —, te général ennemi avait su décider
101 REVUE DES ETUDES JUIVES
les Juifs à lui prêter une somme de 10,000 florins, mais comme il
ne leur offrait pas de garanties suffisantes et comme il avait agi
en se passant du Conseil, il n*avait encore rien touché. La ville
saurait se défendre de la même manière contre toutes les préten-
tions de la |»art du duc Chri:^tian de Brunswick qui, sur ces en-
trefaites, était arrivé jusqu à Oberursel.
Le duc, en effet, qui opérait de cono^rt avec Mansfeld, avait ap-
puyé la demande de celui -ci, mais en la présentant sous une forme
moins brutale : C'est, disait-il, un antique et c excellent » usage,
en temps de guerre, que, lorsqu'une Armada passe près d'une ca-
pitale, d'une seigneurie, d'un duché ou d'une principauté, les
Juifs qui y demeurent soient obligés de verser au commandant
du quartier général une contribution fixée à l'amiable; c'est pour-
quoi il envoyait dans la ville son intendant Albrecht de Westenba-
gen, pour qu'il s'entendit avec les Juifs de Francfort et des envi-
rons afin de fixer le chiffre des sommes qu'ils auraient à lui
payer. » Mais lorsque Christian apprit que les Juifs remettaient
de jour en jour le paiement des 10.000 florins promis au comte,
il feignit de prendre parti pour les intérêts de celui-ci, et exigea
l'exécution immédiate de leur promesse, sinon il serait contraint.
à son grand regret, de prendre contre eux les mesures que conseil-
leraient les circonstances.
Ni le Conseil, ni les Juifs ne se laissèrent intimider par ces me-
naces vagues. Une rencontre était inévitable entre Tilly, qui se
trouvait déjà sur la rive droite du Mein, et Christian, qui n'avait
pu faire sa jonction avec Mansfeld. On voulut attendre l'issue de
la lutte pour prendre une décision. Le 20 juin 1622, les troupes de
Christian subirent une défaite près Hochst sur le Mein, et Chris-
tian ne put amener à Mansieid qu*un faible contingent.
Les Juifs de Francfort purent croire que c'en était fait pour
toujours des prétentions de Mansfeld et de Christian. Comment
auraient-ils $upi>osé que c'était précisément à ce moment qu'ils
allaient être inquiétés de tous les côtés à cause de l'emprunt con-
senti à Mansfeld ? Mais les chefs de l'armée avaient besoin d'ar-
gent et ils étaient résolus à en prendre partout où ils pourraient
Au surplus, il s'agissait de Juifs, avec lesquels tout est permis. D'a-
bord arriva notre connaissance, le lieutenant-colonel Lippe, qui
se présenta à Francfort, le 10 octobre 1622. D exposa au Con-
seil les embarras qui^lui étaient survenus par la faute des Juifs :
Ernest de Mansfeld lui avait, en effet, fait cession des 10,000 flo-
rins promis par les Juifs, et avec cet acte de cession il avait pu
faire des emprunts en différents endroits, Worms entre autres.
Lorsqu'il produisit cet acte devant les Juifs, ils ne jugèrent pas à
OIRE DTN PRÊT FORCÉ DEMANDÉ AUX JUJFS DE FRANXFORT 105
propos d y répondre et, naturellement, le ConseiK de son ctit<^, ne
inl|>as sa demande en considération.
Une autre réclamation, faite aux Juifs par rarchiduc Léopoîd
fAijlrichet qui couvrait alors TAlsace contre les attaques de
feJd, ne fut pas aussi facile à écarter. A sa requ^^te, le 17 jan*
1623, le colonel Annibal de Schaueiibourg, commandant de
orms» déclara au Conseil que, Terapereur ayant rais le séques-
Ittf la somme promise à Mansfeld, son frère, Tarchiduc Li^o-
ftTait décidé qu'elle servirait à payer les troupes campées
ilôurde Worms. Le Conseil était invité à remettre immédiate-
êDtrargent à son fondé de pouvoir.
Le Conseil répondit aussitôt au colonel que rarchiduc avait évi-
toment été mal renseigné sur le véritable état des choses. Il
lit TTâl que les négociations entamées avec le comte avaient
itcrolreque celui-ci était effectivement entré en possession ^le
kfgenl, c^est ainsi que le Conseil s'expliquait la réclamation que
llly lui avait adressée, mais Tilly s*était désisté après avoir reçu
B explications du Conseil.
Cependant Tarcbiduc ne se laissa pas convaincre si facileraeiit,
i, pour mieux dire, ne voulut pas se laisser convaincre, pour ne
islaisi^er échapper cette grosse somme. Le Conseil avait beau
lînnerque les Juifs étaient entièrement innocents en raffaire,
t»r^ch3ît à des sourds : le colonel cle Sclianenbourg reçut Tonlre
^p»*rsi:* ter jusqu'à ce qu'il eût triomphé de la résistance du Con-
il. Potir peser plus fortement sur ce dernier, l'archiduc s'adressa
*0Q frère, l'empereur Ferdinand, et le décida à écrire au Coa-
Il une lettre, qui arriva à Francfort le P"" avril- Il y était dit que
Xansfeld le proscrit, le destructeur du royaume, avait extorqué
Juif5, sous menace de rançonnage, une somme de 10,000 tha-
, que le Conseil détenait actuellement; cette somme revenait à
upereur seul, comme ayant été Qffensé dans sa personne de
réme: le Conseil était donc prié de verser ladite somme,
lique et sans délai, à son frère Léopold, qui en donnerait
et quittance. »
ur la troisième fois, le Conseil dut faire un rapport détaillé
iliistoire des 10,000 florins ou 10,000 thalers. Dans sa ré-
i l'empereur il dit, non sans quelque inexactitude» qu'il
lit Tertement relevé l'absurdité des prétentions de l'envoyé de
et en^^agé les Juiis à éviter d'entrer en pourparlers avec
sit oéaiimoins, ces derniers l'avaient fait, on ne pouvait les
r ni les en punir, la craiute que Mansfeld, en cas de re-
de représailjes sur leurs coreligionnaires habitant aux
106 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
alentoars de la ville, les avait engages à Tamuser par de vain^
promesses jusqu'à ce que la victoire des armes impériales i
Hôchst les eût délivrés de toute alarme Par contre, pour témoi-
gnage de leur zèle pour la cause de Ferdinand, ils avaient doaoé
à Tilly, son général, 25 chevaux avec leur barnacbement, et
d'autres équipements pour son artillerie ; cette générosité était
d*autant plus méritoire pour les Juifs, que la longue durée de la
guerre avait ruiné tout à fait le commerce, et provoqué une dimi-
nution sensible de leur fortune. Beaucoup d'entre eux avaient
désormais de la peine à gagner leur vie. C'était amener leur ruine
certaine que de leur demander 10,000 florins, dans la situation
où ils se trouvaient. »
Sur ces entrefaites, le major du régiment de Scbauenbourg,
Ertl d'Erlau, exaspéré par un nouveau refus des Juifs de Franc-
fort, avait eu recours à la force. Il avait fait emprisonner, parles
soins du prévôt du régiment, un Juif de Francfort, demeurant au ^
a chant des oiseaux » (ziim Voçtlgesang), qui s'était trouvé juste-
ment à Worms, et un Juif de Worms nommé Beider Kamwit
dont le père habitait Francfort. Grâce à de hautes intercessions
et moyennant caution, il consentit à ne pas les mettre aux ferset
môme, au bout de quelques jours, il les remit en liberté. Cepen-
dant Erlau informa les chefs de la communauté juivte de Franc^
fort que, a si à la fin de la fête de leur Pâque, il n'avait pas reçu
les 10.000 florins, avec tous les frais, il ferait saisir les cautions et
les mettre en prison. Mais il espérait que cette fois on tiendrait
meilleur compte de son « avis sincère » et qu'on respecterait
mieux la signature et le sceau de l'empereur ».
Sans s'arrêter à la protestation du Conseil contre cet acte de
violence commis à l'égard de ses Juifs, le major mit môme le -sé-
questre sur les sommes que les gens de Worms — aussi bien les
Juifs que les chrétiens — devaient aux Juifs de Francfort. Ceux-
ci ne pouvaient plus avoir d'espoir qu en l'empereur, qui n'avait
pas encore répondu à la lettre du Conseil. Ils lui adressèrent une
supplique, qui fut appuyée par le Conseil. Ce dernier se plaignit
surtout du procédé d Erlau, qui était contraire non seulement aux
droits de la ville, mais encore aux privilèges concédés aux Juits
par les prédécesseurs de l'empereur et conflrmés par l'empereur
lui-môme. Le Conseil faisait encore ressortir un autre point : les
troupes du colonel avaient occupé toutes les routes, de sorte que
les Juifs n'osaient s'aventurer hors de Francfort. Par suite, tout
commerce leur était impossible et ils ne pouvaient plus remplir
leurs obligations envers leurs créanciers, parmi lesquels on comp-
tait beaucoup de chrétiens, qui se trouvaient ainsi lésés. C'esl
^
HfSTomE n'm prêt forcé drmanoé aux jiTfF$ de Francfort 107
pourquoi le Conseil priait l'empereur de révoquer toutes les me-
sures àe coercition prises contre eux.
Peu de temps après renvoi de cette supplique, Scliauenbourg
écrlTit de nouveau à Francfort, disant qu'ii ne se retirerait de
Vorms et de Spire avec ses troupes qun quand il aurait reçu sa-
toficlioa des Juifs par Je versement de la solde pour son r^gi-
mnl ■ Si on continuait à traîner les choses en longueur, il en
résulterait quelque inconvénient pour eux ; il se verrait obligé de
prendre des me^^ures qu'il aurait voulu leur épargner. » Du reste,
Tillj, dont lis vantaient tant la conduite à leur égard, exprimait
sonopraion sur toute cette affaire dans une Jettre qui accompa-
gnait celle de Schauenbourg et qui prouvait que les Juifs avaient
jugé la conduite de Tilly avec trop d'optimisme. Dans celte lettre,
il avait Vair d'ignorer qu il avait pris les Juifs sous sa proiection
contre Ma nsfeld ; il semblait aussi avoir oublié qu'en lévrier 1623,
il avait renoncé à se faire verser les 10,0(K» florins en litige, et
«¥tait contenté d'une contribution pour l'équipement de son artil-
l<»rie. Cette contribution n'aurait été, d'après lui, qu'un lémoi-
guage des Juifs pour la victoire qu'il avait remportée à HTichst,
elle ne les dispensait nullement du payement des 10,000 Ilurins,
Une la réclamait pas i»our lui-m<^me, m^iis il en avait fait don au
colonel de Schauenbourg, il conseillait à celui-ci, pour briser la
rési^itance des Juifs, de mettre sous séquestre toutes leurs mar-
dandisea qui allaient de Francfort à Leipzig, et, â cet effet, d'en-
trer en relation avec Schweickhard , arcbevéque de Mayence.
Comme pour emjiécber les Juifs de respirer, it arriva par là-des-
Mstme nouvelle lettre de menaces du comte Ernest de Mansfeld.
Il y reprochait aux Anciens de la communauté juive d'avoir, au
©épris de sa dignité, amusé stm lieutenant-colonel par toutes
iortes de faux-fuyants et de Tavoir retenu à Francfort. Si on ne
laif»riyatt pai4 tout de suite les 10,000 florins, il tVrait, aux dépens
de toute ta juiverie de Francfort, un exemple quL ferait regretter
à celle-ci de n'avoir pas plutôt payé le décuple. »
Umipatience avec laquelle les Juifs attendaient la décision de
l>i»pereur allait en grandissant. Enfin, ie 4 septembre, le rescrit
ô lon^eraent et si ardemment désiré arriva à Francfort, Son
contenu causa aux Juifs une grande satisfaction : Ferdinand ap-
prouvait rintervention du Conseil en faveur des Juifs et déclarait
(uerarchiduc Léopoïd avait reçu Tordre de ne plus importuner
Juifs par des réclamations d'argent, de lever le séquestre mis
leurs biens et de leur épargner les exécutions judiciaires. Si,
^u%U suite de là guerre, un général d'armée ou un autre chef
ItrcHluisait des prétentions injustes à l'égard des Juifs, il espérait
106
îiKVLlS DES ETUDES JlIVES
que le Conseil interviendrait énergiquement en faveur de ses pi
tégés *.
L'affaire paraissait terminéç pour toujours, et les Juifs eure
dp longues annt%s de rt^pit. Mais, huit ans plus tard, le 6 ma
1631, Alexandre Massoni vînt apporter, de la part du colonel R
dolphe d'Ossa» à Clèves, une lettre adressée au Conseil dont le
contenu, dut exciter un étonnement tr^s légitime. L*empereiir
Ferdinand, disait le colonel, lui avait donné plein pouvoir pour
s'emparer des biens de tous ceux qui auraient porté les armes
contre liii, etaussi de§ biens de ceux qui avaient donné assistance
à ses ennemis, comme les Juifs de Francfort. Ceux-ci ne (wa-
vaient se disculper en invoquant la crainte que leur avaient inspt'
rée les menaces de Mansfeld, ils n'avaient rien à redouter puisqu'ils
étaient les protégés de la ville de Francfort. Ils étaient donc invités
à remettre à Alexandre Massoni 10,000 florins et» de plus, à payer
une amende pour leur crime de haute trahison*
Ce qui était curieux, c'est que c'était précisément Massoni qui
devait percevoir Fargent des Juifs. L'ancien fondé de pouvoirs de
Tilly aurait dû savoir quelle avait été l'issue du débat et le peu
de fondement de la nouvelle réclamation» Il était probable qu il
avait engagé Rodolphe d'Ossa, qui ignorait complètement l'affaire,
à l'envoyer à FranclVïrt, dans l'espoir d'extorquer de Targent aux
Juifs, mais son attente fut déçue. Les Juils se plaignirent au Con-
seil de celte nouvelle réclamation et, faisant valoir ce qu'il y avait
d'étrange dans cette demande, le prièrent de débouter Massoni en
se référant au rescrit impériaL C'est ce que fit le Conseil, Aussitôt
Massoni réduisit ses prétentions et demanda que les Juifs lui payas-
sent au moins les frais du S'^Jour de plusieurs jours qu'il avait
fait à cause d'eux, dans la ville lors de la mission dont Tilly Tavait
chargé huit ans auparavant. Cependant, il ne put même obtenir
cela des Juifs, ils se référèrent au rescrit impérial qui les déga-
geait de toute obligation au sujet de cette affaire. Du reste, lors de
son séjour, ils lui avaient fait spontanément cadeau de 12 cou-
ronnes qu'il avait reçus avec remercîments.
Alexandre Massoni dut ainsi quitter Francfort les mains vides.
Ce fut la derniôre tentative faite de ce chef contre les Juifs de
Francfort: la volonté formelle que l'empereur avait exprimée les
protégea contre toute nouvelle réclamation.
J. Kracauer.
' L'original de l*ordrc envoyé par FerdiDànd k son frère (daté de Vienne, i9 J
Ici} cl dans lequel il donne euplicitement le» tnolîfs pour lesquels il pntend que 1
}K)ur!iuî te contre les Juifs soil su«tpendue, Tul adrcF&é à la cctimniiniiutë juive : \é
Archives dû Frincfort n'en postèdenl que la copie»
NOTES ET MÉLANGES
LE SARCOPHAGE DE TADNIT'
Le* fouilles effectuées dans les environs de Saïda, Tancieiine
Sidon» sous la direction de M* Ilandi-Bey, conservateur du musée
Tsctiinili-Kieusk, à Constantinople, ont fait découvrir un certain
aombre de sarcophages, dont l'un doit avoir renfermé les dé-
pouilles de Tabnit, roi de Sidon et père de cet Esclimounazar dont
le sarcophage est conservé au Louvre. Nous laissons la description
ilu cercueil ainsi que tous les détails archéologiques aux journaux
sp^iaax qui s'occupent de cette niatièj-e. Notons seulement un
|>oinl qui intéresse davantage les études juives.
Comme on le verra dans rinscriptîon gravée sur le cercueil, le
m Tabnit prend un soin extrême des accidents qui pourraient
iurvenir à son corps. Le même souci se révèle dans l'inscrip-
tion de son flls Eschmounazar; il se retrouve dans les épi-
tiplies araraéennes des tombeaux de l'idumée découvertes par
M.Daughty et dans un grand nombre d'inscriptions himyarites.
Rien de pareil ne se voit chez les Juifs. Le Pentaleuque ne con-
tient aucune prescription relative a la conservation des tnorts. La
«léi^mille mortelle est considérée comme un objet impur, et il est
fDéme défendu au prêtre et au naziréen , le cas de proche [>a-
n»nté excepté» de s'occuper de renseveïissement. Les monuments
ixivt) élevés sur les sépulcres y sont placés bien moins en llion-
[u^urdes morts que pour préserver de toute souillure les per-
oaaes qui pourraient s'en approcher. De tout cela on pourrait
er an argument bien plus puissant en faveur de la croyance à
riminortalité de Tùme chez les Juifs, que des textes que l'on a
éAtblement interprétés en ce sens, puisque riiidilférence qu'on
^moigoe au cadavre prouve du moins qu'on cherchait ailleurs la
CetM iioiJ(*«* exc«{>té les quel<)ue8 lignes qui précèdtsal le teite de riascripliou,
Ilot Je 8 juUlAi à r Académie des Inscriptiûis et Belles* Le Urf s.
110 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
personnalité de Tindividu. — Il est temps maintenant de donne r
le texte de la nouvelle inscription :
p Dans: ^b^ nnnc:^ pD n:nn ^3» i
n b« bN T p« n"»» pcn c« on» bD r« "73 t 3
ibn» "•« tjoD lbn« "««D iTa-in b«T "Tib:? nnc 4
non b» b» t in«a 3Da ^3» nba nc?a D3^ bsi y-in 5
riD UNI Nn nmn r-inicar n3:?n d in'^^ ^^"^ ''^^^ " ^
?:o nnn û"^ra :?-iT ^b ISJ-^ b« in'^^ ^^"^"^ "'^^^ '^^^ " "^
En voici la traduction :
\. Moi, Tabnit, prêtre d'Aschtôrél, roi de Sidon, fils de
2. Eschmounazar, prôlre d'Aschlôrét, roi de Sidon, je suis
couché dans le cercueil
3. que voici. J'adjure tout homme, quand tu rencontreras ce
cercueil, n'
4. ouvre pas ma chambre et ne me trouble pas, car il n'y a pas
chez nous d^argent, il n'y a pas chez nous
5. d'or, ni quoi que ce soit de la dépouille, si ce n*est moi qui
suis couché dans ce cercueil. N'ouvre pas
6. ma chambre et ue me trouble pas, car ce serait une abomi-
nation devant Aschlôrét que cet acte. Et si lu
7. ouvrais ma chambre et me troublais, que lu n'aies pas de
postérité pendant la vie sous le
8. soleil ni de couche avec les Refaim.
Cette inscription présente un double intérêt : elle n'est pas seu-
lement importante par elle-même, elle est aussi fort instructive
pour l'inscription d'Eschmounazar II.
Au-dessus de l'épigraphe de Tabnit se lit une inscription hiéro-
glyphique se rapportant à un personnage égyptien haut placé;
il n'y a donc aucun doute sur la provenance de ce sarcophage.
M. Mariette avait déjà supposé que, sur le cercueil d'Eschmou-
nazar 11, on avait d'abord gratté les hiéroglyphes avant d'y
graver les caractères phéniciens, parce que ceux-ci se trou-
vaient sur une surface inférieure de quelques millimètres à la
surface générale de la pierre. L'inscription de Tabnit, qui n'a
que huit lignes, au lieu de vingt-deux qu'a celle d'Eschmouna-
zar 11, a pu être placée au-dessous des hiéroglyphes. On peut même
supposer que la courte inscription placée sur le côté du cercueil
d'Eschmounazar 11, et dont le contenu répond presque exactement
à la nouvelle inscription, était une première tentative pour con-
NOTES ET MÉLANGES
111
*Jes iiiepof lyphes ; seulement la mAre d'Eschmounazar II,
de racont«?r longuement les « grandes ciioses » qu elle
llîaiUccomplies, a obligé le graveur à chercher un emplacement
(jlusttefitiu et à faire disparaître l'ancienne inscription égyptienne.
Kolre inscription nous jiiontre aussi que le père d'Eschraou-
'11, Tabnit, et son grand-père, Kscliraounazar I''^ nVtaient
aent rois de Sidon, mais aussi prêtres d*Aschl<5rét.
Bortde Tabnit, ce dernier titre passa à sa veuve, qui,
i la ligne 13 de Tinscription d'Eschmounazar II, est appelée
Kr)fiénâi Aschtôrét (îTiniDr n:nD . Eschmounazar II était beau-
l'Dp trop jeune, à la mort de son père, pour remplir les fonctions
da sacerdoce, puisque, « en mourant avant son temps »» comme
dit l'inscription, après quatorze ans de règne, il pouvait encore
-^détsigner comme « orphelin, tlls de veuve ».
K.Uaspero pense que ces actes de profanation eurent lieu sous
Il (iemière domination des Perses en Éjrypte : les tombeaux
Jurent violés, les cadaves jetés dehors, les objets précieux déposés
mies cercueils lurent volés et les cercueils eux-mêmes apportés
vendus en Phénrcie, Ce fait permet de mieux comprendre
ourqtioi Tabnit et son tlls Eschmounazar II déclarent qu'on ne
toil chercher dans leur sarcophage aucun objet précieux, caria
ne d'un cercueil égyptien devait toujours faire naître la pensée
5 ua«î quantité d'objets précieux y était enfermée avec le mort ;
^*est pourquoi nous avons lu, ligne 5, mischôd (niD?3) et traduit
I conséquence.
i_Kous avons traduit n:?3 par « quoi que ce soit y>, parce que nous
>ns pas qu'il s'agit ici du pluriel de njp mine, nous pré-
tToir dans ce mol un composé de )i2 et p fn^l, littéralement
|d«îquoi » (cf* nTaiîïTs). Peut-être même pî3tt, argent, n'est-il que
iDQétalhèsede "jip et niç, il aurait ainsi une origine analogue au
et arabe Vw's - b «?:, qui signifie ce qtd est it, c'est-à-dire bien,
^j^ent, et au mot araméen «b*:?: — ti n^, qui a le môme sens
le root b^n
[Dans cette même ligne 5 se présente deux fois un mot que nous
ivons pas encore rencontré, c'est pi«, il répond à p au: de
cription d'Eschmounazar II; ifiç peut être difficilement égal
' f^ = n:? répond certainement à p = m> ce qni rend
(] la lecture D:?3:n adoptée dans le Corpus. Il qous rê-
ne d'identifler n» avec nu, bien que, dans ce cas, les mots
i:*? *r7 r» eussent la signification : u nous n'avons plusd'ar-
Kt, ^ et lissent ainsi allusion à l'état antérieur» où le cercueil
DOlenait. Nous préférons considérer ^bi» comme l'équivalent
tli RjnrC DES nUDCS JCIfES
de rhéfarea -*rnai < chez noœi a, 'bien qœ la doitale daiéi pennote
raremeiLt avec la «tflantp tsadé ^.
Ua aatre passage intéreasaxit se troore à la ligne 3 : Vs na ^
zrau M. BenaiL lit : Mi attah kol adamy et traduit : « Qai que
tu SOIS parmi tous les hoamiesw • Mais les mots rrar ""r ont-ils le
^os de qmsqtiis sis? Là passage de II Sam., rviu, 12 c^ rts?
z^btr^ar: rm prouTe peu de dUMe, puisque les anciennes yer-
sions portent -r? à La place de "^ ; de plus« il faudrait bn ou bso.
Pois, la seconde personne du pronom personnel ne s est pas en-
core rencontrée dans les textes phéniciens, et on peut bien $d
demander si ce n*étùt pas œnia rai . comme en arabe et en ara-
méen. Nous remarquons, d'autre part, qrie cette phrase répond
aux mots rrar rr rar . . . rr?. ligne 4 de l'inscription dEsohmouna-
zar II. En établissant une sorte d*éqaatioa^ r: serait égal à r::; ;
or, lians les dialectes araméeos. ar:^ a le sens de jurer^ et, en
retranchant de cette racine les lettres tfaibies - et ai. il ne reste
plus que le mini : mijya pourrait donc signiâer également < mon
serment a. D'ailleurs, en arabe également, le mot serment est
rendu quelqueiois par moii ou mi.
J. Debx^cbocbg.
ORMUZ ET AHRIMAN
Un texte peàlevi que vieat de publier M. Barthélémy* ren-
ferme un passage qui mérite d^toe relevé pour les études talmn-
liiques : < Comme nous croyons en deux principes..., lecoeli*
montre cette dualité dans nocre corps. La partie ormazdéenne est
la lumière de la même manière est tout ce qui est dans la
moitié supfrneure du corps, comme Touïe. Todorat, le siège de
rinte;iet:t. .ie lame. . ., et cela est le siège de Dieu et des Am-
schaspands. . . Et la moitié inférieure est comme le siège de la
puan:eur et de l'impureté, réceptacle d'urine, de fumier et de
puanteur c'est le sièiie d'Alirioiau et des d-^moiis » ,p. 31i.
Ces lignes constituent ie commentaire le plus net de ce bout de
dialogue, entre un mage et un rahbin» rapporté par le Talmud
» Peut-^ire tkat-ii Toir dutf T» ré^oiT^ent de lidTerbe de temp? T» = î», d
itti donner .e sens de • certes . ou d« . m«uitiinajB& ».
* ^/«*«^ ^ff***j», relaooa d'une conùtr^ice tiiéoliogique pr«siàé« par le «liJ
Mimoun, Pahs, Vieweç, liHT.
* Lm coBti est on* ciBttiiixv ({ne dotrcnâ pocfiir Im P^raL
NOTES ET MÉLANGES 113
lédrin, 385) : « Un mage dit à Amémar : La partie supérieure
|loQ corps depuis le milieu est à Hormiz, la partie inférieure
[lAhriman. — Dans ce cas, répliqua Amémar, commeot Ahri-
permet-il à Hormiz de faire passer ses eaux dans son ter-
ûire? »
|Râhbénu Hananel était assez près de la vérité, quand il expli-
dit ces mots ainsi : « Hormiz a créé la bouche» qui fait entrer
Ue corps les bons aliments et les boissons pures^ et Ahriman
ïorganes du fumier et de lurine, etc. » Par contre, Raschi a
tde supposer que le mage veut dire qu'il sait par sorcellerie
jïe la partie supérieure d'Amémar appartient à Ormuz-
Israël Lévi.
LE SENS DU MOT K13Û
Dans rétude publiée ici [Revue^ t Xïll) sur le Rt^glement des
fiifsde Castille, se trouve la phrase suivante (p. 197) : « L'ensei-
^ementde l'école se réduit à Tétude dn Pentateuque (pnsD ou
^), » Qu'il me soit permis de faire à ce sujet une observation.
fDi^jàdans la Massora, le mot wnpr] (aussi «np) désigne toute
i Bible à Texception du Pentateuque, qui est appelé n^nn (voir
'PDisdorf, Massora Magna^ 5. v. cioin et wn-^-^-nî*). Ces dénorai-
devinrent usuelles en Espagne. Bahya ibn Pakuda dit
lcomraen<;ants dans IVtude de la tora sont ceux qui savent
' matériellement o^in et Knp?^ , sans en comprendre le sens
hoUebaboi, m, 4, p. 481 de Tédit. Sluzcki) ; il emploie
îles mêmes expressions dans Foriginal arabe (ii?*, p, xxiv).
lEzra appelle le targura des Prophètes «np^an dnnn, opposé à
cna-in ; la grammaire hébraïque est pour lui piûb n^an
r mnn (voir mon Abrah. ibn Esra als Grammatiker, p. 11,
|fri!. Dans son commentaire sur Exode, xxiii, 20, il parle éga-
Qt de Érip:2ni rmnn, et dans son Divan (éd. Egers. p, 69,
IM, L 6j il dit : roTDt:: nrû^am »ip?a x^^i nnm pata, Ibn
bon» dans la conclusion de son Mahbéret, dit aussi mina
B31. Joseph Kimhi, dans sa grammaire» ch. n, dit : û"'"»nbr7 bD
mnriat:. Comparez aussi la remarque de Zunz» Gûttesd.
trage, p, 11, n» i; : ^< Zohar de ^b -^b, ooL 239» dit qu'Onkelos
lait le Pentateuque et Jonathan b. Uziel le «npia (toute la
-Écriture?}* w Mais le contexte répond à la question restée
T. XV, »* î». 1
114 REVUE DES ETUDES JUIVES
douteuse pour Zudz, il montre clairement que ce mot 5npt3 dé-
signe uniquement les livres prophétiques, à reiclusion des Hagio-
graphes, que Jonathan b. Uziel n'a pas traduits. 11 semble bien,
en effet, que tnj>i2j dans son acception la plus large, désignait les
Prophètes et les Hagiogra plies . mais dans son acception plus
étroite, les Prophètes seuls. Dans Tintroduction d'Ibn Ezra à son
commentaire du Pentateuque (voir Rosin, Reime u. QedUMeûet
Abr. ibn Ezra, p. 18, 1. 94) on lit :
Ici iora est le Pentateuque, micra les Prophètes, ketubim na-
turellement les Ilagiographes. Il est possible néanmoins que le
mot lietubim eût été superflu [micra désignant à la fois les Pro-
phètes et les Ilagiographes) et qu*il est ici pour la rime. Yoici,
du reste, un passage intéressant de Profiat Duran qui prouve
que le mot micra, dans le sens de Prophètes, était employé cou-
ramment par les Juifs d'Espagne et non pas seulement par les
écrivains. Ce passage se trouve dans Tintroduction de sa gram-
maire [Maassc Efod, p. 20) : nm -.Bcn înpa nnon nwV© aTBwn
rrîn Dcn i-îsa-» iïr^i k-.^î: a-^r^nn ras» (la Bible entière) «mptf^
rrbj^ fcnpi it:3 nômpm r:fir*;pm cn-.r bipa rrrro "nen ia pono
nr»3 co Nim {Is., lviii, 1) ii-.ss «*,p (Jos., m, 2) mmpïi ri«
D'^«'«n:rrû "^sb nxinsn -^-îcs ht scn ijnp^ laD iiîsrm -o Trtm bte^
DO ^^'r?^ (Jér., ii, 2) rtxr^A T.Vn n^mpa nrwD ma na» an:^-
(//>., VII, 2). Ce sens attribué au mot micra se trouve enfin dan^
Sifré sur Deutéronome, g 31", où une explication sur Deat., xxxir -a
13, ost donnée dans les termes suivants : "p» Tûa by imayv. "^
n:cîû iT rbc*: can inp-r-n »^p^ it -ne naisn te>m ïrw »r ^
nv:Vn it ma: c-^bn-: i-:^"!. Quant au mot piOD, on s'en sert en
ooro aujourd'hui pour désigner les parties de la Bible étraiigère===^
nu Poutatcnque.
W. Bachkr.
DEUX MINIATURES AVEC U ROUE DES JUIFS
Lt*s tloux miuinturos que nous reproduisons ici sont tirées d' ^^^
nis. [k\\\ mv sitVIo) do l:i « Bible historiale de Pierre Comest^ — of
traduite tMi (Vancais |uir Guyart des Moulins », qui appartiep^E^:^^
fie
REVUE DES ETUDES JUIVES
selonc hystoires » ; la seconde au chapitre « du serpent d^araing:
contre le serpent de feu, selon la Bible jd. L'intérêt de ces dessins.
qui dans roriginal sont coJoriés, est de nous avoir conservé^
comme ceux qui ont été publiés ici, le costume et peut-étre le
type des Juifs du moyen âge. On remarquera sur le premier 1^.
roue Jaune qui est très apparente sur le cûté gauche de la pol —
trine, sur le second la même rouelle et le bonnet pointu tradL^
tionnel *.
Ces copies ont été prises avec une scrupuleuse fidélité p^^r
M. Socard , et nous ont été transmises par notre savant artii
M. Det, sous-bibliothécaire, à qui nous adressons ici tous nos ri
merciements.
Dijon, août 1887,
M. Gerson.
MINIATUBES REPRÉSENTANT DES JÏÏIFS
Le ms. du Breviari d'Amors, du xiv'' siècle, de ia Bibliothèquf
nationale (n'^ 1>219) renferme lui aussi de bien curieuses minia-
tures représentant des Juifs. Elles m'ont été signalées par M. Paul
Meyer» qui a édité cet ouvrage. On y chercherait en vain la
rouelle, et le vêtement du juif n'a rien de particulier» c'est le cos-
tume donné dans les autres illustrations du ms. à tous les laïcs.
Mais le sujet en est vraiment amusant. On voit d abord deux per-
sonnages, dont Tun est généralement un prophète, qui montrent
chacun du doigt un texte de la Bible considéré comme messia-
nique. Ces passages sont en latin, en provençal et même en M-
breu, hébreu dont les caractères, en or, sont admirabletnent
tracés. Faisant pendant à ces deux dessins» un Juif, qui se rendrait
certainement à levidence, si, derrière lui ou au-dessus, n'était^
posté un diable qui lui bouche les yeux de ses mains ou avec ur^-
bandeau. L'une des citations est tellement probante que raveu-—
glement du Juif par ces moyens énergiques ne se justifie pas en^ — ''
core : le diable, placé cette fois devant lui, lui crève les yeux. ■
Bien que ces miniatures, au nombre de onze, ne varient pa. ^
leur tln**mc, cependant elles se distinguent toutes Tune de Taut^^^
par la composition et la coloration.
' Bégiu, mêtom d9t Jm/i «• Frttmt, p, 198.
NOTES ET MÉLANGES
Voici maintenant les versets qu illustrent ces dessins :
1*^86&» col. 1 : Genèse, m, 16;
î» — coL 2 : Exode, ni, 15;
»f81a, col. 1 : Nombres, xvii, 22-24;
4* — col, 2 : Ezéchiel, xliv, 1-2 * ;
a* f*87ô, col. 1 : Isaïe, xi, 1-2;
6^ — coL 2 : Isaïe, vu, 14 (b« i:?3? en deux mots);
Isaïe, IX, 5 ;
Ezéchiel, xxxvi, 25-27;
Genèse» xlix, 10 ;
Daniel, ix, 26 ;
Malaclilei n, 2.
Israël Lévl
117
?^88a, coLl
9f — coi 2
9»f»î«^, col. 1
10* — col. 2
1? — —
LES EXILES D^ESPAGNE A FERRARE
EN 1493
la bibliothèque de la communauté israélite de Vérone pos-
|*We, entre autres manuscrits intéressants*, un document d'Aï-
pboDse [P'] d'Esté, duc de Ferrare, Modène, Reggio» Rovigo et
I Mircbe d*Este, en date de décembre 1506, qui confirme et cite
fe décret précédent dllercifle [I^""], son père, en date du I"'' fé-
vrier 1493, par lequel ce dernier duc accordait aux Juifs exilés
k&pagne^ par Fédit de 1492, le droit de s'établir dans la ville
fcFerrare, et leur concédait des privilèges dont jouissaient les
|ititre4 Juifs qui demeuraient sous sa juridiction.
Leparcbemin contenant ce document et que j'ai pu examiner
H copier grâce à Textréme obligeance de M, le rabbin J. Pardo,
^ C* fÊÊÊ^Bf cilé pour prouTer rimmaculée conception, a élé plus raroment em>
^k/ê qiM )e< iittfw. U est udliséf entre mires, dans VAÎttreatio Judei d€ fîdt
^%mÊ»^; voU celte Breu9, t. V, p. 24t.
* Ptiimî CM mss* nous signalons celui du ttlpTsb Û^r '^ ^^^^ ^^^ Tauteur soii
jR. Méïi Bendig d'Arles) ; le niTOÏl de 13D6, écrit par ÏI^ID fiHû de
. AtelMOi ha-Sofc^r ^Q Joab. Le mol ha^Sf>fer est marcfué de points sur chique
, potir t%niiT*f probablement que cVst le nom de famille et qu'il n'indique point
êetÊktm de scribe, ainsi que l'urlide dont il est précédé pourrait le faire sup-
r* Pêttk était femme de R. Salomon b. Moïse, fils do R. Jebicl (le ms. de Vé-
• Jckutdol), père de Natan, auteur de l'Ârukb (voir cataL Zuckennann, du
0« Éar. de Brestau, n* 104 ; calai. Neubauer des mas. hébreux d'Oxford, n* 635,
H..i^iM«, de Berlioer. 1RS4. p, 141-142).
118
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
qui Ta mis à ma disposîUon, a S6 centim. de haut sur 40 de large;
récriture occupe 54 lignes, y compris la liste des ^l noms qui m\
le texte et qui sont rangés sur 3 colonnes avec 7 noms [inr co-
lonne. Le document est assez bien conservé ; cependant il y a une
déchirure au milieu, et par endroits récriture est endommagée.
J'en donne ici la copie, en remplaçant par des points les passages
manquants (par suite de la déchirure) ou illiâiblea.
ALFONSUS, dux Fôtraria^ Mutin* et hegiî, marchio Eslêflsis
Rodigijque Cames, etc., etc. Concessit atqu© impertitus est Illusins-
simus Priuceps et Eïcellentissimus domieus dominus Ilercaks,
olim dux Ferrari^, etc* Parons noslri observaraus decrelum infras-
criptis Hebreis iu fine ipsius decreli annolatis et descripUs. Quod
quidera decrelum nobis exibitum fuit per ipsos Hebreos in presca-
tiarum in Ferraria degeoies, atque approbare velimus. Volentes
autem ipsis satisfacere barum nostrarum patentium lileramm le»
nore et decreli série ex certa scienlia et anima délibéra to, ac de pie*
nitudine protesta tis nostrai omnique alto meliore modo quo magis
et melius possumus. decretum antediclum et omnia in eo oônteala,
proui jacet, predictis Hebreis approbaraus et conlîrmamus, ac de
novo ubi opus sit concedimus et impertimus* Volumusque, ediciinus
ac jubemus inviolabihter , sub pena indignationis nosLne et alia
qua%ts graviore arbi train nostro imponenda* per quoscunque ofû-
ciales et subditos noslros présentes et fuluros quorum mtererit
prorsus observari, quibuscumque in contrarium quovis modo ta--
cientibus non obslaulibus, et in quorum robur et lestimonium pré
sentes nostras literas et decrelum fie ri jussiraus et régis trari m\
Irlqoe maioris sigilli cousue ti appensipoe muni ri. Datum Ferrôdî
in palatio nostro, anno nativitatis dominical Millésime quingeûle*
simo sexto, indktione nona, calendis decembris.
Ténor autem dicli decreli sequitur ut infra, videlicet :
Hercules, dux Ferra ri a^, Mulinic et Begii, marchio Eslensis, Ro-
digijque Cornes, etc., elc, Cum nonnulli Hebrei, in buius noslri de-
creli Jine descripU, ex partibus Hispanim recesserinl et habilâaduui
ad partes Italia^ se se contulennl» ab eis requisili fuimus, ut velimus
eos cum eorum familiis in urbibus locisque diclionis noslrœ subjec-
tis suscipere et acceptare, necuon concessionesi privilégia, arbitm
et facullates infrascriptas ipsis impertire. Et cupientes eorum voUs
et desideriis libenti anirao satisfacere, moti requisi lion i bus predic-
torum Hebreorum , lenore presentium nostrarum païen tiom liie-
rarum et decreli série, ex certa scientia et anlmo deliberalo ac d«
pleniludine poleslatis qua publiée fungiraur, eisdem Hebreis, ptdl
se et eorum filiis et descendentibus» et pro aliis quibuscunqUé «^
dlctis partibus ad terras et loca nostra habitandi causa venturlSf
concedimus et împerUmur quod possint ac eis liceat omnes et siu-
gulas eorum familias conducere [oi] coaduci fucere habitaoéma in
ÎVOTES ET MELANGES
H9
Qostra urbe FerrariîP et in quibuscunque aîiis urbibus, terris
l0ei9 nostris, eum infrascrlplis ca pi lu lis, prlvjlogiis et facuUati-
qam ei quas. .. efficaci prece posmlaveriint ut jnfra. Yideîicet i
pjiuio [namqtie?) eiisdem omnibus, pro se e^t eurum ôliis ac des-
ciodeaiibus et aliîs ul supra, promitlimus qood si. . . bis partîbus
diseedere cogerentur, quod tamen fore doq credimits, uoius auni
itium quemadmodum peiierunt ad discedendum coocedimus.
iniiK>, qnod quantum eril pro eo quod ad nos pertinet, eos nun-^
împediemus quia medeudi utantur facultate, nec quando in
m arljbus se exercebunt , penam aliquam eadem causa ipsis
oemus. Verumtamen arbitramur quod Hcentia Christianos
liMleadl necessaria a Sanctilate Summi Pontificis nostri erlL im-
p*tranfia» caî quidem rei omnem favorem et nos pra^bemus ; q\ia
petnita ab ornai contradictiooe liberi lune eruat et iuti. Tertio,
ilÉDtainur quod possint accipere, et ad aftictum conducere, datia,
iaïque ac tes quascuinque alias pro arbitrio suo. Quarto,
leisdem concedimus ut ipsi et eoram quilibet artes exercer©
lecum Cbristianis et Judeis societates super ipsis artibus et mer-
eiliambus et aliîs negotiis peragendis facere et apothetas publicas
tcncrc possmL et valeaal, dummodo se îpsos in eis ut reliqui arti-
fot S0 gèrent, ita se habeant et gérant. Excipinius tamea ea quie
non conveniani, dedarando lamen quod pro ipsis artibus
lNl«Ddi9 et causa exerceadi eas, leoeantur iogredi dictas arted,
innnque Massariis solvere id quod pro aliis solTi consuetiira est,
'Ii8<|i]am si cives essent, et ipsarum artium beoeiiciis g and ère pos-
siat et TaleanU Qcimo, eis plene impertimur, uL cum familiis bo-
ûiiqae et rébus suis in dicliooom aostram venire possint, ita tamen
^ood res et bona ipsa sint ad eorum familiarumque suorum usum,
pmquibus tantum decernimus et volumus ut iiiliil solvere tenean-
lur pro daUis et gabellis non modo in nobis releniis, sed etiam
IccôUs* Quantum veto sit pro rébus quai mercaturam sapianl, a
ilitiis et gabellis non locatîs volumus ut Mbori sint et immuues;
Mdpro locatis, necesse erit ul cum conductoribus earum se iotel-
l^gnA, quos non dubiiamus aliqua iiberalilate usures esse, in quo
fuidem et nos nostris Hebreis etiam favore non deerimus. Skxto»
m promittimus quod quandocumqoe ex terris et locis nostris ad
ilja lôca habitanda dictioui nostraî non subiecta se conferre volue-
nul, cum uxoribus eliam et tiliis, bonisque quibuscumque suis, eos
[rel eorum I aliquem non Impediemus, iiec per aliquem alium im-
jMdiri permittemus, quin pro suo arbitrio bona inde extrahant et
litniii faciaot, solutis tamea prius per eos [datlis velj gabaUis in
Unis EOéiris solvi consuetis*
PoSTABHO vero eis etiam coacedimus ul omnibus prîvilegiis et
ÉBSiuitatibus aliis Hebreîs in terris nostris babitantibus uti et
§ÊÊtAtt€ pofsini, aed cum iUis modis et limitaliouibus quîo ipsis
nainiiir sont Ita tameu quod ulla nostra coucessiouo ad usuram
usurarioque.... mluimo uti ipsi audcant. iloc quoque
120 HflTE IB mnB JOfES
addentesy qwad s. lilsas ddûtoniiii aUqnonm fvo suis creditis ips'
Hebrei tensv volnoint; tides in jizdicio -wéL exrtra] non presteior
nigqoft prestaii deboit. niai, deliila ipsa mana propcia débitons
scripta Tel saltem soiisciipta fnennt. Tel ad minas pro ipso debitore
ea débita âubscripta ftzennt : âaitem ab nno teste fide digno, dum-
modo ipà libri smt lite et recte compowti, more mercatorio for-
mat!. . . et capitulati, et in eis non ât alla sai^ilio Tel abrasio.
Inqae eis sint »nni. diss et m^nses, ac wAmma debitonim* ac remm
at pecaniarnm qoantitatesy et caase. Idcoqoe hanim nostiarampa-
lentliim Literanzm. et decxeti Tigora mandamos c»nnibas et singialis
Rectoribos. Miigistratiba&. Capitaneis^ Pretorilias, Commissariis et
aliis quibuscximqixe oûidalibos et sobditi^ nostrîs présentes Tisa-
riSy ut predicta omnia et slnguia Hebreis ipsis infrascriptis et de
qnibos snpra habita est oieatio* inTioiabiliter serrent servariqoe
lacxant in quibaseumque terris et locis tam médiate qoam imm^
diate nobis snbiectis» sab [peia} indignationxs nostne et alia (pMr
yns ariktrïo nostro impoofiida. ^lon obstantibos ete. aliqaibus legi-
bos^ jaribas> statuttSv privilegxis et ordinibixâ. . . tam iactis qaim
iKîendis in contruriom qaomodocanqiie disponentibas. Quibus
omnibos et singulis gTtanttrm. . . ^ie quibos in ^'?^ nostris literis de
▼erbo... Êftcienda foisset. Qooniam, à q;aa forte sint ccmtia, pro
expiessis et dasclaratis baberl Toiomos et jobemos. Ad quorom
tidan et robor^ bas nostras deii jossimas et regzstrari, nostrlipifi
maioris sigtili consoieti appensioae manirL
Data S jic' Ferrdiia?^ in palatio Curiae nostrae, anno nativitaUs
dominiez Millesimo quadnngentesimo nonagesimo tertio, indictioi^^
ondifima. die primo febnzariL
ïlomiaa sapradictorum hebreorum sont infirascripta : mater^^
Sennone dcdarata, Tideiieet :
I . Rabi Santo AbenamiaSv et soa feTwtg<ta ;
î. Don Ferror el LeTi, medico» et saa Êamiglia ;
3. Don MoTsen :Aba;iatia> datiero et menradante, et sua famiglia ;
4. Don Abraham .Aben^amias^ mercadante et sua famiglia ;
5. Don Abraham ;Aba;iajda, mercadante» et sua famiglia ;
6. Don Abraham ^Co hen, mercadante« et sua famiglia ;
7. Doua Polonia et sua fami^a, mercadante ;
a. Babi DaTid Marielu medico et mercadante ;
9. Don Abraham Marich, mercadante^ et sua famiglia ;
la. Mojsen Abcdaâa e suo frateIIo> mercadante;
11. DonZachoen i
12. Don Abrahen Choen } *^ ^ sue doîie che sono in Ferrara
13. DonMoyse Abenamias I ^um la sua femiglia;
14- Santo e Isach suo fratello, aragonese, et sua fami^ia ;
15. Mair de Callo i
16. Abrabin de CaUo i ^^^ ^^ femi^ia, artesani ;
NOTES ET MÉLANGES 121
fT. Ucjse de Franco et ) , ^ >i ^
liMayseasi ) et sua faraigha, arlesam ;
19. MoûialvaD et sua famJglla, artesano*
H, Hain Franco et 1 i- i*
«. Simoel Franco | ««ni sua fam.glia.
Siffué : Hiero[kimus) Maqnani[nusV].
Voici quelques observations sur la liste des noms des Juifs es-
pagnols qui vinrçnt s'établir à Ferrare et qui sont mentionnés à
la fin de notre document :
SatUo (n*"* 1, 14) est la forme espagnole bien connue pour Semtob;
Àbenamias est Âben NaJimias.
Ferrer (n* 2) est sans doute pour Ferrer, nom très répandu en
Espagne chez les chrétiens et les juifs,
Dona Pôlonia (n*" 7) est probablement Tabrëviation de Dona
ippolonia.
MaricH (n^ 8, 9), nom de famille inconnu jusqu'ici et que
BOQâ ne savons pas expliquer.
Don Zachoeii (n^ 11) pourrait bien être pour Don Zag Cohen.
Od sait que Zag — Isaac.
Calio {n*** 15, 16) serait- il Calo , localité espagnole, prov.
Conmat
Moyse(n^ 18) ; le mot asi qui suit paraît n'être qu'un nom de
tmWe mal transcrit.
Mmtalvan (u" 19) est un nom tiré de la ville de Montalban,
àm rAragon, à 14 lieues de Saragosse,
Les professions indiquées sont celles de marchand, collecteur
d'împ^Jls {datiero), médecin et artisan. Ce dernier mot signifie
peut-être cliirurgien * .
Je ferai une dernière observation. M. Isidore Loeb a soutenu,
daas le précédent numéro de la Revue, que le nombre des Juifs
«^gnols qui partirent en 1492 ne lut pas si considérable qu'on
le croyait jusqu'à présent. Notre document est une confirmation
, éclatante de cette thèse.
Lëonellû Modona.
I cifat, en Italie, au moyen Age, on désignait par 1o mot urtesano celui qa
la buM dûnirgie {QL 1 hébr. \7y\H fitSl^ = medievs arti/fm).
122
REVUE PES ETUDES JUIVES
LE SCEAU DIBRAIIAM BAH SAADIA ET LE SCEAU mjns»
I
Nous soumettons aux lecteurs de la Retme une idée que nous a
suggérée le sceau d'Abraham bar Saadia ijublié Bevue^ XIV, 268.
Pourquoi la légende n'a-t-elle pas de nom de famille ? Le sceau
appartenait sans doute à uo Juif espagnol, et les Juifs espagnols^
contrairement à ceux d'Afriquei de Babylonie ou d'autres paya
portaient des noms de famille. Je pense que le dessin qui est ai ,i
centre du sceau supplée ici au nom de famille. Ce dessin reprt? M
sente probablement le calice d'une Heur de lys, eu hébreu i^id -Ï
Notre Saadia appartient donc probablement à la grande famiU^^^e
espagnole des Ibn Schoschan, dont les armes auraient été un lys
Si cette liypothiXse est exacte, elle pourra servir de clé pour Tex- — ^
plication d*autres sceaux espagnols. Depuis longtemps on sait qu ^Ê
les dessins des sceaux juifs représentent des prénoms (d'ailleur — *«
exprimés dans la légende}. C'est ainsi qu'on trouve un lion poc^ «"
Juda, un ours pour Issakar (Béer), le bouclier de David pour Da^m.-
vid,etc. Même sur les pierres tumulaires juives de Prague,
trouve le dessin d'animaux qui ont quelque relation avec le no
du défunt* Je possi^'de un ancien ras, allemand du Nizzahon k3o
Liepmann Mûhlhausen, où un précédent propriétaire a peint uM-mo
oie (en allemand : Oans) dans un écu, pour illustrer son nom *.ie
Gansmann, qu'il a signé en toutes lettres dans le ms. L'hypothi^^s
que je propose a aussi pour avantage de nous laire connal^r"*
exactement la prononciation du nom dlbn Schosclian, dont Zu ii
a écrit Thistoire [Zur Oeschichie, index, s. v.).
Je hasarde une autre hypothèse sur le Tsrrîïi^e*'' du sceau som-
raairement décrit au même endroit de .la Revue, On peut sup^
poser que ce singulier assemblage de lettres n'est pas autre chose
que le nom de Jean (Johaones). Le sceau serait donc chrétien, o'est
ce qui expliquerait la singulière orthographe de la légende. On
sait comment des graveurs chrétiens ont transcrit par les lettr^^
rmsrr le nom de Jésus, Ce n'est pas là, comme on l'a supposé^ ^^^
mn*" avec td de -^ma intercalé, c'est purement et simplement uM^e
orthographe maladroite, obtenue par tâtonnement, pour tran^^'
crire en lettres hébraïques le mot Jésus. On a beaucoup ab*^*-^
du n chez les* Juifs et les chrétiens, pour la représentatioxi ^®
c»n
NOTES ET MÉLANGES 123
voyelles. Dans les inscriptions juives des catacombes publiées
parÀscoli ne voit-on pas avec étonnement môme la voyelle» re-
pféâieûtée par un n dans lasœrtTD i Dans les inscriptions chr^-
tîiiuiefl, le n remplace le e. Des transcriptions chrétiennes comme
celle de notre sceau ne sont pas rares. Il n*est pas impossible
Toiles chrétiens attribuaient à ces mots écrits en caractères hé-
breQX une puissance magique , car on les employait dans les
, opérations magiques et alchimiques. Inversement, on sait que
|roo se servait, pour le même usage, de mots écrits en lettres
giwittes ou latines, mais composés des initiales de mots hé-
breux. Dans a}xx\ je crois qull n'y a pas autre chose que le
troi^fais saint CTrp o'^np lûnp; Agla pour -^^nn ûbij'b ma:^ nnH
est connu.
Schicweiuiigue, J aille t 1867.
David Kaufmann.
n
L'explication donnée ci-dessus par M. Kaufmann sur le sceau
d'Abraham bar Saadia est des plus séduisantes, Pidée paraît ex-
oeileale, on peut pourtant y faire une objection. Dans le Jahr-
huchfur die Geschichte derJuden, II, p. 289 et planche, Lévy a
itproduit un sceau qui est justement de cette même ville de Sé-
villeoù a élé trouvé le sceau d'Abraham bar Saadia. Si Ton com-
pire les deux pièces, celle du Jahrbuch et celle de la Reviie^ on
€tt d^abord frappé de la ressemblance extraordinaire du dessin.
U contour des deux sceaux est exactement le mf}me, et la division
ttoompartiments sur les deux sceaux se ressemble également.
Uicèau du Jahrbuch porte, avec le prénom du propriétaire, un
nam de [famille qui n'est pas Schoschan {c*est Toderos Halle vi
b, Samuel Hallévi b. Allavi), et cependant ce sceau présente, à
cliacun des quatre frontons qui Tentourent, une petite, fleur de
1/8 ; ce motif d'ornementation était, par conséquent, très usité
â Séville et employé par d'autres personnes que les membres
de la famille d'ibn Schoschan. Sur la fréquence de ce symbole
dans les monuments de tout genre, voir Ad. de Beaumout, Re-
cherches sur Vorigine du hiazon et en particulier de la fleur
éê Ijfs, Paris, 1853 (uuvrage qui nous a été signalé par M. John
10?ieiU).
' Nou» partageons moins Topinion de M. K. sur Tautre sceau.
L'exécution de ce sceau, le dessin du cartouche centrai, le dessin
124
■ETCE US ETTUS JUnrES
des lettres liAnîq«Ms.lE>at indique que ce sceto est très moderne,
de ce siècle oa de la fis da siècle dernier. On peut s*en conyaincre
par lu repnNloction que noos donnons ici de cette pièces Or, il
nous paraît peu probable que« dans un temps si rapproché de
nou5, même des chnrtiens aient reprodoit le nom de Johannes.
prononcé si Ton Teat« Jcrhannes. d'une façon aussi singulière !
^••^^^4^;
I>? fC»^ M. K. r:>3:rî:.î» pts i? ti:::rwa c« boeof qui est au
oc^trv iz $..">ra:i. A cause i^ o^ire f**::;* €^ du c de la fin de la
W««=?3r. M. P, S:^cc>e3 Ssiroct» ^^ I* s«au appartenait à im
iMSL^>f<5f^U :i=iii:^ Scieur --C ^ :! irvcTr^it presque dans
»ccr^ >ft«cs5e ïlt »m: Im^nire vVOzl* : r-r^ 72 L" i» I^^". ^
-r r-r- r«: vc:r S:f:::$cl=>rij3rr. .Ma:.R>fL, cv>I. lS5:.îlais
ce r*«^: -i, sans c.m:?, -.ur -rx. A^:ar:ffis ça*. c"api^ unetra-
^rtkd ~:jf-.I.^- iar.5 si lir:: > j^tr :•* rr.çr.etaire actuel, notre
fèè»."*? s*rr:i.: > sof-az i":Lr zr»*iiicv 5? ^Ktr îiZLîlie Israélite;, du
cCCt z:jLî^TT:>r\ fî > r':ci 5^ ijLZL:"j* ?^în:: B:cj j* soeau Tient
d^AiLsCcrim. a -V ^ .:*:■* asstr: . tC .>? s^fra.; ror iiae espèce de
dT'saiKYt''
r-^? 1-^ sora-i rcrtfiTL.: a* c«eîp? Timagc
0S£ LaS3L
1« iiiesaa «(^ iif«a)^> v ^i^vatt « *
« itBU. «r • ■»* ar
NOTES ET MÉLANGES
125
LA JUIVERIE DE JEREZ DE LA FRONTERA
EN 126G
M, Fidel Fita a publie* dans le Boleiin de la Real Acadmiia^
le Madrid (tome X, juin 1887, p, 4G5 et suiv.), un document du
lus haut intérêt : c'est la répartition des maisons de la juiverie
de Jerez de la Froetera faite par le roi Alphonse X, après qu*il
eut conquis cette ville en octobre 1264. La pièce a été rédigée en
1266, et elle lait partie du cadastre de la ville dressé à cette
époque. L*original est perdu, mais une copie en fut faite, par les
soins de la municipalité, en octobre 1338, et c'est d'après cette
■ copie que M* Fidel Fita a publié le chapitre relatif à la juiverie.
l La pièce décrit les maisons l'une après l'autre. Chaque article
■st composé de trois parties : V description très sommaire de la
Bttaison; 2*^ énuraération des confronts (le précédent, le suivant,
celui de derrière) ; S'' indication du propriétaire à qui la maison
allouée par le roi.
l'est pas très facile de faire le compte des maisons et des
Propriétaires. Les noms sont souvent estropiés soit par le premier
tédacteur, soit par le premier copiste, ce qui rend les identifica-
ions difficiles; il y a des personnes qui figurent dans Fénuméra-
londes confronts et qu'on ne retrouve plus dans l'indication des
Propriétaires, ou inversement* On peut supposer que le premier
Copiste a omis un certain nombre d*articles. Toutes les fautes,
iCtpendant» ne doivent pas être mises à son compte, il y en a su*
î^ment qui proviennent du rédacteur, qui n'a pas toujours énu-
ttéré tous les confronta. Les maisons étaient probablement très
mchevétrées et cette énumération était difficile ' .
Il ni! sera pas superflu que nous notions ici, en détail, quelques-
les des remarques que nous avons faites sur ces imperfections
incorrections de la pièce .'
Voici, d abord, une liste de personnes qui figurent dans l'indi-
ilion des confronts, et dont cependant les maisons ne sont pas
crites. Ce sont : Abraham Atabac, n^« 33 et 34; Fi Alexol,
54; hXy Axucuri, n°" 23, 24 (Xucuri) et 25 ; <^di^ fils de Mayr,
ipit : J«cob Anoc (n* î) a pour controot C^f^ Açot (n" 2), mais ne figtirc
cottfiOQlA de c« deraier. Les c«s nualogues sont irèa ffi^quôiils, *- La
de UajQQ Aboelahmar est décrite avec ses coûfronLa au d* 83 ; dans la doc-
ile c«« con(roDt«f Hayon Al^nelalimar do Ëgure pas.
\
laS BEflX M5 riUDB JUIVES
no 18 ; Cimha fille de Pamia, n* 21 (aa maison a été omise pfl^
erreur, probablement parce que la propriétaire de la maison stii-
Tante s'appelait aussi Cimba (n^ 22) ; Cnleyma Adarbi, n* Sl\
Falcon, n« 81 ; Salomon Ballestero. n« 17 ; Samael Hodeida, n«* %
13, 14; Aben Rrahab, n«24 (cf. n« 19,.
Le rédacteur est amené à décrire, à côté des maisons, des est^'
blia et des solar^ mais comme certains propriétaires ont des ^O-
lor éloignés de leurs maisons, il lui arrive de décrire deux fois o^s
solar^ la première fois lorsqu'il décrit la maison du propriétaire i
la seconde fois lorsqu'il arriye i la description des maisons pnêe
desquelles se trouve le solar. Ainsi le solar du n* 54 paraît et ^
celui qui est déjà décrit au n* 35 ; celui du n* 59 parait être cel «i
qui est déjà décrit au n* 41.
M. Fidel Fi ta a déjà proposé un certain nombre d^identificatio'an
dans les noms de personnes, nous proposons aussi les identifi(^ ^
tions suivantes :
Alballe du n« 82 doit être Joseph Alballe des n^ 58, 63.
Abrabam Aicaal, du n« 58, doit être Abrabam AUeial, n«fr^
et, par suite, TAbrabam du nP 65.
Çag, frère de Lévi, n? 65, pourrait bien être Çag aben E&Mkï
dun<»61.
Mossé Alahem, n? 33, est sûrement Mossé Coben, n* 32.
Cid, n" 44, 45, 70, 87, est ûdiello Alfayate, n« 88.
Ilaym Ilalucan, n"* 58, est Aben Hajm, n« 66.
Iza Ualbayl, n» 31, est Ismel Hallayn, n« 30.
Vellocid, n»* 15 et 19, est Velocid Ballestero, n* 78.
Samuel, n<^ 2 et 14, est Samuel Hodeida, n"* 13.
Yucaf, n® 71, est Yucaf Abez, n* 70.
Il est clair que Çarrag et Barracb, Çabbay et Çaii)ay, sont l^^
mêmes noms.
A notre avis, la liste contient 93 maisons, sans les solar et le^
estabHUf plus les propriétés de la communauté juive, qui sont r
deux synagogues, la casa de la rherced et la fondiga de Uf
farina.
Par suite de Tinsufâsance des indications, il est extrêmement
difficile de ie faire, à Taide du document, une idée claire du plan
de la juiverie. Voici cependant quelques notes qui pourront aider
à débrouiller la matière.
A. Le cadastre décrit d'abor4 un pâté de maisons comprenant
les not 1 à 14, plus les n<^ 80 et 82. Il le décrit en descendant la
rue, dans Tordre où elles se suivent (n^** 1 à 5 probablemex^t); puis.
NOTES ET MÉLANGES
t27
lia rue et la remonte Jusqu'à ce qu'il revienne au point
[n^ 14, BO, 82] .
Le tableau suivant peut donner une idée approximative du
procédé.
1 i
80
82
14
2
Samuel ilodeida.
3
i:^
4
12
5
II
elG«
elc.
B, Un second groupe de maisons est décrit de la même façon,
roals plus irrégulièrement, dans les n*^" 15 à 31. A ce point est la
fi^fmùga de la farina, et Fauteur fait un crocliet pour décrire le
Moc de maisons qui s'y rattache ; son vrai cliemin eût été de con-
tinuer par les n*»^ 76 à 78, qui Tauraîent ramené au point de départ,
C, Les n*** 32 à 39 contiennent précisément ce groupe de raai-
ton« qui se rattachent à la alfondiga de la faritia, et dont nous
irpnons de parler. La description de ces numéros forme également
cercle et le n* 39 re^^ient au point de départ.
D, Les n*** 40 à 52 décrivent un groupe de maisons qui se sui-
ïeuUur une même ligne^ et qui ont pour confronts de derrière, h
'origine (n'' 40 et suivants)» les n^* 15 k 70, et, par suite d'un acci-
dent dans la disposition des maisons, les n*' 83, 87 et 90, qui sont
iiTOère les maisons des n*"* 43 à 45 ; les maisons n^* 46 à 52 de la
lière ligne n'ont point, sur le derrière, de ligne parallèle de
nts*
E. Les m* 53 à 64 forment un groupe qui, d'un côté, se rattache
ta «•oî, el^ d'autre part, a [lour centre ta maison n"^ 53, La rue
1 probablement un coude aux n**** 52*53.
Les n*>* 65 à 69, probablement disposés sur deux lignes de
>iits parallèles, se rattachent, encore par un coude, à ce qu'il
V au n* 64, et, par les \V^^ 65, 69 (auquel il faut joindre 81,
iUa), ils viennent rejoindre le point de départ de toute la des-
128 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
cription (Barzallaï. n^^ 1, 2, 80; Polgar, n»' 14, 82; Castellaac
Lévi, Jamilla, n»» 68, 69, 81, 53).
G. Les n*»» 10 à Ib sont, comme nous l'avons dit, les confroal
de derrière des n*»« 40 à 43 (dans le groupe D).
H. Les n^'* 76 à 18 sont, comme nous Tavons dit également, 1<
confronts de derrière des n®' 15 et suivants (groupe B).
I. Les n^» 79 à 84 sont disposés auprès de la Casa de la mere^
(Bienfaisance) et c*est pour cela qu'ils sont réunis ici, mais ils a \
partiennent tous, plus ou moins, à un des groupes précédemm^ ]
décrits. Le n« 83 doit être .rapproché des n»» 45 à 48 (dans
groupe D).
J. Nous ne savons où placer les n°' 85 et 86, qui forment i:
petit groupe à part.
K. Enfin, les n<» 87 à 90 sont décrits à part, parce qu'ils se troi
vent près de la porte de la jaiverie, mais ils appartiennent £
groupe D, précédemment décrit.
On voit qu'en réalité, ce cadastre décrit six groupes de ma
sons, qui sont nos groupes A à F.
Autant que nous pouvons en juger, le groupe D, d'un côté, e
le groupe E-F, d'autre part, formaient ensemble un coude qui re
nait s'insérer à l'angle du groupe A, à l'endroit où celui-ci portai i
la maison d'Abraham Polgar (n®* 14, 82).
Les deux groupes B, C, formaient probablement entre euxi^
coude, où se trouvait la fondiga de la farina. Rien n'indique (^
il faut placer, relativement aux autres maisons, ce groupe BC.
Il y avait une synagogue à l'extrémité extérieure du groupe C^
et une autre au commencement du groupe B. Si, contrairement
ce que nous pensons, la synagogue du groupe B était la môm^-
que celle du groupe D, il est clair que la place des groupes B-^
serait trouvée.
Il y a eu, à ce qu'il semble, deux maisons de la Bienfaisance -
[casa de la merced), l'une au centre de A, l'autre au haut de hm
à l'endroit où les groupes E-F venaient rejoindre le groupe A.
ISIDORB LOBB.
fakite^iùmteiê ffunçaU qui auiwat Us titres hi^breuoi ne sont pat de Vauieuf du livre^
mit il Van$4ur tic la rccention, à moint qu'elles ns soient tntre guHUmêts.)
^^■^Tiflî'o Gloses talmiîdiqucs d'ïsaac b- Moïse de Vienne, 3* partie,
jHibiie par Jacob Mardocliée HtrschcDsolin. Jéniealem, impr. Chajim
Iluwliensohn. 1887, io-P de (3)-7S> p.
Les deux parUes préc^denles sont celles cjui ont ê\é imprimées À Zitomir.
Celle 3^ partie, publiée d'après un roanuscrit ecffuisi il J a cavirou deux
•DS, pat le UriLîsh- Muséum, de LoiiJres, compreud les g'iosea sur BabB"
Kamma. Il est supertlu du signaler aux Lalmudisleâ rutilité de cetLe publi-
ctUoii. Elle est faîte, matériellemeut, avec beaucoup plua de soia que D*eii
mettent géoéralemeot lea éditeurs de Jérusakin.
n^lH n^a Magazin ffir hebrâische Literatur und Wissenschaft,
c, uud Bellctrislik, geschnobeu voû mehreren Celobrîiaten, edirt
%\^ Grûber; L Jahrgang. Jaroslau, impr» Ztjpnik à Przemisl, 1887,
ï-^ do xxii-132 -f 8 + 22 + 74 + (il + 3(1 p.
U est imposâtbie de faire une publtcalion plus décousue et plus em-
liroiiillée que cet Âunuaire ; la pagiijatioii seule est déjà un cbef-d'oBUvre
de désordre. Où M* Gr. a-t-il pria les articles posthumes (f; qu'il nous
dûose t U oe se donne pas la peine de noua le dire. Dans la Bemtt^ XIV,
t90, nous avoue rendu compte des 81 premières pages de cet Annuaire,
Toid quelques mots sur les paires siiivaDies, P, 84^ Réponse à Id recension
du p-»a: •'H^C f««ito par Abr. Ehrlîcb. — P. 1^0, Dobsewiti, Extraits d'un
liit» de lui aar le Targum dt^a Samaritains. — P. 97 à I2r^, Diverses notes
tabnudiquea et autres, de divers auteurs. ^^ P. 121 à 02, Biographie de
i Mardochée Roaeafeld et David Telile» *- P; 1-28, Nouvelle série de bio-
^npbiae (1e« frères Francès, Leibelé Prosliu, Hayyim Malakb, et autres).
^ P. I» Notea sur llIiBloiro des Juifs en Pologne» par L. Zunz. — P* 8,
Pn>»]>eclus pour uoe publicetiocii sur les persécutions en Russie des années
^f^(*-1(U9. — P. 13, L. Lcwysoba : Nom» d'animaui em langues étran-
gAfsa thtt les rabbins juifs* — P, lu, Çomparaiflou de divers passages
130 REVUE DES ÉTUDES JUIYES
d'Homère «tcc U litiéntare JoiTe. — P. 37. Lettres an hébrea de Rcdi-
lin à BoQAt d< Lattes, de Paal Emiiien à L. Beek, de Henricos yr\hi.
Le lettre de Reochlia n*est pas inédite. --- P. 41, Sur les penécnlioM di
Russie 1M% et 1768. — Et cela condnae ainsL P. 1 à 64, Poésies. — Poi,
p. \'26, Contes.
■rcnm '^r.^ nn Zur Geschichte der jûdischen Tradition, par J.-H. Weiss;
4« partie. Wien, chez l^auteur. 1887, in-8« de (2)-367 p.
Ce Tolame cidt dignement la série des excellents traTtox de M. ^. sar
l'histoire de la tradition jaÎTe. Il contient les matières suivantes : LàTie 15:
Les Saboréens et premiers guéonim, action des gnéonim, R. Siffion de
fin**^. R. Aha de Sabaha, l'école de Pumbadiia Jusqu'à la fin duTi^s.,
K. Jvhudaî gaon et Têcole de Sora jusqu'en WOO. — Lirre 16 : Les Ct-
raïtes jusqu'à la un du vi« s., leur doctrine et leurs études, leur propt-
gande. comparaison avec les rabbanites, serrices rendus par eu à U
science. — Lirre 17 : Suite de l'école de Sora et de celle de PumbidiU ;
R. Cohen Cédek, Saadia, Scherira, Hai gaon, Samuel b. Hofni. — L. IS :
Institutions des guéonim, midrasch, aggada, cabbale, grammaire bébnî({iie
et lexicographie, massora. — L. if: Les études talmudiques en Ocddeat,
Espagne, Provence, Iulie, France et Allemagne. — Nous signalons par-
ticulièrement le chapitre sur les Caraltes. M. Weiss a émis sur leur his-
toire plusieurs idées très intéressantes. Il a montré quels éuieni l«rs
rapports matériels et intellectuels avec les Musulmans et expliqué, par
ces relations, la situation humiliée de leur parti et Torigine de quelques-
unes de leurs doctrines. Il a aussi prouvé que plusieurs des mesures tt dsa \
décisions rabbiniques des guéonim ont pour but, sans qu'on s'en doutât jos*
qu'à présent, de combattre les doctrines caraltes.
l \7JJ'C\ ll'l 'o « Sefer Haschlamah, œuvre talmudique acheTani les œuvres
de Rabbi Isaac Alphasi, par Rabbi Meschoulam fila de Moïse fils de Jnda
de Béziers... éditée pour la première fois, commentée et accompagnée
d*UDe préface intitulée Thorath Uaschlamah, par le rabbin Juda Lubetzki.
l"* partie, Baba Mezia. » Paris, Versailles, impr. Cerf, 1887, in-r allant
de f» 51 à f> 74.
La partie précédente a été publiée en 1885 ; voir la recension de M. Ad*
Neubauer, JSevue, XIU, p. 133.
ÛTPn P^irr rran Compte rendn de la Société de bienfaisance Ezrat NU"
dakim, de Jérusalem, 4* année, 5647. Jérusalem, s. impr., (1887), in-S**
de 36 p.
qOT r>ir'2 a Hand-Boock of Hebrew Abbreria lions wilh tbeir explana-
tioDs in Uebrew and English for the use of students of tbe oral Law and
rabbinical Literature, by Joseph Ezekiel, Uead master, David Sassocn
BeneTolent Institution, secretary to the Bene-Israel improvement society,
and fellow of the university of Bombay. Bombay, Anglo-Jewish and tct-
nacular Press. 1887-5647, in-8« de ii-124 ^1) P-, plus, en tête, 3 ff. de
titre et dédicaces.
L'ouvrage n'a pas de prétention scientifique, M. Perreau, qui a pubUé
de SI boM recueUs sur la matière, le trouverait peut-être faible, mais fait
par un Beni-Israél, à Bombay, et par un auteur digne de toute sym-
pathie, U mente d'Ôtre signalé aux historiens plutôt encore qu'aux Ullé-
lateurs.
V(rw b» ni"Tn3r» nimpb Beitr&ge xur Geschichle der JudenyerfoliranKen.
Ton JOM. Qurland. Sep«at Abdruck «os dem Jûd. Uler. Maga^Von
BIBLIOGRAPHIE
13f
Grûber. Jaroslaw, impn Zupoik, KnoUer et Hammersclimidi, 1887,
• dû 32 p.
Persécatiooa en Russie, anoées lG4â et 1703.
r>5"l «rG*ï'»n imn y^^^ T:i:ib^ ma^O?: voyages de Solomon Rinman, de
"uchin, dans Tlnde, la BiroiaDie et la Claiiie, augmenté et édité par
Scbur. Wien, inipr, Georg Brog, 5647 ;1887), in-8° de 204 p.
L'ouvrage a paru, en partie du moiof ^ dans le Schachar^ aonée XI I. Il
contient un certaiu oombro de TeDsei^Demcuts sur les Juifs de Sue?. lp« 7),
Adcn [p, 0 et 15), Bombay (p. Û7 à 112), Cochiu (p. S7 et auiv.)» Calcutta
(p. 182 à 184J, autres parties de Hade (p. 107, lOd)*
"nib zb "^O^yJZ Aua Lion Gomperz' Dacbgelassencii Schriflen, lie-
[rausgg, Yon Sigmund Gomptîrz. Wien, libr. Cb.-D. Lippe, 1887, ln-8'^ dû
\ XTi-102 p.
LVuvrage contient des notes sur le Pentat«uque, (jueiqu&B prophètes
(p. fS à 5G), les Psaumes, les f Proverbes, Job et d'autrea Hagiograpbes,
sur le texte do certaines parties du rituel des prières, eoilo une sorte de
consultation sur la question de savoir s'il est permis de se couper la barbe
aux demi- l'êtes de Pâque et Succot. Pour apprécier cet ouvrage, dout i'au*
tear est mort à Woog-Neustadl en t85t, il faut le placer à sou temps et
dans son milieu, les pbilologues et exégètea modernes n'en tireront pas
graud protlt, mais il est un témoignage bonorable da la sincérité scicnli-
Gquo et de la droiture intellectuelle de Tauleur, Ou est à peine eu droit
d'itteortfe des idées et des méthodes aussi saines, relativement, d'an
homme de sa géDérattou. L'iutrodnctîon de M. David KaufmeQu, et la
biographie de Tauteur par Josef Weis» , sont partîculièremeui intéres-^
lantis, M. D. KaufmaDn^ avec uu soin pieux, a oherohé à reconstituer
rhistoiro et la généalogie de h famille Gompcrz, et il est arrivé à remanier
jusqu'au xvii° siècle. Il y a probablement peu de famiïlea juives dont la
Gliatiou puisse être suivio aussi Loin et déjà, par la, cette iotroduetion est
luae curiosité. La famille Gomperti est ortgiîiaire d'Ëmmerîch, d'où elle a
péssé à Qèves, son nom de famille a été tantôt Bmmerich^ taulôt fitTi^bp,
ou C(^bp ou Èl'^'^bp (de Clèvesl, Elle a compta uu grand oombro d'hommes
distingués par leur science ou par les services qulb ont pu rendre aux
Juifs comme admiDisirattiurs des commune u tés, et grâce k la faveur dont
ib jouJasaieut auprès des autorités. Elle était alliée aux descendants de la
faoïêoaa famille Wertheiui, de Vienne, et le grand-père de notre Lîoq
avait épousé uoe hlle de Leib Wertbeim. Samsoti Gomperlz, fils de
Ttutatir. at éditeur de cet ouvrage, est le boau-père de M. D. KaufmaDUi
notn excellent et savant collaborateur.
T1^ *l^7 comprenant, diaprés le litre, toutes les prescriptions négatives et
" ^nii\rii& provenant da Sioai et destinées buï Israélites, pltjg les près-
lotions orales du mdme genre et de môtne origine. Jérusalem, Impr*
|»*t>, (David?) Frùinkin (qui est Fauteur du livre?), s, d, (1887), in-8'' de
'^ !•*
ri*ir:3 b? Histoire de la Babylonie, des Juifs de cette région, les
J'^ach Galuta, synagogues, ccoloSi études, hommes remarquables, par
*aliman Hirscb Gezow. Varsovie, impr. Leviuski, 1887 (le titre porte,
*r erreur, 1878], in-S** de iv-152 p.
n y a du b)Q dans cet ouvrage, quoique Texposé dea fait? soit incom-
plet et firagmeotaîrc.
mlr^*^^ *»ÈtSTl mbin IN 117 Oinc Pardca David odcr Gescliichtc der
l^ctiscliûu Aerztc At^it Aniul^rung ib^ar Worke vou der âltcsteu Zclt bis
132 REVUE DES ETUDES JUIVES
auf unscro Tagc hcrauf, mil Ilinzufûguug cincr gcdrângten Litcratm
gcschicble, Geschichle der Arzncikunde im Allgcmeincn, wie sic sic!
nach imd nach cntwickclt bat, mil Anfûhruug aller heidnischen, chri
sllichcn und mohamedanischen Acrzte ; bearbcitet von David Holob
Separat-Abdnick aus dem Ilascbacbar, Jabrg. XI u. XII. Zweiter Tbeil.
Wien, impr. Georg Brog, 1884 (paru 1887?). in-8o de 145 p.
Le titre promet beaucoup et met en défiance ; il y a sans doute de boDoes
choses par ci par là dans cet ouvrage, mais nous craignons qu'il ne con-
tienne aussi beaucoup de verbiage et des. développements qu'on troavenil
tout aussi bien ailleurs. Que peut dire de nouveau M. Hol. sur Mûmo*
nide ? il lui consacre néanmoins les pages 92 à 145. C*est beaucoup trop
pour ne rien dire qui ne soit archi-counu.
^1*^ TVf2^ RaccoUa di Inni, odi, sonclli, epitaffl cd elcgic nel sacro idioma
di Moisè Giacomo OUolengbi, Livorncse. Salonique, impr. Ez. Ackain
(Eç ba-hayyim), 1887, in-8*> de 72 p.
2. Ouvrages en autres langues.
Analele societatii istorice luliu Baraseb. Anul I, 1887, Bucbarcst, iml
Eduard Wiegand, 1887, in-8o de 111 (1) p.
La société bistorique Israélite appelée Jules Baraseb, dont nous av<
annoncé la fondation à Bucharesti vient de publier ce premier Annuai
Il fait bonneur à la Société, c'est un recueil de travaux importants p
l'histoire des Juifs en Roumanie. Par ces études, la Société exercera ■
excellente influence sur les israélites roumains tout d*abord, elle leur <
prendra à connaître leur passé et à Taimer; elle apprendra aussi, à c^
qui veulent le savoir et mSme à ceux qui ne le veulent pas, que les Ji:
ont un passé en Roumanie, que leur histoire, dans ce pays, rernoot*
une haute antiquité, et qu'ils ont vécu pendant des siècles sur le sol
la patrie. Voici la liste des articles de cet annuaire : 1. Ancienneté •
Juifs en Moldavie et en Valachie ; 2. Langue, port, coutumes, cuitu
états et professions ; 3. Situation légale et coutumière (dans le pas?
4. Persécutions et autres actes. (Ces quatre chapitres sont de M- T
Schwarzfeld. premier secrétaire) ; 5. Biographie de Jacob Psantir, aut
d'écrits en hébreu sur l'histoire des Juifs en Roumanie, par Lazare S
neanu ; 6. Liste de documents inédits recueillis par la Société. Le p
ancien de ces documents est de 1724.
Annuaire des Archives israélites pour Tan du monde 5648, 4* année. \
H. Prague. Paris, au bureau des Archives israélites (1887), in.8o de 110
Contient, outre le calendrier, les articles suivants : 1^ H. Pragt
Revue de Tannée Israélite 564Ô-5647 ; 29 Léon Kahn : Un Te Deutn à
synagogue de la rue Saint-Avoye en 1811 (à propos de la grosse^se
l'impératrice Marie-Louise) ; 3^ Léon Kahn : Souvenir de Jacques OlTi
bach ; 4** L. Lazard : Note sur la légende du Juif de la rue des Bille
(1290). Cette publication, on le voit, continue a être intéressante.
Bloch (J.-S.). Aus der Vorgangenheit fur die Gegenwart, social- und liU
turbistortscbe Vortrage und Essaya. Wion. libr. Hugo Engel, 1886, in
do 258 p.
La plupart de ces Essais ou tous ont déjà été publiés séparément,
voici U liato t 1 . Les iravaillears chez les anciens (avec vues et coo
BIBLIOGRAPHIE
ISS
raisons inl4res^ateB pour Thisloire du Judaïsme) ; 2. Le droil de domicile
el le droil du pauvre; 3. Ecole éLémanlaire chez les andeus ; 4* Lo droit
■H travail; 5. Corruplion danâ la âociélé moderne ; Û, Lea lalmudistes
eeelésias tiques dans la chambre des députés bongrois ; 7, Le * Naiban *
de Lessiogf S. Jeaa Bodin, précurseur de Lessiag.
[ (J.-SO- Der natîonale Zwist und die Juden Iq Oesterreich- Wiea,
(t. II. Gôltlicb, 1886, ia-8'» de 92 p*
ne of Àoglo-JewiBh bistorical Exhibition 1887, Ho^F^al Albert Hall,
lof fopplemealarj EihtbiHoos lield al Iho public Record OlficCt Brt-
, Muséum, South Kûiislnglon Mysêum. Loudres, impr. W. Clowes^
ifî, in-S*» de xxvi-2t>6 p. (Voir Taiialyso de ce catalogue dans la Revue
iliographique précedeute)*
(ÂTigdor). Apologie des Juifs^ étude historique et li lierai ra sur
it politique et social des Jtiil's depuis Ib cbute de Jérusalem jusiqu'à
30S. Paris, libr, Vieweg» 1887, in-8'' de 319 p.
Cbap. i^^'t depuis la chute de Jérusalem jusqu'à Charlemagne ;
chap. U, depuis Cbarlemague jusqu'aux tosaûstes eu 1 H)5 ; chsp. tu, depuis
les tOfafistes jusqu'à la destruction des écoles en 1306^ M. Chaikia a de
la leotuxe,, il a conitutté un grand nombre d'ouTro^^es, ses notes sout rem-
plies de.dlationSf de renvois, de reuseipiÊments bibltographlques^ il s'est
laontré, dans cet ouvrage, compilateur ditigent, et Ton peut espérer qu'avec
Il préparatioD qu'il parait avoir^ il s»ura mettre plus tard dans ses tra-
vaux plus d'indépendance, de mi^thode et de critique- L'appareil scienti-
fique des notes est souvent une enseigne Iroropeuiie, et tout n'est pas
également bon h citer. En plus d'un endroit, il nous semble reconnaître
lorifài^^ de lous ces titres accumulés, mais ce n'^esl rien encore. Une apo-
logie maladroite fait plus de mal que de bien. Il faut avant tout ne pas
aller répéter ces phrases stéréotypées, inventées par les etmemis des Juifs,
et que les Juifs eux-mêmes ont acceptées, parce qu'ils ne connaissaient pas
leur histoire et qu'elles sont monnaie courante. Voici, pour commencer^
la première phrase de l'ouvrage : • hss Israélites, disp^irsés aux quatre
coina de La terre,..* Cela n'est pas exact, les Israélites ne sont pas si
dispersés que cela, ils ne sont pas aux quatre coins de la terre, il y a des
pays immenses oii il n'y a pas ou guère d'Israélites, à certains égorda^ les
Allemands et les Anglais Eont au moins aussi dùpersés ; cette fameuse
<iisp«rsion est une idée des théologiens chrétiens, qui y ont vu un signe
de la colère divine. Je continua : * ...ont puisé dans les» souvenirs de
lear pays natal les sujets des magnîliques compositions du Talmud. > C'est
ibsolumeot faux à plusieurs égards, el cela n'a ni^me pas de sena. Plus
)om (p. 10, note), nous apprenons que les talmudistes connaissaient le
chloroforme* Pourquoi pas le téléphone et le traitement de la rage f El
dans son ensemble, tout cela^ c'est un peu du vorbiage, un verbiage qui
oe uian<[ae pas d*un certain goût et qui fait que Ton s'intéresse au jaune
loteur,
\n»m i^.-U.) 08 Lk Saussaye. Lehrhuch der Religionagescbichle ;
^tolume, Fribourg in Brisgau, Hbr, Mobr, 1887, m-S** do x^65 p.
Cottrte caractéristique de la famille aéniitique, p. '2t4-2'2t. — P. 313-31 S,
chtpitre intitulé E^'ypte et larafîl. (L*auteur croit qud l'Egypte n'a exercé
âiicnne influence directe sur le Judaïsme.)
fOiiûscriptiontim somiticaruin ab Academia ÎDscrîplionum et litlera-
lmmADioruiii coudituui âlque dige&lum. Pars prima, inscrîptiones
kSttidas coutioeDs. Tomus I, lascicul. 4. Paris, impr. uai., 1887.
134 REVUE DES ËTtTDES JUIVES
DRBsmcANN (Otto). Die Juden in Aachen, Historische Ueberaicht. Aix-la-
Gtiapelle, M. Jacob!, 18B7t in-8o de 24 p.
11 est BÙr qu'il y a eu des Juifs à Aix-la-Chapelle du temps de Chir-
lemagne ou de son successeur, un capitulaire de cette époque le prouve,
mais il est probable qu'ils y ont vécu auparavant et peut-être du temps des
Romains. La persécution dut amener à Aix beaucoup de conversions, l'obi-
tuaire de TÉglise Sainte-Marie, au xiii^ siècle, contient des Jacobus Ju-
deus, Godefridus Judeus, Willelmus Judeus, etc. Ici, pas plus qu'ailleurs,
les Lombards ne manquaient pas, ils font presque oublier les Juifs, ou se
plaint de leur usure au moins autant et aussi souvent que de celle des
Juifs. On ne sait si en 1348, époque de la peste noire, et dans les anné^
suivantes, il y a eu des Juifs à Aix-la-Chapelle. Pendant deux siècles il
n'est pas question d'eux, sauf une seule fois. M. Drea. ne croit néanmoins
pas qu'ils aient été expulsés.
DURLA.CHBR (E). Joseph et ses frères. Paris, chez l'auteur, 1887, in-8<* de
47 pages.
Le midrasch n'est pas mort, cette publication prouve qu'il sait encore j
vivre et se renouveler en plein xix® siècle et dans ce Paris affairé qui
semble poursuivre tout auire chose que ces rôves ailés et légers. Mais
M. Durlacher a son coin bien tranquille, où il peut, à son aise, suivre le
vol et le gentil jeu d'ailes du papillon midraschique. M. D. est un sage
et un heureux. <
Bnogh (Joseph). Das AchtzchDgebet nach seiner sprachlichen und geschi-
chtllchcn Enlwickelung dargestellt, als Beitrag zur Gcsch. der jûd. Lite-
ratur. Kreuznacb, impr. Oscar Lehmann, de Mayence, 1886, in-8® de
41p.
Contient les trois chapitres suivants : l** Histoire de la première rédac-
tion des prières juives ; 2® Sur la langue dans laquelle furent rédigées les
premières prières juives ; 3** Analyse des dix-huit bénédictions. C«Hte
étude ne contribuera pas beaucoup à la critique du texte des dix-huit béné-
dictions.
FiTA (Fidel). Esludios historicos. Coleccion de articulos escrîlos y publi-
cados par el R. P. Fidel Fita. Tomo VII, El santo Nifio de la Guardia.
Madrid, impr. Fortanet, 1887, in-8o de 162(2) p.
Nous avons déjà parié (Revue, XIII, 258) d'un travail antérieur de
M. Fita sur cet enfant de La Guardia qu'on avait accusé des Juifs d'a-
voir tué (en 1490). M. Fita nous donne aujourd'hui une belle collectioa
des actes du procès, qu'il a publiés avec une science consommée. L0
volume contient 68 pièces, plus divers mémoires et notes. Les 68 pièces
publiées se rapportent presque toutes au procès fait à l'un des accusés,
Jucé Franco, de Tembleque ; les pièces du procès fait aux autres accusés
n'ont pas été retrouvées. Nous reviendrons une autre fois sur cette pu-
blication. — Voici quelques notes sur divers passages du texte des actes.
P. 35. Aliha honeni, prière dite à l'issue du samedi pour marquer la sé-
paration du samedi et de la semaine, est sans doute le morceau qu'on in-
tercale, le samedi soir, dans le 4« alinéa du Schntoné essr^. Lire, sans
doute, i3:n -^nb» ^hhai honmêmi, — P. 37. L'eau donnée par les narines
(l. 16) parait être l'eau du baptême, l'eau bénite, qui fait que la personne
qui parle s appelle Bénite. — P. 57. Les onze ans ne peuvent pas s'expli-
quer par TIW, qui est, du reste, peu usité ; il aurait fallu ntS^ -^niDy.
Ziï'll:S'^'\ ^"^""l'' ®" ^^^'- f»l>binique nn-^TD. — P. 86. Tisaheaf esi
?Sf J? fjl, ^ n"" J" ^ •^^ *^ ^^'^ ^^ !• P"è'« ti«û connue du
mT^n.2 >S' ~ fj ''^'^ ^' ^"* ^•^'3. - P. 103. Pour le oddcayon
qui. aussi bien que oddoays («-.fitr, ^ni»), doit désigner Jésus, nous
pensons proviaoïrwnent qu'il faut UraoddoagoV ^lan im».
BïBLlOGRAPUlE
r^
ÎHE (Hèrmanb), Ueber Bcdcuttang, înbaït und Aîtcr des Sopher Haj-
icliaf, Beitrag zur Gcschiclile dor jndischen Lilûralur. Leipzig, libr.
totav Fock, 1867, in-8° de 4l p.
Il 8 igit du ^Crt 'D tie la Bibip; Tayteur Iraduit ce titre par • Le
livre (de leciare) du brave homme *. 11 croit que ce livre est identique
•tec le *H niîQ*ljî3 'D, qnii était formé d'un recueil de morceaux édi-
fiants avec tendances politiques ou religieuses* D'après la langue, le livre
seraic des derniers temps de la royauté. L'auteur veut que diverses parties
de la Bible (Cantique de la mer Roupe, taniique de Débora, 3" chapitre
d^Habacuc} aient fait partie de ce livre, mais ce sont des conjectures ipii
n*ont pas de fondement sérieux.
ffXR IM.). Greeko-SIovoDic. Ilcheslcr Lectures ou Greeko-Slavouic LiLe-
mrt ttod its relalion lo Ihe Foîk-lorc of Europe durtog tbe Middle-
fchwtih two AppoDdIces and Plaies. Londres, tîbr. Trubacr, 1887,
pie x-2^ p.
j L'ouyrsge de M* G. contient un grand nombre de vues intéressantes sur
rinstotre des iég^endea et des contes des Juifs et leurs rapports avec les
productions iimiliaires de la littérature chrétienne. Nous ne parlerons ici
(^ue de la remarquable étude de M. G. sur la BihU hUtorialt (p. 147 et
iuiv/. Cette Bible, qui a deâ furmes diverses, contient les faits de Fbis-
lûire biblique eorichis de légendes. M. G. croit qu'elle est faite d'après un
oarrage slavonique analogue et qui, d'après lui» serait plus aocien, c'est k
Palst. Mais la Paltea, à son tour, aurait pris une grande partie do ses
léigondeft dans les Midraschim juifs ou d'origine judéo-chrédeunef le Livre
dfls Jubiiléfi les Pirké de Rabbi Eliézer, le Siftf ka^^asekar. Le Mf/tféf9
du tH>/ Ttst4um0ntt publié par feu M« le baron Jaiïies de Rothschild, a em-^
pruDté ses légendes à cette littérature de$ Bibles bistarialea et des ou*
vrij^es analogues, D'Orient la Pela^a serait venue en Fraoce, M. Gaster
sDppose que ce sont les Vaudois qui ont les premiers propagé ces traduc-
tions de la Bible illustrée de légendes^ et que ces VauJois et autres bé-
récitfnes n'ont pas maoquéi pour leurs cBuvres, do consulter les Juifs, avec
laequeis il« auraient eu de nombreuses relations (c'est un point qui n'est
pas encore bien établi). Ces paraphrases de la Bible en langue vulgaire,
■Tant une pareille origine, devaient être taxées d'hérésie et elles furenti en
tSéU proscrites d'abord par l'Eglise. La Bible des Pauvres, dont on
M cijnnaU pas bien l'origine et dont le nom mdme est obscur, serait la
Bible d'une de ces sectes hérétiques ^ celle qui s'appelait les Pauvres de
Lyon*
sHiiMEB p.). Die Vaticaniache Handschrift der Ilalacboth Gedoloih
procbeti und in Auszûgeu mitgelïioilL Beilage zum Jabrcsbericbte des
kbitier-S^rmiiiars zu Berlin 5645 (1885-86). Berlin, imp. H. lizkûwskî,
rr), in-8*^' de 42 p*
Cette étude forme une espèce dHntrodnction à f édition du as. des halA~
àkût f «dotai qui se trouve dans fa bibliothèque du Vatican et que M. Hîld.
va publier pour la Société M'kize Nirdamim* Le sa vaut directeur du aé-
tnmaire rabbinique orthodoxe de Bf^rlin est, il va sans dire, des mieux
préparés pour no travail sur les halakhot» 11 ne sullit pas, pour faire ee
traraîl, de connaître les deux Talmud, il faut aussi Otro familiarisé avee
]•« ouvrages de casuistique écrits jusqu'au xv^ siècle au moiiïs, comme on
peut le voir par le 5" chap. de 1 étude de M. Hild,, où se trouve une
liste provisoire de passages de nos halakhot cités par les auteurs, passages
4oat les uns ne se retrouvent que dans le ma. du Vatican, dont les autres
#s trouvent rectifiés par ce ms. Voici quelques observations sur le travail
ds M, U. Dans les notes ï, J, M. IL, parlant des notes marginalea du
tas.f dit que, Gontrairemeut à M^ Neubauer^ dans Mûgiâ anaée YblOi
136
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
elles se «mt pas eo uraméen ni en arabe. Or« dans le Magîd i
1872 I DOB Si34), o^ 14^ nous avons dit que ceâ oole« &ODt et
1g sont d'un bout à Tau Ire, sauf quelques mots empruotéa au persan,
pigraphe du ms. (p. S), pour laquelle M. H. a accepté sans coDir^lt Itt
éûOQcialious envoyées par des gens ignorants du Caire, est tout simpte-
ment mtBaacrée par le copiste : infrîD est 1*TKC, Pado, Tancien nom do
Pô ou d'un affluent du Pè près de Kerrere (notre excellent collaboratear
M. le oh ev a lier Marco Morlara pourra peut-ôtre nous renseigner but ci^
Bujet) ; D'nïTD (avec û) n'est évidemment pas Meziers (M- ÎL veul-Uaîro
Mézièrea, eu France?}, mais^ comme le prouve le n^n. c'est uoeTiilfl
près du Caire (jnnpbfit nommé sur la mfimo ligne), c'est Fo&lat (toit
Benjamin do Tudèle, édit. Aaher, IJ, 197), La suite de Tépigraphe ^p,5,
L 3) doit are lue ainsi : oblSl-^OI &t"npbiï3 ZP^Z'P ri^hZT^ tlCIS ''STI
'izH nninn ^r-a nrmrj iri-ns s-.n i* rj c^nx-^a rrcM
La traduclioQ do ce passage n'oflre pas de dilHcuUés, b^5"l^0 b*^ conntt
dans le Talmud de Jérusalem (et se trouve dans TAruLb;. Plus dilHdli
est rexplicatiou du passage hébreu de la p. 7, 1 30. La date 4742 A^M^
(p. 8, 1. 4) = 9i?2 de Tère cbrét., paraît ôtro la date du ms*, qui est trt(
ancien. La date ^5fi* (p, 71, qui est 1001 des Séleucides, n'auriit pal ét<
corrigée eu IDK (IU54 des Séieucides) par M. H., s'il avait cooaullé li pï*^
face de M. Halberslam aux mpIDD mDbn [Revut, Xlll, p. 133l UiN
autre date (p. 9) est très obscure. Sur cette même page, M*H. ptrU
d'une glose du ma. et il l'atiribue à Tépoque postérieure au Zobar, mtij
quelle est, pour lui, la date de la rédauUou du Zobar ? Nous ne ÉuppoaOB
pas que M. H. continue à attribuer le Zobar à Simon b. Johal^ le ma. al
Vatican est, en tous cas^ postérieur 4 Simon b. Jobaî, et noua espéroiu
que Técole de M. H. oe prend pas sou» aa proiection ce livre fraudulctd
et blasphématoire du Zobar, qui a fait et fait encore tant de mal. Â la p« 1^
M. H. parle d'un passage du ms. contenant une attaque contre les mi*^i
au sujet du mariage d^uu homme avec aa nièces M« H. croit que ce
mtnim sont les Samantaios ou les Mabomélans, et plutôt les Saifiin^
tains, puisqu'il n'est pas probable que l'on aurait écrit quelque ebow J<
contre la religion dominante (celle des Mabométaos}^ et M. H. en oonda
que le ms. vient de Palestine, puisqu*il n'y avait pas de Samarilaifii i
Babylociie. Nous croirions plutôt que ces minim sont les Ctraîtes (Tol
notre Auê d«r Pttetihurg^r BtbltotheAy "[T^^DK, chap. 22), et comme il|
avait et il y a encore des Caraîtes eu Palestine, en Mésopotamie et •
Egypte, le OIS. peut venir d'un de ces trois pays* On pourrait plutOt do4
ner comme preuve do l'origine palestinienne le mot 4Ȕ^p*aS**tS (pW *
note 6], qui est Féquivalent de 6*735130^3. et qui est» par conséquent* H
mot grec (voir l'Arukh). M- H, se demande si ce n'est pas le pnsla'
slave, comme si le glossateur pouvait Ôiie un juif slave ayant vécu i
Palestine. Ajoutons encore une observation sur la localité de l'auteur (
nos balakbût. Il ne faut pas l'appeler Simon du Caire, le Caire nexisU
pas encore a l'époque où le livre a été fait. Les bons ms. ont fiçn^''pi ^
^rrTVP' Nous avons proposé, dans le Itr. LetUr&ods, dMdenlifier ce
ville avec Kayyar, dans la Mésopotamie (qui est peut-être le I'»p de Am(
1^ 5). M. H. devrait se procurer uoo bonne descripliou paléograpbique
ma* et une copie correcte de5 gloses arabes ; d'après les extraits {
nombreux que nous avons pris autrefois sur le ms.» la reproduction
ces gîoaea par M. H. (p, 21) laiâse beaucoup à désirer pour l'exaclits
dea lectures. Pour terminer, signalons à M. H, t article de M. Ui
Blocb paru dans cette B^ifue, i. V, p. 2(M0, ou Tauteur a déjà ap|
latteutiuu sur les erreurs que présenio l'éijuméraUon des 613 loie dans
Halakbot gedulut et qu'il a en partie rectifiées à l'aide de ccrtaiue» Aâ
rot. — A. N.
Tkoologiiicber Julircsbericlit* . , ht-sggb. vod R. A, Lipsitis. SechsUr B«
BIBLIOGRAPHIE
133
ilbtlteod die Literatur des Jahres 1886. Leipzig, libr. Qeorg Reichardt,
1687, iû-8^
Le« chapitres jl^ xi et su sont spécialeTnenC conEscrés au Judaïsme
(|>. 62*73). Ce riippori aDnuel est une œuvre triiS remarquable et qm reud
«ux éludes les plus grands aemcâs. Les lecteurs du notre bibliographie j
iTouveroiit encore à glaner. Par exemple : BaumgarLeu , Notes sur la
poésie gnomitjuo juive, Bûl© ; Mantoni, S^fifr ^nér sefiam, ovvero aonali
tipogr. dei Soacîoo» 11^ 1, Bologne ; MoUa, Ebrei in Como, Corne*
UKDS (Paul de). Purim, ein Beitrag zur Gescbichle d^r Religion. Got-
togfte» Ubr. Dielericb, 1887, in-t^ de 58 p. Extrait du 34" voi. des
MtliaiidL d. k. Gesellscb. d, W. âîu GôUingen.
Btude sur lorigine et le sens du mot Purim et de b fête de Purim.
Déjà en 1ë27» Joa. von Hammer avait émis^ ctjmme simple conjecture,
rôpiutoo que Purim serait le Furdian des Perses^ et vers la même épo(}Uâ
Ikl* de L. av^ait eu U m^me idée^ qu il avait trouvée indépendammeut de
ir, H«, el qu'il avuit appuyée le premier sur un certaiu nombre de
preaves. M. de L. revient aujourd'hui, et plus amplement^ sur la ques*
lion, 11 remarque d*abûrd que les formes grecques du mot de Purim sont,
é*uu cùlé^ tppoupat, «poopaict, etc., avec fp au commencement ; d^aulre
partf 94t/p^7ta^ poupSi^^ et probablement ^«upÔoetx, Cdls conduit à des
fcranscrt plions Î*'»TJ"1D et Èî^imSi qui ont des formes araméennes. Il
êétuii d'ailleurs impossible de prouver» comme on le supfK)se d'après le
»Ste hébreu, que soît eo persan, soit dans une autre laugue de ces ré^
gions, •îlD sigoîûe le sort. Pour M. de L-, le mot est identique avec les
ooms arabes *irîO et niD {/uhfy fur) qu'en trouve, le premier pour une
fête où les Juifs maogent et boivent, le second pour le nom de la nouvelle
aosée î le 1*^nni73 ou 11irî?3 qtii, dans Talm. bab. Aboda Zara^ Il à,
désigoe une des quatre f^tes pQrsaaesy Berait encore '["iniD et '[^nniSi
ce qui esl Lien près de D'^^llE- Pnrira est doQC la fête perse des Far-
«irdigaQt placée aulreloia o la ûu du 8" mois perse, et le mot G'^^ID
tarait le persan ]ttnr!TSD Frobarâu, c'est-à-dire la f^to du mois des Fer-
wer», placé en lôte de l'année. L'institution do celle ffite serait eontempo-
rmtue de Zoroa&lre, cbez lequel les Ferwers ooi un si grand rôle. Le Purim
serait donc une tâte perse, altérée naturellement, dans son &eus, d'après
le sentiment Juif et ratlacbée plus ou moins étroitemeut à des événements
des traditions de la vie nationsle des Juifs. Sur ce point, M. de L* ne
kplique pas clairement. Il croit seulemeol reconnaître dans les rites de
Aie de Purim et dans le livre d Esther, outre les traits de la fdle des
^'srwardigan , des souvenirs d*une f^le perse appelée par les Grecs |iayo-
fO(v(a (p, Si) et de la fêle perse du Sans- Barbe. La scène de Mardochée
k cheval conduit par Hamau serait empruntée à la légende de Kusa, la
chevauchée de l'été contre l'hiver, qui a lieu dans le mois de niKH Ou
pouvait s'atiendre que U . de L. mêlerait à ses belles recherches se» amé*
HjtéSt qui lui sont maintenant babiluelles, contre les Juifs. Le carnaval des
Juifs est use abomination , foluî des Ariens, naturellement, aW que
i« et idéal I Les Juifs mangent et boivent, pendant celle fâte, comme
brutts ; les Ariens, dans leurs fStes, se délectent d^ambroisie et ne
nt jamais. Les Juifs maltraitent^ en efûgie, leur perséculeur, eeloi
qiiî voalait ou qui veut les exterminer, cela les peint tout entiers, ils sont
1400 mécbanta 1 Mais innocents comme des agneaux sont ceux qui brîtlent
Us Juif» dans le leu de Saint-Jean et encore autrement!
tûJS {Cb.- V,)» Le règne de Philippe 111 le Hardi, Paria, libr. llachcllc,
CoijLieni quelques notices sur les Juifs. — P. 221, le séuécbel afflglais
de ûascogue demande k sou roi ce qu'il doit faire on présence deâ préteu-
ii» REVUE UkS ËTtJDfeS JUIVES
lions des Inquisiteurs de lé foi qui Téuleni le fbiter à condillH; à Toq-
louse des Juifs qu'ils accusent d'être relaps. — P. 298, Ph. le Hardi suit
envers les Juifs toute la politioue intolérante de son père saint Louis : dès
le 2 oct. 1270, il confirme les Etablissements de saint Louis sur les Juifs;
en 1280, mesures sur les domestiques chrétiens ; en 1283, sur la rouelle
(prescription renouvelée de saint Louis), sur les synagogues et le Talmud.
— P. 295 et p. 440, n« 21, pièce iuédite du 11 août 1282, contenant la pro-
mulgation faite, le 2 septembre 1282, dans la sénéchaussée de GarcaBsoone,
dune ordonnance du roi sur la condition juridique des Juifs, le prêt sur
gages, la taille des Juifs. — Les n«» 151, 179 et 180 des mandements, à
l'Appendice, ne contiennent rien d'inédit.
Le Y (Julius). Lcitfaden der Metrik der hebraischen Poésie nebst dem
ersten Bûche der Psalmen nach rhytmischer Vers- und Strophenabthei-
lung, mit metrischer Analyse. Halle a. S., libr. du Waisenhaus, 1887,
in-8» de v (ii)-60 + 30 p.
M. Ley a déjà exposé en 1875 ses idées sur la métrique hébraïque, dans
un ouvrage intitulé Grundzûge des Rythmus, des Vers und Stropkan-
baues. Son Leitfadtn est une espèce de vulgarisation de ce précédent
ouvrage. L'auteur y a simplifié et, à notre avis, amélioré sa théorie. Bile
consiste dans cette règle très simple que le vers hébreu se compose d QQ
nombre déterminé de groupes vocaliques ou mètres (5, ou 8, ou 8, etc.), et
que chacun de ces groupes ou mètres a pour centre la syllabe qui porte
le ton, autour de laquelle se groupent les autres syllabes. Le nombre de
celles-ci est indifférent, la seule chose qui compte, c'est le nombre des
tons. Cette théorie est très séduisante et M. Ley cite des exemples (Deu-
tér., ch. 32, entre autres) où elle s'applique très bien. Il est sans doute
obligé de changer quelquefois, pour échapper aux difficultés, soit le texte,
soit l'accentuation, soit le groupement de mots adopté par la massors>
c'est là-dessus que devra et pourra porter la discussion et la contradiction*
H suffit ici de consUter que la théorie de M. Ley est très plausible et
mérite d'être examinée en détail. Si elle se confirme, elle deviendra un boa
instrument de critique pour la restauration du texte biblique.
[Màïmonide]. a lévelygôk utmutaloja. Irla Mozes ben Maimun forditoltaé»
magyarazo s irodalmi jegyxetckkel elatta D*" Klein [c'est-à-dire : Guide des
Egarés de Moïse b. Maïmon. traduit et accompagné de notes explicatives
ol littéraires par le D*" Klein]. Fascicules I à III. Papa, 1878-1880, iû-8^
de 316 p.
Voici donc Tœuvre de Malmonide interprétée aussi en hongrois. Il est
fâcheux que, malgré lavertissement d'Ueberweg (voir mon Attribua
ttmltkrt, p. 3d3. note l\ le litre ait été traduit inexactement, d'après
IVxemple de Munk et d'autres . M. Kl. suit la traduction de Munk, il
reproduit par extraits les notes de Munk, mais il a profité aussi des
rinoheiiîhea plus nouvelles, autant que le lui permettaient les ressource»
soieutifiquea restreintes dont il disposait. Sa traduction va provisoir©-
ment jusqu'au chapitre lxx du f volume. Parmi les écrits, eocorc
rar»*, qui oui pour but de créer une littérature judéo-hongroise, cet otk
vraf[e occupera une place distinguée — Dmwid Eaufa^mn (Budapest.
Maxh.vi'm iSll^gm.^, Dit» Xor«Wfung des Tempels und des Prophetenhaas
au Silo. Kxlr^ll ^i^ Zt*ohr, f. Vôlkerpsvch. u. Spracbw., vol. XV1\,
U juriuvi^Hjl s4.j*| ,U i^Hte iulérwsaale élude est de donner une e^^:
^Uvm uauv^lW Uu fameux v«r«el a* U bénédiction de Jacob conce»^
»/a. mui a^ <>uvr«^ . W^ Kalwkkhmç des isr. Proplietautoms • (^
BJBUOGRAPHIE
130
^^^^), M. Majb. a cherché à proiaver qae le fameux têmpl* de Silo» où se
trouvait la tdoUor d'Kli, avait encore exîsld du lomps de Salomou, et no
lut défiDiliTemcnt détruit qtie plus tord pût Rohoaui» M» Moyb. ajoute
qu'nprès la victoire remportés par les Philistins, du toiiip« d'Kli, l*erdève'
meiit de Tiirchc et le retour do celle-ci, les prôtri^s de Silo, qui formaienl
siitg doute un groupe des plus tmportiials et des plus influonts. durent
çeneevoir ui»e {çrsode animosité contre la tribu de JuJa, parce qu'elle
s'était appropriée l'srche sainte, palrimoioe du temple de Silo. Comme on
leroit par le rôle que joua le prophète Ahiyyn» de la maison do Silo, les
prêtres de ce temple, irrités de la déchéance qui les frappait, auraient été
Jes principaux adversaires de la dynastie de David et auraiectt graudemeat
tociiribué au achisine des dix tribus. La hénédictign de Jacob serait d'un
auteur éphraîmite de ci^tle époque et le verset sur Silo serait ptirement une
allttsion a ralTaiblissemetit du royaum^j do David par suite du schisme,
lequel serait représenté comme la conséquence de la destruction du sanc-
tuaire do Silo par Hobodm. Il faudrait donc traduire comme suit : Le
Képtre (ou, si Ton veut, aucune tribu) ne quittera Jmk* . . jusqu'à ce qu'il
(Juda) vienne à Silo (pour détruire le eanctuairej et que le nombre do ses
peuples (tribus^ aoit diminué (aiTaibli, nnp*^)-
^'aT4li (Kttore), Il Gbctto di Homa. l""" volume, Rome, impr. de la Tribune,
18^7, in-8* de 268 p.
r Cette htslaîre du Ghetto des Juifs de Rome n est pas et no veut pas être
one CBovfe àUiu caractère historique très sévère, elle contient cependant
beaucoup de matériaux, dont quelques-uns, il est vrai, de provenance sus-
pecte et de mauvaise qualité. On ne pouvait demander a ratileur que de
les utHiMr en littérateur habile et en bon metteur en œuvres» et c'est ce
qu'il a fait. Le meilleur est de sauter les chapitres consacrés à rhistoîre
audennc des Juifs de Rome, pour arriver a celle du moyen ftge. Déjà la
discussion sur remplacement des synagogues de Home et la topographie
du Ghetto ivera p. LO) est intéressante. Le chopitro consacré aux Juif^j
savants do Home (p. 57 à 71) est né'^essairement faible, rintérGt commence,
an moins pour nous, h la description historique des jeux ou courses aux-
quels on condamnait les Jnils de Rome pendant le carDQval, à celte des
taxes singulières qu'ils payaient, do Thommage btimiliant qu'ils devaient
rendre aux papes nouvellement élus, quoique tous ces faits soient déjà
plus ou moins connus. Puis viennent des chapitres consacrés aux lois
fomptuaire« contre les Juifs, aux médecin» juifs, à des histoires d'enfants
tués, d'hosties votées, aux elTorts faits pour convertir les Juifs au christia-
nisme. Il n>sl pas très facile de se faire une idée du plan suivi par Tau-
leur, mais cela n'a pas beaucoup d'importance ici, son livre est attachant
et cela suffit.
iTOUoïi]. Fragments of Philo Juda'ua newly edited by J. Rendel Harm,
^Ui iwo Pacsimiles. Cambridge, icapr. de l'Universllé, 1886, in-4** de
Ces fragments sont publiés d'après deux mas. de Paris qui n'avaient
pas été étudiés ou utilisés par les précédents éditeurs. L'édition actuelle
contieut des morceaux inédits* et beaucoup d'autres qui ont déjà été pu *
bliés. On a reproché à M. H, de no pas avoir utilisé eucore un autre ms.,
WIIQ1I de lui, et qu'il trouve lui-mdme meilleur. Voici comment il a groupé
ces fragments : î. Fragments du 4^ livre (perdu} de» Allégories de la
Loi; 2. Fragm. du lirre sur les Géants (perdul i 3. Fr» du traité contre
Flaccus (perdit) ; 4^ 5. Divers ; 6. Questioues in Genesim, Exodum et Le-
viiictitn ; 7. Fragia. de livres perdus. De Providentia, Ilypothetica,
De Mundi Opificio, etc. Une bonne table des matières eût été très utile.
s^L IWiUielmj. Diô Zerstreuung des Volkes IsraeL Ersles Heft : Der
m mrvt m erms imns
Ou Mi uu tmimu truit de «et ourrafe. Dont ne bstoiis pas trop ^^>ia.T
t\^ï. Mv«i 4(«i'îl i«« «(^ lotéretM&t et qiM Tautear ne s'efforce d'êtr* im-
|/«iM«l, M«i« M «si t#op àommé par Tidée théologique. Sa codcIusïoil esl
<^«^« la à\%\^fu\fm 4aa Juifs parmi les chrétiens est on hien pour les Juif^s et
las 4:hréu«M«.
Mm»<Imi (MMwl<tM). l»r/,ypowUj«»clowy Lexicon talmudyczny i midrasco'^^ry.
VufSMVlM, Impr. Il.-J. Himdo, 1887, iD-8<>de 282 p.
MMMlM.Tmn (Marlli»), /ur Kormcnlcbro des semitischen Verbs. Wien, Libr.
(Uri UiMiotiuii. INHO, In-H** do 55 p.
NiiiiH un Homtiies pis compétent pour yx^et des théories où figurecat. et
»>tiU Niipsiéas à U rasoouise toutes les langues connues. Les idées de
Ml Holi. nous psrsissent sventurouses.
^MMW AHikl*Mt.u (M«). Oohirt) ii8upra Istorioi ovreilor in Romania, de la ince-
m\ \\^\\l^ U mylooul aocutui voac, Bucharcst, impr. Ediiard WiegsLnd,
\^^'\, \\\-i^^ dortl p.
tV v«NU)^ >\\«hI »ur rhialoirt' des Juifs en Roumanie est on tirage à part
^^vm ^^«iMk V'ha^Mtrf* da M. Schw. dans TAnalele analyse pins haut.
^vHW \^*t^^v^> vK.>x MaxnQuI l^^rcilor $ub Mibai-Viteua al Mnnteoieî si
\\NVM \ >sU a\ M^n)4m\^u )^^ 4x IXaas ik.imiiar peolna isx^iditi. Bacbarest,
W*wk xV^H ^iwl* IB^ ik^e* MOïÀaiit^ M. Scim^. m™ il à
^<^ W 4k ir«»; «»« ^iMHiMiff^ iiir ,^a}is< <« S3:iSi>-K. ex TaTiarrnr. vmt k rc^De
vV V^^^^. Vf >^^\^K K *t. \iiA*à*x>»v. fti«» * ?ftfraa àx. vcxoot Aroa. I^s
^f^s'^^^id. v*.v >if #\W i*^ \<»icfctK i î^î«r«a ji xiaïuc a i
vVN^i,, *^ V«cfM^« >fc^«< ^<«iMv«K:ir ^1^ 'niçar iwîffM Ji SMSiiMt ôl 3a^ "^
^v>v.«t»^s««^ *A ^v»^^V^ .■** V. •»% ^-; >ï«i, tmTftj {;»»«' M. JBBCS J1CHS âcW^
^ *>^s. ^ ^ .^v>v^<*.vw»- .'* 4**c^ j*fc.ïfe^ *":- ta * ^BCaHL taa :
>c««f* •««««««^ï'^
BmLTOGÎlAPÎTTE
1/il
I Mmp^r protlitioni llebrîcisV Chez \^'flllher, c^esï un ^implfi pTocôs
de iendtDce qu'oo leur lait ; cbez Bnicesco, raccusation VHgue de Walther
$« change eu înenlpariao préciâe : les Juifs s'ëtaieot jûiQta aux Turcs pour
pilîer le p«ys et le ruiner. Mais WAlther^ chez qui il n puisé le renseigne-
menl, ne dit rien de pareil, Walihcr dit que tous les Juifs furent massa-
crt>s; Bâlcpsco, qui veut atténuer le fait^ dit qu^avec le^ Turcs, ou lua
^u*tfn€t Juifs* Lu clironiquo grecque ne reproche rien aux Juifd, encore
naoiDS le baile des Vénitiens.
A la même époque, 13 novembre 1593, le bospodar Aron de Moldavia»
IbTité par le sultan à se rendre à la cour^ a Coostantinople, Bt couper la
i5te aux membres de Tanibassade otlomaiie, puis massacrer les Turcs de
la Moldavie et environ 19 juifs turcs qu^on lrou7a dan a la province, puis
il se joigtiit aux Valaques (le mot Moldaves du texte est probablement une
erreur) et au peuple de la Treuaylvanie, pour déclarer la f^uerre au sultan
(diaprés une retation allemande contemporaîoe).
D «{ïrès le même cbroniqueur allemand, ce serait grâce à l'interventioa
àW médecin, qui aurait été un juif, qu'Aron devint hospodar de Mol-
davie. Le médecin avait avancé, pour cet objet, une somme de 4ifCK}0 tba-
lers. Quand il alla plus lard en Moldavie réclamer cette somme au hos-
podar, celui*ci» pour le paj^er du service qu'il en avait reçu, b' empara de
•a personne et le livra (pourquoi ?) au Voivod do la Transylvanie.
M. Schw. nous prie d'ajouter que, dans la Geschiehte der ungarUehm
JmdêMf de Joseph Bergl^ p, 01-^32^ il est lait mentiou d'une accusation
contre ïe^ Juifs de Hongrie qui ressemble à celle de Wallher c^ontre ceux
de Valachie. M. Bergl rapporte, en outre« d'après Geb hardi, le massacre
des Juifs de Hucbarest, mais la date est inexale, c'est peut-être Gebhardi
4|iii a confondu le massacre de jaovîer 1594 avec celui de i:>93.
9IB (Benedtkl). Boilrâge znt GcscUicbte der Musik, — I. Hefl, SyDagCK
^OesâQge, mit ciner Eiolcitung von M. Grtiiiwald. [Prague tjjibr.
^flflchcles, 1887. in-S*» de 8 p. imprimée» (introduction do M* Gr.)> et
If < Ulbogrnphiccs (chaDl}«
Contient quatorze airs usités dans les synagogues de Bohême. M. Gr.
a parfaitement raison de dire que la publication des cbanls usités dans les
lynagogues a un grand intérêt historique. Ces airs, la plus souvent em^
pru&téa aux chants populaires, rnootrent la part prise par les Juift^ aux
seoiiments et aux émotions des peuples parmi lesquels ils ont vécu. Je
«craie encore plus indulgent que M. Gr. pour les emprunts faits par la
musique aynagogale aux chants et airî* populaires, cela n'est pas aussi
oon traire au bon goût qu'on pourrait le supposer. Les délicals peuvent en
Un quelquefois blessés, mais la naïveté du sentiment populaire a bien
•QSti s« valeur morale et esthétique, et mâme daus ses écarts elle est res-
pectai»l« et touchante.
r(Isaac). Recueil des lois, décrets, ordonnaDces, avis du Cotiseil
it, arrêtés, règlemcnls et circulaires coDcernanl les jsraélites depuis
' IM, précédé de l'Ordonnance royale du 25 mai 1B44, suivi d'un Appcu-
jdiCf oonletiatit : P Une notice historique sur les israélilcsde rAlgérie,
1^ Ab. Caheu; 2' diverses notes relatives à rémaacipalion des Israélites
|«%ériGns. Deuxième édition. Bordeaux, impr. E. Crugy, 1887, in-8^ de
il-18ô p,
G» recueil fait suite au Recueil bien connu de Halphen. Cette seconde
édiUoQ (ta U* est de 1878) contient des pièces nouvelle», de la p. 110 à
U p. 136, t/Appeudice coniieiit, outre la note de M. Abr. Cahen^ un
rapport du Consistoire Israélite au gouvernement sur riâmancipation des
iars^lites algériens (18fi9r, une note du Consistoire central sur lu natura-
lîSBtîoii des israéiitea algériens (1671), avec irois pièces annexes.
142 REVUE DBS ÊTUP^S JUIVES
ViOAL (Pierre). Elne historique et arcbéologiquo. Perpignan, impr. de l'iii-
dâpendant, mai 1887, in-8« de 177 p.
Ce joli petit Tolume a pour auteur le savant bibliothécaire de la Tîlie
de Perpigoao, à qui nous devons un beau travail sur les Juifs inséré dans
ce numéro môme de la Revue, Elne est situé dans Tarrondissement de
Perpignan. L*étude de M. V. contient (p. 47- 4S) un petit cbapiire sur les
• Juifs à Elne ». Rn 1349, le roi d'Aragon autorisa l'évêquc a avoir dix
maisons juives à Elne (donné à Saragosse, le 9 des calendes d'août 134J).
Bonet, fils de Léon d'Blne, demeure à Girone en 1377. Maître (médedn),
Mossé Vives et Davi Mossé Dayot achètent, en 1407, la ferme de Taidede
tout le vin jukic (juif, eatcker) qui se fera à Elne pendant un an à partir
du 20 septembre. En 1409, Léonins, fille d*Aaron Deui (Devi? Davi?),
juif de Perpignan, déltire épouser Jafuda Natan Jacobti, d'Elue. L'é^êqne
expulse les Juifs d'Elne en 1409, mais ils y reviennent peu de temps après.
En 1492, Mossé Rimocb, médecin, Jacob Tolossano, Benvenist Bmso,
David Qatenyo, Senton Almoynino, Ysacb Oateoyo, Ysach Scarelle (?)i
se firent « de nouveau > hommes de l'évêque et du chapitre d'Elne, leur
prêtèrent hommage et serment de fidélité, et promirent de payer, toas les
ans, à titre de vasselage. 10 florins. Ils n* eurent pas â les payer deax fois,
dès Tannée suivante ils furent expulsés.
WiCKfES (William). Û"ncD «"3 ■»î3:?a A trealise on the accentuation of the
twenty-one so-called Prose Books of the Old Testament witb a Facsimile
of a t>age of the codex assigned to Ben-Asher in Aleppo. Oxford, impr-
Clarendon, 1887, in-8« de xiv {i:-155 p.
Nous aBalyaerons, dans le numéro produia, ca tiès iatéreasant ouvrage*
3. FfMications pouvant servir à VkUtoire du Judaïsme moderu.
DvcRiRON 'B.). Les Juifs et la légalité. Paris, impr. L. Pariselle, \^h
vûr^ de 8 p.. et impr. L. Gaérin, petit in-8* de 15 p.
FAmois vivais'. La question juive il t a cent ans. Paris, libr. Charavay,
1886. in-^ de Î5 p.
Histoire sommaire d« l emancipatioa des Joiis en France à l'époque de la
Révolution. Si l auteur avait connu le Rtem^ de Halphen, il se serait épar-
gné l>eaucoap de peiaes et de recherches. Son travail est excellent, sans cor
ti^air ^uère» c«p«a>iaat« de faits nouveaux. U a utilisé Paul Fanchille (U
({u<e$tioa juiv* ea Frase* sous le premier Empire. Paris, Rousseau. 18^)»
qui a taii, ^tit cv sujet, aux Archive* satioanles, des recherches tout à f«il
»ér;wa>k>. ^uoi^u» lui aussi ne pirasse pas connaître les ouvrages reUli&
à U uMit^re^ p«$ ib^« :<s pnx-è»-verba-.£x impniMS de TAssemblée défi
Jujiù «K du ^rand Saahedha. Le grand àeiaut dtf rourrage de M. Fi^-
chilU^ d aiU^ur* iotèressan». v^uot^^u» les £i:ts oonvnaux n'y soient pis non
pîuî^ tr^ 8K>mbf«ux« c*«*t ^*il « soit servi sans critique des documents
«(U il a OMk^ttllè^ Si: T «Tait rtfiéchi. U uauraii. par exemple, pas tdmis
iv <%utv^ a« l V.v«pa;im«Bt d* la foctune immchàjitee par les Juifs d'M"
*aw (p. \>\ U *uit* a Wu BOQtrê <çue cêtait une aopnrexice tout 4 f«l
meai^UAe «; dv>ut il «Hait iactl« d» «• Twdz« compte. Par ce seul exemple,
hl. Fa^'hikl^ aurait pu wir c» «fu u t avuit d'exagéré dans les plaintes
^ui wuanwàt d AU*v>» vvutw Itw auite,'e« t|uaaaa éuieni* en grande partie,
liMlM. du |N^»j^^^ wcial e; lh<^jk^.i(u«. N^ios counaiasutts des rapports
adttiiuiatraUia itMO^l» d« c^i« «pg^iun (|uà sont Uû de confirmer ces
pUta^. L>ldau)ùaiMVMi «M«^ai»ÎMM àUùi» «i pact»^ %«i«a par U phn-
SIBLIOGRAPHIK
1«
•lokifrM qui ayait cours sur les mœura et ravilissement des Juifs, mais
ce sooi de purs cUcbés^ rien de plus. Uoe éLude plus approfondie des
séance* du Saahëdriu aurait aussi fait faire u \[. Faiichilla quelques dé-
couvertes iDlérefsai)t«s> M. L. Fa rges parait avoir senli le défiiul que nous
sigsaloust SCS jugements sont plus réservés et il sait que, daas cea plaiotea
contre les Juifs du temps, il y a à prendre et k laisser.
lE&T (B.). Les Juifs« la société modcTDC ot raDlisémtti&me. Paris^
p, A. Durlachcr, juillet 1887, in-8» de 32 p.
ft08(ll.)* Treu und frei. Gesammdle Reden und Vorirage ûber Judeo
f Judenthum. Leipxig, libr. WiBler, 1887, in-S^ de vii-3ô5 p.
Cootient outre autres ; (Discours prononcés aux sjaodes juif:i tenus eu
Allemogna ISftO et 1871), — Was heisst nationar? ^- Uuser Standpuakt.
— An dïe deutschen Juden* — Auf Moses yendcta&hoii. — Auf Micbael
Sachs. — Aus einer jùdischen Gemeinde vor 50 Jabren. — Un appendice^
et SUIT., contient des explicaiionSj notes et additions.
4. Périodiques,
HWn (Jérusalem^ mcosuel), = =: 2* anDée. N** 1. Ilirschcnsolm ; Les
lUfim de la Miscbtia, — J. Mardocbée : ExplicalioDs de divers pas-
^ talmudiques, — Hildesheimer, idem. — Wolf Jabez : Les Psaumes
Uaiiel. — Salomon LaDiado : Règles talmudiques cd ordre alpbabè-
ue ^= = N** 2. Nous manque, = := N"^ 3- lUrscbensûbu : Remarques
écologiques sur !e langage talmudique. — Le même : Observations
f filie Babur. — Jacob MardocLée, suite. ^ -^ N** 4. HirscbcDsobii :
b Talmud de Babjloue connaissait le Talmud de Jérusalem. — Ëxpli-
Joode mots talmudiques de S. D. Luzzatto, publié par A. Bcrliner' —
idè Mtrdachôe, suite. = ^ N° 5. Hir^chensobn ; Que signifie le mot
StSt — Jacob Mardocbée, suite, ==. = N** 6. Nous manque» = =
Hkirsclieusobo, suite. — Jacob Mardochée, suite.
fc
► tuMiétltes (Paris, bcbdomadaire^ 43« année, =: ^N*» 26, 27» 30.
llle ; Etudes bisioriques : Louis XIV et les israéliles.
pIic Ccatrftiblatt [Jungbnnzlau; pas de périodicité régulière),
ûée, février 18H7. M Griinwald : Zur Gescbicbte der jùdiscben
Itttf gemeinde Jungbunzlau in Bôhmen. — Nachldiiuge zu der bio-
&h. Skizze ûber den verew, grossen Talmud-Lebrer R. Aron Kera-
L> -^ Simon Hock : Instïtutioncii der alteïi Prager Judcugemeinde.
5= €• année, l'** fasc, paru avril 1887. M. Griinwald : Die Juden
et Rudolf IL — M* Eisler : Josepli ibu Zadik und soin Buch Olam
pkaUa. — M. IL Friediiinder : Materiakn zur Leidensgcsckiclile des
I» und der rabbiniscben LiCeratur. — GrCiawald : Alaler. z. Qescb.
tiltasgem* Juogbunzlau (suile),
M»
; M»adttii de V Académie des in.ierii»tfoii!t et Bel les -Lettres
= 4° série, tome XIV, oclobte-decembre 1886. Clermonl-
: Koto sur ridentiricalion de la ville de Hippos avec le Kirbei
, -= =: Tome XV, janvier-mars 1887. Rien à signaler.
Uraelilleo (Triesle, mensuel), ==== 25" année. N^* 10» 11 et 12.
144 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Pielro Perreau : Per la storia délie communità isr. in Italia e loro eman-
cipazione. = = N*» 12. E. Lolli : Considerazioni sulla conTenienza o
meno di riferirse constamente air arabo nella spiegazione dei fenomini
nella grammatica ebraica. = = 26« année. N<>' 1 et 2. P. Perreau : Perla
sloria, etc. (8uite\ = = N* 3. Barzilai : Ideografia semitica.
Jewish GhroBlele (Londres, hebdomadaire). = = N® 921. Jos. Jacobs:
Aaron, son of the Devil (pièces de Colchester) . = = N® 925. Ad. Neu-
bauer : The expulsion from Spain (le ms. d*Abraham de Torruliel). —
Israël Abraharos : The rod of Moses (suite n*» 926, 927). = = N»927.
Gaster : Jewish Folk Lore (suite n*»» 928. 930). = = N<> 928. The Jewsin
Persia. — The Jews of Panama. = = N**» 934, 935. I. Meisels : Some
rabbinical learned women. = = N«>* 936 et 937. Chotzner : Art among
the ancient Hebrews. = = N°« 938,' 939, 940. Joseph Jacobs : Jehuda
Halevi poet and pilgrim. = = N*> 938. Archœological researches in
Daghestan (notes sur les Juifs, suivant M. Anissimout). = = N°* 942,
943, 946, 947. Stem : The eighteen Bénédictions. = = N*» 941, 942,
945. The Anglo-Jewish historical Exhibition. = = N*> 946. Joseph Ja-
cobs : London Jewry 1290 (avec plan et vue) ; voir aussi Jewish World,
n* 744. = = N» 947. Exhibition notes (Entre autres, notes historiques de
M. Lucien Wolf sur les Juifs en Angleterre depuis leur exil jusqu'à leur
rappel ; David de Pomis à Hull en 1598). — (Reccnsion des Abot de j
K. Natan publiés par M. S. Schechter). — (Mention d'un article de <
M. Loo dans l'Academy sur Shylok). = = N® 949. Persécution of the i
ourly Jews in England (d*après une lecture de Walter Rye). — Litteraiy ^
Intelligence (mentionne la Cruciôcation of a boy by the Jews of London
1244, d*après le Miracle de Henri 111). = = N« 950. Lucien Wolf : Jews
in England between 1290 and 1656. = = N* 951. Litterary Intelligence
(mentionne article de A. Neubauer dans Academy sur le mot Arabie)."
The pronunciatiou of mrp (Cambridge Hebrew Society). — The exche-
quer of the Jews (lecture du D*" Gross). — N* 953. The Jewish origin of
the legends of Merlin and Arthur (d*après une lecture de M. Gaster; cf.
Jew. World, n« 751). = = N»» 954, 957, 958. Claude Montefiore : The
wisdom of Solomon. = = N® 956. The chief Rabbis of England (leclnre
du D*" Herm. Adler).
Hebniica (Chicago, trimestriel). = = Vol. 111. N® 2 (janvier 18811.
W.-H. Bennett : Notes on a comparison of the texls of Psalm xvin
and II Sam. xxii. — Clermont-Ganneau : Mené, Tekel, Pères. —
M. Jastrow : Jewish Grammarians of the middle apes. — P. Haupt : On
the elymology of û''0::3.— J. P. Peters : Féminine Plural of verbs; Wav
consécutive; Numbers in Hebrew, etc. = = N° 3. A. Nordell : On the
synonyms Tliy and brîp. — Gottheil : Kottek*s Das 6. Buch des « Bel-
lum Judaicum ». — A. Briggs : The strophical organisation of Hebrew
trimeters. — O'Connor ; Inscriptions of Nebuchadnczzar. — Jastrow,
suite. — Cheyne : Notes on bia^a .tD-^b-^sa. etc. = = N» 4 (juillet l^%
Smilh : The text of Jeremiah. — Craig : The monolith inscription cl
Salmanassar II. — Crâne : Tikkun Sopherim. — Felsenthal : S. J. Finn's
new Hebr. Dictionary. — Woods : Notes on Psalm lxxiv. — Edwards :
Genesis 11, 25 and xlviii, 10. — Pick : Old Testament passages mes-
aianically applied by the ancient Synagogue.
I«Mf»m (Mayence, bi-hebdomadaire). = = Année 1887. N^ 17. Bine jùd.
BIBLÏOCRAPiltE
145
ForschuDgsreise nach Arabien (conilDuc dans quelques numéros sui-
^nais, puis luterrompu; rautheDlicilé de cette relation a été contestée).
(Hanovre, hebdomadaire). ^ =^ 5* année. N*** 2 et 3. Alte
iterdamer Gemeindevcrordnungcn. =^ N*^* t et 8. Aus der Gescb,
litt Juden Wûrtlombergs in Miltelalter (d*après la Gescb. Wurttembergs,
\it P. r Slâlin). = = N*» 9* Cari. Scbîeler : AUe Stadt Augsburger. Nu-
er and Mûochener Judeii-Ordiiungen. l^ Zur Gescb. d. Juden
llUcliland. = = N'* 10. BeriHirkuub^ea zu deu alleu Amsterdamer
ie^Verordnungcn. ^ =^ N^ IL G. Schiefer, suite : II, Judcn-
Ton 1276, — =n N^ 13. C- Scliœler, suite : IIL Der Sladt
Iffmehcû Juden-Verordnuug von 134l> ; Geschicblliche Eriaulerung dcr
tt*Ordnuûgeû.=^N'^ 1 4-^15. Scbaefer, suite : Recbtliclie Erlâuteruuf^
den-OrdnuDgen. — Eiu Besucb in der Juden Savanua {d'après le
sis du capitaine G.-P--1I. Zimmermauu), = =^ N^ 15-16. ScbSÊferp
ûîle: Zur Gescb. der Uecbtslage der Juden in unseretn Jahrbuudert. —
[l>icSlïiLislik der Juden in Polen. — Die Fraiikfurter Biicbeiliûndler und
Liku jûdiscb, Collegen. im 17. Jahrbundert (dans Fr. Kopp, Gescb. d.
Ntuisch. Bucîihaiidels). == N*'* 17 et 25, Scbuft'er, an. — = N° 26.
[Der Itadesberrliche Judenscbutz. = — N*^' 28 et 2*à. Historisebe Notizen
Ge«»cb. der Juden in Miincben gelegenllicb der Fertigslellg. der
SvnagQge.
i«ilatl4]ar (Paris). ^ ^^ 6" série, tome ÏX, n*' 1. Clermont-Gan-
i: La sleie de Mèsa, examen critique du iexlc (Examen de la publi-
ld<: Smend et Sociu sur la atëlc).
Uabhâil« (Ratisbonne. hebdomadaire), — = N°* 4 à d^K M. H. Fricd-
4lo4er : Matcrialen zur Gescbicbte der Juden iu tiôbmen. (11 est fâcheux
4u«lcs numéros de ce journal ne soient pas datés.}
litlneke L«tt«rbocle i Amsterdam» sans périodicité déterminée), ==^
aimée. P. 145 : Suite de !a relation de voyage (p. 38 el suiv.),
f.liH. M. Grûnwald : Zur Etymo4ogio des Wortes bl5D«. — F* 151»
ie nième : Asarja ben Mose de Kossi, 15101578, Notizen zu dcssen
Lcb«xi und Wirkcn. — F, 157. A. Neubauer : P Kurzc N'olizen iiber
Bji»iUdirift«n ; 2** P H5(3. Notizen aus Einbâtideu und gedruckton Bù-
i^cnt; 3** P, 17L Varianten uud Zusûize zu Jellineks conèeros Wornts aua
4er Hosenlbar scben Handschrtft ; 4*» P. 173, Marlyrcr-Lisle aus Ms.
Ox/ord Opp, add. quo 185, catalogue n"^' 2555. — P. 175 à 192. Beceu-
•ïôis'i, nnifc autres celle du Catal. des mss. bébr. de la Bodléienne par
i*Ad. Neubauer
Lliierattir-tllalt (Magdebourg, hebdomadaire). =^ = 15» an-
' N"* 35 A. Meisi^ls : Shakespeare und kein Eode. — Samuels:
L^ Analektea. I, Zu Uiub. — S. Wien«j;r : Zum jDd.-russiâchen
•ju. =^ = N** 36. Kroucr : Zur Kennzeichaung der Wisseuacbaftlicb-
dca luâtttutum Juduicum m Leipzig. = = N"" 37 et 38. Krooer,
*- Coben : Die Censur in Mcnorath Hamaor. =^ = N** 39, rien à
r. = = N** 40. S. Weissmauu : Psalm 45. — D. Siraonsea : Ver-
Dg von 13 und u- — Nochmals îiber bTi>n 'w- ^^= N'" 4l et 42.
iim, snile^ — bll^n 'w. suite. — L. Cobeu : Dateu-BericbU-
itj D' Grâtz' Geschichle dtr Judeu. := = N" 44, Wiener : Die
id Fcucrbestattuug nach Bibel u. Talmud. — L. CobcDi suite,
T* XV, w« 29, tu
146 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
= = N« 45. Wiener, suite. — Kroner : CoUectanea. XVI, Ueber ^Tînp^cir.
= = N^ 46. M. Krakauer : Die Erd- und FeuerbestaUong. — Th. Kro-
ner : Zwei Pergamentblâtter der konigl. Bibliothek zu Erfurt (fragmente
curieux de Mahzor). = = N° 47. Kobn : Die Brd- und Feuerbestattung.
— Kroner : Tbeologiscber Jabresbericbt fur 1885 (le Beiicht de Lipsius^.
— Kroner : Zwei Pergamentblâtter, suite. = = N® 49. Kobn, suite. —
Kroner, Zwei Pergamentblâtter, suite. = = N® 50. J. Caro : Zur Escha-
tologie in Talmud und Midraschim. I, Kôrper, Scele, Tod. = = N* 51.
Kobn, suite. — Kroner : Theolog. Jabresbericbt, suite. = = N*52.
Kobn, suite.
16* année. N* 1. Stcckelmacber : Zur Erd-und Feuersbeslattung (sur
môme sujet, n<*' 2, 3, 5, 6, 7, 8). — Kroner : Tbeologiscber Jabresbe-
ricbt, suite (suite dans n«« 2, 4). = = NM. Caro, Zur Eschatologie in
Talmud und Midrasch. II, Siibne, Todcszustand. = == N^ 8. Ziemlicli •
Einer der nicht Liturgiker sein will, Antwort an Hn. Prof, de Lagartie
(suite n<*"9, 10, 11). — Beerdigung und Feuerbestattung in Bibel und
Talmud (suite n^» 12, 20, 21, 22, 28, 30). = = N» 9. Kroner : Thealo-
gischer Jabresbericbt fur 1885, suite (suite dTans n<>. 10). ==N« XI.
L. Cohen : Zur Chronologie (suite n^» 13, 15, 16, 17, 20, 23. 24, 80, SX-
— Hocbstâdter : Uebcr die Schreibart und Aussprache des gôtllicl^*"
Namens (faudrait lire ffihvé). == N^ 13. J. Goldschmidt : DerReclàt-S"
standpunkt der Potitioncn der Tbicrschùtzler gcgen den Schlachtri tus
der Juden. — Kobn : Cbama bar Tobia (Sanhédrin 52 d). = = N» ^**
S. Weissmann : Der 110. Psalm (suite n^» 15, 17. 18\ — L. Cohen : ^«^
Litteratur der Pessacb-Hagadah (bibliographie). = = N« 15-16. Kroa^^^*-
Harmlose Lagardeana (suite dans n°» 19, 21, 23, 25, 26, 29, 31, 3^)-
= = N» 19. Guslav Karpeles an Friedrich Spielhagen. — Die Thi^^
im Leviticus (d*après L. Karpelles dans Verhandlg. der K. K. zoolo»^-
bolan. Gescll. in Wien 1885). = = N' 21. Goldschmidt : Die Agîtalî^^
gegcn don jùd. Schlachtrilus (suite dans n* 24). = = N** 24. Deulso^^ '
Jùd. Wissenschafl in christlicher Beleuchtung und umgekebrt (reccnsm^^
de la traduction des aggadot par Wûnsche). = = N'o» 25 et 26. Dans ^^
Familicnblatt, supplément à Wochenschrift : Zur Geschichte des Sy*^*'
gogen- Baues. = := N* 2G. Die Anglo-Jewish Exhibition. — Zum Ratl».^*^
Simsons. = = N** 27. Das Andernacher Judenbad (ancienne constr"!^^
lion ; notice sur divers mikwé d'Allemagne ; suite dans n®» 28 à 32). ^
Gossel : Zur Gesch. d. Judcn in Westpbalen (pièces de 1766 et 177 O).
= = NO 32. Goldschmidt : Erklârung der Tosaphotslelle Taanit 16 a C»^^
la crémation des morts).
Hagazin flir die Wissenschafl des Jadenlhams (Berlin, trlmcstri^O'
= = 14« année (1887). P"- trimestre. A. Epslein : Der sogenannte Rascbi-
Commenlar zu Bcreschit-Rabba. — Berliner : Nachbemerkung zum rori*
gen Artikel. — M. Jastrow : Hebr. und Chaldâiscbe Wortbildung in der
talmudischen Zeitperiode, — David Kaufmann : Elia*s von Nisibis und
Saadja Alfajjùmi s Aeusscrungen ùber die Triuitât.
The Mènera (New- York, mensuel). = =r Vol. II, janvier à juin 1887.
Contient, entre autres, l'histoire do Tlndependent Order Bene Berft
(I. G. B. B.) et l'histoire de la mission de M. B. F. Peixotto, à titre de
consul des États-Unis, en Houmanic. En outre, direrses études de
M. Felsenthal (Dictionn. hébr. de Finn, n*" 5; Cbronological dates i&
Hebr. Literature, n«6). == Vol. III, n«« 1 et 2 (juillet et août 188T).
OIBLIOGRAFIIIE
Ul
Smiaûe rhistoirc du L 0. B. B. ci de la mission do M, Peixotto. —
F«iieQtbal : \Vo was Hayyitn Kiinbi ? The iwo-yoar Cycle ; was a biennal
Cjde cTcr in use? Division of thc Penlaleueli,
Nf«lâr wtstvitsrhufllirlie Mon»! sb lutter (Francfort-sur-le-Mein, mcn-
wel}. V auûce. =r = N'' 1. Ein CbrUt (Renan) iiber die ursprÛDgIiscbe
Qïeichhcîit und allmâblicbe Trennung des Judt:nlums und Christcntuma.
— Ein Grnb auf dem jûd. Friedliofe in Frankfurt a. M. — Anna Conslanze
TOûCosel, einc jûd. Prosolytin. — := N" 2. Rotbscbild : Der ewigo Jude.
— Ans spani-cUen Arcbiven (sur enterrement du Gliaries II le Mauvais,
1386^ et le juif Samuel, qui fait 1 embaumement). =^= N^ 3. Gôlhe und
— Ueber Juden in Persien und Malabar. ^ = N** 4. Pbarao-
— Gedanken uber das Cbdstentum. = := N" 5. Noues ûbor
Ptul de Lagarde, = = N" 6, Offener Briel' an Hn. Prof. M. Lazarus, vod
Cuslflv Maier, = =:; N"" 1 et 8. Tamus-Neumond* — Erzbcrzog Karl von
OcsIcrreJcb in der Scbweiz im Jahre 1797^ nach Noli^en aus dL\ssen
Tagcbuçb und nacb Aufzeiclinunfren in HandschriHen. — Ad. Kurrein :
Die sozialc Frage im Judentum. ^ Joël Mùller : Die jîid* Kanzelbered*
timkdit im xviiu Jabrbundert
flMSIvaelirlft fllr Griirhlebte und %Vlsscttscïli5ift des Judcnlliunis
(Ir^itoftCliin, mensuel)* = = SG»* année, 1887, N" 1. GraeU : Der Aulor
fi<6 masoreliscbcQ Werkes Oc kl a h w Ochlah. — J. Tbeodor : Die Midra-
Hhîm tntn Pentateuch und ÛQt dreijabrigo palasUn» Cyklus (suile). =z=
N* 2. GraeLx : Der Eboprozess in der Familic Ibn Tibbon. — Perlitz :
Ribbi Abahu, Cbarakier und Lebensbild eïnos palîisL AmorSers, —
I> iiaafmann : P Eine Anekdoto vcm Juda Halewi ; 2^ Hûrdt bel Speyer.
-^ N*' 3. Graelz : Die Bcdeulung der Pncsterscbaft fur die Geselzge-
bun^ wiibrend der zweilen Tempelzerslurung. — Perlitz, suile. = =^
î**!, Graetz : Bedculung der jCuL Milnzen mit dem Feslstratiss (Lulab).
*- Perijtz, suite. == N" 5. Oraclz : Nacbtrag zu den lùckenbaften Ver-
^m in der Uibel pios r^?:X3 KpDfi. — Neubauor : Der Wabnwitz und
I Scbwîodeleien der Sabbatianer naeb ungedrucklen Qiiellen.= =
H, Graetie : LchrinhaU der WeisheiL in dem biblischen Scbrifllbum.
•-Neiîbaacr, suite, — Perlitz, suile* = =: N° 7. Graelz, suile. — Uebcr
ti Gcrscbom und sein Verballniss zum masoreliscben Sammelwerk
Oehlih we Ochlab. — Perlilz, suite, — Mendelsoniaiia* ^ = N" 8*
Paralïelen ans der jûd* Geseliichle, — Theodor, suite. — lloro-
r: Ucbtr den Bcgriff von N"jari- — Neubaucr : Notiz ûber Menabem
Tirlimaa (Vardimas serait VerduDJ.
pie ■ooalssrltrirt (Berlin^ mensuel; aupplément h la Jtidiscbe
gj. :^ = Année 1887. N^ 1. D. llotimauu : Die bistortscbe Momenlo
ûon« Ksrcb Gebet (suite n'^* 2 à (>;. — OHtzki : Rituelle und ju-
i Fille bel Flavius Josophus (suite n*'* 4 et 7). ^ = N'^ 2, TieU :
liehwierige Rascbi Stelle, Gen. 36, 31 (suile n^' 2 et 3). =^ = N- 3.
QactiaflUcbe Mtltheilungen (sur les mss. découverts par U, A. Har-
liT^). L Bisber unbckannte Resch-Galuta ; *2- Bericht eines Augenzeugen
Uitf die Verbanaung der Juden in Portugal (Abrab. de Torrutiel). —
ifedusana : Zwei unnôihige Gorrecturen (contre Tietz). == ïiota :
Sue VOD Hcidenbetm offcnbar missverslandene Stelle des Macbsor
Kerobgt du 2* jour de PÛque)* — DaH gruiidlegende Bucb der
oder der Talmud des Anan (lellre de Saiiit-Pétersbourg)* := =
148
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
N** 5. A. Harkavy : WisseDScbafll. Millheiiangen : Ein bis jêUl uû-
bekaoDtea Werk ûber Astronomie ans der Epocbe der Gaonim iRab W
Levi). Der atteste CommeDlar zn den bîbï. Bûcberii (Daud b- Mer^i^^
Armki al Mokammez). = = N*»» 6 et 1. A. WolflF: Zum Capilel ûber di»
jûd, Erbrecht, = := N» 7. J* Levy : Eia Wort ûber dcn jûd. Kalea.ii«»
I>lc nfcazeit (Wien, hebdomadaire). -= = 27* anoée. >'• 1. Die indust.:K'iel'
Ica uûd commerzieUen VerhaUnisse im alleu Palâstîna (d'après Dîi
aulike Wellanscbauung, de Job. Fritz, Hageu i. W. 1886). — Zirii<m «rt
Erinnerungen an D*" J, M* Jost. ^ =: N*» 2. Die Juden in Persien C[ <^'»
près Persien wie es isl, du D' Wills et d'après Jcw. Clironicle^ =^
N* 12. G. WoU : Historiscbe Notizen. U. Jûd. Sludiereode (17811 ^ ifl
Der Vereia zur Unlerstùzung inittelloser isr. Sludierender in "W^iea
= =; N*» 13. G. Wolf, suite : iV. Von der isr. Gemeinde Wicn l»4^\
(actes offlciels) ; V, Dank der Vertreter (6 janvier 1808, mariage de l''*
pereur François). — Bine bisloriacbe Stimrae ûber Moses Meurids^oîiîk
vom Jahro 1766 (dans Histor Bildersaal, 14** partie, Nuremberg lIGiO- —
= N« 15. G, Wolf : Histor. Notizen. VI, Die Tûrkiscbe Gemeind*^
Wiea ; VII, Daa Alenu Gebet; VIIÏ, Allerlei Steuern. — =N' 22/ G. WT^^i
Aus der Zell der Kaiaerin Maria Tbercsa (Bohême et Prague, 1744-1 ^ <j9))
= = N*» 26. Der geislîge Zuâland der Juden des HIdjaz zur Zeit MiiLe»*î>
mcd*« (d'après U. Hirscbfold, Beilrâgc zur Erklârg. des Korans, Lp*Si
1886; suite n*^ 27 et 291.
JildUrhe Presse (Berlin, bebdomadaire). = = 18<* aaoée. N«* 2 el 3.
russiiicbe Pbilosopb Wîadimir Sergewiicîi Solowiew ûber den Talir»^
== =^ N** 4, Zwei Mârtyrcr der Posner Gemeinde vor 150 Jabren. =^_^
N* 27. Die Berliner jûd. Gemeinde in den ersten 50 Jabren dièses Ji
hunderls, Vortrag» von S. Oumbinner (suite dans n*** 29 et 31),
Putewtiiie Emplaration Fmid ^Londres, trimestriel). ^. =^ Janvier 1&^
G. Schumacher : Récent dtacoveries, Notes and News from tbe Liv^
Acco. — Ilippos of the Deeapoîis, — Sir Charles Warren : Notes
Arabia Petrtea and tbe countrj between Egypt and Palestine. —
M<^»squc El Aqsa, Jérusalem. *— C. Schîck : P Tbe stones of Jenisale*'*
2** Newly discovered roek-bewn Tomb al Kolonieb. — Tbe Sue of 1^
City of David. — Tbe Ruck-Altar of Zorah. — Byzantine capital futiO^
in the llaram arca, — Middotb, or tbe measuremenls of the Temp'*^
(euite), = = Avril 1887. Tbe Sakharab. — G. Scburnacher : ResearcbôS
in tbe plain norlh of Cfesarea : 1" Au excursion to the crocodile rivei;
2*^ Tiberias and its vicinity. — Guy le Strange : Notices on the domeof
the Rock and of tbe church of ibe Sepulchre by Arab bistorians prior
to llie firsl crusade. — Capt. Conder : Notes, 1" From the Quarterîj
Stalement 1886-7 ; 2^ On Perrot and Chipiez'» « Hif^toire de l'arl. >> —
\V. Mihier : Kirjutb'Jearim and Ebcn-Ezer. — C, Scbick: A remarquable
tomb. ^— MicJdoth (suite)» = ^ Juillet 1887. Thomas Chaplin : Transla-
tions of tbe .Middotb. — Capt. Conder : 1" Tbe Hittites; 2" The critîcism
of the Hitlilc»; ÎJ^ Lydda and Anti-Christ; 4** The Canaanites. — The
Kûrnak List of Palestine. ^- C. Scbick : Notes, — A Jérusalem Cbro-
niclL', — Hchick : llerod'a Amphithéâtre. — Capt, Conder : Remark ou
Herr Scbicks Report. — llutchinscm : Tbe towr of Edar, — Schuma-
cher : P population list of ihe Liva of Akka; 2" Arabie Proverbs. —
ClennoijUGanueuu : Note.
BIBLIOCBAPIIIK
IVî
^
ilt* [Bucharesl. bi-mensucl). = = I^« année (188G). N*^ 18.
liU (de Jassy) de la 1804. — Ua acl de la 1827 (de Moîso
Sofer, coûcernaiil Focsani)» =: = N'*20. Aminliri dospre revoîutia de la
IWS din ValacUia. — = N"* 22 et 24. Joseph Kaufmaii : Comunitatea
diii Romaiif descriere istbrica. =: = N^' 23 et 24. Extrase diti xiarul
«crai'Official Veslilorul Romanesc (années 1845 et 1846),
2* année (1887J, S^ 1, 3, 7, S, Kaufmao, suite. =r = N*» 3. Exlrase,
siule l'année 1847). — Un hrislov incdit de la 1783. — Un act incdil do
U 1852. = =: N<» 8. Ua act privitor la tempul coral (1857). = = N»' 7
A 13. Rien à signaler.
êe riif$t«tre de» reUgiomm (Paris^ bimestnel). =: =: 8« année,
XV, n" l* A. Sabati^îr : De la question do l'origine du pccîiô d*a-
fifè* les lettres de l'apôtre Paul. — Menant : Les Hétéens. ^ ^r: N^ 2.
Sabflticr* suite. — P. Régnaud : Le 8«(îMiiv, bistoiro d'un mol et d^nne
idcc. — Maspero ; Le rituel du sacrifice funéraire, Btillelin critique de la
rcligron é^-p tienne. — G. Lafuye : Les découvertes en Grèce au point
«le rue de rbisloire des religions. = ^ N* 3. Maspero : Le Livre des
morts. — L. Massebieau : L'apologétique de TertuOicn et TOctavius de
Miaocias Félix.
1?^lter« IsrméliCe (Paris, bi-mensucl), == = 42" année. N* IL Isidore
'Wi'ii : Cboii de fables talmudiques (conliuué danç uuméios sulYants^.
Abrah. Lévi : Un document messin U7 mai 1791^ démarche des Juifs
«le Mei2 près de l'assemblée nationale pour la rentrée des impôts).
Il %'ei«IJIo Israelliieo (Casal-Honferrat, mensuel), = :-^ 35® année. N** h
ï*- Perreau : Inlorno al Targum di Ookelos (suite de l'année précédente),
$. Momîgliauno : I monumenti di Nînîve et di Dabilone (suite de
l*année précédente). ^^ N*" 2. P. Perreau : Intorno al R. Josef Kara
^<1 il suo Commento sopra rEcclcsiaste. ^ = N°* 3, 4, 5. P. Perreau ;
ÏQîomo aile leggende populari isr. nel medio eiro. — LeoneOo Modona :
I>i tma edizione de Siddnr TeâUoth in lingua voïgare e tipi ebraici sco-
notclala ai bibliografî (se trouve à la blbliotb. de Bologne, donné en
I7ôl par le pape Clément XII!). = = N^ 6. Gli Ebrei deir India e il
^ Mtntegozza. := = N<* 7. Astorre Peregriai : Iscrîïiîoni Carlaginesi,
^tetreleliiielie Woebeoselirifi (Wien, bebdomadaîrc'fi =: ^=4' année.
?i* ♦. AroD Briman in Sicht ? ^: ^= N*» G. Der noue Scbulchan Arukti ans
8uel. = == N** 7. Ad. Sterafeld : Die Juden in Abyssinien. = — N" 13^
tm KrtniinaUîtll vor hundert Jahren (affaire de sang rituel en 1788 à
Toli«i. == N" 17. Die Prager Judenschaft (d'après Ip D' Stein, dans le
Citcii,t, fâac, 99, suite dans n'^MB à 25). = — N* 28. Die Juden in der
Stàtm und Timbuktu nach Mitlbeiiungen vfm Oskar Lenz. :=^ N** 31,
itti^em Kîrcbenbacb in Ëgelin (un Juif baptisé 1624).
itifM World (Londres, hebdomadaire). ^ ^ N*» 732, 733. A conlem-
pofttry opinion of Uriel A Costa (Daniel Levy de Barrios). ^ ==^ N**» 735,
138. Grammatical notes on Hebrew inscriptions : Baal Lebanon. Dibon,
Silotai, Gcbal and Escbraunazar. =^= N^ 730. Opcning of tbc Jcweries.
^= N** 740 à 747. Tbe Jeweries (Les juiveries de Londres). ^^
>!*• 745, 746, Studies in Jowisb Legend ; I, The Nimrod fable*
itmcÈtwiti der deuUirlieii itiorgenlundisclieii Ucselliieliaft (Leipzig,
150 • REVUE DES ÉTUDES JUIVES
trimestriel). = = 40® vol., 4® fasc. Philippi : Die Aussprache der seiBi-
tischen Consonanlen i und •^. = = 41® vol., !•' fasc. Rien à signaler -
l^elUjCliTtff dem deatselieii PalaesIlna-VerelBS (Leipzig, trimestriel).
Volume X, fasc. 1. R. Rôhrichl : Syria sacra (Bibliographie). — K. Zan-
gemeister : Rômische Inschrift von Jérusalem (sur la fameuse X* l^^io
Fretensis). — G. Gatt : Bin Besuch bei Abu Suweirih (chef de tribu, sur
la côte palestinienne).
Zeltsehrifl fur die ttllle^taineiitlielie Wlasensrhaft (Giessen, 8eix=ies-
triel). Année 1887, fascicule 1. Baethgen : Siebenzehn Makkabài^^^^
Psalmen nach Theodor von Mopsuestia (Schluss). — Reckendorf : U^Eîber
den Werlh der altâlhiopischcn Pentateuchùberselzung fiir die Reccii=>ns-
truction der Sepluaginta. — J. Derenbourg : Les variantes de M. le — A*»»*
teur Pick (sur Mechilta et Sifré). — Budde : Richter und Josua. — Die
hebr. Grundlage der Apokalypse (hypothèse de E. Vischer, approuva par
Tauteur de cet article).
Zeltachrirt fur die Geschl^hCe der Joden in Denlsehland (Brci^QS-
wick, trimestriel). = = Vol. I, n« 4. Moritz Stem : Beitrâge zur
Gesch . der Juden am Bodensee und in seiner Umgebung. — G. W -olf :
Zur Gesch. der Juden in Oestcrreich ; III, Gomcindestreitigkeiteir^ in
Prag 1567-1678. — L. Geiger : Goethe und die Juden. —M. Isler: B^r— iefe
von Lazarus und Gabriel Riesser. — Steinschneider : Hebr. Druck— -^i^
Deutschland (suite). — M. Stem : Aus der âlleren Gesch. der Jude:^K=i in
Regensburg. — M. GrCinwald : Zur Gesch. der Juden in Jungbunzlau ^^ I^-
— L. Lôwenstein : Memorbûcher (suite) . = = Vol. II, n** 1 . C ^ — A.
Burkhardt et M. Stem. : Aus der Zeitschriften-Literatur zur Gescli- ^^^
Juden in Deutschland. — M. A. Stcrn : Briefe von und an Gal^ ^^^^
Riesser. ~ J. Aronius : P Ein Wunder in Coin und die Juden ; 2**E^af'
der Grosse und Kalonymos aus Lucca. — L. Lôwenstein : Memorbiic-Ï^®''
(suite). — L. Geiger : Zur Mendclssohn-Litcratur.
AllgemelKe Zeltang des Jvdealhsms (Leipzig, hebdomadaire). = =^
51* année. N* 7. Ad. Rozenzweig : Skizze zur Gesch. der Juden in Te-
plitz, Bôhmen. = = N° 12. J. Wolf : Oestcrreich iche Censursacheii'
= = N® 15. Die Juden in Marocco (extrait de Marokko, de V. J. Horo-
wiz, Lpzg., 1877). — G. Wolf : Gesch. des jûd. Schulwcsens in Galizien
(à partir du xviii* s.). = = N<> 16. Josephus und die Tradition. = =
N** 18. Eine Synagoge in Palmyra (avec inscr. hébr., découverte par
Euting. d*après Landauerdans Silzungsberichten der K. preuss. Akad. d.
Wiss. in Berlin, année 1884, p. 933). = = «<>» 19 et 20. Die Hungers-
noth in den biblischen Zeiten. = = N^»» 22 et 23. Aus eincr Pariser
Reise im Jahre 1854. = = N» 24. Die staatsbûrgerliche Gleichberechli-
gung in Wûrttemberg von einem Proiestanlen (d'après Beobachter des
26 et 27 mai).
5. Notes et extraits divers.
= M. Joseph Derenbourg, membre de Tlnstitut, vient de donner uno* suite
à sa belle publication du Kalila et Dimna hébreu, c*est la traduction la-
BIBLIOGRAPHIE
151
M^e fie Jean de Capouc. Les notes de M. Dbg. sont pleines d'observations
^âvaojes fcl ingénieuses, et le texte a été réconelituû et corrigé par lui,
^ Taidc des différente» versions connuesi avec une eagacilé extraordi-
naire. Voici !e litre de cet ouvrage ; if Johannis de Capua Directoriuin
"Vitae htimanîe, alias Parabole auUquorum j^apientum. version latine do
K^alltab et Dimnab, 1*^ fascicule, ^ 72« fascic. de la Bibliotb. de TÉcolc
dc« Hautes-Études, Paris, libr- Vieweg, ISST, in-8« de 240 p.
1^' ^ I— a communauté isroélile de Vienne vient dcproposer au concours la
^^dactîon des deux ouvrages suivants : 1^ Un catécbisme israélite en
«loux parties (prix offert : 3.000 marcs) ; HP Une histoire des Juifs depuis
^*cïxil. en deux volumes (prix proposé : 4,000 marca), Lo premier ou^
'Vi-age doit ôlfo déposé avant le l''^ marfl 1888; lo second avant le 31 do-
*^oinbre 1888 (vfvir Neuxeit, I8H7, n*» 7),
=^ X^aus rAlbena^ttjQ du 27 août 1887 : 1*» Notice biographique sur le lit-
■*i^ râleur danois Méir Aarou Goldschmidt, né à Vordingborg lo 2<î octobre
^319. Auteur, entre autres, d'une nouvelle intitulée £n Jnde (1845) et
«i.'aulrcs nouvelles juives. — 2*^ A. Neubauer ; Tbc Jew Antonio de Ve-
*"ona, (Le 25 mai 162t> on ht à l'Académie d'Oxford une lettre par la-
«ixaellc la reino Henriette Marie recommande Maria Antoine de Vérone,
/"^mulum nostrum : la lettre est du 19 janvier 1G25. La réponse est qu'on
It.i<ïDdr^ comple do la recommandation de la reine en faveur de Maria
.^k^ntooio de Vérone, juif. En l<ïil3-24, le Kings Collège, de Cambridge,
Sft^^orduit au juil Aâlomio de Veroae une pension (t) de â l. ; M. N. aup-
H^ose quo c^ juif élalt baptisé.)
Quelques pages très înléressanles, et exprimant d'excellents sentiments,
sur rhisloîre des Juifs à Uome pendant le moyeu Ûge» dans « La Re-
katssance italienne et la philosophie de l'histoire, v d'Emile Gobliart;
Paris» libr. Cerf, 186(ï. Le chapitre que nous signalons se trouve p. 168
oiftuiv.
r L*Espagoe et les Juifs, par Isidore Locb, dans Bulletin mensuel de TAl-
limiice i&raélite universelle, avril 1887, p, 71 à d2. (Étude sur les ques-
Uooâ historique, légale» économique et sociale, à propos de tentatives
réoeiîtee faites par des publicistes espagnols pour appeler dans ce pays
MSk plus grand nombre de Juifs.)
^ M. A, LcDwy, à propos de son article sur la stèle de Mésa dont nous
avons porié dans le précédent numéro, et dont ^L J. tialêvy a ftait une
rcconsion (dans lo mOme précédent numéro), prépare une réponse à toutes
les objections et critiques qui ont été laites contre 8a thèse ; il maintient
l'opinion que la stele est apocryphe.
= Excellent article de M. E.-A. Aslruc. dans la Nouvelle Revue (Paris,
juillet 1887, p. 332 à 350). Le titre de cet article est : « Le mouve-
ment rehgieux » ; il se divise en cinq chapitres qui sont : 1" Exista-
l-il un mouvement reli^Meuxf 2'^ le mouvement religieux dans le monde
ancien ; 3** Torthodoxio et la nouvelle critique indépendante ; 4" les re-
ligions laïcisées et respectées ; 5* le mouvement religieux et la paix so-
ciale. Les principales publications iTaitées sont : L'Ancien Monde et le
Christianisme, par E. de Pressensé ; rilistoirc des Reiigions, par Mau-
rice Vcmes ; les Mélanges de critique biblique, par G, d'Eichthal ; la
tmductioa de la Bible, par Ledrain ; Jésus*Chnst attendu et prophétisé.
152 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
conférences de Tabbé Frémont; Tlslaniisme et Thistoire des Religions,
par H. Derenbourg ; l'Introduction à Thistoire générale des Religions,
par Goblet d'Aviella ; Zur Judenfrage, par Jos. Kopp.
= La librairie H. Grevel, de Londres, annonce qu'elle va publier une édi-
tion anglaise des ouvrages français de M. I. M. Rabbinowicz sur le Tal-
mud (Les législations civile et criminelle, la médecine). La publication
comprendra 6 volumes, cbacun de 500 à 600 p. Le prix du volume est
fixé à 1 livre 1 sh.
= L'Atbcnseum (n^ du 23 juillet) annonce la publication d'une petite gram-
maire hébraïque du Rev. W. H. Lowe. — Dans le môme numéro (p. 118)'
note sur une conférence faite par le D** U. Adler, de Londres. M. H.
Adler croit que les Tosafot de Gomicb sont de Norwich. (voir Jew. Chr.,
n« 956).
= Revue des Deux-Mondes du 15 août 1887 : Excellent article de M.Maxime
Du Camp, intitulé « La bienfaisance israélite à Paris ».
6. Chronique des Journaux.
= Nouveaux journaux : •
1 . « Sem et Japbcte, parait en langue française et allemande, par Isi*
dore Rail; 10 livraisons par an. » — Le n® 1, publié en juillet 1887, se
compose, pour chacune des deux éditions (allemande et française), de
8 p. in-8**. Il est imprimé à Léopol (Lemberg), chez Ch. Rohatyn. Prix .*
fl.^2,25 par an.
2. Nous voyons aujourd'hui pour la première fois le journal suivant :
« Infratirea, Ziar israeiilo-roman. » — Publié à Bucharest, en langue
roumaine ; format petit in-folio, de 4 pages le numéro, à 3 col. par page;
prix, 8 fr. par an. Le numéro que nous avons sous les yeux porte la date
du P*' août 1887, et est numéroté année II, n<» 42.
3. Israelitisches Volksblatt, volksthûmliche Wochenschrift fîir die
Interessen des Judenthums. — Publié à Trêves par A. Nussbaum, ré-
dacteur responsable ; in'4® ; le numéro a 8 pages à 4 col. la page ;
6 marcs 50 par an. Le n® 1 de la 1** année est du 15 mai 1887.
= Une publication soi-disant périodique, ayant pour titre n2^k3"lK&Dp3^, a
été distribuée à la fin d'août 1887 avec les Journaux israélites allemands.
Elle porte comme date : « IV. Jahrgang, Monat August 1887, » et est
composée de 4 p. in-4o à 2 col. Elle paraît spécialement destinée à servir
d'annonce pour la vente desEtrogim. L'adresse du journal (?) est : ExiK>r-
teur, Trieste. Le rédacteur et propriétaire est S. Rotter ; l'imprimerie est
celle de Moritz Burian, Budapest. Les 3 premières pages du numéro d'août
1887 sont en allemand, caractères hébreux, la 4" page est en allemand,
caractères latins. Sans autre indication sur la périodicité ; se distribue
sans doute gratuitement.
= 11 y a longtemps que nous n'avons reçu ni le Schacharj ni la Sulamii ;
le Zion, de M. Zupnik, paraît avoir cessé de paraître après le second
numéro. La publication du Bêt'Talmud est interrompue depuis quelques
mois.
Isidore Loeb.
BIBLlOGMPHtE 156
I uvec lelle ou Lelle partie du Dûutéronome, il
^. dans rétat actuel des études, d*en tirer autre
hasardées. Les faits constatés se prêtent
diverses, et dans les rapports des textes
fçH on peut essayer tant de combinaisons, qu'il
[^dc donner la préférence à Tune d'elles. Nous
mes qu*il y a dans le second Isaïe des morceaux
nmertt ceux qui parlent de la dispersion
les morceaux concernant Cyrus), mais la
pptitite, comme celle du premier Isaïe et de son
>us ae pouvons ici entrer dans les détails, llnté-
Verncs soulèvera probablement des polémiques
pourront que profiter à la science.
^îore cet article, nous recevoQS de M. Maurice
ûQ suivante qu'il a faite : M, Gusiavs d'Bichlkal
VÂncien-Testamml : Paris, au cercle Saint-Simon,
p. Nous nous associons à l'hommage rendu par
dire de Gustave d'ËichthaL
ÎSIDORl LOEB-
ùfilfara^ genaout Bar Ebmyo ÂnDnerkyageD zu den Salo-
ri herausgegeben von Alfred Hmilfb. rnauguraldissertelion dcr
Lj'utuUiet der Georg-Augusl Uuiversitatl zu GoeUiDgen, Leipzig,
l|i^êf»j ix et 29 pagea, Ea vante chez Bioterlcb, libraire k Goet^
es de BarhebrsDus sur TAncien et le Nouveau Tes-
É* îtTîïn "^^lût, ^ Lo Magasin des mys 1ères », ont été
Js comme une des œuvres les plus importantes pour
de lu langue syriaque et l'excgèse des versious de
liage chez les Syriens. Il ne faudrait pas cependant sa
-iir le sens de ces mots et leur donner plus de portée
ut* On a eu lort autrefois de coDsidérer comme clas-
vres de Barhebra*us et d'en publier de longs extraits
Dmaibies destinées à initier les élèves à Tétude du
brasus vivait au xui^ siècle ; à cette époque, le sy-
5sé d'être parlé et était en Syrie môme une langue
^4ttiû en Europe le latin. Mais, si rillustre Jacobite ne
is comme modèle de style^ ses commentaires sont de
pour la grammaire et la lexicographie syriaques.
les Jacûbites el les Nestorieus avaient les uns et les
156 REVUE DES ETUDES JUIVES
autres une massore distincte qui variait selon les différences dialec-
tales de ces deux sectes. La Peschitto étant commune à tous les
Syriens, le texte Tariaie peu, mais la prononciation différait sou-
vent. Tant que ces massores n'auront pas été publiées, les commen-
taires de Barhebrsus devront, dans une certaine mesure, en tenir
lieu, car ils noient scrupuleusement les variantes, et, à ce titre
même, ils seront un élément de critique pour la future édition des
massores syriaques.
Les Nestoriens restèrent fidèles à la Peschitto, les versions posté-
rieures telles que THexaplaire et THéracléenne sont des œuvres pa-
rement jacobi tes. Tout en conservant la Peschitto, les Jacobites con-
sultaient et citaient souvent les révisions qui avaient été faites sur
THexapla. Barhebraeus ne cache pas ses préférences pour THexa plaire
syriaque, même quand celle^i s'écarte du texte original, comme dans
Prov., XXX, 3, où rbébreu mzn "r-rrb-îtb-i est traduit exaclement
ws-n^T Krrr» rér» «bi dans la Peschitto, tandis que Tllexaplaire
n'a pas la négation.
Ces préférences ne lui sont pas dictées i>ar un esprit d'hostilité
contre les Nestoriens, car très souvent il donne raison à la massore
nestorienne contre la massore syriaque. Dans Prov., xvii, 56, par
exemple, ^rrb était ponctué "^'^\ par les Jacobites, et *^z) par
les Nestoriens; de même, Prov., xxii, 22, les premiers lisaient
•ïj^rn »b et les seconds ^^^rr «b, parce que les uns rattachaient le
verbe à une racine creuse et les autres à une racine géminée;
Barhebrœus approuve la leçon nestorienne. Prov., xxi, 24, nnDW,
e dans sa colère », était ponctué rrre»? par les Jacobites (avec kaf
aspiré), mais mieux par les Nestoriens, suivant Barhebrseus. nn^K?
(avec kaf dur, comp. fjPfK'. Prov., xxiii, 24, Barhebrœus préfère la
ponctuation nestorienne Krr-na à la ponctuation jacobite Nrjma
(comp. Frcenkel, Die aramœiscken Fremdwœrter im Arabiscken, p. 404).
Il importe de connaître ces différentes prononciations pour éviter
des confusions fâcheuses. Ainsi, à propos de Prov., xviii, 49, Barhe-
brseus nous apprend que les Jacobites prononçaient ï^'^j^?* ^ ^
verrous », et les Nestoriens ïrnn». M. Payne Smith, induit en er-
reur par un manuscrit de Bar Ali, traite dans son lexique, col. 42<,
ces deux prononciations comme deux mots distincts. Dans certains
manuscrits de Bar Bahloul on trouve ponctué «TH»; la voyelle de
la première consonne indique la prononciation nestorienne ahada»
On ne doit accepter, d'ailleurs, qu'avec la plus grande circonspec-
tion les ponctuations qu'on trouve dans les manuscrits des lexico-
graphes syriaques. Ces manuscrits donnent des prononciations
différentes selon qu'ils ont passé par des mains nestoriennes ou
jacobites, sans compter les erreurs dues à des copistes modernes et
peu éclairés.
Les commentaires de Barhebrœus sont aussi une source d'utiles
informations pour l'histoire de l'exégèse biblique. Dans les passages
nmuoGixhPum
dîes ou douletix, Barhebnpus cite souvent les iolerprélalions
ViTes de l*Eglise grecque et de TEglise syriaque» même des hé-
Nloxes comme Théodore de Mopsueste. L*éditioii complète de ces
imeiilaires rendrait un grand service, mais elle entraînerait de
it frais, car l'œuvre est volumineuse. Des extraits eu ont été
lés par diflerenls auteurs, à diverses époques ; M. Keslle en a
é la liste dans sa grammaire syriaque : Brevis linguœ spriacm
■«ma/ica, 1881, p. 31-32. Depuis quelques années, M. Paul de
irde, professeur à rUniversité de GœUiogue, a eu rheureuse
de proposer à ses élèves, comme sujets de thèse de doctorat,
iulrrs parties de ces commentaires. Eu fSTH, M. Scliwartz publiait
commentaire sur TÉvangile de saint Jean, et M* Klamrolli le
imenlaire sur les Actes des Apôtres et les Kpitres catholiques.
ces deux thèses, M. George Holfmaon puisait le sujet d'une
nute dissertation sur la grammaire syriaque (Zàiscà, der D* M,
xixiî, 738 et suiv.). En 1879, M. Spaouth faisait conDBitrt? le
mcQtaire sur FÉvangile de saint Mathieu. Aujourd'hui, un
disciple de M. de Lagarde, M- Alfred Rahlfs, publie le com-
itaire sur les livres dits Salomo'nîques : les Proverbes, FEcclè-
le Cantique des Cantiques et la Sagesse. C'est un choix très
le. Les Proverbes renferment beaucoup de mots difticileset
usités sur lesquels s'exerce la science de BarhebraHis* Outre les
liions faites plus haut, voici un passage de ce commentaire digne
'e signalé : Prov., xxv, il, le mot «mai était ponctué «*^:p par
Jacohiteâ et les Nestorieos (cf, Opuscula Msior.^ éd. HoilmauQ,
101, 17) et on se demande si le rapprochement de l'arabe nâdjùd
ipoâé par M» Fraenkel {Die aramaeiscken Fremd7cœrter im Ara^
p. 167) est a l'abri de toute contestation. Notons aussi
ç. « fourmi », Prov., vi, 6, dont la diphthongue au ne peut
enter que la voyelle o selon le système nestorieu, si Ion
ipare Vu bref de Tarabe sumsum; :i'*2^ et non sjm, id.t xiv, 30,
UT, 13; Ksxn et non NX^¥^* id., xx» 17 (comp. Barhebnpus,
CZtrr» fframm., éd. Martm, I, 207. 10); les Nestoriens proDoocaieut
■^n. Ce commentaire sera également utile pour le targoum des
^îîefbt^s, qui suppose un original syriaque.
IkùA l'Kcclcsiaste et le GaoUque des Cantiques, les observations
primmaticales et les variantes sont moins nombreuses. L'explica-
1^^ nilégorJque que Barhebra^us donne du Cantique des Cantiques,
saint Grégoire de Naziance, saint Jean Chrysostôme et saint
te, remplit eu grande partie le commentaire; rauteur si-
mot :ncri"Tî3 avec a long du schtn comme le synonyme de
nombril *», Gant., vn, 3.
Le court commentaire du Livre de la Sagesse renferme, au con-
llft. des remarques importantes. La leeon «n^î^bi «b-^ri^ que Bar.
3 admet, Sag,, xi. 11*, pour *«r"'s:ii27, « éclairs *», est éfi-
t fautive; elle a porté BarhêbriL'Us â créer une forma dimi-
•:vï^ EETTE DES ETTDES JUIVES
•uuviî arrpaê = 3i> ' s>' xVz , qu'il donne à tort dans sa grand
^rautiudirv, £^ ^ €5,. L 15 ^comp. notre TrûiU' de gr^mm. syr., p. i^
uoLt» I . Ctîfit là in source de la glose de Karoiâistiiaoyo sur xr^*zV
jouuue l'tndii^ae le dernier mot Kn::s, ces:-JHiixe, € Le lirre def
>pieuà<)urs t. aoa de la grande grammaire de Barhebrsos: cette
:;lo;m ue sKncait pas de figurer au TMe^smru ^riaau voy. col.
Ou ir\>aT« dans ces commenlaires d'utiles recLâeignements sur les
uoui> itài^ p&aaces mentionnées dans la Bible^ i&s sont : Ptot., tu, 17,
5e^:^*'^î - "rarsTr, et irirp = tpk-h. var. ">'jbS'-. ; E«l- xii, 6,
HT^ - x-~t «rb: Cant., i. 13, «ncrr =KrTT; id.. rr. 13, trro
itr'-S'*^ 3srb2r; îd., iv, U, *ib:? =« ipcx. Stst t»«is ces noms on
oourrd ci>a;^cer Texcellent traité de M. iTTiiManel Lûfw intitulé
£Hif inuÊifiScàin PflûuzimnûfÊum.
biu ap(Mud:ce, M. Rahlfs traite de la proDoaciattàûQ des mots VviB,
L eùiUoa de M. Rahlfs ne mérite que des édoges : > texte est cor-
LiKt» impriaié en bons caractétes sur beau pa^ùcr. II a été établi
auprès trois manuscrits dont deux appartieimea: a &i Bibiothèque
de beriiu .collection Peiermann et collection Sac^aa et on troisième
JL la bibliothèque de l'université de Gœtt:n|rcKi. M. BaiiLê i relcfé
av^ uu $oin scrupuleux les moindres Tar:&n;«s : H a distingué par
Ueri^ guiUtf mets le texte biblique du commentaire* m se aï tes chapitres
ol les versets par des chiffres de différente grosseur. îteis les notes,
U ciio a 1 occasion les passages bibliques aux^foei^ il es; fait allu-
Moa. i.«rJice à ces soins, le commentaire de Barbttectts se lit avec
bc^uwup de iacilitë.
Rrszs^s DcTAL.
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
Tome V, p. 142. — Bo analysant la JÛdisch- deuUche Chrestomathie, de
GrOnbaum, M. Neubauer âigaalo romission latte par M. Gr. d'une Tersion
j 11 <l4So-alk' mande du Penlatcaqtio qui eiisle à la Bibliothèque nalioDak de
t'aris el dont M, N. donne la dcscripUon, d'après un catalogue, en partie
ïnanuacrît, de celte bibliothèque. Ce môme catalogue signale un Vailp en
JtitltîO'allêiïiand, sans leitc hébreu (cf. Griinb., p, 289-296). Cet ouvrage a
jélô imprimé ù Prague le Ircnte-qoatnème jour de V orner {Vd iyyar) 53S2
l(= 29 avril 1022), en seconde édition ty^yo Û3?D, par les fils do Jacob b.
|(»Orson Back, et composé par Juda Loeb b. Moïse Jacob, M. Steinschoeider,
liai Bodleicn, col, 391, signale uoe édition de 1011», puis une autre de
*^9, mais non celle de 1622» qui diffère gruudemenl, du reste, de ces
k éditions. Dans notre exemplaire, le plat intérieur de la reliure porte
i»om du propriétaire : nT::?D n^lD^n OnbtîJ h^iMyO "13 msDrî'^Vx ■>:»
i^ïSDl-iZa'iS b:£fii n^br n3"^l?3a. -^ Moi Alexandre fils de Samuel Schalom,
Seodcr Haguenau, en Alsace près Strasbourg. >^ Le m35'>n de M. N.
^tme^ Xir, p, 93. n. 1) pourrait plutôt Ôlre Hégeulieim, en Haute-Alsace^
^isc prononce Hégené. Notre exemplaire est arrivé à la Bibliothèque
ttionale après la conquôte de l'Alsace sous Lonis XIV, Ajoutons quà la
<iu Thésaurus gramm. linguœ ^nctœ^ de J. Buxtorf, il y a un chapitre
^lâtulé LedtOHis hebr.-germ. usus et exercUatio, qui contient une liste tl'ou-
[et des telles étendus en judéo-allemand. — Puisque nous avons
las haut du propriétaire d'tiu ms., signalons la propriétaire du traité
Ketubot, édil. Cracovie, qui se trouve à la Bibliothèque nationale
t A.. 8-42/8). Sou nom est en lâte du volume, il est 'n 'CTTpn p Ti:?a 2pj^^
^^3* — M, Bchw.
T. XII. n*» 23. p. 91» l- 6. — L*ouvrage de Jacob de Rotbeubourg fut
^^mposé, non ù Ëdigheim^ mais à Bcedigheim, grand -duclio de Bade, où
^. Gcdalia fut longtemps rabbin. Un obituaire (Memorbucb) que j'ai sous
les yeux contient le passage suivant :
'^Wj n"nTn» D^^rn p-'ix ab^i?Dn bii:ir; ann n^^:: S'^pbn m::r
îirn^sm 0"'Tîi"^'7;^n3 Y'3« '^mu sinsrt^-n^â D"nn nnîî':J?3tj apr-» -i"nfî3
hy\ ^m7 bn:i a"*:iD 'siq nnr n«-nrrn C3 hj mn-^u-'s n-in y^^snfn
•i:?3i mrn p*» b^^:^^ imsT *înn m^Tb yrù'ô in?^inm pi^^ n^'^aorî
. n'^-'D» ir -^^rb b&i-c* bo
Un R. Gedalia Rothenbourg est aussi mcatioané, à cOlé d'Eliakim liotîjen-
bourg, auteur du n^rr nblîOr dans robituaire de Pfersce, d'après Perles,
MoruUuckrift, IS^S, p. 511. — Z)' Lœwtnstein, de Gailingen (juillet 1886),
T, XIÎ. Sur larticle do M. Perles, p, 241 et suiv. —P. 245, 1. 17. Les
fOûls ♦ cet ouvrage » sont erronés, car la citation hébraïque se trouve
dans le mJÎT ^3"*^ (cf. p* 257). Le ms. de ce dernier ouvrage est mainte-
,i»aot dans i]ijy|y|{|g|^èque. 11 a pour le passage cité ici *)b pH^"^ "«^ab el ^
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> !**Tir tT'vii 4I. j£irzi:àwiL. xAimwuîUL .tî ^xunoafti tS|çai<3&€at >▼€€ 1
^"I^T* J tr.rpa :e za&smsz^ l ju "mai laire le iouus -.çae Le sens n:
■ r*;»>--^{mi-,ii;ane. -t lar aascKirufia le jttix> izibiliitie dn mot, dc i
r^tft^A f^ ,{ itjf/i,!. ^ -«îrruLDitt -23ilcaiiuii -ré Touve viiins Piasker, h
Af^r.*fi^$frr \. :iîl. ,u L ^ 1. îea lu ^emanitter le mot ambe correi
>'if'.4 nirniiiiciion ie aos rauieiï ul Caiimârier jtiif nous avo
/î'f'f rij*»{«nut3» liUâis Tur»^ mciemitaK et -ians Iii recension {Retuî
'//» t/-»*!^ «v/,nM ^i^maie :^Ie «ii* Siâiiba&iai Donoiu, dans son comme
tt» i.fv-.. 1^, jt îrearino. 2a tqicl ane iiuiT<e« qui nous est signait
>f f^«io>/»fr i<ui«t -»»* ir.fiv.i iauij .B cumnitaitaiie daméme LiTre de la
•^rT>. ^f ^'t^sH '* i\ti ioiir preaent tçrii est le trQi:jiènie jour (mardi) 12
M r4t».,A^ y^\,'^ r^»v« :net»iuci.i«»;. > Cette date correspond an 31 ma:
'^<» ,'4^in*^ri u'><iâi ri*i .a creaLUîcu ce qui proore. comme le fait remi
r'^*"r^Mf»i v<. Umn^^n, aa»* Saadia plitçait lêre des Séleucides en
Imuakl Lévi.
fi If^^i JiV i'ir ii'r i"i '" ^*'"'' ^''y ^'^' ^^^'^ ^^'^ habitude de tradu
». i« I !iii/ " 1 • ''' '••''''* * "°® ^<^"rce dure, en forme do coupe, la
•H flMM^ . M,M 4m,/,, hiUhro.mtge Rind,, dû Schale der Dattel.
RECHERCHES BIBLIQUES
LE XIV** CHAPITRE DE LA GENESE.
Lexir clia pitre de la Genèse contient un récit extrêmement
int<iressaat au point de vue de l'iiistoire- Pendant qirAbrara *
l'installait à ïlébron et nouait des relations amicales avec une
ÛBiille émorite, on vint lui annoncer que son cousin Lot, établi à
Sodome, dans la Pentapole de ia Mer morte, avait été emmené
I captif par Cbodorlogonior, roi d'Élam (Susiane), dont l'armée avait
[saccagé ces villes pour les punir de leur rébellion. Abrara n*hé-
Ntlpas un ïustant. Il arma ses serviteurs et ses alliés, au nombre
1^318, courut après les ravisseurs jusqu'à Dan, les surprit peu-
[totlâ nuit et, après leor avoir infligé une grave défaite, réussit
[ileur reprendre les prisonniers et le butin. Au retour, Abram
[«Rira en relation avec deux rois du pays. L'un, nommé Melkisé-
f <lec, quj était en même temps roi de Salem et prêtre du dieu Élion,
Itpporta du pain et du vin avec sa bénédiction sacerdotale.
était le roi de Sodome, qui le pria de lui remettre tes pri-
r*>njjiers qu'il avait arrachés à la captivité. Abram se montra
[ili^edu haut rang où sa victoire Lavait élevé aux yeux des indi-
[|tae«. Dans les deux occasions, il fut d'une rare générosité* Au
\ Helkisédec, il offrit la dlme de tout son avoir ; au roi mal-
Qreux, il rendit non seulement les captifs, mais tout le butin,
os s'en réserver la moindre chose. H n'oublia cependant pas ses
Uiés érnuréens, qui touchôrent la part à laquelle ils avaient
t>il;lai seul renonça complètement à tirer pro lit des richesses
ru avait reprises à l'ennemi.
I Je eoa*«fv« U forme Abrim pendant la diActission des délaib du chapitre xtv,
[ «Hte forme e»t employée. Ptus Loin, oit il s'agit de componiisoDs avec d autres
je me ecrs de ie forme ordinaire, Abrabaïu.
T* XV, iT* 30. Il
162 REVUE DES ETUDES JUIVES
1. Critique verbale.
Le texte hébreu nous est parvenu dans un état de conservation
très satisfaisant. Les versions grecque et araméenne ne présen-
tent que peu de variantes. Parmi les noms royaux, on note eipr^X,
au lieu de byir\ : BaWh, au lieu de :^na ; Bakhx. au lieu de rba (vers.2,
8, 9). Le remplacement de n:^ dans le texte samaritain parDn:?a
pour but de faire de TÉraoréen un compagnon digne d'Abram (ax^
« le Très haut a répondu »). La transcription Aùviv par les Sep-
tante semble due à une altération postérieure du texte grec, pro-
duite par une malheureuse réminiscence de AOvdv (IjiN), fils de Juda
(Genèse, xxxviii, 3). Au verset 10, la leçon correcte est certai-
nement rTn73:^i dno ■»?p5 loa^î ; la correction nnizy ^b73i ûio ^ba
admise d'après le texte samaritain ne remédie à rien, si on ne met
pas en môme temps le singulier oj^n (cf. v. 8; Genèse, ix, 23;
XXIV, 50; XXXI, 14), tandis que Taddition d'un ■» laisse le texte,
pour ainsi dire, intact. Une faute que personne n'a encore relevée
est le mot dbDN (1. 11). qui est d'abord inutile, puisque le bDK fait \
partie intégrante du ^Dn, à moins d'y voir les mets tout préparés, *
^ qui serait, absurde. C'est sans doute une altération de trsû
« leurs captifs ». La mention de la transportation des prisonniers,
•«M, est inévitable à cause des expressions explicatives n'^osnr»
Q^n nNi et ODsrr, qui se distinguent du Mn aux versets 16 et 21*.
Le suffixe de d^^M peut se rapporter soit aux vainqueurs, sujets
des verbes inp-»! et iDb-^i (cf. Nombres, xxxi, 19), soit à Sodome et
Gomorrhe (cf. Deutéronome, xxi, 10). Quelques mss. des Sep-
tante, ainsi que la version syriaque, omettent mrr^ au verset 22,
visiblement dans le but d'établir une distinction entre le dieu
d'Abram et le dieu suprême du chananéen Melkisédec. Le terme
d-nb^n employé par le copiste samaritain tend au môme but. llgen
et les critiques qui le suivent . ont pris la chose à rebours en con-
cluant que le tétragramme est une addition postérieure. En vérité,
si Tauteur fait offrir par Abram la dîme au prêtre d'El-Èlion, c'est
que, dans son idée, ce dieu est identique avec celui du patriar*
che ; autrement, son offrande serait un acte d'impiété à l'égard de
son dieu particulier, auquel il devait attribuer sa victoire ; le po-
lythéiste le plus grossier n'aurait pas agi différemment dans une
' La confusion de K et O se conslate aussi dans ntlMSl (Proverbes, xxvui, 18], où
il faut lire nn^3.
- T -
riECHEnCHES eiBLlQOES 103
pAmWe occasion. Donc, rauthenticité de mn*^ dans !e verset 22
est au-dessas de tout doute, et ce fait est très iiû^iortant, comme
on le verra tout à riieure.
I
2. Uniié de la 7'édaciion.
Le chapitre xiv porte les marques les plus évidentes d*Tine ré-
daction unique. Il n*y a pas une seule expression hétérogène ou
parasite où Ton puisse voir la main d'un compilateur de narrations
<3iff*5renles ou celle d'un glossateur qui insère ses remarques dans
ie corps du texte. La critique ëraietlante a perdu son temps et ses
peines à démontrer le contraire. Le texte est agencé comme il
suit : Notions générales sur ks envaïiissenrs et leurs adversalrest
ainsi que sur le champ de bataille choisi par ceux-ci (v. 1-3), cause
*?t date de invasion, route parcourue et peuples châtiés par les
envahisseurs (v. 4-7), choc des deux armées, description parti-
culière du champ de bataille, défaite des Pentapolitains» saccage-
nient des villes rebelles, enlèvement des habitants, parmi lesquels
<^tait Lot, cousin d*Abram (v. 8-12), C'est la première moitié de
l'épisode, qui prépare l'entrée en scène du patriarche. Eile se com-
pose de douze phrases principales ou versets. La seconde moitié
coïnprend le même nombre de versots (v, 13-24) et est ainsi cons-
tituée : Réception par Ahram de la nouvelle de la captivité de
son cousin, l'armement de ses serviteurs et de ses trois hôtes, sa
<^urse après les ennemis, la défaite de ceux-ci à Dan, leur pour-
«nîte jusqu'au-delà de Damas, la reprise du butin et des pri^son-
ïîiers (v. 13-16); retour d'Abram, sa rencontre avec le roi de
SotJome et le roi de Salem, son respect pour Tun et sa géné-
ï'osité envers Tautre (v, 17-24), Voilà une rédaction niatédelle-
tuent très pondérée, qui répond admirablement hhm au but que
^l épisode était destiné à atteindre. Il serait iacile de s*en con-
taiivcre.
3, Rapports cotUexiuels,
Le récit relatif à Abram, dans les chapitres précédents, laissait
l>i«ades points obscurs qu'il taliait éclaircir : l'état politique et
f%ieux du pays à Tarrivée d'Ahram; pourquoi ce patriarche y
^Ult toujours resté à Tétat nomade ou comme hùte des indigènes,
ms y acquérir un domaine où il eût pu être chez lui ; quelle était
là conduite des indigènes envers le nouveau venu et réciproque-
menU To u tai^^Si» questions ne sollicitent de» réponâes précises
■riiiii'
.-:? 5a i
RECHEBCRKS BIBLIQUES ICfî
P13 ¥riyi, (tans lesquels 1) avait pleine confiance, n'^^'^fD** et, à
[l'wception de ses trois hôtes, il se méfiait des Ghananéens*
Ofl le voit bien, notre récit se rattache inst'parahlement aox
"deux chapitres pr<^cédents, qifil éclaire d'une façon remarquable.
Aussi emploie- t-il les mots r:^"] ,r;D: .«^tstj *':bK .rsirt**, qui en ca-
nctérisent la rédaction. Mais les liens qui l'unissent aux rt^cits
îQivants ne sont pas moins évidents. Le premier verset du cha-
pitre XV contient à lui seul trois allusions d'une entière transpa-
rence, La phrase « Ne crains pas Abrani j> suppose un événement
dont Abram appréhendait les suites fâcheuses, et, en effet, larniée
^mie pouvait revenir dlieure en heure pour punir Faudacieux
l venait de lui infliger un sanglant affront. C'était le moment de
limer rinquit'^tude du patriarclie par les mots : Y> 1?^ ''?^s«t «je
itm bouclier pour toi n^ c'est-à-dire : « je serai ton défenseur ».
le récit de Fexpédition guerrière, ces phrases n'auraient
I sens. lï y a pins, le mot isio^ unique dans le Tétrateuque» a
ïisj seulement pour faire paronomasie avec le verbe t^gale-
Dt unique laia de xiv, 20. Enfin, la promesse : « ta récompense
très grande », suppose des actions très méritoires de la part
Tibrim ; or» ce ne peut cHre que les actions relatives dans xiv,
p4A, puisque les chapitres xii et xii ne mentionnent que Térec*
d*autels pour tout acte de piété de sa part. Dans te reste du
nuire XV, on relève des réminiscences plus ou moins parono-
fitiques : pCT3*T(2; cf. xiv, 15), 'rv'S-p (3; cf. in^a ^'t^h\ xiv,
14), ^1 (14 ; cf^ XIV, 14), cbn (14 ; cf. xiv, 11), îsbc (16; cf. xiv» 18).
mation même que les crimes des Éniorites n*étaient pas
à leur comble est motivée d'avance par le récit relatif à
Elsédec (XIV, 18). Enfin, rénumération, dans xv, 18 21, des
non palestiniens ; ^rp .-^n-p ^^-j^"*,?, *C'^«ç"[i et la fixation des
Bîons des Abrahamides jusqu'à FEuplirate, déterrainant le
&U de récompense auquel fait allusion le verset 1, ne se com-
Mjent que comme résultat des nouvelles preuves de piété
Bées p^r Abram d'après la relation du chapitre xiv. Les pro-
faites antt-rieuremeot à ce sujet n'embrassaient que les
étroites de la Palestine cisjordanique (xn, 1; xiii, 15).
nous ne nous trompons^ nous sommes parvenu à prouver
Hé du chapitre xiv en hii-m^'^me et aussi avec le milieu où il
ÎC4». Les mots et expressions qui lui sont particuliers ne
statuent pas une réelle difi'érence : chaque récit biblique a des
sions propres, et je considère comme une prétention injus-
Trii bien DîUiDiai], « «eiue Etprobun oder BérvabrleD [Qtnuiê^ 5* éd., p. 238) 1
Iflf. REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tiflnbln lo parti-pris de certains critiques d'enfermer Tauteui*
iH^breu dans une phrasfîologie banale et d'une pauvreté excessive.
4. Caractère historique du récit.
Passons maintenant à une question plus grave : la valeur des
ftilts racontiVs. Y a-t-il là un enregistrement historique d'événe-
ments rtV»ls, ou bien une Action poétique du genre des romans
nuorriors, où tout est inventé suivant le caprice de l'auteur ou le
lîtMU des lecteurs? Nous n'avons aucun préjugé à cet égard, et
oVst la science seule qui doit avoir le dernier mot. Plusieurs
v^avants ont déjà fait connaître leur avis, tâchons de formuler
le niMro.
Le récit du chapitre xiv qui afQrme non seulement l'invasion
d^une arnuV élamite en Palestine au temps d'Abraham, mais la
domination antérieure de Tenvahissour dans la Phénicie et presque
aux |H>rles de TKjiiyrpte* ce récit, où la Palestine apparaît comme
une annexe de la Susiane, avait bien de quoi étonner les histo-
riens. \ussi^ quelques critiques d^ine science consommée n'ont-ils
pu s'em|WVher de le déclarer de pure ûintaisie. Cependant, la
O^nti^^ donne des détaus qui sont d*une prédsion extraordinaire:
r^aliv^ment aux envahisseurs, les contn^es transjordaniqoesqu'ils
^(M\l traversées et les peuples qu'ils ont écrasés sur leur chemin ;
au sujet des dt^^fen^ieurs* on apprend les points extrêmes de la
piHirsiiite. les cm\>«staaoes exactes de la surprise opérée, U ren-
<\%ntr>c dWbram arec MtCki^i^édec e: )e tvm de Sodome. Et quand
nm^Sne t>n ;^ ni>$kv,uira:t a TesearJer lo&s ces détails comme U tra-
diieiKM) faotK>e a^;r.e îe^iiie populaire tetidaBt à (aire d'Abram
nn ipierner iWin^^Kix, i. r^Htenit eftcoi^ à expiàfiaer les données
pr^C):$aes s^r ies ojiefs «le ?arm^ eBvabîssaBte. D'après TécriTain
hehren. U r^M sïis^ie:) snexitianiiéch-dessaBseQit posr aaxi^îaires^dans
^Mi e\|V^)n<Nn axvsattt^m»^ trvws rtirTnir. ^mnplirl, rai de la pins
0Tftnde Tv^m^ ^ a Rak^XMûe /Sexmaar ^ Aràk. tvâ dïUasar, et
rf4 al ,Aii ThtT^: .. r.M de â^rim. CMHMoit et dau qad bat
Va>3tAar ^>^;-^: ^.j; ir.vMiî«' ow itfrsvaouifNifs ies disIrikBer mti»
r^\>ah^ Ai\*(^T^f(^ oi )ejBr £:f$$nc3if7 àes Bmiis $â putics3iers?ToQt
«v^^ sV«)Mcr»r ( x'tdejDXDro); àf*s i2sapfî{> javi^aw aax ftâtrorr «apcy
1^<*llT^r«lT<^lno^^ ra<::ç^T*i/))/Hrtf r/fe i«i$ tarde à ^hniptr la |«r-
RECHERCHAS BIBLIQUES
im
flnlté des historiens. Presque tous les éléments dn ces noms
intuit^ en Palestine ont iHé retrouvés tîans les tincutneiits cun(^i-
formas. Au sujet du nom porlt? par le grand roi susien l'js'Vni^,
ï8fcyVoyi3|iop, on a découvert, d'un^ part, Fexistence d'une ancienne
dynjr^tie élaraite, les Koudourides, ayant conquis et souvent tyran-
luséla Babylonie. Le plus ancien parmi eux dont Thistoire fasse
B)i*nlion est le conquérant susien Kndtir-nanhundi, antérieur de
Iffi nm iï Assurbanipal, qui, entre les années 2302 et 2300 avant
l*^i¥ chrétienne, avait emporté ûe Babylone à Suse Timai^e de la
liasse Nana. Environ un siècle plus tarci, on trouve en Babylonie
m^mi» un dynaste élamite du nom de KonûQur-Ma-bu-tig {Kudu7^-
m-^u-ug), qui prend le titre de « Souverain de rOccident »,
Ici tious sommes aux environs du temps assigné ordinairement à
Abraham, et, de cette sorte, la domination su-sienne en Palestine
«î trouve confirmée j»ar les documentas contemporains.
L'ne confirmation encore plus éclatante attendait le récit hébreu
â propos du vassal nommé Ariok, roi d'Ella^ar (nobn ipj2 ^i^"?»),
qtua été retrouvé dans la personne de Eri-Ahu ou iLi-uo-Âku,
liUdu précité Xoudour-il/a*6w-n*9', et roi de Larsa* La diflt^reni^e
phonétique entre Ellasar et Larsa, même en admettant la méta-
tb^s^de^jr pour rs dans le mot hébreu, m'avait longtemps em-
}k\ïé de prendre cette identification au sérieux, mais mes déné-
{itions cessèrent quand j'appris, par Tune des désignations de
cette ville, ashte-azag-ga (=ellu), que la forme non contractée dje
U'Arsa était EUa-Arsa [mot à mot : pur ou saint-siège), ce qui,
là inéta thèse à part, coïncide très bien avec la forme hébraïque.
e la suprématie des Klamites et le royaume de Larsa prirent
tec la défaite de ce roi et n'ont jamais été rétablis aux épo-
[nés postérieures, il est évident que Tauteur biblique n'a pas pu
oir en vue un événement plus récent. D'autre part, cet auteur
a pu penser non plus à des rois antérieurs, cela ferait remonter
activité d'Abram à une antiquité très haute et en désaccord avec
8)*stéme chronologique. On en conclut donc avec la plus
ifide vraisemblance que le '^i'^^i^ de la Genèse est ce dernier roi
, bien que la lecture Envo-AhUr du groupe nUah-an-en-
figure son nom, ne soit pas d'une certitude absolue. Ce-
t le doute se réduit à peu de chose, La variante ri-iw du
Idier élément n'est, au fond, qu'une forme apocopéede Erho,
eur habituelle de Fidéogramme rab^ synonyme de nUah, « mâle,
rviteur », Elle exclut, en outre, la lecture strictement possible
d-Sin, admise par quelque.s-uns. Le second élément, an-en-zu^
igné le dieu Sin, qui est r*'quivalent di* an'aku (R., H, 48,
lu)* Le mot ahii fait partie d'une série de noms divins se lermi-
.4§B nE VUIC DRS ÉTUDES JUIVES
nant par la désinence u et qui sont de vrais vocables assyriens :
an^dapinu (1. 49), an-bîbbu (K 53), an-sinmiû (L 54). Du reste, la
lecture Erm-Aku, .suflisarament jastiôée par ces consitiérations,
recevra un nouvel appui par le principe général qui sera exposé
dans le parag:raplie suivant. Les textes cunéiformes concordent
donc avec le récit biblique sur plusieurs points très remarqua-
bles : le nom du roi, le siège de sa royauté, son origine élamite,
répoque de son règne. Peut-on imaginer un contrùle plus minu-
tieux ? Certes, dans n'importe quelle histoire on procéderait à des
identilicalions dans des conditions d'une bien moindre évidence.
Il y a plus, en laissant de côt4 le roi probablement non babylo-
nien, û^"."; *]bn Vj^tp, dont on ne peut guère espérer trouver des
monuments, on s'étonne de voir manquer à Tappel le roi bsnpH-
dont la réisidence devait être à Babylone même. En réfléchissant sua
ces événements lointains, j'ai eu une idée que je trouve maintenan
exprimée dans un int*^ressant mémoire de M. Eberliard Schrader*
La dynastie élamite fut renversée par le roi Hammurabi, fils d»
Sinmuhallit, qui vainquit Eri-Aku et fonda une dynastie puremen
babylonienne. En supposant que le vainqueur fut pendant quelqa_
temps le vassal et Faille de^ Élamites, ce qui est en soi-raém-^r-^îe
assez vraisemblable, pourquoi ilammurabi ne serait-il pas le rc^ — of
Amrapbcl que nous cherchons ? La seule objection qu'on puis^^. -se
faire à cette identification consiste dans la dissimilitude des nomt ^^s.
M. Scbrader obvie à la ditficuHé en corrijîeant d'abord bsn?:» li^^ij
*^L)n?:&ï, et en supposant ensuite que le n de Hammurabi pouvait et* ^^re
négligé dans la prononciation babylonienne. Mais l'exemple ^^^k
Ilanmiv {ni':n), qui s'écrit aussi Amaiti, sur lequel il s*appuie, ^^me
peut pas prouver grand'chose, puisque c'est un mot étrang^^r.
Puis, le changement de n en d dans un mot aussi clair que rw^^^
de nsn « être grand w, est difficile à comprendre ; autant vaudrs//
admettre tout de suite que bç-^j?:*? est une altération de '*n'i^n, maù
rexactitude relative des autres noms contrôlés déconseille Tempta'
de corrections aussi violentes. 11 est, du reste, un argument sou-
verain qui met le phonème IIa~aiti'nm-7'a'bi hors de toute cause.
Dans une liste de noms royaux publiée par M. Pinches, ce groupe
de cinq syllabes figure dans la colonne idéographiq'J^ ^^ f'ace du
nom réel, Kimia-rapashtUt donné par la colonne de droite, qui
contient d'ordinaire les formes démotiques et usuelles. Le nom
Hammurabi n'a donc jamais existé en dehors de Fécriture et le
roi qu'iî indique s'appelait, en réalité» Kinda-rapashlu ; or, de ce
I DU hîUckriftlieh babylonitehe Kceni^stiste. Bxcurfl, p» 22'27,
RECHERCHES BÎBUQITES
im
\
mit celui de >d"!'oh la distance est aussi f^raivle que possible.
Fattt-il renoncer pour cela au rapprochement qui se recommande
par des raisons historiques? Je ne le pense pas et voici pour-
(ttoi: Ja charpente consonrjanti que du nom Kimta-rapashtu, sa-
^drKmtrpshl^en sémitique riCDnri?33, contient les trois consonnes
Bioyennes de boiT:» : tn, f\ph^ sn?2, tandis que Tidéogramme lia-
m-mu-ra-bi = •^n'^xn n'en contient que deux : m et ?\ i?:. L'a-
vantage du côté de la forme phonétique ne s*arréte pas là. On t*ait
qaele^/ï assyrien devant les dentales se prononçait très souvent f,
€l, dételle sorte, Ték^ment y^'apashfu équivaut à rapallu \ il s'en-
Mil qu'entre les deux formes n:?Enr*:3 et bsn?:», il y a» en réalité,
une concordance sur les quatre consonnes bsn):, les trois dernières
uteervent même une suite identique, la première seule, dans le
vocable assyrien, est séparée par un n. Or, une pareille coïncidence
ne Saurait être l'œuvre du hasard.
Grâce à un principe que .fai constaté naguère dans la for-
tMtion des noms propres assyriens et hébreux, la conciliation
entre ces deux furmes en apparence très divergentes s'elïectue sans
la ïûojndre violence. Notons d*abord deux points fondamentaux :
KMa rapashtn signifie^ non « famille (?) nombreuse », comme
je Pavais cru jadis, mais, témoin les autres noms de la môme
«ériedu texte précité, « famille (?j de grandeur, de domination* *>.
U groupe idéographique Ha^am-mu-ra-bi a le même sens. Les
éléments sont : ha, déterminatif d'abondance, dont la présence n'est
^strictement indispensable, comme !e prouve le nom am-mi-m-
duç-ça^Kimiti hiUit, « famille (?) de la vérité « ; ammu — ammi^
Imposant sur un mot ammu (de 073«, Dt>r), « famille, parenté (?) » ;
rati (de rabiï), « grandeur », Ces préliminaires établis, nous
procédons à l'explication du principe en question : il consiste dans
Tmpïoi facultatif de synonymes qui ne changent pas le sens des
^'léments constitutifs du nom, L*onomastique Iiébraïque nous en
fournit plusieurs exemples. C'est d'abord rechange de bK et ït*, sans
00 avec interversion des éléments constitutifs : inan?^'*, i^i-'^n:,
Jrsiît, etc.^ échange qui n'est [las toujours intentionnel. Plus frap-
pante est la substitution de nîn&c3t « Puits i*, ville benjaminite, à
î*a (Isaïet ix^ 31), qui a le même sens *. Semblablement, le nom du
• li0 mot rapéuAtum est expliqué par mitUlutttm dans R., ii, 43, 9.
> Je m «p«rcoifl roAlnteuaDl que deux Kulres noros de ville mentîofin^a dam oe
jiMHge, cl mtrouVAbies ttilleurB, devieuuont également très clairs, grdce au priactpo
de «jooBjmie. ta myslëricusc n^^I^^b, do»l la Massore uccouluo à (art Tavaul-der-
tjlïêhe, est bien \o fêminiii de T2*b * ÎJon ' ♦ et rcprcsenta la viile connue sous
àc n*1^B3 (Josué, IX, 11 ; XYiii, 26}, « lion&e *. L'autre nom é^lemeat
rm RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
fils d'Amasïas, roi do Jud.q, s*écrit tantôt n^y, tantôt î^^t^fmiea
î^r"^Ti ')i l'oiîrquoï? parce que les mats Ti* et ni^ sont synonymes n
que le sens général rr'est pas diangé par la variante. Pour li
idéogrammes cunéiformes, le principe de synonymie est un factei
tvAqneniei depuis longtemps reconnu. Les noms phonétiques n^
chappent pas â ce procédé. Nous le constations ci-dessus dans
forme aslité-clla, qui se substitue facultativement à Ella-arsa, pj
cefte seule raison que ashtu est synonyme de arsu, « siège », et quL^
raaîgré Tinversiondes termes, le sens de Tensemble reste le méni. <
Ce principe a aussi produit deux noms pour l'ancienne capitale
TAssyrie [Qal'aShergai] \Ashsfmr et Ilan^an {"^vci^ et *inn), c*c
que Tun et Tautre de ces noms ont une signilîcation commua <
celle de « chemin, route ». La ville de ^nn a, entre autres nomi
ceux de U?n(k ou Arfiu et Sirara (H*, v, 23, la), qui tous de- 1
signifient <t siège, demeure ». Cf, le misiniaïtique n:37:n m^ins^
Tarabe n^^ns. L'idée fondamentale est <t s'allonger, s*étendre ».
Le nom de Babylone nous fournit un exemple encore plus Lris-I
tructif à propos des jeux de synonymie qui variaient les noms lesl
plus usuels. La forme antique en était, suivant toutes les vrai-
semblances, al Babilu ou Bahalu balai kishlU '"■ ville de ce qm
apporte la vie du verger », c'est-à-dire « du canal qui arrose et
fertilise tes cultures », Ce nom composé s'abroge d'ordinaire en
Babilu, en donnant lieu au calembour idéograpliique KA-DIN-
GIR = Bûb'Ili^ « porte de dieu ». D'autres fois, c>st Babilu qu*oi\
laissait tomber et Ton se contentait de prononcer Dalat-Kishic^
îVoii ridéogramme dvi-tir. Quelquefois, cependant, Tabréviatioii
affectait les deux éléments extrêmes, et le mot ordinaire baÎQiu,
« vie », était remplacé par le synonyme haatu r= an nK-'n, U^'
t^in^ Ce nom phonétique de la capitale de Sennaar se rencoutn*
daîis deux textes auguraux que je transcris ci-après, en substi-
tuant aux idéogrammes les expressions réelles :
«
Unm XVI-u atalu ishakkan skar Âhkadi imâi Nergal ina watt
ihHl
Umu XX-â aialu ishakkan shar mat Haïti shûma : skar mai Haati
iieàèima àtmâ imhhai (R. III, 60, coL I, 37-38).
t Si le seizième jour (d*Ab) une éclipse a lîeu, le rai d*Accadi
tïDiqtie: ÏTÎW^, < fotnier, boue », cal fiîm'plement ré<]uivftlent d« rriB!? {Ih\
ïTUi, 23), » puus«itfto ». Il se pourrait mfaie que û'^V^ fût ideuUcjue a D^^^ (/6trf«i,l
XV m, 23), îes deux noros figtii fiant * raoticeaui, ruines ». J'i joule, ea passant, ^ue
ÏT55^ est la ifille nommée ÏT^jjJS^ doos Néh,, xi. 32.
* Forme garantie par ïe» textes assyriens, qui transcrivent Xf-rî-^^-^ti.
HECriEltCllES BIOUQUËS I7|
f=Babylonie) mourra; Norgal causera des destrncliona (mol
a mot « maiif^era »>) dans le pays ;
iSile vioglième jour une éclipse a lieu^ le roi de IlaUi idem
(c*est-à^ire a mourra *) ; le roi du pays de lïaal (= Babylone)
viendra et sV*mparera de (son) trône. »
L'autre porte :
Umu XV-u ataîu ishakkan mat ahishu idakma kusiâ içaUat u
nakm itebèma mata ikkaî
Umu X VI-u atalu ishakkan shar fnat ahili shuma shar mai Eaati
iMàima kussâ iathbat sunnu ina sàame melu ina naqhi ibad-
éaqu.
i Si Je quinzième jour (d^ftloul) une éclipse a lieu, le fils du roi
tuera son père et s'emparera de (son) ir6oe et Tenneml viendra
cl niioera (mot à mot « mangera >?) ïe pays.
» Si le seizième jour une édi|lso a lieu, le prince cîu pays
ennemi 1== Haïti) idem (c'est-à-dire : « lucra son père i>), le roi
du pays de Hoal (= Babylone) viendra ev s'emparera de (son)
trAoe ; la pluie (tombera) du ciel et les flots couleront dans les
canaux* •
Uideux assyrîolo^ues ïfui ont dernièrement discuté ces textes
I (Wright, The Empire of ihe ffUliles, 2'^ éûdUm, p- 222-224 et
*i2î-228» se sont entièrement mépris sur la nature géographique
ieffaatu en y voyant» soit une contrée voisine do llatti et répon-
dant aux Kheta des Egyptiens, soit une sinipie variante de lïaiti.
Jeoe doute pas que mat Haati ne soit l'équivalent de « mai Ah-
katf»et du simple mai, « pays », qui désignent la Babylonie en
Ifa^ral, de même que l'expression mat ahiii, « pays ennemi »,
est Téquî valent de mai Hatti, « pays de Hatli ». La prospérité pro-
Bûstiquée pour le pays de Haatu et la mention des canaux dlrri-
ption montrent bien qu'il s'agit de la Babylonie et non d'un pays
^ranger. Il ne serait d'ailleurs jamais venu à Tidée d'un augare
'' * îen de prophétiser du bien pour les étrangers» surtout
- Hittites, qui étaient généralement considérés comme des
ennemis héréditaires.
Umpariance du sujet m'excusera, je Tespère, de la digression
Jiie Je viens de faire sur le domaine de Fassyriologie. J*ai voulu
établir U loi de synonymie par des exemples frappants et certains*
Nous pouvons maintenant revenir aux formes onomastiques Kimia
rapaltu et Iîd"'-?:». Le principe que nous venons d'expliquer nous
autorise à remplacer Félément Ki7n(u par Télément équivalent
" ;?ii/ (à Tétat construit: am] que nous fournit le groupe idéogra-
, iue et i rétablir ainsi la forme également réelle et populaire
172 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
am-rapaltUy en consonnes sémitiques nbsnTDN, forme à laquelle ré-
pond, on ne peut mieux, le vocable hébreu ben^N, sauf que celui-ci
a laissé tomber le n de la forme babylonienne. Cela ne crée aucun
difficulté» L'allégement des noms étrangers au détriment de la con
sonne finale est un fait avéré ; contentons-nous des trois exemple^aa
suivants. Le nom assyrien Slialman-asharidu est en hébreiBU-j
nçNj»bç, en grec sa^ijuxvdwpoç. De môme, le nom nabatéen nnnn. -a
Ilarethat.esi chez les Syriens et les Arabes nnn .nnnb» ^nemb»; 1^^
déesse Astarté nnntj:^ est en moabite nn©^, en araméen iny^ er-^^
sabéen ^nn:^.
L'identification des deux rois babyloniens Ariok et Amra ■
phel nous encourage à tenter celle du grand roi élamite, leu" a
suzerain. Les documents de Tépoque, on le sait déjà, désignenn^
Eri-Aku comme le fils du roi Kiidur-ma-hu-ug . Le premie^^
élément^ de ce nom coïncide avec . celui de Kudur-Lagamannzz_-
n7D:?bmD ; le second est dissemblable dans les deux. Mais n'est
pas permis de se demander si la divergence n'est pas un simpi ]
produit d'une orthographe capricieuse du genre de celles dont 1
système cunéiforme est coutumier? Il est certain que le grouH^D
ma-bîi-ug n'est pas phonétique : une racine asTD est impossible, < u t
si le mot venait de an» ou am, la préformante ne pourrait et ^r-<
qu'un 3 : nabug. Nous avons donc, en réalité, un nom façon^n^
Ktidur'X\ mais alors tout nous invite à lire, comme l'avait à^jA
fait George Smith, Kicditr-LagamarU ce qui ferait de n73:i^bn"T^
un roi classé et documenté. Autant que je sache, cette identifica-
tion n'a rencontré aucune contradiction sérieuse et je ne vois point
d'obstacle à ce qu'on l'admette, du moins à titre de conjecture,
en attendant qu'une tablette lexicographique ou un texte à double
rédaction nous donne explicitement l'équation : ma-bu-ug = la-
ga-ma-ru. Je ferai remarquer, en passant, que, contrairement à
ce que je croyais autrefois, ce nom divin ne renferme pas la néga-
tion la ; ce monosyllabe est contracté de ellu ; l'ensemble signifie
« pur parfait ». C'est une forme analogue à celle de Larsa que
nous avons expliquée plus haut *.
^ Pendant que je corrigeais ces épreuves, je suis arrivé à la conviction qne le
groupe ma-hu-vg est, au fond, une traduction périphrastique de [Et\la gamêru» En
effet, ma équivaut à ^ant» (H., ii, 31, 8}, qui signifie en même temps « construire,
faire > et > briller > ; hu rend l'idée de nûru [H., ii, 11 a3], « lumière », et ug^ celle de
tharru (U., ii, 48, 8), * roi •. Le groupe entier signifie donc « faisant (ou briUant de)
lumière de roi >, c'est-à-dire : < lumière parfaite *. Sur le principe de la périphrase ou
paraphrase dans Tallographie assyrienne, voyez Aperçu grammatical^ p. 12.
RECHERCHES BIBUQUES
in
I
6. But, source et date du récit.
Comme résultat de ce qui précède, le lecteur a déjà pu formuler
Il proposition suivante : les rois babyloniens Âmraphel et Ariok,
ayant résidé Tun à Babylone, l'autre à Larsa,et ayant tous deux eu
pour suzerain un roi d'Élani de la dynastie des Kudourides, sont
iJes personnages historiques dont Tépoque coïncide avec celle de
rimmigration d'Abraham eu Palestine, La fixation de ce synchro-
nisme fait l*objet principal du chapitre xiv de la Genèse. L'auteur
tb la biographie d'Abram* ne voulant pas se répéter, n*a parlé de
c€s rois contemporains qu'au moment où, par suite de Finvasion
accomplie par eux dans la Fentapole, ils sont mis en relation di-
recte avec le patriarche. Il distingue à dessein, parmi le.s alliés
orientaux, les deux rois babyloniens des deux autres dont les
royaumes sont situés ailleurs. Cela nous donne d'abord la clé de
l*onîrequi préside à Ténuméralion de ces souverains. Au verset 1,
le couple babylonien a le pas sur les étrangers, parce qu'il y avait
urgence à dater du roi le plus proche du pays natal d'Abraham, et
c^pays était la Babylonie; et, comme il y avait là deux royautés
distinctes, il était naturel que le roi Amra[>hel, qui dominait sur la
plus grande partie du pays, préc«^dât son contemporain Âriok» qui
gouvernait un territoire de peu d étendue. Aux versets 5 et 9, ou
il s'agit d'expéditions militaires dans lesquelles le grand rcd non
babylonien Kodorlogomor devait nécessairement occuper le pre-
mier rang, l'auteur y a joint immédiatement le vassal non baby-
lonien Tid'al, en réservant pour la fin les vassaux de la Babylonie
dins Tordre adopté précédemment.
Une telle disposition est trop sûre par elle-même pour qu'on
Vuisse rattribuer à une tradition populaire ; le narrateur hébreu
î visiblement puisé son récit principal dans un document écrit,
lepel doit être une chronique phénicienne remontant elle-même
i an texte plus ancien. L'emprunt direct aux textes babyloniens
parles Juifs de l'exil est exclu à cause de la forme pleine Eliasar,
(Ui n*y est pas usitée. L'original du récit doit provenir d'un
peuple qui, ayant été, à cette époque4à, en un contact très étroit
avec la Babylonie, avait été à même d'entendre la prononcia-
tiQn non écourtée du nom. Si la conjecture que j'ai jadis pré-
sentée au sujet de D'^ii ' était admise^ ce peuple pourrait bien être
lêi UitlJtes, qui, depuis les temps les plus reculés, étaient en butte
jux invasions babyloniennes,
« Voir Rmiu, Jattyiep-mars IHfil , p. 9-11».
m REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Il y a, du reste, pas mal d'indices que le chapitre xiv a déjà été
connu, non seulement pendant la captivité, mais plusieurs années
auparavant. Une attention soutenue fait voir que le prophète de
r^xll ou le second Isaïe. frappé sans doute par l'analogie qui
oxisto entre la naissance de la nationalité juive par Abraham
(ît la renaissance prévue de cette nationalité par l'intervention de
CyruH, applique systématiquement à ce dernier les épithètes du
pnuuior. X Texpression solennelle "^arr» ûn-nç (Isaïe, xli, 8, 1),
oorn»8pond celle de ianx T^iri-y appliquée à Cyrus {Ibid., xlviii, 14).
Ou peut môme dire, en général, que presque toutes les expressions
ottressantes de xli, 8-9, .'n'^na ■»«? .pmç .îpntnp., se rapportant,
au fond, à la grande figure d'Abraham, ;»'na?, ^tp*?"]™ 'T.^Ç!?J7»
Tr^^l?» n>vionnent xlu, 1-6, à propos de Cyrus. Cela étant donné,
on «'apor^oit bientôt que la magnifique description de la marche
victorieuse de Cyrus, xn, 2, 3, répercute bien des traits de l'expé-
dUtou heureuse d'Abraham.
Ct^ )^$:!^gt\ en expurgeant quelques fautes de scribe très évi-
dente^i e^^t ainsi con^u :
V)ui a 3j^u$cit<^ de l\>rient celui que la justice appelle à sa suite?
VJui lui livre le* peuples^ lui asservit les roist
V>ui fijut ,viisiH*rser> leur èpê« * comme de la poussière, leurs arcs'
cvnuwe la j^Ue emportée t
V>ui tait quM .v^rus' puisse poursuivre ces rois et parcourir
iuUeiune un chem\u où il n'a jamais mis le pied ?
\^i e^t-vi^ ^|tti a produit ces eT%M:«ai«ntst
i^t \Vlui ^ui a appelé les ^eoefattoas dès Tongine :
Ceoa ttJKu lah>iiv 4|ui su(s au début»
Ua v\^^vtrAt:^st i^ exetteitteats i» i aat^ui^e avec ceux du temps
4^ ^^y^Nk' $awit^ aux >eux» ec i^s> Wcs^ il «leviiéiit impossible de
lllfc%w^aAl;rv ijufc$ ^^^ -^ ^'r^ ^¥. 3 k ràsttmê condensé des
i»\y<rv>i$$N>ft$ Jbc ùji vWuf^^ TTfecvMUiafi ^ poomi&e des rois par
Kk^iàuj^ ^> V r^-^ ei ;a nmkvncr^ ji$ ciskunà a^w Meàkisédec,
^H ^ ^Vfr - ^^>(ç. « \uii# itf |«LX •. La %ure de la Justice,
T'^ aji^^^-iiMt^ i sji :«iCfe? vtt>^^ a »v*c * a 5ca ww »V » coa^uërant
jNf^f^^HîftiK,'^ i^ :»* l^^^iVa xfv ^^ i^irti >t2$iàMKafi la ccoée du grand
^^a^4j^SK^ V>nb:i«iitf . ^v xaiitHu^fiir ii» ?«s ^ai^iMUMB »fii se soc-
Ufc^^^ ^.>^NVtw<iR^hsit«<ala4ft^ sMs^^Cfakitf Xeft^séiiec, per-
RlvCllEltCilES BIOLIQUËS t7&
j^onnage dont le nom, interprété agadiquement, signifie : roi de la
J iiitice, p'T^, Il me paraît môme probable que la phrase ûiVo nsr*»
=3" k> vba-ia nnk constitue une réminiscence de la migration
•Abraham, spécialement de ^ifcïs annst na^^i (Genè^se xii, 6), mî-
ration que le narrateur, ainsi que le prouve fincidente th '*::^5Dni
-iHa, « le Chananéen était alors dans le pays de Sicltem^ », avait
^jà relevée comme un voyage miraculeux.
Nous pouvons aller plus loin. Le récit que nous étudions est
6ftainemçnt antérieur à la captivité, car il sert de base à Texpos.^
sircïiéologique dudeutéronomiste. Les données de JJeutéronome, n,
Isor les peuples préabralmmides autour de la Palestine, perdent
loule raison d'être si on ne les envisage pas coomni destinées ù
tSoarter des objections qu'on pouvait tirer d*un texte antérieur et
siutorisé contre ïa délense de s emparer des territoires extra-pales-
tiniens. Or, ce texte ne peut être que celui qui lait l*objet de notre
recherche. D'après Genèse, xv, l!^-2l» la Syrie tout entière, de-
_ puis le Wad-el-Ariscfi jusqu'à rEuplirate, y compris les Raphaïm»
H «levait rormer [^héritage des iils d'Abraham, D'autre part, le
H <^hapitre xiv de la Genèse mentionne li^s Haphaïm en qualité d'au*
^ ciens habitants des territoires transjordaoiques. Comment se fait-
*' alors que les [lays d'Éduni, de Muab et d'Ammon n'ont pas été
«conquis par Israël à la sortie trEgypte ? Voilà la questîon qui sV-
^it présentée à Tespritde Tautcur. La réponse établit une distinc-
tion ; Les Iduméeus sont frères d^IsrafVl (ï25''n«) et lUs d'Abraham;
*'s occupent donc de droit le pays conquis par eux sur les lîo-
ï'itc^ïî. Quant à Moab et à Ammon, Tauteur reconnaît que leurs pays
^*^ient jadis occui^is par les Haphaïm, et se comptait même à faire
^^ Térudition en donnant les noms locaux de ce peuple qu'il a lus
*^ns Genèse, xiv, mais il accentue ce. fait que les propriétaires
actuels de ces contrées sont les enfants de Lot, cousin d'Abraham
lî2ib •«:3);or, ces proches parents» ne iallait-il pas les établir a
proximité des Abrahamides pur sang ? Du reste, les flls de Lot ne
possèdent qu'une partie du territoire raphaïte.Moab a même perdu
une portion de son domaine entre les mains des Émorites (v. 24)^
et, de plus, une traction de ceux-ci, gouvernée par un descendant
desiKaphâïm, occupe encore leGalaad et le Bassan jusqu'au mont
Hermon; tous ces territoires restent donc, comme auparavant,
1 Noa • dâissle pays «a général (Dillmsua, IHdem, p. 222) *, Le fait que lii Pu-
j««tia« éuit ua« pots«Esion chittanéenuo résuluU déjà du nom *\y^^ Y^^ ^^ vwsti
ptwaéâmii. Le uarrat<eur occentue |)lutoi c&iUs circoustauco qu'Abrum u a pas pu n'ar-
rêter longtemps à Sichem et oocoro moios «'y ûicr pour toujours, à caiiio dos habi-
isnlâ chtQtQéens qui s'y seraieul opposés. La renuirquc enelagae de xtti, 1% révèle
«ffélftOMiit U sfiurOe hoiUllié des habilanu.
176 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ouverts à Toccupation Israélite (Deutéronome, ii, 31, m, 13). Le Ca
que le deutéronomiste connaissait le chapitre xiv de la Gen^i
résulte, d'ailleurs, du soin qu'il prend de mentionner la ville d
ninpo? avant celle de VU?» (Deutér., 1, 4), bien que cette dernier
fût la plus considérable, nnrc:? est même passée sous silena
dans Nombres, xx, 33 et Deutéronome, m, 10, telleir.ent la loca-
lité était peu importante alors. Mais Fauteur du Deutéronome iie
pouvait s'arrêter à une considération d'actualité. Il écrivait pour
des gens qui savaient, par la Genèse, que la capitale des Raphaïm,
au temps d'Abraham, était û^^ nmrns^; force lui Ait donc, non
seulement de lui consacrer une mention, mais de lui réserver la
place d'honneur vis-à-vis de l'autre résidence.' En la mentionnant
dans l'introduction du récit de la migration, il a fourni, dès le dé-
but, la preuve que le Bassan était une terre raphaïte. D'autre part,
cette mention unique de cette ville, faite comme en passant, en
indiquait assez clairement Tinsigniôance actuelle. Remarquons^
enfin, que la forme rirrxzy usitée dans le Deutéronome et dans le
livre de Josoé, qui en dépend, n'est que Tabréviation du nom
complet fi'^np mnrcr, particulier à la Genèse. C'est une nouvelle
preuve de Tantériorité relative de ce dernier texte.
Enfin, notre chapitre a déjà été connu et mis à profit par le pre-
mier Isaîe. lahwé, dit ce prophète, a racheté, rnç, Abraham (Isaïe,
XXIX, 22). Ce verbe suppose toujours, au propre, un danger de mort
ou d'esclavage ; or, étant donné qu'^ Abraham n'a jamais éprouvé,
dans ses pérégrinations, une calamité mettant en danger sa vie et
sa liberté qu'à la seule occasion où il se trouva en lutte avec la
puissante armée des envahisseurs mentionnés dans la Genèse, on
est forcément amené à conclure que le prophète fait précisément
allusion à cet événement et qull a connu l'unique source qui en
fasse mention.
Mais, si notre récit est antérieur à Isaîe, quelle peut être la date
la plus vraisemblable de sa rédaction ? Le fait établi plus haut
qu'il est tiré d*une ancienne chronique phénicienne semble militer
en faveur de Tépoque salomonienne, oii Israélites et Phéniciens
agissaient d'ac^^ord, sous Tégide d'une alliance intime et profitable
aux deux nations. A c^tte époque, il y avait aussi un intérêt capital
pour Jérusalem à être considérée comme le siège d'un culte par
dès le temps d'Abraham. La description des relations affectueuses
entre Melkisédec et ce patriarche satisfait à cette préoccopatioa.
L'oxistence réelle du roi-prêtre chananécn, sinon sa rencontre
avec Abraham, peut paiement avoir été attestée par le docomenl
phénicien, mais l'assimilation du dieu ÉUon i lahwé appartiea*
RECHERCHES liïriLIQUES 177
!3?n5fneTit au narrateur hébreu et découle de ses convictions
moBolliéistes,
XI
ï Dans Genèse» xvii, 5» le nom de onns» est expliqué par ^Itir^ 3î<
mt^* * P^Te d'une multitude dépeuples ». Je dis n expliqué >>, parce
^e la particule motivante •'B qui précède ces mots no permet
IK»intd*y Toir un jeu de mots imparfait, une légère assonance des-
ee à rattacher cette pens<5e au nom (Dillraaun). Le narrateur
dt?jà servi de cette expression au verset précédent, où Tidée
jea de mots est déplacée; l'expression avait donc pour lui une
particulière. Cela étant, on se demande comment Tau-
^*molûgie a pu perdre de vue le i du nom propre. Sans
léchir beaucoup, il aurait pu dire : s*;!! ilT^n ^nni nH^pliraséo-
ie justifiée parla locutron :?nT nsn-; (Isaïe, un, 10], et produisant
assonance qui n'est certainement pas plus mauvaise que, par
pie, celle de la^^n et ''';3^3 mrr' n^-; (Genèse» xxix, 32) et
autres encore qu'il est inutile de citer. Celle que je viens de
■er aurait même eu cet avantage assez appréciable d'élimi-
'la forme antigrammaticale 25?, au lieu de ■'an, qui dépare Tex-
ion dont il s*agit. On le voit, aussi bien au point de vue de la
iction qu*à celui de la grammaire, Texplication de la Genèse
beaucoup à désirer,
difficulté n'est pas moindre en ce qui concerne le sens du
ipe explicatif. Si la leçon admise est exacte, on ne peut y
QTer que Tassurance, pour Abraham, que ses fils auront une
postérité, et, de cette façon» non seulement la répétition
^ïite de cette idée dans les versets 2, 4, 5, 6, est fastidieuse,
lis la promesse additionnelle ^xz7, "iTTSp D^sb^ (verset 6), « des
«orliront de toi », apparaît alors comme un liors^d'œuvre su-
uetne se rattachant pas le moins du monde au nom nou-
10- Et cependant^ fimportance attribuée par Tauteur a cette
résulte clairement du soin qu'il prend delà faire répéter,
de Sara, au verset 10, et, ce qui plus est, à propos dis-
Son d'Alexacdrio a dé]tt peusd h HH^i <^<it û Induit le nom d'Abraham par
iTç^ol le ton *.
T. XV. H<» 3a. ' n
176 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
œaël, au verset 20, où il change intentionnellement û^'^b^^ a rois»,
en dK'^b^, « princes, chefs ». A moins de renoncer à tout goût litté-
raire, il serait diflicile d*y méconnaître une insistance particulière
et beaucoup plus accentuée que ne le comporterait un point acces-
soire et de pur remplissage. Or, est-il imaginable que ce soit pré-
cisément ridée de « rois » et de « princes » qui ferait défaut dans
l'explication du nom nouvellement assigné au patriarche ? Je ne
le crois pas possible, et cela d'autant moins que la quantité numé-
rique seule d'une nation n'a jamais constitué, aux yeux des an-
ciens, un avantage enviable, si cette nation ne vivait pas sous des
gouvernements forts et si elle n'était pas dirigée par des chefs
reconnus et respectés au dehors. Sur l'article de la gloire, la
Genèse se montre d'une sensibilité bien vive et n'oublie jamais \
de le noter dans ses récits. Comparez le titre u^Tibt^ «-^ba donnée s
Abraham (xxiii, 6), la richesse d'isaac dépassant celle d'Abimélek j
(xxvi, 16), et l'élévation de Joseph à la vice-rôyauté d'Egypte (ili, j
40-45; XLV, 8-9, 26). En un mot, l'explication du nom d'Abraham j
ne devait pas passer sous silence l'existence future des rois dans
la descendance du patriarche.
L'examen approfondi des privilèges accordés à Sara, au verset-
16, me semble trancher la question en faveur de l'opinion que je dé-
fends. Le texte hébreu de ce verset est agencé comme il suit : ■'psn?
n37373 û^ysT "^DbTs D-^isb î-rn-^rti mnD-ian ia nb rrs^» -^nnî nai nr» !
TV* •- ••:- • ( t:tït«i-" '••Mi tv- «-t-i » t
^^'n^ En laissant, pour le moment, la première phrase, que je dis- ,
cuterai tout à l'heure, le sens de tout le reste est d'une clarté \
parfaite : «je te donnerai d'elle un fils; je la bénirai; elle sera ^
(mère) de peuples ; des rois de nations viendront d'elle ». Ici,
l'expression 'D'^ipy "^Db^a est autrement énergique que le simple
û'^pbTp de la bénédiction d'Abraham, et contient l'idée de rois effec-
tifs gouvernant et dirigeant les peuples qui leur sont soumis, et non
seulement leurs propres nationaux, mais aussi des nations étran-
gères. Cette majoration intentionnelle de û'^DbTs sert visiblement
à rehausser la destinée extraordinaire de la vieille compagne du
patriarche, qui, méprisée môme par son esclave à cause de sa
stérilité (xvi, 4), n'aspirait qu'à quitter la vie, où elle n'espérait
plus aucune joie, aucune consolation (cf. xv,2).Le contraste entre
l'état méprisé de l'aïeule et le sort brillant qui lui est réservé a été
admirablement peint par la composition u^ipy ^db'q. Mais cette
idée de domination qui forme le couronnement de sa bénédiction a
trouvé son expression adéquate dans le nouveau nom qui lui est
assigné, car nnb, féminin de no, « prince, roi », signifie précisé-
ment « princesse, reine ». Est-il maintenant possible d'imaginer
RKCHEItCHKS BlIilJQUES 179
an seul instant que le narrateur ait négligé rie mettrG cette idde
prëpondéraate dans le nouveau nom qu'il fait donner au pa-
trUrchu 1
K Ainsi donc, la groupe D^ia li^^n 3H j)réseiite deux lacunes
antes : romission matërielle du i de Dfî-i::», roraission inter-
pr<5taUve de ridée de suprématie relevée dans la promesse, et une
^ute de grammaire par dessus le marché.
■liais, dès le moment qu^on reconnaît la nature exacte des diffi-
cultés, le moyen de les lever se présente aussitôt à Tesprit, Il
faut simplement restituer au mot na« la lettre i qu'il a du avoir
primitivement et qui lui a été enlevée par un accident du ma-
nuscrit ou par la négligence d'un vieux scribe. Abraham a été
Eïit de fois assuré qu'il sera le père d'une nombreuse pos-
rite» que cette promesse seule n'aurait pas assez de relief au
ruoraent où Dieu voulait lui imposer l'observance pénible de la
K'rcoiicision. La piété d'Abraham réclamait cette fois une récom-
ïaseplus considérable et conforme à sa nature élevée et che-
valeresque; il sera donc le type d'hommes arrivés au faite de la
g^lfjire» de rois gouvernant des nations. C'est ce qui est convena*
^leraent exprimé par n^^yy \V2ri npx, <« tu seras le fort, le chef
*i*iane multitude de nations ». Le mot -i^awt, au propre « fort »>,
^^ it partie du titre divin apr^ ^i"*?^» remplacé une fois par l'équi-
t^^lent plus clair : ::ipr» r\bn, ^ roi de Jacob » (Isaïe, xli, 21). La
^me tournure domine le sens de i^Wi « fort »> qui est usité parai-
lement à b'ia (Jérémie, xxx, 21), «potentat, gouverneur )>.Ofï
^t*<iuve aussi la forme i'*?fc< au sens de k préposé ou cher(I Samuel,
*^i,8) », mais celle de t*3K semble préférable, à cause de son ap-
tirence archaïque et de son usage plus solennel. Dieu fait d'Abra-
ira le premier chef idéal de nombreuses nations et le modèle le
us accompli des rois ses descendants ; il est» pour ainsi dire,
^^ roi titulaire des peuples auxquels il donnera naissance lui-
inôine, la personnification vivante de nations puissantes et ci-
« ViJisées.
H Toutes les difiicuïtés signalées plus haut disparaissent main-
Benant d'elles-méraes. Il n'y a plus ni lacune, ni faute de rédac-
Hon. L'explication concise [pjtîrT n^K comprend toutes les con-
H^nnes du nom propre cnnsftt et ne sacrifie rien de ce que contient
^explication plus étendue du verset G. J'ajoute que la forme on^
B brait, multitude », tiré de *^?:n, quoique inusitée, est très régulière
et comparable à wn^ « sang », on, v beau-père », nô«t " frère »,
etc,, qui viennent respectivement des racines "^tst, •'isn, inst. Outre
ijOn est à mémo de comprendre le développement graduel que
180 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Tauteur a donné à sa pensée. L'annonce sommaire de Talliancequ j
Dieu voulait établir avec Abram est suivie d'une promesse son^
maire aussi, n^Ts n^^a ^m» nan^n (vers. 2). Abram s'étantempres^
de prouver sa gratitude (vers. 3), Dieu lui donne les détails de la r^
compense (vers. 4-8), en stipulant la condition du pacte (vers. 9 1^
Les répétitions de Tidée concernant le grand nombre des descerra
dants se supportent sans fatigue, par suite de Ténorme importan ^
du nouvel élément qui y est joint : celui d'être le générateur 4. «
rois. Quand Dieu arrive à parler de la femme légitime du patriât^y
che, la môme scène se répète, mais en abrégé : Abram tombe s m
sa face, pour prouver sa gratitude, mais avec cette différence qye
la réflexion sur l'âge combiné des époux le fait sourire (vers. 17)
et que, pris d'un scepticisme très naturel, au fond (remarquez Je
même phénomène chez Sara, xviii, 12), il fait entendre qu'il serait
déjà heureux qu'Ismaël lui fût conservé (vers. 18), ce que Dieu lui
accorde aussitôt (vers. 20}, tout en lui assurant, que le pacte ré-
cent concerne plus particulièrement le fils légitime, Isaac. Enfin,
les dénominations honorifiques octroyées aux deux époux sont
des plus équilibrées : l'une est n">3N, « fort, chef, prince », l'autre
est nnb, « princesse, reine ». Ces synonymes constituent, de leur
côté, le type du nom glorieux octroyé plus tard au second ancêtre
national, b^n*^*;, « champion et vainqueur d'El ».
Revenons à présent à l'expression nnk "^n^nan du verset 16.
Cette expression fait double emploi avec rr-^Mnan qui suit à cinq
mots de distance, elle est donc absolument insupportable. Les
Septante ont parfaitement senti cette difficulté ; malheureusement,
pour y échapper, ils ont pris le pire des partis en changeant, dans
la seconde moitié du verset, toutes les terminaisons féminines en
termirfaisons masculines se rapportant à 15 « fils », comme s'il
y avait: rn"^ ^5^-3 ûrsr ■^DbTs D">i5b n^m wDnaî», «je le bénirai,
et il deviendra des nations; des rois de nations seront issus de
lui ». En ce faisant, ils ont détruit le vrai sens du verset etobs'
curci la signification typique de rrnb. Le remède est beaucoup
plus simple et ne donne lieu à aucun remaniement étendu ; il suf-
fit de substituer, à la leçon visiblement erronée rrnN "^nDnai, celle
de nrN ^■?"]?n, « je me souviendrai d'elle ». Le verbe nst est ré-
gulièrement employé au sujet des femmes qui enfantent après une
longue stérilité (Genèse, xxx, 22; I Samuel, 1, 11), et il ne pou-
vait pas manquer ici, en raison de l'absence de tout autre éqm-
valent.
Je termine par quelques observations de critique littéraire. Dans
ce qui précède, j'ai regardé le chapitre xvii de la Genèse comme
RECEIERCHES DIBLIOUES
I8t
il on i^troite connexion avec son entourage immédiat. Je n'i-
ceputidaiit pas que les critiques modernes, s^appuyant sur
mm rn?» qui y est employé» ainsi que sur quelques particula-
ée style, en font un texte élohistique absolument indépen*
tfdes chapitres précédents et suivants. Il faut donc que je dise
Irquoi je n*y crois pas. Je pense que tous ces arguments prouve-
pit tout au plus que lauleur jéhoviste de l'histoire d*Abraham
it lui-même emprunté cet épisode à un écrivain élohiste, et
cisément parce qu'il était avec lui dans une communauté par-
d'idées, tandis que, diaprés les critiques, ce serait le rédacteur
Ne la Genèse qui aurait mis côte à côté, et tant bien que mal,
tx documents différents, qui auraient longtemps existé sépare-
nt el dans une sorte de rivalité principielle* Ils tiennent» de plus,
locainent élohistique pour très postérieur au jéhoviste. Or, le
Ipitre x\ii me semble prt^senter assez d'indices qui vont à Ten-
Itre d'une telle théorie*
Juand on isole ce chapitre des pièces jéhovistiqiies qui le pré-
fcnt, la théophanie dont il s'agit sera Ibrcément la première qui
ïil(itéd*^*volue au patriarche- Ce serait un cas absolument paral-
à rapparition de Dieu à Noé, racontée par le même élohiste
Genèse, vi, 9-22. L'auteur se sert même, dans les deux pas-
i,des expressions û'^nrt* (-53b) nï* ^bnrn et uvzn n^n, pour dé-
T les actes de piété indispensables pour s attirer la faveur
le. Or. dans le premier cas, cette faveur divine, comme de
est la récompense méritée par une longue vie de vertus,
dans un milieu corrompu; dans le second, Abraham est
idfis avoir rien fait jusqu'alors pour mériter une si haute dis-
ion; il est, de plus, à un âge si avancé, que la corruption du
, si elle existe, ne peut avoir aucune prise sur lui; il vit
dans un milieu dont le narrateur ne rapporte aucun acte ré-
mible. De cette façon, l'élection d'Abraham devient le résul-
Ud^tin simple caprice, tout autre aurait pu le remplacer. Ou se
ide comment rélobisto aurait oublié, à la lois, sa méthode de
itlon, et laissé tant de lacunes dans une biographie qui devait
tenir à cœur bien plus que celle de Noé. Pour tous ceux qui
inent la chose sans parti pris, une pareille conception est ah-
«*nt impossible.
19 voici qui dépasse toutes les limites du bon sens le plus élé-
lire. En retirant le chapitre xvii, on élimine simultanément du
jéhoviste la connaissance des noms Abrani et Saraï, et, par
i on est obligé d'admettre que la mention de ces noms dans
nombreux passages des cliapitres xii, xin, xv et xvi, qui sont
, est due à l'ingérence du rédacteur finaU Or, je de-
182 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
mande à tout historien impartial s'il est vraiment raisonnab/e
d'attribuer des corrections aussi nombreuses à un engouemc?ii/
exagéré pour le calembour û-^ia )M2'n 3n ? Le rédacteur, qui, à en
croire les critiques, maniait ses sources avec un sans-gône à peu
près illimité, n'aurait-il pas simplifié sa besogne en supprimant
les versets 5 et 15, et en mettant au début du verset 16 les mots
^ntax m© nx TnaN (ou -i^tn) D:ii f II aurait ainsi écarté du môme
coup la contradiction apparente des deux documents sur les noms
du couple patriarchal, qui devait le choquer plus encore qu'elle ne
choque les lecteurs modernes.
Une preuve non moins concluante nous est fournie par le pré-
cepte de la circoncision, que le jéhoviste n*a pas pu ignorer,
malgré l'affirmation contraire de l'école critique tout entière. La
question mérite la plus sérieuse attention. L'opinion que, suivant
le jéhoviste, la circoncision n'a été introduite qu'à l'entrée des
Hébreux dans la Terre promise se fonde d'abord sur le passag:^
du livre de Josué, v, 9, où, après avoir pratiqué l'opération sur 1^
peuple, Josué dit : Aujourd'hui, j'ai retiré de vous la honte des
Égyptiens. Il s'agirait, d'après eux, des injures lancées par le^
Égyptiens contre rincirconcision des Israélites, lesquels, tout e^i
habitant si longtemps dans la patrie de la circoncision, n*avaieri*
pas voulu accepter cet usage religieux. Avec tout le respect
qu'on doit aux savants qui admettent cette interprétation, J'a-*
voue qu'elle m'étonne beaucoup. Outre l'idée bizarre de faire J^
Josué un missionnaire dévoué à des usages égyptiens, et notam-
ment un missionnaire préchant aux autres ce qu'il s'est bien
gardé de faire lui-même, il y a là un point de départ absolument
faux, car," à de rares exceptions près, dans certaines catégories
de prêtres, la nation égyptienne était bel et bien incirconcise.
C'était aussi le cas de la plupart des peuples sémitiques; chez les
Arabes eux-mêmes, l'usage de la circoncision ne s'est généralisé
que très tardivement, de sorte que le prophète Jérémie pouvait
dire à bon droit û-^bn:^ d-^irin bD (ix, 25), <l tous les païens sont in-
circoncis * ». En réalité, les injures des Égyptiens portaient sur la
négligence de la circoncision par la génération née dans le désert.
Ils soutenaient que les Israélites, à peine devenus libres, avaient dé-
fmitivement abandonné la pratique religieuse à laquelle ils étaient
fermement attachés quand ils étaient esclaves. En rétablissant cet
usage négligé depuis si longtemps, Josué a lavé le peuple de cette
honte, en apparence bien méritée. En un mot, le jéhoviste atteste
i Les mois incorrects nbn:^a b^l2 du verset 24 doivent liitttrelleme&t ftlM tinii
réUblis, d'eprès les Seplanto*:' Sn^^l bn^D ou nbn:^1 nb^».
llECHEHGJiKS BIBLIQUES 183
ide la circoncision parmi les liebreux durant leur s^^jour
H, et, par cela m<?me, il en reconnaît rurigine iiatriarcale.
nvofjue ensuite le passage Exode ix, 24-2(i. Pendant que
lait en route pour TÉgypte, il fut attaqu<^ par lahw»^, qui,
ris la forme humaine, voulut le tuer*. St^pliora, voyant !e
qui menaçait la vie de son époux, se munit d'un sîlex^
le prépuce de son fils» et, ayant jeté la chair sanglante
3s de l'assaillant, elle !nl adressa ces paroles. « Certes, tu
moi un allié de sang (-^b rfr« û''?:n inn ^^3) >ï.Ge sacrilîce,
ittiation, qui faisait de lahwé l*allié de la famille, sauva
Jt» depuis lors, Sépliora donna à la circoncision le nom de
ce de sang (n^^Tzi iri^*) '^' M- Ddlmanu, bien qull explique
ige d*uuè façon que nous n'admettons pas» résume excel-
t Tessence de ce récit : « 11 en ressort clairement les deux
le voiôi : d'abord, que la circoncision a la valeur d'un sa-
langlant; ensuite, que la vie du père est en même temps
I ou rédiraée par i'olïre du Ois ». Cela s'accorde on no
eaxavec ridée fondamentale de Genèse» xvii, que la cir-
in est, pour les descendants d*Abraliam, le gage par excel-
^ l'alliance entre eux et Dieu. Séphora, ayant un circoncis
eux, a dû, au moins dans l'hypothèse du narrateur, con-
ta signification de cette pratique, et n'avait nullement
le l'apprendre par le chapitre xvii de la Genèse, ou par
8 individus de sa nation qui, tout en pratiquant cet usage,
Ibuatent certainement pas une telle signification. Dans
I cas, on ne saurait conclure de ce récit que Moïse igno-
|U*alors, toujours d'après le jéhavisto, le rite delà cirt^on-
3u cette conjoncture, Moïse, après révénement dont il a
\eU ne se serait pas fait faute de recommander ce rite à
ationaux d'Egypte, dès son arrivée auprès d'eux, comme
m le plus eflicace de se réconcilier avec Dieu ; il les
de plus, soustraits au mépris des Égyptiens, s'il était
iinme on Taffirme, que ceux-ci tenaient Tincirconcision en
tat net : le jéhovîste, dans les deux passages invoqués par
tgues, suppose comme une chose qui va de soi que Moïse
les représentants les i>lus ëminents de la génération
I
a potir avoir né^bf^é de circoadro son fils, comme le veulent les rabbins
■ moéernes, ou bien élBil<fl pour le punir de rhéaiUtion qu'U ovait mon-
l^ccotnpUdsemeQt des» misiîoti*f Getta dernièro i\Tpli€iiiiuti nous |»rait
tmblfble*
• atliÉOCA s au lien do "[rin, • allié de », Avec cette forrectiou, j accepte
guère pitr M. Hûbetis Duval pour la fin du verset 26^
184 HEVlîE DES ETUDES JUIVES
d'Egypte, (étaient circoncis, et là-dessus il est en parfait accorJ
avec la donnée du chapitre xvii.
Ce résultat implique naturellement, comme corollaire irrécusa-
ble, l'unité du chapitre xvii ayed les pièces jéhovistes qui l'entou-
rent, ainsi que la modification survenue aux noms du couple pa-
triarcal.
Un dernier mot à propos de ces noms. Les noms élohistiques
ûnaN et "^nb se constatent aussi dans les inscriptions cunéiformes,
où ils sont orthographiés A-bu-ra-niu (Strassmaier, AN, art. 61) et
Sa-ra-a [Ihid., art. 6590), preuve qu'ils étaient en usage enBa-
bylonie. Les formes 2~=5? et iirfo n'ont pas encore été signalées
chez les autres Sémites; pour ûmnx, il est même douteux qu'on le
retrouve jamais en dehors du domaine hébreu, où il a toutes les
chances de figurer comme une dénomination typique et de tous
points semblable à celle de b«nç": (Genèse xxxii, 29).
XII
LA LANGUE DES HITTITES D APRES LES TEXTES ASSYRIENS.
Par suite de la publication faite par M. le capitaine Burtpn, en
1872, des singulières inscriptions d'Hamath, rédigées dans un sys-
tème hiéroglyphique inconnu, l'attention des historiens a été vive-
ment attirée sur l'antique population de la Syrie septentrionale,
que les annales égyptiennes et assyriennes d'une part, les écri-
vains bibliques d'autre part, mentionnent fréquemment sous le
nom de Kheta, Hatti et HiUim, au singulier Hitii, dérivé ethnique
d'un personnage mythique et éponyme Hat ou HêL
Peu de temps après cette publication, des inscriptions de la
môme espèce ont été découvertes à Djérabis sur l'Euphrate, l'an-
cien Karkemisch, à Marasch, à Ibriz, à Karabel, à Thyane etdans
beaucoup d'autres localités de la Ilaute-Syrie et de l' Asie-Mineure,
ainsi qu'un nombre considérable de monuments et d'œuvres d'art
qui décèlent un génie particulier. On s'aperçut en môme temps
que le syllabaire national des Grecs de l'île de Chypre avait sa
source dans l'écriture plus compliquée des Hittites, Tous ces faita,
joints aux récits des écrivains orientaux qu'on a réunis et mis dans
un ordre chronologique, ont, pour ainsi dire, ressuscité devant
nos yeux une race et une civilisation 'qui avaient été ensevelies
HECÏlEnCHES limUQUES W
Fl'oiitli {hjs siècles, aprùs avoir longtemps rivalisé avec TE-
f]ïte et TAssyrie et f<i^coadé, par leur esprit et leur activité, le
kïe Jiaiâsant des peuples de rAsie-Mineure et des tribus hellô-
&u «fljet de la langue des Hittites, les avis sont partagés. Les
éntalistes anglais, M* Sayce en tête, soutiennent qu'elle n*ap-
rtenait pas à la famille sémitique, mais au groupe encore mal
iiiides idiomes de la Cappadoce, de la Ciiicie et de Tancienne
ie, idiomes groupés par Lenorraant sous la dénomination
lens. Cette opinion a été aussi admise par Finzi en Ita-
M. EL. Scbrader en Allemagne. Les autres orientalistes
ds et français se tiennent sur la réserve ou ne se sont pas
re prononcés. Cette hypothèse, plus ou moins implicitement
i«e, m'avait toujours paru des plus conteslahles, et je lai com-
le à diverses reprises dans mes écrits. Les travaux récents^ies
Qtalistes anglais sur la matière, et l'évfil inespéré de Valaro-
fme dans les ouvrages de vulgarisation qui prétendent résumer
Iderniers résultats de la science, me font un devoir aujourd'hui
I revenir sur la question, et de soumettre aux savants compé*
Hts les preuves en laveur de mon opinion, qui afflrme le carac-
fî sémitique de la langue hittite. Quelques mots seront pour-
Dl nécessaires pour faire comprendre la faiblesse des indices
loques par les partisans de Talarodisme à Tappui de leur thèse.
Ceux qui admettent l'origine non sémitique des Hittites font va-
rdeux arguments de natures diverses. Sur les monuments, di-
it4l», les Hittites ont une physionomie difiTérentf» de celle qui est
Dpre aux autres Sémites, et cette différence physique répond à
différence du costume, et, tout particulièrement, de la coilïure
delà chaussure à pointe relevée que Ton trouve en usage chez
peuples de rAsie-Mineure. Mais la ressemblance physique et
le du costume, en supposant môme qu'elles soient aussi étroites
00 le prétend, prouverait tout au plus l'origine plus ou moin»
!éç des Hittites, elle ne déciderait rien au sujet de la langue
ce peuple a parlée aux époques historiques de son existence
nation syrienne. Prenons, au hasard, un exemple dans
fatb ethnographiques plus connus* L*origine anaryenne des
kiUots primilii's de l'Arménie, du Curdistan et de la Susiane,
lipêclie nullement que les tangues qui se parlent depuis au
DS deux mille ans dans ces contrées ne soient parfaitement
hmUle iranienne. La question de la race n'a rien à voir avec
de la langue, ce sont deux choses entièrement distinctes.
aÏMindonnons la première aux antliropologoes et aux enthou-
du préhistorique, nous ne nous occupons que de la seconde^
i86 « REVUE DES ÉTUDES JUIVES
se rattachant à la langue des Hittites de la Syrie. Pour restera u
un terrain solide et purement historique, nous laissons toutd^'Ta.
bord de côté les inscriptions mystérieuses qui sont la cause dom/-
nanto de la reprise de nos recherches. A moins que quelque trou-
vaille particulièrement intéressante ne se produise au courant de
notre étude, nous nous bornerons au problème linguistique seul,
et nous en écarterons la question épigraphique.
L'autre argument, le seul qui mérite d'être discuté, appartient à
la philologie. Il est tiré des noms propres hittites, mentionnés dans
les documents égyptiens et assyriens. M. Sayce, le vrai auteur
de l'hypothèse que je combats, a publié dans les Transactions
ofthe Society of biblical Archeology de 1881, page 288, une liste
assez complète de noms propres destinée à démontrer le non se-
mitisrae des Hittites. Toutes les sources ont été mises à contribu-
tion : TAnclen Testament, les inscriptions égyptiennes, les inscrip-
tions assyriennes. J'ai dit précédemment que je laisserai décote
les deux premières sources, et voici pourquoi : les noms d'homme^
mentionnés dans la Bible ont été portés, en grande majorité pa ^
des Hittites palestiniens, et peuvent, par conséquent, être emprur*'
tés ou hébraïsés. Je mets dans cette catégorie les mots hamathéen s
ûni"^ (ou tninn) et ?.r'n, parce qu'ils sont trop isolés, et je ne m'ai:^
rèterai qu'à ceux dont l'authenticité est garantie par les autr^-^
sources. Ceux qui connaissent les imperfections de la transcription'
des mots étrangers par l'écriture ^égyptienne comprendront ma
répugnance à me lancer dans une œuvre de Tantale, où toutes
les fantaisies peuvent se donner libre carrière, surtout quand
on n'est pas égyptologue de métier. J'aime mieux me placer sur
un terrain solide, où les chances d'erreur se réduisent à bien
peu de chose. Les transcriptions assyriennes des noms égyptiens
ou phéniciens se sont toujours montrées d'une exactitude des plus
scrupuleuses, on peut être sûr à l'avance qu'elles conserveront
cette précieuse qualité en ce qui concerne les noms hittites. On
sait déjà que le dépouillement des textes assyriens au profit de
l'onomastique hittite avait été préparé par M. Sayce, et que ce sa-
vant s'appuie précisément sur cette liste pour proclamer le hon-
sémitisme des Hittites. Mais nous somjnes convaincu que le sa-
gace orientaliste ne tardera pas à modifier son jugement aussitôt
que nous lui ferons voir le vice capital de son onomastique, qui est
de noyer les noms vraiment hittites dans un flot de noms qui ap-
partiennent à d'autres peuples et à d'autres régions géographiques.
Tous les peuples de l'Asie-Mineure et de l'Ararat : Van, Naïri,
Tabal, Mouski, Commagène, Cilicie, Qoui, ont livret les neuf
dixièmes d'une onomastique qui se qualifie de hittite 1 On se de-
ïlEGHEUCUIiS mULlOl^ES 187
jnâJide ce que fous ces e^iem en ts hétérogènes ont à y voir, et roii
m^pput 8*0111 p^^clier de penser que rhypothè.se de l'alarodisme des
Hitlites doit son origine à ce tolui-boha lingiii^stique. J'ai donc
pensé qu'il est temps de faire œuvre de discernement et d't^tudier
te noms liittites eu eux-mêmes et dans leur milieu naturel. L'o-
iwenastique nouvelle sera de proportions très raoïlestes, mais elle
aura l'avantaiie inappréciable d'être scrui^uleusement hittite.
Le pays de Hatti, dans le sens propre du mot, sYHendait depuis
rHamalhéne jusqu'aux déclivités sud du Taurus, Le Liban et TA-
manu» le séparaient de la Phënicie et de la Cilicie, et ses limites,
du côté de 1 est» étaient TEuphrate et la Palmyrèno. Mon analyse
dfisûoms locaux suivra la direction du sud au nord.
Le royaume de llamat occupait les deux rives de TOronte. Au
Imps (le Toutmès 111 et des Raraessides (du xvii% ou xii* siècle),
la forteresse stratégique du pays était Qadesh, située sur le lac du
ittéme nom, La capitale parait déjà avoir été Hamalh. Il est éga-
\mm{ vraisemblable que la ville de Ribla^ souvent mentionnée
dan.* la Bible, existait déjà à cette époque. Ces noms portent un
cachet sémitique des plus frappants.
jyama^/i, en cunéiforme EamaiUy en hébreu rj^n; il répond à
Tarabe nîrcn, « lieu protégé », de ■•rn, « protéger j»,
Qadesh, c'est Fliébreu, iDyp « {lieu) saint »^ ; nom porté, comme
00 sait, par plusieurs localités de la Palestine.
Ribla^ en hébreu rrbnn, w terrain fertile » ; comparez ar. bai,
• être gras et fertile ».
ÀratUu^ « Oronte j* ; c'est ainsi que ce nom est orthographié en
\ canéiformo et en hiéroglyphe. On y reconnaît aussi tnt le terme sé-
I lïïilique rj-ix, féminin de pç, « caisse, boîte ». Le fleuve est ainsi
nommé à cause de la profondeur de son lit. Une formation ana-
l<>guese fait aussi jour dans le \b''^H bw de la Moabitide. Comme
1^ terme pK a encore le sens de « hière» cercueil », la légende
Je de répoque grecque a fait de ce fleuve le tombeau d'un
, révolté contre les Dieux, et cette conception s'est conservée
[Jiîiqu*à nos jours dans Tappellation arabe ■'s:«;^b» ^^n^^Naàr^
ici, a le fleuve du Révolté i>, bien qne les indigènes voient
Bllement dans cette dénomination une allusion à ce fait que
rOronte coule du sud au nord, contrairement aux autres fleuves
[région. Après la mythologie, révhémérisme.
i inscriptions assyriennes fournissent, en outre, des noms de
ilJe Xtès nombreux, que je réunirai ensemble dans l'analyse sai-
lle :
rqar; c'est l^homonyme de ip"iT> dana le pays de Galaad
J
i88 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
(Juges, VIII, 10); il signifie « décombres, ruines », de ^g^i?, « demi
lir, ruiner ».
Nuqiidina ; c'est, sans aucun doute, l'hébreu û'^'jp:, « (lieu d
bergers, propriétaires de bestiaux ». On voit, par cet exemple, qi
la désinence du pluriel était en hittite i*^, comme en moabite
en araméen, et non pas û-»:, comme en hébreu et en phéniclei
Par contre, la forme du participe actif était exactement celle c
rhébreu, qui a un o dans la première syllabe, au lieu de Va pi
pre aux autres langues sœurs.
Ashhani, en caractères hébreux imsN. C'est très vraisembl^
blement^ une forme contractée de Ashnhani =lm««, « lieu d.
cèdres femelles v, de niCÉj, moabite me», aram. Nmu5K, ass. cm.
huhîi^ <t cèdre femelle ». La désinence "j- forme des adjectiC
Comparez Thébreu ifc-j^, i^nx et l'araméen I^J^jn^, 1^n«, etc.
Yathabi, c'est-à-dire n::*', « lieu bon », de M'^, « être bon ».
forme féminine rra:3*> est le nom d'une station dans l'Arabie E^ ^^
T I T
trée (Deutéronome, x, 7) et d'une ville palestinienne (II Rox.^,
XXI, 19).
Ziiânu ; c'est clairement in*>T, « endroit d'olives », de rnt « olive ^.
A noter la transition d'un ai primitif en i, qui est aussi très fi— ^-
quente en Assyrie. Comme nom d'homme, in"»! se trouve I Clirc::»-
niques, vu, 10.
Ard\ la transcription exacte de ce nom reste douteuse à cau^^
de l'impuissance de l'écriture assyrienne à exprimer les sons n et -^
qui pouvaient affecter le mot. Toutefois la forme fin» serait ausî^^
[ïossible. Comparez le nom d'homme hébreu fin» (I Chroniques^
XVII, 38).
Atitini^ probablement « lieud anesses », de ibç, « ânesse ».
Adennu ; c'est, sans nul doute, l^r, « lieu de délices », syno-
nyme de l^jj n"^5 dans la Damascène (Amos, i, 5).
Bargâ répond exactement à '^2";?i • brillant ». Comparez xa
pna, localité judéenne. Le son p est très souvent exprimé par
:i dans les inscriptions cunéiformes. Il faut néanmoins faire re-
marquer que la lecture Mashgd est aussi possible. Dans ce
cas, nous aurions, soit npc^, « lieu arrosé », soit natsa, « erre-
ment ».
Arganà^ c'est-à-dire "y^N, « lieu de tissage », de in», « tisser ».
KirzoH correspond évidemment à ins, tiré d'une racine qui a
donné naissance au nom de la ville palestinienne "pro. xop»^» (Ma-
thieu, XI, 21).
Çiibiixi est le représentant parfait de l'hébreu nns* dont le
EECHEHCHES BtBLIQUES 189
territoire est souvent mentionné ûnns la Bible avec le titre de on»
T-t"
rlje Bom rnk r>st contracta de Ti^n:^^ féminin de ah^, « jaune,
labmdu, en caractères sémitiques iia^» deiîs, pi. o'^7n3, « ba-
; rioW, laclieté p. Le nom labmd s*est conservé sans changement
Jusqu'à nos jours.
Âshiamaku^ forme iftaal de la racine *|rb ou ^m, « appuyer »*
Cette forme verbale, inusitr^e en hébreu et en araniéen, s'est con*
sené^ dans le verbe Dnrbn de rinscription de M(>sha, roi de Moab ;
elteest d'un emploi frdquent en assyrien et dans les langues sémi-
lipes méridionales,
les noms précédents sont formés d'un seul élément, ceux qui
suivent sont des mots composés ;
Oar-Dadda, forme contractée de iin"np, « ville du dieu lia-
l ». L'habitude des occidentaux de prononcerai pour n^n est
ftnnellement attestée par les Assyriens et vérifiée par des
formes telles que "nbs, ina etc., qui se substituent à nit-'-? ^^
BcUarikka; la comparaison avec la forme hébraïque "jiin fait
présumer que l'orthographe primitive du nom était Tmnn^ c'est-à-
' *n7"^^. " *^ ^*^^ ^^^^ ^ ^^^^^ *^' ^^^^ ^^^^ évidemment allusion
^Smlàune apparition locale du dieu hittite éponyme lIat,soitàune
défaite infligée censément par lui à des ennemis. Pour ce dernier
8€m de ipi, voyez Isaïe, lxim, 3.
Ellitarbi, à diviser probablement en EUit-arbi, c'est-à-dire -n^3^
2^«» « chambre d'embuscade », Le terme rky se trouve dans les
ttucriptions de Sldon et est très usité en araméen.
htmame s*analyse visiblement Pu-mame. La physionomie as*
«yrieDtine de ce nom est 1res frappante. Il signifie a bouche des
^uxi. En hébreu, on dirait d^^"^?. On peut, cependant, diviser
^^ana-me — ■'W-d^c Le sens de Tensemble n'en sera pas changé,
inais on aura une forme différente, La forme did est notoirement
commune à l'araméen et à l'arabe.
Paniu les montagnes de l'IIamathène, on relève :
Ubnana, liéb. *[bfp, « montagne blanche, Liban ».
Amaliu, Je pense, avec M. Delitzsch, que ce n*est pas une va-
matedtt nom de Hamath. Malgré la qualîûcation de mat, « pays»,
J'iflcline à y voir le nom sémitique de FAntiliban, nrjH (Cantique,
ir»8), nom qui est aussi celui d'un fleuve de Damas, Amaliti est
ftmr Amantu. Le roi de llamath possédait souvent une grande
1
m REVUE DES ETUDES JUIVES
partie de rAntiliban ; de là, sa qualification de roi à'Amatiu. 1
terme n:r5î vient de ^sx. t être solide, ferme ».
H(isa ; on y reconnaît un dérivé de la racine "^on. « s'abriter, s
réfugier », d*oii aussi la ville palestinienne non ( Josué, xix, 29;
Un nom d'homme non est consigné dans I Chroniques, xxvi, 10
Soué; on y distingue Thébreu rnâ, « égal, uni ».
Saù: cVst, à ne pas s y méprendre, «ne, t vide, illusoire ».
BaUçapHna^ sans aucun doute lsx-b?3, « Baal du nord », dieu
phénicien synonyme d une ville située aux confins est de TÉgypte
lExiHle, xn\ 2).
Sarbua^ probablement ia**?, de 2-to, « heurter, résister». Néan-
moins, les transcriptions '*"5"jc, « lieu brûlé m, ianç, « lieu dessé-
ché », sont strictement possibles.
Les textes assyriens font mention de trois rois bamathéens;
leurs noms sont :
/iiili, le phénicien b«cr « qui figure sur une numnaie de Bjblûs
et qui signifie « œil d'El »«
• Iaubi\Uê ou lUibfiUii c'est Vr*'* ^^ "^^Tr^?- • I*^^ ^^ ^^^
loin (?) 11. Sur une intaille sémîUqoe on Ut -::r=rn.
irkuieiU ou IrkHietm. On y neconnail acs&itk>t tTarrr^» ' ^^
iarh vou Lunus^ e$t notn^ dieu ou notre forœ. ». Cmparez la di-
vinité |ialmyréenne V^zttt' Hj<Wi^ tkntl le w» se o»i2x>se àerr
et de r"^« c estsÀ-dirv Vra. Des compotsîtîcM&s uu^c^ws se retn>Q-
vent ohe^ les autres Sémîîes. A coter rspa»^^ ^ s ce Va: c'est
aussi souvent le o;ïs en palmyr^^iiieii : ex. rrcr, j^xr z'lzis.
A"ji noni de THaaiaib^ûe, la r?^^ xrp.\5*r** i !k£ ft-cj jar îe ômts
inferîeur de rOrv>nte, par Tlfria e: pjr De KirL-«fL. f;jniaîî ut-
cîenaement un rvn-:î::2:e p;3L:s;5J[CLt d.-'at j? 2>:aL* e.rrj: -îa rn^îkaw,
pect se Itrv aass: b:en FiÊti'4 q;ae S'Si:vi^ Lt luoarî ite asm?-
l:c:ie^ aiaaettest la f rvniî^f^ iecCîr^ «t ngaiÙBXu ^ jrorâae
6^ Aj-''Wi\ qce PtolTriite p>iK« «ta» «€fc rMànL. ^ nrâJ ç»
C'en -^^z^ emNkT : B-jlKJie rwoai i çrr ivfir r-ft -gîfT^tTft^ r ifate,
BsSrTKcr -» : > Vxvar'je caz^îV^TBe^ am r^mcninL 3*siiHinii«- in t^
fc:?i'! fixrrr !rrr:zrç. Ce 3>«"^at sien rxiù^Tif «t M» ôes sitt:« mbs
ûi T-ZiT çz* j^ iexiâs as^vrkc^ n^oss îzaa xujimal» àaut «ûe
le ^ L-rs^zà uôMJijr Sot, Cfsc nonr imt lamit rimmaep àe
^xr::.-. .. fil Lr:t<rfc 1" vr :•:: :>'vr.. xàrt^ «i. r^^ c Hinittsv
ii ^ je roirî PATiii iSL2. fi^TCff^ .ail t vàemi* ^«oir aiL àenvé ài
RECIIERCIIICS BIBLIQUES t'Jl
|r*B» « «e'flîsputer (arabe) », ou bien le pluriel de ïiÈto ,V^«c» li^^-
G'^FKB, ft confins, extrémités t>,
iTa-à^i ; c'est la ville de miy, 'Az&z, Le mot signifie « fort»,
racine ttj. On sait que les Assyriens ex[>i iment parfois r par h.
Kunulua ou KinUia; ce nom, que les alarodisants raontreut
<:omme le spécimen le plus évident de non-sémitisme, se reconnall
avec certitude comme représentant !a composition ibN-^s ou \3
ibèr, « fermeté de Dieu >». Écrit d'après la prononciation populaire
rendue par les Assyriens, c'est-à-dire ■îbsp^ ce nom a bien dos
I cbances d'être le type du nom de 1:b|), ville citée par Isate entre
K^arkemish, d*une part, Arpad et Ilamath^ d'autre part (x, 9).
Amos orthographie ce nom nsb^ » et ïe mentionne avant Hamath
^ Cvi, 2). Ézécbîel le contracte en tos» La métathèse, ainsi que la
contraction subie par ce nom dans la bouche des Hébreux» s'ex-
plique très naturellement par la dîfticuUé de prononcer le groupe
l^s. Faisons toutefois remarquer qae i:bs pourrait bien représenter
*^ ville de KtiUani mentionnée dans les textes assyriens» si sa
situation géographique comme cité syrienne était bien constatée*
^^tis ce cas, on aurait un dérivé de la racine bbs. Le pre-
^^ier élément de oc mot composts i^s, constitue à lui seul le nom
**'une ville du royaume de nais: (i Clironiques, xvin, 8).
I -A^ribua-, on songe aussiiôt à lan», parallèle au nom de la ville
JIU€l#^nne snH (Josué» xv, 51), « guet, embuscade ». La racine an»
^ <iëjà été relevée dans la ville haraathéenne ElliiarM,
AHçir\ c'est visiblement "î^*br, « le très haut est un rocher ».
^n hébreu, on a un nom dliomme de formation analogue : nni-^b»,
^ ïl est un rocher ». H se peut mt^me que le nom hittite dont il
^*agit soit absolument identique avec celui-ci, et qu'il faille le
transcrire iX'b», avec un aleph.
Nidia ; cVst, selon toutes les vraisemblances, une forme con-
tractée de ^bn:, « lieuoii Ton conduit les troujreaux «. C*estle qal
'ie la racine bn5, qui n'est usitée qu'à la seconde forme \erbale en
hébreu : brc. Un point à noter : le participe passif avait, en hittite,
la forme hébréo-phénicienne birï3, et non pas celle de Taraméo-
assyrîen b-^rra, nHL
Bntann ; il se transcrit, sans nul doute, in^3, « lieu où Ton reste
la nuit », de nn « passer la nuit >>, racine dont vient notoirement
le vocaile sémitique n;>5, « maison ». Il est permis de penter que
* M* Delitzs^h identLiic rïjbD avec le lîcu nommé Koullanhou, ù sii mille loglftif
4*Ârpici. JigDorc queUe est PorUiographe arctht^ de ce nom.
192 REVUE DES ETUDES JUIVES
rhébreu postérieur in*>a (Esther, i, 5) n*estpas autre chose qu^
double de ce terme hittite.
Parmi les montagnes du Hattin, je trouve mentionnées les s
vantes :
Eamurga = Haurga\ c'est probablement anh, o saillie, sortit^
de 5nn, ar. s^n, « sortir ».
Munzigani'y ce mot rappelle singulièrement le nom d'arfo
assyrien mussuqân^ qui semble désigner une espèce d'olivier '.
Comparez Thébreu postérieur pot), « arracher les olives ». JV/?-
cline môme à penser que le nom de pb^ti, en assyrien DimashqU
en syriaque pî)OX]*ii, signifie « demeure des oliviers », au lieu de
signifier, comme quelques-uns l'ont conjecturé, « demeure de
l'arrosage » de np» « arroser ».
laraqii ; ici nul doute possible : c'est l'hébreu yr^ a vert ».
latiiri, en caractères hébrexix ^^^1^ <* fertile, abondant en pro-
duits », de nn:^(ïi), « multiplier, rendre abondant (Ezéchiel, xxxv,
13) », d'où aussi nnny, « abondance ». Ce nom n'a rien de commun
avec ^Vû^^ (Genèse, xxv, 15).
Saratini^ probablement Vr^'J?, ^^ allongements, étendues», de
j^nto a s'allonger ».
Girpâni, aôieciiï tiré de Jina «entraîner»; il signifie visible-
ment « mont aux torrents rapides et entraînants ». ion? est formé
comme yrn] /l'j^n /l'in?, etc.
En dehors de rOt*onte, le Hattin était arrosé par plusieurs cours
d'eau assez considérables, mais je n'ai constaté que la mention
des deux fleuves suivants :
Aprê^ le Ifrin de nos jours ; c'est simplement un dérivé de is:;»
« poussière, boue ». Il y a là une allusion évidente à la nature
boueuse de ses eaux. L'orthographe arabe moderne du mot con-
serve encore le y initial : l'^no?.
Saluara ; c'est ainsi qu'est écrit le nom du fleuve qu'on nomme
aujourd'hui Kara-sou, « eau noire ». L'interprétation de l'ancien
nom est rendue difficile à cause de sa forme visiblement contracte.
Il est d'ailleurs très possible que ce nom appartienne au dialecte
parlé par les habitants de l'Amanus, montagne qui donne naissance
au Kara-sou.
Les textes assyriens mentionnent aussi quelques noms portés
par les rois de Hattin. Ce sont :
Lubama ou Libuma^ forme évidemment composée de trois
^ D'après M. Eb. Schrader, ce serait le palmier, mais cet arbre ne croit pas sur las
montagnes.
liECMERCHES BIBUQIES 193
Its ; Im ou li, simpliticalion de bî«, « dieu », bar ou &î/r, <îui
jTOHsculin de Thi^breu ny^, «• forteresse », le suffixe possessif
la première personne, pluriel l", « notre -n. Le groupe unifié
mi «3 signifie par conséquent ^ El est notre forteresse »,sens fort
approcha du nom d'homme hébreu ni3£*^bfit précédemment cité.
Sapalidme; il rappelle le roi des Kheta, Saplel, que meution-
ent les inscriptions égyptiennes* On a voulu voir dans ce dernier
tuom composé avec V» et parallèle à l'autre nom royal hittite
De les hiéroglyphes figurent par les consonnes m» t, 7i, r, c'est-à-
dire: Vw-trg, « don d'El », tout pareil à n^sp^g, « don de lahwé ».
lis la forme sapalul conservée par les Assyriens ruine cette
Qtlièse. En réalité, il doit y avoir un mot simple, savoir le
laque ViVds, « aristoloche n. Ce nom a été aussi porté par un
i d'Edesse. Cela établi, le nom Si^palulme se montre distincte-
enl comme représentant la composition "«ts-VnbDDi « aristoloche
des eaux ». Le terme -«p, pour « eau » en hittite, a déjà été cons-
tata dans Pumame.
Au nord-ouest du Ilattin, vers les sources de l'Ifrin et du
Kira-sou, était situé le canton de Jahan ou Ahmiy qui rappelle le
nom hébreu 1:?^ appliqué à X], ville également située à rextrémité
nord de la Palestine (II Samuel, xxiv, (>).
b roi de ce canton, au temps d'Assurnaçirpaï, s'appelait Agitsi
oti GusU On a ici, si je ne me trompe, un dérivé de *cp:?, « être tor-
éai » ; c'est quelque chose comme ï^pj. En hébreu, on connaît
DUie Tà;52^ (Il Samuel, xxiii, '2^), Le fils d'Agusi se
ornait Arami. Il est difficile de déterminer la nature exacte de
Ipri^mière radicale de ce nom. Cependant le nom d'homme q-iôï
'tnèse, xxii, 21) milite en faveur d'un n initial,
^iiisud*est du Hattin on trouve, dans les textes assyriens, les
ui noms suivants, qui appartenaient peut-être à des princi-
%vXh séparées :
Àrpadda ; c'est le id^« de la Bible, terme dérivé de la racine
% • paver, étendre ».
t; le rapprochement du nom de la ville actuelle ûp/laleb
fâl9 n'est pas bien fra[jpant. Il faut, en tout cas, y voir un dé-
Wde sVn, jîuî signitle en arabe « être solide 'k Le sémitisme de
>4eux noms n*a jamais été sérieusement contesté.
lest du Hattin se trouvait le royaume de Karkemish, à proxi-
-de l'Euphrate, Nous analyserons ciaprùs les noms propres
ipar les textes assyriens comme appartenant à ce pays :
Fkamisha (hiéroglyphes) ou Oargamisha (cunéiformes) ;
T. XVt M* 30, fl
m REVUE DES ÉTUDES JUIVES
c'est Tancien nom de la capitale, le nom actuel Djerâbis vien^
du grec 'Qpoicoc. En hébreu on rencontre l'orthographe tJ-^^çans.
La forme indigène parait avoir été Garhamish. Le premier élé-
ment est le sémitique commun -i|5, « ville, citadelle i», le second
rappelle Tassyrien Kemasfm, « plomb » ; \e tout semble donc si-
gnifier « demeure (ou lieu) du plomb ». Le targum traduit niçir
par Éro*>»3n3 (Job, xix, 24). Cela remet en souvenir le Madinet-
er-reçâç des Arabes.
Sa^wra ; c'est le fleuve de Karkemish, aujourd'hui Sadjour.U
vient de '^y::, « envoyer, jeter, lancer », synonyme de n:o, d'où
Sazàbe, nom de bourgade; il signifie « salut, refuge d, de zxz,
« sauver ». Le nom ancien s'est conservé chez les Syriens sous la
forme lant) (Delitzsch).
Araziqi, ville identique avec l'Eragiza o\\ Erasiga de Plolémée.
Chez les rabbins «T'«:;nx. Cette dernière forme répond exactement
à l'hébreu mx, a caisse, boite » ; la seconde forme offre unemé-
tathèse qui est constatée en Babylonie et dont il existe dans le
Talraud le verbe ^^'yn ou '^'nn, « enfermer ». Cette prononciation
était déjà celle des Assyriens. Quant au sens, il est analogue à
celui du nom de l'Oronte, expliqué ci-dessus.
Pitrii. On identifie d'ordinaire cette ville avec nlns,la villede
Balaam (Nombres, xxii, 15), mais il est douteux que la seconde
lettre radicale soit un n. J'incline à croire qu'il s'agit de -i2D,héb.
nço, a ouverture, début ». Elle formait la porte d'entrée ou, comme
le disaient les Assyriens, le neribu (^V?.) du pays de Ilatti pour
ceux qui venaient de Mésopotamie. Elle était située sur le Sad-
jour.
Bishfni ou Bisurti, nom de montagne ; aujourd'hui Tell-Basher
(Sayce). On y reconnaît la racine nea» « annoncer », faisant allu-
sion aux vigies qu'on y établissait en temps de guerre.
Les annales assyriennes nous ont transmis deux noms royaux
de Karkemish:
Sangara ; on l'a déjà comparé à ^?t3Ç, juge d'Israël (Juges, ni, .
31). Il se peut néanmoins que ce soit un autre dérivé du verbe nsa»
soit : nio.
Pisiriy le fils du précédent. Le nom est visiblement déduit de ■
^teo, Cl expliquer ». Ce nom est parfois suivi du signe iç oujfidi
qui signifie « bois ». Un composé y:^-nbD, faisant allusion à Tifr
terprétation omineuse fournie par les bâtonnets de sort (cf. Hosée, ;
IV, 12) à la naissance du prince, ne serait, en aucune fttçoii, sofl^
«Ht ctiûz un ancien pi^uj^le ; mais Texistence même de ce
n*f«t pas encore tout à fait garantie.
mrà du territoire de Karkiiinisch était situé le puissant
raume de fiit-Âdinu Ce royaume s'étendait sur les deux rives de
Les Assyriens avaient e^ssuyé 'de longues résistances
\ s» et les noms i>ropres qu'ils en rapportent sont d'une
iute importanoe. Pour ne pas romfïre l'ordre géographique, nous
toalyserons d'aiord les noms des villes qui étaient situées en-deçà
tTEuftlirate :
UU'Adiiii, nom du royaume, signifiant « maison d'Adini ï>, et se
ittachant à Adini, le fondateui de la dynastie nouvelle, si hostile
IX AiWïyneus. C'est le t;jj'^;3 des ll^jbreux (II Rois, xix, 12). La
iriante bébraïque montre que le mot bii n'est pas une addition
l^rieoiie. maïs un élément primitif et indigène.
Mabashere, « ville de l'annonciateur >% héb. ^-is^tj, La racine
BBaété déjà constatée, plus haut, dans ie nom de montagne
bAru-
Xte^i^w ; c'est, sans nul doute, Téquivalent de i'hébreu pn^^^
joint, attaché ». Cette ville est appelée bîrlu sha mai HatiU « la
teiielie du pays des Ilatti n. Les géographes arabes mentionnent
ls?ù le bourg de Uàbiq, sis aux sources du Kuvek,
Dmimeie ou DummiUu, <« silence solitude, attente », de û73li
sileucîeux, isolé ; attendre».
Hii, « force, solidité «, au propre <i os » ; comparez Théhreu
; qai constitue aussi un nom de ville (Josué, xix, 3),
tU4, très pnjbablempjit innvi, « ijetit mur », diminutif de
,« mur «. Le diminutif en p- se constate dans les noms hébreux
5iie ^2r, <i petite demeure », tic?:ip, « petit soleil » ; il est en-
e plus usité en araméen.
Shiiamrat ; la forme représente un substantif féminin dérivé
la racine nno, « garder », à Tiftaal ; elle signifie donc <t ville
lëe» iirotégée », à Tinstar de la nni^ï^ des Arabes.
importants encore sont les deux noms de ville suivants,
révèlent des idëes mythologiques sur Ja divinité nationale :
Mal-ripa ; cVst ainsi qu'il faut lire et décomposer le groupe
transcrit ordinairement Paripa. On sait que le sigue pa
la valeur hai> Le nom siguilie : « le dieu Hat a guéri » ou,
V « liât, guéris ! w; c'est Tanalogue du nom paimyrénien
coolracté de Kc*i-bi3, « Bol (= Baal) a guéri ». En carac-
sémitiques : «si-rn ou ÈiDynn.
T-rufibuni] il faut lire et analyser ainsi ce groupe, que
iologues ont l'habitude de rendre par Pagarrtihbimi, Le
196 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
sémitisme de ce mot méconnu s'impose avec une évidence irr&è-
tible. En caractères hébreux, il représente le composé ng-m
larn-, « le dieu Hat est notre citadelle vaste » *. Les premiers élé-
ments nn et np sont déjà connus ; nrn est Thébreu nnh, « largeur,
ampleur » ; i est le suffixe possessif de la première personne au
pluriel ; en hébreu !i3, en phénicien i- L'expression a citadelle de
notre ampleur », à la place de « notre citadelle ample ou vaste »,
est celle que Ton rencontre d'innombrables fois dans la Bible, elle
constitue un idiotisme inimitable dans toute autre famille Hnguis-
tique. Pour le sens, l'image d'une citadelle ou d'une demeure
vaste, héb. :îrn^, symbolise la sécurité, la commodité, lebien-étre
et est opposée au lieu étroit, héb. natç, qui représente la souf-
rance, la détresse, la misère.
Les rois de ce pays qui sont mentionnés dans les documents as-
syriens sont :
Adini, le fondateur de la dynastie ; il représente le mot hébreu
•g?, a délice ». Son fils est :
Ahuni, visiblement )^m, « petit frère », diminutif de n«, « frère»,
lin», ÊCinN, est un nom fréquent chez les Syriens.
Girpartida, à diviser en n^ne-n?, « hôte (= héb. n?) du dieuPa-
rud ». Comparez les noms phéniciens pona, nnrnD:^na, ainsi que
le nom Giridadi = mn— la, porté par un roi de Ashaya. Le nom
divin nnp est nouveau et paraît signifier « séparé, distingué ». La
racine niD donne naissance en hébreu à nno, « mulet », en araméen
à «ri'jnD, c< colombe ». Peut-être s'agit-il d'une divinité zoomorphe.
Au lieu de Gir-Paruda, on trouve aussi Gar-Parunda.
Nous avons maintenant atteint l'extrémité nord des pays sé-
mitiques sur la rive occidentale de l'Euphrate, formée par la pe-
tite principauté de Shuhari avec sa capitale Shubarie, c'est-à-
dire nao et nnao, noms qui viennent l'un et l'autre de *ùt%
a rompre, briser », faisant allusion à l'apparence déchiquetée et
déchirée du territoire. Il se peut toutefois que nous soyons en pré*
sence de la racine nno ou nab, « attendre, s'arrêter ».
Au-delà, s'étendait la région montagneuse des Urumaya ou i^
viaya, nom qui a laissé trace dans VUrima de Ptolémée, aujou^
d'hui Roiim-Qalèssi^ et donnant entrée dans la Commagène, le
Kummuh des Assyriens. Les habitants de ces deux pays étaient-
ils des Sémites, ou bien ont-ils appartenu, ainsi que le mat-
Gamgum (le y^m des Hébreux) et le Milid ou la Mélitène, à la
^ On voit que l'idée fondamentale du célèbre cantique des premiers Protestants:
Sint fuit Burg iit muer OoU^ ise trouve déjà ches les Hittites.
RECriEBCHES BIBLIQUES
197
ice Don-sëmitique et non-ar}'enne qui peuplait le Naïri ou l'Âr*
bénie prt^iranienae ? Nous ne saurions rien affirmer dans Tétat
êdnë de nos connaissances* Faisons toutefois remarquer que la
Commagène est souvent comprise dans le pays de Hatti ou de
Syrie, c'est aussi le cas dans les tables de Ptolémée. Le sémitisme
dr la Commagène deviendrait assez probable, si le nom ancien de
ee pays Kummuh (ou Kuwwuh) pouvait être identifié avec le
\ (3es Hébreux.
point de vue des populations sémitiques limitroplies» toute
ttezone géographique composée des hauts plateaux du Taurus,
iallait deTAinanus à TEuphrate, formait une frontière naturelle
Uussi tranchée que celle que présentait l'Egypte à Touest ; et voilà
urquoi elle portait, chez ces populations hittites, le nom de Muçri,
iest notoirement la désignation sémitique commune de la vallée
iNiL Les gens de Mucri qui amènent Téléphant indieu à titre'
) cadeau au roi assyrien Salmanassar, sur Tobélisque du British
iim, n'étaient nullement des Égi^'ptiens, comme le soutien*
: quelques assyriologues, mais les voisins immédiats des llit-
5 dans la régioti du Taurus. Cela résulte indubitablemf^nt de la
sure retroussée du conducteur, car l'habitude de porter cette
le chaussure est le trait caractéristique des populations de
Jhatite Syrie et de TAsie-Mineure.
. passons finalement à la rive gauche ou orientale de TEu-
ate, en face de Urumaya, où ce fleuve prend subitement une
ction presque perpendiculaire du nord au sud, pour longer
territoires hittites. Ce coin de la Mésopotamie supérieure est
ppelé hinqi ou masnaqU sha PuraiU « les gorges ou les détroits
TEuphrate n. Au temps de Tiglatpîleser 11, on y mentionne la
TU Ashshuri, « colline d'Assour », dans la Bible ncbn. Il
jt aussi les noms également assyriens de Mihranu a avance-
Qt », et PUami^ or ouverture i». Antérieurement, ce pays faisait
[iede Bit-Adint.
loin de là, vers le nord-est, on signale deux districts d*une
aine importance :
est Tut (TUyAbnù c/est-à-dire : law-brip « monceau de
'autre est : BU-Çammani, probablement le même que BU-
mi^ qui produisait de bon vin. La prononciation exacte de
m parait avoir été Bit-Cmmoani et nU-Çewweni, avec tv au
de m» On y distingue le sens de « maison de granit ou de silex
>ar- |îrs; »* Comparez le nom syriaque d'un couvent ghassa-
«TTï r^m în^i» « couvent de la maison de sable »,
198 REVUE DES ETUDES lUlVES
Enregistrons ici, en passant, le mont Amabani ou AramHHt
dont le site est incertain. Il signifie « lieu de lièvre », ^33*111, de
ssnM, <( lièvre » ; il était célèbre pour ses vignobles.
Dans la partie transeuphratique du royaume d*Ahuni, on
relève :
Til'Barsip, « colline de Borsippa », nom purement babylonien,
qui atteste l'influence de la Babylonie dans cette contrée antérieu-
rement au développement de la puissance assyrienne.
KapiH Dargilâ, c'est-à-dire "^VÈrann -ip5, t village de la montée
de dieu ». Cf. la û'^nbfirn:^!ia des Hébreux.
La'ala'te, à transcrire nîjbîîb, redoublement de riKb, qui, en
arabe, signifie « vache sauvage ». L'assyrien luii^ pour lu% est
synonyme de alpii, liéb. qb», « bœuf».
Miiihinu ; c'est-à-dire pn» ou Ipr^, « placé, aflTermi », forme
hophal de pn ou ipn.
Bur'Mar'iina, en caractères hébreux içnç-na, « citadelle de
notre seigneur, » ou plutôt « notre seigneur est une citadelle ».
C'est la môme idée que celle qu'on a dans lam-nn-rn que nous
avons expliqué plus haut.
Aligu ou AlligU vocable d'une physionomie babylonienne: ai-
Ugi, « ville de prises ». Les vainqueurs assyriens ont changé ce
nom honorifique en un sobriquet méprisant : ^fôaWa-ftMnM,«j'ai
pris ou enlevé votre gloire {la est abrégé de ella) ».
JS^appigi^ forme également assyrienne pour na'piqi^ a lieu de
sources vives, de torrents » ; cf. héb. p"^?», « source ».
Rugtiliii ; ce nom semble aussi signifier a source, eau cou-
lante » ; comparez la localité de Galaad nommée û'»bp.
Kap-rahU composé des plus clairs, nn-t]?, et signifiant soit
o rocher grand », si vç^ est pour tjs (Delitzsch); soit, et cela parait
plus vraisemblable, « main grande » ; la montagne ressemblait
quoique peu, on peut le supposer, à la paume de la main.
Entre TEuphrate et THermus {harmish = «piri, « faux, fau-
cille »), on constate l'existence de plusieurs principautés, dout
quelques-unes occupaient les deux rives de l'Euphrate. Les plos
considérables d'entre elles sont :
Suhu. M. Delitzsch l'a identifié avec iriô, Tune des tribus Qatu-
réennes mentionnées dans Genèse, xxiv, 2, à laquelle apparte-
nait aussi nirba, l'ami de Job (Job, 11, 11). La situation si éloignée
de ce pays relativement à la province iduméenne de yvf, pays
natif de Job, rend cette identification peu probable. Je suis d'à-
vis que Suhu répond plutôt au ^io d'Ézéchiei (xxiu, 33), nommi
RECHERCriES BIBLIQUES ID'J
avant ce iç^daîts lequel nous croyons trouver (voir plus haut) la
_^ iléaûmiuation hébraïque de Kummuh ou de la Goinmag<l'ne.
B Siiru, une ville de Siihu ; c'est le «n^D des Syriens, dont le nom
~ subsiste de nos jours sous la forme de Sourîa^ n-'^io. Là racine
Ien est visiblement nno, « <?.carter ».
Bit'Iîalupe^ tibn-r.'«a. « maison du lieu de passage ».
Sirhi^ c est-à-dire T-)b» « lien, attachement », l'hébreu "^ilito.
C*uln'i,^'i:^, et amoncellement, tas », de nsx*
JVaharabayii^lTio:, îovme purement assyrienne. Le mot semble
signifier ^ lieu prjpice », de harabu, « bénir, être favorable «.
^inVani , c'est-à-dire pan , « lieu de blé ^^ de nan = n'j:n,
■« froment ».
JSfaridi = nnn, « lieu delà source bouillonnante et agitée ».
Comparez la localité transjordanique inn t^j (Juges, vu, 1), d'où
Ile nom ethnique ^inn i'Il Samuel, xxin, 25).
SU Sabaya^ probablement ■^niij-n-'a, « maison des 'anciens >», de
ato, aram, «ao, « vieux ».
I>an3 le voi^^inage du Habour, !e nbn (« associant j>) des llé-
î^i^Gux, se trouvent :
jyttr-qumUmu forme assyrienne des plus claires et signifiant
* citadelle siège du limmou ou archonte annuel ».
QaCni, p;5, « petit », héb. "|bç-
■ *^tedfgan«i, à diviser en shadi'qanniy « mont des cannes ou du
jonc », composa assyrien.
Kipina, iss, héb n^p^, ^ rochers »,
Sarranxi ; le nom de cette ville célèbre de la Mésopotamie su-
périeure, qui formait le dernier refuge du paganisme araméen,
^si certainement d'origine assyrienne et signifie « route, chemin »,
On sait que la ville d'Assur portait en même temps le nom de
Uarran-
Plus loin, vers Test, est situé le territoire de Izalla, écrit aussi
kzal et Zal ; on y constate la racine Vtôi, « marcher, passer », Ce
nom est mentionjié par Amien Marcellin dans Thistoire de Tempe-
reur Julien.
La capitale de Izalla est Naçibina, la Nisibis des géographes
romains, le t»2^X5 des talmudistes et des Syriens. Le mot signilio
'< plantes »♦
Parmi les rois de ces divers territoires, nous nous contenterons
de relever :
ffapin, roi de Ttil-AbnL En caractères hébreux \^^, « empoi-
lânt i>, analogue au nom biblique '^seiri,
20D REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Azi-dlu, roi de Laqe (r. rçb] ; natarellement Varr?, « El est fort*.
ffinti'ilu, fils du précédent, pnri>ablement barrrri, « protection
d'El », de -'Tsn, » protéger ».
Ahl-yabàba = any-r:», « frère du cri », cf. Thébreu aa^, t crier,
gémir ». Ce roi a été appelé de Bit-Adini pour prendre le gouver-
nement de Bit-Ualoupé.
Sadiidu, roi de Siifiii. C'est l'hébreu titc, « dépouillé, saccagé».
Ammi'Iià'al, roi de BU-Çamani. C'est rhébréo-phénicien
^??^9?» « peuple de Baal », ou peut-être «.mon parent est Baal ».
Ahi-ramu, roi d'Izalia; c'est clairement ûnn«, « frère du très
haut », dont l'abrégé ûyn a été porté par le célèbre roi de Tyr,
contemporain de David et de Salomon.
Nous nous arrêterons au bord de l'Assyrie propre, dont il est
inutile de dépasser les limites. La nomenclature géographique que
nous venons d'étudier permet d'affirmer en bloc que le territoire
des Sémites septentrionaux a été, depuis les temps historiques,
confiné au versant méridional du Taurus et de son prolongement
occidental, le mont Amanus. Au-delà de cette barrière naturelle,
on ne trouve pas la moindre trace d'établissements sémitiques
dans le vrai sens du mot, car les noms assyriens imposés par les
conquérants à certaines villes de l'Arménie et de l'Asie-Mineure
n'ont rien de comnlun avec une véritable fondation. Ces noms
n'ont d'ailleur?5 pas tardé à disparaître après le départ de la gar-
nison ninivite et n'ont pas laissé de souvenir dans le pays. Ce
résultat négatif ne laisse pas d'avoir quelque utilité au point
de vue de l'exégèse biblique. Un bon nombre d'exégètes mo-
dernes persistent à considérer Loud fils de Sem comme l'ancêtre
mythique de la Lydie. Ils s'appuient sur la légende indigène
d'après laquelle Lydos était fils de Bélos, mais cette légende est
certainement postérieure au règne de Gygès, pendant lequel les
rapports entre l'Assyrie et la Lydie furent établis pour la première
fois. L'essai fait par Lassen d'expliquer les mots lydiens par les
langues sémitiques a complètement échoué, et il ne reste en faveur
Ah M)n hypothèse que l'assonnance extérieure des noms ; or, ces
eort/^s de rencontres fortuites sont trop fréquentes pour qu'on
liuhhh leur attribuer la moindre valeur, quand des considérations
gé^^graphiques s'opposent à leur identificatîcm.
Maiii, de même que les Sémites n'ont jaiùis entamé sérieuse-
jDueLt J^s régions au delà du Taurus, de même les races de l'Asie-
Kljii<:^ure n'ont jamais réussi à s'établir définittrement dans les
p9} 6 béixiitiques pendant l'antiquité histori^fw fui bchis est accès-
BEGHERCHES BIBLIQUES ÎBOt
sibîe. Tous les termes géo^ïraphiques qui nous viennent de cette
période portent un cachet sémitique, lors même qifil nous est
impassible d*en préciser la signification. L'interprétation par le
sumérien de noms tels que Hahur^ Purat et Harrmt est défi-
nitivement abandonnerez grâce au discrétiit général dans lequel le
sumérisrae ou Faccadisme est tombé en Allemagne. Le sumérien
i?carté, il ne reste pas îe moindre indice de l'existence, dans ces
contrées, d'une forme linguistique autre que celle que nous nom-
mous sémitique. Il 3^ a plus, à la suite des noms propres précédem-
ment examinés, on voit se dessiner assez distinctement des varié-
tés dialectales, suivant les régions dans lesquelles nous pouvons
ie^s constater. A ce point de vue, les noms propres de rilamatliène
[ne se distinguent guère de ce que les monuments phéniciens nous
fournissent ou nous permettent de supposer* Au contraire, la
I nomenclature des pays hittites a une physionomie particulière.
'Li* trait caractéristique en est rapparition du dieu national Hai
*ians les noms composés, formation qu'on ne constate nulle part
^iUeurs. Le dieu Paruda est aussi unique dans son genre. Enfin,
1^ dialecte de la Mésopotamie nous aj^paraît fortement mêlé avec
^'assyrien, tandis que les noms royaux conservent un cachet phé-
*^cien indéniable.
Le résultat positif de ce travail se résume en ceci : les peuples
^t^mitiques établis entre TOronte et le Tigre supérieur parlaient
r^^s idiomes phéniciens et non des idiomes araméens, comme on
rl*a cru jusqu'à présent. J'ai toujours soutenu que les Araméens
^^ient une race méridionale vivant depuis le sud de la Babylonie
Jiisqa'aux confins de rHidJâz, L'existence de nombreuses tribus
« araméennes en Arabie a été prouvée par les découvertes épigra-
Bphiques faites à Teiraa et à Egra. Il est vrai que plusieurs savants
^■il^ilitent encore à renoncer à l'opinion traditionnelle qui voit dans
^Fw Mésopotamie le pays araméen par excellence, mais les présentes
^cherches contribueront, je l'espère, à faire cesser toutes les
hésitations à cet égard. Durant Tépoque assyro-babylonienne, les
Sémites de rHamathène, ilu llatti et de la Mésopotamie parlaient
de« dialectes phéniciens. Quant à Faraméen, on ne le constate
anciennement que dans le royaume de Damas et la province adja-
cente du llaouran* Son extension dans la Syrie septentrionale est
dae aux transportations dans ces contrées dinnombrables tribus
araméennes enlevées par les rois assyriens à la Chaldée et à TA-
rabie septentrionale. A cette classilicatîon des langues sémitiques
[du nord correspond exactement la division ethnographique du
lixième chapitre de la Genèse. Pour l'auteur hébreu, HamAth et
létii sont les tlts de Chanaan, cest-à-dire des nationalités phé-
202 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
niciennes, tandis que la Mésopotamie est un prolongemei
TAssyrie. Cette équivalence se manifeste aussi dans le récit
transportation des Israélites, où l'énoncé général : « il les ti
porta en Assyrie », est expliqué en détail par les mots : a
établit à Halah, sur le Habour et en Gôzân (II Rois, xvii, 6.
Septante ont commis une grave erreur en traduisant le terme
graphique hébreu, Aram Naharaîm, « Aram des deux fleu^
par Mésopotamie, désignation purement grecque et incc
avant Alexandre. L'auteur hébreu a certainement eu en v
région située entre le Chrysorhoas on Amana, flouve de D
et TEuphrate, puisque il place la ville de Ilâràn, habitée
Abraham, à sept journées de marche au nord du mont Gai^
J'ai signalé cette confusion de THârân abrahamide avec l'Hf
mésopotamienne dans mes Mélanges de 18*74, et, fait curieu
plupart des critiques, tout en reconnaissant la solidité de m;
monstration, ont mieux aimé accuser l'écrivain biblique d*j
ignoré la situation exacte de Ilârân. Le mal fondé de cette a
sation a à peine besoin d'être relevé. En réalité, les expresî
hébraïques û'^'nnî. Dn« et nnaîi ^"zy désignent la Syrie moye
J. Halévy.
* Genèse, xxxi, 21.
LE SAINT \mm DE LA GUARDIA
Cet enlant de La Guardia est un enfant chrétien, du sexe
ma-^culin, qui, d'après rinquisition, aurait été tué vers 1488 à
U Guardia par une société de cinq Juifs et de six chrétiens
iudâïsants,
Comine nous Tavons annoncé dans le précédent numéro de la
iîifPK^ ftorae XV, p. 134), M, Fidel Fita a pubhé une partie des
actes du procès fait par l'inquisition, en 1490-91, aux coupables
on jïrétendus coupables. Rappelons que cette publication de
M. Fidel Fita a pour titre : Eshidios historicos, Coîeccion de
Àritados ; t07no Vil: El santo Nmo de la Guardia (Madrid»
iiBpr Fortanet, 1887, iii-8* de 162 pages). A moins d'autre men-
lioD> les pages auxquelles nous renvoyons danâ les notes sont les
pages de ce travail de M. Fita.
Il nous serait permis de nViccorder à ce procès qu'une mé-
I diocre attention, Û n'a, en réalité, aucun rapport avec les procès
jinalûguest faits en d'antres temps et en d'autres lieux, à des
jJuils accusés d'avoir tué des enfiuits rtirétïens. La mise en scène
|«it la même, sans doute, elle est strictefiient conforme au pro-
imme dramatique créé par la légende, mais, tandis qu*ailleurs
i Juifs sont accusés d^avoir tué Tenfaiit chrétien pour employer
E»n«aii;: :i d«^^ u».irf*^<^ rituels (le mêler aux pains azymes de la
[ue, ou autres pratiques religieuses], aucune allégation de ce
ne se produit ici. Le meurtre supposé de Tenfant de La
tira n'est pas nn meurtre rituel *.
Bien au contraire. Des actes du procès il résulte avec évidence :
il. s. B»rg«r, lin 118 uo arlicle du journol Le Témoignait, ouméro du 8 oclobre
I?, f}« 313, nt arriver »tir ce f^oiul^ » des concLuBiun» (jui ODt beiucoup d^aoftbgiv
204 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
lo Que ce meurtre, s*il a eu lieu, a été accompli en man£
de sortilège et comme une opération magique qui n*a rien à
avec la religion ni avec aucune prescription religieuse ;
2^ Qu'il a été accompli à Tinstigation de chrétiens judaïsants
descendant de Juifs baptisés, au profit de ces chrétiens, et sous
Tempire de superstitions chrétiennes. Les Juifs y assistèrent sans
trop savoir pourquoi, pour faire nombre. Le but que se proposent
les meurtriers présumés n'est pas de faire usage du sang de l'en-
fant pour des pratiques rituelles juives, mais de se servir du
cœur de l'enfant pour faire un enchantement qui protège les néo-
chrétiens contre l'inquisition qui venait dette établie dans leur
diocèse (1485) et dont les premiers actes leur avaient inspiré une
émotion poignante.
Même l'affaire d'hostie qui est mêlée à ce procès a ici une cou-
leur particulière. Ordinairement on accusait les Juifs de voler les
hosties pour les transpercer et en faire couler le sang de Jésus,
afin de torturer Jésus en effigie; ici, rien de pareil : l'hostie doit
servir à l'acte d'enchantement dont nous avons parlé et auquel les
néo-chrétiens seuls sont intéressés.
Ces constatations pourraient nous suffire, mais nous pensons
qu'on peut aller plus loin. M. Fidel Fita croit fermement à l'exis-
tence et au meurtre de l'enfant de La Guardia. Qu'il nous per-
mette ici de nous séparer de lui : nous sommes convaincu, malgré
les aveux des accusés, que le crime qu'ils ont payé de leur vie est
purement imaginaire et que l'enfant de La Guardia n'a jamais
existé.
II
Le nombre des accusés était de onze, dont trois morts, mais on
sait que l'inquisition faisait aussi le procès aux morts et les
brûlait, en effigie. Cinq de ces accusés descendaient de Juifs
baptisés *, rien n'indique qu'ils soient nés dans le Judaïsme; si
cela était, on n^aurait pas manqué de le dire, comme on le dit
pour un sixième accusé néo-chrétien. Les six accusés chrétiens,
demeurant tous à La Guardia, sont :
' La preuve qae les Franco, de La Gaardia, descendent de Juifs baptisés, c'est
qu'ils se désolent d'ôtre obligés de se surveiller, à cause de leurs femmes, qui sont dtf
chrétiennes authentiques (p. 31 et surtout p. 45, où les vieux chrétiens sont opposés
à ces néo-chrétiens).
LE SAINT ENFANT DE LA GOARDIA
905
Las quatre frères Franco* (Alonso, Garcia, lohan, Lope).
Çest Alonso qui est !e plus important des quatre et qui
conduit toute Taffaire. Les Franco faisaient le commerce
ou des transports, surtout entre La Guardia et Murcîe *, ils
avaient une charrette (ou des charrettes) qui servait à leur
négoce et qui jouera un certain rule dans le procès.
lîenito Garcia, cardeur, né à Las Mesuras ^ juif baptisé. Il
semble qu'il travaille à la journée, il voyage beaucoup» et
va jusqu'aux deux extrémités de TEspagne [Murcie, San-
tiago),
loban de Ocaùa.
les cinq accusés juifs» dont trois morts, sont :
Don Ça Franco, autrefois à Tembleque, actuellement à Quin-
tanar* Il a quatre-vingts ans*.
Mo8é Franco, son fils, à Tembleque; mort à l'époque du
procès* Sa femme s'appelle Jamila *.
Yucé Franco, fils de don Ça et frère de Mosé; demeure à
Tembleque, est cordonnier, A Tépoque du procès, il est
encore jeune {moço)^ c*est probablement sur lui que porte
TefiFort du tribunal, on espère que la torture ou la menace
de la torture triomphera plus facilement de son inexpé-
rience et de sa sensibilité'^. Qui sait si ce n'est pas à cette
circonstance que l'on doit la conservation des actes qui
te concernent, tandis que les actes, moins développés, du
procès des autres accusés se sont perdus?
David de Perejon, demeurant à La Guardia ; mort à Tépoque
du procès^. Il n'est pas impossible que ce David, qui joue
du reste, dans toute Taffaire, le rùle effacé d'un comparse,
soit le don David, juif paiwre de La Guardia, qu' Alonso
consultait sur la date des fêtes juives. On nous dit formelle-
ment que David de Perejon éiBîlpatwre *.
' Vdf p, 4$, passage qui montre que les quatre Fraiieo Bout frères (cf. p. 95 et
^; voir p. 10, pour la résideace des accusés chrétioDS. -^ P. 113, Qarcia s'appelle
^ Utrcia Franco.
* i\ 44 et 48.
^K !l2el un.
t\ 61 ci 43, La nom de Ça lignifie laaac Noua ne savons pourquoi c«t accusé
I Mol toujours lo litre de d<m*
» P. 30, 33, 48 î aa femme, p, 33.
IK 12, demeura à TembLe^uo ^ p* 18, est cordonnier; eat jeune, p. 18, 7S, et
Ml p. 39*
D» k Quiîdia, p. 48 \ mort, p. 40.
~ pauTre cooauJtë par Alonao, p. 29. -- David de P. pauvra, p. 48.
206 liEVUË DES ÉTUDES JtTlVËS
Maître Yuça Tazarte, médecin (fisico), demcorant à TeiM-
bleque; mort à Tépoque du procès. C'est lui qui, à titre <î<?
savant, est appelé par les Franco de La Ouardia à faire les
sortilèges *.
Le procès contre les accusés fut commencé à l'inquisition de
Ségovie, vers le milieu de Tannée 1490, Benito Garcia fut arrêté
à Astorga le 6 juin 1490 ou quelques jours auparavant, Yucë
Franco fut arrêté le (ou vers le) !•' juillet 14%. Le 27 août 14dO,
Thomas de Torquemada, inquisiteur général, et exerçant comme
inquisiteur à Ségovie, ne pouvant, à cause de ses occupations,
continuer l'instruction, commit au tribunal de l'inquisition d*Avi la
le soin de conduire le procès, et les accusés fureiit transportés à
Avila. Cependant on a un interrogatoire de Yucé Franco fait
encore à Ségovie le 28 octobre 1490. Le principal rôle dans la
suite du procès est rempli par le D»" Pedro de Villada, inquisiteixT
à Avila, mais qui avait été proviseur à Astorga à l'époque o*
Benito Garcia avait été arrêté dans cette ville '.
Les pièces publiées par M. Fidel Fita sont les pièces du procô^
de Yucé Franco (sauf quelques annexes qui ne se rapportent p3 s
à lui). Voici quelle a été la marche du procès.
Le n décembre 1490. le fiscal dépose sa plainte, devant rinqaî-
sition dWvila, contre Yucé Franco (n® 1) ; il y ajoute un suppl*?'
ment le 21 octobre 1491 (n<» 5). Le 22 décembre, Tavocat de Yuo^
Franco présente la défense écrite de Taccusé (n® 2), et le 22 jara-
vier 1491, le fiscal y répond (n'» 3). Les interrogatoires de Yuo^^
Franco se font quelquefois à de longs intervalles, pendant lesqu^^s
il a lo temps de réfléchir et de désespérer; ils sont nombreux '•
10 janvier 1491, 9 et 10 avril, 1 mai, 9 juin, 19 et 28 juillet
!«'' août, 10 et 26 septembre, confrontations des 12 et 11 octobre»
présentation d'une défense écrite i>ar Tavocat le 29 octobre, to*"'
ture ou plutôt simulacre de torture le 2 novembre, nouveau ^
aveux lo 5 novembre, nouvelle confrontation le 14 novembre, et
enlin condamnation et exécution le 16 novembre 1491. Ses co-ac-
cusés Henito Garcia, lohan Oc^na, lohan Franco, et mette son
père Ça Franco sont, avant la sentence, entendus plosieurs fois
Cv)mnie témoins contre lui. Tous ces témoins sont, au moins une
fois, i)Iaci^s sur la torture [ton}tefUo),ei don Ça Franco 8ub% raème
» A Tomhlcqiif, p. 31 ; m^ecin, p 31 ; mort, p. 31.
• H. Cîiiroia à Astorga \o 6 juin. p. 59. — Yucé Franco arrêté ver» 1» i«» JoiAm;
p. no ci note lie M. Fiiiel FiU p. 51). ^ Délê^nCioB à rittq«âitioii d*AT9», Ift Tl Mftt,
p» 10 cl n. -. Yuc^ !•>. è S^TÎc, oetobre 14», p. 28.
LE Èkim EXFANT DE LA GOARDU
207
> Supplice de l'eau*. Les autres accusés gardés à Avila furent éga-
\mmi condamnés et exécutés le 16 novembre. On les attacha
^chacun à un poteau, dans le Brasero de la Dehesa d^Avila, et ou
I brûla. Âlonso, Garcia, les deux lohan, pour avoir fait péni-
?» furent étranglés avant d'être brûlés, « les autres » furent
ùMs vifs*. Parmi ces « autres ", il faut siii'einerjt compretidre^
ntitles quatre chrétiens que nous venons de nommer, Benito
1*, et peut-être aussi Lope Franco*. Linquisition aurait-elle
né le vieux Ça Franco ?
III
Od verra tout à Theure, lorsque nous signalerons les contradic-
ons et les invraisemblances des témoignages et aveux» combien
lest dîfilcile de savoir au juste ce qui s'étaiè passé, si toutefois il
i^est passé quelque chose. Dans une série d'aveux ou prétendus
(Veux ii*un accusé ou de témoignages d*un co-accusé, si ces aveux
[^Mwfeûàges ne s*accordent pas entre eux et si le juge ne s*oc-
k%fclkucune famn de les contrùler, quel est celui qui doit être
hvupôur vrai et celui qu*il faut rejeter comme faux ? Il est impos*
Me de le dire, mais l'inquisition le sait : tout ce qui peut perdre
Facctisé est vrai, tout ce qui serait à sa décharge est faux, Voicii
i les deux sentences dont nous avons le texte^ celle de Yucé
&cn et celle de Benito Garcia =, comment l'inquisition dMvila
•est ftguré les choses.
Elle laisse d'abord de cùté les premières dépositions de Yucé
J'faaco, dont Texplication est diftîclle (nous le verrons), si on veut
s concilier avec les suivantes, ou qui démontrent la fausseté de
J ttrwÊmtù dei témoiaa, p. 52, n° 20; p. 53, n* 23 ; p, 55, n* 26, Lt supplice de
ilotsé à Ça Fruaco, vieiUard de quntrtï-vmgla aca (p. dl^ n* 54], tsl quelque
pfi'ifîreox. Qaaot k Yucé Franco, il suifit, pour le faire parler, de luire pûur lui
nïdiê du supplice de lesirapaJe, Un le jîgoln en canséqucncc, cl c'est
sture qa il fit sa principtile confession ou dùpgsitiûu (p. îft-HU, u* 50).
jiL au nouire d'AviU Antou Gouçalcz, du 17 novemliio \'St^ a la inunici-
fXsû^ p. 113.
Dtioii de ^ cofidamnaltoii, p. 108; son jugement, p. 1!!S H auiv., d'après un
tt£i dt 1544 qui paraît rt^produire textuellement les oHgiuaux*
' i a« sait pourquoi Lope Praoco c'est pas nommé parmi les sccusés qui fureot
Noua sappoStjDs qu'il était mort ù 1 époque du procès. Trois des Juifs
ItinMii morlj éf^alement, de sorte que, sur onze coupables, il n'en restait
I atpt. Co fiûnt probablemeat ces sept dont le procès tut rédumé eu 15li*J (voir
- OJ
I ft-., n* M, p. IhO à 108; D. Liurcia, u« Cti, p. 115 à 122, el, dans uue
, ctlaUne, u^ 67, p. 122 ù 128.
ir^ lETCE DES EfTEiCS JOUS
raccafatioo, si on \fn prec«i en oynsiàér^t,:^. ELîe i&isse aussi
âBn% \fi Tagoe et eoTeloppe de circonl*>r;:t>:-3L5 hûik^s toos les
poinU qui pour eile-méme étaient douteox c^ >:^fasc::r«. Ce qui loi
parait démontré, c'est ce qui suit.
A une époque sur laquelle le jugement et lies coasi durants s'abs-
tiennent de donner la moindre ÎLdi ration. les ar<ra>rs se sont
réunis de nuit, dans une certaine caverne, et r ont crucial nn
enfant chrétien en place de Jésus et sur le modèle de la Passion
de Jésus. Les bras et les jambes de l'enfant ont éié étendus sor
deux pièces de bois mises en croix, Tenfant a été fouetté, souffleté,
pincé, on a craché sur lui, on lui a posé des épines sur la tète, les
épaules et la plante des pieds, ouvert les veines des bras pour
laisser couler le sang 'jusqu'à ce que mort s'ensuive , recueilli le
sang dans un chaudron ou une écuelle, ouvert le côté avec un coa-
teau et arraché le cœur, le tout en injure du Christ et de la religion
chrétienne, et accompagné des plus violentes insultes adress^^i
Tenfant comme représentant Jésus. L'enfant étant mort au miliea
de ces tourments, on le détacha de la croix et on alla l'enterrer, la
même nuit, en un lieu qu'on n'a pas pu découvrir. Quelques jours
plus tard^ les mêmes personnes se réunirent secrètement dans la
même caverne, pour faire un sortilège avec ledit cœur dudit en-
fant et avec une hostie consacrée (c'est maître Yuça Tazarte qui
est censé avoir fait Tincantation *). Ce sortilège fut fait dans l'in-
tention diabolique de faire mourir fous les inquisiteurs et tons
les autres chrétiens, d'exterminer la foi catholique et restaurer
la loi de Mo'ise. Enfin, les conjurés, voyant que ce sortilège n'avait
pas agi, se réunirent une troisième fois en un certain (autre) lieUi
et envoyèrent l'un d'eux, Benito Garcia, avec ledit cœur et une
autre hostie à certains Juifs (le rabbin Mosé Abenamias, deZa-
mora, et un savant juif de cette ville), pour qu'ils refissent le so^
tilège dans le but indiqué plus haut.
Cette sentence est très habilement rédigée : elle élude avec art
toutes les difficultés que présentent les actes du procès, voile les
invraisemblances, ignore les contradictions. Mais ce qui est plus
curiQjttx encore et trahit l'embarras des juges en présence de té-
moignages si incomplets, c'est que les deux sentences que nom
avons, et qui ont été rédigées le même jour, par les mêmes juges,
diffèrent entre elles sur un point important. Le résumé que nom
en avons présenté est fait surtout d'après la sentence contre Yuoé
Franco, nous n'avons emprunté à celle qui concerne Benito Garcît
^ L«s aiiditions entre parenthèses sont faites par nous d'après les dépositioas Mi
'WUSvLtêM des accusés ou des témoins.
LK ï;AÏNT fclNFANT DE LA GUARDIA
(p? quelques traits de d^'taîL mais cette dernière contient une
rariante remarquable : elle ne \\arW pas du sortilège fait par Yura
Tazârte lors de la seconde réunion, mais place, dans cette seconde
r^(i»îon, la mission donnée à Bpnito Garcia de porter le cœur et
rtetie à Zamora, pour y faire l'aire le sortilège. Dans la troisième
rtanion, le sortilège se fait sur place, avec un cœur et une hostie,
mm, comme le cœur de Tenfant tu»5 est parti, lors de la seconde
rtunion, pour Zamora, le rédacteur a été obligé de dire que le
ccBurdoDt on se servit cette fois était un autre cœur, sur la pro-
îwiaoce duquel il ne donne d'ailleurs aucune explication. Mais,
comme il a eu quelque hésitation à introduire ce second cœur, dont
lésj>i^cesDe font pas la moindre mention, il est certain que la
minute originale a porté la trace de son embarras, et c'est de là.
saQ« aucun doute, que %'ient le passage incompréhensible, déjà
«gnalé par M. Fita (p* 119 et p. 128, ligne 1), dans la traduction
atalane.
lY
Nous allons maintenant reprendre les faits d*après les pièces du
procès et montrer tout ce qu*il y a d'incertain et de contradictoire
<iâiis faliégation des juges.
Nous ne nous étendrons pas sur le peu de valeur juridique des
Informations faites par rinquisition. 11 est clair, et tout le monde
lésait, que les accusés qu*elle tenait dans ses cacbots ne jouis-
aient d'aucune des garanties joi^éos aujourd'hui indispensables
iim Fadministration de la justice. Dans le procès actuel, nous
Toyons que Taccusé n'est pas assisté de son conseil devant les
[Juges, son avocat n'intervient que dans des consultations écrites
tt oÉi il n*ose probablement pas dire ce qu*il pense, s'il pense
ÎQftîque chose ; les témoins sont entendus en l'absence de Taccusé,
[•H si an lui donne copie de leur déposition, on lui laisse ignorer
ikors noms, la date de leur déposition, et autres circonstances
[iTDpre^ à l'éclairer; tous les accusés sont entendus séparément, en
les uns des autres, on les considère comme témoins
uns contre les autres ; les confrontations qu'on fait entre
«onl de pure comédie, le procès-verbal de ces confrontations
^re en un seul énoncé les dépositions des personnes con-
Entin, la torture ou la crainte de la torturf*, qui agit
ictement de la même manière, altère Tautorité de tous les té-
210 BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
moignages et de tous les aveux, sans compter remprisonnement
dans d'aflfreux cachots, qui n'est soumis à aucune règle tutélaire
en laveur de Taccusé, qui peut durer indéfiniment, et qui suffit i
lui faire perdre la tête. Pour en finir, il avoue tout ce qu'on veut.
La seule présomption que fournissent nos pièces en faveur de
la thèse des inquisiteurs est Taccord qui règne entre les témoins
ou accusés (car les mômes personnes sont à la fois Tnn et Taatre)
sur un certain nombre de points : meurtre d'un enfant chrétien
par une société de néo-chrétiens et de Juifs, emploi d'une hos^
et du cœur de l'enfant pour un sortilège contre les inquisiteurs,
enfin envoi du cœur et de l'hostie à Zamora. Mais, sans parler
des nombreuses contradictions des témoins ou accusés sur d'autres
points et des plus importants, qui sait comment cette concor-
dance des témoignages ou aveux a été obtenue, si elle n'a pas été
préparée par d'habiles insinuations faites en dehors des audiencei,
ou par simple accord entre les accusés, parce qu'il fallait Me»
avouer quelque chose, quoi que ce fut? Ce ne sont pas ici des.
hypothèses en Tair. On sait parfaitement que l'inquisition ein<
ployait même les geôliers à faire des insinuations aux accusés ^
On croit généralement que les prisonniers de l'inquisition étaient
entièrement isolés et tenus au secret ; dans notre procès, et à
notre grand étonnement, il n'en est pas ainsi. Yucé Franco et
Benito Garcia sont enfermés à Avila dans deux cellules placées
l'une au-dessus de l'autre, et l'inquisition leur permet de corres-
pondre ensemble au moyen d'un œil percé, sans doute, dans le
plancher * ; ils ont ensemble de longues conversations. De même
lohan Franco et lohan de Ocana peuvent converser ensemble
dans la prison d'Avila, et cela en présence d'un témoin (ou pri-
sonnier) qui entend toute leur conversation et la rapporte ^ Enfin,
dans les confrontations pour rire qu'on fait entre les accusés et
témoins, le procès-verbal constate chaque fois que les personnes
confrontées, après l'audition officielle de leur témoignage, se
sont parlé et réjouies ensemble de se retrouver [se hablavm é
holgaron en versé) *, et Ton peut même se demander si ces con-
frontations n'ont pas précisément pour but d'amener cette conver-
sation où les accusés s'entendent entre eux et préparent les aveux
nécessaires à l'inquisition? Il fallait bien qu'il y eût finalement
^ Llorente, Histoire abrégée de Vinquitition d' Espagne ^ Bruxelles, 1823, p. 37.
» P. 34 à 39, n" 13 et 14.
» P. 111-112, n«6r).
* P. 67, no 43, lohan de Oca&a, Benito (larcia et Yucé Franco; p. 68, n* 44,
lohui Franco, Ça Franco et Yucé Franco. La formule mAnque dans k oonfrontaliai
de p. 94, n» 59.*
LE SAINT ENFANT DE LA GUABDIA
<a ûerCtin accord entre les aveux des ilifrêrHnts accuse
tenerà la csondamnation quelque* couleur do justice*
ÎÂ conversation qu'ont ensemble lolian Franco et lohan de
et dont nous avons déjà parlé, ne parait pas avoir d*autre
, '• de préparer cet accord des accusés sur un crime iuiagi-
Mire. On comprend que deux coupables s-entendent pour nier le
cnme commis par eux, ou pour atl«^nuer leur faute, ou pour le
rejdj^r fiur d autres. Mais que peut bien signifier une entente qui
aoralt pour objet, comme ce serait le cas ici» de faire l'aveu sin-
eèred*an crime véritable? Nos deux accusés se donneraient là une
pme bien inutile. Tout s'explique, au contraire, s1ls pr^''parent
iki aveux pour un crime qui n*a jamais été commis. Quelques-uns
lu moins des accusés, comme Benito Garcia, et sûrement aussi
ïucé Franco, pouvaient se faire illusion sur la gravité de ces
iteux*. Il e«t clair qu'après un emprisonnement de douze à
dm*flept mots, et avec la menace perpétuelle de la torture, ils ont
Uni par renoncer à toute résistance et abonder dans le sens de
rinqtiisition* Ce pauvre Benito Garcia, dans son interrogatoire du
M«eptembre 1491*, accumule à plaisir tous les forfciits imagî-
ttbks, afin que rinquisitiua ait son compte et au-delà. Les deux
pièces de lk)is de la croix où Tenfant a été attaché, sont, d'après
htautres, des pièces de bois quelconques ; pour lui, elles venaient
de réalise S*« Marie de Fera ^ : c'est une profanation* iraprès les
mines, reniant a été attaché à la croix ; lui» il a vu, en outre, qu*on
Yy avait cloué. Les autres disent que Tenfant est mort en perdant
aïusang; lui, il a vu, en outre, que renfant avait été étranglé. Le
^hr^e qui éclaire la scène vient également, d*après lui, de Téglise
.Syliane de Fera, nouvelle profanation. L'enfant, d*après lui, a
^ fkà^ Gttrcia compte plus ou moins recouvrer sa liberté, p. 36 et 37 ; Yucé
ivftio tipère au mûtns ne pas ÔLre conclamué à mort, eaas cela il rimstsleraît pas»
Bi^M 11 it filt, pour iiltéouer les Taila que J'accusatiuti met à sa charge. Cet accusé
l^mi même U peine dViphquer pourquoi d'abord il a tout nié, puts a fini par
PlBW: c'e4l <îu« les conjurés avaient prononcé une excommunication [kértm] contre
BMaqoe dVnire eux ferait des aveux avant d*aToir laa>îui peudant un on entier
l|ÂMii ip> TiO], voiià pourquoi il n'^aurail purlé qu'aprèâ treizu mois de cachot.
iMi Ttajmeni croyable? Ce htycm jtiif aurait-îl Qrrâté tous \es complices clirélicue^
'^»*îj •«# n-mvtit IfS arrC'lcr, u quoi servait le ailuiice j^ardé pendant un an par les
f De plus, peut-on série u sèment admettre que, sans ce hértm^ Yucé
~ Il accusé BVaut Pex pi ration des douze mois, et que i'intérCt de tes
tila, garanti par le kétim^ lui avait fermé la houtbc ?
'P, iS» o* 26. Celle église est située au nerd-est de La (juardla, ù un quart de
r lii \m f illt.
^ £*^o« 4*eUc0 eil oo axe de voiture (iva), un axe de voiture S^ure auBsi« mais
ut auU-e maaière et presque sans rime ni raison, dans une des dépositions de
\ Efaaco Lp. HÀ) . C'est, il nous semble, nue preuve de plus que les accusés
Ipfiparé lei aveux» Yucé Franco aura enteodu porler do cal axe de voilure,
f«p]Mler quel rôle il dovait jouer dans ralîaire*
212 REVUE MS ETUDES JUIVES
4té «enterré dans une vigne de l'église S^ Marie de Pera, c'est peot-
étre une dernière profanation qui dépasse toutes les autres. Les
Pères devaient être contents de lui, il leur avait fourni une belle
collection d'àorreurs.
Cela leur suffisait et ils n*en demandaient pas davantage. Noos
allons voir que dans tout le cours de ce long procès il^ n*ont pas
fait un seul effort pour contrôler les témoignages et les aveux des
accusés. Ils ne pensent pas un instant à aucune des recherches
auxquelles la justice moderne se serait livrée avec passion, ils ne
font aucune vérification sur les lieux', tout se passe en paroles
entre les quatre murs de la prison. Ils auraient eu peur de décou-
vrir la vérité qu'ils n'auraient pas agi autrement.
La première chose à faire était évidemment de rechercher les
restes du corps de l'enfant ; rien n'était plus facile, si l'enfant avait
réellement existé. D'après Yucé Franco, l'enfant avait été enterré
dans la vallée de La Guardia dans laquelle coule l'Escorchon;
d'après lohan Ocaua, dans un ravin (harranca) près du même
endroit à peu près ; d'après. Benito Garcia, dans une vigne de
réglise S^ Marie de Pera. de La Guardia; d'après lohan Franco
enfin, i)rès de l'église S'« Marie de Pera * ; quoi de plus facile que de
conduire tous les accusés sur les lieux, de leur demander d'indi-
quer l'endroit où ils prétendaient que l'enfant était enterré, et de
faire des recherches aux endroits ainsi désignés^? Môme sans
leur concours sur les lieux, les indications qu'ils avaient données
étaient assez précises pour qu'on pût faire des fouilles. Il est vrai
que le Ii(^sunié des sept procès de nos accusés, fait en 1569 par
trois notaires de l'inquisition*, prétend que les juges ont fait des
recherches sur les lieux, qu'ils y ont amené un des accusés, et qu'il
> Nous parlerons tout À l'heure irune prétendue exception.
« Yuw Franw. p. 43, n* W — lob. OciîSi, p. 112, n* 64. — Benito G., p. 55.
lob. Fr., p. 95, n» 59. — L'impressoo du nouire Anton Gonçalez, d'Avils, est
que l enfant a éié enterré dans un fossé (koyo) près de La Quardia, p. 111.
* L'un de5 témoins, lohan Franov\ prétendait aToir enterré Tenfant ; les autres ne
oarlaient «ie IVndroit où il était entorré que pour l'aroir entendu dési^er^ a ce qulli
•t:saieac, par lohan Franco et son aide, mais on pouvait toujours faire des rechercbei
1 r«>n>tr:.uc dé^iifné et, de plu$, mterro^r les accusés contradictoirement avec lobin
Franco et lautre aceusé ^Alonso Franco ou Garcia Franco) qui Tayait aidé, à «
711 .m disait, à enterrer l'entant.
• RepDtiuit dans Mowno, H^siin^ dH MvtiriQ d«l sëm'o NiUo de La Qmâriiû^
Madrid. \Am, p. 120 à lïV L* pMM^ «imumI •oob boqs référons est p. 131-132.
LE SAINT ENFANT DE LA GUARDIA
213
westresultti la preuve de la vévïlé (iu Facciisation, Mais d'ahord,
pourquoi amener sur les lieux un seul accusé et non tous Îps au-
tres? Et puis, nos pièces ne disent rien de cette f\escente sur les
«121. Enfin et surtout, la sentence du tribunal contredit fornieîle-
ïient le Rémmè^ puisqu'elle convient qu'on n'a pas pu découvrir
îi place où renfant fut enterré. Ce n'est pas cela qui a pu con-
ner la vérité de l'accusation. Si des recherches ont été faites sur
^ice, elles ont été de pure forme et sans aucun désir sérieux de
ouvrir la vérité. L'opération de l'enterrement, si elle avait eu
Qf avait été sûrement hâtive et superficielle, on eût vite trouvé
rossements de Tenfant, s'ils existaient.
ïtoe négligence dans la recherche du lieu du crime. Les té-
moins ou accusés sont loin d'être entiôremeni d'accord là-dessus^
quoique la plupart désignent une caverne prt^s de La Guardia. Yucé
,dit : caverne entre La Guardia et Dosbarrios, sur la côte de la
ï, à main droite; Ça Fr. dit à peu prés la même chose; lohan
, dit : une caverne située en un lieu dit Carre Ocana, entre La
Guardia et Ocana, à main droite, et lohan Ucana nomme aussi
tlieu dit Carre Ocana V. Mais à coté de ces témoignages à peu
; concordants, se trouve celui de Benito Garcia, qui place la
^ne du crucifiement en nu rocher sur la route de Villa pal ornas *,
Taprès tous les témoins, la seconde réunion a eu lieu dans la ca-
ne du crucifiement, et la troisième dans un autre lieu, placé sur
Ite entre Tenibleque et La Guardia, en un endroit que quel-
Kuns des témoins appellent Sorrostros/Rien de plus simple
ïde conduire un à un les accusés sur les lieux et de leur de-
•nder de désigner les deux lieux de réunion. Mais que serait
venue l'accusation si les accusés avaient chacun montré un lieu
^r^nt?
tribunal moderne aurait voulu voir les pièces à conviction,
ces de bois de la croix, le couteau qui aurait servi à ouvrir
i\emes de Fenfant, Fécuelle ou les deux écuelles où aurait été
cueilli le sang \ la couverture avec laquelle on aurait bouché la
terne pendant le crime, la peUe qui aurait servi à creuser la
ie, les vêtements de l*enfant*. Tous ces objets sont mentionnés
ptotlPr.» p. :*! el m. — Ça Fr., p. U, — lohan Fr., p. 52 et U ; lob. OcbQb»
"'". — BeniU) Gftrcia. p. 54. Nous u avons pas Irouvé d'endroit portant ce ootn,
\ «»• rout« ptrlaai d^Oca&ti et allaul au sud porl« ie nom de route de ViUapû^
* pages 41 » 45 el (SorrostroBJ p. 68.
•ursit tuflsi dû demander ce quVtaît devenu le Ban^ de IVrafant recueilli.
l Haire «uUe*, le manteau blanc doal il aurait été couvert ea veuitii de Tolodo
% U tûpa doal il lurmit clé couvert sur la route de Teffîbletjtic à La Guardia
1
H
214 REVUE DES ETUDES JUIVES
dans les pièces, mais en demandant à les voir, on aurait par tro]^
embarrassé les accusés, cela aurait tout compromis, le tribuna ,
fut discret et se garda d*insister.
II ne se montra pas non plus curieux de savoir si le rabbin MoSi^
Abenamias, de Zamora, existait et avait entendu parler de sorti —
lège que Benito Garcia aurait été chargé de lui demander.
Une instruction sérieuse et loyale se fût surtout efforcée 4^
savoir si réellement il avait disparu quelque part un enfant cliré —
tien. On ne manquait pas d^indications sur ce point. Yucé Franco,
après avoir dit d'abord qu'un enfant avait disparu, vers l'époqDLe
(iu crime, à La Guardia, et un autre à Lille, dit plus tard que l'en-
fant crucifié avait été amené de Tolède parîohan Franco, et lohan
Franco avoua lui- môme qu'il avait pris l'enfant à Tolède, où
il l'avait trouvé flânant près de la porte du Pardon de la cathé-
drale ; Benito Garcia confirma cet aveu et, d'après un tiers, lohan
de Ocafïa aurait dit la môme chose*. Cependant, interrogé par le
tribunal, lohan de Ocafia dit tout autre chose * : selon lui, Tenfant
avait été pris, par Mosé Franco, à Quintanar, et tandis que les
autres ne connaissaient ni le nom ni la famille de Tenfant, lohan
savait que le père de Tenfant était Âlonso Martin, de Quintanar.
La disparition d'un enfant fait du bruit, la police s'en préoccupe,
les voisins s'en inquiètent, on en parle dans la ville et les environs.
Pourquoi l'inquisition n'a-t-elle pas cherché à découvrir à Tolède
les parents de l'enfant crucifié? Pourquoi n'a-t-elle pas recherché
cet Alonso, de Quintanar? Pourquoi aucune enquête à Lille et à
La Guardia ? On a dû chercher un peu, nous voulons le croire, û
on avait pu trouver des parents d'un enfant disparu, on les aurait
produits comme témoins à charge; évidemment, il n'y avait pas
trace d'un enfant disparu.
La question de date est un des points délicats de Taffaire. U est
incroyable que l'instruction ne soit pas arrivée à une condosioa
sur ce sujet, et que la sentence finale évite prudemment d'en
parler. Quand on a commis un crime de ce genre, on s'en souvient,
on sait à quelle époque il a été commis, et cependant, à part Tuoé
Franco, aucun accusé ou témoin n'est interrogé sur cette date.
Quant à Yucé Franco, dans les premiers temps, il tâtonne et bat
la campagne : iMl y a trois ans, Alonso lui a dit qu'une fois, ue
vendredi saint, lui, Alonso, et ses frères avaient Itié un etifcd
chrétien ; 2<» il y a quatre aiis, on Ta prié de prendre part à on
sortilège avec hostie^ mais il a refusé ; 3^ il y a quatri ow, on
* Vucé Kranco, p. 4i et 82 ; lohan Franco et Benito Garcia, p. 95 ; I9 tien, p. \\%
LE SAINT ENFANT DK LA GUARDIA
21»
a dit qu'on avait fait un soTtilège avec un cœur et une hostie ;
il y a trois ans, Alonso et Benito Garcia volent une hostie^ et
Yuc*5, la porte à Tolède, au rabbin Pères K II est certain
'une au moins de ces allégations, la seconde, se rapporte à un
'tait qui, suivant Yucé, se serait passé aott^rieurement à notre
affaire et n'a rien à voir avec elle ** La quatrième allégation parait
l^^treune variante imaginaire tîu voyage, vrai ou prétendu, lait par
enito Garcia, auprès de B, Abenamias, à Zaniora, et, de fait, le
tribunal n'a donné aucune suite à cet aveu de Yucé Franco. Il n'a
a» considéré non plus comme des faits à part ou comme des faits
[t^eUce que raconte Yucé Franco dans les deux premières allé-
âtions rapportées ici. Pour nous, les liésitalions de Yucé Franco
ûonirent qu1l cherche à deviner ce qu'on attend de lui et ce qif on
Put qu'il dise,
U finit par se (aire un système qui parait convenir au tribunal :
crime du crucitienient a eu lieu dans la première réunion, en
carême, avant Pâques fleuries (dimanche des Rameaux?) •\ il y a
environ trois ans* (nous verrons tout à Theure ce qu'il faut en-
tendre par là) ; la seconde réunion (conjuration avec le cu?ur et
l'hostie) â eu lieu quinze jours ou un peu plus de quinze jours
3ï>rès la première^ ; enfin, la troisième réunion (entre Tembleque
^t La Guardia, où Benito Garcia a été envoyé à Zamora), a eu
'^Bu six mois plus tard ". Examinons ces dates de plus près,
Déjà surie dernier point Yucé Franco est eu contradiction avec
'lû-méme. Le même jour (19 juillet 1491) où il met la première
''^Union à environ trois ans en arrière, il dit que la troisième
ï^^uriion a eu lieu il y a environ deux ans, ce qui met entre
Ist première et la troisième réunion un espace d'un an, et non
^^ EofdDt tué Vendredi saint, p. 2S, n» 7 (lémoif^napro d'octobre i490|. — Hosli«
*'d y ftquttlronna, p. 30, a» 10 (témoignage du 10 avril lAUl). — » Cmur ut hosùe,
31, n*' 12 (9 juin 1 491), — Hoalie volée par Benito Gureiit cl portée à Tolède^ p. 33,
'13 (9 avril U91)*
\ * €«tft csi prouvé par le pa^fisf^e de la p, 51 ^ où Yuce park du voyage à Murcie
|l'il fl fait à coUu époque, et dout il parle aussi ici p. 30.
i ' P. 44. Une autre (ois, il parle du Vendredi iaint^ mais «ans qu^on puisse dire
fi\ soit queitioo, ici, du m^me crime (p, m),
l* Eq rapprochant ce qu'il dît le soir du 10 juillet 1491 (p. 42) de ce c|uHl avait dit
bord et en premier lieu le matin du même jour (p. 40), on voit qu(^ er: cliiirre de
tfùl^ ans U'est pas bien a5r^ même à ce muiueut, c^ir on no l'obtient que par inter-
^jrëtadon* De plu», 6i Taccufé était absolumeut aûr que le crime ail eu lieu en ea-
time^ ou un vendredi &ajuU il saurait la date très exuciemeul, et ue dirait pas : < 11
MOt y avoir Iruts ans ««ce qui est eu<x>re bien va^ue.
bi P8g<<8 81 «t 87.
Vi pttge l>7. Confirmé par lohun (Icima et Bcniln Gercid dans une de ces conCron-
g^gi^tm dont lo résultat, nous ravons dit, nous paraît IrèB suspect.
^ 1. .^^^
216 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de six mois, comme il l'avait dit'. Mais ceci n'est rien encore.
C'est le 19 juillet 1491 (il faut le rappeler) que Yucé dit que le
meurtre de l'enfant a eu lieu il y a environ trois ans. Il savait très
bien compter* et on ne peut pas soutenir qu'il n'avait qu'une
notion vaj^ue du temps qui s'étaU écoulé depuis le prétendu crime.
Ces trois ans nous reportent donc vers le milieu de juillet 1488,
ou, si l'on place le meurtre en carême, vers fin mars ou commen-
cement d'avril 1488 (le vendredi saint de 1488 tombe le 4 avril),
ce qui ferait 3 ans et 3 mois et demi environ. 11 ne nous parait pas
possible de supposer que Yucé Franco parle de l'année 1489, le
vendredi saint de 1489 était le 17 avril, delà au 19 juillet 149111
n'y aurait eu que 2 ans et 3 mois, c'est un espace de temps trop
court pour équivaloir, en chiffres ronds, à « environ 3 ans ». Yucé
Franco parle donc bien de Tannée 1488.
Mais alors une grave objection se présente. C'est Benito Garcia,
on se le rappelle, qui .fut chargé de porter à Zaraora le cœur de
l'enfant crucifié, et c'est au moment où il approchait du but de son
voyage qu'il fut i)ris à Astorga. Le 6 juin 1490, il fut interrogé par
Pedro de Villada, alors à Astorga, et il est problable que cetinte^
rogatoire eut lieu le jour ou le lendemain de son arrestationMl
est difficile de supposer qu'il ait attendu des mois et des années
pour porter le cœur à Zamora, ou que son voyage ait duré bien
longtemps. Il sera parti de La Guardia en mars ou avril 1490. Si,
comme le veut la sentence prononcée contre lui par l'inquisition,
il était parti après la seconde réunion, qui est censée avoir eu lieu
quinze jours après le meurtre de l'enfant, ce meurtre aurait eu
lieu en février ou mars 1490. Si, au contraire, on admet (comme
lèvent, avec plus d'exactitude, la sentence prononcée contre Yucé
Franco) que Benito Garcia soit parti après la troisième réunion,
et si l'on se rappelle que cette troisième réunion a eu lieu six mois
ou un an après la première, le meurtre de l'enfant remontera à
l'automne 1489 ou, au plus tard, à fin mars 1489. Aucune de ces
dates ne s'accorde avec celle de février-mars 1488 qui est indiquée
par Yucé Franco, elles en diffèrent respectivement d'un an, dix-
huit mois et même deux ans. Il y a, sur ce point, contradiction
flagrante entre les faits et le témoignage de Yucé Franco, sur le-
quel repose presque toute la prévention.
' P. 41. C'est probablement à cette troisième réunion que fait aUusion le passige
de p. 30 où il est question de deux ans.
* Preuve p. 59 : le 16 sept. 1491, il se rappelle, à quelques jours près, la datent
son entrevue avec le faux rabbin dont il est question plus loin, entrevue qui a eu
lieu à Sé«:ovie le 26 octobre 1490.
' P. :)9, Qo 33. Si B. G. avait été arrêté plus tôt, notre objecUon deviendrait encore
plus forte.
LK SAfNT ENFANT DE LA GUAHDIA
W
Voiîà, on en convieinlra, une cuiLstatation curieuse et que les
I juges auraient du faire, s'ils s'*^taient préoccupés d'autre chase que
I de condamner leurs prisonniers. Pour tirer au clair la question de
date, ils auraient bien dû, aussi, interroger sur ce point d'autres
accusés ou témoins que Yucé Franco. De plus, iJ était indispensable
de rechercher la date de la mort des trois Juifs impliqués dansFaf-
faîre et dnjà décédés, On a vu, plus îiaut» qu'en octobre 1490, Yucé
Franco dit qu'il avait été cliez Alonso il y avait environ trois ans
(donc vers octobre 1481 *), et qu'à cette époque Alonso lui parla
de don David comme d'un Juif mort au moins depuis quelque
temps. S'il est exact, comme nous avons essayé de le prouver plus
haut, que ce David est notre accusé David île Perejon* que tous les
témoignages donnent comme un des complices du crime, c'est une
preuve que lous ces témoignages sont taux. David de Perejon n'a
pas pu assister au meurtre de Tenfant, puisqu^il était mort long-
temps auparavant, et qui sait si Yucé Tazarte et Mosé Franco ne
rataient pas également 1
On voit ce qu'il y a de suspect et d'obscur dans cette question
de date* 11 n'est pas impossible, à notre avis, de trouver Torigine
du système chronologique qui a flni par prévaloir chez Yucé Franco
^t dont Tinquisition s'est coiite^itée, sans oser cependant Tadopter
furmellement. Un témoin produit par i'accusatïon, Gabriel San-
chez» sacristain de La Guardia et oncle de notre Alonso» dépose,
le 18 novembre 14vJi, qu1i y avait environ detix ans, une hostie
*ui avait été dr^mandét; par Alonso et qu*il Favait donnée pour
Monsoà Benito (iarcia*. Ce témoin avait eu des relations avec
ïes accusés dans la prison \ l'hostie dont il parle est censée avoir
servi au sortilège Tait par eux. C'est lui, il nous semble^ qui leur
f^t>uniit la date de deux ans que Y^ucé Franco est obligé de ré-
l*^ter et quil apjdique à la troisième réunion des conjurés. Les
î^Uires dates données par Yucé Franco s'ensuivent par voie
^^ déduction.
* Lt visite faile par Yucé Franco À Alonso a eu lieu peu do temps avant la Ph<{ue
Mv6, cela résulte avet; évidence du texte. Si telle doit se placer en 1487 fPàque
l^ive^ S BTht)^ elle aura eu lieu traÎB ans et demi avant octobre 1490; si elie doit
le plAcer «n 148S [Pàque juive^ 2'J' mars), ellis aura eu lieu deux ans et demi avaml
ûctûbre lilHj. Uu ne compreud pas pourquoi Yucé rrauco tie compte pas avec plus
de pfécLsiûQ^
* Sans compter une autre hostie qu'il donna ou Uîssa prendre à Benito Garcia
p, 109-110). — Pour la conversation qu'il rapporte, voir p. lîl, n» 65.
* P. 111-H2.
218 REVUE DES ETUDES jnVES
VI
On met quplque importance ' à un prétenda aven que Yucé
Franco aurait fait, à S(^govie. à ce Frère Alon«o déguisé en rabbin
qui était venu le voir, et on veut y trouver la preuve qu'il y a eu
réellement un enfant tué. Nous n'avions d'abord accordé aucune
attention à cet incident, mais la valeur qu'on lui donne nous
oblige à l'examiner de plus près *. Yucé Franco venait d'être
arrêté, son inquiétude était si vive qu'il tomba malade et crut
qu'il allait mourir. L'inquisition lui dépêcha uu médecin, Antonio
d'Avila, qui savait l'hébreu et qui était chargé d'espionner ses
clients ; Yucé Franco le pria de faire en sorte que l'inquisition lui
envoyât an Juif pour lui faire réciter les prières que disent les
Juifs quand ils vont mourir (un judio que le dixiese las cosasque
disen los judios quando se quieren morir). Au lieu d'un Juif, on
lui envoya le Frère Alonso Enriques, déguisé en Juif et qui se fit
passer pour Rabbi Abraham. Le médecin Antonio assista à l'en-
tretien, lequel eut lieu probablement le 18 ou le 19 juillet 1490.
Le Frère Alonso demanda à Yucé Franco pourquoi il avait ét^
arrêté. D'après Antonio, Yucé aurait répondu qu'il était arrêté
« à cause d'un jeune garçon qui était mort en une semaine sainte,
en manière de Jésus, il pouvait y avoir onze ans • » et, de plus,
Yucé aurait recommandé à Alonso, en hébreu, de garder un silence
absolu là-dessus et de n'en rien dire à personne, sauf au rabbin
Abraham Seneor, probablement rabbin des Juifs de Ségovie. Le
Frère Alonso, interrogé le 26 octobre»1490, dit à peu près la
même chose : il avait demandé à Yucé pourquoi il avait été arrêté,
lui et les autres de La Guardia, et Yucé aurait répondu que c'était
« pour la mort d'un garçon qu'on avait tué en manière de Jésus,»
et lui aurait fait la recommandation dont avait déjà parlé Antonio.
Environ huit jours plus tard, Alonso visita de nouveau Yucé,
probablement en présence d'Antonio , mais cette fois Yucé ne
voulut rien dire, « montrant une grande crainte que ledit Anto-
nio d'Avila ne pût soupçonner quelque chose » *. Enfin, le 16sep-
> M. S. Bflrger, dans Tarticlc cité au commencement de ce travaU.
> Il est raconté aux pages 56 à 59, n*»» 29 à 32.
' « Que estava preso por un nahar que avia muerto en una semana santa, podhi
aver onze anos, por otohays. » Nous rappelons que otohays est w^KTï "în'Wï • ^
homme », c'est-à-dire Jésus. — Cf. notre p. 223, note 1.
^ « Mostrando tener gran miedo del dicho Antonio de Âvila, que non bairantu»
algo. .
LE SAINT ENFANT DE LA GUARmA 210
mbre 1491, Yucé. interrogé sur ces entrevues» dit que le faux
"Rabbin Abraham (qu'il parait encore prendre pour un vrai JuiQ
lui tlemanda pourquoi on l'avait arrêté» le conjura de lui dire co
qu'il savait, lui promettant d'amener, s'il le fallait, le rabbip
Abraham Seneor, et que ïuî Yucé répondit qiril était arr^'té a à
cause de la mort d'un garçon, laquelle avait été en manière de
Jésus. Yucé Franco, interrojîé par ledit Seigneur inquisiteur sur
ce que signifiaient les paroles qu'il avait dites (à cette occasion, à
Alanso) eu hébreu, répondit qu'il avait voulu désigner par là le
cas, déjà déclaré par lui (devant Tinquisition), de lenfant qu'a-
vaient crucifié les Franco (à La Guardia) et loljan d'Ocana et
Benito Garcia S »
Nous croyons qu'on n'attaclierait aucune importance à cet
^pi^ode de notre procès, s'il n'était entouré de certaines circons-
tances qui induisent en erreur le lecteur chrétien. On s'imagine
d'ahord que Yucé Franco, croyant être à Tarlicle de la mort, a
«iû confesser ses péchés, pour que le faux rabbin lui donnât l'ab-
fcolution, et a, par conséquent, révélé la vérité. Mais une pareille
c^Ontession n'ejtiste pas dans le Judaïsme, les agonisants récitent
ane confession générale suivant une formule consacrée» ib ne
tiernandent pas Tabsolution et le ral)î)in n'a pas autorité pour la
Jêur donner.Yucé Franco demande à dire la prière des agonisants,
rîea de plus. On s'étonne qu'il ait parlé hébreu, preuve qu'il con-
tait un secret au faux rabbin, mais d'abord nous doutons fort
■ «Iii'ii ait su véritablement parler en Ju'-breu, c'était un jeune arti-
Bi^n probal)lement ignorant, la communauté juive où il vivait
^B^^t une |jetite communauté perdue, où il ify avait même pas de
^^^toagogue. ni probablement de rabbin ou d'instituteur. Tout ce
îu'il «avait, en fait d'hébreu, c'était sans doute les quelques mots
^Ue les Juifs, en Kspagne comme partout ailleurs, entremêlaient
^ U laiîgue du pays, tels que ceux que citent les témoins (naarj
•*»<(a, olohaïs). Les deux espions Antonio et Âlonso ont besoin
^ savoir Thébreu pour comprendre ces mots, Alonso dit formelb>
ïïïent que Yucé lui parla en cette langue éraaillée d'iiébreu (en
^ayco y romance ; medio ebrayco e medio romance). C*était la
larïgtie courante dont les Juifs espagnols usaient entre eux, sur-
tout sans doute celle de la classe inférieure, à laquelle appartenait
Ifucë» et si Yucé s'en sert avec le faux rabbin, il ny a pas là le
' • iJvLw eslavii alii er« »ohre tma mita (=r fin*'») ée un ttahar^ que nvie seido
comme de l« ma ne m de ôtohûys, Fuelo pre^^unlado al tlicho Yucé Franco por e(
dicho Seôor inquiïiidQr que en ctîtaB palubrus que dixocn ebrujco (|y€S lotjue qucrii
dfltttr. Dîxo e«le dicho iesiî^o que quons désir el cuso que declarado («ntt del nifio qu«
crucificaron los Francoe é loban de Ucafia é Beuilo Giircia. ■
220 REVUE DES ETUDES JUIVES
moindre mystère. 11 n'y en a pas davantage ou plutôt il n'y a pas .
mystère qu'on croit dans la recommandation qu'il fait à Alonso ^
garder le silence, si toutefois il est vrai qu'il ait fait cette recom-
mandation ; nous n'avons là-dessus que le témoignage des deux
espions, et il est permis de ne l'accepter que sous bénéfice d'i/i-
ventaire. Mais nous nous expliquerons tout à l'heure sur ce point.
Si l'on veut bien tenir compte des observations qui précèdent,
on conviendra qu'il n'y avait aucune raison pour que Yucé allât
confesser, môme à un coreligionnaire, le crime qu'il aurait com-
mis. A quoi bon une pareille imprudence ? Ce qui s'est passé est
bien simple : on demande à Yucé pourquoi il a été arrêté, et il
répond qu'i/ est accusé d'avoir été complice de la mort (Tm
enfant chrétien tué en manière de Jésus. Il répète la prévention,
rien de plus, et il serait absurde qu'il en dit davantage, quand
môme il serait coupable; il en aurait dit beaucoup plus qu'on ne
lui demandait. Si ses paroles avaient été prises pour un aveu,
Tinquisition ne lui aurait pas permis de persister dans ses déné-
gations pendant une année entière, on l'aurait convaincu tout de
suite de mensonge. Mais qu'on prenne les paroles que nous avons
soulignées plus haut, et qu'on voie combien il était facile à An-
tonio et à Alonso de leur donner un sens qu'elles n'ont pas : au
lieu d'wn enfant chrétien [qu'on prétend avoir été) tué en m-
nière de Jésus, on peut très bien dire : un enfant chrétien (quia
été etfectivemeni] tué en manière de Jésu^. Yucé lui-môme, qui
était sans culture, n'était pas assez initié aux secrets du mode
conditionnel des verbes pour ne pas se tromper sur ce point. Mais
nous allons plus loin : Yucé a pu très bien croire que les Franco,
qui n'étaient pas juifs (on se le rappelle), avaient effectivement
tué un enfant; ou bien, sans le croire et sans avoir là-dessus
aucune opinion, il n'avait aucune raison pour ne pas accepter sur
ce point les affirmations de la prévention, il n'était pas chargé de
disculper ni les Franco, ni lohan de Ocafia, ni Benito Garcia; on
lui disait qu'ils avaient tué un enfant en manière de Jésus, il vou-
lait bien le croire et n y pas contredire; on l'avait arrêté, disait-il,
à cause de cet enfant tué efifectivement, à ce qu'on assurait, par
les Franco. Mais alors, pourquoi recommander le silence à Alonso,
si toutefois cette recommandation a été faite ? Il y avait de bonnes
raisons pour cela : une parole est bientôt dite, elle se dénature en
circulant, l'inquisition aurait fini (comme on le fait aujourd'hui)
par tirer parti, contre Yucé, des paroles inoffensives qu'il avait
dites^ on l'aurait au moins pris comme témoin à charge contre les
Franco, et en réalité il ne savait rien, il était donc mille fois plus
sage de se taire.
LE SAINT ENFANT DE LA GUARDIA 22!
II faut rnmarquer enfin qu'au moment où Y uc« Franco est în-
ir son entrptien avec Alonso, il n^avait plus aucun int*^-
uter ou contester les témoif^mages d*Alonso et d'Antonio^
nd même ils auraient été faux ou inexacts sur plusieurs points :
I éUit en prison depuis un an, il avait subi toutes les angoisses de
t tarture et de la mort, fait tous les aveux qu'on avait voulu, un
rea de plus ou de moins ne chang^eait rien à sa situation. A quoi
3n alors prolonger la discussion ? Après toutes les preuves que
nous avons données de Tinanité de la prévention, il est impos-
sible de soutenir que les paroles de Yucé, si elles ont été pro-
Oticées, si{ïni fient autre chose que ce que nous avons dit : une
aple adhésion de Yucé à Faccusation portée contre les Franco.
Ine faut donc pas parler d*un aveu accablant pour les Juifs, il
Ify a pas d'aveu du tout. Il faut encore moins parler de confession
\ex(remis; quand même Yucé aurait confessé quelque chose, il
ttrait anîquement confessé pour les Franco*, non pour lui; ce
ait une singulière confession*
vn
Kous avons déjà sî^rnalé plus haut les contradictions les plus
Dportantes qui se sont produites entre les témoignages ou aveux
laccitôés et raème entre les deux sentences de Tinquisitlon que
^possédons. En voici quelques autres, qui n'ont pas toutes la
! gravité, mais qui ne sont pas non plus sans intérêt.
} Tauteur du rapt de Tenfant, d'après la plupart des témoignages,
Iloban Franco, et lohan Franco en convient. Cependant Yucé
anro associe Garcia Franco à lohan Francd, mais lohan Franco
l-mème parle du concours que lui aurait prêté Benito Garcia et
liGarcia Franco ; enfin lohan de Ocaiia accuse du rapt Mosé
[les pièces de bois dont on fait la croix qui servira au supplice
Bt en bois d'olivier, d'après lohan Franco ; d'après Benito Gar-
^ Reroir le passade de la p. 5^^ qiio nous mTons doDDC plus haut et où Von voit
f le t6 septembre 1491 eocore Yucé dit qu'il avait voulu d^si^rn^r uniquement les
fiir^Utns. — Hemurquer fttissi que «i Yucé Franco ruisait une eonfession ift f^-
, il Inî importerait (art p«u qu'elle fût révélée. Ne pas onhlief aurtûMt ^ dans tonlb
) diAcussiOD, que Yucé n^est encore qu'un adolescent.
[loliaii Franco seul, p. 82. 95, 112; lohAu Fr. et Garcia Fr.« p. »8; lohan Fr. et
. Garda, p. 95 ; Mosé Fr.. p. 64.
222 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
cia, une des pièces est en coàrto, l'autre est un morceau de Taxe
(exe) d*une charrette *.
L'enfant est attaché par les mains et les pieds aux bras de la
croix ; Benito Garcia seul dit qu'on lui fixe, en outre, les mains
et les pieds avec des clous *.
C'est Alonso Franco qui lui ouvre les veines des bras, d'après
Yucé Franco et lohan Franco ; d'après loh. Ocana, c'est Yucé
Franco qui lui ouvre les veines *.
Yucé Franco lui soutient les bras ou un bras pour faire éconler
le sang, c'est au moins ce que prétend lohan de Ocana*, qui parait
vouloir charger spécialement Yucé Franco et qui seul aussi l'ac-
cuse d'avoir ouvert les veines des bras. Nous ferons, du reste, re-
marquer que si les bras de l'enfant étaient liés ou même cloués,
Yucé Franco n'avait pas à les tenir ou soutenir.
lohan Franco lui ouvre le côté et arrache le cœur^ c'est ce qu'il
dit lui-môme ; d'après Yucé Franco, lohan Franco a ouvert le côté
et c'est Garcia Franco qui a arraché le cœur '.
Le sang d'un des bras est recueilli dans un chaudron, celui de
l'autre bras dans un pot de terre (lohan Franco) ; il est recueilli
dans un chaudron (Yucé Franco) ; dans un chaudron et une écuelle
(jugement de l'inquisition)®.
L'enfant est mort par l'écoulement du sang des bras ; Benito
Garcia seul dit qu'on l'a d'abord étranglé, pour faire cesser ses
cris. D'après Yucé Franco, on aurait arrêté ses cris en lui met-
tant un bâillon, mais sans l'étrangler '.
La caverne, pendant le meurtre, est éclairée par une lumière
(loh. Franco) ; par un cierge (Benito Garcia) ; par des cierges (Yucé
Franco). Pour qu'on ne voie rien du dehors, on bouche l'ouver-
ture de la caverne avec une capa (Yucé Franco), avec une matUa
(Benito Garcia)^.
L'enfant est enterré par Garcia Franco et lohan Franco, à ce
que dit Yucé Franco ; mais lohan Franco dit qu'il a été enterré par
lui et par Alonso Franco ^.
L'enfant avait 3 ou 4 ans, dit Yucé Franco. Le médecin qui a
entendu, à Ségovie, la conversation de Yucé Franco avec le Frère
1 loh. Fr., p. 52 ; B. Garcia, p. 54.
» P. 55.
» Yucé Fr., p. 42 ; loh. Fr., p. 95 ; loh. OcaSa, p. 64.
♦ P. 54 et 59.
5 loh. Franco, p. 52, 68, 95 ; Yucé Fr., p. 42-43.
« Pages 42. 95, 5/i et 118.
' Benito (i., p. 55 ; Yucé Fr., p. 42.
^ Lumière, pages 54, 55, 44 ; caverne bouchée, p. 44, 55.
« Pages 43 et 95.
LK SAliNT EWXWr !JE LA GUARDIA 2»
tlëgiiîs^^ en rabbin, croit avoir entendu que Yttcé Franco aurait dit
que Tentant avait onze £*n9 ' .
Si Ton tient compte du Résttmé des sept procès dont nous avons
parié plus haut, et qui fut fait, d'après les pièces originales de
notre procès, par des notaires de rinquisition de Madrid, d'autres
» contradictions encore se pn^entent. D'après ce Résumé, il serait
acquis qu'un Juif de Quintanar (et non lohan Franco) aurait vole
Tenfant à Tol»^de- (ce Juif serait sans doute Mosé Franco, fils de Ça
Franco, établi à Ouintauar); le nom de Tentant aurait été Juan
l(nos pièces ne connaissent pas le nom de Tenfant)» fits d'AIonso de
[Pasanïonles et de Juana I.a Guindera (nos pièces nomment, pour
le père, Alonso Martin, de Quintanar),
YIIl
Les inquisiteurs ne font rien pour expliquer toutes ces contra-
_ notions, its ne font rien non plus pour s'expliquer à eux-mêmes
toutes les invraisemblances dont le procès fourmille.
Et tout d*abord, le véntaLle but de tout ce sortilège aurait été
d*enchanter les inquisiteurs et de foire en sorte qu'ils ne pussent
rien tent<?r contre les quatre frères Franco, qui craignaient d'être
ri»oursuivis comme judaisants. Tous les témoins sont d'accord là-
dessus. L'inquisition ne commença à fonctionner dans le diocèse
de Tolède, dont dépendait La Guardia, quen mai 1486 \ la vue
^G» auto-da-fé, des processions et pénitences publiques des sus-
pects, leur exposition au pilori, avaient profondément ému les
quatre frères Franco* Il n'est pas impossible qu'ils aient été obligés
^^ prendre part, comme pénitents, à ces humiliantes cérémonies*
^t que Tun d'eux ait été exposé au pilori, La crainte de subir de
nouveau une honte pareille a pu les porter à chercîier un sorti-
%e pour s'en garantir» C'est pour eux seuls que se fait toute la
conjuration, les Juifs ne sont là qu'en spectateurs» tout au plus
* Parles 42 et 57, L^eiptication donuâe p^r M. FitQ pour faire âc ces oaze ans deuiE
Ma ùtsi pas bonne (voir Rêvue, XV, p. 134). Nous nous demamlons seulemeol si,
m hca «le traduire par • l'entant poiivait avoir ouza ans • , il ne ta ut pas traduire ptir
• ii t>«ut T atoir de ceïa oDxe onà i. Ce seraU una nouvaile difliçullé chronologique
|i aja«l«r «m auUoa, — Cf. notre p, 2f8, Dote 3,
» lrU)f«iiOf /, c, p. 125.
i BoUîîi^ dt U Rial Academia d$ Madrid, octobre 1887, p, 290, arlîcle de M» FideJ
P*ila, L cxécuUon [^utma) qui aurait si graudemeat elFrayo les Franco serait du 1
DU 8 moi 1487^ seule ^utma qui eut lieu à Tolède entre août 148G et juillet 1488.
• a; p. 83 du SûHto Ni9io de M. Fid. Fila.
TÀh HKVCK DES ÉTUDES JnVE5i
pour tu}m\i\fiU*r l« nombre dix, exiç^é par les prescription
aliMj«i*H |K)ijr la VfllldiW clf*s offices religieux». Ce n'est que
piMi qijM Yiicrt Frnnc/O, quand il voit qu'il faut € confesser;
(|ui«l(|iji* clioNi) lA-deHHUH, en arrive à dire que les Juifs <
VMniiN piu'co quff, par desKus le march(^, on leur promettait
i*.tinnlf«r Ioun Ion cMr6iU*nn, de les faire mourir et d'am(
lrlc»mplin du JndnYHmo Hur le christianisme. La sentence des
HJtnuni mol Ir/^H Imbllement en avant ce dernier motif, cor
prinolpnl ni Im pluN important, mais il est parfaitement é
ipiMI Joui* un nMi^ Mooondnire dans les témoignages et
vieuil «priN« roup souh»ment, comme expédient, pour exi
^lull^l'l^l \\[\o \vH Juifs auraient pris à un sortilège qui rej
unU|utMUi»nl lf»a quatrt» iVtVes Franco, Mais comment croi
lo« olnq %lut(s, quoique superstitieux qu'on les suppose, ai(
M'huMtfluor quo oo pîuivn* sortiUye servirait à extermine
lt^« olnvtiou?« t*l It» christianisme tout entier ? Attendre un
o«itnol\an^t» «ruuo aussi jH»tite cause, cela dépasse les bor
U t\\Ut» pormiso. Couuuont admettre surtout qu'ils aient
U \^rtu ou on IVuohantonuMit d*une hostie, qu'ils regai
^s^uuuv^ un s^uuplo nu^rv'^'Au de }viin *, et qui ne tire sa vale
^rwu ^olt^ A* t\M ohiNMiow* Nous rivons dit au début d(
i^tu^lo, TvïiV ^lo ifco w^rvir d'uin^ h^xstie ou du cœur d'un
hM'^^ouI»^ jvNur :^îr^^ un o^K-^hauUi^wh^nt^ ne pouvait venir qi
^^^^s^v\^'^,và oîo\*v< .*s;ir,:i K^ oïir:^::jiTii^nîe, comme Tétaie
t^>A«.v ,^^ \ >^ \^^^AY\$vA,c: r..v,rrïî :s ^îî-^ s^u^vr^Iinons chrétier
\ ^^^^^^^ .V ,\v> v,r\vt v- r»,',; * s.^^: >:»:iîr^rrr:;*r,î ^ans la cav€
,^^,\w^"^ * xS^, >^..WïN. VSî ; .wo..:.'^ ^;':- :-.f cs;^::rjo re s en soit
<^N^ ^'svt'v^s/^,^ y,;t^; ':\^*i^:^< .^ ';"s 4: -ws v: x:-r.ïit*$ iie tant <3
wvs^VïAv '^'f.'is >< sj^^v^N viijx,v'v%^.>v Si.-*::.^: •vxr.* .^-s j»rî:îe5 le
^sN^^t'i^v i st ^'v wf-v K< ,•; V . »t, ).o{ 4»^ .^1. >; : j.-^*' ,> r.'.vs*': res d«
w*s^ ^"^ ^^'^ <.»! Kv ijk U^win'V c*' -fcwrji': ;v.a.r: jl 50:iïr dan
><^ V, ! , H «^^«A^ t«N ^,^**< «U
*•». N«
LE SAtNT ENTANT DE LA CtîAHDlA 225
celle caverne si raal bouchée. Tout cela 'est vraiment in-
jûk.
Le meurtre présumé ne peut avoir eu lieu, ai Ton prend les
olgîiages au s*1rienx. qu'en cet enrlroit où l'Escorchon coupe la
ï allant de La Guardia à Ocafia [voir notre carte)» mais Ten-
nl^ait caclié» avant le meurtre, dans la hos de TAlgodorS c'est-
Dûslûrrw/ o^
£s&îrcht>iî'
Mora. Oj
La MPaardm
° OltlU
ÇuinJULîtar
Carte des environs de La Guardia,
^^ \'À(Ut pogr-ûficù d* le PtnintuU îhérira^ de Valverde et ÂWarez, Mtdrîd,
^1^. Erh^Hc BU 750fÛ(lu«. Les traits ondulés iDdiquenUes cours d'eau ; les autres
WiU ludiqiieat Jcs route*?.
Wire* d'après M. Fidel-Fita, en cet entlroit où l'Alj^odor coupe
l'ifidenne route de Tembleque à Mora. Mais de^ là à la scène du
nrtre H y a assez loin et nous ne savons si on aurait eu le
upide faire le voyage, d'exécuter la longue scène du meurtre,
Dlissenient, et de rentrer tranquillement avant le jour*.
"' prW l«s mesures prises sur noire carte* qui est au 750,000*, on a li<5 dîi-
I fliinioitiis luiTantei : de La Guardia à TEscorchon, 3 kiLom. à 3 k. 1/2, sur-
Er«ll fait aUentioD cjue la cavenm dais laquelle ou prdlcDd que le crime a été
I irotivc au-delà de l'Escorchou, dans le monl de» Oliviers (Moreno,
I8| ; dtt La (iuardia ù Tembleque, 4 à 5 kilom,; de Temblequo à PAIgodor,
Puî^c|uVa prétend que ) eofeot était, avent le crime, cachi^ prèa de TAl-*
, jj Burait fallu parcourir le cbemiu soivant : de Tembleque 4i FAl^^orlor et
, poi« de Tembleque à La Guardia et de là à rEfiCorcbon^ et enfin retour au
T. XV, K- 30, 15
23fi, REVUE DES ÉTUDES JUiytlS
Le meurtre a lieu dans la semaine sainte, on fait couler le sari^
de Tenfant, on recueille ce sang. Ce sont des détails qui auraieiif
un sens, si le meurtre avait pour but d'employer le sang de Veti*
fantpour la Pâque juive, qui tombe à peu près au même temps
que la Pâque chrétienne * ; mais, dans notre histoire, ni la Pâqu^
juive, ni le sang de Tenfant ne jouent aucun rôle. Evidemment,
ces deux traits sont pris à la légende sur les enfants chrétiens tués
par les Juifs. La légende opère ici sans discernement, elle laisse
traîner, dans le récit du crime, des lambeaux d'autres récits qui
n'ont rien à faire dans le nôtre. Cette distraction la trahit, c'est
elle qui est la vraie coupable.
Le cœur de Tenfant tué dans la première réunion reparaît dans
la seconde réunion, quinze jours ou plus après le meurtre. A-t-il
pu se conserver jusque-là * ? Mais surtout comment a-t-il pu se
conserver jusqu'à la troisième réunion, qui a eu lieu six mois ou
un an plus tard', et pendant le long voyage de Benito Garcia,
chargé de porter ce cœur à Zamora? Cela est absolument impos-
sible. C'est probablement pour échapper à cette objection, que la
sentence de Benito Garcia intervertit et altère les faits delà faç^n
que nous avons dit plus haut.
Benito Garcia, chargé de porter le cœur et l'hostie à Zamora,
au rabbin Abenamias, est arrêté en route, à Astorga, o;i le fouille^
et qu'est-ce qu'on trouve sur lui ? Une hostie, à ce qu'on assure,
mais pas de cœur ; pas de lettre non plus pour le rabbin Abena-
mias, et cependant on prétend plusieurs fois qu'il en avait une*.
Son itinéraire est aussi une chose curieuse. Pour aller à Zamora,
il commence par se rendre à Santiago, tout à fait au bout de l'Es-
pagne, et en traversant des chaînes de montagnes d'un passage
difficile ; puis il revient sur ses pas, se rend à Astorga, pour redes-
cendre de là, passer par Zamora, et retourner ensuite à son point
moins à La Guardia, cela fait un chemin de huit heures an moins. Bu outre, l'«c^
complissement du crime a dû au moins durer deux heures : temps de bouclur li
caverne, de faire la croix et d'y lier l'enfant, de laisser écouler le sang, de prononcer
la longue liste des imprécations rapportées parles pièces, et enfin d'ensevelir le «rft
delà victime. Le tout aurait demandé au moins dix heures. Si l'eufsnt. avait été
amené de Quintanar, comme l'indique le Résumé des sept procès (Moreno, p. 12*)»
le temps nécessaire aurait été au moins aussi long, car de Quintanar à La Gnitdii
il y a au moins 32 kilom.
' Il est, du reste, intéressant de remarquer que, dans les années 1487, 1488,1^9,
la Pâque juive tombe respectivement les 8 avril, 29 mars et 17 mars, tandis qoftli
Semaine sainte ne commence respectivement que les 10, 1*' et 14 avril.
• Garcia Franco y 'met t un peu de sel » lors du meurtre (p. 43), ceU suffit-il Y
• Preuve que ce cœur a dû figurer à cette troisième réunion, p. 67, 68 et 87, sus
compter la sentence contre Yucé Franco, p. 105.
• i^i(/.,et p. 41.
LE SÂmT ENFANT DE LA GCARDiA 227
►départ par le chemin le plus court! Nous croyons volontiers
fU a été à Santiago, du moins il y avait quatre ou cinq ans aupa-
nt* ; il est sûr qu il était à Astorga, puisqu'il y a été arrêté ;
I voulons même croire qu il portiiit, en ellet, à ce moment» une
^je, c'est peut-être le seul point bisturique de toute cette altaire,
nous nous refusons absolument â croire qu'il soit allé de La
ardia à Santiago pour se rendre à Zamora *.
lu^o
AumoTû
Ksioryu
Âvila
Tolède
iHADHID
Mupcie^
CaKT1£ pour les voyages de BkNITO GARCfA.
fojci enfin une dernière remarque, et qui a son importance.
Jit^ conversations que Benito Garcia et Jucl^ Franco ont
rit» dans la prison, à Tabri de toute surveillance, et où
fpeuvent 8*expliquer librement, Benito Garcia dit que la justice
ûnf|uii^iteurs n'est pas justice et que tout ce procf^s a été uni-
aetil intenté pour confisquer les Liens des accusés en vertu de
de mort qu*on prépare contre eux ^/Benito Garcia
r \tm dUlsiK«« indicjuécs por un guide des chemins de 'lor ospapnols, il y
lûdrid à Ziimon, 290 u 30n kiiom.*, de Mudrîd à Suutiiigo, 6:hi à 67(t kilom.
QATtia, en ftU&Dl de ta Guardia à Zi»mora par âaiitiagaf au iiuu d\v aller
Bl« ftursit doo«; Ttii près de 700 kiiotu. de trop.
(Wi ta le 9C<a9 d«fi deux passades de p, 35 et p. 36 : ■ Todo esio non cm
é iioo to fastau sulvo por quemarlua l^ lotuarlca sus tàùeadftS. • -* • Pof
. la« lenun preauf, é qou par oira vubv* •
£OK REVUE DES LTLDES JCITES
;»tjr;iit-il pu parler ainsi à Yucé Franco, s'ils aTiknt réëk
/^orrirnJN li; crime dont ils (étaient accusés, s'ils avaient assislél
rl^'iix fju meurtre de Tenfant et aux antres conciliabules desa
M^'H? Kvidemment ces deux hommes étaient innocents, et I
riilwtolre n'est qu'une invention *.
IX
Ouel(pieH-unH des accusés sont particulièrement dignes d'inspirer
un vH Nentiment de pitié et de sympathie. Cest d'abord ce Tie&-
liinl de (puitn^-vintJ^ts ans, qu'on met à Thorrible torture de leiii;
<it ru pHuvre Yucé Franco, qui n'a peut-être pas vingt ans, ipi
vil iilk*Krenient de son métier de cordonnier, simple et naïf cornai
un lioninie (hi pt^uple *, et sur lequel Tinquisition compte sartort
pour Inihlr n(>s prétendus complices. Bien touchants aussi sort
r.nw (puilre h'f^res Alonso, qui ont la nostalgie du judaïsme et qri
ni^eiit iiviM» l'inquisition pour accomplir en cachette quelqae ptt-
llqu«' de la n^hjîion juive*. Ils doivent se sentir bien heareml
quiind lU ptMivent. une fois, s'abstenir de manger ierefa^ observer I
qunlqueH riltm dt» la PAque, entendre \QSChofar, s'asseoir dans une
Hmuui, j«M^ui»r It» hipino\ manger avec des Juifs et entendre dim
lu iM^ui^dh'lloh du moçi et la berahha finale, offrir un don ott
de riinilti \\o\{v hvs K»unpes à la synagogue d'Ocana *. Ils étaient
dlili^i^h d'i'Uln'i' dans les confréries et les chapitres, parce qu'ils se
hiMilMhnil «m'MMlItVs de prés, et de prendre, de temps en temps
dut» liullnn A liouïo*. Alonso pensait sérieusement à se circoncire;
leur y(Vi\\\\\ eréNooauir était d'être mariés avec des femmes
d'oriHHio ^^llrolhMuu^ dt^vant lesquelles ils étaient obligés de se
eoulraïudre haus crsse , et qui les empêchaient de faire cir-
» Nwuii uV\vluou« |kik-. U j'xv»»ii»iiilo il« quelque sortilège innocenl fait par les qoatn
lr<Mi'> |''i«i»«'»i «s»>»\ wxw hv»^u«»» itout-tHtt» même avec le cœur d'un mort qu'on «nH
* \ \i\\ »ii »»m» i^aulV aoU»u»o ^^r^aionttH' par son avocat au début du procès, n« 2,
\\ th a Ul.
* r.M \\\\KX ws^w» HNs^u^ a»t, A\h*i»/, \in. ioS, aWlonso Franco, est faux. N'ayinl,!
v.»'Mt> o|nks|u»», ^ju.» nIoux |vuv,»n via j»:vs*^s. nous ne savions pas qu'Alonso était néo-
\hioU*m \\\ uvm» lo |>U'uu»H>i, à U«',L jvur un Juif sceptique.
* Ty* #'.'♦, y »iS lM,|vu\ p î\K — SA^rttr^ tucea, eic, p. 49. Il n'y »v»it, »■!
\U*\\U\ |i«». U«i H\»v4kxsuo À l.a iiw*rvlu,u\ probablement, à Tembleque, où le nombn
tW» y\\\\\^ \\\i^\\ ^\ |um v|vus |KHiv u\:« lo* ot>ic«9 avec dix hommes adultes, il failli
U\u» >o«u msul U*» lV»vj>v«, ai> U iiu«rUi« vp, 4SI.
» P 4N,
LE SAINT ENFANT 1»E LA Ul AJtlUA
22»
sire leurs enlants ; ils en étaient tourmentés à ce pointi que
in Franco se consolait, par là, du malheur tîe n'avoir pas de
U, Que dire d'un régime qui impose à des coeurs simples de
billes tortures?
iucoup d'auli*es néo-chrétiens ou peut-être même vieux
^tiens aspiraient à observer, par superstition ou aotrement,
pratiques juives, surtout des femmes, à ce qu'il semble.
lito Garcia en nomme plusieurs : ia veuve de feu Alonso, tail-
jBT de La Guardia, laquelle ne mange pas dans les pots des cbré-
k ; Câtalina, la femme de Fernando al coxo, â Tembleque. qui
Kl manger la lefîna du samedi, e,t boit du vin cascher, Yucé
Bico nomme, à son tour, Diego de Ayîlon, ses trois lilles et son
■ de Terableque, qui gardent le sabbat et les fêtes juives, et
j^mme défunte de lohao de Orihueîa, demeurant à Temhleque»
i lohan Vermejo , de Temblçque , qui jeûnent le kippur ou
:it à la succa *. Ce Peila, alcade de La Guardia» sur l'amitié
,..,... compte Benito Garcia et qui Faiderait, â loccasion, à em-
Deuer les gens eu Palestine, et ce Gabriel Sanchez, oncle d'A-
lOQso et sacristain de La Guardia, ne doivent pas non plus être
bès orthodoxes \
Le plus intéressant des accusés est sans contredit Benito Garcia.
Itèdans le judaïsme, il s*est baptisé it y a trente-cinq ou quarante
► *» mais depuis cinq ans, ses yeux se sont dessillés ^, le cbris-
ftisme lui apparaît comme une grande farce {bm^la) ou une
ie, il regrette amèrement de s'être fait chrétien. Cette nou-
fconversion est toute à sou honneur : ce n'est point par des
onnements de théologien, mais par le cœur» qu'il est revenu
ip. Il a vu les fêtes atroces de rinquisition, le spectacle
' des auto-da-fé le remplit de pilié et d'indignation'*.
I repentir d*êlre devenu chrétien est si vif et si profond, qu'il a
le christianisme en haine : antéchrist est le juif qui se fait
étien» pis que Tantéchrisl sont les inquisiteurs, le grand anté-
istî c'est rinquisiteur général, Thomas de Torquemada* Depuis
bq ans, Benito vit en juif, autant que le lui permet la prudence :
be va à l'église que juste ce qu'il taut, u'ob&erve pas les fêtes
«l 15.
f tt 86.
J-^j^. 36 cl 37, — Sanchez, p. tdt».
^ i|i4«rtale ans, p, 35 î — trt^nle-cinq ans (30 + 5), p. 116 ; cf. p. 50.
l â SttuUago, où il a vu les dîubles (les inquisUcurâ autour du bfii her?), qifil
Lt réTélatto» fp. 38],
> p« 35 «l 38. Remarquer quo la da^e de sa uouvelle couversiou au judaïsme
; rintroducth» de l'inquisiiion dans le diocèse deToltdc, ou avec ta date
tia-fé qu'il a vu à Saal:9f^o.
230 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
chrétiennes, mange de la viande le vendredi et autres jours maigres,
se confesse pour la forme, ne communie pas, et quand il voit le
corpus Christi, il crache ou fait des signes de mépris {higos). Au
contraire, il observe les pratiques juives, se repose le samedi et
travaille le dimanche, mange et boit cascher, jeûne les jeûnes
juifs même dans la prison, se fait expliquer les prières et les fêtes
et jeûnes juifs, donne de Thuile pour les lampes de la synagogue'.
Il faut entendre comme il se tourmente d'avoir été maudit par son
père quand il s'^st baptisé, et comme il explique, par ses péchés,
tout le mal qui lui arrive. Si on lui a donné des coups à Astorga,
c'est qu'il a donné des coups à ses enfants pour les faire aller à l'é-
glise; à cause de l'argent qu'il a donné (au curé) pour les âmes du
purgatoire, il a été dévoré par les insectes dans la prison d'As-
torga ; parce qu'il a donné de l'argent pour un bénitier de Téglise,
il a subi la torture de Teau à A^storga ; pour avoir dit, pendant cette
torture, plus qu'il n'en savait, il a perdu son corps et son âme'.
Son repentir et ses remords sont si cuisants, qu'il se porterait
aux actions extrêmes ; sans Yucé Franco, qui l'en dissuade, il
se ferait la circoncision dans la prison, au risque d'en mourir.
La seule consolation qu'il a, c'est d'avoir détourné un jeune homme
de se faire chrétien, en lui disant : Tu vois comme on les brûle
les néo-chrétiens ; va donc, si le cœur t'en dit. Il n'a plus mainte-
nant qu'une préoccupation, c'est que ses deux jeunes fils quittent
cette loi « maudite » et deviennent juifs. S'il sort de prison, il ira
en Judée et il déterminera beaucoup d'autres personnes à s'y
rendre; il espère, peut-être, de voir la SabbatioUy ce fleuve qui se
repose le samedi et dont l'image passe dans ses rêves. Yucé Franco
pousse le repentir jusqu'à l'exaltation et on peut dire à la sain-
teté. Seul de tous les prisonniers, il se garde de charger les ac-
cusés ^ et si, pour sauver les autres accusés, il pouvait offirir sa
vie, il serait heureux de la sacrifier *.
« Tout cela et ce qui suit, pages 35 à 38, 60, 80, 116. Il jeûne, entre autres, le '^yS
'^V'D TWf2TV\ du jeûne d'Esther, p. 37. Voyez, sur ce jeûne, Mas$ehât 8o/^m, édit.
Joël Mtiller, p. 235.
* P. 38, et (avoir menti pendant la torture), p. 35.
• Dans sa déposilion du 24 sept. 1491. p. 55, n« 26, pas un nom propre'.' >
prononcé; dans celle du 14 nov., p. 95, n» 59, il ne parle que d'un de ses prétendu!
com])lices, loban Franco, et encore après que celui-ci s'est accusé et dans une de cet
scènes de confrontation dont on ne sait que penser. — Nous voudrions faire reflur-
quer, à cette occasion, qu'il y a une nuance dans ^attitude des accusés les uns vift4-
vis des autres. Yucé Franco, qui est juif, tout en nommant tous les accusés, attribue
l'initiative du crime aux néo-chrétiens. lohan Franco et lohan de Ocaiia, qui sont
néo-chrétiens, ne le contredisent pas précisément, mais ils n'insistent pas sur ce détui,
et de plus lohan de Ocana charge furieusement Yucé Franco #
♦ P. 35.
LE SAIPÏT KNFANT DE LA G CARDIA
SE
, Rta a joîtrt, aux pièces du procès, une relation écrito en
, par Dâtnian de Vegas, médecin demeurant à La Guardia,
intitulée : Memoria del Santo Nina de La Oifardia. Cette
tion est bien curieuse, elle sait une foule de choses dont il
pas dit un mot dans les pièces du procès ou qui sont même
ntradiction flagrante avec ces pièces* Les Franco de La
irdia sont, pour l'auteur, des Juifs qui avaient fui TEspagne
ornent oii rinquisition fut établie dans ce pays, et étaient
demeurer en France, Là vit un chevalier pauvre et chargé
d'enfants, ils lui offrent de l'argent s'il veut tuer un de ses
H leur livrer le cœur de la victime, il refuse, mais sa femme,
avisée, s*arrange pour avoir Targeul des Juifs et garder
enfant : sur son conseil, le chevalier tue un porc {pnerca)
livre aux Juifs le cœur de ranimai à la place d'un cœur
ant. Une vieille femme diabolique leur vend une hostie, ils
font avec le cœur un mélange qu'ils jettent dans la rivière, et
is>n faut que les chrétiens ne fussent tous empoisonnés, si le
i chevalier ne révélait le mystère. Lesdits Juifs» avec des chré-
is, passent ensuite eu Espagne, s*établlssent à LaiGuardia» où
ne pensent qu'à recommencer, ils volent à une vieille femme
igle de Tolède un enfant qu'elle a, qui est âgé de sept à huit
set s'appelle Cristohaî. Après Favoir caché trois ou quatre mois,
ir réfléchir sur la manière de le mettre à mort, ils le tuent le
mars 1492, après ravoir maltraité et lui avoir donné 6»200
ap«, mais par erreur, car ils voulaient lui en donner 5,200,
tant que Jésus en avait reçu. Au moment ou l'en fan t expire,
©ère recouvre miraculeusement la vue. Cependant, les Juifs
•oient le cœur de Tenfant, avec une hostie, à un savant rabbin
Inla, pour qu'il fasse un sortilège contre les chrétiens. En roote,
Juif qui les porte entre dans une auberge, il fait sa prière et un
fclirérien qui Tobserve remarque avec stupéfaction qu1l lui sort de
' ' 1 lie des flammes vertes, jaunes et de diverses couleurs. Cela
ijît, il est [iris et ses complices aussi, et ils expient tous par
IJinort leur horrible forfait.
ï. Fidel Fita s'indij^ne. et avec raison, de trouver tant d'inexac-
(lf?i'î*»< dans le récit d'un homme qui a vécu si peu de temps après
rnent et qui pouvait encore consulter le frère vivant d'un
iiioins du procès (p. 141). Nous serons plus indulgent envers
efior de Vegas, ses inventions ont un bon coté, précisément
que ce sont des inventions. Si nous n*avions pas maintpnant
procès-verbaux de Tinquisition, son récit assuréinent ferait foi,
caup de personnes seraient fort disposées à y croire, mais il
i plus moyen. Le procèS'^ verbal a tué la rdatioup maU la rela^
232 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tion le lui rend bien. La légende a créé de tontes pièces les in
ginations de la relation, elle a bien pu aussi créer celles (K" 3
inquisiteurs.
On nous permettra, pour finir, de résumer cette étude :
1. Les dépositions des témoins, obtenues par la torture i
par menace de torture, sont pleines de contradictions, d^invraiseni^
blances et de faits matériellement impossibles ;
2. Les juges n'ont fait aucune enquête ni aucune constatati-^^)
pour découvrir la vérité, ils n'ont rempli aucun de leurs devoii^ ^
3. Ils n'ont pu fixer la date du crime, ils n'ont découvert ni 1
disparition, ni le corps ou les restes d'aucun enfant chrétien.
La conclusion que nous avons annoncée est donc pleinem^^i
justifiée :
V enfant de La Giiardia n'a jaynais existé.
Isidore Loeb.
m mmu tirbî^ ues juifs be n\m
DANS LE DOMAINE ROYAL
(XIIP SIÈCLE J
On ne se croyait ^uàve toiiu au moyen âge Je respecter la
personne du JuiT; quanta ses biens, ils irétaieiit pas à lui, mais
à son seigneur ; parfois on Ven lit jouir paisiblement, on lui
(jermifttait de les faire iructiïler et de les augmenter, pour qu*au
Jour où le seigneur, suivant rénergique expression d'uti îiistorien
flïOtienie, présiderait ses Juif^s, il eu sortit plus il 'or. Saint Louis
lui mtoe, ailaiirable à tant dVgards, ne se fit aucun scrupule
<Je conlisquer les immeubles des Juifs, en 1252 probablement L
I>'autres faisaient œuvre pie en distribuaut à leurs sujets les biens
<î*^ leurs Juifs à leur lit de mort. C'est après avoir accompli pour
te salut de sou âme cette spoliation inique que Philippe, comte
«l(î Boulogne, meurt en 1235, soutenu par cette foi étrange du
flM))en âge qui laissait eu dehors de rhumauite et de toute loi
laarale ceux qui ne partageaient pas, la croyance chrétienne.
Nous n*a von s pas à faire ici rhistoire des diverses conflscations
iM les Juifs furent victimes durant le treizième siècle, ce serait
iartir de notre sujet ; nous ne nous occuperons que des reve-
nus que les rois tiraient régulièrement de leurs Juifs; la liste
en est assez longue. Ces revenus existaient antérieurement au
irii* siècle, mais il semble qu'ils ne furent régularist^s qu'à
€eUe éiK>que*
s Cf. OfdaittMi^u in rm ds Frar^re et ilifionens de la Fratice, toino XXIIÎ,
«en.
234 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
I.
Dès 1202, dans les comptes publiés par Brussel*, les Juifs figu^ -**
rent pour une somme de 1,503 1., 7 sol., 7 den. Les revenus quL ^^^
proviennent d'eux sont rangés par l'auteur de F (Zsa^^ des fief ff^^ ^
sous trois dénominations : Cens, Amendes, Sceaux. Les cens^^ -S
étaient répartis entre les Juifs par un certain nombre de leurs co- ^-
religionnaires*. Les amendes (expletn) étaient données pour des-^^-s
motifs que les comptes laissent ignorer. Quant aux sceaux, ils.sr= Js
étaient apposés sur les transactions entre Juifs et chrétiens, et*^ --et
leur apposition donnait lieu à la perceptibn d'un droit au profilT .^t
du trésor. Parfois on changeait le sceau durant le cours d'unr:» ^n
règne 3, pour procurer au roi le bénéfice d'un nouveau droit d^ .Ce
1 Comptes de 1202, dans Brussel, pièces jusliGcatives, t. II (les chiffres enlre pa->^^ «.
rentbèses indiquent les pages du livre de Brussel) :
Moretum et Samcsium : de Judeo de Lmgonis 20 1. pruvinensium [142).
Recepta : Pétri de (ionessia, de explclis judeorum.
Aurelianensium, 10 librœ, et de uno Judeo 4 librœ(l50).
Hecepta : Terrici de Gorbolio, de Joceo Judeo 50 librœ (151).
Recepta : Alelini, pro vino Judeorum 9 librie.
Expensa : pro vino Judeorum 9 librœ.
Recepta prœposili Silvanecteusis : de litleris Judœorum quas Johannes Char^» — srcc-
laron eis tradidit 100 lib. et 60» (153).
Recepta : Villelmi Pulli pro Judœis 12 libra? (154).
Recepta: Roberti de Mellento, pro cambio marchamm Judmorum 100 lih. '*..'— "i.iy.
Recepta : Johaunis Charcelaron, de Judo-MS Silvancctcnsibus 174 librœ (15T).
Recepta prcpositi Pontisarœ : de sigillo Judeorum 4 1. (1"6).
Recepta Gaufrudi de Pontisara : de siirillo Judeorum, 6 librœ et 13 sol. èl 4 ^=^ — Uq,
(178).
Recepta Uognauldi de Cornillo : de Judn'is Carapanie 47G 1. (184).
Fraler Garinus in compolis trunsactis 50 lib. pro Copino Judeo et débet 115 ^ih.
3 sol. minus.
Mortua manus Guidonis de Heslisiaco : do sigillo Judeorum Bestisiaci 27 so T. et
3 den. (197).
Rcccpla Hcmerici Cholurd : de i'igillo Judeorum Pissiaci de dimidio anno MS^Ua
ad S. Johanucm 2l\ lib. (190).
Recei)ta Uoborli do Mellenio : do Guidone de Domna pctra et pro Judcis Campanie
61 lib. 9 sol. De Jobaune Cbargelaron pro Judeis Silvaneclensibus 44 libr» (201).
Do Judeis Parisius 100 libroî (2i^2).
Mehus Judeus Monlislbcrici 40 libriu (202).
Recepta Wiilelmi Pulli clerici : de sigilio Judeorum Medunts 4 librœ pro sex sep-
timanis (203).
* Isti sunt Judei qui fecerunt assisiam f^uper alios Judeos : Helias do Sezenc <jui
manot upud scalas ; Jacob prosbiler (jui manct apuil Gounessc ; MoreUus de YenvilU*
Vivant Gabois; Vivant de Melugdiiuo [Date uniérieuro à 1212, JJ 7-8, f» 97 «).
' Rcdditus prc[)ositure Corbolii : Sigillum Judeorum LX libri.
Mcletiunensis ccnsus : Sigillum Judeorum (JJ 7-8, i» 86 a).
Talcnla Judeorum valuerunl in boc auuu c solidi (Registre A, f« 86 a).
LES IIEVKXUS Tmb:S llKS JUiFS DANS LE ïiOMAl.NK ROYAL 23?'.
ce\; fmi ce que lit Philippe -Auguste par son tnlit de 1206,
Ces produits des Juifs se retrouvent pendant tout le règne de
^hilippe-Auguste. On voit également dans les comptes de cetle
l»o<pje dîverse^s redevaJiceâ pour le vin des JuiîV; ce droit était
«ans doute payé par eux pour pouvoir l'aire fouler le raisin par
des hommes choisis* et avoir ce vin préparé selon leur rite, ce qui
excitait l'indigaatinn d'Innocent III.
Avec les accroissements du domaine royal, sous le règne de
thilippe-Auguste, le nombre des Juifs a considérahlemont aug-
luenté; en mérne temps le revenu que pouvait tirer d'eux le
tn*Hor royal sVst grandement accru : en 1217, Brussel inscrit,
parmi les revenus de Tannée au terme de la Toussaint *,
"2/^16 liv., 27 s.; à celui de la Chandeleur, 3,472 liv., 54 s., à
celui de 1 Ascension, 67 livres, ]U'oduit des redevances des Juifs
dû domaine. Mais l'extension du domaine royal, le nombre
toujours plus considérable des Juifs soumis à l'autorité de
Plulippe- Auguste, ne suffiraient pas à expliquer la différence
Cïusid^rable que présentent les produits des taxes imposées aux
Juits, en moins de quinze ans, si on ne Taïtribuait aussi au
calme relatif dont ils jouirent sur les terres du roi depuis 1198
juiqu*ô la Un du règue et qui leur permit d'accroître leurs
tichesses.
Nous ne (>ossédons, du temps de Louis VIII, qu'un seul document
mr iiolre question : le roi, par son ordonnance du 8 novem-
line 12*23, qui supprimait le sceau des Juifs, avait fait disparaître
un lies impots qui pesaient sur eux et que Ton ne verra plus
désormais ligurer dans les comptes. Toutelois les Juifs rapjwr-
f«l encore sous ce règne, à une date qui nous est inconnue, la
smmQ de 8,680 livres 13 sous^
Sôint Louis, animé contre les Juifs par le zèle religieux surtout,
w devait pas retirer d'eux grand profit; sous son règne, les'
sommes consacrées à la conversion des Juifs au christianisme,
«•^passèrent sans doute les sommes que Je trésor tira (Feux ;
toutefois, il ne semble pas que, même à cette époque, ils aient
^(^ exempts de toute redevance. Lorsque» en 1233 \ saint Louis
I RfCt|»Ui Aloltoi : pro vino Jud<?orum, 9 libro} (comptes do t202)«
' ttlT, Tontiaint, GliÛtelaui du Ghinoii, !î(»0 L p«r,, pour tailk* des Juifs. — Châ-
* , a« Houea, 595 liv, par. 1l> s. — Graillon, 880 L p. 27 b. — Btiilli tk' Ver-
a, 2U i- p. It s. — ChandeUm^ 441 \, \û s. — Caeii, 462 L p. — Cotteutiii,
', — At^ues, 5iO i. 7 B. — Ctuuou, 5I.W L — Vtsrueuil, 300 L H s. — UailloD,
!G e. ^ AiCtnnon, Bailli iLOrléuiis : pro Judeis el Buscis, 77 lib, (ilrufistsl
ït.l
Btblwïth. ntUon., tai» laiiii. 0017^ f* 2: eumma Judeorum^ SôSÛ L VS ê,
: « AnMwm ii«Uooslei, J« 1Q2â \ pibcai JuitilictUvet &• 1i
236 REVIE DES ETUDES JUIVES
réduisit d'un tiers les créances des Juifs, le trésor royal dut per-
cevoir une partie de cette réduction. Parmi les Juifs victimes de
cette mesure figure un nommé Vivant de Meaux, qui est probable-
ment le célèbre rabbi Yehiel qui soutint quelques années plus
tard, à la cour du roi, une controverse remarquable contre Nicolas
Donin. En Tannée 1234 *, les Juifs figurent pour la somme de 250
livres *. Les comptes de la fin du règne ne mentionnent plus au-
cune redevance des Juifs.
Le jcourt règne de Philippe-le-Hardi, si funeste aux Juifs, fut
très onéreux pour eux, ils dorent, en 1282, payer une taille de
60,000 livres.
C'est surtout avec Philippe-le-Bel que l'art de pressurer les
Juifs allait se développer. Dès 1285', Philippe réclama des Juifs
de Champagne, comme don de joyeux avènement, 25,000 livres;
en 1288*, une nouvelle taille leur fut imposée, et nous possédons le
relevé de quelques-unes des sommes perçues pour la Champagne'.
En 1291 «, nouvelle taille; en 1293 \ la taille est encore une fois
perçue; on la trouve encore une fois mentionnée en 1296*;
en 1298, elle est augmentée d'une subvention du quatorzième*-
En 1299, on la perçoit, ainsi qu'en 1300 et en 1301.
Le trésor royal tire des rouelles des Juifs une seconde ressource-
La rouelle est d'origine ecclésiastique, mais il est permis ^®
croire que la vente des rouelles a été, dès Philippe- Auguste, ^^
revenu pour le trésor royal, bien que la première mention de ^^^
insignes dans une ordonnance royale ne remonte qu'au temps ^^
saint Louis *".
Ce ne fut qu'en 1269 que ce roi rendit le port de la rouelle ob^^*
« Compotus Ballivorum Francie (1234). Adam Panetarus : Recepta, De Judeis '^\^^
Toncnf«ibu8 per templum, VI" 1. (Bouquet, XXII, 577). — De Judeis Gaslri Erai»^
et Moulis Conteri XXX l. (Bouquet, XXII, 577). — llardognus do Malliaco C^^
compulo (Bouquet, XXII, 578). — Recepla de Judœis, 11 1. (Bouquet, XXII. 578).
• ViceLomilatus Kolhomafçensis, 1230. De domina Caslelli pro Judeis, LVUl *•
XV 8. — De domina CastcUi pro debito Judeorum, L lib. (Bouquet, XXI, 256.)
» Bouquet, XXIII, 757.
• Ordonnance de 1288, publiée dans Saige, Juifg du Languedoc, p. 220.
» Pièces justificatives n® 2.
< Doat, XXXVII, 217 et suivants; Saige, p. 225.
' 1293, dimanche 15 mars, Paris. Lettre de protection en faveur de Manessier de
Thoriaco, juif charf;é de lever la taille sur les Juifs du roi. C^est le d* 86 indiqué
Rêv, des Etudes juives t t. Il, p. 24.
• Comptes de Vl\)ùy passim, et pièces justificatives n<» 3.
• 1298. Comptes, n» 90.
>9 Hoc wi exira prieposituram Meledunensem de riparia : De Rubella, VI modios
et III sexlaria uvonw cl VI** galline (Registre JJ 7-8, f® 92 a). — Mcleduiium : Ru-
bellie, IV libra) et XV solidi (lo mot rubella, qui ne se trouve pas dans Ducange, est
expliqué par DiolTenbach avec le sens de rouelle).
LES HEVE.NUS TJRÉS DES JUIFS DANS LE DOMAINE BOYAL
237
foire ', prescription qui fut confirmée par son fils Philippe H
l]233*. Mais il est probable que Pliîlippe-le-Bel eut le premier
iée de faire du port de la rouelle une source nouvelle de reve-
15 pour le trésor royaL Son ordonnance de 1288 établit ou pluttit
iiïfirnie le droit sur les rouelles et ordonne que les Juifs le
feraient, augmenté d*une amende pour ceux qui se dispense-
lent d'en porter'. Les rouelles des Juifs sont parfois affermées*,
hsidonc le trésor royal perçoit d*abord une redevance du Juif
li est forcé d*aclieler la rouelle au fermier royal ou au prévôt, et,
!tre cela, une amende du Juif qui contrevient aux. dispositions
(latives au port et à la dimension de ce signe ^.
p^a rouelle figure dans les comptes de 1285 pour 131 L 32 s. ^ ;
le est mentionnée en 1295 ', et elle forme un des revenus les plus
(portants dans les comptes de 1296, 1299, 1300 et 1301 ^
A. ces branches de revenus tirés de l'exploitation des Juifs, il
Ht ajouter les confiscations *>, puis les amendes infligées pour les
liU commis dans les foires, les faux, les violences*'* envers les
lents de Tautorité royale*' (Expleta ouKmenda), les paiements
ils au roi de sommes dues aux Juifs et entachées d'usure. Enfin,
jroi se fait payer un fouage en Poitou pour une expulsion de
lifs qui dut avoir lieu en 1298 <v.
OfdomMneu, 1, 2Ô4,
I* S«iffi, p. 225.
PSaige, p. 220: ordonnaace au 18 mars 128?.
* DcRœÛis Jadeorom Paris! us pm lermiDo Omnium SaBctonixn, 97 L per Dftnje-
iBnionem qui e«s emit. (Comptes de 125J8, n" 13.)
^Ët Jadeos oobis subditos çompdlatiâ ad deferundutû rodlas juxta ordiDationem a
ât Bosira super bis edictam it pro îpsis dod porlalîs^ debiU^i Icvetis cm^ndas «t
|d io f}uo Dobts lenentur annuBtim pro roellii^ predictis juxta ordinalicini^m prefk-
kifÛrdaooance de 1288, 18 mirs, dons Doal, XXXVH, r« 195, publiée parSaige.)
>Bnifi»eU 1> 600 ; Bouquet, XXllI, 767,
'Orléao», 1295 : dfi computo BaUivorum FraDcie, Petrus Saigne^ Balllvas Aure-
, de rœliis Judeorum baUivie Burelianensis, XXK soL (Bouquet, XXII,
I Cooptes de 1296, n« 96 ; — Comptes de 1298-99, m» 13, li, 15,31, 40» 42; —
da $299-1300, n« 2. 7, 9, 20, 21, 28, 3U, 34» 36, 43 j — Comples de 1301,
12, 18, 21, 2S, 33.
De juieis Drocetisibus pro octo sculelUs Brg*;DÛ recuperalta a Salomone jud«o
»«B», qujB pondaTeruiit 26 marcas «t dimidiam 64 1. 8 s. 6 deu, Debetur 2G s.
^ ioivit Mirccllus. (Bouquet, XXXUI, p. 662.)
I ISaS. Tot7S8Aiî«T< Expleta Baillivic îiituricensif. De Haquiiio de Dutto jydeo, pro
VI libnt. (Bouquet, XXlll, 662.) — 1285. Toussaint. Tours. De Leone judeo,
piiadAiii emends. (Bouquet, XXllI, 663*) — 1285, Vermc/niQft. Do emcnda Jacobi
fimoB judei, taxata per magistros compulorum pro loto : librsc, (Brussel, J,
UAU, elcoroplcsdo 1296, p. 98, 99; 1300 et I30ï,p<w««, p ri ud paiement 1298,
l«. 17, 18, 19.)
Comptef de 1296, o* 120, ùi 1298-9, n« 3,
^Complu à9 1296, n" Mil, ^ 1299. Compotus Jacquelini Trotisselli, BailUTi
^ if dû termmo Omuîum Sanciorum inoo dommi 1299, Focft|;ia pro expul-
238 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
II
La perception de ces différents impôts exigeait une administra
tion spéciale, qu'on se préoccupa sans doute de former dès le com
mencement du xiii° siècle; les documents sont malheureusement —
fort peu explicites à cet égard. On dut choisir, dès cette époque,
des Juifs notables qui furent chargés de la levée des impôts chez
leurs coreligionnaires; le cartulaire de Philippe-Auguste nous a
conservé les noms de ceux qui levèrent une taille sur là commu-
nauté de Paris sous ce règne. Cette habitude se conserva sous les
successeurs de Philippe-Auguste. Toutefois, ce n'est qu'en 1288^
quePhilippe-le-Bel organisa, par une ordonnance, l'administration^
financière des Juifs. Deux personnages, Jean Point-l'Ane, clen^
du roi, et Geoffroy Gornici, bourgeois, chargés de réclamer, dea&
Juifs, la taille des sept dernières années, furent préposés à leurafr-
aflEaires; sous eux se trouvaient, dans chaque bailliage, deux JuifiS'
notables, dont la fonction consistait à désigner pour chaque JuiC^
deux autres Juifs comme caution de résidence. C'étaient eux»
sans doute, qui faisaient la perception de l'impôt dans leurs cir-
conscriptions administratives. Et, en effet, bien que la circulaire
royale soit muette sur ce point, les comptes que nous possédons
nous permettent de voir en exercice toute cette administration
vers le milieu du règne de Philippe-le-Bel, de 1296 à 1301.
A cette époque, les deux fonctionnaires dont nous parle l'acte
de 1288 ont disparu, et celui qui leur a succédé est un clerc du
roi, Danyel le Breton. Il a dans ses attributions surtout les Juife
de Paris et ceux de sa prévôté, ceux du douaire de la feue
reine Marguerite*, c'est-à-dire du Vexin et d'une partie de la
Normandie, et ceux que le roi avait achetés à son frère Charles
de Valois en 1299, en un mot tous ceux qui habitent le domaine
patrimonial des Capétiens. En outre, en l'année 1297, Danyel
le Breton afferme les rouelles des Juifs de Paris. Pour remplir
ces fonctions, il reçoit un traitement de 91 livres 5 sous tournois
{)ar année commençant à la Toussaint. 11 a sous ses ordres des
siono Judeorum : de denariis recupcratis de residuo focagii de Casielio Loduno pro
parte ad hune terroinum, XV libroî. (B.-N., mss. français, n? 10365, f" 38.)
* La reine Marguerite, veuve de saint Louis, tenait pour lors en douaire : Po&tois9,
Meullant, Poissi, Vernon, Estampes, La Ferté-Âlais, Dourdan ci Corbeil, coquoie
cola ebt marqué dans le compte des prévôtés de France, 1277. (Brussel^ i. I, p. 465./
LES REVENUS TIKES DKS JllFS DANS LK DOMAINE HOYAL
imployës temporaires, parmi lesquels figure uïi Oaleran le
treton» clerc égaleiii^Dt, qui lîevaiL être son parent*. Un sergent
au Châtelet, Robert Hobe, qui, en 1298, était fermier des rouelles
des Juifii de Champagne» remplissait les mt'Hies lonctions que
Daniel, maas senieuient pour les Juifs de Clianiimgne-
Du côté de ces derniers, apparaît un fonctionnaire nouveau:
j^c*est le Frocurèur gt'néral des Juifs. 11 est malaise de dire eu quoi
Consistait son emploi et à quel moment il fut créf\ Les comptes
We 12% nous font connaître Kalot de Rouen " et nous le montrent
làéjà comme un intermédiaire tinaucier entre la royauté et ses,
|ck)relïgjonnaires, mais à cette ëpoque il ne porte pas le titre
[de procureur. C'est dans un arte du 8 lévrier 1291 qu'on le
jlui décerne pour la première fois; Kalot figure dans cette charte
Icoaime arbitre chargé par Philippe-le-Bel de prononcer sur la
jî*ropriété de quarante-trois Juifs que lui et son frère Charles
jde Valois se disputaient; Kalot, d'accord avec Joucet de Pon-
|tciîse, Juif du comie (le Valois, en accorda douze au roi et le
t*t^ste à son frère. Mais ses attributions paraissent avoir été sur-
**out financières. Il se trouve m»^me intermédiaire, on ne ,sait
trop à quel titre, entre le roi et la monnaie de Paris, au !•-'• sep-
tembre 1298, C'est ce même jour qu'il contracta pour la com-
ïïmnauté des Juifs de France, qu'avaient sans doute épuisés les
^ïactions des années précédentes, un emprunt de 500 livres
tournois au trésor royal ; ïa somme fut rendue en deux fois,
^O livres le 6 novembre, et 50 livres le 10 décembre de la même
^née; les comptes ne nous apprennent rien sur le rerabour-
t^nient du reste de la somme. L'année suivante (U*99), Kalot
feo^^vâit, le 14 juillet, une somme de 400 livres, montant de ses
^J^boursés dans une atîaire relative à un emprunt sur lequel
mm^^ documents ne nous renseignent pas ; le 30 juillet de la même
Biï^cii^e. il touchait, sans que nous puissions dire au juste si c*est
C^tnme traitement ou comme remboursement, t)00 livres pour
^foîre les alfaires des Juifs \ Il avait encore dans ses attributions
B V^ticaissement de certaines taxes, probablement de celles des Juifs
à^ Normandie. Lorsqu'il mourut, le samedi après la Pâque 1300,
^m Mavril 1300], un inventaire, aujourdliui disparu, fut fait de ses
H Vîens*. Il restait dans sa caisse 4,000 livres, montant des tailles
f » Compte de 1299-1300. ii» 60 ter.
I * Dp predicU finit doue pcr Juliaauin dictatti Amidlu pro Kâloto judeo ci p«r Guil-
^ Je tin a m Pereoiium pro «sodcm et por Vtelum d^Âupegart pro code m Kaloto. (Comptes
f Comptes de 12î>S.9y. «•»21» 24, 44. 44 H*; I29il-I3(>f|, n^* l\n «t 57.
* HothomsirutD (i2%-l3(HI|. Inventarium boûûrum Cuiou judei de Hotbomago qui
240
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
qu*il avait perrues : sa veuve les paya en plusieurs termes, par
rintenin^diaire «fun certain Hermaotl de Soissons, qui demeurait
à Rouen *. Kalot eut sans doute sous ses ordres des Juifs comme
employés, c'est ce que semble du moins indiquer un texte de
1296*. Un autre Juif eut éjialenient un rôle financier assez
important dans cette aiîministratiun, c'est Joucet de Pontoise*
juif du comte de Valois, celui qui flgrure avec Kalot comme
arbitre dans un acte de 1297 ^ Parmi les Juifs qui reçoivent
du trésor des subventions, comme chargés des affaires desjuife
de France, figurent, en 1298 et en J299*, Mosset des Fourneaux
et Savouret de Saint-Benis, et. en 1299 et 1300 *, Abrabara de
Falaise et ses associés. Enfin, conformément à l'ordonnance de
1288, dans chaque bailliage» on trouve un ou deux juifs qui
versent entre les mains des fonctionnaires royaux le produit des
tailles de la baillie. On peut dresser pour un certain nombre de
bailliages la liste de ces intermédiaires : ils durent disparaître
d'ailleurs vers 1301, car ils ne figurent pas dans les comptes du
trésor pour cette année. Voici cette liste :
Amiens. Joucet de Pontoise, (Comptes de 1290, n^» 98 et 102.)
Jacob de Flessi court. (Comptes 1298-9, n^ 49,)
Auvergne. Perrequin de Saint-Denis. (Comptes 1298-9, n** 36.)
Bourges. Perrequin de Millî. (Comptes 1298-9, n^* 8 et 14.)
CaiiX. Salomon de Blangi. (Comptes 1290» n^ 99.)
ChaumonL Fantinus de Bar. (Comptes 1299-1300, n<>*22et45.)
Champagne. Joucet de Pontoise. (Comptes de 1296. n*** 98 et 102.)
Vivant de Troyes. (Comptes 1298-99, n^* 1 et 9.)
Gisors. Michel le Juif de VerneuiL (Comptes 1299-1300, n^ 3,]
Senlis, Joucet de Pontoise,
Troyes. Hagin de Provins.
Vivant de Godemar. (Comptes 1298-9, n» 24 )
Vermandois. Viète d'Aupegart. (Comptes 1299-1300, n^' 12 et 13.;
Viiry, Nicholaa Amourete. (Comptes 1296, n°* 97 et 105.)
Vivant Godemar. (Comptes 1298-99, n^* 33 et 35.)
Juifs achetés à Charles, fils du Roi :
Haquin du Tour. (Comptes 1299-1300, ji«* 23, 44 et 46*)
Dayot de Seez. (Comptes 1299-1300, n*« 22 et 45.)
oLut 9«bbalo poat Pascha 1300 faclum per R. Barbon cL Rtdulphum de Soyaco,
(B. N,, m», lalin, n" 9069. f» 827.)
^ Comptes de 1301, n«" 3 et 23.
* Comptes de 12%, n" 105.
* Comptes de 1296, n«* ÛS à 102.
* Goraples de 1298-9, n*« 41 el 4S.
* Comptes do 1 299-1 3Wl, n» M.
LES REVENUS TIRÉS DES JUIFS DANS LK DOMAINE llOYAL i/il
revenus provenant des Juifs «'taienl verses sous saint
au Temple*. Quand Pliilippe-le-Bel eut créé ce Trésor
Tre dont les attributions nous sont encore mal connues*,
]i que se firent les versements des Juifs : c'est ce que nous
lent tous les comptes ptihïrés plus loin. Ces revenus ne
ient pas que d*étre assez importants, et les dépenses admi-
itives faites pour les Juifs n'en absorbaient qu'une faible
ces dépenses consistaient dans les traitements des fonc-
ct les indemnités dont nous avons déjà parlé, les prtHs
aax Juifs par le Trésor, et enfin dans quelques pensions
nées sur les taxes payées par les Jui!s. Nous ne comprenons
lien entendu, dans les dépenses, l'argent que le roi consacrait
that des Juifs de son frère ou de ses vassaux et que nous
idïi faire figurer dans nos documents pour n'y pas laisser de
les. Si on fait la balance des recettes tirées des Juils et des
qu'ils occasionnent, on trouve les chiffres formant le
«a suivant :
BEGETÎES.
DÉPENSES.
PRODUIT WBT.
3 605i 14 4
teaint IÎ96... 9766' i5» 6^
î\ juin (298 au
«TrU1299 7344 O 7 1292
m, du 3 mai îtn
•2môrs4300, 20094 U 6 1772 2 tO t8322 4 6
301, du i mai au
tovembre .1300..-. 10273 0 2 106 0 o 10270 0 0
Juifs étaient donc pour le roi de France une source sérieiisa
tenus, et quand, en 1306, on les eut chassés, la vente de leurs
fut loin de représenter un capital équivalent à celui que
t perdait. Pliilippe-le-Del avait fait, en les expulsant, une
iise action et, ce qui dut lui être plus sensible, une.mauvaise
L. Lazard,
jioas sommes volontairement abstenu de donner, dans
de ce travail, Téqui valence des monnaies du moyen âge
10 JEUlliTorum Francie, 1234» Adûin Panelarus : Recopia do Judcis Turo*
pcr T^mplum, VIKX Hb.
B^aUric, La France $oui PMHjfpe4t-IieL p. 228 ù 235, cl J. iUveX, BihL
r éê* CUtiu. \^k, p. 237.
T. XV. ^ 30. »
242 REVUE DES ETUDES JUIVES
aux nôtres. Toutefois, voici quelques indications qui permetti
de trouver la valeur absolue de certaines des monnaies m
tionnées plus haut ; quant à la valeur relative, cemme rien
permet de la préciser, nous nous gardons d'en parler.
Philippk-Auouste.
Monnaie ançetine K
Denier. Sou. lÀrrt.
44SO fr. 0,00985 fr. 4,182 fr. 23,064
4484 fr. 0,0849 » 4,0498 t 20,396
4490 fr. 0,0944 ^ 4,4328 » 22,656
4495-4204 fr. 0,0849 d 4,0498 » 20,390
Saint Louis*.
Denier tournois. Sol tournois. Livre tournois
4258 fr. 0,0844 fr. 4,04 fr. 20,26
Philippe le Hardi.
4278 décembre » 0,0837 » 4 » 20,10
Philippe le Bel.
4295, avril » 0,0691 » 0,83 » 46,72
4296, mai » 0,0622 2> 0,74 » 44,94
— décembre » 0,0597 » 0,74-70 » 44,34
4297, juillet y> 0,0574 » 0,68 -ù 4 8,77
4298, mai » 0,0523 » 0,62 » 42,65
4299, juin » 0,0491 » 0,59 » 44,91
4302, avril » 0,0441 » 0,53 b 40,66
— avril » 0,03385 7> 0,50 '» 40.<9
PIECES JUSTIFICATIVES
N» L
(Arch. nat., J. 1028, n«2).
Fragment de compte 42ZZ ou 4254.
Cet acte, que j'ai mentionné plus haut comme un relevé
payés par les Juifs, est, au contraire, le compte des son
^ Usitée surtout en Normaudic et assimilée par M. Delisle à la monuf
(Delisle. Les revenus publics en Normandie, Bihl, de V École des Chartes,
et 196.)
« Natalis de Wailly, Mémoire sur les variations de la livre toumoû
Louis, Paris, 1867, p. 222.
LES REVENUS TIBÈS DES JUJFS DANB LE DOMAINE ROYAL
243
Mw à im certdLQ nombre de Juifs du Boi, eulrû les mams des
agents royaux, avec déduction d'un Uers de la dette*. L*acle énu-
mère les uoms des débiteurs ciirétieûs et les sommes dues par eux-
J'ai cm inutile de publier toutes ces meutious et u*ai donné que les
noms des Juifs qui sout en tôle des chapitres et quelques notes
accessoires.
Familia Chiere de Longavilla*.
Bêle née Lagainiere.
Samuello de Ghasteaufort *,
Ilagino de Pissiaco *,
Vivant Clarté le Bègue Coheing.
Vivant de Meau:£.
Samuel de Condé de Chiele ••
Petrus Joceli de Scala XIII soîidi et XIV denarios. Judeus \iilt
quod Joce matron[a] habeal islos deaarios quod sui sunt.
Benaarl de Gastroforte*
Coram me Iluberto quitavit Saosimus gêner Manesserii con-
tra Tlioma m Susaine de Gapella de omnibus et coniessus
est Judeus quod mhil débet eidem idem Thomas.
Joceli Guilie.
Leoni Anglico de Palatiolo*.
Samuello de Gaslroforte.
Leoni Anglico de Palessueil**.
Per tolum Samuelns et Haginus in tribus locis habenl
LXVII s.
Leoni Copiuo et benedicto soceto.
In invenlis additi magistro Sansonno^ XLVII 1.
Summa totius, VF et XXVtl 1. et 2 s.
Ha?c solvit Huberius prius in octabis Omnium Sanctomm
ônno domini millesimo cc^xxx(i),VlI»» et X hb. Item eodem
dnno in octaMs purifLcalionis beale Marie 11° li. Item in
octabis Omnium Sanctorum anno domino milleslmo du-
cenlesimo xxxiii**, G lib. per Hubertnm. Restât, item per
Huberlum in octabis beat! André, 4 L summa^ Vi*^ libros.
N» II.
[Fonds Claiiambatilt, ii« 487).
-ompotus Terne Campani^u a dumioica ante Magdalenam 88 usque
ûd oclabas Nalivitalis domini anno predicto (\B juillet Hsn à t*'' jan-
vier i 2800
' Ofdemm., I, p. 57.
* LoQgueYiUe, Seine-frUMiroef «rr. de Provins, commune de Lotirp*
' Châteiufort, Seine-Êt-Oiae^ arr. de Versailles, c^mm, de Jou^'-eu-Jûsas.
é poisij, Stiue-et-Oise^ arr. de Versailles.
« Thel, «rr. do Versailles ?
I ' PaUiieau, air* de Versailles, Seine-et-Obe.
244 UEVCt: DES ÉTUDES JUIVES
Goulomniers. — De la censé des Juis de ladite Baillie à la Touz-
.sainz, 88, LXX, librac (fo 388).
Esparnai. It. d'Amandes. De Menessier le Juif, X, lib. (f^ 403).
Tailles, Renies et Forfait. La Baillie de Vitry. De la censé des
Juis de ladite Baillie à la Touzscins 88. XL lib. (f® 406).
Communs despens. El pour Amelin qui fu prevoz pierre de Bar-
bonne, à Paris, au pallemant de la Penthecouste, pour anfounnerla
cour quomant li sires de Greci avait usé des Juis de Ghastillon es
quex il metoit débat, VII lib. — A Jeban Rebez prevost d'Espernai.--
et pour faire unes fourches pour pandre 4 Juif, Vsolz [{'^ 4H, l^^co^-
Baillie de Ghaumont. Despens. De la censse des Juis de la à\l
Baillie à la Touzsainz 88, senz les Juiz de SouUennes, XLVIII 1. S
sols (fmc).
xV IIL
(Bibliolh. nal., ms. Ut. n<» 9017, f» 57).
Relevé d'un compte des Juifs du Poitou et du Périgord, vers 12965
Brecoere\
1.
DantJoce grosse Teste, x
Ester sa fille »
Dant Ysaac
Gressant son gendre. . »
Thoarz «.
Dant Vivant Gohein . . »
Judas de Ranton »
Ysaac fiuzmestreJoce. »
Ilelyot son frère a fine.
Orval.
s.
^' Samuel xii
5
72
,) Mortagne '.
20
» Dame Sare, Ysaac et
29
D Mosse ses anfanz — »
Ty fanges \
28
40
3o
-' Dant Mosse Kelot.
» PiperauU
14
60
Sa veuve xii
Marton\
Salcmon de Marton lxxvii »
Diex le gart son liz. . . vu 15
Gressant son gendre., iv 15-
Bonne sa fille » 12
Mont'Morel\
Rika la veuve « 44
Ballitia Petragoricensis ad Turonem.
Bona Ghose
21
Aubeterrt''
Aaron le fiuz mestre
Joce le Gohen
VII
15
ji
Sanson
VIII
65
1!
Reynela veuve
1
Aaron le Grant
»
43
»
« Brcssuirc, dép. des Doux -Sèvres.
« Thouars, dép. des Deux-Sèvres, arr. de Urcssuire.
* Morlognc-sur-Sèvrcs. dép. de la Vendée, arr. de La Roche-sur- Yon .
* Tyfaupes, mOme arr.
* ChareuU\ arr. d''AngouU^mo.
" MoQimorcau, arr. de Barbezieax.
' Auboicrro. arr. de Barbczieux.
LES REVENUS TIRÉS DES JUIFS DANS LE DOMAINE ROYAL 245
Chalais K Semuel et Helyes » 30 »
?"" »'°>;i«° • ^^ ^l » La Tour Blanche •.
Cressant Cahen » 77 » ^ , ^ ,. ^
,v » r • .^ Dant Leoa de Roufec. . » 30 »
Donnaul son frere » 42 ^^ ryaui.xjcuu uc axuixic^.. *» ou
Ysac la borde? » 42 » Croeignac^.
Peral*. Joce le fiuz Mosse Es-
Bonne chose Cohen. . . » 34 » truguet » 49 »
Aaron le fiuz a mestre. » 26 » Donnin » 45 »
Sennecourt. Bueigne.
Dint Samuel » 39 » Cressant ii 44 »
NO IV.
JOURNAL DU TRÉSOR DU LOUVRE.
(Biblioth. naUoD.,ms. lai. d» 9783).
Extraits relatifs aux Juifs" : 21 juin 4298 à 48 avril 4299; 5 mai 4299
à 16 mars 4304 ; 4 mai 4301 à 30 décembre 4304 •.
RECEPJA.
1298.
[Po 75 fl, col 4]. Sabbato 24^ die Junii.
livr. 8. den.
1. De tâllia Judeorum Campanie per Robertum Hobe
servientem Castelleti et Vivandum de Trecis
Judeum 960 » »
libres Turoneuses
2. DeFantino judeo de Campania pro tallia sua 24 10 »
3. De IlaquiQo de Fera de ballivia Viromandensi pro
eodem 20 »> »
4. De Samuele de Roy a judeo et ejus genero quondam
de dolalicio regine Margarite defuncte per Guil-
lelmum de Espovilla de ballivia Gisorcii pro
eodem 140 » »
5. DeThyerma de Corbolio judea de eodem dotalicio
pro eodem per Danyelem Britonem 41 5 »
^. De Amando d'Avalon judeo pro eodem 4 » »
« An. de Barbezieux.
« Le Perat, dans la Charente.
* La Tour-Blanche, dans la Dordop:ne, arr. do Ribcrac.
* CroiTcac, commune de Saint-Astier, Dordop:ne, arr. de Péripuoux.
' Lef comptes de chaque année ont leur numérolation particulière et sont divisés on
kax parties : 1» Recepta (recettes); l'^Expensa [dépeuses]. Lu foliolation du manuscrit
st iaàiauée en têlc de chaque pani^raphe, la lettre a (l«*si^'iiunt le recto, ^ le verso.
* L«s comptes de 1206, fréquemment mentiuiiDés dans l'article, ont été publiés par
I. S. Havet (Bibl. de l'Ecole des Chartes, 1884, p. '2;);") et suivantes).
246 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
livr.
7. De quodam judeo Baioceosi per magistrum Petrum
de Gornayo UQum ciphum argenteum ad pedem
deauratum ponderis 4 marcarum 2 unciarum et
dimidie valentium 4 libras turonenses pro marco. 17
8. I)e tallia Judeorum ballivie Biluricensis per Perre-
quinum de Milli judeum ! 30
9. De residuo subventionis xiiii<» Judeorum ratione
exercitus et armorum ballivie Trecensis de Vi-
vancio judeo 20
40. De eodem Vivancio pro Johanne Rollando pro
eadem subventione 25
44. De ballivia Arvernie per Girardum Ghauchat pro
dicto residuo 43
42. De ballivia Rotbomagensi per Balduinum Poutrel
pro eodem residuo 32
43. De ballivia Gisorcii per Guillelmum de Espovilla
pro eodem 42
14. De roellis Judeorum Parisiensium pro termino
Omnium Sanctorum 97 per Danyelem Britonem
qui eas émit .->o
45. De roellis Judeorum ballivie* Bituricensis per Per-
requinum judeum 35
16. De roellis Judeorum Gampanie per eumdem Rober-
tum Hobe qui eas émit 400
47. De emenda Vitnli judei qui fecit vulnerari et in-
carcerari Renaudum Monacbi servientem Cas-
telleti 50
48. De emenda Sonini judei de Gastro Therici pro eo
quod falso sub nomine Marescalli Gampanie fecil
scribi magistro J. Glers falsas litteras et sigillum
apponi fecit per dictum Hobe servientem pro
parte 50
49. [F^lbb], De emenda Manasseride Espernato judeo
pro quadam inobedientia dicto magistro J. facta. 6
• [Fo 17 b, col. 2]. Ociobris jovis 23« die,
20. De subventione xiiii« Judeorum ratione exercitus
et armorum in eadem ^ ballivia per eumdem cle-
ricum* pro dicto Egidio 31 1. 44 s. 6 d. parisien-
ses computatœ valent super regem 39
[F* 49 a, col. 2]. Novemiris jovis 6» die,
24. De Kaloto Judeo de summa de 500 1. t.sibi mutuo
traditis per Luparam primo die septcmbris pro
^ Orléans.
* Jean, clerc do feu Gilles Casûn, receveur de la Baillie d'Orléans.
LES REVENUS TIRÉS DES JUIFS DANS LE DOMAINE ROYAL 247
livr. 8. den.
communitate Judeorum computatas in cedula
facta Ticesima secunda die octobris super regem. 400 » i>
^^ 24 a, col. 1]. Novemhris dominica 30« et ultima die.
De fînatione Judeorum Parisiensium per Danyelem
clericum compulatœ super regem 200 » »
[F* 24 a, col. 2]. Decembris mercurii 3» die.
De fînatione Judeorum ballivie Aurelianensis per
Symonem de Gurcellis prepositum Aurelianen-
' sem computatœ super regem 600 » »
[F^ 25 a, col. 2]. Decembris mercurii 40^ die.
De fînatione Judeorum ballivie Trecensis per Ha-
gyn de Pruvino et Vivandum Godemare Judeos
computatsB super regem 17 5 »
De Kaloto Judeo pro eo residuo de 500 1. t. sibi
mutuo traditarum per Luparam pro communi-
tate Judeorum computatœ per dominum Odar-
dum de Gbambli, militem qui debebat eidem
judeo super regem cumalio 6a die de novembris 50 » »
[F<> 25 b^ col. 2]. Decembris veneris 42» die.
De fînatione Judeorum prepositure Silvanectensis
par J. Tipbanie servientem régis 60 1. 4 s. 2 d.
parisienses computatsB valent super regem 75 4 »
[F® 26 a, col. 1], Decembris veneris 42« die.
De fînatione Judeorum ballivie Trecensis compu-
tata" per ballivum ibi Balduinum Tiroul de Lau-
duno super regem 600 » »
[Fo 27 b, col. 2] Decembris lunœ 22» die.
De fînatione Aquinî Judei dotalicii fugitivi 1. t.
computato) per Danielem clericum super regem;
valent 66 1. 8 s. parisienses 83 » »
[F<> 28 ^, col. \]. Decembris mercurii 24« die.
De fînacione Judeorum ballivie Turoncnsis pro
ballivo ibi Jaquelino Troussel computatro per
Jobannem Alberti de Turonis super regem va-
lent 8< 9 1.8 s. parisienses 4024 5 »
[Fo 28 ô, col. 2]. Decembris sabbato 27« die.
De Judeis dotalicii defuncte regine Margariteper
Danyelem clericum computatas super regem va-
lent 183 1. 5 s. parisienses 229 45 »
F^ 28 ô, col. 4). De roellis Judeorum prepositur
258 RKVUE DES ÉTUDES JUIVES
Uvr.
re Petrefontis computatau per Pasquenim cle-
ricum prepositi ibi super regem valent 6 s. 10
den. parisienses; 8
32. De finatione Judeorum ballivic Yiromandensis per
Bernardum de Noyentel computatœ super regem
valent 166 l. 8 s. parisienses 208
1298-1299 (N. STTLB).
[F« 34 Uy col. 7]. Veneris 46« die JanuariL
33. De finatione Judeorum ballivie Vilriaci per Niche-
laum Amoretes et Vivandum de Sancto Medardo
Judeum computate super regem valent 304 1. par. 380
[F® 34 a, col. 2]. Januarii jovis 23« die.
34. De iinatione Manasserii de Sancto Florentino judei
per Ilagin de Corbolio judeum computatœ super
regem 10
[F» 38^, col. 2], Mardi jovis 42» die.
35. De finatione Judeorum ballivie Vitriaci per Vivan-
dum de Sancto Medardo judeum computatœ su-
per regem 455
[F® 39 b, col. 2]. Mardi mercurii 48« die.
36. De finatione Judeorum ballivie bituricensis com-
putata> per Arnulphum Guarelli pro ballivo su-
per regem : valent 449 1. 48 s. 5 d. par 212
[F» 40 a, col. 2]. Mardi lune 23» die.
37. De finatione Judeorum ballivie Arvernie per Johan-
nem de Ferreriis et Perrequinum de Sancto
Dionysio judeum computataî super regem 244
[Fû 40 h, col. 2]. Mardi martis uUima die.
38. De finatione Judeorum ballivie Arvernie per Johan-
nem Chauchat pro ballivo ibi... computatae
super regem 455
[F" 44 a, col. 4j. Aprilis veneris 3» die.
39. De finatione Judeorum ballivie Yiromandensis com-
putatœ per Gilbertum Boyvin pro ballivo super
regem. Valent 420 1. 40 s. 5d. par 525
40. De roellis Judeorum ejusdem ballivie computate
per eumdem Gilbertum pro ballivo super regem. 45
[F»» 43 a, col. 4] Aprilis jovis 46» die in cena Domini,
14 . De finatione Judeorum ballivic Silvanectensis com-
LES UEVKNUS TiriÉS DKS JUIFS DANS LE DOMAINE ROYAL
Uvr.
putatœ per Philippum servientem régis a Ponte
Sancte MûxeDCie super regem; valent '208 Lpar,. 260
42^ I>€ îôellis Judeorum preposiiure Parisiensis per
eumdem Danyelem pro termino Omaium Saac-
torum 97 computatœ super regem 50
45. J>e Salone de Vernooe judeo dotalkii defuncle ra-
cine Margarite computata3 super regem per
X>aDyelem clericum — ,,.,,... 60
EKPENSA.
1298.
[F® 84 a, coL 2]. Sepiembris lune prima die.
44. Kalot^iis judeus pro muluo sibi facto pro commu-
■ jxi t-^ite JudeoruDQ computaUr per se super regem
^ i'^cl4eodLh* ad proximos Omnes Saoctos. ....«.,,, 500
ki ^is. X>^ eodem monelagio >;pariâieûsi per Kaloluoi
i<-ic±«um. L t. compulatœ per eumdem B. super
^^^^m valent iU h par 530
[F« 38 à, coL 2], Dêcembfis sabbaio 27« die,
DBtii^l dericus predktus pro vadiis suis super Ju-
^^^«^s de anno fiiiito ad Omnes Sauctos 5 s. t. per
iî^i^JdicoiDputata per se 91
'Et pro expensis factis in negoiiis Judeorum
oontiputaia^ per eumdem Dauielem super regem,
*iei<±ucende de receptis Judeorum, valet totum
^ ^3 1. et 5 s. par. , 2«9
1209 (Qouv. style).
.^^Sa^ coL 2 à 35^ coL \]. Fibruarii dominiça 15« die.
t6. C^^^'^^s super regem per cedulam magistri Jo-
^anni Giers pro domioo Gaîcherio de Caslellione
pto denariis quos recepit a Judeis de tallia Cam-
pauic in pluribns pro facta guerre ibi 480
El a Petro de Boucli aiilite ballivû Galvi Mon-
tiflde subsidio xiv° Judeorum 68 L 4 s. 3 d. lu-
rofleoses ' 68
Et reddidJmus lotum régi sub litulis suis per
Ddayelem clericum qui attulii cedulam.
[F« 39 (f, col. 1]. Mardi jotis 4î« die,
^l Opjmus super regem in expensis pro Judeis pro
denariis Irgditis per Danyelem clericum Mossetto
de Forniciis el Savureto de Sanclo Diooysiô Ju-
deis pro expensis suis lu aegotiis Judeorum t-i
17
280 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Uvr. s.
Et reddidimus régi de Judeis defuncte regine
Margarite per eumdem Dan3'elem.
[F") 43 a, col. à]. Sahbato 18<> die aprilis in viçilia Paseke.
48. Cepimus super regem in expensis Judeorum pro
denariis per Danielem traditis Savoreto de Sancto
Dionysio judeo pro expensis suis in negotiis
Judeorum I î» t>
et reddidimus régi de Judeis dotalicii defuncte
regine Margarite.
REGEPTA.
1290
[F« 44 a, col. i\. Maii fnartit 5^ die.
I. l)e tallia Judeorum ballivie Aurelianensis pro Sy-
mone de Curcellis preposito Aurelianensi 32 1. p.
computate per Johannem de Fonleblaudi super
regem 40 »
[?<" 46 è, col. i]. Maii ttneris f9 die im crasdmo
Asansiomis.
S. De finalione Judeorum prepositure Silvaneclensis. 64 14
De roellis Judeorum ibi 6 15
tota" computalïe per Johannem Theopbanie super
negem valeni 57 1. 3 s. â den. parisienses.
(F» S6 h, col. 2;. yiriitt martis 23' die tA rigUiA Saneii
JokûMMis.
3. IV debitis ballivie Gisorcii per llicha^l Judeum de
Vemoîio 180 »
computattT super ballivium Gisorcii raient 1441.
parisiense^.
[P^ S7 è, coL i\ Jmmu d^omimiim ^' die.
k De tallia seu ânatione Judeorum balIiTie Seno-
nensis pro bailivo ibi per Guillelmum de Dici
300 1, p. coc^pulata^ super repein 375 »
T* SS tf , cc'l. ?; Jw^iikTîs î* du,
^ De finalione Judeorum ballivie MaUsconensis per
Robenum clennim bailivi super rtjjera îTô 1 0
P >s K co:. V ,7«;4i MMrif 5» die.
f. IV f.natione Juieoram baUivîe Ambrianessis per
baiilrum ib^.. IM 1. S s, ^ ù, par. odapuuu
Talent suiier Kigienou II3 »
|,ES REVENUS TIRÉS DES JUIPS DANS LE DOMAINE ROYAL
livr.
251
deo.
P« 94 a, cûU i]. Auffusii lunm uUima die^
De finatione seu tallia seoescaltîe BelHcadri de ter-
uxïoo Omnium Sanctorum 98 computata per ma-
^istrum Pelrum de Biterris pro senescallo super
re^^ni valeni 304 lib. 13 s. 10 dea. par..^ 380 17 i
[F^ 97 fl, coL !]. Octohns mariis G'* die.
e flnatione seu lallia Juiteorum senescallie Agen-
neiisis per Bernardum de la Devese receptorem
ilji crompulala super regem f37 6 <
I>^ roellis Jadeorum Ibi per eumdem Berna r-
dixxxi. computata super regem 27 5 5
|;P*403fl, coL 2], Novembris sabhaio M" die.
\ fînotione Judeorum ballivie Silvaiiecteûsis de
tenmpore Johannis de Maria Gl solidos 7 den, pa- »
risi^Eses computata* per eumdem Philippum *
valô n t super regem •> 77 »
1>^ roellis Judeorum ibi computata per eum-
denm Philippum super regem vaïeat 7 1. 49 s,
S de XX . par - , . 9 49 3
[F"» 404, col. t], Novembris jodis 49» die.
Tiis ievatis a Judeis ipsius domini Karoli
entes suos posL vonditionem ipsorutn 9ti) » »
computalt^ per eumdem Jobannem Kesnel super
[po lOi J, coL 2], Nofiemlfris veneris SO'» die.
De Judeis quos rex émit a domino Karolo fralre suo
computata» per Daûielem clericu m super regem. 292 » »
[F<> 408a» coi. 4]. Decembris jovisim die.
DeÛnaiîone seu tallia Judeorum ballivie Trecensis
per Hagin de PruviDo et Vivaudum Godemare
judeas computata super regem 61 45 »
Decembris teneris 44*» du.
De finûtione Judeorum ballivie Trecsosis per Hagin
de ?riivino et Vivandum Godemare computatîP
super regem.*....*. 10 » »
[F« 408 a, col. % Saèbaio H^ die.
, Dfe finatione Judeorum seu tallia ballivie Seno-
ûflûsis pro Guillelmo de Dici de tempore quo erat
îHtpositus Senonensis 200 L par. computatte per
iipF«»d«Btllo MAiieriû.
2ÎJ2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
livr. s. i
Petrum de Dici super ballivum ScQoneDsem per
cedulam curie 250 »
[F* 108 èj col. 2]. Decemhris jovis I7« die.
15. De Samuele Viole judeo quem rex émit a domino
Karolo fratre suo computatœ per eumdem Tho-
mam super regem 300 ^
[F« 2 a, col. 2], Decembris sahbato 26« die,
16. De tallia Judeorum (Tholose) per predictum Symo-
nem quorum partes sunt reducicje in computo
. senescallie Tholose de 97 809 » s
Et in computo senescallie ejusdem de anno ic. 496 » «
[F« 2 b, col. 2]. Decembris mercurii 30» die,
47. De Judeis comitatus Valesie quos rex émit a do-
mino Karolo fratre suo computata per Johannem
de Ferreriis et Bernardum de Galvo-Monte ju-
deum super regem ; valent 373 1. 16 s. par 467 5 n
[Fo 3 a], Decembris jovis 3«a die.
48. De quibus reddidimus régi in locis suis de tallia
Judeorum senescallie Yasconie de predicto anno. 60 » 21
Et Senescallie Petragoricensis 464 > 12
1299-1300 (Qouv. style).
[F» 3 b, col. 2]. Januarii marlis 5« die.
49. De finatione Judeorum prepositure Parisiensis
computata per Daniefôm clericum Francie régis. 244 12 ï>
[F<> 4 b, col. 2]. Januarii teneris 43« die.
20. De Judeis quos rex émit a domino Karolo fratre suo,
totœ computatœ per Hobe servientem Castelleti
Dayotum de Sayia judeum super regem 4 938 » »
De roellis eorumdem Judeorum computata)
per eodem super regem 92 » »
[F® oa, col. 4]. Januarii dominica 17« die.
24 . De judeis dotalicii regine Margaritaî defuncte 249 7 6
tota computata per Danielcm clericum super
regem ; valent 475 1. 40 s. par.
[F» 5^, col. 4]. Januarii veneris 22» die.
22. De finatione seu tallia Judeorum ballivie Galvi-
montis 492 * »
tolœ computatiP. per Fantinum judeum de Barro
super regem ; valent 393 1. 42 s. par.
LES aeVENUS TIKES DES JUIFS DANS LE DOMALNE ROYAL
tivr. s. 1
[F« 6a, col. i]. Januarii lune 25« die.
De fioatione Judeorum ballivie Yilriaci computala
per Haquinum du Tour super regem . . .* 450 7
valent 360 L 5 s. 7 d, pan
6 ^, coL 4], Feàruarii imrctirii 3* die in crasHno
Candelose,
1^ De Jtxd^is dotalicii regine Margarite defuncte per
Dani<êlem cïericum 104 L p. coraputatie super re-
I geoi ^valent , f *9 *»
I [F<> 7 h, coL 2]. Februarii lum 8» die,
t Defînatioûe seu tallia Judeoram ballivie Ambia-
Bensis Î9i L p, compulata per Johanoem Londe
, pTo ballivo Petro de Hangesl; valent super regem. 21-2 tO
^p7i col. 2]. De roellis Judeorum ejosdeoi ballivie
IQO sol. parisis computala per eumdem Johaii-
uem pro eodem ballivo ; valent super regem. . . , 6 5
[F" 8 a, coL 2]. Feèruarii Jovis M» die.
De fioatione seu tallia Judeorum ballivie Viroman-
densis in prepositura Montis desidcrii per Jaco»
bura de Ilagest prepositum ibi pro Gileberlo
Boy\io computata super regeoi. 3î)9 18
De rocUis Judeorum ibi .*....,...,,.. 8 %
compulata per eumdem Jacobum pro eodem Gi-
leberlo super regera.
fl-
»
[F» 7^, col. 4]. Februarii vemris \t^ die,
^ De fînattooe seu tallia Judeorum ballivie Viro-
mandensis in prepositura Perone 61 U 8 s. G d.
par. computala per Heuricuoi servieDtem PeroDe
pro ballivo Viromandeusi valeut super regem. . . 76
De roellis Judeorum ibi 8 L fi s. 6 d. par compu-
tala per eumdem Heuricum pro eodem ballivo;
Taleot super regem 10
De Ûnatione seu tallia Judeorum ballivie Trecensis
computata^ per ballivum ibi Baldouinum Tyroul
super regem * <oûo
Deeddem finatione (Judeourm) bailivie SenoDeosis. 12ii
computatae per Johannem de Veuoyse et Per*
rotum de Suri pro ballivo super regem
Summa xviii' xli' iv s. par,
[F» 8^, coL t\* Fthruarii sabbaio 13» die.
.«t 31. De ûnatiotie Judeorum ballivie Caletî.. 4218
14
254 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
livr.
computata pro ballivo per Guillelmum cleri-
cum suum super regem.
34. De roellis Judeorum ibi * 6 \ '^■
computati per euindem H pro eodem ballivo
super regem.
35. De finatione Judeorum ejusdem ballivie Viroman-
densis in preposilura Roye 80 3^
computala per Aubertin de Villare pro ballivo
super regem.
36. De roellis Judeorum ibi 52 ^
computata per eumdem pro eodem ballivo su-
per regem.
[Fo 9 a, col. 51]. Fehruarii lune 45« die.
37. De Judeis dotalicii regine Margarile defuncte 65 l.
p. computata per Danyelem clericum valent su-
per regem 80 2o
[Po 9^, col. \]. Februarii mercurii 17» die.
38. De finatione Judeorum ballivie Silvanectensis 798 9
computata per Philippum servientem Francie
régis.
39. De finatione Judeorum ballivie Bituricensis pro
ballivo 4500 »
computata per Arnulphum Guarreau de Bitu-
ris super regem.
[F*» 9 b, col. 2]. Februarii vefieris 19» die,
40. De finatione Judeorum ballivie Turoncnsis pro bal-
livo ibidem Jaquelino Troussel 2077 9
computata per Johannem Aubertum super re-
gem.
[F® 40a, col. \]. Februarii vetieris 49» die.
44 . De Samuele Viole Judeo de Rothomago empto a
domino Karolo fratre régis 300 />
computatœ per Thomam clericum Baldouini Pou-
trel super regem.
Februarii luna 22» die.
42. De finatione Judeorum ballivie Ylromandensis in
prepositura Sancti Quentinl per Renaudum de
Gavecb pro ballivo 86 43
computata super regem.
^ Prévôté de Chauiiy, bailliage de Vermandois.
LES REVENUS TIRÉS DES JUIFS DANS LE DOMAINE ROYAL 255
11 vr. 8. den.
[FM 0 a, col. 2].
^5- De roellis Judeorum ibidem per eumdem Renau-
dum à 46 8
compulata super regem.
*^- De finatione Judeorum ballivie Vitriaci pro ballivo. 500 » »
computatœ per Haquinum de Tours super re-
gem.
[F^ 10 b, col. 2]. Febmarii mercurii 24» die,
^^. De finatione seu tallia Judeorum ballivie 'Galvi-
montis 265 » »
compu taise per Fantinum de Barro judeum su-
per regem.
[F<> h\ by col. 2]. Mardi marlis *« die^
i6. De tallia Judeorum ballivie Vitriaci per Haquinum
de Tour Judeum 50 » »
computate super regem.
47 et 48. De judeis emplis a domino Karolo fratre régis 630 » »
compulata) per Robertum Hobeservientem Gas-
telleti et Dayotum de Sagia judeum Francie
régis.
[F» 43 a, col. 2]. Mardi jovis 10« die.
49. De Judeis dotalicii regine Margarite defuncte per
Danyelem clericum 63 45 »
computata super regem.
[F" 13^, col. 4]. Mardi mercurii 46« die.
50. De finatione seu lallia Jacobi de Flessicour Judei
ballivie Ambrianensis pro personna sua 25 » »
computatu) per se super regem.
EXPENSA.
1299.
[F^ 48 a, col. 4J. Junii mercurii 3« die.
51 . Abraham deFalesia et socii sui Judei pro expensis
factis in negociis Judeorum 75 » »
computato) per Danyelem clericum Judeorum
super computum Judeorum.
[P« 86 a, col. 2]. Junii jovis 48» die.
52. Johannes de Ribemont pro pensione sua super Ju-
deos pro termino Omnium Sanctorum 98 40 » »
computatœ per se super regem in expensis Ju-
deorum.
256 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
livr.
[F« 88 J, col. I]. Juliijovis 2« die.
53. Dominus Karolus frater régis pro emptione Judeo-
rum suorum quos rex émit ab eo 5000
computatœ pef Johannem Kesnei, clericum
suum super regem per litteram régis de
45,0001. t.
[Fo 88*, col. 2]. Juîii dominica 5« die.
53 bis. Dominus Karolus frater régis pro emptione Ju-
deorum suorum quos rex émit ab eo 5000
computata) per Johannem Resnel clericum suum
super regem valent 4,000 1. p.
[F» 90*, col. 2]. Juin sabbaio 48» die.
54. Dominus Chambliaci Petrus miles pro Samuele de
Quintre judeo suo quem vendidit régi 350
computatœ per dominum Robertum capellanum
suum super regem.
[F« 90*, col. 4]. Juin inartis 14a dU.
55. Ealotus judeus pro expensis suis in negociis Ju-
deorum ex mutuo 400
computatœ per se super regem.
Juin mercurii hï^<* die.
56. Dominus Karolus frater régis pro emptione Judeo-
rum suorum quos rex émit ab eo 4000
computata) per Johannem Kesnei clericum suum
super regem cum aliis.
[F® 94 *, col. t].Juliijovis 30« die.
57. kalotus judeus pro negociis Judeorum expediendis. 600
computataî per se super regem in expensis Ju-
deorum.
[F» 400 a, col. 4], Octobris sabbaio ultima die.
58. Daniel Brito clericus pro negociis Judeorum 25
computatîD per se 42 a die octobris super re-
gem in expensis Judeorum.
[F® 405 a, col. 2]. Novembris sabbaio 24 « die.
59. Daniel Brito clericus de anno finito ad Omnes
Sanclos 95,5 s. t. per diem 9i
computata per se super expensa Judeorum.
[F» 408*, col. 4]. Decembris marlis 45« die.
60. Magister Johannes de Ribemont pro pensiouQ sua
LES REVENUS TIRÉS DES JUIFS DANS LE DOMAINE ROYAL 257
livr. s. den.
quam capit super Judeos de anno fiaito ad
Omnes Sanctos 99 40 » . »
compulatfD par se super expensa Judeorum.
[F<» 3û, col. 1]. Decembris jovis ultima die.
ts, Cepimus super regem in expensis Judeorum
pro denariis reddiiis régi per Luparam iu com-
puto AsccncioQis 99 a tergo rotuli. De finatioue
Judeorum ballivie Senonensis per Guillelmum
de Dici, quae debuerunt reddi ballivo Senonensi
quae reddidit in summa de \<^ 1. p. in computo
suo 375 » »
valent 300 1. p.
1Q99-1300 (nouv. style).
[F® 4 «, col. \], Januarii martis 5<» die,
ter Judocus de Vermone et Galeranus Brilo clerici
pro scripturis in negotiis Judeorum K\ » »
computataî per Danyelem clericum in expensis
Judeorum.
[Po 11 a, col. 2]. Februarii sabbaio 27« die
Petrus de Belloforti pro nimis reddito régi de tallia
Judeorum Burdigalensium per computum Gé-
rard! Balene pro dicto Petro per Luparam in
computo Ascencionis 98 in summa dé 4000 1. t.. . 125 5 »
computatarum per se super expensa Judeorum
percedulam curie.
A AJOUTER AUX DÉPENSES!
[F» 86 a, col. 1]. Junii mercurii 17« die.
Dominus Karolus frater régis pro omnibus Judeis
suis quos rex émit ab eo
computata) pro prima paga per Jobannem Kes-
riel clericum suum super regem per cedulam in
computo Omnium Sanctorum 99.
[F* 104 b, col. 2]. Novembris Jovis 19« die.
Dominus Karolus frater régis pro Judeis suis quos
vendidit régi pro suo residuo de 20,000 1 5000 » «
compulatœ per Jobannem Kesnel clericum suum
super regem de quibus retinemus 900 1. t. quas
dominus Karolus debebat domino Gaslellio-
nis et dominus Gastellionis debebat tbesau-
rariis.
T. XV, N« 30. 17
288 REVUE DES ÉTUDES JWTES
li?r.
RECEPTA.
1301.
[F» 411 a, col. 4]. Maiijovis 4« die.
4. 1)0 Tallio Joceli lo Tort et Vivandi de Asneriis Ju-
deorum ballivie Silvanectensis collecta per Per-
rotiiin Vlviaui pro personnis suis per Jocetum
do Poutisara Judeuiii super regem »
IF« 4 42 a, col. i], Mail marlis 9« die.
î. Detalliaseu fiualione Judeorum ballivie Cadomi,
pro ballivo ibi, per Danyelem clericum 60d '^
conipulata* super regem.
3. [F^ 11^3 col. (J. De relicta Caloti Jadei pro quadam
tiuatione de 4000 1. t. ut dicitur, 17 a die aprilis
perse 400 »
Et t\^ aprilis per Hermaadum de Suessioai-
bus commoraDtem apud Rbotomagum 200 '>
(F» \ \8 b, col. r. Mail sabhalo «3« die.
4. l)e tallia Judeorum Senescallie Tbolosane per eum-
dem Nicolaum 4647 7
Et Senescallie Rulbeneosis per eumdem Nico-
laum 440 12
Maiiluw 45« die.
5. IV lallia Judeorum ballivie Aurelianensis per Pe-
irum lo Croslioune 265 »>
computatîv super regem. valent t\t i. p.
,F* 414 «« col. ij. Maiijovis ««• dU.
6« IV tallia Judeorum ballivie Senonensis per Petrum
do Suri ; 368 2
;F*^ H5,î, co: \\ Miiii sabhalo 20» die.
7, IV tAllia Judeorum balùvîe Bi;unoeasi$ de tempore
Rolvni Man^'rs 300 46
IV dioiv^ OrvM-^i^sani Coben Juieo cjusdem bal-
liT:o prv* porsv nua <ua » 1 1 5
IV Sair.ueîo Judoo ce Kxciduno ejosdem balH-
vio pro pojRs^Hina sua 23 »
ivwpuuu' per ^umàeiL ÎVtrum Lombanlum
supor n^m.
:F^ ns il, col 2 . Jftni w-yvrtî 24» dû.
^ IV ;^ IV.A J *:ùooru::: ^i,;:v:^^ B:;urk»eos;5^ 97ô »
iVT Svr^ck;,«a: vie Rv^ri«* s^emeaiesi Castel-
feu $Uîw ly^s:
LES REVENUS TIRÉS DES JUIFS BANS LE DOMAINE ROYAL 259
livr. 8. den.
[F® 115 èy col. 2]. Maiijotis 25» die.
>e tallia Judeorum ballivie Bituricensis S6 10 »
per Symonem de Boufûers super regem.
[Po 446 a, coL 4]. Junii veneris 2« iie,
t>e tallia Judeorum ballivie Bituricensis. 515 4 8
pro Roberto Maugars quondam ballivo ibi per
Jobannem Bidault clericum suum super regem.
IF® 147 ày col. 4]. Junii veneris 16« die.
De tallia Judeorum ballivie Malisconensis 460 » »
pro defuDcto ballivo ibi domino Jobanne de
Sancto Dionysio per magistrum Michael clericum
dicti defuncti super regem.
[Fo 418 ^, col. 1]. Junii mercurii »8» éUe.
De tallia Judeorum ballivie Viromaadensis 96 » »
pro ballivo Petro Guiilelmo de Crandelayn.
De roellis eorumdem 24 » »
per eumdem Gui super regem iulocis suis.
[F"^ 118 ^, col. 2]. Junii veneris ultima die.
De tallia Judeorum ejusdem ballivie (Trecensis). . . 707 10 >>
pro eodem ballivo per eumdem clericum super
regem.
[po 119 a, col. 1]. Juin dominica 2» die.
De tallia Judeorum ballivie Arvernie 400 » »
per Girardum Gbauchat pro ballivo ibi super
regem.
[Fo 119^, col. 1]. Juin mercurii 5« die.
De tallia Judeorum ballivie Senonensis 80 37 »
per Richardum valletum Guillelmi de Atbiis
pro Petro de Suri super regem.
[Fo 119^, col. 2]. Juin Jovis 6» die.
De tallia Judeorum ballivie Bituricensis 245 » *
computalaî per Symonem de Boufûers servien-
tem Gastelleti super regem valent 196 1. p.
[F*> 60 by col. 1]. Augusti dominica 6« die.
De tallia Judeorum ejusdem ballivie (Trecensis). . . 30 3 8
pro eodem .ballivo per eumdem clericum super
regem.
54 a, col. 2]. Augusti lune 14» die in vigilia Assuvip-
tionis Béate Marie.
Ballivia Gisorcii : de tallia Judeorum ibi. 2S0 9 i
260 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
11 vr. 8. de
De roellis Judeorum 75 47
computata pro ballivo Gisorcii per Johannem
l*ODcle valletum suum super regem.
[F» 52 a, col. 4]. AuçHêii jovis ulHma die.
49. De tallia Judeorum ballivie Bituricensis per Symo-
nem de Boufûers servientem Castelleti 280 1. p.
valent super regem 360 »
[¥• 65 à, col. 2]. Novetnàris jovU 2« die in eraslino
Omnium Sanctorum.
20. De tallia Judeorum ballivie Senonensis qui fuerant
in discordia intcr regem et dominum Blancham
de Britannia per Robinum de Monte desiderii et
Danielem clericum 219 47
computata super regem in quibus includuntur
85 regales auri quilibet pro 30 s. et 2 d. par.
quos babuit Jacob Lucet.
[Po 57 a, col. 4], Novembris dominiea 5« die.
21. De roellis Judeorum balliviarum Gonstancie et Ga-
domi 40 9
per Jobannem de Pistres clericum 22» octobris
super regem.
22. De tallia Judeorum ballivie Gadomi 4 37 9
pro ballivo ibi per Jobannem clericum suum
23« octobris super regem.
23. De relicta Kaloti judei de Rothomago per Herman-
dum de Suessionibus commorantem apud Rotbo-
roagum 48« octobris 300 »
Et 25» octobris 400 »
super regem.
[F* 58 b, col. 2]. Novembris dominiea 42» die.
24. De tallia Judeorum ballivie Aurelianensis 60 »
per Petrum de Crestienne super regem.
[F* 60 a, col. 2]. Novembris sabbato 48« die.
26. De roellis Judeorum ballivie Gonstancie 7 2
per Jobannem de Pistres super ballivum Gons-
tancie.
26. De tallia Judeorum ejusdem ballivie 30 >
per eumdem J. clericum ballivie super regem.
[F* 60 a, col. 4]. Novembris lune 20» die.
XI. De tallia Judeorum ballivie Turonensis 1 80 400
per Johannem Albertii ro ballivo super regem.
LES HEVENUS TIRÉS DES JUIFS DANS LH: DUMALNE HOYAL 26Î
livr. s, deu.
1 De tallia Judeorum ballivje Biiuriceusis JiO » »
per Symonem de Boiifllers saper regem.
9. De lailia Judeorum MUi vie Galeti ,.,, 757 10 »
permagistrumGuiUelmum clericum ballivi*
[F<> 423 a, coL i]* Decmnbris joms 7« ^itf.
D, D« Ullia Judeorum balJivie Anibriaoeosis * <36 19 ^4
pro ballivo ibi per Johannera clericum suum
super regem.
I* De roellis Judeorum ibi per eumdein J. super
regem — . 6 9 h
[F* 423^, col. \]. Dec&mùris saàùaio 0» die.
l. De lâllia Judeorum prepositure Galvimontis bal-
livie Silvanectensis 14 i 4
deieropore Jobauois de Maria, collecta per pre-
posUum ibidem per Slephaoum clâricum dicti
prepositi super regem.
I. De roellis Judeorum ibi ,......._ v 12 3
de eodem tempore per eumdem StepbauuKi su-
per r^gem.
[F<'426 &, col 1]. Decembrû sabbato^^^ die.
L Pc tallia Judeorum prepositure Parisiensis ....... » 65 i>
per Danyelem clericum super regem iu com-
pulo Judeorum.
EXPENSA.
1301.
[F* bTUt col* 2]. A^ovembris dominica S« die,
, Daniel clericus pro expensis suis iq negociis Ju-
deorum ....__,. , » *2 40
perse super ex pensa Judeorum compulata.
(?• 126 a, coL <]. Dicemhfis sahbaio 30** die.
Cepimus super computum Judeorum pro va d ils
Daoveli clerici ij s . i , per diem 91 & »
pro anuo fîailo ad Omoes SancLos 1301 et a
ïijoc usque ad jamariuni Va 10 >^
Summa. * tCl6 4S •»
i|tios reddidimus régi de tallia Judeorum pre-
positure Porisiensis per eumdem DaDyelem.
LA CORRESPONDANCE DE& JUIFS B'ESPABNE
AYEC CED! DE CORSTANTINOPLE
Il est quelquefois nécessaire d'enfoncer des portes ouvertes.
Parmi les personnes qui sont tant soit peu au courant de l'hii
toire des Juifs et de leur littérature, il n'en est aucune qui puisse— -^^
prendre un instant au sérieux la prétendue correspondance- — ^
échangée autrefois entre les Juifs d'Espagne et ceux de Constan
tinople vers Tépoque de rétablissement de l'inquisition en Es^*^"
pagne. On voit immédiatement que c'est une mauvaise plaisan»- "
terie, mais on en doit la preuve aux savants qui s'occupent d ^
l'histoire des Juifs au moyen âge sans avoir pu l'approfondir dam- ^
ses détails; quelque singulière que soit cette correspondance, il.^
ne sont pas suffisamment initiés pour en sentir tout d« suite Fal^ -
surdité, et c'est par égard pour des scrupules respectables qii.^
nous allons traiter ici ce petit problème.
M. A. Darmesteter [Revue, I, p. 119) et M. Morel-Fatio (fftitf - 1
p. 301) l'ont déjà examiné autrefois. Nous commençons par donner
ici le texte de cette correspondance d'après la plus ancienne édi-
tion qui en a été faite et qui a été signalée par M. Morel-Fatio.
Elle se trouve dans la Silva curiosa de Julian Medrano, imprimée
à Paris en 1583, mais cette première édition de l'ouvrage est
devenue rare, M. Morel-Fatio lui-même, en reproduisant Tune des
deux pièces dont se compose la correspondance, n'a pu le faire
que d'après une édition récente et qui n'est pas toujours très
exacte, à ce qu'il nous semble, de l'ouvrage de Medrano, les
autres versions qui ont été données de ces lettres diffèrent toutes,
plus ou moins, dans les détails, de celle de Medrano ; il ne sera
donc pas superflu que nous reproduisions celle-ci. Elle se trouve
p. 243-245 de l'édition princeps de la Silva curiosa et nous la
réimprimons ici presque en fac-similé *.
\TLo texte donné par Amados de Los Rios, dans ses Sttudios iohrê los Jmdioi dt
LA CORRESPONDANCE DES JiTIFS D*ESPAGNE 263
CARTA stoiiTENTE fm hallada par el ErmiUanm de Salamanca
•»» ias Archibos de T&ledo, buscando las aniiguidades de los Reims
^M$panna ; ^ pues tllû es sentenda, y notable quiero escribirte la
G ART A Di£ LOS lUDJOS D'EsPANNA A LOS DK GONSTANTINOPLA.
H^ IvDios honiTûdos, saludy t^racia, Sepades qtie el Bey d'Espanna
■P*^*" pregoii publico nos haze voluer Cbristianos, y nos quittan las
^^iazieDdas y quittan las vidas, y nos deslriiyen onestras Sinagogas,
y nos bazeu otras vexaliones las quales dos Licoeu codIusûs, y in-
^iertos de lu que debemos de bazer. Por la Lei de MorsKN os roga-
mos, y suplicamos teogais eu bien de bazer ayuntamienlo» y im*
^iarnos con toda breuedad la délibération que en elle buuieredes
H Chauoera Principe de los ludios d'Ëspanna.
r RitsruKSTA de los ludios de Çonsianlimpla, à los ludios €Espmna.
Amados bermanos en Moisen. Vuestra caria recibimos, en la quai
îic>s signifîcais los trabajos, y inforlunios que padesceis, de los
quales el seolimienLo nos a cabido lanta parte como a vos-otros. Eï
pareseer de los grandes Salrapas y Rabi es lo siguieiite.
A lo que dezis qu'el Rey d'Espanna os baze volner Christianos,
^u© lo bagais. pues ou pudeis bazer otro, A îo que dezis que os
ïûandan quilar vuestras haziendas, bazed vuesLros bijos mercadores,
par© que poco a poco les quiten las suyas, A lo que dezis que os
<îuîian las vidas, hazed vuestros bijos medicos y apolecarios» para
que les quilen las suyas. A lo que dezis que os destruyeu vuestras
^^p^fià, p, 204, se rapproche heuucoup* du nôtre» Voici la traduction partielle des
I *^*^x lellres. — Lfi juift d'Espagne à e«um de Constant inopU, , , Snchez que le
'^i (t'ËBpigne, par cri public, nous fuit devenir clirolicns, et on nous prend nof
bUnsiitQos viçSf ei on nous détruit nos synagogues, et on nous fait d^autres vfiia*
^^os.,, — Réfiome des Jmf* de Cfmiiantinople à ceuis d^ Espagne,, , Sur ec (|ue vous
^Uet quis le m d^Espague vous l'ait devenir chrétieni, faites-le, puisque vous ne
poqTez faire autremeni. Sur ce que vous dites qu'où vous ordonne de kissor vos biens,
fiUeà do vos ûls des marchands, pour que peu a peu vous leur preoiez les leurs
|l«i biens des Espegools), Sur ce que vous dites qu^ils vous prcnneiït la vie, lotiles
de vos ûls des médecins et des apothicaires^ et vous leur prend rei la leur. Sur ce que
vous dites qu'ils détruisent vos synagogues, faites de vos fils à&s prêtres et des ihéo-
^ hfçïtsks^ et vous détruirez leurs temples. Kl sur ce que vous dites qu'on vous lat|
i daiitree veialious, lâchez que vos Hls soient avocats, procureurs., notaires et conseiU
' l«», et qu'ils se mêlent toujours des aLTaires nubliqucs, pour que, en les assujétissant
' /1f# Eepag-ools], vous vous empariez du pays et vous pourrez vous venger d'cui. Et
na vous écartez pas de Tordre que nous vous doonous, car, par rexpéfieoce, vooa
Terrei qu/e d^'iliattiii vous an viendrai à Ôtra tenus pour quelque chose.
26i REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Sinagogas, hazed vuesiros hijos clerigos y theologos, para que ^^
destruyan sus templos. I à lo que dezis que os hazen olrasveiC^"
tiones, procurad que vuestros hijos seau abogados, procurador^^^
notarios, y consejeros, y que siempre eotendian en negotios €^^
Republicas, para que sujetandolos ganeis lierra, y os podais veng^ ^
d'ellos, y no salgais d'esta orden que os damos, porque por exp^ •
rientia vereis que de abalidos, verneis a ser tenidos en algo.
VssusFF. Principe de los ludios de Gonstantinopla.
Nous ne nous arrét(?rons guère aux objections tout extérieure^ :s
qu'on a faites depuis longtemps contre ces lettres ; elles circulaieim t
sous des formes qui différaient assez notablement Tune do Tautrt* ,
mais le fond en était toujours à peu près le même. Ce qui est plu ==5
curieux, c'est que Tauteur de cette singulière Centincla coair^Jt
los Judios^ que nous avons autrefois analysée dans la Revue,\^is
place à l'époque îles [)ersécutions dont les Juifs d'Espagne eurer* t
à souffrir sous les Visigotlis d'Espagne*, mais qui veut tri>i»
prouver ne prouve rien. Des clercs, avocats, procureurs jui Os
au vu*-* ou viii° siècle, c'est un peu trop de fantaisie.
Si la Centincla a une si haute opinion de ces lettres, il noia =>
parait d'abord certain que d'autres personnes ne leur ont p».=5
accordé la même importance. L'ouvrage de Medrano est un reçue î '
d'historiettes amusantes, pour la conversation galante des damera
et des chevaliers. On peut en conclure qu'en y insérant ces lettre^ »
Medrano ne les a pas prises bien au sérieux, mais plutôt pour uri
agréable jeu d'esprit.
M. Morel-Fatio a d'ailleurs démontré, sans réplique, que les deuS
lettres n'ont de sens que si on les applique aux Juifs d'Espagne :
on ne peut, comme on Ta fait maladroitement, les adapter à l'his-
toire des Juifs de Provence. 11 n'y avait pas, en Provence, assez
de Juifs pour que les mesures proposées i>ar les Juifs de Constan-
tinople pussent y avoir quelque effet; les plaintes adressées aux
Juifs de Gonstantinopie parleur correspondant d'Espagne dénon-
cent des faits qui se sont passés en Espagne, et dont on ne peut
trouver l'équivalent en Provence. Mais ce n'est pas précisément
nne bonne fortune pour ces lettres d'avoir obtenu tant de vogue
AA dehors, cela prouve déjà qu'il peut bien y avoir, dans leur fait,
supercherie et mystification.
Nous ne connaissons pas et n'avons pas à notre disposition
l'histoire des Juifs d'Espagne par A. de Castro (Cadix, 1841).
D'après M. Morel-Fatio, M. de Castro attribue ces deux lettres au
« R«vii€, VI, p. \VÔ,
LA OORHESPONUANCE DES JUIFS irESFAlii\E Û«ft
|<tariVLaal Martinez Guijarro, archevêque de Tolède tle 1546 à 1557,
(auteur d'un laineux Estafudo de liinpleza (ëdit de pureté) qui
I lîxduait des Ijtuiétjoes et iirebendes de rét^^lise niétropoïitaiiie do
Tolède les prêtres d^origiiie juive. Si cette attribution tétait iirou-
\é€. noire petite dissertation serait inutile, mais la preuve ii est
paa faite.
Voyons» d'ahord, quels sont les auteofs prétendus de la [îre-
iîii<''re lettre, Sont-ce des Juifs ou des Juifs néo-chrétiens, c*est-à-
iiiv déjà convertis au christianisme:? Évidemment, ce sont des
Juifs en»:ore juifs, nivn des néo-ciiréliens, puisqu'ils disent que !e
m a publié un édit pour les obliger à se faire chrétiens (donc ils
tte le sont pas)» qu'on détruit leurs synagogues (les nouveaux
chrt^tiofii n'en ont pas', et puisque la répon.se de Gonstantinople
)eur conseille do céder ù. la force et d'accept*-r le baptême,
Sites auteurs de la première lettre sont des Juifs, cette lettre
ment antérieure à raiinée 1492, époque lie rex(>ulsion
, jj des Juifs d'Espajxne. La letti'e est même rédigée de teiie
tortequ^elle dojine à penser qu'elle aurait été écrite lors de Tintro-
diidloii de rinquisition en Espajine, en 1480, et au fort de Témo-
lk)o que cette mesure produisit «lans le pa^s. Mais alors plusieurs
objtctîons se présentent.
L'impiisition a sévi conh*e les chrétiens on néo-chrétiens judaï-
«îits; ce qu*elle poursuivait, c'était le crime d'hérésie, ses juges
I étaient juges d'hérésie, hereticœ pravxtaliSj non d'autre chose,
iiniais elle n'a voulu obliger les Joifs à se taire chrétiens ou dé-
truira leurs synagogues, jamais non plus Ferdinand le Catho-
liçien'a publié un édit dans ce sens. C'est seulement au dernier
aiom**nt, en 1492, lors de l'expulsion, que le roi et Tinquisition
ont pu feouliailer (et encore!) la conversion générale des Juifs et
^r%r la destruction ou confiscation de leurs synagogues. Si
*im"la lettre avait été écrite avant 14!r^2, et i>ar des Juifs, elle
•foncerait une (M:'rsécution iniag inaire, ce qui est imp(jssible.
U elle été écrite immédiatement après la publication de Tédit
^'»?î|M,ilsjon de 1492, et les Juifs d'Espagne voulaient-ils savoir de
<widt> Gonstantinople s'ils devaient quitter le pays ou se 1:00-
^^ir jiour y rester? Nous ne tiemandons pas s*il leur restait
iv^v'4m temps pour envoyer à Gonstantinople et en recevoir uno.
' ' , le délai de «[ualre mois qui leur fut accordé pouvait suf-
'ir cela» mais leur lettre laisse-t-elle vraiment suppcïser
iietit sous la menace d'un si grave danger? Y parleraient-'
Ifc leurs synagogues et des h autres vexations w qu1ls supi^u-
'fttqui se penh^aieut, évidemment, dans la grandeur de la
«Wwtmpho qui se [irépare ? Pourraient-ils, dans ce moment de
i
266 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
profonde émotion, écrire cette lettre sèche et laconique que l'c^ Mi
a, et le rabbin de Constant! nople aurait-il le cœur assez froid pou&T
leur répondre avec tant d'esprit? Et enfin, ont-ils suivi le conse-ml
qu'il leur donne de se baptiser tous ? On sait que non, et s'ils m^
Font pas suivi, pourquoi sont-ils allés le chercher?
De toutes façons, le ton sec de cette lettre est fait pour étonner*
Ce n'est pas ainsi qu'écrivaient les Juifs de la fin du moyen âg^?^
leur correspondance est généralement prolixe, mêlée et surchar-
gée de centons bibliques. Si la lettre d'Espagne avait été écrite pa.:a
des Juifs au milieu d'une persécution, elle se serait répandue e :m:'
plaintes et, gémissements. Toutes les lamentations de Jérémie -^
auraient passé.
Que Ton veuille bien aussi faire attention à l'énoncé des quatr-^
persécutions d'espèce différente contenu dans la lettre d'Espagne,
il est impossible de ne pas être frappé du décousu de cette énum^-
ration et des contradictions qu'elle renferme. On ne peut pas «€-
mulianément baptiser les gens et les tuer ; si on les baptise, il
est clair qu'on prend leurs synagogues ; si ou les tue, il est clair
qu'ils perdent leurs biens ; de plus, une fois morts, ils sont i
l'abri, pour longtemps, de toute « vexation ».
Voici une autre objection et des plus graves. La lettre, nous
l'avons montré, si elle est authentique, ne peut pas être posté-
rieure à 1492, puisqu'il n'y avait plus de Juifs en Espagne après
cette date. Mais on sait que, jusqu'à l'arrivée des Juifs espagnols
et portugais, la cx)mmunauté des Juifs de CoBstantinople man-
quait de prestige, ni elle ni ses rabbins ne jouissaient de la
moindre autorité ou réputation dans le monde juif. L'Espagne
juive, au contraire, était fière de ses rabbins, de ses écoles, elle
se considérait, avec raison, comme supérieure au judaïsme des
autres pays. Et Ton veut que les Juifs d'Espagne, dans un moment
critique, au lieu de consulter leurs propres rabbins, soient allés
s'adresser au dehors, et surtout à cette communauté juive de
Constantinople, qui ne méritait aucunement cet honneur !
Ce serait tout autre chose si on nous disait que les Juifs espa-
gnols demandèrent à ceux de Constantinople s'ils pourraient aller
s'établir en Turquie. Il n'est pas impossible qu'ils aient entendu
parler du régime bienfaisant sous lequel vivaient les Juifs en
Turquie depuis la conquête de Constantinople, en 1453, par les
Turcs*, quoiqu'il ne semble pas que les Juifs en aient été bien
informés au dehors *. Il est certain pour nous qu'Elie Cap-
» Voir Graelz, VIII, 2- édil., p. 202, et, à la fin du Volume, notes 6 et 7.
* Les lettres d^Isaac Çarrati et de Salonique dont nous parlerons plat loin prot-
vent qu^on n'était guère informé de la situation des Juifs de Turquie.
LA COR RESPOî«D ANGE DES JLîtFS D'ESl'AGNE
287
lK^ dont on pourrait invoguer le k^moignage, a grandr»raeiit exa-
r " Mins faits qui se rapi>orlent à cette époque de riiistoire
Je Coustantiitople. 11 était fort porté à remphase. Nous
lions peine à croire quimmédiatoment après l^arrivée des Turcs,
b y ait eu, comme il le raconte, un si grand nombre de Juifs à
Constantiiiople» La communauté juive de cette ville, si elle avait
ié}kéié si populeuse avant 1492, serait devenue, après Farrivée
des émigrants hispano-portugais » immense jusqu'à Tincroyable.
De (»kiS| elle ne se serait pas laissé dominer et absoi-ber, comme
t\k Va fait, par ces émigrants, au point de devenir entièrement
esîmgnole. Il est sûr, dans tous les cas, que ni avant 1492, ni
jjême après, elle n'a possédé un corps rabbinique célèbre ou un
■Ma dont le renom ait été grand au dehors. Il est impossible
Pliles Juifs d*Eî^pagne aient pensé un seul instant à prendre
hris de ceux de Gonstantinople sur ce qu*ils avaient à faire.
Ivoire correspondance est donc incomprélieiisible.
Tout s*explique, au contraire, si on admet que nos lettres ont
été**cntes par un chrétien d'Espagne, au xvr* siècle, vingt à trente
ID5 au moins après Texpulsion des Juifs d*Espagite. A cette *'po-
queja communauté juive de Constantiuople avait déjà, sans doute,
aqais une certaine réputation dont le bruit avait pu se répandre
jusque dans TEspagne chrétienne. Dans tous les cas, il y avait alors
keaocoap de Juifs espagnols à» Constantinople, et on le savait en
Rçape* C'est pour cela seulement, à notre avis, que Tauteur de
nos lettres a imaginé de faire écrire par les Juifs d'Espagne à
m% de Constantinople, comme à des compatriotes. 11 ne savait
|M qu'il n'y avait pas de Juifs espagnols à Constantinople avant
r- savait pas davantage qu'avant 1492» les Juifs de Cons-
. ^^ ne parlaient pas lespagnol et ne pouvaient ni lire la
tore qu'il écrit à leur adres^^e ni rédiger la réponse en espagnol
' ■' " r attribue '. Cette erreur trahit un écrivain chrétien peu
i lit de l'histoire des Juifs, et qui, par ignorance, antidate
iiHivcment le.s faits et anticipe sur Tavenir.
I 11 PNt maintenant facile d'expliquer toutes les singularités de
ho& lettres.
jH^Ymttout d'abord pourquoi ta première des deux lettres est
^Siàimtim ukonim^ d'Elte Capsalt, Padoue, 1869, p. G à S et 13-13.
* iHil Uoo (|uc les lettres Boat une IradurdoQ de rhéhieu? Nous dcniBttdoiifi où,
pi lis ori^tDAux. qui tes a vus, qui a luii la Uaductioo, et qui (içoranllt que cette
«t fidèle? Tout le inonde jusqu'à ce jour a pris ces ieltres po'jr oriRi-
j m IVovcoco, on les a si ineti loasiiiér^es mmme lellcs^ que, pour les adupier
i!et Jtiifs provençaux, on q tradujL la pn^ttiière en provençal, c:t loiseé Ja
eipag^ol. — Du reste^ quaud co scrail une Lmductioitf celé ne chuogertit
268 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
si laconique et ce que signifient les quatre genres de persécutiorm^
qu'elle énumère et qui s'accordent si mal ensemble. L'auteur n'es*
pas grandement ému des persécutions contre les Juifs, puisqu'il
est chrétien et qu'en somme tout cela est fiction. De plus, toutl^
sel de son invention est dans la lettre de Constantinople, la pr^"^
miôre lettre ne l'intéresse pas, elle n'a môme de sens qu'âpre ^
qu'on a lu la seconde, les questions sont uniquement faites et ar - —
rangées pour préparer les plaisanteries de la réponse.
Les Juifs de Constantinople conseillent tout tranquillement au^^
Juifs d'Kspagne de se baptiser. L'affaire est bâclée d'un trait d^3
plume. Si Ton se rappelle les discussions passionnées que cett^^
question des conversions forcées a soulevées dans le judaïsme du-:»
moyen âge et auxquelles est même môle le grand nom de Maïmo
nide; si Ton se souvient de toutes les souffrances que les Juifs on""^
endurées pour l'ester fidèles à leur religion, on ne pourra jamai^^
croire que le rabbinat de Constantinople ait envoyé si allègremen ^*
au baptême 150,000 coreligionnaires. Cette conversion de tout ur"":i
peuple de Juifs aurait porté le deuil et la consternation dans, tou^^
les cœurs juifs. Mais Tauteur chrétien qui a fait «ces lettres n^^
sent pas ce qu'il y aurait de monstrueux dans le conseil venu d-^EB
Constantinople ; il n'en est pas autrement choqué. _
Les autres conseils du rabbinat de Constantinople sont aussi foi"^ t
étonnants. « Faites de vos fils des négociants » ; est-ce qu'il n'y e :^
avait pas déjà et suffisamment ? — « Faites de vos fils des méd(s^ -
cins et pharmaciens, pour qu'ils prennent la vie aux chrétiens *^ ,
comme s'il n'y avait pas eu déjà, en Espagne, un grand nombir^^
de Juifs médecins et pharmaciens, et comme s'il était si facil^3,
même à des médecins, de tuer les gens. — « Faites-en des clerc^s
et des théologiens, pour détruire les églises ; des avocats, procu-
reurs, notaires et conseillers, pour s'emparer du pays. » Cela est
vraiment commode à dire, et tout de suite ces Juifs baptisés vont
devenir les maîtres de l'Espagne. Ou l'auteur est hanté par le
spectre juif, comme les antisémites de nos jours, ou il s'amuse
tout simplement.
Et voyez comme ces Juifs de Constantinople, qui ne sont pas
encore des Juifs espagnols, sont bien informés des choses d'Es-
pagne I Leur conseil n'est pas un conseil quelconque, donné à des
coreligionnaires d'un pays quelconque, il est spécialement adapté
à l'Espagne et ne pouvait trouver son application nulle part ail-
leurs. Là seulement, à cette époque, il pouvait y avoir des prê-
tres, notaires, avocats, conseillers néo-chrétiens descendant de
Juifs. Il y a fort à parier qu'avant 1492, les Juifs de Constanti-
nople ne savaient même pas qu'il existait quelque part des fonc-
LA COHHESPONDAiVGE DES JUÏFS DliSPAGNE
im
llôRnaires de ce genre. Mi^me aujounlliui, en ce temps ûe cheniins
(Jt* fei\ de journaux et de téti^^raphe, il est à peine une commii
jiauté. juive ou autre, qui pourrait donner à ses corelijiionnaires
il*uii pays étran^^er, surtout d*un pays (i^loignt^, des conseils si bien
ïippropri»^s aux lieux et aux circonstances.
Nous ne nous arrêterons guère au sens du mot Gi^amorra, qui
Mt le prétendu nom du signataire de la première lettre. Ghamorro,
'^chamorra, est une expression injurieuse qui paraît signifier « t^te
chluve* w. Nous ne croyons pas que le mot ou le nom viennent de
lliébreu hamor (âne), on n*auraît gu^'^re transcrit le hét espagnol
i>arun ch^ les exemples d'une pareille transcription» s'il yen a,
doivent être bien rares. Bans tous les cas, ce nom est lui-même
une plaisanterie qui témoigne contre rauthenticité de ces lettres^
mal$ ce n'est pas tout. Un Juif espag^nol d*Espagne signait tou-
Joursayec son prénom et son nom de famille ; un Juif de Constan-
linople signait avec son prénom et le nom de son i>ère. Qu est-ce
que ces signatures uniquement composées d'un prénom ? Ce sont
te évéques chrétiens seuls qui signent ainsi, I/auteur de nos
teltres^ par ignorance et pour mieux déguiser son jeu, a libérale-
B»nt accordé le même privih^ge aux ctiefs religieux des Juifs ;
c'est une preuve de plus qu'il est chrétien.
Charaorra se donne pour le ç\\q( {principe) des Juifs d'Espagne,
mis il est certain qu'il n*a jamais existé de chetMes Juifs d'^^-
Wne. Il y a eu des chefs des Juifs de CasiUie^ probablement
aiteide ceux de la Navarre, mais non û'Espagnc. 11 nous parait
probable, quoique nous n'en soyons pas sûr du tout, que ïe titre
et roi iï' Espagne, qui est employé au commencement de la pre-
ai^re lettre, est aussi postérieur à 1492.
Usussf I c'est-à-dire Joseph) se donne pour le chef des Juils de
Conslantinople ï or^ on sait que ce fut Je rabbin Moïse Gapsali qui
fut le chef officiel des Juifs de Constantinople depuis l'arrivée des
Turcs jusqu*après 1492, il faisait même partie du divan. Si notre
*fi:onde lettre était authentique, elJe ne pourrait porter aucune
Itttre signature que celle de Moïse Gapsali.
La réponse de Constantin ople parle des a grands satrapes » des
Joi&. Qtl'est-ce que cela peut bien être? Rien quune bévue de
Tatitear, c'est de la couleur locale mise à contre-sens. Son prin-
ce pourrait être la traduction du mot hébreu naci, mais à cette
^Oftie, il n'y avait pas de naci à Constantin ople.
Oo le Toitt les fatt^» de persécution racontés dans les lettres,
' V«ir il«mi«, 1, p. 3Û4, note} Kayserlbg, S^^rdîm, p. 1H.
270 REVUE DES ETUDES JUIVES
les conseils donnés, le choix absurde de la communauté de Cozi^
tantinople, la forme des signatures, et jusqu'aux détails les plus
insignifiants prouvent que les lettres n'ont pas été écrites par
des Juifs, mais par un chrétien, et sont postérieures à Texpulsion J
des Juifs d'Espagne. On s'imaginait, à tort ou à raison, que les '
néo-chrétiens envahissaient toutes les fonctions ecclésiastiques et
civiles et toutes les carrières libérales. Il y avait des gens pour
s'en irriter et des gens pour en rire. Les premiers auront consi-
déré les lettres comme authentiques, leur haine en était flattée et
ils y mettaient de la bonne volonté; les autres les auront prises
pour une bonne espièglerie. Il faut convenir que la seconde lettre
est d'un tour spirituel, c'est ce qui a fait la fortune de cette cor
respondance.
L'article ci-dessus était déjà écrit, lorsque nous avons ea la
singulière bonne fortune de trouver (dans un ms. hébreux que,
dans une étude sur Josef Haccohen qui paraîtra dans ce numéro
ou dans le numéro suivant, nous désignerons par la lettre L) une
lettre hébraïque par laquelle^se trouvent confirmés, d'une façoB
inattendue et éclatante, tous les arguments qui précèdent. Nous
commençons par donner ici le texte de cette lettre et nous le
ferons suivre d'une traduction française. Nous reproduisons ce
texte exactement comme il se trouve dans le manuscrit, avec
toutes ses fautes et ses erreurs d'orthographe, nous en corrige-
rons quelques-unes dans les notes; il sera facile de rectifier les
autres à Taide de notre traduction.
Lettre des Juifs de Salonique '.
imy ï-7«Nnrî p^r? r-nsiip nsn^D "^siTarî "^saRS •^aiîa» -«Tiibô
ni^DTO» riT^mN "^nrD -^nrin "^-îno "^npn '-«bn^ra '■^n'^'r» '"^n-^aD 'n"^n«
^ Pour qu^OD puisse juger de l'abondance des versets bibliques enchâssés dans U
lettre, nous donnons ici la liste des principaux versets qui sont utilisés dans les pre-
mières lignes de cette lettre. -i73N *\m 'îl, Ps. 68, 12; — nsietn Kb, Pe. 9», 10;
— a:?n nD-.n ms^ iN'ûn «b, Ezéch.. 36, 30 ; — cna:? û'^c^n -^^c Bxode,
2. 13; — Û-^r^ïl ÛTrna, Ecclés. 4, 9; — rtmaî: Kb mnb, Nombres, 10, 33;
— '^'TialD bl^-^l, Ps. 16. 9 ; — ^ND"^ vby ITCa ^N. Job. 14, 22 ; — n^-irtî'^
'ai, Lamcnt. 1, 14 ; — lb ÏITÛ i:rN, Esth. 1, 14 ; — m:33 l^"^ ^IJ, Is. 5, 25
et autres endroits; — Û5PN ^nS"^ '^315. Ex. 11, 1 ; ~ î-n'T ÎTTT MT by
^jlb. Lament. 5, 17 ; — 3'^^M "X^^ *^â, Lam. 1, 16. £i ainsi de suite. Souvent
Tauteur de la lettre, comme il est inévitable en pareil cas, altère un peu le sens
de ce qu'il veut dire, pour le plaisir de citer un verset biblique ou de le con-
tinuer.
LA CORRESPONDANGK DES JUIFS B^ESPAGNÊ 271
. îTXS-^mnD m-'b^ ^23 mD« G^bdn"* r^nb^ ts'TiN n?3în ^^bî^ snb
"^yrs:^ *7» irTi3D brn i:ab n?::!5 tem« mKnnn irbtî ik3 rtmïTa
»b:? -jb:? i>nn*û'n t<cô« nnb:tn nnsi cian b'\y :n?2TDs ^nid*» irbjF
^-»,5'» p-i:i n73«b rî"»ii:3 t:!- mn Dnb mtî Kb^nttrbs^'» 'D'^d-imi:^
i^'^rTDm "TTr *]« , 3^in nis -«s c^^c'îziïî i2'»-*ïi nssb r^n n-^rr m bj
* i«3b rîNTim nb -^nstn nsc ^ '''7zrr^72 c^ribs* = l ■'"bti 'nb mm
Iri5i3t3r3 «b niûK d-^t^ rsn-i y-ix be« aibîi ly r.^'^nii ^d nbo
t^b nrc m'^inî* n^i rrrc tn^iiîNn?: ^^&ïa 'rr -^r^r .fcrtb ns brtïîj
.'^rriK iTCn y*!«n 3:2^7:3 a::^;Eb •p-.srî bs n:m »î-t2 bs nsn*^
^n-tno'» 13P *T"iasi -1131? cnb pbn nia» b"»n *>«:» qd3 c teti
tte iDitîD^c rtTa br onb 1^» n^:» D-'^vn^m t^zyrn .ns im^m
ï^bi is^s-» «bi i3yn'> t^b rty^ m57Di« an'*b:in tj^jb m;w i«^72'»
Tnb» irsmi irb;? mon 'n rr^sn ■'S mbam inn^^ïîn irriri anis d^*^
^H-np-» ::;??2:5 t:? i^npn i:n3N r:jî« a^i;n bs ^rr3 '"^?3n-ibi ^onbi
tDn or . is-'^y ■'?a-j:iinn naran nib:i DDfi<b 'n "^'IId ï3in Dis 13b
fc3^:Db lîî^n i^b ''D DDPTssm DDrrna ''3'<;?n i«n "^d g:; ik-i psîi
*:*ij3 ib^n n'ib''b:^3 t3b 'n a^zsn nr:N mi^n bD?3 cib» ••a"'?: in«
P^'^iîTi i53"« VP''T"'3 P**» tris::^ T.nbo D''3iunn '"^mbcrr n^KD "nsDi
l'^ftt '^^ ^^ is^br ï-tb-'b'^ Ét'iis 'n mbi^ctt -jm ^ len fc3n''2''5ï2 i^n Vs
ï^Tî-î oip?:3 2'^*Tin^b ^72!? rrbitïii mn neo '•b:^ mb^b i5''3i^b3 îibîa
0^2 nsTan» •'^ i:^-i3T i:''?2«n ^bi iTon on^s b^i iDnn cn^D bj
'^?33 ^-îon rin^tt pn b-^^iwîn mnn»» i>*bi ay-in naïi«îD [?fitbl
*^'^.^::3 n:ûpn irrTr ?-i3ni isns Tn» c\h ■•33 i:biD 3ia t^ini3
l^^^ttn b« &Dn« Mèc-^a-* 1:3 'n ^cn &è*T ,OTipn mbnp ^iNi3?3
fe"^3-np n3\*ï '»a 05 fnîo rrbnp 'nhTv nbina mn^sb lî-^n-î n»T?T
r*^*^i:r3 '»i33 s-^iD^ toa 3ï: t3-n »*b"\3 ■♦s '^s'^btt a^mnp vn^\•^ nD-^bK
^ Nous liaona TTlb© dûd Û'^mV^.
* Plusieurs fois lu copiste a écrit W^O *iu ^icu de la termlQuison Q^. Le yod repré-
**ivl6 ici la voyelle é,
I'^Liro cr^ri-in.
**Mot ex ponctué.
* Lire n3 ; Deutér., 11, 12,
• P«», 91, 4 î il faut écrire ^T^y^,
^ Le iexte porte deux fois le mot lfit*i* taa^is Tuu est ex ponctué, à tort proba-
ii^ment. Nous traduisoDS comme si te mot se trouvait deux fois, la promiùre Fois
au passé, (a deuxième fois à rimpératif.
» Ps.. 46, 9el66, 5.
' Lir« H^2\
» hvh n3m.
'^ Ici il j u un petit blanc cfuî indique peul-ôtre une petite iBCttoe ; noui iniduî-
iùùs comme s'il n^j avait pas de lacuoe.
«« Le mot t?^ devrait probiiUlemeQi se troiiTer deux fois ; ProY.» lïE, 22 ei Oe-
|_ D^, 28, 1».
ï^ i-iÈt*i3: c:! «bw-^ QD-»mn3:iN nm Bip723 'n » ^-^ i3^3m» b-^mnb
272 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
1X^721 ■^î'rprî mncTDT: ■^a"'3'^npb •^com mnc^s^D -noDb nr
'■«TaiDn D'^an ^-i-inh n^s^sb nco b:^ irbr «b -iCN crrn n
b» ncrri )vy "^bano^ is-'S'ibN pb .ï-rn^nbi r-r-nnb irn^
Tr nbrpn n: bx-i ibsNn nb^n mstiNri bs aia "«3 b:? D'^a"«3?
pmm ^-Qy ^inTs "^Ns: n-:np n^Nb ûD-^br ■i"n iiabo ^b?: ■'.:
r^3t723i 'rrTsrîTsnnb ib^in «bn ^ûd'^^dc br ûspb7:t:a nn-nns:
fc-'iiïT^b -srrTssïTi -i73rî ri-isa ïi-ip icnd nb'^bn bbnr^o 2^*2
■^D ibNana-nD)3n n^'^b-'raop^ '"^o-nsra ^'py* c-nc73 û-^^arr n-^V
!-ï3n .-lano -irmsira '"pbs '^^^ -T'^^rb t-nnrî^f: 311:3 t
t2NT ïn»3N n^N acp t2Db r'^mnb "is'^br bai7:n br -ircr :
irnn» iraa m» b-^nr npcî 'n ♦'■«nc^ t^na:-! 'n 153 -j-ir
■•Dn -ibN "irnrmN mNinn '■'^rr nai tiio .^b-^^^i^a ca V^'
anpD bN ibD bNit:'^ ti-io«'^ cj-ioN iT'br 'ni .rt^'^i min !
13NO rîi3 ii-ij: nsNin irrri DD-^rn irïD^p^ Dip?3 iicétit:
nia^"« -«D betnï5"« biaab by:2 'n b^a"^ i-itdn-» tni ypy^ niao 'n
ttiTT cd3:di 'n t-iNi-» nNbT:^ t2Dïï5D3D arm[Nji2: byjz fi^
r-nNï5:rî nnwsïi ^y^ b^b D"'2:nnD D'^73"«r: ba DDn:^icn a:
bib» n"n '^p"':ibc riD a"'73ninn n2:3"«iinD ï:i-ia p"p toDica
n«5N ^nbnsa D-^siONn ibaa n)D5< ^rn biaa pcid «N-iirb -^"x
. nnïïînb ^b ini: ^'^^bx 'n nCN y-iN:
TRADUCTION.
A nos frères fidèles et pieux du camp sacré, pierre de c
communauté de grands et de puissants, (vous qui êtes) le f(
secret, la clé et la couronne des lettres qui éclairent le cœur
frères exilés de Jérusalem qui demeurez dans tous les lieux d\
Provence ! que Dieu donne sou ordre, afin qu'il ne vous arrive
de mal et que vous ne portiez plus la honte de la misère pai
nations ; amen !
Les deux hommes hébreux, tous deux bons, envoyés par
prudence pour vous chercher un refuge, sont venus auprès de
et, en les voyant, notre cœur s*est réjoui et notre ame a tre
mais notre chair a soufTert quand nous avons entendu quel
> Lire ^"^12:73, Exode, 12, 33. Le mot suivant ÛS*^?:^.
» Ex., 12, 3/i.
« Ex., 12, 39.
♦ Lire 'n ■«n"«0^ ?
5 Jérémie, 16, 19.
fi Ps., 76, 12.
7 Probablement allusion à la vertu cabbalistiquc des lettres de Talpbabi
traduisons un peu librement tout ce passage intraduisible.
LA COReESPf^NDAXCE DES JUIF^ DT.SPAiiNt:
273
que font peser sur vous les naLions ' et les soullYant^es de
l* qui se sont réunies et appesaoUcs sur vos épaules. Et cela
eur $uf6t pas (aux aalions), leur main est encore étendue (pour
1 frapper de nouveau), et ils disent : Que les Juifs soient chassés 1
i pour cela que notre coeur est malade et que nous nous déso-
car Tennemi est le plus fort, La seule chose qui nous console
Keu* le mallre de la miséricorde, louange à lui et actions de
e^e'est qu^il nous a fait venir jusquici, eo ce pays vaste, où
I mangeons un pain qui n'est pas donné sous gage, un pays qui
■ sous le regard de Dieu depuis le coramencemeot jusqu'à la fin
Innée et oii rien ne manque. 11 vous est ouvert tout enlier, éta-
j-vous-y. nos frères, dans la meilleure région *. S*il y a parmi
des bommes puissants à qui Dieu a accordé la fortune et la
Bidcration,^ qu ils s*y établissent et le parcourent et acquièrent
I propriétés* : les pauvres et les indigents, qui n'ont pas de res-
s, trouveront (dans tous les cas) ici un lieu où repose la
Blede leurs pieds, une profession convenable, ils ne soufiriront
Ût la faim ni de la soif, ils ne seront pas frappés du feu et du
lil de Toppression et de l'exil, car Dieu nous a accordé sa grâce,
otis a fait trouver faveur, grâce et miséricordo aux yeux des
Oûsau milieu desquelles nous vivons, de sorte qu'on pourrait
que nous donner un nom nouveau el nous appeler « les captifs
betés par Dieu », puisque le Turc ne nous fait sentir ni exil ni
sioD* Hommes sages et intelligents, regardez avec tes yeux de
i prudence et de votre sagesse, car nous ne vous avons fait con-
ïque la millième partie du bien que Dieu nous a accordé dans
^régîODS en fortune et en considération, comme le diront les ho-
ble$ envoyés, missionnaires d'oeuvre pie qui sont protégés contre
accident, quand ils vous raconteront tout ce qu'ils ont vu do
J yeux ; voyez et considérez les grandes actions du Dieu puissant
Ivoire faveur, car les paroles nous manquent pour les écrire ; les
sont trouvé ici la liberté et la délivrance. C'est sur le rapport de
Renvoyés que vous camperez (sur la route qui conduit ici) et que
naarcherez*, ne vous en rapportez pas à nos paroles, car notre
iir pour vous n'est pas amour d'alTamé ni amour du profit, mais
aemcnt Tamour du bien en lui-môme, car nous sommes tous
(dis du môme père. Notre communauté est moins nombreuse
d'autres communautés saintes, et si Dieu nous aime^ il vous
era en ce pays, nous deviendrons un vaste campement ", qui
r ttâfM*! il faut, daos toute la pièce, cmlûodre le peuple au miUea duquel vt-
I toate ta pièce, fwit si gui lie oppression, persécution.
de ces ci ta lions bibliques qu1l oe faut pas prend rtï rigoureusement
» oèsvrratJOD ; voir GeDêsc, 34,, 10.
! nopnuitéea aux marcbcs de^ Hébreux dane k désert.
i \û camp des Hébreux dans le désert,
T. XV, M» 30. 18
274 KEVUE DES ETUDES JUIVES
répandra la communauté juive dans le pays, d'autant plus que nous
étions vos proches, vous deviendrez les nôtres, car, grâce au ciel.
Dieu est venu et il viendra auprès de nous avec de la fortuna, afia
que nos amis acquièrent du bien. Dieu est véritablement en ce lieu,
il remplira vos trésors. Il est aussi resté parmi nous aujourd'hui des
membres de toutes les familles honorables de toutes les parties de la
Provence, des familles des Caspi et des Cadenet * et des autres familles
'distinguées que nous ne nommons pas, pour éviter les longueurs»
ils sont nombreux et honorés et vivent avec nous en étroite union.
C'est pourquoi, nos frères honorés, qui unissez la réflexion à l'ae-
tion, n'hésitez pas à venir jouir du meilleur de toutes ces régions, et
n'attendez pas que le roi-comte * vous dise : Levez-vous et partez da
milieu de mon peuple ! et que, par malheur, l'Egypte se lève contre
vous pour vous renvoyer en toute hâte du pays, sans cela vous em-
porterez (expierez) nos fautes à tous et des souffrances enfermées
dans le pli de vos vêtements sur vos épaules, vous ne pourrez pas
attendre (le temps nécessaire à préparer le départ), et le nom de
Dieu pourrait, par malheur, être profané*, comme il est arrivé dans
la douloureuse expulsion des malheureux Juifs, descendants de
Jacob, chassés de Castille et de Portugal, qui, pressés par le temps,
ont été obligés de changer de Dieu, pour nos péchés, qui sont grands.
Nos maîtres, nous avons accompli notre devoir en vous faisant con-
naître la véritable situation, et si nous avons menti envers Dieu on
envers vous, oints du Seigneur, Dieu donnera en héritage à nos fils
le mensonge et le vent, qui ne profitent pas. Pour finir, vos yeux
verront cette lettre, la vérité vous enseignera sa route. Le Dieu su-
prême réunira tout Israël en un lieu qui fut élevé dès l'origine S le
lieu de notre sanctuaire ; vos yeux et nos yeux verront Sion, la de-
meure paisible, lorsque Dieu ramènera les captifs de Jacob, et alors
on dira: Dieu sera grand au-delà des frontières d'Israël', carilbri'
sera le joug des nations qui pèse sur vos épaules, selon le souhait
de votre cœur plein de crainte de Dieu et le souhait de ceux (pu
font (c'est-à-dire de nous qui faisons) des vœux pour votre bonheur
et votre salut et invoquent Dieu tous les jours en faveur des restes
d'Israël. (Signé :) Vos frères et votre chair, la communauté des
A Ce sont des familles juives de Proyence originaires de PArgentière (Caspi) et de
Cadenet, ou portant môme le nom do Caspi et de Cadenet.
* Dans Le procès de Samuel ibn Tibhon {Revue ^ numéro précédent), le comte de
Pro-yence est aussi appelé 1iab*»I3. Les mots t roi-comte » sont une preuve de
rauthenticité de notre pièce, le roi de France était comte de Provence.
3 Tout le passage est une imitation de divers passage» de l'Ëzode, chap. zii, où est
racontée la sortie d'Egypte. L^auteur veut dire que si les Juifs provençaux atiendanl
jusqu'au dernier moment, ils n'auront pas le temps de préparer leur départ, ils fe-
ront obligés de rester et de se baptiser, comme il est arrivé aux Juifs d'Espagne
en 1492. Ce malheur est si grand quHl servira d'expiation à toutes les fautes des
Juifs do tous les pays.
♦ Jérémie, 17, 12.
^ Malachie, 1,5.
LA CORRESPONDANCE DES JCtFS D'ESPAÇNE 271;
I «lies Je Provence qui sigac ici, à Salonique, le premier jour d elul
[3 310, sectiaQ sabbatique de (où se trouve le verset) " lu frou-
IlÉisdetoa voisio, etc. ** )>
' lettre, on le voit, est écrite par les Juifa de Provence éta-
à Salunique, et adressée à leurs coreligionuaires de Provence,
mâcés (rexpulsion, en 1550. Ell<^ (ait toucher du doigt ïa diffé-
i «ju'il y a entre les inveutioiiâ îspirituelles, mais absurdes,
l'un ignorant, et un document autiienlique et d*une sincérité par-
aile. On a ici la réalité vivante à opposer aux imaginations vides
1? la fiction.
Que Ton examine tout d'abord le style de cette lettre. Avions-
-^ raison de dire que le style seul trahit Fartifice des
i'agnoles. Ce ne sont phjs ici des formules d*mie séchc-
ftsse algébrique, arrangées symétriquement et qui se balancent
unce. La parole est abondante, nourrie et presque sur-
le citations bibliques» le tour est littéraire et mi^me quel-
efois un peu déclamatoire ; enfin, la lettre est animée, dans
toutes ses parties, d'une émotion affectueuse. •
On voit aussi que, même en 1550, et soixante ans après Texil
pagne, ce n'est pas aux Juifs de Constantinople, mais à ceux
^Ionique que s'adressent les Juifs de Provence menacés
Blsion, Cest à Salonique aussi que s'étaient réfugiés anté-
iearçtnent des Juifs expulsés de Provence. La communauté juive
ifue était plus importante, probablement, que celle de
uople, et sa réputation avait devancé celle des Juifs de
t capitale ottomane.
les Juifs de Provence ne se contentent pas d'écrire une petite
jlttrede quatre lignes, qui n*explique rien, et à laquelle on ne peut
îs^ieusement répondre; ils envoient des députés à Salonique
er la situation sur place. La lettre que nous avons est
ise écrite des Juifs de Salonique pour servir de conflr-
«Ijon au rapport verbal des deux envoyés de Provence.
On ne leur réi»ond pas de se baptiser, de tuer les chrétiens ou
? les exploiter, ce sont là de i)ures plaisanteries. On kur dit:
; auprès de nous, sous le gouvernement des Turcs, vous y
paix et libres. C'est ce que dit aussi Isaac Çarfati dans
I si intéressante adressée par lui aux Juifs d'Allemagne * ; '
JlhuiéTrt VK S'il section tofetm. Le 1*^ élul HZiÙ conespODd aa 13 aoQL 1550.
fSiit ccUc lettre, voir Ciractï» t. VIII, 2' édii., p. 2"a, et doI« 6 à la Êa du
♦oir ittfiâi, p«ur k date de la laUre, //«/t. BthUofjtapkUy XII J, p. Iù8,
'- 'j ï" -.' -\ '\.z -- Lisrr'-^" lizjj l'iirrri î-:-:Tin:ents det
-.-»■> - -T- -r. :*;i ~ I ncEi^c* r^:i::^iLî;f:a d« Juifs de
?r-'--^'' .1 JV- 1' r: - - i le yi3i ":r-.«pn. :*est qu'offi-
•:**:! -m--* . : ' i"!.: 7. if :- •ills -hi Pt-ttï*:!!?» depuis l'édil
i>ï-::. - - 1. i:^ ZZ -jr -----sut* 1.>1 : xais cet édit m
virk-' 1.- s" 7 -— cr.-Hn-sir -i--r.iDr. :a âjin, après avoii
40- ir. ... r> 1:1 !-r::i:.-. i x-ir^ 1 tiae«. :! sera tombé en dé-
ISUC'BLE LjEB.
LE COMMENTAIRE DE SAMUEL IBN HOFNI
SUR LE PENTATEUQUE
I. A côté de Saatlia, ce fut surtout, parmi les Gaonim, Samuel
Ibn Uofni qui se consacra à rexpUcntiori de rEcriture-Sainte et
à Te xégèse biblique *, Ses œuvrer paraissaient s*étre totalement
penJue^î, lorsque, parmi les nombreux et précieux manuscrits de
[la collection Firlvowitscb, on trouva des fra^^ments importants du
commentaire arabe de Samuel sur le Peiitateuiiue, Ces textes
forent découverts par M. Ihirkavy, qui les .utilisa pour son étude
' «UT ce gaon*. C'était une entreprise méritoire que de publier ces
débris de Texégèse biblique des gaonim et de permettre ainsi à
I oeax qui s'intéressent à cette branche de la littérature juive d'é-
tudier sérieusement Tceuvre d'un exéjiète quVVbulwaîid invoquait
l comme le représentant du Peschat et de l'explication gramma-
[ficale^ et qu*Abraham ibn Ezra cite — pour sa prolixité» il.est
'rrai — au premier rang des interprètes de la Bible du temps des
gaonim *- M, L Israelsobn s'est acquitté de cette tache avec un
grand soin et une rare compétence ; il a publié ' en caractères
i Oalfv 900 commenUifo sur le Peutat^uquc , Samuel ibn Horni a iûtcrprélé
jiiiiinr» chapitres éen Prophètes. Voir Horkavy, dans l'ouvrage roenUoDDé daDS
^ta tnùêm soÎTanlc, p» 3. Juda ben Barzn&î écrit duus san commentatro sur le Yeçîre
(p* 77. ét\. HttlbffstaniinJ : "ja bfi<1':T3 'H lINSm h"l Tt'^^yO '") "'S 13r?2ïî
pnscb rra^^n D^ISD IC^'U; Vt "*32n* Pasovfj^ signifie • la Bible i (voir plus
UuK r- tt^}.
* Lih9% mmd W^rAv de» Samuel idti Chef ni (en hébreu). 3< livraison des Studien
mé Jfi/llniim^e» nm der Kais. ôfentl. BHUothek iu St-Pefer$burg, 1880,
* Voir mon ouvmj^e Lthn und Wv^hv deg AMmHid Mfrwâf^ là a Uanùh^ p. H<J.
* Voit mon ouvrage Abraham ibti Sira't Einltitung tu ieinem Puttaieuck'Com-
*■ .<4r«v»#/iJ l^en Ckûfni trium teetionum pmteriornm îibri Giitetît wrtio Araèica
fvfli eotmmtntûno, o tas, eod. bibtiolh. pubL imper, Peiropolii, aune primum edi~
]4a K iMmcUokA^ Fctropoli, MDCCCLXXXVI, p. \n 4- 184 (psgindca en aiaba| ;
278 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
arabes * le commentaire de Samuel ibn Hofni sur les trois de^
nières sections de la Genèse (c. 41-50), c'est-à-dire la majeure
partie des fragments existant à Saint-Ptitersbourg. Encore cecom-
mentaire sur les trois sections est-il incomplet ; il y a de nom-
breuses lacunes dans le ras. unique qui a servi à la publication de
notre f^dition. Ainsi, il manque le commentaire sur Genèse, m,
9-13; XLii, 1-4, 10-12, 23-31; xLiii, 1-6, 34; xlvi, 2-9, 16-23;
XLVii, 3-5, 27, 30 ; xlix, 2G, et la traduction de Genèse, xli,
9-16, 25-32 ; xlii, 1-17, 29-32 ; xLiii, 7-8, 19-28 ; XLiv, 1 ; xlvi,
8-27 ; XLVii, 18-27. Deux de ces lacunes ont pu être complétées
par réditeur lui-môme, qui les a données dans Tappendice, p. 175-
181 ; c'est la traduction de xlvi, 8-27, et le commentaire sur
XLVI, 8-29 et 16-23. Ces deux passages avaient été retrouvés par
M. llarkavy parmi les nombreux fragments nîss. de la collectioa
mentionnée.
Malgré ces lacunes et maintes phrases qui ont dû ôtre laissées
incomplètes dans le texte arabe, à cause du mauvais état du ma-
nuscrit, la partie publiée par M. Israelsohn est néanmoins un
spécimen important du commentaire de Samuel ibn Hofni sur le
Pentateuquè, elle permet d'étudier plus sérieusement qu'on n'a pu
le faire jusqu'à présent la méthode exégétique du gaon.
II. Voici quelle est la forme extérieicre de ce commentaire. 11
. donne d'abord la traduction d'une série de versets, puis, à la suite,
le commentaire de ces versets. La longueur de ces séries de ver-
sets est déterminée par leur contenu, par les points de répit natu-
rels de la narration biblique, quelquefois aussi par les divisions ■
massorétiques. Ainsi, la section ypjz offre les divisions suivantes: j
XLi, 1-8, 9-16, 17-24, 25-33, 33-46, 47-57; xlii, 1-17, 18-28,29-
XLiii, 6 ; XLiii, 7-18, 19-34 ; xliv, 1-17. La section taaii est divisée
> Quoique les ouvrapes arabes d^écrivains juifs qui nous sont parvenus aient été
écrits en caractères liébrcux, plusieurs savants modernes, tels que MM. Neobaoer.
Landauer, Hirscbfcld, contrairement à l'exemple donné par M. S. Munk, qui a pu-
blié le Jforé en caractères hébreux , ont édité les ouvrages arabes en caractèKS
arabes. M. Israelsohn justifie ceUe façon d*agir dans le passage suivant de son in-
troduction (p. vu) : f ut voccs hcbraicœ explicats et loci laudati magis consj^Ciù
fiant. * Quant à Aboulwalîd, on peut prouver encore par un endroit de son dictionnaire,
quil écrivit ses œuvres en caractères hébreux. Sur le mot Û^n, Lévitique, ixi, 18,
il dit (kitâh ai-uçoui, col. 240, 1. 4) : Qn^xb» in ûTiH In'ïipdÎn bn» tJn
D'^îibND, « selon les Talmudistes, le mot Dl")n signifie en arabe ackram^ écrit «wc U
mîm ». Celte dernière remarque n'a de sens que dans la supposition qu^Aboulwalid a
écrit en caractères hébreux, parce que cest seulement en ce cas qu'il lui a fallu
avertir les lecteurs qu'il no faut pas lire achras avec samekh^ co qui signiGertit
« 11) muet >,mais akhram avec mîni^ ce qui signifie • l'homme dont le nez est
déchiré ». Dans lécriturc arabe, les signes pour le D etle 0 sont assez différents Van
de l'autie.
LE COMMENTAIRK BK SAMUEL IBN HOFNl
279
û^k façon suivante : xliv, 1H':34 ; xl\% 1-15; n-XLvi, 7; xlvi,
It-i); 2â*XLViij 11 ; r2-2'7, La section ^m est ainsi divis(?e : xlvii,
mi; XLViir, M2, 13-22; xlix, 1-4, M, 812, 13-21, 22-28, 29-l,
12, u H2ù, Les sections hebdamaclaires, suivant lesquelles f'^tait
Cernent partagé le commentaire de Saadia sur le Pentateuque %
jbnnent les grandes divisions dn commentaire de Samuel et
IfOftent la Ibrmule initiale "j^T^nn dsd, « au nom du Mïs*^rjcor-
dietïî* p, La traduction du texte est |jrecëdée du mot yz, « texte »,
«t le commentaire qui s'y rapporte du motnno, « explication >».
Bms co commentaire, le gaon explique isolément chaque mot et
diaiiue verset dans l'ordre où ils se suivent dans le Pentateuque,
Unni précéder les jïiots héhreux^du texte qu'il cite du terme
rtip. Souvent il répète dans le commentairo la traduction, don-
Dè précédemment, du mot ou du verset du texte ; souvent aussi
>tplication ne seml>le être que la confirmation et la justiiîcation
Je la version araLe ^ La traduction d*ufi chapitre est quelquefois
rattachée au commentaire du chapitre précédent par les mots ;
^^, « il dit ensuite ».
III. Pour juger de la iradnciion que Samuel donne comme
partie intégrante de son commentaire» il faut avant tout la com-
parer avec la traduction arabe de Saadîa, son prédécesseur au
gâunat de Sora. On peut admettre comme certain que Samtiel a
ïuel utilisé le travail de Saadia, mais il est intéressant d'exa-
BÎner en détail combien, malgré son originalité et son caractère
indépendant, il a subi l'influence de la traduction de Saadia, qui
lpr«icédé la sienne de près de cent ans. Cette influence est par-
tituli^remenl visible dans le passage corïteuaiit la bénédiction
tonnée par Jacob à ses enfants. Il est traduit par les deux gao-
Bim d*une façon presque complètement identique*; on n'y re-
ttirque quelques légères dilTérences que lorsque Samuel inter-
ftkk* un terme autrement que Saadia. Ce dernier rend, par
Qemple, le verset 6 du chapitre xlix de la Genèse par la phrase
trabe suivante : r7:rân kb anpian ^li ^o^z Vbnn ^b Drinsit? ^d
iftTB eryVp Dntîknm n?:» t^ibpp fi<-:nDi::in ^nb ^nnS. Samuel con-
lêrve cette traduction, seulement il rend le mot hébreu *inr} par
Vdf iU※ nnd Werh0 AMtealids, p. 92, oote 13.
MÊ^ÊÊÊm^ftmnie « <^té Bans lioule omise par inadvertance au commencement lie la
^^^^^■DlioQ (Vp?3) da nolto uiliiion.
^^ESS3 fitn Bit traduction pur le mot p^DD ; c^uelquefois aussi, dans lo corps du
■Katataîr^. *l appelle sa tfodtictiou rnîi3;??t<.
.\, je me Eiiis bcrvi de i'ediiion de M. de Logarda,
280 HEVUE DES ETUDES JUIVES
non, parce qu'il le fait dériver de la môme racine que le mot Tt-r^i,
Exode, XVIII, 9. Le passage de Genèse, xlix, 10, est ainsi tradiiit
par Saadia : nnTSN nnn yn DOfinbNT N-nïr^ b» p *î5ab« a-^kp bir» »?
an^obfiî yj2T)i^T) rr^b^i nb m "^ibN "^ii"^ i» "^bN. On voit qu'il identifie
le mot rrbvû avec ib'»3, nb -Cfi^ ; Samuel le fait dériver de mbiD,
Deutér., xxviii, 57, et le traduit par mbn, mais pour le reste sa
traduction est identique à celle de Saadia, sauf qu'il omet le mot
^b7ab«.
Il est rare de trouver, comme dans ces passages de la bénédic-
tion, des versets entiers qui se ressemblent dans les deux traduc-
tions, mais souvent Samuel emprunte des expressions à son pré-
décesseur. Eu voici quelqueîs exemples. Les mots de Genèse,
XLiii, 14, '^rb'D':: ■^nbDO noN^ "^aNi sont traduits ainsi par les deux
gaonim : a Je crains que je ne sois privé de nouveau d'un fils,
comme je l'ai déjà été d'un autre fils. » /&., xlvii, 29, ^t» N3 ko
•^Dn*^ nnn, « jure, ta main sur mon alliance. » /&., xlvii, 31,
îiaTan ;rN-) bj est traduit dans la version de Saadia par « sur son
lit pour remercier, » et dans Samuel, par a sur le bord du lit pour
remercier ». xlviii, 7 : yn^n nnnD l'yyn^ « quand il resta encore
un mille en fait de distance >>. xlviii, 20, le deuxième nï2«b est
rendu ainsi : « en se disant l'un à l'autre ». Samuel traduit les
mots -^^125 b», XLiii, 14 et xlviii, 3, comme Saadia, par l'expres-
sion -«DNDbs p-'NtabN. Les deux auteurs rendent l'expression ■•ssn»
XLVi, 2, par ^^nb.
IV. Il existe cependant une différence entre les deux ver-
sions : la traduction de Samuel serre le texte hébreu de plus
près que celle de Saadia. Il est inutile de démontrer cette as-
sertion longuement par des exemples, il suffit d'un examen su-
perficiel pour s'en convaincre. Saadia traduit iXTa'^n, xlviii, W,
par « il ne le fit pas », et Samuel par « il s'y refusa ». Le pre-
mier rend -^nN nr-in "^^irT:, xlviii, 15, par « celui qui m'a
nourri depuis ma jeunesse, » et Samuel, par « celui qui m'a fait
paître depuis que j'existe ». Il ne faut pas croire cependant
que, pour rester fidèle au texte, Samuel sacrifie la langue ; sa
version est , au contraire , comme celle de Saadia , claire et
nette. Ni pour la construction de la phrase , ni pour la façon
dont sont rendus les particules et les idiotismes de l'hébreu,
la traduction de Samuel n'est un simple calque du texte ; cette
assertion non plus n'a pas besoin d'être longuement prouvée.
Qu'il nous suffise de citer comme exemple le premier verset de
l'éditiou de M. Israelsohn : ifi<-i i"^nbaND X^n^o nkp3« «Tab "J»"»
LE CUMMK.NTAIHE DE SAMUliL IBN HUFNl
S6t
I
rhbb^ ''tsNC "^by
tp *nî»D trin wns. Le sens de chaque mot
liébreu est rendu exactement en arabe, et d'une matui^re plus
précise encore que dans Saadia, sans que cependant le traduc-
leur suive servilement le texte. Samuel se pei^raet aussi quelque*
fois de s*écarter de la lettre môme du texte, quand des motifs
exégétiques Vy engagent, parce que, Oilèle aux principes ratio-
nalistes (le l'exégèse inaugurée par Saadia-, il ne veut laisser
hm sa version ni obscurité, ni contradiction, et qu'il ne tient
1>18 seulement compte de chaque mot pris isolément, mais aussi
elsurtoutdu sens général du contexte. Ainsi, XLvm, 11, il tra-
duit «l'^i, non comme Saadia, par « il vit »/, mais « il sut », nby^
parce que Jacob, d'après le verset 10, « ne pouvait pas voir », et
lu, 35, il rend le mot bs non par b^^ mais par yy^, parce qu'on
«ramassé « une partie » et non « la totalité » du blé. Et lorsque
riiébrea, en parlant de Dieu, se sert d'expressions qui ne peuvent
«'at»î>liquer qu'aux hommes, Samuel, se conformant à la tradition
derinlerprétation juive, évite ces anthropomoriihismes et traduit
comme Saadia *.
Il existe une autre difîéren ce entre les deux versions, Samuel
dimne les noms propres de personnes et les noms géographiques
sous leur forme hébraïque, sans y rien changer; Saadia» comme
r^ déjà remarqué Ibn Ezra, rend les noms géographiques de la
Bible par des noms arabes modernes et transcrit les noms de per-
sonnes avec leur prononciation arabe, Cest ainsi que dans Saadia
l€$ trois noms propres de xlviii» 1, sont écrits llarrân, Râhél,
Kan'àn (ift«3^:5), tandis que Samuel écrit, comme dans le texte,
U:3, bm* t"ïs ** Ce dernier ne fait une exception que pour e^ni^T:,
qu'il rend par le mot arabe n^?:. Le mot litï, xli, 45 et 50, traduit
daas la version de Saadia par « Alexandrie »^, signide» d'après
Samuel* comme le mot p» de Amos, v, 5, « une idole ».
V, La plupart des différences qu*on observe dans les deux ver-
^ t proviennent de ce que les traducteurs ont compris autre-
^taent le texte. Nous n'insisterons pas sur ce point, parce qu'autre-
*C«tittofti qu'il faut lire, au lieu an nSND. car, danfl le TereeL suivant, Simucl
<ïuiiilég»lemeat le mot n;?n par n^KD, eU «le mÔme, Saadia dit n"^î*p HjiîD.
* Voir àhrnham iàn BiraU EinUitung tu t«m^m PtnHteufK'CommeHiar^ p, 33.
^tcn, 2, y27 l"îa« •'3:»* Saadia traduit : ^yt^ -^-iTSK ^inî* «:«!, et S«^
""1*1:^75 brr ■'•iîskt ; xlvui, is, rr^b •»m3î< irbnnn ^'z^, SaadiB dit ;
I nsrSIK '^VîN, et Samuel : nriT^I} "'D ''t^DX nï?D ^4bî«.
'Samuel triduit cepeodHul, ïlvt, :î1 : -j^^d ^"1X3 par CÏ<Cr&( ibas»
^Siidi* identifie peut-+Hre l&i «vec la viUc ég^'ptiaDae de &t2t que le Tarpum des
^Ut«« traduit par K'»"|"i:DDbK.
282 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ment il faudrait tenir compte du commentaire et non de la traduc- ^
tion. Ce qui sert encore à caractériser la traduction proprement^ t
dite, c'est le grand nombre de cas où Samuel, tout en comprenante^ t
le texte comme Saadia, se sert, pour le rendre en arabe, d'exprès
sions ou de constructions différentes et qui dénotent une connais
sance plus sûre de la langue arabe et une grande habileté de tra
ducteur. Citons quelques exemples. Samuel Construit toujours le ^-=?
verbe TiNa, « bénir », avec "^d, et Saadia avec l'accusatif* Le pre-
mier traduit ptorr^i, xlviii, 2, par •'ipns, et le second par nmpfits; ^s^;
chez Samuel, ipTTa, xlviii, 10, est en arabe ftàib'^ïDbfi^ ï», et chez» —>
Saadia i3DbN p ; chez Samuel, nbc:*»i, xlviiï, 14, toi, chez Saa
dia, ûom ; chez Samuel, d-'ir^n xb^a, xlviii, 19, or^bN fi^btD, et che;^ -,
Saadia, m3^©b« Kb» ; ^%•'ï:^ xlviii, 20, est traduit chez Samue^Cl
par ^bs^s"^, chez Saadia par ^hyy^ ; pour û^ns êtnp'',XLix, 1, il y ^^h*
dD-^BNT^ chez Samuel, et ûdd-^^i:'^ chez Saadia. Samuel explique dan^^
son commentaire (p. 76) pourquoi il a traduit le mot ^D«, « ta co
1ère », XLiv, 18, par ^nii:^ et non par yr\n ; il dit que y^n dësign<=e
la colère contre des proches, comme celle de Saùl contre son flls
Jonathan, I Sam., xx, 30, et niw la colère contre des étrangers
comme celle de Balak contre Bileam, Nombres, xxiv, 10. Dan^^
le commentaire sur xliv, 31 (p. 80), il donne les raisons pour les
quelles il a rendu y\y^ non par S:;, mais par "jm, « tristesse ^«^
(Saadia emploie le mot hnon) ; plus loin (p. 118), il montre qu^EB
le terme hébreu tr^iy^, employé xlvii, 29, a souvent le sens d^ae
Tarabe biN, et il le traduit ainsi dans les versets 28 et 29, tandi s
que Saadia ne le traduit par bâx qu'au verset 29. A la page 107 d -^
son commentaire, il dit pourquoi il a rendu xlvii, 14, ûpb'^T pa zx
ynb^, comme Saadia, et non par apnbN, et page 93, il tradui»:^,
XLV, 26, mb SD-^i par yQ^, a il douta » (comme Saadia), sarms
rendre en arabe le mot lab. Dans son commentaire (p. 11) scm^T
XLi, 18, il explique qu'il a rendu -isn par n^-^ïî, et non par "^birr,
« parce qu'en arabe le mot pk-^o s'applique aux animaux et non
aux hommes et qu'il sert à désigner les différentes couleurs par
lesquelles les animaux se distinguent les uns des autres. » A la
page 136, il se défend contre le reproche d'avoir traduit, xlïx, 7,
mn» par *\^y\>l2 (Saadia Ta rendu par ûiTa^tt), en déclarant qu'il
n'est pas incorrect en hébreu, ni en arabe, d'appliquer le terme de
malédiction à un objet comme la colère ; page 91, il expose que
le mot n-^ii:, xlv, 19, doit être traduit par nnto« (oumirta'), au
parfait passif, et non par NnrN73, au participe passif, parce que
ce dernier terme répondrait à ni:ç7a ; enfin, il traduit rrpiTD, xux,
11, comme Saadia, par le mot analogue arabe p-^no, et il fait re-
LE COMMtCNTAmE DE SAMlîRL IHN HOFNl 889
marrjuef dans mti cotomentatre, p. Ul, qu'en Syrie (d«ts) le terme
p^î désigne la meilleure espèce de vigne K
[in. La partie explicative du commentaire de Samuel ibn ïlofni
distingue, selon la remarque dlhn Ezra, par sa prolixité», le
ommentateur se laisse aller à des digressions très abondantes,
ha Ezra cite comme exemple de cette prolixité la longue disser-
ation de Samuel à propos du voyage et du songe de Jacob,
IXTrn, 10, sur les voyages et les rêves en général. Il est de fait
ûetJans les fragments qui ont été publiés, Samuel entre souvent
ïûns des développements plus ou moins longs, qui n'ont f}u\irt
IfappCïrt bien éloigné avec le texte auquel il les rattaclie. Il pst
que plusieurs de 6es développements sont de nature pufe-
texégétique et concourent au but, poursuivi par Samuel à
tout son commentaire, d'éclairer et d'expliquer les termes
Bfflciles du texte par des exemples tirés de la Bible mArae. Les
îessions de ce genre sont presque comme des articles de die-
onnaire. Cest ainsi qu'à propos du mot ^p?^, xli, 1. il donne
les lieux sens que ce terme a dans la Bible; à propos de D^^T^ps,
xu»34. il indique (p. 19) les deux espèces de b-^n^s dont parle la
Bible. Pour préciser le sens des mots ibi-i pî<i n'^ v^ sî-'X t.^^'^ Kb,
xii, 43» il explique que rexpression i*» nja-ifr, « lever la maîn »,
a» dans la Bible, six signilications différentes (p. 24). Au verset
^Ui, 7, il montre que riX::]; a cinq sens différents (p. 41) ; au ver-
set xuii, 16, il éaumère les cas dans lesquels on a employé lex-
J^mmn n"»3n hj ion (p. 57); xliv, 18, il donne les cinq sîgniJi-
catioûB du verbe tî32 (p. 75) ; xlv, 10, les cinq sl'Us de 3ip ip* 87);
ïu, 11, les six sens de Vsbs (p. 87), et xlvu, 23, les cinq sens
ph(p. 112).
AcAtéde ces digressions exégétiques, il y en a d'autres qui
relatives à la Haiahha, c*e.st-à-dire qui énumnrent certaines
^religieuses. Ainsi, à propos du mot ^ëotdS l, 10^ il traîle Ion-
llt«np)ii;atiOD concorde avec les mois d'AbuKvulid (diins eou Dictionnaire^ "Hl, 2Î)
^"iïïl pS^^n p-^-llcbK nb b&*p^l Cnsbfit ^IÎH in^ Le ttnne Tlâ« employé
r AbttUilJd tnonlrft 4ue che/. Suraud il luut Ure Ti, iitalltitt, ot non T>:>, teutltr.,
I Èêit pas si le mot p'inOj qu'on ne trouve pas dans les dictioanairei arabes,
te« prononcé p^lO ou p'^niïï* Sattdia s P^ID, Gen., xlu, îl, tî Isoïe, v, 2,
♦ pour la dcroitr pasiagc, Puuliis, p. 32, et Ueseoius, ThemutÈn, 1342 A.
')cnt de lu dif^rcssion sur les oraboas funèbres {[>. 151^-101)
(édition, p«r «uite d'une lacutiu dans le ma. C(^ti« di^^rt^^âioti am-
y&tématiquo des élég"u:s qui se lrouv€iit dnns U Bible* elle
poBlt^nciifCii qui pciiVLMil toucher les ca^urs. Samuel cilu,
i'-3 u.egieâî moaùoaiiêcs dons J/o^J A^^ai», 'i5i, cl il ajoute ; * Par
2A'. REVTE DES ETUDES Jl'IVES
goement de l'oraisoii fiin»*bre et «la «leuil b^x, ainsi que des p :^res-
criptions traditionnelles qui s'y rapportent*. Au sujet du veix^et
XLvii, 29, il mentionne les obligations qui incombent aux ul ^Du-
rants p. 119 -, et les lois relatives à renlerrement (p. 120). Aa ré-
cit de Tentrevae dans laquelle Joseph n a pas été reconnu par ses
fr«'*res, xlii, 8, Samuel rattache l'explication d'une mischna deB^^^a
Baira, viii, 6 p. 43 . Au verset xliii, 9, il traite d'après le 11*^1-
mud des conditions du cautionnement (p. 54). A l'occasion ^es
préparatifs d un testin dont il est question xliii, 16, il menlioM^ne
le précepte d'Exode, xvi, 5, et y ajoute des explications relati '^es
aux trois sortes d'objets qu'on ne peut pas manger les jours de
fête, parce qu'ils ne sont pas préparés, rrspir (p. 58). A propos de
XLii, 19, il examine brièvement, sans citer de passages talic^u-
diques, s'il est permis à un groupe de personnes de livrer Tiza-ne
d'elles à la mort pour sauver les autres <p. 46) *.
Voici encore un certain nombre de digressions intéressantes ^u
commentaire de Samuel ibn Hofni. A propos des songes de Plrm a-
raon, xli, 15, il explique que les interprétateurs de songes on *à
tenir compte de treize points, dont ils doivent sérieusement se
préoccuper* ; il compare les interprétateurs de songes aux ju^'es
et aux médecins, qui ont à faire des investigations très précises
avant de pouvoir rendi-e un jugement ou se prononcer sur ci-ii^
maladie (p. 8). Il parie ensuite (p. 14) des diverses images qiT^^
ma vie, ces i^roles soûl d'une è'.oquence mapstralc, je les ai citées ici pour se:^'''^^^
d^xemple aux poêles é:éi.'i'ques (Z^-TSCN il sera facile aux poètes de les me *-^
en vers, KT:":'::r 1î< r5<"2:VN p't- •:. ou de les imiter. . A la lin, il donne quelcf; »i«s
vers de ré^é.irie qu'il avait oornoosée sur la mort de son père Hofni et que M. IC ^^'
kavy a rapportés dans son ouvra^re mentionné ci-dessus, p. 7.
» Dans ce développement p. lOl-lOT), Samuel indique d'abord les douze lois t*"
latives au deuii, i: doune ensuite le sens du mot nb2ô<, deuil, au point de vu^ ^^
la langue et au point de vue de la reli^rion, et il indique la durée que la reli^Ç'^^"
assigne au deuil dans les divers cas, qui sont au nombre de cinq ; puis il bjoîl ^^ '
« Après avoir tait connaître les durées du deuil, nous pensons qu^il est nécessaire ^^
mentionner les décisions des anciens relatives à ces durées. . . > Après ces mots, ^^'
muel cite une série de lois relatives aux durées du deuil et à l'interruption appo^*'^
par les jours de fèie à la célébration du deuil.
* n termine ainsi : « 11 serait trop long d'indiquer ici les causes de ces prescr'^P'
tions, nous en avons parlé dans notre ouvrage sur le divorce psbcbN "^D Î332NP;^^* *
M. Harkavy cite ce passage, p. G, mais il écrit, par erreur, ^^73 ï^w")Db 1t51*1S ^^'
au lieu de "^rPI 'b '3.
» Cette partie casuistique repose sur Tos, Terumot^ vu, 20, et /. Terumot, k(P *'
Samuel ajoute seulement un nouveau cas, à savoir si dix femmes, pour sauver 1^^^
honneur, ont le droit de sacrifier l'honneur d'une seule femme.
^ Samuel renvoie ici à des explications plus développées qu'il a données sur ^
sujet dans un endroit précédent, de son commentaire, probablement dans le passs-^^^
mentionné par Ibn Ezra, à xxviii, 10; il y renvoie encore p. 13. Samuel renvc:^^*
ëgalemenr, dans son commentaire sur xuv, 18 (p. 77], à un développement sur -^
royauté qu'il a donné Genèse, xxxvi, 31.
LE COMMENTAÎRE DR SAMUEL IDN HOFM 285
roît en songe et des différents rêves. Au verset xli, 33, il ^-tablit
la diflererice entre les synonymes T\iz-n et nsisn (p. 18) ; xli, 48,
il montre comment on peut conserver les fruits de la terre et les
[préserver de la destruction (p* 28) * ; xli, 49, il parle de Facca-
. parement du blé et des prescriptions qui s'y rapportent (p* 30) = ;
1 XLJ1L 32» il traite des croyances religieuses des Egyptiens (p, 63) ;
xuv, 34, de Faction de Téloquence, qu'il compare à rînfluencoeîe
la musique et de la poésie (p. 81); l, 2, de Fembaumement des
mùTts, en se référant au récit talmndique de Baba Batra^ 3&, re-
latif à Hérode et Marianne (p. 157) ^
Les él«'ments des développements suivants sont empruntés à la
Bible même. Sur la famine (p. 34-39, à propos de xu, hb) ; sur les
sacrifices* (p. 61, à propos de xliii, 26); sur la reconnaissance
et ringratitude (p. 67, xliv, 4); sur la colt'^re et la longanimité
(p. %, XLiv, 18) ; sur les causes qui peuvent empêcher un homme
iîeriîpondre (p. 84, xlv, 3) ; sur les dix avantages de la maladie
(p. 123, XLVin, 1) ; sur la signification de la main droite et du
c^*té droit (p* 127, xLvni, 14); sur la supériorité de Juda sur ses
frères, mentionnée dans dix endroits do la Bible (p. 102, xlyi,
M)'; sur les sept cas de sopériorité d'Epliraïm sur Manassé
(p. 130, XLViii, 20) ; sur les muets comparés à des animaux (p. 145,
XLIX, 14).
' Stjnuel dit, eulre autres : t 0 y a d^s pays, comme Ii provitice de Bassora,
îo^pto et d'aulrea contrées situées près de la mer, dans lesquels les fruits do la
I se gftient mpidement, tandis que dans d'autres pays, comme les régions mon-
I, eea fruits^ pUcés dans des Tosses ou des citernes, se coQserrçDt intacts
*VlfidiQt des années. » Cf. Krcmer, Cnliuryeëchtchte des Orimtt unter den Chaiifen,
II, 33-2.
' Ce pAssaji^e commence ainsi : « Noug tTOUvons bon de parler ieî en dc^taîl do
l^criptremênt du blé, parce que ce déTeloppemeiil se rap porta à notre récit (l'entas^
•iDettt du blé par Joseph) et que la plupart des marcbands de grains de notre temps
■wtdes accnpareurs. »
' Au lieu de nbip ITO, d faut lire naturellement Qîlblp Ifia » et m'^TSaf?
•2T3 pst U leçon qui se trouve également dans le me. de Munich {Dikdnkê 8of^
««, ii,iû\ pour 133*73 rr;?:a.
^ * Il est nécessaire que je traite ici de la cbcrté et du bon marché des vivres, de
VV9 causes et de leurs conditions, et que j^indique la part do responsabilité ^ul eti
'*^wût èu créateur et celle des créatures» j'y ajouterai le nombre de chertés dont
P»rl« rËcn tu re- Sainte. * Âpres ce préambule, Samuel définit les mots rherté et
*•< R4rfÀ/. puis il montre les divers dejçrés de U cherté (lamine) d'après Ahot^
^*^^ tniuite il énumère les onze fautes qui amènent la famine comme un châtiment
^î&. et enfin il indique les trois causes de la famine : insullisance de la récolte^
'^«die du blé et siège. Â la Bn, il mentionne les dix époques de famine dont parle
•Bihlf; cette énuméralion est identique à celle du Midrssch, Bercschit rabba,
*• 2S» ttec cette dilférence que, d'après le Midraseb, la djiiome iumine aura lieu
^ riveaif, Amos, vm, 11 , et que pour Samuel ollo a eu lieu avant la destruction
^ ^|iW [il Rois, nv, 3 : Jérémie, lu, C).
* il prûinet ài» traiter complètement ce sujet dans le commentaire anr Nombres,
28C REVUE DES ÉTUDES JUIVES
VIL Dans ces dernières digressions, dont le contenu est em-
prunté à I9 Bible, comme, par exemple, le développement sur la
famine, Samuel suit le système du midrasch, qui consiste à re-
cueillir sur une question donnée un grand nombre de versets bi-
bliques. Le gaon applique surtout cette méthode midraschique
quand, dans un but homilétique, il veut tirer du texte un ensei-
gnement pratique ; il se sert, dans ce cas, du mot nNnnrs. De ce
que Joseph s*est lavé et a changé de vêtements avant de paraître
devant Pharaon, xli, 14, il conclut « qu'avant de comparaître
devant notre Créateur, nous devons purifier notre âme de la souil-
lure des péchés, comme l'enseigne Kohél., ix, 8 (p. 8). » a Si un
roi mortel, dit-il plus loin (p. 24\ a pu élever Joseph par ces seuls
mots: Je suis Pharaon (xli, 44), combien doit être puissante la
parole de Dieu (Is., xi.vi, 4; Deutér., xxviii, 13) pour élever Is-
raël. » A propos des mots : a le peuple implora Pharaon, » xli, 55,
il dit (p. 33) « qu'en temps de détresse, nous devons implorer
Dieu, qui fait pousser les plantes et crée tout ce qui existe. » (Cf.
Psaumes, cvii, 5, 6; I Rois, viii, 37.) La question que Josepli
adresse à ses frères pour leur demander d'où ils viennent ;xlii,'3)
provoque chez Samuel cette réflexion (p. 42) : « Si les hommes
réfléchissaient, comme le leur conseille la mischna de Al^ot^ IH,
1, sur leur origine, ils s^abstiendraient de pécher. » Des paroles de
Joseph (xLii, 18) : « agissez ainsi et vous vivrez, » il rapproche
/p. 46) le verset d'Amos, v, 4 : « Cherchez-moi et vous vivrez. »
Il dit (p. 56) que Jacob (xliii, 11) emploie l'expression nnpetij
parce que les justes considèrent toutes leurs actions comme étant
de peu d'importance ; c'est ainsi qu'Abraham a dit (xviii, 4) : «uo
peu d'eau et un morceau de pain. « A propos de xlîii, 26, il fait
cette réflexion (p. 61) : a C'est ainsi que l'homme doit d'abord bien
agir, et ensuite seulement peut demander à Dieu ce dont il a be-
soin. » Cf. Psaumes, xx, 4. Et plus loin (p. 69], à propos de ces
paroles, xliv, 5 : « Votre action a été mauvaise, » il fait la re-
marque que nous nous faisons du mal à nous-mêmes en péchant
contre Dieu. Cf. Jérémie, vu, 19, et Prov., viii, 36. Les paroles
de Juda à Joseph xliv, 32 : « Je serai pour mon père toute ma
vie un coupable », lui inspirent cette observation : « Si la crainte
de faillir envers un de nos semblables est tellement grande, ccw-
bien ne devons-nous pas craindre de faillir envers Dieu, notre
créateur, » Cf. I Siam., 11, 25 (p. 80). 11 fait une réflexion analogue
à propos de xlv» 3 :. « Les flls de Jacob n'ont pas su garder leur
courage devant les paroles de leur jeune frère, et ils ont rougi
davant lui, à plus forte raison ne pouypflis-nous p^s résister aux
objurgations du créateur de notre âme, parce que, dans ce cas, la
LE COMMENTAIRE DE SAMUEL IDN HOFXI
287
fasion est plus grandt? ol nous né Irouvous nulle part de re-
fuge cantre la iionte. » Cf. Miellée, vi, 2; Lsaïe, xui, 8 et x, îi
(|>, 85j *. ll-ilît que les paroles de Jacob : « les jours de ma vie ont
^té peu nombreux et mauvais» « s'appliquent bien à rexistence
terrestre, tandis que îa vie Juture est, au contraire, loniçue et
heureuse, camme la dépeint le Psalmiste. xxi, 20 (p. 105), A
propos des mots xlvjï, 24 : « vous doiuierez la cinquième partie
I à Pharaon », il dit (p, 114) : « De ces paroles découle un ensei-
I giiement sur lequel nos docteurs nous ont rendus attentifs *. Un
roi mortel exige pour Un au moins le cinquième de îa récolte, et
cependant elle appartient aux sujets et le roi n'a contribué en
I riea à la (aire mûrir, mais le roi des rois, le maître du ciel et de
la terre, le créateur de tous les ^tres, qui fait pousser toutes les
plantes, se contente du dixième (Deutér , xiv, 22)» et il nous pro-
linet une belle récompense pour notre offrande (MaL, m, 10),
I Aussi devons-nous accomplir cette pi'escription avec le plus grand
ienqu'essement* » k la lin du comnientaîre sur là bénédiction de
Jacob, XLix» 28, il dit (p, 154) : « Il y a un ^rand avantage à faire
[ connaître cette bénédiction» car, comme elle s'est réalisée, nous
[reconnaissons ainsi la supériorité^' du patriarche (Isaïe. xliv, 26;
(et nous attachons une grande importance aux prières de nos
'justes, w Ct\ Prov., xi, IL
VIU. Le commentaire de Samuel ibn llofni contient encore des
ii»ns d'un autre genre : ce sont les développements apolo-
s, qu'il rattache à Tun on à Tautre passage du texte hé-
jrea- Aiosi, xu, 49, il défend Josepti contre Taccusation d'avoir
[accaparé le blé que certaines personnes — probablement des
[polémistes musulmans — portaient contre lui (p. 29). Plus loin, il
fustine Joseph d'autres accusations qui étaient probablement di-
rigées contre lui par les mêmes polémistes. Comment, disent-ils à
>ropos du verset xlii, 35, Joseph a-t-il pu causer une si vive in-
[quiétude à son [lère et à ses frères (p. 50}? comment a-t-il eu le
[courage de faire arrêter injustement (xliv, 8} son frère comme
roleur [p. 00) ? A propos du verset xliv» 31, il explique comment
luda a au que la douleur que Jacob éprouverait aurait pour lui
Mes conséquences mortelles et pourquoi la raison do Jacob ne do-
[niinait pas son chagrin (p. 8D), A la page 134, il défend Huben
mtre ceux qui tirent du verset xlix, 4, un argument contre lui.
( Cf. loB purolea d^Eleizar ben Àxaria, Q^aèse rabba, c. 93 ; DiC A^ada der Jinn-
1 Jo UQ sais pas 4 quelle eouice Samual fait allusioa ici.
îNi? REVUE DES ETUDES JOVES
A propos du vœu ^xprim<? par Jacob, xlvii, 29, de n'être pas en-
terré en Egypte, il réfute l'objection de ceux qui s'étonneraient
de ce vœu, sous prétexte qu'à la mort, Tâme quittant le corps,
c*-lui-ci ne perçoit plus aucune sensation, et qu'il doit, par consé-
quent, être indifférent de l'enterrer dans un endroit plutôt que
dans un autre p. 1*21 ). On a objecté aussi : Pourquoi Dieu qui, dans
sa bonté, a fait connaître, par les songes de Pharaon, rapproche
de la famine, n'a-t-il pas, dans sa miséricorde, écarté totalement
la famine? Samuel y répond dans le commentaire sur le verset xli,
24 p. 13;. xLiii, 32, il combat, au nom de la raison (bpyb» iàn),
la croyance des anciens Egyptiens qui s'interdisaient la viande, et
il montre qu'il est permis de tuer les animaux destinés à la nour-
riture de l'homme p. 63) *. Quelques personnes — ûip — ont cité
les paroles de Juda .'xuv, 30; : « son àme est attachée à son âme »,
comme preuve â l'appui de la doctrine (platonicienne) qui admet
qu'à l'origine, l'âme est divisée en deux moitiés, qui s'unissent
entre elles quand elles se rencontrent. Samuel combat cette opi-
nion par des arguments exégétiques et philosophiques (p. ^9)-
Dans les paroles du verset xlviii, 19, Samuel voit une allasion
au miracle opéré par Josué, de la tribu d'Ephraïm, en arrêtant le
soleil. A cette occasion, il réfute les objections faites par quelque»
personnes contre ce miracle — ^yi aip ns:» npn — et, en même
temps, il repousse les tentatives faites par certains apologistes
de la Bible pour concilier ce miracle avec les lois de la nature
(p. 130) '. H y en a qui objectent contre la signification messia-
nique donnée au mot nb-^c iXlix, 10} le fait que la maison de David
ne Continue pas à fleurir jusqu'à l'arrivée du Messie ; Samuel ré-
fute cette objection .'p. 141).
W. Bâcher.
[A suivre.)
> Il dit qu'il traitera ce sujet dans le commentaire sar Deut., xu, 20.
* Contre les uns. il tait Taloir la toute-puissance du Créateur, aux autres il oV
jecte que le miracio affaibli ne peut plus servir pour accréditer la mission de Josoé;
1 ar, si le signe du prophète — '*3*bfi< ^^7 — était conforme aux lois de la nature et
ne dépassait pas les forces de l*homme, il ne pourrait pas inspirer la conviction qa'on
veut porter dans les esprits. Sur lopinion de Samuel ibn Uofni relative aux mirt-
cles, voir Touvrage de M. Uarkavy, p. 2.
NOTES ET MÉLANGES
PETITS PROBLÈMES
(DEUXIÈME SÉRIE)
I-€ texte hébreu du livre d'Esther affirme, dans deux endroits
diflVîrents que le mot ^ab qui fournit le nom de la fôle de Purim
(O'^^^îiB^ O^'^B, IX, 26) est réquivalent de bnii, « sort » («nn n^i
l^niân, iàideni, m, 7, ix, 24). Cette affirmation, admise de con-
fiance pendant de longs siècles, a été révoquée en doute pour la
pi^emiùre fois, en 1837, par Jos. von Hammer, qui avait émis la
^njecture que Purim était le Furdian des Perses. Vers le même
^^tïips, M. Paul de Lagarde avait eu la même idée, qu*il avait trou-
^^ indépendamment de v, H. et qu*il avait appuyée sur un cer-
^tn nombre de preuves, M. de L, est revenu tout récemment à la
question dans une intéressante moriograplile. Il rappelle d'abord
ï^^ formes grecques du mot de c^nns, qui sont, d'une part, 9p«^p«t»
fp^f>«ia, avec fp au commencement; d'autre part, ©oypiiaia, foopim et
Probablement ^oupaaiot. Cela le conduit à des transcriptions «'••nio
et r»n"nD, qaî ont des formes araméennes, 11 remarque ensuite qu'il
serait impossible de prouver» comme on le suppose d'après le texte
hébreu, que, soit en persan, soit dans une autre langue de ces ré-
gions» n^e signifie le sort. Comme Tëvénement se passe sur le ter-
ritoire perse, M. de L. est d'avis que Purim doit être la fête perse
des Frohardn, ^ïnmno, c'est-à-dire des Fervers ou âmes des
bommes pieux de Tantiquité, fête qui se célébrait dans le mois de
Farvardigan, le premier de Tannée perse*. Cette interprétation se
* Ce résumé est emprunté au compte rc^ndu p«ru daus le dernier numéro de la
l i?«9iir, 137* Je n^ii pas Eoua k« yaux le Mémoire da M« de Lagarde.
T. XV» n^ 30. 19
290 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
heurte à deux difficultés des plus graves. En premier lieu, Taltô-
ration par les Juifs d'une fôte païenne consacrée aux mânes en
une fête commémorative de la révocation d'un édit d'extermina-
tion lancé contre eux, est au plus haut degré improbable. Puis, on
ne voit nullement la nécessité pour Tauteur d'inventer une étjma-
logie fantaisiste aussi particulière. Un médiocre connaisseur de
Thébreu en aurait trouvé une explication plus vraisemblable, par
exemple, celle-ci : ^b»n -ion ntîN by û-^-ns nb^n û'»»'^b is-ip p b^.
l'nTx nn^n» rN,etc. (ix, 26). De plus, il semble extraordinaire que
les traducteurs grecs d'Alexandrie, qui sont de l'époque romaine,
aient connu la forme plus exacte du nom depuis longtemps altéré
par les Juifs de la Palestine. Enfin, en admettant môme l'élision
de n et rr, le mot persan lô^imnc ne peut donner en hébreu que
^•n^D, dont le pluriel doit ôtre Q-^a-iic, à l'instar de D'^annïm»,
û-^3Dm«nN, de Msathrapân, khsatrâ7i, pluriels pris pour dfes sin-
guliers. Enfin, témoin les formes perses que je viens de mention-
ner, la forme même de ifi^-imno n'a pas pu être connue de Fauteur
du livre d'Esther. De son temps, on prononçait uniquement Fra-
vartian ou Fravardian, ce qui eût donné tout au plus D'^^nniD ou
D'^a'rmD. Ces diverses raisons nous conduisent à chercher dans une
autre voie. Les transcriptions grecques ne sauraient prétendre à
la moindre autorité en face de la forme hébraïque. En transcri-
vant Q-^-ns par çpoupat ou çpoupoîa, les traducteurs qui faisaient
d'IIaman un MacédQuien ont simplement opéré un rapproche-
ment avec le mot grec ?poypa, « sentinelle, garde ». Des copistes
postérieurs, ayant dans la bouche le nom populaire Piirim, ont
corrigé fdupiiata, d'où la corruption ?oyp6atot et ?oup8ux. Mais l'origine
persane écartée, il reste à savoir dans quelle langue le mot n^s si-
gnifie sort. Comme l'auteur, s'attache à expliquer le nom d'une
fête juive, il n'existe pas une ombre de raison pour chercher ce
mot en dehors de la lanjrue populaire des Juifs de Palestine, et
cette langue ne peut guère être autre chose que l'araméen. Si Von
objecte que les lexiques aram^îens ne constatent pas une significa-
tion pareille pour le vocable rapporté par l'auteur hébreu, la
réponse n'est pas difficile à donner : l'absence d'un mot dans les
dialectes postérieurs ne prouve aucunement qu'il n'ait pas existé
dans la langue antérieure. On sait, du reste, combien notre con-
naissance de l'araméen ancien est imparfaite. Pourquoi donc ne
croirait-on pas sur parole un auteur désintéressé dont TaramêeSû
a certainement été la langue maternelle ?
11 y a plus, la présomption favorable à l'affirmation du livre
d'Esther est corroborée par un fait linguistique des plus remar-
quables. Le mot qui désigne ordinairement le sort en araméen et
NOTES ET MÉLANGES 291
iH hébrea postérieur, kd&. k^s, o'^^, ne saurait être séparé da tal-
ladique KD'«e, qui signifie, d'après les uns, « motte de terre », d'a-
près les autres, « fragment de pierre «. Pour le fond, on peut rap-
procher riiébreu ancien bnii, « sort », et l'arabe b-o, bnna, « terrain
pierreux et dur »; pour la dérivation, on pense involontairement
à la racine did = yiD, « broyer, séparer, disperser ». D'un autre
côté, ridée de fraction et de part réside dans les nombreux sy-
Qonymes de « sort ». Comparez Thébreu pbn et rrjTa et l'éthiopien
ràwn (de bc^, a diviser »J. Quelquefois c'est l'idée d'objet petit et
mena qui s'y fait jour. Ainsi l'hébreu ûoç, a sortilège », et l'a-
rabe Sgop, « sort, lot, part » (de bop, « partager, diviser »), est pa-
rallèle à l'araméen-hébreu fiwop, ûcp, « éclat, copeau, fétu ». Plus
hppant est encore Taraméen «nn?, « sort, lot », comparé à
'arabe SÉtw, « sable fin », formant groupe avec C|5?, « fétu, petite
[uantité ». Ces comparaisons suffisent à établir que dans les lan-
[ues sémitiques la conception du sort se rattache à celle de fraction
t de petits objets du règne végétal ou minéral. Or, l'araméen
ilmudique fait souvent usage du terme Mnnns, « petite quantité,
eu», qui vient, sans aucun doute, de la racine nns, « broyer,
»dre menu, réduire en miettes », qui a produit le nom "j-nino
a m-ns, « petits débris, miettes ». La forme masculine ino est
mployée au sens de « moins ». Qu'y aurait-il d'étonnant que le
ibstantif masculin «niD, « petite quantité on fraction », eût ('ga-
ment existé dans la lanp:ue courante de l'auteur du livre d'Es-
ler avec la signification si proche de « sort »? Rien n'oblige à
ipposer qu*? la loi sématologique qui domine tant de racines
aalogues sur toute l'étendue des langues sémitiques ait dû. se
•ouver en défaut au sujet du mot -ino ; et, puisque l'auteur qui
emploie lui attribue formellement le sens de « sort », le plus
impie est d'admettn^ son assertion.
Un mot pour finir. L'origine aramuenne dfî niD - Nn^^D se montre
éjà dans la vocalisation, qui a son analogie dans les mots tels que
3tt, « fossé », «ny, « élan », fc<nnp, « froid » (Voyez Duval, Traité
egy^ammaire syriaque, p. 212), qui viennent des racines nia. tt^,
ip. En hébreu classique, on aurait prononci'î nt:, de mùme qu'on
It ai, Tb, np. A rêpoquii où le livre d'Estlier fut écrit, les savants
iz-mémes maniaient très difllcilem(»nt la langue ancienne et
aient déjà pénétrés du g(%ie araméen.
Concluons : le nom de la fête de Purim a une origine judéo-
•améenne. Il signifie « fêle des sorts ». Ce sens est fondamental,
tr il explique le trait le plus caractéristiquf» de la fête, l'envoi de
:*/t REVUE DfS ETUDES JUIVES
dons rrcizrrq^^ ".tî r^rj. ainsi qne des dons gracieux (m3rtî)aax
in<:ijex:ti. C^t le fruit de Tassociation si naturelle de V1I2 et
U
r3l MOT IVPOrrA>T DA5S L'niSCRIPTIO!! PHfolCISNNB DE TÂBNIT*
En entendant la lecture du texte phénicien que M. Renan ataite
i cette a<.*ad*?inie et à la Société asiatique, le 2 du mois courant, il
m est Tenu une idée qui m*a paru être de nature, non seulement
i «'-claircir le passage difficile signalé par le savant académiden,
mais au:ssi à trancher une question chronologique sur laquelle
ropiniûn des historiens est restée très divisée jusqu'à ce jour, fai
(kit part de ma conjecture à M. Renan, puis à M. Maspéro, qui t
bien voulu l'indiquer sommairement dans la dernière séance de
TAcadémie. Je demande maintenant la permission de l'exposer
devant vous avec les quelques développements qui sont néces-
saires à l'intelligence du passage phénicien en question.
Le roi défunt adjure tout le monde de respecter le sarcophage
qui contient ses dépouilles mortelles et de ne pas troubler son repos
éternel dans le but d y chercher des objets d*or et d'argent on
d'autres objets de valeur. Il s'exprime ainsi qu'il suit, d'après 11
division des mots généralement adoptée :
•jai pbn TM STî b2i Tf*n ibn» «w ïjdd ibn» "w d ^nnn b»
.T Vwaasc
Les deux premiers mots sont clairs ; ils signifient : « ne me dé-
range pas » ; les cinq derniers sont traduits par : « moi seul je sois
couché dans ce cercueil », ce qui est également assez satisfaisant
Les dix mots intermédiaires forment une phrase incidente débu-
tant par la particule s, c car » ; puis viennent trois groupes .
de trois mots chacun, où se trouvent deux mots obscurs qœ
nous exprimons provisoirement par a? et {/ ; on a ainsi : € il n'y 1
pas de X argent, il n'y a pas de rr or, ni aucuns trésors t^. » Pour
déterminer le sens de x, on a eu recours à la phrase analogue de
l'inscription d'Eschmounazar : ûata p DV) "W d t337a p xffpT bKV
traduite habituellement par : c Et qu'il ne cherche pas auprès de
> Aitick In à rAcadémk de* InMriptioiii et BtUa0-L«ttrai.
NOTES ET MÉLANGES
293
des trésors» car il n'y a pas auprès de nous des trésors »,
on en a conclu que le \ final de ^bi» [était^ ainsi que celui de
s, le suffixe possessif de la 1^° personne du pluriel. Ceci admis»
D a pensé que le phénicien pi« pourrait bien être identique à
fcébreu isbxï*, « auprès de nous »* L'invraisemblance de cette
UJDjecture est facile à prouver. D'abord, la racine b^K est
ftmmune à la plupart des langues sémitiques, de sorte que le
Muigement de i en x en phénicien est absolument înadmis-
We* Puis, remploi du suffixe pluriel « nous >i entre deux termes
Bi se rapportent à la première personne du singulier est peu
irobable* Enfin, dans la particule comparée p» le noun, loin de
marquer lai''* personne pluriel, contient plutôt le su fil xe de la
•• personne siugulierj ai, et le sens de la phrase précitée est :
|Btqu*il ne cherche pas en lui (dans le sarcophage) des trésors,
jbil n> a pas là, en lui, des trésors, a L'adverbe nv, « là », met
Sors de doute la nature du suffixe. Gomme l'emploi du suffixe
tlâ3* personne ne cadre nullement avec le contexte de notre
isage, les chances que le 1 de ^bit* soit un suffixe restent bien
imes et ne mènent à aucune explication tant soit peu satis-
Usante*
ILa difficulté est bien moindre quand on envisage notre phrase
m elle-même, sans vouloir lui imposer une conformité minutieuse
lec celle d'Eschmounazar. L'analogie générale suffit à faire voir
il s'agit d'objets qu*on s'attendait à trouver dans le sarcophage.
Bune de raison, les objets d'argent et d'or mentionnés dans
texte, ainsi que les trésors mentionnés dans les deux textes
l même temps, doivent désigner, non des valeurs brutes, mais
objets fabriqués et ayant une destination funéraire, comme des
urines et des amulettes ayant pour but de protéger le mort contre
\ attaques des démons infernaux, ou bien encore des pendants
et des bracelets qui servent à parer le corps. La seconde.
celle des parures profanes, est visiblement résumée par
ion d:td bs, <ï toute espèce de trésors. » La première es-
, celle qui a un caractère sacré, doit aussi avoir son expression
[tiate dans le terme f:ïn«, lequel, par sa forme seule, se fait
connaître comme un mot non phénicien, et, étant donné que
ptien ni les autres langues sémitiques ne possèdent rien do
il ne reste qu'à s'adresser à la langue grecque. Or, cette
e nous fournit le mot pour figurine que nous avons été amené
pposer dans \h^i<, savoir : eiôw^ov. La transcription est aussi
te que possible, quand ou tient compte de ce que Talphabet phé*
m omet ordinairement d'exprimer les voyelles au milieu du
L'identification de ces mois me parait donc à peu près certaine,
294 REVUE DES ETUDES JUIVES
Le parall(^lisrae de cr: fait voir, en outre, que *\hi» est au pluriel,
naturellement à Ti^tat construit : 5b^^^. Le sens de Tenserable ne
laisse rien à désirer, malgré Tobscurité du dernier mot : « Ne me
dérange pas, car il n'y a ni idoles d'argent ni idoles d'or, ni aucun
autre trésor. » Peut être fera-t-on bien de lire le mot suivant
ntt5ï3, <t de roi », et ou obtiendra ainsi un sens très convenable : il
s'agirait d'objets précieux dont on parait les rois. Mais, quoi qu'il
en soit de ce dernier terme, dés que l'on reconnaît la vraie nature
du mot ib":î<, la signification de la phrase incidente est aussi claire
que possible.
Voilà le problème philologique presque entièrement résolu. Au
point de vue de l'histoire, ce résultat ne manque pas non plus
d'une certaine importance. On était tellement habitué à consi-
dérer la dynastie d'Eschmounazar V^ comme contemporaine des
Achéménides, que l'opinion de M. Clermont-Ganneau , d'après
laquelle la dynastie précitée appartenait à l'époque ptolémaïque,
m'avait paru, sinon impossible, du moins fort peu probable. L'exi^
tence du mot grec etSwXov = iVnî< dans le texte de Tabnit montre
jusqu'à l'évidence que ce savant et sagace archéologue a deviné
juste. Les deux inscri[)tions funéraires de Sidon proviennent des
membres de la dynastie [)hilhellène qui doit son origine soit à
Alexandre même, qui fut reçu à Sidon comme un sauveur, soit
à l'un de ses successeurs immédiats. Il y a lieu d'espérer que
M. Clermont-Ganneau consacrera bientôt une étude spéciale et
approfondie à cette intéressante dynastie qu'il a été le premier à
• fixer chronologiquement et dont il a indiqué le classement som-
maire dans plusieurs de ses écrits. Depuis la mort de Tennèset la
destruction de Sidon par Artaxerxès Ochus jusqu'à l'extinction
de la dynastie nationale, l'histoire a enregistré plusieurs noms
dont nous ignorons l'ordre de succession et l'époque exacte;
M. Cl^rmont-Cranneau, j'en suis sûr à l'avance, y apportera la
lumière qui nous manque encore. Chose curieuse, la découverte
du nouveau tf^xte a donné lieu à un nouveau point d'interroga-
tion, .le me demande si le Tabnit du récent monument est réelle-
ment le fils d'Eschmounazar I^*", ou bien s'il n'est pas plutôt le
fils et successeur d'Eschmounazar II, qui aurait porté le nom de
son grand-père. De cette sorte, la série documentée de la dernière
dynastie sidonienne serait : Eschmounazar I°^ Tabnit I«S Eschmou-
nazar II, Tabnit II. Aucune difficulté sérieuse ne me parait s'op-
poser à cette manière de voir. J'ai exposé ailleurs pourquoi, con-
trairement à ridée émise par plusieurs interprètes, je crois que
Eschîoounazar a exercé un gouvernement effectif pendant 14 ans
et qu'il n'a associé sa mère qu'à l'entreprise relative aux confr
NOTES ET MÉLANGES 295
tractions des temples, honneur qui lui était dû grâce à sa qualité
de prétresse d'Astarté. Rien n'indique non plus, suivant mol,
qu'Eschmounazar II soit mort sans héritier, ainsi que quelques-
uns ont cru pouvoir l'affirmer. Il se peut donc que l'habitant
du nouveau sarcophage ait été, comme je viens de le dire, non
le père, mais le fils d'Eschmounazar II. Étant prêtre d'Astarté,
Tabnit II a pu se contenter d'administrer les temples construits
par son père, sans en fonder de nouveaux. A plus forte raison
a-t-il dû s'abstenir de tout rôle politique qui eût pu offusquer
son puissant suzerain d'Egypte. On comprend ainsi que notre
inscription n'attribue à Tabnit aucun acte remarquable. L'ins-
cription elle-même, par sa brièveté extraordinaire comme par sa
tenue négligée, semble annoncer l'agonie de la langue phénicienne
àlaoour de Sidon. Enlin, la présence indubitable d'un mot grec
dans le texte de Tabnit pourrait aussi constituer un indice en
faveur de sa modernité relativement à l'inscription d'Eschmou-
nazar II. Mais n'insistons pas, quel que soit le résultat final de
l'enquête que je réclame, elle ne laisse pas de mériter l'attention
des historiens*.
J. Halévy.
TROIS INSCRIPTIONS HÉBRAÏQUES DE MANTES^
En fouillant le sol pour les fondations d'une maison, à Mantes,
M. Grave, pharmacien ^, a découvert trois très grandes dalles en
pierre, couvertes d'inscriptions hébraïques, ainsi conçues :
NU.
' Je profite de roccasion pour exprimer mes plus vifs remerciements à rémiDent
L'recteur du Musée Impérial ottoman de Tschinili" Kieusk, O. ilamdy-13cy, de Ta-
Miililé extraordinaire avec laejuelle il m'a facilité l'étude des monuments confiés à
I ^irde. Artiste exquis et patriote éclairé, Hamdy-Bey a su créer, dans le court
pace de quatre ans, deux merveilles des plus admirables, l'Ecole des beauz-artfl et
Musée. Grâce à son zèle et à sa science, ces deux institutions n'auront bientôt rien
►Dvier d leurs aînées de TKurope.
Communication faite a l'Institut (Académie des Inscriptions), le 14 octobre 1887.
Comme son confrère, M. Lacroix, à M&con, Voir Jievu€^ t. V, p. 104.
290 REVUE DES ETUDES JUIVES
c Ceci est la stèle du tombeau de Ioet(e), fille de Maître Hayim,
femme de maître Hayim, qui est allée au Paradis le mardi de la sec<
tion wayaqheL •
La pierre, cassée au milieu, rupture figurée ici par le trait ver-
tical, a une largeur totale de 1 mètre 98 centimètres, et la hauteur
des trois lignes du texte est de 68 à 70 cm., sur une épaisseur
de 12 à 14 cm. ; les lettres ont une hauteur de près de 12 cm.
Malheureusement, quoique la pierre ne paraisse pas défectueuse,
il manque Tannée à la suite du quantième, et Ton peut seulement,
par comparaison avec les documents similaires, Tattrihaer au
XIII* siècle.
N<»2.
nDb
a Ceci est la stèle de maître Obadia, fils du maître Elle, qui est allé
au Paradis, le lundi de la section wayM^ Tan IX du comput [sous-
entendu petit, = 5009). »
La lecture hebdomadaire sabbatique wayhi correspond au
16 tébet, soit le mardi 11 tébet = 28 décembre 1248.
Cette pierre, également fendue au milieu, est un peu plus fine
que la première ; elle n'a que 1 m. 75 cm. en largeur totale ; la
hauteur de Tensemble est de 75 cm., et les lettres n'ont que 8 cm.
de haut. La gravure en est très soignée.
N«3.
(1)ab nt3D3«)
iD na® m
tan
na:t73 nw
(••)'ibn dn373
Db
c Ceci est la stèle de maître lehiel Menahem Ilalévi, qui est allé au
Paradis, le mercredi de la section de schemot. Tan LUI du comput. »
Le sabbat de schemot 5053 correspondait au 23 tébet, soit, pour
la date indiquée ici, 20 tébet = 31 décembre 1292.
La dernière lettre de la 2« ligne a été cassée; c'est la finale ^ ai-
sée à reconstituer par le texte n^ 2.
NOTES ET MÉLANGES
297
' les deux pré^céHentes,
pierre, rendue su raiiipu, comme j
largeur de I m. 50 cm., «ur mie hauteur de 15 cm.
Si la première stèle a le défaut d'être datée imparfaitement, elle
offre, par contre, un nom nouveau dans ronomaslique juive et
dans lliistoire littéraire de la France au moyen âge : celui de
la d<?funte, qui constitue le dernier mot de la ligne 1 ; fttbNT»,
■qu'il faut lire loete, nom qui ne se trouve ni dans le Dictionnaire
histofnqite de la7îcien langage français^ de LRCiirne de Sainte^
Palaye, ni dans Tœuvre analogue de son successeur contempo-
rain, M. Fréd, Godefroy. La dernière lettre de ce mot, sans doute
ron fit, a disparu par la cassure de la pierre.
I D'après le Livre de la taille de Paris pour Tan 1292, publié en
1837, d'après un ms. des Archives nationales % on a pu reconsU-
luer une longue série de noms propres pour cette époque ; or parmi
eux, à côté de noms de femme tels que Bele-Assez, Bone, Beïete,
etc., on trouve deux fois le nom de Joie: l^Joie la farinière,
veuve ; 2^' Joie, femme Vivailt Caro* Cette dernière porte précisé-
ment le nom de la défunte qui figure sur notre stèle n"» 1, si Ton
observe que le mot Ilwjini a pour équivalent français le nom Vi*
^cini, et que Ton suppose que le mot Joie a dû avoir pour dimi-
nutif Joete, comme Bel^ie est le diminutif de Bêle'* Le nom de
Joie écrit nsf^ï^r, comme on le retrouve sur une inscription bé-
*>raïque du musée municipal Carnavalet à Paris ^ et sur une autre
à Mâcon*. parait être en quelque sorte le féminin de Joiant ou
^£oan/, donné par M. Godefroy comme un synonyme de Joconde,
^P*autre part, comme la femme Vivant a [tayé encore TimptU, à
BParis, en 1296, c'est vers la lin du xm* siècle qu'elle a dû émigrer
H^B Paris à Mantes, où elle est décédée.
H L'ensemble peut servir de complément au travail de M, de Long-
P^rier sur ce point, dont la grande stèle carrée de Limay forme le
L sujet capital, il a restitué à ce texte sa véritable date 17 mars 1243
L (non 1101, comme des historiens de rarrondissement de Mantes
H l*avalent supposé à tort lusque-làj. Enjoignant à celle-ci les trois
H stèles qui viennent d*étre découvertes et la pierre similaire trou*
* Voir VïïTLàe U, Isid, Loeb, KâU des Juifs d$ Paris en ms-7, Bevuâ, 1880, L I,
pp, 61-71,
• ToQtefcnft, M. Ârsèoe Darmesteler, à qui nous avons soumis noire lecture, no
pifUjçe pBS ootre t^îs eo ce qui coticerne !« mot îJîtl'' ; *i l^®^ ^® 1* dernière loUre
de et mot que ooys Bsoos u. il propose les dcust lettres T1, ce qui donnerait le mot
|fitjri{tl*^, àjûni uu sens fort plausible, celui de JûtfeMO,
i Elle forme le d» V dans la série publié» par feu do Longpërior dans J&ufnat dtt
«vdttlf, 1874, p. 653 \ édition de» couvres do LouRpéricr, par M. Scblumbergurf
L VI, p. 112.
♦ Varr Isid. Locb, Revu^ L V, p. IQC,
298 RKVUE DES ETUDES JUIVES
vée également à Limay il y a bientôt vingt ans, et conservée
maintenant au Mu«ee des Antiquités de Saint-Germain *, on a des
textes formels relatifs à la présence des Juifs dans ce cantonaux
xiii« et xiv° siècles, corroborée par la mention d'une scola des
Juifs et d\me rue de la Juiverie sur un vieux plan de Mantes, pa-
blié par M. Grave, dans sa CJo^onique de Mantes (1883, in-8*,
pp. 221 et 262-3J.
Parlant de la pierre de Limay (qui mesure 1 m. "75 c. de lon-
gueur), M. de Longpérier dit que « ses dimensions sont extraor-
dinaires ». Qu'aurait-il dit à la vue d^^s pierres de Mantes, dont le
n° 1 a près de deux mètres 1 II avait déploré la d<^gradation de la
même pierre de Limay, a en sorte, disait-il, que la surface ex-
foliée ne laisse plus, en divers en droits, apercevoir que des traces
de caractères ». Nous devons rassurer les amateurs de ces monu-
ments et dire que la pierre a été restaurée il y a un an et demi ; à.
peine quelques lettres d'un mot de la deuxième ligne manquent-
elles dans le texte, heureusement publié en entier par cet archéo-
logue. Finalement, le vœu littéraire formulé à ce propos par M. de
Longpérier*, de publier un tableau des sections hebdomadaires de
la Bible en concordance avec les quantièmes mensuels, a été réa-
lisé par M. Isid. Loeb S en 1886 * : ce qui a permis de déterminer,
la date des trois stèles en question ici.
Moïse SghwaS.
EXPULSION DES JUIFS DE SALINS ET BRACON
EN 1374
Voici une pièce assez curieuse, elle se trouve aux archives du
département du Doubs, et est cotée B 404. C'est un acte daté de
Salins, 24 septembre 1374, par lequel les recteurs des églises de
Salins demandent à dame :M,arguerite, fille du feu roi de France,
comtesse de Flandres, d'Artois et de Bourgogne, seigneur de Sa-
> J?wiw, 1884, t. VIII, p. 138.
* K'iition de ses œuvres, i^. p. 129.
* Voir son article lievuCy t. VI, p. 250-267.
* Tables du ralendt-ier juif.
NOTES ET MÉLANGES 299
lins, d*expulser de Salins et du bourg do Bracon les Juifs qui y
demeurent. Quel crime ont-ils commis ? Absolument aucun, que
Ton sache, seulement leur contact est « fétide et immonde », et il
feut bien purger la société chrétienne de la présence de ces Juifs
« vils et perfides » (perfide s'applique à leur religion), afin qu'elle
ne soit pas a souillée par leur séjour et leur fréquentation ». Ces
bons curés et prieurs (ils sont de leur temps) ont fait cela proba-
blement pour prouver à la postérité que les Juifs insultaient les
chrétiens, mais que les chrétiens les traitaient toujours avec une
exquise urbanité ; que les Juifs sont exclusifs et intolérants, tan-
dis que les Ariens ! . . . Ce qui est intéressant, c'est la récompense
offerte à la comtesse : cinq messes dans telle église, quatre messes
dans telle autre, du vivant de la <îomtesse ; messe perpétuelle, en-
suite, à l'anniversaire de sa mort. Le tout soigneusement compté
et stipulé et revêtu des sceaux des signataires. La comtesse ac-
cueillit le vœu qui lui était adressé. Voici le texte de la pièce :
Per bas litteras cunctis tam presentibus quam futuris innotescat
(piod nos rectores singularum ecclesiarum de Salino, videlicel pre-
positus et capitulum ecclesie beat! Anatholii, capitulum sancti Mi-
chaelis, capitulum sancti Mauricii, curatus ecclesie sancti Anatholii
predicti, curatus béate Marie sempervirginis, curatus beat! lohannis,
curatus sancti Mauricii, prier prioratus béate Marie Magdaleue, prier
sancti Nicholay et conventus Fratrum minorum de Salino, ac ma«
gister hospilalls sub Bracone, omnes inslmul et singuli nostrum,
acerbiori cémentes mesticia omnem cetum xpristianum ville seu
burgorum de Salino vilissimorum et perôdisslmorum ludeorum
D^ore et conversationis contagione pollutum, qui, utinam tam lon-
?ôvis temporibus in socielate et consoriio antedicli cetus xpistiani
d^ Salino moram seu domicilia non fovissent, ut prodolor numera-
bilia peccata que per ipsorum ludeorum cum xpristianls manslonem
et conversa tionem muluas perpétra ta fuisse et colhidie perpetrari a
^ûehbus xpristianls piis et lacrimosis audiuntur singuUibus, non
modo fada, sed nec eciam excogitaia tara nephando pulamine cons-
litissent, sanctissimo fidei nostre xpisliane zelo prout tenemur ac-
censi, post multe acerbitatis mentium nostrarum et singulorum
nostronim pressuram,ad serenissimam et xpistianissimam dominam
nostram dominam Margueritam, Régis quondam Francorum ûliam,
cocoitissam Flandrie, Arthesii * t Burgundie, palatinamque ac do-
minam de Salinis, oculorum nostrorum et singulorum nostrorum
aciebus, lacessitis vocibus, tanquam ad nostrum in hoc verum et
solum solamen, fiducius adcurenles, ad ipsius domine gratiam, quam
a muitis expertam temporibus piissîmam novimus, pro parte omnium
et singulorum, preces nostras humilimas duximus porrigendas, qua*
tinus dignaretur de villa sua de Salino ac de burgo suo castri sui de
300
REVUE DES ETUDES JUIVES
Braeone et eonim finibus omaes et slngulos ludeos et ludeas lotaliter
et sine quacunque revocdUoDe expeUere* Ëidem domiDe nos oomes
et singuli supradicii, pura el liberalissima voluolate ooslra, ^
nobis et successoribus Doslris, ipsos ad hoc inquanlum possumus
abiigaado, promicteotesquod hoc casu nos omnes etsingali nostrum
10 ecclesia sua, pro ipsius domine nosire anime remedio etsaluie.
perpetuis infalUbiliter lemporibus, semel in aono celebrabimus
unum anniversariam soLIenne, modo et tempore inferius declâratîsj
vîdelicet quamdiu tpsa domina nostra vilam îu humaols daxe-
fit, nos prepositus et capilulum sanctî Anatholii, capiiulum beiti
Michaelis, capilulum beati Mauricii et curaïus beali Analbolii pré-
dictif quatuor missas sollennes de Spiritu sancto celebrabimus
prima die sabbaU Adventus Dominî, Item nos cura tus béate Marte
semper Virginia, curatus beat! lobannls, curatus sancti Mauncii»
prior prioratus béate Marie Magdalene, et prior prioratus saacti
Nicholay, eadem die sabbati, quinque missas sollennes de Domina
nostra beata semper virgine celebrabimus. Item et nos Fraires mi-
nores^ et magîster hospitalîs sub Braeone^ eadem die sabbati, duas
missas solennes de Angelis celebrabimus, singali scilicet et quilibel
nostrum omnium supradictorum missam suam, ut supra tao^ltur,
dévoie in ecclesia sua solenniter celebrando, Post obilum vero dictô
domine nostre, quiïibet et singuU nostrum omnium in ecclesia sua,
pFout superius inserimur, die sui obitus, perpetuo missam de Re»
quiem dévote celebrabimus sollenniier pro eadem. Hinc est quod
anledicta serenissima et xpistianissima domina comilissa, multo
plus nobis in huiusmodi sancto proposîto, de expurgaoda sancta
xpistlana coocione ville de Salinis et burgî caslri sui predicti de
Braeone a tam fetido et immundo ludeorum consortio, ferveotius
animaia, beoe ponderans et advertens ad dicta anniversaria que pro
salute anime sue ut supra dictum est proraisimus celebranda ; fled
et magis eciam serenissime mentis sue conceptibus» cupiens a Ut
et lege xpisliana, quas totalibus ditigit et amplectitur viscehbus,
omnem ludaicam perfidiam et aliara immundiciam procul expellere»
in hiis exaudivit nulu gratissimo preces nostras, ipsos ludeos
omnes et singalos et singulas ludeas ab anledictis villa et bungo
suis pro nunc et imperpetuum pro se et heredibus suis irrévocable
liter expellendo, proul hoc fide constat pleuaria per ipsius domine
lilteras magni sui sigilti robore munitas nobisque manu sua ptoprii
traditas et concessas. Et propterea, nos ooines et singuli rectoreset
alii predicti» videntes et diligencius attendenles antedictum propo*
situm nostrum de pellendis ipsis ludeis tam graciose et cum lam
gralo el céleri eftectu per dictam dominam nostram nobis eus dictis
litleris suis graciosis super hoc concessum, eidem domine nostre
comi tisse nos omues predicti el singuli, prout supra seriatim et
sigilïatim norainamur, promiltimus et jura mus, videlicet quiïibet
nostrum nomtoe ecclesie sue, nos et ecclesiam suam quiïibet ad hoc.
Ut potesl, atricUus obligando, antedicta anniversaria seu missas soU
NOTES ET MÉLANGES
30!
, prout supra tactum et declarstum est, pro salute et remedio
antedicte domine nostre aflaltiris amodo et perpetuis tempo-
quilibei ia dicta ecclesia sua» ut polerimus» devocius cele-
fiine interruptione, dimissioûe seu infraclione quacuaque, Re-
Ijssimum in Xprlsto patrem et domioum nostmm dominum
pidcopum Bisou tinensora, ut carius possumus» deprecanles
lus] oabis omnibus et singulis, io tam sâoclo et honesto pro
lege xpistianis proposito, favorabiliter et eu m efTeclu aunuat,
fâtras patentes litteras ad ûrmiorem eorum eOectum decreto et
iiate suis confirmando* Qui bus nostris paleotibus et presen-
iitteris, ut perpétue firmitatis robur obtineant^ nos omnes et
11 predicli nostra et singularum ecclesiarum nostramm sigîHa
lum apponenda. Batum apud Salinum die vicesîma sezta
Dbris anno Domini miOesImo trecenlesîmo septuageaimo
IsmaRE LoEB.
À
BIBLIOGRAPHIE
Brrest Renan. Histoire do people d*lsraël, tome !•'• Paris, G. Léiy, 18S1.
1
Le premier volume'de V Histoire du peuple d* Israël de M. Renan n'a
pas déçu rattente des amis de la belle littérature. Jamais l'admi-
rable écrivain, auquel nous devons tant de pages charmantes, ne
s*est montré plus pleinement maître de toutes les ressources de
notre langue, jamais sujet, sauf la Vie de Jésm, ne lui a permis de
déployer plus librement les dons si divers d'artiste et de poète qui,
dans celle nature privilégiée, font presque oublier le savant et le
penseur. On retrouve ici M. Renan tout entier, — avec ses défauts,
sans doute, c'est-à-dire l'abus de l'ironie inutile dans la pensée et
de l'anachronisme inutile dans l'expression, çà ^t là des traits que
réprouverait un goût sévère, et des boutades qui ressemblent à des
gageures* — mais aussi avec ses qualités, toujours jeunes, de sou-
plesse, de verve, de lumière, avec sa profondeur sans pédantisme
et sa grâce sans afféterie, par-dessus tout, avec ce je ne sais quoi
a de léger et d'ailé », qui fait involontairement songer à Platon. On
peut ne pas ouvrir V Histoire d'Israël, mais, une fois ouverte, je défie
quiconque de la fermer sans l'avoir lue jusqu'au bout. On est parfois
agacé ou choqué, plus souvent ému, — entraîné et séduit presque !
toujours. Et que de pages laissent dans la mémoire une empreinte
ineilaçable, depuis ces premiers chapitres où Texistence des nomades
du désert syrien ressuscite dans la fraîcheur d'une idylle peinte
d'après nature, jusqu'aux portraits si vivants de Saiil, de David et
* Je me contente de signaler les pages 4 (vices de l'humanité primitive), 354
(< riiistoire du monde, c'est l'histoire de Troppmann •), 379 (le < monôme des pro-
phètes 0» clc.
BIBLIOGRAPHIE 308
de leurs rudes compagnons, — depuis celte vision presque trou-
blante du massif du Sinaï, jusqu au parallèle, en somme, aussi juste
qu'éloquent, entre la langue grecque « luth à sept cordes, qui sait
Tibrer à l'unisson de tout ce qui est humain », et Thébreu « carquois
de flèches d'acier, câble aux torsions puissantes, trombone d'airain
brisant l'air avec deux ou trois notes aiguës ! » Le secret du style
de M. Renan parait être dans Talliauce d'un vocabulaire romantique
•par la force, la richesse et le coloris, avec un tour de phrase clas-
sique, c'est-à-diro noble, simple et français. Quelle bonne for-
tune qu'un pareil livre dans un siècle où l'érudition met sa coqpiet-
terie à tourner le dos à la littérature, pendant que la littérature
met la sienne à s'affubler d'un jargon scientifique ou naturaliste I
Mais il est temps de nous dérober à la séduction de ce grand
charmeur et de nous demander de sang-froid ce que ce volume
nous apporte <le nouveau sur la période la plus ancienne et la plus
obscure de l'histoire d'Israël, celle qui s'étend depuis les origines
jusqu'à l'avènement de David.
II
L'histoire d'Israël avant la conquête de la terre de Canaan n'occupe
que vingt pages dans la OeschicMe des Volkes Israël de M. Stade. Elle
en occupe deux cents chez M. Renan ; mais ces longs développements
oe doivent pas faire illusion sur la quantité de renseignements vé-
ritablement historiques que nous possédons pour cette période. En
rtalité, quiconque admet avec nos deux écrivains le caractère aça-
diquc et la rédaction tardive du Penialeuque devrait résumer toute
celte partie de l'histoire d'Israël en quelques lignes.
Les peuples nomades n'ont pas d'histoire écrite, ils ne conservent
même guère de souvenirs historiques proprement dits ; ceux-ci ont
besoiu pour se fixer, à défaut d'écriture, d'une attache matérielle
quelconque, d'un centre de cristallisation. Aussi, le peu qu'il est
possible de savoir des voyages et des mœurs des nomades, il faut le
demander à leur poésie populaire et aux mentions occasionnelles
çoe font d'eux les annales des peuples sédentaires et civilisés. Or
les Béni Israël, à l'état nomade, n ont probablement pas eu de poésie
léveloppée; en tout cas, il semble qu'aucun fragment considérable
ie CCS V- petits dlvmis » que suppose M. Renan (p. 23) ne se soit
jnservé ; d'autre part on n'a pas encore trouvé de mention certaine
ï ces tribus dans les annales des deux seuls empires qu elles aient
1 frôler, l'Egypte et la Chaldée. Gomment donc espérer reconstituer
ur histoire ?
M. Kenan ne veut pas se résigner à cet aveu d'ignorance. Il traite
!'mt; assez durement les « critiques à l'esprit borné », « les esprits
■oits à la française qui n'admettent pas qu'on fasse l'histoire de
30-4
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
temps sur lesquels oo n*a pas à raconter une série de fails matent
certains » {p. xni). Pour ne pas tomber dans ce travers, il do
présente d'Israël à Télat nomade une description puisée à ciaq"
sources : 1' les peintures égyptiennes de Béni-Hassau ; 2* le livre de
la Genèse; 3"^ le livre de Joè; 4° le Ehiiab et Aghani (recueil cle
poésies arabes aulé-islamiques) ; 5* les observations personnelles de
Tauteur chez les Bédouins du désert de Syrie. On verra plus loin œ
qu'il faut penser du îabkan de maurs composé à Faide de ces do-.
cuments; pour le moment» jti m'en tiens à la trame matérielle, an
récit des pérégrinalians d'Israël et de la formation du peuple
Israélite.
Le point de départ de M. Renan est le nom des Hébreux ; il y voit
les « gens d'au-delà », c'est-à-dire « ceux qui ont passé TEuplirate »
(p* 91). Les Sémites nomades du groupe hébraïque ont fait des
séjours répétés dans le Paddan-Aram, la province de la Haute-
Mésopotamie où se trouvent Harran. Sarug et Edesse. C'est là qu'ils
ont lié connaissance avec les mythes babyloniens et notamment
avec tf la légende du fabuleux Orham, roi d'Ur, que les gens du
Paddan-Âram appelaient Ab-Orham, Abraham », et qui serait le
Pater Orchamus d'Ovide (p. 75). Parmi les tribus qui se ratto-
chaient à ce mythique personnage, celle d'Israël ou de Jacobel (ce
nom se lit sur les pylônes de Karnak) représente un c groupement
puritain t) qui avait ses campements eu Palestine': t Bethel était
leur sanctuaire de prédilection » [p. i08). * Sichem parait avoir
été un des points où ils revenaient le plus souvent • (p. H3l Ces
tribus, qui vivaient dans les meilleurs termes avec les Hittites
d'Hébron*, furent attirées un peu plus tard en Egypte * par les
Hittites égy plianisés de Memphis et de San » (p. 138). Easuile
les Égyptiens reconquièrent leur pays et tyrannisent les Béai-
Israël ; ceux-ci s*éebappent dans la péninsule sinaïtique, oii M. Re-
nan les suit pas à pas, d'après le t journal du désert » (p. U5i.
Mais tt le voyage d'Israël au désert fut une traversée» non tin
séjour » (p. 171). Comhien de temps dura-t-il? t Nous suppose-
rions volontiers un an ou dix-huit mois «> (p. 207).
J'ai tenu à mettre les passages principaux sous les yeux du lec-
teur, pour faire voir a quels dangers ou s'expose quand on veut tu
savoir aussi long sur des époques absolument soustraites à Tinves-
tigaiion historique. M. Renan, dans ces deux cents pages, ne pr^^
senle que des hypothèses; il le reconnaît de bonne grâce, et, si soii'
éditeur l'avait écouté, on aurait imprimé tout cela a?ec des encres
de différentes nuances, c marquant les divers degrés de probabiliu
de plausihilitét de possibilité » (p. i5). Il y a donc hypothèse
' r Home fut dans le Lalitim iiii« iûHe d'asile de sélecttOD. La tribu des Béai-
Isrs&l perait aTotr été quelque chose d'analogue au sein des tribus hébraïques •
{p. 109).
■ L'existence d'Hittilea à Hébron est plofl que douleuBe.
1
BÏBLlOGRAPinE
m
^yTïothèse ; parmi toutes celles de M. Henan, combien y eo a-Uil,
iiir parler le langage de Fauteur, qui puisseDl prétendre à la
^robal)îlité * ou è la n plousibilité » ? Bien peu, je le crains ; il en est
Tk nombre, au coDlraîre, qui répugnent, sîdoiî à la « possibilité »,
^^ moins à la vraisemblance et qui relardeot notablement sur l'état
Bctmel de la science, La faute n'en est certes pas aux études de Tau-
teur, elle ne Test pas davanta^'e à son manque de sagacité ; elle est
^"Ut entière» osons le dire, dans un défaut de méthode, dans un
PBrti-prls insuffisant. M. Reuan n'a voulu être ni un naïf qui croit
aveuglement aux récits bibliques, ni un critique impitoyable qui
prononce le Non îiquet quand il le faut ; il est un constructeur sys-
tématique, qui prend aux vieilles légendes ce qui lui convient pour
Ves faire cadrer avec un idéal préconçu qu'il s'est tracé de Thistoire
israélite. Pour M. Heoan, en effet, cetle histoire est le développe-
meot du thème suivant: THébreu nomade élait déjà en possession
du monothéisme pur, qui, obscurci pendant les premiers siècles de
rexislence sédentaire par le a iahvéisme matérialiste »» sera restauré
par les grands prophètes. Yoilà la conception qui domine et explique
tout Téchafaudage historique. On verra tout è l'heure qu*il n*en est
pas de plus insoutcDable ; ici, nous voyons d'avance, en quelque
sorte, la réfutation de la thèse par les conséquences, car c'est cetle
idée à priori qui a suggéré à M. Renan toutes ces suppositions de
détail où il parait, par moments, perdre de vue les résultats les plus
certains de Texégèse moderne. Par exemple, il est probable que le
nom d*Héhreux signifie gens d'au-delà le Jourdain, et non d'au-
delà TEuphrale; d'autre part» la critique ne peut attribuer de va-
leur sérieuse aux traditions contradictoires de la Bible sur l'origine
d'ÂJ)rdham, et surtout aux analogies trompeuses entre Abraham, le
roi Orkhammou des cylindres assyriens (M, Renan avoue lui-môme
que la lecture est incertaine ! ) et le Pater Orchamus d'Ovide. Si
néanmoins M, Renan s'est complu dans une étymologie invraisem-
blable et dans des rapprochements factices, c'est qu'il fallait fjue le
monothéisme ancien des Hébreux trouvai un point d'appui extérieur,
il fallait que « l'Elahiste ancien ^> que suppose M. Renan, ait pu con-
naître les mythes chaldéens sur l'origine des choses, avant la cap-
tivité de Babylone i De là le « crochet * dans le Paddan Aram. De
même, les légendes qui rattachent le nom des patriarches à des loca-
lilés déterminées de la Palestine ont sans doute pour origine le désir
de légitimer la conquête israéïite de Canaan, absolument comme
les Do riens, arrivant dans le Péloponèse, prétendaient ou s'imagi-
oaient retrouver partout des traces de leur héros national, Héraclès,
et, de la conquête des Héraclides, ont fait le « retour des Héraclides »,
Dans bien des cas^ une légende locale, qui avait pour héros un demi-
dieu cananéen quelconque, aura été tout simplement transfert e sur
le compte des ancêtres mythiques d'Israël ; peut-être môme les noms
de ces ancêtres mythiques sont-ils ceux de héros éponymes cana-
oéens confisqués, annexée par IsraCSl, et non pas de personnages fai-
T, XV, n^ :w.
20
dÛ6 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
1
sant partie du bagage primitif des tribus nomades *. Quant k voir
dans les anciens Israélite un groupe de puritains , une i élite
comme les anciens Romains > (je croyais que les Romains eux-
mêmes se donnaient pour un rebut et non pour une élite), c'est en-
core une conception qui devance les temps de dix siècles.
Si le séjour ancien des Hébreux dans le Paddan Aram et en Pales-
tine a peu de titres à figurer dans Tbistoire, si leur séjour en Egypte
' est lui-même assez problématique, en revancbe» on ne peut sous-
crire à Topinion qui réduit leur passage dans la presqu^Ue sinaïlique <
à une durée aussi insignifiante que le croit M. Renan. Gomment j
veut-on qu*en « un an ou dix-buit mois », — un instant dans la vie ^
d'un peuple nomade ^ le Sinaï ait pu prendre dans la conscience
nationale la place que nous lui voyons occuper plus tard ? Pour que
le Sinaï soit devenu TOlympe Israélite, il faut que pendant de longues
années, pendant des siècles peut-être, les enfants dlsraêl aient tu sa
masse se dresser au fond de leur horizon comme le noir piédestal
du dieu qui parle le tonnerre. Comment M. Renan a-t*il pu ainsi
fermer les yeux à Tévidence ? Et comment, d'autre part, a-t-il pu
s'imposer, après tant d'autres, la vaine tâche de reconstituer Titiné-
raire des Hébreux dans le désert? Si le journal du désert, ou plu-
tôt les journaux du désert, ne reproduisent pas tout simplement les
routes ordinaires des caravanes à l'époque où nos textes furent
rédigés, ce sont des constructions arbitraires, qui ont leur i^aoe
dans l'histoire littéraire, mais non dans l'histoire politique.
Avec l'apparition des Israélites sur la rive gauche du Jourdain,
nous touchons enfin terre et l'histoire sérieuse commence. La cri-
tique moderne n'a presque rien laissé subsister du livre de Josué,
elle a reconnu l'arrangement artificiel et les sutures nombreuses du
livre des Juges ; après ces sacrifices, il reste un petit noyau de faits,
tlots émergeant du déluge d'oubli qui a englouti les Iraditioas
épiques des tribus Israélites, et les exploits, plus nombreux encore,
morts-nés faute d'avoir trouvé d'aède populaire : carmU qwié uk
sacro. Ce qui subsiste de cette atlantide suffit néanmoins pour en
déterminer les contours généraux. Aussi l'accord est- il peu piès
unanime sur la manière dont se fit Toccupation de Canaan par les <
Hébreux, occupation lente, fragmentaire, tantôt pacifique, tantôt
violente, mais à laquelle ne présida aucun plan d'ensemble et qui ;
eut plutôt le caractère d'une absorption graduelle et incomplète qm ;
d'une conquête véritable, à plus forte raison d'une exterminati<m de ;
* Quand je vois les noms de Jacob et et de Joseph el figurer sur les listes, de»
peuples vaincus m Palestine par Touthmosis III, c'est-à-dire à une époque où kl
Hébreux erraient probablement dans le désert, je me demande si ces noms a*oat ptl
désiré des confédérations cananéennes pré-hébraiçuis avant d'ôtre usurpés par Imb
conquérants hébreux. L'assimilation factice d'Israël et de Jacob pourrait venir 4
Tappui de cette conjecture ; le patriarche légendaire des Israélites a fusionna vnfi
Ut patriarche légendaire des Cananéens, comme rHéredès dorien avec FAkée^
4 L hofmme fort • achéen.
BIBLIOGRAPHIE
SOT
itlOQ indigène. Dans cette migration de plusieurs siècles,
lan, chaque tribu dut ag^ir en général pour son compte; les
ements partiels entre les divers groupes furent d'abord stric-
imités à la durée d'une campagne ofTensive ou défensive .
la conquête accomplie, le tassement s'opéra. Peu à peu cer-
asplus puissants et plus vivaces absorbèrent leurs voisins,
i entières disparurent, au moins comme unités politiques
[(Siméon, Lévi) ; la nécessité de résister à des ennemis
amades du désert ou Cstianéens sédentaires, provoqua
lion, d*abord de coalitions étendues mais temporaires (Dé-
is de royautés locales (Gédéon) ; enûn le combat de vie et
contre les Philistins, qui furent à un certain moment les
la tout le pays jusqu'au Jourdain, eut pour conséquence
uaion de toutes les tribus sous un roi benjarainite, SaiiL
ïi cette première dynastie, malgré de grands services,
ans sa tâche; il était réservé à la royauté judaïte de David
il la délivrance du peuple Israélite, de lui donner un centre
^bar là de constituer définitivement son unité.
^B les grandes lignes du tableau que M. Renan a retracé
^Hg( cent cinquante dernières pages de son volume. Le
^■Int; les traductions de la Bible souvent admirables;
IBlie puis m'empècher d'exprimer deux regrets. D'abord
, Sans descendre dans le minutieux éplucbage de textes qui
^é le lecteur français, aurait dû insister un peu plus sur la
lUiique d^Israël. A le lire, on croirait parfois qulsraol s'est
en tribus comme un tronc se divise en rameaux : il est
vraisemblable qulsraul a été, au contraire, formé par la
Uoû tardive de divers clans dont les plus importants sont
es futures tribus ; le nom même dlsraël ne fut peut-être
mme une étiquette générale qu'après la conquête *.
lûd point où Ton aurait désiré quelques éclaircissements
se sont les circonstances qui ont amené rétablissement de
Sel son caractère d'institution de salut public, La sujétion
ux Philistins n'apparaît pas assez complète et le person-
aJU reste dès lors un peu ênigmali<|uc. Kn outre, M. Renan,
Ijpcunes tenaces, est beaucoup trop sévère pour David,
Hi sans raison à son prédécesseur. 11 en fait un condoi-
ni n'a guère de sens à Pépoque dont il s*agit; un bandit^ ce
iveru même de M. Renan, était la condition nécessaire d'un
itique ; un vassal des Pbilislins, ce qui, dans les idées
SmI
t désigné comme le pèfo de» diUéreateB tribus, cet» ne prouve
ifu» son. nom et son «xiatcncc mémo soient a a lé rieurs. Dans k Uagage
(ChlaîSf Pèr» opposé à Fils désif^^ne l^ concepl plus eompi-t^heiisi/', mais
tmHen, Fsr oz«mptfi, au cbap» x de lu Qeiiua«, Gomer (les Cimménens)
e i^lusiears nations qui sont beaucoup plus anâeimes que lui» mais qu'il
PU eoiiquérani Tâjiîc^Mincure nu viii* sîèck.
308 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
judaïtes d*alors n^avait rien d'humiliant \ Môme en admettant le
caractère apologétique de beaucoup de nos textes relatifs à Da?id,
môme en dépouillant le roijudaïte de Tauréole poétique ou sentimen-
tale dont l'a couronné la dévotion des âges postérieurs, il n'en reste
pas moins vrai que ce « bandit » a accompli, per fas et nefas si Ton
veut, Tœuvre patriotique par excellence, raffranchlssement national,
et mérite par là sa place d'honneur dans la reconnaissance de son
peuple. L'instinct populaire a-t-il eu si tort de préférer le politique
de génie au vaillant soudard, et n'est-ce pas plutôt M. Renan qui
intervertit les rôles ?
III
Si curieuse que soit, à beaucoup d'égards, l'histoire politique
dlsraël jusqu'à David, son intérêt disparait, à nos yeux, devant
celui de l'histoire morale et religieuse. C'est comme porteur de l'idée
divine, comme « peuple de Dieu », qu'Israël a sa place marcjnée dans
l'histoire universelle, et c'est bien ainsi d'ailleurs que l'entend
M. Renan ; c'est presque malgré lui qu'il se résigne à raconter les
batailles, des massacres, des querelles de clocher ; ce qui l'attire
avant tout, c'est l'histoire des idées et des croyances, c'est l'évolution
religieuse des Israélites. Suivons-le maintenant sur ce terrain.
J'ai parlé plus haut, pour en louer le mérite littéraire, du long
tableau de l'existence des Sémites à l'état nomade qui ouvre le
volume; ce tableau, développement de l'esquisse plus concise que
M. Renan avait présentée jadis dans son Histoire des langues sin»'
tiques^ est en effet une délicieuse pastorale ; je dirai plus, si l'on con-
sent à n'y chercher que « la psychologie du Sémite nomade », sans
acception de temps, de races ni de lieux, c'est de la belle et bonne
philosophie de l'hisloire. Le jugement serait un peu diflérent si Ton
prétendait voir dans ce tableau idéal une description fidèle des
mœurs et des idées des anciens Israélites avant l'adoption par eux de
la vie sédentaire. Les documents manquent absolument pour écrire
un pareil chapitre. Les sources les plus anciennes auxquelles ait
puisé M. Renan — le livre de Job * et la Genèse — sont postérieurs
de plusieurs siècles à la transformation des Israélites en agricul-
teurs; ils présentent donc ou des tableaux de fantaisie ou tout
> M. Renan fait dater la distinction d'Israël et de Juda de la mort de Saûl (p. 437)
C'est probablement le contraire qui est vrai. Tout porte a croire que Juda se sépiii
des autres tribus avant même le passage du Jourdain et conquit son domaine pari
sud-ouest, en passant par Ëdom. Le rapprochement ne se iit que lorsque la continoit
géographique eut été rétablie, et elle ne le fut pas de longtemps. C'est vraimei
David qui a fait entrer Juda dans le consortium dlsraël.
' < Le livre de Job ne sera écrit que dans mille ans, mais dès Tâgo antique (
nous sommes, il a dû être pensé > (p. 131).
BIBLIOGRAPHIE
30O
M plus l'étal des familles Israélites restées nomades n cette date, et
fu, urià'memeni, avaient subi dans une large mesure Tinfluence de
lears voisins sédentaires ; je ne parle mÔme pes des poésies arabes
jU*ï5lamiques et des récits de voyage contemporains, qui nous font
ttoalue une branche très dilTc rente de la race sémiticjue, deux ou
f miiie afis plus tard.
* immobilité des nomades », qu'on allègue pour jeter tous ces
cumeuts dans le môme creuset, n'est qu\m cliché, comme F « îm-
lité de rOrient »; il ne fait que masquer notre ignorance. Cette
Dobilité est toute relative ; elle ne s'applique qu^aux très grands
pU,atix habitudes générales imposées par le climat et les conditions
oes de la vie pastorale nomade. Mais, dans le détail, quel champ
l(e ouvert à la contingence, quel rôle énorme doit jouer le génie
Dpre de chaque race, la phase de son développement matériel
^moral, les influences des civilisations voisines l Uhahitation du
aade peut erre une tente ou un chariot, sa nourriture exclusive-
ttl animale ou mixte, le mariage et la religion peuvent revêtir
Elles tes formes imaginables, les mœurs peuvent être douces
cruelles, hospitalières ou exclusives. Pour savoir auquel de ces
il convient de rapporter l'Israélite nomade, il faudrait des
; précis et nous n'en avons pas. Passer outre, c'est s'exposer à
du roman, non de Tbistoire. Les Kirghiz et les Cosaques
bitent le pays des Scythes et Massagètes d'autrefois et sont restés
I partie nomades comme eux; ira-t-on compléter les descriptions
iérodote avec celles de Wambéry ou de Tolstoï '?
lins que M. Renan n'ait parfois oublié ces règles de prudente
dans son désir de répandre la lumière sur ces âges recu-
,n fait par moments un emploi bien risqué de textes tardifs, quil
Il ôlUeurs interpréter plus sainement. Un seul exemple caractéris-
ne. La tradition qui donne à Jacob pour femme deux sœurs, dont
[cadette est mère du fils préféré, signitle probablement que les
léphites , d'une race un peu diflé rente des autres Israélites (on
Et comment ils prononçaient le sain), sont entrés assez tardivement
Tassociation générale et y ont conquis rapidement une place
ïdérante. C'est du moins ainsi que M. Benan interprète quel-
f part notre légende ; pourquoi donc, dans un autre passage, Tal-
-l-il comme preuve que « dans certains cas le patriarche avait
Bf épouses en même temps deux femmes égales, de sang noble»
rfois deux sceurs? î> (p. 18), Il faudrait cependant choisir entre
iplication allégorique et Texplication littérale l Les cumuler, c*est
îi. Renan répondra que notre agada n'aurait pas pu revêtir
! forme populaire si de pareilles unions n*avaient pas existé dans
llii|ue. Oui, daiis la pratique du temps du rédacteur, qui écri-
è une époque où les Israélites étaient sédentaires depuis quatre
iq siècles. Et qui prouve que cet usage n'ait pas été emprunté
: Caaanéens ? Ntscio^ nec vos scitis.
louchons-nous pas ici du doigt une nouvelle faute de méthode?
310 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
M. Renan a raison de croire que les traditions, les poésies popnlain
ne sont pas des sources historiques à dédaigner en ce qui eoneerse
sinon les faits, du moins les mœurs, le « costume » ; c'est très mi.
mais ces traditions, ces poésies, nous renseignent exclusivement m
rétat d'un peuple à l'époque où elles ont pris naissance, et non pas
à répoque où l'imagination du poète place les événements qnll
raconte. Les exemples mêmes que cite M. Renan dans sa préfooo
auraient dû l'avertir de cette distinction capitale. Homère nous Ml
connaître le Grec du ix« siècle, mais non pas TAchéen qui prit Uioa
quatre cents ans auparavant ; la chanson de Roland, le cycle d'Artbnr,
sont une admirable illustration des premiers âges de la chevalerie;
mais qui oserait y chercher des renseignements sur les mœun
des Bretons du vi« siècle ou sur les compagnons de Charlemagwl
De même, la Genèse et le livre de Job sont des documents inappré
ciables pour qui veut reconstituer Tétat social et moral des Israé-
lites du IX* ou du VIII® siècle ; quelle valeur peut-on leur attribuei
en ce qui concerne Tlsraélite nomade avant la conquête de Ganaanl
Il n'y aurait que demi-mal si M. Renan, avec la prédilection bien
connue des gens ultra-civilisés pour les sauvages, s'était contenté d«
tracer de l'hébreu nomade un portrait très flatté, composé de traita
de la provenance la plus disparate et qui fait songer involontaire-
ment au Juif arabe des dessins de Bida. On pardonne un peu de
fantaisie en faveur de pages exquises. Malheureusement M. Renan
ne s'en est pas tenu là. A ce berger « galant homme, brave, géné-
reux, polygame », qui connaît la rêverie de l'amour et la mélancolie
des nuits étoilées, il fallait une religion en rapport avec ces aspi-
rations idéales : aussi M. Renan fait-il des anciens Hébreux des
monothéistes, précurseurs des prophètes*, adorant un dieu «pa-
triarcal, juste et universel » (472). On cherche vainement les ar-
guments même spécieux qu'on puisse invoquer en faveur d'un
semblable paradoxe. L'ancienne formule, chère à M. Renan, que «le
désert est monothéiste », n'est qu'un leurre : la steppe est aussi un
désert, et les Scythes, ces nomades du Nord, ont eu un polythéisme
richement développé. Tout porte à croire que le monothéisme n'était
pas moins étranger à la religion primitive des nomades duiiiidi,leî
Sémites. Leur frayeur naïve peuplait la nature de démons présidan'
aux phénomènes physiques, sans qu'ils eussent l'imagination asse!
vive pour donner à chacun d'eux, comme les Aryas, une personnalil
bien définie : c'était l'armée des Elohim, la société anonyme des puis
sances célestes. Au-dessus de ces démons, le Sémite primitif recon
naissait- il une divinité suprême ? Peut-être, mais ce dieu indistin(
était Tantipode du dieu très personnel, rémunérateur et vengeur d
mosaïsme prophétique, et ne tenait qu'une bien faible place dans h
* « Qiez les Sémites ce n'est pas seulement rexpression, c^eat la pensée mêi
qui est profondément monothéiste > (p. 49J« « Dès Tépoque reculée où nous Boomi<
le pasteur sémite porte au front le sceau du Dieu absolu (p. 51). >
BIBLiaGRAPIlIK
311
pî^toceiipalions de ces anciens pasteurs. Je croirais mômo volontiers
qneJes Élohim eujc-mônies n'y étaient qu'on second plan : les vrais
: dieux du Sémite, comme de TArya primitif, ce sont les ieraphim^
j tes dieux de son foyer vagabond, les idoles familières qu'il charge
sur son âne ou sur son chameau quand il change de campement. Il
[est impossible de lire le chapitre xxxi de la Genèse, celui où Jacob
[rôle les dieux de Laban, Fun des morceaux les plus curieux et les
plus archaïques de la Bible V, sans reconnailre la trace profonde que
ICC cnîi<' domestique avait laissée môme à l'époque tardive où se
{fixa la h^gende de Jacob; par cela même on devine Timportance pré-
||>i)ndérante que dut avoir, aux âges primitifs, le culte de ces Pénales
[nomades, peut être identifiés aux Mânes des ancêtres, et qui fini-
al par se confondre avec les sj^mboles domestiques du culte
ld*lâhvé. Le point de départ social d'israi^l, c'est le groupe familial;
[de même, son point de départ religieux est le culte familial, le plus
simple et le plus étroit de tous. Nous voilà bien loin de T Infini do
IL Renan, bien loin même de cet n Elohim d'individualité douteuse »
[dont « on sent qu'il arrivera a être le Dieu juste et moral des pro-
I pbètcs n (p. 32),
Il serait hors de propos de poursuivre ici Vhisloire du dévelop-
^pement religieux d'Israël; une fois admise, d'ailleurs, son humble
origiûcce développement, tout en restant admirable, devient facile
à comprendre, car il est parallèle au développemeot social et poli-
tique* Le culte domestique, qui seul avait de l'importance a Tépoque
pairiarcaîe, est bientôt obligé de compter avec k culte déjà plus
large des héros éponymes qui président aux associations de plu-
sieurs familles (clans) et de plusieurs clans (tribus). Puis ces cultes
iûlermédi aires eux-mêmes s'absorbent dans la religion du dîeu
nationaL lahvé^ le jour où la nation se constitue définitivement par
1« f^roupement des tribus* Que le nom de ce dieu national soit d'ori*
gitie étrangère (Kénite ou autre), qu'il ail été d*abord particulier ù la
Irjbu de Lévi et propagé parmi les autres à la suite de la dispersion
j do cette tribu, que certains détails superstitieux de son culte puis-
\$eni être un emprunt indirect à TÉgypte, — ceci dans une mesure
Lbeauconp moins large que ne l'imagine M, Renan, — tout cela est
âhle, mais peu importe, en somme ; pour îe fond des choses, la
srion nationale natl. se développe et atteint son apogée avec la
Etàtion elle-même, le culte dlahvé n'est que la forme Ihéologique
patriotisme Israélite, comme le culte de Kamos du patriotisme
)ite, La dernière étape — la transformation un dieu natioual en
on dieu unique, universel, dont Israul n*est que fenfant préféré —
j| été Tœuvre réfléchie du jeune prophétisme, favorisée par la dis-
BkxluUoQ même de Fétat israélite ; mais ce dernier travail, qui
Koostittie la grande originalité dlsraël dans Thistoire, n'appar-
I Voir le c^mmenUiro juridique do co elmpître qu'a donné récemment M» EsmeÎD,
MéJMi^u dhiMwn du droit v$ do critifue (LiroM. 11^6}. p. 233 ei suiv.
312 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
tient pas à la période traitée dans le premier volume de M. Renan.
Un dieu national est évidemment une notion étroite en com(>a-
raison d*un dieu universel, mais il représente au contraire un élar-
gissement de la conscience par rapport au culte domestique et
tribulique. Faute d'avoir reconnu le point de départ exact de révo-
lution religieuse d'Israël, M. Renan renverse Tordre des termes; il
arrive à déclarer que le culte dlahvé est un progrès au point de
vue national et politique, un « grand recul » au point de vue reli-
gieux Cp. 475, 265, 294). C'est qu'il s'obstine à comparer lahvé non
pas aux divinités qui Tont précédé réellement — les Pénates aml)u-
lants des patriarches, les vagues Élohini, les fétiches des tribus -,
mais à un prétendu dieu transcendant du Nomade, qui n'a jamais
existé que dans Timagination de Thistorien ; de là cette conception
étrange, anti-scientifique, qui recule dans un passé mythique l'âge
d'or de la religion et n'accorde aux prophètes que le rôle mesquin de
démolisseurs et de restaurateurs, quand ils ont été, en réalité, des
créateurs de génie. « L'histoire d'Israël, écrit M. Renan, se résume
en un mot : effort séculaire pour renoncer au faux dieu lahvé et
revenir au primitif Élohim » (p. 265). La formule est claire et sans
ambages ; elle est répétée à satiété : je n'en connais cependant pas
de plus inexacte, de plus nettement contredite par l'histoire et par
la philosophie. Là où M. Renan lit rétrécissement, recul, décadence,
je lis élargissement, progrès relatif, ascension graduelle vers une
notion de plus en plus haute, de plus en plus vraie de la divinité,
lahvé n'est pas un a faux dieu », mais un dieu incomplet, et quant
au a primitif Élohim », il a toutes les belles qualités du monde, |
« Mais je crois, entre nous, que vous n'existez pas. >
Bien entendu, il en est du point de vue moral comme du point
de vue métaphysique. Si lahvé n'est pas un « faux Dieu, » l'aiop-
tion du culte d'Iahvé n'a pas non plus amené une <i décadence mo-
rale », et c'est une véritable fantasmagorie que le passage où
M. Renan nous montre c. ces douces familles de pasteurs, dont les
populations sédentaires accueillaient le passage avec bénédiction,
devenant un peuple dur, obstiné, à la nuque résistante * (p. 453).
Les nomades ont leurs vices et leurs vertus ; les agriculteurs ont les
leurs, mais bien certainement le changement' de vie a été seul en
cause dans cette métamorphose morale, si métamorphose il y eut;
la religion n'y est pour rien. Tout au contraire, il est bien probable
que les pratiques les plus sauvages que nous rencontrons à l'ori-
gine du culte iahvéique sont ou un emprunt aux peuplades environ-
nantes, ou un legs de la barbarie primitive. A qui fera-t-on croiie,
par exemple, que le Sémite nomade eût en horreur le sacrifice du
premier né, « comme le prouvent les cylindres d'Orkhammou ovi
le chevreau est substitué à la victime humaine », et que cette cou-
tume ail été réintroduite par le lahvéisme? (p. 344). Non, l'usage de
cette offrande sanglante, qui se rencontre chez toutes les races dans
BlBLIOGRAPHtE
31S
nce (J<^pbté, îpbigénie), doit avoir précédé de longtemps cbez
Israélites Tadoption générale du culte d'Iahvé, et il a disparu
ftilurellemeni devant le progrès des lumières et de la moralité. Le
wythe d'Abraham n'est que Texpression symbolique de cette
réforme tardive, un précédent historique ingénieusement inventé
pour lui fournir un litre de noblesse : une fois de plus, M. Renan
î'est laissé induire en erreur par la chronologie factice de la Bible et
par cette critique timide qui s'arrête à roi-cbemint plus dangereuse
peut-être que l'absence complète de critique.
C'est un fait bien connu dans Thistoire, que les grands réforma-
teurs ne se sont presque jamais présentés comme des novateurs
absolus» mais comme les restaurateurs d'un ordre de choses ancien»
oblitéré par une pratique vicieuse, par des usurpations ou des cor-
mpUons séculaires. Ainsi ont procédé en matière religieuse Jésus
et Luther, en matière politique les parlemeotaires anglais du
IW siècle» qui appuyaient des revendications en réalité nouvelles
sur UDe interprétation fantaisiste de vieilles chartes, de documents
plus ou moins contestés ; ainsi les révolutionnaires français de 1789,
ijuionl fondé la Déclaration des droits sur un prétendu contrat pri--
mitif, d la place duquel rhistoire impartiale montre le règne de la
forte et de la ruse. En plaçant ainsi des changements, parfois très
bardis, sous le patronage d'ancêtres éloignés, qui n'en auraient pas
tnème compris le sens, ces réformateurs ont fait preuve d'une exacte
connaissance du cœur humain, et, en particulier, de Tinstinct pro-
foûdément routinier des masses populaires, auprès desquelles le
meilleur argument philosophique ne vaut pas un précédent, fût*il
fettssé pour les besoins de la cause. Ne nous hâtons pas» d'ailleurs,
d« crier au mensonge, à la fraude. La croyance à l'âge d*or, à la
supériorité morale et physique des aïeux est si naturelle à l'homme,
* elle a la même source que le respect de Tenfant pour ses parents,
— qu'involontairement les plus grands esprits croient à Texistence
dans le passé de l'idéal auquel ils aspirent dans l'avenir, et con-
fondent de la meilleure foi du monde leurs souvenirs avec leurs
espérances. Heureuse illusion t féconde duperie î mais s'il est bon
pour le progrès humanitaire que cette hallucination se reproduise
sans cesse dans la pratique, la théorie a d'autres devoirs, l'histoire,
la science doit voir et présenter les choses telles qu^elles sont, —
c'est- a-dire, en politique, le règne de la force cédant peu à peu au
règne du droit; en religion, les superstitions grossières au départ et
^li monothéisme plus ou moins épuré à Tarrivée.
Certes, les prophètes étaient dans leur rôle en identifiant le dieu
f Abraham, d'Isaac et de Jacob avec le dieu élargi qu*ils propo-
icnt à Tadoration d'Israël ; certes ils se croyaient véridicfues et
'est un bonheur pour le monde que les Hébreux l'aient cru avec
aux. Mais aujourd'hui que Toeuvre est accomplie, la critique reprend
droits et son verdict n'est pas, ne peut pas être celui de la tradi-
ion. Il faut, il est vrai, beaucoup dlndépendance pour Tentendreet
314 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
passablement de courage pour le formuler. Et rien ne prouve mieux
la force de conviction qui se dégage de l'éloquence des Jérémie, des
Isaïe, des Ezéchiel, comme aussi des charmants récits de la Geniêtf
que ce beau rêve d*un monothéisme préhistorique où M. Renan s'est
laissé entraîner à leur suite. Après vingt-cinq siècles écoulés, la
lave est toujours ardente, le mirage opère toujours, et l'historien le
plus dégagé des croyances orthodoxes redevient un dévot de la
Révélation originelle. Qu*on s'étonne après cela qu'il y ait encore
des penseurs et des politiques pour croire au Contrat social /
IV
J'en ai dit assez pour montrer que je ne suis d'accord avec Tanteur
de Y Histoire d'Israël ni sur les prémisses, ni sur la condusion, nisor
la méthode de son ouvrage. Son analyse des sources bibliques, qu^il
a déjà exposée dans de récents articles de la lUfme des Deux^Mondes
et que nous retrouverons dans le deuxième volume de son Histoire,
me parait dominée par les mêmes préeccupations à priori qui ont
faussé son aperçu de l'évolution religieuse d'Israël. Quant a discuter
des questions de détail, les limites de ce compte rendu me l'interdi-
raient, alors même que les nombreuses fluctuations d'expression
et de pensée permettraient de saisir toujours corps à corps l'opinion
de l'auteur. J'aime mieux, avant de prendre congé de ce volume, si
attachant malgré ses faiblesses, signaler le service incontestable qu'il
est appelé à rendre à nos études.
Quand M. Renan écrit dans sa préface (p. 20) qu'il « suppose les
lecteurs familiers avec les travaux de ces hommes éminents qui
s'appellent Reuss, Graf, Kuenen, Nœldecke, Wellhausen, Stade >, il
ne faut voir évidemment dans cette formule qu'une manière délicate
de recommander la lecture de ces savants commentateurs qui ont
consommé, en quelque sorte, le suicide de la théologie protestante,
et d'avouer la reconnaissance personnelle que leur émule français
leur doit. £n réalité, il n'est pas exact que la majorité ni même
la vingtième partie des lecteurs de V Histoire d'Israël soit familière
avec ces travaux d'exégèse, qui exigent tous, pour être lus et com-
pris, beaucoup de temps, d'attention, de patience, et un certain ap-
prentissage intellectuel qui est très rare dans notre pays. A l'heure
actuelle, en dehors du cercle si restreint d'érudits et de théologiens
réformés qui s'intéressent par profession à ces études, presque per-
sonne en France n'est au courant de la transformation radicale
qui s'est opérée depuis vingt-cinq ans en Allemagne, en Hollande et
en Alsace, dans la critique biblique, c'est-à-dire dans l'histoire
Israélite. Le gros du public en est resté soit aux naïvetés des His-
toires saintes orthodoxes, soit aux négations brutales de l'école de
Voltaire^ ^ quand il ne pratique pas à l'égard de ce chapitre considé-
BÏBLIOGUAPBIE 318
rablode ITiisloire de rhumaoité une indifférence dédaigQouse, qui
t$i de bon ton dans certains milieux, A la vérité, quelques ouvrages
de Tulgarisation ont lûché déjà de répandre cbez nous les résultats
delflaouveUe exégèse, mais ces ouvrages, d'une touche ou timide
ou brutale, tantôt signés de noms trop obscurs pour forcer Faltention»
tantût manquant de cet attrait littéraire qui, dans un pays artisle
comme le nôtre, est le passe-port obligé des idées nouvelles. n*ont
pfls réussi» ce me semble, à rompre la glace. Il était réservé à
M. Renan d'être, pour cette dernière création de la critique reii*
gt^usc, si hardie et au premier abord si inquiétante, a la fois rioler-
ptïîlp autorisé qui inspire confiance à la foule profane, et Thabilleur
prestigieux qui sait, sans ratTadir, rendre la science aimable et
Itti ouvrir toutes les portes, — que dis-je? le magicien qui d*un ccJUp
fl<^ baguette sait donner la vie et le saog aux pâles ombres pénible-
meot évoquées du scheoî par les laborieuses pytbonisses de Giessen
Ou dé Tubingue. Ce que la Vie de Jésus ù été, il y a un quart de
siècle, pour les idées de Strauss et la critique du Nouveau-Testa-
ment, VHistoire (TJsrail le sera demain pour les magnifiques travaux
de* l'école graficnne î>. Elle leur donnera déûoilivement droit de cité
dans le publie lettré français, et, par lui, dans renseip^nemenl et
dans la conscience nationale Une fois de plus, le pavillon fera passer
t» marchandise ; peut-être même l'ouvrage paradoxal de M, Renan,
*û provoquant rétonoement d'abord, la conlradiction eosuile, réus-
*ira-i-il h ramener l'attention de nos historiens sur des sujets si
%lorablemenl négligés dans notre pays et frappés, en quelque
^rte, d*an ostracisme officiel. A cet égard, ses défauts mêmes devien-
îicût des qualités ; trop parfait, il eût risqué d'être stérile.
tn pareil résultat n'est pas à dédaigner; il mérite à lui seul la ,
'econnaissance du public savant en général, et de la Revm des Études
3^itcs en particulier. Peut-être aurions-nous préféré pouvoir saluer
^BtisVffistoire d'Israël le couronnement, la synthèse déÛDilivc de cet
immense travail d'exégèse, qui, ne ToubUons pas, a eu pour premier
promoteur un Français, Astruc; mais, à défaut d*uûe pareille syn-
thèse, pour laquelle peut-être Tbeure n'a pas encore sonné, le rôle
d'initiateur, d'excitateur inteljeétuel, est déjà assez beau par lui-
jnéme, et ce sera la rare bonne fortune de M, Renan d'avoir été detix
fois, au début et au terme de sa brillante carrière, le pluià séduisant,
le plus écoulé et le plus aimé des hîêropbanles.
Théodore Kkikach.
316 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Û'^^fiD M"3 ^y:ùt A Treatine on the accentnattott of the tweaty-ane
no-called prose books of the Old Testament, with a fSfte siniile of
a pag^e of the eodex assigned to Ben-Asher in Aleppo« by William
WiGKBS î Oxford, CUrendon Press, 1887, in-S».
Les règles qui président à l'emploi des accents toniques (mr«)
dans la Bible sont d'une difficulté presque insurmontable. En pre-
mier lieu, la position des accents dans les vingt et un livres, qu'on
appelle ordinairement « Les livres en prose », diffère de celle qu'ils
ont dans les trois livres poétiques, qui sont : les Psaumes^ les Pro»
verbes et Joà, qu'on a Tbabitude d'appeler, d'après leurs initiales,
n')3'« •nso. M. Wickes a publié, en 1881, sous le titre de n'»'N "^TaJO,
un traité sur l'accentuation de ces trois livres.
Outre la difficulté que crée la différence des deux systèmes de
ponctuation des vingt et un et des trois livres, il y a les difficultés
qui proviennent de ce que les manuscrits diffèrent souvent de notre
texte imprimé, et que les premières éditions du texte diffèrent quel-
quefois de celles qui ont suivi. Il faut une grande pratique pour se
débrouiller dans ce chaos. Il est surtout important de savoir distin-
guer les mss. qui ont été écrits par des copistes érudits et conscien-
cieux de ceux qui ont été faits avec négligence. Il en est de môme
des imprimés des diverses époques. On peut trouver tous les im-
primés réunis dans une seule bibliothèque, comme, par exemple, à
' Oxford et à Londres, mais les mss., au contraire, se trouvent dis-
persés un peu partout, en Angleterre, à Paris, en Allemagne, en
Italie et en Russie, et dans les cas douteux, il est important de né
pas négliger de consulter aucun manuscrit important. Le savant
auteur de notre traité n'a épargné ni peine ni frais pour remplir son
devoir d'exactitude. Il a visité toutes les bibliothèques de l'Europe,
et il a travaillé des années à Oxford, où se trouve le recueil le plus
abondant de livres et de mss. hébreux. Avec cela, M. W. n'était pas
entièrement satisfait ; le ms. d'Alep, qui passe pour avoir été ponc-
tué et pourvu d'accents par le fameux massorète Ben Ascher, le
préoccupait. Gomment conclure sur telle ou telle règle des accents,
sans connaître la leçon du plus ancien manuscrit? A force de
patience, M. W. est arrivé à se procurer la photographie d'une page
de ce fameux ms. et le colla tionnement de plusieurs passages con-
cernant les accents. Hélas, M. W. n'a obtenu qu'un résultat négatif,
car le ms. d'Alep n'est pas ancien, et celui de Cambridge ne Test pas
non plus, quoi qu'en dise, sans aucune preuve, M. le D' Schiller-
Szinessy. Les deux mss. sont de la fin du xii^ siècle, à moins qu'ils
ne soient encore plus jeunes. Notre excellent ami M. Harkavy est
BIBUOCRAPHIE
317
8m>é à la même opinion sur le ms. d'Alep, lors de son dernier
voyage dans celte ville, il y a deux ans. Par conséquent, ce ms. ne
peut changer en rien les règles des accents exposées par M. W, dans
ses deux ouvrages, publiés à six ans de distance l'un de rautre.
Nous n'avons pas encore énuméré toutes les recherches que
^' W. a dû faire pour être compleu 11 fallait avant tout examiner
c« que les grammairiens juifs» anciens et récents, ont écrit sur le
sujet. C'est ce que M, W, a fait, Dans son premier ouvrage, il donne,
comme appendice, Vepiiome du traité arabe du fameux Juda ben
Baiam, d*après le ms. unique de SainlPétersbourg; Il a examiné les
traités ms. des deux ponctuateurs Samsou et Samuel, ainsi que les
ouvrages publiés à partir de Ben-Ascher, jusqu'à Heidenheim» et
indiqué quels secours il y a trouvés pour son travail* M. W. est
arrivé à un jugement peu favorable à ses prédécesseurs, c*est le sort
de tôus les anciens grammairiens, ils n'ont plus, à présent, qu'une
valeur historique. Outre ces grandes recherches, M. W. devait
prendre en considération le système spécial d'accentuation orien-
tale {madinkai)y et enfin les variantes qu on trouve dans les mss.
rapportés du Yémen dans les dernières vingt années. Si ces recher-
ches ne sont pas précisément trèsdifticiles, elles prennent du temps»
et on ae peut être étonné que M. W. y ait passé sa vie entière.
Arrivons à Tanalyse du second des deux ouvrages de M, W. Après
avoir indiqué, dans la préface, quelles sont ses sources» M. W. donne
^^^€ bonne introduction, oii il explique, avec beaucoup de raison,
«lue les neffinot, comme leur nom Tindigue d'ailleurs, furent inventées
P^tir noter les sons musicaux employés pour la lecture lie la Bible
*i^iisla synagogue et dans les écoles. M, Graetz est d'un autre avis,
ii considère les accents comme des signes grammaticaux, au moins
^^sleur premier étal, c'est-à-dire quand on n'avait que Xç^pastq et
^^ ^tmh ; nous ne pouvons pas discuter ici cette question, tout ce que
'ïous pouvons dire .en faveur de la ihé.se de M* W., c'est que les plus
anciens grammairiens juifs, autant qulls nous sont parvenus, ne con-
'^«iâsent les accents que comme signes de musique. Le second cha-
pitre de M. W. est consacré aux noms des accents, disjonctifs et con-
JûQetifs, el à la forme des signes qui les représentent, des différents
noms qu'un môme accent porte dans les diiïcrentes écoles de gram-
Biairiens et qui sont comme la définition des notes musicales dési-
gnées par l'accent. Le troisième chapitre porte sur la dichotomie,
c'esl-â-dire la division des versets, pour le chant, en deux parties;
cette division, indiquée le plus souvent par un etnah, a une irapor-
lanco également pour la syntaxe. Les chapitres suivants donnent les
r6glefl détaillées sur le placement des accents d'après les meilleures
éditions de la Bible et surtout d'après les rass. qu'on trouve dans
des diflérentes bibliothèques : M, W. est souvent obligé de corriger
Jes textes de nos imprimés. Il est impossible d'entrer ici dans des
détails qui ne sen^raient de rien, puisqu'il faudrait connaître tous
les mss. pour pouvoir se rendre compte de leur valeur concernant
318 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
les accents et pour discuter les corrections de M. W. Le quatorzl^r
et dernier chapitre est consacré au p**D&, qui sûrement n'est pa^ u
accent tonique; ce chapitre est tout à fait original. Dans les d^u
appendices qui suivent, M. W. donne d*abord une liste des pass^^^-
bibliques difficiles qui, en partie, s'expliquent par une meillei-ï^^
accentuation; puis il discute le système superlinéaire, qu'on a VX^^"
bitude d'appeler, à tort, système babylonien. M. W. montre qii^ ^f
système, tant pour les points-voyelles que pour les accents, est si^
plement local et est fondé complètement sur le système palestinien^ 1
Ainsi, dans le Yémen, on se sert encore aujourd'hui, pour les teit^
non bibliques tels que le tarçum et les prières, du système super^
linéaire, qu'on a inventé, d'après M. W., pour simplifier la matière^
Il est toutefois possible que le remarquable article de M. Graelz sui^
le dagesch {Afonatsschr,, ocl.-nov. 4887) modifiera un peu la conclusion
de M. W. En tout cas, c'est un grand mérite d'avoir remué un peu
la question du système superlinéaire, dont on fait trop de cas, et
qui en effet n'est pas mentionné par les anciens grammairiens tels
que Saadia et ses contemporains caraïtes, autant qu'on connaît
leurs ouvrages. L'index biblique que M. W. donne à la fin facilitera
beaucoup l'usage de ses deux excellents traités. Nous croyons que
ces deux ouvrages sont indispensables à ceux qui s*occupent de
la grammaire hébraïque et de l'exégèse biblique, car les accents
nous renseignent sur la manière dont les massorètes ont compris
la Bible.
A. N.
Le giôrant,
Israël Lévi.
TABLE DES MATIERES
ARTICLES DE FOND.
BkCBMR (W.). Le commentaire de Samuel ibn Hofni sur le
Pentateuque 277
■ Bàléyy (J.). Recherches bibliques {suite) 4 61
' EmàCjlUer (J.)- Histoire d'un prêt forcé demandé à la commu-
nauté des Juifs de Francfort 99
Lazabd (L.). Les revenus tirés des Juifs de France dans le do-
maine royal (xiii« siècle) 233
LÈvi (Israël). La mort de Titus 62
LoEB (Isidore). I. La controverse de 4 263 à Barcelone 4
IL Le procès de Samuel ibn Tibbon * 70
III. Le saint enfant de La Guardia 203
IT. La correspondance des Juifs d'Espagne avec ceux de
Ck)nstantinople 262
RsiNACH (Théodorej. Une monnaie hybride des insurrections
j uives 56
YtDAJL (Pierre). Les Juifs de Roussillon et de Cerdagne 49
NOTES ET MÉLANGES.
Bâcher (W.). Le sens du mot niicra 443
Dbrknbouro (J.). Le sarcophage de Tabnit 409
G*R.soN (M.). Deux miniatures avec la roue des Juifs 444
Hai-kvy (J.). Petits problèmes (2« série) 289
Kaufaiann et Loeb. Le sceau d'Abraham bar Saadia et le sceau
orDïiaÉT 4 22
Lévi (Israël). I. Ormuz et Ahriman 442
IL Miniatures représentant des Juifs 446
LobB (Isidore). I. La juiverie de Jerez de la Frontera 425
II. Expulsion des Juifs de Salins et Bracon en 4374 298
MODONA (Leonello). Les exilés d'Espagne à Ferrare en 4 493 447
ScH^WAB (Moïse). Trois inscriptions hébraïques de Manies 295
320
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
BIBLIOGRAPHIE.
A. N. lD"»nDO «^5 '^'jzy:^ a Treatise on the accentuation of the
twenty-one so-called prose books of the Old Testament,
with a fac simile of a page of the codex assigned to
Ben-Asher in Aleppo, by William Wigkes 34
DuvAL (Rubens). Des Gregorius Abulfarag Anmerkungen zu
den Salomonischen Schriften, publié par Alfred Rahlfs 4
LOBB (Isidore). I. Revue bibliographique 4S
II. Mélanges de critique biblique, par Gustave d*EiGH-
THAL, et Une nouvelle hypothèse sur la composition et
Torigine du Deutéronome, par Maurice Vbrnbs '. 45
Reinach (Théodore). Histoire du peuple dlsraéi, par Ernest
Renan i.
Additions et rectifications %.
S9
FIN.
VBRSAILLBS, IKPRIKBRIB CEHP BT FILS, RUE DUPLIMIBy 99.
LES MONNAIES JUIVES
CONFÉRENCE FAITE A LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
LE 30 AVRIL 1887»
Par m. THÉODORE REINACH
Présidence de M, Zadoc KAHN, président.
M. le PRÉSIDENT ouvre la séance en ces termes :
Mesdames et Messieurs,
^i le Conseil de direction de la Société des Etudes juives éprouve
quelque fierté lorsqu'il peut obtenir pour les conférences qu'il orpra-
nise à votre intention le concours des illustrations de la science ou
ries lettres, nous ne sommes pas fâchés non plus de voir prendre la
parole dans ces réunions par un des nôtres, par un de ceux qui se
dévouent constamment à notre œuvre et qui sont comme Tilme et
la cheville ouvrière de notre société.
» Les projections ù la lumière oxyhydriquo étaient faites par M. Molteni, auquel
nous adressons tous nos remerciements pour son précieux concours. — L'auteur
croit devoir prévenir qu'à la suite de recherches et de réflexions nouvelles, il a
modifié sur plusieurs points les opinions exprimées dans sa conférence ; il Tim -
prime donc non pas telle qu'il Ta prononcée, mais telle qu'il la prononcerait au-
jourd'hui.
ACT. BT CONP.» T. I. 44
GLXXXU ACTES ET CONFÉRENCES
A ce titre , nous ne pouvions être mieux représentés que p^3
notre cher et excellent secrétaire, M. Théodore Reinach, à qui noc^^
aurions conféré depuis longtemps le titre de secrétaire perpétuel, :
ce titre était compatible avec nos statuts. Mais c'est tout comnL ^:
Vous savez que depuis la fondation de notre société ou à peu c3
chose près, M. Reinach vous présente chaque année, dans nos m^s^
semblées générales, le compte rendu de nos travaux, et vous sav-^2
aussi ce qu'il apporte à Taccomplissement de cette t&che délica.t^
d'esprit, de talent et d'élévation.
Ce soir M. Reinach fera de la science pour son propre compta.
Cela pourra lui causer quelque embarras quand le moment viendx^a
de rendre compte de la conférence que vous allez avoir le plaisir
d'entendre. Mais qu'il se rassure I Nous lui promettons notre
concours pour la rédaction de cette partie de son futur rapport.
M. Reinach a choisi comme thème de son entretien les monnaies
juives. C'est un sujet qui sera certainement nouveau pour beaucoup
d'entre vous, et qui sera intéressant pour tous. Les monnaies, d*ufl
âge aussi respectable que les monnaies juives, sont des monuments
fidèles du passé et possèdent une véritable éloquence, surtout quand
on sait les faire parler comme notre cher conférencier saura le faire.
Grâce à l'exposé qu'il vous présentera et qui sera illustré par les
habiles projections de M. Molteni, vous verrez passer sous vos yeux
un fragment important de notre histoire, histoire à laquelle n'ont
manqué ni les gloires ni les tragédies sanglantes.
Messieurs, ce serait faire preuve de mauvais goût de prolonger
votre attente et d'abuser de votre patience. Je me borne donc à
remercier M. Th. Reinach de clore d'une façon si brillante la série
de nos conférences de cette saison ; ou plutôt, pour n'avoir pas l'air
de nous adresser des compliments à nous-mêmes, car je le répète,
M. Reinach est des nôtres, je laisse à cette assemblée le soin de le
remercier en suivant sa démonstration avec une attention soutenue
et en accueillant par des applaudissements la conférence qu'il veut
bien nous faire.
M, Th. Reinach répond :
LES MOîCNAlKS JUIVES
CLXXXIH
MESBAitifiS, Messieurs,
C'est d'un sujet de numismatique que je viens vous entretenir,
BtJ'aTooo que ce n'est pas sans quelque appréhension, La numis-
mliqae, en effet, quoiqu 'eîlo soit une des parties les plus ancien-
umaai cultivées de rarclicologie, n'a pas encore réussi à con-
<}uérir la faveur du grand public. Il a si rarement l'occasion de
Toir des médailles intéressantes, et, quand il en entend parler,
n'est généralement par les prix exorbitants qu'elles atteignent dans
b enchères l Aussi n*est-il que trop porté à voir dans les numis-
matistes des collectionneurs maniaques, dans leur prétendue science
UI19 pure curiosité qui se classe entre celles dos collectionneurs
d'iatû^aplies et de boutons d'uniformes.
h n'ai pas à prendre ici la défense des numismatàfes : ils sont
d*iiUeur8 bien trop absorbés dans la contemplation jalouse de leurs
trésors pour se soucier du bien ou du mal qu*on peut dire d*eux.
Mais je voudrais réagir contre l'injuste dédain dont la numisnmtifite
©t robjet et vous faire voir, d*abord, en peu do mots, qu'elle est
oub anence véritable et l'un des auxiliaires les plus précieux dm
Recherches historiques.
Supposons, pour fixer les idées, qu'en deux mille ans d'ici, lurs-
que h civilisation dont nous sommes si fiers sera éteinte et presque
oubliée, un savant vienne à retrouver un exemplaire de la médaille
I wimte :
\ |MNis«b?oita pas que, avec un peu da perspicacité, il pouira
CLXXXIV ACTES ET CONFÉRENCES
en tirer les conclusions les plus intéressantes sur Tétat de n
société française à cette fin du xix° siècle? Et en effet :
En pesant la pièce — 25 grammes — , il déterminera immédi;
ment notre système de poids et mesures. 11 saura que notre u
monétaire était une pièce d'argent du poids de 5 grammes app
franc.
En analysant une parcelle de métal, en constatant le fa
alliage de cuivre qu'elle renferme, il reconnaîtra la scrupnh
loyauté de notre administration des monnaies.
En examinant l'aspect extérieur de la pièce, — ses faces 1
planes, son contour parfaitement régulier, sa tranche d'une ép
seur uniforme et marquée de caractères en relief ^— il admirer
perfection de notre outillage scientifique, de nos procédés matéri"
il devinera que nos monnaies circulaient beaucoup et qui
devaient pouvoir s'empiler.
Passant à l'examen des types, notre numismatiste sera peut-
moins frappé du génie de nos dessinateurs que de l'habileté de
ouvriers. Il s'étonnera que cette pièce, datée de l'an 1875, rej
duise servilement des types de l'an VII de la première Républiq
11 se demandera s'il valait bien la peine d'immortaliser le non
l'inventeur de cette froide allégorie, en faisant figurer sa signa*
au bas de son œuvre, privilège qui, dans l'antiquité, n'était acc(
qu'aux plus grands artistes.
Enfin les Ugendes de la médaille lui apprendront, l'une — Ri
hlique française — la forme de notre gouvernement en Tan 18
la seconde — Liberté, Egalité, Fraternité — notre idéal politiqu
social ; la troisième — Dieu protège la France — le principe me
théiste de notre religion.
Je passe sous silence les innombrables controverses auxqu<
donneront lieu les trois « différents « du revers. Parviendra-t-(
y reconnaître la marque de l'atelier (Paris), l'emblème du gra
et celui de l'entrepreneur des monnaies ? J'en doute.
En résumé, Messieurs, état économique, industriel, scientifi
prospérité des arts, idéal politique, gouvernement, religion
n'est pas un côté de notre civilisation que cette modeste j
de 5 francs, qui n'est pour nous qu'un banal instrument d'écha
LES MONNAIES JUIVES
CLXXXV
m puisse servir à éclairer un jour. Rh bien, ce que nos niounaies
d*aDJourd'hui seront pour les savants de Tan 4000, les monnaies
i'i] j a deux mille ans le sont pour no-i savants tl'aujourd*hm :
je veux dire une source inépuisable do renseignements authen-
liqtHîà i\& tout genre pour la vaste enquête que nous avons ouverte
suriflTla de Fantiquité.
ù simple aperçu suffit pour justifier Tétudo approfondie de la
aamisojatique classique ; mais les monnaies dont je me propose
de voua parler n'ont pas tout à fait le même genre d'intérêt que
ki motinaies gi-ecques ou romaines* Les médailles grecques,
«onime toutes les productions de ce peuple si doué, valent surtout
par leur beauté : elles présentent en raccourci une bistoire complète
d« Tart grec* Quant aux médailles romaines, il faut j voir^ avant
tout» une incomparable galerie de portraits historiques. Vous ne
devez chercher dans la numismatique juive ni chefs-dVeuvre, ni
portraits. Les graveurs en raédailies juifs étaient des artistes fort
ordinaires, et la ressource principale de leur art, la reproduction
delà fleure humaine ou animale, leur était enlevée par la stricte
observation du précepte du Bêcaiotjue : cr Tu ne feras pas d'image
PtaiUàe, ai aucune ressemblance des choses qui sont sur la terre,
danales cieux, ni sous les eaux *. « En revanche, les médailles juives
fout, parla sévérité même de leurs tjpes, l'imago fidèle du peuple
pTûfoudément religieux et médiocrement esthétique qui les a créées.
Le cai'actére dans lei|uel sont tracées les légendes offre le plus
gWftd intérêt pour Thistoire de l'alphabet. Les variations mêmes
4e* iagcriptions et des types, si restreint que soit le cercîe où elles
•• meuvent, reÛétent les diverses influence:» que le judaïsme a
Mbies, ses alternatives d'indépendance et de servitude, d'enthou-
ûimé et de relâchement* Enfin, plusieurs médailles, tant parmi
J«8 menDaies juives proprement dites liue parmi les monnaies
frecques ou romaines qui se rapportent lï des faits de Tbistoire
|uÉve, viennent éclairer, compléter ou rectifier les renseignements
i0$ historiens. Si vous ajouter quo la numismatique juivo présente,
luiTaiitle mot do M. Renan, des diOlcultës de classement énormes,
i, XX, 4.
CLXXXVI ACTES .ET CONFÉRENCES
et que i*attrait de la diffîculté à vaincre suffit pour intéresser \em
savants, en dehors même de tout résultat positif S vous recoca
naîtres, avec moi, que cette étude vaut peut-être le quart d^heucr
de peine que Pascal refusait à la philosophie.
La numismatique juive ne commence qu*avec les Macchahées
Cette assertion pourra, au premier abord, surprendre les personae;
qui se souviennent soit des passages du Talmud où il est questLoi
des monnaies d'Abraham, de Josué, de David, de Mardochée *,
soit des nombreux versets de TËcriture qui mentionnent des
paiements en sicles à Tépoque des rois, des juges et même de^
patriarches ^. Mais il n'y a là qu'une illusion ; les passages du
Talmud ne sont que d*ingénieuse3 allégories ; et quant à ceux de la
Bible, — sans me lancer dans Tépineuse question de Tépoque où nos
textes bibliques ont été définitivement rédigés, — il suffira de
remarquer que le mot sirJe, comme le mot livre dans nos langues
modernes, a signifié un certain poids d'argent longtemps avant de
désigner une pièce de monnaie de ce poids. Partout dans la Bible où
il est question de sicles, de mines ou de talents d'argent, c'est
de l'argent pesé qu'il faut entendre et non de l'argent monnayé, £n
' Principaux travaux sur la numismatique juive (outre les ouvrages généracx
d'Eckhel, Mionnet et Lenormanl) : Perez Bayer, D9 numis Aebnuo-tûwmritdMt
(1781), etc. — Cavedoni. NumisfMtica hiblica (I8M]. — De Saulcy, Redercitt
sur la numismati^M judaïque (1854). — Lewy, Geschickte der jêdiseken Mmmu^
18«2). — Madden. Hi&tory of jewish coinafje (1864; 2* édition, en 1881, soasle
titre: Coins of the Jetos). — Merzbacher, Vntersuckunytn ûber aUe hehâitcii
Mûnzen {Zeitsehrift fur Numismatxk de Berlin, 1876 suiv). — Zackermum, feèer
tâlmudische Mûnzen und Gewichte, Berlin, 1862. Et de nombreux articles par ces
auteurs et d'autres (Garrucci, de Vogué, Heichardt, von Sallet, Graetz, etc.)
disséminés dans les diverses Revuts numismatiques, archéologiqnes, etc. On
trouvera une bibliographie à peu près complète de 1849 à 1879 dans U 2* édiûoa
de Madden, qui peut être regardée comme un Corpus, bien que U cUssi6ci>
tion laisse encore beaucoup à désirer.
' Midrash Bereskit Jiabha^ c. 39. — Talmud de Babjione, Bêha Kammê^ 97.
' Genèse, xxiii, 16; Juges^ xvii, 2-4; I RoiSy x, 29, etc.
LES MONNAIES JITIVES
CLXXXVU
fOulâ^-Tous la preuve? D'abord on n'a jamais retrouTé de ces sicles
d'uûe antiquité si vénérable — ceux qu'on a esBayé de faire passer
pour tels ne sont que d'impudentes falsifications modernes» Ensuite
lucun des peuples voisins des Hébreux, quoique plus avancés que
ceui'Ci on civilisation, ne connaissait Tusage de la monnaie.
A la vérité, remploi des métaux précieux comme instrument
d'échange remonte dans rOrient à une très haute antiquité ; mais
m métaux s^emplojaient sous forme de lingots, de barres, t^ut au
plus d'anneaux, dont le poids n'avait rien d'uniforme, La figure 2,
empruntée à un monument égyptien, vous représente un person-
nige en train de peser des anneaux de métal qu'il a reçus en
jwement; les poids ont la forme de bœufs et de lions* Pareil usage
régnait en Assyrie, en Phénicie, et probablement aussi chez, les
HébreQX* De là llmportance extraordinaire attribuée par nos
textes à la justesse des poids et des balances : a Une fausse balance,
<iil l'Écriture, est une abomination devant le Seigneur li *.
_^
Ce forent les Lydiens, un peuple à moitié sémitique, qui inven-
t, au va" siècle avant Fère chrétienne, la monnaie proprement
(3, c eât*a-dire des lingots uniformes, garantis do bon poids et de
l titre par le poinçon officiel de l'Etat. Cette invention, qui sup-
CLXXXVIU ACTES ET CONFÉRENCES
primait l'emploi de la balance dans la plupart des transactions, eut
un rapide succès. Elle se répandit d'abord en Grèce, où la monnaie
ne tarda pas à prendre un caractère artistique, puis dans les pajs
commerçants de l'Asie antérieure. Elle n'était pas encore parvenue
en Syrie lorsque le royaume de Juda cessa d'exister (587 av. J. C.)
Quand les *Tuifs revinrent de la captivité de Babylone, leur nouvelle
communauté n'avait ni l'activité commerciale ni TindépendaDce
politique nécessaires pour battre monnaie : le droit de monnayage
était considéré, en effet, par les anciens comme le privilège par
excellence des peuples autonomes, et les Juifs n'étaient que les
obscurs tributaires du roi de Perse. Si des monnaies circulèrent
à Jérusalem dès cette époque, ce furent les monnaies officielles
de l'empire perse, les dariques d'or (fig. 3) et les sigUa d'arg^ut
médiques.
La situation politique des Juifs ne fut modifiée en rien paT- la
conquête d'Alexandre. De vassaux des Perses ils devinrent "vas-
Fig. 5.
saux des Macédoniens, puis des dynasties nées du démembrement
de l'empire d'Alexandre. Pendant le m® siècle ils dépendirent géné-
ralement des Ptolémées, pendant le ii*^, des Séleucides, qui s'empa-
rèrent définitivement de la Palestine sous Séleucus Philopator
(187-175). Les Juifs pratiquaient librement leur culte et adminis-
traient leurs afi'aires intérieures ; mais ils payaient tribut au roi
d'Egypte ou de Syrie, et le grand prêtre n'était que l'intermédiaire
officiel entre la communauté et le pouvoir central. On comprend
que, dans ces conditions, il ne pouvait être question ni d'un Éiai
juif, ni de monnaies juives. Les Juifs se servaient assurément
de monnaies, mais c étaient des monnaies grecques, fabriquées au
nom des rois macédoniens. Aux dariques et aux sigles ont succédé
les stathres d'or d'Alexandre, les drachmes, didrachmes et tétra-
drachmes d'argent des Ptoléniccs et des Séleucides [ïi^. 4).
LES MONÎJAJKS JUIVES
CLXXXIX
Icî iro observation importante. Quand les Macédoniens con*
quireni la Sjrîo méridionale (Pliénicie et Palestine), ils y trouvèrent
étahli un système de poids et de mesures appelé phémeien et venu
ejt droite ligne d'Assyrie; dans ce système, commun aux Juifs ot à
'Ci
A^
Fit;. 4,
I««rs voisins, Funité do poids, le sicle {skfkH) ou stature, pesait
Environ 14 gramme». Au contraire, Alexandre avait adopté pour
«^ iflonnaîes et répandu partout sur son passage le système dit
^titpie^ dans lequel ie tétradracUme ou stature d'argent pesait en-
^îon n grammes*. Le système attique fut d'abord introduit en
^^e, niais il mécontenta les populations, habituées à compter
«ïJvant le système phénicien ; aussi, quand les Ptolémées se ren-
feiît maîtres de la Palestine, ce fîit ce dernier système qu*ilâ
I rétablirent et qu'ils adoptèrent même pour FEgypte. Un siècle
Il ne Toaiireit pas croire que le système pbénkieii fdt une dftiradation du sys-
^e tlUque i c'est le coQlratre qui e^L irrai ; le système ettir|u(>^ r|ui vient aussi
^ NtQ}v«, mtis por uoe autre voie, u subi plusieurs allérdliuaiî avtitit &a llxaLion
P*y Swlao et depuis ; le système phénicien^ f(ràce ù Iflclivité commerciale de là
P^icje, eal reslé û peu près imtnuablc. Commeut doue expliquer ce réBuUet
^Ti<i«xilY CVst (|ue 1» stalcre pbéoicieu ou sicle eiil en réalité uo didrachme
Ccit toujours p^f ce mot que les Septante reudeiil 1 hébreu ikekel^^ vl le denii-
<îil*re |ou demi-sKle), uuo drachme; quant aux lélradrachmcs, i:e sont ces
ftinàt» pièces de 28 frr., vulgairemetat of»pelé«s oetndrafhmts^ qui furent frap*
^HÉ|4&dou et ailleurs sous la domiaatioa persu. MaiiUonaut, comme, daus le
fipftlB9 attii^ue, on doaau le riam de slatèrt au télr&drr)i:hme dti 17 gr. et que
|r ÎHtnis l^lfodrachmes phéuicieus cosbèretit d*6lre frappés à Tépoque grecque^ il
«Va tucuu inconténiefil, pour faciliter le lau^sge, à cousidérer les mois Wt*a-
tl êtatin comme g^vnouymes, même dau£ le système pliéoiden» Cest
te Ot d'ailleurs ea praltr^ue, et voilû pourquoi, ù l'époque romsiue, le mot
équivaut à dtmi'ikU et uou à sicU. Daus la MishfUf^ le mot skie est
de deutî'àicle (didrachme) ; le télradrochme ou statère s'appelle «t^ia.
GXC ACTES ET CONFÉRENCES
après, les Séleucides arrachèrent la Palestine aux Ptolémées» et
avec eux reparut le système attique ; il rencontra les mêmes résis-
tances que la première fois, et bientôt les Séleucides, tout en con-
servant le système attique pour leurs autres possessions — Syrie
du Nord, Mésopotamie, Babylone — , monnayèrent d'après le sys-
tème phénicien dans leurs ateliers de la Syrie méridionale ; ils firent
môme figurer au revers de ces médailles Taigle des Ptolémées, au-
quel le public était habitué. Plus tard, dans la deuxième moitié do
ii« siècle avant J. C, plusieurs villes de Phénicie, notamment Tjr
et Sidon, obtinrent des Séleucides affaiblis une situation privilégiée;
elles furent exemptées de Timpôt et autorisées à frapper monnaie en
leur nom propre. Naturellement ces villes employèrent, elles aussi,
pour leurs monnaies d'argent le système phénicien. Ces monnaies,
particulièrement celles de Tyr, conquirent bientôt la vogue, grâce à
leur fabrication loyale et à l'uniformité de leurs types, qui favo-
risait leur diffusion commerciale. Les tétradrachmes de Tyr ont
pour types la tête d'Hercule (fig. 5) — ou plutôt de Melqarth, dieu
Fig. 5.
national des Tyriens — et l'aigle ptolémaïque ; ils portent une date
calculée d'après une ère qui commence en 126 av. J. C. Non seule-
ment ces monnaies pénétrèrent à Jérusalem, mais elles y devinrent,
au temps des Macchabées et des Hérodes, le principal instrument
d'échange. Ce qui le prouve, c'est que les docteurs de la loi déci-
dèrent que les taxes du temple, particulièrement la taxe du demi-
sicle par tête, imposée à tout Israélite, devait être acquittée en
monnaù tyrienne * : entendez, en didrachmes ou tétra^irachmes
* MuKna Bechorot^ viii, 7; Totefta Ketubot, zii, fin. Josèphe mentionne
LES MONNAIES JUIVES
cxcr
Tvr. Les pièces d*nn poids équivalent (pièces de Sidon,
ddfl Plolëmées, des deroiers Séleucides) étaient sans doute admises,
nais il nVn était pas de même des pièces frappées d'après tout
autw système, et, comme il existait dans la circulation beaucoup de
ces pièces (drachmes attiques d'Ephèse et de Cappadoce, tétra-
dnwshmes d'Antioche, deniers romains], des changeurs étaient
établi» dans la cour du Temple pour fournir au contribuable impré*
JùjÈSii la monnaie légale en échange de Tardent dont il était
portôur. Probablement ces changeurs prélevaient une commission ^
parfoii même une commission exorbitante : c est ce qui explique
l'iïidiiînaiion de Jésus contre eux * .
n
Les Juife n'auraient peut-être jamais songé à frapper uno mon-
naie nationale sans le changement politique qu'amenèrent les per-
sécutions d'Antiochua Epiphane. Ce « Joseph lien caricature, >»
wmme on Ta appelé, en voulant imposer de force rhelîénisme et la
f^^aon hellénique à tous ses sujets, provoqua on Judée une réac-
tion violente du sentiment nationaL Une famille de héros, les
iïa^hubées ou Hasmonéens, se mit à la t<îte du mouvement
patriotique et religieux, et, après une lutte de plus de trente ans,
*«iiQéô de vicissitudes, la cause juive triompha. Elle dut son î^uccôs
^^i encore aux victoires des trois frères Judas Macchabée,
J#, lU *1* 2) un slatère de Tjr qui! considère comme équivaleat à 4
les attifutt' En ihtorie, c'est une erreor, mais en priiiquoi à Tépoque de
»he, U drachme aUique» censée équivalente au denter romain, avnlt coueidl-
libicBwol baissé de poids et ne valait plus qne !) -^ grammes d'argent fin au
pliïs» c'est-à-dire précisément le quart du slatère tynen. Joseph© doûne ail-
mn{Ant%^*^ III, 8, 2) la même évaluation pour le sicle b'^braïque. Comparez
^Khfut^ 50 ai et Baba Mttia, 52 a.
* Uttkitm^ xxf, 13; MarCt xi, t? \ Lue, xix, 4C. Cp. Zuckennann, p. 18, —
Vôr dott de tout temps avoir été accepté pour le paiement de l'impOt sacré ;
c^ntnbu lions des commun au téa élotf^éea étaient m Orne ordiuairemont expé-
pQt cette forme, moins encombrante. (Cicérou, pro Fiaccû^ ^.) Comparez
CXCll ACTES. ET œNFÉRENCES
Jonathan et Simon^ qu'à leur habile politique, à leur alliance avec
Rome et aux dissensions intestines des Séleucides. Dès Tannée 142
av. J.-C. l'un des prétendants au trône de Syrie, Démétrius II,
pour se concilier les Juifs, renonça à tout tribut de leur part, ce qui
équivalait à la reconnaissance pratique de leur indépendance. Son
frère, Antiochus VII gidétès, confirma Tacte de son prédécesseur ;
plus tard, il est vrai, ce roi s'empara de Jérusalem et rétablit
l'obligation du tribut, mais sa mort et la faiblesse croissante de ses
successeurs permirent aux Juifs de s*en afiranchir de nouveau, cette
fois définitivement. A partir de ce moment, les descendants de
Simon Macchabée, sous le titre do grands prêtres d'abord, puis de
rois (105), furent de véritables souverains indépendants et conqué-
rants, qui finirent par régner sur un territoire presque aussi étendu
que le royaume de David et de Salomon.
Indépendance politique et monnayage autonome étaient, on Ta
vu, chez les anciens, deux termes inséparables. Aussi les premières
lettres de franchise des rois Syriens adressées à Simon Macchabée
— en supposant leur texte authentique — accordaient-elles expres-
sément aux Juifs le droit de battre monnaie *; mais aucun docu-
ment n'indique que Simon ait fait usage de ce droit*, et efTective-
ment je no crois pas que nous possédions de monnaie de ce prince :
les pièces qui portent le nom de Simon tout court, ou de Simon
vasi Israël, appartiennent au faux Messie Barcochébas, contempo-
rain d'Adrien ; les siclos d'argent, au nom de Jérmalem^ souvent
attribués à Simon, se placent, à mon avis, sous la première révolte
des Juifs au temps de Néron.
Le premier prince juif qui ait battu monnaie est donc Jean
Ilyrcan ^^ fils et successeur de Simon (135-106). Ce prince et ses
successeurs ne frappèrent que des pièces de bronze destinées à une
circulation purement locale. La raison en est simple. D'abord la
* Voir la lettre d' Antiochus Vîl Sidétès à Simon, I Maeeab.^ xv, 2-9. Ln
leçon xal è'nétpetj/âv at>i 'JcoiYioai x6{xiJLa I8iov vo'(ii9fJLa t^ X^P^ ^^ ^^^ parait
préférable à èTÉTpe^^a. Antiochus fait allusion aux termes, d'ailleurs inconnus, du
décret de Démétrius II.
^ On sait même (I Maceab., xv, 25-41) qu*Antiochus Sidétès ne tarda pas à
annuler toutes les concessions qu^il avait faites aux Juifs.
LES MONNAIES JUIVES
cxcin
lettre des privilèges n'autorisait probablement pas les Hasmoaéens
à monnayer de Targent ; ensuite, une pareille monnaie, avec ses
tjrpes austères et ses légendes hébraïques, u'auraiteu aucune chance
d'être reçue en dehors de son pays d'origine, tandis que, inverse-
ment, la monnaie grecque — royale ou ittunieîpale — circulait
partout en Judée et suffisait parfaitement aux besoins du commerce
juif. On a déjà vu que les taxes du temple s' acquittaient toujours
en monnaie tt/rimfip : bien certainement, s'il avait existé à cette
époque des skies juifs^ c'est à ceux-ci que les rabbins auraient
donné la préférence.
Nous avons conservé un assez grand nombre de monnaies de
bronze des Hasraonéens. Elles sont de modules divers, les plus
grandes étant les dernières. Les types en sont scrupuleusement
conformes à la tradition mosaïquoet ne roprésontent que des objets
inanimés: car si les Juifs ne répugnaient pas à Vejtipîot de mon-
naies figurées fabriquées par des païens, même pour les taxes
sacrées, en revanche, Us auraient cru contrevenir a la défense du
^Décalogue s'ils avaient fabriqué èux-mômes des monnaies de ce
jenre. Les types de ces bronzes sont d^ailleurs insignifiants et
empruntés, pour la plupart, aux monnaies contemporaines des Ptor
lémées ou des Séleucides : couronne, corne d'abondance, fleur,
ancre, astre, palme ^ Quant aux légendes, elles sont de deux
Sur les plus anciennes pièces, comme celles de Jean Ilyr-
êau I*^*^ (fig. 6) et de Juda Aristobule, ainsi que sur quelques-unes
des pièces de leurs successeurs -, la légende est purement hébraïque
* On ftltribtîc au dornier Ilûsmonéen, Âûtigone, de peliles monnaieB au type du
ctodéUbre à sept branches (Maddeû, ùp. n^, p. 102, u°* V-V>1, mais ratlhfaulicMl
n'est rien moins que cerUine,
* Alexandre Januéc, ifean Hyrcan 11, Aatjgotte.
CXaV ACTES ET CONFÉRENCES
et ainsi conçue : X. . . [TeJiohanan ou Yehuda) Hakkohen hag-
gaàol ve Heber ha Yehudim, c'est-à-dire : a X... grand prêtre et
la communauté des Juifs. » On trouve aussi quelquefois Bosh
Heber, a chef de la communauté » ; dans ce cas, la formule repro-
duit absolument le titre officiel que le livre des Macchabées donne
à Simone
Sur les pièces plus récentes, au contraire, à partir d'Alexandro
Jannée (105-78), la légende est souvent bilingue : hébraïque sur
une face, grecque sur Tautre. Sur l'une, le prince figure avec sob
nom juif, sur Tautre avec un nom hellénique, arbitrairement
choisi. Ainsi, Alexandre Jannée s'intitule d'une part Yehmxtan
kammalekh (le roi Jonathan) de l'autre BaoïXécAç 'xlic^dvSpou (le roi
Alexandre) (flg. 1)*.
Fig. 7.
Plus bizarement encore, le dernier prince de la dynastie, Anil-
gone (40-37), prend le titre de grand prêtre sur la face hébraïque
[Mattatia hakkohen haggadol, Heher ha Yehudim) et celui de roi
sur la face grecque (BoatXétDç 'Avrirdvou). C'est un véritable maître
Jacques que ce roi-prêtre. Ses monnaies (fig. 8), qui nous révèlent
son nom hébreu, inconnu des historiens, sont les seules de la série
qui portent des dates régnales : elles sont indiquées par la lettre
sMn (initiale de shenat, année) suivie d'un aleph (an 1) ou d'un
bet (an 2).
On voit que les légendes des monnaies hasmonéennes confirment
pleinement les renseignements de Josèphe sur l'histoire de cette
' 'Eirt 2:C|X(dvo; àpyrupétù^ (iievdXou xal orpotTriYoû xaV iiyo\j\Ltwu 'iwjdciùav,
I Maceab., xiii, 41-42.
* Les rares monnaies de la reine Alexandre, veuve et héritière d'Alexandre
Jannée, étaient probablement aussi bilingues, mais la légende hébraïque est de-
venue illisible. On sait que cette reine s'appelait de son nom hébreu Salomé.
(Derenbourg, Histoire de la Pttlêêtinê^ p. 102.)
LES MONNAIES JUIVES
CXCV
dynastie : d'abord scrupuleux serviteurs de la théocratie, purement
joife et prêtres, les descendants des Macchabées s'émancipent peu
à peu de la tutelle des Pharisiens, s*intitulent rois et manifestent
ces mémos tendances helléniques contre lesquelles leurs ancêtres
Ptg. s.
avaient été les premiers à s'insurger. L'écriture de ces légendes
n'est pas moins intéressante que leur contenu. On a longtemps ap-
pelé ce caractère alphabet samaritam parce qu'on croyait que les
juifs l'avaient emprunté à leurs voisins de Samarie ; on sait aujour-
d'hui qu'il représente, au contraire, la forme primitive, palestinienne
de l'alphabet hébreu ; il se rapproche, en effet, singulièrement de
l'écriture des plus anciennes inscriptions hébraïques, la stèle de
Mésa et l'inscription de Siloé. Cet alphabet, consacré parla tra-
dition, est resté le seul en usage sur les monnaies purement juives,
même après que l'alphabet carré, venu de Babylone, se fut introduit
dans l'usage courant : entre les monnaies de Jean Hyrcan (135
avant J.-C.) et celles de Barcochébas (135 après J.-C), il n'y a
aucune différence paléographique appréciable * . On peut affirmer
que toute monnaie juive écrite e7i hébreu carré est une falsification
mod^/ne.
^ Il faut renoncer à chercher une indication chronologique dans la forme poin-
tue ou arrondie du shin. On a beaucoup de médailles des révoltes où le shin
■ffecie la première forme sur une des faces et la seconde sur l'autre. D'autre
part le skin arrondi figure déjà sur les bronzes de Jean Ujrcan I, et ceux d'An-
tigone ont un shin semblable ù un digamma renversé, qui ne se trouve nulle
part ailleurs.
CXCVI ACTES ET CONFÉRENCES
III
La dynastie hasmonéenne finit, comme la plupart des dynasties
orientales, dans le sang et rimbécillité : les derniers princes de cette
race furent ou des tyrans féroces, comme Alexandre Jannée, ou des
grands prêtres à moitié stupides, comme Jean Hyrcan II. A deux
reprises différentes, les guerres civiles des Juifs nécessitèrent l'in-
tervention armée des Romains, qui, en 04 av. J.-C, avaient conquis
la Syrie et succédé aux Séleucides en qualité de suzerains des Juifs.
En 63, Pompée, pris comme arbitre entre les deux frères Hyrcan et
Aristobule, se prononça en faveur d'IIyrcan et prit d'assaut Jérusa-
lem, défendue par les partisans de Tautre prétendant. En 37, un
lieutenant de Marc- Antoine, C. Sosius, conquit de nouveau Jérusa-
lem, où le fils d'Aristobule, Antigène Mattathias, s'était installé
avec Tappui des Parthes ; le dernier descendant des Macchabées fut
fait prisonnier, mené à Antioche et décapité, après avoir subi le
supplice des verges.
Deux curieuses monnaies romaines nous ont conservé un souve-
nir de ces événements. La première (fig. 9) est un denier d'argent
portant le nom d'Aulus Plautius, qui fut édile curule avec Plancius
en 54 av. J.-C; ce Plautius, chaleureux partisan de Pompée, avait
été probablement l'un de ses lieutenants pendant son expédition de
Syrie. Sur le revers de son denier on voit un personnage à genoux,
tendant un rameau de suppliant et tenant un chameau par la
bride ; autour, la légende Bacchius Judaeus. Ce type est exacte-
ment copié sur les monnaies de Scaurus, frappées quelques an-
nées auparavant, et qui commémoraient la victoire de ce général
(autre lieutenant de Pompée) sur Arétas, roi des Nabatéens : la lé-
gende était ici Rex Aretas. Nul doute que Bacchius judcieus ne soit
quelque principicule plus ou moins juif de Syrie, dont la soumis-
sion avait été l'œuvre de Plautius ; les textes ne nous parlent pas
de ce personnage, mais on sait qu'au moment du passage de Pom-
pée il existait, dans la région du Liban, plusieurs dynastes de
ce genre, tenant le milieu entre le chef de brigands et le roi.
Le bronze de 8osius (fig, 10) est odcofô plus intéressant, car il a
«ervi de prototype aux fanaoîises monnaies de Vespasien avG€ la
légende Judaea capia. Le revers représente un trophée dressé entre
mu prisoDnier jtiif enchaîné (Anti^rone) et une captive juive, per-
wwiificatioii de la Judée. Autour, le nom du vainqueur : C, Sosius
inp(&ratorf. Sur la face de la médaille, le portrait d* A atome et
te lettres Za^ initiales du mot ZacynlhuSj Tile ionienne où lut
frifpé notre bronze.
Fin. iO,
A la place des Hasmoaéeiis, dont la descendance masculine était
^t^ÎDte, les Romains mirent sur le trùne de Judée llduméen Ilérode,
^«nt le père Antipater avait été déjà le « maire du Palais »
'^Hjrcan IL Ilérode régna trente-trois ans et fut un despote actif,
«niel et fastueux. Au point de vue politique, il se montra le très
Awite vassal des Romains ; comme la plupart des autres princes
Vlltaux, il ne fut autorisé qu a frapper des monnaies de bronze.
^oique peu enclin au pharîsaïsme et probablement peu croyant
■ Jo«èpb«, Âmt,t XIV, 3. 2. H élait lyttiu do ïripoUa. Sou voisin Silts est
qutlîfié de juif.
ACT. BT CONP., T. 1. <5
CXCVni ACTES ET CONFÉRENCES
lui-même, Hérode respecta le sentiment national dans lo choix de
ses types monétaires ; il n'y lit figurer que des objets inanimés, les
uns empruntés aux bronzes hasmonéens (palme, couronne, corne
d'abondance), les autres nouveaux (trépied, casque, acrostolion)^ ac-
cusant parfois des prétentions à une origine macédonienne (bouclier
macédonien). Les pièces les plus remarquables (fig. 11) sont celles
qui portent une date régnale (an 3) et un monogramme, qui est une
F%§. 44.
marque de valeur (initiales du mot iptxaXxov). Sur toutes ces mon-
naies, comme sur celles des autres princes de la dynastie iduméenne,
la légende est purement grecque : BaaiXéw; HpwSou, « le roi Hérode »
(on sait qu*à partir d'IIérode les fonctions de roi et de gi'and prêtre
furent rigoureusement séparées). L'emploi exclusif de la langue
hellénique prouve combien la connaissance do cette langue était
répandue parmi les Juifs.
Vers la fin de sa vie, Hérode paraît s'être départi de ses ména-
gements habituels envers les sentiments ou les préjugés religieux
de ses sujets.|ll planta un aigle d'or sur le fronton du temple de
Jéhoyah et, peu do jours avant sa mort, il étouifa dans le sang une
révolte que provoqua cet emblème païen * . On attribue à cette
période agitée quelques petits bronzes au revers desquels figure un
aigle (fig. 12).
* Jofiôphe, Ant, jud., XVII, 2, et B. jud,, I, 33, 2.
LES MONNAIES JUIVES CXCIX
Hérode mort, ses états furent partagés entre ses fils, qui durent
se contenter des titres plus modestes de iètrarqus et d'eihnarque.
Hérode Philippe régna sur les territoires de l'est et du nord-est
(Eatanée, Trachonitide, Haouran), à la lisière du désert ; Hérode
Antlpaa eut la Galilée et la Pérée ; là Judée proprement dite fut
attribuée au fils aîné, Hérode Archélaûs. Les deux premiers princes
eurent un règne prolongé; leurs monnaies, peu intéressantes, n'ap-
partiennent pas, à proprement parler, à la numismatique juive.
Toutes ont des dates régnales et des légendes grecques : « Hérode
(ou Philippe) létrarque » d'un côté, le nom de Tempereur régnant
de l'auti'e *. Quant aux types, les bronzes d'Antipas ont la palme et
la couronne, ceux de Philippe (fig. 13), frappés dans un pays où la
population juive était en minorité, se sont afi'ranchis de l'observation
du précepte du Décalogue sur la figuration d'êtres vivants : ils
représentent d'un côté la tête de l'empereur, de Tautre un temple
tétrastyle, sans doute le temple d^ Auguste bâti par Hérode le Grand
dans la ville de Césarée-Panias, où résidait Philippe.
Fig, 43.
Revenons à Jérusalem. Hérode Archélaûs, le fils d'Hérode le
Grand, y frappa des monnaies on bronze semblables à celles de son
père, avec la légende grecque « Hérode ethnarque » et des types
aussi nombreux qu'insignifiants*. Au bout de dix ans, ce tyran bru-
tal se rendit si impopulaire que les notables juifs demandèrent et
obtinrent sa déposition : Archélaûs fut exilé à Vienne en Gaule, et
la Judée réduite en province (6 apr. J.-C). Cependant la dynastie
iduméenne devait encore fournir un souverain à la Judée. Trente
ans après la déposition d' Archélaûs, un petit-fils d'Hérode, Agrippa,
^ Sur quelques moniiaies d'Antipas^ le Dom de Tempereur est remplacé par
celui de la capitale (Tibériade). C'est un billon muDicipal.
* Grappe, casque, caducée, ancre, proue, corne d'abondancei eouroane, galère.
ce ACTES KT CONFÉRExNCES
qui, élevé à Rome, avait su se rendre agréable à Caligula, obtint de
celui-ci les tétrarchies d'Antipas et de Philippe, devenues vacantes
par la mort ou Texil de leurs titulaires (37-40). Après la mort de
Caligula et l'élévation de Claude, à laquelle il avait contribué, il j
ajouta la Judée elle-même. Agrippa réunit ainsi sous son sceptre
toutes les possessions de son aïeul, et fut autorisé à prendre le titre
royal. Cet ancien libertin fut un roi selon le cœur des pharisiens.
Ses monnaies proprement juives (fig. 14) présentent au droit le type
singulier d'un parasol, qu'on a pris aussi pour un tabernacle ; au
revers, trois épis, symbole de prospérité. Il s'y intitule en grec
« le roi Agrippa » et y marque uno date régnale.
Fig. 44,
Outre ces monnaies, destinées à circuler en pays juif, AgripP*
frappa des pièces beaucoup moins orthodoxes où figurèrent des
types absolument païens (Victoire, Fortune, etc.), le portrait de
l'empereur régnant, quelquefois môme celui d' Agrippa et de son
fils à cheval. Sur quelques-unes, comme sur ses inscriptions lapi-
daires, il s'intitule pompeusement « le grand roi Agrippa, ami de
César » (BajiXeî;; iiëya; 'Avpfîrroç «piXdxaiaap). Ces monnaies n'étaient
sans doute destinées qu'à circuler dans les anciennes tétrarchies
d'Agrippa ou dans les villes du littoral, où la population était très
mêlée; la plupart portent, en effet, le nom d'une ville nouvelle,
Césarée ou Tibériade.
Enfin, un troisième type o?t représenté par une pièce fort sin-
gulière, qui parait moins une monnaie proprement dite qu une
médaille commémorative de l'avènement d'Agrippa et de son
alliance avec les Romains. Elle nous montre, d'un côté, le roi
couronné par deux tigures féminines, avec la légende « le roi
Agrippa, ami de César », de l'autre, deux mains jointes dans une
guirlande — symbole d'un traité d'alliance — et une longue ins-
LES MONNAIES JUIVES
CCE
l'Cription : « Amitié et alliance du roi Agrippa avec le vSéiiat et le
«pie romain. k>
rippa I*"* ne régna en Judée que quatre ans. A sa mort (44)
f-son royaume fut pour la seconde fois réduit en province romaine.
L»a Judée proprement dite ne changea plus jamais de condition
politique ; quant aux autres territoires — tétrarchies d*Antipa3 et
de Philippe — elles furent, une fois de plus, constituées en prin-
cipauté en faveur du ûh d'Âgrippa, Agrippa II (le frère de la
fameuse Bérénice), dont la vie se prolongea plua d'un demi-siôcle
(jiifqu*en lOO)» Mais quoique Agrippa II fût israélite et conservât
quelques droits sur Jérusalem, notamment celui d*habiter le palais
àèê Hérode et de nommer le grand prêtre » sa numismatique,
comme sa politique, n*eut rien de national, et ce n'est que par
un abus de langage que Ton a pu compter ses moanaies parmi
les monnaies juives '* Il on est do même des monnaies contompo-
raines du « royaume *> de Cbalcis dans le Liban, ou régna une
liraache latérale de la famille des Hérode *.
IV
On a vu qu*à deux reprises différentes — après la déposition
d'Archélaûs et à la mort d'Agrippa l^"^ — , la Judée fut réduite en
dnce par les Romains. Cette province, avec Césarée pour ehef-
Q, citait gouvernée par un fonctionnaire d'ordre assez inférieur, le
l^UMmDAÎes d^Agrippa II soqL ûutonomes ou impiriûUs^ mais ni tes unes
BÎItiitiires ne sont cou formes À la loi Juive. Les premières oat au droit ta tdlo
>Agh|)pi, itoe tnaiD teDsni des épis, ou une lêLo tourelêe ; les aecondes, la tête
w r«mp<preur féguant, avec sea tilres en grec ou en latin , Au revers, les types
•*t lâriéB, mais asos intéri^t. (Fortiine, victoire, putôre. couronne, pulmkr, ùu-
K coroc» d'abondances et caducée, ancre, cercle.) IL exiaLe, eu outre, rlas
fto&iiatas man ici pales de Césarée de Philippe (appelée maintenant Nérooias)
Hiia Tibénade portaul le uom <rAgrippa, Les monnaiea de ce prince sont toutes
iitém^ mais ses domaines ayant varié plusieurs fois, il a adoplé des ères dif-
Hfaitef qisi offrent de faraudes eomplications.
* Hérode Û^ frère d'Agrippa b'" (41-^8); son fila Aristobulo et la rdûo Sa-
\ (BabeloD, Rtvuê nHmitmatiqm^ 1S&3, p. 14!> ; Imboof^ P&ftrâtkâpft, VI,
î. a).
CCIl ACTES ET CONFÉRENCES
procurateur, qui dépendait, au point de vue militaire, du légat de
Syrie. La monnaie d'or et d'argent romaine supplanta peu à peu,
à cette époque, là monnaie grecque des périodes précédentes. Il
est bien encore question de drachmes attiques, de statères tjriens
— spécialement affectés au paiement des taxes religieuses — , mais
la monnaie courante du commerce est le denier romain, légalement
assimilé d'ailleurs à la drachme attique. C'est une pièce de ce
genre (fig. 15) que les pharisiens et les « hérodiens », — c*est-à-dire
les partisans de la république théocratique et ceux de la dynastie
iduméenne — montrèrent à Jésus en lui demandant s'il était permis
de payer le tribut. « De qui est cette image et cette inscription ?
leur dit-il. — Ils répondirent : de César. — Rendez donc à César
ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ^ »
Fig. 45.
Outre ces deniers d'argent, il y avait encore à Jérusalem une
monnaie divisionnaire de bronze, émise par les procurateurs à l'i-
mitation des princes Hasmonéens et Iduméens. Elle portait en
grec le nom de Tempereur régnant — auquel était parfois associé
ou substitué le nom de la mère de l'empereur, de sa femme ou do
ses fils — et une date régnale, Cetle monnaie circulait seulement
en Judée et était probablement fabriquée par des ouvriers juifs ;
c'est pourquoi, sans doute, les procurateurs n'y firent figurer que
des emblèmes inanimés, conformes à la loi mosaïque (épi, palme,
palmier, corne d'abondance, diota, vase couvert, couronne, etc.).
Je reproduis ici (fig. 16) une pièce du procurateur Ponce Pilate,
firappée Tannée de la Passion (an 18 de Tibère, 32 ans après J.-C).
Les types sont la couronne de laurier et le lituus ou bâton
d'augure.
* Mathieu, xxvi, 14.
LES MONNAIES JUIVES
CCIII
Si lés procurateurs avaient montré autant de tolérance dans
le Teste dô leur administration que dans leur monnayage, la Judée
»ô serait facilement résignée à la perte de son indépendance. Mais
doe maladresses nombreuses, parfois même des actes de persécution
vr6/
Fig. iff»
Véritables, froissèrent le sentiment religieux ; ravarice ou Tînjus-
tice (le certains gouverneurs achèveront d'exaspérer les Juifs, déjà
«iir^xcités par !a rivalité des partis et relfervescence messianique.
La tjrannie des uns croissait dans la môme mesure que le fana-
titme des autres; un jour vint enfin où la mesure fut comble et où
U révolte du désespoir éclata. Elle fut accompagnée d'excès déplo-
^les, mais Tacit>e lui-même reconnaît que les premiers torts
cUient du c6té des Romains «. dtiravii palmifia Jtidmis mque ad
(T'Hium FJorttm.,, * t>
La révolution juive commença le IT ijar (mai) 66, jour où
te gouverneur romain fut chassé de Jérusalem ^ ; e!le se termina le
8 EM (septembre) 70» jour où les derniers quartiers de la ville
foeût repris par les soldats de Titus ^. Elk dura donc quatre ans
•t «quelques mois. Dans cet intervalle, les Juifs furent miiures de la
P«Iesiine entière (Judée, Samarie et Galilée) jusqu'à la lia de 67,
^'iine partie de la Judée jusqu'au milieu do 61), de Jérusdem soide-
nient et de quelques moindres forteresses pendant la demi ère
toûéo. Ces dates, on le verra, ont leur importance pour notre
iére révolte juive nous a laissé des p^'èces d'argent et de
Les pièces d'argent se sont retrouvées on assez grand
ipremi
^Tidta, iTùr., V, 10.
'Jos^phe, B. Jud,, II, 15, :i-fl,
* ^W., VI, g, 5. On sail que le temple aytit «té Irftlé dès lo 10 Ab (toûl) «t
kk»,
_ii5^
CCIV
ACTES ET CONFÉRENCES
nombre, notamment dans deux cachettes, Tune à Jérusalem,
Tautre à Jéricho. Ce sonjb là les sicks et les demUsicles qu*on a attri-
bués successivement à un grand prêtre du temps d*Alexandre, à
Esdras et à Simon Macchabée *. Le sicle (fîg. 17] pèse en moyenne
14 grammes ; il a pour types : au droit une coupe — et non pas le
— j
^Je
Fig, 41.
« pot de manne » du désert ; — au revers^ un lis à trois fleurs —
non pas « la verge fleurie d'Aaron. » Les légendes, en ancien -^■:=^s
caractères hébraïques (dits samarifains)^ sont d*une part Shekel Is^^^'
raël « sicle dlsraël » , de l'autre Yerushalem Kedoshah « Jérusaleirrr^û
la sainte. » Au-dessus du type du revers, une date, marquée pa ^mr
une lettre numérale, qui, sauf pour Tan I, est précédée d*un thisC^^
(initiale de shenat, année), comme sur les bronzes d'Antigone.
Les demi-sicles, qui pèsent en moyenne 7 grammes, ont exac^^i^c-
tement l'aspect et les types des sicles (fig. 18), seulement au droi ^^Et
la légende se lit : ffafzi ha Sliekel « demi-sicle. » On a des sicle ^ss
Fig. 48.
des cinq années; ceux de la quatrième sont rares, ceux do la ci
quième rarissimes et d'un travail hàtif. Quant aux demi-sicles
on n'en connaît que pour les quatre premières années.
' L'attribution des sicles a la premièro révolte des Juifs a déjà été propo "
par Ewald {Gôtting. Nachrichten, 1855, p. 109 122), et acceptée par Schûr—
Lehrbuch, 1»* éd., p. 365.
-er,
i
LES MONNAIES JUIVES
'ccv
Outra les sicles en argent, il existe encore quelques sicles en
broDze des ans 3 et 4, exactement pareils aux pièces d'argent ; mais
00 ne sont pas les seules pièces de bronze frappées pendant la pre-
mière révolte. Nous en avons d* abord qui partent pour type
(ûg* 19) : une feuille de vigne (ou de ûguler) et un vase à anse, avec
au sans couvercle ; pour légende : Herid Zion u Liberté de Sîon »
et une date» en toutes lettres : Shmal àSit^iaim a an 2 », ou Shmiai
Shalo$k « an 3 »*
Fig. ^3.
Nous en avons d'autres (fig. 20) de trois modules difTérents, ayant
|xwir type ordinaire Yetrog et les deux hufab, c* est- à* dire le cédrat
et le bouquet do rameaux que les Juifs portaient dans la (èie des
tabernacles ; à ces symboles s'ajoutent tantôt un palmier entre deux
corlieîHes de fruits^ tant^Vt une coupe. I,e3 pièces ont pour légende
uniforme Lûjtdîat Zion « Bélivranco de Sion » et la date — en
toutes lettres — Shmai Arha <t an 4 33 , La data est suivie de la
que de valeur : Hatzt « un tlomi-sîcle » ; Rêhia^ a un quart » (de
le), ou d'aucune mention, suivant les motlule^i.
irt
7o0f
â
Nous connaissons maintenant tous les types monétaires de la
pnmiére révolte, et ce tableau se passe presque de commentaires.
On voit qu*iin dos premiers soucis des chefs de la révolution vîc-
lorieuse fut do frapper des monnaies d'argent — les premières
CCVl ACTES ET CONFÉRENCES
que nous ayons rencontrées dans la numismatique juive — pour
mieux affirmer Tiadépendance reconquise. Ces pièces étaient parti-
culièrement destinées au paiement de la taxe du temple; aussi
furent-elles exactement calquées — comme poids, aspect et dimen-
sions — sur les pièces tyriennes qui avaient servi jusqu'alors à cet
usage ; celles-ci commençaient d'ailleurs à devenir rares, le mon-
nayage d'argent ayant cessé à Tyr en 56 ap. J.-C. •. Le demi-dcle
était le montant de la contribution individuelle, le sicle servait
pour deux contribuables, parents ou amis, à la fois : on voit par
les textes que ce genre de paiement collectif était fréquent '. On
emprunta aux pièces tyriennes, outre leur poids, leur légende:
Yerushalem Kedoshah n'est que la traduction de l'inscription des
statures de Tyr : Tupou lepîç xai àsùXou. L'indication de la date est
aussi, peut-être, une imitation de ces pièces ; mais elle trouvait déjà
des précédents dans la numismatique juive.
La nouvelle ère eut pour point de départ l'année 66, sans doute
le 1®^ nisan (avril) de cette année — commencement de l'année reli-
gieuse — , quoique la révolte n'eût éclaté qu'en mai. Cette remarque
explique bien des faits qui ont embarrassé les savants. Si les sicles
de la 4° année sont rares, c'est que cette année-là commença
le siège do Jérusalem et que l'argent dut bientôt se raréfier. Si les
licles de la 5° année sont rarissimes, c'est que cette année ne dura
en fait que quelques mois, la ville ayant été prise dès le mois d'août.
Une raison analogue explique les sides de bronze qu'on rencontre à
partir do la 3° année ; c'était sans doute une monnaie ohsidionale,
émise par le gouvernement anarchique de la cité. Il en est de môme
des bronzes « à Yeirog » de la 4* année. Ces bronzes, comme l'in-
diquent leurs légendes, ont une valeur légale de un demi, un quart
(et probablement un sixième ou huitième) de sicle, quoique leur
valeur intrinsèque soit à peu près nulle ; c'est une sorte de papier
monnaie à cours forcé. Au contraire, les bronzes des ans 2 et 3 sont
une monnaie divisionnaire ordinaire, analogue à celle que nous
* Madden (p. 294, note 4) cite un statère tjrrien de Tan 65 ; il y a là, peut-être,
une erreur de lecture.
* Mathieu^ xvii, 24-27, où Jésus et Pierre paient un statère pour s^acquitter
ensemble.
LES MONNAIES jriVES
ccvn
atoBj vue aux époques précédentes. Ces différences de deatînation
ox(i)i(|uent les diîïéreitces de types et de modules antre les deux
clak<os de bronzes.
Le^ types de toutes ces monnaies révolutionnaires sont naturel-
Jûineut conformes aux lois mosaïques et, de plus, assez heureuse-
ment choisis. La feuille de vigne, la fleur de lis rappellent denx
des principaux produit'? végétaux du pays. La coupe et le vase re-
pK'^efitont gro3&iL'rement les ustensiles sacrés du temple, Vdrog
et le* louîah font allusion à Tune des cérémonies les plus impor-
rjiiile^ du culte juif» qui pendant ces années exaltées, où one î^rande
partie du peuple des campagnes s'était réfugiée à Jérusalem, do-
vail se célébrer avec un éclat extraordinaire.
Apre» quatre ans et demi do durée, la révolution juive fut étouffée
4uw le sang. Non-seulement il ne fut plus question de l'indépen-
danoô dlsraël, mais la Palestine devint une province spéciale
"><scttpée par une légion romaine (la X** Freîensis , dont il reste
<fei moimaies} ; la ville sainte et le temple incendié restèrent en
lijies. Les Romain» célébrèrent leur victoire, chèpement achetée,
FP l'érection de Tare. de Titus et par de nombreuses monnaies de
tJOtan?tal et de tout module, dont les types font allusion à la ré-
''<^ion de Tinsurrection juive. Ces monnaies, frappées au nom et
à Wli^e des empereurs Vespasien, Tilus et Domitien, semlïlent
»'^trQ inspirées de la monnaie de Sosius citée plus haut, qui commé-
niwaitla débite du dernier des Macchabées. Le ty^e le plus ordi-
'>ir» représente une captive — la Judée — assise ou debout, au
M «l'un palmier ou d'un trophée. De l'autre côté de ce motif cen-
*^1, un voit tantùt, comme sur la monnaie de Bosius, un prisonnier
J'Jïf, tantôt 'fig. 21) Fempereur victorieux, en costume militaire,
l^^us uue autre classe de monnaies, le type est la Victoire écrivant
'« t»oin de l'empereur sur un bouclier qu^ella appuie contre un pal-
iiiïcr. Lft légende — Judaea tkvicia sur les pièces d*or et d'argent
CCVIII
ACTES ET CONFÉRENCES
(parfois en grec : iotaaias EAAûKriAE), JiidcM copia sur les bronzes
— ne laisse aucun doute sur la signification de ces symboles
transparents *.
Fig, st.
Dans rinteryalle de soixante ans qui sépare les deux insurrections,
nous trouvons encore deux monnaies romaines qui se rattacbent
étroitement à l'histoire juive. L'une est le grand bronze de Nerva
(96-98) (fig. 22), dont le revers présente l'image d'un palmier, avec
la légende : Fisci jtidaki calumnia mhlata (suppression des déla-
tions du fisc judaïque). Le fisc judaïque n'était autre chose que
l'impôt du demi-sicle (ou du didrachme) par tête, payé naguère par
Fig. 22.
tout fidèle au temple de Jérusalem, et que les Romains, maintenant
que le temple n'existait plus, réclamaient à leur profit : les Juifs
* Une pièce unique avec la légende Juâea navalis (Cohen, Monnaie* impt^
rialeSf i, 3G5} fait allusion aux victoires navales que les Romains remportèrent
sur les pirates juifs de Joppé et sur les malheureux qui tâchaient de s'enfair sur
le lac de Génésarcth (Josèphe, III, 9).
LES MONNAIES JUIVES
COX
abhorPAient, avec raison, cette taxe impie, dont le produit était
versé au trésor de Jupiter Ca^ïitolin à Rome ; aussi s'eiTorçaiGut-ils
de dissimuler leur qualité d'israélitest pour se soustrairo au paie-
i^meat. Ces dissimulations entraînèrent des délations, des poursuites
reiatoires et des visites... plus que domiciliaires. Le bronze de
N«rva, qui appartient à une époque d'apaisement relatif, cem-
niéuiore la suppression de ces abus {Calumma), sinon do la taxé
elleméme.
Le bronze d'Adrien [tig. 23), frappé sous son 3* consulat (130),
n*«st pas moins curieux. C^est un souvenir du voyage que cet ena*
pereur nomade fit en Judée et de Fempressement — officiel — avec
le<[«ol il y fut accueilli. On y voit la Judée, suivie de ses enfanta,
«'avançant vers Adrien; une patère à la main, pour offrir une
libation sur Tautel où monte déjà la flamme; derrière elle marche
un Ucaf, victime désignée pour le sacrilice. Légende : a La Judée
a la rencontre de Fempereur* »
Fiff, 23.
^Tisites impériales, cet enthousiasme de commande, c'était le
qui précédait Forage. Déjà à la fia du règne de Trajan,
**© sanglante insurreclLon avait éclaté parmi les colonies juives
'*^ lu Mésopotamie, de Chypre, de FEgypte et de la Cyrénaïque.
^ la suite du voyage d'Adrien et d'actes de provocation, doat le
^tail est mal connu, les Juifs de Palestino prirent les armes à leur
^^*l^ (133), La révolte fut longue et acliarnée ; elle eut pour chef
veDturler que les textes appellent Barcochébas (Bar Cochba)
ils de Fétoile jî, soit par une altération de son nom véritable
*'" CWî&i/j, soit par allusion à la prophétie de Balaam : « Une
\(^r
1
CCX ACTES ET COiNFÉRENCES
ôtoila est procédée de Jacob et un sceptre s'est élevé d'Israël ; il
transpercera les chefs de Moab et il détruira les enfants de Seth *. »
Barcochébas se faisait, en eflet, passer pour le Messie, et il fut re-
connu pour tel par Tillustre docteur Akiba. Celui-ci et un autre
rabbin, Ëléazar de Modéin, oncle do Barcochébas, que son neveu
finit par soupçonner de trahison et tua d'un coup de pied, furent
d'ailleurs les seuls docteurs notables qui prirent parti pour l'insur-
rection ; le reste du sanhédrin se tint à l'écart. Les rebelles, qui
étaient au nombre de 200,000, après avoir occupé de nombreuses
places et probablement même Jérusalem, furent traqués de repaire
en repaire et finalement exterminés dans la forteresse de Béthar,
leur dernier refuge (135).
Comme ses prédécesseurs, les insurgés de 66, Barcochébas affirma
l'indépendance de la Judée en frappant monnaie ; mais son in-
surrection eut un caractère bien différent. de la première et cette
différence se traduit dans les types et les légendes monétaires.
En premier lieu, les insurgés de 66 étaient des pharisiens exaltés
(zélateurs), démocrates jaloux, indisciplinés et niveleurs ; aussi leur
monnaie ne porte-t-elle aucun nom propre. Tre^ du^es, lot exercifus,
dit Tacite; les partisans d'Eléazar, fils de Simon, auraient refusé
de se servir de la monnaie de Simon Bargioras, ceux de Bargioras
n'auraient pas voulu de la monnaie de Jean de Giscala. Le nom
sacré de Jérusalem mettait tout le monde d'accord, Au contraire,
Barcochébas parait avoir été dictateur absolu ; il visait clairement
à la royauté, et comme son oncle, *Eléazar, était originaire de
Modéïn, patrie des Macchabées, il n'est nullement impossible que
Barcochébas rattachât son origine à la famille royale des Hasmo-
néens*. Aussi fit-il figurer son propre nom sur l'immense majorité de
ses monnaies, mais ce nom n'est pas celui que lui donnent les textes
païens, chrétiens ou talmudiques, — celui-ci n'est qu'un sobriquet ou
un patronymique, — mais le nom de Simon, que les médailles seules
nous font connaître . Le nom de Simon établissait un lien de plus
* Nombres, xxiv, 17,
* Dans le texte inintelligible de SynccUe (p. 600, 18 : Xoxe6âç Ttç ô iioyoYtvf^
Vj^eÎTo) il est possible que se cache le mot AvaiicdVOYev'^ç, • descendttnt des
Asmonéens. »
LKS MONNAIES JUIVES
CGXI
I
cûUb uoljre îûstirgé et son prototype, Simon Macchabéo ; on ne floit
P<u trop séigaaer qu'il n*ait pas été traDsmiâ par les textes, car
>us savons par (Vautres exemples que lei personiieîî qui portaient
noms tivs communs étaient habit^jellement désignées par leurs
patronymiques, pour éviter la coniusion. C'est ainsi que, dans la
pi^emierâîasurrection, Simon Bar-Gîoras est appelé par Dion Cassius
Balaierai, tout court, et Tacite lui donne même par erreui" le
« prénom » de Jean * .
Une seconde diflérence entre Barcochébas et les premiers insur-
gés, c'est que ceux-ci étaient en possession des trésors du temple
do Jérusalem et purent j puiser abondamment — au moins pendant
les premières années — le métal nécessaire à la fabrication des
ÛAiis de leurs pièces. A Tépoque de Barcocbébas, temple et trésor
n 'dictaient plus, les insui'g:és étaient de pauvres gens qui n'avaient
guère d'autre argent que celui qu'ils enlevaient. Cet argeat leur
^rriTait soua la forme de deniers romains et c*e$t sous cette forme
<|a*iis le conservèrent ; ils se contentèrent de le surtrapper avec des
caiûs orthodoxes de leur ûiçon, pour (aire disparaître k>^ tvpes et
inscriptions qui rappelaient un régime odieux. Tous les deniers de
B^rcochëbas sont des deniers romains surfrappes, et la surfrappe
m même été quelquefois si hâtive que )*nncienno légende est en-
•or« visible au bord du tlun : ce sont mémo ces pièces, où Ton a pu
d^hiflrai* les noms d'empereurs romains postérieurs à la première
ré^'olte Galba, Vespasien, Trajan, etc.), qui ont permis d'attribuer
•i'uae façon certaine à Barcocliébas les déniera de Simon. Bien en*
tendu, les pièces ou la surû^appe n'est pas apparente, ayant exacte-
ttiont le poids, les types, les légendes des autres, appartiennent à
*A même époque et ne sont elles-mêmes que des deniers surfrappés,
ui^s avec plus de soin : les numismatistes u'auratent jamais dû s'y
tromper.
Ces observations générales me permettent d'être très br.^f dans
l i^ûuaiération des types monétaires de Barcocbébas. Son monnayage
comprend des pièces d'argent et de bronze. Les premières sont, tout
i' abord, les deniers romains surfrappés dont il vient d'être quesiion
* Ti«il., HisL, V, m Dion, XV1^7.
n
CCXII
ACTES ET CONFÉRENCES
(fig. 24). Les types sont, au droit, la couronne ou la grappe, au re-
vers, un vase et une palme, une palme seule, une lyre, ou deux
trompettes (instruments sacrés qui sont aussi représentés sur Tare
Fig, 24.
de Titus). La légende du droit est invariablement Simon (nom
quelquefois orthographié d'une façon bizarre) ; au revers Sli (enat)
het leher'syii) Israël a an 2 de la liberté d'Israël », ou Leherut Ye-
rushalem « liberté de Jérusalem y>. Les pièces avec cette dernière
légende, qui ne se distinguent en rien des auti'es, paraissent avoir
été frappées à Jérusalem et conûrment ainsi Tindication fournie
par plusieurs textes, que les insurgés furent pendant quelque temps
maîtres des ruines de cette ville.
C*est aussi par une occupation temporaire de Jérusalem et par un
projet de relèvement du temple qu'il faut expliquer l'existence d'un
certain nombre de aides frappés pendant la première révolte (fig. 25).
C'est une monnaie arcMisante, destinée à permettre aux juifs pieux
Fig, iô.
de payer le montant exact de la taxe du temple de Jérusalem,
conformément aux anciennes prescriptions *. Cette destination
* Ces sicles eux-mômes sont, en partie du moins, refrappés sur des tétra-
drachmes gréco-romains (d'Aniioche). Les tétradrachmes d'Antioche sont Irappés
d'après le système allique, mais on a déjà vu que, par suite de U dépréciation
LKS MONNAIES JUiVKS
ocxiii
f
^t bien iadiuuée par le type de ces sicles : un portique à quatre
coioanes, repréàeuiation idéale du temple de Jéruiulem, qu'on
^ propôâait de rebâtir. Au-dessus du temple ligure parfois une
étoile^ qui peut être une allusion au surnom messianique de Biiiiun
« flls de Tétoile «». Le type du revers» etrot^ et hulalfj est un sou-
< venir des types analogues de la première révolte. Quant à la
ié^nde, le droit présente tantôt le nom de Jérusalem, tantôt celui
à^ Simon ; le revers, soit Sfienai ahai liguUat Israël a an 1 do
Ia délivrance d'Israël d, soit iSh(ejmt) Bd kher{ui} Israël « an 2
à^ là liberté dlsraûl t*, soit tout fiimplemeût Lehirul Yenuhaiem
« liberté de Jérusalem ^.
Il 681 essentiel de remarquer que le nom de Simon ne figure ja-
mais sur les sicles de la première année. La même obsen^ation
«^applique d'ailleurs aux deniers : toua les deniers datés de Simon
portent la date an 2. Qui donc était le monétaire principal de
Van 4 ? La réponse a été fournie par la découverte assez récente
des deniers suivants (ôg. 26), en très petit nombre d'ailleurs, ayant
pour types le vase et la palme d*une part, la grappe de l'autre;
pour légendes Ekazar hakkohen [Éiéazar le prêtre] et Sliênai ahai
^^uliat hraël (An 1 de la délivrance d" Israël). Ces deniers sont
cûQtemjMjraiDS de ceux de Simon — comme le prouvent certaines
pièces hybrides où l'on voit associés les droits ou les revers do
pi^s dei deux chefs ; -- ils nous apprennent que pendant la pre-
i»»ère année, Simon Barcochébas» chef militaire de l'insurreclion,
i'flflkja devant le chef religieux, Éléa^arf que les rebelles avaient
1
l^ngiMlif , le tétradrucbme BUique élait deac«udu bu poids du siatère lyrien,
ia^u«I Dtt id frappait plus. Barcochébas pouvait donc, sans erreur notable, tcccp*
tif cet lélradrat'hmea pour de» sicles.
ACT. BT C03IF., T. 1. * Itt
CCXIV
ACTES ET CONFÉRENCES
sans doute nommé grand prêtre : le prêtre Éléazar est proba ^,
blement identique au rabbin Éléazar de Modéïn, oncle de Bar — rap-
cochébas, dont il vient d'être question.
Il existe aussi des bronzes d'Éléazar, également de la premièr^^*— 3^
année ; Tinscription (fig. 27) est la même que sur les deniers, 1er -
types (palmier et grappe) presque identiques.
Fig. n.
Reste à mentionner les nombreux bronzes de Barcochébas, do^^Bt
quelques-uns aussi présentent des traces de surfrappe. Ces bronze^ — s,
destinés sans doute à la solde des troupes, sont datés de la pr
mière année (Shenat ahat ligulhit Israël), de la seconde (li
het leherut Israël) ou tout simplement de la liberté de Jérusal^=KiD
(leherut TerushaUm), Les bronzes de la première année [û^, îfcLSj
portent au droit la légende Simon Nasi Israël (Simon pricm ce
d*Israel). Le mot Nasi, qui a signifié à une époque ultérieure k
Fig, «S.
président du sanhédrin, est peut-être ici pris dans le sens, de
a chef militaire » ; il fait pendant au mot Cohen (chef religieux)
qui figure sur les bronzes d'Éléazar de la même année . Sur les
bronzes des deux autres classes, Barcochébas s'intitule seulement
LES MONNAIES JUIVES
ccxv
i<mon (ûg* 29) ; c*est qa'aprèâ la mort d^Éléazar il avait réuai tous
les pouvoirs ^ Quant auxtypos des bronzes de Simon, ils a*offi:^Bt
rien de particulier ; ce sont les mêmes emblèmes orthodoxes que
sur leê pièces d argent : coun>nne, lyre, diota^ palme ou palmier,
grappe de raisins ou feuille de vigne. Ces types varient suivant
tes modules et servent à distinguer, à première vue, la valeur
de la pièce.
%\
M.
Fig, 21K
iJû neveux pas quitter lei monnaies de la seconde révojte juive
■fia rappeler que le Talmud y fait allusion dans un passage bien
wnûu ; a Le Ma'mer èShem (la seconde dîme], dit-il textuellement,
06 peut être racheté avec une monnaie qui n'a pas cours, comme
l* ûionnaio de Koziba ou de Jérusalem, ou celle des rois anté-
ri^drs'. » La'munnaiè de Koziba, ce sont les sicles et deniers
«le Simon Bar Cochba, que les rahhins, ses ennemis, appellent
souvent Ben Koziba « le fila du mensonge w. La monnaie do Je-
fîJiaJem, ce sont les sicles et demi -si clés de la première révolte
trec riûscnptïon f< Jérusalem la sainte ». La « monnaie des rois
iûl^rieurs », ce sont les bronzes des Ilasmoaéens et des Hérodes,
pcut-^tre aussi les tétradraciimes des Séleucîdes et des Ptolémées
<lûi tt*avaient plus cours à Tépoque où notre hahcha fut rédigée.
Sur certaiaes pièces le nom Simon est remplacé pir celui de JérusaUm ; ces
pikttet «D général celles qui sont daléeedo la * liberté de Jérusalem » paraissent
^^oii é\à frtppées daos la capitale'
Toiefta i/a'<ti#r Shtni^ I, S. Le mdme passage est reproduit avec des alté*
v^lMtti dtaa le Talmud de Jérusalem {Maaitt Skeni^ I, 2) et dana celui de 6a-
a^to^Q [BiAtt Kamnm, 07 b.). Les monnaies des révoltes sont léuDtei ici soua
^«ppelUtion cjmmuaa de < monnaie du dauger » et le rabbin Im^ décide qu'eUe
^* *lrc }el4e a la mer.
J
CCXVl ACTKS ET CONFÉRENCES
Ainsi, bien interprété, ce passage du Talmud est la conôrmatioD
complète du système de classification qui vient d*étre exposé :
il achève de montrer que les monnaies d*argent juives n'ont
jamais eu qu'un caractère exceptionnel et révolutionnaire.
VI
Avec les monnaies de Barcochébas, nous avons terminé notre
voyage à travers la numismatique juive. Si la première révolte
avait eu pour conséquence la destruction du temple, la seconde
amena Textermination presque complète de la population juive
de la Palestine. De nombreux colons païens prirent la place des
anciens habitants , et sur remplacement de Jérusalem s^éleva une
ville romaine appelée ^lia Capitolina, du nom de Tempereur ^lius
Adrien et de Jupiter Capitolin, dont le temple remplaça celui de
Jéhovah. Cette ville, dont Taccès était défendu aux Juifs, eut le rang
de colonie et a laissé une longue suite de monnaies de bronze qui
s*étend d'Adrien à Yalérien (136-260). Je reproduis ici les deux
types les plus intéressants. L'un représente la fondation de la ville
Fig, 50.
— un colon traçant le sillon qui marquera les limites de la future
enceinte (fig. 3ù). L'autre nous montre les trois divinités — Ju-
piter, Junon et Minerve — qui étaient adorées dans le temple de
Jupiter Capitolin à Rome et à -^lia. (Fig. 3L)
Jérusalem n'est pas la seule ville de Palestine où le culte païen
se soit ainsi emparé de lieux naguère afîsQtés au culte du^ vrai
Dieu. Le fameux temple des Samaritains sur le mont Garizim, qui.
LES MONNAIES JUIYRS
ccxvri
d^a une fois» îîOih les Séleucides, avait été transformé en un temple
de Jupiter Hospitalier, puis était retouraé au culta monothéiste,
^?\
fut désaifecté une seconde fois en faveur de Jupiter. Ce temple est
tip-uré sur une très pittoresque médaille de Néupolîs (nouvelle capi-
tale de la Samarie, aujourd'hui Napiouse) frappée sous l'eni] ereur
Antonin Je Pieux. (Fig. 32.)
M>™
31
fj^
-^
Fiif. Ji.
Cependant, au moment où le judaïsme était aîn^i humilié, traqué,
exterminé dan« sa patrie d'orij^ine, puisant des forces dans ga dé-
faite même, il se répandait de plus en plus dans les pays de la dis-
persion et faisait la conquête de bien de^ âmes. Non seulement le
monothéisme juif, la morale juive gagnaient des prosélytes jusque
sur les marches liu trAne, mais les légende;; païennes elles-mêmes
commeneaieat à s'accommoder aux traditions juives, à sa fondre
avec elles. N^ms avons un exemple bien remarquable de cette fusion
^'raduelle dans une monnaie de la ville d^Apan^ée eu Phrygie» t]ui
CCXVIII
ACTES ET CONFÉRENCES
date de Tempereur Septime Sévère et qui a été répétée plusieurs fois
sous les règnes suivants. (Fig. 33.) Au revers de cette médaille ou
voit deux personnages, homme et femme, assis dans une caisse qo^
flotte sur les eaux ; sur le couvercle entr'ouvert perche un oiseau "
Fig. S5.
A gauche, une autre scène qui continue la première dans Tordre des
temps : les deux personnages sont sortis de la caisse et Toiseau leur
apporte un rameau d'olivier. A cette description vous avez reconnu
sans peine un épisode bien connu de l'histoire du déluge. Des tra-
ditions analogues à celle de la Bible existaient chez les païens ;
les Phrjgiens notamment avaient leur mythe du délage, qui avait
fini par se localiser à Apamée-Cibotus, A pâmée « la Boîte ». Comme
cette ville renfermait dès l'époque de Cicéron une nombreuse popu-
lation juive *, il dut s'opérer de bonne heure une fusion des deux
légendes ; nous en avons d'ailleurs la preuve dans un passage des
Livres sibyllins oii Tauteur raconte que Tarche de Moé s'arrêta aux
sources du fleuve Marsjas, c'est-à-dire près d'Apamée-Cibotus *.
Maintenant imaginez un magistrat, juif ou judaïsant, d'Apamée, à
la fln du II® siècle — Ta agonothète d ou édile Artémas — chargé
d'inventer un nouveau type pour les monnaies de cette ville. Vous
comprendrez qu'il se soit empressé d'en choisir un qui avait le mé-
* Voir CicéroD, pro Flacco^ 28. La quantité d'or (destinée an temple de Jéru-
salem) confisquée par Flaccus sur les juifs d^Apamée est évaluée à 100 livres, ce
qui, étant donné le rapport des valeurs de Tor et de Targent, correspond à en<
viron 350 kilos d^argent ou 50,000 demi-sicles, quantité si considérable qu'elle
doit représenter la contribution de plusieurs années ou des dons extraordinaires.
* Poèmu tibyîlifu, \, 273.
LES MONNAIES JUIVES CCXIX
rite singulier de concilier de la façon la plus heureuse ses propres
traditions religieuses avec celles de la localité ; d'ailleups, pour en-
lever toute espèce de doute, c'est le nom de Noé (nûe) qu'il fait gra-
ver en toutes lettres sur Tarche : le déluge d'Apamée et le déluge
de Noé sont bien, pour lui, le même déluge.
Je ne crois pas pouvoir mieux finir ma causerie que par cette
illustration, à la fois piquante et consolante, d'un syncrétisme re-
ligieux qui se dessinait alors un peu partout dans le monde païen,
au profit du judaïsme et de son fils aîné, le christianisme. C'est l'é-
poque où l'autour inconnu du Traité du sublime ne craint pas d'em-
prunter à la Genèse un exemple du « sublime » littéraire ; c'est l'é-
poque où l'empereur Alexandre Sévère place dans son oratoire un
buste d'Orphée entre un buste d'Abraham et un buste de Jésus-
Christ. Encore deux siècles et un poète, païen fanatique, s'écriera
avec une indignation qui témoigne de sa sincérité < :
Plût au ciel que jamais, sous Titus et Pompée,
Rome n'eût asservi les juifs à son épée I
Le mal déraciné refleurit dans nos cœurs
Et le peuple vaincu subjugue ses vainqueurs !
Ratilius Namalianus, Itinéraire ^ v. 385 :
Âtque uUnam nunquam Judaea subacta faisset
Pompeii bellis imperioque Titi I
Latius excisœ pestis contagia serpuDt
Victoresque suos natio victa promit.
LISTE DES MEMBRES
DK LA
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
PENDANT L'ANNÉE 1886
Membres fondateurs ^
1 Camondo (le comte A. de), rue de Monceau, 61 *.
2 Camondo (le comte N. de), rue de Monceau, 63.
3 GuNZBURG (le baron David de), boulevard des Gardes-à-Cheval,
17, Saint-Pétersbourg.
4 GuNZBURG (le baron Horace de), 17, boulevard des Gardes-à-
Cheval, à Saint-Pétersbourg.
5 LévT-CRÉMïEUx (feu).
6 PoLiACOFF (Samuel de), à Moscou.
7 Rothschild (feu la baronne douairière de).
8 Rothschild (feu le baron James de).
Membres perpétuels '.
9 Albert (feu E.-J.).
10 Bardac (Noël), rue de Provence, 43.
1 Les Membres fondateurs ont versé un minimum de 1,000 francs.
* Les Sociétaires dont l'adresse n*est pas suivie d'un nom de ville detnff '•^^
à Paris.
* Les Membres perpétuels ont versé 400 francs.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
CCXXl
11 lliîrCHOFPSHEm (Raphaël), ru»3 Taitboiït, 3.
12 Cahbn d'Anvkrs (feu le comte),
J3 Dretfus (feu Nestor).
14 GoLDSCHMiDT (S.*!!.), rond-point des Champs Elysëes, 6.
15 HacHT (Etienne), rue Lepellelier, 19,
16 HiRSCH (feu le baron Lucien de).
17 Kann (Jacquos-Etîraond), avenue du Tîoîs-de-Bo«logne, 58,
]S KoHS (Edouard)» rue Blanehe, 49.
19 Lazare (A.), boulevard Poissonnière, 17»
*i() Lévt ( Caïman n), éditeur, rue Auber, 3.
21 MoNTEFïORK iClaudô}, Portman 8quaro, 18, Londres.
22 Opi'ESHtîiM (feu Joseph).
^3 Pknha ilmmnnuel de la), rue de la Victoire, 28.
24 Pknh4 (M. de k),nioTronchet, 15,
25 Ratisbonnë (Fernand), rua Rabelais, 2.
^ Reinach (Hermann- Joseph), rue de Berlin, 3!.
27 Rothschild fîe baron Adolphe de), rue de Monceau, 47.
^ Troteux (Léon), rue de Mexico, 1, le Havre.
Membres souscripteurs ^
29 Adelson-Monteaux. rue Notre-Dame-de-Lorette, 10.
^ Adlbr (Rev. D^ Hermann), Queensborou^^h-Terrace» 5, Hyde
Park, Londres.
31 Aghïon (Victor), Alexandrie, Égjpte.
32 AiBEftT-LÉVT, professeur à l'École raunicipale de chimie et de
physique, rue des Ecoles, 25.
33 Aldroph« (Alfred), architecte, faubourg Poissonnière, 37.
34 Alexandre Dumas, de T Académie française, avenue de Vil-
liers, 98.
3^ Alfbn-Salvador, avenue de Messine, 10.
JS Allatini, Salonique.
37 Aluanck israélitr universelle, 35, r. deTrévtse (175 ft*.)*
38 Allianz (Israelitische)^ Kasmlnerstrasse, U, Vienne.
' il eoUpalion det Membres sou se H pleurs est de 25 Traacs pir m, uuf pour
fttfi dont le nom cfll suivi d'une indicatiûu spéciale.
CGXXII ACTES ET CONFERENCES
39 Andrieux, député, avenue Friedland, 32.
40 Anspach (Gabriel), rue Pijîalle, 15.
41 Aron (Arnaud), grand rabbin, Strasbourg.
42 AsTRUC (E,-A.), grand rabbin, Bayonne.
43 Basch, rue de la Pt^pinière, 19, Nancy.
44 Bkchmann (Ernest-Georges), ingénieur en chef des eaux de la
ville de Paris, place de TAlma, 1 .
45 Bkchmann (J.-L.), rue delà Chaussée- d'Antin, 45.
46 Bbnkdktti (S. de), professeur à l'Université, Pise.
47 Bickart-Ske, boulevard Malesherbes, 101.
48 BiNO, président de la Communauté israélite de Dijon.
49 Blin ^Albon), Ell>euf.
50 Bloch (Oamillo\ rue de la Banque, 1.
51 Bloch (Félix\ Uaskeuv, Constantinople.
52 BLOru Isaac\ grand rabbin, Alger.
53 BuvH Maurice', agrégé des lettres, boulevard Bourdon, 13.
54 Bloch ^Moîs^^, rabbin, rue Condorcet, 11.
55 Bi.iX'Jis Louis-La£are\ rue des Mathurins, 13 bis.
5ti BiaX^v v^A^^i^ïi ^ TouL
57 Bu M y^Viot4>r \ le Hivre.
58 Bki HL .l>Avid^, rue de Chài«audun, 5".
5$ BsvHL l\iul\ rae de Chàt^udun^ 57.
<» RRt^îSWtd ^Benoît^, rae Blanclie, (9.
61 Brvx^wto lx>once\ plai>* iesMcu^ires, 10,
<a 0\HK.\ ^A^rJihaiu rfrani rahMii, rce Vauquelin. 9.
<v^ OaHi£N AÎScn , pTi-nfess^eur agrêpe au colitSge Rollin . rue
<V| OaHEN ^Gî:^îATr\ r.::*^ .?£îs r«:T5*-Chaiips, 61,
66 Ox)Mi:kiys:, pr*^:>555^^^r à 1 E,N\ie 3es Hin«?~Eiudôs, rue de
67 Oï^rro; K4î^^ rw Lfciijwîj?, Î4x
6S O^Ti \; : L^tîiftTïh-A^ÙAT .. ixiCfaîMrr av;!. i^c Ca:t*. Égrpie.
6:^ iNiîftv lî :t»tv^;a T^ ^ rûf FrM)rj.î5^. S.
LISTE DES MEVÎBRES DE LA SOCIETE
CXIXXIII
71 Cbhf (Louis), roe Française, 8.
*B Chwolsox (Daniel), conseiller d'Etat, professeur de langues
orientales, rue Wassili Ostrov, T, ligne n" 42, Saint-
Pétersbourg.
TÎCoHEH (llermann), rue Ballu, 36.
74 CoHKN (haac-Joseph), rue Lafajettô» 75.
75 CoHX (Léon), préfet de la Haute- Garonne, Toulouse.
76 CoxsrsTorRR Israélite de Belgique, rue du Manège., 12,
Bruxelles.
77 CoKSiSToiRK iSRAéLiTB DE BORDEAUX, FUô HoDoré-Tessier, 7.
Bordeaux.
78 CoîîsrsTOiRB isRAÉLrrE de Lorraine , Metz,
79 COXSISTOIHB ISRAÉLITE DE MaRSKILLE.
80 Consistoire isRAéLiTE d*Ohan.
81 Consistoire israi^lite de Paris (200 fr.).
82 Cbéhange (A,), faubourg Poissonnière, 8.
83 CBiMiRtJi(Paul), avenue de Messine, 10.
84 DiLSACB (Gobert), rue Rotîgemotit, 6.
ffi Darmestkter (Arsène), professeur à la Faculté des lettres,
place Vaugirard, 7.
88 Qabmestbter (James), professeur au Collège de France, place
Vaugirard, 7.
87 David (feu Ernest).
88 DiB&i (Simon), rabbin» Sedan.
89 Delvaillb (D' Camille), Bajonne.
IM DKîiNKRT(GustaTe-Lucien), rue des Pyramides, 10.
91 Dbbbnbourg (Hartwig), directeur adjoint à FEcole des Hautes-
Etudes, professeur à FEcole des Langues orientales, bou-
levard Saint-Michel, 30.
92 DfiBS?tBOufia (Joseph), membre de l'Institut, rixe de Dun-
ft* kerque, 27.
h3 Dreyfus (Abraham), rue du Faubourg-Saint- Honoré, 102.
B4 Drktfus (Anatole), rue de Trévise, 28.
■6 DRKTFts (H.-L,), rabbin, Saverne.
96 Dretfus (Henri), faubourg Saint- Martin, 162.
Drbtfus (Jalesl, faubourg Saint-Martin, 162.
CCXXIV ACTES ET CONFÉRENCES
98 Dreyfus (L.), avenue de l'Opéra, 13.
99 Drbtfus (Lucien), place de la Madeleine, 17.
100 Dretpus-Brisàc (Edmond), directeur de la Bévue de ïEi
gnemènt supérieur^ rue de Turin, 6.
101 DuTAU, rue de Sèvres, 35.
102 Durlachbr (Armand), libraire-éditeur, rue Lafayette, 83
103 DuVAL (Rubens), boulevard Magenta, 18.
104 BiCHTHAL (Eugène d'), rue Jouffroy, 57.
105 Embriquk (Ernest), rue Larochefoucauld, 21.
106 Ephraïm (Armand), rue Boccador, 24.
107 Epstkin, Grilparzerstr. , 11, Vienne.
108 Erlanger (Charles), place des Vosges, 9.
109 Erlanger (Michel), place des Vosges, 9.
110 Errera (Léo), professeur à l'Université, rue Stéphanie
Bruxelles.
111 Ettinghausen (Hermann), rue Richer, 15.
112 Feldmann (Armand), avocat, rue d Isly, 8.
113 Fbrnandez (Salomon), à la Société générale de Tempire
man, Constantinople.
114 FiTA (le Rév. P. Fidel), membre de l'Académie royale c
toire. Galle del Lobo, Madrid.
115 FouLD (Léon), faubourg Poissonnière. 30.
116 FoY (Edmond), rue Chégaray, Bayonne.
117 Franck (Adolphe), membre de l'Institut, rue Ballu, 32.
118 Fuerth (Martin), rue du Général-Foy, 14.
119 Gautier (Lucien), professeur de théologie, Lausanne.
120 Georges (Paul), rue Béranger, 17.
121 Gerson (M.-A.), rabbin, Dijon.
122 GiAvi, avenue de la Gare, 13, Nanterre.
123 Goeje(J. de), professeur d'arabe à l'Université, Leyde.
124 GoBiMÈs (Armand), rue Chégaray, 33, Bayonne.
125 Griolet (Gaston), rue de Berne, 2.
126 Gross (D»" Heinrich), rabbin, Augshourg.
127 Gubbay, boulevard Malesherbes, 165.
128 Gudemann (D»-), rabbin. Vienne.
129 GuGENHEiMER (S.), faubourg Saint-Denis, 48,
LISTE DES WK&IBRES DE LA SOCIÉTÉ
ccxxv
130 GuizoT (Guillamue), professeur au Collège de France, rue de
Monceau, 42*
ISl Hâdamard (D.), rue de ChMeauduii, 53.
132 Haouknau (David), rabbin, boulevard Voltaire, IH.
133 [Ulberstam (S,-J.), Bielitz, Autriche*
Tti Ujilevy (Joseph!» professeur à l'Ecole dââ llauteâ-Etudes, rue
Auniaire. 26.
135 Halêvy (Liidovic), de T Académie française, rue de Douai, 22..
136 Halksn (Edmond), rue de Tilsitt, IL
131 Halfon (Micbel), rue de Monceau, 60,
138 Haiqierschlao, II, Fe[-dinaadstra:jse,23, Vienne.
139 Habkavy (Albert), bibliothécaire, Saint-Pétersbourg.
140 Hayrm [Armand), avenue des Champs-Eîjrîîées, 33,
141 Hayem iD"" Georges), membre de FAcadéiDie de médecine, rue
de Vignj, 7,
142 Hayem (Julien), avenue de Villiers, 63 {40 îr.),
143 Haymann (Joseph), rue du Temple, 7K
144 Heine-FurtàDO (M"*" C), 28^ rue de Monceau (100 fr.).
145 Hkkzoq (Henri), élève ingénieur à FÉcole des Ponu et chaus-
sées, rue Jacob, 15.
146 Heymann (Alfred), avenue de TOpéra, 20.
14" HifiscH (Henri), rue de Médicis, 19.
14S HiiscH (Joseph), ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue
de Castiglione, 1.
149 IsiDOR, grand rabbin de France, place des Vosges, 14.
lôO Jastrow (D^M,), rabbin, Philadelphie.
1^1 Jkluneck (D^) , rabbin-prédicateur. Vienne.
1^2 JouRDA, directeur de rOrphelinat de Rothscliild, rue de Lam-
Uardie, 7,
153 KàES [Jacques], rue LabruyérR, 22.
l^ KkHSi (SalomonJ, boulevard BaUe, 172, Marseille.
15Ô Kahm (Zadocj. grand rabbin de Paris, rue Saint-Georges, 17.
156 Kautoànn (David), professeur au Séminaire israéliLe, 20,
Andrassystrasse, Budapest.
J57 KiNSBOURQ (Paul), rue de Cléry, 5.
158 Kloiz (Eugène), place des Victoirei, 2.
CCXXVI ACTES ET CONFÉRENCES
159 Klotz (Victor), avenue de Montaigne, 51.
160 KoHN (Georges), rue Blanclie, 49.
161 KoMiTET Synagoqi na Tlomackiem, Varsovie.
162 KuNST, rue des Petites-Ecuries, 48.
163 Lagarde (Paul de), professeur à F Université de Gœttingue.
164 Lagnkau, professeur, rue Claude-Bernard, 86.
165 Lambert (Abraham), avoué, rue Saint-Dizier, 17. Nancy.
166 Lambbrt (Eliézer), avocat à la Cour d^appel, rue Baudin, 29 -
167 Lanqe (feu Emmanuel).
1G8 Lassudrie, rue Laffîtte. 21.
169 Lazare (Maurice), rueFénelon, 13.
170 Lehmamn (Joseph), rabbin, boulevard Voltaire, 44.
1*71 Leumann (Léonce), avocat à la Cour de cassation, rue de Ma —
rignan, 16.
172 Leiimann (Mathias), rue Taitbout, 29.
173 Lehmann (Samuel), rue d'Hauteville, 38.
174 Léon (Gustave), Bayonne.
175 Léon (Xavier), boulevard Haussmann, 127
176 LÉOPOLD (Lyon, directeur de TEcole communale, rue des Hos-
pitalières-Saint-Gervais (30 fr.).
177 Levaillant , directeur de la sûreté générale , avenue de
Kléber, 39.
178 Leven (Emile), rue de Maubeug3,81.
179 Leven (Léon), rue de Trévise,37.
180 Leven (Louis), rue de Trévise, 37.
181 Leven (h^ Manuel), rue Richer, 12.
182 Leven (Narcisse), avocat à la Cour d*appel, rue de Tré-
vise, 45.
183 Leven (Stanislas), conseiller général de la Seine, rue Con-
dorcet, 12.
184 LÉvi (Israël), rabbin, rue Rodier, 62.
185 Lévy (Alfred), grand rabbin, Lyon.
186 LÉVY (Paul-Calmann), rue Auber, 3.
187 Lévy (Charles), Colmar.
188 Lé\-y (Emile), rabbin, Verdun.
181) Lévy (Aron-Emmanuel), rue Marrier, 19, Fontainebleau.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ CCXXVII
190 LÉvy(Isaac), grand rabbin, Vesoul.
191 Lévy (Jacques), grand rabbin, Constantine.
192 Lévy (Léon), rue Logelbacb, 9.
193 Lévy (Rapbael;, rabbin, rue d'Angouléme, 6.
194 Lévy (Siebel), boulevard Malesberbes, 156.
195 Lévy (Sylvain), rue d'Austerlitz, Metz.
196 Lévy-Bruhl (Lucien), professeur de philosophie, rue Mon-
talivet, 8.
19} Lévy-Frankel (D*" Edouard), rue Ordener, 103.
198 Lévylier, ancien sous-préfet, rue Vignon, 9.
199 LoKB (Isidore), professeur au Séminaire israélite, rue de Tré-
vise, 35.
200 LcBWENSTEiN (MM.), rue Lepeletier, 24.
201 Lœvy (A.), 100, Sutherland Gardons, Londres.
202 LuzzATi (Luigi), député, Padoue.
203 Lyon-Cahen (Charles), professeur à la Faculté de droit, rue
Soufflet, 13.
2M Mannheim (Amédée), colonel, professeur à FEcole polytech-
nique, rue de la Pompe, 11.
205 Mannheim (Charles-Léon), rue Saint-Georges, 7.
206 MANNHEiMER(Aimé), rue Rossini, 3.
207 Manuel (Eugène), inspecteur général de l'enseignement se-
condaire, rue Raynouard, 6.
208 Mapou, avenue Mac-Mahon, 13.
2^)9 Marcus (Saniel), maison Whitthall, Smyrne.
210 Matthews (Henri-J.), esquire,GoldsmidRoad, 2, Brighton.
211 May, chaussée de Bockenheira, 31, Francfort-sur-le-Mein.
2J2 May (Louis-Henry), rue Thévenot, 14.
213 Mayer (Ernest\ rue Moncey, 9.
214 Mayer (Gaston), avocat à la Cour de Cassation, avenue
Montaigne, 3.
215 Mayer (Michel), rabbin, boulevard du Temple, 25.
216 Mayrargues (Alfred), boulevard Malesberbes, 103.
217 Mkhzbach (Bernard), rue Richer, 17.
US AIeyer (D"" Edouard), boulevard Ilaussmann, 73.
119 Mbyeu (Emile), boulevard de Strasbourg, 37.
\
CCXXVIII ACTES ET CONFERENCES
220 Mbter (Paul), membre de rinstitut, directeur de rËcole c^^^es
Chartes, rue de Boulainvilliers, 26.
221 Michel-Lévy (Paul), rue Drouot, 2*7.
222 MocATTA (Frédéric-D.), Connaught Place, 9, Londres (50 fr _i>.),
223 MocH (Camille), faubourg Saint-Hoooré, 25.
224 MoNTEFiORE (Edward-Lévi), avenue Marceau, 58.
225 MoNTEFiORB (Mosé), ministre officiant, rue de Maubeuge, £^352.
226 MoRTARA (Marco), grand rabbin, Mantoue.
22*7 Nadaillac (feu la comtesse de).
228 Netter (D«" Arnold), rue du Château-d'Eau, 15.
229 Netter (Moïse), rabbin, Médéa.
230 Neubauer (Adolphe), bibliothécaire à la Bodléienne, Oxfo^^rd,
231 Neumann (D""), rabbin, Gross-Kanisza, Autriche- Hongrie.
232 Nbymarck (AlfredJ, rue Vignon, 18.
233 O'Neill (John), villa de la Combe, Cognac.
234 OcHS (Alphonse), rue Chauchat, 22.
235 OcHS (Louis), rue Chauchat, 22.
236 Oppenheim (P.-M.), 11, rue Taitbout (50 fr.).
237 Oppenueimer (Joseph-Maurice), rue Lepeletier, 7.
238 Oppert (Jules), membre de l'Institut, professeur au CoXlége
de France, rue de Sfax, 2.
239 OsiRis (Ifla), rue Labrujère, 9.
240 OuLMAN (Camille), rue de Grammont, 30.
241 OuLRY (Godchaux), avenue de Neuilly, 104, NeuiUj-sur-Seiae.
242 OuvERLEAUx (Emile), conservateur de la Bibliothèque royale,
Bruxelles.
243 Paris (Gaston), membre de l'Institut, rue du Bac, 110.
244 Péreire (Gustave), rue de la Victoire, 69.
245 Perles (J.), rabbin, Munich.
246 Perreau (le chevalier), bibliothécaire royal, Parme.
247 PiCART (Henri), rue d'Hauteville, 42.
248 PicciOTTO (Moïse de). Aie p.
249 Picot (Emile), avenue de Wagram, 135.
250 PiNTUS (J.)', place du Rivage, 1, Sedan.
251 Pontremoli (Albert), avenue des Champs-Elysées, 129.
252 PoPELLN (Claudius), rue de Téhéran, 7.
LISTE DES AJEMORES DE LA SOCIÉTÉ
CCXXLX
l'»3 PoRoès (Charles), 81» m© de Monceau (40 tt.).
254 PïiAGER (feu Mjrtil).
2^ Pasux, maître de conférQnces à TEcole des langues orientales,
rue du 29 JuiUet, 3.
256 Propper (S.), rue Volnej, 4»
257 Rklsach (Joseph), avenue Van Dyck, 6.
258 lÎBiNACH (Salomon), ancien ôlôvo de TEcole d* Athènes, con-
se^vat^^u^-adjoint du musée de Saint-Germain , rua de
BerHn, 31.
259 Rkinach (Théodore), docteur en droit, rue de Murillo, 26.
SW Reîss (Albert), rue de Londres» 60.
261 Reîtlinoer (Frédéric), avocat à la Cotir d appel, rue Scribe, 7
S2 Rbitlînoer (Sigismond), boulevard Ilaussmann, 63,
263 Ebnan (Ernest), membre de rinstitut, admiuistrateur du
Collège de Franco.
M RfiEiMS (Isidore), rue Boissj-d'Anglas, 35,
265 Robert (Charles), rue des Dames, 12, Rennes.
'M Robert (Ulysse)» Grande-Ruo, 31, Saint- Mandé.
267 RoDRiouES (Ilippolyte), rue de la Victoire, 14.
'M RoSEXTHAL (D''), rabbin, Beuthen, Oberschlosien.
2G9 RoTHscHir.D (feu la baronne de),
-70 ItoTHSCHiLD (le baron Alphonse de), mombro de riïistituî,
2, rue Saint-Ftorontiu (400 frj.
271 RoTUSCHiLD [le baron Arthur de), 33, rue du Faubourg-Saint-
Honoré (400 fr.).
212 RoTfiscHiLD (le baron Edmond do)» 41, rue du Faubourg-
Saint-IIoBoré (400 fr.)<
2*î3 Rothschild {le baron Gustave de), 23, avenue Martgny
(400 fr).
274 Rothschild (Mademoiselle Hélène de), rue Berrjer (400 fr.).
275 Rothschild (la baronne James de), 38, avenue Friedland
(50 fr).
276 RozKLAAii (Lévie- Abraham), Sarfatistraat, 30, Amsterdam.
2TÎ Sack (îsraGl), Saint-Pétersbourg.
978 Saïkt-Paul (Georges), place Malesherbea, 5.
279 Saint-Paul (Victor), rue d'Aumalo, 22.
ACT. ET OOîtF., T. L 47
CX:XXX ACTES ET CONFÉRENCES
280 Salomon (Alexis), rue Croix-des-Petits-Champs, 38.
281 Salvador (le colonel), avenue de Messine, 10.
282 Salvador-Lévy, rue de la Téte-d'Or, 34, Metz.
283 Sayce (Rev. A.-H.)/ professeur de philologrie comparée,
Queen*s Collège, Oxford.
284 ScuAFiBR (D), rue de Trévise, 41.
285 ScuRiD (Elie), rue Elzévir, 4.
286 ScHLOSS (Ernest), rue du Paradis-Poissonnière, 21 bis,
281 ScHUHL (Moïse), rabbin, Saint-Etienne.
288 ScuuHL (Moïse), rue Berçère, 29.
289 Schwab (Moïse) , sous-conservateur de la Bibliothôque na-
tionale, cite) Trévise, 14.
290 ScHWEiscH, rue Jean-Jacques-Rousseau, 49.
::91 Sèches (Rev. Edgard), 3, Judith Collège, Ramsgate.
292 Séb (Camille), conseiller d'Etat, avenue des Champs-Ely-
sées, 65.
293 SÉB (Eugène), préfet de la Haute Saône, VesouL
294 Simon (Joseph), instituteur, Nîmes.
295 SiMONSEN, rabbin, Copenhague. *
296 Singer, rue de Galilée, 62.
297 Société Pirché Sosanim, Bucharest.
298 Société des Progressistes, Andrinople.
299 Spire, ancien notaire, rue d* Alliance, 12, Nancy.
300 Stern (Hermann), rue Royale, 22, Bruxelles.
301 Stern (René), rue du 4 Septembre, 14.
302 Straus (Emile), avocat à la Cour d*appel, boulevard Hausa-
mann, 134.
303 SzoLD, rabbin do la Congrégation Oheb Schalom, Baltimore.
304 Taub, rue Lafayette, 10.
305 Tédescx) (Joseph), rue Lafayetto, 43.
306 Trénel (Isaac), directeur du Séminaire israélite« rue Vau-
quelin, 9.
807 Trénel (Jacob), agrégé, Valenciennes.
308 Trêves (Albert), rue Prony, 16.
309 Trêves (Georges), rue Prony, 78.
310 Ulmann (EmUe), rue de Trévise, 33.
LiSTK DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
CCXXXl
311 Vkkbziani (le chevalier), place Wag^ram^ L
312 Vbrxks (Maurice) , directeur-adjoint à Fôcole des Hautea-
Etudeâ, rue FortEny, 3L
313 Vidal-Naqukt, président du Cansiâtoire israélito, Marseille.
314 Vidal-Naquet (Jules), rue du Quatre-Septembro, 16.
315 Weîll (D'Anselme), rue Saint-Lazare, 101.
316 Weîll (Emmanuel), rue Taiibout, 8.
311 Weîll (Emmanuol), rabbin, ruo de Condercet» 53.
318 Weîll (Gabriel), rue Marbeuf, 66.
319 Weîll (Georges), place des Vosges, 19.
320 Weill (Isaac), rue de Picpus, 76,
321 Weill (Isaac), grand rabbiii, Metz.
322 WRrix (hidore), grand rabbin, Colmar.
323 Weîll (Benjamio-Léepold), rue Richer, 41.
324 Wkill (Moïâe), grand rabbin» Orao.
325 Wkill (Vite), rue de Lancry, 1*7.
326 Weisweillkr (lo baron do) , 17 , avenue de Friedland
(30 fr.).
327 Werner ( Isaac), rue Taitbout, 58.
328 Weyl (Jouas), grand rabbin, Marseille.
329 Wiener (Jacques), président du Consistoire Israélite de Bol-
giquo, rue de la Loi, 63, Bruxelles.
330 WiLMERSDŒRPER (Mrx), consul général de Saxe, Municli.
331 WtNTER (David), rue Jean-Jacques- Rousseau, 42.
332 WiTLicH ( J.), rue Mandar, 6.
333 WiTLicii (Salomon), rue Mandar, 6,
334 WoauE (Lazare), gi'and rabbin, professeur au Séminaire israô-
lito, rue de Rivoli, 12.
335 WoRMS (Fernaud}, avocat à la Cour d^appel, rue Royale, 14.
336 WoRits (D^ Jules), rue Pierre-Charon, 32.
337 ZiKOKL et Engelmann, directeurs de l'institution Springer,
ruô de la Tour-d'Auvergne, 34.
Membres nouveaux depuis le i^^' janvier 1387.
338 BscK (D'J, rabbin. Bucharost.
TABLE DES MATIÈRES
REVUE.
LoKii (Isidore), La conlroverse de < 263 à Barcelooe*.
Vidal (Pierrel. Les Juifs de Roussiilou el de (ierdagoe
Hkinach iThéodore^ Une mounaie hybride des insiirreetfons
juives
LÉvï (Israël j. La morl de Titus. . . » .^
LoKB (Isidore). Le procès de Samuel ihn Tibboa
KraCaUér (JJ. Hiéloire d'up prêt force demandé à la comniu-^
naulé des Juifs de Francfort . .
»
NOTES ET MÉLANGES.
DERiiNBOttiQ (.L) Le sarcophage de Tabiiî t., l|
Levi (Urael). Ormiiz cl ÀhrimaD
Bauiikh iW,;. Le sens du mot micra
Gkrson ;M-\ Deux mi nia turcs avei! la roue des Juifs
Lkvi (Israël). Miuiatures repre^eutaiit des Juifs. ,...*.. . .
MotioyA i,LeoiieiloL Les exiles dlis|iâgiie à Ferrare eu (493 i
KaufmaNX et Lobio. Le sceau d'Abraham bar Suadja el le sceau
•*::rï:nnî*^ , .
Lo«B (Isidore). La juiverlc de Jereîs de la Frouterô ......*
BIBLIOGRAPHIE.
Lown
(Isidorel L Revue hibliograpliique. —
IL Mélanges de critique biblique, par Gustave d'EiCH-
THAU et Une nouvelle hypoUieàe sur la composîtiou el
rorigiue du Deutérouome, par Maurice Vichnks
Ulv,\l tRtiI>tiU&). Des Gregorius Abuifarag .\ûmerkuageu zu
den Saiooiotùscheà Schnlïeu, publié par Alfred Bahifs
.\ddLiious et rectitications
ACTES ET CONFÉRENCES.
liiiiNACH (Théodore;, Les motiuaies juives
Li*ste de^ luetûbres de la Société pendaul Tauuée Ï886
PRIX D'ABONNEMENT A LA ilEVUL' DES ÊTLDES JUIVES
Uu aii. ... 25 fr.
Prix ihi titmiéro 'î —
VGHi»All.1.KS. l^l'UrSIKIllK I^RIU £T PrLïi, KUK DUPLKMIS, âU.
EN VENTE A LA LIUHAIUIE A. DUHLACHER
iibiS, KUK I.AFATETrK
TABLES 1)1: CALENDRIER JUIF
l>EP( ISL'ÊBE CIIHIiTII-NNi: JUSQU'AU XXX* SlECLK
AY8C
u mmum m dates juives et des dates cHRtriESSES
KT UNE MÉTliÛBE NOUVELLE POIU CALCL^KR CES TApLES
Par ISIDORE LOKB
Vmx : 10 FRANCb,
&s nouveaux ScM:îélaires qui vouclroot acquérir la collcciioo
couiplèle des volumes de la lUtt/e parus au moment de leur enlrêc
dans la Sociélét obliendront ces volumes (avec V Annuaire) à raison
de SO francs par année, au lieu de 25 francs.
MM. le:= Sociéuires des déparïemenls et de rÉtroDgcr qui n'ont
pas encore acquiilé leur coUsalioo sont priés d'en adresser le mou-
lant, k plus iéi posêîMi, à M. lk Trksorjicr, 17, ruk Saint- Gkokoks,
Paris, sUls ne veulent pas sou*rrir <l*tnterruiilion dans Teuvoi do
la Reçue.
Les séances du Conseil anront lieu à liuîl heures et demie du
soir, rue de lu Victoire, 44^ salle Consiàloriale^ au^x dales sui-
vantes : 27 octobre— 24 novembre — 29 décembre «887 — 26 jan-
vier — ti février — î9 mars — 26 avril — \\\ moi — 28 juin <888*
REVUE
DBS
ÉTUDES JUIVES
VERSAILLES
^.^KRF ET FILS, IMPRIMKURS
5\>, BUK DUPLE8»I», 5'.î
REVUE
DES
ÉTUDES JUIVES
PUBLICATION TRIMESTRIELLE
1)K LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
TOME SEIZIÈME
PARIS
A LA LIBRAIRIK A. DURLACHER
SI"', RUK LAFAYETTK
i888
LES JUIFS
BES ANCIENS COMTÉS DE EOUSSILLON ET DE CERDAGNE
; SUITE'
VII
UC ROI MARTIN D'ABAOON ET tES JUIFS DES DEUX Cn\fTéS. — NOU^TÎAU
MODE d'kLECTION DES FONCTIONNAIRES DE L*ALJAMA (1396*1410).
Le roi Jean 1" aimait passionnément la chasse. Un jour qull
eouraît le gibier dans la forêt de Foxa, il tomba de cheval et so
toa (19 mai 1396). Il avait Itii-môrae désigné pour son successeur
son fr*^re don Martin, duc de Montblanc, qai^ à ce moment, corr-
mandait en Sicile. Martin possédait quelques-unes des qualités qui
Tonl un bon roi, et il n^avait ni la politique étroite, ni la religion
soperslitieuse de ses devanciers. Un grand nombre de documents
nous enseignent qu'il fut particulièrement attentif aux intérêts du
Iloussilion, Les juifs qui habitaient ce pays profitéfrent singulière-
ment de ses bonnes dispositions. Les retenir dans ses états lui pa-
raissait une chose bonne et utile. Il savait que les juifs se ressen-
taient <ie l'industrie des Arabes, avec lesquels ils étaient en con-
tact par plus d*un point. Il lit donc exercer des poursuites contre
les chrétiens qui maltraitaient les juifs» et désavoua quelques fois
les pn^tres ou les moines qui prêchaient la guerre contre la race
dlsrael *. Le roi savait aussi que la bourse des juifs de Perpignan
I Voir Jirvut^ lomo X\\ p* lîK
* (t ne fut pas toujours d une f^mQjQ lenârûfise pour le clergé, mâma en debora
qu« nous sîgTiiiloos ici. Il donna un jour commission ù Jean Servent» archi-
\ d'Kttia el auditeur à ta cour royale, do rechercher et dû poursuivre en Hous-
T. XVI, «*> 31. " 1
2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
était toujours à sa disposition, surtout depuis qu'ils lui avaient
offert un don gracieux de 4.000 florins à son avènement au trône
d*Aragon*. Les événements du mois d*août 1391* avaient néces-
sairement porté un rude coup à la juiverie de Perpignan, et le
nombre des habitants du Call avait sensiblement diminué. Cepen-
dant, ceux qui restaient avaient repris courage; mais ils ne purent
relever leurs affaires qu'en contractant des dettes. Pour les étein-
dre le plus tôt possible, ils établirent sur les maisons et autres
propriétés du Call de la ville de Perpignan et de ses dépendances
un impôt extraordinaire, dit de cois o morabaiins. Cet impôt de-
vint si lourd et si gênant pour les propriétaires, qu'une sentence
arbitrale de Samuel Alphaquim décida que rAljayna verserait im-
médiatement, à titre de secours auxdits propriétaires, une somme
de 200 livres de Barcelone entre les mains de Georges Pons, pro-
cureur des créanciers '. Bientôt le travail manqua ; les créanciers
sillon divers chapelains et prêtres royaux et autres ecclésiastiques coupables de
débauches et autres excès, que l'évêque ne pouvait réprimer « vu leur qualité de
familiers d u roi ■ , ainsi que les nombreux incendiaires, quêteurs et voleurs d'églises,
concubinaires et usuriers « qui prêtaient a des taux immodérée > (B. 188).
Le 30 août 1397, le bailli de Vinça ût exercer des poursuites contre un certain
Pierre Vilar, des Bains d'Arles (Amélie-les-Bains), cordonnier, parce qu'il éltil en
compagnie d'un nommé Ramonet Lombart çui verberamt quemdam judeum al Pont
de Letitilla infra terminos de Jocho (Carlulaire d'Alart, II, Vinça. p. 84). Quelques
années plus lard, on fit faire des criées à Perpignan défendant expressément de frap-
per ou de faire frapper aucun juif v^B. 234J.
> B. 175.
* Je vois, par un document inséré dans B. 330, que Ton avait dressé, quelque
temps après, des procès- verbaux d'enlèvement de divers meubles et effets de juifs.
extraits du Call et déposés chez des particuliers, par ordre du gouverneur, pour en
empêcher le pilla^Çe par les émeutiers chrétiens ; ce qui confirme bien ce qu(i nous
avons dit plus haut à ce sujet.
» B. 331. -- Le MaHuel de Pierre Vila pour l'année 1418 contient une liste ée
las casas çui son dins la clausura del Call e fan morabaiins (payant le cens de ma-
rabotins). Je prends les premiers articles :
Primo lionoratus petri olim vocatus Yssach Samson, filius et hères, ut dixit, uni-
Tcrsalis Samson Yssach judei q° oblulit quoddam instrumentum publicum in et cum
quo Vitalis Salamo judous Perpiniani habilator Appamiarum(Ptfi»»er«) vendidit diclo
Samsoni Yssach quoddam hospicium in tus clausuram Calli judeorum Perpiniani in
vico vocato < Vitalis Struch > scilum, confrontans cum tenencia Zarchi Salamoni et
in dicta via vocata « Vitalis Slruch • et cum tenencia Dauini Salamoni judei q* et
cum tenencia Dauini Cohen. Quod fuit actum Carcassone anno dominice incarna'
cionis M. CCC. L XXX nono. Vil' die septcmbris, receptum per magintrum Tbo-
mam de Clarano notarium auctoritate regia Carcassone pro tune dictum hospicium
erat franchum et liberum juxla tenorem dicli instrumenti et sic nuUum faciebat
morabatinum. — £n marge : Ha dat que fa sinch morabatins; fall bi segonssediu
nu sols VI, diners.
Dicta die. — Item Johannes Magistri, olim vocatus Abram Yssacli de Caldes, ob'
tulit instrumentum quo Cresques Maymo, judeus olim ville Perpiniani nunc habilator
Petralate (Peralada, en Ampurda) vçndidit diclo olim Abram Yssach de Caldes quco-
dam solum terre sive « sotol » (rez-de-chaussée) et unum solerium cum uno porlico
sive < portxet » intus dictam clausuram Calli, scitum loco vocato « Lo Mtf del
LES JUIFS BE ROUSSILLON ET DE CERDAGNE 3
imoTitn^rent rigoureusement exigeants. Pour mottre un terme à
ceUlat de choses, Martin onloniia au gouverneur de Roussillon»
sotts l'énorme peine de 2,000 florins d'or, de faire surseoir à toute
jKmrsmte contre les juifs jusqu'à ce qu^il en fût autrement ordonné
pirlui, sans prétendre toutefois que les créanciers perdraient leurs
créances. L'ordonnance, qui est du 3 octobre 1398, est niotivée
'ce que * la plus grande misère et la plus grande désolation
gnent dans IWljama, à cause des fréquentes exécutions faites à
tmstance des créanciers ». Une pareille situation formait plusieurs
juifs â abandonner leur domicile *. Sous la protection de Martin,
ksjaifs eurent LientOt rétabli leurs afîaires, grâce à Tactivité
iiicessanle de leur industrie, et ils ne tardèrent pas à redevenir
-mêmes créanciers de chrétiens. C'est alors que le roi leur ac-
da le droit de poursuivre les mauvais payeurs chrétiens jusqu'à
la prise de corps. Les Perpîgnanais protestèrent vivement contre
ttne semblable mesure, qui permettait aux juifs de les jeter en
prison. Leurs consuls agirent si bien auprès du roi Martin, que
celui-ci révoqua, le 21* mai 1400, une mesure très juste au fond,
tnais en opposition avec les usages de la ville. Une autre ordon-
nance fera voir encore mieux combien le roi Martin avait pris les
juifîî SQUs sa protection. En 1398, il ordonna an gouverneur des
comtés de chercher dans le Cail une maison pour y établir une
Cûrteria commune, c'est-à-dire un dépôt des étalons de toutes
ttieiiures dans le pays, afin qu iï fût loisible à chaque juif de véri-
ûersi on ne Tavait pas trompé sur le mesurage ou le poids. Dans
la crainte que cette mesure protectrice ne fut point exécutée, le
rcr t, cooffonlans vum quadam privila dicU maasi et cum acre ejusdcm mansi et
*u«ii»ka, Âctum xxvu novembris M.CCCC.VIII. recepLutti per Fubre notorium, saWo
i^n coroDe m tm morabaUns udo solido et sex deuariis cânsualiJiUS ut ia directo
^**ioo(J/tf/iuei de Pierro Vila, notaires, n« 14j2).
* Heiuy, Histoire du Emuiihn, L II, p. 203. — Le 23 noTcmbre 1407, il j eut
^^rÉo&ioa k U synagogue du CaiU Parmi les présents je remarque : Vilalk Betidil,
^■••iti Bomacipf Jaco Struch, roagisler Abmni Veger, mogisler iïoDet Maymo» judei
^■^CJ^Um bûc anno, SUucbua à& Besalum, ma^iater Mahîrius BotieLi, Abram Cabril,
^*W<»iius d« EéUcayre, Leonus de Cabestaoy, Bonafos Pater^ Gresques Alpha-
^l^>^ Mofs« CoheD^ Ferrarius Bomacip, Ueaviîuiât iloucl, Durau Salamiee, cousil^
'*^u. Vt4«l B«udit prit le premier U parolo pour exposer les plainLea qu'un graud
^^bie de ]mfs avaient lormutées au aujat des cens qui greYueot leurs maiaoDS :
•• §U0m i70# fffti/lcar tjue tôt jotn a n&t tenen miflti d«U an^wlars jukeus de la
•Wi djûma êitposan « dimti qm fitr ht ctHtu qudê dits propnttarit iâ» ** /itfjar
<fei • «ftjcwii dtlU Ht ton moit afftujits e Uttt coiu ne tentit a total ruina e deca-
r f éêttrucào; ils ajoutent que le protecteur des créanciers leur lait ^rant € re-
r i9êfuci<fiu $ fvrU, »i bien que de càtcuna cxtquaù han a pngar xii. dimert^
^fu m9tf^et montcn mu lot salant dels tags (buissiers) qu^no fa lo ans quty rtt*
I « ffëgar. On décjdo que, pour rvxtincilou de^ deUt^a, toute ia cùmmuuautè [cornu)
paiera aux cféaticierB ou a leur proLecle^ir lea impositions exUaordiDaiics de mora^
Miûi éuhiUsB sur les propriétaires du CfxH (B« 334}^.
1
/. REVUE DES ÉTUDES JUIVES
roi prononçait contre le gouverneur lui-même une amende de
1,000 florins d'or, à prendre sur ses biens, s'il négligeai^ de rem-
plir ses ordres *.
Etendant sur Les juifs de Perpignan le bénéfice des libertés pu-
bliques consacrées par la constitution municipale de la ville de
Perpignan, Martin homologua, le 28 juillet 1408, une délibéra-
tion prise par les secrétaires, clavaires et conseillers de rAljama
sur le mode d'élection des officiers de la communauté juive.
Les articles de cette délibération peuvent se résumer de la
manière suivante :
I. — Tout juif qui ne possédera pas au moins dix livres de
revenu ne pourra entrer au Conseil, et, si cette garantie ne
semble pas suffisante au roi ou aux répartiteurs de l'impôt de
TAljama, il en sera exclu :
IL — Les secrétaires actuels et futurs seront tenus d'avoir
un scribe juif qui inscrira chaque année, dans un livre, tout ce qui
concerne la clavairie *. Les secrétaires pourront autoriser toute»
dépenses dont la valeur ne sera pas de plus de douze soiis; quant
à celles de douze sous et au-dessus, elles ne pourront être con-
senties que par les secrétaires et le Conseil, à la majorité des
voix, ce consentement devant être inscrit par le scribe juif avant
qu'une partie de ces dépenses ait été effectuée. Il est défendu au
clavaire de disposer d'aucune somme de toute autre manière (>w
gos en alira manera despemlre dvier algun) ;
III. — Les secrétaires ni aucune personne autre que le seul
clavaire ne pourront recevoir ni administrer les deniers apparte-
nant à l'Aljama ;
IV. — A l'avenir, l'élection de clavairie, d'auditeur des comptes
et de scribe pourra être faite par les secrétaires, suivant la cou-
tume; celle des secrétaires sera faite par le Conseil, à la majorité
des voix ; elle aura lieu le 10 du mois d'août de chaque année; dix
jours auparavant, les secrétaires et les membres du Conseil au-
ront à s'enfermer dans une maison, de laquelle ils ne pourront
sortir que lorsqu'ils se seront mis d'accord sur le choix des futurs
secrétaires ; il ne pourra y avoir en même temps, dans le Conseil,
père et fils, aïeul et petit-fils, deux frères, deux ou plusieurs
cousins germains, oncle et neveu, beau-père et gendre, ou deux
beaux-frères;
V. — Nul juif ni juive ne pourra faire intervenir ni chrétien ni
chrétienne dans les débats qu'il pourrait avoir avec VÈ
» Hinry, oiirr. «>., Il, p. 2ii9.
• Tôt h ftt 4t ('a dararùt.
LES JXriFS DE BOUSSILLON ET fiE CEIIDAGNE
fînivec quelqu'un de ses membres, dans le Lut d'obtenir im office
jielconque dans cette Aljama ou pour iHre membre du Conseil, et
ipar voie de prières, de menaces ou de toute autre manière;
pntre, toutes les fois qirun chrétien ou une chrétienne priera
lacera, en quelque manit^re que ce soit, l'Aljama en corps
i quelqu'un de ses membres en faveur d'un juif ou d'une juive
pour quelque chose qui les concernerait, que ce juif ou
^iveeii faveur de qui ces prières ou menaces auraient été faites
iU ipso facto^ mis à Técart, lors même qu*il dirait» alléguerait
jurerait qiiMl est étran^^er à ces prières ou à ces menaces,
et les secrétaires seront tenus de pubUer le rejet de tel juif ou
juive en faveur de (jui ces prières ou ces menaces auraient été
kites;
|Vl — Tous les articles précédents seront observés à la lettre
•c^ux ou celles à qui il appartiendra, sous peine de 100 florins
brd*Aragon *.
[Le lecteur a vu plus haut avec quel soin les créanciers des juifs
liaient à leur argent ; il n'est donc pas étonnant que les juifs in*
jMassent, de leur côté, pour rentrer dans leurs fojids. Malheureu-
ûeat, les chrétiens trouvaient beaucoup trop souvent un moyen
pour retarder les écliéances. Les juifs s'en plaignirent au roi
Martin, qui, par lettres du 28 juillet 1408, leur promit de ne plus
acconler, de ce moment à cinq ans, aucun sursis, délai, sauf-
■pnduit ou prorogation de payement aux communes ou parti-
■dier» qui étaient leurs débiteurs. Excellente mesure, qui per-
Bettait aux juifs, presque tous négociants, de faire travailler
■ir argent '.
BUirtin mourut le 31 mai 1410, à Tàge de cinquante-deux ans*
C*élait une grande perte pour ses sujets, dont il avait constamment
ursuivi le bonheur, et surtout pour les juifs, qui lui devaient de
ges mesures et des ordonnances bienlaisantes, que ses succes-
w» ne respectèrent pas assez. Deux années d'anarchie suivi-
ïîilsa mort; en 1412 seulement, Tinfaut de Castille fut proclamé
pi d*Âragon, sous le nom de Ferdinand I^% par une commission
unie à Caspé.
' B. 232 (fc^islTc XV de lo Procuratm rcal)^ i» 3Ij. ^ — Co «locumêQi» ainsi-que
ait«!)c« de 1415, u tté oiiûlysé par Ileiiry dans ses M<^ianp9 hitiçrif/ncs lue-
hf«DUiClit de lu Uibliulhètjiic puLliqui? de Perpignan].
r'lK*j* en 1375, de« provi^-^ions dtî Pierre Ul d'AroRon avulenl dû régler lo modo
iyejnenL des deUcï» conlruiléea envers les juils do PoTpîguun pur liivcrsea t!om-
i«ulé9 et pcrBonnes du Hou^illon, uuxtjuelUâ il avail éiû uccordiii des di3i«is, à lu
I ImvMion de riufuEt de Majorque (B. 329J,
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
VIII
RÈGNE DK FERDINAND l^ D'ARAGON. — ORDONNANCE SUR l^ES SYNA-
GOGUES ET LE CULTE ISRAÉLITE (1412-1416).
Comme si la fatalité avait marqué ce nom de Ferdinand pour
le malheur des juifs*, ce roi élu, prêtant une oreille attentive
aux accusations de quelques juifs convertis au christianisme, dé-
fendit expressément de faire, à Tavenir, dans les synagogues Ja
lecture du Talmud Mahace lehii, « composé contre Jésus-Christ
par certains faux rabbins », et de tout autre bréviaire « ou
écriture contenant des malédictions, mépris, ou quelque autre
malhonnêteté quelconque contre notre Rédempteur et sa mort
très sacrée, et contre la sainte foi catholique, les sacrements de
rÉglise, les Saints et les Saintes, aussi bien que contre les vases
sacrés, reliques, ornements et autres mystères de la Sainte
Église et contre tout chrétien en général et en particulier * ».
Parmi les autres dispositions de cette très longue ordonnance
donnée le 23 juillet 1415, nous citerons les suivantes :
Aucun juif ou juive ne. pourra recevoir en nantissement un
objet quelconque appartenant à TÉglise ;
Aucun juif ne pourra être jugé en quelque cause que ce soit,
civile ou criminelle, nonobstant tout privilège contraire;
Aucun juif mâle ou femelle ne pourra exercer la médecine ou
la chirurgie ni la pharmacie à l'égard des chrétiens ;
Ils ne pourront accoucher aucune femme chrétienne, remplir
aucun emploi ni service hors de leur propre Call;
Aucun chrétien ne recevra d'eux ni pain, ni viande, ni aliments
d'aucune espèce, le tout sous peine au juif de courir la ville,
c'est-à-dire d'être fustigé sur les places et carrefours, et au
chrétien d'une amende de 50 sous pour chaque contravention.
Ferdinand défendait de construire de nouvelles synagogues,
d'agrandir, réparer ou embellir les anciennes, celles que la piété
s'était plu à orner et à enrichir. Partout où il s'en trouvait
plusieurs, une seule devait rester ouverte au culte Israélite, et
celle-ci même ne devait point appartenir à la catégorie des syna-
' Les juifs de rAljama de Perpignan avaient pijé 220 livres pour l'imposition da
couronnement de Ferdinand !•' (B. 335).
« Archives des Pyrénées-Orientales, 13. 217, f» 26-33,
LES JUIFS r>K JlOrSSÎLLON ET m CERDAGNE 7
rf^marqtiablos par leur décoraHon. Lm ofllciers royaux
lient chargés de faire ffriner dans Je délai de deux mois les sy-
gogues sui»jirimées. Dans les lieux où il n'existerait qn'uii seul
ces temples, on poiUTait le laisser ouvert, pourvu qu'il ne lut
B du nombre de ceux que leur richesse ou leur ruagaificence
Bait proscrire. Si le temple était dans ce cas, les juifs avaient
permission de se réunir dans une maison particulière, quMUs
kurraient approprier à Texercice de Jein^ culte. S'il arrivait
l'une synagogue» soit par un titre quelconque, soit par tradition,
it été originairement une église clirétïeifne, elle devait i>tre fer-
^iramédiatement, dans quelque condition qu'elle se trouvât.
Cette série de mesures vexatoires aurait été trop incomplète,
elles n'avaient visé que les synagogues : il fallait atteindre les
ersonnes. C'est ce que fait l'ordonnance avec une très méchante
lialiieté. Dans les villes oii il se trouvait plusieurs Juifs, Tordon-
nance royale les contraignait d'assister trois fois par an à un
sermon qui leur serait prêché par un maître en thé*)logie ou par
tout autre prêtre caf>ahle, savoir : au second diniauche do l'Avejit,
la seconde fête de Pâques de la résurrection (pour distinguer la
ue chrétienne de la pâque héhraïque) et « au troisième di-
nce où Ton cliante l'évangile : comme le seifineur Jé^ms-Càrisi
pprocha de Jérusalem voyant la ville, il pleura 5i(r elle, lequel
»limanche est au mois d*aoùt. » Le roi règle jusqu'à la matière de
Eaermons, auxquels devaient assister tous les juifs ou juives
s (le plus de douze aus. Nous traduisons textuellement cette
partie de l'ordonnance : « La matière du premier sermon sera de
mouirer pleinement» par les autorités mêmes que les juifs ne peu-
vm rejeter la venue longtemps désirée du vrai Messie, notre sau-
veur Jésus-Christ, montrant que ce vrai Messie, encore attendu
l>4reux, est déjà venu depuis bien longtemps, La matière du se-
cond sermon sera de faire très bien comprendre auxdits juifs eu
combien de différentes erreurs est évidemment tombé Taveugle-
flQent judaïque, après que, le fîls de Dieu venant en chair, ils ont
Pcfiwéde le voir avec les yeux de rintelligence» débitant sur cela
• choses vaines, des erreurs ridicules et dampuables, des men-
Bges et des hérésies exécrables, lesquelles sont contenues dans
it Talmud des juifs, rétligé et composé par ceux qu'ils re-
rtent comme étant de grande autorité. Celui qui prêchera le
Msî^me sermon aura principalement en vue de montrer aux
Hits juifs la deslrnction du temple de la ville de Jérusalem»
rtvée en conséquence de ce que Notre Sauveur avait dit et pro-
lti(iu4 dans révarigile de ce jour- là, qui concorde pleineniCTit
t Ie« saints prophètes ; il s'elîorcera, en outre, de démontrer
8 REVUE DES ETUDES JUIVES
de la manière la plus évidente la perpétuelle captivité du peaple
juif. Ensuite, à la fin de ce sermon, il lira publiquement et à intel-
ligible voix ces présentes nos constitutions et pragmatiques, les
expliquant le mieux qu'il pourra afin qu'elles se gravent le plus
efficacement possible dans leur mémoire. »
On dirait le langage présomptueux et intolérant d*un inquisi-
teur auquel le monarque aurait cédé la plume pour un moment.
Cependant, Ferdinand, vers la fin de son ordonnance, reparaît
avec son caractère de bonté , de douceur et de conciliation. Il
recommande avec instance la modération, la charité, les caresses
môme envers les juifs, a moyens qui montrent bien mieux, dit-il,
le caractère de la religion chrétienne, que la rudesse, les mauvais
traitements et les autres procédés violents et inconvenants ».
Ces conseils étaient excellents; mais, venant après la longue
liste des rigueurs contenues dans le reste de Tordonnance royale,
ils perdaient de leur valeur, surtout aux yeux du peuple, qui
ne portait pas les juifs dans son cœur.
Ferdinand régna, d'ailleurs, peu de temps. Il avait fait son tes-
tament à Perpignan dès le 10 octobre 1415. Il mourut le 2 avril
1416 à Igualada, pendant qu'il était en route pour la Castille, où
il allait engager le roi de ce pays à renoncer à Tobédience du
pseudo-pape Benoit XIII. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce
dernier personnage.
IX
RI^^NB D'ALPHONSK IV d'ARAGON. — DÉMÊLÉS DU ROI AVEC LBS IN-
VîUISITKURS .\U SUJET DES JUIFS DES DEUX COMTÉS (1416-1458).
Fenlinand I*' avait é|>ousé à Madrid, en 1393, Eléonore, fille de
Siinche» oomto d'Albuquerque. Be cette union naquirent plusieurs
onfants. L*ahu\ appelé Alphonse, vint au monde à Médina del
Caai(H>« on i;^U. Il porta le nom de c Prince de Girone » dès le
mois de septembre 141*2. CVst lui qui monta sur le trône d'Aragon
apn>s la mort de son père, sous le nom d'Alphonse IV. Ses vastes
connaissances lui firent donner le surnom de SabiOy qui signifie
t^lement * sa^^ v et * savant ». 11 répétait souvent qu*im prUice
içHOfWit nVst j7mM' iîii-t/€'5jfi<jf tfun âne couronné. Appelé
à Naples |Kir la rvine Jeanne 11 en 14:^3, il n en revint qu'en 1435.
U r^v»* ^iouo i>ou jxar lui-même en Angon ; mais il y fut admira-
LUS JUIFS DE ROUSSI LLON ET Dli CERDAONli 0
èment suppléé par sa femme, la reine Marte, douée de toutes les
lialités qui font uu ban monarque*. Elle eut plusieurs fois i'occa*
on d'en donner des preuves durant les quinze années qu'elle ad-
nnistra le royaume.
Le bailH de Perpifirnan*, cédant aux instances des consuls, provo-
liées eJies-mémes par les plaintes eontiiiuelles des ouvriers cliré-
etis,fit publier dans cette ville Je 27 juin 1427, un règlement d'une
Uréme gravité, concernant les juifs. Ce règlement portait défense :
De donner aucun ouvrap;e à faire à des juifs ;
De recevoir aucun juif dans une maison pour y demeurer ;
D'aller à TAljama du vendredi soir au samedi matin ;
D'entrer dans le Call pour y boire, manger ou jouer ;
D'y entrer après le coucher du soleil et aux jours de fêtes
Dlennelles, Je tout sous peine de cinquante sous d'amende, dont
IJ3 tiers au profit du dénonciateur.
Le Laill! était allé si loin que le roi Alphonse IV dut révoquer
toîonnance de cet officier royal; en privant les Juifs de tout tra-
wil, elle ne tendait à rien moins qu'à les faire mourir de faim.
Après avoir répété mot à mot toute l'ordonnance du bailli, le roi
Jjoute : a Mais, comme il paraît audit Seigneur roi que les articles
5ui défendent aux chrétiens de donner de Touvrage à faire, en neuf
ou en vieux, à des ouvriers juifs, tels que tailleurs, cordonniers,
Jupouniers et autres métiers quelconques, sont injustes et tntoléra-
Hes etqu^il paraît plus injuste encore au Seigneur roi qu*un cliré-
tienne puisse donner de vieilles bardes à raccommoder aux juifs,
tju'il lui parait également injuste qu'aucun chrétien ne puisse
accaeillir aucun juif indistinctement dans sa maison; pour ces
ffiotifs, ledit Seigneur roi, par la voie delà présente criée, notifie
i chacun généralement qu'il a révoqué lesdites publications {du
kaiili; concernant lesdits articles de ladite criée, laissant liberté à
chacun et faculté à tout clirétien de donner aux juifs de l'ouvrage
i faire suivant le métit^r qu1l aura de cordonnier, tailleur, jupon-
liier, orfèvre, ou de tout autre office, ou de faire confectionner par
'<ii des liardes neuves ou d'en faire réparer et raccommoder de
'ieilles. Le roi fait savoir encore, par la présente criée, qu'il donne
ultéet liberté à cbaque chrétien de recevoir dans sa niaisoji
'flt juif ouvrier, mais seulement pour travailler aux ouvrages
*il fait, suivant sa profession, à la réserve toutefois qu'il ne
i l'tvait épousée, le 1'2 juia t41j, à Voleoee. Elle éUiU fille de Henri ill,
iiltUc, Née le 1i novembrâ 1401, eUe u'uvaiL t^uu lUx-neur ans lori$que son
liissu les réi]i3B du royuuuio d'Ârujfou. Ëiîu luuuruL a Valeucû lu 7 sep*
■Iffc 14^)^, sans «înliiiiLs.
UBi Èmù pas lo roi Alpbonâc, commo le dit Henry, uiivr. tité^ 11, p. 21 K
10 REVUK DES ETUDES JUIVES
pourra Vy faire demeurer, manger, ni dormir. Les autres articles
de la criée du bailli resteront dans toute leur force et valeur.
Ordonne de plus le Seigneur roi à chacun généralement de laisser
circuler les juifs par les rues de la ville sans les injurier de fait
ou dans leurs personnes, sous peine de cent sous d'amende contre
tout contrevenant et par chaque contravention et contre tout offi-
cier qui n'obéirait pas aux présentes * ».
Ajoutons encore qu'Alphonse, par une provision du il octobre
1417, avait enlevé les juifs de la juridiction des gouverneurs bailli
do Perpignan et viguier de Roussillon, et les avait mis sous celle
du procureur royal, chargé de l'administration du Domaine *. Ces
ordres du roi n'ayant pas été exécutés, celui-ci, par une nouvelle
lettre, datée du 2 juillet 1427, enjoignit au lieutenant du gou-
verneur général et au viguier du Roussillon d'exécuter ad ««^wm
ladite i)rovision, sous peine d'une amende de deux mille florins'.
Le roi et la reine Marie ne furent pas moins énergiques vis-à-
vis des inquisiteurs, qui, depuis longtemps déjà, portaient l'épou-
vante dans la ville de Periugnan.
Il ne sera peut-être pas déplacé ici de dire un mot de la façon
dont ces peu aimables personnages exerçaient leur ministère;
» B. 217, f» 36.
* AlfoQsus Dei gracia, rex Aragonum... Gerenti vices Gubernatoris pcneralisin
comilatibus Rossilionis et Ceritanie, vicario Rossilionis et Bajulo vill« Perpioumi
celerisquc oflicialibus. . . Quia nos ex quibusdam causis racionabiliter inducentibus
auimum nostrum ad ista, exiiuiinus Aljamaiii Judeorum ville Perpiniani et iiup-
lares de eadem, tam Judeos quam Judeas, a foro dislrictu juridictiooe et cogoicione
vestri et cujuslibet vestrum, et submitlimus illain et illos l'oro dislrictui ju:idiclioDi
et coj^nicioni tidelis nostri Barlholomei Mirallcs proeuratoris pru i^obis in dictis
comitatibus et locuin tcnenlis ejusdem, dicimus et mandamus vobis oe de cetero de
aljama predicta nequc de causis civilibus vel criroinalibus ipsam vel singulires
ipsius tam in génère quam ia specie tangentibus iutromiltere vos curetis... Dood^
à Valence, le 27 octobre 1417.
* Alfon%us dei gracia rex Aragonum... Gcrenti vices Gubernatoris genertlis >o
comitatibus Rossilionis et Ceritanie, vicario Rossiliouis, etc. Pro parte Judeorum
Aljame ville Perpiniuni fuit nobis huraililer supplicatum quod licet per nos fuf"t
eis couccssa et per^eos vobis prescntota quedam nostra provisio seu litera sequeu^^
tenoris (ici la provision du 27 octobre 1417 rapportée ci-dessus). — Aliqui laifl«''°
veslrum non verentur contra formam pre iuserle nostre ordinationis venire déclara-
clones et alia in contrarium l'aciendi sub vclamine constitutionum Cathalonie et ca-
pitula Curiarum; et (juia dicti Judei non comprcbenduntur sub dictis constitucio-
nibus et capitulis, redarguentes vos de predictis per vos in contrarium predicte p^
visionis factis, vobis dicimus et districtc precipiendo mandamus sub pena 2 0^"'^
llorenorum d'exécuter ad unguem ladite provision. Datum Perpiniani die 2 mt^^^\
julii 1427. Le 17 mai 1428, Raymond Coma, procurator fischalis curie patriéio»**
regii^ à la requête du procureur royal, lait présenter ladite lettre a Pierre Fonl*^**'
berta, donzeil, bailli de Perpignan, qui répond que ell era prest e apparellat ée co*^
pllr e servar lot manaments dei senyor rey e totes les cotes coniengûées en la /i*^^'
letra e que ell confetsava tenir en pura comanda en nom dei dit lochtement ^*f*^^*^
rador reyal la fradina juhia laquai era en casa nra, de laquai era dehat r»y eui^^
dit lachtinent et lo dit batlle.
LES JUIFS DE ROUSSriLUN ET DE CEBDAGNE
1)
, pour cela, je dois reprendre les choses d*uii peu plus loin.
lit que rinquisitioii ne fut réellement constituée qu>n V23S,
année où le pape Grégoire IX en conlla la direction aux Frères
Prêcheurs, autrement dits dominicains ou jacobins. Or, nous avons
vu que le couvent de Sain t-Dom inique de Perpignan ne fut fondé
qu'en 1243; ce qui nous fait supposer que l'Inquisition ne s*intro-
duisit en Houssillon que postérieurement à cette dernière date.
Ce qu'il y a de certain, c*est qu'elle y existait en 12G 0'. A cette
époque, deux inquisiteurs dominicains, Pierre de Cadireta et Ber-
nard dez Bach, commissaires do Saint-Si(>gedans les États du roi
d'Aragon, s'attaquèrent à Tune des plus puissantes familles du
'oussillon. « Ils venaient de trouver, par des témoignages suffi-
ints, que feu Pons de Vernet (Poniius de Vetmeto quondam}, père
e Pons de Vernet, actuellement existant, avait reçu chez lui. re-
eié, soutenu et fréquenté (famUiares habuU) des hérétiques, leur
ivait fait du bien et les avait adorés (ac eos eliam adoravU);
par quoi il constait qu'il avait cru à leurs erreurs, sans qu'il pût
eonsler qu'il s'en fût confessé, ni qu*il en eût fait pénitence, w
C'était plus quil n'en fallait pour que tous les biens dudit Pons
diM'unt fussent condsqués de droit au profit du trésor royal, sans
préjudice de mesures que Tautorité ecclésiastique allait prendre
contre les restes du chevalier hérétique' et de la tache d'infamie
^uiallait rejaillir sur ses descendants. Pons (II) de Vernet avait,
«ynçlîet, combattu contre les croisés de Simon de Montfort, mais
iï était mort depuis plus de quarante ans lorsqu'il fut condamné
par les inquisiteurs, et son tils, Pons (lll), jouissait de la plus
grande faveur auprès de Jacques P"* d'Aragon» car il figure comme
témoin dans presque toutes les chartes de ce prince datées de
Perpignan. Le roi, « touché de miséricorde »> pour ce seigneur, lui
restitua tous les biens de son père, en le déclarant lui et les siens
ftksous à jamais de toute tache d'infamie pour le fait des crimes de
ïa condamnation de son père, qui nen restait pas moins acquise,
ïais cette « miséricorde » n'éfait guère désintéressée, comme le
^it remarquer Alart^, car pour cette restitution et toutes ces
grâces, le fils de Pons de Vernet devait payer au roi vingt-deux
ïûille sols de Malgone. Cette somme énorme n'était pas facile à
*iUwi, Frkikgu H TiVi-rt, p. 232, Giztnyola, Histoin du Rontsillon, p, 237,
*~^ i((i« t'lii«jui»iljon fut ïdtmduite dans las doux comléa iiprèa l'ionée 1243.
ly etifituii, dii-il, en 1323 ». Oa voit que nous rcmcmtaus à plus do soixanle
Ite iTïièrii avec le pfov^s Pon.s de Veraet,
* Nflîi cûiiienic de condamiier les morl« qu'elle jugeaii avoir élé héréUquei, rinqui-
I *^ f*uiii cxUimier leur» restes pour i es livrer iiux Aainmcs.
* Ootr. tit/^ p, 233.
12 REVUE DES ÉTODES JUIVES
trouver alors en Roussillon, môme pour un aussi grand seigneur.
Pons de Vernet fut obligé de vendre la majeure partie de ses
biens, et il mourut misérablement, moins de deux ans après.
Nous voyons, par un document du 3 septembre 1333, qu'on en-
fermait les prévenus d'hérésie dans une prison appelée la Mitrada
ou Domiis de la Mio*a(J/z, Un certain Raymond Isarn, accusé
d'hérésie, rentre dans la Miiracla, d'où il était sorti avec une per-
mission d'un mois, pour raison de santé. De la meilleure grâce
du monde, Isarn vint reprendre son cachot *. Un autre prisonnier
est débarrassé de ses fers, moyennant une consignation de seize
livres de Barcelone, qui seront confisqués au profit du roi s'il
abuse de cette faveur pour s'échapper. Gazanyola, qui cite ces
deux cas *, croit en tirer cette conséquence que le terrible tribu-
nal de l'Inquisition « n'avait pas encore adopté le mode rigoureux
de procéder qui l'a rendu si odieux ». Cela peut être, mais la con-
duite des inquisiteurs vis-à-vis de feu Pons de Vernet et son fils,
en 1260, donne à penser aussi que, dès le milieu du xiii» siècle,
ils s'entendaient fort bien à la chose. Le geôlier de la Mwada
était qualifié en môme temps àlniissier de C inquisition^. Je voin
dans le registre V de \di Procuration royale un ordre de payer au
geôlier de la Cour du bailli de Perpignan les frais de détention de
Guillaume Romaguera et de Jacques Toisa, de Portel, (i\^^
avaient été livrés par l'inquisiteur des hérétiques [\ ers 1340)V
Une lettre du roi Pierre III d'Aragon, datée de Perpignan,
le 17 septembre 1356, ordonne do payer son salaire à frère
* Dio vcQeris intitulata iiii. idus soptcmbris anno 1333 circa boram tercie Ray-
mundus Isarni do Saisis, voleos ut dixit obedire saDCte matri ecclesie et maDdads
domini Inquisiloris prave llcresis et eius locum tcDentis intravit gratanter domum
vocalam la Murada que est in villa Perpiuiani ubi herelici capti detiDentur preseo-
tando 80 Pcrpinyauo Sabaterii sagioni domloi noslri refris Maioricarum deputaloque
ad custodiendum hereticos qui iu dicta domu capti detinentur. Et ezistcns intus dic-
tam domum dixit quod pridem relif^iosus vir Iraler Arnaldus Guile ordinis Fralrum
Prcdicatorum locuraque tune ut dixit tenens venerabilis et religiosi viri fratris H».^'
mundi . . . dicli ordiuiis luquisiloris dicte pravo cl inique beresis composcicDS oc*
cossitati et iniirmitati quam ipse Kaymundus Isarni patiebatur conccssit ex irraci^
eidcm H° Isarni quod cxiret dictam domum cl extra ipsam domum ubi<tumque vellci
Etaret et stare posset dum modo luira uuum mcnsem ex tune proximum et seque3l<^<
nondum elapsum rediret ad dictam domum. Kt ideo..., et eciam de mandato ^'^^
hodie ut asseruit facto per reiigiosum virum Irairem Johannem Cerdani Priorem con-
vonlus Fralrum prcdicatorum de Pcrpiniano locumque tenentcm domini Inqaisito"^
pret'ati inira dictum raonscm nonrtum elapsum redieral et intraverat dictam dooa^°^
Beu carcerem, etc. {Notule do Raymond Imbert, notaires, n" 19).
* Histoire du Roussillon^ p. 237. 11 se trompe, d'ailleurs, de date, puisqu'il r»?*
porte ces documents à l'année 1323.
* H. 100. A Carcaasonne, Tuno des prisons de Vlniiuisiiion s'appelait La }f*^'
c'était un tombeau de vivants, scloa l'cxprossion énergique de M. L. Fedié {Uiit*>^^^
dû Carca*so»He, p. 71).
* 13. 05.
LES IITIFS DE ROUSSI LLON TT DE CERDACNE
13
[BPS DoTnpnPclj, tle Tordre des Frères prêcheurs» ^ inquisiteur
a perversité liën^tique, dans le royaume de Majorque et les
tés de Roiissillon et de Gerdagne ^ » Je retrouve le même
lisiteur dans les comtés, en 1378* et en 1380 '\ C'était, paraît-
nliorame fort instruit» qui avait traduit en catalan, pour le
pte du roi d*Arajîon, plusieurs ouvra^^'es écrits en latin. En
\ le poste d'inquisiteur est tenu par Pierre Riba {Peints Rippe}^
ordre des Préclieurs. I! avait été nommé par Nicholas Vilii'
laniîs (Nicolas de Valladolit), par ordre du pape Benoît XIII.
lettres dn 5 février de la même année, le roi Jean avait con-
é cette nomination*.
la fin du xiv" siècîe, Flnquisition avait déjà acquis une puis-
le formidable dans les comtés. La besogne était devenue trop
de pour un seul inquisiteur. Aussi, Pierre Hiba écrit-il, ie
|)têmbre 1399» à Bernard Maurice et à Bernard Roger, Frères
;heurs du couvent de ColUoure, qu'il vient de les nommer ses
^léants en Vallespir et leur donne en même temps plein pou-
' (ie ciier^ prendre et arrêter les hérétiques ou to^is autres
fs pour article de fùi"\
rinquisition roussillonnaise no se borna pas à eraprison-
lés prétendus hérétiques; elle les brûla. En eiîet, dès Tannée
►, elle avait allumé ses horribles bûchers à Perpignan et c'est
uif converti qui lit les frais de Fauto-da-fé. Nous possédons
xte d'une lettre de Pierre III par laquelle ce prince donne à
do ses employés les biens de Jean David, cf juif converti,
M34,f*29.
\» t63, r* 12. Le salaire da Jacques Domenach éLait Gxé à 93 livras par an.
iua Petrus d<?i gracia... quia vos relifria^us et dilectus conailiarius nosler
Jicobas Dorainici ordînis Fredicatcrum Mûgisler in sacra pa^'oia inquisilor
ica praviLatis in regno Maiaricarum et ComiltiUbuâ RQSsilioQis et CerHoDiâ
I Ubrus hystoriatcs et alios ad precta uoatraa et pro nobia Iranstulistis de latiuo
•tt^nri eoiquQ eompôsui&tis et compilasirs cz aliis libris bistorielibus non. «ine
lis qaippc iaborîbua et expensis pro quibus at in satîsfaccionem quorum uc tllo-
luri de Âraf^ono vobis diu esL dedimus, etc. (B, 136, f* 116, r*).
^fraicf Petrus Ruppe ordinis Fratrum Predicatorum in sacra pa^çiiia raaf^alcr
iiUjt bcrciice pravitatis ia refçno Majoricarum et comllalibus Rof^ilionis et Ce-
lé oct«rïsquo sliis eisdem subduii vel annexis a seds apostoiica deputatus Re-
wlii Palnbus Beruoriio Maurtcu H Rernardo Rogarii conventus Caticbdiberi
lii aatedrcti saUitcm in actorum Oden domino ot jbù xpo. Quouiam lerrarum
neii et n«gocîorum fidey occupacio minimû permiiaut nos assidue in sîn^iÇuUi
Imi jurediecionb nobii^ comisse personaliter de presanti ad ea&e, et no iptum
aum iidei uobis iocumbenti factura et minima propter uoslran] absenciam |MI«
f îJcirco Tobîs . . , comiumus quod in loto comiiatu Vallispirii încludendo loctim
|ttiUbefi in gpeciali poaûlis hereticos scu aliter dû fide tmpectos credenlct fto-
ilalA&iorea reccplores eoTumdem. .. cUare rapere vel aTreatare. A Perpignan,
obfa I3î>y. [Manuel d^KlieiïUo Morer, nolairee, n* 1035.)
14
REVTJK DES ÉTUDES JUIVES
condamné à rincendie ^ ». L'inquisiteur du temps s'appelait Frère
BarUiélemi Ferror,
11 est donc parla itemeiit établi par ce que nous venons d^exposer
que l'Iaquisilion s'introduisit de très bonne heure dans les deux'
comtés et qu*elle y lit ses auto-da-fé ou sacrifices humains.
L'orgueil et rarrogance des inquisiteurs augmentaient avec les
années. Us engagèrent même la lutte avec la royauté. Toutelbis,
ils durent céder à plusieurs reprises, car ils n'avaient pas en-
core heureusement cette indépenJance néfaste qui leur permit
plus tard de narguer les princes eux-mêmes en les menaçant des
ilamines du bûcher. Ils n en affichaient pas moins déjà la préten-
tion de tout soumettre à leurs soupçonneuses investigations. lU en
étaient arrivés jusqu a revendiquer une juridiction absolue sur les
juifs tîes deux comtés. Le roi Alphonse dot intervenir en 1410
lïDur leur défendre de connaître des juifs de Perpignan, en dehors
de certains cas déterminés ^
^ Nos Peirus... Tobîâ Bdeii do scribania oostrn AlamiQQO Potri de Verduno..,
damuft UDÎverso.,. bona uoBtre curio adqui&ita que luerunt johinQis DdiiiU conv«rsi
qui convcntus de crttniue heresis fuît lu villa Perpiniuni iiis diebus ad incfmim*»
ronihmpnatus. Daluiu Valencie vi Kls junîi I3i6 (B, 97» f" 131, r*). — Henry,
Riftmit de Rmuniion, 11^ p. 253, ne croU psa ijuia le Houâsilloa mt eu ses Ticdoes
du riaquisjtiuu ; oq voit combien il so trompe.
* A!ionsiiâ dci procia rei.». Episcupo Eluensi, vicariis iDijuisilonbiis.. , Pro partfi
ftljamo judeorum ville PcrpmtaDi Juii coslro ccbiltidiai bumiltter suppticalum quotl
cum vos in casibus vobis non Ucitis seu periûîs^is et in quibud nuUaui coguiciouem
seu Jurediccionem adversus dictos Judeoj habeUs trabalis dicias judeos seu diver&t»
ex eii fl'i vestrum judidum seu ciamen, cita ado cos et accusaciotiès conlro «os ad-
inîUeiido et cciam âliquos capiendo et alias eos divcrsi modo moleâUindo. tu ipso-
rum judeorum damptium dou modicum et juredicciotits Qoslre rcgia prejudicium et
nolorium dolnm^jiilutti, dîguareuiur super biis de aliquo rcmedio providere, Noaque
supplicactom bmus luodi aimotînies bénigne babitis super hiis cousilio et dclibera-
doue miiLuria» vos IcDore pruseutis rcquirimus et mouemus <[uatîaus d« diclÎK judfii
aut aliquibus causis liulbua v€l qnestiûDibus cos tâuf^eulibus cognoscore Tel eos ad
judiduui vusLrum trahere seu de f:iâ vos iotromiUere nuilalenus pr<!%umaii5 oisi \n
C4isibus vobis liritis et permissis juxLa noiata per Innoeeuduin tû Capiiulo quod
BUper tQio et mti redempcioiie videlicet fii contra legem Tacmut in muraltbus al si
bered» couLra le^cm judeorum iuveniulur^ alioquici cum itidempnitali jurium ms-
iroium dei&cere uequcamus curlos vos reddimua per pretïCDt<!s quod procddemus
cûutra vos et bona ve&lra par remédia débita et opportuna et contra illos qui lederv
prosumeritit jura rtsgia alias assueta. Barcelone, le 12 octobre t416.
IS déc, VU G. Llnquisiieur répoad : • Quod ipse conlra judeos PerpiiiiaQi t«1 ali-
quem ipsoram auquam processil nisi quatinus per jura comunia et prîvib|:ia Ha-
manorum ponlillicium cl illasLrium domiuorum regtim Aragouum rcperiil fore
iuiiuLtum, et cum in pretfata liUera domim aosiri régis eooiiuetur {|uod inqaîsilor
nou pru<:eJai contra judeos nisi îu duobus casibus^ juzla DoLuta ta capttulo quod
super de voto et voLi^ dicii quod nciviâËime fueruat ordiuata muUa ealubria ia Ii^tq-
rem âdei christiaue. et ut clctus ip£Î judci ad iumÈn vematit TeiiUUs per domiauui
HeaedicLum papatu Xlil que fuerunt kudata et approbata per recoleade luemorie
domiuum Fii;rdiuaudum geDÏtorum illustrissimi demi ni régis tiuuo re^aantis el jaiia
ipsas ordioadooes inqui^itoics habeot potcstutem iu multi^» c^i»ibus la ipsos Judeos;
et idcg die Lus iuqui&ilûr vull cociaullare predictum di^miuum rogem, latiluraii poét
LES JDrrS DE ROUSSriLON KT DR CERDAGNK 15
La lutte eiiÊrfi rinquisitioii et la royauté s^accenttiait au sujet
des juifs des deux comtés. Au mois d'août 1420, le bailii de Per-
pignan, sur la réquisition de llnqiiisiteur Pierre Sola, lit faire
des criées pour interdire aux juifs baptisés d'aller habiter le Call
et leur défendre tuute espèce de conversation avec les juifs non
baptisés*.
En Tabsence d'Alphonse, la reine Marie, lieutenant général
du royaume, vint an secours des juifs. En effet, le 10 octobre 1421,
' elle défendit impérativement à rinquisiteur dlntervenir dans les
procédures contre les juifs de Perpignan, n sauf !e cas de haine et
de prolanation des lois morales. » Le ton de sévunté qoi règne
dans la lettre que la reine écrivit à ce sujet au gouverneur des
' inodum JQXU »uû bencpledlum volootiitia pelena bnnc iascri et conliautri, ,. •
IB. 339).
t Ara hoisU que us notîûca lu moU honorable Mosscn Mngis Des Paift^ cavalier,
faille <ie la vila de Perpcuva a reçuesta dd repercHi ftafe P, Sola dtl ordt dtU
Preâieadors^ maeslfe en Sanrtu tkeclo^itif tnfmt'idof de la htrtltcnl pravitat en los
corn tais do Uossclto c de Ccrdnuya o de les lerrei a ell «dj a cents :
Que Giim pcr k gracia del Spcrit Su ut, itluminador de tûta pçrteccio e de totes vir-
tul5, moUs del» juhcus e jiihies se sien bateials e veufçuls o le suncta Je catalica e a
crceDSit del vertadcr Muçies c suïvador cosire Jhû Xi. promes e proDumiat per Iob
sanls Proretes, E corn ara pcr ^ran dolor sten &Lrobadcs molles jubies luuUers de
xristiaD5 novcHameDl converlils, lesquala juhies ne après de hitu aiiy a elles donai
ne eacara aprea de dos nî de Ues aovs nos bjgd volguiles Lalcier, ans empara vuy ub
gnu duricia sian en lur judaïsme e perlmacia^ e corn la baljitaeio de Its dites jubîes
«b lurs marits sia Tisiblamcnt e mandesla en grao coutuinelia del cresdor c cd grau
dirrisio de la saucla le irbtianu e de les gerimoaies daquella^ Kocara mes coru iilgtuia
xristiaus e cresûuDcs novollameol convertits cobdbiteu ab lurs parea et mares, ÛUb
e filles, OQcles e tiea e ab allrea juheus o juhies reculHot^ los dits Juhous o juhîe» en
lu» Cflses, meajant e beveut e dormiut eu (çran vilipendi de la sancta Te xristiana o
'-en grtn derofçtcio de la ordinacio sobre ago fêta per lo molt ait SeDjor Uey En
Jacme do Mallorqucs de bona memoria loque 1 J'uu daJa eu Perpenja a XI de les
Kalendas de mai^ del any M.CC^XC VL, ta quai es de la ténor segueut :
• Que ne^un bealeiat o beteiada qui sien slais juheua no gauaen intrar al Call
deU Jubeus per menjar ni beure ni îotrar en lurs ea^es ni baver ab élis lamiliaritai
ni esaer pariicipaDa dï conversa dIs ab ells, E qui co titre lo dit manamenL fara pagara
^ lo baleiat o la baleiada per cascuna vegada vint sols, c si no pora pogar pendra vint
^ ftssots, el juheu o U julua qui axo sotîcrra pagara pci- eascuna vegada C. Sols de
les quais pcnes pecyoiaries lo dcnun^iador haura la terça part. »
Ëm per omor duço lo damout dit lic\ créai En f/ueridor per auctoritai de son offiH
de ia Hatuta Jnguiiieio voient ce couloruiar ab la dita ordinacio del dit senyor rey
en Jacme de bona momoria, e volent provesir a tanls grans acendols, erros c damp-
Isatges qui de ayso per iolleranL-ia en coulumelia del Crcador et de la Sancta Te
I catholica se scguexeo es ponen aeguir ab son vénérable CouseU ba ordonat que
neguQ o oeguutt delà dits xnslîana nouells no baia coaversar ni participer ab jubeus
lii ab jubies ni intrar en lo Call dels Jubeus ni eu les cases de jubeus ni de jubies
ni menjar ai beure ni apparelUr als dits juheus o jubies do menjar direitauieut o
iudirecta ni pendre negunes cosea mcnjadorea deU dils jubeus o jaljtes sots peoa do
XX. Sol. o de star al Carter de la Murada perhunmes per cuscuna vegada que lo
Contran farao de la quai pena peeuniari buuru lo dcnunciador la lurca part.
Rie venens iutilulata XVI. jiugusti anno M.CCCC.XX. preseuâ prcconiliacio fuit
|>abUcala per villam Perpluiiini (U. 2i7, PrQct*racto reaii reg, Xill, 1» 11)*
16 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
comWs indique suffisamment le peu de mesure avec laquelle on en
usait envers ces malheureux : « Ayant appris avec déplaisir, dit-
elle, que l'inquisiteur établi dans vos contrées ne rougit pas
d'outrepasser les bornes de son office et de porter arbitrairement
la main sur la moisson d'autrui ; qu'il frappe souvent de contribu-
tions les juifs de cette ville, tant hommes que femmes, quoip'il
sache bien qu'ils n'ont jamais appartenu à sa juridiction, mais qu'ils
dépendent uniquement de la juridiction royale, défendons * etc. •
Mais les inquisiteurs n'étaient pas hommes à céder aussi facile-
ment. Dès que l'intervention de l'autorité royale avait écarté
un système de vexations, ils en inventaient immédiatement un
autre pour le remplacer. Quand ils ne molestaient pas les juifs o^
thodoxes, ils tracassaient ou poursuivaient les juifs convertis ou
néophytes, accusés d'apostasie par leurs anciens coreligionnaires.
Alphonse intervint encore, et il enjoignit aux inquisiteurs d'avoir
à cesser de semblables poursuites». D'ailleurs, la plupart de ces
néophytes s'étaient convertis sous les menaces de la juridiction
inquisitoriale. Encore un scandale que le pape Martin essaya de
réprimer. Par un statut du 24 avril 1422, ce pontife défendit ex-
pressément de contraindreaucun juif à se faire baptiser, quelque
engagement qu'il eût pris à cet égard ^.
Ce statut ne fut pas mieux respecté que les ordonnances du roi,
qui se vit obligé de dénoncer la conduite criminelle des inquisi-
teurs à Alaman, « cardinal de Saint-Eusèbe, légat du Saint-Siège
en Aragon, Valence, Navarre, Majorque et autres pays. » Ce prélat
écrivit de Lérida aux inquisiteurs pour leur défendre de molester
les juifs et de les forcer de recevoir le baptême*. C'est lui aussi qui
« B. 217.
» B. 217.
* Marlinus episcopus serviis servorum dei ad futuram rey memoriam. Veramchns-
tianorum fidem habëre non credilur^ qui ad christianorum bablisma non spooUDeus
sed ÎDvitus co^noscitur pervenire. Consideracione itaque premissonim indocti, n^
non universorum judeonim in Ispaniarum parlibus comorancium precibus inclJM"
ut judei per christianos ad babtismum suscipiendum invili compelli nou posant
eciam fi judei ipsi cuiquam promissionem fecerinl nisi in aclu babtismi constat ^^
persone babtitzande libéra voluntalc nec propterea aliquam penam incurrant aucto-
rilalc aposlolica statuimus por présentes, constilucionibus apostolicis céleris^'**
contrariis non obsiantibus quibus cumque. Nuili er^ro omnino hominum lioeat bit^
paginam noslri statuli infrinftere vel ei ausu temerario contrahirc. Si quis autem boc
attemptara presumpserit indignacionem omnipotentis dei et Reaiorum Pétri et PtQ^^
apostolorum ejus se noverit incursurum. Dat. Rome aptid Sanctam Mariam MaioKO^
(XIP. Kis octobris Pontiâcatus nostri anno quarto (B. 232, f* 119 t«, copie de 14^>
^ Àlamannus. , . Ad noticiam nostram serenissimo domioo Alfonço Aragonum
reg« in$;inuante pervenit qualiter judei in ipsis partibus comoiantes per nonnullos
ex vestris contra sanctorum canonum nistituta molestantur ut ad babtismum trabanlur
inviti Quare cum dictus dominus rex pro ipsonim Judeoram ooDsemdoDe josùoe
cum insUncia per suas litcris interœsseril et boc nobis inconveniens videatur et
LES JUÎFS DK nOUSSILLON ET DE CERDAGNE
'lîonnai
17
I
suspendit, a la ni<^me époque, diverse
aux juifs et données par le ci-devant Pierre de Loua, u nommé
Benoît XIII en temps de son obédience * w»
L'un des inquisiteurs du temps était ce Pierre Sola, Frère prê-
cheur du couvent de CoUioare, dont nous avons parlé plas haut, 11
avait été nommé, par bulle datée de Florenceje 8juin 1419*. C'était
un homme très actif et grand ennemi des juif^, comme on vient de
voir. Mallieureusement, il nous reste peu de documents pour pré-
ciser les poursuites qu'il exerça contre eux. Nous savons, par un
document du 9 novembre 1442, quil avait, à une époque, poursuivi
Bonafos Rp^get, juif de Perpignan ^. Nous ignorons si Bonafos Ho<^
H get fut livré aux flammes, mais il est bien certain que Pierre Sola
était homme à lui infliger rauto-da-fé. Nous avons, en effet, sous
les yeux un document dans lequel ce dominicain reconnaît avoir
reçu comme à-compte de son salaire vingt florins d'Aragon, pro-
venant des biens de feu Pierre Domenech, tisserand, <t condamné
I
cootra jurîs formata, ui^iversitttem vcstraui tcnore prescncium requinmufl et moncœus
quaiiouf a molcfliis huiusmodi ommno cessantes judeos preftatos inquietarc contm
JurUformam ut pretFertur do cetero desistatis, Dalum Ylcrdo XVlîl. KaL decembns
aniio a nalivitate domÎDi MXCCCXVllI Pontillicatus sanclis&imi in Christo patris
el domloi nostri dominL Morlitii divina provideticia Papa V< ihao secundo.
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C. de Pergula. Jacobus de Ygolinis
(B. 210. f» 2t rj.
( IhtHem, — On Eait que ce pseudo-pape avait passé qut^lque temps à Perpignan,
où il avait coovoqué uu coocilo (1408). Il y revint eu 1415 pour s'aîioucher avec le
I roi Ferdinand d'Aragon et rempereur SiirisiQoad. Benoit évita totijours de répondra
i d*UR€ manièrfl précise aux proposilioas qui Itii ftireot adressées pour reodre la paix à
I l'Ëgiise. n avait beaucoup lait pour Ferdinandj qui lui devait^ en quelque sorte, lô
I trône d'Aragon. Piqué de ce que le roi n^avaii pas, selon lui, rois assez d'ardeur à le
Bfconder, il quitta précipitamment Perpignan et se retira à Paniscota. Sur les ronsails
de Vincent Ferrier, le roi elles princes qui avaient reconnu Benoît Xill TabaDdoQ*
1 nèrent. Le 24 décembre une ordonnance de Ferdinand prescrivit la cassation de
t Pobédience, qui se fît avec solennité è Perpignan, le 6 janvier 141G. Le 16 aotit 1418,
Alphonse déleadit toute commun icatiou par terre ou par mer avec le lieu ou château
de Paniscula * ou l'acli-pape Benoît persiste, dit-il, à se maintenir avec quelques-
Ufis de ses adhérenU, onolim B. ab alseuns seus adhérents dies ha ies inclus^ t dt
preâent ttnfofîeeix * (B. 219). Benoit y mourut dans son obstination eu 1424.
* 10 novembre 1424» Hevorundua et religiosus vir frater Pelrus Solani ordinis
Frolrum Predicatorum couvenlus Coquiliberi elocnsis diocesjs in sacra pagaia pro-
fesser Inquisilorque berctices pra^ilalis in comitotibus Kûssilioni» et Cerilanie,
Attendcna quod ipse Domious inquiËitor dictum suum olficium liiquistcionis babet,
tenel et possidet vigore coocessionts sibt iacie de dicto olûcio per Heverendum in
[ xpo patrem magislrum johauncm do Podio Nucis dicti ordinis Magistrum Generalem
nunc vero Catbanienscu Epiâcopum et poslea dictum olficium per sedem apostoltcam
çontirmalum obtinui^tenore Buila que sequttur,.. Suit, en ellet, la bulle datée de
l Florence le 8 juin 14111 (Nûtnîe do Georges Barrera).
i Ordre donué à Alomor, notaire * quatinus tradal omnia instrumenta et scdpturas
tempore Magistri îiula q^ Inquisitoris taogentcs En Bunalos Uoget Judeum»
'i<f- 122. v^").
T. XVJ» s"^ -ôU %
18
REVUE DES ÊTUDESi JUIVES
et jugé par moi comme lit^rétique, dit Sola lui-même, leguel Do-
menech a été tléterré l^essoletvai] et brùlë ** »
Les convertis ou néophytes étaient dpjà très nombreux. Effrajéi
par les menaces de l'Inquisition, qui n'étaient rien moins que pla-
toniques, un grand nombre de juifs acceptaient le tjapl*>me. Ils
changeaient alors de noms. Ainsi, eu 1330, un juif qui s*app^Iait
JachoeUis juces porte le nom de Johannes de AmpurUs (Jean
(l'Ampurias), propre;' saniwn sacrum bastismiim stiScepU*.lû
1371; les consuls de Perpignan déclarent que Pierre Gironi, Juif
de Puigcerda, s'est converti à la foi catliolique et qu'il a forte-
ment contribué à la conversion de ses deux tlïs Jacques Ribern
et Jean Roger et à celle de Barthélemi Gari ; le premier a refn
le bapli^me à Cleyra et a été tenu sur les fonts baptismaux par
Jean Ribéra, bourgeois de Perpignan et de Montpellier; le se-
cond, à Perpignan, par Guillaume Roger-Suau, bourgeois de la
même ville, ainsi que le troisième, par Barthélemi Gari» mar-
chand ^ Quelques années après (1377), les consuls d'Ille attestent
que Pierre Gironi, ci-devant juif de Puigcerda, avec Nâ Alieaor»
son épouse, et leurs enfants, Pierre et Francisca, tous baptisés,
résident à Ille et « se conduisent en bons catholiques* ».
Une charte du roi Pierre 111, datée du 13 février 1378, confirme
divers anciens privilèges relatifs aux témoignages des chrétiens
et des juifs et déclare qu'un juif néophyte ou baptisé doit être con-
sidéré comme chrétien *.
* B. Ut.
* Noimiê àt Guillaume PL
» B. 829.
* ÎM*m. ^ n y BTait i lUe une commumuté juive isiés ImporUiote. Les. acles àt
1403 «t 1404 meolionDeDt eocore, comme domicUiés tu cette ville, Boonstmcii Dt^t
Ja8S<;ff de Bleues, SaUmies Cohen et Gojone, son épouse^ Mosse Lebo ou Lelio Ait*
mtay el Jojhe, son épouse, Issach Jiffuda, etc. Meîs celle colonie s'éteiirait t p«B
prte k cette même époque, cir une pièce de terre ^m leur serviit de cimêUère (tf
fb$sûr éeUjuAtnê] tut Tendue eu 1405 el mise en culture en 1422, • ptfte ^^^^
Ttcte, il n'y iviit plus de juifs dans cette tOIo à cette épo<jne, ©i on n'espéf»»» ï*f
qu' ii dût y en airoir de longtemps, ■ cotm fro ««ne nom tini ie rillA de Ins»it /i
n^e jN*e Umporibm fututiê û mod^ f^Êcm** cttt.^- Je trouve encore à lile* en 1 é^^u ^^
juir qui est ffkfstc ou médMin public, Mafiatr Jmt$»fdû Ctf^So iNotuU de Bcrni^
Borgua). <^ Ce dernier nous (ait souTenlr que U fmûr dd jnàtus de Céret fut ^toàr
aussi vers U même époque (B, 1 7S)*
* Il s'agit notamment ici de deox priTiièges» Tun de Jacques le Conquérant, à
2 descal«ides d octobre 1236, l'autre de Jacques II d*Arag:on. du Jour des nom
d'avril iZQÙ. Voici en soiwtance le premier, d'après la cbarLe de 137S : • Nos Pcl
dei gracia rex Aragonum... Attendentes seittuteimiim dominum jacobom
recolende Âragonum regem abavum nottram eoaoasnsse per priTilcgiiun^
Barchinone et aliis habitactibus ia CathaloiUa, quod quandocumque et quocii
cumque ah aliquo cbristiaDO Tel cbristiams contra ipsos judeos Tel aliquem eo:
super aliqua demanda placitum ceu qu«tlio moveretur eut esset exorta, qiUMl
obtinetetur in aUquo aentcncia conlrt «w olai probalum e»ei legitUme per tî
LES JUIFS DE nOlîSSlLLON ET DE GERDAGKE 19
Au commencement du xv* siècle, le nombre des néophytes ou
convertis s'était singuiièremeni accru. Je trouve un certain Jean
de Proxida, de Béziers, ci-devant marchand à Perpignan, qui s'in-
titule curaior datas et assignalus per citrîam domini bajuli
^€7*}nnianî omnibus neophUls absenUbus tnlle Perpiniani ha-
^liibiis domos scxi, hospicia i)i callo seii Jtalerîa ville Perpi-
mi^. Passant de la synagogue à Téglise, les néophytes avaient
E>hdé dans Véglise Saint-Jacques une confrérie dite de Saint-
nd. Ils rormérent d'ailleurs une communauté dite des Christiam
lucUs (nouveaux chrétiens), qui avait des « recteurs » à sa tête,
^és de prendre ses intéri!:ts-. Parmi ces convertis qui ont
jé ÛQ nom en changeant de religion, nous trouvons, sous le
)m de Pierre Fabre, un j uif qui s'appelait Abram de Besalu ^ ; un
lire appelé Pierre Cardinal est un ancien juif du nom de BolflU,
Is de « maître » Bonraassip de Lunel *.
Il n'est point douteux que les vexations dé Hnquisition n'aient
singulièrement découragé les juifs de Pei'pignan, que la royauté
ne pouvait point assez protéger. Les conversions s'étaient multi-
liées, et rémigration avait diminué la communauté juive ". Nous
|fn et per judeum, quodque dictum domÎDum ref^cm jacobum abavum oostrum fum
I sua curta que erat dcclamcio prémisse ciiTte ipsis judeis concessiisse piedicu Luin
er fado crimtoum c|uaiQ super facto dobUorum ut bec et alfia ia carus ipsia senosius
Aocetur... • — Le roi ajoute : « Âtlendeatcs cciam Jubso pcr alit^uos besilaium ut
revocatum in dubitim minus Lcne &î Judeus batitzatus aut Judea LabtiLïata sub
nomino cbrisûaui debcant inlelUgi et comprebeodi, videllcct qtiod quandocumqua
JQileus Tcl judea babtilzati in dictis caQ»ls dviUbus vel crimtualibuB lestes interve^
oerint et leslimoDÎum perhibuerint babeantur pro Cbrlstiaais bU et quaiilum quod
hih^At intcrveiiire tesiimonium judiiutn cum eis ut in diciis cartis privllegiorum
Hpra coatiaetur; Idcirco noliflicamus et coolirmamus sertu biijus privile;;çia supra
'eta et dictum duhuim déclarantes volumus statuimuti et urdioamus quûd in quibtis-
aquû causîs civlUbuB et crimiuolibuï^ que moveanlur seti uicverl co&tîgerit in
Birusi Goatra jadcos vel judeas quumvià bablitsatufi^ vcl habtlzata aeu coQverfiî
llJticati rueriut ia eisdetn babeat et debeat iatcrvcalro judeus ut testis juxla
idictorum privilegiorum ot carLarum scriem et tcQorem quoniaia iudubltaoter ast
um judeum babtllzatiim sub cbrîsiiaui nomine fuisse compreheasuia et debere
biJltellîgi el coojprehendi • (B. 217, 1* î^ù).
[' Notule do Bernard Fabre, armée 140», uotaifes, n* 2151.
[« B. TM, i« 115» noUires, n« 761 [Aljama des juifs de Perpignan, i;i7-145SJ.
Notule de Ferriol Bosqucros.
t* Nùtuiè de Guillaume: Fabre^ notaires, n* lîïO,
1* Là 19 aûQl 142i% BarlbéUmi Mi rai les, procureur roj&J, TaiBaît saroîr à Antoine
pbo, protecteur de la corona des créanciers d« PÂtjamn, qu'il etlt à montrer les
ire^ 00 Tenu desquels il percevait de« droits de mulatioa et autres sur certaines
^soDS du Calt» comme ou le vcrro par le document que nous reproduisons ci-des-
Bs. Le Call avait déjà diminué, et ce mOme Carbo déclarait quelque temps après
l^ue tous les juii's ou juives étrangers qui voudraient s'établir dana le Call pour le
upler seraient francs et quittes do tous censaux, tailles exactions et conlrilïutions
Nrés ou k lever pour la satisfaction desdits créanciers « [U, 226).
"în Bartbelami ^MraUes, procurador reai, etc.» al bon rat ISAathoni Carbo, pro-
Of pr^ïçuitdor e Gûiis«rTadof delà creiedors de la aljama dels Jubeus de la vila de
ÎÙ
REVUE DES ETUDES JtllVTSS
avons vu tout à l'heure que les convertis absents avaient un cu-
rateur ; mais les juifs non convertis absents en avaient un aussi *
Le rôle d'un lait imposé aux juifs de Perpignan en 1439 ne con
tient le nom que de 39 contribuables *. Les embarras finaDCiersis-
siègent rÂljama, et c'est ce moment que l*on choisit pour prélever
un don gratuit au nom de la reine d'Aragon (mars 1453). Les juifs
de Perpignan adressent des réclamations à qui de droit : « Les or-
dres donnés à cet t^gard, diseat-ils, sont venus en un moment peu
opportun, endies moU inpertinents als dits juseus^ tosqwds,
per revercficia del temps en que som^ se han a recloure en lurs
cases fins lo disapte de Pascha e separarse de totacofnunioéeis
chrestians; les prétendus délégués qui ont offert le don n'avaient
aucun pouvoir d'agir au nom de l*Aljama ; la répartition est d'ail*
leurs injuste, car le CalL de Perpignan ne compte que dir-sept (Xi
dix huit ménages [casais), tous fort pauvres : de telle sorte quesî,
par exemple, rAljaraa de Cervera était taxée à cent, et celle de
Gironeà soixante, celle de Perpignan ne devrait i*être qu'à cinq;
enlln» la somme qu'on leur demande est exorbitante, et ils ne
pourraient jamais la payer, quand bien même on les vendrait tous»
personnes et biens, ?ios baslaria lot cant han^ ne les personeSt
encara que les vetiessen *.
L'année suivante (1454), nous voyons encore les juifs de Perp*
gnan traqués par les procureurs ou protecteurs de la coîvna oïl
réunion de leurs créanciers, représentés par Pierre Durall * ; celui*
ci se présente pour les créanciers de Barcelone et de Catalogne
Bernard Andreu, bourgeois, pour les créanciers de Perpignan t
du Roussillon, Le protecteur des juifs de Perpignan tient confé-*
rence avec ces deux procureurs, et leur expose la désolante situa-
tion de ses clients : tous les biens et revenus de rAIjama son
engagés depuis longtemps auxdits créanciers. On dresse l'état 4
Porpenja, salât et hcmor, Gom nos per ioteresser profit e Qtilîtii del pAtrimom t
Mnyor r«y tuIIaoi <]uiur e luir i«s dr^tes aeaToriea, liijsm«s e foriscapu abeails
translehts per lo senjor r«j en Marti de booa ■■maria en bs dits ensmàMii *'^
la aliama de Perpefija « 5)nf7ularK d« aqaaUa, loaq[«ds aî présent Toa sforfati f
o cullir no fal>em quo tilnio, e pagmnros lo piwt ^aa realmeol e de 0et f
baien p^gat per causa de la alla aliÊnado a ço ^oa aiam teogutSy P«r ç», cie**î
saaÉB Boatiar los liu>ls, — Stm4 f «ai, pTOcahinB en pendra • liBT«r a mtfi» <
▼ît aniTor nj les dvtits senrories, loysoMS, lanscapis. cesses, nonbatiss a ftlM
dreis imposa U ** constituils ea a «obre les eues e altns pr«pnetats dins la <
ûtùà e DtHi CABStstuits. Dada a Perpaaja m 17 dagost 1420 (B. 2\9, l« dS r»}« — R«
nat^ues IVxpraeiàaQ la Ctli Amtkà (ailkors to CmU saU}, fui indiqua liâaa qaa I
juivtria avait élé saccagea «I dtesfie tm 139t.
• i^etalt da daniard Palire, Mtûras, tt*ll9ll.
• B. 33e.
^ Pvtoaplwif d« GsBit, d« r«rdiv das tiaspàldisra ds i
LES JUIFS DE ROITSSILLON ET DK CERDAGNE
21
tettes de chaque particulier, et chacun s'eogage à les payer înté-
p-alement dans Tespace d'une année. Les débiteurs sont au uomhre
le dix. Les deux secrétaires, Deyes Manaffem et Bellshoms, ainsi
pie le recteur de la confrérie» donnent caution pour une livre sept
pis six deniers, dus par « quelques pauvres» par les bains et par
Le registre qui nous fournit ces détails * ne contient ensuite
ae des redditions de comptes du protecteur de la corona^ des
Ctes d*établissement et de réduction de censives de maisons du
bU en faveur de deux ou trois juifs et d'un grand nombre de
Wliens^. Presque toutes ces maisons avaient été abandonnées
i étaient en état de ruine complète. Les concessionnaires s'enga-
eaieïit à consacrer diverses sommes à des réparations à faire à
fcref délai ^
C'est la fin de la jatverie de Perpignan; c'est aussi la fin du
llègne d'Alphonse lY, qui mourut à Naples, le 28 juin 1458, La
iwiae Marie, sa femme, ne tarda pas à le suivre dans la tombe
I (le 4 septembre suivant).
Nous avons déjà vu (cliap. i*^') que, par une charte de 1228,
Jaques 1"" d'Aragon avait défendu aux juifs rexercice de toute
fonction publique. Les ordres qu'elle contient semblent avoir été
riifoureusement observés dans les deux comtés. Je ne trouve ici
ni viguier, ni bailli» ni assesseur de nationalité juive, tandis qu'il
«-•rait facile de citer des villes et des villages de la Catalogne où
des juifs ont exercé ces fonctions aux xiii*» et xiv" siècles*. Cest
^(tafidiifi det maisons juives du CaU avaient été vendu«i à des chrétiens par
àytes. C*CËt ainsi quo deux juivi^s converUes, mèm et Qlle, avaient vendu
t«iDp9 tuparavant Leur maison du Call à uu prâlro de l'église Saint-Jean
' L« cenFÎves, presque toules réduîles do iboïUb, sont encore énoncées en an-
ItHA* marahotmSj évalués cbdcun à 'i bo!s fasrciiloDËLÎs. Dans Les premières années
rlatiècl«i, )i communauté avuit vendu des maisons siUtées dans le Call^ prîmiLlve-
t bréodées pur les adminisiriteurs di; TAuinone lucdéâ par Méir Abram ; sur la
|llkar lia ces maisons i[ avait été imposé une riante aimuolle de dix morabiktins au
tildes créanciers dû rAIJama, le maraboiin évalué nuad à 9 eolis de Barcelone
L334)« On entendait ordiuairemeiU par t rente de marabotin » Î4S drmti éi mu^
ttinpa^i en, marahotins [Jj. 332).
^Souroment à Santa Colome de 0"^raU, où il y eut dta baillis juifs et dei
«ias puhiics juils. • Crtsques, jubeu, fou Harcbs anys battle do la vLla de
I Coloma; Boujtib&, tambe jubeu, no fou moljc aconductat pels jurait! por
r la \Ua... ObserTo tu io que liacb ii la visla que'a doua lo tilol de doQ a
Qt, éfm Moite ^ don Cahim. liidiraria asso quels jubé us guanjavan considcracio
■ife loa criatiana a proporcio que a'ouavan atasant lus temps moderus t * (journal
Vm i«l MùnUçrrat, i88ii]. — Le juif AlaUur Golluf, mort le 18 juin 1389,
àt été Iréaofîer db la reioe lolaode ou Violant^ troiÊièine femme de Jean 1*'
22 REVUE DES ETUDES JUIVES
tout au plus si je rencontre vers Tannée 1400 ui^ certain Bonjuba
Gracia qui est courtier public de la ville de Perpignan *. Tou-
tefois, les juifs des deux comtés eurent le droit d'affermer les
péages [leudes ou lezdes\ les cens et autres revenus royaux *.
II est hors de doute que l'exercice des fonctions publiques ne
pouvait qu'augmenter la considération dont jouissaient d^à les
juifs de la Catalogne. Certains d'entre eux avaient acquis de
grandes richesses. Ils prenaient le titre de don, qui, à ce qtfil
semble, ne se donnait qu'aux cavaliers et aux nobles. Henry 'et
Gazanyola* prétendent que, « devenus fiers », les juifs de nos
deux comtés s'arrogèrent eux aussi le titre de don. Ces deux
estimabtes historiens du Roussillon ne citent presque jamais leurs
sources, et ils ne donnent point de preuves de ce qu'ils avancent.
Pour ma part, je n'ai que très rarement rencontré, dans les deux
comtés, des juifs affublés du don. Serait-ce qu'il n'y avait pas ici
de juifs riches et puissants «t jouissant, par cela même, d'une
grande considération? C'est peu probable. Don est castillan ; or,
on n'a jamais parlé la langue de Cervantes dans les deux comtés
de Roussillon et de Cerdagne, où l'on n'a connu que le catalan
jusqu'à la tin du xvu® siècle. Peut-être la meilleure explication à
donner en cette matière serait que le titre de don n'était donné
qu aux rabbins. C'est ainsi que le rabbin Menahem ben Salomon
Meiri était habituellement appelé Don Vidal Salomon de Perpi-
gnan.
A propos de bailli, Henry nous dit que les juifs de Perpignan,
d'abord administrés par deux syndics et un scribe de leur nation
approuvés par l'autorité, a eurent plus tard pour chef un bailli».
Par lettres-patentes du 16 avril 1393, Jean I°^ « défendit qu'aucune
commission de failli des juifs de Perpignayi, fût- elle môme
royale, pût être admise par le gouverneur du Roussillon, si les
^ Bonjuha Gracia, juif, courtier de la ville de Perpi^çnan, déclare qu*il a fait, tu
nom de Julien Garrius, trésorier du roi, et pour les besoins de la cour, diverses'
opérations commerciales, entre autres un achat de 60 charges de pastel, c^ées pu
Guillaume de Gallavella, marchand de Toulouse, au prix de 10 florins la charge, et
' sur lesquelles il a perdu 33 livres de Barcelone (B. 187). — C^est ce même Garrius,
trésorier du roi, qui empruntait un jour à un juif de Perpignan 200 florins dV, à
un inlérêt de onze florins pour trois mois (B. 178).
> En 1308, les procureurs royaux alferment pour deux ans à Salomon Bonet,
juif d'Ule, Bonjuses Abram d'Agde, Bendit Mosse et Astruch Bonet, juifs de Perpi-
gnan, les revenus du roi a Milles, au prix de Vf 75 livres barcelonaises par an. Abram
Bondia, juif d'Arles, Mosse Crcsches Bendit et Mayrona, épouse de Bonet de Perpi-
gnan, se constituent caution (B. 22). En 1360, la plupart des revenus delà Cer*
dagnu sont affermés a dos juifs de Puigcerda (B. 111). En 1370, le revenu royal
d'Augoustrine (en Cerdagne) est affermé ù Vidal Bonseoyor, juif de Puigcerda.
* Oiwr, cité, t. H. p. 211.
♦ Ouvr. ctté, p. 279.
LES JOIFS DE nOUSSlLLON ET DE CERDAGNE 23
SSîs de la ville n'avaient été préalablement entendus, confor-
jément aux privilèges de la commune * »,
Alphonse avait dispensé les juifs de porter la rouelle ou ro-
ila, La charte est du 12 juillet 1419. Celle-ci autorisait aussi les
Ifs à retranciier de leurs vêtements tout ce qui pourrait les
Ire reconnaître» soit sur les chemins publics, soit dans les villes
I ils auraient à s'arrêter, quand leur séjour ne devait pas s'y
allonger plus de trois jours consécutif. Dans les villes où ils
vaierit leur domicile, ils n'étaient tenus, par disposition de ces
éines lettre:ï-patentes, de ne porter la roue que hors du Call,
ms pouvoir y être astreints tant qu'ils se tiendraient eu dedans
limites de leur quartier. Tout oflkier qui aurait voulu les y
tltraindre encourait Tindignation royale et était passible d'une
Étende de mille florins -. Cette aotorisation fut très probable-
ent retirée dans la suite ; nous trouvons, en tous cas» en 1451
mars)» un ordre donné à tous les juifs de ]}oHeT Isl rodella
rescrite par les lois*\
Ce retour au port de la roue fut peut-i'^tre provoqué par la
uvaise conduite de quelques juifs. En tous cas, le roi leur avait
éjà défendu, un mois auparavant» de faire esclandre dans le Call
Pelre ramor) et de porter des armes prohibées *,
Pierre Vidal,
{A suivre)*
F* ïlenrv, Oncr, cii/, p. 198.
' ' B. Tm, 1- 20.
] * B. 405 {MitmuaU eun€ pairimonii regii, reg. I)«
SCULPTURES D'ASCALON
Les sculptures que nous reproduisons ci-contre ont été décou-
vertes au mois de septembre dernier parmi les ruines d'Ascalon,
en Palestine*. Elles ont été aperçues et dégagées par des élèves
de Técole de TAlliance israélite à Jérusalem, et le directeur de
cette école, M. Nissim Behar, à son récent passage à Paris, a bien
voulu me communiquer des photographies prises, sur les lieux.
C'est à son aimable intervention que je dois de pouvoir offrir aux
lecteurs de la Revue la primeur de cette intéressante découverte
archéologique.
Grâce à Tirréprochable procédé de M. Dujardin, ce sont, en
quelque sorte, les originaux eux-mêmes que nos lecteurs ont sous
les yeux. Une image exacte se passe de longs commentaires;
quelques lignes suffiront donc pour définir le style et l'époque de
notre monument.
Nos trois photograpliies représentent deux Victoires, qui, d'a-
près les souvenirs de M. Nissim, sont un peu plus grandes que na-
ture, (environ 2 mùtres ou 2 1/2 mètres de haut). Une seule. A, fut
trouvée dressée ; Tautre, dont on a pris les deux épreuves B et C, .
était couchée et n'a pu être relevée, faute d'outils nécessaires. Les
deux liprures difTôrent quelque peu par le mouvement et les dé-
tails de rajustement, mais dans les grandes lignes, elles sont identi-
ques. La déesse est debout, vue de face, entièrement drapée d'une
longue tunique collante, aux pans flottants, qui laisse à découvert
col, bras - et pieds. Un vêtement du dessus, qui ne descend que jus-
qu'à mi-corps, est serré au-dessous des seins par un ruban gracieu-
* Sur ces ruines, comparez Kittcp, Erdkunde^ XVI, 70; et principalement Gulhe,
Die liuinen Askalons, avec un plan (Zeitsckrift des deutsrhen Palâ^tina Kerfijw, li,
104). Les ruines d'Ascalon sont, avec celles de Césarée, les plus importantes de la
cÔlo entre Goza et lieyroulh.
* Le bras frauche de la Victoire A tenait probablement le bout relevé de la
draperie ; celle alliludc est tr»i.iucule dans les représentations de danseuses an-
tiques.
SCULPTURES D' A3CAL0N
( Revue des Etude» Juivit$ K* 31 )
2
Q 4
et: uj
en
I
f
SCULPTUIIES U'ASCALON 2r,
iment noué. La ttHe est encadrée entre deux longues boucles quî
tombent sur les épaules. Quant à la coiffure, le haut de ïa tôte est
miement mutilé (jiRut-^tre à dessein) qu^on ne peut en déterminer
é caractère : on peut liésiter entre un bandeau et im casque. Re-
iiarquons cependant que, si nos deux figures ont les attributs
ï^ditionnels de la Victoire, la palme et les ailes, on n y constate
fa?, en revanche, rassimilation. assez ordinaire sur les médailies,
HitreNiké et Pallas : il n'y a pas trace d*égide, ni de lance; dès
ors le casque est peu probable* Nos Victoires sont des Victoires
ttclQques.
La partie inférieure de B est détruite ou du moins ne s*est pas
encore retrouvée ; mais cette ligure ^tait sans doute, comme A,
représentée debout sur un globe terrestre, qu'un Atlas accroupi
lupporte péniblement*. L'Atlas est sensiblement plus petit que
hiiéesse; c'est un vieillard entièrement nu, aux formes trapues
€t robustes. Il repose, lui-mi^me, sur un piédestal carré, en forme
tfautel, qui fait corps avec le montant d*un édifice ; le relief est
«aillant et le raccord s'établit par un double ressaut qui, à vue
tfœil, peut avoir 20 ou 30 centimètres de profondeur*
Nos Victoires ne sont pas des œuvres d'art de premier ordre,
«nais le style en est bon. Le défaut le plus grave est le manque de
proportion entre les deux li^zures de chaque groupe : TAtlas est
tout à fait écrasé par son double fardeau et, à son tour, le socle
*5tuapeu mesquin. Le nu parait traité d'une façon sommaire, et
la Victoire n'a ni la grâce exquise des figures de la balustrade du
^mple de Niké aptère à Athènes, ni la fougue triomphante de la
Victoire de Samothrace ; en revanche, le jeu des draperies est
l|^, de bon goût, suflisaniraent varié; le galbe général est élé-
PK, Tensembie des lign*fs est des plus liarmonieux. En somme,
B*esl une bonne œuvre de transition entre le style tourmenté et
ffithétique des écoles belléniîstiques et l'art conventionnel et lourd
^^ l'époque impériale. Qualités et défauts nous reportent au pre-
lûiep siècle avant J.-CL, environ.
P^ut-on préciser davantage? peut-être. Le parallélisme de nos
feures, le fond d*architecture du groupe A, indiquent sufllsam-
'^^t que ce« deux Victoires décoraient le portique ou la façade
• un édiUce important : temple, théâtre, gymnase ' ou palais. Or»
^_lï«atrqo<»iis À C8 propos que le proopo A lyaol été pHoU>grtpHié «o deui
'^'t^^iis fi â des tlisuaces un peu dittéreotes, il « r«Uu tégèrement irèvbcr pour
Hltpoftcf \f^ deux épreuves. Le ruccard h^tht r«il sur l^i glubc terrciiro, qui « ptiM
"x Utrmt ^iroldc, tacjueUe n existe pes deiu 1 aHgia«t«
* ici )cux et les lutteurs dJUcmluo ctjùetii ^^flf/j/I^H^^^f^MiU, Voyez Cùffim
^ REVUE DES ETUDES JUIVES
la spuie 'époque à laquelle des «^ifices de ce i^nre. dans le style
«le transition que j'ai oherca^ à «léânir. aient pa être *^eTés i
Ascalon, «r'-^st, ••r? me semble, ie rêsne li'Héroùe. A;scalon, malgré
IVtenduf» *i»» ses niiiieâ, n'*^lait, «raprès Strabon. qu'une «petite
villf* ' .i, rpii (Ipvait son importance à son port -^i à ses :brtiticationi
Néanmoins Hi-rniie la .iu::ea ài.;;ne. ainsi que tant d'autres villes
situi^os hors «l»* à»^3 domaines, de recevoir des marques de sa muni-
licpnre : il y lit bâtir, dit Josèphe. des chermes. des lontaines et
deâ colonnades splendides-. Probablement il :'aut ajoutera cette
liste un palais royal, dont Auguste rit don plus tar»! a Saiome,
siinir d'He'rode •. C'est sans doute sur un de ces monuments qjm
^r. Nissim ♦^t ses trêves ont eu la bonne fortune de mettre ia main.
«jardons-nous «i'ailleurs de droire que les Victoires qui ornaient le
portique devaient rappeler les exploits militaires du roi bâtisseur;
il était un politique beaucoup trop avisé pour se permettre de
pareilles manifestations d'orsueil : c'est à son patron Auguste,
ou, si l'on pr^tV-re, au génie «le Rome «ju'il a du penser. Cest
ainsi qu'a Jérusalem, où il n'osait pas représenter des diriires
haninines, Hé rode avait décoré les pourtours de son théâtre avec
les trophées remportés par César-Auguste <lans toutes les parties
du momie ^
Ascalon parait avoir atteint son apogée sous la dynastie ida-
méenne. La vieille cité pliilistine avait toujours été on objet
d'horrpur pour les Juifs "• : les monuments païens dont Hérode la
décj:>rée n'étaient pas faits pour «liminuer cette aversion. Aussi,
*^n <>6, l'un lies premiers actes des Juits insurgés fut-il de mettre
le feu à la villi^ Les habitants massacrèrent, il est vrai, les incen-
diaires et repoussèrent viotorieusement tous les assauts de Tarmée
juive'. Mais il semble que la décadence d' Ascalon ait commencé
av^c <!e désastre, car elle ne frappa plus jamais de pièces d'argent,
conim»^ elle l'avait encore fait encore sous le règne de Claude. II
n'est pas impossible que la destruction du t portique des Victoires»,
qui devait offusquer simrulièrement le sentiment national jTiif. ait
•'té l'un des exploits d»^s zélateurs de l'an 66 ;'et ce ne serait pas le
trait le moins piquant de la découverte de M. NLssim que de voir
iturr. jr.fr,irvm, r. ■ m'-, «ît Geoir. min. \Iûlier), II, o19. Lâs A.tlas ont aossi été
employés a'i théâtre -ia Brt'Thus. i Athènes.
» flo'/iTiia 'J.-.XOC.,. Strabon XVI, 2, i'i.
« B. J'oi., I. :i. lî.
» B. Ud., Il, M. .'. _: .i-i;. Jad.. XVII, 11. 5.
♦ Josephe. A^t. J*^^, XV, >*.
• Cp., aviîc Schurer. Phiion U, 5Tf> ,Eâ. Mangey .
* Josèphe. B. J'id.. II, IH et III, 3.
SCULPTURES D^ASCALON 27
les mains juives exhumer et relever aujourd'hui des œuvres d'art
ibattues par des raains juives, il y a dix-huit siècles, dans un ac-
cès de pieuse fureur. Souhaitons seulement que la réparation soit
complète et que bientôt, grâce à la libéralité de quelque Mécène
et au libéralisme de quelque pacha, l'école de V Alliance achève de
dégager le monument entier dont elle vient de retrouver si heu-
reusement la façade.
Théodore Reinach.
JOSEF HACCOHEN
ET LES CHRONIQUEURS JUIFS
JOSEF HACCOHEN.
4. VEmek habbahha.
La bibliothèque de V Alliance israélile a acquis récemment de
M. Rabbinowicz, de Munich, trois manuscrits hébreux qui ont
un grand intérêt pour la biographie et Thistoire des œuvres de
Josef Haccohen, l'auteur bien connu de VEmeh habbahha {Vallée
des Pleurs).
Le premier de ces manuscrits est un exemplaire de VEmeh
habbahha, sur papier, en très mauvais état. Dans une grande
partie de ce ms., récriture, quoique ressemblant à celle de Josef
Haccohen, ne paraît pas être de lui f le copiste commet des fautes
d'orthographe trop grossières pour qu'on puisse les attribuer
à Josef lui-même. Quelques-unes des dernières pages de cet
Emeh paraissent être cependant de sa main, le reste aura été
écrit sous ses ordres et revu par lui. Le manuscrit fut achevé
par Josef, le 1«^ elul 5320 (23 août 1560). A la suite de VEmek, se
trouvent trois feuillets de vers faits par Josef, et ces feuillets sont
sûrement de son écriture. Ces vers, que nous retrouverons dans
.un autre ms. de Josef, comprennent les pièces suivantes :
4. Pièce composée en 5277 (1517) en Thonneur de R. Josu^ Toderos.
Le titre est : rr»3n \-nnnaa insn tiOT» "^în "^nnano û-'n^
y"T onnma 3^oin"« '-i bô« riy. Ce Toderos est appelé, dans le
- corps de la pièce, "^C' rr^ab onma.
JOSEF ÎUCCOIIEN ET LES CHROmQUEUÏlS JUIFS 29
T*ièce adressée à sûiî frère Todcros (comme il sera prouvé par iio
autre manuscriU, pour se plamdre d'une oflense. Le iilre est :
. Distique pour nieltre eu tôte d'un livre : nri« nbnna u^ob ^b n?
4, Trois vers sur le bâton du grand- prêtre Aron : b:9 ^"^ïî^ï fîT •»b *n:>
t. Les trenlc-trois beautés de la femnie^ vers composés parJosefà
répoque où il fut malade à VoUaggio, icrritoiro de Gènes : ■*«:n
••nrna un^^b^ -^ba^ H*rs<-> r^D-^-n ^^byi^ b"^ nir^'^:;^ Xb nuîï*n "an*'
• Vers faits sur le même sujet» par Josef Lévi, beau-frure de Josef
Haccoben,
, Vers faits, après lecture des deux pièces précédentes, par Abraham
de Pise : in i«a3 Dn^crï ibN Vt niu-^sw DniDK Ytjd mfi«-i2i
8. Réponse de Josef à Abraham de Pise : vers en ThoDoeur de Fia-
finetta (rî:3"'î:X''D), femme de cet Abraham.
Pièce de trois vers, par Josef, pour une cruche et un bassiti
d'argent. Titre : ''O^à ',s^iprîiD n^^i t\0^ r\'^yp by "^b tu
«■'îibins p-nb cmb^^D n^:nDn -^t* pnnb b"T.— b et c. Deux
autres pièces, Tudc de trois vers, l*autre de deux vers, sur le
même sujet. — Ces vers nous appreuoent que le beau-frère de
notre Josef Haccoben, du nom de m ir^nb v\OV ou m qDi*^
^•^ n^sb inn&t, destina ces deux pièces d'argenterie à la sy-
nagogue de Bologne au moment de sa mort, survenue en 5301
((54!). Un autre manuscrit, dont nous parierons plus loin,
nous donnera, sur ce fait, quelques détails plus circons-
tanciés.
i^ous donnerons plus loin un certain nombre de variantes entre
notre ms. et l'éditioji iraprimée de ÏEmek.
2. Traductions et divers écrils de Josef,
f Le second manuscrit dont nous avons parlé est tout entier de la
main de Josef. Il se compose de 39 feuilles in-8^, sur papier, soit
,312 feuillets. Il contient les œuvres suivantes :
t^7:7 mbinzi n^x^ nss. Géographie de 112^H^2 i:«3i«» ■*2NT'
n:3P«n, traduite en bèbreu par Josef, Cest Foiivrage de Joan.
Boemus, Aubanus Suevus, Teutonicus, iotitulé Omnium gm-
tium mores kges et rinw, Augsbourg \M^\ Cependant Josef
* Nous îadiquoQS cette édition d'après une noLo que M, MoJsè Scliwal) a eu la
ItantjA de nous fournir et qui est emprualée qui bullelios de Gléuitint, bîMolbécaire
30 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
y a ajouté le chapitre premier tout entier (sur la géographie
anté-diiuvienne, les déluges et Tétat du globe après le déluge)
d'après la Bible, et (par-ci par-là) d'autres notices O'^in» D'^nm,
d'après les rabbins et d'autres écrivains. Cet ouvrage se com-
pose de trois parties : 4^ partie, Afrique (ff. 1 à 43) ; 2« partie,
Asie (ff. 43 à 27) ; 3° partie, Europe (ff. 27 à 68). Fini à Voltaggio
(iN"^aNab"n), « où je demeure », le dimanche 4 tammoz 53*5
(23 juin 4555). Suit une table des chapitres, une table de mots
peu connus qui se trouvent dans Touvrage et expliqués par
Josef, enfin une petite table de noms de fruits cités dans
rouvrage et que Josef transcrit sans explications (ff. 68 à 70).
2. î-rfi<"^T2"^Nrï HDD. Le livre de l'Inde (Amérique), traduit par Josef
d'un original qu'il a fait venir d'Espagne. Josef appelle encore
ce pays n"«Tnsorr rîtnr», Inde espagnole, et nain nfinr»,
Inde nouvelle (ff. 72 à 467). A la fin de la 2* partie, f. 4^4 a,
année 1550, Josef ajoute qu'en cette année il fut expulsé de
Gênes et s'établit à Voltaggio (T^aNan). L'ouvrage fut achevé
par Josef le dimanche 28 adar 5347 (28 février 4557). Suit une
table des chapitres de la 2« et de la 3« partie (ff. 467 à 470).
Dans la 2* et la 3" partie, le haut des pages porte le titre
in"«Drï7a, Du Pérou.
3. «"«ûmp •nsNsn'^D nso (ou encore ip-^cr^D 'D). Livre de Fernando
Cortez (ou encore Livre de Mexico), qui, d'après f. 72 ^, parait
faire partie du précédent (ff. 472 à 282). Cet ouvrage est égale-
ment divisé en 3 parties. La traduction en a été achevée à Vol-
taggio (n^Ncam) le dimanche 7 ab 5317 (4 juillet 4557), d'après
des vers de Josef qui se trouvent à la fin de Touvrage. Suit une
table des matières de l'ouvrage (ff. 282 à 286). A la fin de celle
table, se trouve la mention suivante : Finie cette 9« copie par
moi Josef Haccohen, auteur et copiste de l'ouvrage, aujour-
d'hui lundi 22 ab 5328. Le f. suivant contient des vers adres-
sés à Josef Haccohen, à l'occasion de cet i)uvrage, parZerahya
Ilallévi (neveu de Josef), demeurant à Gènes.
Ces deux ouvrages (Inde el Fernand Cortez), ou plutôt ces
deux parties d'un môme ouvrage, se composent comme suit :
N» I (4«r ouvrage), 1™ partie : 93 chapitres.
2«
—
,84
3«
—
26
N<>II (2« ouvrage), 4"
—
58
2«
—
82
3«
—
93
Dans la table des matières de N<» I, cet ouvrage N^ I esl consi-
de Louis XIV. M. le professeur S. Huge, de Dresde, nous a indiqué, de son côté,
rédition de Fribourg en firisgâu de 1640.
JOSEF lUCCOOEN ET LES CltRONIQUEUnS JUIFS 31
déré comme formant le second ouvrage ou volume '>3ï!3n nsoïi,
landis que N*' II serait le ï°^ ouvrage ou volume-
Grâce à un renseignement de M, Moîsc Schwab, que nous
I prions de recevoir tous nos remercimeuts, nous avons pu iden-
tifier cet ouvrage- Ce n*est autre chose que la traduction d'uu
►^ouvrage espagnol célèbre, La HUioria gênerai de las IndiaSy
^ûù Francisco Lopez de Gomara. L'édition princeps est de loo^ ;
nous avons eu entre les mains la t^ édition, Anvers, lo5i,
2 vol. in-8^. Le i**" voL de cette êditiou porte le titre ci-dessus ;
le 2« voK a pour titre : la seconda parie de la Historia gênerai
de las Jndias, gus coniiene la conquista de Mexico y de la nneva
Espana, Dans cette édition, le \'^^ volume se compose de 225
chapitres numérotés. Les chapitres du second volume ne sont
pas numérotés. Au chapitre cviii du 1^"^ voL, commence Ihis-
loire de la conquête du Pérou.
Une traduction italienne (Venise, !537, 8**) contenant les
mêmes matières que N'* 1 de Josefi et composée de i:il chapitres
|N«* I de Josef n'en a que ^o;i), a pour litre : La secunda parte
délie kUtorie gtncrali ddt îndia; et, plus loin, en tête de la
table des matières : Belle Eistùrie del Perv, parie secoMa.
Enfin» une traduction française de M. Fumée, sieur de Marly
Je Chastel, a pour titre : Histoire générale dus Indes occideniaks
et (erres neuves fjui jusqu'à présent ont esté descouvertes (Paris,
1o80, 8°). Cet ouvrage est divisé en cinq livres el les livres en
chapitres. Les matières y sont tout autrement disposées que
dans rédition d'Anvers et dans Josef llaccohea. Autant que
nous avons pu en juger, elles s'y trouvent dans l'ordre sui*
vant: i^ partie de notre N° I, puis notre N** II tout entier, puis
i» et 3" parties de ^^ I [conquête du Pérou). On voit que les
traducteurs traitaient assez librement roriginaL Cette dis-
position de la traduction française et la traduction italienne
expliquent pourquoi Josef donne une fois son ^"^ 1 comme
la i* partie de Touvrage.
riscn wbs '0. La baïance des noms, rédigé par Josef à Voltaggio
nsK^'ji) en 53£1 (io6ï), Cest une liste alphabétique de subs-
tantifs hébreux, avec des exemples tirés de la Bible et qui pa-
raissent avoir uniquement pour but de rappeler le genre (mas-
culin ou féminin) des substantifs. Josef a vu que beaucoup
de gens désirent écrire l'hébreu, mais y sont très maladroits,
et se trompent pariiculièreraent sur le genre des noms, c'est
ce qui Ta déterminé â composer ce petit ouvrage (IL 289 à
Ilecueil très curieux de formules de politesse pour les adresses de
lettres: quand on écrit à deux persoDnes,a plusieurs personnes,
â un médecin, à un coàen, à toute autre personue, à des jeunes
gensi à des femmes, pour lettres de condoléance. Achevé mer-
credi ti amer ^iil [10 avril \mil — (ÏÏ, 307 à 3û9J.
32 REVUK DES ÉTUDES JUIVES "^
6. a. Diverses pièces de vers de Josef Haccohen (ff. 3<0 à 31 f). Ce sasX
les pièces qui se trouvent aussi dans notre manuscrit de
VEmek décrit précédemment, mais avec la différence sui-
vante : la seconde pièce est précédée ici d'un préambule, où
Josef explique ce qui s'est passé entre lui et son frère (Tode-
ros). Les mêmes explications se trouvent plus détaillées dans
le troisième manuscrit que nous allons décrire, c est là que
nous les donnerons. La lettre de Josef que contient ce troi-
sième manuscrit, et qui précède les vers, et la lettre qui suit
les vers dans ce troisième manuscrit, se trouvent aussi dans
notre second manuscrit, mais non dans celui de VEmek. Dans
le second manuscrit, ces deux lettres sont datées de Gênes, an
5275, à 1 époque où Josef avait dix-sept ans. La \^ des deux
lettres parait même datée du mois de kislev ou même du <5
kislev (3 décembre 1514); voir ms. suivant, n®* 20 et 21. — J. A
la fin et on sus, deux pièces de vers sur le m«iDn 'o de R. Méir
Alguadez. Les vers ont été faits par Josef et écrits par lui sur
un exemplaire de l'ouvrage de R. Méir, copié par Josef.
3. Recueil de lettres.
Notre troisième manuscrit (77 ff. papier, écriture italienne; il
manque un feuillet au commencement) n'est pas écrit par Joset
Haccohen. C'est un recueil de lettres qui paraissent réunies à
titre de modMes de correspondance, car souvent le copiste omet
les noms propres de villes ou de personnes qu'il rencontre dans
les originaux, mais qui ne l'intéressent pas autrement. Lesdeui
tiers environ de ces lettres sont de Josef Haccohen. Nous donnons
ici la description complète de cems., l'intérêt historique qu'elle
présente en excusera la longueur.
1. (ff. 4 à 6.) Lettre de Salomon Molkho. Elle se trouve im]
dans les Dibré hayyamim de Josef Haccohen (édit. princeps,
ff. 207 •). A la fin de la pièce, notre ms. a le passage suivant'.
c-^a-^-iis torînnN -i"-in73 •^rr^na bj^a -^nriNb -^nra pnrrr: m
nx -^rT^-in ^N tm^Tb b"T \-isns: c"^nna rrrbo Ynrra p
tn7:Nn narn y^'cyi2 b^n inpns:: "^nwi •'D tzsbnyb cm:»
1is:-i "^n"» pn l?:^ ^y^iy^n rinrira •^mn'^bo mno mifinb. Cette
épigraphe est distribuée à droite et à gauche de la signa-
ture, en fac-similé, de Salomon MoJkho. On nous saura gi^
de reproduire ici, en môme grandeur que celle du manus-
1 Année 1532. Notre copie s'arrête au "[^Nl pK f* 218*, qui est la fin de ta
lettre.
JOSËF JiACCOHBiN ET LES ClIRONIQtlEUHS J If IFS
33
cri t. cette curieuse signature de ce très curieux personnage ;
on y disLiûgue très facitement le uom do T\nb^ ».
Signature de Saxouon Mûlkuo.
[tl a 6.) Lettre de Schéschel h. Isaoc b* Josef Benvcnist, de So-
ragosse % aux ;mm de KarbODue : p nca 'i ^^"ûzb n^r^bJi
'31 nmn cipn nv ne» î^r;: , r-i!T3-i3 \\^:::gb m:î33.
Signé : '^zsspno nc:3 p qD-i^ Ya pn^^ n"n ppn nirïî.
* [f. 8 a ^>j Lettre (du mémo) au naci R. Calonymos h, Toderos (de
Norboone) eL au naci R. Lévi ' : ';t D^:?3«2n ''22b *'ns: "^rw.
• itl^fl^O Lettre (à Gulouymos) par Schésehet b* Isaac h. Lévi (lire
Josefj. de Saragosse : 'û^'^n nî* ""PlÈt-i^. Il lui recommande
' Sur tics ijn^mûres de la famille Trcvos qui s miércssaiâQt â Molkhoi voir Graelip
|^X»2' éaîL, p. 547, U 1 et i.m\\
► *Suf les Scbéschet, voir Htèi^ BiblkgmphM, XIII, l&73,p* 108; Zunr, dansBen-
*"*! de Tudèle, édil. Agiter, It, p. i ; Gracia, t. VI, note 1 (p. 3G2 d© la 2- édîl.,
^). Les t^ûcit de Narbonne doul il est queslioa ici seront nommés plus loin*
'CllouyfDos b. Todcro5 vivûiiL à Narbonuo a l'époqua où Benjamiti do Tudèlo
i*tn1t(5) p«s^ par celle ville. Le naci M, Lévi est H. Lévi b. Moïsu, de Narbonue,
l^i Uîquel Qo peut voir Gro««, daa» Monafxichfift de Graetz, XVII, 1868, p. 290.
IBêonit déjà vécu, mais très jeune, du Vemps d'Abrabaui Ab-bel-din, luorl, suivant
It, tQtrc 1172 et 1185. Le na^i H, Lôri^de Narbonne, est aussi nommé, couuno
I eaalemporain, parJuda Aliiartd {Tdhhkiwtoni, édit. Amslerd., p, 4tjJ. Dana la
QJJade celte élude, oa verra c^ue le U* Lévi nommé par Schéèet Jehuda (éd. Wiener.
Ipï 114] est notre mtici ; par suite, il vivait ea 4975 =: 1215. Il v avait en même temps
~ Ptarbooae uu nsci dau Isaac Benveotst. U» Moïse Benveni&t, do T^arbonae, eat
BSié éûsis Neubaucr, Vf«?i*A Chronides^ Oxford, 1îsS7, p, 84, L 12; cf* Jvhtniin^
S«f L 13. Tout cela iodiquc que lea Benvenîst sont orîf^inaireA d«» Narbonne. Noire
béscbct parait en venir également et Être allié à la famille des haeU de celle ville.
T. XVI, M*» 31, S
A
34 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
rmm 'n DDrm ... -^-11:31 •'-l'a. Compliments aa maei R. Lén
5. (ff. 40-44.) Du môme au même : 'il TTra ^robm ••zt'23 %nX3.
Un homme de Narbonne avait eu quelque démêlé avec le rr*^
ni3^ (R. Lévi?) de celle ville et s*clait, à cette occasion, sou-
levé contre Tautorilé de Galonymos; il a été auprès de Scbé-
schcl, il se repeut et vcul se soumettre. Compliments au
•^15 'n '^-p'^r* ^2n:n bnin «"^c:.
6. (f. 4 1 b.) Du même au même : '5"i ^b n-'cn ntjp. R. Abraham rap-
porte cette letlro.
7. (ff. 4 2. a à 47^.) Lettres entremêlées de vers, du même Schés-
chet, adressées au naci H. Lévi, fils du naci R. Moïse (de Nar-
bonne) .
8. (ff. 48 a à 49a.) Divers modèles et diverses formules de lellres.
Dans Tune d'elles on nomme Josef Jahya.
9. (ff. 49^à20^.) Lettre de Bonastruc Desmestre, de Girone»,àZe-
rahya b. Isaac Hallévi, dit don Ferrer Saladin, demeurant
alors à Guadaiajara; datée du mois d'adar 5171 (janvier oufé-
vrier 4411) * : •>nacN730T pinncsin:» Dsnr! nbcc aron CBiarn
•^ibr: pro:"» n"a n^mr '-1 n"nrï b» (lire msin-^^) mz^Ti t^î
nnpc rîor73 br m"^5:"^rï ancb K"rp r:o m» cina ynubuP
nsn niTSKa cia. Bonastruc a appris que Zerahya, après la mort
de Ilasdaï Crescas, a été nommé rabbin des Juifs d*àragon;il
lui recommande donc tout de suite un procès qu*ii a, lui Bo-
nastruc Desmestre, parce que son fils Bonastruc était fiancé
avec une jeune fille orpheline, et qu'un autre prétend avoir
déjà épousé cette jeune fille. Le rabbin En Samuel avait d'a-
bord donné raison à Bonastruc, puis il a changé d*avis.
40. (f. 21 ab.) A Isaac Cohen, de Verceil (sûrement de Josef Haccohen).
44. (f. 21 ^ à 22 a.) Josef Haccohen à son gendre Péreç Halfan f"<fi
icbn.
42. (f. 22 b.) Zerahya Hallévi (neveu de JoseO à Josef Amar (person-
nage que nous apprendrons à connaître plus tard).
13. (f. 22 ^ à 30 a.) Josef à Juda Halfan (probablement frère de Pereç)
(voir n» 44). De Gènes.
44. (f. 23 b.) Josef à (son gendre) Péreç Halfan.
45. (f. 23 b et 21 a.) Josef à Isaac Cohen (voir n° 40).
46. (f. 24a.) Josef à son gendre Péreç Halfan.
47. (f. 24 ab,) Josef à son frère Toderos.
48. (f. 24 b.) Isaac Cohen (voir n» 40) à Josef, et réponse de Josef.
49. (f. 26 a.) Salomon b. Labi à don Ilasdaï Crescas. Hasdaî apnsk
• Voir sur lui el sur Zerahya Saladin, Gractz, VIII, 2« édil., p. 116 (tnnéô 14ill«
Noire lellre prouve que Hasdaî est mort en 1410 ou tu plus Urd au commenomittl
de 1411 ; voir Graclz, VIII, note 2, a la fin du vol.
* L'année 5171 était embolismiquo et avait, par conséquent, deux môs d^dar.
JnSEF ÎIACCOHLIN ET LES CïIRONlQUEURS JUIFS 3S
parti (n^na n^ns) de don Salomoo Halle vi et don Elazar tiibns,
cela lui rapportera profit et honneur; il a fait de même avec
don [le ms, a p) Samuel ûls de don Benvenist, mais Salomon
b, Labi semble eu blâmer Hasdaï \ Commence par les mots :
20. (f. 26 aè,) Josef à son frère Toderos. Josef et Toderos, dans leur
I jeunesse» échangeaient des plaisaaleries un peu vives. Sur
une lettre de Toderos où celui-ci avait dessiné uu ?:, Josef
avait répoodu en renvoyant la lettre et en ajoutant au f2
les lettres nécessaires pour faire le mot malpropre de mn''?3
et il avait dessiné à côté une main fermée avec le pouce
sortant entre deux doigts, ce qui est un geste injurieux.
Toderos avait relevé vivement la plaisanterie, Josef lui ré-
pond avec colère; il se demande si Toderos a pris des Aske-
na:^im ces mauvaises manières. A la lettre était jointe une
pièce de vers se rapportant ù cet incident; c'est la pièce 2 do
notre m s. do VEmçk, Cette pièce et la lettre suivante sont de
45(4 ou loiG, Voir ms. précédent, n^ 5.
Si. (f. tl a.] Josef à Toderos, De Gênes à Novi. Entre autres, corn-
(plimentsde Josef à sa mère, à sa sœur et aux enfants de sa
sœur.
H- If- 28 a^,) Obadia Alconstautini à (son cousin) Josef (La lettre est
^ datée de Salonique et a été écrite eu <o4o).
S3. (f. 29 ah.) HépoQse de Josef.
WL. (f. V^bh 3» a.) Obadia Alconstantini à Josef (la lettre est écrite
P à Sara val).
ÎS. (f, 32 ft^.) Kn Astruc pnè«T ^ de Monzon, a En Bonastruc Vidal,
dont il n^avait pas eu de nouvelles depuis quarante ans. L'au-
teur de la lettre rappelle que sa mère était la sœur du grand*
* Nous réumssoni diins uno seule notû tout ce que mous savons sur les person-
ûigcf oonwaés dans ce numéro et diiuB les n"» 27 et 28. Les personnages dea n"* 19 el
27 ont vé€u en Eipagne au cummeucomcnt du xv" siècle. HasJaf Crescss est cé-
lèbre. Silomon ibti Labi du c" 19 paraît être le Salomon Labi de Htlr, BibL, XV
(i875|t p. 53 ; sur Vidal Lûlii et sou frère Salomou (u* 27], peUis-flls du précédcot,
probablement, voir II. Bîl>L, XV, 7S-8'2 el p. vit. En Samuel du n» 9 pourrait
être Samuel Benvenjst nommé au n» 19, et peut être identique au Samuel Ben-
veniat du n* 27, bcBa^frèro des ïrèrcs Vtdal et Salomon l<abi. Nous ne sarous
si ce Samuel Benvenist eil le médecin et traducteur dont il est queelion dans
M. Bibi, VUl (1865}, p. m et 12ii; IX (18G9), p. 91 ; X (1870), p. 83. — Une lettre
de Salomon Vidal à Jlnsdaî Crescas se tiouvo an Catal. des mss. héht* d^Oxford, par
Ad, Neubauer. n" 10S'i,F8. — Elazar Ï!|V:>1D (noire u" 19) se Irouvo au même
catalogue, n" 1984,11 K. Sur Përcç Cobcn (n*2S) ou peut voir Johasin. éàlU Filipowski,
%2'ù a ; Slcinscbncideri CataL imprimés Oxford, coL 2091. — Nous ne savons qui est
Cr«scas Barfût (o' 28), Sur les Barfal. on peut voir H* Bibl, XIV (I87i), p. 82;
cf. catal, m$s» hébr. Oxford, n^ 2248,4 c. Le don Cruscos b. Scbdschet nommé à
Il pig^ S^ de H* BibL serait-il noire Croscas Barfat ?
1 Sur uu Juda Zark \m Zarko voir Hehr. BibL, XI (1871). p. 91 î XIV (1874),
p. ^2; un Josef Zark, Catal. mss. hébr. Oxford, n" 834,S, et n* 2417,4 ; un SalUel
ZÎirk, ibîd,^ n» 1984, A 42. Un Aslruc Vidal Grocian est nommé ihid., n» 221 8,4 #.
36 R£VLË DES ETUDES JUIVES
père paternel de Bonastruc Vidal. £q Astnic a été d*alx}rd
heureux, puis le malheur est venu. Il avait quatre frères et
trois fils, tous sont morts : son second fils avait laissé deux
fils, dans lesquels il a aussi été récemment frappé ;rr5inn:
r?r-i ms ■♦b;.. Enfin, il a perdu ses biens tant à la suite de Ja
persécution de Paris iw-ns rr^TS) qu*à la suite de rexpulsion
de France (1306). Le père de Bonastruc est mort, mais Aslruc
a appris que Bonastruc a un tils distingue. Ce fils vient d'èire
mis en prison (ou fait captif par des pirates?), quoique ioDO-
cent ; Astruc sera heureux d'apprendre qu'il est en liberlé
•!Er3 C":n »b by zzrzi z-»C"ic Tn rc:. Signé : Astruc npnw.
Commencement de la lettre : iT'ns"» yn» "«am^ û'^n» p W* ^
i6. (f. 33 ab.) Schéschet b. Isaac b. Josef Benvenist au nad R. LéW
(de Narbonne). Benvenist venait de perdre le troisième et der-
nier survivant de ses fils ; il répond à une lettre de cocdo-
léance que Lévi, et probablement aussi Calonymos, lui avaient
adressée. Il les prie xle consoler la mère et la sœur du défunt,
et de les aider (comme si elles demeuraient à NarboDoe).
Cette lettre leur sera apportée par son frère (ami t) le naci Josef
fv. Commencement de la lettre : brpfi< •'D nro rra.
27. (f. 33^ à 34*.) Salomon b. Labi et Vidal. b. Labi à don Samuel
Benvenist*. Lettre de condoléance sur la mort d'une femme,
qu'ils appellent notre sœur. Commence : npTiïDTa ma isat.
28. (f. 34* à 35 a.} Lettre de condoléance de don Crescas Barfatau
grand raà R. Pereç Cohen *, sur la mort de son gendre. Com- ,
mence : Trpjzyn n cn3 naano mî3.
20. (f. 35 * à 36 b.) Complainte de Josef sur la mort de son fils Josué,
datée du 2S août ,5)300 = 15i0.
30. (f. 37 ab.) Complainte de Josef sur la mort de son fils Isaac; datée
du 43 tisri (5;30L
31. (f. 38 a.) Lettre de condoléance (de Josef) à son beau-père Abra-
ham Cohen, de Bologne, sur la mort d'un fils d'Abraham (ou
sur révéuement raconté E 404) ; voir TChr. an 5300*.
32. (f. 3« ^ à 39 b,) Deux modèles de lettre de condoléance.
33. (f. 39 ^ à 40 b.) Lettre de Josef à sou beau-frère Abraham Coben
sur l'événement de E 104 (TChr. an 5300). Josef dit, entre
autres, qu'il s'est entendu avec ses amis les orfèvres û'^snTS
pour arrêter tout étranger 1"«^n qui viendrait leur vendre
des objets d'or ou d'argent, afin de voir, sans doute, si un de
ces objets serait de ceux qui avaient été dérobés à Pieve et de
découvrir ainsi les coupables. De Gènes à Bologne.
34. (f. 44 a.) Josef Ilaccohen à Zcrahya Ilallévi, fils de Josef Haliévi:
' Un Salomon Labi nommé Calai, mss. hébr. Oxford, de Neubauer, n« 1227, el
Slnschn., CaUl. imprim. Oxf.. col. 23G2.
* Pcreç Cohen est nommé Johasin, édit, Filip., 225 <î.
* Pour les signes employés ici, voir Ten-lôle du chapiUe suivant.
JOSEF IlACCOfiEN ET LES CfIROMQUErRS JUIFS 37
condoléances sur la mort do Josef Hallévi, mari do la sœur
de Josef. iJe G eues à Voghera.
(f. il b.) I)u même au même.
(f, 43 a à 45 a,) Circulaire de David b. Josef ibu Jahya aux corn-
muaautés des territoires de Gènes, Lorabardie, Mootferrat,
pour le rachat des prisoDiiiers faits a Tuuis. Naples, 2 adar II
(5)293 (27 février 153:i\
.(f. i^a à 46 a.) Lettre du même sur le même sujet d*après la
, suscripliou ; cependant à la signature it y a Josef ibu Jaliya|.
.(f. 46û à 47^*1 Lettre adressée à la cûmmunooté juive de Sa-
loûique pour le racliat des captifs faits par Cegala Visconti
et par ADdré Doria. La lettre est sûrement de Josef, car il y
parle de * mon parent Obadia Alconsianlini, qui est venu
me voir et qui retourne à Salonique. n La lettre est probable-
ment de V6i7,
^. (f, 48 ab.) Josef a la communauté de Bologne pour le racliat des
captifs faits a Tunis (en i^lij probablement). Signé aussi par
Josef b, David, beau-frère de notre Josef.
'. (f. 48 ^ u 40 a.) Josef pour le racbat des captifs (ceux de Tunis,
probablement). Du 17 novembre (-'i)296 =: 1535,
i (f, 49 ^ a 50 a 1 Lettre de Gôoes (sûrement de Josefi aux Israélites
de Bologne, pour le rachat des captifs faits par Cegala et André
Doria.
► (f, 50^,) Josef aux Israélites de Provence, sur le môme sujet. Du
7 novembre (5)307 = lîilii.
|f. 50 ^ à 51 a. 1 Lettre adressée, sur le même sujet, à ce qu'il
semble, à un personnage israélitc qui a de l'influence à la
cour, et qui doit intervenir auprès du '^n'^D'^i. La lettre est sû-
rement de Josef; il se peut qu'elle soit destinée à Jacob
Mantin (voir n*" 6i, 63).
(f. 51 b.) Circulaire adressée aux communautés juives d*Ilalie et
remise à un collecteur qui doit recueillir des dons pour le
rachat de ces mêmes captifs. Plusieurs détails de la pièce
montrent qu elle est sûrement de Josef.
(t fiî aà*} Lettre de Josef, sur le même sujet, aux Juifs de Man-
loue. Du :î6 orner 300 (13 avril 1546)*
(f, ^fàà tj'\ a^ Circulaire jmur le racbat de captifs tunisiens;
Tun d'eux, Jacob b* Abraham le sofer^ fait la collecte ; son
frère, la femme de son frère et le fils de son frère sont captifs;
Je racbat doit coûter 220 éeus. Daté de la section nOK nn^tn nr
rr<2« 'n mx au îj:10 :. C'est ïe verset Lévilique vjii, 5, pa-
38 RKVUE DES ETUDES JUIVES
rascha çav; donc semaine du 6 au 42 mars 4543. La pièce
est signée par Juda b. Abraham, David b. Abraham ^w:n,
Abraham Ilaccohen, plus un monogramme qui parait con-
tenir le nom de liJzb^ ou "JT^):© et que nous reproduisoDS
ici. Ces monogrammes sont assez rares dans les manuscrits
hébreux.
52. (f. 5i ab,) Circulaire de Joscf sur les captifs de Gegala et d'André
Doria. Vendredi, 3 janvier 5307 (4547). Le 3 janvier 1547 n'é-
tant pas un vendredi, et, d'un autre côté, la pièce contenant le
récit de la conspiration de Fiesque, qui éclata à Gènes le
3 janvier 4547, et le récit d'événements postérieurs, nous sup-
posons qu'il faut lire vendredi 3 juin. Les faits racontés par
Josef sont attestés par deux signataires, Josefb. IsaacAmar,
de Coron, et Hayyim b. Elazar.
53. (f. 54* à 55 rt.) Lettre de recommandation donnée par Josef à des I
captifs délivrés au bout de trois ans et qui sont maintenant
sans ressources.
54. (f. 55 a à 56 a.) Josef ibn -^SitbN (ou "^n^bN) recommande, pour le
môme objet, un captif, Abraham d'Ancône, qui avait été pris
par une galère chrétienne, laquelle fut prise à son tour par
une galère turque ; Abraham avait été conduit à Alger, où il
fut captif pendant un an et demi, et où finalement, recom-
mandé par un Juif turc qui vint à Alger et qui le connaissait, .
il fut mis en liberté sur l'intercession du naçid R. Salomon.
55. (f. 56 a à 57 a.) Lettre des Israélites provençaux de Saloniqiie à
ceux de Provence, menacés d'expulsion. Venez ici, vous y
vivrez librement et à l'abri de toute oppression. Salonique,
40'- élul an (5)310 (43 août 1550; section sofetim; Deutéron.,
XIX, 14). Voir le n<> précédent de la Revue.
56. (f. 57 à à 58 b.) Relation d'un voyajre (en Palestine). ■':^o^ t:?7 îi?»
'51 û'^nonirrr nb'C72^ nnn •^n'^rsprn?: i-^yn ■'û3itt'«D%. Va de
Montcalero à Turin le 9 iyar 309 (7 mai 4549) ; jeudi 44 iyar,
part de Turin, parle Pô (ïinc), et arrive samedi à Crémone; en
part dimanche et arrive à Casale Maggiore m'TN53 brxp le lundi;
visite les environs, Isola et Mantoue et autres localités non
nommées; mercredi 46sivan (12juin), part de Casale pour aller,
par le Pô, à Venise, où il arrive dimanche 20 sivan, et reste jus-
qu'à mardi 6 ab, pour préparer son voyage. On rengage à ne
pas monter sur un des petits bateaux appelés "^nw (navi)i
mais sur un des vaisseaux n^'^am de la ïTint) qu'on appelle
ffalei ('^•^N'^bN:*, galères), qui vont tous les ans à Tripoli de Syrie.
à dix jours au-delà de Jérusalem. Il va donc voir les galères à
Tarsenal de Venise et fait marché avec le loueur de places
ûip^ b:^:3 pour être sur la proue (ï^^iT^p) ; paie pour sa place
4 4 ducats, et doit donner, en outre, au capitaine, 3 4/2 ducals.
Provisions nécessaires : pain, biscuit ('ûip'^û'^n), eau qu'il faut
prendre non à Venise, mais à deux milles, en un endroit
JOSTTF HACCOÎIEN ET tKS CHROXrQUEURS JUrrs 30
'appelé Léo {iN**b), où les galères siationnenL trois à quatre
jours avant leur déport, car ces eaux se conservent bien ; en
outre, acheter à Venise du sel, du fromage, viande salée,
poiBson salé comme, par exemple, sardelles ou sardines
t^i-^T^C), huile dolive, des conTetti (•^a-'D^ip) tels que ^-i'*t:'*t
La longueur de la galère est de 150 pieds, la largeur de
&0 pieds. Suivent quelques détails sur raménagement des
galères et des conseils aux voyageurs.
Ce numéro et tous les suivants» sauf les deux derniers, se rap-
portent au dilJereod de Josi^f îïaccohen avec sa sœur Clara que
nous racontons plus loin. — F. 61 a. Josef à Abraham Cohen.
I»e Gônes à Bologne; 22 sebat M\ (20 janvier i5il).
(Ul ^0 Josef à Isaac Cohen; 30 mai Ut (4542).
(f, ^tah,) Josef à Méir de Padoue* De Gènes à Venise ; 28 orner
303 (13 lyar; 17 avril 1543).
(inb à 63 fl.) Josef à (Méir de Padoue); llsri 304(30 août à
!8 sept. 1543).
, (f, 63 aô.) Josef a Isaac Cohen; 18 juillet 303 (1543).
, (f. «3 b.) Réponse ; 20 tammuz 304 (20 juillet 1544).
(f. C4flJ.) Josef à son heau-père Abraham Cohen. De Gènes à
Bologne ; 30 juillet 303 (1543).
(f. «5 a.) Josef à llayyiin Cohen. De Gènes ù Alessondria.
(f. 65 ^ à 66 a,) Josef à Isaac Cohen, à Vcrcell; 6 janvier 304 (1544).
(f. 66 a^,) Josef au même* De Gènes à Verceil ; 9 janvier 304 (4544).
{l 67 a.) Réponse ; 0 mai 304 ( \ 544).
(f. 67 a^.) Josef à Jacob Mantiu ; 22 avril 304 (1544).
(f, ^%ab ) Josef à Jacoh Mantin. De Gènes à Venise,
(f. 68 fl^ à 70 a.) Josef à son frôrc MrMr, mercredi fi août 304 (1544).
ff, 70 b.] Isaac Cohen à Josef ; 21 août 304 (15 U)-
(f. 70 ^ à 71 a.) •Excommunication contre le neveu de Josef, le
filsdeToderos.
\U l\b,) Moïse Cohen à Josef, son beau-friue. De Bologne à
Gènes; samedi soir 22 kislev 305 (7 décembre 1544).
If. 71 ^ à 72a.) Réponse de Josef.
. tf.72^;) Josef à Isaac Cohen ; 25 décembre 305 (154 P.
{f, 72 ^ à 73 â) Réponse dlsaac : 30 décembre 305 (1544).
(f. 73 a,) Josef h Isaac Cohen. De Gènes à Verceil ; 5 janvier 305
(1545).
(f. 73 ^ à 74 a.) Josef à Neftali Lévî. dit Herz C^iri^rr). De Gènes à
Venise ; 19 janvier 305 11545).
ff. 74^ à 75a.) Josef à Isaac Cohen. De Gènes à Verceil; 39 orner
305(24 iyar; 6 mai 1545).
* il. MûlBc Schwah, qui o fait un <Mcclbiit travail sur lee mots ilaliens transcrits
yiireu, [il c*e passage comme Buii : Zenïcri vurdî, covlognato, corianilro, ......
|duU eoa tuccbero, bogtiaehcro (r'csi-ii-fiiriï [lîagembre vc?rl, confiture do mngs,
iilAdie, ...... inoutes et sucro, bouilloire).
m REVUE DES ETUDES JUIVES
75. (f. Tâab,) Josef à son beau-père Abraham Cohen. De Gènes à Bo-
logne ; 6 tammuz 305 (46 juin 4545).
76. (f. 76a.) Josef à Neftali Lévi, gendre de Clara. De Gônes à Venise.
77. (f. 76 * à 77 a.) Du môme au moine. De Gônes à Venise, 45 adar
306 (47 février 4546).
78. (f. 77^.). Zerahya Hallévi à Josef. De Voghera à Gônes; 40 no-
vembre 307 (4546). Il n'est pas certain que cette lettre se rap-
porte à l'incident de Clara, le feuillet est en partie déchiré. Le
feuillet contient encore le commencement de la réponse de
Josef, datée de Gônes; la suite manque.
4. La familU de Josef Haccohen.
Dans ce chapitre el les suivants, nous désignerons par des signes abrévii-
tifs les ouv;>ages et manuscrits auxquels nous renvoyons :
D. Dihré hayyamim^ de Josef Haccohen, édition princeps, avec l'addilion
manuscrite décrite dans Bévue, X, p. 249.
£. VEmek kabbakha imprimé; a moins dUndicalion contraire, les chiffres
désignent la page.
£m. Notre Jitnek kabbakha manuscrit; les chiffres indiquent le feuillet.
G. Notre ms. de Josef contenant sa traduction de la géographie de Jeu
Boemus, etc.
L. Notre recueil de lettres manuscrit; les chiffres indiquent le feaillet,
les numéros indiquent les numéros de l'analyse que nous venons de
faire de ce manuscrit. |
TCbr. ou Tabl. chr. La table chronologique do la vie de Josef Uaccohen
que nous donnons plus loin.
La famille de Josef Haccohen est originaire de Huefe, en Es-
pagne, et, en 1492, lors de Texpulsion des Juifs d'Espagne, elle se
réfugia à Avignon (E 1 et 86). C'est là que Josué, le père de Josef,
se maria, et que naquit Josef. Josué se transporta ensuite, avec
sa famille, en Italie.
La famille de Josué se composait comme suit :
Dolça,sa femme, fille de Preciosa et sœur de Bonafos Alconstanlini'»
Josef, son fils, qui parait avoir été l'aîné de la famille et qui étal*-
sûrement l'aîné de ses frères (L 65 a).
Toderos, son second fils (L 29 a\ établi à une certaine époque de sa
jeunesse à Novi (L 27 a)\ plus tard, à Tépoque du différend d»
Josef avec sa sœur Clara, Toderos demeure à Gènes. C'est
lui probablement qui est ce frère de Josef qui a épousé ^*
fille de Guedalya Jahya (L 29 b), Josef l'avait une fois tiré d^
Piémont.
Méir, son troisième fils (L 29 h), établi à Salonique en 4544 (L 70 /^^
* Des Alconslanlini sont nommés : 1« dans le Takkk^moni^ de Juda Alhariii {^^^\
Amst.. p. 46); 2« dans Sehébet Jekuda, édit. Wiener, p. 68. 1. 20; Graetz, "^i^^'
2« édit., pp. 27 et 319. Voir aussi Eebr, Bibliogr,, XV, 1875, p. 110.
JOSEF IlACCOtlEN ET LES CHRONIQUEURS JUIFS 4!
st à lui, sans doute, que Josef lait alluôioo dans L 29 à^
quand il représenle un de ses frères comme un mauvais sujet;
L 69 a, Josef l'engage à se corriger et k se Lien conduire et il
lui envoie un secoars de 4 dueals ; dans L 21 a, Josef souhaite
le retour d'un de ses frères, qui est allé ou loin, et qui pour-
ra itj>ra tiquer la médecine auprès de loi* Nous ne saurions
dire si ce frère est Méir ou Toderos.
se Ûlle nommée Precioso, comme la mère de Doka (L 28 ^) ; c'est
probablement cette sœur de Josef qui demeurait à Voghera
(L 41 è, 76 a) et qui était mariée à Josef llallévi [L 41 ab). Josef
Hallév; mourut de bonne heure, à ce qu'il semble {iHd.), son
fils Zerahya Hallévi, médecin (L 22 b], s'élablit plus tard à
Gènes (TabL chron., année <ëSO). Zerahya avait un frère plus
jeune (L 41 b],
Dne autre fille, Clara, femme de Josef b. David, qui avait demeuré
L à Gènes de 152t à u;il» époque de sa mort (Tabl* cbron., années
I 1524 et iSM I, On trouvera sa biographie plus loin.
f Kolre Josef épousa Paloma, ûîle dv\braham Cohen, de Bologne
(139^, etc.). Paloma avait un frère, Moïse Cohen, demeurant à Pleve,
ifinitoire de Ferrare (E 101, L 71 ^, iO a^), et auquel arriva Taccident
ptonté dans TabL cbrou,, an 5303.
I Josef eut trois fils : Josué, Isaoc, Juda (Tabl. cbron., années 15t0,
pilt <r>lH), Il avait aussi au moins deux filles encore à la maison en
•54'* (L 30 fl, 75 è); Tune d'elles ou une autre» nommée Dolça (L G4«),
ilait mariée à Pérec ilalfan (L 21 b, 23 b), lequel ne demeurait pas à
Géues. Josef lui avait une fois fait visite ' (L 24 a); Jud^i Ilalfan
illtb) est probablement le frère de Pereç, car Josef lui parle de son
frère.
t Doa Bonafos Alconstanlini, ToDcle maternel de Josef, était allé
«AvigQon à Nicopoli, vers VWO (L l^ab); son fils, Obadia Alcons-
lantiûi, né à Nicopoli, était allé demeurer a Solonlque. Vers 154t-2, à
l'époque où Josef avait quaronle-ciuq ans (L EC* a), il écrivit une
ï^itre, adressée à Josef et è Toderos, pour demander de leurs nou-
Lftlies. Puis, en 1545, après la peste qui éclata à Sa Ionique le 21 si-
pii et TiDcendie du 4 ab, iî quitta Salonique et vint en Italie (L 30
^1 31 tf, 47 b). Plus tard, il retourna à Salonique (L u*> 46),
5. Table chrmologique de la vie de Josef Baccohen.
i5, isab (5 août 1495). Son père Josué se marie à Avignon avec
Dolça, sœur de don Bonafos, iils d'Alconstantini, un des exilés
d^Espagne. La femme de don Bonafos s'appelle Oroceti; la
mère de don Bonafos s'appelle Preciosa (E 86, L iH a).
te7. ÎO décembre 1496. Naissance de notre Josef [E 0:i).
a <]«m«aratt peut-glre à Ferrare, où Joacf fit un voyig* en 1558,
42 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
(5262 = 4501-2). Josef a cinq ans; son père quitte Avignon avec sa
famille et va s'établir dans le territoire de Gônes (E 93), à
Gênes (E 9i).
(5274 = 15U). Lettre et vers de Josef, faits par lui à Gônes, à Tâge
de dix-sept ans (G 310 ^ et 31 1 a).
6276 = 1516. Les Juifs sont expulsés de Gônes ; Josué, père de Josef,
quitte la ville, avec sa famille, et va s'établir, de suite ou après
un certain temps, à Novi, territoire de Gônes (E 94; le para-
graphe ûïiii û'^TS-'a de cette p. 94, où Josef dit qu'il était à NoTi,
n*est pas à sa place et doit probablement venir après le para-
graphe i"rn nrca "^rr^i de la môme page.)
5277 (1517). Vers composés par Josef et adressés à Josué Toderos
Km., n^ 1 de notre description du ms.).
(5278 =z 1518). Deux ans après l'expulsion des Juifs de Gônes, Josef
épousé, à Novi, Paloma, fille d'Abraham Cohen, lequel de-
meure (au moins plus tard) à Bologne (E 9i, L passim).
5280, 4 tébet (26 nov. 1519). Son père meurt à Novi, à Tûge de 68 ans.
La môme année 5280, Josef a un fils qu'il appelle Josué, du
nom de son père mort (E 94, 95).
5284 (1524) ou environ. Les Juifs reviennent à Gônes. Josef b. David,
mari d*une des sœurs de Josef {L passim)^ s'établit à Gênes el
y demeure jusqu'à sa mort (E 96).
5296 = 1535. Lettre de Josef pour le rachat des captifs de Tunis
(voir plus haut, L n^» 39 et 40).
5300 = 1540. Josué, fils de Josef, se noie dans le Reno, à Pieve,
prés Ferrare et Bologne (L 102). La date de cette mort, corrigée
d'après Em., est « 3 tammuz ou 9 juin », mais celte indication
contient une petite erreur, car le 3 tammuz 5300 correspond au
8 (non au 9) juin 1540. Dans L 29 b, la date indiquée est 9 tam-
muz (15 juin). Il ne serait donc pas impossible que dans E 102,
il faille lire : ivzn ;D^nb •^:tv:3pj^ 5-1-13 vzv onnb ^"02. Josué
avait été envoyé par son père à Bologne, auprès d'Abraham
Cohen, beau-père de Josef, pour y étudier le Talmud ; il était
fiancé à une jeune fille de Gônes à l'époque de sa mort. Josef
paraît n'avoir appris ce douloureux événement que plus tard,
à la fin du mois d*août, car en parlant de la mort d'un autre
de ses fils, Isaac, âgé de cinq mois et décédé dans la nuit du
lundi 12 tisri 5301 (nuit du lundi 11 au mardi 12 tisri, entre le
12 et le 13 sept. 1540), il dit que ce second malheur aniva
environ quinze jours après qu'il apprit le premier (L 29 ft,
37 al). Une sorte d'élégie faite par Josef sur la mort de son fils
Josué est datée du 28 août 5300 (1510), époque où il apprit,
sans doute, la mort de ce fils (L 35 ^ à 36 b), Josué. au moment
de sa mort, était probablement allé faire visite à son oncle
maternel Moïse Cohen, qui demeurait à PijBve (voir, plus has,
année 5303).
(5301 = 1541). Mort d*Isaac fils de Josef (voir le paragraphe précé-
JOSEF nACCOHEN ET LES CHRONIQUEURS JUÏFS m
dent), — 5301, vendredi 16 sebai (Ji janvier ID41). Mort de Josef
h. David» mari de Clara, sœur de ooîre Josef, demeurant à
Gènes (L 01 a).
H à 5306, loll à 1346), Lettres de Josef, toutes de Gênes, sur son
dîlTérend avec sa sœur Clara (voir, plus haut, L n"^ 52 à 78\
18 adar (ïi février VWA. Moïse CobeUi père de Paloma. femme
de Josef» est attaqué dans sa maison à Pievc ("'S''%S"'D), territoire
de Ferra re, et plusieurs personnes de sa famille sont tuées ;
Moïse lui-môme survit à cet événement (E 104, et proliablement
L 38 a» 30 d, 40 b), Josef, en envoyant ses condoîéances, y joint
celles de sa sœur Clara*
WMî et 5307:= 1546 et il'Al]. Lettres de Josef pour le rachat de
divers Juifs capturés (voir, plus haut» L n»» M à t5, et L
n^ 47).
Ifâ, vendredi 49 tebet (20 déc. 1548). Mort de Judo, le dernier ûls de
Josef, à l'âge de dix*sept ans ; Paloma vit encore {E U%),
!I0=:1S5O* Ordre donné, le 2 avril, d'expulser les Juils de Gônes,
Celle expulsion paraît avoir été demandée surtout par les mé-
decins chrétiens, jaloux de leurs confrères juitSi et excités
par Ta r rivée do nouveaux médecins juifs, entre autres de
Zerahya Hallévi, fils d*une sœur de Josef. Josef part avec
8a famille, le 3 juin, et s'établit a Voltaggio, où il est le méde-
cin de îa ville jusqu^en 53i8, c'est-à-dire probablement jusque
vers la tin de 1^67 (E 109; voir, plus loui, année 1567).
*5,dimaache 4 lammux (23 juin \'mI>), Josef finit la {"" partie de sa
traduction de G, à Voila ggio [G 68 a],
17^ dimanche 28 adar (2« février V6oD, Il fioit, à Vollaggio, le livre
de rinde (G 167^). Le dimanche 7 ah (4 juillet I5!i7), il finit,
ô VoUaggio, son Fcrnand Coriez (G 2K2 ^),
18 ('5.17 ou 4558). Première rédaction connue de VEmek hahbakha
[E XVI),— Le 27 avril i55S, Josef est, probablement de passage,
u Ferrare (D suh anno) .
ttO=:i559). Lettre de Josef à Otlolenghi sur les suites de sa con-
duite (K 120).
tîO). Ea lisri, srs (pendant succoi), année 1550, Josef est à Vo-
ghera, probablement pour faire visite a la sœur qu'il a dans
cette ville (D sub anno), — i""- elul (i3 août 1560], il finit la ré-
dacllon de son Emek dont nous avons le manuscrit (Em., un
de VEmek],
E(«56M. Josef finit à Voltaggio son mtstJrr 07D (G 289 a).
. lundi 6 kislev (22 nov, 45631 II fmit une recension de son Emek
(£126).
7, mercredi 22 orner (7 iyar, 46 avril 1567). Josef ûnil son recueil
. de formules pour lettres {G 300 ^) .
Il 15 juin (1567). Les Juifs sont expulsés du territoire ûi\ Gônes;
parsuile, Josef quitte Yoltaggio, quoique Ton ei\t voulu faire
une exception pour lui, et il va s'établir à Gaslellelto-Monlfer-
44 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
rat, le 27 octobre 5328, c'est-à-dire 27 octobre 4567 (E 131 rec-
tifié d'après D sub anno).
5328, lundi 22 ab (16 août 1568). Josef finit, de sa main, la 9* copie de
son Fernand Gortez (G).
(5333)25 kislev 1572 (1«' déc. 1571). Josef est de nouveau élabli à
Gênes {I>sub anno),
5335, 21 tammuz (29 juin 1575). Josef finit une autre recension de soi
Emek (E 135). C'est vers cette époque que Josef est mort; dos
mss. de VEmek et la partie manuscrite des Dibré hayyaviiM
s'arrôlent en l'année 1575.
6. Incidents de la vie de Josef.
a. Josef médecin, chroniqueur.
Nos manuscrits nous donnent, sur Josef et sur divers incidents
de sa vie, un certain nombre de renseignements qui ne manquent
pas d'intérêt;
Ils nous montrent d'abord, comme on le verra par l'analyse
que nous donnons des lettres contenues dans le ms. L, que Josef
entretenait des relations amicales avec ses confrères en médecine,
tant chrétiens que juifs. On y voit aussi que la science médicale
était, pour ainsi dire, héréditaire dans sa famille : un de ses frères,
au moins, et son neveu Zerahya Hallévi sont médecins. Josef,
comme nous l'avons signalé en passant dans TChr., était le méde-
cin de la ville de Voltaggio. A Gônes aussi, il était très occupé par
sa clientèle, au point d'être obligé de négliger sa correspondance.
Le soir, il rentrait fatigué et épuisé, ce qui ne l'empêchait pas de
s'occuper encore de l'instruction de son fils (L 23 a).
L'examen attentif de nos manuscrits et de VEmek imprimé noas
permettent aussi de voir comment Josef travaillait et rédigeait ses
œuvres. Il était constamment occupé à recueillir des notes et des
renseignements sur les événements du jour, et très souvent, en
écrivant à ses amis, après avoir traité le sujet de sa lettre, il leur
donne des informations sur les faits du jour *. En écrivant à son
frère Méir, il n'oublie pas de lui recommander de lui envoyer des
nouvelles de ce qui se passe en Orient (Méir demeure probaWe-
* En Orient, on mallraite les ouvriers maritimes ; en Sicile, il y a eu un trem-
blement de terre, à Saragosse (lire Syracuse) et aux environs (L 24 a), — Le grand
curé bl^i;!! ph^T^ (le pape), le lion (Venise) et le coq (la France) ont faii une alliance
contre l'aigle (rempire ; L 24 3). — Nouvelles des galères turques en Provence,
juillet 1544 (L C4 b). — Le Maf^^niliquo cherche à s'emparer de loi, Isaac Cohen,
janvier 1545 [L ù6ab]. — Les Turcs sont encore dans les mers de Provence avril
1544 (L 67 b). — Sur Barbcrousse, 6 août 1544 (L 69 b),
JOSKF IIACCOIIEN ET LES ClinONIQUEURS JUIFS 4îi
lie époque à Saloniqiie), « afin que je les mette sur, mes
itres, comme j'en ai i'iiabitude; mais fais bleu attentiou de
donner des renseignements au tlieii tiques, et, en particulier»
,s*moi connaître au long Miistoire de cette persécution du jeune
Dmme, Dieu venge le sanjj: des victimes * l et lais-moi connaître
nom des victimes (:?"3 s*^'^:?n), le nom de ceux qui accusent
nr^rTin), les lieux on s est passé ce triste événement, et ce que
lit la justice là-riessus, car c'est un fait digne de mémoire n
ilQa). On voit l'instinct du tïironiqueur, qui a soif de détails
écis et exacts.
Dans un article de nous inséré dans la Jubelschrifi^ publiée à
mlm^ octobre 1887, en l'imnneur de M* H. Graetz, nous avons
jElré, par un exemjdc pris dans Tbistoire des Juifs de France,
iiDient Josef travaillait à ses clironitiues* lï complétait cons-
ijnment sa première rédaction, y ajoutait des notes et des laits
louveaux, maïs oubliait quelquefois de mettre ces additions d*ac-
sord avec rancien texte f. L'exemplaire des Dibré hayyamîm
ésigné par D, montre aussi, par les additions et notes dont il est
lapgé, avec quelle passion Josef revoyait et complétait ses chro-
i^ues. Enfin, si ron considère que notrti ms. G, l'addition de la
de D et les notes marginales de D sont autographes; que notre
I. Em. est, au moins en partie, de la main de Josef; que notre
lG est une 0'^ copie de l'œuvre, que les dates différentes données
■^(fla rédaction de VEmek(m\\t.hZm, 5H20, 5324,5335) sont
Semment les dates d*exemplaires successifs faits par Josef ou
fopre sous sa direction, on en conclura que Josef multipliait,
sa main, les copies de ses ouvrages et qu^il avait probablement
ez lui un atelier où d'autres aussi, sous sa direction» faisaient
« exemplaires de ses œuvres. Ses poésies sont répétées de sa
ropre main dans G et dans Em.
' Utsl probable que cet évéûcmcnt csL lo fait raconté E 103.
* Ce sont probablement des femmes {]ui accusent les Juils.
'Oopeut sans JoliIq stj[)pDser t[uc cca GontrûdktioDS enUo lei additions el V^sx-
Q tcite tout le fuit des copisle^^ qui OQl voula conserver tout ce que Josef avait
iLi Piuciea cl Le nouveau, mais cette explication n'est pas toujours exacte, les
Lltidictiuus que nous avons signalées dans noire article se iruuvenl^ vu partie^ dans
nti. Hm, de VEmtk^ écrit fious les jeux, da Josef cl, eu i>{trtiË, pur lui.-Eiies aont
bUeurt, cooiiDe nous lavons montré, Le resuitat d^uQc coniusioQ faiio par Jot^f
ndifers rots de France, Aux lauicatious que nous avons données dans ce tra-
, nous ajouterouâ Les suîvaules : Après avoir raconté pLusieurs fois L'expuLaioti
ISfUiivc des Juifs de Freuce, Josef raconte qu'iL y a eu uoa parsécutbn coatrc le«
de Ffonce eo 1383 (Li Gll) ; puis il raconte encore une fois leur ci pulsion en
(pour 13^4 ; E 12. Cf, E 74, l. I},
46 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
6. Josef et le rachat des Juifs* capturés.
Josef était un homme de grande vertu, dévoué à tous les mem-
bres de sa famille, dévoué à ses coreligionnaires. Il fut le bien-
faiteur de ses frères et de ses sœurs, il a consacré de grands efforts
à secourir les Juifs malheureux. Une des œuvres de bienfaisance
qui parait l'avoir principalement occupé et préoccupé, c'est le
rachat des captifs que faisaient, sur mer, les vaisseaux des répu-
bliques italiennes ou des corsaires. Ces captures étaient fréquentes
et on comptait sur la charité des Juifs italiens pour en tirerune
forte rançon. Notre ms. L contient sur ce sujet divers détails que
nous allons résumer.
Josef a raconté brièvement dans son Efnek (p. 96-97) comment,
après la prise de Coron, Patras et Zante, en 1532, par André
Doria, beaucoup de Juifs de ces villes furent capturés pour être
vendus comme esclaves et furent en partie rachetés par les Juife
dltalie. Notre manuscrit L contient, sur ce sujet, des renseigne-
ments détaillés (ff. 43 à 46). Ils sont compris principalement dans
la circulaire de David b. Josef ibn Jahya, de février 1533 (v. plus
haut). David y raconte que Jean André Doria a amené, de Coron
et de Patras, de nombreux captifs juifs, des hommes, femmes et
enfants, dont beaucoup sont à Naples. Ces pauvres gens se trou-
vent dans le plus affreux dénùment, on les laisse presque sans
nourriture et sans vêtements, on les maltraite, afin d'exciter la
compassion de leurs coreligionnaires. Les Juifs du royaume de
Naples s'étaient imposé, en leur faveur, une taille de 2,000 du-
cats, et une souscription (nedaba) ouverte à Naples produisit en
un jour 700 ducats, mais cela était loin de suffire et le secours
des autres Israélites du pays était nécessaire. Les Juifs napoli-
tains n'étaient pas nombreux ; ils étaient, du reste, sous le coup
d'une expulsion qui avait déjà été proclamée (mais qui ne fut
exécutée qu'en 1340 ; E 102), ils s'étaient saignés à blanc en fa-
veur d'autres captifs pHs antérieurement et avaient dépensé pour
eux plus de 3,000 ts'^mrrr (florins?), sans* compter les dépenses
faites pour vêtir et nourrir les captifs et leur donner des soins
médicaux. Ils avaient déjà racheté nombre de Juifs venus de
Coron et de Patras, mais pour les autres, ils attendaient les se-
cours qu'on leur enverrait. Voici quel était l'état actuel de ces
captifs (par âmes) : on en avait vendu 25 en Sicile, 96 en Calabrei
qu'on obligeait de travailler le samedi et de manger terefa,^
à N^iT-^b *, ville de la Pouille, et environ 100 autres dans le reste
i Lecce ou Leccia?
JUSEF HÂCCOllEN ET LES CHRONIQUEURS JUJFS 47
(le la Fouille ; enfin, à Naples, où un très grand nombre avait été
racheté» il restait encore environ 100 captifs. Les israélîtes des
principautés de Gènes, Montlerrat et Lombardie devaient donc
réunir promptement des secours pour la rançon de ces captifs et
les envoyer au niédeciri R. Josef (Haccohen), de Gênes, qui se
chargerait de les envoyer à Naples, par ilntermédiaire de chan-
geurs, à don Abraham Çnrfati. Une seconde lettre, non datée
(celle de Josef ibn Jahya), se plaini vivement de la tiédeur des
communautés et les exhorte à se iiàter de répondre à cet appel.
Deux ans plus tard, Josef eut à s'occuper des Juifs capturés
à Tunis, après que cette ville avait élé prise par Terapereur
Charles, en juillet 1535 (E 100-101). Notre manuscrit L contient
une lettre écrite par Josef sur ce sujet (f. 48 b).
Enfin, ce ms. contient une série de lettres, la plupart de Josef,
sur un certain nombre de Juifs capturés vers 1542 ^ et que Josef
s'efforce de délivrer. Son dévouement ne se lasse pas, il écrit let-
tres sur lettres pour obtenir les secours nécessaires, gourmande
sans cesse rindifférence de ses correspondants. Il réussit,au moins
en partie, dans cette œuvre de charité. Voici les faits. Les galères
♦merriin) de Gegala Visconti avaient pris, dans les mers d'Orient,
cinq Juifs avec trois femmes (L n"38), et environ deux ans plus
tard, trois Juifs avaient été pris, dans les mers d'Afrique, par
les galères de Jean André Doria (L ir» 41, 42, 43, 44, 45). Dans
les premiers mois de Tannée 154^, les trois captifs d'André Doria
étaient en liberté (L n° 47). L'un deux, nommé Salomon, fat ren-
voyé, parce qu'il était malade; un autre fut racheté par Josef â
Gênes, le 2^ d(^cembro 154G ; Josef fournit à sa place un esclave
turc qui lui avait coûté 55 écus d'or, et il dut, en outre, donner
2 écus pour les gardiens. Le troisième, Moïse lils de Salomon,
était jeune, vigoureux, on demandait cher pour sa rançon. Sa
destinée fut singulière. Le 3 janvier 1547, éclata la conjuration de
Fiesque, les galères d'André Doria furent pillées, et Moïse prit,
avec tous les autres captifs, la clé des champs. Josef Taida à s'en-
fuir sous un déguisement, mais il fut reconnu près d'Aiessandria,
* La dftle dû révénement «at assez difEcilô a déieriniucr ovcc précision. Datis sa
Ittltro du iZ avril 154G, Josef tUt que ta capture a eu lieu il y a deum qm (L hia]
et U lettre h 49 A à 50 a parle aussi 4^1 u ce^ cicux tus ; cola placerait lu copiuro &r
1544 ; mais d'un aiiLro «ôté, dans sa k'itre du 7 novcmlîre 1540 (L 50*)» Josef dit
que lea pauvrea JuiU sont pris depuis da anm'ts, et la mémo mvation eti répétée
danf LSOÂ, avant la délivrance dca trois caplifs dWndré Doria et même, â ce
qiiUl semble, peu de temps après leur capture. KnCn, doDS la IcUre de Josef écrite
aux Juifs dû SaloQiquc après la délivrance des trois captifs dWndré Dorîa (donc
après janvier 1547j, la capture des Juila pris par Cegalu est donnée comma ayant
eu lieu il y a cintj ans (L 46 h îi M b]»
48 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ramené à Gênes, où Josef finalement le racheta pour 30 écus'.
Le pauvre jeune homme, sortant nu et sans ressources des mains
de ses maîtres, fut obligé de mendier, au moins pendant quelque
temps, pour vivre. Cela devait arriver souvent aux capUrs ra-
chetés. C'est à la lettre de recommandation que lui donna Josef
(L 54 a ^), et qui est signée, en outre, de Josef b. Isaac Amar, de
Coron «, et de Ilayyim b. Elazar, que nous empruntons la plupart
des détails qui précèdent.
Les cinq ou plutôt huit captifs de Cegala furent moins heureux,
ils traînèrent longtemps sur les galères, sans qu'il fût possihlede
réunir l'argent nécessaire pour leur rançon. Si, comme nous le
croyons, la lettre L 50 ô à 51a, qui est de Josef, se rapporte à
nos cinq captifs, nous aurions les noms de deux d'entre eux, Abra-
ham Chico np-^à et Ruben Cohen. L'un d'eux fut bientôt mis en
liberté, parce qu'il était vieux et près de mourir (L 50 d), on avait
demandé 500 écus pour les cinq, on en demanda 400 pour les
quatre restants (L 49-50, 51 b), mais Josef, au moins à un certain
moment, espérait réduire la somme à 300 ou 350 écus.
Le sort de ces malheureux était épouvantable. Le bainn an de
Cegala avait coupé le nez et les oreilles à l'un d'eux, probable-
ment pour faire hâter la collecte de la rançon (L 49-50, 4G41).
Les autres étaient gardés sur les galères, où on les traitait de la
façon la plus barbare. Ils souffraient de la faim, du froid, on les
laissait à peu près sans vêtements, exposés â toutes les rigueurs
des saisons. Deux fois par an, ces galères, qui faisaient ordinai-
rement relâche en Sicile, venaient à Gênes (L 52 a), et les captifs
ne manquaient pas d'aller implorer la pitié de Josef. Don Abra-
vanel avait promis 100 écus de contribution pour leur rançon,
mais il paraît être mort avant d'avoir payé cette somme (L 49-50,
52 a). Notre ms. ne nous fait pas connaître la fin de cet incident.
On a vu qu'une des lettres de Josef est adressée à un personnage
juif qui a quelque influence à la cour et que nous supposons être
Jacob Mantin, de Venise.
Le ms. contient aussi une lettre de diverses personnes en faveur
d'Israélites tunisiens pris par des corsaires. Ces captifs étaient
Jacob b. Abraham 50/î/r, son frère, la femme de ce frère et le fils
de ce frère. Celte lettre est datée de 303 (1543), semaine na^n m
Le 30 juillet 303 (1543), Josef s'inquiète d'un homme des '^yQ
1 Josef s'en tira à boD compte, car on avait demandé 200 écus pour les trois cap*
tifs IL 51 b, 52 a).
' Nous le rencontrerons plus tard, dans un autre incident de la vie de Josef.
JOSEF iJACCOHEN KT LES CHRONIQUEURS JUIFS k'è
'Alger, pris à Tunis et actuellement prisonnier à Viîiefranche
>rès Monaco. Sa rançon est fixée à 60 ou 70 écus, il est riche et
[remboursera la somme (L 64 a),
c. Le déraôlé de Joscf avec sa sœur Clara.
Un autre incident troubla pendant |iltisieurs annt^es la vie de
Josef et lui causa de vifs chagrins. Ce fut son différend avec sa
sœur Clara.
I Celle-ci paraît avoir été une personne d un caractère léger et
inconi^istant* Son mari, Josefb. David, était mort à Gênes» où il
demeurait, le vendredi 16 sebat 5301 * (14 janvier 1541). Par son
testament écrit en hébreu et en •'13:13» il laissait à chacune de ses
quatre filles non mariées une dot de 1,000 écus, que Clara pou-
vait, si besoin était, et avec le consentement des tuteurs, porter
jusqu'à 1,300 écus. Toute sa fortune, sur laquelle il avait fait
quelques autres petits legs, se montait au plus à "7,000 écus (L 61 û,
62 a). Isaac Cohen, gendre de Clara, avait peut-être épousé plus
»tard une de ces quatre filles, à moins qu'il n'y en ait eu une cin-
quième, mariée avant îa mort de son père. Environ deux ans
après la mort du père, Clara flanra sa fille aînée â Iraola, avec
un David de Naples, à ce qu'il semble ^ (L61 b), et, contre îe gré
des tuteurs, elle voulut lui donner en dot 1»000 écus en sus des
1 ,000 écus du testament, ce qui était contraire aux intérêts de ses
vautres filles. Plus tard, Clara fianra sa seconde fille Jamilla
B(L69a, 77a) à Neftali ileri! Lévi, de Venise, et elle se rendit
même à Venise pour cet objet (L64a). C'est peut-être sa troi-
Ïsième fille qui fut la femme d'isaac Cohen, Enfin, elle avait
promis la main de sa quatrième fille à Juda, fils de notre Josef,
•vers 1541 [il y avait trois ans en août 1544, L 59 b), mais Toderos,
le frère de notn* Josef, avait intrigué auprès de Clara pour faire
rompre cet engagement et obtenir la main de cette jeune fille
pour son propre fils* C'était, à ce qu'il semble, au moment des
fiançailles avec Neftali, et Clara, cette fois encore, avait voulu
avantager sa fille fiancée à Neftaii ; Josef, en qualité de tuteur et
de futur beau- père d*une des filles, lui fit une vive opposition, et,
'dépit, Clara promit au fils de Toderos la main de sa dernière
Voir L 61 a. Il demanda, en mûuraût, qti^un kaddùeh fC^t dit, pour lo repos do
pu 4^nie, Â Bolojirnc ,- la personne qtti dirait ce kdddistk devait recevoir Ë>oti manleau
omme lionoraircs, et k synefio^ue de Uolopne devait recevoir une cruche cl un
■ssm pour les ablutions des cokanim avant le *J5n. C'est sur ces deux vases quo
fosel lit les vers dont nous avons puriû dans la ùestriptioii de Ein. et do G.
* Lettres de Joscf, \s n** Îi2 «I 53*
T. XVI, w 31. ^ 4
ÎJO REVUE DES ÉTUDES JUIVES
fille (L 64 al)). Sa rupture avec Josef était accomplie avant Je
6 janvier 1544 (L 66 a), Josef fit de grands efforts pour la ra-
mener à lui. Deux de ses confrères chrétiens, Messer •^^''i'dM/-
quel et Messer Jean Pigon (ins-^s •'ïnit) furent priés par lui d'inter-
venir en sa faveur près de Clara. Il prie aussi le célèbre médecin
Jacob Mantin, de Venise, de faire écrire en sa faveur par l'am-
bassadeur d'Espagne et celui de France à un autre ambassadeur
qui n'est pas désigné, et au prince Doria (L 67 &, 68 a) ; il invoque
enfin le secours de son frère Méir et d'Obadia Alconstantini (LIS),
et il compte sur Tappui du célèbre rabbin Kabbi Méir dePadoae
(L62; lettre de 1544).
Le chagrin de Josef était vif. Dans sa douleur, il se plaint de
tout le monde, à tort ou à raison. Sa sœur et son frère Toderos,
à qui il a fait tant de bien, sont des ingrats, surtout Toderos,
qu'il avait, entre autres, tiré (de prison "/ bnnn -nsT:) du Piémont
(L 68 b) et fait venir près de lui, Jl traite sa sœur de femme irré-
fléchie et sans cœur; Toderos est un frère dénaturé, qui n'a tait
que de mauvais coups depuis qu'il est au monde, et qui lui a déjà
deux fois créé de graves ennuis (L 66 a, 67 a, 68 c) ; Josef l'ap-
pelle constamment noia et une fois ira, comme s'il avait commis
quelque acte de trahison et d'irréligion (L 68 a entre autres). La
responsabilité de ce qui arrive retombe aussi, d'après Josef, sar
Neftali Lévi, de Venise, dont Josef avait voulu contrarier le ma-
riage, à cause de la surélévation de la dot, et sur ce Josef Amar
(Josef l'appelle quelquefois -irrr, par jeu de mots), de Coron, avec
lequel il avait eu autrefois des relations amicales, jet quieierçait
maintenant une influence équivoque sur Clara. H. Méir de Padoue,
rabbin à Venise, d'abord favorable à Josef, avait changé d'atti-
tude; Josef, dans son dépit, l'appelle Taveugle de Venise. Enlini
Isaac Cohen, qui avait d'abord lait cause commune avec Josrf,
et qui, dans les délibérations faites avec Josef sur ce sujet, en
compagnie de Josef Amar, avait, lui et Amar, appuyé ses^écl^
mations, l'abandonne maintenant, et Jo^ef donne à entendre (pa
Targent de Clara n'est pas étrangler à tous ces revirements.
La conduite de Clara et de ïoderos envers Josef fut des pta»
fâcheuses. Ils avaient fait battre Juda, son fils, dans la rue fc
Glanes, et avaient proféré contre Juda des menaces qui l'empt"
chaient de sortir. Clara lui avait renvoyé les cadeaux de mi*;
riage par une femme r:-'^"*:*; Ginevra, qui était venue les luijeU"
|var terre. Mais d un autre côté, le tribunal chrétien défendit,
peine de 300 écus, au fils de ïoderos, qui parait avoir eu
mauvaise réputation, de voir la jeune fille, et les rabbins Dai»
b. Mardochée Rafaël d'imola. et Abraham b. Moïse Cohen, an(
JOSEF HACGOilEN ET LES CIlïlOmQUfnmS JtîlFS 5Î
fiblressans cloute, en elul 304 (sopt, 1544), lui firent d(^fense,
[sous peine d'excommuiucation» *i'epouser la jeune fille, que la
] pièce appelle Dona (le nom ttianfjae peuWtre; L70ô à lia).
[Eûûii, la jeune fille refusa tfépQUser le fils «le ToiJeros, et s'enfuit
I une nuit de la maison, avec la connivence de Josef (L 65 2/). To-
i&mne se laissa pas arrêter : il menaça d'en appeler au Pape
four faire destituer les rabbins qui avaient prononce rexcommu-
iliication, et dit qu*un seigneur t,d lui avait eonseilh^ d'aller, pour
cela, à Trente S auprès des conseillers ecclésiastiques nm •'^5^t>
(LT2). Pour forcer la main à la jeune fille» le fils de Toderos pré-
t^udil ravoir épousi^e par surprise et il s'appuyait âur le témoi-
tpaged'uti mauvais sujet, nommé Juda Almosnino, qui, peu de
'kraps après, se. baptisa (L 70 b, 75 a). Enfin, Clara, avec son in-
constance ordinaire, changea de nuuveau d'idée : elle rompit avec
!ri>deros, à qui elle lit toutes les avanies, et promit à Josefde con-
clure le mariage avec Juda /L 05 i/, 09 û). Pendant que se pour-
suivait cette querelle» le mariage de Neftaîi Lëvi s'était accompli
{lUb, lettre du 39 orner 305, ==24 iyar ou G mai 1545), Clara
Stlaà Venise, auprès de sa fille* mais là eîle parut changer en-
t core Je sentiments. Comme Josef la pressait ifaccompîir sa pro-
misse, il re*; ut pour réponse une lettre injurieuse de Josef Amar
1(1 "iSô, 15 adar 305, ou 17 février 1540). Li s'prrêtent nos ren-
, aeignemenis* Le fils pour lequel Josef s^était donné un si grand
tourment et à qui il avait voulu assurer, par ce mariage, un bel
•^eoir, mourut trois ans plus tard, en décembre 1548.
7. Variantes et corrections pour VEmek habHklia^
\ d'iiidicaiioD oonlraîre, le premier cbilTre indiqua k pogc ; le second, la ligno,
!Tous donnons ici, comme nous Tavons annoncé plus haut, les
triantes entre notre manuscrit et celles de VEmek imprimé. Il
uJra rapprocher cette liste de celle que nous avons insérée
ans Revue, X, 249 et 230* Dans le relevé de ces variantes, nous
s tenons compte que de celles qui ont une importance véritable
qui rectilient des obscurités, des erreurs ou des lacunes du
ite imprimé. Nous négligeoDs entièrement celles qui sont de
fornie, tout particulièrement les différences d'orthographe
m petites incidentes comme nn?33ni n^n ûra, ou dVmtres de
r genre, que Josef place ou omet à volonté. Nous ne relevons
non plus, quand le sens ne Texige pas, touteâ les fautes de
coûctle dé Trenio s'était justemeui sémÀ m 154t$«
52 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
grammaire qui se trouvent dans Hmprimé et qui sont rectifiées '
par notre ras. Enfin, nous nous bornons à faire remarquer qu'en
gen*^ral l'imiirirné donne aux noms ijropres des formes germa-
nisées (elles sont peut-être le fait de Téditeur), les formes de
notre ms. sont plus correctes. ^
P, XVI. Les trois lignes qui précèdent les vers, et qui comprenneut
la date, manquent dans le ms*
3, 7. rrmi'^S non rïX"in''3. C'est Nerva, déjà conjecturé, mais avec une
moins bonne orthograpbe, par Wiener, Emek, traduct. alleoiM
note 4. — L 1H à il Di3ï«\Hn:3 nb^-^i jusqu'à la lia de Talinéa,
manque- — 1. 25* Tn^Xi non Û073.
4, 44. 5nrî** non 3nr;\
6, G. cn3È«-»nnî* sn^V:? nh^^r — L 2 et 3 on bas, oin-^si^îH.
6, 8. Np^T* m^s na au Heu de «pir nn ni2 .
7, 14, ^niW2. — 1. 46. 'n bî* oon 'n by*
8, 4 H. D''n:inn pour D-^iann. — L 23. ribn by rî3''ï3inb.
9, 13. r!î<^:iTD:5cai pour nst^^-^roi ; c'est la Saxe.
10, 9, n:£,y c-!i\ — I» 10. iNit'^T non iHn^i, — 1. 1 1. D'^^^iH non û'^nms* ;
D"'3i''î« est meilleur.
11, ! , iT:i"i-«i non ll::yl^^ qui n*a pas de sens ici. — l. G. ^abna rn-nt)*:
i2, 1î>. rsn3£ iioo i"iso. On comprend que les Juifs d'Allemagne i
réfugient en Fronce, mais non qu'ils se rétugleat en Espagne^
14, 19. EfTacer lb,
15, 42. fi;D au lieu de fit ; les deux leçons sont admissibles.
10, r rn^::^ non n-^,t5wH. -^ 1. 18. EfTacer d-^3VD«.
18, 6, in-^si pour mm.
19, i. rï^''p\Nt ; idem, ligne 12, — l. 8. in-'D b^ «in-^i »'»3ibip b» ^T
. . .nnîn b« "p^i «m c<3*t3D ûrinus*'! — 1. is. btntït) irana pour
20, 3. ncnstî: 'n.
21, 30. irr'bs? non on^b:^,
23, 4, in^o^i non niD^t.
25,' 44. n7D73ini:3''i non it273i73iû''i. — 1. 2i, ni«3î«a3 non msiiisa
Navarre, en Espagne, comme travluit Wiener, n'a guère
sens. La preuve qu'il faut lire Tavara se trouve dans Usque
III, n** 7. Usquc a emprunte le fuit au Fortalitium Fu
f. 77-78 de rédition de U«5, 10<>, •H'* et M^ cruautés. Le fofifl
Fid. écrit uoe fois Thauara (40'* cruauté), puis civitas Thaa*
rensis (4^ cruauté, tin), puis civitas Thauri (42*» cruauté). La
ville est, d'après lui, dans la Gastille, Nous n'avons pas pw
l'identifier,
26, 19. nniTDn p, — L 20. rin^n non D'^anyn.
27, 3. n-ii?3n p. — 1. 12. n^^so b« (non bj).
28, 20. mm« Dmi32 by n:^^D'*i. — L 2*. vnî3 non erN?3.
29, U, Hb«i (" Valle) non ^b«i. — 1. liî. a"3 -ir3T?j3 cbrîna.
JOSEF HACGOHEN ET LES CHIIONIQUEIIRS JUIFS ÎKI
f 3 et 4, Effacer Vk 'en-»- 'li*-'. — l. 7. D'^iTii::^^ pour n'^r'^ix^ama ;
et imsD ns* -fî^nb pour û-*?23 btî^^'b, — L lO-n. mipcnr:"^ i«3
mbcn '•72'^ -IK3. — !. 13. n-*rn "^b^^. — L U, 111*^1:^ non inbns. —
L 21. Effacer b:?3b.
i ÎO. D''nirQ non D^n73D. Du reste, J'auteur paraît prendre Tun
pour l'autre; voir p. 38, — L 27. mcnn^sb.
^, !. n'C''t2-)6t5. — L 7, iiM^i. — L 48. nY^nan^ï {Goitkoîde, pro*
bableroeot). — L 24. 3"D non Ts, ^ i. 25. nb'«b7"*-i. — L 28.
srrbr pour crna:^.
^lO.Vacn. —1. 17, Dm^n ^^^^^n. — L 19. p^np^, comme dans
riraprimé. — h 25. iT^ 1?2. — l 28. in'^pn. On sait qu'il
faut ïirc ti5d-i3.
1, 1 çr-Tin Khodez. — 1. is. liasrr.
15. Après mbi^s ajouter : mjn '•tz^lHI btîi nbi^rr Uôtn bw innD^i
nii:: «bi p:*t riics^îo nin n-^^n ,n&« 4«3 i^iti "i?:Nb ^Nunn n":î«
nsbT:^ nc« D-*T»r:''rT bD d:i n:m« d:i DD'T^^b.
5. ûn"»inz>. — L 7. 'iTN^b m-^^2 ; î^f,, l. n. — L 10. nnî< -^iin^ ^5*^»*
— l 13 et 44. :iii3^i. — 1! 15 et 46. Dnn?T'n lann n^« non
'nirt^'b 2?nn "ic«*
9. bbi^rnb uou bb:?rnb. — L 10. nM pour nina, — L 14, mpB
non ûip».
«, dètt. — 1. 22, Tï-'tl.
L 8. ibapi.
l» U. i^iî:"'! non iNn"*! qui n'a pas de sens, — 1, la. lire n"p non
c"p, car dans notre manuscrit le nombre est en toutes lettres :
5. Intercaler en tèle de la ligne le mot y^Jz^^n. — L 16. a^l^'^a^
1 47. Dbmn n-'i:i mn myi*
7. nb'»a£nb,
46. cnbsn ''ns?^'». — 1. 48. CNrsç'^i elciK^çr^'^p. Usque, HT, nMO,
f. 4{j9 d, à qui ce passope est eruprunle, a w bosque de Vioce-
nas î> et <f^ Ganipeaos « où se tient le marché de Paris. — L 21,
Effacer nn^«n.
', 14. DrT?2 non sna. — l, 23. br nn» "^is t^-p^x — 1, 2 1. K';k'^"^3 (Braye),
4. r«"»"icrî non c""t'::rî. — 1. 3. «bi -(fjrrï b:r inï< ibr"«i ir;i«^ri''i
...lE^r^D '\-:j:n rrt:^! :t<in ra^i: nb^ T33? •'s Dab b? i?:o —
U, ni5"ii7:n pour m^iiîs^r. — 1.
1. 11. 2^15!] non t:i33. — 1
[ 17. 3b isn •'nar ^'\^. — 1. 18. rtt::iD -i^:s?3 nm ma nniys,
J 20. — Après les mots û'^s^s 'ii iolercaler ce qui suit : p:t3 fi<"*n
PK PDiac ib?3 iD-'b'^D lïT^i 1198 qb«T r;H?:i ù^'tzdi rr^n"::
cnb rï?3rr ûnni^ ■'^ c.'^rrrr bD 111:1 n:i5 I2'^nû«s3 nscb n*»n-in^r;
•^n"^! . mn dt'S mnet y.N b^ dio'^t^t n^z^rt cq cnb i^-^h xbi
D'^sbs 'ni 3"oprn nscs. L'absence de ce passa^îc dans le texte
Imprimé est suftîsamment Indiquée par la discordance eutre la
54 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
date hébraïque 4958 et la date chrétienne 1202 qui sont cen-
sées se rapporter à la même année. — 1. 21. Effacer na.
49, 3. tN pour PN. — 1. 14. yiOiX^X
51, 25. mN3 nNtn.
•52, 1. ii2»b au lieu de "ind qui n'a pas de sens. —1. Q-irr^an O'^éio'»».
— 1. 18. •':tn3 non "^NXNiS, qui n'a guère de sens. — 1. 19.
53, 20. rîN-«s:iptt5'^Nïi non riN-^Stipon.
64, 11. 1::^^ orîb "•n-'i. — 1. 14. mn73073n ^ny^pn (non rr^^i^p).
55, 17. n-^J^n "^TûNiTa U'^m û'^r::. — A la lin du dernier alinéa : nco^
66. — Premier alinéa manque, de môme que les mots 'aOHn'^tD '02t
niDD placés devant le second alinéa. De plus, les mots ÛO TV
incsn, en tête du troisième alinéa, appartiennent, d'après
le ms., à la fin du second alinéa de la page imprimée. — 1. 14.
Effacer ^hjzr:. — 1. 15. n-''«sbC3.
57, — inscn ûo "^ly à mettre à la suite de la ligne 3, comme appar-
tenant à l'alinéa précédent. — 1. 9. Effacer yp'D "i^y ■'m jus-
qu'à ûa"»n nn-^m.
58, 4. Effacer û"»3. — 1. G. dïT^b» n-^ranb pour rb» da-^tonb. — 1. 12.
û-^7:3^n i7:ip-^i au lieu de û-'an iTaip-^i.
59, 5. Effacer nbD:n-«i. — 1. 7. b-i-iip non bamp. — 1. 9. n^xb*^? non
*".3tb3N ; c'est le mot biblique nxbtî ; corriger de même 1. 20. —
1. 18. irn-^i non n2ï:-»i. — 1. 20. nn» non nnx. — 1. 28. 'O'^ram
60, 1 et 2. i'isipi iN'^itnNp ïinni:»'^?. — 1. 6. Trait d'union entre les
deux mots hébreux qui représentent Castel-Sarrasin. — 1. 21.
rr^itrbNi. — 1. 22. :3NnN'ppi73. — 1. 24. m«73 «n», non "^"n; le
■* vient du mot D'^^iiïT^ qui suit.
62, 1. '^:::Nb'^?3"'"0 (ou rî:3:Np?) n:::»^. C'est la a Sancha Semelhanle»
d'Ûsque, n« 17, f. 183 (bis), verso. L'édition d'Usque a, par
erreur, n® 27 au lieu de 17, et le f. 183 est, par erreur aussi,
répété deux fois.
63, 5. ID-^^D 13f^1.
64, 9. inN^ra «bi. — Le passage tiré du ms. Almanzi manque dans
notre manuscrit.
66. 18. în:;"nNa (Tarrega), non n:»nNO.
68 et 69. Le passage tiré du ms. Almanzi manque dans notre ms.
70. 19. "•lar^'^i non istrit-^i.
71, 9. û-^'ûN Di^. — 1. 10. nn«3:a. — i. 12. n^bm Nnnn t^'^m. -
1. 16. D'^ni3t7:ar — 1. 20. nn-û-173.
72, 6. Effacer nnM. — 1. 13. 1397 non 1393. — L 14 et 15. mr*n33
73, 8 et 0. T^ms: i-^yn -^d tjN yi D'un nrTOa. — 1. 18. by noi3D
D'^bobo. — 1. 25. ajouter la date 5170.
74, 5. Effacer ïirmb N-Ti. — 1. 8-9. Effacer les mots ÊTïn MfiTa-înn.
— 1. 12. Après le nom du roi Sigismond ajouter nnfiO^'ïNn.
JOSEF HACCOHEN ET LES CHROiNIQUEURS JUIFS 55
75, 1. 4 et 5. N"rn (non N"pn), 1421, non 1501. — 1. 18. ûïT^Bï55Nm.
76, 14. C-^Tar^ dsi^ba V'-i 'û^^NpN. — 1. 18. Effacer b-^j^r «ba. —
1. 20. diw^nD Nir:n brjprî. — 1. 24. ûïibî) non labttî.
77, 2 1-îr-^->D et cfïacer nn'^-'nNa N-^ïi.
78, 1. nrîT "biDi v\z:d -«bd rb:ri. — 1. 3. ■^"•nn n^. — 1. 12. Après nanns
rîTH ajouter : nm nanri n» nis^^ îaiifflM wi.
79, 7. :23;r723.
80, 25. r:N-«5 (bea = beat).
81, 9. pyasma au lieu de pn^^n^a^a.
82, 6. -^IDiiT^l. — 1. 15. inran. — 1. 21-22. îl"Dn, 1485, 5245.
83, — Manque le second alinéa avec la suscription. — 1. 10. Effacer
les mots in ûp*^-). — 1. 21. iD-ntT'T.
84, 3. "^zûri^-^i \^D. —1. 5. Effacer -^nn. — 1. H. ïiî-^^abïn.
85, 4. liriNSN^. — 1. 19. i:a by au lieu de n^^73 w. .
86, 1. r^7:0 non t20. — l. 6. "ip^'iD ïi5i3. — 1. 7. '^L3"':ç iniN. — 1. 9. ÎT)'»».
Cf. Revue, X, 237, L 5 à 11. — 1. 22. Effacer dna nTsm
bN5n:2mD3. -- l. 2i et 25. Effacer nm-iNn et iT^Nn j^nîi.
87, 23. b:^ non ^y. —1. 26, comme Revue, X, 249.
88, 10 et 11. Comme Revue, ibid,
89; 10. D-iti^. — 1. 11. ••ri:2nN5b; id. 1. 22. — 1. 21. ûm73»i dmaN.
90, 15. "^rp-^rrain.
91, 7. Effacer nm nrî735ïn -173^7. — 1. 12 et 1. 20. Comme Revue, ibid.
92, 26. ir-^biDNa n:r. — 1. 27. irnsb-^aoNp et ttJ-^biDNî.
93,5. Date hébr. 5257.
94, — L'alinéa commençant par dîiïi d'^TD^a et le suivant manquent.
— 1. 7, en bas. Effacer -^"n'»:?.
95, 1. En marge, les chiflVes 5280 et 1520. — 1. 15. Effacer rtMi^rr.
96, 4. "^^niiNn. Les Adorni étaient une famille puissante de Gênes.
97, 28. drprabr
98, 5. Effacer '^'p'pn, — 1. 9 et 10. Effacer depuis Nim jusqu'à dïiîi. —
1. 15. Effacer liitn. ' *"
100, 19. T^N dwN 1^-im d"»rd dN ncd b:^. —1. 22. Date 5295. — 1. 26.
Date 5295.
101, 12. n^N3. — 1. 21. ?ti'i:n-^3.
102, 8. n5<-^^ii-i«t). — 1. 15. ' i'ti^ "«d b:^. — 1. 18. ran-^ «nnb.
103, 18. ï^^rb.
104, 4. rT373*»:53 non n""'n. Le mot nc^ manque peut-être. — L 9.
drr^b-'bn. — l. io. d-'bobo b:^ ndian.
105, — Le morceau tiré du ms. Almaozi manque.
106, 3. -«bnTN et ■'C'^n-^n::. — 1. G. Date 5308. — 1. 13. db-^ir*^*!.
108. — Le morceau du ms. d'Almanzi se trouve dans notre ms., sans
la suscription (bien entendu) îijoutée par l'éditeur. —1. 11 et 12.
Effacer prirr et le passage TXT: . . ."^nnN a'^i.— 1. 11. Après rnx
mettre "^r^r:. — 1. u. irdNbT: non mD«b73. — 1. 19. "n^D "^aîNn
n^'D -^^TNm -i-^rn. — 1. 20. Le passage o'"^ . . . iN-^^ND-^ain
manque.
56 REVUE DES ETUDES JUIVES
109, 1. 1. rwitt^Kp non naiTa-iNn. — 1. 2. Effacer pD«nnb.— 1. 6. iaaoû
— 1. 6 et 7. Les mots nao 'ly jusqu'à la tin de l'alinéa man-
quent. — 1. 13. Les mots nabxTaa mDK manquent. — 1. M.
110, 22. n-T^M-^i ma niSN n-^a.
111, 46. En marge 5344. — 1. 22. nrax-il.
112, 42. Tout le passage y^^'nn n»Mi jusqu'à la lettre L de la dernière
ligne manque, naturellement.
113, 10. û-^n© au lieu de Tt's'DX:.
114, 5. Manque tout le passage jusqu'au mot ûnirn de la ligne 17-
1. 17. û'^372TDrn manque.
117, 16. Effacer MTn rnn et remplacer par 173ïi '73*^53 ; cf. Rmi,^^
250.
118, 19. Gomme Revue, ibid. — 1. 22. mîainrr b» n-^ao.
119, 9. Eflacer "^"-îï). — 1. 27. Dates, 1558, 5319. — Dans Rmte, sur
p. 119, 1. 17, corriger inmn (faute d'impression) en '^mtia.
120, 10. n3173nNp ; trf. 1. 15.-1. 17. \r\ p. — 1. 19 jusqu'à p. 122,
1. 15, manque.
122, 26. Au mot "^ax-T^aib il y a en note : moTHns no» mann ro Dîi.
nrD-^DNn b» û-^yTai^a ûrNi û'^nstn^rr "pa.
123, 22. Remplacer û-^THN U'^'ry^ par dT^n ny ûc inTO'^i nbnna nO»
ïTîn — 1. 23 à 25 manquent.
124, 1. 3 à 6. Manque depuis ■n-in'^i jusqu'à istby^i.
125, 3. Après n72i-in ajouter Vïm D-^TD-^n. — Les trois dernières
lignes^ plus 125, 1. 1 à 15, manquent.
126, 19-20. sjbNrî hy d"o bib» OTnb ii©«-irr ûvn nriTabon "Tim
173N1 172».. .'an '^v^'iy^ p •^^O'^T^nr:. C'est la fin de notre ma-
nuscrit.
Dans Revue, X, 250, il faut corriger, outre le nriT^nn indiqué plus haut
(p. 119 deVEmek). les fautes d'impression suivantes: 1» sur la
p. 131 de VEmek, 1.12: û"«TO:>i n^niD, non w^y^^ ; — «• sur
la p. 132 de VBmek, 1. 8, im-«T non iDT^n.
ISIDORb: LOEB.
(A suivre.)
MÉLANGES MBBINIQUES
(suite •)
IV
LbS 5IONES MNÉMOTECHNIQUES DBS LETTRES R.lDiCiLES
ET SERVILES.
Ahonl Walld Ibn Djanâh termine son chapitre du KUab ai-
iouniâ (p. 35, J. 20, à p. 36, 1. 13) qui traite des lettres radicales et
des lettres serviles par l observation suivante : a Plusieurs au*
teurs» soit de l'Orient, soit de notre pays, rAnlaïousie, qui ont
vécu avant moi, ont réuni les lettres radicales et les lettres ser-
viles dans des phrases où ils les ont fait entrer et qu'ils ont créées
conune signes mnémotechniques pour les unes et les autres, afin
que les étudiants puissent les retenir facilement. Un de nos com-
patriotes qui s'est conformé à cet usage, Menabem ben Sarouq,
a réuni les lettres radicales dans la phrase : p^sE m nco an,
et les lettres servîtes dans celle-ci : ns-^^ nnD«b730. .-...J'étais
décidé à me borner aux deux signes mnémotechniques précités,
parce que ces signes n'ont d*aolre utilité que de venir en aide
à la mémoire. Cependant quelques jeunes gens désirant que
je leur invente deux signes nouveaux, je le leur ai accordé
raciïement, sans prétendre avoir fait là quelque chose d*ex-
traordinaire. J'ai donc réuni les lettres radicales dans la phrase
ns t|n m? opa, et les lettres serviles dans : rî:3n "i^e* "^sibo.
Toutefois, ces signes mnémotechniques offrent cet avantage sur
lies deux précédents que nous avons cités au nom de Menahem
*ben Sarouq, qu'ils se rattachent l'un à Tautre pour le sens, ce
que ne font pas les deux autres, j» Dans la version liéhraïque (p. 12,
U, 2) manque toute la dernière proposition, et il faudrait p^iû 6ibt*
" Voir lome XU. page 65» ©t tome XIV, p. 26.
58 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Personne, que je sache, n'a donné le sens de la phrase dans
laquelle Menahem a réuni les lettres radicales. On peut égale-
ment supposer que le traducteur du Riqmâh ne comprenait pas
davantage la signification des signes inventés par Ibn Djanâh,et
qu'il a Tait la suppression que nous venons de signaler parce
qu'il ne pouvait pas se rendre compte du lien qui existe entre
les deux phrases, qui lui étaient également inintelligibles. |
La difficulté du signe de Menahem réside surtout dans le mot \
Zûn, qui est certainement ici pour î<::n. D'après le système des ra-
cines bilitères adopté par Menahem, les lettres faibles peuvent
être supprimées ou déplacées. Kléazar b. Kalîr, on lésait, a ap-
pliqué ce système bien longtemi)s avant Menahem dans ses divers
pioidim. Pour la racine N::n, en particulier, l'Ecriture offre un
certain nombre d'exemples dans lesquels Valcph est retranché, et
le Talmud de Jérusalem * présente aussi le nom ::n et la troisième
personne du parfait t2n sans la lettre faible. Dans ce signe mné-
motechnique, Menahem était d'autant plus obligé de laisser de côté
les lettres faibles que, par leur nature, elles font toutes partie des
lettres serviles. Partant de là, nous ponctuons ainsi la phrase: an
P"??? *I? *^?^» 6t ï^o^s traduisons : a Celui qui a compté la race
juste (Israèl) a péché. » Ceci rappelle le recensement ordonné par
David rapporté dans II Sam., xiv, où le vers. 10 finit par les mots:
û:^rî riN nso, « il compta le peuple », et lo vers. 11 commence par
la confession du roi "^rNiin, « j'ai péché ».
Passons maintenant aux deux signes inventés par Ibn Djanâli-
Nous lisons le premier signe : -,'i: Cjn Târr o)?:?, « 'Azgâd restaura
le port de Tyr ». Le nom propre T^vr se rencontre plusieurs foi^
dans les livres d'Ezra et de Néhémie, et bien qu'il y soit porté p^^
un Israélite, la composition en est toute païenne, puisqu'il si-
gnifie : c( Gad (tû^tt.) est fort ». Il est plus que probable que cet^^
restauration du port de Tyr ne se rattache pas à un fait histo'
rique déterminé; mais nous savons aussi que, pour la sûreté^ ^^
la côte de l'ancienne Phénicie, Tyr était considérée comme i^^
importante. D'autre part, ni: était exigé par la nécessité de cc^^
pléter les onze lettres radicales. D'après une ancienne croj'anc^^
très répandue parmi les Juifs, Jérusalem ne devait être recor"^
truite qu'après la destruction des villes de la côte. Le seccr ^
signe rîjan 'rjçî ^mr:^, « puisse seulement mon Salom, c'est-à-d^
* Nedarim^ 36 rf.
* Megilla, G a.
MÉLANGES RARBINIQUES m
fi^rusalom, ^*tre rebâtie », sert donc parfaitement de contre-partie
^à la reconstruction du port de Tyr.
Nous devons à la complaisance da savant docteur S. Baor, de
Biberich, la communication d'un tableau complet des dilîorents
signes mnémotecliniques composées parles grammairiens juifs de-
puis Saadya jusqu'à Salomon Hanaii.
1*» R. Saadya, dans son ii"i:i« \ donne poar les lettres serviles le
figne : ^bncD D'^ninn, qui n'a guère de sens. Le Gaon donne, en
5, )r\^^ pour les préfixes verbaux, et ns dib^aa ' pour les autres
ierviles. Dunasch^ attribue h Saadya aussK pour les lettres radi-
fcales, le môme signe que celui que propose Menaliem, et le cri-
tique de la ra^^me manière que ce dernier grammairien; c^est
■l^videmment une erreur de la part de Dunasch
2*» Les deux signes donnc^'s par Menaliera viennent d*étre ex-
pliqués.
3* Dunasch \ qni fait entrer le daîet el le tet au nombre des
lettres serviles, imagine, pour celles-ci, le signe 3::d nt2« "^ibn ^:i,
« Dunasch llaMvi a (?crit selon la vérité », en prenant le tet comme
la permutatioïi du taw ; il inventf*, eu outre, le signe : n^^aia?
DU Dn:; iVo, « Adoniyya au bon augure » ; rr'sn» remplace alors
b-^nnït = t35n, et m tins équivaudrait à du 1î:"»o, deux mots que les
Juifs de l'Espagne aimaient à placer aprV's leur nom. — Pour^ les
lettres radicales, on trouve rr hed yp in, ce qui signifie peut-être :
« LafAte (de Souccôth) est la fin du livre magnifique», c*est-à>-dire
est la dernière fête de Tannée inscrite dans le Pentateuque.
4*» Salomon b, Gabirol"' a, pour les lettres radicales, yn na: tap
•rnos, et» pour les serviles, srir; rxm^ •'5N, En considérant que
Dunasch inscrit deux fois son nom dans ses signes et qu'Ibn
Ezra. comme on le verra au n^ *7, va en faire autant, je serais
disposé à voir dans rîp Tabrégé forcé de pp, surnom qulbn Ga-
birol paraît avoir adopt('^\ Nous traduirions donc : « Le Qaton
appartient à la race pure d'Espagne, »
5« Le» simanlm d'Aboul Walid sont exposés et commentés plus
lia ut.
> Stado. AlttiitametttUehe E^té^en, 1S82, p. ï)3 ; Testkùuhùt talmtdé M0nahm,
p. 40i Octfrer» Jiid, ZeUichf., X, p. 258.
■ Voy. Geiger» /. e.
• Kritih da Dunasch b. lahrat, Mit. Schrûkr, Bresliu, 1886, n» 6. Le moi na
Tîtlcromcnt pour î3n» La leçon TO pouf £3Hi qi»i «• irouve iOUTent â*Éïptiquo
F/M7<f, iLïV, 18.
♦ Tesfhoubot Dunasch, édit, Filipowski (Londres, ISSÎÎ), p. îî ; KriHk 4es Dunateh^
* 6; 2'almid« Mctinhem, p, 40»
* ï^ûthotk^ Lê^cicùn kfhraievm (Presbourg, 1844), p. xxtil el xxï\\
Pftrhoo, i^id,^ p. xxii, I. 12,
I
60 REVUE DES ETUDES JUIVES
6<* Jehuda b. Balaam • propose, pour les lettres radicales, yti m
Cîn ODn, a la race de la justice (Israël) a écrasé le péché » et, pour
les lettres serviles, n«in la bNS* ■'Td, ce qui signifie peut-être:
« Comment a-t-on placé un (ils au rang d*un dieu ! » Cette boutade
anti-chrétienne va assez au caractère franc jusqu'à la brutalité
d*Ibn Balaam.
7® Ibn Ezra ^ donne, pour les lettres radicales, les deux signes:
q^^T nsrp non caa
n-iDO Tw nz uy
dont on saisit difficilement le sens ; et, pour les lettres serviles : rr«
X^nti 3N ?|b, a place devant tes yeux l'exemple du père des peu-
ples (Abraham) », surnom du patriarche Abraham, nK b^noSi
liTDn, a comme un plant du Père des peuples ». Abraham était le
nom de notre auteur.
8® Moïse Kamhi* emprunte, pour les lettres radicales, le signe
de Menahem ; pour les serviles, il propose: in -«b©» roon», «je
suis désigné dans ce siman par ce qui m'appartient», c'est-à-dire
que les lettres formant le nom de ïtotd s'y trouvent ; il se trouve
explicitement dans cet autre signe : iD-'b» nnD noTD, « Moïse nouJ
a écrit ».
9« David b. Salomon b. David Ibn Yahya * propose, pour le»
lettres serviles, le signe : ïindi Db© ^anD, « mon écrit est complet
et beau ».
10<> Abraham de Balmes* réunit les lettres serviles dans la
phrase : nsDriN ■'TSTabm, a je suis désigné comme originaire de
Balmes ».
11« Elias Levita' les réunit dans : nns: nn-^bx ûo, « le nom
d'Elie est écrit ».
12® Samuel Arkewalti * (deuxième moitié du xvi° siècle) les
réunit dans : p-^nsn bNiT^o, a Samuel les a écrites (les lettres ser-
viles) ».
13*> Salomon Ilanau » (mort en 1746) a proposé, pour les lettres
radicales : pns: m ano en, « protège le reste de la race de 1^
justice (Israël) »; pour les serviles : nbrsi ncTs "jn-^N.
J. Derenbourq.
* 7*(iVm0 hammiçnl, p. '26.
• Dans le texte on lit b50^?3 en un seul mot.
* Moznaytm (6dit. Lippmanu), p. 3 ; Sahôt, p. 14.
♦ Makalack! David Kamhi, Mkhlôl (édil. Fùrth), p. 42*.
6 Lesichôn limmudtm, iuit.
• Miqne Ahrdm, p. 7.
7 Coiumeutairo sur le Mahalach.
LES MARRANES DE PESARO
ET LES REPRESAILLES DES JUIFS LEVANTINS
CONTRE LA VILLE D ANCÔNE
Les lueurs des bùcbers allumas à Aricône en 1556 produisirent
une impn^ssion très profoutle Jusquo dans le Levant, les exiU^s
juifs de Portugal et d'Espagne établis dans cette région furent ou-
trés du supplice infligé à leurs coreligionnaires, et ils résolurent
de les venger. Il s'en fallut de bien peu que les bùcbers élevés pour
les marranes ne devinssent ïe tombeau d'Ancône. Dans le premier
mouvement de leur légitime colère, les Juifs levantins s'enten-
dirent pour cesser toute relation avec cette ville et diriger tout le
» mouvement commercial vers Pesaro, où Guido Ubaido, plutôt
par intérêt que par humanité, avait offert un asile aux fugitifs
d^Aucone *. En Tannée 1556, les Juits du Levant avaient centralisé
le commerce entre leurs mains, au point d'être devenus les seuls
(arbitres de la fortune d'un port de mer florissant de ritalie. La
ville d'Ancône, malgré ses richesses, aurait été ruinée en quelques
mois, si la résolution prise contre elle avait été sérieusement
exécutée par tous les Juifs levantins sans exception. Le 10 août
1556 *, peu de temps après que cette résolution avait été arrôtée,
* UouTrafçc de W. Heyd^ Geschickte des Let/aHiehandttt im MiUdûUer^ II, 345, ne
rtpporto les roUlbus d^Àucûiio avec le Levant que jUHqu?oa 15 OÙ.
* Dans Bon opusculo Gli Ehrci Porto^km çiustizmti in Anconû sotto Paoh îV,
Foligno, 1884, M. Michelt; Maroni a publié (p. 5], sous le nom de C, Ferma, cet
imporlanl document» oiasi conçu ; Bcatissime Pater, La mali^nilà grande delii per-
6di maranol ne sforza contro ogni nostro vulere a raslidiare la ibeiii^nitH di V, Û" ;
quali hanno ayiiLo ta nia possanza^ cfie hanno indallo nkutii ebrei a Jar cerie iùto
malcdetle ficomunichc €t si'eléraLc malediziani de' loro rabini m nna sioagoga di
SaloQÎcchia et pubikarc in inoki luoghi» per le quuli proibiscono il yen ire et m ao>
d^re mercoQzie et robe di ogni sorte In Âncona et Imnno levato lolalmenle U tmlGco
é/i REVTE DES LTCDES JOVES
1^ ccrriJi^queiic^ en Tarent d^)à <\ fanestes pour Ancône ^ le
5y;nat et le conseil communal de la ville s'adressèrent à Paul IV,
c^ase première de ce ma!, pour le prier de leur venir en aide. Us
lui dirent que les marranes avaient poussé les Juifs du Leyanti
pronon^x^r, dans une synagogue de Salonique et dans d autres eo-
droiU, ranattiéme et l'excommunication contre ceux d'entre eox
qui apporteraient des marchandises à Ancône, au lien de les
transporteur à Pesaro, ils ajoutèrent que le commerce avait déjà
considérablement diminué à Ancône et était sur le point de dis-
paraître complètement, que la ville ne serait bientôt plus qu'on
«impie cliâteau-fort, si Sa Sainteté ne s'empressait d'intervenir m
sa faveur. Comme il est assez rare de rencontrer dans Thistoire
juive le spectacle de persécutés qui se défendent vaillamment
contre leurs bourreaux, il semble particulièrement intéressant de
réunir tous les renseignements relatifs à cet événement.
J'emprunte les informations relatives à cet épisode à deux
lettres écrites sous le coup de l'émotion produite par la mort des
24 martyrs d'Ancône, et qui se trouvent. dans un manuscrit que je
possède d'un recueil de lettres de Pesaro. Cet ouvrage contient,
sous les numéros 140 à 142, comme modèles d'épitres hébraïques,
les deux lettres qui nous font connaître le plan proposé pour
rompn? toute relation avec le port d'Ancône et l'adhésion des
Juifs du Levant à ce plan. Il serait à désirer, dans l'intérêt du
texte de ces lettres, dont le manuscrit est défedlueux, difficile à
déchiffrer et rempli de fautes, qu'on put en trouver d'autres co-
pies, mais le sens môme de ces lettres est clair.
Nous voyons, par ces documents, que l'idée des représailles est
née dans l'esprit des malheureux marranes échappés d'Ancône et
réfugiés à Pesaro. La ville d'Ancône était devenue pour eux ^
ville des soupirs ('"^ps^s). C'est en vain qu'eux ou leurs aïeux
avaient échappé à l'Inquisition eu Portugal, le sombre théatiû
Paul IV avait renouvelé pour eux toutes les souffrances de ^
tribunal sanguinaire, et, après les plus atroces tortures, vinS^"
quatre des meilleurs d'entre eux, par groupes de douze, et, dans ^^.
Intervalle de cinq jours*, étaient morts dans les flammes. Ce 4^^
cl roimiuToio dollo robo ili Levualo di quesla ciltà, et hanno invialo ïd Pesaro, ^^
ni ri<Uu'i>uo el trutïtcauo al présente essi marraui, di maDÎera che le facende sonc^
grun parte co»sato et vanoo maucando ogDÏ di più di tal sorte che se la bonlà de:^
Slik. Vra. nuu ci socorre, questa cittù sua t'edelissima restera abbandouata cl dereli ^
et »arà corne un castello o uua villa posta nel lido délia marina la quale solea essc:^
pidua di uogozi et tratfichi, quaulo altra nobil citià d'Italie.
*^ CVe*t tiXim que je coinprt^uds le passage de la réponse des Levantins : S^:
DVî5»') CfeO ^'p^n , D'^:'lCfinn TC^ 0*^:0 by nc:^. su était nécessaire d'u^
uouvtlU pMuvo pour combttUo le douio ôinis p«r (iaiilMddi (voir mon article dar::^
LES 5IARKANES DE PESARO G3
ïFabsait invraisemblable en Italie est devenu vrai, Tirapossible
; eu lieu, Ancùne a assisté deux lois à l'accomplissement du plus
^orrible forfait, toute la ville en porle la responsabilité et ce
rime odieux crie vengeance. Tels sont les Uélails rapportf's par
ledes deux lettres. C'est alors que Tentourage de Guido Ubaido
fait lie paraît pas douteux] suggéra aux marranes Tidée de de-
mander aux Juifs du Levant de les aider à châtier Ancone. Qu'au-
^un navire, t^u^aucune njarchandise du Levant n'entre plus dans
port d'Ancùne, que tout le commerce de FOrient soit dirigé
jr Pesaro, dont Guido Ubaido promet d'élargir et d'améliorer le
Jlort*.ll s'agissait donc d'écrire aux Juifs du Levant, Mais il
l'était ni prudent ni ijossible de confier au papier, tout ce qu*on
ivait à leur titre. On envoya alors vers eux, en qualité d'ambassa-
deur, un marrane» Juda Varadj *, qui, malgré sa santé cbance-
iante, accepta cette mission. Il était muni d'une lettre qui conte-
taitune exposition très brève des événements, on le chargeait de
acunter verbalement ce qui ne pouvait pas être mis par écrit. La
&ttre faisait connaître, dans un hébreu assez obscur» la foi in-
lotuptable et Théroïsme des martyrs, qui n'avaient cédé ni aux
promesses ni aux tortures et avaient aO'ronté joyeusement la mort
pour rendre gloire au Dieu d'Lsraél; elle ajoutait qu'il apparte-
aait maintenant aux puissants Israélites de Turquie de montrer
|ue la solidarité juive n est pas un vain mot et de se venger d*An-
Sône en s'abstenant dorénavant dV envoyer leurs navires ou
îurs marchandises; que, du reste, Juda Faradj donnerait tous les
claircissements nécessaires.
Juda paraît s'être rendu tout d'abord h Salonique ; en tous cas,
réponse que nous possédons témoigne du très vif empressement
tes Juifs levantins à adhérer à la proposition de leurs coreligion-
laires de Pesaro et concorde avec les sentiments qui, d'après un
Mevue dût EU /nfMi, XI, 149], OQ la trouT^rait dans le tétaoi^Dagd des Conml^
ttiom (AmstenlBm, 1, f. 63 f) du Joseph iba Leb : b^3 'n?:brrï Cinï33 IT^ h:?^
lii nb-'b^ bbirnnb maun^a *XDn u^iy^ t\::.';> ■^.n.m ni<''bî<::\H yn»
^'•r:xrî 2riï« rnoncb nbin:^ '«:p ntîsp -^.côî q-'c:î< r^^'p iim^ri
^P'Hitn. Le mi}mc fait est rapporté par Jusua Sonciti dans r'wlH^b "bTO, Con-
promis ris ictUo du Pesaro iudii{Uô également que I9 aoiubre des martyrs^ était de
• Joseph il*a Leb, li, : n?:^ rj^D ^ppb 31 \V2'ia nTD"» IDTSrT DI^Tirî D51
i^i::Kî3 T^T^^ZZn ■»3*a''*a "^"13 î<nn»T» et Moïse di Trtni, dans a"'*a73 p' 1U3,
m : nbpn 13 ^f-jH-» "^nbab b?::n 'ip^ prr' Di^nn ■'D-
* P. tbi nommé par Josua Soncin da^s VomulL^ U). au commeacemcQt : IIX
-^^tra '»-iA r«?3 mbu n^b-n ;^"«-id myrr^ 'ns c«?3 bxiîa.
BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
autre document ^ animaient, dans cette circonstance, la coromtr-
nauté de Salonique. Les Juifs d'Âncône furent effrayés des consé-
quences fâcheuses que pourrait avoir pour eux raccomplissement
lie la venjîeance préparée par les marranes de Pesaro; ils crai-
gnirent que le pape Paul IV ne persécutât, après les marranes,
tous les Juifs de ses États. Mais l'enthousiasme soulevé par la
proposition des marranes était encore trop récent et la réputation
des Juifs d*Ancône» dans le Levant^ trop mauvaise *, pour qu'on
tînt compte d'abord de leurs réclamations. La réponse à la lettre
de Pesaro dit que la proposition des marranes fut publiée dansïa
synagogue, devant les jeunes et les vieux, et obtint une adhésion
complète et unanime; qu'on doit une profonde reconnaissance â
ceux qui ont trouvé le châtiment qu'on pouvait infliger à la ville
criminelle ; qu'on est décidé de tout tenter pour la réalisation de
ce projet et de ne pas écouter les gens d'Ancône, qui, dans un inté-
rêt pécuniaire, répandent des mensonges pour produire des scis-
sions dans les communautés et faire échouer la vengeance proje-
tée ; que le sang des martyrs crie vengeance et que sa voix parle
plus haut que les protestations de la communauté d*Ancône; que
les Juifs de Pesaro doivent montrer la fausseté des allégations de
leurs coreligionnaires d'Ancùne ; que tout concours leur est as-
suré et que, dans le cas où ils auraient besoin de nouvelles etplos
vives reconioiandations aiipri^s du duc Guido Ubaldo, ils les ob-
tiendront ; qu*eax(les Juifs du Levant) vivent dans un pays dont
le prince» Soliman» donne chaque jour de nouvelles preuves de sa
bienveillance pour les Juifs, qu'il n'existe conséquemment auciio
doute sur la réussite de leur plan, que peu à peu de nouveaux
amis s'associeront à eux pour développer et rendre florissante la
ville de Pesaro et pour dépeupler et ruiner la ville malfaisante
d'Ancône.
Les prévisions de cette lettre ne se réalisèrent pas. Nous savons
at\jourd'hui que les crainttsdes Juifs d'Ancône étaient justiliéesi
que le Sénat et le Conseil, effrayés de la décadence qui menaçait
leur ville, demandèrent, le 10 août 1556, aide et conseil au pape.
La lutte entre les Juifs de Pesaro et ceux d'Ancône et des États
pontificaux était pour chaque parti une question de vie ou de
» Moïse di Trini dit» i*. ^CH riV^*T5rr nV'^rrpr rr:^,^^r7 f^rriz ^îtî^
21:3 *;y bib ^^D Vr Z" z> *^^rw*^ b»-trb rn'b'^nsr; ^i^"^
» Josua SoQcin rvmui|u«, a U an d« la E^^^ 39 : C^C^K rXpïS TtT^
rr^'Z'2 r-^wn banx:^ -2 ztc N'^rn: kV *:r^x^ z"
LES MARHANES DE PESAHO 60
mort, et vraiment il s'agissait de savoir, comme dit le Talmud, le-
quel avait le sang |>]lis rouge, lequel des deux partis devait ^tre
sacrifié! La situation se tendait de plus en plus, Juda Fararîj ne-
taît plus sûr de remporter la victoire ; c*est alors que Donna Gra-
cia * parut sur la scène* Le zèle passionné que cette noble femme
et ses partisans déployj'^rent pour la cause des marranes irrita
bien des personnes qui jusque-là étaient restées indécises et qui se
— prononcèrent en faveur d'Ancune, Des déchirements se produi-
^sirent dans les communautés levantines, ou avait régné jusqu'a-
lors la plus parfaite concorde, on ne tint pas comiJte de Texcommu-
nication prononcée contre Âncône; la souscription faite parmi les
Juifs du Levant pour ofïrir au duc d'Urbino un don de vinj^t mille
florins d'or* échoua, Guido Ubaldo * se voyait dét;u dans ses es-
pérances et n'avait plus aucune raison de résister aux démarches
pressantes des délégués du pape* Vers le 9 juin 1558, les marranes
■ quittèrent le territoire d'tlrbino, qui» ijour me servir de Texpres-
sion du cardinal Michel Gliislièri *, plus tard pape Pie V, fut ainsi
guéri de la peste qui le contaminait.
I
* JosHB Soacin dit, dans R/^>oniu, 40, f, i6è: . ,.[^K-l'^ l.) rtX"l^ '►"IttT'^D ■»i:53KT
ir-^DO'^u bitma'' bs nK n^is-b bnncri[c} h-'Sd ibm n*^!::: N-^'^cxia
» /A., ^zx,y ^33 *^3iTîîn K:3n '«Nn'* n^p rn iiro -^nji b^^nb ^tsi
•«j3 bD hy zvj ib'^ia^TD ir'^ni Taxl^ nai^n nnx n«^?2n d-'n-'i:»?:
^rvyo ^m ir^n-j» ^i "piib in;a^i ç^nns O'^ob» '*j i» i":: ina^'T n^n^
n:?-ïn nicnb icck •*« b»ni2^3 ^b^ X"^:: m-^nb^c nb ^îi^n^^i nni^m
Cf. Gneli; GuckichU, IX, 374.
* La COUT de Guido Ubaido n'élait rien moins qn'innio des Juiffl* Nous savons par
Joisua Soocin, qui, ea sa qualité d'Italien, était sans doute Lien informé, que c'éuit
le propre pèie d* Ubaido qui avait commis le Mcrilègt» d'envelopper un porc dftns
le manteau d*un rouleau sacré et de le placer dans rarcbe fiaitito. Voici ce que dit
Soncin, iï^,,f. 39, 4!^//, à ce sujet : rîCJ2»3 l^^l-tn ÏTu773n *^n"^ "^p
"pîHt] rscp 03? oïDiin •'Hn Dp ipnc.xa nnp^Ma nc:?:i:î rî?:?3 inrea
rn:;ip^n bana bK-îa^ b^b np bni5 ^nra ^5 pxi ^s^na ipin i73*^'1 *"i"3n
rmn "^nDO PK 13Db Cbl*n hz ^ni. Le mot ipnC» doit ôlre traduit ici par
tit^mmtni^ car le fait, d'après le Emtk Haèrtcha^ de Joseph Uacohen, a eu liuu en
1553 (voir la traduction do Wiener, p. 88), Josepli Hacoben ce dit pas que c^ aacri*
lège avait été commis par le frère du duc.
* Ghisliert écrit, le ïl juin 1558, au duc de Ferrare pour qu'il renvoie de son Etat
• (a perfide et abomineTolissima geuiâraiioae de Marrani^ iitdegna invero dei cou-
fiortio d'aorniai, non che de cbrîstiani ; si corne rillustrissimo duca d'Urbino lia corn-
minciabo già anch' egli a smorbarne il £iuo i. Voir Maroni, iîfid,^ p. 18. M« Graelz,
" IX, 379, indique, d'après Joseph Hacohen (traducliuu Wiener, p» 96), le moia do
1558 comme date de Pexpidaion des Mftiranoe de Peearo*
T. XVI, n9 31. ti
^-pui
06 REVUE DES ETUDES JUIVES
Les deux autres lettres (III-IV), que j'emprunte au même ma-
nuscrit, sont peut-être les lettres de recommandation que la
communauté juive de Pesaro remit aux marranes, afin d'assurer
auprès des Juifs levantins un accueil bienveillant à ces mal-
heureux qui, venus des Etats du pape pour chercher on refuge i
Pesaro, avaient été expulsés par Guido Ubaldo et s'étaient ensuite
rendus dans les pays du Levant.
David Kaupmann.
I
mtt5D3 n"3 K"DipD«ï3
•jiwD bipb irnab n» i073îi i3Ti« ip:^r uyws an» B^
nnTD '"pmn û-'pmism û-^p^inr; D'^pîNsm D'^rott^n mipatt t»:^»
m»t3n n"»b a^*»-!» 1"»«t ^y^V'> nny i-«i orma^ n^ wana ûvtïïïi
rmrm b3 b« ab ba^ ca« t?"»» f«i "pai» H'»ot» nb D-n^ t^td •ro
rrmss ûrî:^i» b:^m j^niDa ca-^^iaa î-rp^^t tai-» ta© drinut nwi
toban baaa 12:^ N»ba n-^aa idn yn» -^^^y nsan nm •'d m^otina
anm ta-^nmoi ynx ■'d^sd v^^ tii''abn>3 nb nnb 130 -o-nb O"»»
ynNn ana , n-^b^r k-^t:-: «b-r «nbttdi m*» tsan t3"»po:^n nnoîa nrrra
rmnn«a î-rnn nn» "«a i:n2Nn «b ib«« «b 'n '^ n«n nino
mîn73 isbnaî 3rn73t373 Tn:^: ae«73 ««a matai t|ia3b rttnoa tnaa
■'aa -^n: '•'rbTa ta-'asiNn» tii"»aia riTûm lîcf^ n:^n b^ r-mn ^
rrbin "p^» i3'^n:i:ti i:nN 13*^:^00 bo qpn irba^ ta^mp ^Dom
b3t -iDpDo sar -^opb 13-^aa Ta-n la^^ao ûod3 mon b-^a^nb carrb»
D-^bTbtn nman nbij^ O'r^n nas "^a i^b «3 -^in p-srnn nrn "Osî: tt»
a-^iN tn'ptio tana «psa n^rncD nxîm ynca mn^b o'^a» ant 5"»bTn
n33ia n»« .na-^'r^ paaM^Tan nscjnoTD nonro'» -^n ,Dn^n fnKb nan
b-^anT: i:ab imopn la-'anTO isia^n'^i cjoai 'ïit t|io«b mat Ta
r»Nn ■'» npijr ^1:^73 tsT' nb"» n» -rbisn n» rniÉna •jinn» crb
nnb Danpa nman rùy^ in» y^i *Dn''N «a-^ a(Nj(i)nD 'O na^nncb
n-c^yî: inao^^ lï-^ro byi2 inyizi nrm^ ^a ,012^12 t^aat «mp o/^
liwa i3"»-i-n3: mrs*^?: n-iTîn: b^ istk:"» ir«D3 aaittJ'^ li-^ro:? ^ot
m laniNcm iscip CB:n -na irmbo "noaN •taa-^TiDxa caann •ir»cp
T^taa "jn-^ rv^ b'^aia*' na '^^'^y'* '^ amanna Dipna o« nbiamab
> Piov., Ti, 15 ; I Samuel, xui, 20.
» Ps.. XX. 1.
LES MARRANES DK PESAHU
U7
•^•iKi inTôïrn ' û'^oi-îpn Gn^'^m ccd: MT^nnb n^^-'irr ûnna i*»
O'np D'^-ï^DW rp.\x yiî3*t2b nï3in u;d:i m^nn '"^rya DsbD ii^b^^ -"^a
ti?3b ibro rrbH b^ ^n npsi 'nn dcds '■•pb» "»3«bïï f':nni
■»t mnDj c^^mnm f p-iin ^-.:d« ^ND^n e^xbiD -^naa --itsh
y^^îsa bnna * stjit? nTB3 nvn?3 nnj^: e«b la-'ôt nptnn Di^finb-^i am»
Bib pnir Q^E^b ST^nb irb nrns [i^]73p nnnn&« vzi^n n^^ nn
|«Q^ Vk nnan n^n '-^pb» n«T •'d ûrr^nisrna t-^bi^Ta D'^biSTa biD^a
b^nn t^bT nn-^Dr^a s^dsid d^^i^^^i: r^ û'^n^TSD f^miEj D'^-T'sn
nnï-ï 'n ■'in^b mbî mwTj ina: 'na iD'»?aN"*'i 1:373 b\dd3 iD-^bisn
^ b« inx -iT3È<b «nj^îs^i D^p^a i*j:npb s^-nnriD Dib y^?a» iTaa
jj©pi:o inazûb ncn: nb-'j^^n «b /-^pbÈ* v^ rubari i3"'3-nfit irw
^n m-ii)3n?23 Db-^Dïnb ùj^^b i?:'»bj b-'^ûDnb n^b inu: mpbpbna
^*îb ■îp%n?arï yrn nnn osy^cna -i3-':3Dipb not^si nm^n î^br Dn»
ipbi rnî* ns:-:: ^isnb ai«ne 2ms< nins mnnn rnn^*::'^ mnc
s*»::; rrbi^ ■'saD nsn^ab pmîrn rrTsb orrb m^»3 tom fiiaa
5T tï- i»i2] ^D^2 tirôz'û^ ib^^n •pK?^ 3^:21 vn^ laiu: D^np'îi??
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cp'i ^rrrnb (l. '■^■^Tiij rî"*'n« n?: ^tJ^b^a ^bî3 r-^n t« /nb nnsn
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nbn: b« nm-e on^ss^n nsDbn-i iras nnxs'» gcd: nnb^ anbn
Éi b'n:in raiD n^nrn .nr.H-- tîb v- ^^^^ Diptn b« pb p'«3î«
aba nnis'^n nbND n^ans n-^rï; ut: çipb-rcrs mrb q-^.n a?
t-rbM 'nb nœ-*» b^bs nbiJ^ 'i:i-^'p':! ddWt Dabn OTsaw' r« i^np-'T
tliob, lïXTi, 45,
Ps., cxu. 7,
» 5y»A*/rf«, 7 iT.
m REVUE DEIS ETUDES lUIVES
r-i-^-^NCrî asïD^T 'rï e^^^ r*<b m D^%n i^ "î^?:n nV-s» ci-^b '^t
mEt ^n-^Tn na'csm n«ï;n -^scb nn m^y «b -n3«s '5:'»33b ^cit
niDN n?:D -inn n-in« mn D^npa cpbx ^[o]lTS)t) -^d «Vn ,s-:in2
Cl •'^ sn'^nn^b ::"'3n Kb a-^yrinTa B'^2p5p «rï:3 ^d Dn?;ï:2 p2b3
mpn t)rfi«:: ib^^i os -narn i^^^b:? ca ■'bi«T -îT^b trs is»b nrrn
nsa'^ nrî^a ni;.s*:î aa^ ^icja ^ïïbsn"' pD -lan- r^b ^73 ib ^^rn ^r* •'^
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iri^ nrjia p-^n i:;^ rrû:?b i3b mbaim sd-'-i pô* ^-^n^ Nini ir:
t-n5£:22i mira Q"»baiD^n û'^Dibfct ir«È«i, ni ûnK ^s dssh rr:
DDr^Nirri ^:Db nsir? 31:3 oki nn'^nar^ t^s'^îTD D^bi n-^nn dd-»c
nn^T:; miib nn nn^bn y-i«n bx 'n "^^Dt^ V^K''^ r"!-"^b icr nw
D*o iDtî"^ b«i •'naj?! "«ani^ brr ba n::?ro n3«wn n^rn nn-^T:
î-nian '■'Dïï ]n73T p^;Dî3a ''^^^-î ^-^r nmiiz^n «b rï::r.,r;îî*. mns
n?:î2DD Trm lîbn '^*^.i -ai^f bD i"n£*i n^'nn n-s'^n^b os:i« ,nu^
isna ^fîH ï5\H ^:a isbsi bwnïD'^a '^pbn v^ •'s na -"aor bD im
te5 ûr4«:p q:^ «ar '*:3 -in:a nrai "^ca pîjiD ^n^ ^"^ kîst
•'bi.H Dm23^a n^iNn nm-ït* ''d 1*013^1 itt-r^ nrn ^::3b ipîn srî<
rr^m bN rïïD-» ibn D3 ^biD*^ n^xrn tn^T r-rcrn r:^2^ 'n r
.mbci b«n',i:-'?3i 'n^ u^y^ n^sa i3n:î<n n-iNiSzn na-^bcn t
1
ratî
nbbx n?3 bipb nsn n^f d«i 3n53 Dn^^iKb i:r3 «b c'ra^r
nibrî o-'xn /«nipTit) eibisT «non tT»''^?'' ^3 "i^^^ ^^25 irrcr
^D !-r:t]Ki ,r;Db i:b nvnb i3^7aip?D ntî nfitb7:b t*3b rrpib 'l;^-^^x^
GDb 'T'^:i"« ::DCr3 i^nm bsbs"» ••'b'^^a '^nmnîa irr'^fit n^bn £=::r»
ûibïî ab n!:ib7P
^ Cf. Ex., xxiiï, il.
* I&aie, t, t1-
* M f plia, 18 «.
LES MARRANES DE PESAUO
IV.I
n
-*.*2 &^;nt« 'rt 3^ ^n cs^^i^rn n^v "^-iî:» nst-î^s rt?3
i^p ab "npn z^'o^n nm nsiT? ^^r;» ^d ir«-i p lîrr^ n*i2&«3
pTS ^"^ncr n'^: V:: n^^n^ ^d-^d b:f nt3&* "ps ^nma t3::'b
aD iSTp psiTD ■'sn.2 t^-'pTH tri^bj^b np*' isn-^ -^:;j? r:''pns?3n
pyb TVù^^n >'r D^ b-p HN-'-ipn bo iDH-ip D3 iDbfi tis^p^^n^ issïîr
BIS bso ci'i:;!! î-riyi bnp D'^issi êi:j 2^:pT 3t:;'1?:3 ir?2r -^sa
c^^in^ zn^"2i bî« im ^"r^ bz nsn^b iiT^b'' i??2b :n::^n nô«2
r-iT 'crnn^c cshd niD^-^ Dn^na ris^ nr:^?:'*^ ns^ znnn ris^ 'nb
e» i3-:3r? i:-^73J' '^:i'*2H an î-r^D:Z'3 B"*^*:n n^:^3 s'^^cn^^n z'^r*^'^
^nn "^bn ^i:Àb r-rzbr: Dr^^np ip*j-> otsuî cz^n^.nD^^ ^na^
1T5TCÎ3 izi3:i crnnmsD mnni&« nncb^ ^s t»^.-^-) rrn inn*' ribip
2ît2:2 ip7t"f 1H15'' ■'DDn n?:.rT oa i^sr^i irr^ria ib^'^ orr^mnin
Qcb •'Di"î rb-^b^ i^^tî^c n-^rr? n**T -"^ an^^cn ^"2 [rr;(3:in:?3i
in?3» pn^3 vn p' ir^^ •*;::£*=? ^s nbD aab nm:i n^^n Gbn?b
TDb b!3t3 c23-n HT * [i 7jp:£n nVob v'-^'^^ ^'^^^ ^^ G"'"-/.::^
n n^'Tsb mp-^i 133 p-'Tn'' pi^ 'ïr-' '^^mb-j^djcb irpbn 'rtb
û:73ît bt^îsci V'^'* rt:;: cib rTn-nz:^') rrspn n'.o^?3 b^a sr^n-iu
nb 'é-^n^TS?:b n'^?:c?3 ii7 nne^b MDlCahn» p-^nsTs r;?:'' »b p ^^^
b« bD b7 ^pm *]in3 ^nn sts^'^p b^:: n*^p3 s^r^TKr'^'îi^jSi?^
5^«annb •^-.^ •'^sb minb i^m sn lE-^cin ::r?3 s^sn nmrzrr
rr: ii>tt5 bip isirr ^ms pH •'D nmnms* "iitjny*» tc« D'':^^jnEbn
i^T^rî mD^?3 pr3b mus» nnnb inr:: b-^r z^3''^\-^s^2 û^t^trî -'-ini
-ï?:&t-» n:'"pbî< -^pt^i: D-'icn ^"ii ri'Cjb cn^ 'jrrb z:i2b d:?L3
0ipïï2 irn:nD nrr* las'pn nrxbn -iit» !-î3iï3n is?:':3 i;me<T
r:] r: n72ip?3^ nniï? ^-^rT?: 'j-'t* Dbi:?3a Pinin^ nnin bz '^s»i
iJCT^dt: tvzvTt p a^pbî< "^s^ "w^N bNc nt3»si crx cnp •'*:3:«
r^ bït rrr^n t^^m Dipn p<^rî Dzmn b^ nbnrni s^ni^b T*fit
c*::p3'^ zn n:«n ^d ar^^'iTi nr:r nrï'»;^ n^zn mrn
nxnttn P^''3 bx t*4"»3rîb ^11373 3 :^r:'^3'»^ i:r3 iDT)p?:n D3?:t3 n«
AOJaf . H7 a.
■ Job, \ixvin, lî».
J
70 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
TDnnn ncN 'pNïi bD ••aDio tii::b rrb-bn i"n bbnnrs tn'^rse ai
rTtt^Nïi 17: irbN ^yy^^r, irn5« ■'Tan bip rrttîibn ms:? bipb ^lo^nn
t:p3 nra binn*' «b y73i5< ci-^oi*^ û'^T' "irra «brr i-^n^a 'n tn^pj ms
brn qo n» 12b b« [iln*' ••nni dk^^j û'^^^sb nbr nb-.? b*:D tinb:?a «rr»
nny t:a riTsi is-ntjai is-^iqsj? irn» i[nl(2£)73 in'û nby-inn od njap
a-^bcD ts-^^-^T: nnpb mnrî is'^oin nat) br naï) iao"n lao ib-nsn ^
la-^r:: n^b-^n mba«i o»3 ipbn D'^rcônn ni):^ q-'STD b^f no^ tr»
ns')"' bwT iia-^i b72:^ rr^T^ïi ûrrb n-iprrbi -niinïib nBa)b m^fia net "tiba
t^^b n:?n rT:^iî2':57ai û^^n "usa narpn «b yn» itJttna nwT^i oc» tri
■*5aN ir)3n5« byi2 mnïT' mb:» -^scb?: nNT3 rrrr^rin ab n5-3n nb ^
bDi mpNi lana tDnp "^îax rr2[D]D[n]«n [l. niooi5n73] rmn'»5ns ifl
rrbND ûni« r-rrînpn bx io'ï?^ l^a b5« bnnn bû3 b« mp*' pi
i:n"^i D72na ibK[na]fm)D niofit tzs-'n^i:? ts-'DTa îs-^a^b» b« mra
rrbKi it5ci«nm nw inaT nri nbij^ '"^pb» tr^aa • na^Db m» ûrbwb
•^mn b» 'n riN D'^n['']aT)3n Dannn ro bnan -pTasb û^iTm imp»
m-inst -^aab n:b >-t72 nn^n onrîn ^y yn»a ï-mpbn bbnpn tsÂ
b» onnm 11:? bTOa73i on û'^abirîi û-^a-îo •'a û^rr ab n« D'WDun
lam ûmb:^ msr lo'^oin iir ninain ic-^oin m)ana:j iï;->3ïi itynnn^
nTaTn t|Hï rr^n^DTa d'élan b» a-in labnn-^ q» tD-^p-ia inbc nirop
nan 'ïT'a'^iKa aps nc^^b ^loaarr ^ora dïct by-^ aa m-i iRban*
rrpr «b ûaTiirst) a-HTam tmanna r^rm ^^y'n ■'acr n» Wi
ma û-namb Dn^a-^ban p ia-n m^^r^a û-^nai oab lan aa ^3i:n bai
is'oy mnn» mn nn^i ap:^ ibai-^ ba iiiz^m •^acin ta-nr D'ntJïiD |
lara t:nn "T^ b:? taiT^sn n^a iiïr^a in-'i otié^ m'^na -.aT^i
laiia-^ b» "^a "^la-^nn n^: b^^ taimin aa^a-^^^a aïoa ûin];a;'«b5
•»T»i O'^yn^ T'a p-^mnb aaaba 'arrri» ab n» iîtci-^ bfin î-rbcai
vïT^ 1D pp"' aba "^ran * [i. ic^C''] no:?-^ aa» by ma^ -rav
'n n» niarD -.rr-^ai i:n:x [i. "^a i"n] -^ain ta-'an aa ib«a-i snpiBb
i^ma baai "»rm:ai -.r-^riaXc^a N»b a» rxta k: isisnai arrrr 55
no» ba bwN [aa:nby'a -^rs? foin ybns rrb^ai rroipa irr^
a'^'^n 15X aa-^D by -^a mars aa-DîD r^ci-m imïn nanan ca rm
nc«a 'br-a ••rcb ^isinb rm-^ rrana ti^ qibrp aa-^rs b^ rm cm
irîcb ia-)T T^ra vran s» .-nirp 'n •^btd M'J^rn i3"otîi ï-»»«
iTty^ ma3 «bi rra-îs i:n:« ^-'^^^ lî^njrn bfi< caanbîW) ocw
irrain nx nco -.p'^rrr to -.--^"i m:n» ninx biD"» «bi yrfi^
Tn» b» n» r-T"-'."' aa-nn m^T3*n bx ca nanb tr» dni nb^
•ï:'»«P')aT: rcnb irbyr bp-» nr as iryîstîn b« ca-nan i^na^
t<bn yrrc nr» ba i^ia^bi ta^aa: ci:yb p lî-roDa m» b^-
* Il Stm., XIV, T; Istïe, iLVii, !4.
■ Job, XXXI, 36.
» Job, xiii, ! : ^aP*^ =.
LES MAKRANES DE PESARO 71
frt*!i ïD-n G-^itjrtT *]bTzn -^sM^a o^^n ^n ins 'n ^5 nain ?-rT
|yia'« in;3ns'* D^pb» .oi-ipnb C'^rm arj pn 13?:j ncs»^ N^b n'^îs*
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» H08., VI, 8,
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72 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
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IV
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rrpnstn m^c^yn rr^nn /ïï5ï:3 ^-^n^ i^^n n-'b-i ^nb n^-nat inron
nonTa •i3b-i d^b T^^n m-^nb û-^TaoniD dD-^a» l'^m D5'^3"*3 'nbo
:'ib;an T»bK d'^n'^npn bDi mnot:^
» Cf. BrUll, Jahrbncher, VIII, 154, note 2.
* Berack., 3 a.
» Joél, II, 16. ,
♦ Gen., xLvi, 26.
5 Berach,, 40 «, 3.
LES NÉGOCIANTS JUIFS A MARSEILLE
AD MILIEU DU lUT SIÈCLE
B M, Louis Blancard, le savant et excellent archiviste en chef du
d*^partenieiit des Bauches-du-Rhone. à Marseille, a publié des do-
cuments sur le coniinerce de Marseille qui sont du pkis haut int(^-
rét S et où se rencontrent d'assez nombreux renseignements sur le
commerce des Juifs de Marseille.
^ Ces documents comprennent :
H 1** Les opi'rations commerciales d'une puissante famille de né-
■ gociants marseillais, la famille des Manduel, allant de Tan 1200 à
" l'an 1260 [tome P% p. 1 â 258).
2p Les notules commerciales du notaire Amalric, allant du 13
mars au 20 juillet 1248 (tome P% p. 261, à tome fl, p. 1 à 367).
3^ Les commandites commerciales des Béguines de Roubaud,
congré^anistes marseillaises, années 1280 à 1289 (tome II, p. 311
à 383).
Ié-» Pièces diverses, 1249 à 1299 ( t, II, p. 387 à fin).
Nous commençons pardonner ici la liste des Juifs mentionnés
dans ces documents, avec Tindication des opérations commerciales
oa autres qu'ils font ou auxquelles ils sont mêlés. Ces opéra-
Hons commerciales consistent presque toujours en une com-
mande donnée ou reçue en marchandises (épices, denrées, espèces
monnayées) à faire valoir dans un port étranger. Le commandi-
taire reçoit généralement les trois quarts dn bénéfice.
Nous omettons, dans la liste qui suit, les noms des chrétiens
opèrent avec les Juifs, tous les noms de cette liste sont des
* Doeununtt inéditt sur le eommtrfe da M^^ffUlc au moyen â§* / tome I*', Mar-
lie, !8R4, in-8» de %h'kil p. ; tome II, Marseille, 18S5, in-8" 4© 512 p. La tibic
hnalyt^ue des matières [noms de litîux el de personnes, marchaiidises « oiTlreu) o'a
Ipta encore été publiée.
U REVUE DES ÉTUDES JUIVES
noms de Juii's, sauf dans les cas où nous avertissons qa*il n'en
est pas ainsi.
Ahrahim fils de Bolpkaraig. Reçoit une commande en espèces pour
Messine; il est cautionné par sa mère Astrugue. 49 avril 4235 (188,
n« 64). — P: 226, son nom est écrit Abram fils de Bulfaraich. — P. 287,
Abraam lils de Bolfoang. — Abrahim fils de Boforact, de Bougie, par
riutermédiairo de Bonafoux fils de Carcause *, de Marseille, paie une
dette à Mayraon, de Saragosse, 28 juillet 4248 {II 307, n» 4025). Le
nom du père est évidemment Aboul Faradj.
Ansaret fils d' Abraham. Fait une commande en clous de girofle à
Crescas Ferrusol fils de Jacob Fenrusol, pour Bougie, 28 avril 1Î48
(II MO. no 613).
Astruc Cordier, Fait une commande en clous de girofle à Bonjusas
fils de Salomon Ferrusol, pour Bougie, 22 avril 4248 (II 402, n^'SOS).
Astruc MaureL Voir Jacob fils d'Astruc Maurel. Serait-U le même
qu'Astruc fils de Samuel, qui suit?
Astruc (et aussi Astruguet) fils de Samuel. Beçoit une commande en
tartre, de Vidalet fils de Mossé, pour Bougie, 22 mars 4248 (1346,
n** 125). — Reçoit une commande en tartre et clous de girofle, pour
Bougie, 40' avril 4248 (II 402, n® 344); il est cautionné par Jacob fils
a Guersi Hominis ». Le notaire a évidemment transcrit de cette
façon le nom hébreu de Gersom, prononcé Guersome, qu'il a pris
pour Guers Homme. Son erreur vient peut-être de ce qu'il y avait
des chrétiens nommés Guers (II 274).
Astrugue, mère d'Abrahim Bolpharaig. Voir ce nom.
Astrugue femme de feu Bonaventure. Voir Bonafoux Cressent.
Astruguet, Voir Astruc.
Belassenco, de Palerme. Fait une commande en pacotille d'usage,
49 mars 1248 (1 289, n® 66). La commande est probablement pour Mes-
sine, voir no G7.
Benaciat fils de Bon fils de Tourtes [de Turribus]. Reçoit une com-
mande en safran, pour Acre, 6 avril 4248 (II 46, no 388).
Bernard Bonafoux (juif?). Voir 1 2» 3, n^ 432.
Bonafotix fds de feu Cressent (et aussi Creissent) et Bonedam (ou
Bonedonne; Bonadomina, Bonadona) sa femme. Donnent hypo*
thèque, pour valeur reçue en blé, sur une maison leur appartenan*
et sise à Marseille; un des confronts est Bonisac fils de feu Bonda^
vid Gros ; les deux autres confronts sont les chrétiens Raymoa^^
Roux de Saint-Martin et Guillaume Bocher ; 2 avril 4235 (1 81 , n« 57) •
— Les mômes et leur fille Mayroua s'engagent solidairement poi^^
une dette, valeur reçue en blé, et donnent en hypothèque leur m*^
son, « slare nostrum », située dans la Juiverie (rua judayca) de ^
ville inférieure de Marseille, ayant les confronts nommés précédeï^
ment, plus le juif Sauve; plus, une autre maison située dans
* Voir lo nom de Caracause, dans Les Juifi de Carpentrat, Benuê, Xll, p. 41 -
LES NÉGOCIANTS JITIFS A MARSEILLE AD XFl- SIÈCLE Tîi
rerje de la ville ^piscopale do Marseille, ayant ponr confronts
ive de Tourves, Astrugue femme de Bonaventure, la rue ; plus
une vigne située près du jardin de FévÔquc et ayant pour coufrools
des chrétieDS ; 13 avril 1255 (I 85, n'' €0). — Le curateur (chrétien) de
la succession des époux Bouafoux est condamné à payer les deux
sommes ci-dessus, ensemble 60 L de royaux coronals, et à pro*
duire, ù cet effet, l'invenlaire de la succession. 30 mars ii6Q (I U4,
II* M3). — Bcrenger de Treis, clievalier (clirélien). possède lo cens
indivis sur une maison située dans la ville de la vicomlé de Mar-
seille, dans la Juiverie (Jusataria) et ayant appartenu à feu Bona-
foux Cressent; confronts, Da%'in fils de feu Abram, Bontsac fils de
Davin (aussi Bondaviu, plus haut] Gros, et de deux côtés, la rue ;
^^avril il53 {lis?. nM5l).
" Bonafùux Boc fils de fers Asiruc. Fait une commande en corail, pour
Bougie, 34 avril 1248 (II 111» n<* 59<). — Fait une commande en clous
de girolle ù Bonisac Ferrusol lîls de feu Bonjudas, pour Majorque et
la Barbarie, 27 mai 1248 (Il 2ûi, n'^ 807).
Bonafoux fils de feu Vital dû Tourtes. Fait une commande en paco-
tille d\i$age» pour Pise» 8 avril 1248 (Il 29, n^ 445), — Fait une com-
mande en safran à Léonet Ferrusol tils de Salomon Ferrusol. pour
Bougie, Î8 avril 1248 (Il 121 , u'^ 618). — Reçoit de Josepli fils de Corn-
prat une commande en pacolille d'usage, pour Valence, 29 avril 1îi8
(II 426, n** ÔÎ81» — Reçoit une commande en pacolille d'usage pour
Vaience, 4 mai (248 (II, 133, n^ 647). — Reroit, en société avec Bonen-
faut ûls de feu Jacob, une commande en aspic et scammonéCi de
Bonisac Ferrier» par Valence, 8 mai i24S \l{ 138, n* 6o8). — Reçoit,
avec le même, de Salvago [Sauvage 1] fils de feu Salomon» une com-
mande eu pacotille d'usage» pour Valence, 8 mai Min (I1 139, n'^ Ciu9).
— Reçoit, en socielo avec liuoeûfont lils de feu Jacob et Bonsignour
fils d'Aslruc, citoyetis de Marseille comme lui, une commande en
souïre» d'un changeur chrétien et de BoDoal fils de Bonfils, pour Va-
lence, 8 mai 1248 (Il 14(5, n^ 683). — Reçoit, avec les mûmes, une
commande en camphre et musc^ une commande en cumin et mara-
bolins, une commande en pacotille d'usage de Crestin fils de Bousi-
guour Montcil, une commande en pacolille d'usage do Jacob lils de
feu Aslruc Maurel, uoe commande eu cardamone et réglisse, le tout
jwur Valence, 8 mai I 248 «U 1 47, u« 686 ; lort, n» 687 ; 1 52, n^* sy3, 604 ;
liia, U**» 695 et 696).— Reçoir, avec les mûmes, une commamie eu pa-
cotille d'usage et une cominandc en gaianga, borax et rhubarbe,
paur Valence, 1i mai 1248 (Il 157, n*»* 704 et 765;. — Reçoit, avec les
méoies, une commande eu galles» safran et autres marchandises
d'usage, pour Valence, 22 mai 1248 [Il 181, n- 759). — Un acic d'as-
saciation entre ces Uois personnes, pour ce voyage de Valence, est
Areê^é le 8 mai lîtS (Il 153, n*^ 6t>7).
Bonafaux fils de Carcause^ \ un Ahralum.
^^ondatid (et aussi Mondatin et Dawi) (iros, voir Bonafoux
Cressenl»
76 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Bonedonne. Voir Bonafoux Cressent.
Banenfant fils de feu Jacob. Voir Bonafoux Vital de Tourves.
Btmet^ médecin. Voir Bon-nom.
Bonfils, VoirBonnat.
Bonfils fils de Da[vin1]. Fait une commande en coton avec remploi
en cire, pour Geuta, 43 mars 4«48 (1 261, n* 4).
Bonfils fils de feu Durand Abram, Fait une commande à Joseph fils
de feu Mossé de Palerme, pour Bougie, 27 avril 4248 (II 444, n» 599).
Bonfils a de Viridario ». Voir Bonsignour Monteil.
Boniac Femisol. Est le même que Bonisac Ferrusol.
Bonisac fils d'Abraham, Voir Bon-nom.
Bonisac fils de Bondavid Gros, Voir Bonafoux Cressent.
Bonisac Ferrier, Voir Bonafoux Vital de Tourves. — Fait une com-
mande de safran à Modafar fils de feu Bonasse [pour Bonasser?),
pour Bougie, 27 avril 1248 (II 443. n« 694).
Bonisac Ferrusol fils de feu Bonjudas. Voir Bonafoux Boc. — Reçoit
une commande en toiles, pour Majorque, et, de là, pour Alger et
Tenès, 27 mai 4248 (II 205, n« 810). — Reçoit, pour Majorque, une
commande de pacotille d'usage, une commande de bois de brésil ô^
noix muscades, 27 et 28 mai 4248 (II 206, n»» 844 et 845).
Bonisac Ferrusol fils de feu Bonisac. Fait une commande de tartr*
à Crescas Ferrusol, pour Bougie, 43 avril 4248 (II 55, n^ 474).
Bonisac fils de Bonisac. Accepte, de concert avec un chrétien, xf^
arbitrage sur le prix de 5 quintaux d'encens et un dépôt de denier^»
22 (OU plutôt 24) mars 4248 (I 322, n« 4 39).
Bonisac fils de feu Naguet. Doit payer 30 1. empruntées par so:^^
père, 45 avril 4248 (II 76, n<> 548^ — Cautionne un emprunteur chré- —
tien (II 475, n* 748).
Bonjudas de Montpellier. Promet, le 45 sept. 4278, de rembourser ^
Ferrier Liautaud (chrétien), citoyen de Marseille, après son retour ^
Montpellier, 47 1. de melgoriens que L. lui avait prêtées à Rome poii- "*
payer [les droits de chancellerie d'] un privilège pontifical accord-^
autrefois aux Juifs de Montpellier (II 446, n« 47).
Bonjudas fils de Pesât. Reçoit une commande en espèces à faire va-"
loir à Oran et Tlemcen, 24 déc. 4227 (1 2'2, n° 47). — A reçu autrefo^^
une commande en étain (slagni) et en tartre; doit payer, avec \^^
intérêts, 47 avril 4238 (1 122, n° 84).
Bonjusas fils de feu Salomon Ferrusol. Voir Astruc Cordier. — I^^^ '
çoit, de Jacques fils de feu Astruc Maurel, une commande en safrt^ ^^
pour Bougie, 22 avril 1248 (11403, n" 592). — Reçoit de Sauve, fî ^
de feu Jacar, une commande en safran, pour Bougie, 24 avril 42 -^
(II 410, no 586). ^
Bonnat fils de Bonfils. Voir Bonafoux Vital de Tourves. — Rerc^ ^
une commande d'amenlans, pour Acre, 8 avril 4248 (II 27. n" 444).
Bon-nom fils de feu Vital Castelnau (de Castronovo). Fait, de coi^^'
cert avec Bonet, médecin, et Bonisac, une commande en tarins (^
LES NKGOCUNTS IL IFS A MARSEILLE AU XIII* SIÈCLE
77
Sicile, pour la Slcilo, 3f mars 1248 (l 392, n*» 3U), — Prèle 40 1. lour-
uois, <3 juin 1248 (II 137, n^* 8g3 et 884).
Bonsignour fils d'Asiruc. Voir Bonafoux Vital de Tourves,
Bansiptour fils de feu Bonjudas Denprofaç, Fait un prôt, i\ février
1285 (H 423, n" 23). L'acte est dressé dans la maisoo de ÎJieulusaï,
médecin.
Bomit/nour de Monieil^ héritier de feu Abraham Moûteil, sou frère
[plus îoiQ, Abrah. M, est désigûé comme son père]. Donne quittance
pour un prêt fait par le défunt» capital et intérêts, 9 juillet 4 248
^11 27i, n*' 963). — Restitue divers actes à un débiteur de son p*^re
Abraham Moûteil, même date (II ÏT^, n'^ 964), Bonâls de « Viridario v
est nomme, dans celle pièce» comme arbitre. — Est père de Grestia
— Voir Grescas fils de Bonsignour de Montélimart*
Causida cet aussi, mais probablement par erreur, Caufida). Voir
David Pesât.
Cresc fils dÀslruc de Carpentras. d'Avignon. Prèle 80 1. de raimon-
dins, 4 2 mai 4 248 (II 164, a" 746).
Cres[cas] fils de Bonsignour de Moniilimari, Fait une commande en
pacotille d*usage à Joseph fils de Mossc de Palerme, pour Bougie,
23 avril 4!4h (II f06, n» 57S). Il n'est pas impossible que ce person-
nage soit le même que Crestin (peut-être plutôt Crescin), et qu'au
lieu de Bonsignour de Moutélimart il faille lire Bonsignour de
MonteiL
Crescas Ferrusol fils de Jacob FerrusoL Reçoit une commande de
sc^mmonée, pour Bougie, 13 avril 4 248 (il o4, n^ 466).— Voir Ansaret
et Bonisac Ferrusol.
^ Crestin fils de Bonsignour Monteil. Voir Bonafoux Vital de Tourves
l Crescas hls de Bonsignour de Monlélimart.
Daisona^ femme de Saiomon Ferrusol, et son fils FerrusoL Becoivent
un prôt à rembourser dans un mois, si, à cette époque, Saiomon
Ferrusol est de retour, 26 octobre 1234; sentence du 27 nov. 1263,
qui proroge Féchéancc jusqu'à Poque 4264 (I 79, n" 5o).
David fils de Pesai. Reçoit une commande pour Geuta ; sa femme
Causida donne garantie avec lui ; 49 mai 1233 (1 50, n** 37).
Datin fils de feu Abraham. Voir Bonafoux Cressent.
Davin Gros, Identique a Boudavid Gros.
Davin fils de feu Jucep (— Joseph). Au répertoire, 1, p, 228.
Dieulosal^ médecin. Voir Bonsignour Bonjudas Deuprofag.
Ferrusol, Voir Daisona.
^Ferrusol, Voir Bonjudas, Bonisac, Jacobj Léonel, Saiomon.
Jaeoè fils de feu Aslruc MaureL Voir Bonafoux Vital de Tourves,
Boûjusas Ferrusol (oij il est appelé Jacques).
Jacob Ferrusol, Voir Ansaret.
Jacob fils de Qersom. Voir Astruc lils de Samuel»
[Jacques, Voir Jacob fils d'Astruc Maurel.
Ijùseph, Voir Jnceph,
7^ RKVUE DES KTUDES ICUVES
Joseph, juif. Dans une liste de débiteurs du 24 juillet 4S4S (II 342).
Est-il identique au suivant V
Joseph Juzieu (= juif) fiis de Mossi (et feu Mossé) de PaUrme. Reçoit
une commande de pacotille d'usage pour Bougie, 44 avril 1248 (II 68,
n® 499). — Reçoit une commande de Vital Négrel fils de feu Sauve,
pour Bougie, même date (II 69, n^ 500). - Voir Bonfils fils de Dvrand
Abram , et Grescas fils de Bonsignour. — Reçoit une commande
en soie et en miilarès d'argent pour Bougie, 27 avril 4248 (II 44i,
n® 598). — Reçoit de Mossé Alessandry une lettre de cbange pour
Bougie et autres ports, 8 mai 4248 (II 437, n<> 657).
Juceph (et Joseph) fils de Comprat. Voir Bonafoux Vital de Tounes,
Léonet Ferrusol, Salomon Ferrusol.
Léonet Ferrusol fils d$ Salomon Ferrusol. Reçoit une commande en
peaux, pour Bougie. 27 avril 4248 (II 46, n^ 603). — Voir Bonafoux
Vital de Tourves. — Reçoit une commande en safran, pour Bougie;
cautionné par son père ; 28 avril 4248 (II 422, n" 624). — Reçoit une
commande de concert avec Joseph Comprat ; cautionné par sou père;
2 juin 4255 (I 205, nM26).
Maymon de Saragosse. Voir Abrahim.
Mayrona (et Mairona ; et aussi Mairana). Voir Bonafoux Crcssent.
— Une vigne qui lui a appartenu valant 35 1. de royaux coronals,
14 sept. 4239 (li47, n« 445).
Medafor fils de feu Bonasse (Bon-Asser ?). Reçoit une commande en
tartre, pour Bougie, 24 avril 4248 (II 107, n*»581). Voir BonisacFer-
rier. — Reçoit de Salomonet fils de Sauve une commande eu clous
de girofle et en miilarès d*argent, pour Bougie, 27 avril 4248 (IHU,
n" 597.\ Son nom est aussi écrit Modafar.
Mossé d'Accon [Acre], ciloyeu de Marseille. Fait une commande en
capes de Metz, pour la Sicile ; déclare que Salomon, fils de Mossé de
Palerme, est associé dans l'entreprise ; 23 avril 1248 (II 405, n» 576).
Mossé Alessandry, Voir Joseph Juzieu.
Mossé fils dWslruc. Fait une commande en espèces pour Acre,
22 mars li;8 1,1317, n® \H],
Mossé Clari (et aussi Musa de Clari], probablement pas juif? 1 32î,
IV' 438; II 15, n'> 384.
Mossé de Palerme. Père de Joseph et de Salomon.
Pesât. Père de Boujuda et de David.
Profaci fils de feu Mossé. Fait une commande en j)acolille d*usage
pour Atre, 24 mars 424n (I 3iî, n^^ 440). — Fait une commande en
espèces, pour Acre, 3o mars 1248 (I 378, n« 277\
Himou^. Voir Sauve.
SaloMvn Fermssol. citoyen de Marseille J 234). — Voir Astruc Cor-
dier et Léonet. — Père de Bonjusas et de Léonet. — A une créance
pour poaux de mouton vendues par lui, 47 juin 4248 vH 242, n® 892).
Salomon fils de Mossé de Palerme. Fait une commande en espèces,
pour Mo:isine, 4 9 mars 4248 s\ ^^^y ^"^ ^^ • — Voir Mossé d'Accon.
Salomonet fils de Saute. Voir Medafur.
LES NliGOCJANTS JUJFS A MARSEtLLB AU XHI* SIÈCLE 7^
mlvaffo fils de fsu Salonion, Voir Bonafoux Vital de Tourves.
■ Saute, Voir BonafoiuL Vital de Tourves.
Saute fils de Davîn* Fail une commaûde na pocutille choisie et 00
corail, pour Alexandrie, 1«f juin «278 (II 4tt), n«» \h).
Sauve fils de feu Jacar. Voir Boûjusas Fer ru sol.
Saute Rimous \ citoyen de Marseille, fiU de Daviii Rimons. Fait
itine commaûde eu amandes ei en espèces pour la Sicile et Acre,
8 mars «278 (11415, n*» \h).
Sauve de Tourtes, Voir Bonafoux Cressent.
Vidal (et aussi Vilal) Négrel fils de feu Saute, Fail une commoodtî
en pacotille d*asage pour Acre, \2 mars lUB (l 2m9, n* 05). — Voir
Joseph Juzieu. — Reçoit une promesse de payement sur des mar*
haudises venant, à ce qu'il semble, de Geula, 48 mai 15848 (II 1G9,
^ 732;.
Vidalel fils de Mossé, Voir Astruc fils de SumueL
Ces notes peuvent donner lieu à un grand nombre d'observations
ÎBÏ de comparaisons. Nous remarquons, commi* principalement
f Intéressants, les points suivants ;
L Les Juifs opèrent entre eux ou avec des chrétiens ; ils Ibnt
[des commandes à des chrétiens ou en reçoivent d'eux ; ils font des
pr«>ts à des chrétiens et plus souvent encore ils en reçoivent d'eux*
Le nombre des commandes faites par les Juifs est à peu près égal
au nombre des commandes qu ils reçoivent.
2. lis font le commerce maritime, et se transportent» pour cet
^ objet, dans les ports étrangers.
K 3. Les localités avec lesquelles ils font le commerce sont: Alexan-
Bflrie, Acre, Alger, la Barbarie eu général, Bougie, Ceuta, Major-
Bque, Messine, Oran, Pise, la Sicile, Tenès, Tleracen et Valence.
Hz^es relations paraissent surtout fréquentes avec Bougie, puis,
Hpiaîs à un moindre degré, avec Acre et Valence. Nous avons
^compté les voyages maritimes faits par des Juifs, il y en a 11 pour
Bougie, 2 pour Acre, I seul, mais trc^s important,' pour Valence;
^m\è 1 pour Alger et Tenès, 1 pour Ceuta, 1 pour Majorque, 2 pour
lessine, 1 pour Oran, et 1 i>our Tlemcen.
4. Les marchandises avec lesquelles ils font le commerce sont,
>utre les espèces monnayées et les iiacotilles d'usage, Taspic, le
Ma de brésil, les clous de girofle, les capes de Metii, le coton, le
&umin, Fencens^ Tétain, la galanga, les galles, le safran, la scam-
aonée, le soufre, le tartre. Un des Juifs, Bonalbux Cressent, parait
le commerce des blés.
« G*e6t probiblemcuL a lort que nous Avions idenlilié ce noo» avec f hébreu f^sn
**-Ti#. XIV, 25L Kimoua i'ëcrit m ht'breu O^TTH* voir QMmt», IV, <i«, Mowc lii-
B, de Majorque •
80 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
5. Ils ne font presque pas d'opérations de prêts, et quand ils en
font, ils sont plutôt emprunteurs que prêteurs. Les chrétiens, aa
contraire, font des prêts fréquents, qui, ordinairement, et par
crainte des canons de Téglise, sont ou prétendent être gratuits
(199, 140, etc.). Souvent aussi, dans ces prêts, il est question d'iui
intérêt qui, il est vrai, peut être assimilé, à ce qu'il nous semble,
à une sorte de bénéfice sur des opérations commerciales (I, p. 125,
170, 193, 194, etc.). Cet intérêt est rarement indiqué avec préci-
sion ; dans un cas où nous pouvons le calculer, il est, pour un prêt
de quelques mois, de 76 1. 5 s. pour un prêt de 100 l. (1 208). Ces
prêts étaient garantis par des gages manuels qui, à défaut de paye-
ment delà dette, étaient vendus au profit du prêteur (1213-14).
C'est exactement le procédé suivi par les Juifs (et sûrement par
tous les autres prêteurs) au moyen âge.
6. Le commerce des esclaves, qu*on reproche si souvent aux
Juifs du moyen âge, est parfaitement pratiqué par les chrétiens
sur les esclaves sarrazins et sarrazines*. Nous avons trouvé,
dans Touvrage de M. Blancard, sept cas de ce genre chez des
chrétiens (I, p. 301, 314, 325 ; II, p. 172, 281, 287, 302) et deux cas
chez des Juifs (II, p. 48 et 126).
7. On vante souvent, lorsqu'on veut dire du mal des Juife, leur
esprit commercial et de spéculation. Nous ne considérons nulle-
ment Tesprit d'entreprise commerciale comme un défaut, bien au
contraire ;jmais si c'en est un, les négociants de Marseille Pavaient
au moins autant et plus que les Juifs. Leurs opérations s'étendaient
à tous les ports de la Méditerranée , et , dans l'intérieur de la
France, ils prenaient une grande part aux foires de Champagne
(Bar, Provins, Troyes) ; à celle du Landit de Saint-Denis *.
8. On dit couramment que les Juifs ont inventé, par une sorte
de ruse, la lettre de change, aux époques où on les expulsait, et
afin de soustraire leur fortune aux confiscations et au pillage. La
lettre de change est d'un usage journalier à Marseille, au mijieu
duxiii^ siècle, entre négociants et banquiers chrétiens, et à une
époque où les expulsions des Juifs étaient encore à peu près (non
tout à fait) inconnues. Ce qu'il y a de curieux, c'est que, sauf une
seule fois, les lettres de change mentionnées dans l'ouvrage à^
M. Blancard ne sont ni émises par un Juif, ni à l'ordre d'un Juif ^
ni à l'adresse d'un Juif.
» Sur l'étendue et les horreurs de la piraterie, exercée également par les 0^^^^'^
les Sardes, les Génois, et d'autres, aussi bien que par les musulmans, et sur le co*^'
mcrce d*esclaves qui en était la conséquence, voir de Mas Latrie, M^làtiont et co'^^^
merce de V Afrique eeptentrionaU^ Paris, 1886, p. 175 à 179. _,
* Voir aussi de Mas Latrie* /. c, p. 156, et, en général, tout le volume, pour 1 ^^^
tivilé commerciale des Marseillais, Pisans, Génois, Florentins, etc.
I
LES NÉfiQCIANTS JUfFS A MARSEÏLLK AIT XHI' SIÈCLE 81
9, Le commerce de l'argent pk le clian^o sont encore une des
spécialités quon attribue aux Juifs, souvent pour les dénigrer*
Pas un seul Juif n'est chanfçeur à MarseiUe (ils n*ên avaient peut-
^tre pas le droit), mais le chanjie fleurit dans la ville, il y n les
tables des changeurs, prôs desquelles un notaire avist^ installe son
échope. Nous avons compté au moins 26 à 28 changeurs clirt-tiens
à Marseille, presque tous en 1248; beaucoup d*entre eux étaient
fort riches et faisaient de très importantes opérations.
10. La fortune des Juils parait, au contraire, avoir été des plus
médiocres et nous avons déjà fait observer, dans cette Revve *,
^u*il en était de raôrae à Perpignan et dans les Etats franrais du
Saint-Siège* Qu'est-ce que le misérable négoce des Juifs, dépour-
vus de capitaux, à cùté des opérations grandioses des Manduel ?
Nous trouvons, parmi les négociants chrétiens, des commandes de
500 1. (1301), de 680 1. (II 88), de 925 L (1274) ; les commandes
de 100, 200, 300 L sont fréquentes ; des lettres de change émises
par des chrétiens se montent à 080 1,, 033 L, 1012, 1105 et môme
2SO0 1.(1329, 11207, 151, 198, 264)* Les opérations des Juifs se
traînent, au contraire, dans les petites sommes: 10 s. [11 120),
50 s. (Il 119), 55 s. (11 68), 71 s. (11 55), 100 s. (II :'9), 105 s. (Il
121) ; puis viennent des chi flores de 10 à 00 L, des commandes faites
aux Juifs par dos chrétiens se montent à 103 L, 120 1, (I 132, 201).
Les trois phis fortes commandes faites par des Juifs, sont une
commande de 50 + 20 l. par Profact flls de Moïse (I 322 et 378],
une commande de 51 L faite par Bonnom (E 392), et une com-
iDande do 125 L faite par Belassenco de Palerme '.
IL Les Lombards ne manquaient pas non plus à Marseille et ils
faisaient sûrement, plutôt que les Juifs, les opérations de i^rét et
îe change* Nous eji avons compté quelques-uns; la rue des Lom-
bards est mentionnée au L II, p. 411.
12. Plusieurs études récentes faites en Allemagne ont prouvé
flue le prêt d'argent et la commandite ont commencé, au moyen
jàge et de très honne heure, dans les couvents, corporations reli-
euses et chapitres des églises, qui y ont eu recours pour faire
aloir leurs fonds. A Marseille également, nous voyons des hé-
uines recourir aux mêmes procédés. Nous n'avons pas relevé les
épôts d'argent faits à des marchands par saint Victor et Téglise
I Tome XIV, p. U.
* Toutes CCS livres ne sont pas do la même TsUur, mniâ nous croyons pouvoir
iéglifrer ce détail diTiK ces indic&tious sominaires. Voir aussi Mas Lttlm% /. €.^
p. 157, fX)ur révalualion du pouvoir do la livre à ceUe époque : en monnaît' et c^o
lieux d« notre époque, cUo eerah cuviroû de 50 francs,
T. XVI, «0 31. «
82 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de Marseille, mais ils sont mentionnés dans la préface de M. Blan-
cart (p. Lx).
13. Il est curieux de voir à quel point les Juifs de Marseille
vivaient, autant qu'on le leur permettait, de la vie commune.
L*habituâe si répandue chez eux (et ailleurs aussi, il est vrai) de
prendre pour noms de famille le nom du lieu d'ori^e de la Cst-
mille était très répandue chez les chrétiens, on trouve chez eax
des Carcassonne, des Lunel, comme encore aujourd'hui chez les
Juifs originaires de ces régions. Beaucoup de noms portés par les
Juifs étaient également répandus chez les chrétiens. La liste en
est assez intéressante, nous la donnons ici :
Benlivenga, Bonafoux, Bonamic, Bonaventure, Bondia, Bonet,
Bonfiis, Bonisac fils de Buongiuco (II, 306 ; serait-ce un Juif?),
Bonnet , Botin , Astorge , Astrugue , Austorgue (une galère est
baptisée Ben-Astruga), Crégut, Cressent, Crestin, Davin, Dieu-
tisal, Douce (femme), Durand, Durant, Génome, Gros, Isaîe (nom
de famille), Jacob, Jacobin, Jacobée (nom de femme), Joseph,
Mossé (nom de famille), de Portai, Proufat, Salomon (nom de
famille). Sauve (nom de famille), Vital ^
14. Les documents nous apprennent peu de chose sur la si-
tuation légale et sociale des Juifs. Nous y voyons, ce qu*on sa-
vait déjà, qu'il y avait, à cette époque, une juiverie dans la ville
basse appartenant au vicomte, et une juiverie dans la ville haute
ou ville épiscopale. Nous voyons que les Juifs possédaient des
maisons situées dans ces juiveries, mais que des chrétiens en pos-
sédaient aussi dans la juiverie, à ce qu'il semble (les confrontsdes
maisons de Bonafoux Crescent ; le cens possédé par Bérenger de
Trets sur une de ces maisons). On voit aussi (mômes pièces) que
les Juifs pouvaient,' dans la ville épiscopale, posséder des jardins.
1 Voici quelques notes et renvois sur les moins connus de ces noms (nous suivous
Tordre alphabétique j : Bcnlivenga, voir Bien-le-Viengne, Bion-li-Viengue, etc.,
Hevue, 1. 67. — Bonamic (du latin Bonus Amiens), Jievu€, XIV, 67. — Bonaveo-
ture, voir notre liste plus haut. — Botin, voir notre Procès dans la famille des
/*« riWon, Paris. 1886. 2«édit., p. 15. — Crégut. voir i2«»«#, X, 79; XII, 49,
Cregudon. — Cressent, Crestin, voir notre liste plus haut. — Dieutisal. Le oom àê
Deulosal. Dulosal est maiiitcnaDt un nom très connu dans la littérature juive. Dans
l'ouvrage de M. Blaucard, les chrétiens qui portent ce nom s'appellent toujours
Dieu te sauve (Dieutisal) ; dans les noms juifs, conformément aux règles de TttO-
mastique biblique, c'est toujours Dieu le sauve (Deulosal). — Douce, Doulce, est as
nom de femme très connu. — Genoino, voir K^^313*^j» dans Consultations d'Isaac b.
Schéschet, n* 266. — Gros, voir notre liste plus haut, au mot Bondavin. Dans le
Procès dans la famille des Ibn Tibèoti, ISTiaib (p. 15), pourrait bien être Lopros,
c'est'à-dire Legros. — De Portai, voir Jahrbuch fur die Gesch. der Juden^ II, *29»J.
Portai est une ville d'Espagne, prov. do la Coru&a. Un Isaac *^^Cn ^73 est nooimé
dans le ms. héb. n° 242, N 1 b, de la Biblioth. nation, de Paris, mais ici on a proba-
blement Ports, môme province. Se rappeler TÂstragus de Porta nommé dans la co&*
trovcrse de 1263 à laquelle un article est consacré dans cette Sevue, t. XV, 1.
LES NÊGOClAiNTS JUIFS A MARSEILLE AU Xlll' SIECLE
83
; avons déjà fait remarquer plus haut qu'ils n^avaient proba-
aent pas le droit d'être changeurs. Pas une seule fois un Juif
si t<?raoiD dans un acte dressé par les notaires. Dans le serment,
i chrétiens jurent sur le saint Évangile; les Juits» sur le rou-
la de la sainte loi de Moïse» qu'ils touchent de la main, « super
ftctam legem Moysi corporaliter tactam » (1, 88, 207 et sui-
ntes}.
fNous ne savons ce que c'est que le a montem judeum » nommé
,p, 343.
[On remarquera, parmi les curiosités de cet intéressant ouvrage,
document relatif à la buile pontiJkale donnée en faveur des
dfs de Montpellier en 1218 (voir, dans la liste plus haut» Bou-
das de MontpeUier).
1 Une autre pièce curieuse du recueil est le compromis du 15 juin
pH fait à Arles, entre le peuple d'Arles, d'une part, et les Juifs
ries, d'autre part, et abolissant la corvée de cent ânes que les
lifs devaient fournir tous les ans, le samedi saint, pour la con^i-
fuction dupojit de Crau qui est jeté sur le lihun<i en face d^Arles
40| n** 40). Les Juifs rachètent cette corvée pour une somme de
>s. de meljîoriens une (ois donnée et une redevance annuelle de
1». de melgoriens jusqu'à l'époque de Tachèvement dui>ûnt. Ce
cument, qui avait déjà été souvent signalé (il est dans le livre
ftir de Tarchevéché d'Aries, aux archives de Marseille), est pu-
U pour la première fois par M. Blancard. Ce qui nous vaut
1tepubUcation,c*estque lUngt'mieur du pont de la Grande cette
[|ue appartenait à notre famille dus Manduel, i.^t s'appelait
erre-Jean de Manduel.
[La fortune des Manduel tinit, comme toutes les grandes for-
ûes commerciales ou linancières du moyen a^^e, par la confls-
tiou.
[Le dernier des Manduel panilt véntablement avoir commis de
aves fautes politiques qui expliquent sa chute, mais il était
Dp riche : à défaut de ce crime, on lui en aurait trouvé un autre.
bus connaissons cette histoire. Il est très fâcheux d'être riche,
► il y a des compensations; ce qui est plus fâcheux encore,
i^'ie passer pour riche quand on ne l'est pas. On a tous les
onvénîents de la profession sans les avantages.
Isidore Lo£R.
RÂBBI JOSELMANN DE ROSHEIM
La Revue des Études juives s'est déjà occupée, à plusieurs re-
prises, de cet homme de bien qui, au xvi'' siècle, représentait, à
la cour de l'empereur, les intérêts des Juifs d'Allemagne. On ne
le connaissait guère, puisque, dans ces derniers temps, en Tab-
sence de documents, M. Graetz n'a pu lui consacrer qu'une courte
notice dans son Histoire des Juifs*. M. le rabbin Lehmann, de
Mayence, ayant acquis la copie d'un grand non^bre de chartes du
XV® et du xvi« siècle relatives aux Juifs, et recueillies dans le sud
de l'Allemagne et en Alsace *, et s'étant procuré, d'un autre côté,
le journal autobiographique de notre Joselmann, qui se troute
parmi les manuscrits hébreux de la bibliothèque bodléienne d'Ox
ford^:s'en servit pour publier, sur Joselmann, un intéressant
roman historique, dans lequel il a inséré un grand nombre de
documents*. M. Isidore Loeb a cherché à tirer de ce roman ce
qu'on peut considérer comme historique, et y a ajouté plus
tard un certain nombre de renseignements tirés des Archives de
Çolmar et d'autres localités alsaciennes ^. Enfin, M. Élie Scheid,
à l'aide de documents recueillis dans les Archives de Colraar,
d'Obernai et de Wetzlar, a publié ici môme la biographie de j
Joselmann ^.
Nous publions ici le journal autobiographique de Joselmann, i
d'après la copie de M. le docteur Lehmann. Nous le ferons sui-
* Volume IX, p. ;>1, note 3.
* Ces copies turent faites, dans les années 1 840-1849, par un certain liirkenthaler,
sur lequel on peut consulter la Ztschr. f. d. Gesch. d, Juden inDctUtchland^ !'• année,
1" fascicule. Les copies, que M. le D' Lehmann a eu roblifçeance de mettre à mi
disposition, auraient besoin d'être coUationuées avec les originaux.
^ Catal. Ad. Neubaucr, n° '220r). M. le D' Lehmann a également mis cette copie à
ma disposition.
* Rabbi Joselmann von Hosheim, eine historischê Erzàhlnng ans der 2eit der RefvT'
mation; Francfort-s.-M., 1870 et 1880,2 vol.
î Eevue, IL p. 271, et V. p. y3.
'i Hevue, XIII, p. 62 et p. 248.
iUBBI JOSELMANN DE TlOSfîEOI
g»
'un cerTâîn nombre de pièces tirées de diffi'Tcntes archives.
Journal commence en 1471, mais c'est seulement à partir de
IM3 que Joselmann y raconte des événements dont il a été témoin
I e et auxquels il a été mêlé. 11 nous est impossible de dire
, loi Joselmann ne Ta pas continué au-delà de 1547, puisque
activité en faveur des Juits s'est encore manifestée en 1554,
?l qu'il n'est probablement mort quVm 1556*.
Le manuscrit de Joselmann est autographe ; il est assez mal
ICMQservé et d'une lecture difticile. Ce sont des notes rapides, sou-
ireiit obscures, d'un négligé gauche et souvent incorrect. M, Ad.
^^eubauer a bien voulu collationeer notre te:tte avec Foriginal,
I, le docteur Brùll et mon ami M. le docteur Brann, m*ont aidé
f dans la lecture et dans Texplication do texte; je leur exprimée
[eux et a AI. Lebmann, mes vils remerciements.
J. Kracauer.
JOURNAL DE JOSELMANN.
at^T b^trib i-'srnsy -^nms vxa ^sci^ rp^b «"bn nvcn ^rri — t.
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lît-^ •^7':3 by ^,innb am-^.Di^ [l'^rr^jj ir ni'^iic'* -kv^ b^!3 u^zt^
• l^N p:? p3 rz^'^n- '^i-i'jtn 'm^,:^ n'^n.n 2r?:'c:i
^ÏSTa "^OitD ;D»Tb-'îî p;-^i72 bj n-v ^"•'^'^ ""^^^^ '►"^'^ ^"-^^ ■^rs'^n — ^.
rsci b'n pina^n^T) p"pa ^TÊîïTris nbsrsTD •^nprzïr:'*:: p'^nrn *|ir:i
ims -^bw i>î:2 'H'^inn npin ï-'.t:3^d Ti?:n *«^n2 •'«^^n qbi<b rbn
rrb f<2irT ^%>« -^b i-'^m .— lîn nscn %m« n«-ir;T n^7:bip 'p?:
T?rr *îsb:i sncîib?: Disi^irn b7 iim^?: s2i*t nsr^ ïnpibn?:3
insnbrb 270i:::i ^cKTb'*» nriTs b:sDn e^'^nn yn«n ^Tr atiiî rr:rïb
» Voit Lcîimanû, II» p. 325, el iùvne, XIH, p. 25»Jcl«uiv.
• Xttifvie i et le i(l lummou^, ou 15-21 juiu 1477*
* Nu>C7 {1) ; il bui peuMLriî lire î«i3?:3. L'êcnlurc n'tfit pa£ très claire.
I
80 REVUE DES ETUDES JUIVES
,D''n"îîTrt ■♦D'nn a"^onb ibatrD nTT^j^n bD r<3iinatt ositr &9
inpbi wan nbb«i n7a«b idd ûnsp»i "nona ûna^Tai linn Mopa
'•HBO '51 û"oab 'n n^a n^iD ineta ntn noon -rnapt •'«Ma na '
r^iïTS rrftm p-^o •'b in-^'î ibo nsoma nnsi t^oo "^i ,'^
. mn nson nirn» r^nm ifiw nnisb "^rfiosims rm "«b n-^Tm lia
mniNa pmnxT»'n p"p nt ^m-'na . pn:famD V't prnr na apr» tm
ts-'n^'n i-iTs^T nnsa ^aao nbi tnrma npo tnb-'b^ rraèrn
»p"cb ©"T n-iK 'a 'a Di"» i:^ aa« 'a '« ûT'Ta n^ar: •n'^m ,nrffl
r\nrm t-in» qn o-n b^ pn:?a3"*m3 cfitTa anDsa nDon '^niian
■^abb "^n-iaK itob "^rwa^ iT»ai rf'va lirb^ "îW30 rrop mon
'1731 Niirra b"T ■♦afif "^nirT: ti^tsc ne» r-î« TnDtb annab nr
* t3'''»rî3Tat''T»a'''»K n-^Tïi ir •)«>:■' tarrcan csrranKTa bD oa rs ^i
tanaratt ■♦s» ^nn ûxd3 br iman abnpb ic3 n3''-n: ••aïîr r|"mp
n-^^ai Î-Ï723ST a^na rra-'^n rxo rrso rrri •(■«aob-^^bi *t^
iy ^n-'^bip ''^pnM -r^b'^'^'n^'T^?:» ♦S'^cp :in3^am''T'«p '■»p-î:?a ::wca^bo !
ûmô^ ij^aan ipt nri n:?:?3 iiiin cs^tn-irr iw^:c:3 ts© ne» '-^rro^y n*^. '
-i^^ft) -^jipt iNcn ■♦aNra "^sbaipi '7?:rt:rTb "jnrnstb cm» qiab nnsa
aors icnp abia ''•sap m-irsi D-^n^rn a-nina a"»c3"i û-:an c^:» mCB9
nî3K .rtcnpi mnaa dn^«2i ace: «a&n ly D-rn cn anna i^b
1DT ^b '-naci a^-'Taïîn "^dd a"nNT crx •'d b:^ mapa3 c^cs» rro^
n"^j?a naB3 bKDn ir» nn» c^ô^ nab» to^acao carra» b« aïob
in«N n» ran;» m3"*T3 [la] rnrssa nm-rrra c^etn irnsn 1^:31?
nn-^MJ rrnTnb rrTsm npa^nir nn-^rs rrsKn (!) nniîn rrroi ••^•«3
rra'^crb J-rat «b ■♦Kina -jab r:b«n cnana -^r^aa rcrn .••nïîTt
m» m:?'! nxT . 'nai rtaicn nirrrr *rba . "{vcrn n3T ^4a'7p?^ cnnss*
r^bï) îTO rrcipri nn»a nn-^pn 'cpn t-iaa m^a mt^n mrra
'r^ssnb G-'m-^n nban-» «b mn-np bnan aintn D-^an ta*»»'^ rsm
^rmia'^aaT '•^tit "^raa rmab iKai mînanri mna^ra r\y 'nTonb"»
m«s3 û*^:-»?:» î-r?:c mrsi D'^a-nnn T^b arn« mcîsb û"»a''n»n iïo
b:^ ibD3i nsTnab acc3 iTa-^bïîn nbiai t'^.yz tt^si ^a-^rsi cts»
innT:^ •'"en nbo .^p: an t?3T ^-îs^rb ts^b» tzi-^tm cpab sarrro
^«■•an DN . nrxb r-.D"*''a Cîn bc^rn ûîrb:^ amc crrssb "îasbai
mea an ':n ai-^n mxn anp innrrcb n:^ a-aim nxB ns^ss
•»nv«-» Nss'as Nbi .'la-; craint rms:^ «53 bab ir^rr ,ca^mt5t3 bJ
T^a nn ï-rrra b":tt o^rwa rsnr irsci a-c «•« tnbrt rrmîsa w
iann3 tn3tpi tnna: ^rsp ^nnTtnrt ma«3 ab-D ta-nr -îkci tnnb^
,r»nrsb"%a aia C"» îTtb îT:^ntt«n n»ai ^ibbr D3'fl5î3 ban ,1^3331
■»3a ba C3 r<in a3 ictn b:^ neri po cabi 'p^rr baf air , maa r\p
1 Du dimanche 30 décembre 1543 au 28 jtnTier 1544. Coibhm le 3 scfaev«t d« rai-
née 5304 (3";an '"^D] tombe un samedi, il faut donc lire le 4 au lieu du 3 scheyat.
« Probablement '3^ ^■»T»a'«» ; voir n« 6.
» Probablement 13^ a, Barr.
^ Probablement Kestenbolz.
UABBI JOSKLMANN DE ROSÏTEIM «7
3ip:c obns tjs^bin * amb :?3pi 3:£pirîD m^n ma:n c"-jp n^ç^n
znn rrnb T:;inb-j *n>n ir-ipi pcKn inpb V't crrn ^t:^ ihh
nmb orrons b:? nbc: Dbi5 pi b"^T pTt:£ */'^?î 5|ib«n itoj pi
nr-j::ipn t^'ïin m im£*3 .rt-^^ncb sri-^^iNii: vj*::ri «'^isb
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Birc nnn rîKT:; ::7:n -sninn ,b":2T s''7:5<3 r^r '-^r: n-'ab sibcb
•»nKi m:c "^xn?: *nnT* n-in^ thet: pnnïîs ^'^^lAn by rr'^i:::
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JriT im»r ^ly D^'zi^^ h*'x bii^n'^ n''n pn^:"* \ninK pn tim*i
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m sirsb p^EC^^ t^ip^ 'ïxd v^*^ .s^nn n:bir:3 mnî* i^f-itbi
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^fi"^:i 0**^^:» nr'' sr ,13V.:3 D'^sinpi £:^3m£«?3 'nEi:;?3 bsi ^73Bti
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.T«s'::n rTs:^ ct f.?:p3 ûipDb 'n ^Ti:3p: bKi d^'Md
r;n» nrs s-^nn 2^?:? i^^nbs rï"o-n i^o-n p"Db 3"on nsiS3 — 3.
nT-îirr:} -ir ^n^^b-'T^'^rr Mnn ts: ?-ï"n-« oi^^ïb^rpeïïï nc^pn
i'ïtT: ibb'::i iTn pno nmecan m7:ipîan i;;.'; D^n^s?: nti^jz mbEiaa
n»C2 r^ibi ♦mxt: "T^ -^nr ^n^3 '':?:ji msDC^s ins« ï^ï^:n
■r; g; n:^» b:^ 'c-^pT^ niDiRTS rnsepi ts^ïsn ï-ir« ribiT
Sib q-'SV pi b":n r:ca (?) nnj? i^ ^n^a -^rn i3 cr.eb ptsisb
tp» 1:3^3 ST» ^113 àiiôïbcn û^d: -715
^n irîiT»?: 5"*c?:b >^rî::?-^,"'3^^M ^:n-s:r lio f'sni Von rrrs — 4.
ij »2"^ p^bï: HT ni-rs!3 is^cm n7:à ûiptia or» ^*::&i D'^ivn isinA
ri:: nnti h:^:** nrixi r^nr,^ z^siz^i ^ryr^ ^ira nn-TD -•-lyo by ini*
*•& f^rr'^*' n''3 inpr-' i?:c '^ibn rnrcî37: nco *,^^« snm ''••'H^j
e^3ST e^n3i7 n.'^-n-^ri nn^ idii B3 ,D'C5 tsîïTSS bbnm b'l
I Uft peut-être 'i^b ou 'htnh [c'est-à-dire Û^rib»].
• Ou D'p = ua
m REVUE DES KTUDES JUIVES
crnb^ia j^imf: ma^^ ^^y:^ 3ncb n^nacim na inaj^b 'i^i'^ n^o'Tn
nipcb i*c:» nn-'i p^^na: n"".n rj-ib^n cii-r'^a ^n**:?:*!: -i'^ r:i33 — 6.
micrr nepn rî:i3 imnai ,Drn:nb *naxn bj r^s*^c nmcrra ]*?
X^bvïi nv3 'n •'î:mT g^hï:? nroca n''b no-î«i pn«u rt:-!!::
min n-'mr^b ii:;::: zp m^i:< •':2::rt *»''rc3 s: T^nn D3 •^b '*'*5:i
'niKxin ':3TiD mixri dce: t-x ihdtd znînp:«m p"pi
.t^?:îi rrcnr?3 "ib-^xn^ 'ir'*:?^ 'n rrxn 13^ m bj
nb-^by 'isi bj^ Drîi35 •'skt '^pn^aya-»?: '':3 icer: i"'\y r:o3 — e.
•'•'^33? V'^'1^'*''** '^''^ tnicn;'3 -^rja nr:îS3 'n n:riô« i^îît nr^r: Tp:îi
DT^ i^bï; 'n ^ina •ir'^n fe^'^pia nrôtn T'snb im^^rîa '3T3?fj
im» b^ C5baip3 n'-i*» no^pn i::mHb '^rnbntïïa n"rr3? p2C3 — 7.
1*3 i:iû"i:b &px:^ bb^a prinm r^bi:« "«no ^"^t '*»^n:^ *.^?ît J
babsn yn-iii ïsbci ù^'djd 3iD-ib Ttrnxin it rii^D^i • ^"^^^^^
r*ti3b -ifitnp" *nni tjk DniL^i D-'r^n bs b^ î^inTan inc bc::3
'■^■»rr5^ n^j^n bp a-iD -«bj» '^nbnpïî ^^3b3^pn 15:3 f*nbx;nn D'crrVi ,
t«<bi isnft* ^qm '^"n:^ n*'^r:T ir^ss' mien t*<nbi3« ■•ne* ^it:inm|
nris bspb c^nnDn^ ir*^m ,n"n^ ns^pn •':e3 snb bn:inTjn zi-^b '.«t
bo^ nDn:i no-153 piiEav:^""! bnpi b"T no'^pn 3?i3 t:''n:^ rr::3 - s.
•n?3D ^«311» 'nDt3;:i m:id nn: b^ p^ped^ znV^îb irD'^j T::rr3t -fit©
i«ïï25ni p^D ini.H3^ V"i''N^^o a'^s^ii ]nb*C7::33 n^ns n^:rTT3 û^:3
lïîy pi nri.x nc.H Ê-^irn bs tînsb * '^crp^ND ''«••ncs 13W^]
1D573 G**'TT'rr bs i»"'a£in ::"iy nsïS -iTti ht^ inî* Di**3i rrc^rrrrl
naim bp i^thb n^^ïï^^n '^jn D^::s*4;n ij?2*j ar imetsi '^cb^pîôtaj
tM-cann natbîan iriiiït s^a ^ns t-^nbsm .nrr^nD miisib nbsni
■>nK3i n-'SEb •^nbcmn nc&t TprT b» j?ir*rb piibdi^sizïî ^nr3m|
^y nbna '1173:3 a'^nm ?•'Sî^b '^bb^p;t<a nD^b nitbrrt irm»
*l^ni y:«bT '■»:si'»pn 17:351 ic^ns d''ïï::?5:i r-î^nn nTcn^rr i^ r\r\
* — D'':?30, d après Daniel, ix, 25.
* Biirr? Peut-Hrc faul-il lire n32, ou '?3rî3 = rr5'^T?3in3*
* Oa m.
* Xiitcz '0NP3, d après Istïe, xxwi, 8»
^ DaagolBhcim.
* Ltodfnedeii*
RABUI JOSELMANN DE ROSHEl.M 89
*^i ^^nD^p^Êta icD n^Tjn i:b îr^n 'n^a ^bibn .art^ nrps t-ir^yb
n'*n bD pnc74 vn nsD »b'*:?bns '^i:'^z b^b-'sa '-«'^ft^ïa n-^jn
,nDn 3T^ Kbuî 'n Tin-» tOir-i nn^::
^bi ncb ''n&îa yhi:b ctb-iN^p no''prT n:5n« t>^^^ ci'n nr:53 - 9.
9vp 1:1^377 ^n&< ncit TU^^ni •'rn irnbnsT iTn:? '^y ;:2pnb rnn^»
31 •'■^•^nbTa •'rs nrj î-rn\HD 5"e3'«'j t:2*i3h n::!:: bD bj bbD Tn
5b::3 «b '•»'»ncii on'^:^ m^pn 73"^ :?np: ï5in:i bïî Di^p im» nuîs^^
b'C'::: nns* c*»s?:t irscrr pnns 5:?î: br3 mbi?Di Nn-'n-^ rstn-iisn
mn c"*?:*iSTr ir^tH b;? f<bî* pcnb Vî*'^ i "îi^ 12 ji^ tsb Dm *^y
I i*nt3 T'nnio n"rT n-iu ^"y ^-iy3^'"-ii;b «nb irDixnn 3"di r:TS3 — lO,
m 13b ic^c ï-i:: '^'<:^::' mptf imK bj? binpb ^n&tn ï-ït rs^H'»
nïcb 3Ti^*::''7aipb pmnru;-'ii c3D£*n n:î3p:i:j ^^riiiîm , nïin musai
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p:5B»n::^:3 bsn nsï^pn:!:: D^-'icsni: n?3in?3 ï-în-^n ?i"di nsai - 11.
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nî3i^ n^a3 2rî-»bî« '^rî*^ 'n nbî2n:ii .'ri:3 't\^3 ïi:i:n b-^nnn
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irn lar::^ Ds .C'^nn-^n 133 i^ anrsb ^^b^ bip nriDn^ Êma'^''i
nn:^ 'Tir^n^i '.7;iEn ntn C|i03*:} e|hi .nr^ai n^:? b^b û-'an
pT j^in *7;y DnT'b ï-rb^m mil rrr-^n it r-inan bip 3 tj^'ig
»in i-ïn cnn Ji-inb ;r-5:iib?: :^D^n an*»b:? t^s^iî cfibu) r^m^n
.l^H isb'^sEnb ci*»0T^ pi î-i:^nrï 'niDcn^ïDi dt^
n -»:cb t*r-»inîap r**'»a?ib t«i:3«n miïsrr i73p n"D-) n2ïi3 - 12.
€3n bz3 T^*^"!?! '^aap 'n-»^!?: iri::nib iru^ni rT"i^ 5'^:«nii
►xim i:iï-;i3 wb'o: n^bî^rr b^ 13-n inirps mi'»^7rï i?a qni
n ^33 bs -^3 ii-^^sna 171 ^a'iimiH tmp^ ^bnn "^sns
ib rrnpinîî n3''S!n E=nb ^nnn7:i tn^^ on^'^Db p<i3bi nnxb
" Tout ce passafçe est obscur.
* tA BUiie paraît prouver qu'il faul lire Ê"»^nÛ"1^.
* Peol-êtro ce pas^afçe VGut-iL dire : • J'ai obtenu que ïq Abt dû Wisi^mbourg
M mommé commiasttirc pour cnteûdre notro pluiutc . *
* Parlemeot. *
i OrdeDuu^efi.
(O REVUE DES ETUDES JUIVES
N3t«3 ncN ^bTarr nstnb •^»i3 n:^ • ai3it> «b» ^by -^nbap ^na cy«
'irrb::'^ a^Tsmi nbcn rTi-^n^ rrmaa» -^tt^^ '»p'flD'»:n . rmù
Y^tn mna -^nKa nTaoi , N-nnc p"p tj? n-^in» ^b-^b •^n^n^tim ji-îbvw
D-^STax-i D-^ncDrî p nm;» .i-^rj^a "jn «i^r^Db -^nacn Éi"^73«n Éinr^oïi
i3n:)3 C1X1 ,';r?3T^p noi3 -^cb T»7a2 D-^nT^ïi p-^mnb û'^ans ■'b ^nn
tl-n-^sta \-^xinrî «b 7:"73 ,rNT b:> m«a cbo n:> r^^nnt) ro ^
rrban -«sksibTû ts-^nb» nbtt) . nain bpbpb '-^sto nnna^bi r-imb lîs'^on
0tn3 '^:?'^3nni ca'^n-n:? rntîbo eaiNns rrc^TDa nm7D"»« ' eaîia yffT\
•pNïi ûipism . nrr^^b irriD'^biïii » i-^Tba^nsirt inbttttTa ^in i^HrrKQ
Dn73TTDt3 CST^Ta isb-sïTi irN^ïJ T73 nnTsp: npbo 'rt -pna . dt^ w
.iZTzy nyoyb lacn© «rft
DTSSN D'^'nrr r-nos: i"b » ^^arî-^-^a ^tJnp nccns a"Di n:tîa — 13.
iDniasi ,*T7:73 np« rnb-^br nan br c'^rn -^o-n nnnrsi û'^njs ,û"^:i
nr-nta ts'^nnrî'^ïi imN bs nconî it rna-^Dan .a"Dn nso "jt^ 3^
ts'^'arp ba r^^arrb •^na'nxiïi rnaorr '"^Tsbn lî'^ma'n .•^d b:?n .^nw
qn-i'^sta •»npn:?îi mj2'0 .p-naits'*^ n^:^ n:^ 'n-^opi D'^nTDDOT wc
Dnb j^niiT rnntîT:") ^biz'n T^b •»nnbon oi-iaîip lin mbxrnM «nsi
r^np rracîTOrT l^a D-'nKOîrt ■^"ïiT^a") ikss û'^'mofieb inTDtn irnpnt
in-^borr Tû» ^T»b:^ ^«np im» mara n:Dr'"^"WTi nosb -nm Dnb
.t3u:n iSTip b:^ nr'^ab ww
D'^Tvn 'rn : rnTaiNrt baTa ptrii bina bip nx'^ p"Db ^'^ n»a - 14.
i3î-n« "^rTNa nra a-^-iai mb-^b:? •^lan i^^-^sn ny ninb on "piayr
ban tia t-.D'^*n i:b r-;nb Nibc i:a "in"«peïT! rT'-i'» ^'^izi io^??^
OT^.a:ip "^n-noi -^nipri rmbîrpïi r-i?2Mn "^s bri .msn» rrrra
■^^Db pTis'û\x n"':?a Ni'^Ts'rT isirr'^'^ca 'nnrai i^^mbacnn """.sia
ano 1"i^na "is-^nibstsrn -^nan nbap© in r^st» t|Ovi '■'ab?: •'îsrr
.'lan Tx^a nr^sT^p ba w^i
mrb:?n û-^Tanicr! ni^aiNn ••Tr ba nstapns y"n r5«5 n:© nn-ttc -15.
in"i«ai ''la-^-ir: b::ab ancn isi-^aT D'émoi û-^ma ipnb idoh r*
a-'rrpn ^.Zi'pr, CT^rr ■•p:':5r:n la:^ N-^îa^sn r^nr-^'^aa ■^mrr a^?:^
/laT zi^fz'^ rrr» •pNn aiprb c^a-^aprar: tt^d ancri ^ran rcp^s
nopïi nnx sinnbi pibtb D"'a-:::p7:ïi inm p"Db i^"3:n n5«a - 16-
•^r-i-i-irnsn -^Tr c-»» î^?:c rT^.T xb -^CwS 'p6t,Ém:»bi o:«afina 's-îtH-
.«•^^cn «nr-^-^aa -7a:r i-.Trrb "^la nnrnT: im«a aia'nb c-a*^'
-•pa:^a n«"5S'^ p-^a n"i ly mx n"-ît rr"-)*^ -lapn nsrna •^rr»-'^
' Ou 'tb^Dir:, Hochfelden.
* BosiDfr, à 3 kilom. au nord de Presbourg (Bazin ou B«zinek), en Uongha,
non Baisiogcn, près de llorb, dans le Wurtemberg.
* 11 semble quil faille lire '"^a^ = IT^a*^"!, les intérôls; voir n» 1".
UABBI JOSKLMANN DE ROSHEIM {ïl
^cn n^n ^:5''^ïT) "is^bîa '^stb nbiis ûip^s^ non bnib 73"^] t-nî3
iTHsrrs f"?]nî5n •'m .,,'î:;ipn ^m" t^np:o -ii^'rin -^r-i^n ^ninn
C1CK-) n-^ta:» nrr bsb ••n'c^i* ■•sbb •'nnî:»i ♦ mmnnnrr '^îs'^ ^metn
•^31 «"^cn "^^ra pis^bi cbi:?n ''bsn^ pTtnnb irsïîniai in:^! i3''nr!STa
ra n"-!^ ")cpri b» Kiab-î mmb ^nmtin p'sb 3"^^ n^usa — i*?.
ûr» 'n "fT""! .bK^TT"' n-^itîiûtJ b? ^*'.?:3?b pmscp*"^ n^5?3 nj^m
i:b nnb D""i3mDm D^-itîn br û-^-niiapsa D^73^n imfcts 03 ijb^ithi
nm:?b nrri^n mrii r"3 î^pbi^ î-T?3bc ^y^ ^i^^n^
.nsrïi ■î;i5 î-rtnb7:b t-^Hi:b s^'im^n b:: &en-:pb NsnO nn^sÊta
inirb t^b*:: ■i-i''mr7b l'^îsb n'^^t* •r^r^ im*^!3 î-^rb^-^î n?^ ^T^air^i
^2 i^isc v^^"'" ">^^" P ''npbsi * ï-ibiTiin ^o^n iibD»'' is nsprr nb
iDpn bfit ■îN'jaDi nr^ia^n m3?n insxb?:3 ir» -^t^ nspfr ^iî:»** ><btt)
siTp br ti"ic: ?:7:':: »E^''*:ibs n-'r nj^ iz^bini nibT-13 ''bsnn osra
,j?"5a nnnii: ir7:c5 ^V'^^ "^^^ s^^^»'' b&*ms^ mm man
N^nbtî ■'3^v is-nô* b5» î-rmn;a *mD î-rn-^rr i"xn nrû 3 — I8.
p'nrb n"-jr5 &:? t^nbi i-nbrb "^r^^^i^n Mî-^niin ^sa bs iCËna^
::i2rtc q«- a-^niostn «■'^inb bi^sb ^^tis:'in'^ ^st^xiTi^ ^'^y ^:? b"T
lîtsc^i::'' ù^im bc 'cbn ".pT:3 nb^br3 iD-i^as t]^c:« '3 in '3 -im^
"iinn D-mcKb na» K-^rrn Rn:^'''^om ûrr^np^ orins t|iDb î:"73 '\9*^12
rainb •♦ns rnNT3 'n b^^ nn-' •^nHïin • tsdc« n::'^ '
l'Ut b&t-.c bDT i;n:« B^^p:ï3 b^n*^** t<3npn&ç:a DiDnn •'sths n^jzsnbi
nnn îmnir»:^ î-rn^n y^^ ri^« p"Db n":in*i 3' s:n nsns - 19.
lirrp n-i''"»Trî n3b;i nnn nnnbb "^^cpn nï'^:^':» «3 n*.r&« •^•*m3-t«3
nt^npn nsrr:: n:? n3*w: fi?:ri %nrt: rr'irs t~,r::tz î^î;3i d^-s^sks'ï
*^TCn o^'nrzn invc i^d 'onsbi osr-rDb j^'^'^Db T^nb rin73 nmstTî
ûTneb nx?: br~2 n'^:?''n- *,r«Tb^î« it nn?:3 'nsr.^ t|xi îbn ncca
"tf^i:3 Tn?:Ki '^^i^xi p^"D in^b c^r^tt: i^b y^^mb ir^T c^b ?3"73
irspi -jpxp 5î«-!B p"pi 'r*i7D ncp nnu r-n»bim •'pD^i -rx^im
?"ÏC"np bfrpn va î-rn-'mi Mtiïiis ni£^ p'cb Tsn nroa - 20.
'Ajoutei vin.
' bdéckilTrible,
92 REVUE DES ÉTUDES JUIVESI
e^STiD ■^:3n ariT^ inna^^ i^ c*'n''''D nn^-s nbnp -:x^:3 'nai
*i"nnitî p sni2ï* -i"-iîii?: r^'n pmr* ir'^::cn "rn'b VsVarî yi-^n
^D bji nn;pn cnb iprVi D''*^'î> misb b-'s::n ^îiim V'^t inir^K
B"»rïbî«b Tôm^n ^^yr: bn h*n^ njxn ■»nK3 û%-»nsBm lîmai n^pa
D^m::i ti^biT^ onai 3"^ i:nnDi n3:p\m V't pN>n b5t« qnc ï-^rnb
c^i* n^N-: ynnN?3 -.n'* pnr:: D^nm Dirnbi t^ab Dn^:^J3 d::^^'»
Tû^^tï T:p^ nrrn 'ïpd ms na^o^s \n'''«nï5 Ti^a r'r ,e^3x e<3e^
^pDnxn"» D-ismrî n^2 ^mt« n^c?2b btznso nr^-^r: •5r:?^'>Di "p::-)'?:
iT:?^ bnpn b:Di •'\r'B: br q-"::?d rtcbu 5ê*-)d T^rn 'n^nrî b- T*i;jb
b^i '■'")"«£r:'n -^T^ •îintî aibc3i ^p: ^rôts:"' «■^-'TiiDn r^îr^'^'^sai •ix^
t='':i3:r; r-^*: i^n*:; sn-^r:^^ n-»a<^rr- û'^crx n^D ni^n t^.m 7^
i»^"^'0 iD""n ncr- n;:Nn 7:"73 "^TinD IjSD npibnTirr -^br^b i** nnb
netrp ï:iab ',::isbb ']^^n::ï:'»'^Ni ,TJib nro nis bsTs r*,Eit2 ^c:fit
b^ miinbi •»3'*-i r^i« snbi ^aiabr :?innbi ï-nKns: 'n r--»:p
(= ï-r-j-'ra) r^ni ' D'^iTjTi tbn 1503 G^3nnD urr:^ nto mirnan
tstbi Dnnnb spr-^b 'D'':::?:b fî"i5*3 n^fî y^'smr: '^'r:» laap^ *'""'??
571 nn'ôy -ISS-» •'"irn nnx nnî< n*^,i: ns<T b^ [n^rn:r) -i^a^ns msab
'in-^OTD r\i^on D''^nc:5?i «i^^^n 'nncn "^3 ûnba p^'cb i"ïn nirs — 21.
«i:5v\n rîi"nrn c? rï?:nb?:b mbjb ''r::n^ir7^^ ir -^br?: iNibi ^r:^i
-inrn nnirs . '••N-'iD '•'STo^'T n::D ''''^n\25:2^ n^ra aa :in:?3b'''7*^'^n n^J3
'n t)^Dr ïsi '■'i^î t*^7:t rrj-in anaantJîs •'Sb'^atrii '^b ibsn^ »b ^b
Kbi i:3 -i-'pEnb i^d*'î<t?: rr^n pi^^^^fî D^Diirr k:: t'^::-, r:C3 — 2%
hsiDTsn n^-^orr ra-^oa ns:iK b^a ban qD *in"i-: n^bôî-iwTi r^^^^^b rrb
na^n ^-^nDO ar^i:: 'm-j^ isisi ip7305 G:rr53 ,*iH"r:D"Nb l'-ûnetti
'3113 inipn_ 13« D^in-'b t* irr:3 ■'t: n?:t<b ipbn?3 me: m^-'-a "-îïjc
n»ï373 '■'birtJ '''3n:D Msiun ismai rTsacn ■♦d b:?i 5fi<nc-» '•scirb
:2nîtip:î«m n^jb i«i3 n^ a-'nrarr 3^i:;nb -^nbns*^ «bn ■pir-n'îi tc-'t: _
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-•131 ^"rî3 ir:r-*'^ci '-i*izi3i ni^ibn "n^"3 «b\2 tn-'D'snb mn^s-^na
Tina Dî i:b r^c:?:i misnan b:? -'b "mnis 'ly î-r-i^mpïl irnn'ir
to-'ia^s Dni*« b^:: *i:i:dv ainp-iw?^ nnxbi D-'anb y-n:i nbssc c:
* D*eprôB IsBÎe. LXiii, 10.
» M A ri in Batzer,
* 11 l«iit «Dicadrc Jeacbîm II.
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I
I
IIABDI iOSELMANN DE HOSHÉBl 93
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94 REVUE DES ETUDES JUIVES
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. "11'^ Dicb rinb IN p-tmb ibani n-» n» irnib-^-'n bs» o*^» ûtt»
n'nu b3^ lau^n nauîN nao b^a -^aTsica 'j'^aîn:N7:n iNat*^ nm br\
ca^ Qibob ni-ipb ea-^-^inDorr ixa qani .rrïT^Tab ima-t^b nopn
«•^anb D'^Tirrrr ixa Dinbb mb-^"»nn ny nopn imdi /"^Tpri ba
♦ l'^'^iNpi imbar] nibir ts-ieTanTa nn-^ tni^-ïm osnob ï"^i onb
* Exode, IX. 20.
1 M. LeLmtnn veut lire ttbbj^ISna. Granveila.
lUBBI JHîîELMANN l>E HUSIIEIM m
'n*sb'»"'n3 "i«a n^irtt mn-»-^:? 5d 'Bnn^a v^'^'^ï^^ r«!3»T '^no •»5TDm
'->-T«^^ qMT 'nibnn '-^aDi-n ban -^crî* o'^ct^» n»?:?: ^in'» i«t: 'niss
br73 c-'cb» '73 mb-iT /m?2S a-n pm ir« imb^^nn n"-;'' -ispn
Hbsisn noDPS riisbi '?:-nn n^ CET-ib i-tj^ r-i^r? c^pbïtn )3"73 b^n
RsNnp •»bô<nïî'»n 'î:i}* i:n:Ni -ii-'n '"con: ':nj ncx iT^a 'nuî
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iben yo b-'^nm imnn in^aTa nisai '■'nn'^b *ina73 inKU'iDTami
. Dibc '"^ab 'n ti^'or pi t^ï^ïïb cba&i ^cnrsïs
AKALYSE DU JOURNAL DE JOSELMANIS.
I. — 5231 {1470. A Eadingcii (margrav, de Bade), Irois oncles
le Joselmann, accusés d'avoir Luc des cliréLiens, soot tortures et
Ibrùles. Le père de Joselmaou, impliqué daus raccusalion, se sauve
[>ar la fuite. Des Juifs de Fforzlieim accusés du même crime sont
^également brûlés vers cette époque, et le frère du beau-pcre de Jo-
eeîmauû est condamné à la roue à Haguenau (Alsace)»
î. — 3236 (1476). SouîTrauces des Juifs eu Alsace, d'apn^s une note
l*Uû livre de prières en hébreu trouvé par Joselmaun à Wurzbourg,
[Le propriclaire de ce livre, Jacob b, Isaac, de Nuremberg, Tavait
icheté» entre le i et le iO tammuz (lo-ïl juîu 1477), d'un ecclé-
siastique chrétien venu de Golmar, et dans les mains duquel ce
l^ivre était tombé après la prise de Nancy ', dans la guerre du duc
ie Bourgogne [Charles le Téméraire) contre le duc de Lorraine, Les
i Nftncy fut pris par Ckarios en QOTembre 1475 ot pordu par lui vu uctobro
1476.
96 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Suisses à la solde du duc de Lorraine s'étaient donné le mot poor
exterminer les Juifs, beaucoup de Juifs furent tués, expulsés, bap-
tisés de force, pillés. Ce livre fut trouvé par Joselmann, quandil
fut à Wurzbourg, en décembre 4543 et janvier 1544. à cause de 1^
cusation portée contre les Juifs de cette ville d'avoir tué unentoil
qu'on avait trouvé noyé dans la rivière. Joselmann continue : Mon
père et ma mère m'ont raconté qu'à l'époque de cette guerre de
Cbarles le Téméraire, ils s'échappèrent, avec d'autres, de la ville d*0-
bernay et se réfugièrent dans les forts de Barr et de Luzelsteiii(5,
où ils furent obligés de rester une année entière. Persécutions,
meurtres, baptêmes forcés, à cette époque, dans toute l'Alsace:
Slestadt, Bergheim, Kaysersberg, Kestenbolz (?), Ammcrsweiler,
Dûrkbeim, Colmar, jusqu'à Ensisheim. Ceux qui se baptisèrent,
revinrent au Judaïsme, excepté un certain Raphaël, de Colmar.
C'était au mois de téàet, le froid était intense *, les Juifs qui s'élaienl
cachés dans les cavernes et cachettes furent obligés- de se réfugiera
Dûrkbeim et dans Les environs. Suit l'incident de Juda Pamdélroa
Bamis, de Mulhouse, raconté dans Revue, XIII, 63 *.
3. — 5363 à 3565 (U73 à U/o). Dans la guerre de succession de
Maximilien contre le duc de Heidelberg (et où Maximilien conquit
le bailliage de Ilaguenau), les biens de Joselmann et de sa famille
sont pillés, plus de 400 flor.; il lui reste quelques créances et 101 (on
UO)aorins.
4.— B266-7 (4506-7). Les bourgeois d'Oberehnheim obtiennent de
l'empereur, avec quelque peine, la permission d'expulser les Juife
de la ville et de leur défendre d'y passer. Les Juifs sont persécutés
et maltraités dans les rues. Un Juif est tué, Jacob b. Juda Lévy; un
autre blessé à mort. Les Juifs ne peuvent plus rester dans la ville,
et, au lieu de la traverser, ils sont obligés de faire un détour'.
5. — 5270 (<540). Joselmann est nommé chef des communautés
avec R. Zadoc et autres. Affaire des 38 Juifs brûlés à Berlin*. '
Môme année. Affaires du Talmud soulevées par l'apostat (Pfeffer-
corn), à Francfort •.
G.— 5274 (1514). Joselmann et des Juifs de Mi Itelbergheim, en-
semble huit personnes, sont mis en prison, probablement pour une
« Voir Johann Mûller, XV, 363, et XVI, 89.
* La rançon, d'après notre texte, est de 800 florins, non 80. Le "15:3 0"|p est le
bourreau, questionarius.
* Voir Revue, XIII, 07 ; Lehmann, 1, 159, et 264 ; et dans nos appendices la pièce
du 22 déc. 1497.
* Voir Graetz, IX, 2« édil., p. 99; Pauli, Allgemeine preustUche Staaisgeirk., II,
454 tr.
^ Graetz, IX, 2* édit., p. 68 et suiv., et mon travail sur celte ailaire dans Zeitsckr,
f. d, Gesch, d, Juden in DeutscMand, {•' vol., f«»« 2 et 3.
HABIiï J05KLMANN DK ROSilEIM
OT
lccusaL[oD de sùi^^, ù Oberelmheim. Au bout de 7 scmaincSj leur in-
nocence est reconnue et ils soat mis ca liberté-
- 5275(1515;. Joselmana est chargé do porter a l'enipiTeur les
IplaiuLes des Juifs contre la ville d'Iilmlicim, les comtes d*Andlau et
Irévêque (de Strasbourg), qui voulaieot expulser les Juifs du pays.
Les adversaires prirent peur, Tévôquo et les sires d'Andlau (Ireot un
^compromis avec les Juifs; la ville d'Elirdieim m* comparut pas au
jour fixé par Terapereur pour plaider; les Juifs^ neîinraoius, crurent
Iprudent d'arrêter rinstance bonfre elle.
8, — 5279 irilOj. Mort de Tempe reur ; les Juifs sont expulsés de Ra-
[tisbonoe. La fdmillc Auerbach s'établit 6 lîof prés de Ratisbonne,
[sous la protection du duc de Bavière *. — Le 4or adar 527D {t février),
[les Juifs sont expulsés de Dangolsheim (Alsace), les villages voisins
I veulent imiter cet exemple, mais grâce a finlerventioD de Josclmanu
[auprès du bailli de llaguenau et de révoque do Slrasbourg, les ba-
I Citants de Dangolsheim rapporleni la mesure prise conUe les Juifs,
IpuîS (à ce qu'il semble) ils manquent à leur promesse, et le bailli va
* les punir. Sans cette mesure sévère, les Juifs auraient été en danger
dans loutc la région dn Rhin (le passage est obscur).
9 —5280 (1520)^ Avènement de Charles-Quint. Joselmana va lui
i demander et obtient îa confirmation des privilèges des Juifs d'Aile-
aagne. Néanmoins, un édit d'expulsion est porté contre les Juifs do
iheimetceux delà prévôté de Kaysersberg, Joseimann obtient
Vaiinulation de Tédit concernant les Juifs de Kaysersberg, mais la
I question des Juifs de Kosheim reste en suspens.
10,— 5282 (<5i2), Joselmann va à Nuremberg pour une affairo
l concernant un Juif ; il se plaint de la ville d'Ehnhetm et obtient que
Irabbé de Wisscmbourg soit nommé commissaire pour entendre les
Iplcfinles des deux parties. Grâce au bailli, un traité intervient entre
Iles Juifs et la ville d'Ebnheim et les portes de la ville sont de nou-
veau ouvertes aux Juifs '.
VL — 5285 (1535). Guerre des paysans en Alsace. J, va au couvent
Icl'AUorr» pour traiter avec les chefs de rinsurrcction, qui avaient
[îïienacè de massacrer les Juifs, fj'est par son éloquence qu'il obtient
[d'eux qu'ils ordonnent aux paysans, par lettres, de ménageries Juifs.
[Cependant cet ordre ne fut pas respecté longtemps. Mais beureuse-
itoent pour les Juifs, l'insurrection est^répriraée et les paysans sont
[massacrés par le duc do Lorraine *.
f t. — 5288 (1528J. Les autorités de Ilaguenau obtiennent de Ferdi-
1 VoirGnctz, IX, 2« édit. p. 5"» et 2IJ2,
» Voir Bwvê, XUl. 69, LehmaDu» I, 268.
i Mtput, Xlil, 251.
T. XVI/k'» su
',18 REVUE DES ETUDES JUIVES
nand, frère de Tempereur, que les Juifs soient chassés de la proTino^
ils sont expulsés des villages et de plusieurs villes. JoselmanûTaïa-
près de Ferdinand, qu'il Huit par atteindre à Prague. Il est reçupir
celui-ci et obtient le reirait de Tédit d'expulsion et la conGrmalioft
des anciens privilèges. Quelques gentilshommes veulent, néanmoins,
exciter les bourgeois contre les Juifs; mais trois de leurs adversaires
les plus dangereux meurent subitement de maladie; un quatrième,
un seigneur de Ilochfelden, est tué par ses ennemis.
13.— oi80 (\ot^], AtTaire de l'hostie à Bosing (à io kilomètres aunorf
de Presbourg ; non Baisingèn}, en Moravie, 36 Juifs sont brûlés le
13 sivan (21 mai) et, dans la suite, les Juifs de Moravie sont accusés
et plusieurs sont emprisonnés. Joselmann apporte tous les privi-
lèges des papes et des empereurs à Giinzbourg et en fait un résuoé
qu'il remet à l'empereur, les Juifs sont remis en liberté et l'aflaiw
n'a pas de suite *.
14. — 5290 (Io30). Les Juifs sont accusés d'ôtre les t délateurs » des
chrétiens en faveur des Turcs, on veut les expulser de partout;
Joselmann rédige un mémoire justificatif, qu'il remet aux deux rois
(Charles-Quint et son frère) à Inspruck et qui est accueilli avec
faveur.
45. — Môme année. Diète (à Augsbourg) ; on veut interdire le
prêt à intérêt (ou annuler les intérêts dus aux Juifs) ; Joselmann ob-
tient qu'on y renonce et fait renouveler les privilèges de l'empereur
Sigismond \
1G. — 5201 (1531). Joselmann, pour défendre les Juifs contre toutes
sortes de poursuites, va auprès do l'empereur, alors en Brabaniet
Flandres. Il s'y arrête depuis le T'' adar jusqu'au 1^"^ sivan (18 fé-
vrier au 47 mai) ; c'est là que, dans ses longs loisirs, il rédige son
ouvrage wipn ^m II persiste à attendre une audience, malgré l«s
menaces du général (?) appelé Rulhard [t, il finit par èlrereçude
l'empereur et atteindre son but.
47. — o2'.)2 (1532;. Joselmann va à la diète de Ratisbonne, pour di-
verses questions, entre autres celle du prêt à intérêts. Il y rencontre
Salomon Molcho % qui venait dire à l'empereur qu'il voulait exhorter
les Juifs à aller combattre les Turcs. Joselmann lui écrivit de ne
pas s'adresser à V^mpereur, et quitta la ville, pour ne pas être soup-
çonné d'ôtre de connivence avec lui. Molcho fut pris par l'empereur
et conduit à Bologne, où il fut mis à mort.
* Voir Zunz, Synaijogalc Poésie, p. liô.
* Lehmann, II, 72-81, pièces tirées du cartulairo du Palalinal (n- 99 f» 150) et
des archives dObernai (arm. 2, u? 26).
* Voir Graelz, IX, 2ol, '100; Kayserling, Oesch. d, Juden in Portugal,^, 103
d'après eux, Molcho l'ut mis à mort à Mantoue.
BABBl JOSELMANN DE ROSHEIM
m
*4t. — 5293 («533). Accusation de sang en Silésie ^à Ratibor). Josel-
lOQ et LibermanQ voot à Sclnvabach et Aaspach; le parnass et
BUX ou trois autres Juifs de Ratibor sont brûlés, mais grâce aux
ttorche& faites par Joselraaun auprès du margrave Georges» les
%tics Juifs emprisonnés sont mis en liberté ^
, — 520a et 5295 (loS3 et <5:J5). Churlcs-Quiet fait la guerre en
arie (entre autres, Tunis pris le 2 juillet), beaucoup de Juifs sont
t prisonniers à Coron eL Palras % le concours des Juifs allemands
Il demande par les Juifs d'Italie (i^ib) pour les racheter, et TAlsace
t'imposait pour cet objet une taille de 1/4 ûorin sur di)0 flor. de for-
ae, mais Josclmanu ne trouvant personne à qui conilcr cetld
ae, remploie pour la protection des Juifs allemands et, en
e, pour celle des Juifs de Prague.
10.-5294(1534). Grand© querelle entre les communautés juives
îe Prague et de Ilorowitz, les plus populeuses de Bohème. Le rabbin-
Uiea connu Abraham h, Avigdor (mort 7 décembre V6il) et Josel-
ana sont nommés arbitres» ils rédigent un© convention en 23 ar-
Iticles, que signent 40o Juifs de Prague, mais les Juifs de llorowitz,
[meûcspor un certaiu Scheftei (l), veulent faire un mauvais parti à
Josdmanu; Irois fois il est obligé de se réiygier dans la citadelle
L(ilradscbin;, mais il échappe au danger» et linalcment les rabbins
I d'Italie et d^Autriche prennent parti pour lui.
tt. — 5296 (15^6). Lesautorilés de Hagueuau et d'Ensishcim pro-
*iui.seut des accusations contre Juselmano, il est obligé, pour les com-
^bûUre^ d'aller souvent à Hcidelberg et à Ensisheim ; mais il sort
I îûdemnc de ce procès,
21— 5295 (Ï536). LVIeclcur Jean-Frédéric de Saxe veut chasser
î«s Juifs, sur i'insUgatioa de Martin Luther, qui a écrit des livres
^contre les Juifs. Joselmanu prend des lettres de divers docteurs
chréucos, entre autres de Strasbourg» et se rend en Saxe, Mais n'y
trouvant plus Pélecteur, il le suit à Francfort-sur-Mein; ou il le
ïîouve en compagnie de plusieurs autres princes, entre entres Pé-
feciçur de Brandebourg* C^o dernier s'était déjà proposé, lui aussi,
<i'*>ïpuUer les Juifs de ses provinces. Joselmanu, en présence do
iï^^iucoup de savants chrétiens, entreprend de réfuter Luther et
Btilîjcr iMurtin Rutzer, de Strasbourg). onFécoute avec bienveillance.
Ua, en outre, une bonne fortune : on vient de découvrir que les 38
liuifs brûlés a Berliu en OilO étaient inaocents, que le coupable qui
I avait volé l'ostensoir avait confessé son mensonge, mais que Pévé-
jque avait imposé le silence eu confesseur, et empêché que la vérité
[fût révélée au duc Joachim L Tous les ducs et le margrave Joachim II
* Noue publierons trois ftcies relaUfe à cette alfaire. Le margrave Qeorgea était
YùhcU de Wladislas, roi de UoQgriG« il avait aclietâ Halibor en 1532.
^ Voir Smsk h4;àlfakha, \k 97.
1(10 REVUE DES ETUDES JUIVES
de Brandebourg furent frappés de cette révélation ; on renonça àex*
puiser les Juifs, mais la Saxo ne tint pas sa promesse et fit beau-
coup de mal aux Juifs *. Elle en fut punie *.
23. — 5301 (l.'JVI). Joselmann esta la diète de Ratisbonne, pou^d^
mander la confirmation de divers privilèges *. A cette époque l'em-
pereur avait expulsé les Juifs de Naples ; un juif de Rome, nommé
Salomon, était venu à la diète pour intercéder en faveur des ex-
pulsés, mais l'empereur lui ordonna de se taire sous peioe de
mort*. Tout ce que les Juifs purent obtenir, fut un délai.
24. — Même année. Un enfant chrétien est trouvé mort dans il
forêt do Weissenburg (en Franconie, près Papenheim), on accusete
Juifs de (Wasser-) Trûdingen (ou, peut-être, Treuchtlingen) de l'a-
voir tué. Joselmann fait des démarches auprès du duc;?) de Dietfint
et les seigneurs de Pappenheim (à qui appartenait Weissenburg), et
les Juifs accusés sont mis en liberté.
25. — u302 (1542). Expulsion des Juifs de Bohême et de Prague,
persécutions contre eux. Joselmann vient implorer le roi en leur fa-
veur, ils peuvent revenir. Quand, le \^^ tammuz (19 juin) 1547, Josel-
mann est à Prague, il engage les Juifs de la ville, très divisés, à
Tunion et à la concorde '.
26. — 5304 (I5i4). Encore une affaire d'un enfant chrétien tué; cinq
Juifs, dont trois femmes et une jeune fille, sont accusés et torturés,
mais ils résistent avec courage et ne font pas d'aveu. Joselmann in-
tervint en leur faveur, en montrant les privilèges impériaux des
Juifs, à TV'urzbourg et à Spire, avec le concours de Selkelin et de
S. (Samuel ? Simon ?). Les accusés sont mis en liberté. La jeune fiHfi
avait été torturée à plusieurs reprises pendant 32 semaines.
27. — 5305 (1545). Charles-Quint fait une campagne en France, et
vient presque près de Paris *; les Juifs allemands sont obligés de
contribuer aux frais de la guerre et donnent 3,000 florins d'or, à 15
baizen le florin, et 400 couronnes, plus un don d'environ 1,000 flo-
rins. Une taille de 3/4 pour cent de fortune est frappée, à cet effet
sur les Juifs, par leurs administrateurs. Le jour même (où cetU
taille fut décidée ? , Joselmanu fut à Worms (c'est là peut-être qu<
se réunirent les Juifs), parce que Ton proposait de nouveau d'eX
puiser les Juifs. Un des seigneurs plaida en faveur du maintien deî
• Sur tout cela, voir ÀVrw^, XIII, p. 78.
^ AUusioQ à la bataille de Mûhlber:;. 1547. et à la captivité de Télectear de Sax«'
LVIectour de Brandebourg, au contraire, eut à sa cour un Juif, Lippold, qui joaitd<
toute sa faveur.
> Lebmann, II, 22^..
♦ Grael:, IX, 3ir..
* Sur l'expulsion, voir Zunz, SynagO'j, Poésie, p. 57, et Graetz, IX, p. 317.
*^ Campagne de l^iiuiomne 1544, suivie du traité de Crespy-en* Valois. Om^
s*avani:a jusqua Cbàteau-Thierry. Voir Hanke, DemUcke GetcA,^ IV, 222.
TïADÎil JÛSELMANX Tii: lîDSlIELM
loi
if5, ils étaîeut, du reste, tolorés, disait iL eu souveûir {de la pas-
|OD du Christ). Le projet fut iibaudonné. Malgré cette résolu tîou,
lecteur de Saxe et les villes de Landau et d'Esliogen chassent les
ifs.
8. — 5306t<(ii6)* Diète à Batisbouue. Joselmanu ublient de Fem-
eur Charles-Quiiil, eu faveur des Juifs, des privilèges meilleurs
tous les précédents ^ On les lui avait déjà promis antérieu-
cment a Spire *, ils furent contresignés par les seigneurs. Les
de Saxe et de liesse ' aviiient refusé de se soumettre aux
solutions de la diète, lempereur dut leur fuire la guerre \ il lit
eûir des troupes espaguoles, qui maltraitèrent d'abord les Juifs.
aselmoQQ lit représenter à l'empereur, par le chancelier Gran-
i\?), qu*il était bien douloureux pour les Juifs d'être successi-
rcmcnt malmenés par les Luthériens et les catholiques*; Tempereur
.donner des ordres sévères, et les Juifs ne furent plus inquiétés,
, malgré le grand mouvement de troupes qu'amena la guerre. Les
Juifs dirent des prières à Francfort pour le succès de Tempereur,
et liaalement les deux souverajus lurent pris» en \okl. Les Juifs
l d'ailleurs fait à larmée impériale d'importants dons en
(sislances.
î9.— 5307 (1347). L'empereur envoie une armée de !âO,ûOO hommes,
lliïDs Je commandement du comte de Bureu, contre la ville de Franc-
[fcri, mais avec Tordie de la ménager, si elle accepte ses conditions,
la ville est prise*, et Joselmann, chargé par les Juifs, rachète la
I «ûrftê de leur vie et de leur fortune, au prix de 8t)0 Uorins d*or. Les
liuitâ renlréreut en partie dans cette dépense en achetant le butin
I îfiil à Feuchtwangen et Darmstadt ''.
Fin du journal.
Nous ajoutons quelques extraits et pièces qui se rapportent a
iJoselmann :
h Une pièce de 1491 relative au séjour des Juifs à Obernai
1(0" 1):
2* Une pièce de L^24 relative un même sujet (n*" 2) ;
* Texte dftns Lebmsnn, II» 302, d'nprèsie cartulaire tiu Palalinat, n" &9,
*A il diète d«ir»V2 ou 1^4/*.
' L'éWieor do Sato et lo kiiflgrave de liesse (Jc«n- Frédéric et Philippe).
* C'wt le commencement do la j^nerra de Smuicttdc.
' Supplique daas Lehmaun, lU 29^.
* U 20 décembre lîi^T. voir Kiie^'k, Gfith. 9ûf$ Frank f«ri n. J/., \u 'il 6.
l>iiriii»t«dt avait été prise d*u8S«ul c|iielipic:!^ jotirs «va al IVntrée des troupes im-
l P*mle» k Frandort.
102 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
3^ Les numéros 3, 4, 5, extraits de divers recueils des Archives:
de Francfort, de Munich et de Carlsruhe.
On voit, par ces derniers extraits, que le Journal de Joselmann
est loin de raconter tout ce que Joselmann a fait pour les Juifs.
La pièce n^ 3 prouve que Joselmann est Intervenu auprès de
l'empereur Maximilien pour protéger les Juifs de Francfort contre
les tentatives de Pieffercorn. Leur situation était alors très déli-
cate : presque chaque année, depuis 1510, le magistrat se deman-
dait s'il voulait leur laisser le droit de domicile. Depuis Charles IV,
les Juifs de Francfort étaient sous la juridiction absolue du magis-
trat, et celui-ci se montrait extrêmement jaloux de toute inter-
vention étrangère dans les affaires qui les concernaient. Aussi
durent-ils lui demander Tautorisation d'accepter la lettre patente
obtenue par Joselmann contre Pfeffercorn, et le passage que nous
reproduisons montre que le magistrat les engagea à ne pas l'ac-
cepter, s'il était possible.
Dans le n" 4, il est question des Juifs de Bavière *.
Le n^ 5 parle d'une instance de Joselman contre le magistrat de
Golmar.
/. Édit de l'empereur Maximilien concernant les Juifs d'Obemai.
Fribourg, 22 octobre 1497.
Wir Maximilian von gots gnaden Romischcr kunig, zu allen tzeilen
merer des reichs, zu Hungern, Dalmatien, Croatien, etc. kunig,
crlzhertzog zu Osterreicli, herlzog zu Burgundi, zu Brabannt, zu
Gheldhern, etc. grafe zu Flanndern zu Tyrol etc. embieten vnseru
vnnd des reichs lieben getrewen burgermeisler vnd rate der stat
Obern Ehenheim vnnser genadunnd ailes guet. Lieben getrewen,
wir habeu vnsern kunigklichen camerprocurator, fiscall gênerai vnd
des reichs lieben Peter Volschen verordennt vnd dem macht vnd
gewalt beuolhn vnd gegeben, auf vnnser gebots brief, so wir an
euch vnndanndern vnnser uud des reichs siett in vnnser landtvogtey
im Elsasz gelegen ausgeen lassen, juden an die ort vnnd ennde da
sy vormals gewehst vnnd gcseszen sein, widerumb zu setzen vnnd
euch demnach bey vcrmeydung vnnser vnnd des reichs vngenad
vnd slrafTe vnnd durzu verbiesuug der peneu in den obbesUmbien
vnnsern ausgegangen gebots briefen begriffen ernstlich vnd wellen,
Daz ir dieselben juden, so cr euch benennen vnd anzeigen wirdet,
mitsambt ireu hauszrat, hab vnd gutern darauf on widderred
annemt vnd wie andcr juden, so vormals bey euch gesessen sein,
halltetvund bey ireu frcyheiten, die sy vonn weilonnd vnnsern
vorfuhreu am reiche Romischoa keysern vnnd kuuigen haben, blei-
* Voir Lchmanu, II, p. 322.
RABBI JOSELMANN DE ROSHEIM ' 103
ben lasset, hanndlhabet, schutzel vnd schirmet vnd da wider nit
dringet noch beswert noch des yeraands anndern zuthundt geslattel,
noch hier inné verziebet, dadurch nit not werde, mit den ob-
bestimbten pennen, straffen vnnd pussen wider euch furzunemen
vnnd zuhandb[len] ; daran lut ir vnnser ernstliche meynung. Geben
zu Freyburg im Breysgew am zweiundzwenlzigisten des monats
Oclober nach Gristi geburde vierzelien liundert vnd im siebenund
newntzigsten (U97), vnnser reicbe des romiscben im zwollTten vnnd
des Hungerschen im acbten jaren.
Ad mandatum dm. régis, manu propria.
(Arch. municip. d'Obcrnai, armoire 2, n® 26. Copie.)
2. Lettre du Bailli de Basse- Alsace en faveur des Juifs d'Ohemai.
Vendredi après Jubilate 1524.
Wiir Ilanns lacob freyherr zu Morsperg undt BefTort, Romischer
koyserlicher Majestat unsers allergnadigsten herren landtvogt in
unlern Elsass etc. bekbenncn undt thun kbundt maniglicben mit
dissem brieff, nacbdem sich laugwirige spenn undt Irrung zwi-
schen der gemeinen Judescheit aben einem ; vnd ein ebrsamen
rath uudt gemeiner statt Ober Ehenbeim andersleiis schwebendt
gewesen inhalt ibrer eingelegten sebrifften, clagden wie vorhanden,
hierinn umb die lange willen zu melten unnOthig, welcher irrlbumb
und spenue wir beydc parleyen nach vielfaltiger underbandlung
volgender massen mit ilirer beyerseils gutem wissen undt willen
vertragen und vereinbalirt baben ; erstlichen soUen die juden
allein uff den markh und jalirmarckhtagen gen Ober Ehenbeim zu
wandeln macht habcn, docli mit diss bescbeidenbcit dass sie zu
jeder mahlen, als oflt einer oder ein judin die margttâg brauchen
wurde — davon [seclis pfennig Slrasburger abn die ort , denen
bestimbt zu geben, schuldig seyen, undt in aile weeg ûber nacht in
der statt nit pleiben ; es mog auch judt oder judin, so ofTt ihnen
dass gelegen undt ibr noldurff erfordert, den durchwandel zu
Ober Ehenbeim bruchen und nicht zit bandeln, und davon, so
es nit marck tag were, geben zween pfennig Strasburg.
Veiters ' ist abgeredt. dass kein judt oder judin, so den marckht
•oder den durchwandel wie obengezeigt brauchen, in der statt Ober-
Ehnheim kein gelts auf wucher hinlyhcn soUen ; so aber ein burger
oder burgerin von einem juden oder judin entlehnenw^oll,mag sie
das utr vahrende und kein verschriebung noch ligende pfandter
thun ; doch soll ihnen der ludt oder ludin, so gelt darufT liehen
wurden, denselbig ein ziehl selzcn und bestimmen, undt so der
di/)selbigeu pfandeu in gemoller zoit nit entledigen oder lossen
wiirde, so soll dasselbig pfandte dem jud oder judin verfallen sin ;
es soll auch kein judt oder judiu in keines burgers oder burgerin
> Wciteres.
lO'i Hi:VlK DES ÉTUDES JUIVES
haussgeheii, esvere* dan, dass der voq deoselbig erfordert warde;
wo aber ein burger oder burgeriQ ihres eigenea wiliens zu judt
oder judia ia der orl gesessea gienge und etvas wie vor diessen
entscheidt eatlehne wùrde, soll das auch wie hievor keiaea theil
benneo (?) oder ab^cschnitten sein, doch soll keia judt oder jadin
keineu pact, verstandt oder abrede mit keiacm burger oderburgeria
iû gedachter stalt (Jber Eholieim ufTwucher geld zu lieben fune-
mea, durch sicli selbs oder jemandt anders tbun lassen ; wo sieh
aber defindt dem zuwider gehandelt, so soll der jud oder judin seines
wucbcr verlobren haben, darzu einea ebrsamea ralb gemellerstoU
Ober Kbûheim einen guldin zii ablrag zu geben verfallen seyn.
Sie soUen auch ihre riug oder zeicheo, es sey jud oder judin, M
in oft gemeller statt Ober Ehnlieim, wie vorslebt wandlen wurden,
bey ihuen tragen, dabey man sie erkennen mag. Undt solienaodi
hiermit ail ansprachen wie die juden dasin ihren clagenmundlidi
oder [s]chrifrtlicli iubraclit, es seyen schaden, costen, glaidls bruehi
irrungen und ailes das bis utr disen tag dato diss brieffs beschehen,
ganlz und gar todt undt ab seyn undt sich deren kein ibeil hienach
nimer behelffen noch gebrauchen weder durch sich selbs noch
jemandt anders, von ihr entwegen in khein weiss noch weegjetz
oder in kunfTlig zeit ; solche abredt undt vertrag haben bcyde
obgemelte parleyen mit gutem wisen undt willen angenommen und
deu also in allen und jeden artickhelu getreiilich ungefahr zugde-
ben und nachzukommen zugesagt undt versprocben ; des zu wahrea
urkhuudt haben wur obgenander landtvogt unser angebohren insie-
gel an dieser verlragsbrieflf zween gleichlautendt thun henckhcnund
je dentheil einen ubergeben ; ufT freytag nach den sontag jubilale,
als man nach Chrisli unsers lieben herrn geburth zahlt 1524 jarh*.
(Arch. municip. d'Obernai, armoire 2, n» 13.',
3. Joselmann et Us Juifs de Francfort en 1513.
Als der judden hohe meister, so in Keyserlichem hoffliget', ein
privilegium crlangl, darin gemelt wirt die judden in keyserlicher
maiestat schirm sin sollen vud fur Peflerkorn zu beschirmeu etc.vric
die werbung geluth bat (gelaulel bal), w^lche privilegium sie oue
willen eins erbareu rais nit annemen woUen.
Ratschlagungs protocoU de 4513 folio 206 (sexta in die sancli Mar-
tini] : Den juden sagen, uichts von keyserlicher maiestat antzune-
men, das widder des rats oberkeit sy ; denn wo das geschee, werde
der rat sie nit vngeslraft zulassen.
[Bili-ijtnncisterbuch de la ville de Francfort, 1513, f. 90.)
« Werc.
* La copie u été authenliqupo autrelois par Tarchivistc M. E^gs ; cependant il
serait bon de la comparer avec ToriginaL La pièce se trouve par cxiraits dans Rtvtt
Xlll, u» 25.
' Joselmann.
RABBI JOSELMANX DE ROilIlilM
îm
4. Joselmann ei Us Juifs de Bavière. {Analj/se),
4 «'juillet 1551.
José), chef des Juifs d^Allemafîne (alâ gememer Jûdischait Bevel-
ibt^r in Teutscliland), après avùir obtcïm la cessation des pouisaiies
>Qtre qualFô Juifs em prison nés, savoir les frères Isak et Ilayum,
am Hof bel Regensburg », Abraham Gollschmid de Craco%^ie, et
[Simon Putze* de Hag, prend les eogagcmeoLs suivants au nom des
Juifs :
4* Aucun Juif ne demeurera plus et ne viendra plus de passage
fns les duchés de la Bavière supérieure et iuférieure*
» Toute instance des Juifs contre des sujets de ces deux pays sera
ile par des procureurs chrétiens.
2^ Dans le cas seul de nécessiié absolue, des Juifs pourront traver-
ser le dit pays, mais sans y séjourner, et seulement avec un sauf-
conduit où leur itinéraire sera décrit avec précision.
5* Les Juifs, même établis en dehors desdils duchés, ne feront
aucune alTaire avec les gens des duchés.
ti. Tous les privilèges ecclésiastiques et civils obtenus par les Juifs
ei qui seraient contraires à la présente convention seront annulés,
Sijfïié : 'i Wilhclm Pockhlin zu Pocklinsau, Kaiserlicber iiofmar-
scbalL 3
Donné à Munich, mercredi après Pelri et Pauli apostolorum, le i"*"
jour du mois de juin.
Accompagné d'une attestation du serment fait, à ce sujet, le
3 seplcnibre 1551, par <^ Josef der son Gerson, welcber gênent wirt
Josetman Koshain. *>
(All^^eiiibmes Iteiclisûrcliiv à Muûcliea, Hegcstc, Jtxdenin Bayera, fjsc. Il»)
5. Joselmann contre la ville de Calmar .
Eadem etiam producta sunl privilégia in causa loszle juden con-
tra Colmar, ubi pelilum (*?) * illis non hcuisse der judischeitt deu
zugang, \vandel vnnd handel in die stait Colmar zu den jar vnd
wochenraerkten vuil den pasz zu ircr nolturllt ahzusticken [verbin-
derol vnd das sy an deiu idlea vnrads gethan, derohalben solche
aogemaszte Terhinderung vnd versperrung abzustellen, cuni intima-
tiooe* nachlheil vnd scbaden \
{Pfâlitt Kùpialbueh, ii Carïsmb?, f- i55.
» Dilo.
* Gfilo veni probablement dire f[U€ lu ville de Culmiir doit indemniser l
d«s domai«^& auhis.
LE COMMENTAIRE DE SAMUEL IBN HOB
SUR LE PENTATEUQUE
(fin *)
IX. Jusqu'à présent nous avons examiné la partie accessoire
du commentaire de Samuel, nous allons maintenant étudier te
commentaire proprement dit, c'est-à-dire la partie explicatif'
Ce qui frappe tout d'abord, c'est la petite place que tient, dans ces
fragments, Tinterprétation grammaticale du texte hébreu. Abttl-
walid, qui connaissait probablement tout le commentaire de Sa-
muel sur le Pentateuque, nous apprend que le gaon ne pensait pas
qu'il était au-dessous de sa dignité de suivre fréquemment les
indications des grammairiens et de citer leur opinion comna^
preuve à Tappui de sa traduction '. Dans les fragments que nou^
possédons, Samuel ne mentionne qu'une fois (à prgpos du verset
XLi, 8, p. G) ravis des grammairiens l-^^p*7pnbN -^ Les obser-
vations grammaticales qu'il a faites lui-même se bornent à quel-
ques remarques relatives au singulier et au pluriel *, ainsi qu'au:^
temps du verbe ^ : il fait observer que l'hébreu permet l'emploi du
» Voir tome XV, page 277.
* Voir Lunia, éd. Dcrcnbourg, p. 4, 1. 12-14 (Rikma, vi).
* Deux opinions des « f,'rainmairiens » sur la différence entre d3^2m cl D^TCrn»
Dan., II, i. Il ressort de celte citation que ni les « grammairiens » mentionnés, ni i^
gaon qui les mentionne ne se faisaient une idée bien nette de la dilTérence qu'il v &
entre le b^D3 et le '52*Dnn, quoique Abulwalid dise, /. c, que Samuel ibn HofDÏ «
considéré comme indispensable de connaître ces deux formes verbales — *>N*srN-^
bfi^rnCNbNT —, ainsi que riuGnilif — n^^TlbN — •
* Samuel emploie, comme Ben Ascher et Yephi:t l)en Ali, les termes hébreux
Û'^DI ''5 fl^W^ *\vdb; une seule fois (p. 92, sur xlv, 22), pour un cas où il sajrit
<Iu pluriel d'un mot arabe, il désigne le pluriel par H-^N^à.
^ nnr "jT^rb et T^nr ir^b ; une fois (p. 100, l. IG) il explique le premier unn<?
par les mots arabes N-^^NT: "^rr^. I\ 'JO, 1. 8 eu bas, il se sert du mot nTnJ.
LE COMMENTAIRK DE SAMUEL ION HOFNI 107
singulier à la place du pluricP. Il remarque aussi que le mot
rn^n^:, « char », se prononce au singulier avec un ségol, et au
pluriel (Exode, xv, 4) avec un patali * ; que le mot i',»27;, xlvi, 26,
est T^nr licbn, parce que Taccent, û3^abfi<, se trouve sur le k
de la dernière syllabe (le mot nxi se rencontre encore deux fois,
à ce temps, dans la Bible, Rutli, iv, 11, et Ghron., xxvii, 1) ^,
tandis que le mot rr^nn de xlvi, 27, a son accent sur le n et est
nnr ivobn, comme d^ns Genèse, xviii, 29, et Job, ii, 11 * ; qu'il
est d'usage dans la langue hébraïque, comme il Ta montré dans
son introduction, d'employer le futur pour le parfait et le par-
fait pour le futur, ainsi "^nnpb, xlviii, 22, et iNa, Ps., lxxix, 1,
sont au i)arfait et indiquent le futur (p. 132) ^ Pour montrer que
le mot pn::x3 de xliv, 16, vient de la môme racine que pn^*^ de
Job, IX, 2, il dit que le a est entré dans le premier mot de la môme
façon qu'il a pénétré dans i3T^:2:^n de Josué, ix, 12, qui est dériva
de nnsç (p. "72). A propos du verset xliii, 18, où il considère
les paroles dos frères de Joseph comme interrogatives, il dit que
« notre langue » permet de laisser la particule interrogative rr de
côté, comme elle est omise dans 1 Sam., xi, 12, devant le mot
bnxc «.
Pour désigner la langue hébraïque', Samuel emploie le plus
souvent l'expression « notre langue », fi<:nab, par opposition à la
» Sur XLi, 1". (p. 8), à propos de Ûlbn = m7:ibn, il dU : «73 b-'aD "^b^^ 1Ï1
-î-^n*^ 'b -^br bip-: 2-^n-i 'bi û-^nn 'b "^b^^ bip!Q .T»n*» 'b "^d «Dnsb rrràn.
Sur XLVI, 23 (p 18'J), il lait cette remarque : • J'ai traduit "[^ "^231 par le siofrulier
•(1 I^M, et non par le pluriel, parce que la langue hébraïque permet d'employer le
pluriel pour le sinp^ulier, tondis que cela n'est pas possible en arabe. » Il éoumère
ensuite les onze versets bibliques à lui connus où se trouve ^;di au lieu de "jn, et
il cite, ù ce propos, le passage de Baba Batra^ 143 è, où l'on fait la môme remarque
f^^rammaticale dans un but de casuistique ; cf. p. 98, en bas. il dit aussi que
T^m^m, XLVI, 15 (p. yCj, est un pluriel pour un singulier. Par contre, le singulier
w'^X, XLix, 0 (p. ll>(î), a la signification du pluriel.
«XLVI, 29 (p. 1(14, en haut); ...d7ûbx rTninD?^ •^ï^D û-'^n 'b ^n na5n73 bD
Û7:bN "TlbD!Q nrîD TTT^ 'b ^IXZ NTSI. Yephet ben Ali appelle aussi la voyelle e
^ p. 99, où il renvoie à ce qu'il a dit à propos de xxix, 6. La remarque repose sur
la Massera, qui dit mb Ûra3 '5.
* P. 100. Celte remarqua repose également sur la Massora.
* P. rr>, en haut, sur xlviii, 6 (mbin) : -|3r 'b "^D rî^bb^ bN733^nDfi< "^b:^
« p. :i9. en haut : pNnrpcNbN î<n "l'^sn nnrnon "jn N:n:b nTNàfi< npn
iPN^rrDN a ici le sens de Di^rîDnDN]. L'interrogation est aussi désignée par
S. i. IJ. par le mot "^.^^nbnCN (p. 81). rî?:b, xLvii, 19, no désigne pas "p bî^lD
n**T2^bi<, rivtcrroifation après le pourquoi. — xlviii, 17, il suppose qu'il y a une
clMpje— p{1?:k73 TITZ'^'D — et qu'il laut mettre avant ;2&(1 bfi< le mol ^Î73lï3b.
^ Quelquefois il la nomme w^pï! "jicb (p. 88, I3G).
108 REVUE DES ETUDES JUIVES
langue arabe ; il se sert surtout de ce terme quand il veut faire
ressortir au point de vue exëgétique certaines particularités de
Th^'breu ^ En dehors des digressions lexicographiques que nom
avons d(^jà mentionnées, nous signalerons encore robservatiofl
que fait Samuel au sujet du mot *j-î2X (xli, 43). a Notre langue,
dit-il ([». 23), emploie encore autre part des termes qui peaveot
C'tre divisés en deux mots, comme nniD, Job, xxx, 12^ st2a:?,
ilabac, II, G a.
Les fragments publiés ne contiennent pas de comparaisons
lexicographiques entre l'arabe et Thébreu, quoiqu'elles eussent
pu être facilement faites par Samuel *. Quelquefois le gaon a
recours à Taraméen pour expliquer des mots hébreux. Ainsi,
XLv, 17, il déclare que n:ra comme trn'^ra sont des mots du Tar-
goum (p. 91) 3 ; xlix, 21, il -prétend (p. 151) que « dans la langue
du Targoum* », par exemple dansDaniel, ii,24, le mot noo signifie
beau ; xlvii, 23, il dit (p. 113) que «ri signifie dans la langue ara-
méenne « comme », par exemple Daniel, ii, 43. A propos de
XLVii, 19, il fait la remarque que le mot w^my ne peut pas dési-
gner la possession de la terre, tandis que la langue de la Mischna
emploie le mot tisj'O pour indiquer cette possession (p. 109). Une
fois (p. 110), il se sert de la langue de la Mischna {BabaMe^,
IX, 3) pour expliquer un mot du Targoum (mnn, la traduction de
D^n, XLVII, 19) ^
M. llarkavy a déjà montré ^ que, pour Thébreu, Samuel ibn
Ilofni en était encore à la grammaire de ses prédécesseurs et
* XLI, 6 (p. 4) : eu hébreu, ou désigne la maigreur par ?^T*1 et wJfC ; lU, 16
(p. 10) : le mol arabe n'^S répond à l'hébreu ■^n^^bs ; xli, 42 (p. 22) : r^yn:: signifia
un anneau, en général, iipbn, et non un anneau avec cachet CPMb; XLi, 55(p. 35):
^y^ et K72^ sont aussi employés métaphoriquement, comme dans Amos, vm, 11 ;
Ps.. XLii, 3 : 'C^rû est un homonyme '7"^,nï5?3 dOfi< et a diverses significations;
XLiv, 13 (p. 72) : ^yzy signitie « mettre une charge • ; XLv, 8 (p. 86) : nît «ul
aussi dire « maître » — ÎKnDît — ; ^i-^^, 8 (p. 138] : miïl signifie rememtr ei
avouer,
* Voir t. XV,2S3, note 1 et plus haut p. ir>2note 1 ; comme Saadia, Samuel choisi
pour traduire Tliébreu où il le peut, le mot arabe qui lui est apparenté, par exemple
^^rizril Il^ii^ir. Ahulwalid dit, dans son Lexique, 103, 2 : tsti-.n ".n Sr"'*-
* Samuel donne ù Taraméen le nom de nahaUen, comme le fait Saadia dans Is<i<?'
XXXVI, 11. En expliquant le passage de B a ha Batra, 143 6 : inb 17250 N^!^
•^x:2b -xrr:, il dit (p. i80) : -^i^-^.-iy in -::2: ticbn nnb •jiDn bîçn.
* A propos de XLiii, 9 (p. ;i41, S. fait remarquer que, dans la langue des sige^t
C^r^.n iTwb, le cautionnement est désigné par nzi:^ et non par r^îbnp. •
* Voir Touvragc cité. p. 20. note 42.
LE imiMENTAmE DE SAMUI-L JJiX \UWM
Krj
qu'il Hf» connaissait pas les f^crits d^ mm contemporain lelmda
Hayyoudj. Ainsi, il durivo pc, XLi» 40, de Ja même racine que
^np-i'cn, Genèse, ni, 16 (p, 2lj; il traduit nnn, XLix,6,coïnnie .s*il
y avait inn ; il désigne (p. 75) la racine çss, xuv, 18, par le mot
rrû^'sVô* (ne considérant pas le : comme lettre radicale). Je cite en-
core son opinion, que les lettres i et n peuvent àlm mises Tune
pour l'autre ; ainsi, il donne la même signilication à mpn, xu,
19, et à mp"7, xli, 4; à niJi^zj^n, Josué, ix, 12, et à m-'ii^n, ib,^
IX, 4; à iT*i, Lament., m, 53, et à r!n\ Job. xxxviii, 6 ».
X. Si le commentaire de Samuel contient peu d'observations
grammaticales, il donne, par contre, de nombreuses explications
de mots, comme on a déjà pu le voir par ce qui préct'de, et il tire
de cette partie explicative sa principale valeur, Kn réalité, la tra-
duction est déjà une exijlication des mots et, à ce titre, devient
partie intégrante du commentaire. Mais Samuel ne manque pas
d'expliquer longuement les mois toutes les fois qu'il le croit né-
cessaire et d'en détermintT plus nettement le sens par la cita-
tion des passages bibliques qui contiennent ces mots; de plus,
il ne se contente pas de donner uniquement ta signilication
que le mot a dans un verset donné, il indique les dillérentes
acceptions dans lesquelles il est employé- Voici, en dehors de
celles que nous avons déjà mentiotmées, un certain nombre de
remarquables explications de mots tirées du commentaire de
Samuel :
XLi, 5, Le mot û^bs*:: a surtout le sens de û^::n *^bac, des épis,
il désigne aussi des branches d'olivier (Zach., jv, 12) et des bouil-
lonnemerits d'eau, Psaumes, LXix, 19; le contexte montre qulci
:l désigne le blé, et la meiHeure espèce de blé, c'est-à-dire le Iro-
nient (p, 4), — xli» 42. i-'^n signitie un collier (Dan., v, 29) ; il a
aussi quelquefois, comme dans Prov., vu, IG, le sens de tapis
(p. 21)» — XLi, 43. rtrcst] désigne ou bien la monture du roi ^
♦ Il Chron., xxxv^ 24)» ou bien la dignité de vizir» par exemple dans
Esther, x, 3 (p. 23)* — xliî, 1. nDsn"'! veut dire ; il se rendit mé-
connaissable, il se donna comme étranger, de ta racine ''ns:.
Cf. I Rois, XIV, b (p- 41], — XLin, 11. ••i^ désigne le baume hié-
rosolomytain, "«D^pTabn pN-'nnb&î, «lui est préparé avec diverses
» xii, 18 fp, 11) î 'û^nb^a b"^bx bn^an Ipl î à propos de ILI, 23, il cite sans
obsiînraUoQ une opmioa edmeUaiit que r^?23^ est de la même rBCtne que Q'^!3C
Cns, Prov., ixii, l\,
* frrD'^j^ rî^DnH, c'est aîusî que lu traduit Samuel; SaadLti dit la mêfloe cLose
<:a d autres tcrmcB ; nSSSb y{*^bK HD-ïD "'b;? naSHÔtl.
I!0 REVlîE,DES ÉTUDES JUIVES
plantes en Palestine ' et est expédié dans les diflférentes régions;
il préserve le corps des poisons, c'est pourquoi on lui compare
les paroles des prophètes, Jéréniie, vin, 22 (p. 56). — xlviii, Il
•«nibo fi<b, « j<î n'espérais plus », comme traduit le Targoum, mais
ce mot sij^nifie aussi a juger », comme dans I Samuel, ii, S;
Psaumes, cvi, 30 (p. 120).
Pour les mots douteux, Samuel ne donne pas seulement sa tra-
duction, il rapporte encore d'autres explications. Ainsi, il men-
tionne les traductions suivantes du mot ûrrnn^î:, xlix, 5 : IMeurs
relations commerciales — rrr^Nn-: — de nz?3, vendre; 2* leurs
banquets ; cf. Job, xl, 30; II Rois, vi, 30 ; 3® leurs régions, d'a-
près Ézéch., XVI, 3, et xxi,35; 4^» leur administration — K:2nr:xn
— (= acnm:, administrateur), de -îd Isaïe, xvi, 1 (p. 135).
XL Samuel s'attache principalement à donner clairement I&
sens du texte. Il ne se contente pas de traduire littéralement
chaque mot d'un verset, il prend en considération le contexte, et,
quand il le trouve nécessaire, il compare le passage qu'il explique,
pour le rendre plus clair, avec d'autre^ passages de la Bible. C'est
ainsi qu'il établit un parallèle, pour l'ensemble et les détails,
entre le récit des songes de Pharaon et Texplication donnée par
Joseph, et le récit du songe de Nabuchodonosor et Pinterpréla-
.tion de Daniel; il cite aussi, à propos de xlii. G, les songes de
Joseph racontés xxxvii, 7-11. Quand la Bible énumère, xlvi,8,
les familles descendues avec Jacob en Egypte, Samuel compare
cette énumération avec une autre. Pour expliquer la bénédiction
donnée par Jacob à Zabulon, xux, 13, il se sert des renseigne-
ments que le livre de Josué, xix, 11, contient sur le domaine de
cette tribu.
Le commentaire sur le discours de Juda à Joseph, xliv, 18-3^*
montre comment Samuel considère un chapitre tout entier dan^
son ensemble et ses détails. Après avoir expliqué l'exorde de c^
discours, il s'exprime ainsi (p. 7G) : « Je trouve que le discours d^
Juda contient dix arguments, » et après les avoir cités, il continua
son explication en montrant comment Juda dispose ses arguments
pour agir sur Joseph «. Ensuite vient le développement que nous
* Sfi<ObX2. Chez Samuel, î:fi<»:: signilie aussi lu Palestine. Cf. Leben und Wokt
Abuhcalids^ p. ol, noie 8. Voir, plus haut, XV, 28i, note 4, et 2S3, uoie 1.
* Le discours de Juda se divise ainsi en dix paragraphes : 1» ■ que U colère ne
s'entlamme pas contre ton serviteur >, verset 18; 2<> < car tu es comme Pharaon t,
ib.\ 3® verset 19 ; 4° V. 20 ; o-» v. 21 et suiv. ; 6«» v. 20 ol suiv. ; 1« v. 30 et suiv. ;
8« v. 32; 9« v. 33 ; lO^' v. 35. Samuel divise aussi le discours que Joseph adresse à
ses fr^es, l, 19-21, en cinq paragraphes (p. 170).
• LE COMMENTAIRE DE SAMUEL IBN HOFNf . 111
avons déjà mentionné sur Tinfluence de l'éloquence, et qui com-
mence par ces mots : « Sache que Juda ordonne ici son discours
'd'après les règles de l'art, pour gagner par de douces paroles la
bienveillance du gouverneur. >) A la page 11, il relève les diffé-
rences qui existent entre le récit du songe de Pharaon, xli, 1-7, et
la narration que Pharaon en fait, xli, 17-24, et il les divise en
deux groupes : 1*^ différences dans l'expression, le sens étant le
môme ; 2** différences dans l'expression et le contenu.
Pour l'interprétation des chapitres de la Bible, Samuel adopte le
principe de Texégèse traditionnelle, que ces chapitres ne se suivent
pas dans Tordre chronologique. A l'occasion du parallèle qu'il
établit entre l'appauvrissement des Egyptiens et les divers degrés
d'appauvrissement qui peuvent se présenter, au point de vue de
la loi, chez l'Israélite, il compte sept degrés de pauvreté, dont il
trouve rénumération dans les passages suivants du Pentateuque :
Lévit., XXV, 14 ; i&., 35-37; ib., 25 ; ib., 29; Exode, xxi, 7 ;
Lévit,, XXV, 39 ; ib., 47, et il ajoute « qu'il a tenu compte, dans
l'ordre où il cite les passages bibliques, du degré de pauvreté in-
diqué par chaque passage, et non pas de Tordre dans lequel ils se
suivent dans la Tora K » Ici, il y a une lacune dans le ms., mais
la fin de la partie incomplète montre que Samuel a encore prouvé
par d'autres exemples qu'il ne faut pas s'en tenir, pour la succes-
sion chronologique des versets et- des chapitres, à Tordre adopté
par le Pentateuque. Il partage les dix plaies d'Egypte en trois
groupes, qui ne se succèdent pas dans Tordre indiqué par le récit
de la Tora ; ainsi, il prétend qu'il y a eu d'abord la destruction du
monde végétal, ensuite des animaux domestiques et enfin de
l'homme (p. 113). Il applique cette méthode, qu'il appelle la
méthode de Vaniérieiir et du postérieur (nmN7:T ûnpiTs b'^no), aux
versets xliii, 27, 28, d'après lesquels Joseph s'informe, d'abord, de
la santé de son père et, ensuite seulement, demande s'il vit en-
core, tandis que logiquement Tordre des questions devrait être
changé (p. 62).
Samuel cite une dos treize règles établies par Ismaël, la onzième,
à propos du verset xliv, 2, où il explique pourquoi Joseph, après
avoir ordonné de remettre l'argent de jses frères dans leurs sacs,
ajoute explicitement Tordre de le placer également dans le sac de
Benjamin (p. 66), et il applique la première des trente-deux règles
de E. b. José Guelili, manb, au verset xuii, 8, pour conclure
nmna nniNTai D-ipiT: ï*^» -^a:^): -^b:^.
H2 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
de la répétition du mot i::^ que Benjamin est compris dans Ténu-
mération (p. 54).
XII. Avant d'étudier la partie exégétique du commentaire de
Samuel ibn Hofni, nous allons examiner la place qu'y occupent le-
Targoum, le Talmud et le Midrasch. On voit, par les fragments
publiés, que le gaon se sert souvent de la littérature talmudique
pour expliquer le texte, mais il ne nomme qu'un seul ouvrage de
cette littérature, le Séder Olam * ; dans tous les autres cas, il rap-
porte les citations de Talmud ou du Midrasch sous le nom de
« paroles des anciens, savants, sages * ». Dans la partie du com-
mentaire que nous possédons, on ne trouve que des passages du
Talmud babylonien et du Bereschit rabba. Du Talmud il cite
surtout les passages halakhiques propres à expliquer ou à illus-
trer le texte biblique ^ ; quelquefois il cite les interprétations
mômes que les docteurs du Talmud ont données de certains
versets *. Samuel adopte le plus souvent les explications du
Bereschit rabba ', mais parfois il les combat «, ou dit « qu'elles
sont possibles ^ », ou les mentionne simplement après ses pro-
pres explications ". Il cite aussi à plusieurs reprises le Targoum
babylonien (Onkelos), et toujours sous le nom de Dânnnb»; il
le mentionne pour confirmer sa propre traduction des versets
XLi, 34 (p. 20), XLi, 44 (p. 25), xlvi, 30 (p. 104), xLvii, 10 (p. 110),
XLViir, 11 (pour le mot •^nbbD, p. 126) et xlix, 6 (pour le mot me,
p. 136 9).
> XLi, 1 (p. 6) : Joseph fui délivré de la prison a Tépoque où mourut Isaac : ?ipb
* Samuel emploie les termes suivants pour désigner les traditionnistes : 12^ni!l*^ ;
rarement Û-^TS^tlDN ; une fois (p. 44) fi<73npbx ; fi<D*»N73np, K^ipbK fy^,
NTsby^fi^, NrN7ab:^; fi<72:2nb'fi< ; *Tl73bnbN bn». La tradition est appelée nnbb»
(p. 156, ligne 9 d^cn bas], et une fois (p. 37,1. 11) * la tradition vraie •, "labbî^
pHN^b^. Je n'ai pas trouvé chez Samuel l'expression b'^ît*lKbfi< fréquemment em-
ployée par Âbulwalid. *
a XLi, 2 (p. 3) : Abôda Zara, 39 a ; xli, 14 (p. 7) : Moed Katôn, 13 ft; xu, 50
(p. 31) : Taanit, 11 a; xuii, 12 (p. 56) : Baba Kamma, 113* ; xliii, 21 (p. 60):
Baba Meçia, 25 b ; xlvii, 19 (p. 110) : Baba Meçia, 104 b ; xLviii, 1 (p. 124) : Ne-
darim, 39 b ; xlix, 30 (p. 156) : MegiUa, 29 a,
* XLii, 8 (p. 43) : Yebamot, 88 a ; xliii, 9 {p. 54) : Baba Batra, 173 h ; XL?n,21
(p. 111) : Hullin, 60*; xlix, 10 (p. 141) : Synhifdrin,^ a.
* XLI, 1 (p. 2. 1. 10) : Oen, rabba, ch. 89 ; xli, 8 (p. 6) : ch. 89; xli, 43 (p. 23) :
ch. 90.
* XLViii, I6(p. 28): ch. 97.
' 3^5n7273 n^^a, XLV, 4 (p. 85) : ch. 93 ; xlix, 31 (p. 156) : ch. 58; L,21 (p. 170) :
ch. 100.
» XLiv. 16 (p: 73) : ch. 92 ; xlvii. 2 (p. 105) : ch. 95 a la fin ; l, 15 (p. 168):
ch. 100.
9 Samuel ajoute : rrttin 'D^^r'^ «iiprT l'Isba abnbttb» DânnnbK ï«bi
LE C0MMEr4TAIHE DE SAMUEIL [BN KOFNl
113
Samuel cite aussi des explications d'autres exégètes, mais sans
les nommer \ et presque toujours pour les combattre^. Nous
avons déjà dit plus liaut que, pour les mots douteux, il rapporte
plusieurs explications, parmi lesquelles se trouve quelquefois celle
rde Saadia ^ Une fois il parle '< du traducteur des chrétiens v qui
'aurait traduit TO^rî, xlvii, 31, comme s'il y avait !ic:^n ^ Sa-
muel connaissait sans doute une traduction arabe de la Bible faite
par un chrétien d'après la version des Septante.
XIII. L'ouvrage qui sert le plus à Samuel ibn Hofni pour son
I exégèse est la Bible même ^ dont certains passages ou expres-
sions éclairent le texte qu'il commente, et les analogies qu1l éta-
blît entre les expressions répétées en plusieurs endroits de rEcri-
ture font regarder aujourd'hui encore» malgré quelques erreurs,
le commentaire de Samuel comme une œuvre exégétique très
[importante. Quelques,exemples suffiront pour faire connaître ce
' procédé de Samuel dans son exégèse. A propos du verset xli, 1
(p. 5], il demande pourquoi îe texte parle pour les épis « d'ava-
ler, i> et pour les vaches, de « manger, » et il répond que îe
mot mangea* peut être employé à propos des vaches, qui sont
munies des organes nécessaires à cette fonction, mais non des
plantes ; les épis avalère>it les autres épis comme le bâton de
), ce qui signifie sans doute : puisque le tnrgumiste, dont le langage est m%\é
id 'hébreu, traduit n?;in, w'"* pat- miZ3. S. veut dire pur là que lo mot mô pir
^'lequel le Targum truduit n73in est un raol b*ibreu.
• U dit le plus souvent aip, aussi '^''IDDabtt y^^ ou ^K^b» Yy1^ quelquefois
» iLi, 33 (p. 19); xLV, 23 (p. 92); ilvi, 21 (p. !79) ; XLVi, 23 (p. 9ô) ; xlvi, 27
(p. IfKI); t. 16 (p, 16S).
• C'est ainsi que 3?'^33, XLiv, 2 (p, d6), esl traduit par ûftlâ.
, •^JtJ? rï*T^CDr "H^^ ftC37i n;i* "Jb '^bj^. Ce traducteur a suivi les Septante ^ qui
B^iteot ; Tf^c (^ï^ou ft'jTOii. M. Harkavy, î^., p. 49, iiol« 12!^^ Ht à tort ^bpiC et parle
^^de plusieurs traducteurs,
^m < Samuel désîgue la Bible par le mot DN^D ou tt"lpT3b^t u, moins qu'il ne dise
^BniDplemaii^ eu citant uu passage biblique, frblp. (Cf. mon ouvrage Die gramma^
^B#iieA« Ttrminùlù^iû dei Jehutia h, Datid Ha/jug, p. 6^ note à,) II Dornmo raremeui
^■1«8 diverses parlies de k Bible, comme, par exempte, D"^b73 "|D3 et Û'^TaTT "n^T
(p. 951, ou les sections de le Tora, CGannie OHjS r."iI3nD (p. '^^j* Quelquefois il désigna
■ les auteurs des livres bibliques par te nom de "^^ib^t le jmû (p. 47 ; Ps,, xxxi^ 8 ;
. 121 : Ps., hxxix, 2; p. 13'2 ; Ps.. XLiv, 7 ; p. K» : Prov„ ii, 6, où il dit "'blb»
^{tbfiC, c*est-à-dire Salomou, sans doute pour le distiajfuer do David) » ou D'^Dnbfiî,
r «tf^f (p. 10, 1. 18 : pour des citations des Proverbes ; p. 58 : pour une ctletion de
rBccléaiaste). A la page 113, L 8, le mot Q-^^nb» désigne Dieu; p. Sfi le HDO
F6'*Db?2 désigne le livre de Samuel (le 23« chapitre da 2" livre) , et ce n'est pti uo
f9p§v*, car ce tbapitre esl cité â cet endroit sis fois soua le môme nom.
T. XVI, «0 3U 8
114 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Moïse, Exode, vu, 12, avala les autres bâtons. — A propoe k
verset xli, 14 (p. 7), qui rapporte que Joseph se fit couper les che-
veux et changea de vêtements, il rappelle les passages de II Sam-,
XII, 20; II Rois, xxv, 29 ; Zach., m, 4. — « La proposition plat
au roi et à ses serviteurs », xli, 37 (p. 20), pour plusieurs raisons".
d*abord, à cause de la grâce (on lit ici dans le commentaire arabe
le mot hébreu in) que Dieu avait accordée à Joseph, d'après
Prov., XI, 22, ensuite, à cause de la sagesse de ses conseils,
d'après Prov., xxiv, 26, et x, 21. —Au sujet du verset xli, 53
(p. 33), il cite Isaïe, viii, 21, et émet la supposition qae les
Egyptiens avaient d'abord invoqué leurs dieux et ensuite Pharaoa.
— xLii, n (p. 45), il mentionne d'autres passages où il est ques-
tion de faits qui se produisent le troisième jour. Osée, vi, 8 ;
Genèse, xxu, 4; Exode, xix, 16 ; Esther, v, 1. « Dans bien des
circonstances, l'événement ne se réalise que le troisième jour. »
— L'avertissement de Ruben, xlu, 22, lui rappelle celui de Jona-
than à Saul, I Sam., xix, 5 (p. 48). -^ Comme analogue à Téno-
mération des produits de Canaan, xliii, 11, il mentionne une
autre liste de ces mômes produits, Ezéch., xxvii, 17 (p. 58).—
Dans ces mots : « Que Dieu vous fasse trouver miséricorde de-
vant cet homme, » Jacob condense les principes de la prière,
parce que « le fruit de la miséricorde est le bien, » cf. Ps., CYi,
46 ; Néh., i, 11 ; II Rois, xiii, 23 (p. 56j. — La question de Joseph
xuv, 15, ressemble, pour le sens et la forme, à celle de Dieu
IV, 10, et à celle de Laban xxxi, 26 (p. 72). — A l'occasion des
paroles : « Je veux placer mon regard sur lui, » xliv, 21 (p. 78),
il cite Jérémie, xxxix, 12, fô., xl, 4, et, dans le mauvais sens,
Amos, IX, 4. — xlv, 2, il dit que les Egyptiens et Pharaon n'en-
tendirent pas eux-mêmes les sanglots de Joseph, cela aurait été
impossible, mais ils apprirent qu'il avait pleuré ; c'est ainsi qu'il
faut expliquer le passage de Nombres, xi, 10. — La nouvelle de
la grandeur de Joseph doit persuader à son père de venir en
Egypte, xlv, 13; de môme, le prophète Isaïe, lxvi, 19, veut qW
les peuples, à la nouvelle de la magnificence de Dieu, se tournent
vers lui. — La bénédiction que Jacob donne à Pharaon, xLvn,1
(p. 105), doit se comprendre d'après Dan., ii, 4, et I Rois, i,41. -^
En transplantant les habitants de l'Egypte dans d'autres villes,
xLVii, 21, Joseph poursuivit le même but que les rois d'Assyrie,
II Rois, XVII, 23 ; Isaïe, x, 13, et ceux de Babylonie, II Rois, xxiv
14; xxv, 11. Il chercha à enlever aux transportés le désir d
reconquérir leurs anciennes terres (p. 111). — A propos des loi
édictées par Joseph, xlvii, 26, il mentionne les lois indiquée
dans I Sam., xxx, 24; II Chron., xxxv, 25 (p. 115). — xlviii, Il
LE OÛMIlËNTAmE!: M SAMUJilL tDN HUFNI li:i
cite deux autres exemples de vieillards dont Tâge avait affaibli
vae, 1 Sam, i\% 15 ; I Rois, iv, 14 (p. 120),
XIV. Voici d'autres exemples irinterprétations, qui ne reposent
,8» comme les précédentes, sur des comparaisons établits t>ntre
usieurs passages de ïa Bible, xli, 2, il dit que Pharaon a vu les
elles et les épis sortir justement du Nil, parce que ce lîeuve a
Ui très grande importance pour la végétation de TEgypte (p. 3).
ài44,les mots de Pharaon : ** Je suis Pharaon » peuvent dvoir
fférentes significations. lis sont peut-être l'expression de ï^ou
rgueil; c'est ainsi qu*un autre roi d'E^^ypte dit, dans Ezéch.,
ïix,3 : a A moi appartient mon ileuve >^ ; ils peuvent aussi indi-
[oerque Pharaon communiquera directement et sans intermé-
iaire avec Joseph, ou enfin que « moi, Pharaon, je suis seul
dessus de toi (p. 23) »* — xli, 45. rùy^ n:es est sans doute la
tion hébraïque du nom copte que reçut Joseph et qui l'ut
de ce que sa famille n'apprit pas sa présence en Egypte
.25). — XLt, 54. En racontant que la famine sévissait dans tous
lys, la Bible ne veut pas dire que toutes les réj^ious de la terre
ient de la lamine, car il n est pas probable que celte calamité
it atteint le monde entier jusqu'aux confins de Test et de louest,
len*avait frappé que les pro\^nces de FEgypte, celles de la Syrie
les contrées limitro(»hes (p, IÎ2). — xui, 39. Les Ûls de Jacob
icontèrent leur aventure à leur père dès leur retour, pour ne
feu lui tenir caché et aussi pour quil pût se familiariser immé-
atement avec ridée de se séparer de Benjamin (p, 2ï)). — xun,
L Jacob lit i_miporler à ses fils |e double de ce qu ils avaient
iporté avec eux la première fois, pour trois raisons: 1" pour
theter plus de blé; 2'* pour h? cas où le prix du blé aurait aug-
titë; 3'* pour qu*ils fussent considérés comme des gens riches, et
►fl comme des pauvres (p. 56). — xliv, 5. 11 u*est pas impossible
|Je k*s mots la cnr ans Kim indiquent diU'érents genres d'en-
flcles et d'informations. ïî y avait peut-être au fond de la coupe
appareil, arrangé d'après des principes de géométrie et de mé-
tilogie, qui faisait connaître Theure et le temps et indiquait à
teepà les moments où il devait prier et où il pouvait comparaître
avilit le roi ; en réalité, nous cnnnaissons des coupes et d*autres
de ce genre qui servent à déterminer Theure : au milieu se
ave une ouverture par laquelle pénètre l'eau, et celle-ci, arri-
e certaine hauteur indiquée par un trait, fait connaître
du Jour ou de la nuit. Ces vases peuvent servir également
\û boisson, dans ce cas, les traits servent à mesurer le liquide
u dans le vase (p. 08). ^ xlv, )2. Joseph mentionne ici Ben-
116 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
jamin d'une façon spéciale, parce que d'abord il s*était adressé
seulement à dix de ses frères et que les paroles qu'il profère main-
tenant s'appliquent à tous les onze frères. Il veut aussi dire par là
que, dans le cas où son père douterait de la véracité du récit de ses
autres fils, il ajouterait foi aux affirmations de Benjamin (p. 88).
— XLV, 23. « Et il envoya de même à son père. » Le texte veut
dire, par le mot de même, nNTr, que Joseph envoya également un
présent à Jacob comme il en avait donné à ses frères, ou bien
qu'il* lui envoya une quantité égale à celle qu'il avait donnée à
tous ses frères, c'est-à-dire une charge de dix ânes et dix
ânesses (p. 92). — xlvi, 29. Les mots T^b» «n-^n peuvent être
interprétés de diverses manières, ils indiquent oii que Joseph
s'est présenté à son père, non pas avec une pompe royale,
mais simplement et modestement, ou qu'il lui a montré des signes
sur son corps pour se faire reconnaître, ou bien ils se rapportent
à la suite et doivent être ainsi interprétés : « Dès qae Joseph
vit Jacob, il se jeta à son cou » (p. 104). — xvlii, 25. Pha-
raon avait déjà pris possession (verset 23) des personnes et des
biens des Egyptiens. Que signifient alors ces mots : « Soyons les
esclaves de Pharaon » ? Les Egyptiens disent que c'est par recon-
naissance pour les bienfaits de Joseph qu'ils se sont donnés i
Pharaon, ou que, sous une telle dfrection, ils sont volontiers les
esclaves de Pharaon et que, s'ils étaient encore libres, ils se
feraient esclaves (p. 115).
XV. La partie de la Tora expliquée dans les fragments que
nous possédons du commentaice de Samuel ibn Hofni fournit très
difficilement au commentateur l'occasion d'entrer dans des di-
gressions philosophiques. Il y a cependant des développements de
ce genre dans certains passages cités plus haut, et particulière-
ment dans les digressions apologétiques. En voici encore quel-
ques-uns, qui appartiennent plus spécialement à la Logique. A
propos de xli, 1 (p. 5), Samuel ibn Hofni dit que tout ce qui
mange avale, mais tout ce qui avale ne mange pas. (Le texte dit
des vaches qu'elles ont mangé, et des épis qu'ils ont avalé.) A
propos de xlii, 38, il dit (p. 51) que les mots \)X^ et r\y^ peuvent
être employés l'un pour l'autre, car tout X\y^ (chagrin) est nn
(mal), quoique tout ïis^n ne soit pas nécessairement X\v^, xlv, 23,
les trois expressions iitts .ûnb ,nn désignent ici des objets d'ali-
mentation, tout na contient ûnb, mais tout un? n'est pas "la, tout
ûnb est iittd, mais tout iitt: n'est pas Dnb *.
1 De mÔmexLiv, 16 (p. 72). Cf. Lehen und WerUdes Abultoalid^ p. 7, note 39.
LE COMMENTAIRE DE SAMUEL IBN HOFNI îi?
Les dëveloppements |>sychologiqiies ne sont pas rares dans
lotre commentaire. Nous rappellerons le passage que nous ayons
Icit^ plus haut sur les songes et leur signification et où Ibn Hofni
[ônumère (p. 8), parmi les treize conditions nécessaires pour Tin-
^terpr»Hatïon d'un songe, la connaissance de rame et de ses fa-
i cultes ainsi que des particularitës de son activité. Notre auteur
ajoute que les songes où Ton voit des images sont moins impor-
tants que ceux où Ton perçoit des sons, « parce que les images
aperçues dalis un rêve n'ont aucune réalité et ne sont que les
tracps laissées par la perception dans l'imagination * ». Le passage
ont il a été également déjà question plus haut et qui est relatif
jfachon de Téloquence se termine ainsi (p, 81): « Ce qui est
efficace que la musique, la poésie et la rhétorique, c'est un
discours plein de logique, qui démontre la vérité de ce qu*il
avance» car il agit sur Târae rationnelle, rîpDNsb» DDsbt*, tandis
que les premières n'agissent par leur harmonie mélodieuse que
sur rame irritable, rj^^^iabî* DS^bN. et il y a une différence consi-
dérable entre ces deux âmes *. m — xlv, 5, le chagrin, tia^j, est
«infini « une maladie de Tâme >», "^sftïOsa yn)3 (p. 85). — xlv, 2*7, ii
traduit 3py* mn '^nm par les mots: la maladie de l'âme de Jacob
âisparul *, et il dit , dans son commentaire : a La disparition
iVnm maladie est désignée en hébreu par le mot Tt^n, comme dans
k,xxxviii, 9, et la tristesse est une maladie de Fâme, d*après
fïov,, XVIII, 14 ï Job», XVII, 1 ; I Rois, xxv, 5 (p* 94).
Voici maintenant quelques réflexions d'ordre métaphysique. A
propos du verset xli, 49 (p. 31): An point quHl cessa de comp-
kr^caril n'y avait plus de nombre, Ibn Hofni dit que cette façon
Je parler est une hyperbole, « parce que les objets existants ne
sont pas infinis )>, comme il Ta déjà fait remarquer dans son expli-
îivti, js (p, 105), S«mucl jusUfie iVusage de Texpressloo Tilz'D en disant que • lo
toapiesl une quaolilé comitjue » b^niabït DD^N *p2 *\^'^lb^.
*P. H, en bas : ^a irrî: bipb« t^ y-pi^ ni^bn l^Dn >ibN rriibè* ettîNi
' Voir la retuarque de Samuel eur xLv, 1 (p, 83) ; i L allocution do Juda
É^le U dureté et riaditférence do rûme de Joseph et l'a amené à la clémence, ella a
nagé Josépb À se faire recoDDaltrc. Lorsque i Tâme irriluble « a perdu son équi-
iiùr» êi i'têl tournée vers la cruaulé, elle p«iit être inUuencée par la musiciue, dont
I iMnlkidies la calment et la rendent douce. • Et, à propos des mots ; Joseph ne pou-
l^fiÊti u retenir, il dit : < Chacun [>cut savoir par expérience que, s^il est Torti'*
Sçitàau^ il perd la patience. * iliv, 3! (p. 80), Samuel parte de Vàme întclîirrcnte
I (pit domine les deux Ames animales, rème irritable et Vàme appetilivu.
• Zp;?** es: yn^ b«n. Saadia dit : Dp?-* DD2 nSCttJDÊÎD, et i^tiprit de Jacob
118 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
cation de Genèse, xxxii, 13, où il a prouvé qu'un entier ne peat
pas ôtre divisé à l'infini, xlvii, 28, il dit, dans un développ^MSt
de caractère homilétique (p. 117) : « En établissant un lieneBtre
la vie de Jacob et Teiulroit où le patriarche a vécu, rEcritore-
Sainte nous enseigne que nous devons établir une distinction oatw
la vie de Jacob ou de tout autre Atre animé et la vie de Dieu, car
Dieu est vivant par essence et non par suite d'une vie qui est ci
dehors de lui ; c'est cette pensée qu'exprime Jérémie, x, 10. Cette
remarque s'applique aux autres attributs de Dieu; tels quel!
science, la puissance, etc. Au contraire, la vie de tous les être»
est en eux comme un élément étranger, c'est pourquoi elle se
sépare d'eux, comme dit l'Ecclésiaste, iv, 2. » — Samuel traduit le
mot nhpn, xLii, 29 (p. 49), par y-xn^î^, acciderUs, et il dit qu'il lefl
appelle ainsi parce qu'ils se sont produits chez les fils deJacobv
mais qu'en réalité, ce ne sont pas des événements dus au hasarf,
mais amenés par la volonté divine. Les Philistins considéraient,
au contraire, les accidents comme des faits absolument fortuits*
(f Sam., VI, 9). — xli, 33, il définit le sens des mots rrasm et
nrnn, et il ajoute : « La plus noble et la plus élevée des sciences
est la science des prescriptions divines, mit^b» Db^, c'est-à-
dire la connaissance du Créateur et des attributs qui doivent
lui être reconnus, ainsi que des preuves rationnelles qui établissent
ce point; c'est aussi la connaissance de la volonté de notre Créa-
teur, qui nous a mis au monde pour que nous nous soumettions
à cette volonté et gagnions notre salut en comprenant les preuves
révélées qu'il nous a données, en faisant de bonnes œuvres dont
l'accomplissement s'impose à nous et qui nous seront utiles ici-
bas et dans le monde futur, comme le dit Job, xxviii, 28*. Les
sciences les plus utiles, après la connaissance de Dieu, sont celles
des mathématiques, de la géométrie, de l'astronomie, de la com-
position de la musique, de la physique, la connaissance de métiers
et d'arts mécaniques » (p. 18). Samuel ibn Hofni désigne, en un
* Cf. ce qu'il dit à propos de xlv, 8 : t Les mots : Ce n'est pas tous çni wCâH*
fait venir fVt, rapportent l'évéDement à la volonté du ciel et à la direction supérienic*
"rr^lbrbx ÏÏON'^dVxi '^IN'^cbN n*^annbN, et c'est ainsi qu'il faut entendre Vad»g<
talmudique riDTsb riNICn Û*^np5a [Megilla, 13 b),
* Dans le passafre relatif au deuil (p. 162), il faut remarquer que Samuel fait res-
sortir la différence entre le deuil prescrit par la loi, T^X^^ et !• deuil impœé par l
nature, 73Ut c^ dernier peut être causé par des vivants, comme on voit dan
I Sam., XV, 35. — Notre commentateur fait allusion à la division bien connue di
lois en lois révélées et en lois rationnelles, en disant (p. 86, à propos de xlv, 5) qi
David n'a pas puni les actes d^Adonia (1 Rois, i. 6), parce qu'ils n'étaient contraires i
à la révélation ni a la raison : «^ribN rrT"»NâbN «''ïDSbNa pStM bipb« KTl ^T
Tntt3bfc< -«D «bi bpyb« ^t nnpn «b.
LE COMMENTAIBE DE SAMUEL IBN llOFNÏ
119
endroit, xux, 11 (i>. 142). ce qu'il appelle icila connais-
lies lois divines par rexpression hébraïque rrnnn nit:rn, à
laquelle lait allusion, diaprés lui, le verset i, 6 du Cantique des
Cantiques K
Notre commentateor dit de» Égyptiens (p. 7), à propos du verset
îLi. 8, qu'ils se distin*;:uaient dans Tantiquit*^ par leur esprit
subtil et leurs connaissances physiques {ci. I Rois, v, 10), et,
plus loin» XLi, 49 (p* 21), il les identifie avec les Alexandrins,
)r:»ni3D0»':«, qui s'étaient rendus célèbres par leurs connais-
sances philosophiques ^{sic) n^2CÈ*b£b« mb^bio— *, et enfin, à
la page 63, il fait remarquer que, parmi les Égyptiens, les uns
croyaient à Texistence du Créateur et à la création du monde,
et les autres admettaient épjalement ces deux croyances, mais,
d'après ce qui est connu des Alexandrins, rejetaient celle de la
prophétie.
XVI. Samuel ibn Hofni accorde une attention toute particulière
à la chronologie ûes récits bibliques. A la pa^e 2, à propos du
chap, xLi, il cherche à démontrer l'exactitude de Tassertion du
Séder Olam qifhasic est mort à l'époque où Joseph est sorti de
prison. Plus loin, xli, 66 (p. 26), il fait remarquer que llndication
pe la Tora donne de Tâge de Joseph au moment oii il se pré-
senta devant Pharaon permet de calculer la durée de son règne,
qui, daprès lui, se serait prolongé pendant quatre-vingts ans [cf.
l, 2fi). Il dit, à propos de xlmi, 8 (p. 53), oii Benjamin est appelé
•Jî, que celui-ci avait alors trente-un ans, parce que, d'après le
verset xxxi, 11, et en ajoutant aux six années mentionnées dans
ce verset les deux années que dura le voyage de Jacob et au bout
diipel il était né, il avait huit ans de moins que Joseph et que ce
dernier était alors âgé de trente-neuf ans (cf. xli, 46, et xlv, 6).
Et cependant Benjamin est appelé '\t^, garçonnet, parce qu'il était
toujours resté dans la maison paternelle, à Finstar des petits enfants
' Lee Uivtdrs des emurt de Bah]^ coiitî^îiintînt réqiiîvalatil nrabo de cette expres-
ibs. Bans la traductioa àrlbn Tibbon, m^ 4. la coiiDaissaaco de la loi est appelée
Tîirn rTSDrtt par cûutrû, le teite original » dans Slucki, a l'appendice dû son édi-
Kp. jiiui. dit : aî«rDbN ûbj.
'à propos de xun, 16 (p. 57) û fait k remarque que si Joieph n'avait pas été
•pleèé par la loi religieuse devoir un ioiendaut paleo (|iii aurait également pré-
|wél« manger, nou!» pourrions croire que cet homme, donl parle le tetle était « un
it» Égyptiens alexandrin» • p^'^Hma^OtïbK l'^nSEïjbK inS. • Mais, comme cela
t'était pas possible pour la raison pn^citéc, noUB pensons que cet lotondant était ton
Bè Minasse» * }\ est remarquable que dans &on empresse meul à fournir à Josepb un
iQÎiiuier juif, Samuel oublie qu^à ceUe époque Mana&sé, qui aurait été rînlendanl
Joseph, avait tout au plus sept ans (cH Geo., xli, 46 el 511; xlv, ItJ.
120 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
et de la plupart des garçonnets *. — xlvi, 27 (p. 100), il piéteni
que c'est depuis sa 84" année jusqu'à sa 130* année que Jacob aïs
augmenter les membres de sa famille jusqu'au nombre de soixante-
dix. — XLVii, 18 (p. 108), il essaie de trouver des allusions dans b
texte à chacune des sept années de famine. La première année ot
mentionnée xli, 54; c'est pendant cette année que les flrèr« h
Joseph ont fait leur premier voyage en Egypte ; la deaxi^
année au verset xli, 55 ; dans cette année, les frères de Jos^
sont revenus en Egypte (cf. xlv, 6). Pendant la troisième année,
Jacob est arrivé en Egypte ; la quatrième est mentionnée xlvii,
13, la cinquième xlvii, 16, la sixième xlvii, 18-20, et la septième
XLVii, 23. — L. 26 (p. 173), il dit que le texte a indiqué à quel ige
est mort Joseph, pour faire connaître la durée de son r^e en
Egypte et aussi pour montrer en combien d*années se sont passés
les événements racontés dans la Genèse. La fln du calcul étaUi
par Samuel ibn Hofni manque dans le commentaire, par suite
d'une lacune du ms '. Dans le passage relatif aux diverses fa-
mines mentionnées dans la Bible, notre commentateur compte
comme sixième celle dont parle le livre de Ruth, et il prouve, à
cette occasion, par des calculs, que la donnée traditionnelle d'a-
près laquelle les juges du livre de Ruth, i, 1, seraient Débora et
Barak concorde avec les autres données de ce livre.
XVII. Dans son explication du texte biblique, aussi bien que
dans les nombreuses digressions auxquelles cette explication
donne lieu, Samuel ibn Hofni cite très fréquemment d'autres pas-
sages de la Bible, mais il est rare qu'il accompagne ces citations
d'observations exégétiques ^. Il compare attentivement les divers
passages parallèles de la Bible. C'est ainsi qu'à propos de la liste
des noms donnée xlvi, 8-27, il mentionne les listes de Nombres,
XXVI, et du commencement des Chroniques, et essaie d'expliquer les
contradictions de ces énumérations. Il admet, par exemple, que la
môme personne avait deux noms et qu'elle était désignée tantôt
* Ce calcul est plus explicite p. 179 (xlvi, 21), où S. prouve qu'à l'âge de Irente-
ct-un ans, Benjamin pouvait avoir dix enfants.
* L, 25 (p. 172)/ S. déclare que depuis la mort do Joseph jusqu'à la sortie d'E-
gypte il s*ctait écoulé cent trente-neuf ans ; il suit la tradition, diaprés laquelle (cf.
Stder Olam, ch. 3, au commencement) les Israélites auraient séjourné en Egypte
pendant deux cent dix ans.
» Jos., VII, 24, p. îiD ; t*., xix, 11, p. 143; Juges, vi, 17, p. 88 ; I Sam., xi, 12,
p. 50 ; ift., XVII, 58, p. 125 ; Il Sam., xix, 42, p. 41 ; I Rois, xi, 26, p. 24 ; i*.,
xiii, 31, p. 122; II Rois, II, 14, p. 169; i*., vi, 25, p. 38; Isaïe, viii,2t. p. 33;
i^., XVI, 1, p. 135 ; Zacb., m, 1, p. 127 ; Ps., lxvjii, 14, p. 146 ; Dan., x, 3, p. 3 ;
I Chron., xvii, 23, p. 47.
LE COMMENTAIRE DE SAMUEL IBN HOFNl 121
ir Tun, tantôt par Faiitre, C'est ainsi que inatetfs*», xlvi, 10,
iraient les mêmes que n^-.'^ et rriT de î Chroniques, iv, 24, Le
léfne fait s'observe, d*après notre commentateor, pour les héros
David dont quelques-uns ont des noms différents dans 1 Chron.,
I» et dans II Samuel» xxni (p. 95) ', D^autres fois» il admet, pour
tpliquer les contradictions, des changements de lettres dans les
noms; ainsi, d'après lui, b«i^'», xlvi, 10, est devenu b«i:Q3, 1 Chro-
niques, i\%24; zbn, Il Sam,, xxiii. 29, un des héros de David,
[>ar suite du changement de 3 en n, est devenu nbn dans I Chron,,
30. Dans un autre cas, il admet qu'un nom a dt^- chanfïé par
lite de Taddition d'une lettre, ainsi de 3V, XLvr, 13, on a fait
TO'', Nombres, xxvi, 24 et Cliron., vu, L II relève (p. 118) les
|ifférences qui existent dans les trois listes des descendants de
Dnjamin mentionm'es dans Genèse, xlvi, 21, Nombres, xxvi,
MO et Chron,, vni» 1, et il dit que mx et v^^^s désignes dans
?nêse comme lils de Benjamin ne sont pas les nit'mes que inn et
3?: que les Nombres nomment comme petits-fils de Benjamin,
Bs derniers seraient les neveux des premiers et auraient eu- le
%éme nom que leurs oncles. C'est ainsi qu'un petit-fils de Juda,
r, a eu le mt^rae nom que son oncle nr, 1 Chron,, iv, 21, et que,
ins I Chron., n, 46, on trouve deux m, dont Fun était le ïîls et
lutre le petit-fils de Calel),.Les Chroniques, dit notre commenta*
pur, ne mentionnent pas îa plupart des fîls de Benjamin nommés
ins la Genèse, parce qu'elles ne s occupent que de ceux qui ont
une nombreuse postérité, de même qu'elles ne nomment, iv, 1,
le les fils de Juda qui ont eu beaucoup d'enfants. Après avoir
ibli que la diflTérence entre le total des enfants de Léa nommés
TndividueliemenC Genèse, xlvi, 8-14, et qui est de trente-deux, et
gntre le total mentionné iM(L, 15, qui est de trente-trois, pro-
5nt, comme l'explique la tradition, de ce que le dernier total
Dmprend Yokébéd, ûlle de Lévi, qui est seulement née au mo-
ient de l'entrée de Jacob en Egypte, Samuel ibn Hofni ajoute que
totaux donnés par la Bible sont quelquefois inexacts, soit parce
ae la somme indiquée est plus grande que le total formé par les
>ms mentionnés en détail, soit parce qu'elle est plus petite, et il
Ile comme exemples du premier cas 1 Chron., m, 22; ib., xxiv,
t ; il)., XXV, 3-4, et comme exemples du deuxième cas Josué,
7, 21-32; t&., XHi, 3 (p, 97 et \1Û], A propos de XLII, 5 (p. 40), il
lit remarquer la contradiction qui existe entre le passage de
Sara,, xxiv, 13, où il est question de <f sept années de famine »,
i II prétend aussi que "Jl^XÊ*, iLvti, 16, est le ra^mo que *'3THi Ûl» àc Gûd.
122 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
et celui de I Chron., xxi, 12, qui parle de c# trois ans de famine >,
et il dit que dans Samuel il ne s*agit que d'une famine r^^nt
dans le pays môme, mais qu'il est possible de conjurer par l'im-
portation de vivres de pays étrangers, tandis que les Chroniques
parlent d*une famine complète, où il est impossible de faire venir
des vivres d'autre part.
XVIII. Il nous a paru d'autant plus important de donner une
analyse très détaillée des fragments du commentaire de Samuel
ibn Hofni que ces fragments ne formant qu'une petite partie de
l'ouvrage dont nous déplorons la perte. Cette analyse n'ajoute,
il est vrai, que très peu de traits nouveaux à ce que nous con-
naissions déjà de la figure du gaon, mais elle donne une idée plus
complète de sa méthode exégétique et de ses procédés d'écrivain,
se bornant à des parties de l'Écriture purement narratives.
Ces fragments, tout en étant relativement peu étendus, suffisent
pour montrer les nombreuses connaissances philosophiques et
autres de notre commentateur, qui était, après Saadia, le plus
illustre représentant de cette exégèse des gaonim qui employa
pour la première fois une méthode rationnelle dans rexplication
de l'Ecriture-Sainte et s'efforça de rendre le texte biblique clair
et intelligible ; ils montrent que Samuel ibn Hofni était digne du
titre d'inteyyrèle ami du Peschat dont son jeune contemporain
Abulwalid Ta qualifié, mais ils montrent aussi combien l'esprit
du chef d'école de Sora était en quelque sorte imprégné du sys-
tème employé par le Talmud et le Midrasch dans Tinterprétation
biblique ^ Un trait des plus saillants de l'exégèse de Samuel,
c'est d'élucider le sens du texte en comparant les passages ana-
logues et de les éclaircir les uns par les autres, système peut-être
trouvé dans la méthode exégétique du Midrasch.
M. Israelsohn a édité avec le plus grand soin ces fragments
d'après le ms. unique qu'il possédait et qui présente de nom-
breuses lacunes et de graves difficultés, et il a conservé dans la
transcription arabe les particularités caractéristiques des ouvrages
arabes écrits par des Juifs ; il en a parlé, du reste, ainsi que de
quelques anomalies de style particulières à Ibn Hofni, dans la
courte introduction dont il a fait précéder le texte. Il a indiqué
' Dans les trois expressions dont Jacob s'est servi pour annoncer à ses fils qu'il
allait les bénir, Samuel voit le triple caractère de la bénédiction du patriarche :
ISOft^îl désigne raverlissement (cf. Jérémie, iv, 5), "liliap^J fait allusion à son projet
de dévoiler l'avenir et la sortie d'Egypte (cf. Isaîe, xi, 12), et 1773)D annonce la bé-
nédiction proprement dite (ci'. Deut., xi, 27).
LE COMMENTAIRE DE SAMUEL IBN HOFNI 123
dans le corps du texte les endroits où se trouvaient les passages
bibliques et la plupart des passages talmudiques et midraschiques
cités par le gaon, mais il a omis de placer uçie indication quel-
conque au commencement des chapitres et des versets du texte
biblique, ce qui rend Tusage du livre assez difficile. L'impression
est, en général, correcte, mais, outre les trois pages d'errata, il
existe encore d'autres fautes d'impression dans l'ouvrage*. Ce
léger défaut ne diminue en rien le mérite de l'éditeur, qui a mis
au jour un monument important de la plus ancienne littérature
exég»itique du moyen âge.
W. Bâcher.
Budapest, mars 1887.
> P. 4, l. 9, lis. m^N au lieu de nT^TN ; p. 12, 1. 4 d'en bas, lis. bipi au lieu
de b«p1; p. 18, 1. 1, lis. "^^nip au lieu de Dip ; p. 27, 1. 11, d'en bas, ajout. 'iai
après fillïltl ; p. 51, 1. 11 d'en bas, lis. T^riN *^D au lieu de vriKT ; p. 63, 1. 3 d'en
bas, lis. bbM^C au lieu de bi^ND ; p. 79, 1. 11 d'en bas, lis. t|OT^ au lieu de mi^J*» ;
p. 79, 1. 6 d'en bas, lis. n^lpD au lieu de nbnpD ; p. 80, l. 8, lis. t|OT< au lieu
de ypy^', p. 85, 1. 7, effacez ib; p. 109, 1. 3 et 2 d'en bas, lis. •^INnïl au lieu de
lïnri; p. 117, 1. 3 d'en bas, ajout. û'^Tl après ïHJïi ; p. 124, 1. 11, lisez •<n»
au lieu de m» ; p. 130, l. 13, lis. «niipTa au lieu de fi<mnpï3 ; p. 136, 1. 3 d'en
bas, lis. îfÎTttjbN au lieu de ïinTSbN ; p. 139, 1. 4, lis. t<ON au lieu de fi<«<CN ;
p. 141, 1. 6 d'en bas, lis. «^b» au lieu de «b»; p. 141, 1. 1 d'en bas, lis. T^ab» au
lieu de T«abfc< ; p. 151, 1. 10, lis. ûh au lieu de ûn ; p. 151, l. 2 d'en bas, lis.
lïinnTa'^l au lieu de 1ïnï3n73'^T ; p. 160, 1. 5, lisez •^SNhb» au lieu de «liNrib».
LE PROCES DE SAMUEL M TIBBON
MARSEILLE, 1255 '
( SUITE ET FIN * )
18. — JE DIS, en outre, qu'il n'y a pas lieu de tenir compte des
paroles et actions du dit R. S. b. M., et que vous devez croire, pour
plusieurs motifs, que tout ce qu'il a dit devant vous est mensonge
et tromperie et corruption et ruse. SON envoyé et les témoins qu'il
prétend avoir réunis pour les commissionner (pour aller auprès de
B.) sont tous morts, et si l'un d'eux vit encore, Il est allé au pays
d'outre-mer, de sorte qu'ils ne peuvent pas le démentir, car il sait
que tout ce qu'il dit est mensonge; et pour ceux des témoins qui
sont encore maintenant présents et vivants, nous avons des témoins
valables et dignes de foi qui assurent qu'un de ces témoins dont la
déposition a été reçue par le susdit tribunal est venu auprès d'eux
et leur a dit qu'il a commis un grand pécbé en disant (devant ce tri-
bunal) des choses qu'il n'avait pas vues et de pure invention, car
jamais il n'avait vu que le dit R. S. avait épousé la dite B. ET ce
TÉMOIN a rendu cette assertion vraisemblable (^NbnTaN ins), disant
que le dit R. S. était, avec d'autres personnes, venu le trouver et
qu'ils l'avaient trompé et lui avaient dit: « Parle (porte témoignage)
comme nous te le dirons, ne crains rien, ton témoignage ne sera pas
mis par écrit et ne viendra pas devant le tribunal, nous ne faisous
tout cela que pour leur faire peur (au parti de B.), afin que le beau-
père* et la tante de R. S. transigent avec lui et lui donnent autant
d'argent qu'il voudra, car elle est très riche, et tout cet argent ne
doit pas rester à nos ennemis, ù Et ils [le tribunal) n'ont pas examiné
et cherché à embarrasser ce témoin, selon la règle et le droit, mais
» Voir le précédent numéro, page 70.
* Il y « VTan probablement pour ;t^73M, ie boau-père de B., Isaac b. Simson.
LE PROCES DE SAMUEL IBN TIBBON
125
[ils root séduit par leurs paroles et leurs actes ^ Tout cela, ce témoin
jeu a fait serment grave devaet eux (uos témoius) riJi b<7 yen na"^p33
lô. IL Y A d'autres probabilités, grandes et fortes» qu*il ne faut
[pas teuircompte lies paroles du dit R, S. et que vous devex croire que
llout ce qu*il lait est meosougc et tromperie et fraude, car B. a dos
j témoins valal)ies que ledit K, S. est venu et leur a promis de leur
Idooner de l'argent al3o qu'ils attestent pour lui« devant le tribunal,
[qu'il avait épousé B. en leur présence (en qualité de témoins de ce
mariage), et ils lui répoodirenL : {i\i a\ ? Nous ne ferons pas cette
[grande iniquité ui ce péché envers Dieu, et ne prendrons pas sur
rnousunsi grand péché de porter faux témoignage pour qtielque
I somme que tu nous donnerais. >* Puis donc qu'il a" une seconde fois
fraudé, je dib quil est un fraudeur convaincu {«DPîb mm I^dt
20. JE DIS en outre et vous fais savoir par connaissance cerlaiue et
je donne des probabilités nombreuses qu'il n'y a pas à tenir compte
[des paroles de S., car lui et son père Moïse Tibbon, et ses témoins
I qui ont témoigne devant le tribunal, étaient dans la synagogue quand
furent faites les fiançailles de B. avec R. Isaac bar Isaac, lesquelles
furent faites en leur présence et en présence de toute la Commu-
nauté ; et le jour de ces fiançailles, dame Bella, mère de ladite B,
a fait un repas d'épousailles (^''D'n'^N), et R, S. b. M, Tibbon est allé,
ÎUL-mème, inviter (au repas] une partie des gens de cette ville, et lui
^€1 son père R. Moïse ont mangé et se sont réjouis avec eux dans la
maison de la dite dame Bella, et ledit R. S, a fait le service («?a\D) à
table, devant les invités,
21. — DE PLUS B. dit : « Je ne me rappelle pas d'avoir jamais vu
mon oncle R, Moïse à Naples, car quand mon dit oucïe y est venu,
j'avais â cette époque, moins de trois ans, je buvais eucore-le lait de
la nourrice que ma mère m'avait donnée. C'est ce que ma dit ma
mère, et je ne savais pas que ma mère m'avait fiancée au fils R. S,
(de mondit oncle), et s*il est vrai qu elle Fait fait, je n'accepte pas ces
fiançailles. Mais il est vrai qu'à l'époque où nous étions encore a
Naples, ma mère m'a dit : <*. Ma Olle, si nous étions allées à Marseille
dans le délai que j'ai fixé à mon frère R. Moïse quand il est venu ici,
— tu étais alors une enfant de moins de trois arjs et encore en nour-
rice, — il est possible que je t'eusse fiancée à son fils, mais ce délai
est passé et mon frère a donné une femme à son fils R. S., et il n'y a
€Qtre lui et moi (Moïse et Bella) ni question, ni pourparlers, ni con-
trat iD'^fttsm D'^nmi in Siiiî T^ftï), El de tout cela (continue B.) mon
oncle a fait serment grave qu'à l'époque où il est venu à Naples,
l'étais une enfant de trois ans et non davantage, et pourquoi aurait-
I Les mêmes personnes qui ont Ibnctiotiné camme tribuud pour recevoir le témoi-
gnage, ttu lieu de scruter le lemoio au moment ou il portait ce téii]oigQa^e« avtti«at
au contraire, auparuvaut el en dehors du tribunal, égaré el séduit ce lémoia*
126 REVUE DES ETUDES JUIVES
il menti (sur ce point des Irois ans) en une question où il D*y a pas
de témoins ? c'est donc la vérité I IL a aussi avoué devant moi qu'il
n'y a ni question, ni convention, ni fiançailles, ni contrat (ta'^ficn) me
concernant entre lui et ma mère ; et c'est parce que je ne suis pas
fiancée à R. S., que son fils a pris femme, car si j'avais été fiancée
avec lui, on ne lui aurait pas donné une autre femme. DE plus, c'est
mon oncle môme et son fils, ledit R. S., qui m'ont fiancée à R. Isaac
mon mari, et mon oncle R. Moïse a lui-même écrit et fait tout le
contrat (û'^Nînrr bs) conclu entre ma mère et R. Isaac ben Simson,
mon beau-père. Mais après la mort d'un frère que j'avais, ledit R. S.
est venu, un esprit de mal s'est emparé de lui, et il a soulevé ce
procès et cette contestation, afin de s'emparer (tt)'T''*ï5 ; ou d'hériter)
de tous mes biens et de ceux de ma mère. MON onglk R. Moïse,
dans les synagogues de Marseille, en présence de toute la Commu-
nauté, avant que je fusse mariée ('»nNiSDD) à mondit mari R. Isaac, a
déclaré que j'étais libre de me marier et non liée ni engagée ni fian-
cée, ni à son fils R. S. ni à qui que ce fût, et qu'il ne connaissait en
moi ni empêchement [29 b] ni obstacle d'aucune espèce (pour me
marier), mais que les paroles et contrat qui avaient eu lieu entre loi
et ma mère étaient nuls dès l'origine, que je n'avais pas donné mon
consentement à mes fiançailles avec ledit S., que je n'avais reçu ni
présents, ni sablonot^ ni fruits, ni cadeaux S ni de mon oncle R.
Moïse ou de son fils ledit R. S., ni au nom de mon oncle, ni au nom
de son fils, par l'intermédiaire de qui que ce fût au monde. TOUT
CELA, je le dis maintenant en votre présence, mais j'ai encore de
fortes réponses et des probabilités nombreuses, et des moyens et des
preuves, pour dire et vous montrer que les prétentions et allégations
dudit R. S. à mon égard n'ont aucune consistance, et quand vous le
voudrez, je vous apporterai ces preuves, de sorte que vous ne croi-
rez pas que je conviens des faits sur lesquels je me tais, c'est ce que
je vous ai dit au début de mes plaidoyers et en chacun d'eux.
22. — ITEM, l'avocat de la défenderesse a amené devani nous
un témoin attestant que R. S. b. M. Tibbon s'est efforcé de pro-
duire de faux témoignages au sujet du mariage qu'il dit avoir fait
avec ladite B. Le nom de ce témoin est R. David bar Abraham. Le-
dit R. David atteste que ledit R. S. est venu le trouver un samedi et
l'a prié de porter témoignage en sa faveur qu'il (Samuel) avait
épousé ladite B., assurant Samuel qu'il avait déjà parlé de cela à
Josef bar Samuel, lequel lui avait promis d*agir en ceci comme il
(Samuel) le souhaitait. Mais ledit témoin R. David répondit que son
père ne lui avait pas appris à agir ainsi, qu'il ne le ferait pas et ne
porterait pas témoignage de ce qu'il n'avait pas vu. Nous lui avons
demandé la date de cet entretien, il a répondu qu'il ne s'en souvenait
pas. Nous lui avons demandé en outre si c'avait été avant le mariage
(l'^NniûD avec R. Isaac), il dit qu'il ne le savait pas. U est véritable que
LE PROCÈS DE SAMUEL IBN TIBBON 127
hedit R. S. a répondu, après ce témoignage, que tout cela était faux
[et que jamais il o'avait parlé de cela à ce lémoin.
IV
Première série de témoignages.
23. Samuel amène les témoins de son troisième mariage, donl lun est Mardo-
ihée L J. (M. h,J.).
I IL — 21. Lave} re invalide M. b. J., lequel s'est retracté devoût le sire Gigôaet ; un
des témoins de Laveyre est Marfiociice b. Méïr (M. b. M.). Cuite itaneê paratt
avoir liêH U 3 Nbei (vendredi S décembre 1255); voir ii' 31 a,
I m, ^ 2Vk En oulrt*, M. b. J. s'eal rétracté à Âix. -^ 26. Arrêt du tribunal. Mardi
7 tebet (7 décembre 1255).
23, — a) ET NOUS thibunal, d'un commun accord» avons ordonné
|è R. S. b. M. Tibbon d'ameû*ir immédiatemeut ses témoins devant
nous, savoir ceux devant lesquels il prétend avoir épousé une (troi-
sième fois) B. fille de R. Jacob Cohen, qui sont R. Mardoché bar
iekutiel et R. Josef bar SamueU aiio que nous examiuions et enlen*
dions leur témoignage de leur bouche.
à} LEDIT S. vint et amena lesdits témoins, et ils attestèrent de-
vant nous tout ce qu'ils avaient attesté diaprés l'acte de récei^lion de
témoignage dressé devant R. Simson bar Abraham, et R, David bar
Jacob fils du nadià R, Salomou, et R. Juda bar Abrabam, et le
témoignage des deux fut trouvé concordant.
24. — a) APRÈS quk nous avions entendu les témoins de ce ma-
riage, Tavocat de ladite B. vint et amena devant nous un témoin
appelé R, Abraham bar Isaac, lequel attesta devant nous qull avait
vu ce Mardochée bar Jekutiel, a une époque anléneure au témoi-
guage parlé par ce Mardocbêe devant nous au sujet du mariage de
B,, venir devant le sire (na) Gigonet et ledit sire avait prié Mardo-
' cfaée de lui parler de i'aîTaire dudit R. S. et de ladite B., et de le faire
librement et volontairement, et de lui dire la vérité, sans qu'il y eût
de la part dudit sire contrainte d'aucune espèce. Alors ledit R. Mar-
I dochée dit devant ledit sire i c Je porte témoignage devant toi, à
titre de témoin, en toute viîrité^ et je demande que tous les Juifs qui
m'entendent en soient témoins et puissent témoigner au rribunal
[30 a] de tout ce qu*ils entendront de ma bouche, et je dis en vérité
que jamais je n'ai vu ni entendu que R. S. ait épousé ladite B. »
Ledit sire loi demanda alors : n Qu'est-ce que cette réceptioa do té-
moignage où Ton dit que tu as t-te môle V s Et ledit Mardochée ré-
pondit audit sire : « il est vrai que R, Juda bar Abraham et U. David
I bar Jacob sont venus auprès de moi avec un acte en mains et m ont
dit : a Parle et fais comme nous le voulons et conviens de ce qui est
écrit dans cet acte, iî ne l'eu arrivera aucun dommage, » et moi, ne
sachant lire cet acte^ j'ai convenu de ce qu'ils disaient, mais jamaiâ
1 je n'ai vu que ledit R. S, ail épousé ladite B.
ediP
128 REVUE DES ETUDES JUIVES
ù) ET âPRés QUE E. Abraham bar Isaac eut fait ce 16e
devant nous» vint devant uous un aulre témom appelé R. Samaé
bar Abraham, et attesta tout ce qu^avait attesté ledit B. Abraham
bar IsaaCt précédent témoin, ajoutant seulement ceci que R. Laveyr
bar Jonathan demanda (devant sire Gigonet) audit R. Mardochée'
Veux-tu que ces personnes ici présentes soient témoins et paiasefl
rapporter au tribunal ce que tu viens de dire devant eux? £t led
R, Mardochée répondit ; Oui, car ce que je dis devant eux est à Litre
de témoignage, car ils (ces personnes avec leur acte) m'avaient dit
quHls ne faisaient cela que pour faire perdre (de Targeut ?) à dame
Bella, « afin que vous (témoins, les témoins à qui ces personnes s'«
dressaient) tiriez quelque profit de son argent, on ne montrera
cet acte, mais une transaction intervnendra et vous (témoins) y
gnereîî de l'argent ». Et nous, tribunal, avons demandé à R. Laveyn
bar Jonathan pourquoi il avait été la (chez le sire Gigonet), si c*é
tait comme témoin ou pour vuir en curieux, et il nous dit qu*il y
avait été pour voir, non comme témoin,
25* ^ a) ET Ai'RKs QUB nous eûmes entendu ces témoins, 1 avofl
cat de la défenderesse vint encore devant nous, et revenant à s^^
allégations, il nous dit qu'il voulait invalider, pour faux serment, un
des témoins, savoir R, Mardochée bar Jekutieî, et pour cet objet il
produisit devant nous R. Isaac bar Salomon et R, Mardochée bar
MéJr, pour témoigner contre ledit témoin de son incapacité par suitM
de faux serment, Nous demandâmes audit R. Isaac bar Salomon,™
quand il se présenta devant nous, ce qu'il savait de R. Mardochée
bar Jekuliel au sujet de ce qu'il (Mardochée) disait que ledit R
avait épousé ladite B. Et ledit R. Isaac har Salomon attesta devi
nous, à titre de témoignage, que R, Mardochée bar Jekutieî Tavail
pris un jour (lui témoin) et conduit dans la maison de H. Isaac bar
Simson, à Aix, et là se trouvaient R, Isaac bar Simsou, R. Samuel
bar Abraham, et R. Mardochée bar Méir. Et R. Mardochée
Jekutieî dit (devant eux) : « J'ai appris qu'on dit de moi —
qu'on m'en fait reproche — que j'ai attesté avoir vu que ledit R.
bar Moïse a épousé ladite B. fille de R. Jacob Cohen ; c'est poui
.quoi, afin d'être pur devant Dieu et devant Israël, je jure,
«A Je suis TEternel * j» et par tout le décalogue donné à Molsé
le Sinaï, et d'après les intentions inji br) de Dieu et les vôtres» qi
je n'ai pas vu ni su jamais, à aucune époque, que ledit R. S. b. Mi
ait épousé ladite B«, et quiconque dira que j*aie été [30 è] jamais
comme témoin de ce mariage, est un menteur, et je désigne poi
témoins de ce serment (il choisit dans rassemblée) R, Isaac bar Sûlo-
mon et R, Mardochée bar Méir ', et en général toute personne qm
» Au Hou de in*'*«lV 'n bv 1^373 tf^Din m "JH, il f^ul Urc tj-^Din TV 1»
.'51 iT'"»ib 'nia 1^3 '
« Premiers mots du décalogue.
^ II veut dire que psToai les assistants il charge tout spécialement dti f^li
temoiuB les deux persoaoes quil désigue, sans excltir^ pourtaat les autres 1
née
raiH
LE PROCÈS m sAiirrx irn tibbon 129
pToprTa témoignera moQ égard {ii lexclusioa des parents, par
Miiple, que la loi récuse) peut lôraoigner do ce que je dis, et il mil
sa main la iora \ dont le rouleau éloit oiivcrl devant lui. NOrS
^oas demandé audit R* Isaac bar Salomoa quel jour c'était, il ré-
>cii3it que cVlait le vendredi près du M tammuz dernier, année
issée ôoicï de la créaiion- in:c3 i'':sb:3 niar^ f'^b ^rzz"* ^Z":: ^V2
^s^r vi^b i"::t n'^^ba rcz^zr*).
h) ET guA.ND R. Isaae, le premier témoin, lut sorti, on lit entrer
L llardochée bar Mêir, lequel attesta devant nous qu'il était à Aix
vendredi voisin du 17 tammouz année o0t5 passée (T':qb7:) de la
rè^tion, et qu'étant entre dans la maisoo de R. Isaac bar Simson et
lans un des étages (rT^'rr) de cette maison, il x vit R. Mardochée bar
lîléir Jekuliel % et avec lui R. Samuel bar Abrabam et B. Isaac bar
ISinisoû et R. Isaac bar Salomon. le précédent témoin, et R. Isaac bar
1 SiiDson pria R. Mardochée bar Méir de venir entendre les paroles do
R. Mardochée bar Jekutiel. et il (le témoin) vit dans la main de
B. Isaac bar Simson un livre (xnsc) ouvert à l'endroit des dix com-
iDûtidemenls, Le témoin atteste devant nous qu'il cntendil ledit
Mardochée bar Jekutiel dire : « Le monde dit du mal de moi,
disant que j'ai attesté que ledit R. S, b. M. a épousé B; fille de
K* iacûb Cohen, et afin de me disculper devant Dieu et devant
liroi'l, je vous jure S"tji br, par cette tora sainte, et suivant
:i>n (P^n br) de lî> Isaac bar Simson, que je n'ai pas vu ni su
»|ue ledit R. S. bar Moïse ait épousé ladite B., ni lui ni aucun
autre, et quiconque dira que j'aie vu et su quelque chose en cette
ûllôire, est un menteur, Et là dessus il désigna comme témoins moi
tfili. Isaac bar Salomun, pôur témoigner sur lui en ceci, outre tous
autres témoins valables,
cl LA- DESSUS l'avocat de la défenderesse, d'après ces lémoi-
Sfûêgcs, dit que Mardochée bar Jekutiel était impropre à témoi-
gner, puisqu'il avait pr<>lé faux serment, ayant modilié et renversé
soû témoignage devant nous le tribunal.
26. — a) R. S. b. M. Tibbou répondit, sur le fait de ces témoins
produits par Tavocat de la défenderesse, qull se proposait de les
déclarer impropres à témoigner sur tous les témoignages produits
contre ladite B. ou que R. produira contre lui.
h) ET NOUS TRIBUNAL avoDS fixé uu délai audit IL S. pour produire
les preuves d'invalidation contre les'lémoins produits par ravocat
1 de la défenderesse, et lui avons donné dlci à jeudi, sous peine de
î5 livres. Cela fut fait le mardi 7 tébet.
» A a lieu de V,"^ 77 Tn^TTi ^Dll, nous pensons qu'il faul lire b^ 11** \V\^^
le vendredi désigne id «st
» Le 17 tammuz S()15 lombe nu jeudi 2i juin 12;ij;
HBC «tidfuimenl le Icudcmo.n Tù juin.
* iéC mot • Métr • est de Irop^ a taouxa que Mardadtéc b. JcLulipL ue s'i^pcUc
iMicdocb^c b. Méir Jt.kuticl.
T. XVI, N" iîl. »
130 REVUE DES ETUDES JUIVES
Intûlidaiion du témoin Mardochie har Méir; le mariage de B.
27. Samuel invalide M. b. M., ce témoio a livré un Juif de MarscjHe à un cheTa-
lier ; acte d'Aix sur ce sujet. — 28. Réplique de Lavevre. — 29. NouTelles
preuves de S. contre M. b. M., s(^anee du 9 tdbet (jeudi 0 décembre 125r»). —
30. Lundi (13'tébct = 13 déc. 12o.'iJ. M. b. M. a calomnié un médecin de Mar-
seille. — 31. Réplique de Lavcyre, — 32. Témoignages de L. sur le mariage
de B. avec Isaac.
27. — a) AU JOUR Fjxé, le dit R. S. apporta un acte pour invalider
le témoin R. Mardochée bar Méir, et voici la teneur de cet acte :
h) a NOUS TRIBUNAL soussigné, avons été sommé par R. S. t. M.
Tibbon de recevoir témoignage que R. Mardochée bar Méir a commis
un acte qui le rend impropre à témoigner. Et il (Samuel) amena
devant nous R. David bar Juda et R. Salomon bar Netanel, lesquels
témoignèrent devant nous et furent ensuite examinés par nous,
[31 a] et voici leurs dépositions : R. David bar Juda a vu et entendu
que ledit R. Mardochée devait 10 livres au chevalier Don Esmentde
Villa, et le chevalier le poursuivait en recouvrement de cette somme,
et ledit R. Mardochée lui dit : Si je te confie une chose qui te fera
gagner 1400 sous (70 livres), tu me tiendras sûrement quitte de ces
40 livres que tu réclames et pour lesquelles tu me poursuis. Le
chevalier lui dit : Je t'en tiendrai quitte, si tu fais ce que lu dis. Ledit
R. Mardochée dit alors audit chevalier : Viens avec^noi. Ils allèrent
tous les deux, et ledit R. David bar Juda les suivait de loin, el il vil
que ledit chevalier et ledit R. Mardochée allaient en bas dans la ville
de notre seigneur l'évoque *, et à la fin il les vit sortir de la ville de
notre seigneur l'évèque, et R. David bar Isaac de Marseille était à
cheval derrière le chevalier sur sa bêle*. Il y avait à cette époque
grande guerre entre notre seigneur le vicomte (1")::bc) et la ville de
Marseille, et il le conduisit (le chevalier conduisit ce David), le jour
de samedi, prisonnier jusqu'à une tour appelée Meyruel, et comme
on s'employait à délivrer ledit R. David, de Marseille, des mains du
chevalier, nous demandâmes à voir' l'arrêt de la cour, pour savoir
comment la chose avait été formulée par la cour de notre seigneur
le 1"i::b*J, et on y trouva écrit le nom de R. David dit Davi. Là-dessus
ledit R. Mardochée dit : « Ce Davi dont le nom est inscrit dans Fade
n'est pas. ce Davi emprisonné, mais Davi Legros », mais on finit par
trouver (dans racle) son nom (celui du Davi empri-onné) et le nom
de son père et le nom de son grand-père.
» A Marseille.
» Les mots in72îl3n w*IDÏ^ nrtîî 2Dm73 signifient probablement que D*Tid
éUiil tenu en croupe par le chevalier.
' Opendant le texte a Dlfi^HIlb « ù moDlrer », nous supposons qu'il faut platôt
BIT.
LE PROCÈS DE SlMtJEL IBNTIBBON i3!
sox C0T«, R* Salmie irr?2bï3l bar Netanel vint cl attesta
i*ili*tail dans la maison de H. Isaac bar Jekuliel de la ville de notre
eipeur Févêque ce même jour de samedi, et il vit que ledit R. Mar-
^chée s'était emparé dudit B. David bar Juda bar Isaac de Marseille,
, l'avait remis aux mains dudit cbevalier, disant : Voici ce que je
rai promis. Et il [le témoin) vit ledit chevalier s'emparer de R. David,
Il il apprit qu'on Tavait conduit prisonnier jusqu'à la tour de
Icyrucl. Et cela fut fait devant nous au mois de lébel aunée 3016 de
, création, et nous Tavons remis, écrit et signé, audit R. S. bar Moïse
ITibbon, pour lui servir d'instrument et de preuve. Kktanel bar Sa-
V'rs:, Mkir bar Mekahem n^s: »*
, — rt ET APRÈS QUB R. S. b. M. nous eut apporté cet acte de
PlÉception de témoignage de la ville d*Aix, signé de R, Netanel bar
Moïse' et de R. Méir bar Menohem, Tavocal de B. tille de Jacob Cohen
allfgua et dit que cet acte ii*était pas valable, parce qu'il ne portait
i qtic deux signatures et pour d'autres raisons. Eu outre, eu ce qui
côoccroe Taccusation portée contre R. Mardochée bar Méir d*avoir
livre K. David bar Juda à ce seigneur mentionné dans l'acte, Ta vocal
de ladite B. disait qu'il ne ressortait pas (de Tacte) que ledit R. Mar-
dochée eût livré ledit R. David à quelque chrétien que ce fût, et que
«icela en ressortait, dans tous les cas il [Mardochée) n'avait soutiré
luûirjuece fût (il David), et pour les soudrances corporelles endurées,
R» l»avid bar Juda bar Isaac avait accordé un pardon complet, pardon
du ciel et pardon des hommes, à R» Mardochée bar Meir.
^)ETR. David bar Juda bar Isaac [3( è] vint et dit devant noua
<|U'il était vrai qu'un samedi un chevalier vînt et s'empara de lui et
1^ conduisit à la tour de Meyruel, et aucun Juif n'accompagnait ce
«chevalier, mais dans la ville on disait que R. Netanel (ils du hakam
K Samuel et R. Mardochée bar Méir avaient fait le coup, h cause
d*unc querelle et discussion qu'il y avait entre R. Isaac bar Simson
ci entre dame Bottine, et ccsdils deux hommes appartenaient à ce
chevalier (étaient ses hommes ligesl, néanmoins ledit R. David bar
Juda Ile témoin) ne ht à ce sujet aucune dépense, ni lui ni son père ;
^^ a cause de rhumilialion qu'il éprouva (d'être arrêté) ce jour de
Samedi, et à cause de ses souffrances corporelles, il avait cédé aux
pH^res de R. Abba Mari bar Jacob et de R. Isaac bar Salmie, d'accor-
der audit R, Mardochée bar Méir un pardon complet, pardon du ciel
'^tdes hommes, ce qu'il fit en présence de ces deux personnes, il y
R^ail plusieurs années de cela.
8d. — a) R. S. BAR Moïse ïibbon répondit à cela que si cet acte
o'éiait signé que de R- Netanel his du hakam R. Samuel et de R» Méir
^r Mcnahem, il y avait eu néanmoins trois personnes présentes
pour recevoir lo témoignage, et que toutes les trois avaient reçu ce
témoignage ; mais l'avocat de B. répondit qu'il uc le croyait pas,
[imjsque l'acte ne portait pas les trois signatures.
^ Lire Samuel; voir quatre ligQca pluB haut cl 15 lignes plut bas*
in2 nEVVK DES KTUDES JUIVES
l) ITEM, DIT R. S. devant nous qu'il pouvait prouver que R. Mar-
dochée bar Méir, après avoir fait, sous serment, un contrat avec une
autre personne, avait violé ce serment. Et B. ausii avoue (à ce que
disait Samuel) qu'il n'y avait pas lieu [petite lacune dans le texte*]
d'invalider R. Mardochce bar Jekutiel, pour le serment qu'il avait
fait à Aix *.
c) NOUS AVONS eu outre demandé audit R. S. b. M. s*il avait une
preuve quelconque pour invalider comme témoin R. Isaac bar Salmie
et R. Mardochce bar Méir, outre ce qu*il avait déjà dit devant nous.
11 répondit qu'il ne se souvenait pas (d'en avoir); c'est pourquoi nous
lui intimâmes, sous peine de cent livres royaux, défense de pro-
duire aucune nouvelle preuve pour invalider R. 'Isaac bar Salmie et
R. Mardochée bar Méir pour le témoignage qu'ils avaient fait devant
nous. Cela fut fait le jeudi 9 tébet. Ecrit et signé par nous pour
nous servir de preuve et d'argument.
30. — VOICI la preuve que R. S. b. M. avait annoncée quand il
dit qu'il 'pourrait prouver encore que R. Mardochée bar Méir s'était
engagé, par acte sous serment, envers une autre personne, et avait
transgressé ce serment. R. Simson bar Abraham vint devant nous
au commencement de lundi et dit devant nous que R. Mardochée bar
Méir lui avait promis par serment de ne lui causer aucun dommage
ni auprès des chrétiens ni auprès des Juifs, mais il avait violé ce
ferment et lui avait causé plusieurs dommages auprès des chrétiens,
en disant, à la cour, que lui Simson tuait les chrétiens avec ses
remèdes. Cet engagement (de Mardochée) avait été transcrit en un
acte chrétien et remis à R. Jacob iils du nadib R. Isaac. Et ledit
Simson dit que ledit R. Mardochce avait transgressé toutes les
clauses de cet acte chrétien.
31. — a) ET APRÈS QUE R. S. b. M. eut apporté ce témoignage
devant nous le tribunal, [l'avocat de B. vint et dit devant nous le
tribunal] que R. Mardochée bar Méir était allé devant témoins [32 a]
valables, avant qu'il avait témoigné devant nous, et avait dit qu'il se
repentait de ses péchés et fait confession de toutes ses fautes. C'EST
CK qu'attesta devant nous R. Semtob bar Isaac, savoir que ledit
R. Mardochée était venu devant lui et devant d'autres personnes pré-
sentes, et avaif déclaré son repentir et dit : u J'ai mal agi et commis
de nombreux péchés et de nombreuses fautes, je me repens de tous,
ot en fais confession devant Dieu et devant vous. » Nous lui deman-
dâmes (au témoiu) quand c'était, et il nous dit que ce fut le 7 kislev
an 5000 ^ . . de la création, et R. Mardochée bar Méir avait témoigné
devant nous le 3 tébet.
» Il faut lire probablement "^STITÛ '"1 nj{ blSDb L"î"3b] ID l-^NC à moins qne
lu lacune ne soit plus frrandc et que tout le passaf.'-o ue soit altéré.
^ C'est le serment du n» 24, contredit par la déposition faitc^ ensuite devant le tri'
bunal, n« 23.
* Il y a un blanc dans le texte, qui indique que les dizaines et unités man<pient,
mais la suite montre bien que le vrai chillre est 501 G, le raisonnement est le soi-
IK PROCÈS DE SAMUEL IBS' TIBDOX i33
^) APRÈS CKLA, vint devant nous R* Salomoo bar Isaac ol lémoigna
de la pctiilcuce de K. Mardocliée bar Méir absolumeol comme en
avait lémoignc B. Semtob, et il confirma également la date (indiquée
par Semtob)*
32. — a) L'AVOCAT de ladite B. dit aussi * qu'elle avait épousé
R. Isaacbar Isaac, son mari, en prêseuce de R. S. b. M., et que celui-
ci îi*avait pas prolesté coulre ce mariage, et il (Laveyre) produisit
devant nous des témoins sur ce fait» savoir :
h) R. ABBA MARI bar Josef vint devant nous et attesta devaut
ûus qu'il avait vu que R. Samuel bar Abraham avait contracté par
curalion le mariaf^e de R. fille de R. Jacob Coben avec ledit li.
aac bar Isaac, et lui avait dit : « Toi, B*, sois mariée à H. Isaac bar
aac par celte tleur d'argent ». Et ledit R, Samuel bar Abraham avait
neûé ledit H, Abba Mari et H* Isaac bar Salomon, afin d'être témoins
I ce mariage, et B. avait accepté (ce mariage), et R. S. b. iL Tibhon,
aand elle accepta, était présent et avait vu que ledit R. Samuel bar
brabam avait épousé (par procuration) ladite R. au nota de R» Isaac
bîir Isaac» et tous les assistants, après que ladite B. avait accepté ce
mariage des mains dudit R. Samuel bar Abraham, s'écrièrent : « Que
ce soit sous une bonne étoile [maz^al tob) ^>, et cela se passa au mois
de tisri de rannée 5015 de la création,
c) ÂPUKS guîfi ce témoin fut sorti, sa%^oir ledit R. Abba Mari Lar
Josef, vint R. îsaac bar Solomon et attesta ce qu'avait attesté le pre-
mier témoin. DE plus, devant nous le tribunal, R. Samuel bar Abra-
bam confessa qu'il avait reçu procuration de U. Isaac bar Isauc
d'épouser pour lui Isaac ladite B.
VI
Vâffe de Bientinue.
33, ÙimaAckt ii tédet (12 dt-çembrc 12;îrt). Samuel sur IVige de Bienvenue. — 34 ù
■H. Jtudi tS téèd i'IH iliîc. i2'ji'»). Témoins de Samuel sur ce t;ujet (31 à 36) et
Itéplifjue de L.
M — «j R. S. Ukfx Moïse vint et allégua devant nous que ladite
^* paraissait majeure, par ses traits, sa taille et son intelligence, et
'î'i^elle avait avuué être ùgée de douze ans à la cour de Tévèque^,
'<>fsqu'oQ le lui demanda, et qu enfin elle avait avoué quelle était
'^^jeure, d*après un acte chrétien appelé <> compromis >j fait de-
"•ï*! : Mirdoctiue est apte à léraoifrncr^ puisqu'il a rail pénilenco uu mois de kislcv
^^ *1tiesaa U*moi^Qiige ucsi qu« du mois de lëbetsuivauL Ce tùraoignjif^u du 3 icbtl
"* plus haul u'> 2 1,
* ya«lrièui« pBssafre reproduit par M. Nfiuh., p. Kîj,
* L'évéi|uo da Marseille ; B. demeuruit dans lu partie^ de lo ville appitrUnont ù
i34 BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
vant le Seigneur ^ . . "^rca n» lioxna ix. ITEM dit R. Samuel qu'il
y avait une présomption que ladite B. était majeure et âgée de plus
de 16 ans, parce qu'il y avait un récit (l'^mco n"i5») écrit, d'après
lui, par le hakam R. Anatoli, et dans lequel il était dit que le hakam
R. Jacob Cohen (père de B.) était mort depuis 7 mois et avait laissé
une lille mineure de 5 ans. Kous demandâmes audit R. [Samuel bar]
Moïse quand cette pièce était arrivée (à Marseille, entre ses mains),
il répondit qu'il ne se rappelait pas.
b) ITEM, DIT R. Samuel qu'il avait envoyé à Naples et à Messine,
pour savoir quel âge avait B., [32^] et il ajoutait qu'il avait Tinteo-
tion de produire des témoins de cette ville ' sur l'âge de B., mais
qu'il ne se rappelait pas leurs noms.
c) ITEM, DIT S. qu'il voulait invalider les témoins qui avaient
attesté que c'était en sa présence que B. avait été mariée à R. Isaac,
et nous lui taxâmes un délai pour administrer cette preuve d'invali-
dation dont il parlait, mais il fît défaut. Et nous tribunal avions dé-
cidé que s*ll ne se présentait pas dans le délai fixé, nous ne l'enten-
drions pas plus tard (sur ce sujet), et comme il ne se présenta pas
dans le délai fixé, nous lui fîmes défense, sous peine de 400 li-
vres royaux, de produire dorénavant aucune preuve pour inva-
lider le témoignage d'après lequel le mariage de B. s'était fait de-
vant lui.
d) ET SUR CE qu'il avait dit qu'il voulait produire des témoins de
cette ville pour savoir si B. était majeure ou non, mais qu'il ne se
rappelait pas leurs noms, nous lui ordonnâmes d'amener ces lé-
moins d'ici à mardi prochain, s'il en avait, ou qu'il nous dit franche-
ment qu'il n'en avait pas, le tout sous peine de 10 livres royaux. Et
cela fut faille dimanche M tébet.
34. — AUDIT JOUR, il amena devant nous un témoin appelé R.
David bar Abraham, lequel dit devant nous qu'étant à Naples, à la
Pâque juive de l'an 5041 de la création, dans la maison de puissante
dame Bella, il y vit B. fille Je R. Jacob Cohen, et demanda qui elle
était, elle (B.) lui répondit qu'elle était la iilie de R. Jacob Cohen, et
ladite puissante dame lui dit : C'est ma fille. Ledit R. David lui de-
manda : Est-ce la jeune fille qui a été fiancée au fils de votre frère
R. Moïse ? Et la puissante dame répondit : Oui. Il lui demanda, en
outre, quel âge elle avait, et (Bella) lui répondit qu'elle avait 40 ou
K\ ans. Nous demandâmes au témoin s'il avait été là à l'époque où
elle (B.) était née, il dit qu'il n'avait pas été là avant ce jour dont il
avait parlé. Nous lui demandâmes, en outre, s'il reconnaissait que
c'était bien là B. \ il répondit : « Ma foi est » que c'est elle.
* Petite lacune où se trouvait, sans doute, le nom de ce seigneur et quelques
autres mots sd rattachant aux quatre mots hébreux qui suivent.
* Puisqu'on no lui donne (a® 33 d] que deux jours pour amener ses témoins, la
viUo ici mentionnée est Marseille.
^ Ici présente ù la séance.
LE pnOCÊS DE SAMUEL IBN T1BB0,\ 13?î
PRÈS Qroi, nous avons demandé â R, S. b. M. s il uvait
•ç cl*autres lêmoins pour prouver que B. éiuii iiiaicure, oulre
iclu'Uavail produit devaul nous, et il répoudilqu*!! n'en avait
jd^autres nulte part au nioudej sauf les gcus de ces villes oii il
BiUlit devant nous qu'il avait envoyé pour s'infoniier si elle était
ftajeure, soit que ces gens demeurassent encore dans ces endroits,
>it qu'Us eussent passé eu d'autres pays, et, eu outre, il avait cetlo
^wduhakaai R. Anatoli dont il avait parlé et dont avaient tenioi-
ICiàcc qu*il disait) R. Abba bar Pesado ^ et son 01S| mais il (Sa-
uelj disait que ces deux personnes ne voulaieut pas venir (au
rtbuaal] pour lui. Et après qu'il eût dit qu il n'avait pas d^aulres
Éïûoius sur la* majorité de B., excepté celui qu'il avait dit devant
&US. uous lui fimes défense de produire dorénavant aucuns lé-
oms sur la majorité de B., sauf ceux-là qu'il avait nommés
vajiiûous, le tout sous peine de ^00 livres royaux. En outre, nous
i ordoaoùines de nous amener le lendemain R. Abba bar Pesadu
«t son liis pour témoigner devant nous sur ce qu'ils savaient de B,
Çl de son âge, s'ils le connaissaient, et nous lui ordonnâmes de les
^u«;uerle lendemain, \T^a\ sous peine de 10 livres royaux. Fait le
: tébet.
136 — R, s. u. M* VINT et amena H. Abraham tils d'Abba, lequel
Itesta devant uous qu'étant a Napies en Tan y*J -, il vit a darne Bella
lîue fille mariée^ une autre qui n'était pas mariée et une troisième
qtii était encore en nourrice» mais sans qu'il pût dire si cette der-
Qii^ïcft^jit B. ou non,
37 — L'AVOCAT de la défenderesse vint encore et dit qu'il voulait
UivaUderK. Mardocbée bar Jekutii^I, parce que ce lémuin avait i>réte
« iûl«réts (à uji Juif;. 1-:T IL (ravocalj amena devant nutis R. Samnel
^ïtir Abraham, iequcl attesta que H. Mardocbée bar Jekuliei lui avait
pretu a inieiéts sur un gage, et pris intérêt de lui deux ou trois fois,
•**gardu jasqua ce jour cet inlértH, et ce prêt eut lieu il y a trois
ans, Leciiti^ jjjmj^yyl aUt^i^la encore que R. Mardocbée avait volé a
na Juif 1^ g^yg ^^ monnaie blaucbe, et le témoin avait vu K. Mardo-
*^^^ les voler de force à ce Jnif, et il détenait encore cet argent vole,
car il y avait [seulement) quatre jours que le volé avait réclamé sou
^*<^û à Mardocbée» et celui-ci s'était tu et n'avait pas répondu nue
•yiîabe , et ce vol avait été commis» il y a plus de quatre ans, PUIS
**^"r It David bar Juda et attesta devant nous que K. Mardocbée bar
JekutieJ lui avait prêté a intérêts 22 sous à 22 deniers d'interéls, et
^ iuteîôts étaient encore aux mains de Mardocliée, et il y avait
^ cela plus de cinq ans*
^iZîïi G*C'i>t le iium de PriRul fiorlé p«r pinceurs jtiUW fin Marfititlo mi iroiiziêime
**«le^ rutnnj? ngub le truiulrcrons ii'd|.rt-s un otivruf^Ë de M. liliaciirt doot il, bvri
IMfUoi) a*m» lo prtxîhûiPi tuii)ii.*fu lïv la /*Vr»/<.
130 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
VII
Témoignages complémentaires.
30. Mur«loclu>o h. M. ri^pond aux U'inoins qui ont voulu l'invaliilcr ; allégalio&s ^*
havt'yrc. — /i(». 41. Dernières allégations de S. et de L., dans la s^aïucdttti*
(ircdi a tébct 'j; d.'-c. i'2:;'o.
38. — APKKS QUE ces tcmoins furent sortis, ledit R. S. dilipi^
voulait les invalider. Nous lui ordonnâmes d'amener ses témoins
d'ici jusqu'à mardi prochain à midi, et lui finies défense, sous peio^
de 400 livres royaux, d'amener encore plus tard (que ce délai) des
témoins pour invalider les témoins produits par l'avocat de la dé-
fenderesse. Fait le jeudi 23 tébet.
39. — ENSUITli: vint devant nous R. Mardocliée bar Méir et di^
devant nous que jamais il n'avait fait un serment audit R. Simso^
ni ne lui avait causé aucun dommage d'aucune espèce, et cet act^
qu'avait produit contre lui ledit R. Simson ne pouvait, disait-il ^
servir à invalider le témoin dans cette cause, puisqu'il n'était pa?^
signé de témoins juifs, et cet acte n'était pas valable ni devant mxm.
tribunal juii', ni dans celte cause, ni dans aucune autre cause con-
cernant des Juifs (bNTC^ n->a Tr^rr:: -^nx '[■^'ra »:?■)). SUR quoi l'a-
vocat de la défenderesse dit que lors môme qu'on trouverait quelediu
R. Mardocliée, après avoir fait serment audit R. Simson par ledit
acte chrétien, aurait ensuite transgressé ce serment, ce péché n'in-
validerait pas Mardocliée pour ce témoignage ou pour quelque
autre témoignage que ce fût. EN outre, l'avocat de la défenderessft
dit que H. S. b. M. s'était elforcc de corrompre (des témoins', et il
amena devant nous (comme témoin; U.Jsaac bar Josef S mais nous
le tribunal ne voulûmes pas recevoir son témoignage et le finies
taire. Mais ledit R. S. nous dit et nous admonesta vivement pour
qu'il fût entendu, cl quand nous vîmes qu'ils y tenaient, nous ac-
ceptâmes son lémoignage, et il attesta devant nous qu'un homme de
parti [r'2] de dame Bellu lui avait promis oO livres au nom de Bella,
s'il voulait attester que R. S. b. M. l'avait prié d'attester ilevant le
tribunal (jue S. avait éi)Ousé B lille de R. .lacob Cohen, comme H-
David bar Abraham l'avait attesté aussi.
40. — VKNDHKDl 24 tébet ::}3 Ir nous interrogeâmes ledit U.S. sur
* N'y aiiruil-il pas là uno lacune? 11 est sinfrulicr, mais nou i:npossib'.e, <{uc '«^
lëinoin tuneiu* par laYDcut «le B. téinoiu'iic contre elle et en faveur de Samutl. O'i
no voit pas non pins pourquoi le triliunal no vtut j»qs écouler le ti-moin. Le pas'Jr^
nittn(]utint, à nv«l:e avis, uurait contenu lo Icmoiirnau-e du témoin de B., puis aum*^
racunlé ipu» Samuel anu'na uus^i va\ témoin, mais «jue ce témoin était quoluuc p»-^^
sUvSpoi-t. (Ml comprend ipie le trihun;«U qui traite Samuel avec peu d'éfjards, re!i:=^-
liuuUMnent d'cnicudre ceux lio ses t-'ui .'in> contre lesquels ii y u quelque présomT'
lion deluvurdlùv .
LE PROCÈS DE SAMUEL IBN TJBBON 137
ces témoins de son mariage dont il disait qu'il ne se rappelait pas les
noms, et sur l'acte qu'il disait avoir été volé ou perdu, et nous lui
demandâmes si maintenant il se rappelait ces témoins ou avait re-
trouvé cet acte volé ou perdu. Et il répondit qu'il ne se rappelait pas
encore ces témoins et n'avait pas encore retrouvé cet acte et ne sa-
vait comment il l'avait perdu. Comme d'habitude on conserve bien
les actes pendant deux ou trois ans, et que celui-ci n'aurait môme
pas un an et demi, NOUS lui ordonnâmes, sous peine de 400 marcs
(D'^pipT) d'argent, de dire, enfin et séance tenante, les noms de tous
ces témoins dont il disait qu'ils avaient vu cet acte, et aussi les noms
de ces témoins (d« mariage?) qu'il disait ne pas se rappeler, si enfin
il s*en souvenait; et s'il ne pouvait pas maintenant les nommer,
nous lui fimes défense, sous peine des 400 marcs susdits, de les
produire encore dorénavant, ni de produire encore dorénavant cet
acte qu'il disait volé ou perdu, sous peine desdits 100 marcs, ni de-
vant nous, ni devant tout autre tribunal, soit lui-môme soit tout
autre pour lui.
41. — ENSUITE l'avocat de la défenderesse dit devant elle et de-
vant nous le tribunal de ne pas tenir à faute à B. de ce que, dans le
serment qu'on dit qu'elle avait fait au a compromis », elle avait juré
qu'elle élait majeure, tandis que devant nous ensuite elle avait dit
qu'elle était mineure, car elle disait maintenant qu'à l'époque du
« compromis », elle avait cru sincèrement qu'elle était majeure,
mais qu'ensuite, quand elle fut appelée devant le hêt din^ il lui était
venu des témoins qui lui apprirent qu'elle était mineure, et que
c'est sur la foi de ces témoins qu'elle avait parlé au àêt-din^ mais
elle n'avait pas besoin (de tout cet argument?). Et pour toute époque
où il lui faudrait apporter des preuves de sa minorité, nous le tri-
bunal, avons décidé que tous les moyens et preuves qu'elle peut
avoir sur sa minorité restent valables soit devant ce tribunal, soit
devant tout autre.
NOTES ET MÉLANGES
PETITS PKOIÎLÈMES
(DEUXIEME SÉRIE)
III
LA DKSINENCR OU IMX'RIEL DANS LES LANGUES SÉMITIQUES.
On sait qiio les langues sémitiques forment deux catégories t!*^
distinctes en ce qui concerne la désinence du pluriel extérieurd^*
mots masculins. Cette désinence est un m en liébréo-phéniciei*'
et un n dans toutes les autres langues sœurs ; et, sur ce point, l^
moabito, Taraméen et Tassyrien sont parfaitement d'accord aie^
les idiomes méridionaux, Tarabe, le sabéen et Téthiopien. Ui»^
pareille divergence doit avoir sa raison d'être, mais la tâche de 1^
retrouver semblait jusqu'à présent si bien désespérée qu'un d^^
sémitisants les plus éminents, M. Théodore Niildeke, était d'avî^
qu'il fallait tout à fait séparer ces deux terminaisons Tune dt5
l'autre et renoncer entièrement à l'idée des philologues anciens •
d'après laquelle le n serait un adoucissement du m primitif. L'*?-*
nigme serait restée à tout jamais insoluble, si la découverte d'un
important principe de phonétique assyrienne*, faite tout récem-
ment par M. le professeur J. Barth de Berlin, ne nous avait ouvert
des horizons nouveaux sur la transition de m en n dans les lan-
gues sémitiques, on général.
Tout le monde avait remarqué que la préformante sémitiqu'^
commune, m, était, dans la plupart des vocables assyriens, rem-
placée par un noùn. En face du sémitique ciab^, nnc':, "tî-^i
rsaD-^':^ Tassyrien fait voir narkabtu, nalbaahu, naptùy *w-"
» Ztittchrift fur Assyriolopf, IXST, 11, 111-117.
NOTES ET .MÉLANGES
m
ïmarii. D'où venait ce pli(5noin(^ne? Personne ne savait le dire.
Heureusement M, J. lîarUi a eu V'uUo. de jeter sur les mots assy-
riens (|ui aflecteut cette i>ft:" for niante* un coup il'œil scrutateur,
[et aussitôt rénit^ine a cessé d'exister. Il s'est aperçu que les mots
qui atlmettent le 7ioûn initial ont, du moins, une des lettres
labiales ^, m, p, comme radicale. Le principe phoiirtique qui eji
r résulte est donc celui-ci : la prononciation assyrienne répuj^nait à
ll*acciimulatîon des consonnes labiales, dans le même mot, et, pour
réviter, le m adventice a été chanjj^é eu n chaque l'ois que la ra-
[cine contenait une labiale, ne fût-ce qu'a la deuxième ou à la troi-
sième radicale, comme nagmaru, nabulu, nashpani^ naràmu,
[,(r. Dm), neribu (r. ^n») nahlaphu (r. qbn). Quand la racine ne
leontient pas de labiale, le m revient régulièrement. Exemples :
\iaashkQmi (liëb. \'::^*::t^), mandaiiu, îna5/;it^i£ (bel), rsncij), ma-
Xkihu (liéb< Y'ï^'^)' ^^^W^^i^ (hëb. ipi?:) de p2, nna, Y-^- *'?''^ ^^^
Itleux mots : mushabu (liéb. n^i?^) et ma mil (aram. «mT^nTDJjde
rr*) et -^i, présentent une exception qui confirme la r^gle.
Tel est le principe découvert par M. Bartli pour !a mutation en
n du m prélixe en assyrien. Personne ne s'étonnera que ce pro*
Lcf*d«^ n'ait été imité par aucune des langues sœurs dans ce cas
[spécial, car il produit ujie confusion entre le prélixe m et la pré-
[jurmante n du nipbal : nT:i3. nDis, D"»>inD3» inro, etc. Mais on peut
se demander si cette sensibilité phonétique par rapport au ni ne
i'est pas nuoiilestée dans^ les autres langues sémitiques, dans un
ISS oii aucune confusion sérieuse n'était à craindre. Je crois qu'on
^jieuty répondre aflîrmativement et [irésenter la terminaison u du
pluriel dans la majorité de ces lanj^ues comme Taivfdicatïon géné-
ralisée du principe dont il s'agit. D'abord, on a trouvé dure la pro-
nonciation du m précédé immédiatement par des labiales, comme
dans les nxots D"^^"*, S"*?!?' d^'î'^j et on les a adoucies en yp^, l^n,
t^ns. Puis, on a étendu la prononciation adoucip aux mots, très
ombreux, qui ont une labiale à nlraporte quelle place de la ra-
cine. Enfin, T habitude a généralisé i 'usage de la terminaison douce
tel point que l'antique ni n'a plus trouvé d'autre place que dans
les |ironoms personnels méridionaux, savoir : miiamy hunij hum
m arabe ; anicmu, kemu, homu, en éthiopien. Dans ces exemples,
m est réservé au masculin, tandis que la terminaison douce n
lésigne le féminin : ar. antunn, kunn, Jmnn, Hh, anten^ ken,
ken^ etc. L'ara[uéen et Fassyrien sont allés plus loin i^t ils ont rem-
[>lacé M par n même dans les pronoms; de façon que la distinction
^du genre ne se fait idus ijoe par les voyelles : aram. ^ir«» yi^a ;
V-rît, V^ï*i 3^- *i(Uiu(i, aftini; hunu, htni; shunUiSHina.
140 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Une dernière remarque. L'emploi de n comme désinence fémi-
nine dans les pronoms liébréo-phéniciens semble indiquer qaeli
loi phonétique concernant les consonnes m et n était en pleine
activit(^ longtemps avant la formation des pronoms et que Tosage
régulier de m pour 7i, dans le pluriel des noms, a succédé à une
époque où Tliésitation entre les formes t"^; et •;•«- était très ordi-
naire. Cotte fluctuation ancienne ne doit naturellement pas être
confondue avec celle des écrivains des époques postérieures, oii
Taraméen constituait déjà la langue populaire en Palestine.
J. Halévy.
NOTE Snn L'INSCRIPTION PHÉNICIENNE DU PIRÈE
Ce texte important dont Tépigraphie phénicienne vient de s'en-
richir ne présente pas de grandes difficultés du genre de celles
qui nous arrêtent dans l'inscription d'Eschmounazar. Muni d'un
estampage et d'une photographie excellente, M. Renan en adonné
•la traduction sommaire dans la séance du 27 janvier dernier de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et, le 1^ février, il en
a fait l'objet d'un exposé détaillé dans son cours au Collège de
France. Grâce aux explications du savant académicien, la teneur
générale du document est entièrement fwée et il ne reste qu'un
petit nombre de points qui demanderaient à être mieux précisés.
Ce sont surtout quelques particularités de grammaire et de syn-
taxe que le manque de notation vocalique tient longtenaps voilées
et qui ne se révèlent qu'après un examen réitéré et minutieux.
En linguistique, l'intelligence exacte d'une forme énigmatique ou
d'une particularité syntactique n'est pas sans quelque intérêt,
puisqu'elle peut jeter un jour inattendu sur des passages encore
inexpliqués ou bien déterminer avec plus de précision des diffé-
rences dialectales. Ces considérations m'engagent à soumettre
l'inscription si bien expliquée par M. Renan à une sorte de gra-
pillage philologique, afin d'en tirer, autant que possible, quelque
profit dans l'intérêt de Téclaircissement du texte môme, ou dans
celui de la philologie sémitique en général.
Voici la transcription du texte phénicien :
•"iirb rîcx:2 c"^:*:^ in sr It^ cr? lis rC2 nD'zb h c?:"»2
nn:2b 20 c:t:d"ii I",^ br3 arN* ti::::^ ik-:
Au-dessous du phénicien le laptcide a gravé, en deux lignes, ces
Xkots, qui ne sont qu'une indication : to xo(vov twv siôt.ïviwv Aw«cet6tiv
Et^vLtiW, « la communauté des Sidoniens (a lionoré] Diopeithe, le
Sidonien «.
Voici la traduction de M. Renan :
Le quatrième jour de Mirzali, la quin7:ième année du peuple ûb
Sidon^ il a plu ayx Sidonieui?, réunis en assemblée, de déci-
jler qu*une couronne serait décernée à Schamâbâaï, lils de
ilâgon, qui a été nasi de ïa communauté, pour le temple et
pour la construction du portique du temple. Cette couronne, qui
era d*or et du poids de vingt drachmes légales, lui est donnée
larce qu'il a bâti le portique du temple et fait tout ce qui lui
ncombait d'après sa fonction, (I( a été décidé, eu outre), dV-
^•ire les noms de nos nasis qui ont présidé à la construction
lu temple, sur une tablette d'or, qui sera placue dans ïe porti-
jue. Pour la part de la communauté (dans la dépense à faire)
pour cette tablette, que Ton prenne sur Targent (du trésor) du
lieu Bûal-Sidon, vingt drachmes légales. Afin que les Sidoniens
Connaissent, comme la communauté les connaît, tes noms des
lommesqui se sont succédé en exerçant des fonctions devant le
ieuple,
L*anal>*se suivante est destinée à justifier les quelques modifi-
cations que je prends la liberté de proposer à cette première tra-
uction*
Liçne 1. Le nom de mois nnî3 apparaît ici pour la première
U. A en juger d*après Thébreu nn??, qui signifie, en même temps,
deuil, funèbre « et « festin )>, représentant Tidée du repas funèbre
ui terminait la cérémonie du deuil, on incline à penser que c'était
mois d'Eloul, dans lequel on célébrait la résurrection d'Adonis-
'ammouz» mort au mois précédent, mois qui portait le nom du
jeu, Tararuouz, n?:r.
Le verbe on, au sens de <t décider », coïncide avec Thébreu Dnrt
u hiphil (II Samuel, xxvin, 18) ; le sujet en est d^ts: "ï3 ; m est
hébreu in, « brandie, bâton, membre du corps », d*où nab^
sealj seulement, uniquement *% Il s'agit des magistrats qui admi-
14i REVUE DES ÉTUDES JUI\T.S
Le texte entier doit donc se traduire comme il suit :
« Le quatrième jour de Mirzah (d'Elojjl ?), la quinzième année
du peuple de Sidon, les administrateurs sidoniens, réunis en as-
semblée, ont décidé de décerner à Sclimàbàal, fils de Magon, que
le consistoire avait préposé au temple et à la construction du po^
tique, une couronne d'or d'une valeur de vingt dariques neufs (?),
parce qu'il a bâti le portique du temple et fait tout ce qui lui in-
combait dans l'intérêt de cette administration.
^ » (Il a été décidé, en outre), d'écrire les (noms des) hommes que
le consistoire avait préposés aux temples, sur une stèle dorée, qui
sera placée dans la galerie du temple, attendu qu'il appartient au
consistoire de garantir le placement de cette stèle, pour les dé-
penses de laquelle on prendra sur le trésor du dieu Ba*al-Sidon
vingt drachmes neuves (?).
To (Cela a été décidé) afin que les Sidoniens sachent combien le
consistoire (actuel) sait récompenser ceux qui ont exercé des
fonctions auprès du consistoire (précédent). »
J. Halévy.
UNE ANECDOTE SUR PHARAON ET AMAN
CHEZ LES ARABES
Biruni* raconte qu'Aman était d'origine tout à fait ordinaire
et était arrivé à la puissance de la faron suivante :
Comme il ne pouvait obtenir le moindre petit emploi à Suze, il
eut la pensée de s'établir sur un cimetière et de se faire payer
3 1/2 drachmes pour chaque mort qui y serait enterré. Un jour, la
fille d'Assuérus mourut. Aman demanda une somme considérable
pour autoriser son inhumation. Assuérus versa la somme deman-
dée, mais, quelques jours plus tard, il demanda compte à Aman de
cette exigence. Aman allégua, pour toute justification, que jus-
* M. Paul do Laf^ardo a publie le texte et la traduction de Sachau, Purivt,
p. 8-9. Outre les corrections apportées par M. L. au travail de Sachau, il faut
encore y rectifier le passage suivant : c liaman hated lier and planned her destruc-
tion > , car il est question de Mardochée et non d^Ësther.
NOTES ET MÉLANGES ' 1/i5
qu'alors personne ne lui avait défendu d'agir ainsi, il ajouta que
dorénavant il cesserait de prélever une somme quelconque pour
l'enterrement d'un mort, et il offrit au roi une très forte somme
d'argent. Assuérus fut étonné de l'intelligence de cet homme qui
avait su tirer, en quelque sorte, du néant des ressources impor-
tantes, et il le nomma son vizir.
On voit clairement que cette histoire présente des lacunes. Quel
moyen employait Aman pour se faire payer les 3 1/2 drachmes?
Pourquoi ne s'est-on pas plaint au roi de cette taxe inique?
Quelle a été la source de toutes les richesses d'Aman, puisque l'his-
toire ne nous apprend pas qu'il pratiqua longtemps ce métier?
Toutes ces questions soulevées par cette histoire prouvent qu'elle
n'est qu'un fragment d'une histoire plus complète. Cette dernière
existe encore, elle se trouve dans le commentaire de Joseph
Kimchi, qui la rapporte dans son explication relative à Genèse,
XLiv, 18. La postérité a laissé perdre le commentaire et a con-
servé cette histoire, que M. Neubauer a publiée dans Vlsrae-
litische Leiterhode, II, 178, de M. Roest, d'après le manuscrit
2343 d'Oxford, et dont M. le D»" Berllner a publié la traduction
dans son Mapazin, I, 21, et l'original d'après le manuscrit de
Rossi 166, de Parme, dans le journal hébreu nmTsïi (Berlin, 1881),
I, p. 81.
Joseph Kimchi, qui savait l'arabe et avait utilisé dans son com-
mentaire sur la Bible bien des ouvrages arabes *, dit qu'il avait
appris cette anecdote d'un arabe distingué. Pour justifier la répu-
tation de sagesse que Firaun a chez les arabes*, on raconte qu'un
indien très intelligent, ayant échoué dans toutes ses entreprises, se
rendit en Egypte, où il parvint à s'élever jusqu'au trône. A son ar-
rivée en Egypte, la mauvaise fortune continua d'abord à s'atta-
cher à lui. Apprenant un jour qu'on ne pouvait parler au roi
qu'une fois par an, il profita de ce fait pour se créer des res-
sources. Accompagné de gens armés, il s'établit au cimetière, et
préleva, pour chaque enterrement, au nom du roi, une taxe de
5 florins ; il perçut cette contribution pendant une année et s'ac-
quit ainsi de grandes richesses. Quand, au bout de cette année, le
peuple put aborder le roi, il s'enquit auprès de lui de la raison de
cet impôt. Comme le roi, qui n'en savait naturellement rien, allait
se fâcher, il vit arriver 500 jeunes gens et 500 jeunes filles de la
plus haute noblesse, qui lui apportèrent de l'argent, de l'or, et des
« Cf. TUrkavy, dans la Jiidische Zeitschrift de Geiger, V, 38, noie 3.
» û-'b^rTs^-'n ^'^-n^-û bnna ûtn pntû rtTibnp nn» m-^n ^b n«a» rtnyï
tïT»nso2 ûb^N nmriD N-^nï?.
T. XVI, N« 31. 10
Uo REVUK DES ÉTUDES JUIVES
pierres précieuses pour calmer sa colère : il accueillit alors avec
bienveillance celui qui s'était enrichi d'une si singulière façon, et,
plein d'admiration pour sa haute intelligence, il le désigna pour
son successeur.
David Eaufmann.
LES LETTRES L, M, N, DANS UALPHÂBET
D'après Juda b. Barzilaï ', de Barcelone, qui a commenté le Séfer
Yecira dans la première moitié du xii* siècle, l'alphabet hébreu
contient, entre autres idées profondes, un témoignage éclatant
contre un des dogmes chrétiens. Après avoir rappelé ce fait re-
marquable (relaté dans Sabbat, 104 a), que le mot qui, en hébreu,
signifie vérité se compose de trois lettres (n^N), dont la première
est le commencement, la deuxième le milieu, et la troisième la fin
de Talphabet, et que le terme désignant le mensonge {n'p^) est
formé de trois lettres voisines Tune de l'autre dans l'alphabet,
* Voir rîT'i:'^ nSD, éd. S. I. Halberstam (Berlin, 18S5), p. 146 : riP^tS SCDT
-i^^iD m\mN Nsn:3 nriN ^n mon b?T r::2Dnn tD-rpn m->mî«:r:} ba N3:nî3 .
i^yi inncn ina 'j-'nanTû i"»»'»:: inbiTi t3'':^ian m"»mN i^sd inb^a a-^nns
NTrnDi nNi:73':5 nrmxrj -1x^57:1 tStciz iN-'^ino lab-a nrn» i"z
bDO rrrin ny:^ Tiz'p n-'n iy:> ts-'HOs "^nnr qiD3 na-^-^n rnsb^a '1:^ ■
nabn nN ma-^r) «b» mDT nbiyjz r::y Nbïj '-^d in^ç o^obipa nr^yT:
«b ûnb v^^ n7:nbD hn» i.nnw>< OTobnpa rr'c:?» bDC •^d-i>"7 p-^kt
«■^nrjDT 1ND731 lî<^^ û-'-inN73 nnpb iiu:bm ansn ••ri ]rcb «bn 2rD
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';\\ [DN bN 1.] bwX tN irrn ûî< [bxb 1.] nb iw:: m-rnN. Au sujet de ra^'^
signifiant Rome, voir Zunz, Synagogale Poésie, p. 43; M. Brûll, Jahrbûcher^ vm, 180,
note 2 veut, à tort, voir œ dans le O'^SM.
NOTES ET MÉLANGES
147
comme pour montrer que la vérité ne peut être obtenue qu'à
— force de recherches et tJe combinaisons, tamlis que le mensonge
Hse présente au premier appel, Juda b, Barzilaï oppose à ces
pensées de l'antique sagesse, qui ont leurs racines dans Talpha-
bet liébreu, les absurdités que présentent les autres alphabets.
Voici textuellement ce qu*il dit : « Toutes les lettres hébraïques
sont arrangées avec sagesse et ordre, de même les lettres des
» autres nations, telles que les lettres des latins et d*autres qui ne
s'en servent pas pour la numération et en ont adopté vingt-trois,
qui sont empruntées à notre alphabet et à d'autres alphabets.
— (C'est dans ce sens que le Talmud {Pesahim, llSb) dit, en
parlant de Rome, que, dans le verset des Ps, (58, 31) : Résiste à
Vanimal du roseau, il s agit de ranimai dont toutes les actions
peuvent être racontées avec une seule plume, aest-â-dii^e que les
■ Bomains n'ont jamais accompli qu une seule œuvre méritoire, le
res[»ect des parents ; ou (d'après une autre version) Vanimal du
roseau signifie l'animal dont tous les actes sont transcrits par une
plume étrangère (1. nn«), parce que les Romains ne possèdent en
propre ni écriture, ni langue, et qu'ils les ont empruntées à d'au-
tres. C'est ainsi que nous lisons dans OiilÙK î^O a, que Rome
n'a ni langue, ni écriture, mais les a empruntées à d'autres peu-
ples.) — On trouve aussi bien des absurdités dans leur alphabet*
Ainsi, certaines de leurs lettres sont prononcées par la première
partie de leur nom. comme A et B, et d'autres par la dernière
partie, avec retranchement du commencement du nom, comme
m de emnir l de ell, n de enn^ s de ess, etc. On U'ouve chez
Ieux 2^ lettres, 10 d*un côté, 10 de l'autre et 3 au milieu, ell^
emmQienn^ parce qtie les inventeurs de leur aljdiabet ont tenu
à placer notre vérité au milieu de cet alphabet, afin de faire
connaître et de combattre le mensonge étrange qulls (les Ro-
mains) ont propagé en donnant à un homme le nom de Dieu.
C'est pourquoi ces trois lettres ont été placées au milieu pour
I réfuter leur erreur et proclamer que Dieu n'a pas de mère : eli,
emm, enu (L t^n cn b^)* »
Ainsi des gens de leur propre race auraient joué aux peuples
occidentaux le mauvais tour d'int*TCâler au milieu <le leur aï-
l»habet une protestation hébraïque contre la croyance au Fils de
Dieu. Il ne faut pas être bien perspicace pour supposer que cette
assertion est un fragment de controverse religieuse, ou plutôt un
de ces arguments pour rire que Juifs et chrétiens se renvoyaient
gravement dans leurs controverses religieuses. J*ai trouvé la
confirmation de cette hypothèse dans un manuscrit allemand
du XIV* siècle (Munich^ Lat., 4386, f. 75, coi 1) dont M. W. de.
148 HEVUE DES ÉTUDES JUIVES
Wattenbach a publié l'extrait suivant dans les Comptes rendus
des séances de TAcadéraie de Berlin (9 juin 1887, p. 521, nf 1) :
a Nota de judeo disputante cum clerico, et dicente quod vellet
ostendere ex litteris nostris, Deum non esse incarnatum, quia
iste littere se consequuntur : /. m. n; l significat Deum, m est
prima littera matris, n prima in non; 1. Deus, m. matrem, [n].
non, supple liabet. Set clericus respondit : h. i. k. précédera
istas, dicens quod h est prima in henke, i in Jude, h kenne, et
conclusit quod sic est accipiendum : Ilenke Juden Eennen cotes
o e ^
muter nut. Dilata. »
Dans cette relation on a oublié le principal, c'est-à-dire le fait
que les noms des trois lettres représentent des mots hébreux.
Aussi le Juif tire-t-il péniblement son argument du latin, où l ne
signifie nullement Dieu, et encore est-il obligé de sous-entendre
le mot a habet ». En hébreu, au contraire, el signifie Dieu, em,
la mère, en, il n'y en a pas. En outre, en allemand l'interversion
ûN bN* est possible, puisqu'on dit dans cette langue : Gotiesmutler.
David Kaufmann.
LE MOT TAVLE EN JUDÉO- ALLEMAND.
Tout le monde sait que, dans le jargon judéo-allemand, on dé-
signe Jésus par le nom de iaulCj avec l'accent tonique sur Tavant-
dernière syllable. Quoique Ton soit à peu près sûr que ce mot est
une corruption du mot hébreu "^ibn (prononcez tôlui, à la façon
allemande), il y a, entre le mot hébreu et le mot judéo-allemand,
une si grande distance, qu'on peut douter de leur identité. Nous
croyons cependant qu'on peut la démontrer.
Nous ferons remarquer d'abord que, dans le judéo-allemand, il
arrive assez souvent que la voyelle o, surtout quand elle est lon-
gue, se change en au. On a ainsi, dans le judéo-allemand, haul
pour hohlj Laun pour Lohn, waul pour wohl ; haulen pour holepi^
schau pour schon, sau pour so, Ih^aud pour Brod, Taud pour Tod.
Le môme phénomène s'est produit, chez les Juifs allemands,
dans la prononciation de l'hébreu : de l'a long hébreu, qu'ils pro-
noncent (5, ils ont souvent fait un au. En voici la preuve.
* Quant ù celte interversion en hébreu, comp. Zunz, LiteraturgeschicAte des iptû"
gogalen Poésie, p. 642-3.
NOTES ET MKLANGES t49
Corament dit-on on judt^o-allemand, qu*iiîi hommo ost pris de
vin ? Un dit : er is annule. Cette expression est «évidemment pour
l'expression allemande : er isi volt (ii est plein), le mot manie e^t
donc bien le mot hébreu etbi^, môle, transformé comme suit : le 6
a éié charp^ en au; raccent tonique, suivant une habitude fré-
quente de la prononciation judéo-aîlemandei a passé de la dernière
syllabe à ravant-dernir^e ; et enfin, ia dernière voyelle s'est es-
tompée et émoussée, au point de perdre toute couleur, et de de-
venir quelque chose d'indétermîm^ qtiî ressemble passablement à
Venvtei fraurais.
Voici un autre exemple K Le judéo-allemand dit pour un homme
emprisonné, er is taufes. Qu'est-ce que ce mot taufes (qui ne
lient être le nom nçr). sinon le participe passé d^xfi transformé
suivant la loi que nous venons d'indiquer : ô changé en auy accent
tonique dépïacé^ effacement de la dernière voyelle.
Ainsi s'explique aussi le judéo-aliemanil caioichcr, qui a tou-
jours l'ait djflicuîté. Ce n'est pas le substantif nas, mais unique-
ment Tadjectif nç3 transformé comme nous venons de Tin-
dîquer.
—^ L'origine du mot taule est maintenant claire et nous pensons
H qu'il est prouvé que c/est le mot iùlaL L'affaissement de la der-
nière syllabe s'explique suffisamment par les exemples que noua
■ venons de donner.
Il faut ajouter que, d'après Wolf, Biblioih. Hehr.^ II, p. 1444,
il y aurait eu des manuscrits du Toledot Jesu avec le titre do
tjbn nïîjr, de sorte que notre tanîe pourrait aussi venir du mot
hébreu Tbrr iota. Mais Texistence d'un pareil titre n'est pas
prouvée» à ce qu'il nous semble, et, dans les pays de langue alle-
mande, le mot rVp n*a pas ou n*a guère été usité pour désigner
K Jésus. It n'en a peut-être pas été de même en Espagne. Nous
croyons être sûr d'a%^oir vu, dans le Forlalituim Fidei^, la
transcription tola, laquelle, dans cet ouvj'age, ne peut venir que
H de srbn. Dans tous les cas, nous pensons qu'il est prouvé que taule
^ peut parlaitement venir de "«ibn.
• Il ne nous parait pas impossible que les Juifs babyloniens, à
l'époque talmudique, aient eu, en partie, les habitudes et les vices
de prononciation que Ton remarque chez les Juifs allemands.
Lorsque le Talmud de Babylone dit : rv'n ncD Y-'^ ^"^^^ ^^ ^^^'
que le mot a tout autrement de sens et de saveur si on déplace
Taccentde n:sr), et si on prononce la première voyelle de ce mot
• U nous a été fipnalé par notre rollobotttlour M, Abrohara Cahetj.
* Nous ne rclrouvoQS pas le ]jiii£>âgo pour lo mouietit
150 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
comme un o et non comme un a, de sorte qa*on a coresch^ cos-
cher. C'est celte prononciation qui a peut-être sollicité et créé le
bon mot. Ceci n'est pas un phénomène unique, nous pensons que
le désaccord entre la prononciation usuelle et la prononciation
théorique est Torigine et la raison de plus d*un des '^n'pn bu du
Talmud.
ISIDOBB LOEB.
UNE LETTRE ADRESSÉE A SALOMON AZUBI
Le travail de M. Dukas sur Salomon Âzubi, publié par la Remw
(XI, p. 101 et 252 ; XII, p. 95 ; cf. XII, 129), donne un intérêt par-
ticulier à la lettre ci-dessous adressée (de Carpentras ou de ces
régions) à Salomon Azubi, à Livourne. Elle est tirée d'un recueil
manuscrit de modèles de lettres fait à Milhaud et appartenant à
notre collaborateur M. David Kaufmann.
.CTa rrtt^i n»D ibofi bct: yntxr:
bbn rnso mis bnn n*^»^ ,32trp3 -^is-io br mnpnnn yn^
nsnn rr^sp rnm .ïdiVû ,N^op p t\ot -^n-iD û^n -^nir: •^T' ,rr:2n
•^mn "^br Tpyr": .cinnrrr m:n "^rsD "^nmpra iir-^pD •'nb ^bc: •»':?
nbma nbn^n^ n^brriD "^CNn ■♦n'^ nb ■♦b rr^rr Ninn ût^ "^rpo mna
m^bn 11737:73 .ï-rbD "pp -^ria-inD ■•icb ^cr» nb-^exi ï^pias £|tjî3
t^nn ncK yn«rr bs .-nrD t5 -î^dd ieen *î^n msiCTsi r-isio
tnann nb» "^j^Tscn "^rna t^bi "^napo t^b tn:^ "^d îrrb:? nci''
T^Ki riT:» y^iTi r-i2i5"»rî r-ianbo manb ;2k "^dct "•d û'^T'is û^p
f^bD"^n n^bna ms-^na "^r-^Ta nstîis bs nb ynxn:-! ynîtn bD r:?Tia
bnp nbna bip rrp:?as bnp n-^nîtn t)» :?"^nn T^r^m ni'^Dbnb d"^'*i53
K")73nnb îibiDD ûna:p73 nnbn imriTsn ï-rcoi nsiOD .n» bipa nbr
rrN73 -^b-^CD m^HTa r-innbi n-.nab ■•b:^ n"»n ûnmn nbx Kbipb «bi
«in b'ib hNbb istb nb» i-»b73 ■•nnnm "^n:?:» ba "^nso mcnx nrb
o"^-:n72 prn73n ciosn m^n^: "^^sn ^-^n ij^-^iiî^b -nrbbb t»<ibh mi
nn733^ •^nbns'' r<b -^d rtT ^n-n by n72N ''n72N ::cnp n:?nb n^ncti
nmrr rr^ni C3Ro in^n -^iv Tbn tnann "^a nnmrr ^»b^n "^îcb
^n-'b:? p-'T^n ^i b^n^-» n-^3 bs r-in-)i:b-i tonnatb '^"•« n33N"«o .îtttï
BIBLIOGRAPHIE
{La IktûHâ bibliographique est ajoitrnée au prochain numéro.
iAÊSBmu&v, Le iralli* de la Vie conlcmitlatfve et lu Qiiefttioii fie»
lii'raiicute», Paris, 1888» 65 p. (Extrait dû la Mevue 4e VHijyt0irâ det tê-
fioni] .
I
Dans ce mémoire remarquable» M. Massebieau expose d'abord le
plaQ du Traité de la Vie c&ntemplaiive et dêmoolre qu>il est com-
pose flvec ordre et méthode; il prouve ensuite que rauteur avait
surtout rinlentioD d'êlablir une comparai sou entre la vie simple des
Thérapeutes, consacrée eoUèreoQeot aux pieuses méditalioos, et
rexistencc briliaûle et luxueuse du monde romain, vouée à la salis-
faction des besoins matériels; eniiu, il essaie de montrer que le style
el loute la phraséologie du traité ne se distinguent en rien du style
et de la phraséologie des ouvrages de Philoo, îsous pensons que sur
ces trois peints M. Massebieau a parfaitement réussi. Mais est- il
8U«^si certain, après le travail de M. Massebieau, que les Théra-
peutes aient jamais récbement existé» et que le philosophe juif
d'Alexandrie soit Fauteur de ce petit traité?
Résumons, en quelques mots, la vie des Thérapeules telle qu'elle
est présentée dans notre Traité, Près d'Alexandrie, sur le lac Maria,
Tivent UD ceriain uombre d'bommes et de femmes retirés dans de
petites maisons entourées de jardins» assesi éloignées Ips unes des
autres pour que les habitants ne soient troublés par aucun bruit
des voisins, et néanmoins assez rapprochées pour que* dans un cas
d'attaque par des brigands, ils puissent mutuellement se porlerse-
eours ; chaque maison possède une petite pièce nommée semnium ou
mùnasUrium, où le solilaire passe son temps à prier, à méditer et a
étudier les livres sacrés ; on jeûne pendant la journée» et ce n'est
qu'au coucher du soleil qu'on prend pour nourriture du pain et de
Teau, les délicats y ajoutent de Thysope ; le septième jour de chaque
semaine, les solitaires se réunissent dans un grand semuinm, uù les
hommes et les femmes sont séparés par une cloison assez haute
pour que les deux sexes ne puissent être distraits par des pensées
152 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
mondaines, mais néanmoins assez basse pour que l'Ancien, qui
préside aux exercices religieux, puisse être vu de l'assemblée tout
entière* ; ce jour-là la nourriture est prise ensemble, mais elle est
aussi frugale que dans la semaine ; le nombre sept étant un nombre
saint, une réunion plus solennelle a lieu au bout de sept fois sept
jours, c'est-à-dire le cinquantième jour [la Pentecôte), où les prières
et les chants des hymnes sont suivis de danses et d'évolutions aux-
quelles les femmes, jeunes ou vieilles, prennent part; toute .Fannée
est divisée en de semblables pcnlecôles, ce qui donne de nou-
veau un nombre de sept, c'est-à-dire 7 fois 50 jours = 350. On ûe
nous dit ni ce qu'on fait des quinze jours restants, ni quel est
le jour d'où parlent les sept peutecôtes. On pourrait être tenté de
croire, en pensant à la loi juive, que celait le premier jour de
Pàque ; mais Tauteur nous dit que, pour distinguer le pain offert aux
Thérapeutes des pains azymes olferts dans un lieu plus saint, évi-
demment les pains de proposition du temple de Jérusalem, on se
servait de pain levé, ce qui, pour des Juifs, exclut la Pàque. Nous ne
parlons ni des vêtements que portent ces ascètes, ni du jeûne de
trois jours et quelquefois de six jours consécutifs qu'ils s'imposent*.
On comprend, tout au plus, que des individus isolés mènent une
vie semblable ; mais on croira difficilement qu'il y ait jamais eu
une grande réunion d'hommes et de femmes qui se soient voués à
de telles abstinences. D'après notre traité, les Thérapeutes n'au-
raient pas existé seulement dans les environs d'Alexandrie, mais
tout le monde civilisé, voire même le pays des Barbares, aurait pos-
sédé de ces monastères, et seul Tauteur de noire Traité en aurait
eu connaissance! Nous voulons bien, avec M. Massebieau (p. 64\
qu'il y ait beaucoup de faits historiques attestés par un seul écri-
vain; mais une secte aussi bizarre et aussi répandue aurait certai-
nement excité l'attention de nombreux moralistes païens du siècle
de Jésus-Christ. Or, personne n'en connaît même le nom, puisque
les Thérapeutes ne sont mentionnés nulle part.
Mais voyons la manière dont débute l'auteur de notre Traité; il
affirme ' que le tableau qu'il va tracer de la vie des Thérapeutes
n'est pas une invention imaginée par un poète ou un orateur ha-
bitués à embellir les sujets qu'ils traitent, mais une reproduction
fidèle delà vérité. Ne sont-ce pas là les paroles d'un homme qui
veut en faire accroire ? Les inventeurs de contes s'expriment-ils
autrement? Et surtout, un habitant de la ville d'Alexandrie, si
peu éloignée du lac Maria, aurait-il éprouvé le besoin d'afTirmer
que la société dont il trace le tableau était fidèlement repré-
sentée ?
* Il y a évidemment un schématisme dons la moyenne donuée pour la distance
des maisons et pour la hauteur de la cloison.
« D'après le Talmud Nedarim (j. 21 à ; b. 15 a), il paraît qu'on ne supposait pos-
sible qu'un jeûne de trois jours.
» Philon, p. 304, édit. Mao-ey.
WBLlOGriAPHŒ
153
A notre avis, le Traité de la vie coîiiempiative fait partie de cette
littérature pnr laquelle des Juifs helléDistes ont cherché à faire
pénétrer uoe morale plus pure parmi les païens corrompus de celte
époque, Oq connait le pseudo-Phocylide^ où un Juif ne craint pa?
de prendre le masque d'un idolâtre eu parlant des dieux*, pour
prêcher les préceptes du décûlogue. Le quatrième livre des Sibyl-
lins a pu, malgré les indices les plus évidents d'une origine ju-
daïque, être attribué à uu chrétien*. Notre Trailé a subi le même
sort, puisque Ëusèbe le coosidère comme Tœuvre d'un chrétien,
et, de notre temps, M, Graetz ^ a cru jusqu'à un certain point
devoir suivre l'opinion de révoque de Gésarée. Il y a certaine-
ment dans Dotre Traité un désir semblable de dissimuler la religion
à laquelle Tauieur appartenait. On y chercherait en vain le ooui
de /itî/ ('louîauK) ; le septième jour consacré à Dieu n*esl pas nommé
sabbat (lip^atov; ; aucune autre fête juive n'y est mentionnée, et
celle qui pourrait jusqu'à un certain point rappeler la Pàque, nous
venons de le voir, ne saurait être identifiée avec elle. Les liai nés
ardentes qui, à Alexandrie, régnaient entre Juifs et païens expli-
queot suffisamment pourquoi un déguisement pareil a dû paraître
mile pour la propagation des idées qu'on voulait répandre. Moïse
et les livres sacrés dont il est question dans le Traité étaient,
dans le siècle du Christ, parfaitement connus des auteurs non-juifs
qui composaient des ouvrages intitulés n^pi 'iou5»t<iw s,
Philon n'appartenait pas à cette catégorie d'écrivains juifs* Les
nombreux ouvrages dont rautheolicité ne fait pas doute sont rem-
plis de citations tirées des Ecritures, et partout il se montre fier de
la race dont il descendait. Le langage de notre Traité est celui de
tous les allégoristes, et ce qui nous est resté d'Aristobule contient
les mêmes images qu'on retrouve chez Philon et chez les Evhémé-
ristes. Une lois qu'on était entré dans celte vole, il n était pas plus
difficile de trouver un sens mystérieux aux mythes les plus oh-
scènes du paganisme qu'un sens caché aux divers préceptes du Pen-
tateuque.
M. Massebieau montre uoe connaissance intime des ouvrages de
Philon. n est à la lois théologien et philologue; et les deux ouvrages,
Tun sur la Chronologie des œuvres et de la vie de Philon, l'autre, Etude
(générale sur Philon^ quil nous promet à la fin de son mémoire, se-
ront accueillis avec satisfaction par tous ceux qui s'intéressent à
rhisloire des Juifs et aux origines du christianisme,
J. Di£»ENBOUBa.
> Voy. le PseurlO'PhocySidfl, édîu J. Berna y s.
» Peut-être r«uteur a-t-il traduit Intéralomeut le mot 3*1^1':? Jf.
» Vuy., eiilrô autres, E, Uenan, Originft du Chrixtiantitme^ 1\\ p, 163 et tuiv.
* Ge^thirKif é*.f Judcn, :î« édiL, IH. note 10, p. G'»8.
5 CaroUtis MuelUr, Fta^m$ttta hûtoricoruM grmforum^ II, p. 393 ut aulv. (Pscudo-
liec4ita>u$) ; lit, p. tm cl <uîv, (Alexander PolyhistorJ. Ut. Josèptie, Çmira Âpi^-
184 REVUE DES ETUDES JUIVES
Jastrow, m., a dietionary of the targniuiin, Ihe taliii«d babli tmé
yem^ihalml and the midraAhle literatnr. Part I. London : Trûbner;
New- York : Putnam's sons : pour rAllemagne, chez H. Reuther, Carlsmhe.
Avant Tachèvement de l'œuvre de M. Levy, si importante malgré
ses imperfections, il faut montrer une certaine méfiance pour toute
nouvelle tentative similaire. On peut réunir de nouveaux matériaux,
utiliser les manuscrits nombreux qui n'ont pas été suffisamment
consultés, approTondir la lexicographie talmudique, compléter ou
rectifier par des travaux de détail l'ouvrage de M. Levy, mais il se-
rait risqué d'entreprendre des travaux d ensemble dans ce domaine.
Pour toutes ces raisons, je n'ai ouvert l'ouvrage de M. Jastrow
qu'avec une certaine crainte, et, après un examen attentif, j'ai re-
connu qu'effectivement cette publication est loin d'être réussie. A
vrai dire, ce n'est qu'une compilation faite à Taide du dictionnaire
du Targum et du dictionnaire néo-hébreu de M. Levy. On n'apprécie
à sa valeur le zèle qu'a dû déployer M. Levy pour réunir ses maté-
riaux que lorsqu'on étudie les œuvres de ses imitateurs; et c'est à
ces derniers que se rattache M. Jastrow. Il n'ajoute au travail de
M. Levy que de modestes additions tirées des écrits de M. Lattes, de
VAru^ih de M. Kohut, du Tosefla-Olossar de M. Zuckermandel, de
VErech Millin de Rapoport, de la Géographie de M. Neubauer, et,
pour les noms de personnes, de VEinleitung in den jerusalemiscken
Talmud de Frankel ; ce dernier ouvrage même n'a cependant pas
été complètement utilisé, et il manque des noms de personnes. A
côté de ces additions, on trouve un petit nombre d'explications de
mots personnelles à l'auteur et exactes, qu'on aurait lues avec plaisir
dans un article de Revue, mais qui ne sont pas suffisantes pour jus-
tifier la publication d'un volumineux dictionnaire, qui doit com-
prendre près de 2,000 pages in-4.
M. Jastrow se contente le plus souvent de reproduire les citations
de M. Levy, montrant par là qu'il n'a pas lui-môme réuni de maté-
riaux. Nous le louons cependant d'avoir rectifié sans le faire remar-
quer les citations de M. Levy, adopté les corrections proposées par
M. Lattes et, au lieu d'indiquer par la page du Talmud les mots em-
pruntés à la Mischna, de montrer que ces mots sont mischniques en
désignant le chapitre et le paragraphe de la Mischna où ils se trou-
vent (ce qu'il oublie cependant quelquefois, par exemple, p. 39, L 6
d'en bas). Il faut également reconnaître que M. J. a lu très attenti-
vement le dictionnaire de M. Levy et qu'il a eu soin d'intercaler à
leur place alphabétique les diverses lectures que M. Levy indique
quelquefois pour un même mot.
Un certain nombre d'articles paraissent nouveaux, mais, après
BIBLÎOOnAPHlE
155
ameti, on reconnaît qu'ils traitant de mots bibliquf^s qui sont sim-
picmcût cités dans la litlératore lalmudique, sans être des mots
mischniques usuels. Relevons, entre antres, et ces mots sont déjà ci-
tés en partie, par erreur, par des lexicographes précédents : ^?^*T7K,
tn^H. riDi», cipbÈf* np3S«, iio», ''in«, Iran, û'»:2ï*, rip^^, p», pour
Kîît aussi, le passage de Snk., 111, y, nVsL qu'une citation biblique.
Par contre, le mot *i^0{** qui n est justifié que par des exemples de
faraméen biblique, aurait pu Tôtre par un passage de MeguilL An*
■hoSf 2 [Bei kamidr,, VI, 4).
bici des explications et matériaux qui sont de Tautenr lui-même
et qui méritent Tattention : 21 b, 45> la conjecture 'j'^iiî* pour T^rs'icî,
T. Jifaas., I, 4. — V-p-^siK. oîtîcialis. — Na^'Diao-'BtT ^b^i2, Eutk 7\,
I, 8, corrigé en et::*'72'^:2î« Nn^bsiTS, correction qui se trouve déjà chez
Vni. — o3 a, le mot imTioki'cn^, détiguré par diverses transcriptions, a
été parfaitement reconnu; ridentiûcation de '(i«'^mDi2D« avec û^ctpiov
el de V^''^'^^^''^ avec o'^^aoTtirr^î paraît également juste. — Dans
Dro^ibini:», Tauleur voit * «iv6po>if3|jt6ia, îdeniitication dont it parle
aussi dans l'iûlroduction. — "'S^zs:», ctri^rixr^ f?). -^ 1i"i3'^:ï«» H^io-
•ytiûov (?j. -^ \^^uk:^zh, equestris (?). —On n*approuvera pas i'identili-
calion de ÇuXa (au lien du mot scafa, admis jusqu^alorsj avec «Vpo»
[c'est ainsi qu'il faut lire avec Schièbùii àaléAél^p. 83, éd, Buber> au
lieu de Kb?**D, Tosefia Saèà.,Xlll, IM, 5, où M. Zuckermandel, diaprés
la Miscbna Satfb,, Wl, 8, a la variante [^^o] ou N^^DSt; daas T. Baba
B., IV, 402» 31, Baba Matra 73 a, on trouve aussi ces passages
avec p].
Les étyraoîogies proposées par M. Jastrow sont bien aventureuses.
Notre auteur remporte certainement par sa méthode philologique
sur réditeur de VArtikà, mais il donne quelquefois des etymologies
i|ui le rapprocheol de ce dernier. Qnelqnes exemples : Pour r::3î«
t3:3 l^oâ, corap. pa ; yiH : V^, ^'\» et ^^iî* : KîS = n«; o::» • Sr^si,
comp. yi^^^ Pour !3"'3n3N, il dit, à titre d'hypothèse il est vrai» que
c*est û^st^D'^j:) H- nax. Il est étratjf^e d'expliquer ^^nsp V^^** V'^^
c ihe cissaros blossom ! » n:i« Inà) est mis en corrélation avec o^îjt
lysusK;; «nniTS* est comparé à lort avec le mot syriaque «73n «nr-n»
aleyonimn. Et a quoi bon cette hypothèse singulière que Dibpsi» est
peut-être ocellus?
\X^''»,la%che, et non pas rùstau,^si défini à tort de la façon sui-
vante : caïamus^ a reed med for writing, ahn de pouvoir l'identifier
avec te mol biblique uy.
On remarque avec plaisir chez M. Jastrow une réaction contre la
tendance à faire dériver trop de mots talmudiques du grec ou d'au-
tfes langues étrau gères. Dans son introductiou, il dit qu'il poursuit
dans son travail tt to Ond the grammatical laws uoderlying ibe na-
tural developement of the hebrew and cbalduïc languages », mais il
dépasse souvent le but. Il dériva* rociît de t|*:î2 wiih formai, T or 0
(tandis que M. Noeldeke u parfaitement prouvé que ce mot est d*ori-
156 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
gine persane), rb::^ vient, d'après lui, de bba, et Kiarx serait r^;>M2
de tw ou la contraction de Ninn \ En général, Yispeel, dont M. Jas-
trow a déjà parlé dans un article spécial d'une Revue, joue un trop
grand rôle. «baOK ou Kb::^K viendrait de bb:a et ne serait pas owXti,
parce qu*il existe aussi en mandéen, comme si cette langue necOQ-
tenait pas également des mots grecs ! Staçu^ivoç est sans doute Vis-
peel de bsa, o::20'^k Vispeel de 0*^3, et non aceevr.ç. Le mot o-isD»,
identifié avec a»upov, est Vispeel de ons, nN-'bDDî*, qui d'après Sachs,
Beilràge, 1, 469, est 'aa^tt^etot, serait Vispeel de «bo ; NbnaD*^» = élabU^
été heureusement omis, sans quoi il serait devenu un ispeel de bao.
n'^abcON (en syriaque «■♦sbcOK = «ntXr.viov = eiiî:>a<xTpov) [Sabbat^ 49, 2;
Tos, Sahb.,1, 414 48;V, 416, 45, 48, 19; T. Pes.Al, 458, 14; T. JTtï., V.
80, 29 ; T. Mikv., VII. 660, 27; T. Kel. Bb.^Yl, îi96, 26-30. '»:nbsc»,
d'après R. Schimschon, doit être également lu ainsi — Sifra^ Bekar,
406 c, Weiss. — Plur. riN-^rbcSN — mentionné par Lattes — T. KeL
Bm., II, 580, 20, où Maïmonide, éd. Derenbourg, p. 445, a le singulier],
devient rr^sj^bcOK ou rf^abnoN et est considéré comme Vispeel de :?b3
ou -^bn I
ntON, ^%b'{S}^nhedr., 106 a, iroN T^i^-^b). est considéré comme une
glose postérieure, pour qu'il puisse être identifié avec Aewv loaupoc,
idée qui, dans la lexicographie talmudique si riche en singularités,
n'a pas sa pareille 1 Pour la participation des Juifs à Ticonoclastie,
notre auteur renvoie à Sachs, jî«7râ>^, I, 78; mais dans Sachs on
ne trouve qu'une simple hypothèse relative à l'origine d'une prière
qui pourrait dater du temps du mouvement iconoclaste.
DnanrO"»» est mal rendu, p. 56, comme chez les autres lexico-
graphes. Ce mot, dans le Talmud, ne signifie nullement asperge,
mais a le sens du grec acrrapayo;. qui est traduit par les dictionnaires
grecs : la jeune pousse de diverses plantes mangée comme légume.
Parmi les espèces mangeables du aTirapaiYo;, Gallien nomme en pre-
mier rang le a^Tcapavoç du chou, xpaji^T), appelé germe du chou, c'est ce
légume que la Mischna désigne par DisncD'^fi^ {Nedarim, vi, 40, T^De-
mat, IV, 54, 7 ; T, Nedar, III, 279, 5); quiconque comprend ces pas-
sages verra que dans la Mischna, le mot en question signifie exclusi-
vement germe du chou, cyma. La boisson d'asparagus est également,
d'après Texplication authentique des gaonim, du vin fait avec des
choux en germe (V. Pflanzennamen, p. 52, et û'^3ifi<5ïi maion, éd.
Harkavy, p. 496) : NnpDrr Nirsn nn» bi:iy -.m mnsa 'c» ■•s jm
iD^Dn Tina-i i-^-^n tjnna n:tît3 T^ruTai - • • osncoî^.
Malgré les soins qu'il apporte dans ses comparaisons avec le grec,
notre auteur a néanmoins commis sur ce point un certain nombre
d'erreurs. D3nnN, qui répond, comme dit Fleischer dans le diction-
naire Levy, I, 470, 283, au mot arabe DN:nr (V. Arukhel R. Cha-
nanel sur ce mot), est, selon lui, pajivo;, ce qui est absolument faux,
d'autant plus que ce mot j^rec a le même sens que Taraméen K12».
Ktaan. Par contre, bsn^K, qui est certainement d'origine étrangère
[Schek,, 5, 2 ; T. ScheL, II, 477; T. Jorn., 1, 480, 25; .yt/H, I, 416. Ua,
BÏBLIOGKAPHIE
m
riedm.; Lékach toh, Korah, p. 23i; T. Eoray., TI, VlW, "29, Levy, m,
>3J est tirô do Y'^ P^^*" ^ '^^^'^- t^'^î** Perles, Eiym. Siud., <06, Nt3l-
deke lit, Centralèlait, 4875, p* 876 : âmârkar; Lagarde, Semiiica^
KP 451,
Notre auteur fait peu de comparaisoas avec les langues parentes,
^est à peine si de temps à autre on reucontre uae réminiscence
ssyrienne, un renvoi au dicLioonaire syriaque ou à la grammaire
mandceono de M. Noldeke. C'est ainsi qull omet de comparer
KS731N avec ie syriaque K^tT^n^^, et Nîsaftï avec le syriaque «sd:?*
Il me reste encore un reproche très important à faire à Fouvrage
de M. Jastrow, Il a déjà élé dit, plus haut, que M. J. s'est contenté
^oie citer les exemples trouvés dans d'autres lexiques. Jusqu'à pré-
fpeul, l<*s auteurs de lexiques talmudiques ont cherché, à l'ioslar de
VÂrukh, é éclairer par des exemples et a expliquer le sens des mots
rares et difficiles du Talmud^ de sorte que leurs dictionnaires sont
plutôt des recueils de raretés que des listes sérieuses des mots con-
tenus dans la littérature talmudique. Il en résulte que les mots de la
niisclma ne sont cités qu'eu petit nombre, quand, au contraire, un
Ees devoirs les plus importants de la lexicographie talmudique
erait de montrer le nombre de mots bibliques encore eu usage du
tmps de la mischna et la part de bon hébreu conservée et utilisée
uaDS ce recueil Toute cette partie de lexicographie a été constam-
ment négligée, parce qu'elle ne permeliait pas de comparaisons in-
Kénieuses avec les langues étrangères, comme les termes obscurs du
almud; le ^l:^^«rT (livraison I-V() de Fiinne a commeiicô à réagir
contre ce système. Prenons quelques exemples : Pour bsK au hU-
pael, le dictionnaire de M* Jaslrow ne cite, à lexception d'un seul
passage, que les exemples donnés par M. Levy et M. Lattes dans
^fiuoto sagfio di giunie e correzioni al kssica taîmudico [Um-Fkis-*
Hp!Â<fr), Roma, 1881, p. 6. Les exemples pour un mot de la miscbna no
Hlevraient pas être choisis dans le Tanhûma et le Pesikla, mais dans
"des documents pljs anciens; par ex,, b3«nn se trouve dans T. Soia,
XV, 3ii, i2, b^^nrîb; ib, 323, 2, bnxnTon ; T. M. KcJ., Il, 231, 2,
^^3Hn'> ; pi. Sanh, G, G, t'^'^nxnT^ ;j. M, Kat., IIÎ, h2 rf, 7i-7i. M y a
Haussi trop peu dVxempies pour ba», on aurait pu citer : M, Kal.^ 2,
Mê ; T\ Taan., Il, 217, 3 ; IV, 2i0, i — bnîtn rr^s T. Bb,, YI, 40G, 11 ;
^T. Meg., IV, 226, 15. *6; T. Nid,, IX» 65Î, 34, etc. — ij», 3, on aurait
.pu citer T. Saùè,, lY, 1!3, 16; V, 116, U; T, MaV, VI, 658,22;
■cn.Ni, Hihl. T, Mikt,, III, 655, 29, d-.TQ-'T^n; ts-^^KTa T. Kd. Bk.,
pïl/m, i, 5; T. Para, II, 631, 26; T.Schabb., YIII, M\, 2, Pour
un mot comme ans, M. J. se contente des exemples de MM. Levy
et Lattes, Ce mot se rencontre trt;s fréquemment, il est donc néces-
saire d'en citer des exemples caractéristiques. Sans songer nulle-
ment à établir une Concordance du Talmud, il me semble que,
pour cette racine, il faudrait mentionner les passages suivants :
3nK,/. Snk,, II, 20 c, 29; arrit, T, BL, XI, 4U, 17; B€r,y)ia\ Eruk,
158 REVUE DES ETUDES JUIVES
22^; Pes., 413*; Taan,, 2i a; Jeb.y 62 b; Afenah., 65 a; Ab., 6, 6;
Snk,, ilb\ Bm, 32 * ; Der. Eréç zutta, IX. — iarj», opposé à léCio,
T. Bm,, II, 375, 11; Ab. z., 4*a, 35 *; Ab. de R. Natk., XXIII «,
p. 75, Schcchter. — A côté de 1:30. T. Ab. z,, III, 464, 22; à côté de
imnp, j, Joma, II, 39 rf, 9 ; à côté de "^anix, Ber:, 32a.— û'^nmx, Aboi,
2, 3; Mech,, Bo., V, p. 5, Friedmanu ; opposé à 1"»n:TO, T. i^<-
na^., XIII, 534, 2; Pes.y 113 *; Meg,, 16 a; opposé à û'^n-^iK, Kidi,,
30*. — ramî<?, Jom., 7, 4; T. /^o»t., IV, 189, 13. — am« — airw,
SifrU II» ^21, 99a, Friedmana; Mech,.» Misp.y II, p. 76 b, Friedm.;
Kidd., 22a. — ainN, ^^r., 17 a, Ab., 6, 6 ; nann», />^^., 118 * ; û'^ain»,
Taan,, 20 a. — Ilif. f^a'>nK):rî, Sifri, II, i7, p. 83 a, 25-27, Friedm.
Pour l^iK, les exemples soat cités d'après Laites, Saggio, 36 : T.
Kel. Bm.y IX, 688, 14 ; opposé à l'^Dn. Il y avait encore à menlionner
deux passages du Glossaire de M. Zuckermaadel, T. Mikv.y VI, 658,
23 ; VII, 659, 33.
ni» (daprès Levy), Nifal : T. Taan., II, 215, 19, Var.; Joma, 8.6
(Latt., Mise. post.)\ T. Jom., V, 190, 3.
'X. Exemples iusuffisants. Voir Erub., 5, 9 ; Naz.^ 5, 3 ; Jeb.^ 1, 1 ;
Sifra.td, 5, Weiss; i^ota, 8, 1 ; Bm., 5, 3; Snh., 4, 5; 6, 2; Ah. z., 3,
4; A*., 2, 1; — à Télat construit, n^DCN '», Pes., 7, 2 (i/^»., 11, 3);
Schek., 31 ; Sota, 5, 3; Schebuot, 3, 8; Zeb., 1,4; ^^cA., 2, 6 ; 9, 5; 7.
Pes.. V, 163, 10; T. Soi., 322, 22; T. Oit., 331, 26 ; T. Snk., 429, 42 ; T.
Kel. Bk., 573, 18.
^'OEK »» se trouve en trente endroits de la Mischna (y compris la
Tosefla).
Je donne ces exemples pour prouver combien il était peu néces-
saire de s'en tenir aux citations de ses prédécesseurs, si on avait
fait des recherches préparatoires pour composer un dictionnaire
talmudique.
Encore quatre exemples :
rra\% T. Schabb., XIII, 129, 9;Sifri, I, 42p. 13a, ^3, Friedmann.
1»N. On trouve chez M. J. quatre passages du Talmud et un pas-
sage du Midrasch, d'après M. Levy. Voir encore TON, T. Erub., VI,
145,4; T. 7mwr.,I, 551,31. ûnmN. Arac^., 8, 7; iVa;:., 1, 6; ^/t., 8, 1;
T. Bk., \, 346, 2'J ; Mak., 1, 1; T. Mah., I, 438, 32.~'mN l'nttlwX, Pea,
5,1; r. Git., 7, 3 ; T.Arach., III, 545, 32, 33. V'^IN — nmTON, Mak., 3,
1 1 ; r. Mak., IV, 4l:i, 21 ; V, 444, 26-32 ; 445, 2-3. — iniTON, Snh.. 9, 1 ;
j.Snh., IX, 27 a, 40-50; Naz., 9, 4;;. Naz., 58 a, 17-26; T. Bk., IX, 363,
22 et note. — ton\ T. Arach,, III, 545, 33.
I^n», ouvrier. Au lieu de prendre les exemples donnés par VArukk
et M. Levy, on aurait pu citer : Beza, 1,10; Arach,, 6, 3 ;;. Sabb., II,
3^, 25. 31 ; XIV, 14c, 15; j. Joma, V, 42 b, 13;;. Schek., IV, 483.8;
Schebiit, lJ,6;j.Af. Scheni, 1, 52 rf, 27, 29 ; — 'n O-^-nn», T. Ab. z., IV,
467, 20; b. 34 b. — 173-|«, opposé à ai-^Tn, if. Za^, 1, 8, 10 ; Kel., 26, 1 ;
T. Bk.. 367, 17. —Opposé à rr^arr b^a. r. .ffw., VII, 387, 10-14; X, 394,
4. - '« n-»a, />«f., 4, 7 ; r. ^<jAaW., XIV, 131 , 16 ; if . Kat.y 2, 4 ; r. «..
BIBLIOGRAPHIE 1»9
X. 368, 24 ; Bm., 2, 2 ; KeL, 5, 4 ; T. Kel.Bh., I, 591, 22; T. Kel. Bk., IV,
573, 48, 25, 27 ; — opposé à n-'3n hy'i n-in, T. Mikv., VI, 639, o-8 ; —
comme adjectif: 'K n^"»», T. Bm., XI, 395,21; 'X nna, T. Bez., III, 205,
49 : \s oaiD (w), r. iS:^^ -ff^., I, 590, 36 ; 'fi< -ib:;b, Schabb., \ZZb\ 'N kdti
(medicus artifex, Lattes, Saggio, p. 52\ 7. (?i^, IV, 328, 2 ; T. Bk., VI,
355, 24; T. MaL, II, 439, 28 ; Bb., 21 a; — Pluriel, pîaiN, j?«r., 2, 4 ;
Bk., 9, 3; 5/»., 6. 1-2 ; ^^., 3, 3; T, Bb,, II. 399, 32; Aboda zara, 5, 7;
Tohor., 7, 3; — siguifiant les ouvriers du temple : Sckek., 4, 5-6; T.
Sehek., II, 176, 12; r. if<îi/a, I, 558, 29; Tarn., 7, 1; Mrf., 4, 5; Kel., 17,
9; T. À>/. 5^., 11,591,39;— d'Alexandrie : T. Joma, II, 184, 1,12; j.
III, 41 a, 41-54; 7. Arack., II, 544, 21-23. — pw^n 'DV "^^xanN, r. iSTa^.,
111,238, 21.
no^'N, comme désignation d'une monnaie. Exemples (donnés d'après
M. Levy) très insuffisants. Voir Sckebi,, 8, 4; Maccs,, 2, 5; if. Schéni,
4, 8; r. Pm„ III, 377, 8-9-25 ; T. Bb„ V, 405, 20-21 ; Schebuot, 7, 6. 'Kl
N. Scheni, 4, 3. '«a, Maas,, 2, 5, 6; M. Schèni, 4, 8; Arack., 8, 1; ^r«^.,
7, 10. 'Nrr — 'ND, Bb., 5, 9. 'N5, Bk., 8, 6; ^W., 12, 5. NSn, r. ylracÂ.,
II. 544, 27. 'fi<b, r. -ff^., V, 405, 20. VrjWïl nO'^Kn. Kidd., 1 ; i.I, 58 rf,
30 • 'awn '«D, ^î/Z., 3, 2; T. HuL, III, 50i, 21 ; T. Becàor,, V, 540. 4;
mkv., 9, 5. — Pluriel, in^"^"^. ^»«-, '^, ^ ; T. Bb., V, 405, 21 . — mnO^N
(omis:. Pea, 8; T. Schebi., VI, 70, 9; T. Bm., III, 377, 22; Beckor., 4, 5.
Quelques observations, pour finir.
P. 2 a, 15, cuscuta, lis. cucumber. — 3^, U, KiL, III, lis. VIII. —
Jb,, 29 : Eupatorium, lis. Plantago —4a 5 d'en bas, y a rayer. —
5ia, 8.0, lis. 81. — 8fl, 26, IV, lis IX. — 13 b, 5, « except. Syr. », lis. à
lexceptio7i du dialecte syro-arabe, — 17 b, 10, VII, lis. VIII; 19 a, 46
d'en bas, I, lis. II. — 20^ 6, «bnN ne signifie pas aloes. — Ib., 17,
624, lis. 62.i — 23 a, 5, lîl, lis. II. — 34 a, 21, V, 6, lis. IV, -1^. —40 a,
manque l'arlicle MT^nN auquel on renvoie ^«^ ïiT'nîî. — Dip'^::s''i<, 58 b,
est lu par M. Jasfrow Vp^or» {Tankiima Vayesckeb, éd. Buber, p. 2);
ce mol, comme l'a reconnu MordUnann, répond à oi^ix'.ov, obsequium,
la suite du roi (Oes terre ickiscke Monatsckrift filr den Orient^ 1886,
p. 116^.)
SiegediD, 6 janvier 1888.
Immanuel Loew.
f^>l
RETUE DES ETtDGS JLIVES
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
Tome XIII, p. 208. — Dans le -^a r3, section da litael dite jrs-^'p'i
(édition de CoDslanlinopIe, 1519, 4^ sans pagin.)^ nous sTons tioni
imprimées deux poésies ritaéliques de Toffice da soir de Rosdi hë-êdutà
que nous avions supposées inédiles : 1** celle qui commence par les Mil
D^n23 ^:i~» ; 2** y^iz» y^jz- Ce texte est imprimé après loffice de Eçpov,
et Timprîmcur, sans justifier ce déplacement, se contente de dire : 7QTB
TSnpr CCC B'y» n:n ly- — Malse Schwab.
Tome XV, p. 297. — Le mot (Nj^în"», qu'il faut transcrire en françeis/rib.
se retrouve sur une pierre tumulaire à Dijon, et avait été la patr M. lerabbit
Gerson [Revue, IV, 23) : Yvette. Notre nom n*a rien à Toir «tcc le nm
de femme m::^'^» mentionné dans les Consultations de Jacoh Léri, n*55.
Cf. Zunz, dans son opuscule Namen der Juden {GesammeUe SckrifteUy t n,
p. 49}. Dans notre nom écrit fictsfi^l'^» soit à Mantes, soit à Dijon, le premier
M ne saurait ôlrc annulé, comme il le serait par la transcription Jutta, que
propose le journal Melitz, au n® 13 de cette année, en se référant à l'hypo-
thèse de ZuDz pour un nom d'une orthographe diâércnte- — Dans un contrat
hébreu du xiii^* siècle imprimé dans la récente publication de M. DaTis,on
retrouve le môme nom de ô<::nts. — Sch.
L'orthographe du nom de Kwi(*1^ est maintenant assuiée, il n*en est pas
de même de la prononciation de ce nom. Icette nous paraît impossible, il
faudrait Nis-^n*^», ou au moins NCa-^VN. Tout au plus pourrait-on supposer
qu'il faut lire Jivetle (voir Revue, I, p. 08). — /. Loeb,
Le gérant,
Israël Lkvi.
VERSAILLES, IMPHIBIERIE CERF ET FILS, RUE DUFLESSIS, 59.
LES MONNAIES DE SIMON
DU TEMPS DE LINSURRECTION DES JUIFS SOUS ADRIEN
La îiiimismatique juive, ou même la numismatique en général»
l'a pas encore pu résoudre le problème que soulèvent les mon-
[taies appelées monnaies de Simon et dont on trouve de nom-
eux exemplaires dans diverses collections '. Presque tous les
iumismates les attribuent, avec M. de Saulcy, à Tépoque de Bar-
Bokheba, et ils les désignent même sous le nom de monnaies de
9arcokheba. Cette assertion est fondée sur une tradition conservée
lans le Talmud et diaprés laquelle il aurait existé réellement des
lonnaies de Barcokheba ou de la révolte : p lias inîjTû 7X2*.^
l'^'ï^^. Mailla difficulté est d'expliquer quel était ce Simon ; on a
[>rétenclu que Simon était le prénom de Barcokheba, mais rien
n'est moins prouvé. De plus, si les monnaies de Simon étaient
identiques aux pt^itis m:??:, elles devraient porter le nom de
monnaies de KoKîba, ou la tradition lalmudique devrait mention-
ner aussi des p^?:!» ba puk. Il est à peine besoin de faire re-
marquer qu'il n'e^t pas possible d'admettre que, pour frapper des
monnaies sous Barcokheba» on se soit servi d'un ancien coin por-
tant le nom de Simon et ayant appartenu à Simon Macchabée ou à
Simon hén Gamaliel ou bien à Simon bar Giora. Ce coiu n'aurait
pu être conservé que par un miracle à travers tant et de si terri-
bles catastroplies. Du reste, la légende des monnaies de Simon est
en partie difl'érente de celle des monnaies qu'on peut faire remon-
ter, avec quelque raison, à Tépoque de la première révolte des
Juifs.
Les monnaies dont nous nous occupons ici présentent encore
tine autre difhcui té, à laquelle len numismates n*ont accordé au-
' Pour évii«r kn rép^Lition^, nous nmoyous à Maddeo, Nnmismata Orienfaliûf
][,|}, 233 elBuiv.
T, XVI. ^" n. H
162 R£Vl E DES ETTDCS JCITES
cune attention. Plusieurs d'entre elles, malgré leur ressemUaiice
avec ie^ autres, portent le nom de ttc (dans les coUectîoiis de
MM. de Saulcy, de Vogué et Reichbardt : Yoir Madden, o* 11, 1^
32 '36t. 11 ne semble pas que ce mot soit une abréTialion def^T^i
car tous les exemplaires de ces monnaies préseoteni une soriaoe
f^uffijïaDte pour contenir ce nom en entier*. H. de Saulcy afiit
bien remarqué ce mot de rie et accordé que ce n'était pas l'ahré-
▼iation de yr^-z ; d'après lui, ce serait le commencement du credo
bwrrz^ T'yz * : c'est Texplication d'un commentateur aux abois; le
mot 7'z'Z de nos m'jnuaies représente certainement un nom pro-
pre, mais lequel 1
Peut-<^tre faut-il chercher l'explication du nom de arrc et même
de celui de yt^'z, gravés sur de nombreuses monnaies, d'un tout
autre c^jté qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour. Il faut admettre
comme certain qu'Adrien a^ait autorisé les Juifs à reconstruire
la ville et le temple de Jérusalem. Ce fait est attesté parla
tradition juive et par des auteurs chrétiens. D'après Epiphane,
Père de l'Eglise, né juif et qui a vécu en Palestine, Adrien aurait
confié au traducteur Âkylas la surveillance des travaux de res-
tauration ^, et, s'il se trompe sur le nom du surveillant, c'est on
simple lapsus. L'épilre de Barnabe S qui est de Tépoque d'Adrien,
montre encore plus clairement que les Romains, qui avaient détruit
le temple, le firent aussi rebâtir. A ce fait s'en rattache an autre,
c'est que deux frères, Julien et Pappos, déployèrent un zèle extra*
ordinaire pour la reconstruction du temple : ils établirent des
échoppes de changeur depuis Ptolémaïs jusqu'à Antioche et recueil-
lirent des souscriptions pour payer les ouvriers *. C'étaient les deux
personnages importants; un document, qui est du temps oii ils
subirent le martyre, les appelle a l'orgueil d'Israël^ ». Ils étaient
d'Alexandrie ou môme, ce qui est très probable, ils descendaient
de Tarabarche Julius Alexandre Lysimachos, qui a vécu au temps
de Caligula et de Claude ; hypothèse qui semble confirmée par le
* (loiriparer l'exemplaire publié dans Revue lies FfUiles juives, XV, p. 59, n* 4.
* De Saulcy, Mdanijet de numitmatiçue^ 1877, p. 89.
• [à *A5;>iav6;) xaOi«jTr,Tiv avTÔv (tôv 'AxvXav) toî; épyoïç r^; noXeo*; xxivyMxwt,
♦ J'JjjïUf de BaniabaSf chap. xvi : èy/tôxaTE ôti (laTaîa ifj iÀTîî; aùrùv. IIcps^ "ifo-v
).i^i\ : \Wj oî xaO^Àôvxe; tôv vaôv toOtov, aÙToi aOràv otxoSo(irjiTOV(Ttv. yivcTai. ^'.i
^àp TÔ 7ro).f|i,giv avTOv; y.%hr/^ihr^ Onô Tùiv i'/Hod^. vOv xal aOroi x«l bi tiôv iyh^in^
\iT,rt;,ix7.\ àvoixoooiirjTOvsiv avTÔv.
' Midraech sur Genèse^ chap. lxiv ; ri^b'a ÏI^IU X'^ïTI \2 3^01ÏT^ ^Dl ^t'^2
ûD-ii: bsi nnn vp-D nbis 'b^yh l-^pco): vm.
• Sifra, sur "^mpH^ à propos des mots C::t:^ \y^y, dit : t3ÏT3 Û'^K-lïl I^K
mam ■•mSODbN ClS^-^bV^I OICD lias bK-io-» bO D:i»:i; H faut lire mm
doute n-^HK •^mso^b» o-i:N"^bnb.
LBS MONNAIES DE SIMON
ie3
I
I
I
nom de Juîianus Alexandre. Ils auraient étë mis à mort pendant la
« guerre de Quietus », mais ils furent sauvés par la destitution et la
mort de Quietus, et, en souvenir de leur délivrance, le 12 adar fut
considéré dorénavant comme jour féri^j* On peut bien s'imaginer
que si les Juifîi voulaient obtenir d'Adrien le droit de reconstruire
le temple, r/est Julien et Pappos qui devaient conduire les négo-
ciations, ils jouissaient d'une grande considération et parlaient la
langue grecque. Lorsque Tempereur, après la mort deTrajan, vint
séjourner quelque temps à Antiocbe, ils étaient tout désignés pour
traiter devant lui cette question si importante* Une fois Tautorisa-
tion obtenue, ils établirent des tables de changeurs pour la col-
lecte des dons et le change des monnaies olfertes, et probablement
Us furent les trésoriers de Tœuvre de la reconstruction*
Il est également certain que Julien et Pa|4>os ont survécu à la
guerre de Betiiar et ont été faits prisonniers Inrsde la persécution
religieuse dirigée par Adrien contre les Juifs D'après la tradition,
le tribunal institué par Adrien ou son lieutenant aurait demandé à
Julien et à Pappos, dans l'intention de les sauver, de faire sem-
blant de boire du vin des idolâtres en buvant de Teau dans une
coupe de couleur *. Circonstance qui témoigne de la considération
qu'insidrait leur situation importante. Les juges espéraient que
l'exemple donné par des personnages aussi considérables engage-
rait la foule à déserter le judaïsme. Mais, comme ils ne voulaient
pas, même en apparence, violer leur loi, ils furejit exécutés, et leur
martyre produisit sur leurs coreligionnaires une impression si
douloureuse qu'on abolit le jour de Trajan, qui avait été institué
pour commémorer leur délivrance antérieure ** Ces deux martyrs
portent un autre nom dans le Talmud babylonien ^, ils sont appe-
lés : « Schemaya et son frère » ; mais ce sont certainement les
mêmes personnages que ceux dont parle ïe Talniud de Jérusalem,
Tun d eux, Julien ou Pappos, portait donc, en outre, le nom de
TVTfZ'û* Cette conclusion est confirmée par une étude comparative
du passage du Talmud babylonien et d'un passage du Midrasch
KohéleL, Dans ce dernier texte, on désigne Julien et Pappos
comme étant les » martyrs de Lydda », et on dit quils occupent
> Ttfimtf, 18 * : nsnnsi 5*a«-in rnbD3 -^br^^ n^^^^ air'^'na ei-'
Vnm nT*30. m. J« Uereulmurg a raiaon d indiquer b vemoa l'^nS*' H^^^TSt!?
comme ia seule boone^ elle est coiilirméc pir un ins, an r^rw^A. La Uçon rî^i^T^D
l**nî< n^HMl efti fiu8«et «Ue «tt néo^ comm« k dit déjà M» Dereabourg, d'tiae dit-
iQgraphie.
iu
KEVUE DES ÉTLTDES JUIVES
an paradis une place privilégit^e. Or» le Talmud de Babylone émet
la môme assertion au sujet de n'^rr^tS et de son frère \ U parait
donc certain que les « martyre de Lydda » ne sont autres que Julieti
etPaïqjoset que Tun d'eux s'appelait t^galement Scliemaya, Julien
et Pappos étant donnés comme deux frères, il en résulte que rry^z
i^n^T, ti Scliemaya et son frère «, sont identiques à diddt ms'^^Ks
rnx fl Julien et Pappos son fr^Te ». Ils ont sans doute été exécutés
à r.ydda; de là, leur nom de luarlyrs de Lydda. Leur exécutij
eut iieu après la chute de Betliar.
Si je ne me trompe, un autre passage talmodique fait allusion
ce semble, à la mort de ces deux frères et la place à la même date
que Texécution de Juda ben Baba.
On sait que les faits que le Talmud donne comme causes li an»^
éclipse de soleil sont des événements liistoriques. Quand le Tal-
mud déclare que les éclipses de soleil sont dues à divers péchés, il
veut dire qu*à Fépoque où eut lieu certaine éclipse de soleil, divers
malheurs se prodoisirenK Or, d*après lui, l'éclipsé de soleil se pro-
duit quand le vice-président du Synhédrin est enterré sans oraison
funèbre*., et que le sang de deux frères a été versé en même
t*'mps** Le vice-président du Synhédrin auquel ce passage fait allu-
sion est Juba ben Baba, dont on raconte, en effet, qu*il fut ioliumé
sans oraison funèbre^, et les deux frères sont vraisemblablement
Julien et Pappos, Ce point n'est, du reste, de nulle importance
pour la question que nous examinons ici.
Ce qui importe, ce sont les faits suivant^ qui nous paraissent
acquis : 1'* les deux frères Julien et Pappos ont joué « sous Adrien o
uu rôle prépondérant, celui de chefs; 2° ils ont joui d'une très
inv^bm iî4Db «aa ^iz "^tcn oissi oirK^-^bnb bï3 vns-in ^^lyrrz ynz
li'^n. il est clair qu'il s'agit ici seulement de demm choses diLtcrentcs que H« Acbi
a vues eu songe ; les nb ^wlinî^ sotil donc idemiques à Julisn et k Pftpp^.
Le commcatateur a mal tompns ce passage, il y voit à tort une allusion à trou
choses di^Téreates. Eu parlant de la tache flns^n) qui les souillait et dont le
inarljre les a purilié:»^ le Midrasch a sans duutc eu vue une Tau le qu'ils avalcat
cjiumise. Le Tnlmud babylonieu [Pessaehim^ 50 û) dit : D*^*j?3lî* VÎTiS ^r*'3wT
m^b^ ■'jiiin D^iri« 'i^rrci ^•^^7:ï:^ ii^d i"!n?:bm "{i^zb a^'D ^îs "^"ïc»
ln^'n?:3 n?3jb blD'^ m» l'^Û*. L^ipressioa n^obn "liinn est expUquéB
un pou plus loin par les mois lib "^^l^^n» dont VAfukh (s, v. 3"tn) a la vaîùutc
115*7 l^nSi '^V'D* L'Arukh, qui le savait faos doulc par iradUioD, dit que ces deui
Trères étaicDt Schéma ff a et son f*ère ; -j^ïts 2"-f3 linrjStî Trîî*1 n"':?î3C 2m
« tSac^ra, 29// 3 «bi n?:D y^ r-^3 2« b3? r-^-^h rr73nn D''i3i 't b^'Ka
> MonatHcknft, ieS4, p. îi4t.
LES MONNAIES DE SIMON
Irto
grande considération ; 3^ l'un d'eux portait aussi le nom de Sche-
maya. Les Iraditions historiques ne nous font connaitre aucune
autre personnalité qui, à cette époque, ait eu une autorité éj^ale
à celle de ces deux frères.
Nous savons que Fun d'eux, soit Julien^ soit Pappos, s*appelait
' Schemaya; quel nom hébreu portait l'autre? Car, du moment que
Fun (Veox portait un nom héljreu h vMé de son nom latin ou grec,
Tautre avait apparemment un nom hébreu. Un passage du Talmud
nous aidera à résoudre ce problème.
Il existe une tradition relativement à Samuel le Jeune (r.m^a
*|t3pn) qui parait très vraisemblable. D après cette tradition, Sa-
muel aurait prédit, en langue araméenne, quelque temps avant sa
mort, que des malheurs atteindraient les Juifs, et il aurait pro-
noncé à cette occasion deux noms propres. Les assistants, tout fu
ne comprenant pas le sens de cette prédiction, se seraient cepen-
dant souvenus des termes dans lesquels elle aurait été prononcée
et qui auraient été les suivants ; « Simon et Ismaél sont destinés à
Tanéantisseraent et le reste du peuple au pillage; il y aura de
grandes catastrophes' m. Pourquoi les contemporains n*ont-ils pas
compris ces paroles si obscures? Four nous, nous les comprenons.
Comme nous savons Tépoquo de la vie de Samuel, nous savons
que ses paroles peuvent se rapporter à l'époque d'Adrien et
qu'elles étaient moins une prophétie qu'un avertissement. Nous
pouvons bien nous figurer la situation alors : on se préparait à
tenter une entreprise qui devait être dirigée par deux personnes
nommées Simon et Ismarï; Samuel le Jeune, au courant de ces pré-
paratifs, donne, avant sa mort, ce dernier avertissement : fc Soyez
sur vos gardes! Simon et Ismaël courent à leur perte.** 1}%^
mallieurs vous menacent ^ Qu'étaient Simon et Ismaël? On re-
trouve ces deux noms à la tète de la liste des martyrs, et le traité
de Semahot les mentionne également parmi les martyrs de ce
temps, Tun avec Simon ben Garaaliei et Tautre avec Ismai^l, fils
du grand-prétre Eiischa, Mais ni le premier Simon ben Gamaliel,
qui a fonctionné pendant que le temple était encore debout, ni le
second, qui a occupé la dignité de patriarche après la guerre
d'Adrien, ne peuvent être comptés parmi les martyrs de ce temps.
• Traité Semahot vin ; Sanhédrin, \\ a : im"^^ r\T:2l ItSt* ppTT bNlTZia
8e:T "^nn** inrr» "p^^^^o 'ï^'p^i «rab iiny n»oi nnirtb b«3'73T3'»i '[^TJ2^
•T^SÎ* r'*?3"l« pTSbDI* Le Taloiud ieriiscba3nîi rapporte [S^nh^rin, 2i /i) le même
passage avec ceUc ûdJilioo 173N Ht] ^^^T' îiVl. La Tosefla de Sota^ xiti, p. 3!U,
a une addtUoo, fitbtipb *'!l1l3ni, <|uî a cerUincmedt été interpolée plus lard* Car
la root nmnb ou &*a":nb peut sigoiGer égelemeol que Simoa et liuia<^l seront
e, il a dûQu le môme sens <^ue Ê<b£3pb.
fis REvire Ms$ cran mfis
iM biitorieiii ne MTenl p^s avee quel iiiarijr on peut identifler
ce SiiBim bm Otniliel. Diaprés tm aotre doeoiWQl, Âkibt tnmi
nieiiUanfié Clément ces deux martyra, mais ni le premier a*e4
appelé par lui ûh de OamaUei, ni le seoonil /ÎU dismaH Uçranà^
préireK II faut donc essayer dîdentiHer ce Simon el cet ImaN
avec d*autre^ personnes connues qtii ont reçu dans renloitn(t
d*Âkiha.
A s*en rapporter à raTertissement de Samuel le Jeone, tm
deux hommes étaient des personnaUtés marquantes, ptUsqu'Ui
devaient être, par leur entreprise, les auteur» des cat«slrci|ika
prélites* D'an autre cdïé, à l'époque où Samuel airail fnit ooa-
naître sa prédiction, la situation des Juifs devait apparemment étrt
assez satisfaisante ; car autrement, les assistants auraient com-
pris [es paroles de ce docteur, Ces deux personnages préparaient
une entreprise qui leur paraissait sans danger et dont Samuel
prévoyait, au contraire, les funestes conséquences. Il nous est per-
mis de supposer que c'étaient Julien et Pappos qui avaient mi»
à profit les concessions accordées aux Juifs par Adrien pour reconi*
truire le temple et la ville de Jérusalem. Au Heu de dire : oiscrbnb
nraV at^y nstci etn-inb oiedi, Samuel aura préféré employer les
noms hébreux, ^^y^'C et btur-fz'c^, que portaient Julien et Pappos»
y est vrai que l'un d'eux s'appelait rryn*::, mais rr-rrts el
b6r;^ttO'» sont presque semblables* Notre hypothèse est confirmée
par ce fait que Simon et Ismaf^l qui figurent parmi les martyrs
ne peuvent être identiflés avec aucune personnalité connue.
En supposant, au contraire, qu'ils se confondent avec Julien el
Pappos» les martyrs de Lydda, alors tous les dix martyrs sont
identifiés. Nous comprenons aussi par là pourquoi Simon el h-
ma(^l sont placés en tête de cette Hste. Cest qu'ils étaient les plus
connus et les plus considtjrés tout comme Julien et Pappos, il
est, en tout cas, certain que l'un des deux frères portait le nom de
Schemaya, et il est probable que Tautre s'appelait Simon. Comme
ces deux frères se trouvaient, au début du règne d'Adrien, à la
télé des Juifs et qu'ils recueillaient l'argent offert pour la cons-
truction du temple, ils étaient tout désignés pour que leur nom
I Mtkhitû, î8 : Hn-^pj? ■'3n Gnb nr» b^r^îO'' '-ii X^jito 'n la-tmcsT
bwytsc* 'm liy?:c '-î «bx nni« rbsp:: n^n. i><ias ce passage, \\ y a
opparuiiimeuL deux rtilalions qui u'oiU pus de rapport l'une âveo Tautro et ^Mi tout
réunifia par mégarde, Tuno d elles rupporle les av^rUsseineots douloureux de R.
Âkibâ el Taulre le dialogue des deux martyrs avant leur mort. Ctîtle dernière relt-
Ibn n*È tucuQ fonds de vérit^^ comme le prouvent les vanioles qu'elle prétenta
dans Simahût. Ce sont lea copisleF i(ui ont qualifié les deux roartvn du Kïlfê de
LES MONNAIES DE SïMON
167
Jrât sur les monnaies, en supposant qu'on en ait frappé à cette
>que. On s'explique ainsi pourquoi certaines monnaies por-
tent le nom de y72'Q : la syllabe finale de ïr^J^ia [n*^), qui désigne
Dieu, a ét«* omiaf»» parce que ilans ce temps on prenait les plus
minutieuses prt^cautîons pour préserver le nom sacré de toute
profanation, G*est pour cela aussi que les exemplaires qui portent
la légende s^rc sont ilu même type que celles sur lesquelles on
lit li:?rt::. Les unes et les autres ont sur le revers ou rnnnb
Détail'* . sans date, ou avec la date, b^nis-^ nro bb. Les types sont»
au droit» ceux qne présente d'habitude le droit des monnaies
juives : un palmier^ une branche de palmier, une grappe» une
feuille de vigne, une lyre ; ou bien ce sont des types qui ne se re-
trouvent pas ailleurs^ tels que : deux trompettes, ou une petite
cruche, qu'on ne voit que sur les monnaies d'Eléa/ar. On peut
conclure de cette ressemblance que ces deux catégories de mon-
naies ont été frappées à une m^^me époque, et, comme les deux
cliefs juifs de ce temps étaient frères, on comprend aisément que
les monnaies de cette même période portent tantôt Tun, tantnt
l'autre nom. D'habitude, deux frères ne se jalousent pas entre
eux, surtout deux frères qui courent ensemble les mêmes dangers
et poursuivent le même but.
Les monnaies de Simon et de Schéma ne sont donc pas des
monnaies de Barcokheba ou même de la révolte pitj^ :?3nijJ, car
il est possible qu'elles aient été frappées avec Tautorisalion ou la
connivence d'Adrien, au moment oii cet empereur avait permis
aux Juifs de relever le temple et la ville de Jérusalem. Bien plus»
il semble Impossible d'attribuer ces monnaies à Barcokheba» car il
86 trouve parmi elles certains types qui ne peuvent, pas s*appli-
quer à ce personnage^ comme les deux trompettes qui, malgré
ravis contraire des numismates, sont certainement le syrnboie du
sacerdoce, les descendant;* d*Aaron étant cliargés dans le temple
de sonner de lu trompetle. Qih^ sigtulle la petite fiole? Les numis-
mates laissent ce point dans robscurité, mais» à notre avis, elle
est également un symbole sacerdotal, elle représente la fiole
d*liuile qui servait aux consécrations. Ce type ne se trouve, en effet,
que parmi les monnaies d'ivléazar, parce que ce dernier justeaient
était prêtre, comme Tindique la légende de ces monnaies : -îtybN
insrr. La fiole représente certainement le prêtre oijit , "in^n
rr^nn^ ou, ce qui est encore jdus juste pour cette rpoque iaimn^
diqiœ, nizrkn mcD, titre que le Talmud donne au prêtre qui prend
part à la guerre à ciHé du chef d'armée ou en qualité de chef
d'armée (d'après Deutéronome, xx, 2). Ces prêtres prenaient
168
REVUE DES ÈTLÎBES JUtVES
rang immédiatement après le grand-pr^?tre *. La fiole doit âôtic
représenter sur les oionnaies de Simon , comme sur celles d'Eléa-
zar, le caractère sacerdotal de celui qui lésa frappées * ; ni ce sym-
bole ni celui des trompettes ne peuvent donc s'appliquer à Bar-
coklieba, qui n*était pas pnMre, tandis qu'ils peuvent appartenir i
Julien et Pappos, qui étaient probablement des prêtres, étant des-
cendants de Tarabarque Alexandre Lysimachos. Il y avait biendea
monnaies de Barcokheba ou plutôt de Barkoziba (nn"»znD p^^\
mais on n*en a découvert jusqu'à présent aucun exemplaire. Elles
ont été sans doute retirées de la circulation et fondues, à Tinstar
de celles qui^ après avoir été recueillies pour la reconstruction dtt
temple, ont été retirées de là circulation par Adrien, qui y a rail
graver son nom. C'est à ce dernier fait, et non pas comme le pré-
tendent les numismates, à des monnaies de Barcokheba, que lail
allusion le passage suivant du Talmud {Aboda Zara, 52 b, et en-
droits parallèles) : ^:s72 ke^d nr-'^T:: 2<:H''''"snn enm n:ib iq-3
im73 rrtîS^a • • • inibbm. Les mots n:ib i^pa signitient que ces
monnaies avaient un caractère de sainteté et, par conséquent, ne
pouvaient pas être mis dans la circulation : on ne put s'en servir
que lorsqu'elles eurent été profanées. Mais une monnaie n*est sainte
que lorsqu'elle est destinée au service du temple, elle devient
alors ï:ipn bo mr^i, et celui qui en fait usage commet le péché
de la profanation (cnpnn n^^yn).
Et cependant il fut permis de se servir des monnaies en ques-
tion, parce qu*elles avaient l'^té profanées par des païens : ra i»3
nm^ nt:5?; nibbnc ^vd mVbn'î s-'ifnD. Et comment avaient-elles
été profanées ? Par la surfrappe, qui les avait changées en «nn
«c-'tL^ «D^'^ma Kmnrr [Hadrianus Trianus Seba —^^^-^-roK), Cette
explication me parait irréfutable. Les mêmes morniaies que le
Talmud de Babylone appelle des « monnaies surfrappées pan
Adrien » sont désignées dans le Talmud de Jérusalem par les
mots de r7;=D hx} rn:??:, c'est-à-dire n:2Dn nr:: b*:: n^ïr^s, mon-
naies du temps des pe7\^êctdions religieuses d Adrien, et ce
même Talmud ajoute qu^il n'est permis de s'en servir que lors-
qu'on en a jeté la valeur dans la mer : «rN îi3D0 biû nny^a iV nn
» Cf. Graelï, Monnhstknft^ 1883, p. 1. Juda Macchabée était lufai un mCr
r:tirr:n.
* M, Théodore Reinach, i?epw*, t. X\\ p. 6f), n accepté l^opiuioD siPguUère de
M. de Sauky (|ue rKlèazBT dont le nom est gravé sur ces tiionaates serait Eleazar
lie Modein^ comme si un homme <|ui élait simplement un liomuic pieux cl qui peii^
daiit rinsupfÊitioa de Belhar se conlefiUil de prier, avait pu %urer en qualiU dt
ihef, Eli oulre» Eléûinr elail-il dûiic pr^ln* ?
k
LES MONNAIES DE SIMON 169
nb»n u^b ïT»''3n '^•'bv n»»*^»"^» 'i ••^np^nm:^ (S'cTi^ftirt, 13, 52d).
On n'emploie dans le Talmud les mots nb^n û-'b ?i«5n T^bv que
pour des objets dont Tusage est sévèrement interdit. Ce passage a
été, à son tour, mal interprété par les numismates, qui y ont vu,
à tort, une allusion aux monnaies de Barcokheba.
Pour conclure, il me parait acquis, par cette étude, que les mon-
naies de Simon sont authentiques, et qu'elles ne doivent pas être
attribuées à Barcokheba, mais à deux personnages considérables
du temps d'Adrien qui étaient à la tête des Juifs et s'appelaient
Simon et Schéma. Selon toute probabilité, ces deux personnages
n'étaient autres que Julien et Pappos, « Torgueil d'Israël », qui
auraient frappé monnaie avant la guerre.
H. Graetz.
LES JUIFS
DES ANCIENS COMTÉS DE ROUSSILLON ET DE CERDA6NE
' SUITE ET FIN *
LES LETTRES ET LES SCIENCES DANS l'ALJAMA DES DEUX COMTÉS
PENDANT LES XIII®, XIV^ ET XV^ SIÈCLES. — LES MÉDECINS, LBS
RABBINS, LES LIVRES.
La science que les juifs cultivaient avec le plus de succès est la
médecine. Il nous serait bien difficile d'apprécier au juste le
degré de savoir de nos médecins du xiii® siècle ou de connaître
exactement ce que fut alors en Roussillon l'enseignement de cette
science; mais il est permis de croire qu'elle avait fait de grands
progrès entre leurs mains.
Quelques Arabes d'Espagne et un certain nombre de juifs pra-
tiquaient en Catalogne et dans les contrées voisines les notions de
l'école de Cordoue. L'on sait qu'Alphonse de Poitiers, atteint, en
1252, d'une grave affection de la vue, s'adressa à un célèbre
médecin Israélite, venu en Aragon des pays maures, nommé
Ibrahim ou Abraham *.
Les rois d'Aragon des xiii« et xiv^ siècles, Pierre II, Jacques le
Conquérant, Pierre III, et les rois de Majorque, leurs successeurs,
eurent des médecins particuliers qui étaient sans doute chrétiens,
et chrétiens espagnols ; c'est dans la suite seulement que les
> Voir Bévue, lorae XV, p. 19, el lome XVI, p. 1.
« Bévue, II, p. 18, noie 4.
LES JUIFS DE HOUSSILLON ET l»E CERDAGNE «1
graduas des universités de France et fritalie ligurent dons nos
contrées'. On en voit qui exercent lotir art dans des villes de
quelque imjiortance. Perpignan, qui avait deâapothicaireB et des
chirurgiens, comptait aussi parmi ses habitants, en 1226, maître
Bernard de Jorena, médecin. Mais Toiî ne peut découvrir, dans
cette ville» â cette époque, la moindre trace de renseignement de la
médecine. C'est sans preuves qu*on a voulu trouver cet enseigne*
ment à Perpignan avant rétablissement de VEiude générale, fon-
dée en 1349 par Pierre IIL Nous savons positivement que les clerc»
du diocèse d'FJne allaient à Montpellier chercher la science, et c'est
évidemment de cette ville que venaient aussi les gradués en méde-
cine qui exerçaient en Koussillon* L*enseignement de la médecine
n'est pas précisément nommé, mais il est évidemment compris dans
les termes m<?mes de la charte de Pierre III qui fonde VKiude gêné-
raie de Perpignan pour les étudiants de toute science (chJhs
cumque sciencié], sur le modèle des études de Lérida, de Bologne,
et des autres éludes générales. 11 est môme dit dans la cliartiî
que les cours comprendront renseignement de la sainte théologie,
du droit canon et du droit civil, ainsi que les art.*4 et Tétude de
toute profession (ac eliam arie^ et cujus cumque professionis
iniM vigere générale sludium).
Mars il était plus facile de décréter que d'organiser et de déve-
lopper cet enseignement, du moins en ce qui regarde la médecine,
et nos compatriotes, qui, depuis un siècle et demi, allaient puiser à
rUniversité de Montpellier la science du droit et de la théolo^i",
ne pouvaient sUùi abandonner Kécole de cette vUle* déjà ii renom*
mée pour les étodes de la médecine ou de la physique, comme on
disait alors. Cesl donc de Montpellier que nous vinrent encore
pendant la seconde moitié du %ix* siècle presque tous les membreai
du corps médical qui exerçaient dans nos contrées, ob ils prirent
indifféremmeiit U dénommaliOB de médeciiis (mêtgu) ou de
physiciens 'ftk^sies) *,
* IsirawtBftM w l4ll«»»il»M MÊfkÊÊ^nmêi tmrt à$H â!m»9mBU fut
mkfcm fptdtfflMai fe ■itiiji et b fiaiv m et !• srrvcA», éê Mfm tém 4ê i^mê,
^hhmmwm^mk^, I i%\m%wmmémmémÊii^ ttNèfSlij, llMij<ilif
etP«pii|MfaMi «■>!>■ If r ém mêmm mÊÊ, mn éFàm^fut miêfÊ^
|MMMr p>^ f pMMT IB IBMM* Mi^^SfM0 ^fÊ^ SlMS SSWI WWÊ 9t$ iHw •§ m
l^^w» B^^il ^ Imf idHr tkm tmm Im mÊÊÊm mwmÊÊtfm. t^m^êm mÊÊÊÊf m
tMi. ts Pli fint n, m intas flTir iiiHf et f^nHipmm, fMMMf mmlm êm
172
HEVIÎE DES ETUDES JUIVES
Parmi eux se trouvaient beaucoup de Juifs, car Texercice de la
médecine leur était permis dans les deux comtés. Tout le monde
sait, d'ailleurs, que si IV^cole de Montpellier fut si florissante pen-
dant tout le xni'^ siècle, c*est grâce aux progrès que des juif:?,
venus des pays musulmans, y firent faire à l'art de guérir
Je vais citer quelques-uns des médecins juifs qui exercèrent dans
nos deux comtés. G'fst d*abord « maître » Salomon, qui vivait à
Perpignan avant 1283* ; maître Salomon Mosse de Villamanp.
physic, qui exerçait dans la cité épisoopale d'Eine, en 1327;
maître Jacob de Guanges exerce dans la même ville en 1380.
En 1341, je trouve deux médecins juifs à Clayra, Bonjuses
Helies et son fils Jacob Helies*; vers 1335, maître Bonaffos et
maître Issach Bonet sont établis à Perpignan comme pfiysics^;
en 1354, je trouve dans la même ville maître Baro Dayot Cohen
avec le même titre * ; puis : magisier jaco Bonjuhes^ eu 1358 *;
magisier Baro, en 1359; Abrah Issach Judeas fisichus, aussi en
1359 *^ ; magisier Jaeob, en 1303 ; magisier Uager Macip, vena
de Béziers, en 1370 \ L année suivante Jacob Bonjuhes est cité
avec le titre de fisicims Perpiniani de domo domini regis^.
Citons encore magisier jussef de Cereto, phisictis habiialor de
însula (Ille), en \Aùl^ jussef Mosse phisicus habitaior de Toyrho
(Thuir), en 1410, tous médecins publies.
Nous possédons un document qui, bien qu'il ne se rapporte pas
à un médecin Juif, fournit quelques renseignements précis sur
les conditions d'existence des hommes de l'art en Roussillon au
XIV* siècle. Se souvenant peut-être de la peste effroyable qui avait
ravagé GoUioure en 1348 % le Conseil de la commune de cette
petite ville décida, en 1372, de prendre un médecin public. Un acta
■ufiS) quelques médecins ; oa trouve^ entre autres, en 13Glj un cerlaîa GolUauiafi
Lombarde», ongluBire de Plaseucie et gradué de rUniversûé do Bolog^ne, éUi)U à
Vmça en quaUléde ■ médecin pubUc *, ou phyiic^ et pensionné par le Coaseil de it
commune.
» Nui nie d'Arnttld Miro, notaires, ii» 4713.
> Johanoes Pccolli de Sancto Ypotilo sclvo cl difinio vos Bonjuses Helies et Jir<»b
ËUes ejua Ëlium, judeoâ medicos cestrî de ClByrano ab univcrsis ufurif, Jncris el
ÎDterease per vos habiUs. — Bernard Vtlanova de Saint- Hippolyto reconntU devoir i
Jaeoh Bonjusses medico de Ciitt^rano H aux fiieua 64 cbur^ef de &el ^l'Û lui tvait
déjà vendues, {Aûtuh de Raj^iiiond Gérald, Dolaires, n* 3943,)
* Notule de (iuillaume Fabre et GuiUaume Morer, notaires^ ti* 4948.
* Nûtttie de Raymond Ferrer, notaires, n* 1 34.
i Nûittte de Guillaume Fa bre,, cola ires, n» Î27-
* Noftik de Guillaume Fabre, nMaires, n" 132.
? Notule de François Gironi.
< NoiuU de Jacques Mnlme?^ notaires, n** 46S7« '
^ CiitLQ peste désola les deux comtés. Â Perpif^tian, la population fut litléralemenl
décimée. On paît que Ravmond de la Cbau de Vmas ét'Hvii un IVaité d€ Ufttti
de ms.
LES IDtFS DE HOUSSILLON ET DE CERDAGNe
173
I
engagement fut <]onc passé devant notaire entre les consuls
et « Malti*e » Albert Del Ping ou Dupuy {de Podio), qui prend le
litre de physic. Cet acte contient les devoirs et obligations da
médecin en même temps que les avantages de la charge.
MaUre Albert Del Puïg commence par déclarer qu'il habitera
pendant deux ans et tiendra sou propre domicile dans le lieu de
CoHîoure, en qualité de médecin et pour Texercice salutaire de son
art de médecine ou de physique. Son engagement n'aura son
cours que du jour où il aura réellement fixé son domicile et sa ré-
sidence personnelle en cette ville. Il promet donc que, pendant
deux ans, il examinera et jugera, par les moyens d'ubservation
médicale en usage (c'est-à-dire par Texamen des urines)» Tétat sa-
nitaire de tous les habitants de Collioure, hommes et femmes, en
y comprenant les malades de Thùpital des pauvres ^ C'est d'après
ces premières observations qu'il donnera, selon son pouvoir et sa
science, tels conseils on soins salutaires que Dieu lui inspirera et
selon que le lui enseignera ia science de la médecine. Il devra
donner, en outre, trois visites par mois à chaque malade, homme
ou femme; mais, s'il arrivait qu'après \q jugement des urines et
les trois visites obligatoires, il dut donner aux malades d'autres
jugements, ordonnances et conseils ou des soins et des visites sup-
plémentairesp il aurait droit à des honoraires que les malades se*
raient tenus et obligés de lui payer bien et décemment, en raison
de sa peine et de l'importance des soins quVil leur aurait donnés.
Enfin, le médecin ne pourra, pendant ces deux années, sortir de la
ville de Collioure pour aller au dehors, ni dans un autre lieu, visi-
ter ou soigner des malades, sans en avoir, au préalable, demandé
et obtenu la permission des consuls. S'il lui arrivait de s'absenter
I
' Dès le xm* siècle la line do CoUiouro avait un liûpilal, sous k dlroclton d'un
oommaideur, asatslé d'un ctiapclain. Le i" décembre 1292, Guillaume de Pui{{
(i'Orpbiia ou Ortila faisait une imporLAute fondation dan» cel élabli&somtstil èd maiûs
des prudhommcs locaui [Cûrtulain de Gollioure). — Je ne puis mVulpaclier de fairu
remanjuer ici tjtie le eairdul chimiste Urâla était un dcsceDdant de ce Guillaume. La
famitle eat depuis longtemps éteinte en Iloussiiioa^ mais une branche s'était établie
dans ViXe de Major(|ue, où elto a suhsistiâ juâtju'à nos jours.. — IHusieura viites et
villageadcB comléa avaient ausfi des hôpltaui. Il y en avait un au CaU de Perpi-
IpiaD. Le 4 octobre !414, Leuj, juif Castillan, et sa femme Sera font une convention
•Tcc Joise Strnch, ksach GetTuda el Vidal Etraym» rtctonbns tonfratm hat \^\ta] lu
iû* tûrum judiorum Perpimani qui tl/rayce pocamint barm'Jm,' ils promeUent de bien
administrer, pendant toute Tanuée el selou les convcntioiie, domutn^ kùsjii[iaîù] fxtupt-
rum JHÂeûrum f/ui tbtayce voratut' heddn, çht tapttuU $unl [ ] ' pHmo qu« nos
Mtm (pour ftiiiii) tençuU la dita cattt hotjHtai îener tndreiàada «/ recttliir los pobrn
juheuf ytti d« fuaUetfoira parti dd mon en ayurlla eoha» rfpa\i$ar my ttaran per
aftnnt ttmpt corn oui alfrti tolrets çuttf itiei». Item fueti amem bon xvîaê eh Unrem
uHs ttb bUnfhs lan4«U a^rt com mjiâ porem (du mieux que nous pourrons), [sUanuel
de (juiUautnc t'ahre, noUiree, r»0%4
ITi REVUE DES ETUDES JUIVES
«ans autorisalioiii il encourrait une peine qu'il porte lui-mèrael
5 sou« barceîniiûis de ^er-n pour cliû»|ue jour d'absenco. Voilà pour
les obUgations. Voyons maintenant les avantages.
Moyennant ces comiitions, il sera» lui et les sieus, pendant îa
durée de son engagement, franc et quitte de tout payement de con-
tribution de Ibgages, impôts, aides, tailles et autres exactionâ
royales ou particulières à la ville da Colliouret existantes alors ou
impo«ableï* à Tavenir. Il sera également exempté de faire le
guet. On excepte cependant rimiiosition pour venta ou acLat de
marcliandjises dans le cas où le médecin en achèterait ou en ven-
drait pendant la durée de son engagement» rar, dans le cas où il se
livrerait à un négoce quelconque» il aurait à payer sa part pour
cette contribution, ni plus ni moins que les autres habitants. Eniln,
pour pension et salaire de sesservici^s, les consuls devaient payer
au physic 50 Uvres barcelonaises de lern^ soit 25 livres par an,
sur lesquelles maître Albert était encore tenu de se [>rocuner ojie
maison à la portée de toute la population dans la < Vieille Ville »
et près de la « Place Bodone ^^ pour y iaire son domicile. A la
suile de ces conventions, vient la prestation de serment par lequel
Albert Del Puig s'engage à donner ses soins aux malades, selon ses
forces, son pouvoir et sa science, en promettant de les secourir
tous indistinctement et comme il le pourra dans le cours de leurs
maladies, en leur administrant les secours et conseils salutaires
que le Seigneur et la science lui inspireront, sans préjudice des
trois visites convenues et dues à tout le monde *.
Il y avait des médecins puldics juiis dans plusieurs villes et vil'
lages du Roussi lion : il est naturel de penser qu*on leur imposait
les mêmes soins et les mêmes charges qu'au physic Alfred Del
Puig. L'ordonnance de Ferdinand i*'' qui défend aux juifs d'exer-
cer la médecine ou la chirurgie à Tégarvl des chrétiens prouve
qu*ils le faisaient antérieurement, Eu voici if ailleurs un exemple*
Dans les premiers jours de juin 1413, Barthélémy Baille, subcol*
lecteur des droits de la Chambre apostolique dans le diocèse
d'Elne, paya tous les frais qu'avait entraînés la maladie de Fran-
çois, patriarche de Jérusalem et « administrateur du diocèse p,
mort en 1409. Parmi les créanciers je iroxw e Sicardus de Mon-
îi'ltiSj itiagisier in médicinal Bertrandus de F'Ua^ mûçisier in
arlWm et in mediolna baccaiarltis^ Ft'anciscus GUiis, aussi
maître en médecinei qui avait soigné le défunt, et, enfin, toac/i
^ J'eœprutite liitialyftfl de c« dacumetit à uoe leclnra fttiU p^r M. AUrl,
pendanL une âéance clo La Soclélé n^ricole, scienUBqtifi el UUéniire d€t P/rABétf-
OdeDlales, eoys le titre de Un médecin j^ublic à CoUiourt en lJ7i.
k
I
I
I
I
LES jcus DE RouseiuxkK ST DE cebdagne: in
'âïbrîi^ pftyi/cetjuif de la ville de Perpignan, qui avait été ap*
pelé en consultation K
Je dUaîs plus haut quHl serait ditlieile de préciser le degré de
science de nos médecins du moyen âge; on peut toutefois s'en
faire une idée approximative en compulsant las bibliothèques du
temps. Je vais citer quelques-uns des ouvrages de médecine
nommés dans les inventaires.
En 1348. 1. librum medkine copulati pernu^/Utrum Ar. de
VUianova super regimine vite ^.
En 1363, le même livre reparaît avec le titre en romans, comme
on disait alors pour indiquer la langue catalane : Reuimeni lie
maestre Ar* de Vilanova^. Je le retrouve dans un inventaire de
1412 avec un Allre libre de paper de medkines ♦.
En 1314. je vois un Liber fhicorum *.
Bq 1382» Librum t/t pâlira vocalutn Àvicenna ei incipU :
9 Creator omnium rerum. *>
Alium Hbriuti in painro scripium vocatum de Medicina sive
Comenta.
Alium librum in pêrgameiXQ scf^ipium vocatum Dioscûrides.
Atium librum de medicina scripium in perçameno ubi eai
seriplum Magistri Piarî Ispani el questionea Magistri Pétri
juliani*'.
Arnaud de Villeneuve» Pierre d'Espagne et Pierre Julien sont
dee médecins célèbres de Tépoque. Tout le monde cannait Avi*
cenne ou Ibn Sina, le grand médecin arabe de la Ûu du xi" siècle;
quant à Dioscoride, Tauteur du ntp\ a^c Latpur^ç {Sur la matière
médicale), il a joui de la plus grande réputation jusqu'au
XVII* siècle.
L*inventaire des biens d\Em P. Riba (ender saenlras de Per-
penya^, dressé le 20 janvier 1414, fournit une longue liste de
livres qui senjblent indiquer que ce boutiquier {tender) était
I Kl mkhi Iisach Cabril Usico cl judeo dicte ville Pt^rpiuiuai die el aono proiimiB
diclis uiium scutum auri de Ffraacja micbi tiebitum raciono laboris per me ficU îii
i|Uadam coUiicÏQue que fuil babil a iiiler medicos blius vUlv |>ro uUîma iubrmiUie in
qua exifiabftl dictui dominua Pairie rcha, in qua coUiciotie egt» ut û^icua fui pri»fi«a«
«I coMêîiium Mêum prêàui (Apoqucg de la Cambra aposloUcdi diini la lilotnie ûe
Heroard MAS^lamoQr, f* 193 et fitii\%,nolaircâ, &'' 1601].
* NotuU de Bernard &laDej, uotaifAS^ n** 4'2D.
* Manuel de (Jobriel Heaplant, notaires, û" ItJl i.
* AWw/# d'André Romeu, uolaires, u* 101, — C'est l iovenUire dei bioQi d'un
Ipioiar qui devuit prfiLer aux juili, puisqu'il tanait ua libre ^eiieuttt dt JuÀêui%
> Manuel de Jacqueiî Mulitiu», noUirea, d" 452 .
A MaMH$i de Guillaume Bernard^ naluîres, u'' 306.
' Mamnet de Bernard Maadamont, noCairos^ u^ IGIO. — Samtirui <;orr&sp<oacl au
laiia cùndatti ou t^m obitt «t au français » Teu *,
OJ
170
RKVUË DES KTUDKS JUIVÎIS
quelque peu libraire. En efTet» à côté d'un CalOf d'un Doctrinal^
de libres grammailcals, des Horas de Nosira Dona, je vois un
grand nombre de livres de médecine. Je vais en reproduire les
titres tels qu'ils se trouvent dans le document :
Un libre appellai Guido en romans e comensa en la primera
ftilla de les Robrlques En lo nom do noslre senjor Deus Jesu
Clirits coniensa lo proliemi compîit en sirargia*; — Un libre
appeilat Alemfranch de sirurçia et incipii in prima follea dicli
iibri videHceiin rubro aquesta taula mostra a trobar et incipU
in nigro in Ipsa folea sirurgia et finit in eadern pagina Anatbo*
mia et finit in uUima follea dijli Iibri accabat es lo tractât del
Alemfranch * ;
Hun libre de medesina appeilat Tliederic ^ et incipii in prima
folea incipit Thedericus niagistro et finit In eadem pagina coofu-
sio per ignorancia El incipit in ultima folea encara sagujha et
finit in eadem folea imperpetuum vivat amen;
Item» — Hun altre libre de medecina appeilat Roger ♦ ab cobr^r-
tes Manques ab quatre fanquados et incipii in prima folea vide-
llcet ta rubro De les quatre qualitats de persona et finit in
eadem pagina ajustada ab qualital freda et incipii in ullima fo-
lea lactor en aquesta part et finit in eadem folea si voluisset sed
noluit;
Item, ffim libre de medicina appeilat Piateari* et incipit in
prima folea En Perelis uni versai et finit in eadem folea an
stubes naturals se sofre et incipii in nlttma folea que la pera la-
quai et finit in eadem folea quant es trenquada ;
Item. Uitn libre de medecina molt antich appeilat Trésor de
Pobres- — 1! s agit probablement ici d*une traduction en catalaa,
en romans comme on disait alors, du Thesannis Paitpenm
* Gmdo ou Gui de Cbauliac éteil chapelain d'Urbûin V. CMiait un habile priU-
cieii, qui rompit avec les Jormuies de la ScolasUquB, el avec les arcanes du grto<l
œuvre. Sa « tîrandc Chirurgifl •, dont il est ici quesUon, parut «n 13d3, Elle fui
traduite en romans ou calalau, comme on îe voit par le lilre qucUe porte dans nulrv
inventaire.
* C'est évidemment ic célèbre ehirurpîen Lanfranc, de Milnn» Dans la Iraduelion
française qu'il a faite de ses œuvres, Guillaume Yvuire l'appelle Alûnfrûne, Quelque*
fois eu hébreu on trouve tf*p:"tD:bM --= Alanfiankia, On eait que ses ouvrages
avaient été traduits en hébreu*
* Thederic, probablemeol le mÔme que Tbéodoric, chirurgien du xni* sitele, dl^
par Henri de Al onde ville*
* Ce Roger est sans doute îe médecin chirurgien lloger d© Parmea« sur lequel oo
trouver» un© longue notice dans le t, XXI de VB^^toire littéraire de la Fram(€* H
est cité par Aruauld de Villeneuve dana son traité De Ventnh.
* Platearius, ancien chirurgien irèa connu, souvent cité dans le célèbre i^ievf»*
de VinccDt de Beauvais. On voit que le traité do Pialeariua dont il esl ici qtteitioi
avait été traduit en catalan.
LKS JUIFS DE ROUSSILLON ET DE CEHDAGNE 177
d'Arnauld de Villeneuve, signalé dans un inventaire de 1420 *;
Item. Hun libre appeliai Plateari in latino peilt coberl de co-
herles empa stades scril en per garni ;
Item. Hwi libre appeliai Nathomia abreujada de Gido' scrUa
en paper ;
Enfin, hun libre appeliai Guillem de Saliset^i incipil in prima
foliea Rubrique del primer libre ei ftnii m eadem pagina dauall
les exelles, — et flnU in iiltima foliea assi fenex lo libre de
mestre Guillem de Saljset^.
Au XIV* siècle, alors que FAijama des deux comtés était dans un
état florissant, la Synagogue ou Escola de Perpignan devait avoir
beaucoup d'élèves. C'est la, comme on sait, que la jeunesse juive
venait puiser les notions scientifiques et tln^ologiques. Aly Abrani,
juif d'Arles, fixé à Perpignan, faisant son testament, le 3 des ides
de janvier 1346, laisse à Pécole du Call* « où Ton enseigne les
lettres et les sciences juives — in qtrn addiscunittr liiere et
sciencle hebrayce », — la somme de vingt sols à distribuer aux
directeurs et professeurs de cette école {preposiUs dicte scole).
Il lègue à son neveu BondiaÂbraara, fils d'Abraara Aly» son fils,
relnlam Legis Maysi, (rouleau de la Loi) eu parchemin; un « livre
t A inoias que ce ne soit un origîjial en calaUn, aujourd'hyi perdu. M * Haurrau
[amvr. dU, p. 98) fttit remarquer qu^iL ciistait uu autre Tkeiûurus pnuptrum, qui
I do Pierre d Espagne, il ne f«ut pas confondre ces deiii ouvrages. — On ignoro
flm li^u de nai^aancQ d'Arnaud de Villeneuve, mais tout porle à croire qu'il él&it
(^talan. Il eut uoe trùs grande renommée; loutefoia, les circonataneca de la vie
^ont très mal cooDues. 11 mourut vera 130U. Il a beaucoup écrit sur la modci-inc, car
il était phystc, il n'eat pas prouvé qu'il ait éludié a Moolpellier^ comme on Ta sou-
tenu, mais il parait cerlaio qu'il pralîqua et easeigua plus tard la médecine daus
cette ville. Eu 1317, lloquisilion examina lea livres d'Arnaud^ y If ou va des pio-
positiona béréliquea ou suspectes d'hérésie et les condamna en bonne forme, < hi
trouvera une liste complète des ouvrages publiés, inédîti ou perdus d'Arnaud de
Villeneuve, dressée par M. Barthélémy Hauréay^ dans le tome XXVltl de V Histoire
littéraire de la France, — Quatre familles du nom de Vilsnova ont Qgurd dans la
passé du Roussi Mon :
t* En firopordâ ou Ampyrdan, une famille dont il est diflîtilc de suivre les
•nnales et qui paraii être originaire de Vilanova de la Muga, ii TO. de Hoscs. L'un
de SCS membres, Uernafd de Vilanova, est qualifié de miiri (r2!iG-127J) ;
2' A l'erpignan, je vois, en 1322^ un Bernard de Vilanova nolairo et conseiller du
roi Sanche de Majr^rque ; de 1369 à t3H'i, Pierre de V^ilanova ;
3* Une famille originaire de Valence, en Espagne, dont le plua ancien membre
connu eo RotlEi^illûn est François de Vilunova, de 1369 à 1428;
4* Uue Famille originaire de Cuna, au diocèse de Girooe, ^ LVa dei membres
de celte famille, Ârnald dt ^ihnota^ est connu en !544*
* Four Gittdo^ V • Anatomie abrogée • de Gui.
' Le médecin Guillaume de Saliccl est cité plusieurs fois par Henri de Monderille,
le fameux chirurgien de Ptulippe-k-Bel, roi de France. Salicet ou mieux Saliceto
était oé à Pïaisa&ce vers 1245. Il est l'auteur du Liber in scientitt medicimali et tpidû-
httr pfr/hfttg ^iti tumma coMervatiùnis et curatioi^ii appellûtur^ suivi d'uu traité iuli-
lulé Cyrur0ia,
T. XVI, »<» 32. fi
178
BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
juif» appeltî Voîum In pergamenï scriplum iti quosuntomnes
hhri Propheiamm ; cinq livres de la^ot de Moïse (w. librosli
Moysî); lia livre appelé Casuujm (Quetubim, Ilagiographes}* AJy
reconnait que tous les livres de médecine [omnes libri medicûiaks]
qu'il a en son pouvoir^ et qui ont appartenu à maître Mosse Astrucb»
beau-père de son iils, af»partieniient bien à ce dernier, qui s'ap-
pelle Dôujuzes Ali. Il lui lègue encore Je livre appelé Macdassia
en parchemin, qui contient toute la Bible (tibnufi nietua vocatum
Macdassia in pergamenls scripimn In quo est iota Biblia) '.
En 1322, Bendit Daui, juit' de Perpignan, fait son testament. Il
lègue à Salomon, fils d'Issacli, son frère, un « livre hébreu appelé
en hébreu Quesumim » (Onelubim) et tous ses autres livres. D
laisse à Saïamies, lila d'Astrucli, son frère, « Omnes libros qià
sunt rfe Asserim Verba* « (iieut-ètre sur le Décalogue).
L'inventaire des biens de feu Samiel Cresques de Besalum (Be-
salu), juif de Perpignan, dressé le %o novembre 1370 par Situa,
sa femme, contient des renseignements intéressants sur le mobilier
d'une maison juive de cette époque *, Voici le passage qui a rap-
port à la bibliothèque :
^ Nofuie de François Gras, notaires, n* 33. Dans la Notuïe 32 du mdmie ooiiiret
Je vois que le tivrc ap|>elé Mûcdasêia a éié vcodu au prix de 3 livres d« BarcaloM
do ttvft^ argeul complanL — Aly Abraatn laissait par soa AesUmàenl F. êoL Bên,
eUmotine j ÂtieoruM in/lrmorum calH Perjtin\an%,
• Notule de Baymond Record, notaires, n» 4987.
* 1 . — /. pareil de bacines daram, une paire de cuvettes de cuiTre,
2. — //. citrêi daram, deax coupes (pour lirer du vin) do cuivre,
3« — IIL tiuses dargtnt^ trois lasses d'argent^
4. — ia €ùpa datyent de part de dint ah armaui vtrt t èlau, une coupe en ir-
gent eu dL'dans avec émail vert et bleu,
5. — /. cobtt'lo de tendat termeyî^ une couverture en soie rougo,
6. ^ lî* coTfneres oBrades de seda, deui oreillers garnis de soie,
7. — /. parctft de tQm^ioUi ehrades de teda al8 capê^ une ptire de BerrteUff
garnies de soie sur les côlés*
8. — //. parttji ^jtiV) de touayhi^ deux paires do serviettes,
9. — Miga doUena de tesion^ demi-douzaine d'cssuie^mains,
10 — /rfdw, cot e yottela de pes (sii^) èlau rlar e en h cot ka peli èUnp
nyehy une cotle et une tiinitiue de poil et dans le coite il y
peaux blanches d'agneau,
11, — aïtre cot e gonela de mçtdat tent peîUy autre eotta et tunique de mâtngt
sans poib;
12, — ManteU de ptfi (sic) de Man ab cordes « vêtes d$ sedet »è t4UftU (sic} iê*"-
gentt manteau de poil bleu avec cordes et cordons de soie et fermoin
en argent,
13, *- la namteHna mesdada ab cof^do mural, un maatelel mÔlé (eu cimelotj
avec cordon violet»
\L — /. pareil de vaiiohes^ une paire de couvre-pied,
15. *^ /. pnreyi de casses daram, une pairt: de grosses cuiifcrs (louches) de cuivn,
16. ^ /. muHtdl bîau ab cordes ^ un manteau bleu avec cordons,
17. '^ cot e gonela e gramaga de blau^ cotte et tuoique et robe (ordiûiireffleat de
consul ou de coQseillerJ en bleu,
I
' " _ TU,
IL
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L Jktrtm
IL I^tm:
IL
ÎIL /^tf» ï m Ions xr^z is% jnnmr wsmim^ ist :»Dsa9t
lîH. P^aaa su iâns es ptoer i m jurpom. igKioMte^ ?^C^
•A. — Je
1». — J.
13. - :.
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ôt cusxxkV
1?. <*> /L .^ lyiJ carjBtâ. arcs mmiJniB ck srcvKl.
2&. — i. /i^v' âr farrt sr, zx irvtr «i Str ^ytt <«<t lMgWlim\ yv««^ ««(^^'^
û iex.
tXL — L fnmtr^i tUmâs t ûàra f««ci< et «mmi^ «m 4*x^miI ÀV)lrt<#s ,t^ ^^ ^
■y^. — I. ft^y^ ^ f^ et dCêm^ mmt zMÎre 4« tmW» ^in^iw ^moft^ ««i tN"^^.
3*J — //. effet é€ i -ifU €€ ud*^ àtox cmAis dk brwi^ i* »<*iK
31. ~ /. c^irtt, sa petÀ ooâre,
33. — /. frrra, ier a tross pieds ^instnuBeBl <)« Cttmii«\
34. — /« cTtsdtA mè fdê kUms^ une eoile h«Hii« tt^c |>**«t ^Ivmïtmt*^ W*WK
3ô. — /. mûuitl d€ hUm c/dr, un manteau bleu dair«
36. — /. pmlaïkd dé uoffr^ planche vpour porter le paiiO ew n»\t^»
37. — //. ftrra it têmtr ajrftf, deux jarret pour meiure de leew»
38. — //. morUrs de ptra^ deux mortiers en piern»»
39. — y. $mfl dsrfent ak c4kiêns, un sceau d argent atee chatne^
40. — /. iarrûUt petit darfemt ûb ta CâdiM durgent^ un r»h«)U«(hl> |v»tU «y«^« M«
chaîne en argent,
41. — la ploma deteriurs dargent^ une plumo à tkrire eu (ir|r»iilt
42. '- III, bote* grant de tenerùn^ troit touneeui pour gertler du vlu*
I Cf. un article sur ce mot plus loin, p. 277.
* Sic pour Dayid.
180
BEVUE DES ÉTUDES JtJÏ\TîS
\\L Jlores.
Ilem. Perucim ciel Talraut [conîraentaires du Talmud);
IIÏL Fesses ^ ;
Item. IL Fesses de libres apelades Ten assuma (Tan-
liuma ?) e son de paper ;
1. Libre de pergami apelat la Viblia [sic) de Moysen ^ni
ich (sic) es en penyora per X VL Sols ;
II. Rolle de Purim Qpeîat Maguïlla (c*est le livre d'Esllier);
lïL Fesses apelades Aclel (Hallel, comme plus loin) en
pergami **
Le 1" août 1358, magisier Masse Leho judeus flsiçus Perpi-
niani réclamait à Salamies Jusse le payement d'un livre appelé en
hébreu Hahova belhaha migUn de rniga pieca (t), 11 reconnaissait
en même temps que Salamies Jusse Tavait payé de ce qu1l lut de-
vait racione document l per ie mlchi facii hue usque tain de
sciencia medicine quam aliarum sclenciarum ^
Le 27 avril de la môme année, Jusse Leho d*Elne, juif de Perpi-
gnan, avait vendu à Boniach de Montpellier, juif de Perpignan»
très pecias iibrorum JH4ayconmi de Talmut quorum unmi
vocaiur Gamara de lio[s>ua (= Rosch Ilaschana) et de Joma
(= Yoma) el aliad Gamara de Jampton (— Yom-Tob) et de Pessa
Resson (^Bera et Pessah Rischon) et alittd vocatur Gamara de
Setbas el de llehelin (= Sabbat et Erubin) ;
Le tout livré pour cent sous barcelonais de tern *,
Le 9 juillet 1377, Vidal Natan, juif de Perpignan, vend, pour le
pi1?c de 50 sous de barcelonais, à Mosse ÂUaquin, juif de la tuéme
ville» un petit livre appelé More (Livre des égarés, de Maïmo-
nide), en parcliemin, « scrit de letra masca prima * ».
1 Comme on le voit par l'article suivant, il faul enlendre par pesiez ■ parties « m
• cahiers de livre >.
* Notnh de Quiilaun^c Fabre, notairea, n» 161.
> Matiud de Guillaume Fabre, notaires, d" Ï2y.
* No{ttie de GttUlaume Fabre, notaires, u* 127. — Perpignan avait une mooBiii
spéciale qui avait courB dans les Comtés^ concurremment avec celle de Malgone ft
l'clle de Barceloue. Celle-ci éprouva plusieurs changements ; le sol de quer^ m
yttdtern de 44 au marc d'ergeui, de 11 1/2 deniers de lin, fut remplacé, eu 1221, pat
le toi doèietic de 88 au cuarc, A cette monnaie EUccéda celle dite de tern, élsblte
en 1258 par Jacques i*' d'Aragon el confirmée dans lu suite por une constitulioa
des cori-4 tenues à Barcelone en 1'290. Le roi avait déclaré que ceUc monnaie serait
perjirfitelfe^ exclusivement fabriquée à Barcelone, au titre de trois marcs d*ar^o tel
neuf de cuivre^ et composée de deniers et d'oboles dont raloi^ te t jpe et les légeodea
fieraient identiques. Quant au poids, il fut ordonné que dans chaque marc de ralliaf^
précité (mari; de Barcelone] on taillerait 18 sous de deniers et 20 sous d "oboles. La
monnaie de Malgone ni aucune autre ne pourrait plus fitre donnée ni reçue en paja-
ment. Vers !4t2, la livre ou iitra contient 2U soua^ appelés ^ififirtn dana quelque!
étals de répartition rédigés en bébreu, et le sou valait 12 deniers ou ptickitin
* NQtuU de Raymond Ferrer» notaires, n» 130.
LES JUIFS DE ROUSSILLON ET DE CEHDAGNE Itil
ans llnventaire des biens de Cresques Nasci, juif de Perpi*
gnan, décMé vers la fin août 1388, je trouve quasdam horasjithh
guas cum posdàHS (couvertures) virides; aliud librum in abrayco
scriptum Tocalum Canls de Cap dany (chants du premier de Tan)
cohoperlum de vermilio ; unum librum in papiro scriptum inodici
praloriâ in âbra3'C0 vocatum il dussim de Banataz [Hidduschini,
novelles) ; item aliud librum abraychum in pcrgameno scriptum
cohopertum poslibus fusteis vocatum in abrayco ^amcïra de Cas-
mttbbot (Keioubot)*
Item duos libres in pergameno scriptos cobopertos cura postihus
fusteis quorum unus vocatur Gamara de Cassubbor et alter Cas-
Dans rînventaire îles biens de Ferrer Salomon, dress*î le 7 d»^-
?inbre 1411, je relève:
I. /,/^r^ t)ocfl/i«m Ilummas (le Pentatenqae),
IIL Cùsiayos (?) de iibro vocato Coher de Rassona ' (c'est le
Yocer de Rosch-IIaschana, ou Rituel du matin de Rosch-
Hasclmna),
Un autre juif de Perpignan, Bonjubes Bellshom possédait une
bibliothèque inijiortante. On peut en juger parTextrait du cata-
logue que j'emprunte à l'inventaire de ses biens dressé par sa
Ibninie Bona Struga, le 2 août 1403.
* Umon iibî^nm ebraycion vocation Fumas sive Scaros (Ilamus,
Pentateuque);
Alinm librum ebrayavn vocatum Perus de Fummas [alias
Fumjas) de mahestre Salamo (commentaire do Raschi) ;
Alium tibrum ebraycum vocatum Sarrasims (alias Sarrasînus)
ïde Mahestre Daui (Schorasim de David Kimbi).
' A Hum librum ebraycum vocatum Gamara in qito est Berotors
e tanjs e Majlla e sempton el Subca (Lisez : Berachot^ Tanit,
Meila ou plutôt Megilla, Yom-Tob et Succa}.
IL librum ebraycum vocatum RJson de Vensina.
1. Wnmm ebraycum vocalum Baal aytur (Baal baittur).
Alium librum ebraycum vocatum Fienmas de Belmj bar
Sinay ab Astaros.
Alium librum ebraycum vocatum Perus de Bidauju de Josulia
B Samuel.
I L libmm ebraycum vocatum Saar Musar,
I I. Utrum ebraycum vocatum Micra de Jesayba.
» Notitlf de Pierre Ornos^ nolairof, n* 540.
• Manuel de Berotrd l'^abre, uQUires, U" &09a.
I
1
t^ BEVIJK DES ETITDES JUIVES
I. Ubnmi ehraymm vocalmn Perus de Breessis (Bereschîl
Genèse) e de Velle Saraos (Veelle Scheraot, Exode) de Maestre"^
Salamo.
L librum ehraycum vocatnm Zamanim (Peut-être Mo^d).
ï. librum ebraycum vocatum Neziquin de inaeslre Mosse,
L Ubmm ebraycum vocatum Pirque de hï EUeser.
L iibrum ebraycum vocatum Tergum de Torra (Targam de
la Tora).
Puis viennent :
« Perus de Fummas », de Maestre Abram hauen Estra (Abra
ibn Ezra) ; « Die Dnc »), « Ossanors » (Hosclianot ?), « Perus »
Mahestre Salamo de Haguiga e de SuLcha e de jeptoii [sic] e de
Rosaoa e de Mohay Catau (Moed Katon) ; « Allell » et le livre
appelé « La Storia de MordafTay e de Faman * ».
L'inventaire des biens des juifs dressé le 24 septembre 1
relève un grand nombre de livres. Malheureusement, les com-j
missaires étaient pressés et. très souvent, ils ne prenaient poini
la peine de prendre les titres. C'est ainsi qu'ils signalent tret
libres entre Ugai e no Ugai scrils en ebreu chez Gracia, veuv
de Mosse Manaffem ; vint libres jndaycs de poca valor et irenl
hun libre entre îigats e des llgais scrlts en ebreu^ chez Juse;
Léo Salamo ; carania pesas de libres entre grans e petits (ois
sct^its en ebraych^ chez Abrani Abenfalo. Les commissaires, ne
comprenant rien à ces livres, les estiment et les classent comm<
on ferait de linge ou d'ustensiles de ménage '.
Parmi les livres et parchemins de Nasim Abdus, je vois ii;
grand rotoll de pergami sent en telra judaycha et vint libri
de la lur ley. Il n'est pas de juifs chez qui Ton ne trouve
des livres hébreux, ce qui, jusqu'à un certain point, peut nous
faire comprendre le degré de culture intellectuelle de ces geni
que la masse ignorante des chrétiens méprisait*.
Il n'est resté en Roussillon aucun monument littéraire de pro-
venance juive, quoique notre AIjama ait fourni des savants, des
philosophes, des poètes, dont nous parlons plus loin. Le seul ma-
nuscrit signalé jusquUci est le n*' 21 des Manuscrits de la Biblio-
thèque de la ville de Perpignan, lequel contient la taille de
1413-1414, dont nous avons parlé à plusieurs reprises* Inutile
de dire que ce manuscrit n'a aucune valeur littéraire. Les autn
documents en écriture rabbin ique connus ou existants
* NùtiiU de Georges Barrera, ctôtaîred. n*274.
* Intentari dilt àcns deh jumt^ B. 339,
ne
I
1
LES JUIFS DE HOUSSILLON ET m CEBOAGNR
!ea
»
I
Rotisslllon ', consistent en un contrat de mariage de la fin du
xiv siècle, un testament rédigr à Montso, en 14*33, et divers
états de répartition {ialis en catalan) ou de dégrèvements {gracie
en latin) ; ces pièces n ont tiifone valeur diplomatique ou
purement historique «.
La poésie fut très cultivée dans les juiveries du Midi. Les diffé-
rents poètes de la familln Ezobi en particulier arrivèrent à une
grande célébrité. Joseph on Jehoseph ben Hannan ben Nathan,
connu sous !e nom d'Ezobi, fut un des plus agréables poètes
du xur siècle. L'épitljète à"£zobl indique qu'il était originaire
d'une ville désignée par le nom d'Ezob ou Hysop, que Ton croit
être Orange \ Il demeurait à Perpignan et florissait probablement
vers 1235, puisqu'il fat le maître d'Abraîiam Bedersi, né vers
1225. Au mariage de son fils Samuel» il composa une pièce de
Ters connue sous le nom de Qà'araih Kêsef qD^ t^^^p (Plat
(V Argent), par allusion au vase dont il est question dans le
Pcntaieuqiie (Nombres, vni» 13). Ce petit poème contient des
règles sur la conduite que Samuel devra tenir dans la société
et sur les études auxquelles il doit s*adonner *, *loseph recom-
mande à son fils de s*occuper surtout des commentaires d'Isaac
el Fasi et de Maïmonide. Par momenti il peut étudier la gram-
maire et la Bible, niais \\ doit s'abstenir complètement d'étu-
dier la science des Grecs^ laquelle ressemble aux fruits de So-
dome et deGomorrhe [allusion au passage d'Isaîe, i, 7), Joseph
engage encore son fils à cultiver la poésie, aûn de produire
des poèmes comme ceux de son père ; il lui recommande d'avoir
' Le M^nmlà^ Beroard Fabre povir Tannëo 1379 porte le douLlo alphabet buïtbqi
sur ti couverture :
n , n . 1 * T * n . a . ^ . s . 1 * b , ^ ♦ 0 o * 1 . 0 .
^ . y . p . n . c . p .
■ Noua avoDs déjà dit que lea mouumcnU lapidaires dWîgioe juivo dou» Tont
complète me Dt défaut. Ajoutons qu'il nVxisle psa rion plua ici de monnaîet Jiiivea.
• IUtM$ é«i Ktndti jmvei, I, p. 82. — C'est & tort que les auleura àa VAnmitairt des
Hjré&éea^OrieDtates pour l'anoée 1834 diaent qu'Ëaobi ou Hptop i était do PerpU
fçnan •, et ils te lromp<;Dt bien groesièrement en le faiseût vivre auxv*fiiècle. Hoor^,
ffittoiff êi RouMtiUon^ I, p. Jl5t, est lombé dans la même erreur,
♦ Imprimé à ConstaotiDopIc en 1Î523, le Vase d'Argent fut traduit en laUn par
RcucliUn sous ce litre : Rabbi Jùt. H>p)^opHS Perpinianemis jndtrôrum fwetû dukii^
êimui tx Ktbr^ea Ungua tn intvuuH tradHftus, Tubînge» 1514, ïii-4*. Plua lard,
Mercier, professeur d'hébreu ou Collège royal, eti donna une nouvelle traduction
BCCoropif^uéo du kxte, à la suite de la Tcrsion du cantique do Rahhin îlûal» La
deniiëre édiLlon eat celte de Berlin, 18 'Ut Au pc^ème d'iîj&op est eaoore Joint un
tjvité de R* Haya Gaon^ accompa^çné de notes de M. Steinachûeider,
m REVUE DES ÉTUDES JUIVES
soin d'employer un langage «^'legant pour écrire en prose"
Joseph avait deux frères, Eléazar Ezobi et Meschullam EEobi,
qui nliabitôrent pas Perpignan. On connaît de Sarouel EzobI»
lils de Josepti, une pièce de vers qu'il adressa à son père en
réponse au poèmo du VaseitArgenL
Aux villes de Perpignan, Ille, Thuir, Ct^ret et Puigcerda que
nous avons citées comme ayant des juifs, il faut ajouter ColHoure,
Millas, Elue, Torreilles, Clayra, Salses, Le Bouiou (anciennement,
el Volo) et Villefranclie-de-Conflent* Cest dans cette dernière |
ville que naquit» vers 1245 ou 1250» Lévi ben Abraham, célèbre
par le rôle qu'il joua dans la lutte entre les partisans de^ études
philosophiques et les orthodoxes. En 1276, il avait composé son '
poème didactique intitulé Coffrets de Parfïwis et son Trailê
d'astronomie tout en étant jeune encore, tandis qu'en 1304 on le
désigne avec répilhète de « vieillard », expression employée gé«
nf'ralement pour une personne qui approche au moins de la
soixantaine. Les parents de Lévi habitaient Narbonne, et Ini-
même quitta Villefranche pour aller à Montpeliier, oii il composa
son Traiié d'astrouomle (1275). On le trouve ensuite à Perpi-
\^nan (1303), puis à Arles (1314). 11 résulte ùes lettres que les
rabbins orthodoxes et surtout Salomon 1 en Adret ont écrites M
contre Lévi» non seulement qu'il était un écrivain hardi, mais "
encore qu*il enseignait et pnVJiait conformément à son système*.
Parmi les juifs qui habitaient Villefranche dans la seconde
moitié du xm<^ siècle, nous pouvons citer Âstruch de Besalu ■
{Aslruchus de Besalduno), Dauinus Bonisach, Jucef Astruc, |
Bonetus Bonisac , Vitalis Mayrii, Mayr Mosse^ Villefranche
fut laudée en 1095 par le comte Guillem Raymond, en un lieu
très imtjortant pour la défense militaire du pays. Des montagnes
abruptes, au milieu desquelles les rivières de Vernet et de la
Têts ouvrent un passage dangereux, forment en ce lieu un dé-
filé étroit. « Ost comme dans le voisinage de Villefranche-de-
Gonflent, dit Lévi, ma ville natale, qui est située entre deux
montagneîî; le soleil y est caché pendant le mois de décembre.
AFépoque ou Lévi vivait à Villefranche, cette petite ville se^
distinguait des autres lieux du Gonflent, où la classe agricole for- -
mait la majorité He que Ion trouve alors à Villefranche, après les
commerçants, c'est la population industrielle, composée de pa-
* UetiûD, let RaàbiHS français du iommtneemehi du iiv*sièclet dans Hittoirt lùti-
t,n*« dt la France, U XXVII, p. 703,
« Ufdem, p. 032.
' Noiaîrcs, n" 4706.
I
I
LES JUIFS DE mUSSILLON ET DE CL:RDAGNE i8?i
reurs de drap, de tanneurs, de tisserands, et surtout cette classe
qui formait alors la bourgeoisie, et que nous appellerions aujour-
d'hui des rentiers. Une population compostée de pareils éléments
ne se comprendrait pas sans rintervention de Tagenl du commerce
et de riiidustrie à cette époque» sans le juif, que Von trouve, en
effet, à Villefranche avant le railieu du xni« siècle ' .
Parmi les rabbins ou les écrivains juifs des deux Comtés de
la tin du XIII» siècle et du commencement du xivû, il faut citer
Isaac ben Jetiuda de Lattes» Mena hem ben Salomon Meïri, qui
habitèrent Perpignan ; le poète Pinlias Hal-Lévi, de Perpignan,
qui était prcbablement frère de R. Aliron IIal*Lévi ben Joseph
ben Benevenist. une des plus grandes célébrités du monde rab-
hinique^
et Quant à Menahem, dit M. Renan, il était fils de Salomon Meïri
de la famille Meïr, de Perpignan, et c'est un des plus célèbres
commentateurs parmi les Juifs du midi lîe la France. Son nom
provençal (ou catalan) était don Vidal Salomon, Il naquit, d'après
son propre témoignage, qui se trouve à la fin de la préface du
Bel h habbehira, vers la fin (élul, septembre) de Tannée 5009
A. M. — 1249 A. D., et il mourut entre les mois d'ab et de schebat
(juillet-décembre) de Tannée 1306» » Âbba Mari de Lunel adressa
une lettre de condoléance à la communauté de Perpignan à Toc-
casion de la mort de Menahem.
Outre le Beih habbehira, que nous venons de citer, Menahem,
qui fut enveloppé dans la querelle entre les défenseurs de la phi-
iosophïe et les orthodoxes, composa un grand nombre d'ouvragées
dont M, Renan a donné une liste critique dans les Rabbins
français dti commencement du xiv siècle. D*ailleurs, la fameuse
querelle agita violemment les esprits au Call de Perpignan; on
peut a*en convaincre par Tanalyse que M. Renan a laite des
lettres adressées par des Catalans au rabbin Salomon ben Adret
de Barcelone et autres.
J'ai retrouvé dans de vieux actes le nom de don Crescas
Vidal, de Perpignan, frère de don Bonafous de Barcelone, celui
de Samuel Sulami, qui avait donné asile au fameux Lévi, — ce
qui avait indigné Adret, adversaire Ihéologique de ce der-
nier, — celui de Moïse ben Samuel ben Ascher, de Perpignan. 11
n*est rien dit nulle part, dans ces documents, de leurs querelles
< AlifL Let SliU dû Viitffir^nike rft Cun^ini, p. 8.
* Reoii], ouvr. a/é, p. 524. — Lo nom vulf^'airo oti cilalan d-i poèU Pinhas-Uil-
I^vi élAit Don Vifïal Profet ou Profayl. U habilait Perpignsn» miîs il possédait une
propriété k Cioet, écrit I3'*3p eo bébreu.
REVUE DES ETCDES JTffES
philosophiques, rien non plas des ouvrages qulls ont éerftf.
L*Qn de ces doctuments est de 1412; il est rédigé en hébrea
et contient une liste de juifs, parmi lesguefs se troavetit un Dttrtn
et deux Gerson, Isaac et Jaco*
Beaucoup de points de la biographie de Lëvi ben Gerson sont
encore obscurs; on l'appelle maître L^n de 6agQols\ il était pe«l-
être né à Bagnols; on prétend qu'il mourut à Perpignan en 13W,
mais cette date est fausse. S il est vrai que son père Gerson ben
Salomon fût catalan, comme dît Fauteur du livre Schaisd^deih
hnHhahala, 8*il est vrai encore que Grerson ben Salomon soit
mort dans cette ville vers la fin du xin* siècle, comme le croit
Torres Amat •, on pourrait conjecturer avec quelque fonde*
ment que la famille Gerson était une famille perpignanaise ; cette
conjecture sera d'autant plus fondée si Ton considère que noui
rencontrons encore, en 1412, sur une liste de Juifs de Perpignan,
un Isaac Gerson et un Jaco Gerson, comme appartenant à la jul-
verîe de cette ville et dont les noms ne sont suivis d*aQCUBe indi*
cation de localité ^,
La famille Duran était issue de Majorque. Lors de Témeute
générale de 1391, elle quitta cette lie et vint s*établir à Alger.
Elle était alors représentée par son chef Simon ben Cemah
Duran,, mathématicien, astronome, théologien, médecin et allié
par sa femme, une juive barcelonnaîse, à la famille de Moïse
ben Nachmann et à celle de Lévi ben Gerson. Il succéda à Isaac
Barfatts dans la dij^nité de rabbin d*Alger, et tous les deux sont
regardés par les Israélites d* Afrique comme les véritables fon-
dateurs du judaïsme algérien ♦.
Il est très présumable que, grâce aux rapports qui existaient
nécessairement entre le Roussillon et Majorque, longtemps réunis
sous la m<*me domination, une branche de la famHle Duran s'est
venue établir à Perpignan. Toujours est-il que parmi les juifs ap-
partenant à la communauté juive de cette ville en 1412, figurent
deux individus qui» s'ils n'appartiennent pas à la famille du rabbin I
I
I
* BartaioccI [BxUiothcca ma^ita rabbiniea, I, p. IM] le fuît ailtre à Bignols, pelîlfl
ville du Gard.
* MemùHai para atfudaf i% fbmmr an dieeionaino fritùû tfé ht $seriior$i CMiê^
Um^t par Félix Torres Amat, évêquâ d'Astor^a, Bircelona, 1836, p. 2S«
* Renaa cito un G^riûra, (îls de Salomoo, auleur dNiwo espèce d'cncTclopédl*
d^bisloÎTA naturelle cl de philosophie iniitutéc » la porte du Ciel. » D'après quelcpiea
maauscriis, ce Gerjou ou Gersom, qui vÎTait dans la seconde moitié du xiu* siècle,
serait UQ catalan^ et tfuelc^ues ati leurs le croient père du mbbia Lé ri ben QertQCf
doDt noua parlons lî-defsus.
* Ab. Cahen, £fi Jmfï dans PAfnçtte »epttntfionaUy IiQ» le Recueil de U SodéU
ircbéologîf{u« de la province de Gonslantme, 1867.
1
I
LKS JUIFS DE ROrSSILLON ET DE CERDAGNE
187
de Majorque, portent du moins le môme nom. Le premier s'appe-
lait Duran Salmias, et Tautre Duran Salomon. Le nom de Duran
se retrouve d'ailleurs assez fréquemment et à diverses époqoes
sur de vieux actes relatifs au judaïsme perpignanais et anté-
rieurs à 1412 *.
XI
LES JUIFS DES DEUX COMTÉS PENDANT LE RÈGNE DE JEAN II D*ARA-
OON ET PENDANT L'OCCUPATION FRANÇAISE DE LOUIS XI ET DE
CHARLES VIÏL — EXPULSION DES JUJFS D'ESPAGNK ; PLUSIEURS
SB RÉFUGIENT EN CERDAGNE ET BN RO0SS1LLON (1458-1492).
Alt>honse eut pour successeur Jean II, son frère» roi de Na-
Tarre du chef de sa femme. Ce prince fut l^advorsaire de
Louis XL Ils offrirent l'un et l'autre l'exemple d'une conduite
déloyale. Ils avaient de grands défauts ; ils possédaient de
grandes qualifias, surtout Jean II, dont il faut louer le courage
et la magnanimiW. On sait qu'il ne voulut jamais trop charger
son peuple d'impôts, malgré les guerres continuelles au milieu
desquelles s'écoula sa vie.
L'occupation française de Louis XI et de Charles VIII porta
un coup mortel à TÂljama des comtés, déjà réduite aux der-
nières extrémités sous ie règne d'Alphonse,
Les troupes françaises entrèrent en Roussilion vers le 10 juillet
1462. Bientôt elles occupèrent les châteaux de Perpignan et de
Collioure, sous le commandement de Jacques d*Armagnac. Le
Roussillon et la Cerdagne, domptés par la force des armes,
étaient désormais livrés au gouvernement tyrannique des ca-
pitaines de Louis XL L'un d'eux surtout, qui est qnalitié de
capitaine de cent ianc^s^ Bolfillo de Judice, fut chargé d'exé-
cuter les ordres implacablement rigoureux de ce despote soup-
çonneux* Mais» parmi le grand nombre do documents qui nous
' De Boaça, Note sur quatre tiorvmenta en Inngtte hfhfa%qHé eomert^i aux AnM^et
du df'p^rtemtni des Pi^rtU%ért~Oncnta΀s^ âaDS te tome 17 des btiUelins de la Société
«gricolo. »cienUGque el Ulléraire do Perpignan» — Je Irouve un Moflse Duran do
^fttle iia^no, en 1275, d Perpignan (Nolaire, n* 47iO)» Mnpster Duta^ Leo^ qui
figure dins une longue lislo de Juifs, dressée le 25 mal 1380, avec Durûn d'Arles
[Notulo de François GironiJ. Uoe liate^ dressée le \*f mars, cita Durim Halamitt^
4,fB REVUE DES ETUDES JUIVES
restent du gouvernement de Boffillo, nous ne voyons rien
serapporteaux juifs des comtés; rien, non plus, dans le grand
nombre de lettres patentes et d'ordonnances de Louis XI con-
servées dans divers registres de nos archives départementales.
On serait presque tenté de croire que le roi de France avait abso-
lument renoncé à s*occuper des juifs des deux comtéa oa qii*iU
avaient émigré à peu près tous. Je vois, il est vrai» que le
28 octobre 1473 Bonafilia, femme de Bellshoms de Blanes, juif
de Glrone, vend à Samoel Benvenist Jofay une maison sise au
Câll des juifs de Perpignan, voisine de celles de Na Blanclia Juive,
et de Jean Traginer» marchand clirétien ;'mi>is, en 1476, Jean
de Mendossa, alcali del castell de Perpenya, concède à diverses
personnes les maisons du Call de Perpignan'. Le 14 novembre
1485, des particuliers payeiit le cens de raorabaivis pour deux
maisons sise* au CaH vell et dont Tune faisait partie de la Scola
delsjneus-,
Jean II mourut à Barcelone le 19 janvier 1419, léguant à son
fils Ferdinand, déjà roi de Sicile, la couronne d*Aragon, qui
allait, pour la première fois, se réunir à celle de Caslille. Son
adversaire, qui fut peut-être le plus grand politique de son temps,
le suivit de près (30 avril 1483]. Ferdinand était le digne élève
de son père ; Charles VIII était tout l'opposé du sien. En attendaol
de négocier la restitution des comtés, et sûr de réussir plus tard,
Ferdinand se mit en mesure d'exercer son métier de roi absolu.
L'un de ses premiers actes fut la réorganisation de rinquisitioii.
Un prélat espagnol lui avait mis en léte qu'il était indécent
de voir les juifs se mêler aux chrétiens dans toute espèce de
société et de commerce et qu'ils portaient le désordre dans un
' Euhriptet de Puignau, vi, fo. 35t,
* B. 412. — La Sco]ft ûu Syaagoguc du OU semble avoir élé déplacée dans t«
lircroières années du iv" siècle ; un documeot hébreu du 1i mai 1*12, qui est qd
tableau de réparti iioo a un dégrèvemeut àù 8 livres 15 eouf^ Tindique peut-^lre:
« Nous, décrétai rea aousrignés, a vu h?, d'un accord utiaDÎme, Ojcë le» remises n-
dcssouf înscrîks eur le prix à payer pour la venle des locaux de la syna^o^e qti'a
achelés En Vidât Vto*!ch (remises se composaot) de 8 livres 15 sous qu« nom rep-
lions à fttire, suivaul le caolrat de venlc, passé le deuxième jour du mois d«
RiEirB 412 (1412); par le notaire En Bernai Fubre, • M. de Roaço, a qui DOiis
empruntons ceUe Iraduction^ dîl avec raison que dans Tignoranco où noue (Oiames
des différentra circoDstaoces qui se ratiacheùl à ce tcxte^ il dous esl impossible do
savoir au jusle ce qull veut dire. Vidal Vio^ch u'élait-il que le mandataire de li
communauté juive, qui. au lieu de vendre les locaux de la Sjrnagop^ue, les aunil
acquis au contreîre? Ou bien devons^nous admeltro que Vidil Viosch a acquis det
administrateurs de lé svnagogue pour soq propre complo et celui d'un grand nombre
de juifs dctit le nom ligure dans IVcte? U y avait eu coolral de vente des locaux de
la synagogue, le 2 mars 1412 ; malheureusement, ce document n'ost point parvenu
jusqu^à nous. Voyez de Doaça, loco citato.
I
I
I
I
LES JUIFS Dli ROUSSILLO.N ET DE CERDAGNE
189
grand nombre d'affaires. Si Ferdinand n'avait pas été roi» et roî
absolu et fanatique, il aurait répondu au Garriinal d'Espagne
que les juifs veiiaifint de lui rendre des servicesr éminents devant
Grenade, où ils avaient pourvu au ravitaillement des troupes
avec autant de modération dans le prix des comestjljles que d'iia-
hUeié et de promptitude ; mais le Cardinal avait inventé un Saint
tribunal qui devait se composer de juges sévères et graves pour
_ rechercher et punir les crimes d'hérésie et d^apostasie- C'était
■ lout siioplement la réorganisation de Tlnquisîtion sur des bases
aussi redoutables que nouvelles. L'élément religieux ayant étouffé
l'élément politique, le tribunal du Saint Office devint le maître
absolu de TEtat* Certes, les rois catholiques voulaient bien
ïtiniié polUique de TEspagne, mais c'est Vimiié religieuse qui
passa la première : celle-ci lut considérée comme devant être
le gage de la tranquillité Intérieure de la monarchie. Et puis,
il courait en Europe des idées nouvelles, passablement étranges,
et que les conservateurs de Fépoque appelaient déjà subversives :
Tunité du dogme pouvait être violemment attaquée et périr d'un
jour à l'autre. Ces dangers, qui, à la vérité, étaient loin d'élre
chimériques, déterminèrent peut-^tre rétablissement de cet
odieux tribunal du Saint-Office. Il peut avoir rendu quelques
services à la monarchie espagnole de la fui du moyen-âge, mais
il fut certainement contraire aux intérêts de l'Espagne, sans
compter quil * fut un défi jeté à la fac-e de réternelle justice»,
selon l'expression d'un grand historien.
L*ancienne Inquisition n'avait pas été en faveur auprès des
populations du royaume d'Aragon ; la nouvelle leur déplut
encore davantage : tandis qu'elle réussit à s'acclimater en Cas-
tille, soji code, aussi immoral qu'arbitraire, souleva une indi-
gDation générale dans toute retendue du royaume d'Aragon.
En Catalogne, à Valence, à Majorque, pays où la confiscation
des biens et le secret des dénonciations étaient contraires aux
libertés publiques, firrltation des esprits (It commettre une
foule de meurtres ** « Ces excès, dit Henry, ne changèrent rien
à la résolution de Ferdinand et causèrent le supplice d\in grand
iiombre de nouveaux chrétiens, qu on accusa d'être les moteurs
de ces graves désordres. Cn mot explique robstination de Fer*
dinand ; ce mot, c'est le besoin d'argent. Les chrétiens nouveaux
étaient de riches juifs ou des enfants de juifs baptisés dont
Iliérésie, déclarée constante par l'Inquisition, entraînait la perte
de tous les biens, confisqués au profit du fisc. L'inébranlable
1 Pirt€t^im Imqumtùmm B^mtrici^ g 3, 11, 12, 15, 16, 17.
i
190 REVUE DSCTïrDES lUIVES
fermeté de Ferdinand triompha partout, malgré la vite ?«%-
tance de la Catalogne, qui ne put ^tre réduite qu'eu 1481. c'est-
à-dire huit ans après rëtabllssemeul de cet épouvantable trilmoil
en Castille et trois ans après son introductiou daiia le roy^mt
d'Aragon'- »
On connaît peut-être mal les causes qui amenèrent reipufaioi
des Juifs; il n'est pas possible, en tout cas, que le seul besoifl
d'argent fait suggérée à Ferdinand. Nous avons parlé plus haut il«
souci de l'unité religieuse ; il y eut certainement d'autres mutils,
ignorés aujourd'hui ; quoi qu'il en soit, les rois catholiques sipè*
rent le décret d'expulsion des juifs d'Espagne le 31 mars 1492.
« Ce décret, dit Âmador de los Bios, rem[>lit de constemaliofl
ceux qui» naguère, pensaient que les temps des persécutions étaient
d<^jà passés : il fut même désapprouvé, en secret, par un grand
nombre de chrétiens chez qui le sentiment religieux n'avait pal
dégénéré en fanatisme, La multitude y applaudit toutefois arec
l'enthousiasme le plus vif, et les rois catholiques ne reçurent pa*
moins de bénédictions pour cette mesure que pour la conquête
de Grenade*, » Que le public ait applaudi 0 avec enthousiasme 1
à cette terrible mesure, îa preuve n'en est point faite. Il est toute-
fois bien certain qu1l ne la condamna point, aiguillonné qull
était par le clergé à mépriser, piller et tuer les juifs. D*aillears,
rabsolutisrae des rois catholiques était tel qu*on se serait btea
gardé de murmurer. L'historien espagnol que nous venons de
citer dit lui-même que la conquête de Grenade les entourait d'uo
prestige immense et que « personne ne pouvait contredire leurs
volontés », que personne « n'aurait osé s'opposer à leurs des-
seins ^ ».
Les juifs devaient quitter TEspagne à la fin du mois de juillet
1492. Nous avons vu que les deux comtés appartenaient encore
à la France. Ceux des juifs de la Catalogne et de TAragon qui
ne s'embarquèrent pas pour l'Orient» franchirent les Pyrénées
et vinrent se mettre sous la protection du roi Charles VIIL Oe
verra que malheureusement ils n*en jouirent pas longtemps.
Dès Ip3 premiers jours de juillet, je trouve ici des lettres de
change payables à des juifs expulsés d'Espagne* Malgré les dé-
fenses de l'édit, malgré l'excessive vigilance que Ton mit à
l'exécuter, les juifs sortirent d'Espagne des sommes importantes,
• HUioirt dti Roustilhn, II, p. 248.
M. Mngnabal, p. 14M42»
* Uidem»
LES ailFS DE nOUSSlLLON ET DE CEÏIDAGNE
VM
I
I
I
et ils le firent surtout au moyen de lettres de change. A la date
du 10 juillet 1492, je trouve, dans la Notule d*AiituiaG Pastor,
une lettre de change de Saragosse sur Naples, payable à Dauit
Cohen^ juif de Bellxit» ou à son fils Gaçon Cohen '; le 31 du
même mois, c'est une lettre de cliange de Yaleace sur Naples
payable à Gento ou Xanto Atraix, juif de Terol, en Aragon'.
Deux mois plus tard, ces deux marchands juifs constituaient
procureur Antoine Navarra, marchand catalan, résidant à Napies,
pour recouvrer les lettres de change en leur faveur ^. D'autres
juifs, de Gervera, de Saragosse, de Barcelone, de Montso, de Sta-
dilla, de Tarragone, de Girone s'étïiient réfugiés à Perpignan.
Slruch Abram, Lévi Léo» Mosse Vidal, Samiel Salamo, Sdras
Belsom, juifs de Girone, avaient emporté les î^olies, IWres et fols
allres abilameuis appartenant à la synagogue; îe juge du do-
maine, par mandement du 27 août, leur enjoignit de lui remettre
ces objets» avec défense de les faire sortir de la ville de Perpi-
gnan *. On peut comprendre par là riue les employés du gouverne-
ment français prêtaient main forte à ceux du gouvernement espa-
gnol dans Faccomplissement de i edit du 31 mars. Quelquefois ce-
pendant les fonctionnaires français ne faisaient que leur devoir
en prenant des mesures en apparence vexatoires pour les juifs
émigrés. G est ainsi que, à ce moment môme, et à Tinstance des
<r préposés *? ou syndics des smires e calsaiers, le juge du do-
maine notifiait à En Manaflem Mosse et à En Nassan, clavaires de
rAljama de Perpignan, que negun ho negnna crestta hojHheu
cresiiana ho Jus la no gos ni puscha clins la présent vila ho ter-
fnens de aqueila de offîct de meslre de sartres^ calsaters^ jupo-
ners ho pellers, ni lalla robes^ cuises^ jupons € pelia de qualse-
volia persona fins e tro sera stat examinai e aprovat per los
sobreposats^ ab eonseil de alguns dcl dit offîci esser abiU e
stifficient a esser mesti^e en lo offîci de saslres^ calsaters,
juponers o paliers *. C'était évidemment une défense motivée
' NoUiret^ n* 80t , f" 39. — Rede de Ambr^aio Pannocbi e Company tu Netpolif
-J- -p -j- Jli3 tu Çiragoçû a xvitu de julio 1492 -|- pagit a ta usança por aquosta
seeunda de cambîo hù bavendo por la primera a DuuiX Cohen judio de BeUtl o a au
6x0 Ciiçoû Cohea mil tjuoreDta très ducadas doro de camara dcûiooa 1" xxxxiii du-
cadoa por al valor ai|ui del ûhho D<iuil Coben Tazet bueu pagoy ponel a conto de h&
vuestros de lioma iobre de Qo&utroa j lUomal quilaEzas, Jba vos g. Vueslros Pedro e
Mi^uoj Torrero.
« Ibidem.
* B. 413 [ManmU ctm«, ixj, f" 43, r.
* Ibidem f t* 41, r". — Parmi les Juifs venus rrEspague, noua pouvoaa citer i
Satomoa iiabusmel alhs Xamorio e jusse lltibusmcl, de Sarragosse ; MtttxQUor
ytttve do Ffâbim Âm&ii4oj]| Saloaoïi Mmiaf^em, Seuloa Aviu Caleya, Abrtm BeO'
f
in
REVDE DES ÊTCDES JlIVES
pBv le grand nombre d'ouvriers juifs qui arrivaient d'Espagne et
la nécessité de protéger le travail des ouvriers chrétiens de Perpi-
gnan. Il ne faut donc pas voir ici une complaisance pour le gou-
vernement espagnol. Voici toutefois un exemple de persécutioa
qui est formel.
En effet, par lettres du 15 septembre 1492, datées de Montjoieje
roi Charles VI [I donnait aux damoiseaux Spanyol de Camon et Pierre
Irraxeta l'ordre de poursuivre les juifs expulsés d'Espagne et réfu-
giés sur les terres des deux comtés *. Comme on vient de le voir,
plusieurs d'entre eux étaient arrivés ici sans argent et avaient du
en emprunter. Maintenant, leurs créanciers les pressent et font
fulo, Ffabîm Jacob, Juccf Âlmosoîno, Jamilli reoTC de Cafi9oa CoffeOt di
&I011U0 ; SalomDQ Colfeo, do Lérida; Mofise Hajncs, d'Osst en Afigoa. !■« 24 sep-
lembre 1492, Falaguer RicDOcli el Samuel Almosaino, feprésenlanlade 61 chefs de mai-
•on des juifs de Sudilla; puis, Hobi Saimo, Papern« Bouanad Âbio Barucb, Âimm
Âbdus dit Xif^utilo el autres, au Dom de 74 chefâ de miisou de raljama de MouLmi, et
En Assau Mosse, de Perpigaau, fout des conTeQlioos pour emprunter 135 livres, dues
par les aljsmas de Moulso et de StttdiHa pour pajer le eauf-conduît accordé, mojeo-
oant 20 boIs par cbel de maisoa, par le vice- roi de RoussiUod et de Cerdagne, aax
aljamas étrangères réfuf^iées dans ces derniers pays (B. 338). L'arpent leur fut prtié
par l^'errer de l'Ala et Beroard Sanio, marcbauds de Perplgnao. Le 1 1 octobre 1492,
ces derniers demsDdèrcQl lo saisie des biens des dits débiteurs, qui avaieat été dé^
posés chez Abram Meûaflem, juif du Galt de Perpi^nao, Abram Menaifeoi fui dûoe
cité, mais il répondit qu'il c'avait à rendre compte de ces biens qu^à ceux qol le*
lui avaient remis. Les deux maicbûods pËrpignsDals se saisirent alors des marclmw
dises de Boosnat Abin Barucb, qui protesta. Le 25 octobre il demanda <(u*il fÛi
sursis à îa vente d'une balle a lui saisie par ordre de Ikrnat Sanxo et Ferrer d^Vli,
• Bttesque es stada fêta concordia entre lodit F d'Ala com a detenidor de ta robt de
la aljama de Monso, ab los jueus dedtia sljama que per la quantitat que dit Ala ra-
lebis dedila aijama que de\îcn pagar per tttta très ducats e mig, e com dit jueu
hiif^e pagada la sua part e la part de tota ^a familîa, demaoa que dues baies de
roba que..« te... li sien restiluides, . . • Lodit Ala demana tsserli satisfet par
lots los jueusde la dita aijama de Monlso qui son vuj en la présent \'ûm. etc. (B, 113,
f» 46 et 48).
■ Cum magnilieus vir Spanjol da Camon domicellus a Cbrisiiaoissimo domino
noslro domino ffranchorum rege fuerit comissarius utia cum magoilTico PetTiS
Irraxeta domicello cum illis verbis et quitibet in sotidum créa tus ordinal us et depU'
tatus cum suis patentibus regiis litieris pérgameneis. . . Dat. in Monte de Ge?
die XV mensis seplembris anno 1492 ad proeedeoduin adversus et contra quos-
cumque juJcos marcs et femellas et eorum et cujus iibct ipsorum bon a degenles in
terris, villis, tastria et locia svtis in comitatibus Uossilionis et Ceritaoïe baonitôsat
expulsos per sereniasimum regem Castêrlle et Âragonie a suis regnis, ter ns« ciTïla*
tibus, vîlliSf easlris et locis et alia peragendiini prout et quemodmodum in dictif
comissionis litlerîs regiis est contentum, dictum, expressum et ordinaium. cl cum
inquam idem magnifficus vir SpanyoM de Camon prout ssseruit de proximo est •
preseniî villa Perpîniani recessurus et no voluntas dicti domini nostrî Ffranchomm
régis fruslrclur sed ad totalem elTcctum deducalur, eonfidcns merilose prout eciaoi
Bsseruit de Gdc indiis*.na et IcgaliEate magoiflici virî Bogerii Doncs eliam dociieallî
tenore hujtis modî prcsentis publici instrumenli cunJem Hogerium Dones présentes
fubstituit et ECU in suum locum poauit et surrogavii vidtilicet ad procedendum et
enenlandiim eonlra dietoB judeos cl corurn bona cl alia facieodum el perageodiim
que in diclis comissionis litleria regiis contineiilur clc Aetum Perpîniani die
^1 xaensis januarii 1493 {Nûtttk de Jacques Ça Torra, ûolaires^ n« 1518, f» îi, r'J-
I
I
LES JUIFS DE R0i;S5JLL0N ET DE CERDAGNE
^3
fre le peu de biens qu'ils ont pu sauver du naufrage ^ Ils
Uentlront pas qu'on les expulse ; ils vont quitter d^eux-ra^îmeâ
rpîgiiati, où ils vivent dans une crainte continuelle ; mais alors,
feont leurs propres gouvernants qui les prennent au collet: les
HairesEn Jusefï Asdayet et Eu ManaTera Mosse font convo-
|uer tous les juifs de rÂljama dans la synagogue du Call et leur
léfendent de quitter la ville avant d'avoir payé ce qu'ils peuvent
devoir*. Le 10 janvier 1493, les commissaires de Charles VIJI,
Spanyol de Caraon et Pierre Irraxeta» les informent qu'ils vont
les expulser et confisquer leurs biens, en vertu des lettres royales
à eux adressées le 15 septembre 1492. Les juifs se réunissent,
' décident de contester ce droit aux commissaires du roi de France
et nomment pour arbitres Jean Tarba et Gabriel Serradell ^.
Les deux arbitres prononcèrent leur sentence le P^ février
1493. La voici en substance :
Attendu que les lettres du roi défendent que les juifs venus et
expulsés d'Espagne demeurent en RouBSillon, vu la mauvaise
saison et Télai de maladie dans lequel se trouvent plusieurs d'entre
eux, ils devront ôlre partis à ia fin de mars prochain ; ils devront,
dans ledit délais avoir payé 50» « frauclis corrents » à la princesse
Madame de Foix ; ils payeront, en outre, M « seuls dor del sol w aux-
dits arbitres.
La sentence fut notifiée le 8 février 1493 à Roger Dones, com-
missaire en remplacement de Spanyol de Gamon , absent, qui
déclare n*ôtre pour rien dans ladite sentence, d'autant plus qu il
* Uifiem^ f* II, r** — Le» procureuts des créuBciers dea Juifs de Cervera réfugiés
m Perpignan, récUmatit k Jusscf Asdayct, qtidques Jours plus tard (29 Janvier 1433),
tine dette, disent au Jufçe du domaine çtte fs puhlica fuma que hs Juheus tem fioien
^nar t: toit jornê itn van « reitr» lun hcnt. Us demandent en conséquence le séquestre
des bieofl du dit Asdu^et (B. 413, f* 58, r).
* Voici le nom des Juifs qui contestèrent au£ commissaires français le droit du les
I
expulser
Mosse Xamorro
SalomoQ Maymo
Isach de Bescs
SftlomoQ Xemorro
Bonafos Bonguba
Bonanat Âvirabaruch
Salomon Almosnmodo Co-
pUurc
Magièter Pi a il
Jaxton Abba
MoMS Vidait
SalomoQ de Ptera
Maghttr Bonpuha
Salomon SamuelL
Yisacb do Bran
Ysacb de Ma s ares
Johnna Caslella
ganauel Albalecb
JclFutla de Quersî
Ât agioter Salomon Alpa
perri
JelTuda Abba
Slrueb Abrsra
Salomon Albalecb
iM(*t$itd de Jacques Ça Terra, notaires» n* 1518, f* iî
XVI, M* yi. n
Donguha Adrei major
N AElrucb Menefem
Ysacb Al baie ch
Jscob Tolodano
Salomon Baro
Salomoa Sabm de
pliure
Jucef Adret
SabmoQ Avialoro
Stlomoa Bon^uba
SascD
Co-
I
194 BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
vient d'arriver un nouveau commissaire avec d'autres provi-
sions sur lesquelles il n'entend ni ne veut préjuger (uUra que
are de nou ha arrWat allre comissari ah allres provisioiis,
que no enlen ni voll prejudicar en aquelles *).
Les juifs des deux comtés firent aussitôt leurs préparatifs de
départ. L'un d'entre eux, qui était aUé à Marseille, avait passé un
traité avec un armateur de cette ville nommé Suslion Albertas,
qui devait embarquer à Collioure cent textes de juhetis comO'
rans en Rossello. Notre Marseillais arriva dans les eaux de
Collioure avec sa galioia, appelée Sant Elm. Personne ne ae
présentant, il vint à Perpignan le 15 mars, où il rencontra Sas-
san Abussacli, auquel il rappela le traité passé à Marseille avec
Genton Atran, mort depuis dans cette ville. Suslion Albertas
somma donc Sassan Abussacli et les autres juifs de se mettre en
mesure de partir. 11 promit d'attendre ses passagers huit jours de
plus ; passé ce délai, il reprendrait la mer*.
Pendant tout le mois d'avril je trouve des juifs à Perpignan
occupés à faire rentrer des dettes ou à réclamer des objets qu'on
leur a volés ou saisis injustement. On sent partout les préparatife
du départ. Le 15 mai, le procureur dq l'honorable Otxuan de la
Torra, patron de barque, fait notifier à plusieurs juifii qu'il est
présentement au port de Collioure, et qu'ils aient à se tenir prêts
avec leurs familles et biens à s'embarquer avant la fin de la se-
maine. Ces juifs sont :
Mestre Isacli Salomoii Rabi ; mestre Bonjuha ; Jusse Adret
maiornalic; Bonjuha Adret; Rabi Samuel Albala ; Salamo Xa-
morra, Isach de Debrom ; Bonafos Bonjuha Adret dierum 7ni7ior;
Isach Albala Rabi ; Samuel Bonjuha Adret. — Et ce dernier dixU
que ell te malalls ^
Charles VIII rendit à l'Espagne les deux comtés de Roussillon
et de Cerdagne, que son père avait conquis à force d'argent, de
patience et d'astuce. Les 2 et 3 septembre 1493 eut lieu la remise
des fortifications de Perpignan aux autorités espagnoles. Ferdi-
nand et Isabelle, partis de Barcelone le 6, firent leur entrée dans
Perpignan le 13, vers deux heures de l'après-midi, au milieu d'une
pluie battante.
1 B. 338.
* Manuel de Jacques Ça Torra, f" 10 \°,
* Manuel d'Autoiue Paslor.
Un des premiers soins do Fertlinaïul fut d'api^liquer aux juifs
^es deux comtés Tédit perpétuel d expulsioji porté lo 31 mars
P492 contre leurs coreligionnaires d'Espagne.
Par son nouvel Hli donné à Perpignan le 21 septembre 1493*,
le roi ordonnait auxdits JLiits de sortir de tons ses royaumes et
terres dans un délai de trente jours, avec défense d'y rentrer
ft
' No» doa Fferraudo per la pracia de dcu rey de Gastoilt, de Arago olc, Râcor>
d«as en dits passais ab nostre real edide perpeluament durador haver pfovcbit o
niADil par les ctusea en ar:[ueU cûnLoDji^udes, ^a& tols los juaus, aii bomens com
doues, Axi maiors com menors isquesen de lois no&Lres règnes e terras ab ces famU
lies 6 companjas dins lo temps eu dit ooslre real udicie preG^iC e que ao fosseu
g^f^ats tomar en aquells ne en part de squells per star, habitar e passar ne en aUra
qoalscvol maners ttott pena de mort e de conûscacio de lots aoa bena en les quais
incorren ipso facto e seus allro procès senlencia o declaracio segoua que en lodît
nostre real édicté al qu&l nos retîcdin es mes exlcsiiment contengut. E per quant
QOS per lo serTey de nostie seojor Deu dedujant a dej^ut eiïecte lo dit uostre real
ediet« segoDS 6om tcnguta e oblige Ls per lo des^arrecb du nostra real Londeneia
Tolem sia exequit e observât en lot c per tôt en los nostrcs présents cozntata de
Rosselo e de Cerdanya, per ço eb ténor de les présents de noslra certa sciencia y
dcliberada maoïin a tots e quaUevol jueus a xi bomens com doaas de qualsevol edat
sien qae babiteii y slan en los dits nos très comtats axi los Daturalfi del oom tos no da-
lurals^que siec per qualsevol causa veuguts bi esliguen en ella, que din» spay de temps
d« tfmla diaa, del die de la data de la présent en avant compladors isquen perpétua-
meot de lots los dits Dostres comtats g rognes e terres no&trcs e ba nostra juriisdiccio
subjectea ab sos blls, iilas e Tamiliars jueus axl bomeDs eom dones de quals&vol edat
sieo, e no sien gosats ne presumesqnen venir ni tornar en aqudlSj axî pL*r star com
per passa r bo en allre qualsevol manera sots les pcnes en lo dit nostre rcial édicté
conteogndes eo les quais volem axl matexs eacorregan ipso facto qualsevol personas
de quaJseTol ley^ siat, grau e prebemiDenda que bicd que receptaran, acculiran empa'-
raran o defleaiaraii bs dits Jueua axi publicameut com sécréta dins los dits nostret
coffltats passât lo dit terme a ells prcGgil^ dins lo quai terme e no mes avint prenien
los dits jueus ax) homeas com donas sots nostra protcirclii e saWaguarda real, axi y
•& lai mènera que per persoiia alguaa nols sia Ici mal^ dan« iojuna ne vexacio
alguoa contra Justkia, sots les pcnes que incorrea los qui tienqucn salvas guardias
de son tty e seoyor natural, Donam empero licenda als dils jueus que, pagnat que
haurao totj e qualsevol deutes per ells deguts, sxi de rendes reals com altres qual-
•evoi puixen traure e porter fora los dits comte Is lo quels reslara de sos beus axi
per mar com per terra puiys no sie en or ni en plata ni en ks altret coses probiLides
de traure fora los dits nostrcs comtaiSi scgons que per altres nostras proTîsioDS a
comissions de U data de It présent es mes estesament contengut manants expresaa*
meot elc« Dat en lo tiostre ca&telL de Pcrpeoya a xxt* de fetembre en lany de la nati-
vilat de N. S' Mil GGCctxjtxx, Très. Yo al Ray (Arcb. doa Pyr.-Ur., Inwntari
ff àenêdeUjueu»^ U, 339].
n
.ia6 UKVtîi: DES ETLîDIiS JUIVES
Jamais « sous peine de mort et confiscation de leur avoir »; îl$
devaient, au pr^^alable, payer leurs dettes dans le terme flx^, ave<;
toule liberté de vendre leurs biens et d'emporter ce qui pourrait
leur rester de nippes et de mobilier, «t à Texceplion de Tor et de
Targeiit ».
La juiverie de Perpignan était réduite à un très petit nombre
de familles, et la plus grande partie des juifs expulsée de Cata-
logne, de Valence et d'Aragon qui avaient cherché un refuge pro-
\isoire en Roussiîlon» pendant Tannée précédente, s*étaient d^jà
retirés en divers pays. Ces malheureux étaient condamnée à
disparaître jusqu'au dernier, car les ordres du roi Ferdinand furent
rigoureusement exécutés. Tous les biens des juifs furent immédia'
tement inventoriés et séquestrés, et, tandis qu'il leur était impos-
sible de recouvrer, faute de temps, leurs propres créances et même
d'en ramasser les titres, leurs créanciers eureïit toutes les facilités
pour présenter ïeurs réclamations, exercer des poursuites et se
taire payer ce qui leur était du '.
Après la publication du décret qui chassait les juifs des deux
comtés, Ferdinand signa des édita particuliers visant les juifs de
Perpignan, CoUioure, Elue et Millas, ce qui ferait croire qu'il ne
isen trouvait point dans d'aulres lieux du pays à ce moment
Un inventaire fut immédiatement dressé, par ordre du roi, de
tous les meubles appartenant à chaque juif. Défense expresse était
faite, avec menace de peines corporelles, d'en rien distraire,
vendre ou enlever, afin que la valeur de ces objets pût, au besoiiit
répondre du paiement de ce qui pourrait être dû an fisc
Le 26 septembre, le procureur royal appela devant sa cour
le syndic des juifs. 11 commença par demander le paiement d'un
cens de 4 livres 1 sou sur !a taille de la boucherie du Call, droit
' Don Fferrnndo per la f^rada de deu rcy... ats amau conseller e faells nostnei
rao?9. ÂDlon dez Vivers cavalier e procurador real Dostrc, . , e micer Gabriel Sem-
dt'U dr en lt?vs de la vilo de Perpenya. . . Ordre de fitife fain dn crUet en rerin it
Vf dit précédent ,, , pour que tovte fiertonm à gni il ëtrait dû pût les Juif* ail à f/-
damer pour que U payement soit fuit ab lola recûtut, de mêmf fut ponr tt jvi
êerait dû (tuxJuifx^ preoiat per invcnLart, si necuèsiui sera, los bcûs dels dits jueus,
axî bens mobles com la mobles^ dt'uLes e ceiisnls âéls diU jueus... Quant eispero
se s^^UQrda a la solueio dû les leudes rcab ooslras, volem eus manam que sia ptt
vos altrts fêla eiUmacio de la proprietat del que mon tara n les dites rendes ret'
CDmptanL aquella a raho de vinl e siuch mit sous per mil, la quoi quanliïat ros
procurador real noalre reebreu en dines compLanls o en or o argent dtls dits jaeui
y vu dcirecla de aines tomplaDLs or a argent en altres qualsevol bena. B paK>t
aiiUsI^i que bauraa dits jueus les dites rendes reals cl a) 1res creedors los restituy
los akrcs bans sens losquals puxen ira lire tora los dits noslrcs comtaU, puix no t:
en or argent e nltre^ probibides de traure etc. Perpetiya a ixt de seiembro del
de la nauviiat de ENJ. S. 14^3 (B. 339, £« 3]. — Les criées ordonaéet (>ar k roi U
failes à Perpif^aan le 21 septembre.
LES ICtFS DE ROUSSÎU,ON ET DE CERDAGiNE
197
qui, disait-il, se payait annuellement au roi. Le syndic répondit
que ni lui ni aucun de ses confrères ne connaissaient Texistence
de ce cens ; qu'ils le payeraient cependant, quand on leur en au-
rait démontré la légitîmiti^. Si une rente constituée de cette espèce
avait réellement existé et que les juils la payassent chaque année,
n'était-il pas étonnant qu*aucnn d*eux n*en eût connaissance! Sur
celte observation du syndic des juils, la séance fut levée et ren-
voyée au premier octobre suivant.
Ce jour-là, sans aucune autre explication au sujet de leur pre-
mière réclamation, les commissaires en présentèrent une autre
qui ne surprit pas moins les juifs*
En première ligne des créanciers, figurait le patrimoine ou
domaine du Roi, qui, par Torgane de Jacques de Casafrancha,
régent de la trésorerie royale, présenta sa requête avec Tétat
des droits et sommes dont les juifs de Perpignan étaient redevables
envers le trésor.
Nous requérons, y est-il dit, que lesdits juifs, qui sont au nombre
de quatorze ftux ou ménages (quatuor decim fochs sive casais),
payenl, ouire les cens, morabaiios, fermes... et autres droits
dus à nos seigneurs le Roi et la Heine, les deux florins d*or pour
chaque feu appartenant auxdits seigneurs à cause de leurs couron-
nements, c*eçl-à-dire au total 28 florins d'or ;
Ilem le viaridatge ^ dû pour quatre litles légitimes et naturelles des-
dits seigneurs le Roi et ta Reine, à raison d'un florin d*or pour
diaque mariage de chacune d'elles, ce qui fait au total 56 florins
d'or; et aussi le demi mandatée pour trois filles illégitimes dudit
\
* Lt droit ronnu en RousfiUoa sous le nom de mandatée contîstait en une
impoeilion perçue, k titre de dot, par le souveraiu, comte ou roi, pour lo mariage de
chacuuo de ses Glles< Le caractère et les mœurs priirés du souveraio, iVtat de la
moral île pubUrjue, ver in blés dans le cours des siècles, ont dû rendre cet impôt plus
ou mmas lourd, plus ou moins TréqueDl^ eurloul après que lu martifçe des filles i\\é~
pilimes eut été, pauf aiof i dire, assimilé à celui des filles lé^^îiimes. Tout d'abord, en
elkl, les suj'is et vassat'x ne ptjoient pour les premières que la moitié du larif fixé
pour les secondes. S'il est posfible de reconnu îlre jusqu'à un certain ptnnl les pru-
grbs de la moralitâ pulj]ir|ue chez une nalion. d'un siwle à un autre, il faut ennveutr
qae )i dilTefence est moins sensibla en ce qui concerne la moralité privée des sou-
verains. On croirait que la loi du progrès moral marche ici à rebours. Dans sou
ieelament, Uix en 925, certain comte de noire pays donne le nom de cinq de ses
enfanU naturels, dont quatre filles ; mais ce fut uu petit saint à câié de quel{|ues-uus
d«s rois d'AraguD« do CaEtille et de France^ qui légiiimaienl des bâtards doublement
•dttUéiiQB.
Quoi quLl en sotl, te droit de maridêi^e fut pajâ par les communautés roussillon-
oaisfl*, en raison du nombre des faux, pour toutes le» infantes ou princefses royales
d^AragOQ, légitimes ou non. C'est un fait connu et trop reconnu pour qu'il boiI né-
cessaire d'en citer ici des preuves i mais ces payemeots do dot ne rorêlifinl jamais
UD caractère d'extor»ion plus tjraoïiique et plus ébonlé que dass les oircouFtanccs
exposées ci- dessus.
i
108 REVLE DES ÉTWES ItllVES
seigneur roi {pro tribus filiabus bastardis), savoir un demi-Ûorm û ûr
pour chaque filïe, c*esl-ù-dire 21 florios d*ôr, lequel droit des «wH-
daiffis s'élève en tout à 77 florins d*or ; plus, les droits de anê \de
p$irta »i de toUe *, eic, ♦
Abram Abenfulo, syndic du procureur des juifs de Perpi
fit observer » en toutL^ révth'ence et humilité », en ce qui coii'
les droits des couronnements du roi et de la reine, a que les juîft
de Roossillon n'étaient pûinttenus de payer un pareil droit, vu
qu'à répoque desdits couronnements, lesdits juifs étalent consti-
tués sous la domination et le pouvoir du roi de France n ; ce qui
était rigoureusement vrai.
En second lieu, quanta Tarticle où Ton demande le droit de ma-
fiâaige^ il prétend que les mêmes juifs ne sont pas tenus de payer
pareils droits pour l'avenir, puisque sa royale Majesté, par son édit
perpétuel à eux intimé à son de trompe, les a exilés de tous ses
royaumes et terres, et parce que ceux-là seulement sont tenus de
payer un pareil droit qui existent réellement, demeurent et habitent
dans les royaumes et terres dudiL seigneur Roi; par conséquenl, ils
ne peuvent être tenus de payer le droit de maridatge. Quant aux
autres droits de cena^ pcyia et tolU peliia, Abeufulo reconnaît que
les juifs doivenl les payer, et ils les payeront.
On ne pouvait mieux dire; mais le régent du trésor n'en per-
sista pas moins dans ses conclusions au sujet du maridatge, mais
les commissaires royaux, Antoine ûez Vivers, procureur royal et
Gabriel Serradel, docteur en droit, jugèrent à propos d'en référer
au roi| auquel ils adressèrent la lettre suivante :
Les dits juifs prétendent qu'en justice ils ne sont lenus de
payer ces droits ni maintenant ni pour ravenir, surtout parce que
le droit du couronnement de Votre Altesse n*est pas encore échu
(pour le Roussillon), et bien motus encore le droit de maridatgt,
puisquejusqu'ici, des filles de Voire Royale Majesté, il n'y en a pas
eu d'autre de mariée que Madame la Princesse de Portugal, mariage
qui, d*ailleurs, s'est fait pendant que ce pays-ci était encore souft
l'obéissance du Très-Chrétien roi de France. A plus forte raison'
pré tendent' ils ne pouvoir êlrc obligés de payer pour le mariage de§
entres princesses qui ne pourra avoir lieu que dans un temps où ils
ne seront plus sous Tobéissance de Votre Majesté. Il serait fort
étrange, ajoutent-ils, qu'après avoir ordonné auxdils juifs, commô
* Droit qu'on payait ea Aragon pour la nourrllurQ des enfuiiti du roi,
* Droit prélevé sur lo p^jemeot lui-mèmc.
^ Imposition aibtiraire pour les frais de recouvrement.
* 13. 339, 1» 36-37.
LES JLîlFS DE BO^SSILLON ET DE CERDAGNE m
w
V Voire Altesse Ta déjà fait, de sortir de voire royaume, ils dussent
m encore à Taveair, et lorsqu'ils ne seroot plus sujets ni vassaux de
Votre Altesse, payer de pareils droits, qui ne doivent être payés que
par de» vassaux et sujets de Voire Ro^^ale Majesté i Nous avons trouvé
leurs raisons quelque peu douteuses (alf^U'i tant dup(osis) et nous
avons demandé conseil à ce sujet à des juristes, qui nous ont dé-
claré que les raisons données par lesdits juifs auraient quelque appa-
rence de justice (àauriefi aljima demùnstracio ds justicià), de sorte
que, pour mieux justifier notre décision, uons sommes obligés de
consulter votre Altesse, qui nous mandera ce qu'il lui plaira K
I
Certes, les raisons données parles juifs nV4aient rien moins
que douteuses pour tout homme de Ijons sens» et il n'y avait pas
une ombre de justice dans les demandes du fisc. Malheureuse-
ment, il fallait compter avec le despotisme et Tavidité du roi catho-
lique, dont les volonti?s furent transmises dans les termes soi*
vants à Jacques do Casafranca par le trésorier Gabriel Sanchis :
t En ce qui concerne le couronnement et le marldatge, voici les
conclusions : Le Roi notre Seigneur ordonne que les Juifs de Per-
pignan devront los payer df la manière dont il récrira lui-même
au procureur royal ; et qu'ils fassent comme vous leur direz, ou
plutôt comme vous lavez déjà dit; qu1ls payent aussi bien pour
les quatre filles légitimes que pour les trois filles bAtardes ((??;<?
paguen assi de les quatre fîyes iegtUinies coma de très bas*
tardes), et, s'ils n'ont ni argent ni effets, ce sera en biens meubles
et propriétés. Gardez-vous donc de prendre d^autres consulta-
tions, car la volonté bien déterminée de Son Altesse est qu'ils ne
doivent pas être plus protégés que les autres aijames, qui, comme
vous l'avez vu, ont toutes payé le même droit *, •»
Voici d'ailleurs la lettre du roi Ferdinand à ses commissaires:
Aïs magninidis e amats consellers nostres mossen Aotoni
de Vivers procurador real en los comtats de Rossello e de Cerdanya
y e niicer Gabriel Serradell, assessor de aquelL Lo Rey» Procurador
real et micer Serradell amats nostres, Yostra letra del 1res del
présent liavem visia, y per aquella havem compres loqueus con-
suUau a cerca la expulsio del s jueus e la exaccio del dret de
* fi. ^9, î* 38; Lefl jurîates autquels AnloiDe do Vivers et Gtbriel Serradell
ftvaîeot dAmandé cou&oil élai^nt Jean TairLa^ juge du domiinftf Berûird Benedictt,
avocat lUcal, Françoii Gi^enta, juge de la cour du vlguiar de HouBatllon, et
Valtespirel Jean Tort^ docteur en Tun et TaiUre droit.
> B. 33d» f« 39 V. Cette lettre est écrite en castilko, tandis que tous hf^ autres
documents que nous traduisons ou analysons ici sont rédigés en caLalat), coaame lo
décret du 2! septembre, dont nous avoas donné le texte plus haut.
9m REVUE DES ÉTUDES JUIVES
marîdalge e coronacio eu los beQS de aquells fahedora, e les rahoas
que per part dels dits jueus son allegades pretenent no deure pagar.™
A la quai vos responem, dient vos que de aquesi nogod de maridatg^^
c coronacio, en sols nostres règnes se ha vist e delerminal de
justicia los dits drets deures pagar» eaxi es nostra voluntat ques
seguesca la forma e orde ques ba leugut en Arago y en Ca-a
ibaluDya, so es, que paguen axi lo dit drel de coronacio coin"
de mandatge^ axi de la illusirissima princessa de Portogal nostra
inoU cara eamada 011a, corn encare de totes les altres filles nostre
axi legitlimes com baslardes, e axi casades com per casar. E axiu
m&nam strelatneot eseqular fassau en los bens dels dits jueus
fenLlos pagar lo desusdii dret, no obsiant qualsevol rahons per par|
dels dits jueus allegades ni allegadores, com aquesta sia nostra vo-!
luntat* Dat en Slalrich ^ a set dies del mes de octobre mil. cccc xa|
très.
1 lo el Bey ».
Il n*y avait plus qu'à se soumettre ; tout recours eût été super
flu. La seule grâce que les proscrits purent obtenir se réduisit il
ce que les juils catalans et aragonais qui se trouvaient encore à'
Perpignan ne fussent pas contraints de verser une seconde fois
dans les richissimes caisses et trésors du roi, leur seigneur — c^M
sont les propres expressions du syndic Abenlulo dans une sup'fl
plique du 17 octobre 1493 «, als riqidsslms cofres e trésors deU
rey nosire senyo}\ — les droits qu'ils avaient déjà sold^'S Tannée
précédente dans leur propre pays.
Voici le nom des tivnte-neofjtiifs ou juives qui n'avaient pas
encore quitté Perpignan au 8 novembre 1493 :
Les cases e testes dels jueus de Perpenya son los seguents :
Primo la casa de la doua Gracia ninller deu Maoahem Moss
q**, dila dona» sa fîlla, son gendre e hun mosso (domestiq
quatre testes IIII testes^l
Abram Fuentes e sa rauUer, dues lestes Il tesle&l
JusefT Adsoyet, sa muller, son net e hun mosso
qualre testes IIII lestes
Na Slelina et son ûll, dues testes II leste
Bendit c sa mara dues testes. . • . . II lestes*
Nisim, sa muller, sa mare, 1res infants e sa ger-
maua set testes • VU lesies,J
JuselFLeo Salamo, sa muller, son IHI et sa mare
quatre lestes.. lIU testes.]
Salamo de Larat» sa muller e son lill 1res tes les , 111 lestes.
' Ilostalrith, dans la proviiicû de Girotie,
« B. 339, f» kt v\
LRS lUIFS DE ROUSSILLOX ET DE CERDAGNE 201
Na Presossa, viuda, germana de dit Salamo de
Lara [sic] una lesta I testa,
Ysaeh de Picra, sa muîler e un raosso 1res lestes. Ill lestes,
Nassari Mosse, sa fiUa e sa Eeboda 1res lestes IIÏ testes.
La Lobela e son ma lit dues testes. . * II lestes.
Jacob lo Sabater e sa muller dues lestes II lestes.
rLes aatres créanciers de Perpignan ne furent guère plus al-
niables que les agents du fisc, ruais au moins n*extgf>rent-ils que
ce qui leur était iégitimemeut dû. Un seul d*en!re eux di^clarane
pas faire opposition au dt^part de ses débiteurs insolvables. C'est
le commandeur de Saint- An toi ue : No es ma intencto ni voluntai^
dit*il, enpatxarla anada des jueuy^ car honi se vulla vagen, o
en Avinyo o en Roma o en Napols o en alira qualsevol part, y a
los if^oMre e alii haure raho de ells del qitem seran iengttts.
Une lettre du roi luî-mt^me fait connaître que le prix d'estima-
tion des objets mobiliers, bardes et nippes des juils dépendant de
rAijama de Perpignan s'était élevé à 430 livres de Barcelone. La
livre liquidée à 3 fr. t> s. 8 d., monnaie de France du milieu du
xvili" siècle, ces 430 livres équivaudraient à 1403 livres de France
de la même époque ou 1,385 fr. GT c. d'aujourd'hui. Les cent vin^t
florins d'or auxquels le procureur royal portait la taxe pour Fim-
pôt de couronnement et de maridatge^ calculés selon leur valeur
à l'époque de Texpulsion des juifs, c'est-à-dire à raison de 9 fr. 16 c.
d'aujourd*hui chacun, feraient à peu près 061 fr. 85 c, *, À cette
somme, il faut ajouter encore ces droits de masse ou de propriété
dont nous ne pouvons pas évaluer la quotité, n*en concevant pas la
base ; déplus, ceux de cena^ de pleite et de iolie^ dont nous ne con*
naissons pas le tarif; si bien, néanmoins?, que la réunion de toutes
ces sommes absorbait la valeur de tous les objets mobiliers, bardes
et nippes qui, même, était loin de suffire.
Pour avoir un nantissement plus complet, le procureur ro3^al
ordonna le 5 novembre la saisie des biens immobiliers des mal-
heureux juifs, lesquels consistaient alors en douze maisons, deux
vergers» un terrain dans lequel était bâti Thospice des juifs, et
deux emplacements découverts, vulîrairement désignés sou^î le
nom de palis. La valeur de tous ces immeubles, dont il fallut dis-
traire quelques parties de nouvelle acquisition non encore entiè-
• Jo««ph Salit, Tratûdû de tas momdaê lahradai en el pHncipa^îo de Çatalufia,
dît qu'après lan 1490, le florin d'or vblIbU 2(> féales. 3U maratfdii et G avm. Ed sup«
poeaoi le chiDgfi au p»ir, chaquo tloiin vaudrait 9 Ir. il> crnilmes. — NonsdoQQOos
tous ces calcula d'à prèâ HeQry, qui a HDalyié quelqucs-UDS des docuroouls cilés
plua baul {M^langn Aittorùptei, p. ïiT-'iH).
k
202 REVUE DES ËTTDeS ItlVES
rement payées, fat estimée à la misérable somne de*Q51iTi«i
barcelonaises, soit 2,380 francs environ.
Pendant les longs débats qu'exigeait la discnssion des intértti
réciproques, le temps s'écoulait, et le terme fatal approcbaitsui
que rien se décidât. A la sollicitation des juifs, le procureur rojil
demanda et obtint encore une prolongation d*un mois. Enfin,!
défaut d*acquéreurs pour les immeubles, le fisc se les adjugea.
Les syndics de nos derniers juifs de rAljama aTtient déjà
traité, dès le 23 octobre, avec un patron de barque nommé Pime
Soler, qui devait prendre sur son bord les trente-neuf indÎTÎdas,
débris de Tancienne population juive, moyennant on nolis de
2 ducats d or « payables en or, » par tête, en exceptant du nolii
les enfants à la mamelle et ceux que les femmes grosses portaient
dans leur sein. Pierre Soler finit de ruiner ces malheureux, qui
furent obligés de demander au procureur royal de pourvoir
à leurs aliments pendant la traversée.
La lettre de Ferdinand dont nous avons parlé nous apprend
qu'il fut retenu définitivement pour les sommes réclamées parla
couronne, la valeur de tous les biens immobiliers et, de plus,
deux cent cinquante livres de Barcelone sur la saisie mobilière
pour compléter la somme à laquelle s*élevaient les exactions du
domaine. Co fut donc le restant de la valeur de leurs nippes et
mobilier, c'est-à-dire une somme de 180 livres de Barcelone,
égale à peu près à 592 fr. 60 c, qui fit tout leur avoir. En
déduisant de cette misérable somme les 2*77 fr. 88 qu'ils de-
vaient payer pour lo nolis de la barque qui les emportait, on voit
qu'il ne restait en définitive aux trente-neuf exilés qu'environ
251 fr. Il c. , soit une somme moyenne de 6 fr. 45 c. par tête pour
le prix de leurs aliments pendant la traversée et pour suffire à
leurs premiers besoins après le débarquement. Aussi, Ferdinand
80 réjouissait-il avec son procureur royal de la bonne affaire
qu'il avait faite avec Texpulsion de ces infortunés et la négo-
ciation qui l'avait rendu acquéreur de leurs guenilles 1 Voici le
texte de la lettre de Ferdinand :
Lo REY,
Procurador real e micer Gabriel Serradell, perv ostra letra de xv
del présent mes, ob les actes transmesos e per la que fet baveu a
nostrc gênerai tresorer que bavem vist, havem compres lo bo re-
capto donat en la expulsio e negociacio dcls jubeus, com lurs bens
immobles son slats stimats a dccxxv liures e los mobles a cccxxx
liures a cerca, e que per noslres drets baveu adjudicat e apresos los
bens Jnmobles y dels mobles ccl liures e les restants son stades
dexades als dits juheus per noliis e alimeus y altres necessitats
LES JUIFS DE aOUSSlLLON ET DE CERBACNE 203
'lurs; e es sîat toi moU heu fd, ?/ ho knim a sertey, E quant a les
dites cc.L. Uiures, vos, procurador real, les dareu a nostre gênerai
Iresorer o les converliren en pagament del saîari e son deî akayt
c companyons de aquex caslell nostre per la massada de janer que
ve, corn per loi lo présent mes sien pagals pcr dit Iresorer \
Toul avait été fait à souhait» à merveille, et le roi était content
de son procureur royal, es slat loi inotl ben fei \
Les malheureux juifs, entièrement allégés du fardeau des biens
de ce monde, furent misérablement entasses à Port-Vendres dans
le navire barcelonnais Sania Maria e Sant Onstofol, qui les
transporta à Naples, d'où quelques-uns purent passer peu après à
Constantinople *.
Quelques jours après, Ferdinand affecta le Call de Perpignan au
quartier de femmes publiques ; mais les ordres du roi furent aus-
sitôt retirés sur la plainte des Frères Prêcheurs^ dont le couvent
était trop voisin d'un pareil établissement. Les maisons, pâtus,
f vergers et autres locaux du Cali furent dufinitivement mis aux
enchères publiques et concédés en empbytéose par le procureur
royal en faveur de divers particulierst prêtres, pareurs et mar-
chands de Perpignan.
I II ne restait plus de juifs en Espagne, plus dans les deux com-
■ lés de Roussillon et de Cerdagne ; « cette mesure inouïe de la spo-
^Uation et de Texpulsion de tout un peuple était consommée, »
1\
Pierre Vidal.
* Lt leUre du roi e»t ditée de garagosse le 30 décombro 1403 (B. 339* fo 50 y*]t
* Le tmilé passé par Abram MaanlTem, Solamon Laitt, Joseph Aidaycl ei loi
lulres jtiifs avec Pierre Soior sVxprimo ainsi :
* .»»E mes promet lorlit Père Soîer de levar ô earre^ar eu la eua mau tolii e
• qu«xils juseus voira eutrar emuntaral tara mullers e familia an ella, c aqueUi
• aportar, migeosanl la gracia do Nostre SenyorDen en la dutat àt Napols, e oquells
• hugea et son tinguts a psgar per caseuna testa dos ducats en or, eales empero
• que lo8 infants qui mamea no hagen no sien tenguta en pagar nolit aigu, ûq les
• do]i«« prenjano hagea a pagar parlo prcnyat queaporten (B. 33&, f* 46). •
MITHRIDATK ET LES JUIFS
Strabon, dons un fragment de son ouvrage historique conservé
par Josèphe, raconte le fait suivant : « Mithridate, ayant envoyé
ï Cos, s'empara des trésors qu\y avait dépost^s la reine Cléopâtret
ainsi que de 800 talents appartenant aux Juifs *, « La date de
cet événement est facile à déterminer, car la confiscation âe%
trésors de Cléopâtre est également mentionnée par Appien * : elle
eut lieu vers la fin de Vêlé 88 av, J.-C, à l'époque où le roi d<
Pont, Mitliridate Eupator, vainqueur des Boraains et maître de
FAsie-Mineure, s*apprétait à entreprendre le siège de Rhodes et
la conquête de la Grèce.
Ce qui nous intéresse dans le fragment de Strabon, c'est la
mention des 800 talents appartenant aux Juifs : somme considé-
rable, qui représente prés de cinq millions de notre monnaie
(exactement 4,71 5,400 francs). Une première question se présente;
pourquoi les Juifs avaient-ils choisi Tile de Cos pour y déposer
cette somme ? On peut répondre que la situation insulaire de Cos
semblait offrir des garanties de sécurité particulières ; on y était
à Fabri d*un coup demain et Ton pouvait s'y croire hors de la
portée de l'invasion mithridatique. La reine d'Eg^^ite CléopitreiA
qui, ne l'oublions pas, avait des généraux et des conseillers juifs ',
aura sans doute suivi leurs indications quand elle choisit cette lie _j
pour y cacher ses richesses et son pettt-flls préféré, Alexandre,
En outre, Cos avait un temple célèbre d'Esculape, un des lieux
d'asile les plus vénérés de rAsie-Mineure, où les Italiens fugitifs,
lors du terrible massacre de 88, trouvèrent un asile momentané*.
' StTibon, fr, 5, Mûller (Fragmenta hiitoricorum ^raworvm, cd. Dîdot, ÎÎI, 194)= I
i6£T0 âxEÏ K)£Oit!XTpQ(, it pafrDiaaaj ifït Ta ?wv *lov$a{(iiV oxraxôijia Tà>a:vT*.
« Appien, Mirh., 23. CL B. Cw., 1, HV:.
* Josëpho, Ant^jud., siii, 13, 1.
* Ttoitt, Ânn,. n\ 14.
MlTimiDAÎE KT LES JDIFS
205
I
i est i>robable qu'autour de ce sanctuaire s'étaient développés
des établissements de banque et de députa analogues à ceux que
Vvn rencontre dans plusieurs autres temples de ïa Grèce. Il est
possible que les trésors de Cléopâtre, aussi Lien que les cinq
millions des Juifs, fussent déi^osés dans quelqu'une de ces dé-
pendances de rAsclépieioii de Cos^ sous la double ]>rotectiou
de la foi publique et de la religion hellénique ; maïs Mithri-
date ne croyait aux dieux de ïa Grèce que lorsqu'il y trouvait son
Intérêt».
Demandons-nous maintenant quel était le caractère de ce dépôt
des Juifs et à quel usage il était desliné.
Si Ton en croyait le commentaire de Josèphe, la réponse serait
facile. Il faudrait voir dans ces cinq millions la contribution des
Juifs d*Asie au trésor sacré de Jérusalem» Cest, en effet, à propos
de ce trésor et pour en expliquer Timportance que Josèphe cite le
texte de Strabon, pris, assure-t-il» parmi beaucoup de témoignages
^ semblables. Et il continue ainsi : <* Nous n'avons pas d'autre tré-
sor public que celui de notre Dieu (le trésor du temple de Jérusa-
jlpaa). C'étaient évidemment les Juifs d'Asie qui» par crainte de
Milbridate, avaient déposé à Cos Targejit (qu ils destinaient à ce
trésor)* Il ne pouvait pas provenir des Juifs de Palestine, qui
avaient le lemple et leur ville fortifiée ; on ne saurait non plus
songer aux Juiis <l*Alexandrie, qui n'avaient rien à craindre de
MiUiridate* »
IQue les cinq millions de Cos provinssent exclusivement des
Juifs de lAsie Mineure, c'est ce que Ton accordera sans dilllcuîté
à Josèplie ; mais il en est autrement de son assertion qu^ cet ar-
gent avait un caractère sacré, qu'il était destiné en entier au. tré-
sor de Jérui^alem» Le texte de Strabon ne dit rien de pareil, et des
faits précis montrent Tin vraisemblance de cette liypothèse. Vingt-
»cinq ans après la confiscation dont il s'agit, quand Pompée s'em-
para de Jérusalem [63 av. J,-C.), le trésor du temple, d'après Jo-
sèphe lui-même, s'élevait à 2000 talents (un peu moins de douKO
millions*). Comment admettre que la contribution des seuls Juifs
d*Asie, pour la seule année 88 av. J.-C, s'élevât aux deux cin-
quièmes du montant total du trésor? Même en supposant que
cette contribution représentât les tributs arriérés de plusieurs
I
^ M. Rayel dans son Mi^ittoit t tu*' l'iU de Cos {Archives dtt Miaiotia, 1870], p, «11,
croti à tort que Miihridate n^osa rien faire aux Romains rérugiéa dans le péribolc dti
Umpie d'EscuUpe; sa conduite à Per^^ame et ailleurs prouve qu'il n'avait pas de
pareil» tcfupulcs. L'cxistcnco à'unn importenle colonie Juive çt de bttuquiera juifs k
Co* 00 mo paraîi pus non plua aufisarament démoîiirée par îca textes <|ue cile
II. Rayel (Josèphe, Aitljud., xjvJO, 15 ; B. jmï., t, ï!, 11).
» Josèphe, Ant, Jud,, ii\% 4, 4. Cf. xiv, 7, 1.
^; Minm dks études JtjtVEs
années» la chose paraîtra irapossible, surtout si Ton réfléchit que
les communautés juives de TAsie-Mineure , île fondation rela-
tivement récente, n*égalaieiit pas à beaucoup près, en impor*
tance et en richesse, !os communautés de Palestine, de Babylonie
et d'Egypte»
On arrive au même résultat par une autre voie. En 59 av. J--C,,
Cîcéron, plaidant pour un ancien gouverneur de la province
d'Asie, L. Yalérîus Flaccus, accusé de péculat, examine le re*
proche adressé à son client d'avoir conflsqué For que les Juifa
d'Asie envoyaient au temple de Jérusalem ; on opposait cette
conduite à celle de Pompée, qui, Tannée précédente, n'avait pas
touché aux tré:iorsdu ieraple. Ici la destination sacrée des sommes
confisquées n'est point douteuse ; amis et adversaires la procia'
maient également. Cicéron n'en justifie pas moins la conduite de
son cïient : il n*a fait^ dit-il, qu'appliquer dans un cas parlicuHer
un principe général posé plusieurs fois par le Sénat, et tout
récemment encore, sous le propre consulat de Cicéron : à savoir
Finterdiction absolue d'exporter de For des provinces. D'ailleurs,
ajoute Cicéron, ce n'est pas à son profit particulier que Flaccua
a confisqué For juif ; la saisie a été opén'^e dans les diverses villes
de la province sous la surveillance des hommes les plus irrépro-
chables, les sommes ont été versées intégralement au trésor public
(aerarium}^ oti Fon peut en vérifier le compte. Veut-on des
cliifires ? Cicéron les donne : « A Apamée, on a confisqué un peu
moins de 100 livres d'or ; à Laodicée, un peu plus de 2U livres ; i
Adramyttium. • , {le chiffre manque); à Pergame, peu de chose *, »
Ce passage curieux, qui nous fait connaître les principales com-
munautés juives de l'Asie-Mineure au milieu du i*^** siècle av. J.-C.,
par ordre décroissant d'importance, nous indique en même temps
le montant approximatif de la contribution annuelle de ces com-
munautés au trésor du temple de Jérusalem. En additionnant les
chiffres donnés par Cicéron, on trouve un total d'environ 150 livres
d'or. Pour faire la part belle à Josèplie, admettons que les Juifs
aient réussi à dissimuler aux commissaires de Flaccus la moitié
des cotisations recueillies; nous obtenons ainsi 300 livres d'or»
valant environ 240,000 francs de notre monnaie * : c'est environ
la vingtième partie de la somme confisquée à Cos par Mitbrfdate 1
Comme il n'y a aucune raison de croire que les Juifs d*Asie fus-
sent beaucoup plus pauvres en ù2 (année du gouvernement de
Flaccus) qu'en 88, il faut en conclure que Josèphe s'est trompé en
I Cicéron, Pto fhcco^xxvnt, 68»
» 300 livres d'or, avec la rapport de 1 à !Z, attcBté pour l'époque, éqaîvtUnt à
360Û livres (romaine») d'argent, c'esl-à-dire à ItlS kiL 830,
MITfîRmATE ET LES JUIFS
207
int dans les cinq milHoiis de Cos de Targent eœclusivement
inë au temple de Jérusalem. Sans aucun doute, cette sommo
msîdérable reprt-^sentait surtout des fortunes particulières que
33 iit^gocîants juifs, à la nouvelle de rinvasion mithridatique,
l'étaient hâtés de mettre en sûreté dans rilo de Cos, comme
|an« un asite inexpugnable et inviolable, ou, comme on disait
itors, une bonne gazophylacie. La marche foudroyante des évé*
lements déjoua toutes les prévisions, et la précaution si habile
les Juifs ne servit qu*à faire tomber d*un seul coup de filet la plus
ïratide partie de leur tortune mobilière entre les mains du con-
luéraut.
I
Après avoir déterminé la provenance et la destination du dépôt
e Ces, il reste à nous demander pourquoi Mithridate 3*en empara.
>a question peut sembler naïve, et Ton sei-ait tenté de répondre
lijue MiUiridate mit la main sur l'argent des Juifs tout simplement
parce qu'il en avait envie. Cependant, après examen, cette expli-
cation ne parait pas iiuflisante, car ù lépoque où nous sommes,
en 88 av. J.'C, Mithridate ne se présentait pas en Asie-Mineure
oomme un simple conquérant, brutal, avide de butin et de pillage.
Il jouait, au contraire, au libérateur, au Dieu sauveur, qui venait
rétablir en Asie un régime de liberté et de justice. Comme il pré-
tendait incorporer d'une façon durable à son empire les anciens
royaumes de Dïthynie et de Pergame, loin d'écorcher ses nou-
veaux sujets, il ne les tondait même pas ; il exemptait les provin*
etaux de tout tribut, remboursait les dettes des villes, ouvrait
largement sa cassette royale à tous les nécessiteux. Sa colère ne
tomba que sur les résidents romains et italiens, qui furent, on
le *aU, massacrés en masse au nombre de 80,000 ; les biens des
\ictimes furent partagés entre le lise et tes municipalités hellé-
niques. A mon avis, la conOscation de Cos se rattache étroitement
à ce grand acle de spoliation, destiné à unir d'une manière indis-
soluble, par la solidarité du sang répandu et de For partagé, le roi
perse et ses sujets hellènes.
Tout d'abord, il est probable tjne les commerçants grecs voyaient
d'un uiauvais œit les jnîfs étéiblis parmi eux et qui leur faisaient
dès lors une concurrence redoutable. 11 suflit de relire le Pro
Flaccù de Cicéron, prononcé une trentained'années plus tard, pour
apprécier la puissance pécuniaire que représentaient déjà les J*é-
gociants Israélites, grâce à leur entente des aifaires, à leurs rela-
tions étendues avec leurs frères établis en divers pays, à la colié-
sion économique et morale de leurs communautés. Les Hellènes,
qui devaient précisément leurs succès commerciaux à des qualités
1
%!^M^ REVUE DES KTUD£S iVlXES
de même ordre, jalousaient ces nouveaux venus qui menaraienl
leur enlever quelques-uns de leurs marchés les plus importants.
Nous avons la preuve de ces rivalités el de ces haines à Alexandne,
à Cyrène ; l'analogie autorise à penser qu'elles existaient aussi ea
Asie-Mineure» que les Grecs d^Asie calomnièrent les Juifs auprès
de Mithridate, et que ce fut en partie pour complaire à ses nou-
veaux clients qu'il procéda à cette spoliation, dont ceux-ci eurent
sans doute leur part.
Une seconde raison désignait les Juifs à ranimosité deMithri*
date : s*ils étaient les rivaux, sinon les ennemis des Grecs, ils
étaient aussi les amis, les protégés des Romains. On sait rorigine
des relations politiques des Juifs avec Rome, Menacé dans son
existence par les Séleucides, le nouvel Etat juif, fondé par les
Macchabées, avait de très bonne heure invoqué la protection de la
puissante république ; le Sénat la lui avait accordée de grand
c<jeur, car les Juifs» logés comme un coin entre les deux grande»
monarchies mac^^doniennes, TEgypte et la Syrie, étaient pour lui
de précieux alliés ; on pouvait s'en servir comme agents d'infor
mation, comme (éléments dissolvants, au besoin même comme
auxiliaires militaires. Un traité formel fut conclu entre Rome et
lesllasmonéens*, et ce traité fut plusieurs fois renouvelé, moyen^
nant finances. Bientôt même la protection romaine, accordée à
FElat juif, fut étendue à tous les sujets juifs — et ce mot compor*
tait un sens très large — que leur ^^oùt croissant pour le négoce
entraînait à s'établir à Tétranger. Le premier livre des Maccha
bées^ fait mention d'une circulaire adressée, en 138 av. J.-C, par
le Sénat romain aux différents rois et peuples de TAsie engagés
dans les liens de sa clientèle, et leur recommandant d'une manière
pressante les Juifs établis sur leur territoire : ceux-ci, on le voit,
pouvaient se réclamer partout de la protection des représentants
officiels de Rome, comme aujourd'hui les Tunisiens résidant à I é*
tranger invoquent celle des agents diplomatiques français. Quel-
qties antiées après cette circulaire, en 133, les Romains annexèrent
à leurs États Taiicien royaume de Pergame, c'est à-dire la con-
trée de TAsie-Mineure où se trouvaient les plus importantes
communautL^ juives : Pergame, Apamée, Laodicée, etc. Sans au-
cun doute, les Juifs devenus sujets, mais non citoyens romains,
continuèrent à jouir des faveurs intéressées de Tadministration
romaine; ce traitement favorable, contrastant avec les rapines
que publicains et proconsuls exerçaient sur les Grecs, dut ache-
» 1 Mm,, 15, 16-24,
I
MITHBIDATE ET LES JUIFS 200
vf*r (tr» creuser un abîme entre les deux nationalités* Quand le
jour arriva de régler les comptes avec Rome, les clients dévoués
et reconnaissants de Rome, les Juifs, ne pouvaient manquer d*étre
entraînés dans k ruine de leurs protecteurs.
Reste à signaler une troisième raison, celle-ci toute personnelle
à Mithridate. Dans sa famille paternelle, qui était de souche perse,
et prétendait même se rattacher aux rois Âchéraénides, Mithridate
ne pouvait rencontrer que des précédents favorables aux flls
d'Isra^L M en était autrement de sa famille maternelle. On savait
déjà par un texte de Justin ' que la mère de Mithridate était une
princesse séleucide. Un télradrachme» récemmejit découvert, et
qui fait partie du cabinet de M. Waddington, m^a permis de dé-
montrer ailleurs, ou, du moins, de rendre extrêmement vraisem-
blable que celte princesse s'appelait Laodice et qu'elle était fille
du célèbre roi de Syrie, Antiochus IV EpipUane ^ Les ressem-
blances frappantes de caractère que Ton constate entre Taïeul et
le petit-fils viennent à Tappui de cette hypothèse, que favorisent
bien d'autres indices matériels. Des deux côtés c'est la même
hauteur d'ambition et la même ouverture d'intelligence, avec !e
même grain de folie. Génie despotique et intolérant, habitude
d'intempérance et largesses inouïes, amour passionné des arts de
la Grèce, voilà autant de traits communs à Antiochus et à Mithri-
datH ; ajoutons-y le goût de la mise en scène, qui s'associe de la
façon la plus bizarre, comme chez les califes des Mille et une
nuUs^ avec les humbles familiarités, les promenades nocturnes ou
les voyages incognilo. L'aversion pour le judaïsme, de même que
la haine de Rome, nous apparaît dès lors comme un lien moral de
plus entre les deux champions couronnés de rhellénisme expirant.
Après la conquête de l'Asie, Mithridate se souvint qu'il était le
petit-flls de l'homme qui avait voulu unifier de force les croyances
religieuses de ses sujets, qui av*iit envoyé à la mort les fidèles
inébranlables de Jéhovali ; seulement, et ceci est tout à Thonneur
de l'éducation perse qu'avait reçue Mithridate, tandis que le roi de
Syrie massacrait les Juifs, le rot du Pont se contenta de les dé-
pouiller. C est ce qu'on peut appeler le progrès des mœurs.
En résumé, nous pouvojis formuler ainsi le commentaire du
fragment de Strabon, conservé par Josèphe :
l"» Les Juifs d'Asie-Mineure, à l'approche de l'invasion mithri-
* JusliQ, ixxvm, 7.
• Voir Revue mumtmatû/ue^ !8S8, 2* trimestre. C'est la priocwse menlionnée ptr
Polybe, fr. xxxtu, ti et 16.
T. XVr, H'' 32. il
^0 HEVUË DES ÉTUDES JUIVES
datique, mirent en sûreté dans les banques de Cos une grande
partie de leur fortune mobilière, près de cinq millions ; une faible
partie seulement de cette somme était destinée au temple de Jé-
rusalem ;
2^ Mithridâte confisqua le dépôt parce que les Juifs étaient
odieux aux Orecs, dont il s'était fait le champion ; parce qu*il8
étaient les amis et les clients de Rome, qu'il poursuivait d*une
haine farouche ; et, enfin, parce qu*il était, par sa mère Laodice,
le petit-âls du plus grand ennemi dlsraël, Â^ntiochus Epiphane.
TuéoDOHB Rbinacu.
JOSEF HACCOHEN
ET LES CHRONIQUEURS JUIFS
( SUITE
II
LES CHRONIQUEURS JUIFS,
Après notre étude sur Josef Haccohen, nous examinerons
quelques-uns des autres chroniqueurs juifs qui présentent de
l'intérêt. Nous ne nous occuperons pas, dans ces auteurs, de l'é-
poque talmudique, mais seulement de 1 histoire du moyen âge.
Nous donnons ici et d^abord le tableau des signes abréviatifs
dont nous nous servirons.
Tableau db8 signes abrkviatifs.
E. Stmk habbakka, de Josef Haccohen, édition Letteris. — Le chiiTrc qui suit
la lettre E indique la page.
FF. Fortalitium Fidei d^Alonso a Spina, d'après l'édition de 1485. — l'outes
006 citations sont (sauf une exception) empruntées au 3* U\ro; le chiffre qui
suit le signe FF indique le numéro de la Consideratio de ce 3* livre.
G. SchûUchéltt haccabbala de Guedalia ihn lahia, édition de Venise, 5347 (1587).
Changer dans O xviir, 2, 1589 en 1587.
Graetz. Sa QeschiehU der Juden, — Le chiffre romain indique le volume ;
le chiffre arabe, la page. Nous citons toujours la seconde édition.
MonatSBChritt. C'est la Monatachrift de Graetz.
O. Anecdota Oxoniemia, Mediaeval Jewish Chronicles, by Ad. Neubauer ; Ox-
ford. 1887. Le premier chiffre après le O indique la page, le second chiffre
indique la ligne. Les pp. 47 à 84 contiennent la chronique d^Abraham ibn
Daud ; les pp. 85 à 100, celle de Josef ibn Çaddik, d^Arévalo ; les pp. 101
à 114, celle d'Abraham do Torrutiel.
Revue. RevM det Études juives, — Le chiffre romain indique le tome ; le chiffre
arabe, la page.
212 BEVUE DES ÉTUDES JUIVES
StnschQ. Le culalogue des livres liébreux imprimée de U bibliothèque
leiet.ne d'Oxford» par M. Sleioschiieidcr,
U» Lg Consoiaçam as triMacoeni de Tfrael, de Samuel Ust|ue ; Ferrsre, 5315»^
^ Le tliilFre arsbe indique le Duméro des cUapiUcs du Iruisiènuj
logue,
V. Le Srkéitfi leknUit, d'Ibn VergSi éditioa Wiener^ texte hébreu, — Le cb;
urabe intliquo le numéro des chapitres,
Vara. La Vara da Juda^ iraducUon espagnole de l'ouvrage précédent; Amf-
lerdam, 1744,
Wiener, E âliefiiaad. Dans U Iradui uau allemande de r£iiiek habbakha, p«r
Wieuer, les textes hébreux do la fin du volume,
Z, ht Uhasim, dWbriibam Zaccut, édition Fi.ipov»$ki. — Le premier cbitTi
uprès Z Jtidi4[uc lu ptige, le second cbllîro ludique la ligne ; les lellres a
6 indiquent respeciivement la pretniero et la seconde colonne, — L*<^îti
de Cracovie que nous cilons queiqucifi* esL celie de 5341 (1581).
Zm. Vn loanufirit ccnlcnanL des fregmcDls ilu lohana '.
Noire aniL-le La ExjwUtoHt, que nouâ citons quelquflois, est un article sur ÏH
ExiiulttoHs des Jm/i de f tance au xiv* iiiete^ pubiîè dans la Jmbetithrift eo
riionuuur do M, GraeU ; Brcfelau, 18S7.
f. si>^i)]ûe reuillet, — m. MgDiQe mori. — 1« aigoilie ligne. — p. signifie p«ge< *
t. ti^iOe tome- — » Pour plus de simpUcilé, nous avons quelquefois représealé
le yùd consonne par un i.
tttffil
p«r
1. Comparaison d'Usque et de VEmek hahbakha^
■
LCOUp ■
U 4, E7- D*après E, SiseLiU, de la famille des Golhs, règne en
pagne ea l'an 4:176 ; il oblige les Juifs à se baptiser. Beaucoup
de Juifs se ëoumettcûl, mais un grand nombr'^ de baptisés re-
vienneiît à leur aacieDDe religioQ ; oo les persécute, mais Dreu
inspire au roi la pensée de ne pas les mellre é morU et le
roi se contente de les exiler. Il régne huit ans. De son temps,
Mohammed vient en Espagne, on veut s'emparer de sa personne,
il s eDfuiti Ce récit est évidemment emprunté en grande partiefl
à U 1, lequel contient tous les traits ci-lessus. La principale va-"
riante est que les Juifs épargnés» chez U, ne sont pas ceux qui,
après le hapléme, sont revenus à la religion juive, mais ceux ^
qui avaient refusé de se baptiser. Djus E, la phrase nz7 :^::'3B
T*SM ..» l?:n?: est cvidemmeût une iocidente qui interrompt inô-
ladroilemenl le récit, et que Josef aura mise après-coup, unique-
ment pour suivre U de plus près. Celiu-ci a, du reste, pris sôq]
récit en grande partie dans FF 0, 4" expulsion, ou se trouve]
égalenienl Tincideut de Mahomet. La date 4376 (Gi6) de Josef i^ej
trouve aussi dans FF. Chez U, ou lieu de iO'Ti il faut lire 4377 j
(faute d'impression '?}. V 9, p. 29, se rapporte, sans doute, au]
même événement^ mais à une tout autre couleur. La date r*nJ
1 Ce manuscril, qui appartient à la LibîioLhèque de VÀlliûntt iêraéUit^ coolitnij
les ntD72^Mrt (lacunes] de rédilicn de Samuel Sultam, relevées sur un ma. dOxia]
par UDQ personne qui n^cst pas désignée, il provient de la bibliolbèque d H. C^r-
moly, et paraît écrit par un Européen, peutr&lre par Carmol^ lui-même, quii'tuml
copié sur un tutra ms.
JOSEF IIACCOHEN ET LES CtlRONlQUECRS JUIFS
qu'il a {nm de Tère dirétieiiDej dû s'accorde pas avec les fails
précédents.
2, Henri élaDl empereur des Romaiûs, les JuiTs furent riches et
prospères eu FrûDcei les chréUens en furent jaloux et résolurent
de leur dresser un piège. Ils s'entendirent avec une vieille femme
qui alla porter un gage chez uu banquier juif, et prélendirent
que celui-ci avait obtenu de cette femme une hostie, qu'il avait
mis celte boslie dans une chaudière dliuile et d'eau, pour la
cuire, mais qu*il sortit de la chândiére no enfant que le Juif
s'efforça en vain de tuer Une troupe de 10 à ii personnes, après
avoir fait irruption daus la maison du Juif, se jela dans la rue,
fit grand bruit de révénemeut, le banquier fut arrélé ; malgré
les tourments qu'on lui infligea» il ne confessa rien; mais sa
femme, plus faible, fit les aveux qu*on voulut; on lui laissa la
vie, mais elle dut se baptiser, avec ses iiis encore enfants; le
ïïiari fut brûfc avec uu Tahnud dans les bras. Le bruit de Tévé-
nemenl se répandit et, dans plusieurs villes éloignées de la cour»
on toa les Juifs. C'est exactement le récit de K 31 '»:^'»:3 ''ïri
nD"*pn. E a la date 4859 (1099), mais U a encore ici 4077, comme
au n*^ I. Le FF 9, 2" expulsion, raconte le même événement, mais
le place en 10:î6 de Tère chrétienne, ce qui ferait 479 J de Fère
juive. Nous croyons, du reste, que dans FF cette date i036 est
fausse cl doit être remplacée par 1306 [MXXXVI serait pour
MCCCVIi, c'est-à-dire 5066 de l'ère juive. Cette date de 1306 ne
s'applique pas a rincident lui-même, mais à Texpulsion des
Juifs de France de 1306, qui en aurait été la conséquence. En
effet, certains détails de révènement et principalement le fait du
Talmud que le Juif tient dans ses bras, sur le bûcher, prouvent
que raffair© racontée ici est l'alTaire des Billettes, qui a eu lieu
à Paris en 4290 {la date de E est donc fausse; îl faudrait 5050).
La version de FF et de U ressemble à celle du Recueil des histo-
riens de France, t. XX H, p. 33,
3, E *0, Prise de Tolède par les Arabes. Le récit est exactement
le même dans les deux auteurs ; chez les deux, l'intervention
f du roi chi^étieu en faveur des Juifs est difticile à comprendre,
car ce sont les Maures, à ce qu'il semble, qui ont commis les
j^^ excès contre les Juifs, non les chrétiens. Le récit est emprunté
^Bpar U à FF, entre autres à FF 7, f^ crueulé, qui a la date 71 i. La
^^date de E parait être 718 ou un peu plus lard. U n'a pas de date.
Le roi Rodrigue, mentionné par U et E, est le dernier roi Visi-
gôth. FF ne parle pas de l'intervention du roi chrétien, mais
peut-être en est-il quesiion dans les auteurs qu'il cite (Johannes
tEgldii in suo Ârchatto et Lucas episcopus Thuden. in Crouica
sua ac planius in gênerai i hysloria HyspanieV Sur cet événe-
ment et le prétendu concours que les Juifs auraient prêté à
Tarîk et à Musa pour prendre Tolède, voir Amador de los Rios,
Miitoria de ios Judios en Espana, \, 106^ et note t, Gonde, au con-
r
214 REVUE DES ETL^DES JUIVES
traire, racûQte Tbisloire de la prise de Tolède tout autremeol
Tolôde esi réduite par la faïiiioe, les Juifs n'y sont ebsolumeni
pour rien, Leur ioterveniion» on le voit, a*est qu*uDe fable qoe
Dozy a eu lort de répéter (Ifist. de la domination arabe n St-
pagne. M, p. 36,\ Voir Coude, Hisloria di la dominadon di lor
Arabes en Sspana, p. 20-2(.
U 4| £ 1 1 à 1â. Voici le récit de U : Après la prise de Tolède, des ob-
jets sacrés, vénérés par les Maures, sont volés dans la ville de
« Mfdioi Talbi ou Meca », les Maures âccuseiit du vol Abraliôuide
la Capa et d*aulres Juifs venus de Tolède pour habiter la région;
Ils tuent beaucoup de Juifs, détruisent 40 synagogues, et toutd>
.bord celle de Tolède. La nouvelle de ce méfait vient en Barbarie
et autres parties de rOrient, les rois maures ordonneot aux Juifs
de se convenir au mahomélisme, mais tinalement. Tédil D*esl
pas exécuté. Eu ce lemps, Malimonide quitte la Castille ei fuit en
Egypte. Le chapitre porte en télé rannêe \9î:\ (H63;, mais redit
des rois maures est daté de 4950 (1190). Le fait est raconté avec
moins de détails et sans date dans FF H, 8* article, ou la ville de
la Mecque est nommée. On voit que, dans K H, il faut conserver
la faute •^sbna n:nî^, copiée sur U. L'événement n'est pas daté
dans E, mais il est placé par lui entre 718 et 810. do sorte qu'il
est évident qu'il se trouve à cet eiairoii comme suite de la prise
de Tolède, racontée p. 10, et placée par E vers 718. La fuite de
Mûimonide en Egypte est ensuite placée par E, p. 50, vers Tûd-
née 1200, V m raconte brièvement le même événement et le
place en 41*of> ;lUt>\ a peu prés comme U. La différence de date
dans r et V d'un côté, K de Tautre, vient de ce que U et V pla-
cent Tévéoement à l'époque de finvasion des Âlmobades ilba
Tumart). tandis que E le place à l'époque de la î'^ invasion dts
Arabes en Espagne. L'invasion des Almobades est bien de UW
(date de V' ; le père de Maïmonide quitta Gordoue, avec sa famille,
après la prise de celte ville par les Almobades en 4148 (Graelz
VI, 289); Maïmonide s'échappa du Maroc en H65 (date de C). Voir
aussi V 4, qui se rapporte au même événement.
U IS, E 44, amn^n mn^i. Enfant cbcéiien tué à Paris, U est emprunté
en partie à FF 7, 2^ cruauté, mais le trait des 80 Juifs tués à
Paris» et qui est répété dans E, n'est pas dans FF (qui eile Vin-
cent de Beauvais, SpecuU hisior., liv. XXX, chap* xxv*). K a
d'autres faits empruutés à FF probablement et qui ne sont pas
dans U ; par exemple : que le roi Pbilippe-Augusle entend ra-
conter les forfaits des Juifs (dans sou enfance) et s*en souvieat
quand il est sur le trône.
U 6. Cœur de porc pris par les Juifs, en Normandie, pour un cœur
de chrétien, et enlerrô par eux ; les porcs le déterrent. Em-
prunté à FF 7, 4* cruauté ; reproduit par K, p. 25, d'après U, et
■ Dam rédition de Doaii, 1624, ces faîla BOttt rftcottkét au livre XXIX. d). t^f.
JOSEF IIACCOHEX ET LES CUBONIQUEURS JL'IPS ?J5
placé par lui, nous ae savons pourquoi, entra tO&î> et Hit, [] a
des additions qui ne sont pas dans FF et qui se retrouveot, avec
d'autres additions (le qumsiiùnarius entre autres)» dans E.
II 7, E 2:î, dernière ligne, FF 7, 10^ cruauté. Le Juif de la ville de
Thavara, en Espagne, qui incendie la ville pour faire périr les
chrétiens. Le récit de E n est pas très clair, Il faut Texpliquer
par U, dont il est la traduction résumée. D'après FF, Thavara
est une ville de Gaslille, dans le territoire de Louis de Almanca
(Salamanque?). Du numéro suivant (11» cruauté) de FF, il sem-
blerait résulter que la ville est près de Valladolid. Fnfin, ibid,,
I2*> cruauté» cette même ville paraît n'être pas éloignée de Za-
niora* Dans U tl, le Ludovicus de FF est appelé Ludovico de
Salamanca.
U 8; E 35, V ;iO. Htsïoire de David Alroï. Cette histoire se trouve
racontée pour la première fois dans ritinéraire de Benjamin
de Tudèle (L p. 74 et suiv. du texte îiébreu de Tédit. Asher) ;
on la trouvera ensuite dans V 31, p. ^0; dans E 35 et dans O
<Î3 (Isaac Sambari; déjà publié autrefois- par M. Ad. Neu-
bauer, dans la Rerm des Etudes juires, tome IV), Une version de
cet événement, rédigée par un Juif converti à rislamisme» Sa-
muel ibn Abbas, a été publiée dans E allemand, p. 22 du texte
hébreu de la fin. Pour les études sur ces textes^ voir Benja-
min de Tudèle, édit. Asher, II, p, \m à 465; Graetz, VI, 4i6
(note iO de la On du volume'; Wiener E allemand, les noies
M3 à it2, p* *6f> à I7L II n'y a pas de doute qu'eu dehors du
texte de Samuel ibn Abbss» les textes des chroniqueurs juifs
proviennent, directement ou indirectement, de celui de Benjamin
de Tudèle, quoique aucun d^eux ne le reproduise exactement.
Benjamin de Tudèle est le seul qui donne à la ville d^Amadia
(ou au pays) 25,00O hobitanls juifs, V. U et E ne parlent que de
mille Juifs. Benjamin, V et 0 disent que lorsque David, pour
échapper au roi, traverse le lleuve V^ (Kizil Ouzen), il te fait
sur son manteau imn^, U est le premier qui dit que David jelle
sa coiffure (^o/^ca) dans le ileuve (et s*en sert probablement comme
d*une nacelle?), et c'est de là, sans doute, que E, qui s'est beau-
coup servi de U, a son P":x'i. D'après Benjamin, Saïf*Eddin pro-
met de donner lukmême les lOjinO pièces d'or pour acheter la
tète de David, les autres versions ont une addition qui i^araît
excellente et qui sera venue d'une autre source : Saïf-Eddin pro-
met cet argent, mais au nom des Juifs, qui devront payer la
somme, pour se délivrer d*un homme si dangereux.
Passons aux détails des texles. Dans Benjamin, p, 77, L 7, il y
a sûrement une lacune, les textes parallèles de V et l monlrent
qu'après le nom d*Amadia, il faut lire ; '^^ Qt* [S-'iDrn DCri].—
Dans V, li"^t335 nm (p. *>0, 1. il) est évidemment pour "^"^rî
pncn, montagnes de llaflan (v. Benjamin et Y 1. t7; même cor-
rection à faire dans E;. ibii (1. 12) e^^t sans doute pour ^b'*;, la
I
— K> maigre ie nc:x?3 sjgQalè plus liaui, n a pas pure-
copié U ; ou voir, par sa rédacUon, qu'il a eu sous les fl
des textes Mhreux, Son l«i^55^*' Ip- •-*>• 1- '^ ^^ reoiontanl', ™
2t6 REVUE DKS ÉTUDES JUIVES
province de Gilau, au ûord-ouesl de la Perse, A la p. 5t, l. 7» K^
mois w*':^ ■'r^ sont corrompus : est-ce rr:»? les autres versions
ont nr:nn. A- la ïla de sou récit, V rapporte ud renseigoemenl
que MaïmoDide, d'après lui, aurait donné sur David, mais V _
parait s'être trompé^ ce passage de Maïmonide ne s^apptique pas I
à David (Benjara. édit. Asher, II, Uî:i et ^65). — Le récit de T
(p* 165 a] se rapproche Ijeaucoup de celui de V ; Habitoa (i. 5 de
Falinéa) est nalureilement Hafian; Samaria (L 6} est pour Ama-
dia; Guilan (même ligoe) est Juste, le pa^'s de Gilau ; p. 166^,
L 6, en remontant, Yosef Badahan est It Josef innia de Benja-
mia. Ce qui est curieux, c'est que V répèle presque textuelle-
ment (f. iG7 a) ce que V a dit du prétendu renseiguemenl de
Maïmonide sur David, il parait doue impossible que Tua des
deux écrivaiQs n'ait pas copié rauire, et comme la compilation
du Schêhei Jfhuâa a été commencée déjà en Espagne, on peut
admettre que si Usque n*avait pas d*exemplaire imprimé de
l'ouvrage (rédition prînceps étant peul-êlre postérieure à celle
de Touvrage d^rsque), il a pu en avoir vu une copie manus-
crite. — H> malgré ie nc:x?3 signalé plus haut, n'a pas pure-
ment
yeux des
doit évidemment être changé en INnon^i Tabarislan tBeoj., I»
p. 7S, l- 5 en remontant). — Le texte de O est celui qui se rap-
proche le plus de celui de Benjamin»
U et K donnent pour la date de révénemenl, Tannée 4921;
Oa 592 ^ mais il faut mettre 4923; V paraît avoir une date
différente. Il vient de raconter antérieurement et très briève*
ment, au n** 30, une persécution de 4906, et, en commençant
riiistoire de notre David, il dit : « Sept ans avant la persécu-
tion dont nous avons parlé plus haut... > On a conclu de lA
que V plaçait l'affaire de David en 49oa ou 4899, mais celte coq-
clusion est probablement erronée. Si \\ au début du n** 31, faisait
allusion à la persécution de 4tior>, il ne dirait pas qull l'a racoD-
tée plus haut, puisque le récit est tout près et ramassé en quel-
ques lignes- Do plus, l'accord qui existe entre les autres chroûi-
queurs et surtout avec L, qui parait avoir copié V, prouve que
V devait aussi avoir cette date de 492^1. Le début de son récit se
rapporte au récit d'une persécution de 4931 (peutétre Taffaire de
Blois), qui se sera trouvée racontée plus haut, dans les aucjeûs
manuscrits du Schêhei, et aura disparu depuis. La date 4923 l\
{\\%?é-\\ chez nos chroniqueurs» n'oilre d'ailleurs aucune garas-
tie. Kous croyons quelle vient du passage de Benjamin (L 77.
L 43) où il est dit» qu'il y a aujourd'hui iO ans a que ces failsse m
sont passés. Nos chroniqueurs ont probablement fait partir ces ^
40 ans de Tannée 1173, ou Benjamin, d'après Tanonyme de la
préface de son Itinéraire^ est censé être rentré en Espagne» et
ils auront supposé quo c'est aussi la date de la rédaction de
I
JOSEF rUCCOHEN ET LES CfmONiÙUEURS JUIFS til
rilinéraire. De 117:i à 10 ans eo arrière, on a 1163. Si oa Faisait
partir les 10 ans du temps de la prcscDce de Benjamin dans le
pays (1170, d'après Graetz), lafTa ire de David Alroï se placerait
en f iOi). Mais il semble qu'il faille encore remonter un peu plus
haut. M. Koufjnano \Uetue des Eludes juires^ X» ï.'il) a reudu
1res probable quWbraham ibo Daod connaissait et avait déjà
réfuté, en ftfit, «• l'Humiliation des Juifs • de ce Samuel ibn
Abbasdont nous avons parlé plus baut, et le morceau de Samuel
sur David Alroï appartient probablement à cet ouvrage. Cela
n*est pas certain, sans doute, mais le début même du morceau
montre que c'est un fragment d'un ouvrage de polémique contre
les Juifs. Il est dilti'-iîe de croire que si l'a lia ire de David Alroï
s>sl passée en iD>0, elle ait déjà pu élre connue et défrayer
la polémique religieuse en Espagne en Hfil. Il ne faudrait donc
pas prendre à la lettre ks 10 ans de Benjamin de Tudèle, on
doit placer Fa lia ire d*Alroï un ceriaiu temps avant itiiO, ou
placer l'arrivée de Benjamin dans la région avant 1170 (les
I» ans à partir de 11 ^Ki qui servent de preuve à Cfraetz, VI,
p. 425, n*^ 3, ne sont peut-être pas exactsV Nous croyons que
'est rbypotbèse la plus simple pour résoudre les difficultés
signalées par Graetz (YI, p. 4*j, n° 4) et par Lebrecbt ^Benja-
min. II, p. 357 et suivantes)* Graelz a tout d'abord oublié qu^il
place l'alTaire d'AIroï en 1160 et que Saïf-Eddiu y joue un rôle,
mais Saïf-Kddîn T'' était mort en iliO et Saïf-Eddio II ne régna
qu'en U70. LebreclU, de son côté, est obligé d admettre que
Benjamin a déjà été en Perse ou danâ le voisinage en 1 160. mai?^
comme il a été à Fostat en 1171» et que de Perse ou des environs
il s'y est rendu directement, il serait impossible de dire à
quoi Beujamiu aurait consacré les 10 ans allant de 1160 a f17L
Il nous parait donc certain que Benjamin n'a pas été témoin
des faits; les ayant entendu raconter par les gens du pays, il
aura commis quelques inesactiludcs ou les dépositions re-
cueillies par lui auront été en partie inexacies. Si Saïf-Eddin a
élé réellement mêlé à l'aflaire d'Alroï, ce ne peut être que Saïf-
Eddin ^S et ratïaire se place avant 11i9, Si c'est à tort qu'on
y mêle Saïf-Eddin, on a de la marge pour placer l'évéoemenl de
4Uî' jusque vers 11 'io et un peu au-delà.
9, E 43, FF 7, 7" cruauté. Enfants disparus à Vienne, retrouvés
sous la glace. Cbez FF, date 1420 ; cbez E, enlre 1182-4. Chez U,
l'événement est piacé entre des faits de i^U et 4964 (1164 et 1204).
Voir Graetz VIII, lîî.
40» E 44, nr,23 ■«n'*i, FF 7, â^ cruauté. Expulsion des Juifs de
France sous Philippe-Auguste, en 1 186 U a 4943 (H&3), date qui
Vient de FF, lequel a H83 au commencement de son chapitre,
mais pour date du forfait des Juifs, non pour date de l'expul-
sion. E a la date juste. Le CNrx'^i n^'' et le ciH^Em-^p de E sont
pris de U : v busqué de Viçenas, deleitoso higar vef<^^ Paris e
L
%îê
REVUK DES ETUDES JUIVES
i
carnpeaos que agora chamam as alhas» onde se faz o mercado t^
V cite à tort Lévi b, GersûOi qui n'a pu parler que de Texpul-
sion de <306, Cf. V î^. E a pmdemmeût effacé le nom de Lévi h,
Gerson, mais il garde le chiffre des expulsés donné par Lévi'
b. Gerson (double des Juifs sortis dEgypleî.
U 11, E 50-51. Les Juiîs assistent le roi de Naples, ea 1240, dans ïum
guerre. Son fils prétend !es récorapenser en leur imposant in
baptême. M. Julien Sée» La Vallée des pleurs ^ p. 229. a déjà fait
reimirquer que E a traduit par erreur le locka de IT, f. nîa,j
par PC!X*a, Dans V 35» on a un incident pareil placé dans il
ville de p"ii2, eu France : on ordonne aux Juifs de se convertir
el on leur donne, pour délai, le temps que briYle un cierge np:
T^^T'C Vo, V nûinine, comme théâtre de la persécutioo» Naplesel
Trana ; E nomme Naples seule.
U 12, E r>â. Angleterre, airaire du prêtre chrétien qui se convertit au
judaïsme. CcH évéuerneol, qui amène finalement i*expiiision des
Juifs anglais, en 1290-91, se place, en réalité, en 1275 [Graetzl
VII, 19il, mais nos chroniqueurs réunissent, dans un raccourci,]
tous les symptômes de Texpulsion finale. Certains traits du récit
(les 2000 maisons juives de Londres) montrent que U a utîlîféJ
à ce qu'il semble, le uKirceau de TEfodi qui se trouve dans lel
in^Z12 mr-^ïî'' d'Isaac Abravoncl (édil. Garlsrulie, (^ 30 b), L'bis-f
tûire de la date donnée par nos chroniqueurs à cet événement
(expulsion) est curieuse. Dans Efodi dùjà, il y a une faute. Le ^
texte disait probablement que l'expulsion eut lieu eu rannée Sifl
c'est-à-dire SOoO (1200). Abravanel a lu S pour 3. de sorte qu'il
a S020 [id, V 18\ U a pris le D pour un a, cest pourquoi il a
5002, date qui se trouve aussi daos E aOOl), V a dislribuéH
les fâiis sur deux numéros, n*»"» 18 et 20, et, en outre, dans™
le D*> 20, il place à tort révénemenl en France. Le '»a*ii: yniï
de E (p. 53) est le v buna parte que se cbama o Norte •* de U
f, 174(1.
U 13, E 53-.>"k Suite du même événement (expulsion), racontée par D
d*après FF 9, 3" expulsion. Le rrersiipo de E est Escorçia daas
U f. 17B a.
r 11, E ;iS. ITostie en Flandres. L*événement doit se (ilacer vers
1è6fl. V nlndique pas ta source oii il a puisé.
U 15, E 5^1, FF 7, ;V^ cruauté, d'après Thomas Canlipr., de Apibfis, cb.
XXX. Prétendu assassinat d'im chrétien en Allemagne. La date
detJest 5022 (1262); chez E, 1263; dans FF, 1261. Dans FF. la
ville est appelée « villa Teutonie Forchin »; dans U, < vila de
Teuthonie Forkim n; de là, dans K, D'^pniD \^-:^a'»«*a "^^y.
Le récit de îl (et de E qui le copie) est très durèrent de FF,
mais U n'indique pas de source, Forchim est sans doute
Forebheim.
U 16, E 58, *i;^; ^ri^^. Affaire des pastoureaux en Espagne et en
France. Daté, chez U et E, 50«0 (1320). E suit U, mais avec des
I
GdfebF IfACCOïIEN ET LES GHRONIQrEURS JUIFS
219
r
p
difl'érences importantes, entre autres, au commeû cernent, les
deux miracles de ia colombe et des caractÈres écrits sur Vépoule
sont réiîûîs, chez lui, sur une seul<3 personne, tandis que chez
V il y a deux personnes, une par miracle. La marche des évé-
Déments, dans les deux auteurs, est la même On passe d'a-
bord de Tudèle à Cordel, ville qut c'a pas encore été identifiée.
Les 0^*1^3 de E, qui délivrent les pastoureaux pris par le
lî£^73 (chez U : melsar) sénéchal de Toulouse, s'appellent fradet
chez V. [.es Juifs se réfugient d*abord à Narbonoe, puis à Gar-
cassonne. Lï' meule se répand dans les provinces de Burdeos
^iH^iita, Angleterre (le Bordelais anglais), Gastel- Sarrazin et
Agénois (Agenes iS'^r:i«), puis dans la proviuce Touïouse-Bigorre
(Tolosa Bigorda, m*n;'«3 m^ibia), et dans les villes de Marciam
1trk"i:«^ et Condâ inînp (Condom}. Ensuite les deux auteurs par*
îeot de massacres de Juifs à (on en) Guasconha rrH^^ipiîîW^t, à l^é-
rida, Valence, Barcelone, laea (Jaca actuel), Monserrat, Barbastrci
puis en Navarre, a Parapelune, Mooi'éal et Tudèle. Il est très
intéressant de comparer ce récit avec celui de V 6, p. 4 à 6. D'a-
près V, le miracle de la colombe, qui fait naître Tagilation, a
lieu dans Ja ville de l-^rt» {fara, p. 6, Guiena), qui doit être
en Espagne, puisque les pastoureaux parient d'aller arracher
Grenade aux Maures. Une grande inquiétude se produit im-
médiatement eu France, et des troubles éclaieut dans une ville
qui doit être le Tndèle de V, mais qui, dans le texte que nous
ivons, n'est pas nommée ; le Kinn nipi23 et ce?: (p. 5, L 5) font
supposer qu'il y avait outrefois, dans le texte, un passage où
cette ville était mentionnée* De là , les pastoureaux vont à
b-^inD, qui est le Cordel de U, b^inip dans E, et pourrait bien,
a la fin, être b'^nnia Bordeaux. L'incidenl de Narbonne, obscur
chez U et E, est très clair chez V : Quand les Juifs voient que
le sénéchal de Toulouse a arrêté un ceriain nombre de pas-
toureaux, ils sortent de leur refuge de Narbonne. se battent
contre les pastoureaux, 150 d'entre eux sont tués (îOO chez U
et El, les autres se réfugient à Carcassonne. L'émeute se ré-
pand en Angleterre (possessions anglaises en France), dans le
Bordelais, à Castel-Sarrazin et dans TAgénois (tout comme
chez Ul, dans la tille de Bigorda (U a prorince, non tilie de
Toulouse-Bigorda), à V''^"''i'3 {Vara : Morcô; U a Marciam) et à
Condum. Le seul survivant de Toulouse est une femme (un
homme chez U) Les Juifs de la tille de rî3ip'^&«5 [Guasconha
de U) se réfugient à Lérida (U ne dit pas ville de Guasconha, et
surtout ne dit pas que de G. on se réfugie à Lérida). D'après
V et E, les Juifs de Lérida veulent se faire conduira en Ara-
gon (ce qui est curieux, car Lérida est en Aragon), mais ils
sont tués en route; diaprés V, cet incident s'applique aux Juifs
de ©■'mb nD3 (Mont -Louis? eu France?)* L'évêque de Tou-
louse, iUs du roi d'Aragon, sauve les Juifs de Lérida (eaux d'A-
ragoo. d'après U . Le dis da roi dAragoa poid îA |hI
reaux a Huesea, na eertaia nombre 'i'aatns a "tsc "TT nài
Puyâégnr ou Monségur de FraiKeT. Les pastoareffxxpM
alors en Navarre, a Pampelane» Xooréftl ce Taiièie oMBaecte
L',. U De dit pas où il a puise s«>a récit. V cce I^s efirooiqneste
rois d'EâpagDe. Les deux récits soat très décaissa*, oa t re
que un smguiier mélange de villes espagnoles et de vlLes fi»
raises et on croit voir que V a quelquefois di^anë Le nom de fO
a des provinces. Il en résulte que son 7*7^ est pent-^cre 71:
l'AragoD ; rrryz^Ki, qui, pour U et pour V^ parait être une filk»
pourrait être Gascueûa. au nord de Haele oa daits la pcovûee
Cuenca. ~ Marciam ou Marcian est probableoieat Vardaci
le Gers. Le Morcian et Morca de V et de Tmrm soat une iltén-
tion de ce nom. — En somme, les deux récits de C et de T,
avec leur péle-mële singulier et leurs sauts inexplicables à'Es-
pagne en France et de France en Espagne , ne deviendrosl
clairs qu'après qu*on aura découvert la chroaiqae espagnole à
laquelle V dit quM a emprunté les faits et que U a certaine-
ment aussi copiée.
U 17, E 61-62. La sœur du pape veut persécuter les Juifs, le roi (k
Naples leur témoigne de la sympathie, année I32i. I>^à Féditenr
(Je E a fait remarquer que le nom de ^C^Vnrs, donné à tort à
la sœur du pape par E, est une bévue de B, Tenant de ce qu'il a
pris l'adjcclif semelhanU (semblable) de U pour un nom. La sœur
du pape s'appelait Sancha (U), d*oii le ns^do ou nsisp de E. Le
même incident est raconté V U, où la sœur du pape est appelée
nra:fitc ; cependant le manuscrit (ou Tédition' d*après lequel
est fait la Vara devait avoir une meilleure leçon, puisque la
Vara a Sancha. Le roi de Naples s'appelle Robert chez U ei
V, Frédéric chez E. Chez U, il est roi de Naples et de Jéru-
salem, de là vient Terreur de cbCT:''2 Tnx y^rz, chez V, p. 5^.
1. 10, au lieu de 'CT^-'ai •'bicx:2 qu'il faudrait. Sur tout cela,
voir (iross, dans Monalsschrift, t. 28, '.879, p. 545, qui propose
(le voir dans cette Sancha la fille de Jacques I*', roi de Ma-
jorque.
U 18. Les lépreux en France, U2I. Raconté avec différences dans
K 6.1 et V 43.
V «9. Pesle noire en Allemagne, province de Torli, 5106 (1346). E 67,
D-^Tin-n yKiiy-'X a : province -cima (1348). Tiré de FF 7, 6* cruauté,
année I3i'). K raconte d'autres incidents de la peste noire, p. 65
et Huiv. Le numéro 26 de V, p. 46, est aussi consacré à ces évé-
nements, sa date 0"p (5160) est fausse, c'est 160 au lieu de 106,
par transposition de chiffres, ou bien il faut lire iT'p ou Z''p
au lieu de 0"p, puisque en réalité la pesle noire a eu lieu en
1348-y. Les dates 1345 (FF), 1346 (U\ sont fausses, si on les ap-
plique à la peste noire.
On n'a pas encore Identifié Torti et pour cause : Texislence de
JOSlîF lIACCOitEN ET LES CJîitOMQUEURS JUIFS 22Ï
Torli esl curieuse, elle vieat crune fausse interprétalion de
par l'. On a, eu elTet, daos FF (ni, 7, G'^ cruaulù) : v Gomper-
tum est iQ Alemaûia quod ludei iiiLoxicasseol omues fontes et
puteos ut occiderenl omnes xprisiianos dicte proviûcie, Torli
eoiin aliqui eorum id coufessi fuerunt esse verum* *> Cela veut
dire : Les Juifs empoisonuèreot les puits de la susdite province
(celle de Forchiu, sans doute, du numéro précédent) ; quelques -
UQS d'eutre eux, soumis à la torture {torii}, avouèrent le crime.
U n'a pas remarqué le point placé eolre protincie et Torli, il a
lu, sans point, promncie Torii, la province de Torti, quoique la
suite, n'ait alors pas de sens De lu, la province de Torti qui a
passé de U chez £.
t 20, K ^7-58, etc., V â^ à 2o, p. 15-46. Expulsions des Juifs de
France. Voir notre article : les expulsions des Juifs de France
au xiv« siècle.
21» E 70, m^i, V 27, p. 47. Date 'MM (U, V ; f390), E parait avoir
4 394 Persécution de Vincent Ferrer. La comparaison des loca-
lités mentionnées dans U et V montre que, dans V, il faut lire
AragoD, Valence ('■'D'*bi, Valencia, non (ialicia, comme Fa Vara].,
Majorque, Barcelone, Lé rida ; Séville de U a été omis par V.
C'est un des passages qui montrenl qu'il y a quelque relation
entre V et U '. Dans V, les n<=* -io à 50, p- 87 à 89. sont la suite
de ces événements, y compris les persécutions dues au pape
Benoit ^"IH (Pierre de Luiia). Voir une correction de V chex
Uraetz, VIII 127^ n. * (remplacer DuarLe par Joâo). Le numéro
48 de V (p. 8h) se r&ppurle au mèiue événement, les noms des
villes mentionnées dans co numéro olTreut quelque dilficulté.
On a, eo suivant Tordre du texte, Séville, Cordoue, Ecija, a^"i37j
{Vara, a Cadis, comme s il y avait D'^ip), ::pTD'»^bT {Vara: llles-
s), Ocafia, Huete, on:?: b^::cp (manque dans Vara}^ Muiioz,
Torrijos, Esralona. Ces villes sont, la plupart , dans les envi-
rons de Tolède ; il est doue possible que X2^-^^ soit pour li"*";!?:,
Midrid, Pour en:?: b-^:;C7 voir la leçon de G n 4 *, 1. 17.
«2. E 77, rv^2 \i*i, FF 7, U" cruauté. Enfant lue, Dale : dans U,
corriger 4ti3 en 5213 {\im] ; dans E, il y a 1456; dons FF, 1454.
U dit, d'après FF, que cela se passe dans la terre de Louis
de Salamanque (FF a Almanca); E dit, par erreur, c à Sala-
roanque ». Voir U 7.
i3, E 78-79. Affaire d'hostie à Sétçovie, le médecin du roi, don Méir
(Alguudez), U cite FF, ei, d'après sa pagination, le fait devrait
se trouver FF 11 ; nous ue l'y avons pas trouvé daos notre édi-
liou, ni à la fin du registre (Graetz VIII. 95, note). U et, d'après
> lui, E ont la date .'3216 (t436), prise de 1*^F. Graelz {L c } dit, avec
' A nLoiua qu'Us n*aietil encorG iei, comme pout le fili raconté II IG, copié tous
d«us le même chroDi4|iieur espagnol- Voir surtout U B, où il sembU prouvé que U
m copié V*
icm. MLi- isœxms
T^^A vzut A VÊtm tasi îafisBt. A ««§ «xivbcbU ob pcai ajouter
ojx.-^ je JsÊ^^mtU ut f *12 .2rw. vm, ii» parie de la Jm\t
ftfr CUL Krr. «L tsrre Âai Xeâr et son mcrf wfffiir don Âlifahim
ML-T-fs-^K _ j ft «% ^;ae T^Êissmat qui a due quekioe temps.
ZsrjL Vklt «9C ttzcr. TLtir: msc îilt ef ae pooTait plus Ti?reen
r s*. £ I ;. 'T » 3. k Esfsse a Grs^ie ei mùrt de Josti Halléri ibo
5wl.^ Le iiiGL^rt ^ lsi*4 sa.i«o£s joiret a Grenade se tiDave
dft^ 7 ew ^li^^ V. la^e : àft:=:«di » trbet 4S2I oa 48âS oa 4Si7
(Aàrauji lie I«>2.m72. i. arer B£4e 4 et correctîoos de Oit};
S9M: » Leâec ^«r: v ïC. i : «asedi 9 têtei i»2i = f #64 <E : sa*
2&ri. ^ .it^Kt 4*f: Z ^±3p. 171.» lëbet i»f7 ,Z 217. !• «; . Dans U,
il j a . » ;âfiei ^24*, na^ p r >biab>iiieat œtle date vienl d*one
coszke erre;:!. ^:&t TvDe esi la cooséqueoce de Taotre. Il aura,
par irai^p*j£.L::-a ce chJfires, nus Uê aa liea de 824, et, par
sci-e. U a cù ajouter ^.4e aa Iîcq de 4#M, de là 524« au lieu
ce »«ii. Le » teiiei i^f i De tooibe pas an samedi, la date 482i
doit ccrZic éire ivjetee : le » tébet des annéea 4826 et 4827 toml)e
au sazxKCi, s:a:§ la plupart des auteurs avant la date 4827, c*esi
odle^ia qu :1 Jcut préférer. La fausse date 4824 TienI de la con-
fusion iîéqutixU: d'à ? et du *. Le 9 tébet 4827 coïncide afec le
34 décembre I4M. Voir Stnschn.. ooi. 1293 et 2463 et sa Poimà'
sc࣠mmd ë^i^fei. Littratmr^ Leipzig. l»77. p. 138-40 ; Toir aussi
Graetz. VI, note 3 de la fin du Tolume.
U ^y Expulsion d'Espagne de i;92 ; cf. E 84, rO'SK I3n^. Date : \\
52SI .1491 : E. i;92. Cf. U 202 e. le monstre (inquisition) de Por-
tugal. Dans V. les n»» 50 a 60, et p. Ito srra, se rapportenla
celle expulsion; au n- 51, p. ^y, le mol îrrnno doil peut-être
se transcrire par Cerdagne. non Sardaigne .voir, sur ce poiot,
nos observations sur Vil.
U 26, année 5252 1492 ; E s7, r-xr: ccii, année 1492. Entrée des
Juifs en PorlugaL
U 27, E88, r-:cn r:r2 rr\ etc. Date: U, 5253 .1493:; E, U93 ou
1494. Sort des Juifs dans le Poitugal, entrés plus nombreux
qu'il n'était convenu ; exilés a Sainl-Tbomas ; V n« 59, p. 93. Cf.
U 25. f. 194 b.
U 28, E 8'^ 1. 4 et suiv. Les Juifs dans le Portugal après la mort du
roi Jean et sous son successeur Manoel, en 5257 (1497) et suiv.
d' ; conversions forcées.
U 29, E 90, V C-! r:c2 ••m. Massacres en Portugal. Date : 5266 =
1506 ;U et E). Le roi revient en toute bâte d'Abrantès pour arrê-
ter les massacres. Mêmes faits V 60, p. 93.
U 30, E 91, ^lz'^^. Les Juifs en Portugal sous Jean III. Inquisition en
Portugal en 5291 \:n\).
U 31, K 9», a-^zn "loi:*^"). Suite, année 1531. l' a aussi les quatre pays :
Flandres, Angleterre, France, Allemagne, ce qui prouve une fois
de plus que, dans E, il faut lire rrnsx'^D non nnsa-^-^D. Le iro
JiJSEF HACGOHfclN ET LES CUliUiSiQLKLfHS JUlKt
^2J
f
I
C^na de E, pour les Juifs qui se réfugîeul en Âllemague, s'ex-
plique par r ; t tnoreram per tssos Alpes. >»
r Si, E yi, ann u^i2^^... '^■^n ne nr&ïi, ei Ei»5| Dnn c^W'^an. Réfu-
giés à N a pies, expédilion française à Naples.
t' 33, K 105. Afi'aire de meurtre eu Turquie. Date : 530i = <54ï (C) ; le
médeciu Mossé Ilamon a Coostautiuople ^U et E; il csl nommé
deux lois par V, qui dit avoir reçu de lui des ci>uimunicalioQs
verbales), E a beaucoup de détails qui ne soûl pas datis U,
D'après la date de U, le morceau, chez E, devrait èlre placé de vaut
le morceau précédent, V, p, lU, a, comme E, les localités Ama-
sia el Tocat, plus les noms du sultan et de Mossé Ma mon ; le
médeciu brûlé s^appelle li. Josef ai'^ns*, chez E; Josef b, Josef
:3m«, chez V. Le môme fait est raconté, mais plus brièvement,
daus \ m.
tJ 3i, E loi. Incendie et peste à Saionique eu 5305 ((5451.
U 35. Affaire de meurtre à Prague, Iï3f)6 ^ 1546 ; expulsion^ les Juifs
se réfugient eu Pologne. Parait être E 103, D-^iin^rr iï:nri; an^
née (54i, prubublement, pour E. Cf. E 109 et 123, où le même
événement paraiî raconté (incendie eu Bohême;.
U 36. Peste en Allemagne el dans le pays des Grisons; réfugiés reçus
a Pesaro, si j'ai bieu compris, grâce a l^Ianuel Bibacho (Bibago),
réfugie du Portugal; eu 5:în (lo5l)* Rieu daus E.
U 37, S <09, Pillage de la synagogue de Pesaro eu 53! t = Mj'ài. L'ou-
vrage de U a été imprimé le il septembre < 552.
:*. Le loÂasiu d'Âàraàam Zac€Ui\
( Désigné daas coUe ôtude par la leUre Z ).
83, lik Lire n':zi.'pr^ ^i^Tz^.
H8, (1 b. Lire «■'i::^5-'« (/'îll^^ Estelle, en Navarre. CL SUischu. col.
4448.
af^ltt^. "m-iîti nou '^^3X1 (Zm.i.
ti« 91 ^ Lire T'^Hn, non V^xn.
«8, Uh. Au lieu de l^xn, Zm. a V^î^r^ -**•
»9, 3 (ï. «b3-!{* est Arevalo ; voir L il a,
89, y * et £7 ^. Lire «n-^nrxis Talavera, qui est sur la route d^Avila à
Tolède suivie pur Isaac ; correction conûrmée par Z U(i, Li a,
ti, 43 /f. Lire VET3''-.p.
* Dftos ceUe élude ui celles qui vont suivra nous doijs accupotis i^uuleu]eul du
moyen ft^e en France, en AUemairuâ et en Espagne, Quand houb sortons de ce sujet,
ot D'eetqtie per oecssion «^l par exceplioru Nuuti i»e nous sommes pas non plus oc-
cupé du lexte d'Abraliam îba Diud publié <1ho3 O. — Les renvoie que nous faisons
(7., cf., comparez, etc.) ko rapportcul le plus bouveuL à ua article de notre travail ;
quaad cet article mani^tie danâ QûLrtj travail, il faut se reporter au texle indiqué par
le rentoi, ^ Dana nos correctioiia nous n avons pas répété celles qui se Irouveiit
n%
hEWE DES ÊnHIKS lUIVfô
CISl
su, liu. Lire ;arsnr ns [Zm.). — Lia. Lire rpr-st?^^ Lérida.
f^, 1. a A du secoDd alioéa. Aa Uea de !?ir3ni^ il faut bsm
Ârérâto, sur la route de VaUadolid à Âvila.
toi. Toute la page est prise de O 6L Les mois no**: C^n ;l 4 <t' ■
pUqueot parla comparaison des deux textes, ils sigoiâent
lieu de Habba bar Josef. il y a la Tananle B. Josef. Lesebi^re»
de Z, pour la date de rédaclioa de la Mischna (31149) et du Talmad
lif60), soQl déduits des chiffres de O.
ÎOI, Ua. «s^Vrm 'n ; O 61, dernière ligne, a Kr»:nri "-i.
tH, 4 ^. tcin KZ*»13 'n ; il semble qu'il faille elfacer le mol «ars ; cf.
O 6*. 6.
fH, Cî à. Lire pnx^, le y&i est tombé à cause du ^od de la fin du snoi
précédeai .
204, 10^. Lire rrç7Z; -Mnrï est évidemment une faute : si 1^ filles
de Jesdegird avaient été tuêes^. Bostanaî n'aurait pas pu eo
épouser une; lire ^'aca ... iDrn.
Î05, 7 a. I3n signifie « compagnon » de R. Âschi, pendanl dix-huii
ans; -- L 9a à t8 a, incidente ajoutée par Z. — 1, 21 a, îc^t,
0 63, 4, pc-^Ta. — L îl a. lire '>»:'!n::D, — 1. 55 a, au Heu de o'pr
lire Tfpn ; cf. O 63, 6. — O 63, 9, mic?:, peut-ôlre pour mss::;
cf. L 31 a.
205, 12 a. Lire ^235 'o. — l. ii a. Lire '*x:inD3.
20o, Hb. Pour nia-'TS&t, il faut probablement lire n-^sa ■'^Sîs bînw ''
nîr?:» bc ; cf. 1. 7 a et 0 63, 18> — l. 21 b, mss. lire ini. — l ii *,
nbi3, faute dimpressioa pour nbia. — J, 3» ^et suivantes : les
mots r^^P ri**"^p5 f^**Tn r"m sont une parenthèse qui ioler-
rompL le sens ; ces mots devraient peut-être se mettre après
mot opmi.
Les p&ges 205 à âtci sont copiées de 0 6a, 9, et suivantes,
tm, la, «rni* ne;?:; ne faut-il pas eflucer mS3^? cf. 0 64, î. -
h iî'i a, Isaic Ilallévi est chef pendant i3 ans, après R, Bibé (morl
i5t:i), et meurt eu 4556. En etlel, de 4513 à 4556, il y a 12 ou
13 ans; O 64, H, a î ans au lieu des 13 ans de Z. il faut
peut-èlre lire ms;? D"*nîD (t2), au lieu de "»nt3. — L 37 à io û.
î^a chronologie de Z est conséquente avec elle-même : Josef
b. Uayya meurt 5586 (ou 5587), Isaac b. Haj^ya meurt 7 ans
IjIus tard, 5593 ; Josef b, "^a-i (0 Gl, 20. ^n'^:ï 'n ou •'a^n nn) meuri
£ ans plus turd, 6595; Paltoï meurt 16 ans plus tard, 56H.
t) 64, 19 et suiv., ne peut être juste que si on lit, 1, 18, Ja^
niûy au Heu de ynO; 0 64, 20, n^nn est évidemment pour rT^ini;
O 64, a, au lieu de -iCJ, il faut XTO, on a alors 5586 + 17 =5603:
5603 + i^ 5665 ; 5605 + 6 = 56 II . Si le point de départ de 0 fît
5596 [uu lieu de 5586), on n'aura pas à corriger 7 en 17, et, de
fait» ïc chiffre de 5596 parait plus jusle (voir O L 17). Avec toutes
les variantes de 0, la question de chronologie est très embrouil-
lée. — Z 206, 10 è. Pour Q""ir, lire «'7:np, comme O 65, i, car
Z 2U7, in a, a 659 =^ 641 + 18.
t* <
n
JOSEF lïACGOHEN ET LES CHRONIQUEURS JUIFS 225
\ù7, i a. Ou bien il faut nbma nDi,ou il faut effacer V2y ; cf. 0 Ga, i\.
— I. l \, pour nnsi, lire in«b ; cf. 0 06. 3,
107, 28 a, 18 ans {allaui de 361!) jusqu'à 5659 ; 0 66, i<, part de 5653,
ajoute 0 (qoh 48) ans, et arrive aussi à 5Gî>9 ; setilemenl 0 65, i,
a aussi pour poiat de dépari 5641, à moios qu'il ny ait eu uu
iulerrègue allant de 5641 à oûIj^. — ï. i^ a, les mois T*iï*m
D^TS"* devant ^3 manquent évidemment, cf. 0 66, 18* — 1. il a et
G 66, n : il faut probablement lire D'en non 3"cn, car le calcul
est le suivani : Aron Cohen meurt ïlW; Sclierira deviont gaon
8 ans plus tarJ, 4728 (0 67, 6;; Haï devint gaon :iû ans plus
lard, 4758 (O 67, 7) ; Haï meurt U ans plus lard, 4798 (0 66, 24/.
0 66, ti, :3"73ï3 seul est donc juste, non D"ra. ^ Z 207, na. Il y
a là évidcniment une faute, provenant peut-être de la confusion
de n"3Cn et n"rwn ; ou il faut lire : en 47i8 [Scberira fut gaon et
on 4758] liai fut gaon ; ou il faut lire : en 4758, Haï fut gaon,
07, 11-15 à. La phrase n"'H"'C5ni, etc., n'a pas de sens; il faut évi-
demment, comme dans 0 66, 21, lire ensemble *■♦ b^sniT '*:n?g
Jusqu'à i-'nnH, puis lire lîamrT ^n^sm.
07, 27^, i^N 1^T31 jusquà 20^ On, ajouté par Z. Le récit de Z re-
prend à 209^, mais avec une .singulière soudure* Tandis que
dans 0 on a r?:'»ai, se rapportant à Haï gaon (67, 9), Z^ qui vient
de parler d'Eldad, se croit obligé de mettre *nbÈi ^^jj'^^i, ce qui
ne va pas du tout avec la suite. — â09» 9 a, lire •'3ni3, non
^:d^, qui n'a pas de sens et est, sans doute, une simple faute
dlmpressioo; cf* 0 67, 15. — L 16 a. a 5 savants; 0 67, fi, n'en
a que 4, par ce qu'il ne compte pas Hanokh, qui est encore en
bas âge. 0 dit que les rabbins vont de Bari à l"*rcDD ; Z dit
qulîs viennent de T^noso.
10, 7 a, au lieu de 'à, lire inï«b ; 0 60, 4. — J, 8 h, au lieu de D%sc;i,
lire '^Zi:^ f. et des drapeaux » ? cf. O 70, 7, — L 37 L Evidemment
nsnn non nDin ; cf. 0 7! , t.
il , 3 a, "iJïïï ; 0 71, 6, ^xi2. — 9 û, n"Dï:n est juste ; n"^ûn, 0 H , 9
i et 13^ est faux, car Ifuï est mort, suivant 0 et Z, en 4798, et
I 4798 moins 13 font 4785» non 4775; 0 7t, 11, il vaut mieux lire
^ TTT^ZO, non n^T^'D ; cf. Z, L 13 a.
H, 35 a. Il faut Sep b«, cf. 0 71, 24. — 1. 26*, Probablement
«rb^'aCM (Séville), O 7i, 19; voir cependant Z, I. £9* et O il.
r D'après Z 213, Uè, et 0 76, 9, il semble que la leçon r Séville »
soit certaine.
\i, 36 a, Saragosse prise par Cid Ruy Diaz en Tm vp»\ lire Toi,
1067=^4827; cf. 0 93, 3.
12, \2à. VoirO 92, 22 ; — lire nsitssi (Baena) ; cf. 0 69, « i.
«3, 48 à !9a. A corriger par O 75» 10, et lire : 'n rrri rTî^bn^i
13, 13 k Lire "nin au lieu de n^-m? voir p. 2H ô,
!4, 35 a- Après b^DH p mettre «s:'* ; 0 77, 21 .
1 4, 39 a, 2hv, cf. O 77, 23. C'est probablement le «bo [Saleli, au Ma-
T. XVI, «« 32. 15
226 REVUE DES ETUDES JUIVES
roc) de Z 214, 28 b, et O 78, 21. Plus loin, Z 21 B, 30 a [et 0 80, ^
il y a n>2r?D à Almédia, au lieu de nho à Âl média.
2U, 42 rt. Le chitlre s^Enn doit ÔLre cbaogé en n"rnn (4845J, comiofl
daas 0 93. 9. D^uii autre côté, Isaac iba Migasch est morlea if^OI
(0 76, <5; 93, B; Z 218, 3 a); de 484a à 4imi, il y a environ 60 aQSJ
U faut donc ici, avec Zm., au lieu de 'i, lire '0.
54 4, 2-3 ^, Paraîl indiquer que dans O 78, 4, il faut Ijre : pTH HT
2U, 10 ^ et suiv., et 0 78. Ui et suiv. Puisque 0 compte 8 générelioai
de gu*^oiiim (O 67, 8 ; Z 207, 26 li\, i\ faut évidemuieQt compter
comme suit : 22 générations jusqu'à la fin des Amoraim, 5 genô'
rations de Saboraim, 8 géuéralîons de guéooim, 3 géaératioi
de rabbins» ou 22 -f' *6 == 38 générations. Il faut donc, O 78, U,
lire : m:n«:n mm 'm ; et 0 78, U : nmi V'' Vrs -^nn. Ou cor-
rigera de même dans Z Les 38 géoéraUons soûl rappelées daoS
Z 219, 43 a.
214, 31 ^. lire '[«DDns:^. — 32 b. Au lieu de bzi», lire br» (0 78» Î3
— 34 b. La date 5950 n est pas dans 0. — 4i b. Voir, pour les lo-
calités, 0 79, :l
%{'è, 22 a Lire *^n {re ou ri?y, le roi) pour "^i. — 24 a. Le b» parait être
Tespagnol eL ^ 28 û. Il faut lire, sans doute, ^"^1^7 (0 79, de^
nière ligne).
215, 30 a, ïb, iib, 20^, 28*. La ville appelée tantôt nïsn 3f^, uniôl
npï«-i ^35 ou npn J^aa, est Calatrava ; voir 0 80. -- 31 a, pour
DiT^ lire ""^sr?:, — 38 a, pour i!i:" lire ircn. Tout ce passage sa
trouve copié dans E 26-27- Les Pàiiisiim de U sont les Berbères i
voir Muok, iaus Jourtml asiatique, juillet 4842, p. 50, note 4
216, 5^. La phrase est interrompue eu sou milieu par Tincidente ^Xl
tam35*, etc., la queue se trouve plus loiû, 20 ^. — 18^, pour
•nai«n, il faut n>;n, voir 3Da. — 28** Au lieu de wbp2 bji. il
faut, sans doute, uibp-: n'^Ji ; voir 0 HO, 16 n, — ;i *. m::i3:{*.
mari de «?5b5î3bfi*, est peut-être pour nnabi3H, c'est à*dire Altar-
ras; voir 215, 12 à 15a. Cette suppression des Garaîtes en Es-
pagne est racontée par FF III, 3, et placée par lui en 4938 (II7S),
mais Alpbouse Vin de Gaatille, qui doit ravoir accomplie, est
mort 4157. Voir îjussL Muuk, dans Journal asiatique ^ k^ sèîïCt
L XV, p. :i03. Il semble, du reste (voir 0 79^ 45 ; 80, f I}, qu'il y a
eu deux expulsions des Garai tes,
215, 8 *, Lire ninci (Zra.).
216, 22 a. Voir 0«1, 4L
246, col. 4 . La ûu de la colonne se relie à coL 2 et ue doit pas eu être
séparée-
246, 3 b. Sur amK, voir 0 84, 47 ; 93, 8.
217, 4 a. Au lieu de «"ssïïn pour la mort de Haï, lire n"sïï:p ; voir plus
haut, 207, 23 a ; voir aussi 207, 8 b.
217, 10 fl, et 229, 17*. Voir U 93, L — 47 a, voir 0 93, 5; cf 42^ et
229, 21 *.
r
JOSEF HACCOIIEN ET LES CHRONIQUEURS JUIFS 227
!?, t^ ak ià. Ce passage sur Moïse baddarscban et aulres rabbins
de NarboDDe et de la région doit être comparé avec Z 84, 39^ à
8o, <3 a ; 0 d3, 25» à 8i, 9» et 0 78, i à 6. A ces lexies, il faut ajou-
ter celui de notre ms. Zm., dont nous nous bornons à donner ici
la traduction : « De leur temps (Isaac ibn Gayat et Salomon b,
Gabirol), [vivait] R. Moïse baddarschan, rosch ycsiba è Narbonno,
fils de R. Jacob rasch yenba^ fils de H. Moïse rosch yesiba, Ûls de
R. Âbun Tosch yetiba^ maître de R. Natan, auteur de VArukh^
comme il est écrit (dans VArukk) au mot nsip. Parmi les élèves dis*
tingués de R. Moïse baddarscban [on compte] H. Moïse le anaw^ti
R. Moïse b. Josef b. p:: ,Merwan)Lévi, fils du frère du rab. Isaac*
et R. Abrabamb, Isaac appelé Ab-bet-din. Tous ceux-ci out déve-
loppé la science (n"nn *):inn) en Israël et tous les savanls de Nar-
bonne et de Lunel ont bu de leurs eaux. Parmi leurs élèves dis-
tingués [on compte] le Rabad (R. Abraham b. David de Posquières)
et le rab. R. Zerahia haliévi, auteur du Maor, et le rab. R. Mes*
chullam b. Jacob, et le rab. H. Samuel b. Moïse, et le rab. R.
Samuel b. David, et le rab. R. Moïse b. Juda, et le rab. R. Jonatan
Cohen, et R. Scheiemia. Mais le rab. R. Abrabam 1"3« (Ab-bet-
dio), leur maître, est le plus grand de tous. » On se trouve en
présence, à ce qu'il sembîe, de deux versions dont la principale
variante se rapporte à Moïse baddarscban : Z 217 et Zm, font do
Moïse Anaw, de Moïse Lévi et d* Abraham Ab-bet-din les éïèves
de Moïse baddarscban; 0 en fait les élèves de Jacob b. Moïse b*
Abun ou de Juda b. Moïse, et ne nomme môme pas Moïse bad-
darscban ; Z B4 enfin u est qu'une autre version de 0, où le pas-
sage sur Moïse baddarscban (L 4:i à 40 b.) parolt être gauchement
intercalé par Abrahaai Zaccut. li faut cependant remarquer que
le passage de 0 Wà est, à certains égards^ suspect. Il est bien
étonnant qu*il omette cnUèrement ce célèbre Moïse baddarscban,
que Rabbénu Ta m connaissait fort bien et dont le principal ou-
vrage (Midrasch rabba de rabba) a fait si grande sensation dans
la région ; 0 83, 25, dit : « Le premier rabbin de Narboone qui
nous soit connu, . . »>, et ïà-dessus il nomme deux rabbins (Jacob
et Moïse) et non pas un ; puis vient, 1. ^7, v le plus grand de^^^
disciples », sans qu'on puisse savoir si ce disciple est élève du
Jacob ou du Moïse qui viennent d'être nommés. D'un autre coté»
dans les textes de Z â17 et Zm., Isaac b. Merwan Lévi paraît
incidemment, et comme s'il avait déjà été nommé plus haut dans
un passage qui manquerait dans nos copies. SI Moïse baddarscban
a été réellement, comme le dit Zm., le fils de Jacob b. Moïse b.
Abun, nous proposerions la rectiikalion suivante de nos textes :
après ce Jacob, et avant Isaac b. Merwan Lévi, il faudrait,
dans 0 H3, intercaler Moïse baddarscban; Isaac b. Merwan Lévi
serait élève (ou contemporain ?) de Moïse boddarschaD, et il fau-
drait rintercaler dans les textes de Z; enfin Moïse b. Merwan
Lévi, Moïse Anaw et Abrabam Ab-bet-dio seraient élèves de cet
2S8 EEVUE DES ÉTUDES lUIVES
Isaac b. M. Lévi (ou de Moïse haddarschaa) ; la géoéralion soi-
vaute, eDtin, aurait pour priocipal représenlaDi Abrabam b.
David, de Posquières, Dans tous les cas, nous pouvons faire dans
nos les les de Z, quelques correcUons sûres. Z 8». 29 *, au \k\i
de Vrzin, il faut ib ^rcT» comme le prouve O 84, 45 ; Z 85, 9 a* H
Z 217, & à, au lieu de Abrabam Ab-bet-din. ou est lente de lire
Abraliain b. David (de Posquières)» comme semble riodiquer
O 84, 7-8, quoique Zm, nn soit pas favorable à celle correcûoiL
Dans Z 83, 2 b, uous effacerions le premier des deux z^.rt ; dans
Z 217, 23 a^ le mol 'm avant le noin de Lévi doit, sans doute, être
eiïacù, ei 1, 25 a, ou lieu de "T"2K-im il faut sûrement lire l'^xm
CH'^T^rn ^bi'iaTai. — Inutile de dire que Z 81, 43, il ftiUt "i^tp, tioa
^3:p, et que Taoaw Moiso de U 83, U 24, est le même que celui
de U84, 2. — Z217, 6-I2J&, cf. 0 81, 17-19.
217, 15 è. Lire pi, non p^i (Zm.).
218, 9à M a. Ces trois lignes ne sont pas ici à leur place, à ce quil
semble.
218, 14 a. Après nnsmD mettre ':n n^n D^'ns» 'n ^o zro,
218, 20 a. Plus loiQ, 219, G a, il est dit que iuda b. liai est enterré i
Safcd,
2i8, 20 fl. On ne voit pas ce que vient faire ici la notice sur Abrah.
ibu Ezra et Juda llallévi; peut èlre doit-elle venir à la un de Ta*
lioca suivûDi, consacré à Ibo Ezrâ.
218, 23 à 37 a, U est ulair que la dale n*'pnn doit figurer dans le pa
sage, puisque c'est elle qui détermine la place du morceau ; m^lë
il est probable qu'il faut lire, comme dons le ms. Zm.: "^icc n*^
n3C3 -3:3d:t î^^t:? i^"t vn ^^2"^ T.m rf'pnn m:r nr:
'51 ^''rpnn dvd nzàD^n ... •^;« b^H min^p3 n"[riprn ^ La
date de la mort n'Dprn (le s sera tombé) se trouve U lU, 2, et
102, 8; elle est, du reste, pour n"3prn .confusion de o et du 5).-«
L 25 a, 3"^pinn est curleui, Z dit avoir donné cette date plus
haut et elle ne se trouve pas plus haut, — L 37 a. n"Dpnr est
peut être quelque erreur venant de Ti"'D';:r.r^^ — L 32 a, d'après
Icaod Olam dlsaac I^raéli, a la date 49ui, lundi t^^aciar i^ mais
comparaison avec les textes parallèles indique qu'il faut ]ire,dâDa(
Israéli, 4924, non 4954; c'est, en elTcl, le chiffre 4U£5 qu'a rédiliofl
de Berlin du Itsûâ (IV« livre, p. 33, col. 3). Le \'^ adar I de 4*Jii,
aussi bien que celui de 49-ji lumbe un lundi.
218, 28 tf. Après '"«?3 me lire 22 (Zm ).
218, 4 b. Lire 'C3 ^ pnsa.
218, 7 d. Toute la colonne a pour noyau la date 4935 de celte ligne et
de ligne 28.
218, 28^. Isaac, Isaac rAncicn, Isaac b. Samuel rAncien, Isaac ^93
mDOin (c'est le "«"n ou iptn """n), maître de Simson de Sens (0 94,
' Il faut ajouter qiie Zm., au lieu des dates 905 et 925, a 908 et 928 [n po«f 71)^'
nous evoDs laissé les n daua le texte restitué d'tprës ce ms*
à
JOSEF HACCOHKN ET LES ÙIRONIQUEIÎRS JUIFS m
lO» de Juda h. Isaac (Z 22{>, SS a; cf. O U, O), do Baruch dô
Worms (Z tiù, 34 è, 0 9i, 23, et 403, 1). lils de la Eœuv de Rab-
ou Tarn (0 i02. rt ; Z 2*8, 16 ô), m, 4935 (aussi 0 94» 9, et 102,
17). mais Z dît qu il doute de la date.
ÎI8, 30 h, etc. Le passage doit être expliqué comme suit : « Simson
[{corriger Simoo, qui est faux) b, Abraham, de Sens, élève d^Isoac
CrAncien) ; on dit quil («"srsn — H. Simson b. Abr.) est mort la
même année que son maître, (Isaacl l'Ancien. » Or le "''-i est mort
4i>35 ; c'est donc aussi la date de la mort de Simson, comme Ta
O 94, n, et 402, 48. Au lieu de iin (ou après 131)» il faut sons
doute lire ^"n (L 33)*
19, 4 a. Au lieu de y^'T^Dn, il faut «''2*iûn (Simson b. Abrab*).
219, 7 a. Benjamin de Navarre est Benjamin de Tudèle,
H9, col. «. Le passage sur Maïmonide vient ici à cause de la date do
la composition du Misckné tora, 4938 [l. 40, cf. I. 8); le reste se
sera groupé peu à peu autour de ce fait. — I. 23 a. A partir des
mots ^r«i£T^ '^:£ii le reste de l'alinéa est une iutereolalion pos-
térieure de l'auteur, elle interrompt le raisonnement qui se
continue dans lalinéa suivant et par lequel Z veut prouver
que Maimonide n*avait que six ans lors de la mort de Josef Mi-
gasch.
19, 31 a. Il faut changer îi"3ïpnn en rt^'^nn, comme le montre tout
le contexte et comme on le voit ligne 38^. Josef ibn Migasch est
mort 4904 (Z 218, 3^), donc si Maïmonide est né 6 ans avant cette
date, il est né 4895. On ne comprend pas pourquoi Z se donne du
mal pour conserver cette date 4895, qui n'est pas d'occord avec
la donnée de Maïmonide citée par Z el d'après laquelle Maïmo-
nide avait 30 ans en Tannée 4479 des Séleucides, ce qui fait 4927
de la création; Maïmonide serait donc né en 4897, Il est probable
qu*il y avait, â ce sujet, une tradition d'après laquelle Maïmo-
nide serait né en 4895, elle venait peut-être de ce que Ma'fmonide
passe pour avoir eu 70 a os à sa mort en 4965, ou encore, de la
confusion, dans la date de sa naissance^ eriire 4898 et 4H95 (net
rr» de sorte que la vraie date serait 4898, Seulement Z, édiL Cra-
covie, 431 à, l. 2, dit que Maïmonide est né un samedi» veille de
Pâque^en Tannée 4895 la veille de Pâque tombait au samedi ; en
4898, elle tombait au lundi. Dans ce même passage, la date 4894
pour la naissance de Maïmonide est sûrement fausse, il faut sans
doute lire 4895 et remplacer, ligne suivante, le fùd par un tav
(6 ans. non lO ans avant la mort de Josef ibn Migasch). En 4891,
la veille de Pâque tombait au vendredi. Voir sur celte quesUon
de la naissance de Maïmonide, Stnschn. coL 1884.
' tl9. iO^. Lire Dis^nb (Zro.). — I. 41 *; s"pr est faux, il faut a^pn
(Zm \ en réalité et à la rigueur, si les autres chiffres sont
I justes, Tpr; cesl le chiffre qu'il faut mettre dans la note 4 de
I cette colonne 249 b,
kl 9, coL à. Remarquer les nombreuit Vnit de cette coloooe, de la eoL
REVUE DES ÉTtTDES JUIVES
précédente et de la coL suivante (219, 40 a; 7 ^
2 ô» Ij ^), et qui souvent D*ont pas de sens* Ce sont, en partie, des
ficelles mises par l'auteur pour relier sou nncien texte à nue
intercalaiion plus récente. Cependant le bsî* de 7^ se ratlach*
a <*2^, si tout le passage intermédiaire, n partir des mots rrm
^b est supprimé. — 1* 28-29 l>. On ne sait ce que vient faire li
Isaac d'Acco, mais Zm. pernoet de lo comprendre, l\ faut meitre
en léle de la phrase le mol ar^ et traduire : R. Isaac d'Acco (pa-
renthèse: Rascbi dit sur Acco, etc.) écrit : « Du temps de, etc.. t
La citation s'arrête aux mots Qbi^^n V-i !• 35 b.
220, 33 a, Ualinéa vient pour la date 49i0, et se rattache à la date49it
de 218, 40 a. — L 43 a. L'alinéa est là, malgré la date 5004 de 11
mort (L 45), pour dire que Méir Abulafia vivait, comme les pré*
cédents, du temps de la querelle de Maïmonide.
220, 37 a. Après n-'ni il faut un point.
2^0. 41 a. Au lieu de o"prn il faut D"pnn; cf. 0 9 S, 15, et lOt S5.
Z suit rordro chronologique, co qui prouve quUl avait parfaite-
ment écrit D'prn. Zm. a aussi s''ppn*
220, 15 d à 2il, 16«. Il serait superflu de chercher à mettre de Tordre
dans les notices jetées pêle-mêle dans ce passage, et parmi les-
quelles il y en a qui se répètent (220, ^9-20 ^, et 22!, 4 b, Abraham
Ab-bet-din) ou qui Jurent ensemble i220, 16^, et 48-19 à; le môme
Ahraham nommé d'abord, puis mentionné comme s'il n'en avait
pas été question). Les lignes 220, 15 à 20 b, qui se ratlacheot à
la date 4905, ne sont évidemment pas à leur place et devraient
venir à la fin de la colonne. L'auteur les a mises en cet endroit
par occasion et en se laissant aller* Dans notre ms. Zm., il ra»
chèto ce désordre chronologique en marquant, avec la date 4956
(h 21 * de Z), qu'il revient en arrière : pjcai ■ • ' n*nna T»rr ch'^^'^si
l":prn ; de plus, le ras. met la persécution de 4969 (Z 220, 21 è}
à sa place chronologique.
220, 20 ^. La date 4%5 pour la mort d'Abraham Ab-bet-din n'est pas
à sa place dans Tordre chronologique. Il faudrait 4945 [^ pouf
0), et alors on aurait exactement la date indiquée par M. Gross;
voir, plus loin, nos observations sur 0 94, 25.
220, 21 à. Persécution à Béziers 4969 (1209). La mention n'est pas à
sa place dans Tordre chronologique ; la date est» du reste, exacte,
c'est TalTaire racontée V p. < 13, 1. 20.
220, 22 *. Voir O 94, 19, et I2f>, 5. Z 221, 37 a^ autre persécution dans
le royaume de Léon, en 40&1 (123»).
220, 34^. Pour le sens du passage, voir 0 94, 23* Ici {Z 220* h 35^),
il faut, sans doute, mellre ^nt:? b^v "'an, père d'Kliezer b.
Joeh Voir 222, 36 a.
220, 38*» Le ms. Zm. prouve qu'il faut mettre pn^3 m33Î?n mrn
r3iû. -^ 43 à, lire D"pnn (Zm.).
221» 3 a. Répète Tannée de la mort de Maïmonide, déjà donnée, 220,
a a, sans compter 220, 43 b. Gela prouve que le texte était soi|S
JOSEF HACCOÏIEN ET LES CHRONIQUEUnS JUIFS 231
cesse remoûïù par des inlercalaUons successives qui ne lenaicnt
pas assez compte de rancienDe rédaclion; l'auleur rupèle même
que Maïmonide était élève de Josef ibo Migasch, quoiqu'il Tait
dit à satiété plus baul ; c'est que ce passage, 221, 3 a. est le plus
ancieD, il est le seul qui soit bien à sa place chronologique.
Î2I, in. Au lieu d'Abraham b. ViiVù (répétilion erronée do C3"^ï3 qui
précède), lire Abraham b, Isaac, mort justemeui, d'après nos au-
teurs, en 4965 (O Ui, 2ï; 103» 7), Il est vrai que Z 220» \^ b, indique
déjà la mort d'Abroli. b. Isaac en i965» mots il ne fait pas toujours
attention qu'il se répète, ou bien Terreur C5'^?3 pour pnx'' vient
de lui, de sorte qu'il y a erreur^ mais non répétition.
Sii, 6 û. Sur Aron de 5ibD et les autres personnages nommés, voir
O 9i, il. Lire rrb-j^^rjT: (Zm,).
211, 17 a. I/alinéa est à cette place à cause de la date 4970 (L 29 ; cf.
l. 16).
111, 33 <2, Les uns donnent, pour la raort de Moïse b. Nahman, la
date 5020 (3), comme ici ; les autres, la date 5002 (3), comme O t)6,
6; l) 103» M et O. lui fait tenir sa controverse avec Paulus Chris-
liani en 497* (1211) et le fait mourir en 4990(1230). Toutes ces
dates sont fausses, puisque notre Moïse a tenu sa controverse en
1103 (.^023), et est allé à Jérusalem en f267, où il est mort peu de
temps après. Les i97i "et 4990 de O i03 paraissent provenir du
4970 (^*'pnn pour y''pnr) de Z 121, 29 a, dale de la composition
des premiers livres de Moïse b. Nahman; dans la dale 5020 de Z,
il manque probablement les unités; le 5002 de 0 96 est pour
5020 f3 pour D), avec unités manquantes. Le ms. Zm. a Ô029,
qui est la date juste. — Il faut encore remarquer que» d'après
O 94, 28, Moïse b. N, compose en 4976» non 4970, — Voir Stnscbn.
coL 19V7-8.
21f , 37 a. Pour les localités, voir O 9a, 7. Ces localités sont Astorga.
Majorque, Benavonte, Toro, Zamora, Salamanque, Alba (dans Z
seul), Granadilla et Ciudad Rodrigue. Ligne 39^, lire tf^-'b'*TN5«na.
t%\, 7 L Au lieu de r?20m lire 5"?:&n2.
221» 10^ à 27 h. Parait ajoulé plus tard, car 27 b contient le début du
vi° siècle de la création.
2il, 12* et (6*, Voir 0 95. ir
221, i9 b. Abraham b. Nalan r3«n. larhi n'a rien à faire avec Morde-
khaï. Voir O 95, \\ ; Zunz, Literaiurg.^,l'^^\ Kohn, Monaisschrift,
*«77, p. 181 ; Stnschn., #. p. Eiiezer b, Naihan^ coL 963. — La
date de la mort (t, 20) est celle d'Eliézer b. Natao [Vautre t^^n),
non celle d\4br, b, Kalan larhi. Sur toul cela, voir O 95, 11, Ces
confusions entre Abraham b. Natan et Eliézer b. N. que nous
serons obligé de signaler plus d'une fois, sont probablement le
fait d'un copiste maladroit.
2f !, 21 b. La date pour la mort de lomlob de Séville est naia i= 5022
^Zm. a n020 ; ce paragraphe n'est donc pas à sa place, et doit
venir après la ligne 20 b de Z 222,
A
REVUE DES ÉTUDES lUIVES
221, 30^, Voir 0 95» 4 H,
222, 21 a. Sur toiu le passage et ce qui précède, voir O 96, f»S
222, 36 a. -»nTrn ^2X est Eliézerb. Joël. Cf. 0 96, 8, et 10,1, 21.
Î22, 37 a^ Diaprés rédition de Gracovie, 432 b^ 2i, el Zm.» ce R. ^^fssim
clait, au coQlraire, élève de Moïse b. Naliman; dans ce cas. Té*
lève serait mort avant soq maître (Nissira en aiïSi ; Moïse
en 5029),
Î22, U> è jusqu'à 221» 3 a. H y a évidemment, dans le texte, des er
reurs sur les dates »"2 et K"3*
Î22, 20^, Lems. Zm. parait avoir seul la bonne leçon : e Semtob
de Léon, père de R, Moïse qui (lequel Moïse) a écrit le Séf^rhawè-
miscal et le Séfer mischcan édut, et autres livres, est mort en
5053. ^ 0 96, 17, qui fait mourir Moïse b. Semtob, à la place de
son père, en 50ï>3, est faux ; Z %%b donne, pour la date de la mort
1
de Moïse, Tan oOG5; dans notre Z 222, après la date 5053, il faut ■
mettre : ir:^Tû ?itd?3 'n •'DM Kinv Enfin, 0 10^, 29 et ir. suiv. a ™
I
encore une leçon acceptable; il parait dire ceci : Moïse b* Semtob.
auteur de,.., a écrit (non est mort) en 5051. Voir SlDScho ,
coL 1847-8,— Aux lignes 25 ô et tl b, d'après Zm., il faudrait
lire tt^'a (ou peut-être, 27 ^ n>l ; de même, 223, %a, lire Èt'3 (Zm.)
222, 24 b. Pour Aroa Hallévi, voir Graetz Vir, \n. Cet Aron est d^jà
mentionné 222, 30 a, où il faut sans doute 1 ire rîr':3biab nî'ilrîî-iaTs»
Zm. a ; « Eu 5046, R. Aron Hallcvi est venu de Barcelone à
Tolède, il y reslo un peu de temps, et retourna dans son (ao-
cien) domicile; en 5{>51, il vint une seconde fois à Tolède et y
mourut. » Maïs plus baut, le même ms, a i Aron llallévi, de la
race des D^k^c;, et Salomon Josef b. Amiel, et R. David Cohen
et R. Méir Cohen de Narbonne, tous morts en 5024 (id.Zi2!,30a,
où les mots njibssns?: «na, L 32-33. sont probablement uae
répétition erronée des mêmes mots de 1. 30.31}. O 96, H, dit:
Aron Halle vi demeure à Tolède 5051* lï nous parait certain qtte
tous ces AroQ Hallévi sont une seule et même personne, les mots
a venu de Barcelone », de Z 222, 30 a, comparé avec 122. 25f,
et notre citation de Zm., le prouvent. La date 5024 de Z 222 û et
de Zm, est probablement une faute pour 5054 (confusion du D et
du 5), On connaît le travail de Rostn sur le Séfer hahinnukh atlri*
bué à Aron Hallévi; voir Neubauer, dans AfonaUschrifl, i^lî,
p. *78, qui exprime une opinion nouvelle sur le lieu de nais-
sance ou de résidence d'Aron Hallévi.
222, 26 b. Bûhia b. Ascher. Voir 0 %, {% ; 406, 5. ■
223, iaei^ b. Voir O 96, i» et %, 28. *
22:i, ifl. Voir 0 105,6,
223, iùa. Après le mot cnns, il faut évidemment le mot 2» (mois
d'ob), comme Tout tous les chroniqueurs qui ont parle de Tex'
pulsion de France de 1306.
223, 14-15 a. Le signe nti^b nT5 vient dlsaïe i, 4; voir Calai, mss,
hébr. Leyde, p. 400, n« U.
JOSEF IIACCOHEN ET LES CHRONÎQUEURS JHFS 233
Î24, 0 10 a. Le passage est obscur ; Zm. n'a pas 1rs mots ï3«i^î psDl
T»nni« (ou T^^iSïï, 0 XV), mais il a ^^'W^ L3"ïi a"D psïDs, seulement
a*'3Ci esl mal écrit et peut faire D"m ou a^Di. Sur la cbronologie
de la famille du Roscht voir R^vue^ XIII, U8*
ti4» 22 û. Voir 0 97, 4,
^iti, 25 a. Au lieu de '►ibn innjt, il faut lire b^;ib^ inisn priN.
'■ Voir 0 94, 27. Sur cet Aron Hiiccohen de Lune), voir Gross, daos
Mùnatsschrift, 1869, p. 433; eocore envie ea t327 [p. 439).
t*i, 29 ff. C'est l'affaire de Gonzalo Marlinez; volrO 97, 10, — U 30^,
au lieu de 5:2, lire s: (Graelz, VII, 324), comme Ta d'ailleurs l'édi-
tioo de Z, de Cracovie» p. 133^, L <1
Î2I, 6 b. Voir 0 98, K .
Î2l, 14 3. Au lieu de ^72»» lire i?2t< (Zm.).
2Î4» 25 ^. Lire inirn V'2?2^rr rï«-i ^Vu.
22:3, 6 a, Lîre-'.ri^i. — 35(7. Lire iT:p, non iTspa, ^ 38 a. Lire rpi3,
sans article.
2â5» 24 «. Les villes éuumérées se trouvent U f» <88 ^, dans Tordre
inverse.
2Î5. 26 a. Voir 0 98, 5, et 106» 26.
t25, 29 a. Voir 0 98. 9.
225» 3îa et 16 ^. Juda b. Ascher, fils du Rosch, m. à Tolède 6i()9 ; cf.
O 97, M, \m, 21 ; Z 22t, 31 a. Le Juda b. Ascher qui, d'après
noire passage de Z 225, meurt martyr à Tolède ou a Burgo?, est
arrière-peiit-fils du Rosch et pelit-fils de Salomon lequel est flîs
du Hoscb. Il est auleur du n^'C^rr npn. Voir sur lui Zodz, Zut
Gesch,, 43i, 435; Cassel, dans la préface du TT^MT pn^T, et Stos-
clm., article Jehuda b. Ascber. Voir aussi la lettre de Hasdaï
Crescas, dans V p, «29, 1. 8.
223, 37 a. C^:«''p3''i, c*est-à dire • de hiscaye •.
223» « k Ou il faut lire : ^7717 «'':p r333, ce qui eni juite;
DU bien ^"py esl un doublet de »":?, G it-l, 1 a, a rao K"'»i
3"rp- Cependant ypy comme nom commun peut avoir un Hen»
dans la phrase.
223, Il è. Sur Méir Alguadcz. voir 0 98, 16.
225, 14^. Dans Zm* le r^'iTzr* *z est appelé nniO'*fr '0.
225, 21^. Lire nrt au lieu de rriiH.
225, 25*, Lire iv?:r:^ Zm*).
225, 43 b. Au lieu de r:"^p, il faut TfT^^ comme le montrent la buHo
chronologique et O 98. 22, et 110, 11 è 15.
226, 5 a, Au lieu de 3n "ir^o, ajouté par 0 xv, U faut lire mn%D3 (i
Zamora), 0 98, 26; HO, 18.
226, 1 1 a. Comme le prouve ie Eé^lemeni deg Juift de CaiiUie (jUvUê,
xni, p. 487), la date du rétabUKfiem«;nl du f(nind-rulibiiiat de
Caslille esl bien 5192 (non 5Uf, o^mmo b v*îut u x\). Noui
avions (Revue, p. 189) émis rhypothete qu'il y avuH eu vyeaaci
dans le grand-rabbinat avant la nomination d'Abraham Benvo*
^lA " ' " REVITE DES ÉTTDES HTIVES
nul, c*est ce que prouvent évidemment les mots mqy rr^x
rti^^b de noire texte; cf. O 98, U.
5S6, 2< a. Lire m iZm.) — 31 a. Lire D'^'^si ;Zm,\
Î36, :Ua. Au colloque de Torlose, Àlbo représentait la ville de Moa
réûl; V, p. 68.
f î6, 15 à, o•^î^ est tort singulier. — Au lieu de 5*'''nn, il faut lire i"^
226, 27*. Au lieu de nr3biD'»C, lire nrnbis^c « Scpulvé^ >• auti
forme du nom de Sépulvéda, La date offre des difficultés* Diaprés
Colmenares, révénement se placerait en U68 (Graetx VIII, tî81,
mais Z d'un côlé, O 99, 8, et 110, 26, d'autre part, ont tous trois
la dûie 523! {iil\), et on peut même se demander si, chez 0 110,
il ne faut pas lire 5238 (1478\ par confusion du et et du fï, car îe
chiffre 5231 ne se trouve pas, chez lui, à sa place dans la suite
chronologique. Dans Z, il faut changer •j'd en t"s, car le î6 sivan
tombe un vendredi ; 0 99, 8, est juste; 0 HO a vendredi ?6 sivan*
ce qui est encore juste. En 5238, ïe 26 si van tombe au jeudi. Si
on veut placer le fait en 5238, on pourrait supposer que le texte
primitif de nos chroniqueurs portait n"bnn 'ïvd t":: 'i ova.
226, 37^, M?iC\^^i est pour «ï30^^î ^T, Il s'agit de Pedro de Osma,
dont le livre fut brûlé à AI cala de Henarès le 24 mai 4 i79. Au lieu
do rï«''3nbt3 1*1», il faut '5iV:3 Y^ ^ maître en théologie ».
Î26, 40 *, Oibpn cpiï}, lire D'»bp ''i, c'est-à-dire « marquis de Ca-
lix i», pour « de Cadix » ; voir O 99, 21 , et O IM, 6.
227, 2 fl. Lire . . . t«::ia'^,pi ... m:i-^, Ronda, Marbella, Carthagène
(ou Carteyena), et Czar Abulena ; cf. 0 99, 26.
227» 8 a. rspba^ o^^a est ^^Hbii sbs de 0 100,4; pour î^s-^n, voir
également le texte de 0 100, 4. Cette ville ne peut être Terraga,
depuis longtemps conquise par les chrétiens et située dans une
lout autre région. Serait-ce Torroxî
227, 1. 26, 44 el 46 ô. Nous avons corrigé, Revue, III, 286. banxen
b-^ia»; rs en '13 (le 4. non 2i avril), et nsn^^ms en îiii^ ns,
localité Mnja,
227, 39^. Lire rt^m l«V £36t1.
227, 1 k Lire Dicnbi ns'ib iZm.).
228, 6 a. Au lieu de *^5a, il faut sans doute iî3, Salomon, fils de Si-
mon Duran; la mention de Malaga, qui se trouve nommée iciel
228, liù, confirme cette hypothèse.
228, Uî a et 2 b. Indications contradictoires sur le lieu où sont enter-
rés Ibn Ezra et Juda Haîlévi, si on compare avec 218, 20tf el
219, Ba. Toute l'erreur vient probablement de ce que, 218, 20 <t,
les mots ^yb» na rnirf^ 'n bs:« sont de trop, à moins que bi:i«ne
signifie ici « non loin de », et non pas *• auprès de »,
229, 21 ^, Au lieu de rîK*L^3, il faut sans doute ibn: ; voir 217,10^. et
0 93, 4.
2Î0, 23^, voir 0 93, 7.
230, 2ô* Lire n&tm [Bejar)?
230, ! b. H-i-''^bs pour KP*>î?s, Falaise?
I
I
JOSEF HACCOHEN ET LES CHRONIQUEURS JUIFS 235
230, 20*. Lire Menahem o^r'ina en un mot. Sur ce nom. il faut voir
la note de M. Gross, dans Revue^ YII, 43. Puisque le Talmud
(Sabbat, h\%b) dit qUe Menahem est synonyme de DTS^I'nd, il est
superflu de chercher à identifier ce nom avec un nom. de ville,
quoi qu'il ne soit pas impossible, cependant, que le nom désigne
Verdun (M. Neubauer, dans Monaisschr., 4887, n« S) et qu'on lui
ait donné cette forme à cause du passage talmudique de Sabbat.
Outre les Verdun français, il y en a en Angleterre. Un Mena-
hem '«ST^iniri est nommé, année 4257, dans les Eebrew Deeds de
M. D. Davis, Londres, 4888, n^ 146, p. 244. Ce ne peut être celui
de M. Gross, m. 4224. — Voir, du reste, sur ce nom de Vardimas
le dictionn. talmudique de Jacob Levy.
Isidore Loeb.
{A suivre).
l'iFFilRE DES JDIFS D'EPINGEN DE. 1470
PRÉTENDU MEURTRE DE CHRÉTIENS PAR DES JUIFS
Tout au commencement de sou journal, Joselmann parle de
Taccusatlon portée, à Endingen, contre ses trois grands-oncles et
de leur condamnation à mort, suivie de l'expulsion des Juifs
d'Endingen. Les Juifs ne purent revenir à Endingen que sous
Joseph II, en 1785.
Le souvenir de l'événement de 1470 s'est conservé vivante
Endingen. On y voit encore le Jiidenhaus (maison du Juif, où le
prétendu crime aurait été accompli), le Judetibnich (colline des
Juifs, où les Juifs condamnés furent brûlés) ; l'église a conservé les
ossements des prétendues victimes des Juifs et les expose à la
vénération des fidèles K
Le drame représenté à Endingen en 1616 *, et qui a pour sujet
ce prétendu meurtre, est fait d'après un procès-verbal qui date
du commencement du xvi« siècle et qui est imprimé dans le
Urkwidenbiich der Stadl Freibitrg, p. 520 ^.
Bien plus important est le procès-verbal que je publie ici,
d'après la pièca qui est aux archives de la ville de Francfort.
C'est une copie contemporaine du procès-verbal original, et elle
contient, avec les aveux des Juifs d*Endingen (ceux d'Elias,
Eberlin et Merkiin), les allégations des Juifs d'Ettlingen et de
Pforzheim*.
Comment cette pièce est-elle venue dans les archives de Franc-
* Dat Endinger Judenspiel^ publié par Karl voa Amira; Halle, 1883 ; voir l'inlro-
duclioD.
* C^cst le drame désigné dans la note précédente.
* Publié par Schreiber.
^ Je ne reproduis pas l'aveu d'Eberlin, qui diffère peu de celui qu^a donné
Scbreiber.
L'AFFAIRE DES JUIFS D^ENDIXGEN EN WO
257
fort? Probablement elle y a été placée en 1470| lorsque Tera-
pereur Frt^^déric III demanda au margrave Charles de Bade, qu'il
avait institué juge supérieur de latfaire d'Eruliugen, d^exiger
des Juifs dWllemague le deuxième Pfennig et le Opfvrpfennig
d'or. Pour prévenir les résistances des Juifs de Francfort, il leur
fit dire, par son lieutenant Jorg Eliiiiger» qu'il les soupçonnait
d'avoir fait venir du sang des chrétiens tués à Kndiugen. Sur quoi
les Juifs firent remarquer qu'il était singulier que ces soupçons
fussent adressf^'s justement aux communautés juives qui avaient
de l'argent ^ Les Juifs de Francfort firent probablement venir,
pour leur défense, les procés-verbaux d'Endingen, ils payèrent
une forte somme, et, por deux édits de Tempereur, les procès
contre les Juifs concernant l'accusation du sang furent arrêtés, et
les Juifs qui étaient encore en prison furent mis en liberté.
On voit, par le passage de Joseloiiann (et on le saurait, du reste,
quand mùine il ne le dirait pas), que les aveux des Juifs d'Endin-
gen furent obtenus par la loriure. Le procès-verbal dit bien que
les Juifs avouèrent a de leur pîein.gré, en toute liberté et sans
torture », mais on sait que cela veut dire qu'après la torture
ils conûrraèrent les aveux arrachés par la torture -.
J. Kragaukr.
Dièse copie hait âoclor Jorg€ Ehin^r hU gelaUzen 2* post VUi
anm LIX^(fi70}.
Zv wyssen als inn verganuger zijien by achl Jaren vngeuerlicbe
vier crislcn menschea by nacht von den juden zu Endingen inie
Bryszgaw ermordet ivorden sind, deszhalb ein lu mot (Leumundj off
dieselben juden gefallen vnd doch zu fryscber tate nit strafînoch-
geuolget, bygz ksie dass inn dieseu jare solicher mort vfTinbare vsz
geschoUen ; als deshalb durcb den wolgebornen Ludwigen herren
zu Lieeliïembergk vnd ander gleuplich kuntschaiïl verhoret worden
ist, demnach der durchluchlig furst vnd lierre, herre Syegmond»
< Kti marfTfî du toraû II ifiédit des Âlitrkand S^hiMcn ttud Bit'if^U farchivcs de
ta viUe do FraDcfoJt), f. il), êq Uouve cetlû ncto : Cuin proposituni fuis&cL Judcos
[urbis Eudingenj mi&isse san^uiDcm ad Francolart, Nurembcr^ç, etc., lyoc debebai
impcralor [tit dueruni iudei urbis Fraiicorurt] ro^pondiase ita : Jydéi IranBiniscruQt
sau^umem ad civiLaleset loca ubi àivitcs moraoLur Judei.
* Voir Slobbe, Z?i> Jud<ft m DeutseÂUnd, p. 189, et Endingtr Jndenfpitl^ p. 16,
note 1.
Il WfV MS ÈflJDBIlifn
rtzog 3ca Osieridi e&e, den bochgelwnigtt iotsUa
hecm KarleOv loarggraTeQ za Bftdea etc., TBd gmnea i
aU regîereodeo fur»leci âiner goêdea forderen Unnde som li^y»
OslericU gebarigeo beuolbeo hait, die ^^mellcfi joden la gnIwgnrB
zu Demmeo rud die wdrheit dm mordes voo jae xu erte«n ; m
bail mya berre marggraye Karle vif solidie egvmelie befcjlbe iœ
gelhaaeo dry judea mil namea Hel^'a, Mereklln rod Bberfin ge-
brodere yede& in eya suoder g^feoguisse nemmea vnd sm frai^
latâzeû, Tod ist ire keyoem furgeballeo worden. ob CMler
aoder habe bekaut, vnd baoïi dîe diy jeder auii^aileh
bekaûl des egemelLea mordes als hie ooch fulget :
Zujn ersten bail UeJyan jade vff sampalag irordea
aaoo etc. LXX^ gesagt fryes wiUens ?Dd Togezwusgefi, das viTeia
zjjl bîeuor by acbt jareo syent arsielule, Demelich eio maim, tsm
frauwe uûd z^ey kiûde mit eyQem pferdeUa zu Bodiogoa ^Mtt
Tfl: der gasseu gebaUeD vod babea gebeiten vmbe herberge; da
aîD IX y b Serlin dieselbea armeluie gebeyssen inn dîe schiier zidiea
dar iOQ6 fyndeii aie strosz geaugk zu betlen, das baben die arineiilaiê,
gelban vnd also ingetzcgen in der scburen die nacbt zu ptiben ; nach
demselbeD syent vlTsluad die juden îo siq buyse md aoeh is
Heszmans huise, alsz sie deszmalz eioen lobeftag (LaubhlIlleiiUd
mit eioander zu Ëodiagea belteo, zurate gaogeii rud habeo gethea
eiQen aDHiaigkp die armeoiute zu ermordeo ; da sij er by rud mit
gewesen vod syent daruff die bemelteo armenlute iou der selbea
nacht ermordet worden durcb Menolio juden» Mercklin juden,
Leomann juden, Heszznan judea^ deu jungen Mathisz vnd andrc
Cremde scbalalze juden^; die aile babeo einander gebollTea rnd
daruach die vier persooen zum hindern tbur binvsz der scburen
binusîfi zwuscheu Gonlin Bendersz huyse geiraigen inn dea kerner
(Beinhaus) viï der crislen kirchoifT vnd die toden lichnam inn das
gebeyne begraben ; vnd sij das eia kint gewesen ein knebeliu, das
ander eyu dochterlio.
Item er bail furler gesagt er sij oit inn der scburen gewesen, aber
er habe vor dem huyse gehutet«da» nyemant komme, als die andern
judcn yne das baben geîieyszen vnd sy doch einmole an die scliuer
ganngen zubesehen, wle sie mit deo armenluten vmbgîngen ; da
babe er durcb ain splat geseheo, das iglicher ein persone fur sicb
aame vnd iglicher einsz mil eynem sechmesser » ermordet vnd em-
phingcn das plut von den Juugen kitiden in ein glaïsz (Glas) vnd
brechlen das mil deu zweyen kindes heupUro ïnn sin slube« da$
sabe er vod die audern, die imi der sluben weren, vnd das sie ime
rate heUen angeslaigeu vnd des einsz worden weren, das sie inn
flinem huyse soUen belten vnd murmeLn, das man inn der stadl
< Des Juiffl tchalafu ou sckaUtHtte pAraissent souvent dans ld« actes du xv* nèck,
surtout ù oûbé de âaih étudtants, Lo mot aat peut-être tcoiétu^ qui ta à l'école,
a Fllugmetier (soc do ebarrue\
L^AITAIRE DKS JCIPS IIVUMKGO £K 1410 M
destemyiiQer dea mordt geborea mochle, ab die anueulute wordoo
scbryea*
Item Helyâii jude hait auch gesagL das darooeb MennUa jud«
vad eiQ fremder schalatze jude das plud vad die zwey kindeii
heupter mit yoe hinwegk tuïitn in frfmde lamii, vnd das sieâuch
der armcDluie royssiia myt yoe (sich) gefurl babeu*
Kr sagL aucb, das damacb vfT ein zijt Meatilin jude su yme kom*
meo sy vnd yme gesagt babe. des blut sij einem rycbeu juddeu
%a Pforzbeim auch worden ru kauff gegebea ; der selbe iude betsi
Léo, als er nit anders weisz elc.
Iiem er sagt auch, das Menulta jude Yud UeszmanQ jude ime
darnoch woUen gelt geben bao, das er das uii sagen soUe, das wolte
cr uil nemeu vmb desa wiUeu. ob es bute oder moru dor zu keme,
daser dauon sagen lorsle (durfle) ; vber das babea sic imc by der
judîscbeit verbotteo vnd by verlieruuge siues lebeus, das er dauoii
oicbts solle sagen* dann sagt er elwas dauon, su woUcu siû alla
sprecben. er bette es selbs getUauu vud y ne dar zu geholllen.
Item IleJyao jude sagt^ das ime uicbts voûû de m mordt wardeu
sij, aber Mercklin jude habe sinem wybe Seriiii s&eheu guide gc-
scbenuckt^ des sie dar zu swigeu vnd nichls sagen soUe.
Ër sagt, das Leomanu dem juden zu Siellsiaet des bluts auch
worden sy etc.
Mercklin judm bikannihmisz *»
Hem MerklJnJude ist vil' montagk nodi dem sontege oculi onno
nls, (oativilalis) zu llocliberg gefraget vou des egemeHen mordts
wegeû ; dar bail geauwerl vud gesagt, der ausluigk des mord(s
sij gescheea in Utlyao huyse, vud der mordt sij volbraicht inu
deszselben Melyan schuren inu der nacbt, daby sij er gewesen vnd
elUch audiT judeo. oemelicli Menalin jude, liesziaai) jude, Merckiin*
Leoman vnd die audern als vor steel, vud baben llelyun vnd Kberliu '
sin brudcr gehutlet an dtr gasscu, uemeliche Uelya vmb das huy»z
vnd der Eberlîn viï dem bruckelin, vnd er selbs babe der i'ranwen die
gurgelmit eynem sedimesscr abegehauweo, vnd habe der sclu*llalze
jude deu mau crmordel, vnd das sij eins nialcs bescliceu, vnd dur
nach batieu sie y ne ers le die helse mit eynem lleyscbmc&ser guuUo
abegebauwen, vod da sie die allen lu te ermord(cu, du liabeii t»io die
kînde aucb ermordet vnd das blut von deu selben kindcu cm-
phaungen vnd baben darnacb die loden menscben golroigca la
den keroer inu dtr selben nacht, vnd als er ôlareke were, da
truge er den man vnd die anderu juden trngen die l'ranwe vnd die
kiude zu dem Jiindern durliu biuusz.
Item er sagt aucb, das Mennliu judo sone, der Smoil, lu dem ir^"*
1 L'tnu d'£tMîrLifl, comme je l'ai dit, a été omi» par oui iv«c mtcol^
240
REVUE DES ETUDES JUIVES
ner vff den beinhulTea stige vûd machl cin loch darîna vûd leglea
die ermordifîa Inde ia das loch vod dacktea ' sie mit den gbeynd
wieder zu, das man die nit gesehen mochle.
Item Mercklio jude sagt, sie habent der zweyer kindes beupter
mit dcm bloie îq Helyaos stiibea getraigea, vnd baba Meonlia jude
das blut vod die zwey kindes heupler mit eioander hioweg gefartfl
inn fremde lanode. "
Item er hait darDach ge&agt, das sie voo den alteii lutea keio blut
haben emphaiiDgeD^suQderalleyn von den zweyen kioden vnd babea
die aUeo aleyne dar vmbe urmordet» das yne die kiûder raocUten
werden ; vnd sagt, das die juden das cristen plut haben vnd brucheo
muszeo zu irer bescbiiyduage fur den kresamc*.
Als DU die vorgeoanlen dry jiiden vfl soUch obegeschriben bekan»
Ihf'nysse mil vrleyl in das fuer erkaoL vnd voin leben zuin Iode braclil
sind ; vod daon vsz der selben irer sage isi geûossen, das Léo dem
judeo zu Pfortzlieim des biais von dem hievor gemeiteu mordt aucli
geworden sij, êo bail niyn gnediger herre der marggraue noch dem
selben Léo auch thun grylïen vnd ine in gefengkoisse nemmea lais-
zen; by dem seibem Léo siat vou vngescUioht (ungefàbr) vlT die
nacht als mau yae fioge, ion sioem huyse auch gewesen etweoviel
scbalatze jaden vnd nemelîche die dry, die vou den hieuor geuanten
judeû siQt genieldel ; die selben dry, doch yeder ina sunderbeit
han auch veriehen, als hienoch falgel.
I
Bekanihenlsz der juden zu BUlingea gefamgenn.
p
Zum erslen bail Léo, ein junger jude, vfT monlag nach dem beyl!-
gea osterlûgé LXX'"^ gesaget, das sin muler» die ilzunt zu Seoheym
wooe, vff die zîjl, als die armenlute zu Eadingen ermordet wordeo,
daselbs zu Eadingen gesessen gewesea sij vnd sij er u(f die ziji, da
der mordt geschee, komen geia Endingen, sin muter zu besehen, vnd
by vnd mil dem mordl gewesen, er habe aber nidils darlzu gelhoii»
anders dan das er ime huyse vsz vnd ingeganngen vnd beseheo,
das DyemaQt komoie vnd hait dahy bekant das der mordt zu K(i-
dingen iaa Helyans schure sij bescheen by nacht, vnd siat ài^ allen
Iule ani erslen gelotet vad darnoch die kiuder» vnd das plut voon
dea kinden empbanngen vad yne, noch dera als das plut von yoe
emphaangea warde, die heupler abegesayLlen worden, vnd das die
juddea sie aile vier zu eynera cleynea lurlin hindea durch eiuea
cleynea ^inckel hiausz geiraigen haben ia den kerner vtT den cris-
ten kirchhofT vnd mil gebeyne vergraben.
Item er sagl, die judea bruchen das plul zu der besnydunge.
Item er sagt auch, er wysse nit anders, dann das Bermaa jude vnd
* Decklen (cûuvtûîciu).
* Huile pour ianction, XP^^Î***
I
LUFFAIRK DES JIIJFS D'END^GKN EN 1470
241
ein ander schalolze jtide die zwey kindes hcuptcr mil dem blutîe
vnd aucb desermordteû pferdelio hiowege gefurl habeo.
Berman juden kkannihenisse*
BerHiaon jude hait gesagt, cr sy von vDgescbichl komea gein En*
dingen ; da syen die juden zii ime gauogen ion sid^js wirls huyse,
der auch eio-jude were, vtid habend jme feruiït, vod als er kom-
men sij da were der mordt gescheeo, da biessen sie yac binweg-
geen vod gabcod irae tuDlT guldeo, das er swigen solle ; darufl
music er aucb sweren in Moyses bûche, das er deu mordt wolt
verswygen.
Item er sagt, das die juden das crisleublul zu der besoyduDgc
bruebeul, vud das cr des bluts vdq den kîûdea zu Eudiûgen babo
bra:ïiL Léo, demjudeuzu Pfortzheim.
SmoUen Juden bekannthenisse,
Smoll, MeDDiiQ juden sone, von Nurembergk, ein junger armer
scbalanlze jude, bait bekannl er sy einsz maïs by siebeo oder aclit
jaren — er wyssd nlL eygi'ntliche wie iang e5 sij — kommeu geiii
Eudiûgen, da hobe sicb begt;bcn, das armelute mit zweyen kinden
in Ilelyan des juden schuic gelegeu syod, darinn ire herberge vber
nachlzohaben ; da sij ein aiislag gescheen, das oian sie woUe todeu
Tmb der kiudo willen» dar zu sij er korainen, habe zu dem mordl
geholITen Ynd sagt, das daby sij gewesen Helyan, Eberlio, MerckUn
vnd ander juden, die aile vH' die selbe zijt zu Eodingen sessen hus-
beblicbe, vnd Bermano, ein alter schalalze jude, aucb Léo ein junger
jude, der were von vngescbïcchl, do, sin mutci' ein malezu gesehen,
als die v(î die selbe zijL da sesszhalliig were ; da baba er mit den an-
dem den moidt j^^elhua vnd mit eynetn sechinesscryne die keihelïlea
abesnyden ; darnacb sij er inn den kerner gangenn vnd in das ge-
beyne ein locli gemacht, da haben sie die korppel ' einen nocb dem
andern gebraicbt vnd die <iarina begraben ; danooch sij er wieder inn
das boys ganngen vnd bobe eiu glaisz mit plude cmphanogen vnd
das rail den kindes beuptern vod der armenlute pferdelin gefurl
gein Fra7î€hfurt ; daselbt habe er es eiusz leyis geben eyme juden
vnd inn der juden schule darumbe emphanagen ob dryen gulden;
das pferdelin habe er verkaotît eynem fremden juden vnr dry
gulden.
Er hait aucb gesagt, das ime jtzuLdt vfl' dièse fart der jude zu
Slcltslait habe befolleD, ein lyderin leddelin ' mit eynem tuch vber-
Izogen vnd vetbeltscbafrt vud einen [brill damit; das er das dem
' Kiffper (corps).
* CofTrct CQ \i\ÛT*
T. XVI, s» n.
te
fm
HEVUE DES ETUDES JUIVES
h^ geio Portzheim soit breûgen ; das habe er ufl* die oaclit, alseï
gefangen wart, dem selben Léo gegebea.
Ileni der SmolK Meoulins sone, Lait ûuch gesagt, es sij by xebta
oder eylfî jaren da babe er zu S[>yer mil einer armen frauweo gereel
vod sie belhediugcl, das sie ire eygen kiot mU yme geio Wormsl
liabe gelraigen vadverUauIît vur drysziggulden eiaem rijchenjudeo,
genôût Lesar ; davon sy yme von dem juden auch %vordeQ zweni
zîgk guldeo dasseJbô kînt sy vonn dem juden ertodet wordea zn
Worms, vud das plul vonn ime empbanngen, vnd das todt kîndelio
sij dâDûoch begrabeii wùrdea vsserbalb an dem judeo kirholfza
Wonnsz.
Er bait aueli farbasz gesagl, es sy by funlT jareo, habe er zu
Werde, hy Nurembergk gelegen, einem armen hirlea eiu jUDge kinl
by fuiiff jareii oit hiuwegkgefurt, der hyrt sij aber nit daby gewe*
Êro; dasselbe kiiidi habe er gein Nurembergk gefurt vnd Mosse Ton
Fryberg einem rychem juden verkaufTt vur zwenuadzweat^ig gui
den ; dasselbe klnt habe or gesechl vnd gelotel der juden soyder
Oder sécher, genanol Abraham ; da sij er by vod mit gewesen.
Bekanihcnisse Léo des Judden.
Item Léo, der judde zu Pfortzheim, hait vlF monlagk noch miseri
cordia dm. LXX"'^ gesogt freyes willeos, vngezwungen, er sij vff eiu
zijt by achtzehen oder zwenlzigk jaren mit sinem v^ater geweseo by
einer beschnydunge, da habe er vogeschicht in eynem kleyneil
schusseUo neyszwas^ rois gesehen vnd gefragt, was das sij; dsnil
habe sin vaier geantwort^ ob er dasnii wyse. es sij cristen raenscheii
plut, das muszeQ die juden habeo vnd bruchen zu irerbescbcy
dunge.
Item er hait bekanDl» das Berraann der schalatze jude von dem
hieuor geschribea steet, ime inn kurizer zijt, nemUch inn dryszig
wochen nechstuerganngen, inné eym HeschUn mil leder vberl20geii
vnd verkaolTi ein wenigk cristens bluts von Leoman dem juddenzu
Slettstatt bracht vnd damit eiuen versiegelten briff ; dârion derseîbe
Leoman ime geschrieben habe, er, moige sich wol daran laiszen, da*
es gerecht des bluts vonn den zweyeu kindea vonn Endîngea sij,
vmb dasselbe hiut habe er Berman juden gehen by zweyeu, dryea
Oder vier gulden vngeuerlich, — er wisze der somme nit eygenUiche
^ vnd habe dasselbe plut sijlher laiszen bruchen zu eyuer bescbny-
duDgesiner lochier kindes.
Copiû couiemporainâ aux archives municipales de Francfort.
Wir Friederich von golles gnaden, rOmischer keyszer, zu alto
I
I
I
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tAFFAIRK DES JllFS D^ENDINGKN EN U7i> i»
seiteQ mcrer des reichs, zu Huugcrn, Balmacien, Groacieo, etc.,
kuQig. herlzog z\i Oslerreich, zu Sleyr, zu Kerendeii vnd zu Krein,
graue zu Tyroi, etc., eûbiellen, alieii vad yglichea furstoD, gt^yst-
lichcD und weUUchen, graue u, fryen, herrea, ri liera, kiiechieu,
tiaupUewteu, ampUewlen, vogteQ, ptlegern, vonve^ern, burgfrmai-
sleru, ncbteru, reteo, burgôrn vnd gemeiodeu vnd sunsl alleu
aûderûf vnsern vud des reichs vndertaoeQ vnd getreweu. iu wasz
iK-irden» siales oder wesens die seiu, deu diser Yunser brietT oder ge-
lobUeb vidimus davou furkumpt, getzeigt uirdel oder domil ermandt
werdeo, voseï goad vod ailes guL Erwirdigeu, liochgeporiieD, wol-
geporneût edlen, ersamen vod liebeu getreweu; vuus ist angelaut
wie der bo€ligeporn Karle, marggraue zu Baden vud graue zu
Spouheim vuuser lieber swager vnmi fursle in cralTl vnnser keyszer-
licheo beuelh. so er vou vos baben sol, oder ausz seiu selbs eygen
fiirnemeQ geschichl vûnd bonndlung halb, so sicb an elllicheu
chrisleo meuscben zu Eoudingeii im Breyszkaw ^ solleu ergangeu
babeu, etUich judeu zu vcDgknusz geuomen, etlicb vom lebeu zum
Iode pracbt vod bail der eltlieh uacb mit swerer martler vad peia
iû vengknusz; sey aucli gegea andero villeicht solicb fumemeu ze
luûde iu meyDUDg vnd aiso au irem leybe vud gulzu beswereu uud
zu beleidigeu in vbuag^ das vnos ait kleyn befremdet auch durcli
VDser keyszerlich beuelli brielT, ab wir im vnd aûdern uiiL ini die
gegeben betten, vuuser meyauag vnd wille nicbt gewesrn vnd nacb
Dit ist; so gepurL auch im, aacb yemaods auderm, solch handel ausz
eygen furnemea nicliL zu lua uach zu uolbriagea, angeselieu dasz
gemeya judischeyt alleut halbeu iû dem beyligeu reyche vqos als
rômiscber keyszer von des heyligen reichs wegeu au iniUel zu ge-
hôrt vad gewondt ist, desbalb wir sie auch vor vnhillicher bcsweruug
JEU bewaren geneigt vnd ausz biiicbcr gerecbligkoyL sthuldig sein,
doruîiîb so baben wir solicb vorberlirt vnoser keyszerlich beuelh.ob
vnd so ferrer wir die deiii yctzgeiiauteu vuserm lieben swager vod
furstcn getau heltco, widcrumb aiilTge.bebl vad angesteilet *, babea'
die aufT vnd slellco die abe von roniisehe keyszerlicbe niacht wis-
sentUch in cratTt dilz briells vud iia daraulV von solchern ftimemen zu
Eeen^ die egeaaoLea iuden derstjlbetî irer vengknusz an entgeltuusz
ledig zu iasseu vnd sie nach anderu au irem leyb vnd gui ail aazu-
langea, sunder vnbekumtierl vnd gautz vnbeschedigt, aucb vor vus
bey recht, das wir ainem yeden stail zu tua willig sein bîeibea zu
lassen durcb vnser keyozerlich briellgepoUen ; also enpfelhen wir
auch eucb allen vnd yeden besuuder von roniiscb Keyszerlicb machl
ernsLlich vad vesUgklicb mit disem briere gepietende. ob der obgcnl.
(obgenannle) niarggroue sicb solcbea vor berurltea vnseru keybzc-r
lichen gepoUcn in vageborsam erlzeigeu vad dtegemell judiscbe^t
1 Bmgiu.
* Lire «hgtittUt,
* Lire kihe».
^4 REVUE DES ETUDES JUIVES
in gemeîD oûer besunder an irera leyb und gut tiaruber anzulaDgen
vnd zu bcscbedigea Yodersleeû wurdea, daz ir doon solchs ze tunde
nit gestatteD, suoder ob ir von der geœelleo judischheyt gemeinijch
oder besuoderlicli sie darwider zq Leschirmea eruordert wurden,
sy alsdaon von vDser vod des heyligeo reycbs wegea vor solcheQ
beschirmel vod bewaret vnd in darlzn solchs zufurkomeD fur vos
zu recht ewrer gelrew bilfT vnd beyslaudL lut, als lieb ewrer yedeiL
sy vnnser vnd des reicbs swere vagnad zu uermeideo ; daran tut ÎM
vaser ernsllich meynuog vnd gut gefallen vnd wollea daz zusainpt*
der billigkeyt gegeu eoch guediglicU erkennen.
Geben zu Leybach mit vnscTm Keyszerlichen, autTgedruckten iûQ
sigel aoi funfflen tag des moiiadâ inny uach Cristi gepurde virlze
henhunden vnd im sibenzigisleD, vnnser reicbe des romischeo
einsz vnd dreyssigisten, des keyszerthumbs ira newatzebendea vnd
des Huûgérâchen im eyltlten jarcn.
Ad mandalum proprium
domini impcraloris.
Copie cmtemporaine au3s archives municipales de Francfort.
Wir Friderich von gots gnaden romiscber keyszer zu allen zeylen
raerer 'jes reicbsz, zu Hungcru, Dalmacien* Croacien, elc. kûoigi
hertzog zu Oslerreicb vnd zu Steyr elc. enpielen dem hochporn
Karlen margrauen zu Baden vnd grauen zu Sponbpym vnserm
lieben iwager vnd furslea vnser gnad vnd allés gùt, llocbgeporner
lieber swager vnd tùrste, vns ist angclangt wie du in erafft vnser
keyserlich beaelh, so du von vna haben soU oder ausz deinem selbs
eigen furnenieu gescliicbt vnd hanndluDg balb, so sich an etttichen
crjsten meuschen zu Enndingen in Breyszgow (Breisgau) soUen er-
gangen habeo ettlich judcn zu vengknusz geuomen, der eltlicb vora
leben zum iode prachl, elllich nacb in vengknusz rail swerer mar-
ier vnd pein hallest vnd villeiclil ferrer gegen aadren zu tun iu
fornemen seyest vnd sie also an irem leyb vnd gut zu beswern vnd
zu beleydigen vnderslandest daz vns nit klein befremdet aucb durch
vnser keyserlich beuelh brief, ob die auszegangen wsereo, vaser
nieynuDg viid wille nit gewesen vnd nach nit ist, auch dir, naeh
yemands anderm solcli banndlung ausz eygen furneoien nit zu tua
gepirert ; dorumb vnd nach dem gemeynejudiscbeijt in dem heyligen
reycbe VDS als riimischen keyszer von des heyligeo reichs wegea
on mittel gewant isl vnd zu uersprecheu steel vnd wir sy vor
vnbillicher bcsM^erung, als sich uuch recht vund biliicbeyl gepirel zU
bewareu schuldig sein, so enpfelbcn wir deiner lieb von lomischer
keyszerlicher macht crnsttich vnd veslentlich gepielende» daz du did
gemellen judischeyl der vermelten sachen halb vnaogelangt vnd
vubekumert bliben» aiieh die gefangen, so du nach in gefenknusz
hast derselben fougkuusz sunderiich vnd ailes verziehen nach
I
I/AFFAIHE DES JUIFS D'ENDLNGKX liN 1 iTO
2W
aiitwurtung dis briefTs an enigeUûusz ledJg vnd mûssig lasscst vod
ferrer in craJTi voser keyscrïictieQ Lrjefe vûd beueib ob die an dich
vûd aoder mil dir von vqsz auszgegaogen beschehen weren, nach
dein selbs eigen fiirnemea oder ausz einicher ander gewallsatn
wider eiDich juden oder judiû Dichlz handelsl, fomemst, noch lest
in einich weyse, aïs lieb dir sey vnser vnd des reichs swere vagoad
ZQ uermeiden, dm wir solch obi^emell vDser beuelb, so fere die
ausz gegaDgea weren, hiemit gaolz aufîliebea, widerruffen vnd abe
ihua von romiscïier keyszerlicher raachL wisserillieh in crafît ditz
brieffâ, sunder, ob du oder yemand gegen der judischeyt der ver-
melten oder aoder socheu balb einich cïag oder spruch zu haben
vermeynlest, daromb gegen in recbl vor vnssuchesl vnd nemesl als
ptilicb ist. des wir auch dir vnd einem yeden, so wir desz halb
eraordert werden, sieet zu tun willig seio ; daon ob du daruber
ichts wider sy furnemeo oder baodeln wardesl, wOlîen wir dorh,
dasz soUch kein crafTt nocb macht huben vnd der vorberiirlten
judischeyt ganz vnschodiich sein sol danach wisse dich zu ricbleQ.
Gebeo zu Leybach am fuDlTlen lag des monats may nach Cbrisli
gepurde vierlzehenhondert vnd ira sibenlzigslen^des keyszcribumts
im new^ûlzebenden. vnd des HuDgrischen im zwdiïtea jare.
Ad manda tum proprium
dominl impera loris.
LES JUIFS DES ÉTATS DE L'ÉGLISE
AU XVIIP SIÈCLE
La Curie romaine ne cessa Jamais de frapper les Juifs de réqui-
sitions et de tailles de toutes sortes. À cet effet, elle s'informait de
la situation des familles, et tâchait de connaître la quantité et la
nature des capitaux que possédaient les Juifs.
• En nos, le vice-légat de Ferrare, monseigneur Prosper Colonna,
reçut Tordre de faire un rapport précis sur les capitaux possédés
par les Juifs de Ferrare, Cento et Lugo.
Monseigneur Prosper Colonna répondit par la lettre suivante au
Trésorier général de Rome * :
La lettre de Votre illustrissime et révérendissime Seigneurie m'est
parvenue, et je vous dirai en réponse qu'on a fait les recherches
les plus minutieuses pour obtenir les renseignements que je vous
ai transmis sur les capitaux possédés par les Juifs ; toutefois il est
impossible de les utiliser, à moins qu'on ne se décide à examiner
tous les livres des marchands et des particuliers, ce qui aurait déjà
dû être fait; néanmoins, si Sa Sainteté ordonne qu'on prenne cette
résolution, je la mettrai à exécution sur un signe de Votre illus-
trissime Seigneurie. . . Quant aux Juifs de Cento, le gouverneur de
cette ville, auquel j*ai donné, à plusieurs reprises, les ordres les plus
formels, m'a répondu que jusqu'à présent l'examen des livres ne lui
a révélé rien de plus que ce que j'ai mandé à Votre illustrissime Sei-
gneurie. Je vous baise la main avec respect, et suis de Votre illus-
trissime Seigneurie le très dévoué et très obéissant serviteur, Pros-
per Colonna.
Les rapports fournis par le vice-légat se trouvent dans le même
volume où se trouve la lettre ci-dessus relatée, et sont conçus de
la manière suivante :
' L'original italien est aux Archives des Etats romains, volume des enquêtes du
Saint-Office de l'année 1731-1732 concernant les Juifs de Rome, pages 91-97.
us lUIFS DES ÉTATS DE L^ÉGLfSE AU XVlIt' SIÈCLE 217
ComnmnauU des Juifs de Lugo.
Monseigneur Colonna, vice -légal de Ferrare, par sa lellre du
11 août 1703. notifie à monseigneur le Trésorier Général que le nom-
bre des Juifs demeurant à Lugo s'élève à 54 familles et 2i2 urnes.
Les capitaux des familles qui possèdent, défalcatioo faite des cré-
ances, s'élèvent à vingt mille écus, je dis vingt mille écus, comme
il résulte de leur répartition.
L*opinioQ publique estime ces capitaux à cinquante-buit mille
écus; dont le détail suit ; la famille de Jacob Finzi 40000 écus; celle
des frères Sinigaglia hùuo, et celle des autres familles ensemble
ÎOOOO écus.
Eu suite de quoi, il a ordonné de faire nne copie des statuts par
lesquels se gouverne la sus*dite communauté, ils forment M cha-
pitres ; on y trouve des indications sur le mode de prêter serment
et sur la nature de leurs caiiitaux ; ceux-ci doivent être princîpalc-
tneol des espèces, des marchandises de toutes sortes et des créances
de tout genre, reposant sur des actes publics ou sous seiogs privés ;
oinsi est-il dit dans la feuille des renseignements.
Une note marginale porte ceci :
Il faul observer qu*en 1703, les Juifs de Lugo avaient des banques
de prêt, même après robolilion prononcée par Sa Sainteté le po|ïe
Innocent IL 11 serait bon de savoir si les Juifs de Lugo continuent
à les tenir encore ayjourdUiuj.
I
Familles de Lugo.
Les familles de Lugo sont ainsi composées :
15 possédant des capitaux, âmes * iS
i 1* qui vivent d*industrie, âmes. 81
20 qui reçoivent des secours hebdomadaires, âmes.. ... 62
*ii familles. Ames Î4î
La communauté juive de Lugo a 600 écus de charges annuelles.
Cùmmunauié des Juifs de Ferrare ^
Monseigneur le vice-légat de Ferrare, par une lettre du 8 sep-
tembre 4703, transmet à Monseigneur le Trésorier Général les do-
cuments suivants :
Feuille avec notice des capiian;î: s'élevant à 50000 écus environ^
comme il résulte des livres de la communauté ; selon Toplnion pu-
blique, ils s'élèveraient à 200000 écus. On croit que Félix Goen possède
un capital d'au moins mom écus» attendu qu'il a trois maisons de
â
248 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
commerce ; Tuoe pour les draps et les toiles. Tautre pour les huiles,
la troisième pour les cuirs 80.000 écus.
Félix Lévy 40.000 —
Moïse délia Vida el compagnie, négociants en
tabac 8.000 —
Héritiers de Santi Teglio 8.000 —
Frères Ancona 6.000 —
Vila Balzano de Vérone 8.000 —
Silvio Ancona 2.000 —
Angèle Levi 6.000 ~
Moïse Amadio Rossi 6.003 —
Frères Ravenna 5.000 —
Emmanuel et frères llalia 5.000 —
Les capitaux de ces 42 familles seules se
montent donc à environ 450.000 écus.
Il y a encore quelques autres familles possédant un capital plus
petit, et qu*on peut estimer à 50.000 écus.
Le total des capitaux s'élève à 200.000 écus.
Le nombre des familles qui se trouvent dans le ghetto de Ferrare
est de 328, savoir :
Familles ayant des capitaux et payant Timpôt. 44 familles
Famillesvivantd'uneindustrieetpayantrimpôl 67 —
Familles qui vivent d'industrie, mais pauvres
et non imposées 4 48 —
Familles pauvres vivant d'aumônes 72 —
En tout 328 familles
Communauté des Juifs de Cenio.
Cette communauté a également 600 écus de charges annuelles, et
prétend n'avoir en fait de capital actif que 20.000 écus ; cependant il
est à croire que celui-ci peut s'élever à 82.000 écus, savoir :
Moïse Vita Mieli 40.000 écus.
Frères Félis 40.000 —
Frères Modena 40.000 —
Carpi 42.000 —
Padoa 6.000 —
Les cinq familles sus-dites seules possèdent des capitaux s*éle-
vant à la somme de 78.000 écus.
Il y a encore d'autres familles qu'on peut esti-
mer devoir posséder 4 .000 —
Somme des capitaux 82 . 000 écus.
LES JUIFS DES ETATS Dli IJÉGLlSIv AU XVUI* SIÈCLE
2^i9
A celte dale du mois de mai, rénuméralioii des faroilîes n'est pas
encore connue. Les originaux des sas-dites lixaLioas existent chez
moi et sont conservés au Saiot-Office.
Raimondo Ras! Perito, délégué*.
Nous donnerons maintenant Tétat du passif des Juifs de Pesaro
en 1189. Le chiffre et la qualité des dépenses font voir le carac-
tère vexatoire du gonverneineiU de cette éi>oque, toujours hostile
aux mallieureux Juifs. Voici les articles durtit bilan * :
Taàkau des charges annuelles de la C&mmunauié des Juifs de
Pesaro en n89. '
A la Sainte-Curie romaine» annuellement. ... 87 écus.
Pour Tenlretien des draps de lit et blanchis-
sage pour la garde suisse du prince 30 —
A rilluslre Commune pour Hiuile à l'usage
du pon 10 —
Entretien des ustensiles à rusagederillustre
podestat , , 20 —
Huile et paillasses pour le corps de garde des
soldais et des ordonnances extraordiûaires. 20 —
Tentures et décorations pour le jour de la
Fôle-Dieu... , li —
A la maison des catéchumènes pour les deux
écoles , *....... 35 —
|Pour location de la salle des délégués de la
Communauté, pour rhospice des pauvres
passagers, pour la maison du portier du
gbetto .,.*....... 44 —
Pourboire à Noël et pendant Tannée • 40 —
Entretien des routes de poste marine et de
la poste du seL , 45 —
A i'abbé de Saini-Nicolas.. iO —
Produit des rentes pour la somme de 4 ,500 écus. 67 *50 ^
Entretien des deux écoles. 350 —
Traitement des rabbin, comptable, sacrifica-
teur, portier ei autres serviteurs de la
Communauté * . , 288 . 30 —
, Aumônes hebdomadaires aux pauvres du
ghetto.. 272.70 —
Aumônes extraordinaires, 70 —
A reporter. 4 ,£7( ,5o écus.
Loc. et ToL citai., pajçes 91 -(O.
* Archives des Elals romains. Etat des fjaaoCÊB dea Juifs de 1647 â 1798.
m
REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Report 1, t7l . 50 écus.
Aux rabbins de la Terre Sainte, aux pauvres
étrangers» à Taller et au retour Î80 -
Dépenses extraordinaires 210 —
Eclairage et chauflage pour les gardiens du
ghetto pendant les nuits d'hiver 25 —
Pour les pains azymes à Toccasion de la fête
de Pâque 46.50 —
A la Société de Bienfaisance pour huile, vêle-
ments, pour objets nécessaires à rédtication
et à la nourriture des garçons pauvres»
pour le maître, le médecin, le chirurgien,
pour épiceries et viande aux malades pau-
vres ; quant aux linceuls des pauvres, on
les fournit sur la ptirl des droits de péage,
qui reviennent à 3a dite Société fO —
Total •.. t.«B écus.
Pesaro le 7 mai 1789. Signé Daniel de Moïse David, secrétaire delà
Communauté juive de Pesaro. Coniirmé par serment devant le no-
taire pablic Jean-Baptiste Paducci, le dit 7 mai 17^9*
Concernant les revenus, nous trouvons la note suivante :
Le quatre pour cent que paient les Juifs étrangers sur leurs
affaires constitue environ 12 écus par an. Intérêts revenant à la
Communauté » - * - 10 écus-
Tout le reste provient de la répartition des contributions entre les
Juifs de la Communauté. Il est à remarquer que la Communauté
compte environ 500 âmes, dont 50 famiUes d'indigents.
Pesaro, le 4 juin 1789.
Signé Daniel de Moïse, David Terni» secrétaire de Communauté ^
Aux mêmes dates ci-dessus nous trouvons aussi l'état passif des
Juifs de la Communauté de Sinigagîîa* Le voici * :
Tableau des dépenses et des charges annuelles de la Communauté
des Jfiifs de Sinigaglia.
A la Curie romaine, annuellement 40 écus.
A rillustre commune de Sinigaglia. 20 —
Au service de sauté.... 4,20 —
A reporter 6K 20 écus.
' Document cité.
' Loc. et vol, ciiat
^^^^ T.F5 JUIFS DES ÉTATS DE L'ÉGLISE AU XVII
F Report
A la maison des catéchumènes à Horae. .....
Pour cadeaux à Noël» Pâques et à la foire. . .
Location de lliospice des pauvres voyageurs
ei de la maison du portier du glietlo.,... .
Au chef des orcliers épiscopaux et à Tes-
cadron de campagne
Pour Liettover le Ghello .*.....
!• SIÈCLR 2ni
U.%0 écus.
17.50 —
57 —
39 —
48 -
40 —
80 —
%i) -
10 —
40 —
37 -
5U.50 —
310
^00 -
50 —
210 —
40 -
UO -
24 —
80 —
20 —
40 —
50 —
*
1
J
Location des maisons pour les pauvres
soutenus par la Communauté, et leurs
\ taxes aux propriétaires chrétiens, y com-
oris la moisou du rabbin.,
Aux soldats de la forteresse pendant l'an-
née et la foire
Aux Pères Prédicateurs pour l'année et pour
le lera ns du Carême
Aux défenseurs des causes publiques et à la
chancellerie
Au porleur de contraintes, payement an-
nuel .... ....
i Montant du cens sur 1 2.635 écus .....
1 Honoraires du rabbin, du chanlre, du be-
deau, du secrétaire et des serviteurs ,
Aumônes Oses hebdomadaires et aux veilles
des fêtes soienoelles
Aumônes extraordioaires
Aux pauvres étrangers voyageurs avec les
j frais d'aller et retour, et pour ceux de la
' Terre Sainte. . . .
Azymes aux pauvres
Aux maîtres pour l'éducation des enfants,
et entretien des livres pour rétudc de la
Loi
Charité quotidienne aux garçons pauvres
qui fréquentent Télude. ,
A la maison des dix vieillards qui fré*
quentent les cours de Técole deux heures
par jour, et pour Téclairage et chaufTage
du soir
Combustibles aux pauvres pendaut rbiver. ..
Entretien de Técole, outre TallocatiOQ an-
nuel le * * . , ,..,,,.
Aux enfants de rexcellentissime rabbin Foà,
secours annuels qui leur permettent de
pourvoir à leur subsistance. ,
Total...
2088.70 écus.
A
%
252 REVUE DES ÉTUDES JUIYES
Signé Isaac Sabatto del Vecchio, secrétaire de la Commonauté de
Sinigaglia, le 7 mai 4789.
Compte confirmé par serment devant le notaire de SinigagUa, Ni-
colas Nicolini.
Quant aux revenus, nous citerons cette note :
Les revenus sont les suivants :
La moitié du péage concédé par grâce pontificale au temps de la
foire.
Le quatre pour cent sur les affaires des Juifs étrangers, avant et
après la foire.
Revenus de quelques propriétés de la Communauté.
Le reste, qui forme la plus importante part des revenus, provient
de la taxe des capitaux ; les droits de péage rentrent difficilement,
tant est grande la misère des Juifs.
P.-L. Bruzzone.
On sait qu'il existe un Dictîontiaire hébreu-arabe-italien ano-
nyme» (le la fin du xiv*^ siècle, qui est sûrement de Péreç Trévôt
et qui est intitulé Maqré Dardeqé '.
Ce dictionnaire se compose de trois colonnes. Les racines
usuelles en liébreu, disposées — comme dans tout lexique — par
ordre alphabétique, occupent la première colonne à droite* Elles
sont écrites en grands caractères carrés ; des blancs révèlent
quelques omissions*. A la fin de chaque lettre de ralphabet, sont
rangés les mots quadrilitères commençant par la même lettre :
'n •♦sn ïiben, ou 'i *7T tr^-^^^rxn. En seconde colonne, après le mot
hébreu, se trouve la version italienne, en caractères cursifs dits
de Rasclii, suivie généralemejit de la version arabe =*. Pais vient
1 explication, emiiruntêe tantôt aux rabbins, b'T'n, tantôt à
R. David Qamhi, Y'n, tantôt à Baschi [écrit soit ■"'iïï'i, soit le plus
souvent T:3"n), avec fréquente mention des versions françaises
[laazlni) de ce dernier. La traduction est accompagnée d'un frag-
ment de verset biblique cité pour plus de clarté : 1732» comme ^
par exemple, La 3** colonne, <lernière à gauche, indique la source
do ce verset. Fort souvent une racine hébraïque offre plusieurs
sens en italien, et le dictionnaire les donne.
Ce Dictionnaire ne nous intéresse plus en tant que lexique hé-
breu italien servant à facihter les traductions de Thi^breu *, mais
il peut servir de document linguistique pour la langue italienne
du XI V* siècle. Pour en tirer aisément parti à ce point de vue.
> LitténleroeiU : h lecteur (instructeur) des enfants^ terme eropruolé tu T«1ixiud B
(tr. Babc bathra, 21 a), dit fauteur dans sa Préraco« — L'œuvre a déjà été signalée
ici, Re9Ut, VJli, 331; IX, 3t6; XH, 115. Pour son auteur, voir Jos. Pcrlef,
Bnifâgê 9ur GetcMcÂU d, hehr, v.aram, Studien fMuuich, t884, 8*J, pp. 113-130,
> Bltet aoot remplies à la ruain dans l'exempL de la Biblioth. nationalo de Parts.
^ n y a parfûia deux mots arabea pour b même mcit ilalko reproduit à la suile
d'un iyooajme hébreu^ saua une autre racine; mais fort souvent le mot arabe manque
(el a élé mis à la inajEi audit exemplaire, en écriture orieiitate).
♦ Cf. Gadcmann, NrziehHngswrnn dei'Juien in Italien, X* 11, p. 2UG.
iM EBYUE DES. ÉTUDES JUIVES
il faut : 1** rétablir selon Tordre des mots italiens* ; 2^ Iranscrîre
ceux-ci en lettres latines, eu ayant recours pour les cas douteux,
soit è la version arâb+?. soit au sens du verset cité à Kapfiui du
radical hébreu, soit à Téqui valent rabbinique (précédé de la for-
mule b"n ou p«b).
C'est ce que nous avons fait dans le présent travail, l/édition
princeps et unique de cet ouvrage, imprimée d*une taçon fort
négligée à Naples en 1488, est devenue presque introuvable.
De Rôssi, Aîinales de la typographie héhralqu' (t. I, p. 60,
n** XXII), n'a connu que dr^ux exemplaires (le sien et celui de
la Propagande à Bume)* A quoi nous pouvonr> ajouter que noua
connaissons quatre exemplaires, un au British Muséum de
Londres, un à la bibliothèque royale [uibUtîue de Munich, un à
la Bodléienne d'Oxlbrd, enOn un à la Bibliothèque nationale de
Paris, Nous n*en avons trouvé trace parmi les catalogues des
manuscrits hébreux que dans celui de Munich* Le Lexique de
cette ville est en quatre langues ; outre Thébreu, I arabe et Tita-
lien, il a une version allemande du xiv** siècle*. On trouve
aussi, il est vrai, un ms. du Maqré dardeqè imrmi ceux de la
Bodléienne (n*^ 1508 du nouveau Catalogue); mais il est daté de
1608, et il est décrit par lauteur du Catalogue comme étant
liéhr eu-espagnol, quoique semblable dans toutes ses parties au
présent Maqré^ ou Lexique liébreii-ilalien, sauf — d'après ce
que nous écrit M. Neubauer, ~ qu*jl iVy a pas de glosses fran-
çaises. En outre, parmi les mss. hébreux de la Bibliothèque na-
tionale de Paris, il y a,sous le n<> 1243, un lexique hébreu-fraucais»
non du xv^' s., comme il est désigné à tort, mais du xiv* siècle. Le
titre de ce dernier ms. que le rédacteur du Catalogue a négligé de
donner, faute de Tavoir vu en tète de l'œuvre, se trouve formel-
lement énoncé à la lin du volume, en ces mots ;
Le dernier propriétaire avait donc été Moïse ïils de Samuel Dal-
Costa. De ses mains, le ma, a passé au roi de France Henri UJ,
aux armes duquel ce volume est relié; niallieureusement il y
manque plusieurs feuillets, en tête et au raiheu»
I
* Ce système offre Tavanlage do réunir les nombreux fiyo^tQjmes héfareai eu
une ccule ruLriquo. Par conlre» le radical hébreu reviendra s'il a élé trmduU par
deui mots italiens ; M"b ; mois ce cas est bi&D plus rare que PîDTersa. — Ia
Dictionnaire trilingue bébreu-latin-italien, inUtulé *JT7 ÎI^OSt dô DaTid de Pomii
(VetiiEe; 1587, fol.}^ se contente de suivre : 1« l'ordre italiêHf accompagné des Iraas-
cripiioQs hébraïques vocalisées, 2*» Tordre laLin, 3" les radicaux hébreux, oom-
preaarjl parallèlement les termes étrangers adopté* par la Htléraiura rai)bioîqo&.
* Voir GrUubauffî, JadhcK-thuttehi Chrettûmalhie, pp. 521-533 : Pcflcs, t^té.
LE MAQKI': OAHrtEQK 265
Ce ms. noas a perrais de reconstituer, sous les lettres i et ^,
des mots qui étaient trop corrom|iiis dans Tédition de 1488 pour
être compréîiensibles, et de rétablir une leçon qui, dans notre
inciinalde, ne présentait pas de sens. Soos la racine nu:p, le fexiqne
impriiiié a le mot «cip-'^na, qui ne signifie rien, tandis que le
ms. précité a «lap ^:in:?:i fitip: : le mot pris d abord pour un
vocable roman est de Tarabe. Enfin, ce nis. a pour cqmpl^^ment
le vocabulaire hébreu-français de Turin A, iv, 13, ou n** xcv du
catalogue Peyron, que Pasini {t. I, p. 33), d'après des notes sur la
f^'arde du ms., avait supposé héhrexi-espagnoL M. Ars, Darmes-
tt'ter, qui Ta décrit dans les Archives des missions scientifîqiœs
(3« série, t. IV, IBl'?, pp. 415-446), n*a pas eu de peine à recon-
naître que à cet espagnol est du vieux français' w. Les deux mss.,
celui de Paris et celui de Turin, ont été consultés avec fruit pour
la lecture des mots douteux tirés du Irançais.
Nous reproduisons ici ce dictionnaire hébreu-roman*, en lais-
sant de côté les mots arabes, ainsi que les explications rabbi-
niques. Par contre, au lieu de nous contenter de la langue ita-
lienne populaire adoptée par l'auteur et qui, du reste, a été
respectée ici, nous avons dû ajouter maintes fois rortliograplie
des dictionnaires classiques*
Moïse Schwab.
M
■*-i»rKSt aginare nisn t2in x^n
TBn
'•oana -^rÊtÈt agnc grasse nD
V-r-
n^^K , in^«H acre m*l
ni"-»» crrorc -ITO
ÈTi-'Kît iuia i^sn (i>ouriuviUj
■'nH**'^3K ahbaiarf^ n3«
■^"itH:ûD«3î* bastare psiD (avec &i, «,
pruslliélique)
MC«3K abassa UTÛ
^^0'^'2^ avoio nsic Ipour voto, a pro-
sUiéUquej
^n«^*îD« avotaiM3 n3£3 {a prosUiêtlquc)
*^aHabi3&î a) voltale > jVj
* Ce Yocabulairo sera bri^Tameat déaigaé ci-après T (ms, de Tarin), ei celui da
PirU par l'abréviatka BN. Le prefflicr a TaviiaUge d'être vocalisé.
* C'tisl ainsi que La nomma M, SLeinâcliaeidar {Bùdleinnat col. G22). non sans
raiaoD, ii Tod LiuoL compte des nombreux termes français et provoDCaiix«
* Ua proflibetîqtiû sera désormais désigné ainsi : a)« . .
^^^H
^ REVUE DES ÉTCTDES SCtVK f
^^^^H ^n»:3'7i2H avouarc rar3
^-,M£'\^ açusarc Tm 1
^^^^H ^^^e^*s^tt aUltcmanzJi pDM (pour ab-
ee^^ aggliiate -ix ( = agsualAi le 1
^^^^^1 bontlanza, par élîsion du if]
premier ^ paur ^} 1
^^^^^B 'nAtslSSt aJ)t>oaare np (pour nlihondare]
•n^b-^s» agilipe rrrrp •— alIcpiiti^J
^^^^H nsin trrsi:!» at>tK)ur1â mane nb^
icn^^tt a| gira t|p^ ■■
^^^^^H rîîr^:ctn^i3tt ahhoiidanzia
lôn-'SH a) giro 33s rp: 333
^^^^H et^x:rn£< at>bondiMzia :?272 i même
•nec-;'':iît aj agirarc -^r^j ptr bV:: fr»
^^^^H du d (jue plus haut]
qp?3 n«n ttn
^^^^1 r:Ët^£:H:i3£t aUbondanzia ^!33
KDS-'sat aggiôcete -tate ;= aggbei?aL\
^^^^^1 l^''£'*")i3e« atK)rres€io bb^ (dérormé du
n lomr>é par éhsion:.
^^^^H lalin abliorresco = aborrco)
•'-t;^» Ingc^ere in» « tombél--..
^^^^P Nnn^^M a] hevere po
■»n«D«n3Èt agraiïart^ qon
^ nH:3'*2« abiio bnt
lîTSiniK ag^^rovigNo rmo
^^B *';22ct:2^3et agitante ^^n
iPÏTS'niH aggroviglidlo bj3 [VvM-
^^H i:2^n2t <ibUo rtis i:}-i3
dernière lelire, daas le Icitte, est on
^^B ''^*':3&« nbite -i!Sef
n pour r^.
^^B •'3Vi:n:3'^d« abiiozionr^ 1393 ni3
'"«3i"5« aggrovîglio bbs
V V::ip:3^3H abiloco*o '[:??3
i.H-^^Tna» agrossio nsp (= groiflHH
m ^-iîï::-*3» abUare 315"'
K:30'''".:iû« agreslo ns3 I^H
K-'^nX ttbbaia n3D
■:K:3''n3.H ûggrezzo nsît (-= oggrinn^l
«^«•'^'^b'^nN abfiigliala cib
« tombe par elision) 1
tt^-'^iS^SK a liiso-ua ti
•'"1"i;:s^^-î3X agçrcssatorc nr?p J
ND-'Sit a} beiïa pnc
n^-»-*,;» ag^Tozza nns l^ arriccia) 1
iîîD''3ï< a) belTo bnn
■SH-'l^niH aj^gpandio brra ^J
'«nt3«D"'3» a) bcîiïalGPC yxb
n^T'^b'nïi addoîcire »En ^^Ê
'^nstD'»^» a) beiïarc nv^î nm 3j^b nnn
in»-'b''mfi* aduTDiliare ns^ ^H
•'m:3s''3î< a) beiïatorc ab:^
e«:n^ aduiia nnn ^H
■^csrscns* 01 btlTamcnito Dbp
i:3:"'73S«m&t adunamento m^ ^^
n:i-i-'3î* aviraima nss: fmoi provcnç«il)
«:3:-in« ad onlo ûbD 1
NDnb3K eviluppo q:^ (= inviluppa)
&?i::i"i« adunza ij*i3 1= aduncol 1
k:333î< a) vanta bbn ^n3
■'Di^j* adducc Tp ^^Ê
£<^33^ a%'anza bs
''n^Xinx adducerc Nn« ^H
«;:D3» a) bûsla t*^^
'^niiN ïiddurrc b3'' ^^|
l^ja^^ïD-iSH alienimento puas (^ apcr-
•'-i'^T^mTN a) dormipe ûVi ^^f
lamoiUo}
■»ix:'a"'nfi< a) dimanare beîC (= dlman* 1
«p^snsô* abpanchi mn
darc, d lorabé par olisiou) J
Ns:"13« abbraeçia p3n
i:3'^Dî3'»l&« adcmpilo ûbo 1
■*"ilî3ït abbossarc 3^5^
"ts-»!:-^*!» adïpiele as<n ^^Ê
N^'^iSH abbala ynn (3 pour a]
K"-«lï* ad cssa nb ^^M
mi>£* oguzza «U5
iD^l.H âd esso ib
«tS^-l^iH aggxiûta nï3^
itîS'^i:'»!» adicipo 13^ (— aolîcipo,
û^'»ia« agguala nn^
élision de Vn]
Kii^H og^^uzza n^*^ nm
'*ns''^''1« adicjpcpc D3^ .= antici-
^a«^i:iK agjîuzzalo -j^iIS
pe re, même remar*iue)
•*-ikst:ik agguzzarc Pj-in
lU'^-T'liî a diriUo T»
■*a'iDia« angos€iu p>^ (corrupiiou de
1:3^» ■'-n-'3T3''*7H a dicineroro esso
lettres)
^^^^^^^F DAKBEOb: 257 ^^^|
■iar7i4«a"'n"»n» addiriîzomento ^'^y
*in73n£« omm b^s^ ( ^ ombra , élisioct ^^^H
n:3'^"i"&« rt (iriHto nrîî< {= diclro]
^^^^1
K^-^mK a^ ilnxza -|C«
fif:iit una ^rr ^^H
•»::^^n-îitfl]drizz:ite San
nst-'X^dtii^ avonansio nnp (— abbon- ^^H
■'^"'"'TX n) drizze s^''
^^^1
''n&îX-'m» il] ûvïzzmc ûp
H")33l^ ombra bb£ ^^H
m:^:ih uugiiia ohd ^^^|
tiib:^:iMi U[ir>u1a nD^ ^^H
Kn-H ova y^2
Ë<i:iH onda hya hb^ ^^H
iiiK ovo Drn n^
-^isifit onde n3ïï3. lU rubrique a:i® ^^H
K-iaiH overa n^D
est placée h tort en tôle de ce ^^|
IK^t'^'Tlîft odio D:30
mol; mais Je veràct invoqué aide ^^^H
i«mx odio n-t* nz:*
à reclintr cette erreur typogra- ^^|
'^-l'^ilN odiarc pa
pbique.l ^^H
Nil» ova inD
*I31^ uuo *7nH n.H ^^1
ûi«iix ouvert isVd (selon la leçon du
£4ni:iH onore ns^ ^^H
ms. BX)
ro:ii^ unio it:^ ^^H
■»11H UVC !15^
'^'ilj^lb'^ utibtre nTQ ^^^Ê
iX-'b-iiH avolio itî
'^n'^^r.K ugnere ^id n*:3!0 *j-5!a ^^|
M:::-»bnN o volcnin nn*'
iDD''3li« onesto ^^3^ ^^H
Kl^^b'lX 0 vulrula 'j^sn
K^31K avanzo nn*" ^^H
1^:i2« avonzo nn'> ^^^|
"^z^^z^^iN abllaiile nnî ^^H
''b^'isii* uiilc b:?72 b:?^
'':i&%^^:i.'« unzjone rnc ^^H
irDiH oim ni: -^i: ^«s
"'-l^4D1^ï usare bin pD ^^H
^-i::ix oirc r!^:n n-.N
101K Qsso n:^' on^i ^^H
''nia^iK abiutre nm n-5^ ni>
6«::o-iN osto bbn b^n la ^^M
«UIS^IK abitate b^3 (^ abUanlcJ
e«2bi::oi&t osieiiaaa n:T ^^H
ibipai&î abiliicnlo r^Hs r:X3 ^;i3. (V.
'^::dih este b-»n ^^H
ei~dcssus lus mrai€S sens aux mois
ir^DlK ozzimo nn (Ërba odorosa, ^^H
13"' a« etc. avec n)
îiûuâ dit le ehevidier Perreau.) ^^H
«tD^'-'lS* avezza ^î<.
nî<''ia0li« osteria pn:D (un des rares ^^H
-»i*ii&t avère pn b^n *[in ri:a ';ih
mots non bibliques; ^^H
es: Ti«*: nsD
tîjtzD""» usanza ^^^ nnH ^^H
Na^'biH oliva m
titi^'^s^H oppiato ^ni ^^H
i;3''b*iï« oliva^Mio pb
«n-'DiN opéra na^? bbr ^ly «a ^^H
rb^K oleo po
''-.^n^3S1« oceidcre T^p n:Ji: ^^H
Hrbi» oliva nns
-)b3£i» uccello ans ^^H
K ibi-novbi« ôlcozzûflo *|0i«
1 l-^bix olmo nr bïiît
"^^^ipiît ûccoiicia "ins ^^H
rpi^ oecliio tv p^ ^^H
i?:ii« uomo !:;:« ^c^i* dt^
\Hnnft4 orao b&s ^^H
np-^a^ibo ittiK omo salvalico ^*^d
^n»nii« ovrare 11^ ^^M
n-'Taiî* uraido '^n 3an 322i
-tnHTix orare nrnzj nn:^ ^^|
■^b"^?3iH umiïo rt:3? pbpbn
^:w'«:ï-:^<&« orgâno i^sbo ^^M
•'n^^br:!» uniiiiarc nna y:5 nst
HZ^'^j^^i^ orga^no p ^^H
•»;r3i« uominc -ss^l
«-nmx orduta V'^^ ^^H
^31-7 *^r7ai« uominc digne -30
iK'^i-i'ifit ordio bn:3 ^^H
■ T. XVI, »«> 32.
^^1
25*
KTTE US tXimS JUIfS
w'. 'Ji Qrdîlr« •jrs
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ICî^'Jt crî/',* wl Z^Z TS!*
wp.'i:"'» onîke rrrz Lire 9rtiçue
eooÈme ûhïs Ra<c^ii. noos dit M. Ar.
Dtniiesteler. et dans le maDoscrit
T. sç*^*» ; au \u* siècle et plus
lard nx^— », oriîe;
urp^r» oroochia ^r»
nr-:"« orlo nrc "ri rzi
nc-i» orso 2—;
n:E~.r« orfano rr^
nX".'» orazio VrD = orazione
^:*îr2-*ît orazioDc rr:
^-.i» orarc nrn
ncn« osso cx^
ncnîc uscio rrr
nmi» azzurro -^CC
:::7:"ît::x aidremem tsVB != adre-
menl, nous dit M. Darmcsleter ; mot
français sans doute pris à une jjtIosc
de Haschi, à partir du \u* siècle et
pendant tout !<• moyen âge, le mot
est arrement.
nwp"':'!::» a) lunicare nrn
•^aN a te ^b
©'^r'^a« étai ûrr. (Voir à •••a'^'»i<)
n'^5:'^a« attin^'cre a"«'a
iN::raN attinto nos
ibo^aN a pelo Elis (le a est à suppri-
mer, selon la conjecture de M. Per-
reau). Mais, selon l'explication rab'
binique citée par l'auteur, ce terme
a le sens de boucher, garnir^ et en
cITet le ms. BN a correctement :
bbNDn::'^'^N, estoffal ({garniture)
lUUDNna» atrocitale r^l2'Z
■^uONntîN atrocita ::bn
«aona» attrista ù^^y
xrm JtfiiiTfiMMKoras
^ talralisciaiBeiiio*
-jr^^ giro :pai
éii>i>Q de r«
'^ir-R aggiongere pn
"TC^« aggiuQze -^r: pr^
«ncr^ aggiaozia -pn
-r-i-Tt egrone q-»
"îST^ aiulo ■*.'? 3T?
tr^T'tr^ étai TV (vieux fraoc^is-
Le ms. T a cr^p», aoteimes)
x::«r^fit aginaôte rra {= giattanaa)
TT*^ agno 53^
"T^V^r^ît inlelaiare n^
Brnr-B-»"»» erronderc bh-s,
crr^» épines ma:
Cfircr^ît epioes |np (ortliographc
défectueuse}
nsrr^bbs ■"•ît egli palLadia xsrp
c»"n-:p"»*» échardes îrsp (selon le
ms. BN]
•^a'^ip"»"'» oscurita Dbas (sans doate
deux fautes typographiques, les deui
premiers •» pour o, puis*^ pouri.Lc
ms. HN a mieux : •»^mp'^"»X, écortc)
N-P"» giro '^r'D
b"»raT"« orgoil ybs (vieux français).
Au ms. BN mieux : b-'^iailî*
:::7:t::'^'^n aisdoment (?) y'^y's, [vieux
français). Le ms. T. traduit : "psivr.
rompanz
■^n«::bNrN inalzare bbo
iiarTûipONrx e] nascomenlo ^bd ;=
nascondimento ; la syllabe di tom-
bée.)
'^"T^ripON^'^N c) nascondere nro
■^aNa'^arN invilalo Nnp
nw\'>"^p'»3r.x invecciiio pn:?
N:::û"ia:'^« imbrattato ap:?
l'^^Nnnr:^ imbraltare onp (les der-
nières lettres doivent être "«-îû}
laNSS"»» ingato ypy [— ingaggiato)
■•-iK3«arK ingannare iNn
■^b^iiS"^» inguale m© (= iguale)
^^^HHHHV LE MAQHÉ DÀRDEQlt^^^^^^f^S$9^^^|
ioi^5:'*et în^oso din? (= ingeniosol
1D*^« csso mTl ^H
■•■^KCn-ir» hi^Tossaix' r^ny
■»Vici&ï isoi»! a'^\H %H ^H
'»n*3"i:i*'ï< miîraiMre finp (ingmndircj
■'aN-00'^fi* esialc y^p ^H
•jr» a-iio DC3
"ID'ID^'K isopo 2Tï« ^^Ê
a«:2'*i v« ^" ^"**'^ "2^
^^N'û^^O'^N eslimaro rî«n ^^|
'*-iîï"';-.iC2rtî intorrtm'cnns
i^j-i-sao*^** e) slveUo -i^ ^^H
K"'.i::::c'*::rK intrsiatura 5?s:d
^0\H êsse p Q^ ^H
'»'rNi:^n'*srï* iuteritare nan (= inter-
t^b^D'^^t isola ^s« ^^M
lenere)
luin^stn^D^N 6 per ccrio ûbt* ^H
n::r^::''n''::r« intcrcimînto n^n (==
«ps^X hyprcoo ^fp" ^^|
iiilertciiiu^cnlo:
D.^^j:\N eliam t\H (la syllûbc i/ dcvaal ^^
N^K^-'arN etJirava n-ip (= entrala)
a est donc simanle) 1
^-:*;û«n:::\H iJiirnnaro idd (= intor-
iar?^^2''« Qsciniento «3:?3 (le premier
mire;
■» après « pour i)
^*^:3^*^'^:3rH Intremelcre mn (= în-
ip\^ ecca 1S-; ûbn «n
ireitienUre, deuxième n tombe par
'^L:p^N eecoti inr
élîsion]
''X'^mp'*» eeoreze nsp 1= scorza ; lu
ns?a«::'»'i3-'.ar« idternolampo ri\rD
1" letlre esl prostlielique, avec êii-
,— mtcrprelainciito, lo 2*3 à ia placj
blon du D, ou omission par faute ly-
de D, et 1 pour n. plus uq 3» û}
pographiciue]
6t:3'^t-i::r.H inlcrpcla ^ps {^^ inter-
KI^D -P« jeri sera P73N
prrlii, 2- ^ pi^Uf ni
H-^^a aem mn
^^nfirr*»:**» iu^cnîare ûny
«n\si ira ojD nnn rmrt tj^T Dît qn
iZiz^a in su rtfitbn
-inj^
i:^:^*:H-'nrr» msognamonto niH
èï::'^%^ acria niîi23 rrnat ni£3 31E13 (=
^^-'.H-!''C3\H Jîiscrrarn -ce (reduuhic-
oecurta » même remnrque qu'à
mcnl erroiii' du n a Ja fin, au Iteu lîe
scor:a.]
relui du nu lieu)
iN-^ia^'S esciû fî^-* (= uscio; sans
cnis;''x MiiniQ rsn ia pour i:)
doute ■<« inilial pour t«)
■'*T'::msrs< iuforUre ncp ^723? cb^
av^-»jl este ns H è qucslo)
6«U:^-i:rî( iulnrz.i tiid
in^j'^aï:''È< csiînere nrî3 (= csUn-
^'•''srx iuro^Hore Vsr
guepéi
let^^rn imperiu bsr
'^î:rs-'*« esparz-etlpT (= sparte)
^l-naocrx iujîKiNlurare ip:? [^ im-
i:n-.::3îî acloino «3D t— atlornio,
pasrojfiiH,')
avant la coutrucllou)
enrrït infra ^in
■'njiSSS* aeeoponarc bay {— accom-
^K7"H""vrî< infroscorc "joSO
pagfiûre avec clisîon de Vm)
^•leti-'^ïntrÈ* iurmcldapo ^3:^
Ê*b« ala t]ïD ^3»
^::2intr.v iuiprouio on
N-r;2î<bK il lia banda qrD
1H:'nî:rit inrnno -)3y
i::HbN alat«> b3:«
•î:2:73î:hs;''« inciapomcuto 'p^z
■•tîKbi* Blale rrb?
^^x:tï< ni ici ne rcc
ïî"*\pî;b.^ alla casa T^T
rrx^iir^r» iuciinsia -::p ;= inc 'usa'
*«^:»"t«bH allar-are jip
l-N^bH albero pn
Nmsbsi arbore nrna
anb.H ai!.o pb b^ :: (Inal doit être
L
imc erreur lypoi^rapliiQueJ
^^^V^ M) BEVUE DES ÉTUDES JUIVES ^^^^
^^^H ^et:k-i*'3bif alborgo nzn
i::wH2ia;i?3î« ommonlonato br
^^^^K "^,«:in''3bK ûlbcrgare ï^nc ir:
l'iK^ta^tT:}* ammonlonarc an?
^^^^H ^-*''E(lbî« alou D^p (le 3 linal, supernu,
NnS5^.?:î« amoslra nt'^
^^^^^H peu t p ro V e 1 1 i r d' u n e o i-re ii r li 1 n Lotia-
pi^« amoc bstbst C^ «jwo; le p fiotl,
^^^^^P lion, par suite de raccciit sur è,)
=^ t% est une iroce du taUn (dm,
^^^^H M2'^hi^ alJomo nn (= atlo^Oi ^ au
d'où ancino,= tiameçon)
^^^^1 de
''"»«sn*ii^N umordecarc oba (=î«d-
^^^^B M:^31b^^ elanga Mbn
muricaro, n pour •>-)}
^^^^B *^-i^3V!r» all€ngnro nn7
^nv:ït aniore nnn
^^^^1 Nnr:Dib&« illustra n^
C^-lîl?:» a) m usa b2^
^^^^H 1xn:^:^lb^t iitusim n^::
•♦nxc'îr» âjiïïusare ba:
^^^^* '^^nrsibfi* illuslrarc iriT bbn
•'-iv:a.H a maggiore nb» *f-in» aît
^^B ip"*^lbi* allo riCi'O ^n
b^.x qbN
^^ «ubï* allaito p:i
N^DiL3î2» amalusla nbn (=^ amaUslii
P TiN::bt< oltare 2s:?3
w-y)
t<m::b« eitura nrr 3:^ nrs bâte*
•»?3» a me "^b
Ks:'^::b« altezza rîî«*l3 "n^
■"l^Tj^ amenarc aa» (= nmcn(larr\
fTï'^abït altezxa ûp
par elision du ^
i£<i:'^n'':3bx aiicrezza rîK:^ ^^^«
ip''W*t amuMj 7'^'» T-«n
i-ic:!bjît uitro nnN
''ia''n'^?3K utnmireire blQi (^ amracl-
inab» allaro ^^
lere^
•^Di^ns-'baii libeptate csn
rrôf^^b^H a) niaiadia c:» ^^
N^^S'^bit alit^To pT b^> bi5
i:3r7:tâ« ammento b:;c ^H
'^IwN-ii^bN aiïeîîrarc nb^ îb? nn
i:2r:« almenle :::?"»
p:?
\H:3r:x ajmanleo ûbi (- maDlclloJ
Tipb.x alJe;^TO *^c
n.x:33?:&t ajmontarc nsb
NS£n:i''b^t allegrezza ^ct:î nin HN
fc<D?:« ammassa ncb
ÊtaT'bx allu ^MUta -i73 (= plus tard
rj»pi^t)ï« aj raazzlcato b72^
goccia)
in?j&« amarc nnz3 ^^M
■5KC3T»b« aliutlo r|?n (^ asciugû)
'►"[':« aaiare aan ^^H
■•-•bM aglio ai^
•)ô<:« ano -jbn (^ ando, clision du é]
«arb>* iiiicDta n-*',:: nsn
iD^HSH en osso 13
■inï*:2rb*H ailetiiare 3d
''P"»Ê«2» ignesa m'' (= inscgiia; pur-
^zrss-'b** ulefntiie dh^ïS
mutation des Icllres s et D)
Np^-bH aiccca ppb
"►nHrDisrK inbussinarc HîO C^ il"'
■»nâ*':2^b« u: lasckiro nriD (C pour t*Jî)
bniscinarc)
iî^-i::Dbî« iiiusiro nn5
in-'b'>3;« anbellirc m- m.^ i=^ ûUλcl-
RibK aiza m-' qpî nnT
lire, avant la coiUracUon)
■^nKlEb» alzarc no] bbl
•*nNX''2D4* anvisapo qb"« 3?-?-» i= anvk
^n3£bH aïzarc n^a HT»
sare ; même remarque)
"<:inKbEt elarjîi hD""
-iAS':s:b33î< imbalsamo asn
1î«73« anio bsD Drrfi*
n-5î«^3:N inviare K:p ^J
■*nH^2« afiiarc Dnn nisa^
»:::ji-in:K imbrattato bb:i ^^H
r7N"'l^:3t:« invidiû ô<:p (— invidia» ^
l-i^n-in:îî imbrunlrc nn:i ^^B
pour ;i,
t«::«rDn3:tî imbruscinato 03 |
iwet amo isn nn D5» (Cf. ci-aprcs
l«r'Oiin;« inibruscino "Czd I
piïs», dont amo a le seii5>
■'ni^nainasK inibruscinare vpz 1
^^^^^^^^^^^^^^^^«^^^^^H^^^^^l
I
LE MAQHÊ DABDEQÉ m ^^^
1
■'nNan3:&ï îmhrnUnrc h^^
terpretare, élisîou de l> médiùle] ^^H
■
ipît"'-!3:« imbrhco «as
^:t3:&^ in la [10 i&« (== inlanlo, cUi»ioii ^^H
n:&«:i3« ing:aîiiio 'jt»
du i^ecotid /) ^^^^
1
1133« angolo rb^ Je 1 {\m\ est une
•*-i-^::b*'::5H iniellettore y 2 ^^H
route pour b\
■«miX^:.^ ûiteudcrc yn^:: )m (lo n est ^^H
8r-J0i:ijN arijîusltn ^:^^2 n^'^ pi^
superposé, par corrccliQn,dans la 2* ^^^|
nx'^irsn^r^ an;;iistia rçy ^«o
^^^1
m>:6« ini^iura -j-n !'.«
H'^^bDHHD:^ in travagUa sf^y bbi ^^H
r-îiii* âii^oUi 7bp [-û est une faute
iiitorbidal ^^^|
1
pour b, comme ei-ticssus)
n::»^:::^ iuirala ipn V
■
*«1''D^"'53« iughintlirc ybn
^^binD3&* tu travajjîlia m: \= intur- ^^fl
■
ib''^:^ an;?elfi nin
1j îd a , a V ce li n e au Ire 0 r t hag rap hc] ^^^|
iNbpH^*'^:» inK»rifjccholo:?'nS
^a^^bin:::» itiirovlgliato hdd (= oU ^^H
'♦aib:i:&t in^'lute nyb i= intïh jolie,
^^^^
■
avjnl la oiuUjIîou iVl en «)
Kr^^:::Ë< Inirata ^a ^^H
1
-n'^EsbsîK inploiurc •iiaa (:- ingliiol-
'^na'^naSN iulraltere 3nn {-= intraltc- .^^H
1
lire; même remarque^
iiere, elisÈUii du second n] ^^^Ê
h:5:« ioge^no b:^: rtr
•'10«b-i:3:« ifilralasciare nni ^^^^M
iH;:irs« ingraiifio riTsn
•^misa'^s^::;*! înlcrpretatore «D2 ^^^^|
■^nî<:j:îi ingatiTiarc \n
mtse^rn-»:» inventore ism ^^^|
1
i55:î< ingefîtio *^^r^ n:i:î
^À'ZH ^Jiuic$^'a nJ3 ^^H
'^"n:::a:i« ane:entt»re nsT: (= orgcnic-
•'D&r-PîK inî,Tossa nn3 ^^H
rio)
■»n''ar3ï« [»a) pa Iniottirç D3?b (= per ^^H
■»-iH"»''5;s:» inge^noro «b?3
^^^1
■
^I'^n:«n5;« infîraïnîirc È*:iï3 ans
Hnr3H iu;:iuna qnn ^^1
1
e«c«n:i:« jugrasso ybn
'^n£<:3''3K jt' nellare &4:3n ^^H
1
i«Din>3î4 etigrolto nbn ;= èi^rotlo ;
^n^'^'^SH iniore "^sn i^ iïiiziarei ^^H
■
è^cnl
•'nxsavSK itiginotacarc ^n^ (— iiik'l- ^^H
1
icainâ:» cngrotlo nnt
nocehiare) ^^^|
■
iaa'''^>:ï* inchristo i-^i {= închioslro;
nb^*^:^ aitgelr» t|'cn ^^H
■
C2 et n iutervcrlis)
^b-«'^:H angiulo ^^b nsii ^^H
^ns«^''n:3ï« ini^Tossare ntn
^nbC3'^'^3ti« ingegnare np'C ^^^|
•)êt^"î3"3>;È* iïijîraufJio bn3
-|*'3''''3£>t in^T^no bnn ^^^1
iÈton5;î^ ing russe *oz:2
ib^^ss^ anello ^dl3 ^^H
■'zsDniSH iiisrassato pan
N13'^3» anima i:5D3 nnD *jn^ ^n ^^H
i;« aimo nstî ûi"»
«bp'^îH [= «np^sj naccbera bb^t lie ^^|
«a:",^i:x iïiverjiato tpn
mot entre [ ] est une conjecture do ^^H
••n^'^pbnj» iiiulchiarc STû 1= incul-
M. le Chev. Perreau, à qui nous ^^H
carc ; élis ion du prem. € après »)
devons les diverses hypottiêses si- ^^H
n&f^iC-lïÈ* aiKUinzîe -i:*
i:;na1ées ptus loiu de la même Taçon! ^^^^
''*iK''^3'5:k annunziare mn
-^^^Z^ aî^^nescG mb (^ iusegna) ^^H
H'^n^DSt enuria tjts {~ ingiuriai
n^i:5'*3N agnesccre -inîs tib'* ri-^ ^^H
1
1Kp*'3i:35£« inluuiCO ma
(^ însegnare) ^^^|
i:m:::t< Intorno 330
^itD-«36< lïiecerc Mnïi 1= irtcignerc) ^^H
ix'^rs'^b*':::» inielcUo bac
Ki^b:.^ inalza trtS3 H^n ^^H
-^p^^asî* anticlu bD:
iH^b:H inaNo DD3 ^^^H
1
''n;3'»Dn'*::3« inlcrpQtarc nnc :«=* in-
1 ,
-^n^bsit tiialzare '^izH ^^^^M
3B7inms aumBUTPri^
* '- * iiu!»fila rrrza
S unp»i»ltna TT" sn:^ f îisiifii it S m.
-S3r oAirxa ZTT" * Jd» laca t^ jurtàe «fn «ois, ëil
rr-52i jnpfiifiiiaiterafe ;ps
jCTCSi împ^aiis "^ai ^""satirnst iaratiare C33
— ^» rtn: L*?î^ r'r^ ^r-'^at iocretare -rm
*— s:» L'ïi;«rrio 'r* l'ipros Rii#:ûi, -acnrctJl in slanco CîP
4i£ i ii:. »:r "—^•zxcx a sabon>re nbo «Vs
•rm^'sr» mf rmitite rr^r = 5*.parare, le 2» » ne se trouvent
-s:» îûfofza îrz •ex le - est »T:e daos la > ciUUoo]
XzrKZT^'^tzSf impialîameniamenU) •»-•:•-» assumero nrt
rçr* — impiaMamento, redoublant rr'l'Cît assumero n
les 2 <k;m. syllaïies -r:"^firî'::"'0» assunicremcnto m:?
•W^rbc:» implastro r"^ = impias- •~:'*r":'2"î3« assumcremento "j^bs
In;, avec maintien de 17 pour i> 'T^:'"2r?2iCK assumeremcnlo mn
^:c:fii infanfc "î3 = infante, le 2* e — i^ric» assuracrare nrn rrba F
fKiurt:! assumere)
^^:«"ie:« infragne yy^ ■•n"!rN::":isN esortatorio cbn
^l^amc'W Improvarc en*» ''nN''^"ncx assorbire K^i (5S pour 3]
ntasn-.o:» improntare m« ••nNiJCN isiare nsn
«ttonc:» in presto to: mb (= in Ni:n::ox astuzia ^n
prcHlilo, éiision de ravanl-dern. iKStiuoN astuzia naD [français^
«yllubc) ';i»'^3f^nmaO« estordizon n:?b (vieux
1
HPBP LE MAQRÉ DAHDEQI> 263 ^^|
"►n-^nniDO» cstordipc an \iUm ; pris
^X'îfi^&H aparocc rrfi^n (= paresse, ou ^^H
1
dans Rasehl)
a n'a c^ i a rc) ^^^H
nm::tx asiuro y5 i^siruzzo)
l'^'^&K appoggio n::^ ^^H
nV:;2DK 1 ) Stella *]sb nsa bbrt
^'^JH^iiDH aftindato *i:?p« {— sfoû- ^^|
1
Hr::r::2H itUesUno n^D Ociircs 3 et
^^1
0 iulerverties}
•«ns^nsii:» afi>ndare s^piiî (idem] 1
«p:::D» e' stanco Vss
'k^'^coiD» ipost<isi bcn ^^fl
•'■^.KE'^CDN €) sliparc NTSÎÛ
^1N?3-ns&« ai formare ^^x ^^H
net^.ao&« isUrc ncn dos lettres ifcn
Ki:^i£« a forza rrS3 (selon Rasclii : ^^B
= "^i»)
Dj"iôt» viole fie*-*) ^^B
nî«"':n:2D&< c] strani-o nss
'^D» ape m ^^H
1
ip^-iaDï* ttl slercu 35
l^H'^Dit a piano :z^ ^^H
^n'*n''a'*CK al scevtîrarc -i3jr
^c:r^x^SwX n piacente ODH ^^H
Kl'^o» II) soda p-»*! ^2» (— sedia)
■''T':3r^N^D« a) piocenlere n3£"l ^^H
nx^-^rDH fi) sevcro bm
in^bD^Eôî aflièvulire bCD ^^H
•*ao"^i''i"'ON a) severistu bi£N {= se-
•»n''b''3''''DN afllevolire m:^ ^^^|
1
vcrila)
*'n'>D''''Dfr« appiallarc mp ^^H
^-l'-i^rsÈ* a) sevra PC Bn bs£5 nn^ mî
-^'ni£2C^b-'s:« cpilatore Ç)-^> ^^H
■'"i^::-'o« a) sitire «rs:
''nî<b''E:s afiltare sn^a DGn Dû» ^^H
K^^-^CN a seja ^?20 (= a sediaf
l'^ir'^b-'stï ûpiMlamcniy pTj (=oppi- ^^H
^n'^'^yOK a' scic^'liere n"i3 na
^^^M
1
ia^?:iOÈt isiemele *nb |= insieme-
■•n^irc&ï al pondère y2r\ ^^H
nicDté)
ir^K llno b^â ^^H
irDK assc^'oo tî05 n^tr
■'D''S« apice nyj> [^ oppiciilato) ^^H
«roN a^ina ]r\H
Nii-^Eïî appose psn J»:^"! nrn nan ^^H
in:2.s?sî« L'»:«b'T^&î =] avcliano Tpii:
ll^îtï-'SK appici ito ^t3^ ^^H
■•DirCH a) smusso n;?p
^C^^^'^SH appjciate aatn ^^H
nîîSiS2K a| s|K>sorc ïînfi*
t4ni:3ïï^''S&t appiccialura ï^n:? fîït (= ^^|
ii<p*^:iEO« H ip'^;2t«::D« 1 esiaiico bna
ap[i)eCFiturû) ^^^^
H::''Dr'H nsinMii n?:r nn?3 nnD on
nx^^'DN apposarc V\iy 031 3rp^ ^^H
i«::-*scH aspc'tio -17:-::
-ta^^'SN appidad^ pt:3 ^^H
''ni«::'^Ds« aspeitan^ nbn bin
i:::r3i:"'D» apptcciameatu *^^n ^^^M
ÈT-^CSrDD» e) spingeto VpT: qm
nns:''SN oppesare boa pal (= oppî- ^^H
1
(voyelles finales déplacées)
^^^H
«"T'SSî* e] spera bm n?3i
i::i*'S&t aperlo DnD ^^H
e«i;Nn''E;Ofi< e) speranza hes:
''mc^'^-'Eî* aperlut^e nUD ^^^|
""i^psDôt a) spacc^ire ypa
*'D-Pt» aperle qpc ^^|
ô<"i2CK a) sépara ]'^n
nE3^^b*'n-'D« apparegliato nJ (ou oppa- ^^B
1
•^-^.r^^^DOî* cspriniere mî5^
rcccbialo] ^^|
•'"i:ipD6t aseoiidf rc XKiU i.éllsîOQ du d)
a-'C'^D» apessito pn^ (= spesaitol (le mj^M
■'::i2^inpoî« oscnrilaht c^îî
nis. T a bien m\m\ : t2y^''''ti'^''H, ^^M
r-'rnpcÈ* ai serin tu ma
rpals^irt] ^^^H
■
••nni&tSN a) paurtiru jian
«îîtbbsw^ appelkma nnp (— appellarc ^^H
1
nareïD» alTamatii -»^3
1NÏ3E£« alTamo t|DN ^^^|
1
15S<C&« alTannn n",a
C<:SH appiLiia Jl-" ^^H
■^n&«j:«i:« all.K-iire C|pC
•^Z^Dfi^S^N upprna^^le "Tin ^^^|
1
•^^«■'^«Cfit apariore ï5^p (^preparare)
r»3*^^E}£i ariicmure ectiï (le rudicaii ^^H
26i REVUE DES ÊTTDES lUITES
ccril par cireur zyz, est rectifie »T7»aqaanD -= ^
par le verset ciîé -^rbat^ "TTp» acque caBe tpa ^
^-r^rencfit a frangere rrz cai«Je
«a-t-c» approva rr: KS^W a queto s^
'n^f^zvi aferirc n:r = soCfrire' ^nr-npît acquetarc T22
TCr^fitr^xK apparecchiam*-nio rr: fiib^p» aquîla "c:
"rWT'b'nsfit apiparegliare ZTp = ap- ■^»7:^pît accomare yjr, = ac.»^
parechiare piare;
"c:"S'^.Eît apriraenlo nrr rr KX:"»7npÉC a) comincia brr
no-rcÉt a pressai -?? "pc ifiOK^ts npK a) comincio b«r
KtrcrEfit approsàima Ci: "^iTiip» a cubare ^2-: , - pour 2Î
^73^^Cît approssimare 2"^ ^^7:ip5C a) cubare "pa. Voir à
nîCfirx-rEÉt apprezzio -rc «a-i-îp"»^
^fiTS^'HDK apprezzare t. s •ns::7::ipît a] cominciare bbn ÏOT
T'^t'nEÉC allicggiare 2Tp conjecture tr'^rcirpît accompagna mb
de M. Perreau] ^fir^:c:'9K accompagoare rra
firp'nEK apparecchia en fitx:ipx acconcia ncr
iafir^P"*nE« appareccliialo CTp i5o::"!7N acconcio pr p: p
•nfir*'p'^":EK appareccliiare aip vn'p •^•^Kx:np» acconciarc CO 3ia Can
«bp'^-îEÉC appareccliolo zrr 17:t nn pp rsc
n^-» ■»tt"»x:TpK acconcimc is« ;ayanl le
•^aKbp"r E5t apparcccholale rrfir: sens de parure)
■'bp'^-.D» appareccliole pT nrp •»T»3:n:pK acconciare p h: = 3t)
■n'HEX aprire ycp npD rr^D n^D iKcnpN accuso 5sn
^^CÉC apessilo prr = spessito'; •^n^^Oipfi^ accusare \ch
' ?T3r:7:nî» afermcnza cp -;= fei mezza) -n^onp» occupare pt!3^ (non Accu-
••T^^SID» a) frangere nrn pare, lire d'un mol cupo, foncé,
Éra*^onD5< approssima w3 comme Pavait proposé M. Gruobaura,
ibaN::'^^» acccltavole nn: ibidem.)
na'^iN acilo y7:n — acldo! N5:"'"npK accuressa nn^ (= accura-
«î"»!:» a] sogno ynp Iczza)
•^nsrXN assegnare CT"! ^opx a; cosi p
'»n"':"'5SN accendcre n"«i rtr nn^srn "^^NspN accapalo CN"i
[d tombé par élision; N^'^ipK accreto nsiD
■^0"»5rN ncciso :i-in ND"np« a corpo j"id
•^nKT'XN ascrrarc t\z^ [= inscrrare) ■'-iC'^'npN accrescere TTCy
ia:"»73"T^XK asscrmenlo 1«n (= assc- ••îicpN actione bba (= azione)
rito) N-iN ara Cnn p5
■^T^STN azzimo rriTT: iCJî'^tîO'nNnN a) radunamento x:^y
•^n«D2^N assenparc r^s (== assem- nsi^N"!» a) raduna tt
brare) n:3ï^"1N a] râla vpn
•^lapstN c)schiaccalo nn?3 "]r7: '^■^:n-in a) ragno 'û-^aDr
np^N a) schiaccarc rîD^S "^-i^nN crrare n2N.
inSTK azzurro on2 [d'après D. Qambi) N3-1N crba a':5^ nb73 N®n
lan «npN acqua vcnlo -ij^ aan ibia-iN arbole ban nnî (= arbore]
[= violenle) ma"iN arbore yy toa
NnpN acqua -^t: ;aNa man» arbore basso bn;
^^^^^^^^^^^^^^AQRÉ DARDEOE 2m ^^^^|
■'^Niinnît ordîQorc p^^st
^^ir^ nssillo nsïD ^^^1
i:::'*?::'n"iN oiiJinQîiieîUobfip
*i^b^cN eccLiiso nnn ^^H
'^^•SI^UîK se niove bp (la 2- lU pour a] ^^H
er-
■^•n^î^iZJK ossummare bm ^^H
tlcntomcnte]
^nzasia&î aspcllarc Dp V
m n;::73''i^N ardcmcnte ni^r (même
y marque!
re-
i^:3rD'C&< a'spiiigeto t\m ^^M
■«ni<^^:3rs^:îK u) spib'nero nm (le a ^^H
•^r^T^N nrdenlc qnïJ
^^^^H
Nb^-'-ri-K urontlcle pr*û rït*p (vicuît
^^^^H
français, « lumbô ; correct (îons
BN
^H
cl T]
"«':K:n"'net a) Hdonorrr 3^73^ i=
raii-
&t:i&<3 hava ni ^^|
■ narc)
*>ni::î«::î«3 haiUMim nsn ^^H
-11X
iz:r?j^-jï%3 haElimcnlo TTOp ^^H
qnc rnp pcs np*»
^Uii-jin bnimb} nps ^^H
■i::oi'^« arrosto nb:z
''Di:2&%:3 batitito qna ^^H
■^aain^ nrrosLe b03
^:::&<3 hatte p&i ^^H
i::rt"nN urroi^amcnto "i:£
iï«''::t*3 i?i YiUii an^^ Voir iït->*73Na ^^H
K^-w^*< arlczza dp l=- ultezza)
i:-^::N3 batlino V\tr [^ batleiilej ^^H
')::.H^*'bi3-'-!&« Q) rivogliato UT^
■'-i''D»3 battcrc ^ZiO p^?: ^^H
f ^"irn-^nôt «) ridouarc «np
Ct^''b:3^3 tiathi^'Ua nnp ^^H
ND'''^6t3 guaitc (^.'UL'l nDit (par erreur: ^^H
i«p'*;3''"i&* errutico èi-^^
nD^)* (Selon llasehi ; n pour %, cor- ^^H
i::r^-M argenlo qoD
rect dans T ^p'''',^b la yuailu) ^^H
B '^b^nii [== iban:i] yrninello istin
i^Db^:^ balsamo o^'2D J^^^Ê
■ ^-i-,-,^^-,^^-;^^ a| rcsciok'liere n?53:
^n^^SND bandtrc pD ^^H
B'nK:^0'^*^« al rei-teoere nSD
IDHn ba^iso nip ^^1
**-ij«^N^D"^n6* arrahnttare 'im
&<nict^3 bassora bïiXi {= bossarc) ^^H
^^■^'C'fznH arma lu ra ^^n
Nx:»::D»n baslânza ^n ^^H
•'D^^nfi* armate p-* a?3n ybn
^-liH-JD^n basiare psD ^^|
''73-iôï nrme pï33 nr?:. ii:T |Tfit
T*w"*b'*c«3 basilisio ')e''EO {^ basi- ^^H
En■n"^?a"^t wrmardLira nbù; iarmodurn,
^^H
K 2° n supcpilu)
V H''^:-!» aj ragiio û?3T::
''b'*::»^ baciie piT bj -ibiai^H ^^ ^^|
blTD (=^ ^^H
•iT''''DnN a] rnpacc yy
MpHn vEicca nnt2 ^^H
KSn« arza 3-i:£
ifiiipHa VDCUQ nrrn ^^H
-'X-H ar2c ni::
HLS'^pH!! bacelictta unnu: ^^H
«pnst aroa rrsn
i:j3^^pe>^3 vacamcnlo y^z ^^^Ê
'^p^î* nrcie (arche?) nns N arciere!
ftn£43 barra m:3 ^^H
(pcut-V'Irc le rranciis archer)
-i-^nnetn barhiere nb^ ^^H
''mii crrore n^::
^mNa barone Xjbx^ ïSnn tDH ^^|
lltsn» arsoii 3-1^ len fronçais,
dit
^i-lini^s badnirc n33? (= bandirc, ^^^^
Tau leur; semblobtc dans T)
3 c 1 1 È n 1 c r vc r j ï s] ^^^|
it;L*i< asein 7^:^ ^C3
^Cfi«n bassn nnts n:^ ^^M
*'n%^^CK3 bactare rrpD ^^^|
^l^-o^n basLo nD ^^H
N^-T'»1D6« al seilîa -iî£3
■
^^^^H 2m ^^^^^1
^^^^H -"KID bue t{bH
Mb'^s belle 3nQ ^^H
^^^^^M e«riiibe«5 *<3iâ bove salvaUco
Nn
''^:Nb^3 bilauem T»?3 YTK ^^H
^^^^^H
ib-'a l)ello HD^ -ï^T mn ^^^H
^^^^^H '':iDl3 thûllone onp P^3
'^b-'s briio ni:^ ^^1
^^^^^1 ^ni::n3 buturm n^^n kt^h
•'-ter'^b^a vegUare n:? ^^H
^^^^^1
^n'»l3''2 venderc npb ^^H
^^^^^H
"^^.tizz^n vetitare 3;dï ^^H
^^^^^B Ët^-'b^I^nD botligiio p^pn.
''Dn^:-«3 bencdicl *jn3 ^^H
^^^^^1 -^i&%:]**''i:3 vomitare trp ip [le prem.
K'^'^m vif:aa ons H
^^^^^H
K-^iorbi3"'3'^3 bcnevolenlia 7on H
^^^^^H («3-^^13 hoj^'lione 7i^ (^ bolla)
^b'»3*»3 viiiili nisp 1= vinc-oli) 1
^^^^^H 113'^'^*) 3 vois bip (vieux franvQîs = voix;
i:3D'*v:NC'^2 baciauituto ybo ^^^Ê
^^^^^H T y^'^^iSb, la
e«^Ko**3 bfsaccia p:3 nnc ^^H
^^^^^H '^-'iS^bi^ n'C^
k^::d*'3 bcstia ^3^3 Drt3 ^^H
^^^^^M
•'bK"*ac-^3 bestiale -1^3 ^^H
^^^^^m iH^'bin bollio b'cn
'^n&t-'tlD'':! bosliare ^^H
^^^^^m -t^H'^bll alih:i(^'liani n^D
(mot (
L*or-
vb^r^D-'n Hscliro C|S&3C ^^H
^^^^^H roiTipti, Pcrroau)
i:3ip0''3 biscoiiD nps ^^H
^^^^^H ^::rbin bollente r,'^
ii^^Z beiïa pnx :ij^ ^^H
^^^^^r ^'x^bi^ voiijso -pry
^HD-^n bciïo bb? ^^H
^^Hr •'n^bia lK>nire nnn rj^e
ip^3 VÎÛO bjv ^^H
^^^H i:i3 l>r>no 3i£â
*''n''3 ver'do otro ^^H
^^^V tîp''c*'jin t>cjuiikan:?î
T^:ia'^3 biso^no "^nx ^^H
^f it«p*'!:**3in hûaifico pbn
*'?:i*"'::ï:"'3 besliame np: ^^H
" lbt*£l3 hnïaio D"]
'*p'':;tt-i:23"»b3 balestniUebc nia H
Kpn:3 bucca ne îttj^ n*»
K^n^bD bluvia OiD3 (= piuvia) H
*^bpD3 viiicoli *^DW. [Le Icxlc a,
par
nr:3ba bt*sione mp ib pour 0) H
erreur, t au lir.m do 3)
p;5«bb3 blanœ nn^ (= biancë) B
^i:i-^i!2 boiirtîcoii SD (mot français
, de
iT^ïbD balsamo aib "
mC'mG dans UN avoc 5'=
^e)
-^n-^-^b&^zSTDS batlagliare nO (le tt esl^
■«Tina borsc tjnn
superHu) fl
^^in busnbo mn tîi3 niûfi* {= brus-
«SEsr^Taa bilancia nsp iraème sopcr-^
che)
fluile]
"^aibs boitoiir y«3
Nn'^'irn bandjcra 0C3 ^
■^n^L23 batur*' :^:?iD tjsa
■^nSîC!! baciapep©3 ^^H
fcl^bL]3 bahi^H'Jii ^^n
H'CO:i basta 3-1 ^^H
^^b^3 biilaylia ûnn
-'::n:i::C3 bastonnta Dnb ^^H
i:3S4^!3 iiieua yr ne»
-^31^03 l>aslofy! bp73 ^^H
iE33^ï3È«SH''n pionamcnto
nb^
[3
inn:3D3 bnslardo nT73 ^^H
pour tj
ipon'^on basili sleo j^S ^B» H
n:K^a viaiio snac l= giaiio
, ou biaoco,
*iW3 barilê ^D ncD (= Imcine) H
par élbkm tlu c]
*^1^3 [''-îia^l lualre D« ^^H
1p36«^3 bi*inco p5
lïNna imiccio :?-tT •r^i ^^H
■'p:»^^ biaii€ht> -nn
^n*^n l>nHm *;p7 ^^^H
"ni"'l"*n beviiore C*2a
n-Ti^n bnvda pn?^ ^^H
im ^my^3^3 ! evitore de viiio kso
1:31-3 ^^H
11*^3^3 bevcre nna
J
■
6ni::i"i3 bt-LiUura ^ns ^^H
^^^^^^r LE MhQRÈ DARDEQK 267
■
m «5:''ai-î3 braltexrn nbn
•^ai^ gotie DDn
^H
H *'rn3 ha roi 10 N21 T3
fi*ma"'"»ia giuntura nap l^^lSt pour
•!^^l
V is:'^n lHa*N'ia rî^«
3Ti)
• ^^H
6«ï5a basso -I3Î3 qoet
trbii vogliii C1D3 5 p«nr i)
^^1
"'^«^2 bass^irc *f73
ntrbis Yoglii) 23r 33rb m« na»
^^H
È*'"?"*::! ïKtrci/iiû qo ba: (=bocmc]
Cli«i23 (mi^me n^marnue]
^^^^1
K »pC3 vascâ 2p^
ifcï'^iib'iJt vofilifuiio nbD (1 à nicUrc eu
U»te, et le 12 nmivA est déplace)
^H
1
1K&r3bl> voglioiio nnî (2 déplace)
Nt3lj gomma tia3
^H
^■»biaec tâvolc bonp (3 pour c)
■'bDis rsbii =1 volpc byn (traprca le
^^H
^::ï«:i ^'r^itio •*«
sons tic liascîii pour bib^n)
^^1
e«:^î*5 gHiiui nrn p:
K'^^-!'i3 tror;;iti p3 -13^5
^^H
•^srir^j galeo -i^O
'^aDîî3-':i '^mniiv bDî
^^H
K7i«5 gnma piïJ (^ gambiil
^a35N"'"^5 gini^aulo D"^» (= gi^Biilc)
^^1
■»5;«:i prungc nnb (= i^uancie]
^^H
'':x:ïC3 triiiincîoiie y^n
dit M- Perreau : ID^"^ pour n, ou
^^H
*i::cïc Kun>io Tv^y
plulôl t) pour ts = giiaitc. Voir
^^H
«^''^«n )
^^1
'^3"'73'»3 tfcmuii OHn
^^^1
ixï*35 truazzo rî5tn «na (= goiio)
''O:''^ génie -^li Dft* ûi»
^^H
^««13 guaio nn ^bN ■»« -^i» nn»
1*^^:i gi.ro nDnD
^^^^H
•»irt
'»ns<?3''a**D'^a ncslimarc bbp (a pour 3,
^^^^1
IN»^:!:»^^ gualDio cnn l^ ^^'oarnio)
dans le sensî de mo^cstimer)
^^^1
■»nïl'«3bKiJi tîuansire y^^ rr*:n
i:nb5 galbano sbn (= x*>^«vir,)
^^1
*'Ï3»15 ^'uancio nnb
^;:ib:* gloUe t^înT (= golte)
^^1
Kl*"fi<'):i ^i^at'rta n:i3
ïl^'^'-nV^ glot'ia INQ
^^^Ê
nsi-i t«-i-]&Çi:i 'H'uartiarolm rtnb
'^np^D-'niba gîorincare *î^»
^^H
t*iiïî"*^&<l3 guonlava l^y
ip'C^n^ib^ glmiflco «03
^^^1
■'^«^•-î^n; guardarc i^t-"
^aH-^-^bi galeotle abo
^^1
"^snnsîis guanlianl cii3£
Kî-'ba gaUma nai
^^H
iH^mi* '^n*'nnôî',3 puardcrc odîo -ir^s
È^p'^aDin î<:^ba gallina ruslSca qDi
^^^H
•'-l'^-KlS ^nitirtn-î nV?
fi*? "^7^5 gaine lia n^3
^^^^H
N315 ;Tobha i:;3T
1^5"'"': 1 giiiepro n^n^
^^H
•'jim: giaviiie nis
KZN'ns grave nsD
^^^1
«:->"'3i:i goveniû brbs rtî-»
^iin:i grade m 5
^^H
n2<;T'3i3 î,'ovcrniirr dhd ^72n
■•■îH-i^ grade rr^y am
^^^1
f:'^-'Di> trobicruo qn:: *[na
"•nNlî grande nns t3 à placer avant
^^^^Ê
iÈr:bTî3 guainiii rni
ni
^^^^H
i2T»nn:i jîoverno nKTû
''WHîfiria granato ^ni
^^^^1
«an-ns govorna bns
i:fi<n> gnino n::n
^^^1
^-îK:-;'''n5 govcmaru pia?3
•^36^-5 grane nHD l^nn
^^H
Êtô''i> guisa l-'Ta
l»*'3»n5 granio bis :^ grandio, éîi-
^^1
^Li^n: giuiHchj bbs
sinfi du d]
^^H
«ui:i ;:olia b;»
•^nNXKSîena gronfaccre Vb:^ H gra-
^^1
nciaia {ïuitosu at
iinre]
^^H
1D1> gotto snD
Ma:&3£n:i granfacio h^V l- grappoloi
1
2A8 REVUE DES ETUDES JUIVES
lOfina grasso étitd ItîT «na tir^ym^ granaio ov nio:^
rjÉT^tôtna grazia mo ib-na griiio pr« aan an a-û anx
■«TDfina grasse ïtdd D^bo
rrïnna grua 0*^0 nbib^na griiiolo b^tbas
Kaina grotla ^yn ficao-^-a agresto n*n20 (« inilial tombé)
■^aina grotte m:? bma "^ais-^na grifone ons
•nf'Oina grossezza ay «nsna grande an
«ana grata nna îtbisna granello nna
Étnna grida n:i^3 Drrî aa"» dn tdk "'sna grano pn nana
ifinni grido p:?T îi:?a erarna grazia nro Ton im
«Dfin-na gridata p«3 laib^^na granelolo «na (= granol-
•nimna gridare ^y^y îi5:? "jrt loso)
naib^b'^r^na grésillon pas: (mot cor- ^ona grasse m73
rompu à la fin, d'après D. Qamhi Ms. wDna grasso p©
T bien lib"nna, et BN iTwbbT-na)
(A suivre.)
La pierre înwum 2™ 30 sur 0* 80-
DNE INSCRIPTION DE IllVA
M. D.-IL Mùller a: publié dans la Wienet^ Zeiischrift fur die
Kunde des Morgenlandes (I, \k 209-212) une inscription hébraï-
que (les i*lus intt^ressanles. Nous en donnons ici un fac-similé avec
la lecture de M. Mùller. Nous les faisons suivre de deux articles
qui nous ont été envoyés simultanément, l'un par M. David Kauf-
nuann, l'autre par M. le baron David de Gunzbourg.
Lecture de M* Mûller»
ûb^p"» ynn^ p^iï p i Bbi^'?3b 3ia &D
nn nn^3 nni: itds3 . &^C3 inm^iai
Q-^p-t^i: q:? niiDî . sbiiDîa n!i£ip n-^an
pDb eï3*"5^ tnSD . DHsb 4- BbiD
Voici aussi la traduction de M. MtiUer ligne par ligne :
!• GuérisoD, récompense l t racbat est le pieux dans... la loiiibe.
% Uo bon renom était a Meschulain^ le pieux est récompensé sur
celte terre,
3. Et il a son repos dans le ciel, que son âme soit conservée daos le
trésor de vie.
4. Bu pieux on dit ainsi : c^ Que la mémoire du juste soît béoie 1 »
5. De sa maison a élé arracbé Meschulam, [qui esl] Thonûeur du
peuple des justes
t. Dans §oa ensemble. De Fère : ils offrent des cruches du petit corn-
put (ce serait Tannée 4893 de Tère juive == 4U3 de Tère chré-
tienne).
u
um
;mTss
I
De roamn ÊÊÈa^ém letÊm bolées et des groupes de imU j
de le première Ugee, foi est UMit perticidièretDeiit obsoif^ il m
•eaible qoll se dégage deirsBeiii !■ donnée s»iTmote> qm^ tmi '
Mrsafls ^*elle perrifie i première tocw est cependant iûstu-
fe^de mipeâBlde¥imde la langue el do sens.
€ Uee double lamlère sem sa
là deoieture da Juste. »
une double splc
Pour TextneâUon de ce Terst on n'a qu'à sooger aux
de tamière faites a«x justes en me do séjour de leur im^
rantre monde, promesses si HMÂrenaes dans l^Écrlture flainleel
dans la littérature rsbbûiique. Noits ne citerons que quelques
exemples : « Dès la création» Dieu a mis en réserve poar les
Justes, en vue de la vie ëiemeile, une masse spéciale de lomièrei,
dit le Tahnud de Babjlone, Bagiça^ Via, Le rerset Je Habacoc,
m, 5, où il est fait mention expresse des ra/ons surlant de la
main de Dieu, se rapporte, ^lon PesaMni^ 8 a, à la tiê des jattes
dans l'autre monde. La question est senlanent de savoir si ]e<
mots ainsi obtenus ae tnnivent Téritablemeiit sur la {uerre. Or
cela me parait tout â fiiit démontrable au point de vue épigra-
phique.
Le mot 1*^33 forme risiblement on groupe de lettres à part ; de
même, dans la lettre finale du premier moU la courbe rectangu*
latredu sommet et ie prolongement du jambage supérieur ne pêr*
mettent pas de lire n. — Quant à la deuxième lettre, un regard jet«^
sur la ligne 2 et surtout sur la ligne 4 permet d'y reconnaître uu »t
— Du b du troisième mot, on distingue nettement la base sur la
pliotograpUie supérieure, et la tète est visible sur la pbatugra|*hi»^
inférieure. Dans la seconde moitié du vers, le deuxième mot seul
soulève des doutes. Le n redoublé doit simplement, comme cela
est si fréquent dans les manuî?critsel les inscriptions, faire res-
sortir le caractère cotisonnal du son w. L'emploi inaccoutumé
d'une périphrase pour rendre les mots pj p , ordioaireménl
usités dans les épitaphes (v. Zunz, Zur Oesck., p. ^1 et s.)» a*s
en réalité rien d'étrange.
A la 2« ligne, le mot p^3t est écrit défectueusement.
A la 3" ligne, le mot nii^ci est abr^ et muni du signe d'abré-
viation.
NOTES ET MÉLANGES
La ligne 4 renferran luie alïusion aux paroles de la Mischna de
oina, III, fin : !-;5n3"b p^n:^ -idt -s-^h: D^;TC«-in bj?* S'il e^t pér-
ils de croire que le signe d'interversion usité dans les manus-
ils, les deux points^ est également employé sur les monuments»
faut lire le 2»^ mot de la 5* ligne, que le sculpteur a écrit par
reur 3Sip, ymp. En effet, la dernière lettre me parait être visi-
lemenc un 3 ; d'ailleurs, le mot yn^]) répondrait mieux au sens de
phrase que ^itip.
Contre la date si bien trouvée par MùUer il y a un obstacle dans le
tironograrame double et cependant identique, à ce qu*on prétend,
ont la deuxième partie se refuse absolument à toute interpré-
tton. En effet, le mot p^b intliqtie que le second clirono^îramme
^t opposé comme petit computau premier (où le millénaire devait
issî se trouver) considéré comme grand comput : ils ne peuvent
onc donner le môme chiffre d'ann(*es. Mais, si la somme totale
es mots suivant leur valeur en chiffres est égale pour les deux
roupes, les 4 mille du premier chronogramme doivent être cher-
liés dans le nombre des mots de ce groupe ; or ces mots sont, en
'êalité, au nombre de quatre. Je vais prouver par un exemple
lie, dans des calcuis de ce genre, le nombre des mots est habi-
toellement pris en considération. Le livre d*Abraham de Rotben-
k>iirg mtitulé "^ra , d'après une tradition très ancienne, porte
titre parce que le mot ^n^o a la méme'valeur en chiffres que
ty (Neubauer, Catalogue of ihe hehrew manuscripts in Ihe
its Collège, London, p. 6). Cependant pour que '^rp égale nisy,
iaut y ajouter 1 ; -*:"^d + 1 = 131.
Pour le second chroiiogramnie, il s'agit de trouver encore un
second groupe de lettres valant 893. Le dernier mot est indubita-
blement, comme on peut le voir trait pour trait par les deux pho-
tographies, le mot s^tîria = 460* Aux autres 433 restant à décou-
vrir correspond ie mot nnsT, qui, à la vérité, ne se distingue pas
clairement dans le document. Le sens serait excellent. Le grand
chronogramme parlerait du mérite du peuple qui ne compte que
es justes; le second ne parlerait que du mérite des œuvres indi-
îduelles (de Meschullara). L'indication a-isb se trouve déjà sur les
^jitraphes de Worms de 1082 (L. Levysohn, Sechzij Epitaphlen^
laj.
Ce qui est étrange dans cette inscription de Riva, c'est Tortlio*
graphe du nom hébreu MeichuUam tel qu'il se trouve dans Ta-
crostiche^
D, Eaufmajvn.
t
inrtie de la
drf ergeocs entre ni
la IHtre qm soit zrx^ est oerUioemeiit q» x ; mats on ^ âint
it aprèi (Ue& aii*im f(o
h Ugiie}* je mt irais me résoudre i lire pns.U
p 9^)B«Tien moiiis qft'ssnri : fl n> a |tts traœ d'un linéSBOt
fvi eiNifTatt au-deasoiis 4e la ligne; la fxarUe supérieure de 11
lettre ne s'afance pas aaseï à gaoclie pour qa'on piûase y Totr le
tûit d^nn ; : et une cassore malencanlreiise de la pierre a sente
iipftrlitf les satanU de reooiuialtre dans la lettre en question on i
Je propose donc rr^x^
Puis Tient mca ; le r est an ne peut plus distîncl^ et ses deux
parties se raccordent admîralileflieni par le bauL
Noos nous trouvons ensuite en laee d*une nouvelle cassure, qui
a pennis à U. MùlJer et à M. Kaufinaan de lîi-e p ; je serais plu<
tôt disposé à y voir un n défigura, qui a fait éié, dès Torigine, res
«erré faute de place. Le premier rac-simile fait clairement aper-
cevoir la base du n qui est gravé après le r?; il est impossible de
s'y méprendre* La kHtre suivante est» par contre, plus lisible <3an:
l'autre reprodaclion, qui marque biea un b« tout en longueur et
étriqué pour permettre d'ajouter encore sur la même ligne un i
et un u*
Nous avons donc : z'-bzn rtC3 l'n'^ ê^'?d3 ttdc ni«i:*
« De lumière (p^iasb yni ".^st] sa récompense (dans l'autre vie)
est doublée ; ses douleurs dans la mort — deux temps de respira-
tion, deux pulsations. »
Limage est ainsi belle et continue : pour deux instants do
fiouJTrance, il a une double rémunération pour l'éternité.
a« Ugtie. Un trait sur sr^tsn indique la chute du •* de nnîM,
nécessitée par le manque d'espace ; il en est de même de rrX
pourmins. Ce ne sont donc pas des fautes.
â la fin de la ligne, je lirais plutôt nn que nn ; et les trois points
qui les surmontent marquent assez Fabrëviation.
^^ limite. Le a ne fait pas partie de Tacrostiche ; toutes les lettres
qui y appartiennent sont munies d'un gros point qui les distingue
des autres; en outre, sVid, qui rime aver. nbi^r, n'a été rejeté
au comraeucemejit de cette ligne qu'à r.ause du peu d'espace
dont disposait le lapicide. W* MùUer remarque, d'ailleurs, avec
NOTKS KT MhXANGKS
Î73
raison, que celui-ci a probablement par symétrie agrandi le s.
Quant à la tiate, elle est évidemment, suivant Tobservation
très juste do M. Millier, donnée par la valeur des mots Dr r\izi
I t2b"i2 D^p*''is: ; le second p"sb doit donc s'accorder avec cette valeur.
Mais il est difficile, pour plusieurs raisons, d'adopter la leçon pdd
CiS'^siD, d'abord parce qu'il y a un i qui se dessine nettement
entre le 13 et le a. M, Kaufmann voudrait y lire O'^c^tj pidî : il
n'y a vraiment pas moyen d y voir un y. La première lettre est
fort difficile à décliiffrer ; avec quelque attention on distinguera
un D dont le linéament de gauche a été endommagé. La lettre
suivante est un b, dont la t<He a été recourbée et couchée à droite
pour ne pas couler dans le t de la ligne supérieure, qui des-
cend plus bas que les autres lettres. Le n et le 73 ne font pas
l'ombre d'un doute. Le jambage du :i est très accentué et se
confond presque avec le •> qui vient après. On obtient ainsi nbo
C'^^n?:, expression empruntée aux pratiques pieuses du Temple
et faisant, par conséquent, pendant à l'expression û*»p''*TX Dr niDî
■ nbiD^
H Toutes les bizarreries de langage disparaissent de la sorte.
F
David de Gunzudurg.
DNE INSCRiraON HÉBRAÏQUE DE CALATAYDD
La rivière de Las Pozas, qui court le long du mur occidental de
Calatayud, avait autrefois, sur l'un de ses bords, le' quartier juif
de Calatayud, et, en face, sur rautrehord, le cimetière des Juifs.
Des fouilles pratiquées en avril 1882, à l'endroit où était ce cime-
tière, y firent découvrir un certain nombre de sépulcres, et sur
l'un d'eux, une pierre eu marbre avec une inscription hébraïque.
Celte inscription est ancienne et intéressante à plusieurs égards.
Nous ia reproduisons ici d'après un dessin publié parle R» P. Fidel
Fita dans le Boleiin de la Real Academîa de la Hislorîa, de
Madrid, tome XII (1888), fascicule de janvier, p. 11. Nous donnons
l'^galenrent ici la transcription de M, Fidel Fita :
T. XVI, N*> 32. t«
i&inii. ifi(cm^«nrfi>
reç«»e «>;c i::i«t :4t2:§ j*^ :?»â»:r de Is Tje «v«c cseax «fui Àxaat à
Kt^rui : ^ 4: ^rs «six^ 2e -^ SKoàs ea laaaée 2i» et le •• te mis
éeBaru»ri2.
OGjjiië ■fëflu^ û j asrait dj>Ate sir la ëate iaJîfofJe 4jbs Hk-
cnptkfO. rjcii'Xï^w^ «i*^ oel2e oscrîptîoii est froiawée pair la fiiM
H ia <^ifpiwL»>£i des leOr» et par rorthogra^ie ardiûqne stn
po«r r-TT-^ r^ po«r 2^. -r-r* pcwr tt*.
Le mol r*^^ ' L 5 esl divisé en decx par ob creux qmi se^e
être an ûaipie ao!ideDt de ia pierre. Le graTenr, reaoontruitcel
accident, a laissa un b«anc et a mis le reste do mot au-delà èa
creox. Noas aTons ea la pierre sous les jeux et il noiia senUe
bien qoe c'est ia ^eale explication qa*il y ait lien de donner pour
la séparation en deux do mot Uébron. Cest aossi ropinion de
IL Josepli Iierenboorg et de M. David Kaoïmann qoe noos avons
consoltiés.
La formole 7- zn "zzr zy est assez rare dans les inscriptions.
Elle se trouve dans la seUha dp 7-xn rr zcic du matin de Kippur
et M. Kaufmann nous l'a signalée dans une inscription reproduite
par Carmoly dans -cr "^::», p. 28. M. Kaufm. nous fait observer
qu'eue est l'équivalent abrégé de la formule usitée dans les obi-
tuaires joife : « Que son âme repose en paix avec les âmes
d'Abroliara, d'Isaac et de Jacob, de Sarah et Rébecca, Rachelet
Léah », lesquels, comme on sait, sont enterrés à Hébron. Dans
les inscriptions tumulaires chrétiennes fc*est encore une remarque
de M. Kaufm.), les travaux de M. Leblant ont montré que l'on
mettait aussi des formules tirées du rituel des prières.
Pour la date, M. Kaufmann et moi nous avons adopté la lecture
ïp, adoptée également par M. Fidel Fita. Cela no peut pas, à notre
avis, représenter 5280, ce qui donnerait Tannée chrétienne 1519,
époque à laquelle il n'y avait plus de Juifs en Espagne; on ne peut
pas non plus lire ci-iL^n], 5080 ou année chrétienne 1319, le carac-
tère archaïque de l'inscription prouve que la pierre est plus an-
cienne; du reste, on n'aurait pas écrit, dans ce cas, ciiinn;, mais
t| seul, avec les 5000 sous-entendus; il faut donc prendre t]"!?]»
c'est-à-dire 4680 de la création; le 11 marhesvan 4680 coïncide
NOTES ET MÉLANGES
275
avec le 9 octobre 919, Si, au lieu de t|*i, on lisait m, ce qui est
possible, on aurait 4608; le 11 lïiarhesvan 4608 tombe au 25 oc-
tobre 847.
Notre dessin ne reproduit pas un petit fragment de la pierre qui
contient le rt de la lin de la ligne 7 de riuijcriptlon. La queue su-
périeure du b du mot m^b est visible sur la pierre, eu avant du
mot rp de la ligue 6.
M. Fidel Fita a joint, h sa notice sur la pierre, quelques notes sur
les Juils de Calatayud : 1"^ Reproduction (d'après M. Vincente de la
Fueute, Hislùria de la Ciudad de Calaimjud, tome I, p. 300-1)
d'un acte du 11 janvier 1390, contenant une transaction entre la
communauté juive et le conseil de Calatayud sur le lait de la répa-
ration du mur de la ville et du curage d^nn fossé. Dans cet acte fi-
gurent Pheïîp dX>rdas (chrétien), bayle de la aijama des Juifs, et
les Juifs Simuel Çadoch, maître Jacob Aj^arias, médecin, Aranch
de Gatorce, clavaires ou adelantados de la aijama, etSimoel aben
Saprut, Juifs aussi. M. Fidel Fita croit que Acancli signifie Isaac,
et que Catorce peut signifier Gahors — 2** Notice sur une ius-
criplion funéraire de Calatayud dont la copie se trouve dans le
ms. I, 214, de la Bibliothèque nationale de Madrid ; elle est en vers
(hébreux ?) et est du xiv** siècle ; M. Fita nous donne le nom de la
personne décédée à laquelle rinscription est consacrée : c'est Mosé
b. Joaef Cabra.
Isidore Lqbb.
NOTE son LINSCRIPTION PHÉNICIENNE DD PIRÉE
Le formulaire de rinscription publiée et traduite par M. Renan
dans la Reviœ archéologique (1888, i, pL ii-ïiî, p. 5-7) et par
M, Halévy dans notre recueil ;1888, i, p. 140-144) se rapproche
tellement de celui des inscriptions en langue hellénique, iiull u>îit
pas interdit de demander à Tépigrapliie grecque quelques éclair-
cissements sur les obscuritiis du texte phénicien.
A la ligne 5, M. Renau traduit yin nsit'j par une tablette U'or;
M* Halévy écrit, avec raison ce me semble, une stèle dorée. Eu
elTet, c'est bien le mot ar^M que Ton attendrait ici en grec et,
d'autre part, il ne peut guère être nueslion d'une stèlo en or,
270 REVUE DES ETUDES JUIVES
puisque les seules inscriptions sur or que nous possédions ont un
caractère tout dilTereol (cT notre Traité (Vèpigraphie grecque,
p. 148, 173,470). Reste à expliquer comment un objet dord put
être qualifié d'objet en or. 11 y a là une sorte de catachrt^se dont
répi^rapliie grecque oîTre des exemples. Dans les inventaires ofrî-
cieîs du temple de Délos, découverts et publiés par M. llomolle
{Bulldùi de Corrcsp, Ileiién., 1882, t. VI, p. 6 et suiv.), on cons-
tate que les mêmes objet^\ d*un inventaire à l'autre, sont désignés
de manières différentes au point de vue de la nature du métal.
Ainsi une bague, dans l'inventaire tle Sasistliène, ligne 53, est ap-
pelée fixxTuXioç dv6pixiov f/wv èïtf/p'jïCK ; Cette môme bague, ilans l'in-
ventaire dHypsoclès, ligue 82, est cataloguée aveo-la mention^-
t'jXioç ypuToO^ àv^p3txio\ ?/,t»iv. Le rcpéirtov icepfypuTov de Tinvenlaire du
Cbarilas, ligJie 54. devient un Trpéittov x^^irn dans celui d'Uypsoclès,
ligue 96, Le otXeyy^Siov vird/aXxov de Ciiarilas, ligne 84, est le 3TArnrî5«w
'/fuw> de Sosisthène, ligne 17. Ces exemples ont été réunis par
M* HomoUe dans une note de son beau travail (p. 138, note 3) ;
on pourrait en ajouter d'autres. Les mots èîîixpwîoç, to^îxp^ïo;, {^irf*
xaXxoç, signifient littéralement plaqué d'or (cf. Bliimner, Techno-
logie und Terminologie der Gtioerhe XiUd KibislCj t, IV, p. 309;,
enioia^é d'une bordure dor (cf. Bœckb, SiaatshaushaUung der
Athener, 3^éd,, p. 148} et en bronze ou cuivre doré (Blfimner,
op. imid.^ t. IV» p. 310)* On voit que ces termes pouvaient per-
muter et que Tépithète vague de x^y^oG; s'appliquait, même dans
le langage oHkiel, aux objets dont la dorure n'était que superfi-
cielle. M. Mayer, élève du séminaire israélite de Paris, me signale
un passage de VE.rode, cb. xxxix, 38, où il est parlé de l*aulel
d'or nrim niTO, alors que plus baut il est dit que le même autel
est seulement revêtu d'or (xxx, 3)» La stèle mentionnée dans
le texte pliénicien est probablement en bronze doré, «rcrp^^ v«d-
yaXxoi;.
Les dernières lignes de l'inscription sont assez obscures. L'in-
terprétation proposée par M. Renan dans son commentaire {Rev.
ArchéoL^ 1888, i, p* 7) : a afin que les Sidoniens sachent comment
la communauté sait récompeuser etc. » est certainement plus voi-
sine des textes grecs analogues que celle qu'il a adoptée dans si
traduction (cf., pour ces textes, notre Traité d'êptgraphie grec^
que, p. 360, 369). Citons un seul exemple (Ditteoberger, SyUogt^
ïï^ 125) ; 67rwç àv EL6iI>Q"tv ôtTravx£< 6Tt è::ÊaTfltTat xb xoivftv tûv T.tiKtLs^ "toU «wr.»
dT^aOûiç ivapiaiv lU aùtol; ^dpiv d-oStSovat. H nous semble que le mot rsVn
du texte pliéiiicten comporte l'idée A^échange, d'équivalent et que,
par suite, Texpression n^bn ûb-ûb répond exactement à !a fonnolc
suivante, que nous trouvons dans une inscription du Musée Bn-
I
NOTES ET MÉLANGES 277
tannîque {BrHUsh Muséum /n$cripUo>is, n« 241) : Itz^ù^ xi\ * u*^
donc, en nous tenant fort près de la version proposée dans le
ooinnientaire de M. Renan : '< AHn que les Sidoniens sachent fine
la Communauté sait récompenser suivant leur mérite les lioramos
qui ont rempli leurs offices devant la Communauté. »
Salomon Reinacil
ENCOIIE UN MOT SOft mpD ET plDB *
Dans le traité massorëtique édité par M, Ginsbourg» Masora,
III» 36 et s., le paragraphe 34 est ainsi conçu : "[^nx ■j-»^^ 's
nm cr-si finp?23 m nie pj-'omp Ces trois mots irréguliers sont :
irsxn. Exode, ti, 3, ^n©?a, Juges, xvi, 28 et tîipw. Ce dernier est
naturellement le mot d'Exoiie, xv, 17, de sorte que deux de ces
mots irréguliers se trouvent dans le Pentateuque (m) et le troi-
sième dans les écrits prophétiques (t*np7:). M* Oinsbourg renvoie à
tort, pour TTTptî, aux Lamentât.» n, 20, où il y a sîiptas, et cela avec
un daguesch dans le dalet. Quant à remploi usuel de «np?3 pour
désigner les livres prophétiques de rÉcriture-Sainte, ce que dit
Elias Levita, dans Masoreth IIamasoreth,lU 10 (éd^Ginsbourg,
p. 235), mérite d'être relevé : ^ Je m'étonne que la foule désigne
par le mot «np73 surtout les livres des prophètes; dans aucun des
livres que j'ai vus, je n'ai trouvé de raison à cela. Cependant je
crois pouvoir admettre que la raison en est que les prophètes oi>t
fait connaître par proclamation la plus grande partie de ce qu'ils
ont dit» comme par exemple Jérémie, iï, *2; Jonas, ui, 2; Jérémie,
VII, 2, et ailleurs; de là vint quou appela leurs livres «np^ ».
On voit que Levita rapporte rexplîcation de Profîat Duran avec
les mômes preuves à l'appui, bien qu'il prétende n'avoir rien
trouvé nulle part sur ce sujet. En cette circonstance, la mémoire
de Levita parait avoir été en défaut, car il connaissait certaine-
ment le Maase Efod, puisque, comme il le dit dans son Commen-
taire sur la grammaire de Moïse Kimclii (p. 45, éd. Venise, 1546),
il avait l'intention de le publier. M. Ginsbourg a mal compris le
278 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
passage du Masoreth Hamasoreih, ^n prenant inp dans le sens
de lire : « Mon opinion personnelle est que ce terme est employé
parce que les prophètes lisaient ce qa ils avaient à dire, comme il
est dit : Va et lis aux oreilles du peuple. > De même, il traduit,
dans les autres passages bibliques, Mnp par c read » « lire ».
Aussi la fin de sa traduction est-elle fautive : « C'est pour cette
raison que leurs livres sont appelés écriture (Scripture) ». Dans
le Tischbi, s. v. vr.'p i, Levita dit également : tnpb ^lîanîi "païrin
Énp73 nrpD D-^firnin "ncs, et il renvoie aux observations faites à
ce sujet dans le Masoreth Hamasorelh.
Quant à l'emploi de pico pour désigner toute TÉcriture-Sainte,
les exemples suivants offrent de Tintérét. Benjamin de Tudèle
vante R. Abraham b. David de Posquières comme bnni D^
piODm mTsbna (ao commencement de son voyage). Il est bon de
comparer à ce passage ce que dit Abraham b. Nathan Jarchi,
dans ffa-Ma7ihig, p. 20, 1. 6, éd. Goldberg, cnn T-^^bn nr« DW
ntDrrpîi mînpTsn pio:^*^ pnoD b:^n «nm. Elias Levita décrit ses con-
naissances comme grammairien et exégète par ces mots : "«b Ti
piODm pmpnn "«b -^n, Masoreth Hamasoreih, ?• introduction
(p. 96, éd. Ginsbourg). De même, il dit dans son introduction à
sa Concordance massorétique, Sefer Bazichronoih, citée par lui-
même dans le Tischbi [s. r. pn») : pmpnm pnoen '^r^iK '^rr^^'n •^fi'» b^
(v. Jûdische Letterbode, VU, 174). Dans le Tischbi, s. v. Darr'i, il
dit de cjQ mot : dbnnn pn pnoen fc«S733 «bi. Dans le langage talmu-
dique pnoB n'a que le sens de verset biblique, tandis que eripa
désigne, dans la littérature traditionnelle, aussi bien TÉcriture-
Sainte en entier qu'un verset biblique isolé.
Budapest, 30 avril 1888.1
W. Backer.
LA PRONONCIATION DE L'O DANS LE JDDÉO-ALLEMAND
ET LE MOT TAULE
Nous avons montré plus haut, p. 148, que le judéo-allemand a
quelquefois fait de Vo un au. Voici de nouveaux exemples qui
m'ont été signalés par mon cher maître M. L. Wogue : b2N vU'i
NOTKS ET MÉLANGES «39
(en deuil) devient aubel ; D^n-» iôtôm devient imitera ; îizsnn (re*
pentir) devient /ïaraf</^; des pluriels comme hazzùnim^ habrà-
iiim, schekùcim, deviennent hazzaunern, habraunem, schehau-
cem^ sip?3 ynôkùm devient maiikem\ hux^ schofèi (bas) devient
schaufel; les noms propres Aschê?^ Çddôc^ Nàlân (prononcez
Oschêr, Çôdùc, Nùiôn) deviennent Ausche)\ Çautec^ Natisen,
toujours avec déplacement de l'accent tonique de la dernière à
ravant-dernière syllabe et effacement de la dernière voyelle»
Nous avons signalé^ au même endroit, le mot ybr\ comme repr<^
sentant quelquefois Jésus. Nous pensons qu'il est permis de sou-
tenir que ce mot pourrait bien avoir obtenu ce sens après que
"^iVr était devenu taule ^ si toutefois cette acception du mot
ThT\ est n(^e en pays de langue allemande. Cependant rbn pour
^ Jésus pourrait avoir une autre origine. Les polémistes chrétiens,
au moyen âge, se servaient très souvent du la*^» Nbi n:?bin de
Psaume 22, 7, pour confirmer la mission de Jésus (méprisé comme
un vers, maltraité, et cependant en dehors et au-dessus de la na-
ture humaine). Ce r^bip du Psaume, ainsi expliqué, etTassonance
du mot avec "^ibn ont bien pu donner le sfbn de Jésus.
Isidore Loeb.
INSCRIPTION TUMULAIRE D^ORLËANS
M. Renan a bien voulu nous communiquer la photographie de
Pépitaphe trouvée dernièrement à Orléans, en voici le texte :
nnyn^ i^^^inra |3 Tina
pb nat3D ^l'^'^yii
t|b«b ransb V's vvo
C'est-à-dire : [Ici est enseveli] Baruch, (ils de notre maître JuiJa
^Tar*»ri, qui a quitté ce monde pour le Paradis, le lundi de la
« Les Français écrivaicuL n'nYn et fî'3'3, noa n'2'3£'3'r ; voir Zuoi, 2^iif ^#*r*.
280
REVUE DES ETUDES JUIVES
5053 (1293);
âme
paraschali Mischpulifu (r
dans le faisceau de la vie.
Quel est ce Juda à qui est donné le titre lmi>ortant de et nôtre
maître » 1 Ce n>st certainement pas Jnda Sire Léon de Pafi«,
si célèbre dans l'école rabijuilque de la France, car ce Juda ne
porte jamais l'opithète de t3"i"»"<73T^ Le Juda de notre ëpitaphe
est certainement identique avec celui qui est cité, dans les gloses
de Moïse de Zurich sur le Semaq d'Isaac de Corbeil, sous le nom
de Juda ^js-'-'it:-»^?^ et a'^'^t;?:*, et donné comme contemporain de
Josepli de Nicole (Lincoln). M, Zunz croit que la l'orme deïïS^M
est une corruption de C''**i33'»o, mais cela n'est pas exact, nous
verrons que la localité de C'*'»^?^ de notre inscription est appelée
aussi i::-^^'^ d^o et d-^^'i-^'^d. M, Zunz identifie ce dernier nom avec
Jumièges, explication qui ne s'accorde pas avec l'orthograplie
hébraïque du nom \ Heureusement la généalogie de notre Juda
nous est conservée, en une copie incorrecte» il est vrai, dans le
ms. du Talraud qui est à Munich, Nous reproduisons ici ce docu-
ment curieux d'apn^s la copie qu'en a donnée M, Rab])inowicz
dans son ouvrage reuiarquaLle Variœ lecliones in Mischnam ti
in Talmud Babylonicum, pars l, p. 30 ;
■»"ni3i b«^nip'« 153-1 tnct* T',r\''n )r::ryo 'in ns^ ti^rts 'nn irtî
\iH^b p^n^**::?2i ib ^y^'^i f^ina r:'*L^n «np5 ^rct:c 'i nnn ^an '
tncro i:2n -^a^ pc?:o 'nni nby {i ^lu) na v\D^^ lasn iiNin vit
tt5'»i i''bn''*'iib iiÈ***b ï^n'TS îninsî^n mnnn C'^'^tj ts-'^iST m^rr 'n
3nn n^b-îH -nnsn î-nin-» 'n sini * p<2:î: iiK^b t^n'^T:! ib ^•'-ip
* Voir Pexcelleût aTLicle de M* Qross sur Sire Looo de Péris dens le Magasin fir
(lie Wmauchaft des JudenthuifU, Berlio, 1877, l, IV, p. 173 fïflW,
' Voir Zimz, Bie Mi tus, p, 212. Les nis^s. dX>xford el de Loodree ont y^'nlz w
lieu do lî5**'*?3?i, les copisLcs se permirent ce ih&ngemcnt parce (jue Meli leur élail
cniinu. Le me, 873 dOxIord, à U fin du fe^ 201 » r\"'Oi * les mois suivaots : IIDÎÏI
min^ 'in ûcn : n-^cnn ni2pb biD-»i b^îtin T^i^a n^b^ar^ prb
* Il faudrait fiîw^^ïjl^^ pour lire Jumtègcs, comme tlb'*Dw'*^ pour Joimrïlle cl
i;n^ pour Joiguy ; d'aillaurs il tst douteux i{uW y eil eu des Juifs de ce côté, quoique
ou eu cciQDQl&fle à Rouen. Voir le catalogue des msâ. crietilaux du Trioily Collefr<'f
douL lu pdrlie liéhraïtjuc est Iraitéa par M. Schiller-Szincs&y ; od y lit, p. 22^:»
l-^îti qsT 'hd bn-^m '^ai -^n^^ û^d v^"»^*^ l^nn nnri^zî '-in *t:\s
^ D'après M. Stcinschnddcr^ dans le ffant-Maskir, YI, p. ItO,
I
XOTILS ET MlCLANCliS 281
t Le rabbin Jedldiah de Meluîi ^ avait un frère savant et riche dont
le nom était Samson;sa iille était la femme dé R. Jekulhiei. Mon
îDoltre, R. SamsoD porte le nom de son aïeul. Messire Léo a de MeluiL
était parent de R, Jedidiab de Melun, et de lui est issu le grand
maître R. Joseph Tob Elem (Bonfils). R, Samson Ois de R. Samson de
Couci appartenait à la seconde génération de R. Jedidiab, et son frère
Samson descendait également du grand mailre mentionné. R, Jedl-
diah engendra R. Juda l'ainé de Set Meis, surnommé aussi Sire
Lcoa Logorcs ou Ligores; celui-ci eut un fils du nom de Juda de Set
Meis le jeune, surnommé Sire Léon Logerlin*; d'autres rappelè-
rent Sire Léon du Mans?. Le fils de celui-ci s'appelait R. Isaac de
Lalinassa (?) Celui-ci engendra It. Benjamin de Talaret, et le fils de
celui-ci s'appelait R. Samson... s
Comme il est faciie de voir, ce texte est en niauYais état, il y
manque probablement des noms, et certains mots sont estropiés.
En tout cas, nous voyons que plusieurs Juda portaient le titre de
ISire Léon, et non seulement celui de Paris; on trouve même un
Menaliem avec le titre de Sire Léon de Mons (?) Medun. Dans un
ms. (un -\^^::Ti 'o '?), non numéroté, de la Bibliothèque de M, Gùnz-
burg, nous lisons le passage suivant : '»;sb nn^o t^h "û^Ti "isi b^
|(«ic) |ibT33iOT \ii^^b rs-i*a Msi272rî QTOts 'lin sin rh^i 'pD 'nin
(sic) \-^^ y-^s^ns n!]*s?3rr pn:^-^ ich n-ri :2^i^i mt pïsba n-^Htj 'nnnbi
^HD niin*^ '^pn. La formule de la lettre de divorce ne se trouve
pas dans le ms* En général, les Juifs d'une certaine importance
[sortaient Tépithète de Sire. Joseph, fils du fameux Jehiel de
I Paris, est cité sous le nom de Sire :3r3b*ii ou î3S^:3b"*i ^^ fils du
Sire Vives*, Quelle localité représente le nom t^^-^v a'^^o? Sans
doute, comme M. Gross le dit aussi dans une de ses savantes
communications, celle de Set-Mois ou V!I Mois, ville natale d'un
certain Vivans ^ La bonne leçon ^0^^7:1 se trouve dans notre épi-
I tapbe; dans quelques mss., on lit ia"''^TO a'^^uj ; quelquefois le
a'^'^o est omis. Nous ne savons si M. Gérard^ a raison d'iden-
tifier Set-Mois avec Sept-Monts, dans IVAisne. Ce serait plutôt .
I Bel
U
^ C'est pfûfa«b!e[pept le même qui est cilé pur Abrahim dû Lunel (^^îi^T^M, éd.
Berlin, p. ::») : 'ï'!«b?3?3 n^i^'T"* 3^ ^nn "^c^s nsi^TS '»rb3p *^S.
* Si*raiL-ctt le tnot ^la avec le diminiLuf alkciiajid : Uort«m? Nouâ ca doutana,
* Voir notre calaloguo, u» 78 î, 2,
* Dans le ms, d^Oiford, a* Hllh
' Voir lii MtPue, I. 1, pp, G3, G4.
* Voir Mtvua^ l, c.
^m REVU1Î DES ETUDES JUIVES
formations que nous donne notre ami M. Paul Mf»yor). La ques-
tion est maintenant de savcâr si le mot o^^iû ne serait pas plutôt
le mot saint*, cela expliquerait pourquoi on Ta omis surlVpi-
taphe. Le nom de c"'i7j d"'''ï3 représenterait alors un des Saint-
Mûiso, qu'on trouve en grand nombre en France*. Le Baruchile
rpj»itaptie était le 111s de R. Juda de Set-Mois le jeaoe, menUoimé
dans la généalogie du possesseur du fameux ms. de Munich dont
nous avons parlé*
Ad, Neubaoer.
LES QUATRE SEDAMM DD TiLMDD
Dans la .Controverse de R. Jeliiel, de Paris, Nicolas Donin et
H. Jehiel admettent, d*un commun accord, que le Talmud se com-
pose de quatre parties * ; contrairement à ce que paraît supposer
M. Kisch *, cela ne veut certainement pas dire que le manuscrit
du Talmud qu'ils avaient sous les yeux, pendant la discassioo, se
composait de quatre volumes. La vérité est qu1ls considéraient
le Talmud comme composé de quatre sedarim (Ordres). Cela
vient de ce qu'ils omettent les deux Ordres {Zeraim et Taharot)
qui, dans le Talmud de Babylone, n'ont pas de guémara, sauf, le
premier, pour le traité de Berakhot ; le second, pour le traité de
Nidda. On avait domi pris riiaLitude de ne pas compter ces deux
Ordres et de ne tenir compte que des quatre Ordres qui ont une
guémara. Le traité de Berakhot {l^^ Ordre), qu*on ne pouvait
omettre à cause de sa guémara, fut joint à 1 Ordre de Moêd
(2* Ordre), et le traité de Nidda probablement à l'Ordre de Na-
schim *. Les Extraciiones de Talmud ne comptent également
* On trouve àms des mws. utH^ pour csSHC ; on écnt ^Èlî325fit« ^ ^BTU pour
Jean de St-Amend ; aussi tt?3£3fi<TIλ
* a n'est pas glrictemenl nécessaire que la localîlé menliooDée pftt rëpiUpbe t*
trouve dans le voisin âge d'Orléans»
* Voir le mD'»1, édit. Thom, 1873, p. 1,1. 21» et p. 2, 1. 24 : ïmC ^ni» e«
* Monatnchnft de Grael7, 1874, p. 127.
* M. Joseph Derenbouff*^, dans son excdlent irticle sur les scellons et iraiiéi àt
U Mischna {Retue, ill. 205), a déjà fait remarquer fp. 209, note) que Ws Ertrût-
tioHûi de Talmud, doni nous avons publié des iregmeols dans U Mftm, pltccul
Btfûkhot duns l'ordre de Moid ; voir A'frwr, 1, 259, 111, 43 et 4ÎV. A la p. J, 260,
L
NOTES ET MÉUNfiE!^ 203
jâe quatre Ordrr,?, sans le dire express*^nnent *, Enfiïit nous pot-
Uédoiis deux petits împritiK^s, qui dérivent plus ou moins de ces
\EQDiraciiones, à ce qu'il nous semble, et où il est dit Ibrmelleaient
[que le Talmu<i se compose de quatre Ordres. Ces imprimés rares
[méritent une petite description.
Le premier et iiiirement le [dus ancien des deux se compose
d'un cahier de 12+1 feuillets, d'un format petit in-foîio, en ca-
ractères gutJiiques, à 35 lignes par page. Le petit traité qu'il
contient est divisé en deux parties, dont la première [ïï. 1 à 4) est
consacrée à IV'nuraération des prétendues erreurs du Talmud ; la
seconde (ff. 5 à fin), à confirmer le Nauveau-Testament par TAn-
: cien-Teslament, L'incipife de la première partie est : Incipiunt
I errores hifteomm exii^acii ex Talmut. El qidd sii Talmid. Vm-
cipit de la seconde partie est ; Incipiunt probacîones novi testa-
menti ex veteri iestamento per gnas dicta talmid improbantur
et dicUur liber contra errores iudeoritm.
Le second imprimé se compose de 8 ff,, plus la feuille de titre,
in-4**, caractères gothiques. Le titre porte ces mots : Thabmd.
Obîectiotus in dicta Thalnmt seductoris Jndeorum, Cet ouvrage
i n'est qu*une autre édition, contenant d'assez fortes variantes, de
la première partie de riniprimé précédent, avec cette différence
que la matière de ce second imprimé, à partir de p. 8, 1. 26, ne se
[trouve pas dans le premier imprimé, soit qu'elle ne fasse point
partie de l'ouvrage primitif, soit que le premier imprimeur ait
* négligé de la reproduire.
Le texte du second de nos deux imprimés se trouve en entier,
mais moins correctement, dans Wolf, Bibliotheca HeVraica, t, IV,
p. 555. Une autre recension, très différente de celle-ci, se trouve
déjà dans Wolf, t, III, p, 1104. L'ouvrage est attribué à un juif
baptisé, Therebaldus ou Theobaldus de Saxonia, supérieur de
Tordre des Mineurs A Paris, et qui a assisté, en 1410, au concile
de Constance. Nos deux imprimés ne portent pas de nom d'auteur.
Nous désignerons^ dans la suite, ces deux imprimés, par les
signes Imp, I et Im p. IL
Après Vincipit, ils commencent par ces mots ' :
« Talmut est doctrina iudeorum, et liber qui dividitur in qua-
tuor libros, quorum quilibet liber appellatur Keser» in generali,
i, 2. il faut probablement mettre Nassjm à la ligne et hoq sous la mbrique leuuhot.
P«ot-^tro cependant y a*t-il cIads tu ms. uae raison qui uuus aura* dekr miné ù
placer te mot comme nous «vonti fait.
» Beifue, I. 289-260.
* Nous donnons le texte de Jmp. I.
Imp. II a Geser. C'est le mol $Mer (plur, tedarim), qu'on pourrait «u»si écrire
284 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
ut* nos omnes libros moysi ac alios Yocamos bibliam. Habet
tamen quiiibet per se nomen spéciale. Primus vooatur mohem,
id est terminas ; secondas vocatar naasim, id est malieres;
tercius vocatur theusesim, id est sanctaarias* ; qaartus vocator
yesebor ^, id est salvator. »
C'était donc une opinion courante, on le voit, que le Talrnsd
n^avait que quatre sedarim. Nous ne nous arrêtons pas à POTdre
dans lequel notre petit ouvrage énumère ces sedarim^ il n'est pis
le même que celui des Exlractiones {Remie^ 1, 259 : Mohed,Ie€-
suhot, Nassym, Kazassim).
Il n'est pas sans intérêt d'étudier les différentes transcriptions
des noms des sedarim qu'on trouve dans nos deux imprimés.
Moëd. — Impr. I : mohem (p. 1 et 4) ; Imp. II : Jolies (p. 1, 1.5),
mohes (p. 4, 1. 23), et, par une erreur tout à fait grossière, exUi
^onvmohes (p. 1, 1. 12).
Naschim. — Naasim constamment, dans les deux Imp.
Kodaschim, — Imp. I : theusesim (p. 1, 1. 9; et p. 5, 1. 13),
teiisesin (p. 3, 1. 14) ; Imp. II : myrissaim (p. 1, 1. 7) ; iherisasim
(p. 3, 1.9; p. 5,1. 10; p. 6, 1. 1).
Jessuot, — Imp. I : yesebor (p. 1 ; p. 4, 1. 8) ; Imp. II : Nessubor
(p. 1, 1. 7), nessubor (p. 4, 1. 5), iesst(ber{p. 4, 1. 2 en remontant);
iessubor (p. 5, 1. 3).
La reproduction de Wolf, t. IV, n'ofl're pas de variante intéres-
sante : elle a aussi iohes, mirissaim et iherisasim, et iessubor.
Dans le t. III, les mots sont gravement maltraités : mohos (pour
molles), ceris salim i. e. shemaria (pour ceiisasim i. e. sancim-
ria), nesahihoyt (pour yessuhot).
Voici quelques observations sur ces transcriptions.
Mohes est pour mohed^ avec s pour rf, comme nous l'avons in-
diqué.
La transcription naasim est à peu près régulière.
Nous avons déjà expliqué plus haut, dans une note, comment
lessiihot ou Yessuhoi devint yesebot et yesubor. La lecture nés-
céder ; le d est constamment transcrit, dans ces textes (nous Pavons déjà fait observer
dans notre travail sur les Extractiones de Talmud]^ par s om z (par exemple Kat^'
sim pour Kodasîim, Cenkezerim pour Cenhederin ; Bevue^ 1, 260). Le K de Dolre
Keser^ de son côlé, vient de ce que Pauteur, ou le copiste ou l'imprimeur ont donné
au e du raot Ceser la valeur d'un k.
• Imp. II a et, qui n'a pas de sens ici.
• Imp. II a sanctunria, qui est plus juste.
• Le vrai nom est Icssuhot (v. Bévue, I 239, n. 4 ; c'est le traité de I^esikia);
yesebor vient do la confusion du h et du i, du r cl du /, coofusion facile a faire daos
récriture gothique du moyen âge.
I
KOTES ET MËLANGICS 285
subor vient de la ressemblance du n gothique à queue (espèce
d*onciale) avec le y.
Le mot qui a le plus souffert dans ces transcriptions est celui
de Kodaschim. L'auteur a probablement écrit Kazassùn (comme
dans les Exiractiones), ou (en reoiplarant le h par un ch auquel
on attribue le son du h^ et le z par on s) chasasim, on mieux
encore chosasim^ ou, enfin, pour nous rapprocher de sa trans-
crii»Uon, chesasinif cheitsasUn, en supposant qu*jl ait supprimé
Vo adventice qui est au commencement du mot. Comme le €
et le / sont difficiles à distinguer dans récriture gothique du
moyen ûge, cheitsasim donne, sans diûiculté, theiisasim, ieusa-
sim, ce qui est la transcription de Imp, I [a changé en e par
erreur de llmprimeur ; îupour n, à la fin du mot^ ne fait pas dif-
ficulté). Si on lit, par erreur, eri au lieu de eu (ce qui est très
possible, quand Vi n*a pas de point), on obtient le (herisasim de
imp. II; si, en outre, on prend ch pour un m écrit avec irait
arrondi à la lin, comme on le faisait souvent (la confusion est
tout à fait dans Tordre), on est tout près d'avoir rexplication du
mt/rissai7n du même Imp, II.
Cette petite dissertation nous a paru surtout intéressante parce
qu'elle semblait devoir nous donner Texplication du Sirassim
que nous avons signalé dans les Extracliones *. Ce mot, dans le
passage des Exlraciiones, désigne le traité appelé aujourd'hui
Ilidlin. Le texte ne laisse aucun doute à ce sujet : « in Kazas^ym^
m macecta Sirasyîm, in perec IHiderefod. « Ce mot de Siras-
sim est assez près, on le voit, des transcriptions données dans
nos imprimés pour le mot Kodaschim, et il s'en rapprochera
encore davantage si l'on réfléchit que, dans cheusasim^ on a
pu donner au ch le son de la lettre s au lieu du son k, et écrire
tinalement s au lieu de ch *. On a donc déjà seusasim, qui, on
Ta vu plus haut, peut i]e\en\r mirisasim et aussi sirissaim. Si,
en effet, noire sirasstni avait cette origine, il laudrait supposer
que le traité de IluUin s appelait autrefois Kodaschim^ comme
rOrdre dans lequel il est compris. Gela ne fait pas absolument
difllculté, car on a bien le chapitre Succa compris dans le traité
de Sticca.
Il faut seulement remarquer que le manuscrit des Extrac-
<to«<?J? est généralement correct, qu'il ne commet pas les grosses
bévues de notre Imi», II, par exemple, et enfin qu'il n'y a pas de
1 Miin*t. m 39.
• Les ExtfMtionfâ ecrivenl rhitca poar «ueea, pûckuk jiom paçuk. Il cit vrai que
Vk eni juskmeDt ici pour indiquer que le r ddt ùIto proDOucé «,
286 RËVUB DES ÉTUDES JUIVES
raison d'écrire sur la même ligne Kazussim et Sirassim pour le
môme mot hébreu ^ Le mot sirassim continue donc à rester
obscur *.
Isidore Lokb.
LES SIGNES MNÉMONIQUES DES LETTIIES RADICALES
ET SERVILES
I
Qu'il nous soit permis d'ajouter aux interprétations si intéres-
santes de M. Derenbourg^ les observations complémentaires qui
suivent. L'explication du signe mnémonique de Salomon ibnGe-
birol pour les lettres radicales ne me semble pas exacte. ;::p ne peut
être pris pour pp, d'autant plus que le mot, se trouvant dans l'Ecri-
ture, Ezéch., XVI, 47, serait employé dans son sens biblique:
a peu » (synonyme de ar^s) ; n^DO yn nsr, d'autre part, ne peut être
traduit par : « la race pure d'Espagne » que grâce à une inversion
extraordinaire ♦. De plus, d'après l'explication de M. Derenbourg,
* Le traité de Hullin s'appelait autrefois l'^blfl PÙ'^rPD (Jos. Derenbourg,
Hevue^ III, 209, note 3), mais nous ne voyons aucun mojren de passer de là à Si-
rassim.
* Puisque nous nous occupons de ces questions de paléographie, on nous permeltn
de faire une recLiûcation à la liste des livres que nous avons reproduite dans U
Revue^ X, 243. A la ligne 15, le mot qui a été lu Pissasem par le Bulletin d'histon-e
sceUsiastique^ ne doit pas s'expliquer par Pessahiniy comme nous Tavons proposé;
le mol doit être lu Pessaseni^ c'est-à-dire Pesaah séni "^50 HOD- Comparez noire
observation dans Revue^ X, 58, 1. 13 et suiv. — Dans le même volume, p. 56, se
trouve une liste de peuples, qui provient évidemment de la prière hébraïque repro-
duite dans Ëisenmenger, t. II, p. 142; on pourra rccliQer la liste à Taide du leiie de
cette prière.
» Plus haut, p. 57.
* Le Sefer Hasckoham (éd. Collins, col. 5) de Moïse b. Isaac, qui vivait en Angle-
terre au XIII* siècle, renferme également une liste de signes mnémotechniques in-
ventés par ses prédécesseurs, liste empruntée au Se fer Zthkaron de Joseph Kimlu,
bien qu'il ne le dise pas. Moïse y explique ainsi le signe d'Ibn Gabirol : "1?21?3
niniS n3*77û!l ^^DO "^3173 "T^3>2S?i « Le jeune des enfants d'Kspagne qui parle
élégamment >. Il traduit donc Up comme M. Derenbourg. Moïse lui-même donne
un signe qui renferme dans les premiers mots les lettres radicales, et dans les
derniers les serviles : ûrpD •'3aN bmD'nt: P^iS 3^W IDO. (Signalé aussi par
M. Porgès).
NOTES KT MÉLANGES
287
manquerait une liaison entre ijp et ni:, quelque chose â*ëqiiî-
llent à : « appartient à *>. Je crois qu'ici n^ est employé dans le
los quMl a habituellement chez les exégiMes, tel qu'il ressort
*Isaïe» xxxu, 4: «parlant clairement, nettement^ éloquent ». Le
ligne mnémonique doit donc être traduit ainsi : « La population
|ulve) d*Espagne est peu éloquente »>. C'est un blâme au sujet de la
ligence des études de la langue hébraïque par les Juifs d'Es-
5ne; le même reproche est formulé plus nettement par Salomou
)o Gebirol dans la préface de son poème grammatical (vers. 5
^1 suiv.). Ibn Ezra a adopté le signe mnémonique dlbn Gebirol ;
Sans rartîcle de M. Derenbourg, p. 60, ligne 9, il faut lire ni: np,
lu lieu de n^ a;i. L'autre signe mnémonique dUbn Ezra pour les
lettres radicales qjî ni^p "ion .D5 (%'oir Moznayim^ au commen-
cement ; Safa Beroio^a^ 31 a)^ que préférait Protiat Duran (voy.
Maase Efod^ p. 63) à tous les autres, pourrait peut-être se tra-
jiiuire comme ceci : « L'acte de grâce a abrégé la colère ». u^
lest employé dans son sens général [— ^wo) \ n^p doit être lu *i^p^
insn signifie Famour divin, ^si la colère dlvijie. Peut-être Ibn
bzra pensait-il à Fadage des anciens (Jer. Fea^ 16 h) qiîin rr"3pn
pi^r-^n^?: nT'sîi Din''X?n v^ "^ns* n::'^j ; ion a:» serait donc équi-
valent à peu près à nrsîn \12 inî* iDa. Pour les lettres serviles,
-Ihn Ezra a encore trouvé un troisième signe mnémonique : mH
tesun X'yfz^ «♦ signe qui apprend la sagesse » [Ycsod Mora^ ch, xi,
I Les signes attribués à lehuda b* Balaam (n* 6, p* 60) ne se trou-
lirent que dans Fappendice du traité sur les accents [Taame Ha"
^^Hhra, voir Graetz, Monaisschr.^ 1885, p, 330). L'explicatiou
liJ*après laquelle nom p bwD -^la serait une polémique contre le
dogme chrétien fait, à mon avis, violence au sens littéral. Il vau-
drait mieux ne pas diviser ^nd^s en deux mots, et voir, dans
ce terme, soit le nom de Farcliange, du médiateur dlsraêl (Da-
niel, X, 21, xn, l)f soit celui de Fauteur inconnu de ce signe mné-
monique.
A côté de Moïse Kimchi, il fallait encore mentionner son père,
Joseph Kimciii, qui, dans Fintroduction du Se f er Zikkar on {im-
primé dans Fédition du livre des Racines de David Kirachi faite
par Biesenthal et Lebrecht, p* xxvi), donne les signes mnémoni-
ques de ses prédécesseurs aussi bien que les siens propres. Ces
derniers, quant aux lettres servîtes, sont ainsi conçus : nasn»
na •^h'Dii, et, quant aux lettres radicales, qo nn rrp C3^ is. Au-
tant le premier est .simple, autant il est difficile île trouver au se-
cond un sens raisonnable, comme Joseph Kimchi le fait observer
lui-même à cette occasion : ans nanb ^b'^^ ^b Tû-it;n m'*niï*3i
ÏIKVUE DES lÏTODES JUTVK^
nat'^btîs û^ns: D'»5^'*o* Pour les lettres railicales, il ne cite plus
que les signes mnémoniques de Menacheni et de Salomon ibn Ge-
birol, tandis que pour les lettres serviles, outre les signes des
deux auteurs sus-nommés et ceux d'Abuhvaiid * et dlbn E^ra, il
en rapporte encore deux autres : b-^riarn n^ini, dlsaac llalëvi,fil
nrw b^3i2 pin, d'Abraham Ibn KamniaL
Le premier signe cité par M. Derenbourg au nom de Moïse
Kiraclii, au sujet des lettres serviles, est. en réalité, d'après ce qui
précède, de son père Joseph Kimclu. Pour les lettres radicales»
on aurait pu citer du commentaire de Moïse Kimcbi sur Exra, i, 1
(Pseudo-ïbn Ezra), le signe : ^on yy t|Dp n^ : « La colère a brisé
Tarbre de la grâce », ce serait le contraire du signe donné par Ibn
Ezra.
Les éditeurs de la grammaire de Proflat Duraii donnent aussi,
dans une remarque (Maase Efod^ p. 238], une liste de signes mné-
moniques et, parmi ceux-ci, celui dlmmanuel Benvenuto dans
son Liwijat Chân^ bi^is?:: nra -c^n. Cf. mon traité : Abraham M
Esra als Gvmnmaiiker^ p. 57, notes 1-5.
Budaposl, G tuai 188S.
W. BâCHI£R.
II
L'histoire des tentatives faîtes pour grouper dans des phrases
les lettres serviles et les lettres radicales a été essayée, avant
WM. Baer et Derenbourg, par MM, lîarkavy et Adam Lebensohu
Le 21* volume du Hamaggid (1871), p. 219, 237, 287, 349, contient
tous les signes mnémoniques dont il est question ici, jusqu'au
signe d'Ârchevolti, et, en plus, un certain nombre d'autres, qui
méritent de trouver une place ici dans l'intérêt de la solution corn*
plète de ce petit problème :
14) Abraham b. David Âlfasi, un des plus jeunes contemporains
de Saadya (v. Pinsker, Lihotdé Kaâmonîoi, p. vp et s.), domifl
pour les ieib^es radicales ; ns: ^^ 'pTX nDEî3, dont le sens est dou-
teux, et pour les lettres serviles, d'après Gen., xxxi, 7 : bnn arssi
Dô, a votre père a trompé en cet endroit d.
^ pour le sigoe mnémouique d*Abulva1id, expliqué si iogénieusemeot par M. Dfr^
TËubourp, je rcniroie encore à reipUcation curicyae donnée par M. N, Brftll (Mm
hikht' fur iUimkt Qmkkhtt und LiterutHr, l, 1, p, 226).
NOTES ET MïiLANGES 289
15) Le disciple lîe Duiiascti, lehuda b. Schescliet a trouvé le
gîgne : 50 yen "^p Tr, ce qui, d'après Piiiîsker» p* 160, est une pro-
tocâtion à Bea-Kapron, le disciple de Menachem, et signifie :
«t le bouc insoïeot aime la trahison ».
16) Isaac llalévi, le traducteyr, poète et grammairien [voir
Dukes, Beitrage, n, 168, note 5, etGeiger, dans Ozar Nechmad^
1, 105) : b^-s^TTin n:;in:, « la proi^liélie du penseur t>, dont il a été
parlé plus haut.
17) Abraham Ibn Kambel ou KamniaJ, sans doute le vizir juif
de Saragosse (v, Kaul'mann, Jehada Haléin, p. 13, note 3) : pirr
r:cii 5*^312, « le chemin de la vérité est solidement établi. »
18) Joseph KimcUi lu: -même modifie la phrase déjà IbnnuU^e
par Saadya, et non par Menachom seulement, comme le dit M. De-
renbourg) : pi^ tu hed ::n, et en lait celle-ci, moins expressive,
C|0 tu np 1373 ia£, « quand le cùté [de la porte) chancelle» saisis
une partie des porles «, trivialité nullement imputable au tra-
ducteur.
Faisons un saut et arrivons aux modernes, parmi lesquels Le-
bensohn seul a coordonné les lettres serviles en quatre groupes de
mots ayant un sens profond et un caractère grammatical, et en
deux groupes plus généraux*
_ 19) nsiDTûb mK3 •'D, « elles apparaissent avec un double em-
ploi, » comme radicales et comme serviles (p, 237)»
[ 20) nrst:':? n» bo, « chaque lettre dans laquelle on trouve un
'tens et qui remplît une fonction grammaticale »,
21) n^TiD pc ■'HH, « je suis un voisin pour lesmots » (ibid,),
»22} TibJz^ pit:o (Ex., iv, 8) r« « Une lettre qui tient la place
d'un mot « (p. 349).
23J p?:»3 '^rDbm:^, <* moi qui ai marché dans la foi ».
^24) on ^bin i:;\s p, ^^ le fils d*un homme marchant dans Vïn-
irité >K
S5) Lebensohn rapporte également le sigfie mnémonique de
Steinberg ayant un sens au point de vue grammatical : m«3ïï3
rsnsb, a des (lettres) qui sont des prêtres en service ».
Un regard jeté sur ces signes ninémotechniques permet d'ac-
quérir la conviction que les auteurs ne visaient pas à obtenir des
phrases particulièrement significatives et que, par contre, les
rapports trop lointains et trop énigm a tiques ne doivent pas y être
cherchés* Aussi ne puis-je trouver rien de mystérieux dans le
signe mnémonique de Saadya ibnt^o D''ai&«rï. 11 signifie simple-
ment : « les branches ressemblent à leur trône â. Il serait excessif
de vouloir trouver dans cette phrase une allusion au thème tal-
290 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
mudiquesur les branches et les racines, Mac;ot, 12. Chaque dic-
tionnaire lalmudique donne la raison de ma traduction.
Je voudrais aussi, à la différence de M. Harkavy, p. 287, et
de M. Derenbourg, traduire le signe pnx Tta iso wn par ceci :
a un homme de la tribu pieuse a écrit ce livre ». Il est probable
que on est ici un terme arabe ; peut-être, dans le signe de Da-
nasch, aoD rr» '^ibn «dt, le dernier mot doit-il être aussi consi-
déré comme arabe et se traduire : « Dunasch le lévite a dit la
vérité D. Cela permettrait aussi de donner un sens acceptable aa wp
•nco yio^ nx, où, malgré Topinlon qui fait de op = 107 (v. Bâcher,
Abraham Ibn Esra, p 57, note 1 ), la succession des mots défie
toute tentative de traduction. Si les deux premiers mots peuvent
être pris pour des mots arabes, on pourrait traduire la phrase
ainsi : « La tribu d'Espagne seule est sans reproche ».
Le signe dlbn Ganah nx cin i^iy opo s'explique plus facile-
ment et plus naturellement. M. Derenbourg y a découvert un fait
historique. Sans m'étendre plus longuement sur cette opinion, je
vais y opposer simplement ma traduction qui, j'espère, ralliera
tous les suffrages : « 0 légion des anges, préserve l'innocent»
0]çcj est souvent employé pour désigner les légions célestes et se
retrouve fréquemment dans les pioutim, avec une variante dans
son orthographe. Les autres mots n'ont pas besoin d'explication.
Quoiqu'il soit inutile qu'il y ait un rapport entre les signes mné-
moniques des lettres radicales et des lettres servîtes, il en existe
un ici néanmoins, nsnn *]« "^Tsibttî, où le premier mot, étant mas-
culin, exclut la possibilité d'une construction passive, doit donc
être traduit : a Puisses-tu consolider mon salut ».
Nous terminerons cet aperçu par une remarque que- Joseph
Kimchî rapporte dans le iinrjTn '0 au nom de R. Salomon, sans
doute Ibn Gabirol. D'après cette observation, l'alphabet hébreu se
coordonne d'une manière si remarquable qu'un nombre déterminé
de lettres radicales est suivi d'un nombre égal de lettres serviles,
de façon à constituer le tableau suivant, portant à gauche les
lettres radicales, à droite leà lettres serviles :
Budapest.
n:;
3«
HT
in
n
a
D^O
iTsbD
n«5
-iP
David Kaufmann
NOTES ET MÉLANGES 291
m
Je propose d'expliquer comme soit le signe iy noD YP ^^ •
a la fête de Souccoth est la fin du livre de la Puissance », c'est-à-
dire qu'à la fôte de Souccot on termine la lecture de la Tora, qui
est le livre de la Puissance, car nmn «bx iy Y».
Jungbunzlau.
Gruenwald.
IV
26) Jebuda Hadassi, dans son Eschhol Hahopher, ch. clxii, a
pour les serviles naDttitt in-^ôib et «ba pm^io r^\
27/ Moïse Provencali, dans Beschem Kadmon (irapr. en hbt^),
a pt:^ "pD û5i non et is-^bx ariD rjtt)», d'après Moïse Kamhi.
28) Saloraon Oiiveyra, dans Yad Laschon, n^Tio «3 annD"»et ^n
pn^c mo tjo.
CarUbad.
PoRois.
BIBLIOGRAPHIE
RETDE BIBUOeRAFHIQDE
(Z«f iudicatioHi eu fiançait qui suivent U» tUres kéhrtux ne sont pa$ di Vauteur du Um
mais de l'auteur de la reecnsion^ à moins quelles ne soient entre guillemets,)
1. Ouvrages hébreux.
&ïnnM bu». Catalogue de la Bibliothèqao de feu Abraham Merzbacher,
de Munich, par R. N. Rabbinowitz. Munich, imp. U. Huber, 5648 (1888)f
iii-8» de 196 p.
P. 1-16, manuscrils, 156 numéros ; P. 17 à ûo, imprimés hébreux, par
ordre alphabétique des litres, 4332 uuméros. Ou sait que cette bibliothèque
est une des plus belles qui existent, et qu'elle contient, outre les mss., uue
quantité d'imprimés des bonnes éditions ou rares. Le monde savant sert
reconnaissant à M. le D'' E. Merzbacher, le fils du regretté défunt,
d'avoir mis à la disposition du public ce catalogue, instrument de recher-
ches et d'études.
5^TnT ^1fc< '0- Troisième partie de l'Or zarua ; 2^ fascicule, Baba mecia\
U"* fascicule, traité Baba batra, Jérusalem, impr. Hayyim Hirsdiensobo,
5648 (1888), in-folio de 106 et de 72 p.
B'^Ofc^îl» Annuaire Israélite publié par Nahum SokoloCf; 4« année. Varsovie,
5648 — 1887 ; in-8^ de 8-80-120- vii-64-244-74-36-125-23-14 p.
Contient^ entre autres, les articles suivants : Revue des institutions de
bienfaisance de Jérusalem, des biographies, des analyses de joumaui
(entre autres de la Revue des Études juives), des traductions dVuciens
ouvrages, des recensions, etc. Biographie de Senior Sachs, par D. Kauf-
mann; une poésie de Samuel Romanelli sur Ben-Menahem, par le même;
note sur le prophète Habacuc, par Gûdemann ; etc. La publication est très
variée, mais elle paraît avoir perdu en intérêt scientifique. Elle est néan-
moins appelée à rendre de grands services en Russie.
natlMrr 71*^2. Samuelis Davidis Luzzatto Torgestini Bibliclheca, in qua he-
braica ejus Synonlmia conlineiilur. Fasciculua lî, qucra scîa da lii filil
ordiDavcrtiDl ol Eistg Graeber. . . publicavit Jaroslavii. Prxcmjsl, imp.
Zypnik, 1888, in-B' de viil-206 p.
3py^ r^3 'O* Poésies et explications sur le commencement de la Genèse
par Jacob Mardocbée Feldbau. Czernowitz, impr. Elie Heilperia, 5618
(1888), in-^** de 12 S, La fin de lu brocbure coDlient le coramencemenfc
da 3* chapitre de Touvraî^e.
^m^pb nwn. Huit dcrascbot médites do Saîomon Micbel, éditées par A.
Berliner. Cracovie, libr. A. Faust» 1888, iD-8'' do 46 flf.
Ces diraschot vont de 5S07 à 5615 (të47-1855)» elles ont été tcoues 4
' yiVnrî- Wissenscbaflliche Abbandlungeti ûber jùd. Gescbichto, Llleratur
und AîterthumskuQde, vnn 0. B. Scborr. — 12' année. Wica, inip. Knop-
flmacbcr, 1887, in-B" de 128 p.
Contient les articloa suivants : P Schorr : Habitude dps rabbios d'cï-
i pliquer ûps mots étrangers par le eeiis d'une racine homophone hébreu ;
i. ExpUcalioriS talraudiquea diverses, par le même ; 3. Yelamdenu et Tan-
' huma î 4. Lekab tob de Tobiyya b- Eltczer ; 5, flalakhot pedolol, pesukot,
* keçubot» etc; « et 7. Crilique des m^brrri niD3 rr-D édile par Hayy.
Horoiit2 ; B. HeceDsion DOUTrelle (texte) du commeul, de pbfî 'D de Maî-
tnonide : §. Derascha du Hamban ; 10. Introduction d'Isaac ibn Ladfà son
Û'^?3T2n ^■T'C î 11* Divers.
3p:?'«b 'I^'ISSUSTS m"' *Q^ Derascba sur les questions suivantes : Sabbat,
prière » pénitence, charité et dîme, avec addition appelée •i*t^i?3
^:i-s, sur la manière dû bien observer les fêtes, par Jaoob, flig de Salo-
mon ■^IDID Calcutta, impr. Moïse Davikk (^"«nn) Coben, 5642 (1882\
m'4° de 142 p. (1) f*, en très jolis caractères rascÂi,
L'auteur pst venu aux Indes de Dama»» où demeure son père. Ea
Egypte il a imprimé ua livre iotitulé ypT^ fnp'^l i il se vante de Tac-
cueil qu^on lui a lait à Bombay et à Calcutta et nomme lea porsonnes
dont il a eu u se louer, A la pa^e 13S, il dit qu'il est né â Calcutta. Son
ouvrage do Ip^^ ttlp'*! a été imprimé à Livourne, ehe?. Elie Bona^
mozegb, en 1W*0> in-^** de 107 ff» j cVst un commentaire sur le Penta-
ieuquc.
["*in3]* Das Buch Al^Cbazarî des Abù-HIasan Jebuda Ilallewi im arabi-
schcn Urteit sowîc in der îiebr- Uebcrsôtzung des Jebuda ibn Tibbon»
herausgg. von Ilartviig Hirscbreld. Zvveile Hâlfle. Leipzig, Ollo Sebulzc,
laiil, in-8^d© xtJx p. plus p. 161 à 36K
5î*n^"' n022. Annuaire publié par Saul Pinbas Rabbinowicz ; !2' année.
Varaovic. 1887, in-4^ de 224490470-366-48 98 col., plus un calendrier ;
aTC€ tlluâtrations.
Articles d'aclualilâ, biographies, statieliquc, rccen&ions, notes lalmu-
diqiies, poésies, sciences naturelles. Ici encore, comme pour le Pj^^^Kj il
noua semble remarquer que la valeur scientifique da Is publication c^t
moindre. C^la nVst pas étonnant, cea tnnusirca sont trop compacta, il
e>t impossible de les remplir entièrement avec des matériaux de bon
ch'iiz.
VttntS'' r553» Dicllnnnains do biograpbie juive depuis le« gaonim jusqu'à
nos jours, pur Josef Fûnn, publié par Abraham Zuckermann. Varsovie,
me^88; in 8-,
li REVUE DES ÉTUDES JUIVES
lî A paru K UvraUoast envemblo 400 pages, allaiil jusqu'à l'article Jiijt
IlHllévi. C'est un bon travail de vulgarisalioD* qui pourra Aire utiltM
Ru^ciOf et servir de maouel aux paraonnea qui ne savent paa lira lei
laugueB occidentales,
|5***TÎE 'X'VSib IMS 00^- Teslameiii du Rabbin Salomon Kluger, suivi de
son oraisoD fanùbro par son Ois Abraham Benjamin Kluger. Lûoiberg,
Impr. Wojdowîcz, 1885, in-S*» do 30 ff*
D*l!Dn. llukerem, Hebraiscbes Jabrbuch fur Litcralur und Gescbichl*
des JudontbiïmSj von L. Allas. Varsovie, impr GoldmBon 1887-S, kJ^
de :UC} lÛi'S p* Stipplément au journal hébreu le MeUts de Saiiit-Pé-
lershourg.
Cmlieot : Etude sur Isaac b. Schéichct» par l'éditeur* - — Sur le Okbli
vfi-OkbU, par rédileur. — Eludes sur la MaiK»ra (Okbia va-Okhli, */à
la fin dea mois, histoire du iégol, etc.) par Abraham Ëp^tdu. — Sur
Tnnon de be Ëliabu^ par Téditeur. — Rebbi lobanao rédacteur du Til-
mtid de Jérusalem, par Michel Cahai^a. ■ — Sur Meciahem b. Safuk, pir
Jacob Reifmanu. — Si le Talmud de Babyï. a caunu le Talinud de Jéro-
aalem par 1. J. Jérusalemski. — llillel l'Ancien, par Tédileur, — Noiw
et additions (très utiles) au Séder haddorot, par Uaao Uabaliu ; elc>,etc.
— En act&me, très boQtet intérefsaaia travaui*
6t**B1^ 3b ^D* Derascbot disposées par ordre alpbabclîque. par Rafaël Méif
Pttuizel. Jérusakrn, impr. S, L, Zuckeruianu, 5t>17 (1887), in-folio de(5)-
12711.
:in^333^D^'^ba ■'73n3to- Gleicbenbergcr Paslillen. Epigromme von Ad. Jellinek
und Simon Bacbcr. August 1887. Budapest, impr* Sam. MarkuB^ 18N7,
ln'12de 30 p.
matian 'O- « Le livre d08 Préceptes par Moïse ben Melmoun dit Malmû-
nîde. Publié pour la première fuis dans rori^iiial arabe et accompigo^
d'une iulroduction et de nolos par Moij^e Blocb. » Pans, libr, BoudlûQ<Jl
Vieweg, el libv, A. Durlacber, 1H8H, in-8^ de 32-334 p.
L'introduction de M. Bloob nous a vivement tntéreasé. Son articU&uc
lea 613 Préceptps, pubtié autrefois dent la R§v%êf montra que M
bien au courant do la question qu'il trefte al ^u'il sait y appUquer la
méthode. M« Blocb fait ici une comparaii^oti d«s plus intértasaoïes
la Lroducliou du Séf, bammiçvot d Ibn Hasdel el celle dlbn Tibbon ; 1»
résultais de col examen ne sont pas à Tavantage d'Ibn Tibboo. M. Blocb
a en outre recueilli M reproduit tous les (îragmenl? do la traduetlon dlba
Hasdal qu'on trouve dans Moïse b. Mahman et daua le S/f* k
Enfin, il prouve que les différencegi entre la 1'* el la î* rédacUoti dt
niouide (si toutefois il osl vrai qu'il y ail eu deux rédactiooa^ sont
d'être auBfi importantes qu'on disait. Celte édition montre, une fois de
plus* combien les traducliona de l'arabe de notre Ibn Tibboo ont bespm
d'êire rectiHéee par le cotlalionnemeat avec le teite. Souvent le traductc^ir
est obscur (v. p. 4, L 8 et 11 de celle édition) par trop de fidélité; d'autres
fois il ne comprend pas {p* 4, note 3) ; d'autres fois, sou texte & des U-
cuaes dues au traducteur ou aux copistes. Dans ses uotes, M. Blorli
fiigaale toutes ces lacunes, elles août nombreuses. Sur la Livre de» Pré^
oeplea de Hefeç b Ali, voir Studien vnd Mitthilk^ngen de A. Harkarjt
m, 41, Qote 114.
C^îSinî '^ÏV'^ nnm- Les publications de Tannée 1887 (3*» année), loul
imprimées à Berlin eu 1887^ ut co librairie au siëge do la sociélèt sotit
1" pn^-^ ^ns, lettre nm*J3 à ^';;l^T^, in-B'* de 328 -{- ^2 IT* — 2'»
mnnis ' Go m m en la ire de M aï mon i de hmi la Mischnah Seder Tohorol
BïllUOGRAPiirE
I
L
blié pour la première fois en arabe cl accompapié d'une tradnctîoD
ébraïque par J, Dereobourg ; 1"* partie^ 2* livraison * ; iti-8% p. 161 à
el p. 1-64 de ia suite. — 3 n"^:tCfinb p-irT Sludien und MUthei*
[uugen ; IV. Tbeil : Responscn der GeoDim zumcisl aus dem X-Xl.
JaUrbuDdorl, ncb&t ADmerkuugcD uud BinleiluDg, Ton D^ A. Ilarkavy;
3, uud lotzles Hcfl ; în-8'', p. 329 à 418, plus Introduclioo do 31 p.,
conlenanl, entre autres, une liste des rabbins auteurs des consultations
conlenues dans ce recueiL — 4. *>r7XT\ 'D Sepber Ha-Gnluj von R.
Joseph Kimcbi, nach der eînzigem Hds. in der Vattkan, Biblïolbek, «um
L maie bcraus$rgb. Ton IL J. MalLews; in*8* de xii-180 p* Publication
tiè» importante pour rhisloire des études de grammaire bebraïque. L'ou-
vrage commence par un recueil de discussions grammaticales de Dou-
naseb cl de Munabem; ii esl suivi des notes lexicograpbiqucs el gramma-
ticales de Kimbi, disposées par ordre atpbabélique des racines. — 5° V^P
*!'• ^J. Sammeîband, in-8^ do 01 -f- 29 -{- 2tî p. Les matières contenues
dans ce volume aont : Obituairo de Worms i^dèjà édité par Ad. Jellinek,
ais d'après un autre ms'?); Elégies sur les persecutioiiB do Blois, de
Lauda^ de Rindlîeich, etc. ; addition^ aux publications antérieures. —
Nous recommandons à l'éditeur de renoncer à la pagination discontinue
qu'il a adoptée pour ce présent volume. Elle rend les citations plus
difficiles.
J3£]n •^mçD- Lectures d'histoire naturelle» par Neht'»mie Dob lIofTtnann.
Varsovie^ impr. Isaoc Goldmann, 5G47 (IHR'Ï) ; in-Ht> do 181 p.; suivi de
rôt ''Î3'7p)3 1738*73, du mômej Varsovie, môme impr., 5G1G (1886), in- 8*
48 p.
tS-^ninTr -^r:?. JûdiKcbcZustânde in Russland, lî.îîeft : Emigrntionsfrage,
von M. Eismann. Jêrui^alem, inipr. A* M. Luncz, 5(347 (1887). in*8^ do
60 p.
nstîrr Cï«n p^D?3 hy g' 3?:nïi 'iliin^^D- Commentaire de Maïmonide sur le
trailé tic Ftosch ilaschanab, avec notes explicatives de Dob Hi^cr Riiliiii*
Jérusalem, impr. S. L- Zuckermann, 5M7 U8Ô'^)i l""'*'' *'<* ^^ P-
Le litre p^rto que crc\ est uno 2* édilioiij non» ne flavons co que c'est
que la r^ édiiioD^ ni de qu^l me. eUe gsI tirée, nt si l'attribulioa de cet
ouvrage a Maïmooido est exacte.
n*l5,'^ ni3pn Oi::2ip. Consultation sur la situation des femmes dont le
mari a disparu sans qu'on ait de ses nouvelles, ou dont le mari a
cbangé de religion, ou qui a reçu divorce d'un mari olii!tié* l*"" rusciculOt
par Abrabam Joël Abclsobn; Odessa, impiim. Belinsou, 1885, in-S**
de 18 p. (sur la affuna en général); U' fasc, par Josef Teuuebuum ;
Odessa, impr. Schultze, 1887, in S"» de 80 p* Intéressant ouvrage*
C**;©"* WI^D r?3'^ai. Katalog N^ 12 von H. N. Rabiûowitï, MClDcbcn
ilH88). in 8» de 32 p,; ÎIOI imprimés et 30 ms«.
nat^n ^nO^ Die beiden Exlrcmc, Roman auH dcmjfld, Loben In Rusaland,
von Rubin A. Brandc?. Lembcrg, impr. Kcllx Bt^dnarKkl, Hbr* Eked Sip-
purim^ 1887, iu-8« de 3G7 p.
>Huttatton«( rabliintquea modcmcndt
ijor« par Samuel I4vi /.uckermann;
(1HH7^ Ji>-4* ÛQ 48 nr,; 2» tÉmciciilif^
296
REVUE DES ETLDES JUIVES
Jérusalem, 5617 (1887) 10-4" de 54 p.; 3« fascicule, Jérusalem, 5M flM);
in*4<' de 40 IT ; 4* fascicule, Jérusalem, 5618 (1888 ; in-4'' do 44 fi. Ces
eonsuUaliotïs s<"mt dotées do 1887 et 1888*
D'^lin^n mmp li« ûmas* "«n mibin. Ilistoîrj des Juifs depuis Ift des*
tnicUoîi du second icmple jusqu'à nos Jours, par Abraham Danon. Prcs-
bourgr impr* Lnwy H Alculuy, 5(î47 |1B87J io^S" de 160 p.
On ne FauraU assez louor l'auteur, qm est un rahbiu demourant î An-
driuopî*, d'aVQÎr mi» à la portée dca iaraélites de l'Orient une hisloire éa
Juifs fuiie avoc le secours des travaux modernes et impréguée do t'espnl
sdeiiiitique. CeBt une teotalive des plus iolércssaates cl dont nous féÙci-
tOQS tivemeuL M. Du non.
sn^TST f^1^12 "^Sin:! maiCn- Rcspousen der Lehrcr des Oslens und d«
Wcstens nach IIss, Uerausgg. und crkiarl von Jool Muelicr. Berlin, lil>r.
Pli. Deulscb, 1888, iu-8'* de 70 fî.
 paru en parUe dans le Bdl-Talmud. M. Joseph DereoLourg se ffo^
de bire use recensîon de cet excetlent ouvrage.
2. Outrages en tangues modernes.
Anglo-Jewîsb Ilistorical Eïbibîlion (Publîcolions of tbe). — N" L Papets
read at ihc Anglo-Jewish Hîslorical Exbibiliou, Royal Albert Hall, Lou-
doii, 1887. Londres, bureau du Jcwish Chronicle, 1888, in-S** de 304 p.
— N^ 2, ni":^c Uebrew Decds ol EngUsh Jews before 1290, edited by
M. D. Davis; ittid., ibid,, 384*8, m-W" de xv-394 p* — N*» 3* Bibliolhcca
Anglo*Judaicu, a BibUograpbical Guide of Anglo-Jewisb llistory corn-
pilud by Joseph Jacobs and Lucien Wolf, ibid.^ iàid.^ 1888, in-8'* de
xxvit-231 p.
Le I*"" volume couUent les lectures suWautes : H. Graelï : Htslorie
Paralleîs iu Jpwish Uistory, — Jos, Jacobs : The Loodos Jewry, lîW.
— Lucien Wolf: Tbe Mirldle Age al Anglojewish History, tmieW.
— FrAuda L. Cobeti : The rise and Tievelopmetil of synagogue mtisic.
— Walier Kyô : Tbe perspcutioos of Ihe Jews of Eiigiaod. —
Chéries Qross : Tbe Exchequer of ibe Jews of England îu tbe Middl«*
Ages» — M. Gaster : Jawisb Sources of and Parallèle lo tbe early Eo-
glish metrical romances of Kinf^ Arthur and Merlin, — Hev. 0'' H.
Adler : The Chief Rabbis of Englonti. — La conférence de M Graeti
est pleine d'aperçus intéressants, comme inut ce que fait l émineut hiito^
rien. Elle a donné lieu à une polémique au ^ujet de l'action de Crémîeui
et Moutefiore auprès de Méhémet-AU, dans l'utTsire Je Damas. Nous
rroyoïis qu'en cetlo queslion M. Graeiz a ce Je ati désir naltirel de faire
plaitsir a ses auditeurs an>;ltii4 : U version d'après laquelle c'est Cré*
mieux t et uon Montefiore, qui a obtenu que le naot do grâce ftil efltce du
firmau a élé publit^o en t^40, dans les AnhhfS i»r(t4{%iu et dans \ AUfi*
MetHf Zeitnntj des JitâffttAvms ; fi elle avait été fnuBse, elle eût été immédii»
lement -iêmenlie, - — Les letlurps historiques de MM. Jactkbs, Lucieo Wolf,
Hye et Cross, saut excellenles et pleines do reuseigoeraiants prédeui-
— M. Gasler nous iutroduit dans le monde des légendes dont il connaît
tous les chemins, ou tie saurait avoir un meilleur guide. — L'élude Je
M- Cuhea sur ta musique religieuse n'a pas lout rmtërt^l qu'elle pooTaH
avoir, parce que l'auteur n a pas fait la critique hislorique des rooroeaax
q lit a décrits, il n'a pas cherché à en delermincr Tâge et le cartct^re, il
IIIBUOCRAPHÏE
297
etmi trop faeileroênt à leur ftodenneié et à leur b^nnê consM^ation. —
Tout Iq monde a lu avec le plus grani plaisir Vétude de M. le D" H. Adler
sur les rabbius angolais i ce iravail, veaant de lui, a eicitë particulièreroeal
Tîntérdi, et il le mérite > M li< Âdler doit se féliciter spécialement d'avoir
iioulevé des discussions! sur rhypothà?e qu'il a émise et d'après laquelle
les tcta/oi yK1'\^ seraieot des lofafot V^^mîi c'est-à-dire de Norwich.
Au point de vue paléographique, il n y aurait pas d'objections a fairet ii
la leçon de 1^31^3 «*«it sQre, raai§ M. Grota a montré [Meime^ VII, 51,
note 'X) qu'elle ne l'est pas. M, Schechier croît que ce mot est une
altération du nom de Ma vemo (voir Jew . Cbronicle, dans ta Revue d«s
périodiques du nuraéro suivant de la Hevtfe).
La bibliographie de .\l\f Josepb Jacobs et Lucien, Wolf est faite avec
un fioio dont il faut grandement loueur les auteurs* Elle est précédée
d'une étude sur les aotirces roanuicntes de Tbiatoire des Juifs en An-
gleterre.
U faut être très reconDâissant à M. Davis du soin avec lequel il a édité
le texte hébreu des shtarot^ sa lecture est presque toujours sûra, el aert
de guide utile au lecteur. Il reste maintenant à tirer de ces pièces tout le
profit soienlifique qu elles peuvent donner, et avant tout il faut fiier les
règles de tran^cripiinn suivies par les Juifs aoglaiâ pour écrire les mois et
les noms qui ne sout pas hébreu 3C. Ces règles sont, eu général, conformes
à celles qui étaient suivies en France et dont on Irouvera un îpëGîmeu
assez étendu dans notre étude sur les Dense Iwrei de rommerc^ de Vesoul
(JSeviM, IX et X). Naturellement, en .\ngleterre, il a fallu recourir à queU
qties conventions spécialf^s pour Qgurer les mots angUis et la prononcla-
lioii anglaise. En debors iJe ces conventions^ la dilTéreiice dei doux
ajatèmes se réduit à peu de chose. En Francei la lettre T ne aert Jamais
pOQfle * français ; en Angleterre, on l'emploie concurremment avec ^Noir
le nom de Rose, n'^* 13 ei 1l\ et, de plus, elle repréteota »ouvent la d, Kn
France^ U Iranscripiîon de la nasale an, en, par 31 ou 3ie( eti aiaax rare; en
Angleterre» elle très fréquente el il est bon de aa souvenir eotiitamnir<nt di
celle règle dans la lecture des noms propres fp. ex. Alexondra pourAleiari*
dre; BloDcbo pour Blancbe, eic ). Eufj», et ceci est important atiaii, la
prononcialion des mots el des noms français étant devanue vicieuia tu Ail^
gleterre ou l'ortl^ograpbe française étant peu connua daa acrif>ea tn|pttl««
Vê rouet de la Go des mots, qui, en Fraue«f est toujours trèa régulièrMSMfli
représenté (par un fit, quelquelois p«r T\'\ manqua tfèf ••«¥#•1 «n
Angleterre, et în^erfemeot, le aciibo anglais loH trèt ionvMtt yri §
muet là où il nVn faut pa«* Jl écrit Vyn pm^t Pïmtêf tlf pmt ër; pt*
roisê pour paroisse, earêm pour eafto«, tiJvi ppur fit*»l«| §Us, i liwffrt».
meut il écrira Ni<»lo (Lineolji) po«r HkU, ^omifmM ptmf êm^êm^ êêm^
pour Jacob ou Jaoop (p. Ml), FMk pw P^\ (^, IM). — Il «41 Ml hm^
Uuis la ptémn^méàitàaméè mm ttUtv, dt itWÊmém \m mm'* é* fêfmnf^m
et l0s moto Armpn Umm It f«fs« M.'Mf #rié«»l fmf ïéé>0}f/9m li#l i
fait fad*, c'est mm tnvnl ai Mrt» è Um nii^U^ Il#t«# 0Um%mii m*
liiMausi |>i» iwi— VfJn !■ ifiw il %m%témêmt W» I, |# um
^ k laMM oc pwIlttlBWl flmk, It 1 «m l#*i Mf« ffT'*
#a. K« t, p. 15, U %m mmmwÊâ, mîimméê ryfp^, H mm^"
ranfnm- N* Kp n,u m^ rm* m •m Uémm, ê^i ^
i4to ' ^M mmmw^ * §Êmmgm^ %*^U, p. fTUitmém
TmmmmmmÊÊéfêm hmm$. W* H. p II.
, ^ f^ Wf^^. ^ m, p, m, iv I ^an^ "
^rrmMé.y'n,p,m.y^hmmÊ0.mméHmÊm,ékêrf^»
itrwhmm itttMâ^ L^immm tmim0^ - i^IgMMM) k
= îmmà, K» ff, ^ §4. L iK *P^ U 0*,4ém *^$^, p
î?^ *;5V *• ■• f^ ^^ îj»pm/mm0, m m^ *it§ •*
rf^^ y, M t>m. 0 mmmmm pmm Mfk m
niCVlTE DES ÉTUDES JinVES
cHplîon hébreîque, te trouve qtie1i|ii«ro)6 eu Franc*. N" 4», lire Jeu
li'AfiUcs ; p. U4, le mot frouçiis est « p»rUe ». N** 44, p. io4- [I ftai Lire
Counleisc ; voir p. 1Ô5 ; le mol »l)bé cit écrii W'*^» ; ftiUmirtf ^nX, T2fil
nn«. (a^ec € sou» le *), •'^3« (p. 2λ<). 2iït, 3u4. 3(Ki), N*^ 4*, p. Îû8
'*'^i<"^'^^vï«£ «5^ papepeii; t. p- l3Sî 'J'^bnip est «n dimiotiûf de Jaeob,
comme le Koppel allcf«8ruL N'* 48, p* 12U, 1. 2, le nom esl Colombe*
N° 49, p. V24, L 9, îe îioro eal proiaUeuieot GarUmic, N^ 52, p. 133i ï. I,
EuslftcUe ; L 9, probnblenieût bcrbicr j v. p. 1»7. l î. N^ W p. ni, L S
de 11 p>èee» le nom est AllematKic. N** SS» p. 13S. U 2^ Léûo de Counoa
(CourÈoti, dmis le C«lvatto«» en Ffance); p* î:iSï, L 4> ne ftil-it pu |
L:3T3ji'n"*D^ ^ N'* fiî. p» !G0* l. 2 de la pièce, "l"*'';îtt3 ^«4 »ine forme ia
• tutnoir ■* N^ 64, p. Vl%, laeac 1). Sftmuel (L :)) est le môme que Isabc
fils de Deulecre^e. N^ Û7, p. n«, dcro, L* lire ^l-^-iat Le ^ oe ÊguM
quedau^ les mois hébrcuit, il ne peut pas figurer «ineurs. N* 71 r p« 1^, U ^
1. si le mot doit {^\t<à Jusiiue, il faut lire ^j"^ à la Ou, au lieu île £ ; lai
confusion entre les deux signes esl fréqut'utei m«i« le nom D'e«l-î1 pas plulfti
Eustache? N^ 94, p. 2IS, lire Le Flameng ou le FUmeoc. N^ W, p, 23», J
il esl assez curietir de trouver un juif (DaTîd] qui porte le nom de Loib* i
barde, les Lombards éiaient généralemenl des* banquiers chrétiens. N" W, I
p. 222. On retrouve ici le nom de femme ^IJ'^ttl*!, qu'il faut éndemmeal
prononcer luette; cf p. Î24. N'"" IIU p* 240, ''IT est Dovi, forme de
David» N^ lU» p. 224. Menahem i3l2'm ; l*'^ Menubem portent, en géné-
ral, ce nom, qui se trouve déjà dans le Talraud \ p, 245, C^H^ est peut-
être mfiraift ; le nom de le L 7 est Gautier Le Maréchal ; p. ^6. 1. 9, l:re
^nn^'^ïS N** 119, p, 2:.Û, les de«ix mots pour app«rteu&uce dôi veut avoir
sans duute un 113 à la Un. N^ 121, p, 2i;2, le nom de femme est peut^tre
ïïellie, voir p» 256; p. 253, 1, 7, a le nom de l>epercorne; N*' 127, p. ÎM|
Françoise, N^ 13.i, p 274, Moltse ôls de David Lombard e$t probablemfei
le même que Amiot fils de U- Lombart, n"* 96 et lit. N" !15, p, 27d, ts i
uom de femme est Riche, probabletneut. N** 138, p 279, lire Ciautier Le- J
camberlenc (ChamberUiti}. N* 151, p. 21*2, L 5, lire Davi. N* 154, p. 296. 1
Est-ce que ce yn de la signolure est sûr? SeraiU^te y*'?3 ^= piX rm!3- J
N'^ 11)?, le si^uaiaire est Cresa ou Cressc, nom quuo reir>ïu«e pUtsl
loin, p. 325, N^ tfiS, ]]g:nes n, 6 et 9 du texte hébreu, les «lu doîveol êire^
uui» Taule cl doivent (^Iro probablement remplacés par des ^ ; de rolme,
p, 311, L 2. N» 175, p. :i24, VP^**^^ ^^^^ probablement se lire Mulquio,
dimitiutif do Samuel ; il est curieux que le titre de ^a^ soit donné à un
prûlrc chrelîpn, p, 324 ; p. 325, nmï5 serait-il une faute pour ndïî j
inuth^ 'J^S^^SIN est 4ii^tr*«i, en vertu de la règle que nous «vous éLabhe î j
5-IÏÎ-- an î ^-^ffo; l 18, Ure probaUeinenty'3:i:::mç», N* 177, p. Ï31, j
1, 7 du texte bébr,, le nom ei,i Oervalse, et plus loin on e le nom de Eq-
glait^e; p. yya, ici, pour nord ou uorlh on a I2niït non fitTÛIl^ N* 17*i
p. 336, 1,4 du texte bébr.,]e nom est Robert Delmare ou Delamare; fins^-îï j
est impossible, le 3 esl exclu du système de trauscripiion, N** l*i*»|
p. 308, Joçadsk est day^Afi. N" 184, p, 342, les noms de personnes K>aM
Monier ou Meunier, et Lambin ; nous ne savons pas lire le mot qui sailj
Lambin, c*est peut-être Lachaineite. N'* tK7, p* 346. L5 du lexle, peul^
être le mot caséine (petite maison), N*^ 193, p. 3^0, ntinn esl la Lt,**
Epi SCO pu s (li Eveske), N** 195, p. 3D8, ï)73''n est pcnt-ôlre ReiP*.
N"* 19K et 199. p. 3fi3, Thomas Lesergcani, bien lu p 3«2, mais mtlJ
p. 303 ; punt^È*» faute d'impression pour 'n2-i< * — l>àu^ les ooins d*«|
lêtes cbri^tiennes, on a un root nouveau, bp'^J?, V'^p'^*, ^p'^^J? «t autres j
formes, uUérslio:is voulues de b'^p''î3 ou tJp**:!» sa»nt Nlicbel. Uu eerunl
nombre do noms de fêtes que nous avons dotuiés Rttmty IX, p. 192, sf;
retrouvent daua nos actes. Comme on trouve Î*;^blî4?3 [Dtwdiy p. 13Î),;
nous n*bésitonB pus à lire de mâme Rt^ut^ %iti<i,i p. 192, pour îC^b'SÎÏ •
c ebl bioa le nom de Madeleine. — - Nos Dndi nous fournissent des iudi«
cutions sur certains noms fraiiÇi^-ant^lais portas par des Juif» : Muriel est'
certainuDieut le nom de femme hébreu Miriem : Amiol est saos doni«
nîBljaGRAPHlE 299
MoTse (nmi9 l'avons montré pliiss ^aut) ; UrscU paraît eorrespondre k
t'hébreu Irhoschaya^ comme lo prouva la traiiscripliuQ kûiie des sigtiBturcs
du n* 19U p 3D3 ; cf. ti° »V4, p. 17J. Njus uvoub piirlé, pluïS haut, du uom
prefquô fameux de Deulecraspo, UttuleiTcss ; U vraie siginrjcaliou paraît
donnée ii^ G7, p. 181), où le mot est reudu par José (Josel, Jeho&îBii)» dont
le ieiis correspond à celui de Deuleerei^se. Cniiu^ ftos acte» nous donnent le
sens certain d'un ii-im qui luius av^it beaiiciMp iutngué ^Rn^uf^ IX, 1(J7),
c'est celui de nSS'^K'^l ^oms ses ditférentes formes. La pniicipnle difJi-
eulté roQsi{:laU, pour tiouii>» dans l^s transcriptions anglaises de ce uonit
lranftcnptifjni=^ «^u'^^n retrouve égalemeut dans les Ùuds^ et eiiivont les-
quelUa ii faudrait lire Diaia ; noire pièce n" 6J?, p. 181, prouve que '»"'Ô4'''t
(ou aiMeuis n^^îl^l) ^^^ Elazer ; donc le mot o>.t Dieu-^ie ; dans Tsi^gltiis
de répojue^ Di-aie ([>iaie^ Draye). Lu forme traiiçsisc nj^^ît^N"'! [Bivut,
p. U'] s'expliquerait par Di-eu-aie ; la forme f^ît^^^l p»r une coatrae-
lion Dt-«ie 7 quelquefois on trouve Diai, DieL — Nous d ■jouterons plus
qu'une observatiou : l'intérêt légal perçu par Içs Juif^^ entre eux, et disfii-
tnulé fiou9 cerlaini^s furmes, éiAtt de t deniers par livre et par semaine, ce
qui fdil plus de 40 Û/O par an (v. p. kk^ 47, 71 el en plusieurs autres pas-
sages).— En Bommef il reste eucore beaucoup à ftiire pour feipUcstiuii de
nos actes* la lecture et ridenLitieBliuii des noms. On ne pourra procéder
avec sûreté qu après qu'on aura publié les Actes latins des Juifs qui erh—
tent en grand nombre en Angleterre (M« Scbwab en a dûuué un relové
partiel dans la Efvue). C'est une publicalioii qui se fera, nous l'espëronSf
et que nous attendons avec impatience.
AniEBL (Otto). Grundzûge der Laïuïesnalur des WcstjordQolandQS. Eniwurf
©iner MonograpLie des Wesljortîanischen Païastina, Francfort-s.-M.i
Hbr. Jaeger, 1887, iti-8*.
Baldknspkrokr (W*). Das SelbsLbewus8l84>îû Jesii îm Liclilc dor mcssia-
oisclien lîoflnuDgon seîDêr Zeit. Slrasbourg^ Ithn J.-H -Ed. Heilz, 1888,
iû-S** do v-102 p,
^BBicûLHiL (Josepli M.). Porat loseph. Pequoùo compecdio coBtenieDdo el
Iralado de las roaximas do Ahoth; ta Agada tic Pessali ; seguida del
Hallùl y Bircat \Jazoa; el Canlico do los CariticoB, y las Ilaphtaroth
» Babel Habi, Hod Hayom, y Asopli Asiphem, y en fin, Riith, Ejab y
Ksllicr. Liabanne. iraprv Luso-ll^spanbola, 1887, in-S'Me 32 p, S*arrôle
au u^ 12 du 4<^ cbap, des aùoi\ le reste nu probablemcut pas paru.
Orieniuliscbe Bibliograpbic, berau^gg. von A, Mfiller ; 1" aunce,
V fascicule. Berlin, libr. II. Huuibcr, 1887, in-B'* de m p.
1"* vol.
BIUOCH ilBaaç,, grand rabbin d'Alger. Les flU de Samson, bî«loirc Juive
■ d'après S. Kabu. Parts, libr. A. Durlacher, 1687, în-18 de 198 p.
Rnman d'util lecture tr&s agréable; à la fm^ quelques poésies de
M. Bloch qui sont vraiment Jolies.
BRA.KDBIS (J.). Sippurim, Gbetlosagen, jOd. Mylhen und Legeudeo, Voîks-
ousgabe. Pra^^ue, libr. J.-B. Brandeis, 1888, in-8*' de 4Ô5 p. C'cstraucien
■ recueil de Pascbele,*?, remanié et abiôgô.
Cassel (D.). Joscf Karo und das Maggid Meacbarim. — Dans 6. Berîcbt
ûber die Lcbranstalt f. d. Wissenscb. des Judcnlb. in Berlin. Berlin,
impr. Roseulba!, 1888, iii-4" de 12 p.
M. Cassel soutient la thèse que le Magid Mesch. attribué â Job. Cero
n'est pas de lui et que les r^ves «t fatilaisies cabbalistiques de cet ouvrage
ne peuvent être Pceuvre d'un savant aussi sérieux que Tétait Jos. Caro.
300 REVCÊ DES ÉTUDES JUIVES
Nous «erions trè^ disposé à iccepter cette thèse, mais il faut wvoxm fjSÊ
l«9 ■rgumenla invoqués ne sont pas nombreux ni de grande valeur.
Calalog der reichliaUlgen Sammlung tbcologîschcr Bûcher jûdiscber a.{
cbrislUdjor Schriflsleltcr zusammcngcbrachl von G* Bruna, A* Fûrsl^
L, Sleinfort, J.-P. Sirickcr, Amsterdam, IJ.-G. Bom, 1^88; 2179 nu-
méros
Chants hébraïques Buîvanl k rllc des Comtnttîiaiités Israélites de Taocica
ConilBt Veuaissin, recueillis et publios par MM. Jules Solomoû Cpémicti
et Mardochée Cremicu fils de Hanancl Crémicu d'Aix. [Marseille t], impr.
DiîlaEchy et C'*, [18H7]. in-T de v 11-227 p. Titre hébreu : b«TO^ PTï'Vi
Nous sommes heureux qu'on ait recueilli ces mélodies qui s'eo root et
se perdetit. Les hommes compétents jug^rout de la valeur arlislique et
esthétique de Touvriige ; «a valeur historique est incooteslable; cWl uï
document nouveau et iutéressanl pottr rhisloire des Juifs de Cerpectni
et du ComtQt,
CoNDKR (Claudc-Relgnicr). Syrîaa Stone-Lore ; or tbe Monumental His-
tory of Palestine. Londres, libr. Richard Benlley et tîls, 1886, in-S" do
xiv-472 p.
Contient des chapitres consacrés anx monuments des Hébreui, d«i
Juifs du second temple, de l'époque d Hérode ei du temps des Honuias.
P. 2fi5, le S'^Vlp^iTJ du Talmud est un menhir consacré à Mercure.
Controverse d'un évêquc. Lettre adressée h un do ses collègues vers l'aa
5H, iroduito en français, du texte arabe publié d'après un ancien ma-
nu scrit de La Bibliothèque Naiiona'le de Paris (n*' 755 du Catalogue), par
Léon Schhjsberg. Paris, lîbr, Viewcg; Versailles, chei Pauleur, ISB^t
in- 8** de 34 p.
L'original, écrit eu arabe, est une lettre attribuée à un év&que ehr^tiei
quif au moment où il allait se ronvertir su judaïsme» l'aurait adressée à
un de ses collègues. C'est une œuvre de polémique dirigée eonlre l^
christianisme. La préface de Tédition arabe a déjà fait remarquer que d
Touvrei^e a été écrit, comme !e dit un pis.iage do la lettre, 2;iU aos ■fyrèl
Dioclétien (devenu empereur en 284], il esl probable que la rédactiot
erube actuebe est posférieure, et que i*origioal aura été écnt en Sjri«, et
pr<"c ou eu syriaque. On peut ajouter qu*à la p, 17 du texte arabe il seiDl4É
qu'tl soit question des mo3i|uées et d'une prescriptiou rouaulmane. Li
lexte ursbe serait donc postérieur à 622, année de l'hégire. La traduclios
peut donner une idée de rouvrsge, mais n'est pas faite «vec tout le soia
qu'on voudrait. 11 est surtout regrettable que le i réducteur, sans aucoM
raison apparente, ait souvent résumé le lexte^ au lieu de le iraduiref
{isuté des passages entiers. La plus grande lacune se trouve k la
la traduction, qui ne donne qu'une très petite partie de la p. U
En outre* d y a, dans la traduction, une erreur de mi^e en pi
passsge qui commence psr les mois * Ne sais- tu pas que le pro!
p, !t, et qui finit par les mots * de telles croyances », p. It
transporté à la p. 13, avant la ligne 8 en remontant*
Corpus inrtcnptionnm scmiliearum ab At^demia hiscriptiontim et lîf!
rum huinaniorum condlluin alque digestum» Par^ primu, InscriplL Pba
nicins eoiitinenfÏT tonius I, fascicul. 4. Paris, impr. nation , 1887. TcxU
et atlas.
Dali£4N [G. -IL). Der loldcnde und der slerbende Mossîas der Sjnago|
U
îm crsten DacbchrislHcben Jabrlausend. Bcrlio, libr. II. Rculher, 1888,
ÎQ^"* de iv-lOÛp.; u"^ 4 ÛQS ScliriftcQ des lEsliluium Judaicum lu
Berlin.
DbrRNBOUrg (Joscpîi). Elazar ïe Peilan. Paria, Uhi\ Vievcg,
ilc p* 429 à 411. Tirage â pari diïs Mélanges Renier.
M. Joî. Derenbourg a lui-tnême publié une iorle d^analyse de ce tra^
vail daos uoire Iievu*i ; amis dsQs ceUe publicatioQ de^ Mélaaj^es Héaier
(parue seuletneuL dn 1S8T ?/ ûu Irouvcra des notes âci6LiUlîqa⣠intéres-
santes, et, de plus, trois iascrîptiaiïs grecques inédites de Civitas Portus^
en Italie ; ce sont des iiiacn plions funérair^fi prtrtanti ïnjx^, le nom de
DoraiSf avec ua chandelier : Feutre^ lo noia de Sarra, avec uti emblëme
juif; ta dernière, celui de Siilo[raé], Jillc de Gadios, » l*brede la syaagogua
des Hébreux ».
DoELUNoBR (Â. vou]. Akademiscbe Vorlr^gc, crsler Baad. Noordlingen,
- iibr. C-H. Beck, 1888, io-S-.
I CoDtieot, p. 219-248, Texcelleute conférence faite en lâfiL sur • le^^ Juifs
■ «n Europe > «i publiée u cette époque par divers journaux.
'lÏRDiiihlOND (James), Pbilo Judaeus, or Tbc Jewisb-AlexaDdrian Pbiloaopby
in lis developmeut and compleiion. Loadres, Iibr. WniJamâ aud Nor-
galc, 1888, 2 vol. iQ-8* do vu 1-359 + 355 p.
Livre I*^. Le philosophie grecque. -^ Livre IL Mélange de Thellé-
nisme et du judaïsme au tempe de Fhilon [IJcdé&iaate, Septante, oracles
•jbillins, S B gesse de Salomon, lettre d'Arîslée, A ris lobule). ■■ — L. 11 L
Pbilon : Origine et nature de la philosophie ^ FUnivers et les problèmes
qu'd suggère ; Anthropologie ; Dieu ; les Pyiasances divines ; Je Logos ;
raiithropologie snpérieure. — Table analytique des matières et autres
tables.
ifTKSiL (M,). Der Qcial des Talmud* Budapesl, impr. MorUz Buriao,
in-S- de 240 p.
Coulienl 47 cbap. dont les sujets sont : Dieu» Tbomme, l'Etat, la Ju»>
iice, Famour du prochain, la charité, le travail, les payens, Taccusation
du eacrifice humain, ruâur*^, le comEoerce, etc^* etc. Les questions ne soQt
pas épuisées par l'uuteur, il s'en faut, mais elles ne sont pas mal exposées.
Dans le détail;^ on trouvera des erreurs et des la pana â rectiJier.
Fabrb d*Bnviku (L'abbé J.}, Le livre du prophète Daniel, traduit d'après le
leste bébreu, uraméeit et grec, avec uae ÏDlroducttou critique ou défoDse
nouvcilt^ du Livro, et un commculaire lilléral, cxégétique cl apologé-
tique. Tome piemier, lulrûductioa crilique, l""* et 2« parties ; Paris, Iibr,
Ernoâl Thorio ; Toulouse, Iibr. Edouard Privât, 1886 ; 2 voL îd-S** de
XIV-908-ÏV p.
Comme noua sommes partisan convaincu ds la thèse qui place le Livre
de Daniel i Tépoque d'Antiochus Ëplphaciei lous ne pouvons d:re qu'un
mauvais Juge du livre de M. Tabbé Fabre d^Eavieu. Noua croyons qu'il a
dépensé beaucoup d'elTorts, de science el d'érudition, pour uae tâche
ingrate.
FouCAULP (Vicomte Cb. de). RecoE naissance au Maroc, 1883-1884. Paria»
Iibr. Challamel, 1888, in-4°.
■ Aux pages 305 4 OS, Tauteur a un chapitre intitulé ; Lea i«>raélites au
I Maroc. DaDs ce chap., M. Foucaud donne un relavé dei iaraélites qui se
I troufeat dit pe nés dans diverses parilea du Maroc, c'est uue filstbtique
HEVUE DES trmm juives
ittéresfiaulâ. Ce qui est pénible, dans la lecture de eé chi|ittn,
TtulMir, tprès ivojr Tait Boa voy9g:6 d'etplontiOQ déguisé «i Juif,
re^u partoult chez tes Jujfs, le moiU«ur occueil, les récompense
toiirs> rju'ils lui Qut prélé eu disuoi d'eux tout le mtl qu*il peut, satiségiri
• leur situnlioD mis^rnblï", aux souffrnnct^^ qirilB «udurent. Â U
générale des habitaol^- Nous avon» élé heurrus de voir que M. CàirW-
liez, deiifii U i?#cji« (/«r Ihm^fàfondHt t relevé cs procédé essorémezil pM
délicat.
FfitBDRicii (Tbouias'. Torapul und Palast Salomo^s, Deukm&ler pbûDiki*
Bcbcr KaoBt- Ri^kouslruklioD, Exogaao ûoi Baubenclile« mil Oruudrisam
uiid PcrspucUvcu. luuabruck^ libr, Wngnet, 1887, in-4*» de 72 p. d
D pbnchoe.
Décrit U Naos rpl&Qi éléviUou, décorilîoji], U coor ialérieitre. la tm
d'Bzéchiel. le psltis de Salomon, ei compare syee été coastruclioas
cieuues. C/est uue <Stude k consulter >
Gëldhaus (S.), Udicr SLoâ'e alldeutscber Poésie. Borlin» Sibr. Stuhr, s. dr
(18B7), ÎD S-^doeaiK
Très intéressKQles cotoparaisons enlro Ue légtadts Joives et loi Mgioiai
qui circulent eo Burupe. pnuctpalemetit en Âllemsgtie, Od rtJMNM
surtout le chap consacré k SUjskiud, h trouvère Juif, et oîi ^. Q* i
élucidé des questions qui étaient restées douteuses. L auLeiir prouve ((Ot
Sûsekïud était familiarisé avec la lilléreture biblique d rabbinique ; M. 0«
flupposeï en outre» que SQssktod o'a pes pu réciter «et poésies devaol i«a
barons et tioblea^ comme let Uottvèros chrélieasi et qttll &'a jamais
cbsuté que sur le papier-
GauBNWALD (Moritx). Ueber dcii jûdtsch- dcuiscbcn Jargon, vtiJgo EaudcN
w&lcU geDanot. Prague* Hbr. Jacob Pascbalea^ 1888, iii-8<> de 15 p. Tlngo
à part du Ungariscbe Israeltt.
M. Gr. donne un certain nombre de parallèles iatéressaDU e&in \»
le judéo-allemand et d'autres langues ou dialectes ; il les rattarlie à oM
Bociejiue vereiou judéo-allemsûde du PateuOtre. Nous u^oserious pas àir
eider que rsUemaad scAlaeÂtm vieiit de Tbébreu t2TTS3t uoua rappetoat
seulement que lea juifs comtadins avaient le vrrbe tûgaitr^ qui répond I
l'idée de UTVQ ^i provient de ce mot hébreu.
Graetz (H.). Histoire des Juifs. Tome troisième Traduit de rsltcmand piT
Moïso Bloch. De la dosLmclion du second Tcmplo ilO) au décliû de l'eii*
larcuti92U). Paria, libr. A. Durlacher, 1888» iu-H" do 358p,
Ghastz (H.). Yolksliiiiilicbe Gcscbichtc der Juden, L llofi Leipzig» lil}?*
Oscar Loi Der, 1888^ îii-8'^. Les autres Uvraiso&a coQtinueDl de paraliro.
L*ouvragc aura 3 voL
GuDS3ijANN (M.), QescbtchtG des Ënsiebungsweaeiis und der CuUur
Juden in Deutscblaud wâbrend des 7iv. und XV* JabrhuQderls. Wien*
libr, Alfred ilulder, 1888, iû-8* de x-303 p.
Cet uuvrage forme le troisième voUme des études de M> Gadem&aa
eur rhistoire de Téducatiou et de la civilisation che2 les Juifs d'Occideal*
Il eat impossible de dire tout le biea qu'on pense de c^s études, on a if
tliûrait pas d'en éuumérer tous les mérites : érudition vaste et s&re, iiar
tueatias lectures, groupemeut lumioeux des fuitâf iulelligeuce des cau^
et des iulcntions, parfaite euleutede la perspective historique, qui met !<
hommes et les cboseâ en leur place, daus le milieu qui les entoure, avi
les proporlijus qui leur convieunent et dans leur vrdi jour. Parmi lit
I
liLULIOCmAPyJE 303
neaÂfeux thèmes développée dans le présent volume, on peut siguiiler (s'il
et! poisible de chnisir] comme spécmlemeiii laléressauls les noLices sur
divers mbbtus tels que Maharil, Jacob Weil cl SMrl'>ul \léir Ilallévij de
Yietjne, et Josef Colon ; la tlescripli>n da raclivité srictitiEque juivo
dont TAulriche était devenue le ccnlre ; rhistoïre de ce qu'on appelle
U mttriffttt, de^ ^tudiaiitâ et THlibins ambut&uLs sï nombreux à eellu
époque, 1o descripùon des ad m ûib Ira lions et iuhtilutioas juives, des céré -
motiies religieuses us et coutumes, sufiiTâUtiouSi des ropporls enue Juifs
ti Chrétiens, de Tusure Juive et de l'usure au moins aussi grande des
chrétiens de l'époque, et tout ce qui est consacré à montrer à quel point
les Juif» alieroauds s'étaient assimilé la bague, la littérature et les cou-
tumes nationales. Voici quelques observations de 4littail. M> GUd. adoplo
L'explicaLioD déjà donnée avant lui du nom de lblî3j qni strait nue forme
populaire chrétienne du nom de Moîsc et qu'il fiiudrait protioncer M&Uin
^p. 17), ^ — L'évf*que ou epîscopus des Juifs anglais se retrouve dans le
Biscbof des Juifs allemands (p. 33* — Nous voudrions (|ue M, Gildem.
Qo dit plus Salomoii b. Aient (p. €(3^ il est maintenant établi quHL faut
tireii«/rfr. — Les observations sur riucertitiide de l'ortho^frapha allemande
de Tépoque (p, 74), qui a donné tant de ûl à retordre aux rabbins, quand
ils voûtaient transcrire les noms propres allematids, ne sont pas un fait
isolé, ni même qni eût besoin d'ut^e longue démonstration; c'est un phé-
nomène bien connu do tous les paléoprajibea et qui se retrouve, au mojen
4ge, dans tous îos pajs. — M. Gûdemoiin nous a refusé quelques pages
pour (a description détaillée des administrations juives (p. Ol^Ot:), uous
aurions été hcureuit qu'd eftt développé celte qyestsoii comme il Fa fait
pour les administrations juives de ritalie. Il nous dédommegera une autre
fois. — Nous na savons si M. G* a rais^cn de croire que in mot Schulâ
(école] pour synagogue «bt d invention cbrélieune (p. 94}, nous croyons
toujours que cette désignation vient de ce que fécule primaire )uîve était
dans la synagogue ou dans uu local Bttenant à la sj'nagogue. Dans tous
les f.as, la m^me déaignaiion &e trouve dans le Comtot français (récolo
Jea Juif»)» en Italie» ou, par exemple, la famille du Scola s'appella en
hébreu ^03D' Cette nuiformité dans l'emploi du mot en ces dilîérenls pays
Mmble indiquer une origine juive plutôt que cbrétiauue« — M> Gtld. a
blau raison de dire ip. Ul] que dans Tëglise autsi bien que dans la syna-
gogue on ee permettait souvent des plaisanlt^nes un peu salées. Ll y avait
des églises, eu moins en France^ où^ a ccriuin jour de rennéei un prêtre
venait^ après la messe, braire comme un une i hi ûhI At an / -^ Si des
femmes juives, eu AUemaj.'ne, s'appelaient Âtbalie (p. 105!, malgré la
mauvaise réputation de la reitie jtnve du m'orne nom^ dans le midi de la
France, lo nom de Salon pour Absalom était très répandu et c'est de là,
sans doute, que vient aussi, chez les Juifs allemands, le nom de Scl^abm
(Scholem). -*— Les femmes de mauvaise vie étaient nombreuse . cheï les
chrétieas (p. flT), nous avons déjà fait la même remarque dans notre étude
sur les Deux livres de commerce du coromencemeut du itiv" si&cle. — Oa
croyait que tes Juif^, eu expiation de leur faute d'avoir méconnu JésuS|
étaient a ftligés de maladies secrètea et entre autres d'bémorrlioîdes fp^ 110).
C'est de lii, sans doute, qu'est venue cette histoire ridicule des maladies
spéciales attachées aux deacendauta de chacune des dix tribus. Elle a été
inventée en Espagne par A. Carrnfa, puis colportée en Allemagne (repro-
duite en allemand dans un deis volumes de \Yolf, BMotk. Eièr.}^ et
mdme répétée encore par Drumont 1 En Espagne, les plémiatcs jnifs du
XV* s» parlent encore de cette fable absurde et constatent que les Juifs^
loÎQ d*BVoir aucune maladie secrète» sont aussi sains, au moins, que les
chrétieuB — La population juive était généralement faible dans les villes
(p* 1271 ; nous avons consacré un assex long développement à ce sujet
dans notre travail sur le nombre des Juifa expulsés d'Espagne. — Les
Juifs allamends croient aux démons et ûtres aurnaturelSf comme les ebré*
tiens (p. 139). Jehiel de Paris^ au xiii" s. croit aux féea et aux tuLina (vnir
804
HEVLE DES ETUDES JLIVES
91 cootTOTene aYec NicoUi Dooial* — Oa prenâ des iniiiin
paisioQ du Jieo Cp* 139} ; dus let pav# romtos et surlout ûêdb fe
PriDC«f oa reocouire Lrès fréquemmeiit des geas qui s'eogagciit dcftil
notaire, et tous peioe d'amende oa afilr«« peifies^ à ne pas jovcr» — Lit
Juiij, quaod ilfl tout condtmoét à être pdadus^ toot pêadiw p«/ tes piadi
(p. t47^ eiLicUmeot comme en Fraoee (voir Biêt, Ituér. et U mmi«
t. XXX). — P. 17S et soi?.^ eîcetieni chapitre §ur le prit k ialérti ti
Tusare. Noua ajoutons que dans la Danse macabre peinte pir Bolbria
dtas la cathédrale de Bile, il y a uo Jutf ei un minrief, l'usonir d'eat
doQc paa Juif. ^ Let médecias Juifs sont spécialemeoi recherdi^ par laa
dirélient (p. 1M) : se souveair de François F^, roi de Fraoee.^m reet
«voir abtolutâeui un médedo juif et en demande un k Cheriet-Quisi. ^
Let tobriqueta donnés eux cbréliens (p. ^h) ; ils sont nnlérîeorf su
XI v^ siècle, on en trouve déjà un cerlam nombre dans an pa«ca§a des
EfiractioMS de Talmmf imprimé par nous dans U lUvué. — Les manvaitet
manières des Allemands (p. 1^*6) i dans l'étude que noua a\oos pablîée
sur Josef Haccohcn, ou voit aussi que les Juifs i ta tiens crojaient ftra
mieux élevés que 1rs Jutfs allemands. — La oute Vil (p. 280} sur lêfl
Irantcription de T allemand au moyen de caractères hébraïques est bt^^
intéretainte ; ou pourra la rapprocher de Tétude iur la trmnaeriptioa da
français publiée dans notre article sur les Deux lirret de oomtnaroa, cle.
En France I aussi Vm^ qui a un son très analogue 4 Vê allemand, s'écrit^
^1 (p. 2fi3,), par exemple ^n'^ip e«r/. Le ^ quiesceitt de la un de« moû a^^
lemandt (p. 2^d, 2911 vient peut^tre de la méthode française, où le AI à la
fin dea mots représente r« muai. Le n ii*^t pas non plus emplojé dans
let transcriptions françaitet, mais celle»-ci em^iloient le n* qni n'etf pas
«mptoyé en allemand ; nous pensons que cela vient de ce que, en Pranet,
le n ne s'entendait guère et qu'il a fallu prendre le H pour repréatater
Vk aspirée (D*^pn Haquiu) ; en Allemagne la proconciation du n ^iii&
assez forte pour représenter Vh^ même aspirée. La différence entre let àf-
tite* et les tKéîittê (p* 75] nous paraît surtout consister eo ceci : dans ses
féjfiona et aujourd'huif le kit hébreu est mal prononcé, on en fait à tort aa
Au/' aspiré ; la vraie prononciation est une forte aspiration venant du fond
de la gorge^ Les chétiut avaient déjà notre prononciaûoa vicieuse, lit
kiêiiiê auront eu, plus ou moins, la prononciation correcte. Avec le temps,
la prononciation plus correcte a disparu de nos pays, et let chéïilet oal
triomphé. Les Juifs du rite sefardi, en Orient et en Afrique, coutinuenl à
pmnoucer correctement le hit*
Gtttacbten GangatielU 'b (Cicxneiia XIV) ia Aogelogctibeit dcr Blulbeschnl*
dlgung dcr Juden. Aus dem italioniâcben uber&cUt voa A., fierliner* ^
Berlin, libr. Pb. Deutsch» 1888, io-S'» de 48 p, |
Le mémoire original parsllra dans un prochain numéro de U Mt^mt; Û
est daté de 1750 et se rapporte a des faits qui se sont pasiéis a ceUa
époque en Pologne. M. Berl. a mis, à la fin de la brochure, d'utiles noies
bistonques*
Hahmuth (C.-F.-Aug.). Der cfarouologiscbe Rbytmuâ des allcii Testa*
mculB, ciue bbloriach* pbîlosopbische Studîc. Hreslau* llbr. Prousi et
Jùngcr, 1881, in-8«* de 40 p.
Nous avouons n'avoir pas bien compris ce que veut Tauteur, dont rttpo'
sHion nous a paru très obsrure ; il nous a semblé qu*il groupait les ehd&ts
de façon a retrouver les mêmes totaux dans did'éreotea périodes de Thif >
tbire. Ce serait un jeu enfantin.
Ha'/^zan (David), Hlstoria ottomoua. Smyme, Impr. de la Esperaiizi, ^H-
1687| iû'8^ do 190 p. En judéo-eepagnol, caractères hébreux.
BfBLJOGlUPlUK m
Hbn'RYCHowski (IgoaU)* Htilclû Jâcb î-;"^ibbHt «der die ideniische Form
und Bodcalung do^ Slûvjschcti utid dos aitlestamcnlllsclieD Urgotlesna-
p mens Bôg TP. Ostrowo» chez raulcur, 1887, in-8^ de 35 p.
noLZMANN (Micliaeî;. Ludwig Boerae, soin Lcbcn uud sein Wirken nacb
lien Quclleo daigestclU. Berlin, libr* Hobcrt Oppenlieim, 1888, m-S*^ de
(iv>402p.
Table do* matières ; Ititroduelion, — Enfance et oJolesccnce- —
Années d^étudianl- — Premiers essais lill(?raires* *- Boerno foïiclloniiBiro.
'-^ Son baptême, tes rapports avec le jude'L^aie et le christianisme. —
B. édileur du journal 1b « Wage ». — B, éditeur de deux autres journaui.
— Pérégrinations. — Le Recueil de ses œuvres. — Ses Lettres do Paris.
^- B. traducteur, intermédiaire entre la France et l'Allemapoe ; la Jeune
Allemagne; Manï.el le galbpbagiï ; dernières années de B. — Appendice
cootenanl un tableau généalogique, et des notes.
bibaUsverzeicliniss der Jatirguage 1869-Î857 der Moaalsschrift fur Ge-
scbicbLc und WisscnscbafL des Jurfenihuras, Krotoscbin, libr. Mooascb,
1888, in-S*» do 47 p. Tirage à pari du n* 12 de la MoDatsscîiria de 1887.
Jacûbs (JoFepîi) anâ Wolp (Lucien), Catalogue of tlie AuglO'Jewisb Hislo-
rical Exhibition, Hoyal Albert Hall, London, 1687 ; illustratod by Frank
Ilaes. Publicalrona of ibe Exhibition Commitlce. n** IV. Londres, F. Uucs,
1888, ïn.4^^dc xxvi-yil p.
Noua aTons déjà, dans uu numéro précédent de la Reçue, roadu compte
du catalogue d@ l'Exposition bistorique juÎYe de Londres* La présente édi-
lioQ se distingue do Tautre par les pJi otographies et grairiirea qu'elle
contient. Les planches sont nombreuses et excellentes* Nous EiignalonF,
comme spécialement intéressents, la pièie de Colcbester, p. 9, avec lu
dessin d'Aaron fiL Diabuli; les actes bébrcux el latins des p. II et 12, Im
planches de monnaies, p. 15S et 164, et le dessin comique p. 17t1>. L'ouvrage
contient encore une faule de photographies [2>^ planches en tout, repréaen-
taol des sefer toro, raegdlot, objets d*ur et d'argent servant au culte public
et privé). Il est exécuté avec luic el ligurera dignement dans toutes les
collections.
Jabrbûcher fîirjûdiscbe Geschichte uud Litteralur, herausgg* von N. Brûll ;
VlïL Jabrgang. Franclort^s.-M., libr, Reitz et Kohîer, 1887, in-S'* de
188 p.
Cunlienl les articles suivants : Die epiatolarischen Âpokrjphen und
die apokrTphiflcheo Zusaize ztjm Bûche Daniel. — Miscellen i Der ?lgyp-
tîsche Vezir Tagri Berdi. Paronomasirende Darslellung nichtjûdiachee
Namen bei hcbrîiiachen Dicbtern. — Das Sendschreiben Saul Levins ûbar
den in Altona dber ihû vcrbangten Bann. — ^ Zur Geschichte der Judeu
in Frankfurt a. M, ■^- Die Haarbedeckuog der jadischen Frauen. -^ Isak
Akrisch. — Die Synagoge der Siburesier in Rom. — Mose Ibn Schanai.
— EingeRchaltetc Partien im babylonîaehen Talmud. — Sjnodea der
deutscben .luden im Mittelalter. — Daa Musik-lnstrument Alamol» —
Der Ri lus von Troyes. — Recensionen.
"rbcologischcr Jahrcsbertcht, hcrausgg. von R.-A, Lipsius^ô. Band, cn-
thaltcnd diû Literatur dC8 Jahres 1886, Leipzig, lîbr. Georg Reicbardt,
1887, m-8> de x-528 p*
La chap. x« p. C2 à 70^ contient dés notices sur les éludes juives.
jERE%fiAS (Alfred), Die babylonïBcb-assjTîscben Vorstclhingen vom Loben
Ducb lie m Tode nacb dcn Quel le n| mil Bertlcksiclitigung der uUlcsla-
T. XVL n"" ^2. 2U
RE Y LE mes ÉTITDES iVtVES*
md&tUcben t^rolleleo dançcstetll. Leipzig, Ubr. EliiLiiclis, 1^87, tii-6^ tfê
126 F».
L*ipp€todte«« p. 106 et gmv., est eoaneré à l'étod» ém hàâm M VA^-
deo-TesUment sur la vie futqre.
Jomai der Mîsclitiatractat « VersôhnuDgslag », berausgg. oad ert&alerl von
UcrmaDn L. Strack. Berlin, libr, HHeuther, 1?Ï86, iq-8^ de 40 p,
Inlrodacttofij histoire de la critiq^ue da telle, édiliou d'après dhrer» am*
et d'après deitx éditioaa anléheurest notes eri tiques ^ tocakolnra. L'm-
Trag« forme le a*^ 3 des Scbrifiea dea losiituiom Jitdaiciuii la Boiia.
JubotscbHfl zum sîebztgsleD Geburlslage des Prof. ïy H . Gnietz. Breslaa,
impr. Schoiaaeiider; 1887, in^-S' de 324 + 8« p,
Cootieat les articles saivaDie : J. Perles : Die Bertier Usadschrift di«
kleiaeo Ârucb. — Isidore Loeb : Les etpulsioBS des Juifs de ?raaoe an
XIV* siècle. — A. Schwari : B«leuchtuDg eitier dunklea MiscàaalL —
M. Gû^iematin : Der Gott der Hach^, ein B^itrag zur Ethik des Jftdisebe&
Volkes — W> Bâcher ; Der Prûtstein des Meaaehem beo Ssleœ. —
J. Egers : Das sUmoieliide Madcheo* ^ — Eartwîg Deranboarg : Ua pa^
sage f;ur les Juifs au xit^ tîècle, traduit de rAutobiographie d'OasÉioa*
— M. Friedmann : Jarobb* Atà odcr die TbeituDjsr desRekbes. i
zur jùii&cbeQ GeackichLe tiud AUerthumskaùde. — B. Rippoer :
FrîediJlader und Probst T«ller. = M. Jodl : BtDige Noltxen ab !
taugea zam z^eiiea Theil meiner Scbrift ; * Blicke la die Religtoasge*
schichte *. — Brûli : Der kleitie Sifre — Pb. Blocb ; Die erstea Caltar-
besircbaagea der jûdiscbeo Gemeiade Posen tmier preuasiscber Herrsebafl
— M. Brann : Gescbicble des Laodrabbinats in Schlesîen, na^ g^iruck-
tea und uugedruckten Quetleo. — D. Kaufmano : Barlbold Dowe Bar-
maDÎB uud die Vertreibuag der Juden aus BôhmeD uud Màhrea. —
M. Babmer ; Uaggadiacbe Aaateklea aus den pscuJo-hieronTmiaDisdiaB
Quiéftîones — Silomoa Buber : Kinleitaog und Erga^Kuaçen laoi
Aruch von Rabbi Samuel beti Jaeob G aœa. — A. Kiacb ; ^IB rbi-
C"^5^bprî Histoire de rideaui de Damas volés à Vienne ea û3?3 ^^Ii) et
achetés par un juif; texte hébreu ioédît. — S.*J. Ilalberstam : Tactaaol,
de Bologne el Forli eo 51 7« et 3178 {\m et 1U8), texte hébreu iaédit. —
Ad. Jellinek : Sefer ha-Ot, Apokaljpse des P&eudo-Prophetcn und
Pseado-Messiaâ Abraham Abalafiit, volleadet im Jabre W^i ; texte b^brco
inédiL
Kayskhuno (M.) Moses Mendelssobn. SoId Leben und Wirken, mil atuthêu-
tiscbcn BliiHlralionen und elDcm Facsimile; Zweito vermebrte Auflnge.
Leipzig, Hermann Mendelssobn, 1888, ia-S** de x-54B p. avec i 11 iiat rations.
Cet ouvrage de M. Kayserling est excelleatt ou le saU, et dooaé nn
exposé complet du sujet. Nous le recottundodoos à tous ceux <)ui veulent
étudier les origines du judal«;me moderae. Les illustrattoas ajoutées a
cette édition sont : un portrait de Mendeissoha, la maisoo où est ne Mea-
deUsohDf un charmant portrait colorié de Frotnett femme de MeodeUsobaf
et un autographe de Mendelssobn. L'ouvrage est pourva d^aa ban iadeii
(|ui manque à la première édilion*
Kjttkl (R.). Gescbichte der llobraer. L llalbbaiid. Uuglleokunde und Ga» ]
scUicbto biâ zuai Tade Josuas- Golba, libr, F,-A, Pcrtbes, 1888, in*8*d<î j
xii-281 p.
Li>;uL(>;s /f^iuis). Les Bibles et les iailiatcorii religieux dt: VHumaniiè. |
Paris, llbr. Fiscbbacber, in-8".
Le iiv'rt' V, vol. IIÎ, est cûitaacré presque tdot eotier (p. 77 a 11^ h Ul
BIBLIOGRAPÏÎIE 307
• Bïble hébraïque ». Cet otrvrof^e contianl im exposé sommaire de This-
toire de la Bible et des études bibliques, A U iîp, ua chapitre sur Id Tol-
mud et UD chapitre Bur le calc^ndrier juif. LWvriif^e ne s'edreBse pas aux
hommes de science, quolqull âoit bien au couraul des questieas; le
publie eofael il est destiné le lira sûrement avec plaisir et proGt.
Lkn'I (Simeone). Vocabularice geroglifico copto- ebraico. Volume IV. Tu-
rin, Uth. Saiussolla Pietro, 1BB7, 1^-4*" de 312 p.
Lhvt (J.), Neubobraiscbcs und cbaldâiscbes Wôrteibuch ùbcr die Talmu-
dim uod Midrasckim ; 21" fascicule, p. 449 à 560 du 4** volume. LeipzJiiîi
iibr. Brockliaus, 1887, iû-4'\
tdtwrasKir (A.). Beitrâge zur Eenntiiis der rcligionsphitosophîscheD An-
scbauuïigen des Flavius Josepbus. Bregiau, libr. Preuss et Jûugcrf 1887,
m*8' de 63 p.
Contient les cb^pilTôs suivants ; K Dieu» sa naturel ses attributs, ses
rapports avec F univers ; 2. Aoges et démons; 3. L'uDivera ^ 4. L'homme*
LezîDgen gohoaden iu de VereenigîDg veor Joodsclic Letlerkunde en Ge-
sebicdeoifi te S'Oravenliage, gedureude bel eerste VereeaigiDgsjaar, 1886-
1887, La Haye, liJbr. Belinfante, 1887, io*8« de 246 p.
PT. Taï : R. Saedjab Gaou. — J.-D, Wijnkoop : R. Joseph Karo. —
T. Lewensteia ; Maîmoiiides. — L. Wagenaar : Hel Bœk Ijob. —
J.-L, Sehlberg : Masaaot BeDjamin. — Â.-R. Pereira : R* Jebuda
Hanasi*
LûUBiA (Joeef). Materne tijeska Tooric L^brei^age Kaleadar. MoMlew sur
Dnieper, 1888, ia-6° de ix-152 p. et 9 tables ton russe).
Théorie ma thématique pour le calcul du caleodrier juif*
Maspkho (G.), Sur les noms géographiques de la liste de Thoulmos 111
qu'on peut rapporter à la Galilée, Londres, I88ti, in- 8" de 31 p. avec
carte géographique. — Sur les noms géograph. de la liste de Tboutmoa
III qu'on peut rapparier à la Judôe, Londres, 188S, iu-8* de 23 p-, avec
carie géographique. Les deux brochures sont publiées par Fiualitut Vic-
toria, société philosophique de la Grande-Bretagne*
Ifsax {Adalbertiis). CbrestûmaLhia targumica. Berlin, libr. U. Rculîier,
1888, ia-S* de ivi-300 p. Fait partie de la Porta linguarum orienlalium
de Poiermann, continuôe par Slrack.
Morceatix choisis de Tar^umim de ta Bible^ avec la vocalisation ori-
ginale dite de Babylone^ d'après les mss. À la un, un vocobuluire (p. 105
à 299). C'est un travail des plus utiles pour Tétude du Targum.
MOTTJL CEti»ilio\ Ebroi in Como ed in altre cilLà dcl ducato MikiDCSC. Do-
eumentl milaneni del secolo decirnoqninlo. Pages l à 44 du Periodico
délia Soeieia storica per la provixicia e anlica diocesi dî Como, 5* vol.,
feae. 17 du journal Come^ impr- F. OslincîH, 1885, in-8**.
MûssÊ« La Ro^éo, pK>ésie religieuse espagnole par le rabbin Abraham ben-
Eira, poète Israélite espagnol du xii' siècle. Protestalion du Judaïsme
contre les erreurs de Tastrologie, traduite et développée. Avignon, ïmpr.
Gros, 1887, in- 18 de 39 p.
HuBLiiSa (tl.). Ztif Gescbtchle der scmitiachen /^ischlaule. WieQi Alfred
Tïï.
ȉlMiv.
Ulm à BcHîii te 31 Jttvner IWI.
» Uooalgbliuer. lii-a> de 19 p.
PsitiCEf . lair. Alex.
4
Ibe G€rBra, vUh •dditjom
1S88» ia-fl^ de zv*W7 p.
C» obH««i et tollrtwiwt fiMi— ngi da SalosM JImmi^ foi a Tiaà
k fia da dfltaicr tiède, sénlailhiiBrittesUoaq^laia Meordée II. lltf>
r»7. Cette Indoelioa est pourras de maêta otike ei «vie d
de II. Mufrej sw le vie de IleiBoa e perlir de la
•steldogn^faie |uqa'i •« neit (ta 1800).
NvcuAUXft (Ad.). Mcdiaeval Jfewîsb Chraaieles and chrooological K
Oxford, ClarcDdoa Prese, 1897» iD-4* do zxiT*âO0 p. Fait pariiie
eoUeciioo dea Ao ce do la Oxoniensîa.
Cet ooTnge est, pottr Ice bistoriena, itiM des plus toti&iasaalcs poUr^^
ceiiôoa qoi «ient été Ciit«a dans ces deraières innées. It coatie&t. d'
des imprimés tt des manascrita : is lettre de Scherifs ; U
d*Abrabam ibn Daud ; celle de Josef iba Çaddik d*AréTalo, allant juaqu'i
1197 (inédit) ; celle d'Abr^him de Tomitîe^. échu en 1510 [r. p. 107, L S ^
inédile égaletoeol; ; de grands extraits (ioédita) dlsaac Sambarï. d*Bgjpt#^^
antenr d^ane chronique écrite en tG72; pois un Séder Olam, un Séder Olaoa
ZuUa avec Séder Taonalm Te- Amoriim ; une chrtmiqae très courte des
empereura romaine ds l'empire d'Orient, et divers fragmenta, parmi les*
quels un fftgment d*ua Aroa de Lanel, daté de Tan l^t. Dans Ttatro — "
ductioo, M. Neub. fait la liste des chronicjusura juifs ou même des ébauches
ds chroniqQea faites par quelques auteurs dans leurs ourrages (à la lûts
des Séder Tannalm ajouter celui de Trahollo, publié par D. Kanfmann
dena BttUM^ IV| ZûS) et indique les relations qui «siitent eatre qnelcpies-
uns dVnlre eux. A la p. xv, en note, se trouTs une liste de corrections
fsites por M. Neubauer à Tédiiion Filipowski du Jùhoiin^ d'spiès le ni§.
qui a aervi à celte édition. Un £aura gré à M. KA* Neubauer du soin qu'il
a mis à relever, dans les mss. et les éditions, toutes les vsriaates des
teitee, le matériel qu'il a réuni pour cet objet, dans les notes, est coosi-
dérable, et d'uu graud prix* Sur diversea questions de détail concamaat
le texte, voir la iuiie de outre élude sur Joseph Haccobea et les chroni-
queurs juifs on cours de pubUcatiou dans la Revue*
Omokt (H.). Spécimens des caractères hébreux gravés à Venise et à Paris
par Gulllaumo Le Bé (1546*74). Paris, 1887. m-8» de 8 p. avec uae
plaoclie. Tirage tx pari de la Société de riiisl* de Parts et de THe-d^
Kraoce.
La bibliothèque oalionale de Paris contient (Inventaire Réserve, X, 1665\
UD recueil factice de 46 spécimens et épreuves de caractères hébreu x, recueil
formé par lu célèbre graveur Guillaume Le Bé, avec des notes manu5crite5
do lui, dotiuaut la date de la gravure et autres indications. On y voit que
Ginllaume Le lié a taillé des caractères hébreux à Venise, en 1S6, pour
■ Messer Marc Anthoine Juslinian, gentilhomme Venitian >, dont les im-
primi5s hébroux sont connus ; en 1547 et 49, pour Maz de Parense, à W
nise (il l'appelle encore Maggio. Maio de Parenxa); en 1556, il taille un
camci^re « glose mo^-enne ■ (probablement rûscki) pour le même Maggio ;
puis vietil la ujontîoo de caraclères gr&véa par lui i Paria en 1505 et en
1!>7I, dont luu pour Planlio d Anvers. Son père avait aussi taillé def
BIBLIOGRAPHIE
My9
caractères tiébreax. L«s reuillets coatLeuneDl aussi âes (épreuves de carac-
tères hébreux gravés, à Parts^ eu tr>U« par un aommé Jeau Ârnouli dit
le Picard, et d'autres gravés également à Paris, la tuâmu annét', par uu
Martin le Jeuue. Dca caractères de Jeau Ârnoul sont vetidus à Maz de
PareDSSf la « glose * de Jean Âruoul est très bcHo, d'après Le Bé, k lettre
de Martiu le Jeuno serait, au contraire, mal faite. Dans les caractères du
célèbre imprimeur Bomberg» nous relevoos une • glose » de Messer Cor-
nelio, Juif baptisé, correcteur chez Bombcrg {égalemeut bien coïiuu) ; une
■ glose « pour les marges du Séf < bassarasim », probablement le dictioii-
Dsire de David KicDht. Puis vieot une « grosse glose ■ taillée par M* Mi-
chel Du Bois à Vei4ise, pour le magnifique Mess«^r Marco Anthimio Justi-
uiau, geotilhoramô vénitien, loquelle M*^ Léoa, juif, me votjïut faire refaire
(c'est-à-dire voulut faire graver à nouveau. Serait-ce Léon de Modèae?)*
Èâfin, une grosse lettre hébraïque qui éuit à un juif nomma Jacob
de Mantoue^ jeûna homme travaîHaut à l'imprimene de Qiustiiiianî, et qui
en donna une frappe à » Mazo dai Parenza •- Entre autres» un spécimen
aussi de caractères hardis et rares appoitéa do Constantinople à VeQlso
par un pauvre vieux juif, — La planche jointe par M. Omont contient le
fac-similé de quelques-uns des spécimens de la collection. Ce petit travail,
est, comme on le voit, des plus intéressants, et nous avons vu avec un
plaisir parUculier le rûle joué par les gravuurs français dans Thiatoire de
la typographie bébraîque*
Popa si Ovreiul par N. L Craio^a, Ubr. Philip Lasar, 1887, in-S** de 32 p,
Presskl (Wilhclm). Die ZerstreuuDg des Volkes Israël, IL Ileft, Die Stufcu
dieser Zerslreuuûg. Heilbronn, libr. lIonniDgcr» 1887, in-B^ do 127 p.
Regestcn zur Geschicbto der Judcu im frlinkischeû iind dcutschcn Rûichc
bis zum Jabrc 1273, bearbcilel von Julius Aroniua. — 1 Lieferung, bi.'i
ïum Jabre 1033. Berlin, libr, Leonbard Simioti, 1887, in-4" de 64 p.
Excellent travail dont nous félicitons virement rauleur. Il a montré, en
plus d'un endroit, un tact historique très sûr, par exemple au n* 64^ où il
indique avec beaucoup de raison que l'importance des Juifs dans la Gaula
naiboDaise a été grandement exagérée. Bito entendu, le ù^ 51 n'esl
qu'une légende» et non de Thisloire. Il faut prob&blemeut ranger dans la
même catégorie le n° 19 et d'autres articles tirés de Grégoire do Tours, La
publication est faite par la ■ Histor. Commission fur Gesuh* d. JudeQ in
Deutschland. *
REtNJkce (Théodore), Les Monnaies juives, Paris^ libr. Ernost Leroux, 1888,
in- 12 de 74 p. Petite Biblioth. d*art et d^arcbéologie*
Les lecteurs de la Hevue connaissent cette étude par rexcoUeutc confe'*
raace que notre cher collaborateur et secrétairo M. Tb. Reinach a faite à la
Société des études juives. Parmi tes nombreuses pièces reproduites par
M. Reinacht oous signalons particulièrement celle d'Âpaniée-Cibolus, ou
est représentée l'arche de Noé avec personnages. On bra aussi avec beau-
coup d'intérêt l'bistoire de rinvention des monnaieSt qui a été esquissée
par M, Heinacb au commencement do son étude.
RosBNDERO (J.)- l'aa araniiiiscbe Vorbum itn babyloaiscbcn Talmud, Mar-
burg, Oscar Ebrhardl, 1888, ia-8^ de 66 p.
RosiN T(David). Reimo tiiid Gedicbte des Abrabam ibn Ksra, gcsicbtet, gc-
BammoU, ùbersctzl und crliluterL Drittes Ileft : Aussergottcsdicustliche
Poésie, Nr. 63-89, Brcslau, Ubr. Wilh- Koebner, 1888, in-8<* do p. 100 d
à p. 166,
ScuoENFKLDEu (J.-M.). Dic KlagcUedcr des Jcrcmtaa nacb rabbiniscbcr
3ia
HEVIE DES ÉTUDES JUIVES
AusIeguDg. 1. Âbrabttm Ihn Esra's Commeiiiar îd daaisdier Ueberira- '
guog; H. CororoaDlar ïd Cad, Hobr. 5 der k. Hof- und SUaisbibliolliek
in MûDcben; Hebriiiseher Text mit Ueliersetztiiig. Mttiiieb, Ubr* SUhl-
Bcn., 1887, in 8* de viiî-105 p.
Schulchon-Anikli (Gedeckte Tafel) oder das RiUial- and OcsoUbocli des
Judeothums** * tum crslcn Maie aus dem Origioal frei ia *a Deutodie
ûbcseUt. . . voD D*^ Johaflnes A. F. E, L. V. ron Pavly ; !•*• faacic
Bftle, cUez Slepbati Marugg, 1888, in- 6^ de 1$0 p.
Nou» «vont déjà parte àt cetlo |>ttbUcaltoa. 1ora<pi*«1]a o éié êb
LVxiiicDce de M* l^arly a éié obe en qtieilioii ; l*oa7iig« «I srapooQiié
d*Ôire tttie pure etiireprse d'aotidémittsme*
SkoOk-Sghônbs&oer (Mark)* Die Sjriscbe UeberseUung der iwôlf EleioâD
Propbolcn und ibr Verbaltubs zu dem massorelUcbcD Texi uod 711 den
âlkm UeberseUungen, namentlicb den LXX. u&d dem Tar^m. BrcsiaQ^
libr. i?reuM ei Jâoger, 1887, va-S^ de 75 p«
L'auteur croit que la trad. ajriaqoo des PaUfs Proph^t^s est Ti^STn
d*uti Juif, il y remorque un grand nombfa de reatemblnnces avec le T«Tf«&
et des eiplietiioDS ou traductions împré^éaa de resprit d« la baiakha tl
du m id rase h pales tinicDâ. M. Seh. a étudié, ea détail, la {«xta da U
IraduclioQ, a cbercbé à recou»iituer la leçon originale du tr«.dt»cit or là oô
elle dilTère du Laxto hébreu de dos Bibles, d^expliquer les erreora qu'il â
fajiea, do voir ai cette traductiou syriaque ■ un ou ploatatir» auCaart («a
autauf, d'aprèe M. Seb.).
Spitzkr > SaDiuel). Uêber SilLe uod Silleo der altOD Volker, DamecLlicb der
Hebriior; Griccbco und Ronier- Budupûôt. 1888, iu-S** de 89 p. Timge à
part ÛJQ rUo^ariscbc Israelil.
CoQBidériitious sur lea moDtira, rhebiUataaQt, Hiabilalloiiy les repas, li
lilLéraiura, la religioDi la politique.
STErN (Henri). Un faux diplomate au xvii" siècle. Kxlraîl de la Rctuc
d*bi8toire diplomatique. Paris» libr, E; Leroux, 1888^ in-S- de 18 p.
Cetta biatoire est bien curieuse. Tout le moade a eaieudu parler de celte
famiUe Palacba, doot quelques membres oat été «geota de TEiopereur du
Maroc en Europe Un David Palache vint a r*ari8 en 163t : il prétend être
chargé de conclure une slliauce avec le roi de Franc» i| Louis XUI), il est
très bieo accueilli, conclut le traité et s*«u retourne avec dès préaeott du
roi^ Mais au bout de Itoîs eni, on apprend que Tempereur du fliaroo désa-
voue Palaihe i^t la leitro de créunce «ibibée par Palacbc et qiii aurait été
l'cQuvre d'un complice. Louis XIU, eu 1634 ei 1635, veut se faire livrtr le
prétendu ambsESadeur, qui demeurait à cette épi>que aux Pays-Bas, mais
il est probable que cette demande ne fut pas suivie d'&lTetf c&r après la
mon, en 1537, de a ou uncla Josepb PaUche, qui était biaa réatlemeni
agent de Tûmpereur du Maroc aux Pays-Bas, Devid Pdlacba fui nomm^ à
sa place. M. Steiu ue doute pas que David PaUeba n'ait été u» faux am*
ba»sadeur et il montre que le cas ne serait pas isolé dans los annalaa delà
djplomutie, tuais il serait bien étonnant que ce Juif marocain efti oaé, à
cette époque, tenter une aventure aussi audacieuse^ Le désaveu de Teiape-
reur du Maroc n*c6t pas une preuve d'une haute valeur ; rEmpereur^ «prèJ
avoir soubailé lo traité, n pu cbaoger d'avis et ee tirer d'afTa^re en Mcth
fiant son diplomate. Cela e'esi vu. Quoi que Ion fas^e, il faut auppoaer
qu'à la cour du Maroc ou avait, sur ces aertes d'afaîrea, des idé«s
très larges «ft peu de scrupules, puisque David Palacba fui emplejé pla$
terd par elle l'oinme egeut diplumaliquc : ou bien l'empereur a luî-Maérne
myatiËé Louis XJII ou bien il a abaouB la mystificateur.
I
I
é
STsrKSCiiSBiDEii iMorltz). Uober das Wort Âltnatiacb. DatiK Zeitsclir. L
Gescb der Mathemalik, Stockholm, 1888, in-8*, p. 13 à lu.
Cootienl, entre autrtis» dlYerses iûdicsUoas sur remploi du moi Alma-
DBch chez tes écrivaioa juifs.
Stbînschnkïdkh (MO* Jud, GescbichLe voq der Zcrslôrung Jerwsalems bis
ZUT Gegenwart. — Rapport pour 1883 dans Jabresbericble der Gescbicht-
flwisseDscliaa, 0^ année; iU'8^, de p. 1 35 à I 51.
STBiNSCHKitiDBR (Moritz\ Gab es einobebrâîsclie Kurzscbrifl^ DcantwarleL
mil eiDor Noliz ûber die bebr. AbkiJnîuogen, Separulabdriick aua dem
Arcbiviûr SieuograpLie, 1887, n" 4&j el 4(31 ; in-8** de 8 p.
IndicatJt^QS sur la nalure et l'histoire des abréviaiions daos 11 bitérature
béliiraicfuei et sur tes ouvrages qui iraileot de ia malière.
STmHSCiiKHtDSA (MoritzX Geminus in arabî&clier, bebrSÎ&cber [par Abra*
bam de Balmes, 1524] und lateiûiscber Uebersetzungr. — Dans Zeilschr. f.
Qeaeh. d. Malbem.» de Slockliolm, 1887, d^ 1, iD-8^, p. 97 à 91»,
A la fio, quelques notes sur divers reoseigncmeDls fournis par les au-
\ leurs Juifs sur Thistoirûdo la scieuce cbez les Arabes.
Srai^CK (Hermann-L.)* EiDleiluug in deD Tliatmud. Leipzig, îibr. llio-
ricUs, 1887» in-8^ do 7G p. Tirage iï piâTi de la Ueal-Encjklopadie 1'. prot.
Tbeolog. u. Kirché* 2" édiL, vol. 18. Fait partie des Scbriften des InsU-
lulum JudaicuiD iu Berlîu, u*^ 2.
hL^ouvrage eoaUeul les cUapiLres snivauls : Division de la miscbua el
ordre des différentes parties de bi mischoa ; cowleiiu des 63 traités de la
mischua ; \tts Abot de Rabbi Natan et les Petiia traités ; Ilistolra du
Talmud ; Liste chronologique des do^'leurs ; caractéristique ; ouvrages sur
id matière. Ce Iravoil contient une feule de renseignemeuts sur le sujets
réunis en un petit espace. H est cluir que la cumpilatiua d'un si gruud
nombre de matériaux ne saurait èlre complèio et il ne faut pas s'étonner
que les jugements de Tauteur sur des matifïres ausEÎ diverses et aussi
complexes soient quelquefois sujets à caution. Voir une receasioa dans
AlbeniEum du 22 oct. 1887.
Taîmud {Le) de Jérusalem traduit pour la première fois, par Moïse Schwab,
Tome Xf traités Baba Qamma, iJuba Mecia, Uaba Balbra, SanbedrÎD
(i-vi). Paris, libr. MaisoiiuouTe et Leclerc, 1888, in 8* de iv-300 p.
Ce volume contient en tt^lo, comme quelques-uns des préeélents^ une
liais des muta étraugers^ grecs el LatiDs.
VosiN (C-IL) Rudînaeiita Liuguœ llcbraicte . . *retractavit, auiii* septi»
mntn cmeudatlsëima odidît Fr* Kaulen. Fribourg en Brisgau , îibr.
Ilerder, 1887, in-12 deiv 13a p.
Wkjll (AJeiandrc). Le Ceiîtcnairc de l'émancipalion des Juifs. Les Juifs
depuis le second lemple Jusqu'à quatre-vingt-neuf; çatucbisrne des Juifs
émancipés ; les Juifs émancipés ; catéchisme mosaïste universel ; calé-
cbisme mosaïste israélite, PoriSi cbez Pauleur, 1888, in-8** de ii-294 p.
Quoique nous soyons souvent d'un avîs contraire à celui de M< Weill,
noua rendons un hommage sincère à son activité ialellectuelle el à iWi^ri-
nalité (tantôt boime, tiintôt moins egréable) de sa pensée.
WoouK ^L.). Cours de tbéologie Juive. Principes généraux Paris, libr.
A. Durîacber, 1887, in«8^ de 110 p^
L
3!2 ïiEWE DES ETUDES JUIVES
Nolro cher mutrc M. Wogu« public, dons ce voluine« une pârl
cours cju'il fait au Sémiuairo îsraétito et uû U expose les théortes relijjietises
qui mit prévolUf dans le judaïâmCf sur l& métaph) sique^ la phjsiqoo el li
morale, M. Wofrue est probablement aujourd'hui, en Europe^ rhomma le
plus versé daus ces queslious. Hn réalité, il n'y a pas d<5 théologie juira,
il n^y a que des ibéologieus^ et pour coauaUre leurs doctrines, cnsi aupr&i
de M* W* qu'il faut r&pprcuùre.
WoLi' (G.). Ausdcr Zoit der KaiseriQ Maria Thcresia, Wien, Alfred Hôldcr,
1888, in ■8'* de IY-U5 p.
Coutiflûl, p, 6Ch81, UQ cliSpUre sur les Jtiifs fous le règne de Maria-
Thérèse,
WOLP (Lucien). Plao of a Dicliouary of ADgloJewish Biograpliy, Londres,
bureau ilu Jew- ChroDictc, 1887, iu-8' de 11 p* Extrait du Jcw. Cbit>D., -I
et U uQv. 1887; couileul la lîstû alpliabêiique des arUcles à traiter dans
une Biographie des Juifs auglals.
Wrbschmer (Lcopold^. Samarilautscbe TradiUoueo roUgelbcîU und nach
ibrer geseliichtiichéîj Eutwickeluiag untersucht. Berlin, Majer cl Mûller,
1888, in-8^ de xxi-(i4 p*
Dans riutruLJucliou, M. W. exprime son opicîûu sur les relations des
Caraïles avec les Samantaios (riotluence des Samarît. sur les Caraliei
lui paraît curlai^^e) et sur l^s préfendues ancieDues traditious juives que les
Samarit. auraient mieux conservées que les Juifs cuioiêmes. M. W. n*«i
croit rien, il est d*«vis que les Samaritains coiilenaièQi plus délétnanls
payetis qu'on ne pense et qu'ils étaient îocàpables de s'asisimiier eattèrtsment
aui Juifs. Le reste decette étude est eousacré à la description d'un ouvrage
de polémique vin^dit) du Samanlaiu Muuagga iba Zudakab ibn Gbunib
contre le judaïsme robhaniie, M. W, croit que cet ouvrage est dirigé spé»
cialemeut contre Soudio.
WuKNSCHB (Aug.). Der Babvlouiscbe Taluiud iu seinon baggadisebcu Bc-
slandlbeileii worlgelreu uebcrsclîtl und dureli Kolcii crlâulerl Zwcîlcr
Ilalbbaiid, :i. Ablbcilung. Leipzig, libr. Otto Scbuko, 1888, m-S*» de
3. Publications pouvant servir à Vhistùirt du Judaïsme moderne^
Du Camp (Maxime). Paris bienfaisant, Paris, libr, IlacLelle, 1888, in-8^
Le chap. IV (p. 2rjl à 440} contient le beau travail do M. Max, Da
Cump intitulé * La Chariié d'IsraCl • et qui a paru dans la HtvM iu
Deux^Mondes* Ce chapitre contient 7 morceaux, portant les litres sut*
vanls : La Communauté {juive de Paris), rilôpitat, les Hospices, la Re-
pos éternel, le Refuge, rApprentissoge. le Dispensaire. M, Mai. D. C.
a fsit des institutions de bienfaisance des isra élites de Pans une étode
approfondie et dos plus jutéiesjsanles. Noue lui sommes recûuuaissacl de
rattention bîonvcilbûte avec laquelle il a étudié ce sujet.
FA4NK: (L^ou}. La Bieiilaisaiica israéllle à BruxelleSi P'^ fascicule. Extrait
do la Revue de Betffiçue. Btuxelles, libr. C. Muquardl, 1888| in-8« de 28 p,
Frémont (Tabbê n). Conférences de SuinL Pbilïppe-du-Houle* A veut cl
Carôme i88l3'1887, Jùsua-Cbrisl attendu el prophétisé. Paris, libi. Dcrchc
et Traliii, 1885, in-lH dcxvtlll p.
ê
uibuogrâphie: ^^^^^g 313
M. l'tbbé Frérnoot est un prédicateur qui s^est )ïréparé a aa miaaion par
dea éludes tihs sérieuses, ses «ermoûs ont un fonds scieDtifiqcie Eolide el
qui l«ur dûaae beaucoup de prix. On a été spéctalement beureux d'euLen<
dre du haut de la chaire chrétienne b condamaalion d'un livre qui a fait
beaucoup de brull en FraDCe» Nous reaouveloos à M. Fabbé Frérnoot lea
remerciements qiteM. le grand-rabbin Zadoc Kaba et nous lui avoua déjà
exprimés autrefoia (p. 426 de cet ouvrage).
OoRTSCHOKOPP^OoVAROPF ipriiicesse Nalhalie^ Juifs et chréUcDS. Parts,
Ubr, Ghio,1887, in-S* de 31 p. — Judea und ChrisLeo, Atilorisirte Ueber-
seizuDg miteinleitendem Vorwort, von Ad. Blumenlhal (mit detn Biîdniss
dcr Vcrfasserin). Mayencc, impr. Job. Wirlb, 1888, in 8* de 34(1) p. —
BYTCt si Crestini. Bucbaresl, la loale Librariile, 1888, în-8'' de 20 p.
JuTROSiNSici (M.)* Dit; Waisenpllege io der Bcrliner jùd. Gemciade. Berlin,
libr. Slûlir, 1887, m-S» de 24 p.
Histoire sommaire de fc&uvre des orphelins isr. à Berlin depuis le corn-
meocement de ce siècle.
Klsik (Le DO. CriUqne religieuse. Quelques observalions sur rEvangîle.
Taris, libr. [A.] Durlacher, 1888, m*8^ de 30 p.
The Morocco Question ia its true ligbt and bearing, bj a former HcsideiiL
Prinled at Ihc impérial Pcrsian Printing-OfOce, Téhéran ; in-4** de 21 p.
Probablement imprimé à Taoger ou à Gibraltar^ ea 1888.
NiKJTtif (V. N.) BTrei Semledicllclii . , . 1807-87 (Les Juifs agrîculleurs, ca
Rusaie, histoire des colonies agricoles juives de 1807 à 1887 ; un russe).
St-Pétcrsbourg, impr, du Novosti, 1887. în-8° de xiv-692 p.
Procesul Expulzatulïi LU Fier (1887-88). Edilura Rcvietci Israélite. Bucbo-
rcst. Impr. du Progrcsnl, 1888, Jn-8** de 64 p.
llEirNA.uo (Léonce). Les Juifs français devant ropiolon. Pans, impr. A* La-
bure, 1887, in-18 de xiii-447 p. Nouvelle réponse de M. Rejaaud à
M* DrimionL
ScHWABZPELn (M.). D^ lulia Barasch. Bucbarcsi^ 1888, in- 8° de 16 p. [Bio-
graphie avec portrait).
4. Noks et extraUs divers.
- BoleUn de la Heal Academiadela UistoHa, de Madrid. Coniient, comme
à Tordînaire, de nombreux et eiccllenls travaux du R. P. Fidel Fila. —
Octobre 1887, p* 290: La iaquisicion Toledana, relacion contcmporanca
de los autos y aulillos que cclebro desde el ano 1485, hasta el de 1501
(sert à contrôler des délails de l'hisloiro du S* Enfant de La Guardia,
que nous avonn étudiée dans la Revue). — Nov. 1887, p. 373 : La Guar-
dia, Dalos historîcos. — Janvier 1888, p. Gl : La Juderia de Jerez de la
Frc»ntera, datoa bisloricos fl. Notre arlicle paru dans la Rejoue, XV, 125;
Ô. Privilèges accordés aux Juifs, 1286 pïobabïcment ; 3. Réquisitions
faites â' Jerez à ralmojarifc D. Juzaf Halcvi, oncle do don Samuel Halcvi,
trésorier du roi, en 1305 ; 4 et 5. Le cimelière juif, 1451> ; 0 i» 9. Pièces
de 1459 et 1460; 10. La synagogue, 1471». Nous revieiidrous sur ces di-
(
<
ii4
HEVUE DES ETUDES lUlVES
Ters actes). — Le même auroêro cod lient, toujours de M. F, F., p. 6. listel
noiuiaaiîvo des Juifs de Valdeolivas en 1388; p, 9, une élude sur uji]
passage des Mediaedal Çhronicln publiés par Âd. Neubauer, concerumij
Gid Rujr Diaz à Saragossc et le Castrum de Léon ; eU p. 15« une ms-J
criptioa hébraïque très ancienne <jue nous publions dan
numéro. — FéTrier 1888, p. 93: Autre noie wit Cid Hoj IKbs et 1
prise de Valence. ^ Mars 1888. p. 170: Note sur un passage des mêma
Chroniques concernant Isidore de Sévi lie.
— Notre vîc6*président, M. 11^ Deren bourg a publié féiude stiiTaAle : Oa-
aàm^ ibo Mouukîdh, un êmlr syrien au i^' siècle des croisades. Préface J
du Livre du B^lon, par Ousj3ma« texte arabe ia^dit avec une irad
française. Paris, A. La nier, 1881, in*8* de 11 p.
^ Dan8 la Chronique d'Ortenl, de M. Salomon Reiuacli, publiée par 1
Revue archéol&gique, 2" série» t, X, 1888, divers reuseignements géo*l
graphiques sur la Palestine (p. 33 à 37 du tirage à pari) : Tombeaux arec
inscriptions bébrait|ucs et grecques découverts à Jafia 'si toutefois oa
peut s'en rapporter, pour cet objet, au journal cité ; du reste les
ne porteraient que des noms très connus* Cohen, Lévt) ; chanip d© doh
mens k ATn-Ddkur, dans ta Gaulanilide, appelé par les Indigënea Kbou
Bcni Israël ; pierres dites à cupules découvertes aux environs d'Ârloufi^
prés de la route de Jérusalem à JalTa, à cinq lieues de Jérusalem, sur
territoire d'une colonie agricole juive.
= Article intiLulô v The Pugio Fidoî »>, par Schiller -Szinessy» dans TliaJ
Journal of Philology, paraissant à Londres et Cambridge, n*» 31, vo
XVI, 1887, p, 131 à 152, M. Sch. Sz. veut prouver que rauleur dtt^
Puffio Fidâi aurait fatëiûô les textjes et était un ignoraoU Noua croyons
que iï. Sch. Sz- n'a pas raison. Raymond Martini n*èlait peut-être pas
un grand savant, mais 11 s'est montré érudtl consciencieux et D*a pas
sciemment altéré les textes* — Une réfutation dans Acadtmy du 17 tept.
1887; voir aussi Tarlicle suivaut,
= A. Neuhauer : « Jewisb Controversy and tbe PiJtgio Fidei <». Esquisse
littéraire sur la polémique religieuse entre Juifs et chrétiens, avec réftitt-j
tion des attaques de Schiller-Sziûêssy contre Tauleur du Pugio Fiditi
dans The Expository journal mensuel de théologie, publié à Londres, chc
îlodder et Stoughton, sous la direction de W. Roberlaon NicolL L*irlic
de M. Neuhauer est dans les numéros de février et de mars 1888.
= DaDs Eocyclopédie Ersch et Grûber, 2« section, tome XLl, p. 150-153
artîcïe de M. Kayserliog intitulé *^ LadiDO, jûdiscb Spaniach ». Oo ;
trouvera un grand nombre de renseignements sur la Uttérature ju
éï^pBgnoIe, qui se eoutiuuo jusqu'à nos jours et donne encore d'éU
preuves de vital île.
1386)^
par M. StciDschneider, dans un journal allemand dont nou^ ne coouaia^H
Recension de l'ouvrage de B. Zimmolsaur Lco Hebraeus (Breslau,
par M. StciDschne
sons pas le titre.
= Bnglish Rabbonira hy thc R^ Nephtaîi, notes intéressantes dans n^^id^
8 du voL I du Jcwiâh Standard. — Articles de Scbiller ^Sxineaey,
Jewish Tradition, ib., n*'* 6 et 8; du même, Sepbardi Signalun», Ol
ibid, n*» 7,
BÏBLIWRAFHIi:
aitt
= Article sur Elle Bachur ot Johann v. CampoOi par Isidore Goldbluru,
dans lo MélUi, dcSaiDl-Pélerabourg, n** 28t>, du 31 décembre 1881,
^= The Alhenteum (de Londres), — 10 sept. 1887. Article sur les lecLures
de M. GasLer concemaot k8 légendes slavoniqucs (ouvrage recensé dans
un précédent numéro de la Eemie), — Lucien Woif]: Antonio de Verona (juif
baptisé qui a vécu à Cambrid^'C vers 1(525 et signalé par M. Ad. Ncu-
bauer; déjà indiqué dans la Bemie, d'après Allion. 27 août). — 3 sept.
J> E, T. Rogers : Antonio de Verona. — 24 sept Article sur Touvrag©
Ide M, Wickes, concernant les accents bébreux (recensé dans la Revue).
— 5 nov, Recension de rHistoire du peuple dUsrael, de M. E, Renan.
— n dèc. Recension des Notes on Ihe Hebr. Text of the Book of Gcnesîs,
de G F. SpurelL — A. Neubauer : Jewish Persian Mss- (un m», de Perse,
d'origfine juive» du xi* siècle peut-être, et conteuanl des poèmes persans
et des légendes juives). — H avril 18S8. Ad, Neubauer : Jebowah and
Elohim in Genesis {passage de Calonymos b> Galon jmos sur ce sujet,
écrit en 1318; de nouveau signalé, après d'autres, par M. Neubauer). —
12 mai 1888. Joseph Jacobs: M. J. P. Benjamin (notices biographiques^-
^ Bibliothétiue de l'Ecole des Chartes, année 1887 : Rouleaux d'arrôl de
la cour du roi au xni" sièclCj p. 5ÏÎ5 et suiv. Dans un rouleau résumant
les actes du Parlement (de Paris f,. après la Toussaint 1281 à la Pente-
côte 1282, se trouve le rénsêiKfemeut suivant {p. 553): Après la rétro*
cession de la terre de Sainles (ou Samlonge) par le roi de France au roi
d'Angleterre, le sénéchal du roi do France voulut empocher !es gens du
roi d'Angleterre de s'occuper (in expleclo) des Juifs (appartenant au roi
d'Angleterre) qui demeuraient dans les terres des barons du roi do
France. Ordre est donné au sénéchal de laisser toute liberté là- dessus
aux gens du roi d'Angleterre,
=^ Joseph Jacobs : The Nelhinîm ; dans Babylonian and oriental Record
{publié à Londres)» vol. Il, 0*^3 et d*^ 4, février et mars 1888, iotéreaaante
étude sur l'origine des Nethinim.
= A. £smein : Mélanges d'histoire de droit et de critique (Paris, La rose et
Forcel, 188G). A la p. 233, article intitulé : La poursuite du ?ol, et où l'au-
teur tait d*iagénieux rapprochements entre les procédés archaïques des
Romains dans la recherche des objets volés et le chapitre du Pcnla-
teuque où est raconté comment Laban poursuit, dan^^ lu tente de Jacob,
les teraflm volés par Rachel.
= Dans le Petit Marseillais du 1"^' sept, 1887 : « Octave Teisaier : Les
Juifs en Provence. » Notes extraites d'un travail de M. 0* T. sur l'his-
tloire des Juifs en Provence : Dans la nuit du 13 du 14 avril 13^8, mas-
sacre des Juifs de Toulon, accuses d'avoir introduit la pea le noire en
France. Mention de massacres il Mousliurs, en 1340; à Apt, en 1348; à
Leluc et à Forcaîquier, en 1351. En ,1318, le nombre de Juifs tués ou
morts de la peste fut si con?>îdérublo, que la reine Jeanne, par lettre-
patente du 26 juillet 1348, renonça pour 10 ans à la taille annuelle de
2,000 livres que payaient les Juifs de Provence. La localUo de Provence
où les Juifs furent massacrés dans ta semaine du 11-17 mai 134H
• (Graelz, Vlll, lr« éd., p. 384) n'a toujours pas été identifiée (KTpabri
p-iC3Pn).
= Dans le Sémaphore de Marseillei du 6 cl 7 novembre 1887, article ano-
310
REVUE DES ETITDES JUIVES
L
njrae întitulc Lettres du lundi, où il est question de la condilion des îoîM
en Provence pendant le moyen âge. Sous le roi René, un Juif accusé
d'avoir proféré des blosphémes conlr^ la Vierge, est condamné à èlrc
écorclie vif; les Juifs offrent, pour le sauver, 2U,ÛO0 £lor. au roi» nais
par un troit ingénieux de diplomsitie, le roi fait loîTensé, les Juifs sont
oblig<5s de verser les 20,000 flor. plus 4,000 ou 5,000 pour ses mîgnoos, .
uniquement pour se faire pardonner leur prétendue tentative* de corruption:!
le malheureux Juif condamné à mort pour blasplxème, subît fu peine
L'article eon lient d'autres indications sur les Juifs dû cette région et de
cette époque ; quelques-uns des renseigoementa qu*il donne nous pt*f
raissent inédils.
:= On annonce la publication des •' Gesammelte Schriften " de Lcopoldl
Loewy chez Âlexander Baba» h Szef^edin. La collection aura 6 demi**
volumes de 30 feuilles cbacun, à 2 ûor. Aulricb. le Yolunie.
= Revue politique et littéraire, numéro du 11 septembre 1887 : Jolie pçtiU
nouvelle de Sacber Masoch, intitulée : La petite colporteuse, récit <
ghetto boilandais.
= Le Figaro dn Ù septembre 1887: Petit article de Edward DcUUe <
Mèir Aaron Goldschmidt, <:• le premier romancier *^ danois, qui venait d
mourir à Londres.
=^ Un donateur anonyme a destiné une somme do 15.000 fr. à recompcu*|
aer, à Toccasion du centenaire de 1789, le meilleur ouvragée sur la liberté
do conscience. Les ouvrages devront être adressés avant le 31 mars 1889J
à M* Agnellct, notaire, 38, rue Saint-Georges, & Paris. La commissioll
du concoufii est composée, entre autres de MM- Jules Simon, Ad, Frdnclt
Paul Janct, Levasseur. Elle rendra son jugement, au plus tard,
l'-''- juillet 1889.
:^ Le Comité de la fondation Maurice Rappaporl, de VîeunOi annonce qîi
le jury institué par lui a prononcé sur le premier concours. Le ComiU
avait proposé les deux questions suivantes : l** Quelle inlluencc ool]
exercé les Psaumes hébreux sur la Liturgie et rilymnologie dans l«il
ditTêrentes églises, principolemenl chez les peuples modernes iLe priil
été décerné à M, Julius Stcinschneider, do Berlin) ; 2" Services rendu
par les Jtiifs français, depuis leur émancipation, à la science, ù la hliè«l
rature el dans la vie civile (pas de coneurreiU), — Le Comité a propoill
(dernier délai, Srdéc, 1889) la question suivante : Histoire desJuite*
Home depuis leur premier établissement jusqu'à la suppression da
gbello sous Humbert 1*"^. Le prix est de 1000 florins.
5. Chroniqm des Journaux.
- Journaux nouveaux :
L DnDH. Voir la Kcvue des ouvrogca hébreux de ce numéro,
2. n~it?^!l <t llamizpe ». journal hébreu, hebdomadaire, publié parMoîK
Oreiistein ; in-4° de 8 p, à 2 col. le numéro -, 16 fr. par on, Len* 4
la V^ aonéc est daté de Bucharest. 23 janvier 1881 ; le n** 1 de la 2*
née est daté de Czcrnowilz^ 15 Janvier 1888.
HIBLIOGRAPIIIE 3i7
3. nSTatn « Hazophc rbeilh israel ; a forlïiigblly ïlcbrcw journal for
science, bistorv^ literature, poeLr\% iravelSt biblical anû talmudical essays
biograpbtca aûd le!Licography odiLcd by M« D. Goldmaim acd Ch. L.
Bash ; Londres, libr, E* W. RabbiDowîcz. » — Journal bébrcu, in- 8^ de
32 p. lo numéro, 8 sh* par an. DoU paratlre deux fois par mois, mais le
11* 1 a paru CQ septembre 1887 ; le n" 2, cd novembre 1887 ; c est tout ce
piij a paru.
^ 4. riB^I fiïï3» Journal hébreu avec poésies hébraïques, peUles discus-
sions lalmudiques, essais îiltéraires, édité par Isidor Rail, à Lemberg ;
doit paraître toutes les 6 semaines, in- 8® de 32 p. k numéro, 5 fr* pour
20 Dumcros. Le fasc. 1 a paru en olul 5047 ; le fasc. 2^ eu scbat 5GI8, Le
tàec* S a également paru.
5. tV3£^ nmn publié à Jérusalem; voir la Revue bibliogpopliiquc
des ouvrages hébreux de ce numéro.
6. n^S'^X:» n^'S^y^n ns^n. « Der ïlcîUger Anzeigcr o, Monatsbericbt
fur das wahrbafle Judcnlbum aus aile Sliidle und Colonien des beilifçcn
Landes ùber unsere dort unsâssige Brûder und Schweslcra. Le n*' 1 de
la première année (il n*est pas numérolé} est daté de Jérusalem, mois
d*ab et d'eluL Le bureau d abonnement est à BeiUn, libi\ Pappclauer,
mais le journal esl probablement imprimé à Jérusalem ; c'est un in-4^ à
deux coK, en caractères hébreux et en allemand plus ou moins correct;
sauf les mots entre guillemetsj la partie du titre allemand reproduite
plus haut est en caraclères hébreux sur Toriglifal ; prix : 7 fr. par an.
7. Tbe Jcwish Eiponcnt. — Publie à Philadelphie ; éditeurs : M eh in
G. Winstook, H.* S. Morais, Charles Hoirmaun ; rédacteurs : lienjamin
F. TcUer et autres. Paraît tous les vendredis ; grand in-4* à 3 coL;
S dolL par an. Le n" 4G (n° 20 dti vol- 2) est daté du 24 février 1888.
H 8. "i" Israelilische Gemeindezcitung )», journal nouveau (publié à Londres?
■BD judéo-alîemand?) D'après Jewish World, n** 781, du 27 janvier 1888*
Y 9 ni::p'Ti::DrH 'b*'», El Instructor, Revista scientifica c litcraria
trparecô el juevcs de cada semana. — Journal judéo-espagnol, carac-
tères hébr.f publie à Conslantînople par David Frcsco ; in-P de 8 à 10
p. à 3 col* le numéro ; 100 paras par au. Le n^ 2 est daté du 8 iyar
5618.
m 10. r'^brHirn nj^xbêta, « Galatrer Israelit, erscheinl zwei mal wô*
*ehcntîîch ». Propriété et imprimerie de Mutterpel et Kohan, à Galalz. £d
judoo-altemaîid, caractères hébreux ; le numéro a 4 pages in- 4'" de 2 coL
par page; (î fr. par an. Le n** 4 de la 1^^ uanéc est daté du 20 août 1887-
18 elul 5647.
IL Hebrew Journal (nouveauté Londres? ). Cité dans Jew. World,
n* 781 du 27 Janvier 1888.
12. Luzero do la Paciencia, en escrilura y Icngua Espanola pars los
iBraelitos de rito Eapanol del Oriente. Aparese dos enlregas de esta cada
mes. Su prccio 5 francos al ano en Sevcrin, a fuera 7 fr., pagado anïcs.
Kedacior, Rabbino L» M. Crispin. — Publié à Turnus-Scverin» en Rou-
manie; format in* 8" de IG p. par numéro, caractères latins. Le n* 25,
2" année, porte la date du 10/22 décembre 188G ; !e u^ 41, 2« année, est
daté du 1/13 septembre 1887.
13, nyi t]Or. El Progrcao; —journal en hébreu cl en judéo-espagnol.
<
sii
REYCK DES ETimES lUlVKS
paraiftssnt deux fois par mois, à Andrinople ; fiablié pm 41
I>anoa ; id-B'* d'une feuille te ouméro ; eti caracttiresi héhreos ; 10 fr.
an. Le n* 1 d« la 1** année est daté du 1/13 lanvier 1888.
1€ Sem el Japhète « paraît en langue française et aïleinaiidei par 1
dore Rail ; 10 livraisons par an. >» — L'éditioD allemande porte povf lîU
Scm und Japhct Erscbeînt In deut&cher and franzôsicher SprftCtbo»^
lâidor Hall ; 10 Hefle jaiirlich. — Publié à Lerol)«rg, in-B^ de 8 p, __
numéro de chaque édition Les n^ 1 et t sont de rla tin de) 1887; no«f
n'avons pas eu le numéro sniTant. Voir, pluij haut, un joiirtttl béiifeQ du
même titre.
15. The Jewish Standard 1*11B"* hy^. — Publié à Londres ; hèbdorot-
datre ; le numéro a 8 p. à 2 coL, în-4^. A un Litcrary Supplément pag^tnc
h part ; i a* 6. d. pour 6 mois. Le o^ 5 du vol. I est diale d^ veodradi
13 airril 1888.
16. The Jewish Voice^ nouTelleroenl publié à Saint-Louis par le Bér.
M. SpiU (Uebrow Standard, n*» du 13ianviûr 1888),
= A notre vif reg^et^ la Monatuchrifi, de &I. H. Oraéta* après une
tence de 36 ans, a cessé de paraître depuis le I*' Ja&Tter 1888. Ci
grand dommage.
Isidore Lobb.
ADDITIONS ET RECTIFICATIONS
Tome Vlll, p. n. — Dan? le Memorbuch de Worms, édité demie
par M. A. Berliner (Bodiu, 1887), il est parle .p. l'>) de R. UatUM»^ l
de R. Adonia Israël et pclil-îlls de R. Isaac Hcppingen, rabbin descon
munaulés israélites do la Suisse et qui yécul avec un renom de pkicl
Thiengen età Stuhîiogen.Ce.R. Maiiliahn ^'>m 'Krsch-Gruber, H. sccl.S
p. 50^, note 58), qui vivait encoi-o en I(V5d 6 Thîcngcn, village situé au bo:4
du Rhin à la frontière de la Suisse et où il y avait eu une imprimerie !
braîquc pendant une année, est, je presumo, <f le juif célèbre » qui v<H:utl
Shihiingen, y eullivalt beaucoup la science hébraïque et y moumt xu
1058. ^ Le Mabrum *| •33^13^3 J = End ingcn, nommé dans le Memorbueb,
p. 21, et qui était Pâmas el Manbig on Suisse, est Makrtim t^rttfUi, bimj
renommé h Kndiugen. Son petil-fîls Mahrum Dreifus, qui vivait à la fia i%
nwni^ siècle à Eudiiigcu et bubilail la maison la plus belle du
donna rbospitalité une fois à un archiduc autrichien. — Kup$^m0.
Tome XIV, p. 282. — Le ms« relatif à rbistoire des Juîf% en Alsace mtû4
iLonné par M. Kracauer n'a pas été publié par M. Jellinek, mais par moit|
dans Bihliùihek jMiêchêf Kameiredner, voL H, p* 5V U, — Ka^mrHmf.
Tome XV, p. 285. h â2. — Au lieu de mr Us mueU^ lire mr U* Ir^Ni ^j
Ja<:ùb, — W, Bâcher,
Le {i<^rant«
Israël Lévl
TABLE DES MATIERES
ARTICLES DE FOND.
Bachbr (W.). Le commentaire de Samuel ibn Hofal sar le Pen-
tateuque (fin) 406
Bruzzomb (P. L.)- Les Juifs des Étals de l'Église au xviiie
siècle 246
Dbrbnbourg (J.). Mélanges rabbiniques {suite) 57
Oit.fiTZ (H.). Les monnaies de Simon 164
Kâupmann (David). Les Marranes de Pesaro 64
KraCâubr. L Rabbi Joselmann de Rosheim 84
II. L'affaire des Juifs d'Endingen 236
LOBB (Isidore). I. Josef Haccoben et les cbroniqueurs juifs ?8 et 244
IL Les négociants juifs à Marseille au milieu du xiii<'
siècle 73
III. Le procès de Samuel ibn Tibbon {fin) 424
Rbinach (Th.). I Sculptures d*Ascalon 24
IL Mithridate et les Juifs 204
Schwab (Moïse). Le Maqré Dardeqé 253
Vidal (Pierre). Les Juifs de Roussillon et de C^erdagne [suite
et fin) 4 et 470
NOTES ET MÉLANGES.
Bachbr ( W.). Encore un mot sur Micra et Pasouq 277
Bachbr, Kâupmann, Grûnwald et Porqâs. Les signes mné-
moniques des lettres radicales et serviles 286
Halévy (J.). I. Petits problèmes 438
IL Note sur l'inscription phénicienne du Pirée 440
Kâupmann (David). I. Une anecdote sur Pharaon et Aman chez
les Arabes 444
IL Les lettres L, M, N dans ralphabei 446
320 REVUE DES ÉTUDES JUIVES
Raupjuann el Gunzbourq (David de). Une inscription de Riva. 269
LoEB (Isidore). I. Le mot Taule en judéo-allemand 448
II. La prononciation de VO dans le judéo-allemand el le
mot Taule 278
III. Une inscription hébraïque de Calatayud 273
IV. Les quatre sedarim du Talmud 282
Nbubaubr (Âd.j. Inscription tumulaire d*Orléans 279
Reinacu (Salomon). Note sur l'inscription phénicienne du Pirée 275
Une lettre adressée à Salomon Azubi 150
BIBLIOGRAPHIE.
Dbrbnbourq (J.). Le traité de la Vie contemplative et la Ques-
tion des Thérapeutes, par L. Massebibau 451
LoBB (Isidore). Revue bibliographique 292
LOBW (Immanuel). A dictionary of the targumim, the talmud
babli and yerushalmi and the midrashic literatur, par
M. Jastrow 454
Additions et rectifications f 60 et 348
Table des matières 349
l'IN.
VERSAILLES, IMPRIMBRIB CERF ET FILS, RUE DUPLB88I8, 59.
ACTES ET CONFÉRENCES
DE LA
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
TROISIÈME ANNÉE
(9* ANNÉE DB LA SOCIÉTÉ)
1888
ACT. KT CONP., T. I. 18
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
SÉANCE DU 21 JANVIER 1888.
Présidence de M, Zadoc Kaiin, présidmt.
M. le Président ouvre la séance en ces termes :
Mesdames, Messieurs,
L'Assemblée générale de la Société des Études juives a lieu,
cette année, un peu plus tardivement que d'habitude. Ce retard est
dû à un événement malheureux qui nous a tous profondément
affligés : à la mort de notre regretté ami M, S. Kann. Pour réunir
notre assemblée à Tépoqoe ordinaire, nous nous trouvions placés
devant cette alternative, ou renoncer au rapport littéraire, toujours
si goûté e.t qui est un des plus vifs attraits de nos réunions, de notre
cher secrétaire M. Théodore Reinach, ou bien lui imposer î\ lui
une corvée pénible, peu compatible avec les préoccupations doulou-
reuses provenant do ce triste événement qui Ta directement frappé.
En remettant do quelques semaines notre assemblée annuelle, nous
avons pu échapper à Tune et à Tautre de ces alternatives, et je suis
sûr que vous nous saurez gré de cet ajournement.
M. S. Kann, Mesdames et Messieurs, était un des excellents amis
de la Société des Études juives. Ceux d'entre vous qui ont Thabitade
CCXXXVI ACTES KT œNFÉRESCES
de suivre nos réunions savent avec quelle assiduité il les suivait
lui-même, quelle attention religieuse il accordait à nos conférences.
Il nous manque beaucoup, comme il manque beaucoup, énormément,
partout où il apportait sa bienveillance chai*mante, son exquise
bonté et son merveilleux dévouement à tout ce qui peut favoriser
les progrès de Tinstruction, de' la charité et de la civilisation. Je
serai, sans aucun doute, rinterprèt^ de vos sentiments à tons en
consacrant un pieux souvenir à cet homme de bien que nous avons
perdu si prématurément et en adressant à ceux qui le pleurent
Tèxpression de nos regrets et de nçtre vive sympathie.
Mesdames et Messieurs, nous avons subi d*autres pertes bien
sensibles dans le courant de cette année, et j'ai le devoir comme
président de faire la triste nomenclature des collègues que la mort
nous a enlevés. Nous avons perdu un de nos membres fondateurs,
M-. Nestor Dreyfus, qui nous avait donné, avant même notre
constitution définitive et pour faciliter notre en,tréé dans la vie,
une preuve de sa générosité en s'inscrivant pour un don de mille
francs sur la liste de nos membres fondateurs ; nous avons perdu
aussi un de nos membres perpétuels, ce pauvre baron Lucien de
Hirsch, dont la mort a produit une si profonde impression sur tous
ceux qui Tont connu et apprécié et même sur ceux qui ne l'ont pas
connu ; nous avons perdu Emmanuel Lange, un autre jeune homme,
élève distingué de TÉcole normale supérieure, que la mort a arrêté
au début d'une carrière pleine de promesses; nous avons perdu
enfin M. Guguenheimer et M. Salomon Witlich, morts tous deux
dans des circonstances tragiques et particulièrement douloureuses.
Je paie une dette de notre Société en rendant a ces mémoires
Thommage qui leur est dû.
Mesdames et Messieurs, je quitte ce soir le fauteuil de la prési-
dence, que j'ai occupé un peu plus longtemps que le comporte notre
règlement; mais vous tiendrez compte des événements pour amnis-
tier une usurpation de fonctions très involontaire. Je ne ferai pas
l'histoire de ma présidence : elle a ressemblé à celles qui Tont
précédée, c'est dire qu'elle s'est passée paisiblement, sans inci-
dents notables, sans crise violente, sans difticulté d'aucune sorte.
ASSKMBLKK GÉNEIULE UV 21 JANVIER 1888
CCXXXVH
que jô puis ajoutor, c'est qtie j'ai la ^âatisfaciioti, ou abandoiiiiaDt
la présidence, de remetti-e à mon successeur, que vous désig^nerez
tout à l'heure ou plutùt que vous avez déjà flésigné, la Société des
Etudes juives aussi prospère, auâsi solide, aussi assurée de l'avenir
quo je Tai reçue inoi*mémc. Notre excellent trésorier, dont on a dit,
il n y a qu'un instant, qu'il méritait plutnt le nom de trésor — ce
mot est un charmant éloge que vous ratifierez à l'unanimité — ,
notre trésorier, suivant sa louable habitude, constatera une ibis de
plus que nous no sommes pas encore menacés de ce fléau mdoutable
qu'on nomme le déficit. : nous terminons notre anuée sans avoir ou
besoin d'entamer notre capital de réserve. C'est un beau résaltat
que nous souhaiterions à d'autres bud^^ets que le nétre. Notre,
secrétaire, notre savant secrétaire, par le compte i^ndu do noi
travaux, vous démontrera de son côté que nous sommes constam-
ment restés Jidéles aux principes qui ont inspiré la t'ondation mémo
de la Société, Dévoués à la science, nous ne poursuivons pas les
» succès faciles, nous ne cherchons pas à donner une pâture à ce goût
du scandale qui n'a été que trop bien servi dans les derniei's temps ;
mais nous sommes heureux loi^sque nous arrivent dos découvertes
inattendues, des documents nouveaux et ignorés» loi-sque nous
pouvons éclaircir quelque point obscur et difficile de notre histoire,
lorsqu'il nous est donné d'amasser des matériaux précieux qui servi-
ront plus tard à élever Téditice général de la science juive. Chaque
génération, Messieurs, est tenue de repreiidro ce travail, de recons-
■ trutre de fond en comble l'immense monument» Ce travail a été t'ait,
admirablement fait^ il y a quelques années, par cet illustre vétéran
de la science et de Thistoiro juives, auquel le judaïsme univet^el
a tenu a honneur de donner tout dernièrement, ti Toccasion do son
soixante-dixième anniversaire, un éclatant témoignage do recon-
B naissance et de respect : j'ai nommé la professeur l)*^ Graetz. Le
mémo travail s'imposera proehainemcnt à notre génération. J*es-
' péro qu'il sera accompli par un des hommes qui assiistent à notre
B assemblée générale, par mon cher ami, M, Isidore Loeb, professeur
' d'histoire juive au séminaire, récemment api^elé à faire un cours
libre sur le judaïsme rabbin ique à l'école dos Hautes-Etudes. Je
[ne commets pas d'indiscrétion en disant que c*est la tâche qu*il
GGXXXVm ACTES ET CONFÉRENCES
va entreprondro, et je vous assure qu'il est homme à la mènera
bonne fin.
Je n'ai pas encore le droit de proclamer ofOciellement, Mesdames
et Messieurs, le nom de mon successeur, qui sera désigné par vos
suffrages, cependant je me permets de saluer son avènement à la
présidence, M. Adolphe Franck (ne faisons pas de mystère) avait
bien dos titres à notre choix, mais de tous ceux qui pouvaient nous
inspirer le désir de le voir diriger nos travaux et nos délibérations,
celui qui nous a particulièrement touchés, c*est que M. Franck a été
un de nos amis de la première heure, un ami sincère et profondé-
ment dévoué ; c'est qu*il nous a fait à notre entrée dans Je monde
l'accueil le plus chaleureux, qu'il a, dès l'origine, apprécié nos pu-
blications avec une extrême bienveillance; c'est qu'enfin il a bien
voulu, à deux reprises, charmer nos assemblées générales par ses
savantes, élégantes et éloquentes conférences. A tous les motifs
qui nous faisaient désirer qu'il devînt président de la Société des
Etudes juives, s'ajoutait, par conséquent, celui d une légitime et
sincère reconnaissance.
Conformément à nos habitudes je devrais aussi. Messieurs,
vous dire un mot de la conférence i[\xg vous allez entendre et
de Tauteur de cette conférence. ^lais ici les noms suffisent véri-
tablement : Crémieux et Leven l Crémieux, c'est-à-dire le défenseur
ardent du judaïsme, le vaillant champion de notre cause, qui n'a
jamais laisse passer une injustice, une violence, une tentative de
persécution sans protester avec la plus grande énergie par sa pa-
role do feu ou sa plume entraînante, et qui, du premier moment
jusqu'au dernier, a mérité d'otro considéré comme le représen-
tant le plus autorisé de notre culte, par cela seul qu'il a combattu,
on toutes circonstances, pour les idées de justice, de liberté de
conscience et de tolérance religieuse et travaillé à leur triomphe I
M. Leven, un ami, un disciple de rréuiieux, qui, pareil à Elisée
s'associant aux travaux de son maître Elie, a recueilli lui aussi le
manteau sacré et, s'inspirant du mémo esprit, animé do la même
foi, a consacré déjà, je n'exagère pas, trente années de sa vie, soit
comme membre du Consistoire, soit comme secrétaire ou vice-prési-
dent de l'Alliance Israélite, à défendre les mêmes causes, allant
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 21 JANVIER 1888 CCXXXIX
toujours de Tavant sans crainte et sans hésitation, soutenu par
<^tto généreuse passion, je ne veux pas dire cette illusion du bien
qu*on a nommée Toptimisme, nom mal porté aujourd'hui, mais
. qa*on pourrait tout aussi bien appeler la chaleur de l'esprit et du
coeur! Dans ces dernières années, lorsque nous avons eu la douleur
d'assister, contre toute attente, à cette explosion de haine, de
fanatisme et de malveillance qui rappelle de bien tristes temps,
lorsque nous avons entendu remettre en question les conquêtes les
plus glorieuses de la civilisation moderne, j'ai entendu dire plus
d'une fois — et ce n'était pas uniquement pour faire honneur à
in mort mais pour critiquer des vivants! — a Ah ! si Crémieux
vivait! » Eh bien ! Messieurs, par sa conférence, M. Leven va res-
susciter au moins pour une heure cette noble figure. En même temps
vous verrez que, si Crémieux n'est plus, le judaïsme no manque
P*s d'hommes de cœur et de bonne volonté pour coopérer aux
^Uses saintes de la justice, de la raison et de la liberté. Et c'est
Pourquoi le sujet de cette conférence convenait admirablement à
^*iQ assemblée populaire de la Société des Etudes juives.
M, Erlanger, trésorier, rend compte ainsi qu'il suit de la situa-
tion financière de la Société.
Mesdames, Messieurs,
Si l'habitude ne devenait pas un véritable devoir, j'aurais peut-
être demandé la permission de vous dispenser do m'en tendre ou,
tout au plus, je me serais borné à vous dire en deux mots que la
Société des Études juives a vécu, a publié, a payé pendant l'exer-
cice do 1887, et qu'elle est, à la fin de cet exercice, juste au môme
point où elle était à son commencement.
Mais l'habitude en est prise : il faut un compte rendu financier.
Le progr^mii^o le veut ainsi. Je ne me fais pas d'illusion sur le
peu d'attention que vous pourrez lui accorder ; mais puisqu'il le
faut, résignons-nous mutuellement.
Voici nos chiffres :
;^ s. i — X ~ z
Yi
;^ ' ". '- X
• «i — i»- *i -i -> -ï ^ — «c ^ — -J
'i -> — ri c «c 'S Si -» ^i •_ ^1 -' i;
•i c w -i c i» «4 — fi cr ^ ^ ic —
ASSEMBLÉE GÊNÉHALE DU 21 JANVIEH 1888 CCXLI
Tous voyez que nos recettes et nos dépenses se soldent à
200 francs près et que cette différence est en faveur de la recette.
Notre capital de réserve est resté le même. Il s*est même légère-
ïnent augmenté, car nous n'avons pas eu besoin de recourir aux
intérêts de ce fond .
J'aurais fini, Mesdames et Messieurs, s'il ne me restait une
prier© à vous adresser.
Notre liste de souscriptions subit le sort commun de toutes ces
listes. Le temps les entame fortement. Nous avons eu, pour notre
P^J^t, le malheur de perdre un certain nombre.de nos adhérents et
des meilleurs.
Rien n'est venu combler ces vides doublement douloureux.
^ e serait-il permis de vous adresser humblement la prière de
'Vouloir bien, à l'occasion, faire un peu de propagande en notre
*^Veur et nous envoyer de temps à autre un souscripteur ?
Je n'ignore pas les nombreuses institutions qui s'adressent à
^ous, je ne voudrais à aucun prix leur faire concurrence; mais il ne
^^^nque pas de cœurs d'élite qui sauront faire une petite part aux '
travaux intellectuels, après avoir donné satisfaction aux nombreuses
^Institutions charitables qui les sollicitent.
Votre bienveillant concours sauvera notre Société, qui aujour-
d'hui a fait ses preuves, d'un danger qui, sans être absolument
iuiminent, n'en est pas moins très réel.
Si la reconnaissance d'un trésorier peut avoir quelque valeur à
Vos yeux, la mienne vous sera pleinement acquise.
M. Th, Reifiachf secrétaire, lit le rapport sur les publications de
la Société pendant l'année 1887 (voir plus loin, p. ccxliv).
M. Narcisse Leven fait une conférence sur Crémieux et son rôle
dans la défense du Judaïsme. (Cette conférence sera publiée dans le
prochain fascicule.)
11 est donné connaissance du résultat du scrutin pour le renou-
vellement du tiers des membres du Conseil. Sont élus :
CCXLU ACTES ET CONFÉRENCES
MM. Albert Lkvy, professeur à l'Écolo do physique et de chimie,
membre sortant ;
AsTRUC. jrrand-rabbin de Rayonne, membre sortant ;
llartwijj: Ubrenuourg, professeur à l'École des lanjrues orien-
tales et à l'École des Hautes-Études, membre sortant;
Armand Ephuaim, membre sortant ;
Erlanger, membre sortant ;
Zadoc Kahn, grand-rabbin de Paris, membre sortant ;
IsiDOR, grand-rablnn de France, membre sortant ;
Vernes, directeur-adjoint à l'École des Hautes-Études,
membre sortant ;
Salomon Reinach, conservateur-adjoint du musée do Saint-
Germain.
M. Ad. Franck, membre de l'Institut, est élu, à Tunanimitê,
au scrutin secret, président de la Société pour l'année 1888.
M. Ad. Franck remercie l'Assemblée en ces termes :
Mesdames et Messieurs,
Je suis profondément touché de l'honneur que vous venez de
m'accordcr avec un empressement si chaleureux. Sans doute vous
ne trouverez pas on moi un président éclairé par une vaste et pro-
fonde érudition comme ceux qui ont veillé à votre tache pendant
plusieurs années, des présidents tels que Monsieur le prrand-rabbin
Zadoc Kahn, Monsieur Derenbourg, mon savant confrère do l'Ins-
titut, des présidents et des rédacteurs tels que ceux qui viennent
d'étro nommés, M. Loeb, M. Ilalévy. Non, ne vous faites pas d'il-
lusions, je suis plein d'admiration pour l'érudition, mais, quoi qu'où
en puisse penser dans un certain monde, (juoi qu'en puisse i»enser
l'opinion publique, je ne suis pas un érudit. Les textes qui ont
besoin d'être approfondis pour constituer une véritable histoire du
Judaïsme, je les connais superficiellement pour avoir pris part aux
travaux dont ils ont été l'objet. Mais, d'après ma vie, d'après l'im-
pulsion ({Ue j'ai donnée à mon existence intellectuelle, le milieu
dans lequel il me plait de vivre, c'est celui des idées, des sentiments.
ACTES ET CONFÉRENCES CCXLllI
Parmi ces idées, Mesdames et Messieurs, il n'y en a pas une qui
me soit plus précieuse et plus chère, qui me cause une émotion plus
sérieuse et plus profonde, que la conviction que notre race, notre
culte fijrurentau nombre des plus grands bienfaiteurs de Thumanité.
La race juive, le culte juif, malgré les iniquités dont ils ont été
l'objet pendant de longs siècles, peuvent soutenir la comparaison
avec les plus grandes institutions et les plus grands noms do ce
monde. Les Grecs, certainement, nous ont donné la philosophie et
les arts, les Romains, après avoir dévasté le monde par leur ambi-
tion sanguinaire, nous ont légué des traditions de politique et do
législation, mais la croyance en un Dieu père du genre humain, en
un Dieu devant lequel s'efl'acent toutes les distinctions de races et
les différences do fortune, en un Dieu qui n'est pas seulement le juge,
mais le père de toutes ses créatures, cette idée, Mesdames et Mes-
sieurs, appartient au Judaïsme et à lui seul. C'est là Tidée que je
me plais à emporter avec moi dans l'asile qui nous attend tous, et
que je léguerai avec une conviction inébranlable à ceux qui porte-
ront mon nom ou à ceux qui sont nés prés de moi. Voilà les titres
(lue, sans doute, vous m'avez découverts pour me faire l'honneur de
m'appeler à vous présider, et je n'y faillirai jamais.
RAPPORT
SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
PENDANT L'ANNÉE 1887
LU A L'ASSEMBLEE GÉNÉRALE DU 21 JANVIER 188S
Par m. Tuéodorb UëINAGH, secrétaire
Mesdamks, Messieurs,
Un spirituel romancier fait dire à Tun do ses personnages, gros
cultivateur du midi : « Voici dix ans que M. le préfet me témoigne
toujours la môme confiance, quoiqu'on Tait changé plusieurs fois, v
Je suis un peu dans le cas de ce gros cultivateur. Vous avez beau
renouveler tous les ans votre Président et une fraction de votre
Conseil, le secrétaire rapporteur reste immuable. Il ne s'en plaint
pas, ou, du moins, il a cessé de s'en plaindre. L'obligation de lire
avec une attention soutenue les travaux de nos collaborateurs,
pour vous en apporter ici « le suc et la substantifique moelle »,
cette obligation eât en même temps un véritable plaisir. Ma seule
crainte est d'en abuser quelquefois et de vous communiquer trop
longuement les impressions diverses que m'a causées cette lec-
ture. Cette année un pareil abus serait doublement fautif de ma
part : d'abord, je suis aussi impatient cjue vous d'entendre l'élo-
RAPPORT suit LFS PUBLfCATÏONS DE LA S0CII':TK tXXLV
quent conférencier ejiii va ressusciter devant vous Tune des plus
grandes ûgures du judaïsme français ; enstiîta, je ne dois pas oublier
que, si notre séance a été ajournée a une date insolite, c'est, en
grande partie, comme vient de le rappeler notre cher président, en
considération d'im deuil qui aiVappé avec moi toute la communauté
igraélite do Paris et, je puis ajouter» tous les gens de bien et tous
les malheureux. Si les années précédentes j'ai cru devoir remercier
mes collègues de la marque réitérée de leur confiance, cette fois,
c'est de leur sympathie que j'ai été vivement touché. Je ne saurais
leur en mieux exprimer ma reconnaissance qu'eu étant aujourd'hui
le plus bref possible.
Nous ne pouvons pas dire de Tbistoire jiiive ce que Petit-Jean
disait de son plaidoyer : « Ce que je sais le mieux, c'est mon com-
mencement. *> C*est précisément le commencement de notre bistoire,
c*est-â-dire la période qui s'étend depuis les origines jusqu'à Texil
deBabvlone, que nous savons le plus mal. A cela, plusieurs raisons.
D^abord, les documents, je veux dire les livres historiques rie la
Bible, sont rares, concis, mélangés d'éléments très divers; ensuite,
le contrôle extérieur de ces documents est ^généralement impossiblL';
enfin, des scrupules d'ordre théologique ont longtemps empéebé les
savants d'appliquer k Texégèse biblique les procéclés féconds ilo la
critique moderne. Ces scrupules commencent aujourd'hui à s'at-
ténuer singulièrement ; FAUemaf^ne et la llolîando protestantes se
sont» depuis le milieu de ce siècle, jetées avec ardeur dans la voie
tracée par Graf et ses disciples ; les travaux de Kuenen, de Dill-
mann, de Wellhausci», de Stade et de plusieurs autres hommes
éminents sont, à beaucoup d'égards, une révolution, selon les uns,
une révélation, selon les autres. La science juive et la science fran-
çaise ont quelque peu hésité a sui\Tû ce grand mouvement ; on
.oubliait qu'un juif, Spinoza, et un Français, Astruc, en avaient été,
il y a deux siècles, les précurseurs, on peut même dire les promo-
a:XLYl ACTES ET CONFÉRENCES
leurs. Enfin, voici les barrières rompues. Après TouTrage monu-
mental de TAlsacien Reuss et Y Encyclopédie dts scimcts religieusn
do M. Lichtenberger, qui s'adressent surtout aux lecteurs protes-
tants, après les essais semés d'idées originales du regretté Gustave
d'Eichthal, Tun de nos amis de la première heure et l'un des plus
nobles esprits de ce temps-ci \ V Histoire d'Israi>1 de M. Renan est
venue initier définitivement le public français aux résultats et
surtout à l'esprit dé la nouvelle exégèse. Un de nos collaborateurs *
vous a déjà présenté cet ouvrage troublant, qui a paru un peu hardi
aux timides, un peu timide aux hardis, qui a inquiété beaucoup de
lecteurs, n'en a satisfait qu'un petit nombre, mais les a tous char-
més. Je ne reviendrai pas sur les éloges et sur les critiques qu'il
mérite ; je me contente de rappeler que ce beau livre marque une
date dans l'histoire de nos études, et que désormais nous serions
inexcusables de ne pas prendre une part active à la reconstruction
d'une histoire qui en est restée trop longtemps, chez nous, aux
affirmations naïves do Bossuet ou aux négations stériles de Vol-
taire.
En disant (jut; le judaïsme français s'est, jusqu'à présent, raontiv
assez indifférent, sinon hostile, aux nouveautés de la critique bi-
blique. J'ai énoncé un fait général qui comporte, bien entendu, des
exceptions. L'une des plus brillantes est incontesitablement celle de
notre collaborateur M. Joseph llalévj ^ mais M. Halévy me per-
mettra de lui répéter qu'il reste pour l'école nouvelle, l'école gra^
firnup, comme on dit «luelquefois, un enfant terrible, d'aucuns di-
raient : un faux frère. S'agit-il de trouver une nouvelle étymologie
au nom d'Abraham, ou de découvrir dans Ezéchiel des allusions à tel
passage de la Genèse^ il jette par dessus bord la maanjora^ il emprunte
' Voir le compte rendu par \f. Loeb de l'ouvrage posthume de M. d*Eich-
thal, Mvlangei de critique biblique^ et de l'opuscule de M. Maurice Vernes, qui
s'y rattache (Une nouvelle hypothèse sur le Deutéronome)^ Revue, XV, 153.
* Compte rendu de V Histoire d'Israil, de M. Renan (P»" volume), par Théo-
dore Reinach, XV, 302.
* Halévy, Recherches bibliques, XIV, 1 ; XV, 161 ; Petits problèmes, XV,
289.
H APPORT SUR LES PIIHLICATIONS 1)K LA SOCIÉTI-: CCXLVII
à Técole protestante ses procédés los plus hardis. En revanche,
quand les questions do date et d'authenticité sont en jeu, il combat
systématiquement tous les résultats do cette école, il maintient fer-
mement envers et contre tons la haute antiquité et Tunité d'origine
de la plus grande partie du Pentateuque. Avec une bravoure décon-
certante, M. Ilalévy porte volontairement le débat sur les terrains
où la position de ses adversaires paraît la plus forte. Par exemple,
aux chapitres iv et v de la Genèsr, on sait que les mémos person-
nages figurent tour à tour dans la généalogie de ('aïn et dans celle
de Seth. Ni ces répétitions, ni des contradictions llagrantes no peu-
vent persuader à M. llalévy qu'il y ait là deux traditions différentes
inconsciemment juxtaposées par le dernier rédacteur ; un peu plus,
c'est précisément dans ces inconséquences qu'il verrait la preuve de
l'unité de composition du texte. Je ne dis pas (pie les arguments de
M. Halévy soient tous convaincants, mais ils sont aussi subtils <|ue
bien présentés, ils troublent et font réfléchir : c'est peut-être tout ce
que l'auteur a voulu.
Tant que M. Halévy cherche à expli(pier la Bible par la Bible,
chacun de nous peut, s'il lui plaît, vérifier, textes en main, ses
arguments et se faire sur la question une opinion personnelle. Il en
est autrement dès qu'il fait appel aux ténébreuses lumières de
Tassyriologie et des sciences voisines. Ces études nouvelles sont
restées jusqu'à ce jour le domaine exclusif d'un très petit nombre
de savants, qui ne parviennent pas encore à s'entendre sur les prin-
cipes fondamentaux. Quelle peut être alors notre attitude à nous
autres profanes ? Kcouter, apprendre et nous taire. C'est ce que
nous faisons, par exemple, quand M. Halévy cherche à démontrer
par l'analyse des noms de lieux et de personnes le caractère sémi-
tique de la langue des Hittites, ou quand, pour établir la véracité
d'un récit de la Genèse, il identifie l'ennemi d'Abraham, Koudour
Lagomor, avec un roi des inscriptions babyloniennes, dont on lisait
jusqu'à présent le nom Koudour Mahoufi : il paraît qu'en babylo-
nien Mnhoxuj a le mémo sens {\\xe Lagomor. Tout cela est possible,
et, puisque M. Halévy le dit, cela doit être vrai, mais quel étrange
idiome, en vérité, que celui où de pareilles confusions pouvaient se
produire! Appliquez ce système à la langue française, et vous en
CCXLVIÏÏ ACTKS ET œNFÉRENCES
conclurez que le poète Romard s'appelait peut-être Epinard, car il
n y a pas loin des ronces aux épines
Quand on passe d* Assyrie en Phénicie et en Egypte, on sent le
terrain s'affermir sous ses pas ; on quitte le pays de la brique pour
celui de la pierre et du granit. Toutes ces contrées voisines de la
Judée continuent à nous fournir des documents épigraphiques et
archéologiques du plus haut intérêt pour leclaircissement des alen-
tours de Thistoiro israélite. C'est ainsi que M. Maspéro vous a fait
connaître tout ce que les monuments égyptiens nous apprennent de
positif sur l'état de la Syrie à la veille de la conquête hébraïque*.
Si M. Maspéro n'était pas le plus modeste, en même temps que le
plus sagace,de nos égyptologues, il aurait pu, à l'exemple d'un phi-
losophe célèbre, intituler cette conférence si nourt*ie : « Prolé-
gomènes à toute histoire future d'Israol. » Il ne l'a pas fait : je me
permettrai de le faire pour lui.
Les inscriptions anciennes que nous a livrées le sol do la Pales-
tine sont bien rares, et cependant le scepticisme de quelques hyper-
critiques voudrait encore en diminuer le nombre : un savant an-
glais ne s'est-il pas avisé d'écrire tout un volume pour démontrer
l'inauthenticité de la fameuse stèle de Mésa, cette perle de l'êpi-
graphie sémitique ? M. llalévy a fait bonne justice de ce paradoxe,
qui, espérons-le, ne se reproduira plus -. Je ne veux pas quitter le
domaine do l'épigraphic sans rappeler que le fameux sarcophage
d'Eschmounazar, roi-prêtre de Sidon, l'un des ornements? du Louvre,
a trouvé cette année un pendant dans celui de son fils Tabnit. C'est
à un Turc à moitié parisien, llamdi Bey, que la science doit cette
découverte. Le nouveau sarcopliage est d'origine égyptienne comme
le précédent. MM. J. Dercnbourg et Halévy ont présenté dans la
Eetnœ d'instructives observations sur l'inscription phénicienne qu'on
y a déchiffrée ^, M. Halévy a cru reconnaître dans un des mots de
l'inscription le terme grec idoîon, statuette religieuse, transcrit en
^ Maspéro. La Syrie avant l'invasion des Hébreux d après les monuments fgyp"
tiens. Conférence du 20 mars 1887. (Actes, p. clxiv).
' Lôwv, The apocryphal character of the Moabite stone^ compte rendu par
Halévy. XIV, 3i:..
• rierenbourg, XV, 109 ; Halévv, XV, 292.
RAPPORT SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ CCXLLX
lires sémitiques; si cette brillante conjecture se vérifiait définiti-
ement, notre collaborateur aurait le mérite d'avoir fixé la date de
L dynastie des Eschmounazar ; déjà d'ailleurs, M. Clermont-Gan-
eau avait placé cette dynastie à Tépoque ptolémaïque, et non
chéménide.
II
L'histoire du second temple ne nous a fourni cette année qu'un
seul mémoire, mais ce mémoire est de M. Friedlànder, à qui nous
devons déjà tant de pages instructives sur les rapports du ju-
daïsme avec le christianisme naissant*. Cette fois, il a pris pour
sujet la question dos Esséniens, c'est-à-dire de cette secte juive
si mal connue, mais aux idées si originales et aux coutumes si
particulières, dont on devine plutôt qu'on ne constate positivement
l'influence décisive sur les origines chrétiennes. Deux opinions
sont en présence touchant le caractère de l'essénisme : les uns en
font une secte purement juive, identique aux Haasidim, un simple
rameau des pharisiens ; les autres lui attribuent une origine exo*
tique et y démêlent des influences pythagoriciennes, perses, voire
môme boudhiques. M. Friedlixnder prend nettement parti pour cette
seconde opinion, mais il y apporte la modération et la critique aux-
quelles il nous a habitués. Sans se perdre dans le dédale confus
des origines lointaines, il s'en tient à la provenance directe, immé-
diate ; il montre que l'essénisme, pénétré comme il est d'idées hel-
léniques, n'a pu naître que sur le terrain où le judaïsme et l'hellé-
nisme ont cherché à fusionner pour la première fois, c'est-à-dire
à Alexandrie. L'essénisme est un jiroduit alexandrin transporté sur
le sol palestinien ; seulement, ce qui distingue les Esséniens des
lutres Juifs hellénisants, c'est que, tout en s'imprégnant de philo-
sophie grecque, ils sont restés profondément juifs de mœurs et de
jentiments, et n'ont pas mérité d'être enveloppés dans la ruine du
parti hellénisant à la suite de la réaction macchabéenue,
-* Friedlànder, Les Esocniensj XIV, 184.
ACT. BT GOMP., T. ]. 49
CCL ACTES ET CONFÉRENCES
Ces idées générales nous permettent de comprendre pourquoi,
si le Palestinien Joséphe a le mieux décrit Taspect extérieur, le
corps de TEssénisme, c*est T Alexandrin f^hilon qui en a le mieux
saisi Tesprit. Elles nous expliquent aussi pourquoi TEssénisme s*é-
vanouit à la fin du i^** siècle, sans laisser de trace apparente. Le
gros des membres de la secte, qui avaient pris part aux révoltes
des patriotes juifs contre Rome, j trouva la mort; la doctrine
essénienne, par Tintermédiaire de saint Jean-Baptiste, reçut droit
de cité dans le christianisme ; quelques dogmes isolés, comme Tan-
gélologie et les spéculations métaphysiques, furent même adoptés
par le Talmud et la Cabbale. L'Essénisme avait accompli son
œuvre : il pouvait disparaître, semblable à ces belles agaves qui
s'étiolent et meurent soudain du jour qu'elles ont porté une fleur.
III
Je franchis d'un seul bond un intervalle de douze siècles pour
arriver aux juifs du moyen âge et des temps modernes. La France,
l'Espagne, l'Allemagne et la Galicie se sont partagé cette année
l'attention de nos collaborateurs.
M. Lazard nous a donné un très substantiel article sur les re-
venus tirés des juifs du domaine royal au xnP siècle *. Ces revenus,
divisés en ordinaires et en extraordinaires, étaient prélevés sous
les noms et les prétextes les plus divers : cens, amendes, droit de
sceau, droit de rouelle, droit de vin, etc. Les modes de percep-
tion ne sont pas moins • variables que les taxes elles-mêmes. Quant
aux chiffres, ils ne nous apprendraient pas grand'chose, car il est
difficile, sinon impossible, de déterminer la valeur relative de l'ar-
gent au xiii^' siècle et au xix« ; il suffit de savoir que cette
source de revenus était très considérable, que le roi de France
« achetait » constamment des Juifs, suivant l'odieux terme con-
^ Lazard, Les revenus tirfs des Juifs de France dam le domaine royal, au un*
siècle, XV, 233.
RAPPORT SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ
car
sacré, à ses frères ou â ses vassaux, et qu'enfin ^ lorsque Philippii-
le-Bel chassa les juifs en 1306, il iit, suivant îo mot spirituel
(le M. Lazard, plus Qu'une mauvaise action : il fit une mauvaise
affaire '.
M. Loeb qui a débromllé cette année, dans un savant article des
Mèiam/es Grœts, toute Tobseure question des expuUions et des rap-
pels des juifs de France. s*en tient, dans la lienie^ aux épisodes
particuliers de leur histoire. Nul, d'ailleurs» n'excelle mieux que lui
À tirer d'un fait divers, en apparence insignifiant, une vive lumière
qui éclaire tout l'entourage et rejaillit sur Thistoire générale : c'est
la vraie utilité des travaux de détail, c'est ainsi qulls doivent être
compris ; autrement, ils justifieraient la boutade d*un critique
célèbre : « Rien n'est béte comme un fait v. Le procès de àSamuêl
Un Tihhon * est m\ chapitre nouveau dans la galerie des Cames
célèbres jttive» que nous donne peu à peu notre excellent collabora-
teur. C*est le pendant du procès de Boracli Lévy, Tïntéressant bi-
game que vous n'avez pas oublié. »Sarauet ibn Tibhon, Undigne fils
4lu célèbre traducteur Moïse, n'était pas lui-même bigame, mais il
aurait bien voulu démontrer que sa cousine Bienvenue IVHjiit, Tout
enfant, il Favait demandée en mariage sans Tobtenir ; apré:f qu elle
eut convolé ailleurs, il se souvint tout a coup de son ancienne de-
mande, affirma qu'elle avait été accueillie et qu'il avait bien réelle-
ment épousé sa cousine, non pas une fois, mais trois fois. Cepen*
^dant il ne réclamait pas sa femme ; il exigeait seulement qu'elle lui
dôtuandAt une lettre de divorce, quii lui aurait vendue natureilement
Éboas deniers comptants. Quelle fut l'issue cie ce singulier procès ?
On ne le sait pas au juste, mais tout porte \\ croire que Hamuel le
perdit. Ce qui parle le plus contre loi, c'est quil ne s'était souvenu
de ses droits sur Bienvenue que du jour où celle-ci fut devenue, par
I la mort d'un sien frère, une riche héritière. On voit d'ici la mora-
* Sur les Juifs du domaîne royal voir ('{^uletnetii Bloch, Un pnrma de r€$i*
dmet au nym* iiècti, \i\\ HC, et Schwab. T>Wj tuteri/ttiont Mtaf^vts dif
Mêmtti, XV, !raD« Le nom twutilé * , .^ïtV. qu« XL Schwab lu JitHe, et M. Ar-
ièod Darroeslcter Jo^tuse^ pourrait Ctr<s IpHte, Voir Rt^nft I» éH, deroîère ligti«,
fl VI, 2tîr ou 60 trouve Io iD^me nom écrit ntûî*'^'''
* Lueb, Lepyoeisde $amutt ibn TMon (Marstnlte, t2r»5), XV, 70,
eau ACTES ET COiNFÉRENCES
. lité du personnage ; tout le reste de sa conduite est à l'avenant,
et ce défilé de mensonges, de rétractations, de faux ténaoins et de
fausses pièces donne une assez triste idée de la communauté de
Marseille au milieu du xiu° siècle.
V Histoire d'une tailU Uvéesur les Juifs de Perpignan m 1413 est
un simple épisode des annales des juifs du Koussillon : M. Vidal
nous a raconté les annales, M. Loeb Fépisode, et ces deux études
s'éclairent et se complètent mutuellement * . Elles apportent Tune et
l'autre de nouveaux renseignements sur l'administration intérieure
des communautés au moyen âge et sur la comptabilité juive ; vous avez
déjà pu constater la perfection de celle-ci dans les Livres de comptes
de Vesoulj que nous avons publiés Tannée dernière. Cette fois l'étude
minutieuse des cotes personnelles imposées à chacun des contri-
buables juifs de Perpignan a permis à M. Loeb de conclure, chiiïres
en main, que la fortune mobilière des juifs au moyen âge a été fort
exagérée, et qu'elle était, en général, sensiblement inférieure à la
moyenne des fortunes particulières de nos jours. 11 y a longtemps
que nous soupçonnons, M. Loeb et moi, que la légende du juif mil-
lionnaire est aussi mensongère, quoique aussi répandue et aussi per-
nicieuse, au xix° siècle qu'au xiv«. La galerie ne voit que quelques
Crésus qui paradent sur le devant de la scène ; elle n'aperçoit pas
la foule des Irus qui grouillent dans les coulisses.
IV
M. Loeb nous a menés- jusqu'aux pieds des Pyrénées ; c'est encore
* Vidal, Les Juifs des anciens Comtés du Roussillon et de Cerdagne, XV, 19.
Loeb, Histoire d'une taille levée sur les Juifs de Perjngnan en 1413-4, XIV, 55.
(Je crois que le bénéfice do 0 livres sur 500 attribué par l'auteur aux fermiers de
Timpôt est trop faible. Ne faut-il pas y ajouter les u8 livres 10 sols qui figurenl,
sans indication d'origine, p. Cl et 62, au profit de 'i personnes, qui sont précisé-
ment 2 des fermiers et la veuve du 3®, décédé pendant l'opération?) Du même
auteur une pièce sur Vexpuhiun des Juifs de Salins, en 1374, XV, 289. Le travail
de M. Bruuscbwicg surles Juifs de Nantes (XIV, 80). n'étant pas encore achevé,
sera analysé dans le prochain rapport.
RAPPORT SUR LES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ CCLIII
avec lui que nous allons les franchir. Vous savez avec quel zèle et
quel succès les savants espagnols, M. Fidel Fita en tête, exhument
depuis quelques années les antiquités juives de leur pays. M. Loeb
continue à nous tenir au courant de leurs découvertes, et souvent la
glose est plus intéressante que le texte. Parmi les nombreux articles
que nous a valus cette collaboration féconde *, je n'en veux signaler
que trois. Le premier est un travail de statistique : il s'agit do
déterminer le nombre des juifs d'Espagne au moyen Age. M. Loeb,
qui croit qu'on a exagéré la richesse des juifs, croit aussi qu'on a
exagéré leur nombre. Il montre que le document — un rôle d'im-
pôts de l'an 1240 — sur lequel on se fondait jusqu'à présent pour
évaluer au chiflre énorme de 800,000 la population juive de la
Castillo à la fin du xiii® siècle, ne se prête nullement à cette inter-
prétation : en réalité, comme on ne sait ni le montant exact do la
taxe individuelle, ni la durée pour laquelle elle était prélevée, on
ne peut rien conclure de certain sur le nombre des contribuables.
Après cette démonstration négative, M. Loeb a cherché une solu-
tion positive de la question. Il a pris pour cela une voie toute nou-
velle : il commence par déterminer le nombre des juifs de langue ou
de rite espagnol actuellement répandus à travers }e monde et qui
descendent sûrement ou probablement des juifs expulsés au xv^
siècle de la péninsule ibérique ; puis, admettant que cette population
s'est doublée en 400 ans, il en déduit le nombre des expulsés : il
arrive ainsi au chiffre de 160,000. On remarquera que ce chiffre,
évidemment approximatif, coïncide à peu de chose près avec celui
qui résulte d'un rôle d'impôts de l'an 1474 *.
Dans un second article ^, M. Loeb revenant sur un sujet qui a
déjà préoccupé deux de nos collaborateurs, examine à fond deux
lettres fameuses qui circulaient à la fin du xv® ci au début du
* Loeb. Notes sur Vhistoire des Juifs d'Espagne, XIV, 254 (juiveries de Ségo-
Tie, Majorque, Castillon delà Plana, Valence; administrations juives); Juiverie
de Xérès, XV, 125.
* Loeb, Le nombre des Juifs de Castille et d* Espagne au moyen âge, XIV,
161. Comparez G. Leonello Modona, Les exilés d'Espagne à Ferrare en 1403,
XV, 117 (prouve qu'il n'y eut que 21 familles réfugiées).
* Loeb, La correspondance des Juifs d'Espagne avec ceux de Constant inople,
XV, 262.
CCLIV ACTES ET CONFERENCES
xvi° siècle et qu'on mettait sur le compte des juifs d'Espagne et de
Constantinople. Les juifs d Espagne, sous la pression d'une persé-
cution violente, demandent conseil à leurs coreligionnaires turcs;
ceux-ci leur répondent en substance : « On veut vous baptiser?
Laissez-vous faire, puisque vous ne pouvez l'empêcher. On vous
prend vos biens ? faites de vos fils des marchands, ils ruineront
ceux qui vous dépouillent. On vous prend la vie? faites de vos fils
des médecins, ils tueront ceux qui vous assassinent. On détruit
vos temples ? faites de vos fils des prêtres, ils détruiront Féglise. »
Et ainsi de suite. La tournure de la lettre, il faut l'avouer, est
spirituelle ; c'est une preuve de plus qu'elle n'est pas authentique,
car les circonstances étaient trop graves en 1492 pour qu'un juif
eût tourné la chose en plaisanterie. Ceci avait été dit ou soup-
çonné avant M. Loeb ; mais ce qu'il y a de plus piquant dans son
travail, c'est qu'il a mis la main, par une rare bonne fortune, sur
une lettre, vraiment authentique cotte fois, des juifs de Salonique
à ceux de Provence, en 155(*, invitant leurs frères à quitter une
patrie ingrate et à s'établir auprès d'eux sous le régime débonnaire
du sultan . Il suffit de rapprocher les deux documents pour se con-
vaincre que la correspondance espagnole n'est que le jeu d'esprit
d'un satirique chrétien resté inconnu. Mais, à la différence de
M. Loeb, je crois que la satire primitive était moins dirigée contre
les juifs ou leurs descendants que contre les professions dont on
a vu la liste : marchands, médecins, prêtres, gens de loi. Les juifs
no sont là que pour fournir un cadre, et parce que, dès qu'il y a
des coups à distribuer quelque part, il faut bien que le juif en
reçoive sa petite dose.
Lb troisième morceau que je veux vous signaler nous reporte
également aux environs de cette terrible année 1492, qui vit le
triomphe de l'inquisition et le lamentable exode des juifs espagnols*.
Il y est question d'une cause célèbre qui laisse l'impression d'un
cauchemar atroce : trois juifs et cinq chrétiens judaïsants, qu'on
brûla vifs pour avoir tué un enfant chrétien et employé son cœur
à des maléfices, soi-disant dirigés contre les inquisiteurs. M. Loeb
* Loeb, Le saint enfant de la Guardia, XV, 203.
RAPPORT SUR LES PUBLlCATlOifS DE LA SOCIETE CCLV
^*^ pas de peine à montrer avec quelle légèreté fut conduite Ten-
QUéte, tout ce que renferment de contradictoire les témoignages
'^^cueillis, et le peu de poids qu*il convient d'attribuer à des aveux
^^^l'achés par la torture. Comme le corps de Tenfant ne fut jamais
'^trouvé et qu*on ne put même établir son identité, M. Loeb incline
^ croire que cet enfant, dont la superstition espagnole a fait un
Baint, n*a jamais existé. Quoi qu*il en soit de ce point, un fait ressort
avec évidence des pièces de cette procédure : c*est que les iKiucheries
de rinqaisition atteignirent un but diamétralement opposé à celai
qu'elles visaient; elles né servirent qu'à réveiller le sentiment, je
dirais même, le fanatisme juif presque endormi dans les coBurs. A la
vue des fêtes abominables du Saint-Office, à la vue de la flamme jail*
lissant des bûchers, plus d'un nouveau converti, chrétien de nom
et déjà à moitié chrétien de cœur, ne put retenir une explosion do
haine féroce contre un pouvoir qui faisait un abus aussi criminel do
la force mise au service de l'intolérance. On trouve Técho de ces
sentiments dans les déclarations saisissantes d*un des accusés, le juif
baptisé Benito Garcia. 11 dit en propres termes que c est À HantiaKO,
en voj'ant les diables — c'est-à-dire la procession df^n pénitents
revêtus do leurs san -benito — , que ses yeux se sont dessillés, et
qu'il est retourné, par un mouvement de pitié et d'indignation , (i la
foi de ses pères. Ainsi, en pourchassant avec une férocité aveugle
les hérétiques, TEglise créait des milliers de relaps, sinon d*ath^)os,
car plus d'un, alors, dut se dire tout bas avec le [Kiète :
Si Thommc est un bourreau, Dieu n'est plus qu'un tyran *.
Je me suis attardé dans mon voyage on Espagne : c'oijt à mon
guide qu'il faut vous en prendre. Deux mots Kouloment sur les
autres pays. L'article do M. Kracauer sur une accusation do
meurtre rituel à Francfort, en 1593», OHt, à un siècle de distance,
le pendant de l'histoire de la Guardia ; mais, soit différence des
miheux, soit progrès des mœurs, le résultat n'en fut pas aussi tra-
gique ; le mensonge fut découvert et le dénonciateur, seul, expia
* V. Hu-:o, Torquemadat 11, 2.
* Kracauer, Accusation, etc., XIV, 282.
CaVI ACTES ET CONFÉRENCES
son imposture. Dans un second article, non moins curieux *,
M. Kracauer nous raconte l'histoire d'un prêt forcé que les gé-
néraux protestants et catholiques voulurent extorquer aux juifs
de Francfort pendant la guerre de Trente-Ans. Ces pauvres juifs
étaient véritablement pris entre le marteau et Tenclume ; heureu-
sement, cette fois encore, ils furent sauvés par Téquitable interven-
tion de Tempereur.
Il me resterait à parler de la causerie de M. Sacjier Masoch, sur
les sectes juives en Galicie, Im^sUlim et caraites * : mais cette bril-
lante séance est trop fraîche dans vos mémoires pour qu'il soit
nécessaire d'en ranimer le souvenir. Jamais un orateur non Israélite
n'avait parlé des juifs de ces pays perdus avec une sympathie plus
émue, allant plus droit au cœur, et, ce qui ne gAte rien, avec au-
tant d'esprit, de savoir et de couleur dramatique. Sous le confé-
rencier, nous avons été heureux de retrouver l'homme et l'ami :
qu'il en reçoive une fois de plus tous nos remerciements.
Je ne chercherai pas de transition pour passer de l'histoire maté-
rielle des juifs à leur histoire littéraire : c'est l'ordre naturel et
consacré de ce rapport. MM.' Neubauer, Bâcher, llalévy, Lambert
nous ont fait, comme toujours, des communications intéressantes
sur divers points du vocabulaire et de la grammaire hébraïques *.
M. Joseph Derenbourg a entrepris sur la fameuse prière des dix-
huit bénédictions un travail de dissection analogue à celui qui lui
* Kracauer. Histoire d'un prêt forcée XV, 99.
' Aetes^ p. cxLi.
* Neubauer, Compte rendu du Traité d'accentuation héhraXque dû Wickes^ XV,
316. — Bâcher, Sem du mot Mikra, XV, 113 (ce mot, chez les Juifs espagools,
signifiait les Prophètes par opposition au Pentateuque). — Hal4vy, Compte rendu
des Prolégomènes à un dictionnaire hébreu de Delitzsch^ XIII, 305 ; XIV, 146
(conteste plusieurs étymologies assyriennes). — Lambert, Le traité de Para ponc-
tué, XIV, 269 [manuscrit ponctué d'un traité de Maïmonide, originaire du Yémen,
et qui montre la prononciation en usage dans ce pays vers le xii siècle).
RAPPORT SUR LES PUBUCATIOHS M LA SOCIÉTÉ CCLVII
^ donné naguère de si brillants résultats pour le traité loma : sous
^^ rédaction actuelle, qui ne lui paraît pas antérieure au iv* siècle
^o l'ère chrétienne, il en a retrouvé une beaucoup plus ancienne,
plus simple, plus monotone et d'une symétrie plus facile à saisir * .
M. Rubens Du val a fait de la littérature syriaque son domaine
propre*; il étudie cette année la PescJdtto^ version syriaque de TAn-
cien Testament, qui paraît avoir été composée au ii« siècle par
des docteurs juifs. Le principal résultat de cette étude, c'est que la
I^eschitto a conservé des traces de targoums plus anciens, aujour-
d'hui perdus et rédigés d'une façon « tendancieuse '. »
M. Israël Lévi continue à s'occuper de la partie haggadiqm
du Talmud. L'explication qu'il nous donne cette année do la fameuse
légende de la mort de Titus paraît plus plausible que celles qu'on
avait proposées précédemment, parce qu'elle est plus simple : cette
mouche qui s'introduit dans le crâne du conquérant impie et finit
par le tuer serait simplement une variante édifiante de la fable
/> Uon et U moucheron. Ce qu'il y a de piquant, c'est que ce conte a
été transposé presque intégralement dans la légende arabe, maJH
appliqué cette fois à Nemrod : à une certaine distance, toutes lofi
grandes figures de conquérants, Nemrod, Nabuchodonosor, Titun,
Adrien, finissent par se confondre dans l'imagination populaire **«
J'ai entendu dire que, dans certains villages d'Alsace, on racont/e
de Napoléon des contes juifs qui se rapportaient primiiivomoni
à Alexandre.
Le Midrash ne difl^re pas, au fond, de Y Hfi//gfulfi^ tnnSn ium
portion seulement de la littérature midraihique nom ani prtftw-
nue. et, comme toujours, ce sont \m recmïln hn pUtn ntifiUuin^
■ J. Denahofar^,Q0€ifW(t Ourtsiûm* sur U RktM^l, XIV, W.
« Ral»c&s I>aT*i. A'Wei «r U Peê^iûl^,^ X\\ , fA H 777. V^f mA^mmfti iit
Rome ; ys3 TerUi^nùtA <é^ ai-Xt ^Jkil^ ^'*f$4rê "^ 4AimH 4^ UtHti
' Ifnéi Lér., U JM-^ u Tjwi, XV, «, //> m^HH w^it^t^ fhmf* êi Ahimn,
CCLVIII ACTES ET CONFÉRENCES
les plus voisins de la source légendaire, et par conséquent les plu8
curieux, qui ont péri. C*est donc uji véritable service que M. Neu-
baucr a rendu à la science en exhumant de divers manuscrits
d'Oxford et de Londres les fragments do quelques-uns do ces vieux
MUlrashim^ conservés par des compilateurs plus récents : le plus
important est le Yelamd^nu, recueil qu'on a parfois, mais à tort,
confondu avec le Midrash Tanhuma * .
S'il est vrai que a tous les genres sont bons, sauf le genre
ennuyeux, » il faut avouer que la controverse religieuse est un
bien mauvais genre : non seulement elle ne mène jamais à rien,
mais encore elle se traîne dans une ornière invariable et ressasse
les mêmes textes, les mêmes arguments avec une désespérante
monotonie. Et cependant l'étude des controverses religieuses du
passé, de ces querelles de moine à rabbin dont Henri Heine s'est si
spirituellement moqué, offre un intérêt réel, qui justifie l'un de
nos collaborateurs de l'avoir prise, cette année, pour sujet de son
cours à la Sorbonne. A défaut de vérités nouvelles, elle nous fait
connaître le tour d'esprit des contre versistes, le genre d'exégèse que
goûtait leur époque ; enfin, certaines controverses ont été de véri-
tables événements historiques : c'est par les mots qu'on commence,
c'est par les coups qu'on finit. Telle fut ou faillit être l'issue de
la célèbre controverse qui eut lieu à Barcelone, en 1263, devant le
roi d'Aragon, entre un juif converti, Pablo Christiani, et le docte
rabbin Nahraanide. On sait qu'il existe deux relations de cette
controverse, émanant des deux camps opposés ; naturellement
chacun des adversaires s'attribue la victoire, mais comme les
moines avaient pour eux le pouvoir temporel, on fit un crime à
Nahmanide de sa relation, qui paraît cependant la plus fidèle
des deux. C'est ce qu'a démontré une fois de plu.«» M. Loeb, en
réponse à un pamphlet passionné du chanoine Deniflé, qui traitait
le pauvre Nahmanide de menteur et de faussaire. L'attaque était si
violente que M. Loeb s'est mis en colère ; c'est la première fois, à
ma connaissance du moins, que cela lui arrive *.
' Neubauer, Le Midraseh Tanhuma et Extrait^ du Telamdenu et de ptliU mi-
draschitn, XIII, 224 ; XIV, 92.
' Loeb, La controverse de 1263 à Barcelone^ XV, 1.
RAPPORT SUR LES PCBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ OJ-IX
La notice de M. Bloch sur Kalifa ben Malka, autour marocain,
nous transporte en plein xviii* siècle *, la conférence de M. Alhort
Cahen nous mène presque au seuil du xx* '. Les applaudi8;i>(Mnont8
dont vous avez salué cette belle conférence, j'allais dire ootte lo<;»)n ,
me dispensent d'apporter à Tauteur un nouveau tribut d*élc)>;os ;
qu'il me suffise de rappeler qu'il a réalisé le problème, on appanuioo
insoluble, de parler librement de la prédication juive on Franco de-
vant ceux-là mêmes qui en ont tracé les plus brillants modèloH, nann
faire pâlir la vérité, et sans faire rougir M. Zadoc Kahn ',
VI
Si rhistoire littéraire, ou, comme on dit aujourd'hui, Iti |iIiIIi)ImuIi>,
a toujours tenu une place importante dun« notre rocunlli riirojtiii)
logie figurée, qui n'est pas moinzi indinponhablo pour Ui l'imnhM'
tion complète du passé, y avait été quelque^ pcMi tiA^Uu^^t». Nmiih
avons cette année rattrapé le temp» perdu. Han^ purl^r i|i<« «i'ikhI)!
hébraïques qui ont exercé la divination do nui» ^v^'U^n^i fi\\\^
pader des miniatures curieuf^^is qui Umi <M>nnMlO'M Im (>p*^ 'd U
costume des juifs du moy^su kiça S thfun taoun ^ublh) un Ihisdil
très approfondi de H. David Kauf/uann 4Ur i<^ umn n\ I'ioImIm»' 'Ihm
symboles tumulaires emprunt*:'* a J'AnH^n '|WMi««'nf qui ll(*»M"Hl
dans l'art chrétien jiriuiitif*', Apr<*> «wir p<io/4 mm |i^yM»< l»i»M >•»'<
symboles et discuté laa iuV.'rpK'tyti'/n/ qM''/n t^it u lUtini^nit |»P'jU i\
présent, M. Kaufinauxj croit p'/gv«;jr «vn^lMii^ qM «^M ** /<*M Hn»» (mmI
beaucoup trop p'&udti daim ^-4;* «-^ipli'iiUviM. r-i/H »^ ) <«j|i/f#/M))« |iUh'
ment chrétieiine, 6oii a J jijujt^i'ivn dt? luv'if* pwl*'*M J^^(vi<<j1 lu) )•'.*
* l^aac B.ocL, l^aUfti Un É^nikif, XV n,
* AlUrriCauei.. CvK/*.r«i^^ mh^ (^ i„/étt.,4i, .,> y«/f, *// /•>;/«>#, /<)7*»» |'
Bcrvé pour ît- prt/ciMiL f#j/j/«/ft
* KaufiuituL «n L-j^. .V'^-.a»»^ y»*-/^, / V, .//
CCLX ACTES ET œNFERENCES
• — ■ — _^-—
artistes de Féglise primitive n'auraient fait que traduire en pierre et
en couleurs un canon, un choix d'épisodes, déjà consacrés, non pas
précisément par Y art juif, mais par la liturgie juive : la preuve en
serait que la plupart de ces symboles figurent déjà sur une an-
cienne liste de miracles typiques insérés dans la prière des 18 bé-
nédictions. La solution proposée par M. Kaufmann est neuve et
séduisante; peut-être cependant est- elle un peu exclusive et de
nouvelles recherches le conduiront-elles à un système plus éclec-
tique : le symbolisme chrétien, comme le christianisme lui-même,
ne serait-il pas un fleuve où sont venus se confondre deux cou-
rants distincts, d'importance à peu près égale, l'un juif, l'autre
païen ? On avait eu tort de ne voir que le second : prenons
garde de tomber dans l'excès contraire et de n'avoir d'yeux que
pour le premier.
Enfin, Messieurs, la numismatique, qui n'est elle-même qu'une
branche de l'archéologie, a fait aussi, pour la première fois, son
apparition dans notre recueil . L'année dernière, notre cher prési-
dent avait prévu quel serait l'embarras de votre secrétaire quand il
aurait à rendre compte d'une certaine conférence sur les monnaies
juives, M. Zadoc Kahn avait raison, et votre secrétaire ue voit
d'autre moyen de sortir d'embarras que le silence ; il espère seule-
ment que vous terez un accueil aussi bienveillant à la conféreece
imprimée qu'à la conférence parlée, et il saisit cette occasion de
vous remercier de votre indulgence au nom du conférencier.
J'ai terminé, Messieurs, le bilan de la Revw, Vous trouverez,
j'espère, que cette année encore il se' solde à notre avantage. Nous
n'avons pas cette fois de volume supplémentaire à vous présenter,
comme les Tables du calendrier de M. Loeb. Mais rassurez-vous, ce
* Th. Reinach, Une monnaie h/hride des insurrections^XY, 56 ; Confértnct iur
les monnaies juives^ Actes, p. clxxxi (a paru à part dans la Petits hibliothèpt
d'archéologie de Leroux).
RAPPORT SCR LES PCBUCàTlONS DE LA SOOÈTÉ GCLXl
n^est qu'un ajoamemeiit^ et nous avons non pas un, mais deux
volâmes sur le chantier. Permettez-moi, avant de me rasseoir, de
vous donner encore une bonne nouvelle : il nous est venu cette
année un disciple, j'allais dire un enfant. Une société existait de-
puis vingt ans, assez analogue à la nôtre, dans un domaine voisin :
y Association pour T encouragement des études grecques ; seulement, elle
se contentait de publier tous les ans un Annuaire compact qu*on
ouvrait peu et qu'on lisait moins encore. Sur la proposition d*un de
ses membres, elle a décidé de transformer à partir de Tannée cou-
rante son Annuaire en Revue : ce sera un recueU trimestriel, un peu
moins volumineux que le vôtre, mais qui fera, comme lui, une part
proportionnelle aux travaux originaux, à la bibliographie et à
la chronique. Je ne crois pas m'avancer trop en afj&rmant que
Texemple et le succès de la Bévue des études juives ont été pour
beaucoup dans la création de la Revue des études grecques; c'est là,
Messieurs, un résultat dont nous devons nous féliciter : on noua
apprécie puisque nous faisons école.
U faut nous en féliciter encore à un point de vue plu8 général .
L'antiquité grecque n'avait pas jusqu'à présent en Franoe d'organe
scientifique qui lui fût spécialement consacré. Chose singulî^^re,
'Assyrie avait sa Revue, l'Egypte la sienne, la Chine et le Japun la
leur ;.la Grèce n'en avait pas. Cette lacune vient d^étre curijbl^<9;
espérons que le nouveau recueil deviendra avant peu non seuleiiieni
le centre de toutes les recherches dont l'hellénîame est robJ<ji hh
France, mais encore le signal d'une véritable rmA\»mtii*.H tlnn
études grecques, si menacées dans notre pays. Le teiups n*nni pUii
où le judaïsme aurait pu envisager avec ê^iÏMfnfiiioti la tUntiiUihf'ti
de ces études ou avec appréhension leur nsuouifeHH. Lh hnm t\n in
Grèce n'évoque plus pour les Israélites le wtjuifmir Untiitim tUt^ W/mî-
chabées et d'Antiochui*, qui, d'aiUeofn, n'était imn ui^U "'^''* liUifi^*'
donien. Le» siècles, la ybVhéc^ïûtju^ la Smi')/um nui Mi )'f<i^ '^M♦^*<
le Jupiter olympieû eit allé re^yixidre h Ta>/^/ /i«/ïl'f fh Ji*t^l^ii\f'tli
dans le iSr/*«^/ des saintetés ài§^ivsfn, in Of^*'M lin^i \i\h* fjiHi Ih
patrie dliomêre el 4e VÏM$/jy, '//miiè^ \h Jhtk^ tiè'ni \t\h^ /<<//' hï
patrie de la Bibk; e^'mdûi y/^Jt ^intlhn n^/thfd Um^m i\i*nt \m
moneiie» ei i^c/yncâW». lOlm ¥^Hi itmu^uif hOtHthèf hHliiiH
CCLXII ACTES ET CONFÉRENCES
Tautre jour M. Renan, les deux mères de la civilisation mo-
derne ; l'une a formé Tintelligence, Tautre le cœur de riiumanité.
Tout ce qui peut contribuer à les faire mieux connaître, mieux
aimer, c$t un service rendu à la cause du progrès moral. Aussi,
Messieurs, et c'est par là que je termine, aussi voudrais-je que les
deux sociétés dont je viens de parler se considérassent un peu
comme solidaires, que les deux Revues vécussent côte à côte
comme deux sœurs amies, qui se sont divisé la tâche, mais qui
poursuivent, au fond, le même but : embellir le présent, préparer
l'avenir, par la science exacte d'un glorieux passé.
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL
SÉANCE DU 30 JUIN 1887.
Présidence de M. Zadoc Kahn, |?ré«û7^i/.
Le Conseil prend connaissance du projet de M. Reinach sur un
recueil de textes profanes relatifs aux Juifs. Ce projet est adopté.
Sont élus membres de la Société :
MM. Darius Carcassonnk (de Salon), présenté par MM. Zadoc
Kahn et Lévi.
MoRHANGE (de Marseille), par MM. Zadoc Kahn et Lévi.
Le Conseil décide de prendre sous ses auspices la publication
d'un ouvrage de MM. Perrot et Chipiez sur le Temple de Jérusalem
diaprés EzéchieL
La Société souscrit à cette œuvre pour une somme de 1 ,000 fr.
SÉANCE DU 27 OCTOBRE 1887.
Présidence de M. Zadoc Kahn, président.
Le Conseil fixe provisoirement la date de TAssemble générale au
17 décembre.
Relativement au projet de publication de M. Reinach, il décide
que les textes seront accompagnés de traduction. Ces traductions
seront payées n raison de 5 francs la page d'impression pour les
textes grecs et 4 francs pour les latins.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1887.
Présidence de M. Halévy, vice - préside» t.
Le président annonce que 31. Narcisse Leven veut bien faire une
conférence pour TAssemblée générale.. Le titre en sera : Ad, Cré-
mieux^ son rôle dans la défense du Judaïsme.
M. Maurice Vernes offre de faire dans le courant de Tannée 1888
une conférence sur Jephié^ le droit des gens et la répartition géogra-
phique des trilms dans le pays de Chanaan.
Sont élus membres de la Société :
MM. IsAACs, de New- York, présenté par MM. Erlanger et
LOEB.
D»" Grunwald, rabbin à Jungbunzlau, par MM. Erlanger
et LoEB.
CCLXIV ACTES ET COiNFÉRENCES
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1887.
Présidence de M. Zadoc Kahn, président.
M. le Président exprime les regrets qu*a causés au Conseil la
mort de M. J.-E. Kann. L'Assemblée générale qui devait avoir lieu
en décembre a dû être sgouruée par suite du. deuil de M. Th.
Reinach.
M. le Président propose de la fixer au 21 janvier. Cette proposi-
tion est adoptée.
M. U Président annonce que la Société a déjà réuni 4,600 francs
de souscriptions pour la publication du travail de MM. Perrot et
Chipiez, j compris les 1,000 francs de la Société.- La maison Ha-
chette, qui éditera cet ouvrage, demandant un minimum de 7,500
francs de souscriptions, U est décidé que la Société avancera la
différence.
Est élu membre de la Société :
M. le grand-rabbin Wkrthkimkr, de Genève, présenté par
MM. Zadoc Kahn et Loeb.
SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1888.
Présidence de M. Ad. Franck, président,
M. Zadoc Kahn annonce que les souscriptions pour l'ouvrage de
MM. Perrot et Chipiez s'élèvent à 5,200 francs.
Le Conseil vote des remerciements à M, Narcisse Leven pour la
conférence qu'il a faite à l'Assemblée générale.
Il décide que la conférence de J/. Vernes aura lieu le 3 mars.
L'ordre du jour appelle les élections pour le Bureau.
Sont élus :
Vice-^irésidents : MM. Oppkrt et H. Dkrenbouuq ;
Trésorier : M. Erlanger ;
Secrétaires : MM. Th. Reinacu et Schwab.
Sont élus membres du Comité de publication : MM. IIalêvy,
Zadoc Kahn, Loeb, Salomon Reinach et Vernes.
M. Low, rabbin de Szegedin, présenté par M. Zadoc Kahn et
Loeb, est nommé membre do la Société.
VEMSAILLES, IMPRIMERIE CEHF BT FILS, RUE DUPLBSaiB, 59.
LE LIVRE D'ESTEEfi
ET LE PALAIS D'ASSUÉRUS
CONFÉRBNCB FAITE A LA SOCIÉTÉ DBS ÉTUDES JUIVES
LE 14 AVRIL 1888
Par m. DIEULAFOY.
logénieur en chef des ponts et chaussées.
Mesdames et Messieurs,
Il n*eDtre pas dans le cadre de cette confôreneo irexaiuiu^u' )^>cl
arguments et les critiques des partisans et des adver^ir^ dt> T^u-
thenticité du livre d*Esther.
L^exégèse de la meghillah fera partie de Touvra^ ^uo j^ 0\M^^
sacre aux fouilles de Suse.
Je me bornerai aujourd'hui à détacher quelques ût^ui^ul^ vl^
cette étude générale ^
... Je considère comme une conséquence hettfDtt$ie Um lUuUI^Mi
susiennes, la lumière soudaine qui en a jailli, éelaUiuii U'mh jv^ur
tout nouveau un des procès les plus débattus entre )e>s mlHMMUUt^
* Lêl traduciioQ Uuérale des passages contesléa on coalesUUee «'V M ftmvml»
par mon excelieot ami M. Arsène DanaesUtor, Tteiieal pwfcmm ^ HlMit*
tore du mojen âge à la Sorbonne. A lui mm biaa alécl«iiix fWWHàlWiall^
ACT. ST 00317., T. I. W^
CCLXVl ACTES ET CONFÉRENCES
et les orthodoxes. Je veux parler de la lutte qui s^est engagée au-
tour de la meghillah.
Qui ne connaît Thistoire si touchante d'Esther ?
Akhachvéroch, à la suite d'un banquet où il se prend de vin, répu-
die la reine Vachthi. Cinq ans s*écoulent. La cousine germaine du
juif Mordekhaï, Hadassah, surnommée Esther depuis son entrée
dans le harem, séduit le roi par sa grâce pudique et prend la place
de l'épouse délaissée. Mordekhaï s'installe sous la porte du rai, dé-
Yoiie une conspiration ourdie contre son souverain et sauve la vie
d'Âkhachvéroch.
Sur ces entrefaites,- Haman, fils de Hamedatdà FÂgaghite, est
nommé grand visir ; Mordekhaï refuse de se prosterner devant le
nouveau ministre ; colère du favori qui jure de laver dans le sang
du peuple hébreu Taffront que vient de lui infliger un misérable
Juif. Haman jette le sort « le premier mois, qui est le mois de
Nisan », et fixe au 13 Âdar le jour de Texécution.
Les courriers avaient déjà porté à tous les satrapes les ordres
souverains, quand la nouvelle reine, informée par Mordekhaï du
péril qui menace ses coreligionnaires, pénètre, au péril de sa vie,
dans la maison ds la royatUè,
La rayonnante beauté de la suppliante trouve grâce devant
Akhachvéroch ; le roi accède aux prières de la favorite, fait pendre
Haman au gibet dressé pour Mordekhaï, puis donne licence aux
opprimés de repousser, deux jours durant, les attaques de leurs
ennemis.
Les Juifs usent sans réserve de l'autorisation royale les 13 et 14
du mois d'Adar, et le livre se termine sur l'ordre donné par Esther
eit Mordekhaï de célébrer tous les ans la fête de Pourim ou des sorts,
commémorative de ce triomphe.
Telle est la meghillah (le rouleau par excellence), tel est le thème
célèbre livré aux méditations des théologiens et des savants. Cé-
lèbre, il l'est entre tous, par la popularité dont il jouit dans le
monde Israélite, par son caractère profane — le nom de Dieu n'y
est pas prononcé — , par les controverses qu'il a provoquées. Méli-
ton, évéqua de Sardes au deuxième siècle, puis saint Atha-
nase et saint Grégoire de Nazianze, refusaient de comprendre le
livre (l'Esther dans le recueil des annales sacrées, et, s'il a forcé
rentrée de la Bible chrétienne, c'est que, sous Thistoiro d'Akbach-
véroch et delà reine, on a trouvé ua symbole de runion du Chritt
«t de AOQ église.
Aujourd'hui clirétiena et iàraélîtos adoptent le livre d'Esther dans
80D intégrité. Les rationalistes, îjîen que divisés sur l'origine de la
fête, considèrent tous la meghiOali comme une oeuvre de pure ima-
ibation postérieure aux Achéménides et sans aucun lien avec
Thistoire.
Quelles sont les critiques dirigées contre le livre d'Esther?
D*abord et surtout le nom de la fête dont il célèbre 1 origine :
PouTf à'oh pourîm^ nest pas un mot perse, argue Fécolo rationa-
liste, et ne signifie sori^ comme le prétend Ja Bible, dans aucune
langue, ni dans aucun dialecte connu.
11 serait plus exact de prétendre que pmtr n'apparaît pas dans le
lexique très restreint composé d'après les inscriptions achéménîdes
de Biâsoutoun^ Nakchô-Roustem et Periépolis^ car le mot consi-
déré en lui-même, est une des racines les mieux connues et les plus
fixes des langues arjennes. Par en sanscrit, por en persan, phre en
latin, pkhi en français, répondent à la môme idée et communiquent
le même sens à leurs dérivés. Ce sens est-il applicable à la dési-
gnation de la fête ? mieux que tout autre à mon avis.
J'emprunte à la Bible elle-même la traduction du Xùoi jmur.
Avant d'immoler les Juifs à sa vengeance, Ilaman demande aux
devins de fixer le jour du massacre.
« Le premier mois, qui est le moîs de Nîsan, de la douzième
année du roi Akbachvéroch, on jpta l^ pout\ (fetfl^à-dire h sort, en
présence de Haman jour pour jour, mois pour mois (jusqu'au trei-
zième jour) du douzième mois, qui e^t le mois d'Adai\ »
La phrase ne présente aucune obscurité, si Ton tient au sens
littéral. I! s'agit d'un instrument fatidique nommé pour en langue
perse, qu'on jetait devant toute personne désireuse de prendre Tavis
du destin. Le pour rendait sans doute ses oracles par mti et par fwwt.
Comme Téphod, comme les dieux égyptiens, il devait répondre 4
des questions bien déterminées, pesées en quelque sorte d*une fa^n
dichotomique. € Les Juif^ sefoni*ils nmssacrés le premier jour du
CCLXVIll ACTES ET CONFERENCES
mois? » Nous savons que, consulté jour pour jour, mois pour mois,
le pmir donna un avis négatif, puis, quand on appela le treizième
jour et le douzième mois, il répondit a oui », c'est-à-dire : tuez.
Au nombre des objets découverts dans les fouilles profondes du
Memnonium, se trouve un prisme quadrangulaire ayant un centi-
mètre de côté et quatre et demi de haut. Sur les faces rectangu-
laires, on a gravé des nombres différents ; un — deux — cinq —
six.
Jetez le prisme et il s'arrêtera forcément sur un chiffre pair ou
impair.
Les Perses aimaient les jeux de hasard autant que le vin ; le petit
monument susien ne serait-il pas un de leurs dés, et leui*s dés, sous
le nom àepour, n'auraient-ils pas servi à consulter le sort et à ten-
ter la fortune ?
Pour^ pas plus que cartes, urne ou dés, n'aurait le sens propre de
sort, mais tous ces mots entreraient dans des phrases semblables :
« jeter le pour », « tirer les cartes », « mettre la main dans
l'urne », « agiter les dés », qui éveillent toutes quatre la môme
idée : consulter le sort.
On remarquera combien l'expression perse j^M/r, litt, pleiti^ solide,
est heureusement appropriée à la forme du dé achéménide. Un pa-
rallélipipède, un prisme carré ne réalise-t-il pas l'image la plus par-
faite des corps que. Français et Persans, nous nommons « î^s
solides » ?
En ce cas, je modifierai ainsi qu'il suit la traduction des deux
passages où il est parlé ÙMpour :
« Le premier mois, qui est le mois de Nisan, de la douzième
année du roi Akhachvéroch, on jeta le dé, litt. le solide, c'est-à-
dire le sort (explication nécessaire pour les Juifs qui ignoraient la
langue et les mœurs de la Perse) en présence de H aman ;
» Et les Juifs reçurent comme règle traditionnelle ce qu'ils avaient
commencé de faire et ce que Mordekhaï leur prescrivit, parce que
Haman fils de Hamedathâ l'Agaghite, l'ennemi de tous les Juifs,
avait formé le projet de les faire périr et avait jeté le dé, c'est-à-
dire le sort . . , ^t l'on pendit Haman et ses fils au gibet. Pour cette
raison, on appela ces ^onrs pourim, du mot de pour. »
LE LIVRE D*ESTÏ1ER ET LE PALAIS D^ASSUÊRUS CCLXIX
Cette nouvelle interprétation aurait îe triple avantage de satis-
faire ia grammaire^ rhistoirô elle bon sens, car il est inadmissible
qu'un jmi perse qui écrivait à Suse sous les derniers achéménidea,
— conimeje me réserve do le montrer, ^ — ait employé un mot
perse inintelligible et pourtant accepté de ses coreligionnaires
perses.
11 reste A expliquer le délai de près d'une année qui s*ëcoule
entre !e mois de Nisan, oii la condamnation des Juifs a été puldiée,
et le 13 Adar, jour fixé pour leur massacre» puis encore Ténorme
butin que se promettait îfaman après Fanéantissement de ses
ennemis, Tautorisation donnée aux Hébreux de se ruer sur les
Perses et la terrible vengeance tirée par les Juifs de leurs op-
presseurs.
L'exégèse allemande confesse ne pas comprendre le but d'Ilaman
quand il promulgue les ordres d'exécution onze mois à Tavance, ot
met au compte de Timagination du romancier cet avis prématuré»
Je me demande, d'autre part, rintérêt que pouvait avoir rauteur à
conter un détail superflu, s*il n*eùt été historique.
Je m'illusionne peut-être, mais jamais problème ne me sembla
plus facile à résoudre.
Haman consulte le Pour; le dé parle et fixe au 13 Âdar l'exécu-
tion des Juifs, Une occasion favorable se présente* le favori la
saisit, arrache au roi son assentiment, s empresse de sceller les
firmans et de tes expédier aux satrapes, car les ordres scellés et
publiés deviennent irrévocables. Les princes sont oublieux et fan-
tasques, Haman en avait dû faire bien des fois Texpénence. Au
demeurant, il n'importe guère au premier ministre que les Juifs
soient prévenus de leur sort quelques jours ou quelques mois trop
tôt. Désormais le but est atteint, la vengeance viendra à son
heure, les victimes du favori ne peuvent espérer en aucuu secours
humain.
Le dogme de riafailiibilité est le corollaire fatal de la puissance
souveraine et quasi divine du véritable autocrate. Qui se rétracte
s'est trompé. L'histoire de Perde prouve que les Chainchahs ne
connurent jamais cette faiblesse.
Deux exemples entre mille ; ils ont le mérite d'être récents.
CCL3CX
ACTE^ in- CONFÉflKPÎCIîS
Fat-Aly-Chah se rendait â Chiraz, à la tôto d'une parue dô st>u
armée». La caravane rojalê, surprisô dans une gorge profoùde par
une tourmente do neige, ne tarde pas â manquer de virres, Lei
généraux informent I0 Chah de Tétat de ees troupe» et lui deman-
dent avefi instance Tordre de lever le camp. Celuici refuse, argue
des périls de la route et remet le départ au jour précis où la naige
aura disparu d'un pic voisin.
La famine sévit sur Teseorte déjà décimée par le froid, Chefs et
soldats mourraient jusques au dernier que le souverain dô modi*
fierait pas se^ premiers ordres. Le^ courtisans en sont »i iotimement
persuadés qu'au lieu trimportuner leur maître de doléances vainesjld
ftchominent les hommes valides vers la montagne, font déblaver
en une nuit le rocher que le roi avait désigné et, le matin venu,
réclament do Fat-Aly-Chah stupéfait Tordre de départ* La neige
était toujours épai^sse, les chemins totgoura dangereux, mais le roi
pouvait céder sans porter atteinte à son infaillibilité-
Aga Mohainmod, prédécesseur de Fat-Aly*Chah, mourut victime
du mémo dogme.
Le fondateur de la d^^nastie Eadjar réglait tous les Tèndredis
matin le service des offîciers qui l'entouraient. L'aimée pers^aoa
était campée dans les environs d'Erivan, quand une querelle éclata
entre deux ferracha assis auprès de la tente royale.
On leur intima Tordre de se taire; la dispute g*envenima,
— Qu'on le:^ tue à l'instant, ordo;ina le Chah*
— G est vondrodi, firent observer lès courtisans.
Et la déeolation fut remise au lendemain.
Le tour de garde appelait les deux condamnés â veiller le mo-
narque dans la nuit du vendredi au samedi, L*ordre était proclamé
irrévocable.
Il fut exécuté, mais vers minuit, les doux ferrachs profitèrent du
sommeil d'Aga Mohammed, assassinèrent leur maître et s'enfuiront,
Maçoudi do sou côté raconte la légende suivante :
Le roi Hirati, dans une nîjit d'orgie, avait fait tuer deux tidéles
courtisant. II leur fit élever un mausolée siomptueux et ordonna À
tous ses sujets de saluer on passant la tombe de ses amis.
Faute de s'incliner profondément, pn était pendu haut et court,
I
LE LIVRE D'ESTIÏEH FT LE PALAIS D ASSUÉRIJS CCLXXI
iais, avant d'aller au supplice, on avait lo droit d'oxprîmer deux
ouhaits, iiui étaient exaucée sur l'heure,
Un foulon pas^e devant I0 monument funéraîro et refu&o do s*in-
ciiaer. Il e^t conduit devant Hîrati.
— Pourquoi as-tu enfreint înes ordres?
— J*ai salué,
— Les gardiens attestent le contraire. Tu connaît la loi : tu vas
mourir. Que désires-tu?
— Vous appliquer un coup de maillet sur la této.
Le roi se récrie, assemble ses conseillers, consulte les théologiens.
Laïques et relîg:ieux sont d'avis que le souverain doit obéir à la loi,
car les ordres ont été scellés, promulgués et sont devenus irré-
vocables.
Hîrati s*assied sur le trône; le foulon s^approcho et assène un
violent coup de maillet sur la tête du monaniue.
Six mois durant le roi oscilla entre la vie et la mort. Dès qu'il
Tut rétabli, il appela le foulon ;
— Tu as un second vœu à formuler. Parle.
-^ Après vous avoir frappé sur la tempe droite, je désire, re*
** ou vêler rexpérience sur la tempe gauche*
— Pourquoi persister dans cette folie inutile I Veux-iu la moitié
4e mon tréi0Î*t Désires-tu que je donne ma âllo unique & ton âls,
^ue j'épouse ta veuve? Tu seras satisfait*
— Jd ne souhaite qu'une chose : vous asséner un iecond coup de
inaaillet.
La mémoire revint heureusement au roi :
— * r^'ai'tu pas prétendu que tu avais salué le tombeau?
*- Je persiite à le soutenir.
<— Tu dis certainement vrai. Le gardien du tombeau est un im-
posteuff qui mérite d'être traité selon ses mérites. Prends dix de
ines gardci, assomme ton accusateur et surtout ne manque pas de
Xe tuer. Je te donne ia survivance de sa charge»
Aussi bien, voyons-nous Mordekhaï, quand il a remplacé Haman,
>i8cr d'un subterfuge pour sauver les Juifs de la mort, faute tîe
pouvoir obtenir un contre-ordre ou mémo un sursis au supplice, et
CCLXXIl ACTES ET CONFÉRENCES
cela parce que le firman d*exécution a été scellé de Vanneau royal et
promulgué.
a Aussitôt les scribes du roi furent appelés le vingt- troisième
jour du troisième mois, qui est le mois de Siwan, et. • . Mordekhal
fit écrire au nom du roi Akhachvéroch, en scellant avec l'anneau do
roi, et expédia les lettres par les coureurs à cheval montés sur des
coursiers issus d'étalons royaux, savoir que le roi permettrait aui
Juifs de se réunir pour défendre leur vie et d'égorger ceux qui
viendraient les attaquer de n'importe quel peuple ou de quelle
province. »
La Bible semble dire que l'exécution des Hébreux 8*annonçaitP
comme une fête populaire, une Saint-Barthéiemj fomentée par
Aouramazda contre lahvé. Mais les Juifs, prévenus des dispositions
favorables de la cour, se groupèrent, organisèrent la résistance, et,
grâce à l'appui que leur prêtèrent les courtisans de l'astre nouveau
qui se levait dans le harem de Suse, opposèrent à leurs ennemis
une résistance victorieuse.
Ainsi se trouve détruite la double objection faite au long intervalle
qui sépare la condamnation des Juifs de leur exécution et à la ven-
geance exercée contre les Perses par les coreligionnaires de Mor-
dekhaï. Les deux faits sont des conséquences historiques de la même
loi coutumière. Esclave des volontés divines exprimées par le Pour^
Haman se voit forcé de rejeter à onze mois le massacre des Hébreux,
mais il s'empresse néanmoins, pour rendre ce massacre irrévocable,
de faire sceller et promulguer le décret royal. Akhachvéroch, de son
côté, lié par sa précédente décision, ne peut sauver les Juifs qu'en
leur prêtant un secours déguisé contre ses sujets perses. Quant aux
chiffres peut-être mal transcrits, ils ne représentent ni le nombre de
jours que dura le festin desfrathamas, ni le nombre des victimes, ni
l'importance du butin, ils donnent la mesure de l'exagération poé-
tique et de la joie des triomphateurs. On doit les excuser, sans en
tirer des arguments positifs ou négatifs.
Quelques exégètes s'étonnent encore de ne pas trouver ftiention
de l'histoire d'Esther dans les auteurs grecs.
J'ai expliqué combien les siècles et les milieux avaient dénaturé
les faits les plus simples, modifié les contours, agrandi hors d'échelle
I
LE LIVRE D'ESTHEB Et LE PALAIS FASSUÉRUS CCLXXIH
les proportions des personnages. Du poînt de vue où se place Tanna-
lUte sacré, l'univers disparaît^ toute la scène est occupée par des
personnages qui» de simples comparBes, sont élevés ao rang de pre»
mierâ sujets. Qulmportait aux Grecs ces minimes intrigues d3
harem ? Et encore est-il bien certain que les anecdotiques grecs, per-
da5 pour la plupart, n'aient pa5 conté les aventures d'Esther?
Jusqu'ici les rationalistes ont marché d^accord. Il ne s'agissait
qae de détruire ; personnages et décors ont été sacrifiés sans pitié.
Cela est bien, mais quand on se trouve en présence d'une œuvre
historique ou d'une tradition apocryphe dont la célèbre et très an-
tique fête de Pourlm est le pivot, il faut à tout prix découvrir sa
filiation. A ce momentj les assaillants se divisent,
Los uns prétendent que le mot écrit en hébreu PùUTy tout aussi
Uîen que la transcription grecque des Septante Phrmirm^ n'ont do
6eoâ acceptable ni en Perse, ni en hébreu, j ai donné mon avis
À cet égard. Or, il se trouve que dans une variante du texte grec
lin copiste, plus ou moins fidèle, a écrit Phmmlkij au lieu de
^outy et aussitôt on s'est rappelé que, sous le nom de Foimli^ les
Q^nciens Perses célébraient le retour du printemps ramenant Tannée
ïiouvellâ dans un char embaumé. Telles les lu percales chômées en
Xtalie à la même saison. De cette remarque à raffirmation que la
f^te de Pourlm était un souvenir méconnu des journées de Founfi il
n'y avait qu'un pas, il a été vite franchi.
Me serais-je trompé sur le sens littéral et figuratif de Pour^ que
je partagerais encore l'avis de M. Reiiss, qui trouve Texplication
ingénieuse, mais insuffisante. Il est dangereux d'établir l'étymolo-
^0 d'un mot sur des transcriptions douteuses en langue étrangère,
«.lofâ surtout qu'on peut recourir à la version hébraïque très anté-
Tieure auî paraphrases grecques. Comprend*on qu'une fête, dont le
caractère religieux est affirmé par un jeûne préparatoire, qu'une
^éta triomphale et d'origine sanguinaire se soit greffée sur les
Joyeuses bacchanales de Founîi? Enfin, est-il bien prouvé que la (été
perse soit pdus ancienne que le livre d'Esther '? Ce sont là autant
de questions laissées sans réponses.
Nombre de savants s'arrêtent donc aujourd'hui à une autre solu-
tion. Il est dit dans lo premier livre des Macchabées (chap. Vïi, 49)
CCLXXIV
ACTKS ET COHÉRENCES
que Juda remporta une victoire décisive sur Nie&nor le 13 Adar
(160 av. J.-C.)t c*est-à-dire le jour du jeûna préparatoire à la îéie
do Paurîm, et ordonna de célébrer désorraaiii ranniversaire de ce
glorieuîL fait d'arme. Cette coïncidence de date a aemblê si décigive,
que Ton a proposé de faire remonter Torigine de la fête de Pôurim
à la victoire des Juif» sur les Syriens. Le livre d^Esther, roman
triomphal écrit à eetle époque enûévrée de l'histoire juive, se
gérait substitué d'autant plui vite à riiistoire réelle que celle-ci
reposait sur de» faits ^ celui-là eur lîéi sêniimmù.
Cortea, il e*t charmant de trancher une discussion épineuse par
une boutade^ mais un paradoxe, fùt*il ingénieux, ne valut jamali^
une bonne raison*
D'ailleurs les objections abondent.
Loi promoteurâ de cette nouvelle théorie n'essayent même pas
de ju^itirier le nom de la fête et pensent avoir résolu la difficulté en
affectant delà négliger. C'est un tort. L*énigme bairera toujours la
route aux commentateurs qui ne l'auront pas résolue.
Il y a mieux : Joseplie, par exemple, atteste que le jour de Mer-
dekhaï était célébré dans ses formes actuelles dés le premier siècte
avant notre ère. D'autre part» nou^ savons que de temps immé-
morial, il n'est question de la fête de Juda ni dans les calendriers
ni dani la pratique religieuse. Comment expliquer que soixante ou
soixante-dix ans suffisent à un conte pour effacer le souvenir d'une
victoire mémorable?
On arriverait tout aussi aisément à prouver que les fêtes de
l'Église catholique sont d'invention moderne Pâques aurait été
imaginée le lendemain de la prise de Jérusalem par les croisés, La
victoire du Christ sur la mort, les cantiques d'allégresse seraient
des allu.iions transparentes aux succèa des chrétiens sur les musul*
mans» à la résurrection de la foi dans un pays où elle avait suc-
combé et aux chants entonnée par les croisés en pénétrant dans
la cité do Dieu- La Pentecôte rappellerait la prise do Ronda, ce
dernier boulevard des infidèles, qui tomba entre lea mains des
Espagnols le jour do lu iVUe du Saint Esprit, et les langues de
feu, les boulets rouges employés à ce siège célèbre pour la 'pre-
mière fois.
I
I
LE LT\ BE D^BSTHBft ET LE PALAIS D'ASSUÈRUS CCLXXV
La ihéoria nouvellô soulève d autres diîiieultés. Elle est contre-
dite par les fouiller da 8use, ainsi que je le montrerai plus tard» et
par le témoignage du second livre des Macchabées. Jiida. lit-on
chapitre xv, § 36, battit les Syriens la veille de la fête de Fourtm,
Le jour de Mordekbaï se célébrait done antérieîïrement à la défaite
de Nicanor? « Il nUnoporte, ripostent lei savants d'outre-Fhin,
l'auteur du second livre des Macchabées est un médiocre conteur de
légendes, indigne de créance, » De légendes, il se peut» mais de lé-
gendes acceptées par les iilsdes héros qui avaient combattu sous les
ordres de Judai et de Simon*
Que d'ingéniosité et d efforts pour détruire une tradition au de-
meurant inoffensive !
Je me suis attaché jusqu'ici à réfuter les grosses objection» et
à montrer combien îos exéî2:ètes allemands avaient fait fausse route
en promenant leur scalpel dans ce monde oriental^ qu'ils dissèquent
de trop loin, ou examinent de trop haut. Désormais je ne m*attar«
derai plus sur les festins de vin, la condition des reines, la fête de
»Pmjrtm^ rinfaillibilité royale, documents méconnus, mais bien pré-
cieux pour rhistoire intime des cours achéménides. Je ne reviendrai
pas non plus sur la chronologie du livre, je m^attacherai seulement
aux descriptions, et me contenterai de suivre les personnages du
drame à travers le Memnonium et de sijjjnalcr leur aisance à se mou-
voir dans ce palais d^une disposition si spéciale, ressuscité d'entre
les mort4 après vingt-quatre siècles d'enfouissement.
On suit avec un intérêt d'autant plus vif un récit réel ou fictif, on
apprécie d'autant mieux les péripéties et le développement d'un
drame que Von connaît mieux la scène où Tact ion se déroule. Je
décrirai done, avant tout commentaire, l'acropole achéménide de
. SiijBe.
I La Memnonium n*avait aucun rapport avec les demeures souve-
raines découvertes à Koujoundjik, Niraroud ou Khorsabad.
Il se composait de trois groupes d apparteroonts distincts, Bnvè*
^oppés chacun dans une enceinte ipéciale, mais compris dans la
Qiéme forteresse,
L Urrpadfhm, ou salle du trône, reséomblait, par sa disposition et
'«on architecture hypostyie, à un temple grec. Le roi occupait dans
CCt.XÎCVl
ACTES ET CONFÉRENCES
le tabarnaclô la place de la statue divine. La salle de Suse couvre
près d*un hectare ; les portiques, les escaliers, les enceintes se <Jé-
veloppaient sur une terrasse d'une superâcie dix-huit fois plus consi-
dérable divisée en deux parties par un pylône. En deçà, un escaiier
géant conduisait de la place d^armes extérieure au niveau d'une
vaste esplanade; au-delà, rajonnant de sa couronne d*émaux,
nojé dans les ramures d'un jardin suspendu, Tapadàna, où défilèrent
les ambassadeurs de tous les états de la Grèce.
Bien séparés de Tapadàna, se groupent, autour d*une cour inté-
rieure, les appartements particuliers du souveî*ain : salle d'audience,
chambres de repos, pièces affectées à la chancellerie, à la maison
militaire, aux gardes, aux clients.
En persan moderne, cette partie du palais est désignée sous le
nom de birotm [extérieur), par opposition à Vaiuiêroim (iptérieig]
réservé aux femmes.
L'anderoun comprend les appartements des reines et un noml
considérable de cellules pour les concubines de deuxième ordre ou
les postulantes aux faveurs royales. Le maître de ce dépai-tement
est moins le roi que le grand eunuque, L'anderoun de iSuse, muré,
cadenassé, clos — je parle au point de vue constructif seulement —,
comme ne le fut jamais la plui rigoureuse prison, était protégé par
les bûtiments du hiroun et deTapadàna.
Ces deux derniers, reconnaissables aux dispositions du plan à
leurs dégagements et au donjon joint à la demeure privée du roi
occupent les deux branches d'un L gigantesque dont la croîBéô se-
rait réservée au gynécée.
Sortait-on de randeroun par la porte de Touest, on accédait di-
rectement dans les jardins de l'apadàna ; se dirigeait-on vei-s la sud,
on traversait le biroun.
Le palais comportait de nombreuses entrées : je citerai la baie
fortifiée de la maison du roi et la porte de l'enceinte générale, qoi
s'ouvrait au sud du donjon et mettait l'acropole en communication
avec la ville de Suse. Je me bornerat à cet ensemble topographiqu»;
il suffira à rintelîigenco du texte.
Je dois ajouter que ces divers appartements se retrouvent à P^r-
sépoli^, mais mm rel^iiom directêi tes um arec les autres et dans v^
I
I
I
I
Xerxés ou à la salïe aux cent eolonnes ; le biroun, ou maison par-
ticulière du roi^ aux petits palaiis de Darius et d'Artaxerxès désig:aés
en TÎeux perse bous le nom spécial de « FiYA/Vt t?; la salle d'audience
du biroun, aux pièces centrales de ces derniers édiûces.L'anderoun,
r^eté tout au nord de la plate-forme, longeait la montagne.
Dèi le déliut du livre d*Estlier, il est parlé du jardin du Nimtj à
propos de la grande fête àe^fratkamas>
Aucun pbibloguo, aucun exégète ne s^est inquiété du mot Idian^
pourtant bien particulier.
£iian apparaît ici pour la première fois et ne sera employé une
seconde qu à roccasion du repas donné par Esther au roi et au
^rand vizir. Le souverain, se sentant pris de vin, sort un instant et
'^a respirer à l'ombre dei jardins du hUan^ puis il regagne le harem.
Dans les autres parties du récit-^ les appartements parcourus ou
l^abités sont désignés, sans crainte de redites ni de monotonie, sous
le Boott uniforme de Bëth (maison), suivi de déterminatifs appro-
Prtés : bel h du roi, béth des femmes, béth de la royauté, bêlh
^*Haman*
Mitan est donc un terme arc hi tectonique répondant à un monu-
**iQnt bien spécial, utilisé par le narrateur dans un sens précis et
^^B cas déterminés.
Quand on a interrogé deux années durant Tâme du Memnonium,
^1 est impossible de ne pas reconnaître dans le Bilan de la Bible Ta-
^adànasusien.
Seul de tous les édifices du palais, le tabernacle consacré au roi
divinisé pouvait et devait s'élever au milieu d'un paradis ; seul il
^tait aisez isolé des appartements réservés à Tbabitation du souve-
t^in pour qu*on put y introduire sans inconvénient un nombre
d'hommes considérable. Comme le bilan j TapadAna était entouré
de bosquets en relation immédiate avec la maison des femmes ;
comme le Utan, il était précédé d*un vestibule immense, capable
de contenir les convives d'Akhachvéroch ; comme le bitan, il était
hypoâtyle, fait essentiel à noter, et dallé de marbres de couleur. En-
fla, comme le biian^ il jouait un rôle spécial dans la vie des rois de
Perse et le cérémonial de la cour achéménide.
CCLXXVÏU
ACTES ET CONFEREKCES
le OU
i
Ce sont des analogies trop étranges pour être fortuitôs, analogias
si particulières que lej palais perses fie Pcrsépolis, deParsagade ou
de Fîrouz-Abùd, de Hatra, de Ctésiphoa et d'Eïvan-Kerkha, qu'i
soient construits sous les Âcbéméoides, les Parthes ou les Sassa*
nides, ne répondent pa» dans leur ensemble à la description
bitan d'ÂkhachTéroch.
...Pendant qu'Esther grandissait en gloire et on puîssanee.
flt Mordekhaï s'assejait. . . à la porte de l'enceinte rojale. Deux
eunuques, Bîgthan et Therch, commis à îa f/arde du siutl, se prirent
ô*à colère contre Akhachvéroch et résolurent d'attenter à sa Tîe ».
Mordekhaï, informé de la conspiratioD, préyint la reine Esther^
qui dénonça les eunuques au nom de son onde. Bigtbau et Therch,
interrogés sur Fheure^ furent reconnus coupables et pendus. On
consigna la relation du complot dans les chroniques royales.
Un grand nombre d'exégétes ont cru reconnaître dans le mot
hébreu Cfuiar (littéralement porte d*une enceinte, opposé à piiah^
porte d'une chambre) Tidée de palais et ont traduit la prenièie
phrase du verset précité : « Mordekhaï s'installait dans le palais an
roi. . • « Je m*en tiens de préféi'ence au sens littéral, d*accord avee
les mœurs de la Perse et Tallure générale de l'ouTrage.
A quel titre un JuiC et un Juif inconnu, car Mordekhaï eaeh1
sa parenté avec la reine, se serait-il introduit et installé dans la
meure du souverain?
Cette interprétation est d'autant plus inutile qu^elle nnît à Is
yraisemblance sans proôt pourraction. Les conspirateurs ne sont*
Us pas qualités gardiens du seuil?
La suite du récit confirme d'ailleurs ma manière de Toir, Quand
Mordokhaï se voit refuser le eh^mr du roi, où passe-t-il la jour-
née t Sur la place de la ville qui précède l'entrée de la forteresse,
et « il allait jusqu'en face le chaar du m, cai il n*étatt pas permii tie
s^asseoir au ehaar du rùi en habit de sao » ; cela siguiâe que, fautfl
de pouvoir s'asseoir sous le chaar du roi, c*est-à-dire sous la grande
porte de Tenceinte, il se rapprochait de ce Heu d'élection autant
que ses vêtements de deuil le lui permettaient. Il ne peut être ques-
tion de rîntérieur du pialais dans ce dernier membre de phrase —
tous les commentateurs s'accordent à le reconnaître, — mais alon.
I
ide-l
I
LE UVBE D^ESTHEH ET LK PALAIS D^ASSUÉRIS CCLXXIX
pourquoi changer le sena de rhaar en passant d'un vorset à raiitro"?
poturqtioi traduire le mémd mot, 1à par paiaia, ici par grande porte?
Cette erreur des traducteyrd provient encore d'une fausse in ter-
prétation des mœurs orientalea. Dans le langage de la diplomatie
ttoderoe, le moi porte, détourné depuis longtemps de son acception
réelle, sigDÎtle bien la demeure administrative du sultan, mais il en
tst ieut autrement chez îes Persans et les Arabeâ^ parce rpie» chez
MipeupteSf la grande baie d'un palais ou d'une ville n'a rien perdu
ib son antique importance. Depuis Tépoque reculée 0(1 lea angej de
Sôdome 7 rencontrèrent Loth, la poiie accuse son rôle prépondérant
P«r SA hauteur, sa masse et la richesse de son architecture. Orientée
ftux meilleurs courants d'air, percée de niches profondes, garnie de
'^ancs ménagés dans Tépaisseur dos murs, elle est le rendez-vous
Préféré des oisifs du dedans et du dehors. Le maître lui-même en
^iiïie la fraîcheur bieiiiaisante et se plaît à faire étendre le tapis de
I^Jstice sous lei voûtes ombreuses de ce prétoire improvisé.
Nul observatoire mieux qu'une entrée de palais ne convenait à
^'iQrdekhaT pour surveiller sa niùco à travers les massives construc-
tions du harem et lui continuer ses sages conseils, tout en restant
^'ïconnu.
Peut- on déterminer la sitimtion du fha/tr du roi?
Les faite sont énoncés si clairement, les termes architectoniquei
nt si bien appropriés à la description de Fédiflce, que la réponse '
^© me semble pas douteuse. Par ces mots — porte du roi — on ne
^aurait entendre que (a porte extérieure au Memnonium, la baie
qui s'ouvrait au pied du donjon, dans le cliAtelet construit à 1 angle
«ad-oue»t de l'enceinte générale.
Les dernières lignes du verset parlent des célèbres annales que
vit Ctésias et où Nicolas de Damas puisa, de seconde main sans
doute lei épisodes si curieux de la bataille de Parsagade livrée par
Cjrufl à Tarmée d'Astyage.
Au troisième chapitre se déroule Tépisode d'ITaman. La scène se
joue encore sous la grande porte du roi : Mordekhai refuse de s'in-
elinor en public devant le nouveau favori. Le tout-puissant ministre
ne saurait dévorer cet affront et tonte d'acheter au roi, moyennant
nne somme considérable, un pkhkmh^ dirait* on en persan, l'édit
La
CCLXXX ACTES ET CONFÉRENCES
d*extenuination qui le vengera de Mordekhaï et des Juifs de
Tempire. Démarche dangereuse et que l'aveugle colère pouvait
seule conseiller, car, en faisant l'étalage inopportun d'une fortune
trop vite acquise, Haman signait lui-même son arrêt de mort. Bien
avant le siècle de Louis XIV, il était imprudent de donner au roi les
fêtes de Vaux.
Le persan désigne par un mot spécial — pichkach — ces cadeaux
intéressés des fonctionnaires aux personnages puissants, parce que
c'est peut-être à la cour des chahinchahs que cet usage a pris nais-
sance et s'est le mieux perpétué. Le bakhchich et Vanam sont des
pourboires ou des aumônes sollicitées, le souqat et l'atô, des présents
échangés entre gens d'égale condition, le khalat, une pelisse d'hon-
neur offerte par le roi aux gouverneurs ou aux favoris qu'il veut
honorer; le pichkach, au contraire, est une contribution volontaire de
l'inférieur jaloux de conquérir les bonnes grâces de ses chefs.
La proposition d'Haman prouve que, si la Perse a peu appris, elle
n'a rien oublié.
Âkhachvéroch n'accei^te pas les offices de son ministre, mais lui
permet de sceller de l'anneau royal le firman d'exécution.
Informée de la fatale nouvelle par les soins de Mordekhaï, Esther
se résout, fût-ce au péril de sa vie, à demander la grâce de ses core-
ligionnaires, et sort du harem, après avoir jeûné et prié pendant
trois jours.
<t Ce fut au troisième jour, et Esther revêtit la royauté, et elle se
tint dans la cour de la maison du roi, dans celle qui est à Viniérieur
et fait face à la maison du roi; et le roi était assis sur le trône de sa
royauté, dans la maisoii de la royauté, en face de la porte de cette
maison. »
« Et quand lo roi aperçut la reine Esther debout dans la cour,
elle trouva grâce à ses yeux. Et il inclina vers Esther le sceptre
d'or qu'il tenait à la main, et elle s'approcha, et en toucha la
pointe. )>
Jamais plan d'édiûce ne fut décrit avec plus de clarté.
La reine franchit la porte du harem, pénètre dans la cour inté-
rieure de la maison du roi et trouve en face d'elle la nmison de la
royauté, au fond de laquelle trône Akhachvéroch. Un bruit insoliie
LE LIVRE D'ESTIIER ET LE PALAIS U^ASSUÈRUS CCLXXXl
I
attire rattenUon du roonartiue ; il regarde et, à travers la baie tou-
jours ouverte de^ palais oriontaux, apereoit la favorite, pâle, ina-
nimée, suspendue à Tordre de vie ou de mort qui va tomber de ses
lèvres.
D"oii je conclus ; P que la maison du rot se développait autour
d*une grande cour intérieure ; 2^ que par l'une de ses faces elle coii-
Jinait au harem; 3^ que la niamn de la rùyauté, qu'il faut bien se
garder de confondre avec la maison du roi y ocnupait un des côtés de
la cour intérieure de la ^naisoti du roi; 4*^ que la 7naison dfi hi royauté
«^élevait en face de la porte qui mettait en communication la maiion
^u roi et la tnaison dis femmes.
D'autre paît, je déduirai d'un verset précité (chap. i, 9) que la
*9Uiiêon de la roi/auié était la plus grande salle des appartements
privés, puisque la reine Vachthi j avait reçu les femmes de Suse,
Pondant que le festin des hommes était servi sous des vélums pendus
^Ux portiques du bilau.
Je reriens au plan de racropole su sien ne.
On sa souvient que la demeure particulière des souverains aché-
naënidei, cette partie du palais que les Persans nomment h'roun^ la
Bible, maison du roi, et les inscriptions persépolitaines, vithia,
Occupe dans le Memnoniuni la portion méridionale de la plate-
lorme rectangulaire. Elle comprend une cour centrale limitée à
loues t par les ouvrages fortiliés de la porte extérieure de la mai-
i$n du roif au nord par des appartements en bordure sur le che-
min séparalif du harem, à l*est par d'autres appartements fanant
partie, comme ceux du nord, de la muison du roi, au sud, c^est-à-
dire via-à-vii Tentrée de Vandcroim^ par une grande salle, bien
orientée, bien dessinée sur le plan. C'e^t la salle que la Bible
comme maison de la roijauféi coite maisou de la royauté où le roi
donnait ses audiences quotidiennes* La maison de la royauté était
aussi distincte du bitan^ ou apadàna, réservé à la tenue des grrandes
assises de la couronne, que les gigantesques cellasde Persépolis pou-
valent Tétre des salles hypoâtylea ménagées dans loi petits palais
de Darius ou de ses successeurs.
Il est toujours dangereux de chercher des termes de comparai-
son entre l'Europe et la Perse, entre le dix- neuvième siècle et
ACT. ET CO**<F,» T. 1. t\
\
CCLXXXII
ACTES ET CONFÉBESCBS
rantiquité. Sous le béoélice exprès de cette réserve, j'assimiJôrai
la numon du rai aux appartements privés, !a maison d€ la royauté
au cabinet de travail t et la biian, ou apadàna, à la salle du trùoe
d'un souverain moderne.
Le chroniqueur est si précis, 11 est si bien péaétt*é de son doubla
rôle d*aMnaliste et de cicéiH>ne, qu'on ne saurait s'égarer en sa
compagnie. Précis, il Tost au point de se coraplaira dan^ les
particularités topographiques les plus étrangères à son récit. Nous
ne saurions trop noua en féliciter, car Tauteur de la megMltà
connaît aussi bien le palais de Suse que le cérémonial de la cour
achéménide, et profite de tous les incidents pour faire étalage de sa
science.
Haeonte-t«il la démarche do la reine auprès d*Akhachvérocli, il
spécifie qu'Esther vint dans la cour de la maison du roi, c/Ue qui
ui à finlérieur^ aliu de bien prouver qu'il a présentes à la mémoire
les positions relatives et les communications du harem et de la
maison du roi. Nous montre t-il llaman piétinant dés l'aurore
devant lu demeure de son maître» il Tarréte a l'entrée particulière
de la maison dn roi.
Le favori habite la ville ; il a franchi « grAce t sa haute
Situation, Ja porto de Tenceinte générale, le chaar du rm\ mm
ne peut pénétrer plus avaot» sans être mandé par le souverain.
Le chroniqueur résume la situation par un seul qualificatif : • ei
llaman vint dans la cour de la maison du roî, Vêxtériettre, » Ceil*
cour eitèrùfiire de la maison du roi n*est autre que la place d'armes
do Tacropole stisienne , comprise entre la porte fortrtiée clu
birmm, les murs de la citadelle ot Tescalier de Tapadâna. Comme
dans le palais d'Akhachvéroch, elle est en communication direetd
avec la gi-ande porte de l'enceinte générale, ou chmw du m.
A-t-on remarqué qu'il n'est jamais question du hiian^ ou apadâna,
séparé de la demeure des monaniues susiens par l'immense quarUôr
réservé aux femmes, tant que l'annaliste parcourt la maison du roit
Mais pénètre-t-on dans l'appartement d'Esther, on sent aussitôt
îe voisinage du ht fan et des jardins dont les extrêmes rainun?^
ombrageaient les constructions occidentales du harem.
<f ... Et le roi se teva^ dans sa colère, du festin de vin (otfert par
I
I
I
LB LIVRE D ESTIIER ET LE PAUIS D*ASSUEI\US CCLXXXlll
»
»
Esther dans sa propre maison au roi ai au g^rand vizir) ût eo dirigea
vers 1<3 jardin du hîkiu . . » »
ft . , Et le roi revint du jardin du bitan à la sallo du festin de
vin ...»
Un dernier coup d*œil sur le Memnonium permettra do suivre
Akhachvéroch ù travers les jardins du bilan et de conâtater qu*on
sortant de chez la reine, le monarque entrait directement dans lo
paradis de l^apadâna.
La superposition des plans déduite, le premier de la lecture
attentive de la me^hîllah^ puis des itinéraires de la favorite, dllaman
et du roi ; le second de Tétude des ruines, ne saurait <ître plus
pai'faite, La Bible en raain^ essayez de reconstituer les grandes
divisions du palais d'Akbaclivéroch, et vous serez conduits a tracer
un monument ayant les plus complètes analogies avec l'acropole
d'Artaxerxés Mnémon.
Le biimit ses jardins et son vestibule bypèthre occuperont très
loin de la maison du rai la place de Tapadâna et de la plate-forme
qui le précède, le harem confinera par une de ses faces aux jardins
du bttan^ par l'autre à la maison du roi; la cour iuléyieure de Ut
inaiifon du m sera liroiléo par ia nutimn d*i ht rot/a ttti\ sur celui de
ses côtés qui fera face à la porte de communication de Vamieroun et
du hiromi ; la cour exfértvarû de la maison du roi correspondra à la
place d'armes, et la porte du roi ix la porte unique de renceinto
générale.
Les fouilles de Su se ne conlirment pas seulement les descriptions
archîtec toniques de la meghillab, mais les moindres détails du
r^cit.
Lorsque Esther se présente dans la cour intérieure de la maison
du roi, àkhachvéroch est assis sur son trône; en si^^no de pardon, il
incline vers la favorite le sceptre d'or quUI tient a la main. Une
scène analogue est illustrée sur les mura des palais persépolitains.
Là aussi, le roi, assis sur un trône élevé, tient une longue canne —
le sceptre» — insigne do sa puissance souveraine, qu'liériteronl plus
tard les grands digiiitaîres du clergé chiite.
Dana un pays oii ^^rands et petits s^accroupissaient sur des tapis,
la trône était peut-être, avec le sceptre, les seuls privilèges somp-
^ Ânderoun. %
^ I
i
Rrùe ck la roysanUé
LE L!VftE D'BSTHEU ET LE PALAIS DUSSUÉRUS CCLXXXY
luaires de Li royauté . Le vêtement, la eoiffure, les bijoux Jes armes,
Semblaient communs au roi et aux premiers de ses sujets. Les Immor-
tels eux-mêmes portaient la couronne et la robe médique : îlérodote
xious Favait appris, Suse la confirmé. Aussi biea, la description
du tnomplie de Mordekhaï me semble t- elle aussi vraisemblable
que bien observée. Le roi de Perse décernait les récompenses
clécrites dans les derniers versets du chapitre vi.
« • . • A TboraDie que le roi veut honorer il faut apporter un
^iasiumê royal pm ie roi a porié, amener un cbeval que le roi a monté,
«ionner une couronne que le roi a coîfTée^ remettre les habits à un
seigneur de la cour pour en revêtir Thommo que le roi veut
lionorer. . * i»
Aux hommes que les rois de Perse veulent honorer ils offrent
"Sue robe médique, c est-à-dire la robe de cour » , nous apprennent
de leur ciité les historiens grecs.
« Khalatra jmirhtd », dit-on à la cour de Nasr ed-dln Chah,
quand un fait pareii se présente, litt. : c* 11 a revêtu le kimhi w,
c*e8t-à-dire la pelisse de cachemire déjà pariée jiar k Chah et donnée
comme suprême récompense aux plus Mêles serviteurs. Tel est le
cas de Mordekhaï: khaJalra mipouched^ il revêt simplement le khalat,
mais pour cela ne s^habille pas en roi, car la robe, pas plus que le
cheval ou la couronnOi ne sont les apanages exclusifs du monarque.
Si je m*an*éte sur des détails futiles d*apparence, c est qulls
donnent la juste mesure des critiques faites au livre d'Esther par des
philologues restés étrangers à des mœurs qui nous reportent au
cœur de la Perse et à vingt- quatre siècles en arrière. Tant vaudrait
regarder un paysage à travers l'objectif d'une chambre noire et
prétendre, après cette expérience, que les gens ont les pieds en haut
et la tête en bas, que d'étudier les coutumes de TOrient à coups de
dictionnaire. A ce métier les esprits les plus éminents feront fausse
route, parce que, sans avoir conscience, ils mettront sous la même
toise l'Europe et TAsie, le passé et le présent.
Bien que le Grand Roi fut peut-être le seul homme de son
immense empire à s'asseoir et à porter une haute canne, aucun de
nos modernes exégétes ne songe à s*en étonner ; les étudiants les
plus ignorants comme les plus doctes professeurs n*usent-ils pas
CCLXXXVI ACTES ET COXPÉRESCES
des mêmes sièges que leur souverain et n*ontrils le même droit de^^
g'appujer sur un long bâton. On accorde encore à Mordekhàî ^
la permission de revêtir sans une invraisemblance choquante, la
robe du roi, car Thabit militaire d'un empereur d* Allemagne
ne diffère guère de celui de ses généraux. Mais la couronne!
Le dilemme se pose aussitôt : ou Tauteur du livre d'Bsiher
est le narrateur ignare d*une histoire apocryphe, ou c'est le cheval
de Mordekhaï qui porte ou a porté la couronne sur la tête; et
il n'est pas de torture que l'on ne fasse -subir à la sjntaxe,
pour la rendre complice de cet expédient. La morale de ces faits se
déduit en deux lignes : pour apprécier la densité relative des corps,
il faut toi^ours les placer dans le même milieu. L'agate qui tombe
au fond de l'eau surnage le mercure.
Je ne puis terminer la description du costume rojal sans parler
de la robe médique, blanche et violacée (Kekhileth), que la Bible
donne aux souverains achéménides. Ce vêtement, exhumé du
Memnonium, pare les gardes de Darius. Quant au manteau blanc
rajé de pourpre, il est bien connu des auteurs anciens, qui le
comparent à la toge consulaire.
Il est souvent fait allusion aux dépêches écrites par la chancellerie
a . . . pour chaque province dans son écriture, pour chaque peuple
dans sa langue. . . et remises à des courriers du palais montés sur
des chevaux issus d'étalons royaux . . » Ces indications sont de la
plus rigoureuse exactitude : les inscriptions officielles des Achémé-
nides étaient rédigées en trois langues, l'organisation de la poste
sur toutes les routes militaires de l'empire, remontait à Darius.
Hérodote nous a même conservé le nom perse des courriers,
<c Angarée », et celui de la race des étalons. Les chevaux « niséens »
étaient élevés pour le service du chef de l'Etat dans les vallées do
la Médie.
Je ne conduirai pas plus avant ce commentaire.
Les derniers chapitres du livre d'Esther sont des chants de
triomphe empreints d'une exagération excessive, mais bien naturelle.
La précision arithmétique et l'impartialité ne sont pas les qualités
ordinaires d'un auteur oriental, à plus forte raison d'un oriental
intéressé dans une cause, enivré d'orgueil, grisé par le triomphe
LB LIVRE D'ESTIMvR ET LE PALAIS U'ASSrKRl S CCLXXXVU
imprévu de ses coreligionnaires. Il faut savoir pardonner i\
l'annaliste biblique se^ rodomontHdes innocentes et ses hâbleries
Anales, en faveur de aas elFortâ pour rester v<iridique dans les
parties narratives de son œuvra.
Je réclame la m(5me indulgence en faveur de son héroïne. Lei
exégètesqui traitent d*apocrjpiies les personnages du drame font
un crime à îa favorite d'avoir préparé la venpfeance du peuple juif.
Comme MacbetJj» Esther n'effacera jamais le sanp: qui^ par deux
fois» rejaillit sur ses main^.
Les siècles ne tempéreront-ils jamais la partialité des jugements
humains? Est-ïl des causes qui jouissent du triste privilège de no
pouvoir être portées devant un tribunal équitable?
La reine n^est pas la goule féroce que des Allemands trop sen-
sibles nous dépeignent. Loin de là. Belle à miracle, pure dans ses
mœurs, fidèle à ses frères malheureux, courageuse jus^]u'au mar-
tyre, terrible aux ennemis de sa race, la favorite d*Âkhachvérocli
résume en elle toutes les grandes vertus do la femme antique.
LVïublî des injures, la magnanimité dans le triomphe sont des ana-
ehronismes, pour les temps liiblif|ues; quant aux mièvreries sen-
tiraentales^ elles ne furent jamais de mise h la cour de àSuse, je
m'en porte garant.
Je pense avoir montré, malgré Tavis do quelque.^ phslologues, que
!o livre d\Esfh^r dépeint la cour du Grand lïoi. Le pour, Vmi(hrmm,
la khafaif rinfaillibîlité, le costume médique ne ressortissent pas au
fond commun des civilisations orientales, mais à Flran. Le palais
_ d'Akhachvéroch suffirait pour caractériser une époque, un peuple,
■ une ville. Malheureusement la conviction ne 8*impose pas ; seules les
BiiûidnoBS naathématiques ont le privilège divin de laisser l*esprit en-
M'tîêrament satisfait, parce qu elles conduisent à la découverte de
I vérités absolues. Dans le monde des vérités relatives, on atteint
pourtant à des résultats qu'il est difficile de nier. Ainsi on ne
saurait contester îa nationalité du cbroniquenr et ses qualité-?
maîtresses : l'auteur de la mefjhiUah est un juif susien qia vit et
visita le palais d*Artaierxès Mnemon et se complut dans les des-
criptions précises.
Hérodote, Plutarque, Maçoudi, Fhistoire de la Perse, les bas-
I
I
CCLXXXVlll
ACTES ET CONFÉnENCES
rôUefâ de Persépolis et surtout les palais de Suse viennont
témoigDer de la sincérité matérielle de Fauteur et de ses qualités
d observateur. Ce Juif si profondément' Juif oublie sa nationalité,
pournous mieux introduire au cœur du palais susien, décrire les
mœurs si étranger, les intrigues si compliquées du harem. Il oublie
même sa lang-ue. M . Oppert Fa savammeat démontré en relevant
dans le livre d'Ëslher, non seulement tous leg noms propres, mais
un grand nombre de mots et d'expressions essentiellement perses.
Dans Tordre historique, la véracité du chroniqueur ne me parait pas
moindre. Traits de mœurs charmants, observations fines, événe-
ments dramatiques sont enregistrés sans artifice ni malice sans
souci de la morale à déduire du récit. Tels sont contés la dis-
grâce de Vachthi, l'avènement d'Hadassah, rintervention de Mor-
dekhaï, la supplique d'Esther, le banquet offert au roi, tel est narré
l'épisode de la chute d'IIanian.
Haman n'est pas condamné pour avoir formé Finjuste dessein de
massacrer le peuple dlsraël, mais parce que Akhachvéroch, ébranlé
par les pleurs d*une belle reino, grisé par l'excellent via qu'elle lui^
a fait servir, se méprend aux intentions de son ministre et Tac-
cuse, bien à tort, de faire violence à Esther, Peut-être même le
coupable eût-il évité la potence, si Teunuque Kharbona, prosterné
nag^uère aux pieds du tout-puissant favori, n'eût hàtè la chule du
colosse branlant* En sa qualité de plat valet, il insinue au monarijad
cet avis perlide, mais humain i « Voici encore le gibet qu'Haman a
fait dresser pour j pendre Mordekhaï, le serviteur zélé de mon sou-
verain. Il est dressé dans la maison de Haman et haut de cînquantd
coudées. » Et le roi se laisse naturellement tenter par la penh M
pective d'accrocher son ministre à une belle potence. Ainsi
périt Haman, un grand coupable au regard de la justice éternelle,
mais innocent du crime qui décide Âkliachvéroch à renvoyer au
supplice.
Un romancier et surtout l'auteur d'un plaidoyer de tendance,
n'eût pas manqué d^attribuer la chute et le supplice d'Haman À b
seule induence de son héroïne ou à la persécution dirigée contre les
Juifs; la mort du coupable devrait être la punition directe et la
conséquence évidente du crime. La vérité ne mai'che pas toiyoors
I
i
LE LITRE DTSTHEn ET LE PALAIS D ASSUÉBUS
d'accord avec la logique, et le chroniqueur songe si peu à corriger
riiistoîre en faveur d'une thèse, qu'il laisse à la fatalité et aux son*
plesses d*un vil eunuque le soin de dénouer la tragédie, La main de
lahTé, le protecteur suprême d-j peuple hébreu, n'apparaît même
pas dans cette scéae dun réalisme saisissant.
On peut ûxer au quatrième siècle Tépoque où fut rédigée la ver-
sion hébraïque du livre d'Esther. J'étajerai cette date ?ur des con-
sidérations tangibles, de nature, je rospère, à convaincre les esprits
prévenus.
Le palais d'Artaxerxès Mnémon fut pillé par Alexandre. Il est
encore parlé de la citadelle acliéménide de Suse dans le récit des
campagnes d^Eumène ; puis le silence se fait autour de l'acropole
souveralDd dont la possession, au dire d*Aristagoras, donnait une
puissance égale à celle de Jupiter.
Le palais s'écroula ; j*ai découvert encore béante à ses âancs la
plaie dont il mourut. Le sol fut nivelé, les Parthes ensevelirent les
palais achéménides comme les Achéménides avaient enseveli les pa-
lais de leurs aînés, et Fœuvre de destruction était si bien consommée
h l'époque des premiers Arsacides que, dès le deuxième siècle avant
J.-C, les halitants de S«se creusaient des hypogées sous les éboulis
de la forteresse. Les urnes funéraires enfouies par milliers dans ces
nécropoles sont de T époque parthe, ainsi qu'en témoignait un grand
nombre de pièces, jusqu'ici fort rares, d*un roi local Comraascirès,
contemporain de Ptolémée VI Pbiloraétor (181-146) et de Démé*
triusSotor (163-151).
La ruine dé^nitive du palais de Suse^ très nntérieure au règne de
Commascirès, postérieure aux luttes d'Eumène» doit correspondre à
l'établissement du royaume partîie et aux révolutions qui précédèrent
le renversement des Séleueides, Je placerai donc Tabandon définitif
du Memnonium, antérieur de quelques années à sa chute, vers la
fin du troisième siècle avant J.-C.
Cette date ne me semble pas discutable. Comme il est également
certain que le palais a été décrit d'après nature, encore debout et
habité, il faut reculer^ au moins jusque aux premières années du
quatrième siècle, Tépoque de la rédaction de la nmjhiUah,
Ainsi tombe d* elle-même, comme je m*étais promis de le montrer
GCXC
ACTES KT CONFÉRENCÎBR
et devant des preuves quasi mathématiqueg^ riijpothése de tous
points inadmissible qui ferait du livre d*Esther un roman de ten-
dance postérieur aux succès des Macchabées (160 C J*-C.), L'é»
co!e dont M* Heiisg est le porte-parole rejette avec raison rassîml-
lation de la fête de Povrtm et d'une fête mal rléfinie, mal connue,
célébrée par les Perses au retour du printemps. Que reste-t-il des
goluliong si péniblement conçues par les rationalistes d'outre*
Rhin ? La l(^g6nde biblif|ue , si antique , si parfumée d'eftluves
anciennes, si vécue dans sa simplicité. J ai dit légende et je me
t ens à ce mot, car je ne défends ni les chiffres, ni l*allur« générale
ilu récit.
Cette exagération hors d échelle d'une révolution de harem sant
importance serait imputable, je fai déjà fait observer, à la nature
dfi sujet, au caractère des écrivains orientaux, à Tivresse bien ei-
cusable des chroniqueurs, et surtout aux années qui séparent Ta-
Yéaement d'Hadassah de la rédaction la plus ancienne, entre celles
qui nous sont parvenues, de ses vraisemblables aventures.
Je m'explique.
Les fouilles de Suse, confirmées par l'inscription trilingue gravée
autour des colonnes de l'apadâna, nous apprennent que les souve-
rains achéménides s'installèrent par deux fois sur les rives de
rtriïous; Darius couronna d'un premier palais les demeures ruinées
dos rois élamites ; cet édiiîce, bn^lé sous le règne de Xerxès, fut
reconstruit parler soins dMrtaxerxôs Mnémon.
Je ne puis affirmer que le nouvel apadilna, qui sous le nom, de
/îïVm; Joue un riile si considérable dans l'histoire d'Esther, ait été
rebMi sur les ruines de la salle incendiée ; à certains indices, je croi-
rais même le contr.irre. D'autre part^ on ne discute plus ridentité
des deux formes Xerxès et Akhachvéroch,
En ce cas, Mordekbaï et sa nièce seraient des contemporains de
Xerxùs, tandis que la meghiUah aurait été rédigée sous le règne
d'Artaxerxès Mnémon ou de ses successeurs, puisque les descrip-
tions architectoniqïies se réfèrent au second palais construit â Suse
par les Achéménides, La Bible ne contredit pas à cette conclusioiL
Le chroniqueur sacré, dont je ne f^aurais trop vanter la bonne foii
laisse entendre, dés le début de sa narration, qu'il raconte un événe-
LE LIVRE D'ESTHER ET LE PALAIS D'ASSUÉRUS CGXCI
ment déjà ancien : a Du temps d'Akhachvëroch, lequel AkhacliTé-
roch régnait sur cent vingt-sept provinces. . . »
.... En résumé : le livre d*Esther, écrit de bonne foi à Suse par
un Juif susien, remonte, pour sa rédaction hébraïque, en deçà de
Tavènement d'Artaxerxès Mnémon et fort au delà de la conquête
parthe.
Je ne prétends rien prouver de plus.
La désignation très claire de la fête par un mot perse connu et
bien approprié, la sincérité manifeste de Fauteur, sa connaissance
parfaite et très spéciale de la cour des grands rois, la vraisem-
blance des faits relatés, la chronologie, la saveur du récit, le réa-
lisme du dénouement, me font penser, au surplus, que la légende
de Pourim est une broderie un peu lourde exécutée sur un canevas
résistant.
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ DES ÉTUDES JUIVES
PENDANT L'ANNÉE 1887
Membres fondateurs ^
1 Camondo (le comte A. de), rue de Monceau, 61 *.
2 Camondo (le comte N. de), rue de Monceau, 63.
3 GuNZBUBG (le baron David de), boulevard des Gardes-à-Cheral,
n, Saint-Pétersbourg.
4 GuNZBUBG (le baron Horace de), 17, boulevard des Gardes-à-
Cheval, à Saint-Pétersbourg.
5 Lévy-Crémieux (feu).
6 PoLiACOFF (feu Samuel de).
7 Rothschild (feu la baronne douairière de).
8 Rothschild (feu le baron James de).
Membres perpétuels \
9 Albert (feu E.-J.).
10 Bardac (Noël), rue de Provence, 43.
* Les Membres fondateurs ont versé un minimum de 1,000 francs.
* Les Sociétaires dont l'adresse n*est pas suivie d'un nom de ville demcareot
à Paris.
* Les Membres perpétuels ont versé 400 francs.
UISTK DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
CCXCÏIl
I
11 BisCHOFFSHELM (Haptiael), rue Taitbout, 3*
12 Cahen d^Anykrs (feu 1ô comte).
13 Dheyfus (feu Nestor).
14 GoLDscHMiDT (S. -IL), rond-poiïit des Champs -El jsées, 6»
15 HbiCHT (Étîeime)j rua Lepelletier^ 19.
16 HiRSCii (feu le baron Lucien de).
17 Kann (Jacques-Edmond), av^enue du Bois-dc-Boulo^ne, 58.
18 Kontt (Edouard), rue Blanche, 49.
19 Lazarb (A.), boulevard Poissonnière, 17,
20 LÉVT (Calmanri), éditeur, rue Auber, 3,
21 MoNTEFiouE (Claude), Portman Square, 12, Londres.
22 Oppexheim (feu Joseph).
23 Penha ^Immanuel do la), rue de la Victoire, 28*
24 Penua(M. de l!i),rueTronchet, 15.
25 Ratisbdnxk (Fernand), rue Kabekis, 2.
26 ReIxNach (Hermann-Joseph), rue de Berlin, 31.
27 Rothschild (le baron Adolphe de), rue de Monceau, 47,
28 Troteux (Léon), rue de Mexico, 1, le Havre,
Membres souscripteurs ^
29 Adblson-Monteaux. rue Notre-Dame-de-Lorette, 10,
30 Adlkr (Hev. D"^ Hermann), Queensborougli-Terrace, 5^ lljdo
Park, Londres»
31 Aghion (Victor), Alexandrie, Égypto,
32 ÂLiïERT-LÉvT, professeur à T École municipale de chimie et de
physique, rue des Écoles, 25.
33 Aldrophe (Alfred), arcdiitecte, faubourg Poissonnière, 37,
34 Alexandre Dumas, de FÂcadémie française, avenue de Vil-
liers, 98.
35 Allatint, Salonique.
36 Alliance israélitr universelle, 35, r. doTrévise (175 fr.)*
37 Allianz (Israelitisclie), Kaerntnerstrasse, 14, Vienne.
38 Anorieux, député, avenue Friedland, 32.
t La coibiiioQ des Membres souscripteurs est do 25 fraticâ par «n, sitif pour
ceux doul lo nom est suivi d'uuo iodicalion spéciale.
GCXCIV ACTES ET CONFÉRENCES
39 Anspach (Gabriel), rue Pigalle, 15.
40 Abon (Arnaud), grand rabbin, Strasbourg.
41 AsTRUC (E.-A.), grand rabbin, Bayonne.
42 Basch, cité Condorcet.
43 Bechmann (Ernest-Georges), ingénieur en chef des eaux de la
ville de Paris, place de FAlma, 1 .
44 Bbchmann (J.-L.), rue de la Chaussée- d'Antiû, 45.
45 Beck (D»"), rabbin, Bucharest.
46 Bbnedetti (S. de), professeur à TUniversité, Pise.
47 Bickart-Séb, boulevard Malesherbes, 101.
48 BiNQ, président de la Conununauté israéUte de Dyon.
49 Blin (Albert), Elbeuf
50 Bloch (Camille), rue de la Banque, 1.
51 Bloch (Félix), Haskeuy, Constantinople.
52 Bloch (Isaac), grand rabbin, Alger.
53 Bloch (Maurice), agrégé des lettres, boulevard Bourdon, 13.
54 Bloch (Moïse), rabbin, Versailles,
55 Bloche (Louis-Lazare), rue des Mathurins, 13 bis.
56 Blocq (Mathieu), Toul.
57 Blum (Victor), le Havre.
58 BoucRis (Haïm), rue de Médée, Alger.
59 Bruhl (David), rue de Châteaudun, 57.
60 Bruhl (Paul), rue de Châteaudun, 57.
Gl Brunswiq (Léonce), place des Victoires, 10.
62 Cahen (Abraham), grand rabbin, rue Vauquelin, 9.
63 Cahen (Albert) , professeur agrégé au collège Rollin , rue
Condorcet, 53.
64 Cahen (Gustave), rue des Petits-Champs, 61.
65 Cahen d*AnVers (Albert), rue de Grenelle, 118.
66 Carcassonne (Darius), président de la Communauté Israélite,
Salon (Bouches-du-Rhône).
67 Carrière, professeur à l'Ecole des Hautes-Etudes, rue de
Lille, 35.
68 Cattaui (Elie), rue Lafayette, 14.
69 Cattaui (Joseph-Aslan), ingénieur civil, au Caire, Égjpte.
70 Cerf (Hippoljte), rue Française, 8.
liste: des UmBUES DE LA SOCIÉTË
CCXCV
71 Ckrf (Léopold), ancion élève de T Ecolo tiormale supérieure >
éditeur, Versailles.
12 Cekf (Louis), rue Française, 8.
73 Chwolson (Daniel), conseiller d'Etat, professeur do langues
orieataled, rue Wassili Ostrov, 7, ligne a** 42, Saiut-
Pétersbourg.
14 Cohen (Hermaan), rue Balhi, 36.
75 CouiiN [haac-Josepljj, rue Lafajelte, l»'*.
76 CoHN (Léoa), préfet de la Haute-Garonne, Toulouse,
77 CoNsisTOTKK ISRAÉLITE DE Bj£LOiQUJfi , ruo du Manège, 12 1
Bruxelles.
78 CoNSiSToiRF. 1SRAKLIT3 DE BoROKAUx, Tue Honon^-Te&sier, 7,
Bordeaux.
79 CONSISTOIRK ISRAÉLITE DE LORilAINE , MetX.
80 Consistoire jsraéutk dk Marseille.
81 Consistoire Israélite d'Oran.
82 Consistoire Israélite de Paris (200 fr.),
83 CRimANciE (A.), faubourg Poi^surmière, 8.
84 Dalsack (Gobert), rue Rougemont, 6.
8j Darmestktkr (Ariène), professeur à la Faculté des lettres,
place Vaugirard, 7.
8G Darmksteteh (James), professeur au Colk^go de France, plaça
Vaugirard, 7.
87 Debré (Si mon), rabbin, Neuillj-aur-Beine.
88 Delvaille (D'" Camille), Ba^yonne.
b\) DeniNery (Gustavô-LucienJ, rue des Pyramides, ^10.
90 Derenbourg (Hartwig), directeur adjoint à l'Ecote des Ilautei-
Etude.^, professeur a rEcolo des Langues orientales, rue
de la Victoire, 56.
91 Uersnbourc» (Joseph), luembre de Flnstitut, rue do Dun-
kerr[ue, 27.
l)i DHLcviais (Abraham), rue du Faubouri^^-Saint^lloneré» lOl*.
93 Drii:\fls (Anatole), rue de Trévise, 28^
94 Dreyfus (H.-L.), rabbin, Saverne.
95 Dreyi- us (Henri), faubourg Saîat-Martiîi, 162*
9t> DRBYf us (Jtilej), faubourg Saiûi^MBrtin, 162.
CCXCVl ACTES ET CONFERENCES
97 Dreyfus (L.), avenue de l'Opéra, 13.
98 Dbkyfus-Bbisac (Edmond), directeur de la Eevue de t Ensei-
gnement supérieur^ rue de Turin, 6.
99 DuTAU, rue de Sèvres, 35.
100 DuRLACHEB (Armand), libraire-éditeur, rue Lafajette, 83 his.
loi DuvAL (Rubans), boulevard Magenta, 18.
102 EiCHTHAL (Eugène d'), rue Jouffroy, 57.
103 Emeriqub (Ernest), rue Larochefoucauld, 21.
104 Ephra'îm (Armand), rue Boccador, 24.
105 Epstein, Grilparzerstr., 11, Vienne.
106 Erlanger (Charles), place des Vosges, 9.
107 Erlanger (Michel), place des Vosges, 9.
108 Errera (Léo), professeur à TUniversité, rue Stéphanie, 1,
Bruxelles.
109 Ettinghausen (Hermann), rue Richer, 15.
110 Feldmann (Armand), avocat, rue dlsly, 8.
111 Fernandez (Salomon), à la Société générale de Tempire otto-
man, Constantinople.
112 FiTA (le Rév. P. Fidel), membre de TAcadémie royale d'his-
toire. Galle Isabella la Catholica, 12, Madrid.
113 FouLD (Léon), faubourg Poissonnière. 30.
114 FoY (Edmond), rue Chégaray, Bayonne.
115 Franck (Adolphe), membre de Tlnstitut, rue Ballu, 32.
116 Gautier (Lucien), professeur de théologie, Lausanne.
117 Gborges (Paul), rue Béranger, 17.
118 Gkrson (M.-A.), rabbin, Dijon.
119 GiAvi, avenue de la Gare, 13, Nanterre.
120 GoEJK (J. de), professeur d'arabe à l'Université, Leyde.
121 Gommes (Armand), rue Chégaray, 33, Bayonne.
122 Griolet (Gaston), rue de Berne, 2.
123 Gross (D»" Heiurich), rabbin, Augsbourg.
124 GuBBAY, boulevard Malesherbes, 165.
125 Gudemann (D»), rabbin. Vienne.
125 GuizoT (Guillaume), professeur au Collège de France, rue de
Monceau, 42.
127 Hadamard (D.), rue de Châteaudun, 53.
LÏSTE DES MEMBHES DE LA SOCIÉTK
<XXCVII
149
Haguewad (David), rabbin, boulevard Voltaire, 13.
Halberstam (S -J.), Bielîtz» AutricUo,
Halbvt (Joaeph), professeur à TEcole des Haut-es-Etutles, rue
Auruairo. 26.
Halèvy (Liklovic), de F Académie française, rue da Do'iai» 22,
Haxfen {Edmond}, rue Le^endre, 20.
Halfon (Michel), rue de Monceau, 60.
Hammkrschlag, II, Ferdinandstras8e.23, Vienne,
IIarkavy (Albert), bildiolhécaïre, Saiïit-Pétersl»ourg.
Hayem (Armand), avenue des Champs-Elysées, 33.
Hayem (D^ Georges), membre de l'Académie de médecine, rue
de Vigny, 1.
Haykm (Julien), avenue de Villiers, 63 (40 fr,)*
ïÏEiNE-FrRTADO (M*"** C.)» 28, rue de Monceau [100 fr.),
Herzoo vllenri), ingénieur der> Pont;» et chaussées, û Guéret,
IIeymann (Alfred)^ avenue de l'Opéra, 20.
HiHSCH (Henri), nis de Médicis, 19.
IIiRSCH [Joseph), ingénieur en chef des ponts et chaussées, rue
de Castiglione, 1,
IsAàCS, 115, Broadway, New- York.
IsiDOR, grand rabbin de Franco, place des Vosges, 14.
Jastrow (Di'M.), rabbin, Philadelphie.
Jhllinek (D"*), rabbin-prédicateur. Vienne.
JouKDA, directeur de TOrphelinat de Rothschild, rue de Lam-
blardie, 7.
Kabn [Coschelj, président de la Communauté Israélite^ Bahia,
BrésiL
Kahn (Jacques), rue Larochefoucauld, 35.
Kahn (Salomon), boulevard Bailo, 172, Marseille.
EaHn ^Zadoc), grand rabbin de Paris, rue Saint-Georges, 11.
KaufwaNN [David), professeur au Séminaire israéhte, 20,
Andrassystrasse, Budapest.
Kespi, rue René-Caillé, Alger,
KiNSBOURG (Paul)j rue de Ciéry, B,
Klotz (Eugène), place des Victoires, 2,
KLOrz (Victor), avenue Montaigne» 5U
AcT. HT cour,, T. l. fi
GCXCVIII - ACTES ET CONFÉRENCES
158 KoHN (Georges), rue Blanche, 49.
159 KoMiTET Synagogi na Tlomackiem, Varsovie.
160 KuNST, rue des Petites-Ecuries, 48.
161 Laoneau, professeur, rue Claude-Bernard, 86.
162 Lambebt (Abraham), avoué, rue Saint-Dizier, 17, Nancy.
163 Lambbrt (Eliézer), avocat à la Cour d*appel, rue Baudin, 26.
164 Lassudrie, rue Laffltte, 21.
165 Lazare (Maurice), rueFénelon, 13.
166 Lehmann (Joseph), rabbin, boulevard Voltaire, 44.
16*7 Lehmann (Léonce), avocat à la Cour de cassation, rue de Ma-
rignan, 16.
168 Lehmann (Mathias), rue Taitbout, 29.
169 Lehmann (Samuel), rue d*Hauteville, 38.
170 Léon (feu Gustave).
171 LÉON (Xavier), boulevard Haussmann, 127.
172 LÉOPOLD (Lyon\ directeur de l'Ecole communale, rue des Hos-
pitalières-Saint-Gervais (30 fr.).
173 Levaillant, avenue de Kléber, 39.
174 Leven (Emile), rue de Maubeuge,81.
175 Leven (Léon), rue de Trévise, 37.
176 Leven (Louis), rue de Trévise, 37.
177 Leven (D^ Manuel), rue Richer, 12.
178 Leven (Narcisse), avocat à la Cour d'appel, rue de Tré-
vise, 45.
179 Leven (Stanislas), conseiller général de la Seine, rue Con-
dorcet, 12.
180 Lévi (Charles), boulevard Magenta, 49 (30 fr.).
181 LÉVI (Israël), rabbin, rue Condorcet, 53.
182 LÉVI (Sylvain), maître de conférences à l'Ecole des Hautes-
Études, rue Simon-le-Franc, 17.
183 Lévy (Alfred), grand rabbin, Lyon.
184 LÉVY (Paul-Calmann), rue Auber, 3.
185 Lévy (Charles), Colmar.
186 Lévy (Emile), rabbin, Verdun.
187 LéVY (Aron-Emmanuel), rue Marrier, 19, Fontainebleau.
188 Lévy (Jacques), grand rabbin, Constantine.
7rg.:\
r"w îbrti-
198 Lœ^t a 1*1A^ ^■zâflâmit *^sfiràai& L«iiiiIl9K
199 IxxcATT Ijinr . cegnos^ Phûhik.
201 MA3S5H2nf Xmtitmt^ . «îaûiiiiiL ifjôgaBgqr x rKwà? 9iîî5r^K*û>
ûçie. n& il* 'jsl PnnjWL II.
203 MA3^xH£isxa Aîmé . ?!&» RiesbiL X
201 Maxuïl Eœoth» , ha^etxsŒT sêmènL de r«5«^:T««fe«l ^^
2(» Mapoc, «TeaiK Mae-MaiiM, 13
206 Mabccs ,Saaki,. Sarr^e-
201 Matimits (H«ftri-J.>, «s^râre.Goldsnùa Roai. ^. Br^u>»
208 Mat, chaasée de Boekeaheim, 31, Frauicfort-^urO^M^iu.
209 Mat 'Loais-Henrr^ me TbéTenoi, 14.
210 Mater (Ernest^ nie Moncej, 9.
211 Matkr Gaston , arocat à la Cour de Ca:Jsatio«. avti^iuu^
Montaigne, 3.
212 Mater Michel), rabbin, boulevard du Temple, Î5.
213 Matraroues (Alfred), boulevard Malesherbes, 103.
214 Merzbach (Bernard), rue Richer, H.
215 Meter (D' Edouard), boulevard llaussmann, 13,
216 Meter (feu Emile).
217 Michel-Lévt (Paul), rue Gluck, 2.
218 MocATTA (Frédôric-D.), Connaught Place, 9, Londre» (BO fpJ
CGC ACTES ET œNFERENCES
219 MoDONA (Leonello) , sous-bibliothécaire de la Bibliothèque
royale, Parme.
220 MoNTEFiORE (Edward-Lévi), avenue Marceau, 58.
221 MoNTEFiORE (Mosé), ministre offîciant, rue Bochechouart, 40.
222 Morhanoe (Eugène), cours Gaffé, 103, Marseille.
223 MoRTARA (Marco), grand rabbin, Mantoue.
224 Netter (D' Arnold), rue du Château-d'Eau, 15.
225 Nbtter (Moïse), rabbin, Médéa.
226 Neubauer (Adolphe), bibliothécaire à la Bodléienne, Oxford.
22*7 Neumann (D»"), rabbin, Gross-Kanisza, Autriche-Hongrie.
228 Neymarck (Alfred), rue Vignon, 18.
229 O'Neill (John), Selling, Taversham (Kent) Angleterre.
230 OcHS (Alphonse), rue Chauchat, 22-
231 Oppenheim (P.-M.), 11, rue Taitbout (50 tr.).
232 Oppenheimer (Joseph-Maurice), rue Lepeletier, 7.
233 Oppert (Jules), membre de Tlnstitut, professeur au Collège
de France, rue de Sfax, 2.
234 OsiRis (Ma), rue Labrujère, 9.
235 OuLMAN (Camille), rue de Grammont, 30.
236 OuLRY (Godchaux), avenue de Neuilly, 104, NeuiUj-sur-
Seine.
237 Ouverleaux (Emile), conservateur de la Bibliothèque royale,
Bruxelles.
238 Paris (Gaston), membre de l'Institut, rue du Bac, 110.
239 Péreire (Gustave), rue de la Victoire, 69.
240 Perles (J.), rabbin, Munich.
241 Perreau (le chevalier), bibliothécaire royal, Parme.
242 PicART (Henri), rue d'Hauteville, 42.
243 PicciOTTO (Moïse de), Alep.
244 Ptcot (Emile), avenue de Wagram, 135.
245 PiNTUs (J.), place du Rivage, 1, Sedan.
246 Pontremoli (Albert), avenue des Champs-Elysées, 129.
247 PoPELiN (Claudius), rue de Téhéran, 7.
248 PoRGKS (Charles), 81, rue de Monceau (40 fr.).
249 Propper (S,), rue Volney, 4.
250 Reijnach (Joseph), avenue Van Dyck, 6.
%1 EMCiACH Salomon), aocien élève de T Ecolo {l*AthAri#i| oûlt*
âerrateur-adjorni du musée de âaitii-<kirtiiaîn « riM ito
BeHiD, aL
252 Bkd£4Cb Théodore), docteur en droit» rue Murilh», ïrt,
253 Esiss (AJbert)t rue de Londres, fiO.
^4 H£irLZ>'e&R (Frédéric), avocat A lu Cour d «ppol, nirtiSn^h*, 1,
^é* HxrnjNGSB(Sigismond), boulevard llaimiimann, 6^1*
256 R&HAX (Ernôit), membre de ririNtitut, ailmtnUtrntour dit
Collée de France,
257 RHSûiâ (Isidore), rue Boissy-d'Angtafi, 35,
258 ROBKRT I Charles), rue des Dame;<i 12, Hoinir^fi
259 Robert (Uljsse), Grande-Rue* 31, Suiiii M^uUy
260 RoDKiouKS (Hippolyte), rue de la \ M
261 RoSENTHAL (D^), rabbiu, Beuthen, Obernr*tlt*iiion,
262 Rothschild (le baron AîpbonMo tb), laiuiiiirti dr* rinptiiut,
2, rue Saint-Florentin [400 fr,),
263 Rothschild (le baron Arthur do), 33» ru« du Fftulmiirjr Snini
Honoré (400 fi**).
264 Rothschild (ie baron Kdmond doj, 41, rua du Fntilmurg*
Saint-Honoré [400 fr.),
265 Rothschild (Je baron Gustave do)» */3» iivoinu» Marljfuy
[400 fr].
266 Rothschild (la baronne Jamm do), 38, nvenuo Pri«dbiml
(50 fr },
267 RozELAABf Lé vie-Abraham), Harfati*tnifit, 30, Amuterdam*
268 Sagk (Israël), Saint- Pùterttbourg;
269 Saint-Paul (Georges), place Maloahorhon, 5.
270 Saint-Paul (feu Victor),
271 Salomon (Alcïia), rue Croix-do*-Potlt«-Champ^, 38,
272 Salvador (la colonel), avenue de Mesëinc, 10.
273 Salvadoh-Lévy, ruo de la Téte-dTIr» 34. Motï.
274 Saycb (Rev, A»-IL)/ professeur de philolopto comparée,
Queen's Collège, Oxford.
275 ScHAFiBE (D ), rue do Trévise, 4L
216 ScHEiD (Elie), rue Ekévir, 4,
277 Schloss (Ernest), rue du Paradis-Poissonnière, 21 Wf .
CGCU ACTES ET CONFÉRENCES
278 SoHUHL (Moïse), grand rabbin, Vesoul.
219 ScHUHL (Moïse), rue Bergère, 29.
280 Schwab (Moïse) , sous-bibliotbécaire de la Bibliothèque na-
tionale, cité Trévise, 14.
281 ScHWciscH, rue Jean-Jacques-Rousseau, 49.
282 Sèches (Edgard) .
283 Sée (Camille), conseiller d'Etat, avenue des Champ»-EIj-
sées, ^.
284 Sék (Eugène), préfet de la Haute-Saône, Vesoul.
285 Simon (Joseph), instituteur, Nîmes.
286 SiMONSEN, rabbin, Copenhague.
287 Singer, rue de Galilée, 62.
288 Société des PRoaRESSisxES, Andrinople.
289 Spire, ancien notaire, rue d* Alliance, 12, Nancy.
290 Stetn (Henri) , ancien élève de TÉcole des Chartes, rue Saint-
Placide, 54.
291 Stern (Hermann), rue Royale, 22, Bruxelles.
292 Stern (René), rue du Quatre-Septembre, 14.
293 Straus (Emile), avocat à la Cour d*appel, boulevard Hauss-
mann, 134.
294 SzoLD, rabbin de la Congrégation Oheb Schdlofn, Baltimore.
295 Taub, rue Lafayette. 10.
296 Tédesco (Joseph), rue Lafayette, 43.
297 Trénel (Isaac), directeur du Séminaire israélite, rue Vau-
quelin, 9.
298 Trêves (Albert), rue Prony, 76.
299 Trêves (Georges), rue Prony, 78.
300 Ulmann (Emile), rue de Trévise, 33.
301 Veneziani (le chevalier), place Wagram, 1.
302 Vernes (Maurice) , directeur-adjoint à l'école des Hautes-
Etudes, rue Fortuny, 31.
1^03 Vidal-Naquet, président du Consistoire israélite, Marseille.
304 Vidal-Naquet (Jules), rue du Quatre-Septembre, 16.
305 Weill (D^ Anselme), rue Saint-Lazare, 101.
306 Weill (Emmanuel), rue Taitbout, 8.
307 Weill (Emmanuel), rabbin, rue Condorcet, 53.
LISTE DES MEMBRES DE U SOGIËTl!: CGCIII
306 Wrill (Georges), place des Vosges, 19.
309 Wkhx (Isaac), rue de Picpus, 76.
310 Wkill (Isaac), grand rabbin, Metz.
311 Wkill (Isidore), grand rabbin, Colmar.
312 Wkill (Benjamin-Léopold), rue Richer, 41.
313 Wkill [Moïse), grand rabbin, Oran.
314 Wkill (Vite), rue de Lancry, 17.
315 Wbiswkillkb (le baron de) , 17 , avenue de Friedland
(30 fr.).
316 Wrrxbb (Isaac), rue Taitbout, 58.
317 Wktl (Jonas), grand rabbin, Marseille.
318 WiKNKR (Jacques), président du Consistoire Israélite de Bel-
gique, rue de la Loi, 63, Bruxelles.
319 WiLMKRSDŒRFER (Max), cousul général do Saxe, Munich.
320 W^iNTER (David), rue Jean-Jacques-Rousseau, 42.
321 WoGUE (Lazare), grand rabbin, professeur au Séminaire Israé-
lite, rue de Rivoli, 12.
322 WoBMS (Fernand), avocat à la Cour d*appel, rue Royale, 14.
323 WoRMS (D** Jules), rue Pierre-Charon, 32.
324 ZiKQEL et Enqelmann, directeurs de Tinstitution Springer,
rue de la Tour-d'Auvergne, 34.
325 ZuTLKN (la baronne de), 70, avenue du Bois-de-Boulogne
(400 tr.).
Membres nouveaux depuis le !•" Janvier 1888.
326 Gbunwald (D»"), rabbin, Jungbunzlau, Autriche.
327 Halfon (M™* S.), rue du Faubourg Saint-Honoré, 21 (50 tr.).
328 Lœwbnstein (D''), rabbin, Mosbach, Allemagne.
329 Lôw (D' Immanuelj, rabbin, Szegedin.
330 Wbrthkimer, grand rabbin, Genève.
331 WoLF, rabbin, La-Chaux-de-Fonds, Suisse.
PROCES-VERBAUX DES SÉANCES DD CONSEIL
SÉANCE DU 29 MARS 1888.
Frésideneê ék M. Derenboubo, viu-^iriaiâmt,
La conférence de M. Dieulafoy est fixée au 15 avril. Elle aura
pour titre : Lêpalaù cFÂssuiruê et le livre d'Esiher.
M, Th. Reitimh exprime le désir qu'il soit fait, TanDée pro*
ebaiDe, une conférence sur rémancipation des Juifâ. Il désirerait
aussi entendre une conférence sur la musique liturgique juive.
M. Rdnaeh rend compte de Tétat des négociations relatives k la
publication de MM. Perrot et Chipiez. Les ti'avaux sont com*
menées. Le Conseil décide de renoncer au proât des auteurs au
bénéfice éventuel résultant de la vente des exemplaires par la mai-
son Hachette.
SÉANCE DU 31 MAI 1888.
Prèsidenee de M. ZàDOO Kahn.
Sur la proposition de M, lé PréJtidmi^ le Conseil décide de rap-
peler aux membres de la Société que les séances du Conseil sont
publiques. Cet avis sera inséré dans le numéro de juillet-septembre
prochain.
Le Conseil ratifie le traité convenu entre le trésorier et la maison
Hachette pour la publication Perrot et Chipiez.
M. Th. Emnach fait une communication sur le mot de Sampmmi
dans I Macch , xv, 23.
Lu secritairei : Schwab*
Th. Reixach.
Le gérant,
Israël Lâvi.
YKMIAILLU, IMPfUMXmjS CBitF ST ¥tlM^ RUB DUPLBflfllS, 59,
TABLK DES MATIÈHEJ>
REVUE.
Vidal (Pierre). Les Juifs de Houssîllou el de Cerdagne {suite',, ,
Hkinacm (Théodore). SculpCures d'Ascalon,,
LoKii .Isidore;. Josof Haccoheu et les chronifiuears laifîi. .
Dkbk,S0OUrg |J.). Mélanges rabbiuiques isuitt
IvAUFM/kXN (David), Les Marraues de Pe^aro, . .
Lues (Isidore). Les o^goctaols juifs à Marseille au milieu dtt
xni« siècle, ,
Kraciaukr (D'I. Rûbbi Joselmaau de Hosbeim
RAcatîR (W.). Le coaiiïjeniaire de Samuel iba ilomi sur ài» l*eu-
taleuque {fia) -
LoKB llstdore)^ Le procès de Samuel iba Tibbon {/lui.
NOTES KT MÉLANGES,
ilALévy (J.}. L Petits problèmes [V série) —
IL Note sur rinscrîptiou pbéaicieoûe du Pirée.
KaUi'^ann (David)* I Uue aûeedote sur Pbar&on el Aiii^i) ciirz
les Arabt'S .,,.-♦* .. -
IL Les iellres L. M, N dans Talphabel , ..
LOEB (Isidore). Le mot Taule en judéo-aîkimanii.
Uue leUre adressée â Salomoa Azubi
BIBLIOGRAPHIE.
DicRKNBOUBO (J), Le traire de la Vie coalernpialive î?l ta Que9»
lion des Thérapeutes» par L. NLissEBrEAt ,._,
Louw (ImmQQuel). A dictioaary of the targumiiiK in'. iuLmad
babli aud yerushalmi aud tlie midrasblc Iiteralur, p^r
M- Jasirow..,.. --,...•.
Addiljoos et reclilicailous..*.. .. .
ACTES ET CONFÉRENCES.
Séance de TAssemblée générale du 21 janvier 188â
Rbinach (Théodore). Rapport sur les pubUcaUoits de lu
Société pendant Faanée <tt87.,., ....,,,.._
Procès -verbaux des séances du Conseil. .
TABLE DES MATIÈRES
REVUE.
BSJBTZ (U*). Les nianaaies de Simon lût
V1D4L (Pierre). Les Juîfi do Roussillou ci de Ccrdagae isuilcet
fin). - <"»
Hkinach (ThJ. MUUtidtile et les Juif^i... »..
LoRK (Isidore). Josef Haccoheii et les cliroatquears juifs (iffft^} 9K
KRiiCAtJjîK (J.). L*ulTijire des Juils d*Ëudiogeu... t3ft
Briîzzonk (P. Lj, Les JuiTâ des États de il^glise au xviii*» siècle !l6
ScHxvAB (Moïse). Le Maqré Dardeqé iS^
NOTES CT MKLANGKS.
Kavfmann el GuNZiiocRO (David de). Uue îuscripiiuii ae Hiva*
Lofio (Isidore). Uue inscription hébraïque de GalaLayud. ... .. . '
Keikach (SylomoQ). Noie sur linscrlplion phénicieuoe du Pinée 1
Bachkk ^W ). Encore un mot sur Micra et Pasoug. . . — . * * . *
LoEB 'Jsidore). La prouonciation de VO dans le judéo-aiicniand
el le mot Taule,. - . '■
NeuBAUifiR (Ad), loscriptiou tuniuiaire d'Ortéaus -
LoEH ;l>idore). Les quadre sedarini du Talinud -
Backijlh, K\lfmann» Grl î^wald et Pohqkîs. Les sigues mneinch
niques des lettres radicales et servi les. '
HIBLIOGBAIHIIE.
LoKB (Isidore). Revue bibliographique. •
Additions el rectifications. *. ^
Table des matières ^
ACTES ET CONFÉRENCES.
biKULAFOY. Le livre d'Kslher et le palais d'Assuérus* cax^
Liste des membres de ta Société pendant Tannée 1887 ccsOU
Procés-verboux des séances du Conseil * • * , CX(^
PRIX D ABONNEMENT A LA BEVUE DES EUDES JUIVES
Lï n an
Prix du numéro.
RARIES STANFORD UNIVERSITY HBRARIES STA
FANFORD (JNIVERSITY UBRARIES STANFORD (JN
IVERSITY LIBRARIES STANFORD UNtVERStTY L|P'
RD UNIVERSITY LIBRARIES STANFORD UNIVERSI
5ITY LIBRARIES • STANFORD UIM IVERSITY LIBRARI
ES • STANFORD UNIVERSITY LIBRARIES ST^i
RARIES STANFORD UNIVERSITY LIBRARIES STA
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