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Full text of "Revue des études juives"

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REVUE 


DBS 


ÉTUDES    JUIVES 


VKKSAILLES 

CBRP    KT    FILS,    IMPRIMEURS 

59,   RUE    DUPLRSSIS,   59 


REVUE 


DES 


ÉTUDES  JUIVES 


PUBLICATION  TRIMESTRIELLE 
DE  LA  SOCIÉTÉ  DBS  ÉTUDBS  JUIVES 


TOME  QUINZIÈME 


PARIS 

A   LA  LIBRAIRIE   A.    DURLACHER 

sa"*,  RUB   I^PATBTTB 

1887 


U  CONTROVERSE  DE  12C3  A  BARCELONE 


EKTRE  PAULUS  CHRISTIANL  ET  MOÏSE  BEN  NAHMAN 


I)  faut  pourtant  montrer  une  fois,  et  par  un  exemple,  à  quels 
lexcAspeut  ï^o  Hyr^^r  un  homme  égaré  par  Tesprit  de  secte  et  le 
Iprëjugé  religieux.  Le  spectacle  en  est  curieux,  mais  affligeant. 

Le  Père  Denifle,  de   Tordre  <îes  Frères  Prêcheurs»  vient  de 

[publier  une  iHude  sur  la  controverse  que  Paulus  {en  espagnol 

Pabio)  Cliristiani,  un  juif  renégat,  obligea  le  rabbin  Moïse  b.  Nab- 

man  à  soutenir  contlre  lui,  en  1263,  à  la  cour  du  rot  d*Âragon,  à 

Barcelone  *. 

Je  tiens  le  P.  Denifle  pour  un  savant  homme  et  no  galant 
iomme,  il  n'est  pas  responsable  des  énormitës  qu*îl  dit,  il  obéit, 
r»ans  le  savoir  peut-être,  à  d'ancienneâ  traditions  et  à  des  habi- 
Uudes  invétérées. 

«  Et  lui  avons  reraonstré  qu'il  mentait*.,  t*  Ainsi  parlait  Tinqui- 
^Ition,  m»^me  celle  qui  n'élevait  pas  de  bûchers,  des  pauvres  Juifs 
Iqu'elle  tenait  dans  ses  griffes.  Ainsi  parle  encore  le  P.  Denifle, 
ivec  la  même  hauteur  et  les  mêmes  airs  de  dédain,  sinon  avec  les 
îêraes  moyens  de  persuasion.  Il  a  remonstre  w  à  Moïse  Nabmani 
ît  à  M.  Graetz  qu'ils  ont  menti.  Le  mot  y  est  en  toutes  lettres. 
Sur  la  controverse  (de  P263)  on  a  beaucoup  menti,  depuis  Moïse 
S'ahmani  jusqu'à  Graetz  (p.  226),  —  L'écrit  deNahmani  est-il  donc 
une  œuvre  de  mensonge?  Certainement  (p.  229).  »  Et  encore 


«  Le    litre  de   ceUe    publication    du    P.    Déni  Ile   est  î    QuHlm   tnr  Disputatioi^ 
^milu  Ckriêtiûm%  mit   M  aies  Nnekittani  zu  Banelona    fffiJ.    Elle   a  paru    daiiB  le 
Jakrhuth,  de   Ia  Oômâ-GmlUchaft,  BHùée  1881.  —  lii-8<>  de  p.  225 


T.  XV,  H»  2», 


! 


2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

deux  fois  (p.  230)  la  même  assertion  revient.  Le  Juif  (ce  mot  aussi 
revient  sans  cesse  et  fait  partie  des  aménités  de  langage  que  le 
P.  Denifle  a  trouvées  dans  les  auteurs  du  moyen  âge),  le  Juif  a 
meyiti. 

Et  pourquoi  Nahmani  a-t-il  menti  ?  —  On  ne  le  croirait  jamais, 
il  faut  revenir  de  l'autre  monde  pour  dire  une  incongruité  pareille. 
Nahmani  a  menti,  parce  que,  dans  la  relation  qu'il  a  faite  de  la 
controverse,  il  se  vanterait  d'avoir  mis  quelquefois  son  adversaire 
dans  l'embarras  et  d'être  sorti  triomphant  de  la  dispute*.  En 
sommes-nous  là,  bon  Dieu  !  Le  P.  Denifle  ne  sait  donc  pas  ce  que 
c'est  qu'une  controverse  religieuse?  N'est-il  pas  de  règle  que, 
dans  ces  joutes,  chacun  des  partis  s'attribue  sincèrement  la  vic- 
toire et  la  gloire  d'avoir  réduit  l'ennemi  en  poussière?  Et  cette 
opinion,  en  somme,  n'est-elle  pas  vraie,  au  moins  pour  le  moyen 
âge?  Avec  les  raisonnements  saugrenus  de  cette  époque,  il  était 
impossible  qu'aucun  des  adversaires  fût  jamais  à  bout  d'argu- 
ments. Le  P.  Denifle  prend  tout  à  fait  au  sérieux  cette  dialec- 
tique puérile  ;  Nahmani,  à  ses  yeux,  est  un  grand  coupable  pour 
avoir  omis  de  mentionner  deux  ou  trois  des  réponses  de  Pablo,  qui 
sont  des  plus  importantes,  à  ce  qu'il  paraît.  Il  nous  permettra  de 
trouver  la  naïveté  un  peu  forte  *. 

Et  pourquoi  M.  Graetz  a-t-il  menti?  Tout  simplement  parce 

^  Sans  doute  le  P.  Denifle  relève  encore  d^autres  charges  contre  lui,  nous  y 
reviendrons,  mais  dans  son  introduction,  il  insiste  uniquement  sur  celle-ci. 

■  Si  ou  voulait  argumenter  do  cette  façon  contre  le  procès-verbal  des  Pères,  on  y 
trouverait  des  omissions  bien  autrement  graves,  mais  qui  est-ce  qui  va  attacher  de 
l'importance  au  détail  de  ces  discussions,  qui  sont,  en  grande  partie,  de  purs  bavar- 
dages ?  La  méthode  scientifique  y  fait  entièrement  défaut.  La  thèse  de  Pablo  était, 
du  reste,  bien  singulière,  et  il  était  positivement  permis  à  Nahmani  de  négliger 
quelques-uns  de  ses  arguments.  A  qui  fera-t-on  croire  aujourd'hui  que  la  Bible  et 
le  Talmud,  comme  le  soutenait  Pablo,  aient  prédit  ravènemenl  de  Jésus  ?  Il  n'y  a 
pas  un  savant  digne  de  ce  nom  qui  ne  prenne  en  pitié  de  pareilles  balivernes. 
Nous  avons,  pour  la  curiosité  de  la  chose,  vérifié  les  quatre  passages  du  Pugio  Fviei 
où,  d'après  le  P.  Denifle  (p.  233,  notes),  il  serait  prouvé  que  le  Talmud,  contraire- 
ment à  l'assertion  de  Nahmani,  parle  des  souffrances  et  de  la  mort  du  Messie  : 
1*  Partie  2,  ch.  7,  n<*  4,  il  n'est  pas  question  du  Talmud  (mais  d^un  Midrascb)  ni  des 
Bouffrances  ni  de  la  mort  du  Messie  ;  2«  Partie  2,  ch.  11,  n°  16.  Il  n'est  pas  question 
du  Talmud,  mais  d'un  Midrascb,  et  Nahmani  n'admet  pas  l'autorité  du  Midrasch  ; 
3*  Partie  3,  distinct.  3,  ch.  16,  n»  20.  C'est  le  même  passage  que  celui  du  n*  2, 
même  observation  ;  4<>  Ibid.^  n«  28.  Ici  encore  ce  n^est  pas  le  Talmud,  mais  le 
Torgum  qui  est  cité.  Il  est,  du  reste,  faux  que  Nahmani  ait  soutenu  que  les  Uvres 
des  Juifs  ne  parlent  pas  des  souffrances  et  de  la  mort  du  Messie,  il  a  convenu  (voir 
sa  relation,  édit.  Steinschneider,  p.  9)  qu'il  y  en  a  qui  appliquent  an  Messie  les 
chap.  52-53  d'Isaïe,  où  ses  souffrances  et,  si  Ton  veut,  sa  mort  sont  décrites,  mais  il 
a  ajouté  que  ces  livres  sont  des  aggadot,  non  des  livres  canoniques.  Il  a  dit,  en 
outre,  que  ces  aggadot  ne  parlent  jamais  de  la  mort  du  "Messie  fils  de  David,  et  cela 
est  probablement  vrai.  Le  P.  Denifie  ne  savait  pas  qu'il  y  a,  pour  le  Midrasch, 
deux  Messies,  le  Messie  fils  do  Joseph,  qui  meurt  ;  le  Messie  fils  de  David,  qui  ne 
meurt  pas. 


LA  CONTROVERSE  DE  1263  A  BARCELONE  3 

(|u1la  copié  la  relation  deNalimani  et  cru  à  la  défaite  da  cham* 
l»ioachrt^lien.  Quelle  imposture»  1 


U 


Examinons  la  question  en  d*^tail,  elle  est  assez  intéressante, 
el  nous  espérons  que  cette  petite  étude  servira  à  élucider»  en 
plui  d*un  point  resté  obscur,  Thistoire  de  cette  célèbre  contro- 
verse. 

Pablo  n'en  était  paa  à  son  coup  d'essai.  11  était  probablement  né 
dans  le  midi  de  la  France  et  dans  cette  province  qui  faisait  alors 
partie  (lu  royaume  d'Aragon.  Depuis  longtemps  il  toormentatt  les 
communautés  juives  de  cette  région,  qu'il  voulait  à  toute  force 
coayertîrau  christianisme-.  Quand  it  vint  plus  tard  en  Aragon, 
llconlinua  ses  menées.  Il  se  mit  à  engager  des  controverses  reli- 
gieuses avec  les  Juifs  du  royaume,  et,  entre  autres,  avec  ceux  de 
Girone*  nu  Nalimani  était  rabbin.  Nous  avons  vu  qu'il  était  entré 
dans  cet  ordre  des  Frères  Prêcheurs  auquel  appartient  le  P.  De- 
fii/leet  qui  inspirait  aux  Juifs  une  crainte  parlaiteraent  justifiée. 
Leji  Juifs  d'Aragon  n*osaient  probablement  pas  refuser  d'écouter 
leur  ancien  coreligionnaire,  devenu  membre  d'un  ordre  redou- 
table, mais  ils  sVflbrçaient  d'esquiver  la  discussion  :  ils  no 
savaient  pas,  ils  n'avaient  pas  appris,  la  controverse  n'était  pas 
Iw  fort  ni  leur  affaire,  cela  regardait  leurs  rabbins,  entre  autres 
le  célèbre  r<tbbin  de  Girone,  qu'on  appelait  le  Maître»  qui  était 
i  toutes  ces  questions  et  pouvait  en  parler  savamment*, 
lent  livrer  bataille  à  un  adversaire  qui  se  dérobe?  Pablo 

'If.  On«tx  a  aussi  connsis  la  faute  impardonnable  d'avoir  fait  son  Hislmte  des 
Jifc,  où  il  fallait  bicu  parler  des  Juifs  d'Espagne,  sans  aller  dépouiller  h&  archlvcB 
^ift Qirct!on« .  \1,  Amador  de  los  Hios,  qui  a  écrit  trois  voliimËS  £iur  nijstoire  des 
Jiuîid'£i pagne,  et  que  le  P.  Daolfle  devrait  coonoltre^  a  pu,  au  conlTaire,  De  j>as 
^iibeoiiiiuitvr  ces  archites.  —  M,  Graetz,  sur  l  autorité  Je  Carpzo?^  se  Irompc  sur 
\»  hiaà'an»  bulle,  tout  en  faisanl  remarquer  qu^il  tloit  y  avoir  erreur^  M,  Uraetz 
Itit  us  grtad  coupable,  Carpzov  ne  Test  pas.  —  M.  Graelï  a  commis  un  laptui  ©n 
[Uiat  ijua  Tordre  du  jour  de  la  controverse  avait  été  fixé  par  Nubmani  ;  il  est  îm- 
^le  qu'il  sa  soil  trompé  volontairement,  car  Nahmani  lui-tnêmo  dit  t)uo  Tordra 
B  jour  Fut  arrêté  d'un  commua  accord  entre  Pablo   et  lui;   pour  le   P.   I>eniûe, 

*  (Î7.  a  meoti.  La  choac  en  valait  la  peine  î 

*  Voir  Bêihim  fran(aû^  Paris^  1877»  p.  563  et  euîv„  où  Ton  trouvera  rbistoîre 
_    I  agisscmeoU  et  controverses  de  Pablo.  Cf.  Bthr,  Biàliot^rajikis,  XV  1875,  p.  89; 

iVI  |rî6,  p.  42;  XXI  18S2,  p,  88;  Bévue,  Ui,  p.  216. 

*  Tout  c«la  et  la  sutt4?^  dans  le  Prologutî  du  Procès- verbal  latin  de  la  controverse. 
^  Le  titr«  4o  MoUrt  <)u^od  donuait  à  Nahmani    ne  signiâe  pas  médecin  ;  dans  sa 
Uoâ  ip*  7],  Nabmaiii  le  traduit  en  bébreu  par  Msà. 


BEVUE  DES  ÉTUDES  JUrVES 

obtint  tlu  roi  d'Aragon  que  Nabmani,  avec  frautrps  Juifs  instruits, 
lût  apj>î3lé  à  Barcelone  pour  soutenir  le  corabat.  On  aurait  enfiu  à 
qui  parler,  Pablo  pourrait  se  faire  valoir,  et  comme  l'issue  de  la 
lutte  ne  pouvait  être  douteuse  pour  lui,  ni  pour  les  Frères  Prê- 
cheurs et  Mineurs  qui  Curent  consultés  par  le  roi,  on  se  flattait 
de  profiter  de  la  victoire  remportée  sur  le  fameux  rabbin  pour 
convertir  les  autres  Juifs  de  gré  ou  de  force. 

On  a  deux  relations  de  la  controverse:  une  espèce  de  procès- 
verbal  en  latin,  rédigé  probablement  par  les  Frères  Pr^^cheurs, 
et  une  relation  hébraïque  de  Naliraani  *.  D'après  le  Procès-verbal, 
la  controverse  eut  lieu  le  20  juillet  P2(î3,  mais  personne  ne  saurait 
douter,  après  avoir  lu  la  relation  de  Nalimani,  qu'elle  a  duré 
quatre  jours  non-consécutifs.  Le  Procès-verbal  Ini-môme  prouve 
qu'elle  ne  finit  pas  en  uu  jour  :  il  rapporte  qu'à  un  certain 
raoment^  Nahmani  dit  que  les  Juifs,  le  frère  mineur  P.  de  Janua 
et  plusieurs  habitants  chrétiens  de  la  ville  lavaient  engagé  à  ne 
pas  continuer  la  discussion  (dans  la  crainte  d'exciter  les  esprits, 
comme  il  est  dit  dans  la  Relation  hébraïque).  Il  est  impossible  que 
cet  incident  se  soit  produit  dans  le  cours  de  la  première  séance,  il 
y  en  a  donc  eu  plus  d'une.  Le  Procès-verbal  n'est  pas  explicite 
sur  ce  point»  il  se  borne  à  dire,  en  tête,  que  la  controverse  eut 
lieu  le  20  juillet  1263,  mais  iî  ne  porle  pas  de  date  à  la  lin,  et  il  est 
certain,  nous  le  montrerons  plus  loin,  qu*il  a  été  rédigé  plusieurs 
jours  au  moins  après  le  20  juillet. 

Nahmani  oublie  de  donner  la  date  du  premier  jour  de  la  con- 
troverse, mais  la  majeure  partie  de  la  discussion  rapportée  par  le 
Procès-verbal,  et  placée  par-ce  document  au  20  juillet,  est  placée 
par  Nahmani  dans  la  première  de  ses  quatre  séances.  Le  premier 
jour  de  la  controverse  fut  donc  le  20  juillet. 

C'était  un  lundi.  La  prochaine  séance  fut  ajournée  au  lundi  sui- 
vant. Le  second  jour  de  la  controverse  fut  donc  le  lundi  21  juillet*. 


*  Le  Procès-verbal  est  imprimé  per  le  P,  Denifle,  après  d^ttiilres,  La  RelaUon  de 
Nahmani,  publiée  par  Wageaseil  dans  ses  Tela  ifffma^  a  été  «iditée,  entre  autres,  par 
M,  Slcinschneider  sous  le  Litre  do  1"D73nn  HlD^T  Nachmaaidis  Dixputtitia,  Stcltm- 
BcrUn,  IKGO,  Tout  ce  ijuo  nous  cq  disous  est  pris  dans  cette  dcroièrc  uditioQ  ; 
celle  do  Wagcneeil  est  tros  feutivo,  elio  contieat^  entre  autres,  des  interjections  peu 
bicnveillaûtea  à  l'odresse  de  Pablo,  qui  laTail,  du  reste,  bien  mérité.  EUes  ont  été 
ajoutées  par  les  copistes  et  ne  sont  pas  dû  Nabmanii.  Conlraircment  it  ce  que  dit  te 
P.  Denilk^  qui  no  connaît  que  réditiou  de  Wogpugeil»  Noiimani  n  iiisuUo  paB  une 
seule  lois  Pabl(\  il  teint  niSmo  do  croire  que  sa  conversion  est  eincère  et  en  protite 
pour  lui  opposer  un  ar^um«ut  très  spirituel  (p,  6  dt»  lu  relation  hébr.).  U  ne  lui 
témoigne  pus  beaucoup  de  considération,  il  est  vrd,  mam  rauditoire  no  paraît  pas  en 
avoir  été  bieti  choqué,  c'était  entre  Juif  a. 

*  Wagenseil  a  :  samidi^  au  lieu  de  lundi,  maïs  nous  sommes  convaincu  qu'on 
n^'obUgea  pas  Nahmani  à  venir  disputer  lo  samedi. 


I 


LA  CONTROVERSE  DE  1263  A  BARCELONE  5 

La  troisième  séance  eut  lieu  le  jeudi  suivant,  30  juillet,  et  la 
quatrif^me  et  dernière  séance  le  lendemain,  vendredi  31  juillet*. 

L'ordre  du  jour  qui  avait  été  arrêté  au  début  de  la  controverse 
était  loin  d'être  épuisé.  On  était  convenu  qu'on  discuterait  quatre 
points  (trois ,  suivant  îs'ahmani).  D'après  le  Procès-verbal  on 
pourrait  croire  qu'on  ne  discuta  que  le  premier  point  ;  d'après 
Nahmani,  le  dernier  jour  aurait  été  consacré  h  la  discussion  du 
second  point,  qui,  chez  lui,  comprend,  à  ce  qu*ii  semble,  les 
points  12  et  3  du  Procôs-verbaL  Nalimani  et  le  Procès-verbal  n'ex- 
pliquent pas  de  la  même  façon  cette  brusque  interruption  des 
séances,  nous  reviendrons  sur  ce  sujet  plus  loin.  Nahmani  ajoute 
qu'après  la  quatrième  séance,  il  alla  cliez  le  roi,  qui  lui  annonça 
çue  samedi  il  viendrait  à  la  synagogue  de  Barcelone.  Comme 
Nahmani  raconte  qu'il  resta  exprès  huit  jours  de  plus  à  Barce- 
lone, sans  doute  pour  recevoir  lui-même  le  roi  à  la  synagogue, 
on  voit  que  cette  visite  eut  lieu  le  samedi  8  août.  Le  lendemain, 
Nâtimani,  diaprés  sa  Relation,  prit  congé  du  roi,  qui  lui  remit 
300  maravédis  pour  ses  frais  de  voyage. 


m 


Dans  Pensemble  du  récit  et  même  dans  les  détails,  le  Procès- 
verbal  latin  et  la  Relation  hébraïque  sont  d'accord  ;  sur  un  très 
j»etit  nombre  de  points,  ils  diffèi'ent  et  se  contredisent.  C'est  là 
<|ue  le  P.  Denifle  voit  les  mensonges  de  Nabniani  :  du  moment  que 
le  Juif  n'est  pas  d'accord  avec  les  Pères,  il  est  évident  qu'il  a  tort 
^t  que  les  Pères  ont  raison.  Il  est  permis  de  ne  pas  admettre  cet 
axiome.  Je  sais  bien  qu'il  y  a  Tattestation  du  roi  au  bas  du  Pro- 
cès-verbal, mais  nous  en  reparlerons. 

La  vérité  est  que  les  présomptions  sont  toutes  en  faveur  de 
Nabniani  et  contre  le  Procès-verbal  des  Pères. 

L  Les  Pères  poursuivent  une  œuvre  de  propagande,  ils  sont 
puissants,  autoritaires,  fanatiques,  ils  veulent  forcer  la  conscience 
liea  Juifs;  leur  preslige,  qui  est  grand,  ne  peut  ni  ne  doit  subir 
aucune  atteinte,  il  faut  absolumeut  qu'ils  aient  raison.  Ce  ne 
sont  pas  de  bonnes  dispositions  ni  une  situation  faite  pour  être 
impartiaL 

*  D'iutres  mss.  (voir  RtlttL  héhr.,  p.  U^  n*  9»  et  p.  17.  n.  3)  ont,  pour  U  Iroiiièmo 
tfottce,  maf^i  AU  lieu  de  yeik/t,  cela  ËEt  {lOSsiLle  ;  paur  la  [|ualrième  séaacc,  mtr- 
<^i,  «u  lieu  tl«  w»rfrer/t ,'  si  celle  leclure  était  boone,  NalimuDÎ  serait  resté  dix 
/OiUi  et  uun  huit  joura  a  Burceloue  puur  laUt^udrc  U  vlbUû  du  rui  a  k  syoëgogue. 


.  6  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

2.  Les  Pères  sont  conduits  par  le  fameux  Raymond  de  Pena- 
forte,  leur  ancien  général,  qui  joue  un  rôle  important  dans  la 
controverse  et  dont  on  connaît  Tesprit  violent*.  Ils  ont  pour 
instrument  un  Juif  converti  dont  il  est  permis  de  dire  le  plus 
grand  mal  sans  être  injuste.  Toute  conversion  sincère  est  respec- 
table, mais  Pablo,  après  sa  conversion,  s*est  fait  le  persécuteur 
des  Juifs,  et  la  publication  du  P.  Denifle  montre  tout  le  mal  qu'il 
leur  a  fait,  c*est  un  triste  personnage.  Nahmani  est  un  homme 
vénérable  et  sans  tache. 

3.  Le  roi,  Raymond  de  Peiïaforte  et  les  autres  assistants  chré- 
tiens avaient,  au  début  de  la  controverse,  promis  à  Nahmani  qu'il 
pouvait  parler  en  toute  liberté  et  que  ses  réponses  ne  devien- 
draient pas  prétexte  à  poursuite  judiciaire.  Lorsque,  plus  tard, 
Nahmani,  sur  la  demande  de  l'évoque  de  Girone,  fit  sa  Relation 
de  la  controverse*,  les  Pères,  oubliant  leur  parole,  le  poursui- 
virent pour  ce  qu'il  avait  dit  à  la  controverse  et  aussi,  il  faut 
l'ajouter,  parce  qu'il  en  avait  fait  une  relation  écrite.  Le  roi, 
malgré  la  crainte  que  lui  inspiraient  certainement  les  Pères,  eut 
le  courage  de  montrer  qu'il  ne  trouvait  pas  cette  conduite  très 
loyale.  Pourquoi  le  Procès-verbal  le  serait-il  davantage  ^  ? 

4.  La  Relation  officielle  de  cette  procédure  engagée  en  1265 
contre  Nahmani  dit  bien  que  celui-ci,  dans  l'écrit  qu'il  avait  fait 
pour  révoque  de  Girone,  comme  pendant  la  controverse  de  1263, 
avait  offensé  la  religion  chrétienne  (on  sait  ce  que  cela  veut  dire), 
mais,   contrairement  à  ce  que    prétend  ou   laisse  supposer  le 


1  M.  Oraetz  a  cru  (Amador  de  Lob  Rios  aussi)  que  Raymond  de  Penaforte  était 
encore  à  cette  époque  général  do  Tordre  des  Frères  Prêcheurs  ;  il  ne  Pétait  plus 
depuis  1240  (P.  Denifle,  p.  239,  notes],  mais  les  documents  latin  et  hébreu  montrent 
le  rôle  important  joué  par  Raymond  de  P.  dans  toute  l'histoire  de  celte  contro- 
verse. M.  Gr.  a  donc  eu  tort,  comme  le  remarque  le  P.  D.,  de  parler,  à  cette  occa- 
sion, du  <  fanatique  général  de  Tordre,  R.  de  PeSaforte,  >  mais  c'est  le  mot  général 
qui  seul  est  de  trop,  contrairement  à  ce  que  pourrait  faire  supposer  la  phrase  du 
P.  D.  sur  ce  sujet. 

*  Cette  relation,  étant  destinée  à  6tre  lue  par  Tévêque  de  Girone,  était  sûrement 
écrite  en  latin  ou  en  espagnol.  On  peut  admettre  qu'elle  a  été  traduite  de  la  relation 
hébraïque,  et  que  la  relation  hébraïque  a  été  faite  dans  cette  circonstance,  pour  servir 
d*original  à  la  relation  latine  ou  espagnole.  D'autres  hypothèses  sont  possibles. 

*  Nous  raisonnons  dans  Thypothèse  que  TÂstrugus  de  Porta,  poursuivi  en  1265 
pour  avoir  écrit  une  relation  d'une  controverse  qui  avait  eu  lieu  antérieurement  à 
Barcelone,  est  le  môme  que  notre  Nahmani.  Le  1\  D.  admet  également  cette  hypo- 
thèse et  il  en  tire  môme,  pour  sa  thèse,  des  arguments  qui  tomberaient  si  cette  iden- 
tification n'était  pas  exacte.  Nous  croyons,  au  contraire,  que  toutes  nos  preuves 
subsistent,  quelques-unes  avec  do  légères  modifications,  lors  môme  que  cette  iden- 
tification ne  serait  pas  admise.  Dans  ce  dernier  cas,  nous  tournerions  comiLe  suit 
Targument  auquel  se  rapporte  cette  note  :  Les  Pères  ont  manqué  de  parole  à 
Astrugus  de  Porta,  qui  nous  garantit  que  dans  leurs  actes  et  dans  leur  procès-verba 
ils  aient  été  plus  délicats  envers  Nahmani? 


LA  rONTRÛVERSlC  DK  126.1  A  BARCELONE  7 

V.  Denide,  elle  ne  dit  pas  i|iril  y  ait  erreur  ou  inexactituile  et 
encore  moins  mensonge  dans  cet  tjcrit.  Devant  les  témoins  de  la 
coalroverse,  il  était  probablement  impossible  de  produire  cette 
lion.  C*est  seulement  dans  la  plainte  adressée  plus  tard  au 
par  les  Pères  que  Nahniani  était  accusé  de  mensonge,  car 
imebulledu  souverain  pontife  énonce  cette  accusation^  mais  le 
u'ëlait  pas  en  mesure  de  vérifier  ce  que  lui  écrivaient  les 
i,  il  ne  pouvait  que  le  répéter. 

5.  Les  Pères  pouvaient  dire  et  écrire  impunément  ce  qu^ils  vou- 
Nabmani  se  serait  évidemment  exposé  à  de  graves  dan- 

s*il  avait  rais  des  inexactitudes  ou  des  mensonges  dans  sa 
iBelation.  Il  ne  Taurait  pas  osé. 

6.  La  Relation  est  précise  et  détaillée,  le  Procès-verbal  est  évi- 
fiemment  un  peu  confus,  il  ne  fait  pas  de  distinction  entre  les 
différentes  séances,  il  confond  et  mêle  les  questions  soigneusement 
Bttmi^rotées  dans  le  programme  do  la  controverse,  il  omet  une 
grande  partie  de  la  discussion. 

1.  On  pourrait  croire  que  le  Procès-verbal  a  été  rédigé  séance 
tenante  et  qu*il  présente,  par  conséquent,  plus  de  garanties  d'exac- 
lilude  que  la  Relation»  écrite  plus  tard,  peut-être  longtemps  après 
b Controverse  et  probablement  de  mémoire.  Mais  il  est  facile  de 
toofttror  que  la  date  du  20  juillet  qui  se  trouve  en  tête  du  Procès- 
Vrbaln'e.st  pas  la  date  de  la  rédaction  de  cette  pièce.  Il  est  ques- 
tion, à  la  fîn  du  Procès-verbal,  d'une  absence  faite  par  le  roi  après 
b  clôture  de  la  controverse,  d'une  prétendue  fuite  de  Nahmani 
ipri^s  le  départ  du  roi.  de  Tattestation  du  roi  sur  tous  ces  incidents 
Postérieurs  à  la  controverse;  comme  la  controver.se,  avec  la  visite 
io  rai  à  la  synagogue  avant  èon  départ,  a  duré  trois  semaines,^ 
1<*  Hroçès-verbal  aurait  été  écrit  au  moins  trois  semaines  après 
1^  21)  juillet,  lors  même  qu'on  n^aurait  pas  attendu,  pour  le 
î^'diger,  le  retour  du  roi.  L'absence  de  date  à  la  fin  de  la  pièce 

't  as^ez  singulière,  un  esprit  soupçonneux  pourrait  suppo- 
*<îrque  celte  omission  est  préméditée  et  destinée  à  faire  illusion 
*<ir  la  date  réelle  du  document.  On  peut  se  demander  s'il  n'a 
pt*,  en  réalité,  été  rédigé  deux  ans  plus  tard,  à  Fépoque  ou  les 
*»^rç$  ont  fait  à  Nahmani  le  procès  dont  nous  avons  parlé  plus 
liaut,  et  pour  servir  de  pièce  à  conviction  dans  ce  procès.  On  ne 

It  pas  trop,  autrement,  pourquoi  on  aurait  rédigé  cet  acte 
il  '^^r  à  toutes  les  affaires  publiques  et  à  Tadministration 


REVU£  DES  ÉTUDES  JUIVES 


IV 


Si  maintenant  on  examine  de  près  la  Relation  de  Nahmani,  on 
est  frappé  de  Tabondance  et  de  la  précision  des  renseignements 
qu'elle  fournit.  Cette  prétendue  «  œuvre  de  mensonge  »  contient 
tout  ce  que  contient  le  Procès-verbal  et  beaucoup  davantage.  Sur 
tous  les  points  qui  sont  communs  aux  deux  textes,  la  conformité 
des  deux  récits  est  étonnante,  elle  est  une  preuve  de  l'exactitude 
scrupuleuse  et  minutieuse  qu'y  a  mise  Nahmani. 

Le  Procès- verbal  raconte  que  Ton  commença  par  arrêter  le  plan 
de  la  conférence  et  fixer  les  points  à  discuter,  Nahmani  le  dit  éga- 
lement. Ces  points  étaient  au  nombre  de  quatre,  d'après  le  Procès- 
verbal;  de  trois,  d'après  Nahmani,  mais,  comme  nous  Tavons  dit 
plus  haut,  Nahmani  a  sans  doute  confondu  en  un  seul  les  points 
2  et  3  du  Procès-verbal.  La  définition  des  points  à  discuter  est  la 
môme,  sauf  des  nuances  dans  la  manière  de  concevoir  les  choses, 
dans  le  Procès-verbal  et  chez  Nahmani. 

Le  Procès- verbal  énumère  quatre  ou  cinq  questions  (les  divisions 
ne  sont  pas  faciles  à  faire)  qui  furent  discutées  pour  élucider  le 
premier  point  de  Tordre  du  jour.  Elles  se  trouvent  toutes^  avec  le 
plus  grand  détail,  chez  Nahmani  :  la  discussion  sur  la  trinité  qui 
avait  déjà  eu  lieu  à  Girone  (la  Relation  n'oublie  môme  pas  ce 
détail)  entre  Pablo  et  Nahmani  ;  l'aveu  de  Nahmani  que,  d'après 
un  midrasch,  le  Messie  était,  en  eflet,  né  à  Bethléem  et  était  apparu 
à  Rome;  la  question  faite  à  Nahmani  sur  l'endroit  où  séjournait  le 
Messie,  puisque  les  Juifs  prétendaient  qu'il  était  peut-ôtre  né,  mais 
que  sa  mission  n*avait  pas  commencé;  la  réponse  de  Nahmani  [le 
Messie  est  dans  le  Paradis  avec  Elie)  ;  le  développement  de  la  thèse 
de  Nahmani  que  le  Messie  peut  être  né,  mais  qu'il  n'est  pas  um; 
l'inévitable  apparition  du  fameux  verset  de  la  Genèse  (ch.  49,y. 
10)  :  «  Le  sceptre  ne  tombera  pas  de  la  main  de  Juda  jusqu'à  ce  que 
vienne  Silo  »  ;  celle  du  non  moins  fameux  chapitre  52-53  d'Isaïe, 
qui  était  le  cheval  de  bataille  des  controversistes  chrétiens  du 
moyen  âge;  la  discussion  sur  l'époque  où  les  Juifs  auraient  cessé 
d'avoir  des  princes  ou  des  chefs,  et  l'opinion  de  Nahmani  qu'il 
peut  y  avoir  vacance  du  pouvoir  (le  mot  vacat  est  dans  les  deui 
récits),  sans  suppression  définitive;  la  prétention  de  Pablo  de 
prouver  à  Nahmani  que  le  Talmud  môme  est  pour  Jésus  contre 
les  Juifs;  la  réponse  faite  par  Nahmani  que  les  midraschim  et 
aggadot  n'ont  pas  d'autorité  et  que  ce  sont  de  simples  conversa* 


LA  CONTROVERSE  DE  1263  A  BARCELONE  0 

Iromélies  (le  raot  serraories  même  est  daas  les  deux  récits) 

ée  ;  la  contestation  sur  le  conseil  qu  on  avait  donné  à 

Nahfflajii  de  se  refuser  à  continuer  la  controverse;  tout  cela  se 

tronfidans  la  Relation,  avec  la  plus  grande  fidélité.  Elle  men- 

e^  comme  le  Procès-verbal  ou  d'autres  pièces  relatives  à  ce 

|jlâ)atja  présence  du  Roi,  de  Raymond  de  Peiïafarte,  de  Pierre 

MeJanaa  (Gènes),  frère  mineur,  du  frère  Arnaî  de  Segarra,  des 

IbbiUnts  chrétiens  de  Barcelone.  Le  Procès-verbal  ne  dit  rien  de 

lit  liberté  de  parole  accordée  à  Nahmani  et  dont  celai-ct  parle 

Fitt  commencement  de  sa  Relation,  mais  la  véracité  de  Nabmani 

sîirce|)Ornt  esi  confirmée  par  une  autre  pièce  ofticielle*,  Nah- 

niani  II  oublie  même  pas  que  Pabto  lui  a  reproché  de  porter  Je 

titwde  Rabbin  ou  de  Maître,  sous  prétexte  qu'il  ne  convenait  plus 

i  un  Juif  de  porter  ce  titre  honorilique.  A  moins  d'avoir  un 

îl^nograptie  ou  un  phonographe  à  sa  disposition,  il  était  impos- 

liililede  faire  un  rapport  plus  exact.  Quand  même  ce  récit,  géné- 

jraiemeiit  si  tidèle,  contiendrait  les  deux  ou  trois  inexactitudes 

I  que  le  P.  Denifle  veut  y  trouver,  c'est  outrageusement  défigurer 

Icj  choses  que  de  l'appeler  a  œuvre  de  mensonge  », 


Voyons  maintenant  les  points  où  le  Procès-verbal  et  la  Relation 
ftvsont  pas  d'accord.  Nous  croyons  qu'il  est  facile  de  montrer  que 
Iw  vraisemblances  sont  en  faveur  de  la  Relation  contre  ïe  Procès- 
^erhal,  ou  que  les  contradictions,  que  le  P.  DeniOe  est  porté  à 
«^lagirrer»  sont  plutût  apfiarentes  que  réelles. 

l  Xahmani  dit  que  Tordre  du  jour  fut  fixé  d*uu  commun  accord 

^tre  lui  et  Pablo;  le  Procès-verbal  dit  que  Fahlo  proposa  à  Nah- 

tt>«Jii  les  points  à  discuter.  V  a-t-il  là  une  véritable  contradiction? 

il  y  en  aurait,  en  voilà  une  affaire;  il  vaut  vraiment  bien 

>  je  s'y  arrêter. 

t  D'après  le  Procès-verbal,  le  tort  de  Nahmanide  porter  le  titre 
^Uaiire  viendrait  de  ce  que,  depuis  la  passion  du  Christ,  aucun 
Juif  ne  doit  porter  ce  nom.  On  ne  sait  vraiment  pas  ce  que  cela 
«igaifie*  La  réponse  faite  par  Nahraani,  d'après  la  Relation,  prouve 
>'  '  '  r  î  de  Nahmani  cunsiste  dans  une  contravention  contre  les 
j  ;  ,  i  lons  juives,  et  il  ne  peut  pas  y  avoir  de  prescription  juive 
dé  ce  genre  qui  se  rattache  à  l'avènement  du  Christ.  Qu'on  lise, 

)  L«  documotit  H*  ë  publid  par  le  P.  Ûeuillc:  :  voir  k  k  liu  do  ce  UtvaiU 


10  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

au  contraire,  Nahmani  sur  ce  point,  tout  devient  clair.  Vous  n'a- 
vez plus  d'autorité,  dit  Pablo,  pour  faire  l'investiture  rabbinique 
(puisque  le  sceptre  est  tombé  des  mains  de  Juda),  donc  vous  ne 
pouvez  être  ni  Rabbin,  ni  Maître.  Nahmani,  dans  sa  réponse,  dit 
qu'en  effet,  depuis  le  \^  siècle,  l'ancienne  investiture  a  cessé,  c'est 
ce  qui  explique  les  huit  cents  ans  (de  400  à  1200,  en  chiffres 
ronds)  que  dure  cette  suppression  de  l'investiture,  et  qui,  dans  le 
Procès- verbal,  sont  incompréhensibles  *. 

3.  Le  Procès-verbal  prétend  que  Nahmani  ne  sut  rien  répondre 
à  Pablo  sur  les  preuves  que  celui-ci  lui  donna  de  la  trinité  divine. 
Est-ce  vraiment  possible  et  probable  ?  Dans  sa  Relation,  Nahmani 
y  répond  bien,  pourquoi  n'aurait-il  pas  su  y  répondre  dans  le 
cours  de  la  discussion  ?  Croit-on  qu'on  Tait  pris  à  l'improviste  sur 
un  sujet  pareil,  et  la  question  de  la  trinité  est-elle  si  claire  et  si 
évidente  qu'il  n'y  ait  pas  moyen  d'y  faire  des  objections*^ 

4.  Le  Procès-verbal  prétend  que  Nahmani  «  accorda  que  le 
Christ  ou  Messie  était  né  à  Bethléem  il  y  avait  mille  ans  ».  D'après 
la  Relation,  Nahmani  accorda  que  cela  se  trouvait,  en  effet,  dans 
une  de  ces  aggadot  qui  n'avaient,  pour  lui,  aucune  autorité*. 
Pour  qui,  nous  le  demandons,  sont  les  probabilités,  pour  le  Procès- 
verbal  ou  pour  la  Relation  ? 

*  Les  données  chronologiques  du  Procès- verbal  comme  de  la  Relalion  sont,  en 
général,  très  curieuses,  et  mériteraient  d'être  étudiées  de  plus  près  que  nous  ne  le 
faisons  ici.  Nous  venons  d'expliquer  tant  bien  que  mal  les  800  ans;  un  peu  plus 
loin,  le  Procès-verbal  fait  dire  à  N.  que  le  Messie  est  venu  depuis  mille  ans,  ce  qui 
provient  probablement  des  textes  cités  dans  le  Pugio  Fidei,  2*  partie,  cb.  6,  d**  1 
â  4.  —  Dans  un  autre  endroit  du  Procès-verbal,  N.  convient  qu'il  n'y  a  plus 
de  sceptre  en  Juda  depuis  500  ans.  On  peut  supposer  quMl  croyait  Tcxilarchat  de 
Babylone  éteint  depuis  500  ans.  —  Voici  également  quelques  singularités  relevées 
dans  la  Relation.  On  ne  sera  pas  étonné  que  N.  place  l'année  1263  de  Tère  chrétienne 
en  l'an  1195  après  la  destruction  du  temple  (p.  15),  au  lieu  de  1193,  tout  le  monde 
sait  que  la  chronologie  juive  place  la  destruction  du  temple  en  l'an  68  et  non  70  de 
l'ère  chrétienne.  On  sait  aussi  pourquoi  N.  dit  (p.  8)  que  Jésus  est  né,  d'après  les 
calculs  des  Juifs,  200  ans  avant  la  destruction  du  temple,  et,  diaprés  les  calculs  des 
chrétiens,  73  ans  avant  la  destruction  du  temple.  La  légende  juive  fait  de  Jésus  un 
contemporain  de  Josua  b.  Perahia,  docteur  juif  qui  a  vécu  environ  deux  siècles 
avant  la  destruction  du  temple  (voir  Sé'far  haccahbala,  d'Abraham  ibn  Daud,  édiu 
Venise,  1545,  f«  27  «  ;  Johasin,  édit.  l'ilipowski,  p.  14-15;  Milhémtt  Aoôfl,  édit. 
GonstanUnople,  1710,  f«»o7fl^;  Késehet  u-Magen,  édit.  Livourne,  f»  lia;  AV 
çahon,  de  Lippmann  Muhauscn.  n*  332).  Jehiel  de  Paris,  dans  sa  controverse,  soU' 
tient  la  même  thèsç.  —  Dans  un  autre  passage  (p.  14),  N.  dit  que,  d'après  les  JuifSt 
Jésus  est  né  30  semaines,  c'est-à-dire  30  fois  7  ans  ou  210  ans,  avant  la  destruction 
du  temple,  et  même,  d'après  les  chrétiens.  20  semaines,  c'est-à-dire  140  ans,  tnal 
la  destruction  du  temple.  Un  peu  plus  loin  (p.  15),  N.  calcule  que  le  Messie  vicndit 
95  ans  après  la  controverse,  soit  1290  ans  après  la  destruction  du  temple,  c'est-à- 
dire  en  5118  de  l'ère  de  la  création,  ou  1358  de  Tère  chrétienne  {voir  Zunz,  dâM 
W.  ZeUschrift,  de  Geiger,  IX,  1871,  p.  107).  De  son  côté,  Pablo  (p.  16  de  la  Rela- 
tion) place  Maïmonide,  qui  était  à  peine  mort  depuis  60  ans,  à  400  ans  en  arrière. 

^  Voir  plus  haut  la  note  2,  p.  2. 


LA  CONTROVERSR  DE  1263  A  îiAliCELnMC  11 

5-  Nahmani,  d'après  le  Procès-verbal,  estobîigë  de  convenir  que, 
jepuis  cinq  cents  ans,  le  sceptre  est  tombé  véritablement  et  défi- 
nitivement des  mains  de  Juda,  Pourquoi  cinq  cents  ans  ?  On  ne  le 
sait  pas,  mais,  dans  la  Relation,  Nahmani  n*en  convient  pas  ainsi 
du  tout,  il  donne,  sur  ce  sceptre  de  Jmia,  des  explications  et  des 
faisons  qu*il  a  sûrement  données  aussi  pendant  la  conférence, 
;ette  question  aussi  était  prévue,  et  Nahraanl  y  était  sûrement 
^préparé  K 

6.  Le  Procès-verbal  prétend  que  Nahmani  convint  que  les  cha- 
I  \>ltres  52-53  d'Isaïe  parlent  du  Messie;  dans  la  Relation  il  n'en 
convient  pas  le  moins  du  monde,  il  donne  de  ces  fameux  chapitres 
une  explication  des  plus  admissibles,  c'est  qu'îls's'appliquent  au 
p^'Uple  d'Israf^L  Sur  ce  point  encore,  il  était  préparé,  il  n'a  pas 
pinlire  autre  chose  que  ce  uujI  dit  dans  la  Relation,  Le  Procès- 
verbal,  il  est  vrai,  assure  qu'on  prouva  à  Nahmani  que  la  tliôse 
chrétienne  était  confirmée  par  le  Talinud-;  D'après  la  Relation, 
Nalmiâni  a  répondu  que,  sll  en  était  ainsi,  il  était  bien  étonnant 
qualesTaJmudistes  ne  se  fussent  pas  faits  chrétiens.  Voilà  une 
réponse  bieu  facile,  et  Nahmani  n  aurait  pas  pu  la  faire  à  Bar- 
'^tone  l 

'^>  On  ne  volt  pas  bien  clairement,  dans  le  Procès-verbal,  pour- 
quoi tout  à  coup  Nahmani  veut  arrêter  la  controverse.  La  Rela- 
^tHï  Texplique  fort  bien.  Les  Juifs  avaient  peur  que  la  liberté  des 
^ponsè5  de  Nahmani  n'excitât  les  Frères  ou  môme  le  public  et  ne 
^^s  portât  à  quelque  acte  de  violence  ;  les  notables  chrétiens  de 
Û^celone  pouvaient  aussi  craindre  qu'il  ne  se  produisit  des  dé- 
^f^rdres  dans  la  ville;  enfin,  le  Père  P.  de  Jauua,  qui  était  de 
^Wdredes  Mineurs,  a  pu  très  bien,  comme  l'a  supposé  M.  Oraetz, 
le^ji^yer  de  contrecarrer  sous  main,  et  par  jalousie,  les  desseins  des 
J/rères  Prêcheurs  **  On  fit  entendre  plus  ou  moins  discrètement  à 
P^hmani  qu*il  serait  sage  de  s  arrêter.  Mais  ces  terribles  Frères 
^i^ôcheurs  faisaient  peur  à  tout  le  monde  ;  quand,  en  séance  pu* 
k'  ^'   '   iiani  refusa  de  continuer,  en  s'appuyant  sur  rautorité 

f  t  de  P.  de  Janua,  le  pauvre  homme  fut  abandonné 


'  Lfl  P.  DenîÛe  prétend  fp.  232,  notes)  que  Nahïnatii,  eti  rapportant  cetto  argu- 
menittbo,  om«t  les  parties  eur  Icsqubites  il  ue  peut  pas  répondre.  N.  e»l  beau- 
Ctt^ip  l>lU8  explicite  et  plus  abondant  sur  ce  point  que  le  Procès-verbal,  nous  ne 
nranare  tju*il  aurait  omis. 

^  Il  Jtut  voir  encore  sur  ce  point  ee  que  oon^  avons  dit  plus  haut  :  Nahmani  coq- 
^iebt^nec«rt«iu&  écrits  juiii  tans  autorité  ont  appliqué  le  cliapiue  d  baïe  au  Messie, 
ccttUicnlc  coticc;&3ion  qu'il  fait, 

'  Dtji,  dans  un  précèdent  Incident,  le  Père  P.  de  Janua  avait  donné  à  Nthmanî 
^Btit^iwa  4  approtiaiion  (Relation,  p.  7],  mais  comme  Nahmani  fle  bâta  de  souligocr 
etUaioipig^  de  tympaibic,  ie  Père  pnl  peur  el  battit  en  relraiio. 


12  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

de  tout  le  monde,  personne  n'avait  rien  dit,  on  ne  savait  ce  qu'il 
voulait.  Voilà  comment  il  fut  convaincu  de  mensonge  !  Croit-on 
vraiment  que  Nahmani  fut  assez  maladroit  ou  assez  imprudent  pour 
inventer  cette  intervention  des  bourgeois  et  du  Père  P.  de  Janua, 
et  était-ce  la  peine,  pour  un  si  mince  sujet,  de  s'exposer  de  gaité 
de  cœur  à  un  démenti  ?  Le  démenti  qu'on  lui  donna  ne  fut  proba- 
blement pas  si  catégorique  que  le  prétend  le  Procès-verbal,  et  Nah- 
mani lui-môme,  dans  sa  Relation,  dit  qu'il  y  eut,  sur  ce  sujet,  une 
longue  discussion.  Il  avait  évidemment  commis  une  maladresse, 
et  les  personnes  qu'il  compromettait  involontairement  l'en  punis- 
saient en  le  désavouant. 

8.  Le  Procès-verbal  dit  encore  une  ou  deux  fois  que  Nahmani 
ne  put  rien  répondre.  Nous  l'avons  dit  plus  haut,  avec  les  méthodes 
de  discussion  du  moyen  âge,  on  avait  réponse  à  tout,  il  aurait 
fallu  être  un  triple  idiot  pour  ne  rien  trouver  à  répondre  à  Pablo. 
Si  Nahmani  nous  disait  que  Pablo  resta  court,  nous  ne  le  croirions 
pas.  Que  faut-il,  dans  de  pareilles  discussions,  à  défaut  de  science 
et  de  bonnes  raisons  ?  De  la  faconde  et  de  l'aplomb,  nous  croyons 
très  volontiers  que  Pablo  en  avait  à  revendre.  Mais  Nahmani  ne 
se  vante  pas  du  tout  d'avoir  fermé  la  bouche  à  son  adversaire,  tme 
seule  fois  il  dit  que  Pablo  «  se  tut  »  ou  «  fut  réduit  au  silence  », 
mais  c'est  dans  une  question  de  fait,  sur  laquelle  il  n'y  avait  rien 
à  répondre  *.  Le  P.  Denifle  dit  cependant  que  Nahmani  se  vante 
d'avoir  cœistamment  fait  taire  et  trembler  son  adversaire,  mais 
l'assertion  est  toute  gratuite  *.  C'est  le  Procès-verbal  qui  se  donne 
la  joie  puérile  de  réduire  Nahmani  au  silence.  Nous  le  deman- 
dons à  tout  homme  non  prévenu  :  Pablo  n'était  assurément  pas  un 
grand  savant,  ses  travaux  scientifiques  n'ont  pas  lui  d'un  bien 
grand  éclat;  au  dire  de  la  Relation,  tout  ce  qu'il  savait  se  réduisait 
à  une  connaissance  plus  ou  moins  superficielle  de  l'aggada,  avec 
laquelle  il  s'était  familiarisé  pour  soutenir  ces  controverses;  Nah- 
mani, au  contraire,  est  un  homme  d'une  profonde  science  théo- 
logique et  d'une  érudition  étonnante  ;  qui  donc  voudra  croire, 
surtout  si  l'on  se  rappelle  que  la  vérité  scientifique  était  sûrement 
du  côté  de  Nahmani,  que  Pablo  ait  pu  l'emporter  sur  lui?  Nous 
n'en  voulons  pas  aux  Pères  d'avoir  si  complaisamment  enregistré 
ses  prétendues  défaites,  mais  combien  l'attitude  de  Nahmani  est 
plus  digne  et  sa  Relation  plus  fidèle.  Il  convient  franchement  qu'il 
n'a  pas  remporté  de  victoire,  et  c'est  lui  qui  raconte  qu'à  son  dé- 
part, le  roi  lui  dit  :  «  Je  n'ai  jamais  vu  si  bien  défendre  une  pluî 

»  Relat.  hébr.,  p.  19. 

'  Nous  ne  savons  vraiment  où  le  P.  D.  a  pris  cela. 


LA  œNTBOVEHSR  DE  12fî3  A  BARCELONE 


13 


iviSse  cause.  »  Ce  seul  a?uu  peint  rhomme  et  montre  sa  loyauté 
faite. 


VI 


[Reste  enfin  un  dernier  point  et  le  phis  grave,  Nahmani  raconte 

l'aprèslâ  quatrième  séance,  il  alla  trouver  le  roi,  et  que  celui-ci 

i  dit  que  les  conférences  allaient  cesser.  Le  roi  trouvait,  sans 

bute,  qae  le  jeu  avait  assez  duré.  Cest  ce  qui  explique  pourquai 

brdrp  du  jour  ne  fut  pas  dpuis<5.  Puis  vint  la  visite  du  roi  à  la 

nagogue,  le  cong»^  que  prit  Nahraani  du  roi  et  le  dou  qu'il  en 

çulpour  couvrir  ses  frais.  D'après  le  Procès-verbal,  tout  cela 

ait  faux  :  Nahmani  aurait  fini  par  ne  plus  oser  ni  pouvoir  sou- 

Dirla  discussion,  et  quoiqu'il  eût  promis  de  le  faire  devant  un 

etit  cercle,  il  aurait  profité  d'une  absence  du  roi  pour  s'enfuir  ! 

Iceia  est  attesté»  comme  tout  le  reste  du  Procès-verbal,  par  Tap- 

«itjon  du  sceau  royal.  Toute  cette  Intéressante  entrevue  finale 

Nâhmanî  avec  le  roi,  le  mot  si  aimable   du  roi,  le  don  de 

ïmaravédis,  tout  cela  serait  pur  mensonge, 

I  Parlons  d*abord  de  Tattestation  royale  placée  au  bas  du  Procès- 

rbal.  Nous  savons  bien,  parla  Relation,  que  le  roi  s'intéressait 

veroent  à  ces  discussions  et  qu'il  n'hésitait  même  pas  à  y  prendre 

Irt,  mais  il  ne  pouvait  évidemment  s'en  mtHer  qu'en  amateur. 

InVtait  pas  théologien  et  ne  pouvait  prendre  sur  lui  de  témoi- 

per,  en  toute  conscience,  en  faveur  de  la  partie  Ihéologîque  du 

kverbal.  Et  du  moment  que  cette  attestation  ne  s'applique  pas 

rverbal  tout  entier,  est-on  siir  qu'elle  s'applique  plutàt 

ige  du  Procès-verbal  où  est  racontée  la  prétendue  fuite 

ï Nahmani?  ou  n*est-on  pas  autorisé  à  dire  que  cette  attestation 

ffôt  pa!î  très  sérieuse,  et  que  le  roi  n'y  a  pas  regardé  de  bien  près? 

elle  est  authentique,  il  nous  parait  clair  que  le  roi  a  signé  de 

afiance.  11  y  avait  eu  une  controverse,  le  roi  l'atteste,  le  reste 

vait  lui   être  passablement  indifférent,  ni  l'État  ni  le  Trésor 

étaient  intéressés,  c'était  TatTaire  des  Pères,  ils  pourraient 

Ji^er  cela  comme  ils  l'entendraient. 

lya,  du  reste,  justement  en  ce  qui  concerne  cette  prétendue 
de  Nahmani,  une   inadvertance    curieuse  dans  le  Procès- 
il.  Il  raconte  que  Nahraani  s'est  enfui  en  Vabsence  du  roi, 
'  imillëdiatement  après  vient  le  témoignage  royal  attestant  que 
oe  qui  précède  <  a  été  dit  et  lait  en  ma  présence,  »  Voilà, 


14  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

assurément,  un  témoignage  bien  singulier  :  le  roi  était  à  la  fo 
absent  et  présent  I  C'est  probablement  un  miracle. 

Eh  quoi!  le  Procès-verbal  des  Pères  ne  serait  pas  exact  ?Noa 
croyons  avoir  suffisamment  démontré  qu'ils  se  sont  permis  quel 
ques  inexactitudes,  et  nous  n'hésiterions  pas  à  penser  que,  pai 
vanité  et  gloriole,  ils  ont,  dans  leur  récit,  triomphé  de  Nalunaai 
un  peu  plus  que  de  raison.  Nous  n'irons  pas,  pour  cela,  comme  le 
P.  Denifle,  employer  le  mot  de  mensonge,  qui  est  un  bien  gros 
mot  pour  des  enfantillages  de  ce  genre.  Qu'est-ce  que  cela  peut 
bien  faire  que  les  Pères,  entre  eux,  se  félicitent  et  se  glorifient  de 
leur  victoire,  et  qui  cela  peut-il  gôner?  Ces  petites  supercheries, 
en  partie  sincères,  sont  tout  à  fait  inoffensives. 

Mais  les  Pères,  sur  ce  point  de  la  fuite  de  Nahmani,  ne  peuvent- 
ils  pas  avoir  raison?  Pour  qu'ils  eussent  raison,  il  faudrait  qae 
Nahmani  eût  véritablement  été  dans  Timpuissance  de  soutenirla 
discussion,  c'est  une  supposition  absurde.  Et  puis,  que  signifie 
cette  fuite  ?  Nous  savons  bien  que  Nahmani  n'a  pas  quitté  son 
domicile  et  son  pays,  on  savait  où  le  trouver,  il  ne  pouvait  passe 
soustraire  aux  ordres  du  roi.  Ce  départ  clandestin  de  Barcelone 
aurait  donc  été  aussi  inutile  que  ridicule.  Il  est  impossible  d'y 
croire. 

Il  y  a  plus  :  il  n'est  pas  du  tout  démontré  que  le  Procès-verbal 
soit,  sur  ce  point,  en  contradiction  avec  la  Relation.  Pour  expli- 
quer notre  pensée,  il  faut  que  nous  reproduisions  ici  textuellement 
le  passage  du  Procès-verbal  (vers  la  fin  de  cette  pièce)  : 

«  Item  cum  promisisset  [dictus  Magister  Moyses]  coram  domino 
rege  et  multis  aliis  quod  coram  paucis  responderet  de  fidesuaet 
lege,  cum  dictus  dominus  esset  extra  civitatem,  latanter  aufugil 
etrecessit.  » 

Il  faut  d'abord  remarquer  ce  mot  promisisset.  Qu'avait-on  be- 
soin  de  la  promesse  de  Nahmani?  Le  roi  était  le  maître,  on  ne 
voit  pas  qu'il  ait  fait  promettre  à  Nahmani  de  venir  à  Barceloije, 
de  soutenir  la  controverse,  il  avait  ordonné,  et  Nahmani  n'avait 
eu  qu'à  obéir. 

La  promesse  aurait  été  faite  devant  le  roi  et  d'autres,  mais  la 
discussion  future  qu'elle  laissait  espérer  devait  avoir  lieu  devant 
un  petit  nombre  de  personnes,  probablement  hors  de  la  présent 
du  roi.  Les  séances  auxquelles  le  roi  avait  assisté  avaient  toujour 
été  entourées  d'un  certain  apparat,  celles  qu'on  annonce  ici  de 
vaient  se  faire  en  petit  comité. 

Sur  quoi  devait  rouler  la  discussion  future  évitée  finalement  pa 
Nahmani  ?  Que  l'on  veuille  bien  se  rappeler  que  le  programme  d 
la  controverse  ne  fut  pas  épuisé  dans  les  quatre  séances  racontée 


LA  CONTïlOVKÎtSE  DE  1263  A  BARCELONE 


f5 


ir  NalimaiiL  La  Relation  roule  sur  les  deux  premières  questions 
me,  qui  sont,  on  le  sait,  les  trois  premières  questions 
-.  rbal,  et  roii  peut  admettre  que  le  Procès-verbal  aussi 
Jt^,  pltw  ou  moins  clairement,  de  ces  deux  (trois)  questions.  La 
prnière  question  seule  n'avait  pas  encore  <jlé  touchée.  Le  Procès- 
|lerbaUa  définit  comme  suit  :  Prouver  que  les  lois  religieuses  et  ce- 
rtmoniellés  des  Juifs  ont  été  abolies  par  la  venue  du  Messie  ; 
^alimani  la  définit  ainsi  :  Savoir  si  ce  sont  les  Juifs  ou  les  cliré- 
f  liens  qui  pratiquent  la  bonne  religon.  C'est  évidemmenï  la  môme 
chose,  aous  une  autre  forme.  Les  questions  précédentes  roulaient 
sur  te  Messie»  la  dernière  était  consacrée  à  rexaraen  comparatif 
i_iiçs  religions  juive  et  chrétienne;  comme  les  Pères,  ûès  le  début, 
lient  mis  la  religion  chrélienne  hors  de  cause,  cela  ne  pouvait 
fqu*une  espèce  de  justilication  de  la  religion  juive  qu'on  de- 
mandait à  Nahmani.  C'est  évidemment  le  responderei  de  fide  sua 
etlege^le  nolrp  texte. 

Tout  «explique  maintenant.  Le  roi  avait  trouvé,  après  quatre 
[fétoces,  qu'il  y  en  avait  assez,  il  se  proposait  aussi  probablement 
'  de  faire  une  excursion  hors  de  Barcelone,  mais  les  Pères  nV?taient 
pas  rassasiés,  cette  quatrième  question  du  programme  leur  tenait 
i  OBar  Après  que  le  roi  eut  prononcé  la  clôture  des  conférences» 
et  encore  en  sa  présence,  ils  insistèrent  probablement  auprès  de 
Xâhmani  pour  qu'il  consentit  à  venir  volontairement  discuter 
iTeceux«  en  séance  privée,  cette  dernière  question,  et  Nahmani 
•urt  tapement  laissé  entendre  qu'il  pourrait  bien  se  prêter  à 
o^tt«  (antaisie.  Mais  après  qu  il  eut  pris  congé  du  roi,  et  que  le 
roi  était  probablement  parti  de  Barcelone,  il  n'aura  pas  jugé  à 
|»ropr>s  de  prolonger  le  divertissement,  et  il  sera  retourné  à  Gi* 
rone  sans  [«résenter  ses  respects  aux  Pères.  Qui  sait  ce  qui  se- 
rtit arrivé  s'il  avait  continué  la  discussion  en  Tabsence  du  roi  et 
(joell*'  tournure  les  choses  auraient  prise  pour  lui  ou  même  ponr 
les  Jttlfs  de  Barcelone?  Il  eut  mille  fois  raison  de  partir,  mais 
pour  les  Pères,  qui  auraient  voulu  le  retenir,  ce  départ  devint 
nm  faite* 


Vil 


Notif  espérons  avoir  démontré  que  les  accusations  portées  contre 
Nahinanl  n'ont  pas  le  moindre  fondement  et  même  quil  est  par- 
(àitemenl  évident,  quoique  sans  autre  importance,  que  c'est  le 
Procès«Terbal,  et  non  Nahmani,  qui  prend  des  airs  avantageux  et 


16  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

des  poses  triomphantes.  Remercions  cependant  le  P.  Denifle  de 
nous  avoir  donné,  sur  cette  célèbre  controverse,  ou  plutôt  sur  ses 
suites,  d'après  un  ms.  de  Barcelone,  quelques  pièces  inédites.  Les 
documents  qu'il  publie  ou  analyse  sont  au  nombre  de  onze.  Ed 
voici  rénumération  : 

4.  Le  Procès-verbal  dont  nous  avons  tant  de  fois  parlé.  Déjà  sou- 
vent publié,  entre  autres  dans  E.  C.  Girbal,  Los  Judios  en  Oirons, 
Girone,  4870. 

2.  Mandement  du  roi  Jayme  I«^  daté  de  Barcelone,  26  août  4263, 
par  lequel  le  roi  ordonne  aux  fonctionnaires  de  bien  accueillir  les 
Frères  prêcheurs  qui  viendraient  pour  convertir  les  Juifs  et  les 
Sarrasins  ;  d'engager  ceux-ci  et  au  besoin  de  les  forcer,  y  compris 
les  enfants,  les  vieillards  et  les  femmes,  à  se  réunir  pour  écouter  les 
Pères  en  silence  ;  de  protéger  la  liberté  et  les  biens  de  ceux  qui  vou- 
draient se  convertir  et  de  punir  ceux  qui  les  appelleraient  renegêi 
ou  tomadis^  (tourné,  converti).  —  Inédit. 

3.  Mandement  de  Jayme  P^  daté  de  Barcelone,  28  août  4263.  Ordre 
aux  fonctionnaires  de  faire  saisir  tous  les  livres  appelés  Soffrim, 
composés  par  Moïse,  fils  de  Maymon,  égyptien  du  Caire,  et  conte- 
nant des  blasphèmes  contre  Jésus-Christ,  et  de  les  faire  brûler 
publiquement.  Les  Juifs  qui  ne  livreraient  pas  ces  ouvrages  seront 
traités  en  blasphémateurs.  —  Inédit.  Il  faut  remarquer  que  dansla 
controverse,  Paulus  s*était  appuyé  sur  Maïmonide  et  l'avait  appelé 
en  témoignage  contre  Nahmani. 

4.  Mandement  de  Jayme  l®*",  daté  de  Barcelone,  29  août  1263,  par 
lequel  le  roi  fait  savoir  aux  Juifs  qu'il  délègue  auprès  d'eux  Paulus 
Christiani  pour  leur  prêcher  la  parole  de  Dieu.  —  Déjà  plusieurs  fois 
publié. 

5.  Mandement  de  Jayme  P"*,  daté  du  même  jour,  29  août,  parleqpel 
le  roi  ordonne  aux  Juifs  d'effacer  de  leurs  livres,  dans  un  délai  de 
trois  mois,  tous  les  blasphèmes  contre  la  religion  chrétienne  qui  leur 
seraient  signalés  par  Paulus  Christiani,  d'accord  avec  Raymond  de 
Peîiaforte  et  A.  Segarra  ou  qu'ils  y  découvriraient  eux-mêmes,  et 
leur  fait  défense  de  les  remettre  après  radiation,  sous  peine  de  mille 
maravédis  et  de  la  destruction  desdits  livres.  Les  dix  ou  vingt 
maiores  et  discretiores  de  chaque  aljama  (alhamia,  dans  le  texte)  sont 
chargés  de  l'exécution  de  cette  mesure.  —  Inédit. 

6.  Mandement  de  Jayme  P^,  daté  de  Barcelone,  30  août  4  263,  adressé 
aux  fonctionnaires  publics,  et  leur  ordonnant  de  ne  pas  forcer  les 
Juifs  ni  permettre  qu'ils  fussent  forcés  de  venir  entendre  les  Frères 
prêcheurs  au  dehors  du  quartier  juif,  mais  si  les  Frères  vont  prêcher 
dans  le  call  (rue,  quartier)  juif  et  dans  les  synagogues,  les  Juifs 
iront  les  entendre,  s'ils  veulent.  Toute  disposition  contraire  est  abo- 

1  Le  P.  D.  lit  eomadit. 


LA  CONTROVERSE  DE  1263  A  BARCELONE  17 

r^^ÎQédiL  Ce  tnandement  esi  une  attéouatîoii  à  celui  un  ^9  août 
4,  plus  haul)*  Il  est  difficile  de  compreodre  comment  le  roi  se 
tôQlredit  ainsi  à  un  jour  de  distance. 

1,  Handemeol  de  Jayme  1^%  daté  d'Esea,  27  mars  1264,  lia  été 
tonrenii  (plus  haut,  pièce  S)  que  les  Juifs  rayeraient  de  leurs  livres 
ibUsphèmes  contre  la  religion  chrétienne,  dans  un  délai  de  trois 
ftais  après  que  ces  passages  leur  auraient  été  signalés,  et  sous  peiue 
jtûilie  maravédis  d'amende»  mais  les  Juifs  ne  sont  pas  obligés  de 
(t«Qdre  rînlUaiive  de  la  radiation,  Paulus  ou  un  autre  leur  signalera 
[ks  ïtfssages  à  rayer,  et  un  tribunal  composé  de  Tévêque  de  Barce- 
[lime,  de  Raymond  de  Pefia forte,  de  A.  de  Segarra,  du  frère  Raymond 
lïtartioi  (le  fameux  auleur  du  Pu^io  Fidei)  et  de  P.  de  Genioa  (proba- 
blement notre  P.  de  Janua),  est  institué  pour  entendre  à  ce  sujet  et 
juger  les  contestations  entre  les  Juifs  el  ies  censeurs.  Les  Juifs 
Oût  an  mois  pour  en  appeler  à  ce  tribunal,  et  les  trois  mois  de 
délai  accordés  pour  la  radiation  courront  à  partir  du  prononcé  du 
[  jugemcol  de  ce  tribunaL  —  Inédit,  Ici  encore  il  est  question  des 
|i  vingt  ou  ircûte  »  maiores  ou  àiscreiiores  de  la  communauté  des 
[Juifs. 

K  Lettre  patente  de  Jayme  !«%  datée  de  Barcelone,  12  avril  1265.  où 

[est  raconté  le  procès  fait  à  B<jnastruc  de  Porta,  maître  juif  de  Gi- 

rone,  à  cause  de  la  Relation  de  îa  controverse  de  Barcelone  qu*il  a 

^  ttriit  sur  la  demande  de  Tévéque  de  Girone.  ^-  Déjà  antérieurement 

^iiDprimtN  entre  autres  dans  Girbal.  Tout  le  monde  est  d'accord  que 

naslruc  de  Porta,  fnailre^  est  notre  Moïse  Nahmanii  et  que  la 

atroTerse  dont  il  a  fait  la  relation  est  celle  de  Ii63.  Une  main  pos- 

léîieare  a  ajouté,  dans  le  ms.,  que  Bonastruc  aurait  été  puni  d'une 

imemlcde  500  maravédis,  le  document  n'en  fait  pas  mention. 

1  Bulle  du  pape  Clément  IV,  probablement  de  1266  ou  t267,  adres- 
1 8^  au  roi  d*Aragon  Jayme  I•^  Le  pape,  après  avoir  parlé  des  Sarra- 
sliis,prie  le  roi  de  ne  plus  confier  de  fonctions  publiques  aux  Juifs, 
<krffréûer leurs  blasphèmes  contre  la  religion  cliretienne,  et  princi- 
palement de  punir  ce  Juif  (Astrugus  de  Porta)  d'avoir  écrit  sur  ta  con* 
•roY^rsc  qu'eut  avec  lui  Paulus  Christîani,  en  présence  du  roi,  un 
I  ^iiwlie  plein  de  mensonge  et  de  tielions  et  distribué,  pour  la  diflusion 
|6iTeurs  qull  contient,  en  différentes  régions.  Cependant  le  cou- 
I  ne  doit  pas  être  mis  en  danger  de  mort  ni  de  mutilation  de  son 
—  Déjà  éditée.  Le  roi  n^ayanl  pas  voulu  punir  Astrugus  aussi 
jfiéTèrement  que  les  Frères  l'avaient  demandé,   les  Frères  s'étaient 
plalot5au  pape. 

10,  Bulle  de  Clément  IV,  datée  de  Viterbo,  la  juillet  1267,  adressée 
irArcbcrèque  de  Terragone.  Il  le  prie  d'engager  le  roi  Jayme  à  faire 
liner,  avec  le  concours  des  Frères  prôchetirs  el  niioeurs,  les 
iplaires  du  Talmud  et  tous  les  livres  des  Juifs,  et  confisquer 
■«ôux  qui  contiennent  des  bla!?pbèmes  contre  la  religion  chrétienne. 
JeUre  sera  apportée  à  Tévéque  de  Terragone  par  Paulus  Chris- 
—  Déjà  plusieurs  fois  publiée* 
T,  XV,  »•  «.  i 


18  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

44.  Bulle  de  Clément  IV,  datée  de  Viterbo,  15  juillet  4267,  et 
adressée  au  roi  d'Aragon.  Même  teneur.  —  Déjà  plusieurs  fois 
publiée. 

Nous  serons  suffisamment  récompensé  de  notre  travail  si  nous 
avons  convaincu  le  P.Denifle  qu'il  est  allé  trop  loin  de  toute  façon. 
Nous  espérons  qu*il  nous  rapportera  de  Barcelone  beaucoup  de 
documents  sur  les  Juifs  et  qu'il  les  interprétera  dorénavant  avec 
plus  de  bienveillance. 

Isidore  LoEB. 


LES  JUIFS 


DES  ANCIENS  COMTÉS  DE  IlOCSSILLON  ET  DE  CERDAGNE 


I 


T4BUSSB&iE?{T  PES  JDÏFS  DANS  LES  DE0X  COMTÉS;  — ORDONNANCES 
SUR    L*USUREt 


Etablis  à  Narbonne  dès  la  fin  du  v^»  siècle,  les  juifs  ne  tardèrent 
pis  â  se  répandre  dans  les  environs  de  cette  métropole  et  dans  les 
lutres  Tilles  de  la  province  narbonnaise.  La  favpur  dont  ils  y 
Jauissaient  allait  même  jusqu'à  scandaliser  les  évéques  catholiques 
<ltt  royaume  des  Wisigotbs,  Il  paraît  qu'en  Vûn  G72,  ils  se  cfurent 
w*a  importants  pour  se  mêler  awx  querelles  qui  divisaient  les 
ATerses  provinces  de  ce  royaume,  car  ils  prirent  ^parti  pour  le 
^uc  Paul,  révolté  contre  le  roi  Waniba.  La  victoire  resta  à  ce  der- 
**ifr,  ijui  chassa  les  juifs  de  la  Septimanie  *,  Ils  ne  tardèrent  pas 
cependant  à  y  revenir;  mais  il  semble  que  la  leçon  leur  avait  servi 
^^  qu'ils  restèrent  tranquilles.  Ils  furent,  en  tout  cas,  expressément 
exceptés  des  mesures  rigoureuses  prescrites  pour  le  reste  de  l*Es- 
P^gae  par  le  concile  de  Tolède  de  Tan  094  *. 

'  K^eutii  4ti  kiâtoti^ni  des  &auU$  et  de  la  France ^  i.  U,  p,  HG;  Mariaua,  ^TiV 
^fééirûU  d'Bêpngme,  liv,  VI,  ch.  ini, 

*  Iliit  lÉâitiikideni   bebro^ia  ad  pncseas  resÉrTAtii  qui  QaUia)  proTinciui  Ttdelicet 

liln  fliiiuttriâ  noscuotur  babilatores  cz^tslere  {ÇottciL   max.  Eitp.  Coihct.y  p.  753), 

*-  li  dut  lir«  uitfii  tu  lieu  de  intra  et  traduire  •  au-delà  des  Clausures  •  (par  rap- 

Mri  ans  ètâ^uea  du  concile  de  Tolède).  11  s'agit^  t»a  eJIet,  ici,  des  juifs  qui  résida leot 

UM  ItÊprù^meu  gauloitei,  c'e<Uà-dira  dans  la  SepUminîe,  eu-delÀ  dea  Clausures, 

Um  tOMi  let  Cluui,  Le  passage  d«s  Cluses  est  plus  couou  aujourd'hui  sous  le 

dt  Qol  du  Perthos.  Il  j  a  dans  celte  gorge  deux  îmnicaux  dits  la  Ciusa  ^ Amont 

U  !•  Cliua  4  dvâii  ;  iit  forment  une  commune  que  les  documeuU  admîmsirttifs  ap- 

fBipiropremeiit  VMcluit, 


20  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

La  cité  de  Narbonne  et  plusieurs  autres  villes  de  la  Septimanie 
en  conservèrent  de  nombreuses  colonies  qui,  d'après  les  fables 
ridicules  accréditées  autrefois,  auraient  favorisé  Tiovasion  des 
Sarrasins  et  travaillé  à  la  ruine  des  Goths  ^  Mais  on  n'en  trouve 
aucune  trace  en  Roussillon  avant  le  xii*  siècle,  soit  que  les 
comtes  n'eussent  pas  voulu  les  souffrir  dans  leurs  États,  soit  que 
Perpignan,  Elne  et  les  autres  villes  du  pays  fussent  encore  trop 
peu  importantes  pour  les  attirer.  Le  voyage  de  Benjamin  de  Tu- 
dèle  nomme  ceux  de  Gerona  et  de  Narbonne,  mais  il  ne  fait  au- 
cune mention  de  ceux  du  Roussillon,  pays  que  ce  rabbin  avait  dû 
traverser  en  IITO. 

Cependant  un  acte  de  1011,  cité  par  Marca  *,  parle  d'un  quartier 
de  ludegaSy  situé  dans  le  territoire  de  Clayra,  aujourd'hui  com- 
mune du  canton  de  Rivesaltes.  Un  autre  document,  daté  de  1089, 
nous  révèle  l'existence  d'une  villa  ludaicas  ',  au  territoire  de 
Saint-IIippolyte,  dans  le  même  canton,  et  un  troisième,  daté  de 
1139,  donne  le  nom  d'un  individu  qui  s'appelle  Beniardus  Mas- 
solide  Itidaicis*.  En  1153,  ce  nom  se  transforma  en  Indeges  et 
luzeges  *  et,  plus  tard,  en  JuhegueSy  qui  est  la  forme  actuelle. 
Ces  mots,  qui  désignent  évidemment  le  môme  lieu  «,  dérivent  du 
latin  judeus,  et  judaicus,  d'où  le  catalan  a  tiré  juheu  «  juif  », 
a  issu  de  la  Judée  »,  et  judaich,  qui  marque  la  qualité  de  «  ce  qui 
est  juif  D.  Doit-on  voir  dans  la  villa  de  judaicis  ou  de  iuzeges 
une  colonie  de  juifs  établis  chez  nous  bien  avant  le  xi«  siècle? 
Nous  serions  assez  fente  de  le  croire,  quoique  les  documents  de 
cette  époque  soient  absolument  muets  sur  la  présence  des  juifs 
parmi  les  populations  du  Roussillon.  Je  trouve,  d'ailleurs,  dans  le 
territoire  de  Salses  un  quartier  que  divers  actes  de  l'an  1269  ap- 
pellent ad  claperium  judeoy^AU,  judei  etdejuseu''.  Ici,  l'origine 
étymologique  est  encore  plus  certaine  que  pour  Juhegues,  et  on  ne 

i  La  vie  de  saint  Théodard  (dans  les  Mémoira  de  Caiel)  dit  que  les  juifs  do  la 
Seplimanie  pressèrent  les  Sarrasins,  vainqueurs  de  l'Espagne,  de  s^emparer  de  la 
Gaule,  et    qu'ils  se  concertèrent,  dans  ce  but,  avec    les   chefs  arabes. 

•  In  Sancto  Laurentio  et  in  ludegas  {Marca  hispanica^  n»  1C4). 

>  Jn  adiacenciam  Sce  Marie  de  Villa  ludaicas  (Archives  des  Pyrénées-Orientales, 
B.  45,  original  sur  parchemin). 

•  Ibidem. 

5  «  Vente  en  franc-àllcu  au  chapitre  d'Espira  de  TAgli,  par  Kaymond  et  Guil- 
laume de  Juzeges,  de  leur  honneur  (propriétés)  au  territoire  de  Roussillon  >  {Eeeueil 
de  Fossa). 

•  Juhegues  n'est  plus  aujourd'hui  qu'une  simple  chapelle  du  territoire  de  Tor- 
reilles.  J'ose  à  peine  signaler,  tant  elle  est  fantaisiste,  l'étymologie  de  juœta  açuus 
[près  des  eaux  de  la  rivière  de  TAgli),  qui  est  donnée  par  Just  (Ermitages  du  dioeite 
de  Perpignan^  p.  42). 

7  Claperiuth  signifie  «  tas  de  pierres  >.  —  Saige  (Les  Juif^  du  Languedoc ^  p.  69) 
cite  une  villa  judaica  dans  la  banlieue  de  Narbonne. 


LES  JUIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE  21 

peut  douter  que  ce  nom  ne  s'appliquât  à  quelque  ancien  domaine, 
jeut-être  ni<^me  à  quelque  cimetière  de  juifs  anciennement  ou 
encore  existant  à  Salses. 

Quoi  qu*il  en  soit,  nous  trouvons  certainement  un  juif  en  Rous- 
&inon  pendant  Tann^^e  1185.  G*est  un  nommé  Vilalis  de  Cabalo, 
ûxtU  Perpignan,  auquel  Raymond  d'Orle  fait  un  legs  par  testa- 
ment*. Ce  nom  de  Cahalo^qne  nous  retrouverons  plus  tard,  dé- 
signe incontestablement  la  petite  ville  de  Cavaillon,  chef-lieu  de 
canton  du  département  de  Vaucluse*  Mais,  chose  assez  sing^ulière, 
nous  ne  trouvons  plus  une  seule  mention  de  juifs  en  Roussillon 
jusqu'en  1217*  Il  ne  parait  point  possible  que  Vidal  de  Cavaillon 
lit  été  le  seul  habitant  juif  des  comtés  à  cette  époque  ;  il  y  était 
très  probablement  en  compagnie  de  plusieurs  de  ses  coreîigion- 
nairfsdont  le  nom  ne  nous  est  point  parvenu.  Les  juifs  avaient, 
en  tout  cas,  le  droit  de  résider  chez  nous  «  comme  sujets  et  sous 
la  Sauvegarde  du  souverain  »,  ainsi  qu'on  ï>eut  le  voir  dans  la 
charte  lie  paix  et  trêve,  jurée  au  mois  d'octobre  1217  par  Nunyo 
Sanche  et  les  principaux  seigneurs  du  Roussillon  et  de  la  Cer- 
dagne,  U  y  est  dit  :  «  Seront  aussi  sous  cette  paix  les  Juifs  et  les 
Sanrasins,  savoir  ceux  qui  habitent  sous  notre  foi  et  sauvegarde» 
dîna  notre  teri'e,  avec  tous  leurs  biens  et  possessions^  î».  Une 
autre  charte  de  Nunyo  Sanche,  du  15  des  calendes  de  décembre 
1227,  relative  aux  droits  de  Iburnage  de  Perpignan,  indique  clai- 
ppnaentqu*il  y  avait  alors  des  juifs  établis  dans  cette  ville*  «  Nous 
mandons,  y  est-il  dit»  à  tous  les  hommes  et  femmes  habitants  de  la 
VtUede  Perpignan  et  dans  son  territoire,  qulls  soient  chrétiens, 
Joifiï  ou  sarrasins,  que  nul  ne  se  permette  de  faire  cuire  son  pain 
ailleurs  qu'au  tour  de  la  chevalerie  du  Temple  ^  » 

i^s  Sarrasins  dont  il  est  question  dans  ces  deux  documents 
H'onl  jamais  pu  résider  en  Roussillon  que  comme  esclaves,  à 
ûioins qu'il  n*y  eût,  dès  cette  époque,  ce  qu'on  appela  plus  tard  à 
Majorque  des  Sarrahins  franchs,  «  Sarrasins  libres  moyennant 
Une  certaine  redevance  de  séjour  »,  ce  qui  ne  paraît  point  proba- 
t/e*.  On  sait,  en  eflet  que,  aux  époques  dont  nous  parlons  ci- 

'  Ef^  Riymuodus  de  OruUx  . ,  el. . .  niBHumissores  mea  débita  persolvaQl,  scili- 

litMturQt4mo.  u  m.  SoL  Mal.  et  VilaU  Jiidco,  xx,  vu.  Soh  de  Calialo  [stc)  et  Bet- 

ifdo  de  PofU,.  «le,  (Arch,  des  Pyr.  Or.,    Cattulaire  dt*  Temple,  f^  4«i  v*)  —  OrJe 

\  im  *cBTl  de  La  communo  do  Toulouge»,  à  4  kilom,  k  Touest  de  Pûrpifçnan,  Les 

y  cureul  une  préceptoiro  àb9  la  première  aoiiée  do  leur  étab lisse meot  eu 

m^  kite  pofe  tint  omnts  Judœi  et  Sarra^efti  qui  videlieet  «uh  fidt  et  ewtodia 
I  moêin  hûbitauteé  et  omnes  res  et  poMasiouei  eurum  (d'Achéry,  Spicihgimn, 
l,  p.  387). 
!  *  Ms^.  d«â  PjfMJr,,  CitHulain  da  Temple,  f"  7, 
I*  M99Wêd«ê  Bîitdu  jmtet^  IV,  p.  114, 


S2 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


dessus»  les  Sarrasins  occupaient  les  Iles  Baléares,  et  qu'ils  n'a- 
vaient que  des  rapports  hostiles  avec  le  Roussillon  et  la  Catalogne, 
Jeurs  plus  proches  voisins.  Pendant  Tann^^e  1*227»  les  Malîorquins 
avaient  même  capturé  des  navires  barcelonais,  et  le  roi  sarrasin 
n'avait  répondu  que  par  des  insultes  aux  plaintes  du  roi  Jacques  1*^ 
d'Aragon*. 

Parmi  les  juifs  qui  habitaient  Perpignan  dans  les  premières  an- 
nées du  xHP  siècle  nous  pouvons  citer  un  nommé  Eliaix,  auquel 
Béranger,  seigneur  de  Pejrestortes,  reconnaît  devoir  une  certaine 
somme  le  12  des  calendes  de  janvier  1224*,  et  Âaron,  auquel 
Nunyo  Sanche  fait  un  legs  dans  son  testament  du  15  des  calendes 
de  janvier  1241  \  Dans  une  donation  d*une|d^ce  de  terre,  sise  à 
Mailloles,  faite  aux  Templiers  le  2  des  ides  de  juin  1236,  je  vois 
intervenir  le  juit  Samiel  Vidal  en  qualité  de  créancier*.  Il  cède  à 
la  a  Milice  »  tous  les  droits  d'engagement  et  d'hypothèque  qu'il 
avait  sur  cette  propriété. 

Ce  Samiel  Vidal  était  fils  de  Vidal  de  Cabalo,  déjà  établi  à  Per- 
pignan en  1185.  Outre  les  prêts  usuraires  auxquels  il  se  livrait, 
comme  les  autres  juifs,  Samiel  Vidal  achetait  aussi  des  immeubles. 
C'est  ainsi  que  Guillaume  de  Montesquieu,  iseigneur  de  Saint- 
Estève,  lui  avait  vendu,  dans  le  territoire  de  sa  seigneurie,  la  moi- 
tié d'une  eolomina  dite  camp  de  la  Sala.  Le  (t  champ  de  la  Salle  »i 
passa,  plus  tard,  à  Mosse  Samiel,  111s  de  Samieî  Vidal,  et  à  son 
petit-fils  Sautell,  qui  le  possédait  encore  en  1266  *.  En  1265,  un 
autre  juif  achetait  à  un  cordonnier  chrétien  une  vigne  située  au 
territoire  de  Vernet  ^  et  confrontant  avec  la  propriété  d'Astruc 
Mair,  Des  acquisitions  de  ce  genre,  faites  par  des  juifs  dans  di- 
vers lieux  du  Roussillon,  furent  encore  fréquentes  pendant  le 
xiii'*  siècle,  mais  elles  furent  extrêmement  rares  par  la  suite.  Les 
juifs  n'acquirent  plus  que  par  le  prêt  d'argent  (pratiqué  éga- 
lement par  les  chrétiens  ^)  des  propriétés  situées  hors  de  Per- 
pignan. 


I 

I 

I 


•  Alirt,  Frimtè^u  et  tiirei  d$$  aneimi  t<miéë  de  EcuitHlon  et  de  Cerda^nê, 
IK  127. 

t  Arch.  des  Pyr.-Or^,  Fondi  d'Omi* 

*  îhidtm^  B.  9<  Ca  lôsiament  avait  été  reçu  par  Pierro  Calvet,  notaire  de  Per- 
ptgna». 

♦  +  SftmiellB  Vitalis  Judo;!  qui  hec  omaîa  laudo  jure  crediloris  et  soWo  et  deffînio 
domui  MLHcîe  quicquM  jtiris  habeo  racione  pignaris  veL  obligadonls  vel  alio  modo 
{Carinlairt  du  Temple,  f*  564). 

*  Arch.  dus  Py^.-Or.,  B.  63. 

•  Banlieue  de  Perpignao. 

'  Un  acte  de  vente  d'une  propriété,  appartenent  à  dea  mineurs,  fait  en  1298,  porte 
t|ue  \&  tuteur  cat  obligé  de  se  défaire  do  celte  partie  de  la  auccession  de  ses  pupilles, 
peur  les  irracher  ■  le  ruine  usurairu  de  leurs  créanciers,  tant  juits  que  obretietts. 


LKS  ItJIFS  m  ROUSSILLON  ET  DE  CEBDAGNI-: 


23 


hHtoh  d'Amgon  avaient  clierchë,  de  bonne  heure,  à  réprimer 
Xtum  pratiquée  par  les  juifs.  Le  5  des  calendes  de  mars  1240 
pSférrier  1241),  le  roi  Jacques  I««*  rendit  un  edit  à  ce  sujet.  Cet 
édit  ne  fut  peat-ôtre  pas  applicable  tout  de  suite  aux  comtés, 
puisqu'il  n'y  existait  pas  de  communauté  ou  aljama  constituée, 
miis  nous  savons  qu'il  fut  inscrit  plus  tard  parmi  les  privilèges  de 
It  tille  de  Perpignan.  Il  y  est  dit  que  «  l'appétit  des  chrétiens 
sVtanttout  à  fait  calmé  en  ce  qui  concerne  les  extorsions  usu- 
mires,  Tinsatiable  avidité  des  juifs  s'est  mise  à  sévir  dans  de  telles 
proportions  qu'ils  ne  craignent  plus  d'exiger,  non  seulement  des 
inléréls  immodérés  et  au-dessus  du  taux  réglé  par  les  consti- 
tutions, pour  les  sommes  qalls  prêtent,  mais  encore  des  intérêts 
des  intérêts,  »  En  conséquence,  il  est  défendu  aux  juifs  de  joindre 
les  intérAts  au  capital  pour  en  exiger  de  nouveaux  intérêts,  et  de 
prendre  au-dessus  de  quatre  deniers  par  mois,  pour  une  livre 
d'argent  prêtée  *•  Déjà,  par  son  ordonnance  du  II  des  calendes  de 
janvier  (19  décembre)  1228,  Jacques  l^""  avait  défendu  de  prendre, 
pour  rintérét  de  Targent  prêté,  plus  de  quatre  deniers  par  livre 
d'argent  par  mois  ou  plus  du  sixi<^rae  de  la  valeur  prêtée  par 
an,  que  le  prêt  eût  lieu  sur  nantissement  ou  non.  Afin  d'empêcher 
que  le  prêteur^  usant  du  besoin  de  l'emprunteur,  ne  prît  des  voies 
détournées  pour  éluder  la  loi,  Tordonnance  interdisait  aux  tribu- 
naux de  s*en  rapporter  au  serment  d'un  juif  en  matière  de  récla- 
Eûttion  de  dettes,  et  l'emprunteur,  au  moment  de  passer  l'acte, 
iieT?ait  jurer  «  qu'il  avait  reçu  telle  somme,  qu'il  payerait  tant 
J'ijilérét  et  qu'il  n'avait  rien  donne  ni  promis  da  plus  *  ».  Cette 
ortJonaance  fut  renouvelée,  en  1280,  par  le  premier  roi  de  Ma- 
jorque, qui  défendit,  de  plus,  aux  juifs  de  prendre  usure  d'usure 
et  de  faire  implication  d'usure  au  renouvellement  des  papiers  et 
contrats,  ou  de  toute  autre  manière^. 

Les  ordonnances  concernant  les  juifs  faites  par  les  rois  d'Âra- 

80U  étalent  certainement  applicables  à  ceux  de  Perpignan  ;  mais 

«îJJasiia  concernaient  guère  que  leurs  opérations  financières  ou 

^salaires.  Nous  n'y  voyons  rien  qui  nous  renseigne  sur  les  autres 

'  conditions  de  leur  existence.  Cependant  une  charte  de  Jacques  I" 

'dat^e  du  11  des  calendes  de  janvier  1228  défend  aux  juifs  Texer- 


famjmimê  ^ta^^mimbui  wwrit  qnam  eriiiianu  (Henry,  BiHûin  de  Roumthn,  II, 
t  SOCI.  —  Le  7  des  i*ic»  de  Bpptembra  de  la  môme  annexe,  lu  tulrice  do  Théntier  do 
ï  lUUal^  d'IDe,   vead  une   maisoii  dehitii   uryeatibus  judfofKtn  f/uibm  sub  Uêtti'is 

tfjfiJw  iktmê  pmpillun  fu^rat  tfhliffotM  (Àrcbives  du  syndicat  dUlie). 
<  Li9fw  9trt  n»n$ur  des  urchives  de  l*Lôti}l  do  villo  de  Perpjgaau,  f«  27-29. 

•  HeuTf,  iikUnndu  Eou4nllan,  1,  p.  205. 

•  lUdêm,  ^  206. 


24 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


cice  de  toute  fonction,  publique  et  leur  interdit  d'avoir  des  chré- 
tiens à  leur  service  dans  la  maison,  quod  Judœi  officia  pubttca 
"non  prœswnant  aliquate^itis  exercere,  in  doynibus  suis  non  te- 
néant  christianos  K  Une  assemblée  ecclésiastique  ^\x  t  des  ides 
de  février  de  la  môme  année  ajouta  de  nouvelles  pénalités  aui 
anciennes  en  défendant  la  traduction  de  la  Bible  en  ro)7um 
(catalan)  et  en  réduisant  à  vingt  pour  cent  les  intérêts  permis  aux 
juifs  *. 

Il  est  donc  certain  que  le  petit  nombre  de  Juifs  établis  à  Per- 
pignan étaient  séparés  des  chrétiens,  sans  qu'il  soit  possible  de 
dire  s'ils  vivaient  dispersés  sur  divers  points  ou  bien  groupés 
dans  quelque  rue  qu'on  ne  saurait  désigner. 

C'est  tout  ce  que  nous  trouvons  d'indications  sur  les  Juifs  de 
Perpignan  et  du  Roussillon  avant  l'établissement  du  Call,  qui  est 
lieu  sous  le  successeur  de  Nunyo-Sanche. 


II 


CRÉATION   DU   Call  DE  PERPIGNAN. 


Nunyo-Sanche,  qui  avait  administré  pendant  vingt-neuf  ans 
les  «  Seigneuries  »  de  Roussillon,  Vallespir,  Confient  et  Cerdagne, 
mourut  vers  le  commencement  de  l'année  1242.  Avec  son  titre  de 
«  Seigneur  »,  le  fils  de  Sanche  avait  usé  de  tous  les  pouvoirs  et 
droits  d'un  véritable  souverain  ;  tous  ses  actes  furent  confirmés 
par  les  rois  ses  successeurs  comme  émanés  d'une  autorité  légitime 
et  souveraine  :  c'est  là  un  des  faits  les  plus  curieux  de  l'histoire 
de  nos  deux  comtés,  qui,  au  fond,  étaient  toujours  des  dépen- 
dances du  royaume  d'Aragon  ou,  plutôt,  du  comté  de  Barcelone. 
La  suzeraineté  du  roi  d'Aragon  sur  le  Roussillon  et  la  Cerdagne 
ne  cessa  jamais  d'être  énoncée  dans  des  actes  publics  reconnus  et 
consentis  par  Nunyo*Sanche  et  celui-ci  d'ailleurs  ne  cessa  jamais 
de  se  proclamer  le  fidèle  vassal  ou  le  «  chevalier  »  de  Jacques  I*. 
Par  là  s'expliquent  l'application  aux  juifs  des  comtés  de  certaine» 
ordonnances  du  roi  d'Aragon. 

Après  la  mort  de  Nunyo-Sanche,  son  neveu,  Jacques  I»,  roi 
d'Aragon,  prit  la  souveraineté  des  deux  comtés.  C'est  de  ce  mo- 
ment que  date  l'agrandissement  de  Perpignan  et  l'établissement 


*  Marea  hUpan.^  n»  507. 
«  Ibidem,  ii<«5i1. 


LES  JUIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE  23 

9â  call  ou  a  quartier  juif  ».  Alors  aussi  s'organisa  Valjama  ou 
«  communauté  juive  »,  qui  comprit  dans  sa  collecte  ou  «  contrit 
|l)Latîazi  *»  tous  les  juifs  existant  dans  les  deux  comtés  de  Rous- 
sillon  et  de  Cerdagne  *- 

Ainsi  que  nous  Favons  fait  pressentir,  jusqu'alors  les  juifs 
avaient  été  peu  nombreux  dans  Perpignan»  où  ils  se  logeaient, 
très  probablement,  sans  distinction  de  quartier.  Mais,  depuis 
qaelque  temps,  leur  nombre  avait  singulièrement  augmenté.  Il  en 
était  venu  de  rÂmpurdà  et  de  Girone,  de  Narbonne,  Béziers, 
Montpellier  et  autres  villes  du  Languedoc.  Le  roi  Jacques  I"  se 
décida  à  les  réunir  tous  dans  un  quartier  à  part. 

La  ville  de  Perpignan  ne  s'étendait  pas  alors,  du  côté  deTEst, 
au-<ielà  de  Téglise  Saint-Jean  et  du  correch  ou  ^c  ravin  »  qui 
passe  aujourd'hui  sous  les  rues  du  Ruisseau  et  du  Basiion  Saint' 
I>Ofninique.  Le  correch  séparait  la  ville  d'un  ^îîd^  ou  a  coteau  ij, 
sur  lecjuel  on  bâtissait  des  maisons  à  ce  moment  même  *,  Au  bas 
Ju  puiff,  et  sur  les  bords  du  ravin,  se  trouvait  ia  maison  des  Lé- 
preux, déjà  fort  ancienne,  qui  avait  donné  son  nom  au  coteau  [le 
Podium  Leprosor^im  ou  «  coteau  des  Lépreux  »). 

i.e  roi  Alphonse  avait  commencé  la  pobtacio  du  cûteau  ou  puifj 
^es  Li^preux  vers  1175,  et  tout  semble  indiquer  que  le  roi  Jac- 
llUesI^y  trouva  une  nouvelle  petite  ville  en  1243,  puisqu'il  en 
lécarta  les  Lépreux,  dont  il  donna  la  maison  à  Tordre  deSaint-Do- 
Ittiiuique.  La  même  année,  Pons  de  Sparra,  prieur  provincial  des 
pr-^res  prêcheurs,  jetait  en  ce  même  endroit  les  fondements  de 
l*^g|i$e  du  nouveau  couvent.  D'ailleurs,  Tancienne  ville  débordait 
muraille  de  toutes  parts.  Sous  le  roi  Pierre  P^on  avait  beau- 
"ciiip  construit  en  dehors  de  la  porte  d'Elue,  au  sud  des  rues 
^otnelles  de  la  Fusterle  et  de  Saint-Sauveur,  L'accroissement 
^'^^tail  continué  sous  Nunyo-Sanche  en  dehors  de  la  porte  de 
^MalJoles  *,  et  bientôt  le  roi  Jacques,  d*accord  avec  les  Templiers, 
"établit  ujie  nouvelle  poî^iacio  entre  cette  porte  et  le  petit  monas- 


*  CaU  est  dérivé  de  callit,  qui  sîgQiijait  <  roule,  cbnuscéû  •.  Le  mol  eallis  élutt 
*ris  iusai  «jaus  le  scqs  de  vv:tts  *  rue  *  et  i  quarli«r  ». 

l^mot  aljama  ou  al-fljamâa  est  un  tnot  d'origiiie  arabe,  dont  le  sens  primitif  est 

**    réuuioQ  d'Uomiaes  >.  Mais,  dans  les  villes  qui  couteivaient  des  juifs,  ceux-ci  élaî&D  t 

^Vpclâ  {lar  les  Arabes  djamâ'a  al^j/thoud  «  la  réunion  des  juiis  t  »  ou  gimplomeut  itt^ 

^j^mi'a.  Les  Espagoûls  appliquereuL  souvent  le  uom  d^aijama  au  quartier  des  juils  ; 

**»»,  dans  nos  deux  comtes,  il  désigne  presque  toujuurs  la  *  Communauté  juive  *, 

Uiidli  ()ue  le  mot   eaUmm^   kaUum  ou  call^  désigae   toujours  lo   *  quartier   •,  le 

*  la  Pûdio  qui  lune  aate  Perpiuiaoum  ha'difficabalur  (Procuracio  real  de  Mal- 
i^'jut,  f-  lii!)).  —  On  Lfavaillait  aussi  alors  a  P%lisc  Saint-Jacques,  qui  est  située 
"iins  U  piriic  la  plus  élevée  du  Pui^%  Il  eu  est  fait  meoiion  eo  1244. 

'  Au  foiitai|;e  de  oc  qu*oii  appelle  ttujourd  bui  lo  Pont  den  Vntit* 


26  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tère de  Saint-Martin*.  Il  décida  aussi  que  de  nouveaux  quartiers 
seraient  établis  sur  tous  les  flancs  du  Pidg  des  Lépreux  '.  Le 
haut  et  la  pente  du  coteau  se  couvrirent  de  maisons  de  tisserands, 
de  pareurs  et  autres  ouvriers,  pendant  que  les  Lépreux  allaient 
se  fixer  sur  les  hauteurs  dites  depuis  «  de  Saint-Lazare  »,  à  Test 
de  l'église  Saint-Jacques.  Tout  Tespace  compris  du  côté  de  l'ouest 
entre  la  «  place  du  Puig  »  et  la  nouvelle  maison  de  Saint-Domi- 
nique fut  destiné  à  rétablissement  du  Call  des  juifs,  qui  demeura 
ainsi  compris  entre  le  point  le  plus  élevé  du  Puig,  le  rempart,  les 
Dominicains  et  la  côte  qui  prit  bientôt  le  nom  de  4  Montée  des 
Prêcheurs  »,  Piijâda  de  PréhicadorSy  aujourd'hui  «  rue  de 
l'Anguille  »  (?). 

Les  juifs  se  trouvaient  ainsi  entre  deux  églises  et  des  quartiers 
chrétiens  à  peine  ébauchés,  comme  le  Call  lui-même.  Malgré  les 
faveurs  accordées  par  le  roi  aux  juifs  qui  viendraient  peupler  le 
Puig  dans  les  limites  déterminées,  il  est  bien  évident  que  ceni 
qui  existaient  alors  à  Perpignan  restèrent  encore  quelque  temps 
dispersés  sur  divers  points  de  la  ville.  C'est  ce  qui  résulte  de  la 
charte  môme  de  fondation  du  Call,  datée  du  13  des  calendes  de  mai 
1243.  Le  roi  y  concède  et  confirme  à  tous  les  juifs  pobladors  du 
Puig  t  toutes  les  habitations,  palus  ou  maisons  qui  leur  avaient 
été  ou  leur  seraient  assignées  sur  ledit  puig  pour  les  tenir  et 
posséder  en  toute  propriété  et  en  libre  et  franc  alleu,  avec  faculté 
de  les  vendre  ou  aliéner  entre  eux,  sans  payer  aucun  droit  de 
foriscapi  (mutation),  droit  que  le  roi  se  réservait  dans  le  cas 
seulement  où  ils  les  engageraient  à  des  chrétiens  *  »,  Nous  allons 
voir  dans  un  instant  que  ces  dernières  dispositions  de  la  charte 
du  roi  Jacques  furent  annulées  par  sa  femme  Yolande*.  Lors  de 

^  CetiQ  poblacio  est  devenue  le  quartier  Saint-Mathieu. 

*  Le  PodiuWi  Zeprosorum  prendra  bientôt  le  nom  de  Podium  Saneti  Jacobi,  <  Foig 
de  Saint-Jacques  >,  qu'il  a  conservé  jusqu'à  nos  jours.  11  est  cité  sous  ce  nom  dans  un 
document  de  1286. 

^  Noverint  universi  quod  nos  Jacobus,  Dei  gracia  rex  Aragonum,  Maioricarum  et 
Valencie,  cornes  Barchinone  et  Urgelli  et  dominus  Montispessulani,  per  nos  et  nos- 
Iros  laudamus,  concedimus  et  confirmamus  vobis  universis  Judeis  populatoribus  Podii 
Perpiniani   preseutibus  et  i'uluris  in   perpcluum   omnia  stalica  sive  patui  et  domos 
que  assignate   sunt  vel  fuerint  vobis  assignati   in   dicto  Podio  ad  habendum,  possi- 
dendum,  expletandum  per  alodium  proprium,  franchum  et  liberum,  ad  dandum,  ven* 
dendum,   inpignorandum  et  ad  omnes  vestras  et  vestrorum  voluntatcs  cuicumqne 
volueriiis  faciendas,  exceptis  militibus  et  sanctis.  Hoc  salvo  quod  si  de  ipsis  domibns 
venderitis  vel  alicnaveritis  Jadeis  non  detis  nobis  nec  noslris  ibriscapium  nec  Uu- 
dimium,  scd  si   cas  venderitis  christianis  tenoamini  nobis  dare  foriscapium  et  lauài- 
mium  (Arch.  dès  Pyr.-Or.,  B.  10). 

*  Ou  Violantei  fille  d'André  II,  roi  de  Hongrie.  De  sa  première  femme  Léonor,  fille 
d'Alphonse  IX,  de  Castille,  répudiée  en  1229,  Jacques  I*'  avait  eu  un  fils,  nommé 
Alphonse,  qui  mourut  eu  1260  ;  il  eut  de  Violante  quatre  fils  et  cinq  tilles.  L'une  de 
ces  dernière:?,  Isabelle,  épousa   le  roi  de  France,  Philippe  le  Hardi,   en    1262.  Des 


LES  JUIFS  m  ROUSSILLOÎT  ET  ÙK  CEllDACNK  27 

m  ntriâge  avec  efle  eifi  1235,  If?  roi  lui  avait  tïonnt*  le  Rous- 
Bon  H  la  Cerdajîfie  f*n  garantie  <ln  sa  tlot.  Yolande  n'avait 
imftM  joui  de  la  souveraineté  efteclive  des  deux  conit^'S,  mais 
îDe  y  levait  divers  revenus,  entre  autres  ceux  de  FAIjama  des 
Ut»  (le  Perpignan,  et  elle  avait  naturellement  dans  cette  ville  un 
■Ui  ou  procureur  pour  Tadministration  de  ses  domaines.  Les 
Wtsde  la  reine  étaient  souverains  à  cet  égard-  Elle  en  fit  usage 
dw«  une  charte  datL%  de  Collioure  le  16  des  calendes  d'avril 
1!5<)  (17  mars  1251)  **  La  reine  accorde  atu)  habitants  du  Puig 
4e Pei'pigtian  que  «  tous  les  juifs  de  cette  ville  seront  obligés  de 
le  transférer  audit  Puig  pour  y  avoir  leur  domicile,  dans  le  quar^ 
tkrà  eux  assigné  (par  le  roi),  transfert  qui  devra  être  exécuté 
imtU  prochaine  fête  de  No/'L  sous  peine  de  cinquante  mara- 
biins  alphonsins  pour  chaque  contravention  ».  Jusqu'à  Tenlière 
Q^ution  de  cette  ordonnance.  «  le  bailli  de  la  reine  et  autres 
MjQksaires)  élus  par  les  habitants  du  Fui^  »  fêtaient  autorisés 

tpOQfJHiiYte  dans  leur  personne  et  leurs  biens  les  juifs  récalci- 
ittts,  pour  les  contraindre  à  établir  leur  domicile  au  Puig  dans 
9 délai  prescrit. 

cette  époque»  tous  les  habitants  de  Perpignan,  qu'ils  appar- 

t  A  la  ville  primitive  ou  aux  nouvelles  poMados  établies- 

lebors  des  anciens  murs  Jouissaient  des  niAmes  droits,  cou- 

et  privilèges.  «  Mais  il  est  cerUin»  dit  Alart,  que  la  poblacio 

Qjgavait  dû  jouir  de  certaines  faveurs  dès  rorigine.  C'était 

une  population  purement  industrielle,  presque  entièremejit 

de  tisserands  et  de  pareurs  de  drap.  Elle  avait  donc 

Intérêts  particuliers»  jusqu'à  un  certain  point  distincts  de  ceux 

stede  la  population  de  Perpignan,  intérêts  que  le  roi  tenait 

icoup  à  conser\'er  et  à  dév«doiq)er.  La  résidence  des  juifs  au 

des  bourgeois  de  rancienne  ville  ne  pouvait  que  porter 

fj      ■    Tijx  industriels  du  Puig,  qui  devaient  tenir  beaucoup  à 

[lanieurs  d*argent  fassent  toujours  à  leur  portée*.  »  On 

BpHfud  d^ailleurs  que  les  juits,  continés  au  Puig,  n'étaient  pas 

I  en  mesure  d'acheter  ou  de  construire  une  maison;  c'étaient 


»  Ck,  F«rdiûand  mourut  sbds  Avoir   ré^aé  ;  rAulre,  Sancbu,  deviui  archevêque 
i;  AOttA   tturoDi  •  Qi>u8  occuper,  pla«  Uiin,  des  deux  autiefl  :  Pierre,  qui  fui 
A,  «I  Jtte<{u«i,  qui  fut  roî  de  Majorque, 

E«t  cft  eujouia  bui  |*crdu.  Fosse,  qui  l'airait  copié  dam  le»  archivée  de 
irit  de»  pwcur»  ou  tiasiiraiids  en  drap  do  S ainl- Jacques,  Ta  reproduit  dana 
fémoéft  p^HT  l'ordre  dn  avocati^  p.  G6.  Alnrt  l'a  réédité  daus  ma  PripiUgeê  U 
^  p*  KiO,  rv«c  dea  eotomptitaired  que  nous  reproduisous  eo  parlif!. 

ni/^  p.  \99,  *—  Ou  trouve^  d'oii leurs,  une  autre  prouve  de  li  protection 
i  fm  ie9  •onveraJJia  aux  iotérdts  iDdustrieU  du  Puig  dans  tine  ordonnance  du 
1 1"^  ikUe  du  23  mai  1262. 


28  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

là,  par  conséquent,  des  locataires  tout  trouvés  *.  Les  ordres  de  la 
reine  Yolande  furent  désormais  exécutés  avec  la  dernière  rigueur, 
car  on  ne  trouve  plus  ensuite  aucun  juif  résidant  en  dehors  du 
Call,  qui  est  définitivement  établi,  bien  délimité  et  clôturé*. 


III 


les  juifs  des  deux  comtés  pendant  le  règne  de  jacqubs  1* 

d'aragon. 

Jacques  d'Aragon  est  une  des  grandes  figures  du  xiii*  siècle.  Il 
éleva  son  royaume  au  premier  rang  parmi  les  États  de  l'Espagne. 
Il  protégea  les  sciences  et  les  lettres,  et  il  encouragea  l'indusWe 
et  le  commerce.  Avec  de  semblables  dispositions,  Jacques  ne  pou- 
vait guère  se  montrer  l'ennemi  des  juifs,  industriels  et  comme^ 
çants  par  excellence.  Malgré  la  rigueur  de  certaines  dispositions 
qui  les  atteignirent,  les  juifs  de  cette  époque  obtinrent  la  protec- 
tion efficace  du  souverain.  Nous  ne  voyons  pas,  en  tout  cas,  dans 
les  documents  qui  nous  restent  du  xiii°  siècle,  ces  persécutions 

>  En  1265,  Bonet  Astruch  prend  a  ferme  la  maison  do  Béranger  Piquer,  siseaa 
Puig  et  attenant  à  celle  du  juif  Léon  Vidal  ;  le  bail  est  pour  une  durée  de  cinq  tns, 
et  le  prix  est  de  31  sols  G  deniers  par  an.  En  1278,  Pons  Rasedor  reconnaît  tToir 
reçu  d'Astruc,  fîls  de  Vidal  d'Elne,  le  loyer  d'une  maison  sise  dans  le  Call  duMf 
et  attenant  à  celle  du  juif  Bonisac  Fagim  ûls.  Ailleurs,  Girma,  jurisconsulte,  aflenoe 
â  Issac  Mosse  de  Villamanya  une  maison  qu'il  possède  au  Paig. 

>  En  1282,  il  est  question  de  maisons  achetées  par  les  juifs  ej^tra  elamuram  eilU 
(Arch.  des  Pyr.-Or.,  B.  17).  —  Les  maisons  des  juifs  n'avaient  point  d^SBue  mt 
les  rues  des  chrétiens.  Toutefois,  le  roi  accorda  quelquefois  Tautorisation  d*ouTrird«» 
portes  sur  ces  rues,  notamment  en  1356.  Mais,  dans  la  suite,  ces  autorisations  furent 
toujours  refusées,  et,  le  30  avril  1451,  ordre  fut  donné  de  fermer  à  pierre  et  à  chaox. 
toutes  les  portes  qui  s'ouvraient  sur  les  rues  des  chrétiens  (B.  405).  Il  est  queitioa 
ici  de  la  rue  dite  Carrer  dels  Juheus  de  fora  lo  cayll^  qui  correspond  à  la  rue  de  TAn- 
guille,  et  du  Carrer  non  situé  aussi  extra  callum,  dont  il  nous  est  impossible  de  fixer 
la  situation,  mais  qui  devait  se  trouver  à  l'est  du  Ca//,  c'est-à-dire  vers  la  place  dia 
Puig  Saint-Jacques. 

L^entrée  du  Call  était  à  la  place  Saint-Dominique  (aujourd'hui  de  la  iS^bo/uKoa)» 
Là  éuit  uno  porte  qui,  à  partir  de  1451,  dut  être,  fermée  à  clef,  tacto  simholo  latrowi^ 
(B.  405). 

Par  diverses  ordonnances,  on  voit  qu'il  était  défendu  aux  chrétiens  de  fréquenter 
le  Call,  II  est  a  croire  que  les  juifs  no  tenaient  pas  beaucoup  à  leur  visite.  Ha  cnteo* 
daient  se  soustraire  à  leur  curiosité.  C'est  ainsi  qu'en  1374,  les  secrétaires  de  l'Âljam* 
se  plaignaient  au  gouverneur  de  ce  que  P.  Parayre,  propriétaire  d'un  alàerek  (mai- 
son) situé  eu  face  du  maseyll  (boucherie)  du  call,  l'élevait  a  dos  solers  (à  deut 
étages),  d'où  il  pourrait  voir  ce  qui  se  passerait  dans  le  Call,  Le  gouverneur  promit 
d'arrêter  les  travaux  exécutés  par  Parayre,  à  condition  que  PAljama  payerait  une  in- 
demnité. Celle-ci  était  si  élevée  qnc  les  secrétaires  renoncèrent  à  toute  oppoeiUon, 
Proeuraeio  real,  reg.  (X,  f«»  55). 


LES  JriFS  m  BOUSStLLON  ET  DE  CKHDAGNK  29 

oes  Texations  de  toutes  sortes  dont  on  abreuva  les  juifs  de 
?*Nous  trouvons  plutôt  la  tolérance,  la  modération,  la  Inen- 
ince  même  envers  eux  dans  un  grand  nombre  d^actes  de  la 
literie  du  roi  Jacques. 
f  5 février  1266,  il  accorda  à  perpétuité  aux  babitanls  de  Per- 
pan  un  privilège  portant  qu'à  Tavenir,  tout  juif  ou  juive  qui 
rait  en  gage  un  objet  vole  appartenant  à  un  chrétien»  ou 
engagé  sans  consentement  du  propriétaire,  serait  tenu  de 
Irer,  en  cas  de  réclamation,  la  personne  qui  aurait  mis  ledit 
len  gage.  S*il  ne  pouvait  pas  désigner  ladite  personne,  Tobjet 
Igé  serait  purement  et  simplement  restitué  au  proprié  lai  re. 
Il  la  désignait  et  si  Tobjet  n'appartenait  pas  à  celui  qui  Fâurait 
ïgagé,  on  devait  le  restituer  au  propriétaire,  qui  serait  tenu  de 
ourser  audit  juif  ou  juive  la  somme  donnée,  mais  sans  inté- 
i«  «  pourvu  toutefois  que  ledit  objet  eût  été  rais  en  gage 
lleraent  et  à  l'insu  du  propriétaire  *  ». 

1284.  Jacques  de  Majorque  renouvela  Tordonnance  du  roi 

Igon,  son  père.  Le  livre  des  Ordinacions  de  riiôtel  de  ville 

erpîgnan  ^  porte,  en  effet,  VOrdommient  co  toi  juseti  qui 

l  sobre  peyora  =  sia  (engui  d'amosirar  de  gui  l'a  ahuda,  e 

\  M  ta  nech  *,  esio  fasia  que'n  sia  pimit  aixi  co  si  la  a  via 

d'Aragon  était  venu  deux  fois  à  Perpignan  pendant  le 
But  de  Tannée  1269,  Lors  de  son  second  voyage,  et  par  une 
ïdatée  de  Perpignan,  du  10  octobre,  il  avait  informé  ses  vi- 
et  autres  ofûciers  que,  <t  en  récompense  dos  nombreux  et 
acieux  services  que  ses  îidèles  juifs  de  Perpignan  lui  ont  rondos 
>  cessent  de  lui  rendre  »,  il  leur  a  accordé  un  privilège  qui  les 
incîiit  de  tout  péage  de  «  leudes  n  pour  leurs  personnes  et  leurs 
lltures  dans  tous  les  lieux  de  vigueries  royales  ^  Le  roi  pres- 
en  conséquence,  de  restituer  aux  juifs  toutes  les  soraraes 
lies  ou  les  saisies  laites  contre  eux  à  l'occasion  desdîtes  leudes, 
I  la  promulgation  dudit  privilège  \ 

ï  ttrt,  miD«ur.  f*  23.  —  Cû  privilège  est  daté  do  Murcia, 
iimâeiont,  I,  f"  S,  \». 

]  iM  le  oie  pa^  *. 

•11  ravaii  volée  ». 

t  conoaissoQs  paa  le  texte  de  ce  document. 

{•Ct  fl  tpia   ptgDora   ab  ipsis  Tel   iHquo  ipsorum  copcrunt   aliquî,  clcrici  Vfil 

(in  alitât] o  bco   liictarum  vic^iriarum   redooe  predicta  a    temporo  citm  quo  not 

{iiivtlffriuœ  sive  dictam  franquitatcm   conccssimus  eisdem,  ipsa  pignora  eia 

r«»liloi  ta^^ialis  i&coQltiienti,  doq  obstanle  aliquo  mondolo  a  uobis  m  contra- 

>;  Boc   perniUtalis  ctiam  dictos  Judeos  vel  aliquem  ipsomin  do  telero  in 

»  dicumm  TicahartUD   racione  predicta  pigoorari  vd  irapcdiri  ûh  eliquo 


30  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Par  une  autre  charte  du  30  janvier  1270  il  confirma  à  «  tooslei 
juifs  habitant  à  Perpignan,  en  Confient  et  en  Cerdagne  et  à  toos 
les  autres  dépendant  de  leur  collecte  »  la  franchise  des  leudes  i 
eux  accordée  par  le  roi  son  père  ' . 

Il  est  probable  que  cette  franchise  ne  s'appliquait  qu'aux  juifs 
de  la  collecte  de  Perpignan,  sortant  du  Boussillon  ou  de  la  Cer* 
dagne  pour  passer  en  Catalogne,  ou  bien  aux  pays  de  Foixoade 
Languedoc,  et  qu'ils  payaient  les  leudes  comme  les  autres  habi- 
tants  lorsqu'ils  ne  faisaient  que  circuler  dans  les  deux  comtés. 
En  effet,  on  voit  les  juifs  inscrits  à  la  taxe  des  leudes  de  Perpi* 
gnan,  Collioure,  Puigcerda  et  Querol-  dans  les  difiérents  tarife  ré- 
digés sous  le  règne  de  Jacques  de  Majorque  et  maintenus  para» 
successeurs*.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'ils  étaient  exemptés  de 
lezdes  pour  leurs  montures  à  Salses,  Collioure,  Arles,  le  V(A> 
(Boulou),  Puigcerda,  Bellver  et  Querol». 

Par  une  charte  datée  du  3  des  nones  d'août  1273,  Jacques  remit 
aux  habitants  de  Perpignan,  y  compris  les  juifs,  toute  peine  en- 
courue au  sujet  du  cours  de  la  monnaie  de  Malgone,  et  in  pre- 
dictis  omnibics  intelligimus  Judeos  Perpiniani  siciU  ckris-' 
iianos*. 

En  1275,  le  roi  se  trouvait  de  nouveau  à  Perpignan.  Le  24 juin 
de  cette  année,  il  déclara  francs  et  libres,  dans  le  présent  et  dans 
l'avenir,  tous  les  terrains  acquis  par  les  juifs  de  TAljama  de  cette 
ville,  pour  y  construire  des  maisons  ;  de  plus,  ils  n'auraient  rien  i 
payerau  domaine  pour  droit  de  censive,  de  lods  ou  autres,  lesquels, 
le  roi  se  réserverait  cependant  dans  le  cas  où  ces  propriété»  pas 
seraient  aux  mains  des  chrétiens. 

Un  grand  nombre  de  documents  de  cette  époque  se  rapporteni 
à  des  prêts  d'argent  faits  par  des  juifs  à  des  chrétiens  ;  parmi  cea 

Tel  aliquibus  clericis  vel  lajcis,  immo  dictam  franquitatem  obeenrari  iiTioUbiliM 
faciatis  eisdem,  ut  est  dictum  (Arch.  des  Pjr.-Or.,  Proeuracio  real,  regifUt  A 
f«25). 

1  Prtvilegi  dels  Juheus  cum  son  franchi  de  leuda  [Proeuracio  rtal  reg,  III,  f*  19j. 

*  Tôt  Juheu  e  Juhia^  e,  si  es  preyns  (enceinte),  paga  [lo  prenyat 

I,  s.,  1.  dr.  [Leuda  de  Collioure  dé  1249).  '. 

Item  de  cascun  Jueu  o  Jueua  si  nos  es  stadant  de  Pugcerda  que  vena  ni  n^  ■ 
de  Pugcerda  a  Perpcnya  o  Queragut 1 .  s. 

hem  si  Jueu  ou  Jueua  vh  de  Cathalunya  c  va  vers  Perpenya  o  vers  Qucngi^ 
e  passa  per  Pugcerda  exament,  1,  vi,  dr.  {Leuda  de  Puigcerda  de  1288). 

Item  tôt  Juheu  que  sia  slrany  o  sen  vulla  passar  deçà  o  délia,  1 .  s. 

Item  tôt  Juhia,  1.  s. 

E  si  es  prenys,  1.  s.  vx  dr.  (Leuda  de  Querol).  B.  138,  f»  71-73. 

*  Privilège  du  6  des  ides  d'octobre  1269,  confirmé  par  le  roi  Pierra  ûl,  ^ 
13  mars  1385,  et  par  le  roi  Jçan,  le  11  mai  1390  (Arch.  des  Pyr.-Or.,  B.  lH 
f«  25,  r»). 

*  iMre  9trt  mineur^  f»  24- 


LES  JUIFS  DE  ROUSSfLLON  ET  DE  CERDAGNE  31 

jurent  des  moines,  chanoines»  abbés  et  autres  person- 
^siastiques.  Ces  gens-là  n'avaient  aucune  répugnance  à 

ctlpr  l'or  des  juifs,  qa'ils  affectaient  pourtant  de  mépriser. 
Je  toiii  qu*en   1*274,  Tabbé  du  monastère  de  Saint-Martin  de 
ligou  empruntait  à  Cresques  Astrach,  juif  de  Perpignan,  une 

oe  de  3,000  sols  barcelonais,  destinés  à  solder  «  le  service  » 

le  monastère  avait  fait  en  dernier  lieu  «  au  seigneur  roi  et 
I  seigneur  infant  Jacques,  son  fils  »  et  au  payement  de  la  <t  dé- 
ne  »  que  «  le  seigneur  pai>e  exigeait  des  moines  et  des  revenus 

couvent  *  ». 

L*»  Manuel  du  notaire  Querubi,  de  Perpignan,  pour  Tannée 
*3»  contient  une  foule  d*actes  qui  se  rapportent  à  des  juifs.  J'y 
Dis  que  le  2  des  ides  de  juin  de  cette  année,  Astruch  Vidal  et 
kram  Vidal,  ïiis  de  Vidal  Astruch,  firent  des  concessions  de  ter- 
lin  à  des  habitants  de  Perpignan,  ce  qui  prouve  encore  que  les 
nk  étaient  propriétaires  de  biens-fonds.  Parmi  les  testaments, 
!  rero,irque  celui  de  Vidal,  juif  de  Montpellier,  à  ce  moment  à 
eqàguan  (5  des  ides  d'août).  Vidal  laisse  plusieurs  livres  à  ses 
lies,  entre  autres,  les  Lois  de  Moise,  et  demande  qu'on  rende  à 
1  femme  sa  dot  tout  entière,  «t  ainsi  qu'il  est  convenu  dans  leur 
ontratde  mariage  rédigé  en  hébreu  *  ^k 

I  ^  Aitb.  d«s  Pyr.-Or.,  Tonds  de  Canigou. 

[ÏA  \tàes  calendes  de  juia  1261,  le  précepteur  de  riiûpilal  des  pauvres  de  Talxo 

'Aaoat  recoooaU  devoir  60  bous  de  BareclûUû   couronaés  à  Jucef  d'Elno  (NoiuU 

ipHïï  m(aa  aprî'J,  les  religieux  du  monaslère  de  Vttllbonoe  rôcouiiflisseiit  devoir 
m  lous  de   Barcelone  aiu  même  3ucfif  (Ihidem). 
Bu  Ï2TI,  le  chevalier  Pons  d'Ille  veod  à  Davinus  Coen  de  Lunel  une  créance  de 
i  barcelonais  couroonés  i{ue   lui  devait  l'abbé  de  Saint-Martin  do  Canigou 
i  Pyr.-Or.,  ïond»  dû  Caajgou}, 

■Doéc,  Tabbé  du  monastère  de  Vallhm^e  et  ses  moines  rcconnaiesenl 

rà  •  Mmm  FiHo  •  •!  à  •  Hérodi  i,  à  Vives  Vitalis,  et  à  Astruch  de  Bclcayre  la 

)  d«  iSOO  loiasde  HAroelone  eat  causa  mutni  {M&Huel  de  1\  Amoros). 

pn^QM  «tiûée  eocortj,  liaymotid  Jucel  de  Castello  et  Boodio  de  Lunel  payent, 

\  de  t^inUat  Jacques,  uuq  somme   due  pour  l'achat  du  village  de  TorreiUefl 

KliteealeAdes  de  novembre  1276,  frère  Â.,  abbé  de  Vallbone,  re coq aait  devoir 

I  ftb  et  À  ses  tuteurs,  Astruc  de  PuUro  tadro  (Beaucairo),  et  Vives  Vilalîs» 

ja  miàtui  ûti  i,  nnnum^  et  donne  pour  caution  sept  habitants  de  Yi- 

•u  d'Amont  (Ar^h.  des  Pyr.*Or.,  Pratocaitum  anni  t27ti,  uotaires  n*  (j506). 

[Le  $  des  ides  de  novenihrc5,  Asinichus   Vitalis   vendait  et   cédait  à  Boujiies  et  à 

\ûi»  ethéruiers  de  feu  Jucef   d'Ejne,  et  à  Salomora  SuUam  de  Porta  et  Bon- 

lAjdajr,  leurs  curateurs,  tous  las  droits  qu  il  avait  contre  Tabbaye  de  Saint- 

de  Cusa  pour   une   dette  de   4500   sous  de   Barcelone  (Manuel   d'Arnald 

«Jtaéc.   Tabbé  de  Saint-Genis-dcB-Fontames  go  dit  prôl  a   payer  aux 
i  iocif  à9  Crajia  et   Samuel  Bonafos  51  livres  et  5  sola  barcelonais   qu'il  kur 

Le  14  de*  calandM  de  février  1255,  A.  Fabre,  cordonnier  de  Perpignan,  vend  à 


32  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Ailleors,  je  trouve,  en  1276  (4  des  ides  de  février),  le  testament 
d*un  Juif  très  connu,  Asser  de  Lunel,  habitant  de  Perpignan.  0 
nomme  ses  fils,  Samiel  et  Mosse  et  sa  femme,  Bonafilia,  sa  fille, 
Bonaaunis,  veuve  de  Vitalis  Mosse  de  Scola,  son  autre  fille  Bona- 
domina,  femme  de  Mosse  Daiiini  de  Capitestagno,  sa  sœur  Bona- 
filia, femme  deSullam  de  Béziers.  Il  laisse  sa  maison  àxiCallûu 
Puig  à  sa  femme,  et  lègue  625  sols  à  distribuer  «  in  festo  quod 
Judei  vocant  de  Cabanes  »;  plus  douze  sols  6  deniers  à  l'œuvre  du 
pont  de  la  Tet,  «.operi  Pontis  Tetis  Perpiniani».  Parmi  les  té- 
moins, je  vois  sept  chrétiens  et  un  juif  appelé  Vitalis  Bonifilm 
de  Soal  * . 

Puisque  je  cite  des  documents  de  1276,  je  noterai  ici  que  les 
secrétaires  de  TAljama,  pour  cette  année,  furent  :  Astruchus 
Abrae,  Salamonus  Asiruci  de  Villa francha,  Mayr  Al)rae  et 
Asser  Coen  de  Lunello  *. 

A  l'époque  où  nous  sommes  arrivés,  c'est-à-dire  à  la  fin  du 
règne  de  Jacques  I^'  (1276),  le  nombre  des  juifs  avait  singulière- 
ment augmenté  à  Perpignan,  et  l'Aljama  de  cette  ville  avait  pris 
une  importance  considérable.  La  a  collecte  »  s'étendait  déjà  sur 
un  certain  nombre  de  petites  villes  des  deux  comtés,  Collioure, 
Céret,  Millas,  Ille,  Villefranche-de-Conflent,  Puigcerda,  où  nous 
voyons  des  juifs  établis  vers  le  milieu  du  xiii«  siècle '. 

Le  roi  Jacques  d'Aragon  mourut  à  Valence,  le  26  juillet  1276. 
Dès  le  mois  d'août  de  Tan  1272,  il  avait  partagé  ses  États  entre  ses 
deux  fils.  Pierre,  qui  était  l'aîné,  eut  l'Aragon,  Valence  et  la  Cata- 
logne ;  Jacques  eut  pour  sa  part  les  îles  Baléares,  la  seigneurie  de 
Montpellier  et  les  deux  comtés  de  Roussillon  et  de  Cerdagne,  avec 
le  titre  de  roi  de  Majorque.  Les  deux  frères  devaient  être  in- 

Jucef  d'Elne  une  vigne  sise  au  territoire  de  Vernet  (banlieue  de  Perpignan)  et  tou- 
chant à  une  autre  vigne  qui  appartient  à  Âstruc  Mair  {Manuel  do  Pierre  Caltet  (t), 
notaires,  n°  6504}.  —  Le  4  des  calendes  du  même  mois,  Salomon  de  Montpellier  anît 
approuvé  la  vente  que  son  dis  Astruc  avait  faite  à  un  habitant  de  Collioure  d^ioc 
vigne  située  au  territoire  de  celte  petite  ville,  au  lieu  dit  Valle  de  Pintes  {Ihidem].-' 
En  1335,  Natan  Samiel,  juif  de  Perpignan,  possédait  à  Pontella  des  vignes  et  dei 
champs.  Le  souvenir  de  cette  possession  semble  s'être  longtemps  conservé  à  Poa- 
tella,  car  un  acte  de  1443  signale  encore  près  d'Âyguaviva  une  terre  appelée  Cm? 
del  Juheu, 
«  Notaires,  n<»  6506. 

*  Ibidem, 

*  En  1261,  je  vois  à  Perpignan  un  Jucef  de  Flna,  et  cependant  il  ressort  d'an 
document  de  1349  que  les  juifs  ne  s'établirent  à  Elne,  cité  épiscopale,  qu'à  celte 
dernière  date  :  Tractatum  est  quod  dominus  rex  concédât  graciose  *cclesie  elnensi  éece» 
casas  Judeorum  qui  tamen  contribuant  cum  aljama  Judeorum  Perpiniani  pront  tt 
similibus  fit  in  Cathalonia,  etc.  Ces  conventions  conclues  par  les  officiers  du  roi 
Pierre  d'Aragon  et  ceux  de  Tévêque  d'Elne  furent  approuvées  par  le  roi  à  Sarag06M 
le  9  des  calendes  d'août  1349  (Ârch.  des  Pyr.-Or.,  B.  346,  f«  128). 


LES  JllFS  DE  ROUSSÏLLOiV  ET  DE  CERDAGr^  ^ 

[dépendants  Tun  de  l'autre,  mais  ils  furent  constamment  en  lutte. 
Nous  verrons,  plus  tard,  quelle  fut  la  condition  des  juifs  des 
deux  comtés  pendant  ïa  durée  de  cette  nouvelle  monarchie  ;  mais 
il  nous  faut  dire  tout  de  suite  quelques  mots  de  l'organisation  de 
la  juiveriede  Perpignan  qui,  ainsi  que  nous  Tavons  déjà  marqué» 
comprenait  dans  sa  collecte,  recoUita  ou  colita^  les  autres  j ut veries 
du  Roussillon  et  de  la  Cerdagne, 


IV 


ORaANlSATlON   POLITIQUE,    FÎNAf^CIÈRE   ET  JUDICIAIRE  DE   L'aLJAMA. 

IDK  PERPIGNAN. 
Écartés  des  affaires  publiques,  les  juifs  vivaient  libres  dans  le 
CaiL  Leur  communauté  ou  AIjama  formait  comme  un  petit  état 
dans  TtHat,  avec  ses  assemblées,  ses  statuts  et  ses  magistrats 
]>arUcuUers.  Reconnue  et  protégée  paroles  rois  d'Aragon  ou  de 
Majorque,  elle  jouissait»  sons  leur  surveillance,  d'une  certaine 
liberté  politique  et  d*une  complète  autonomie  rdigieose.  Elle  choi- 
sissait elle-inôme  ses  magistrats,  faisait  ses  règlements,  dressait 
^s  imp43ts  et  se  livrait  sans  obstacle  à  toutes  les  pratiques  de  son 
culte.  Toutefois,  ses  élections,  sa  législation  particulière,  ses  con* 
tributions  devaient  être  approuvées  et  confirmées  par  le  roi  ou 
par  son  représentant  dans  les  deux  comtés  de  Roussillon  et  de 
Cerdagne. 

Xâ  population  de  cette  petite  république  était  gouvernée  par 

|U fie  assemblée  nommée  «  Conseil  de  i'Aljama  »  et  composée  d'un 

ïrtâin  nombre  de  «  conseillers  ?>,  de  quatre  «  secrétaires  »  ou 

i^einanim  et  d*uu  «  clavaire  n.  Le  clavaire  était  chargé  de  la 

hoirie  et  de  la  petite  police.  Il  avait  à  surveiller  le  macell  ou  bou- 

[c.lierie  et  les  boutiquiers  du  Gall  ;  mais  il  remplissait,  à  TAljama  de 

ï*erpîgnan,  les  fonctions  de  trésorier.  Il  en  était  d*ailleurs  ainsi  à 

^*toOtel  de  ville*.  Les  fonctions  de  secrétaires  étaient  bien  plus 

élevées.  Les  secrétaires  étaient  les  exécuteurs  des  décisions  du 

^nseil  de  rAljama,  Ils  avaient  dans  leurs  attributions  le  pouvoir 


'  Le  3  ooTembre  t4S6,  et  sur  1«  demsude  d«8  JoifSi  il  est  ordooDé  pir  te  r^ouver- 

BiHir  rojftl  qu'il  fera  fait  trois  clefs  diiïérontes  pour  la  caisse  de  l'Aljuma  ;  Tuoe  sera 

terne  par  le  da^aire^  les  «'juires  par  deux  re^idon^  et  l'oiiverture  sera  toujours  faite 

mprémnce  de  deux  notables  de  l*AlJama  (B.  412),  —  Il  ressort  d'uti  document  du 

f**  mai  1376  c^ti'il  y  avait  au  moius  deux  clavaires  à  celtû  époque  (B,  133,  f"*  9t)). 

T*  XV,  w«  M.  S 


.^14  REVUE  DES  ÉTUDES  IVIVES 

de  dresser  les  talls  ou  taxeSi  pouvoir  qui,  à  la  vérité,  leur  l'ut 
retiré  dans  la  suite.  Nous  voyons,  en  eflet,  par  un  document  de 
1411,  que  le  gouverneur  de  Roussilloo,  sur  la  dananâe  de  l'Ai- 
jama^  nomme  douiîe  conseillers  ou  «  protecteurs  >j  avec  pouvoir 
de  dresser  les  talls  ou  taxes  d'impositions  pour  payer  les  charges 
de  la  communauté,  ainsi  que  de  rédiger  les  ordonnances  néces- 
saires, quas  secrelarii  alias  facere  cotisiievenmt  K 

Les  secri'taires  furent  toujours  au  nombre  de  quatre  à  rAljama 
de  Perpignan,  mais  le  nombre  des  conseillers  varia,  Par  lettns 
données  à  Saragosse  le  27  janvier  1382,  l'Infant  Jean  donnait  ati 
donzcll  Pierre  d'Ortafa  le  pouvoir  d'augmenter  ou  de  diminaer 
le  nombre  des  conseillers  de  TAIjama  des  juifs  de  Perpignan. 
Quelques  jours  après,  le  5  février  de  la  même  année,  le  nuSme 
prince  donnait  au  même  donzell  des  commissions  pour  le  règle- 
ment du  nombre  des  conseillers.  Enfin,  par  lettres  données  à  Barce- 
lone le  9  avril  1387,  il  confirmait  à  Pierre  d'Ortafa  la  commission 
de  composer  ou  modilier  le  conseil  de  l'Aljama  des  juifs  de  P6^ 
pignan  en  portant  le  nombre  des  conseillers  à  irenle  *. 

Le  conseil  était  élu  pour  un  an,  et  il  se  recrutait  lui-méine. 
Les  membres  sortants  nommaient  les  membres  entrants.  Il  était 
défendu  à  ces  derniers  d'exercer  leurs  fonctions  avant  d'avoir 
prêté  serment  au  procureur  royal,  qui  les  agréait  ou  les  refusait* 
Le  17  avril  1455,  Belslioms  de  Blanes  et  Dayes  Manatem,  secré- 
taires sortants,  constitués  par  devant  Félix  Andreu,  juge  du 
domaine  royal,  nommèrent  comme  secrétaires  de  TAljama  pour 
Tannée  suivante  Mosse  Manafem  et  Issach  Xatau.  Ils  agissaient, 
disaient-ils  {ui  dLvenoit),  avec  Passentiment  de  tout  le  conseil  de 
ladite  Aîjaraa.  Le  juge  approuva  rélectiou  de  Mosse  Manafem 
dlsjîacb  Xatau  et  leur  donna  pouvoir  d'élire  pour  conseillei 
a  ceux  qui  leur  senibleront  aptes,  selon  leur  conscience  ».  Le; 
deux  secrétaires  prêtèrent  serment  ainsi  que  N'Astrucli  Sciri,  clâ-- 
vaire.  Jusse  de  Céret,  conseiller  en  chef,  Gresques  et  Jusse  Salam  ♦ 
conseillers  nouvellement  élus  ^  Ainsi  donc,  le  pouvoir  des  secr< 
ta  ires  d'élire  les  conseillers  est  formel,  aussi  bien  que  celui 
conseillers  d'élire  les  secrétaires. 

Une  lettre  du  roi  Jacques  de  Majorque  du  mois  d'avril  1 
nous  apprend  que  les  secrétaires  avaient  pris  Tbabitude  de  reste:^ 
en  fonctions  «  tant  qu'il  leur  plaisait  »,  Le  roi  réforme  cet  abusdfl 
ordonne  que  les  secrétaires  soient  élus  tous  les  ans.  Il  ne  paraît 
point  qu'on  ait  contrevenu  à  ces  ordres  dans  la  suite.  Par  la  mêm  ^ 

«  B.  336. 

'  B.  2t7p  iM7. 

»  B»  406, 


LES  JDIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE 


35 


secrétaires  de  rendre  leurs 


iptcf 


le  roi  prescrit  \ 

diaque  gestion  K 

Le  21  février  1357  se  pr<^^sentèrent  devant  le  [i:ouverneur  des 

[deux  comtés  Astrucli  Bonisacli,  Asmies  Cabrit,  Vitalîs  Abram  et 

jVitalisde  la  Cavaleria,  secrétaires  deTAljama,  disant  que  eux  et 

le*  conseillers  (consiliarii]  avaient,   secioidum  ordmacionem 

lûidealjanie,  élu  comme  secrétaires,  pour  Tannée  suivante,  As- 

[tfach  de  Besalduno  (Besalu]^  Astruc  Nasaii,  Maymo  Momet  et 

l&miel  Caracosa,  et  que  les  deux  derniers  refusaient  remploi  de 

[secrétaires  [lasecrelaria],  parce  qu*ilsravaientdéjà  rempli  et  que 

aptes  n*étaient  pas  encore  approuvés.  Le  gouverneur  tient 

Ff6nseil  avec  les  secrétaires  mêmes,  un  grand  nombre  de 

fjiu'b  {ctmi  muUis  judeis),  au  nombre  desquels  nous  voyons  : 

iBoaifos  Vidall,  Bonafos  Daui,  Astruch  Bendit,  Vidall  Benevist, 

Boîyicli  de  Montpellier,  Mosse  Vides,  ^  maître  »  Jacob  Bonjuhes, 

[Stnjch  Bonmacip,  Astruch  Maymo,  Astruch  Daui  de  Cochliure 

jfioUkfHre),  «  maitre  »  Abram  Vas  ',  Salamon  Abram ^  «  maître  » 

00  Diyot.  De  Ta  vis  de  tout  le  conseil  présent  le  gouverneur 

[décide  la  vérification  des  comptes  de  la  gestion  de  Maymo  Momet 

Ut  de  Samtel  Caracosa,  afin  qu'ils  puissent  remplir  leurs  fonctions 

I  de  nMTétaires  s 

Quelquefois  ces  élections  amenaient  des  difficultés  d'un  autre 
[pure»  Le  26  avril  1456,  les  secrétaires  déclarent  au  procureur 
[TOyil  quîls  ont  élu  et  nomment,  '<  ainsi  qu'ils  Tavaient  déjà  fait 
liîtàc  leur  conseil  *,  Cresques  de  Suau  et  Struch  Siri  comme 
wcti^taire5  pour  Tannée  suivante  et  demandent  que  ces  derniers 
I  loient  contraints  et  forcéa  d'accepter  ces  fonctions.  Mais  le  juge 
du  domaine  royal,  «  attendu  que  Télection  faite  par  ïesdits  secré- 
^tlireg  est  nulle  et  irréguliére,  ainsi  que  le  prétendent  quelques 
hr^s  de  TAljama»  parce  qu'une  autre  élecHon  avait  été  déjà 
[fcite  entre  etix,  selon  Tanciénne  coutume  »,  procède  à  une  autre 
Son  par  mode  de  rodotitis  ou  bulletins.  Le  scrutin  désigne 
bûffls  de  Blanes  et  Jucef  Salamo  *. 


«F«tJ  m  mfAîâ  tuphettndo  pHttum  quod  tum  ieCf'etafu  ditU  aîjame  {Pêrpiniam) 
■«  ftottmtiam  tt  alittr^  hiii   rétro  Umporihuâ  tteterifit   et  rematuerint  in 
t  «ffé9  fmamtmm  eu  pUtubat  tt  e^  hoc  oljame  eidem  tam  tx  ecstaeioHt  reddieionis 
idt  adminiitrat ii  et  reteptis  de  homs  ilHus  quam  aUai^  dampntt  non  mo* 
ttjuti^  ordonnons,  <;tc.  (B.  94,  1*  82).  —  Quelques  jours  après,   le  jeudi 
al  %%%Tt^  En  S<«niel  Peiit,  En  lîonalos  Vidal,  Eq  BoDBVtda  Mosse,  Ea  Daui  de 
ya  prêteront  sermeiît  en  qudtilé  dd  secrétaires  iohe  la  ieg  </«  Mohistn  tt  en 
fid  hômofûi  Un  Kamon  Thol^a^  proù9radof  Mml  [Uidâm]* 
•  pMiWilre  rtndriiuii  lire  :  Soi, 


as 


BEVFE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


Les  conseillers  se  réunissaient  dans  un  local  sp<5cial  qui  ébi 
comme  rhôtel-de-viUe  du  Call.  La  domiis  concilH  est  citée  eu  1357. 
En  1377,  il  est  question  d*tine  maison  sise  au  Call  confrontant  celle 
de  Cresques  Davi  et  domtis  vocale  (tel  ConceyL  Le  conseil  est 
rassemblée  souveraine  de  la  communauté  juive.  11  réunit  dans  set 
mains  le  pouvoir  de  rédiger  et  de  voter  les  statuts  et  de  les  faire 
ex€*cuter.  C'est  lui  qui  autorise  la  levée  des  impôts,  qui  dispose 
des  finances  de  rAljama,  en  règle  et  en  surveille  l'emploi;  il 
afferme  le  ^naçell  (bouclierie),  choisit  ou  nomme  à  Télection  les 
magistrats  ou  fonctionnaires,  taliadors  (taxateurs),  experts,  con-| 
trôleurs,  collecteurs  K  11  reçoit  les  plaintes  portées  contre  Ja  com-1 
munauté  et  juge  les  ditierends  qui  s'élèvent  entre  elle  et  les  parti-] 
culiers.  C'est  à  lui  que  Tautorité  s'adresse  pour  donner  des  ordres 
à  la  population  Israélite.  Le  conseil  dirige,  en  un  mot,  toutes  li 
affaires  de  la  communauté. 

Le  conseil  est  tenu  de  se  réunir  toutes  les  fois  qu'il  est  coih 
voqué  par  les  secrétaires  -  ;  il  tient  ses  séances  dans  la  scolatM 
synagogue.  Les  lois  faites  par  le  conseil,  puis  approuvées  par  1 
procureur  royal,  sont  oblig'atoires  pour  tous  les  Juifs  de  la 
lecte  »  des  deux  comtés.  Quiconque  vient  à  les  enfreind: 
maudit,  excommunié  et  banni  delMljama,  après  avoir  été  coib 
damné  à  payer  une  amende.  En  somme,  les  lois  votées  par  li 
conseil  n'étaient  que  des  statuts  concernant  Fadministration  et  la 
religion  ou  des  règlements  de  police.  Il  était  interdit  aux  conseil' 
lers  de  prononcer  d'autres  peines  que  Tamende  et  Texcommuni- 
cation.  Ils  ne  pouvaient  condamner  et  jeter  quelquVn  en  prisoi 
qu'avec  Tautorisation  et  en  vertu  d'un  ordre  du  gouverneur  oi 
du  procureur  royal  ^  La  juridiction  pénale  ne  lui  appartenait  pasi 
sauf  dans  les  cas  de  peu  d'importance.  Néanmoins,  à  Tintéi 
du  Call  son  action  avait  une  grande  puissance. 

Tous  les  juifs  de  l'Aljaraa  contribuaient  aux  impôts  pro  fd 


1  ^,pass%m  (d&DS  les  divers  registres  de  la  Proruracio  rtal)^ 

*  Certaines  assemblées  générales  où  Toa  étebUssail  des  imposiUons,  où  roo 
fiait  les  comptes^  etc.,  élaient  auterisées  par  le  conimis$airt  H  conservaimtr  fiffd 
juifij  doQl  U  est  question  plus  Loin. 

•  Le  3  septembre  1381,  Boflîlus  Struch,  juif  de  Perpigaan,  se  plaint  d'avoir  ^ 
des  coupa  et  blessures  de  Jaco  Daui^  juif  de  Perpignan  comme  lui.  lU  preoneol  p** 
arbitre»  Hca  ■  discrets  ■  Bouanaseb  Cresquos  Alphaquim^  Mosse  Mager,  Ben^n 
SalftmoDis,  Samitïl  Salom  et  Vives  Mosse,  lesquels  condamnent  Jaco  Daui  é  p*5* 
35  llorios  pour  la  va/fra  (blessure)  et  l'exilent  pendant  trois  ans  du  Rouaailloa.  1 
sentence  est  rendue  avec  Vantorisation  du  gotnerneur  des  comtés  [Notmlê  de  Gol 
laome  Fabre,  notsiros,  a*  ISÛ).  ^ —  Pendant  longtemps,  on  enferma  dans  k 
f^ogne  les  juifs  condamnés  u  la  prison.  Plus  tard^  le  roi  Martin  d'Aragon  ofdoni 
d^étabU'r  dans  la  juivcrio  de  Perpignan  un  local  spécial  qui  devait  servir  de  pril^ 
pour  les  Juifs  de  rAljamB  de  gcUo  vilte  et  do  ceux  de  sa  collecte  ou  contnbutîd 
(B.  217).  .  ^ 


LES  JUIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE 


37 


tailbus,  c'est-à-dire  proportionneUeraent  à  leur  avoir.  Il  y  en 
I  avait  de  plusieurs  sortes.  C'était  d'abord  la  taiJle,  espèce  d'impôt 
1  foccier,  frappant  à  la  fois  les  meubles  et  les  terres  et  dont  la 
[levée était  facultative»  pourvu  qu'elle  eût  été  préalablemnnt  auto- 
par  le  roi  ou  sou  procureur  général  des  comtés.  Il  y  avait 
des  tailles  extraordinaires  destinées  à  rentretieri  de  la 
[Byuagogue  et  des  bains  ;  à  payer  les  dettes  de  rAljama,  le  cens  que 
I  l'étéque  d*Elne  percevait  sur  le  fossar  ou  cimetière  Israélite,  le 
I  tribut  annuel  dû  au  roi,  etc. 

Jacques  le  Conquérant  avait  fixé  la  quotité  de  ce  tribut  ou 
I  impôt  royal;  Jacques  II  régla  la  capitation  que  payeraient  les  juifs 
I  derAljama  de  Perpignan  et  des  autres  villes  et  terres  cismarines. 
Otte  pragmatique,  donnée  à  Perpignan  le  7  des  calendes  de  sep- 
tembre 133y,  iixa  à  vingt  sous  de  tern  par  tète,  sans  différence 
[d^âgenide  sexe,  la  taxe  à  payer  sur  toutes  rentes,  cens,  biens 
liers  quelconques  de  rAljama,  y  compris  les  vases  et  joyaux 
ret  d'argent,  les  parures  et  vêtements  individuels,  les  orne- 
I  menu  de  la  synagogue  et  tous  autres  objets  servant  à  Tusage  ordi- 
I  naire  de  la  vie,  et  non  commerciaux.  Cette  capitation  {cabeS' 
\si0îum)  devait  se  payer  tous  les  ans  à  la  fête  de  Pâques.  Le  roi 
,  pouvait  la  remplacer  par  un  impôt  de  douze  deniers  pour  livre  de 
Ifârgent  possédé  par  les  juifs,  déduction  faite  des  sommes  qui 
k^raiont  reconnues  ne  pas  appartenir  à  ceux  des  terres  du  roi  et 
qui  se  trouveraient  entre  leurs  mains  à  raison  d'affaires  commer- 
ciales avec  des  juifs  étrangers,  déduction  faite  pareillement  des 
I  dettes,  ainsi  que  des  sommes  engagées  pour  des  affaires  de  né- 
ijoce'tLeroi  restait  maître  de  choisir  entre  les  deux  modes  de 
; (Sf ement que  nous  venons  d'exposer*.  On  remarquera  l'exemp- 
(lion  du  capital  engagé  dans  le  commerce.  Les  services  que  ren- 
Niitle  négoce  des  juifs  étaient  énormes  ;  ils  contribuèrent  beau- 
jtoup  i  leur  ménager  un  traitement  plus  doux.  D'ailleurs,  le  roi 
liocordait  des  exemptions  du  cabessatge  à  qui  il  lui  plaisait  \ 


*  8.  vfl  (rti^trft  V  de  U  Prùcurach  real)  f»  73.  —  Le  roi  ordonne  atiï  juif»  de 

'^Jsk&ir  de  toute  usure  et  de  praticfuer  seulciaetii  le  commerce  Ucile.  La  pragmu- 

I  îe&oureile  tu^  juifs  Pautorisatiou  de  résider  en  RoussilloD,  CooHeni  ei  Cer- 

|Mt»  p«r  une  nooTelIe  praj^8ti<pie  du  10  des  caleodos  de  septembre  de  la 
noée,  toc^irdait  au^  juifs  de  Perpignaa^  de  ^mtia  tptcioli,  que,  à  parUr  do  la 
M  fila  de  Pâques  ad  duot  amiêot  non  teneantur  dsre  nohii  nui  ti,  dén,  pro 
t  futwmm  fnoin  kahtmm  *>t  x  ioL  pro  cûbfuagw^  mon  ohitanU  qwùdam  instru^ 
••  fm^  tomitm^nr  fuod  tinnit  $imffmlU  Itnvantur  nQbit  dar§  pro  Cabtuagiû  ma^ 
a  m*  dtm,  pn>  hàra  (B.  %,  f«  124,  v»). 

Ka  i^i'é,  1340,  ete.^  exemplioDS  du  çabasût^e  en  faveur  dlssach  Bonet,  Katan 
I  al  se*  isendfea,  Daui  Boajom  del  Barri  {dé  Barrio\,  Mocse  Alpbaquim,  mé- 
(pkuù)f  Uofis«  de  Saverdun,  juifs  de  TÀiJama  de  Pefpignaii,  Vidal  Cohen 


38  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

LMmpôt  ou  tribut  dont  nous  venons  de  parler  n*était  pas  le 
seul  argent  que  le  roi  tirât  des  juifs.  Le  28  avril  1358  Pierre 
assigne  aux  infantes  Constance  et  Jeanne  une  rente  de  1,000  sols 
super  peylis,  stibsidiis  et  iributis  et  aliis  quWiiSvis  exaccUmi- 
hus  eangendis  ab  aljama  judeorum  ville  Perpiniani;  mais  il 
reconnut,  quelques  jours  après,  qu'il  avait  fait  inutilement  cette 
assignation,  puisqu'il  avait  déjà  assigné  les  questes  de  l'Aljama 
À  son  tailleur.  Force  lui  fut  de  reporter  la  rente  sur  d'autres 
revenus*. 

En  1413  l'Aljama  de  Perpignan  s'imposa  une  taille  dont  le  pro- 
duit devait  être  consacré  à  solder  le  montant  d'une  somme  due 
par  la  communauté  à  la  suite  d'un  compromis  fait  à  un  bourgeois 
de  Perpignan  appelé  Jean  de  Rivesaltes,  qui  était  conseiller  du 
roi,  puis  à  payer  un  certain  nombre  de  créanciers,  tant  juifs  que 
chrétiens*,  et  enfin  à  solder  au  trésorier  du  roi  l'une  de  ces  peyios^ 
questas  et  trahiitos  dont  il  a  été  question  ci-dessus  *. 

Il  ressort  de  ce  document  qu'il  y  avait  environ  à  Perpignan  cent 
quatre-vingts  familles  juives  en  1413. 

Le  rôle  de  cette  taille  parle  d'un  impôt  dit  «  des  prêts  »  ou  drf 
prestech.lsasic  Salomon  Bendit  était  chargé  d'en  faire  le  recouvre- 
ment cette  année-là.  On  retrouve  cet  impôt  en  d'autres  endroits 
avec  les  ajudas  raiipanim,  merchini,  mutuorum  et  pignorum 
ac  cadmium  judeorum  et  judearum  Ville  Perpiniani  et  Comi- 
tatuum  Rossilionis  et  Cerrilanie,  autant  d'aides  levées  par  des 
collecteurs  spéciaux  (en  1396)  *.  On  voit  par  plusieurs  documents 

médecin  {phiticia)  d'Ille  et  Astruc  Comte  de  Puigcerda  (B.  95,  ^  125,  y*  et/M»i«j. 
Naian  Samiel  était  exempté  en  raison  des  services  qu'il  avait  rendus  au  roi  et  à  sa 
<  trésorerie  •  <U  quada  tumtna  pecunU. 

Quelquefois,  le  roi  faisait  payer  sur  le  eahestatge  le  salaire  de  ses  servitean. 
C'est  ainsi  que,  le  12  août  1340,  il  donne  ordre  aux  secrétaires  de  l'Aljama  de  pajer 
les  appointements  dus  à  son  barbier  Messiot  (B.  95,  (^  123,  v«J.  Le  2  mai  1341, il 
leur  ordonnait  de  payer  au  juif  Jacob  Fferrassol  17  liv.  S  sol.,  que  la  cour  loi  àt- 
vait  raeione  trium  alarogiorum  (B.  95,  f»  122). 

*  Cartulaire  d'Alart,  H.  207. 

*  En  1266,  les  chanoines  de  Saint-Jean  décidaient  que  Targent  provenant  dec 
rentes  qu'ils  possédaient  sur  les  juifs  serait  affecté  à  la  construction  du  chœur  dfl 
leur  église  (Coma,  Notieies  de  la  igUsia  colUgiada  de  Sant-Joan^  ms.  de  la  bibli»' 
thèque  publique  de  Perpignan). 

*  M.  Loeb  a  fait  l'histoire  de  cette  taille  dans  la  Revue  (KIV,  p.  55  et  suiO* 
d'après  le  manuscrit  hébreu  qui  la  contient  (ms.  de  la  bibliothèque  publique  de  Per- 
pignan, n°  21). 

*  Je  trouve  plusieurs  rôles  de  Taide  des  marchandises  et  effets  d'habillement  {mtreu 
et  raupas).  L'un  de  ces  rôles,  qui  est  dans  B .  332,  est  rédigé  en  hébreu.  Le  même 
registre  contient  un  règlement  fait  par  les  secrétaires  de  l'Aljama  pour  la  mise  en 
vente  de  l'impôt  sur  le  vin  des  juifs  {vin  Juhic)  de  Perpignan  et  de  sa  collecte,  qui 
comprend  le  Houssillon,  le  Vellespir,  le  Confient,  la  Cerdagne  et  le  Barida  (entn 
Bellver  et  la  Seu  d'Urgell).  Citons  encore  le  tall  lucrorum  ou  deU  gutuanyagn  (taill* 
ou  aide  des  bénéfices) . 


LES  JITIFS  DK  ROtrSSILLOX  ET  DE  CERDACNE  39 

qtie  les  fermiers  avaient  le  droit  de  poursuivre  les  contribuables, 
inOmeles  veuves  et  les  femmes  en  l'absence  de  leurs  maris,  jjour 
le  paiement  des  tailles,  et  les  faire  mettre  en  [Hisoii,  de  prendre 
leurs  biens  en  gage  et  de  les  vendre  à  leur  profit  jusqu'à 
concurrence  de  la  somme  due.  Une  excommunication  générale 
était  prononcée  à  la  synagogue  contre  tous  ceux  qui  clierche- 
raient,  par  un  moyen  ou  un  autre,  à  échapper  à  la  nécessité  de 
payer  la  taille  *. 

La  déclaration  des  sommes  et  l'estimation  des  biens  sur  les- 
quels on  établissait  les  tailles  ou  contributions  devaient  être  faites 
par  chaque  juif  et  juive  avec  serment  sur  la  loi  et  suivant  le 
rife  de  leur  culte.  Chaque  juif  faisait  son  manifeste,  c'est-à-dire 
Çu*ii  déclarait  Tétat  réel  de  sa  fortune.  On  trouve  cet  usa^^e  pra- 
tiqué à  TAIjama  de  Perpignan  dès  Tannée  1261.  Le  jour  des  nones 
tl'aout,  Bonjuses»  tîls  de  Mosse  Gatalani,  déclare  par  acte  public 
à  X^eon  d'Elne  et  à  Davi  de  Béziers»  secrétaires  de  TAljama,  qu'il 
4    fait  un  état  exact  et  vrai  de  ses  biens  dans  le  mémonal  ou 
tnanifeste  qu'il  leur  a  remis.  Il  ajoute  qu*il  consent,  dans  le  cas 
-Oix   l'on  trouverait  île  lui,  en  Roussillon,  Gonilent  et  Gerdagne, 
f  d  '.autres  créances  que  celles  qu*il  a  indiquées,  à  ce  qu'elles  soient 
ii^djogées  au  seigneur  roi,  ilia  sint  dommî  régis  et  illa  possit 
y»3e  vel  sui  peiere  et  habere  et  recuperare  iatiqnam  sua  pro- 

L*excommumcatîon  ou  herem  que  chaque  Juif  devait  entendre 

en  faisant  son  manifeste  n'était  pas  une  vaine  formalité»  Celai  qui 

était  convaincu  de  mensonge  pouvait  être  excommunié,  eajposé 

dan^la  synagogue,  le  lundi  et  le  jeudi.  Le  coupable  était  assis  sur 

^îî«  cliaise  spéciale,   appelée  d'un  nom  qui  a  disparu  dans   le 

<*<^ument  qui  me  fournit  le  fait  que  Je  vais  <;iter-    En  1385, 

Mojige  Macip  et  Samuel  Slruch   Macip    avaient  pris    à   ferme 

*    *»  aide  des  prêts  ».  Us  s'aperçurent  qulsaach  de  Blanes  les 

^^'au  trompés  en  faisant  son  manifeste,  et  le  firent  comparaUro 

**^vant  notaire.  Là,  ils  demandèrent  pour  le  menteur  la  punition 

^^  la  chaise,  a  Vos,  En  notari,  disenUils,  livatz  carta  que  nos 

^Jïionestam   Nischa  *  de    Bîanes   qui  assi    es  que  [  ]   per 

^^'''tut  del  sograment  e  herem  e  vet  per  ell  scotat  sobre  radjuda 

"^^s  presteclis  [ell  se]  aja  a  seure  dilus  e  digous  e  Taltre  dilus 

P^p  segens  a  la  cadira  apelada  [  ]  n,  e  aço  per  com  es 


hUâùfê  Locb,  Hiitoiretie  ta  taille  de  H  M,  lor.eit, 
*    MtmmêlAé^  Rîerra  Calvel,  nolnire  do  Perptg:«au.  —  Ou  voit  quelcjucfoiâ  des  juifi 
.^     t^arpigMQ  kiftftêT  leurs  bienâ  au  souveraia,  d&os  Ifi  cas  ûii  leurs  héritiers  vien-^ 
I      '^tc&t  &  mourir  ^nfi  eolanlâ. 

^    Pour  N^bchi,  En  bcha,  ou  mieux  ëq  Issacli. 


40  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

casegut  en  ban  e  a  fraiidada  Tadjuda  a  nos  pertanyent  sobre  U 
quantitat  per  ell  prestada  sobre  penyores,  laquai  no  a  a  noi 
denoncjada,  en  [tal  ra]  anera  protestam  de  tôles  pênes  de  lesquals 
a  nos  sia  legut  de  protestar  contre  ell  *.  *i 

Les  ConstUîUions  de  Catalogne  nous  ont  conservé  le  teite 
catalan  d'un  serment  que  les  Juifs  t*taient  tenus  de  prêter  auï 
clirétiens  dans  certaines  circonstances.  Il  est  emprunté  au  vingt- 
huitième  chapitre  du  Deidéronome,  11  est  remarquable  par 
les  excessives  précautions  au  moyen  desquelles  le  législateur 
a  cherché  à  lier  la  conscience  de  celui  qui  devait  le  prêter. 
11  semble  impossible  d*accumuler  plus  d'imprécations  contre  le 
parjure,  qu'on  poursuit  dans  sa  personne»  dans  ses  biens,  dans 
sa  santé,  dans  son  avenir,  dans  sa  famille,  dans  sa  race,  dans 
toute  sa  postérité.  Tous  les  tléaux,  tous  les  désastres,  toutes 
les  calamités  physiques  et  morales  sont  appelées  sur  sa  téti, 
sur  son  honneur,  comme  père  et  comme  époux.  En  prêtant  ce 
serment,  celui  de  qui  on  l'exige  se  dévoue  à  toutes  les  ma- 
ladies les  plus  redoutables  et  les  plus  cruelles  s'il  ne  remplit 
pas  ses  engagements  ou  s'il  ne  dit  pas  la  vérité  ;  en  un  mot, 
la  formule  de  ce  serment  est  combinée  sur  la  cupidité»  TaYa- 
rice  et  la  mauvaise  foi  qu'on  regardait  comme  inhérentes  à 
la  qualité  de  Juif,  et  on  cherche  à  faire  tourner  contre  celui 
qui  serait  tenté  de  se  parjurer  tout  ce  qull  y  a  de  plus  sacrt 
dans  Tancienne  loi.  L'extrême  longueur  de  ce  serment,  fû 
devait  être  individuel,  ne  pouvait  que  faire  perdre  un  temps 
considérable  quand  plusieurs  individus  étaient  appelés  à  le 
prêter  '. 

Quelque  redoutable  que  fut  ce  serment,  il  parait  que,  exigé  par 
des  chrétiens,  ii  perdait,  aux  yeux  des  juifs,  tout  le  caractère  de 
gravité  dont  il  était  formulé,  et  ils  ne  se  faisaient  guère  scrupule 
de  le  violer  ou  de  le  prêter  en  vain,  du  moins  en  matière  d*iûté* 
rêt  pécuniaire,  puisque,  par  un  édit  rendu  aux  Corts  de  Barcelone 
en  1228,  Jacques  V^^  statua  que  dans  toute  cause  de  dette  il  w 

^  Mi^nuel  de  Bernard  Fabre.  C'est  ce  même  notaire  qui  reçut  le  rôle  de  U  UiUi 
de  1413»  si  savamment  Inierprétée  par  M.  Loeb.  —  Dans  uu  autre  document  dl 
1385,  Te  X  commuai  cal  ion  écoutée  par  les  juifs  au  moment  où  ils  tai&aîeat  leur  Bl^ 
mfesLe  est  ainsi  qualifiée  :  vet  tocutum  ehrayce  herem  et  Nildujf  {I&idem),  —  Lei  Jftîfe 
habitant  la  campagne  devaieut  se  présenter  en  personue  à  la  ajnago^e  de  Perffr- 
l^nan  pour  y  eatendre  Le  kerem.  Le  dernier  jour  de  lévrier  13S5|  Samiel  Mtdpi 
t  emptor  et  collector  ajude   prcslilorum  Judeorum    Perpinîani  [  ]  JadeomOl 

commoranelum  eilra  vlllam  Perpinîani  qui  sunt  de  collecta  Bijame,  ■  fait  savoir 
Samiel  de  RipoU,  Juif  liabiLaoL  d'Arles  £D  Valieâpir,  qu'il  ait  à  se  préseniar  < 
peraonnc  a  la  synagogue  de  Perpigôan  pour  y  enteiidrÊ  le  h^rém  {Manuel  de  Bl 
nard  Fabre). 

1  Conmtutiom  y  9Ur§â  drets  de  Cathûiun^a,  volumea  tercefi  Ulûl  V,  Z. 


LES  JUIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE 


M 


It  prêté  aucune  foi  aux  serments  des  juifs  ;  que  ceux  qui 
Sonneraient  pour  créanciers  ne  pourraient  être  admis  à  faire 
raloir  leurs  créatices  que  sur  un  titre  liien  légitime  ou  sur  la 
déposition  de  témoins  dont  Taffirmation  ne  piit  inspirer  aucune 
déliance. 

Après  les  conseillers  et  les  secrétaires  venait  le  clavaire,  dont 
nous  avons  déjà  parlé.  Sa  place  était  élective  comme  la  leur.  11  y 
avait  d'autres  fonctionnaires  qui  tenaient  de  plus  ou  moins  près  à 
la  religion  et  au  culte.  De  ce  nombre  étaient  les  «  maîtres  de  la 
iConfrériedu  cimetière  »,  qui  avaient  la  mission  de  nettoyer  les 
ivres  et  de  présider  aux  funérailles.  Ils  faisaient  enterrer  le 
à  la  place  choisie  par  les  parents,  et  réclamaient  aux  héri- 
tiers les  frais  de  Fenterrement. 
Di>s  leur  établissement  à  Perpignan,  les  juifs  eurent  sans  doute 
cimetière  particulier,  car,  dans  un  acte  du  16  des  calendes  de 
lai  1279,  il  est  déjà  question  du  a  nouveau  cimetière  des  juifs  de 
^rpigïian,  w  et    in  cimmterio    novo  judeonmi   Pe?yinia7iîK 
ÎToutefois,  le  peu  dlndications  fournies  parce  document  ne  nous 
îrmettent  pas  de  fixer  avec  sûreté  remplacement  du  nouveau 
Imetière   pas  plus  que  celui  de  Fancien,  En  1310,  on  créa  un 
|c»uveau  cimetière.  Gela  ressort  des  criées  faites  à  Perpignan  au 
lOis  de  février  de  cette  année  par  mandement  du  bailli  de  cette 
plie,  ad  instanciam  supraposUorum  cimiterii  novi  et  nunc  de 
\,ov&  consirucii  judeorum  *.  Nous  connaissons  remplacement  du 
Cimetière  de  131D,  11  était  situé  sur  la  rive  droite  de  la  Tel,  non 
loin  de  la  maison  de  Saint-Lazare,  ainsi  qu  on  peut  le  voir  par 
iiivers  actes  dont  nous  citerons  les  principaux  seulement.  Le 
avril  1403,  les  «  préposés  des  jardins  et  des  délimitations,  » 
^GbreposcUs  oriorum  et  ienninorum,  furent  requis  par  Mosse 
ieBealduno  (de  Bésaluj  et  Salamo  Freuot,  juifs  de  Perpignan  et 
maîtres  de  la  Confrérie  du  cimetière  de  FAljama,  »  d*avoir  à 
■^limiter  le  champ  appelé  fossar  dels  juheus    (cimetière  des 
[yifs)  et  la  vigne  de  G.  Castanyer,  jardinier.  Il  est  dit  que  la  Vî-- 
*J*e  passe  fins  en  L  moniment  de  pera  (probablement  une  croix 
^^  pierre),  et  que  le  champ  ou  fossar  et  la  vigne  en  question  sont 
^^Us  le  terme  de  la  paroisse  de  Saint-Jean,  <t  devant  la  maison 
Saint-Lazare  ^  »  Or,  nous  avons  déjà  vu  que  les  Lépreux, 
quittant  le  Puig»  étaient  venus  s'établir  sur  une  colline  située 
l'est  de   réglise   Saint- Jacques.  Le   cimetière  des  juifs  était 


de 


AteK  iUM  Pyr.-Or.,  Cartuîmre^du  Temple,  f°  '290  r^. 

Ordmamtnt  dd  etmenttrt  deis  Juteut  daas  le  livre  des  Ordinacict^i^  £,  T*^  4lî|  aux 
^^i»w  de  l'hôtel  do  ville  de  Perpifrnaii. 


42  REVUB  DES  ÉTUDES  JUIVES 

donc  en  face  de  la  porte  de  Ganet  actuelle  ^  Un  autre  document 
de  1403  ne  laisse  aucun  doute  à  ce  sujet.  Cet  acte,  qui  avait  été 
reçu  par  le  notaire  Bernard  Fabre,  avait  été  fait  et  signé  in 
cimiterîo  judeorum  Perpiniani  prope  et  ante  Portale  txm- 
ium  de  Caneto  ville  Perpiniani^.  Quatre-vingt-dix  ans  plus 
tard,  nous  trouvons  le  cimetière  juif  sur  un  autre  point  date^ 
ritoire  de  Perpignan,  à  côté  du  Ponl  de  la  Pierre^  et  non  loin 
de  la  Maison  de  Saint-Lazare,  qui,  à  son  tour,  avait  été  changée 
de  place  '. 

Tout  ce  que  cous  venons  de  dire  indique  que  la  population 
Israélite  de  Perpignan  s'était  singulièrement  augmentée  an 
XIV®  siècle.  La  taille  de  1413  que  nous  avons  citée  ne  comprend 
pas  moins  de  deux  cent  trente-cinq  juifs  ou  juives. 

Puisque  nous  venons  de  parler  du  cimetière  des  juifs,  ajoutons 
qu'on  n'a  jamais  découvert  d'inscription  hébraïque  dans  notre  ré- 
gion, quoiqu'il  y  ait  eu  des  fossars  aille,  Thuir^  Céret,  Poigccrdâ 
et  autres  lieux  des  deux  comtés.  Pour  le  fossar  de  Perpignan,  on 
s'explique  fort  bien  qu'on  n'en  ait  point  retrouvé  une  seule  pierre 
inscrite,  car,  en  1420,  la  communauté  juive  s'étant  trouvée  en 
retard  pour  le  payement  de  diverses  contributions,  et  notamment 
pour  la  pension  qu'elle  faisait  au  gardien  des  lions  du  Château 
royal,  le  Domaine  fit  une  saisie  sur  les  débiteurs,  et,  pour  ne  pas 
les  ruiner  complètement,  c'est-à-dire  pour  ne  pas  saisir  l'argent 
on  les  biens  qu'ils  pouvaient  avoir,  —  ce  qui  aurait  porté  un  pré- 
judice évident  aux  revenus  du  fisc,  —  on  trouva  fort  à  propos  de 
faire  main  basse  sur  des  biens  que  les  gouvernants  ne  s'étaient 
pas  encore  avisés  d'imposer.  On  saisit  donc  les  pierres  sépulcrales 
du  fossar  y  qu'elles  fussent  ou  non  chargées  d'inscriptions,  et  la 
vente  en  fut  faite  aux  enchères  publiques  en  faveur  de  maçons  et 
d'entrepreneurs.  Le  détail  de  cette  vente  existe  encore*.  Noos 
n'avons  pas  besoin  de  dire  que  si  cette  collection  archéologique 
existait  encore,  Tétat  pourrait  la  vendre  à  des  prix  bien  plus 
élevés.  Toutes  ces  pierres  furent  donc  employées  comme  maté- 
riaux de  construction  à  Perpignan  ou   aux  environs.  11  doit 


1  Eûtre  cette  porte  et  le  cimetière  était  le  moli  dels  Juheus. 

*  Manuel  de  Bernard  Fabre,  notaires,  n*"  5091. 

*  Un  cerUin  Tarba  réclame,  en  1493,  un  champ  situé  al  Pont  d$  la  Ptdrê  iUU 
fossar  deU  Jueus. 

*  B.  217. —  Plusieurs  de  ces  pierres  provenaient  de  la  carrière  de  Baixas,  qui  est 
encore  exploitée  actuellement.  Le  31  décembre  1410,  Benvenist  Struch  de  Besaloa, 
fils  et  héritier  de  feu  Struch  de  Besalun,  juif  de  Perpignan,  traite  avec  Irois  carriot 
de  Baixas,  qui  s'enp^agent  à  lui  fournir  unum  lapidem  monuwtenti  eèrayc$  vocêhm 
Mosseua  (ailleurs  Maçeua)  semblable  à  la  pierre  qui  a  été  placée  sur  la  tomba  di 
BoDsenyor  Mameti  (Manuel  de  Bernard  Fabre,  noiairee,  n*  5094). 


LES  JUIFS  DE  ROCSStLLON  ET  DK  CERDAGNE 


43 


DFP  en  exister  quelques  dt'bris  que  le  liasard  des  démolitions 
m  mettre  âu  jour. 

I  /ait  vient,  ce  me  semble,  à  Tappui  de  Topinion  de  M.  Loeb, 
[ne  croît  pas  à  V immense  fortune  que  pos&édaieiii  les  juifs  du 
I  àçe*.  Ceux  de  Perpignan  paraissent,  en  elTet^n  avoir  joui, 

ant  les  xni«  et  xiv"  siècles,  que  d'une  fortune  raisonnable, 

dquerois  même  médiocre.  Au  milieu  du  XV"  siècle,  ils  étaient 

vres,  ou  à  peu  près.  La  taille  de  1413  donne  une    fortune 

fêimede  37  livres  par  tête.  «  Ce  n'est  pas  une  grosse  fortune  », 

l^vec  raison  M.  Loeb.  Bailleurs,   nous  voyons  les  juifs  de 

l})ignan  emprunter  souvent  de  l'argent  aux  clirétiens.  C'était, 

l4^)n,  une  pratique  intéressée^   car,  plus  ils  devaient   aux 

fUens^  moins  ceux-ci  cberchaiout  à  les  faire  expulser.  Cela 

Itétre  vrai-,  mais  ce  qui  ne  Ve^i  pas  moin.s,  ce  sont  les  em- 

ras  financiers  qu'il  est  facile  de  constater  a  diverses  reprises 

J'A^ama   de  Perpignan.   Pour   n'eii  citer   qu'un  exemple,   le 

lUovembre  1400,  Mosse  Duran  et  Salarao  de  Bellcayre,  a  pro- 

cteurs  et  syndics  de  TAJjama  de  Perpignan  et  de  sa  collecte,  » 

ûtractent,  en  son  nom,  un  emprunt  destiné  à  payer  ses  dettes, 

récrasent' ».  D'un  autre  côté,  on  voit  souvent  la  corona 

aion)  des  créanciers  du  Call  mettre  en  mouvement  ses  «  pro- 

ears  »  et  faire  poursuivre  les  juifs  débiteurs,  vendre  leurs 

iou  les  faire  mettre  en  prison*.  En  139G,  Tun  des  créanciers, 
an  Garrius,  exige  de  l'argent  des  juifs.  Ils  répondent  qu'ils  ne 
UTenl  pas  on  donner  et  allèguent  lurs  grans  e  impmiabies 

rtchs  e  desanmisament  e  desteniment  delurjuhena,  Gar- 
Itsfait  appeler  les  dix  ou  douze  plus  riches  de  la  communauté, 

Qi  lesquels  Sa  miel  Asday  et  Mosse  Alphaquim,  et   les  fait 
(fermer  dans  un  silo  obscur  et  ténébreux,  en  una  siija  scura  e 
ebrasa,  dans  le  Call  méme^ 
altivement,  la  connaissance  des  aflaires  concernant  les  juifs 

attribuée  aux  gouverneurs  des  deux  Comtés.  Un  assesseur 


^Stfmfdet  Ktudujuhcs,  XIV,  p.  65. 

Do  toïl  ir*s  Bourpût   des  juifs  cbercher  a  s'enfuir   de  Perpignan,  Les  roîa  se 

obliges  do  prendre  des  mesures  rigourouBos  pour  les  retenir  sur  le  sol  du 

uUon  ;  il»  nomment  quelquelois  des  sergents  iitppiémmtairex,  chargés  d'urrdter 

'i  #«r  ia  iimpis  ré^mutUoa  des  sscrétsires  d&  rAlJBma,  afiCHlo   qnod  ^uùtidiê 

if^iti  *t  jmdft  fUffinnt  a  villa  Perpiniani  (B.  209).  Un  jaur,  Jean  1"  d'Aragon 

3ïi  su  gouverneur  des  deux  comtés  do  faire  séquestrer  et  invontorier  les  biens 

Us  juifs  de  t'AIjams  de  Perpignan  qui  seraient  soupçonnés  de  vouloir  quit- 

»  fin*  pour  aller  s'établir  en  F*ranco  (B    154), 

kdsCles  avec  les  arrérages  s'élèvent  à  la  somme  de  29,408  livres,  6  sous^  6  de 
,  tSS.  (•112â  125.) 
1740!^.  B.  225,  etc. 
>  B.  109. 


44  '  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

remplissait  les  fonctions  «  de  Commissaire  royal  des  jui 
et  c'est  lui  qui  servait  d'intermédiaire  entre  l'autorité  supé 
et  les  gouvernants  de  rAIjama,  dont  il  annulait  quelqueft 
décisions*.  Plus  tard,  le  roi  Alphonse  d'Aragon  attribua  ei 
vement  au  procureur  royal  la  juridiction  civile  et  crimine 
juifs  de  l'Aljama  de  Perpignan  et  de  sa  «  Collecte  »  *.  Le  ; 
reur.  royal  eut  quelquefois  à  défendre  ses  prérogatives  en 
matière,  notamment  le  20  mars  1451.  Une  rixe  assez  s^ 
s'était  élevée  entre  Lehon  Jaffuda,  Mosse  Assau,  Cresqi 
Suau  et  Issach  Grassan,  d'une  part,  et  En  Bellsbom  de  : 
de  l'autre  ;  ils  étaient  tous  juifs  de  Perpignan.  Le  pro( 
fiscal  du  gouverneur  leur  intenta  un  procès  ;  mais  le  proi 
royal,  qui  avait  fait  arrêter  les  délinquants  et  les  a  ten 
sa  cour  »,  protesta,  en  affirmant  son  droit  de  les  juger  *. 

Plusieurs  ordonnances  des  baillis  de  Perpignan  contienne 
règlements  relatifs  aux  juifs  ;  nous  avons  môme  des  sen 
rendues  par  ces  fonctionnaires,  jugeant  des  Israélites  *. 
le  23  février  1452,  il  fut  fait  expresse  défense  au  bailli 
David  «  de  se  mêler  en  quoi  que  ce  soit  »  de  la  juridicti( 
juifs®,  qui  fut  réservée  au  procureur  royal.  Pour  assigt 
juifs  on  procédait  de  la  même  façon  que  pour  les  chré 
mais  il  semble  ressortir  de  certains  documents  que  les  as 
tions  faites  un  samedi  étaient  renvoyées  «  parce  que  leî 
font  leur  prière  ce  jour-là  »  '. 

Dans  les  afiaires  d'intérêt  ou  de  famille,  l'arbitrage  jeu 
grand  rôle  à  l'Aljama.  Les  arbitres  sont  très  souvent  les 
taires  et,  souvent  aussi,  ce  sont  des  juifs  qui  n'ont  aucum 
dans  l'administration  de  la  juiverie.  On  voit  des  juifs  ré 
leurs  femmes  conformément  à  une  sentence  arbitrale  proi 
par  deux  arbitres  Israélites  »  ;  d'autres  signent  des  paix  et 
sur  l'avis  motivé  d'arbitres  choisis. 

On  sait  combien  les  juifs  ont  toujours  été  attachés  à  leu 
gion  et  à  leur  culte,  qui  comprenait  surtout  la  prière  et  V 
gnement.  Partout  où  ils  se  trouvaient  en  nombre,  leur  p 


1  Encore  en  1387,  le  roi  Jean  conférait  a  Jean  Vallseca  rofBce  d'asse 
gouverneur  et  offieium  commissarii  Judeorum  aljame  Perpiniani,  en  remp 
do  Guillaume  Jorda.  • 

«  B.  330. 

3  B.  331. 

♦  B.  405. 

5  B.  332. 

«  B.  405. 

'  Fa  la  lur  oracio  (B.  226). 

«  B.  335. 


LES  JOIFS  HE  ROirSSILLOM  ET  DE  CERDAGNE  /i!î 

îTflait  de  rechercher  un  local  pour  y  installer  la  synagogue. 

Vîft  là  qu'ils  célébraient  Je  sabbat  et  les  fêtes  de  l'année;  c*est 

qu'ils  sVdifiaient  dans  le  courant  de  la  semaine*  En  1303,  les 

!0cureurs  royaux  iureodèrent  à  R.  Savina  et  à  Perrot  de  Burges 

la  partie  de  terrain  où  était  située  la  scola  ou  synagogue,  in  qua 

muevii  esse  scola  site  sinagoga  judeorum  Perpiniani  ^  Une 

velle  synagogue  venait  d'être  construite  dans  le  Call  m*^me, 

Kaus  ne  saurions  fixer  avec  certitude  remplacement  qii*occii« 

lit  la  synagogue  dans  le  Call,  mais  nous  croyons  que  le  couvent 

t Minimes  (aujourd'hui  la  Manutention)  fut  fondé  sur  ses  ruines 

1575.  Ce  couvent  était  aussi  appelé  de  la  Vicloire.  La  rue  du 

ill  ou  des  juifs  prit  alors  ce  dernier  nom.  C'est  actuellement  la 

Saint-François-de-Paule, 
Il  existait  une  imposition  dite  des  Setis  ou  sièges  de  la  syna- 
pe.  Les  secrétaires  faisaient  un  jour  sommation  à  En  Salamo 
tuol»  jtiif  de  Perpignan,  d'avoir  à  payer  sa  contribution  de 
lois  par  an  imposée,  pour  chaque  seli  ou  cetl,  sur  chacun  des 
Cs  de  rAljama  *. 

t  Les  maîtres  de  la  confrérie  du  cimetière  w  n'étaient  peut-être 
des  ministres  du  culte,  mais  ils  devaient  être  plus- ou  moins 
la  dépendance  du  prêtre  officiant,  appelé  capeUanKs  judens 
capelia  Suheti  (curé  juif)  dans  les  documents  chrétiens  ^ 
11  eiistait  des  fonctionnaires  chargés  de  V  ^  aumône  de  Fallu- 
inaire  »,  procuraiores  helemosine  îuminm'ie  Alimne  judeo- 
m  Perpiniani,  qui  s'occupaient  de  l'entretien  de  la  lampe  éter- 
\ifi  (ner  tamid)  et  des  lampes  ordinaires  allumées  à  divers  mo- 
enlsde  la  semaine,  surtout  le  jour  du  sabbat,  pour  illuminer  la 
Hagogue  *. 

Oii  sait  que  la  culture  intellectuelle  n'a  jamais  été  négligée 

li  les  juifs,  et  la  religion  leur  faisait  un  devoir  de  connaître 

Tkora,  Des  fonctionnaires  spéciaux,  véritables  instituteurs  à 

fois  civils  et  religieux,  étaient  chargés  de  lire  la  loi  à  la  jeu- 

ue  de  KAljama,  Les  secrétaires  nommaient  les  lecteurs  de  la 

el  leur  imposaient  Fûbligation  de  remidir  leur  devoir.  S*ils 

11.21.^23,  ^\ 
'  B*  332;  B.  334,  —  L'article  B.  335  conUent  un  r<"ile  des  déf^rèveînfinls  elTec- 
'  tes  quatre  secrétaires  sur  la   vente  de  la  contribution  ordinaire  des  sièges 
de  la   synagogue,    SuiTent   deux    pages  de  noms   et  de    nombres    en 

^Kn  132! .  SfO  Mayr  Bot^eti,  eapetlamts  JmUui  hahîtator  Perpiniani  (Notuk  de 

'  Eiv  '  fo*  Daui  et  Vidal    Vitûs   de  Bêziers  remplissaient   ces  fonctions 

isXtf  .:jie  MalTred,  notaires,  n»  WUa). —  Il  y  avait  au  C«ll  de  Perpignan 

1  de  i^auoiùnt  *i€S  juift^  dont  il  eBt  parlé  en  plusieurs  endroits*  Elle  tviit 
■Uateors  spéciaux,  nommés  par  le  conseil  et  les  secrétaires* 


\ 


46  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

refusaient,  le  représentant  de  l'autorité  supérieure  intervenait     _ 
C'est  ainsi  que  le  procureur  royal,  à  la  date  du  28  avril  145S-    ^, 
enjoignait,  sous  peine  d'une  amende  de  25  livres,  à  Jusse  de  Lé —    - 
rach  d'avoir  à  faire  la  lecture  aux  enfants  du  Call  pendant  li 
temps  à  lui  assigné  par  les  secrétaires,  qui  devront  lui  payer  deui 
florins  pour  son  salaire. 


LES  JUIFS  DES  DEUX  COMTÉS  PENDANT  LA  DOMINATION  MAJOI 
QUINE.  —  RÈGLEMENTS  DIVERS  SUR  LA  POLICE  DE  L'AUAMA.  - 
ORDONNANCE  DU   BAILLI   DE  PERPIGNAN  SUR  LE  PORT  DE  LA  ROI 

IMPOSÉ  AUX  JUIFS  (1276-1344). 


La  création  du  royaume  de  Majorque  à  côté  du  royaume  d'i 
gon  fut  une  source  intarissable  de  dissensions  et  de  malheurs.  T     *es 
deux  fils  de  Jacques  le  Conquérant  se  firent  une  guerre  achs^B-r- 
née  ;  leurs  successeurs  continuèrent  ce  duel  odieux,  haineux,  (^^ui 
amena  la  ruine  du  royaume  de  Majorque  (1344)*.  Les  princ^^ 
majorquins  résidèrent  habituellement  au  château  de  Perpign^iï, 
circonstance  très  avantageuse  pour  la  ville  et  les  deux  comtés^     et 
il  fallut  tous  les  maux  qu'entraîne  la  guerre  impitoyable  poiir 
arrêter  l'essor  agricole,  industriel  et  commercial  commencé  soiis 
le  règne  de  Jacques  le  Conquérant.  Toutefois,  il  serait  facile  ^e 
montrer  que  la  monarchie  majorquine  favorisa  efficacement  l'a- 
griculture, rindustrie  et  le  commerce,  auxquels  les  Juifs  des  deux 
comtés  ne  furent  certainement  pas  étrangers.  Plusieurs  d'entre 
eux  achètent  et  expédient  des  laines,  des  cotons;  d'autres  sont 
marchands  de  livres  ;  quelques-uns  sont  teinturiers  ;  je  vois  des 
relieurs,  des  tailleurs.  Ces  ouvriers  juifs  étaient  soumis  à  Tex»-- 
men  des  préposés  des  corporations  de  métiers*.  D'ailleurs  1^^ 
princes  majorquins  se  montrèrent  favorables  au  développemei^^t 
de  la  liberté,  et  leurs  règlements  et  ordonnances  relatifs  au-"^ 
Juifs,  tracassiers  et  vexatoires  à  nos  yeux,  ne  sont,  pour  la  plt*"" 

*  Jacques  1«'  de  Majorque  mourut  ea  1311.  Son  fils  Sanche,  qui  lui  succéda,  Bao*-*-' 
rut  en  1324,  et  laissa  le  trOne  à  son  neveu,  Jacques  II,  qui  fut  le  troisième  et  dern^- 
roi  de  Majorque. 

»  B.  226.  Dans  le  livre  premier  des  Orditiûeiotu  (f»  55,  v«),  U  est  quMtîoift^    ^°^ 
juifs  colporteurs  ou  marchands  ambulants,  portanteê  rûubàm  ad  €ollum  ê$  «rf 
et  itamMt  et  laMm  et  Mrot  causa  fundmUper  mUam  Ferpiniani» 


LES  JUIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE 


17 


e  des  règleaients  de  police  exigés  par  les  circonstances  et 
rs  de  Tt^poque* 
Les  chrétiens  du  Roussillon  aimaient  beaucoup  les  jeux  de  ha- 
ies juifs  s'y  livraient  avec  non  moins  de  passion, 
l'an  1279,  nous  trouvons  une  ordonnance  des  consuls  de 
Perpignan  qui  défend  de  prêter  de  Fargent  au  jeu,  sous  peine  au 
jT^teurde  perdre  sa  créance,  quel  que  soit  Temprunteur,  juif  ou 
rétien  *.  En  1284,  Jacques  l*""  de  Majorque  prohiba  toute  espèce 
jeuide  dés,  tant  dans  Tintérieur  qu*à  Textérieur  de  Perpignan, 
ieluî  qui  n'aurait  pas  de  quoi  payer  l'amende  (dix  sols)  recevrait 
m  coup  de  fouet  ou  de  verge  (assoi)  pour  chaque  sol  dont  il  se- 
H  insolvable  *.  Parmi  les  jeux  prohibés  se  trouve  le  iindaxireyt 
kcabraboch;  mais  nous  ignorons  quelle  en  était  la  règle  ou 
nanit^re  de  les  jouer.  Celui  qui  est  appelé  amicdalorum  amie- 
iia  pro  aniicdalis  était  un  jeu  purement  de  hasard. 
De  par  une  ordonnance  du  12  des  calendes  de  novembre  1295, 
Rjuife  ne  pouvaient  pas  jouer  aux  dés  pendant  leurs  fêtes  (en 
^eslurs\  ni  les  jours  de  noces,  ni  en  nulle  autre  circonstance. 
Ils  n'en  avaient  reçu  la  permission  du  baiiii  royai,  qui  savait  la 
faire  payer  ;  dans  aucun  cas  ils  ne  devaient  jouer  avec  des 
-,  Le  seul  jeu  de  des  permis  aux  juifs  vers  le  milieu  du 
'*  était  celui  qu'on  appelait  en  catalan  iaides  mallela 
iautes  ferrando;  mais  nous  ignorons  aussi  en  quoi  il  con- 
lUit. 

jett  amenait  quelquefois  des  contrats  assez  singuliers.  Un 

f  de  Perpignan  appelé  Gracien  Cap  s'engageait  un  jour  envers 

Trillar  à  ne  pas  jouer  de  deux  ans  au  jeu  dit  amicdatO' 

nicdafa  pro  arnicdalis*  Ces  sortes  d'engagements  étaient 

devant  un  notaire  ou  un  employé  de  la  «  scrivanie  »,  et, 

le  les  parties  voulaient  les  casser,  elles  revenaient  devant 

gistrats  Le  10  des  calendes  d*avril  127(3,  Astruc  Abram 

geait  un  de  ses  coreligionnaires  et  ses  biens  de  toute  ques- 

^ull  pourrait  soulever  contre  lui.  Il  le  dégageait  aussi  de  la 

qu'il  lui  avait  promise  chaque  fois  qu'il  jouerait  ou  ferait 

à  un  jeu  auquel  il  pourrait  perdre  quelque  chose  du  sien, 

pourras  donc  jouer  sans  crainte,  lui  dit-il;  je  brise  Facte 

lenous  avions  fait  en  la  scrivanie  de  Perpignan,  et  je  reconnais 

reçu  pour  cette  définition  la  somme  de  mille  sols  barce- 


Le 


Uvrâ  premier  dea  Ordinactùiu  de  la  cour  du  bailli  de  Perpigiiûû,  f»  9,  v« 


/i8  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

L'ordonnance  royale  du  12  des  calendes  de  novembre  que  nous 
citions  plus  haut  contient,  sous  forme  d'appendice,  une  ordon- 
nance d*Ën  Vidal  Grimau,  balUe  ou  bailli  de  Perpignan,  où  il  est 
recommandé  aux  juifs  de  ne  point  se  permettre  de  sortir  «sans 
cape  »,  que  cCaqui  anant  negu  juseu  no  gaits  anar  tneym 
de  capa^. 

Cette  défense  de  «  marcher  sans  la  cape  »  prouve  que  cet  ha- 
billement, qui  affectait  la  forme  d'un  long  et  vaste  manteau,  fut 
d'abord  le  signe  particulier  auquel  on  reconnaissait  les  juifs.  En 
effet,  la  roue  ne  leur  fut  prescrite  qu'en  1314,  et  encore  le  port  de 
ce  signe  distinctif  ne  fut  imposé  qu'à  ceux  qui  ne  portaient  pas  la 
cape.  La  roue  était  cousue  sur  la  robe  de  dessus,  au  milieu  de  la 
poitrine  et  de  la  manière  la  plus  apparente.  Elle  était  de  toile  oa 
de  soie  et  d'une  couleur  bien  tranchée  avec  celle  de  la  robe  •.  Elle 
était  très  petite,  si  l'on  s'en  rapporte  à  la  figure  qui  la  représente 
dans  le  livre  premier  des  Ordinacioyis. 

Quelques  juifs  furent  dispensés  de  porter  la  roue.  J'en  citerai 
un  exemple.  La  veille  des  ides  de  septembre  1323,  le  roi  Sanche 
de  Majorque,  successeur  de  son  père  Jacques  !<=%  autorisa  Bonjorn 
del  Barri  de  faire  partie  de  l'Aljama  de  Perpignan,  de  voyager  et 
trafiquer  librement  dans  tous  ses  États  et  de  ne  porter  sur  ses 
habits  ni  la  roue  ni  aucun  autre  signe  qui  pût  le  faire  reconnaître 
comme  juif,  «  attendu,  dit  le  roi  à  Bonjorn  del  Barri,  qu'un  pa- 
reil signe,  si  vous  le  portiez,  pourrait  vous  occasionner  divers 
dangers  et  périls  réels  et  personnels  lorsque  vous  devriez  aller  çà 
et  là  pour  votre  négoce,  à  cause  de  la  haine  presque  commune 
qu'on  a  pour  les  juifs,  »  propier  quasi  commune  odium  Ju- 
deorum  ^. 

Ce  qui  n'était  qu'une  exception  devint  plus  tard  une  règle  pour 

*  Ordinacions,  i,  f»  7.  v»,  cilé  par  Alart,  Documents  sur  la  langue  catalane  dtse»' 
ciens  comtés  de  Roussillon  et  de  Cerdagne^  p.  106. 

«  VI.  Kls  aprilis  anno  dfii  M.  CGC.  XIIII. 

Ordinatum  fuit  per  dominum  Bernardum  Dauini  militem  bajulum  Perpiniani  é« 
mandato  illustrissimi  domini  nostri  régis  Maioricarum  quod  omnes  judaei  dicionis  dicki 
dni  quod  {sic)  non  portabunt  capas  habeant  portare  rotam  fili  vel  cirici  in  rauba  sb> 
prema  in  medio  pectore  unum  palmum  cane  Montepusellani  (sic)  subtus  orim  postis 
pectorie  ;  que  rota  non  sit  talis  coloris  talis  erit  dicta  rauba.  Et  si  de  cetero  inveniitiiî 
aliquis  judœus  per  sagiones  curie  qui  non  portât  predictam  rotam  sub  forma  et  coadi- 
cione  predictis  quod  dictus  judœus  amitat  raubam  supremam  quam  tune  portabunt 
de  qua  roba  {sic)  sagiones  babeant  terciam  partem  et  curia  dni  régis  duas  paries. 
Que  rota  sit  hujus  magnitudinis  Ç\ 
(Ordinacions^  i,  f»  54,  v»). 

*  B.,  94,  fo  45,  v».  —  C'est  Grégoire  IX  qui,  en  1234,  avait  exigé  de  tous  les  to 
de  la  Péninsule  l'accom plissement  du  canon  du  concile  général  de  Latran  de  1215  i 
latif  au  signe  distinctif  et  au  costume  des  Juifs. 


LES  JriFS  DE  HODSSILLON  ET  DE  CEBDAGXE  rs 

^5  Juifs  en  voyajîe.  Nous  verrons,  en  effet,  qne,  dans  rintên^td*^ 
leur  surettV,  Alphonse  V  d'Aragon  afiranchit  lesjuir^^  de  Tobliga- 
tion  de  porter  la  roue  ou  tout  autre  sigau  qui  pourrait  les  faire 
reconnaître. 

En  1279,  Jacgues  de  Majorque  défend  à  tout  juif  ou  juive  de 

prendre  une  chrétienne  pour  nourrice,  pour  femme  de  chambre 

tprediceca]  ou  pour  servante;  ;  il  dt^^fenil  aussi  à  toute  femme  cliré- 

tieaae  de  s'engager  à  eux  en  cette  qualité,  sous  peine  de  deux 

cents  sous  d'amende  contre  l'un  et  l'autre  ;  et  s'ils  ne  peuvent  pas 

payer  cette  somme,  ils  seront  fustig<^s  par  toute  la  ville  (fusH- 

gentur  per  VUlam  Pef^piniani  tamjudeKS  et  judea  quam  chris- 

tiaiia).  La  même  peine  sera  encourue  par  toute  femme  chrétienne 

Jtii  entrerait  dans  une  maison  juive,  soit  pour  ses  propres  aflaires, 

lit  pour  y  faire  quelque  service  (pro  iwgùcUs  suis  vel  servicio 

eis  (aux  juifs)  faciendo  inUis  domus  *). 

■       Une  addition  à  cette  ordonnance»  qui  est  du  5  des  ides  de  juin 
1279.  interdit  aux  chrétiens  de  porter  de  Teau  à  un  juif  ou  à  une 
juive,  de  faire  sa  lessive,  de  porter  son  pain  au  four.  Une  chré- 
tienne ne  peut  aller  rendre  visite  à  une  juive  nouvellement  ma- 
r-î^e,  ni  à  une  accouchée  {ni  gaus  anar  coHejar  novia  jusia  ni 
t>€Mri€ra)  ;  elle  se  gardera  de  faire  aucun  service  dans  une  maison 
j  laive.  Un  «  établissement  »  de  la  m<)me  année  (1206)  défend  a  tout 
.     JU-if  baptisé  de  conserver  aucune  relation  avec  ses  anciens  core- 
fcligionnaires,  de  les  fréquenter  et  môme  de  leur  parier.  Quelques 
Hjours  apri>3,  le  hatUe  ou  bailli  de  Perpignan,  En  Vidal  Grimau, 
■ti^feod  à  tout  chrétien  d'aller  vendre  des  comestibles  [negunes 
"     c<zuse5  inenjadorcs)  dans  le  CalL 

Aucune  denrée  ne  pouvait  être  exposée  en  vente  par  les  juifs 
fî€*  TAljama  ;  ils  devaient  se  pçurvoir  de  tout  au  marché.  Un  rè- 
glement du  bailli  royal,  en  date  du  8  des  calendes  de  septembre 
X^lJi),  défendit  aux  marchands  de  fruits  de  permettre  aux  juifs  de 
r^icn  toucher  dans  les  paniers.  Le  roi  décida  quil  ne  serait  point 
^^]t  de  criée  à  ce  sujet;  le  bailli  devait  se  borner  à  transmettre 
*on  «(  mandement  »  aux  secrétaires  de  rAIjama,  qui  le  communi- 
queraient aux  juifs  dans  la  synagogue  *, 

•  Z«»rir  fî<rrf  mt«9i»r,  f*  54,  T*,  et  Ordinacio1ki^  l^  i°  6,  V"* 

*  Après  .if êo  {\^  manamtnt  du  bailli),  ctnc  tn  audeneia  dtl  Senyùf  ny  0  fe  vêana- 
^*^i  fWên^M  tridat  mui  qut  hom  fei  manameHt  ait  êtcreiarii  fW  0  dt^âuen  dir 


T,  XV,  w*  29. 


\ 


30  REVUE  DES  ETUPES  JUIVES 


VI 


LES   JUIFS    DES    DEUX    COMTÉS    SOUS    LES    RÈGNES  DE   PIERRE  IV 

DE  JEAN   I®"*  D'ARAGON.  —  LETTRES  DE  QUiatge,  —  RÈGLEMENTS^^^ 

CONCERNANT  LES  APPROVISIONNEMENTS  DES  JUIFS  SUR  LBS  MAR .- 

CHÉS  PUBLICS.  —  ENVAHISSEMENT  DU   CALL  PAR  LES  CHRÉTIEN^^    s 

(1344-1396J. 

Pieprre  IV,  dit  le  Cérémonieux,  avait  succédé  à  son  père  Al  ^M- 
phonse  sur  le  trône  d*Aragon.  Il  chercha  vite  querelle  au  roi  d^^Be 
Majorque,  qu'il  s'était  promis  de  dépouiller  de  ses  États.  Pierr^rrxe 
envahit  donc  le  Roussillon,  en  1343,  s'empara  de  Collioure  r-^g 
d'Klpô>  occupa  Perpignan  et  s'installa  au  château  des  rois  de  Ma^^- 
jorque.  Le  22  juillet  1344,  il  fit  publier  dans  l'église  Saint-Je^^n 
racle  de  réunion  des  comtés  de  Roussillon  et  de  Cerdagne  à         h 
couronne  d'Aragon.  Le  royaume  de  Majorque  avait  vécu. 

3ous  le  règne  de  Pierre  IV,  les  juifs  des  deux  comtés  paraisse^ssnt 
avoir  laissé  le  petit  trafic  pour  se  livrer  au  grand  négoce.  Au  :ssi 
nous  les  voyons  très  souvent  en  voyage,  allant  en  Catalogne        ou 

en  France.  Mais  il  ne  faudrait  pas  croire  pour  cela  qu'ils  eus^a ,nt 

toute  liberté  de  sortir  des  comtés.  S'ils  n'étaient  pas  précisém^^nt 
considérés  comme  une  marchandise'par  les  rois  de  Majorque     et 
d'Aragon,  ces  princes  avaient  grand  soin  de  les  empocher       de 
sortir  de  leur  royaume,  car  ils  avaient  continuellement  une  "^hy- 
pothèque sur  leur  bourse,  dont  ils  ne  voulaient  pas  voir  dimin^^^ier 
le  capital.  On  trouve,  en  effet,  les  juifs  inscrits  dans  les  rôles     4ies 
objets  dont  la  sortie  est  prohibée*.  Pour  passer  la  frontière  »  ils 
avaient  besoin  d'une  permission  émanée  de  l'autorité  royale  oui  de 
celle  des  officiers  royaux.  C'est  ainsi  qu'en  1372,  Pierre  IV  ay^t 
frappé  une  forte  contribution  sur  TAljama  de  Barcelone,  ce  prfece 
donna  à  l'un  d'eux,  Jussef  Zarch,  la  commission  de  se  rendre  en 
France  pour  solliciter  de  ses  coreligionnaires  des  secours,  afinie 
solder  la  somme,  et  le  bailli  royal  de  Barcelone  lui  donna  une  lettre 
en  forme  de  passeport  pour  que  le  gouverneur  du  Roussillon  li»-^ 
permît  la  sortie  du  royaume  d'Aragon  *.  Le  même  roi  donna  A  di^^ 

*  n  existe  des  criées,  faites  au  nom  de  Pierre  IV,  qui  interdisent  Pezporlation  ^^\ 
Tor,  de  Pargent  et  d'autres  métaux,  ouvrés  ou  non,  des  chevaux,  armes,  yivres  ^f^S, 
munitions  de  guerre,  des  Juifs  ou  Juives,  de  la  laine,  des  cochons,  etc.  (Registre  X\^^ 
de  la  Procuracio  real^  B.  136). 

>  Par  lettre  du  !•'  mai  1376,  datée  de  Montso,  Pierre  IV  défendit  au  gouveroec^^ 


LES  JUIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE  5t 

jcib  de  Perpignan  raetorisation  de  passer  en  France  pour  y 
suirre  àes  affaires  de  ne^goce  *.  Le  souverain  donnait  aussi  des 
kttm  de  ffuiaige  ou  sauf-contluits  aux  juifs  i^trangers  qui  de- 
mandaient à  venir  dans  les  comtt^s.  On  en  trouve*  la  preuve  dans 
Otte  lettre  que  te  gouverneur  de  Eoussillon  et  de  Geniagne  adres- 
sait à  IssacU  j'uiC  de  Carrassoiine,  le  12  octobre  1377  ** 

L<*«  juifs  se  levaient  matin*  Leur  premier  soin  était  d'alter  au 
marché,  où  ils  achetaient,  comme  de  juste,  ce  qui  <1tait  à  leur 
convenance.  Or»  il  se  rencontrait  que,  presque  toujours,  la  viande 
laplas  jolie,  les  volailles  les  plus  grasses  et  les  fruits  les  plus 
ffiis  «étaient  à  leur  convenance.  Ils  se  gardaient  donc  bien  de  les 
^lil«ser  pour  ces  paresseux  de  chrétiens,  qui  dormaient  jusqu'à 
Ma  heure  avancée  du  jour.  Les  chrétiens  se  fàchf^rent  et  ob- 
tinrent de  l'un  des  rois  de  Majorque  un  statut  interdisant  aux 
Imfs  de  paraître  sur  le  marché  avant  que  «  la  troisîArae  heure  fût 
#onnée  »  *,  En  1358  on  dut  s'apercevoir  que  les  juifs  violaient  le 
italut  roya),  puisque  Pierre  IV,  par  lettres  données  à  Girone  le 
SS  avril  1358.  défendit  qu'aucun  juif  osiU  acheter  volailles,  gibier, 
fmmajfp  ou  comestibles  quelconques  sur  la  place  du  marché  [in 

uteDAnls  de  donner   de  ces  sortes  de  permissioDS  aux  juifs  de 
.  laissant  ce  dfoit  Oiu  procureup  royal  (Registre  X  de  la  ProûH~ 

'  Ués  te  roi  exigeait  des  cautioa»  d'unâ  telle  nature  que  le  juif  ce  pouvait  piiB 

■\  ue  de  firveuir  chez  lui.  Le  28  aoQt  136^i^lo  roi  écrit  à  Âruald  d'Orcbau^gou* 

Comtéâ^qu'il  aulorisc  Stnich  Dmii  Choen,  Mahîr  Samicl  ot  Vidal  Samit'î, 

;aas,  de  sortir  du  RouBsilloQ  et  de  passer  en  France   *  où  ils  espèrent 

jroce  airec  plus  de  protit  que  dans  aes  terres  %  à   condition,  toutefois, 

€QUi  k  Perpignan,  ou  autre  lieu  du  domûine  royal,  leurk  feroroes  €i  leurs 

,el  donneront  des  garanties  sulfisantes  pour  le  paieraent  des  contributions  aui- 

(  il<  feront  astreints  comme  membres  de  rAljama  âa  cette  villi^pH^ndant  leur  ab- 

»  [B,  121,  l*  49,  v").    Même   autorisation  donnée  ie  3  lévrier  i306  à  Jusse  Tbouia 

t   JacoL  Cboen  {IbiJem,  t*'  S2,  v").  —  Ce  denvier  devait  être  un  des 

tj  du  Call  de  I^ferpi^nau,  Je  vois  que  le  24  novembre  1369    le  pro- 

donoe  encore    des  lettres  de  gmatgc  pour  aller  *  commercer  »  on 

,  êt€ê  iûuentiiHtnt  et  la  toltmté de  Cresques  Na^bi  et  Jusse   Thouia,  sccrc- 

1  4!i.«tni<    nef  not^  de preientando se  coram  noHs,  ajoute  ie  procureur  royal, 

tf^uam  red^iril  a  dicto  regno  fi  fuftit  tf  xnlla  Perpiniani  {lèidem). 

i^ii  il«  Per&ltos,  cavalter,  «çovernador  de  Rosselio  0t  de  Cerdanya,  per- 

~^  }uheu  habitant  de  Carcbassona,  vois  venir  k  Porpenya  par  comptar 

^  aU  quais  as  tengut,  puiam  e  ass^fruram  tu  dit  Usscti  us:i  que  per 

iMtat  dauias  o  aitres  causas  civil*  o  per  peytes  d'alyama  o  d'altres  no  puguea 

\  UB  alurat  tu  persona  ans  puxes  enlrar  salvament  e  estar  e  tomar  tota  ve- 

r  qp^  voira»  dina  dot  meses  de  la  dada  de  la  présent  avant  comptadors  par 

►  mea  avant  volem  que  dur  aquest  guiatge.*.  •  —  Celte  lettre  fut  eonirmée 

eauivaxit  par  Adday  Tauros  Mossa,  magiUtt  Vitaiis  SamieL  et  Crasques 

b,  secrétaires  da  i'Aljama  de  Perpignan  (kotwU  de  Guillaume  Fabre,   no- 

la  itite  et  la  date  de  c«  statut  qui  est  rippAlé  dani  calui  que  nous 
s  ci-4«aaoiia. 


1 


REVUE  DES  ÉTlîDES  JUIVES 

platea  GaUinarum),  savant  que  la  troisième  partie  du  jonrfftt 
finie,  »  donec  transierit  ie7\Ha  pa7'S  clieiK 

Il  est  à  croire  que  les  JuKa  protestèrent  contre  cette  ordoa- 
nance  et  que  le  roi  Pierre  IV  la  retira.  On  ne  peut  s'expliquer 
différemment  ïe  contenu  dWe  autre  ordonnance,  datée  deCer- 
vera  le  14  décemlire  de  l'année  suivante  (1359J.  Il  y  est  dit  qae 
le  roi  retire  aux  juifs  la  permission  qu'il  leur  avait  donnée 
(tacheter  sur  les  marchés  de  Pey^pignan,  Il  rappelle  cette  fois 
rordonnance  dont  il  a  été  question  ci-dessus  et  il  ordonne  delà 
faire  exécuter  dans  toute  sa  rigueur  *. 

A  la  laveur  des  trouilles  causés  par  la  dernière  guerre  entre  les 
deux  rois  de  Majorque  et  d'Aragon,  quelques  juifs  de  Perpignan 
avaient  quitté  le  Ca/^  et  s'étaient  répandus  dans  Tintériear  de  la 
ville.  Jean  Gilles,  consul,  et  Guillaujue  Redon,  bourgeois,  toûs 
deux  syndics  de  V  «  université  u  de  Perpignan,  s'en  plaignireai 
vivement  au  roi.  Pierre  écrivit  aussitôt  au  sieur  d'Orcliaa,  por- 
iant'Veus  ou  lieutenant  de  son  gouverneur  en  Roussillon  :  «  Plu- 
sieurs juifs,  dit-il,  ont  abandonné  le  Puig  des  Tisserands  '  qui 
leur  avait  été  assigné  anciennement  et  ont  acheté  des  maisons- 
dans  une  rue  qui  conduit  au  Puig,  rue  qui  est  habitée  par  des 
chrétiens  ».  Cela  n'est  point  tolérable,  car  lorsque  le  Saint*Sâcre^ 
ment  passe  dans  cette  rue,  les  juifs  le  blasphèment  «  tacitemeat»  - 
En  conséquence,  Areald  dTJrchau  voudra  bien  chasser  immédia- 
tement les  juifs  de  toute  rue  habitée  par  des  chrétiens,  ave^ 
défense  absolue  dliabiter  les  maisons  qu*iis  y  ont  achetées.  L* 
lettre  est  datée  de  Barcelone,  le  26  octobre  1366.  Le  roi  Yoalai^ 
qu'on  s'en  tint  à  ses  ordres  jusqu'à  son  arrivée  à  Perpignan*. 

'  Livré  tert  mimeur^  fol.  219^  r*. 

«  Peinis  dei  gradt  rex...  tiobUi  ol  dilecio  gerentî  vices  guberaatoris  in  eaniftàlîb 
HoseiUonIs  el  Cemlanie  ceitiristjtiis  ofiidalibuB  uoBtris  ville  PerpiDÎnoi  prote&Uhu* 
futuriâ  et  locateneiitibus  eorumdem  saluteLti  ni  grsciam,  Cum  ut  pcr  siodicos  uaiv^ 
sitatm  ville  Perpiniam  ad  nosnovifer  missos  pro  cuha  tjuam  uunc  CathalonbCerviri^ 
cetebramus  fuit  uobis  expositum  revereuler  nos  coucessi^rimus  judeis  oioâdem  tiU' 
qaoà  poBBiDl  emere  quacumijue  ora  diey  qualibet  victualla  prout  faciutit  cbhstitiub*^ 
qU6  foctum  esae  dicatur  contra  ûrdinacionem  fitctn  per  ohm  Reges  Ma4oric4n%m  ^fl* 
cavetur  quod  auliusJudÊus  aut  judea  aub  penu  \.  sol.  audeat  emere   aui  emi  fioe^ 
ia  die  mercati  nec  ûie  domiuica  vel  festiva  nisi  post  pulsadoDem  terciu  gmllinis,  p^" 
loB.  anceres,  anatos  aut  aliam  voie  in  ri  a  m^   ova  vel  caseos  el  eeiam  co&Lra  loop^ 
xisnm  in  dicta  vjUa  de  prediclis  obft«.*rvatum  *  Kliam  post  impeiratioDem  phvilegii  isw 
morati  et  propierea  noUs  fuerit  aupplicatum  ut  super  biis  digoaremur  de  cppOflttM 
remËdio  providure,  ideo  supplicaiioiLe  prodicta  beuigne  admiasa  \'obis  el  cuiiii>ct  viir 
irum  dicimiis  et  maodamus  qualauus  ordiuacioîitiîQ  &t  usum  prodictoa  totaLiler  obaartt» 
lia  dicta  uon  obslante  coucessioU'O  cui  per  uaum  couiraiium  extitit  derogalum  (Xnn 
véft  mineur^  fol,  225 ,  v^}. 

*  Podimn  Tmtorum^  anciemiËmeot  Podium  Lejtrotorum,  Le  roi  Sa&che  avait  donfii 
ordre  à  loua  les  ti&utrandt  de  véuif  habiter  le  Puig  (B.  61). 

*  «• .  Eed^mptori^  cujujb  Gon>u£  &aaGUûcaiuiii,  ijuod  dam  feriur  per  iUum 


LES  JFIFS  DE  ROt  SSfLLON  ET  DE  CERDAGHE 


53 


Jacques  II,  roi  d*Aragon,  avait  ordonné  que  tout  écrit  ou  con- 
lralpais<?,  à  titre  usuraire  ou  non,  par  les  juifs  de  son  royaume, 
ne  serait  plus  valable  après  un  laps  de  six  ans,  si,  dans  cet  in- 
tervalle, le  créancier  n'avait  fait  quelque  instance  judiciaire,  à 
moins  toatefois  que  le  contrat  ne  fût  en  faveur  d*un  rai neur  ou 
d'uflâb^nt  K  Par  lettre  donnée  à  Perpignan  le  6  décembre  1366, 
Pierre  IV  manda  à  ses  officiers  d'appliquer  ce  statut  aux  juifs  du 
RoQSsillon,  Le  27  avril  1367,  cette  lettre  fut  présentée  à  Jaspert 
deTregura,  juge  royal,  par  Mayrao  Momet,  Bonjach  de  Montpel- 
lier, Samiel  Caracosa  et  Jusse  Touia,  secrétaires  de  rAljaraa.  Le 
15  mars  1368  seulement  le  juge  royal  rendît  une  sentence  qui 
rendait  exécutoire  l'ordonnance  du  6  décembre  1366  *. 

Pierre  IV  prit  un  jour  le  parti  des  juifs  contre  le  corps  muni- 
cipil  de  Perpignan,  Celui-ci  avait  voulu  frapper  la  viande  d'un 
impOt  Pour  rendre  cet  impOt  moins  onéreux  aux  habitants,  en  le 
Uïnni  porter  sur  un  plus  grand  nombre  de  contribuables,  il  avait 
«l^idéque,  au  lieu  de  frapper  d'impôt  la  viande  débitée  dans  les 
boQctieries,  on  imposerait  chaque  tète  d^animal  qui  entrerait  en 
Tille  pour  la  consommation.  De  cette  manière,  la  taxe  atteignait 
le»  clercs,  alors  Ir^s  nombreux  dans  Perpignan,  aussi  bien  que 
les^ulters. 

U clergé  protesta  :  on  violait  les  libertés  de  Péglise  et  on  atta- 
îuailses  immunités.  L^évéque  d'Elne  s'en  plaignit  vivement  aux 
coosuls.  11  n'en  put  rien  obtenir.  11  lança  alors  une  sentence  d'ex- 
coiamunication  et  fit  entamer  devant  les  juges  ecclésiastiques  un 
procès  contre  ces  magistats.  Le  roi  prit  parti  pour  les  consuls  ;  il 
ordonna  à  Tévéque  de  renoncer  aux  procédures,  et,  sur  le  refus 
«le  ce  prélat,  il  fit  saisir  et  occuper  ses  temporalités. 

Celte  même  taxe  avait  frappé  les  juifs,  qui  réclamèrent  comme 
tTtient  fait  les  clercs.  Par  une  de  ces  contradictions  administra- 
l'mqui  lui  étaient  familières,  Pierre  ÏV  écrivit  aux  consuls  de 
Perpignan,  le  22  janvier,  qu'ils  avaient,  sans  permission  et  contre 
«1  volonté  frappé  d'une  contribution  les  juifs  de  leur  ville;  qu'il 
w  souvient  très  bien  cependant  qu  en  aucune  session  de  corts  et 
en  aucune  autre  circonstance,  il  n*avait  voulu  accorder  ni  à  eux 
»i  d*aulres  que  ses  juifs  --  judœi  nosiri  —  fussent  compris 
i  les  impositions  des  chrétiens  sur  le  vin  et  la  viande  ;  que  les 

,  «littiiuii  infinnos  rtl  alias  taeiu  blastematur...  Quinîmo  eosdero  ab  omni 
iicto  iocontinenli  expallatîs  «t  eis  inhibeatis  ut  nullatenus  in  dictia  boapidis 
oac  ea  intrare  <{u<ra3qiie  nos  fuerioius  ia  dicta  TÎUa  personaHter  cona- 
Lifuoiitain  DOS  eo  tune  re  subjceta  oceulis  et  audilis  utnusque  partis  racîoaibus 
rboc  pfùvidebÎTiius  de  Kinadio  coodecenti  {Livrt  99ft  «Mnir,  f»  242,  r*.J. 
flaSJy,  li^iùtre  dt  RamsitUon,  U,  p.  206. 
0.  IIS  iNûtuU  A'Kndté  Komau],  f<  6. 


54  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

juifs  ne  devaient  être  tributaires  que  de  lui  seul,  tandis  que,  par 
cette  voie,  les  consuls  les  rendaient  tributaires  de  la  ville.  Il 
défend,  en  conséquence,  de  leur  faire  payer  cette  taxe,  et  charge 
le  gouverneur  du  Roussillon,  le  bailli  et  leurs  lieutenants  de  lui 
dénoncer  toute  nouvelle  contravention  de  ce  genre  et  de  la  faire 
amender  au  double  * . 

(1  Cette  taxe,  ajoute  Henry,  auquel  nous  empruntons  tous  les 
renseignements  qui  précèdent,  n'était  pourtant  que  celle  qu'atait 
autorisée  ce  prince  pour  Tamortissement  des  dettes  dç  la  Tille. 
Les  raisons  qu'il  faisait  valoir  en  faveur  des  juifs  pouvaient  s'ap- 
pliquer également  aux  clercs,  qui  n'appartenaient  pas  plus  que  lés 
juifs  à  la  juridiction  municipale,  et  que  les  consuls  ne  pouvaiient 
pas  plus  rendre  tributaires  de  la  ville.  » 
•  Deux  ans  après,  ces  mômes  juifs,  auxquels  le  roi  donnait  sa 
protection,  furent  assaillis  dans  le  Call  par  les  chrétiens.  Le  fait 
ne  nous  est  connu  tout  d'abord  que  par  une  note  du  Livre  vert 
mineur  *j  qui  est  aux  archives  communales  de  Perpignan.  La  Toici: 
////  Kal.  Augusii.  hoc  die  lune  anno  M.CCC.LXX''.  fuit  rumor 
contra  judeos  Perpiniani,  Et  c'est  tout.  Le  Call  fut  très  proba- 
blement saccagé.  Le  procureur  royal  avait  nommé  des  commis- 
saires pour  faire  une  enquête,  mais  ils  ne  dressèrent  aucune 
écriture  pour  constater  les  pertes  subies  par  VAljama,  Les  secré- 
taires s'en  plaignirent  vivement  dans  une  requête  présentée  par 
ce  maître  »  Bonet  Belshoms  et  Samuel  Asday,  deux  d'entre  eux. 
Ils  déclarèrent  qu'ils  n'avaient  «  aucune  juridiction  »  et  aucune 
autorité  pour  prendre  acte  des  pertes  que  la  communauté  avait 
éprouvées  en  lo  feyt  del  avalot  (émeute)  dels  Juseus  ;  qu'ils  igno- 
raient ce  que  juif  ou  juive  pouvait  avoir  perdu  dans  ledit  avalot  *. 
Nous  n'avons  point  d'autres  renseignements  sur  cet  événement; 
nous  ne  connaissons  pas  non  plus  les  causes  qui  l'avaient  amené. 

Une  nouvelle  invasion  du  Call  eut  lieu  en  1392,  sous  lé  règne 
du  roi  Jean  I«%  qui  avait  succédé  à  Pierre  IV  sur  le  trône  d'Ara- 
gon. Celle-ci  fut,  en  quelque  sorte,  le  dernier  acte  d'une  sanglante 

1  Henry,  Histoire  du  Roussillon,  II,  p.  208. 

«  Fo  4,  r». 

*  Los  sécréta  ris  dels  juseus  de  la  vila  de  Perpenya  comparons  per  alscons  manfr- 
mcns  ad  als  feyts  per  alcuns  affermansa  sots  delegats  del  feyt  del  avalol  dels  joseitt 
del  dit  loch  de  Perpenya. . .  disen  que  cert  es  quels  dits  secretaris  no  han  degant  * 
jurediccio  ni  nul  temps  no  busaren  de  juridiccio  ni  es  acostumat  qoe  ad  els  sia  cornes 
cosa  que  toch  jurediccio,  y  dir  que  els  fassen  en  tormassio  es  usar  de  jurediccio,  e  so 
que  els  no  sabrien  fer,  car  axo  pertany  a  senyors  davocats  e  escrivans  crestîans. . . 
îten  disen  que  certs  notaris  e  serts  prohomens  foren  elegits  per  lo  lochtenent  de  go> 
vernador  e  per  los  senyors  consols  que  presessen  lo  dit  {pour  qu'ils  prissent  U 
dire)  de  tots  aquels  qui  pretendihen  aver  perdut  en  lo  dit  avalot  ui  que  lou  avienper- 
dut  per  que  agen  ho  daquels,  car  los  secretaris  nulteoips  non  feren  escriptnra . . .  E 
dits  secretaris  no  sabeu  tôt  so  que  juseu  o  juseua  aja  perdut  en  lo  dit  avalot  (B.  329). 


LES  JUJFS  DE  HOUSSILLON  ET  DK  CERIUGNE 


55 


tragédie  dont  le  premier  s'était  joué  dans  le  royaume  de  Gastille 
vers  le  milieu  de  Tannée  1391.  La  multitude  avait  pillé,  saccagé 
les  maisons  et  les  boutiques  de  la  juiverie  de  Séville  et  mis  à  mort 
/es  juifs  qui  avaient  opposé  quelque  résistance.  Cette  nouvelle 
parvint  à  Majorque  au  mois  de  juillet.  On  raconta  aussi  que  des 
chrétiens  du  royaume  de  Valence,  faciemlo  avaloi  cont7'a  Jitdeos 
Vak^iciCf  avaient  bien  massacré  quatre-vingts  juifs,  à  la  suite  de 
<luoi  ils  avaient  envahi  le  Call  de  cette  ville  et  emporté  les  biens 
lies  juifs'.  Ces  faits  étaient  vrais.  L'inlant  Martin  fit  faire  d'ail* 
lears  des  poursuites  rigoureuses  à  ce  sujet.  Malheureusement» 
elles  n^arri^tèrent  pas  le  courant  d'intolérance  qui,  venant  des 
États  du  roi  de  Castilie»  soufflait  sur  toutes  les  villes  où  il  y  avait 
«l*^5juifs.  Le  2  août,  le  Call  de  Majorque  fut  pris  et  pillé.  Trois 
cljrétiens  perdirent  la  vie  dans  la  lutte.  Elle  fut  payée  par  la  mort  . 
*^e  trois  cents  juifs*.  Le  4,  ce  fut  le  tour  du  Call  de  Barcelone^. 
Le  la,  soixante-dix-lmit  juifs  étaient  égorgés  à  Lérida  *,  A  Tar- 
ï'âgotie.  à  Girone,  il  y  eut  aussi  tuerie  de  juifs.  Quelques  jours 
«près,  les  chrétiens  de  Perpignan  envaliissaient  le  Call  du  Puig  ^. 
Si  je  prends  au  pied  de  la  lettre  un  document  de  1394»  le  Call 
fol  fL  détruit  ».  Il  est  dit,  en  effet,  dans  ce  document  que  Je  tau- 
iaiQe  dêl  masell  (boucherie)  n'y  rapporte  plus  que  cinq  livres  au 
foi»  per  (à  cause  de)  la  cleslruclio  ciel  dit  caii'K  Nous  savons, 
^^  tout  cas,  que  les  juifs  se  virent  obligés  d'abandonner  leurs 
'liaisons  et  de  se  réfugier  au  château  royal  '.  Je  n'ai  point,  pour 

Iy   uoment,  d'autres  renseignements  sur  ce  triste  événement. 
'  PiEHRE  Vidal. 

*  Villâouevo,  fiAfe  titiftftio  Ù  la$  igUHMdt  Bêpûna^  t.  XIX,  p.  221. 

•  ihUÊm 

^     /6»i^«ii,l.  XVI.p.  194. 

^  h%d*w%,  t*  XVlll,  p,  21.  C'est  le  )oufna1  de  Mascaro  où  il  osl  dit  :  •  La  fçuerre 
^^^^i*  contre  t«K  juila  eut  tieu  (13ÎJ1).* .  Elle  comtûGnça  à  Valence,  puis  elle  se  fit  à 
'**■'*' «loQK.  Ua  le»  poursuivit  pendant  cinq  jours  dans  1©  Vatl  en  brûlant  et  tuassacrdnt 
ic»%it.eequ^oD  put  trouver.  Le  vigttier  géuL^ril  dn  roi  Q.  de  Sun  Clûment  fit  iranslérer 
>^  ciittciu  ueui  tous  k-a  juifs  qu'il  put  sauver;  mais  ils  y  furent  assiégés  a  coups  de 
"^«tkwpit  le  p«QpI«,  et  plus  encore  par  la  fttm  el  la  soit.  Le  mardi  1  août  ils  s'ein^a- 

ip**^*ûlft  jfct'VviiT  If.  hoptême,  ce  qu'ils  fircot  pour  la  plupart,  car  d'autres,  et  surtout 
•*ï«    fetnm-  if-nt  se  laisser  luer  ».  Mascaro  1er  mine  ainsi  sa  reUliôn  :  *  IsU 

; 


^ftuietD  de  /:  ieorum  inccpit  priraitus  m  refçno  Qastelle,  iï%  diversis  civilatibus 

•f**-*  preaietau  d«?f  iructionem.  Posi  modum  fuit  coDtinuata  in  civiiate  Vulentina,  Bar- 
««iti&iji^  (llerda,  Terrachona,Gerunde  oc  Ptrptniano, , .   - 


^o   document  daté  du   1^  décembre  1392   parle  d'une  maison  juive  située  en 
»ûra  ijii  <jaii«  laquelle  «si  dirupta  a  die  ijuajudet  deseruerunt  Callum  proptût*  metum 
*f*^»  [MaHutlAt  Deruard  Fabre). 

^  fi  février  !Iîl»2,  les  socrétoires  et  «utrcs  Juifs  do  l'Aljama  tiennent  conseil  t# 
,     *  ^«tiH  rê0u  tulgariter  ttominata  In  Sala  iComana,  hv  lendemain  je  Tcha  encore 
*  i*»ifs  délibérer  m  putuo  duU  castri.  {Uidem,] 


M  MONNAIE  HYBRIDE  DES  INSIREGÏÏONS  MES 


J'ai  fait  reproduire,  ci-dessus  (flg.  1),  d'après  une  empreiiK=nte 
électrotypique  due  à  l'obligeance  de  M.  Montague,  vice-présid<        >nt 
delà  Sociét(^  numismatique  de  Londres, une  pièce  d'argent  qur-3fa 
figuré  récemment  à  VAnglo-jeivish  Exhibition,  où  j'ai  eu  occasL    on 
de  l'examiner  *.  Elle  fait  partie  de  la  riche  collection  du  Révéra  Mid 
Churchill  Babington.  M.  Maddenl'a  mentionnée,  en  passant,  dm, us 
la  dernière  édition  de  son  Corpus  des  monnaies  juives*,  mais  // 
n'a  pas  cru  devoir  en  donner  de  gravure  et  il  a  exprimé  des 
doutes  sur  son  authenticité.  Je  me  propose  de  montrer  que  non 
seulement  ces  doutes  ne  sont  pas  justifiés,  mais  encore  que  notre 
pièce,  convenablement  interprétée,  peut  servir  à  éclaircir  dans 
une  certaine  mesure  ce  que  M.  Renan  appelle  «  les  énormes  dif- 
ficultés de  la  numismatique  juive  '.» 

Donnons,  tout  d'abord,  une  description  complète  de  la  pièc« 
dans  son  état  actuel  : 

yR  4.  Poids:  2gr.785. 

Droit  :  Triple  grappe  de  raisins,  vue  de  face;  le  pédoncule  por^^ 
une  feuille.  Légende  circulaire,  écrite  de  droite  à  gauche,  en  »-'»- 
ciens  caractères  hébreux  : 

....'O'^n  (trou)  :ibn ...... 


*  Le  Catalogue  enregistre  cette  pièce  sous  le  n<>  2570  ;  «n  réalité,  elle  était 
posée  sous  le  n«  2573. 

*  F.  Madden,  Coins  of  the  Jetvs  [Numismata  orientalia,  1881),  p*  236  ad  fin» 

*  Renan,  L'Eglise  chrétienne ^  p.  549. 


I 


UNE  MONNAIE  HYBRIDE  DES  INSURRECTIONS  JUIVES  57 

Le  lotit  dans  un  cercle  perlé. 

Kevet^s  :  Lyre  à  trois  cordes,  vue  de  face.  Légende  dispos<5e 
cotume  sur  le  droit  : 

I  bcnto-'^in  (trou)  d 

Cercle  perlé  (le  trou  a  probablement  été  pratiqué  pour  enfiler  la 
médaille  sur  un  collier). 

En  ce  qui  concerne  Tauthenticité  de  la  médaille,  je  pourrais  me 
contenter  d*opposer  à  Topinion  de  M.  Madden  celle  déjuges  aussi 
eicpérimentés  que  MM.  Babingtoii  et  Montagne  ;  mais  les  autorités 
valent  peu  de  chose  auprès  des  raisons  :  voyons  donc  les  raisons 
qu'on  peut  alléguer  de  part  et  d'autre. 

^     Kien  dans  Taspect  extérieur  de  notre  pièce  ne  trahit  la  main 
cl'^an  faussaire.  La  gravure  est  excellente,  La  fabntjue,  les  dimen- 
sions sont  celles  des  pièces  d'argent  bien  connues  qui  portent  les 
noms  d'Eléazar  et  de  Simon.  Les  types,  parfaitement  orthodoxes, 
se  retrouvent  également  sur  ces  pièces.  Le  poids  —  en  tenant 
compte  de  la  matière  enlevée  par  le  trou  —  représente  celui  d'un 
dénier  romain  de  la  fin  du  r^»'  siècle  de  rère  chrétienne*,  et  Ton 
sait  que  ce  poids  est  celui  des  pif^ces  susdites,  qui  sont  d'ailleurs 
toutes,  ou  presque  toutes,  des  deniers  romains  surfrappes.  Enfin, 
les  légendes  sont  écrites  dans  le  caractère  vulgairement  appelé 
S€Mmarttahif  qui  figure  exclusivement  sur  toutes  les   monnaies 
juives  depuis  les  premiers  llasmouéens  jusqu'à  Barcochébas,  Bref, 
n'f'lajt  le  texte  de  ces  légendes,  personne  ne  songerait  à  contester 
rauthenticité  de  la  médaille  :  c'est  donc  ce  texte  qu'il  faut  exa- 
miner. 

U  restitution  même  de  nos  légendes  n^offre  guère  de  difficulté 
®*  On  les  rapproclie  de  celles  des  monnaies  analogues  que  je  viens 
^c  rappeler.  La  légende  du  droit  doit  se  compléter  ainsi  : 

banlts-*  nlb6«i5b  nfn)K  (ns^ 

Shenat  ahat  Ugullat  Israël 

«  An  le*-  de  la  délivrance  d'Israël  * 

l^t  celle  du  revers  : 

bttms"»  (nn)nn!b''!3j  ''la 

Shenat  bet  lehernt  Israël  * 

M  An  2  de  la  liberté  d*isra/H.  » 

'  Poid«  moyen  du  ilenier  romain  liepuis  Néron  :  3  ^r.  41t.  L'itlitgo  de  cuivre  est 
*i*  5â  !(i  0,0  tous  Néron,  df>  \h  0/0  sous  Trojan, 
'  1^  d«ut  dernièrâs  lettres  du  mot  ni'inb  sont  souvent  omises  à  desjem  dans 
l'B^illes  qui  portent  la  date  de  ran  2;  voir  Maddon,  op.  cit^^  p.  241  et  suiv.^ 


Î58  REVUE  DES  ÉTUDES  nJlVES 

Ces  lectures  sont  conformes  à  celles  du  Catalogué  âe  YÂn- 
glO'jewish  Exhibition  ;  celles  de  M.  Madden  diffèrent  pouf  la 
deuxième  légende,  qu'il  lit  ainsi  :  Sh[enat)  aleph  (=  ahaC)  lehe- 
rut  Israël;  mais  cette  lecture  est  Inadmissible  par  la  raison 
que,  dans  aucune  monnaie  de  la  classe  qui  nous  occupe,  le  numé- 
ral ahat  n'est  représenté  par  une  simple  lettre;  d'autre  part, 
comme  on  peut  s'en  assurer  facilement,  il  n'y  a  pas  place  pour 
plus  d'un  caractère  entre  le  shin  qui  représente  shenai  et  le 
commencement  du  mot  leher(ut).  La  leçon  de  MM.  Babingtonet 
Montagne  est  donc  la  bonne. 

Une  monnaie  .qui  porte  sur  une  de  ses  faces  «  An  1  de  la  déli- 
vrance »  et  sur  l'autre  «  An  2  »  est  assurément  chose  singulière. 
Il  ne  viendra  à  l'idée  de  personne  qu'on  ait  pu,  de  propos  délibéré,* 
lancer  dans  la  circulation  de  pareilles  pièces  ;  d'autre  part,  on 
faussaire  qui  inventerait  un  monstre  de  ce  genre  saurait  bien  mal 
son  métier.  Aussi  notre  médaille  n'est-elle  ni  un  faux,  ni  le  spé- 
cimen d'une  émission  réelle  ;  elle  est  tout  simplement  une.  pièce 
hybride,  résultant  de  l'association  erronée  des  reVers  de  d«a 
coins  différents,  qui  se  sont  trouvés  réunis,  par  hasard,  sous  Ii^ 
main  d'un  ouvrier  distrait. 

Les  monnaies  hybrides  —  en  anglais  mules  —  ne  sont  pas  on 
fait  rare  dans  la  numismatique,  particulièrement  dans  la  numis- 
matique romaine,  dite  consulaire.  Mais  sans  sortir  du  domaine  de 
la  numismatique  juive,  en  voici  un  exemple  remarquable,  admif 
par  M.  Madden  lui-même,  et  qui  aurait  dû  le  mettre  sur  la  voiedi 
l'exacte  interprétation  de  notre  médaille.  C'est  la  pièce  suivante 
(fig.  2J 


ii 


A  4  imnn  n(Tr)bN  Eleazar  hakkohen.  Vase  et  ïiahne. 
rJ  (p)3^7a('û)  Simon  dans  une  couronne  de  feuilles. 

Cette  médaille  résulte,  comme  on  l'a  reconnu  depuis  longtemps^ 

1  Cette  figure,  comme  les  suivantes,  est  empruntée  à  Fouvrige  cît4  de  Ma^ 
p.  201.  L'original  de  la  pièce   est  à    Berlin    et  son   authenticité    ee(  oertifiéB|l 
MM.  von  Sallet,  Friedliender  et  de  Vogué.  Ou  remarquera  que  la  pièce  est  (roai 
comme  celle  de  M.  Babin<:tou  :  die  provient  du  collier  d'une  femme  d'Aiep.  i% 
sais  si  la  pièce  de  M.  Babington  a  la  môme  provenance. 


mK  JJO.NNAIE  IITDRIDE  DES  INSUHUECTÏONS  JUIVES 


m 


bjnaison  des  droits  de  deux  coins  difTt^rents*  qui  sont 
mtés  par  plusieurs  exemplaires  dans  des  collections.  Voici 
is  que  j'appellerai  A  et  B,  et  que  je  place  en  regard  l'un  de 
Ipour  facilikT  le  raisonnement. 


A  '  (fig.  3) 

akm^  Vase  et  palme. 
ahat  liçuttat 
Grappe. 


Simon  dans  urte  cou  Confie, 
pj  Shmal  bel  leherui 
IsraeL  Lyre. 


A4. 


Hi 


irons  maintenant  les  pièces  A  et  B  d'une  part  avec  Vlip- 
e  Berlin  (Hg.  2),  dVutre  part  avec  Thybride  Babingtoji 
b  On  voit  iraraédiatement  que  : 

léme  que  2  résuite  de  la  combinaison  des  droits  de  A  et  B, 
résulte  de  la  combinaison  des  revers  de  A  et  B. 
bent  ces  deux  erreurs,  peut-<5tre  simultanées,  se  sont-elles 
esTU  suffit  de  supposer  que  Touvrier  chargé  de  la  fabri- 
iTâit  sous  la  main  les  coins  A  (droit),  A  (revers)*  B  (droit), 
rsj.  Au  lieu  de  les  accoupler  dans  Tordre  indiqué  —  ou 
ter  les  coins  A,  probablement  démonétises  — »  il  les  brouilla 
rina  le  1"  avec  le  3%  le  2^'  avec  Je  4".  De  là  sont  résultés 
X  hybrides,  qui  s'expliquent  et  se  complètent  mutuelle- 


is  avoir  établi  Fauthenticitè  de  notre  pièce  ;  resté  à  en 
ir  rintéri^t  scientifique. 

I  un  fait  avéré  en  numismatique,  c'est  que  l'existence  de 

hybrides  prouve  la  contemporanéité  des  coins  qui  ont 

les  fabriquer  :  c'est  même  grâce  à  cet  indice  qu  on  a  pu 

date  de  certains  monétaires  romains  inconnus  de  This- 

idis  dont  le  nom  se  trouve  associé  sur  des  monnaies  à  celui 

:e  plus  célèbre.  Les  hybrides  Eléazar-Siraon  prouvent 

ees  deux  personnages  étaient  contemporains,  et  Ton  ne 

l'arrêter  au  système  de  M.  Madden  qui  rapporte  les  pièces 


€0  REVUE  DES  ÉTTDES  JUIVES.  J 

d'Eléazar  à  la  première  n^rolte,  celles  de  Simon  à  la  seconde,  et,: 
chose  plas  extraordinaire,  les  hybrides  à  la  première  :  c*etf 
comme  si  Ton  faisait  naître  on  fils  avant  son  père  '  1  AjoutonsfM 
les  pièces  d'argent  de  Simon  ne  font  pas  double  emploi  avec  cdBa 
d'Eléazar.  En  effet,  les  deniers  da  premier  chef  on  n'ont  pasfc 
date,  ou  sont  datés  de  Tan  2  :  il  n'en  existe  pas  de  Tan  P;  a 
contraire,  les  deniers  d'Eléazar  portent  tous  cette  dernière  dafe 
Il  s'est  donc  opéré  une  transmission  de  pouvoir  à  la  fin  de  la  pn* 
mière  année  de  l'insurrection. 

Maintenant,  si  Eléazar  et  Simon  sont  contemporains,  fanMl  hl 
placer  pendant  la  première  révolte  (sous  Xéron)  ou  pendant  I 
seconde  (sous  Adrien)  ?  Je  n'hésite  pas  à  répondre,  avec  Saal<7i 
M.  de  Sallet  :  pendant  la  seconde.  En  effet,  nous  possédons  da 
deniers  de  Simon,  absolument  identités  à  ceux  qui  ont  été  dé- 
crits  plus  haut,  mais  refrappés  sur  des  deniers  romains  qui  ^ 
tent  les  noms  d'empereurs  postérieurs  à  la  première  révolte  Çf^ 
pasien,  Trajan,  etc.).  Séparer  ces  deux  groupes  de  pièces  est  lUM 
inspiration  malheureuse  de  quelques  namismatistes  allemands  ^ 
ne  soutient  pas  l'examen  >.  Il  ne  reste  donc  plus  qu*à  conclon 
que  iOî(S  les  deniers  de  Simon,  surfrappés  ou  non  (beaucoup  d 
deniers  <  non  surfrappés  »  ne  sont,  d'ailleurs,  que  des  deniers  ol 
la  surfrappe  n'est  pas  apparente),  et  les  pièces  d'Eléazar  appar 
tiennent  à  la  deuxième  révolte,  celle  de  Barcochébas. 

Maintenant,  quel  était  cet  Eléazar  ?  quel  était  ce  Simon?  ic 
commence  le  terrain  des  hypothèses  où  je  ne  veux  pas  ra'engaga 
Simon  est  très  probablement  le  nom  propre  de  Barcochébas  Id 
même  ;  Eléazar  pourrait  être  son  oncle,  l'agadiste  Eléazar  de  Hù 
déïn,  que  Barcochébas  tua  d'un  coup  de  pied,, comme  suspect! 
trahison  ♦  :  c^est  possible,  mais  non  certain,  et  je  veux  m'en  teni 

»  Voir  Maddeo,  op.  cit.,  p.  197,  198,  201  et  233. 

*  Il  existe,  il  est  vrai,  des  pièces  Ht  cuivre  au  nom  de  Simon  Nati  Itrail^  daté* i 
l'an  I  ;  mais  quand  même  on  admettrait,  comme  jlncline  à  le  faire,  ridendié  è 
deux  Simon,  le  raisonnement  du  texte  n'en  serait  pas  in6rmé  :  Simon  a  pu,  fl 
dant  la  première  année,  exercer  une  autorité  inférieure  et  frapper  à  ce  tiin  4 
pièces  de  bronze,  mais  non  d'argent. 

*  C'est  ce  que  reconnaît  d'ailleurs  M.  Gnetz  dans  la  Monatuchrift  fltr  Getdià 
vnd  Wissentchaft  des  Judenthutns,  avril  1887  ;  mais  le  système  propre  de  M.Ctai 
repose,  je  regrette  de  devoir  le  dire,  sur  un  tissu  d'erreurs.  Le  portique  qui  figl 
sur  les  t  sicles  au  loulab  >  est  bien  un  temple  et  non  un  tabernacle  (!)  ;  qaiil 
nier  Tautbenticité  de  toutes  les  pièces  surfrappées  de  cette  classe  (p.  161),  àk\ 
plupart  des  deniers  de  Simon  et  des  bronzes  de  la  4*  année  (p.  172),  ce  Mil  ^ 
assertions  qui  prouvent  à  la  fois  Tinexpérience  numismatique  du  savant  autearAl 
entraînement»  de  l'esprit  de  système. 

*  On  peut  conjecturer  que  les  insurgés  l'avaient  d'abord  placé  i  leur  têta  (ooi 
grand-prêtre  sans  doute)  parce  qu^en  sa  qualité  de  natif  de  Modéin,  il  aorait 
sa  généalogie   aux   Hasmonéens,  originaires,  comme  on  sait,  de  cette 
Cf.  Scbûrer,  Lekrbuch  der  neutestamentlicksn  Zêiigsschickte^  1*«  éd.,  p.  357. 


UNE  MONNAIE  HYBRIDE  DES  INSURRECTIONS  JUIVES  61 

iQx  faits  scientifiquement  démontrés.  Toutefois,  je  dois  énoncer 
es  à  présent  ce  qui  me  paraît  être  -une  conséquence  inévitable 
!iadate,  désormais  fixée,  des  deniers  d'Ëléazar  et  de  Simon.  Si 
is  pièces  et  d^autres  qui  s'y  rattachent  étroitement  par  les  types, 
i  l^endes  et  la  fabrique  (bronzes  d*Eléazar  et  de  Simon,  sicles 
type  du  temple  et  de  Tétoile)  se  placent  sous  la  seconde  ré- 
Ite,  on  est  conduit  à  l'alternative  ou  de  refuser  tout  monnayage 
rgent  à  la  première  révolte  —  la  plus  importante  des  deux 
ou  de  lui  assigner,  avec  Ewald,  les  sicles  et  demi-sicles  aux 
es  de  la  coupe  et  du  lis  (communément  attribués  à  Simon 
cchabée).  C'est  à  cette  seconde  opinion  que  je  n*hésite  pas  à 
rallier,  en  me  réservant  de  la  démontrer  plus  longuement  un 
r. 

Théodore  Reinach. 


LA  MORT  DE  TITUS 


j 


Titus,  après  avoir  profané  le  temple,  insulte  le  Dieu  des  Juifs 
et  le  provoque  au  combat.  Dieu  lui  répond  que,  pour  le  vaincre» 
il  se  servira  de  la  plus  petite  de  ses  créatures.  A  peine,  en  effet,  le 
conquérant  est-il  revenu  à  Rome,  qu'une  mouche  lui  entre  dans 
le  nez,  gagne  le  cerveau,  qu'elle  dévore,  et  Titus  meurt,  vaincu 
par  ce  chétif  instrument  de  la  justice  de  Dieu.  Telle  est  l'étrange 
façon  dont  les  docteurs  du  Talmud  racontent  la  fin  de  l'empereur 
romain  qui  avait  détruit  le  temple.  Cette  légende  a-t-elle  quelque 
point  d'appui  dans  l'histoire,  ou  n'est-elle  qu'un  pur  jeu  de  l'ima- 
gination ?  On  a  voulu  y  voir  un  souvenir  du  passe-temps  de  Do- 
mitien,  qui  s'amusait  à  enfiler  des  mouches  *,  une  réminiscence 
littéraire  du  mythe  de  Tytius  dévoré  par  un  vautour*,  une  inter- 
prétation anecdotique  du  nom  de  Vespasien,  Vespa,  en  grec,  si- 
gnifiant guêpe.  Autant  d'hypothèses  qui  ne  sont  point  faites  pour 
emporter  la  conviction. 

A  mon  avis,  tant  qu'on  cherchera  à  ces  contes  pieux  un  fonde- 
ment historique  ou  une  origine  littéraire,  on  suivra  une  fausse 
voie.  De  bonne  heure,  en  effet,  les  empereurs  romains  qui  sont 
intervenus  dans  les  affaires  de  la  Judée  sont  devenus  des  per- 
sonnages fabuleux,  traités  à  la  façon  des  héros  de  l'antiquité, 
et  destinés  à  servir  de  sujets  d'édification.  Au  regard  des  créa- 
teurs de  ces  fictions  naïves,  un  Titus  était  sur  le  même  plan 
qu'un  Alexandre  :  un  type  fameux  dont  le  trait  caractéristique 
servait  à  instruire  les  fidèles.  Comme  Alexandre  était  le  mo- 
dèle du  conquérant  cupide,  ainsi  Titus  fut  celui  de  l'ennemi  de 

1  J.  Derenbourg,  Bssai  sur  Vhistoire  et  la  géographie  de  la  Palestine^  page  363, 
note  i. 
«  J.  Halévy,  Revue  det  Études  juives,  U  VIII,  p.  39. 


LA  MORT  DE  TlTl'S 


<\3 


peu,  4u  destructeur  du  temple.  Le  rabbin  qui,  au  ii*  ou  au  nr 
de,  composa  cette  fable  pieuse  connaissait*!]  les  clrcons- 
^nce^dela  mort  de  Titus,  la  maladie  qui  remporta?  Ce  n'est 
il$  sûr»  ni  même  [>robal)Ie.  Il  lui  suffit  d'avoir  ouï  dire  qu'il 
enlevé  éstm  toute  la  force  de  l'âge,  pour  qu  il  vît  dans  son 
*paî5  l'œuvre  du  Dieu  vengeur*.  Partant  de  cette  donn<^e,  il  éctia- 
ada  toute  une  fable  entièrement  due  à  sa  fantaisie.  SU  a  fait 
[ilerirehir  la  mouche  dans  cette  fiction,  c'est  parce  que  cet  insectn 
présente  la  plus  petite  créature  et  afin  de  prouver  que  Dieu, 
ar  se  venger,  peut  se  servir  de  fétre  le  plus  chétif*  Qui  ne  voit 
^11  a  tout  simplement  refait,  sur  un  mode  religieux,  la  fable 
\tion  et  du  moucheron?  Non  que  je  prétende  que,  connaissant 
\  J)^J>lo,  il  Tait  transposée  et  fondue  avec  Thistoire  de  Titus,  ce 
lilteurs,  ne  serait  pas  si  invraisemblable,  puisque  plusieurs 
[grecques  étalent  déjà  en  ce  temps  riipandues  chez  les  Juîts; 
jlÊijx  dire  qu'il  Ta  composée  de  toute  pièce,  à  propos  de  la 
l>'stériéuse  de  l'empereur  romain.  Il  y  a  un  certain  nombre 
i  de  fictions  qui  se  rencontrent  dans  les  régions  les  plus  di- 
ses i|ut  D*ont  probablement  jamais  eu  de  communications  entre 
^ce  qui  prouve  seulement  que  fimagination  a  ses  cadres. 
entiel  est  ici  de  constater  si  Fauteur  a  bien  marqué  son 
^iitloti  et  mis  en  relief  la  moralité  qu'il  voulait  tirer  de  son 
%L  Les  deux  textes  qui  nous  ont  conseryé  cette  légende  ne 
eul  aucun  doute  à  cet  égard* 

DOS  les  publions  ici  en  entier,  n*ayant  point  de  goût  pour  les 
)»  «lui  laissent  toujours  la  porte  ouverte  à  Tarbitraire  et 
it  de  ûjodiller  ces  (tontes  suivant  l'idée  préconçue  avec 
|QêUe  on  les  étudie^*  Nous  soulignons  les  passages  rédigés  en 

iCtiÉt  Im  ChrétJeDs  aussi,  lliiEloire  était  habillée  do  la  eoi-te.  Ke  rat^oniait^on 
rt  de  Néroo  élait  due  a  ropération  chirurgicale  que  pritiquêrenl  sur  lui 
,  trompés  par  la  vue  de  son  veiilre  enllé  par  ses  vices  t!OQlre  nature? 
II?  ruât.^«  té(c«adé,  qui  rappelle  de  loin  la  aotre^  eal  rapportée  par  Jean  de 
a,  diffOitaiie  dtf  l  éfriise  jAcobitc  d^Egyple  (2"  moitié  du  \\v*  sièetc").  Notices  tt 

>•!,  â  lire  M.  Halévy,  on  croirait  que  rhistoire  ne  comporle  que  deux  épi- 

*  Tuui  ligiâtra  avec  uue  ctiurlisane  ttaua  le  Saint  des  Sainta  et  voit  cou  cet- 

bcoqi)/aU  par   une   hiroudeile  •  {?).   Il   est   dif^^oe  de   remarque  que  tous    les 

I  bébfniï  que  les  \li4rascUim  otit  f«iiU  de  cette  légende  passent  £ous  giletice 

1  bonUUM  de  lampereur.  Le  premier  irait  se  réduit  au  déii  de  Titus.  Pirké 

Eït/«#r«  XLIX,  ou  su  ttrr*  ment  du  rjdcau  sacré,   Vaifikra  Rahha^  XX  ;  Pniklo 

.  SéÂma,  p.  172  a;  éd.  Uut^er,    111,  p,  6L  Même  omission  cIil*2   les 

J9  iiril-"^,  C**  ^i,ut  il  ces  résumés  qui   expliquent   comment  l'outeur 

ch.  I,  a  pu  foudre  notre  hisloîj-e  avec  celle  de  Minum  fille 

Soucca,    IV  ;  Soueea,  M  &,  et  j.  5^  d,  —  Cette  rédaction,  di- 

»>k  co  p«M«nt«  t!î»t  bien  déreciueuae.  Elle  débute  ainsi  :  •  Que  le  pied  orgueil- 

K  sa  rtaiioa  paa  aur  mot  (Fs.  xxtvi,  12].  Ce  verset  s'applique  à  rimpie  Tilua,  — 

»  M»  afttinbrea  aoienl  brisés  (vr^73^:r  IpnPSi;?  est  nne  traduction  fautlTe  de 


6'i  REVUK  DES  ETUDES  JUIVES 

araraéen  et  qui  révèlent  par  là  leur  caractère  d'interpolation,  et 
mettons  entre  parenthèses  les  gloses  rabbiniques  qui  interrompent 
le  récit.  On  n^aura  qa*à  détacher  ces  gloses  et  ces  additions  pour 
reconstituer  la  version  originale.  Il  semble  bien  que  ce  récit  soit 
une  bereita,  car  il  est  rédigé  en  hébreu.  Comme  tel,  il  peut  être 
placé  au  ii^'  siècle  ;  en  tous  cas,  il  ne  peut  dépasser  le  iii^',  puisque 
les  gloses  qui  y  sont  mêlées  sont  d'auteurs  du  iv«  siècle  et  qu'une 
bereita  même  se  réfère  à  cette  légende. 

Bbrsschit  babba,  X. 

Titus  l'impie  entra  dans  le  Saint  des  Saints,  répée  nue  à  la  main, 
et  en  transperça  le  voile  du  sanctuaire  ^  Il  prit  deux  prostituées  et 
eut  commerce  avec  elles  sur  TauteP.  Son  épée  en  sortit  pleine  de 
sang  (les  uns  disent  que  ce  sang  provenait  des  aspersions  des  sa- 
crifices, les  autres,  du  sang  du  bouc  du  Kippour*].  Il  se  répandit 
en  blasphèmes,  prit  tous  les  vases  du  temple,  et  en  fit  une  sorte  de 
paquet  *.  Puis  il  fit  entendre  ses  blasphèmes  (disant  :  Celui  qui  cnh 
bat  un  roi  en  campagne  et  le  vaine  ne  ressemble  pa^  à  celui  qui  UdU 
avec  lui  dans  son  propre  palais  et  le  défait).  Il  s'embarqua  dans  ui 
navire,  mais,  dès  qu'il  y  fut,  la  tempête  se  mit  à  souffler.  «  On  dirait, 
s'écria-t-il,  que  tout  son  pouvoir  est  dans  l'eau,  c'est  par  l'eau  quH 
s'est  vengé  de  la  génération  d*Enos,  de  celle  du  déluge,  de  Phanen 
et  de  son  armée.  Pour  moi,  tout  le  temps  que  j'étais  dans  sa  maisoii  - 
et  dans  son  domaine,  il  n'a  pu  me  tenir  tête  ;  maintenant,  il  m'at- 
taque, s'imaginant  qu'il  me  tuera  dans  l'eau!  ^  Impie,  répondit  le 
Saint,  béni  soit-il,  par  ta  vie,  c'est  de  la  plus  chétive  des  créatures 
que  je  me  servirai  pour  te  punir.  »  Aussitôt  Dieu  fit  un  signe  au 
prince  de  la  mer,  et  la  tempête  cessa.  Lorsque  Titus  arriva  à  Rome, 
tous  les  grands  de  la  ville  sortirent  à  sa  rencontre  en  le  couvrant  de 


VCUX^  p'^rnS)  —  qui  montrait  du  doigt  et  frappait  Tautel...  •  L^autenr  n't  pufi 
quil  faut  ici  parler  de  pied,  comme  dans  la  Tossofta,  sinon  la  citation  du  venelfll 
sans  objet.  En  outre,  on  ne  comprend  pas  quel  genre  d^insolenoe  figure  le  geste  il 
Titus.    Faut-il    supposer  que  les   mots  yv^l   ^TWTZ  sont  destinés   à    remphev 

1  Le  texte  dit  :  les  deux  voiles,  mais  c'est  évidemment  une  faute,  qu^xpUqntli 
répétition  du  nombre  «  deux  >  qui  vient  ensuite.  D  ailleurs,  dans  F«ytfrf  rf^K 
XXII,  et  Qohélet  rabba,  V,  qui  ont  copié  Bereschit  rabba,  le  mot  deux  n'y  est  pM. 

>  Vayiqra  rabba  ajoute  ici  qu'il  déroula  le  livre  de  la  loi  sous  eux.  Cest  la  foMi 
des  deux  versions. 

>  Il  y  a  ici  une  transposition  ;  sûrement,  cette  dernière  phrase  se  rapporta  an  fM- 
mier  acte  de  Titus.  L'addition  suivante,  d^ailleurs,  le  prouve  également,  car  elle  bit 
allusion  à  une  discussion  talmudique  qui  roule  sur  le  voila  du  sanctuaire.  Voyei  jK. 
Toma,  42  d  ;  Yoma,  56  a. 

*  Littéralement:  un  panier,  ce  qui  ne  s  explique  pas.  Ymyiqrm  rmbèa  et  Q/tUtâ 
rabba  ont  encore  ici  une  version  plus  complète  :  «  Il  réunit  touB  les  Tasoi  du  Vm^ 
dana  un  panier.  •  Mais  le  texte  du  Taimud  est  meiUeur. 


LA  MORT  DE  TITUS  «î 

ttinges.  Dés  <xu*il  fut  dans  Borne  même,  il  se  rendit  aux  bains, 
uaûd  il  en  sorti l,  on  lui  prêsenla  une  coupe  de  via  ;  alors  vint  uoe 
ouchc,  qui  lui  entra  dans  le  nez.  Celle  bète  iui  dévora  le  cerveau, 
U'^Qgriiisso  à  ce  point  qu'elle  devint  aussi  grosse  qu*un  oiseau  de 
ux  livres.  Il  cria  :  c  Fendez-moi  le  crâue»  qu'on  sache  <!ommenl  le 
«udes  Juifs  s'est  vengé  de  moi.  i>  On  appela  des  médecins,  qui  lui 
^TTirent  le  crâne  et  en  sortirent  la  mouche»  grosse  comme  un  oi- 
lu  de  deux  livres.  (Rabbi  Elazar  bar  Yosé  ûii  :  J'ai  tu  à  Morne 
ititnd^un  côté  deux  litres  et  de  l'attire  Voiseau,  ei  les  deux  plateaux  se 

Ai$^l  éqitiltbre\  On  prit  celte  mouche  et  on  la  plaça  dans  uo  vase. 
;  mesure  quelle  safaièlissait,  Titus  s'afaibiissaii  ;  lorsqu'elle  s'en- 

,  l'âme  de  Titus  sattola  aussi. 

Talmud  de  Babylone,  Gittin\56*. 

[•  ûù  est  leur  Dieu»  le  rocher  auquel  ils  se  coniiaieut  ?  »  Ce  verset 
lèlé  dit  par  Titus  l'impie,  qui  se  répandit  en  blasphèmes  contre 
eu*  Que  fit- il?  11  prit  une  prostituée  par  la  main,  entra  avec  elle 
i  le  Saint  des  Saints,  déroula  un  livre  de  la  Loi  et  eut  dessus 
nmerce  avec  elle.  Puis,  il  prit  une  épée  et  en  perça  le  voile.  Alors 
^produisit  un  miracle  :  û  en  jaillit  du  sang  II  crut  avoir  tué  Dieu 
kmème., .  Ensuite,  il  prit  le  voile,  en  fit  une  sorte  de  panier;  il 
finll  tous  les  vases  du  temple  et  les  embarqua  dans  uu  vaisseau 
'aller  en  tirer  gloire.  Alors  la  tempête  mauqua  Tengloulir.  w  Ou 
àt,  s'écria-l-il,  que  leur  Dieu  n'a  de  pouvoir  que  dans  leau;  Pha- 
,  il  Ta  englouti  dans  Teau*  Sisera  égalenrent.  Moi  aussi,  il  veut 
!  submerger.  S'il  est  tort,  qu'il  vienne  sur  le  continent  et  qu'il  lutte 
«c  moi  T>.  Une  voix  se  fil  alors  entendre  :  a  Impie,  tils  d'impie, 
eu  de  rimpie  Esaù  ',  j'ai  dans  ce  monde  une  petite  bête  qui  m'ap- 
Lieat:  c'est  la  mouche.  Monte  sur  le  continent,  et  elle  combattra 
;loi.  Il  débarqua,  la  mouche  entra  dans  son  nez  et  lui  dévora  le 
reau  pendant  sept  ans.  Un  jour  qu'il  passait  à  la  porte  d'un  for- 
i,  ilintendit  le  hruii  d^un  marteau^  et  la  mouche  se  tut  :  *l  II  y  a 
^M  remède,  s'écria-t-iL  »  Aussi^  tons  les  Jours,  il  faisait  frapper 
Imi  par  un  forgeron.  Aus  païens  il  donnait  quatre  zouzi  aux 
iiUs^  %t  disait  de  sô  contenter  de  voir  leur  ennemi  en  cet  état.  Au 
lie  trente  jours,  la  mouche  s*  y  était  habitué.'* 
i est  rapporté  dans  une  èereila  :  Rabbi  Pinhas  ben  Arouba  dit*  : 

fÎM  T^mlmms  {éd,  Buber,  IV,  p.  99]  lui  fait  fiire  ;  impie  QJs  d^'impio*  neveu  de 
Nmirod,  c«  qui  MOiblerait  faire  croire  que  l'auteur  de  ce  recueil  coiiD«is»ait 
de  «ribe  dont  nous  parlons  plus  toi  a. 
I  CaftI  plutdl  e«  docteur  que  Habbi  Blazar  bar  Yosé  qui  a  rapporté  ce  renseigoe- 
,  <Br  atttrrmeot  ou  ne  compreodratt  pas  commcol  ce  oom^  si  rare  dans  le  Tal- 
■tt  aub^litué  à  celui  d'Ëlazar,  qui  revient  si  fréquemment.  Le  contraire 
I  Crèt  bieOf  fitazar  étaût  coauu  pour  être  allé  à  Rome  ei  avoir  racoiité  un  ftii 
•f  i«  reppurie  au  voile eolevé  par  Tilus  :  «  J'ai  vu«  diL-il,  ù  Home  le  voile 
BVf  fl  de  gouttes  de  *eOfÇ  *  ;  ).  Toma,  ^î  d  ;  Attila^  M  b  ;  Yoma,  57  a. 

T.  XV,  !•*  î».  .  5 


06  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

J'élais  parmi  les  grands  de  Rome  et,  lorsqu'il  mourut,  on  lui  ouvrit 
le  cerveau  et  on  y  trouva  comme  un  passereau  du  poids  de  deux 
séla.  Dans  une  autre  bereita  il  est  enseigné  que  la  mouche  était  aussi 
grosse  qu'un  oiseau  d'un  an  du  poids  de  deux  livres.  Abaï  dit  :  Nous 
savons  qu'elle  avait  une  bouche  d'airain  et  des  oncles  de  fer.  Au  moment 
de  mourir,  il  recommanda  qu'on  le  brûlât  et  qu'on  dispersât  ses  cendres 
dans  un  délai  de  sept  jours,  pour  que  le  Dieu  des  Juifs  ne  pût  le  trouer 
et  le  citer  en  justice^.] 

La  moralité  de  cette  légende  s'en  détache  si  nettement  et  a  été 
si  bien  mise  en  lumière  par  l'auteur,  que,  malgré  les  altération^s 
que  le  récit  a  reçues  en  passant  dans  les  autres  littératures,  ell^ 
apparaît  toujours  avec  la  même  force.  Les  Arabes  l'ont  si  bier^ 
vue,  qu'ils  ont  exagéré  encore  la  faiblesse  de  l'insecte  qui  vient  ai 
bout  du  puissant  monarque.  Ils  ont,  en  eifet,  admis  le  conte  tal  — 
mudique  dans  le  cycle  de  leurs  légendes  bibliques  ;  mais,  comm  ^ 
Titus  ne  leur  disait  rien,  ils  l'ont  remplacé  par  Nemrod,  dontl^ 
nom,  d'après  eux  comme  d'après  le  Talmud,  signifie  a  le  révolté»  - 

Nemrod  dit  :  Je  ne  cesserai  pas  de  faire  la  guerre  contre  Dieu. 
Dieu  lui  envoya  un  ange,  qui  lui  dit  :  a.  N'agis  pas  ainsi...,  tu  as 
voulu  monter  au  ciel  pour  faire  la  guerre  à  Dieu,  tu  as  jeté  dans  les 
flammes  un  de  ses  prophètes. . .,  Dieu  ne  t'a  infligé  aucun  chàtimeo. t 
pour  tous  ces  crimes,  n'agis  donc  pas  comme  tu  te  le  proposes,  e* 
crois  à  Abraham.  Si  tu  n'obéis  pas,  Dieu  te  prendra  et  te  fera  périï 
par  la  plus  faible  de  ses  créatures  ».  Nemrod  répondit  :  t  Tu  eS 
certainement  parent  de  ce  magicien,  et  moi  je  ne  reconnais  sur  1^ 
terre  aucun  autre  roi  que  moi  ;  pour  le  ciel,  je  ne  sais  pas  ce  qui  %*2f 
passe.  Or,  s'il  y  a  dans  le  ciel  un  roi  plus  puissant  que  moi,  toii 
Abraham  et  ses  lieutenants,  dites-lui  qu'il  amène  son  armée,  et  mo* 
j'amènerai  la  mienne,  afin  que,  s'il  est  le  plus  fort,  il  montre  s^ 
supériorité  et,  si  c'est  moi,  que  tu  le  voies  de  tes  yeux...  »  Nemro^ 
réunit  •autour  de  lui    cent  mille   hommes  armés.   Alors  il  dit    ^ 
l'ange  :  «  Engage  le  Dieu  du  ciel  à   amener  son  armée,  car  j'^* 
réuni  la  mienne  ».  L'ange  lui  répondit  :  «  Dieu  n'a  pas  besoin  d'eia^ 
ployer  une  armée  contre  toi,  mais  il  ordonnera  à  la  plus  faible  de  s^^ 
créatures  de  te  détruire,  toi  et  ton  armée  •.  Dieu  alors  donna  s^^ 
ordres  au  moucheron  et  une  armée  de  moucherons  tomba  sur  l^ 
tète  et  le  visage  de  ces  infidèles.  Toutes  les  blessures  qu'ils  fai.^ 
saient   paraissaient  incurables.   Les  moucheronâ  étaient  si  noir^^ 
brcux  qu'ils  empêchaient  les  soldats  de  Nemrod  de  se  voir,  et  te^ 
chevaux  sautaient  en  l'air  en  renversant  leurs  cavaliers.  L'armée  3-* 
Nemrod  fut  entièrement  dispersée,  et  Nemrod  s'enfuit  seul  chez  la"*  - 

*  Pareille  idée  se  retrouve  dans  une  anecdote  d'Etienne  de  Bourbon,  p.  .368.  X^^ 
usurier  ordonne  qu'à  sa  mort  sou  corps  soit  donné  en  pâture  aux  serpents,  pour  c^."**® 
son  âme  ne  soit  pas  dévorée  dans  laveuir. 


LA  MOHT  D£  TITUS 


07 


a*il  eut  atteint  sa  maisoo,  il  peosa  avoir  échappé  au  sort  qui 

asçait.  Alors  Dieu  iospira  à  ud  moucheroD  des  plus  faibles, 

et  boil^ux,  de  dâscendre  dans  les  airs  ei  de  se  poser  sur  les 

de  Nemrod.  Celui-ci  voulut  le  frapper,  mais  le  moucheron, 

ûvola,  lui  entra  dans  le  nez  et  raoDta  jusqu'à  son  cerv^eau,  qu  il 

ttça  a  dévorer.  Or,  toutes  les  fois  qu*0D  frappait  sur  la  tête  de 

i,  le  moucheron  s'arrêtait  et  ce  prince  trouvait  du  repos.  Il 

Blait  lui  donner  contmueltement  des  coups  sur  la  tète,  et  il  y  avait 

ours  une  personne  chargée  de  ce  soin.  Il  ordonna  ensuite  de 

I  un  marteau  de  forgeron,  et  les  priaces,  les  chefs  de  Tarmée  et 

secrétaires  les  plus  intimes  prenaient  ce  marteau  et  lui  frap- 

tour  à   tour  sur  la  tète.  Plus  les  coups  étaient  forts,  plus 

était  content.  Il  avait  régné  4,000  ans  lorsqu'il  commença 

AVer  ce  tourment,  et  il  vécut  quatre  cents  ans  avec  ce  mou- 

ifon  [Çàroniqu€S  de  Tabari,  trad.  Zoienberg,  t.  1,  p.  U8-150). 

[Notre  thèse  peut  donc  tenir  en  une  ligne  :  la  légende  de  Titus 
]k moucheron  n*est  qu'une  variante  pieuse  de  la  fable  du  Lion 
du  moucheron,  composée,  sinon  adaptée,  pour  justifier  les 
divines. 


n 


I  On  a  vu  dans  le  récit  de  Tabarî  que  Nemrod  est  puni  pour 

|rûir  déflé  le  Dieu  d'Abraham.  C*est  qu'avant  Thistoire  de  la  mou* 

Tauteur  persan  raconte,  en  résumé,  ce  qui  suit  :  «  Nemrod, 

de  voir  Abraham  mettre  â  mal  ses  idoles  et  échapper  par 

Itection  de  Dieu  au  feu  du  bûcher,  prend  la  résolution  d'aller 

pj>€r  ce  Dieu.  Il  fait  construire  une  tour,  puis  se  fait  fabriquer 

Ms&e  carrée  avec  quatre  piques  aux  quatre  angles  et  quatre 

lux  de  chair  au  bout  des  piques;  ensuite,  il  fait  atteler 

vautours  aux  pieds  de  la  caisse  et  monte,  armé  en  guerre 

'  an<r^antir  Dieu.  Les  vautours,  voulant  saisir  la  viande,  enlê- 

st  la  caisse  et  la  soutiennent  dans  les  airs.  A  la  troisième  nuit. 

[terre  disparaît  de  vue  :  ils  sont  près  du  ciel*.  Nerarod  lance 

déchet  qui  disparaît  un  moment  et  retomhe  rouge  de  sang. 

Nejsrod  s'écrie  :  «  J'ai  tué  le  Dieu  du  ciel  x».  Dans  une 


i  m'^ÊÊ  pÊ»  tealiH€iit  dans  b  Uuértture  musulmane  qu'ua  pencMUMga  K- 
pf«9d  \m  plac«  d'Akiindre  d«BS  «in  ifceiuioa  au  ciel  :  cbei  Us  Biifffff»  te 
i  ctt  érUicsé  par  Salomoii,  ^û  tâl  mumi  un  noi  oirguetllcus.  Voir  RaaiWiiil, 


68 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


version  d^Âzizi  rapportée  par  Ibn  ÂyasS  la  caisse  tombe  dans  la 
mer  et  est  rejetée  à  terre  par  les  vagues.  C'est  alors  que  Nemrod 
provoque  Dieu  à  un  combat  sur  le  continent. 

M.  J.  Darmesteter,  qui  a  consacré  à  cette  histoire  un  article 
dans  le  Journal  asiatique  ^^  a  été  très  frappé  de  retrouver  l'é- 
pisode de  la  flèche  de  Nemrod  dans  une  chronique  chinoise  an- 
térieure à  rère  vulgaire.  L'empereur  Wou-y,  y  est-il  dit,  croyant 
avoir  à  se  plaindre  des  dieux,  jura  de  se  venger  d'eux.  «  11  pre- 
nait son  arc  et  décochait  continuellement  des  flèches  contre  le 
ciel,  et,  pour  faire  croire  que  sa  vengeance  était  entière,  il  faisait 
suspendre  en  Tair  des  vessies  pleines  de  sang,  qu'il  avait  soin  de 
dérober  à  la  vue  du  peuple,  afln  qu'on  ne  s'aperçût  point  d*où  ce 
sang  découlait.  Il  publiait  ensuite  que  c'étaient  là  les  marques 
de  sa  vengeance.  » 

Pour  M.  Darmesteter,  cette  anecdote  chinoise  est  l'origine  de 
la  légende  musulmane.  Il  ne  reste  plus  donc  qu'à  trouver  les 
intermédiaires  entre  le  chroniqueur  chinois  et  Tabari.  Rien  de 
plus*  facile.  Nemrod  est  identifié  par  les  Musulmans  avec  Kai- 
Kaous,  lequel,  d'après  la  légende,  tenta  aussi  d'atteindre  le  ciel. 
Firdousi  raconte  même  que,  d'après  une  tradition,  il  aurait  volé 
vers  le  ciel  pour  le  combattre  «  avec  l'arc  et  les  flèches  ».  Or,  la 
légende  de  Kai-Kaous  est  antérieure  de  beaucoup  à  l'Islam,  puis- 
qu'il y  est  fait  allusion  dans  l'Avesta.  «  L'histoire  de  la  propa- 
gation est  des  plus  simples.  Un  Persan  de  Tépoque  sassanide 
entend  raconter  l'histoire  d'un  roi  impie  qui  fait  saigner  le  del 
en  lançant  des  flèches  contre  lui  :  l'histoire  a  du  succès  et  va  se 
rattacher  tout  naturellement  dans  Timagination  populaire  à  This- 
toire  du  roi  qui  a  voulu  monter  au  ciel,  Kai-Kaous.  Mais  Kai- 
Kaous  est  Nemrod,  puisque  Nemrod,  lui  aussi,  a  voulu  s'élever  au 
ciel,  voilà  l'histoire  qui  entre  dans  le  cercle  musulman.  » 

L'histoire  de  cette  légende  est  plus  simple  encore,  à  notre  avis. 
Il  n*est  pas  besoin  de  supposer  un  intermédiaire  persan,  qui 
n'existe  pas  ;  pas  besoin  de  vouloir  que  l'épisode  de  l'ascension  de 
Kai-Kaous  ait  nécessairement  comporté  celui  du  tir  des  flèches. 
Gomme  la  majorité,  sinon  la  totalité,  des  légendes  arabes  qui  se 
rapportent  aux  héros  bibliques,  celle  de  Nemrod  est  tout  entière 
le  décalque  d'une  version  juive.  Il  suffit,  en  eflîet,  de  placer  en 
face  l'un  de  l'autre  le  texte  de  l'histoire  de  Titus  et  celui  de  Tabari 
pour  voir  que  la  légende  de  Nemrod  est  simplement  la  transposi- 
tion de  celle  de  Titus.  Le  scénario  est  le  même  d'un  bout  à  l'autre 


*  Voir  Mélutine^  t.  III,  col.  199  et  suiv. 

*  J.  Darmesteter,  Journal  asiatiçue,  1885,  t.  V,  p.  222. 


Il  LA  MOHT  DE  TITUS  69 

|t)es  traits  caraclérisUques  ont  été  conservés.  Nemrod  s'écrie  ; 
,  •  J'ai  tué  le  Dieu  d'Ahraham  »,  ou  ^  le  Dieu  du  ciel  »,  comme  Titus 
avait  (lit  :  «  J'ai  tu(^  le  Dieu  des  Juifs.  » 
On  pourrait  objecter,  il  est  vrai,  que  l'auteur  musulman  a  subs- 
tué  à  la  scène  du  tecnple  riiistoire  de  Nemrod  tirant  contre  le 
►J,  parce  qu'elle  lui  calait  connue  d'ailleurs.  Mais,  pour  cela,  il 
ûdrait  que  l'existence  en  fût  sûrement  constatée  antérieurement 
iVIslam,  ce  qui  n*est  pas;  il  faudrait,  en  outre,  que  la  tradition 
TO  ne  fournit  aucun  trait  ayant  pu  servir  à  la  transformation 
l'épisode  du  temple.  Or,  précisément  c'est  elle  qui  fait  de  Nom- 
I  le  constructeur  de  la  tour,  qui  lui  fait  commander  de  bâtir 
ttelour  «  pour  monter  au  ciel,  i»arce  que  Dieu  n'a  de  force  que 
\sl'eau^  d'y  établir  une  idole  portant  un  glaire  pour  faire  la 
rre  devant  elle  »  (Bereschit  Habba,  38;  Targoum  du  pst-udo- 
liathan,  Genèse,  xi,  4;  Pirké  de  R.  EHézer,  24).  Du  moment  où 
iFod  prenait  la  place  de  Titus,  iï  était  naturel  que  le  temple 
Iptrôt,  et,  comme  Nemrod  était  transporté  près  du  ciel,  que  le 
ile  du  sanctuaire,  derrière  lequel  Dieu  habite,  devînt  le  ciel, 
I  est  aussi  le  voile  derrière  lequel  réside   la  divinité.   Que, 
lutre  part,  l'épée  fût  changée  en  iiêche,  c'était  nécessaire»  car 
féï  ne  peut  atteindre  que  ce  qui  est  à  portée,  tandis  que  la 
;he  vole  jusqu'à  perte  de  vue. 
Quant  au  fond  de  Thistoire  de  ces  gouttes  de  sanjç,  on  peut 
qu'il  repose  sur  une  idée  quasi  universelle  :  c*est  la  même 
^jtnce  qui  a  produit  au  moyen  âge  ces  malheureuses  légendes 
iks  hosties  sanglantes* 

Israël  Lbvi. 


3 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IBN  TIBBON 

MARSEILLE,  1255 


Nous  avons  publié  Tannée  dernière,  diaprés  un  manuscrit  ao 
tuellement  à  la  bibliothèque  Bodléienne  à  Oxford,  une  petite  étude 
intitulée  :  Un  procès  dans  la  famille  des  Ibn  Tibbon  [Marseille, 
42SS'S6],  2«  édition,  Paris,  1886,  in-8o  de  19  p. 

Une  analyse  partielle  du  manuscrit,  avec  la  reproduction  de 
fragments  des  pièces  de  ce  procès,  avait  été  publiée  antérieure^ 
ment  par  M.  Ad.  Neubauer  dans  cette  Revue,  t.  XII,  p.  82  et  suiv. 

Enfin,  M.  H.  Graetz  a  bien  voulu  consacrer  à  notre  relation  du 
procès  un  article  intéressant  publié  dans  sa  Monatsschrift,  n^  de 
février  1887,  p.  49  et  suiv. 

Nous  n'étions  pas  en  mesure.  Tannée  dernière,  de  publier  les 
actes  du  procès.  Notre  travail  avait  été  fait  uniquement  d'après  des 
notes  prises  autrefois  par  nous  sur  le  manuscrit  vendu  depuis  à  la 
bibliothèque  Bodléienne  et  que  le  propriétaire  avait  bien  vouliJ 
mettre  à  notre  disposition  pour  un  ou  deux  jours,  et  nous  n'étioni 
pas  autorisé  à  publier  ces  notes  avant  que  le  ms.  fût  dans  une  bi 
bliothèque  publique.  Depuis  cette  époque,  nous  avons  pu  acquérir 
pour  la  bibliothèque  de  VAlliance  Israélite  universelle,  un  ma 
nuscrit  qui  parait  contenir  absolument  les  mêmes  consultation 
que  celui  d'Oxford  *  et  qui  contient  également  les  pièces  de  notr 
procès.  Ce  ms.  est  matériellement  moins  beau  que  celui  d'Oxford 
il  est  sur  papier  et  d'une  écriture  hispano-française  plus  cursi\« 
que  celle  du  ms.  d'Oxford,  mais  le  texte,  sans  être  parfait,  en  es 
bon  et  par  endroits  au  moins  meilleur  que  celui  du  ms.  d'Oi 
ford*.  Les  fragments  publiés  par  M.  Neubauer  s'y  retrouvent  tei 

*  Nous  rappelons  que  ce  ms.  porte  pour  lilre  :  d'^^ItlN  d"^3 13*^1  N"aTO*^îl73  r"' 
b"XT. 

*  Voici,  d'aprèt  notre  ms.,  quelques  corrections  au  texte  publié  par  M.  Neubai 


LE  PROCÈS  DE  SAMlTEL  ÏBS  TIBBON  H 

"taëiSSëtit,  même  avec  les  fautes  ou  les  petites  lacunes  d*tin  ou 
ded^ux  mots  freprésentées  par  de  petits  blancs  dans  notre  ras.), 
L intérêt  que  le  public  a  montré  pour  cet  épisode  de  1  histoire 
d«l*i  célèbre  famille  des  Ibn  Tihbon  nous  encourage  à  publier  ici, 
d'apiH^a  notre  ms.»  les  pirVes  compl<>teâ  du  proct^s.  Nous  les  repro- 
duisons dans  une  traduction  française  aussi  fidèle  que  possible, 
ce  procédé  a,  entre  autres  avantages,  celui  de  nous  permettre 
tfeipliquer  facilement,  par  de  petites  incidentes  (nous  les  mettons 
toujours  entre  parenthèses)  les  parties  obscures  ou  ambiguës  du 
Me. 


Résumons  d'abord  les  faits  aussi  brièvement  que  possible, 
Mois^  Tibbon,  le  traducteur  bien  connu,  avait  un  fils  nommé 
Samuel,  qui  n'a  laissé  aucun  travail  scientilique,  et  qui  joue  un 
tnû%  rôle  dans  notre  pro'^ès.  Moïse  demeurait  avec  son  fils  à 
Marseille  ;  il  avait,  à  Naples,  une  sœur  nommée  Bella,  mariée  à 
untiomme  instruit,  ie  hakam  R.  Josef  Cohen,  qui  était  mort  vers 
1235',  laissant  trois  lilles  (n''36)  et  un  fils.  En  1245  ou  1246,  àrce 
piW  semble  (n'*»  4  et  9  a],  Moïse  se  rendit  à  Naples,  et  il  y  fut 
(jui'slioD,  entre  lui  et  sa  sœur  Belïa,  de  mariage  entre  son  flls 
SiiQuel  et  une  des  filles  de  Bella,  sûrement  la  dernière,  appelée 
Bienvenue  **  Au  dire  de  Samuel,  celle-ci  avait,  à  cette  époque, 
MïâTis  (n*^  4  et  9  a)  ;  elle  prétendait,  au  contraire,  qu'elle  n*avait 
eu  alors  que  trois  ans  (n'  21).  Plus  tard,  vers  1252,  trois  ans  et 
f\m  avant  l'ouverture  du  procès  (n<*  12),  Bella  vint  s'établir  à 
Marseille  avec  sa  fille  Bienvenue,  et  en  lisri  5015  (sept.-oct. 
12M),  Bienvenue  épousa,  à  Marseille,  Isaac  tar  haac  bar  Sim- 
m,  probablement  d-Aix  (n*^  32  a).  Le  mariage  fut  fait  par  procu- 
ration, Isaac  n*y  assistait  pas,  et  à  Fépoque  où  s  ouvre  notre 
procès,  il  semble  qu  Isaac  et  Bienvenue  ne  vivaient  pas  encore 
ensemble  (n«  6)  ;  même  après  ce  mariage,  Bienvenue  est  encore 
appâtée  feufié  fille  (myz]  et  non  femme  [n''''  5  et  34), 
iloM  *urgit  inopinément  une  dilficulté  singulière.  Samuel,  qui 


t,XU|  :  P.  È2,  dernière  Ugw,  ÛTûb  non  Û'^1  ;  P«  ^3,  h  1,  -y^y^  non  n?i  ; 
^^*^rQTO  o'^anaDISî;  P.  U,l  5,  nboisn  non  boiDn;  l-  9,  tei-^yi  noa 
IPli^;  l  21,  by  a«  •'D  aou  by  ^D  ;  l.  22,  n*^7:bTn  no»  nJ^blS;  les  deux  noms 
•*<<.  an  rt*te.  porlés  aUcrnativemeni  pur  lo  tn^rae  personne  j  avanl-dGinièro  ligne, 

auj:  aon  rrr^i  ;  P  ^^  '-  ^^K  rrnn  non  '^'^nrï* 

*  Vwr  phis  loin  nolro  tistp  nominative.  Les  numéros  qui  vont  snivro  se  rapporteot 
«tptr^^fiphfs  do  la  traduction  du  texte  que  nous  donnons  plus  loin. 

*  Nous  9Vç>nA  autrefois  écnt  Biongude,    ({ue  nous  uvons  pris  pour   Bionjude^  et 
ré  conima  é^ale  à  Bonnejuive  (lo  nom  do  B'^njuif  Dst  lr(^((ueiit).  Lo  ms.  écrit 

Mmarnl  Btnis^a,  roiis  il  a  deux  fois  enia:')2''n.  Ccb  feil  supposer  qu*il  faut 
ifudt  ti  Bivenjudû^  c'est-à-dire  Bienvenue. 


I 


n  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

s'était  marié  de  son  côté»  avant  l'arrivée  de  Belîa  à  Marseille, 
pri^tendït  tout  à  coup  que  Bienvenue  était  sa  femme  légitime  et 
que  son  mariage  avec  Isaac  devait  ^tre  annulé.  Voici  comment  il 
expliquait  Içs  choses. 

Lorsque  son  pt'^re  avait  été  à  Naples,  il  Tavait  réellement  fiancé 
à  Bienvenue,  et  après  le  retour  de  son  père  à  Marseille,  son  père 
et  lui  avaient  envoyé  à  Bienvenue  Ips  cadeaux  {sablonoî)  qui  font 
le  signe  d'an  mariage  véritable  (tr*  9,  10,  IJ).  Des  sablonot  à  titre 
de  mariage  avaient  aussi  été  envoyés  par  lui  plus  tard  à  Bien- 
venue, vers  1249,  six  ans  avant  l'époque  du  procèi»  (n^  15  a),  Il 
prétendait  que  ce  mariage  était  un  mariage  valable  et  légal.  Ce- 
pendant, pour  prévenir  tonte  contestation,  après  que  Bella  fut 
vemu?  à  Marseille,  il  épousa  une  seconde  fois  Bienvenue,  à  ce 
qu'il  prétendait,  devant  deux  témoins  et  en  remplissant  les  for- 
malités prescrites  par  la  iot^a.  C'est  ce  second  mariage  qu'il  ap- 
pelle toujouris,  dans  les  actes  du  procrs,  le  mariage  suivant  la 
îora.  On  avait  dressé  un  acte  attestant  ce  mariage,  et  signé  par  les 
témoins  qui  y  avaient  assisté,  mais  il  Tavait  perdu  (n*  15&).  En- 
lin,  par  surcroît  de  précautions,  il  avait  épousé  Bienvenue  une 
troisième  fois,  en  tamniux  5014  (1254),  et  il  produisait  des  témoins 
qui  prétendaient  avoir  assisté  à  ce  mariage*  Il  avouait,  du  reste, 
qu'il  ii*avait  pas  approché  Bienvenue  H'oyjj  ncr  «ri  (n^  13  c). 

A  ces  allégations,  Bienvenue  répondait  qu'elles  étaient  de  pure 
invention  et  qull  n'y  avait,  dans  tout  cela»  pas  un  mot  de  vrai. 
Les  pourparlers  entre  Bella  et  le  pr'^re  de  Samuel,  à  Naples, 
étaient  de  simples  projets,  auxquels  il  ne  fut  pas  donné  suite» 
puisque  Samuel  s'était  marié  de  son  côté,  ce  qui  n'aurait  pas  eu 
lieu  s'il  avait  été  marié  à  Bienvenue  (n»21]*.  Il  ny  avait  au- 
cune preuve  ni  du  premier  ni  du  second  mariage  dont  parlait 
Samuel,  il  jouait  par  trop  de  malheur,  ses  témoins  étaient  morts, 
ou  en  pays  d'outremer,  ou  ne  voulaient  pas  venir,  ou  il  ne  se« 
rappelait  pas  leurs  noms  ;  l'acte  qu'il  prétendait  avoir  eu  étai^ 
perdu  ou  lui  avait  été  volé.  Le  troisième  mariage  n'était  pas  plus 
véritable,  les  témoins  étaient  de  faux  témoins,  leur  témoignage 
avait  été  acheté,  ils  s'étaient  formellement  rétractés,  et,  de  plus, 
Tun  d'eux  était  un  mauvais  sujet  dont  le  témoignage  n'avait  au- 
cane  valeur  légale.  De  plus,  ajoutait  Bienvenue,  il  était  bien 
étonnant  que  personne  n'eut  jamais  entendu  parler  de  ces  ma- 
riages de  Samuel  avec  elle,  les  mariages  ne  restant  pas  secrets^ 
Enfin,  Samuel  et  son  père  Moïse  avaient  assisté  à  son  mariage" 


I 
I 


*  On  ne  voit  pas  commeni  Samuel  concilie  ses  prétenUons  et  sa  conduite  avec  \t 
hérem  de  H*  Gcrsom,  qui  défend  In  poljiçoinic. 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  JBN  TliiBQN 


73 


lîraac  fait  à  la  synagogue  de  Marseille  et  au  repas  qui  le  soi" 

f.  Moïse  avait  même  écrit  le  contrat  (n''ôï3n)  et  fait  lui-mL^me  les 

pourparlers  pour  ce  mariage,  preuve  évidente  que  Samuel  n*a- 

vait  jamais  éf^ousé  Bienvenue, 

Mai^  pourquoi  alors  ce  procès  et  que  voulait  Samuel?  Bienve- 

,  nue  avait  eu  un  frère  qui  devait  probablement  lu^riter  de  toute  la 
fortune  de  leurs  parents,  et  cette  fortune  était  considérable*  Ce 
fr^re  était  mort  récemment,  peu  de  temp^,  sans  doute,  après  le 
mariage  de  Bienvenue  avec  Isaac»  et  Bienvenue  devenait,  par 
suite,  une  riche  héritière.  Samuel  voulait  s'approprier  la  fortune 
de  Bienvenue  ou  au  moins  en  tirer  parti  ;  voilà  pourquoi  il  avait 

}  inventé  ces  trois  mariages  successifs  avec  la  même  personne  et 
intenta?  ce  procès. 

Il  était  soutenu  dans  ses  démarches  par  une  sorte  de  parti  ou 
d*association,  qui  semble  avoir  pris  Taffaire  en  commandite,  pour 
en  partager  les  bénélices  avec  Samuel,  ou  qui  peut  avoir  agi  sim- 
plement par  haine  contre  Bella  et  contre  le  beau-père  de  Bien- 
venue, Ifisac  bar  Simson.  Bella  avait  aussi  son  parti,  que  Samuel 

I  accuse  de  terroriser  les  témoins  qui  pouvaient  parler  en  sa  fa- 
veur. L'affaire  avait  éveillé  beaucoup  de  convoitises,  un  grand 
nombre  de  personnes  s'en  occupaient  et  s'y  mêlaient,  par  intérêt» 

■  par  haine  ou  par  amitié.  On  voit  clairement,  dans  les  actes  du 
procès»  les  personnages  qui  prennent  pusilion  pour  Tun  ou  Tautre 
parti.  Abba  Mari  b.  Josef  et  Isaac  b.  SalomoUi  témoins  du  ma- 

■  riage  de  Bienvenue  avec  Isaac,  interviennent  pour  réiiabiSiter 
un  des  témoins  de  Bella,  qu'on  voulait  invalider;  Isaac  b.  Salu- 
mon,  en  outre,  essaie  d*in valider  un  des  témoins  de  Samuel  ;  Mar- 
dochée  b,  Menahem  assiste  à  la  fois  à  Tenvoi  des  sahlonoi  à  Bien- 
Tenue  et  au  second  mariage  de  Samuel  ;  Samuel  b.  Abraîiam,  qui 
fait,  par  procuration,  le  mariage  dlsaac  avec  Bienvenue,  invalide 
^aussi  un  témoin  de  Samuel.  Le  sire  Gigonet  in**  24),  devant  lequel 
^cïe  témoin  se  rétracte,  n*est  assurément  pas  indifférent  à  Tissue 
du  procès  :  il  aura  été  gagné  à  la  cause  de  Bienvenue.  Le  ruie 
^  t*i*^^^M^^L  ^^^^  la  direction  des  intérêts  de  Samuel,  appartient  à 
^  trois  p<^rsonnes  :  David  b.  Jacob,  Juda  b.  Abraham  et  Simsou 
b.  Abraham  ibn  Slam,  qui  sont  les  ennemis  déclarés  de  Bella  et 
d^Isaac,  et  si  on  peut  trouver  une  excuse  à  la  conduite  de  Samuel, 
c>st  celle  d'avoir  suivi  docilement  les  conseils  et  les  inspirations 
,  de  ces  trois  personnages.  Ils  n'avaient  même  pas  hésité  à  dresser, 
en  qualité  déjuges,  un  acte  de  réception  de  témoignage  contre 
r  Bien  venue  et  en  l'absence  de  celle-ci,  tout  en  sachant  quVn  leur 
I  ffualjté  d'ennemis  de  Bienvenue,  ils  ne  pouvaient,  en  cette  affaire, 
,  remphr  les  fonctions  de  juges.  Après  eux,  il  faut  remarquer  les 


74  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

témoins  Mardochée  b.  Jekutiel  (témoin  de  Samuel)  et  Mardoch.  ^^i^ 
b.  Méir  (témoin  de  Bienvenue),  dont  les  dépositions  ont  une  si 
grande  importance  dans  le  procès  et  dont  les  agissements  ne  sc^jot 
pas  de  la  plus  grande  délicatesse. 

C'est  au  plus  tard  vers  le  milieu  de  Tannée  5015  (printein  ps 
1255)  que  Samuel  a  dû  commencer  à  réunir  ou  à  créer  les  preuves 
de  ses  allégations.  Bientôt  après,  le  triumvirat  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut  se  constitua  en  tribunal  pour  recevoir  le  témoi- 
gnage de  Mardochée  b.  Jekutiel  et  d'une  autre  personne,  attes- 
tant tous  deux  qu'ils  avaient  assisté  comme  témoins  au  troisièzDe 
mariage  de  Samuel  (n«  16).  Déjà  le  vendredi  24  juin  1255  (len- 
demain du  17tammuz  5015),  Mardochée  b.  Jekutiel  se  rétracta 
(n®  24)  devant  le  sire  Gigonet.  Les  menées  allèrent  leur  train,  et 
enfin  un  tribunal  de  trois  personnes  fut  nommé  pour  élucider  et 
peut-être  décider  la  question.  C'est  ce  tribunal  qui  est  appelé,  dan^' 
les  pièces,  le  tribunal  élu  {tribunal  des  élus  y  dnnaa). 

Les  pièces  de  notre  manuscrit,  à  partir  du  n«  9  jusqu'à  la  ùn^^ 
sont  les  pièces  dressées  devant  ce  tribunal.  Contrairement  à  ce^^ 
que  nous  avons  dit  dans  notre  précédente  étude,  il  est  manifeste^^ 
que  ce  tribunal  a  siégé,  non  pas  à  Montpellier,  comme  nous  l'a-  — ' 
vions  supposé,  mais  à  Marseille  *,  et  que,  par  suite,  Hillel  de  Vé-  — 
rone,  qui  est  un  des  trois  juges  élus,  a  été  à  Marseille  en  1255. 
Nous  n'avons  ni  la  décision  finale  de  ce  tribunal  ni  tous  les  actes  ^ 
qu'il  fit  dresser.  Dans  la  séance  du  jeudi  23  tébet  (23  décembre^ 
1255),  il  renvoie  à  «  mardi  prochain  »,  qui  serait  le  28  tébet,  mais^^ 
le  procès-verbal  de  cette  dernière  séance  n'est  plus  là  et  il  n'esP^ 

sans  doute  pas  le  seul  qui  manque.  L'omission  de  ces  pièces  s*ex 

plique,  à  notre  avis,  de  la  façon  suivante.  Vers  la  fin  de  tébet 
l'état  de  la  question  était  assez  avancé  pour  qu'il  fût  possibl^i^E 
au  tribunal  de  Marseille  de  consulter,  sur  les  points  de  droit,  le     -a 

autorités  rabbiniques  de  l'époque.  Parmi  les  rabbins  consultés 

et  il  y  en  eut  un  certain  nombre  (n®  7)  —  se  trouve  R.  Samuel  l^  . 
Josef  b.  Salomon,  c'est  sa  réponse  qui  est  placée  en  tête  de  nc^s 
pièces  ;  les  pièces  que  nous  avons  et  qui  suivent  sont  probabl^3- 
ment  une  copie  de  celles  qu'on  lui  envoya,  vers  la  fin  de  téb^  1, 
pour  qu'il  pût  faire  sa  consultation.  11  ne  demeurait  pas  à  Ma^M*- 
seille. 

L'examen  plus  approfondi  de  nos  pièces  nous  a  aussi  mon'fcré 

*  On  en  trouvera  la  preuve  dans  les  n«>«  1,  2,  H  a  et  15  a  (Isaac  vient  ict,  évi3.«m- 
ment  à  Marseille),  12  (B.  vient  ici  à  Marseille)  ;  13  3  (Samuel  a  épousé  B.  f«,  c''«st- 
a-dire  à  Marseille);  15  3  (le  mariage  que  j'ai  fait  ici  à  Marseille).  Voir  aussi  33^, 
et  33  b,  note. 


ieau-pèrede  Bienveaue,  Isaac  b,  Simson.  demeurait  à  Âix 
MC  b.  Simson  dans  notre  liste  nominative  des  personnes 

}aaique  nous  ne  connaissions  pas  Tissiie  du  procès,  iï  nous  pa* 
il  extrêmement  probable  qu*eUe  ne  fut  pas  favorable  à  Samuel, 

consultation  de  R.  Samuel  b.  Josef  donne  raison^  sur  tous  les 
inU^  à  Bienvenue,  et  traite  Samuel  de  mis^'^rable. 

1  est  toujours  assez  diûicile  de  dire  avec  précision  quelles 

iciit,  au  juste»  les  conclusions  de  Sanuieh  Dans  notre  précé- 
ttite  étude,  nous  avons  supposé  qu'il  voulait  faire  condamner 

nvenue  à  lui  demander  une  lettre  de  divorce  pour  qu'elle  put 

l^r  avec  Isaac«  et  il  n'aurait  accordé  cette  lettre  de  divorce  que 
WJtre  espèces  sonnantes.  Sans  le  hérem  de  R,  Gersom  (nous  ne 

vous  pas  au  juste  quel  compte  on  en  tenait  à  cette  époque  à 
irseille),  il  aurait  même  pu  soutenir  que  le  mariage  de  Bien- 
mue  avec  Isaac  étant  nul,  d'après  ses  allégations,  Bienvenue 

lit  sa  femme  à  lui  Samuel,  C'était  le  meillfor  moyen  de  s'em- 
de  la  fortune  de  Bienvenue,  qu'on  l'accusait  de  convoiter. 
ne  voulons  pas  entrer  ici  dans  une  discussion  talmudique 
ce  sujet,  ni  prétendre  que  ces  conclusions  de  Samuel  eussent 
W  parfaitement  contbrmes  au  droit  canonique  juif,  mais  la  ma- 
èreest  sujette  à  controverse»  et  il  est  certain  que  les  deux  tbèses 

ût  nous  venons  de  parler  pouvaient  parfaitement  se  plaider  et 

K tenir.  Les  personnes  qui  voudront  s*en  convaincre  peuvent 
ter  :  pour  la  première  thèse  (que  Bienvenue  doit  prendre 
^t  de  Samuel),  Giiiin  89  b,  -^ra  «cisn  pc^n  cnsti;  Twr  ében 
,17,  fin,  mz3n''5  i«  iTOîtn  r^i2  d«  "^D^b  nnniî:  i  pour  la  se- 
(que  Bienvenue  peut  et  doit  retourner  auprès  de  Sa- 
mï)^Jetfamoi  87  ô,  88  &,  91  <ï,  «Vis  rt««î  ...  rhp^  ^bno  n^Nrr 
bjiaV  rtb  mn  •♦«721  ^ . .  «•'H  noiSKT  .  *  ^  ib  nimb  nnnr^j  [t"3;  mïsns 
fz*j»  c^r;  ^id,92a,  ib  nnmb  n-im?:  nbyn  sïd  D'nKi  n'aipna; 
kW.  33  ^  (cas  qui  a  de  Tanalogie  avec  le  nôtre),  ^-nc  laipo  û^ît: 
T^B^bnnn  .-*D''«3;  Tnr  ében  ézer,  n°  17,  Topinion  de  H.  Jeru- 
lamdansle  comment,  de  Josef  Caro  (vers  le  commencement); 
hd ,  tin,  n^'»-i3:  nr«  nbji  Km  nab  na^prs  ttbK  -^vsh  ns*\D5  «b  n&t 
fSfinb  nimb  n-imTîi  ^:cn!3  cas,  On  peut  voir,  en  outre,  les  consul- 
Itionfi  de  R*  Salomon  b.  Adret,  V"  partie,  n*"  10,  568,  1164,  1189 
\  1253.  La  consultation  annexée  à  nos  pièces,  et  qui  insiste  sur 
feittUlité  de  donner  gêf  à  Bienvenue  pour  qu'elle  puisse  rester 
rec  Lnaac,  parait  montrer  que  Samuel  voulait  surtout  se  faire 
iiater  an  géi.  Ce  fut  aussi  probablement  Tobjet  des  transac- 
fu'on  essaya  avec  lui  au  début  du  procès  (n°«  17  d,  18,  24  a], 
thèse  soutenue  par  Bienvenue  était  hiQn  simple  :  puisque 


76  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

toutes  les  aiîé^ations  de  Samuel  étaient  de  pure  fantaisie,  on 
ii^avait  qu'à  ne  pas  en  tenir  compte.  La  consultation  qui  se  trouve 
dans  nos  pièces  répond  aux  objections  qui  nous  ont  été  faites,  an 
sujet  de  cette  thèse,  par  M.  Graetz. 

Le  n*'9è  de  nos  pièces  raontre  aussi  sufflsaranient  que  nous 
n'avons  pas  eu  tort  de  regretter  que  Moïse,  le  père  de  Samuel, 
n*ait  pas  ^ié  appelé  en  témoignage,  et  que,  malgré  sa  parenté  avec 
les  parties,  on  pouvait  le  consulter,  sauf  à  lOir  ensuite  quelle  va- 
leur légale  on  donnerait  à  son  témoignage.  Puisque  le  tribunal 
prévoit  que  Samuel  ne  pourra  peut-être  pas  amener  son  père,  on 
peut  en  conclure  que  nous  avons  bien  fait  de  supposer,  dans  notre 
précédent  travail,  que  Moïse  Tibbon  était  à  cette  époque  à  Mont- 
pellier. Il  avait  peut-être  quitté  Marseille  pour  échapper  au  scan- 
dale de  c^e  procès. 

Dans  tous  les  cas,  on  nous  rendra  cette  justice  que  notre  opi- 
nion sur  Samuel  est  exactement  celle  du  rabbin  dont  nous  avons 
la  consultation,  et  paraît  être  aussi  celle  des  juges,  qui  traitent 
Saraueî  avec  beaucoup  de  mépïîs.  Si  M*  Graetz  a  cru  que  c*était 
par  galanterie  française  que  nous  prenions  partie  contre  Samuel 
en  faveur  de  Bienvenue,  la  publication  des  documents  montre  que 
nous  ne  méritions  pas  ce  compliment. 

11  sera  utile  que  nous  donnions  ici  la  liste  norainalive  des  per- 
sonnes nommées  dans  les  pièces,  elle  en  facilitera  grandement 
l'étude  (les  chiffres  indiquent  les  numéros  de  notre  traduction). 


I 
I 


1 

1 


Abba  Mari  h,  Jacob,  Voit  venir  à  Neples,  lui  et  Méir  Fiaverdet,  les 

cadeaux  de  Moïse  Tibbon,  <5  a;  voir  Méir  Fiaverdet. 
Abba  Mari  b.  Josef.  Témoin  du  mariage  par  procuration  d'Isaac 

2tifC  ;  intervient  pour  la  réhabilitation  de  Mardochée  b.  Méir, 

28^.  Voir  Isaac  b.  Salomon. 
Abba  b.  Pesado.  Invoqué  comme  témoin  sur  Fâge  de  B.  ',  36. 
Abraham,  fils  du  précédent.  Esta  Naples  en  1239;  témoigne  sur  Và^< 

de  B.,  36. 
Abraham  b.  Gerr^on.  Un  des  trois  qui  légalisent  Tacte  de  récepLio  ^» 

de  témoignage,  16^;   les  deux  autres  sont  Josef  b.  Abr.  ^^^ 

Isaec  h.  Juda.  ■ 

Abraham  b.  Isaac.  Veut  invalider  Mardochée  b.  Jekutiel,  témoin  c^d  . 

SamueK  H  a  à. 
Abraham  b.  Laveyre  nn*^*>ib  b.  Jonatan,  avocat  de  B.,  Ha,  24^.  H-a 

lecture  Laveyre  est  purement  hypothétique. 
R,  Anotoli,  parent  de  Samuel.  Demeure  à  Naples;  a  vu  apporter  i.^;s 

cadeaux,  tS/e,  33  a,  35. 

'  U.  ^iunifiera  Bienvenue. 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IB?*  TJHBON  77 

tella,mère  de  Bienvenue,  tante  de  Samuel,  sœur  de  Moïse  Tibbon, 

épouse  de  Jacob  Cohen,  belle-mère  d'Isaac  Coben. 
BieQveoue,  tille  de  BeUa,  le  principal  pei'soanage  du  procès,  avec 

Samuel  ;  «ou  frère,  2t. 
DaineBoUine,  28^. 
^vitl  b.  Abraham.  Samuel  veut  lui  faire  porter  faux  témoigaage.  22 

(voir  Isaac  b.  Josef);  a  été  à  Naples  en  5041,  34. 
I^vid  b.  Isaac.  Témoin  de  la  commission  donnée  à  Marseille  pour  les 
cadeaux  à  porter  a  Bienvenue,  l\  b^  15  £ï.  Il  y  a  des  hommes 
I  qui  étudient  chez  lui, 

David  b.  Jacob,  fils  du  nadib  Salomon.  Un  des  trois  qui  font  la  ré- 
ception du  témoignage  du  troisième  mariage  de  Samuel  à  Mar- 
seille (avec  Juda  b.  Abr.  et  Simson  b.  Abr,  ibii  Stam),  45  rf» 
46  (ff,  33  d;  ces  trois  personnes  sont  les  ennemis  déclarés  de 
Bienvenue  et  les  amis  et  conseillers  de  Samuel,  M€\  veut 
corrompre  un  témoin,  24  û. 
David  b.  Juda.  Invalide  Mardochée  b,  Méir,  témoin  de  Bienvenue, 
Vtb,  Voir  Salomon  h.  Netanel. 

t David  b,  Juda.  Invalide  Mardochée  b.  Jekutiel^  témoin  de  Samuel, 
37.  Voir  Samuel  b,  Abraham.  Il  est  possible  que  ce  personnage 
soit  le  môme  que  le  précédent  et  que  le  suivant, 
l^avid  b,  Juda  b.  Isaac,  de  Marseille.  Prisonnier  à  Meyruel,  27  et  28. 
.David  Legros,  Il  b. 

)  bou  Esment  de  Villa.  Fait  prisonnier  David  b.  Juda  b.  Isaacj27  et  28. 
l^tt  français  (juif  du  Nord)  à  Marseille,  4 5  a. 
I  ^  sire  Gigonet.  Prend  des  informations  oflicieuses  sur  Je  procès» 

JHUel  fils  du  hacid  R.  Samuel  de  Vérone.  Un  des  trois  juges  du 
procès  (avec  Jacob  b.  Isaac  et  Moïse  b.  Menahem  le  ^a- 
Tusch),  9  a. 

Isaac  Coheo.  Gendre  de  Bella  ;  demeure  à  Naples.  4  4  a,  45  a. 
Hsaac  b.  Isaac  b.  Simson.  Mari  de  Bienvenue;  demeure  probable- 
ment à  Aix;  i,  47//,  20,  24,  3i. 

îsaac  b.  JekutieL  Possède  une  maison  dans  celte  partie  de  Ja  ville 
de  Marseille  qui  appartient  à  l'évoque,  27  b, 

Isaac  b.  Josef.  Prétend  que  Samuel  lui  a  fait  l'aire  faux  témoignage, 
39  (voir  David  b.  Abrah.). 
Bcb.  Juda.  Voir  Abrabam  b.  Gerson* 

ic  b.  Salomon  (Salmie).  Invalide  Mardochée  b,  Jekuliel,  témoin 
de  Samuel,  25  a  ^,  29  c  ;  est  (de  passage  "?)  à  Aix,  25  a  b  ;  est  té- 
moin, avec  Abba  Mari  b.  Josef,  du  mariage  par  procuration 
dlsaacavec  Bienvenue»  32  ^Cî  intervient,  avec  le  même  Abba 
Mari,  pour  réhabiliter  Mardochée  b.  Méir,  témoin  de  Bien- 
venue, 28  b. 

*Mc  1)^  Simson.  Père  d'Isaac,  beau-père  de  Bienvenue;  demeure 
sans  doutée  Aix,  25  a  ^.  28  ô. 

■<^<^b  Cohen.  Père  de  Bienvenue,  45  rf,  î5a»  28fl,  32  a,  3:1  a,  3i,  39. 


7?  RE^TE  DES  fiTTDBS  JCITBS 

Jacob  b.  Isaac.  Un  des  trois  jages  da  procès.  Voir  HOtal;  mr  lei 

suivant. 
Jacob  fils  du  nadib  R.  Isaac.  On  lai  donne  un  acte  i  < 

Hàt  peut-être  le  même  que  le  précédent. 
Jacob  b.  Josef  et  Jacob  b.  Samuel.  Volent  apporter  à  Napleslts^ 

de  Samuel.  Il  b,  45a. 
Jacob  b.  Samuel.  Voir  le  nom  précédent. 
Jonathau  fils  du  hakam  Avigdor.  Bella  looe  on  logement  cbei Ml | 

Marseille,  46c 
Josef  b.  Abraham.  Voir  Abraham  b.  Gerson. 
Josef  b  Samuel.  Est  avec  Mardochée  b.  JekuUel  lémoim  du  troîdêill] 

mariage  de  Samuel,  13^,  46^^,  45eif»  23 «à. 
Juda  b.  Abraham.  Voir  David  b.  Jacob. 
Laveyre.  Voir  Abraham  Laveyre. 
Mardochée  b.  Jekutiel.  Voir  Josef  b.  Samuel  ;  son  invalidation  eonuii  { 

témoin  forme  une  des  parties  importantes  du  ph)Cè8;ii8t1 

rétracte  devant  Gigonet  et  à  Aix;  43^,  44,  45éf,  l€e,  i2i,S3«^  j 

24  a  à,  i'ô  a  c,  26  a  *. 
Mardochée  b.  Meuahem.  Voir  David  b.  Isaac,  Il  ^;  témoin  da  seoii'  * 

mariage  de  Samuel,  43  ^ 
Méir  ::'n-i2  »:>z  (Flaverdet  ?j.  Voir  Abba  Mari  b.  Jëtéb. 
Méir  b.  Menahem.  Est  d'Aix  ;  sigoe,  avec  Netanel  b.  SamaM,iuiaM 

de  témoignage  pour  l'invalidation  de  Mardochée  b.  Méir,  tf* 

moin  de  Bienvenue,  il  b,  28  a,  29  a. 
Moïse  fils  de  Menahem  le  parusch.  Voir  Hillel. 
Moïse  Tibbon,  père  de  Samuel. 
Netanel  b.  Samuel  (et  encore  :  fils  du  hakam  R.  Samuel}.  Bstd^Âii. 

Voir  Méir  b.  Menahem. 
Samuel  b.  Abraham.  Fait,  par  procuration,  le  mariage  d'Isaac  atet 

Bienvenue,  32.  Est  a  Aix  (y  demeure?),  25 a ^;  invalide  Mai- 

dochée  b  Jekutiel,  témoin  de  Samuel,  24^,  37. 
Samuel  b.  Josef  fils  du  rab  R.  Salomon  (et  encore  :  Salamie).  Autem 

de  la  consultaiioD  qui  est  en  tète  de  nos  pièces  ;  ne  demeure 

pas  à  Marseille,  4 . 
Samuel  b.  Moïse  Tibbon.  Auteur  de  notre  procès  ;  prétendu  mari  de 

Bienvenue. 
Salomon  (Salamie)  b.  Isaac.  Invalide,  avec  Semtob  b.  Isaac,  Mardo- 
chée b.  Méir,  témoin  de  Bienvenue,  31. 
Salomon  (Salamie)  b.  Netanel.  Invalide  Mardochée  b.  Méir,  témoin 

de  Bienvenue,  27  b  c. 
Simson  b.  Abraham,  médecin,  30,  39. 
Simson  b.  Abraham  ibn  Slam.  Voir  David  b.  Jacob.  11  n'est  pas  du 

tout  impossible  qu'il  soit  le  même  que  le  précédent. 
Semaria  b.  Eiie.  Voit  venir  à  Naples  les  cadeaux  de  Samuel  pour 

Bienvenue,  45  a.  Voir  Anatoli. 
Semtob  b.  Isaac.  Voir  Salomon  b.  Isaac. 
Le  vicomte  de  Marseille  "jncapo,  27  a. 


LE  PROCKS  DE  SAMUEL  IBN  TIBBON 


79 


Nou^doîinon.s  aussi,  avant  la  traduction  des  documenta,  la  liste 
le.<  mob  hébreux  techniques  qui  s'y  rencontrent  le  plus  souvent, 
en  ïes  accompagnant  des  mots  français  ou  en  caractères  français 
dont  nous  nous  sommes  constamment  servi  pour  les  traduire  ou 
les  transcrire  : 

»'^nî2N  vraisemblance,  probabilité.  —  non»  épouse  ;  'j'»3in"»î*  épou- 
sailles, mariage,  —  X^i  rr^a  hêt-din,  tribunal  (c'est  toujours  un  iri- 
buuûl  jUif),  —  nbi^5  majeure;  ^\^\^7  majorité.  —  »n"mÈt"T  règle 
biblique,  tirée  de  la  Bib'e  ;  "liam  règle  rabbiuique,  d'institution 
I Tûbbjnif|UL\ —*rrr-m  nr^T  examiner  et  scruter  (les  témoins).— 
rrnîn  règle.  —  ûrn  hakam  (rabbin].  —  ûnn  hérem  (excommunication). 
1— pi:3  avocat  ;  nnj:?û  allégalions,  plaidoyer.  —  t^d  valable  (témoin 
jvnlablel. —  3*^3  nadih  (liomme  notable).  —  n^^r*  défenderesse,  — 
XT^'.vhz'^  $ahîonol  (cadeau  de  mariage  ayant  une  signification  légale). 
|— 5^s  I témoin)  impropre  à  témoigner,  iucapable  de  témoigner,  in- 
iVôlitiô,  récusé  ;  boD  invalider,  récuser.—  ïîTp  épouser,  se  marier; 
[t«np  kidduschin,  mariage.  —  naap  mineure  ;  mîî2p  minorité.  — 
jt*:*?  kinyati  (acquisition,  formalité  légale  pour  conclure  un  contrat). 
[Cîpieatfj  (amende^  —  31  raù  (rabbin),  —  '0"*b«'»i  royaux  imonnaie). 
nisn  n?l2C  serment  grave.  —  ^to   fiancer;   l^snT::  liançailles; 
e*est  aoe  traductiou  par  à-peu-près.  —  nai3  acte.   —  mm  tora 

Voici  maintenant  la  traduction  de  nos  pièces.  Tous  les  numé- 
rotages, titres,  sous-titres,  résumés  en  tète  des  pièces,  indication 
1"% séances  en  ttîte  des  pièces,  ont  été  ajoutés  par  nous  pour  la 
facilité  des  recherches.  Les  folios  de  tjotre  manuscrit  sont  in- 
diqijt*3  en  chi tires  entre  crochetn.  Pour  les  phrases  et  mots  hé- 
i*raiijues  intercalés  dans  notre  traduction,  il  faut  noter  que  nous 
îïvorj^  rais  entre  parenthèses  les  mots  hébreux  traduits  en  français 
''t  destinés  uniquement  à  illustrer  la  traductiou  Irannaise;  les 
ïïiota  ou  passages  hébreux  qui  ne  sont  pas  entre  parenthèses  ne 
«ont  f»as  traduits  en  français. 

Isidore  Loeu. 


CONSULTATION  DE  H.  SAMUEL  BAR  JOSEF 


,  ^'  -"  [13  à].  Voici  récrit  (arD)  du  grand  hakam  R.  Samuel  bar  Josef 
^^  tïu  rab  R.  Sulomou  Vît. 


^.Lr  >  UFS^nit.  ^.Jîi.Tii:     "TT^    lit  ii:.Lf  in^DMicer  iu  sujcl  dcli 

-  ..:.:  :.  >•.!:  ;i:  r-s  'tii.L  t'  i  L^..  TL  ...  i.Tfc,;  r:»jufée  quand 
î-.i:  :  .1.  ri'M'î  r...!;:  i>'t  i '"r:  '  i:r^t:ii-jiitai:  Zi*- B..  3t  ;a  mère  et  dcs 
:n:-::.r  .:?  '  ^T— T  :  :—  :..LCî.<"Li  i'^'Ufi.i  rrinn  avec  elle  et 
: .  î    1  i  -1.     :.«.r   :  ■  ■  ---.r    -=r-r  t~  Fm  T-::  .  ITZM  ::  dit  qu'il 

4'..      ::•.',.:--■:    ..I'î    î-r:  .iL  j:         .r    ii:"t.l      .taj  '_I_*  .  T.!  -I.  acie  Ce  Ce  Illl- 

•u^:  à'*.  V  :  .--r^-  r  ïi-r:iî.  n^i..-?  PL  .  i^Ti^;  iitriiL  Cri  ac:e  ."ZC), 
V.  .  :»:  :  *..  ..  :•  ..:  .r  .!:i2  .:.-r  i.  il..!.-  it  :rt-^i^tT  naria^re  ni  pour 
:  >:•.■..::.  r..».-r  .  t..  V-'-  "•:■  J»^iu:j:î  lit  :»t-r5.:citts  oal  tu  ccl 
*i.' :  ;.  -  i"i.  V.  -:  ::u..:.î  r  n  .  l'i.  iiî^tll  ITUiC  il  al.cpue qu'il 
i^i.  ::«...-:  i.  ;.:;:  .~..^-:z^  .r  ûr-»j.:  î'îi'- -1.5.  , "II: 'lisant.  Celle 
•"...>•- s 'î  '...r  7  ..  ^r*  iiT  *  i;i»!i  tni.iLa-s  '- 1  jc  If j'i.?  îoD*temps. 
>...*  : -•.■.^:  :: ..-  r .-.  -■?•:  lu."  .••.'::  I.  '^•art'-.Li:  i^  i-.t:  i*Taleur,né- 
;»:">^;.  't  :-.■*.."  .  -■:   t  au."  .-Çt  =•  :    "Liû.hr- .  *^.  TL'i::  iv^rs'.erce  dernier 

n.i.'  .^•■:        :.*. 1  *«■  :  ^:-   'r.»î'ji.  iii    "ïi  «    i-f  :rz:::r::a«  "tïî 

— r   -"r*    :•:■.;     .a    - ..  ..:...  .-.a.nrt  .  t-..  ii:-r.:  lii^s  les  procès- 

li.  y   :      ...    >  -      ^.-^:■:5'   *  1    -'■-  i^u.    T^      1     ilL  TïLT  .r»  I^îIlLeS   """2- 
r i    'A  .  •>      .  : 

..!.>:  .  .?  ■:-  :■::  .i:?  :'^.-:  '^  ^  r-ir  :-î  njraLT*  f:  IrS  lémoins 
'«•.-.>  •  ..  •  -  ..."■•  -.:  .--r  ■•:.  .-i-  ::  na.-j-pt.  i.:  js  aron?  re- 
:'.i: .  ^  .  .':^.  .  :-?  ■:-  .-.-T-  .  -I:?  ir  5  ï  t  -^i  !_ -f  :.: iir*  ces allé- 
^;j  .L.:>>..:  .-î  .-.  ..:  ...^:  :  v ^  : -I  -ï^:!""  :•*  zt-tl^  ?'■?>:  emparé 
-.:-..-->:  t-^ï  :•:  2.  t-'  ri-  1  voulu s'em- 
.u  •.  ,1.  >.!  ...  :  ■  r-..*  ^r  ^5-  *■  i""?  "i^  :«*':-.*  !.:<  raîoiiisonl 
.  ;  >.:  ..-.  .-  .  .r  ?,  :  T^..  :  : .-  7  i  .riiic  dans  un 
•..■.»:•.>.  .-  '■  .-  .  ■*  -- :■*  ■  .-"^  -Il  :ie  '.nsn.'tz  f- es  laissant 
..*    -.-^.v.:^:.  .  -    -  :;   ■  :^    '  .   -^    r'i  .  ts^  tMCz  .  Z'i  t'éloigneras 

j '.  ...  :^   .-<.    :  ..  j^  ..^-  •       "    -   ■.   ..   :^     .:    ^ao..ri  i.:  ;/iedan>ttn 
-  ..o  >       •  V  :  ;     ■  i  ..-..»*  :    -i^j.Ti.zti-:  e;  soruier  .les 

.    >■     .  : I.- >r-  iO. -;...>'"■   >:*  râci- ns  ont 

■  .  ,  .    ^  ,       i        ..  ."-.:>  ■:'?'  :  ifïH-'-iiâ'  :":ii;"i*il-s.  «"'a  né 

j.        .. ^  .\--.   ■■  -..    .  -      .-^      ^  ..12-  ;« 'i-T  ïisé^^er  ■;uïisnc 

.iK.:  .  .:      ,..^,    !  V  ^     .■     .         -c     .    ."■:    *    ;      :-:^''   li;*-.:*  leur  le  moi- 
^...,.^.     ,      ».    X        •  . -.    •     V    .  V  -v  :.       .u  :  r.  l-î^  fxâînmer 

,-.*^'    x.-w^  •    .X**  ^    "'•*•::    N:'"r    ^^-•r:'    _  jc    :.   r-?.i.-.e  qu'aussi 

■;     .     . ,    •.    -.  ^   '.-.   ..■■--  ■■   ^i.uiti     ï.   J.    M..   Sa3-:*'.  âls 

•  I-  .  .,      .,x^v'  '••*■  ^**"  •''•"•'^ 

...    \  ■  1... 


LE  PROCES  DE  SAMCEL  IBN  TIBBON 


81 


iBique  dans  des  procès  d'argent  il  l'aul  examirier  et  scruter  les 
mm,  quand  il  y  a  fraude,  il  faut,  daos  des  questions  conjugales 
ilotes,  examiner  et  scruter  les  témoins,  comme  dans  le  cas  ac- 
A  où  il  y  a  fraude.  Il  est  vrai  que,  suivant  la  règle»  une  femme 
peut  se  marier  s*il  y  a  simple  rumeur  (qu'elle  est  déjà  mariée), 
quand  il  est  prouvé  qu'il  y  a  sûrement  fraude,  il  faut  examiner 
scruter,  et  il  n*y  a  pas  de  dilTérence  entre  la  défense  (de  se  ma- 
'}  et  les  questions  d'intérêt  ',  Du  reste,  même  dans  le  cas  de  ru- 
publique  i^h-p),  si  on  peut  attribuer  cette  rumeur  à  des  enne- 
(de  la  personne  qu^elle  concerne),  elle  est  sans  valeur.  Si  on 
élend  que,  même  quand  il  y  a  fraude,  des  témoins  n*ont  pas 
tioâ  de  valeur  qu^un  simple  bruit,  et  on  sait  qu'un  bruit  est  pris 
coûsidéralton,  on  répondra  que,  dans  le  cas  dont  s'agit,  les  té- 
iûâ  ne  sont  venus  qu*après  le  mariage,  et  il  est  de  règle  qu'une 
meur  qui  se  produit  après  le  mariage  (V&<^*»£33)  n*est  plus  prise  en 
idération,  et  les  témoms  qui  ont  attesté  le  mariage  (de  Samuel) 
bût  pas  plus  d'autorité  qu'une  rumeur. 

i'—  ETANT  DONC  ÉTABLI  qull  faut  examiner  et  scruter,  lorsqu'il 
I  fraude,  on  peut  dire  que,  dans  le  cas  dont  s*agit,  le  témoignage 
ifu  devant  le  tribunal  au  sujet  du  dernier  mariage  (de  Samuel)  est 
3  valeur  et  ne  peut  pas  servir  à  défendre  à  B.  de  se  marier  à  un 
re,  car  les  témoiùs  ont  dit  qu'ils  ne  savaient  ni  le  jour  ni  le  mois 
le  prétendu  mariage  eut  lieu),  et  il  est  de  règle,  dans  l'examen 
témoins,  que  si  Tun  d'eux  dit  :  «  Je  ne  sais  pas  -i,  leur  lémoi- 
ge  est  nul*  DE  plus,  ces  lémoins  (qui  prétendaient  avoir  assisté 
ïiroisjème  mariage)  sont  revenus  sur  le  témoignage  fait  par  eux 
Nfaal  le  tribunal,  et  ont  juré  qu'ils  n'avaieut  pas  du  tout  vu  ce 
tnige;  or,  un  témoignage  qui  n'a  pas  été  scruté  est  nul,  les  té- 
I^M  qui  Font  l'ait  peuvent  le  retirer,  et  ceux-ci  (nos  lémoins)  ont 
Hirôieur  témoignage  avant  d'avoir  témoigné  en  dernier  lieu  de- 
ûl  le  tribunal  des  élus  [suit  une  petite  discussion  d'ordre  théo- 
rie pour  prouver  qu'un  témoignage  peut  être  retiré  et  contredit 
ries  témoins  qui  Font  fait,  si  ce  témoignage  n'a  pas  été  examiné 
scruté  par  un  tribunal,  \t  lignes).  [20^1  EN  octre,  quand  il  y  a 
ide,  comme  dans  le  cas  présent,  où  il  y  a  sûrement  fraude, 
e  on  le  verra  plus  loin,  le  tribunal  n'aurait  pas  dû  entendre 

I  témoins  en  l'absence  de  la  partie  adverse,  Nms''Nn  '"*sm,  et  même 
U  qui  soutiennent  que,  si  on  a  entendu  les  témoins  en  Tabsence 

II  partie  adverse,  (le  procédé  est  irrégulier,  mais]  le  lémoignage 
t  oéanraoins  valable,  ceux-là  admettent  aussi  qu'en  cas  de  fraude, 
lémoignage  est  nul  et  les  témoins  qui  l'ont  fait  peuvent  le  retirer, 
Qd  sait  qu'un  des  témoins  de  notre  mariage  a  retiré  son  témoi- 
ige.  £1  nous  disons  [c'est-à-dire  il  est  admis)  que  si  un  tribunal 

T«aiu  :  -^3  i-Tcnipa  KTsb^a  etbp3  encnri  tzs-»»  riu;«i  b'^'^pi  :i"s^Ki 
%b  miG  Btri  m-'pm  msm  *^yn  mKï:-i  -«it  è^^-»»!  Ètnbt:  t^nsiïD 

^«3i7:ttb  tt-no-»» 
«.  XV,  m^  !«.  6 


82  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

se  trompe  dans  la  réception  d'un  témoignage,  Tacte  de  réception  est 
nul.  BIEN  PLUS,  quand  un  tribunal  se  trompe  sur  un  seul  point, 
quand  môme  tout  le  reste  est  régulier,  tout  ce  qu'il  a  fait  est  nul  et 
sans  valeur  (preuve  tirée  du  Talmud,  6  lignes)  ;  or  notre  tribunal 
s*est  trompé  dans  la  réception  du  témoignage,  en  oubliant  d'insérer      \ 
la  date  de  cette  réception,  et,  puisqu'un  témoin,  quand  une  fois  il  a 
déposé,  no  peut  plus  retirer  son  témoignage  et  le  contredire,  ce  tri- 
bunal aurait  dû  (absolument)  dater  Pacte  de  la  réception  du  témoi- 
gnage, afin  que,  d'un  côté,  les  témoins  ne  pussent  plus  renier  ce 
témoignage,  et  que,  d'autre  part,  il  fût  possible  de  constater  s'ils 
n'avaient  pas  déjà  fait  antérieurement,  devant  d'autres,  un  témoi- 
gnage contraire  (preuve  tirée  du  Talmud.  7  lignes).  [21  a]  IL  kst 
VRAI  qu'un  témoignage  non  daté  n'est  pas  nul,  mais  la  règle  est 
néanmoins  que  l'acte  doit  être  daté.  EN  outre,  on  peut  dire  qcil 
n'y  a  pas  lieu  de  tenir  compte  de  ce  témoignage  fait  devant  le  tribu- 
nal au  sujet  de  ce  mariage,  parce  que  les  témoins  sont  des  ignorants 
qui  ne  savent  môme  pas  lire  un  seul  chapitre  (du  Pentateuque?),  et 
la  règle  est  qu'on  n'accepte    pas  le   témoignage  [d*un  ignorant]) 
comme  il  est  dit  dans  Pecahim.  Et  si  tu  objectes  que  nous  suivons 
Topinion  du  docteur  qui  dit  que  de  nos  jours  on  accepte  le  témoi- 
gnage des  ignorants,  11  faut  noter  que  le  gaon  a  dit  là-dessus  que 
s'il  y  a  suspicion  contre  le  témoin  ignorant,  son  témoignage  n'est 
pas  accepté,  et  dans  le  cas  dont  s^agit  (il  y  a  suspicion,  car)  un  des 
témoins  a  été  invalidé  pour  avoir  prêté  à  intérêt  et  volé,  et  le  prêta 
intérêt  et  le  vol  sont  des  motifs  d'invalidation  tirés  de  la  Bible,  et  il 
ne  faut  pas  que  cette  invalidation  ait  été  publiquement  proclamée 
auparavant  (petite  discussion  talmudique  sur  ce  point,  4  lignes). 
Des  paroles  du  gaon  il  résulte  qu'un  ignorant  qui  est  suspect  ne 
peut  être  témoin,  quand  même  il  n'y  a  pas  de  témoignage  formel 
contre  lui,  car  le  gaon  dit  que  le  passage  précité  de  Peçahim  s'ap- 
plique à  un  témoin  ignorant  qui  est  suspect,  et  s'il  y  avait  témoi- 
gnage véritable  que  le  témoin  est  suspect  de  soustraction  ou  vol,  U 
serait  inutile  de  dire  que  le  passage  s'applique  à  un  témoin  igno- 
rant, un  témoin  qui  ne  serait  pas  ignorant  serait  également  invalidé, 
dans  ce  cas.  Le  gaon  a  aussi  écrit,  dans  ses  Consultations,  qu'un 
mariage  fait  devaiit  des  témoins  que  des  lois  rabbiniques  seules  ont 
invalidés  (non  des  lois  bibliques),  n'est  pas  valable.  DE  plus,  il  est 
expliqué  dans  le  livre  du  rab  Barceloni,  chapitre  des  témoins  inva- 
lidés (rni:r  "^bioo  'n),  au  nom  de  Rabbénu  Haï  et  au  nom  de  Mar 
Jehudai  gaon,  que,  lorsque  les  témoins  ne  sont  invalidés  que  par  une 
règle  rabbinique,  et  non  par  règle  du  Pentateuque,  le  mariage  qu'ils 
attestent  est  valable,  si  les  deux  (mariés)  conviennent  et  qu'il  est 
certain  (nnnin)   que  le  mariage  a  eu  lieu,  mais  quand  la  femme 
conteste  et  dit  qu'elle  n'a  pas  été  mariée,  même  quand  les  motifs 
d'invalidation  contre  les  témoins  sont  seulement  d'institution  rabbi- 
liique,  le  mariage  (attesté)  n'est  pas  valable  et  la  femme  n'a  pas  be- 
soin de  lettre  de  divorce  (pour  se  marier  à  un  autre),  et  lors  même 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IBN  TIBBON 


Hii 


fïïÊ  êM  deux  témoins  est  Tilablo  et  que  Tautre  est  seulement 
tidé  par  motif  rabblnique,  le  mariage  n'est  pas  teou  pour  véri- 
tibk  Cest  ce  t|U*il  {[g  BârceîoDi)  a  écrîL  formellement  dans  son 
pfn  dt*s  Juges,  trailédes  Icmoins  nou  invalidés  ('isbna  D'^r'^Tn  'o 
pm:f  ^biODKet  on  peut  s'appuyer  en  toute  coûtiaoce  sur  routorité  de 
Hlîbeûu  Haï  goon  et  de  Mar  Jehudaî^  soit  daus  un  procès  fraudé, 
)it  dans  un  procès  non  fraudé, 

i  —  ON  DEMANDERA  OU  eêt  la  pFcuve  que  dans  le  cas  présent  il 

^a  fraude  Y  Sûrement,  il  y  a  fraude,  on  ue  peut  en  douter,  il  y  a 

rtaitiement  fraude,  car  cette  jeuuci  fiUe  et  sa  mère  :îont  filles  de 

;«ods  personnages  (D"*bTï:i  B'^b**3:«)  et  possèdent  de  grands  bieos; 

plaignant  pn:?73)  aussi  descend  d'hommes  illustres  et  savants 

^*m  D'iVi^a  p),  comment  auraient-ils  (Tune  et  rautre)  tenu  si  peu 

cotnple  de  leur  réputalicïii  en   se  mariant  devant  des  hommes 

iùs  importance  et  des  ignorants  ?  [21  fl  Et  où  Irouvera-t-ou  une 

tome  riche,  destinée  à  hériter  de  grands  biens,  qui  puisse  se  marier 

m  que  sa  famille  ou  celle  de  sou  mari  n'en  répandent  le  bruit,  et 

lui-ci  (Samuel)  n'a  ni  parié  ni  fait  aucune  réclamation  au  ^ujet  de 

L  jusqu'à  la  mort  du  fière  de  celle-ci  ',  KN  outre,  d'après  les  ollé- 

Hoosdu  plaignant  Samuel,  B.  est  mariée  avec  lui  depuis  plus  de 

baog,  comme  mineure  et  puis  comme  majeure,  et  comment  esi-it 

éibte  que  (pendant  ce  long  temps)  aucune  rumeur  de  ce  mariage 

se  soit  produite  jusqu*â  la  mort  du  frère  de  B.,  et  que  Samuel 

^itpas  parlé  de  ce  mariage?  DE  plus,  comment  le  plaignant  sest- 

lu«u  moment  où  R.  Isaac  a  épousé  Bienvenue  et  a  fait  le  repas 

i  épousailles  tpOTi^»)  devant  lui  (Samuel)  et  devant  R.  Moïse  son 

«,  etoù  a-t-on  jamais  vu  un  homme  laisser  un  autre  épouser 

femme  en  sa  présence  ou  dans  la  ville  où  il  demeure,  et  garder  h» 

TDE  PLUS,  comment  le  public  a  t-il  ignoré  les  deux  premières 

de  mariages  (V^inp  ■♦3"»:3)  que  Samuel  aurait  contractés,  et 

mt  le  troisième  mariage  est-il  resté  ignoré  et  caché  josqu'au 

r  où  est  mort  le  frère  de  la  jeune  fille  ?  EN  outrk,  comment  se 

it-Uque  la  réception  de  témoignage  faite  devant  le  tribunal  après  le 

riage  et  le  repas  d'épousailles  (V^in"^»  nniro)  de  R.  Isaac  ne  soit 

devenue  publique  à  l'époque  où  elle  a  été  faite  ï  Et  comment, 

•prèi  celte  réception  de  témoignage,  n'a-t-on  rien  su  du  tout 

te  public?  ITBM,  sans  la  crainte  des  amendes  prononcées  par 

tribunal  des  élus,  on  ne  saurait  pas  encore  maintenant  comment 

eboies  se  seraient  passées,  on  ne  conno lirait  ni  les  noms  des 

ni  des  juges  (qui  ont  reçu  le  témoignage),  car  ils  ont  agi  en 

!,  preuve  évidente  que  les  témoins   sont  mensongers.  Gela 

ibie  au  cas  où  il  est  dit  :  «.  Si  tout  mariage  d'une  jeune  ûile 

Jiii,  qtidnd  il  vient  des  témoins  [qui  attestent  qu'il  y  a  eu  un 

dont  personne  ne  sait  rien),   que  faut-il  décider  ?  Ht  on 

:  il  Itut  les  considérer  comme  faux  témoins  ^;  et  sûrement, 

A«  iM  di  mu  11173  ^9  ii«  rrriM  n»  w* 


«  I  BEVTE  DES  ETUDIS  JTI^IS 

•lans  >  i'jàs  *icai  1  3'ag:%  s'il  êtaix  vrai  qws  hs  mariage  ait  en  lieu,  le 
on::  i  «ta  ieraïc  rrîpanti:i.  L  esït  vrai  qri'oa  diC  qull  y  a  des  geos ([ui 
«pi'iii^i«ini  «la  iecr«K  ec  a  «la  parusac  po:}  même  aax  voisina,  mais  ils  ne 
jçirieax  <:e  ii:em:>*  r^e  ia:f«^'aa  momexic  <ia  mariai  ^:  après  le  ma- 
ria^, oa  il*  ûic  et..nnai:x^  ec  repamins  «ians  le  pubiiCy  car  il  n^est  pas 
po&sihiA  >fi  Tioe  ,eane  dile  nssti^  loo^çtemps  mariée  sans  qoe  la  chose 
devienne  piibni^ue.  DEI  ?L:r:?,  S.  assure  ipie  iseaocoop  de  persoDnes 
«!onnai:»âa.en:  «re^  deiix  espèces  àe  manage  précédentes,  mais  que  ces 
per3«"iaiies  tUient  coates  mortes.  E>  ocrui,  il  dit  qu'il  avait  nnacle 
ar.oftâcanL  ««jU  manaze.  i^u  il  avaic  perla  cet  acte,  mais  que  beaucoup 
de  per^nnes  l'avaient  vu.  mais  il  n  7  a  ame  «pii  vive  qui  vienne  en 
tfiaiouzner,  et  oa  iiroare  un  !as  anai'jçue  ilans  GUtiM,  rrnscanVîî: 
-7:ar:  -nr:  zrr  p-— ixr  rri:  -rar  rrrrcai  p  -rirr  rr^  r»  »ii 
ES  BÉs^MC,  poispi'il  V  a  frirement  liraude.  et  que,  dans  un  procès 
fraudt*.  :i  faut  exam.aer  et  scruter  les  témoins,  le  témoignage  de 
nos  tiimoins  ne  va  il  pas  pluà  qu'une  rumeur,  et  la  règle  est  qu'une 
rumeur  qui  se  produit  après  Le  mana^e  Vw""»  .on  ne  s'en  inquiète 
pas;  or,  nos  témoins  sont  tous  venus  après  Le  mariage  avec  R.  Isaac- 
D'aiileurs,  a  Le  bien  consii^irer.  quand  il  y  a  fraude  et  qu'on  n'a  pas 
examine  et  scrdté  U  chose,  même  une  rumeur  qui  vient  avant  le 
mariage  V-'"'»  «^t  sans  va-eur. 

5.  —  ti,  a  DE  PLCs,  il  jr  a  une  bonne  raison  pour  permettre  à 
cette  jeune  nl.e  de  se  marier  ,a  un  autre  que  Samuel^  car  elle  dit 
qu'elle  est  mineure,  et  il  n'est  pas  prouvé  qu'elle  ne  le  soit  pas,  et 
nous  devoni  la  teoir  p«jur  telle  rs^pTrrz  jusqu'à  ce  qu'il  soit  prouvé 
par  témoins  qu'elle  était  majeure  à  l'époque  où  R.  S.  prétend  qu'il 
Ta  épousée.  Et  lors  même  qu'elle  serait  aujourd'hui  majeure,  puis- 
qu'il s'est  écoulé  un  ^rrand  temps  ^rrzz  r^û  ytr  depuis  ce  mariage 
(avec  Samuel)  jusqu'à  ce  jour,  nous  ne  pouvons  pas  dire  qu'étant 
majeure  aujourd'hui,  elle  l'était  aussi  à  l'épo^^ue  de  ce  mariage,  cai 
son  âge  croit  tous  les  jours,  et  comme  elle  doit  être  considérée 
mineure  r*x:p  r^rr  jusqu'à  ce  qu'il  soit  certain  quelle  est  majeure 
et  que  d'un  autre  côté  son  mariage  ^avec  Isaac]  est  un  fait  accompli 
on  ne  l'obligera  pas  de  quitter  son  mari  Isaac'.  IL  est  vrai  qu'ell 
a  dit  devant  les  tribunaux  chrétiens  ^r'îfiCTjra,  il  y  a  plusieur 
jours  (OU  il  y  a  longtemps,  st:"»  rriDrrr),  qu'elle  est  majeure,  mai 
cela  ne  signifie  rien,  il  arrive  tous  les  jours  que  des  orphelins  m 
neurs  jurent  qu'ils  ont  vingt  ans,  afin  que  leurs  paroles  et  plaint» 
soient  écoutées  devant  ces  tribunaux  et  qu'ils  n'aient  pas  besoin  < 
tuteur.  C'est  pourquoi  Taveu  fait  par  B.  devant  le  tribunal  chréti< 
:cnfic-:r ,  non  devant  le  tribunal  juif  yfiét-din),  n'a  aucune  valei 
quoiqu'elle  ait  fait  serment  devant  le  tribunal  chrétien,  b"^  » 
Xznrb  i"^-n:.  Daillkurs,  elle  peut  dire  :  Je  croyais  que  j'éU 
majeure  et  plus  tard  je  me  suis  convaincue  que  j'étais  encore  n 
neure.  (Suit  une  peUte  explicaUon  théorique  d*où  U  ressort  qu'u 

t  ProUbkment  par  cninta  des  inlhgues  qui  pouinimt  contrarier  le  mtmge. 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  JBN  TIBBON  85 

itâmipeut,  à  la  rigueur,  être  crue  quand  elle  dit  qu*elle  a  la  matu- 
rité physique  des  femmes  majeures  (mi:?o  TiD.  !ï  ligues)»  mais  elle 
O'esipas  crue  quand  elle  donne  ea  chillres  le  compte  de  ses  années, 
df  elle  ne  le  connaît  pas,  et  quand  même  elle  dit  qu*elle  a  Tâge  des 
femmes  majeures,  elle  peut  retirer  cette  assertion  et  dire  qu'elle  le 
croyait,  mais  qu'elle  s'est  depuis  convaincue  du  contraire^  et  par 
uent,  son  aveu  (qu'elle  est  majeure)  ne  peut  servira  Tempô- 
dese  marier,  car  les  femmes,  eu  général,  n'étant  pas  admises  à 
Igner  sur  l'âge  des  personnes  exprimé  eo  années,  une  femme 
m  peut  pas  témoigner  pour  elle-même  sur  son  âge  exprimé  en 
limées,  aussi  longtemps  qull  y  a  doute  si  elle  est  majeure  ou 
muieure,  C'EST  pourquoi  nous  croyons  que  ce  mariage  (avec  îsaac) 
est  au-dessus  de  tout  soupçon  dlrrégularité  [Oira*»?^  rr^a  l&ïs 'j'^Mî,  et 
fpii\  n'y  a  pas  lieu  de  tenir  compte  des  allégations  de  R.  S.  le  plai- 
gDADi,  et  B.  n'a  nullement  besoin  de  lettre  de  divorce  p:i}|  et  si 
quelqu'un  prétend  qu  elle  en  a  besoin,  nous  ne  sommes  pas  de 
SOD  avis. 

6.  —  EN  OUTBB,  je  dis  que,  lors  même  qu  elle  aurait  besoin  de 
lettre  de  divorce,  elle  peut  <^tre  la  femme  de  R.  Isaac  ('nb  mmw 
pw),  l^b]  si  le  plaignant  lui  donne  lettre  de  divorce,  et  il  n'y  a 
flAlieu  de  dire  qu'elle  doit  quitter  Tun  et  1  autre  mari  (Samuel  et 
;),  quoique  R,  Isaac  ait  seulement  accompli  la  formalité  du 
iDsriage,  sans  plus  : 

Rrr  r?»  pns^  'n  nircn  ni^T  nr^  tîitn  nmh  ^nn  "^-«^ï:  «bi 
r:xz:  r^pn  ,^31  iD:p  Kno\^<  r^i37i  n»iD3  ir-iïa»i  «m  ,b;^2 

.rrrra  nt<"^3  •*!:?  xn  p  iin^  ^t:?  p  p  «nn  irn^tt  «bi  .n^ini 
ryriy^  rran  r-i^p  13b  c^i  .n^ra  mr^^  **iid\^  '^^hi  «D^rr  t^tbet 

nr^jc  nr»  nn»  3n  ,nHon  nTO^i  ns^-^tj   ^îba  rrsDp  mtii'^i 

î*ci7  aïK  V**''    , r^b-^*i:in'^T:   ïnotcnn  b^^m    amD?3    rr^ts^^ai  *m 

K?«  ,b7i3  a-'SiDï*-!    i^cni-'pi   t^nyï^  i&îbi  ,m5T  tnb"'^3  irb'^j^3 

♦^c?3  ::;    riD^"!^  n:\x   '*:rpi'ai   ;i^D7  brin   isnn   l'-mp   oisb 

p  p"^.?:ôt  wbi   ,nnm?3   ir::i<nbi  73"t:3  ,l^^s^ïnb  nnna«  -«snp  t<bi 

îTfiOH  ôrrri  n»iC30  ^STsb  rrbrnsi  ,  r-rN^3  ns?  p  p  iin-"  ^^y  p 

rsTip  •'3'<«rT  '^îpp  n«*an  rr^i  \^«n  ni?3-ïb  î^id^'ôïi  y^s^Ni  ^inu«ib 

1^:    Tsim     ^^is-'Oït    ittb    px    ,  's?:?:    p,Hia3     r^bi     in-»^nnb 

*:cn  brn   i^^bcsi  ;\Nr:::3  ib'^DNi  pv:b  p^d-^^    .nxïîs  ^:npT?3i 

'^  p  ;n  imTa»  «bi    .pct^ib  nnm?:!    i:y  i3^^n    ria-^-i^  pôti 

^tr5  ,nV>jatt  -p^^icj-^N    t^z^&ii   b^Nin    .rr^^n   -«nr  p    p   nn-» 

17*7  Vd  133  rp-"i3:  rra'^Nn  n:3i3  i3nrn  rrb:^  '^hdi  '^bpOT  ni3i:?3 

^'txi  Km   pspcb  pî«i  s-'HT]!»    13N  n:!'i  .i3n«3*^  D-'TDr::::!  bou 

rtîTob    ''^EK  r-i7:«3    rn3yjK3    ï-rbra  "^rsb  nntjfi*'^    na^n  r^:i3t3rr 

nrnsîb  nci-'.jî  pn  ib    -^s'c    p^bn  *b3pnn   's    n5i?3    •*3m   -)t!«p 

:3  m:B  np:?i3  niSK  p6<  rrpin  iriTsst  M-^-ia  poin\H3  ib-^DKn 

tXirarï  3nT3  'p-'bi  '?2iî*r!i  ,  T£:n:t?3n   'd3  p<î''in3  nr)i?3iD  prrb^s 

oisi  2rQO  i*'3snn'î  .t<:-):93n   nns  t^nsbn  ■'«m  ♦QibrD  ■i'*"i3T3 


86  REVUE  DBS  ÉTUDES  IU1YKS 

rrra  T»b:f  ^iraob  i*^  .rrbnnsî)  f«w53nb  rrroto  mh  Maison  an 
lersm  iT>s  canTaifin  û-^pcpcTa  «■»  imta  .ittipnîi  roi»  «sr  in» 

«■««  la'^Ta  r<D'»bT  -^Dncîna  m72«o  mcNa  «"d  ,®nab  iT»a  otd  -an 
n^D»  ,  «"-in  3r3  pi  ,  nbnnDb  i^nDîn  i^bi  nb  tîin  nmb  i:b 
'•^Db-^i  .bbD  onrrD  «bi  n^-^nb  ib  n-^»  t-iÉtODT  ITO  '-n-^fin  Kiaija 

'■»-i73«T  b-^Nim  y»  »rt5inDb  »"»Tm  «rpa  rnan  ']m  r<^»T7  ,ivnr 
lan  •'«n  te-^bN  tsib  fsbn  ,1'^a'na  l-^op  m:D  rrfcm  t^a  ts^rja 
bicfica  D-^nar  t^rs-'»  [23  w]  r<n  i"»:^opT  "^«rb  ir-^TC^n  t^^bi  .t*»î:br 
wpn  ûM  •j-'bma  c-^  'ca  p-^-irîO  "pi  .ï-ibina  Nrno  tz'^rm 
tn^^T\»2  ta-'ij  ïsim  .t^ccnb  irc^m  c^n  r-tawa  bp5  rr-^aca 
matpt  "j-^cinp  'can  tsirn  ,  t»*rcp  «b  ,  a^rx  na-nna  a'ny  r<i\ti 
ncnpna  •»»'ti  «m  ^'^iTsab  «-^an  i-^oinp  •'TapTan  «bpD  «bron  wsw 
.naiiD  ma  «cipT  i^^ra^o  "^s^na  mn  -^  û'»arTr  m  «ba  nVr 
•j-^bma  O"^  'cai  r<m  "i-cmp  'oran  ^rr  "^-loa  "^a  fiw:-n«n  pan 
'et  •jna  ixri  .is^D  sz^nr  c^c  iî^  t<ccn  r<nr:r:a  t<bp  "^an  «pen 

i^naiafa  bax  ,  rra^-D  ma   r-rin   «ra^c  «nrrsa  .irainp   'o^an  "pa 
ncnpraa  -:n»b  xb»  -tp^r  ba  eo:^  «b  lana^rn  ,rpa  '-nan  '••bpsi 
.n-ïTart  ^x  p^^c  nat-"2  yzt  -^nsb  r^b«  -n:?  «bi  .û'nita  I'Oit? 
oraarc^i  taba   jcia'îrT   'nt  ts-^c^a    r-na^n  tn«  ï^n-^nta  lairo  113^1 
.^:-j<ac  ^ra  ri  «ba  mTrrb  û-'Éta  na»  la^ai 
7.  —  R.  SAMUEL  ailôgue  que  beaucoup  de  personnes  ont  vu  cet 
aele  de  mariage  qu'il  a  i>er lu,  et  quil  était  signé  de  témoins,  mais 
il  uV  a  pas  à  tenir  compte  de  cette  allégation,  même  si  des  témoins 
venaient  attester  quils  ont  vu  cet  acte  entre  ses  mains  (suit  un 
expose  théorique*  15  lignes,  d'où  il  résulte  qu'il  faut  d'abord  prouver 
que  ees  signatures»  si  elles  ont  été  vues,  sont  authentiques  ;  et,  en 
outre,  que  fussent-elles  authentiques,  il  faut  encore,  dans  un  cas 
suspect  cv>nuue  celui-ci,  examiner  et  scruter  la  voracité  de  TactelBl 
il  y  a  d'autres  motuV  encore  donnes  (vir  de  grands  MoÀMamim,  comp- 
tam  i>aruu  los  hommes  remarquables  de  notre  époque  ipour  re- 
pousser les  prétentions  do  Samuel\  et  je  suis  d'accord  avec  ces 
mbbios  en  ce  qui  cvmcerue  la  (ormuLe  de  mariage  prononcée  par  le 
plaignant  ,iJ  d  :  *    lu  es  mou  épouse   ^c^-'X'  depuis  longtempSt 
9oi;»4e  encv>re  par  ceci  >.  Cela  n'est  point  un  mariage,  car  on  ne  peui 
|Ni;jL  t^ire  luariaice  sur  mariage  vT^T?  -r  î^cs'rr  yr'!"ip  v**^.  ce 
d^Ktiier  mariai  ue  compte  donc  pas*  DK  plcs»  Samuel  a  rattaché  ce 
vKHruier  mariage  au  précèdent,  et  puisque  le  précèdent  n  a  aucune 
réalité,  celui-nri  ue  siguide  rien,  puisqu'il  s'appuie  sur  le  précédent; 
e  e*t  uu  tKunt  sur  lequel  cv*s  grands  savants  se  soat  étendus  dans  ce 
^uMs  OUI  écrit,  et  leur  opxuiou  paraîtra  prQbabie  a  toute  personne 
disposée  à  recv»uuaUre  U  vcrtte.  Jt;  n\wi  pas  tire  d'argument  de  ce 
^ue  IL  du  que  S.  lui  aurait  doaae  lettre  de  divorce  et  quVlle  se 
sewtit  «Mrie#  eusuue  avec  Isaac,  car  il  semble  que  son  cooàeik  lui  a 
scu^^rc  cvU  et  lui  a  eus«.^<guc  ce  uieu^u^    "^c^  7?^*^-^   xr^rr* 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IW  TfBBON 


m 


aussi  bien  que  le  mariage  alîegué  par  la  plaignant  est 
e,  aussi  bien  rallcgatioa  de  B.  qu'il  y  aurait  pu  divorce  est 
mensoDge,  elj'ai  trouvé  dans  Torat  cohanim  du  Lévi tique,  section 
A'ifo,  uu  cas  semblable,  d'où  il  résulte  que,  quand  il  y  a  apparence 
(ri;^y,  on  n'accueilîe  pas  une  alk^gation  de  ce  genre.  On  y  dit  : 
R*  Méif  dit  :  *  Si  tout  de  suite  un  liomme  dit  qu'il  a  agi  exprès 
(T^ra^,  on  le  croit  ;  mais  s'il  ne  le  dit  qu/après  de  longues  discus- 
sions, oo  ne  lécoule  pas.  De  même»  dit  H.  Méir,  si  on  dit  à  un  homme 
qu'il  cet  nazir  et  qu'il  répond  (tout  de  suite,  non,  mais)  j'avais  î'in- 
teottoo  de  faire  le  vœu  de  nanr^  on  le  croit;  si,  au  contraire,  il 
l^ffgirerèe  toute  la  journée,  etc.,  et  dit  seulement  à  la  fin  qu'il  avait 
(tuu<;aoraeQt)  rintention  de  faire  le  vœu,  '^mais  qu'en  réalité  il  ne  Ta 
jttsfditi^on  ne  le  croit  pas.  A  le  bien  examiner,  rallégation  pro- 
duite maintenant  parB.,  qu'elle  a  reçu  divorce,  ressemble  à  celle 
iflaire  de  nazir.  J'ai  trouvé  dans  le  ^"Oi  "iNï5  Din*»  'O  du  rab  Barce- 
\m\,  À  la  fin  des  règles  du  divorce  î^^^  nnsbn),  une  consultation 
du  jîaon  R,  Isaac  Al-Fo^^si.  dont  voici  le  texte'  : 
7i^,n  ^z  3"nK')  mîtc:i  nbrna  nr^z^s'C  nc«  nVe«w5  ^-ït  \^i7^ 
.  rs^ip  *|!:Ta  •^DK  bnp  t^b  r!::?a  s^tît  rr^ncns  wb  'yn^^  n^-i^^i 
*^ïï^^  lb  t«tss  Btb  "^am  ^s-^nb  ^rn  n^rr  inbs  fa-'nnn  T*3p  t^bx 
T^T'T.  '^ir-c-.s  ^23  niv'^^  K^n  n^îm  r-rrr^rî  rnnm  rniîODTZS  D-»ir 
rri:!«  ^-iz^  n^:--CD  npmin  •'in-c3  qVïs  îT'^iain  v^  -în^t■l  :::♦  -►b 
3  ^:  r^r:  î*b  r-^ïca  i?:d  i^bn  a^n^-r  pp  Nbî<  irrn  n'^rr  «b 
iTîra  nrs^i   ::5    nb::i3    nr»  •^rD-ipr:  «b    r^.n?3i«n  b^i  "^^^t 

r:n:a  rwbr'cH  br    v^*^:*,::^  i^ôîi  mstbs  «bn  pi-iid  ï^bi   rr^ins  xb 
tt'  r^aib  mtibnrK  in-'  pDD  Kina  v^  bD  "jd  -?:\n  rrr«  ana 

Et  je  sais  que  tous  les  hommes  de  valeur  et  maîtres  eu  questions 
derertuet  de  péché  («"'•^I^n  '^^tdi  ïT'b^  ^h^^)  diront  que  nos  paroles 
loût fleur  de  farine  pure  et  il  [Uauleur  de  cet  écrit)  a  bien  décidé  et  a 
bien  mérité  avec  les  autres  hommes  éminents  de  l'époque.  Samuel 
uji  JosKF  BiJi  Salmie  (na  b»n:a*^  -ii^n  •'bn^  -in'»  ^y  ï^s-'n  yi  n^^^ 

9.  —  J*di  aussi  trouvé  quelque  chose  de  rab  Haï  Gaou,  dans  le 

litre  du  rab  Barceloni,  au  sujet  du  mariage  contracté  [%ïa\  par  un 

boffime  dans  une  saile  de  festin  [DiKP*c?arT  r'^nnl.  où  il  s'était  marié 

ivrç  une  jeune  fille,  et  les  témoins  du  mariage  étaient  impropres  au 

làm^i^nage  par  suite  de  parenté  (avec  un  des  mariés)  et  par  simple 

t^k  rabbînique,  et  la  jeune  fiUe  contestait  le  témoignage  (disait 

Qu'elle  n'était  pas  mariée),  et  il  (R.  Haï)  répondit  que  celui  qui  con- 

IrtCle  mariage  avec  témoin  impropre  par  règle  rabbinique,  quand 

wkmt  un  des  témoins  est  bon  ["VD^),   du  moment  que  la  mariée 

^ûQtredit  les  témoins,  le  mariage  est  nul,  comme  je  Tai  écrit  plus 

JMiill,  mois  si  la  femme  convient  qu'il  y  a  eu  mariage,  ce  mariage 

•  Cette  coasulUtion  parait  médite. 


iM 


88  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIYES 

compte  (l^tDinps  l^tD^in),  quand  rimproprlété  des  témoins  ^ent 
seulement  d'une  règle  rabbinique. 

r\^M  r^^naa  onpb  arr373  rr^rt  d-^î©  moD  ht  i^Dmsa  ûnb  nbtti 

rrann^a  baa  -noD  «b»  ^'01p'>  «bo  irspr  rmn*»  «sam  vcrva  tzrà 
tenb  ipn  rrTïi  nio5  la-^KO  bDi  i-^ott^n  r-iDnai  ta-^n^f  nîD''nn 
OTpTa  Np  pa-n  Nn:?^»  «np^an  bD  irnTDKiD  l'^oinpa  i-^oom  i*î«î 
rriD  ipnb  tDsb  ifin  tDnx  t\»i  .ms-»»  l-^oinp  "jann  im-'^^wn 
nanran  ir^aan  iod  •'d  -^bibn  .D":^  no  ans»  tas-ra^a  pbropci 
nboT  !-TrT>n  t-iTDfit  mnn  temin  n«K  rrmn  ■'bra  nnrr  •'bni 
oDm   y^D  tD-^asmo  n©»  nnrr  "^sb  rm  ipnb  -«ifin   rnrr  ,rTp3 


PROCÈS-VERBAUX  DU  TRIBUNAL  DE  MARSEILLE 

I 
Premières  allégations  de  Samml. 

9  à  14  :  Récit  sommaire  de  ses  trois  mariages  successifs,  les  cadeaux  envoyés  à 
Bienvenue,  l'acte  perdu,  Tarrivée  de  Bella  à  Marseille,  etc. 

9.  —  a)  ALLÈGUE  R.  Samuel  fils  de  R.  Moïse  :  Quand  la  fille  de 
R.  Moïse  Cohen  était  âgée  d'environ  6  ans  ou  plus,  elle  fut  fiancée 
(ïin^liD)  à  lui  R.  S.  par  sa  mère  (Bella)  et  ses  tuteurs,  il  y  a  40  ans 
environ,  par  acte,  et  témoins,  et  kinyariy  et  kenas^  et  serment  grave 
prêté  par  moi  (Samuel)  et  par  les  tuteurs,  avec  toutes  les  sortes  de 
confirmation  (pim).  Et  son  père,  le  hakam  R.  Moïse  était  là  (à  Naples) 
et  reçut  les  engagements  (û'^NSn)  et  les  serments  au  nom  de  son  fils 
ledit  R.  S.,  et  R.  Moïse  prit  des  engagements  semblables  (ïTS? 
dm73D  d'»N5n)'.  A  la  suite  de  ces  fiançailles  ('(■•aTiO),  ledit  R.  Moïse 
envoya  à  B.  beaucoup  de  présents  (m373)  au  nom  de  sondit  fils,  à 
Utre  de  sablonot,  conformément  à  Tusage.   Bon  et  certifié  :  Jacob 

FILS  DE  R.  ISAAC  1''?T^^  "^"^'♦t  HiLLKL   FILS   DU  HAGID    R.    SaMUKL  DE 

Vérone  V'itt;  Moïse  fils  de  R.  Menahem  H'y  ^"insïi*. 

b)  NOUS  tribunal  de  trois  avons,  d'un  commun  accord,  ordonné 
à  R.  S.  de  produire  l'acte  de  ses  fiançailles,  qu'il  dit  avoir  été  faites 
par  son  père  pour  lui.  Nous  avons  ordonné  aussi  qu'il  amène  son 
père  devant  nous  pour  nous  dire  si  ledit  R.  Samuel  était  consentant 

*  Sur  ce  nom  de  IDIID,  voir  Benjamin  de  Tudèle,  édit.  Asher,  1  (hébr.),  p.  3, 
qui  nomme  un  R.  Ascher  ^^^'^D^^.  de  Lunel,  et  explique  ce  que  c'est  qu'un  CT^D  : 
un  homme  détaché  des  choses  de  ce  monde,  qui  étudie  la  Loi  jour  et  nuit,  jeûne  et 
ne  mange  pas  de  viande. 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IBN  TIBBON 

tins)  à  ces  fiançailles  el  à  ces  sablonot  qu'il  (R.  Moïse)  avait  en- 
^«Qyèos  â  B  au  nom  de  son  (ils,  et  s'il  do  peut  pas  amener  son  père, 
lu  lî  produise  des  témoms  sur  le  fait  de  ce  consentement  aux  fiau- 
iUltîJ  railes  par  son  père  et  aux  sablonot  envoyées,  et  qu*ii  indique 
immédiaiement  les  noms  do  ses  témoins,  s'il  en  a  ;  et  s'il  n'en  a  pas, 
Flt^'i)  le  déclare  (immédiatement)  devant  nous.  Tout  bon  et  certifié  ; 
[Jacob  tic.^  Hillel  eic.  Moïse  etc. 

\lUù\  ITEM  DIT  R.  S,,  en  toute  certitude  (»"^n33),  que  ladite  B. 

I  épouse  ('^nai^-HJ  connaissait  les  liançaUles  par  lesquelles  sa  mère 

[«t  ses  tuteurs  la  fiancèrent  avec  serment  et  kenas  el  Unyan  ;  elle 

tit  aussi  et  avait  vu  qu'on  iui  avait  opportét  en  présence  de 

Ds,  des  cadeaux  d  étoile  n^^)  et  autres  choses  à  titre  de  suMo- 

Fwf,  de  la  part  de  R,  S,,  et  do  H.  Moïse  au  nom  de  son  fils  H.  S,,  et 

liueiie  fut  consentante.  Tout  bon  et  certifié.  Cette  allégation  fait 

partie  de  la  première  [précédente)  et  les  deux  n'eu  font  qu'un.  Tout 

■  i>OQ  et  certifié  :  Jacob  etc.,  Hjllkl  etc..  Moïse  itc. 

I   é]  ET  NOUS  tribunal  lui  avons  dit  de  produire  les  témoins  devant 

'   lesquels  fut  donnée  la  commission  (mn^btaj  d'apporter  ces  sablonot 

<Ii*'U  lui  avait  envoyées  à  son  nom  [r^'^y^'i  ;  peutètre  pour  iï3©3.  en 

soaûom,  au  nom  de  Samuel).  l\  répondit,  avec  serment,  qu'il  ne  se 

'•PNûit  pas  s*il  avait  eu  des  témoins  de  cette  commission,  Nous  lui 

«i^oas  demandé  ensuite  s'il  avait  des  témoins  devant  lesquels  B. 

«îait  reçu  letofle  et  les  autres  objets  envoyés  à  titre  de  sablonot  ;  il 

'^pôodit,  avec  serment,  qull  ne  se  rappelait  pas.  Tout  bon  et  cer- 

^^é  :  Jacob  etc.,  Hillel  etc..  Moïse  etc. 

^^  -  û)  ITEM  DIT  R.  S.  que  B.  son  épouse  (inon»)  avait  reçu 
*ievaDi  témoins  de  Targent  et  des  sablonot  et  autres  objels  qui  lui 
^'*^'al  apportes,  à  litre  de  cadeaux  de  mariage  (r*^"'"^?  ^''^^)^  ^^ 
•^'jfM*illc  à  Kaples,  au  nom  dudit  R.  S.,  et  quelle  avait  porté  plu- 
sieurs années  le  vêlement  qui  lui  fut  fait  de  cette  éiolTe;  et  qu'il  y 
tVBti  d'autres  témoins  pour  certifier  que  ces  cadeaux  lui  furent 
fovoyés  ait  Marseille,  â  lUre  de  kiddu^chin,  par  ledit  R.  S.  Vépoux 
''**î<  et  par  R.  Moïse  au  nom  de  son  Ois,  el  les  chi fions  (mnbn)  de 
"  ^  «étoffes  fou  vêtements)  existaient  encore.  Tout  bon  et  certifié  : 
J*coiî»fc.,  HiLLBL  etc..  Moïse  elc. 

*)  ITEM  OIT  R.  S.  que  B.,son  épouse  (inoinst;,  avait  reçu  devant 
l^ffloins  deTargent  et  des  sablonot  d'étofTe  et  autres  objets*  Nous  lui 
*i?ous  demandé  sll  avait  des  témoins  sur  ce  lait,  et  il  a  répondu  que 
«cl  argument  est  comme  le  second  argument  et  qu'il  ne  se  rappelait 
pas  s'il  avait  des  témoins.  Tout  bon  et  cerlifié:  Jacob  «(c,,  Hillkl 
f^'^Wi^K  etc. 

iL^a^  ITEM  0IT  R.  Samuel*  :  J*ai  moi-même  envoyé  à  R.  Isaac, 

^^ Te  de  dame  Bella,  ma  tanle.  des  cadeaux  et  sablonot  pour  ma 

•  pouse  ff^Di";»)  B.,  et  je  lui  ai  donné  commission  d*èLre  mon 

^P^'éseaunt  â  Naples  par  lettre  de  commission   faite  ici,  par  des 

'^'^«nùcr  |3«9sag«  reproduit  pu  M.  Neubauer  p,  82. 


90  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

témoins  valables,  avec  charge  de  remettre  à  madite  épouse  ('0T«) 
lesdites  sablonot  à  titre  de  kiddusehin^  devant  témoins  valables. 
Quand  Jacob  vint  ici,  il  me  dit  qu'il  avait  remis  à  madite  épouse 
Coin»)  B.  lesdites  sablonot  devant  témoins  valables  et  connus  et  ayant 
signé  (l'acte  de  remise),  et  ceci  me  fut  certifié  avec  vérité  par  d'autres 
personnes.  Tout  bon  et  certifié  :  Jacob  etc.,  Moisa  eic.^  Hillkl^^. 

b)  ET  NOUS  TRIBUNAL  lui  avons  demandé  quels  étaient  les  témoins 
de  la  lettre  de  commission  dont  il  parlait  et  disait  qu'elle  avait  été 
faite  ici  par  témoins  valables  ;  à  quoi  il  répondit  que  ce  furent  R.  Da- 
vid bar  Isaac  et  [25  a]  R.  Mardochée  bar  Menahem  qu'il  avait  nom- 
més (ou  auxquels  il  avait  fait  allusion)  dans  ses  allégations  (T'DTrro 
vm33>a3).  Et  les  lémoius  devant  lesquels  ladite  B.  avait  reçu  les 
sablonot  étaient  (suivant  Samuel)  R.  Jacob  bar  Samuel  et  R.  Jacob 
bar  Josef.  Tout  bon  et  certifié  :  Jacob  etc,  Hillel  etCy  Moisis,  etc. 

12.  —  ITEM  DIT  R.  Samuel  :  Parce  que  B.  mon  épouse  ('0T^«)  et 
ma  tante  sa  mère  ne  sont  pas  venues  ici  (à  Marseille)  dans  le  déldi 
Convenu  avec  monseigneur  mon  père,  monseigneur  mon  père  m*a 
forcé  de  prendre  une  autre  femme  en  dehors  de  mon  intention  ("pn 
t:>TO),  mais  je  ne  pouvais  pas  transgresser  son  ordre  obligatoire» 
C'est  pourquoi  lorsque,  il  y  a  trois  ans  et  plus,  elle  vint  ici,  elle  vint 
dans  ma  maison,  qui  est  la  maison  de  monseigneur  mon  pèreR.  Moïse  « 
en  vertu  (ns:^:^^)  des  fiançailles  primitives  et  des  sablonot  précédente», 
et  je  l'approchai  pnK  "^na-ip)  et  elle  demeura  dans  ma  maison,  c'est- 
à-dire  la  maison  de  monseigneur  mon  père,  environ  trois  mois,  el 
souvent  nous  étions  ensemble  (û'^nrPTiTS^  moi  et  elle  dans  les  étages 
et  les  appartements  (û'^nnnm  riT^b^ra],  sans  cesse,  de  jour  et  de  nuit, 
tantôt  devant  témoins,  tantôt  sans  témoins.  Lorsqu'elle  eut  quitté 
ma  maison,  j'ai  plusieurs  fois  mangé  dans  sa  maison  et  couché  dans 
sa  maison,  sans  cesse,  j*y  étais  comme  un  familier  et  habitué  (^rr^m 
nbitfit  b-^am  n-nn).   Mon  cœur  était  fier  d'elle  (na  oa),  à  cause  des 
fiançailles  et  des  sablonot  que  nous  lui  avions  envoyées  moi  et  mon- 
seigneur mon  père  à  titre  de  kidduschin.  Il  est  vrai  qu'elle  était  encore 
mineure  quand  elle  reçut  les  sablonot,  mais  elle  grandit  (a  acquis  sa 
majorité)  après  qu'elle  est  venue  ici  et  qu'elle  avait  demeuré  dans  ma 
maison,  et  quand  elle  a  grandi,  ses  kidduschin  ont  grandi  avec  elle, 
elle  est  donc  mariée  en  vertu  de  ce  mariage,  qui  est  un  mariage  véri- 
table. Tout  bon  et  certifié.  Moïsb  g/c,  Hillel  tf^ç.,  Jacob  etc. 

13.  —  a)  ITEM  DIT  R.  Samuel  :  Afin  d'écarter  toute  espèce  da 
doute,  et  quoique  j'eusse  pu  m'en  rapporter  à  ce  premier  mariage, 
puisqu'elle  avait  atteint  l'âge  de  la  majorité  et  avait  les  signes  connoa 
(de  puberté)  ïipînn  by  nnr,  et  n'avait  pas  protesté  (fait  ln«'»73).  avant 
sa  majorité,  contre  son  mariage  avec  moi,  et  qu'étant  devenue  ma- 
jeure, son  mariage  avait  grandi  avec  elle;  néanmoins  j'ai  voulu (p«f 
surcroît  de  précaution)  l'épouser  par  mariage  de  la  tora  et  je  TépouBai 
ici  devant  des  témoins  valables  et  dignes  de  foi.  En  ce  mariage  p>f 
lequel  je  l'épousai  j*ai  aussi  voulu  accumuler  les  précautions  et  le 
confirmer,  tout  en  sachant  bien  que  des  kidduschin  faits  une  fois 


LE  PROCES  DE  SAMUEL  IBN  TIBDON 


dt 


lent,  mois;  pour  qu*d  ne  pût  y  avoir  ni  discussion  ni  contestû- 
T  aucun  de  ces  mariages,  ni  au  suji^i  des  temoiiiâ,  ûi  au  sujet 
e  la  minorUé  (de  B»),  ni  à  aucun  autre  sujet,  je  Tai  épousée  eDcore 
lUQc  fols  devant  d'autres  témoins.  De  plus»  quand  je  jouais  avec  cUe, 
1«  lui  dûouais  de  l)eaux  fruits  et  autres  présents  nnra),  en  des 
«époques  ditlcrenies,  b-^a-n  nnm  n^Tan  \n'^-'n  ûai  "^niacb  kV^i  ^nixb 
lïSâi,  Souvent  nous  étions  ensemble  dans  les  élage"*  et  les  appar- 
ais, devant  témoins  et  quelque  fois  Bans  témoins  ;  et  aussi  je 
lâis,  couchais  et  me  tenais  (couchais,  la  nuit  ;  me  Unais,  le  jour) 
<Uassa  maison  çontinuellemeni»  les  jours  et  les  nuits.  Une  partie 
àts  \  ia  mariage*  ont  sigué  [25  ^1  de  leur  raain,  pour  attester 

l<?ur  .  un  acte  de  léraoiguage  authentique,  mais  cet  acte  m'a 

êl«  voiu  ou  s  est  perdu.  Je  ne  sais  lequel  des  deux.  Une  autre  partie 
desiémoinsdu  mariage  ont  porté  témoignage  devant  eux  (le  bél-din) 
tQ  présence  de  témoins,  et  une  partie^  ne  s'est  occupée  ni  de  signer 
ni  de  porter  témoignage  devant  le  tribunal,  mais  ils  se  sont  récasés 
*a  disant:  «  Noui>  n'avons  rien  vu,  et  si  nous  avons  vu  et  entendu, 
û<nis  ne  ren  donnerons  pas  témoignage  actuellement,  et  si  (pour 
5Vi>iruolre  lomoignage)  lu  nous  imposes  une  contrainte  quelcoïKiue, 
l»rla  cour  ou  par  serment  ou  hérêm,  sache,  en  vérité»  que  nous  nie- 
f'iostout  et  que  nous  dirons  quUl  n'y  a  rien  de  vrai  dans  ton  alléga- 
Uon»  car  nous  craignons  pour  nos  léies  et  nos  personnes,  depuis  que 
nous  avouB  vu  de  nos  yeux  ce  que  les  adversaires  ont  fait  à  toi  et  à 
t^  témoins  et  à  ceux  qui  le  soutiennent  et  à  ton  père»  et  nous  savons 
««p'ils  répandent  d*or  pour  vous  perdre  (Kn«  ^inDTsV)  et  pour  vous 
8H«indre  dans  vos  personnes  et  vos  biens  ;  qui  pourrait  résistera  ces 
toapsdc  force?  Nous  sommes  convaincus  que  nous  ne  pécherons  pas 
«û  refusant  notre  témoignage,  à  cause  de  ce  danger  que  nous  signa- 
loiis, car  la  Bible  dit:  Jl  viv^ra  par  là,  et  non:  //  en  mourra,  ^  Les 
témoins  du  mariage  ne  sont  pas  les  seuls  qui  parlent  ainsi,  mais 
^ucoup  do  témoins  dont  le  témoignage  serait  formel  sur  d'autres 
points  se  récusent  et  retiennent  leur  témoignage  et  s'abstiennent  de 
parler  actuellement,  parce  que  c*est  dangereux,  si  nous  ne  leur  jurons 
pfis,  par  serment  grave,  que  nous  cacherons  et  tairons  leurs  noms  et 
tiélw  ferons  connaître  â  âme  qui  vive  ni  par  acte  ni  par  parole  con- 
cerDânt  ct*{it  matière,  à  cause  de  ces  rebejles  et  terroristes  [D''T3b«n 
rînxTî'^)  grands  et  puissants.  Bref,  Tacte  de  témoignage  des  témoins 
ûu  mariage  signé  par  ces  témoins,  je  ne  sais  commeut  ils*est  perdu, 
fliaU  beaucoup  de  gens  Tout  vu  en  vérité.  Tout  bon  et  eertitié  :  Jacos 
»fe.,  HiLLKL  itc,  Moïse  elc, 
^]  BT  NOUS,  TRIBUNAL  soussigoé,  Dous  avoDS  examiué  celle  alléga- 


'  C«  pftisige.  qui  parait  obscur,  devient  très  clair  si.  par  les  mots  *  une  partie  des 
'^otni  du  OiArtitge  ».  oa  eoteod  :  uqo  partie  de  tous  les  témoins  que  J'ai  sur  tous 
^  tfu{|  mtriage$.  f avoir,  les  témoins  du  second  mariage.  Quelques  lignes  plus  loio^ 
"»  aiçiùt»  mots  dèâi^oent  les  témoins  du  troisième  mariage. 

*  ^  w  parli«4  c'est-à-dirtî  les  témoms  qui  avaicul  vu  le  priHendu  acte  du  secand 
*'*"^.  on  ^ttclqutf-uttt  d^  ctfui.  (|iii  aYeicut  vu  partir  ou  arriver  ba  loA/^n^f,  atc. 


92  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tion  dudit  R.  S.  disant  qu'il  a  voulu  épouser  B.  suivant  la  tora\îi 
quMl  l'a  épousée  ici  (riD)  devant  des  témoins  valables  et  dignes  de  foi, 
et  nous  lui  avons  demandé  quels  étaient  ces  témoins,  et  il  nous  a 
répondu  :  Tun  est  R.  Mardochée  bar  Menabem,  je  ne  me  rappelle  pas 
qui  était  Tautre,  un  acte  signé  par  eux  a  été  fait  *,  il  m'a  élé  volé  ou  je 
rai  perdu.  SUR  es  qu'il  a  dit  qu'il  Ta  épousée  une  autre  fois  devant 
témoins  valables,  nous  avons  demandé  quels  étaient  ces  témoins,  et 
il  nous  a  répondu  que  c'était  R.  Mardocbée  bar  Samuel  [lire  :  bar 
Jekutiel]  et  R.  Josef  bar  Samuel.  Un  acte  de  réception  de  leur  témoi- 
gnage a  (en  effet)  été  dressé  devant  un  tribunal,  il  est  entre  nos  mains, 
et  c'est  là  ce  qu'il  veut  dire  quand  il  allègue  que  quelques-uns  des 
témoins  du  mariage  en  ont  porté  verbalement  témoignage  devant  le 
tribunal.  Les  mots  «  un  acte  a  été  dressé  de  leur  signature,  il  m'a 
été  volé  ou  je  Tai  perdu  »,  qui  sont  en  surcharge  entre  les  lignes,  et 
tout  le  reste  écrit  ici,  sont  bons  et  certifiés  :  Jacob  etc.,  Molsz etc., 
HiLLBL  etc. 

e)  ET  MOUS  TRIBUNAL  soussîgné  avons  interrogé  ledit  R.  S.  sur 
ce  qu'il  allègue  qu'il  se  rencontrait  avec  B.  dans  les  étages  et  les 
appartements,  devant  témoins  et  sans  témoins,  et  lui  avons  de- 
mandé si,  dans  ces  rencontres,  il  avait  accompli  jusqu'au  bout  l'acte 
du  mariage,  et  il  a  répondu  devant  nous  que  non  Kbn  ivby  M3  vh^ 
dbi^b  iroyi2  Ma  rns:^,  [26  a]  et  c'est  pourquoi  nous  l'avons  dis- 
pensé d'amener  les  témoins  de  ces  rencontres.  Le  mot  vh  entre  les 
lignes,  le  mot  dbi:rb  sur  la  marge,  et  tout  le  reste  qui  est  écrit  dans 
cet  acte,  est  bon  et  certifié  :  Jacob  etc.,  Hillel  etc.^  Moïse  etc. 


n. 
Seconde  série  des  allégations  de  Samuel. 

I.  14-15  a.  Cadeaux  envoyés  à  B.  il  y  a  six  ans.  —  15  ^.  Le  seconl  mariage  à  Maf 

seille.  —  15  c.  Plaintes  contre  le  tribunal.  —  15  d.  Arrêt  du  tribunal  (qu'il  four- 
nisse des  preuves).  La  séance  est  antérieure  de  quelques  jours  a»  45  kislev. 

II.  Séance  dtt43  kislev  (dimanche  14  nov.  1255).  —  16.  Acte  de  réception  du  lémoi' 
gnage  de  Mardochée  b.  Jekutiel  (M.  b.  J.)  et  d'un  autre  témoin  sur  le  troisième 
mariage. 

14.  —  VOICI  les  allégations  de  R.  S.  b.  M.  Tibbon,  Sans  leui 
ordre,  la  première  en  premier  lieu,  la  dernière  en  dernier  lieu,  ei 
le  mariage  qu'il  a  fait  avec  B.  devant  R.  Mardochée  bar  Jekutiel  e 
R.  Josef  bar  Samuel  est  le  dernier  de  ses  mariages,  c'est  ce  qu'il  î 
dit  lui-môme  de  vive  voix  et  ce  dont  convient  aussi  l'avocat  qu 
parle  pour  lui.  Nous  avons  signé  pour  certifier  la  vérité.  Tout  boi 
certifié  :  Jacob  etc.,  IIillbl  etc..  Moïse  etc. 

15.  —  a)  IL  EST  ÉCRIT,  dans  mes  allégations  (c'est-à-dire  dans  le 

*  C'est  son  second  mariage. 

*  C'ei t  le  Mul  seni  probable  des  mots  *nC3t&  rnZ)3^  ûm'^nnTSI. 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IBX  TIBBON 


n 


pracè8-trerbdux  anlérieursi,  que  j*a vais  charge  B.  Isaac  Cohen,  gendre 
de  dame  Bella,  a  Naples,  d'ôlre  mon  représeoLaot  pour  donner  eu 
flum  nom,  à  lilre  de  kiddnschin^  les  sablonot  que  je  lui  avais  envoyées 
(i  îsaïc)  pour  les  donner  en  mon  nom.  Les  lémoios  de  celte  com- 
mission sont  U.  David  bar  Isaac  et  R.  Mardocîiée  bar  Menahem»  qui 
étudiait  dans  sa  maison  (celle  de  David)  et  on  français  qni  y  Jogeiiit 
ifiec  eux,  et  îl  y  a  de  cela  plus  de  six  ans.  Après  un  certain  temps, 
H.  Isaac  Cohen  vint  ici  et  nous  raconta  qu'il  avait  exécuté  ma  com- 
mission et  avait  donné  les  sablonot  à  B.  et  qu^elle  les  avait  reeues  a 
lirns  de  kidduschin  véritables,  en  mon  nom,  de  la  main  de  R.  Isaac 
3»  eu  présence  de  mon  parent  le  liakam  H,  Anatoli,  et  devant  le 
im  H.  Schemaria  bar  Elie,  et  devant  R.  Jacob  bar  Josefet  R. 
fitcob  bar  Samuel,  qui  se  trouvaient  là  pour  cela  et  pour  autre 
chose  de  ce  genre.  Peut-être  trouvcra-t-on  leur  acte  de  témoignage 
«cril  et  signé  de  leur  propre  main,  ou  peuln'^trc  trouvera-t-oo  des 
WiDoiDS  qui  auront  vu  cet  acte  signé  de  leur  main.  Les  sablonot 
laisl  que  monseigneur  mon  père  a  envoyées  à  R.  eu  mon  nom  et 
pu  ma  volonté^  et  avec  mon  plein  consentement  du  commence- 
meot  À  la  tin,  il  en  a  donné  commission  devant  témoins^  quoi- 
({ueoe  ne  fût  pas  nécessaire^  et  l'homme  à  ce  commis  les  a  remis 
li-ba8,à  Naples,  aux  mains  de  la  jeune  fille  mon  épouse  pnDin»)  B,, 
fo  {tré^enee  de  R.  Abba  Mari  fils  de  R.  Jacob  et  de  R.  Méir  &<bD 
TTTcx  el  de  beaucoup  de  gens  de  la  ville  de  Kaples  dont  je  ne  con- 
fiais pas  le  nom. 

h  IL  EST  éCRiT  VdàQS  mes  allégations  que  quelques-uns  des  té- 
oloioidu  mariage  Tout  attesté  en  un  acte  signé  de  leur  main  :  ce 
sont  la  les  témoins  du  mariage  que  j'ai  fait  ici,  à  Marseille^  d'après 
litoftf ',  mais  je  ne  me  rappelle  pas  les  noms  de  ces  témoins  et  je 
ne  suis  pas  très  bien  sur  de  Tépoque  exacte  {de  ce  mariage?),  el  cet 
icleijele  dis  en  toute  sincérité,  je  Fai  perdu,  je  ne  sais  pas  corn- 
ment  ni  dans  quelles  mains  il  se  trouve»  mais  sachez,  en  vérité, 
<iu*ily  a,  dans  la  ville  et  hors  la  ville»  beaucoup  de  personnes  qui  ont 
îu  cet  acte  signé  de  la  main  de  ces  témoins,  qui  étaieul  valables  et 
%D«s  de  foi.  [t6  ^]  je  ne  puis  les  forcer,  ni  par  contrainte  ni  par  per- 
^uisian,  à  venir  devant  le  tribunal  pour  porter  témoignage  de  ce 
!  j'ils  ont  vu  écrit  et  signé  par  ces  témoins,  el  si  vous  (tribunal) 
i  ii?ei/par  héreni,  les  forcer  à  parler,  faileslc.  Tout  bon  et  cer- 

c)  KT  SUR  CK  QUE  vous  étes  convenus  vous  deux*  (DD'^DïD)  de  me 
dire  clore  {Dirnb)  en  un  jour  toutes  mes  allégations  en  matière  de 
nanage  (en  une  matière  si  difticile  et  qui  demanderait  plus  de 
Mips),  je  dis  que  vous  n*en  avez  pas  le  droit,  pas  plus  que  de  pro- 

*  Saoood  pMHg«  reproduit  p«r  M.  Neub.,  p,  82-83, 

*  tm  ÊÊCOùà  rnanage. 

*  li  j  «   Iroitf  juges,  Stmuel  a   probablemçtic   à  &e  plaindre  aurtoat  da  deu^ 
4%alr»  «as. 


94  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

noDcer  les  amendes  dont  vous  me  frappez  (dans  le  cas  où  il  ne  se 
soumettrait  pas  à  celte  décision),  mais,  par  respect  pour  vous,  je  vais 
cependant  dire  tout  ce  que  je  puis  dire  aujourd'hui  (en  ce  seul  jour) 
sur  ce  que  je  me  rappelle  concernant  le  mariage  et  les  cadeaux.  Je  vous 
rapporterai  aussi  le  récit  des  témoins  concernant  lessaàionot  et  le  ma- 
riage. Je  dirai  ce  que  je  me  rappelle,  donnant  le  certain  pour  cerlB'O, 
le  douteux  pour  douteux,  le  oui  pour  oui,  le  non  pour  non,  et  moa  ow 
sera  vrai  et  mon  non  sera  vrai.  D'après  moi,  vous  êtes  forcés  de  me 
dire*  ("^b  )7)^b)  pourquoi  vous  m'avez  condamné  à  clore  mon  plaidoyer, 
car  c'est  une  question  où,  même  au  bout  de  nombreuses  années,  je 
pourrai  en  appeler  du  jugement  en  cette  matière,  avec  des  argumeals 
ou  des  preuves  nouvelles,  si  j'en  trouve,  même  si  le  jugement  cîail 
rendu  par  le  tribunal  de  Moïse»,  et  même  si  (maintenant)  je  voas 
disais  mille  fois  que  je  n'ai  ni  témoins  ni  preuve.  Pourquoi  donc  me 
conjurez-vous  en  pure  perte  (d'amener  des  témoins),  surtout  en  celle 
question  où  tout  le  monde  sait  et  voit  (agir  mes  adversaires)  les  1er- 
rorlsles,  et  pourquoi  éhaque  décision  qae  vous  prenex  à  mon  sujet 
est-elle  accompagnée,  sur  chaque  point,  d'une  clause  d'amende? 
Tout  bon  et  certifié  :  Jacob  etc.,  Hillel  etc.,  Moïse  etc. 

d)  ET  NOUS  TRIBUNAL  avous,  d'uu  commun  accord,  ordonné  a 
R.  S.  b.  M.  Tibbon  de  nous  apporter  l'acte  du  tribunal  qu'il  a  sur  la 
réception  (devant  ce  tribunal)  du  témoignage  du  mariage  en  lequel 
il  dit  avoir  épousé  B.,  fille  de  R.  Jacob  Cohen,  devant  R.  Mardocbée 
bar  Jekuliel  et  R.  Josef  bar  Samuel,  et  le  tribunal  (devant  lequel 
cet  acte  fut  dressé)  était  composé  de  R.  Simson  bar  Abraham  el 
de  R.  David  bar  Jacob  fils  du  Nadib  R.  Salomon»;  et  lui  avons  or- 
donné  d'apporter  cet  acte  d'ici  jusqu'à  dimanche  prochain  qui  est  le 
43  kislev. 

16.  —  a)  Au  jour  dit,  il  vint  devant  nous  (le  tribunal)  et  apporta 
ledit  acte,  en  voici  la  teneur  : 

b)  «  NOUS  TRIBUNAL  soussigné  *  avons  été  sommés  par  R.  Samuel 
bar  Moïse  Tibbon  de  recevoir  le  témoignage  suivant  de  la  part  des 
témoins  suivants  qu'il  a  amenés  devant  nous,  en  tout  ce  qu'ils  té- 
moigneront et  diront  mot  pour  mot  ;  Et  avons  reçu  leur  rapport, 
chacun  parlant  en  l'absence  des  autres,  selon  le  droit  et  la  règle,  en 
tout  ce  qu'ils  ont  dit,  sans  addition  ni  retranchement  (de  notre  pari). 
Et  nous  les  connaissons  pour  témoins  valables,  auxquels *nous  ne 
connaissons  aucune  incapacité  testimoniale.  Voici  donc  le  témoi- 
gnage qu'ils  ont  fait  devant  nous. 

c)  »  R.  MARDOGHÉE  b.  Jekutiel  a  dit,  en  témoignage  authentique 
qu'étant  une  fois  entré  dans  la  maison  de  dame  Belle,  fille  du  hakai 
R.  Samuel  Tibbon,  il  y  avait  trouvé  R.  Samuel  fils  de  son  frère  (frèi 

1  II  manque  probablement  un  mot. 
«  Inutile  d'avertir  quMl  s'agit  ici  du  Moïse  de  la  Bible. 

»  U  manque  Iq  nom  de  Juda  bar  Abraham,  comme  il  est  facile  de  s'en  convainc 
par  la  suite. 
♦  Troisième  passage  reproduit  par  M.  Neub.,  p.  84. 


LE  PROCES  DE  SAMUEL  IBN  TIBBON 


95 


^Bella}  R*  Moïse  Tibboa,  qui  y  était  seul  avec  B.,  fille  de  dame 
rilftiei  lui  parlait  des  tiaDcaillcs  autérieiires  el  des  doos  et  présents 
r«13i  msta)  que  lui  et  son  père  lui  avaient  envoyés  (à  BO  à  titre 
^ol,  quand  elle  était  encore  à  Naplcs,  [27  a]  par  riuleriné- 
plusieurs  personnes,  et  il  l'appelait  son  a  épouEe  »,  Et  tout 
fclui  disant  cei^  choses  en  ma  présence  et  en  celle  de  K.  Josef  bar 
Duel,  qui  élûit  là  avec  moi,  il  sortit  de  sa  poche  uûe  (leur  en  ori- 
lu^  el  la  donna  a  ladite  B.,  devant  nous,  ù  titre  de  kidduscAin^  et 
\ûli  :  •  Tu  es  depuis  longtemps  mon  épouse  pnonnK),  sois  encore 
i  épouse  ('Sin»)  par  cet  objet.  »  Et  il  lui  dit  aussi  en  provençal  : 
'  ceci  mon  «  épouse  o.  Après  que  ce  têmoiD   eut  parlé,  nous 
Dgeàmes  :  Dans  quelle  maison  était-ce -f  Réponse  :   Dans  la 
oa  que  dame  Bel  la  avait  louée  de  R.  Jonalhan  fils  de  hokam 
[»A»igdor.  —  Quels  jour,  mois,  année  ?  Réponse  ;  il  ne  savait  ni  se 
fl>flaitlu  date  mensuelle,  mais  il  savait  que  c'était  en  tammuz  de 

4)  •  APRÈS  QUB  ce  témoin  fut  sorti,  on  fit  entrer  R.  Josef  bar 
Simud,  et  il  témoigna  devant  nous  parlant  do  lui-même  ivdiq,  sans 
!  Les  juges  lntervin^sent  pour  f  interroger)^  conformément  à  tout 
^qu'urait  dit  le  témoin  précédent^  sans  addition  ni  r^trancliement, 
rlifê  faits,  le  lieu  el  Tépoque,  seulemeni  il  ne  se  rappelait  pas  le 
fcr.  Bî  après  avoir  reçu  ce  témoignage  de  leur  bouche,  selon  la 
,  nauf»  avons  écrit  et  signé  selon  tout  ce  que  nous  avons  en- 
i  de  ieur  bouche,  lettre  par  lettre,  mot  pour  mot,  et  nous  avons 
aé[r«cte>  audit  R.  Samuel  bar  Moïse  Tibboo  pour  lui  servir  de 
kStiisox  Bar  A3£abam  ibn  ^"Tz^iz  D«bo ,  Juda  rab  Abraham 
iri0  Bar  Jacob  pîls  du  nadjïi  R.  Salomox  n''33.  w 
^BT  voiCi  la  léjîaljsation  (Dvp)  de  celL  acte  'elle  est  en  araméou)  : 
r  Nous  juges  sooâsigués  siégeant  tous  trois  ensemble,  avons  vu 
•cle  dressé  par  les  juges  R.  Simsou  bar  Abraham  ibn  S  la  m 
Set  R»  Juda  bar  Abraham  Yt  et  H.  David  bar  Jacob  fils  du 
R.  Salocooû  r"23  ;  et  sont  venus  de%'anL  nous  R.  Simson  hor 
iiiâm  el  R*  Juda  bar  Abraham  lesdits  juges,  et  ont  chacun  porté 
oiÇQftge  de  leur  signature  qu'elle  est  authentique  ;  et  est  venu  un 
lat  de  la  rue  et  a  témoigné  que  la  signature  du  juge  David 
Jacub  cii»jt  authentique,  et  Icsdits  juges  Simsou  bar  Abraham  et 
bat  Abraham  ont  chacun  également  certihè  l'authenticité  de  lu 
liure  du  juge  David  bar  Jacob.  En  conséquence,  nous  avons 
iùù  et  légalisé  Tacte  comme  il  convient^  el  il  est  cerlihé  el  léga- 
Josxr  fi.4Ji  Abraeah  "^"ns,  Isaag  bah  Juda  n^n,  Abaqam  bah 
I*  » 

^'•M-è-dif6  en  cttîTre  iloré« 


96  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

III 

AlUgaiUms  de  Bienvenue, 

17.  —  ûh.  Incompétence  des  juges;  c.  Témoignante  en  l'absence  d*une  des  ptrties; 
d.  Juges  ennemis  de  B.  ;  efg.  Défauts  de  forme  ;  A.  Témoins  i  invalider.  — 18, 
1 9,  20.  Témoins  corrompus. 

17.  —  a)  VOICI  les  réponses  de  B.  la  défenderesse,  faites  par 
R.  Abraham  bar  Laveyre,  son  avocat  (l^^na)  : 

h)  D'ABORD,  JE  DIS  devant  vous,  juges,  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de 
tenir  compte  et  de  se  préoccuper  et  de  faire  état  de  cet  acte  de  ré- 
ception de  témoignage  produit  devant  vous  par  R.  S.  b.  M.  Tibbon, 
et  cela  pour  plusieurs  raisons.  Premièrement,  il  n'a  pas  été  fait  par 
des  juges  experts  et  instruits  et  connaissant  les  règles  et  procédés  de 
témoignage  et  l'art  d'examiner  la  bonne  foi  des  témoins  et  de  les 
embarrasser,  comme  l'a  écrit  le  grand  rab  R.  Isaac  le  grand,  fils 
d'Abba  Mari,  dans  son  livre  *  [Il  b]  (suit  un  passage  d'ordre  pure- 
ment théorique  sur  Taudition  des  témoins,  9  lignes).  Ces  juges  qui 
ont  reçu  ce  témoignage  n'ont  jamais  sérieusement  appris  le  Talmud 
(tab*u^73  KnJt3)D  irmy  Kb),  cela  se  voit  à  leurs  paroles,  à  leurs  actions 
et  à  leur  rédaction,  et  ils  sont  connus  pour  n'être  ni  experts  ni 
instruits  pour  la  réception  des  témoignages  et  pour  examiner  les 
témoins  et  les  embarrasser,  et  pour  multiplier  les  questions  qu'on 
leur  adresse  et  pour  les  scruter,  les  faire  passer  d'un  point  à  Taulre 
dans  l'interrogatoire,  afin  de  les  réduire  au  silence  ou  de  les  amener 
à  se  rectilier^  si  leur  témoignage  contient  quelque  inexactitude, 
comme  il  est  nécessaire  d'examiner  et  d'embarrasser  les  témoins  et 
de  recevoir  le  témoignage  selon  la  loi  et  le  droit,  et  ces  juges  ne 
savent  pas  quelle  est  retendue/ et  la  gravité  de  la  faute  de  celui  qui 
laisse  porter  faux  témoignage  "^Vt  imsnxx  «irr  rroDi. 

c)  DE  PLUS,  ils  ont  fait  erreur  en  recevant  ce  témoignage  en  secret, 
sans  en  informer  B.  et  sans  lui  communiquer  le  témoignage,  comme 
c'est  obligatoire,  car  il  est  de  règle  qu'on  ne  reçoit  témoignage  que 
devant  la  partie  adverse,  à  moins  qu  elle  ne  fasse  défaut  après  avoir 
été  convoquée  ;  de  sorte  que,  lors  même  que  ces  juges  seraient 
experts  et  que  les  témoins  seraient  valables,  un  acte  dressé  dansées 
conditions  ne  fait  pas  foi,  comme  l'a  écrit  le  rab  susdit  (suit  un  pas* 
sage  d'ordre  théorique,  4  lignes).  Sachez  et  voyez  à  quel  point  oef 
juges  se  sont  trompés  en  recevant  ce  témoignage,  ils  l'ont  reçu  ^ 
l'absence  de  la  partie  adverse,  et  le  mal  commis  par  eux  est  d'autant 
plus  grand  qu'ils  savaient,  à  l'époque  où  ils  ont  reçu  ce  témoignage^ 
qu'il  y  avait  contestation  sur  ce  témoignage,  car  B.  et  tous  ses  ami^ 

«  Cesl  le  Sffkr  ka-ittmr. 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IBN  TIBBON 


97 


tajeot,  ei  eux  (l6s  juges)  ne  les  oui  pas  informés  (pour  as- 
la  séance^ 
I  ]TEM,  une  autre  erreur  de  ces  juges  est  qu'ils  n  étaieûl  pas  com- 
ficuts  pour  former  uo  tribunal  en  rieo  de  ce  qui  concerne  B.  et  R, 

Isaac  bar  Isaac,  car  ils  sonl  tous  (ces  juges)  les  ennemis  de  H,  et  du 
l£<iit  R.  Isaac,  sou  mari,  ce  sout  eux  qui  ont  créé  et  fait  uaitre  lout 
procès  et  cette  querelle  et  celte  inimitié  qui  s*est  éle%'ée  entre  R, 
et  B.  et  sa  mère  dame  BelJa,  et  tout  le  moode  sait  que  tout  ce  que 
S.  b.  M.  a  fait  [tH  a]  a  été  fait  sur  leur  avis,  leur  ordre  et  leur  con- 
II»  ils  y  ont  aidé  â  toute  heure  et  de  toute  leur  force',  a  la  cour  et 
fs  la  cour,  et  se  sonl  engagés  à  fond  pour  lui  (nmprï  *^2'^T2  ic:=î51 
!»2?3\  et  cependant  ils  se  sont  constitues  eii  tribunal  sur  ce  sujei, 
(ensachant  qu'ils  ne  le  pûuvaieut  pas,  car  nous  avons  dans  la 
lie  de  grands  hakamim,  plus  instruits  qu*eux,  mais  la  haine  est 
uvaise  conseillère.  La  preuve  est  que  chaque  fois  qu*on  parlait 

fuae  transaction  sur  ce  sujet  à  R,  S.  b.  M,,  il  répondait  :  Aile?,  chez 
1.  Juda  bar  Abraham  et  chez  R,  David  bar  Jacub  et  ptirlez-eu  avec 
1.  car  Ta  ffa  ire  dépend  d'eux^  non  de  moi,  et  tout  ce  qu'ils  voudront 
médiront  de  faire,  je  suis  prêt  à  le  faire  et  à  le  tenir,  CE  qui  le 
ïmve  encore,  c'est  que  les  dits  R.  Juda  bar  Abraham  et  R,  David 
Jacob,  qui  ont  reçu  ce  témoignage,  ont  dit  publiquement,  dans 
rues  et  sur  les  places,  quand  on  parlait  de  transaction  avec  R. 
ffse  et  R,  S.  son  fils  :  «  Ne  vous  adressez  pas  à  eux,  mais  â  nous, 
ffatre  ne  dépend  pas  d'eux,  mais  de  nous.  »  R.  Simson  aussi,  le 
•Isiéme  juge,  a  dit  en  public  que  tout  ce  qu'il  avait  fait  (comme 
itigateur),  il  l'avait  fait  par  haine  contre  R.  Isaac  bar  Simson  et 
atre  le  tils  de  celui-ci,  lesquels  il  haïssait  d'une  haine  violente, 
»ilà  de  grandes  et  fortes  preuves  que  ces  jugfs  sont  leR  ennemis  de 
et  de  son  mari,  et  il  est  dérègle  qu'un  ennemi  est  incapable  d  être 
Se;  par  conséquent,  s'ils  étaient  experts,  ils  ne  se  seraient  pas 
llsii tués  juges  en  rien  de  ce  qui  regarde  B.  et  R,  Isaac  son  père 
Uz:  son  beau-'père  ou  son  mari],  car  un  homme  expert  sait  qu'un 
lemi  ne  peut  être  juge,  comme  dit  la  règle  :  «  Ne  peut  juger  qui- 
i(]ueade  la  bienveillance  ou  de  la  haine   (pour  la   partie  inté- 

tj  ITEM,  AUTRE  KKREtJH  :  le  témoignage  du  second  lé  moin  n'a  pas 

reçu  comme  il  faut,  car  il  est  dit,  dans  Tacte  qu'ils  ont  tait,  que  ce 

ùad  témoin  a  dit  lout  ce  qu'avait  dit  le  premier,  mais  son  lémoi- 

kige  n'a  pas  été  exposé  explicitement,  et  la  régie  dit  :  «  Si  le  témoin 

^îli  je  témoigne  comme  l'autre,  son  témoignage  est  nul  par  mesure 

ï^libiaîque»  *  et  les  mesures  rabbiuiques  doivent  être  observées  plus 

*tndemeul  que  celles  de  ia  iora.  DE  plus,  le  second  iemoin  n'a  pas 

:    qu'au  moment  où,  suivant  lui,  les  kldduscÂt/ir  furent   fiiils 

imuel),  l'autre  témoin  n'était  pas  présent  avec  Jui  (ne  faut-il 

pa^ plutôt:  était  présent?) 

r^  iE  DIS,  en  outre,  qu'ils  ont  fait  erreur,  car,  s'il  est  vrai  que 
1<>*S  îobbiûs  n'ont  pas  ordonné  de  marquer  Tépoque  des  kidduscàiu 


96  RRVLE  DES  ETUDES  JUIVES 

Cl'^npa  173T  ispn  «b),  cependant,  après  que  ces  témoins  ont  i 
le  mois  et  l'année,  mais  n*ont  pu  indiquer  convenablement  : 
puisqu'ils  n*ont  pas  su  indiquer  le  jour  et  la  semaine,  cet  i 
nulel  infirmé  par  son  contenu,  et  par  conséquent  ce  témoigo 
nul,  car  R.  Eliézer  convient  qu'un  acte  qui  s'infirme  par  so 
tenu  est  nul. 

g)  JE  DIS,  en  outre,  que  ces  témoins  devaient  absolument  ii 
le  jour  et  la  semaine  où  ils  assistèrent  au  mariage,  car  B.  s  a[ 
les  démentir  et  à  les  invalider,  en  vertu  de  l'opinion  du  susdi 
il  faut  que  les  témoins  de  l'acte  se  souviennent  de  la  date,  qm 
a  d'autres  témoins  qui  les  invalident  "^finr:  szps  -^st:  'n'^3'7 
et  puisque  nos  témoins  ne  se  rappellent  pas  le  jour,  leur  témi 
échappe  à  la  vérification  et  est  nul  et  sans  valeur. 

h)  ITEM,  CBS  JUGES  ont  commis  une  autre  erreur  :  ils  ont 
témoignage  de  gens  qui  ne  sont  pas  propres  à  témoigner,  p 
verses  raisons  connues  de  tout  le  monde,  car  ils  sont  répul 
propres  au  témoignage  pour  tous  les  motifs  possibles  d^nvali 
car  ils  sont  voleurs,  joueurs  [â8  b]  et  ils  n'ont  pas  d'autre  pro 
que  celle-là  (le  vol  et  le  jeu  ?),  et  l'un  d'eux  est  soupçonné  d'ac 
et  ils  ne  sont  pas  [instruits]  ni  dans  la  Bible  ni  dans  la  Miscl 
dans  les  usages  du  monde  ;y*i«  T^T\  et  bien  des  fois  ils  oni 
gressé  les  décisions  de  la  communauté,  et  le  dit  rab  a  écrit:  I 
suite  que  quiconque  transgresse  les  décisions  de  la  commuua 
impropre  au  témoignage,  car  c'est  ■^lû'^n  nrnnO;  c'est  auss 
nion  de  R.  Jacob  et  de  B.  Mescbullam  b"j  (suit  une  petite  dis< 
théorique,  6  lignes). 

(La  fin  au  prochain  numéro,) 


HISTOIRE  D'UN  PEÊT  FORCÉ 


BmBDË   A  LA  COMMUNAUTÉ   DES  JUIFS  DE  FKAUCFORT 


EJS    1622-1623 


lej  maux  que  les  Juifs  eurent  à  souffrir  pendant  la  guerre  de 
TPDnl'*  Ans  furent  bien  moiiidres  que  ce  qu*ûH  aurait  pu  craindre 
dflVxas|>ération  des  [>artis  belligérants,  de  la  sauvagerie  et  de  la 
brutalité  des  mœurs  amenées  par  ces  luttes  interminables.  Toute- 
fois <iu»^lqups  communautés  isolées  ressentirent  toutes  les  lior- 
«arsdu  fléau  et  quelques-unes  disparurent  même  entièrement  *, 
Néanmoins,  le  savant  juif  llabii  Nurlingeu,  qui  écrivait  vers  1630, 
prétend  que  ses  coreligionnaires  ont  été  moins  éprouvés  que  les 
chrétiens*.  Les  Juifs  des  villes  libres  surtout  se  trouvèrent  re- 
toteroent  en  sûreté  perUlant  cette  période  agitée.  Peu  de  temps 
avant  l*explo^ion  de  la  guerre,  les  villes  libres  de  Worms  *  et 
fc Francfort  avaient  expulsé  leurs  Itabitants  juifs.  Ces  expulsions 
'ejoifs  étaient  fréquentes  alors  et  jusque-là  elles  s^étaient  ac- 
s  impunément.  Mais,  cette  fois,  il  se  produisit  quelque 
1  inattendu  :  non  seulement  1  empereur  Mathias  II  imposa 
ic€3  cités  le  rappel  des  expulsés,  mais  il  punit  sévèrement  les 
'•^s  et  obligea  les  habitants  à  restituer  aux  Juifs  ce  qui  leur 
tr  pris  ou  à  les  dédominyger.  Cette  ieçon  iiilligi'e  par  Tem- 
pereup  aux  villes  libres  ne  fut  pas  perdue  pour  Tavenir  :  elle 
eoi  -  cités  d'abuser  des  mesures  arbitraires  à  l'égard  des 

Ju  i  1  i  à  la  murt  de  Mathias  11,  Ferdinand  11  mouta  sur  le 

Ifûfle  impérial  ItîS  Juifs  purent  craindre  d'avoir  à  traverser  des 
temps  difficiles»  sous  un  prince  auquel  on  prétait  cette  parole 
sjgniflcative  quHl  aimerait  nii^ux  régner  sur  un  désert  que  sur 

I  çé    V.....     Dif  ntfnaffifjiiU  PtétAta  du  MttUlaltert,  p.  342-343. 
•  \  .  Ueuk.  dtr  Judetê,  X,  p.  3'.l,  et  i^urlout  la  noie  2, 

«  \«-.    :.    .-,  iJtÈthicktt  dtr  Juden  tan    Wonm^  el,  dûiia  Geschiehte  dei- Jufien  ro« 
^w^fUi^s-a^'M»  tU  Kriegk,  l«  chvpitte  iatuylé  i  rémeulo  dû  PeUinilcIi  *. 


iCO  RBVCE  DES  rnJI>KS  JniTES 

an  État  peuplé  d'bérétiqaes.  Ileareusement,  ils  se  trompèrent 
leurs  appréhensions.  Malgré  son  intolérance  envers  ses  sujeli 
protestants,  il  fat  à  Tégard  des  Juifs  d'une  remarquable  maox 
suétude.  Nous  avons  une  série  d*édits  par  lesquels  il  défendit 
chaleureusement  les  droits  menacés  des  Juifs,  recommandant  l 
ses  généraux  et  à  ses  soldats  d'épargner  leur  vie  et  leurs  biens, 
de  ne  pas  les  accaJbler  de  contributions  de  guerre,  de  billeU 
de  logement  pour  les  troupes,  etc.;  et  de  les  protéger  en  toute 
circonstance  autant  que  possible  ^  Le  récit  qui  va  suivre  est 
une  preuve  de  Ténergique  intervention  de  ce  prince  en  faveur 
des  Juifs  *. 

La  bataille  du  «  Weissen  Berge  »»  avait  mis  fin  rapidement  à  la 
puissance  du  »  roi  d*hiver  »  Frédéric  V  de  Bohême  ;  fuyant  devant 
la  vengeance  de  l'empereur»  il  avait  fini  par  trouver  un  asiieeil 
Hollande.  Cependant  Tempereur  cherchait  à  user  de  sa  victoire 
sans  ménagement  et  à  dépouiller  TElecteur  proscrit  de  toutes  set 
possessions.  Bientôt  Tarmée  de  la  Ligue,  commandée  par  Tillf, 
jointe  aux  troupes  espagnoles,  envahit  le  Palatinat  inférieur  et  coi 
quit  successivement  toutes  les  places  fortes*  Elle  fut  arrêtée  danÉ 
ses  succès  par  Ernest  de  Mansfeld ,  que  Frédéric  V  avait  nommé  soi 
généralissime.  Au  printemps  de  1622,  celui-ci  arriva  sur  le  théâtre 
de  la  guerre,  à  la  tôte  de  20,000  hommes,  et  réveilla  le  courage  é 
Frédéric  V.  Ce  prince  quitta  La  Haye  et  se  rendit  au  camp  di 
Mansfeld,  La  campagne  s'ouvrit  par  le  succès  que  remporta  Mans 
feld  près  de  Mingolslieim  et  de  Wiesloch,  Si  le  généralissime  paf 
venait  à  faire  sa  jonction  avec  le  duc  Christian  de  Brunswick,  q** 
arrivait  du  Nord,  Tilly  allait  se  trouver  en  grand  danger.  Mans- 
feld s*avança  donc  à  la  rencontre  de  son  alli*^,  à  marches  lorcées 
Le  2  juin,  lui  et  le  comte  du  Palatinat  atteignirent  Dannstadt, 
qu'ils  traitèrent  en  ville  conquise.  Le  trésor  de  guerre  de  Mani 
feld  se  trouvant  complètement  épuisé,  il  demanda  au  landgravi 
Louis  de  Hesse,  un  emprunt  de  60,000  florins  ^.  Celui-ci,  poi 
écha[)per  à  cette  prétention,  prit  la  ïuite,  et  Mansfeld  se  vit  oMig 
de  chercher  un  autre  moyen  de  se  procurer  de  rargent.i)ans 
ville  de  Francfort,  située  non  loin  de  Darmstadt,  demeuraieti 
beaucoup  de  Juifs  riches  ;  quoi  de  plus  commode  que  de  cherchi 
à  leur  extorquer  les  sommes  d'argent  nécessaires  ?  Mansfe 
comptait  les  etîrayer  par  ses  menaces  et  les  plier  ainsi  à  ses  ex 

<  Voir  rarliclo  de  Wolf,  Dh  Jndtn  unter  Ferdinand  II,  dins  Jaht'htuk  /llr 
GeichûhU  def  Judtn^  1,  el  surtout  les  appendices  III,  VI,  XIIL 

*  Los  matédiux  do  «e  travail  nous  ont  été  fournis  par  environ  41  documents 
Arcbives  municipales  do  Franclt»rt~sur-Mdn. 

*  Voir  Gindoly,  GtuhiehU  det  Jtf  jàhrigen  Krit^t^  11^  364, 


msromE  d'un  prêt  force  bemandê  aux  m¥$  de  fbancfort  un 

lences.  Dès  le  3  juin»  il  cliar-f^ea  de  cette  mission  le  lieiitenant- 
olonel  Lippe,  qu*il  envoya  à  FrancforI:  en  lui  donnant  des  lettres 
*  créance  |iour  le  Coiïiàeii,  Mais,  au  lieu  de  s'adresser  à  celui-cî  et 
^  lui  communiquer  ses  ordres,  Lippe  se  rendit,  aussitôt  après 
rivée  à  Francibrt,  auprès  des  î>n?sidents  (Baumeister)  de  la 
iunauté  des  Juifs,  qui  s'étaient  réunis  dans  la  salle  de  la 
mmimauté.  Là,  en  ^  qualité  d'envoyé  du  «  roi  de  Bohême  »,  il 
la  déclaration  suivante  :  Les  Juifs  savaient  bien  qu'ils  étaient 
kligés  de  [»ayer,  tous  les  ans»  un  ImiuU  de  protection  aux  princes 
lecteurs  du  Pafatiuat,  et  qu'ils  avaient,  de  ce  chef,  un  arriéré  de 
iaelques  années  à  payer;  le  roi  ayant  préci-sément  besoin  de  fortes 
_tomes  pour  recouvrer  ses  États  héréditaires,  il  exigeait:  d'eux 
îp  paiement  immédiat  des  sommes  érhues  et,  en  outre»  une  con- 
tribution supplénaentaire  de  60,000  thalers  ;  en  retour,  il  leur  as- 
^^urait  sa  protection  lïour  Tavenir. 
Celte  réclamation,  fondée  sur  des  motifs  si  étranges,  provoqua 
Jlitz  les  Juits  la  surprise  la  phis  vive.  Il  leur  semblait  dérisoire 
Hie  le  prince  dépossédé,  qui  ne  pouvait  se  protéger  lui-même, 
Teup  utTrit   ^a   protection»  Ils  répondirent  au  lieutenant-colonel 
jl*ils  n'avaient  Jamais  été  les  protégés  du  Paîatinat  et  qu*ils  n'a- 
Bient  jamais  entendu  parler  des  droits  à  payer,  à  cet  effet,  au 
pi'ince^électeur.  Ni   leurs  quittances,  ni    leurs  registres  n*indi- 
puaient  rien  à  ce  sujet.  Au  surplus,  il  leur  était  défendu  sévère- 
ment, par  rautoritë  supérieure,  -x  de  procéder,  à  son  insu,  en  ma- 
cère si  grave  i^.  Lifipe  déclara  qu'il  attendrait  leur  consentement 
Jusqu'au  soir.  Entre  temps,  ils  pourraient  communiquer  sa  de- 
^pndeaux  deux  bourgmestres  ;  ce  qui  fut  fait.  Les  bourgmestres 
^'èrent  les  Juifs  de  soumettre  au  Conseil,  qui  se  réunirait  le 
kMemaïn  (samedi),  un  procès^verbal  de  Tentretieu  qu'ils  avaient 
Havec  le  lieutenant-colonel  ;  au  surplus,  ils  devaient,  dans  une 
^BT^vue  ultérieure,  faire  observer  à  celui-ci  que  l'électeur  du 
Hlatinat  n*avait  aucun  droit  sur  les  Juifs  de  Francfort,  Le  lieute- 
■Bt-oolonel  finit  par  reconnaître  ce  point:  il  s'excusa  en  disant 
Wif,  ses  instructions  ayant  été  écrites  à  la  hâte,  il  y  avait  eu  une 
*^eur  de  commise.  Cependant  il  persista  dans  ses  réclamations. 
lUit  qu'il  attendrait  jusqu'au  samedi  soir  la  résolution  définitive 
des  Juifs  pour  la  communiquer  à  Sa  Majesté  royale,  qui,  certes, 
fronierart  d'autres  voies  et  moyens  pour  faire  valoir  ses  droits  sur 
fes  Juifs, 

Entre  temps,  Lippe  avait  remis  ses  lettres  de  créance  au  Con- 
piL  Hais,  à  son  grand  étonnement,  celui-ci  n'y  trouva  pas  la 
lO/ndre  justification  des  prétendues  obligations  des  Juits  envers 
acteur  du  Paîatinat.  Au  contraire,  Mansfeld  disait  simplement 


102  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

qu*il  avait  besoin  d'argent  pour  payer  ses  mercenaires,  il  n*atteik  . 
dait  pas  que  la  ville  lui  en  donnât  et  il  ne  l'exigeait  pas.  Il  voil^ 
lait  seulement  entrer  en  relation  avec  les  Juifs  de  la  ville  pojxrt 
leur  faire  un  emprunt  de  100,000  thalers,  qu'il  entendait  restituer 
prochainement.  L'envoyé  du  roi  faisait  encore  observer  aux  con- 
seillers délégués  que  son  maître  emmènerait  ses  troupes  hors  du 
territoire  de  Francfort,  dès  qu'il  pourrait  satisfaire  à  leurs  exi- 
gences, et  que,  dans  le  cas  contraire,  il  serait  obligé  de  camper 
devant  la  ville,  qui  aurait  ainsi  à  supporter  tout  le  fardeau  de  la 
guerre.  Les  conseillers  délégués  déclarèrent  que,  vu  la  gravité  de 
l'affaire,  le  Conseil  assemblé  pourrait  seul  en  décider.  Cependant 
ils  engagèrent  Lippe  à  entrer  en  pourparlers  avec  les  Juifs  eux- 
mêmes. 

Le  lieutenant-colonel  se  rendit,  en  effet,  dès  le  dimanche  soir, 
auprès  des  chefs  de  la  communauté  juive  —  il  n'était  donc  pas  re- 
parti le  samedi  soir  —  et  exigea,  en  prétendant  y  être  autorisé  par 
le  Conseil,  un  prêt  de  100,000  thalers,  accompagnant  sa  demande 
de  violentes  menaces.  En  vain  les  Juifs  firent-ils  observer  qu'ils 
ne  pouvaient  se  procurer  une  somme  aussi  forte,  en  vain  oflH- 
rent-ils  10,000  à  15,000  florins.  Lippe  déclara  qu'il  ne  rabatterait 
pas  un  liard  de  la  somme  demandée.  II  ne  restait  donc  aux  Juifs 
d'autre  ressource  que  de  s'adresser  au  Conseil  en  implorant  son 
assistance.  Il  était,  d*ailleurs,  de  Tintérêt  du  Conseil  que  ses  con- 
tribuables ne  fussent  pas  trop  pressurés.  Cette  fois  encore,  comme 
en  d*autres  circon^ances  beaucoup  plus  importantes,  le  Conseil 
montra  quil  manquait  du  courage  nécessaire  pour  prendre  une 
attitude  décidée  ;  il  chercha,  de  nouveau,  un  compromis  pour 
mettre  les  deux  partis  d'accord.  Dans  sa  séance  du  lundi,  il  dé- 
cida de  ne  pas  exercer  de  pression  sur  les  Juifs,  mais  il  leur  Bl 
comprendre  qu'ils  eussent  à  s'entendre  pour  le  mieux  avec  l'en- 
voyé royal,  afin  d'éviter  des  dommages  plus  considérables.  Les 
Juifs  entrèrent  alors  en  pourparlers  avec  le  comte  de  Mansfeld 
lui-même  et  trouvèrent  chez  lui  beaucoup  de  bon  vouloir.  En  effet, 
il  avait  appçis  que  Tilly  s'avançait  à  sa  rencontre,  et,  comme  il  ne 
voulait  pas  se  mesurer  avec  ce  dernier  avant  sa  jonction  avec 
Christian  de  Brunswick,  il  était  forcé  de  quitter,  sous  peu,  Darm- 
stadt  et  de  se  mettre  rapidement  d'accord  avec  les  Juifs  au  sujet 
de  l'emprunt.   Ceux-ci   finirent    par  consentir  un  emprunt  de 
10,000  thalers,  mais  ils  reculèrent  de  jour  en  jour  le  versement  de 
cette  somme,  désireux  d'attendi-e  pour  savoir  de  quel  côté  tour- 
nerait la  chance  de  la  guerre.  Christian  s'approchait  déjà,  venant 
du  nord;  le  12  mars,  il  avait  établi  son  quartier-général  à  îsiddt 
(grand-duché  de  Hesse;  ;  de  là,  il  envoya  le  colonel  Dodo  de  Knip- 


mSTOIRB  OTN  PRET  FORCÉ  DEMANDÉ  AUX  JUIFS  DE  FRANCFORT 

liâUî«pn  à  Francfort  et  fit  <1ire  au  Conseil  qu'il  songeait  à  marcher 
m  Frant!fL>rt  et  à  traverser  le  Mein;  ii  ne  tenait  pas  à  traverser 
Iitilje,  mais,  en  échange,  il  priait  qu'on  mît  des  bateaux  à  sa  dis- 
pwiMon*  f^our  que  ses  troupes  pussent  traverser  le  iîeuve,  et, 
€  comme  en  temjîs  de  guerre,  on  a  toujours  le  droit  de  rançonner 
les  Juifs,  «  ii  demandait  qu*on  les  imposât  d'une  somme  de  30,000 

ers. 
fait  qu'à  quelques  jours  dlntervalle  on  avait  adressé  de 
ieuxciHés  différents  des  demandes  si  considérables  aux  Juifs  de 
IVilie  rendit  le  Conseil  hésitant.  Que  signifiait  cela  encore^  11 

lit  bien  combattre  cette  prétention  sur  les  Juifs,  qui  en  fai- 
sait une  sorte  d'épongé  que  chacun  pourrait  presser  à  son  gré.  Le 

B«eiî  renvoya  le  colonel  en  lui  faisant  savoir  que  le  duc  était 

5 l'erreur;  que  les  Juifs  nVtaient  pas  à  la  merci  de  tout  arbi- 
Iraire,  mais  <r  qu'ils  étaient  placés  sous  la  protectioji  et  sauve- 

deda  Sénat  ».  Lesnéj^ociations  des  Juifs  avec  Mansfeld  étaient 

venues  aux  oreilles  de  Tilly,  mais  toutes  déiigurées  :  «  Mans- 
feld, loi  avait-on  dit,  avait  imposé  au  clergé  catholique  une  con- 
îfibulion  de  200,000  florins,  et  aux  Juifs  une  contribution  de 
l0O,OOO  jîorins,  et,  ces  derniers,  efirayés,  seraient  disposés  à  lui 
donner  10,000  thalers.  »>  Tilly  écrit  donc  à  la  date  du  13  juillet, 
irBbon<lailt  [près  de  la  »  Bf'r^strasse  »),  une  lettre  menaçante  au 
Conseil,  disant  que  ta  conduite  de  fa  ville,  en  cette  affaire,  le  sur- 
prenait au  plus  haut  point,  que  le  devoir  de  toute  autorité  était 
dêdt'femire  les  sujets  et  de  les  proté^^er  contre  de  semblables  pré- 
ienljons  [Itisotentien]^  surtout  lorsqu'il  y  avait  de  ce  chef  grand 
ilomma^re  pour  les  intérêts  de  l'empereur,  leur  très  gracieux 
matlre.  Il  exigeait  donc  formellement  que  la  ville  ne  fournit  pas 
f avances  à  ses  ennemis  et  refusât  éner^^iquement  les  conditions 
imposées  au  clergé  catholique  et  aux  Juits.  Si  le  comte  recevait' 
nn  seul  liard  de  la  ville,  les  Conseillers  en  seraient  responsables. 
Sïn  commissaire  de  la  guerre,  Alexandre  Massoni,  devait  met- 
tra rembargo  sur  les  10,000  thalers  remis,  entre  temps,  par  les 
Juifs. 

Ainsi  le  chef  de  la  troisième  armée  qui  se  trouvait  dans  le  voi- 
tiuage  de  Francfort,  venait  d'entrer  également  dans  le  débat.  Dans 
sa  réponse,  le  Conseil  protesta  de  sa  soumission  inébranlable  aux 
intérêts  de  l'empereur,  mais  ajouta  que  les  ennemis  de  la  ville 
avaient  répandu  des  bruits  malveillants  au  sujet  des  négociations 
tnljimëes  avec  Mansfeld.  Celui-ci  n^avait  pas  eu,  vis-à-vis  des 
Juifsnj  vis-à-vis  du  clergé,  des  exigences  semblables  à  celles  que 
TUly  décrit  dans  sa  lettre.  Contre  la  volonté  formelle  du  Conseil 
-^ceci  n*est  pas  très  exact  —,  te  général  ennemi  avait  su  décider 


101  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

les  Juifs  à  lui  prêter  une  somme  de  10,000  florins,  mais  comme  il 
ne  leur  offrait  pas  de  garanties  suffisantes  et  comme  il  avait  agi 
en  se  passant  du  Conseil,  il  n*avait  encore  rien  touché.  La  ville 
saurait  se  défendre  de  la  même  manière  contre  toutes  les  préten- 
tions de  la  |»art  du  duc  Chri:^tian  de  Brunswick  qui,  sur  ces  en- 
trefaites, était  arrivé  jusqu  à  Oberursel. 

Le  duc,  en  effet,  qui  opérait  de  cono^rt  avec  Mansfeld,  avait  ap- 
puyé la  demande  de  celui -ci,  mais  en  la  présentant  sous  une  forme 
moins  brutale  :  C'est,  disait-il,  un  antique  et  c  excellent  »  usage, 
en  temps  de  guerre,  que,  lorsqu'une  Armada  passe  près  d'une  ca- 
pitale, d'une  seigneurie,  d'un  duché  ou  d'une  principauté,  les 
Juifs  qui  y  demeurent  soient  obligés  de  verser  au  commandant 
du  quartier  général  une  contribution  fixée  à  l'amiable;  c'est  pour- 
quoi il  envoyait  dans  la  ville  son  intendant  Albrecht  de  Westenba- 
gen,  pour  qu'il  s'entendit  avec  les  Juifs  de  Francfort  et  des  envi- 
rons afin  de  fixer  le  chiffre  des  sommes  qu'ils  auraient  à  lui 
payer.  »  Mais  lorsque  Christian  apprit  que  les  Juifs  remettaient 
de  jour  en  jour  le  paiement  des  10.000  florins  promis  au  comte, 
il  feignit  de  prendre  parti  pour  les  intérêts  de  celui-ci,  et  exigea 
l'exécution  immédiate  de  leur  promesse,  sinon  il  serait  contraint. 
à  son  grand  regret,  de  prendre  contre  eux  les  mesures  que  conseil- 
leraient les  circonstances. 

Ni  le  Conseil,  ni  les  Juifs  ne  se  laissèrent  intimider  par  ces  me- 
naces vagues.  Une  rencontre  était  inévitable  entre  Tilly,  qui  se 
trouvait  déjà  sur  la  rive  droite  du  Mein,  et  Christian,  qui  n'avait 
pu  faire  sa  jonction  avec  Mansfeld.  On  voulut  attendre  l'issue  de 
la  lutte  pour  prendre  une  décision.  Le  20  juin  1622,  les  troupes  de 
Christian  subirent  une  défaite  près  Hochst  sur  le  Mein,  et  Chris- 
tian ne  put  amener  à  Mansieid  qu*un  faible  contingent. 

Les  Juifs  de  Francfort  purent  croire  que  c'en  était  fait  pour 
toujours  des  prétentions  de  Mansfeld  et  de  Christian.  Comment 
auraient-ils  $upi>osé  que  c'était  précisément  à  ce  moment  qu'ils 
allaient  être  inquiétés  de  tous  les  côtés  à  cause  de  l'emprunt  con- 
senti à  Mansfeld  ?  Mais  les  chefs  de  l'armée  avaient  besoin  d'ar- 
gent et  ils  étaient  résolus  à  en  prendre  partout  où  ils  pourraient 
Au  surplus,  il  s'agissait  de  Juifs,  avec  lesquels  tout  est  permis.  D'a- 
bord arriva  notre  connaissance,  le  lieutenant-colonel  Lippe,  qui 
se  présenta  à  Francfort,  le  10  octobre  1622.  D  exposa  au  Con- 
seil les  embarras  qui^lui  étaient  survenus  par  la  faute  des  Juifs  : 
Ernest  de  Mansfeld  lui  avait,  en  effet,  fait  cession  des  10,000  flo- 
rins promis  par  les  Juifs,  et  avec  cet  acte  de  cession  il  avait  pu 
faire  des  emprunts  en  différents  endroits,  Worms  entre  autres. 
Lorsqu'il  produisit  cet  acte  devant  les  Juifs,  ils  ne  jugèrent  pas  à 


OIRE  DTN  PRÊT  FORCÉ  DEMANDÉ  AUX  JUJFS  DE  FRANXFORT    105 


propos  d  y  répondre  et,  naturellement,  le  ConseiK  de  son  ctit<^,  ne 
inl|>as  sa  demande  en  considération. 

Une  autre  réclamation,  faite  aux  Juifs  par  rarchiduc  Léopoîd 
fAijlrichet  qui  couvrait  alors   TAlsace   contre   les  attaques  de 
feJd,  ne  fut  pas  aussi  facile  à  écarter.  A  sa  requ^^te,  le  17  jan* 
1623,  le  colonel  Annibal  de  Schaueiibourg,  commandant  de 
orms»  déclara  au  Conseil  que,  Terapereur  ayant  rais  le  séques- 
Ittf  la  somme  promise  à  Mansfeld,  son  frère,  Tarchiduc  Li^o- 
ftTait  décidé  qu'elle  servirait  à  payer  les  troupes  campées 
ilôurde  Worms.  Le  Conseil  était  invité  à  remettre  immédiate- 
êDtrargent  à  son  fondé  de  pouvoir. 

Le  Conseil  répondit  aussitôt  au  colonel  que  rarchiduc  avait  évi- 
toment  été  mal  renseigné  sur  le  véritable  état  des  choses.  Il 
lit  TTâl  que  les  négociations  entamées  avec  le  comte  avaient 
itcrolreque  celui-ci  était  effectivement  entré  en  possession  ^le 
kfgenl,  c^est  ainsi  que  le  Conseil  s'expliquait  la  réclamation  que 
llly  lui  avait  adressée,  mais  Tilly  s*était  désisté  après  avoir  reçu 
B explications  du  Conseil. 

Cependant  Tarcbiduc  ne  se  laissa  pas  convaincre  si  facileraeiit, 
i,  pour  mieux  dire,  ne  voulut  pas  se  laisser  convaincre,  pour  ne 
islaisi^er  échapper  cette  grosse  somme.  Le  Conseil  avait  beau 
lînnerque  les  Juifs  étaient  entièrement  innocents  en  raffaire, 
t»r^ch3ît  à  des  sourds  :  le  colonel  cle  Sclianenbourg reçut  Tonlre 
^p»*rsi:* ter  jusqu'à  ce  qu'il  eût  triomphé  de  la  résistance  du  Con- 
il.  Potir  peser  plus  fortement  sur  ce  dernier,  l'archiduc  s'adressa 
*0Q  frère,  l'empereur  Ferdinand,  et  le  décida  à  écrire  au  Coa- 
Il  une  lettre,  qui  arriva  à  Francfort  le  P""  avril-  Il  y  était  dit  que 
Xansfeld  le  proscrit,  le  destructeur  du  royaume,  avait  extorqué 
Juif5,  sous  menace  de  rançonnage,  une  somme  de  10,000  tha- 
, que  le  Conseil  détenait  actuellement;  cette  somme  revenait  à 
upereur  seul,  comme  ayant  été  Qffensé  dans  sa  personne  de 
réme:  le  Conseil  était  donc  prié  de  verser  ladite  somme, 
lique  et  sans  délai,  à  son  frère  Léopold,  qui  en  donnerait 
et  quittance.  » 

ur  la  troisième  fois,  le  Conseil  dut  faire  un  rapport  détaillé 

iliistoire  des  10,000  florins  ou  10,000  thalers.  Dans  sa  ré- 

i  l'empereur  il  dit,  non  sans  quelque  inexactitude»  qu'il 

lit  Tertement  relevé  l'absurdité  des  prétentions  de  l'envoyé  de 

et  en^^agé  les  Juiis  à  éviter  d'entrer  en  pourparlers  avec 

sit  oéaiimoins,  ces  derniers  l'avaient  fait,  on  ne  pouvait  les 

r  ni  les  en  punir,  la  craiute  que  Mansfeld,  en  cas  de  re- 

de  représailjes  sur  leurs  coreligionnaires  habitant  aux 


106  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

alentoars  de  la  ville,  les  avait  engages  à  Tamuser  par  de  vain^ 
promesses  jusqu'à  ce  que   la   victoire  des  armes  impériales     i 
Hôchst  les  eût  délivrés  de  toute  alarme  Par  contre,  pour  témoi- 
gnage de  leur  zèle  pour  la  cause  de  Ferdinand,  ils  avaient  doaoé 
à  Tilly,  son  général,  25  chevaux  avec  leur  barnacbement,  et 
d'autres  équipements  pour  son  artillerie  ;  cette  générosité  était 
d*autant  plus  méritoire  pour  les  Juifs,  que  la  longue  durée  de  la 
guerre  avait  ruiné  tout  à  fait  le  commerce,  et  provoqué  une  dimi- 
nution sensible  de  leur  fortune.  Beaucoup  d'entre  eux  avaient 
désormais  de  la  peine  à  gagner  leur  vie.  C'était  amener  leur  ruine 
certaine  que  de  leur  demander  10,000  florins,  dans  la  situation 
où  ils  se  trouvaient.  » 

Sur  ces  entrefaites,  le  major  du  régiment  de  Scbauenbourg, 
Ertl  d'Erlau,  exaspéré  par  un  nouveau  refus  des  Juifs  de  Franc- 
fort, avait  eu  recours  à  la  force.  Il  avait  fait  emprisonner,  parles 
soins  du  prévôt  du  régiment,  un  Juif  de  Francfort,  demeurant  au    ^ 
a  chant  des  oiseaux  »  (ziim  Voçtlgesang),  qui  s'était  trouvé  juste- 
ment à  Worms,  et  un  Juif  de  Worms  nommé  Beider  Kamwit 
dont  le  père  habitait  Francfort.  Grâce  à  de  hautes  intercessions 
et  moyennant  caution,  il  consentit  à  ne  pas  les  mettre  aux  ferset 
môme,  au  bout  de  quelques  jours,  il  les  remit  en  liberté.  Cepen- 
dant Erlau  informa  les  chefs  de  la  communauté  juivte  de  Franc^ 
fort  que,  a  si  à  la  fin  de  la  fête  de  leur  Pâque,  il  n'avait  pas  reçu 
les  10.000  florins,  avec  tous  les  frais,  il  ferait  saisir  les  cautions  et 
les  mettre  en  prison.  Mais  il  espérait  que  cette  fois  on  tiendrait 
meilleur  compte  de  son  «  avis  sincère  »  et  qu'on  respecterait 
mieux  la  signature  et  le  sceau  de  l'empereur  ». 

Sans  s'arrêter  à  la  protestation  du  Conseil  contre  cet  acte  de 
violence  commis  à  l'égard  de  ses  Juifs,  le  major  mit  môme  le -sé- 
questre sur  les  sommes  que  les  gens  de  Worms  —  aussi  bien  les 
Juifs  que  les  chrétiens  —  devaient  aux  Juifs  de  Francfort.  Ceux- 
ci  ne  pouvaient  plus  avoir  d'espoir  qu  en  l'empereur,  qui  n'avait 
pas  encore  répondu  à  la  lettre  du  Conseil.  Ils  lui  adressèrent  une 
supplique,  qui  fut  appuyée  par  le  Conseil.  Ce  dernier  se  plaignit 
surtout  du  procédé  d  Erlau,  qui  était  contraire  non  seulement  aux 
droits  de  la  ville,  mais  encore  aux  privilèges  concédés  aux  Juits 
par  les  prédécesseurs  de  l'empereur  et  conflrmés  par  l'empereur 
lui-môme.  Le  Conseil  faisait  encore  ressortir  un  autre  point  :  les 
troupes  du  colonel  avaient  occupé  toutes  les  routes,  de  sorte  que 
les  Juifs  n'osaient  s'aventurer  hors  de  Francfort.  Par  suite,  tout 
commerce  leur  était  impossible  et  ils  ne  pouvaient  plus  remplir 
leurs  obligations  envers  leurs  créanciers,  parmi  lesquels  on  comp- 
tait beaucoup  de  chrétiens,  qui  se  trouvaient  ainsi  lésés.  C'esl 


^ 


HfSTomE  n'm  prêt  forcé  drmanoé  aux  jiTfF$  de  Francfort  107 

pourquoi  le  Conseil  priait  l'empereur  de  révoquer  toutes  les  me- 
sures àe  coercition  prises  contre  eux. 

Peu  de  temps  après  renvoi  de  cette  supplique,  Scliauenbourg 
écrlTit  de  nouveau  à  Francfort,  disant  qu'ii  ne  se  retirerait  de 
Vorms  et  de  Spire  avec  ses  troupes  qun  quand  il  aurait  reçu  sa- 
toficlioa  des  Juifs  par  Je  versement  de  la  solde  pour  son  r^gi- 
mnl  ■  Si  on  continuait  à  traîner  les  choses  en  longueur,  il  en 
résulterait  quelque  inconvénient  pour  eux  ;  il  se  verrait  obligé  de 
prendre  des  me^^ures  qu'il  aurait  voulu  leur  épargner.  »  Du  reste, 
Tillj,  dont  lis  vantaient  tant  la  conduite  à  leur  égard,  exprimait 
sonopraion  sur  toute  cette  affaire  dans  une  Jettre  qui  accompa- 
gnait celle  de  Schauenbourg  et  qui  prouvait  que  les  Juifs  avaient 
jugé  la  conduite  de  Tilly  avec  trop  d'optimisme.  Dans  celte  lettre, 
il  avait  Vair  d'ignorer  qu  il  avait  pris  les  Juifs  sous  sa  proiection 
contre  Ma nsfeld  ;  il  semblait  aussi  avoir  oublié  qu'en  lévrier  1623, 
il  avait  renoncé  à  se  faire  verser  les  10,0(K»  florins  en  litige,  et 
«¥tait  contenté  d'une  contribution  pour  l'équipement  de  son  artil- 
l<»rie.  Cette  contribution  n'aurait  été,  d'après  lui,  qu'un  lémoi- 
guage  des  Juifs  pour  la  victoire  qu'il  avait  remportée  à  HTichst, 
elle  ne  les  dispensait  nullement  du  payement  des  10,000  Ilurins, 
Une  la  réclamait  pas  i»our  lui-m<^me,  m^iis  il  en  avait  fait  don  au 
colonel  de  Schauenbourg,  il  conseillait  à  celui-ci,  pour  briser  la 
rési^itance  des  Juifs,  de  mettre  sous  séquestre  toutes  leurs  mar- 
dandisea  qui  allaient  de  Francfort  à  Leipzig,  et,  â  cet  effet,  d'en- 
trer en  relation  avec  Schweickhard  ,  arcbevéque  de  Mayence. 
Comme  pour  emjiécber  les  Juifs  de  respirer,  it  arriva  par  là-des- 
Mstme  nouvelle  lettre  de  menaces  du  comte  Ernest  de  Mansfeld. 
Il  y  reprochait  aux  Anciens  de  la  communauté  juive  d'avoir,  au 
©épris  de  sa  dignité,  amusé  stm  lieutenant-colonel  par  toutes 
iortes  de  faux-fuyants  et  de  Tavoir  retenu  à  Francfort.  Si  on  ne 
laif»riyatt  pai4  tout  de  suite  les  10,000  florins,  il  tVrait,  aux  dépens 
de  toute  ta  juiverie  de  Francfort,  un  exemple  quL  ferait  regretter 
à  celle-ci  de  n'avoir  pas  plutôt  payé  le  décuple.  » 

Umipatience  avec  laquelle  les  Juifs  attendaient  la  décision  de 
l>i»pereur  allait  en  grandissant.  Enfin,  ie  4  septembre,  le  rescrit 
ô  lon^eraent  et  si  ardemment  désiré  arriva  à  Francfort,  Son 
contenu  causa  aux  Juifs  une  grande  satisfaction  :  Ferdinand  ap- 
prouvait rintervention  du  Conseil  en  faveur  des  Juifs  et  déclarait 
(uerarchiduc  Léopoïd  avait  reçu  Tordre  de  ne  plus  importuner 
Juifs  par  des  réclamations  d'argent,  de  lever  le  séquestre  mis 
leurs  biens  et  de  leur  épargner  les  exécutions  judiciaires.  Si, 
^u%U  suite  de  là  guerre,  un  général  d'armée  ou  un  autre  chef 
ItrcHluisait  des  prétentions  injustes  à  l'égard  des  Juifs,  il  espérait 


106 


îiKVLlS  DES  ETUDES  JlIVES 


que  le  Conseil  interviendrait  énergiquement  en  faveur  de  ses  pi 
tégés  *. 

L'affaire  paraissait  terminéç  pour  toujours,  et  les  Juifs  eure 
dp  longues  annt%s  de  rt^pit.  Mais,  huit  ans  plus  tard,  le  6  ma 
1631,  Alexandre  Massoni  vînt  apporter,  de  la  part  du  colonel  R 
dolphe  d'Ossa»  à  Clèves,  une  lettre  adressée  au  Conseil  dont  le 
contenu,  dut  exciter  un  étonnement  tr^s  légitime.  L*empereiir 
Ferdinand,  disait  le  colonel,  lui  avait  donné  plein  pouvoir  pour 
s'emparer  des  biens  de  tous  ceux  qui  auraient  porté  les  armes 
contre  liii,  etaussi  de§  biens  de  ceux  qui  avaient  donné  assistance 
à  ses  ennemis,  comme  les  Juifs  de  Francfort.  Ceux-ci  ne  (wa- 
vaient  se  disculper  en  invoquant  la  crainte  que  leur  avaient  inspt' 
rée  les  menaces  de  Mansfeld,  ils  n'avaient  rien  à  redouter  puisqu'ils 
étaient  les  protégés  de  la  ville  de  Francfort.  Ils  étaient  donc  invités 
à  remettre  à  Alexandre  Massoni  10,000  florins  et»  de  plus,  à  payer 
une  amende  pour  leur  crime  de  haute  trahison* 

Ce  qui  était  curieux,  c'est  que  c'était  précisément  Massoni  qui 
devait  percevoir  Fargent  des  Juifs.  L'ancien  fondé  de  pouvoirs  de 
Tilly  aurait  dû  savoir  quelle  avait  été  l'issue  du  débat  et  le  peu 
de  fondement  de  la  nouvelle  réclamation»  Il  était  probable  qu  il 
avait  engagé  Rodolphe  d'Ossa,  qui  ignorait  complètement  l'affaire, 
à  l'envoyer  à  FranclVïrt,  dans  l'espoir  d'extorquer  de  Targent  aux 
Juifs,  mais  son  attente  fut  déçue.  Les  Juils  se  plaignirent  au  Con- 
seil de  celte  nouvelle  réclamation  et,  faisant  valoir  ce  qu'il  y  avait 
d'étrange  dans  cette  demande,  le  prièrent  de  débouter  Massoni  en 
se  référant  au  rescrit  impériaL  C'est  ce  que  fit  le  Conseil,  Aussitôt 
Massoni  réduisit  ses  prétentions  et  demanda  que  les  Juifs  lui  payas- 
sent au  moins  les  frais  du  S'^Jour  de  plusieurs  jours  qu'il  avait 
fait  à  cause  d'eux,  dans  la  ville  lors  de  la  mission  dont  Tilly  Tavait 
chargé  huit  ans  auparavant.  Cependant,  il  ne  put  même  obtenir 
cela  des  Juifs,  ils  se  référèrent  au  rescrit  impérial  qui  les  déga- 
geait de  toute  obligation  au  sujet  de  cette  affaire.  Du  reste,  lors  de 
son  séjour,  ils  lui  avaient  fait  spontanément  cadeau  de  12  cou- 
ronnes qu'il  avait  reçus  avec  remercîments. 

Alexandre  Massoni  dut  ainsi  quitter  Francfort  les  mains  vides. 
Ce  fut  la  derniôre  tentative  faite  de  ce  chef  contre  les  Juifs  de 
Francfort:  la  volonté  formelle  que  l'empereur  avait  exprimée  les 
protégea  contre  toute  nouvelle  réclamation. 

J.  Kracauer. 

'  L'original  de  l*ordrc  envoyé  par  FerdiDànd  k  son  frère  (daté  de  Vienne,  i9  J 

Ici}  cl  dans  lequel  il  donne  euplicitement  le»  tnolîfs  pour  lesquels  il  pntend  que  1 

}K)ur!iuî te  contre  les  Juifs  soil  su«tpendue,  Tul  adrcF&é  à  la  cctimniiniiutë  juive  :    \é 
Archives  dû  Frincfort  n'en  postèdenl  que  la  copie» 


NOTES  ET  MÉLANGES 


LE  SARCOPHAGE  DE  TADNIT' 


Le*  fouilles  effectuées  dans  les  environs  de  Saïda,  Tancieiine 
Sidon»  sous  la  direction  de  M*  Ilandi-Bey,  conservateur  du  musée 
Tsctiinili-Kieusk,  à  Constantinople,  ont  fait  découvrir  un  certain 
aombre  de  sarcophages,  dont  l'un  doit  avoir  renfermé  les  dé- 
pouilles de  Tabnit,  roi  de  Sidon  et  père  de  cet  Esclimounazar  dont 
le  sarcophage  est  conservé  au  Louvre.  Nous  laissons  la  description 
ilu cercueil  ainsi  que  tous  les  détails  archéologiques  aux  journaux 
sp^iaax  qui  s'occupent  de  cette  niatièj-e.  Notons  seulement  un 
|>oinl  qui  intéresse  davantage  les  études  juives. 

Comme  on  le  verra  dans  rinscriptîon  gravée  sur  le  cercueil,  le 
m  Tabnit  prend  un  soin  extrême  des  accidents  qui  pourraient 
iurvenir  à  son  corps.  Le  même  souci  se  révèle  dans  l'inscrip- 
tion de  son  flls  Eschmounazar;  il  se  retrouve  dans  les  épi- 
tiplies  araraéennes  des  tombeaux  de  l'idumée  découvertes  par 
M.Daughty  et  dans  un  grand  nombre  d'inscriptions  himyarites. 
Rien  de  pareil  ne  se  voit  chez  les  Juifs.  Le  Pentaleuque  ne  con- 
tient aucune  prescription  relative  a  la  conservation  des  tnorts.  La 
«léi^mille  mortelle  est  considérée  comme  un  objet  impur,  et  il  est 
fDéme  défendu  au  prêtre  et  au  naziréen ,  le  cas  de  proche  [>a- 
n»nté  excepté»  de  s'occuper  de  renseveïissement.  Les  monuments 
ixivt)  élevés  sur  les  sépulcres  y  sont  placés  bien  moins  en  llion- 

[u^urdes  morts  que  pour  préserver  de  toute  souillure  les  per- 
oaaes  qui  pourraient  s'en  approcher.  De  tout  cela  on  pourrait 
er  an  argument  bien  plus  puissant  en  faveur  de  la  croyance  à 

riminortalité  de  Tùme  chez  les  Juifs,  que  des  textes  que  l'on  a 
éAtblement  interprétés  en  ce  sens,  puisque  riiidilférence  qu'on 

^moigoe  au  cadavre  prouve  du  moins  qu'on  cherchait  ailleurs  la 

CetM  iioiJ(*«*  exc«{>té  les  quel<)ue8  lignes  qui  précèdtsal  le  teite  de  riascripliou, 
Ilot  Je  8  juUlAi  à  r Académie  des  Inscriptiûis  et  Belles* Le Urf s. 


110  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

personnalité  de  Tindividu.  —  Il  est  temps  maintenant  de  donne  r 
le  texte  de  la  nouvelle  inscription  : 

p  Dans:  ^b^  nnnc:^  pD  n:nn  ^3»  i 

n  b«  bN  T  p«  n"»»  pcn  c«  on»  bD  r«  "73  t  3 
ibn»  "•«  tjoD  lbn«  "««D  iTa-in  b«T  "Tib:?  nnc  4 

non  b»  b»  t  in«a  3Da  ^3»  nba  nc?a  D3^  bsi  y-in  5 

riD  UNI  Nn  nmn  r-inicar  n3:?n  d  in'^^  ^^"^  ''^^^  "  ^ 

?:o  nnn  û"^ra  :?-iT  ^b  ISJ-^  b«  in'^^  ^^"^"^  "'^^^  '^^^  "  "^ 

En  voici  la  traduction  : 

\.  Moi,  Tabnit,  prêtre  d'Aschtôrél,  roi  de  Sidon,  fils  de 

2.  Eschmounazar,  prôlre  d'Aschlôrét,  roi    de  Sidon,  je  suis 

couché  dans  le  cercueil 

3.  que  voici.  J'adjure  tout  homme,  quand  tu  rencontreras  ce 

cercueil,  n' 

4.  ouvre  pas  ma  chambre  et  ne  me  trouble  pas,  car  il  n'y  a  pas 

chez  nous  d^argent,  il  n'y  a  pas  chez  nous 

5.  d'or,  ni  quoi  que  ce  soit  de  la  dépouille,  si  ce  n*est  moi  qui 

suis  couché  dans  ce  cercueil.  N'ouvre  pas 

6.  ma  chambre  et  ue  me  trouble  pas,  car  ce  serait  une  abomi- 

nation devant  Aschlôrét  que  cet  acte.  Et  si  lu 

7.  ouvrais  ma  chambre  et  me  troublais,  que  lu  n'aies  pas  de 

postérité  pendant  la  vie  sous  le 

8.  soleil  ni  de  couche  avec  les  Refaim. 

Cette  inscription  présente  un  double  intérêt  :  elle  n'est  pas  seu- 
lement importante  par  elle-même,  elle  est  aussi  fort  instructive 
pour  l'inscription  d'Eschmounazar  II. 

Au-dessus  de  l'épigraphe  de  Tabnit  se  lit  une  inscription  hiéro- 
glyphique se  rapportant  à  un  personnage  égyptien  haut  placé; 
il  n'y  a  donc  aucun  doute  sur  la  provenance  de  ce  sarcophage. 
M.  Mariette  avait  déjà  supposé  que,  sur  le  cercueil  d'Eschmou- 
nazar 11,   on  avait  d'abord  gratté  les  hiéroglyphes  avant  d'y 
graver  les  caractères  phéniciens,  parce   que  ceux-ci   se  trou- 
vaient sur  une  surface  inférieure  de  quelques  millimètres  à  la 
surface  générale  de  la  pierre.  L'inscription  de  Tabnit,  qui  n'a 
que  huit  lignes,  au  lieu  de  vingt-deux  qu'a  celle  d'Eschmouna- 
zar 11,  a  pu  être  placée  au-dessous  des  hiéroglyphes.  On  peut  même 
supposer  que  la  courte  inscription  placée  sur  le  côté  du  cercueil 
d'Eschmounazar  11,  et  dont  le  contenu  répond  presque  exactement 
à  la  nouvelle  inscription,  était  une  première  tentative  pour  con- 


NOTES  ET  MÉLANGES 


111 


*Jes  iiiepof lyphes  ;  seulement  la  mAre  d'Eschmounazar  II, 
de  racont«?r  longuement  les  «  grandes  ciioses  »  qu  elle 
llîaiUccomplies,  a  obligé  le  graveur  à  chercher  un  emplacement 
(jlusttefitiu  et  à  faire  disparaître  l'ancienne  inscription  égyptienne. 
Kolre  inscription  nous  jiiontre  aussi  que  le  père  d'Eschraou- 
'11,  Tabnit,  et  son  grand-père,  Kscliraounazar  I''^  nVtaient 
aent  rois  de  Sidon,  mais  aussi  prêtres  d*Aschl<5rét. 
Bortde  Tabnit,  ce  dernier  titre  passa  à  sa  veuve,  qui, 
i  la  ligne  13  de  Tinscription  d'Eschmounazar  II,  est  appelée 
Kr)fiénâi  Aschtôrét  (îTiniDr  n:nD  .  Eschmounazar  II  était  beau- 
l'Dp  trop  jeune,  à  la  mort  de  son  père,  pour  remplir  les  fonctions 
da  sacerdoce,  puisque,  «  en  mourant  avant  son  temps  »»  comme 
dit  l'inscription,  après  quatorze  ans  de  règne,  il  pouvait  encore 
-^détsigner  comme  «  orphelin,  tlls  de  veuve  ». 

K.Uaspero  pense  que  ces  actes  de  profanation  eurent  lieu  sous 
Il  (iemière  domination  des  Perses  en  Éjrypte  :  les  tombeaux 
Jurent  violés,  les  cadaves  jetés  dehors,  les  objets  précieux  déposés 
mies  cercueils  lurent  volés  et  les  cercueils  eux-mêmes  apportés 
vendus  en  Phénrcie,  Ce  fait  permet  de  mieux  comprendre 
ourqtioi  Tabnit  et  son  tlls  Eschmounazar  II  déclarent  qu'on  ne 
toil  chercher  dans  leur  sarcophage  aucun  objet  précieux,  caria 
ne  d'un  cercueil  égyptien  devait  toujours  faire  naître  la  pensée 
5 ua«î  quantité  d'objets  précieux  y  était  enfermée  avec  le  mort  ; 
^*est pourquoi  nous  avons  lu,  ligne  5,  mischôd  (niD?3)  et  traduit 
I  conséquence. 

i_Kous  avons  traduit  n:?3  par  «  quoi  que  ce  soit  y>,  parce  que  nous 

>ns  pas  qu'il  s'agit  ici  du  pluriel  de   njp  mine,  nous  pré- 

tToir  dans  ce  mol  un  composé  de  )i2  et  p  fn^l,  littéralement 

|d«îquoi  »  (cf*  nTaiîïTs).  Peut-être  même  pî3tt,  argent,  n'est-il  que 

iDQétalhèsede  "jip  et  niç,  il  aurait  ainsi  une  origine  analogue  au 

et  arabe  Vw's  -  b  «?:,  qui  signifie  ce  qtd  est  it,  c'est-à-dire  bien, 

^j^ent,  et  au  mot  araméen  «b*:?:  —  ti  n^,  qui  a  le  môme  sens 

le  root  b^n 

[Dans  cette  même  ligne  5  se  présente  deux  fois  un  mot  que  nous 
ivons  pas  encore  rencontré,  c'est  pi«,  il  répond  à  p  au:  de 
cription  d'Eschmounazar  II;  ifiç  peut  être  difficilement  égal 
'  f^  =  n:?  répond  certainement  à  p  =  m>  ce  qni  rend 
(]  la  lecture  D:?3:n  adoptée  dans  le  Corpus.  Il  qous  rê- 

ne d'identifler  n»  avec  nu,  bien  que,  dans  ce  cas,  les  mots 
i:*?  *r7  r»  eussent  la  signification  :  u  nous  n'avons  plusd'ar- 
Kt,  ^  et  lissent  ainsi  allusion  à  l'état  antérieur»  où  le  cercueil 
DOlenait.  Nous  préférons  considérer  ^bi»  comme  l'équivalent 


tli  RjnrC  DES  nUDCS  JCIfES 


de  rhéfarea  -*rnai  <  chez  noœi  a,  'bien  qœ  la  doitale  daiéi  pennote 
raremeiLt  avec  la  «tflantp  tsadé  ^. 

Ua  aatre  passage  intéreasaxit  se  troore  à  la  ligne  3  :  Vs  na  ^ 
zrau  M.  BenaiL  lit  :  Mi  attah  kol  adamy  et  traduit  :  «  Qai  que 
tu  SOIS  parmi  tous  les  hoamiesw  •  Mais  les  mots  rrar  ""r  ont-ils  le 
^os  de  qmsqtiis  sis?  Là  passage  de  II  Sam.,  rviu,  12  c^  rts? 
z^btr^ar:  rm  prouTe  peu  de  dUMe,  puisque  les  anciennes  yer- 
sions  portent  -r?  à  La  place  de  "^  ;  de  plus«  il  faudrait  bn  ou  bso. 
Pois,  la  seconde  personne  du  pronom  personnel  ne  s  est  pas  en- 
core rencontrée  dans  les  textes  phéniciens,  et  on  peut  bien  $d 
demander  si  ce  n*étùt  pas  œnia  rai .  comme  en  arabe  et  en  ara- 
méen.  Nous  remarquons,  d'autre  part,  qrie  cette  phrase  répond 
aux  mots  rrar  rr  rar . . .  rr?.  ligne 4  de  l'inscription  dEsohmouna- 
zar  II.  En  établissant  une  sorte  d*éqaatioa^  r:  serait  égal  à  r::;  ; 
or,  lians  les  dialectes  araméeos.  ar:^  a  le  sens  de  jurer^  et,  en 
retranchant  de  cette  racine  les  lettres  tfaibies  -  et  ai.  il  ne  reste 
plus  que  le  mini  :  mijya  pourrait  donc  signiâer  également  <  mon 
serment  a.  D'ailleurs,  en  arabe  également,  le  mot  serment  est 
rendu  quelqueiois  par  moii  ou  mi. 

J.  Debx^cbocbg. 


ORMUZ  ET  AHRIMAN 

Un  texte  peàlevi  que  vieat  de  publier  M.  Barthélémy*  ren- 
ferme un  passage  qui  mérite  d^toe  relevé  pour  les  études  talmn- 
liiques  :  <  Comme  nous  croyons  en  deux  principes...,  lecoeli* 
montre  cette  dualité  dans  nocre  corps.  La  partie  ormazdéenne  est 

la  lumière de  la  même  manière  est  tout  ce  qui  est  dans  la 

moitié  supfrneure  du  corps,  comme  Touïe.  Todorat,  le  siège  de 
rinte;iet:t.  .ie  lame. . .,  et  cela  est  le  siège  de  Dieu  et  des  Am- 
schaspands. . .  Et  la  moitié  inférieure  est  comme  le  siège  de  la 
puan:eur  et  de  l'impureté,  réceptacle  d'urine,  de  fumier  et  de 
puanteur c'est  le  sièiie  d'Alirioiau  et  des  d-^moiis  »  ,p.  31i. 

Ces  lignes  constituent  ie  commentaire  le  plus  net  de  ce  bout  de 
dialogue,  entre  un  mage  et  un  rahbin»  rapporté  par  le  Talmud 

»  Peut-^ire  tkat-ii  Toir  dutf  T»  ré^oiT^ent  de  lidTerbe  de  temp?  T»  =  î»,  d 
itti  donner  .e  sens  de  •  certes  .  ou  d«  .  m«uitiinajB&  ». 

*  ^/«*«^  ^ff***j»,  relaooa  d'une  conùtr^ice  tiiéoliogique  pr«siàé«  par   le  «liJ 
Mimoun,  Pahs,  Vieweç,  liHT. 

*  Lm  coBti  est  on*  ciBttiiixv  ({ne  dotrcnâ  pocfiir  Im  P^raL 


NOTES  ET  MÉLANGES  113 

lédrin,  385)  :  «  Un  mage  dit  à  Amémar  :  La  partie  supérieure 
|loQ  corps  depuis  le  milieu  est  à  Hormiz,  la  partie  inférieure 
[lAhriman.  —  Dans  ce   cas,  répliqua  Amémar,  commeot  Ahri- 
permet-il  à  Hormiz  de  faire  passer  ses  eaux  dans  son  ter- 
ûire?  » 

|Râhbénu  Hananel  était  assez  près  de  la  vérité,  quand  il  expli- 
dit  ces  mots  ainsi  :  «  Hormiz  a  créé  la  bouche»  qui  fait  entrer 
Ue  corps  les  bons  aliments  et  les  boissons  pures^  et  Ahriman 
ïorganes  du  fumier  et  de  lurine,  etc.  »  Par  contre,  Raschi  a 
tde  supposer  que  le  mage  veut  dire  qu'il  sait  par  sorcellerie 
jïe  la  partie  supérieure  d'Amémar  appartient  à  Ormuz- 

Israël  Lévi. 


LE  SENS  DU  MOT  K13Û 


Dans  rétude  publiée  ici  [Revue^  t  Xïll)  sur  le  Rt^glement  des 
fiifsde  Castille,  se  trouve  la  phrase  suivante  (p.  197)  :  «  L'ensei- 
^ementde  l'école  se  réduit  à  Tétude  dn  Pentateuque  (pnsD  ou 
^),  »  Qu'il  me  soit  permis  de  faire  à  ce  sujet  une  observation. 
fDi^jàdans  la  Massora,  le  mot  wnpr]  (aussi  «np)  désigne  toute 
i  Bible  à  Texception  du  Pentateuque,  qui  est  appelé  n^nn  (voir 
'PDisdorf,  Massora  Magna^  5.  v.  cioin  et  wn-^-^-nî*).  Ces  dénorai- 
devinrent  usuelles  en  Espagne.  Bahya  ibn  Pakuda  dit 
lcomraen<;ants  dans  IVtude  de  la  tora  sont  ceux  qui  savent 
'  matériellement  o^in  et  Knp?^ ,  sans  en  comprendre  le  sens 
hoUebaboi,  m,  4,  p.  481  de  Tédit.  Sluzcki)  ;  il  emploie 
îles  mêmes  expressions  dans  Foriginal  arabe  (ii?*,  p,  xxiv). 
lEzra  appelle  le  targura  des  Prophètes  «np^an  dnnn,  opposé  à 
cna-in  ;  la  grammaire  hébraïque  est  pour  lui  piûb  n^an 
r  mnn  (voir  mon  Abrah.  ibn  Esra  als  Grammatiker,  p.  11, 
|fri!.  Dans  son  commentaire  sur  Exode,  xxiii,  20,  il  parle  éga- 
Qt  de  Érip:2ni  rmnn,  et  dans  son  Divan  (éd.  Egers.  p,  69, 
IM,  L  6j  il  dit  :  roTDt::  nrû^am  »ip?a  x^^i  nnm  pata,  Ibn 
bon»  dans  la  conclusion  de  son  Mahbéret,  dit  aussi  mina 
B31.  Joseph  Kimhi,  dans  sa  grammaire»  ch.  n,  dit  :  û"'"»nbr7  bD 
mnriat:.  Comparez  aussi  la  remarque  de  Zunz»  Gûttesd. 
trage,  p,  11,  n»  i;  :  ^<  Zohar  de  ^b  -^b,  ooL  239»  dit  qu'Onkelos 
lait  le  Pentateuque  et  Jonathan  b.  Uziel  le  «npia  (toute  la 
-Écriture?}*  w  Mais  le  contexte  répond  à  la  question  restée 
T.  XV,  »*  î».  1 


114  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

douteuse  pour  Zudz,  il  montre  clairement  que  ce  mot  5npt3  dé- 
signe uniquement  les  livres  prophétiques,  à  reiclusion  des  Hagio- 
graphes,  que  Jonathan  b.  Uziel  n'a  pas  traduits.  11  semble  bien, 
en  effet,  que  tnj>i2j  dans  son  acception  la  plus  large,  désignait  les 
Prophètes  et  les  Hagiogra plies .  mais  dans  son  acception  plus 
étroite,  les  Prophètes  seuls.  Dans  Tintroduction  d'Ibn  Ezra  à  son 
commentaire  du  Pentateuque  (voir  Rosin,  Reime  u.  QedUMeûet 
Abr.  ibn  Ezra,  p.  18, 1.  94)  on  lit  : 

Ici  iora  est  le  Pentateuque,  micra  les  Prophètes,  ketubim  na- 
turellement les  Ilagiographes.  Il  est  possible  néanmoins  que  le 
mot  lietubim  eût  été  superflu  [micra  désignant  à  la  fois  les  Pro- 
phètes et  les  Ilagiographes)  et  qu*il  est  ici  pour  la  rime.  Yoici, 
du  reste,  un  passage  intéressant  de  Profiat  Duran  qui  prouve 
que  le  mot  micra,  dans  le  sens  de  Prophètes,  était  employé  cou- 
ramment par  les  Juifs  d'Espagne  et  non  pas  seulement  par  les 
écrivains.  Ce  passage  se  trouve  dans  Tintroduction  de  sa  gram- 
maire [Maassc  Efod,  p.  20)  :  nm  -.Bcn  înpa  nnon  nwV©  aTBwn 
rrîn  Dcn  i-îsa-»  iïr^i  k-.^î:  a-^r^nn  ras»  (la  Bible  entière)  «mptf^ 
rrbj^  fcnpi  it:3  nômpm  r:fir*;pm  cn-.r  bipa  rrrro  "nen  ia  pono 
nr»3  co  Nim  {Is.,  lviii,  1)  ii-.ss  «*,p  (Jos.,  m,  2)  mmpïi  ri« 
D'^«'«n:rrû  "^sb  nxinsn  -^-îcs  ht  scn  ijnp^  laD  iiîsrm  -o  Trtm  bte^ 
DO  ^^'r?^  (Jér.,  ii,  2)  rtxr^A  T.Vn  n^mpa  nrwD  ma  na»  an:^- 
(//>.,  VII,  2).  Ce  sens  attribué  au  mot  micra  se  trouve  enfin  dan^ 
Sifré  sur  Deutéronome,  g  31",  où  une  explication  sur  Deat.,  xxxir  -a 
13,  ost  donnée  dans  les  termes  suivants  :  "p»  Tûa  by  imayv.  "^ 
n:cîû  iT  rbc*:  can  inp-r-n  »^p^  it   -ne  naisn  te>m  ïrw  »r  ^ 
nv:Vn  it  ma:  c-^bn-:  i-:^"!.  Quant  au  mot  piOD,  on  s'en  sert  en 
ooro  aujourd'hui  pour  désigner  les  parties  de  la  Bible  étraiigère===^ 
nu  Poutatcnque. 

W.  Bachkr. 


DEUX  MINIATURES  AVEC  U  ROUE  DES  JUIFS 

Lt*s  tloux  miuinturos  que  nous  reproduisons  ici  sont  tirées  d'  ^^^ 
nis.  [k\\\  mv  sitVIo)  do  l:i  «  Bible  historiale  de  Pierre  Comest^  — of 
traduite  tMi  (Vancais  |uir  Guyart  des  Moulins  »,  qui  appartiep^E^:^^ 


fie 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


selonc  hystoires  »  ;  la  seconde  au  chapitre  «  du  serpent  d^araing: 
contre  le  serpent  de  feu,  selon  la  Bible  jd.  L'intérêt  de  ces  dessins. 
qui  dans  roriginal  sont  coJoriés,  est  de  nous  avoir  conservé^ 
comme  ceux  qui  ont  été  publiés  ici,  le  costume  et  peut-étre  le 
type  des  Juifs  du  moyen  âge.  On  remarquera  sur  le  premier  1^. 
roue  Jaune  qui  est  très  apparente  sur  le  cûté  gauche  de  la  pol — 
trine,  sur  le  second  la  même  rouelle  et  le  bonnet  pointu  tradL^ 
tionnel  *. 

Ces  copies  ont  été  prises  avec  une  scrupuleuse  fidélité  p^^r 
M.  Socard ,  et  nous  ont  été  transmises  par  notre  savant  artii 
M.  Det,  sous-bibliothécaire,  à  qui  nous  adressons  ici  tous  nos  ri 
merciements. 


Dijon,  août  1887, 


M.  Gerson. 


MINIATUBES  REPRÉSENTANT  DES  JÏÏIFS 


Le  ms.  du  Breviari  d'Amors,  du  xiv''  siècle,  de  ia  Bibliothèquf 
nationale  (n'^  1>219)  renferme  lui  aussi  de  bien  curieuses  minia- 
tures représentant  des  Juifs.  Elles  m'ont  été  signalées  par  M.  Paul 
Meyer»  qui  a  édité  cet  ouvrage.  On  y  chercherait  en  vain  la 
rouelle,  et  le  vêtement  du  juif  n'a  rien  de  particulier»  c'est  le  cos- 
tume  donné  dans  les  autres  illustrations  du  ms.  à  tous  les  laïcs. 
Mais  le  sujet  en  est  vraiment  amusant.  On  voit  d  abord  deux  per- 
sonnages, dont  Tun  est  généralement  un  prophète,  qui  montrent 
chacun  du  doigt  un  texte  de  la  Bible  considéré  comme  messia- 
nique. Ces  passages  sont  en  latin,  en  provençal  et  même  en  M- 
breu,  hébreu  dont  les  caractères,  en  or,  sont  admirabletnent 
tracés.  Faisant  pendant  à  ces  deux  dessins»  un  Juif,  qui  se  rendrait 
certainement  à  levidence,  si,  derrière  lui  ou  au-dessus,  n'était^ 
posté  un  diable  qui  lui  bouche  les  yeux  de  ses  mains  ou  avec  ur^- 
bandeau.  L'une  des  citations  est  tellement  probante  que  raveu-— 
glement  du  Juif  par  ces  moyens  énergiques  ne  se  justifie  pas  en^ — '' 
core  :  le  diable,  placé  cette  fois  devant  lui,  lui  crève  les  yeux.        ■ 

Bien  que  ces  miniatures,  au  nombre  de  onze,  ne  varient  pa.  ^ 
leur  tln**mc,  cependant  elles  se  distinguent  toutes  Tune  de  Taut^^^ 
par  la  composition  et  la  coloration. 

'  Bégiu,  mêtom  d9t  Jm/i  «•  Frttmt,  p,  198. 


NOTES  ET  MÉLANGES 

Voici  maintenant  les  versets  qu  illustrent  ces  dessins  : 
1*^86&»  col.  1  :  Genèse,  m,  16; 
î»    —      coL  2  :  Exode,  ni,  15; 
»f81a,  col.  1  :  Nombres,  xvii,  22-24; 
4*     —      col,  2  :  Ezéchiel,  xliv,  1-2  *  ; 
a*  f*87ô,  col.  1  :  Isaïe,  xi,  1-2; 
6^    —     coL  2  :  Isaïe,  vu,  14  (b«  i:?3?  en  deux  mots); 

Isaïe,  IX,  5  ; 

Ezéchiel,  xxxvi,  25-27; 

Genèse»  xlix,  10  ; 

Daniel,  ix,  26  ; 

Malaclilei  n,  2. 

Israël  Lévl 


117 


?^88a,  coLl 

9f    —  coi  2 

9»f»î«^,  col.  1 

10*    —  col.  2 

1?    —         — 


LES  EXILES  D^ESPAGNE  A  FERRARE 

EN  1493 


la  bibliothèque  de  la  communauté  israélite  de  Vérone  pos- 

|*We, entre  autres  manuscrits  intéressants*,  un  document  d'Aï- 
pboDse  [P']  d'Esté,  duc  de  Ferrare,  Modène,  Reggio»  Rovigo  et 

I  Mircbe  d*Este,  en  date  de  décembre  1506,  qui  confirme  et  cite 
fe  décret  précédent  dllercifle  [I^""],  son  père,  en  date  du  I"''  fé- 
vrier 1493,  par  lequel  ce  dernier  duc  accordait  aux  Juifs  exilés 

k&pagne^  par  Fédit  de  1492,  le  droit  de  s'établir  dans  la  ville 
fcFerrare,  et  leur  concédait  des  privilèges  dont  jouissaient  les 

|ititre4  Juifs  qui  demeuraient  sous  sa  juridiction. 

Leparcbemin  contenant  ce  document  et  que  j'ai  pu  examiner 
H  copier  grâce  à  Textréme  obligeance  de  M,  le  rabbin  J.  Pardo, 

^  C*  fÊÊÊ^Bf  cilé  pour  prouTer  rimmaculée  conception,  a  élé  plus  raroment  em> 

^k/ê  qiM  )e<   iittfw.   U  est   udliséf  entre   mires,   dans  VAÎttreatio  Judei  d€  fîdt 

^%mÊ»^;  voU  celte  Breu9,  t.  V,  p.  24t. 

*  Ptiimî  CM  mss*  nous  signalons  celui  du  ttlpTsb  Û^r  '^  ^^^^  ^^^   Tauteur  soii 

jR.   Méïi  Bendig  d'Arles)  ;  le   niTOÏl   de   13D6,  écrit  par  ÏI^ID    fiHû  de 

.  AtelMOi  ha-Sofc^r  ^Q  Joab.  Le  mol  ha^Sf>fer  est  marcfué  de  points  sur  chique 

,  potir  t%niiT*f  probablement  que  cVst  le  nom  de  famille  et  qu'il  n'indique  point 

êetÊktm  de  scribe,  ainsi  que  l'urlide  dont  il  est  précédé  pourrait  le  faire  sup- 

r*  Pêttk  était  femme  de  R.  Salomon  b.  Moïse,  fils  do  R.  Jebicl  (le  ms.  de  Vé- 

•  Jckutdol),  père  de  Natan,   auteur  de   l'Ârukb  (voir  cataL  Zuckennann,  du 

0«  Éar.  de  Brestau,  n*  104  ;  calai.  Neubauer  des  mas.  hébreux  d'Oxford,  n*  635, 

H..i^iM«,  de  Berlioer.  1RS4.  p,  141-142). 


118 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


qui  Ta  mis  à  ma  disposîUon,  a  S6  centim.  de  haut  sur  40  de  large; 
récriture  occupe  54  lignes,  y  compris  la  liste  des  ^l  noms  qui  m\ 
le  texte  et  qui  sont  rangés  sur  3  colonnes  avec  7  noms  [inr  co- 
lonne. Le  document  est  assez  bien  conservé  ;  cependant  il  y  a  une 
déchirure  au  milieu,  et  par  endroits  récriture  est  endommagée. 
J'en  donne  ici  la  copie,  en  remplaçant  par  des  points  les  passages 
manquants  (par  suite  de  la  déchirure)  ou  illiâiblea. 


ALFONSUS,  dux  Fôtraria^  Mutin*  et  hegiî,   marchio  Eslêflsis 

Rodigijque  Cames,  etc.,  etc.  Concessit  atqu©  impertitus  est  Illusins- 
simus    Priuceps  et  Eïcellentissimus  domieus  dominus  Ilercaks, 
olim  dux  Ferrari^,  etc*  Parons  noslri  observaraus  decrelum  infras- 
criptis  Hebreis  iu  fine  ipsius  decreli  annolatis  et  descripUs.  Quod 
quidera  decrelum  nobis  exibitum  fuit  per  ipsos  Hebreos  in  presca- 
tiarum  in  Ferraria  degeoies,   atque  approbare  velimus.  Volentes 
autem  ipsis  satisfacere  barum  nostrarum  patentium  lileramm  le» 
nore  et  decreli  série  ex  certa  scienlia  et  anima  délibéra to,  ac  de  pie* 
nitudine  protesta tis  nostrai  omnique  alto  meliore  modo  quo  magis 
et  melius  possumus.  decretum  antediclum  et  omnia  in  eo  oônteala, 
proui  jacet,  predictis  Hebreis  approbaraus  et  conlîrmamus,  ac  de 
novo  ubi  opus  sit  concedimus  et  impertimus*  Volumusque,  ediciinus 
ac  jubemus  inviolabihter ,  sub  pena  indignationis  nosLne  et  alia 
qua%ts  graviore  arbi train  nostro  imponenda*  per  quoscunque  ofû- 
ciales  et  subditos  noslros  présentes  et  fuluros  quorum  mtererit 
prorsus  observari,  quibuscumque  in  contrarium  quovis  modo  ta-- 
cientibus  non  obslaulibus,  et  in  quorum  robur  et  lestimonium  pré 
sentes  nostras  literas  et  decrelum  fie  ri  jussiraus  et  régis  trari  m\ 
Irlqoe  maioris  sigilli  cousue  ti  appensipoe  muni  ri.  Datum  Ferrôdî 
in  palatio  nostro,  anno  nativitatis  dominical  Millésime  quingeûle* 
simo  sexto,  indktione  nona,  calendis  decembris. 
Ténor  autem  dicli  decreli  sequitur  ut  infra,  videlicet  : 
Hercules,  dux  Ferra  ri a^,  Mulinic  et  Begii,  marchio  Eslensis,  Ro- 
digijque  Cornes,  etc.,  elc,  Cum  nonnulli  Hebrei,  in  buius  noslri  de- 
creli Jine  descripU,  ex  partibus  Hispanim  recesserinl  et  habilâaduui 
ad  partes  Italia^  se  se  contulennl»  ab  eis  requisili  fuimus,  ut  velimus 
eos  cum  eorum  familiis  in  urbibus  locisque  diclionis  noslrœ  subjec- 
tis  suscipere  et  acceptare,  necuon  concessionesi  privilégia,  arbitm 
et  facullates  infrascriptas  ipsis  impertire.  Et  cupientes  eorum  voUs 
et  desideriis  libenti  anirao  satisfacere,  moti  requisi lion i bus  predic- 
torum  Hebreorum ,  lenore  presentium  nostrarum   païen tiom  liie- 
rarum  et  decreli  série,  ex  certa  scientia  et  anlmo  deliberalo  ac  d« 
pleniludine  poleslatis  qua  publiée  fungiraur,  eisdem  Hebreis,  ptdl 
se  et  eorum  filiis  et  descendentibus»  et  pro  aliis  quibuscunqUé  «^ 
dlctis  partibus  ad  terras  et  loca  nostra  habitandi  causa  venturlSf 
concedimus  et  împerUmur  quod  possint  ac  eis  liceat  omnes  et  siu- 
gulas  eorum  familias  conducere  [oi]  coaduci  fucere  habitaoéma  in 


ÎVOTES  ET  MELANGES 


H9 


Qostra  urbe  FerrariîP  et  in  quibuscunque  aîiis  urbibus,  terris 
l0ei9  nostris,  eum  infrascrlplis  ca  pi  lu  lis,  prlvjlogiis  et  facuUati- 
qam  ei  quas. ..  efficaci  prece  posmlaveriint  ut  jnfra.  Yideîicet  i 
pjiuio  [namqtie?)  eiisdem  omnibus,  pro  se  e^t  eurum  ôliis  ac  des- 
ciodeaiibus  et  aliîs  ul  supra,  promitlimus  qood  si. . .  bis  partîbus 
diseedere  cogerentur,  quod  tamen  fore  doq  credimits,  uoius  auni 
itium  quemadmodum  peiierunt  ad  discedendum  coocedimus. 
iniiK>,  qnod  quantum  eril  pro  eo  quod  ad  nos  pertinet,  eos  nun-^ 
împediemus  quia  medeudi  utantur  facultate,  nec  quando  in 
m  arljbus  se  exercebunt ,  penam  aliquam  eadem  causa  ipsis 
oemus.  Verumtamen  arbitramur  quod  Hcentia  Christianos 
liMleadl  necessaria  a  Sanctilate  Summi  Pontificis  nostri  erlL  im- 
p*tranfia»  caî  quidem  rei  omnem  favorem  et  nos  pra^bemus  ;  q\ia 
petnita  ab  ornai  contradictiooe  liberi  lune  eruat  et  iuti.  Tertio, 
ilÉDtainur  quod  possint  accipere,  et  ad  aftictum  conducere,  datia, 
iaïque  ac  tes  quascuinque  alias  pro  arbitrio  suo.  Quarto, 
leisdem  concedimus  ut  ipsi  et  eoram  quilibet  artes  exercer© 
lecum  Cbristianis  et  Judeis  societates  super  ipsis  artibus  et  mer- 
eiliambus  et  aliîs  negotiis  peragendis  facere  et  apothetas  publicas 
tcncrc  possmL  et  valeaal,  dummodo  se  îpsos  in  eis  ut  reliqui  arti- 
fot  S0  gèrent,  ita  se  habeant  et  gérant.  Excipinius  tamea  ea  quie 
non  conveniani,  dedarando  lamen  quod  pro  ipsis  artibus 
lNl«Ddi9  et  causa  exerceadi  eas,  leoeantur  iogredi  dictas  arted, 
innnque  Massariis  solvere  id  quod  pro  aliis  solTi  consuetiira  est, 
'Ii8<|i]am  si  cives  essent,  et  ipsarum  artium  beoeiiciis  g  and  ère  pos- 
siat  et  TaleanU  Qcimo,  eis  plene  impertimur,  uL  cum  familiis  bo- 
ûiiqae  et  rébus  suis  in  dicliooom  aostram  venire  possint,  ita  tamen 
^ood  res  et  bona  ipsa  sint  ad  eorum  familiarumque  suorum  usum, 
pmquibus  tantum  decernimus  et  volumus  ut  iiiliil  solvere  tenean- 
lur  pro  daUis  et  gabellis  non  modo  in  nobis  releniis,  sed  etiam 
IccôUs*  Quantum  veto  sit  pro  rébus  quai  mercaturam  sapianl,  a 
ilitiis  et  gabellis  non  locatîs  volumus  ut  Mbori  sint  et  immuues; 
Mdpro  locatis,  necesse  erit  ul  cum  conductoribus  earum  se  iotel- 
l^gnA,  quos  non  dubiiamus  aliqua  iiberalilate  usures  esse,  in  quo 
fuidem  et  nos  nostris  Hebreis  etiam  favore  non  deerimus.  Skxto» 
m  promittimus  quod  quandocumqoe  ex  terris  et  locis  nostris  ad 
ilja  lôca  habitanda  dictioui  nostraî  non  subiecta  se  conferre  volue- 
nul,  cum  uxoribus  eliam  et  tiliis,  bonisque  quibuscumque  suis,  eos 
[rel  eorum  I  aliquem  non  Impediemus,  iiec  per  aliquem  alium  im- 
jMdiri  permittemus,  quin  pro  suo  arbitrio  bona  inde  extrahant  et 
litniii  faciaot,  solutis  tamea  prius  per  eos  [datlis  velj  gabaUis  in 
Unis  EOéiris  solvi  consuetis* 

PoSTABHO  vero  eis  etiam  coacedimus  ul  omnibus  prîvilegiis  et 
ÉBSiuitatibus  aliis  Hebreîs  in  terris  nostris  babitantibus  uti  et 
§ÊÊtAtt€  pofsini,  aed  cum  iUis  modis  et  limitaliouibus  quîo  ipsis 
nainiiir  sont  Ita  tameu  quod  ulla  nostra  coucessiouo  ad  usuram 
usurarioque....  mluimo  uti  ipsi  audcant.  iloc  quoque 


120  HflTE  IB  mnB  JOfES 

addentesy  qwad  s.  lilsas  ddûtoniiii  aUqnonm  fvo  suis  creditis  ips' 
Hebrei  tensv  volnoint;  tides  in  jizdicio  -wéL  exrtra]  non  presteior 
nigqoft  prestaii  deboit.  niai,  deliila  ipsa  mana  propcia  débitons 
scripta  Tel  saltem  soiisciipta  fnennt.  Tel  ad  minas  pro  ipso  debitore 
ea  débita  âubscripta  ftzennt  :  âaitem  ab  nno  teste  fide  digno,  dum- 
modo  ipà  libri  smt  lite  et  recte  compowti,  more  mercatorio  for- 
mat!. . .  et  capitulati,  et  in  eis  non  ât  alla  sai^ilio  Tel  abrasio. 
Inqae  eis  sint  »nni.  diss  et  m^nses,  ac  wAmma  debitonim*  ac  remm 
at  pecaniarnm  qoantitatesy  et  caase.  Idcoqoe  hanim  nostiarampa- 
lentliim  Literanzm.  et  decxeti  Tigora  mandamos  c»nnibas  et  singialis 
Rectoribos.  Miigistratiba&.  Capitaneis^  Pretorilias,  Commissariis  et 
aliis  quibuscximqixe  oûidalibos  et  sobditi^  nostrîs  présentes  Tisa- 
riSy  ut  predicta  omnia  et  slnguia  Hebreis  ipsis  infrascriptis  et  de 
qnibos  snpra  habita  est  oieatio*  inTioiabiliter  serrent  servariqoe 
lacxant  in  quibaseumque  terris  et  locis  tam  médiate  qoam  imm^ 
diate  nobis  snbiectis»  sab  [peia}  indignationxs  nostne  et  alia  (pMr 
yns  ariktrïo  nostro  impoofiida.  ^lon  obstantibos  ete.  aliqaibus  legi- 
bos^  jaribas>  statuttSv  privilegxis  et  ordinibixâ. . .  tam  iactis  qaim 
iKîendis  in  contruriom  qaomodocanqiie  disponentibas.  Quibus 
omnibos  et  singulis  gTtanttrm. . .  ^ie  quibos  in  ^'?^  nostris  literis  de 
▼erbo...  Êftcienda  foisset.  Qooniam,  à  q;aa  forte  sint  ccmtia,  pro 
expiessis  et  dasclaratis  baberl  Toiomos  et  jobemos.  Ad  quorom 
tidan  et  robor^  bas  nostras  deii  jossimas  et  regzstrari,  nostrlipifi 
maioris  sigtili  consoieti  appensioae  manirL 

Data  S  jic'  Ferrdiia?^  in  palatio  Curiae  nostrae,  anno  nativitaUs 
dominiez  Millesimo  quadnngentesimo  nonagesimo  tertio,  indictioi^^ 
ondifima.  die  primo  febnzariL 

ïlomiaa  sapradictorum  hebreorum  sont  infirascripta  :  mater^^ 
Sennone  dcdarata,  Tideiieet  : 

I .  Rabi  Santo  AbenamiaSv  et  soa  feTwtg<ta  ; 
î.  Don  Ferror  el  LeTi,  medico»  et  saa  Êamiglia  ; 

3.  Don  MoTsen  :Aba;iatia>  datiero  et  menradante,  et  sua  famiglia  ; 

4.  Don  Abraham  .Aben^amias^  mercadante  et  sua  famiglia  ; 

5.  Don  Abraham  ;Aba;iajda,  mercadante»  et  sua  famiglia  ; 

6.  Don  Abraham  ^Co  hen,  mercadante«  et  sua  famiglia  ; 

7.  Doua  Polonia  et  sua  fami^a,  mercadante  ; 
a.  Babi  DaTid  Marielu  medico  et  mercadante  ; 

9.  Don  Abraham  Marich,  mercadante^  et  sua  famiglia  ; 
la.  Mojsen  Abcdaâa  e  suo  frateIIo>  mercadante; 

11.  DonZachoen  i 

12.  Don  Abrahen  Choen       }    *^  ^  sue  doîie  che  sono  in  Ferrara 

13.  DonMoyse  Abenamias    I         ^um  la  sua  femiglia; 
14-  Santo  e  Isach  suo  fratello,  aragonese,  et  sua  fami^ia  ; 

15.  Mair  de  Callo  i 

16.  Abrabin  de  CaUo       i    ^^^  ^^  femi^ia,  artesani  ; 


NOTES  ET  MÉLANGES  121 

fT.  Ucjse  de  Franco  et  )     ,        ^     >i  ^ 
liMayseasi  )    et  sua  faraigha,  arlesam  ; 

19.  MoûialvaD  et  sua  famJglla,  artesano* 
H,  Hain  Franco  et  1  i-        i* 

«.  Simoel  Franco  |    ««ni  sua  fam.glia. 

Siffué  :  Hiero[kimus)  Maqnani[nusV]. 

Voici  quelques  observations  sur  la  liste  des  noms  des  Juifs  es- 
pagnols qui  vinrçnt  s'établir  à  Ferrare  et  qui  sont  mentionnés  à 
la  fin  de  notre  document  : 

SatUo  (n*"*  1, 14)  est  la  forme  espagnole  bien  connue  pour  Semtob; 

Àbenamias  est  Âben  NaJimias. 

Ferrer  (n*  2)  est  sans  doute  pour  Ferrer,  nom  très  répandu  en 
Espagne  chez  les  chrétiens  et  les  juifs, 

Dona  Pôlonia  (n*"  7)  est  probablement  Tabrëviation  de  Dona 
ippolonia. 

MaricH  (n^  8,  9),  nom  de  famille  inconnu  jusqu'ici  et  que 
BOQâ  ne  savons  pas  expliquer. 

Don  Zachoeii  (n^  11)  pourrait  bien  être  pour  Don  Zag  Cohen. 
Od  sait  que  Zag  —  Isaac. 

Calio  {n***  15,  16)  serait- il  Calo ,  localité  espagnole,  prov. 
Conmat 

Moyse(n^  18)  ;  le  mot  asi  qui  suit  paraît  n'être  qu'un  nom  de 
tmWe  mal  transcrit. 

Mmtalvan  (u"  19)  est  un  nom  tiré  de  la  ville  de  Montalban, 
àm  rAragon,  à  14  lieues  de  Saragosse, 

Les  professions  indiquées  sont  celles  de  marchand,  collecteur 
d'împ^Jls  {datiero),  médecin  et  artisan.  Ce  dernier  mot  signifie 
peut-être  cliirurgien  * . 

Je  ferai  une  dernière  observation.  M.  Isidore  Loeb  a  soutenu, 
daas  le  précédent  numéro  de  la  Revue,  que  le  nombre  des  Juifs 
«^gnols  qui  partirent  en  1492  ne  lut  pas  si  considérable  qu'on 
le  croyait  jusqu'à  présent.  Notre  document  est  une  confirmation 
,  éclatante  de  cette  thèse. 

Lëonellû  Modona. 


I  cifat,  en  Italie,  au  moyen  Age,  on  désignait  par  1o  mot  urtesano  celui  qa 
la  buM  dûnirgie  {QL  1  hébr.  \7y\H  fitSl^  =  medievs  arti/fm). 


122 


REVUE  PES  ETUDES  JUIVES 


LE  SCEAU  DIBRAIIAM  BAH  SAADIA  ET  LE  SCEAU  mjns» 


I 


Nous  soumettons  aux  lecteurs  de  la  Retme  une  idée  que  nous  a 
suggérée  le  sceau  d'Abraham  bar  Saadia  ijublié  Bevue^  XIV,  268. 
Pourquoi  la  légende  n'a-t-elle  pas  de  nom  de  famille  ?  Le  sceau 
appartenait  sans  doute  à  uo  Juif  espagnol,  et  les  Juifs  espagnols^ 
contrairement  à  ceux  d'Afriquei  de  Babylonie  ou  d'autres  paya 
portaient  des  noms  de  famille.  Je  pense  que  le  dessin  qui  est  ai      ,i 
centre  du  sceau  supplée  ici  au  nom  de  famille.  Ce  dessin  reprt?       M 
sente  probablement  le  calice  d'une  Heur  de  lys,  eu  hébreu  i^id      -Ï 
Notre  Saadia  appartient  donc  probablement  à  la  grande  famiU^^^e 
espagnole  des  Ibn  Schoschan,  dont  les  armes  auraient  été  un  lys 
Si  cette  liypothiXse  est  exacte,  elle  pourra  servir  de  clé  pour  Tex-  — ^ 

plication  d*autres  sceaux  espagnols.  Depuis  longtemps  on  sait  qu ^Ê 

les  dessins  des  sceaux  juifs  représentent  des  prénoms  (d'ailleur — *« 
exprimés  dans  la  légende}.  C'est  ainsi  qu'on  trouve  un  lion  poc^  «" 
Juda,  un  ours  pour  Issakar  (Béer),  le  bouclier  de  David  pour  Da^m.- 
vid,etc.  Même  sur  les  pierres  tumulaires  juives  de  Prague, 
trouve  le  dessin  d'animaux  qui  ont  quelque  relation  avec  le  no 
du  défunt*  Je  possi^'de  un  ancien  ras,  allemand  du  Nizzahon  k3o 
Liepmann  Mûhlhausen,  où  un  précédent  propriétaire  a  peint  uM-mo 
oie  (en  allemand  :  Oans)  dans  un  écu,  pour  illustrer  son  nom  *.ie 
Gansmann,  qu'il  a  signé  en  toutes  lettres  dans  le  ms.  L'hypothi^^s 
que  je  propose  a  aussi  pour  avantage  de  nous  laire  connal^r"* 
exactement  la  prononciation  du  nom  dlbn  Schosclian,  dont  Zu  ii 
a  écrit  Thistoire  [Zur  Oeschichie,  index,  s.  v.). 

Je  hasarde  une  autre  hypothèse  sur  le  Tsrrîïi^e*''  du  sceau  som- 
raairement  décrit  au  même  endroit  de  .la  Revue,  On  peut  sup^ 
poser  que  ce  singulier  assemblage  de  lettres  n'est  pas  autre  chose 
que  le  nom  de  Jean  (Johaones).  Le  sceau  serait  donc  chrétien,  o'est 
ce  qui  expliquerait  la  singulière  orthographe  de  la  légende.  On 
sait  comment  des  graveurs  chrétiens  ont  transcrit  par  les  lettr^^ 
rmsrr  le  nom  de  Jésus,  Ce  n'est  pas  là,  comme  on  l'a  supposé^  ^^^ 
mn*"  avec  td  de  -^ma  intercalé,  c'est  purement  et  simplement  uM^e 
orthographe  maladroite,  obtenue  par  tâtonnement,  pour  tran^^' 
crire  en  lettres  hébraïques  le  mot  Jésus.  On  a  beaucoup  ab*^*-^ 
du  n  chez  les* Juifs  et  les  chrétiens,  pour  la  représentatioxi     ^® 


c»n 


NOTES  ET  MÉLANGES  123 

voyelles.  Dans  les  inscriptions  juives  des  catacombes  publiées 
parÀscoli  ne  voit-on  pas  avec  étonnement  môme  la  voyelle»  re- 
pféâieûtée  par  un  n  dans  lasœrtTD  i  Dans  les  inscriptions  chr^- 
tîiiuiefl,  le  n  remplace  le  e.  Des  transcriptions  chrétiennes  comme 
celle  de  notre  sceau  ne  sont  pas  rares.  Il  n*est  pas  impossible 
Toiles  chrétiens  attribuaient  à  ces  mots  écrits  en  caractères  hé- 
breQX  une  puissance  magique ,  car  on  les  employait  dans  les 
, opérations  magiques  et  alchimiques.  Inversement,  on  sait  que 
|roo  se  servait,  pour  le  même  usage,  de  mots  écrits  en  lettres 
giwittes  ou  latines,  mais  composés  des  initiales  de  mots  hé- 
breux. Dans  a}xx\  je  crois  qull  n'y  a  pas  autre  chose  que  le 
troi^fais  saint  CTrp  o'^np  lûnp;  Agla  pour  -^^nn  ûbij'b  ma:^  nnH 
est  connu. 


Schicweiuiigue,  J aille t  1867. 


David  Kaufmann. 


n 


L'explication  donnée  ci-dessus  par  M.  Kaufmann  sur  le  sceau 
d'Abraham  bar  Saadia  est  des  plus  séduisantes,  Pidée  paraît  ex- 
oeileale,  on  peut  pourtant  y  faire  une  objection.  Dans  le  Jahr- 
huchfur  die  Geschichte  derJuden,  II,  p.  289  et  planche,  Lévy  a 
itproduit  un  sceau  qui  est  justement  de  cette  même  ville  de  Sé- 
villeoù  a  élé  trouvé  le  sceau  d'Abraham  bar  Saadia.  Si  Ton  com- 
pire  les  deux  pièces,  celle  du  Jahrbuch  et  celle  de  la  Reviie^  on 
€tt d^abord  frappé  de  la  ressemblance  extraordinaire  du  dessin. 
U  contour  des  deux  sceaux  est  exactement  le  mf}me,  et  la  division 
ttoompartiments  sur  les  deux  sceaux  se  ressemble  également. 
Uicèau  du  Jahrbuch  porte,  avec  le  prénom  du  propriétaire,  un 
nam  de  [famille  qui  n'est  pas  Schoschan  {c*est  Toderos  Halle vi 
b,  Samuel  Hallévi  b.  Allavi),  et  cependant  ce  sceau  présente,  à 
cliacun  des  quatre  frontons  qui  Tentourent,  une  petite,  fleur  de 
1/8  ;  ce  motif  d'ornementation  était,  par  conséquent,  très  usité 
â  Séville  et  employé  par  d'autres  personnes  que  les  membres 
de  la  famille  d'ibn  Schoschan.  Sur  la  fréquence  de  ce  symbole 
dans  les  monuments  de  tout  genre,  voir  Ad.  de  Beaumout,  Re- 
cherches  sur  Vorigine  du  hiazon  et  en  particulier  de  la  fleur 
éê  Ijfs,  Paris,  1853  (uuvrage  qui  nous  a  été  signalé  par  M.  John 
10?ieiU). 

'    Nou»  partageons  moins  Topinion  de  M.  K.  sur  Tautre  sceau. 
L'exécution  de  ce  sceau,  le  dessin  du  cartouche  centrai,  le  dessin 


124 


■ETCE  US  ETTUS  JUnrES 


des  lettres  liAnîq«Ms.lE>at  indique  que  ce  sceto  est  très  moderne, 
de  ce  siècle  oa  de  la  fis  da  siècle  dernier.  On  peut  s*en  conyaincre 
par  lu  repnNloction  que  noos  donnons  ici  de  cette  pièces  Or,  il 
nous  paraît  peu  probable  que«  dans  un  temps  si  rapproché  de 
nou5,  même  des  chnrtiens  aient  reprodoit  le  nom  de  Johannes. 
prononcé  si  Ton  Teat«  Jcrhannes.  d'une  façon  aussi  singulière  ! 


^••^^^4^; 


I>?  fC»^  M.  K.  r:>3:rî:.î»  pts  i?  ti:::rwa  c«  boeof  qui  est  au 
oc^trv  iz  $..">ra:i.  A  cause  i^  o^ire  f**::;*  €^  du  c  de  la  fin  de  la 
W««=?3r.  M.  P,  S:^cc>e3  Ssiroct»  ^^  I*  s«au  appartenait  à  im 
iMSL^>f<5f^U  :i=iii:^  Scieur  --C    ^  :!  irvcTr^it  presque  dans 
»ccr^  >ft«cs5e  ïlt  »m:  Im^nire  vVOzl*  :  r-r^  72  L"  i»  I^^".  ^ 
-r  r-r-  r«:  vc:r  S:f:::$cl=>rij3rr.  .Ma:.R>fL,  cv>I.  lS5:.îlais 
ce  r*«^:  -i,  sans  c.m:?,  -.ur  -rx.  A^:ar:ffis  ça*.  c"api^  unetra- 
^rtkd  ~:jf-.I.^-  iar.5  si  lir::  >  j^tr  :•*  rr.çr.etaire  actuel,  notre 
fèè»."*?  s*rr:i.:  >  sof-az  i":Lr  zr»*iiicv  5?  ^Ktr  îiZLîlie  Israélite;,  du 
cCCt  z:jLî^TT:>r\  fî  >  r':ci  5^  ijLZL:"j*  ?^în::  B:cj    j*  soeau  Tient 
d^AiLsCcrim.  a  -V  ^ .:*:■*  asstr:  .  tC  .>?  s^fra.;  ror  iiae  espèce  de 


dT'saiKYt'' 


r-^?  1-^  sora-i  rcrtfiTL.:  a*  c«eîp?  Timagc 


0S£  LaS3L 


1«  iiiesaa  «(^  iif«a)^>  v  ^i^vatt  «  * 


«  itBU.  «r  •  ■»*  ar 


NOTES  ET  MÉLANGES 


125 


LA  JUIVERIE  DE  JEREZ  DE  LA  FRONTERA 

EN  126G 


M,  Fidel  Fita  a  publie*  dans  le  Boleiin  de  la  Real  Acadmiia^ 

le  Madrid  (tome  X,  juin  1887,  p,  4G5  et  suiv.),  un  document  du 

lus  haut  intérêt  :  c'est  la  répartition  des  maisons  de  la  juiverie 

de  Jerez  de  la  Froetera  faite  par  le  roi  Alphonse  X,  après  qu*il 

eut  conquis  cette  ville  en  octobre  1264.  La  pièce  a  été  rédigée  en 

1266,  et  elle  lait  partie  du  cadastre  de  la  ville  dressé  à  cette 

époque.  L*original  est  perdu,  mais  une  copie  en  fut  faite,  par  les 

soins  de  la  municipalité,  en  octobre  1338,  et  c'est  d'après  cette 

■  copie  que  M*  Fidel  Fita  a  publié  le  chapitre  relatif  à  la  juiverie. 

l    La  pièce  décrit  les  maisons  l'une  après  l'autre.  Chaque  article 

■st composé  de  trois  parties  :  V  description  très  sommaire  de  la 

Bttaison;  2*^  énuraération  des  confronts  (le  précédent,  le  suivant, 

celui  de  derrière)  ;  S''  indication  du  propriétaire  à  qui  la  maison 

allouée  par  le  roi. 

l'est  pas  très  facile  de  faire  le  compte  des  maisons  et  des 
Propriétaires.  Les  noms  sont  souvent  estropiés  soit  par  le  premier 
tédacteur,  soit  par  le  premier  copiste,  ce  qui  rend  les  identifica- 
ions  difficiles;  il  y  a  des  personnes  qui  figurent  dans  Fénuméra- 
londes  confronts  et  qu'on  ne  retrouve  plus  dans  l'indication  des 
Propriétaires,  ou  inversement*  On  peut  supposer  que  le  premier 
Copiste  a  omis  un  certain  nombre  d*articles.  Toutes  les  fautes, 
iCtpendant»  ne  doivent  pas  être  mises  à  son  compte,  il  y  en  a  su* 
î^ment  qui  proviennent  du  rédacteur,  qui  n'a  pas  toujours  énu- 
ttéré  tous  les  confronta.  Les  maisons  étaient  probablement  très 
mchevétrées  et  cette  énumération  était  difficile  ' . 
Il  ni!  sera  pas  superflu  que  nous  notions  ici,  en  détail,  quelques- 
les  des  remarques  que  nous  avons  faites  sur  ces  imperfections 
incorrections  de  la  pièce .' 

Voici,  d  abord,  une  liste  de  personnes  qui  figurent  dans  l'indi- 
ilion  des  confronts,  et  dont  cependant  les  maisons  ne  sont  pas 
crites.  Ce  sont  :  Abraham  Atabac,  n^«  33  et  34;  Fi  Alexol, 
54;  hXy  Axucuri,  n°"  23,  24  (Xucuri)  et  25  ;  <^di^  fils  de  Mayr, 


ipit  :  J«cob  Anoc  (n*  î)  a  pour  controot  C^f^  Açot  (n"  2),  mais  ne  figtirc 
cottfiOQlA  de  c«  deraier.  Les   c«s  nualogues   sont  irèa  ffi^quôiils,  *-  La 
de  UajQQ  Aboelahmar  est  décrite  avec  ses  coûfronLa  au  d*  83  ;  dans  la  doc- 
ile c««  con(roDt«f  Hayon  Al^nelalimar  do  Ëgure  pas. 


\ 


laS  BEflX  M5  riUDB  JUIVES 

no  18  ;  Cimha  fille  de  Pamia,  n*  21  (aa  maison  a  été  omise  pfl^ 
erreur,  probablement  parce  que  la  propriétaire  de  la  maison  stii- 
Tante  s'appelait  aussi  Cimba  (n^  22)  ;  Cnleyma  Adarbi,  n*  Sl\ 
Falcon,  n«  81  ;  Salomon  Ballestero.  n«  17  ;  Samael  Hodeida,  n«*  % 
13, 14;  Aben  Rrahab,  n«24  (cf.  n«  19,. 

Le  rédacteur  est  amené  à  décrire,  à  côté  des  maisons,  des  est^' 
blia  et  des  solar^  mais  comme  certains  propriétaires  ont  des  ^O- 
lor  éloignés  de  leurs  maisons,  il  lui  arrive  de  décrire  deux  fois  o^s 
solar^  la  première  fois  lorsqu'il  décrit  la  maison  du  propriétaire  i 
la  seconde  fois  lorsqu'il  arriye  i  la  description  des  maisons  pnêe 
desquelles  se  trouve  le  solar.  Ainsi  le  solar  du  n*  54  paraît  et  ^ 
celui  qui  est  déjà  décrit  au  n*  35  ;  celui  du  n*  59  parait  être  cel  «i 
qui  est  déjà  décrit  au  n*  41. 

M.  Fidel  Fi  ta  a  déjà  proposé  un  certain  nombre  d^identificatio'an 
dans  les  noms  de  personnes,  nous  proposons  aussi  les  identifi(^  ^ 
tions  suivantes  : 

Alballe  du  n«  82  doit  être  Joseph  Alballe  des  n^  58,  63. 
Abrabam  Aicaal,  du  n«  58,  doit  être  Abrabam  AUeial,  n«fr^ 

et,  par  suite,  TAbrabam  du  nP  65. 
Çag,  frère  de  Lévi,  n?  65,  pourrait  bien  être  Çag  aben  E&Mkï 

dun<»61. 
Mossé  Alahem,  n?  33,  est  sûrement  Mossé  Coben,  n*  32. 
Cid,  n"  44, 45,  70,  87,  est  ûdiello  Alfayate,  n«  88. 
Ilaym  Ilalucan,  n"*  58,  est  Aben  Hajm,  n«  66. 
Iza  Ualbayl,  n»  31,  est  Ismel  Hallayn,  n«  30. 
Vellocid,  n»*  15  et  19,  est  Velocid  Ballestero,  n*  78. 
Samuel,  n<^  2  et  14,  est  Samuel  Hodeida,  n"*  13. 
Yucaf,  n®  71,  est  Yucaf  Abez,  n*  70. 

Il  est  clair  que  Çarrag  et  Barracb,  Çabbay  et  Çaii)ay,  sont  l^^ 
mêmes  noms. 

A  notre  avis,  la  liste  contient  93  maisons,  sans  les  solar  et  le^ 
estabHUf  plus  les  propriétés  de  la  communauté  juive,  qui  sont  r 
deux  synagogues,  la  casa  de  la  rherced  et  la  fondiga  de  Uf 
farina. 

Par  suite  de  Tinsufâsance  des  indications,  il  est  extrêmement 
difficile  de  ie  faire,  à  Taide  du  document,  une  idée  claire  du  plan 
de  la  juiverie.  Voici  cependant  quelques  notes  qui  pourront  aider 
à  débrouiller  la  matière. 

A.  Le  cadastre  décrit  d'abor4  un  pâté  de  maisons  comprenant 
les  not  1  à  14,  plus  les  n<^  80  et  82.  Il  le  décrit  en  descendant  la 
rue,  dans  Tordre  où  elles  se  suivent  (n^**  1  à  5  probablemex^t);  puis. 


NOTES  ET  MÉLANGES 


t27 


lia  rue  et  la  remonte  Jusqu'à  ce  qu'il  revienne  au  point 
[n^  14,  BO,  82] . 
Le  tableau  suivant  peut  donner  une  idée  approximative  du 

procédé. 


1          i 

80 

82 
14 

2 

Samuel  ilodeida. 

3 

i:^ 

4 

12 

5 

II 

elG« 

elc. 

B,  Un  second  groupe  de  maisons  est  décrit  de  la  même  façon, 
roals  plus  irrégulièrement,  dans  les  n*^"  15  à  31.  A  ce  point  est  la 
fi^fmùga  de  la  farina,  et  Fauteur  fait  un  crocliet  pour  décrire  le 
Moc  de  maisons  qui  s'y  rattache  ;  son  vrai  cliemin  eût  été  de  con- 
tinuer par  les  n*»^  76  à  78,  qui  Tauraîent  ramené  au  point  de  départ, 

C,  Les  n***  32  à  39  contiennent  précisément  ce  groupe  de  raai- 
ton«  qui  se  rattachent  à  la  alfondiga  de  la  faritia,  et  dont  nous 
irpnons  de  parler.  La  description  de  ces  numéros  forme  également 
cercle  et  le  n*  39  re^^ient  au  point  de  départ. 

D,  Les  n***  40  à  52  décrivent  un  groupe  de  maisons  qui  se  sui- 
ïeuUur  une  même  ligne^  et  qui  ont  pour  confronts  de  derrière,  h 
'origine  (n''  40  et  suivants)»  les  n^*  15  k  70,  et,  par  suite  d'un  acci- 
dent dans  la  disposition  des  maisons,  les  n*'  83,  87  et  90,  qui  sont 
iiTOère  les  maisons  des  n*"*  43  à  45  ;  les  maisons  n^*  46  à  52  de  la 

lière  ligne  n'ont  point,  sur  le  derrière,  de  ligne  parallèle  de 
nts* 
E.  Les  m*  53  à  64  forment  un  groupe  qui,  d'un  côté,  se  rattache 
ta  «•oî,  el^  d'autre  part,  a  [lour  centre  ta  maison  n"^  53,  La  rue 
1  probablement  un  coude  aux  n****  52*53. 

Les  n*>*  65  à  69,  probablement  disposés  sur  deux  lignes  de 

>iits  parallèles,  se  rattachent,  encore  par  un  coude,  à  ce  qu'il 

V  au  n*  64,  et,  par  les  \V^^  65,  69  (auquel  il  faut  joindre  81, 

iUa),  ils  viennent  rejoindre  le  point  de  départ  de  toute  la  des- 


128  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

cription  (Barzallaï.  n^^  1,  2,  80;  Polgar,  n»'  14,  82;  Castellaac 
Lévi,  Jamilla,  n»»  68,  69,  81,  53). 

G.  Les  n*»»  10  à  Ib  sont,  comme  nous  l'avons  dit,  les  confroal 
de  derrière  des  n*»«  40  à  43  (dans  le  groupe  D). 

H.  Les  n^'*  76  à  18  sont,  comme  nous  Tavons  dit  également,  1< 
confronts  de  derrière  des  n®'  15  et  suivants  (groupe  B). 

I.  Les  n^»  79  à  84  sont  disposés  auprès  de  la  Casa  de  la  mere^ 
(Bienfaisance)  et  c*est  pour  cela  qu'ils  sont  réunis  ici,  mais  ils  a  \ 
partiennent  tous,  plus  ou  moins,  à  un  des  groupes  précédemm^  ] 
décrits.  Le  n«  83  doit  être  .rapproché  des  n»»  45  à  48  (dans 
groupe  D). 

J.  Nous  ne  savons  où  placer  les  n°'  85  et  86,  qui  forment  i: 
petit  groupe  à  part. 

K.  Enfin,  les  n<»  87  à  90  sont  décrits  à  part,  parce  qu'ils  se  troi 
vent  près  de  la  porte  de  la  jaiverie,  mais  ils  appartiennent  £ 
groupe  D,  précédemment  décrit. 

On  voit  qu'en  réalité,  ce  cadastre  décrit  six  groupes  de  ma 
sons,  qui  sont  nos  groupes  A  à  F. 

Autant  que  nous  pouvons  en  juger,  le  groupe  D,  d'un  côté,  e 
le  groupe  E-F,  d'autre  part,  formaient  ensemble  un  coude  qui  re 
nait  s'insérer  à  l'angle  du  groupe  A,  à  l'endroit  où  celui-ci  portai i 
la  maison  d'Abraham  Polgar  (n®*  14,  82). 

Les  deux  groupes  B,  C,  formaient  probablement  entre  euxi^ 
coude,  où  se  trouvait  la  fondiga  de  la  farina.  Rien  n'indique  (^ 
il  faut  placer,  relativement  aux  autres  maisons,  ce  groupe  BC. 

Il  y  avait  une  synagogue  à  l'extrémité  extérieure  du  groupe  C^ 
et  une  autre  au  commencement  du  groupe  B.  Si,  contrairement 
ce  que  nous  pensons,  la  synagogue  du  groupe  B  était  la  môm^- 
que  celle  du  groupe  D,  il  est  clair  que  la  place  des  groupes  B-^ 
serait  trouvée. 

Il  y  a  eu,  à  ce  qu'il  semble,  deux  maisons  de  la  Bienfaisance  - 
[casa  de  la  merced),  l'une  au  centre  de  A,  l'autre  au  haut  de  hm 
à  l'endroit  où  les  groupes  E-F  venaient  rejoindre  le  groupe  A. 

ISIDORB  LOBB. 


fakite^iùmteiê  ffunçaU  qui  auiwat  Us  titres  hi^breuoi  ne  sont  pat  de  Vauieuf  du  livre^ 
mit  il  Van$4ur  tic  la  rccention,  à  moint  qu'elles  ns  soient  tntre  guHUmêts.) 

^^■^Tiflî'o  Gloses  talmiîdiqucs  d'ïsaac  b-  Moïse  de  Vienne,  3*  partie, 
jHibiie  par  Jacob  Mardocliée  HtrschcDsolin.  Jéniealem,  impr.  Chajim 
Iluwliensohn.  1887,  io-P  de  (3)-7S>  p. 

Les  deux  parUes  préc^denles  sont  celles  cjui  ont  ê\é  imprimées  À  Zitomir. 
Celle  3^  partie,  publiée  d'après  un  roanuscrit  ecffuisi  il  J  a  cavirou  deux 
•DS,  pat  le  UriLîsh- Muséum,  de  LoiiJres,  compreud  les  g'iosea  sur  BabB" 
Kamma.  Il  est  supertlu  du  signaler  aux  Lalmudisleâ  rutilité  de  cetLe  publi- 
ctUoii.  Elle  est  faîte,  matériellemeut,  avec  beaucoup  plua  de  soia  que  D*eii 
mettent  géoéralemeot  lea  éditeurs  de  Jérusakin. 

n^lH  n^a  Magazin  ffir  hebrâische  Literatur  und  Wissenschaft, 
c,  uud   Bellctrislik,  geschnobeu  voû  mehreren  Celobrîiaten,   edirt 
%\^  Grûber;  L  Jahrgang.  Jaroslau,  impr»  Ztjpnik  à  Przemisl,  1887, 
ï-^  do  xxii-132 -f  8  +  22  +  74  +  (il  +  3(1  p. 

U  est  imposâtbie  de  faire  une  publtcalion  plus  décousue  et  plus  em- 
liroiiillée  que  cet  Âunuaire  ;  la  pagiijatioii  seule  est  déjà  un  cbef-d'oBUvre 
de  désordre.  Où  M*  Gr.  a-t-il  pria  les  articles  posthumes  (f;  qu'il  nous 
dûose  t  U  oe  se  donne  pas  la  peine  de  noua  le  dire.  Dans  la  Bemtt^  XIV, 
t90,  nous  avoue  rendu  compte  des  81  premières  pages  de  cet  Annuaire, 
Toid  quelques  mots  sur  les  paires  siiivaDies,  P,  84^  Réponse  à  Id  recension 
du  p-»a:  •'H^C  f««ito  par  Abr.  Ehrlîcb.  —  P.  1^0,  Dobsewiti,  Extraits  d'un 
liit»  de  lui  aar  le  Targum  dt^a  Samaritains.  —  P.  97  à  I2r^,  Diverses  notes 
tabnudiquea  et  autres,  de  divers  auteurs.  ^^  P.  121  à  02,  Biographie  de 

i  Mardochée  Roaeafeld  et  David  Telile»  *-  P;  1-28,  Nouvelle  série  de  bio- 
^npbiae  (1e«  frères  Francès,  Leibelé  Prosliu,  Hayyim  Malakb,  et  autres). 
^  P.  I»  Notea  sur  llIiBloiro  des  Juifs  en  Pologne»  par  L.  Zunz.  —  P*  8, 
Pn>»]>eclus  pour  uoe  publicetiocii  sur  les  persécutions  en  Russie  des  années 

^f^(*-1(U9.  —  P.  13,  L.  Lcwysoba  :  Nom»  d'animaui  em  langues  étran- 
gAfsa  thtt  les  rabbins  juifs*  —  P,  lu,  Çomparaiflou  de  divers  passages 


130  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIYES 

d'Homère  «tcc  U  litiéntare  JoiTe.  —  P.  37.  Lettres  an  hébrea  de  Rcdi- 
lin  à  BoQAt  d<  Lattes,  de  Paal  Emiiien  à  L.  Beek,  de  Henricos  yr\hi. 
Le  lettre  de  Reochlia  n*est  pas  inédite.  ---  P.  41,  Sur  les  penécnlioM di 
Russie  1M%  et  1768.  —  Et  cela  condnae  ainsL  P.  1  à  64,  Poésies.  —  Poi, 
p.  \'26,  Contes. 

■rcnm  '^r.^  nn  Zur  Geschichte  der  jûdischen  Tradition,  par  J.-H.  Weiss; 
4«  partie.  Wien,  chez  l^auteur.  1887,  in-8«  de  (2)-367  p. 

Ce  Tolame  cidt  dignement  la  série  des  excellents  traTtox  de  M.  ^.  sar 
l'histoire  de  la  tradition  jaÎTe.  Il  contient  les  matières  suivantes  :  LàTie  15: 
Les  Saboréens  et  premiers  guéonim,  action  des  gnéonim,  R.  Siffion  de 
fin**^.  R.  Aha  de  Sabaha,  l'école  de  Pumbadiia  Jusqu'à  la  fin  duTi^s., 
K.  Jvhudaî  gaon  et  Têcole  de  Sora  jusqu'en  WOO.  —  Lirre  16  :  Les  Ct- 
raïtes  jusqu'à  la  un  du  vi«  s.,  leur  doctrine  et  leurs  études,  leur  propt- 
gande.  comparaison  avec  les  rabbanites,  serrices  rendus  par  eu  à  U 
science.  —  Lirre  17  :  Suite  de  l'école  de  Sora  et  de  celle  de  PumbidiU  ; 
R.  Cohen  Cédek,  Saadia,  Scherira,  Hai  gaon,  Samuel  b.  Hofni.  —  L.  IS  : 
Institutions  des  guéonim,  midrasch,  aggada,  cabbale,  grammaire  bébnî({iie 
et  lexicographie,  massora. —  L.  if:  Les  études  talmudiques  en  Ocddeat, 
Espagne,  Provence,  Iulie,  France  et  Allemagne.  —  Nous  signalons  par- 
ticulièrement le  chapitre  sur  les  Caraltes.  M.  Weiss  a  émis  sur  leur  his- 
toire plusieurs  idées  très  intéressantes.  Il  a  montré  quels  éuieni  l«rs 
rapports  matériels  et  intellectuels  avec  les  Musulmans  et  expliqué,  par 
ces  relations,  la  situation  humiliée  de  leur  parti  et  Torigine  de  quelques- 
unes  de  leurs  doctrines.  Il  a  aussi  prouvé  que  plusieurs  des  mesures  tt  dsa  \ 
décisions  rabbiniques  des  guéonim  ont  pour  but,  sans  qu'on  s'en  doutât  jos* 
qu'à  présent,  de  combattre  les  doctrines  caraltes. 

l  \7JJ'C\  ll'l  'o  «  Sefer  Haschlamah,  œuvre  talmudique  acheTani  les  œuvres 
de  Rabbi  Isaac  Alphasi,  par  Rabbi  Meschoulam  fila  de  Moïse  fils  de  Jnda 
de  Béziers...  éditée  pour  la  première  fois,  commentée  et  accompagnée 
d*UDe  préface  intitulée  Thorath  Uaschlamah,  par  le  rabbin  Juda  Lubetzki. 
l"*  partie,  Baba  Mezia.  »  Paris,  Versailles,  impr.  Cerf,  1887,  in-r  allant 
de  f»  51  à  f>  74. 

La  partie  précédente  a  été  publiée  en  1885  ;  voir  la  recension  de  M.  Ad* 
Neubauer,  JSevue,  XIU,  p.  133. 

ÛTPn  P^irr  rran  Compte  rendn  de  la  Société  de  bienfaisance  Ezrat  NU" 
dakim,  de  Jérusalem,  4*  année,  5647.  Jérusalem,  s.  impr.,  (1887),  in-S** 
de  36  p. 

qOT  r>ir'2  a  Hand-Boock  of  Hebrew  Abbreria  lions  wilh  tbeir  explana- 
tioDs  in  Uebrew  and  English  for  the  use  of  students  of  tbe  oral  Law  and 
rabbinical  Literature,  by  Joseph  Ezekiel,  Uead  master,  David  Sassocn 
BeneTolent  Institution,  secretary  to  the  Bene-Israel  improvement  society, 
and  fellow  of  the  university  of  Bombay.  Bombay,  Anglo-Jewish  and  tct- 
nacular  Press.  1887-5647,  in-8«  de  ii-124  ^1)  P-,  plus,  en  tête,  3  ff.  de 
titre  et  dédicaces. 

L'ouvrage  n'a  pas  de  prétention  scientifique,  M.  Perreau,  qui  a  pubUé 
de  SI  boM  recueUs  sur  la  matière,  le  trouverait  peut-être  faible,  mais  fait 
par  un  Beni-Israél,  à  Bombay,  et  par  un  auteur  digne  de  toute  sym- 
pathie, U  mente  d'Ôtre  signalé  aux  historiens  plutôt  encore  qu'aux  Ullé- 
lateurs. 

V(rw  b»  ni"Tn3r»  nimpb  Beitr&ge  xur  Geschichle  der  JudenyerfoliranKen. 
Ton  JOM.  Qurland.  Sep«at  Abdruck  «os  dem  Jûd.  Uler.  Maga^Von 


BIBLIOGRAPHIE 


13f 


Grûber.  Jaroslaw,  impn  Zupoik,  KnoUer  et  Hammersclimidi,  1887, 
•  dû  32  p. 

Persécatiooa  en  Russie,  anoées  lG4â  et  1703. 

r>5"l  «rG*ï'»n  imn  y^^^  T:i:ib^  ma^O?:  voyages  de  Solomon  Rinman,  de 
"uchin,  dans  Tlnde,  la  BiroiaDie  et  la    Claiiie,   augmenté  et  édité   par 
Scbur.  Wien,  inipr,  Georg  Brog,  5647  ;1887),  in-8°  de  204  p. 

L'ouvrage  a  paru,  en  partie  du  moiof  ^  dans  le  Schachar^  aonée  XI I.  Il 
contient  un  certaiu  oombro  de  TeDsei^Demcuts  sur  les  Juifs  de  Sue?.  lp«  7), 
Adcn  [p,  0  et  15),  Bombay  (p.  Û7  à  112),  Cochiu  (p.  S7  et  auiv.)»  Calcutta 
(p.  182  à  184J,  autres  parties  de  Hade  (p.  107,  lOd)* 

"nib  zb  "^O^yJZ  Aua  Lion  Gomperz'  Dacbgelassencii  Schriflen,  lie- 
[rausgg,  Yon  Sigmund  Gomptîrz.  Wien,  libr.  Cb.-D.  Lippe,  1887,  ln-8'^  dû 
\  XTi-102  p. 

LVuvrage  contient  des  notes  sur  le  Pentat«uque,  (jueiqu&B  prophètes 
(p.  fS  à  5G),  les  Psaumes,  les  f Proverbes,  Job  et  d'autrea  Hagiograpbes, 
sur  le  texte  do  certaines  parties  du  rituel  des  prières,  eoilo  une  sorte  de 
consultation  sur  la  question  de  savoir  s'il  est  permis  de  se  couper  la  barbe 
aux  demi- l'êtes  de  Pâque  et  Succot.  Pour  apprécier  cet  ouvrage,  dout  i'au* 
tear  est  mort  à  Woog-Neustadl  en  t85t,  il  faut  le  placer  à  sou  temps  et 
dans  son  milieu,  les  pbilologues  et  exégètea  modernes  n'en  tireront  pas 
graud  protlt,  mais  il  est  un  témoignage  bonorable  da  la  sincérité  scicnli- 
Gquo  et  de  la  droiture  intellectuelle  de  Tauleur,  Ou  est  à  peine  eu  droit 
d'itteortfe  des  idées  et  des  méthodes  aussi  saines,  relativement,  d'an 
homme  de  sa  géDérattou.  L'iutrodnctîon  de  M.  David  KaufmeQu,  et  la 
biographie  de  Tauteur  par  Josef  Weis» ,  sont  partîculièremeui  intéres-^ 
lantis,  M.  D.  KaufmaDn^  avec  uu  soin  pieux,  a  oherohé  à  reconstituer 
rhistoiro  et  la  généalogie  de  h  famille  Gompcrz,  et  il  est  arrivé  à  remanier 
jusqu'au  xvii°  siècle.  Il  y  a  probablement  peu  de  famiïlea  juives  dont  la 
Gliatiou  puisse  être  suivio  aussi  Loin  et  déjà,  par  la,  cette  iotroduetion  est 
luae  curiosité.  La  famille  Gomperti  est  ortgiîiaire  d'Ëmmerîch,  d'où  elle  a 
péssé  à  Qèves,  son  nom  de  famille  a  été  tantôt  Bmmerich^  taulôt  fitTi^bp, 
ou  C(^bp  ou  Èl'^'^bp  (de  Clèvesl,  Elle  a  compta  uu  grand  oombro  d'hommes 
distingués  par  leur  science  ou  par  les  services  qulb  ont  pu  rendre  aux 
Juifs  comme  admiDisirattiurs  des  commune u tés,  et  grâce  k  la  faveur  dont 
ib  jouJasaieut  auprès  des  autorités.  Elle  était  alliée  aux  descendants  de  la 
faoïêoaa  famille  Wertheiui,  de  Vienne,  et  le  grand-père  de  notre  Lîoq 
avait  épousé  uoe  hlle  de  Leib  Wertbeim.  Samsoti  Gomperlz,  fils  de 
Ttutatir.  at  éditeur  de  cet  ouvrage,  est  le  boau-père  de  M.  D.  KaufmaDUi 
notn  excellent  et  savant  collaborateur. 

T1^  *l^7  comprenant,  diaprés  le  litre,  toutes  les  prescriptions  négatives  et 
"  ^nii\rii&  provenant  da  Sioai  et  destinées  buï  Israélites,  pltjg  les  près- 
lotions  orales  du  mdme  genre  et  de  môtne  origine.  Jérusalem,  Impr* 
|»*t>,  (David?)  Frùinkin  (qui  est  Fauteur  du  livre?),  s,  d,  (1887),  in-8''  de 
'^  !•* 

ri*ir:3  b?  Histoire  de  la  Babylonie,    des  Juifs  de  cette  région,   les 
J'^ach  Galuta,  synagogues,  ccoloSi   études,  hommes  remarquables,   par 
*aliman  Hirscb  Gezow.  Varsovie,  impr.  Leviuski,   1887  (le  titre  porte, 
*r  erreur,  1878],  in-S**  de  iv-152  p. 

n  y  a  du  b)Q  dans  cet  ouvrage,  quoique  Texposé  dea  fait?  soit  incom- 
plet et  firagmeotaîrc. 

mlr^*^^  *»ÈtSTl  mbin  IN  117  Oinc  Pardca    David  odcr   Gescliichtc    der 
l^ctiscliûu  Aerztc  At^it  Aniul^rung  ib^ar  Worke  vou  der  âltcsteu  Zclt  bis 


132  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

auf  unscro  Tagc  hcrauf,  mil  Ilinzufûguug  cincr  gcdrângten  Litcratm 
gcschicble,  Geschichle  der  Arzncikunde  im  Allgcmeincn,  wie  sic  sic! 
nach  imd  nach  cntwickclt  bat,  mil  Anfûhruug  aller  heidnischen,  chri 
sllichcn  und  mohamedanischen  Acrzte  ;  bearbcitet  von  David  Holob 
Separat-Abdnick  aus  dem  Ilascbacbar,  Jabrg.  XI  u.  XII.  Zweiter  Tbeil. 
Wien,  impr.  Georg  Brog,  1884  (paru  1887?).  in-8o  de  145  p. 

Le  titre  promet  beaucoup  et  met  en  défiance  ;  il  y  a  sans  doute  de  boDoes 
choses  par  ci  par  là  dans  cet  ouvrage,  mais  nous  craignons  qu'il  ne  con- 
tienne aussi  beaucoup  de  verbiage  et  des. développements  qu'on  troavenil 
tout  aussi  bien  ailleurs.  Que  peut  dire  de  nouveau  M.  Hol.  sur  Mûmo* 
nide  ?  il  lui  consacre  néanmoins  les  pages  92  à  145.  C*est  beaucoup  trop 
pour  ne  rien  dire  qui  ne  soit  archi-counu. 

^1*^  TVf2^  RaccoUa  di  Inni,  odi,  sonclli,  epitaffl  cd  elcgic  nel  sacro  idioma 
di  Moisè  Giacomo  OUolengbi,  Livorncse.  Salonique,  impr.  Ez.  Ackain 
(Eç  ba-hayyim),  1887,  in-8*>  de  72  p. 


2.  Ouvrages  en  autres  langues. 


Analele  societatii  istorice  luliu  Baraseb.  Anul  I,  1887,  Bucbarcst,  iml 
Eduard  Wiegand,  1887,  in-8o  de  111  (1)  p. 

La  société  bistorique  Israélite  appelée  Jules  Baraseb,  dont  nous  av< 
annoncé  la  fondation  à  Bucharesti  vient  de  publier  ce  premier  Annuai 
Il  fait  bonneur  à  la  Société,  c'est  un  recueil  de  travaux  importants  p 
l'histoire  des  Juifs  en  Roumanie.  Par  ces  études,  la  Société  exercera  ■ 
excellente  influence  sur  les  israélites  roumains  tout  d*abord,  elle  leur  < 
prendra  à  connaître  leur  passé  et  à  Taimer;  elle  apprendra  aussi,  à  c^ 
qui  veulent  le  savoir  et  mSme  à  ceux  qui  ne  le  veulent  pas,  que  les  Ji: 
ont  un  passé  en  Roumanie,  que  leur  histoire,  dans  ce  pays,  rernoot* 
une  haute  antiquité,  et  qu'ils  ont  vécu  pendant  des  siècles  sur  le  sol 
la  patrie.  Voici  la  liste  des  articles  de  cet  annuaire  :  1.  Ancienneté  • 
Juifs  en  Moldavie  et  en  Valachie  ;  2.  Langue,  port,  coutumes,  cuitu 
états  et  professions  ;  3.  Situation  légale  et  coutumière  (dans  le  pas? 
4.  Persécutions  et  autres  actes.  (Ces  quatre  chapitres  sont  de  M-  T 
Schwarzfeld.  premier  secrétaire)  ;  5.  Biographie  de  Jacob  Psantir,  aut 
d'écrits  en  hébreu  sur  l'histoire  des  Juifs  en  Roumanie,  par  Lazare  S 
neanu  ;  6.  Liste  de  documents  inédits  recueillis  par  la  Société.  Le  p 
ancien  de  ces  documents  est  de  1724. 

Annuaire  des  Archives  israélites  pour  Tan  du  monde  5648,  4*  année.  \ 
H.  Prague.  Paris,  au  bureau  des  Archives  israélites  (1887),  in.8o  de  110 

Contient,  outre  le  calendrier,  les  articles  suivants  :  1^  H.  Pragt 
Revue  de  Tannée  Israélite  564Ô-5647  ;  29  Léon  Kahn  :  Un  Te  Deutn  à 
synagogue  de  la  rue  Saint-Avoye  en  1811  (à  propos  de  la  grosse^se 
l'impératrice  Marie-Louise)  ;  3^  Léon  Kahn  :  Souvenir  de  Jacques  OlTi 
bach  ;  4**  L.  Lazard  :  Note  sur  la  légende  du  Juif  de  la  rue  des  Bille 
(1290).  Cette  publication,  on  le  voit,  continue  a  être  intéressante. 

Bloch  (J.-S.).  Aus  der  Vorgangenheit  fur  die  Gegenwart,  social-  und  liU 
turbistortscbe  Vortrage  und  Essaya.  Wion.  libr.  Hugo  Engel,  1886,  in 
do  258  p. 

La  plupart  de  ces  Essais  ou  tous  ont  déjà  été  publiés  séparément, 
voici  U  liato  t   1 .  Les  iravaillears  chez  les  anciens  (avec  vues  et  coo 


BIBLIOGRAPHIE 


ISS 


raisons  inl4res^ateB  pour  Thisloire  du  Judaïsme)  ;  2.  Le  droil  de  domicile 
el  le  droil  du  pauvre;  3.  Ecole  éLémanlaire  chez  les  andeus  ;  4*  Lo  droit 
■H  travail;  5.  Corruplion  danâ  la  âociélé  moderne  ;  Û,  Lea  lalmudistes 
eeelésias tiques  dans  la  chambre  des  députés  bongrois  ;  7,  Le  *  Naiban  * 
de  Lessiogf  S.  Jeaa  Bodin,  précurseur  de  Lessiag. 

[  (J.-SO-  Der  natîonale  Zwist  und  die  Juden  Iq  Oesterreich-  Wiea, 
(t.  II.  Gôltlicb,  1886,  ia-8'»  de  92  p* 

ne  of  Àoglo-JewiBh  bistorical  Exhibition  1887,  Ho^F^al  Albert  Hall, 
lof  fopplemealarj  EihtbiHoos  lield  al  Iho  public  Record  OlficCt  Brt- 
,  Muséum,  South  Kûiislnglon  Mysêum.  Loudres,  impr.  W.  Clowes^ 
ifî,  in-S*»  de  xxvi-2t>6  p.  (Voir  Taiialyso  de  ce  catalogue  dans  la  Revue 
iliographique  précedeute)* 

(ÂTigdor).  Apologie  des  Juifs^  étude  historique  et  li lierai ra  sur 
it  politique  et  social  des  Jtiil's  depuis  Ib  cbute  de  Jérusalem  jusiqu'à 
30S.  Paris,  libr,  Vieweg»  1887,  in-8''  de  319  p. 

Cbap.  i^^'t  depuis  la  chute  de  Jérusalem  jusqu'à  Charlemagne  ; 
chap.  U,  depuis  Cbarlemague  jusqu'aux  tosaûstes  eu  1  H)5  ;  chsp.  tu,  depuis 
les  tOfafistes  jusqu'à  la  destruction  des  écoles  en  1306^  M.  Chaikia  a  de 
la  leotuxe,,  il  a  conitutté  un  grand  nombre  d'ouTro^^es,  ses  notes  sout  rem- 
plies de.dlationSf  de  renvois,  de  reuseipiÊments  bibltographlques^  il  s'est 
laontré,  dans  cet  ouvrage,  compilateur  ditigent,  et  Ton  peut  espérer  qu'avec 
Il  préparatioD  qu'il  parait  avoir^  il  s»ura  mettre  plus  tard  dans  ses  tra- 
vaux plus  d'indépendance,  de  mi^thode  et  de  critique-  L'appareil  scienti- 
fique des  notes  est  souvent  une  enseigne  Iroropeuiie,  et  tout  n'est  pas 
également  bon  h  citer.  En  plus  d'un  endroit,  il  nous  semble  reconnaître 
lorifài^^  de  lous  ces  titres  accumulés,  mais  ce  n'^esl  rien  encore.  Une  apo- 
logie maladroite  fait  plus  de  mal  que  de  bien.  Il  faut  avant  tout  ne  pas 
aller  répéter  ces  phrases  stéréotypées,  inventées  par  les  etmemis  des  Juifs, 
et  que  les  Juifs  eux-mêmes  ont  acceptées,  parce  qu'ils  ne  connaissaient  pas 
leur  histoire  et  qu'elles  sont  monnaie  courante.  Voici,  pour  commencer^ 
la  première  phrase  de  l'ouvrage  :  •  hss  Israélites,  disp^irsés  aux  quatre 
coina  de  La  terre,..*  Cela  n'est  pas  exact,  les  Israélites  ne  sont  pas  si 
dispersés  que  cela,  ils  ne  sont  pas  aux  quatre  coins  de  la  terre,  il  y  a  des 
pays  immenses  oii  il  n'y  a  pas  ou  guère  d'Israélites,  à  certains  égorda^  les 
Allemands  et  les  Anglais  Eont  au  moins  aussi  dùpersés  ;  cette  fameuse 
<iisp«rsion  est  une  idée  des  théologiens  chrétiens,  qui  y  ont  vu  un  signe 
de  la  colère  divine.  Je  continua  :  *  ...ont  puisé  dans  les»  souvenirs  de 
lear  pays  natal  les  sujets  des  magnîliques  compositions  du  Talmud.  >  C'est 
ibsolumeot  faux  à  plusieurs  égards,  el  cela  n'a  ni^me  pas  de  sena.  Plus 
)om  (p.  10,  note),  nous  apprenons  que  les  talmudistes  connaissaient  le 
chloroforme*  Pourquoi  pas  le  téléphone  et  le  traitement  de  la  rage  f  El 
dans  son  ensemble,  tout  cela^  c'est  un  peu  du  vorbiage,  un  verbiage  qui 
oe  uian<[ae  pas  d*un  certain  goût  et  qui  fait  que  Ton  s'intéresse  au  jaune 
loteur, 

\n»m  i^.-U.)  08  Lk  Saussaye.  Lehrhuch  der  Religionagescbichle  ; 
^tolume,  Fribourg  in  Brisgau,  Hbr,  Mobr,  1887,  m-S**  do  x^65  p. 

Cottrte  caractéristique  de  la  famille  aéniitique,  p.  '2t4-2'2t.  —  P.  313-31  S, 
chtpitre  intitulé  E^'ypte  et  larafîl.  (L*auteur  croit  qud  l'Egypte  n'a  exercé 
âiicnne  influence  directe  sur  le  Judaïsme.) 

fOiiûscriptiontim  somiticaruin  ab  Academia  ÎDscrîplionum  et  litlera- 
lmmADioruiii  coudituui  âlque  dige&lum.  Pars  prima,  inscrîptiones 
kSttidas  coutioeDs.  Tomus  I,  lascicul.  4.  Paris,  impr.  uai.,  1887. 


134  REVUE  DES  ËTtTDES  JUIVES 

DRBsmcANN  (Otto).  Die  Juden  in  Aachen,  Historische  Ueberaicht.  Aix-la- 
Gtiapelle,  M.  Jacob!,  18B7t  in-8o  de  24  p. 

11  est  BÙr  qu'il  y  a  eu  des  Juifs  à  Aix-la-Chapelle  du  temps  de  Chir- 
lemagne  ou  de  son  successeur,  un  capitulaire  de  cette  époque  le  prouve, 
mais  il  est  probable  qu'ils  y  ont  vécu  auparavant  et  peut-être  du  temps  des 
Romains.  La  persécution  dut  amener  à  Aix  beaucoup  de  conversions,  l'obi- 
tuaire  de  TÉglise  Sainte-Marie,  au  xiii^  siècle,  contient  des  Jacobus  Ju- 
deus,  Godefridus  Judeus,  Willelmus  Judeus,  etc.  Ici,  pas  plus  qu'ailleurs, 
les  Lombards  ne  manquaient  pas,  ils  font  presque  oublier  les  Juifs,  ou  se 
plaint  de  leur  usure  au  moins  autant  et  aussi  souvent  que  de  celle  des 
Juifs.  On  ne  sait  si  en  1348,  époque  de  la  peste  noire,  et  dans  les  anné^ 
suivantes,  il  y  a  eu  des  Juifs  à  Aix-la-Chapelle.  Pendant  deux  siècles  il 
n'est  pas  question  d'eux,  sauf  une  seule  fois.  M.  Drea.  ne  croit  néanmoins 
pas  qu'ils  aient  été  expulsés. 

DURLA.CHBR  (E).  Joseph  et  ses  frères.  Paris,  chez  l'auteur,  1887,  in-8<* de 
47  pages. 

Le  midrasch  n'est  pas  mort,  cette  publication  prouve  qu'il  sait  encore  j 
vivre  et  se  renouveler  en  plein  xix®  siècle  et  dans  ce  Paris  affairé  qui 
semble  poursuivre  tout  auire  chose  que  ces  rôves  ailés  et  légers.  Mais 
M.  Durlacher  a  son  coin  bien  tranquille,  où  il  peut,  à  son  aise,  suivre  le 
vol  et  le  gentil  jeu  d'ailes  du  papillon  midraschique.  M.  D.  est  un  sage 
et  un  heureux.  < 

Bnogh  (Joseph).  Das  AchtzchDgebet  nach  seiner  sprachlichen  und  geschi- 
chtllchcn  Enlwickelung  dargestellt,  als  Beitrag  zur  Gcsch.  der  jûd.  Lite- 
ratur.  Kreuznacb,  impr.  Oscar  Lehmann,  de  Mayence,  1886,  in-8®  de 
41p. 

Contient  les  trois  chapitres  suivants  :  l**  Histoire  de  la  première  rédac- 
tion des  prières  juives  ;  2®  Sur  la  langue  dans  laquelle  furent  rédigées  les 
premières  prières  juives  ;  3**  Analyse  des  dix-huit  bénédictions.  C«Hte 
étude  ne  contribuera  pas  beaucoup  à  la  critique  du  texte  des  dix-huit  béné- 
dictions. 

FiTA  (Fidel).  Esludios  historicos.  Coleccion  de  articulos  escrîlos  y  publi- 
cados  par  el  R.  P.  Fidel  Fita.  Tomo  VII,  El  santo  Nifio  de  la  Guardia. 
Madrid,  impr.  Fortanet,  1887,  in-8o  de  162(2)  p. 

Nous  avons   déjà  parié  (Revue,   XIII,  258)  d'un  travail   antérieur  de 
M.  Fita  sur  cet  enfant  de  La  Guardia  qu'on  avait   accusé  des  Juifs  d'a- 
voir tué  (en  1490).  M.  Fita  nous  donne  aujourd'hui  une  belle  collectioa 
des  actes  du  procès,  qu'il  a  publiés  avec  une  science  consommée.  L0 
volume  contient  68  pièces,  plus  divers  mémoires  et  notes.  Les  68  pièces 
publiées  se  rapportent  presque  toutes  au  procès  fait  à  l'un  des  accusés, 
Jucé  Franco,  de  Tembleque  ;  les  pièces  du  procès  fait  aux  autres  accusés 
n'ont   pas  été  retrouvées.  Nous  reviendrons  une  autre  fois  sur  cette  pu- 
blication. —  Voici  quelques  notes  sur  divers  passages  du  texte  des  actes. 
P.  35.  Aliha  honeni,  prière  dite  à  l'issue  du  samedi  pour  marquer  la  sé- 
paration du  samedi  et  de  la  semaine,  est  sans  doute  le  morceau  qu'on  in- 
tercale, le  samedi  soir,  dans  le  4«  alinéa   du  Schntoné  essr^.  Lire,  sans 
doute,  i3:n  -^nb»  ^hhai  honmêmi,  —  P.  37.  L'eau  donnée  par  les  narines 
(l.  16)  parait  être  l'eau  du  baptême,  l'eau  bénite,  qui  fait  que  la  personne 
qui  parle  s  appelle  Bénite.  —  P.  57.  Les  onze  ans  ne  peuvent  pas  s'expli- 
quer par  TIW,  qui  est,  du  reste,  peu  usité  ;  il  aurait  fallu  ntS^   -^niDy. 
Ziï'll:S'^'\  ^"^""l''  ®"  ^^^'-  f»l>binique  nn-^TD.  —  P.  86.  Tisaheaf  esi 
?Sf  J?  fjl,      ^    n""  J"   ^  •^^  *^  ^^'^  ^^  !•   P"è'«  ti«û    connue  du 
mT^n.2  >S'  ~        fj  ''^'^  ^'  ^"*  ^•^'3.  -  P.  103.  Pour  le  oddcayon 
qui.   aussi  bien  que  oddoays  («-.fitr,  ^ni»),   doit  désigner  Jésus,   nous 
pensons  proviaoïrwnent  qu'il  faut  UraoddoagoV  ^lan  im». 


BïBLlOGRAPUlE 


r^ 


ÎHE  (Hèrmanb),  Ueber  Bcdcuttang,  înbaït  und  Aîtcr  des  Sopher  Haj- 
icliaf,  Beitrag  zur  Gcschiclile  dor  jndischen  Lilûralur.  Leipzig,  libr. 
totav  Fock,  1867,  in-8°  de  4l  p. 

Il  8  igit  du  ^Crt  'D  tie  la  Bibip;  Tayteur  Iraduit  ce  titre  par  •  Le 
livre  (de  leciare)  du  brave  homme  *.  11  croit  que  ce  livre  est  identique 
•tec  le  *H  niîQ*ljî3  'D,  qnii  était  formé  d'un  recueil  de  morceaux  édi- 
fiants avec  tendances  politiques  ou  religieuses*  D'après  la  langue,  le  livre 
seraic  des  derniers  temps  de  la  royauté.  L'auteur  veut  que  diverses  parties 
de  la  Bible  (Cantique  de  la  mer  Roupe,  taniique  de  Débora,  3"  chapitre 
d^Habacuc}  aient  fait  partie  de  ce  livre,  mais  ce  sont  des  conjectures  ipii 
n*ont  pas  de  fondement  sérieux. 

ffXR  IM.).  Greeko-SIovoDic.  Ilcheslcr  Lectures  ou  Greeko-Slavouic  LiLe- 
mrt  ttod  its  relalion  lo  Ihe  Foîk-lorc  of  Europe  durtog  tbe  Middle- 
fchwtih  two  AppoDdIces  and  Plaies.  Londres,  tîbr.  Trubacr,  1887, 
pie  x-2^  p. 

j  L'ouyrsge  de  M*  G.  contient  un  grand  nombre  de  vues  intéressantes  sur 

rinstotre  des  iég^endea  et  des  contes  des  Juifs  et  leurs  rapports  avec  les 
productions  iimiliaires  de  la  littérature  chrétienne.  Nous  ne  parlerons  ici 
(^ue  de  la  remarquable  étude  de  M.  G.  sur  la  BihU  hUtorialt  (p.  147  et 
iuiv/.  Cette  Bible,  qui  a  deâ  furmes  diverses,  contient  les  faits  de  Fbis- 
lûire biblique  eorichis  de  légendes.  M.  G.  croit  qu'elle  est  faite  d'après  un 
oarrage  slavonique  analogue  et  qui,  d'après  lui»  serait  plus  aocien,  c'est  k 
Palst.  Mais  la  Paltea,  à  son  tour,  aurait  pris  une  grande  partie  do  ses 
léigondeft  dans  les  Midraschim  juifs  ou  d'origine  judéo-chrédeunef  le  Livre 
dfls  Jubiiléfi  les  Pirké  de  Rabbi  Eliézer,  le  Siftf  ka^^asekar.  Le  Mf/tféf9 
du  tH>/  Ttst4um0ntt  publié  par  feu  M«  le  baron  Jaiïies  de  Rothschild,  a  em-^ 
pruDté  ses  légendes  à  cette  littérature  de$  Bibles  bistarialea  et  des  ou* 
vrij^es  analogues,  D'Orient  la  Pela^a  serait  venue  en  Fraoce,  M.  Gaster 
sDppose  que  ce  sont  les  Vaudois  qui  ont  les  premiers  propagé  ces  traduc- 
tions de  la  Bible  illustrée  de  légendes^  et  que  ces  VauJois  et  autres  bé- 
récitfnes  n'ont  pas  maoquéi  pour  leurs  cBuvres,  do  consulter  les  Juifs,  avec 
laequeis  il«  auraient  eu  de  nombreuses  relations  (c'est  un  point  qui  n'est 
pas  encore  bien  établi).  Ces  paraphrases  de  la  Bible  en  langue  vulgaire, 
■Tant  une  pareille  origine,  devaient  être  taxées  d'hérésie  et  elles  furenti  en 
tSéU  proscrites  d'abord  par  l'Eglise.  La  Bible  des  Pauvres,  dont  on 
M  cijnnaU  pas  bien  l'origine  et  dont  le  nom  mdme  est  obscur,  serait  la 
Bible  d'une  de  ces  sectes  hérétiques ^  celle  qui  s'appelait  les  Pauvres  de 
Lyon* 

sHiiMEB  p.).  Die  Vaticaniache  Handschrift  der  Ilalacboth  Gedoloih 
procbeti  und  in  Auszûgeu  mitgelïioilL  Beilage  zum  Jabrcsbericbte  des 
kbitier-S^rmiiiars  zu  Berlin  5645  (1885-86).  Berlin,  imp.  H.  lizkûwskî, 
rr),  in-8*^'  de  42  p* 

Cette  étude  forme  une  espèce  dHntrodnction  à  f  édition  du  as.  des  halA~ 
àkût  f «dotai  qui  se  trouve  dans  fa  bibliothèque  du  Vatican  et  que  M.  Hîld. 
va  publier  pour  la  Société  M'kize  Nirdamim*  Le  sa  vaut  directeur  du  aé- 
tnmaire  rabbinique  orthodoxe  de  Bf^rlin  est,  il  va  sans  dire,  des  mieux 
préparés  pour  no  travail  sur  les  halakhot»  11  ne  sullit  pas,  pour  faire  ee 
traraîl,  de  connaître  les  deux  Talmud,  il  faut  aussi  Otro  familiarisé  avee 
]•«  ouvrages  de  casuistique  écrits  jusqu'au  xv^  siècle  au  moiiïs,  comme  on 
peut  le  voir  par  le  5"  chap.  de  1  étude  de  M.  Hild,,  où  se  trouve  une 
liste  provisoire  de  passages  de  nos  halakhot  cités  par  les  auteurs,  passages 
4oat  les  uns  ne  se  retrouvent  que  dans  le  ma.  du  Vatican,  dont  les  autres 
#s  trouvent  rectifiés  par  ce  ms.  Voici  quelques  observations  sur  le  travail 
ds  M,  U.  Dans  les  notes  ï,  J,  M.  IL,  parlant  des  notes  marginalea  du 
tas.f  dit  que,  Gontrairemeut  à  M^  Neubauer^  dans  Mûgiâ  anaée  YblOi 


136 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

elles  se  «mt  pas  eo  uraméen  ni  en  arabe.  Or«  dans  le  Magîd  i 
1872  I  DOB  Si34),  o^  14^  nous  avons  dit  que  ceâ  oole«  &ODt  et 
1g  sont  d'un  bout  à  Tau  Ire,  sauf  quelques  mots  empruotéa  au  persan, 
pigraphe  du  ms.  (p.  S),  pour  laquelle  M.  H.  a  accepté  sans  coDir^lt  Itt 
éûOQcialious  envoyées  par  des  gens  ignorants  du  Caire,  est  tout  simpte- 
ment  mtBaacrée  par  le  copiste  :  infrîD  est  1*TKC,  Pado,  Tancien  nom  do 
Pô  ou  d'un  affluent  du  Pè  près  de  Kerrere  (notre  excellent  collaboratear 
M.  le  oh  ev  a  lier  Marco  Morlara  pourra  peut-ôtre  nous  renseigner  but  ci^ 
Bujet)  ;  D'nïTD  (avec  û)  n'est  évidemment  pas  Meziers  (M-  ÎL  veul-Uaîro 
Mézièrea,  eu  France?},  mais^  comme  le  prouve  le  n^n.  c'est  uoeTiilfl 
près  du  Caire  (jnnpbfit  nommé  sur  la  mfimo  ligne),  c'est  Fo&lat  (toit 
Benjamin  do  Tudèle,  édit.  Aaher,  IJ,  197),  La  suite  de  Tépigraphe  ^p,5, 
L  3)  doit  are  lue  ainsi  :  oblSl-^OI  &t"npbiï3  ZP^Z'P  ri^hZT^  tlCIS  ''STI 

'izH  nninn  ^r-a  nrmrj  iri-ns  s-.n  i*  rj  c^nx-^a  rrcM 

La  traduclioQ  do  ce  passage  n'oflre  pas  de  dilHcuUés,  b^5"l^0  b*^  conntt 
dans  le  Talmud  de  Jérusalem  (et  se  trouve  dans  TAruLb;.  Plus  dilHdli 
est  rexplicatiou  du  passage  hébreu  de  la  p.  7,  1  30.  La  date  4742  A^M^ 
(p.  8,  1.  4)  =  9i?2  de  Tère  cbrét.,  paraît  ôtro  la  date  du  ms*,  qui  est  trt( 
ancien.  La  date  ^5fi*  (p,  71,  qui  est  1001  des  Séleucides,  n'auriit  pal  ét< 
corrigée  eu  IDK  (IU54  des  Séieucides)  par  M.  H.,  s'il  avait  cooaullé  li  pï*^ 
face  de  M.  Halberslam  aux  mpIDD  mDbn  [Revut,  Xlll,  p.  133l  UiN 
autre  date  (p.  9)  est  très  obscure.  Sur  cette  même  page,  M*H.  ptrU 
d'une  glose  du  ma.  et  il  l'atiribue  à  Tépoque  postérieure  au  Zobar,  mtij 
quelle  est,  pour  lui,  la  date  de  la  rédauUou  du  Zobar  ?  Nous  ne  ÉuppoaOB 
pas  que  M.  H.  continue  à  attribuer  le  Zobar  à  Simon  b.  Johal^  le  ma.  al 
Vatican  est,  en  tous  cas^  postérieur  4  Simon  b.  Jobaî,  et  noua  espéroiu 
que  Técole  de  M.  H.  oe  prend  pas  sou»  aa  proiection  ce  livre  fraudulctd 
et  blasphématoire  du  Zobar,  qui  a  fait  et  fait  encore  tant  de  mal.  Â  la  p«  1^ 
M.  H.  parle  d'un  passage  du  ms.  contenant  une  attaque  contre  les  mi*^i 
au  sujet  du  mariage  d^uu  homme  avec  aa  nièces  M«  H.  croit  que  ce 
mtnim  sont  les  Samantaios  ou  les  Mabomélans,  et  plutôt  les  Saifiin^ 
tains,  puisqu'il  n'est  pas  probable  que  l'on  aurait  écrit  quelque  ebow  J< 
contre  la  religion  dominante  (celle  des  Mabométaos}^  et  M.  H.  en  oonda 
que  le  ms.  vient  de  Palestine,  puisqu*il  n'y  avait  pas  de  Samarilaifii  i 
Babylociie.  Nous  croirions  plutôt  que  ces  minim  sont  les  Ctraîtes  (Tol 
notre  Auê  d«r  Pttetihurg^r  BtbltotheAy  "[T^^DK,  chap.  22),  et  comme  il| 
avait  et  il  y  a  encore  des  Caraîtes  eu  Palestine,  en  Mésopotamie  et  • 
Egypte,  le  OIS.  peut  venir  d'un  de  ces  trois  pays*  On  pourrait  plutOt  do4 
ner  comme  preuve  do  l'origine  palestinienne  le  mot  4Ȕ^p*aS**tS  (pW  * 
note  6],  qui  est  Féquivalent  de  6*735130^3.  et  qui  est»  par  conséquent*  H 
mot  grec  (voir  l'Arukh).  M-  H,  se  demande  si  ce  n'est  pas  le  pnsla' 
slave,  comme  si  le  glossateur  pouvait  Ôiie  un  juif  slave  ayant  vécu  i 
Palestine.  Ajoutons  encore  une  observation  sur  la  localité  de  l'auteur  ( 
nos  balakbût.  Il  ne  faut  pas  l'appeler  Simon  du  Caire,  le  Caire  nexisU 
pas  encore  a  l'époque  où  le  livre  a  été  fait.  Les  bons  ms.  ont  fiçn^''pi  ^ 
^rrTVP'  Nous  avons  proposé,  dans  le  Itr.  LetUr&ods,  dMdenlifier  ce 
ville  avec  Kayyar,  dans  la  Mésopotamie  (qui  est  peut-être  le  I'»p  de  Am( 
1^  5).  M.  H.  devrait  se  procurer  uoo  bonne  descripliou  paléograpbique 
ma*  et  une  copie  correcte  de5  gloses  arabes  ;  d'après  les  extraits  { 
nombreux  que  nous  avons  pris  autrefois  sur  le  ms.»  la  reproduction 
ces  gîoaea  par  M.  H.  (p,  21)  laiâse  beaucoup  à  désirer  pour  l'exaclits 
dea  lectures.  Pour  terminer,  signalons  à  M.  H,  t  article  de  M.  Ui 
Blocb  paru  dans  cette  B^ifue,  i.  V,  p.  2(M0,  ou  Tauteur  a  déjà  ap| 
latteutiuu  sur  les  erreurs  que  présenio  l'éijuméraUon  des  613  loie  dans 
Halakbot  gedulut  et  qu'il  a  en  partie  rectifiées  à  l'aide  de  ccrtaiue»  Aâ 
rot.  —  A.  N. 

Tkoologiiicber  Julircsbericlit* . ,  ht-sggb.  vod  R.  A,  Lipsitis.  SechsUr  B« 


BIBLIOGRAPHIE 


133 


ilbtlteod  die  Literatur  des  Jahres  1886.  Leipzig,  libr.  Qeorg  Reichardt, 
1687,  iû-8^ 

Le«  chapitres  jl^  xi  et  su  sont  spécialeTnenC  conEscrés  au  Judaïsme 
(|>.  62*73).  Ce  riippori  aDnuel  est  une  œuvre  triiS  remarquable  et  qm  reud 
«ux  éludes  les  plus  grands  aemcâs.  Les  lecteurs  du  notre  bibliographie  j 
iTouveroiit  encore  à  glaner.  Par  exemple  :  BaumgarLeu  ,  Notes  sur  la 
poésie  gnomitjuo  juive,  Bûl©  ;  Mantoni,  S^fifr  ^nér  sefiam,  ovvero  aonali 
tipogr.  dei  Soacîoo»  11^  1,  Bologne  ;  MoUa,  Ebrei  in  Como,  Corne* 

UKDS  (Paul  de).  Purim,  ein  Beitrag  zur  Gescbichle  d^r  Religion.  Got- 
togfte»  Ubr.  Dielericb,  1887,  in-t^  de  58  p.  Extrait  du  34"  voi.  des 
MtliaiidL  d.  k.  Gesellscb.  d,  W.  âîu  GôUingen. 

Btude  sur  lorigine  et  le  sens  du  mot  Purim  et  de  b  fête  de  Purim. 
Déjà  en  1ë27»  Joa.  von  Hammer  avait  émis^  ctjmme  simple  conjecture, 
rôpiutoo  que  Purim  serait  le  Furdian  des  Perses^  et  vers  la  même  épo(}Uâ 
Ikl*  de  L.  av^ait  eu  U  m^me  idée^  qu  il  avait  trouvée  indépendammeut  de 
ir,  H«,  el  qu'il  avuit  appuyée  le  premier  sur  un  certaiu  nombre  de 
preaves.  M.  de  L.  revient  aujourd'hui,  et  plus  amplement^  sur  la  ques* 
lion,  11  remarque  d*abûrd  que  les  formes  grecques  du  mot  de  Purim  sont, 
é*uu  cùlé^  tppoupat,  «poopaict,  etc.,  avec  fp  au  commencement  ;  d^aulre 
partf  94t/p^7ta^  poupSi^^  et  probablement  ^«upÔoetx,  Cdls  conduit  à  des 
fcranscrt plions  Î*'»TJ"1D  et  Èî^imSi  qui  ont  des  formes  araméennes.  Il 
êétuii  d'ailleurs  impossible  de  prouver»  comme  on  le  supfK)se  d'après  le 
»Ste  hébreu,  que  soît  eo  persan,  soit  dans  une  autre  laugue  de  ces  ré^ 
gions,  •îlD  sigoîûe  le  sort.  Pour  M.  de  L-,  le  mot  est  identique  avec  les 
ooms  arabes  *irîO  et  niD  {/uhfy  fur)  qu'en  trouve,  le  premier  pour  une 
fête  où  les  Juifs  maogent  et  boivent,  le  second  pour  le  nom  de  la  nouvelle 
aosée  î  le  1*^nni73  ou  11irî?3  qtii,  dans  Talm.  bab.  Aboda  Zara^  Il  à, 
désigoe  une  des  quatre  f^tes  pQrsaaesy  Berait  encore  '["iniD  et  '[^nniSi 
ce  qui  esl  Lien  près  de  D'^^llE-  Pnrira  est  doQC  la  fête  perse  des  Far- 
«irdigaQt  placée  aulreloia  o  la  ûu  du  8"  mois  perse,  et  le  mot  G'^^ID 
tarait  le  persan  ]ttnr!TSD  Frobarâu,  c'est-à-dire  la  f^to  du  mois  des  Fer- 
wer»,  placé  en  lôte  de  l'année.  L'institution  do  celle  ffite  serait  eontempo- 
rmtue  de  Zoroa&lre,  cbez  lequel  les  Ferwers  ooi  un  si  grand  rôle.  Le  Purim 
serait  donc  une  tâte  perse,  altérée  naturellement,  dans  son  &eus,  d'après 
le  sentiment  Juif  et  ratlacbée  plus  ou  moins  étroitemeut  à  des  événements 
des  traditions  de  la  vie  nationsle  des  Juifs.  Sur  ce  point,  M.  de  L*  ne 
kplique  pas  clairement.  Il  croit  seulemeol  reconnaître  dans  les  rites  de 
Aie  de  Purim  et  dans  le  livre  d  Esther,  outre  les  traits  de  la  fdle  des 
^'srwardigan ,  des  souvenirs  d*une  f^le  perse  appelée  par  les  Grecs  |iayo- 
fO(v(a  (p,  Si)  et  de  la  fêle  perse  du  Sans- Barbe.  La  scène  de  Mardochée 
k  cheval  conduit  par  Hamau  serait  empruntée  à  la  légende  de  Kusa,  la 
chevauchée  de  l'été  contre  l'hiver,  qui  a  lieu  dans  le  mois  de  niKH  Ou 
pouvait  s'atiendre  que  U .  de  L.  mêlerait  à  ses  belles  recherches  se»  amé* 
HjtéSt  qui  lui  sont  maintenant  babiluelles,  contre  les  Juifs.  Le  carnaval  des 
Juifs  est  use  abomination ,  foluî  des  Ariens,  naturellement,  aW  que 
i«  et  idéal  I  Les  Juifs  mangent  et  boivent,  pendant  celle  fâte,  comme 
brutts  ;  les  Ariens,  dans  leurs  fStes,  se  délectent  d^ambroisie  et  ne 
nt  jamais.  Les  Juifs  maltraitent^  en  efûgie,  leur  perséculeur,  eeloi 
qiiî  voalait  ou  qui  veut  les  exterminer,  cela  les  peint  tout  entiers,  ils  sont 
1400  mécbanta  1  Mais  innocents  comme  des  agneaux  sont  ceux  qui  brîtlent 
Us  Juif»  dans  le  leu  de  Saint-Jean  et  encore  autrement! 

tûJS  {Cb.- V,)»  Le  règne  de  Philippe  111  le  Hardi,  Paria,  libr.  llachcllc, 

CoijLieni  quelques  notices  sur  les  Juifs.  —  P.  221,  le  séuécbel  afflglais 
de  ûascogue  demande  k  sou  roi  ce  qu'il  doit  faire  on  présence  deâ  préteu- 


ii»  REVUE  UkS  ËTtJDfeS  JUIVES 

lions  des  Inquisiteurs  de  lé  foi  qui  Téuleni  le  fbiter  à  condillH;  à  Toq- 
louse  des  Juifs  qu'ils  accusent  d'être  relaps.  —  P.  298,  Ph.  le  Hardi  suit 
envers  les  Juifs  toute  la  politioue  intolérante  de  son  père  saint  Louis  :  dès 
le  2  oct.  1270,  il  confirme  les  Etablissements  de  saint  Louis  sur  les  Juifs; 
en  1280,  mesures  sur  les  domestiques  chrétiens  ;  en  1283,  sur  la  rouelle 
(prescription  renouvelée  de  saint  Louis),  sur  les  synagogues  et  le  Talmud. 
—  P.  295  et  p.  440,  n«  21,  pièce  iuédite  du  11  août  1282,  contenant  la  pro- 
mulgation faite,  le  2  septembre  1282,  dans  la  sénéchaussée  de  GarcaBsoone, 
dune  ordonnance  du  roi  sur  la  condition  juridique  des  Juifs,  le  prêt  sur 
gages,  la  taille  des  Juifs.  —  Les  n«»  151,  179  et  180  des  mandements,  à 
l'Appendice,  ne  contiennent  rien  d'inédit. 

Le  Y  (Julius).  Lcitfaden  der  Metrik  der  hebraischen  Poésie  nebst  dem 
ersten  Bûche  der  Psalmen  nach  rhytmischer  Vers-  und  Strophenabthei- 
lung,  mit  metrischer  Analyse.  Halle  a.  S.,  libr.  du  Waisenhaus,  1887, 
in-8»  de  v  (ii)-60  +  30  p. 

M.  Ley  a  déjà  exposé  en  1875  ses  idées  sur  la  métrique  hébraïque,  dans 
un  ouvrage  intitulé  Grundzûge  des  Rythmus,  des  Vers  und  Stropkan- 
baues.  Son  Leitfadtn  est  une  espèce  de  vulgarisation  de  ce  précédent 
ouvrage.  L'auteur  y  a  simplifié  et,  à  notre  avis,  amélioré  sa  théorie.  Bile 
consiste  dans  cette  règle  très  simple  que  le  vers  hébreu  se  compose  d  QQ 
nombre  déterminé  de  groupes  vocaliques  ou  mètres  (5,  ou  8,  ou  8,  etc.),  et 
que  chacun  de  ces  groupes  ou  mètres  a  pour  centre  la  syllabe  qui  porte 
le  ton,  autour  de  laquelle  se  groupent  les  autres  syllabes.  Le  nombre  de 
celles-ci  est  indifférent,  la  seule  chose  qui  compte,  c'est  le  nombre  des 
tons.  Cette  théorie  est  très  séduisante  et  M.  Ley  cite  des  exemples  (Deu- 
tér.,  ch.  32,  entre  autres)  où  elle  s'applique  très  bien.  Il  est  sans  doute 
obligé  de  changer  quelquefois,  pour  échapper  aux  difficultés,  soit  le  texte, 
soit  l'accentuation,  soit  le  groupement  de  mots  adopté  par  la  massors> 
c'est  là-dessus  que  devra  et  pourra  porter  la  discussion  et  la  contradiction* 
H  suffit  ici  de  consUter  que  la  théorie  de  M.  Ley  est  très  plausible  et 
mérite  d'être  examinée  en  détail.  Si  elle  se  confirme,  elle  deviendra  un  boa 
instrument  de  critique  pour  la  restauration  du  texte  biblique. 

[Màïmonide].  a  lévelygôk  utmutaloja.  Irla  Mozes  ben  Maimun  forditoltaé» 
magyarazo  s  irodalmi  jegyxetckkel  elatta  D*"  Klein  [c'est-à-dire  :  Guide  des 
Egarés  de  Moïse  b.  Maïmon.  traduit  et  accompagné  de  notes  explicatives 
ol  littéraires  par  le  D*"  Klein].  Fascicules  I  à  III.  Papa,  1878-1880,  iû-8^ 
de  316  p. 

Voici  donc  Tœuvre  de  Malmonide  interprétée  aussi  en  hongrois.  Il  est 
fâcheux  que,  malgré  lavertissement  d'Ueberweg  (voir  mon  Attribua 
ttmltkrt,  p.  3d3.  note  l\  le  litre  ait  été  traduit  inexactement,  d'après 
IVxemple  de  Munk  et  d'autres .  M.  Kl.  suit  la  traduction  de  Munk,  il 
reproduit  par  extraits  les  notes  de  Munk,  mais  il  a  profité  aussi  des 
rinoheiiîhea  plus  nouvelles,  autant  que  le  lui  permettaient  les  ressource» 
soieutifiquea  restreintes  dont  il  disposait.  Sa  traduction  va  provisoir©- 
ment  jusqu'au  chapitre  lxx  du  f  volume.  Parmi  les  écrits,  eocorc 
rar»*,  qui  oui  pour  but  de  créer  une  littérature  judéo-hongroise,  cet  otk 
vraf[e    occupera  une   place  distinguée    —  Dmwid  Eaufa^mn   (Budapest. 

Maxh.vi'm  iSll^gm.^,  Dit»  Xor«Wfung  des  Tempels  und  des  Prophetenhaas 
au  Silo.    Kxlr^ll  ^i^  Zt*ohr,  f.  Vôlkerpsvch.  u.  Spracbw.,  vol.  XV1\, 

U  juriuvi^Hjl  s4.j*|  ,U  i^Hte  iulérwsaale  élude  est  de  donner  une  e^^: 
^Uvm  uauv^lW  Uu  fameux  v«r«el  a*  U  bénédiction  de  Jacob  conce»^ 
»/a.  mui  a^  <>uvr«^ .  W^  Kalwkkhmç  des  isr.  Proplietautoms  •  (^ 


BJBUOGRAPHIE 


130 


^^^^),  M.  Majb.  a  cherché  à  proiaver  qae  le  fameux  têmpl*  de  Silo»  où  se 
trouvait  la  tdoUor  d'Kli,  avait  encore  exîsld  du  lomps  de  Salomou,  et  no 
lut  défiDiliTemcnt  détruit  qtie  plus  tord  pût  Rohoaui»  M»  Moyb.  ajoute 
qu'nprès  la  victoire  remportés  par  les  Philistins,  du  toiiip«  d'Kli,  l*erdève' 
meiit  de  Tiirchc  et  le  retour  do  celle-ci,  les  prôtri^s  de  Silo,  qui  formaienl 
siitg  doute  un  groupe  des  plus  tmportiials  et  des  plus  influonts.  durent 
çeneevoir  ui»e  {çrsode  animosité  contre  la  tribu  de  JuJa,  parce  qu'elle 
s'était  appropriée  l'srche  sainte,  palrimoioe  du  temple  de  Silo.  Comme  on 
leroit  par  le  rôle  que  joua  le  prophète  Ahiyyn»  de  la  maison  do  Silo,  les 
prêtres  de  ce  temple,  irrités  de  la  déchéance  qui  les  frappait,  auraient  été 
Jes  principaux  adversaires  de  la  dynastie  de  David  et  auraiectt  graudemeat 
tociiribué  au  achisine  des  dix  tribus.  La  hénédictign  de  Jacob  serait  d'un 
auteur  éphraîmite  de  ci^tle  époque  et  le  verset  sur  Silo  serait  ptirement  une 
allttsion  a  ralTaiblissemetit  du  royaum^j  do  David  par  suite  du  schisme, 
lequel  serait  représenté  comme  la  conséquence  de  la  destruction  du  sanc- 
tuaire do  Silo  par  Hobodm.  Il  faudrait  donc  traduire  comme  suit  :  Le 
Képtre  (ou,  si  Ton  veut,  aucune  tribu)  ne  quittera  Jmk* .  .  jusqu'à  ce  qu'il 
(Juda)  vienne  à  Silo  (pour  détruire  le  eanctuairej  et  que  le  nombre  do  ses 
peuples  (tribus^  aoit  diminué  (aiTaibli,  nnp*^)- 

^'aT4li  (Kttore),  Il  Gbctto  di  Homa.  l"""  volume,  Rome,  impr.  de  la  Tribune, 
18^7,  in-8*  de  268  p. 

r  Cette  htslaîre  du  Ghetto  des  Juifs  de  Rome  n  est  pas  et  no  veut  pas  être 

one  CBovfe  àUiu  caractère  historique  très  sévère,  elle  contient  cependant 
beaucoup  de  matériaux,  dont  quelques-uns,  il  est  vrai,  de  provenance  sus- 
pecte et  de  mauvaise  qualité.  On  ne  pouvait  demander  a  ratileur  que  de 
les  utHiMr  en  littérateur  habile  et  en  bon  metteur  en  œuvres»  et  c'est  ce 
qu'il  a  fait.  Le  meilleur  est  de  sauter  les  chapitres  consacrés  à  rhistoîre 
audennc  des  Juifs  de  Rome,  pour  arriver  a  celle  du  moyen  ftge.  Déjà  la 
discussion  sur  remplacement  des  synagogues  de  Home  et  la  topographie 
du  Ghetto  ivera  p.  LO)  est  intéressante.  Le  chopitro  consacré  aux  Juif^j 
savants  do  Home  (p.  57  à  71)  est  né'^essairement  faible,  rintérGt  commence, 
an  moins  pour  nous,  h  la  description  historique  des  jeux  ou  courses  aux- 
quels on  condamnait  les  Jnils  de  Rome  pendant  le  carDQval,  à  celte  des 
taxes  singulières  qu'ils  payaient,  do  Thommage  btimiliant  qu'ils  devaient 
rendre  aux  papes  nouvellement  élus,  quoique  tous  ces  faits  soient  déjà 
plus  ou  moins  connus.  Puis  viennent  des  chapitres  consacrés  aux  lois 
fomptuaire«  contre  les  Juifs,  aux  médecin»  juifs,  à  des  histoires  d'enfants 
tués,  d'hosties  votées,  aux  elTorts  faits  pour  convertir  les  Juifs  au  christia- 
nisme. Il  n>sl  pas  très  facile  de  se  faire  une  idée  du  plan  suivi  par  Tau- 
leur,  mais  cela  n'a  pas  beaucoup  d'importance  ici,  son  livre  est  attachant 
et  cela  suffit. 

iTOUoïi].  Fragments  of  Philo  Juda'ua  newly  edited  by  J.  Rendel  Harm, 
^Ui   iwo  Pacsimiles.  Cambridge,  icapr.  de  l'Universllé,  1886,   in-4**  de 

Ces  fragments  sont  publiés  d'après  deux  mas.  de  Paris  qui  n'avaient 
pas  été  étudiés  ou  utilisés  par  les  précédents  éditeurs.  L'édition  actuelle 
contieut  des  morceaux  inédits*  et  beaucoup  d'autres  qui  ont  déjà  été  pu  * 
bliés.  On  a  reproché  à  M.  H,  de  no  pas  avoir  utilisé  eucore  un  autre  ms., 
WIIQ1I  de  lui,  et  qu'il  trouve  lui-mdme  meilleur.  Voici  comment  il  a  groupé 
ces  fragments  :  î.  Fragments  du  4^  livre  (perdu}  de»  Allégories  de  la 
Loi;  2.  Fragm.  du  lirre  sur  les  Géants  (perdul  i  3.  Fr»  du  traité  contre 
Flaccus  (perdit)  ;  4^  5.  Divers  ;  6.  Questioues  in  Genesim,  Exodum  et  Le- 
viiictitn  ;  7.  Fragia.  de  livres  perdus.  De  Providentia,  Ilypothetica, 
De  Mundi  Opificio,   etc.  Une  bonne  table  des  matières  eût  été  très  utile. 

s^L  IWiUielmj.  Diô  Zerstreuung   des  Volkes  IsraeL  Ersles  Heft  :  Der 


m  mrvt  m  erms  imns 

Ou  Mi  uu  tmimu  truit  de  «et  ourrafe.  Dont  ne  bstoiis  pas  trop  ^^>ia.T 
t\^ï.  Mv«i  4(«i'îl  i««  «(^  lotéretM&t  et  qiM  Tautear  ne  s'efforce  d'êtr*  im- 
|/«iM«l,  M«i«  M  «si  t#op  àommé  par  Tidée  théologique.  Sa  codcIusïoil  esl 
<^«^«  la  à\%\^fu\fm  4aa  Juifs  parmi  les  chrétiens  est  on  hien  pour  les  Juif^s  et 
las  4:hréu«M«. 

Mm»<Imi  (MMwl<tM).    l»r/,ypowUj«»clowy    Lexicon  talmudyczny  i  midrasco'^^ry. 
VufSMVlM,  Impr.  Il.-J.  Himdo,  1887,  iD-8<>de  282  p. 

MMMlM.Tmn  (Marlli»), /ur   Kormcnlcbro  des  semitischen  Verbs.  Wien,  Libr. 
(Uri  UiMiotiuii.  INHO,  In-H**  do  55  p. 

NiiiiH  un  Homtiies  pis  compétent  pour  yx^et  des  théories  où  figurecat.  et 
»>tiU  Niipsiéas  à  U  rasoouise  toutes  les  langues  connues.  Les  idées  de 
Ml  Holi.  nous  psrsissent  sventurouses. 

^MMW  AHikl*Mt.u  (M«).  Oohirt)  ii8upra  Istorioi  ovreilor  in  Romania,  de  la  ince- 
m\  \\^\\l^  U  mylooul  aocutui  voac,  Bucharcst,  impr.  Ediiard  WiegsLnd, 
\^^'\,  \\\-i^^  dortl  p. 

tV  v«NU)^  >\\«hI  »ur  rhialoirt'  des  Juifs  en  Roumanie  est  on  tirage  à  part 
^^vm  ^^«iMk  V'ha^Mtrf*  da  M.  Schw.  dans  TAnalele  analyse  pins  haut. 

^vHW  \^*t^^v^>  vK.>x  MaxnQuI  l^^rcilor  $ub  Mibai-Viteua  al  Mnnteoieî  si 
\\NVM  \  >sU  a\  M^n)4m\^u  )^^  4x  IXaas  ik.imiiar  peolna  isx^iditi.  Bacbarest, 

W*wk  xV^H  ^iwl*  IB^  ik^e*  MOïÀaiit^  M.  Scim^.  m™ il  à 

^<^  W  4k  ir«»;   «»«   ^iMHiMiff^  iiir  ,^a}is<  <«  S3:iSi>-K.  ex  TaTiarrnr.  vmt  k  rc^De 
vV  V^^^^.   Vf  >^^\^K  K  *t.  \iiA*à*x>»v.  fti«»  *  ?ftfraa  àx.  vcxoot  Aroa.  I^s 

^f^s'^^^id.  v*.v   >if  #\W  i*^  \<»icfctK  i  î^î«r«a  ji  xiaïuc  a  i 

vVN^i,,  *^    V«cfM^«  >fc^«<  ^<«iMv«K:ir  ^1^  'niçar    iwîffM  Ji  SMSiiMt  ôl  3a^  "^ 

^v>v.«t»^s««^     *A    ^v»^^V^   .■**    V.  •»%    ^-;  >ï«i,     tmTftj     {;»»«'  M.    JBBCS  J1CHS  âcW^ 

^    *>^s.     ^  ^    .^v>v^<*.vw»-  .'*     4**c^  j*fc.ïfe^  *":-  ta  *  ^BCaHL  taa  : 


>c««f*         •««««««^ï'^ 


BmLTOGÎlAPÎTTE 


1/il 


I  Mmp^r  protlitioni  llebrîcisV  Chez  \^'flllher,  c^esï  un  ^implfi  pTocôs 
de  iendtDce  qu'oo  leur  lait  ;  cbez  Bnicesco,  raccusation  VHgue  de  Walther 
$«  change  eu  înenlpariao  préciâe  :  les  Juifs  s'ëtaieot  jûiQta  aux  Turcs  pour 
pilîer  le  p«ys  et  le  ruiner.  Mais  WAlther^  chez  qui  il  n  puisé  le  renseigne- 
menl,  ne  dit  rien  de  pareil,  Walihcr  dit  que  tous  les  Juifs  furent  massa- 
crt>s;  Bâlcpsco,  qui  veut  atténuer  le  fait^  dit  qu^avec  le^  Turcs,  ou  lua 
^u*tfn€t  Juifs*  Lu  clironiquo  grecque  ne  reproche  rien  aux  Juifd,  encore 
naoiDS  le  baile  des  Vénitiens. 

A  la  même  époque,  13  novembre  1593,  le  bospodar  Aron  de  Moldavia» 
IbTité  par  le  sultan  à  se  rendre  à  la  cour^  a  Coostantinople,  Bt  couper  la 
i5te  aux  membres  de  Tanibassade  otlomaiie,  puis  massacrer  les  Turcs  de 
la  Moldavie  et  environ  19  juifs  turcs  qu^on  lrou7a  dan  a  la  province,  puis 
il  se  joigtiit  aux  Valaques  (le  mot  Moldaves  du  texte  est  probablement  une 
erreur)  et  au  peuple  de  la  Treuaylvanie,  pour  déclarer  la  f^uerre  au  sultan 
(diaprés  une  retation  allemande  contemporaîoe). 

D  «{ïrès  le  même  cbroniqueur  allemand,  ce  serait  grâce  à  l'interventioa 
àW  médecin,  qui  aurait  été  un  juif,  qu'Aron  devint  hospodar  de  Mol- 
davie. Le  médecin  avait  avancé,  pour  cet  objet,  une  somme  de  4ifCK}0  tba- 
lers.  Quand  il  alla  plus  lard  en  Moldavie  réclamer  cette  somme  au  hos- 
podar, celui*ci»  pour  le  paj^er  du  service  qu'il  en  avait  reçu,  b' empara  de 
•a  personne  et  le  livra  (pourquoi  ?)  au  Voivod  do  la  Transylvanie. 

M.  Schw.  nous  prie  d'ajouter  que,  dans  la  Geschiehte  der  ungarUehm 
JmdêMf  de  Joseph  Bergl^  p,  01-^32^  il  est  lait  mentiou  d'une  accusation 
contre  ïe^  Juifs  de  Hongrie  qui  ressemble  à  celle  de  Wallher  c^ontre  ceux 
de  Valachie.  M.  Bergl  rapporte,  en  outre«  d'après  Geb hardi,  le  massacre 
des  Juifs  de  Hucbarest,  mais  la  date  est  inexale,  c'est  peut-être  Gebhardi 
4|iii  a  confondu  le  massacre  de  jaovîer  1594  avec  celui  de  i:>93. 

9IB  (Benedtkl).  Boilrâge  znt  GcscUicbte  der  Musik,  —  I.  Hefl,  SyDagCK 
^OesâQge,  mit  ciner  Eiolcitung  von  M.  Grtiiiwald.  [Prague  tjjibr. 
^flflchcles,  1887.  in-S*»  de  8  p.  imprimée»  (introduction  do  M*  Gr.)>  et 
If <  Ulbogrnphiccs  (chaDl}« 

Contient  quatorze  airs  usités  dans  les  synagogues  de  Bohême.  M.  Gr. 
a  parfaitement  raison  de  dire  que  la  publication  des  cbanls  usités  dans  les 
lynagogues  a  un  grand  intérêt  historique.  Ces  airs,  la  plus  souvent  em^ 
pru&téa  aux  chants  populaires,  rnootrent  la  part  prise  par  les  Juift^  aux 
seoiiments  et  aux  émotions  des  peuples  parmi  lesquels  ils  ont  vécu.  Je 
«craie  encore  plus  indulgent  que  M.  Gr.  pour  les  emprunts  faits  par  la 
musique  aynagogale  aux  chants  et  airî*  populaires,  cela  n'est  pas  aussi 
oon traire  au  bon  goût  qu'on  pourrait  le  supposer.  Les  délicals  peuvent  en 
Un  quelquefois  blessés,  mais  la  naïveté  du  sentiment  populaire  a  bien 
•QSti  s«  valeur  morale  et  esthétique,  et  mâme  daus  ses  écarts  elle  est  res- 
pectai»l«  et  touchante. 

r(Isaac).    Recueil  des    lois,   décrets,  ordonnaDces,   avis    du  Cotiseil 

it,  arrêtés,  règlemcnls  et  circulaires  coDcernanl  les  jsraélites  depuis 

'  IM,  précédé  de  l'Ordonnance  royale  du  25  mai  1B44,  suivi  d'un  Appcu- 

jdiCf  oonletiatit  :   P  Une  notice  historique  sur  les  israélilcsde  rAlgérie, 

1^  Ab.  Caheu;  2'  diverses  notes  relatives  à  rémaacipalion  des  Israélites 

|«%ériGns.  Deuxième  édition.   Bordeaux,  impr.  E.  Crugy,  1887,  in-8^  de 

il-18ô  p, 

G» recueil  fait  suite  au  Recueil  bien  connu  de  Halphen.  Cette  seconde 
édiUoQ  (ta  U*  est  de  1878)  contient  des  pièces  nouvelle»,  de  la  p.  110  à 
U  p.  136,  t/Appeudice  coniieiit,  outre  la  note  de  M.  Abr.  Cahen^  un 
rapport  du  Consistoire  Israélite  au  gouvernement  sur  riâmancipation  des 
iars^lites  algériens  (18fi9r,  une  note  du  Consistoire  central  sur  lu  natura- 
lîSBtîoii  des  israéiitea  algériens  (1671),  avec  irois  pièces  annexes. 


142  REVUE  DBS  ÊTUP^S  JUIVES 

ViOAL  (Pierre).  Elne  historique  et  arcbéologiquo.  Perpignan,  impr.  de  l'iii- 
dâpendant,  mai  1887,  in-8«  de  177  p. 

Ce  joli  petit  Tolume  a  pour  auteur  le  savant  bibliothécaire  de  la  Tîlie 
de  Perpigoao,  à  qui  nous  devons  un  beau  travail  sur  les  Juifs  inséré  dans 
ce  numéro  môme  de  la  Revue,  Elne  est  situé  dans  Tarrondissement  de 
Perpignan.  L*étude  de  M.  V.  contient  (p.  47- 4S)  un  petit  cbapiire  sur  les 
•  Juifs  à  Elne  ».  Rn  1349,  le  roi  d'Aragon  autorisa  l'évêquc  a  avoir  dix 
maisons  juives  à  Elne  (donné  à  Saragosse,  le  9  des  calendes  d'août  134J). 
Bonet,  fils  de  Léon  d'Blne,  demeure  à  Girone  en  1377.  Maître  (médedn), 
Mossé  Vives  et  Davi  Mossé  Dayot  achètent,  en  1407,  la  ferme  de  Taidede 
tout  le  vin  jukic  (juif,  eatcker)  qui  se  fera  à  Elne  pendant  un  an  à  partir 
du  20  septembre.  En  1409,  Léonins,  fille  d*Aaron  Deui  (Devi?  Davi?), 
juif  de  Perpignan,  déltire  épouser  Jafuda  Natan  Jacobti,  d'Elue.  L'é^êqne 
expulse  les  Juifs  d'Elne  en  1409,  mais  ils  y  reviennent  peu  de  temps  après. 
En  1492,  Mossé  Rimocb,  médecin,  Jacob  Tolossano,  Benvenist  Bmso, 
David  Qatenyo,  Senton  Almoynino,  Ysacb  Oateoyo,  Ysach  Scarelle  (?)i 
se  firent  «  de  nouveau  >  hommes  de  l'évêque  et  du  chapitre  d'Elne,  leur 
prêtèrent  hommage  et  serment  de  fidélité,  et  promirent  de  payer,  toas  les 
ans,  à  titre  de  vasselage.  10  florins.  Ils  n* eurent  pas  â  les  payer  deax  fois, 
dès  Tannée  suivante  ils  furent  expulsés. 

WiCKfES  (William).  Û"ncD  «"3  ■»î3:?a  A  trealise  on  the  accentuation  of  the 
twenty-one  so-called  Prose  Books  of  the  Old  Testament  witb  a  Facsimile 
of  a  t>age  of  the  codex  assigned  to  Ben-Asher  in  Aleppo.  Oxford,  impr- 
Clarendon,  1887,  in-8«  de  xiv  {i:-155  p. 

Nous  aBalyaerons,  dans  le  numéro  produia,  ca  tiès  iatéreasant  ouvrage* 


3.  FfMications  pouvant  servir  à  VkUtoire  du  Judaïsme  moderu. 

DvcRiRON  'B.).   Les  Juifs  et  la  légalité.  Paris,  impr.  L.  Pariselle,  \^h 
vûr^  de  8  p..  et  impr.  L.  Gaérin,  petit  in-8*  de  15  p. 

FAmois  vivais'.  La  question  juive  il  t  a  cent  ans.  Paris,  libr.  Charavay, 
1886.  in-^  de  Î5  p. 

Histoire  sommaire  d«  l  emancipatioa  des  Joiis  en  France  à  l'époque  de  la 
Révolution.  Si  l  auteur  avait  connu  le  Rtem^  de  Halphen,  il  se  serait  épar- 
gné l>eaucoap  de  peiaes  et  de  recherches.  Son  travail  est  excellent,  sans  cor 
ti^air  ^uère»  c«p«a>iaat«  de  faits  nouveaux.  U  a  utilisé  Paul  Fanchille  (U 
({u<e$tioa  juiv*  ea  Frase*  sous  le  premier  Empire.  Paris,  Rousseau.  18^)» 
qui  a  taii,  ^tit  cv  sujet,  aux  Archive*  satioanles,  des  recherches  tout  à  f«il 
»ér;wa>k>.  ^uoi^u»  lui  aussi  ne  pirasse  pas  connaître  les  ouvrages  reUli& 
à  U  uMit^re^  p«$  ib^«  :<s  pnx-è»-verba-.£x  impniMS  de  TAssemblée  défi 
Jujiù  «K  du  ^rand  Saahedha.   Le  grand  àeiaut  dtf  rourrage  de  M.  Fi^- 
chilU^  d  aiU^ur*  iotèressan».  v^uot^^u»  les  £i:ts  oonvnaux  n'y  soient  pis  non 
pîuî^  tr^  8K>mbf«ux«  c*«*t  ^*il  «  soit  servi  sans  critique  des  documents 
«(U il  a  OMk^ttllè^  Si:  T  «Tait  rtfiéchi.  U  uauraii.   par  exemple,  pas  tdmis 
iv  <%utv^  a«  l V.v«pa;im«Bt  d*  la  foctune  immchàjitee  par  les  Juifs  d'M" 
*aw  (p.  \>\  U  *uit*  a  Wu  BOQtrê  <çue  cêtait  une  aopnrexice   tout  4  f«l 
meai^UAe  «;  dv>ut  il  «Hait  iactl«  d»  «•  Twdz«  compte.  Par  ce  seul  exemple, 
hl.  Fa^'hikl^  aurait  pu  wir  c»  «fu  u  t  avuit  d'exagéré  dans  les  plaintes 
^ui  wuanwàt  d  AU*v>»  vvutw  Itw  auite,'e«  t|uaaaa  éuieni*  en  grande  partie, 
liMlM.  du  |N^»j^^^  wcial   e;  lh<^jk^.i(u«.  N^ios  counaiasutts  des  rapports 
adttiiuiatraUia  itMO^l»  d«  c^i«  «pg^iun  (|uà  sont  Uû  de    confirmer  ces 
pUta^.  L>ldau)ùaiMVMi  «M«^ai»ÎMM  àUùi»  «i  pact»^  %«i«a  par  U  phn- 


SIBLIOGRAPHIK 


1« 


•lokifrM  qui  ayait  cours  sur  les  mœura  et  ravilissement  des  Juifs,  mais 
ce  sooi  de  purs  cUcbés^  rien  de  plus.  Uoe  éLude  plus  approfondie  des 
séance*  du  Saahëdriu  aurait  aussi  fait  faire  u  \[.  Faiichilla  quelques  dé- 
couvertes iDlérefsai)t«s>  M.  L.  Fa rges  parait  avoir  senli  le  défiiul  que  nous 
sigsaloust  SCS  jugements  sont  plus  réservés  et  il  sait  que,  daas  cea  plaiotea 
contre  les  Juifs  du  temps,  il  y  a  à  prendre  et  k  laisser. 

lE&T  (B.).  Les   Juifs«   la  société   modcTDC  ot  raDlisémtti&me.    Paris^ 
p,  A.  Durlachcr,  juillet  1887,  in-8»  de  32  p. 

ft08(ll.)*  Treu  und  frei.  Gesammdle  Reden  und  Vorirage  ûber  Judeo 
f  Judenthum.  Leipxig,  libr.  WiBler,  1887,  in-S^  de  vii-3ô5  p. 

Cootient  outre  autres  ;  (Discours  prononcés  aux  sjaodes  juif:i  tenus  eu 
Allemogna  ISftO  et  1871),  —  Was  heisst  nationar?  ^-  Uuser  Standpuakt. 
—  An  dïe  deutschen  Juden*  —  Auf  Moses  yendcta&hoii.  —  Auf  Micbael 
Sachs.  —  Aus  einer  jùdischen  Gemeinde  vor  50  Jabren.  —  Un  appendice^ 
et  SUIT.,  contient  des  explicaiionSj  notes  et  additions. 


4.  Périodiques, 


HWn  (Jérusalem^  mcosuel),  =  =:  2*  anDée.  N**  1.  Ilirschcnsolm  ;  Les 
lUfim  de  la  Miscbtia,  —  J.  Mardocbée  :  ExplicalioDs  de  divers  pas- 
^  talmudiques,  —  Hildesheimer,  idem.  —  Wolf  Jabez  :  Les  Psaumes 
Uaiiel.  —  Salomon  LaDiado  :  Règles  talmudiques  cd  ordre  alpbabè- 
ue  ^=  =  N**  2.  Nous  manque,  =  :=  N"^  3-  lUrscbensûbu  :  Remarques 
écologiques  sur  !e  langage  talmudique.  —  Le  même  :  Observations 
f  filie  Babur.  —  Jacob  MardocLée,  suite.  ^  -^  N**  4.  HirscbcDsobii  : 
b  Talmud  de  Babjloue  connaissait  le  Talmud  de  Jérusalem.  —  Ëxpli- 
Joode  mots  talmudiques  de  S.  D.  Luzzatto,  publié  par  A.  Bcrliner'  — 
idè  Mtrdachôe,  suite.  =  ^  N°  5.  Hir^chensobn  ;  Que  signifie  le  mot 
StSt —  Jacob  Mardocbée,  suite,  ==.  =  N**  6.  Nous  manque»  =  = 
Hkirsclieusobo,  suite.  —  Jacob  Mardochée,  suite. 

fc 


►  tuMiétltes  (Paris,  bcbdomadaire^  43«  année,  =:  ^N*»  26,  27»  30. 
llle  ;  Etudes  bisioriques  :  Louis  XIV  et  les  israéliles. 

pIic  Ccatrftiblatt  [Jungbnnzlau;  pas  de  périodicité  régulière), 
ûée,  février  18H7.  M  Griinwald  :  Zur  Gescbicbte  der  jùdiscben 
Itttf gemeinde  Jungbunzlau  in  Bôhmen.  —  Nachldiiuge  zu  der  bio- 
&h.  Skizze  ûber  den  verew,  grossen  Talmud-Lebrer  R.  Aron  Kera- 
L>  -^  Simon  Hock  :  Instïtutioncii  der  alteïi  Prager  Judcugemeinde. 
5=  €•  année,  l'**  fasc,  paru  avril  1887.  M.  Griinwald  :  Die  Juden 
et  Rudolf  IL  —  M*  Eisler  :  Josepli  ibu  Zadik  und  soin  Buch  Olam 
pkaUa.  —  M.  IL  Friediiinder  :  Materiakn   zur  Leidensgcsckiclile  des 

I»  und  der  rabbiniscben  LiCeratur.  —  GrCiawald  :  Alaler.  z.  Qescb. 
tiltasgem*  Juogbunzlau  (suile), 
M» 


;  M»adttii  de  V  Académie  des  in.ierii»tfoii!t  et  Bel  les -Lettres 

=  4°  série,   tome    XIV,    oclobte-decembre  1886.  Clermonl- 
:  Koto  sur  ridentiricalion  de  la  ville  de  Hippos  avec  le  Kirbei 
,  -=  =:  Tome  XV,  janvier-mars  1887.  Rien  à  signaler. 


Uraelilleo  (Triesle,  mensuel),  ====  25"  année.  N^*  10»  11  et  12. 


144  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Pielro  Perreau  :  Per  la  storia  délie  communità  isr.  in  Italia  e  loro  eman- 
cipazione.  =  =  N*»  12.  E.  Lolli  :  Considerazioni  sulla  conTenienza  o 
meno  di  riferirse  constamente  air  arabo  nella  spiegazione  dei  fenomini 
nella  grammatica  ebraica.  =  =  26«  année.  N<>'  1  et  2.  P.  Perreau  :  Perla 
sloria,  etc.  (8uite\  =  =  N*  3.  Barzilai  :  Ideografia  semitica. 

Jewish  GhroBlele  (Londres,  hebdomadaire).  =  =  N®  921.  Jos.  Jacobs: 
Aaron,  son  of  the  Devil  (pièces  de  Colchester) .  =  =  N®  925.  Ad.  Neu- 
bauer  :  The  expulsion  from  Spain  (le  ms.  d*Abraham  de  Torruliel).  — 
Israël  Abraharos  :  The  rod  of  Moses  (suite  n*»  926,  927).  =  =  N»927. 
Gaster  :  Jewish  Folk  Lore  (suite  n*»»  928.  930).  =  =  N<>  928.  The  Jewsin 
Persia.  —  The  Jews  of  Panama.  =  =  N**»  934,  935.  I.  Meisels  :  Some 
rabbinical  learned  women.  =  =  N«>*  936  et  937.  Chotzner  :  Art  among 
the  ancient  Hebrews.  =  =  N°«  938,' 939,  940.  Joseph  Jacobs  :  Jehuda 
Halevi  poet  and  pilgrim.  =  =  N*>  938.  Archœological  researches  in 
Daghestan  (notes  sur  les  Juifs,  suivant  M.  Anissimout).  =  =  N°*  942, 
943,  946,  947.  Stem  :  The  eighteen  Bénédictions.  =  =  N*»  941, 942, 
945.  The  Anglo-Jewish  historical  Exhibition.  =  =  N*>  946.  Joseph  Ja- 
cobs :  London  Jewry  1290  (avec  plan  et  vue)  ;  voir  aussi  Jewish  World, 
n*  744.  =  =  N»  947.  Exhibition  notes  (Entre  autres,  notes  historiques  de 
M.  Lucien  Wolf  sur  les  Juifs  en  Angleterre  depuis  leur  exil  jusqu'à  leur 
rappel  ;  David  de  Pomis  à  Hull  en  1598).  —  (Reccnsion  des  Abot  de  j 
K.  Natan  publiés  par  M.  S.  Schechter).  —  (Mention  d'un  article  de  < 
M.  Loo  dans  l'Academy  sur  Shylok).  =  =  N®  949.  Persécution  of  the  i 
ourly  Jews  in  England  (d*après  une  lecture  de  Walter  Rye).  —  Litteraiy  ^ 
Intelligence  (mentionne  la  Cruciôcation  of  a  boy  by  the  Jews  of  London 
1244,  d*après  le  Miracle  de  Henri  111).  =  =  N«  950.  Lucien  Wolf  :  Jews 
in  England  between  1290  and  1656.  =  =  N*  951.  Litterary  Intelligence 
(mentionne  article  de  A.  Neubauer  dans  Academy  sur  le  mot  Arabie)." 
The  pronunciatiou  of  mrp  (Cambridge  Hebrew  Society).  —  The  exche- 
quer  of  the  Jews  (lecture  du  D*"  Gross).  —  N*  953.  The  Jewish  origin  of 
the  legends  of  Merlin  and  Arthur  (d*après  une  lecture  de  M.  Gaster;  cf. 
Jew.  World,  n«  751).  =  =  N»»  954,  957,  958.  Claude  Montefiore  :  The 
wisdom  of  Solomon.  =  =  N®  956.  The  chief  Rabbis  of  England  (leclnre 
du  D*"  Herm.  Adler). 

Hebniica    (Chicago,    trimestriel).   =  =  Vol.  111.    N®  2   (janvier  18811. 
W.-H.  Bennett  :  Notes  on   a  comparison   of  the  texls   of  Psalm  xvin 
and   II   Sam.   xxii.    —  Clermont-Ganneau  :    Mené,    Tekel,   Pères.  — 
M.  Jastrow  :  Jewish  Grammarians  of  the  middle  apes.  —  P.  Haupt  :  On 
the  elymology  of  û''0::3.—  J.  P.  Peters  :  Féminine  Plural  of  verbs;  Wav 
consécutive;  Numbers  in  Hebrew,  etc.  =  =  N°  3.  A.  Nordell  :  On  the 
synonyms  Tliy  and  brîp.  —  Gottheil  :  Kottek*s  Das  6.  Buch  des  «  Bel- 
lum  Judaicum  ».  —  A.  Briggs  :  The  strophical  organisation  of  Hebrew 
trimeters.  —  O'Connor   ;  Inscriptions  of  Nebuchadnczzar.  —  Jastrow, 
suite.  —  Cheyne  :  Notes  on  bia^a  .tD-^b-^sa.  etc.  =  =  N»  4  (juillet  l^% 
Smilh  :  The  text  of  Jeremiah.  —  Craig  :   The  monolith  inscription  cl 
Salmanassar  II.  —  Crâne  :  Tikkun  Sopherim.  —  Felsenthal  :  S.  J.  Finn's 
new  Hebr.  Dictionary.  —  Woods  :  Notes  on  Psalm  lxxiv.  —  Edwards  : 
Genesis  11,  25  and  xlviii,  10.  —  Pick  :  Old  Testament  passages   mes- 
aianically  applied  by  the  ancient  Synagogue. 

I«Mf»m  (Mayence,  bi-hebdomadaire).  =  =  Année  1887.  N^  17.  Bine  jùd. 


BIBLÏOCRAPiltE 


145 


ForschuDgsreise  nach  Arabien   (conilDuc   dans  quelques  numéros  sui- 
^nais,  puis  luterrompu;  rautheDlicilé  de  cette  relation  a  été  contestée). 

(Hanovre,  hebdomadaire).  ^  =^  5*  année.  N***  2  et  3.  Alte 
iterdamer  Gemeindevcrordnungcn.  =^  N*^*  t  et  8.  Aus  der  Gescb, 
litt  Juden  Wûrtlombergs  in  Miltelalter  (d*après  la  Gescb.  Wurttembergs, 
\it  P.  r  Slâlin).  =  =  N*»  9*  Cari.  Scbîeler  :  AUe  Stadt  Augsburger.  Nu- 
er  and  Mûochener  Judeii-Ordiiungen.  l^  Zur  Gescb.  d.  Juden 
llUcliland.  =  =  N'*  10.  BeriHirkuub^ea  zu  deu  alleu  Amsterdamer 
ie^Verordnungcn.  ^  =^  N^  IL  G.  Schiefer,  suite  :  II,  Judcn- 
Ton  1276,  —  =n  N^  13.  C-  Scliœler,  suite  :  IIL  Der  Sladt 
Iffmehcû  Juden-Verordnuug  von  134l>  ;  Geschicblliche  Eriaulerung  dcr 
tt*Ordnuûgeû.=^N'^  1 4-^15.  Scbaefer,  suite  :  Recbtliclie  Erlâuteruuf^ 
den-OrdnuDgen.  —  Eiu  Besucb  in  der  Juden  Savanua  {d'après  le 
sis  du  capitaine  G.-P--1I.  Zimmermauu),  =  =^  N^  15-16.  ScbSÊferp 
ûîle:  Zur  Gescb.  der  Uecbtslage  der  Juden  in  unseretn  Jahrbuudert.  — 
[l>icSlïiLislik  der  Juden  in  Polen.  —  Die  Fraiikfurter  Biicbeiliûndler  und 
Liku  jûdiscb,  Collegen.  im  17.  Jahrbundert  (dans  Fr.  Kopp,  Gescb.  d. 
Ntuisch.  Bucîihaiidels).  ==  N*'*  17  et  25,  Scbuft'er,  an.  —  =  N°  26. 
[Der  Itadesberrliche  Judenscbutz.  =  —  N*^'  28  et  2*à.  Historisebe  Notizen 
Ge«»cb.  der  Juden  in  Miincben  gelegenllicb  der  Fertigslellg.  der 
SvnagQge. 

i«ilatl4]ar  (Paris).  ^  ^^  6"  série,  tome  ÏX,  n*'  1.  Clermont-Gan- 
i:  La  sleie  de  Mèsa,  examen  critique  du  iexlc  (Examen  de  la  publi- 
ld<:  Smend  et  Sociu  sur  la  atëlc). 

Uabhâil«  (Ratisbonne.  hebdomadaire),  —  =  N°*  4  à  d^K  M.  H.  Fricd- 
4lo4er  :  Matcrialen  zur  Gescbicbte  der  Juden  iu  tiôbmen.  (11  est  fâcheux 
4u«lcs  numéros  de  ce  journal  ne  soient  pas  datés.} 


litlneke  L«tt«rbocle  i  Amsterdam»  sans  périodicité  déterminée),  ==^ 
aimée.  P.  145  :  Suite  de  !a  relation  de  voyage  (p.  38  el  suiv.), 
f.liH.  M.  Grûnwald  :  Zur  Etymo4ogio  des  Wortes  bl5D«.  —  F*  151» 
ie  nième  :  Asarja  ben  Mose  de  Kossi,  15101578,  Notizen  zu  dcssen 
Lcb«xi  und  Wirkcn.  —  F,  157.  A.  Neubauer  :  P  Kurzc  N'olizen  iiber 
Bji»iUdirift«n  ;  2**  P  H5(3.  Notizen  aus  Einbâtideu  und  gedruckton  Bù- 
i^cnt;  3**  P,  17L  Varianten  uud  Zusûize  zu  Jellineks  conèeros  Wornts  aua 
4er  Hosenlbar  scben  Handschrtft  ;  4*»  P.  173,  Marlyrcr-Lisle  aus  Ms. 
Ox/ord  Opp,  add.  quo  185,  catalogue  n"^'  2555.  —  P.  175  à  192.  Beceu- 
•ïôis'i,  nnifc  autres  celle  du  Catal.  des  mss.  bébr.  de  la  Bodléienne  par 
i*Ad.  Neubauer 

Lliierattir-tllalt  (Magdebourg,  hebdomadaire).  =^  =  15»  an- 

'    N"*  35   A.  Meisi^ls  :  Shakespeare  und  kein  Eode.  —  Samuels: 

L^  Analektea.  I,  Zu  Uiub.  —  S.  Wien«j;r  :  Zum  jDd.-russiâchen 

•ju.  =^  =  N**  36.  Kroucr  :  Zur  Kennzeichaung  der  Wisseuacbaftlicb- 

dca   luâtttutum  Juduicum    m  Leipzig.  =  =  N""  37  et  38.  Krooer, 

*-  Coben  :    Die  Censur  in  Mcnorath   Hamaor.  =^  =  N**  39,  rien  à 

r.  =  =  N**  40.  S.  Weissmauu  :  Psalm  45.  —  D.  Siraonsea  :  Ver- 

Dg  von  13  und  u-  —  Nochmals  îiber  bTi>n  'w-  ^^=  N'"  4l  et  42. 

iim,  snile^  —  bll^n  'w.    suite.  —   L.  Cobeu  :   Dateu-BericbU- 

itj   D'  Grâtz'  Geschichle  dtr  Judeu.  :=  =  N"  44,  Wiener  :  Die 

id  Fcucrbestattuug  nach   Bibel   u.  Talmud.  —  L.  CobcDi  suite, 

T*  XV,  w«  29,  tu 


146  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

=  =  N«  45.  Wiener,  suite.  —  Kroner  :  CoUectanea.  XVI,  Ueber  ^Tînp^cir. 
=  =  N^  46.  M.  Krakauer  :  Die  Erd-  und  FeuerbestaUong.  —  Th.  Kro- 
ner :  Zwei  Pergamentblâtter  der  konigl.  Bibliothek  zu  Erfurt  (fragmente 
curieux  de  Mahzor).  =  =  N°  47.  Kobn  :  Die  Brd-  und  Feuerbestattung. 

—  Kroner  :  Tbeologiscber  Jabresbericbt  fur  1885  (le  Beiicht  de  Lipsius^. 

—  Kroner  :  Zwei  Pergamentblâtter,  suite.  =  =  N®  49.  Kobn,  suite.  — 
Kroner,  Zwei  Pergamentblâtter,  suite.  =  =  N®  50.  J.  Caro  :  Zur  Escha- 
tologie in  Talmud  und  Midraschim.  I,  Kôrper,  Scele,  Tod.  =  =  N*  51. 
Kobn,  suite.  —  Kroner  :  Theolog.  Jabresbericbt,  suite.  =  =  N*52. 
Kobn,  suite. 

16*  année.  N*  1.  Stcckelmacber  :  Zur  Erd-und  Feuersbeslattung  (sur 
môme  sujet,  n<*'  2,  3,  5,  6,  7,  8).  —  Kroner  :  Tbeologiscber  Jabresbe- 
ricbt, suite  (suite  dans  n««  2,  4).  =  =  NM.  Caro,  Zur  Eschatologie  in 
Talmud  und  Midrasch.  II,  Siibne,  Todcszustand.  =  ==  N^  8.  Ziemlicli  • 
Einer  der  nicht  Liturgiker  sein  will,  Antwort  an  Hn.  Prof,  de  Lagartie 
(suite  n<*"9,  10,  11).  —  Beerdigung  und  Feuerbestattung  in  Bibel  und 
Talmud  (suite  n^»  12,  20,  21,  22,  28,  30).  =  =  N»  9.  Kroner  :  Thealo- 
gischer  Jabresbericbt  fur  1885,  suite  (suite  dTans  n<>.  10).  ==N«  XI. 
L.  Cohen  :  Zur  Chronologie  (suite  n^»  13,  15,  16,  17,  20,  23.  24,  80,  SX- 

—  Hocbstâdter  :  Uebcr  die  Schreibart  und  Aussprache  des  gôtllicl^*" 
Namens  (faudrait  lire  ffihvé).  ==  N^  13.  J.  Goldschmidt  :  DerReclàt-S" 
standpunkt  der  Potitioncn  der  Tbicrschùtzler  gcgen  den  Schlachtri  tus 
der  Juden.  —   Kobn  :  Cbama   bar  Tobia  (Sanhédrin  52  d).  =  =  N»    ^** 
S.  Weissmann  :  Der  110.  Psalm  (suite  n^»  15,  17.  18\  —  L.  Cohen  :  ^«^ 
Litteratur  der  Pessacb-Hagadah  (bibliographie).  =  =  N«  15-16.  Kroa^^^*- 
Harmlose  Lagardeana   (suite  dans  n°»  19,  21,  23,  25,  26,  29,  31,  3^)- 
=  =  N»  19.    Guslav  Karpeles  an  Friedrich  Spielhagen.  —  Die  Thi^^ 
im  Leviticus  (d*après  L.  Karpelles  dans  Verhandlg.  der  K.  K.  zoolo»^- 
bolan.  Gescll.  in  Wien  1885).  =  =  N'  21.  Goldschmidt  :  Die  Agîtalî^^ 
gegcn  don  jùd.  Schlachtrilus  (suite  dans  n*  24).  =  =  N**  24.  Deulso^^  ' 
Jùd.  Wissenschafl  in  christlicher  Beleuchtung  und  umgekebrt  (reccnsm^^ 
de  la  traduction  des  aggadot  par  Wûnsche).  =  =  N'o»  25  et  26.  Dans      ^^ 
Familicnblatt,  supplément  à  Wochenschrift  :  Zur  Geschichte  des  Sy*^*' 
gogen-  Baues.  =  :=  N*  2G.  Die  Anglo-Jewish  Exhibition.  —  Zum  Ratl».^*^ 
Simsons.  =  =  N**  27.  Das  Andernacher  Judenbad  (ancienne  constr"!^^ 
lion  ;  notice  sur  divers  mikwé  d'Allemagne  ;   suite  dans  n®»  28  à  32).    ^ 
Gossel  :  Zur  Gesch.  d.  Judcn  in  Westpbalen   (pièces  de  1766  et  177 O). 
=  =  NO  32.  Goldschmidt  :  Erklârung  der  Tosaphotslelle  Taanit  16  a  C»^^ 
la  crémation  des  morts). 

Hagazin  flir  die  Wissenschafl  des  Jadenlhams  (Berlin,  trlmcstri^O' 
=  =  14«  année  (1887).  P"-  trimestre.  A.  Epslein  :  Der  sogenannte  Rascbi- 
Commenlar  zu  Bcreschit-Rabba.  —  Berliner  :  Nachbemerkung  zum  rori* 
gen  Artikel.  —  M.  Jastrow  :  Hebr.  und  Chaldâiscbe  Wortbildung  in  der 
talmudischen  Zeitperiode,  —  David  Kaufmann  :  Elia*s  von  Nisibis  und 
Saadja  Alfajjùmi  s  Aeusscrungen  ùber  die  Triuitât. 

The  Mènera  (New- York,  mensuel).  =  =r  Vol.  II,  janvier  à  juin  1887. 
Contient,  entre  autres,  l'histoire  do  Tlndependent  Order  Bene  Berft 
(I.  G.  B.  B.)  et  l'histoire  de  la  mission  de  M.  B.  F.  Peixotto,  à  titre  de 
consul  des  États-Unis,  en  Houmanic.  En  outre,  direrses  études  de 
M.  Felsenthal  (Dictionn.  hébr.  de  Finn,  n*"  5;  Cbronological  dates  i& 
Hebr.  Literature,  n«6).  ==  Vol.  III,  n««  1  et  2  (juillet  et  août  188T). 


OIBLIOGRAFIIIE 


Ul 


Smiaûe  rhistoirc  du  L  0.  B.  B.  ci  de  la  mission  do  M,  Peixotto.  — 
F«iieQtbal  :  \Vo  was  Hayyitn  Kiinbi  ?  The  iwo-yoar  Cycle  ;  was  a  biennal 
Cjde  cTcr  in  use?  Division  of  thc  Penlaleueli, 

Nf«lâr  wtstvitsrhufllirlie  Mon»!  sb  lutter  (Francfort-sur-le-Mein,  mcn- 
wel}.  V  auûce.  =r  =  N''  1.  Ein  CbrUt  (Renan)  iiber  die  ursprÛDgIiscbe 
Qïeichhcîit  und  allmâblicbe  Trennung  des  Judt:nlums  und  Christcntuma. 

—  Ein  Grnb  auf  dem  jûd.  Friedliofe  in  Frankfurt  a.  M.  —  Anna  Conslanze 
TOûCosel,  einc  jûd.  Prosolytin.  —  :=  N"  2.  Rotbscbild  :  Der  ewigo  Jude. 

—  Ans  spani-cUen  Arcbiven  (sur  enterrement  du  Gliaries  II  le  Mauvais, 
1386^  et  le  juif  Samuel,  qui  fait  1  embaumement).  =^=  N^  3.  Gôlhe  und 

—  Ueber  Juden  in   Persien   und    Malabar.  ^  =  N**  4.  Pbarao- 

—  Gedanken  uber  das  Cbdstentum.  =  :=  N"  5.  Noues  ûbor 
Ptul  de  Lagarde,  =  =  N"  6,  Offener  Briel'  an  Hn.  Prof.  M.  Lazarus,  vod 
Cuslflv  Maier,  =  =:;  N""  1  et  8.  Tamus-Neumond*  —  Erzbcrzog  Karl  von 
OcsIcrreJcb  in  der  Scbweiz  im  Jahre  1797^  nach  Noli^en  aus  dL\ssen 
Tagcbuçb  und  nacb  Aufzeiclinunfren  in  HandschriHen.  —  Ad.  Kurrein  : 
Die  sozialc  Frage  im  Judentum.  ^  Joël  Mùller  :  Die  jîid*  Kanzelbered* 
timkdit  im  xviiu  Jabrbundert 


flMSIvaelirlft  fllr  Griirhlebte  und  %Vlsscttscïli5ift  des  Judcnlliunis 

(Ir^itoftCliin,  mensuel)*  =  =  SG»*  année,  1887,  N"  1.  GraeU  :  Der  Aulor 
fi<6  masoreliscbcQ  Werkes  Oc  kl  a  h  w  Ochlah.  —  J.  Tbeodor  :  Die  Midra- 
Hhîm  tntn  Pentateuch  und  ÛQt  dreijabrigo  palasUn»  Cyklus  (suile).  =z= 
N*  2.  GraeLx  :  Der  Eboprozess  in  der  Familic  Ibn  Tibbon.  —  Perlitz  : 
Ribbi  Abahu,  Cbarakier  und  Lebensbild  eïnos  palîisL  AmorSers,  — 
I>  iiaafmann  :  P  Eine  Anekdoto  vcm  Juda  Halewi  ;  2^  Hûrdt  bel  Speyer. 
-^  N*'  3.  Graelz  :  Die  Bcdeulung  der  Pncsterscbaft  fur  die  Geselzge- 
bun^  wiibrend  der  zweilen  Tempelzerslurung.  —  Perlitz,  suile.  =  =^ 
î**!,  Graetz  :  Bedculung  der  jCuL  Milnzen  mit  dem  Feslstratiss  (Lulab). 
*-  Perijtz,  suite.  ==  N"  5.  Oraclz  :  Nacbtrag  zu  den  lùckenbaften  Ver- 
^m  in  der  Uibel  pios  r^?:X3  KpDfi.  —  Neubauor  :  Der  Wabnwitz  und 
I  Scbwîodeleien  der  Sabbatianer  naeb  ungedrucklen  Qiiellen.=  = 
H,  Graetie  :  LchrinhaU  der  WeisheiL  in  dem  biblischen  Scbrifllbum. 
•-Neiîbaacr,  suite,  — Perlitz,  suile*  =  =:  N°  7.  Graelz,  suile.  —  Uebcr 
ti  Gcrscbom  und  sein  Verballniss  zum  masoreliscben  Sammelwerk 
Oehlih  we  Ochlab.  —  Perlilz,  suite,  —  Mendelsoniaiia*  ^  =  N"  8* 
Paralïelen  ans  der  jûd*  Geseliichle,  —  Theodor,  suite.  —  lloro- 
r:  Ucbtr  den  Bcgriff  von  N"jari-  —  Neubaucr  :  Notiz  ûber  Menabem 
Tirlimaa  (Vardimas  serait  VerduDJ. 

pie  ■ooalssrltrirt  (Berlin^  mensuel;  aupplément  h  la  Jtidiscbe 
gj.  :^  =  Année  1887.  N^  1.  D.  llotimauu  :  Die  bistortscbe  Momenlo 
ûon«  Ksrcb  Gebet  (suite  n'^*  2  à  (>;.  —  OHtzki  :  Rituelle  und  ju- 
i  Fille  bel  Flavius  Josophus  (suite  n*'*  4  et  7).  ^  =  N'^  2,  TieU  : 
liehwierige  Rascbi  Stelle,  Gen.  36,  31  (suile  n^'  2  et  3).  =^  =  N-  3. 
QactiaflUcbe  Mtltheilungen  (sur  les  mss.  découverts  par  U,  A.  Har- 
liT^).  L  Bisber  unbckannte  Resch-Galuta  ;  *2-  Bericht  eines  Augenzeugen 
Uitf  die  Verbanaung  der  Juden  in  Portugal  (Abrab.  de  Torrutiel).  — 
ifedusana  :  Zwei  unnôihige  Gorrecturen  (contre  Tietz).  ==  ïiota  : 
Sue  VOD  Hcidenbetm  offcnbar  missverslandene  Stelle  des  Macbsor 
Kerobgt  du  2*  jour  de  PÛque)*  —  DaH  gruiidlegende  Bucb  der 
oder  der  Talmud  des  Anan  (lellre  de  Saiiit-Pétersbourg)*  :=  = 


148 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


N**  5.  A.  Harkavy   :   WisseDScbafll.   Millheiiangen  :  Ein  bis  jêUl  uû- 
bekaoDtea  Werk  ûber  Astronomie  ans  der  Epocbe  der  Gaonim  iRab  W 
Levi).  Der  atteste  CommeDlar  zn  den  bîbï.  Bûcberii  (Daud  b-  Mer^i^^ 
Armki  al  Mokammez).  =  =  N*»»  6  et  1.  A.  WolflF:  Zum  Capilel  ûber  di» 
jûd,  Erbrecht,  =  :=  N»  7.  J*  Levy  :  Eia  Wort  ûber  dcn  jûd.  Kalea.ii«» 

I>lc  nfcazeit  (Wien,  hebdomadaire).  -=  =  27*  anoée.  >'•  1.  Die  indust.:K'iel' 
Ica  uûd  commerzieUen  VerhaUnisse  im  alleu  Palâstîna  (d'après  Dîi 
aulike  Wellanscbauung,  de  Job.  Fritz,  Hageu  i.  W.  1886).  —  Zirii<m  «rt 
Erinnerungen  an  D*"  J,  M*  Jost.  ^  =:  N*»  2.  Die  Juden  in  Persien  C[  <^'» 
près  Persien  wie  es  isl,  du  D'  Wills  et  d'après  Jcw.  Clironicle^  =^ 
N*  12.  G.  WoU  :  Historiscbe  Notizen.  U.  Jûd.  Sludiereode  (17811  ^  ifl 
Der  Vereia  zur  Unlerstùzung  inittelloser  isr.  Sludierender  in  "W^iea 
=  =;  N*»  13.  G.  Wolf,  suite  :  iV.  Von  der  isr.  Gemeinde  Wicn  l»4^\ 
(actes  offlciels)  ;  V,  Dank  der  Vertreter  (6  janvier  1808,  mariage  de  l''* 
pereur  François).  —  Bine  bisloriacbe  Stimrae  ûber  Moses  Meurids^oîiîk 
vom  Jahro  1766  (dans  Histor  Bildersaal,  14**  partie,  Nuremberg  lIGiO-  — 
=  N«  15.  G,  Wolf  :  Histor.  Notizen.  VI,  Die  Tûrkiscbe  Gemeind*^ 
Wiea  ;  VII, Daa  Alenu  Gebet;  VIIÏ,  Allerlei  Steuern.  — =N'  22/ G.  WT^^i 
Aus  der  Zell  der  Kaiaerin  Maria  Tbercsa  (Bohême  et  Prague,  1744-1  ^  <j9)) 
=  =  N*»  26.  Der  geislîge  Zuâland  der  Juden  des  HIdjaz  zur  Zeit  MiiLe»*î> 
mcd*«  (d'après  U.  Hirscbfold,  Beilrâgc  zur  Erklârg.  des  Korans,  Lp*Si 
1886;  suite  n*^  27  et  291. 


JildUrhe  Presse  (Berlin,  bebdomadaire).  =  =  18<*  aaoée.  N«*  2  el  3. 

russiiicbe  Pbilosopb  Wîadimir  Sergewiicîi  Solowiew  ûber  den   Talir»^ 
==  =^  N**  4,  Zwei  Mârtyrcr  der  Posner  Gemeinde  vor  150  Jabren.  =^_^ 
N*  27.  Die  Berliner  jûd.  Gemeinde  in  den  ersten  50  Jabren  dièses  Ji 
hunderls,  Vortrag»  von  S.  Oumbinner  (suite  dans  n***  29  et  31), 

Putewtiiie  Emplaration  Fmid  ^Londres,  trimestriel).  ^.  =^  Janvier  1&^ 

G.  Schumacher  :  Récent  dtacoveries,  Notes  and  News  from  tbe  Liv^ 
Acco.  —  Ilippos  of  the  Deeapoîis,  —  Sir  Charles  Warren  :  Notes 
Arabia  Petrtea  and  tbe  countrj  between  Egypt  and  Palestine.  — 
M<^»squc  El  Aqsa,  Jérusalem.  *—  C.  Schîck  :  P  Tbe  stones  of  Jenisale*'* 
2**  Newly  discovered  roek-bewn  Tomb  al  Kolonieb.  —  Tbe  Sue  of  1^ 
City  of  David.  —  Tbe  Ruck-Altar  of  Zorah.  —  Byzantine  capital  futiO^ 
in  the  llaram  arca,  —  Middotb,  or  tbe  measuremenls  of  the  Temp'*^ 
(euite),  =  =  Avril  1887.  Tbe  Sakharab.  —  G.  Scburnacher  :  ResearcbôS 
in  tbe  plain  norlh  of  Cfesarea  :  1"  Au  excursion  to  the  crocodile  rivei; 
2*^  Tiberias  and  its  vicinity.  —  Guy  le  Strange  :  Notices  on  the  domeof 
the  Rock  and  of  tbe  church  of  ibe  Sepulchre  by  Arab  bistorians  prior 
to  llie  firsl  crusade.  —  Capt.  Conder  :  Notes,  1"  From  the  Quarterîj 
Stalement  1886-7  ;  2^  On  Perrot  and  Chipiez'»  «  Hif^toire  de  l'arl.  >>  — 
\V.  Mihier  :  Kirjutb'Jearim  and  Ebcn-Ezer.  —  C,  Scbick:  A  remarquable 
tomb.  ^—  MicJdoth  (suite)»  =  ^  Juillet  1887.  Thomas  Chaplin  :  Transla- 
tions of  tbe  .Middotb.  —  Capt.  Conder  :  1"  Tbe  Hittites;  2"  The  critîcism 
of  the  Hitlilc»;  ÎJ^  Lydda  and  Anti-Christ;  4**  The  Canaanites.  —  The 
Kûrnak  List  of  Palestine.  ^-  C.  Scbick  :  Notes,  —  A  Jérusalem  Cbro- 
niclL',  —  Hchick  :  llerod'a  Amphithéâtre.  —  Capt,  Conder  :  Remark  ou 
Herr  Scbicks  Report.  —  llutchinscm  :  Tbe  towr  of  Edar,  —  Schuma- 
cher :  P  population  list  of  ihe  Liva  of  Akka;  2"  Arabie  Proverbs.  — 
ClennoijUGanueuu  :  Note. 


BIBLIOCBAPIIIK 


IVî 


^ 


ilt*  [Bucharesl.  bi-mensucl).  =  =  I^«  année  (188G).  N*^  18. 
liU  (de  Jassy)  de  la  1804.  —  Ua  acl  de  la  1827  (de  Moîso 
Sofer,  coûcernaiil  Focsani)»  =:  =  N'*20.  Aminliri  dospre  revoîutia  de  la 
IWS  din  ValacUia.  —  =  N"*  22  et  24.  Joseph  Kaufmaii  :  Comunitatea 
diii  Romaiif  descriere  istbrica.  =:  =  N^'  23  et  24.  Extrase  diti  xiarul 
«crai'Official   Veslilorul  Romanesc  (années  1845  et  1846), 

2*  année  (1887J,  S^  1,  3,  7,  S,  Kaufmao,  suite.  =r  =  N*»  3.  Exlrase, 
siule  l'année  1847).  —  Un  hrislov  incdit  de  la  1783.  —  Un  act  incdil  do 
U  1852.  =  =:  N<»  8.  Ua  act  privitor  la  tempul  coral  (1857).  =  =  N»'  7 
A  13.  Rien  à  signaler. 

êe  riif$t«tre  de»  reUgiomm  (Paris^  bimestnel).  =:  =:  8«  année, 
XV,  n"  l*  A.  Sabati^îr  :  De  la  question  do  l'origine  du  pccîiô  d*a- 
fifè*  les  lettres  de  l'apôtre  Paul.  —  Menant  :  Les  Hétéens.  ^  ^r:  N^  2. 
Sabflticr*  suite.  —  P.  Régnaud  :  Le  8«(îMiiv,  bistoiro  d'un  mol  et  d^nne 
idcc.  —  Maspero  ;  Le  rituel  du  sacrifice  funéraire,  Btillelin  critique  de  la 
rcligron  é^-p tienne.  —  G.  Lafuye  :  Les  découvertes  en  Grèce  au  point 
«le  rue  de  rbisloire  des  religions.  =  ^  N*  3.  Maspero  :  Le  Livre  des 
morts.  —  L.  Massebieau  :  L'apologétique  de  TertuOicn  et  TOctavius  de 
Miaocias  Félix. 


1?^lter«  IsrméliCe  (Paris,  bi-mensucl),  ==  =  42"  année.  N*  IL  Isidore 
'Wi'ii  :  Cboii  de  fables  talmudiques  (conliuué  danç   uuméios  sulYants^. 

Abrah.  Lévi  :  Un  document  messin  U7  mai  1791^  démarche  des  Juifs 

«le  Mei2  près  de  l'assemblée  nationale  pour  la  rentrée  des  impôts). 

Il   %'ei«IJIo  Israelliieo  (Casal-Honferrat,  mensuel),  =  :-^  35®  année.  N**  h 
ï*-  Perreau  :  Inlorno  al  Targum  di  Ookelos  (suite  de  l'année  précédente), 

$.  Momîgliauno  :  I   monumenti  di  Nînîve  et  di  Dabilone  (suite  de 

l*année  précédente).  ^^  N*"  2.  P.  Perreau  :  Intorno  al  R.  Josef  Kara 
^<1  il  suo  Commento  sopra  rEcclcsiaste.  ^  =  N°*  3,  4,  5.  P.  Perreau  ; 
ÏQîomo  aile  leggende  populari  isr.  nel  medio  eiro.  —  LeoneOo  Modona  : 
I>i  tma  edizione  de  Siddnr  TeâUoth  in  lingua  voïgare  e  tipi  ebraici  sco- 
notclala  ai  bibliografî  (se  trouve  à  la  blbliotb.  de  Bologne,  donné  en 
I7ôl  par  le  pape  Clément  XII!).  =  =  N^  6.  Gli  Ebrei  deir  India  e  il 
^  Mtntegozza.  :=  =  N<*  7.  Astorre  Peregriai  :  Iscrîïiîoni  Carlaginesi, 

^tetreleliiielie  Woebeoselirifi  (Wien,  bebdomadaîrc'fi  =:  ^=4'  année. 
?i*  ♦.  AroD  Briman  in  Sicht  ?  ^:  ^=  N*»  G.  Der  noue  Scbulchan  Arukti  ans 
8uel.  =  ==  N**  7.  Ad.  Sterafeld  :  Die  Juden  in  Abyssinien.  =  —  N"  13^ 
tm  KrtniinaUîtll  vor  hundert  Jahren  (affaire  de  sang  rituel  en  1788  à 
Toli«i.  ==  N"  17.  Die  Prager  Judenschaft  (d'après  Ip  D'  Stein,  dans  le 
Citcii,t,  fâac,  99,  suite  dans  n'^MB  à  25).  =  —  N*  28.  Die  Juden  in  der 
Stàtm  und  Timbuktu  nach  Mitlbeiiungen  vfm  Oskar  Lenz.  :=^  N**  31, 
itti^em  Kîrcbenbacb  in  Ëgelin  (un  Juif  baptisé  1624). 

itifM  World  (Londres,  hebdomadaire).  ^  ^  N*»  732,  733.  A  conlem- 
pofttry  opinion  of  Uriel  A  Costa  (Daniel  Levy  de  Barrios).  ^  ==^  N**»  735, 
138.  Grammatical  notes  on  Hebrew  inscriptions  :  Baal  Lebanon.  Dibon, 
Silotai,  Gcbal  and  Escbraunazar.  =^=  N^  730.  Opcning  of  tbc  Jcweries. 
^=  N**  740  à  747.  Tbe  Jeweries  (Les  juiveries  de  Londres).  ^^ 
>!*•  745,  746,  Studies  in  Jowisb  Legend  ;  I,  The  Nimrod  fable* 

itmcÈtwiti  der  deuUirlieii  itiorgenlundisclieii  Ucselliieliaft  (Leipzig, 


150  •  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

trimestriel).  =  =  40®  vol.,  4®  fasc.  Philippi  :  Die  Aussprache  der  seiBi- 
tischen  Consonanlen  i  und  •^.  =  =  41®  vol.,  !•'  fasc.  Rien  à  signaler - 

l^elUjCliTtff  dem  deatselieii  PalaesIlna-VerelBS  (Leipzig,  trimestriel). 
Volume  X,  fasc.  1.  R.  Rôhrichl  :  Syria  sacra  (Bibliographie).  —  K.  Zan- 
gemeister  :  Rômische  Inschrift  von  Jérusalem  (sur  la  fameuse  X*  l^^io 
Fretensis).  —  G.  Gatt  :  Bin  Besuch  bei  Abu  Suweirih  (chef  de  tribu,  sur 
la  côte  palestinienne). 

Zeltsehrifl  fur  die  ttllle^taineiitlielie  Wlasensrhaft  (Giessen,  8eix=ies- 
triel).  Année  1887,  fascicule  1.  Baethgen  :  Siebenzehn  Makkabài^^^^ 
Psalmen  nach  Theodor  von  Mopsuestia  (Schluss).  —  Reckendorf  :  U^Eîber 
den  Werlh  der  altâlhiopischcn  Pentateuchùberselzung  fiir  die  Reccii=>ns- 
truction  der  Sepluaginta.  —  J.  Derenbourg  :  Les  variantes  de  M.  le  — A*»»* 
teur  Pick  (sur  Mechilta  et  Sifré).  —  Budde  :  Richter  und  Josua.  —  Die 
hebr.  Grundlage  der  Apokalypse  (hypothèse  de  E.  Vischer,  approuva  par 
Tauteur  de  cet  article). 

Zeltachrirt  fur  die  Geschl^hCe  der  Joden  in  Denlsehland  (Brci^QS- 

wick,   trimestriel).   =    =   Vol.   I,    n«  4.   Moritz    Stem  :  Beitrâge         zur 
Gesch .  der  Juden  am  Bodensee  und  in  seiner  Umgebung.  —  G.  W      -olf  : 
Zur  Gesch.  der  Juden  in    Oestcrreich  ;   III,  Gomcindestreitigkeiteir^  in 
Prag  1567-1678.  —  L.  Geiger  :  Goethe  und  die  Juden.  —M.  Isler:  B^r— iefe 
von  Lazarus  und  Gabriel  Riesser.  —   Steinschneider  :  Hebr.  Druck— -^i^ 
Deutschland  (suite).  —  M.  Stem  :  Aus  der  âlleren  Gesch.  der  Jude:^K=i  in 
Regensburg.  —  M.  GrCinwald  :  Zur  Gesch.  der  Juden  in  Jungbunzlau   ^^  I^- 
—  L.  Lôwenstein  :  Memorbûcher  (suite) .    =  =  Vol.  II,  n**  1 .  C  ^ —  A. 
Burkhardt  et  M.  Stem.  :  Aus  der  Zeitschriften-Literatur  zur  Gescli-  ^^^ 
Juden   in  Deutschland.  —  M.  A.  Stcrn  :   Briefe  von   und   an  Gal^  ^^^^ 
Riesser.  ~  J.  Aronius  :  P  Ein  Wunder  in  Coin  und  die  Juden  ;  2**E^af' 
der  Grosse  und  Kalonymos  aus  Lucca.  —  L.  Lôwenstein  :  Memorbiic-Ï^®'' 
(suite).  —  L.  Geiger  :  Zur  Mendclssohn-Litcratur. 

AllgemelKe  Zeltang  des  Jvdealhsms   (Leipzig,  hebdomadaire).  =   =^ 
51*  année.  N*  7.  Ad.  Rozenzweig  :  Skizze  zur  Gesch.  der  Juden  in  Te- 
plitz,  Bôhmen.  =  =  N°  12.    J.  Wolf  :   Oestcrreich iche  Censursacheii' 
=  =  N®  15.  Die  Juden  in  Marocco  (extrait  de  Marokko,  de  V.  J.  Horo- 
wiz,  Lpzg.,  1877).  —  G.  Wolf  :  Gesch.  des  jûd.  Schulwcsens  in  Galizien 
(à  partir  du  xviii*  s.).  =  =  N<>  16.  Josephus  und  die  Tradition.  =  = 
N**  18.  Eine  Synagoge   in  Palmyra   (avec  inscr.   hébr.,  découverte  par 
Euting.  d*après  Landauerdans  Silzungsberichten  der  K.  preuss.  Akad.  d. 
Wiss.  in  Berlin,  année  1884,  p.  933).  =  =  «<>»  19  et  20.  Die  Hungers- 
noth  in  den  biblischen  Zeiten.  =  =  N^»»  22  et  23.  Aus  eincr  Pariser 
Reise  im  Jahre  1854.  =  =  N»  24.  Die  staatsbûrgerliche  Gleichberechli- 
gung  in  Wûrttemberg  von  einem  Proiestanlen  (d'après  Beobachter  des 
26  et  27  mai). 


5.  Notes  et  extraits  divers. 


=  M.  Joseph  Derenbourg,  membre  de  Tlnstitut,  vient  de  donner  uno*  suite 
à  sa  belle  publication  du  Kalila  et  Dimna  hébreu,  c*est  la  traduction  la- 


BIBLIOGRAPHIE 


151 


M^e  fie  Jean  de  Capouc.  Les  notes  de  M.  Dbg.  sont  pleines  d'observations 
^âvaojes  fcl  ingénieuses,  et  le  texte  a  été  réconelituû  et  corrigé  par  lui, 
^  Taidc  des  différente»  versions  connuesi  avec  une  eagacilé  extraordi- 
naire. Voici  !e  litre  de  cet  ouvrage  ;  if  Johannis  de  Capua  Directoriuin 
"Vitae  htimanîe,  alias  Parabole  auUquorum  j^apientum.  version  latine  do 
K^alltab  et  Dimnab,  1*^  fascicule,  ^  72«  fascic.  de  la  Bibliotb.  de  TÉcolc 
dc«  Hautes-Études,  Paris,  libr-  Vieweg,  ISST,  in-8«  de  240  p. 

1^'  ^  I— a  communauté  isroélile  de  Vienne  vient  dcproposer  au  concours  la 
^^dactîon  des  deux  ouvrages  suivants  :  1^  Un  catécbisme  israélite  en 
«loux  parties  (prix  offert  :  3.000  marcs)  ;  HP  Une  histoire  des  Juifs  depuis 
^*cïxil.  en  deux  volumes  (prix  proposé  :  4,000  marca),  Lo  premier  ou^ 
'Vi-age  doit  ôlfo  déposé  avant  le  l''^  marfl  1888;  lo  second  avant  le  31  do- 
*^oinbre  1888  (vfvir  Neuxeit,  I8H7,  n*»  7), 

=^    X^aus   rAlbena^ttjQ  du  27  août  1887  :  1*»  Notice  biographique  sur  le  lit- 

■*i^  râleur  danois  Méir  Aarou  Goldschmidt,  né  à  Vordingborg  lo  2<î  octobre 
^319.  Auteur,  entre  autres,  d'une  nouvelle  intitulée  £n  Jnde  (1845)  et 
«i.'aulrcs  nouvelles  juives.  —  2*^  A.  Neubauer  ;  Tbc  Jew  Antonio  de  Ve- 
*"ona,  (Le  25  mai  162t>  on  ht  à  l'Académie  d'Oxford  une  lettre  par  la- 
«ixaellc  la  reino  Henriette  Marie  recommande  Maria  Antoine  de  Vérone, 
/"^mulum  nostrum  :  la  lettre  est  du  19  janvier  1G25.  La  réponse  est  qu'on 

It.i<ïDdr^  comple  do  la  recommandation  de  la  reine  en  faveur  de  Maria 
.^k^ntooio  de  Vérone,  juif.  En  l<ïil3-24,  le  Kings  Collège,  de  Cambridge, 
Sft^^orduit  au  juil  Aâlomio  de  Veroae  une  pension  (t)  de  â  l.  ;  M.  N.  aup- 
H^ose  quo  c^  juif  élalt  baptisé.) 


Quelques  pages  très  înléressanles,  et  exprimant  d'excellents  sentiments, 
sur  rhisloîre  des  Juifs  à  Uome  pendant  le  moyeu  Ûge»  dans  «  La  Re- 

katssance  italienne  et  la  philosophie  de  l'histoire,  v  d'Emile  Gobliart; 
Paris»  libr.  Cerf,  186(ï.  Le  chapitre  que  nous  signalons  se  trouve  p.  168 
oiftuiv. 


r  L*Espagoe  et  les  Juifs,  par  Isidore  Locb,  dans  Bulletin  mensuel  de  TAl- 

limiice  i&raélite  universelle,  avril  1887,  p,  71  à  d2.  (Étude  sur  les  ques- 

Uooâ  historique,  légale»  économique  et  sociale,  à  propos  de  tentatives 

réoeiîtee  faites  par  des  publicistes  espagnols  pour  appeler  dans  ce  pays 

MSk  plus  grand  nombre  de  Juifs.) 

^  M.  A,  LcDwy,  à  propos  de  son  article  sur  la  stèle  de  Mésa  dont  nous 
avons  porié  dans  le  précédent  numéro,  et  dont  ^L  J.  tialêvy  a  ftait  une 
rcconsion  (dans  lo  mOme  précédent  numéro),  prépare  une  réponse  à  toutes 
les  objections  et  critiques  qui  ont  été  laites  contre  8a  thèse  ;  il  maintient 
l'opinion  que  la  stele  est  apocryphe. 

=  Excellent  article  de  M.  E.-A.  Aslruc.  dans  la  Nouvelle  Revue  (Paris, 
juillet  1887,  p.  332  à  350).  Le  titre  de  cet  article  est  :  «  Le  mouve- 
ment rehgieux  »  ;  il  se  divise  en  cinq  chapitres  qui  sont  :  1"  Exista- 
l-il  un  mouvement  reli^Meuxf  2'^  le  mouvement  religieux  dans  le  monde 
ancien  ;  3**  Torthodoxio  et  la  nouvelle  critique  indépendante  ;  4"  les  re- 
ligions laïcisées  et  respectées  ;  5*  le  mouvement  religieux  et  la  paix  so- 
ciale. Les  principales  publications  iTaitées  sont  :  L'Ancien  Monde  et  le 
Christianisme,  par  E.  de  Pressensé  ;  rilistoirc  des  Reiigions,  par  Mau- 
rice Vcmes  ;  les  Mélanges  de  critique  biblique,  par  G,  d'Eichthal  ;  la 
tmductioa  de  la  Bible,  par  Ledrain  ;  Jésus*Chnst  attendu  et  prophétisé. 


152  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

conférences  de  Tabbé  Frémont;  Tlslaniisme  et  Thistoire  des  Religions, 
par  H.  Derenbourg  ;  l'Introduction  à  Thistoire  générale  des  Religions, 
par  Goblet  d'Aviella  ;  Zur  Judenfrage,  par  Jos.  Kopp. 

=  La  librairie  H.  Grevel,  de  Londres,  annonce  qu'elle  va  publier  une  édi- 
tion anglaise  des  ouvrages  français  de  M.  I.  M.  Rabbinowicz  sur  le  Tal- 
mud  (Les  législations  civile  et  criminelle,  la  médecine).  La  publication 
comprendra  6  volumes,  cbacun  de  500  à  600  p.  Le  prix  du  volume  est 
fixé  à  1  livre  1  sh. 

=  L'Atbcnseum  (n^  du  23  juillet)  annonce  la  publication  d'une  petite  gram- 
maire hébraïque  du  Rev.  W.  H.  Lowe.  —  Dans  le  môme  numéro  (p.  118)' 
note  sur  une  conférence  faite  par  le  D**  U.  Adler,  de  Londres.  M.  H. 
Adler  croit  que  les  Tosafot  de  Gomicb  sont  de  Norwich.  (voir  Jew.  Chr., 
n«  956). 

=  Revue  des  Deux-Mondes  du  15  août  1887  :  Excellent  article  de  M.Maxime 
Du  Camp,  intitulé  «  La  bienfaisance  israélite  à  Paris  ». 


6.  Chronique  des  Journaux. 


=  Nouveaux  journaux  :  • 

1 .  «  Sem  et  Japbcte,  parait  en  langue  française  et  allemande,  par  Isi* 
dore  Rail;  10  livraisons  par  an.  »  —  Le  n®  1,  publié  en  juillet  1887, se 
compose,  pour  chacune  des  deux  éditions  (allemande  et  française),  de 
8  p.  in-8**.  Il  est  imprimé  à  Léopol  (Lemberg),  chez  Ch.  Rohatyn.  Prix  .* 
fl.^2,25  par  an. 

2.  Nous  voyons  aujourd'hui  pour  la  première  fois  le  journal  suivant  : 
«  Infratirea,  Ziar  israeiilo-roman.  »  —  Publié  à  Bucharest,  en  langue 
roumaine  ;  format  petit  in-folio,  de  4  pages  le  numéro,  à  3  col.  par  page; 
prix,  8  fr.  par  an.  Le  numéro  que  nous  avons  sous  les  yeux  porte  la  date 
du  P*'  août  1887,  et  est  numéroté  année  II,  n<»  42. 

3.  Israelitisches  Volksblatt,  volksthûmliche  Wochenschrift  fîir  die 
Interessen  des  Judenthums.  —  Publié  à  Trêves  par  A.  Nussbaum,  ré- 
dacteur responsable  ;  in'4®  ;  le  numéro  a  8  pages  à  4  col.  la  page  ; 
6  marcs  50  par  an.  Le  n®  1  de  la  1**  année  est  du  15  mai  1887. 

=  Une  publication  soi-disant  périodique,  ayant  pour  titre  n2^k3"lK&Dp3^,  a 
été  distribuée  à  la  fin  d'août  1887  avec  les  Journaux  israélites  allemands. 
Elle  porte  comme  date  :  «  IV.  Jahrgang,  Monat  August  1887,  »  et  est 
composée  de  4  p.  in-4o  à  2  col.  Elle  paraît  spécialement  destinée  à  servir 
d'annonce  pour  la  vente  desEtrogim.  L'adresse  du  journal  (?)  est  :  ExiK>r- 
teur,  Trieste.  Le  rédacteur  et  propriétaire  est  S.  Rotter  ;  l'imprimerie  est 
celle  de  Moritz  Burian,  Budapest.  Les  3  premières  pages  du  numéro  d'août 
1887  sont  en  allemand,  caractères  hébreux,  la  4"  page  est  en  allemand, 
caractères  latins.  Sans  autre  indication  sur  la  périodicité  ;  se  distribue 
sans  doute  gratuitement. 

=  11  y  a  longtemps  que  nous  n'avons  reçu  ni  le  Schacharj  ni  la  Sulamii  ; 
le  Zion,  de  M.  Zupnik,  paraît  avoir  cessé  de  paraître  après  le  second 
numéro.  La  publication  du  Bêt'Talmud  est  interrompue  depuis  quelques 
mois. 

Isidore  Loeb. 


BIBLlOGMPHtE  156 

I  uvec  lelle  ou  Lelle  partie  du  Dûutéronome,  il 

^.  dans  rétat  actuel  des  études,  d*en  tirer  autre 

hasardées.  Les  faits  constatés  se  prêtent 

diverses,  et  dans  les  rapports  des  textes 

fçH  on  peut  essayer  tant  de  combinaisons,  qu'il 

[^dc  donner  la  préférence  à  Tune  d'elles.  Nous 

mes  qu*il  y  a  dans  le  second  Isaïe  des  morceaux 

nmertt  ceux  qui  parlent  de  la  dispersion 

les  morceaux  concernant  Cyrus),  mais  la 

pptitite,  comme  celle  du  premier  Isaïe  et  de  son 

>us  ae  pouvons  ici  entrer  dans  les  détails,  llnté- 

Verncs  soulèvera  probablement  des  polémiques 

pourront  que  profiter  à  la  science. 

^îore  cet  article,  nous  recevoQS  de  M.  Maurice 

ûQ  suivante  qu'il  a  faite  :  M,  Gusiavs  d'Bichlkal 

VÂncien-Testamml :  Paris,  au  cercle  Saint-Simon, 

p.  Nous  nous  associons  à  l'hommage  rendu  par 

dire  de  Gustave  d'ËichthaL 

ÎSIDORl  LOEB- 


ùfilfara^  genaout  Bar  Ebmyo   ÂnDnerkyageD  zu   den  Salo- 
ri  herausgegeben  von  Alfred  Hmilfb.  rnauguraldissertelion  dcr 
Lj'utuUiet  der  Georg-Augusl  Uuiversitatl  zu  GoeUiDgen,  Leipzig, 
l|i^êf»j  ix  et  29  pagea,  Ea  vante  chez  Bioterlcb,  libraire  k  Goet^ 


es  de  BarhebrsDus  sur  TAncien  et  le  Nouveau  Tes- 

É*  îtTîïn  "^^lût,  ^  Lo  Magasin  des  mys  1ères  »,  ont  été 

Js  comme  une  des  œuvres  les  plus  importantes  pour 

de  lu  langue  syriaque  et  l'excgèse  des  versious  de 

liage  chez  les  Syriens.  Il  ne  faudrait  pas  cependant  sa 

-iir  le  sens  de  ces  mots  et  leur  donner  plus  de  portée 

ut*  On  a  eu  lort  autrefois  de  coDsidérer  comme  clas- 

vres  de  Barhebra*us  et  d'en  publier  de  longs  extraits 

Dmaibies  destinées  à  initier  les  élèves  à  Tétude  du 

brasus  vivait  au  xui^  siècle  ;  à  cette  époque,  le  sy- 

5sé  d'être  parlé  et  était  en  Syrie  môme  une  langue 

^4ttiû  en  Europe  le  latin.  Mais,  si  rillustre  Jacobite  ne 

is  comme  modèle  de  style^  ses  commentaires  sont  de 

pour  la  grammaire  et  la  lexicographie  syriaques. 

les  Jacûbites  el  les  Nestorieus  avaient  les  uns  et  les 


156  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

autres  une  massore  distincte  qui  variait  selon  les  différences  dialec- 
tales de  ces  deux  sectes.  La  Peschitto  étant  commune  à  tous  les 
Syriens,  le  texte  Tariaie  peu,  mais  la  prononciation  différait  sou- 
vent. Tant  que  ces  massores  n'auront  pas  été  publiées,  les  commen- 
taires de  Barhebrsus  devront,  dans  une  certaine  mesure,  en  tenir 
lieu,  car  ils  noient  scrupuleusement  les  variantes,  et,  à  ce  titre 
même,  ils  seront  un  élément  de  critique  pour  la  future  édition  des 
massores  syriaques. 

Les  Nestoriens  restèrent  fidèles  à  la  Peschitto,  les  versions  posté- 
rieures telles  que  THexaplaire  et  THéracléenne  sont  des  œuvres  pa- 
rement jacobi  tes.  Tout  en  conservant  la  Peschitto,  les  Jacobites  con- 
sultaient et  citaient  souvent  les  révisions  qui  avaient  été  faites  sur 
THexapla.  Barhebraeus  ne  cache  pas  ses  préférences  pour  THexa  plaire 
syriaque,  même  quand  celle^i  s'écarte  du  texte  original,  comme  dans 
Prov.,  XXX,  3,  où  rbébreu  mzn  "r-rrb-îtb-i  est  traduit  exaclement 
ws-n^T  Krrr»  rér»  «bi  dans  la  Peschitto,  tandis  que  Tllexaplaire 
n'a  pas  la  négation. 

Ces  préférences  ne  lui  sont  pas  dictées  i>ar  un  esprit  d'hostilité 
contre  les  Nestoriens,  car  très  souvent  il  donne  raison  à  la  massore 
nestorienne  contre  la  massore  syriaque.  Dans  Prov.,  xvii,  56,  par 
exemple,  ^rrb  était  ponctué  "^'^\  par  les  Jacobites,  et  *^z)  par 
les  Nestoriens;  de  même,  Prov.,  xxii,  22,  les  premiers  lisaient 
•ïj^rn  »b  et  les  seconds  ^^^rr  «b,  parce  que  les  uns  rattachaient  le 
verbe  à  une  racine  creuse  et  les  autres  à  une  racine  géminée; 
Barhebrœus  approuve  la  leçon  nestorienne.  Prov.,  xxi,  24,  nnDW, 
e  dans  sa  colère  »,  était  ponctué  rrre»?  par  les  Jacobites  (avec  kaf 
aspiré),  mais  mieux  par  les  Nestoriens,  suivant  Barhebrseus.  nn^K? 
(avec  kaf  dur,  comp.  fjPfK'.  Prov.,  xxiii,  24,  Barhebrœus  préfère  la 
ponctuation  nestorienne  Krr-na  à  la  ponctuation  jacobite  Nrjma 
(comp.  Frcenkel,  Die  aramœiscken  Fremdwœrter  im  Arabiscken,  p.  404). 

Il  importe  de  connaître  ces  différentes  prononciations  pour  éviter 
des  confusions  fâcheuses.  Ainsi,  à  propos  de  Prov.,  xviii,  49,  Barhe- 
brseus nous  apprend  que  les  Jacobites  prononçaient  ï^'^j^?*  ^  ^ 
verrous  »,  et  les  Nestoriens  ïrnn».  M.  Payne  Smith,  induit  en  er- 
reur par  un  manuscrit  de  Bar  Ali,  traite  dans  son  lexique,  col.  42<, 
ces  deux  prononciations  comme  deux  mots  distincts.  Dans  certains 
manuscrits  de  Bar  Bahloul  on  trouve  ponctué  «TH»;  la  voyelle  de 
la  première  consonne  indique  la  prononciation  nestorienne  ahada» 
On  ne  doit  accepter,  d'ailleurs,  qu'avec  la  plus  grande  circonspec- 
tion les  ponctuations  qu'on  trouve  dans  les  manuscrits  des  lexico- 
graphes  syriaques.  Ces   manuscrits   donnent  des  prononciations 
différentes  selon  qu'ils  ont  passé  par  des  mains  nestoriennes  ou 
jacobites,  sans  compter  les  erreurs  dues  à  des  copistes  modernes  et 
peu  éclairés. 

Les  commentaires  de  Barhebrœus  sont  aussi  une  source  d'utiles 
informations  pour  l'histoire  de  l'exégèse  biblique.  Dans  les  passages 


nmuoGixhPum 

dîes  ou  douletix,  Barhebnpus  cite  souvent  les  iolerprélalions 
ViTes  de  l*Eglise  grecque  et  de  TEglise  syriaque»  même  des  hé- 
Nloxes  comme  Théodore  de  Mopsueste.  L*éditioii  complète  de  ces 
imeiilaires  rendrait  un  grand  service,  mais  elle  entraînerait  de 
it  frais,  car  l'œuvre  est  volumineuse.  Des  extraits  eu  ont  été 
lés  par  diflerenls  auteurs,  à  diverses  époques  ;  M.  Keslle  en  a 
é  la  liste  dans  sa  grammaire  syriaque  :  Brevis  linguœ  spriacm 
■«ma/ica,  1881,  p.  31-32.  Depuis  quelques  années,  M.  Paul  de 
irde,  professeur  à  rUniversité  de  GœUiogue,  a  eu  rheureuse 
de  proposer  à  ses  élèves,  comme  sujets  de  thèse  de  doctorat, 
iulrrs  parties  de  ces  commentaires.  Eu  fSTH,  M.  Scliwartz  publiait 
commentaire  sur  TÉvangile  de  saint  Jean,  et  M*  Klamrolli  le 
imenlaire  sur  les  Actes  des  Apôtres  et  les  Kpitres  catholiques. 
ces  deux  thèses,  M.  George  Holfmaon  puisait  le  sujet  d'une 
nute  dissertation  sur  la  grammaire  syriaque  (Zàiscà,  der  D*  M, 
xixiî,  738  et  suiv.).  En  1879,  M.  Spaouth  faisait  conDBitrt?  le 
mcQtaire  sur  FÉvangile  de  saint  Mathieu.  Aujourd'hui,  un 
disciple  de  M.  de  Lagarde,  M-  Alfred  Rahlfs,  publie  le  com- 
itaire  sur  les  livres  dits  Salomo'nîques  :  les  Proverbes,  FEcclè- 
le  Cantique  des  Cantiques  et  la  Sagesse.  C'est  un  choix  très 
le.  Les  Proverbes  renferment  beaucoup  de  mots  difticileset 
usités  sur  lesquels  s'exerce  la  science  de  BarhebraHis*  Outre  les 
liions  faites  plus  haut,  voici  un  passage  de  ce  commentaire  digne 
'e  signalé  :  Prov.,  xxv,  il,  le  mot  «mai  était  ponctué  «*^:p  par 
Jacohiteâ  et  les  Nestorieos  (cf,  Opuscula  Msior.^  éd.  HoilmauQ, 
101, 17)  et  on  se  demande  si  le  rapprochement  de  l'arabe  nâdjùd 
ipoâé  par  M»  Fraenkel  {Die  aramaeiscken  Fremd7cœrter  im  Ara^ 
p.  167)  est  a  l'abri  de  toute  contestation.  Notons  aussi 
ç.  «  fourmi  »,  Prov.,  vi,  6,  dont  la  diphthongue  au  ne  peut 
enter  que  la  voyelle  o  selon  le  système  nestorieu,  si  Ion 
ipare  Vu  bref  de  Tarabe  sumsum;  :i'*2^  et  non  sjm,  id.t  xiv,  30, 

UT,  13;  Ksxn  et  non  NX^¥^*  id.,  xx»  17  (comp.  Barhebnpus, 
CZtrr»  fframm.,  éd.  Martm,  I,  207.  10);  les  Nestoriens  proDoocaieut 
■^n.  Ce  commentaire  sera  également  utile  pour  le  targoum  des 
^îîefbt^s,  qui  suppose  un  original  syriaque. 

IkùA  l'Kcclcsiaste  et  le  GaoUque  des  Cantiques,  les  observations 
primmaticales  et  les  variantes  sont  moins  nombreuses.  L'explica- 
1^^  nilégorJque  que  Barhebra^us  donne  du  Cantique  des  Cantiques, 
saint  Grégoire  de  Naziance,  saint  Jean  Chrysostôme  et  saint 
te,  remplit  eu  grande  partie  le  commentaire;  rauteur  si- 
mot  :ncri"Tî3  avec  a  long  du  schtn  comme  le  synonyme  de 
nombril  *»,  Gant.,  vn,  3. 
Le  court  commentaire  du  Livre  de  la  Sagesse  renferme,  au  con- 
llft.  des  remarques  importantes.  La  leeon  «n^î^bi  «b-^ri^  que  Bar. 
3  admet,  Sag,,  xi.  11*,   pour  *«r"'s:ii27,  «  éclairs  *»,  est  éfi- 
t  fautive;  elle  a  porté  BarhêbriL'Us  â  créer  une  forma  dimi- 


•:vï^  EETTE  DES  ETTDES  JUIVES 

•uuviî  arrpaê  =  3i>  ' s>' xVz ,  qu'il  donne  à  tort  dans  sa  grand 
^rautiudirv,  £^  ^  €5,.  L  15  ^comp.  notre  TrûiU'  de  gr^mm.  syr.,  p.  i^ 
uoLt»  I  .  Ctîfit  là  in  source  de  la  glose  de  Karoiâistiiaoyo  sur  xr^*zV 
jouuue  l'tndii^ae  le  dernier  mot  Kn::s,  ces:-JHiixe,  €  Le  lirre  def 
>pieuà<)urs  t.  aoa  de  la  grande  grammaire  de  Barhebrsos:  cette 
:;lo;m  ue  sKncait  pas  de  figurer  au  TMe^smru  ^riaau  voy.  col. 

Ou  ir\>aT«  dans  ces  commenlaires  d'utiles  recLâeignements  sur  les 
uoui>  itài^  p&aaces  mentionnées  dans  la  Bible^  i&s  sont  :  Ptot.,  tu,  17, 
5e^:^*'^î  -  "rarsTr,  et  irirp  =  tpk-h.  var.  ">'jbS'-.  ;  E«l-  xii,  6, 
HT^  -  x-~t  «rb:  Cant.,  i.   13,  «ncrr  =KrTT;  id..  rr.  13,  trro 

itr'-S'*^  3srb2r;  îd.,  iv,  U,  *ib:?  =«  ipcx.  Stst  t»«is  ces  noms  on 
oourrd  ci>a;^cer  Texcellent  traité  de  M.  iTTiiManel  Lûfw  intitulé 
£Hif  inuÊifiScàin  PflûuzimnûfÊum. 

biu  ap(Mud:ce,  M.  Rahlfs  traite  de  la  proDoaciattàûQ  des  mots  VviB, 

L  eùiUoa  de  M.  Rahlfs  ne  mérite  que  des  édoges  :  >  texte  est  cor- 
LiKt»  impriaié  en  bons  caractétes  sur  beau  pa^ùcr.  II  a  été  établi 
auprès  trois  manuscrits  dont  deux  appartieimea:  a  &i  Bibiothèque 
de  beriiu  .collection  Peiermann  et  collection  Sac^aa  et  on  troisième 
JL  la  bibliothèque  de  l'université  de  Gœtt:n|rcKi.  M.  BaiiLê  i  relcfé 
av^  uu  $oin  scrupuleux  les  moindres  Tar:&n;«s  :  H  a  distingué  par 
Ueri^  guiUtf  mets  le  texte  biblique  du  commentaire*  m  se  aï  tes  chapitres 
ol  les  versets  par  des  chiffres  de  différente  grosseur.  îteis  les  notes, 
U  ciio  a  1  occasion  les  passages  bibliques  aux^foei^  il  es;  fait  allu- 
Moa.  i.«rJice  à  ces  soins,  le  commentaire  de  Barbttectts  se  lit  avec 
bc^uwup  de  iacilitë. 

Rrszs^s  DcTAL. 


ADDITIONS  ET  RECTIFICATIONS 


Tome  V,  p.  142.  — Bo  analysant  la  JÛdisch-  deuUche  Chrestomathie,  de 
GrOnbaum,  M.  Neubauer  âigaalo  romission  latte  par  M.  Gr.  d'une  Tersion 
j 11 <l4So-alk' mande  du  Penlatcaqtio  qui  eiisle  à  la  Bibliothèque  nalioDak  de 
t'aris  el  dont  M,  N.  donne  la  dcscripUon,  d'après  un  catalogue,  en  partie 
ïnanuacrît,  de  celte  bibliothèque.  Ce  môme  catalogue  signale  un  Vailp  en 
JtitltîO'allêiïiand,  sans  leitc  hébreu  (cf.  Griinb.,  p,  289-296).  Cet  ouvrage  a 
jélô  imprimé  ù  Prague  le  Ircnte-qoatnème  jour  de  V orner  {Vd  iyyar)  53S2 
l(=  29  avril  1022),  en  seconde  édition  ty^yo  Û3?D,  par  les  fils  do  Jacob  b. 
|(»Orson  Back,  et  composé  par  Juda  Loeb  b.  Moïse  Jacob,  M.  Steinschoeider, 
liai  Bodleicn,  col,  391,  signale  uoe  édition  de  1011»,  puis  une  autre  de 
*^9,  mais  non  celle  de  1622»  qui  diffère  gruudemenl,  du  reste,  de  ces 
k  éditions.  Dans  notre  exemplaire,  le  plat  intérieur  de  la  reliure  porte 
i»om  du  propriétaire  :  nT::?D  n^lD^n  OnbtîJ  h^iMyO  "13  msDrî'^Vx  ■>:» 
i^ïSDl-iZa'iS  b:£fii  n^br  n3"^l?3a.  -^  Moi  Alexandre  fils  de  Samuel  Schalom, 
Seodcr  Haguenau,  en  Alsace  près  Strasbourg.  >^  Le  m35'>n  de  M.  N. 
^tme^  Xir,  p,  93.  n.  1)  pourrait  plutôt  Ôlre  Hégeulieim,  en  Haute-Alsace^ 
^isc  prononce  Hégené.  Notre  exemplaire  est  arrivé  à  la  Bibliothèque 
ttionale  après  la  conquôte  de  l'Alsace  sous  Lonis  XIV,  Ajoutons  quà  la 
<iu  Thésaurus  gramm.  linguœ  ^nctœ^  de  J.  Buxtorf,  il  y  a  un  chapitre 
^lâtulé  LedtOHis  hebr.-germ.  usus  et  exercUatio,  qui  contient  une  liste  tl'ou- 
[et  des  telles  étendus  en  judéo-allemand.  —  Puisque  nous  avons 
las  haut  du  propriétaire  d'tiu  ms.,  signalons  la  propriétaire  du  traité 
Ketubot,  édil.  Cracovie,  qui  se  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale 
t  A..  8-42/8).  Sou  nom  est  en  lâte  du  volume,  il  est  'n  'CTTpn  p  Ti:?a  2pj^^ 
^^3*  —  M,  Bchw. 

T.  XII.  n*»  23.  p.  91»  l-  6.  —  L*ouvrage  de  Jacob  de  Rotbeubourg  fut 
^^mposé,  non   ù  Ëdigheim^  mais  à  Bcedigheim,  grand -duclio  de  Bade,  où 
^.  Gcdalia  fut  longtemps  rabbin.  Un  obituaire  (Memorbucb)  que  j'ai  sous 
les  yeux  contient  le  passage  suivant  : 

'^Wj  n"nTn»  D^^rn  p-'ix  ab^i?Dn  bii:ir;  ann  n^^::  S'^pbn  m::r 
îirn^sm  0"'Tîi"^'7;^n3  Y'3«  '^mu  sinsrt^-n^â  D"nn  nnîî':J?3tj  apr-»  -i"nfî3 
hy\  ^m7  bn:i  a"*:iD  'siq  nnr  n«-nrrn  C3  hj  mn-^u-'s  n-in  y^^snfn 
•i:?3i  mrn  p*»  b^^:^^  imsT  *înn  m^Tb  yrù'ô  in?^inm  pi^^  n^'^aorî 

.  n'^-'D»  ir  -^^rb  b&i-c*  bo 
Un  R.  Gedalia  Rothenbourg  est  aussi  mcatioané,  à  cOlé  d'Eliakim  liotîjen- 
bourg,  auteur  du  n^rr  nblîOr  dans  robituaire  de  Pfersce,  d'après   Perles, 
MoruUuckrift,  IS^S,  p.  511.  —  Z)'  Lœwtnstein,  de  Gailingen  (juillet  1886), 

T,  XIÎ.  Sur  larticle  do  M.  Perles,  p,  241  et  suiv.  —P.  245,  1.  17.  Les 
fOûls  ♦  cet  ouvrage  »  sont  erronés,  car  la  citation  hébraïque  se  trouve 
dans  le  mJÎT  ^3"*^  (cf.  p*  257).  Le  ms.  de  ce  dernier  ouvrage  est  mainte- 
,i»aot  dans  i]ijy|y|{|g|^èque.  11  a  pour  le  passage  cité  ici  *)b  pH^"^  "«^ab  el  ^ 


1I|j^iihl|nl^èi 


jx  — ■■        ^,  2ir       -  <«.:  SBBIOBX:.    Itoeaiiaiit  il  se 

•furi      I2B15  mOD  mS 

tfioziiiciiî'Jii.  —  p. 
;  écrit  en  1 

1,    -t..  -t  -s  -BBTSiiïiiie  dans  I 

-.  — P 

?   SL  -  â:  auli 


:»iLe-  TilLà  par  les  Frai 

n^MifT   iQOttriiént  à  '. 

sas  xasDcuiia .  on  voil 

Il  -jtfce  ic  .srue  Tille,  el 

k    ^  ^iQâKEsr  iii  populatii 


"^     HT    :.  j2fr  — ^c  -BCBOEC  .:!  Jins    nmurtsm,  lai  'St  décisif  p( 

*rîft   :ii    aot  .-    loor   :i9iza&  x  ■t^'ggr^TtM  iciU  sons  canjtredit.  lair 

.-r'.**      -,»    jpr      ;g   .  j^ffaM^  ZZj,,  1-^  -d   amt  dst  3us  *in.  parallèle 

:#J"":"-"U  avîitonpe  :e  .a  .Iitar'  -.  .pccÂc    «wjMir.  -.mi  .:  7ir«T«  le  pai 

>   !**Tir  tT'vii   4I.  j£irzi:àwiL.    xAimwuîUL  .tî  ^xunoafti  tS|çai<3&€at  >▼€€  1 

^"I^T*    J  tr.rpa   :e  za&smsz^   l  ju  "mai  laire  le    iouus  -.çae  Le  sens  n: 

■  r*;»>--^{mi-,ii;ane.    -t   lar    aascKirufia  le  jttix>  izibiliitie  dn  mot,  dc  i 

r^tft^A   f^  ,{  itjf/i,!.  ^  -«îrruLDitt    -23ilcaiiuii  -ré  Touve  viiins  Piasker,  h 

Af^r.*fi^$frr    \.  :iîl.    ,u   L  ^  1.  îea    lu  ^emanitter  le  mot  ambe  correi 

>'if'.4  nirniiiiciion  ie  aos  rauieiï  ul  Caiimârier  jtiif  nous  avo 
/î'f'f  rij*»{«nut3»  liUâis  Tur»^  mciemitaK  et  -ians  Iii  recension  {Retuî 
'//»  t/-»*!^  «v/,nM  ^i^maie  :^Ie  «ii*  Siâiiba&iai  Donoiu,  dans  son  comme 
tt»  i.fv-..  1^,  jt  îrearino.  2a  tqicl  ane  iiuiT<e«  qui  nous  est  signait 
>f  f^«io>/»fr  i<ui«t  -»»*  ir.fiv.i  iauij .B  cumnitaitaiie  daméme  LiTre  de  la 
•^rT>.  ^f  ^'t^sH  '*  i\ti  ioiir  preaent  tçrii  est  le  trQi:jiènie  jour  (mardi)  12 
M  r4t».,A^  y^\,'^  r^»v«  :net»iuci.i«»;.  >  Cette  date  correspond  an  31  ma: 
'^<»  ,'4^in*^ri  u'><iâi  ri*i  .a  creaLUîcu  ce  qui  proore.  comme  le  fait  remi 
r'^*"r^Mf»i    v<.   Umn^^n,  aa»*   Saadia  plitçait  lêre  des  Séleucides  en 


Imuakl  Lévi. 


fi  If^^i  JiV  i'ir   ii'r  i"i  '"  ^*'"''  ^''y  ^'^'  ^^^'^  ^^'^  habitude  de   tradu 
».   i«  I  !iii/         "    1       •    '''  '••''''*   *  "°®  ^<^"rce  dure,  en  forme  do  coupe,  la 
•H  flMM^  .    M,M  4m,/,,  hiUhro.mtge  Rind,,  dû  Schale  der  Dattel. 


RECHERCHES  BIBLIQUES 


LE   XIV**  CHAPITRE   DE   LA   GENESE. 

Lexir  clia pitre  de  la  Genèse  contient  un  récit  extrêmement 

int<iressaat  au  point  de  vue  de  l'iiistoire-   Pendant  qirAbrara  * 

l'installait  à  ïlébron  et  nouait  des  relations  amicales  avec  une 

ÛBiille  émorite,  on  vint  lui  annoncer  que  son  cousin  Lot,  établi  à 

Sodome,  dans  la  Pentapole  de  ia  Mer  morte,  avait  été  emmené 

I  captif  par  Cbodorlogonior,  roi  d'Élam  (Susiane),  dont  l'armée  avait 

[saccagé  ces  villes  pour  les  punir  de  leur  rébellion.  Abrara  n*hé- 

Ntlpas  un  ïustant.  Il  arma  ses  serviteurs  et  ses  alliés,  au  nombre 

1^318,  courut  après  les  ravisseurs  jusqu'à  Dan,  les  surprit  peu- 

[totlâ  nuit  et,  après  leor  avoir  infligé  une  grave  défaite,  réussit 

[ileur  reprendre  les  prisonniers  et  le  butin.  Au  retour,  Abram 

[«Rira  en  relation  avec  deux  rois  du  pays.  L'un,  nommé  Melkisé- 

f  <lec,  quj  était  en  même  temps  roi  de  Salem  et  prêtre  du  dieu  Élion, 

Itpporta  du  pain  et  du  vin  avec  sa  bénédiction  sacerdotale. 

était  le  roi  de  Sodome,  qui  le  pria  de  lui  remettre  tes  pri- 

r*>njjiers  qu'il  avait  arrachés  à  la  captivité.  Abram  se  montra 

[ili^edu  haut  rang  où  sa  victoire  Lavait  élevé  aux  yeux  des  indi- 

[|tae«.  Dans  les  deux  occasions,  il  fut  d'une  rare  générosité*  Au 

\  Helkisédec,  il  offrit  la  dlme  de  tout  son  avoir  ;  au  roi  mal- 

Qreux,  il  rendit  non  seulement  les  captifs,  mais  tout  le  butin, 

os  s'en  réserver  la  moindre  chose.  H  n'oublia  cependant  pas  ses 

Uiés  érnuréens,   qui   touchôrent  la  part  à  laquelle  ils  avaient 

t>il;lai  seul  renonça  complètement  à  tirer  pro lit  des  richesses 

ru  avait  reprises  à  l'ennemi. 


I  Je  eoa*«fv«  U  forme  Abrim  pendant  la  diActission  des  délaib  du  chapitre  xtv, 
[  «Hte  forme  e»t  employée.  Ptus  Loin,  oit  il  s'agit  de  componiisoDs  avec  d autres 
je  me  ecrs  de  ie  forme  ordinaire,  Abrabaïu. 
T*  XV,  iT*  30.  Il 


162  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


1.  Critique  verbale. 


Le  texte  hébreu  nous  est  parvenu  dans  un  état  de  conservation 
très  satisfaisant.  Les  versions  grecque  et  araméenne  ne  présen- 
tent que  peu  de  variantes.  Parmi  les  noms  royaux,  on  note  eipr^X, 
au  lieu  de  byir\  :  BaWh,  au  lieu  de  :^na  ;  Bakhx.  au  lieu  de  rba  (vers.2, 
8,  9).  Le  remplacement  de  n:^  dans  le  texte  samaritain  parDn:?a 
pour  but  de  faire  de  TÉraoréen  un  compagnon  digne  d'Abram  (ax^ 
«  le  Très  haut  a  répondu  »).  La  transcription  Aùviv  par  les  Sep- 
tante semble  due  à  une  altération  postérieure  du  texte  grec,  pro- 
duite par  une  malheureuse  réminiscence  de  AOvdv  (IjiN),  fils  de  Juda 
(Genèse,  xxxviii,  3).  Au  verset  10,  la  leçon  correcte  est  certai- 
nement rTn73:^i  dno  ■»?p5  loa^î  ;  la  correction  nnizy  ^b73i  ûio  ^ba 
admise  d'après  le  texte  samaritain  ne  remédie  à  rien,  si  on  ne  met 
pas  en  môme  temps  le  singulier  oj^n  (cf.  v.  8;  Genèse,  ix,  23; 
XXIV,  50;  XXXI,  14),  tandis  que  Taddition  d'un  ■»  laisse  le  texte, 
pour  ainsi  dire,  intact.  Une  faute  que  personne  n'a  encore  relevée 
est  le  mot  dbDN  (1.  11).  qui  est  d'abord  inutile,  puisque  le  bDK  fait    \ 
partie  intégrante  du  ^Dn,  à  moins  d'y  voir  les  mets  tout  préparés,    * 
^  qui  serait,  absurde.  C'est  sans  doute  une  altération  de  trsû 
«  leurs  captifs  ».  La  mention  de  la  transportation  des  prisonniers, 
•«M,  est  inévitable  à  cause  des  expressions  explicatives  n'^osnr» 
Q^n  nNi  et  ODsrr,  qui  se  distinguent  du  Mn  aux  versets  16  et  21*. 
Le  suffixe  de  d^^M  peut  se  rapporter  soit  aux  vainqueurs,  sujets 
des  verbes  inp-»!  et  iDb-^i  (cf.  Nombres,  xxxi,  19),  soit  à  Sodome  et 
Gomorrhe  (cf.  Deutéronome,  xxi,  10).  Quelques  mss.  des  Sep- 
tante, ainsi  que  la  version  syriaque,  omettent  mrr^  au  verset  22, 
visiblement  dans  le  but  d'établir  une  distinction  entre  le  dieu 
d'Abram  et  le  dieu  suprême  du  chananéen  Melkisédec.  Le  terme 
d-nb^n  employé  par  le  copiste  samaritain  tend  au  môme  but.  llgen 
et  les  critiques  qui  le  suivent .  ont  pris  la  chose  à  rebours  en  con- 
cluant que  le  tétragramme  est  une  addition  postérieure.  En  vérité, 
si  Tauteur  fait  offrir  par  Abram  la  dîme  au  prêtre  d'El-Èlion,  c'est 
que,  dans  son  idée,  ce  dieu  est  identique  avec  celui  du  patriar* 
che  ;  autrement,  son  offrande  serait  un  acte  d'impiété  à  l'égard  de 
son  dieu  particulier,  auquel  il  devait  attribuer  sa  victoire  ;  le  po- 
lythéiste le  plus  grossier  n'aurait  pas  agi  différemment  dans  une 

'  La  confusion  de  K  et  O  se  conslate  aussi  dans  ntlMSl  (Proverbes,  xxvui,  18],  où 
il  faut  lire  nn^3. 

-  T    - 


riECHEnCHES  eiBLlQOES  103 

pAmWe  occasion.  Donc,  rauthenticité  de  mn*^  dans  !e  verset  22 
est  au-dessas  de  tout  doute,  et  ce  fait  est  très  iiû^iortant,  comme 
on  le  verra  tout  à  riieure. 


I 


2.  Uniié  de  la  7'édaciion. 

Le  chapitre  xiv  porte  les  marques  les  plus  évidentes  d*Tine  ré- 
daction unique.  Il  n*y  a  pas  une  seule  expression  hétérogène  ou 
parasite  où  Ton  puisse  voir  la  main  d'un  compilateur  de  narrations 
<3iff*5renles  ou  celle  d'un  glossateur  qui  insère  ses  remarques  dans 
ie  corps  du  texte.  La  critique  ëraietlante  a  perdu  son  temps  et  ses 
peines  à  démontrer  le  contraire.  Le  texte  est  agencé  comme  il 
suit  :  Notions  générales  sur  ks  envaïiissenrs  et  leurs  adversalrest 
ainsi  que  sur  le  champ  de  bataille  choisi  par  ceux-ci  (v.  1-3),  cause 
*?t  date  de  invasion,  route  parcourue  et  peuples  châtiés  par  les 
envahisseurs  (v.  4-7),  choc  des  deux  armées,  description  parti- 
culière du  champ  de  bataille,  défaite  des  Pentapolitains»  saccage- 
nient  des  villes  rebelles,  enlèvement  des  habitants,  parmi  lesquels 
<^tait  Lot,  cousin  d*Abram  (v.  8-12),  C'est  la  première  moitié  de 
l'épisode,  qui  prépare  l'entrée  en  scène  du  patriarche.  Eile  se  com- 
pose de  douze  phrases  principales  ou  versets.  La  seconde  moitié 
coïnprend  le  même  nombre  de  versots  (v,  13-24)  et  est  ainsi  cons- 
tituée :  Réception  par  Ahram  de  la  nouvelle  de  la  captivité  de 
son  cousin,  l'armement  de  ses  serviteurs  et  de  ses  trois  hôtes,  sa 
<^urse  après  les  ennemis,  la  défaite  de  ceux-ci  à  Dan,  leur  pour- 
«nîte  jusqu'au-delà  de  Damas,  la  reprise  du  butin  et  des  pri^son- 
ïîiers  (v.  13-16);  retour  d'Abram,  sa  rencontre  avec  le  roi  de 
SotJome  et  le  roi  de  Salem,  son  respect  pour  Tun  et  sa  géné- 
ï'osité  envers  Tautre  (v,  17-24),  Voilà  une  rédaction  niatédelle- 
tuent  très  pondérée,  qui  répond  admirablement  hhm  au  but  que 
^l  épisode  était  destiné  à  atteindre.  Il  serait  iacile  de  s*en  con- 
taiivcre. 


3,  Rapports  cotUexiuels, 

Le  récit  relatif  à  Abram,  dans  les  chapitres  précédents,  laissait 
l>i«ades  points  obscurs  qu'il  taliait  éclaircir  :  l'état  politique  et 
f%ieux  du  pays  à  Tarrivée  d'Ahram;  pourquoi  ce  patriarche  y 
^Ult  toujours  resté  à  Tétat  nomade  ou  comme  hùte  des  indigènes, 
ms  y  acquérir  un  domaine  où  il  eût  pu  être  chez  lui  ;  quelle  était 
là  conduite  des  indigènes  envers  le  nouveau  venu  et  réciproque- 
menU  To u tai^^Si»  questions  ne  sollicitent  de»  réponâes  précises 


■riiiii' 


.-:?  5a  i 


RECHEBCRKS  BIBLIQUES  ICfî 

P13  ¥riyi,  (tans  lesquels  1)  avait  pleine  confiance,  n'^^'^fD**  et,  à 
[l'wception  de  ses  trois  hôtes,  il  se  méfiait  des  Ghananéens* 

Ofl  le  voit  bien,  notre  récit  se  rattache  inst'parahlement  aox 
"deux  chapitres  pr<^cédents,  qifil  éclaire  d'une  façon  remarquable. 
Aussi  emploie- t-il  les  mots  r:^"]  ,r;D:  .«^tstj  *':bK  .rsirt**,  qui  en  ca- 
nctérisent  la  rédaction.  Mais  les  liens  qui  l'unissent  aux  rt^cits 
îQivants  ne  sont  pas  moins  évidents.  Le  premier  verset  du  cha- 
pitre XV  contient  à  lui  seul  trois  allusions  d'une  entière  transpa- 
rence, La  phrase  «  Ne  crains  pas  Abrani  j>  suppose  un  événement 
dont Abram  appréhendait  les  suites  fâcheuses,  et,  en  effet,  larniée 
^mie  pouvait  revenir  dlieure  en  heure  pour  punir  Faudacieux 
l  venait  de  lui  infliger  un  sanglant  affront.  C'était  le  moment  de 
limer  rinquit'^tude  du  patriarclie  par  les  mots  :  Y>  1?^  ''?^s«t  «je 
itm  bouclier  pour  toi  n^  c'est-à-dire  :  «  je  serai  ton  défenseur  ». 
le  récit  de  Fexpédition  guerrière,  ces  phrases  n'auraient 
I  sens.  lï  y  a  pins,  le  mot  isio^  unique  dans  le  Tétrateuque»  a 
ïisj  seulement  pour  faire  paronomasie  avec  le  verbe  t^gale- 
Dt  unique  laia  de  xiv,  20.  Enfin,  la  promesse  :  «  ta  récompense 
très  grande  »,  suppose  des  actions  très  méritoires  de  la  part 
Tibrim  ;  or»  ce  ne  peut  cHre  que  les  actions  relatives  dans  xiv, 
p4A,  puisque  les  chapitres  xii  et  xii  ne  mentionnent  que  Térec* 
d*autels  pour  tout  acte  de  piété  de  sa  part.  Dans  te  reste  du 
nuire  XV,  on  relève  des  réminiscences  plus  ou  moins  parono- 
fitiques  :  pCT3*T(2;  cf.  xiv,  15),  'rv'S-p  (3;  cf.  in^a  ^'t^h\  xiv, 
14),  ^1  (14  ;  cf^  XIV,  14),  cbn  (14  ;  cf.  xiv,  11),  îsbc  (16;  cf.  xiv»  18). 
mation  même  que  les  crimes  des  Éniorites  n*étaient  pas 
à  leur  comble  est  motivée  d'avance  par  le  récit  relatif  à 
Elsédec  (XIV,  18).  Enfin,  rénumération,  dans  xv,  18  21,  des 
non  palestiniens  ;  ^rp  .-^n-p  ^^-j^"*,?,  *C'^«ç"[i  et  la  fixation  des 
Bîons  des  Abrahamides  jusqu'à  FEuplirate,  déterrainant  le 
&U  de  récompense  auquel  fait  allusion  le  verset  1,  ne  se  com- 
Mjent  que  comme  résultat  des  nouvelles  preuves  de  piété 
Bées  p^r  Abram  d'après  la  relation  du  chapitre  xiv.  Les  pro- 
faites antt-rieuremeot  à  ce  sujet  n'embrassaient  que  les 
étroites  de  la  Palestine  cisjordanique  (xn,  1;  xiii,  15). 
nous  ne  nous  trompons^  nous  sommes  parvenu  à  prouver 
Hé  du  chapitre  xiv  en  hii-m^'^me  et  aussi  avec  le  milieu  où  il 
ÎC4».  Les  mots  et  expressions  qui  lui  sont  particuliers  ne 
statuent  pas  une  réelle  difi'érence  :  chaque  récit  biblique  a  des 
sions  propres,  et  je  considère  comme  une  prétention  injus- 


Trii  bien  DîUiDiai],  «  «eiue  Etprobun  oder  BérvabrleD  [Qtnuiê^  5*  éd.,  p.  238)  1 


Iflf.  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tiflnbln  lo  parti-pris  de  certains  critiques  d'enfermer  Tauteui* 
iH^breu  dans  une  phrasfîologie  banale  et  d'une  pauvreté  excessive. 

4.  Caractère  historique  du  récit. 

Passons  maintenant  à  une  question  plus  grave  :  la  valeur  des 
ftilts  racontiVs.  Y  a-t-il  là  un  enregistrement  historique  d'événe- 
ments rtV»ls,  ou  bien  une  Action  poétique  du  genre  des  romans 
nuorriors,  où  tout  est  inventé  suivant  le  caprice  de  l'auteur  ou  le 
lîtMU  des  lecteurs?  Nous  n'avons  aucun  préjugé  à  cet  égard,  et 
oVst  la  science  seule  qui  doit  avoir  le  dernier  mot.  Plusieurs 
v^avants  ont  déjà  fait  connaître  leur  avis,  tâchons  de  formuler 
le  niMro. 

Le  récit  du  chapitre  xiv  qui  afQrme  non  seulement  l'invasion 
d^une  arnuV  élamite  en  Palestine  au  temps  d'Abraham,  mais  la 
domination  antérieure  de  Tenvahissour  dans  la  Phénicie  et  presque 
aux  |H>rles  de  TKjiiyrpte*  ce  récit,  où  la  Palestine  apparaît  comme 
une  annexe  de  la  Susiane,  avait  bien  de  quoi  étonner  les  histo- 
riens. \ussi^  quelques  critiques  d^ine  science  consommée  n'ont-ils 
pu  s'em|WVher  de  le  déclarer  de  pure  ûintaisie.  Cependant,  la 
O^nti^^  donne  des  détaus  qui  sont  d*une  prédsion  extraordinaire: 
r^aliv^ment  aux  envahisseurs,  les  contn^es  transjordaniqoesqu'ils 
^(M\l  traversées  et  les  peuples  qu'ils  ont  écrasés  sur  leur  chemin  ; 
au  sujet  des  dt^^fen^ieurs*  on  apprend  les  points  extrêmes  de  la 
piHirsiiite.  les  cm\>«staaoes  exactes  de  la  surprise  opérée,  U  ren- 
<\%ntr>c  dWbram  arec  MtCki^i^édec  e:  )e  tvm  de  Sodome.  Et  quand 
nm^Sne  t>n  ;^  ni>$kv,uira:t  a  TesearJer  lo&s  ces  détails  comme  U  tra- 
diieiKM)  faotK>e  a^;r.e  îe^iiie  populaire  tetidaBt  à  (aire  d'Abram 
nn  ipierner  iWin^^Kix,  i.  r^Htenit  eftcoi^  à  expiàfiaer  les  données 
pr^C):$aes  s^r  ies  ojiefs  «le  ?arm^  eBvabîssaBte.  D'après  TécriTain 
hehren.  U  r^M  sïis^ie:)  snexitianiiéch-dessaBseQit  posr  aaxi^îaires^dans 
^Mi  e\|V^)n<Nn  axvsattt^m»^  trvws  rtirTnir.  ^mnplirl,  rai  de  la  pins 
0Tftnde  Tv^m^  ^  a  Rak^XMûe  /Sexmaar  ^  Aràk.  tvâ  dïUasar,  et 
rf4  al  ,Aii  ThtT^: ..  r.M  de  â^rim.  CMHMoit  et  dau  qad  bat 
Va>3tAar  ^>^;-^:  ^.j;  ir.vMiî«'  ow  itfrsvaouifNifs  ies  disIrikBer  mti» 
r^\>ah^  Ai\*(^T^f(^  oi  )ejBr  £:f$$nc3if7  àes  Bmiis  $â  putics3iers?ToQt 
«v^^  sV«)Mcr»r  (  x'tdejDXDro);  àf*s  i2sapfî{>  javi^aw  aax  ftâtrorr  «apcy 

1^<*llT^r«lT<^lno^^  ra<::ç^T*i/))/Hrtf  r/fe  i«i$  tarde  à  ^hniptr  la  |«r- 


RECHERCHAS  BIBLIQUES 


im 


flnlté  des  historiens.  Presque  tous  les  éléments  dn  ces  noms 
intuit^  en  Palestine  ont  iHé  retrouvés  tîans  les  tincutneiits  cun(^i- 
formas.  Au  sujet  du  nom  porlt?  par  le  grand  roi  susien  l'js'Vni^, 
ï8fcyVoyi3|iop,  on  a  découvert,  d'un^  part,  Fexistence  d'une  ancienne 
dynjr^tie  élaraite,  les  Koudourides,  ayant  conquis  et  souvent  tyran- 
luséla  Babylonie.  Le  plus  ancien  parmi  eux  dont  Thistoire  fasse 
B)i*nlion  est  le  conquérant  susien  Kndtir-nanhundi,  antérieur  de 
Iffi  nm  iï  Assurbanipal,  qui,  entre  les  années  2302  et  2300  avant 
l*^i¥  chrétienne,  avait  emporté  ûe  Babylone  à  Suse  Timai^e  de  la 
liasse  Nana.  Environ  un  siècle  plus  tarci,  on  trouve  en  Babylonie 
m^mi»  un  dynaste  élamite  du  nom  de  KonûQur-Ma-bu-tig  {Kudu7^- 
m-^u-ug),  qui  prend  le  titre  de  «  Souverain  de  rOccident  », 
Ici  tious  sommes  aux  environs  du  temps  assigné  ordinairement  à 
Abraham,  et,  de  cette  sorte,  la  domination  su-sienne  en  Palestine 
«î  trouve  confirmée  j»ar  les  documentas  contemporains. 

L'ne  confirmation  encore  plus  éclatante  attendait  le  récit  hébreu 

â propos  du  vassal  nommé  Ariok,  roi  d'Ella^ar  (nobn  ipj2  ^i^"?»), 

qtua  été  retrouvé  dans  la  personne  de  Eri-Ahu  ou  iLi-uo-Âku, 

liUdu  précité  Xoudour-il/a*6w-n*9',  et  roi  de  Larsa*  La  diflt^reni^e 

phonétique  entre  Ellasar  et  Larsa,  même  en  admettant  la  méta- 

tb^s^de^jr  pour  rs  dans  le  mot  hébreu,  m'avait  longtemps  em- 

}k\ïé  de  prendre  cette  identification  au  sérieux,  mais  mes  déné- 

{itions  cessèrent  quand  j'appris,  par  Tune  des  désignations  de 

cette  ville,  ashte-azag-ga  (=ellu),  que  la  forme  non  contractée  dje 

U'Arsa  était  EUa-Arsa  [mot  à  mot  :  pur  ou  saint-siège),  ce  qui, 

là  inéta thèse  à  part,  coïncide  très  bien  avec  la  forme  hébraïque. 

e  la  suprématie  des  Klamites  et  le  royaume  de  Larsa  prirent 

tec  la  défaite  de  ce  roi  et  n'ont  jamais  été  rétablis  aux  épo- 

[nés  postérieures,  il  est  évident  que  Tauteur  biblique  n'a  pas  pu 

oir  en  vue  un  événement  plus  récent.  D'autre  part,  cet  auteur 

a  pu  penser  non  plus  à  des  rois  antérieurs,  cela  ferait  remonter 

activité  d'Abram  à  une  antiquité  très  haute  et  en  désaccord  avec 

8)*stéme  chronologique.   On  en  conclut  donc   avec  la  plus 

ifide  vraisemblance  que  le  '^i'^^i^  de  la  Genèse  est  ce  dernier  roi 

,  bien  que  la  lecture  Envo-AhUr  du  groupe  nUah-an-en- 

figure  son  nom,  ne  soit  pas  d'une  certitude  absolue.  Ce- 

t  le  doute  se  réduit  à  peu  de  chose,  La  variante  ri-iw  du 

Idier  élément  n'est,  au  fond,  qu'une  forme  apocopéede  Erho, 

eur  habituelle  de  Fidéogramme  rab^  synonyme  de  nUah,  «  mâle, 

rviteur  »,  Elle  exclut,  en  outre,  la  lecture  strictement  possible 

d-Sin,  admise  par  quelque.s-uns.  Le  second  élément,  an-en-zu^ 

igné  le  dieu  Sin,  qui  est  r*'quivalent  di*  an'aku  (R.,   H,  48, 

lu)*  Le  mot  ahii  fait  partie  d'une  série  de  noms  divins  se  lermi- 


.4§B  nE VUIC  DRS  ÉTUDES  JUIVES 

nant  par  la  désinence  u  et  qui  sont  de  vrais  vocables  assyriens  : 
an^dapinu  (1.  49),  an-bîbbu  (K  53),  an-sinmiû  (L  54).  Du  reste,  la 
lecture  Erm-Aku,  .suflisarament  jastiôée  par  ces  consitiérations, 
recevra  un  nouvel  appui  par  le  principe  général  qui  sera  exposé 
dans  le  parag:raplie  suivant.  Les  textes  cunéiformes  concordent 
donc  avec  le  récit  biblique  sur  plusieurs  points  très  remarqua- 
bles :  le  nom  du  roi,  le  siège  de  sa  royauté,  son  origine  élamite, 
répoque  de  son  règne.  Peut-on  imaginer  un  contrùle  plus  minu- 
tieux ?  Certes,  dans  n'importe  quelle  histoire  on  procéderait  à  des 
identilicalions  dans  des  conditions  d'une  bien  moindre  évidence. 
Il  y  a  plus,  en  laissant  de  côt4  le  roi  probablement  non  babylo- 
nien, û^".";  *]bn  Vj^tp,  dont  on  ne  peut  guère  espérer  trouver  des 
monuments,  on  s'étonne  de  voir  manquer  à  Tappel  le  roi  bsnpH- 
dont  la  réisidence  devait  être  à  Babylone  même.  En  réfléchissant  sua 
ces  événements  lointains,  j'ai  eu  une  idée  que  je  trouve  maintenan 
exprimée  dans  un  int*^ressant  mémoire  de  M.  Eberliard  Schrader* 
La  dynastie  élamite  fut  renversée  par  le  roi  Hammurabi,  fils  d» 
Sinmuhallit,  qui  vainquit  Eri-Aku  et  fonda  une  dynastie  puremen 
babylonienne.  En  supposant  que  le  vainqueur  fut  pendant  quelqa_ 
temps  le  vassal  et  Faille  de^  Élamites,  ce  qui  est  en  soi-raém-^r-^îe 
assez  vraisemblable,  pourquoi  ilammurabi  ne  serait-il  pas  le  rc^  — of 
Amrapbcl  que  nous  cherchons  ?  La  seule  objection  qu'on  puis^^.  -se 
faire  à  cette  identification  consiste  dans  la  dissimilitude  des  nomt  ^^s. 
M.  Scbrader  obvie  à  la  ditficuHé  en  corrijîeant  d'abord  bsn?:»  li^^ij 
*^L)n?:&ï,  et  en  supposant  ensuite  que  le  n  de  Hammurabi  pouvait  et*   ^^re 
négligé  dans  la  prononciation  babylonienne.  Mais  l'exemple  ^^^k 
Ilanmiv  {ni':n),  qui  s'écrit  aussi  Amaiti,  sur  lequel  il  s*appuie,  ^^me 
peut  pas  prouver  grand'chose,  puisque  c'est  un  mot  étrang^^r. 
Puis,  le  changement  de  n  en  d  dans  un  mot  aussi  clair  que  rw^^^ 
de  nsn  «  être  grand  w,  est  difficile  à  comprendre  ;  autant  vaudrs// 
admettre  tout  de  suite  que  bç-^j?:*?  est  une  altération  de  '*n'i^n,  maù 
rexactitude  relative  des  autres  noms  contrôlés  déconseille  Tempta' 
de  corrections  aussi  violentes.  11  est,  du  reste,  un  argument  sou- 
verain qui  met  le  phonème  IIa~aiti'nm-7'a'bi  hors  de  toute  cause. 
Dans  une  liste  de  noms  royaux  publiée  par  M.  Pinches,  ce  groupe 
de  cinq  syllabes  figure  dans  la  colonne  idéographiq'J^  ^^  f'ace  du 
nom  réel,  Kimia-rapashtUt  donné  par  la  colonne  de  droite,  qui 
contient  d'ordinaire  les  formes  démotiques  et  usuelles.  Le  nom 
Hammurabi  n'a  donc  jamais  existé  en  dehors  de  Fécriture  et  le 
roi  qu'iî  indique  s'appelait,  en  réalité»  Kinda-rapashlu  ;  or,  de  ce 

I  DU  hîUckriftlieh  babylonitehe  Kceni^stiste.  Bxcurfl,  p»  22'27, 


RECHERCHES  BÎBUQITES 


im 


\ 


mit  celui  de  >d"!'oh  la  distance  est  aussi  f^raivle  que  possible. 
Fattt-il  renoncer  pour  cela  au  rapprochement  qui  se  recommande 
par  des  raisons  historiques?  Je  ne  le  pense  pas  et  voici  pour- 
(ttoi:  Ja  charpente  consonrjanti que  du  nom  Kimta-rapashtu,  sa- 
^drKmtrpshl^en  sémitique  riCDnri?33,  contient  les  trois  consonnes 
Bioyennes  de  boiT:»  :  tn,  f\ph^  sn?2,  tandis  que  Tidéogramme  lia- 
m-mu-ra-bi  =  •^n'^xn  n'en  contient  que  deux  :  m  et  ?\  i?:.  L'a- 
vantage du  côté  de  la  forme  phonétique  ne  s*arréte  pas  là.  On  t*ait 
qaele^/ï  assyrien  devant  les  dentales  se  prononçait  très  souvent  f, 
€l, dételle  sorte,  Ték^ment  y^'apashfu  équivaut  à  rapallu  \  il  s'en- 
Mil  qu'entre  les  deux  formes  n:?Enr*:3  et  bsn?:»,  il  y  a»  en  réalité, 
une  concordance  sur  les  quatre  consonnes  bsn):,  les  trois  dernières 
uteervent  même  une  suite  identique,  la  première  seule,  dans  le 
vocable  assyrien,  est  séparée  par  un  n.  Or,  une  pareille  coïncidence 
ne  Saurait  être  l'œuvre  du  hasard. 

Grâce  à  un  principe  que  .fai  constaté  naguère  dans  la  for- 
tMtion  des  noms  propres  assyriens  et  hébreux,  la  conciliation 
entre  ces  deux  furmes  en  apparence  très  divergentes  s'elïectue  sans 
la  ïûojndre  violence.  Notons  d*abord  deux  points  fondamentaux  : 
KMa  rapashtn  signifie^  non  «  famille  (?)  nombreuse  »,  comme 
je  Pavais  cru  jadis,  mais,  témoin  les  autres  noms  de  la  môme 
«ériedu  texte  précité,  «  famille  (?j  de  grandeur,  de  domination*  *>. 
U  groupe  idéographique  Ha^am-mu-ra-bi  a  le  même  sens.  Les 
éléments  sont  :  ha,  déterminatif  d'abondance,  dont  la  présence  n'est 
^strictement  indispensable,  comme  !e  prouve  le  nom  am-mi-m- 
duç-ça^Kimiti  hiUit,  «  famille  (?)  de  la  vérité  «  ;  ammu  —  ammi^ 
Imposant  sur  un  mot  ammu  (de  073«,  Dt>r),  «  famille,  parenté  (?)  »  ; 
rati  (de  rabiï),  «  grandeur  »,  Ces  préliminaires  établis,  nous 
procédons  à  l'explication  du  principe  en  question  :  il  consiste  dans 
Tmpïoi  facultatif  de  synonymes  qui  ne  changent  pas  le  sens  des 
^'léments  constitutifs  du  nom,  L*onomastique  Iiébraïque  nous  en 
fournit  plusieurs  exemples.  C'est  d'abord  rechange  de  bK  et  ït*,  sans 
00  avec  interversion  des  éléments  constitutifs  :  inan?^'*,  i^i-'^n:, 
Jrsiît,  etc.^  échange  qui  n'est  [las  toujours  intentionnel.  Plus  frap- 
pante est  la  substitution  de  nîn&c3t  «  Puits  i*,  ville  benjaminite,  à 
î*a  (Isaïet  ix^  31),  qui  a  le  même  sens  *.  Semblablement,  le  nom  du 

•  li0  mot  rapéuAtum  est  expliqué  par  mitUlutttm  dans  R.,  ii,  43,  9. 
>  Je  m  «p«rcoifl  roAlnteuaDl  que  deux  Kulres  noros  de  ville  mentîofin^a  dam  oe 
jiMHge,  cl  mtrouVAbies  ttilleurB,  devieuuont  également  très  clairs,  grdce  au  priactpo 
de  «jooBjmie.  ta  myslëricusc  n^^I^^b,  do»l  la  Massore  uccouluo  à  (art  Tavaul-der- 
tjlïêhe,  est  bien  \o  fêminiii  de  T2*b  *  ÎJon  '  ♦  et  rcprcsenta  la  viile  connue  sous 
àc  n*1^B3  (Josué,  IX,   11  ;  XYiii,  26},    «  lion&e  *.  L'autre  nom  é^lemeat 


rm  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

fils  d'Amasïas,  roi  do  Jud.q,  s*écrit  tantôt  n^y,  tantôt  î^^t^fmiea 
î^r"^Ti ')i  l'oiîrquoï?  parce  que  les  mats  Ti*  et  ni^  sont  synonymes  n 
que  le  sens  général  rr'est  pas  diangé  par  la  variante.  Pour  li 
idéogrammes  cunéiformes,  le  principe  de  synonymie  est  un  factei 
tvAqneniei  depuis  longtemps  reconnu.  Les  noms  phonétiques  n^ 
chappent  pas  â  ce  procédé.  Nous  le  constations  ci-dessus  dans 
forme  aslité-clla,  qui  se  substitue  facultativement  à  Ella-arsa,  pj 
cefte  seule  raison  que  ashtu  est  synonyme  de  arsu,  «  siège  »,  et  quL^ 
raaîgré  Tinversiondes  termes,  le  sens  de  Tensemble  reste  le  méni.  < 
Ce  principe  a  aussi  produit  deux  noms  pour  l'ancienne  capitale 
TAssyrie  [Qal'aShergai]  \Ashsfmr  et  Ilan^an  {"^vci^  et  *inn),  c*c 
que  Tun  et  Tautre  de  ces  noms  ont  une  signilîcation  commua < 
celle  de  «  chemin,  route  ».  La  ville  de  ^nn  a,  entre  autres  nomi 
ceux  de  U?n(k  ou  Arfiu  et  Sirara  (H*,  v,  23,  la),  qui  tous  de- 1 
signifient  <t  siège,  demeure  ».  Cf,  le  misiniaïtique  n:37:n  m^ins^ 
Tarabe  n^^ns.  L'idée  fondamentale  est  <t  s'allonger,  s*étendre  ». 

Le  nom  de  Babylone  nous  fournit  un  exemple  encore  plus  Lris-I 
tructif  à  propos  des  jeux  de  synonymie  qui  variaient  les  noms  lesl 
plus  usuels.  La  forme  antique  en  était,  suivant  toutes  les  vrai- 
semblances, al  Babilu  ou  Bahalu  balai  kishlU  '"■  ville  de  ce  qm 
apporte  la  vie  du  verger  »,  c'est-à-dire  «  du  canal  qui  arrose  et 
fertilise  tes  cultures  »,  Ce  nom  composé  s'abroge  d'ordinaire  en 
Babilu,  en  donnant  lieu  au  calembour  idéograpliique  KA-DIN- 
GIR  =  Bûb'Ili^  «  porte  de  dieu  ».  D'autres  fois,  c>st  Babilu  qu*oi\ 
laissait  tomber  et  Ton  se  contentait  de  prononcer  Dalat-Kishic^ 
îVoii  ridéogramme  dvi-tir.  Quelquefois,  cependant,  Tabréviatioii 
affectait  les  deux  éléments  extrêmes,  et  le  mot  ordinaire  baÎQiu, 
«  vie  »,  était  remplacé  par  le  synonyme  haatu  r=  an  nK-'n,  U^' 
t^in^  Ce  nom  phonétique  de  la  capitale  de  Sennaar  se  rencoutn* 
daîis  deux  textes  auguraux  que  je  transcris  ci-après,  en  substi- 
tuant aux  idéogrammes  les  expressions  réelles  : 
« 

Unm  XVI-u  atalu  ishakkan  skar  Âhkadi  imâi  Nergal  ina  watt 
ihHl 

Umu  XX-â  aialu  ishakkan  shar  mat  Haïti  shûma  :  skar  mai  Haati 
iieàèima  àtmâ  imhhai  (R.  III,  60,  coL  I,  37-38). 

t  Si  le  seizième  jour  (d*Ab)  une  éclipse  a  lîeu,  le  rai  d*Accadi 


tïDiqtie:  ÏTÎW^,  <  fotnier,  boue  »,  cal  fiîm'plement  ré<]uivftlent   d«  rriB!?  {Ih\ 
ïTUi,  23),  »  puus«itfto  ».  Il  se  pourrait  mfaie  que  û'^V^  fût  ideuUcjue  a  D^^^  (/6trf«i,l 
XV m,  23),  îes  deux  noros  figtii fiant  *  raoticeaui,  ruines  ».  J'i joule,  ea  passant,  ^ue 
ÏT55^  est  la  ifille  nommée  ÏT^jjJS^  doos  Néh,,  xi.  32. 
*  Forme  garantie  par  ïe»  textes  assyriens,  qui  transcrivent  Xf-rî-^^-^ti. 


HECriEltCllES  BIOUQUËS  I7| 

f=Babylonie)  mourra;  Norgal  causera  des  destrncliona  (mol 
a  mot  «  maiif^era  »>)  dans  le  pays  ; 
iSile  vioglième  jour  une  éclipse  a  lieu^  le  roi  de  IlaUi  idem 
(c*est-à^ire  a  mourra  *)  ;  le  roi  du  pays  de  lïaal  (=  Babylone) 
viendra  et  sV*mparera  de  (son)  trône.  » 

L'autre  porte  : 

Umu  XV-u  ataîu  ishakkan  mat  ahishu  idakma  kusiâ  içaUat  u 

nakm  itebèma  mata  ikkaî 
Umu  X  VI-u  atalu  ishakkan  shar  fnat  ahili  shuma  shar  mai  Eaati 

iMàima  kussâ  iathbat  sunnu  ina  sàame  melu  ina  naqhi  ibad- 

éaqu. 
i  Si  Je  quinzième  jour  (d^ftloul)  une  éclipse  a  lieu,  le  fils  du  roi 

tuera  son  père  et  s'emparera  de  (son)  ir6oe  et  Tenneml  viendra 

cl  niioera  (mot  à  mot  «  mangera  >?)  ïe  pays. 
»  Si  le  seizième  jour  une  édi|lso   a  lieu,  le  prince  cîu  pays 

ennemi  1==  Haïti)  idem  (c'est-à-dire  :  «  lucra  son  père  i>),  le  roi 

du  pays  de  Hoal  (=  Babylone)  viendra  ev  s'emparera  de  (son) 

trAoe  ;  la  pluie  (tombera)  du  ciel  et  les  flots  couleront  dans  les 

canaux*  • 

Uideux  assyrîolo^ues  ïfui  ont  dernièrement  discuté  ces  textes 

I  (Wright,  The  Empire  of  ihe  ffUliles,  2'^  éûdUm,  p-  222-224  et 
*i2î-228»  se  sont  entièrement  mépris  sur  la  nature  géographique 
ieffaatu  en  y  voyant»  soit  une  contrée  voisine  do  llatti  et  répon- 
dant aux  Kheta  des  Egyptiens,  soit  une  sinipie  variante  de  lïaiti. 
Jeoe  doute  pas  que  mat  Haati  ne  soit  l'équivalent  de  «  mai  Ah- 
katf»et  du  simple  mai,  «  pays  »,  qui  désignent  la  Babylonie  en 
Ifa^ral,  de  même  que  l'expression  mat  ahiii,  «  pays  ennemi  », 
est  Téquî valent  de  mai  Hatti,  «  pays  de  Hatli  ».  La  prospérité  pro- 
Bûstiquée  pour  le  pays  de  Haatu  et  la  mention  des  canaux  dlrri- 
ption  montrent  bien  qu'il  s'agit  de  la  Babylonie  et  non  d'un  pays 
^ranger.  Il  ne  serait  d'ailleurs  jamais  venu  à  Tidée  d'un  augare 
''  *  îen  de  prophétiser  du  bien  pour  les  étrangers»  surtout 
-  Hittites,  qui  étaient  généralement  considérés  comme  des 
ennemis  héréditaires. 

Umpariance  du  sujet  m'excusera,  je  Tespère,  de  la  digression 

Jiie  Je  viens  de  faire  sur  le  domaine  de  Fassyriologie.  J*ai  voulu 

établir  U  loi  de  synonymie  par  des  exemples  frappants  et  certains* 

Nous  pouvons  maintenant  revenir  aux  formes  onomastiques  Kimia 

rapaltu  et  Iîd"'-?:».  Le  principe  que  nous  venons  d'expliquer  nous 

autorise  à  remplacer  Félément  Ki7n(u  par  Télément  équivalent 

"    ;?ii/  (à  Tétat  construit:  am]  que  nous  fournit  le  groupe  idéogra- 

,  iue  et  i  rétablir  ainsi  la  forme  également  réelle  et  populaire 


172  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

am-rapaltUy  en  consonnes  sémitiques  nbsnTDN,  forme  à  laquelle  ré- 
pond, on  ne  peut  mieux,  le  vocable  hébreu  ben^N,  sauf  que  celui-ci 
a  laissé  tomber  le  n  de  la  forme  babylonienne.  Cela  ne  crée  aucun 


difficulté»  L'allégement  des  noms  étrangers  au  détriment  de  la  con 

sonne  finale  est  un  fait  avéré  ;  contentons-nous  des  trois  exemple^aa 
suivants.  Le  nom  assyrien  Slialman-asharidu  est  en  hébreiBU-j 
nçNj»bç,  en  grec  sa^ijuxvdwpoç.  De  môme,  le  nom  nabatéen  nnnn.  -a 
Ilarethat.esi  chez  les  Syriens  et  les  Arabes  nnn  .nnnb»  ^nemb»;  1^^ 
déesse  Astarté  nnntj:^  est  en  moabite  nn©^,  en  araméen  iny^  er-^^ 
sabéen  ^nn:^. 

L'identification  des  deux   rois  babyloniens  Ariok  et  Amra ■ 

phel  nous  encourage  à  tenter  celle  du  grand  roi  élamite,  leu"  a 

suzerain.  Les  documents  de  Tépoque,  on  le  sait  déjà,  désignenn^ 
Eri-Aku  comme  le  fils  du  roi  Kiidur-ma-hu-ug .  Le  premie^^ 
élément^  de  ce  nom  coïncide  avec .  celui  de  Kudur-Lagamannzz_- 

n7D:?bmD  ;  le  second  est  dissemblable  dans  les  deux.  Mais  n'est 

pas  permis  de  se  demander  si  la  divergence  n'est  pas  un  simpi  ] 
produit  d'une  orthographe  capricieuse  du  genre  de  celles  dont  1 
système  cunéiforme  est  coutumier?  Il  est  certain  que  le  grouH^D 

ma-bîi-ug  n'est  pas  phonétique  :  une  racine  asTD  est  impossible,  < u  t 

si  le  mot  venait  de  an»  ou  am,  la  préformante  ne  pourrait  et  ^r-< 
qu'un  3  :  nabug.  Nous  avons  donc,  en  réalité,  un  nom  façon^n^ 
Ktidur'X\  mais  alors  tout  nous  invite  à  lire,  comme  l'avait  à^jA 
fait  George  Smith,  Kicditr-LagamarU  ce  qui  ferait  de  n73:i^bn"T^ 
un  roi  classé  et  documenté.  Autant  que  je  sache,  cette  identifica- 
tion n'a  rencontré  aucune  contradiction  sérieuse  et  je  ne  vois  point 
d'obstacle  à  ce  qu'on  l'admette,  du  moins  à  titre  de  conjecture, 
en  attendant  qu'une  tablette  lexicographique  ou  un  texte  à  double 
rédaction  nous  donne  explicitement  l'équation  :  ma-bu-ug  =  la- 
ga-ma-ru.  Je  ferai  remarquer,  en  passant,  que,  contrairement  à 
ce  que  je  croyais  autrefois,  ce  nom  divin  ne  renferme  pas  la  néga- 
tion la  ;  ce  monosyllabe  est  contracté  de  ellu  ;  l'ensemble  signifie 
«  pur  parfait  ».  C'est  une  forme  analogue  à  celle  de  Larsa  que 
nous  avons  expliquée  plus  haut  *. 

^  Pendant  que  je  corrigeais  ces  épreuves,  je  suis  arrivé  à  la  conviction  qne  le 
groupe  ma-hu-vg  est,  au  fond,  une  traduction  périphrastique  de  [Et\la  gamêru»  En 
effet,  ma  équivaut  à  ^ant»  (H.,  ii,  31,  8},  qui  signifie  en  même  temps  «  construire, 
faire  >  et  >  briller  >  ;  hu  rend  l'idée  de  nûru  [H.,  ii,  11  a3],  «  lumière  »,  et  ug^  celle  de 
tharru  (U.,  ii,  48,  8),  *  roi  •.  Le  groupe  entier  signifie  donc  «  faisant  (ou  briUant  de) 
lumière  de  roi  >,  c'est-à-dire  :  <  lumière  parfaite  *.  Sur  le  principe  de  la  périphrase  ou 
paraphrase  dans  Tallographie  assyrienne,  voyez  Aperçu  grammatical^  p.  12. 


RECHERCHES  BIBUQUES 


in 


I 


6.  But,  source  et  date  du  récit. 

Comme  résultat  de  ce  qui  précède,  le  lecteur  a  déjà  pu  formuler 
Il  proposition  suivante  :  les  rois  babyloniens  Âmraphel  et  Ariok, 
ayant  résidé  Tun  à  Babylone,  l'autre  à  Larsa,et  ayant  tous  deux  eu 
pour  suzerain  un  roi  d'Élani  de  la  dynastie  des  Kudourides,  sont 
iJes personnages  historiques  dont  Tépoque  coïncide  avec  celle  de 
rimmigration  d'Abraham  eu  Palestine,  La  fixation  de  ce  synchro- 
nisme fait  l*objet  principal  du  chapitre  xiv  de  la  Genèse.  L'auteur 
tb  la  biographie  d'Abram*  ne  voulant  pas  se  répéter,  n*a  parlé  de 
c€s  rois  contemporains  qu'au  moment  où,  par  suite  de  Finvasion 
accomplie  par  eux  dans  la  Fentapole,  ils  sont  mis  en  relation  di- 
recte avec  le  patriarche.  Il  distingue  à  dessein,  parmi  le.s  alliés 
orientaux,  les  deux  rois  babyloniens  des  deux  autres  dont  les 
royaumes  sont  situés  ailleurs.  Cela  nous  donne  d'abord  la  clé  de 
l*onîrequi  préside  à  Ténuméralion  de  ces  souverains.  Au  verset  1, 
le  couple  babylonien  a  le  pas  sur  les  étrangers,  parce  qu'il  y  avait 
urgence  à  dater  du  roi  le  plus  proche  du  pays  natal  d'Abraham,  et 
c^pays  était  la  Babylonie;  et,  comme  il  y  avait  là  deux  royautés 
distinctes,  il  était  naturel  que  le  roi  Amra[>hel,  qui  dominait  sur  la 
plus  grande  partie  du  pays,  préc«^dât  son  contemporain  Âriok»  qui 
gouvernait  un  territoire  de  peu  d  étendue.  Aux  versets  5  et  9,  ou 
il  s'agit  d'expéditions  militaires  dans  lesquelles  le  grand  rcd  non 
babylonien  Kodorlogomor  devait  nécessairement  occuper  le  pre- 
mier rang,  l'auteur  y  a  joint  immédiatement  le  vassal  non  baby- 
lonien Tid'al,  en  réservant  pour  la  fin  les  vassaux  de  la  Babylonie 
dins  Tordre  adopté  précédemment. 

Une  telle  disposition  est  trop  sûre  par  elle-même  pour  qu'on 
Vuisse  rattribuer  à  une  tradition  populaire  ;  le  narrateur  hébreu 
î  visiblement  puisé  son  récit  principal  dans  un  document  écrit, 
lepel  doit  être  une  chronique  phénicienne  remontant  elle-même 
i  an  texte  plus  ancien.  L'emprunt  direct  aux  textes  babyloniens 
parles  Juifs  de  l'exil  est  exclu  à  cause  de  la  forme  pleine  Eliasar, 
(Ui  n*y  est  pas  usitée.  L'original  du  récit  doit  provenir  d'un 
peuple  qui,  ayant  été,  à  cette  époque4à,  en  un  contact  très  étroit 
avec  la  Babylonie,  avait  été  à  même  d'entendre  la  prononcia- 
tiQn  non  écourtée  du  nom.  Si  la  conjecture  que  j'ai  jadis  pré- 
sentée au  sujet  de  D'^ii  '  était  admise^  ce  peuple  pourrait  bien  être 
lêi  UitlJtes,  qui,  depuis  les  temps  les  plus  reculés,  étaient  en  butte 
jux  invasions  babyloniennes, 

«  Voir  Rmiu,  Jattyiep-mars  IHfil ,  p.  9-11». 


m  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Il  y  a,  du  reste,  pas  mal  d'indices  que  le  chapitre  xiv  a  déjà  été 
connu,  non  seulement  pendant  la  captivité,  mais  plusieurs  années 
auparavant.  Une  attention  soutenue  fait  voir  que  le  prophète  de 
r^xll  ou  le  second  Isaïe.  frappé  sans  doute  par  l'analogie  qui 
oxisto  entre  la  naissance  de  la  nationalité  juive  par  Abraham 
(ît  la  renaissance  prévue  de  cette  nationalité  par  l'intervention  de 
CyruH,  applique  systématiquement  à  ce  dernier  les  épithètes  du 
pnuuior.  X  Texpression  solennelle  "^arr»  ûn-nç  (Isaïe,  xli,  8, 1), 
oorn»8pond  celle  de  ianx  T^iri-y  appliquée  à  Cyrus  {Ibid.,  xlviii,  14). 
Ou  peut  môme  dire,  en  général,  que  presque  toutes  les  expressions 
ottressantes  de  xli,  8-9,  .'n'^na  ■»«?  .pmç  .îpntnp.,  se  rapportant, 
au  fond,  à  la  grande  figure  d'Abraham,  ;»'na?,  ^tp*?"]™  'T.^Ç!?J7» 
Tr^^l?»  n>vionnent  xlu,  1-6,  à  propos  de  Cyrus.  Cela  étant  donné, 
on  «'apor^oit  bientôt  que  la  magnifique  description  de  la  marche 
victorieuse  de  Cyrus,  xn,  2,  3,  répercute  bien  des  traits  de  l'expé- 
dUtou  heureuse  d'Abraham. 

Ct^  )^$:!^gt\  en  expurgeant  quelques  fautes  de  scribe  très  évi- 
dente^i  e^^t  ainsi  con^u  : 

V)ui  a  3j^u$cit<^  de  l\>rient  celui  que  la  justice  appelle  à  sa  suite? 

VJui  lui  livre  le*  peuples^  lui  asservit  les  roist 

V>ui  fijut  ,viisiH*rser>  leur  èpê«  *  comme  de  la  poussière,  leurs  arcs' 

cvnuwe  la  j^Ue  emportée  t 
V>ui  tait  quM  .v^rus'  puisse  poursuivre  ces  rois  et  parcourir 

iuUeiune  un  chem\u  où  il  n'a  jamais  mis  le  pied  ? 
\^i  e^t-vi^  ^|tti  a  produit  ces  eT%M:«ai«ntst 
i^t  \Vlui  ^ui  a  appelé  les  ^eoefattoas  dès  Tongine  : 
Ceoa  ttJKu  lah>iiv  4|ui  su(s  au  début» 

Ua  v\^^vtrAt:^st  i^  exetteitteats  i»  i  aat^ui^e  avec  ceux  du  temps 
4^  ^^y^Nk'  $awit^  aux  >eux»  ec  i^s>  Wcs^  il  «leviiéiit  impossible  de 
lllfc%w^aAl;rv  ijufc$  ^^^  -^  ^'r^  ^¥.  3  k  ràsttmê  condensé  des 
i»\y<rv>i$$N>ft$  Jbc  ùji  vWuf^^  TTfecvMUiafi  ^  poomi&e  des  rois  par 
Kk^iàuj^  ^>  V  r^-^  ei  ;a  nmkvncr^  ji$  ciskunà  a^w  Meàkisédec, 
^H  ^  ^Vfr  -  ^^>(ç.  «  \uii#  itf  |«LX  •.  La  %ure  de  la  Justice, 
T'^  aji^^^-iiMt^  i  sji  :«iCfe?  vtt>^^  a  »v*c  *  a  5ca  ww  »V  »  coa^uërant 
jNf^f^^HîftiK,'^  i^  :»*  l^^^iVa  xfv  ^^  i^irti  >t2$iàMKafi  la  ccoée  du  grand 
^^a^4j^SK^  V>nb:i«iitf .  ^v  xaiitHu^fiir  ii»  ?«s  ^ai^iMUMB  »fii  se  soc- 
Ufc^^^  ^.>^NVtw<iR^hsit«<ala4ft^  sMs^^Cfakitf  Xeft^séiiec,  per- 


RlvCllEltCilES  BIOLIQUËS  t7& 

j^onnage  dont  le  nom,  interprété  agadiquement,  signifie  :  roi  de  la 
J  iiitice,  p'T^,  Il  me  paraît  môme  probable  que  la  phrase  ûiVo  nsr*» 
=3"  k>  vba-ia  nnk  constitue  une  réminiscence  de  la  migration 
•Abraham,  spécialement  de  ^ifcïs  annst  na^^i  (Genè^se  xii,  6),  mî- 
ration  que  le  narrateur,  ainsi  que  le  prouve  fincidente  th  '*::^5Dni 
-iHa,  «  le  Chananéen  était  alors  dans  le  pays  de  Sicltem^  »,  avait 
^jà  relevée  comme  un  voyage  miraculeux. 

Nous  pouvons  aller  plus  loin.  Le  récit  que  nous  étudions  est 
6ftainemçnt  antérieur  à  la  captivité,  car  il  sert  de  base  à  Texpos.^ 
sircïiéologique  dudeutéronomiste.  Les  données  de  JJeutéronome,  n, 

Isor  les  peuples  préabralmmides  autour  de  la  Palestine,  perdent 
loule  raison  d'être  si  on  ne  les  envisage  pas  coomni  destinées  ù 
tSoarter  des  objections  qu'on  pouvait  tirer  d*un  texte  antérieur  et 
siutorisé  contre  ïa  délense  de  s  emparer  des  territoires  extra-pales- 
tiniens. Or,  ce  texte  ne  peut  être  que  celui  qui  lait  l*objet  de  notre 
recherche.  D'après  Genèse,  xv,  l!^-2l»  la  Syrie  tout  entière,  de- 
_  puis  le  Wad-el-Ariscfi  jusqu'à  rEuplirate,  y  compris  les  Raphaïm» 
H  «levait   rormer   [^héritage  des  iils  d'Abraham,   D'autre  part,  le 
H  <^hapitre  xiv  de  la  Genèse  mentionne  li^s  Haphaïm  en  qualité  d'au* 
^  ciens  habitants  des  territoires  transjordaoiques.  Comment  se  fait- 
*'  alors  que  les  [lays  d'Éduni,  de  Muab  et  d'Ammon  n'ont  pas  été 
«conquis  par  Israël  à  la  sortie  trEgypte  ?  Voilà  la  questîon  qui  sV- 
^it  présentée  à  Tespritde  Tautcur.  La  réponse  établit  une  distinc- 
tion ;  Les  Iduméeus  sont  frères  d^IsrafVl  (ï25''n«)  et  lUs  d'Abraham; 
*'s  occupent  donc  de  droit  le  pays  conquis  par  eux  sur  les  lîo- 
ï'itc^ïî.  Quant  à  Moab  et  à  Ammon,  Tauteur  reconnaît  que  leurs  pays 
^*^ient  jadis  occui^is  par  les  Haphaïm,  et  se  comptait  même  à  faire 
^^  Térudition  en  donnant  les  noms  locaux  de  ce  peuple  qu'il  a  lus 
*^ns  Genèse,  xiv,  mais  il  accentue  ce. fait  que  les  propriétaires 
actuels  de  ces  contrées  sont  les  enfants  de  Lot,  cousin  d'Abraham 
lî2ib  •«:3);or,  ces  proches  parents»  ne  iallait-il  pas  les  établir  a 
proximité  des  Abrahamides  pur  sang  ?  Du  reste,  les  flls  de  Lot  ne 
possèdent  qu'une  partie  du  territoire  raphaïte.Moab  a  même  perdu 
une  portion  de  son  domaine  entre  les  mains  des  Émorites  (v.  24)^ 
et,  de  plus,  une  traction  de  ceux-ci,  gouvernée  par  un  descendant 
desiKaphâïm,  occupe  encore  leGalaad  et  le  Bassan  jusqu'au  mont 
Hermon;  tous  ces  territoires  restent  donc,  comme  auparavant, 

1  Noa  •  dâissle  pays  «a  général  (Dillmsua,  IHdem,  p.  222)  *,  Le  fait  que  lii  Pu- 
j««tia«  éuit  ua«  pots«Esion  chittanéenuo  résuluU  déjà  du  nom  *\y^^  Y^^  ^^  vwsti 
ptwaéâmii.  Le  uarrat<eur  occentue  |)lutoi  c&iUs  circoustauco  qu'Abrum  u  a  pas  pu  n'ar- 
rêter longtemps  à  Sichem  et  oocoro  moios  «'y  ûicr  pour  toujours,  à  caiiio  dos  habi- 
isnlâ  chtQtQéens  qui  s'y  seraieul  opposés.  La  renuirquc  enelagae  de  xtti,  1%  révèle 
«ffélftOMiit  U  sfiurOe  hoiUllié  des  habilanu. 


176  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ouverts  à  Toccupation  Israélite  (Deutéronome,  ii,  31,  m,  13). Le  Ca 
que  le  deutéronomiste  connaissait  le  chapitre  xiv  de  la  Gen^i 
résulte,  d'ailleurs,  du  soin  qu'il  prend  de  mentionner  la  ville  d 
ninpo?  avant  celle  de  VU?»  (Deutér.,  1, 4),  bien  que  cette  dernier 
fût  la  plus  considérable,  nnrc:?  est  même  passée  sous  silena 
dans  Nombres,  xx,  33  et  Deutéronome,  m,  10,  telleir.ent  la  loca- 
lité était  peu  importante  alors.  Mais  Fauteur  du  Deutéronome  iie 
pouvait  s'arrêter  à  une  considération  d'actualité.  Il  écrivait  pour 
des  gens  qui  savaient,  par  la  Genèse,  que  la  capitale  des  Raphaïm, 
au  temps  d'Abraham,  était  û^^  nmrns^;  force  lui  Ait  donc,  non 
seulement  de  lui  consacrer  une  mention,  mais  de  lui  réserver  la 
place  d'honneur  vis-à-vis  de  l'autre  résidence.'  En  la  mentionnant 
dans  l'introduction  du  récit  de  la  migration,  il  a  fourni,  dès  le  dé- 
but, la  preuve  que  le  Bassan  était  une  terre  raphaïte.  D'autre  part, 
cette  mention  unique  de  cette  ville,  faite  comme  en  passant,  en 
indiquait  assez  clairement  Tinsigniôance  actuelle.  Remarquons^ 
enfin,  que  la  forme  rirrxzy  usitée  dans  le  Deutéronome  et  dans  le 
livre  de  Josoé,  qui  en  dépend,  n'est  que  Tabréviation  du  nom 
complet  fi'^np  mnrcr,  particulier  à  la  Genèse.  C'est  une  nouvelle 
preuve  de  Tantériorité  relative  de  ce  dernier  texte. 

Enfin,  notre  chapitre  a  déjà  été  connu  et  mis  à  profit  par  le  pre- 
mier Isaîe.  lahwé,  dit  ce  prophète,  a  racheté,  rnç,  Abraham  (Isaïe, 
XXIX,  22).  Ce  verbe  suppose  toujours,  au  propre,  un  danger  de  mort 
ou  d'esclavage  ;  or,  étant  donné  qu'^ Abraham  n'a  jamais  éprouvé, 
dans  ses  pérégrinations,  une  calamité  mettant  en  danger  sa  vie  et 
sa  liberté  qu'à  la  seule  occasion  où  il  se  trouva  en  lutte  avec  la 
puissante  armée  des  envahisseurs  mentionnés  dans  la  Genèse,  on 
est  forcément  amené  à  conclure  que  le  prophète  fait  précisément 
allusion  à  cet  événement  et  qull  a  connu  l'unique  source  qui  en 
fasse  mention. 

Mais,  si  notre  récit  est  antérieur  à  Isaîe,  quelle  peut  être  la  date 
la  plus  vraisemblable  de  sa  rédaction  ?  Le  fait  établi  plus  haut 
qu'il  est  tiré  d*une  ancienne  chronique  phénicienne  semble  militer 
en  faveur  de  Tépoque  salomonienne,  oii  Israélites  et  Phéniciens 
agissaient  d'ac^^ord,  sous  Tégide  d'une  alliance  intime  et  profitable 
aux  deux  nations.  A  c^tte  époque,  il  y  avait  aussi  un  intérêt  capital 
pour  Jérusalem  à  être  considérée  comme  le  siège  d'un  culte  par 
dès  le  temps  d'Abraham.  La  description  des  relations  affectueuses 
entre  Melkisédec  et  ce  patriarche  satisfait  à  cette  préoccopatioa. 
L'oxistence  réelle  du  roi-prêtre  chananécn,  sinon  sa  rencontre 
avec  Abraham,  peut  paiement  avoir  été  attestée  par  le  docomenl 
phénicien,  mais  l'assimilation  du  dieu  ÉUon  i  lahwé  appartiea* 


RECHERCHES  liïriLIQUES  177 

!3?n5fneTit  au  narrateur  hébreu  et  découle  de  ses  convictions 
moBolliéistes, 


XI 


ï     Dans  Genèse»  xvii,  5»  le  nom  de  onns»  est  expliqué  par  ^Itir^  3î< 

mt^*  *  P^Te  d'une  multitude  dépeuples  ».  Je  dis  n  expliqué  >>,  parce 

^e  la  particule  motivante  •'B  qui  précède  ces  mots  no  permet 

IK»intd*y  Toir  un  jeu  de  mots  imparfait,  une  légère  assonance  des- 

ee  à  rattacher  cette  pens<5e  au  nom  (Dillraaun).  Le  narrateur 

dt?jà  servi  de  cette  expression  au  verset  précédent,  où  Tidée 

jea  de  mots  est  déplacée;  l'expression  avait  donc  pour  lui  une 

particulière.  Cela  étant,  on  se  demande  comment  Tau- 

^*molûgie  a  pu  perdre  de  vue  le  i  du  nom  propre.  Sans 

léchir  beaucoup,  il  aurait  pu  dire  :  s*;!!  ilT^n  ^nni  nH^pliraséo- 

ie  justifiée  parla  locutron  :?nT  nsn-;  (Isaïe,  un,  10],  et  produisant 

assonance  qui  n'est  certainement  pas  plus  mauvaise  que,  par 

pie,  celle  de  la^^n  et  ''';3^3  mrr'  n^-;  (Genèse»  xxix,  32)  et 

autres  encore  qu'il  est  inutile  de  citer.  Celle  que  je  viens  de 

■er  aurait  même  eu  cet  avantage  assez  appréciable  d'élimi- 

'la  forme  antigrammaticale  25?,  au  lieu  de  ■'an,  qui  dépare  Tex- 

ion  dont  il  s*agit.  On  le  voit,  aussi  bien  au  point  de  vue  de  la 

iction  qu*à  celui  de  la  grammaire,  Texplication  de  la  Genèse 

beaucoup  à  désirer, 

difficulté  n'est  pas  moindre  en  ce  qui  concerne  le  sens  du 
ipe  explicatif.  Si  la  leçon  admise  est  exacte,  on  ne  peut  y 
QTer  que  Tassurance,  pour  Abraham,  que  ses  fils  auront  une 
postérité,  et,  de  cette  façon»  non  seulement  la  répétition 
^ïite  de  cette  idée  dans  les  versets  2,  4,  5,  6,  est  fastidieuse, 
lis  la  promesse  additionnelle  ^xz7,  "iTTSp  D^sb^   (verset  6),  «  des 
«orliront  de  toi  »,  apparaît  alors  comme  un  liors^d'œuvre  su- 
uetne  se  rattachant  pas  le  moins  du  monde  au  nom  nou- 
10-  Et  cependant^  fimportance  attribuée  par   Tauteur  a  cette 
résulte  clairement  du  soin  qu'il  prend  delà  faire  répéter, 
de  Sara,  au  verset  10,  et,  ce  qui  plus  est,  à  propos  dis- 
Son  d'Alexacdrio  a  dé]tt  peusd  h  HH^i  <^<it  û  Induit  le  nom  d'Abraham  par 
iTç^ol  le  ton  *. 

T.  XV.  H<»  3a.  '  n 


176  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

œaël,  au  verset  20,  où  il  change  intentionnellement  û^'^b^^  a  rois», 
en  dK'^b^,  «  princes,  chefs  ».  A  moins  de  renoncer  à  tout  goût  litté- 
raire, il  serait  diflicile  d*y  méconnaître  une  insistance  particulière 
et  beaucoup  plus  accentuée  que  ne  le  comporterait  un  point  acces- 
soire et  de  pur  remplissage.  Or,  est-il  imaginable  que  ce  soit  pré- 
cisément ridée  de  «  rois  »  et  de  «  princes  »  qui  ferait  défaut  dans 
l'explication  du  nom  nouvellement  assigné  au  patriarche  ?  Je  ne 
le  crois  pas  possible,  et  cela  d'autant  moins  que  la  quantité  numé- 
rique seule  d'une  nation  n'a  jamais  constitué,  aux  yeux  des  an- 
ciens, un  avantage  enviable,  si  cette  nation  ne  vivait  pas  sous  des 
gouvernements  forts  et  si  elle  n'était  pas  dirigée  par  des  chefs 
reconnus  et  respectés  au  dehors.  Sur  l'article  de  la  gloire,  la 
Genèse  se  montre  d'une  sensibilité  bien  vive  et  n'oublie  jamais    \ 
de  le  noter  dans  ses  récits. Comparez  le  titre  u^Tibt^  «-^ba  donnée    s 
Abraham  (xxiii,  6),  la  richesse  d'isaac  dépassant  celle  d'Abimélek    j 
(xxvi,  16),  et  l'élévation  de  Joseph  à  la  vice-rôyauté  d'Egypte (ili,    j 
40-45;  XLV,  8-9,  26).  En  un  mot,  l'explication  du  nom  d'Abraham    j 
ne  devait  pas  passer  sous  silence  l'existence  future  des  rois  dans 
la  descendance  du  patriarche. 

L'examen  approfondi  des  privilèges  accordés  à  Sara,  au  verset- 
16,  me  semble  trancher  la  question  en  faveur  de  l'opinion  que  je  dé- 
fends. Le  texte  hébreu  de  ce  verset  est  agencé  comme  il  suit  :  ■'psn? 
n37373  û^ysT  "^DbTs   D-^isb  î-rn-^rti  mnD-ian  ia  nb  rrs^»  -^nnî  nai  nr»  ! 

TV*  •-         ••:-  •       (  t:tït«i-"         '••Mi         tv-         «-t-i         »  t 

^^'n^  En  laissant,  pour  le  moment,  la  première  phrase,  que  je  dis-   , 
cuterai  tout  à  l'heure,  le  sens  de  tout  le  reste  est  d'une  clarté   \ 
parfaite  :  «je  te  donnerai  d'elle  un  fils;  je  la  bénirai;  elle  sera    ^ 
(mère)  de  peuples  ;  des  rois   de  nations  viendront  d'elle  ».  Ici, 
l'expression  'D'^ipy  "^Db^a  est  autrement    énergique  que  le  simple 
û'^pbTp  de  la  bénédiction  d'Abraham,  et  contient  l'idée  de  rois  effec- 
tifs gouvernant  et  dirigeant  les  peuples  qui  leur  sont  soumis,  et  non 
seulement  leurs  propres  nationaux,  mais  aussi  des  nations  étran- 
gères. Cette  majoration  intentionnelle  de  û'^DbTs  sert  visiblement 
à  rehausser  la  destinée  extraordinaire  de  la  vieille  compagne  du 
patriarche,  qui,  méprisée  môme  par  son  esclave  à  cause  de  sa 
stérilité  (xvi,  4),  n'aspirait  qu'à  quitter  la  vie,  où  elle  n'espérait 
plus  aucune  joie,  aucune  consolation  (cf.  xv,2).Le  contraste  entre 
l'état  méprisé  de  l'aïeule  et  le  sort  brillant  qui  lui  est  réservé  a  été 
admirablement  peint  par  la  composition  u^ipy  ^db'q.  Mais  cette 
idée  de  domination  qui  forme  le  couronnement  de  sa  bénédiction  a 
trouvé  son  expression  adéquate  dans  le  nouveau  nom  qui  lui  est 
assigné,  car  nnb,  féminin  de  no,  «  prince,  roi  »,  signifie  précisé- 
ment «  princesse,  reine  ».  Est-il  maintenant  possible  d'imaginer 


RKCHEItCHKS  BlIilJQUES  179 

an  seul  instant  que  le  narrateur  ait  négligé  rie  mettrG  cette  idde 
prëpondéraate  dans  le  nouveau  nom  qu'il  fait  donner  au  pa- 
trUrchu  1 

K Ainsi  donc,  la  groupe  D^ia  li^^n  3H  j)réseiite  deux  lacunes 
antes  :  romission  matërielle  du  i  de  Dfî-i::»,  roraission  inter- 
pr<5taUve  de  ridée  de  suprématie  relevée  dans  la  promesse,  et  une 
^ute  de  grammaire  par  dessus  le  marché. 

■liais,  dès  le  moment  qu^on  reconnaît  la  nature  exacte  des  diffi- 
cultés, le  moyen  de  les  lever  se  présente  aussitôt  à  Tesprit,  Il 
faut  simplement  restituer  au  mot  na«  la  lettre  i  qu'il  a  du  avoir 
primitivement  et  qui  lui  a  été  enlevée  par  un  accident  du  ma- 
nuscrit ou  par  la  négligence  d'un  vieux  scribe.  Abraham  a  été 
Eïit  de  fois  assuré  qu'il  sera  le  père  d'une  nombreuse  pos- 
rite»  que  cette  promesse  seule  n'aurait  pas  assez  de  relief  au 
ruoraent  où  Dieu  voulait  lui  imposer  l'observance  pénible  de  la 

K'rcoiicision.  La  piété  d'Abraham  réclamait  cette  fois  une  récom- 
ïaseplus  considérable  et  conforme  à  sa  nature  élevée  et  che- 
valeresque; il  sera  donc  le  type  d'hommes  arrivés  au  faite  de  la 
g^lfjire»  de  rois  gouvernant  des  nations.  C'est  ce  qui  est  convena* 
^leraent  exprimé  par  n^^yy  \V2ri  npx,  <«  tu  seras  le  fort,  le  chef 
*i*iane  multitude  de  nations  ».  Le  mot  -i^awt,  au  propre  «  fort  »>, 
^^  it  partie  du  titre  divin  apr^  ^i"*?^»  remplacé  une  fois  par  l'équi- 

t^^lent  plus  clair  :  ::ipr»  r\bn,  ^  roi  de  Jacob  »  (Isaïe,  xli,  21).  La 
^me  tournure  domine  le  sens  de  i^Wi  «  fort  »>  qui  est  usité  parai- 
lement  à  b'ia  (Jérémie,  xxx,  21),  «potentat,  gouverneur  )>.Ofï 
^t*<iuve  aussi  la  forme  i'*?fc<  au  sens  de  k  préposé  ou  cher(I  Samuel, 
*^i,8)  »,  mais  celle  de  t*3K  semble  préférable, à  cause  de  son  ap- 

tirence  archaïque  et  de  son  usage  plus  solennel.  Dieu  fait  d'Abra- 
ira  le  premier  chef  idéal  de  nombreuses  nations  et  le  modèle  le 
us  accompli  des  rois  ses  descendants  ;  il  est»  pour  ainsi  dire, 
^^  roi  titulaire  des  peuples  auxquels  il  donnera  naissance  lui- 
inôine,  la  personnification  vivante  de  nations  puissantes  et  ci- 
«    ViJisées. 

H  Toutes  les  difiicuïtés  signalées  plus  haut  disparaissent  main- 
Benant  d'elles-méraes.  Il  n'y  a  plus  ni  lacune,  ni  faute  de  rédac- 
Hon.  L'explication  concise  [pjtîrT  n^K  comprend  toutes  les  con- 
H^nnes  du  nom  propre  cnnsftt  et  ne  sacrifie  rien  de  ce  que  contient 
^explication  plus  étendue  du  verset  G.  J'ajoute  que  la  forme  on^ 
B  brait,  multitude  »,  tiré  de  *^?:n,  quoique  inusitée,  est  très  régulière 
et  comparable  à  wn^  «  sang  »,  on,  v  beau-père  »,  nô«t  "  frère  », 
etc,,  qui  viennent  respectivement  des  racines  "^tst,  •'isn,  inst.  Outre 
ijOn  est  à  mémo  de  comprendre  le  développement  graduel  que 


180  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Tauteur  a  donné  à  sa  pensée.  L'annonce  sommaire  de  Talliancequ  j 
Dieu  voulait  établir  avec  Abram  est  suivie  d'une  promesse  son^ 
maire  aussi,  n^Ts  n^^a  ^m»  nan^n  (vers. 2).  Abram  s'étantempres^ 
de  prouver  sa  gratitude  (vers.  3),  Dieu  lui  donne  les  détails  de  la  r^ 
compense  (vers.  4-8),  en  stipulant  la  condition  du  pacte  (vers.  9  1^ 
Les  répétitions  de  Tidée  concernant  le  grand  nombre  des  descerra 
dants  se  supportent  sans  fatigue,  par  suite  de  Ténorme  importan  ^ 
du  nouvel  élément  qui  y  est  joint  :  celui  d'être  le  générateur  4.  « 
rois.  Quand  Dieu  arrive  à  parler  de  la  femme  légitime  du  patriât^y 
che,  la  môme  scène  se  répète,  mais  en  abrégé  :  Abram  tombe  s  m 
sa  face,  pour  prouver  sa  gratitude,  mais  avec  cette  différence  qye 
la  réflexion  sur  l'âge  combiné  des  époux  le  fait  sourire  (vers.  17) 
et  que,  pris  d'un  scepticisme  très  naturel,  au  fond  (remarquez  Je 
même  phénomène  chez  Sara,  xviii,  12),  il  fait  entendre  qu'il  serait 
déjà  heureux  qu'Ismaël  lui  fût  conservé  (vers.  18),  ce  que  Dieu  lui 
accorde  aussitôt  (vers.  20},  tout  en  lui  assurant, que  le  pacte  ré- 
cent concerne  plus  particulièrement  le  fils  légitime,  Isaac.  Enfin, 
les  dénominations  honorifiques  octroyées  aux  deux  époux  sont 
des  plus  équilibrées  :  l'une  est  n">3N,  «  fort,  chef,  prince  »,  l'autre 
est  nnb,  «  princesse,  reine  ».  Ces  synonymes  constituent,  de  leur 
côté,  le  type  du  nom  glorieux  octroyé  plus  tard  au  second  ancêtre 
national,  b^n*^*;,  «  champion  et  vainqueur  d'El  ». 

Revenons  à  présent  à  l'expression  nnk  "^n^nan  du  verset  16. 
Cette  expression  fait  double  emploi  avec  rr-^Mnan  qui  suit  à  cinq 
mots  de  distance,  elle  est  donc  absolument  insupportable.  Les 
Septante  ont  parfaitement  senti  cette  difficulté  ;  malheureusement, 
pour  y  échapper,  ils  ont  pris  le  pire  des  partis  en  changeant,  dans 
la  seconde  moitié  du  verset,  toutes  les  terminaisons  féminines  en 
termirfaisons  masculines  se  rapportant  à  15  «  fils  »,  comme  s'il 
y  avait:  rn"^  ^5^-3  ûrsr  ■^DbTs  D">i5b  n^m  wDnaî»,  «je  le  bénirai, 
et  il  deviendra  des  nations;  des  rois  de  nations  seront  issus  de 
lui  ».  En  ce  faisant,  ils  ont  détruit  le  vrai  sens  du  verset  etobs' 
curci  la  signification  typique  de  rrnb.  Le  remède  est  beaucoup 
plus  simple  et  ne  donne  lieu  à  aucun  remaniement  étendu  ;  il  suf- 
fit de  substituer,  à  la  leçon  visiblement  erronée  rrnN  "^nDnai,  celle 
de  nrN  ^■?"]?n,  «  je  me  souviendrai  d'elle  ».  Le  verbe  nst  est  ré- 
gulièrement employé  au  sujet  des  femmes  qui  enfantent  après  une 
longue  stérilité  (Genèse,  xxx,  22;  I  Samuel,  1,  11),  et  il  ne  pou- 
vait pas  manquer  ici,  en  raison  de  l'absence  de  tout  autre  éqm- 
valent. 

Je  termine  par  quelques  observations  de  critique  littéraire.  Dans 
ce  qui  précède,  j'ai  regardé  le  chapitre  xvii  de  la  Genèse  comme 


RECEIERCHES  DIBLIOUES 


I8t 


il  on  i^troite  connexion  avec  son  entourage  immédiat.  Je  n'i- 
ceputidaiit  pas  que  les  critiques  modernes,  s^appuyant  sur 
mm  rn?»  qui  y  est  employé»  ainsi  que  sur  quelques  particula- 
ée  style,  en  font  un  texte  élohistique  absolument  indépen* 
tfdes  chapitres  précédents  et  suivants.  Il  faut  donc  que  je  dise 
Irquoi  je  n*y  crois  pas.  Je  pense  que  tous  ces  arguments  prouve- 
pit  tout  au  plus  que  lauleur  jéhoviste  de  l'histoire  d*Abraham 
it  lui-même  emprunté  cet  épisode  à  un  écrivain  élohiste,  et 
cisément  parce  qu'il  était  avec  lui  dans  une  communauté  par- 
d'idées,  tandis  que,  diaprés  les  critiques,  ce  serait  le  rédacteur 
Ne  la  Genèse  qui  aurait  mis  côte  à  côté,  et  tant  bien  que  mal, 
tx  documents  différents,  qui  auraient  longtemps  existé  sépare- 
nt el  dans  une  sorte  de  rivalité  principielle*  Ils  tiennent»  de  plus, 
locainent  élohistique  pour  très  postérieur  au  jéhoviste.  Or,  le 
Ipitre  x\ii  me  semble  prt^senter  assez  d'indices  qui  vont  à  Ten- 
Itre  d'une  telle  théorie* 

Juand  on  isole  ce  chapitre  des  pièces  jéhovistiqiies  qui  le  pré- 
fcnt,  la  théophanie  dont  il  s'agit  sera  Ibrcément  la  première  qui 
ïil(itéd*^*volue  au  patriarche-  Ce  serait  un  cas  absolument  paral- 
à  rapparition  de  Dieu  à  Noé,  racontée  par  le  même  élohiste 
Genèse,  vi,  9-22.  L'auteur  se  sert  même,  dans  les  deux  pas- 
i,des  expressions  û'^nrt*  (-53b)  nï*  ^bnrn  et  uvzn  n^n,  pour  dé- 
T  les  actes  de  piété  indispensables  pour  s  attirer  la  faveur 
le.  Or.  dans  le  premier  cas,  cette  faveur  divine,  comme  de 
est  la  récompense  méritée  par  une  longue  vie  de  vertus, 
dans  un  milieu  corrompu;  dans  le  second,  Abraham  est 
idfis  avoir  rien  fait  jusqu'alors  pour  mériter  une  si  haute  dis- 
ion;  il  est,  de  plus,  à  un  âge  si  avancé,  que  la  corruption  du 
,  si  elle  existe,  ne  peut  avoir  aucune  prise  sur  lui;  il  vit 
dans  un  milieu  dont  le  narrateur  ne  rapporte  aucun  acte  ré- 
mible.  De  cette  façon,  l'élection  d'Abraham  devient  le  résul- 
Ud^tin  simple  caprice,  tout  autre  aurait  pu  le  remplacer.  Ou  se 
ide  comment  rélobisto  aurait  oublié,  à  la  lois,  sa  méthode  de 
itlon,  et  laissé  tant  de  lacunes  dans  une  biographie  qui  devait 
tenir  à  cœur  bien  plus  que  celle  de  Noé.  Pour  tous  ceux  qui 
inent  la  chose  sans  parti  pris,  une  pareille  conception  est  ah- 
«*nt  impossible. 

19  voici  qui  dépasse  toutes  les  limites  du  bon  sens  le  plus  élé- 
lire.  En  retirant  le  chapitre  xvii,  on  élimine  simultanément  du 
jéhoviste  la  connaissance  des  noms  Abrani  et  Saraï,  et,  par 
i  on  est  obligé  d'admettre  que  la  mention  de  ces  noms  dans 
nombreux  passages  des  cliapitres  xii,  xin,  xv  et  xvi,  qui  sont 
,  est  due  à  l'ingérence  du  rédacteur  finaU  Or,  je  de- 


182  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mande  à  tout  historien  impartial  s'il  est  vraiment  raisonnab/e 
d'attribuer  des  corrections  aussi  nombreuses  à  un  engouemc?ii/ 
exagéré  pour  le  calembour  û-^ia  )M2'n  3n  ?  Le  rédacteur,  qui,  à  en 
croire  les  critiques,  maniait  ses  sources  avec  un  sans-gône  à  peu 
près  illimité,  n'aurait-il  pas  simplifié  sa  besogne  en  supprimant 
les  versets  5  et  15,  et  en  mettant  au  début  du  verset  16  les  mots 
^ntax  m©  nx  TnaN  (ou  -i^tn)  D:ii  f  II  aurait  ainsi  écarté  du  môme 
coup  la  contradiction  apparente  des  deux  documents  sur  les  noms 
du  couple  patriarchal,  qui  devait  le  choquer  plus  encore  qu'elle  ne 
choque  les  lecteurs  modernes. 

Une  preuve  non  moins  concluante  nous  est  fournie  par  le  pré- 
cepte de  la  circoncision,  que  le  jéhoviste  n*a  pas  pu  ignorer, 
malgré  l'affirmation  contraire  de  l'école  critique  tout  entière.  La 
question  mérite  la  plus  sérieuse  attention.  L'opinion  que,  suivant 
le  jéhoviste,  la  circoncision  n'a  été  introduite  qu'à  l'entrée  des 
Hébreux  dans  la  Terre  promise  se  fonde  d'abord  sur  le  passag:^ 
du  livre  de  Josué,  v,  9,  où,  après  avoir  pratiqué  l'opération  sur  1^ 
peuple,  Josué  dit  :  Aujourd'hui,  j'ai  retiré  de  vous  la  honte  des 
Égyptiens.  Il  s'agirait,  d'après  eux,  des  injures  lancées  par  le^ 
Égyptiens  contre  rincirconcision  des  Israélites,  lesquels,  tout  e^i 
habitant  si  longtemps  dans  la  patrie  de  la  circoncision,  n*avaieri* 
pas  voulu  accepter  cet  usage    religieux.  Avec  tout  le  respect 
qu'on  doit  aux  savants  qui  admettent  cette  interprétation,  J'a-* 
voue  qu'elle  m'étonne  beaucoup.  Outre  l'idée  bizarre  de  faire  J^ 
Josué  un  missionnaire  dévoué  à  des  usages  égyptiens,  et  notam- 
ment un  missionnaire  préchant  aux  autres  ce  qu'il  s'est  bien 
gardé  de  faire  lui-même,  il  y  a  là  un  point  de  départ  absolument 
faux,  car,"  à  de  rares  exceptions  près,  dans  certaines  catégories 
de  prêtres,  la  nation  égyptienne  était  bel  et  bien  incirconcise. 
C'était  aussi  le  cas  de  la  plupart  des  peuples  sémitiques;  chez  les 
Arabes  eux-mêmes,  l'usage  de  la  circoncision  ne  s'est  généralisé 
que  très  tardivement,  de  sorte  que  le  prophète  Jérémie  pouvait 
dire  à  bon  droit  û-^bn:^  d-^irin  bD  (ix,  25),  <l  tous  les  païens  sont  in- 
circoncis *  ».  En  réalité,  les  injures  des  Égyptiens  portaient  sur  la 
négligence  de  la  circoncision  par  la  génération  née  dans  le  désert. 
Ils  soutenaient  que  les  Israélites,  à  peine  devenus  libres,  avaient  dé- 
fmitivement  abandonné  la  pratique  religieuse  à  laquelle  ils  étaient 
fermement  attachés  quand  ils  étaient  esclaves.  En  rétablissant  cet 
usage  négligé  depuis  si  longtemps,  Josué  a  lavé  le  peuple  de  cette 
honte,  en  apparence  bien  méritée.  En  un  mot,  le  jéhoviste  atteste 

i  Les  mois  incorrects  nbn:^a  b^l2  du  verset  24  doivent  liitttrelleme&t  ftlM  tinii 
réUblis,  d'eprès  les  Seplanto*:'  Sn^^l  bn^D  ou  nbn:^1  nb^». 


llECHEHGJiKS  BIBLIQUES  183 

ide  la  circoncision  parmi  les  liebreux  durant  leur  s^^jour 
H,  et,  par  cela  m<?me,  il  en  reconnaît  rurigine  iiatriarcale. 
nvofjue  ensuite  le  passage  Exode  ix,  24-2(i.  Pendant  que 
lait  en  route  pour  TÉgypte,  il  fut  attaqu<^  par  lahw»^,  qui, 
ris  la  forme  humaine,  voulut  le  tuer*.  St^pliora,  voyant  !e 
qui  menaçait  la  vie  de  son  époux,  se  munit  d'un  sîlex^ 
le  prépuce  de  son  fils»  et,  ayant  jeté  la  chair  sanglante 
3s  de  l'assaillant,  elle  !nl  adressa  ces  paroles.  «  Certes,  tu 
moi  un  allié  de  sang  (-^b  rfr«  û''?:n  inn  ^^3)  >ï.Ge  sacrilîce, 
ittiation,  qui  faisait  de  lahwé  l*allié  de  la  famille,  sauva 
Jt»  depuis  lors,  Sépliora  donna  à  la  circoncision  le  nom  de 
ce  de  sang  (n^^Tzi  iri^*)  '^'  M-  Ddlmanu,  bien  qull  explique 
ige  d*uuè  façon  que  nous  n'admettons  pas»  résume  excel- 
t  Tessence  de  ce  récit  :  «  11  en  ressort  clairement  les  deux 
le  voiôi  :  d'abord,  que  la  circoncision  a  la  valeur  d'un  sa- 
langlant;  ensuite,  que  la  vie  du  père  est  en  même  temps 
I  ou  rédiraée  par  i'olïre  du  Ois  ».  Cela  s'accorde  on  no 
eaxavec  ridée  fondamentale  de  Genèse»  xvii,  que  la  cir- 
in  est,  pour  les  descendants  d*Abraliam,  le  gage  par  excel- 
^  l'alliance  entre  eux  et  Dieu.  Séphora,  ayant  un  circoncis 
eux,  a  dû,  au  moins  dans  l'hypothèse  du  narrateur,  con- 
ta signification  de  cette  pratique,  et  n'avait  nullement 
le  l'apprendre  par  le  chapitre  xvii  de  la  Genèse,  ou  par 
8  individus  de  sa  nation  qui,  tout  en  pratiquant  cet  usage, 
Ibuatent  certainement  pas  une  telle  signification.  Dans 
I  cas,  on  ne  saurait  conclure  de  ce  récit  que  Moïse  igno- 
|U*alors,  toujours  d'après  le  jéhavisto,  le  rite  delà  cirt^on- 
3u  cette  conjoncture,  Moïse,  après  révénement  dont  il  a 
\eU  ne  se  serait  pas  fait  faute  de  recommander  ce  rite  à 
ationaux  d'Egypte,  dès  son  arrivée  auprès  d'eux,  comme 
m  le  plus  eflicace  de  se  réconcilier  avec  Dieu  ;  il  les 
de  plus,  soustraits  au  mépris  des  Égyptiens,  s'il  était 
iinme  on  Taffirme,  que  ceux-ci  tenaient  Tincirconcision  en 


tat  net  :  le  jéhovîste,  dans  les  deux  passages  invoqués  par 
tgues,  suppose  comme  une  chose  qui  va  de  soi  que  Moïse 
les  représentants  les  i>lus  ëminents  de  la  génération 


I 


a  potir  avoir  né^bf^é  de  circoadro  son  fils,  comme  le  veulent  les  rabbins 
■  moéernes,  ou  bien  élBil<fl  pour  le  punir  de  rhéaiUtion  qu'U  ovait  mon- 
l^ccotnpUdsemeQt  des»  misiîoti*f  Getta  dernièro  i\Tpli€iiiiuti  nous  |»rait 
tmblfble* 

•  atliÉOCA  s  au  lien  do  "[rin,  •  allié  de  »,  Avec  cette  forrectiou,  j  accepte 
guère  pitr  M.  Hûbetis  Duval  pour  la  fin  du  verset  26^ 


184  HEVlîE  DES  ETUDES  JUIVES 

d'Egypte,  (étaient  circoncis,  et  là-dessus  il  est  en  parfait  accorJ 
avec  la  donnée  du  chapitre  xvii. 

Ce  résultat  implique  naturellement,  comme  corollaire  irrécusa- 
ble, l'unité  du  chapitre  xvii  ayed  les  pièces  jéhovistes  qui  l'entou- 
rent, ainsi  que  la  modification  survenue  aux  noms  du  couple  pa- 
triarcal. 

Un  dernier  mot  à  propos  de  ces  noms.  Les  noms  élohistiques 
ûnaN  et  "^nb  se  constatent  aussi  dans  les  inscriptions  cunéiformes, 
où  ils  sont  orthographiés  A-bu-ra-niu  (Strassmaier,  AN,  art.  61)  et 
Sa-ra-a  [Ihid.,  art.  6590),  preuve  qu'ils  étaient  en  usage  enBa- 
bylonie.  Les  formes  2~=5?  et  iirfo  n'ont  pas  encore  été  signalées 
chez  les  autres  Sémites;  pour  ûmnx,  il  est  même  douteux  qu'on  le 
retrouve  jamais  en  dehors  du  domaine  hébreu,  où  il  a  toutes  les 
chances  de  figurer  comme  une  dénomination  typique  et  de  tous 
points  semblable  à  celle  de  b«nç":  (Genèse  xxxii,  29). 


XII 


LA  LANGUE   DES    HITTITES  D  APRES  LES  TEXTES  ASSYRIENS. 


Par  suite  de  la  publication  faite  par  M.  le  capitaine  Burtpn,  en 
1872,  des  singulières  inscriptions  d'Hamath,  rédigées  dans  un  sys- 
tème hiéroglyphique  inconnu,  l'attention  des  historiens  a  été  vive- 
ment attirée  sur  l'antique  population  de  la  Syrie  septentrionale, 
que  les  annales  égyptiennes  et  assyriennes  d'une  part,  les  écri- 
vains bibliques  d'autre  part,  mentionnent  fréquemment  sous  le 
nom  de  Kheta,  Hatti  et  HiUim,  au  singulier  Hitii,  dérivé  ethnique 
d'un  personnage  mythique  et  éponyme  Hat  ou  HêL 

Peu  de  temps  après  cette  publication,  des  inscriptions  de  la 
môme  espèce  ont  été  découvertes  à  Djérabis  sur  l'Euphrate,  l'an- 
cien Karkemisch,  à  Marasch,  à  Ibriz,  à  Karabel,  à  Thyane  etdans 
beaucoup  d'autres  localités  de  la  Ilaute-Syrie  et  de  l' Asie-Mineure, 
ainsi  qu'un  nombre  considérable  de  monuments  et  d'œuvres  d'art 
qui  décèlent  un  génie  particulier.  On  s'aperçut  en  môme  temps 
que  le  syllabaire  national  des  Grecs  de  l'île  de  Chypre  avait  sa 
source  dans  l'écriture  plus  compliquée  des  Hittites,  Tous  ces  faita, 
joints  aux  récits  des  écrivains  orientaux  qu'on  a  réunis  et  mis  dans 
un  ordre  chronologique,  ont,  pour  ainsi  dire,  ressuscité  devant 
nos  yeux  une  race  et  une  civilisation  'qui  avaient  été  ensevelies 


HECÏlEnCHES  limUQUES  W 

Fl'oiitli  {hjs  siècles,  aprùs  avoir  longtemps  rivalisé  avec  TE- 
f]ïte  et  TAssyrie  et  f<i^coadé,  par  leur  esprit  et  leur  activité,  le 
kïe  Jiaiâsant  des  peuples  de  rAsie-Mineure  et  des  tribus  hellô- 

&u  «fljet  de  la  langue  des  Hittites,  les  avis  sont  partagés.  Les 

éntalistes  anglais,  M*  Sayce  en  tête,  soutiennent  qu'elle  n*ap- 

rtenait  pas  à  la  famille  sémitique,  mais  au  groupe  encore  mal 

iiiides  idiomes  de  la  Cappadoce,  de  la  Ciiicie  et  de  Tancienne 

ie,  idiomes  groupés  par  Lenorraant  sous  la  dénomination 

lens.  Cette  opinion  a  été  aussi  admise  par  Finzi  en  Ita- 

M.  EL.  Scbrader  en  Allemagne.  Les  autres  orientalistes 

ds  et  français  se  tiennent  sur  la  réserve  ou  ne  se  sont  pas 

re  prononcés.  Cette  hypothèse,  plus  ou  moins  implicitement 

i«e,  m'avait  toujours  paru  des  plus  conteslahles,  et  je  lai  com- 

le  à  diverses  reprises  dans  mes  écrits.  Les  travaux  récents^ies 

Qtalistes  anglais  sur  la  matière,  et  l'évfil  inespéré  de  Valaro- 

fme  dans  les  ouvrages  de  vulgarisation  qui  prétendent  résumer 

Iderniers  résultats  de  la  science,  me  font  un  devoir  aujourd'hui 

I  revenir  sur  la  question,  et  de  soumettre  aux  savants  compé* 

Hts  les  preuves  en  laveur  de  mon  opinion,  qui  afflrme  le  carac- 

fî sémitique  de  la  langue  hittite.  Quelques  mots  seront  pour- 

Dl  nécessaires  pour  faire  comprendre  la  faiblesse  des  indices 

loques  par  les  partisans  de  Talarodisme  à  Tappui  de  leur  thèse. 

Ceux  qui  admettent  l'origine  non  sémitique  des  Hittites  font  va- 

rdeux  arguments  de  natures  diverses.  Sur  les  monuments,  di- 

it4l»,  les  Hittites  ont  une  physionomie  difiTérentf»  de  celle  qui  est 

Dpre  aux  autres  Sémites,  et  cette  différence  physique  répond  à 

différence  du  costume,  et,  tout  particulièrement,  de  la  coilïure 

delà  chaussure  à  pointe  relevée  que  Ton  trouve  en  usage  chez 

peuples  de  rAsie-Mineure.  Mais  la  ressemblance  physique  et 

le  du  costume,  en  supposant  môme  qu'elles  soient  aussi  étroites 

00  le  prétend,  prouverait  tout  au  plus  l'origine  plus  ou  moin» 

!éç  des  Hittites,  elle  ne  déciderait  rien  au  sujet  de  la  langue 

ce  peuple  a  parlée  aux  époques  historiques  de  son  existence 

nation  syrienne.  Prenons,  au  hasard,  un  exemple  dans 

fatb  ethnographiques  plus  connus*  L*origine  anaryenne  des 

kiUots  primilii's  de  l'Arménie,  du  Curdistan  et  de  la  Susiane, 

lipêclie  nullement  que  les  tangues  qui  se  parlent  depuis  au 

DS  deux  mille  ans  dans  ces  contrées  ne  soient  parfaitement 

hmUle  iranienne.  La  question  de  la  race  n'a  rien  à  voir  avec 

de  la  langue,  ce  sont  deux  choses  entièrement  distinctes. 

aÏMindonnons  la  première  aux  antliropologoes  et  aux  enthou- 

du  préhistorique,  nous  ne  nous  occupons  que  de  la  seconde^ 


i86  «         REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

se  rattachant  à  la  langue  des  Hittites  de  la  Syrie.  Pour  restera  u 
un  terrain  solide  et  purement  historique,  nous  laissons  toutd^'Ta. 
bord  de  côté  les  inscriptions  mystérieuses  qui  sont  la  cause  dom/- 
nanto  de  la  reprise  de  nos  recherches.  A  moins  que  quelque  trou- 
vaille particulièrement  intéressante  ne  se  produise  au  courant    de 
notre  étude,  nous  nous  bornerons  au  problème  linguistique  seul, 
et  nous  en  écarterons  la  question  épigraphique. 

L'autre  argument,  le  seul  qui  mérite  d'être  discuté,  appartient  à 
la  philologie.  Il  est  tiré  des  noms  propres  hittites,  mentionnés  dans 
les  documents  égyptiens  et  assyriens.  M.  Sayce,  le  vrai  auteur 
de  l'hypothèse  que  je  combats,  a  publié  dans  les  Transactions 
ofthe  Society  of  biblical  Archeology  de  1881,  page  288,  une  liste 
assez  complète  de  noms  propres  destinée  à  démontrer  le  non  se- 
mitisrae  des  Hittites.  Toutes  les  sources  ont  été  mises  à  contribu- 
tion :  TAnclen  Testament,  les  inscriptions  égyptiennes,  les  inscrip- 
tions assyriennes.  J'ai  dit  précédemment  que  je  laisserai  décote 
les  deux  premières  sources,  et  voici  pourquoi  :  les  noms  d'homme^ 
mentionnés  dans  la  Bible  ont  été  portés,  en  grande  majorité  pa  ^ 
des  Hittites  palestiniens,  et  peuvent,  par  conséquent,  être  emprur*' 
tés  ou  hébraïsés.  Je  mets  dans  cette  catégorie  les  mots  hamathéen  s 
ûni"^  (ou  tninn)  et  ?.r'n,  parce  qu'ils  sont  trop  isolés,  et  je  ne  m'ai:^ 
rèterai  qu'à  ceux  dont  l'authenticité  est  garantie  par  les  autr^-^ 
sources.  Ceux  qui  connaissent  les  imperfections  de  la  transcription' 
des  mots  étrangers  par  l'écriture  ^égyptienne  comprendront  ma 
répugnance  à  me  lancer  dans  une  œuvre  de  Tantale,  où  toutes 
les  fantaisies  peuvent  se  donner  libre  carrière,  surtout  quand 
on  n'est  pas  égyptologue  de  métier.  J'aime  mieux  me  placer  sur 
un  terrain  solide,  où  les  chances  d'erreur  se  réduisent  à  bien 
peu  de  chose.  Les  transcriptions  assyriennes  des  noms  égyptiens 
ou  phéniciens  se  sont  toujours  montrées  d'une  exactitude  des  plus 
scrupuleuses,  on  peut  être  sûr  à  l'avance  qu'elles  conserveront 
cette  précieuse  qualité  en  ce  qui  concerne  les  noms  hittites.  On 
sait  déjà  que  le  dépouillement  des  textes  assyriens  au  profit  de 
l'onomastique  hittite  avait  été  préparé  par  M.  Sayce,  et  que  ce  sa- 
vant s'appuie  précisément  sur  cette  liste  pour  proclamer  le  hon- 
sémitisme  des  Hittites.  Mais  nous  somjnes  convaincu  que  le  sa- 
gace  orientaliste  ne  tardera  pas  à  modifier  son  jugement  aussitôt 
que  nous  lui  ferons  voir  le  vice  capital  de  son  onomastique,  qui  est 
de  noyer  les  noms  vraiment  hittites  dans  un  flot  de  noms  qui  ap- 
partiennent à  d'autres  peuples  et  à  d'autres  régions  géographiques. 
Tous  les  peuples  de  l'Asie-Mineure  et  de  l'Ararat  :  Van,  Naïri, 
Tabal,  Mouski,   Commagène,  Cilicie,   Qoui,  ont  livret  les   neuf 
dixièmes  d'une  onomastique  qui  se  qualifie  de  hittite  1  On  se  de- 


ïlEGHEUCUIiS  mULlOl^ES  187 

jnâJide  ce  que  fous  ces  e^iem en ts  hétérogènes  ont  à  y  voir,  et  roii 
m^pput  8*0111  p^^clier  de  penser  que  rhypothè.se  de  l'alarodisme  des 
Hitlites  doit  son  origine  à  ce  tolui-boha  lingiii^stique.  J'ai  donc 
pensé  qu'il  est  temps  de  faire  œuvre  de  discernement  et  d't^tudier 
te  noms  liittites  eu  eux-mêmes  et  dans  leur  milieu  naturel.  L'o- 
iwenastique  nouvelle  sera  de  proportions  très  raoïlestes,  mais  elle 
aura  l'avantaiie  inappréciable  d'être  scrui^uleusement  hittite. 

Le  pays  de  Hatti,  dans  le  sens  propre  du  mot,  sYHendait  depuis 
rHamalhéne  jusqu'aux  déclivités  sud  du  Taurus,  Le  Liban  et  TA- 
manu»  le  séparaient  de  la  Phënicie  et  de  la  Cilicie,  et  ses  limites, 
du  côté  de  1  est»  étaient  TEuphrate  et  la  Palmyrèno.  Mon  analyse 
dfisûoms  locaux  suivra  la  direction  du  sud  au  nord. 

Le  royaume  de  llamat  occupait  les  deux  rives  de  TOronte.  Au 
Imps  (le  Toutmès  111  et  des  Raraessides  (du  xvii%  ou  xii*  siècle), 
la  forteresse  stratégique  du  pays  était  Qadesh,  située  sur  le  lac  du 
ittéme  nom,  La  capitale  parait  déjà  avoir  été  Hamalh.  Il  est  éga- 
\mm{  vraisemblable  que  la  ville  de  Ribla^  souvent  mentionnée 
dan.*  la  Bible,  existait  déjà  à  cette  époque.  Ces  noms  portent  un 
cachet  sémitique  des  plus  frappants. 

jyama^/i,  en  cunéiforme  EamaiUy  en  hébreu  rj^n;  il  répond  à 

Tarabe  nîrcn,  «  lieu  protégé  »,  de  ■•rn,  «  protéger  j», 

Qadesh,  c'est  Fliébreu,  iDyp  «  {lieu)  saint  »^  ;  nom  porté,  comme 
00  sait,  par  plusieurs  localités  de  la  Palestine. 

Ribla^  en  hébreu  rrbnn,  w  terrain  fertile  »  ;  comparez  ar.  bai, 
•  être  gras  et  fertile  ». 

ÀratUu^  «  Oronte  j*  ;  c'est  ainsi  que  ce  nom  est  orthographié  en 
\  canéiformo  et  en  hiéroglyphe.  On  y  reconnaît  aussi tnt  le  terme  sé- 
I  lïïilique  rj-ix,  féminin  de  pç,  «  caisse,  boîte  ».  Le  fleuve  est  ainsi 
nommé  à  cause  de  la  profondeur  de  son  lit.  Une  formation  ana- 
l<>guese  fait  aussi  jour  dans  le  \b''^H  bw  de  la  Moabitide.  Comme 
1^ terme  pK  a  encore  le  sens  de  «  hière»  cercueil  »,  la  légende 
Je  de  répoque  grecque  a  fait  de  ce  fleuve  le  tombeau  d'un 
,  révolté  contre  les  Dieux,  et  cette  conception  s'est  conservée 
[Jiîiqu*à  nos  jours  dans    Tappellation  arabe  ■'s:«;^b»  ^^n^^Naàr^ 
ici,  a  le  fleuve  du  Révolté  i>,  bien  qne  les  indigènes  voient 
Bllement  dans  cette  dénomination  une  allusion  à  ce  fait  que 
rOronte  coule  du  sud  au  nord,  contrairement  aux  autres  fleuves 
[région.  Après  la  mythologie,  révhémérisme. 
i  inscriptions  assyriennes  fournissent,  en  outre,  des  noms  de 
ilJe  Xtès  nombreux,  que  je  réunirai  ensemble  dans  l'analyse  sai- 
lle : 
rqar;  c'est  l^homonyme  de  ip"iT>  dana  le  pays  de  Galaad 


J 


i88  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

(Juges,  VIII,  10);  il  signifie  «  décombres,  ruines  »,  de  ^g^i?,  «  demi 
lir,  ruiner  ». 

Nuqiidina  ;  c'est,  sans  aucun  doute,  l'hébreu  û'^'jp:,  «  (lieu  d 
bergers,  propriétaires  de  bestiaux  ».  On  voit,  par  cet  exemple,  qi 
la  désinence  du  pluriel  était  en  hittite  i*^,  comme  en  moabite 
en  araméen,  et  non  pas  û-»:,  comme  en  hébreu  et  en  phéniclei 
Par  contre,  la  forme  du  participe  actif  était  exactement  celle  c 
rhébreu,  qui  a  un  o  dans  la  première  syllabe,  au  lieu  de  Va  pi 
pre  aux  autres  langues  sœurs. 

Ashhani,  en  caractères  hébreux  imsN.  C'est  très  vraisembl^ 
blement^  une  forme  contractée  de  Ashnhani  =lm««,  «  lieu  d. 
cèdres  femelles  v,  de  niCÉj,  moabite  me»,  aram.  Nmu5K,  ass.  cm. 
huhîi^  <t  cèdre  femelle  ».  La  désinence  "j-  forme  des  adjectiC 
Comparez  Thébreu  ifc-j^,  i^nx  et  l'araméen  I^J^jn^,  1^n«,  etc. 

Yathabi,  c'est-à-dire  n::*',  «  lieu  bon  »,  de  M'^,  «  être  bon  ». 
forme  féminine  rra:3*>  est  le  nom  d'une  station  dans  l'Arabie  E^  ^^ 

T    I    T 

trée  (Deutéronome,  x,  7)  et  d'une  ville  palestinienne  (II  Rox.^, 
XXI,  19). 

Ziiânu  ;  c'est  clairement  in*>T,  «  endroit  d'olives  »,  de  rnt  «  olive  ^. 
A  noter  la  transition  d'un  ai  primitif  en  i,  qui  est  aussi  très  fi— ^- 
quente  en  Assyrie.  Comme  nom  d'homme,  in"»!  se  trouve  I  Clirc::»- 
niques,  vu,  10. 

Ard\  la  transcription  exacte  de  ce  nom  reste  douteuse  à  cau^^ 
de  l'impuissance  de  l'écriture  assyrienne  à  exprimer  les  sons  n  et  -^ 
qui  pouvaient  affecter  le  mot.  Toutefois  la  forme  fin»  serait  ausî^^ 
[ïossible.  Comparez  le  nom  d'homme  hébreu  fin»  (I  Chroniques^ 
XVII,  38). 

Atitini^  probablement  «  lieud  anesses  »,  de  ibç,  «  ânesse  ». 

Adennu  ;  c'est,  sans  nul  doute,  l^r,  «  lieu  de  délices  »,  syno- 
nyme de  l^jj  n"^5  dans  la  Damascène  (Amos,  i,  5). 

Bargâ  répond  exactement  à  '^2";?i  •  brillant  ».  Comparez  xa 
pna,  localité  judéenne.  Le  son  p  est  très  souvent  exprimé  par 
:i  dans  les  inscriptions  cunéiformes.  Il  faut  néanmoins  faire  re- 
marquer que  la  lecture  Mashgd  est  aussi  possible.  Dans  ce 
cas,  nous  aurions,  soit  npc^,  «  lieu  arrosé  »,  soit  natsa,  «  erre- 
ment  ». 

Arganà^  c'est-à-dire  "y^N,  «  lieu  de  tissage  »,  de  in»,  «  tisser  ». 

KirzoH  correspond  évidemment  à  ins,  tiré  d'une  racine  qui  a 
donné  naissance  au  nom  de  la  ville  palestinienne  "pro.  xop»^»  (Ma- 
thieu, XI,  21). 

Çiibiixi  est  le  représentant  parfait  de  l'hébreu  nns*  dont  le 


EECHEHCHES  BtBLIQUES  189 

territoire  est  souvent  mentionné  ûnns  la  Bible  avec  le  titre  de  on» 

T-t" 

rlje  Bom  rnk  r>st  contracta  de  Ti^n:^^  féminin  de  ah^,  «  jaune, 

labmdu,  en  caractères  sémitiques  iia^»  deiîs,  pi.  o'^7n3,  «  ba- 
;  rioW,  laclieté  p.  Le  nom  labmd  s*est  conservé  sans  changement 
Jusqu'à  nos  jours. 

Âshiamaku^  forme  iftaal  de  la  racine  *|rb  ou  ^m,  «  appuyer  »* 
Cette  forme  verbale,  inusitr^e  en  hébreu  et  en  araniéen,  s'est  con* 
sené^  dans  le  verbe  Dnrbn  de  rinscription  de  M(>sha,  roi  de  Moab  ; 
elteest  d'un  emploi  frdquent  en  assyrien  et  dans  les  langues  sémi- 
lipes  méridionales, 

les  noms  précédents  sont  formés  d'un  seul  élément,  ceux  qui 
suivent  sont  des  mots  composés  ; 

Oar-Dadda,  forme  contractée  de  iin"np,  «  ville  du  dieu  lia- 

l  ».  L'habitude  des  occidentaux  de  prononcerai  pour  n^n  est 
ftnnellement  attestée  par  les  Assyriens  et  vérifiée  par  des 
formes  telles  que  "nbs,  ina  etc.,  qui  se  substituent  à  nit-'-?  ^^ 

BcUarikka;  la  comparaison  avec  la  forme  hébraïque  "jiin  fait 

présumer  que  l'orthographe  primitive  du  nom  était  Tmnn^  c'est-à- 

'  *n7"^^.  "  *^  ^*^^  ^^^^  ^  ^^^^^  *^'  ^^^^  ^^^^  évidemment  allusion 

^Smlàune  apparition  locale  du  dieu  hittite  éponyme  lIat,soitàune 

défaite  infligée  censément  par  lui  à  des  ennemis.  Pour  ce  dernier 

8€m  de  ipi,  voyez  Isaïe,  lxim,  3. 

Ellitarbi,  à  diviser  probablement  en  EUit-arbi,  c'est-à-dire  -n^3^ 
2^«»  «  chambre  d'embuscade  »,  Le  terme  rky  se  trouve  dans  les 
ttucriptions  de  Sldon  et  est  très  usité  en  araméen. 

htmame  s*analyse  visiblement  Pu-mame.  La  physionomie  as* 
«yrieDtine  de  ce  nom  est  1res  frappante.  Il  signifie  a  bouche  des 
^uxi.  En  hébreu,  on  dirait  d^^"^?.  On   peut,  cependant,  diviser 
^^ana-me  —  ■'W-d^c  Le  sens  de  Tensemble  n'en  sera  pas  changé, 
inais  on  aura  une  forme  différente,  La  forme  did  est  notoirement 
commune  à  l'araméen  et  à  l'arabe. 
Paniu  les  montagnes  de  l'IIamathène,  on  relève  : 
Ubnana,  liéb.  *[bfp,  «  montagne  blanche,  Liban  ». 
Amaliu,  Je  pense,  avec  M.  Delitzsch,  que  ce  n*est  pas  une  va- 
matedtt  nom  de  Hamath.  Malgré  la  qualîûcation  de  mat,  «  pays», 
J'iflcline  à  y  voir  le  nom  sémitique  de  FAntiliban,  nrjH  (Cantique, 
ir»8),  nom  qui  est  aussi  celui  d'un  fleuve  de  Damas,  Amaliti  est 
ftmr  Amantu.  Le  roi  de  llamath  possédait  souvent  une  grande 


1 


m  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

partie  de  rAntiliban  ;  de  là,  sa  qualification  de  roi  à'Amatiu.   1 
terme  n:r5î  vient  de  ^sx.  t  être  solide,  ferme  ». 

H(isa  ;  on  y  reconnaît  un  dérivé  de  la  racine  "^on.  «  s'abriter,  s 
réfugier  »,  d*oii  aussi  la  ville  palestinienne  non  ( Josué,  xix,  29; 
Un  nom  d'homme  non  est  consigné  dans  I  Chroniques,  xxvi,  10 

Soué;  on  y  distingue  Thébreu  rnâ,  «  égal,  uni  ». 

Saù:  cVst,  à  ne  pas  s  y  méprendre,  «ne,  t  vide,  illusoire  ». 

BaUçapHna^  sans  aucun  doute  lsx-b?3,  «  Baal  du  nord  »,  dieu 
phénicien  synonyme  d  une  ville  située  aux  confins  est  de  TÉgypte 
lExiHle,  xn\  2). 

Sarbua^  probablement  ia**?,  de  2-to, «  heurter,  résister».  Néan- 
moins, les  transcriptions  '*"5"jc,  «  lieu  brûlé  m,  ianç,  «  lieu  dessé- 
ché »,  sont  strictement  possibles. 

Les  textes  assyriens  font  mention  de  trois  rois  bamathéens; 
leurs  noms  sont  : 

/iiili,  le  phénicien  b«cr  «  qui  figure  sur  une  numnaie  de  Bjblûs 
et  qui  signifie  «  œil  d'El  »« 

•  Iaubi\Uê  ou  lUibfiUii  c'est  Vr*'*  ^^  "^^Tr^?-  •  I*^^  ^^  ^^^ 
loin  (?)  11.  Sur  une  intaille  sémîUqoe  on  Ut  -::r=rn. 

irkuieiU  ou  IrkHietm.  On  y  neconnail  acs&itk>t  tTarrr^»  '  ^^ 
iarh  vou  Lunus^  e$t  notn^  dieu  ou  notre  forœ.  ».  Cmparez  la  di- 
vinité |ialmyréenne  V^zttt'  Hj<Wi^  tkntl  le  w»  se  o»i2x>se  àerr 
et  de  r"^«  c  estsÀ-dirv  Vra.  Des  compotsîtîcM&s  uu^c^ws  se  retn>Q- 
vent  ohe^  les  autres  Sémîîes.  A  coter  rspa»^^  ^  s  ce  Va:  c'est 
aussi  souvent  le  o;ïs  en  palmyr^^iiieii  :  ex.  rrcr,  j^xr  z'lzis. 

A"ji  noni  de  THaaiaib^ûe,  la  r?^^  xrp.\5*r**  i  !k£  ft-cj  jar  îe  ômts 
inferîeur  de  rOrv>nte,  par  Tlfria  e:  pjr  De  KirL-«fL.  f;jniaîî  ut- 
cîenaement  un  rvn-:î::2:e  p;3L:s;5J[CLt  d.-'at  j?  2>:aL*  e.rrj:  -îa  rn^îkaw, 
pect  se  Itrv  aass:  b:en  FiÊti'4  q;ae  S'Si:vi^  Lt  luoarî  ite  asm?- 
l:c:ie^  aiaaettest  la  f rvniî^f^  iecCîr^  «t  ngaiÙBXu  ^  jrorâae 
6^  Aj-''Wi\  qce  PtolTriite  p>iK«  «ta»  «€fc  rMànL.  ^  nrâJ  ç» 
C'en  -^^z^  emNkT  :  B-jlKJie  rwoai  i  çrr  ivfir  r-ft  -gîfT^tTft^  r  ifate, 
BsSrTKcr  -»  :  >  Vxvar'je  caz^îV^TBe^  am  r^mcninL  3*siiHinii«- in  t^ 

fc:?i'!  fixrrr  !rrr:zrç.  Ce  3>«"^at  sien  rxiù^Tif  «t  M»  ôes  sitt:« mbs 
ûi  T-ZiT  çz*  j^  iexiâs  as^vrkc^  n^oss  îzaa  xujimal»  àaut  «ûe 

le  ^  L-rs^zà  uôMJijr  Sot,  Cfsc  nonr  imt  lamit  rimmaep  àe 

^xr::.-. ..  fil  Lr:t<rfc  1"  vr  :•::  :>'vr..  xàrt^  «i.  r^^  c  Hinittsv 
ii  ^  je roirî  PATiii  iSL2.  fi^TCff^  .ail  t  vàemi*  ^«oir  aiL  àenvé  ài 


RECIIERCIIICS   BIBLIQUES  t'Jl 

|r*B»  «  «e'flîsputer  (arabe)  »,  ou  bien  le  pluriel  de  ïiÈto  ,V^«c»  li^^- 
G'^FKB,  ft  confins,  extrémités  t>, 

iTa-à^i  ;  c'est  la  ville  de  miy,  'Az&z,  Le  mot  signifie  «  fort», 
racine  ttj.  On  sait  que  les  Assyriens  ex[>i  iment  parfois  r  par  h. 

Kunulua  ou  KinUia;  ce  nom,  que  les  alarodisants  raontreut 
<:omme  le  spécimen  le  plus  évident  de  non-sémitisme,  se  reconnall 
avec  certitude  comme  représentant  !a  composition  ibN-^s  ou  \3 
ibèr,  «  fermeté  de  Dieu  >».  Écrit  d'après  la  prononciation  populaire 
rendue  par  les  Assyriens,  c'est-à-dire  ■îbsp^  ce  nom  a  bien  dos 
I    cbances  d'être  le  type  du  nom  de  1:b|),  ville  citée  par  Isate  entre 
K^arkemish,  d*une  part,  Arpad  et  Ilamath^  d'autre  part  (x,  9). 
Amos  orthographie  ce  nom  nsb^  »  et  ïe  mentionne  avant  Hamath 
^  Cvi,  2).  Ézécbîel  le  contracte  en  tos»  La  métathèse,  ainsi  que  la 
contraction  subie  par  ce  nom  dans  la  bouche  des  Hébreux»  s'ex- 
plique très  naturellement  par  la  dîfticuUé  de  prononcer  le  groupe 
l^s.  Faisons  toutefois  remarquer  qae  i:bs  pourrait  bien  représenter 
*^   ville  de  KtiUani  mentionnée  dans  les  textes  assyriens»  si  sa 
situation  géographique  comme  cité  syrienne  était  bien  constatée* 
^^tis  ce  cas,  on  aurait  un  dérivé  de  la  racine  bbs.  Le  pre- 
^^ier  élément  de  oc  mot  composts  i^s,  constitue  à  lui  seul  le  nom 
**'une  ville  du  royaume  de  nais:  (i  Clironiques,  xvin,  8). 
I       -A^ribua-,  on  songe  aussiiôt  à  lan»,  parallèle  au  nom  de  la  ville 
JIU€l#^nne  snH  (Josué»  xv,  51),  «  guet,  embuscade  ».  La  racine  an» 
^  <iëjà  été  relevée  dans  la  ville  haraathéenne  ElliiarM, 

AHçir\  c'est  visiblement  "î^*br,  «  le  très  haut  est  un  rocher  ». 

^n  hébreu,  on  a  un  nom  dliomme  de  formation  analogue  :  nni-^b», 

^  ïl  est  un  rocher  ».  H  se  peut  mt^me  que  le  nom  hittite  dont  il 

^*agit  soit  absolument  identique  avec  celui-ci,  et  qu'il  faille  le 

transcrire  iX'b»,  avec  un  aleph. 

Nidia  ;  cVst,  selon  toutes  les  vraisemblances,  une  forme  con- 
tractée de  ^bn:,  «  lieuoii  Ton  conduit  les  troujreaux  «.  C*estle  qal 
'ie  la  racine  bn5,  qui  n'est  usitée  qu'à  la  seconde  forme  \erbale  en 
hébreu  :  brc.  Un  point  à  noter  :  le  participe  passif  avait,  en  hittite, 
la  forme  hébréo-phénicienne  birï3,  et  non  pas  celle  de  Taraméo- 
assyrîen  b-^rra,  nHL 

Bntann  ;  il  se  transcrit,  sans  nul  doute,  in^3,  «  lieu  où  Ton  reste 
la  nuit  »,  de  nn  «  passer  la  nuit  >>,  racine  dont  vient  notoirement 
le  vocaile  sémitique  n;>5,  «  maison  ».  Il  est  permis  de  penter  que 


*   M*  Delitzs^h  identLiic  rïjbD  avec  le  lîcu  nommé  Koullanhou,  ù  sii  mille  loglftif 
4*Ârpici.  JigDorc  queUe  est  PorUiographe  arctht^  de  ce  nom. 


192  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

rhébreu  postérieur  in*>a  (Esther,  i,  5)  n*estpas  autre  chose  qu^ 
double  de  ce  terme  hittite. 

Parmi  les  montagnes  du  Hattin,  je  trouve  mentionnées  les  s 
vantes  : 

Eamurga  =  Haurga\  c'est  probablement  anh,  o  saillie, sortit^ 
de  5nn,  ar.  s^n,  «  sortir  ». 

Munzigani'y  ce  mot  rappelle  singulièrement  le  nom  d'arfo 
assyrien  mussuqân^  qui  semble  désigner  une  espèce  d'olivier  '. 
Comparez  Thébreu  postérieur  pot),  «  arracher  les  olives  ».  JV/?- 
cline  môme  à  penser  que  le  nom  de  pb^ti,  en  assyrien  DimashqU 
en  syriaque  pî)OX]*ii,  signifie  «  demeure  des  oliviers  »,  au  lieu  de 
signifier,  comme  quelques-uns  l'ont  conjecturé,  «  demeure  de 
l'arrosage  »  de  np»  «  arroser  ». 

laraqii  ;  ici  nul  doute  possible  :  c'est  l'hébreu  yr^  a  vert  ». 

latiiri,  en  caractères  hébrexix  ^^^1^  <*  fertile,  abondant  en  pro- 
duits »,  de  nn:^(ïi),  «  multiplier,  rendre  abondant  (Ezéchiel,  xxxv, 
13)  »,  d'où  aussi  nnny,  «  abondance  ».  Ce  nom  n'a  rien  de  commun 
avec  ^Vû^^  (Genèse,  xxv,  15). 

Saratini^  probablement  Vr^'J?,  ^^  allongements,  étendues», de 
j^nto  a  s'allonger  ». 

Girpâni,  aôieciiï  tiré  de  Jina  «entraîner»;  il  signifie  visible- 
ment «  mont  aux  torrents  rapides  et  entraînants  ».  ion?  est  formé 
comme  yrn]  /l'j^n  /l'in?,  etc. 

En  dehors  de  rOt*onte,  le  Hattin  était  arrosé  par  plusieurs  cours 
d'eau  assez  considérables,  mais  je  n'ai  constaté  que  la  mention 
des  deux  fleuves  suivants  : 

Aprê^  le  Ifrin  de  nos  jours  ;  c'est  simplement  un  dérivé  de  is:;» 
«  poussière,  boue  ».  Il  y  a  là  une  allusion  évidente  à  la  nature 
boueuse  de  ses  eaux.  L'orthographe  arabe  moderne  du  mot  con- 
serve encore  le  y  initial  :  l'^no?. 

Saluara  ;  c'est  ainsi  qu'est  écrit  le  nom  du  fleuve  qu'on  nomme 
aujourd'hui  Kara-sou,  «  eau  noire  ».  L'interprétation  de  l'ancien 
nom  est  rendue  difficile  à  cause  de  sa  forme  visiblement  contracte. 
Il  est  d'ailleurs  très  possible  que  ce  nom  appartienne  au  dialecte 
parlé  par  les  habitants  de  l'Amanus,  montagne  qui  donne  naissance 
au  Kara-sou. 

Les  textes  assyriens  mentionnent  aussi  quelques  noms  portés 
par  les  rois  de  Hattin.  Ce  sont  : 

Lubama  ou  Libuma^  forme  évidemment  composée  de  trois 

^  D'après  M.  Eb.  Schrader,  ce  serait  le  palmier,  mais  cet  arbre  ne  croit  pas  sur  las 
montagnes. 


liECMERCHES  BIBUQIES  193 

Its  ;  Im  ou  li,  simpliticalion  de  bî«,  «  dieu  »,  bar  ou  &î/r,  <îui 
jTOHsculin  de  Thi^breu  ny^,  «•  forteresse  »,  le  suffixe  possessif 
la  première  personne,  pluriel  l",  «  notre  -n.  Le  groupe  unifié 
mi «3  signifie  par  conséquent  ^  El  est  notre  forteresse  »,sens  fort 
approcha  du  nom  d'homme  hébreu  ni3£*^bfit  précédemment  cité. 
Sapalidme;  il  rappelle  le  roi  des  Kheta,  Saplel,  que  meution- 
ent  les  inscriptions  égyptiennes*  On  a  voulu  voir  dans  ce  dernier 
tuom  composé  avec  V»  et  parallèle  à  l'autre  nom  royal  hittite 
De  les  hiéroglyphes  figurent  par  les  consonnes  m»  t,  7i,  r,  c'est-à- 
dire:  Vw-trg,  «  don  d'El  »,  tout  pareil  à  n^sp^g,  «  don  de  lahwé  ». 
lis  la  forme  sapalul  conservée  par  les  Assyriens  ruine  cette 
Qtlièse.  En  réalité,  il  doit  y  avoir  un  mot  simple,  savoir  le 
laque  ViVds,  «  aristoloche  n.  Ce  nom  a  été  aussi  porté  par  un 
i  d'Edesse.  Cela  établi,  le  nom  Si^palulme  se  montre  distincte- 
enl  comme  représentant  la  composition  "«ts-VnbDDi  «  aristoloche 
des  eaux  ».  Le  terme  -«p,  pour  «  eau  »  en  hittite,  a  déjà  été  cons- 
tata dans  Pumame. 

Au  nord-ouest  du  Ilattin,  vers  les  sources  de  l'Ifrin  et  du 
Kira-sou,  était  situé  le  canton  de  Jahan  ou  Ahmiy  qui  rappelle  le 
nom  hébreu  1:?^  appliqué  à  X],  ville  également  située  à  rextrémité 
nord  de  la  Palestine  (II  Samuel,  xxiv,  (>). 

b  roi  de  ce  canton,  au  temps  d'Assurnaçirpaï,  s'appelait  Agitsi 
oti  GusU  On  a  ici,  si  je  ne  me  trompe,  un  dérivé  de  *cp:?,  «  être  tor- 
éai »  ;  c'est  quelque  chose  comme  ï^pj.  En  hébreu,  on  connaît 
DUie  Tà;52^  (Il  Samuel,  xxiii,  '2^),  Le  fils  d'Agusi  se 
ornait  Arami.  Il  est  difficile  de  déterminer  la  nature  exacte  de 
Ipri^mière  radicale  de  ce  nom.  Cependant  le  nom  d'homme  q-iôï 
'tnèse,  xxii,  21)  milite  en  faveur  d'un  n  initial, 
^iiisud*est  du  Hattin  on  trouve,  dans  les  textes  assyriens,  les 
ui  noms  suivants,  qui  appartenaient  peut-être  à  des  princi- 
%vXh  séparées  : 

Àrpadda  ;  c'est  le  id^«  de  la  Bible,  terme  dérivé  de  la  racine 
%  •  paver,  étendre  ». 

t;  le  rapprochement  du  nom  de  la  ville  actuelle  ûp/laleb 
fâl9 n'est  pas  bien  fra[jpant.  Il  faut,  en  tout  cas,  y  voir  un  dé- 
Wde  sVn,  jîuî  signitle  en  arabe  «  être  solide  'k  Le  sémitisme  de 
>4eux  noms  n*a  jamais  été  sérieusement  contesté. 
lest  du  Hattin  se  trouvait  le  royaume  de  Karkemish,  à  proxi- 
-de  l'Euphrate,  Nous  analyserons  ciaprùs  les  noms  propres 
ipar  les  textes  assyriens  comme  appartenant  à  ce  pays  : 
Fkamisha  (hiéroglyphes)  ou   Oargamisha  (cunéiformes)  ; 
T.  XVt  M*  30,  fl 


m  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

c'est  Tancien  nom  de  la  capitale,  le  nom  actuel  Djerâbis  vien^ 
du  grec  'Qpoicoc.  En  hébreu  on  rencontre  l'orthographe  tJ-^^çans. 
La  forme  indigène  parait  avoir  été  Garhamish.  Le  premier  élé- 
ment est  le  sémitique  commun  -i|5,  «  ville,  citadelle  i»,  le  second 
rappelle  Tassyrien  Kemasfm,  «  plomb  »  ;  \e  tout  semble  donc  si- 
gnifier «  demeure  (ou  lieu)  du  plomb  ».  Le  targum  traduit  niçir 
par  Éro*>»3n3  (Job,  xix,  24).  Cela  remet  en  souvenir  le  Madinet- 
er-reçâç  des  Arabes. 

Sa^wra  ;  c'est  le  fleuve  de  Karkemish,  aujourd'hui  Sadjour.U 
vient  de  '^y::,  «  envoyer,  jeter,  lancer  »,  synonyme  de  n:o,  d'où 

Sazàbe,  nom  de  bourgade;  il  signifie  «  salut,  refuge  d,  de  zxz, 
«  sauver  ».  Le  nom  ancien  s'est  conservé  chez  les  Syriens  sous  la 
forme  lant)  (Delitzsch). 

Araziqi,  ville  identique  avec  l'Eragiza  o\\  Erasiga  de  Plolémée. 
Chez  les  rabbins  «T'«:;nx.  Cette  dernière  forme  répond  exactement 
à  l'hébreu  mx,  a  caisse,  boite  »  ;  la  seconde  forme  offre  unemé- 
tathèse  qui  est  constatée  en  Babylonie  et  dont  il  existe  dans  le 
Talraud  le  verbe  ^^'yn  ou  '^'nn,  «  enfermer  ».  Cette  prononciation 
était  déjà  celle  des  Assyriens.  Quant  au  sens,  il  est  analogue  à 
celui  du  nom  de  l'Oronte,  expliqué  ci-dessus. 

Pitrii.  On  identifie  d'ordinaire  cette  ville  avec  nlns,la  villede 
Balaam  (Nombres,  xxii,  15),  mais  il  est  douteux  que  la  seconde 
lettre  radicale  soit  un  n.  J'incline  à  croire  qu'il  s'agit  de  -i2D,héb. 
nço,  a  ouverture,  début  ».  Elle  formait  la  porte  d'entrée  ou,  comme 
le  disaient  les  Assyriens,  le  neribu  (^V?.)  du  pays  de  Ilatti  pour 
ceux  qui  venaient  de  Mésopotamie.  Elle  était  située  sur  le  Sad- 
jour. 

Bishfni  ou  Bisurti,  nom  de  montagne  ;  aujourd'hui  Tell-Basher 
(Sayce).  On  y  reconnaît  la  racine  nea»  «  annoncer  »,  faisant  allu- 
sion aux  vigies  qu'on  y  établissait  en  temps  de  guerre. 

Les  annales  assyriennes  nous  ont  transmis  deux  noms  royaux 
de  Karkemish: 

Sangara  ;  on  l'a  déjà  comparé  à  ^?t3Ç,  juge  d'Israël  (Juges,  ni,  . 
31).  Il  se  peut  néanmoins  que  ce  soit  un  autre  dérivé  du  verbe  nsa» 
soit  :  nio. 

Pisiriy  le  fils  du  précédent.  Le  nom  est  visiblement  déduit  de  ■ 
^teo,  Cl  expliquer  ».  Ce  nom  est  parfois  suivi  du  signe  iç  oujfidi 
qui  signifie  «  bois  ».  Un  composé  y:^-nbD,  faisant  allusion  à  Tifr 
terprétation  omineuse  fournie  par  les  bâtonnets  de  sort  (cf.  Hosée,  ; 
IV,  12)  à  la  naissance  du  prince,  ne  serait,  en  aucune  fttçoii,  sofl^ 


«Ht  ctiûz  un  ancien  pi^uj^le  ;  mais  Texistence  même  de  ce 
n*f«t  pas  encore  tout  à  fait  garantie. 

mrà  du  territoire  de  Karkiiinisch  était  situé  le  puissant 
raume  de  fiit-Âdinu  Ce  royaume  s'étendait  sur  les  deux  rives  de 
Les  Assyriens  avaient  e^ssuyé 'de  longues  résistances 
\  s»  et  les  noms  i>ropres  qu'ils  en  rapportent  sont  d'une 
iute  importanoe.  Pour  ne  pas  romfïre  l'ordre  géographique,  nous 
toalyserons  d'aiord  les  noms  des  villes  qui  étaient  situées  en-deçà 
tTEuftlirate  : 

UU'Adiiii,  nom  du  royaume,  signifiant  «  maison  d'Adini  ï>,  et  se 
ittachant  à  Adini,  le  fondateui  de  la  dynastie  nouvelle,  si  hostile 
IX  AiWïyneus.  C'est  le  t;jj'^;3  des  ll^jbreux  (II  Rois,  xix,  12).  La 
iriante  bébraïque  montre  que  le  mot  bii  n'est  pas  une  addition 
l^rieoiie.  maïs  un  élément  primitif  et  indigène. 
Mabashere,  «  ville  de  l'annonciateur  >%  héb.  ^-is^tj,  La  racine 
BBaété  déjà  constatée,  plus  haut,  dans  ie  nom  de  montagne 
bAru- 

Xte^i^w  ;  c'est,  sans  nul  doute,  Téquivalent  de  i'hébreu  pn^^^ 
joint,  attaché  ».  Cette  ville  est  appelée  bîrlu  sha  mai  HatiU  «  la 
teiielie  du  pays  des  Ilatti  n.  Les  géographes  arabes  mentionnent 
ls?ù  le  bourg  de  Uàbiq,  sis  aux  sources  du  Kuvek, 
Dmimeie  ou  DummiUu,  <«  silence  solitude,  attente  »,  de  û73li 
sileucîeux,  isolé  ;  attendre». 

Hii,  «  force,  solidité  «,  au  propre  <i  os  »  ;  comparez  Théhreu 
;  qai  constitue  aussi  un  nom  de  ville  (Josué,  xix,  3), 

tU4,  très  pnjbablempjit  innvi,  «  ijetit  mur  »,  diminutif  de 
,«  mur  «.  Le  diminutif  en  p-  se  constate  dans  les  noms  hébreux 
5iie  ^2r,  <i  petite  demeure  »,  tic?:ip,  «  petit  soleil  »  ;  il  est  en- 
e  plus  usité  en  araméen. 

Shiiamrat  ;  la  forme  représente  un  substantif  féminin  dérivé 
la  racine  nno,  «  garder  »,  à  Tiftaal  ;  elle  signifie  donc  <t  ville 
lëe»  iirotégée  »,  à  Tinstar  de  la  nni^ï^  des  Arabes. 

importants  encore  sont  les  deux  noms  de  ville  suivants, 
révèlent  des  idëes  mythologiques  sur  Ja  divinité  nationale  : 
Mal-ripa  ;  cVst  ainsi  qu'il  faut  lire  et  décomposer  le  groupe 
transcrit  ordinairement  Paripa.  On  sait  que  le  sigue  pa 
la  valeur  hai>  Le  nom  siguilie  :  «  le  dieu  Hat  a  guéri  »  ou, 
V  «  liât,  guéris  !  w;  c'est  Tanalogue  du  nom  paimyrénien 
coolracté  de  Kc*i-bi3,  «  Bol  (=  Baal)  a  guéri  ».  En  carac- 
sémitiques  :  «si-rn  ou  ÈiDynn. 

T-rufibuni]  il  faut  lire  et  analyser  ainsi  ce  groupe,  que 
iologues  ont  l'habitude  de  rendre  par  Pagarrtihbimi,  Le 


196  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

sémitisme  de  ce  mot  méconnu  s'impose  avec  une  évidence  irr&è- 
tible.  En  caractères  hébreux,  il  représente  le  composé  ng-m 
larn-,  «  le  dieu  Hat  est  notre  citadelle  vaste  »  *.  Les  premiers  élé- 
ments nn  et  np  sont  déjà  connus  ;  nrn  est  Thébreu  nnh,  «  largeur, 
ampleur  »  ;  i  est  le  suffixe  possessif  de  la  première  personne  au 
pluriel  ;  en  hébreu  !i3,  en  phénicien  i-  L'expression  a  citadelle  de 
notre  ampleur  »,  à  la  place  de  «  notre  citadelle  ample  ou  vaste  », 
est  celle  que  Ton  rencontre  d'innombrables  fois  dans  la  Bible,  elle 
constitue  un  idiotisme  inimitable  dans  toute  autre  famille  Hnguis- 
tique.  Pour  le  sens,  l'image  d'une  citadelle  ou  d'une  demeure 
vaste,  héb.  :îrn^,  symbolise  la  sécurité,  la  commodité,  lebien-étre 
et  est  opposée  au  lieu  étroit,  héb.  natç,  qui  représente  la  souf- 
rance,  la  détresse,  la  misère. 

Les  rois  de  ce  pays  qui  sont  mentionnés  dans  les  documents  as- 
syriens sont  : 

Adini,  le  fondateur  de  la  dynastie  ;  il  représente  le  mot  hébreu 
•g?,  a  délice  ».  Son  fils  est  : 

Ahuni,  visiblement  )^m,  «  petit  frère  »,  diminutif  de  n«,  «  frère», 
lin»,  ÊCinN,  est  un  nom  fréquent  chez  les  Syriens. 

Girpartida,  à  diviser  en  n^ne-n?,  «  hôte  (=  héb.  n?)  du  dieuPa- 
rud  ».  Comparez  les  noms  phéniciens  pona,  nnrnD:^na,  ainsi  que 
le  nom  Giridadi  =  mn— la,  porté  par  un  roi  de  Ashaya.  Le  nom 
divin  nnp  est  nouveau  et  paraît  signifier  «  séparé,  distingué  ».  La 
racine niD  donne  naissance  en  hébreu  à  nno,  «  mulet  »,  en  araméen 
à  «ri'jnD,  c<  colombe  ».  Peut-être  s'agit-il  d'une  divinité  zoomorphe. 
Au  lieu  de  Gir-Paruda,  on  trouve  aussi  Gar-Parunda. 

Nous  avons  maintenant  atteint  l'extrémité  nord  des  pays  sé- 
mitiques sur  la  rive  occidentale  de  l'Euphrate,  formée  par  la  pe- 
tite principauté  de  Shuhari  avec  sa  capitale  Shubarie,  c'est-à- 
dire  nao  et  nnao,  noms  qui  viennent  l'un  et  l'autre  de  *ùt% 
a  rompre,  briser  »,  faisant  allusion  à  l'apparence  déchiquetée  et 
déchirée  du  territoire.  Il  se  peut  toutefois  que  nous  soyons  en  pré* 
sence  de  la  racine  nno  ou  nab,  «  attendre,  s'arrêter  ». 

Au-delà,  s'étendait  la  région  montagneuse  des  Urumaya  ou  i^ 
viaya,  nom  qui  a  laissé  trace  dans  VUrima  de  Ptolémée,  aujou^ 
d'hui  Roiim-Qalèssi^  et  donnant  entrée  dans  la  Commagène,  le 
Kummuh  des  Assyriens.  Les  habitants  de  ces  deux  pays  étaient- 
ils  des  Sémites,  ou  bien  ont-ils  appartenu,  ainsi  que  le  mat- 
Gamgum  (le  y^m  des  Hébreux)  et  le  Milid  ou  la  Mélitène,  à  la 

^  On  voit  que  l'idée  fondamentale  du  célèbre  cantique  des  premiers  Protestants: 
Sint  fuit  Burg  iit  muer  OoU^  ise  trouve  déjà  ches  les  Hittites. 


RECriEBCHES  BIBLIQUES 


197 


ice  Don-sëmitique  et  non-ar}'enne  qui  peuplait  le  Naïri  ou  l'Âr* 
bénie  prt^iranienae  ?  Nous  ne  saurions  rien  affirmer  dans  Tétat 
êdnë  de  nos  connaissances*  Faisons  toutefois  remarquer  que  la 
Commagène  est  souvent  comprise  dans  le  pays  de  Hatti  ou  de 
Syrie,  c'est  aussi  le  cas  dans  les  tables  de  Ptolémée.  Le  sémitisme 
dr  la  Commagène  deviendrait  assez  probable,  si  le  nom  ancien  de 
ee  pays  Kummuh  (ou  Kuwwuh)  pouvait  être  identifié  avec  le 
\  (3es  Hébreux. 

point  de  vue  des  populations  sémitiques  limitroplies»  toute 
ttezone  géographique  composée  des  hauts  plateaux  du  Taurus, 
iallait  deTAinanus  à  TEuphrate,  formait  une  frontière  naturelle 
Uussi  tranchée  que  celle  que  présentait  l'Egypte  à  Touest  ;  et  voilà 
urquoi  elle  portait,  chez  ces  populations  hittites,  le  nom  de  Muçri, 
iest  notoirement  la  désignation  sémitique  commune  de  la  vallée 
iNiL  Les  gens  de  Mucri  qui  amènent  Téléphant  indieu  à  titre' 
)  cadeau  au  roi  assyrien  Salmanassar,  sur  Tobélisque  du  British 
iim,  n'étaient  nullement  des  Égi^'ptiens,  comme  le  soutien* 
:  quelques  assyriologues,  mais  les  voisins  immédiats  des  llit- 
5  dans  la  régioti  du  Taurus.  Cela  résulte  indubitablemf^nt  de  la 
sure  retroussée  du  conducteur,  car  l'habitude  de  porter  cette 
le  chaussure  est  le  trait  caractéristique  des  populations  de 
Jhatite  Syrie  et  de  TAsie-Mineure. 

.  passons  finalement  à  la  rive  gauche  ou  orientale  de  TEu- 
ate,  en  face  de  Urumaya,  où  ce  fleuve  prend  subitement  une 
ction  presque  perpendiculaire  du  nord  au  sud,  pour  longer 
territoires  hittites.  Ce  coin  de  la  Mésopotamie  supérieure  est 
ppelé  hinqi  ou  masnaqU  sha  PuraiU  «  les  gorges  ou  les  détroits 
TEuphrate  n.  Au  temps  de  Tiglatpîleser  11,  on  y  mentionne  la 
TU  Ashshuri,  «  colline  d'Assour  »,  dans  la  Bible  ncbn.  Il 
jt  aussi  les  noms  également  assyriens  de  Mihranu  a  avance- 
Qt  »,  et  PUami^  or  ouverture  i».  Antérieurement,  ce  pays  faisait 
[iede  Bit-Adint. 

loin  de  là,  vers  le  nord-est,  on  signale  deux  districts  d*une 
aine  importance  : 

est  Tut  (TUyAbnù  c/est-à-dire  :  law-brip  «  monceau  de 


'autre  est  :  BU-Çammani,  probablement  le  même  que  BU- 

mi^  qui  produisait  de  bon  vin.  La  prononciation  exacte  de 

m  parait  avoir  été  Bit-Cmmoani  et  nU-Çewweni,  avec  tv  au 

de  m»  On  y  distingue  le  sens  de  «  maison  de  granit  ou  de  silex 

>ar-  |îrs;  »*  Comparez  le  nom  syriaque  d'un  couvent  ghassa- 

«TTï  r^m  în^i»  «  couvent  de  la  maison  de  sable  », 


198  REVUE  DES  ETUDES  lUlVES 

Enregistrons  ici,  en  passant,  le  mont  Amabani  ou  AramHHt 
dont  le  site  est  incertain.  Il  signifie  «  lieu  de  lièvre  »,  ^33*111, de 
ssnM,  <(  lièvre  »  ;  il  était  célèbre  pour  ses  vignobles. 

Dans  la  partie  transeuphratique  du  royaume  d*Ahuni,  on 
relève  : 

Til'Barsip,  «  colline  de  Borsippa  »,  nom  purement  babylonien, 
qui  atteste  l'influence  de  la  Babylonie  dans  cette  contrée  antérieu- 
rement au  développement  de  la  puissance  assyrienne. 

KapiH  Dargilâ,  c'est-à-dire  "^VÈrann  -ip5,  t  village  de  la  montée 
de  dieu  ».  Cf.  la  û'^nbfirn:^!ia  des  Hébreux. 

La'ala'te,  à  transcrire  nîjbîîb,  redoublement  de  riKb,  qui,  en 
arabe,  signifie  «  vache  sauvage  ».  L'assyrien  luii^  pour  lu%  est 
synonyme  de  alpii,  liéb.  qb»,  «  bœuf». 

Miiihinu  ;  c'est-à-dire  pn»  ou  Ipr^,  «  placé,  aflTermi  »,  forme 
hophal  de  pn  ou  ipn. 

Bur'Mar'iina,  en  caractères  hébreux  içnç-na,  «  citadelle  de 
notre  seigneur,  »  ou  plutôt  «  notre  seigneur  est  une  citadelle  ». 
C'est  la  môme  idée  que  celle  qu'on  a  dans  lam-nn-rn  que  nous 
avons  expliqué  plus  haut. 

Aligu  ou  AlligU  vocable  d'une  physionomie  babylonienne:  ai- 
Ugi,  «  ville  de  prises  ».  Les  vainqueurs  assyriens  ont  changé  ce 
nom  honorifique  en  un  sobriquet  méprisant  :  ^fôaWa-ftMnM,«j'ai 
pris  ou  enlevé  votre  gloire  {la  est  abrégé  de  ella)  ». 

JS^appigi^  forme  également  assyrienne  pour  na'piqi^  a  lieu  de 
sources  vives,  de  torrents  »  ;  cf.  héb.  p"^?»,  «  source  ». 

Rugtiliii  ;  ce  nom  semble  aussi  signifier  a  source,  eau  cou- 
lante »  ;  comparez  la  localité  de  Galaad  nommée  û'»bp. 

Kap-rahU  composé  des  plus  clairs,  nn-t]?,  et  signifiant  soit 
o  rocher  grand  »,  si  vç^  est  pour  tjs  (Delitzsch);  soit,  et  cela  parait 
plus  vraisemblable,  «  main  grande  »  ;  la  montagne  ressemblait 
quoique  peu,  on  peut  le  supposer,  à  la  paume  de  la  main. 

Entre  TEuphrate  et  THermus  {harmish  =  «piri,  «  faux,  fau- 
cille »),  on  constate  l'existence  de  plusieurs  principautés,  dout 
quelques-unes  occupaient  les  deux  rives  de  l'Euphrate.  Les  plos 
considérables  d'entre  elles  sont  : 

Suhu.  M.  Delitzsch  l'a  identifié  avec  iriô,  Tune  des  tribus  Qatu- 
réennes  mentionnées  dans  Genèse,  xxiv,  2,  à  laquelle  apparte- 
nait aussi  nirba,  l'ami  de  Job  (Job,  11, 11).  La  situation  si  éloignée 
de  ce  pays  relativement  à  la  province  iduméenne  de  yvf,  pays 
natif  de  Job,  rend  cette  identification  peu  probable.  Je  suis  d'à- 
vis  que  Suhu  répond  plutôt  au  ^io  d'Ézéchiei  (xxiu,  33),  nommi 


RECHERCriES  BIBLIQUES  ID'J 

avant  ce  iç^daîts  lequel  nous  croyons  trouver  (voir  plus  haut)  la 
_^  iléaûmiuation  hébraïque  de  Kummuh  ou  de  la  Goinmag<l'ne. 
B        Siiru,  une  ville  de  Siihu  ;  c'est  le  «n^D  des  Syriens,  dont  le  nom 
~  subsiste  de  nos  jours  sous  la  forme  de  Sourîa^  n-'^io.  Là  racine 

Ien  est  visiblement  nno,  «  <?.carter  ». 
Bit'Iîalupe^  tibn-r.'«a.  «  maison  du  lieu  de  passage  ». 
Sirhi^  c  est-à-dire  T-)b»  «  lien,  attachement  »,  l'hébreu  "^ilito. 
C*uln'i,^'i:^,  et  amoncellement,  tas  »,  de  nsx* 
JVaharabayii^lTio:,  îovme  purement  assyrienne.  Le  mot  semble 
signifier  ^  lieu  prjpice  »,  de  harabu,  «  bénir,  être  favorable  «. 
^inVani ,  c'est-à-dire  pan ,  «  lieu  de  blé  ^^  de  nan  =  n'j:n, 

■«  froment  ». 
JSfaridi  =  nnn,  «  lieu  delà  source  bouillonnante  et  agitée  ». 
Comparez  la  localité  transjordanique  inn  t^j  (Juges,  vu,  1),  d'où 

Ile  nom  ethnique  ^inn  i'Il  Samuel,  xxin,  25). 
SU  Sabaya^  probablement  ■^niij-n-'a,  «  maison  des  'anciens  >»,  de 
ato,  aram,  «ao,  «  vieux  ». 
I>an3  le  voi^^inage  du  Habour,  !e  nbn  («  associant  j>)  des  llé- 
î^i^Gux,  se  trouvent  : 
jyttr-qumUmu  forme  assyrienne  des  plus  claires  et  signifiant 
*  citadelle  siège  du  limmou  ou  archonte  annuel  ». 
QaCni,  p;5,  «  petit  »,  héb.  "|bç- 
■      *^tedfgan«i,  à  diviser  en  shadi'qanniy  «  mont  des  cannes  ou  du 
jonc  »,  composa  assyrien. 

Kipina,  iss,  héb   n^p^,  ^  rochers  », 

Sarranxi  ;  le  nom  de  cette  ville  célèbre  de  la  Mésopotamie  su- 
périeure, qui  formait  le  dernier  refuge  du  paganisme  araméen, 
^si  certainement  d'origine  assyrienne  et  signifie  «  route,  chemin  », 
On  sait  que  la  ville  d'Assur  portait  en  même  temps  le  nom  de 
Uarran- 

Plus  loin,  vers  Test,  est  situé  le  territoire  de  Izalla,  écrit  aussi 
kzal  et  Zal  ;  on  y  constate  la  racine  Vtôi,  «  marcher,  passer  »,  Ce 
nom  est  mentionjié  par  Amien  Marcellin  dans  Thistoire  de  Tempe- 
reur  Julien. 

La  capitale  de  Izalla  est  Naçibina,  la  Nisibis  des  géographes 
romains,  le  t»2^X5  des  talmudistes  et  des  Syriens.  Le  mot  signilio 
'<  plantes  »♦ 

Parmi  les  rois  de  ces  divers  territoires,  nous  nous  contenterons 
de  relever  : 
ffapin,  roi  de  Ttil-AbnL  En  caractères  hébreux  \^^,  «  empoi- 
lânt  i>,  analogue  au  nom  biblique  '^seiri, 


20D  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Azi-dlu,  roi  de  Laqe  (r.  rçb]  ;  natarellement  Varr?,  «  El  est  fort*. 

ffinti'ilu,  fils  du  précédent,  pnri>ablement  barrrri,  «  protection 
d'El  »,  de  -'Tsn,  »  protéger  ». 

Ahl-yabàba  =  any-r:»,  «  frère  du  cri  »,  cf.  Thébreu  aa^,  t  crier, 
gémir  ».  Ce  roi  a  été  appelé  de  Bit-Adini  pour  prendre  le  gouver- 
nement de  Bit-Ualoupé. 

Sadiidu,  roi  de  Siifiii.  C'est  l'hébreu  titc,  «  dépouillé,  saccagé». 

Ammi'Iià'al,  roi  de  BU-Çamani.  C'est  rhébréo-phénicien 
^??^9?»  «  peuple  de  Baal  »,  ou  peut-être  «.mon  parent  est  Baal  ». 

Ahi-ramu,  roi  d'Izalia;  c'est  clairement  ûnn«,  «  frère  du  très 
haut  »,  dont  l'abrégé  ûyn  a  été  porté  par  le  célèbre  roi  de  Tyr, 
contemporain  de  David  et  de  Salomon. 

Nous  nous  arrêterons  au  bord  de  l'Assyrie  propre,  dont  il  est 
inutile  de  dépasser  les  limites.  La  nomenclature  géographique  que 
nous  venons  d'étudier  permet  d'affirmer  en  bloc  que  le  territoire 
des  Sémites  septentrionaux  a  été,  depuis  les  temps  historiques, 
confiné  au  versant  méridional  du  Taurus  et  de  son  prolongement 
occidental,  le  mont  Amanus.  Au-delà  de  cette  barrière  naturelle, 
on  ne  trouve  pas  la  moindre  trace  d'établissements  sémitiques 
dans  le  vrai  sens  du  mot,  car  les  noms  assyriens  imposés  par  les 
conquérants  à  certaines  villes  de  l'Arménie  et  de  l'Asie-Mineure 
n'ont  rien  de  comnlun  avec  une  véritable  fondation.  Ces  noms 
n'ont  d'ailleur?5  pas  tardé  à  disparaître  après  le  départ  de  la  gar- 
nison ninivite  et  n'ont  pas  laissé  de  souvenir  dans  le  pays.  Ce 
résultat  négatif  ne  laisse  pas  d'avoir  quelque  utilité  au  point 
de  vue  de  l'exégèse  biblique.  Un  bon  nombre  d'exégètes  mo- 
dernes persistent  à  considérer  Loud  fils  de  Sem  comme  l'ancêtre 
mythique  de  la  Lydie.  Ils  s'appuient  sur  la  légende  indigène 
d'après  laquelle  Lydos  était  fils  de  Bélos,  mais  cette  légende  est 
certainement  postérieure  au  règne  de  Gygès,  pendant  lequel  les 
rapports  entre  l'Assyrie  et  la  Lydie  furent  établis  pour  la  première 
fois.  L'essai  fait  par  Lassen  d'expliquer  les  mots  lydiens  par  les 
langues  sémitiques  a  complètement  échoué,  et  il  ne  reste  en  faveur 
Ah  M)n  hypothèse  que  l'assonnance  extérieure  des  noms  ;  or,  ces 
eort/^s  de  rencontres  fortuites  sont  trop  fréquentes  pour  qu'on 
liuhhh  leur  attribuer  la  moindre  valeur,  quand  des  considérations 
gé^^graphiques  s'opposent  à  leur  identificatîcm. 

Maiii,  de  même  que  les  Sémites  n'ont  jaiùis  entamé  sérieuse- 
jDueLt  J^s  régions  au  delà  du  Taurus,  de  même  les  races  de  l'Asie- 
Kljii<:^ure  n'ont  jamais  réussi  à  s'établir  définittrement  dans  les 
p9}  6  béixiitiques  pendant  l'antiquité  histori^fw  fui  bchis  est  accès- 


BEGHERCHES  BIBLIQUES  ÎBOt 

sibîe.  Tous  les  termes  géo^ïraphiques  qui  nous  viennent  de  cette 
période  portent  un  cachet  sémitique,  lors  même  qifil  nous  est 
impassible  d*en  préciser  la  signification.  L'interprétation  par  le 
sumérien  de  noms  tels  que  Hahur^  Purat  et  Harrmt  est  défi- 
nitivement abandonnerez  grâce  au  discrétiit  général  dans  lequel  le 
sumérisrae  ou  Faccadisme  est  tombé  en  Allemagne.  Le  sumérien 
i?carté,  il  ne  reste  pas  îe  moindre  indice  de  l'existence,  dans  ces 
contrées,  d'une  forme  linguistique  autre  que  celle  que  nous  nom- 
mous  sémitique.  Il  3^  a  plus,  à  la  suite  des  noms  propres  précédem- 
ment examinés,  on  voit  se  dessiner  assez  distinctement  des  varié- 
tés dialectales,  suivant  les  régions  dans  lesquelles  nous  pouvons 
ie^s  constater.  A  ce  point  de  vue,  les  noms  propres  de  rilamatliène 
[ne  se  distinguent  guère  de  ce  que  les  monuments  phéniciens  nous 
fournissent  ou  nous  permettent  de  supposer*  Au  contraire,   la 
I nomenclature  des  pays  hittites  a  une  physionomie  particulière. 
'Li*  trait  caractéristique  en  est  rapparition  du  dieu  national  Hai 
*ians  les  noms  composés,  formation  qu'on  ne  constate  nulle  part 
^iUeurs.  Le  dieu  Paruda  est  aussi  unique  dans  son  genre.  Enfin, 
1^  dialecte  de  la  Mésopotamie  nous  aj^paraît  fortement  mêlé  avec 
^'assyrien,  tandis  que  les  noms  royaux  conservent  un  cachet  phé- 
*^cien  indéniable. 

Le  résultat  positif  de  ce  travail  se  résume  en  ceci  :  les  peuples 
^t^mitiques  établis  entre  TOronte  et  le  Tigre  supérieur  parlaient 
r^^s  idiomes  phéniciens  et  non  des  idiomes  araméens,  comme  on 
rl*a  cru  jusqu'à  présent.  J'ai  toujours  soutenu  que  les  Araméens 
^^ient  une  race  méridionale  vivant  depuis  le  sud  de  la  Babylonie 
Jiisqa'aux  confins  de  rHidJâz,  L'existence  de  nombreuses  tribus 
«  araméennes  en  Arabie  a  été  prouvée  par  les  découvertes  épigra- 
Bphiques  faites  à  Teiraa  et  à  Egra.  Il  est  vrai  que  plusieurs  savants 
^■il^ilitent  encore  à  renoncer  à  l'opinion  traditionnelle  qui  voit  dans 
^Fw Mésopotamie  le  pays  araméen  par  excellence,  mais  les  présentes 
^cherches  contribueront,  je  l'espère,  à  faire  cesser  toutes  les 
hésitations  à  cet  égard.  Durant  Tépoque  assyro-babylonienne,  les 
Sémites  de  rHamathène,  ilu  llatti  et  de  la  Mésopotamie  parlaient 
de«  dialectes  phéniciens.  Quant  à  Faraméen,  on  ne  le  constate 
anciennement  que  dans  le  royaume  de  Damas  et  la  province  adja- 
cente du  llaouran*  Son  extension  dans  la  Syrie  septentrionale  est 
dae  aux  transportations  dans  ces  contrées  dinnombrables  tribus 
araméennes  enlevées  par  les  rois  assyriens  à  la  Chaldée  et  à  TA- 
rabie  septentrionale.  A  cette  classilicatîon  des  langues  sémitiques 
[du  nord  correspond  exactement  la  division  ethnographique  du 
lixième  chapitre  de  la  Genèse.  Pour  l'auteur  hébreu,  HamAth  et 
létii  sont  les  tlts  de  Chanaan,  cest-à-dire  des  nationalités  phé- 


202  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

niciennes,  tandis  que  la  Mésopotamie  est  un  prolongemei 
TAssyrie.  Cette  équivalence  se  manifeste  aussi  dans  le  récit 
transportation  des  Israélites,  où  l'énoncé  général  :  «  il  les  ti 
porta  en  Assyrie  »,  est  expliqué  en  détail  par  les  mots  :  a 
établit  à  Halah,  sur  le  Habour  et  en  Gôzân  (II  Rois,  xvii,  6. 
Septante  ont  commis  une  grave  erreur  en  traduisant  le  terme 
graphique  hébreu,  Aram  Naharaîm,  «  Aram  des  deux  fleu^ 
par  Mésopotamie,  désignation  purement  grecque  et  incc 
avant  Alexandre.  L'auteur  hébreu  a  certainement  eu  en  v 
région  située  entre  le  Chrysorhoas  on  Amana,  flouve  de  D 
et  TEuphrate,  puisque  il  place  la  ville  de  Ilâràn,  habitée 
Abraham,  à  sept  journées  de  marche  au  nord  du  mont  Gai^ 
J'ai  signalé  cette  confusion  de  THârân  abrahamide  avec  l'Hf 
mésopotamienne  dans  mes  Mélanges  de  18*74,  et,  fait  curieu 
plupart  des  critiques,  tout  en  reconnaissant  la  solidité  de  m; 
monstration,  ont  mieux  aimé  accuser  l'écrivain  biblique  d*j 
ignoré  la  situation  exacte  de  Ilârân.  Le  mal  fondé  de  cette  a 
sation  a  à  peine  besoin  d'être  relevé.  En  réalité,  les  expresî 
hébraïques  û'^'nnî.  Dn«  et  nnaîi  ^"zy  désignent  la  Syrie  moye 

J.  Halévy. 

*  Genèse,  xxxi,  21. 


LE  SAINT  \mm  DE  LA  GUARDIA 


Cet  enlant  de  La  Guardia  est  un  enfant  chrétien,  du  sexe 
ma-^culin,  qui,  d'après  rinquisition,  aurait  été  tué  vers  1488  à 
U  Guardia  par  une  société  de  cinq  Juifs  et  de  six  chrétiens 
iudâïsants, 

Comine  nous  Tavons  annoncé  dans  le  précédent  numéro  de  la 
iîifPK^  ftorae  XV,  p.  134),  M,  Fidel  Fita  a  pubhé  une  partie  des 
actes  du  procès  fait  par  l'inquisition,  en  1490-91,  aux  coupables 
on  jïrétendus  coupables.  Rappelons  que  cette  publication  de 
M.  Fidel  Fita  a  pour  titre  :  Eshidios  historicos,  Coîeccion  de 
Àritados  ;  t07no  Vil:  El  santo  Nmo  de  la  Guardia  (Madrid» 
iiBpr  Fortanet,  1887,  iii-8*  de  162  pages).  A  moins  d'autre  men- 
lioD>  les  pages  auxquelles  nous  renvoyons  danâ  les  notes  sont  les 
pages  de  ce  travail  de  M.  Fita. 

Il  nous  serait  permis  de  nViccorder  à  ce  procès  qu'une  mé- 

I  diocre  attention,  Û  n'a,  en  réalité,  aucun  rapport  avec  les  procès 

jinalûguest  faits  en  d'antres  temps  et  en  d'autres  lieux,  à  des 

jJuils  accusés  d'avoir  tué  des  enfiuits  rtirétïens.  La  mise  en  scène 

|«it  la  même,  sans  doute,  elle  est  strictefiient  conforme  au  pro- 

imme  dramatique  créé  par  la  légende,  mais,  tandis  qu*ailleurs 

i  Juifs  sont  accusés  d^avoir  tué  Tenfaiit  chrétien  pour  employer 

E»n«aii;:  :i  d«^^  u».irf*^<^  rituels  (le  mêler  aux  pains  azymes  de  la 

[ue,  ou  autres  pratiques  religieuses],  aucune  allégation  de  ce 

ne  se  produit  ici.  Le  meurtre  supposé  de  Tenfant  de  La 

tira  n'est  pas  nn  meurtre  rituel  *. 

Bien  au  contraire.  Des  actes  du  procès  il  résulte  avec  évidence  : 

il.  s.  B»rg«r,  lin  118  uo  arlicle  du  journol  Le  Témoignait,  ouméro  du  8  oclobre 
I?,  f}«  313,  nt  arriver  »tir  ce  f^oiul^  »  des  concLuBiun»  (jui  ODt  beiucoup  d^aoftbgiv 


204  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

lo  Que  ce  meurtre,  s*il  a  eu  lieu,  a  été  accompli  en  man£ 
de  sortilège  et  comme  une  opération  magique  qui  n*a  rien  à 
avec  la  religion  ni  avec  aucune  prescription  religieuse  ; 

2^  Qu'il  a  été  accompli  à  Tinstigation  de  chrétiens  judaïsants 
descendant  de  Juifs  baptisés,  au  profit  de  ces  chrétiens,  et  sous 
Tempire  de  superstitions  chrétiennes.  Les  Juifs  y  assistèrent  sans 
trop  savoir  pourquoi,  pour  faire  nombre.  Le  but  que  se  proposent 
les  meurtriers  présumés  n'est  pas  de  faire  usage  du  sang  de  l'en- 
fant pour  des  pratiques  rituelles  juives,  mais  de  se  servir  du 
cœur  de  l'enfant  pour  faire  un  enchantement  qui  protège  les  néo- 
chrétiens contre  l'inquisition  qui  venait  dette  établie  dans  leur 
diocèse  (1485)  et  dont  les  premiers  actes  leur  avaient  inspiré  une 
émotion  poignante. 

Même  l'affaire  d'hostie  qui  est  mêlée  à  ce  procès  a  ici  une  cou- 
leur particulière.  Ordinairement  on  accusait  les  Juifs  de  voler  les 
hosties  pour  les  transpercer  et  en  faire  couler  le  sang  de  Jésus, 
afin  de  torturer  Jésus  en  effigie;  ici,  rien  de  pareil  :  l'hostie  doit 
servir  à  l'acte  d'enchantement  dont  nous  avons  parlé  et  auquel  les 
néo-chrétiens  seuls  sont  intéressés. 

Ces  constatations  pourraient  nous  suffire,  mais  nous  pensons 
qu'on  peut  aller  plus  loin.  M.  Fidel  Fita  croit  fermement  à  l'exis- 
tence et  au  meurtre  de  l'enfant  de  La  Guardia.  Qu'il  nous  per- 
mette ici  de  nous  séparer  de  lui  :  nous  sommes  convaincu,  malgré 
les  aveux  des  accusés,  que  le  crime  qu'ils  ont  payé  de  leur  vie  est 
purement  imaginaire  et  que  l'enfant  de  La  Guardia  n'a  jamais 
existé. 


II 


Le  nombre  des  accusés  était  de  onze,  dont  trois  morts,  mais  on 
sait  que  l'inquisition  faisait  aussi  le  procès  aux  morts  et  les 
brûlait,  en  effigie.  Cinq  de  ces  accusés  descendaient  de  Juifs 
baptisés  *,  rien  n'indique  qu'ils  soient  nés  dans  le  Judaïsme;  si 
cela  était,  on  n^aurait  pas  manqué  de  le  dire,  comme  on  le  dit 
pour  un  sixième  accusé  néo-chrétien.  Les  six  accusés  chrétiens, 
demeurant  tous  à  La  Guardia,  sont  : 


'  La  preuve  qae  les  Franco,  de  La  Gaardia,  descendent  de  Juifs  baptisés,  c'est 
qu'ils  se  désolent  d'ôtre  obligés  de  se  surveiller,  à  cause  de  leurs  femmes,  qui  sont  dtf 
chrétiennes  authentiques  (p.  31  et  surtout  p.  45,  où  les  vieux  chrétiens  sont  opposés 
à  ces  néo-chrétiens). 


LE  SAINT  ENFANT  DE  LA  GOARDIA 


905 


Las  quatre  frères  Franco*  (Alonso,  Garcia,  lohan,  Lope). 
Çest  Alonso  qui  est  !e  plus  important  des  quatre  et  qui 
conduit  toute  Taffaire.  Les  Franco  faisaient  le  commerce 
ou  des  transports,  surtout  entre  La  Guardia  et  Murcîe  *,  ils 
avaient  une  charrette  (ou  des  charrettes)  qui  servait  à  leur 
négoce  et  qui  jouera  un  certain  rule  dans  le  procès. 

lîenito  Garcia,  cardeur,  né  à  Las  Mesuras  ^  juif  baptisé.  Il 
semble  qu'il  travaille  à  la  journée,  il  voyage  beaucoup»  et 
va  jusqu'aux  deux  extrémités  de  TEspagne  [Murcie,  San- 
tiago), 

loban  de  Ocaùa. 

les  cinq  accusés  juifs»  dont  trois  morts,  sont  : 

Don  Ça  Franco,  autrefois  à  Tembleque,  actuellement  à  Quin- 
tanar*  Il  a  quatre-vingts  ans*. 

Mo8é  Franco,  son  fils,  à  Tembleque;  mort  à  l'époque  du 
procès*  Sa  femme  s'appelle  Jamila  *. 

Yucé  Franco,  fils  de  don  Ça  et  frère  de  Mosé;  demeure  à 
Tembleque,  est  cordonnier,  A  Tépoque  du  procès,  il  est 
encore  jeune  {moço)^  c*est  probablement  sur  lui  que  porte 
TefiFort  du  tribunal,  on  espère  que  la  torture  ou  la  menace 
de  la  torture  triomphera  plus  facilement  de  son  inexpé- 
rience et  de  sa  sensibilité'^.  Qui  sait  si  ce  n'est  pas  à  cette 
circonstance  que  l'on  doit  la  conservation  des  actes  qui 
te  concernent,  tandis  que  les  actes,  moins  développés,  du 
procès  des  autres  accusés  se  sont  perdus? 

David  de  Perejon,  demeurant  à  La  Guardia  ;  mort  à  Tépoque 
du  procès^.  Il  n'est  pas  impossible  que  ce  David,  qui  joue 
du  reste,  dans  toute  Taffaire,  le  rùle  effacé  d'un  comparse, 
soit  le  don  David,  juif  paiwre  de  La  Guardia,  qu' Alonso 
consultait  sur  la  date  des  fêtes  juives.  On  nous  dit  formelle- 
ment que  David  de  Perejon  éiBîlpatwre  *. 

'  Vdf  p,  4$,  passage  qui  montre  que  les  quatre  Fraiieo  Bout  frères  (cf.  p.  95  et 
^;  voir  p.  10,  pour  la  résideace  des  accusés  chrétioDS.  -^  P.  113,  Qarcia  s'appelle 
^  Utrcia  Franco. 
*  i\  44  et  48. 
^K  !l2el  un. 

t\  61  ci  43,  La  nom  de  Ça  lignifie  laaac  Noua  ne  savons  pourquoi  c«t  accusé 

I  Mol  toujours  lo  litre  de  d<m* 
»  P.  30,  33,  48  î  aa  femme,  p,  33. 
IK  12,  demeura  à  TembLe^uo  ^  p*  18,  est  cordonnier;  eat  jeune,  p.  18,   7S,   et 
Ml  p.  39* 
D»  k  Quiîdia,  p.  48  \  mort,  p.  40. 

~  pauTre  cooauJtë  par  Alonao,  p.  29.  --  David  de  P.  pauvra,  p.  48. 


206  liEVUË  DES  ÉTUDES  JtTlVËS 

Maître  Yuça  Tazarte,  médecin  (fisico),  demcorant  à  TeiM- 
bleque;  mort  à  Tépoque  du  procès.  C'est  lui  qui,  à  titre  <î<? 
savant,  est  appelé  par  les  Franco  de  La  Ouardia  à  faire  les 
sortilèges  *. 

Le  procès  contre  les  accusés  fut  commencé  à  l'inquisition  de 
Ségovie,  vers  le  milieu  de  Tannée  1490,  Benito  Garcia  fut  arrêté 
à  Astorga  le  6  juin  1490  ou  quelques  jours  auparavant,  Yucë 
Franco  fut  arrêté  le  (ou  vers  le)  !•' juillet  14%.  Le  27  août  14dO, 
Thomas  de  Torquemada,  inquisiteur  général,  et  exerçant  comme 
inquisiteur  à  Ségovie,  ne  pouvant,  à  cause  de  ses  occupations, 
continuer  l'instruction,  commit  au  tribunal  de  l'inquisition  d*Avi  la 
le  soin  de  conduire  le  procès,  et  les  accusés  fureiit  transportés   à 
Avila.  Cependant  on  a  un  interrogatoire  de  Yucé  Franco  fait 
encore  à  Ségovie  le  28  octobre  1490.  Le  principal  rôle  dans  la 
suite  du  procès  est  rempli  par  le  D»"  Pedro  de  Villada,  inquisiteixT 
à  Avila,  mais  qui  avait  été  proviseur  à  Astorga  à  l'époque  o* 
Benito  Garcia  avait  été  arrêté  dans  cette  ville  '. 

Les  pièces  publiées  par  M.  Fidel  Fita  sont  les  pièces  du  procô^ 
de  Yucé  Franco  (sauf  quelques  annexes  qui  ne  se  rapportent  p3 s 
à  lui).  Voici  quelle  a  été  la  marche  du  procès. 

Le  n  décembre  1490.  le  fiscal  dépose  sa  plainte,  devant  rinqaî- 
sition  dWvila,  contre  Yucé  Franco  (n®  1)  ;  il  y  ajoute  un  suppl*?' 
ment  le  21  octobre  1491  (n<»  5).  Le  22  décembre,  Tavocat  de  Yuo^ 
Franco  présente  la  défense  écrite  de  Taccusé  (n®  2),  et  le  22  jara- 
vier  1491,  le  fiscal  y  répond  (n'»  3).  Les  interrogatoires  de  Yuo^^ 
Franco  se  font  quelquefois  à  de  longs  intervalles,  pendant  lesqu^^s 
il  a  lo  temps  de  réfléchir  et  de  désespérer;  ils  sont  nombreux  '• 
10  janvier  1491,  9  et  10  avril,  1  mai,  9  juin,  19  et  28  juillet 
!«''  août,  10  et  26  septembre,  confrontations  des  12  et  11  octobre» 
présentation  d'une  défense  écrite  i>ar  Tavocat  le  29  octobre,  to*"' 
ture  ou  plutôt  simulacre  de  torture  le  2  novembre,  nouveau ^ 
aveux  lo  5  novembre,  nouvelle  confrontation  le  14  novembre,  et 
enlin  condamnation  et  exécution  le  16  novembre  1491.  Ses  co-ac- 
cusés  Henito  Garcia,  lohan  Oc^na,  lohan  Franco,  et  mette  son 
père  Ça  Franco  sont,  avant  la  sentence,  entendus  plosieurs  fois 
Cv)mnie  témoins  contre  lui.  Tous  ces  témoins  sont,  au  moins  une 
fois,  i)Iaci^s  sur  la  torture  [ton}tefUo),ei  don  Ça  Franco  8ub%  raème 


»  A  Tomhlcqiif,  p.  31  ;  m^ecin,  p  31  ;  mort,  p.  31. 

•  H.  Cîiiroia  à  Astorga  \o  6  juin.  p.  59.  —  Yucé  Franco  arrêté  ver»  1»  i«»  JoiAm; 
p.  no  ci  note  lie  M.  Fiiiel  FiU  p.  51).  ^  Délê^nCioB  à  rittq«âitioii  d*AT9»,  Ift  Tl  Mftt, 
p»  10  cl  n.  -.  Yuc^  !•>.  è  S^TÎc,  oetobre  14»,  p.  28. 


LE  Èkim  EXFANT  DE  LA  GOARDU 


207 


> Supplice  de  l'eau*.  Les  autres  accusés  gardés  à  Avila  furent  éga- 

\mmi  condamnés  et  exécutés  le  16  novembre.  On  les  attacha 

^chacun  à  un  poteau,  dans  le  Brasero  de  la  Dehesa  d^Avila,  et  ou 

I  brûla.  Âlonso,  Garcia,  les  deux  lohan,  pour  avoir  fait  péni- 

?»  furent  étranglés  avant  d'être  brûlés,  «  les  autres  »  furent 

ùMs  vifs*.  Parmi  ces  «  autres  ",  il  faut  siii'einerjt  compretidre^ 

ntitles  quatre  chrétiens  que  nous  venons  de  nommer,  Benito 

1*,  et  peut-être  aussi  Lope  Franco*.  Linquisition  aurait-elle 

né  le  vieux  Ça  Franco  ? 


III 


Od  verra  tout  à  Theure,  lorsque  nous  signalerons  les  contradic- 
ons  et  les  invraisemblances  des  témoignages  et  aveux»  combien 
lest  dîfilcile  de  savoir  au  juste  ce  qui  s'étaiè  passé,  si  toutefois  il 
i^est  passé  quelque  chose.  Dans  une  série  d'aveux  ou  prétendus 
(Veux  ii*un  accusé  ou  de  témoignages  d*un  co-accusé,  si  ces  aveux 
[^Mwfeûàges  ne  s*accordent  pas  entre  eux  et  si  le  juge  ne  s*oc- 
k%fclkucune  famn  de  les  contrùler,  quel  est  celui  qui  doit  être 
hvupôur  vrai  et  celui  qu*il  faut  rejeter  comme  faux  ?  Il  est  impos* 
Me  de  le  dire,  mais  l'inquisition  le  sait  :  tout  ce  qui  peut  perdre 
Facctisé  est  vrai,  tout  ce  qui  serait  à  sa  décharge  est  faux,  Voicii 
i  les  deux  sentences  dont  nous  avons  le  texte^  celle  de  Yucé 
&cn  et  celle  de  Benito  Garcia  =,  comment  l'inquisition  dMvila 
•est  ftguré  les  choses. 

Elle  laisse  d'abord  de  cùté  les  premières  dépositions  de  Yucé 
J'faaco,  dont  Texplication  est  diftîclle  (nous  le  verrons),  si  on  veut 
s  concilier  avec  les  suivantes,  ou  qui  démontrent  la  fausseté  de 

J  ttrwÊmtù  dei  témoiaa,  p.  52,  n°  20;  p.  53,  n*  23  ;  p,  55,  n*  26,  Lt  supplice  de 
ilotsé  à  Ça  Fruaco,  vieiUard  de  quntrtï-vmgla  aca  (p.  dl^  n*  54],  tsl  quelque 
pfi'ifîreox.  Qaaot  k  Yucé  Franco,  il  suifit,  pour  le  faire  parler,  de  luire  pûur  lui 
nïdiê  du  supplice  de  lesirapaJe,  Un  le  jîgoln  en  canséqucncc,  cl  c'est 
sture  qa  il  fit  sa  principtile  confession  ou  dùpgsitiûu  (p.  îft-HU,  u*  50). 
jiL  au  nouire  d'AviU  Antou  Gouçalcz,  du  17  novemliio  \'St^  a  la  inunici- 
fXsû^  p.  113. 

Dtioii  de  ^  cofidamnaltoii,  p.  108;  son  jugement,  p.  1!!S  H  auiv.,  d'après  un 
tt£i  dt  1544  qui  paraît  rt^produire  textuellement  les  oHgiuaux* 
'  i  a«  sait  pourquoi  Lope  Praoco  c'est  pas  nommé  parmi  les  sccusés  qui  fureot 
Noua  sappoStjDs  qu'il  était   mort  ù  1  époque  du   procès.  Trois  des  Juifs 
ItinMii  morlj  éf^alement,  de  sorte  que,   sur  onze  coupables,  il  n'en  restait 
I  atpt.  Co  fiûnt  probablemeat  ces  sept  dont  le  procès  tut  rédumé  eu  15li*J  (voir 
-  OJ 

I  ft-.,  n*  M,  p.  IhO  à  108;  D.  Liurcia,  u«  Cti,  p.  115  à  122,  el,  dans  uue 
,  ctlaUne,  u^  67,  p.  122  ù  128. 


ir^  lETCE  DES  EfTEiCS  JOUS 

raccafatioo,  si  on  \fn  prec«i  en  oynsiàér^t,:^.  ELîe  i&isse  aussi 
âBn%  \fi  Tagoe  et  eoTeloppe  de  circonl*>r;:t>:-3L5  hûik^s  toos  les 
poinU  qui  pour  eile-méme  étaient  douteox  c^  >:^fasc::r«.  Ce  qui  loi 
parait  démontré,  c'est  ce  qui  suit. 

A  une  époque  sur  laquelle  le  jugement  et  lies  coasi durants  s'abs- 
tiennent de  donner  la  moindre  ÎLdi ration.  les  ar<ra>rs  se  sont 
réunis  de  nuit,  dans  une  certaine  caverne,  et  r  ont  crucial  nn 
enfant  chrétien  en  place  de  Jésus  et  sur  le  modèle  de  la  Passion 
de  Jésus.  Les  bras  et  les  jambes  de  l'enfant  ont  éié  étendus  sor 
deux  pièces  de  bois  mises  en  croix,  Tenfant  a  été  fouetté,  souffleté, 
pincé,  on  a  craché  sur  lui,  on  lui  a  posé  des  épines  sur  la  tète,  les 
épaules  et  la  plante  des  pieds,  ouvert  les  veines  des  bras  pour 
laisser  couler  le  sang  'jusqu'à  ce  que  mort  s'ensuive  ,  recueilli  le 
sang  dans  un  chaudron  ou  une  écuelle,  ouvert  le  côté  avec  un  coa- 
teau  et  arraché  le  cœur,  le  tout  en  injure  du  Christ  et  de  la  religion 
chrétienne,  et  accompagné  des  plus  violentes  insultes  adress^^i 
Tenfant  comme  représentant  Jésus.  L'enfant  étant  mort  au  miliea 
de  ces  tourments,  on  le  détacha  de  la  croix  et  on  alla  l'enterrer,  la 
même  nuit,  en  un  lieu  qu'on  n'a  pas  pu  découvrir.  Quelques  jours 
plus  tard^  les  mêmes  personnes  se  réunirent  secrètement  dans  la 
même  caverne,  pour  faire  un  sortilège  avec  ledit  cœur  dudit  en- 
fant et  avec  une  hostie  consacrée  (c'est  maître  Yuça  Tazarte  qui 
est  censé  avoir  fait  Tincantation  *).  Ce  sortilège  fut  fait  dans  l'in- 
tention diabolique  de  faire  mourir  fous  les  inquisiteurs  et  tons 
les  autres  chrétiens,  d'exterminer  la  foi  catholique  et  restaurer 
la  loi  de  Mo'ise.  Enfin,  les  conjurés,  voyant  que  ce  sortilège  n'avait 
pas  agi,  se  réunirent  une  troisième  fois  en  un  certain  (autre)  lieUi 
et  envoyèrent  l'un  d'eux,  Benito  Garcia,  avec  ledit  cœur  et  une 
autre  hostie  à  certains  Juifs  (le  rabbin  Mosé  Abenamias,  deZa- 
mora,  et  un  savant  juif  de  cette  ville),  pour  qu'ils  refissent  le  so^ 
tilège  dans  le  but  indiqué  plus  haut. 

Cette  sentence  est  très  habilement  rédigée  :  elle  élude  avec  art 
toutes  les  difficultés  que  présentent  les  actes  du  procès,  voile  les 
invraisemblances,  ignore  les  contradictions.  Mais  ce  qui  est  plus 
curiQjttx  encore  et  trahit  l'embarras  des  juges  en  présence  de  té- 
moignages si  incomplets,  c'est  que  les  deux  sentences  que  nom 
avons,  et  qui  ont  été  rédigées  le  même  jour,  par  les  mêmes  juges, 
diffèrent  entre  elles  sur  un  point  important.  Le  résumé  que  nom 
en  avons  présenté  est  fait  surtout  d'après  la  sentence  contre  Yuoé 
Franco,  nous  n'avons  emprunté  à  celle  qui  concerne  Benito  Garcît 

^  L«s  aiiditions  entre  parenthèses  sont  faites  par  nous  d'après  les  dépositioas  Mi 
'WUSvLtêM  des  accusés  ou  des  témoins. 


LK  ï;AÏNT  fclNFANT  DE  LA  GUARDIA 

(p?  quelques  traits  de  d^'taîL  mais  cette  dernière  contient  une 
rariante  remarquable  :  elle  ne  \\arW  pas  du  sortilège  fait  par  Yura 
Tazârte  lors  de  la  seconde  réunion,  mais  place,  dans  cette  seconde 
r^(i»îon,  la  mission  donnée  à  Bpnito  Garcia  de  porter  le  cœur  et 
rtetie  à  Zamora,  pour  y  faire  l'aire  le  sortilège.  Dans  la  troisième 
rtanion,  le  sortilège  se  fait  sur  place,  avec  un  cœur  et  une  hostie, 
mm,  comme  le  cœur  de  Tenfant  tu»5  est  parti,  lors  de  la  seconde 
rtunion,  pour  Zamora,  le  rédacteur  a  été  obligé  de  dire  que  le 
ccBurdoDt  on  se  servit  cette  fois  était  un  autre  cœur,  sur  la  pro- 
îwiaoce  duquel  il  ne  donne  d'ailleurs  aucune  explication.  Mais, 
comme  il  a  eu  quelque  hésitation  à  introduire  ce  second  cœur,  dont 
lésj>i^cesDe  font  pas  la  moindre  mention,  il  est  certain  que  la 
minute  originale  a  porté  la  trace  de  son  embarras,  et  c'est  de  là. 
saQ«  aucun  doute,  que  %'ient  le  passage  incompréhensible,  déjà 
«gnalé  par  M.  Fita  (p*  119  et  p.  128,  ligne  1),  dans  la  traduction 
atalane. 


lY 


Nous  allons  maintenant  reprendre  les  faits  d*après  les  pièces  du 
procès  et  montrer  tout  ce  qu*il  y  a  d'incertain  et  de  contradictoire 
<iâiis  faliégation  des  juges. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  le  peu  de  valeur  juridique  des 

Informations  faites  par  rinquisition.  11  est  clair,  et  tout  le  monde 

lésait,  que  les  accusés  qu*elle  tenait  dans  ses  cacbots  ne  jouis- 

aient  d'aucune  des  garanties  joi^éos  aujourd'hui  indispensables 

iim  Fadministration  de  la  justice.  Dans  le  procès  actuel,  nous 

Toyons  que  Taccusé  n'est  pas  assisté  de  son  conseil  devant  les 

[Juges,  son  avocat  n'intervient  que  dans  des  consultations  écrites 

tt  oÉi  il  n*ose  probablement  pas  dire  ce  qu*il  pense,  s'il   pense 

ÎQftîque  chose  ;  les  témoins  sont  entendus  en  l'absence  de  Taccusé, 

[•H  si  an  lui  donne  copie  de  leur  déposition,  on  lui  laisse  ignorer 

ikors  noms,  la  date  de  leur  déposition,  et  autres  circonstances 

[iTDpre^  à  l'éclairer;  tous  les  accusés  sont  entendus  séparément,  en 

les  uns  des   autres,  on  les  considère  comme  témoins 

uns  contre    les  autres  ;  les  confrontations  qu'on    fait  entre 

«onl  de  pure  comédie,  le  procès-verbal  de  ces  confrontations 

^re  en  un  seul  énoncé  les  dépositions  des  personnes  con- 

Entin,  la  torture  ou  la  crainte  de  la  torturf*,  qui  agit 

ictement  de  la  même  manière,  altère  Tautorité  de  tous  les  té- 


210  BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

moignages  et  de  tous  les  aveux,  sans  compter  remprisonnement 
dans  d'aflfreux  cachots,  qui  n'est  soumis  à  aucune  règle  tutélaire 
en  laveur  de  Taccusé,  qui  peut  durer  indéfiniment,  et  qui  suffit  i 
lui  faire  perdre  la  tête.  Pour  en  finir,  il  avoue  tout  ce  qu'on  veut. 
La  seule  présomption  que  fournissent  nos  pièces  en  faveur  de 
la  thèse  des  inquisiteurs  est  Taccord  qui  règne  entre  les  témoins 
ou  accusés  (car  les  mômes  personnes  sont  à  la  fois  Tnn  et  Taatre) 
sur  un  certain  nombre  de  points  :  meurtre  d'un  enfant  chrétien 
par  une  société  de  néo-chrétiens  et  de  Juifs,  emploi  d'une  hos^ 
et  du  cœur  de  l'enfant  pour  un  sortilège  contre  les  inquisiteurs, 
enfin  envoi  du  cœur  et  de  l'hostie  à  Zamora.  Mais,  sans  parler 
des  nombreuses  contradictions  des  témoins  ou  accusés  sur  d'autres 
points  et  des  plus  importants,  qui  sait  comment  cette  concor- 
dance des  témoignages  ou  aveux  a  été  obtenue,  si  elle  n'a  pas  été 
préparée  par  d'habiles  insinuations  faites  en  dehors  des  audiencei, 
ou  par  simple  accord  entre  les  accusés,  parce  qu'il  fallait  Me» 
avouer  quelque  chose,  quoi  que  ce  fut?  Ce  ne  sont  pas  ici  des. 
hypothèses  en  Tair.  On  sait  parfaitement  que  l'inquisition  ein< 
ployait  même  les  geôliers  à  faire  des  insinuations  aux  accusés  ^ 
On  croit  généralement  que  les  prisonniers  de  l'inquisition  étaient 
entièrement  isolés  et  tenus  au  secret  ;  dans  notre  procès,  et  à 
notre  grand  étonnement,  il  n'en  est  pas  ainsi.  Yucé  Franco  et 
Benito  Garcia  sont  enfermés  à  Avila  dans  deux  cellules  placées 
l'une  au-dessus  de  l'autre,  et  l'inquisition  leur  permet  de  corres- 
pondre ensemble  au  moyen  d'un  œil  percé,  sans  doute,  dans  le 
plancher  *  ;  ils  ont  ensemble  de  longues  conversations.  De  même 
lohan  Franco  et  lohan  de  Ocana  peuvent  converser  ensemble 
dans  la  prison  d'Avila,  et  cela  en  présence  d'un  témoin  (ou  pri- 
sonnier) qui  entend  toute  leur  conversation  et  la  rapporte  ^  Enfin, 
dans  les  confrontations  pour  rire  qu'on  fait  entre  les  accusés  et 
témoins,  le  procès-verbal  constate  chaque  fois  que  les  personnes 
confrontées,  après   l'audition   officielle  de  leur  témoignage,  se 
sont  parlé  et  réjouies  ensemble  de  se  retrouver  [se  hablavm  é 
holgaron  en  versé)  *,  et  Ton  peut  même  se  demander  si  ces  con- 
frontations n'ont  pas  précisément  pour  but  d'amener  cette  conver- 
sation où  les  accusés  s'entendent  entre  eux  et  préparent  les  aveux 
nécessaires  à  l'inquisition?  Il  fallait  bien  qu'il  y  eût  finalement 


^  Llorente,  Histoire  abrégée  de  Vinquitition  d' Espagne ^  Bruxelles,  1823,  p.  37. 

»  P.  34  à  39,  n"  13  et  14. 

»  P.  111-112,  n«6r). 

*  P.  67,  no  43,  lohan  de  Oca&a,  Benito  (larcia  et  Yucé  Franco;  p.  68,  n*  44, 
lohui  Franco,  Ça  Franco  et  Yucé  Franco.  La  formule  mAnque  dans  k  oonfrontaliai 
de  p.  94,  n»  59.* 


LE  SAINT  ENFANT  DE  LA  GUABDIA 

<a  ûerCtin  accord  entre  les  aveux  des  ilifrêrHnts  accuse 
tenerà  la  csondamnation  quelque*  couleur  do  justice* 
ÎÂ  conversation  qu'ont  ensemble  lolian  Franco  et  lohan  de 
et  dont  nous  avons  déjà  parlé,  ne  parait  pas  avoir  d*autre 
,  '•  de  préparer  cet  accord  des  accusés  sur  un  crime  iuiagi- 
Mire.  On  comprend  que  deux  coupables  s-entendent  pour  nier  le 
cnme  commis  par  eux,  ou  pour  atl«^nuer  leur  faute,  ou  pour  le 
rejdj^r  fiur  d  autres.  Mais  que  peut  bien  signifier  une  entente  qui 
aoralt  pour  objet,  comme  ce  serait  le  cas  ici»  de  faire  l'aveu  sin- 
eèred*an  crime  véritable?  Nos  deux  accusés  se  donneraient  là  une 
pme  bien  inutile.  Tout  s'explique,  au  contraire,  s1ls  pr^''parent 
iki aveux  pour  un  crime  qui  n*a  jamais  été  commis.  Quelques-uns 
lu  moins  des  accusés,  comme  Benito  Garcia,  et  sûrement  aussi 
ïucé  Franco,  pouvaient  se  faire  illusion  sur  la  gravité  de  ces 
iteux*.  Il  e«t  clair  qu'après  un  emprisonnement  de  douze  à 
dm*flept  mots,  et  avec  la  menace  perpétuelle  de  la  torture,  ils  ont 
Uni  par  renoncer  à  toute  résistance  et  abonder  dans  le  sens  de 
rinqtiisition*  Ce  pauvre  Benito  Garcia,  dans  son  interrogatoire  du 
M«eptembre  1491*,  accumule  à  plaisir  tous  les  forfciits  imagî- 
ttbks,  afin  que  rinquisitiua  ait  son  compte  et  au-delà.  Les  deux 
pièces  de  lk)is  de  la  croix  où  Tenfant  a  été  attaché,  sont,  d'après 
htautres,  des  pièces  de  bois  quelconques  ;  pour  lui,  elles  venaient 
de  réalise  S*«  Marie  de  Fera  ^  :  c'est  une  profanation*  iraprès  les 
mines,  reniant  a  été  attaché  à  la  croix  ;  lui»  il  a  vu,  en  outre,  qu*on 
Yy  avait  cloué.  Les  autres  disent  que  Tenfant  est  mort  en  perdant 
aïusang;  lui,  il  a  vu,  en  outre,  que  renfant  avait  été  étranglé.  Le 
^hr^e  qui  éclaire  la  scène  vient  également,  d*après  lui,  de  Téglise 
.Syliane  de  Fera,  nouvelle  profanation.  L'enfant,  d*après  lui,  a 


^  fkà^  Gttrcia  compte   plus   ou  moins  recouvrer  sa   liberté,  p.  36  et  37  ;  Yucé 

ivftio  tipère  au  mûtns  ne  pas  ÔLre  conclamué  à  mort,  eaas  cela  il  rimstsleraît  pas» 

Bi^M  11  it  filt,  pour  iiltéouer  les  Taila  que  J'accusatiuti  met  à  sa  charge.  Cet  accusé 

l^mi  même  U  peine  dViphquer   pourquoi  d'abord   il  a  tout  nié,  puts  a  fini  par 

PlBW:  c'e4l  <îu«  les  conjurés  avaient  prononcé  une  excommunication  [kértm]  contre 

BMaqoe  dVnire  eux  ferait  des  aveux  avant  d*aToir  laa>îui  peudant  un  on  entier 

l|ÂMii  ip>  TiO],    voiià   pourquoi   il   n'^aurail  purlé  qu'aprèâ  treizu  mois  de  cachot. 

iMi  Ttajmeni  croyable?  Ce  htycm  jtiif  aurait-îl  Qrrâté  tous  \es  complices  clirélicue^ 

'^»*îj  •«#  n-mvtit  IfS  arrC'lcr,  u  quoi  servait  le  ailuiice  j^ardé  pendant  un  an  par  les 

f  De  plus,  peut-on  série  u  sèment  admettre  que,  sans  ce  hértm^  Yucé 

~  Il  accusé  BVaut  Pex  pi  ration  des  douze    mois,  et    que  i'intérCt    de  tes 

tila,  garanti  par  le  kétim^  lui  avait  fermé  la  houtbc  ? 

'P,  iS»  o*  26.  Celle  église  est  située  au  nerd-est  de  La  (juardla,  ù  un  quart  de 

r  lii  \m  f  illt. 

^  £*^o«  4*eUc0  eil  oo  axe  de  voiture  (iva),  un  axe  de  voiture  S^ure  auBsi«  mais 

ut  auU-e  maaière  et  presque  sans  rime  ni  raison,  dans  une  des  dépositions  de 

\  Efaaco  Lp.  HÀ) .  C'est,  il   nous  semble,   nue   preuve   de  plus    que  les  accusés 

Ipfiparé  lei  aveux»  Yucé  Franco  aura  enteodu  porler  do  cal  axe  de  voilure, 

f«p]Mler  quel  rôle  il  dovait  jouer  dans  ralîaire* 


212  REVUE  MS  ETUDES  JUIVES 

4té  «enterré  dans  une  vigne  de  l'église  S^  Marie  de  Pera,  c'est  peot- 
étre  une  dernière  profanation  qui  dépasse  toutes  les  autres.  Les 
Pères  devaient  être  contents  de  lui,  il  leur  avait  fourni  une  belle 
collection  d'àorreurs. 


Cela  leur  suffisait  et  ils  n*en  demandaient  pas  davantage.  Noos 
allons  voir  que  dans  tout  le  cours  de  ce  long  procès  il^  n*ont  pas 
fait  un  seul  effort  pour  contrôler  les  témoignages  et  les  aveux  des 
accusés.  Ils  ne  pensent  pas  un  instant  à  aucune  des  recherches 
auxquelles  la  justice  moderne  se  serait  livrée  avec  passion,  ils  ne 
font  aucune  vérification  sur  les  lieux',  tout  se  passe  en  paroles 
entre  les  quatre  murs  de  la  prison.  Ils  auraient  eu  peur  de  décou- 
vrir la  vérité  qu'ils  n'auraient  pas  agi  autrement. 

La  première  chose  à  faire  était  évidemment  de  rechercher  les 
restes  du  corps  de  l'enfant  ;  rien  n'était  plus  facile,  si  l'enfant  avait 
réellement  existé.  D'après  Yucé  Franco,  l'enfant  avait  été  enterré 
dans  la  vallée  de  La  Guardia  dans  laquelle  coule  l'Escorchon; 
d'après  lohan  Ocaua,  dans  un  ravin  (harranca)  près  du  même 
endroit  à  peu  près  ;  d'après.  Benito  Garcia,  dans  une  vigne  de 
réglise  S^  Marie  de  Pera.  de  La  Guardia;  d'après  lohan  Franco 
enfin,  i)rès  de  l'église  S'«  Marie  de  Pera  *  ;  quoi  de  plus  facile  que  de 
conduire  tous  les  accusés  sur  les  lieux,  de  leur  demander  d'indi- 
quer l'endroit  où  ils  prétendaient  que  l'enfant  était  enterré,  et  de 
faire  des  recherches  aux  endroits  ainsi  désignés^?  Môme  sans 
leur  concours  sur  les  lieux,  les  indications  qu'ils  avaient  données 
étaient  assez  précises  pour  qu'on  pût  faire  des  fouilles.  Il  est  vrai 
que  le  Ii(^sunié  des  sept  procès  de  nos  accusés,  fait  en  1569  par 
trois  notaires  de  l'inquisition*,  prétend  que  les  juges  ont  fait  des 
recherches  sur  les  lieux,  qu'ils  y  ont  amené  un  des  accusés,  et  qu'il 

>  Nous  parlerons  tout  À  l'heure  irune  prétendue  exception. 

«  Yuw  Franw.  p.  43,  n*  W  —  lob.  OciîSi,  p.  112,  n*  64.  —  Benito  G.,  p.  55. 

lob.  Fr.,  p.  95,  n»  59.  —  L'impressoo  du  nouire  Anton  Gonçalez,  d'Avils,  est 

que  l  enfant  a  éié  enterré  dans  un  fossé  (koyo)  près  de  La  Quardia,  p.  111. 

*  L'un  de5  témoins,  lohan  Franov\  prétendait  aToir  enterré  Tenfant  ;  les  autres  ne 
oarlaient  «ie  IVndroit  où  il  était  entorré  que  pour  l'aroir  entendu  dési^er^  a  ce  qulli 
•t:saieac,  par  lohan  Franco  et  son  aide,  mais  on  pouvait  toujours  faire  des  rechercbei 
1  r«>n>tr:.uc  dé^iifné  et,  de  plu$,  mterro^r  les  accusés  contradictoirement  avec  lobin 
Franco  et  lautre  aceusé  ^Alonso  Franco  ou  Garcia  Franco)  qui  Tayait  aidé,  à  « 
711  .m  disait,  à  enterrer  l'entant. 

•  RepDtiuit  dans   Mowno,  H^siin^  dH  MvtiriQ  d«l  sëm'o  NiUo  de  La  Qmâriiû^ 
Madrid.  \Am,  p.  120  à  lïV  L*  pMM^  «imumI  •oob  boqs  référons  est  p.  131-132. 


LE  SAINT  ENFANT  DE  LA  GUARDIA 


213 


westresultti  la  preuve  de  la  vévïlé  (iu  Facciisation,  Mais  d'ahord, 
pourquoi  amener  sur  les  lieux  un  seul  accusé  et  non  tous  Îps  au- 
tres? Et  puis,  nos  pièces  ne  disent  rien  de  cette  f\escente  sur  les 
«121.  Enfin  et  surtout,  la  sentence  du  tribunal  contredit  fornieîle- 
ïient  le  Rémmè^  puisqu'elle  convient  qu'on  n'a  pas  pu  découvrir 
îi  place  où  renfant  fut  enterré.  Ce  n'est  pas  cela  qui  a  pu  con- 
ner  la  vérité  de  l'accusation.  Si  des  recherches  ont  été  faites  sur 
^ice,  elles  ont  été  de  pure  forme  et  sans  aucun  désir  sérieux  de 
ouvrir  la  vérité.  L'opération  de  l'enterrement,  si  elle  avait  eu 
Qf  avait  été  sûrement  hâtive  et  superficielle,  on  eût  vite  trouvé 
rossements  de  Tenfant,  s'ils  existaient. 
ïtoe  négligence  dans  la  recherche  du  lieu  du  crime.  Les  té- 
moins ou  accusés  sont  loin  d'être  entiôremeni  d'accord  là-dessus^ 
quoique  la  plupart  désignent  une  caverne  prt^s  de  La  Guardia.  Yucé 
,dit  :  caverne  entre  La  Guardia  et  Dosbarrios,  sur  la  côte  de  la 
ï,  à  main  droite;  Ça  Fr.  dit  à  peu  prés  la  même  chose;  lohan 
,  dit  :  une  caverne  située  en  un  lieu  dit  Carre  Ocana,  entre  La 
Guardia  et  Ocana,  à  main  droite,  et  lohan  Ucana  nomme  aussi 
tlieu  dit  Carre  Ocana  V.  Mais  à  coté  de  ces  témoignages  à  peu 
;  concordants,  se  trouve  celui  de  Benito  Garcia,  qui  place  la 
^ne  du  crucifiement  en  nu  rocher  sur  la  route  de  Villa  pal  ornas  *, 
Taprès  tous  les  témoins,  la  seconde  réunion  a  eu  lieu  dans  la  ca- 
ne du  crucifiement,  et  la  troisième  dans  un  autre  lieu,  placé  sur 
Ite  entre  Tenibleque  et  La  Guardia,  en  un  endroit  que  quel- 
Kuns  des  témoins  appellent  Sorrostros/Rien  de  plus  simple 
ïde  conduire  un  à  un  les  accusés  sur  les  lieux  et  de  leur  de- 
•nder  de  désigner  les  deux  lieux  de  réunion.  Mais  que  serait 
venue  l'accusation  si  les  accusés  avaient  chacun  montré  un  lieu 
^r^nt? 

tribunal  moderne  aurait  voulu  voir  les  pièces  à  conviction, 
ces  de  bois  de  la  croix,  le  couteau  qui  aurait  servi  à  ouvrir 
i\emes  de  Fenfant,  Fécuelle  ou  les  deux  écuelles  où  aurait  été 
cueilli  le  sang  \  la  couverture  avec  laquelle  on  aurait  bouché  la 
terne  pendant  le  crime,  la  peUe  qui  aurait  servi  à  creuser  la 
ie,  les  vêtements  de  l*enfant*.  Tous  ces  objets  sont  mentionnés 


ptotlPr.»  p.  :*!  el  m.  —  Ça  Fr.,  p.  U,  —  lohan  Fr.,  p.  52  et  U  ;  lob.  OcbQb» 
"'".  —  BeniU)  Gftrcia.  p.  54.  Nous  u  avons  pas  Irouvé  d'endroit  portant  ce  ootn, 
\  «»•  rout«  ptrlaai  d^Oca&ti  et  allaul  au  sud  porl«  ie  nom  de  route  de  ViUapû^ 

*  pages  41  »  45  el  (SorrostroBJ  p.  68. 

•ursit  tuflsi  dû  demander  ce  quVtaît  devenu  le  Ban^  de  IVrafant  recueilli. 
l  Haire  «uUe*,  le  manteau  blanc  doal  il   aurait  été  couvert  ea  veuitii  de  Tolodo 
%  U  tûpa  doal  il  lurmit  clé  couvert  sur  la  route  de  Teffîbletjtic  à  La  Guardia 


1 


H 


214  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

dans  les  pièces,  mais  en  demandant  à  les  voir,  on  aurait  par  tro]^ 

embarrassé  les  accusés,  cela  aurait  tout  compromis,  le  tribuna , 

fut  discret  et  se  garda  d*insister. 

II  ne  se  montra  pas  non  plus  curieux  de  savoir  si  le  rabbin  MoSi^ 
Abenamias,  de  Zamora,  existait  et  avait  entendu  parler  de  sorti — 
lège  que  Benito  Garcia  aurait  été  chargé  de  lui  demander. 

Une  instruction  sérieuse  et  loyale  se  fût  surtout  efforcée  4^ 
savoir  si  réellement  il  avait  disparu  quelque  part  un  enfant  cliré — 
tien.  On  ne  manquait  pas  d^indications  sur  ce  point.  Yucé  Franco, 
après  avoir  dit  d'abord  qu'un  enfant  avait  disparu,  vers  l'époqDLe 
(iu  crime,  à  La  Guardia,  et  un  autre  à  Lille,  dit  plus  tard  que  l'en- 
fant crucifié  avait  été  amené  de  Tolède  parîohan  Franco,  et  lohan 
Franco  avoua  lui- môme  qu'il  avait  pris  l'enfant  à  Tolède,  où 
il  l'avait  trouvé  flânant  près  de  la  porte  du  Pardon  de  la  cathé- 
drale ;  Benito  Garcia  confirma  cet  aveu  et,  d'après  un  tiers,  lohan 
de  Ocafïa  aurait  dit  la  môme  chose*.  Cependant,  interrogé  par  le 
tribunal,  lohan  de  Ocafia  dit  tout  autre  chose  *  :  selon  lui,  Tenfant 
avait  été  pris,  par  Mosé  Franco,  à  Quintanar,  et  tandis  que  les 
autres  ne  connaissaient  ni  le  nom  ni  la  famille  de  Tenfant,  lohan 
savait  que  le  père  de  Tenfant  était  Âlonso  Martin,  de  Quintanar. 
La  disparition  d'un  enfant  fait  du  bruit,  la  police  s'en  préoccupe, 
les  voisins  s'en  inquiètent,  on  en  parle  dans  la  ville  et  les  environs. 
Pourquoi  l'inquisition  n'a-t-elle  pas  cherché  à  découvrir  à  Tolède 
les  parents  de  l'enfant  crucifié?  Pourquoi  n'a-t-elle  pas  recherché 
cet  Alonso,  de  Quintanar?  Pourquoi  aucune  enquête  à  Lille  et  à 
La  Guardia  ?  On  a  dû  chercher  un  peu,  nous  voulons  le  croire,  û 
on  avait  pu  trouver  des  parents  d'un  enfant  disparu,  on  les  aurait 
produits  comme  témoins  à  charge;  évidemment,  il  n'y  avait  pas 
trace  d'un  enfant  disparu. 

La  question  de  date  est  un  des  points  délicats  de  Taffaire.  U  est 
incroyable  que  l'instruction  ne  soit  pas  arrivée  à  une  condosioa 
sur  ce  sujet,  et  que  la  sentence  finale  évite  prudemment  d'en 
parler.  Quand  on  a  commis  un  crime  de  ce  genre,  on  s'en  souvient, 
on  sait  à  quelle  époque  il  a  été  commis,  et  cependant,  à  part  Tuoé 
Franco,  aucun  accusé  ou  témoin  n'est  interrogé  sur  cette  date. 
Quant  à  Yucé  Franco,  dans  les  premiers  temps,  il  tâtonne  et  bat 
la  campagne  :  iMl  y  a  trois  ans,  Alonso  lui  a  dit  qu'une  fois,  ue 
vendredi  saint,  lui,  Alonso,  et  ses  frères  avaient  Itié  un  etifcd 
chrétien  ;  2<»  il  y  a  quatre  aiis,  on  Ta  prié  de  prendre  part  à  on 
sortilège  avec  hostie^  mais  il  a  refusé  ;  3^  il  y  a  quatri  ow,  on 

*  Vucé  Kranco,  p.  4i  et  82  ;  lohan  Franco  et  Benito  Garcia,  p.  95  ;  I9  tien,  p.  \\% 


LE  SAINT  ENFANT  DK  LA  GUARDIA 


21» 


a  dit  qu'on  avait  fait  un  soTtilège  avec  un  cœur  et  une  hostie  ; 

il  y  a  trois  ans,  Alonso  et  Benito  Garcia  volent  une  hostie^  et 

Yuc*5,   la  porte  à  Tolède,  au  rabbin   Pères  K  II  est  certain 

'une  au  moins  de  ces  allégations,  la  seconde,  se  rapporte  à  un 

'tait  qui,  suivant  Yucé,  se  serait  passé  aott^rieurement  à  notre 

affaire  et  n'a  rien  à  voir  avec  elle  **  La  quatrième  allégation  parait 

l^^treune  variante  imaginaire  tîu  voyage,  vrai  ou  prétendu,  lait  par 

enito  Garcia,  auprès  de  B,  Abenamias,  à  Zaniora,  et,  de  fait,  le 

tribunal  n'a  donné  aucune  suite  à  cet  aveu  de  Yucé  Franco.  Il  n'a 

a»  considéré  non  plus  comme  des  faits  à  part  ou  comme  des  faits 

[t^eUce  que  raconte  Yucé  Franco  dans  les  deux  premières  allé- 

âtions  rapportées  ici.  Pour  nous,  les  liésitalions  de  Yucé  Franco 

ûonirent  qu1l  cherche  à  deviner  ce  qu'on  attend  de  lui  et  ce  qif  on 

Put  qu'il  dise, 

U  finit  par  se  (aire  un  système  qui  parait  convenir  au  tribunal  : 
crime  du  crucitienient  a  eu  lieu  dans  la  première  réunion,  en 
carême,  avant  Pâques  fleuries  (dimanche  des  Rameaux?)  •\  il  y  a 
environ  trois  ans*  (nous  verrons  tout  à  Theure  ce  qu'il  faut  en- 
tendre par  là)  ;  la  seconde  réunion  (conjuration  avec  le  cu?ur  et 
l'hostie)  â  eu  lieu  quinze  jours  ou  un  peu  plus  de  quinze  jours 
3ï>rès  la  première^  ;  enfin,  la  troisième  réunion  (entre  Tembleque 
^t  La  Guardia,  où  Benito  Garcia  a  été  envoyé  à  Zamora),  a  eu 
'^Bu  six  mois  plus  tard  ".  Examinons  ces  dates  de  plus  près, 

Déjà  surie  dernier  point  Yucé  Franco  est  eu  contradiction  avec 
'lû-méme.  Le  même  jour  (19  juillet  1491)  où  il  met  la  première 
''^Union  à  environ  trois  ans  en  arrière,  il  dit  que  la  troisième 
ï^^uriion  a  eu  lieu  il  y  a  environ  deux  ans,  ce  qui  met  entre 
Ist  première  et  la  troisième  réunion  un  espace  d'un  an,  et  non 


^^   EofdDt  tué  Vendredi  saint,  p.  2S,  n»  7  (lémoif^napro  d'octobre  i490|.  —  Hosli« 
*'d  y  ftquttlronna,  p.   30,  a»  10  (témoignage  du  10  avril  lAUl).  — »  Cmur  ut  hosùe, 
31,  n*'  12  (9  juin  1 491),  —  Hoalie  volée  par  Benito  Gureiit  cl  portée  à  Tolède^  p.  33, 
'13  (9  avril  U91)* 

\  *  €«tft  csi  prouvé  par  le  pa^fisf^e  de  la  p,  51  ^  où  Yuce  park  du  voyage  à  Murcie 
|l'il  fl  fait  à  coUu  époque,  et  dout  il  parle  aussi  ici  p.  30. 

i  '  P.  44.  Une  autre  (ois,  il  parle   du  Vendredi  iaint^  mais  «ans  qu^on  puisse  dire 
fi\  soit  queitioo,  ici,  du  m^me  crime  (p,  m), 

l*  Eq  rapprochant  ce  qu'il  dît  le  soir  du  10  juillet  1491  (p.  42)  de  ce  c|uHl  avait  dit 
bord  et  en  premier  lieu  le  matin  du  même  jour  (p.  40),  on  voit  qu(^  er:  cliiirre  de 
tfùl^  ans  U'est  pas  bien  a5r^  même  à  ce  muiueut,  c^ir  on  no  l'obtient  que  par  inter- 
^jrëtadon*  De  plu»,  6i  Taccufé  était  absolumeut  aûr  que  le  crime  ail  eu  lieu  en  ea- 
time^  ou  un  vendredi  &ajuU  il  saurait  la  date  très  exuciemeul,  et  ue  dirait  pas  :  <  11 
MOt  y  avoir  Iruts  ans  ««ce  qui  est  eu<x>re  bien  va^ue. 
bi  P8g<<8  81  «t  87. 

Vi  pttge  l>7.  Confirmé  par  lohun  (Icima  et  Bcniln  Gercid  dans  une  de  ces  conCron- 
g^gi^tm  dont  lo  résultat,  nous  ravons  dit,  nous  paraît  IrèB  suspect. 

^ 1.  .^^^ 


216  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  six  mois,  comme  il  l'avait  dit'.  Mais  ceci  n'est  rien  encore. 

C'est  le  19  juillet  1491  (il  faut  le  rappeler)  que  Yucé  dit  que  le 
meurtre  de  l'enfant  a  eu  lieu  il  y  a  environ  trois  ans.  Il  savait  très 
bien  compter*  et  on  ne  peut  pas  soutenir  qu'il  n'avait  qu'une 
notion  vaj^ue  du  temps  qui  s'étaU  écoulé  depuis  le  prétendu  crime. 
Ces  trois  ans  nous  reportent  donc  vers  le  milieu  de  juillet  1488, 
ou,  si  l'on  place  le  meurtre  en  carême,  vers  fin  mars  ou  commen- 
cement d'avril  1488  (le  vendredi  saint  de  1488  tombe  le  4  avril), 
ce  qui  ferait  3  ans  et  3  mois  et  demi  environ.  11  ne  nous  parait  pas 
possible  de  supposer  que  Yucé  Franco  parle  de  l'année  1489,  le 
vendredi  saint  de  1489  était  le  17  avril,  delà  au  19  juillet  149111 
n'y  aurait  eu  que  2  ans  et  3  mois,  c'est  un  espace  de  temps  trop 
court  pour  équivaloir,  en  chiffres  ronds,  à  «  environ  3  ans  ».  Yucé 
Franco  parle  donc  bien  de  Tannée  1488. 

Mais  alors  une  grave  objection  se  présente.  C'est  Benito  Garcia, 
on  se  le  rappelle,  qui  .fut  chargé  de  porter  à  Zaraora  le  cœur  de 
l'enfant  crucifié,  et  c'est  au  moment  où  il  approchait  du  but  de  son 
voyage  qu'il  fut  i)ris  à  Astorga.  Le  6  juin  1490,  il  fut  interrogé  par 
Pedro  de  Villada,  alors  à  Astorga,  et  il  est  problable  que  cetinte^ 
rogatoire  eut  lieu  le  jour  ou  le  lendemain  de  son  arrestationMl 
est  difficile  de  supposer  qu'il  ait  attendu  des  mois  et  des  années 
pour  porter  le  cœur  à  Zamora,  ou  que  son  voyage  ait  duré  bien 
longtemps.  Il  sera  parti  de  La  Guardia  en  mars  ou  avril  1490.  Si, 
comme  le  veut  la  sentence  prononcée  contre  lui  par  l'inquisition, 
il  était  parti  après  la  seconde  réunion,  qui  est  censée  avoir  eu  lieu 
quinze  jours  après  le  meurtre  de  l'enfant,  ce  meurtre  aurait  eu 
lieu  en  février  ou  mars  1490.  Si,  au  contraire,  on  admet  (comme 
lèvent,  avec  plus  d'exactitude,  la  sentence  prononcée  contre  Yucé 
Franco)  que  Benito  Garcia  soit  parti  après  la  troisième  réunion, 
et  si  l'on  se  rappelle  que  cette  troisième  réunion  a  eu  lieu  six  mois 
ou  un  an  après  la  première,  le  meurtre  de  l'enfant  remontera  à 
l'automne  1489  ou,  au  plus  tard,  à  fin  mars  1489.  Aucune  de  ces 
dates  ne  s'accorde  avec  celle  de  février-mars  1488  qui  est  indiquée 
par  Yucé  Franco,  elles  en  diffèrent  respectivement  d'un  an,  dix- 
huit  mois  et  même  deux  ans.  Il  y  a,  sur  ce  point,  contradiction 
flagrante  entre  les  faits  et  le  témoignage  de  Yucé  Franco,  sur  le- 
quel repose  presque  toute  la  prévention. 

'  P.  41.  C'est  probablement  à  cette  troisième  réunion  que  fait  aUusion  le  passige 
de  p.  30  où  il  est  question  de  deux  ans. 

*  Preuve  p.  59  :  le  16  sept.  1491,  il  se  rappelle,  à  quelques  jours  près,  la  datent 
son  entrevue  avec  le  faux  rabbin  dont  il  est  question  plus  loin,  entrevue  qui  a  eu 
lieu  à  Sé«:ovie  le  26  octobre  1490. 

'  P.  :)9,  Qo  33.  Si  B.  G.  avait  été  arrêté  plus  tôt,  notre  objecUon  deviendrait  encore 
plus  forte. 


LK  SAfNT  ENFANT  DE  LA  GUAHDIA 


W 


Voiîà,  on  en  convieinlra,  une  cuiLstatation  curieuse  et  que  les 
I juges  auraient  du  faire,  s'ils  s'*^taient  préoccupés  d'autre  chase  que 
I  de  condamner  leurs  prisonniers.  Pour  tirer  au  clair  la  question  de 
date,  ils  auraient  bien  dû,  aussi,  interroger  sur  ce  point  d'autres 
accusés  ou  témoins  que  Yucé  Franco.  De  plus,  iJ  était  indispensable 
de  rechercher  la  date  de  la  mort  des  trois  Juifs  impliqués  dansFaf- 
faîre  et  dnjà  décédés,  On  a  vu,  plus  îiaut»  qu'en  octobre  1490,  Yucé 
Franco  dit  qu'il  avait  été  cliez  Alonso  il  y  avait  environ  trois  ans 
(donc  vers  octobre  1481  *),  et  qu'à  cette  époque  Alonso  lui  parla 
de  don  David  comme  d'un  Juif  mort  au  moins  depuis  quelque 
temps.  S'il  est  exact,  comme  nous  avons  essayé  de  le  prouver  plus 
haut,  que  ce  David  est  notre  accusé  David  île  Perejon*  que  tous  les 
témoignages  donnent  comme  un  des  complices  du  crime,  c'est  une 
preuve  que  lous  ces  témoignages  sont  taux.  David  de  Perejon  n'a 
pas  pu  assister  au  meurtre  de  Tenfant,  puisqu^il  était  mort  long- 
temps auparavant,  et  qui  sait  si  Yucé  Tazarte  et  Mosé  Franco  ne 
rataient  pas  également  1 

On  voit  ce  qu'il  y  a  de  suspect  et  d'obscur  dans  cette  question 
de  date*  11  n'est  pas  impossible,  à  notre  avis,  de  trouver  Torigine 
du  système  chronologique  qui  a  flni  par  prévaloir  chez  Yucé  Franco 
^t  dont  Tinquisition  s'est  coiite^itée,  sans  oser  cependant  Tadopter 
furmellement.  Un  témoin  produit  par  i'accusatïon,  Gabriel  San- 
chez»  sacristain  de  La  Guardia  et  oncle  de  notre  Alonso»  dépose, 
le  18  novembre  14vJi,  qu1i  y  avait  environ  detix  ans,  une  hostie 
*ui  avait  été  dr^mandét;  par  Alonso  et  qu*il  Favait  donnée  pour 
Monsoà  Benito  (iarcia*.  Ce  témoin  avait  eu  des  relations  avec 
ïes  accusés  dans  la  prison  \  l'hostie  dont  il  parle  est  censée  avoir 
servi  au  sortilège  Tait  par  eux.  C'est  lui,  il  nous  semble^  qui  leur 
f^t>uniit  la  date  de  deux  ans  que  Y^ucé  Franco  est  obligé  de  ré- 
l*^ter  et  quil  apjdique  à  la  troisième  réunion  des  conjurés.  Les 
î^Uires  dates  données  par  Yucé  Franco  s'ensuivent  par  voie 
^^  déduction. 


*  Lt  visite  faile  par  Yucé  Franco  À  Alonso  a  eu  lieu  peu  do  temps  avant  la  Ph<{ue 
Mv6,  cela  résulte  avet;  évidence  du  texte.  Si  telle  doit  se  placer  en  1487  fPàque 
l^ive^  S  BTht)^  elle  aura  eu  lieu  traÎB  ans  et  demi  avant  octobre  1490;  si  elie  doit 
le  plAcer  «n  148S  [Pàque  juive^  2'J'  mars),  ellis  aura  eu  lieu  deux  ans  et  demi  avaml 
ûctûbre  lilHj.  Uu  ne  compreud  pas  pourquoi  Yucé  rrauco  tie  compte  pas  avec  plus 
de  pfécLsiûQ^ 

*  Sans  compter  une  autre  hostie  qu'il  donna  ou  Uîssa  prendre  à  Benito  Garcia 
p,  109-110).  —  Pour  la  conversation  qu'il  rapporte,  voir  p.  lîl,  n»  65. 

*  P.  111-H2. 


218  REVUE  DES  ETUDES  jnVES 


VI 


On  met  quplque  importance  '  à  un  prétenda  aven  que  Yucé 
Franco  aurait  fait,  à  S(^govie.  à  ce  Frère  Alon«o  déguisé  en  rabbin 
qui  était  venu  le  voir,  et  on  veut  y  trouver  la  preuve  qu'il  y  a  eu 
réellement  un  enfant  tué.  Nous  n'avions  d'abord  accordé  aucune 
attention  à  cet  incident,  mais  la  valeur  qu'on  lui  donne  nous 
oblige  à  l'examiner  de  plus  près  *.  Yucé  Franco  venait  d'être 
arrêté,  son  inquiétude  était  si  vive  qu'il  tomba  malade  et  crut 
qu'il  allait  mourir.  L'inquisition  lui  dépêcha  uu  médecin,  Antonio 
d'Avila,  qui  savait  l'hébreu  et  qui  était  chargé  d'espionner  ses 
clients  ;  Yucé  Franco  le  pria  de  faire  en  sorte  que  l'inquisition  lui 
envoyât  an  Juif  pour  lui  faire  réciter  les  prières  que  disent  les 
Juifs  quand  ils  vont  mourir  (un  judio  que  le  dixiese  las  cosasque 
disen  los  judios  quando  se  quieren  morir).  Au  lieu  d'un  Juif,  on 
lui  envoya  le  Frère  Alonso  Enriques,  déguisé  en  Juif  et  qui  se  fit 
passer  pour  Rabbi  Abraham.  Le  médecin  Antonio  assista  à  l'en- 
tretien, lequel  eut  lieu  probablement  le  18  ou  le  19  juillet  1490. 
Le  Frère  Alonso  demanda  à  Yucé  Franco  pourquoi  il  avait  ét^ 
arrêté.  D'après  Antonio,  Yucé  aurait  répondu  qu'il  était  arrêté 
«  à  cause  d'un  jeune  garçon  qui  était  mort  en  une  semaine  sainte, 
en  manière  de  Jésus,  il  pouvait  y  avoir  onze  ans  •  »  et,  de  plus, 
Yucé  aurait  recommandé  à  Alonso,  en  hébreu,  de  garder  un  silence 
absolu  là-dessus  et  de  n'en  rien  dire  à  personne,  sauf  au  rabbin 
Abraham  Seneor,  probablement  rabbin  des  Juifs  de  Ségovie.  Le 
Frère  Alonso,  interrogé  le  26  octobre»1490,  dit  à  peu  près  la 
même  chose  :  il  avait  demandé  à  Yucé  pourquoi  il  avait  été  arrêté, 
lui  et  les  autres  de  La  Guardia,  et  Yucé  aurait  répondu  que  c'était 
«  pour  la  mort  d'un  garçon  qu'on  avait  tué  en  manière  de  Jésus,» 
et  lui  aurait  fait  la  recommandation  dont  avait  déjà  parlé  Antonio. 
Environ  huit  jours  plus  tard,  Alonso  visita  de  nouveau  Yucé, 
probablement  en  présence  d'Antonio ,  mais  cette  fois  Yucé  ne 
voulut  rien  dire,  «  montrant  une  grande  crainte  que  ledit  Anto- 
nio d'Avila  ne  pût  soupçonner  quelque  chose  »  *.  Enfin,  le  16sep- 

>  M.  S.  Bflrger,  dans  Tarticlc  cité  au  commencement  de  ce  travaU. 

>  Il  est  raconté  aux  pages  56  à  59,  n*»»  29  à  32. 

'  «  Que  estava  preso  por  un  nahar  que  avia  muerto  en  una  semana  santa,  podhi 
aver  onze  anos,  por  otohays.  »  Nous  rappelons  que  otohays  est  w^KTï  "în'Wï  •  ^ 
homme  »,  c'est-à-dire  Jésus.  —  Cf.  notre  p.  223,  note  1. 

^  «  Mostrando  tener  gran  miedo  del  dicho  Antonio  de  Âvila,  que  non  bairantu» 
algo.  . 


LE  SAINT  ENFANT  DE  LA  GUARmA  210 

mbre  1491,  Yucé.  interrogé  sur  ces  entrevues»  dit  que  le  faux 
"Rabbin  Abraham  (qu'il  parait  encore  prendre  pour  un  vrai  JuiQ 
lui  tlemanda  pourquoi  on  l'avait  arrêté»  le  conjura  de  lui  dire  co 
qu'il  savait,  lui  promettant  d'amener,  s'il  le  fallait,  le  rabbip 
Abraham  Seneor,  et  que  ïuî  Yucé  répondit  qiril  était  arr^'té  a  à 
cause  de  la  mort  d'un  garçon,  laquelle  avait  été  en  manière  de 
Jésus.  Yucé  Franco,  interrojîé  par  ledit  Seigneur  inquisiteur  sur 
ce  que  signifiaient  les  paroles  qu'il  avait  dites  (à  cette  occasion,  à 
Alanso)  eu  hébreu,  répondit  qu'il  avait  voulu  désigner  par  là  le 
cas,  déjà  déclaré  par  lui  (devant  Tinquisition),  de  lenfant  qu'a- 
vaient crucifié  les  Franco  (à  La  Guardia)  et  loljan  d'Ocana  et 
Benito  Garcia  S  » 

Nous  croyons  qu'on  n'attaclierait  aucune  importance  à  cet 
^pi^ode  de  notre  procès,  s'il  n'était  entouré  de  certaines  circons- 
tances qui  induisent  en  erreur  le  lecteur  chrétien.  On  s'imagine 
d'ahord  que  Yucé  Franco,  croyant  être  à  Tarlicle  de  la  mort,  a 
«iû  confesser  ses  péchés,  pour  que  le  faux  rabbin  lui  donnât  l'ab- 
fcolution,  et  a,  par  conséquent,  révélé  la  vérité.  Mais  une  pareille 
c^Ontession  n'ejtiste  pas  dans  le  Judaïsme,  les  agonisants  récitent 
ane  confession  générale  suivant  une  formule  consacrée»  ib  ne 
tiernandent  pas  Tabsolution  et  le  ral)î)in  n'a  pas  autorité  pour  la 
Jêur  donner.Yucé  Franco  demande  à  dire  la  prière  des  agonisants, 
rîea  de  plus.  On  s'étonne  qu'il  ait  parlé  hébreu,  preuve  qu'il  con- 
tait un  secret  au  faux  rabbin,  mais  d'abord  nous  doutons  fort 
■  «Iii'ii  ait  su  véritablement  parler  en  Ju'-breu,  c'était  un  jeune  arti- 
Bi^n  probal)lement  ignorant,  la  communauté  juive  où  il  vivait 
^B^^t  une  |jetite  communauté  perdue,  où  il  ify  avait  même  pas  de 
^^^toagogue.  ni  probablement  de  rabbin  ou  d'instituteur.  Tout  ce 
îu'il  «avait,  en  fait  d'hébreu,  c'était  sans  doute  les  quelques  mots 
^Ue  les  Juifs,  en  Kspagne  comme  partout  ailleurs,  entremêlaient 
^  U  laiîgue  du  pays,  tels  que  ceux  que  citent  les  témoins  (naarj 
•*»<(a,  olohaïs).  Les  deux  espions  Antonio  et  Âlonso  ont  besoin 
^  savoir  Thébreu  pour  comprendre  ces  mots,  Alonso  dit  formelb> 
ïïïent  que  Yucé  lui  parla  en  cette  langue  éraaillée  d'iiébreu  (en 
^ayco  y  romance  ;  medio  ebrayco  e  medio  romance).  C*était  la 
larïgtie  courante  dont  les  Juifs  espagnols  usaient  entre  eux,  sur- 
tout sans  doute  celle  de  la  classe  inférieure,  à  laquelle  appartenait 
Ifucë»  et  si  Yucé  s'en  sert  avec  le  faux  rabbin,  il  ny  a  pas  là  le 


'  •  iJvLw  eslavii  alii  er«  »ohre  tma  mita  (=r  fin*'»)  ée  un  ttahar^  que  nvie  seido 
comme  de  l«  ma  ne  m  de  ôtohûys,  Fuelo  pre^^unlado  al  tlicho  Yucé  Franco  por  e( 
dicho  Seôor  inquiïiidQr  que  en  ctîtaB  palubrus  que  dixocn  ebrujco  (|y€S  lotjue  qucrii 
dfltttr.  Dîxo  e«le  dicho  iesiî^o  que  quons  désir  el  cuso  que  declarado  («ntt  del  nifio  qu« 
crucificaron  los  Francoe  é  loban  de  Ucafia  é  Beuilo  Giircia.  ■ 


220  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

moindre  mystère.  11  n'y  en  a  pas  davantage  ou  plutôt  il  n'y  a  pas  . 
mystère  qu'on  croit  dans  la  recommandation  qu'il  fait  à  Alonso  ^ 
garder  le  silence,  si  toutefois  il  est  vrai  qu'il  ait  fait  cette  recom- 
mandation ;  nous  n'avons  là-dessus  que  le  témoignage  des  deux 
espions,  et  il  est  permis  de  ne  l'accepter  que  sous  bénéfice  d'i/i- 
ventaire.  Mais  nous  nous  expliquerons  tout  à  l'heure  sur  ce  point. 
Si  l'on  veut  bien  tenir  compte  des  observations  qui  précèdent, 
on  conviendra  qu'il  n'y  avait  aucune  raison  pour  que  Yucé  allât 
confesser,  môme  à  un  coreligionnaire,  le  crime  qu'il  aurait  com- 
mis. A  quoi  bon  une  pareille  imprudence  ?  Ce  qui  s'est  passé  est 
bien  simple  :  on  demande  à  Yucé  pourquoi  il  a  été  arrêté,  et  il 
répond  qu'i/  est  accusé  d'avoir  été  complice  de  la  mort  (Tm 
enfant  chrétien  tué  en  manière  de  Jésus.  Il  répète  la  prévention, 
rien  de  plus,  et  il  serait  absurde  qu'il  en  dit  davantage,  quand 
môme  il  serait  coupable;  il  en  aurait  dit  beaucoup  plus  qu'on  ne 
lui  demandait.  Si  ses  paroles  avaient  été  prises  pour  un  aveu, 
Tinquisition  ne  lui  aurait  pas  permis  de  persister  dans  ses  déné- 
gations pendant  une  année  entière,  on  l'aurait  convaincu  tout  de 
suite  de  mensonge.  Mais  qu'on  prenne  les  paroles  que  nous  avons 
soulignées  plus  haut,  et  qu'on  voie  combien  il  était  facile  à  An- 
tonio et  à  Alonso  de  leur  donner  un  sens  qu'elles  n'ont  pas  :  au 
lieu  d'wn  enfant  chrétien  [qu'on  prétend  avoir  été)  tué  en  m- 
nière  de  Jésus,  on  peut  très  bien  dire  :  un  enfant  chrétien  (quia 
été  etfectivemeni]  tué  en  manière  de  Jésu^.  Yucé  lui-môme,  qui 
était  sans  culture,  n'était  pas  assez  initié  aux  secrets  du  mode 
conditionnel  des  verbes  pour  ne  pas  se  tromper  sur  ce  point.  Mais 
nous  allons  plus  loin  :  Yucé  a  pu  très  bien  croire  que  les  Franco, 
qui  n'étaient  pas  juifs  (on  se  le  rappelle),  avaient  effectivement 
tué  un  enfant;  ou  bien,  sans  le  croire  et  sans  avoir  là-dessus 
aucune  opinion,  il  n'avait  aucune  raison  pour  ne  pas  accepter  sur 
ce  point  les  affirmations  de  la  prévention,  il  n'était  pas  chargé  de 
disculper  ni  les  Franco,  ni  lohan  de  Ocafia,  ni  Benito  Garcia;  on 
lui  disait  qu'ils  avaient  tué  un  enfant  en  manière  de  Jésus,  il  vou- 
lait bien  le  croire  et  n  y  pas  contredire;  on  l'avait  arrêté,  disait-il, 
à  cause  de  cet  enfant  tué  efifectivement,  à  ce  qu'on  assurait,  par 
les  Franco.  Mais  alors,  pourquoi  recommander  le  silence  à  Alonso, 
si  toutefois  cette  recommandation  a  été  faite  ?  Il  y  avait  de  bonnes 
raisons  pour  cela  :  une  parole  est  bientôt  dite,  elle  se  dénature  en 
circulant,  l'inquisition  aurait  fini  (comme  on  le  fait  aujourd'hui) 
par  tirer  parti,  contre  Yucé,  des  paroles  inoffensives  qu'il  avait 
dites^  on  l'aurait  au  moins  pris  comme  témoin  à  charge  contre  les 
Franco,  et  en  réalité  il  ne  savait  rien,  il  était  donc  mille  fois  plus 
sage  de  se  taire. 


LE  SAINT  ENFANT  DE  LA  GUARDIA  22! 

II  faut  rnmarquer  enfin  qu'au  moment  où  Y uc«  Franco  est  în- 
ir  son  entrptien  avec  Alonso,  il  n^avait  plus  aucun  int*^- 
uter  ou  contester  les  témoif^mages  d*Alonso  et  d'Antonio^ 
nd  même  ils  auraient  été  faux  ou  inexacts  sur  plusieurs  points  : 
I  éUit  en  prison  depuis  un  an,  il  avait  subi  toutes  les  angoisses  de 
t  tarture  et  de  la  mort,  fait  tous  les  aveux  qu'on  avait  voulu,  un 
rea  de  plus  ou  de  moins  ne  chang^eait  rien  à  sa  situation.  A  quoi 
3n  alors  prolonger  la  discussion  ?  Après  toutes  les  preuves  que 
nous  avons  données  de  Tinanité  de  la  prévention,  il  est  impos- 
sible de  soutenir  que  les  paroles  de  Yucé,  si  elles  ont  été  pro- 
Oticées,  si{ïni fient  autre  chose  que  ce  que  nous  avons  dit  :  une 
aple  adhésion  de  Yucé  à  Faccusation  portée  contre  les  Franco. 
Ine  faut  donc  pas  parler  d*un  aveu  accablant  pour  les  Juifs,  il 
Ify  a  pas  d'aveu  du  tout.  Il  faut  encore  moins  parler  de  confession 
\ex(remis;  quand  même  Yucé  aurait  confessé  quelque  chose,  il 
ttrait  anîquement  confessé  pour  les  Franco*,  non  pour  lui;  ce 
ait  une  singulière  confession* 


vn 


Kous  avons  déjà  sî^rnalé  plus  haut  les  contradictions  les  plus 
Dportantes  qui  se  sont  produites  entre  les  témoignages  ou  aveux 
laccitôés  et  raème  entre  les  deux  sentences  de  Tinquisitlon  que 
^possédons.  En  voici  quelques  autres,  qui  n'ont  pas  toutes  la 
!  gravité,  mais  qui  ne  sont  pas  non  plus  sans  intérêt. 
}  Tauteur  du  rapt  de  Tenfant,  d'après  la  plupart  des  témoignages, 
Iloban  Franco,  et  lohan  Franco  en  convient.  Cependant  Yucé 
anro  associe  Garcia  Franco  à  lohan  Francd,  mais  lohan  Franco 
l-mème  parle  du  concours  que  lui  aurait  prêté  Benito  Garcia  et 
liGarcia  Franco  ;  enfin  lohan  de  Ocaiia  accuse  du  rapt  Mosé 

[les  pièces  de  bois  dont  on  fait  la  croix  qui  servira  au  supplice 
Bt  en  bois  d'olivier,  d'après  lohan  Franco  ;  d'après  Benito  Gar- 


^  Reroir  le  passade  de  la  p.  5^^  qiio  nous  mTons  doDDC  plus  haut  et  où  Von  voit 
f  le  t6  septembre  1491  eocore  Yucé  dit  qu'il  avait  voulu  d^si^rn^r  uniquement  les 
fiir^Utns.  —  Hemurquer  fttissi  que  «i  Yucé  Franco  ruisait  une  eonfession  ift  f^- 
,  il  Inî  importerait  (art  p«u  qu'elle  fût  révélée.  Ne  pas  onhlief  aurtûMt ^  dans  tonlb 
)  diAcussiOD,  que  Yucé  n^est  encore  qu'un  adolescent. 
[loliaii  Franco  seul,  p.  82.  95,  112;  lohAu  Fr.  et  Garcia  Fr.«  p.  »8;  lohan  Fr.  et 
.  Garda,  p.  95  ;  Mosé  Fr..  p.  64. 


222  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

cia,  une  des  pièces  est  en  coàrto,  l'autre  est  un  morceau  de  Taxe 
(exe)  d*une  charrette  *. 

L'enfant  est  attaché  par  les  mains  et  les  pieds  aux  bras  de  la 
croix  ;  Benito  Garcia  seul  dit  qu'on  lui  fixe,  en  outre,  les  mains 
et  les  pieds  avec  des  clous  *. 

C'est  Alonso  Franco  qui  lui  ouvre  les  veines  des  bras,  d'après 
Yucé  Franco  et  lohan  Franco  ;  d'après  loh.  Ocana,  c'est  Yucé 
Franco  qui  lui  ouvre  les  veines  *. 

Yucé  Franco  lui  soutient  les  bras  ou  un  bras  pour  faire  éconler 
le  sang,  c'est  au  moins  ce  que  prétend  lohan  de  Ocana*,  qui  parait 
vouloir  charger  spécialement  Yucé  Franco  et  qui  seul  aussi  l'ac- 
cuse d'avoir  ouvert  les  veines  des  bras.  Nous  ferons,  du  reste,  re- 
marquer que  si  les  bras  de  l'enfant  étaient  liés  ou  même  cloués, 
Yucé  Franco  n'avait  pas  à  les  tenir  ou  soutenir. 

lohan  Franco  lui  ouvre  le  côté  et  arrache  le  cœur^  c'est  ce  qu'il 
dit  lui-môme  ;  d'après  Yucé  Franco,  lohan  Franco  a  ouvert  le  côté 
et  c'est  Garcia  Franco  qui  a  arraché  le  cœur  '. 

Le  sang  d'un  des  bras  est  recueilli  dans  un  chaudron,  celui  de 
l'autre  bras  dans  un  pot  de  terre  (lohan  Franco)  ;  il  est  recueilli 
dans  un  chaudron  (Yucé  Franco)  ;  dans  un  chaudron  et  une  écuelle 
(jugement  de  l'inquisition)®. 

L'enfant  est  mort  par  l'écoulement  du  sang  des  bras  ;  Benito 
Garcia  seul  dit  qu'on  l'a  d'abord  étranglé,  pour  faire  cesser  ses 
cris.  D'après  Yucé  Franco,  on  aurait  arrêté  ses  cris  en  lui  met- 
tant un  bâillon,  mais  sans  l'étrangler  '. 

La  caverne,  pendant  le  meurtre,  est  éclairée  par  une  lumière 
(loh.  Franco)  ;  par  un  cierge  (Benito  Garcia)  ;  par  des  cierges  (Yucé 
Franco).  Pour  qu'on  ne  voie  rien  du  dehors,  on  bouche  l'ouver- 
ture de  la  caverne  avec  une  capa  (Yucé  Franco),  avec  une  matUa 
(Benito  Garcia)^. 

L'enfant  est  enterré  par  Garcia  Franco  et  lohan  Franco,  à  ce 
que  dit  Yucé  Franco  ;  mais  lohan  Franco  dit  qu'il  a  été  enterré  par 
lui  et  par  Alonso  Franco  ^. 

L'enfant  avait  3  ou  4  ans,  dit  Yucé  Franco.  Le  médecin  qui  a 
entendu,  à  Ségovie,  la  conversation  de  Yucé  Franco  avec  le  Frère 

1  loh.  Fr.,  p.  52  ;  B.  Garcia,  p.  54. 

»  P.  55. 

»  Yucé  Fr.,  p.  42  ;  loh.  Fr.,  p.  95  ;  loh.  OcaSa,  p.  64. 

♦  P.  54  et  59. 

5  loh.  Franco,  p.  52,  68,  95  ;  Yucé  Fr.,  p.  42-43. 

«  Pages  42.  95,  5/i  et  118. 

'  Benito  (i.,  p.  55  ;  Yucé  Fr.,  p.  42. 

^  Lumière,  pages  54,  55,  44  ;  caverne  bouchée,  p.  44,  55. 

«  Pages  43  et  95. 


LK  SAliNT  EWXWr  !JE  LA  GUARDIA  2» 

tlëgiiîs^^  en  rabbin,  croit  avoir  entendu  que  Yttcé  Franco  aurait  dit 
que  Tentant  avait  onze  £*n9  ' . 

Si  Ton  tient  compte  du  Résttmé  des  sept  procès  dont  nous  avons 
parié  plus  haut,  et  qui  fut  fait,  d'après  les  pièces  originales  de 
notre  procès,  par  des  notaires  de  rinquisition  de  Madrid,  d'autres 

»  contradictions  encore  se  pn^entent.  D'après  ce  Résumé,  il  serait 
acquis  qu'un  Juif  de  Quintanar  (et  non  lohan  Franco)  aurait  vole 
Tenfant  à  Tol»^de-  (ce  Juif  serait  sans  doute  Mosé  Franco,  fils  de  Ça 
Franco,  établi  à  Ouintauar);  le  nom  de  Tentant  aurait  été  Juan 
l(nos  pièces  ne  connaissent  pas  le  nom  de  Tenfant)»  fits  d'AIonso  de 
[Pasanïonles  et  de  Juana  I.a  Guindera  (nos  pièces  nomment,  pour 
le  père,  Alonso  Martin,  de  Quintanar), 


YIIl 


Les  inquisiteurs  ne  font  rien  pour  expliquer  toutes  ces  contra- 
_  notions,  its  ne  font  rien  non  plus  pour  s'expliquer  à  eux-mêmes 
toutes  les  invraisemblances  dont  le  procès  fourmille. 

Et  tout  d*abord,  le  véntaLle  but  de  tout  ce  sortilège  aurait  été 
d*enchanter  les  inquisiteurs  et  de  foire  en  sorte  qu'ils  ne  pussent 
rien  tent<?r  contre  les  quatre  frères  Franco,  qui  craignaient  d'être 
ri»oursuivis  comme  judaisants.  Tous  les  témoins  sont  d'accord  là- 
dessus.  L'inquisition  ne  commença  à  fonctionner  dans  le  diocèse 
de  Tolède,  dont  dépendait  La  Guardia,  quen  mai  1486  \  la  vue 
^G»  auto-da-fé,  des  processions  et  pénitences  publiques  des  sus- 
pects, leur  exposition  au  pilori,  avaient  profondément  ému  les 
quatre  frères  Franco*  Il  n'est  pas  impossible  qu'ils  aient  été  obligés 
^^  prendre  part,  comme  pénitents,  à  ces  humiliantes  cérémonies* 
^t  que  Tun  d'eux  ait  été  exposé  au  pilori,  La  crainte  de  subir  de 
nouveau  une  honte  pareille  a  pu  les  porter  à  chercîier  un  sorti- 
%e  pour  s'en  garantir»  C'est  pour  eux  seuls  que  se  fait  toute  la 
conjuration,  les  Juifs  ne  sont  là  qu'en  spectateurs»  tout  au  plus 


*  Parles  42  et  57,  L^eiptication  donuâe  p^r  M.  FitQ  pour  faire  âc  ces  oaze  ans  deuiE 

Ma  ùtsi  pas  bonne  (voir  Rêvue,  XV,  p.  134).  Nous  nous  demamlons  seulemeol  si, 

m  hca  «le  traduire  par  •  l'entant  poiivait  avoir  ouza  ans  • ,  il  ne  ta  ut  pas  traduire  ptir 

•  ii  t>«ut  T  atoir  de  ceïa  oDxe  onà  i.  Ce  seraU  una  nouvaile  difliçullé  chronologique 

|i  aja«l«r  «m  auUoa,  —  Cf.  notre  p,  2f8,  Dote  3, 

»  lrU)f«iiOf  /,  c,  p.  125. 

i  BoUîîi^  dt  U  Rial  Academia  d$  Madrid,  octobre  1887,  p,  290,  arlîcle  de  M»  FideJ 
P*ila,  L  cxécuUon  [^utma)  qui  aurait  si  graudemeat  elFrayo  les  Franco  serait  du  1 
DU  8  moi   1487^  seule  ^utma  qui  eut  lieu  à  Tolède  entre  août  148G  et  juillet  1488. 

•  a;  p.  83  du  SûHto  Ni9io  de  M.  Fid.  Fila. 


TÀh  HKVCK  DES  ÉTUDES  JnVE5i 

pour  tu}m\i\fiU*r  l«  nombre  dix,  exiç^é  par  les  prescription 
aliMj«i*H  |K)ijr  la  VfllldiW  clf*s  offices  religieux».  Ce  n'est  que 
piMi  qijM  Yiicrt  Frnnc/O,  quand  il  voit  qu'il  faut  €  confesser; 
(|ui«l(|iji*  clioNi)  lA-deHHUH,  en  arrive  à  dire  que  les  Juifs  < 
VMniiN  piu'co  quff,  par  desKus  le  march(^,  on  leur  promettait 
i*.tinnlf«r  Ioun  Ion  cMr6iU*nn,  de  les  faire  mourir  et  d'am( 
lrlc»mplin  du  JndnYHmo  Hur  le  christianisme.  La  sentence  des 
HJtnuni  mol  Ir/^H  Imbllement  en  avant  ce  dernier  motif,  cor 
prinolpnl  ni  Im  pluN  important,  mais  il  est  parfaitement  é 
ipiMI  Joui*  un  nMi^  Mooondnire  dans  les  témoignages  et 
vieuil  «priN«  roup  souh»ment,  comme  expédient,  pour  exi 
^lull^l'l^l  \\[\o  \vH  Juifs  auraient  pris  à  un  sortilège  qui  rej 
unU|utMUi»nl  lf»a  quatrt»  iVtVes  Franco,  Mais  comment  croi 
lo«  olnq  %lut(s,  quoique  superstitieux  qu'on  les  suppose,  ai( 
M'huMtfluor  quo  oo  pîuivn*  sortiUye  servirait  à  extermine 
lt^«  olnvtiou?«  t*l  It»  christianisme  tout  entier  ?  Attendre  un 
o«itnol\an^t»  «ruuo  aussi  jH»tite  cause,  cela  dépasse  les  bor 
U  t\\Ut»  pormiso.  Couuuont  admettre  surtout  qu'ils  aient 
U  \^rtu  ou  on  IVuohantonuMit  d*une  hostie,  qu'ils  regai 
^s^uuuv^  un  s^uuplo  nu^rv'^'Au  de  }viin  *,  et  qui  ne  tire  sa  vale 
^rwu  ^olt^  A*  t\M  ohiNMiow*  Nous  rivons  dit  au  début  d( 
i^tu^lo,  TvïiV  ^lo  ifco  w^rvir  d'uin^  h^xstie  ou  du  cœur  d'un 
hM'^^ouI»^  jvNur  :^îr^^  un  o^K-^hauUi^wh^nt^  ne  pouvait  venir  qi 
^^^^s^v\^'^,và  oîo\*v<  .*s;ir,:i  K^  oïir:^::jiTii^nîe,  comme  Tétaie 
t^>A«.v  ,^^  \  >^  \^^^AY\$vA,c:  r..v,rrïî  :s  ^îî-^  s^u^vr^Iinons  chrétier 

\  ^^^^^^^ .V  ,\v>  v,r\vt  v-  r»,',;  *  s.^^:  >:»:iîr^rrr:;*r,î  ^ans  la  cav€ 
,^^,\w^"^  *  xS^,  >^..WïN.  VSî  ;  .wo..:.'^  ^;':-  :-.f cs;^::rjo  re  s  en  soit 
<^N^  ^'svt'v^s/^,^  y,;t^;  ':\^*i^:^<  .^  ';"s  4:  -ws  v:  x:-r.ïit*$  iie  tant  <3 
wvs^VïAv  '^'f.'is  ><  sj^^v^N  viijx,v'v%^.>v  Si.-*::.^:  •vxr.*  .^-s  j»rî:îe5  le 
^sN^^t'i^v  i  st  ^'v  wf-v  K<  ,•;  V .  »t,  ).o{  4»^    .^1.  >;  : j.-^*'  ,>  r.'.vs*':  res  d« 

w*s^  ^"^  ^^'^  <.»!  Kv  ijk  U^win'V  c*'  -fcwrji':  ;v.a.r:  jl  50:iïr  dan 


><^       V,         !  ,        H      «^^«A^    t«N     ^,^**<    «U 


*•».    N« 


LE  SAtNT  ENTANT  DE  LA  CtîAHDlA  225 

celle  caverne  si  raal  bouchée.  Tout  cela  'est  vraiment  in- 
jûk. 

Le  meurtre  présumé  ne  peut  avoir  eu  lieu,  ai  Ton  prend   les 

olgîiages  au  s*1rienx.  qu'en  cet  enrlroit  où  l'Escorchon  coupe  la 

ï allant  de  La  Guardia  à  Ocafia  [voir  notre  carte)»  mais  Ten- 

nl^ait  caclié»  avant  le  meurtre,  dans  la  hos  de  TAlgodorS  c'est- 


Dûslûrrw/  o^ 


£s&îrcht>iî' 


Mora.   Oj 


La  MPaardm 

°       OltlU 


ÇuinJULîtar 


Carte  des  environs  de  La  Guardia, 

^^  \'À(Ut  pogr-ûficù  d*  le  PtnintuU  îhérira^  de  Valverde  et  ÂWarez,  Mtdrîd, 
^1^.  Erh^Hc  BU  750fÛ(lu«.  Les  traits  ondulés  iDdiquenUes  cours  d'eau  ;  les  autres 
WiU  ludiqiieat  Jcs  route*?. 

Wire*  d'après  M.  Fidel-Fita,  en  cet  entlroit  où  l'Alj^odor  coupe 
l'ifidenne  route  de  Tembleque  à  Mora.  Mais  de^  là  à  la  scène  du 
nrtre  H  y  a  assez  loin  et  nous  ne  savons  si  on   aurait  eu  le 
upide  faire  le  voyage,  d'exécuter  la  longue  scène  du  meurtre, 
Dlissenient,  et  de  rentrer  tranquillement  avant  le  jour*. 


"'  prW  l«s  mesures  prises  sur  noire  carte*  qui  est  au  750,000*,  on  a  li<5  dîi- 
I  fliinioitiis  luiTantei  :  de  La  Guardia  à  TEscorchon,  3  kiLom.  à  3  k.  1/2,  sur- 
Er«ll  fait  aUentioD  cjue  la  cavenm  dais  laquelle  ou  prdlcDd  que  le  crime  a  été 
I  irotivc  au-delà  de  l'Escorchou,  dans  le  monl  de»  Oliviers  (Moreno, 
I8|  ;  dtt  La  (iuardia  ù  Tembleque,  4  à  5  kilom,;  de  Temblequo  à  PAIgodor, 
Puî^c|uVa  prétend  que  )  eofeot  était,  avent  le  crime,  cachi^  prèa  de  TAl-* 
,  jj  Burait  fallu  parcourir  le  cbemiu  soivant  :  de  Tembleque  4i  FAl^^orlor  et 
,  poi«  de  Tembleque  à  La  Guardia  et  de  là  à  rEfiCorcbon^  et  enfin  retour  au 
T.  XV,  K-  30,  15 


23fi,  REVUE  DES  ÉTUDES  JUiytlS 

Le  meurtre  a  lieu  dans  la  semaine  sainte,  on  fait  couler  le  sari^ 
de  Tenfant,  on  recueille  ce  sang.  Ce  sont  des  détails  qui  auraieiif 
un  sens,  si  le  meurtre  avait  pour  but  d'employer  le  sang  de  Veti* 
fantpour  la  Pâque  juive,  qui  tombe  à  peu  près  au  même  temps 
que  la  Pâque  chrétienne  *  ;  mais,  dans  notre  histoire,  ni  la  Pâqu^ 
juive,  ni  le  sang  de  Tenfant  ne  jouent  aucun  rôle.  Evidemment, 
ces  deux  traits  sont  pris  à  la  légende  sur  les  enfants  chrétiens  tués 
par  les  Juifs.  La  légende  opère  ici  sans  discernement,  elle  laisse 
traîner,  dans  le  récit  du  crime,  des  lambeaux  d'autres  récits  qui 
n'ont  rien  à  faire  dans  le  nôtre.  Cette  distraction  la  trahit,  c'est 
elle  qui  est  la  vraie  coupable. 

Le  cœur  de  Tenfant  tué  dans  la  première  réunion  reparaît  dans 
la  seconde  réunion,  quinze  jours  ou  plus  après  le  meurtre.  A-t-il 
pu  se  conserver  jusque-là  *  ?  Mais  surtout  comment  a-t-il  pu  se 
conserver  jusqu'à  la  troisième  réunion,  qui  a  eu  lieu  six  mois  ou 
un  an  plus  tard',  et  pendant  le  long  voyage  de  Benito  Garcia, 
chargé  de  porter  ce  cœur  à  Zamora?  Cela  est  absolument  impos- 
sible. C'est  probablement  pour  échapper  à  cette  objection,  que  la 
sentence  de  Benito  Garcia  intervertit  et  altère  les  faits  delà  faç^n 
que  nous  avons  dit  plus  haut. 

Benito  Garcia,  chargé  de  porter  le  cœur  et  l'hostie  à  Zamora, 
au  rabbin  Abenamias,  est  arrêté  en  route,  à  Astorga,  o;i  le  fouille^ 
et  qu'est-ce  qu'on  trouve  sur  lui  ?  Une  hostie,  à  ce  qu'on  assure, 
mais  pas  de  cœur  ;  pas  de  lettre  non  plus  pour  le  rabbin  Abena- 
mias, et  cependant  on  prétend  plusieurs  fois  qu'il  en  avait  une*. 

Son  itinéraire  est  aussi  une  chose  curieuse.  Pour  aller  à  Zamora, 
il  commence  par  se  rendre  à  Santiago,  tout  à  fait  au  bout  de  l'Es- 
pagne, et  en  traversant  des  chaînes  de  montagnes  d'un  passage 
difficile  ;  puis  il  revient  sur  ses  pas,  se  rend  à  Astorga,  pour  redes- 
cendre de  là,  passer  par  Zamora,  et  retourner  ensuite  à  son  point 


moins  à  La  Guardia,  cela  fait  un  chemin  de  huit  heures  an  moins.  Bu  outre,  l'«c^ 
complissement  du  crime  a  dû  au  moins  durer  deux  heures  :  temps  de  bouclur  li 
caverne,  de  faire  la  croix  et  d'y  lier  l'enfant,  de  laisser  écouler  le  sang,  de  prononcer 
la  longue  liste  des  imprécations  rapportées  parles  pièces,  et  enfin  d'ensevelir  le  «rft 
delà  victime.  Le  tout  aurait  demandé  au  moins  dix  heures.  Si  l'eufsnt.  avait  été 
amené  de  Quintanar,  comme  l'indique  le  Résumé  des  sept  procès  (Moreno,  p.  12*)» 
le  temps  nécessaire  aurait  été  au  moins  aussi  long,  car  de  Quintanar  à  La  Gnitdii 
il  y  a  au  moins  32  kilom. 

'  Il  est,  du  reste,  intéressant  de  remarquer  que,  dans  les  années  1487,  1488,1^9, 
la  Pâque  juive  tombe  respectivement  les  8  avril,  29  mars  et  17  mars,  tandis  qoftli 
Semaine  sainte  ne  commence  respectivement  que  les  10,  1*'  et  14  avril. 

•  Garcia  Franco  y 'met  t  un  peu  de  sel  »  lors  du  meurtre  (p.  43),  ceU  suffit-il  Y 

•  Preuve  que  ce  cœur  a  dû  figurer  à  cette  troisième  réunion,  p.  67,  68  et  87,  sus 
compter  la  sentence  contre  Yucé  Franco,  p.  105. 

•  i^i(/.,et  p.  41. 


LE  SÂmT  ENFANT  DE  LA  GCARDiA  227 

►départ  par  le  chemin  le  plus  court!  Nous  croyons  volontiers 
fU  a  été  à  Santiago,  du  moins  il  y  avait  quatre  ou  cinq  ans  aupa- 

nt*  ;  il  est  sûr  qu  il  était  à  Astorga,  puisqu'il  y  a  été  arrêté  ; 

I  voulons  même  croire  qu  il  portiiit,  en  ellet,  à  ce  moment»  une 
^je,  c'est  peut-être  le  seul  point  bisturique  de  toute  cette  altaire, 

nous  nous  refusons  absolument  â  croire  qu'il  soit  allé  de  La 
ardia  à  Santiago  pour  se  rendre  à  Zamora  *. 


lu^o 


AumoTû 


Ksioryu 


Âvila 


Tolède 


iHADHID 


Mupcie^ 


CaKT1£  pour  les  voyages   de  BkNITO  GARCfA. 

fojci  enfin  une  dernière  remarque,  et  qui  a  son  importance. 

Jit^  conversations  que  Benito  Garcia  et  Jucl^  Franco  ont 

rit»  dans  la  prison,  à  Tabri  de  toute  surveillance,   et  où 

fpeuvent  8*expliquer  librement,  Benito  Garcia  dit  que  la  justice 

ûnf|uii^iteurs  n'est  pas  justice  et  que  tout  ce  procf^s  a  été  uni- 

aetil  intenté  pour  confisquer  les  Liens  des  accusés  en  vertu  de 

de  mort  qu*on  prépare  contre  eux  ^/Benito  Garcia 


r  \tm  dUlsiK««  indicjuécs  por  un  guide  des  chemins  de  'lor  ospapnols,  il  y 

lûdrid  à  Ziimon,  290  u  30n  kiiom.*,  de  Mudrîd  à  Suutiiigo,  6:hi  à  67(t  kilom. 

QATtia,  en  ftU&Dl  de  ta  Guardia  à  Zi»mora  par  âaiitiagaf  au  iiuu  d\v   aller 

Bl«  ftursit  doo«;  Ttii  près  de  700  kiiotu.  de  trop. 

(Wi  ta  le  9C<a9  d«fi  deux  passades  de  p,  35  et  p.  36  :    ■  Todo  esio  non  cm 

é  iioo   to  fastau  sulvo   por  quemarlua  l^  lotuarlca  sus  tàùeadftS.  •  -*   •  Pof 

.  la«  lenun  preauf,  é  qou  par  oira  vubv*  • 


£OK  REVUE  DES  LTLDES  JCITES 

;»tjr;iit-il  pu  parler  ainsi  à  Yucé  Franco,  s'ils  aTiknt  réëk 
/^orrirnJN  li;  crime  dont  ils  (étaient  accusés,  s'ils  avaient  assislél 
rl^'iix  fju  meurtre  de  Tenfant  et  aux  antres  conciliabules  desa 
M^'H?  Kvidemment  ces  deux  hommes  étaient  innocents,  et  I 
riilwtolre  n'est  qu'une  invention  *. 


IX 


Ouel(pieH-unH  des  accusés  sont  particulièrement  dignes  d'inspirer 
un  vH  Nentiment  de  pitié  et  de  sympathie.  Cest  d'abord  ce  Tie&- 
liinl  de  (puitn^-vintJ^ts  ans,  qu'on  met  à  Thorrible  torture  de  leiii; 
<it  ru  pHuvre  Yucé  Franco,  qui  n'a  peut-être  pas  vingt  ans, ipi 
vil  iilk*Krenient  de  son  métier  de  cordonnier,  simple  et  naïf  cornai 
un  lioninie  (hi  pt^uple  *,  et  sur  lequel  Tinquisition  compte  sartort 
pour  Inihlr  n(>s  prétendus  complices.  Bien  touchants  aussi  sort 
r.nw  (puilre  h'f^res  Alonso,  qui  ont  la  nostalgie  du  judaïsme  et  qri 
ni^eiit  iiviM»  l'inquisition  pour  accomplir  en  cachette  quelqae  ptt- 
llqu«'  de  la  n^hjîion  juive*.  Ils  doivent  se  sentir  bien  heareml 
quiind  lU  ptMivent.  une  fois,  s'abstenir  de  manger  ierefa^  observer  I 
qunlqueH  riltm  dt»  la  PAque,  entendre  \QSChofar,  s'asseoir  dans  une 
Hmuui,  j«M^ui»r  It»  hipino\  manger  avec  des  Juifs  et  entendre  dim 
lu  iM^ui^dh'lloh  du  moçi  et  la  berahha  finale,  offrir  un  don  ott 
de  riinilti  \\o\{v  hvs  K»unpes  à  la  synagogue  d'Ocana  *.  Ils  étaient 
dlili^i^h  d'i'Uln'i'  dans  les  confréries  et  les  chapitres,  parce  qu'ils  se 
hiMilMhnil  «m'MMlItVs  de  prés,  et  de  prendre,  de  temps  en  temps 
dut»  liullnn  A  liouïo*.  Alonso  pensait  sérieusement  à  se  circoncire; 
leur  y(Vi\\\\\  eréNooauir  était  d'être  mariés  avec  des  femmes 
d'oriHHio  ^^llrolhMuu^  dt^vant  lesquelles  ils  étaient  obligés  de  se 
eoulraïudre  haus  crsse ,  et    qui  les  empêchaient  de  faire  cir- 

»  Nwuii  uV\vluou«  |kik-.  U  j'xv»»ii»iiilo  il«  quelque  sortilège  innocenl  fait  par  les qoatn 
lr<Mi'>  |''i«i»«'»i  «s»>»\  wxw  hv»^u«»»  itout-tHtt»  même  avec  le  cœur  d'un  mort  qu'on  «nH 

*  \  \i\\  »ii  »»m»  i^aulV  aoU»u»o  ^^r^aionttH'  par  son  avocat  au  début  du  procès,  n«  2, 
\\    th  a  Ul. 

*  r.M  \\\\KX  ws^w»  HNs^u^  a»t,  A\h*i»/,  \in.  ioS,  aWlonso  Franco,  est  faux.  N'ayinl,! 
v.»'Mt>  o|nks|u»»,  ^ju.»  nIoux  |vuv,»n  via  j»:vs*^s.  nous  ne  savions  pas  qu'Alonso  était  néo- 
\hioU*m  \\\  uvm»  lo  |>U'uu»H>i,  à  U«',L  jvur  un  Juif  sceptique. 

*  Ty* #'.'♦,  y  »iS  lM,|vu\  p  î\K  —  SA^rttr^  tucea,  eic,  p.  49.  Il  n'y  »v»it,  »■! 
\U*\\U\  |i«».  U«i  H\»v4kxsuo  À  l.a  iiw*rvlu,u\  probablement,  à  Tembleque,  où  le  nombn 
tW»  y\\\\\^  \\\i^\\  ^\  |um  v|vus  |KHiv  u\:«  lo*  ot>ic«9  avec  dix  hommes  adultes,  il  failli 
U\u»  >o«u  msul  U*»  lV»vj>v«,  ai>  U  iiu«rUi«  vp,  4SI. 

»  P     4N, 


LE  SAINT  ENFANT  1»E  LA  Ul  AJtlUA 


22» 


sire  leurs  enlants  ;  ils  en  étaient  tourmentés  à  ce  pointi  que 
in  Franco  se  consolait,  par  là,  du  malheur  tîe  n'avoir  pas  de 
U,  Que  dire  d'un  régime  qui  impose  à  des  coeurs  simples  de 
billes  tortures? 

iucoup  d'auli*es  néo-chrétiens  ou  peut-être  même  vieux 
^tiens  aspiraient  à  observer,  par  superstition  ou  aotrement, 
pratiques  juives,  surtout  des  femmes,  à  ce  qu'il  semble. 
lito  Garcia  en  nomme  plusieurs  :  ia  veuve  de  feu  Alonso,  tail- 
jBT  de  La  Guardia,  laquelle  ne  mange  pas  dans  les  pots  des  cbré- 
k  ;  Câtalina,  la  femme  de  Fernando  al  coxo,  â  Tembleque.  qui 
Kl  manger  la  lefîna  du  samedi,  e,t  boit  du  vin  cascher,  Yucé 
Bico  nomme,  à  son  tour,  Diego  de  Ayîlon,  ses  trois  lilles  et  son 
■  de  Terableque,  qui  gardent  le  sabbat  et  les  fêtes  juives,  et 
j^mme  défunte  de  lohao  de  Orihueîa,  demeurant  à  Temhleque» 
i  lohan  Vermejo ,  de  Temblçque ,  qui  jeûnent  le  kippur  ou 
:it  à  la  succa  *.  Ce  Peila,  alcade  de  La  Guardia»  sur  l'amitié 
,..,...  compte  Benito  Garcia  et  qui  Faiderait,  â  loccasion,  à  em- 
Deuer  les  gens  eu  Palestine,  et  ce  Gabriel  Sanchez,  oncle  d'A- 
lOQso  et  sacristain  de  La  Guardia,  ne  doivent  pas  non  plus  être 
bès  orthodoxes  \ 

Le  plus  intéressant  des  accusés  est  sans  contredit  Benito  Garcia. 
Itèdans  le  judaïsme,  il  s*est  baptisé  it  y  a  trente-cinq  ou  quarante 
►  *»  mais  depuis  cinq  ans,  ses  yeux  se  sont  dessillés  ^,  le  cbris- 
ftisme  lui  apparaît  comme   une  grande  farce  {bm^la)  ou  une 
ie,  il  regrette  amèrement  de  s'être  fait  chrétien.  Cette  nou- 
fconversion  est  toute  à  sou  honneur  :  ce  n'est  point  par  des 
onnements  de  théologien,  mais  par  le  cœur»  qu'il  est  revenu 
ip.  Il  a  vu  les  fêtes  atroces  de  rinquisition,  le  spectacle 
'  des  auto-da-fé  le  remplit  de  pilié  et  d'indignation'*. 
I  repentir  d*êlre  devenu  chrétien  est  si  vif  et  si  profond,  qu'il  a 
le  christianisme  en  haine  :  antéchrist  est  le  juif  qui  se  fait 
étien»  pis  que  Tantéchrisl  sont  les  inquisiteurs,  le  grand  anté- 
istî  c'est  rinquisiteur  général,  Thomas  de  Torquemada*  Depuis 
bq  ans,  Benito  vit  en  juif,  autant  que  le  lui  permet  la  prudence  : 
be  va  à  l'église  que  juste  ce  qu'il  taut,  u'ob&erve  pas  les  fêtes 


«l  15. 
f  tt  86. 

J-^j^.  36  cl  37,  —  Sanchez,  p.  tdt». 
^  i|i4«rtale  ans,  p,  35  î  —  trt^nle-cinq  ans  (30  +  5),  p.  116  ;  cf.  p.  50. 

l  â  SttuUago,  où  il  a  vu  les  dîubles  (les  inquisUcurâ  autour  du  bfii  her?),  qifil 
Lt  réTélatto»  fp.  38], 

>  p«  35  «l  38.  Remarquer  quo  la  da^e  de  sa  uouvelle  couversiou  au  judaïsme 
;  rintroducth»  de  l'inquisiiion  dans  le  diocèse  deToltdc,  ou  avec  ta  date 
tia-fé  qu'il  a  vu  à  Saal:9f^o. 


230  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

chrétiennes,  mange  de  la  viande  le  vendredi  et  autres  jours  maigres, 
se  confesse  pour  la  forme,  ne  communie  pas,  et  quand  il  voit  le 
corpus  Christi,  il  crache  ou  fait  des  signes  de  mépris  {higos).  Au 
contraire,  il  observe  les  pratiques  juives,  se  repose  le  samedi  et 
travaille  le  dimanche,  mange  et  boit  cascher,  jeûne  les  jeûnes 
juifs  même  dans  la  prison,  se  fait  expliquer  les  prières  et  les  fêtes 
et  jeûnes  juifs,  donne  de  Thuile  pour  les  lampes  de  la  synagogue'. 
Il  faut  entendre  comme  il  se  tourmente  d'avoir  été  maudit  par  son 
père  quand  il  s'^st  baptisé,  et  comme  il  explique,  par  ses  péchés, 
tout  le  mal  qui  lui  arrive.  Si  on  lui  a  donné  des  coups  à  Astorga, 
c'est  qu'il  a  donné  des  coups  à  ses  enfants  pour  les  faire  aller  à  l'é- 
glise; à  cause  de  l'argent  qu'il  a  donné  (au  curé)  pour  les  âmes  du 
purgatoire,  il  a  été  dévoré  par  les  insectes  dans  la  prison  d'As- 
torga  ;  parce  qu'il  a  donné  de  l'argent  pour  un  bénitier  de  Téglise, 
il  a  subi  la  torture  de  Teau  à  A^storga  ;  pour  avoir  dit,  pendant  cette 
torture,  plus  qu'il  n'en  savait,  il  a  perdu  son  corps  et  son  âme'. 
Son  repentir  et  ses  remords  sont  si  cuisants,  qu'il  se  porterait 
aux  actions  extrêmes  ;  sans  Yucé  Franco,  qui  l'en  dissuade,  il 
se  ferait  la  circoncision  dans  la  prison,  au  risque  d'en  mourir. 
La  seule  consolation  qu'il  a,  c'est  d'avoir  détourné  un  jeune  homme 
de  se  faire  chrétien,  en  lui  disant  :  Tu  vois  comme  on  les  brûle 
les  néo-chrétiens  ;  va  donc,  si  le  cœur  t'en  dit.  Il  n'a  plus  mainte- 
nant qu'une  préoccupation,  c'est  que  ses  deux  jeunes  fils  quittent 
cette  loi  «  maudite  »  et  deviennent  juifs.  S'il  sort  de  prison,  il  ira 
en  Judée  et  il  déterminera  beaucoup  d'autres  personnes  à  s'y 
rendre;  il  espère,  peut-être,  de  voir  la  SabbatioUy  ce  fleuve  qui  se 
repose  le  samedi  et  dont  l'image  passe  dans  ses  rêves.  Yucé  Franco 
pousse  le  repentir  jusqu'à  l'exaltation  et  on  peut  dire  à  la  sain- 
teté. Seul  de  tous  les  prisonniers,  il  se  garde  de  charger  les  ac- 
cusés ^  et  si,  pour  sauver  les  autres  accusés,  il  pouvait  offirir  sa 
vie,  il  serait  heureux  de  la  sacrifier  *. 

«  Tout  cela  et  ce  qui  suit,  pages  35  à  38,  60,  80, 116.  Il  jeûne,  entre  autres,  le  '^yS 
'^V'D  TWf2TV\  du  jeûne  d'Esther,  p.  37.  Voyez,  sur  ce  jeûne,  Mas$ehât  8o/^m,  édit. 
Joël  Mtiller,  p.  235. 

*  P.  38,  et  (avoir  menti  pendant  la  torture),  p.  35. 

•  Dans  sa  déposilion  du  24  sept.  1491.   p.  55,  n«  26,   pas  un  nom  propre'.'  > 
prononcé;  dans  celle  du  14  nov.,  p.  95,  n»  59,  il  ne  parle  que  d'un  de  ses  prétendu! 
com])lices,  loban  Franco,  et  encore  après  que  celui-ci  s'est  accusé  et  dans  une  de  cet 
scènes  de  confrontation  dont  on  ne  sait  que  penser.  —  Nous  voudrions  faire  reflur- 
quer,  à  cette  occasion,  qu'il  y  a  une  nuance  dans  ^attitude  des  accusés  les  uns  vift4- 
vis  des  autres.  Yucé  Franco,  qui  est  juif,  tout  en  nommant  tous  les  accusés,  attribue 
l'initiative  du  crime  aux  néo-chrétiens.  lohan  Franco  et  lohan  de  Ocaiia,  qui  sont 
néo-chrétiens,  ne  le  contredisent  pas  précisément,  mais  ils  n'insistent  pas  sur  ce  détui, 
et  de  plus  lohan  de  Ocana  charge  furieusement  Yucé  Franco # 

♦  P.  35. 


LE  SAIPÏT  KNFANT  DE  LA   G  CARDIA 


SE 


,  Rta  a  joîtrt,  aux  pièces  du  procès,  une  relation  écrito  en 

,  par  Dâtnian  de  Vegas,  médecin  demeurant  à  La  Guardia, 

intitulée  :  Memoria  del  Santo  Nina  de  La  Oifardia.  Cette 

tion  est  bien  curieuse,  elle  sait  une  foule  de  choses  dont  il 

pas  dit  un  mot  dans  les  pièces  du  procès  ou  qui  sont  même 

ntradiction  flagrante  avec  ces  pièces*   Les   Franco  de  La 

irdia  sont,  pour  l'auteur,  des  Juifs  qui  avaient  fui  TEspagne 

ornent  oii  rinquisition  fut  établie  dans  ce  pays,  et  étaient 

demeurer  en  France,  Là  vit  un  chevalier  pauvre  et  chargé 

d'enfants,  ils  lui  offrent  de  l'argent  s'il  veut  tuer  un  de  ses 

H  leur  livrer  le  cœur  de  la  victime,  il  refuse,  mais  sa  femme, 

avisée,   s*arrange  pour  avoir   Targeul  des  Juifs  et  garder 

enfant  :  sur  son  conseil,  le  chevalier  tue  un  porc  {pnerca) 

livre  aux  Juifs  le  cœur  de  ranimai    à  la  place  d'un  cœur 

ant.  Une  vieille  femme  diabolique  leur  vend  une  hostie,  ils 

font  avec  le  cœur  un  mélange  qu'ils  jettent  dans  la  rivière,  et 

is>n  faut  que  les  chrétiens  ne  fussent  tous  empoisonnés,  si  le 

i  chevalier  ne  révélait  le  mystère.  Lesdits  Juifs»  avec  des  chré- 

is,  passent  ensuite  eu  Espagne,  s*établlssent  à  LaiGuardia»  où 

ne  pensent  qu'à  recommencer,  ils  volent  à  une  vieille  femme 

igle  de  Tolède  un  enfant  qu'elle  a,  qui  est  âgé  de  sept  à  huit 

set  s'appelle  Cristohaî.  Après  Favoir  caché  trois  ou  quatre  mois, 

ir  réfléchir  sur  la  manière  de  le  mettre  à  mort,  ils  le  tuent  le 

mars  1492,  après  ravoir  maltraité  et  lui  avoir  donné  6»200 

ap«,  mais  par  erreur,  car  ils  voulaient  lui  en  donner  5,200, 

tant  que  Jésus  en  avait  reçu.  Au  moment  ou  l'en  fan  t  expire, 

©ère  recouvre  miraculeusement  la  vue.  Cependant,  les  Juifs 

•oient  le  cœur  de  Tenfant,  avec  une  hostie,  à  un  savant  rabbin 

Inla,  pour  qu'il  fasse  un  sortilège  contre  les  chrétiens.  En  roote, 

Juif  qui  les  porte  entre  dans  une  auberge,  il  fait  sa  prière  et  un 

fclirérien  qui  Tobserve  remarque  avec  stupéfaction  qu1l  lui  sort  de 

'  '    1  lie  des  flammes  vertes,  jaunes  et  de  diverses  couleurs.  Cela 

ijît,  il  est  [iris  et  ses  complices  aussi,  et  ils  expient  tous  par 

IJinort  leur  horrible  forfait. 

ï.  Fidel  Fita  s'indij^ne.  et  avec  raison,  de  trouver  tant  d'inexac- 

(lf?i'î*»<  dans  le  récit  d'un  homme  qui  a  vécu  si  peu  de  temps  après 

rnent  et  qui  pouvait  encore  consulter  le  frère  vivant  d'un 

iiioins  du  procès  (p.  141).  Nous  serons  plus  indulgent  envers 

efior  de  Vegas,  ses  inventions  ont  un  bon  coté,  précisément 

que  ce  sont  des  inventions.  Si  nous  n*avions  pas  maintpnant 

procès-verbaux  de  Tinquisition,  son  récit  assuréinent  ferait  foi, 

caup  de  personnes  seraient  fort  disposées  à  y  croire,  mais  il 

i  plus  moyen.  Le  procèS'^ verbal  a  tué  la  rdatioup  maU  la  rela^ 


232  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tion  le  lui  rend  bien.  La  légende  a  créé  de  tontes  pièces  les  in 
ginations  de  la  relation,  elle  a  bien  pu  aussi  créer  celles  (K"    3 
inquisiteurs. 

On  nous  permettra,  pour  finir,  de  résumer  cette  étude  : 

1.  Les  dépositions  des  témoins,  obtenues  par  la  torture  i 
par  menace  de  torture,  sont  pleines  de  contradictions,  d^invraiseni^ 
blances  et  de  faits  matériellement  impossibles  ; 

2.  Les  juges  n'ont  fait  aucune  enquête  ni  aucune  constatati-^^) 
pour  découvrir  la  vérité,  ils  n'ont  rempli  aucun  de  leurs  devoii^   ^ 

3.  Ils  n'ont  pu  fixer  la  date  du  crime,  ils  n'ont  découvert  ni  1 
disparition,  ni  le  corps  ou  les  restes  d'aucun  enfant  chrétien. 

La  conclusion  que  nous  avons  annoncée  est  donc  pleinem^^i 
justifiée  : 

V enfant  de  La  Giiardia  n'a  jaynais  existé. 

Isidore  Loeb. 


m  mmu  tirbî^  ues  juifs  be  n\m 


DANS  LE  DOMAINE  ROYAL 


(XIIP   SIÈCLE J 


On  ne  se  croyait  ^uàve  toiiu  au  moyen  âge  Je  respecter  la 
personne  du  JuiT;  quanta  ses  biens,  ils  irétaieiit  pas  à  lui,  mais 
à  son  seigneur  ;  parfois  on  Ven   lit  jouir   paisiblement,  on   lui 
(jermifttait  de  les  faire  iructiïler  et  de  les  augmenter,  pour  qu*au 
Jour  où  le  seigneur,  suivant  rénergique  expression  d'uti  îiistorien 
flïOtienie,  présiderait  ses  Juif^s,  il  eu  sortit  plus  il 'or.  Saint  Louis 
lui  mtoe,  ailaiirable  à  tant  dVgards,  ne  se  fit  aucun  scrupule 
<Je  conlisquer  les  immeubles  des  Juifs,  en  1252  probablement  L 
I>'autres  faisaient  œuvre  pie  en  distribuaut  à  leurs  sujets  les  biens 
<î*^ leurs  Juifs  à  leur  lit  de  mort.  C'est  après  avoir  accompli  pour 
te  salut  de  sou  âme  cette  spoliation  inique  que  Philippe,  comte 
«l(î  Boulogne,  meurt  en  1235,  soutenu  par  cette  foi   étrange  du 
flM))en  âge  qui  laissait  eu  dehors  de  rhumauite  et  de  toute  loi 
laarale  ceux  qui  ne  partageaient  pas,  la  croyance  chrétienne. 
Nous  n*a  von  s  pas  à  faire  ici  rhistoire  des  diverses  conflscations 
iM  les  Juifs  furent  victimes  durant  le  treizième  siècle,  ce  serait 
iartir  de  notre  sujet  ;  nous  ne  nous  occuperons  que  des  reve- 
nus que  les  rois  tiraient  régulièrement  de  leurs  Juifs;  la  liste 
en  est  assez  longue.  Ces  revenus  existaient  antérieurement  au 
irii*  siècle,  mais  il  semble   qu'ils  ne   furent  régularist^s  qu'à 
€eUe  éiK>que* 


s  Cf.  OfdaittMi^u  in  rm  ds  Frar^re  et  ilifionens  de  la  Fratice,  toino  XXIIÎ, 

«en. 


234  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


I. 


Dès  1202,  dans  les  comptes  publiés  par  Brussel*,  les  Juifs  figu^  -** 
rent  pour  une  somme  de  1,503  1.,  7  sol.,  7  den.  Les  revenus  quL  ^^^ 
proviennent  d'eux  sont  rangés  par  l'auteur  de  F (Zsa^^  des  fief ff^^  ^ 
sous  trois  dénominations  :  Cens,  Amendes,   Sceaux.  Les  cens^^  -S 

étaient  répartis  entre  les  Juifs  par  un  certain  nombre  de  leurs  co- ^- 

religionnaires*.  Les  amendes  (expletn)  étaient  données  pour  des-^^-s 
motifs  que  les  comptes  laissent  ignorer.  Quant  aux  sceaux,  ils.sr=  Js 
étaient  apposés  sur  les  transactions  entre  Juifs  et  chrétiens,  et*^  --et 
leur  apposition  donnait  lieu  à  la  perceptibn  d'un  droit  au  profilT  .^t 
du  trésor.  Parfois  on  changeait  le  sceau  durant  le  cours  d'unr:»  ^n 
règne  3,  pour  procurer  au  roi  le  bénéfice  d'un  nouveau  droit  d^  .Ce 

1  Comptes  de  1202,  dans  Brussel,  pièces  jusliGcatives,  t.  II  (les  chiffres  enlre  pa->^^  «. 
rentbèses  indiquent  les  pages  du  livre  de  Brussel)  : 
Moretum  et  Samcsium  :  de  Judeo  de  Lmgonis  20  1.  pruvinensium  [142). 
Recepta  :  Pétri  de  (ionessia,  de  explclis  judeorum. 
Aurelianensium,  10  librœ,  et  de  uno  Judeo  4  librœ(l50). 
Hecepta  :  Terrici  de  Gorbolio,  de  Joceo  Judeo  50  librœ  (151). 
Recepta  :  Alelini,  pro  vino  Judeorum  9  librie. 
Expensa  :  pro  vino  Judeorum  9  librœ. 
Recepta  prœposili  Silvanecteusis  :  de  litleris  Judœorum  quas  Johannes  Char^»   — srcc- 

laron  eis  tradidit  100  lib.  et  60»  (153). 
Recepta  :  Villelmi  Pulli  pro  Judœis  12  libra?  (154). 

Recepta:  Roberti  de  Mellento,  pro    cambio  marchamm  Judmorum  100  lih.  '*..'—        "i.iy. 
Recepta  :  Johaunis  Charcelaron,  de  Judo-MS  Silvancctcnsibus  174  librœ  (15T). 
Recepta  prcpositi  Pontisarœ  :  de  sigillo  Judeorum  4  1.  (1"6). 
Recepta  Gaufrudi  de  Pontisara  :  de  siirillo  Judeorum,  6  librœ  et  13  sol.  èl  4  ^=^ — Uq, 

(178). 
Recepta  Uognauldi  de  Cornillo  :  de  Judn'is  Carapanie  47G  1.  (184). 
Fraler  Garinus  in  compolis  trunsactis  50  lib.  pro  Copino  Judeo  et  débet  115         ^ih. 

3  sol.  minus. 
Mortua  manus  Guidonis  de  Heslisiaco  :  do  sigillo  Judeorum  Bestisiaci  27  so  T.  et 

3  den.  (197). 
Rcccpla  Hcmerici  Cholurd  :  de  i'igillo  Judeorum   Pissiaci  de  dimidio  anno  MS^Ua 

ad  S.  Johanucm  2l\  lib.  (190). 
Recei)ta  Uoborli  do  Mellenio  :  do  Guidone  de  Domna  pctra  et  pro  Judcis  Campanie 
61  lib.  9  sol.  De  Jobaune  Cbargelaron  pro  Judeis  Silvaneclensibus  44  libr»  (201). 
Do  Judeis  Parisius  100  libroî  (2i^2). 
Mehus  Judeus  Monlislbcrici  40  libriu  (202). 
Recepta  Wiilelmi  Pulli  clerici  :  de  sigilio  Judeorum  Medunts  4  librœ  pro  sex  sep- 

timanis  (203). 
*  Isti  sunt  Judei  qui  fecerunt  assisiam  f^uper  alios  Judeos  :  Helias  do  Sezenc  <jui 
manot  upud  scalas  ;  Jacob  prosbiler  (jui  manct  apuil  Gounessc  ;  MoreUus  de  YenvilU* 
Vivant  Gabois;  Vivant  de  Melugdiiuo  [Date  uniérieuro  à  1212,  JJ  7-8,  f»  97  «). 
'  Rcdditus  prc[)ositure  Corbolii  :  Sigillum  Judeorum  LX  libri. 
Mcletiunensis  ccnsus  :  Sigillum  Judeorum  (JJ  7-8,  i»  86  a). 
Talcnla  Judeorum  valuerunl  in  boc  auuu  c  solidi  (Registre  A,  f«  86  a). 


LES  IIEVKXUS  Tmb:S  llKS  JUiFS  DANS  LE  ïiOMAl.NK  ROYAL         23?'. 

ce\;  fmi  ce  que  lit  Philippe -Auguste  par   son  tnlit  de  1206, 

Ces  produits  des  Juifs  se  retrouvent  pendant  tout  le  règne  de 

^hilippe-Auguste.  On  voit  également  dans  les  comptes  de  cetle 

l»o<pje  dîverse^s  redevaJiceâ  pour  le  vin  des  JuiîV;  ce  droit  était 

«ans  doute  payé  par  eux  pour  pouvoir  l'aire  fouler  le  raisin  par 

des  hommes  choisis*  et  avoir  ce  vin  préparé  selon  leur  rite,  ce  qui 

excitait  l'indigaatinn  d'Innocent  III. 

Avec  les  accroissements  du  domaine  royal,  sous  le  règne  de 

thilippe-Auguste,  le  nombre  des  Juifs  a  considérahlemont  aug- 

luenté;   en  mérne  temps  le  revenu  que  pouvait  tirer  d'eux  le 

tn*Hor  royal  sVst  grandement  accru  :  en  1217,  Brussel  inscrit, 

parmi    les   revenus  de    Tannée    au   terme    de   la  Toussaint  *, 

"2/^16  liv.,  27  s.;  à  celui  de  la  Chandeleur,  3,472  liv.,  54  s.,  à 

celui  de  1  Ascension,  67  livres,  ]U'oduit  des  redevances  des  Juifs 

dû  domaine.    Mais    l'extension  du    domaine   royal,   le  nombre 

toujours    plus   considérable   des   Juifs   soumis   à    l'autorité    de 

Plulippe- Auguste,    ne  suffiraient  pas  à   expliquer  la  différence 

Cïusid^rable  que  présentent  les  produits  des  taxes  imposées  aux 

Juits,  en  moins  de  quinze  ans,  si   on  ne  Taïtribuait  aussi  au 

calme  relatif  dont  ils  jouirent  sur  les  terres  du  roi  depuis  1198 

juiqu*ô  la  Un    du   règue   et    qui   leur  permit  d'accroître   leurs 

tichesses. 

Nous  ne  (>ossédons,  du  temps  de  Louis  VIII,  qu'un  seul  document 
mr  iiolre  question  :  le  roi,  par  son  ordonnance  du  8  novem- 
line  12*23,  qui  supprimait  le  sceau  des  Juifs,  avait  fait  disparaître 
un  lies  impots  qui  pesaient  sur  eux  et  que  Ton  ne  verra  plus 
désormais  ligurer  dans  les  comptes.  Toutelois  les  Juifs  rapjwr- 
f«l  encore  sous  ce  règne,  à  une  date  qui  nous  est  inconnue,  la 
smmQ  de  8,680  livres  13  sous^ 

Sôint  Louis,  animé  contre  les  Juifs  par  le  zèle  religieux  surtout, 
w  devait  pas  retirer  d'eux  grand  profit;  sous  son  règne,  les' 
sommes  consacrées  à  la  conversion  des  Juifs  au  christianisme, 
«•^passèrent  sans  doute  les  sommes  que  Je  trésor  tira  (Feux  ; 
toutefois,  il  ne  semble  pas  que,  même  à  cette  époque,  ils  aient 
^(^  exempts  de  toute  redevance.  Lorsque»  en  1233  \  saint  Louis 


I  RfCt|»Ui  Aloltoi  :  pro  vino  Jud<?orum,  9  libro}  (comptes  do  t202)« 

'  ttlT,  Tontiaint,  GliÛtelaui  du  Ghinoii,  !î(»0  L  p«r,,  pour  tailk*  des  Juifs.  —  Châ- 

*     ,  a«  Houea,  595  liv,  par.  1l>  s.  —  Graillon,  880  L  p.  27  b.  —   Btiilli  tk'  Ver- 

a,  2U  i-  p.  It  s.  —  ChandeUm^  441  \,  \û  s.  —  Caeii,   462  L  p.  —  Cotteutiii, 

',  —  At^ues,  5iO  i.  7  B.  —  Ctuuou,  5I.W  L  —  Vtsrueuil,  300  L  H  s.  —  UailloD, 

!G  e.  ^  AiCtnnon,  Bailli  iLOrléuiis  :  pro  Judeis  el  Buscis,  77  lib,  (ilrufistsl 

ït.l 

Btblwïth.  ntUon.,  tai»  laiiii.  0017^  f*  2:  eumma  Judeorum^  SôSÛ  L  VS  ê, 
:  «  AnMwm  ii«Uooslei,  J«  1Q2â  \  pibcai  JuitilictUvet  &•  1i 


236  REVIE  DES  ETUDES  JUIVES 

réduisit  d'un  tiers  les  créances  des  Juifs,  le  trésor  royal  dut  per- 
cevoir une  partie  de  cette  réduction.  Parmi  les  Juifs  victimes  de 
cette  mesure  figure  un  nommé  Vivant  de  Meaux,  qui  est  probable- 
ment le  célèbre  rabbi  Yehiel  qui  soutint  quelques  années  plus 
tard,  à  la  cour  du  roi,  une  controverse  remarquable  contre  Nicolas 
Donin.  En  Tannée  1234  *,  les  Juifs  figurent  pour  la  somme  de  250 
livres  *.  Les  comptes  de  la  fin  du  règne  ne  mentionnent  plus  au- 
cune redevance  des  Juifs. 

Le  jcourt  règne  de  Philippe-le-Hardi,  si  funeste  aux  Juifs,  fut 
très  onéreux  pour  eux,  ils  dorent,  en  1282,  payer  une  taille  de 
60,000  livres. 

C'est  surtout  avec  Philippe-le-Bel  que  l'art  de  pressurer  les 
Juifs  allait  se  développer.  Dès  1285',  Philippe  réclama  des  Juifs 
de  Champagne,  comme  don  de  joyeux  avènement,  25,000  livres; 
en  1288*,  une  nouvelle  taille  leur  fut  imposée,  et  nous  possédons  le 
relevé  de  quelques-unes  des  sommes  perçues  pour  la  Champagne'. 
En  1291  «,  nouvelle  taille;  en  1293  \  la  taille  est  encore  une  fois 
perçue;  on  la  trouve  encore  une  fois  mentionnée  en  1296*; 
en  1298,  elle  est  augmentée  d'une  subvention  du  quatorzième*- 
En  1299,  on  la  perçoit,  ainsi  qu'en  1300  et  en  1301. 

Le  trésor  royal  tire  des  rouelles  des  Juifs  une  seconde  ressource- 
La  rouelle   est  d'origine  ecclésiastique,  mais  il   est   permis  ^® 
croire  que  la  vente  des  rouelles  a  été,  dès  Philippe- Auguste,  ^^ 
revenu  pour  le  trésor  royal,  bien  que  la  première  mention  de  ^^^ 
insignes  dans  une  ordonnance  royale  ne  remonte  qu'au  temps  ^^ 
saint  Louis  *". 

Ce  ne  fut  qu'en  1269  que  ce  roi  rendit  le  port  de  la  rouelle  ob^^* 

«  Compotus  Ballivorum  Francie  (1234).  Adam  Panetarus  :  Recepta,  De  Judeis  '^\^^ 
Toncnf«ibu8  per  templum,  VI"  1.  (Bouquet,  XXII,  577).  —  De  Judeis  Gaslri  Erai»^ 
et  Moulis  Conteri  XXX  l.  (Bouquet,  XXII,  577).  —  llardognus  do  Malliaco  C^^ 
compulo  (Bouquet,  XXII,  578).  —  Recepla  de  Judœis,  11  1.  (Bouquet,  XXII.  578). 

•  ViceLomilatus  Kolhomafçensis,  1230.  De  domina  Caslelli  pro  Judeis,  LVUl  *• 
XV  8.  —  De  domina  CastcUi  pro  debito  Judeorum,  L  lib.  (Bouquet,  XXI,  256.) 

»  Bouquet,  XXIII,  757. 

•  Ordonnance  de  1288,  publiée  dans  Saige,  Juifg  du  Languedoc,  p.  220. 
»  Pièces  justificatives  n®  2. 

<  Doat,  XXXVII,  217  et  suivants;  Saige,  p.  225. 

'  1293,  dimanche  15  mars,  Paris.  Lettre  de  protection  en  faveur  de  Manessier  de 
Thoriaco,  juif  charf;é  de  lever  la  taille  sur  les  Juifs  du  roi.  C^est  le  d*  86  indiqué 
Rêv,  des  Etudes  juives t  t.  Il,  p.  24. 

•  Comptes  de  Vl\)ùy  passim,  et  pièces  justificatives  n<»  3. 

•  1298.  Comptes,  n»  90. 

>9  Hoc  wi  exira  prieposituram  Meledunensem  de  riparia  :  De  Rubella,  VI  modios 
et  III  sexlaria  uvonw  cl  VI**  galline  (Registre  JJ  7-8,  f®  92  a).  —  Mcleduiium  :  Ru- 
bellie,  IV  libra)  et  XV  solidi  (lo  mot  rubella,  qui  ne  se  trouve  pas  dans  Ducange,  est 
expliqué  par  DiolTenbach  avec  le  sens  de  rouelle). 


LES  HEVE.NUS  TJRÉS  DES  JUIFS  DANS  LE  DOMAINE  BOYAL 


237 


foire ',  prescription  qui  fut  confirmée  par  son  fils  Philippe  H 
l]233*.  Mais  il  est  probable  que  Pliîlippe-le-Bel  eut  le  premier 
iée  de  faire  du  port  de  la  rouelle  une  source  nouvelle  de  reve- 
15  pour  le  trésor  royaL  Son  ordonnance  de  1288  établit  ou  pluttit 
iiïfirnie  le  droit  sur  les  rouelles  et  ordonne  que  les  Juifs  le 
feraient,  augmenté  d*une  amende  pour  ceux  qui  se  dispense- 
lent  d'en  porter'.  Les  rouelles  des  Juifs  sont  parfois  affermées*, 
hsidonc  le  trésor  royal  perçoit  d*abord  une  redevance  du  Juif 
li  est  forcé  d*aclieler  la  rouelle  au  fermier  royal  ou  au  prévôt,  et, 
!tre  cela,  une  amende  du  Juif  qui  contrevient  aux.  dispositions 
(latives  au  port  et  à  la  dimension  de  ce  signe ^. 
p^a  rouelle  figure  dans  les  comptes  de  1285  pour  131  L  32  s.  ^  ; 
le  est  mentionnée  en  1295  ',  et  elle  forme  un  des  revenus  les  plus 
(portants  dans  les  comptes  de  1296,  1299,  1300  et  1301  ^ 
A.  ces  branches  de  revenus  tirés  de  l'exploitation  des  Juifs,  il 
Ht  ajouter  les  confiscations  *>,  puis  les  amendes  infligées  pour  les 
liU commis  dans  les  foires,  les  faux,  les  violences*'*  envers  les 
lents  de  Tautorité  royale*'  (Expleta  ouKmenda),  les  paiements 
ils  au  roi  de  sommes  dues  aux  Juifs  et  entachées  d'usure.  Enfin, 
jroi  se  fait  payer  un  fouage  en  Poitou  pour  une  expulsion  de 
lifs  qui  dut  avoir  lieu  en  1298  <v. 


OfdomMneu,  1,  2Ô4, 
I*  S«iffi,  p.  225. 

PSaige,  p.  220:  ordonnaace  au  18  mars  128?. 

*  DcRœÛis  Jadeorom  Paris! us  pm  lermiDo  Omnium  SaBctonixn,  97  L  per  Dftnje- 
iBnionem  qui  e«s  emit.  (Comptes  de  125J8,  n"  13.) 

^Ët  Jadeos  oobis  subditos  çompdlatiâ  ad  deferundutû  rodlas  juxta  ordiDationem  a 
ât  Bosira  super  bis  edictam  it  pro  îpsis  dod  porlalîs^  debiU^i  Icvetis  cm^ndas  «t 
|d  io  f}uo  Dobts  lenentur  annuBtim  pro  roellii^  predictis  juxta  ordinalicini^m  prefk- 
kifÛrdaooance  de  1288,  18  mirs,  dons  Doal,  XXXVH,  r«  195,  publiée  parSaige.) 
>Bnifi»eU  1>  600  ;  Bouquet,  XXllI,  767, 

'Orléao»,  1295  :  dfi  computo  BaUivorum  FraDcie,  Petrus  Saigne^  Balllvas  Aure- 
,  de   rœliis   Judeorum    baUivie   Burelianensis,  XXK  soL  (Bouquet,  XXII, 


I  Cooptes  de  1296,  n«  96  ;  —  Comptes  de  1298-99,  m»  13,  li,  15,31,  40»  42;  — 
da  $299-1300,  n«  2.  7,  9,  20,  21,  28,  3U,  34»  36,  43  j  —  Comples  de  1301, 
12,  18,  21,  2S,  33. 

De  juieis  Drocetisibus  pro  octo  sculelUs  Brg*;DÛ  recuperalta  a  Salomone  jud«o 
»«B»,  qujB  pondaTeruiit  26  marcas  «t  dimidiam  64  1.  8  s.  6  deu,  Debetur  2G  s. 
^  ioivit  Mirccllus.  (Bouquet,  XXXUI,  p.  662.) 

I  ISaS.  Tot7S8Aiî«T<  Expleta  Baillivic  îiituricensif.  De  Haquiiio  de  Dutto  jydeo,  pro 
VI  libnt.  (Bouquet,  XXlll,  662.)  —  1285.  Toussaint.  Tours.  De  Leone  judeo, 
piiadAiii  emends.  (Bouquet,  XXllI,  663*)  —  1285,  Vermc/niQft.  Do  emcnda  Jacobi 
fimoB  judei,  taxata  per  magistros  compulorum  pro  loto  :  librsc,  (Brussel,  J, 
UAU,  elcoroplcsdo  1296,  p.  98,  99;  1300  et  I30ï,p<w««,  p ri ud paiement  1298, 
l«.  17,  18,  19.) 

Comptef  de  1296,  o*  120,  ùi  1298-9,  n«  3, 

^Complu  à9  1296,  n"  Mil,  ^  1299.  Compotus  Jacquelini  Trotisselli,  BailUTi 
^  if  dû  termmo  Omuîum  Sanciorum  inoo  dommi  1299,  Focft|;ia  pro  expul- 


238  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


II 


La  perception  de  ces  différents  impôts  exigeait  une  administra 

tion  spéciale,  qu'on  se  préoccupa  sans  doute  de  former  dès  le  com 

mencement  du  xiii°  siècle;  les  documents  sont  malheureusement — 
fort  peu  explicites  à  cet  égard.  On  dut  choisir,  dès  cette  époque, 
des  Juifs  notables  qui  furent  chargés  de  la  levée  des  impôts  chez 
leurs  coreligionnaires;  le  cartulaire  de  Philippe-Auguste  nous  a 
conservé  les  noms  de  ceux  qui  levèrent  une  taille  sur  là  commu- 
nauté de  Paris  sous  ce  règne.  Cette  habitude  se  conserva  sous  les 
successeurs  de  Philippe-Auguste.  Toutefois,  ce  n'est  qu'en  1288^ 
quePhilippe-le-Bel  organisa,  par  une  ordonnance,  l'administration^ 
financière  des  Juifs.  Deux  personnages,  Jean  Point-l'Ane,  clen^ 
du  roi,  et  Geoffroy  Gornici,  bourgeois,  chargés  de  réclamer,  dea& 
Juifs,  la  taille  des  sept  dernières  années,  furent  préposés  à  leurafr- 
aflEaires;  sous  eux  se  trouvaient,  dans  chaque  bailliage,  deux  JuifiS' 
notables,  dont  la  fonction  consistait  à  désigner  pour  chaque  JuiC^ 
deux  autres  Juifs  comme  caution   de  résidence.  C'étaient  eux» 
sans  doute,  qui  faisaient  la  perception  de  l'impôt  dans  leurs  cir- 
conscriptions administratives.  Et,  en  effet,  bien  que  la  circulaire 
royale  soit  muette  sur  ce  point,  les  comptes  que  nous  possédons 
nous  permettent  de  voir  en  exercice  toute  cette  administration 
vers  le  milieu  du  règne  de  Philippe-le-Bel,  de  1296  à  1301. 

A  cette  époque,  les  deux  fonctionnaires  dont  nous  parle  l'acte 
de  1288  ont  disparu,  et  celui  qui  leur  a  succédé  est  un  clerc  du 
roi,  Danyel  le  Breton.  Il  a  dans  ses  attributions  surtout  les  Juife 
de  Paris  et  ceux  de  sa  prévôté,  ceux  du  douaire  de  la  feue 
reine  Marguerite*,  c'est-à-dire  du  Vexin  et  d'une  partie  de  la 
Normandie,  et  ceux  que  le  roi  avait  achetés  à  son  frère  Charles 
de  Valois  en  1299,  en  un  mot  tous  ceux  qui  habitent  le  domaine 
patrimonial  des  Capétiens.  En  outre,  en  l'année  1297,  Danyel 
le  Breton  afferme  les  rouelles  des  Juifs  de  Paris.  Pour  remplir 
ces  fonctions,  il  reçoit  un  traitement  de  91  livres  5  sous  tournois 
{)ar  année  commençant  à  la  Toussaint.  11  a  sous  ses  ordres  des 

siono  Judeorum  :  de  denariis  recupcratis  de  residuo  focagii  de  Casielio  Loduno  pro 
parte  ad  hune  terroinum,  XV  libroî.  (B.-N.,  mss.  français,  n?  10365,  f"  38.) 

*  La  reine  Marguerite,  veuve  de  saint  Louis,  tenait  pour  lors  en  douaire  :  Po&tois9, 
Meullant,  Poissi,  Vernon,  Estampes,  La  Ferté-Âlais,  Dourdan  ci  Corbeil,  coquoie 
cola  ebt  marqué  dans  le  compte  des  prévôtés  de  France,  1277.  (Brussel^  i.  I,  p.  465./ 


LES  REVENUS  TIKES  DKS  JllFS  DANS  LK  DOMAINE  HOYAL 

imployës  temporaires,  parmi  lesquels  figure  uïi  Oaleran  le 
treton»  clerc  égaleiii^Dt,  qui  lîevaiL  être  son  parent*.  Un  sergent 
au  Châtelet,  Robert  Hobe,  qui,  en  1298,  était  fermier  des  rouelles 
des  Juifii  de  Champagne»  remplissait  les  mt'Hies  lonctions  que 
Daniel,  maas  senieuient  pour  les  Juifs  de  Clianiimgne- 

Du  côté  de  ces  derniers,  apparaît  un  fonctionnaire  nouveau: 
j^c*est  le  Frocurèur  gt'néral  des  Juifs.  11  est  malaise  de  dire  eu  quoi 
Consistait  son  emploi  et  à  quel  moment  il  fut  créf\  Les  comptes 
We  12%  nous  font  connaître  Kalot  de  Rouen  "  et  nous  le  montrent 
làéjà  comme  un  intermédiaire  tinaucier  entre  la  royauté  et  ses, 
|ck)relïgjonnaires,  mais  à  cette  ëpoque  il  ne  porte  pas  le  titre 
[de  procureur.  C'est  dans  un  arte  du  8  lévrier  1291  qu'on  le 
jlui  décerne  pour  la  première  fois;  Kalot  figure  dans  cette  charte 
Icoaime  arbitre  chargé  par  Philippe-le-Bel  de  prononcer  sur  la 
jî*ropriété  de  quarante-trois  Juifs  que  lui  et  son  frère  Charles 
jde  Valois  se  disputaient;  Kalot,  d'accord  avec  Joucet  de  Pon- 
|tciîse,  Juif  du  comie  (le  Valois,  en  accorda  douze  au  roi  et  le 
t*t^ste  à  son  frère.  Mais  ses  attributions  paraissent  avoir  été  sur- 
**out  financières.  Il  se  trouve  m»^me  intermédiaire,  on  ne  ,sait 
trop  à  quel  titre,  entre  le  roi  et  la  monnaie  de  Paris,  au  !•-'•  sep- 
tembre 1298,  C'est  ce  même  jour  qu'il  contracta  pour  la  com- 
ïïmnauté  des  Juifs  de  France,  qu'avaient  sans  doute  épuisés  les 
^ïactions  des  années  précédentes,  un  emprunt  de  500  livres 
tournois  au  trésor  royal  ;  ïa  somme  fut  rendue  en  deux  fois, 
^O  livres  le  6  novembre,  et  50  livres  le  10  décembre  de  la  même 
^née;  les  comptes  ne  nous  apprennent  rien  sur  le  rerabour- 

t^nient  du   reste  de  la  somme.   L'année  suivante  (U*99),  Kalot 
feo^^vâit,  le  14  juillet,  une  somme  de  400  livres,  montant  de  ses 
^J^boursés  dans  une  atîaire  relative  à  un  emprunt  sur  lequel 
mm^^   documents  ne  nous  renseignent  pas  ;  le  30  juillet  de  la  même 
Biï^cii^e.  il  touchait,  sans  que  nous  puissions  dire  au  juste  si  c*est 
C^tnme  traitement  ou  comme   remboursement,  t)00  livres  pour 
^foîre  les  alfaires  des  Juifs \  Il  avait  encore  dans  ses  attributions 
B  V^ticaissement  de  certaines  taxes,  probablement  de  celles  des  Juifs 
à^  Normandie.  Lorsqu'il  mourut,  le  samedi  après  la  Pâque  1300, 
^m    Mavril  1300],  un  inventaire,  aujourdliui  disparu,  fut  fait  de  ses 
H    Vîens*.  Il  restait  dans  sa  caisse  4,000  livres,  montant  des  tailles 

f  »  Compte  de  1299-1300.  ii»  60  ter. 

I  *  Dp  predicU  finit  doue  pcr  Juliaauin  dictatti  Amidlu  pro  Kâloto  judeo  ci  p«r  Guil- 

^         Je  tin  a  m  Pereoiium  pro  «sodcm  et  por  Vtelum  d^Âupegart  pro  code  m  Kaloto.  (Comptes 

f  Comptes  de  12î>S.9y.  «•»21»  24,  44.  44  H*;  I29il-I3(>f|,  n^*  l\n  «t  57. 

*  HothomsirutD  (i2%-l3(HI|.  Inventarium  boûûrum  Cuiou  judei  de  Hotbomago  qui 


240 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


qu*il  avait  perrues  :  sa  veuve  les  paya  en  plusieurs  termes,  par 
rintenin^diaire  «fun  certain  Hermaotl  de  Soissons,  qui  demeurait 
à  Rouen  *.  Kalot  eut  sans  doute  sous  ses  ordres  des  Juifs  comme 
employés,  c'est  ce  que  semble  du  moins  indiquer  un  texte  de 
1296*.  Un  autre  Juif  eut  éjialenient  un  rôle  financier  assez 
important  dans  cette  aiîministratiun,  c'est  Joucet  de  Pontoise* 
juif  du  comte  de  Valois,  celui  qui  flgrure  avec  Kalot  comme 
arbitre  dans  un  acte  de  1297  ^  Parmi  les  Juifs  qui  reçoivent 
du  trésor  des  subventions,  comme  chargés  des  affaires  desjuife 
de  France,  figurent,  en  1298  et  en  J299*,  Mosset  des  Fourneaux 
et  Savouret  de  Saint-Benis,  et.  en  1299  et  1300  *,  Abrabara  de 
Falaise  et  ses  associés.  Enfin,  conformément  à  l'ordonnance  de 
1288,  dans  chaque  bailliage»  on  trouve  un  ou  deux  juifs  qui 
versent  entre  les  mains  des  fonctionnaires  royaux  le  produit  des 
tailles  de  la  baillie.  On  peut  dresser  pour  un  certain  nombre  de 
bailliages  la  liste  de  ces  intermédiaires  :  ils  durent  disparaître 
d'ailleurs  vers  1301,  car  ils  ne  figurent  pas  dans  les  comptes  du 
trésor  pour  cette  année.  Voici  cette  liste  : 

Amiens.  Joucet  de  Pontoise,  (Comptes  de  1290,  n^»  98  et  102.) 

Jacob  de  Flessi court.  (Comptes  1298-9,  n^  49,) 
Auvergne.  Perrequin  de  Saint-Denis.  (Comptes  1298-9,  n**  36.) 
Bourges.  Perrequin  de  Millî.  (Comptes  1298-9,  n^*  8  et  14.) 
CaiiX.  Salomon  de  Blangi.  (Comptes  1290»  n^  99.) 
ChaumonL  Fantinus  de  Bar.  (Comptes  1299-1300,  n<>*22et45.) 
Champagne.  Joucet  de  Pontoise.  (Comptes  de  1296.  n***  98  et  102.) 

Vivant  de  Troyes.  (Comptes  1298-99,  n^*  1  et  9.) 
Gisors.  Michel  le  Juif  de  VerneuiL  (Comptes  1299-1300,  n^  3,] 
Senlis,  Joucet  de  Pontoise, 
Troyes.  Hagin  de  Provins. 

Vivant  de  Godemar.  (Comptes  1298-9,  n»  24  ) 
Vermandois.  Viète  d'Aupegart.  (Comptes  1299-1300,  n^'  12  et  13.; 
Viiry,  Nicholaa  Amourete.  (Comptes  1296,  n°*  97  et  105.) 

Vivant  Godemar.  (Comptes  1298-99,  n^*  33  et  35.) 

Juifs  achetés  à  Charles,  fils  du  Roi  : 

Haquin  du  Tour.  (Comptes  1299-1300,  ji«*  23,  44  et  46*) 
Dayot  de  Seez.  (Comptes  1299-1300,  n*«  22  et  45.) 

oLut  9«bbalo  poat  Pascha  1300  faclum  per  R.  Barbon  cL  Rtdulphum    de  Soyaco, 
(B.  N,,  m»,  lalin,  n"  9069.  f»  827.) 
^  Comptes  de  1301,  n«"  3  et  23. 

*  Comptes  de  12%,  n"  105. 

*  Comptes  de  1296,  n«*  ÛS  à  102. 

*  Goraples  de  1298-9,  n*«  41  el  4S. 

*  Comptes  do  1 299-1 3Wl,  n»  M. 


LES  REVENUS  TIRÉS  DES  JUIFS  DANS  LK  DOMAINE  llOYAL         i/il 

revenus  provenant  des  Juifs  «'taienl  verses  sous  saint 
au  Temple*.  Quand  Pliilippe-le-Bel  eut  créé  ce  Trésor 
Tre  dont  les  attributions  nous  sont  encore  mal  connues*, 
]i  que  se  firent  les  versements  des  Juifs  :  c'est  ce  que  nous 
lent  tous  les  comptes  ptihïrés  plus  loin.  Ces  revenus  ne 
ient  pas  que  d*étre  assez  importants,  et  les  dépenses  admi- 
itives  faites  pour  les  Juifs  n'en  absorbaient  qu'une  faible 
ces  dépenses  consistaient  dans  les  traitements  des  fonc- 
ct  les  indemnités  dont  nous  avons  déjà  parlé,  les  prtHs 
aax  Juifs  par  le  Trésor,  et  enfin  dans  quelques  pensions 
nées  sur  les  taxes  payées  par  les  Jui!s.  Nous  ne  comprenons 
lien  entendu,  dans  les  dépenses,  l'argent  que  le  roi  consacrait 
that  des  Juifs  de  son  frère  ou  de  ses  vassaux  et  que  nous 
idïi  faire  figurer  dans  nos  documents  pour  n'y  pas  laisser  de 
les.  Si  on  fait  la  balance  des  recettes  tirées  des  Juils  et  des 
qu'ils  occasionnent,  on  trouve  les  chiffres  formant  le 
«a  suivant  : 


BEGETÎES. 


DÉPENSES. 


PRODUIT  WBT. 


3        605i     14    4 


teaint  IÎ96... 9766'    i5»  6^ 

î\  juin    (298    au 

«TrU1299 7344    O    7        1292 

m,  du  3  mai  îtn 

•2môrs4300, 20094    U    6        1772    2     tO      t8322      4    6 

301,  du  i   mai  au 

tovembre .1300..-.    10273     0    2         106    0      o      10270      0    0 

Juifs  étaient  donc  pour  le  roi  de  France  une  source  sérieiisa 
tenus,  et  quand,  en  1306,  on  les  eut  chassés,  la  vente  de  leurs 

fut  loin  de  représenter  un  capital  équivalent  à  celui  que 
t  perdait.  Pliilippe-le-Del  avait  fait,  en  les  expulsant,  une 
iise  action  et,  ce  qui  dut  lui  être  plus  sensible,  une.mauvaise 

L.  Lazard, 


jioas  sommes  volontairement  abstenu  de  donner,  dans 
de  ce  travail,  Téqui valence  des  monnaies  du  moyen  âge 

10  JEUlliTorum  Francie,  1234»  Adûin  Panelarus  :  Recopia  do  Judcis  Turo* 
pcr  T^mplum,  VIKX  Hb. 
B^aUric,  La  France  $oui  PMHjfpe4t-IieL  p.  228  ù  235,  cl  J.  iUveX,  BihL 
r  éê*  CUtiu.  \^k,  p.  237. 
T.  XV.  ^  30.  » 


242  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

aux  nôtres.  Toutefois,  voici  quelques  indications  qui  permetti 
de  trouver  la  valeur  absolue  de  certaines  des  monnaies  m 
tionnées  plus  haut  ;  quant  à  la  valeur  relative,  cemme  rien 
permet  de  la  préciser,  nous  nous  gardons  d'en  parler. 

Philippk-Auouste. 
Monnaie  ançetine  K 

Denier.  Sou.  lÀrrt. 

44SO fr.  0,00985   fr.  4,182  fr.  23,064 

4484 fr.  0,0849    »  4,0498  t  20,396 

4490 fr.  0,0944    ^  4,4328  »  22,656 

4495-4204 fr.  0,0849    d  4,0498  »  20,390 

Saint  Louis*. 

Denier  tournois.    Sol  tournois.    Livre  tournois 

4258 fr.  0,0844        fr.  4,04  fr.  20,26 

Philippe  le  Hardi. 
4278  décembre »    0,0837         »    4  »    20,10 

Philippe  le  Bel. 

4295,  avril »     0,0691  »    0,83  »    46,72 

4296,  mai »     0,0622  2>    0,74  »     44,94 

—  décembre »    0,0597         »    0,74-70    »    44,34 

4297,  juillet y>    0,0574  »    0,68  -ù    4 8,77 

4298,  mai »     0,0523  »    0,62  »     42,65 

4299,  juin »    0,0491  »    0,59  »    44,91 

4302,  avril »    0,0441  »    0,53  b    40,66 

—  avril »    0,03385        7>    0,50  '»    40.<9 


PIECES  JUSTIFICATIVES 

N»  L 
(Arch.  nat.,  J.  1028,  n«2). 

Fragment  de  compte  42ZZ  ou  4254. 

Cet  acte,  que  j'ai  mentionné  plus  haut  comme  un  relevé 
payés  par  les  Juifs,  est,  au  contraire,  le  compte  des  son 

^  Usitée  surtout  en  Normaudic  et  assimilée  par  M.  Delisle  à  la  monuf 
(Delisle.  Les  revenus  publics  en  Normandie,  Bihl,  de  V École  des  Chartes, 
et  196.) 

«  Natalis  de  Wailly,  Mémoire  sur  les  variations  de  la  livre  toumoû 
Louis,  Paris,  1867,  p.  222. 


LES  REVENUS  TIBÈS  DES  JUJFS  DANB  LE  DOMAINE  ROYAL 


243 


Mw  à  im  certdLQ  nombre  de  Juifs  du  Boi,  eulrû  les  mams  des 
agents  royaux,  avec  déduction  d'un  Uers  de  la  dette*.  L*acle  énu- 
mère  les  uoms  des  débiteurs  ciirétieûs  et  les  sommes  dues  par  eux- 
J'ai  cm  inutile  de  publier  toutes  ces  meutious  et  u*ai  donné  que  les 
noms  des  Juifs  qui  sout  en  tôle  des  chapitres  et  quelques  notes 
accessoires. 

Familia  Chiere  de  Longavilla*. 

Bêle  née  Lagainiere. 

Samuello  de  Ghasteaufort  *, 

Ilagino  de  Pissiaco  *, 

Vivant  Clarté  le  Bègue  Coheing. 

Vivant  de  Meau:£. 

Samuel  de  Condé  de  Chiele  •• 

Petrus  Joceli  de  Scala  XIII  soîidi  et  XIV  denarios.  Judeus  \iilt 
quod  Joce  matron[a]  habeal  islos  deaarios  quod  sui  sunt. 

Benaarl  de  Gastroforte* 

Coram  me  Iluberto  quitavit  Saosimus  gêner  Manesserii  con- 
tra Tlioma  m  Susaine  de  Gapella  de  omnibus  et  coniessus 
est  Judeus  quod  mhil  débet  eidem  idem  Thomas. 

Joceli  Guilie. 

Leoni  Anglico  de  Palatiolo*. 

Samuello  de  Gaslroforte. 

Leoni  Anglico  de  Palessueil**. 

Per  tolum  Samuelns  et  Haginus  in  tribus  locis  habenl 
LXVII  s. 

Leoni  Copiuo  et  benedicto  soceto. 

In  invenlis  additi  magistro  Sansonno^  XLVII 1. 

Summa  totius,  VF  et  XXVtl  1.  et  2  s. 

Ha?c  solvit  Huberius  prius  in  octabis  Omnium  Sanctomm 
ônno  domini  millesimo  cc^xxx(i),VlI»»  et  X  hb.  Item  eodem 
dnno  in  octaMs  purifLcalionis  beale  Marie  11°  li.  Item  in 
octabis  Omnium  Sanctorum  anno  domino  milleslmo  du- 
cenlesimo  xxxiii**,  G  lib.  per  Hubertnm.  Restât,  item  per 
Huberlum  in  octabis  beat!  André,  4  L  summa^  Vi*^  libros. 


N»  II. 

[Fonds  Claiiambatilt,  ii«  487). 

-ompotus  Terne  Campani^u  a  dumioica  ante  Magdalenam  88  usque 
ûd  oclabas  Nalivitalis  domini  anno  predicto  (\B  juillet  Hsn  à  t*'' jan- 
vier i  2800 


'  Ofdemm.,  I,  p.  57. 

*  LoQgueYiUe,  Seine-frUMiroef  «rr.  de  Provins,  commune  de  Lotirp* 
'  Châteiufort,  Seine-Êt-Oiae^  arr.  de  Versailles,  c^mm,  de  Jou^'-eu-Jûsas. 
é  poisij,  Stiue-et-Oise^  arr.  de  Versailles. 
«  Thel,  «rr.  do  Versailles  ? 
I  '  PaUiieau,  air*  de  Versailles,  Seine-et-Obe. 


244  UEVCt:  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Goulomniers.  —  De  la  censé  des  Juis  de  ladite  Baillie  à  la  Touz- 
.sainz,  88,  LXX,  librac  (fo  388). 

Esparnai.  It.  d'Amandes.  De  Menessier  le  Juif,  X,  lib.  (f^  403). 

Tailles,  Renies  et  Forfait.  La  Baillie  de  Vitry.   De  la  censé  des 
Juis  de  ladite  Baillie  à  la  Touzscins  88.  XL  lib.  (f®  406). 

Communs  despens.  El  pour  Amelin  qui  fu  prevoz  pierre  de  Bar- 
bonne,  à  Paris,  au  pallemant  de  la  Penthecouste,  pour  anfounnerla 
cour  quomant  li  sires  de  Greci  avait  usé  des  Juis  de  Ghastillon  es 
quex  il  metoit  débat,  VII  lib.  —  A  Jeban  Rebez  prevost  d'Espernai.-- 
et  pour  faire  unes  fourches  pour  pandre  4  Juif,  Vsolz  [{'^  4H,  l^^co^- 

Baillie  de  Ghaumont.  Despens.  De  la  censse  des  Juis  de  la  à\l 
Baillie  à  la  Touzsainz  88,  senz  les  Juiz  de  SouUennes,  XLVIII  1.  S 
sols  (fmc). 


xV  IIL 
(Bibliolh.  nal.,  ms.  Ut.  n<»  9017,  f»  57). 

Relevé  d'un  compte  des  Juifs  du  Poitou  et  du  Périgord,  vers  12965 


Brecoere\ 

1. 
DantJoce  grosse  Teste,   x 

Ester  sa  fille » 

Dant  Ysaac 

Gressant  son  gendre. .     » 

Thoarz  «. 
Dant  Vivant  Gohein  . .     » 

Judas  de  Ranton » 

Ysaac fiuzmestreJoce.    » 
Ilelyot  son  frère  a  fine. 


Orval. 

s. 

^'  Samuel xii 

5 
72 

,)                     Mortagne  '. 

20 

»  Dame  Sare,   Ysaac   et 

29 

D      Mosse  ses  anfanz —     » 

Ty fanges  \ 

28 
40 
3o 

-'  Dant  Mosse  Kelot. 
»                      PiperauU 

14 


60 


Sa  veuve xii 


Marton\ 

Salcmon  de  Marton  lxxvii  » 

Diex  le  gart  son  liz. . .  vu  15 

Gressant  son  gendre.,    iv  15- 

Bonne  sa  fille »  12 

Mont'Morel\ 

Rika  la  veuve «  44 


Ballitia  Petragoricensis  ad  Turonem. 
Bona  Ghose 


21 


Aubeterrt'' 

Aaron  le  fiuz  mestre 

Joce  le  Gohen 

VII 

15 

ji 

Sanson  

VIII 

65 

1! 

Reynela  veuve 

1 

Aaron  le  Grant 

» 

43 

» 

«  Brcssuirc,  dép.  des  Doux -Sèvres. 

«  Thouars,  dép.  des  Deux-Sèvres,  arr.  de  Urcssuire. 

*  Morlognc-sur-Sèvrcs.  dép.  de  la  Vendée,  arr.  de  La  Roche-sur- Yon . 

*  Tyfaupes,  mOme  arr. 

*  ChareuU\  arr.  d''AngouU^mo. 

"  MoQimorcau,  arr.  de  Barbezieax. 
'  Auboicrro.  arr.  de  Barbczieux. 


LES  REVENUS  TIRÉS  DES  JUIFS  DANS  LE  DOMAINE  ROYAL         245 

Chalais  K  Semuel  et  Helyes »    30      » 

?""  »'°>;i«°  • ^^  ^l  »             La  Tour  Blanche  •. 

Cressant  Cahen »  77  »  ^       ,         ^    ,.     ^ 

,v        »        r  •  .^  Dant  Leoa  de  Roufec. .    »    30      » 

Donnaul  son  frere »  42  ^^  ryaui.xjcuu  uc  axuixic^..    *»    ou 

Ysac  la  borde? »  42  »                    Croeignac^. 

Peral*.  Joce  le  fiuz  Mosse  Es- 
Bonne  chose  Cohen. . .  »  34      »      truguet »    49      » 

Aaron  le  fiuz  a  mestre.  »  26      »  Donnin »    45      » 

Sennecourt.  Bueigne. 

Dint Samuel »  39      »  Cressant ii    44      » 


NO  IV. 

JOURNAL  DU  TRÉSOR    DU    LOUVRE. 

(Biblioth.  naUoD.,ms.  lai.  d»  9783). 

Extraits  relatifs  aux  Juifs"  :  21  juin  4298  à  48  avril  4299;  5  mai  4299 
à  16  mars  4304  ;  4  mai  4301  à  30  décembre  4304  •. 

RECEPJA. 
1298. 

[Po  75 fl,  col  4].  Sabbato  24^  die  Junii. 

livr.      8.  den. 

1.  De  tâllia  Judeorum  Campanie  per  Robertum  Hobe 
servientem  Castelleti  et  Vivandum  de   Trecis 

Judeum 960        »      » 

libres  Turoneuses 

2.  DeFantino  judeo  de  Campania  pro  tallia  sua 24      10      » 

3.  De  IlaquiQo  de  Fera  de  ballivia  Viromandensi  pro 
eodem 20        »>      » 

4.  De  Samuele  de  Roy  a  judeo  et  ejus  genero  quondam 
de  dolalicio  regine  Margarite  defuncte  per  Guil- 
lelmum  de  Espovilla  de  ballivia  Gisorcii  pro 
eodem 140       »      » 

5.  DeThyerma  de  Corbolio  judea  de  eodem  dotalicio 

pro  eodem  per  Danyelem  Britonem 41        5      » 

^.  De  Amando  d'Avalon  judeo  pro  eodem 4       »      » 

«  An.  de  Barbezieux. 

«  Le  Perat,  dans  la  Charente. 

*  La  Tour-Blanche,  dans  la  Dordop:ne,  arr.  do  Ribcrac. 

*  CroiTcac,  commune  de  Saint-Astier,  Dordop:ne,  arr.  de  Péripuoux. 

'  Lef  comptes  de  chaque  année  ont  leur  numérolation  particulière  et  sont  divisés  on 
kax  parties  :  1»  Recepta  (recettes);  l'^Expensa  [dépeuses].  Lu  foliolation  du  manuscrit 
st  iaàiauée  en  têlc  de  chaque  pani^raphe,  la  lettre  a  (l«*si^'iiunt  le  recto,  ^  le  verso. 

*  L«s  comptes  de  1206,  fréquemment  mentiuiiDés  dans  l'article,  ont  été  publiés  par 
I.  S.  Havet  (Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes,  1884,  p.  '2;);")  et  suivantes). 


246  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

livr. 

7.  De  quodam  judeo  Baioceosi  per  magistrum  Petrum 

de  Gornayo  UQum  ciphum  argenteum  ad  pedem 
deauratum  ponderis  4  marcarum  2  unciarum  et 
dimidie  valentium  4  libras  turonenses  pro  marco.      17 

8.  I)e  tallia  Judeorum  ballivie  Biluricensis  per  Perre- 

quinum  de  Milli  judeum ! 30 

9.  De  residuo  subventionis  xiiii<»  Judeorum  ratione 

exercitus  et  armorum  ballivie  Trecensis  de  Vi- 

vancio  judeo 20 

40.  De    eodem  Vivancio  pro  Johanne    Rollando  pro 

eadem  subventione 25 

44.  De  ballivia  Arvernie  per  Girardum  Ghauchat  pro 

dicto  residuo 43 

42.  De  ballivia  Rotbomagensi  per  Balduinum  Poutrel 

pro  eodem  residuo 32 

43.  De  ballivia  Gisorcii  per  Guillelmum  de  Espovilla 

pro  eodem 42 

14.  De  roellis  Judeorum  Parisiensium  pro  termino 
Omnium  Sanctorum  97  per  Danyelem  Britonem 
qui  eas  émit .->o 

45.  De  roellis  Judeorum  ballivie*  Bituricensis  per  Per- 

requinum  judeum 35 

16.  De  roellis  Judeorum  Gampanie  per  eumdem  Rober- 

tum  Hobe  qui  eas  émit 400 

47.  De  emenda  Vitnli  judei  qui  fecit  vulnerari  et  in- 

carcerari  Renaudum  Monacbi  servientem  Cas- 
telleti 50 

48.  De  emenda  Sonini  judei  de  Gastro  Therici  pro  eo 

quod  falso  sub  nomine  Marescalli  Gampanie  fecil 
scribi  magistro  J.  Glers  falsas  litteras  et  sigillum 
apponi  fecit  per  dictum  Hobe  servientem  pro 
parte 50 

49.  [F^lbb],  De  emenda  Manasseride  Espernato  judeo 

pro  quadam  inobedientia  dicto  magistro  J.  facta.       6 

•    [Fo  17  b,  col.  2].  Ociobris  jovis  23«  die, 

20.  De  subventione  xiiii«  Judeorum  ratione  exercitus 
et  armorum  in  eadem  ^  ballivia  per  eumdem  cle- 
ricum*  pro  dicto  Egidio  31  1.  44  s.  6  d.  parisien- 
ses  computatœ  valent  super  regem 39 

[F*  49  a,  col.  2].  Novemiris  jovis  6»  die, 

24.  De  Kaloto  Judeo  de  summa  de  500  1.  t.sibi  mutuo 
traditis  per  Luparam  primo  die  septcmbris  pro 

^  Orléans. 

*  Jean,  clerc  do  feu  Gilles  Casûn,  receveur  de  la  Baillie  d'Orléans. 


LES  REVENUS  TIRÉS  DES  JUIFS  DANS  LE  DOMAINE  ROYAL         247 

livr.      8.  den. 
communitate  Judeorum  computatas  in  cedula 
facta  Ticesima  secunda  die  octobris  super  regem.    400       »     i> 

^^  24  a,  col.  1].  Novemhris  dominica  30«  et  ultima  die. 

De  fînatione  Judeorum  Parisiensium  per  Danyelem 
clericum  compulatœ  super  regem 200       »     » 

[F*  24  a,  col.  2].  Decembris  mercurii  3»  die. 

De  fînatione  Judeorum  ballivie  Aurelianensis  per 
Symonem  de  Gurcellis  prepositum  Aurelianen- 
'  sem  computatœ  super  regem 600       »      » 

[F^  25  a,  col.  2].  Decembris  mercurii  40^  die. 

De  fînatione  Judeorum  ballivie  Trecensis  per  Ha- 
gyn  de  Pruvino  et  Vivandum  Godemare  Judeos 
computatsB  super  regem 17       5      » 

De  Kaloto  Judeo  pro  eo  residuo  de  500  1.  t.  sibi 
mutuo  traditarum  per  Luparam  pro  communi- 
tate Judeorum  computatœ  per  dominum  Odar- 
dum  de  Gbambli,  militem  qui  debebat  eidem 
judeo  super  regem  cumalio  6a  die  de  novembris     50       »      » 

[F<>  25  b^  col.  2].  Decembris  veneris  42»  die. 

De  fînatione  Judeorum  prepositure  Silvanectensis 
par  J.  Tipbanie  servientem  régis  60  1.  4  s.  2  d. 
parisienses  computatsB  valent  super  regem 75       4      » 

[F®  26  a,  col.  1],  Decembris  veneris  42«  die. 

De  fînatione  Judeorum  ballivie  Trecensis  compu- 
tata"  per  ballivum  ibi  Balduinum  Tiroul  de  Lau- 
duno  super  regem 600       »      » 

[Fo  27  b,  col.  2]  Decembris  lunœ  22»  die. 

De  fînatione  Aquinî  Judei  dotalicii  fugitivi  1.  t. 
computato)  per  Danielem clericum  super  regem; 
valent  66  1.  8  s.  parisienses 83       »      » 

[F<>  28  ^,  col.  \].  Decembris  mercurii  24«  die. 

De  fînacione  Judeorum  ballivie  Turoncnsis  pro 
ballivo  ibi  Jaquelino  Troussel  computatro  per 
Jobannem  Alberti  de  Turonis  super  regem  va- 
lent 8<  9  1.8  s.  parisienses 4024       5      » 

[Fo  28  ô,  col.  2].  Decembris  sabbato  27«  die. 

De  Judeis  dotalicii  defuncte  regine  Margariteper 
Danyelem  clericum  computatas  super  regem  va- 
lent 183  1.  5  s.  parisienses 229      45      » 

F^  28  ô,  col.  4).  De    roellis  Judeorum  prepositur 


258  RKVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Uvr. 
re  Petrefontis  computatau  per  Pasquenim  cle- 
ricum  prepositi  ibi  super  regem  valent  6  s.  10 
den.  parisienses; 8 

32.  De  finatione  Judeorum  ballivic  Yiromandensis  per 

Bernardum  de  Noyentel  computatœ  super  regem 
valent  166  l.  8  s.  parisienses 208 

1298-1299   (N.    STTLB). 

[F«  34  Uy  col.  7].  Veneris  46«  die  JanuariL 

33.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Vilriaci  per  Niche- 

laum  Amoretes  et  Vivandum  de  Sancto  Medardo 
Judeum  computate  super  regem  valent  304 1.  par.    380 

[F®  34  a,  col.  2].  Januarii  jovis  23«  die. 

34.  De  iinatione  Manasserii  de  Sancto  Florentino  judei 

per  Ilagin  de  Corbolio  judeum  computatœ  super 
regem 10 

[F»  38^,  col.  2],  Mardi  jovis  42»  die. 

35.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Vitriaci  per  Vivan- 

dum de  Sancto  Medardo  judeum  computatœ  su- 
per regem 455 

[F®  39  b,  col.  2].  Mardi  mercurii  48«  die. 

36.  De  finatione  Judeorum  ballivie  bituricensis  com- 

putata>  per  Arnulphum  Guarelli  pro  ballivo  su- 
per regem  :  valent  449  1. 48  s.  5  d.  par 212 

[F»  40  a,  col.  2].  Mardi  lune  23»  die. 

37.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Arvernie  per  Johan- 

nem  de  Ferreriis   et   Perrequinum  de  Sancto 
Dionysio  judeum  computataî  super  regem 244 

[Fû  40  h,  col.  2].  Mardi  martis  uUima  die. 

38.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Arvernie  per  Johan- 

nem  Chauchat  pro   ballivo  ibi...    computatae 
super  regem 455 

[F"  44  a,  col.  4j.  Aprilis  veneris  3»  die. 

39.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Yiromandensis  com- 

putatœ  per  Gilbertum  Boyvin  pro  ballivo  super 
regem.  Valent  420  1. 40  s.  5d.  par 525 

40.  De  roellis  Judeorum  ejusdem  ballivie  computate 

per  eumdem  Gilbertum  pro  ballivo  super  regem.      45 

[F»»  43  a,  col.  4]  Aprilis  jovis  46»  die  in  cena  Domini, 
14 .  De  finatione  Judeorum  ballivic  Silvanectensis  com- 


LES  UEVKNUS  TiriÉS  DKS  JUIFS  DANS  LE  DOMAINE  ROYAL 

Uvr. 

putatœ  per  Philippum  servientem  régis  a  Ponte 
Sancte  MûxeDCie  super  regem;  valent  '208  Lpar,.     260 
42^    I>€  îôellis  Judeorum  preposiiure  Parisiensis  per 
eumdem  Danyelem  pro  termino  Omaium  Saac- 

torum  97  computatœ  super  regem 50 

45.  J>e  Salone  de  Vernooe  judeo  dotalkii  defuncle  ra- 
cine Margarite  computata3  super  regem  per 
X>aDyelem  clericum — ,,.,,...      60 


EKPENSA. 
1298. 

[F®  84  a,  coL  2].  Sepiembris  lune  prima  die. 

44.  Kalot^iis  judeus  pro  muluo  sibi  facto  pro  commu- 

■  jxi  t-^ite  JudeoruDQ  computaUr  per  se  super  regem 

^  i'^cl4eodLh*  ad  proximos  Omnes  Saoctos. ....«.,,,    500 

ki  ^is.      X>^  eodem   monelagio  >;pariâieûsi  per  Kaloluoi 

i<-ic±«um.  L  t.  compulatœ  per  eumdem  B.  super 

^^^^m  valent  iU  h  par 530 

[F«  38  à,  coL  2],  Dêcembfis  sabbaio  27«  die, 
DBtii^l  dericus  predktus  pro  vadiis  suis  super  Ju- 
^^^«^s  de  anno  fiiiito  ad  Omnes  Sauctos  5  s.  t.  per 

iî^i^JdicoiDputata  per  se 91 

'Et  pro  expensis  factis  in  negoiiis  Judeorum 
oontiputaia^  per  eumdem  Dauielem  super  regem, 
*iei<±ucende  de  receptis  Judeorum,  valet  totum 
^  ^3   1.  et  5  s.  par. , 2«9 

1209  (Qouv.  style). 

.^^Sa^  coL  2  à  35^  coL  \].  Fibruarii  dominiça  15«  die. 

t6.  C^^^'^^s  super  regem  per  cedulam  magistri  Jo- 

^anni  Giers  pro  domioo  Gaîcherio  de  Caslellione 

pto  denariis  quos  recepit  a  Judeis  de  tallia  Cam- 

pauic  in  pluribns  pro  facta  guerre  ibi 480 

El  a  Petro  de  Boucli  aiilite  ballivû  Galvi  Mon- 
tiflde  subsidio  xiv°  Judeorum  68  L  4  s.  3  d.  lu- 

rofleoses ' 68 

Et  reddidJmus  lotum  régi  sub  litulis  suis  per 
Ddayelem  clericum  qui  attulii  cedulam. 

[F«  39 (f,  col.  1].  Mardi  jotis  4î«  die, 
^l  Opjmus  super  regem  in  expensis  pro  Judeis  pro 
denariis  Irgditis  per  Danyelem  clericum  Mossetto 
de  Forniciis  el  Savureto  de  Sanclo  Diooysiô  Ju- 
deis pro  expensis  suis  lu  aegotiis  Judeorum t-i 


17 


280  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Uvr.      s. 

Et  reddidimus  régi  de  Judeis  defuncte  regine 
Margarite  per  eumdem  Dan3'elem. 

[F")  43  a,  col.  à].  Sahbato  18<>  die  aprilis  in  viçilia  Paseke. 

48.  Cepimus  super  regem  in  expensis  Judeorum  pro 
denariis  per  Danielem  traditis  Savoreto  de  Sancto 
Dionysio  judeo  pro  expensis  suis  in  negotiis 

Judeorum I  î»       t> 

et  reddidimus  régi  de  Judeis  dotalicii  defuncte 
regine  Margarite. 

REGEPTA. 
1290 

[F«  44  a,  col.  i\.  Maii  fnartit  5^  die. 

I.  l)e  tallia  Judeorum  ballivie  Aurelianensis  pro  Sy- 
mone  de  Curcellis  preposito  Aurelianensi  32 1.  p. 
computate  per  Johannem  de  Fonleblaudi  super 
regem 40       » 

[?<"  46  è,  col.  i].  Maii  ttneris  f9  die  im  crasdmo 
Asansiomis. 

S.  De  finalione  Judeorum  prepositure  Silvaneclensis.      64      14 

De  roellis  Judeorum  ibi 6      15 

tota"  computalïe  per  Johannem  Theopbanie  super 
negem  valeni  57  1.  3  s.  â  den.  parisienses. 

(F»  S6  h,  col.  2;.  yiriitt  martis  23'  die  tA  rigUiA  Saneii 

JokûMMis. 
3.  IV  debitis  ballivie  Gisorcii  per  llicha^l  Judeum  de 

Vemoîio 180       » 

computattT  super  ballivium  Gisorcii  raient  1441. 
parisiense^. 

[P^  S7  è,  coL  i\  Jmmu  d^omimiim  ^'  die. 

k  De  tallia  seu  ânatione  Judeorum  balIiTie  Seno- 
nensis  pro  bailivo  ibi  per  Guillelmum  de  Dici 
300  1,  p.  coc^pulata^  super  repein 375        » 

T*  SS  tf ,  cc'l.  ?;   Jw^iikTîs  î*  du, 

^  De  finalione  Judeorum  ballivie  MaUsconensis  per 

Robenum  clennim  bailivi  super  rtjjera îTô      1 0 

P  >s  K  co:.  V  ,7«;4i  MMrif  5»  die. 

f.  IV  f.natione  Juieoram  baUivîe  Ambrianessis  per 
baiilrum  ib^..  IM  1.  S  s,  ^  ù,  par.  odapuuu 
Talent  suiier  Kigienou II3       » 


|,ES  REVENUS  TIRÉS  DES  JUIPS  DANS  LE  DOMAINE  ROYAL 

livr. 


251 
deo. 


P«  94  a,  cûU  i].  Auffusii  lunm  uUima  die^ 

De  finatione  seu  tallia  seoescaltîe  BelHcadri  de  ter- 
uxïoo  Omnium  Sanctorum  98  computata  per  ma- 
^istrum  Pelrum  de  Biterris  pro  senescallo  super 
re^^ni  valeni  304  lib.  13  s.  10  dea.  par..^ 380      17      i 

[F^  97  fl,  coL  !].  Octohns  mariis  G'*  die. 

e  flnatione  seu  lallia  Juiteorum  senescallie  Agen- 
neiisis  per  Bernardum  de  la  Devese  receptorem 

ilji    crompulala  super  regem f37       6      < 

I>^  roellis  Jadeorum  Ibi  per  eumdem  Berna r- 
dixxxi.  computata  super  regem 27       5      5 

|;P*403fl,  coL  2],  Novembris  sabhaio  M"  die. 

\  fînotione  Judeorum  ballivie  Silvaiiecteûsis  de 
tenmpore  Johannis  de  Maria  Gl  solidos  7  den,  pa-     » 
risi^Eses  computata*   per  eumdem  Philippum  * 

valô  n  t  super  regem •>      77      » 

1>^  roellis  Judeorum  ibi  computata  per  eum- 
denm  Philippum  super  regem  vaïeat  7  1.  49  s, 
S  de XX .  par - , .        9      49      3 

[F"»  404,  col.  t],  Novembris  jodis  49»  die. 

Tiis  ievatis  a  Judeis  ipsius  domini  Karoli 

entes  suos  posL  vonditionem  ipsorutn 9ti)       »      » 

computalt^  per  eumdem  Jobannem  Kesnel  super 

[po  lOi  J,  coL  2],  Nofiemlfris  veneris  SO'»  die. 

De  Judeis  quos  rex  émit  a  domino  Karolo  fralre  suo 
computata»  per  Daûielem  clericu m  super  regem.    292       »      » 

[F<>  408a»  coi.  4].  Decembris  jovisim  die. 

DeÛnaiîone  seu  tallia  Judeorum  ballivie  Trecensis 
per  Hagin  de  PruviDo  et  Vivaudum  Godemare 
judeas  computata  super  regem 61      45      » 

Decembris  teneris  44*»  du. 

De  finûtione  Judeorum  ballivie  Trecsosis  per  Hagin 
de  ?riivino  et  Vivandum  Godemare  computatîP 
super  regem.*....*. 10       »      » 

[F«  408  a,  col.  %  Saèbaio  H^  die. 
,  Dfe  finatione  Judeorum  seu    tallia  ballivie  Seno- 
ûflûsis  pro  Guillelmo  de  Dici  de  tempore  quo  erat 
îHtpositus  Senonensis  200  L  par.  computatte  per 


iipF«»d«Btllo  MAiieriû. 


2ÎJ2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

livr.      s.  i 
Petrum  de  Dici  super  ballivum  ScQoneDsem  per 
cedulam  curie 250       » 

[F*  108  èj  col.  2].  Decemhris  jovis  I7«  die. 

15.  De  Samuele  Viole  judeo  quem  rex  émit  a  domino 

Karolo  fratre  suo  computatœ  per  eumdem  Tho- 

mam  super  regem 300       ^ 

[F«  2  a,  col.  2],  Decembris  sahbato  26«  die, 

16.  De  tallia  Judeorum  (Tholose)  per  predictum  Symo- 

nem  quorum  partes  sunt  reducicje  in  computo 

.   senescallie  Tholose  de  97 809       »    s 

Et  in  computo  senescallie  ejusdem  de  anno  ic.    496       »     « 

[F«  2  b,  col.  2].  Decembris  mercurii  30»  die, 

47.  De  Judeis  comitatus  Valesie  quos  rex  émit  a  do- 

mino Karolo  fratre  suo  computata  per  Johannem 
de  Ferreriis  et  Bernardum  de  Galvo-Monte  ju- 
deum  super  regem  ;  valent  373  1.  16  s.  par 467        5      n 

[Fo  3  a],  Decembris  jovis  3«a  die. 

48.  De  quibus  reddidimus  régi  in  locis  suis  de  tallia 

Judeorum  senescallie  Yasconie  de  predicto  anno.      60        »    21 
Et  Senescallie  Petragoricensis 464        >    12 

1299-1300  (Qouv.  style). 

[F»  3  b,  col.  2].  Januarii  marlis  5«  die. 

49.  De  finatione    Judeorum    prepositure   Parisiensis 

computata  per  Daniefôm  clericum  Francie  régis.    244      12      ï> 

[F<>  4  b,  col.  2].  Januarii  teneris  43«  die. 

20.  De  Judeis  quos  rex  émit  a  domino  Karolo  fratre  suo, 
totœ  computatœ  per  Hobe  servientem  Castelleti 

Dayotum  de  Sayia  judeum  super  regem 4  938        »      » 

De  roellis  eorumdem  Judeorum    computata) 
per  eodem  super  regem 92        »      » 

[F®  oa,  col.  4].  Januarii  dominica  17«  die. 

24 .  De  judeis  dotalicii  regine  Margaritaî  defuncte 249        7      6 

tota  computata  per  Danielcm  clericum  super 
regem  ;  valent  475  1. 40  s.  par. 

[F»  5^,  col.  4].  Januarii  veneris  22»  die. 

22.  De  finatione  seu  tallia  Judeorum  ballivie  Galvi- 

montis 492        *      » 

tolœ  computatiP.  per  Fantinum  judeum  de  Barro 
super  regem  ;  valent  393  1.  42  s.  par. 


LES  aeVENUS  TIKES  DES  JUIFS  DANS  LE  DOMALNE  ROYAL 

tivr.      s.   1 
[F«  6a,  col.  i].  Januarii  lune  25«  die. 

De  fioatione  Judeorum  ballivie  Yilriaci  computala 

per  Haquinum  du  Tour  super  regem  . .  .* 450       7 

valent  360  L  5  s.  7  d,  pan 

6  ^,  coL  4],  Feàruarii  imrctirii  3*  die  in  crasHno 
Candelose, 

1^  De  Jtxd^is  dotalicii  regine  Margarite  defuncte  per 
Dani<êlem  cïericum  104  L  p.  coraputatie  super  re- 
I      geoi  ^valent , f *9       *» 

I  [F<>  7  h,  coL  2].  Februarii  lum  8»  die, 

t  Defînatioûe  seu  tallia  Judeoram  ballivie  Ambia- 
Bensis  Î9i  L  p,  compulata  per  Johanoem  Londe 
,  pTo  ballivo  Petro  de  Hangesl;  valent  super  regem.    21-2      tO 
^p7i  col.  2].  De  roellis  Judeorum  ejosdeoi  ballivie 
IQO  sol.  parisis  computala  per  eumdem  Johaii- 
uem  pro  eodem  ballivo  ;  valent  super  regem. . . ,        6       5 

[F"  8  a,  coL  2].  Feèruarii  Jovis  M»  die. 

De  fioatione  seu  tallia  Judeorum  ballivie  Viroman- 
densis  in  prepositura  Montis  desidcrii  per  Jaco» 
bura  de  Ilagest  prepositum  ibi  pro  Gileberlo 
Boy\io  computata  super  regeoi. 3î)9     18 

De  rocUis  Judeorum  ibi  .*....,...,,.. 8       % 

compulata  per  eumdem  Jacobum  pro  eodem  Gi- 
leberlo super  regera. 


fl- 


» 


[F»  7^,  col.  4].  Februarii  vemris  \t^  die, 

^  De  fînattooe  seu  tallia  Judeorum  ballivie  Viro- 
mandensis  in  prepositura  Perone  61  U  8  s.  G  d. 
par.  computala  per  Heuricuoi  servieDtem  PeroDe 
pro  ballivo  Viromandeusi  valeut  super  regem. . .  76 
De  roellis  Judeorum  ibi  8  L  fi  s.  6  d.  par  compu- 
tala per  eumdem  Heuricum  pro  eodem  ballivo; 

Taleot  super  regem 10 

De  Ûnatione  seu  tallia  Judeorum  ballivie  Trecensis 
computata^  per  ballivum  ibi  Baldouinum  Tyroul 

super  regem *  <oûo 

Deeddem  finatione  (Judeourm)  bailivie  SenoDeosis.  12ii 
computatae  per  Johannem  de  Veuoyse  et  Per* 
rotum  de  Suri  pro  ballivo  super  regem 
Summa  xviii'  xli'  iv  s.  par, 

[F»  8^,  coL  t\*  Fthruarii sabbaio  13»  die. 

.«t  31.  De  ûnatiotie  Judeorum  ballivie  Caletî.. 4218 


14 


254  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

livr. 

computata   pro  ballivo  per  Guillelmum  cleri- 
cum  suum  super  regem. 

34.  De  roellis  Judeorum  ibi  * 6    \     '^■ 

computati    per  euindem   H  pro  eodem  ballivo 
super  regem. 

35.  De  finatione  Judeorum  ejusdem  ballivie  Viroman- 

densis  in  preposilura  Roye 80     3^ 

computala  per  Aubertin  de  Villare  pro  ballivo 
super  regem. 

36.  De  roellis  Judeorum  ibi 52        ^ 

computata  per  eumdem  pro  eodem  ballivo  su- 
per regem. 

[Fo  9  a,  col.  51].  Fehruarii  lune  45«  die. 

37.  De  Judeis  dotalicii  regine  Margarile  defuncte  65  l. 

p.  computata  per  Danyelem  clericum  valent  su- 
per regem 80     2o 

[Po  9^,  col.  \].  Februarii  mercurii  17»  die. 

38.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Silvanectensis 798       9 

computata  per  Philippum  servientem  Francie 
régis. 

39.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Bituricensis  pro 

ballivo 4500        » 

computata  per  Arnulphum  Guarreau  de  Bitu- 
ris  super  regem. 

[F*»  9  b,  col.  2].  Februarii  vefieris  19»  die, 

40.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Turoncnsis  pro  bal- 

livo ibidem  Jaquelino  Troussel 2077        9 

computata  per  Johannem  Aubertum  super  re- 
gem. 

[F®  40a,  col.  \].  Februarii  vetieris  49»  die. 

44 .  De  Samuele  Viole  Judeo  de  Rothomago  empto  a 

domino  Karolo  fratre  régis 300        /> 

computatœ  per  Thomam  clericum  Baldouini  Pou- 
trel  super  regem. 

Februarii  luna  22»  die. 

42.  De  finatione  Judeorum  ballivie  Ylromandensis  in 
prepositura  Sancti  Quentinl  per  Renaudum  de 

Gavecb  pro  ballivo 86      43 

computata  super  regem. 

^  Prévôté  de  Chauiiy,  bailliage  de  Vermandois. 


LES  REVENUS  TIRÉS  DES  JUIFS  DANS  LE  DOMAINE  ROYAL         255 

11  vr.      8.  den. 
[FM  0  a,  col.  2]. 

^5-  De  roellis  Judeorum  ibidem  per  eumdem  Renau- 

dum à      46      8 

compulata  super  regem. 

*^-  De  finatione  Judeorum  ballivie  Vitriaci  pro  ballivo.    500       »      » 
computatœ  per  Haquinum  de  Tours  super  re- 
gem. 

[F^  10  b,  col.  2].  Febmarii  mercurii  24»  die, 

^^.  De  finatione  seu  tallia  Judeorum  ballivie 'Galvi- 

montis 265       »      » 

compu taise  per  Fantinum  de  Barro  judeum  su- 
per regem. 

[F<>  h\  by  col.  2].  Mardi  marlis *«  die^ 

i6.  De  tallia  Judeorum  ballivie  Vitriaci  per  Haquinum 

de  Tour  Judeum 50       »      » 

computate  super  regem. 
47  et  48.  De  judeis  emplis  a  domino  Karolo  fratre  régis    630       »      » 
compulata)  per  Robertum  Hobeservientem  Gas- 
telleti  et  Dayotum  de  Sagia  judeum  Francie 
régis. 

[F»  43  a,  col.  2].  Mardi  jovis  10«  die. 

49.  De  Judeis  dotalicii  regine  Margarite  defuncte  per 

Danyelem  clericum 63      45      » 

computata  super  regem. 

[F"  13^,  col.  4].  Mardi  mercurii  46«  die. 

50.  De  finatione  seu  lallia  Jacobi  de  Flessicour  Judei 

ballivie  Ambrianensis  pro  personna  sua 25       »      » 

computatu)  per  se  super  regem. 

EXPENSA. 
1299. 

[F^  48  a,  col.  4J.  Junii  mercurii  3«  die. 

51 .  Abraham  deFalesia  et  socii  sui  Judei  pro  expensis 

factis  in  negociis  Judeorum 75       »      » 

computato)  per  Danyelem  clericum  Judeorum 
super  computum  Judeorum. 

[P«  86  a,  col.  2].  Junii  jovis  48»  die. 

52.  Johannes  de  Ribemont  pro  pensione  sua  super  Ju- 

deos  pro  termino  Omnium  Sanctorum  98 40       »      » 

computatœ  per  se  super  regem  in  expensis  Ju- 
deorum. 


256  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

livr. 
[F«  88  J,  col.  I].  Juliijovis  2«  die. 

53.  Dominus  Karolus  frater  régis  pro  emptione  Judeo- 

rum  suorum  quos  rex  émit  ab  eo 5000 

computatœ  pef  Johannem  Kesnei,  clericum 
suum  super  regem  per  litteram  régis  de 
45,0001.  t. 

[Fo  88*,  col.  2].  Juîii  dominica  5«  die. 

53  bis.  Dominus  Karolus  frater  régis  pro  emptione  Ju- 

deorum  suorum  quos  rex  émit  ab  eo 5000 

computata)  per  Johannem  Resnel  clericum  suum 
super  regem  valent  4,000  1.  p. 

[F»  90*,  col.  2].  Juin  sabbaio  48»  die. 

54.  Dominus  Chambliaci  Petrus  miles  pro  Samuele  de 

Quintre  judeo  suo  quem  vendidit  régi 350 

computatœ  per  dominum  Robertum  capellanum 
suum  super  regem. 

[F«  90*,  col.  4].  Juin  inartis  14a  dU. 

55.  Ealotus  judeus  pro  expensis  suis  in  negociis  Ju- 

deorum  ex  mutuo 400 

computatœ  per  se  super  regem. 

Juin  mercurii  hï^<*  die. 

56.  Dominus  Karolus  frater  régis  pro  emptione  Judeo- 

rum  suorum  quos  rex  émit  ab  eo 4000 

computata)  per  Johannem  Kesnei  clericum  suum 
super  regem  cum  aliis. 

[F®  94  *,  col.  t].Juliijovis  30«  die. 

57.  kalotus  judeus  pro  negociis  Judeorum  expediendis.    600 

computataî  per  se  super  regem  in  expensis  Ju- 
deorum. 

[F»  400  a,  col.  4],  Octobris  sabbaio  ultima  die. 

58.  Daniel  Brito  clericus  pro  negociis  Judeorum 25 

computatîD  per  se  42  a  die  octobris  super  re- 
gem in  expensis  Judeorum. 

[F®  405  a,  col.  2].  Novembris  sabbaio  24 «  die. 

59.  Daniel  Brito  clericus  de  anno  finito  ad   Omnes 

Sanclos  95,5  s.  t.  per  diem 9i 

computata  per  se  super  expensa  Judeorum. 

[F»  408*,  col.  4].  Decembris  marlis  45«  die. 

60.  Magister  Johannes  de  Ribemont  pro  pensiouQ  sua 


LES  REVENUS  TIRÉS  DES  JUIFS  DANS  LE  DOMAINE  ROYAL         257 

livr.      s.  den. 

quam  capit  super   Judeos  de   anno    fiaito  ad 

Omnes  Sanctos  99 40        »    .  » 

compulatfD  par  se  super  expensa  Judeorum. 

[F<»  3û,  col.  1].  Decembris  jovis  ultima  die. 

ts,  Cepimus  super  regem  in  expensis  Judeorum 
pro  denariis  reddiiis  régi  per  Luparam  iu  com- 
puto  AsccncioQis  99  a  tergo  rotuli.  De  finatioue 
Judeorum  ballivie  Senonensis  per  Guillelmum 
de  Dici,  quae  debuerunt  reddi  ballivo  Senonensi 
quae  reddidit  in  summa  de  \<^  1.  p.  in  computo 

suo 375       »      » 

valent  300  1.  p. 

1Q99-1300  (nouv.  style). 

[F®  4  «,  col.  \],  Januarii  martis  5<»  die, 

ter  Judocus  de  Vermone  et  Galeranus  Brilo  clerici 

pro  scripturis  in  negotiis  Judeorum K\        »      » 

computataî  per  Danyelem  clericum  in  expensis 
Judeorum. 

[Po  11  a,  col.  2].  Februarii  sabbaio  27«  die 

Petrus  de  Belloforti  pro  nimis  reddito  régi  de  tallia 
Judeorum  Burdigalensium  per  computum  Gé- 
rard! Balene  pro  dicto  Petro  per  Luparam  in 
computo  Ascencionis  98  in  summa  dé 4000  1.  t.. .  125  5  » 
computatarum  per  se  super  expensa  Judeorum 
percedulam  curie. 

A  AJOUTER  AUX  DÉPENSES! 

[F»  86  a,  col.  1].  Junii  mercurii  17«  die. 

Dominus  Karolus  frater  régis  pro  omnibus  Judeis 

suis  quos  rex  émit  ab  eo 

computata)  pro  prima  paga  per  Jobannem  Kes- 
riel  clericum  suum  super  regem  per  cedulam  in 
computo  Omnium  Sanctorum  99. 

[F*  104  b,  col.  2].  Novembris  Jovis  19«  die. 
Dominus  Karolus  frater  régis  pro  Judeis  suis  quos 

vendidit  régi  pro  suo  residuo  de  20,000  1 5000        »      « 

compulatœ  per  Jobannem  Kesnel  clericum  suum 
super  regem  de  quibus  retinemus  900  1.  t.  quas 
dominus  Karolus  debebat  domino  Gaslellio- 
nis  et  dominus  Gastellionis  debebat  tbesau- 
rariis. 

T.  XV,  N«  30.  17 


288  REVUE  DES  ÉTUDES  JWTES 

li?r. 

RECEPTA. 
1301. 

[F»  411  a,  col.  4].  Maiijovis  4«  die. 

4.  1)0  Tallio  Joceli  lo  Tort  et  Vivandi  de  Asneriis  Ju- 
deorum  ballivie  Silvanectensis  collecta  per  Per- 
rotiiin  Vlviaui  pro  personnis  suis  per  Jocetum 
do  Poutisara  Judeuiii  super  regem » 

IF«  4 42  a,  col.  i],  Mail  marlis  9«  die. 

î.  Detalliaseu  fiualione  Judeorum  ballivie  Cadomi, 

pro  ballivo  ibi,  per  Danyelem  clericum 60d      '^ 

conipulata*  super  regem. 

3.  [F^  11^3  col.  (J.  De  relicta  Caloti  Jadei  pro  quadam 

tiuatione  de  4000  1.  t.  ut  dicitur,  17  a  die  aprilis 

perse 400      » 

Et  t\^  aprilis  per  Hermaadum  de  Suessioai- 
bus  commoraDtem  apud  Rbotomagum 200       '> 

(F»  \  \8  b,  col.  r.  Mail  sabhalo  «3«  die. 

4.  l)e  tallia  Judeorum  Senescallie  Tbolosane  per  eum- 

dem  Nicolaum 4647       7 

Et  Senescallie  Rulbeneosis  per  eumdem  Nico- 
laum      440      12 

Maiiluw  45«  die. 

5.  IV  lallia  Judeorum  ballivie  Aurelianensis  per  Pe- 

irum  lo  Croslioune 265        »> 

computatîv  super  regem.  valent  t\t  i.  p. 

,F*  414  ««  col.  ij.  Maiijovis  ««•  dU. 
6«  IV  tallia  Judeorum  ballivie  Senonensis  per  Petrum 

do  Suri ; 368        2 

;F*^  H5,î,  co:  \\  Miiii sabhalo  20»  die. 
7,  IV  tAllia  Judeorum  balùvîe  Bi;unoeasi$  de  tempore 

Rolvni  Man^'rs 300      46 

IV  dioiv^  OrvM-^i^sani  Coben  Juieo  cjusdem  bal- 

liT:o  prv*  porsv  nua  <ua »    1 1 5 

IV  Sair.ueîo  Judoo  ce  Kxciduno  ejosdem  balH- 

vio  pro  pojRs^Hina  sua 23        » 

ivwpuuu'  per  ^umàeiL   ÎVtrum  Lombanlum 
supor  n^m. 

:F^  ns il,  col  2  .  Jftni  w-yvrtî  24»  dû. 

^  IV  ;^ IV.A  J  *:ùooru:::  ^i,;:v:^^  B:;urk»eos;5^ 97ô        » 

iVT  Svr^ck;,«a:  vie  Rv^ri«*  s^emeaiesi  Castel- 
feu  $Uîw  ly^s: 


LES  REVENUS  TIRÉS  DES  JUIFS  BANS  LE  DOMAINE  ROYAL        259 

livr.      8.   den. 
[F®  115  èy  col.  2].  Maiijotis  25»  die. 

>e  tallia  Judeorum  ballivie  Bituricensis S6      10      » 

per  Symonem  de  Boufûers  super  regem. 

[Po  446  a,  coL  4].  Junii  veneris  2«  iie, 

t>e  tallia  Judeorum  ballivie  Bituricensis. 515       4      8 

pro  Roberto  Maugars  quondam  ballivo  ibi  per 
Jobannem  Bidault  clericum  suum  super  regem. 

IF®  147  ày  col.  4].  Junii  veneris  16«  die. 

De  tallia  Judeorum  ballivie  Malisconensis 460        »      » 

pro  defuDcto  ballivo  ibi  domino  Jobanne  de 
Sancto  Dionysio  per  magistrum  Michael  clericum 
dicti  defuncti  super  regem. 

[Fo  418  ^,  col.  1].  Junii  mercurii  »8»  éUe. 

De  tallia  Judeorum  ballivie  Viromaadensis 96       »      » 

pro  ballivo  Petro  Guiilelmo  de  Crandelayn. 

De  roellis  eorumdem 24        »      » 

per  eumdem  Gui  super  regem  iulocis  suis. 

[F"^  118  ^,  col.  2].  Junii  veneris  ultima  die. 

De  tallia  Judeorum  ejusdem  ballivie  (Trecensis). . .    707      10      >> 
pro  eodem  ballivo  per  eumdem  clericum  super 
regem. 

[po  119  a,  col.  1].  Juin  dominica  2»  die. 

De  tallia  Judeorum  ballivie  Arvernie 400        »      » 

per  Girardum  Gbauchat  pro  ballivo  ibi  super 
regem. 

[Fo  119^,  col.  1].  Juin  mercurii  5«  die. 

De  tallia  Judeorum  ballivie  Senonensis 80      37      » 

per  Richardum  valletum  Guillelmi  de  Atbiis 
pro  Petro  de  Suri  super  regem. 

[Fo  119^,  col.  2].  Juin  Jovis  6»  die. 

De  tallia  Judeorum  ballivie  Bituricensis 245       »      * 

computalaî  per  Symonem  de  Boufûers  servien- 
tem  Gastelleti  super  regem  valent  196  1.  p. 

[F*>  60  by  col.  1].  Augusti  dominica  6«  die. 

De  tallia  Judeorum  ejusdem  ballivie  (Trecensis). . .      30       3      8 
pro  eodem  .ballivo  per  eumdem  clericum  super 
regem. 

54  a,  col.  2].  Augusti  lune  14»  die  in  vigilia  Assuvip- 
tionis  Béate  Marie. 

Ballivia  Gisorcii  :  de  tallia  Judeorum  ibi. 2S0       9      i 


260  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

11  vr.      8.  de 

De  roellis  Judeorum 75     47 

computata  pro  ballivo  Gisorcii  per  Johannem 
l*ODcle  valletum  suum  super  regem. 

[F»  52  a,  col.  4].  AuçHêii  jovis  ulHma  die. 

49.  De  tallia  Judeorum  ballivie  Bituricensis  per  Symo- 
nem  de  Boufûers  servientem  Castelleti  280  1.  p. 
valent  super  regem 360       » 

[¥•  65  à,  col.  2].  Novetnàris  jovU  2«  die  in  eraslino 
Omnium  Sanctorum. 

20.  De  tallia  Judeorum  ballivie  Senonensis  qui  fuerant 

in  discordia  intcr  regem  et  dominum  Blancham 
de  Britannia  per  Robinum  de  Monte  desiderii  et 

Danielem  clericum 219      47 

computata  super  regem  in  quibus  includuntur 
85  regales  auri  quilibet  pro  30  s.  et  2  d.  par. 
quos  babuit  Jacob  Lucet. 

[Po  57  a,  col.  4],  Novembris  dominiea  5«  die. 

21.  De  roellis  Judeorum  balliviarum  Gonstancie  et  Ga- 

domi 40       9 

per  Jobannem  de  Pistres  clericum  22»  octobris 
super  regem. 

22.  De  tallia  Judeorum  ballivie  Gadomi 4  37       9 

pro  ballivo  ibi  per  Jobannem  clericum  suum 
23«  octobris  super  regem. 

23.  De  relicta  Kaloti  judei  de  Rothomago  per  Herman- 

dum  de  Suessionibus  commorantem  apud  Rotbo- 

roagum  48«  octobris 300       » 

Et  25»  octobris 400       » 

super  regem. 

[F*  58  b,  col.  2].  Novembris  dominiea  42»  die. 

24.  De  tallia  Judeorum  ballivie  Aurelianensis 60       » 

per  Petrum  de  Crestienne  super  regem. 

[F*  60  a,  col.  2].  Novembris  sabbato  48«  die. 

26.  De  roellis  Judeorum  ballivie  Gonstancie 7       2 

per  Jobannem  de  Pistres  super  ballivum  Gons- 
tancie. 

26.  De  tallia  Judeorum  ejusdem  ballivie 30       > 

per  eumdem  J.  clericum  ballivie  super  regem. 

[F*  60  a,  col.  4].  Novembris  lune  20»  die. 

XI.  De  tallia  Judeorum  ballivie  Turonensis 1 80    400 

per  Johannem  Albertii   ro  ballivo  super  regem. 


LES  HEVENUS  TIRÉS  DES  JUIFS  DANS  LH:  DUMALNE  HOYAL  26Î 

livr.      s,  deu. 

1  De  tallia  Judeorum  ballivje  Biiuriceusis JiO       »      » 

per  Symonem  de  Boiifllers  saper  regem. 
9.  De  lailia  Judeorum  MUi  vie  Galeti ,.,,     757      10      » 

permagistrumGuiUelmum  clericum  ballivi* 

[F<>  423  a,  coL  i]*  Decmnbris  joms  7«  ^itf. 

D,  D«  Ullia  Judeorum  balJivie  Anibriaoeosis *     <36      19    ^4 

pro  ballivo  ibi  per  Johannera  clericum  suum 
super  regem. 

I*  De  roellis  Judeorum   ibi    per   eumdein  J.  super 

regem — . 6       9      h 

[F*  423^,  col.  \].  Dec&mùris saàùaio  0»  die. 

l.  De  lâllia  Judeorum  prepositure  Galvimontis  bal- 

livie  Silvanectensis 14        i      4 

deieropore  Jobauois  de  Maria,  collecta  per  pre- 
posUum  ibidem  per  Slephaoum  clâricum  dicti 
prepositi  super  regem. 

I.  De  roellis  Judeorum  ibi ,......._ v     12      3 

de  eodem  tempore  per  eumdem  StepbauuKi  su- 
per r^gem. 

[F<'426  &,  col  1].  Decembrû  sabbato^^^  die. 

L  Pc  tallia  Judeorum  prepositure  Parisiensis  .......        »      65      i> 

per  Danyelem  clericum  super  regem  iu  com- 
pulo  Judeorum. 

EXPENSA. 
1301. 

[F*  bTUt  col*  2].  A^ovembris  dominica  S«  die, 

,  Daniel  clericus  pro  expensis  suis  iq  negociis  Ju- 
deorum ....__,. , »      *2    40 

perse  super  ex  pensa  Judeorum  compulata. 

(?•  126  a,  coL  <].  Dicemhfis  sahbaio  30**  die. 

Cepimus  super  computum  Judeorum  pro  va d ils 

Daoveli  clerici  ij  s .  i ,  per  diem 91        &      » 

pro  anuo  fîailo   ad  Omoes  SancLos   1301    et  a 

ïijoc  usque  ad  jamariuni Va      10      >^ 

Summa. * tCl6      4S      •» 

i|tios  reddidimus  régi  de  tallia  Judeorum  pre- 
positure Porisiensis  per  eumdem  DaDyelem. 


LA  CORRESPONDANCE  DE&  JUIFS  B'ESPABNE 

AYEC  CED!  DE  CORSTANTINOPLE 


Il  est  quelquefois  nécessaire  d'enfoncer  des  portes  ouvertes. 

Parmi  les  personnes  qui  sont  tant  soit  peu  au  courant  de  l'hii 
toire  des  Juifs  et  de  leur  littérature,  il  n'en  est  aucune  qui  puisse— -^^ 
prendre    un   instant   au   sérieux   la   prétendue  correspondance- — ^ 
échangée  autrefois  entre  les  Juifs  d'Espagne  et  ceux  de  Constan 
tinople  vers  Tépoque  de  rétablissement  de  l'inquisition  en  Es^*^" 
pagne.  On  voit  immédiatement  que  c'est  une  mauvaise  plaisan»-  " 
terie,  mais  on  en  doit  la  preuve  aux  savants  qui  s'occupent  d  ^ 
l'histoire  des  Juifs  au  moyen  âge  sans  avoir  pu  l'approfondir  dam-  ^ 
ses  détails;  quelque  singulière  que  soit  cette  correspondance,  il.^ 
ne  sont  pas  suffisamment  initiés  pour  en  sentir  tout  d«  suite  Fal^  - 
surdité,  et  c'est  par  égard  pour  des  scrupules  respectables  qii.^ 
nous  allons  traiter  ici  ce  petit  problème. 

M.  A.  Darmesteter  [Revue,  I,  p.  119)  et  M.  Morel-Fatio  (fftitf  - 1 
p.  301)  l'ont  déjà  examiné  autrefois.  Nous  commençons  par  donner 
ici  le  texte  de  cette  correspondance  d'après  la  plus  ancienne  édi- 
tion qui  en  a  été  faite  et  qui  a  été  signalée  par  M.  Morel-Fatio. 
Elle  se  trouve  dans  la  Silva  curiosa  de  Julian  Medrano,  imprimée 
à  Paris  en  1583,  mais  cette  première  édition  de  l'ouvrage  est 
devenue  rare,  M.  Morel-Fatio  lui-même,  en  reproduisant  Tune  des 
deux  pièces  dont  se  compose  la  correspondance,  n'a  pu  le  faire 
que  d'après  une  édition  récente  et  qui  n'est  pas  toujours  très 
exacte,  à  ce  qu'il  nous  semble,  de  l'ouvrage  de  Medrano,  les 
autres  versions  qui  ont  été  données  de  ces  lettres  diffèrent  toutes, 
plus  ou  moins,  dans  les  détails,  de  celle  de  Medrano  ;  il  ne  sera 
donc  pas  superflu  que  nous  reproduisions  celle-ci.  Elle  se  trouve 
p.  243-245  de  l'édition  princeps  de  la  Silva  curiosa  et  nous  la 
réimprimons  ici  presque  en  fac-similé  *. 

\TLo  texte  donné  par  Amados  de  Los  Rios,  dans  ses  Sttudios  iohrê  los  Jmdioi  dt 


LA  CORRESPONDANCE  DES  JiTIFS  D*ESPAGNE  263 


CARTA  stoiiTENTE  fm  hallada  par  el  ErmiUanm  de  Salamanca 
•»»  ias  Archibos  de  T&ledo,  buscando  las  aniiguidades  de  los  Reims 
^M$panna  ;  ^  pues  tllû  es  sentenda,  y  notable  quiero  escribirte  la 


G  ART  A  Di£   LOS  lUDJOS  D'EsPANNA  A  LOS  DK  GONSTANTINOPLA. 


H^  IvDios  honiTûdos,  saludy  t^racia,  Sepades  qtie  el  Bey  d'Espanna 
■P*^*"  pregoii  publico  nos  haze  voluer  Cbristianos,  y  nos  quittan  las 
^^iazieDdas  y  quittan  las  vidas,  y  nos  deslriiyen  onestras  Sinagogas, 
y  nos  bazeu  otras  vexaliones  las  quales  dos  Licoeu  codIusûs,  y  in- 
^iertos  de  lu  que  debemos  de  bazer.  Por  la  Lei  de  MorsKN  os  roga- 
mos,  y  suplicamos  teogais  eu  bien  de  bazer  ayuntamienlo»  y  im* 
^iarnos  con  toda  breuedad  la  délibération  que  en  elle  buuieredes 

H  Chauoera  Principe  de  los  ludios  d'Ëspanna. 

r       RitsruKSTA  de  los  ludios  de  Çonsianlimpla,  à  los  ludios  €Espmna. 

Amados  bermanos  en  Moisen.  Vuestra  caria  recibimos,  en  la  quai 
îic>s  signifîcais  los  trabajos,  y  inforlunios  que  padesceis,  de  los 
quales  el  seolimienLo  nos  a  cabido  lanta  parte  como  a  vos-otros.  Eï 
pareseer  de  los  grandes  Salrapas  y  Rabi  es  lo  siguieiite. 

A  lo  que  dezis  qu'el  Rey  d'Espanna  os  baze  volner  Christianos, 
^u©  lo  bagais.  pues  ou  pudeis  bazer  otro,  A  îo  que  dezis  que  os 
ïûandan  quilar  vuestras  haziendas,  bazed  vuesLros  bijos  mercadores, 
par©  que  poco  a  poco  les  quiten  las  suyas,  A  lo  que  dezis  que  os 
<îuîian  las  vidas,  hazed  vuestros  bijos  medicos  y  apolecarios»  para 
que  les  quilen  las  suyas.  A  lo  que  dezis  que  os  destruyeu  vuestras 

^^p^fià,  p,  204,  se  rapproche   heuucoup*  du    nôtre»  Voici  la  traduction  partielle  des 

I  *^*^x  lellres.  —  Lfi  juift  d'Espagne  à  e«um  de  Constant inopU, , ,   Snchez   que  le 

'^i    (t'ËBpigne,  par  cri  public,  nous   fuit  devenir  clirolicns,  et  on  nous  prend    nof 

bUnsiitQos  viçSf  ei  on  nous  détruit  nos  synagogues,  et  on  nous  fait  d^autres  vfiia* 

^^os.,,  —  Réfiome  des  Jmf*  de  Cfmiiantinople  à  ceuis  d^ Espagne,, ,  Sur  ec  (|ue  vous 

^Uet  quis  le  m  d^Espague  vous  l'ait  devenir  chrétieni,  faites-le,  puisque  vous  ne 

poqTez  faire  autremeni.  Sur  ce  que  vous  dites  qu'où  vous  ordonne  de  kissor  vos  biens, 

fiUeà  do  vos  ûls  des  marchands,  pour  que  peu   a  peu   vous   leur  preoiez   les  leurs 

|l«i  biens  des  Espegools),  Sur  ce  que  vous  dites  qu^ils  vous  prcnneiït  la  vie,  lotiles 

de  vos  ûls  des  médecins  et  des  apothicaires^  et  vous  leur  prend rei  la  leur.  Sur  ce  que 

vous  dites  qu'ils  détruisent  vos  synagogues,  faites  de  vos  fils  à&s  prêtres  et  des  ihéo- 

^  hfçïtsks^  et  vous  détruirez  leurs  temples.  Kl  sur  ce  que  vous  dites  qu'on  vous  lat| 

i  daiitree  veialious,  lâchez  que  vos  Hls  soient  avocats,  procureurs.,  notaires  et  conseiU 

'  l«»,  et  qu'ils  se  mêlent  toujours  des  aLTaires  nubliqucs,  pour  que,  en  les  assujétissant 

'  /1f#  Eepag-ools],  vous  vous  empariez  du  pays  et  vous  pourrez  vous  venger  d'cui.  Et 

na  vous  écartez  pas  de  Tordre  que  nous  vous  doonous,  car,  par  rexpéfieoce,  vooa 

Terrei  qu/e  d^'iliattiii  vous  an  viendrai  à  Ôtra  tenus  pour  quelque  chose. 


26i  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Sinagogas,  hazed  vuesiros  hijos  clerigos  y  theologos,  para  que  ^^ 
destruyan  sus  templos.  I  à  lo  que  dezis  que  os  hazen  olrasveiC^" 
tiones,  procurad  que  vuestros  hijos  seau  abogados,  procurador^^^ 
notarios,  y  consejeros,  y  que  siempre  eotendian  en  negotios  €^^ 
Republicas,  para  que  sujetandolos  ganeis  lierra,  y  os  podais  veng^  ^ 
d'ellos,  y  no  salgais  d'esta  orden  que  os  damos,  porque  por  exp^  • 
rientia  vereis  que  de  abalidos,  verneis  a  ser  tenidos  en  algo. 

VssusFF.  Principe  de  los  ludios  de  Gonstantinopla. 

Nous  ne  nous  arrét(?rons  guère  aux  objections  tout  extérieure^  :s 
qu'on  a  faites  depuis  longtemps  contre  ces  lettres  ;  elles  circulaieim  t 
sous  des  formes  qui  différaient  assez  notablement  Tune  do  Tautrt*  , 
mais  le  fond  en  était  toujours  à  peu  près  le  même.  Ce  qui  est  plu  ==5 
curieux,  c'est  que  Tauteur  de  cette  singulière  Centincla  coair^Jt 
los  Judios^  que  nous  avons  autrefois  analysée  dans  la  Revue,\^is 
place  à  l'époque  îles  [)ersécutions  dont  les  Juifs  d'Espagne  eurer*  t 
à  souffrir  sous  les  Visigotlis  d'Espagne*,  mais  qui  veut  tri>i» 
prouver  ne  prouve  rien.  Des  clercs,  avocats,  procureurs  jui Os 
au  vu*-*  ou  viii°  siècle,  c'est  un  peu  trop  de  fantaisie. 

Si  la  Centincla  a  une  si  haute  opinion  de  ces  lettres,  il  noia  => 
parait  d'abord  certain  que  d'autres  personnes  ne  leur  ont  p».=5 
accordé  la  même  importance.  L'ouvrage  de  Medrano  est  un  reçue  î  ' 
d'historiettes  amusantes,  pour  la  conversation  galante  des  damera 
et  des  chevaliers.  On  peut  en  conclure  qu'en  y  insérant  ces  lettre^  » 
Medrano  ne  les  a  pas  prises  bien  au  sérieux,  mais  plutôt  pour  uri 
agréable  jeu  d'esprit. 

M.  Morel-Fatio  a  d'ailleurs  démontré,  sans  réplique,  que  les  deuS 
lettres  n'ont  de  sens  que  si  on  les  applique  aux  Juifs  d'Espagne  : 
on  ne  peut,  comme  on  Ta  fait  maladroitement,  les  adapter  à  l'his- 
toire des  Juifs  de  Provence.  11  n'y  avait  pas,  en  Provence,  assez 
de  Juifs  pour  que  les  mesures  proposées  i>ar  les  Juifs  de  Constan- 
tinople  pussent  y  avoir  quelque  effet;  les  plaintes  adressées  aux 
Juifs  de  Gonstantinopie  parleur  correspondant  d'Espagne  dénon- 
cent des  faits  qui  se  sont  passés  en  Espagne,  et  dont  on  ne  peut 
trouver  l'équivalent  en  Provence.  Mais  ce  n'est  pas  précisément 
nne  bonne  fortune  pour  ces  lettres  d'avoir  obtenu  tant  de  vogue 
AA  dehors,  cela  prouve  déjà  qu'il  peut  bien  y  avoir,  dans  leur  fait, 
supercherie  et  mystification. 

Nous  ne  connaissons  pas  et  n'avons  pas  à  notre  disposition 
l'histoire  des  Juifs  d'Espagne  par  A.  de  Castro  (Cadix,  1841). 
D'après  M.  Morel-Fatio,  M.  de  Castro  attribue  ces  deux  lettres  au 

«  R«vii€,  VI,  p.  \VÔ, 


LA  OORHESPONUANCE  DES  JUIFS  irESFAlii\E  Û«ft 

|<tariVLaal  Martinez  Guijarro,  archevêque  de  Tolède  tle  1546  à  1557, 

(auteur  d'un  laineux  Estafudo  de  liinpleza  (ëdit  de  pureté)  qui 

I  lîxduait  des  Ijtuiétjoes  et  iirebendes  de  rét^^lise  niétropoïitaiiie  do 

Tolède  les  prêtres  d^origiiie  juive.  Si  cette  attribution  tétait  iirou- 

\é€.  noire  petite  dissertation  serait  inutile,  mais  la  preuve  ii  est 

paa  faite. 

Voyons»  d'ahord,  quels  sont  les  auteofs  prétendus  de  la  [îre- 
iîii<''re  lettre,  Sont-ce  des  Juifs  ou  des  Juifs  néo-chrétiens,  c*est-à- 
iiiv  déjà  convertis  au  christianisme:?  Évidemment,  ce  sont  des 
Juifs  en»:ore  juifs,  nivn  des  néo-ciiréliens,  puisqu'ils  disent  que  !e 
m  a  publié  un  édit  pour  les  obliger  à  se  faire  chrétiens  (donc  ils 
tte  le  sont  pas)»  qu'on  détruit  leurs  synagogues  (les  nouveaux 
chrt^tiofii  n'en  ont  pas',  et  puisque  la  répon.se  de  Gonstantinople 
)eur  conseille  do  céder  ù.  la  force  et  d'accept*-r  le  baptême, 
Sites  auteurs  de  la  première  lettre  sont  des  Juifs,  cette  lettre 
ment  antérieure  à  raiinée  1492,  époque  lie  rex(>ulsion 
,  jj  des  Juifs  d'Espajxne.  La  letti'e  est  même  rédigée  de  teiie 
tortequ^elle  dojine  à  penser  qu'elle  aurait  été  écrite  lors  de  Tintro- 
diidloii  de  rinquisition  en  Espajine,  en  1480,  et  au  fort  de  Témo- 
lk)o  que  cette  mesure  produisit  «lans  le  pa^s.  Mais  alors  plusieurs 
objtctîons  se  présentent. 

L'impiisition  a  sévi  conh*e  les  chrétiens  on  néo-chrétiens  judaï- 
«îits;  ce  qu*elle  poursuivait,  c'était  le  crime  d'hérésie,  ses  juges 
I  étaient  juges  d'hérésie,  hereticœ  pravxtaliSj  non  d'autre  chose, 
iiniais  elle  n'a  voulu  obliger  les  Joifs  à  se  taire  chrétiens  ou  dé- 
truira leurs  synagogues,  jamais  non  plus  Ferdinand  le  Catho- 
liçien'a  publié  un  édit  dans  ce  sens.  C'est  seulement  au  dernier 
aiom**nt,  en  1492,  lors  de  l'expulsion,  que  le  roi  et  Tinquisition 
ont  pu  feouliailer  (et  encore!)  la  conversion  générale  des  Juifs  et 
^r%r  la  destruction  ou  confiscation  de  leurs  synagogues.  Si 
*im"la  lettre  avait  été  écrite  avant  14!r^2,  et  i>ar  des  Juifs,  elle 
•foncerait  une  (M:'rsécution  iniag inaire,  ce  qui  est  imp(jssible. 

U elle  été  écrite  immédiatement  après  la  publication  de  Tédit 

^'»?î|M,ilsjon  de  1492,  et  les  Juifs  d'Espagne  voulaient-ils  savoir  de 

<widt>  Gonstantinople  s'ils  devaient  quitter  le  pays  ou  se  1:00- 

^^ir  jiour  y  rester?  Nous  ne  tiemandons  pas  s*il  leur  restait 

iv^v'4m  temps  pour  envoyer  à  Gonstantinople  et  en  recevoir  uno. 

'       ' ,  le  délai  de  «[ualre  mois  qui  leur  fut  accordé  pouvait  suf- 

'ir  cela»  mais  leur   lettre  laisse-t-elle  vraiment  suppcïser 

iietit  sous  la  menace  d'un  si  grave  danger?  Y  parleraient-' 

Ifc  leurs  synagogues  et  des  h  autres  vexations  w  qu1ls  supi^u- 

'fttqui  se  penh^aieut,  évidemment,  dans  la  grandeur  de  la 

«Wwtmpho  qui  se  [irépare  ?  Pourraient-ils,  dans  ce  moment  de 


i 


266  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

profonde  émotion,  écrire  cette  lettre  sèche  et  laconique  que  l'c^  Mi 
a,  et  le  rabbin  de  Constant! nople  aurait-il  le  cœur  assez  froid  pou&T 
leur  répondre  avec  tant  d'esprit?  Et  enfin,  ont-ils  suivi  le  conse-ml 
qu'il  leur  donne  de  se  baptiser  tous  ?  On  sait  que  non,  et  s'ils  m^ 
Font  pas  suivi,  pourquoi  sont-ils  allés  le  chercher? 

De  toutes  façons,  le  ton  sec  de  cette  lettre  est  fait  pour  étonner* 
Ce  n'est  pas  ainsi  qu'écrivaient  les  Juifs  de  la  fin  du  moyen  âg^?^ 
leur  correspondance  est  généralement  prolixe,  mêlée  et  surchar- 
gée de  centons  bibliques.  Si  la  lettre  d'Espagne  avait  été  écrite  pa.:a 
des  Juifs  au  milieu  d'une  persécution,  elle  se  serait  répandue  e  :m:' 
plaintes  et, gémissements.  Toutes  les  lamentations  de  Jérémie  -^ 
auraient  passé. 

Que  Ton  veuille  bien  aussi  faire  attention  à  l'énoncé  des  quatr-^ 
persécutions  d'espèce  différente  contenu  dans  la  lettre  d'Espagne, 
il  est  impossible  de  ne  pas  être  frappé  du  décousu  de  cette  énum^- 
ration  et  des  contradictions  qu'elle  renferme.  On  ne  peut  pas  «€- 
mulianément  baptiser  les  gens  et  les  tuer  ;  si  on  les  baptise,  il 
est  clair  qu'on  prend  leurs  synagogues  ;  si  ou  les  tue,  il  est  clair 
qu'ils  perdent  leurs  biens  ;  de  plus,  une  fois  morts,  ils  sont  i 
l'abri,  pour  longtemps,  de  toute  «  vexation  ». 

Voici  une  autre  objection  et  des  plus  graves.  La  lettre,  nous 
l'avons  montré,  si  elle  est  authentique,  ne  peut  pas  être  posté- 
rieure à  1492,  puisqu'il  n'y  avait  plus  de  Juifs  en  Espagne  après 
cette  date.  Mais  on  sait  que,  jusqu'à  l'arrivée  des  Juifs  espagnols 
et  portugais,  la  cx)mmunauté  des  Juifs  de  CoBstantinople  man- 
quait de  prestige,  ni  elle  ni  ses  rabbins  ne  jouissaient  de  la 
moindre  autorité  ou  réputation  dans  le  monde  juif.  L'Espagne 
juive,  au  contraire,  était  fière  de  ses  rabbins,  de  ses  écoles,  elle 
se  considérait,  avec  raison,  comme  supérieure  au  judaïsme  des 
autres  pays.  Et  Ton  veut  que  les  Juifs  d'Espagne,  dans  un  moment 
critique,  au  lieu  de  consulter  leurs  propres  rabbins,  soient  allés 
s'adresser  au  dehors,  et  surtout  à  cette  communauté  juive  de 
Constantinople,  qui  ne  méritait  aucunement  cet  honneur  ! 

Ce  serait  tout  autre  chose  si  on  nous  disait  que  les  Juifs  espa- 
gnols demandèrent  à  ceux  de  Constantinople  s'ils  pourraient  aller 
s'établir  en  Turquie.  Il  n'est  pas  impossible  qu'ils  aient  entendu 
parler  du  régime  bienfaisant  sous  lequel  vivaient  les  Juifs  en 
Turquie  depuis  la  conquête  de  Constantinople,  en  1453,  par  les 
Turcs*,  quoiqu'il  ne  semble  pas  que  les  Juifs  en  aient  été  bien 
informés  au  dehors  *.   Il   est  certain   pour  nous   qu'Elie   Cap- 

»  Voir  Graelz,  VIII,  2-  édil.,  p.  202,  et,  à  la  fin  du  Volume,  notes  6  et  7. 
*  Les  lettres  d^Isaac  Çarrati  et  de  Salonique  dont  nous  parlerons  plat  loin   prot- 
vent  qu^on  n'était  guère  informé  de  la  situation  des  Juifs  de  Turquie. 


LA  COR RESPOî«D ANGE  DES  JLîtFS  D'ESl'AGNE 


287 


lK^  dont  on  pourrait  invoguer  le  k^moignage,  a  grandr»raeiit  exa- 
r  "  Mins  faits  qui  se  rapi>orlent  à  cette  époque  de  riiistoire 
Je  Coustantiitople.  11  était  fort  porté  à  remphase.  Nous 
lions  peine  à  croire  quimmédiatoment  après  l^arrivée  des  Turcs, 
b  y  ait  eu,  comme  il  le  raconte,  un  si  grand  nombre  de  Juifs  à 
Constantiiiople»  La  communauté  juive  de  cette  ville,  si  elle  avait 
ié}kéié  si  populeuse  avant  1492,  serait  devenue,  après  Farrivée 
des  émigrants  hispano-portugais  »  immense  jusqu'à  Tincroyable. 
De  (»kiS|  elle  ne  se  serait  pas  laissé  dominer  et  absoi-ber,  comme 
t\k  Va  fait,  par  ces  émigrants,  au  point  de  devenir  entièrement 
esîmgnole.  Il  est  sûr,  dans  tous  les  cas,  que  ni  avant  1492,  ni 
jjême  après,  elle  n'a  possédé  un  corps  rabbinique  célèbre  ou  un 

■Ma  dont  le  renom  ait  été  grand  au  dehors.  Il  est  impossible 

Pliles  Juifs  d*Eî^pagne  aient  pensé  un  seul  instant  à  prendre 
hris  de  ceux  de  Gonstantinople  sur  ce  qu*ils  avaient  à  faire. 
Ivoire  correspondance  est  donc  incomprélieiisible. 

Tout  s*explique,  au  contraire,  si  on  admet  que  nos  lettres  ont 
été**cntes  par  un  chrétien  d'Espagne, au  xvr*  siècle,  vingt  à  trente 
ID5  au  moins  après  Texpulsion  des  Juifs  d*Espagite.  A  cette  *'po- 
queja  communauté  juive  de  Constantiuople  avait  déjà,  sans  doute, 
aqais  une  certaine  réputation  dont  le  bruit  avait  pu  se  répandre 
jusque  dans  TEspagne  chrétienne.  Dans  tous  les  cas,  il  y  avait  alors 
keaocoap  de  Juifs  espagnols  à»  Constantinople,  et  on  le  savait  en 
Rçape*  C'est  pour  cela  seulement,  à  notre  avis,  que  Tauteur  de 
nos  lettres  a  imaginé  de  faire  écrire  par  les  Juifs  d'Espagne  à 
m%  de  Constantinople,  comme  à  des  compatriotes.  11  ne  savait 
|M qu'il  n'y  avait  pas  de  Juifs  espagnols  à  Constantinople  avant 
r-  savait  pas  davantage  qu'avant  1492»  les  Juifs  de  Cons- 
.  ^^  ne  parlaient  pas  lespagnol  et  ne  pouvaient  ni  lire  la 
tore  qu'il  écrit  à  leur  adres^^e  ni  rédiger  la  réponse  en  espagnol 
'  ■'  "  r  attribue  '.  Cette  erreur  trahit  un  écrivain  chrétien  peu 

i  lit  de  l'histoire  des  Juifs,  et  qui,  par  ignorance,  antidate 

iiHivcment  le.s  faits  et  anticipe  sur  Tavenir. 

I   11  PNt  maintenant  facile  d'expliquer  toutes  les  singularités  de 

ho&  lettres. 

jH^Ymttout  d'abord  pourquoi  ta  première  des  deux  lettres  est 


^Siàimtim  ukonim^  d'Elte  Capsalt,  Padoue,  1869,  p.  G  à  S  et  13-13. 
*  iHil  Uoo  (|uc  les  lettres  Boat  une  IradurdoQ  de  rhéhieu?  Nous  dcniBttdoiifi  où, 
pi  lis  ori^tDAux.  qui  tes  a  vus,  qui  a  luii  la  Uaductioo,  et  qui  (içoranllt  que  cette 
«t  fidèle?  Tout  le  inonde  jusqu'à  ce  jour  a  pris  ces  ieltres  po'jr  oriRi- 
j  m  IVovcoco,  on  les  a  si  ineti  loasiiiér^es  mmme  lellcs^  que,  pour  les  adupier 
i!et  Jtiifs  provençaux,  on  q  tradujL  la  pn^ttiière  en  provençal,  c:t  loiseé  Ja 
eipag^ol.  —  Du  reste^  quaud  co  scrail  une  Lmductioitf  celé  ne  chuogertit 


268  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

si  laconique  et  ce  que  signifient  les  quatre  genres  de  persécutiorm^ 
qu'elle  énumère  et  qui  s'accordent  si  mal  ensemble.  L'auteur  n'es* 
pas  grandement  ému  des  persécutions  contre  les  Juifs,  puisqu'il 
est  chrétien  et  qu'en  somme  tout  cela  est  fiction.  De  plus,  toutl^ 
sel  de  son  invention  est  dans  la  lettre  de  Constantinople,  la  pr^"^ 
miôre  lettre  ne  l'intéresse  pas,  elle  n'a  môme  de  sens  qu'âpre ^ 
qu'on  a  lu  la  seconde,  les  questions  sont  uniquement  faites  et  ar  - — 
rangées  pour  préparer  les  plaisanteries  de  la  réponse. 

Les  Juifs  de  Constantinople  conseillent  tout  tranquillement  au^^ 
Juifs  d'Kspagne  de  se  baptiser.  L'affaire  est  bâclée  d'un  trait  d^3 
plume.  Si  Ton  se  rappelle  les  discussions  passionnées  que  cett^^ 
question  des  conversions  forcées  a  soulevées  dans  le  judaïsme  du-:» 

moyen  âge  et  auxquelles  est  même  môle  le  grand  nom  de  Maïmo 

nide;  si  Ton  se  souvient  de  toutes  les  souffrances  que  les  Juifs  on""^ 
endurées  pour  l'ester  fidèles  à  leur  religion,  on  ne  pourra  jamai^^ 
croire  que  le  rabbinat  de  Constantinople  ait  envoyé  si  allègremen  ^* 
au  baptême  150,000  coreligionnaires.  Cette  conversion  de  tout  ur"":i 
peuple  de  Juifs  aurait  porté  le  deuil  et  la  consternation  dans,  tou^^ 
les  cœurs  juifs.  Mais  Tauteur  chrétien  qui  a  fait  «ces  lettres  n^^ 
sent  pas  ce  qu'il  y  aurait  de  monstrueux  dans  le  conseil  venu  d-^EB 
Constantinople  ;  il  n'en  est  pas  autrement  choqué.  _ 

Les  autres  conseils  du  rabbinat  de  Constantinople  sont  aussi  foi"^  t 
étonnants.  «  Faites  de  vos  fils  des  négociants  »  ;  est-ce  qu'il  n'y  e  :^ 
avait  pas  déjà  et  suffisamment  ?  —  «  Faites  de  vos  fils  des  méd(s^  - 
cins  et  pharmaciens,  pour  qu'ils  prennent  la  vie  aux  chrétiens  *^ , 
comme  s'il  n'y  avait  pas  eu  déjà,  en  Espagne,  un  grand  nombir^^ 
de  Juifs  médecins  et  pharmaciens,  et  comme  s'il  était  si  facil^3, 
même  à  des  médecins,  de  tuer  les  gens.  —  «  Faites-en  des  clerc^s 
et  des  théologiens,  pour  détruire  les  églises  ;  des  avocats,  procu- 
reurs, notaires  et  conseillers,  pour  s'emparer  du  pays.  »  Cela  est 
vraiment  commode  à  dire,  et  tout  de  suite  ces  Juifs  baptisés  vont 
devenir  les  maîtres  de  l'Espagne.  Ou  l'auteur  est  hanté  par  le 
spectre  juif,  comme  les  antisémites  de  nos  jours,  ou  il  s'amuse 
tout  simplement. 

Et  voyez  comme  ces  Juifs  de  Constantinople,  qui  ne  sont  pas 
encore  des  Juifs  espagnols,  sont  bien  informés  des  choses  d'Es- 
pagne I  Leur  conseil  n'est  pas  un  conseil  quelconque,  donné  à  des 
coreligionnaires  d'un  pays  quelconque,  il  est  spécialement  adapté 
à  l'Espagne  et  ne  pouvait  trouver  son  application  nulle  part  ail- 
leurs. Là  seulement,  à  cette  époque,  il  pouvait  y  avoir  des  prê- 
tres, notaires,  avocats,  conseillers  néo-chrétiens  descendant  de 
Juifs.  Il  y  a  fort  à  parier  qu'avant  1492,  les  Juifs  de  Constanti- 
nople ne  savaient  même  pas  qu'il  existait  quelque  part  des  fonc- 


LA  COHHESPONDAiVGE  DES  JUÏFS  DliSPAGNE 


im 


llôRnaires  de  ce  genre.  Mi^me  aujounlliui,  en  ce  temps  ûe  cheniins 
(Jt*  fei\  de  journaux  et  de  téti^^raphe,  il  est  à  peine  une  commii 
jiauté.  juive  ou  autre,  qui  pourrait  donner  à  ses  corelijiionnaires 
il*uii  pays  étran^^er,  surtout  d*un  pays  (i^loignt^,  des  conseils  si  bien 
ïippropri»^s  aux  lieux  et  aux  circonstances. 

Nous  ne  nous  arrêterons  guère  au  sens  du  mot  Gi^amorra,  qui 

Mt  le  prétendu  nom  du  signataire  de  la  première  lettre.  Ghamorro, 

'^chamorra,  est  une  expression  injurieuse  qui  paraît  signifier  «  t^te 

chluve*  w.  Nous  ne  croyons  pas  que  le  mot  ou  le  nom  viennent  de 

lliébreu  hamor  (âne),  on  n*auraît  gu^'^re  transcrit  le  hét  espagnol 

i>arun  ch^  les  exemples  d'une  pareille  transcription»  s'il  yen  a, 

doivent  être  bien  rares.  Bans  tous  les  cas,  ce  nom  est  lui-même 

une  plaisanterie  qui  témoigne  contre  rauthenticité  de  ces  lettres^ 

mal$  ce  n'est  pas  tout.  Un  Juif  espag^nol  d*Espagne  signait  tou- 

Joursayec  son  prénom  et  son  nom  de  famille  ;  un  Juif  de  Constan- 

linople  signait  avec  son  prénom  et  le  nom  de  son  i>ère.  Qu est-ce 

que  ces  signatures  uniquement  composées  d'un  prénom  ?  Ce  sont 

te  évéques  chrétiens  seuls  qui  signent  ainsi,  I/auteur  de  nos 

teltres^  par  ignorance  et  pour  mieux  déguiser  son  jeu,  a  libérale- 

B»nt  accordé  le  même  privih^ge  aux  ctiefs  religieux  des  Juifs  ; 

c'est  une  preuve  de  plus  qu'il  est  chrétien. 

Charaorra  se  donne  pour  le  ç\\q(  {principe)  des  Juifs  d'Espagne, 
mis  il  est  certain  qu'il  n*a  jamais  existé  de  chetMes  Juifs  d'^^- 
Wne.  Il  y  a  eu  des  chefs  des  Juifs  de  CasiUie^  probablement 
aiteide  ceux  de  la  Navarre,  mais  non  û'Espagnc.  11  nous  parait 
probable,  quoique  nous  n'en  soyons  pas  sûr  du  tout,  que  ïe  titre 
et  roi  iï' Espagne,  qui  est  employé  au  commencement  de  la  pre- 
ai^re  lettre,  est  aussi  postérieur  à  1492. 

Usussf  I c'est-à-dire  Joseph)  se  donne  pour  le  chef  des  Juils  de 
Conslantinople  ï  or^  on  sait  que  ce  fut  Je  rabbin  Moïse  Gapsali  qui 
fut  le  chef  officiel  des  Juifs  de  Constantinople  depuis  l'arrivée  des 
Turcs jusqu*après  1492,  il  faisait  même  partie  du  divan.  Si  notre 
*fi:onde  lettre  était  authentique,  elJe  ne  pourrait  porter  aucune 
Itttre  signature  que  celle  de  Moïse  Gapsali. 

La  réponse  de  Constantin ople  parle  des  a  grands  satrapes  »  des 
Joi&.  Qtl'est-ce  que  cela  peut  bien  être?  Rien  quune  bévue  de 
Tatitear,  c'est  de  la  couleur  locale  mise  à  contre-sens.  Son  prin- 
ce pourrait  être  la  traduction  du  mot  hébreu  naci,  mais  à  cette 
^Oftie,  il  n'y  avait  pas  de  naci  à  Constantin  ople. 
Oo  le  Toitt  les  fatt^»  de  persécution  racontés  dans  les  lettres, 


'  V«ir  il«mi«,  1,  p.  3Û4,  note}  Kayserlbg,  S^^rdîm,  p.  1H. 


270  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

les  conseils  donnés,  le  choix  absurde  de  la  communauté  de  Cozi^ 
tantinople,  la  forme  des  signatures,  et  jusqu'aux  détails  les  plus 
insignifiants  prouvent  que  les  lettres  n'ont  pas  été  écrites  par 
des  Juifs,  mais  par  un  chrétien,  et  sont  postérieures  à  Texpulsion      J 
des  Juifs  d'Espagne.  On  s'imaginait,  à  tort  ou  à  raison,  que  les     ' 
néo-chrétiens  envahissaient  toutes  les  fonctions  ecclésiastiques  et 
civiles  et  toutes  les  carrières  libérales.  Il  y  avait  des  gens  pour 
s'en  irriter  et  des  gens  pour  en  rire.  Les  premiers  auront  consi- 
déré les  lettres  comme  authentiques,  leur  haine  en  était  flattée  et 
ils  y  mettaient  de  la  bonne  volonté;  les  autres  les  auront  prises 
pour  une  bonne  espièglerie.  Il  faut  convenir  que  la  seconde  lettre 
est  d'un  tour  spirituel,  c'est  ce  qui  a  fait  la  fortune  de  cette  cor 
respondance. 


L'article  ci-dessus  était  déjà  écrit,  lorsque  nous  avons  ea  la 
singulière  bonne  fortune  de  trouver  (dans  un  ms.  hébreux  que, 
dans  une  étude  sur  Josef  Haccohen  qui  paraîtra  dans  ce  numéro 
ou  dans  le  numéro  suivant,  nous  désignerons  par  la  lettre  L)  une 
lettre  hébraïque  par  laquelle^se  trouvent  confirmés,  d'une  façoB 
inattendue  et  éclatante,  tous  les  arguments  qui  précèdent.  Nous 
commençons  par  donner  ici  le  texte  de  cette  lettre  et  nous  le 
ferons  suivre  d'une  traduction  française.  Nous  reproduisons  ce 
texte  exactement  comme  il  se  trouve  dans  le  manuscrit,  avec 
toutes  ses  fautes  et  ses  erreurs  d'orthographe,  nous  en  corrige- 
rons quelques-unes  dans  les  notes;  il  sera  facile  de  rectifier  les 
autres  à  Taide  de  notre  traduction. 


Lettre  des  Juifs  de  Salonique  '. 

imy   ï-7«Nnrî  p^r?  r-nsiip  nsn^D    "^siTarî  "^saRS  •^aiîa»  -«Tiibô 
ni^DTO»  riT^mN  "^nrD  -^nrin  "^-îno  "^npn  '-«bn^ra  '■^n'^'r»  '"^n-^aD  'n"^n« 

^  Pour  qu^OD  puisse  juger  de  l'abondance  des  versets  bibliques  enchâssés  dans  U 
lettre,  nous  donnons  ici  la  liste  des  principaux  versets  qui  sont  utilisés  dans  les  pre- 
mières lignes  de  cette  lettre.    -i73N  *\m  'îl,  Ps.  68,  12;  —  nsietn  Kb,  Pe.  9»,  10; 

—  a:?n  nD-.n  ms^  iN'ûn  «b,  Ezéch..  36,  30  ;  —  cna:?  û'^c^n  -^^c  Bxode, 

2.  13;  —  Û-^r^ïl  ÛTrna,  Ecclés.  4,  9;  —  rtmaî:  Kb  mnb,  Nombres,  10,  33; 

—  '^'TialD  bl^-^l,  Ps.  16.  9  ;  —  ^ND"^  vby  ITCa  ^N.  Job.  14,  22  ;  —  n^-irtî'^ 
'ai,  Lamcnt.  1,  14  ;  —  lb  ÏITÛ  i:rN,  Esth.  1,  14  ;  —  m:33  l^"^  ^IJ,  Is.  5,  25 
et  autres  endroits;  —  Û5PN  ^nS"^  '^315.  Ex.  11,  1  ;  ~  î-n'T  ÎTTT  MT  by 
^jlb.  Lament.  5,  17  ;  —  3'^^M  "X^^  *^â,  Lam.  1,  16.  £i  ainsi  de  suite.  Souvent 
Tauteur  de  la  lettre,  comme  il  est  inévitable  en  pareil  cas,  altère  un  peu  le  sens 
de  ce  qu'il  veut  dire,  pour  le  plaisir  de  citer  un  verset  biblique  ou  de  le  con- 
tinuer. 


LA  CORRESPONDANGK  DES  JUIFS  B^ESPAGNÊ  271 

.  îTXS-^mnD   m-'b^  ^23  mD«   G^bdn"*  r^nb^  ts'TiN   n?3în  ^^bî^  snb 

"^yrs:^  *7»  irTi3D   brn    i:ab  n?::!5  tem«  mKnnn  irbtî  ik3  rtmïTa 

»b:?  -jb:?  i>nn*û'n  t<cô«  nnb:tn  nnsi  cian  b'\y  :n?2TDs  ^nid*»  irbjF 
^-»,5'»  p-i:i  n73«b  rî"»ii:3  t:!-  mn  Dnb  mtî  Kb^nttrbs^'»  'D'^d-imi:^ 
i^'^rTDm  "TTr  *]«  ,  3^in  nis  -«s  c^^c'îziïî  i2'»-*ïi  nssb  r^n  n-^rr  m  bj 
*  i«3b  rîNTim  nb  -^nstn  nsc  ^  '''7zrr^72  c^ribs*  =  l  ■'"bti  'nb  mm 
Iri5i3t3r3  «b  niûK  d-^t^  rsn-i  y-ix  be«  aibîi  ly  r.^'^nii  ^d  nbo 
t^b  nrc  m'^inî*  n^i  rrrc  tn^iiîNn?:  ^^&ïa  'rr  -^r^r  .fcrtb  ns  brtïîj 
.'^rriK  iTCn  y*!«n  3:2^7:3  a::^;Eb  •p-.srî  bs  n:m  »î-t2  bs  nsn*^ 
^n-tno'»  13P  *T"iasi  -1131?  cnb  pbn  nia»  b"»n  *>«:»  qd3  c  teti 
tte  iDitîD^c  rtTa  br  onb  1^»  n^:»  D-'^vn^m  t^zyrn  .ns  im^m 
ï^bi  is^s-»  «bi  i3yn'>  t^b  rty^  m57Di«  an'*b:in  tj^jb  m;w  i«^72'» 
Tnb»  irsmi  irb;?  mon  'n  rr^sn  ■'S  mbam  inn^^ïîn  irriri  anis  d^*^ 
^H-np-»  ::;??2:5  t:?  i^npn  i:n3N  r:jî«  a^i;n  bs  ^rr3  '"^?3n-ibi  ^onbi 
tDn  or  .  is-'^y  ■'?a-j:iinn  naran  nib:i  DDfi<b  'n  "^'IId  ï3in  Dis  13b 
fc3^:Db  lîî^n  i^b  ''D  DDPTssm  DDrrna  ''3'<;?n  i«n  "^d  g:;  ik-i  psîi 
*:*ij3  ib^n  n'ib''b:^3    t3b  'n  a^zsn  nr:N   mi^n  bD?3   cib»  ••a"'?:  in« 

P^'^iîTi  i53"«  VP''T"'3  P**»  tris::^  T.nbo  D''3iunn  '"^mbcrr  n^KD  "nsDi 
l'^ftt  '^^  ^^  is^br  ï-tb-'b'^  Ét'iis  'n  mbi^ctt  -jm  ^  len  fc3n''2''5ï2  i^n  Vs 
ï^Tî-î  oip?:3  2'^*Tin^b  ^72!?  rrbitïii  mn  neo  '•b:^  mb^b  i5''3i^b3  îibîa 
0^2  nsTan»  •'^  i:^-i3T  i:''?2«n  ^bi  iTon  on^s  b^i  iDnn  cn^D  bj 
'^?33  ^-îon  rin^tt  pn  b-^^iwîn  mnn»»  i>*bi  ay-in  naïi«îD  [?fitbl 
*^'^.^::3  n:ûpn  irrTr  ?-i3ni  isns  Tn»  c\h  ■•33  i:biD  3ia  t^ini3 
l^^^ttn  b«  &Dn«  Mèc-^a-*  1:3  'n  ^cn  &è*T  ,OTipn  mbnp  ^iNi3?3 
fe"^3-np  n3\*ï  '»a  05  fnîo  rrbnp  'nhTv  nbina  mn^sb  lî-^n-î    n»T?T 

r*^*^i:r3  '»i33  s-^iD^  toa  3ï:  t3-n  »*b"\3  ■♦s  '^s'^btt  a^mnp  vn^\•^  nD-^bK 
^  Nous  liaona  TTlb©  dûd  Û'^mV^. 
*  Plusieurs  fois  lu  copiste  a  écrit  W^O  *iu  ^icu  de  la  termlQuison  Q^.  Le  yod  repré- 
**ivl6  ici  la  voyelle  é, 

I'^Liro  cr^ri-in. 
**Mot  ex  ponctué. 
*  Lire  n3  ;  Deutér.,  11,  12, 
•  P«»,  91,  4  î  il  faut  écrire  ^T^y^, 
^  Le   iexte  porte  deux  fois  le  mot  lfit*i*  taa^is  Tuu  est  ex  ponctué,  à  tort  proba- 
ii^ment.  Nous  traduisoDS  comme  si  te  mot  se  trouvait  deux  fois,  la  promiùre  Fois 
au  passé,  (a  deuxième  fois  à  rimpératif. 
»  Ps..  46,  9el66,  5. 
'  Lir«  H^2\ 
»  hvh  n3m. 
'^  Ici  il  j  u  un  petit  blanc  cfuî  indique  peul-ôtre  une  petite  iBCttoe  ;  noui  iniduî- 
iùùs  comme  s'il  n^j  avait   pas  de  lacuoe. 

««  Le  mot  t?^  devrait  probiiUlemeQi  se  troiiTer  deux  fois  ;  ProY.»  lïE,  22  ei  Oe- 
|_  D^,  28,  1». 


ï^  i-iÈt*i3:  c:!  «bw-^  QD-»mn3:iN  nm  Bip723  'n  »  ^-^  i3^3m»  b-^mnb 


272  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

1X^721  ■^î'rprî  mncTDT:  ■^a"'3'^npb  •^com  mnc^s^D  -noDb  nr 
'■«TaiDn  D'^an  ^-i-inh  n^s^sb  nco  b:^  irbr  «b  -iCN  crrn  n 
b»  ncrri  )vy  "^bano^  is-'S'ibN  pb  .ï-rn^nbi  r-r-nnb  irn^ 
Tr  nbrpn  n:  bx-i  ibsNn  nb^n  mstiNri  bs  aia  "«3  b:?  D'^a"«3? 
pmm  ^-Qy  ^inTs    "^Ns:    n-:np   n^Nb  ûD-^br   ■i"n  iiabo  ^b?:  ■'.: 

r^3t723i  'rrTsrîTsnnb  ib^in  «bn  ^ûd'^^dc  br  ûspb7:t:a  nn-nns: 
fc-'iiïT^b  -srrTssïTi  -i73rî  ri-isa  ïi-ip  icnd  nb'^bn  bbnr^o  2^*2 
■^D  ibNana-nD)3n  n^'^b-'raop^  '"^o-nsra  ^'py*  c-nc73  û-^^arr  n-^V 
!-ï3n  .-lano  -irmsira  '"pbs  '^^^  -T'^^rb  t-nnrî^f:  311:3  t 
t2NT  ïn»3N  n^N  acp  t2Db  r'^mnb  "is'^br  bai7:n  br  -ircr  : 
irnn»  iraa  m»  b-^nr  npcî  'n  ♦'■«nc^  t^na:-!  'n  153  -j-ir 
■•Dn  -ibN  "irnrmN  mNinn  '■'^rr  nai  tiio  .^b-^^^i^a  ca  V^' 
anpD  bN  ibD  bNit:'^  ti-io«'^  cj-ioN  iT'br  'ni  .rt^'^i  min  ! 
13NO  rîi3  ii-ij:  nsNin  irrri  DD-^rn  irïD^p^  Dip?3  iicétit: 
nia^"«  -«D  betnï5"«  biaab  by:2  'n  b^a"^  i-itdn-»  tni  ypy^  niao  'n 
ttiTT  cd3:di  'n  t-iNi-»  nNbT:^  t2Dïï5D3D  arm[Nji2:  byjz  fi^ 
r-nNï5:rî  nnwsïi  ^y^  b^b  D"'2:nnD  D'^73"«r:  ba  DDn:^icn  a: 
bib»  n"n  '^p"':ibc  riD  a"'73ninn  n2:3"«iinD  ï:i-ia  p"p  toDica 
n«5N  ^nbnsa  D-^siONn  ibaa  n)D5<  ^rn  biaa  pcid  «N-iirb  -^"x 
.  nnïïînb  ^b  ini:  ^'^^bx  'n  nCN  y-iN: 

TRADUCTION. 

A  nos  frères  fidèles  et  pieux  du  camp  sacré,  pierre  de  c 
communauté  de  grands  et  de  puissants,  (vous  qui  êtes)  le  f( 
secret,  la  clé  et  la  couronne  des  lettres  qui  éclairent  le  cœur 
frères  exilés  de  Jérusalem  qui  demeurez  dans  tous  les  lieux  d\ 
Provence  !  que  Dieu  donne  sou  ordre,  afin  qu'il  ne  vous  arrive 
de  mal  et  que  vous  ne  portiez  plus  la  honte  de  la  misère  pai 
nations  ;  amen  ! 

Les  deux  hommes  hébreux,  tous  deux  bons,  envoyés  par 
prudence  pour  vous  chercher  un  refuge,  sont  venus  auprès  de 
et,  en  les  voyant,  notre  cœur  s*est  réjoui  et  notre  ame  a  tre 
mais  notre  chair  a  soufTert  quand  nous  avons  entendu  quel 


>  Lire  ^"^12:73,  Exode,  12,  33.  Le  mot  suivant  ÛS*^?:^. 
»  Ex.,  12,  3/i. 
«  Ex.,  12,  39. 
♦  Lire  'n  ■«n"«0^  ? 
5  Jérémie,  16,  19. 
fi  Ps.,  76,  12. 

7  Probablement  allusion  à  la   vertu  cabbalistiquc  des  lettres  de  Talpbabi 
traduisons  un  peu  librement  tout  ce  passage  intraduisible. 


LA  COReESPf^NDAXCE  DES  JUIF^  DT.SPAiiNt: 


273 


que  font  peser  sur  vous   les  naLions  '   et  les  soullYant^es  de 
l*  qui  se  sont  réunies  et  appesaoUcs  sur  vos  épaules.  Et  cela 
eur  $uf6t  pas  (aux  aalions),  leur  main  est  encore  étendue  (pour 
1  frapper  de  nouveau),  et  ils  disent  :  Que  les  Juifs  soient  chassés  1 
i  pour  cela  que  notre  coeur  est  malade  et  que  nous  nous  déso- 
car  Tennemi  est  le  plus  fort,  La  seule  chose  qui  nous  console 
Keu*  le  mallre  de  la  miséricorde,   louange  à  lui  et  actions  de 
e^e'est  qu^il  nous  a  fait  venir  jusquici,  eo  ce  pays  vaste,  où 
I  mangeons  un  pain  qui  n'est  pas  donné  sous  gage,  un  pays  qui 
■  sous  le  regard  de  Dieu  depuis  le  coramencemeot  jusqu'à  la  fin 
Innée  et  oii  rien  ne  manque.  11  vous  est  ouvert  tout  enlier,  éta- 
j-vous-y.  nos  frères,  dans  la  meilleure  région  *.  S*il  y  a  parmi 
des  bommes  puissants  à  qui  Dieu  a  accordé  la  fortune  et  la 
Bidcration,^  qu  ils  s*y  établissent  et  le  parcourent  et  acquièrent 
I propriétés*  :  les  pauvres  et  les  indigents,  qui  n'ont  pas  de  res- 
s,  trouveront  (dans  tous  les  cas)  ici  un  lieu  où  repose   la 
Blede  leurs  pieds,  une  profession  convenable,  ils  ne  soufiriront 
Ût  la  faim  ni  de  la  soif,  ils  ne  seront  pas  frappés  du  feu  et  du 
lil  de  Toppression  et  de  l'exil,  car  Dieu  nous  a  accordé  sa  grâce, 
otis  a  fait  trouver  faveur,  grâce  et  miséricordo  aux  yeux  des 
Oûsau  milieu  desquelles  nous  vivons,  de  sorte  qu'on  pourrait 
que  nous  donner  un  nom  nouveau  el  nous  appeler  «  les  captifs 
betés  par  Dieu  »,  puisque  le  Turc  ne  nous  fait  sentir  ni  exil  ni 
sioD*  Hommes  sages  et  intelligents,  regardez  avec  tes  yeux  de 
i  prudence  et  de  votre  sagesse,  car  nous  ne  vous  avons  fait  con- 
ïque  la  millième  partie  du  bien  que  Dieu  nous  a  accordé  dans 
^régîODS  en  fortune  et  en  considération,  comme  le  diront  les  ho- 
ble$  envoyés,  missionnaires  d'oeuvre  pie  qui  sont  protégés  contre 
accident,  quand  ils  vous  raconteront  tout  ce  qu'ils  ont  vu  do 
J  yeux  ;  voyez  et  considérez  les  grandes  actions  du  Dieu  puissant 
Ivoire  faveur,  car  les  paroles  nous  manquent  pour  les  écrire  ;  les 
sont  trouvé  ici  la  liberté  et  la  délivrance.  C'est  sur  le  rapport  de 
Renvoyés  que  vous  camperez  (sur  la  route  qui  conduit  ici)  et  que 
naarcherez*,  ne  vous  en  rapportez  pas  à  nos  paroles,  car  notre 
iir  pour  vous  n'est  pas  amour  d'alTamé  ni  amour  du  profit,  mais 
aemcnt  Tamour  du  bien  en  lui-môme,  car  nous  sommes  tous 
(dis  du  môme  père.  Notre  communauté  est  moins  nombreuse 
d'autres  communautés  saintes,  et  si  Dieu  nous  aime^  il  vous 
era  en  ce  pays,  nous  deviendrons  un  vaste  campement  ",  qui 


r  ttâfM*!  il  faut,  daos  toute  la  pièce,  cmlûodre  le  peuple  au  miUea  duquel  vt- 

I  toate  ta  pièce,  fwit  si  gui  lie  oppression,  persécution. 

de  ces  ci  ta  lions  bibliques  qu1l  oe  faut  pas   prend  rtï  rigoureusement 

»  oèsvrratJOD  ;  voir  GeDêsc,  34,,  10. 
!  nopnuitéea  aux  marcbcs  de^  Hébreux  dane  k  désert. 

i  \û  camp  des  Hébreux  dans  le  désert, 
T.  XV,  M»  30.  18 


274  KEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

répandra  la  communauté  juive  dans  le  pays,  d'autant  plus  que  nous 
étions  vos  proches,  vous  deviendrez  les  nôtres,  car,  grâce  au  ciel. 
Dieu  est  venu  et  il  viendra  auprès  de  nous  avec  de  la  fortuna,  afia 
que  nos  amis  acquièrent  du  bien.  Dieu  est  véritablement  en  ce  lieu, 
il  remplira  vos  trésors.  Il  est  aussi  resté  parmi  nous  aujourd'hui  des 
membres  de  toutes  les  familles  honorables  de  toutes  les  parties  de  la 
Provence,  des  familles  des  Caspi  et  des  Cadenet  *  et  des  autres  familles 
'distinguées  que  nous  ne  nommons  pas,  pour  éviter  les  longueurs» 
ils  sont  nombreux  et  honorés  et  vivent  avec  nous  en  étroite  union. 
C'est  pourquoi,  nos  frères  honorés,  qui  unissez  la  réflexion  à  l'ae- 
tion,  n'hésitez  pas  à  venir  jouir  du  meilleur  de  toutes  ces  régions,  et 
n'attendez  pas  que  le  roi-comte  *  vous  dise  :  Levez-vous  et  partez  da 
milieu  de  mon  peuple  !  et  que,  par  malheur,  l'Egypte  se  lève  contre 
vous  pour  vous  renvoyer  en  toute  hâte  du  pays,  sans  cela  vous  em- 
porterez (expierez)  nos  fautes  à  tous  et  des  souffrances  enfermées 
dans  le  pli  de  vos  vêtements  sur  vos  épaules,  vous  ne  pourrez  pas 
attendre  (le  temps  nécessaire  à  préparer  le  départ),  et  le  nom  de 
Dieu  pourrait,  par  malheur,  être  profané*,  comme  il  est  arrivé  dans 
la  douloureuse   expulsion  des  malheureux  Juifs,  descendants  de 
Jacob,  chassés  de  Castille  et  de  Portugal,  qui,  pressés  par  le  temps, 
ont  été  obligés  de  changer  de  Dieu,  pour  nos  péchés,  qui  sont  grands. 
Nos  maîtres,  nous  avons  accompli  notre  devoir  en  vous  faisant  con- 
naître la  véritable  situation,  et  si  nous  avons  menti  envers  Dieu  on 
envers  vous,  oints  du  Seigneur,  Dieu  donnera  en  héritage  à  nos  fils 
le  mensonge  et  le  vent,  qui  ne  profitent  pas.  Pour  finir,  vos  yeux 
verront  cette  lettre,  la  vérité  vous  enseignera  sa  route.  Le  Dieu  su- 
prême réunira  tout  Israël  en  un  lieu  qui  fut  élevé  dès  l'origine  S  le 
lieu  de  notre  sanctuaire  ;  vos  yeux  et  nos  yeux  verront  Sion,  la  de- 
meure paisible,  lorsque  Dieu  ramènera  les  captifs  de  Jacob,  et  alors 
on  dira:  Dieu  sera  grand  au-delà  des  frontières  d'Israël',  carilbri' 
sera  le  joug  des  nations  qui  pèse  sur  vos  épaules,  selon  le  souhait 
de  votre  cœur  plein  de  crainte  de  Dieu  et  le  souhait  de  ceux  (pu 
font  (c'est-à-dire  de  nous  qui  faisons)  des  vœux  pour  votre  bonheur 
et  votre  salut  et  invoquent  Dieu  tous  les  jours  en  faveur  des  restes 
d'Israël.   (Signé  :)  Vos  frères  et  votre  chair,  la  communauté  des 

A  Ce  sont  des  familles  juives  de  Proyence  originaires  de  PArgentière  (Caspi)  et  de 
Cadenet,  ou  portant  môme  le  nom  do  Caspi  et  de  Cadenet. 

*  Dans  Le  procès  de  Samuel  ibn  Tibhon  {Revue ^  numéro  précédent),  le  comte  de 
Pro-yence  est  aussi  appelé  1iab*»I3.  Les  mots  t  roi-comte  »  sont  une  preuve  de 
rauthenticité  de  notre  pièce,  le  roi  de  France  était  comte  de  Provence. 

3  Tout  le  passage  est  une  imitation  de  divers  passage»  de  l'Ëzode,  chap.  zii,  où  est 
racontée  la  sortie  d'Egypte.  L^auteur  veut  dire  que  si  les  Juifs  provençaux  atiendanl 
jusqu'au  dernier  moment,  ils  n'auront  pas  le  temps  de  préparer  leur  départ,  ils  fe- 
ront obligés  de  rester  et  de  se  baptiser,  comme  il  est  arrivé  aux  Juifs  d'Espagne 
en  1492.  Ce  malheur  est  si  grand  quHl  servira  d'expiation  à  toutes  les  fautes  des 
Juifs  do  tous  les  pays. 

♦  Jérémie,  17,  12. 
^  Malachie,  1,5. 


LA  CORRESPONDANCE  DES  JCtFS  D'ESPAÇNE  271; 

I  «lies  Je  Provence  qui  sigac  ici,  à  Salonique,  le  premier  jour  d  elul 
[3  310,  sectiaQ  sabbatique  de  (où  se  trouve  le  verset)  "  lu  frou- 
IlÉisdetoa  voisio,  etc.  **  )> 


'  lettre,  on  le  voit,  est  écrite  par  les  Juifa  de  Provence  éta- 
à  Salunique,  et  adressée  à  leurs  coreligionuaires  de  Provence, 
mâcés  (rexpulsion,  en  1550.  Ell<^  (ait  toucher  du  doigt  ïa  diffé- 
i  «ju'il  y  a  entre  les  inveutioiiâ  îspirituelles,  mais  absurdes, 
l'un  ignorant,  et  un  document  autiienlique  et  d*une  sincérité  par- 
aile.  On  a  ici  la  réalité  vivante  à  opposer  aux  imaginations  vides 
1? la  fiction. 

Que  Ton  examine  tout  d'abord  le  style  de  cette  lettre.  Avions- 

-^  raison  de  dire  que  le  style  seul  trahit  Fartifice  des 

i'agnoles.  Ce  ne  sont  phjs  ici  des  formules  d*mie  séchc- 

ftsse  algébrique,  arrangées  symétriquement  et  qui  se  balancent 

unce.  La  parole  est  abondante,  nourrie  et  presque  sur- 

le  citations  bibliques»  le  tour  est  littéraire  et  mi^me  quel- 

efois  un  peu  déclamatoire  ;  enfin,  la  lettre  est  animée,  dans 

toutes  ses  parties,  d'une  émotion  affectueuse.       • 

On  voit  aussi  que,  même  en  1550,  et  soixante  ans  après  Texil 

pagne,  ce  n'est  pas  aux  Juifs  de  Constantinople,  mais  à  ceux 

^Ionique  que  s'adressent  les  Juifs  de   Provence  menacés 

Blsion,  Cest  à  Salonique  aussi  que  s'étaient  réfugiés  anté- 

iearçtnent  des  Juifs  expulsés  de  Provence.  La  communauté  juive 

ifue  était  plus  importante,  probablement,  que  celle  de 

uople,  et  sa  réputation  avait  devancé  celle  des  Juifs  de 

t capitale  ottomane. 

les  Juifs  de  Provence  ne  se  contentent  pas  d'écrire  une  petite 
jlttrede  quatre  lignes,  qui  n*explique  rien,  et  à  laquelle  on  ne  peut 
îs^ieusement  répondre;  ils  envoient  des  députés  à  Salonique 
er  la  situation  sur  place.  La  lettre  que  nous  avons  est 
ise  écrite  des  Juifs  de  Salonique  pour  servir  de  conflr- 
«Ijon  au  rapport  verbal  des  deux  envoyés  de  Provence. 
On  ne  leur  réi»ond  pas  de  se  baptiser,  de  tuer  les  chrétiens  ou 
?  les  exploiter,  ce  sont  là  de  i)ures  plaisanteries.  On  kur  dit: 
;  auprès  de  nous,  sous  le  gouvernement  des  Turcs,  vous  y 
paix  et  libres.  C'est  ce  que  dit  aussi  Isaac  Çarfati  dans 
I  si  intéressante  adressée  par  lui  aux  Juifs  d'Allemagne  *  ;  ' 


JlhuiéTrt  VK  S'il  section  tofetm.  Le  1*^  élul  HZiÙ  conespODd  aa  13  aoQL  1550. 
fSiit  ccUc  lettre,  voir  Ciractï»   t.   VIII,  2'  édii.,  p.  2"a,  et  doI«  6  à  la    Êa  du 
♦oir   ittfiâi,  p«ur  k  date  de  la  laUre,  //«/t.   BthUofjtapkUy  XII J,   p.  Iù8, 


'-  'j  ï"  -.'  -\  '\.z  -- Lisrr'-^"  lizjj  l'iirrri  î-:-:Tin:ents  det 
-.-»■>  -  -T-  -r.  :*;i  ~  I  ncEi^c*  r^:i::^iLî;f:a  d«  Juifs  de 
?r-'--^''  .1  JV-  1'  r:  -  -  i  le  yi3i  ":r-.«pn.  :*est  qu'offi- 
•:**:! -m--*  .  :  '  i"!.:  7.  if  :-  •ills  -hi  Pt-ttï*:!!?»  depuis  l'édil 
i>ï-::.  -  -  1.  i:^  ZZ  -jr  -----sut*  1.>1  :  xais  cet  édit  m 
virk-'  1.-  s"  7  -—  cr.-Hn-sir  -i--r.iDr.  :a  âjin,  après  avoii 
40-  ir. ...  r>   1:1   !-r::i:.-.  i  x-ir^   1  tiae«.  :!  sera  tombé  en  dé- 

ISUC'BLE    LjEB. 


LE  COMMENTAIRE  DE  SAMUEL  IBN  HOFNI 


SUR  LE  PENTATEUQUE 


I.  A  côté  de  Saatlia,  ce  fut  surtout,  parmi  les  Gaonim,  Samuel 
Ibn  Uofni  qui  se  consacra  à  rexpUcntiori  de  rEcriture-Sainte  et 
à  Te xégèse  biblique  *,  Ses  œuvrer  paraissaient  s*étre  totalement 
penJue^î,  lorsque,  parmi  les  nombreux  et  précieux  manuscrits  de 
[la  collection  Firlvowitscb,  on  trouva  des  fra^^ments  importants  du 
commentaire  arabe  de   Samuel  sur  le  Peiitateuiiue,  Ces  textes 
forent  découverts  par  M.  Ihirkavy,  qui  les  .utilisa  pour  son  étude 
'  «UT  ce  gaon*.  C'était  une  entreprise  méritoire  que  de  publier  ces 
débris  de  Texégèse  biblique  des  gaonim  et  de  permettre  ainsi  à 
I  oeax  qui  s'intéressent  à  cette  branche  de  la  littérature  juive  d'é- 
tudier sérieusement  Tceuvre  d'un  exéjiète  quVVbulwaîid  invoquait 
l  comme  le  représentant  du  Peschat  et  de  l'explication  gramma- 
[ficale^  et  qu*Abraham  ibn  Ezra  cite  —  pour  sa  prolixité»  il.est 
'rrai  —  au  premier  rang  des  interprètes  de  la  Bible  du  temps  des 
gaonim  *-  M,  L  Israelsobn  s'est  acquitté  de  cette  tache  avec  un 
grand  soin  et  une  rare  compétence  ;  il  a  publié  '  en  caractères 


i  Oalfv  900  commenUifo  sur   le  Peutat^uquc ,  Samuel  ibn  Horni  a  iûtcrprélé 

jiiiiinr»   chapitres  éen  Prophètes.  Voir  Horkavy,  dans  l'ouvrage  roenUoDDé  daDS 

^ta  tnùêm  soÎTanlc,  p»  3.  Juda  ben  Barzn&î  écrit  duus  san  commentatro  sur   le  Yeçîre 

(p*  77.    ét\.   HttlbffstaniinJ    :    "ja    bfi<1':T3    'H    lINSm    h"l    Tt'^^yO   '")   "'S    13r?2ïî 

pnscb    rra^^n   D^ISD    IC^'U;    Vt  "*32n*   Pasovfj^  signifie  •  la  Bible  i    (voir  plus 

UuK  r-  tt^}. 

*  Lih9%  mmd  W^rAv  de»  Samuel  idti  Chef  ni  (en  hébreu).  3<  livraison  des  Studien 
mé  Jfi/llniim^e»  nm  der  Kais.  ôfentl.  BHUothek  iu  St-Pefer$burg,  1880, 

*  Voir  mon  ouvmj^e  Lthn  und  Wv^hv  deg  AMmHid  Mfrwâf^  là  a  Uanùh^  p.  H<J. 

*  Voit  mon  ouvrage  Abraham  ibti  Sira't  Einltitung  tu  ieinem  Puttaieuck'Com- 

*■  .<4r«v»#/iJ  l^en   Ckûfni  trium  teetionum  pmteriornm  îibri  Giitetît  wrtio  Araèica 

fvfli  eotmmtntûno,  o  tas,  eod.  bibtiolh.    pubL  imper,    Peiropolii,  aune  primum   edi~ 

]4a  K    iMmcUokA^  Fctropoli,   MDCCCLXXXVI,  p.  \n  4-  184  (psgindca  en  aiaba|  ; 


278  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

arabes  *  le  commentaire  de  Samuel  ibn  Hofni  sur  les  trois  de^ 
nières  sections  de  la  Genèse  (c.  41-50),  c'est-à-dire  la  majeure 
partie  des  fragments  existant  à  Saint-Ptitersbourg.  Encore  cecom- 
mentaire  sur  les  trois  sections  est-il  incomplet  ;  il  y  a  de  nom- 
breuses lacunes  dans  le  ras.  unique  qui  a  servi  à  la  publication  de 
notre  f^dition.  Ainsi,  il  manque  le  commentaire  sur  Genèse,  m, 
9-13;  XLii,  1-4,  10-12,  23-31;  xLiii,  1-6,  34;  xlvi,  2-9,  16-23; 
XLVii,  3-5,  27,  30  ;  xlix,  2G,  et  la  traduction  de  Genèse,  xli, 
9-16,  25-32  ;  xlii,  1-17,  29-32  ;  xLiii,  7-8,  19-28  ;  XLiv,  1  ;  xlvi, 
8-27  ;  XLVii,  18-27.  Deux  de  ces  lacunes  ont  pu  être  complétées 
par  réditeur  lui-môme,  qui  les  a  données  dans  Tappendice,  p.  175- 
181  ;  c'est  la  traduction  de  xlvi,  8-27,  et  le  commentaire  sur 
XLVI,  8-29  et  16-23.  Ces  deux  passages  avaient  été  retrouvés  par 
M.  llarkavy  parmi  les  nombreux  fragments  nîss.  de  la  collectioa 
mentionnée. 

Malgré  ces  lacunes  et  maintes  phrases  qui  ont  dû  ôtre  laissées 
incomplètes  dans  le  texte  arabe,  à  cause  du  mauvais  état  du  ma- 
nuscrit, la  partie  publiée  par  M.  Israelsohn  est  néanmoins  un 
spécimen  important  du  commentaire  de  Samuel  ibn  Hofni  sur  le 
Pentateuquè,  elle  permet  d'étudier  plus  sérieusement  qu'on  n'a  pu 
le  faire  jusqu'à  présent  la  méthode  exégétique  du  gaon. 

II.  Voici  quelle  est  la  forme  extérieicre  de  ce  commentaire.  11 
.  donne  d'abord  la  traduction  d'une  série  de  versets,  puis,  à  la  suite, 
le  commentaire  de  ces  versets.  La  longueur  de  ces  séries  de  ver- 
sets est  déterminée  par  leur  contenu,  par  les  points  de  répit  natu- 
rels de  la  narration  biblique,  quelquefois  aussi  par  les  divisions  ■ 
massorétiques.  Ainsi,  la  section  ypjz  offre  les  divisions  suivantes:  j 
XLi,  1-8,  9-16,  17-24,  25-33,  33-46,  47-57;  xlii,  1-17,  18-28,29- 
XLiii,  6  ;  XLiii,  7-18,  19-34  ;  xliv,  1-17.  La  section  taaii  est  divisée 

>  Quoique  les  ouvrapes  arabes  d^écrivains  juifs  qui  nous  sont  parvenus  aient  été 
écrits  en  caractères  liébrcux,  plusieurs  savants  modernes,  tels  que  MM.  Neobaoer. 
Landauer,  Hirscbfcld,  contrairement  à  l'exemple  donné  par  M.  S.  Munk,  qui  a  pu- 
blié le  Jforé  en  caractères  hébreux ,  ont  édité  les  ouvrages  arabes  en  caractèKS 
arabes.  M.  Israelsohn  justifie  ceUe  façon  d*agir  dans  le  passage  suivant  de  son  in- 
troduction (p.  vu)  :  f  ut  voccs  hcbraicœ  explicats  et  loci  laudati  magis  consj^Ciù 
fiant.  *  Quant  à  Aboulwalîd,  on  peut  prouver  encore  par  un  endroit  de  son  dictionnaire, 
quil  écrivit  ses  œuvres  en  caractères  hébreux.  Sur  le  mot  Û^n,  Lévitique,  ixi,  18, 

il  dit  (kitâh  ai-uçoui,  col.  240,  1.  4)  :  Qn^xb»  in  ûTiH  In'ïipdÎn  bn»  tJn 

D'^îibND,  «  selon  les  Talmudistes,  le  mot  Dl")n  signifie  en  arabe  ackram^  écrit  «wc  U 
mîm  ».  Celte  dernière  remarque  n'a  de  sens  que  dans  la  supposition  qu^Aboulwalid a 
écrit  en  caractères  hébreux,  parce  que  cest  seulement  en  ce  cas  qu'il  lui  a  fallu 
avertir  les  lecteurs  qu'il  no  faut  pas  lire  achras  avec  samekh^  co  qui  signiGertit 
«  11)  muet  >,mais  akhram  avec  mîni^  ce  qui  signifie  •  l'homme  dont  le  nez  est 
déchiré  ».  Dans  lécriturc  arabe,  les  signes  pour  le  D  etle  0  sont  assez  différents  Van 
de  l'autie. 


LE  COMMENTAIRK  BK  SAMUEL  IBN  HOFNl 


279 


û^k  façon  suivante  :  xliv,  1H':34  ;  xl\%  1-15;  n-XLvi,  7;  xlvi, 
It-i);  2â*XLViij  11  ;  r2-2'7,  La  section  ^m  est  ainsi  divis(?e  :  xlvii, 
mi;  XLViir,  M2,  13-22;  xlix,  1-4,  M,  812,  13-21,  22-28,  29-l, 
12,  u  H2ù,  Les  sections  hebdamaclaires,  suivant  lesquelles  f'^tait 
Cernent  partagé  le  commentaire  de  Saadia  sur  le  Pentateuque  % 
jbnnent  les  grandes  divisions  dn  commentaire  de  Samuel  et 
IfOftent  la  Ibrmule  initiale  "j^T^nn  dsd,  «  au  nom  du  Mïs*^rjcor- 
dietïî*  p,  La  traduction  du  texte  est  |jrecëdée  du  mot  yz,  «  texte  », 
«t  le  commentaire  qui  s'y  rapporte  du  motnno,  «  explication  >». 
Bms  co  commentaire,  le  gaon  explique  isolément  chaque  mot  et 
diaiiue  verset  dans  l'ordre  où  ils  se  suivent  dans  le  Pentateuque, 
Unni  précéder  les  jïiots  héhreux^du  texte  qu'il  cite  du  terme 
rtip.  Souvent  il  répète  dans  le  commentairo  la  traduction,  don- 
Dè  précédemment,  du  mot  ou  du  verset  du  texte  ;  souvent  aussi 
>tplication  ne  seml>le  être  que  la  confirmation  et  la  justiiîcation 
Je  la  version  araLe  ^  La  traduction  d*ufi  chapitre  est  quelquefois 
rattachée  au  commentaire  du  chapitre  précédent  par  les  mots  ; 
^^,  «  il  dit  ensuite  ». 

III.  Pour  juger  de  la  iradnciion  que  Samuel  donne  comme 
partie  intégrante  de  son  commentaire»  il  faut  avant  tout  la  com- 
parer avec  la  traduction  arabe  de  Saadîa,  son  prédécesseur  au 
gâunat  de  Sora.  On  peut  admettre  comme  certain  que  Samtiel  a 
ïuel  utilisé  le  travail  de  Saadia,  mais  il  est  intéressant  d'exa- 
BÎner  en  détail  combien,  malgré  son  originalité  et  son  caractère 
indépendant,  il  a  subi  l'influence  de  la  traduction  de  Saadia,  qui 
lpr«icédé  la  sienne  de  près  de  cent  ans.  Cette  influence  est  par- 
tituli^remenl  visible  dans  le  passage  corïteuaiit  la  bénédiction 
tonnée  par  Jacob  à  ses  enfants.  Il  est  traduit  par  les  deux  gao- 
Bim  d*une  façon  presque  complètement  identique*;  on  n'y  re- 
ttirque  quelques  légères  dilTérences  que  lorsque  Samuel  inter- 
ftkk*  un  terme  autrement  que  Saadia.  Ce  dernier  rend,  par 
Qemple,  le  verset  6  du  chapitre  xlix  de  la  Genèse  par  la  phrase 
trabe  suivante  :  r7:rân  kb  anpian  ^li  ^o^z  Vbnn  ^b  Drinsit?  ^d 
iftTB  eryVp  Dntîknm  n?:»  t^ibpp  fi<-:nDi::in  ^nb  ^nnS.  Samuel  con- 
lêrve  cette  traduction,  seulement  il  rend  le  mot  hébreu  *inr}  par 

Vdf  iU※  nnd  Werh0  AMtealids,  p.  92,  oote  13. 
MÊ^ÊÊÊm^ftmnie  «  <^té  Bans  lioule  omise  par  inadvertance  au  commencement  lie  la 
^^^^^■DlioQ  (Vp?3)  da  nolto  uiliiion. 

^^ESS3  fitn  Bit  traduction  pur  le  mot  p^DD  ;  c^uelquefois  aussi,  dans  lo  corps  du 
■Katataîr^.  *l  appelle  sa  tfodtictiou  rnîi3;??t<. 

.\,  je  me  Eiiis  bcrvi  de  i'ediiion  de  M.  de  Logarda, 


280  HEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

non,  parce  qu'il  le  fait  dériver  de  la  môme  racine  que  le  mot  Tt-r^i, 
Exode,  XVIII,  9.  Le  passage  de  Genèse,  xlix,  10,  est  ainsi  tradiiit 
par  Saadia  :  nnTSN  nnn  yn  DOfinbNT  N-nïr^  b»  p  *î5ab«  a-^kp  bir»  »? 
an^obfiî  yj2T)i^T)  rr^b^i  nb  m  "^ibN  "^ii"^  i»  "^bN.  On  voit  qu'il  identifie 
le  mot  rrbvû  avec  ib'»3,  nb  -Cfi^  ;  Samuel  le  fait  dériver  de  mbiD, 
Deutér.,  xxviii,  57,  et  le  traduit  par  mbn,  mais  pour  le  reste  sa 
traduction  est  identique  à  celle  de  Saadia,  sauf  qu'il  omet  le  mot 
^b7ab«. 

Il  est  rare  de  trouver,  comme  dans  ces  passages  de  la  bénédic- 
tion, des  versets  entiers  qui  se  ressemblent  dans  les  deux  traduc- 
tions, mais  souvent  Samuel  emprunte  des  expressions  à  son  pré- 
décesseur. Eu  voici  quelqueîs  exemples.  Les  mots  de  Genèse, 
XLiii,  14,  '^rb'D'::  ■^nbDO  noN^  "^aNi  sont  traduits  ainsi  par  les  deux 
gaonim  :  a  Je  crains  que  je  ne  sois  privé  de  nouveau  d'un  fils, 
comme  je  l'ai  déjà  été  d'un  autre  fils.  »  /&.,  xlvii,  29,  ^t»  N3  ko 
•^Dn*^  nnn,  «  jure,  ta  main  sur  mon  alliance.  »  /&.,  xlvii,  31, 
îiaTan  ;rN-)  bj  est  traduit  dans  la  version  de  Saadia  par  «  sur  son 
lit  pour  remercier,  »  et  dans  Samuel,  par  a  sur  le  bord  du  lit  pour 
remercier  ».  xlviii,  7  :  yn^n  nnnD  l'yyn^  «  quand  il  resta  encore 
un  mille  en  fait  de  distance  >>.  xlviii,  20,  le  deuxième  nï2«b  est 
rendu  ainsi  :  «  en  se  disant  l'un  à  l'autre  ».  Samuel  traduit  les 
mots  -^^125  b»,  XLiii,  14  et  xlviii,  3,  comme  Saadia,  par  l'expres- 
sion -«DNDbs  p-'NtabN.  Les  deux  auteurs  rendent  l'expression  ■•ssn» 
XLVi,  2,  par  ^^nb. 

IV.  Il  existe  cependant  une  différence  entre   les  deux  ver- 
sions :  la  traduction  de  Samuel  serre  le  texte  hébreu  de  plus 
près  que  celle  de  Saadia.  Il  est  inutile  de  démontrer  cette  as- 
sertion longuement  par  des  exemples,  il  suffit  d'un  examen  su- 
perficiel pour  s'en  convaincre.  Saadia  traduit  iXTa'^n,  xlviii,  W, 
par  «  il  ne  le  fit  pas  »,  et  Samuel  par  «  il  s'y  refusa  ».  Le  pre- 
mier rend  -^nN  nr-in  "^^irT:,   xlviii,  15,  par  «  celui  qui  m'a 
nourri  depuis  ma  jeunesse,  »  et  Samuel,  par  «  celui  qui  m'a  fait 
paître  depuis  que  j'existe  ».  Il  ne  faut  pas  croire  cependant 
que,  pour  rester  fidèle  au  texte,  Samuel  sacrifie  la  langue  ;  sa 
version   est ,  au  contraire ,  comme  celle  de  Saadia ,  claire  et 
nette.  Ni  pour  la  construction  de  la  phrase ,  ni  pour  la  façon 
dont  sont  rendus   les  particules  et  les  idiotismes  de  l'hébreu, 
la  traduction  de  Samuel  n'est  un  simple  calque  du  texte  ;  cette 
assertion  non  plus  n'a  pas  besoin   d'être  longuement  prouvée. 
Qu'il  nous  suffise  de  citer  comme  exemple  le  premier  verset  de 
l'éditiou  de  M.   Israelsohn  :  ifi<-i  i"^nbaND  X^n^o  nkp3«  «Tab  "J»"» 


LE  CUMMK.NTAIHE  DE  SAMUliL  IBN  HUFNl 


S6t 


I 


rhbb^  ''tsNC  "^by 


tp  *nî»D  trin  wns.  Le  sens  de  chaque  mot 
liébreu  est  rendu  exactement  en  arabe,  et  d'une  matui^re  plus 
précise  encore  que  dans  Saadia,  sans  que  cependant  le  traduc- 
leur  suive  servilement  le  texte.  Samuel  se  pei^raet  aussi  quelque* 
fois  de  s*écarter  de  la  lettre  môme  du  texte,  quand  des  motifs 
exégétiques  Vy  engagent,  parce  que,  Oilèle  aux  principes  ratio- 
nalistes (le  l'exégèse  inaugurée  par  Saadia-,  il  ne  veut  laisser 
hm  sa  version  ni  obscurité,  ni  contradiction,  et  qu'il  ne  tient 
1>18  seulement  compte  de  chaque  mot  pris  isolément,  mais  aussi 
elsurtoutdu  sens  général  du  contexte.  Ainsi,  XLvm,  11,  il  tra- 
duit «l'^i,  non  comme  Saadia,  par  «  il  vit  »/,  mais  «  il  sut  »,  nby^ 
parce  que  Jacob,  d'après  le  verset  10,  «  ne  pouvait  pas  voir  »,  et 
lu,  35,  il  rend  le  mot  bs  non  par  b^^  mais  par  yy^,  parce  qu'on 
«ramassé  «  une  partie  »  et  non  «  la  totalité  »  du  blé.  Et  lorsque 
riiébrea,  en  parlant  de  Dieu,  se  sert  d'expressions  qui  ne  peuvent 
«'at»î>liquer  qu'aux  hommes,  Samuel,  se  conformant  à  la  tradition 
derinlerprétation  juive,  évite  ces  anthropomoriihismes  et  traduit 
comme  Saadia  *. 

Il  existe  une  autre  difîéren ce  entre  les  deux  versions,  Samuel 
dimne  les  noms  propres  de  personnes  et  les  noms  géographiques 
sous  leur  forme  hébraïque,  sans  y  rien  changer;  Saadia»  comme 
r^ déjà  remarqué  Ibn  Ezra,  rend  les  noms  géographiques  de  la 
Bible  par  des  noms  arabes  modernes  et  transcrit  les  noms  de  per- 
sonnes avec  leur  prononciation  arabe,  Cest  ainsi  que  dans  Saadia 
l€$ trois  noms  propres  de  xlviii»  1,  sont  écrits  llarrân,  Râhél, 
Kan'àn  (ift«3^:5),  tandis  que  Samuel  écrit,  comme  dans  le  texte, 
U:3,  bm*  t"ïs  **  Ce  dernier  ne  fait  une  exception  que  pour  e^ni^T:, 
qu'il  rend  par  le  mot  arabe  n^?:.  Le  mot  litï,  xli,  45  et  50,  traduit 
daas  la  version  de  Saadia  par  «  Alexandrie  »^,  signide»  d'après 
Samuel*  comme  le  mot  p»  de  Amos,  v,  5,  «  une  idole  ». 


V,  La  plupart  des  différences  qu*on  observe  dans  les  deux  ver- 
^    t  proviennent  de  ce  que  les  traducteurs  ont  compris  autre- 
^taent  le  texte.  Nous  n'insisterons  pas  sur  ce  point,  parce  qu'autre- 


*C«tittofti  qu'il  faut  lire,  au  lieu  an  nSND.  car,  danfl  le  TereeL  suivant,  Simucl 
<ïuiiilég»lemeat  le  mot  n;?n  par  n^KD,  eU  «le  mÔme,  Saadia  dit  n"^î*p  HjiîD. 
*  Voir  àhrnham  iàn  BiraU  EinUitung  tu  t«m^m  PtnHteufK'CommeHiar^  p,  33. 
^tcn,  2,  y27  l"îa«  •'3:»*  Saadia  traduit  :  ^yt^   -^-iTSK  ^inî*  «:«!,  et  S«^ 

""1*1:^75  brr  ■'•iîskt  ;  xlvui,  is,  rr^b  •»m3î<  irbnnn  ^'z^,  SaadiB  dit  ; 

I  nsrSIK  '^VîN,  et  Samuel  :  nriT^I}  "'D  ''t^DX  nï?D  ^4bî«. 
'Samuel  triduit  cepeodHul,  ïlvt,  :î1  :  -j^^d  ^"1X3  par  CÏ<Cr&(  ibas» 
^Siidi*  identifie  peut-+Hre  l&i  «vec  la  viUc  ég^'ptiaDae  de  &t2t  que  le  Tarpum  des 
^Ut««  traduit  par  K'»"|"i:DDbK. 


282  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ment  il  faudrait  tenir  compte  du  commentaire  et  non  de  la  traduc- ^ 

tion.  Ce  qui  sert  encore  à  caractériser  la  traduction  proprement^   t 
dite,  c'est  le  grand  nombre  de  cas  où  Samuel,  tout  en  comprenante^  t 

le  texte  comme  Saadia,  se  sert,  pour  le  rendre  en  arabe,  d'exprès 

sions  ou  de  constructions  différentes  et  qui  dénotent  une  connais 

sance  plus  sûre  de  la  langue  arabe  et  une  grande  habileté  de  tra 

ducteur.  Citons  quelques  exemples.  Samuel  Construit  toujours  le  ^-=? 
verbe  TiNa,  «  bénir  »,  avec  "^d,  et  Saadia  avec  l'accusatif*  Le  pre- 


mier traduit  ptorr^i,  xlviii,  2,  par  •'ipns,  et  le  second  par  nmpfits;  ^s^; 
chez  Samuel,  ipTTa,  xlviii,  10,  est  en  arabe  ftàib'^ïDbfi^  ï»,  et  chez»  —> 

Saadia  i3DbN  p  ;  chez  Samuel,  nbc:*»i,  xlviiï,  14,  toi,  chez  Saa 

dia,  ûom  ;  chez  Samuel,  d-'ir^n  xb^a,  xlviii,  19,  or^bN  fi^btD,  et  che;^  -, 
Saadia,  m3^©b«  Kb»  ;  ^%•'ï:^  xlviii,  20,  est  traduit  chez  Samue^Cl 
par  ^bs^s"^,  chez  Saadia  par  ^hyy^  ;  pour  û^ns  êtnp'',XLix,  1,  il  y  ^^h* 
dD-^BNT^  chez  Samuel,  et  ûdd-^^i:'^  chez  Saadia.  Samuel  explique  dan^^ 

son  commentaire  (p.  76)  pourquoi  il  a  traduit  le  mot  ^D«,  «  ta  co 

1ère  »,  XLiv,  18,  par  ^nii:^  et  non  par  yr\n  ;  il  dit  que  y^n  dësign<=e 
la  colère  contre  des  proches,  comme  celle  de  Saùl  contre  son  flls 


Jonathan,  I  Sam.,  xx,  30,  et  niw  la  colère  contre  des  étrangers 
comme  celle  de  Balak  contre  Bileam,  Nombres,  xxiv,  10.  Dan^^ 

le  commentaire  sur  xliv,  31  (p.  80),  il  donne  les  raisons  pour  les 

quelles  il  a  rendu  y\y^  non  par  S:;,  mais  par  "jm,  «  tristesse  ^«^ 
(Saadia  emploie  le  mot  hnon)  ;  plus  loin  (p.  118),  il  montre  qu^EB 
le  terme  hébreu  tr^iy^,  employé  xlvii,  29,  a  souvent  le  sens  d^ae 
Tarabe  biN,  et  il  le  traduit  ainsi  dans  les  versets  28  et  29,  tandi     s 
que  Saadia  ne  le  traduit  par  bâx  qu'au  verset  29.  A  la  page  107  d  -^ 
son  commentaire,  il  dit  pourquoi  il  a  rendu  xlvii,  14,  ûpb'^T  pa    zx 
ynb^,  comme  Saadia,  et  non  par  apnbN,  et  page  93,  il  tradui»:^, 
XLV,  26,  mb  SD-^i  par  yQ^,  a  il  douta  »  (comme  Saadia),  sarms 
rendre  en  arabe  le  mot  lab.  Dans  son  commentaire  (p.  11)  scm^T 
XLi,  18,  il  explique  qu'il  a  rendu  -isn  par  n^-^ïî,  et  non  par  "^birr, 
«  parce  qu'en  arabe  le  mot  pk-^o  s'applique  aux  animaux  et  non 
aux  hommes  et  qu'il  sert  à  désigner  les  différentes  couleurs  par 
lesquelles  les  animaux  se  distinguent  les  uns  des  autres.  »  A  la 
page  136,  il  se  défend  contre  le  reproche  d'avoir  traduit,  xlïx,  7, 
mn»  par  *\^y\>l2  (Saadia  Ta  rendu  par  ûiTa^tt),  en  déclarant  qu'il 
n'est  pas  incorrect  en  hébreu,  ni  en  arabe,  d'appliquer  le  terme  de 
malédiction  à  un  objet  comme  la  colère  ;  page  91,  il  expose  que 
le  mot  n-^ii:,  xlv,  19,  doit  être  traduit  par  nnto«  (oumirta'),  au 
parfait  passif,  et  non  par  NnrN73,  au  participe  passif,  parce  que 
ce  dernier  terme  répondrait  à  ni:ç7a  ;  enfin,  il  traduit  rrpiTD,  xux, 
11,  comme  Saadia,  par  le  mot  analogue  arabe  p-^no,  et  il  fait  re- 


LE  COMMtCNTAmE  DE  SAMlîRL  IHN  HOFNl  889 

marrjuef  dans  mti  cotomentatre,  p.  Ul,  qu'en  Syrie  (d«ts)  le  terme 
p^î  désigne  la  meilleure  espèce  de  vigne  K 

[in.  La  partie  explicative  du  commentaire  de  Samuel  ibn  ïlofni 
distingue,  selon  la  remarque  dlhn  Ezra,  par  sa  prolixité»,  le 
ommentateur  se  laisse  aller  à  des  digressions  très  abondantes, 
ha  Ezra  cite  comme  exemple  de  cette  prolixité  la  longue  disser- 
ation  de  Samuel  à  propos  du  voyage  et  du  songe  de  Jacob, 
IXTrn,  10,  sur  les  voyages  et  les  rêves  en  général.  Il  est  de  fait 
ûetJans  les  fragments  qui  ont  été  publiés,  Samuel  entre  souvent 
ïûns  des  développements  plus  ou  moins  longs,  qui  n'ont  f}u\irt 
IfappCïrt  bien  éloigné  avec  le  texte  auquel  il  les  rattaclie.  Il  pst 
que  plusieurs  de  6es  développements  sont  de  nature  pufe- 
texégétique  et  concourent  au  but,  poursuivi  par  Samuel  à 
tout  son  commentaire,  d'éclairer  et  d'expliquer  les  termes 
Bfflciles  du  texte  par  des  exemples  tirés  de  la  Bible  mArae.  Les 
îessions  de  ce  genre  sont  presque  comme  des  articles  de  die- 
onnaire.  Cest  ainsi  qu'à  propos  du  mot  ^p?^,  xli,  1.  il  donne 
les  lieux  sens  que  ce  terme  a  dans  la  Bible;  à  propos  de  D^^T^ps, 
xu»34.  il  indique  (p.  19)  les  deux  espèces  de  b-^n^s  dont  parle  la 
Bible.  Pour  préciser  le  sens  des  mots  ibi-i  pî<i  n'^  v^  sî-'X  t.^^'^  Kb, 
xii,  43»  il  explique  que  rexpression  i*»  nja-ifr,  «  lever  la  maîn  », 
a»  dans  la  Bible,  six  signilications  différentes  (p.  24).  Au  verset 
^Ui,  7,  il  montre  que  riX::];  a  cinq  sens  différents  (p.  41)  ;  au  ver- 
set xuii,  16,  il  éaumère  les  cas  dans  lesquels  on  a  employé  lex- 
J^mmn  n"»3n  hj  ion  (p.  57);  xliv,  18,  il  donne  les  cinq  sîgniJi- 
catioûB  du  verbe  tî32  (p.  75)  ;  xlv,  10,  les  cinq  sl'Us  de  3ip  ip*  87); 
ïu,  11,  les  six  sens  de  Vsbs  (p.  87),  et  xlvu,  23,  les  cinq  sens 
ph(p.  112). 

AcAtéde  ces  digressions  exégétiques,  il  y  en  a  d'autres  qui 

relatives  à  la  Haiahha,  c*e.st-à-dire  qui  énumnrent  certaines 

^religieuses.  Ainsi,  à  propos  du  mot  ^ëotdS  l,  10^  il  traîle  Ion- 

llt«np)ii;atiOD  concorde  avec  les  mois  d'AbuKvulid  (diins  eou  Dictionnaire^  "Hl,  2Î) 

^"iïïl  pS^^n  p-^-llcbK  nb   b&*p^l  Cnsbfit  ^IÎH  in^   Le   ttnne  Tlâ«    employé 

r  AbttUilJd  tnonlrft  4ue  che/.  Suraud  il  luut  Ure  Ti,  iitalltitt,  ot  non  T>:>,  teutltr., 

I  Èêit  pas  si   le  mot  p'inOj  qu'on  ne  trouve  pas  dans  les  dictioanairei  arabes, 

te«  prononcé  p^lO  ou  p'^niïï*  Sattdia  s  P^ID,  Gen.,  xlu,  îl,  tî  Isoïe,  v,  2, 

♦  pour  la  dcroitr  pasiagc,  Puuliis,  p.  32,  et  Ueseoius,  ThemutÈn,  1342  A. 

')cnt   de  lu   dif^rcssion  sur   les    oraboas    funèbres  {[>.    151^-101) 

(édition,  p«r  «uite  d'une  lacutiu  dans  le  ma.  C(^ti«  di^^rt^^âioti  am- 

y&tématiquo   des  élég"u:s  qui  se  lrouv€iit  dnns  U  Bible*  elle 

poBlt^nciifCii   qui  pciiVLMil  toucher  les  ca^urs.  Samuel  cilu, 

i'-3  u.egieâî  moaùoaiiêcs  dons  J/o^J  A^^ai»,  'i5i,  cl  il  ajoute  ;  *  Par 


2A'.  REVTE  DES  ETUDES  Jl'IVES 

goement  de  l'oraisoii  fiin»*bre  et  «la  «leuil  b^x,  ainsi  que  des  p  :^res- 
criptions  traditionnelles  qui  s'y  rapportent*.  Au  sujet  du  veix^et 
XLvii,  29,  il  mentionne  les  obligations  qui  incombent  aux  ul  ^Du- 
rants p.  119  -,  et  les  lois  relatives  à  renlerrement  (p.  120).  Aa  ré- 
cit de  Tentrevae  dans  laquelle  Joseph  n  a  pas  été  reconnu  par  ses 
fr«'*res,  xlii,  8,  Samuel  rattache  l'explication  d'une  mischna  deB^^^a 
Baira,  viii,  6  p.  43  .  Au  verset  xliii,  9,  il  traite  d'après  le  11*^1- 
mud  des  conditions  du  cautionnement  (p.  54).  A  l'occasion  ^es 
préparatifs  d  un  testin  dont  il  est  question  xliii,  16,  il  menlioM^ne 
le  précepte  d'Exode,  xvi,  5,  et  y  ajoute  des  explications  relati  '^es 
aux  trois  sortes  d'objets  qu'on  ne  peut  pas  manger  les  jours  de 
fête,  parce  qu'ils  ne  sont  pas  préparés,  rrspir  (p.  58).  A  propos  de 
XLii,  19,  il  examine  brièvement,  sans  citer  de  passages  talic^u- 
diques,  s'il  est  permis  à  un  groupe  de  personnes  de  livrer  Tiza-ne 
d'elles  à  la  mort  pour  sauver  les  autres  <p.  46)  *. 

Voici  encore  un  certain  nombre  de  digressions  intéressantes  ^u 
commentaire  de  Samuel  ibn  Hofni.  A  propos  des  songes  de  Plrm  a- 
raon,  xli,  15,  il  explique  que  les  interprétateurs  de  songes  on  *à 
tenir  compte  de  treize  points,  dont  ils  doivent  sérieusement  se 
préoccuper*  ;  il  compare  les  interprétateurs  de  songes  aux ju^'es 
et  aux  médecins,  qui  ont  à  faire  des  investigations  très  précises 
avant  de  pouvoir  rendi-e  un  jugement  ou  se  prononcer  sur  ci-ii^ 
maladie  (p.  8).  Il  parie  ensuite  (p.  14)  des  diverses  images  qiT^^ 

ma  vie,  ces  i^roles  soûl  d'une  è'.oquence  mapstralc,  je  les  ai  citées  ici  pour  se:^'''^^^ 
d^xemple  aux  poêles  é:éi.'i'ques  (Z^-TSCN  il  sera  facile  aux  poètes  de  les  me  *-^ 
en  vers,  KT:":'::r  1î<  r5<"2:VN  p't- •:.  ou  de  les  imiter.  .  A  la  lin,  il  donne  quelcf;  »i«s 
vers  de  ré^é.irie  qu'il  avait  oornoosée  sur  la  mort  de  son  père  Hofni  et  que  M.  IC  ^^' 
kavy  a  rapportés  dans  son  ouvra^re  mentionné  ci-dessus,  p.  7. 

»  Dans  ce  développement  p.  lOl-lOT),  Samuel  indique  d'abord  les  douze  lois  t*" 
latives  au  deuii,  i:  doune  ensuite  le  sens  du  mot  nb2ô<,  deuil,  au  point  de  vu^  ^^ 
la  langue  et  au  point  de  vue  de  la  reli^rion,  et  il  indique  la  durée  que  la  reli^Ç'^^" 
assigne  au  deuil  dans  les  divers  cas,  qui  sont  au  nombre  de  cinq  ;  puis  il  bjoîl  ^^ ' 
«  Après  avoir  tait  connaître  les  durées  du  deuil,  nous  pensons  qu^il  est  nécessaire  ^^ 
mentionner  les  décisions  des  anciens  relatives  à  ces  durées. . .  >  Après  ces  mots,  ^^' 
muel  cite  une  série  de  lois  relatives  aux  durées  du  deuil  et  à  l'interruption  appo^*'^ 
par  les  jours  de  fèie  à  la  célébration  du  deuil. 

*  n  termine  ainsi  :  «  11  serait  trop  long  d'indiquer  ici  les  causes  de  ces  prescr'^P' 
tions,  nous  en  avons  parlé  dans  notre  ouvrage  sur  le  divorce  psbcbN  "^D  Î332NP;^^*  * 
M.  Harkavy  cite  ce  passage,  p.  G,  mais  il  écrit,  par  erreur,  ^^73  ï^w")Db  1t51*1S  ^^' 
au  lieu  de  "^rPI  'b  '3. 

»  Cette  partie  casuistique  repose  sur  Tos,  Terumot^  vu,  20,  et  /.  Terumot,  k(P  *' 
Samuel  ajoute  seulement  un  nouveau  cas,  à  savoir  si  dix  femmes,  pour  sauver  1^^^ 
honneur,  ont  le  droit  de  sacrifier  l'honneur  d'une  seule  femme. 

^  Samuel  renvoie  ici  à  des  explications  plus  développées  qu'il  a  données  sur       ^ 
sujet  dans  un  endroit  précédent,  de  son  commentaire,  probablement  dans  le  passs-^^^ 
mentionné  par  Ibn  Ezra,  à  xxviii,   10;  il  y  renvoie  encore  p.  13.  Samuel  renvc:^^* 
ëgalemenr,  dans  son  commentaire  sur  xuv,  18  (p.  77],  à  un  développement  sur      -^ 
royauté  qu'il  a  donné  Genèse,  xxxvi,  31. 


LE  COMMENTAÎRE  DR  SAMUEL  IDN  HOFM  285 

roît  en  songe  et  des  différents  rêves.  Au  verset  xli,  33,  il  ^-tablit 
la  diflererice  entre  les  synonymes  T\iz-n  et  nsisn  (p.  18)  ;  xli,  48, 
il  montre  comment  on  peut  conserver  les  fruits  de  la  terre  et  les 
[préserver  de  la  destruction  (p*  28)  *  ;  xli,  49,  il  parle  de  Facca- 
.  parement  du  blé  et  des  prescriptions  qui  s'y  rapportent  (p*  30)  =  ; 
1 XLJ1L  32»  il  traite  des  croyances  religieuses  des  Egyptiens  (p,  63)  ; 
xuv,  34,  de  Faction  de  Téloquence,  qu'il  compare  à  rînfluencoeîe 
la  musique  et  de  la  poésie  (p.  81);  l,  2,  de  Fembaumement  des 
mùTts,  en  se  référant  au  récit  talmndique  de  Baba  Batra^  3&,  re- 
latif à  Hérode  et  Marianne  (p.  157)  ^ 

Les  él«'ments  des  développements  suivants  sont  empruntés  à  la 
Bible  même.  Sur  la  famine  (p.  34-39,  à  propos  de  xu,  hb)  ;  sur  les 
sacrifices*  (p.  61,  à  propos  de  xliii,  26);  sur  la  reconnaissance 
et  ringratitude  (p.  67,  xliv,  4);  sur  la  colt'^re  et  la  longanimité 
(p.  %,  XLiv,  18)  ;  sur  les  causes  qui  peuvent  empêcher  un  homme 
iîeriîpondre  (p.  84,  xlv,  3)  ;  sur  les  dix  avantages  de  la  maladie 
(p.  123,  XLVin,  1)  ;  sur  la  signification  de  la  main  droite  et  du 
c^*té  droit  (p*  127,  xLvni,  14);  sur  la  supériorité  de  Juda  sur  ses 
frères,  mentionnée  dans  dix  endroits  do  la  Bible  (p.  102,  xlyi, 
M)';  sur  les  sept  cas  de  sopériorité  d'Epliraïm  sur  Manassé 
(p.  130,  XLViii,  20)  ;  sur  les  muets  comparés  à  des  animaux  (p.  145, 
XLIX,  14). 


'  Stjnuel  dit,  eulre  autres  :  t  0  y  a  d^s  pays,  comme  Ii  provitice  de   Bassora, 

îo^pto  et  d'aulrea  contrées  situées  près  de  la  mer,  dans  lesquels  les  fruits  do  la 

I  se  gftient  mpidement,  tandis  que  dans  d'autres  pays,  comme  les  régions  mon- 

I,  eea  fruits^  pUcés  dans  des  Tosses  ou  des  citernes,  se  coQserrçDt  intacts 

*VlfidiQt  des  années.  »  Cf.  Krcmer,  Cnliuryeëchtchte  des  Orimtt  unter  den  Chaiifen, 

II,  33-2. 

'  Ce  pAssaji^e  commence  ainsi  :  «  Noug  tTOUvons  bon  de  parler  ieî  en  dc^taîl  do 
l^criptremênt  du  blé,  parce  que  ce  déTeloppemeiil  se  rap porta  à  notre  récit  (l'entas^ 
•iDettt  du  blé  par  Joseph)  et  que  la  plupart  des  marcbands  de  grains  de  notre  temps 
■wtdes  accnpareurs.  » 

'  Au  lieu  de  nbip  ITO,  d  faut  lire  naturellement  Qîlblp  Ifia  »  et  m'^TSaf? 
•2T3  pst  U  leçon  qui  se  trouve  également  dans  le  me.  de  Munich  {Dikdnkê  8of^ 

««, ii,iû\  pour  133*73  rr;?:a. 

^  *  Il  est  nécessaire  que  je  traite  ici  de  la  cbcrté  et  du  bon  marché  des  vivres,  de 
VV9  causes  et  de  leurs  conditions,  et  que  j^indique  la  part  do  responsabilité  ^ul  eti 
'*^wût  èu  créateur  et  celle  des  créatures»  j'y  ajouterai  le  nombre  de  chertés  dont 
P»rl«  rËcn tu re- Sainte.  *  Âpres  ce  préambule,  Samuel  définit  les  mots  rherté  et 
*•<  R4rfÀ/.  puis  il  montre  les  divers  dejçrés  de  U  cherté  (lamine)  d'après  Ahot^ 
^*^^  tniuite  il  énumère  les  onze  fautes  qui  amènent  la  famine  comme  un  châtiment 
^î&.  et  enfin  il  indique  les  trois  causes  de  la  famine  :  insullisance  de  la  récolte^ 
'^«die  du  blé  et  siège.  Â  la  Bn,  il  mentionne  les  dix  époques  de  famine  dont  parle 
•Bihlf;  cette  énuméralion  est  identique  à  celle  du  Midrssch,  Bercschit  rabba, 
*•  2S»  ttec  cette  dilférence  que,  d'après  le  Midraseb,  la  djiiome  iumine  aura  lieu 
^  riveaif,  Amos,  vm,  11 ,  et  que  pour  Samuel  ollo  a  eu  lieu  avant  la  destruction 
^  ^|iW  [il  Rois,  nv,  3  :  Jérémie,  lu,  C). 
*  il  prûinet  ài»  traiter  complètement  ce  sujet  dans  le  commentaire  anr  Nombres, 


28C  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

VIL  Dans  ces  dernières  digressions,  dont  le  contenu  est  em- 
prunté à  I9  Bible,  comme,  par  exemple,  le  développement  sur  la 
famine,  Samuel  suit  le  système  du  midrasch,  qui  consiste  à  re- 
cueillir sur  une  question  donnée  un  grand  nombre  de  versets  bi- 
bliques. Le  gaon  applique  surtout  cette  méthode  midraschique 
quand,  dans  un  but  homilétique,  il  veut  tirer  du  texte  un  ensei- 
gnement pratique  ;  il  se  sert,  dans  ce  cas,  du  mot  nNnnrs.  De  ce 
que  Joseph  s*est  lavé  et  a  changé  de  vêtements  avant  de  paraître 
devant  Pharaon,  xli,  14,  il  conclut  «  qu'avant  de  comparaître 
devant  notre  Créateur,  nous  devons  purifier  notre  âme  de  la  souil- 
lure des  péchés,  comme  l'enseigne  Kohél.,  ix,  8  (p.  8).  »  a  Si  un 
roi  mortel,  dit-il  plus  loin  (p.  24\  a  pu  élever  Joseph  par  ces  seuls 
mots:  Je  suis  Pharaon  (xli,  44),  combien  doit  être  puissante  la 
parole  de  Dieu  (Is.,  xi.vi,  4;  Deutér.,  xxviii,  13)  pour  élever  Is- 
raël. »  A  propos  des  mots  :  a  le  peuple  implora  Pharaon,  »  xli,  55, 
il  dit  (p.  33)  «  qu'en  temps  de  détresse,  nous  devons  implorer 
Dieu,  qui  fait  pousser  les  plantes  et  crée  tout  ce  qui  existe.  »  (Cf. 
Psaumes,  cvii,  5,  6;  I  Rois,  viii,  37.)  La  question  que  Josepli 
adresse  à  ses  frères  pour  leur  demander  d'où  ils  viennent  ;xlii,'3) 
provoque  chez  Samuel  cette  réflexion  (p.  42)  :  «  Si  les  hommes 
réfléchissaient,  comme  le  leur  conseille  la  mischna  de  Al^ot^  IH, 
1,  sur  leur  origine,  ils  s^abstiendraient  de  pécher.  »  Des  paroles  de 
Joseph  (xLii,  18)  :  «  agissez  ainsi  et  vous  vivrez,  »  il  rapproche 
/p.  46)  le  verset  d'Amos,  v,  4  :  «  Cherchez-moi  et  vous  vivrez.  » 
Il  dit  (p.  56)  que  Jacob  (xliii,  11)  emploie  l'expression  nnpetij 
parce  que  les  justes  considèrent  toutes  leurs  actions  comme  étant 
de  peu  d'importance  ;  c'est  ainsi  qu'Abraham  a  dit  (xviii,  4)  :  «uo 
peu  d'eau  et  un  morceau  de  pain.  «  A  propos  de  xlîii,  26,  il  fait 
cette  réflexion  (p.  61)  :  a  C'est  ainsi  que  l'homme  doit  d'abord  bien 
agir,  et  ensuite  seulement  peut  demander  à  Dieu  ce  dont  il  a  be- 
soin. »  Cf.  Psaumes,  xx,  4.  Et  plus  loin  (p.  69],  à  propos  de  ces 
paroles,  xliv,  5  :  «  Votre  action  a  été  mauvaise,  »  il  fait  la  re- 
marque que  nous  nous  faisons  du  mal  à  nous-mêmes  en  péchant 
contre  Dieu.  Cf.  Jérémie,  vu,  19,  et  Prov.,  viii,  36.  Les  paroles 
de  Juda  à  Joseph  xliv,  32  :  «  Je  serai  pour  mon  père  toute  ma 
vie  un  coupable  »,  lui  inspirent  cette  observation  :  «  Si  la  crainte 
de  faillir  envers  un  de  nos  semblables  est  tellement  grande,  ccw- 
bien  ne  devons-nous  pas  craindre  de  faillir  envers  Dieu,  notre 
créateur,  »  Cf.  I  Siam.,  11,  25  (p.  80).  11  fait  une  réflexion  analogue 
à  propos  de  xlv»  3  :.  «  Les  flls  de  Jacob  n'ont  pas  su  garder  leur 
courage  devant  les  paroles  de  leur  jeune  frère,  et  ils  ont  rougi 
davant  lui,  à  plus  forte  raison  ne  pouypflis-nous  p^s  résister  aux 
objurgations  du  créateur  de  notre  âme,  parce  que,  dans  ce  cas,  la 


LE  COMMENTAIRE  DE  SAMUEL  IDN  HOFXI 


287 


fasion  est  plus  grandt?  ol  nous  né  Irouvous  nulle  part  de  re- 
fuge cantre  la  iionte.  »  Cf.  Miellée,  vi,  2;  Lsaïe,  xui,  8  et  x,  îi 
(|>,  85j  *.  ll-ilît  que  les  paroles  de  Jacob  :  «  les  jours  de  ma  vie  ont 
^té  peu  nombreux  et  mauvais»  «  s'appliquent  bien  à  rexistence 
terrestre,  tandis  que  îa  vie  Juture  est,  au  contraire,  loniçue  et 
heureuse,  camme  la  dépeint  le  Psalmiste.  xxi,  20  (p.  105),    A 
propos  des  mots  xlvjï,  24  :  «  vous  doiuierez  la  cinquième  partie 
I  à  Pharaon  »,  il  dit  (p,  114)  :  «  De  ces  paroles  découle  un  ensei- 
I  giiement  sur  lequel  nos  docteurs  nous  ont  rendus  attentifs  *.  Un 
roi  mortel  exige  pour  Un  au  moins  le  cinquième  de  îa  récolte,  et 
cependant  elle  appartient  aux  sujets  et  le  roi  n'a  contribué  en 
I  riea  à  la  (aire  mûrir,  mais  le  roi  des  rois,  le  maître  du  ciel  et  de 
la  terre,  le  créateur  de  tous  les  ^tres,  qui  fait  pousser  toutes  les 
plantes,  se  contente  du  dixième  (Deutér  ,  xiv,  22)»  et  il  nous  pro- 
linet  une  belle  récompense  pour  notre  offrande  (MaL,  m,  10), 
I  Aussi  devons-nous  accomplir  cette  pi'escription  avec  le  plus  grand 
ienqu'essement*  »  k  la  lin  du  comnientaîre  sur  là  bénédiction  de 
Jacob,  XLix»  28,  il  dit  (p,  154)  :  «  Il  y  a  un  ^rand  avantage  à  faire 
[  connaître  cette  bénédiction»  car,  comme  elle  s'est  réalisée,  nous 
[reconnaissons  ainsi  la  supériorité^'  du  patriarche  (Isaïe.  xliv,  26; 
(et  nous  attachons  une  grande  importance  aux  prières  de  nos 
'justes,  w  Ct\  Prov.,  xi,  IL 


VIU.  Le  commentaire  de  Samuel  ibn  llofni  contient  encore  des 
ii»ns  d'un  autre  genre  :  ce  sont  les  développements  apolo- 
s,  qu'il  rattache  à  Tun  on  à  Tautre  passage  du  texte  hé- 
jrea-  Aiosi,  xu,  49,  il  défend  Josepti  contre  Taccusation  d'avoir 
[accaparé  le  blé  que  certaines   personnes  —  probablement  des 
[polémistes  musulmans  —  portaient  contre  lui  (p.  29).  Plus  loin,  il 
fustine  Joseph  d'autres  accusations  qui  étaient  probablement  di- 
rigées contre  lui  par  les  mêmes  polémistes.  Comment,  disent-ils  à 
>ropos  du  verset  xlii,  35,  Joseph  a-t-il  pu  causer  une  si  vive  in- 
[quiétude  à  son  [lère  et  à  ses  frères  (p.  50}?  comment  a-t-il  eu  le 
[courage  de  faire  arrêter  injustement  (xliv,  8}  son  frère  comme 
roleur  [p.  00)  ?  A  propos  du  verset  xliv»  31,  il  explique  comment 
luda  a  au  que  la  douleur  que  Jacob  éprouverait  aurait  pour  lui 
Mes  conséquences  mortelles  et  pourquoi  la  raison  do  Jacob  ne  do- 
[niinait  pas  son  chagrin  (p.  8D),  A  la  page  134,  il  défend  Huben 
mtre  ceux  qui  tirent  du  verset  xlix,  4,  un  argument  contre  lui. 


(  Cf.  loB  purolea  d^Eleizar  ben  Àxaria,  Q^aèse  rabba,  c.  93  ;  DiC  A^ada  der  Jinn- 
1  Jo  UQ  sais  pas  4  quelle  eouice  Samual  fait  allusioa  ici. 


îNi?  REVUE  DES  ETUDES  JOVES 

A  propos  du  vœu  ^xprim<?  par  Jacob,  xlvii,  29,  de  n'être  pas  en- 
terré en  Egypte,  il  réfute  l'objection  de  ceux  qui  s'étonneraient 
de  ce  vœu,  sous  prétexte  qu'à  la  mort,  Tâme  quittant  le  corps, 
c*-lui-ci  ne  perçoit  plus  aucune  sensation,  et  qu'il  doit,  par  consé- 
quent, être  indifférent  de  l'enterrer  dans  un  endroit  plutôt  que 
dans  un  autre  p.  1*21  ).  On  a  objecté  aussi  :  Pourquoi  Dieu  qui,  dans 
sa  bonté,  a  fait  connaître,  par  les  songes  de  Pharaon,  rapproche 
de  la  famine,  n'a-t-il  pas,  dans  sa  miséricorde,  écarté  totalement 
la  famine?  Samuel  y  répond  dans  le  commentaire  sur  le  verset xli, 
24  p.  13;.  xLiii,  32,  il  combat,  au  nom  de  la  raison  (bpyb»  iàn), 
la  croyance  des  anciens  Egyptiens  qui  s'interdisaient  la  viande,  et 
il  montre  qu'il  est  permis  de  tuer  les  animaux  destinés  à  la  nour- 
riture de  l'homme  p.  63)  *.  Quelques  personnes  —  ûip  —  ont  cité 
les  paroles  de  Juda  .'xuv,  30;  :  «  son  àme  est  attachée  à  son  âme  », 
comme  preuve  â  l'appui  de  la  doctrine  (platonicienne)  qui  admet 
qu'à  l'origine,  l'âme  est  divisée  en  deux  moitiés,  qui  s'unissent 
entre  elles  quand  elles  se  rencontrent.  Samuel  combat  cette  opi- 
nion par  des  arguments  exégétiques  et  philosophiques  (p.  ^9)- 
Dans  les  paroles  du  verset  xlviii,  19,  Samuel  voit  une  allasion 
au  miracle  opéré  par  Josué,  de  la  tribu  d'Ephraïm,  en  arrêtant  le 
soleil.  A  cette  occasion,  il  réfute  les  objections  faites  par  quelque» 
personnes  contre  ce  miracle  —  ^yi  aip  ns:»  npn  —  et,  en  même 
temps,  il  repousse  les  tentatives  faites  par  certains  apologistes 
de  la  Bible  pour  concilier  ce  miracle  avec  les  lois  de  la  nature 
(p.  130)  '.  H  y  en  a  qui  objectent  contre  la  signification  messia- 
nique donnée  au  mot  nb-^c  iXlix,  10}  le  fait  que  la  maison  de  David 
ne  Continue  pas  à  fleurir  jusqu'à  l'arrivée  du  Messie  ;  Samuel  ré- 
fute cette  objection  .'p.  141). 

W.  Bâcher. 

[A  suivre.) 

>  Il  dit  qu'il  traitera  ce  sujet  dans  le  commentaire  sar  Deut.,  xu,  20. 

*  Contre  les  uns.  il  tait  Taloir  la  toute-puissance  du  Créateur,  aux  autres  il  oV 
jecte  que  le  miracio  affaibli  ne  peut  plus  servir  pour  accréditer  la  mission  de  Josoé; 
1  ar,  si  le  signe  du  prophète  —  '*3*bfi<  ^^7  —  était  conforme  aux  lois  de  la  nature  et 
ne  dépassait  pas  les  forces  de  l*homme,  il  ne  pourrait  pas  inspirer  la  conviction  qa'on 
veut  porter  dans  les  esprits.  Sur  lopinion  de  Samuel  ibn  Uofni  relative  aux  mirt- 
cles,  voir  Touvrage  de  M.  Uarkavy,  p.  2. 


NOTES  ET  MÉLANGES 


PETITS  PROBLÈMES 

(DEUXIÈME    SÉRIE) 


I-€  texte  hébreu  du  livre  d'Esther  affirme,  dans  deux  endroits 
diflVîrents  que  le  mot  ^ab  qui  fournit  le  nom  de  la  fôle  de  Purim 
(O'^^^îiB^  O^'^B,  IX,  26)  est  réquivalent  de  bnii,  «  sort  »  («nn  n^i 
l^niân,  iàideni,  m,  7,  ix,  24).  Cette  affirmation,  admise  de  con- 
fiance pendant  de  longs  siècles,  a  été  révoquée  en  doute  pour  la 
pi^emiùre  fois,  en   1837,  par  Jos.  von  Hammer,  qui  avait  émis  la 
^njecture  que  Purim  était  le  Furdian  des  Perses.  Vers  le  même 
^^tïips,  M.  Paul  de  Lagarde  avait  eu  la  même  idée,  qu*il  avait  trou- 
^^  indépendamment  de  v,  H.  et  qu*il  avait  appuyée  sur  un  cer- 
^tn  nombre  de  preuves,  M.  de  L,  est  revenu  tout  récemment  à  la 
question  dans  une  intéressante  moriograplile.  Il  rappelle  d'abord 
ï^^  formes  grecques  du  mot  de  c^nns,  qui  sont,  d'une  part,  9p«^p«t» 
fp^f>«ia,  avec  fp  au  commencement;  d'autre  part,  ©oypiiaia,  foopim  et 
Probablement  ^oupaaiot.  Cela  le  conduit  à  des  transcriptions  «'••nio 
et  r»n"nD,  qaî  ont  des  formes  araméennes,  11  remarque  ensuite  qu'il 
serait  impossible  de  prouver»  comme  on  le  suppose  d'après  le  texte 
hébreu,  que,  soit  en  persan,  soit  dans  une  autre  langue  de  ces  ré- 
gions» n^e  signifie  le  sort.  Comme  Tëvénement  se  passe  sur  le  ter- 
ritoire perse,  M.  de  L.  est  d'avis  que  Purim  doit  être  la  fête  perse 
des  Frohardn,  ^ïnmno,  c'est-à-dire  des  Fervers  ou  âmes  des 
bommes  pieux  de  Tantiquité,  fête  qui  se  célébrait  dans  le  mois  de 
Farvardigan,  le  premier  de  Tannée  perse*.  Cette  interprétation  se 

*  Ce  résumé  est  emprunté  au  compte  rc^ndu  p«ru  daus  le  dernier  numéro  de  la 
l  i?«9iir,  137*  Je  n^ii  pas  Eoua  k«  yaux  le  Mémoire  da  M«  de  Lagarde. 

T.  XV»  n^  30.  19 


290  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

heurte  à  deux  difficultés  des  plus  graves.  En  premier  lieu,  Taltô- 
ration  par  les  Juifs  d'une  fôte  païenne  consacrée  aux  mânes  en 
une  fête  commémorative  de  la  révocation  d'un  édit  d'extermina- 
tion lancé  contre  eux,  est  au  plus  haut  degré  improbable.  Puis,  on 
ne  voit  nullement  la  nécessité  pour  Tauteur  d'inventer  une  étjma- 
logie  fantaisiste  aussi  particulière.  Un  médiocre  connaisseur  de 
Thébreu  en  aurait  trouvé  une  explication  plus  vraisemblable,  par 
exemple,  celle-ci  :  ^b»n  -ion  ntîN  by  û-^-ns  nb^n  û'»»'^b  is-ip  p  b^. 
l'nTx  nn^n»  rN,etc.  (ix,  26).  De  plus,  il  semble  extraordinaire  que 
les  traducteurs  grecs  d'Alexandrie,  qui  sont  de  l'époque  romaine, 
aient  connu  la  forme  plus  exacte  du  nom  depuis  longtemps  altéré 
par  les  Juifs  de  la  Palestine.  Enfin,  en  admettant  môme  l'élision 
de  n  et  rr,  le  mot  persan  lô^imnc  ne  peut  donner  en  hébreu  que 
^•n^D,  dont  le  pluriel  doit  ôtre  Q-^a-iic,    à  l'instar   de  D'^annïm», 
û-^3Dm«nN,  de  Msathrapân,  khsatrâ7i,  pluriels  pris  pour  dfes  sin- 
guliers. Enfin,  témoin  les  formes  perses  que  je  viens  de  mention- 
ner, la  forme  même  de  ifi^-imno  n'a  pas  pu  être  connue  de  Fauteur 
du  livre  d'Esther.  De  son  temps,  on  prononçait  uniquement  Fra- 
vartian  ou  Fravardian,  ce  qui  eût  donné  tout  au  plus  D'^^nniD  ou 
D'^a'rmD.  Ces  diverses  raisons  nous  conduisent  à  chercher  dans  une 
autre  voie.  Les  transcriptions  grecques  ne  sauraient  prétendre  à 
la  moindre  autorité  en  face  de  la  forme  hébraïque.  En  transcri- 
vant Q-^-ns  par  çpoupat  ou  çpoupoîa,  les  traducteurs   qui  faisaient 
d'IIaman  un  MacédQuien  ont  simplement  opéré  un  rapproche- 
ment avec  le  mot  grec  ?poypa,  «  sentinelle,  garde  ».  Des  copistes 
postérieurs,  ayant  dans  la  bouche  le  nom  populaire  Piirim,  ont 
corrigé  fdupiiata,  d'où  la  corruption  ?oyp6atot  et  ?oup8ux.  Mais  l'origine 
persane  écartée,  il  reste  à  savoir  dans  quelle  langue  le  mot  n^s  si- 
gnifie sort.  Comme  l'auteur,  s'attache  à  expliquer  le  nom  d'une 
fête  juive,  il  n'existe  pas  une  ombre  de  raison  pour  chercher  ce 
mot  en  dehors  de  la  lanjrue  populaire  des  Juifs  de  Palestine,  et 
cette  langue  ne  peut  guère  être  autre  chose  que  l'araméen.  Si  Von 
objecte  que  les  lexiques  aram^îens  ne  constatent  pas  une  significa- 
tion pareille  pour  le  vocable  rapporté  par  l'auteur  hébreu,  la 
réponse  n'est  pas  difficile  à  donner  :  l'absence  d'un  mot  dans  les 
dialectes  postérieurs  ne  prouve  aucunement  qu'il  n'ait  pas  existé 
dans  la  langue  antérieure.  On  sait,  du  reste,  combien  notre  con- 
naissance de  l'araméen  ancien  est  imparfaite.  Pourquoi  donc  ne 
croirait-on  pas  sur  parole  un  auteur  désintéressé  dont  TaramêeSû 
a  certainement  été  la  langue  maternelle  ? 

11  y  a  plus,  la  présomption  favorable  à  l'affirmation  du  livre 
d'Esther  est  corroborée  par  un  fait  linguistique  des  plus  remar- 
quables. Le  mot  qui  désigne  ordinairement  le  sort  en  araméen  et 


NOTES  ET  MÉLANGES  291 

iH  hébrea  postérieur,  kd&.  k^s,  o'^^,  ne  saurait  être  séparé  da  tal- 
ladique  KD'«e,  qui  signifie,  d'après  les  uns,  «  motte  de  terre  »,  d'a- 
près les  autres,  «  fragment  de  pierre  «.  Pour  le  fond,  on  peut  rap- 
procher riiébreu  ancien  bnii,  «  sort  »,  et  l'arabe  b-o,  bnna,  «  terrain 
pierreux  et  dur  »;  pour  la  dérivation,  on  pense  involontairement 
à  la  racine  did  =  yiD,  «  broyer,  séparer,  disperser  ».  D'un  autre 
côté,  ridée  de  fraction  et  de  part  réside  dans  les  nombreux  sy- 
Qonymes  de  «  sort  ».  Comparez  Thébreu  pbn  et  rrjTa  et  l'éthiopien 
ràwn  (de  bc^,  a  diviser  »J.  Quelquefois  c'est  l'idée  d'objet  petit  et 
mena  qui  s'y  fait  jour.  Ainsi  l'hébreu  ûoç,  a  sortilège  »,  et  l'a- 
rabe Sgop,  «  sort,  lot,  part  »  (de  bop,  «  partager,  diviser  »),  est  pa- 
rallèle à  l'araméen-hébreu  fiwop,  ûcp,  «  éclat,  copeau,  fétu  ».  Plus 
hppant  est  encore  Taraméen  «nn?,  «  sort,  lot  »,  comparé  à 
'arabe  SÉtw,  «  sable  fin  »,  formant  groupe  avec  C|5?,  «  fétu,  petite 
[uantité  ».  Ces  comparaisons  suffisent  à  établir  que  dans  les  lan- 
[ues  sémitiques  la  conception  du  sort  se  rattache  à  celle  de  fraction 
t  de  petits  objets  du  règne  végétal  ou  minéral.  Or,  l'araméen 
ilmudique  fait  souvent  usage  du  terme  Mnnns,  «  petite  quantité, 
eu»,  qui  vient,  sans  aucun  doute,  de  la  racine  nns,  «  broyer, 
»dre  menu,  réduire  en  miettes  »,  qui  a  produit  le  nom  "j-nino 
a  m-ns,  «  petits  débris,  miettes  ».  La  forme  masculine  ino  est 
mployée  au  sens  de  «  moins  ».  Qu'y  aurait-il  d'étonnant  que  le 
ibstantif  masculin  «niD,  «  petite  quantité  on  fraction  »,  eût  ('ga- 
ment  existé  dans  la  lanp:ue  courante  de  l'auteur  du  livre  d'Es- 
ler  avec  la  signification  si  proche  de  «  sort  »?  Rien  n'oblige  à 
ipposer  qu*?  la  loi  sématologique  qui  domine  tant  de  racines 
aalogues  sur  toute  l'étendue  des  langues  sémitiques  ait  dû. se 
•ouver  en  défaut  au  sujet  du  mot  -ino  ;  et,  puisque  l'auteur  qui 
emploie  lui  attribue  formellement  le  sens  de  «  sort  »,  le  plus 
impie  est  d'admettn^  son  assertion. 

Un  mot  pour  finir.  L'origine  aramuenne  dfî  niD  -  Nn^^D  se  montre 
éjà  dans  la  vocalisation,  qui  a  son  analogie  dans  les  mots  tels  que 
3tt,  «  fossé  »,  «ny,  «  élan  »,  fc<nnp,  «  froid  »  (Voyez  Duval,  Traité 
egy^ammaire  syriaque,  p.  212),  qui  viennent  des  racines  nia.  tt^, 
ip.  En  hébreu  classique,  on  aurait  prononci'î  nt:,  de  mùme  qu'on 
It  ai,  Tb,  np.  A  rêpoquii  où  le  livre  d'Estlier  fut  écrit,  les  savants 
iz-mémes  maniaient  très  difllcilem(»nt  la  langue  ancienne  et 
aient  déjà  pénétrés  du  g(%ie  araméen. 

Concluons  :  le  nom  de  la  fête  de  Purim  a  une  origine  judéo- 
•améenne.  Il  signifie  «  fêle  des  sorts  ».  Ce  sens  est  fondamental, 
tr  il  explique  le  trait  le  plus  caractéristiquf»  de  la  fête,  l'envoi  de 


:*/t  REVUE  DfS  ETUDES  JUIVES 

dons  rrcizrrq^^  ".tî  r^rj.  ainsi  qne  des  dons  gracieux  (m3rtî)aax 
in<:ijex:ti.  C^t  le  fruit  de  Tassociation  si  naturelle  de  V1I2  et 


U 

r3l  MOT   IVPOrrA>T  DA5S  L'niSCRIPTIO!!  PHfolCISNNB  DE  TÂBNIT* 


En  entendant  la  lecture  du  texte  phénicien  que  M.  Renan  ataite 
i  cette  a<.*ad*?inie  et  à  la  Société  asiatique,  le  2  du  mois  courant,  il 
m  est  Tenu  une  idée  qui  m*a  paru  être  de  nature,  non  seulement 
i  «'-claircir  le  passage  difficile  signalé  par  le  savant  académiden, 
mais  au:ssi  à  trancher  une  question  chronologique  sur  laquelle 
ropiniûn  des  historiens  est  restée  très  divisée  jusqu'à  ce  jour,  fai 
(kit  part  de  ma  conjecture  à  M.  Renan,  puis  à  M.  Maspéro,  qui  t 
bien  voulu  l'indiquer  sommairement  dans  la  dernière  séance  de 
TAcadémie.  Je  demande  maintenant  la  permission  de  l'exposer 
devant  vous  avec  les  quelques  développements  qui  sont  néces- 
saires à  l'intelligence  du  passage  phénicien  en  question. 

Le  roi  défunt  adjure  tout  le  monde  de  respecter  le  sarcophage 
qui  contient  ses  dépouilles  mortelles  et  de  ne  pas  troubler  son  repos 
éternel  dans  le  but  d  y  chercher  des  objets  d*or  et  d'argent  on 
d'autres  objets  de  valeur.  Il  s'exprime  ainsi  qu'il  suit,  d'après  11 
division  des  mots  généralement  adoptée  : 

•jai  pbn  TM  STî  b2i  Tf*n  ibn»  «w  ïjdd  ibn»  "w  d  ^nnn  b» 

.T  Vwaasc 

Les  deux  premiers  mots  sont  clairs  ;  ils  signifient  :  «  ne  me  dé- 
range pas  »  ;  les  cinq  derniers  sont  traduits  par  :  «  moi  seul  je  sois 
couché  dans  ce  cercueil  »,  ce  qui  est  également  assez  satisfaisant 
Les  dix  mots  intermédiaires  forment  une  phrase  incidente  débu- 
tant par  la  particule  s,  c  car  »  ;  puis  viennent  trois  groupes  . 
de  trois  mots  chacun,  où  se  trouvent  deux  mots  obscurs  qœ 
nous  exprimons  provisoirement  par  a?  et  {/  ;  on  a  ainsi  :  €  il  n'y  1 
pas  de  X  argent,  il  n'y  a  pas  de  rr  or,  ni  aucuns  trésors  t^.  »  Pour 
déterminer  le  sens  de  x,  on  a  eu  recours  à  la  phrase  analogue  de 
l'inscription  d'Eschmounazar  :   ûata  p  DV)  "W  d  t337a  p  xffpT  bKV 
traduite  habituellement  par  :  c  Et  qu'il  ne  cherche  pas  auprès  de 

>  Aitick  In  à  rAcadémk  de*  InMriptioiii  et  BtUa0-L«ttrai. 


NOTES  ET  MÉLANGES 


293 


des  trésors»  car  il  n'y  a  pas  auprès  de  nous  des  trésors  », 

on  en  a  conclu  que  le  \  final  de  ^bi»  [était^  ainsi  que  celui  de 

s,  le  suffixe  possessif  de  la  1^°  personne  du  pluriel.  Ceci  admis» 

D  a  pensé  que  le  phénicien  pi«  pourrait  bien  être  identique  à 

fcébreu  isbxï*,  «  auprès  de  nous  »*  L'invraisemblance  de  cette 

UJDjecture    est    facile    à  prouver.  D'abord,  la   racine   b^K  est 

ftmmune  à  la  plupart  des  langues  sémitiques,  de  sorte  que  le 

Muigement  de  i  en  x  en  phénicien   est  absolument  înadmis- 

We*  Puis,  remploi  du  suffixe  pluriel  «  nous  >i  entre  deux  termes 

Bi  se  rapportent  à  la  première  personne  du  singulier  est  peu 

irobable*  Enfin,  dans  la   particule  comparée  p»  le  noun,  loin  de 

marquer  lai''*  personne  pluriel,  contient  plutôt  le  su  fil  xe  de  la 

••  personne  siugulierj  ai,  et  le  sens  de  la  phrase  précitée  est  : 

|Btqu*il  ne  cherche  pas  en  lui  (dans  le  sarcophage)  des  trésors, 

jbil  n>  a  pas  là,  en  lui,  des  trésors,  a  L'adverbe  nv,  «  là  »,  met 

Sors  de  doute  la   nature  du  suffixe.  Gomme  l'emploi  du  suffixe 

tlâ3*  personne  ne  cadre  nullement  avec  le  contexte  de  notre 
isage,  les  chances  que  le  1  de  ^bit*  soit  un  suffixe  restent  bien 
imes  et  ne  mènent  à  aucune  explication  tant  soit  peu  satis- 
Usante* 

ILa  difficulté  est  bien  moindre  quand  on  envisage  notre  phrase 

m  elle-même,  sans  vouloir  lui  imposer  une  conformité  minutieuse 

lec  celle  d'Eschmounazar.  L'analogie  générale  suffit  à  faire  voir 

il  s'agit  d'objets  qu*on  s'attendait  à  trouver  dans  le  sarcophage. 

Bune  de  raison,  les  objets  d'argent  et  d'or  mentionnés  dans 

texte,  ainsi  que  les  trésors  mentionnés  dans  les  deux  textes 

l  même  temps,  doivent  désigner,  non  des  valeurs  brutes,  mais 

objets  fabriqués  et  ayant  une  destination  funéraire,  comme  des 

urines  et  des  amulettes  ayant  pour  but  de  protéger  le  mort  contre 

\  attaques  des  démons  infernaux,  ou  bien  encore  des  pendants 

et  des  bracelets  qui  servent  à  parer  le  corps.  La  seconde. 

celle  des  parures  profanes,  est  visiblement  résumée  par 

ion  d:td  bs,  <ï  toute  espèce  de  trésors.  »  La  première  es- 

,  celle  qui  a  un  caractère  sacré,  doit  aussi  avoir  son  expression 

[tiate  dans  le  terme  f:ïn«,  lequel,  par  sa  forme  seule,  se  fait 

connaître  comme  un  mot  non  phénicien,  et,  étant  donné  que 

ptien  ni  les  autres  langues  sémitiques  ne  possèdent  rien  do 

il  ne  reste  qu'à  s'adresser  à  la  langue  grecque.  Or,  cette 

e  nous  fournit  le  mot  pour  figurine  que  nous  avons  été  amené 

pposer  dans  \h^i<,  savoir  :  eiôw^ov.  La  transcription  est  aussi 

te  que  possible,  quand  ou  tient  compte  de  ce  que  Talphabet  phé* 

m  omet  ordinairement  d'exprimer  les  voyelles  au  milieu  du 

L'identification  de  ces  mois  me  parait  donc  à  peu  près  certaine, 


294  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Le  parall(^lisrae  de  cr:  fait  voir,  en  outre,  que  *\hi»  est  au  pluriel, 
naturellement  à  Ti^tat  construit  :  5b^^^.  Le  sens  de  Tenserable  ne 
laisse  rien  à  désirer,  malgré  Tobscurité  du  dernier  mot  :  «  Ne  me 
dérange  pas,  car  il  n'y  a  ni  idoles  d'argent  ni  idoles  d'or,  ni  aucun 
autre  trésor.  »  Peut  être  fera-t-on  bien  de  lire  le  mot  suivant 
ntt5ï3,  <t  de  roi  »,  et  ou  obtiendra  ainsi  un  sens  très  convenable  :  il 
s'agirait  d'objets  précieux  dont  on  parait  les  rois.  Mais,  quoi  qu'il 
en  soit  de  ce  dernier  terme,  dés  que  l'on  reconnaît  la  vraie  nature 
du  mot  ib":î<,  la  signification  de  la  phrase  incidente  est  aussi  claire 
que  possible. 

Voilà  le  problème  philologique  presque  entièrement  résolu.  Au 
point  de  vue  de  l'histoire,  ce  résultat  ne  manque  pas  non  plus 
d'une  certaine  importance.  On  était  tellement  habitué  à  consi- 
dérer la  dynastie  d'Eschmounazar  V^  comme  contemporaine  des 
Achéménides,  que  l'opinion  de  M.  Clermont-Ganneau ,  d'après 
laquelle  la  dynastie  précitée  appartenait  à  l'époque  ptolémaïque, 
m'avait  paru,  sinon  impossible,  du  moins  fort  peu  probable.  L'exi^ 
tence  du  mot  grec  etSwXov  =  iVnî<  dans  le  texte  de  Tabnit  montre 
jusqu'à  l'évidence  que  ce  savant  et  sagace  archéologue  a  deviné 
juste.  Les  deux  inscri[)tions  funéraires  de  Sidon  proviennent  des 
membres  de  la  dynastie  [)hilhellène  qui  doit  son  origine  soit  à 
Alexandre  même,  qui  fut  reçu  à  Sidon  comme  un  sauveur,  soit 
à  l'un  de  ses  successeurs  immédiats.  Il  y  a  lieu  d'espérer  que 
M.  Clermont-Ganneau  consacrera  bientôt  une  étude  spéciale  et 
approfondie  à  cette  intéressante  dynastie  qu'il  a  été  le  premier  à 
•  fixer  chronologiquement  et  dont  il  a  indiqué  le  classement  som- 
maire dans  plusieurs  de  ses  écrits.  Depuis  la  mort  de  Tennèset  la 
destruction  de  Sidon  par  Artaxerxès  Ochus  jusqu'à  l'extinction 
de  la  dynastie  nationale,  l'histoire  a  enregistré  plusieurs  noms 
dont  nous  ignorons  l'ordre  de  succession  et  l'époque  exacte; 
M.  Cl^rmont-Cranneau,  j'en  suis  sûr  à  l'avance,  y  apportera  la 
lumière  qui  nous  manque  encore.  Chose  curieuse,  la  découverte 
du  nouveau  tf^xte  a  donné  lieu  à  un  nouveau  point  d'interroga- 
tion, .le  me  demande  si  le  Tabnit  du  récent  monument  est  réelle- 
ment le  fils  d'Eschmounazar  I^*",  ou  bien  s'il  n'est  pas  plutôt  le 
fils  et  successeur  d'Eschmounazar  II,  qui  aurait  porté  le  nom  de 
son  grand-père.  De  cette  sorte,  la  série  documentée  de  la  dernière 
dynastie  sidonienne  serait  :  Eschmounazar  I°^  Tabnit  I«S  Eschmou- 
nazar  II,  Tabnit  II.  Aucune  difficulté  sérieuse  ne  me  parait  s'op- 
poser à  cette  manière  de  voir.  J'ai  exposé  ailleurs  pourquoi,  con- 
trairement à  ridée  émise  par  plusieurs  interprètes,  je  crois  que 
Eschîoounazar  a  exercé  un  gouvernement  effectif  pendant  14  ans 
et  qu'il  n'a  associé  sa  mère  qu'à  l'entreprise  relative  aux  confr 


NOTES  ET  MÉLANGES  295 

tractions  des  temples,  honneur  qui  lui  était  dû  grâce  à  sa  qualité 
de  prétresse  d'Astarté.  Rien  n'indique  non  plus,  suivant  mol, 
qu'Eschmounazar  II  soit  mort  sans  héritier,  ainsi  que  quelques- 
uns  ont  cru  pouvoir  l'affirmer.  Il  se  peut  donc  que  l'habitant 
du  nouveau  sarcophage  ait  été,  comme  je  viens  de  le  dire,  non 
le  père,  mais  le  fils  d'Eschmounazar  II.  Étant  prêtre  d'Astarté, 
Tabnit  II  a  pu  se  contenter  d'administrer  les  temples  construits 
par  son  père,  sans  en  fonder  de  nouveaux.  A  plus  forte  raison 
a-t-il  dû  s'abstenir  de  tout  rôle  politique  qui  eût  pu  offusquer 
son  puissant  suzerain  d'Egypte.  On  comprend  ainsi  que  notre 
inscription  n'attribue  à  Tabnit  aucun  acte  remarquable.  L'ins- 
cription elle-même,  par  sa  brièveté  extraordinaire  comme  par  sa 
tenue  négligée,  semble  annoncer  l'agonie  de  la  langue  phénicienne 
àlaoour  de  Sidon.  Enlin,  la  présence  indubitable  d'un  mot  grec 
dans  le  texte  de  Tabnit  pourrait  aussi  constituer  un  indice  en 
faveur  de  sa  modernité  relativement  à  l'inscription  d'Eschmou- 
nazar  II.  Mais  n'insistons  pas,  quel  que  soit  le  résultat  final  de 
l'enquête  que  je  réclame,  elle  ne  laisse  pas  de  mériter  l'attention 
des  historiens*. 

J.  Halévy. 


TROIS  INSCRIPTIONS  HÉBRAÏQUES  DE  MANTES^ 


En  fouillant  le  sol  pour  les  fondations  d'une  maison,  à  Mantes, 
M.  Grave,  pharmacien  ^,  a  découvert  trois  très  grandes  dalles  en 
pierre,  couvertes  d'inscriptions  hébraïques,  ainsi  conçues  : 


NU. 


'  Je  profite  de  roccasion  pour  exprimer  mes  plus  vifs  remerciements  à  rémiDent 
L'recteur  du  Musée  Impérial  ottoman  de  Tschinili"  Kieusk,  O.  ilamdy-13cy,  de  Ta- 
Miililé  extraordinaire  avec  laejuelle  il  m'a  facilité  l'étude  des  monuments  confiés  à 
I  ^irde.  Artiste  exquis  et  patriote  éclairé,  Hamdy-Bey  a  su  créer,  dans  le  court 
pace  de  quatre  ans,  deux  merveilles  des  plus  admirables,  l'Ecole  des  beauz-artfl  et 
Musée.  Grâce  à  son  zèle  et  à  sa  science,  ces  deux  institutions  n'auront  bientôt  rien 
►Dvier  d  leurs  aînées  de  TKurope. 

Communication  faite  a  l'Institut  (Académie  des  Inscriptions),  le  14  octobre  1887. 

Comme  son  confrère,  M.  Lacroix,  à  M&con,  Voir  Jievu€^  t.  V,  p.  104. 


290  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

c  Ceci  est  la  stèle  du  tombeau  de  Ioet(e),  fille  de  Maître  Hayim, 
femme  de  maître  Hayim,  qui  est  allée  au  Paradis  le  mardi  de  la  sec< 
tion  wayaqheL  • 

La  pierre,  cassée  au  milieu,  rupture  figurée  ici  par  le  trait  ver- 
tical, a  une  largeur  totale  de  1  mètre  98  centimètres,  et  la  hauteur 
des  trois  lignes  du  texte  est  de  68  à  70  cm.,  sur  une  épaisseur 
de  12  à  14  cm.  ;  les  lettres  ont  une  hauteur  de  près  de  12  cm. 
Malheureusement,  quoique  la  pierre  ne  paraisse  pas  défectueuse, 
il  manque  Tannée  à  la  suite  du  quantième,  et  Ton  peut  seulement, 
par  comparaison  avec  les  documents  similaires,  Tattrihaer  au 
XIII*  siècle. 


N<»2. 


nDb 


a  Ceci  est  la  stèle  de  maître  Obadia,  fils  du  maître  Elle,  qui  est  allé 
au  Paradis,  le  lundi  de  la  section  wayM^  Tan  IX  du  comput  [sous- 
entendu  petit,  =  5009).  » 

La  lecture  hebdomadaire  sabbatique  wayhi  correspond  au 
16  tébet,  soit  le  mardi  11  tébet  =  28  décembre  1248. 

Cette  pierre,  également  fendue  au  milieu,  est  un  peu  plus  fine 
que  la  première  ;  elle  n'a  que  1  m.  75  cm.  en  largeur  totale  ;  la 
hauteur  de  Tensemble  est  de  75  cm.,  et  les  lettres  n'ont  que  8  cm. 
de  haut.  La  gravure  en  est  très  soignée. 


N«3. 


(1)ab  nt3D3«) 
iD  na®  m 
tan 


na:t73  nw 
(••)'ibn  dn373 

Db 


c  Ceci  est  la  stèle  de  maître  lehiel  Menahem  Ilalévi,  qui  est  allé  au 
Paradis,  le  mercredi  de  la  section  de  schemot.  Tan  LUI  du  comput.  » 

Le  sabbat  de  schemot  5053  correspondait  au  23  tébet,  soit,  pour 
la  date  indiquée  ici,  20  tébet  =  31  décembre  1292. 

La  dernière  lettre  de  la  2«  ligne  a  été  cassée;  c'est  la  finale  ^  ai- 
sée à  reconstituer  par  le  texte  n^  2. 


NOTES  ET  MÉLANGES 


297 


'  les  deux  pré^céHentes, 


pierre,  rendue  su  raiiipu,  comme  j 
largeur  de  I  m.  50  cm.,  «ur  mie  hauteur  de  15  cm. 

Si  la  première  stèle  a  le  défaut  d'être  datée  imparfaitement,  elle 
offre,  par  contre,  un  nom  nouveau  dans  ronomaslique  juive  et 
dans  lliistoire  littéraire  de  la  France  au  moyen  âge  :  celui  de 
la  d<?funte,  qui  constitue  le  dernier  mot  de  la  ligne  1  ;  fttbNT», 

■qu'il  faut  lire  loete,  nom  qui  ne  se  trouve  ni  dans  le  Dictionnaire 
histofnqite  de  la7îcien  langage  français^  de  LRCiirne  de  Sainte^ 
Palaye,  ni  dans  Tœuvre  analogue  de  son  successeur  contempo- 
rain, M.  Fréd,  Godefroy.  La  dernière  lettre  de  ce  mot,  sans  doute 
ron  fit,  a  disparu  par  la  cassure  de  la  pierre. 
I  D'après  le  Livre  de  la  taille  de  Paris  pour  Tan  1292,  publié  en 
1837,  d'après  un  ms.  des  Archives  nationales  %  on  a  pu  reconsU- 
luer  une  longue  série  de  noms  propres  pour  cette  époque  ;  or  parmi 
eux,  à  côté  de  noms  de  femme  tels  que  Bele-Assez,  Bone,  Beïete, 
etc.,  on  trouve  deux  fois  le  nom  de  Joie:  l^Joie  la  farinière, 
veuve  ;  2^'  Joie,  femme  Vivailt  Caro*  Cette  dernière  porte  précisé- 
ment le  nom  de  la  défunte  qui  figure  sur  notre  stèle  n"»  1,  si  Ton 
observe  que  le  mot  Ilwjini  a  pour  équivalent  français  le  nom  Vi* 
^cini,  et  que  Ton  suppose  que  le  mot  Joie  a  dû  avoir  pour  dimi- 
nutif Joete,  comme  Bel^ie  est  le  diminutif  de  Bêle'*  Le  nom  de 
Joie  écrit  nsf^ï^r,  comme  on  le  retrouve  sur  une  inscription  bé- 
*>raïque  du  musée  municipal  Carnavalet  à  Paris  ^  et  sur  une  autre 
à  Mâcon*.  parait  être  en  quelque  sorte  le  féminin  de  Joiant  ou 
^£oan/,  donné  par  M.  Godefroy  comme  un  synonyme  de  Joconde, 
^P*autre  part,  comme  la  femme  Vivant  a  [tayé  encore  TimptU,  à 
BParis,  en  1296,  c'est  vers  la  lin  du  xm*  siècle  qu'elle  a  dû  émigrer 
H^B  Paris  à  Mantes,  où  elle  est  décédée. 

H  L'ensemble  peut  servir  de  complément  au  travail  de  M,  de  Long- 
P^rier  sur  ce  point,  dont  la  grande  stèle  carrée  de  Limay  forme  le 
L  sujet  capital,  il  a  restitué  à  ce  texte  sa  véritable  date  17  mars  1243 
L  (non  1101,  comme  des  historiens  de  rarrondissement  de  Mantes 
H  l*avalent  supposé  à  tort  lusque-làj.  Enjoignant  à  celle-ci  les  trois 
H  stèles  qui  viennent  d*étre  découvertes  et  la  pierre  similaire  trou* 

*  Voir  VïïTLàe  U,  Isid,  Loeb,  KâU  des  Juifs  d$  Paris  en  ms-7,  Bevuâ,  1880,  L  I, 
pp,  61-71, 

•  ToQtefcnft,  M.  Ârsèoe  Darmesteler,  à  qui  nous  avons  soumis  noire  lecture,  no 
pifUjçe  pBS  ootre  t^îs  eo  ce  qui  coticerne  !«  mot  îJîtl''  ;  *i  l^®^  ^®  1*  dernière  loUre 
de  et  mot  que  ooys  Bsoos  u.  il  propose  les  dcust  lettres  T1,  ce  qui  donnerait  le  mot 
|fitjri{tl*^,  àjûni  uu  sens  fort  plausible,  celui  de  JûtfeMO, 

i  Elle  forme  le  d»  V  dans  la  série  publié»  par  feu  do  Longpërior  dans  J&ufnat  dtt 
«vdttlf,  1874,  p.  653  \  édition  de»   couvres  do  LouRpéricr,  par  M.   Scblumbergurf 
L  VI,  p.  112. 
♦  Varr  Isid.  Locb,  Revu^  L  V,  p.  IQC, 


298  RKVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

vée  également  à  Limay  il  y  a  bientôt  vingt  ans,  et  conservée 
maintenant  au  Mu«ee  des  Antiquités  de  Saint-Germain  *,  on  a  des 
textes  formels  relatifs  à  la  présence  des  Juifs  dans  ce  cantonaux 
xiii«  et  xiv°  siècles,  corroborée  par  la  mention  d'une  scola  des 
Juifs  et  d\me  rue  de  la  Juiverie  sur  un  vieux  plan  de  Mantes,  pa- 
blié  par  M.  Grave,  dans  sa  CJo^onique  de  Mantes  (1883,  in-8*, 
pp.  221  et  262-3J. 

Parlant  de  la  pierre  de  Limay  (qui  mesure  1  m.  "75  c.  de  lon- 
gueur), M.  de  Longpérier  dit  que  «  ses  dimensions  sont  extraor- 
dinaires ».  Qu'aurait-il  dit  à  la  vue  d^^s  pierres  de  Mantes,  dont  le 
n°  1  a  près  de  deux  mètres  1  II  avait  déploré  la  d<^gradation  de  la 
même  pierre  de  Limay,  a  en  sorte,  disait-il,  que  la  surface  ex- 
foliée ne  laisse  plus,  en  divers  en  droits,  apercevoir  que  des  traces 
de  caractères  ».  Nous  devons  rassurer  les  amateurs  de  ces  monu- 
ments et  dire  que  la  pierre  a  été  restaurée  il  y  a  un  an  et  demi  ;  à. 
peine  quelques  lettres  d'un  mot  de  la  deuxième  ligne  manquent- 
elles  dans  le  texte,  heureusement  publié  en  entier  par  cet  archéo- 
logue. Finalement,  le  vœu  littéraire  formulé  à  ce  propos  par  M.  de 
Longpérier*,  de  publier  un  tableau  des  sections  hebdomadaires  de 
la  Bible  en  concordance  avec  les  quantièmes  mensuels,  a  été  réa- 
lisé par  M.  Isid.  Loeb  S  en  1886  *  :  ce  qui  a  permis  de  déterminer, 
la  date  des  trois  stèles  en  question  ici. 

Moïse  SghwaS. 


EXPULSION  DES  JUIFS  DE  SALINS  ET  BRACON 

EN  1374 


Voici  une  pièce  assez  curieuse,  elle  se  trouve  aux  archives  du 
département  du  Doubs,  et  est  cotée  B  404.  C'est  un  acte  daté  de 
Salins,  24  septembre  1374,  par  lequel  les  recteurs  des  églises  de 
Salins  demandent  à  dame  :M,arguerite,  fille  du  feu  roi  de  France, 
comtesse  de  Flandres,  d'Artois  et  de  Bourgogne,  seigneur  de  Sa- 


>  J?wiw,  1884,  t.  VIII,  p.  138. 

*  K'iition  de  ses  œuvres,  i^.  p.  129. 

*  Voir  son  article  lievuCy  t.  VI,  p.  250-267. 

*  Tables  du  ralendt-ier  juif. 


NOTES  ET  MÉLANGES  299 

lins,  d*expulser  de  Salins  et  du  bourg  do  Bracon  les  Juifs  qui  y 
demeurent.  Quel  crime  ont-ils  commis  ?  Absolument  aucun,  que 
Ton  sache,  seulement  leur  contact  est  «  fétide  et  immonde  »,  et  il 
feut  bien  purger  la  société  chrétienne  de  la  présence  de  ces  Juifs 
«  vils  et  perfides  »  (perfide  s'applique  à  leur  religion),  afin  qu'elle 
ne  soit  pas  a  souillée  par  leur  séjour  et  leur  fréquentation  ».  Ces 
bons  curés  et  prieurs  (ils  sont  de  leur  temps)  ont  fait  cela  proba- 
blement pour  prouver  à  la  postérité  que  les  Juifs  insultaient  les 
chrétiens,  mais  que  les  chrétiens  les  traitaient  toujours  avec  une 
exquise  urbanité  ;  que  les  Juifs  sont  exclusifs  et  intolérants,  tan- 
dis que  les  Ariens  ! . . .  Ce  qui  est  intéressant,  c'est  la  récompense 
offerte  à  la  comtesse  :  cinq  messes  dans  telle  église,  quatre  messes 
dans  telle  autre,  du  vivant  de  la  <îomtesse  ;  messe  perpétuelle,  en- 
suite, à  l'anniversaire  de  sa  mort.  Le  tout  soigneusement  compté 
et  stipulé  et  revêtu  des  sceaux  des  signataires.  La  comtesse  ac- 
cueillit le  vœu  qui  lui  était  adressé.  Voici  le  texte  de  la  pièce  : 

Per  bas  litteras  cunctis  tam  presentibus  quam  futuris  innotescat 
(piod  nos  rectores  singularum  ecclesiarum  de  Salino,  videlicel  pre- 
positus  et  capitulum  ecclesie  beat!  Anatholii,  capitulum  sancti  Mi- 
chaelis,  capitulum  sancti  Mauricii,  curatus  ecclesie  sancti  Anatholii 
predicti,  curatus  béate  Marie  sempervirginis,  curatus  beat!  lohannis, 
curatus  sancti  Mauricii,  prier  prioratus  béate  Marie  Magdaleue,  prier 
sancti  Nicholay  et  conventus  Fratrum  minorum  de  Salino,  ac  ma« 
gister  hospilalls  sub  Bracone,  omnes  inslmul  et  singuli  nostrum, 
acerbiori  cémentes  mesticia  omnem  cetum  xpristianum  ville  seu 
burgorum  de  Salino   vilissimorum  et  perôdisslmorum   ludeorum 
D^ore  et  conversationis  contagione  pollutum,  qui,  utinam  tam  lon- 
?ôvis  temporibus  in  socielate  et  consoriio  antedicli  cetus  xpistiani 
d^  Salino  moram  seu  domicilia  non  fovissent,  ut  prodolor  numera- 
bilia  peccata  que  per  ipsorum  ludeorum  cum  xpristianls  manslonem 
et  conversa tionem  muluas  perpétra  ta  fuisse  et  colhidie  perpetrari  a 
^ûehbus  xpristianls  piis  et  lacrimosis  audiuntur  singuUibus,  non 
modo  fada,  sed  nec  eciam  excogitaia  tara  nephando  pulamine  cons- 
litissent,  sanctissimo  fidei  nostre  xpisliane  zelo  prout  tenemur  ac- 
censi,  post  multe  acerbitatis  mentium   nostrarum  et  singulorum 
nostronim  pressuram,ad  serenissimam  et  xpistianissimam  dominam 
nostram  dominam  Margueritam,  Régis  quondam  Francorum  ûliam, 
cocoitissam  Flandrie,  Arthesii  *  t  Burgundie,  palatinamque  ac  do- 
minam de  Salinis,  oculorum  nostrorum  et  singulorum  nostrorum 
aciebus,  lacessitis  vocibus,  tanquam  ad  nostrum  in  hoc  verum  et 
solum  solamen,  fiducius  adcurenles,  ad  ipsius  domine  gratiam,  quam 
a  muitis  expertam  temporibus  piissîmam  novimus,  pro  parte  omnium 
et  singulorum,  preces  nostras  humilimas  duximus  porrigendas,  qua* 
tinus  dignaretur  de  villa  sua  de  Salino  ac  de  burgo  suo  castri  sui  de 


300 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Braeone  et  eonim  finibus  omaes  et  slngulos  ludeos  et  ludeas  lotaliter 
et  sine  quacunque  revocdUoDe  expeUere*  Ëidem  domiDe  nos  oomes 
et  singuli  supradicii,  pura  el  liberalissima  voluolate  ooslra,  ^ 
nobis  et  successoribus  Doslris,  ipsos  ad  hoc  inquanlum  possumus 
abiigaado,  promicteotesquod  hoc  casu  nos  omnes  etsingali  nostrum 
10  ecclesia  sua,  pro  ipsius  domine  nosire  anime  remedio  etsaluie. 
perpetuis  infalUbiliter  lemporibus,  semel  in  aono  celebrabimus 
unum  anniversariam  soLIenne,  modo  et  tempore  inferius  declâratîsj 
vîdelicet  quamdiu  tpsa  domina  nostra  vilam  îu  humaols  daxe- 
fit,  nos  prepositus  et  capilulum  sanctî  Anatholii,  capiiulum  beiti 
Michaelis,  capilulum  beati  Mauricii  et  curaïus  beali  Analbolii  pré- 
dictif quatuor  missas  sollennes  de  Spiritu  sancto  celebrabimus 
prima  die  sabbaU  Adventus  Dominî,  Item  nos  cura  tus  béate  Marte 
semper  Virginia,  curatus  beat!  lobannls,  curatus  sancti  Mauncii» 
prior  prioratus  béate  Marie  Magdalene,  et  prior  prioratus  saacti 
Nicholay,  eadem  die  sabbati,  quinque  missas  sollennes  de  Domina 
nostra  beata  semper  virgine  celebrabimus.  Item  et  nos  Fraires  mi- 
nores^ et  magîster  hospitalîs  sub  Braeone^  eadem  die  sabbati,  duas 
missas  solennes  de  Angelis  celebrabimus,  singali  scilicet  et  quilibel 
nostrum  omnium  supradictorum  missam  suam,  ut  supra  tao^ltur, 
dévoie  in  ecclesia  sua  solenniter  celebrando,  Post  obilum  vero  dictô 
domine  nostre,  quiïibet  et  singuU  nostrum  omnium  in  ecclesia  sua, 
pFout  superius  inserimur,  die  sui  obitus,  perpetuo  missam  de  Re» 
quiem  dévote  celebrabimus  sollenniier  pro  eadem.  Hinc  est  quod 
anledicta  serenissima  et  xpistianissima  domina  comilissa,  multo 
plus  nobis  in  huiusmodi  sancto  proposîto,  de  expurgaoda  sancta 
xpistlana  coocione  ville  de  Salinis  et  burgî  caslri  sui  predicti  de 
Braeone  a  tam  fetido  et  immundo  ludeorum  consortio,  ferveotius 
animaia,  beoe  ponderans  et  advertens  ad  dicta  anniversaria  que  pro 
salute  anime  sue  ut  supra  dictum  est  proraisimus  celebranda ;  fled 
et  magis  eciam  serenissime  mentis  sue  conceptibus»  cupiens  a  Ut 
et  lege  xpisliana,  quas  totalibus  ditigit  et  amplectitur  viscehbus, 
omnem  ludaicam  perfidiam  et  aliara  immundiciam  procul  expellere» 
in  hiis  exaudivit  nulu  gratissimo  preces  nostras,  ipsos  ludeos 
omnes  et  singalos  et  singulas  ludeas  ab  anledictis  villa  et  bungo 
suis  pro  nunc  et  imperpetuum  pro  se  et  heredibus  suis  irrévocable 
liter  expellendo,  proul  hoc  fide  constat  pleuaria  per  ipsius  domine 
lilteras  magni  sui  sigilti  robore  munitas  nobisque  manu  sua  ptoprii 
traditas  et  concessas.  Et  propterea,  nos  ooines  et  singuli  rectoreset 
alii  predicti»  videntes  et  diligencius  attendenles  antedictum  propo* 
situm  nostrum  de  pellendis  ipsis  ludeis  tam  graciose  et  cum  lam 
gralo  el  céleri  eftectu  per  dictam  dominam  nostram  nobis  eus  dictis 
litleris  suis  graciosis  super  hoc  concessum,  eidem  domine  nostre 
comi tisse  nos  omues  predicti  el  singuli,  prout  supra  seriatim  et 
sigilïatim  norainamur,  promiltimus  et  jura  mus,  videlicet  quiïibet 
nostrum  nomtoe  ecclesie  sue,  nos  et  ecclesiam  suam  quiïibet  ad  hoc. 
Ut  potesl,  atricUus  obligando,  antedicta  anniversaria  seu  missas  soU 


NOTES  ET  MÉLANGES 


30! 


,  prout  supra  tactum  et  declarstum  est,  pro  salute  et  remedio 
antedicte  domine  nostre  aflaltiris  amodo  et  perpetuis  tempo- 
quilibei  ia  dicta  ecclesia  sua»  ut  polerimus»  devocius  cele- 
fiine  interruptione,  dimissioûe  seu  infraclione  quacuaque,  Re- 
Ijssimum  in  Xprlsto  patrem  et  domioum  nostmm  dominum 
pidcopum  Bisou tinensora,  ut  carius  possumus»  deprecanles 
lus]  oabis  omnibus  et  singulis,  io  tam  sâoclo  et  honesto  pro 
lege  xpistianis  proposito,  favorabiliter  et  eu  m  efTeclu  aunuat, 
fâtras  patentes  litteras  ad  ûrmiorem  eorum  eOectum  decreto  et 
iiate  suis  confirmando*  Qui  bus  nostris  paleotibus  et  presen- 
iitteris,  ut  perpétue  firmitatis  robur  obtineant^  nos  omnes  et 
11  predicli  nostra  et  singularum  ecclesiarum  nostramm  sigîHa 
lum  apponenda.  Batum  apud  Salinum  die  vicesîma  sezta 
Dbris   anno    Domini    miOesImo   trecenlesîmo   septuageaimo 


IsmaRE  LoEB. 


À 


BIBLIOGRAPHIE 


Brrest  Renan.  Histoire  do  people  d*lsraël,  tome  !•'•  Paris,  G.  Léiy,  18S1. 


1 


Le  premier  volume'de  V Histoire  du  peuple  d* Israël  de  M.  Renan  n'a 
pas  déçu  rattente  des  amis  de  la  belle  littérature.  Jamais  l'admi- 
rable écrivain,  auquel  nous  devons  tant  de  pages  charmantes,  ne 
s*est  montré  plus  pleinement  maître  de  toutes  les  ressources  de 
notre  langue,  jamais  sujet,  sauf  la  Vie  de  Jésm,  ne  lui  a  permis  de 
déployer  plus  librement  les  dons  si  divers  d'artiste  et  de  poète  qui, 
dans  celle  nature  privilégiée,  font  presque  oublier  le  savant  et  le 
penseur.  On  retrouve  ici  M.  Renan  tout  entier,  —  avec  ses  défauts, 
sans  doute,  c'est-à-dire  l'abus  de  l'ironie  inutile  dans  la  pensée  et 
de  l'anachronisme  inutile  dans  l'expression,  çà  ^t  là  des  traits  que 
réprouverait  un  goût  sévère,  et  des  boutades  qui  ressemblent  à  des 
gageures*  —  mais  aussi  avec  ses  qualités,  toujours  jeunes,  de  sou- 
plesse, de  verve,  de  lumière,  avec  sa  profondeur  sans  pédantisme 
et  sa  grâce  sans  afféterie,  par-dessus  tout,  avec  ce  je  ne  sais  quoi 
a  de  léger  et  d'ailé  »,  qui  fait  involontairement  songer  à  Platon.  On 
peut  ne  pas  ouvrir  V Histoire  d'Israël,  mais,  une  fois  ouverte,  je  défie 
quiconque  de  la  fermer  sans  l'avoir  lue  jusqu'au  bout.  On  est  parfois 
agacé  ou  choqué,  plus  souvent  ému,  —  entraîné  et  séduit  presque  ! 
toujours.  Et  que  de  pages  laissent  dans  la  mémoire  une  empreinte 
ineilaçable,  depuis  ces  premiers  chapitres  où  Texistence  des  nomades 
du  désert  syrien  ressuscite  dans  la  fraîcheur  d'une  idylle  peinte 
d'après  nature,  jusqu'aux  portraits  si  vivants  de  Saiil,  de  David  et 

*  Je  me  contente  de  signaler  les  pages  4  (vices  de  l'humanité  primitive),  354 
(<  riiistoire  du  monde,  c'est  l'histoire  de  Troppmann  •),  379  (le  <  monôme  des  pro- 
phètes 0»  clc. 


BIBLIOGRAPHIE  308 

de  leurs  rudes  compagnons,  —  depuis  celte  vision  presque  trou- 
blante du  massif  du  Sinaï,  jusqu  au  parallèle,  en  somme,  aussi  juste 
qu'éloquent,  entre  la  langue  grecque  «  luth  à  sept  cordes,  qui  sait 
Tibrer  à  l'unisson  de  tout  ce  qui  est  humain  »,  et  Thébreu  «  carquois 
de  flèches  d'acier,  câble  aux  torsions  puissantes,  trombone  d'airain 
brisant  l'air  avec  deux  ou  trois  notes  aiguës  !  »  Le  secret  du  style 
de  M.  Renan  parait  être  dans  Talliauce  d'un  vocabulaire  romantique 
•par  la  force,  la  richesse  et  le  coloris,  avec  un  tour  de  phrase  clas- 
sique, c'est-à-diro  noble,  simple  et  français.  Quelle  bonne  for- 
tune qu'un  pareil  livre  dans  un  siècle  où  l'érudition  met  sa  coqpiet- 
terie  à  tourner  le  dos  à  la  littérature,  pendant  que  la  littérature 
met  la  sienne  à  s'affubler  d'un  jargon  scientifique  ou  naturaliste  I 

Mais  il  est  temps  de  nous  dérober  à  la  séduction  de  ce  grand 
charmeur  et  de  nous  demander  de  sang-froid  ce  que  ce  volume 
nous  apporte  <le  nouveau  sur  la  période  la  plus  ancienne  et  la  plus 
obscure  de  l'histoire  d'Israël,  celle  qui  s'étend  depuis  les  origines 
jusqu'à  l'avènement  de  David. 


II 


L'histoire  d'Israël  avant  la  conquête  de  la  terre  de  Canaan  n'occupe 
que  vingt  pages  dans  la  OeschicMe  des  Volkes  Israël  de  M.  Stade.  Elle 
en  occupe  deux  cents  chez  M.  Renan  ;  mais  ces  longs  développements 
oe  doivent  pas  faire  illusion  sur  la  quantité  de  renseignements  vé- 
ritablement historiques  que  nous  possédons  pour  cette  période.  En 
rtalité,  quiconque  admet  avec  nos  deux  écrivains  le  caractère  aça- 
diquc  et  la  rédaction  tardive  du  Penialeuque  devrait  résumer  toute 
celte  partie  de  l'histoire  d'Israël  en  quelques  lignes. 

Les  peuples  nomades  n'ont  pas  d'histoire  écrite,  ils  ne  conservent 
même  guère  de  souvenirs  historiques  proprement  dits  ;  ceux-ci  ont 
besoiu  pour  se  fixer,  à  défaut  d'écriture,  d'une  attache  matérielle 
quelconque,  d'un  centre  de  cristallisation.  Aussi,  le  peu  qu'il  est 
possible  de  savoir  des  voyages  et  des  mœurs  des  nomades,  il  faut  le 
demander  à  leur  poésie  populaire  et  aux  mentions  occasionnelles 
çoe  font  d'eux  les  annales  des  peuples  sédentaires  et  civilisés.  Or 
les  Béni  Israël,  à  l'état  nomade,  n  ont  probablement  pas  eu  de  poésie 
léveloppée;  en  tout  cas,  il  semble  qu'aucun  fragment  considérable 
ie  CCS  V-  petits  dlvmis  »  que  suppose  M.  Renan  (p.  23)  ne  se  soit 
jnservé  ;  d'autre  part  on  n'a  pas  encore  trouvé  de  mention  certaine 
ï  ces  tribus  dans  les  annales  des  deux  seuls  empires  qu  elles  aient 
1  frôler,  l'Egypte  et  la  Chaldée.  Gomment  donc  espérer  reconstituer 
ur  histoire  ? 

M.  Kenan  ne  veut  pas  se  résigner  à  cet  aveu  d'ignorance.  Il  traite 
!'mt;  assez  durement  les  «  critiques  à  l'esprit  borné  »,  «  les  esprits 
■oits  à  la  française  qui  n'admettent  pas  qu'on  fasse  l'histoire  de 


30-4 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


temps  sur  lesquels  oo  n*a  pas  à  raconter  une  série  de  fails  matent 
certains  »  {p.  xni).  Pour  ne  pas  tomber  dans  ce  travers,  il  do 
présente  d'Israël  à  Télat  nomade  une  description  puisée  à  ciaq" 
sources  :  1'  les  peintures  égyptiennes  de  Béni-Hassau  ;  2*  le  livre  de 
la  Genèse;  3"^  le  livre  de  Joè;  4°  le  Ehiiab  et  Aghani  (recueil  cle 
poésies  arabes  aulé-islamiques)  ;  5*  les  observations  personnelles  de 
Tauteur  chez  les  Bédouins  du  désert  de  Syrie.  On  verra  plus  loin  œ 
qu'il  faut  penser  du  îabkan  de  maurs  composé  à  Faide  de  ces  do-. 
cuments;  pour  le  moment»  jti  m'en  tiens  à  la  trame  matérielle,  an 
récit   des  pérégrinalians  d'Israël  et  de  la    formation  du  peuple 
Israélite. 

Le  point  de  départ  de  M.  Renan  est  le  nom  des  Hébreux  ;  il  y  voit 
les  «  gens  d'au-delà  »,  c'est-à-dire  «  ceux  qui  ont  passé  TEuplirate  » 
(p*  91).  Les  Sémites  nomades  du  groupe  hébraïque  ont  fait  des 
séjours  répétés  dans  le  Paddan-Aram,  la  province  de  la  Haute- 
Mésopotamie  où  se  trouvent  Harran.  Sarug  et  Edesse.  C'est  là  qu'ils 
ont  lié  connaissance  avec  les  mythes  babyloniens  et  notamment 
avec  tf  la  légende  du  fabuleux  Orham,  roi  d'Ur,  que  les  gens  du 
Paddan-Âram  appelaient  Ab-Orham,  Abraham  »,  et  qui  serait  le 
Pater  Orchamus  d'Ovide  (p.  75).  Parmi  les  tribus  qui  se  ratto- 
chaient  à  ce  mythique  personnage,  celle  d'Israël  ou  de  Jacobel  (ce 
nom  se  lit  sur  les  pylônes  de  Karnak)  représente  un  c  groupement 
puritain t)  qui  avait  ses  campements  eu  Palestine':  t  Bethel  était 
leur  sanctuaire  de  prédilection  »  [p.  i08).  *  Sichem  parait  avoir 
été  un  des  points  où  ils  revenaient  le  plus  souvent  •  (p.  H3l  Ces 
tribus,  qui  vivaient  dans  les  meilleurs  termes  avec  les  Hittites 
d'Hébron*,  furent  attirées  un  peu  plus  tard  en  Egypte  *  par  les 
Hittites  égy plianisés  de  Memphis  et  de  San  »  (p.  138).  Easuile 
les  Égyptiens  reconquièrent  leur  pays  et  tyrannisent  les  Béai- 
Israël  ;  ceux-ci  s*éebappent  dans  la  péninsule  sinaïtique,  oii  M.  Re- 
nan les  suit  pas  à  pas,  d'après  le  t  journal  du  désert  »  (p.  U5i. 
Mais  tt  le  voyage  d'Israël  au  désert  fut  une  traversée»  non  tin 
séjour  »  (p.  171).  Comhien  de  temps  dura-t-il?  t  Nous  suppose- 
rions volontiers  un  an  ou  dix-huit  mois  «>  (p.  207). 

J'ai  tenu  à  mettre  les  passages  principaux  sous  les  yeux  du  lec- 
teur, pour  faire  voir  a  quels  dangers  ou  s'expose  quand  on  veut  tu 
savoir  aussi  long  sur  des  époques  absolument  soustraites  à  Tinves- 
tigaiion  historique.  M.  Renan,  dans  ces  deux  cents  pages,  ne  pr^^ 
senle  que  des  hypothèses;  il  le  reconnaît  de  bonne  grâce,  et,  si  soii' 
éditeur  l'avait  écouté,  on  aurait  imprimé  tout  cela  a?ec  des  encres 
de  différentes  nuances,  c  marquant  les  divers  degrés  de  probabiliu 
de  plausihilitét  de  possibilité  »  (p.  i5).  Il  y  a  donc  hypothèse 


'  r  Home  fut  dans  le  Lalitim  iiii«  iûHe  d'asile  de  sélecttOD.  La  tribu  des  Béai- 
Isrs&l  perait  aTotr  été  quelque  chose  d'analogue  au  sein  des  tribus  hébraïques  • 
{p.  109). 

■  L'existence  d'Hittilea  à  Hébron  est  plofl  que  douleuBe. 


1 


BÏBLlOGRAPinE 


m 


^yTïothèse  ;  parmi  toutes  celles  de  M.  Henan,  combien  y  eo  a-Uil, 

iiir  parler  le  langage  de  Fauteur,  qui  puisseDl  prétendre  à  la 
^robal)îlité  *  ou  è  la  n  plousibilité  »  ?  Bien  peu,  je  le  crains  ;  il  en  est 
Tk  nombre,  au  coDlraîre,  qui  répugnent,  sîdoiî  à  la  «  possibilité  », 
^^  moins  à  la  vraisemblance  et  qui  relardeot  notablement  sur  l'état 
Bctmel  de  la  science,  La  faute  n'en  est  certes  pas  aux  études  de  Tau- 
teur,  elle  ne  Test  pas  davanta^'e  à  son  manque  de  sagacité  ;  elle  est 
^"Ut  entière»  osons  le  dire,  dans  un  défaut  de  méthode,  dans  un 
PBrti-prls  insuffisant.  M.  Reuan  n'a  voulu  être  ni  un  naïf  qui  croit 
aveuglement  aux  récits  bibliques,  ni  un  critique  impitoyable  qui 
prononce  le  Non  îiquet  quand  il  le  faut  ;  il  est  un  constructeur  sys- 
tématique, qui  prend  aux  vieilles  légendes  ce  qui  lui  convient  pour 
Ves  faire  cadrer  avec  un  idéal  préconçu  qu'il  s'est  tracé  de  Thistoire 
israélite.  Pour  M.  Heoan,  en  effet,  cetle  histoire  est  le  développe- 
meot  du  thème  suivant:  THébreu  nomade  élait  déjà  en  possession 
du  monothéisme  pur,  qui,  obscurci  pendant  les  premiers  siècles  de 
rexislence  sédentaire  par  le  a  iahvéisme  matérialiste  »»  sera  restauré 
par  les  grands  prophètes.  Yoilà  la  conception  qui  domine  et  explique 
tout  Téchafaudage  historique.  On  verra  tout  è  l'heure  qu*il  n*en  est 
pas  de  plus  insoutcDable  ;  ici,  nous  voyons  d'avance,  en  quelque 
sorte,  la  réfutation  de  la  thèse  par  les  conséquences,  car  c'est  cetle 
idée  à  priori  qui  a  suggéré  à  M.  Renan  toutes  ces  suppositions  de 
détail  où  il  parait,  par  moments,  perdre  de  vue  les  résultats  les  plus 
certains  de  Texégèse  moderne.  Par  exemple,  il  est  probable  que  le 
nom  d*Héhreux  signifie  gens  d'au-delà  le  Jourdain,  et  non  d'au- 
delà  TEuphrale;  d'autre  part»  la  critique  ne  peut  attribuer  de  va- 
leur sérieuse  aux  traditions  contradictoires  de  la  Bible  sur  l'origine 
d'ÂJ)rdham,  et  surtout  aux  analogies  trompeuses  entre  Abraham,  le 
roi  Orkhammou  des  cylindres  assyriens  (M,  Renan  avoue  lui-môme 
que  la  lecture  est  incertaine  !  )  et  le  Pater  Orchamus  d'Ovide.  Si 
néanmoins  M,  Renan  s'est  complu  dans  une  étymologie  invraisem- 
blable et  dans  des  rapprochements  factices,  c'est  qu'il  fallait  fjue  le 
monothéisme  ancien  des  Hébreux  trouvai  un  point  d'appui  extérieur, 
il  fallait  que  «  l'Elahiste  ancien  ^>  que  suppose  M.  Renan,  ait  pu  con- 
naître les  mythes  chaldéens  sur  l'origine  des  choses,  avant  la  cap- 
tivité de  Babylone  i  De  là  le  «  crochet  *  dans  le  Paddan  Aram.  De 
même,  les  légendes  qui  rattachent  le  nom  des  patriarches  à  des  loca- 
lilés  déterminées  de  la  Palestine  ont  sans  doute  pour  origine  le  désir 
de  légitimer  la  conquête  israéïite  de  Canaan,  absolument  comme 
les  Do  riens,  arrivant  dans  le  Péloponèse,  prétendaient  ou  s'imagi- 
oaient  retrouver  partout  des  traces  de  leur  héros  national,  Héraclès, 
et,  de  la  conquête  des  Héraclides,  ont  fait  le  «  retour  des  Héraclides  », 
Dans  bien  des  cas^  une  légende  locale,  qui  avait  pour  héros  un  demi- 
dieu  cananéen  quelconque,  aura  été  tout  simplement  transfert  e  sur 
le  compte  des  ancêtres  mythiques  d'Israël  ;  peut-être  môme  les  noms 
de  ces  ancêtres  mythiques  sont-ils  ceux  de  héros  éponymes  cana- 
oéens  confisqués,  annexée  par  IsraCSl,  et  non  pas  de  personnages  fai- 


T,  XV,  n^  :w. 


20 


dÛ6  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

1 
sant  partie  du  bagage  primitif  des  tribus  nomades  *.  Quant  k  voir 
dans  les  anciens  Israélite  un  groupe  de  puritains ,  une  i  élite 
comme  les  anciens  Romains  >  (je  croyais  que  les  Romains  eux- 
mêmes  se  donnaient  pour  un  rebut  et  non  pour  une  élite),  c'est  en- 
core une  conception  qui  devance  les  temps  de  dix  siècles. 

Si  le  séjour  ancien  des  Hébreux  dans  le  Paddan  Aram  et  en  Pales- 
tine a  peu  de  titres  à  figurer  dans  Tbistoire,  si  leur  séjour  en  Egypte 
'  est  lui-même  assez  problématique,  en  revancbe»  on  ne  peut  sous- 
crire à  Topinion  qui  réduit  leur  passage  dans  la  presqu^Ue  sinaïlique  < 
à  une  durée  aussi  insignifiante  que  le  croit  M.  Renan.  Gomment  j 
veut-on  qu*en  «  un  an  ou  dix-buit  mois  »,  —  un  instant  dans  la  vie  ^ 
d'un  peuple  nomade  ^  le  Sinaï  ait  pu  prendre  dans  la  conscience 
nationale  la  place  que  nous  lui  voyons  occuper  plus  tard  ?  Pour  que 
le  Sinaï  soit  devenu  TOlympe  Israélite,  il  faut  que  pendant  de  longues 
années,  pendant  des  siècles  peut-être,  les  enfants  dlsraêl  aient  tu  sa 
masse  se  dresser  au  fond  de  leur  horizon  comme  le  noir  piédestal 
du  dieu  qui  parle  le  tonnerre.  Comment  M.  Renan  a-t*il  pu  ainsi 
fermer  les  yeux  à  Tévidence  ?  Et  comment,  d'autre  part,  a-t-il  pu 
s'imposer,  après  tant  d'autres,  la  vaine  tâche  de  reconstituer  Titiné- 
raire  des  Hébreux  dans  le  désert?  Si  le  journal  du  désert,  ou  plu- 
tôt les  journaux  du  désert,  ne  reproduisent  pas  tout  simplement  les 
routes  ordinaires  des  caravanes  à  l'époque  où  nos  textes  furent 
rédigés,  ce  sont  des  constructions  arbitraires,  qui  ont  leur  i^aoe 
dans  l'histoire  littéraire,  mais  non  dans  l'histoire  politique. 

Avec  l'apparition  des  Israélites  sur  la  rive  gauche  du  Jourdain, 
nous  touchons  enfin  terre  et  l'histoire  sérieuse  commence.  La  cri- 
tique moderne  n'a  presque  rien  laissé  subsister  du  livre  de  Josué, 
elle  a  reconnu  l'arrangement  artificiel  et  les  sutures  nombreuses  du 
livre  des  Juges  ;  après  ces  sacrifices,  il  reste  un  petit  noyau  de  faits, 
tlots   émergeant  du  déluge  d'oubli  qui  a  englouti  les  Iraditioas 
épiques  des  tribus  Israélites,  et  les  exploits,  plus  nombreux  encore, 
morts-nés  faute  d'avoir  trouvé  d'aède  populaire  :  carmU  qwié  uk 
sacro.  Ce  qui  subsiste  de  cette  atlantide  suffit  néanmoins  pour  en 
déterminer  les  contours  généraux.  Aussi  l'accord  est- il  peu  piès 
unanime  sur  la  manière  dont  se  fit  Toccupation  de  Canaan  par  les  < 
Hébreux,  occupation  lente,  fragmentaire,  tantôt  pacifique,  tantôt 
violente,  mais  à  laquelle  ne  présida  aucun  plan  d'ensemble  et  qui  ; 
eut  plutôt  le  caractère  d'une  absorption  graduelle  et  incomplète  qm  ; 
d'une  conquête  véritable,  à  plus  forte  raison  d'une  exterminati<m  de  ; 

*  Quand  je  vois  les  noms  de  Jacob  et  et  de  Joseph  el  figurer  sur  les  listes,  de» 
peuples  vaincus  m  Palestine  par  Touthmosis  III,  c'est-à-dire  à  une  époque  où  kl 
Hébreux  erraient  probablement  dans  le  désert,  je  me  demande  si  ces  noms  a*oat  ptl 
désiré  des  confédérations  cananéennes  pré-hébraiçuis  avant  d'ôtre  usurpés  par  Imb 
conquérants  hébreux.  L'assimilation  factice  d'Israël  et  de  Jacob  pourrait  venir  4 
Tappui  de  cette  conjecture  ;  le  patriarche  légendaire  des  Israélites  a  fusionna  vnfi 
Ut  patriarche  légendaire  des  Cananéens,  comme  rHéredès  dorien  avec  FAkée^ 
4  L  hofmme  fort  •  achéen. 


BIBLIOGRAPHIE 


SOT 


itlOQ  indigène.  Dans  cette  migration  de  plusieurs  siècles, 
lan,  chaque  tribu  dut  ag^ir  en  général  pour  son  compte;  les 
ements  partiels  entre  les  divers  groupes  furent  d'abord  stric- 
imités  à  la  durée  d'une  campagne  ofTensive  ou  défensive . 
la  conquête  accomplie,  le  tassement  s'opéra.  Peu  à  peu  cer- 
asplus  puissants  et  plus  vivaces  absorbèrent  leurs  voisins, 
i  entières  disparurent,  au  moins  comme  unités  politiques 
[(Siméon,  Lévi)  ;  la  nécessité  de  résister  à  des  ennemis 
amades  du  désert  ou  Cstianéens  sédentaires,  provoqua 
lion,  d*abord  de  coalitions  étendues  mais  temporaires  (Dé- 
is  de  royautés  locales  (Gédéon)  ;  enûn  le  combat  de  vie  et 
contre  les  Philistins,  qui  furent  à  un  certain  moment  les 
la  tout  le  pays  jusqu'au  Jourdain,  eut  pour  conséquence 
uaion  de  toutes  les  tribus  sous  un  roi  benjarainite,  SaiiL 
ïi  cette  première  dynastie,  malgré  de  grands  services, 
ans  sa  tâche;  il  était  réservé  à  la  royauté  judaïte  de  David 
il  la  délivrance  du  peuple  Israélite,  de  lui  donner  un  centre 
^bar  là  de  constituer  définitivement  son  unité. 
^B  les  grandes  lignes  du  tableau  que  M.  Renan  a  retracé 
^Hg(  cent  cinquante  dernières  pages  de  son  volume.  Le 
^■Int;  les  traductions  de  la  Bible  souvent  admirables; 
IBlie  puis  m'empècher  d'exprimer  deux  regrets.  D'abord 
,  Sans  descendre  dans  le  minutieux  éplucbage  de  textes  qui 
^é  le  lecteur  français,  aurait  dû  insister  un  peu  plus  sur  la 
lUiique  d^Israël.  A  le  lire,  on  croirait  parfois  qulsraol  s'est 
en  tribus  comme  un  tronc  se  divise  en  rameaux  :  il  est 
vraisemblable  qulsraul  a  été,  au  contraire,  formé  par  la 
Uoû  tardive  de  divers  clans  dont  les  plus  importants  sont 
es  futures  tribus  ;  le  nom  même  dlsraël  ne  fut  peut-être 
mme  une  étiquette  générale  qu'après  la  conquête  *. 
lûd  point  où  Ton  aurait  désiré  quelques  éclaircissements 
se  sont  les  circonstances  qui  ont  amené  rétablissement  de 
Sel  son  caractère  d'institution  de  salut  public,  La  sujétion 
ux  Philistins  n'apparaît  pas  assez  complète  et  le  person- 
aJU  reste  dès  lors  un  peu  ênigmali<|uc.  Kn  outre,  M.  Renan, 
Ijpcunes  tenaces,  est  beaucoup  trop  sévère  pour  David, 
Hi  sans  raison  à  son  prédécesseur.  11  en  fait  un  condoi- 
ni  n'a  guère  de  sens  à  Pépoque  dont  il  s*agit;  un  bandit^  ce 
iveru  même  de  M.  Renan,  était  la  condition  nécessaire  d'un 
itique  ;  un  vassal  des  Pbilislins,  ce  qui,  dans  les  idées 


SmI 


t  désigné  comme  le  pèfo  de»  diUéreateB  tribus,  cet»  ne  prouve 
ifu»  son.  nom  et  son  «xiatcncc  mémo  soient  a  a  lé  rieurs.  Dans  k  Uagage 
(ChlaîSf  Pèr»  opposé  à  Fils  désif^^ne  l^  concepl  plus  eompi-t^heiisi/',  mais 
tmHen,  Fsr  oz«mptfi,  au  cbap»  x  de  lu  Qeiiua«,  Gomer  (les  Cimménens) 
e  i^lusiears  nations  qui  sont  beaucoup  plus  anâeimes  que  lui»  mais  qu'il 
PU  eoiiquérani  Tâjiîc^Mincure  nu  viii*  sîèck. 


308  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

judaïtes  d*alors  n^avait  rien  d'humiliant  \  Môme  en  admettant  le 
caractère  apologétique  de  beaucoup  de  nos  textes  relatifs  à  Da?id, 
môme  en  dépouillant  le  roijudaïte  de  Tauréole  poétique  ou  sentimen- 
tale dont  l'a  couronné  la  dévotion  des  âges  postérieurs,  il  n'en  reste 
pas  moins  vrai  que  ce  «  bandit  »  a  accompli,  per  fas  et  nefas  si  Ton 
veut,  Tœuvre  patriotique  par  excellence,  raffranchlssement  national, 
et  mérite  par  là  sa  place  d'honneur  dans  la  reconnaissance  de  son 
peuple.  L'instinct  populaire  a-t-il  eu  si  tort  de  préférer  le  politique 
de  génie  au  vaillant  soudard,  et  n'est-ce  pas  plutôt  M.  Renan  qui 
intervertit  les  rôles  ? 


III 


Si  curieuse  que  soit,  à  beaucoup  d'égards,  l'histoire  politique 
dlsraël  jusqu'à  David,  son  intérêt  disparait,  à  nos  yeux,  devant 
celui  de  l'histoire  morale  et  religieuse.  C'est  comme  porteur  de  l'idée 
divine,  comme  «  peuple  de  Dieu  »,  qu'Israël  a  sa  place  marcjnée  dans 
l'histoire  universelle,  et  c'est  bien  ainsi  d'ailleurs  que  l'entend 
M.  Renan  ;  c'est  presque  malgré  lui  qu'il  se  résigne  à  raconter  les 
batailles,  des  massacres,  des  querelles  de  clocher  ;  ce  qui  l'attire 
avant  tout,  c'est  l'histoire  des  idées  et  des  croyances,  c'est  l'évolution 
religieuse  des  Israélites.  Suivons-le  maintenant  sur  ce  terrain. 

J'ai  parlé  plus  haut,  pour  en  louer  le  mérite  littéraire,  du  long 
tableau  de  l'existence  des  Sémites  à  l'état  nomade  qui  ouvre  le 
volume;  ce  tableau,  développement  de  l'esquisse  plus  concise  que 
M.  Renan  avait  présentée  jadis  dans  son  Histoire  des  langues  sin»' 
tiques^  est  en  effet  une  délicieuse  pastorale  ;  je  dirai  plus,  si  l'on  con- 
sent à  n'y  chercher  que  «  la  psychologie  du  Sémite  nomade  »,  sans 
acception  de  temps,  de  races  ni  de  lieux,  c'est  de  la  belle  et  bonne 
philosophie  de  l'hisloire.  Le  jugement  serait  un  peu  diflérent  si  Ton 
prétendait  voir  dans  ce  tableau  idéal  une  description  fidèle  des 
mœurs  et  des  idées  des  anciens  Israélites  avant  l'adoption  par  eux  de 
la  vie  sédentaire.  Les  documents  manquent  absolument  pour  écrire 
un  pareil  chapitre.  Les  sources  les  plus  anciennes  auxquelles  ait 
puisé  M.  Renan  —  le  livre  de  Job  *  et  la  Genèse  —  sont  postérieurs 
de  plusieurs  siècles  à  la  transformation  des  Israélites  en  agricul- 
teurs;  ils  présentent  donc  ou  des  tableaux  de  fantaisie  ou  tout 

>  M.  Renan  fait  dater  la  distinction  d'Israël  et  de  Juda  de  la  mort  de  Saûl  (p.  437) 
C'est  probablement  le  contraire  qui  est  vrai.  Tout  porte  a  croire  que  Juda  se  sépiii 
des  autres  tribus  avant  même  le  passage  du  Jourdain  et  conquit  son  domaine  pari 
sud-ouest,  en  passant  par  Ëdom.  Le  rapprochement  ne  se  iit  que  lorsque  la  continoit 
géographique  eut  été  rétablie,  et  elle  ne  le  fut  pas  de  longtemps.  C'est  vraimei 
David  qui  a  fait  entrer  Juda  dans  le  consortium  dlsraël. 

'  <  Le  livre  de  Job  ne  sera  écrit  que  dans  mille  ans,  mais  dès  Tâgo  antique  ( 
nous  sommes,  il  a  dû  être  pensé  >  (p.  131). 


BIBLIOGRAPHIE 


30O 


M  plus  l'étal  des  familles  Israélites  restées  nomades  n  cette  date,  et 
fu,  urià'memeni,  avaient  subi  dans  une  large  mesure  Tinfluence  de 
lears  voisins  sédentaires  ;  je  ne  parle  mÔme  pes  des  poésies  arabes 
jU*ï5lamiques  et  des  récits  de  voyage  contemporains,  qui  nous  font 
ttoalue  une  branche  très  dilTc rente  de  la  race  sémiticjue,  deux  ou 
f  miiie  afis  plus  tard. 

*  immobilité  des  nomades  »,  qu'on  allègue  pour  jeter  tous  ces 
cumeuts  dans  le  môme  creuset,  n'est  qu\m  cliché,  comme  F  «  îm- 
lité  de  rOrient  »;  il  ne  fait  que  masquer  notre  ignorance.  Cette 
Dobilité  est  toute  relative  ;  elle  ne  s'applique  qu^aux  très  grands 
pU,atix  habitudes  générales  imposées  par  le  climat  et  les  conditions 
oes  de  la  vie  pastorale  nomade.  Mais,  dans  le  détail,  quel  champ 
l(e  ouvert  à  la  contingence,  quel  rôle  énorme  doit  jouer  le  génie 
Dpre  de  chaque  race,  la  phase  de  son  développement  matériel 
^moral,  les  influences  des  civilisations  voisines  l  Uhahitation  du 
aade  peut  erre  une  tente  ou  un  chariot,  sa  nourriture  exclusive- 
ttl  animale  ou  mixte,  le  mariage  et  la  religion  peuvent  revêtir 
Elles  tes  formes  imaginables,  les  mœurs  peuvent  être  douces 
cruelles,  hospitalières  ou  exclusives.  Pour  savoir  auquel  de  ces 
il  convient  de  rapporter  l'Israélite  nomade,  il  faudrait  des 
;  précis  et  nous  n'en  avons  pas.  Passer  outre,  c'est  s'exposer  à 
du  roman,  non  de  Tbistoire.  Les  Kirghiz  et  les  Cosaques 
bitent  le  pays  des  Scythes  et  Massagètes  d'autrefois  et  sont  restés 
I partie  nomades  comme  eux;  ira-t-on  compléter  les  descriptions 
iérodote  avec  celles  de  Wambéry  ou  de  Tolstoï  '? 

lins  que  M.  Renan  n'ait  parfois  oublié  ces  règles  de  prudente 

dans  son  désir  de  répandre  la  lumière  sur  ces  âges  recu- 

,n  fait  par  moments  un  emploi  bien  risqué  de  textes  tardifs,  quil 

Il  ôlUeurs  interpréter  plus  sainement.  Un  seul  exemple  caractéris- 

ne.  La  tradition  qui  donne  à  Jacob  pour  femme  deux  sœurs,  dont 

[cadette  est  mère  du  fils  préféré,   signitle  probablement  que  les 

léphites ,  d'une  race  un  peu  diflé rente  des  autres  Israélites  (on 

Et  comment  ils  prononçaient  le  sain),  sont  entrés  assez  tardivement 

Tassociation  générale  et  y  ont  conquis  rapidement  une  place 

ïdérante.  C'est  du  moins  ainsi  que  M.  Benan  interprète  quel- 

f  part  notre  légende  ;  pourquoi  donc,  dans  un  autre  passage,  Tal- 

-l-il  comme  preuve  que  «  dans  certains  cas  le  patriarche  avait 

Bf  épouses  en  même  temps  deux  femmes  égales,  de  sang  noble» 

rfois  deux  sceurs?  î>  (p.  18),  Il  faudrait  cependant  choisir  entre 

iplication  allégorique  et  Texplication  littérale  l  Les  cumuler,  c*est 

îi.  Renan  répondra  que  notre  agada  n'aurait  pas  pu  revêtir 

!  forme  populaire  si  de  pareilles  unions  n*avaient  pas  existé  dans 

llii|ue.  Oui,  daiis  la  pratique  du  temps  du  rédacteur,  qui  écri- 

è  une  époque  où  les  Israélites  étaient  sédentaires  depuis  quatre 

iq  siècles.  Et  qui  prouve  que  cet  usage  n'ait  pas  été  emprunté 

:  Caaanéens  ?  Ntscio^  nec  vos  scitis. 

louchons-nous  pas  ici  du  doigt  une  nouvelle  faute  de  méthode? 


310  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

M.  Renan  a  raison  de  croire  que  les  traditions,  les  poésies  popnlain 
ne  sont  pas  des  sources  historiques  à  dédaigner  en  ce  qui  eoneerse 
sinon  les  faits,  du  moins  les  mœurs,  le  «  costume  »  ;  c'est  très  mi. 
mais  ces  traditions,  ces  poésies,  nous  renseignent  exclusivement  m 
rétat  d'un  peuple  à  l'époque  où  elles  ont  pris  naissance,  et  non  pas 
à  répoque  où  l'imagination  du  poète  place  les  événements  qnll 
raconte.  Les  exemples  mêmes  que  cite  M.  Renan  dans  sa  préfooo 
auraient  dû  l'avertir  de  cette  distinction  capitale.  Homère  nous  Ml 
connaître  le  Grec  du  ix«  siècle,  mais  non  pas  TAchéen  qui  prit  Uioa 
quatre  cents  ans  auparavant  ;  la  chanson  de  Roland,  le  cycle  d'Artbnr, 
sont  une  admirable  illustration  des  premiers  âges  de  la  chevalerie; 
mais  qui  oserait  y  chercher  des  renseignements  sur  les  mœun 
des  Bretons  du  vi«  siècle  ou  sur  les  compagnons  de  Charlemagwl 
De  même,  la  Genèse  et  le  livre  de  Job  sont  des  documents  inappré 
ciables  pour  qui  veut  reconstituer  Tétat  social  et  moral  des  Israé- 
lites du  IX*  ou  du  VIII®  siècle  ;  quelle  valeur  peut-on  leur  attribuei 
en  ce  qui  concerne  Tlsraélite  nomade  avant  la  conquête  de  Ganaanl 
Il  n'y  aurait  que  demi-mal  si  M.  Renan,  avec  la  prédilection  bien 
connue  des  gens  ultra-civilisés  pour  les  sauvages,  s'était  contenté  d« 
tracer  de  l'hébreu  nomade  un  portrait  très  flatté,  composé  de  traita 
de  la  provenance  la  plus  disparate  et  qui  fait  songer  involontaire- 
ment au  Juif  arabe  des  dessins  de  Bida.  On  pardonne  un  peu  de 
fantaisie  en  faveur  de  pages  exquises.  Malheureusement  M.  Renan 
ne  s'en  est  pas  tenu  là.  A  ce  berger  «  galant  homme,  brave,  géné- 
reux, polygame  »,  qui  connaît  la  rêverie  de  l'amour  et  la  mélancolie 
des  nuits  étoilées,  il  fallait  une  religion  en  rapport  avec  ces  aspi- 
rations idéales  :  aussi  M.  Renan  fait-il  des  anciens  Hébreux  des 
monothéistes,  précurseurs  des  prophètes*,  adorant  un  dieu  «pa- 
triarcal, juste  et  universel  »  (472).  On  cherche  vainement  les  ar- 
guments même  spécieux  qu'on  puisse  invoquer  en  faveur  d'un 
semblable  paradoxe.  L'ancienne  formule,  chère  à  M.  Renan,  que  «le 
désert  est  monothéiste  »,  n'est  qu'un  leurre  :  la  steppe  est  aussi  un 
désert,  et  les  Scythes,  ces  nomades  du  Nord,  ont  eu  un  polythéisme 
richement  développé.  Tout  porte  à  croire  que  le  monothéisme  n'était 
pas  moins  étranger  à  la  religion  primitive  des  nomades  duiiiidi,leî 
Sémites.  Leur  frayeur  naïve  peuplait  la  nature  de  démons  présidan' 
aux  phénomènes  physiques,  sans  qu'ils  eussent  l'imagination  asse! 
vive  pour  donner  à  chacun  d'eux,  comme  les  Aryas,  une  personnalil 
bien  définie  :  c'était  l'armée  des  Elohim,  la  société  anonyme  des  puis 
sances  célestes.  Au-dessus  de  ces  démons,  le  Sémite  primitif  recon 
naissait- il  une  divinité  suprême  ?  Peut-être,  mais  ce  dieu  indistin( 
était  Tantipode  du  dieu  très  personnel,  rémunérateur  et  vengeur  d 
mosaïsme  prophétique,  et  ne  tenait  qu'une  bien  faible  place  dans  h 

*  «  Qiez  les  Sémites  ce  n'est  pas  seulement  rexpression,  c^eat  la  pensée  mêi 
qui  est  profondément  monothéiste  >  (p.  49J«  «  Dès  Tépoque  reculée  où  nous  Boomi< 
le  pasteur  sémite  porte  au  front  le  sceau  du  Dieu  absolu  (p.  51).  > 


BIBLiaGRAPIlIK 


311 


pî^toceiipalions  de  ces  anciens  pasteurs.  Je  croirais  mômo  volontiers 

qneJes  Élohim  eujc-mônies  n'y  étaient  qu'on  second  plan  :  les  vrais 

:  dieux  du  Sémite,  comme  de  TArya  primitif,  ce  sont  les  ieraphim^ 

j  tes  dieux  de  son  foyer  vagabond,  les  idoles  familières  qu'il  charge 

sur  son  âne  ou  sur  son  chameau  quand  il  change  de  campement.  Il 

[est  impossible  de  lire  le  chapitre  xxxi  de  la  Genèse,  celui  où  Jacob 

[rôle  les  dieux  de  Laban,  Fun  des  morceaux  les  plus  curieux  et  les 

plus  archaïques  de  la  Bible  V,  sans  reconnailre  la  trace  profonde  que 

ICC  cnîi<'  domestique  avait  laissée  môme  à  l'époque  tardive  où  se 

{fixa  la  h^gende  de  Jacob;  par  cela  même  on  devine  Timportance  pré- 

||>i)ndérante  que  dut  avoir,  aux  âges  primitifs,  le  culte  de  ces  Pénales 

[nomades,  peut  être  identifiés  aux  Mânes  des  ancêtres,  et  qui  fini- 

al  par  se  confondre  avec  les  sj^mboles  domestiques  du  culte 

ld*lâhvé.  Le  point  de  départ  social  d'israi^l,  c'est  le  groupe  familial; 

[de  même,  son  point  de  départ  religieux  est  le  culte  familial,  le  plus 

simple  et  le  plus  étroit  de  tous.  Nous  voilà  bien  loin  de  T Infini  do 

IL  Renan,  bien  loin  même  de  cet  n  Elohim  d'individualité  douteuse  » 

[dont  «  on  sent  qu'il  arrivera  a  être  le  Dieu  juste  et  moral  des  pro- 

I  pbètcs  n  (p.  32), 

Il  serait  hors  de  propos  de  poursuivre  ici  Vhisloire  du  dévelop- 
^pement  religieux  d'Israël;  une  fois  admise,  d'ailleurs,  son  humble 
origiûcce  développement,  tout  en  restant  admirable,  devient  facile 
à  comprendre,  car  il  est  parallèle  au  développemeot  social  et  poli- 
tique* Le  culte  domestique,  qui  seul  avait  de  l'importance  a  Tépoque 
pairiarcaîe,  est  bientôt  obligé  de  compter  avec  k  culte  déjà  plus 
large  des  héros  éponymes  qui  président  aux  associations  de  plu- 
sieurs familles  (clans)  et  de  plusieurs  clans  (tribus).  Puis  ces  cultes 
iûlermédi aires  eux-mêmes  s'absorbent   dans  la   religion  du  dîeu 
nationaL  lahvé^  le  jour  où  la  nation  se  constitue  définitivement  par 
1«  f^roupement  des  tribus*  Que  le  nom  de  ce  dieu  national  soit  d'ori* 
gitie  étrangère  (Kénite  ou  autre),  qu'il  ail  été  d*abord  particulier  ù  la 
Irjbu  de  Lévi  et  propagé  parmi  les  autres  à  la  suite  de  la  dispersion 
j  do  cette  tribu,  que  certains  détails  superstitieux  de  son  culte  puis- 
\$eni  être  un  emprunt  indirect  à  TÉgypte,  —  ceci  dans  une  mesure 
Lbeauconp  moins  large  que  ne  l'imagine  M,  Renan,  —  tout  cela  est 
âhle,  mais  peu  importe,  en  somme  ;  pour  îe  fond  des  choses,  la 
srion  nationale  natl.  se  développe  et  atteint  son  apogée  avec  la 
Etàtion  elle-même,  le  culte  dlahvé  n'est  que  la  forme  Ihéologique 
patriotisme  Israélite,  comme  le  culte  de  Kamos  du  patriotisme 
)ite,  La  dernière  étape  —  la  transformation  un  dieu  natioual  en 
on  dieu  unique,  universel,  dont  Israul  n*est  que  fenfant  préféré  — 
j|  été  Tœuvre  réfléchie  du  jeune  prophétisme,  favorisée  par  la  dis- 
BkxluUoQ   même  de  Fétat  israélite  ;  mais  ce  dernier  travail,  qui 
Koostittie  la  grande  originalité  dlsraël   dans  Thistoire,   n'appar- 

I  Voir  le  c^mmenUiro  juridique  do  co  elmpître  qu'a  donné  récemment  M»  EsmeÎD, 
MéJMi^u  dhiMwn  du  droit  v$  do  critifue  (LiroM.  11^6}.  p.  233  ei  suiv. 


312  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

tient  pas  à  la  période  traitée  dans  le  premier  volume  de  M.  Renan. 
Un  dieu  national  est  évidemment  une  notion  étroite  en  com(>a- 
raison  d*un  dieu  universel,  mais  il  représente  au  contraire  un  élar- 
gissement de  la  conscience  par  rapport  au  culte  domestique  et 
tribulique.  Faute  d'avoir  reconnu  le  point  de  départ  exact  de  révo- 
lution religieuse  d'Israël,  M.  Renan  renverse  Tordre  des  termes;  il 
arrive  à  déclarer  que  le  culte  dlahvé  est  un  progrès  au  point  de 
vue  national  et  politique,  un  «  grand  recul  »  au  point  de  vue  reli- 
gieux Cp.  475,  265,  294).  C'est  qu'il  s'obstine  à  comparer  lahvé  non 
pas  aux  divinités  qui  Tont  précédé  réellement  —  les  Pénates  aml)u- 
lants  des  patriarches,  les  vagues  Élohini,  les  fétiches  des  tribus  -, 
mais  à  un  prétendu  dieu  transcendant  du  Nomade,  qui  n'a  jamais 
existé  que  dans  Timagination  de  Thistorien  ;  de  là  cette  conception 
étrange,  anti-scientifique,  qui  recule  dans  un  passé  mythique  l'âge 
d'or  de  la  religion  et  n'accorde  aux  prophètes  que  le  rôle  mesquin  de 
démolisseurs  et  de  restaurateurs,  quand  ils  ont  été,  en  réalité,  des 
créateurs  de  génie.  «  L'histoire  d'Israël,  écrit  M.  Renan,  se  résume 
en  un  mot  :  effort  séculaire  pour  renoncer  au  faux  dieu  lahvé  et 
revenir  au  primitif  Élohim  »  (p.  265).  La  formule  est  claire  et  sans 
ambages  ;  elle  est  répétée  à  satiété  :  je  n'en  connais  cependant  pas 
de  plus  inexacte,  de  plus  nettement  contredite  par  l'histoire  et  par 
la  philosophie.  Là  où  M.  Renan  lit  rétrécissement,  recul,  décadence, 
je  lis  élargissement,  progrès  relatif,  ascension  graduelle  vers  une 
notion  de  plus  en  plus  haute,  de  plus  en  plus  vraie  de  la  divinité, 
lahvé  n'est  pas  un  a  faux  dieu  »,  mais  un  dieu  incomplet,  et  quant 
au  a  primitif  Élohim  »,  il  a  toutes  les  belles  qualités  du  monde,  | 

«  Mais  je  crois,  entre  nous,  que  vous  n'existez  pas.  > 

Bien  entendu,  il  en  est  du  point  de  vue  moral  comme  du  point 
de  vue  métaphysique.  Si  lahvé  n'est  pas  un  «  faux  Dieu,  »  l'aiop- 
tion  du  culte  d'Iahvé  n'a  pas  non  plus  amené  une  <i  décadence  mo- 
rale »,  et  c'est  une  véritable   fantasmagorie  que  le  passage  où 
M.  Renan  nous  montre  c.  ces  douces  familles  de  pasteurs,  dont  les 
populations  sédentaires  accueillaient  le  passage  avec  bénédiction, 
devenant  un  peuple  dur,  obstiné,  à  la  nuque  résistante  *  (p.  453). 
Les  nomades  ont  leurs  vices  et  leurs  vertus  ;  les  agriculteurs  ont  les 
leurs,  mais  bien  certainement  le  changement'  de  vie  a  été  seul  en 
cause  dans  cette  métamorphose  morale,  si  métamorphose  il  y  eut; 
la  religion  n'y  est  pour  rien.  Tout  au  contraire,  il  est  bien  probable 
que  les  pratiques  les  plus  sauvages  que  nous  rencontrons  à  l'ori- 
gine du  culte  iahvéique  sont  ou  un  emprunt  aux  peuplades  environ- 
nantes, ou  un  legs  de  la  barbarie  primitive.  A  qui  fera-t-on  croiie, 
par  exemple,  que  le  Sémite  nomade  eût  en  horreur  le  sacrifice  du 
premier  né,  «  comme  le  prouvent  les  cylindres  d'Orkhammou  ovi 
le  chevreau  est  substitué  à  la  victime  humaine  »,  et  que  cette  cou- 
tume ail  été  réintroduite  par  le  lahvéisme?  (p.  344).  Non,  l'usage  de 
cette  offrande  sanglante,  qui  se  rencontre  chez  toutes  les  races  dans 


BlBLIOGRAPHtE 


31S 


nce  (J<^pbté,  îpbigénie),  doit  avoir  précédé  de  longtemps  cbez 
Israélites  Tadoption  générale  du  culte  d'Iahvé,  et  il  a  disparu 
ftilurellemeni  devant  le  progrès  des  lumières  et  de  la  moralité.  Le 
wythe  d'Abraham  n'est  que  Texpression  symbolique  de  cette 
réforme  tardive,  un  précédent  historique  ingénieusement  inventé 
pour  lui  fournir  un  litre  de  noblesse  :  une  fois  de  plus,  M.  Renan 
î'est  laissé  induire  en  erreur  par  la  chronologie  factice  de  la  Bible  et 
par  cette  critique  timide  qui  s'arrête  à  roi-cbemint  plus  dangereuse 
peut-être  que  l'absence  complète  de  critique. 

C'est  un  fait  bien  connu  dans  Thistoire,  que  les  grands  réforma- 
teurs ne  se  sont  presque  jamais  présentés  comme  des  novateurs 
absolus»  mais  comme  les  restaurateurs  d'un  ordre  de  choses  ancien» 
oblitéré  par  une  pratique  vicieuse,  par  des  usurpations  ou  des  cor- 
mpUons  séculaires.  Ainsi  ont  procédé  en  matière  religieuse  Jésus 
et  Luther,  en  matière   politique   les    parlemeotaires    anglais   du 
IW  siècle»  qui  appuyaient  des  revendications  en  réalité  nouvelles 
sur  UDe  interprétation  fantaisiste  de  vieilles  chartes,  de  documents 
plus  ou  moins  contestés  ;  ainsi  les  révolutionnaires  français  de  1789, 
ijuionl  fondé  la  Déclaration  des  droits  sur  un  prétendu  contrat  pri-- 
mitif,  d  la  place  duquel  rhistoire  impartiale  montre  le  règne  de  la 
forte  et  de  la  ruse.  En  plaçant  ainsi  des  changements,  parfois  très 
bardis,  sous  le  patronage  d'ancêtres  éloignés,  qui  n'en  auraient  pas 
tnème compris  le  sens,  ces  réformateurs  ont  fait  preuve  d'une  exacte 
connaissance  du  cœur  humain,  et,  en  particulier,  de  Tinstinct  pro- 
foûdément  routinier  des  masses  populaires,  auprès  desquelles  le 
meilleur  argument  philosophique  ne  vaut  pas  un  précédent,  fût*il 
fettssé  pour  les  besoins  de  la  cause.  Ne  nous  hâtons  pas»  d'ailleurs, 
d«  crier  au   mensonge,   à  la   fraude.  La  croyance  à  l'âge   d*or,  à  la 
supériorité  morale  et  physique  des  aïeux  est  si  naturelle  à  l'homme, 
*  elle  a  la  même  source  que  le  respect  de  Tenfant  pour  ses  parents, 
—  qu'involontairement  les  plus  grands  esprits  croient  à  Texistence 
dans  le  passé  de  l'idéal  auquel  ils  aspirent  dans  l'avenir,  et  con- 
fondent de  la  meilleure  foi  du  monde  leurs  souvenirs  avec  leurs 
espérances.  Heureuse  illusion  t  féconde  duperie  î  mais  s'il  est  bon 
pour  le  progrès  humanitaire  que  cette  hallucination  se  reproduise 
sans  cesse  dans  la  pratique,  la  théorie  a  d'autres  devoirs,  l'histoire, 
la  science  doit  voir  et  présenter  les  choses  telles  qu^elles  sont,  — 
c'est- a-dire,  en  politique,  le  règne  de  la  force  cédant  peu  à  peu  au 
règne  du  droit;  en  religion,  les  superstitions  grossières  au  départ  et 
^li  monothéisme  plus  ou  moins  épuré  à  Tarrivée. 

Certes,  les  prophètes  étaient  dans  leur  rôle  en  identifiant  le  dieu 

f Abraham,  d'Isaac  et  de  Jacob  avec  le  dieu  élargi  qu*ils  propo- 

icnt  à  Tadoration  d'Israël  ;  certes  ils  se  croyaient  véridicfues  et 

'est  un  bonheur  pour  le  monde  que  les  Hébreux  l'aient  cru  avec 

aux.  Mais  aujourd'hui  que  Toeuvre  est  accomplie,  la  critique  reprend 

droits  et  son  verdict  n'est  pas,  ne  peut  pas  être  celui  de  la  tradi- 

ion.  Il  faut,  il  est  vrai,  beaucoup  dlndépendance  pour  Tentendreet 


314  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

passablement  de  courage  pour  le  formuler.  Et  rien  ne  prouve  mieux 
la  force  de  conviction  qui  se  dégage  de  l'éloquence  des  Jérémie,  des 
Isaïe,  des  Ezéchiel,  comme  aussi  des  charmants  récits  de  la  Geniêtf 
que  ce  beau  rêve  d*un  monothéisme  préhistorique  où  M.  Renan  s'est 
laissé  entraîner  à  leur  suite.  Après  vingt-cinq  siècles  écoulés,  la 
lave  est  toujours  ardente,  le  mirage  opère  toujours,  et  l'historien  le 
plus  dégagé  des  croyances  orthodoxes  redevient  un  dévot  de  la 
Révélation  originelle.  Qu*on  s'étonne  après  cela  qu'il  y  ait  encore 
des  penseurs  et  des  politiques  pour  croire  au  Contrat  social  / 


IV 


J'en  ai  dit  assez  pour  montrer  que  je  ne  suis  d'accord  avec  Tanteur 
de  Y  Histoire  d'Israël  ni  sur  les  prémisses,  ni  sur  la  condusion,  nisor 
la  méthode  de  son  ouvrage.  Son  analyse  des  sources  bibliques,  qu^il 
a  déjà  exposée  dans  de  récents  articles  de  la  lUfme  des  Deux^Mondes 
et  que  nous  retrouverons  dans  le  deuxième  volume  de  son  Histoire, 
me  parait  dominée  par  les  mêmes  préeccupations  à  priori  qui  ont 
faussé  son  aperçu  de  l'évolution  religieuse  d'Israël.  Quant  a  discuter 
des  questions  de  détail,  les  limites  de  ce  compte  rendu  me  l'interdi- 
raient, alors  même  que  les  nombreuses  fluctuations  d'expression 
et  de  pensée  permettraient  de  saisir  toujours  corps  à  corps  l'opinion 
de  l'auteur.  J'aime  mieux,  avant  de  prendre  congé  de  ce  volume,  si 
attachant  malgré  ses  faiblesses,  signaler  le  service  incontestable  qu'il 
est  appelé  à  rendre  à  nos  études. 

Quand  M.  Renan  écrit  dans  sa  préface  (p.  20)  qu'il  «  suppose  les 
lecteurs  familiers  avec  les  travaux  de  ces  hommes  éminents  qui 
s'appellent  Reuss,  Graf,  Kuenen,  Nœldecke,  Wellhausen,  Stade  >,  il 
ne  faut  voir  évidemment  dans  cette  formule  qu'une  manière  délicate 
de  recommander  la  lecture  de  ces  savants  commentateurs  qui  ont 
consommé,  en  quelque  sorte,  le  suicide  de  la  théologie  protestante, 
et  d'avouer  la  reconnaissance  personnelle  que  leur  émule  français 
leur  doit.  £n  réalité,  il  n'est  pas  exact  que  la  majorité  ni  même 
la  vingtième  partie  des  lecteurs  de  V Histoire  d'Israël  soit  familière 
avec  ces  travaux  d'exégèse,  qui  exigent  tous,  pour  être  lus  et  com- 
pris, beaucoup  de  temps,  d'attention,  de  patience,  et  un  certain  ap- 
prentissage intellectuel  qui  est  très  rare  dans  notre  pays.  A  l'heure 
actuelle,  en  dehors  du  cercle  si  restreint  d'érudits  et  de  théologiens 
réformés  qui  s'intéressent  par  profession  à  ces  études,  presque  per- 
sonne en  France  n'est  au  courant  de  la  transformation  radicale 
qui  s'est  opérée  depuis  vingt-cinq  ans  en  Allemagne,  en  Hollande  et 
en  Alsace,  dans  la  critique  biblique,  c'est-à-dire  dans  l'histoire 
Israélite.  Le  gros  du  public  en  est  resté  soit  aux  naïvetés  des  His- 
toires saintes  orthodoxes,  soit  aux  négations  brutales  de  l'école  de 
Voltaire^  ^  quand  il  ne  pratique  pas  à  l'égard  de  ce  chapitre  considé- 


BÏBLIOGUAPBIE  318 

rablode  ITiisloire  de  rhumaoité  une  indifférence  dédaigQouse,  qui 
t$i  de  bon  ton  dans  certains  milieux,  A  la  vérité,  quelques  ouvrages 
de  Tulgarisation  ont  lûché  déjà  de  répandre  cbez  nous  les  résultats 
delflaouveUe  exégèse,  mais  ces  ouvrages,  d'une  touche  ou  timide 
ou  brutale,  tantôt  signés  de  noms  trop  obscurs  pour  forcer  Faltention» 
tantût  manquant  de  cet  attrait  littéraire  qui,  dans  un  pays  artisle 
comme  le  nôtre,  est  le  passe-port  obligé  des  idées  nouvelles.  n*ont 
pfls  réussi»  ce  me  semble,  à  rompre  la  glace.  Il  était  réservé  à 
M.  Renan  d'être,  pour  cette  dernière  création  de  la  critique  reii* 
gt^usc,  si  hardie  et  au  premier  abord  si  inquiétante,  a  la  fois  rioler- 
ptïîlp  autorisé  qui  inspire  confiance  à  la  foule  profane,  et  Thabilleur 
prestigieux  qui  sait,  sans  ratTadir,  rendre   la   science  aimable   et 
Itti  ouvrir  toutes  les  portes,  —  que  dis-je?  le  magicien  qui  d*un  ccJUp 
fl<^  baguette  sait  donner  la  vie  et  le  saog  aux  pâles  ombres  pénible- 
meot  évoquées  du  scheoî  par  les  laborieuses  pytbonisses  de  Giessen 
Ou  dé  Tubingue.  Ce  que  la   Vie  de  Jésus  ù  été,  il  y  a  un  quart  de 
siècle,  pour  les  idées  de  Strauss  et  la  critique  du  Nouveau-Testa- 
ment, VHistoire  (TJsrail  le  sera  demain  pour  les  magnifiques  travaux 
de*  l'école  graficnne  î>.  Elle  leur  donnera  déûoilivement  droit  de  cité 
dans  le  publie  lettré  français,  et,  par  lui,  dans  renseip^nemenl  et 
dans  la  conscience  nationale  Une  fois  de  plus,  le  pavillon  fera  passer 
t»  marchandise  ;  peut-être  même  l'ouvrage  paradoxal  de  M,  Renan, 
*û  provoquant  rétonoement  d'abord,  la  conlradiction  eosuile,  réus- 
*ira-i-il  h  ramener  l'attention  de  nos  historiens   sur  des  sujets  si 
%lorablemenl  négligés  dans  notre  pays  et  frappés,  en  quelque 
^rte,  d*an  ostracisme  officiel.  A  cet  égard,  ses  défauts  mêmes  devien- 
îicût  des  qualités  ;  trop  parfait,  il  eût  risqué  d'être  stérile. 

tn  pareil  résultat  n'est  pas  à  dédaigner;  il  mérite  à  lui  seul  la  , 
'econnaissance  du  public  savant  en  général,  et  de  la  Revm  des  Études 
3^itcs  en  particulier.  Peut-être  aurions-nous  préféré  pouvoir  saluer 
^BtisVffistoire  d'Israël  le  couronnement,  la  synthèse  déÛDilivc  de  cet 
immense  travail  d'exégèse,  qui,  ne  ToubUons  pas,  a  eu  pour  premier 
promoteur  un  Français,  Astruc;  mais,  à  défaut  d*uûe  pareille  syn- 
thèse, pour  laquelle  peut-être  Tbeure  n'a  pas  encore  sonné,  le  rôle 
d'initiateur,   d'excitateur  inteljeétuel,  est  déjà  assez  beau  par  lui- 
jnéme,  et  ce  sera  la  rare  bonne  fortune  de  M,  Renan  d'avoir  été  detix 
fois,  au  début  et  au  terme  de  sa  brillante  carrière,  le  pluià  séduisant, 
le  plus  écoulé  et  le  plus  aimé  des  hîêropbanles. 

Théodore  Kkikach. 


316  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


Û'^^fiD  M"3  ^y:ùt  A  Treatine  on  the  accentnattott  of  the  tweaty-ane 
no-called  prose  books  of  the  Old  Testament,  with  a  fSfte  siniile  of 
a  pag^e  of  the  eodex  assigned  to  Ben-Asher  in  Aleppo«  by  William 
WiGKBS  î  Oxford,  CUrendon  Press,  1887,  in-S». 


Les  règles  qui  président  à  l'emploi  des  accents  toniques  (mr«) 
dans  la  Bible  sont  d'une  difficulté  presque  insurmontable.  En  pre- 
mier lieu,  la  position  des  accents  dans  les  vingt  et  un  livres,  qu'on 
appelle  ordinairement  «  Les  livres  en  prose  »,  diffère  de  celle  qu'ils 
ont  dans  les  trois  livres  poétiques,  qui  sont  :  les  Psaumes^  les  Pro» 
verbes  et  Joà,  qu'on  a  Tbabitude  d'appeler,  d'après  leurs  initiales, 
n')3'«  •nso.  M.  Wickes  a  publié,  en  1881,  sous  le  titre  de  n'»'N  "^TaJO, 
un  traité  sur  l'accentuation  de  ces  trois  livres. 

Outre  la  difficulté  que  crée  la  différence  des  deux  systèmes  de 
ponctuation  des  vingt  et  un  et  des  trois  livres,  il  y  a  les  difficultés 
qui  proviennent  de  ce  que  les  manuscrits  diffèrent  souvent  de  notre 
texte  imprimé,  et  que  les  premières  éditions  du  texte  diffèrent  quel- 
quefois de  celles  qui  ont  suivi.  Il  faut  une  grande  pratique  pour  se 
débrouiller  dans  ce  chaos.  Il  est  surtout  important  de  savoir  distin- 
guer les  mss.  qui  ont  été  écrits  par  des  copistes  érudits  et  conscien- 
cieux de  ceux  qui  ont  été  faits  avec  négligence.  Il  en  est  de  môme 
des  imprimés  des  diverses  époques.  On  peut  trouver  tous  les  im- 
primés réunis  dans  une  seule  bibliothèque,  comme,  par  exemple,  à 
'  Oxford  et  à  Londres,  mais  les  mss.,  au  contraire,  se  trouvent  dis- 
persés un  peu  partout,  en  Angleterre,  à  Paris,  en  Allemagne,  en 
Italie  et  en  Russie,  et  dans  les  cas  douteux,  il  est  important  de  né 
pas  négliger  de  consulter  aucun  manuscrit  important.  Le  savant 
auteur  de  notre  traité  n'a  épargné  ni  peine  ni  frais  pour  remplir  son 
devoir  d'exactitude.  Il  a  visité  toutes  les  bibliothèques  de  l'Europe, 
et  il  a  travaillé  des  années  à  Oxford,  où  se  trouve  le  recueil  le  plus 
abondant  de  livres  et  de  mss.  hébreux.  Avec  cela,  M.  W.  n'était  pas 
entièrement  satisfait  ;  le  ms.  d'Alep,  qui  passe  pour  avoir  été  ponc- 
tué et  pourvu  d'accents  par  le  fameux  massorète  Ben  Ascher,  le 
préoccupait.  Gomment  conclure  sur  telle  ou  telle  règle  des  accents, 
sans  connaître  la  leçon  du  plus    ancien  manuscrit?  A  force  de 
patience,  M.  W.  est  arrivé  à  se  procurer  la  photographie  d'une  page 
de  ce  fameux  ms.  et  le  colla tionnement  de  plusieurs  passages  con- 
cernant les  accents.  Hélas,  M.  W.  n'a  obtenu  qu'un  résultat  négatif, 
car  le  ms.  d'Alep  n'est  pas  ancien,  et  celui  de  Cambridge  ne  Test  pas 
non  plus,  quoi  qu'en  dise,  sans  aucune  preuve,  M.  le  D'  Schiller- 
Szinessy.  Les  deux  mss.  sont  de  la  fin  du  xii^  siècle,  à  moins  qu'ils 
ne  soient  encore  plus  jeunes.  Notre  excellent  ami  M.  Harkavy  est 


BIBUOCRAPHIE 


317 


8m>é  à  la  même  opinion  sur  le  ms.  d'Alep,  lors  de  son  dernier 
voyage  dans  celte  ville,  il  y  a  deux  ans.  Par  conséquent,  ce  ms.  ne 
peut  changer  en  rien  les  règles  des  accents  exposées  par  M.  W,  dans 
ses  deux  ouvrages,  publiés  à  six  ans  de  distance  l'un  de  rautre. 

Nous  n'avons  pas  encore   énuméré    toutes   les   recherches  que 
^'  W.  a  dû  faire  pour  être  compleu  11  fallait  avant  tout  examiner 
c«  que  les  grammairiens  juifs»  anciens  et  récents,  ont  écrit  sur  le 
sujet.  C'est  ce  que  M,  W,  a  fait,  Dans  son  premier  ouvrage,  il  donne, 
comme  appendice,  Vepiiome  du  traité  arabe  du  fameux  Juda  ben 
Baiam, d*après le  ms.  unique  de  SainlPétersbourg;  Il  a  examiné  les 
traités  ms.  des  deux  ponctuateurs  Samsou  et  Samuel,  ainsi  que  les 
ouvrages  publiés  à  partir  de  Ben-Ascher,  jusqu'à  Heidenheim»  et 
indiqué  quels  secours  il  y  a  trouvés  pour  son  travail*  M.  W.  est 
arrivé  à  un  jugement  peu  favorable  à  ses  prédécesseurs,  c*est  le  sort 
de  tôus  les  anciens  grammairiens,  ils  n'ont  plus,  à  présent,  qu'une 
valeur  historique.    Outre  ces  grandes  recherches,  M.  W.  devait 
prendre  en  considération  le  système  spécial  d'accentuation  orien- 
tale {madinkai)y  et  enfin  les  variantes  qu  on  trouve  dans  les  mss. 
rapportés  du  Yémen  dans  les  dernières  vingt  années.  Si  ces  recher- 
ches ne  sont  pas  précisément  trèsdifticiles,  elles  prennent  du  temps» 
et  on  ae  peut  être  étonné  que  M.  W.  y  ait  passé  sa  vie  entière. 

Arrivons  à  Tanalyse  du  second  des  deux  ouvrages  de  M,  W.  Après 
avoir  indiqué,  dans  la  préface,  quelles  sont  ses  sources»  M.  W.  donne 
^^^€  bonne  introduction,  oii  il  explique,  avec  beaucoup  de  raison, 
«lue  les  neffinot,  comme  leur  nom  Tindigue  d'ailleurs,  furent  inventées 
P^tir  noter  les  sons  musicaux  employés  pour  la  lecture  lie  la  Bible 
*i^iisla  synagogue  et  dans  les  écoles.  M,  Graetz  est  d'un  autre  avis, 
ii  considère  les  accents  comme  des  signes  grammaticaux,  au  moins 
^^sleur  premier  étal,  c'est-à-dire  quand  on  n'avait  que  Xç^pastq  et 
^^  ^tmh  ;  nous  ne  pouvons  pas  discuter  ici  cette  question,  tout  ce  que 
'ïous  pouvons  dire  .en  faveur  de  la  ihé.se  de  M*  W.,  c'est  que  les  plus 
anciens  grammairiens  juifs,  autant  qulls  nous  sont  parvenus,  ne  con- 
'^«iâsent  les  accents  que  comme  signes  de  musique.  Le  second  cha- 
pitre de  M.  W.  est  consacré  aux  noms  des  accents,  disjonctifs  et  con- 
JûQetifs,  el  à  la  forme  des  signes  qui  les  représentent,  des  différents 
noms  qu'un  môme  accent  porte  dans  les  diiïcrentes  écoles  de  gram- 
Biairiens  et  qui  sont  comme  la  définition  des  notes  musicales  dési- 
gnées par  l'accent.  Le  troisième  chapitre  porte  sur  la  dichotomie, 
c'esl-â-dire  la  division  des  versets,  pour  le  chant,  en  deux  parties; 
cette  division,  indiquée  le  plus  souvent  par  un  etnah,  a  une  irapor- 
lanco  également  pour  la  syntaxe.  Les  chapitres  suivants  donnent  les 
r6glefl  détaillées  sur  le  placement  des  accents  d'après  les  meilleures 
éditions  de  la  Bible  et  surtout  d'après  les  rass.  qu'on  trouve  dans 
des  diflérentes  bibliothèques  :  M,  W.  est  souvent  obligé  de  corriger 
Jes  textes  de  nos  imprimés.  Il  est  impossible  d'entrer  ici  dans  des 
détails  qui  ne  sen^raient  de  rien,  puisqu'il  faudrait  connaître  tous 
les  mss.  pour  pouvoir  se  rendre  compte  de  leur  valeur  concernant 


318  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

les  accents  et  pour  discuter  les  corrections  de  M.  W.  Le  quatorzl^r 
et  dernier  chapitre  est  consacré  au  p**D&,  qui  sûrement  n'est  pa^      u 
accent  tonique;  ce  chapitre  est  tout  à  fait  original.  Dans  les  d^u 
appendices  qui  suivent,  M.  W.  donne  d*abord  une  liste  des  pass^^^- 
bibliques  difficiles  qui,  en  partie,  s'expliquent  par  une  meillei-ï^^ 
accentuation;  puis  il  discute  le  système  superlinéaire,  qu'on  a  VX^^" 
bitude  d'appeler,  à  tort,  système  babylonien.  M.  W.  montre  qii^   ^f 
système,  tant  pour  les  points-voyelles  que  pour  les  accents,  est  si^ 
plement  local  et  est  fondé  complètement  sur  le  système  palestinien^  1 
Ainsi,  dans  le  Yémen,  on  se  sert  encore  aujourd'hui,  pour  les  teit^ 
non  bibliques  tels  que  le  tarçum  et  les  prières,  du  système  super^ 
linéaire,  qu'on  a  inventé,  d'après  M.  W.,  pour  simplifier  la  matière^ 
Il  est  toutefois  possible  que  le  remarquable  article  de  M.  Graelz  sui^ 
le  dagesch  {Afonatsschr,,  ocl.-nov.  4887)  modifiera  un  peu  la  conclusion 
de  M.  W.  En  tout  cas,  c'est  un  grand  mérite  d'avoir  remué  un  peu 
la  question  du  système  superlinéaire,  dont  on  fait  trop  de  cas,  et 
qui  en  effet  n'est  pas  mentionné  par  les  anciens  grammairiens  tels 
que  Saadia  et  ses  contemporains  caraïtes,  autant  qu'on  connaît 
leurs  ouvrages.  L'index  biblique  que  M.  W.  donne  à  la  fin  facilitera 
beaucoup  l'usage  de  ses  deux  excellents  traités.  Nous  croyons  que 
ces  deux  ouvrages  sont  indispensables  à  ceux  qui  s*occupent  de 
la  grammaire  hébraïque  et  de  l'exégèse  biblique,  car  les  accents 
nous  renseignent  sur  la  manière  dont  les  massorètes  ont  compris 
la  Bible. 

A.  N. 


Le  giôrant, 

Israël  Lévi. 


TABLE  DES  MATIERES 


ARTICLES  DE  FOND. 

BkCBMR  (W.).  Le  commentaire  de  Samuel  ibn  Hofni  sur  le 

Pentateuque 277 

■  Bàléyy  (J.).  Recherches  bibliques  {suite) 4 61 

'  EmàCjlUer  (J.)-  Histoire  d'un  prêt  forcé  demandé  à  la  commu- 
nauté des  Juifs  de  Francfort 99 

Lazabd  (L.).  Les  revenus  tirés  des  Juifs  de  France  dans  le  do- 
maine royal  (xiii«  siècle) 233 

LÈvi  (Israël).  La  mort  de  Titus 62 

LoEB  (Isidore).  I.  La  controverse  de  4  263  à  Barcelone 4 

IL  Le  procès  de  Samuel  ibn  Tibbon * 70 

III.  Le  saint  enfant  de  La  Guardia 203 

IT.  La  correspondance  des  Juifs  d'Espagne  avec  ceux  de 

Ck)nstantinople 262 

RsiNACH  (Théodorej.  Une  monnaie  hybride  des  insurrections 

j  uives 56 

YtDAJL  (Pierre).  Les  Juifs  de  Roussillon  et  de  Cerdagne 49 


NOTES  ET  MÉLANGES. 

Bâcher  (W.).  Le  sens  du  mot  niicra 443 

Dbrknbouro  (J.).  Le  sarcophage  de  Tabnit 409 

G*R.soN  (M.).  Deux  miniatures  avec  la  roue  des  Juifs 444 

Hai-kvy  (J.).  Petits  problèmes  (2«  série) 289 

Kaufaiann  et  Loeb.  Le  sceau  d'Abraham  bar  Saadia  et  le  sceau 

orDïiaÉT 4  22 

Lévi  (Israël).  I.  Ormuz  et  Ahriman 442 

IL  Miniatures  représentant  des  Juifs 446 

LobB  (Isidore).  I.  La  juiverie  de  Jerez  de  la  Frontera 425 

II.  Expulsion  des  Juifs  de  Salins  et  Bracon  en  4374 298 

MODONA  (Leonello).  Les  exilés  d'Espagne  à  Ferrare  en  4 493 447 

ScH^WAB  (Moïse).  Trois  inscriptions  hébraïques  de  Manies 295 


320 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


BIBLIOGRAPHIE. 


A.  N.  lD"»nDO  «^5  '^'jzy:^  a  Treatise  on  the  accentuation  of  the 
twenty-one  so-called  prose  books  of  the  Old  Testament, 
with  a  fac  simile  of  a  page  of  the  codex  assigned  to 
Ben-Asher  in  Aleppo,  by  William  Wigkes 34 

DuvAL  (Rubens).   Des  Gregorius  Abulfarag  Anmerkungen  zu 

den  Salomonischen  Schriften,  publié  par  Alfred  Rahlfs    4 

LOBB  (Isidore).  I.  Revue  bibliographique 4S 

II.  Mélanges  de  critique  biblique,  par  Gustave  d*EiGH- 
THAL,  et  Une  nouvelle  hypothèse  sur  la  composition  et 
Torigine  du  Deutéronome,  par  Maurice  Vbrnbs '.    45 

Reinach  (Théodore).  Histoire  du  peuple  dlsraéi,  par  Ernest 

Renan i. 

Additions  et  rectifications %. 


S9 


FIN. 


VBRSAILLBS,    IKPRIKBRIB   CEHP   BT   FILS,   RUE   DUPLIMIBy    99. 


LES  MONNAIES  JUIVES 


CONFÉRENCE   FAITE  A  LA  SOCIÉTÉ   DES  ÉTUDES  JUIVES 
LE   30   AVRIL   1887» 

Par  m.  THÉODORE  REINACH 


Présidence  de  M,  Zadoc  KAHN,  président. 
M.  le  PRÉSIDENT  ouvre  la  séance  en  ces  termes  : 

Mesdames  et  Messieurs, 

^i  le  Conseil  de  direction  de  la  Société  des  Etudes  juives  éprouve 
quelque  fierté  lorsqu'il  peut  obtenir  pour  les  conférences  qu'il  orpra- 
nise  à  votre  intention  le  concours  des  illustrations  de  la  science  ou 
ries  lettres,  nous  ne  sommes  pas  fâchés  non  plus  de  voir  prendre  la 
parole  dans  ces  réunions  par  un  des  nôtres,  par  un  de  ceux  qui  se 
dévouent  constamment  à  notre  œuvre  et  qui  sont  comme  Tilme  et 
la  cheville  ouvrière  de  notre  société. 

»  Les  projections  ù  la  lumière  oxyhydriquo  étaient  faites  par  M.  Molteni,  auquel 
nous  adressons  tous  nos  remerciements  pour  son  précieux  concours.  —  L'auteur 
croit  devoir  prévenir  qu'à  la  suite  de  recherches  et  de  réflexions  nouvelles,  il  a 
modifié  sur  plusieurs  points  les  opinions  exprimées  dans  sa  conférence  ;  il  Tim  - 
prime  donc  non  pas  telle  qu'il  Ta  prononcée,  mais  telle  qu'il  la  prononcerait  au- 
jourd'hui. 

ACT.  BT  CONP.»   T.   I.  44 


GLXXXU  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

A  ce  titre ,  nous  ne  pouvions  être  mieux  représentés  que  p^3 
notre  cher  et  excellent  secrétaire,  M.  Théodore  Reinach,  à  qui  noc^^ 
aurions  conféré  depuis  longtemps  le  titre  de  secrétaire  perpétuel,  : 
ce  titre  était  compatible  avec  nos  statuts.  Mais  c'est  tout  comnL  ^: 
Vous  savez  que  depuis  la  fondation  de  notre  société  ou  à  peu  c3 
chose  près,  M.  Reinach  vous  présente  chaque  année,  dans  nos  m^s^ 
semblées  générales,  le  compte  rendu  de  nos  travaux,  et  vous  sav-^2 
aussi  ce  qu'il  apporte  à  Taccomplissement  de  cette  t&che  délica.t^ 
d'esprit,  de  talent  et  d'élévation. 

Ce  soir  M.  Reinach  fera  de  la  science  pour  son  propre  compta. 
Cela  pourra  lui  causer  quelque  embarras  quand  le  moment  viendx^a 
de  rendre  compte  de  la  conférence  que  vous  allez  avoir  le  plaisir 
d'entendre.  Mais  qu'il  se  rassure  I  Nous  lui  promettons  notre 
concours  pour  la  rédaction  de  cette  partie  de  son  futur  rapport. 

M.  Reinach  a  choisi  comme  thème  de  son  entretien  les  monnaies 
juives.  C'est  un  sujet  qui  sera  certainement  nouveau  pour  beaucoup 
d'entre  vous,  et  qui  sera  intéressant  pour  tous.  Les  monnaies,  d*ufl 
âge  aussi  respectable  que  les  monnaies  juives,  sont  des  monuments 
fidèles  du  passé  et  possèdent  une  véritable  éloquence,  surtout  quand 
on  sait  les  faire  parler  comme  notre  cher  conférencier  saura  le  faire. 
Grâce  à  l'exposé  qu'il  vous  présentera  et  qui  sera  illustré  par  les 
habiles  projections  de  M.  Molteni,  vous  verrez  passer  sous  vos  yeux 
un  fragment  important  de  notre  histoire,  histoire  à  laquelle  n'ont 
manqué  ni  les  gloires  ni  les  tragédies  sanglantes. 

Messieurs,  ce  serait  faire  preuve  de  mauvais  goût  de  prolonger 
votre  attente  et  d'abuser  de  votre  patience.  Je  me  borne  donc  à 
remercier  M.  Th.  Reinach  de  clore  d'une  façon  si  brillante  la  série 
de  nos  conférences  de  cette  saison  ;  ou  plutôt,  pour  n'avoir  pas  l'air 
de  nous  adresser  des  compliments  à  nous-mêmes,  car  je  le  répète, 
M.  Reinach  est  des  nôtres,  je  laisse  à  cette  assemblée  le  soin  de  le 
remercier  en  suivant  sa  démonstration  avec  une  attention  soutenue 
et  en  accueillant  par  des  applaudissements  la  conférence  qu'il  veut 
bien  nous  faire. 

M,  Th.  Reinach  répond  : 


LES  MOîCNAlKS  JUIVES 


CLXXXIH 


MESBAitifiS,  Messieurs, 

C'est  d'un  sujet  de  numismatique  que  je  viens  vous  entretenir, 
BtJ'aTooo  que  ce  n'est  pas  sans  quelque  appréhension,  La  numis- 
mliqae,  en  effet,  quoiqu 'eîlo  soit  une  des  parties  les  plus  ancien- 
umaai  cultivées  de  rarclicologie,  n'a  pas  encore  réussi  à  con- 
<}uérir  la  faveur  du  grand  public.  Il  a  si  rarement  l'occasion  de 
Toir  des  médailles  intéressantes,  et,  quand  il  en  entend  parler, 
n'est  généralement  par  les  prix  exorbitants  qu'elles  atteignent  dans 
b  enchères  l  Aussi  n*est-il  que  trop  porté  à  voir  dans  les  numis- 
matistes  des  collectionneurs  maniaques,  dans  leur  prétendue  science 
UI19  pure  curiosité  qui  se  classe  entre  celles  dos  collectionneurs 
d'iatû^aplies  et  de  boutons  d'uniformes. 

h  n'ai  pas  à  prendre  ici  la  défense  des  numismatàfes  :  ils  sont 
d*iiUeur8  bien  trop  absorbés  dans  la  contemplation  jalouse  de  leurs 
trésors  pour  se  soucier  du  bien  ou  du  mal  qu*on  peut  dire  d*eux. 
Mais  je  voudrais  réagir  contre  l'injuste  dédain  dont  la  numisnmtifite 
©t  robjet  et  vous  faire  voir,  d*abord,  en  peu  do  mots,  qu'elle  est 
oub  anence  véritable  et  l'un  des  auxiliaires  les  plus  précieux  dm 
Recherches  historiques. 

Supposons,  pour  fixer  les  idées,  qu'en  deux  mille  ans  d'ici,  lurs- 
que  h  civilisation  dont  nous  sommes  si  fiers  sera  éteinte  et  presque 
oubliée,  un  savant  vienne  à  retrouver  un  exemplaire  de  la  médaille 
I  wimte  : 


\  |MNis«b?oita  pas  que,  avec  un  peu  da  perspicacité,  il  pouira 


CLXXXIV  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

en  tirer  les  conclusions  les  plus  intéressantes  sur  Tétat  de  n 
société  française  à  cette  fin  du  xix°  siècle?  Et  en  effet  : 

En  pesant  la  pièce  —  25  grammes  — ,  il  déterminera  immédi; 
ment  notre  système  de  poids  et  mesures.  11  saura  que  notre  u 
monétaire  était  une  pièce  d'argent  du  poids  de  5  grammes  app 
franc. 

En  analysant  une  parcelle  de  métal,  en  constatant  le  fa 
alliage  de  cuivre  qu'elle  renferme,  il  reconnaîtra  la  scrupnh 
loyauté  de  notre  administration  des  monnaies. 

En  examinant  l'aspect  extérieur  de  la  pièce,  —  ses  faces  1 
planes,  son  contour  parfaitement  régulier,  sa  tranche  d'une  ép 
seur  uniforme  et  marquée  de  caractères  en  relief  ^—  il  admirer 
perfection  de  notre  outillage  scientifique,  de  nos  procédés  matéri" 
il  devinera  que  nos  monnaies  circulaient  beaucoup  et  qui 
devaient  pouvoir  s'empiler. 

Passant  à  l'examen  des  types,  notre  numismatiste  sera  peut- 
moins  frappé  du  génie  de  nos  dessinateurs  que  de  l'habileté  de 
ouvriers.  Il  s'étonnera  que  cette  pièce,  datée  de  l'an  1875,  rej 
duise  servilement  des  types  de  l'an  VII  de  la  première  Républiq 
11  se  demandera  s'il  valait  bien  la  peine  d'immortaliser  le  non 
l'inventeur  de  cette  froide  allégorie,  en  faisant  figurer  sa  signa* 
au  bas  de  son  œuvre,  privilège  qui,  dans  l'antiquité,  n'était  acc( 
qu'aux  plus  grands  artistes. 

Enfin  les  Ugendes  de  la  médaille  lui  apprendront,  l'une  —  Ri 
hlique  française  —  la  forme  de  notre  gouvernement  en  Tan  18 
la  seconde  —  Liberté,  Egalité,  Fraternité  —  notre  idéal  politiqu 
social  ;  la  troisième  —  Dieu  protège  la  France  —  le  principe  me 
théiste  de  notre  religion. 

Je  passe  sous  silence  les  innombrables  controverses  auxqu< 
donneront  lieu  les  trois  «  différents  «  du  revers.  Parviendra-t-( 
y  reconnaître  la  marque  de  l'atelier  (Paris),  l'emblème  du  gra 
et  celui  de  l'entrepreneur  des  monnaies  ?  J'en  doute. 

En  résumé,  Messieurs,  état  économique,  industriel,  scientifi 
prospérité  des  arts,  idéal  politique,  gouvernement,  religion 
n'est  pas  un  côté  de  notre  civilisation  que  cette  modeste  j 
de  5  francs,  qui  n'est  pour  nous  qu'un  banal  instrument  d'écha 


LES  MONNAIES  JUIVES 


CLXXXV 


m  puisse  servir  à  éclairer  un  jour.  Rh  bien,  ce  que  nos  niounaies 
d*aDJourd'hui  seront  pour  les  savants  de  Tan  4000,  les  monnaies 
i'i]  j  a  deux  mille  ans  le  sont  pour  no-i  savants  tl'aujourd*hm  : 
je  veux  dire  une  source  inépuisable  do  renseignements  authen- 
liqtHîà  i\&  tout  genre  pour  la  vaste  enquête  que  nous  avons  ouverte 
suriflTla  de  Fantiquité. 

ù  simple  aperçu  suffit  pour  justifier  Tétudo  approfondie  de  la 
aamisojatique  classique  ;  mais  les  monnaies  dont  je  me  propose 
de  voua  parler  n'ont  pas  tout  à  fait  le  même  genre  d'intérêt  que 
ki  motinaies  gi-ecques  ou  romaines*  Les  médailles  grecques, 
«onime  toutes  les  productions  de  ce  peuple  si  doué,  valent  surtout 
par  leur  beauté  :  elles  présentent  en  raccourci  une  bistoire  complète 
d«  Tart  grec*  Quant  aux  médailles  romaines,  il  faut  j  voir^  avant 
tout»  une  incomparable  galerie  de  portraits  historiques.  Vous  ne 
devez  chercher  dans  la  numismatique  juive  ni  chefs-dVeuvre,  ni 
portraits.  Les  graveurs  en  raédailies  juifs  étaient  des  artistes  fort 
ordinaires,  et  la  ressource  principale  de  leur  art,  la  reproduction 
delà  fleure  humaine  ou  animale,  leur  était  enlevée  par  la  stricte 
observation  du  précepte  du  Bêcaiotjue  :  cr  Tu  ne  feras  pas  d'image 

PtaiUàe,  ai  aucune  ressemblance  des  choses  qui  sont  sur  la  terre, 
danales  cieux,  ni  sous  les  eaux  *.  «  En  revanche,  les  médailles  juives 
fout,  parla  sévérité  même  de  leurs  tjpes,  l'imago  fidèle  du  peuple 
pTûfoudément  religieux  et  médiocrement  esthétique  qui  les  a  créées. 
Le  cai'actére  dans  lei|uel  sont  tracées  les  légendes  offre  le  plus 
gWftd  intérêt  pour  Thistoire  de  l'alphabet.  Les  variations  mêmes 
4e*  iagcriptions  et  des  types,  si  restreint  que  soit  le  cercîe  où  elles 
••  meuvent,  reÛétent  les  diverses  influence:»   que  le  judaïsme  a 
Mbies,  ses  alternatives  d'indépendance  et  de  servitude,  d'enthou- 
ûimé  et  de  relâchement*  Enfin,  plusieurs  médailles,  tant  parmi 
J«8  menDaies  juives  proprement   dites  liue   parmi  les  monnaies 
frecques  ou  romaines  qui  se  rapportent  lï  des  faits  de  Tbistoire 
|uÉve,  viennent  éclairer,  compléter  ou  rectifier  les  renseignements 
i0$  historiens.  Si  vous  ajouter  quo  la  numismatique  juivo  présente, 
luiTaiitle  mot  do  M.  Renan,  des  diOlcultës  de  classement  énormes, 

i,  XX,  4. 


CLXXXVI  ACTES  .ET  CONFÉRENCES 

et  que  i*attrait  de  la  diffîculté  à  vaincre  suffit  pour  intéresser  \em 
savants,  en  dehors  même  de  tout  résultat  positif  S  vous  recoca 
naîtres,  avec  moi,  que  cette  étude  vaut  peut-être  le  quart  d^heucr 
de  peine  que  Pascal  refusait  à  la  philosophie. 


La  numismatique  juive  ne  commence  qu*avec  les  Macchahées 
Cette  assertion  pourra,  au  premier  abord,  surprendre  les  personae; 
qui  se  souviennent  soit  des  passages  du  Talmud  où  il  est  questLoi 
des  monnaies  d'Abraham,  de  Josué,  de  David,  de  Mardochée  *, 
soit  des  nombreux  versets  de  TËcriture  qui  mentionnent  des 
paiements  en  sicles  à  Tépoque  des  rois,  des  juges  et  même  de^ 
patriarches  ^.  Mais  il  n'y  a  là  qu'une  illusion  ;  les  passages  du 
Talmud  ne  sont  que  d*ingénieuse3  allégories  ;  et  quant  à  ceux  de  la 
Bible,  —  sans  me  lancer  dans  Tépineuse  question  de  Tépoque  où  nos 
textes  bibliques  ont  été  définitivement  rédigés,  —  il  suffira  de 
remarquer  que  le  mot  sirJe,  comme  le  mot  livre  dans  nos  langues 
modernes,  a  signifié  un  certain  poids  d'argent  longtemps  avant  de 
désigner  une  pièce  de  monnaie  de  ce  poids.  Partout  dans  la  Bible  où 
il  est  question  de  sicles,  de  mines  ou  de  talents  d'argent,  c'est 
de  l'argent  pesé  qu'il  faut  entendre  et  non  de  l'argent  monnayé,  £n 

'  Principaux  travaux  sur  la  numismatique  juive  (outre  les  ouvrages  généracx 
d'Eckhel,  Mionnet  et  Lenormanl)  :  Perez  Bayer,  D9  numis  Aebnuo-tûwmritdMt 
(1781),  etc.  —  Cavedoni.  NumisfMtica  hiblica  (I8M].  —  De  Saulcy,  Redercitt 
sur  la  numismati^M  judaïque  (1854).  —  Lewy,  Geschickte  der  jêdiseken  Mmmu^ 
18«2).  — Madden.  Hi&tory  of  jewish  coinafje  (1864;  2*  édition,  en  1881,  soasle 
titre:  Coins  of  the  Jetos).  —  Merzbacher,  Vntersuckunytn  ûber  aUe  hehâitcii 
Mûnzen  {Zeitsehrift  fur  Numismatxk  de  Berlin,  1876  suiv).  —  Zackermum,  feèer 
tâlmudische  Mûnzen  und  Gewichte,  Berlin,  1862.  Et  de  nombreux  articles  par  ces 
auteurs  et  d'autres  (Garrucci,  de  Vogué,  Heichardt,  von  Sallet,  Graetz,  etc.) 
disséminés  dans  les  diverses  Revuts  numismatiques,  archéologiqnes,  etc.  On 
trouvera  une  bibliographie  à  peu  près  complète  de  1849  à  1879  dans  U  2*  édiûoa 
de  Madden,  qui  peut  être  regardée  comme  un  Corpus,  bien  que  U  cUssi6ci> 
tion  laisse  encore  beaucoup  à  désirer. 

'  Midrash  Bereskit  Jiabha^  c.  39.  —  Talmud  de  Babjione,  Bêha  Kammê^  97. 

'  Genèse,  xxiii,  16;  Juges^  xvii,  2-4;  I  RoiSy  x,  29,  etc. 


LES  MONNAIES  JITIVES 


CLXXXVU 


fOulâ^-Tous  la  preuve?  D'abord  on  n'a  jamais  retrouTé  de  ces  sicles 
d'uûe  antiquité  si  vénérable  —  ceux  qu'on  a  esBayé  de  faire  passer 
pour  tels  ne  sont  que  d'impudentes  falsifications  modernes»  Ensuite 
lucun  des  peuples  voisins  des  Hébreux,  quoique  plus  avancés  que 
ceui'Ci  on  civilisation,  ne  connaissait  Tusage  de  la  monnaie. 

A  la  vérité,  remploi  des  métaux  précieux  comme  instrument 
d'échange  remonte  dans  rOrient  à  une  très  haute  antiquité  ;  mais 
m  métaux  s^emplojaient  sous  forme  de  lingots,  de  barres,  t^ut  au 
plus  d'anneaux,  dont  le  poids  n'avait  rien  d'uniforme,  La  figure  2, 
empruntée  à  un  monument  égyptien,  vous  représente  un  person- 
nige  en  train  de  peser  des  anneaux  de  métal  qu'il  a  reçus  en 
jwement;  les  poids  ont  la  forme  de  bœufs  et  de  lions*  Pareil  usage 
régnait  en  Assyrie,  en  Phénicie,  et  probablement  aussi  chez,  les 
HébreQX*  De  là  llmportance  extraordinaire  attribuée  par  nos 
textes  à  la  justesse  des  poids  et  des  balances  :  a  Une  fausse  balance, 
<iil  l'Écriture,  est  une  abomination  devant  le  Seigneur  li  *. 


_^ 


Ce  forent  les  Lydiens,  un  peuple  à  moitié  sémitique,  qui  inven- 

t,  au  va"  siècle  avant  Fère  chrétienne,  la  monnaie  proprement 

(3,  c  eât*a-dire  des  lingots  uniformes,  garantis  do  bon  poids  et  de 

l  titre  par  le  poinçon  officiel  de  l'Etat.  Cette  invention,  qui  sup- 


CLXXXVIU  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

primait  l'emploi  de  la  balance  dans  la  plupart  des  transactions,  eut 
un  rapide  succès.  Elle  se  répandit  d'abord  en  Grèce,  où  la  monnaie 
ne  tarda  pas  à  prendre  un  caractère  artistique,  puis  dans  les  pajs 
commerçants  de  l'Asie  antérieure.  Elle  n'était  pas  encore  parvenue 
en  Syrie  lorsque  le  royaume  de  Juda  cessa  d'exister  (587  av.  J.  C.) 
Quand  les  *Tuifs  revinrent  de  la  captivité  de  Babylone,  leur  nouvelle 
communauté  n'avait  ni  l'activité  commerciale  ni  TindépendaDce 
politique  nécessaires  pour  battre  monnaie  :  le  droit  de  monnayage 
était  considéré,  en  effet,  par  les  anciens  comme  le  privilège  par 
excellence  des  peuples  autonomes,  et  les  Juifs  n'étaient  que  les 
obscurs  tributaires  du  roi  de  Perse.  Si  des  monnaies  circulèrent 
à  Jérusalem  dès  cette  époque,  ce  furent  les  monnaies  officielles 
de  l'empire  perse,  les  dariques  d'or  (fig.  3)  et  les  sigUa  d'arg^ut 
médiques. 

La  situation  politique  des  Juifs  ne  fut  modifiée  en  rien  paT-  la 
conquête  d'Alexandre.  De  vassaux  des  Perses  ils  devinrent  "vas- 


Fig.  5. 

saux  des  Macédoniens,  puis  des  dynasties  nées  du  démembrement 
de  l'empire  d'Alexandre.  Pendant  le  m®  siècle  ils  dépendirent  géné- 
ralement des  Ptolémées,  pendant  le  ii*^,  des  Séleucides,  qui  s'empa- 
rèrent définitivement   de  la   Palestine    sous    Séleucus  Philopator 
(187-175).  Les  Juifs  pratiquaient  librement  leur  culte  et  adminis- 
traient leurs  afi'aires  intérieures  ;  mais  ils  payaient  tribut  au  roi 
d'Egypte  ou  de  Syrie,  et  le  grand  prêtre  n'était  que  l'intermédiaire 
officiel  entre  la  communauté  et  le  pouvoir  central.  On  comprend 
que,  dans  ces  conditions,  il  ne  pouvait  être  question  ni  d'un  Éiai 
juif,   ni  de  monnaies  juives.   Les  Juifs   se   servaient  assurément 
de  monnaies,  mais  c  étaient  des  monnaies  grecques,  fabriquées  au 
nom  des  rois  macédoniens.  Aux  dariques  et  aux  sigles  ont  succédé 
les  stathres  d'or  d'Alexandre,  les  drachmes,  didrachmes  et  tétra- 
drachmes  d'argent  des  Ptoléniccs  et  des  Séleucides  [ïi^.  4). 


LES  MONÎJAJKS  JUIVES 


CLXXXIX 


Icî  iro  observation  importante.  Quand  les  Macédoniens  con* 
quireni  la  Sjrîo  méridionale  (Pliénicie  et  Palestine),  ils  y  trouvèrent 
étahli  un  système  de  poids  et  de  mesures  appelé  phémeien  et  venu 
ejt  droite  ligne  d'Assyrie;  dans  ce  système,  commun  aux  Juifs  ot  à 


'Ci 


A^ 


Fit;.  4, 

I««rs  voisins,  Funité  do  poids,  le  sicle  {skfkH)  ou  stature,  pesait 
Environ  14  gramme».  Au  contraire,  Alexandre  avait  adopté  pour 
«^  iflonnaîes  et  répandu  partout  sur  son  passage  le  système  dit 
^titpie^  dans  lequel  ie  tétradracUme  ou  stature  d'argent  pesait  en- 
^îon  n  grammes*.  Le  système  attique  fut  d'abord  introduit  en 
^^e,  niais  il  mécontenta  les  populations,  habituées  à  compter 
«ïJvant  le  système  phénicien  ;  aussi,  quand  les  Ptolémées  se  ren- 
feiît  maîtres  de  la  Palestine,  ce  fîit  ce  dernier  système  qu*ilâ 
I  rétablirent  et  qu'ils  adoptèrent  même  pour  FEgypte.  Un  siècle 

Il  ne  Toaiireit  pas  croire  que  le  système  pbénkieii  fdt  une  dftiradation  du  sys- 

^e  tlUque  i  c'est  le  coQlratre  qui  e^L  irrai  ;  le  système  ettir|u(>^  r|ui  vient  aussi 

^  NtQ}v«,  mtis  por  uoe  autre  voie,  u  subi  plusieurs  allérdliuaiî  avtitit  &a  llxaLion 

P*y  Swlao  et  depuis  ;  le  système  phénicien^   f(ràce  ù  Iflclivité  commerciale  de  là 

P^icje,  eal  reslé  û  peu    près   imtnuablc.    Commeut  doue  expliquer  ce  réBuUet 

^Ti<i«xilY  CVst  (|ue  1»  stalcre  pbéoicieu  ou  sicle  eiil  en  réalité  uo  didrachme 

Ccit  toujours  p^f  ce  mot   que  les  Septante  reudeiil  1  hébreu  ikekel^^  vl  le  denii- 

<îil*re  |ou   demi-sKle),   uuo    drachme;   quant  aux   lélradrachmcs,  i:e  sont    ces 

ftinàt»  pièces  de  28  frr.,  vulgairemetat   of»pelé«s   oetndrafhmts^  qui  furent  frap* 

^HÉ|4&dou  et  ailleurs  sous  la  domiaatioa  persu.  MaiiUonaut,  comme,  daus  le 

fipftlB9  attii^ue,    on   doaau  le  riam  de  slatèrt  au  télr&drr)i:hme  dti  17  gr.  et  que 

|r  ÎHtnis  l^lfodrachmes  phéuicieus  cosbèretit  d*6lre  frappés  à  Tépoque  grecque^  il 

«Va  tucuu  inconténiefil,  pour  faciliter  le  lau^sge,  à  cousidérer  les  mois  Wt*a- 

tl  êtatin  comme  g^vnouymes,  même  dau£  le  système  pliéoiden»  Cest 

te  Ot  d'ailleurs  ea  praltr^ue,  et  voilû  pourquoi,  ù  l'époque  romsiue,  le  mot 

équivaut  à  dtmi'ikU  et  uou  à   sicU.  Daus  la  MishfUf^  le  mot  skie  est 

de  deutî'àicle  (didrachme)  ;  le  télradrochme  ou  statère  s'appelle  «t^ia. 


GXC  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

après,  les  Séleucides  arrachèrent  la  Palestine  aux  Ptolémées»  et 
avec  eux  reparut  le  système  attique  ;  il  rencontra  les  mêmes  résis- 
tances que  la  première  fois,  et  bientôt  les  Séleucides,  tout  en  con- 
servant le  système  attique  pour  leurs  autres  possessions  —  Syrie 
du  Nord,  Mésopotamie,  Babylone  — ,  monnayèrent  d'après  le  sys- 
tème phénicien  dans  leurs  ateliers  de  la  Syrie  méridionale  ;  ils  firent 
môme  figurer  au  revers  de  ces  médailles  Taigle  des  Ptolémées,  au- 
quel le  public  était  habitué.  Plus  tard,  dans  la  deuxième  moitié  do 
ii«  siècle  avant  J.  C,  plusieurs  villes  de  Phénicie,  notamment  Tjr 
et  Sidon,  obtinrent  des  Séleucides  affaiblis  une  situation  privilégiée; 
elles  furent  exemptées  de  Timpôt  et  autorisées  à  frapper  monnaie  en 
leur  nom  propre.  Naturellement  ces  villes  employèrent,  elles  aussi, 
pour  leurs  monnaies  d'argent  le  système  phénicien.  Ces  monnaies, 
particulièrement  celles  de  Tyr,  conquirent  bientôt  la  vogue,  grâce  à 
leur  fabrication  loyale  et  à  l'uniformité  de  leurs  types,  qui  favo- 
risait leur  diffusion  commerciale.  Les  tétradrachmes  de  Tyr  ont 
pour  types  la  tête  d'Hercule  (fig.  5)  —  ou  plutôt  de  Melqarth,  dieu 


Fig.  5. 

national  des  Tyriens  —  et  l'aigle  ptolémaïque  ;  ils  portent  une  date 
calculée  d'après  une  ère  qui  commence  en  126  av.  J.  C.  Non  seule- 
ment ces  monnaies  pénétrèrent  à  Jérusalem,  mais  elles  y  devinrent, 
au  temps  des  Macchabées  et  des  Hérodes,  le  principal  instrument 
d'échange.  Ce  qui  le  prouve,  c'est  que  les  docteurs  de  la  loi  déci- 
dèrent que  les  taxes  du  temple,  particulièrement  la  taxe  du  demi- 
sicle  par  tête,  imposée  à  tout  Israélite,  devait  être  acquittée  en 
monnaù  tyrienne  *  :   entendez,    en  didrachmes  ou  tétra^irachmes 

*  MuKna  Bechorot^  viii,   7;  Totefta  Ketubot,   zii,  fin.  Josèphe  mentionne 


LES  MONNAIES  JUIVES 


cxcr 


Tvr.  Les  pièces  d*nn  poids  équivalent  (pièces  de  Sidon, 
ddfl  Plolëmées,  des  deroiers  Séleucides)  étaient  sans  doute  admises, 
nais  il  nVn  était  pas  de  même  des  pièces  frappées  d'après  tout 
autw  système,  et,  comme  il  existait  dans  la  circulation  beaucoup  de 
ces  pièces  (drachmes  attiques  d'Ephèse  et  de  Cappadoce,  tétra- 
dnwshmes  d'Antioche,  deniers  romains],  des  changeurs  étaient 
établi»  dans  la  cour  du  Temple  pour  fournir  au  contribuable  impré* 
JùjÈSii  la  monnaie  légale  en  échange  de  Tardent  dont  il  était 
portôur.  Probablement  ces  changeurs  prélevaient  une  commission  ^ 
parfoii  même  une  commission  exorbitante  :  c  est  ce  qui  explique 
l'iïidiiînaiion  de  Jésus  contre  eux  * . 


n 


Les  Juife  n'auraient  peut-être  jamais  songé  à  frapper  uno  mon- 
naie nationale  sans  le  changement  politique  qu'amenèrent  les  per- 
sécutions d'Antiochua  Epiphane.  Ce  «  Joseph  lien  caricature,  >» 
wmme  on  Ta  appelé,  en  voulant  imposer  de  force  rhelîénisme  et  la 
f^^aon  hellénique  à  tous  ses  sujets,  provoqua  on  Judée  une  réac- 
tion violente  du  sentiment  nationaL  Une  famille  de  héros,  les 
iïa^hubées  ou  Hasmonéens,  se  mit  à  la  t<îte  du  mouvement 
patriotique  et  religieux,  et,  après  une  lutte  de  plus  de  trente  ans, 
*«iiQéô  de  vicissitudes,  la  cause  juive  triompha.  Elle  dut  son  î^uccôs 
^^i  encore  aux  victoires   des  trois   frères  Judas  Macchabée, 

J#,  lU   *1*  2)    un   slatère   de  Tjr    qui!  considère   comme  équivaleat  à  4 

les  attifutt'  En  ihtorie,  c'est  une  erreor,  mais  en  priiiquoi  à  Tépoque  de 

»he,  U  drachme  aUique»  censée  équivalente  au  denter  romain,  avnlt  coueidl- 

libicBwol  baissé  de  poids  et  ne  valait  plus  qne  !)  -^  grammes  d'argent  fin  au 

pliïs»  c'est-à-dire  précisément  le    quart  du  slatère  tynen.  Joseph©  doûne   ail- 

mn{Ant%^*^  III,  8,  2)   la  même  évaluation  pour    le  sicle  b'^braïque.  Comparez 

^Khfut^  50  ai  et  Baba  Mttia,  52  a. 

*  Uttkitm^  xxf,  13;  MarCt  xi,  t?  \  Lue,  xix,  4C.  Cp.  Zuckennann,  p.  18,  — 

Vôr  dott  de  tout  temps  avoir  été  accepté  pour  le  paiement  de  l'impOt  sacré  ; 

c^ntnbu  lions  des  commun  au  téa  élotf^éea  étaient  m  Orne  ordiuairemont  expé- 

pQt  cette  forme,  moins  encombrante.  (Cicérou,  pro  Fiaccû^  ^.)  Comparez 


CXCll  ACTES.  ET  œNFÉRENCES 

Jonathan  et  Simon^  qu'à  leur  habile  politique,  à  leur  alliance  avec 
Rome  et  aux  dissensions  intestines  des  Séleucides.  Dès  Tannée  142 
av.  J.-C.  l'un  des  prétendants  au  trône  de  Syrie,  Démétrius  II, 
pour  se  concilier  les  Juifs,  renonça  à  tout  tribut  de  leur  part,  ce  qui 
équivalait  à  la  reconnaissance  pratique  de  leur  indépendance.  Son 
frère,  Antiochus  VII  gidétès,  confirma  Tacte  de  son  prédécesseur  ; 
plus  tard,  il  est  vrai,  ce  roi  s'empara  de  Jérusalem  et  rétablit 
l'obligation  du  tribut,  mais  sa  mort  et  la  faiblesse  croissante  de  ses 
successeurs  permirent  aux  Juifs  de  s*en  afiranchir  de  nouveau,  cette 
fois  définitivement.  A  partir  de  ce  moment,  les  descendants  de 
Simon  Macchabée,  sous  le  titre  do  grands  prêtres  d'abord,  puis  de 
rois  (105),  furent  de  véritables  souverains  indépendants  et  conqué- 
rants, qui  finirent  par  régner  sur  un  territoire  presque  aussi  étendu 
que  le  royaume  de  David  et  de  Salomon. 

Indépendance  politique  et  monnayage  autonome  étaient,  on  Ta 
vu,  chez  les  anciens,  deux  termes  inséparables.  Aussi  les  premières 
lettres  de  franchise  des  rois  Syriens  adressées  à  Simon  Macchabée 
—  en  supposant  leur  texte  authentique  —  accordaient-elles  expres- 
sément aux  Juifs  le  droit  de  battre  monnaie  *;  mais  aucun  docu- 
ment n'indique  que  Simon  ait  fait  usage  de  ce  droit*,  et  efTective- 
ment  je  no  crois  pas  que  nous  possédions  de  monnaie  de  ce  prince  : 
les  pièces  qui  portent  le  nom  de  Simon  tout  court,  ou  de  Simon 
vasi  Israël,  appartiennent  au  faux  Messie  Barcochébas,  contempo- 
rain d'Adrien  ;  les  siclos  d'argent,  au  nom  de  Jérmalem^  souvent 
attribués  à  Simon,  se  placent,  à  mon  avis,  sous  la  première  révolte 
des  Juifs  au  temps  de  Néron. 

Le  premier  prince  juif  qui  ait  battu  monnaie  est  donc  Jean 
Ilyrcan  ^^  fils  et  successeur  de  Simon  (135-106).  Ce  prince  et  ses 
successeurs  ne  frappèrent  que  des  pièces  de  bronze  destinées  à  une 
circulation  purement  locale.  La  raison  en  est  simple.   D'abord  la 


*  Voir  la  lettre  d' Antiochus  Vîl  Sidétès  à  Simon,  I  Maeeab.^  xv,  2-9.  Ln 
leçon  xal  è'nétpetj/âv  at>i  'JcoiYioai  x6{xiJLa  I8iov  vo'(ii9fJLa  t^  X^P^  ^^  ^^^  parait 
préférable  à  èTÉTpe^^a.  Antiochus  fait  allusion  aux  termes,  d'ailleurs  inconnus,  du 
décret  de  Démétrius  II. 

^  On  sait  même  (I  Maceab.,  xv,  25-41)  qu*Antiochus  Sidétès  ne  tarda  pas  à 
annuler  toutes  les  concessions  qu^il  avait  faites  aux  Juifs. 


LES  MONNAIES  JUIVES 


cxcin 


lettre  des  privilèges  n'autorisait  probablement  pas  les  Hasmoaéens 
à  monnayer  de  Targent  ;  ensuite,  une  pareille  monnaie,  avec  ses 
tjrpes  austères  et  ses  légendes  hébraïques,  u'auraiteu  aucune  chance 
d'être  reçue  en  dehors  de  son  pays  d'origine,  tandis  que,  inverse- 
ment, la  monnaie  grecque  —  royale  ou  ittunieîpale  —  circulait 
partout  en  Judée  et  suffisait  parfaitement  aux  besoins  du  commerce 
juif.  On  a  déjà  vu  que  les  taxes  du  temple  s' acquittaient  toujours 
en  monnaie  tt/rimfip  :  bien  certainement,  s'il  avait  existé  à  cette 
époque  des  skies  juifs^  c'est  à  ceux-ci  que  les  rabbins  auraient 
donné  la  préférence. 

Nous  avons  conservé  un  assez  grand  nombre  de  monnaies  de 
bronze  des  Hasraonéens.  Elles  sont  de  modules  divers,  les  plus 
grandes  étant  les  dernières.  Les  types  en  sont  scrupuleusement 
conformes  à  la  tradition  mosaïquoet  ne  roprésontent  que  des  objets 
inanimés:  car  si  les  Juifs  ne  répugnaient  pas  à  Vejtipîot  de  mon- 
naies figurées  fabriquées  par  des  païens,  même  pour  les  taxes 
sacrées,  en  revanche,  Us  auraient  cru  contrevenir  a  la  défense  du 
^Décalogue  s'ils  avaient  fabriqué  èux-mômes  des  monnaies  de  ce 
jenre.  Les  types  de  ces  bronzes  sont  d^ailleurs  insignifiants  et 
empruntés,  pour  la  plupart,  aux  monnaies  contemporaines  des  Ptor 
lémées  ou  des  Séleucides  :  couronne,  corne  d'abondance,  fleur, 
ancre,  astre,   palme  ^   Quant  aux  légendes,   elles  sont  de  deux 


Sur  les  plus  anciennes  pièces,  comme  celles  de  Jean  Ilyr- 
êau  I*^*^  (fig.  6)  et  de  Juda  Aristobule,  ainsi  que  sur  quelques-unes 
des  pièces  de  leurs  successeurs  -,  la  légende  est  purement  hébraïque 


*  On  ftltribtîc  au  dornier  Ilûsmonéen,  Âûtigone,  de  peliles  monnaieB  au  type  du 
ctodéUbre  à  sept  branches  (Maddeû,  ùp.  n^,  p.  102,  u°*  V-V>1,  mais  ratlhfaulicMl 
n'est  rien  moins  que  cerUine, 

*  Alexandre  Januéc,  ifean  Hyrcan  11,  Aatjgotte. 


CXaV  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

et  ainsi  conçue  :  X. . .  [TeJiohanan  ou  Yehuda)  Hakkohen  hag- 
gaàol  ve  Heber  ha  Yehudim,  c'est-à-dire  :  a  X...  grand  prêtre  et 
la  communauté  des  Juifs.  »  On  trouve  aussi  quelquefois  Bosh 
Heber,  a  chef  de  la  communauté  »  ;  dans  ce  cas,  la  formule  repro- 
duit absolument  le  titre  officiel  que  le  livre  des  Macchabées  donne 
à  Simone 

Sur  les  pièces  plus  récentes,  au  contraire,  à  partir  d'Alexandro 
Jannée  (105-78),  la  légende  est  souvent  bilingue  :  hébraïque  sur 
une  face,  grecque  sur  Tautre.  Sur  l'une,  le  prince  figure  avec  sob 
nom  juif,  sur  Tautre  avec  un  nom  hellénique,  arbitrairement 
choisi.  Ainsi,  Alexandre  Jannée  s'intitule  d'une  part  Yehmxtan 
kammalekh  (le  roi  Jonathan)  de  l'autre  BaoïXécAç  'xlic^dvSpou  (le  roi 
Alexandre)  (flg.  1)*. 


Fig.  7. 

Plus  bizarement  encore,  le  dernier  prince  de  la  dynastie,  Anil- 
gone  (40-37),  prend  le  titre  de  grand  prêtre  sur  la  face  hébraïque 
[Mattatia  hakkohen  haggadol,  Heher  ha  Yehudim)  et  celui  de  roi 
sur  la  face  grecque  (BoatXétDç  'Avrirdvou).  C'est  un  véritable  maître 
Jacques  que  ce  roi-prêtre.  Ses  monnaies  (fig.  8),  qui  nous  révèlent 
son  nom  hébreu,  inconnu  des  historiens,  sont  les  seules  de  la  série 
qui  portent  des  dates  régnales  :  elles  sont  indiquées  par  la  lettre 
sMn  (initiale  de  shenat,  année)  suivie  d'un  aleph  (an  1)  ou  d'un 
bet  (an  2). 

On  voit  que  les  légendes  des  monnaies  hasmonéennes  confirment 
pleinement  les  renseignements  de  Josèphe  sur  l'histoire  de  cette 

'  'Eirt  2:C|X(dvo;  àpyrupétù^  (iievdXou  xal  orpotTriYoû  xaV  iiyo\j\Ltwu  'iwjdciùav, 
I  Maceab.,  xiii,  41-42. 

*  Les  rares  monnaies  de  la  reine  Alexandre,  veuve  et  héritière  d'Alexandre 
Jannée,  étaient  probablement  aussi  bilingues,  mais  la  légende  hébraïque  est  de- 
venue illisible.  On  sait  que  cette  reine  s'appelait  de  son  nom  hébreu  Salomé. 
(Derenbourg,  Histoire  de  la  Pttlêêtinê^  p.  102.) 


LES  MONNAIES  JUIVES 


CXCV 


dynastie  :  d'abord  scrupuleux  serviteurs  de  la  théocratie,  purement 
joife  et  prêtres,  les  descendants  des  Macchabées  s'émancipent  peu 
à  peu  de  la  tutelle  des  Pharisiens,  s*intitulent  rois  et  manifestent 
ces  mémos  tendances  helléniques  contre  lesquelles  leurs  ancêtres 


Ptg.  s. 

avaient  été  les  premiers  à  s'insurger.  L'écriture  de  ces  légendes 
n'est  pas  moins  intéressante  que  leur  contenu.  On  a  longtemps  ap- 
pelé ce  caractère  alphabet  samaritam  parce  qu'on  croyait  que  les 
juifs  l'avaient  emprunté  à  leurs  voisins  de  Samarie  ;  on  sait  aujour- 
d'hui qu'il  représente,  au  contraire,  la  forme  primitive,  palestinienne 
de  l'alphabet  hébreu  ;  il  se  rapproche,  en  effet,  singulièrement  de 
l'écriture  des  plus  anciennes  inscriptions  hébraïques,  la  stèle  de 
Mésa  et  l'inscription  de  Siloé.  Cet  alphabet,  consacré  parla  tra- 
dition, est  resté  le  seul  en  usage  sur  les  monnaies  purement  juives, 
même  après  que  l'alphabet  carré,  venu  de  Babylone,  se  fut  introduit 
dans  l'usage  courant  :  entre  les  monnaies  de  Jean  Hyrcan  (135 
avant  J.-C.)  et  celles  de  Barcochébas  (135  après  J.-C),  il  n'y  a 
aucune  différence  paléographique  appréciable  * .  On  peut  affirmer 
que  toute  monnaie  juive  écrite  e7i  hébreu  carré  est  une  falsification 
mod^/ne. 


^  Il  faut  renoncer  à  chercher  une  indication  chronologique  dans  la  forme  poin- 
tue ou  arrondie  du  shin.  On  a  beaucoup  de  médailles  des  révoltes  où  le  shin 
■ffecie  la  première  forme  sur  une  des  faces  et  la  seconde  sur  l'autre.  D'autre 
part  le  skin  arrondi  figure  déjà  sur  les  bronzes  de  Jean  Ujrcan  I,  et  ceux  d'An- 
tigone  ont  un  shin  semblable  ù  un  digamma  renversé,  qui  ne  se  trouve  nulle 
part  ailleurs. 


CXCVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 


III 


La  dynastie  hasmonéenne  finit,  comme  la  plupart  des  dynasties 
orientales,  dans  le  sang  et  rimbécillité  :  les  derniers  princes  de  cette 
race  furent  ou  des  tyrans  féroces,  comme  Alexandre  Jannée,  ou  des 
grands  prêtres  à  moitié  stupides,  comme  Jean  Hyrcan  II.  A  deux 
reprises  différentes,  les  guerres  civiles  des  Juifs  nécessitèrent  l'in- 
tervention armée  des  Romains, qui,  en  04  av.  J.-C,  avaient  conquis 
la  Syrie  et  succédé  aux  Séleucides  en  qualité  de  suzerains  des  Juifs. 
En  63,  Pompée,  pris  comme  arbitre  entre  les  deux  frères  Hyrcan  et 
Aristobule,  se  prononça  en  faveur  d'IIyrcan  et  prit  d'assaut  Jérusa- 
lem, défendue  par  les  partisans  de  Tautre  prétendant.  En  37,  un 
lieutenant  de  Marc- Antoine,  C.  Sosius,  conquit  de  nouveau  Jérusa- 
lem, où  le  fils  d'Aristobule,  Antigène  Mattathias,  s'était  installé 
avec  Tappui  des  Parthes  ;  le  dernier  descendant  des  Macchabées  fut 
fait  prisonnier,  mené  à  Antioche  et  décapité,  après  avoir  subi  le 
supplice  des  verges. 

Deux  curieuses  monnaies  romaines  nous  ont  conservé  un  souve- 
nir de  ces  événements.  La  première  (fig.  9)  est  un  denier  d'argent 
portant  le  nom  d'Aulus  Plautius,  qui  fut  édile  curule  avec  Plancius 
en  54  av.  J.-C;  ce  Plautius,  chaleureux  partisan  de  Pompée,  avait 
été  probablement  l'un  de  ses  lieutenants  pendant  son  expédition  de 
Syrie.  Sur  le  revers  de  son  denier  on  voit  un  personnage  à  genoux, 
tendant  un  rameau  de  suppliant  et  tenant  un   chameau  par  la 
bride  ;   autour,  la  légende  Bacchius  Judaeus.  Ce  type  est  exacte- 
ment copié  sur  les  monnaies  de  Scaurus,  frappées  quelques  an- 
nées auparavant,  et  qui  commémoraient  la  victoire  de  ce  général 
(autre  lieutenant  de  Pompée)  sur  Arétas,  roi  des  Nabatéens  :  la  lé- 
gende était  ici  Rex  Aretas.  Nul  doute  que  Bacchius  judcieus  ne  soit 
quelque  principicule  plus  ou  moins  juif  de  Syrie,  dont  la  soumis- 
sion avait  été  l'œuvre  de  Plautius  ;  les  textes  ne  nous  parlent  pas 
de  ce  personnage,  mais  on  sait  qu'au  moment  du  passage  de  Pom- 
pée il  existait,  dans  la  région  du  Liban,  plusieurs  dynastes  de 
ce  genre,  tenant  le  milieu  entre  le  chef  de  brigands  et  le  roi. 


Le  bronze  de  8osius  (fig,  10)  est  odcofô  plus  intéressant,  car  il  a 
«ervi  de  prototype  aux  fanaoîises  monnaies  de  Vespasien  avG€  la 
légende  Judaea  capia.  Le  revers  représente  un  trophée  dressé  entre 
mu  prisoDnier  jtiif  enchaîné  (Anti^rone)  et  une  captive  juive,  per- 
wwiificatioii  de  la  Judée.  Autour,  le  nom  du  vainqueur  :  C,  Sosius 
inp(&ratorf.  Sur  la  face  de  la  médaille,  le  portrait  d*  A  atome  et 
te  lettres  Za^  initiales  du  mot  ZacynlhuSj  Tile  ionienne  où  lut 
frifpé  notre  bronze. 


Fin.  iO, 

A  la  place  des  Hasmoaéeiis,  dont  la  descendance  masculine  était 
^t^ÎDte,  les  Romains  mirent  sur  le  trùne  de  Judée  llduméen  Ilérode, 
^«nt  le  père  Antipater  avait  été  déjà  le  «  maire  du  Palais  » 
'^Hjrcan  IL  Ilérode  régna  trente-trois  ans  et  fut  un  despote  actif, 
«niel  et  fastueux.  Au  point  de  vue  politique,  il  se  montra  le  très 
Awite  vassal  des  Romains  ;  comme  la  plupart  des  autres  princes 
Vlltaux,  il  ne  fut  autorisé  qu  a  frapper  des  monnaies  de  bronze. 
^oique  peu  enclin  au  pharîsaïsme  et  probablement  peu  croyant 

■  Jo«èpb«,  Âmt,t   XIV,  3.  2.  H   élait  lyttiu  do  ïripoUa.  Sou  voisin  Silts  est 
qutlîfié  de  juif. 
ACT.  BT  CONP.,   T.  1.  <5 


CXCVni  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

lui-même,  Hérode  respecta  le  sentiment  national  dans  lo  choix  de 
ses  types  monétaires  ;  il  n'y  lit  figurer  que  des  objets  inanimés,  les 
uns  empruntés  aux  bronzes  hasmonéens  (palme,  couronne,  corne 
d'abondance),  les  autres  nouveaux  (trépied,  casque,  acrostolion)^  ac- 
cusant parfois  des  prétentions  à  une  origine  macédonienne  (bouclier 
macédonien).  Les  pièces  les  plus  remarquables  (fig.  11)  sont  celles 
qui  portent  une  date  régnale  (an  3)  et  un  monogramme,  qui  est  une 


F%§.  44. 

marque  de  valeur  (initiales  du  mot  iptxaXxov).  Sur  toutes  ces  mon- 
naies, comme  sur  celles  des  autres  princes  de  la  dynastie  iduméenne, 
la  légende  est  purement  grecque  :  BaaiXéw;  HpwSou,  «  le  roi  Hérode  » 
(on  sait  qu*à  partir  d'IIérode  les  fonctions  de  roi  et  de  gi'and  prêtre 
furent  rigoureusement  séparées).  L'emploi  exclusif  de  la  langue 
hellénique  prouve  combien  la  connaissance  do  cette  langue  était 
répandue  parmi  les  Juifs. 

Vers  la  fin  de  sa  vie,  Hérode  paraît  s'être  départi  de  ses  ména- 
gements habituels  envers  les  sentiments  ou  les  préjugés  religieux 


de  ses  sujets.|ll  planta  un  aigle  d'or  sur  le  fronton  du  temple  de 
Jéhoyah  et,  peu  do  jours  avant  sa  mort,  il  étouifa  dans  le  sang  une 
révolte  que  provoqua  cet  emblème  païen  * .  On  attribue  à  cette 
période  agitée  quelques  petits  bronzes  au  revers  desquels  figure  un 
aigle  (fig.  12). 

*  Jofiôphe,  Ant,  jud.,  XVII,  2,  et  B.  jud,,  I,  33,  2. 


LES  MONNAIES  JUIVES  CXCIX 


Hérode  mort,  ses  états  furent  partagés  entre  ses  fils,  qui  durent 
se  contenter  des  titres  plus  modestes  de  iètrarqus  et  d'eihnarque. 
Hérode  Philippe  régna  sur  les  territoires  de  l'est  et  du  nord-est 
(Eatanée,  Trachonitide,  Haouran),  à  la  lisière  du  désert  ;  Hérode 
Antlpaa  eut  la  Galilée  et  la  Pérée  ;  là  Judée  proprement  dite  fut 
attribuée  au  fils  aîné,  Hérode  Archélaûs.  Les  deux  premiers  princes 
eurent  un  règne  prolongé;  leurs  monnaies,  peu  intéressantes,  n'ap- 
partiennent pas,  à  proprement  parler,  à  la  numismatique  juive. 
Toutes  ont  des  dates  régnales  et  des  légendes  grecques  :  «  Hérode 
(ou  Philippe)  létrarque  »  d'un  côté,  le  nom  de  Tempereur  régnant 
de  l'auti'e  *.  Quant  aux  types,  les  bronzes  d'Antipas  ont  la  palme  et 
la  couronne,  ceux  de  Philippe  (fig.  13),  frappés  dans  un  pays  où  la 
population  juive  était  en  minorité,  se  sont  afi'ranchis  de  l'observation 
du  précepte  du  Décalogue  sur  la  figuration  d'êtres  vivants  :  ils 
représentent  d'un  côté  la  tête  de  l'empereur,  de  Tautre  un  temple 
tétrastyle,  sans  doute  le  temple  d^ Auguste  bâti  par  Hérode  le  Grand 
dans  la  ville  de  Césarée-Panias,  où  résidait  Philippe. 


Fig,  43. 

Revenons  à  Jérusalem.  Hérode  Archélaûs,  le  fils  d'Hérode  le 
Grand,  y  frappa  des  monnaies  on  bronze  semblables  à  celles  de  son 
père,  avec  la  légende  grecque  «  Hérode  ethnarque  »  et  des  types 
aussi  nombreux  qu'insignifiants*.  Au  bout  de  dix  ans,  ce  tyran  bru- 
tal se  rendit  si  impopulaire  que  les  notables  juifs  demandèrent  et 
obtinrent  sa  déposition  :  Archélaûs  fut  exilé  à  Vienne  en  Gaule,  et 
la  Judée  réduite  en  province  (6  apr.  J.-C).  Cependant  la  dynastie 
iduméenne  devait  encore  fournir  un  souverain  à  la  Judée.  Trente 
ans  après  la  déposition  d' Archélaûs,  un  petit-fils  d'Hérode,  Agrippa, 

^  Sur  quelques  moniiaies  d'Antipas^  le  Dom  de  Tempereur  est  remplacé  par 
celui  de  la  capitale  (Tibériade).  C'est  un  billon  muDicipal. 

*  Grappe,  casque,  caducée,  ancre,  proue,  corne  d'abondancei  eouroane,  galère. 


ce  ACTES  KT  CONFÉRExNCES 

qui,  élevé  à  Rome,  avait  su  se  rendre  agréable  à  Caligula,  obtint  de 
celui-ci  les  tétrarchies  d'Antipas  et  de  Philippe,  devenues  vacantes 
par  la  mort  ou  Texil  de  leurs  titulaires  (37-40).  Après  la  mort  de 
Caligula  et  l'élévation  de  Claude,  à  laquelle  il  avait  contribué,  il  j 
ajouta  la  Judée  elle-même.  Agrippa  réunit  ainsi  sous  son  sceptre 
toutes  les  possessions  de  son  aïeul,  et  fut  autorisé  à  prendre  le  titre 
royal.  Cet  ancien  libertin  fut  un  roi  selon  le  cœur  des  pharisiens. 
Ses  monnaies  proprement  juives  (fig.  14)  présentent  au  droit  le  type 
singulier  d'un  parasol,  qu'on  a  pris  aussi  pour  un  tabernacle  ;  au 
revers,  trois  épis,  symbole  de  prospérité.  Il  s'y  intitule  en  grec 
«  le  roi  Agrippa  »  et  y  marque  uno  date  régnale. 


Fig.  44, 

Outre  ces  monnaies,  destinées  à  circuler  en  pays  juif,  AgripP* 
frappa  des  pièces   beaucoup  moins  orthodoxes  où  figurèrent  des 
types  absolument  païens  (Victoire,  Fortune,  etc.),  le  portrait  de 
l'empereur  régnant,  quelquefois  môme  celui  d' Agrippa  et  de  son 
fils  à  cheval.  Sur  quelques-unes,  comme  sur  ses  inscriptions  lapi- 
daires, il  s'intitule  pompeusement  «  le  grand  roi  Agrippa,  ami  de 
César  »  (BajiXeî;;  iiëya;  'Avpfîrroç  «piXdxaiaap).    Ces  monnaies  n'étaient 
sans  doute  destinées  qu'à  circuler  dans  les  anciennes  tétrarchies 
d'Agrippa  ou  dans  les  villes  du  littoral,  où  la  population  était  très 
mêlée;  la  plupart  portent,   en  effet,  le  nom  d'une  ville  nouvelle, 
Césarée  ou  Tibériade. 

Enfin,  un  troisième  type  o?t  représenté  par  une  pièce  fort  sin- 
gulière, qui  parait  moins  une  monnaie  proprement  dite  qu  une 
médaille  commémorative  de  l'avènement  d'Agrippa  et  de  son 
alliance  avec  les  Romains.  Elle  nous  montre,  d'un  côté,  le  roi 
couronné  par  deux  tigures  féminines,  avec  la  légende  «  le  roi 
Agrippa,  ami  de  César  »,  de  l'autre,  deux  mains  jointes  dans  une 
guirlande  —  symbole  d'un  traité  d'alliance  —  et  une  longue  ins- 


LES  MONNAIES  JUIVES 


CCE 


l'Cription  :  «  Amitié  et  alliance  du  roi  Agrippa  avec  le  vSéiiat  et  le 
«pie  romain.  k> 

rippa  I*"*  ne  régna  en  Judée  que  quatre  ans.  A  sa  mort  (44) 
f-son  royaume  fut  pour  la  seconde  fois  réduit  en  province  romaine. 
L»a  Judée  proprement  dite  ne  changea  plus  jamais  de  condition 
politique  ;  quant  aux  autres  territoires  —  tétrarchies  d*Antipa3  et 
de  Philippe  —  elles  furent,  une  fois  de  plus,  constituées  en  prin- 
cipauté en  faveur  du  ûh  d'Âgrippa,   Agrippa  II  (le  frère  de  la 
fameuse  Bérénice),  dont  la  vie  se  prolongea  plua  d'un  demi-siôcle 
(jiifqu*en  lOO)»  Mais  quoique  Agrippa  II  fût  israélite  et  conservât 
quelques  droits  sur  Jérusalem,  notamment  celui  d*habiter  le  palais 
àèê  Hérode   et   de  nommer  le  grand  prêtre  »   sa   numismatique, 
comme  sa  politique,  n*eut  rien  de  national,  et  ce  n'est  que  par 
un  abus  de  langage  que  Ton  a  pu  compter  ses  moanaies  parmi 
les  monnaies  juives  '*  Il  on  est  do  même  des  monnaies  contompo- 
raines  du  «  royaume  *>   de  Cbalcis  dans  le   Liban,  ou  régna  une 
liraache  latérale  de  la  famille  des  Hérode  *. 


IV 


On  a  vu  qu*à  deux  reprises  différentes  —  après  la  déposition 
d'Archélaûs  et  à  la  mort  d'Agrippa  l^"^  — ,  la  Judée  fut  réduite  en 
dnce  par  les  Romains.  Cette  province,  avec  Césarée  pour  ehef- 
Q,  citait  gouvernée  par  un  fonctionnaire  d'ordre  assez  inférieur,  le 

l^UMmDAÎes  d^Agrippa  II  soqL  ûutonomes  ou  impiriûUs^  mais  ni  tes  unes 

BÎItiitiires  ne  sont  cou  formes  À  la  loi  Juive.  Les  premières  oat  au  droit  ta  tdlo 

>Agh|)pi,  itoe  tnaiD  teDsni  des  épis,  ou  une  lêLo  tourelêe  ;  les  aecondes,  la  tête 

w  r«mp<preur  féguant,  avec  sea  tilres  en  grec  ou  en  latin ,  Au  revers,  les  types 

•*t  lâriéB,  mais  asos  intéri^t.  (Fortiine,  victoire,  putôre.  couronne,  pulmkr,  ùu- 

K  coroc»  d'abondances  et  caducée,   ancre,    cercle.)  IL  exiaLe,   eu  outre,   rlas 

fto&iiatas  man  ici  pales  de  Césarée  de  Philippe  (appelée   maintenant  Nérooias) 

Hiia  Tibénade  portaul  le  uom  <rAgrippa,  Les  monnaiea  de  ce  prince  sont  toutes 

iitém^  mais  ses  domaines  ayant  varié  plusieurs   fois,  il  a  adoplé  des  ères  dif- 

Hfaitef  qisi  offrent  de  faraudes  eomplications. 

*  Hérode  Û^  frère  d'Agrippa  b'"  (41-^8);  son  fila  Aristobulo  et  la  rdûo  Sa- 

\  (BabeloD,  Rtvuê  nHmitmatiqm^  1S&3,  p.  14!>  ;  Imboof^   P&ftrâtkâpft,   VI, 

î.  a). 


CCIl  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

procurateur,  qui  dépendait,  au  point  de  vue  militaire,  du  légat  de 
Syrie.  La  monnaie  d'or  et  d'argent  romaine  supplanta  peu  à  peu, 
à  cette  époque,  là  monnaie  grecque  des  périodes  précédentes.  Il 
est  bien  encore  question  de  drachmes  attiques,  de  statères  tjriens 
—  spécialement  affectés  au  paiement  des  taxes  religieuses  — ,  mais 
la  monnaie  courante  du  commerce  est  le  denier  romain,  légalement 
assimilé  d'ailleurs  à  la  drachme  attique.  C'est  une  pièce  de  ce 
genre  (fig.  15)  que  les  pharisiens  et  les  «  hérodiens  »,  — c*est-à-dire 
les  partisans  de  la  république  théocratique  et  ceux  de  la  dynastie 
iduméenne  —  montrèrent  à  Jésus  en  lui  demandant  s'il  était  permis 
de  payer  le  tribut.  «  De  qui  est  cette  image  et  cette  inscription  ? 
leur  dit-il.  —  Ils  répondirent  :  de  César.  —  Rendez  donc  à  César 
ce  qui  est  à  César,  et  à  Dieu  ce  qui  est  à  Dieu  ^  » 


Fig.  45. 

Outre  ces  deniers  d'argent,  il  y  avait  encore  à  Jérusalem  une 
monnaie  divisionnaire  de  bronze,  émise  par  les  procurateurs  à  l'i- 
mitation des  princes  Hasmonéens  et  Iduméens.  Elle  portait  en 
grec  le  nom  de  Tempereur  régnant  —  auquel  était  parfois  associé 
ou  substitué  le  nom  de  la  mère  de  l'empereur,  de  sa  femme  ou  do 
ses  fils  —  et  une  date  régnale,  Cetle  monnaie  circulait  seulement 
en  Judée  et  était  probablement  fabriquée  par  des  ouvriers  juifs  ; 
c'est  pourquoi,  sans  doute,  les  procurateurs  n'y  firent  figurer  que 
des  emblèmes  inanimés,  conformes  à  la  loi  mosaïque  (épi,  palme, 
palmier,  corne  d'abondance,  diota,  vase  couvert,  couronne,  etc.). 
Je  reproduis  ici  (fig.  16)  une  pièce  du  procurateur  Ponce  Pilate, 
firappée  Tannée  de  la  Passion  (an  18  de  Tibère,  32  ans  après  J.-C). 
Les  types  sont  la  couronne  de  laurier  et  le  lituus  ou  bâton 
d'augure. 

*  Mathieu,  xxvi,  14. 


LES  MONNAIES  JUIVES 


CCIII 


Si  lés  procurateurs  avaient  montré  autant  de  tolérance  dans 
le  Teste  dô  leur  administration  que  dans  leur  monnayage,  la  Judée 
»ô  serait  facilement  résignée  à  la  perte  de  son  indépendance.  Mais 
doe  maladresses  nombreuses,  parfois  même  des  actes  de  persécution 


vr6/ 


Fig.  iff» 


Véritables,  froissèrent  le  sentiment  religieux  ;  ravarice  ou  Tînjus- 
tice  (le  certains  gouverneurs  achèveront  d'exaspérer  les  Juifs,  déjà 
«iir^xcités  par  !a  rivalité  des  partis  et  relfervescence  messianique. 
La  tjrannie  des  uns  croissait  dans  la  môme  mesure  que  le  fana- 
titme  des  autres;  un  jour  vint  enfin  où  la  mesure  fut  comble  et  où 
U  révolte  du  désespoir  éclata.  Elle  fut  accompagnée  d'excès  déplo- 
^les,  mais  Tacit>e  lui-même  reconnaît  que  les  premiers  torts 
cUient  du  c6té  des  Romains  «.  dtiravii  palmifia  Jtidmis  mque  ad 
(T'Hium  FJorttm.,,  *  t> 

La  révolution  juive  commença  le  IT  ijar  (mai)  66,  jour  où 
te  gouverneur  romain  fut  chassé  de  Jérusalem  ^  ;  e!le  se  termina  le 
8  EM  (septembre)  70»  jour  où  les  derniers  quartiers  de  la  ville 
foeût  repris  par  les  soldats  de  Titus  ^.  Elk  dura  donc  quatre  ans 
•t  «quelques  mois.  Dans  cet  intervalle,  les  Juifs  furent  miiures  de  la 
P«Iesiine  entière  (Judée,  Samarie  et  Galilée)  jusqu'à  la  lia  de  67, 
^'iine  partie  de  la  Judée  jusqu'au  milieu  do  61),  de  Jérusdem  soide- 
nient  et  de  quelques  moindres  forteresses  pendant  la  demi  ère 
toûéo.  Ces  dates,  on  le  verra,  ont  leur  importance  pour  notre 

iére  révolte  juive  nous  a  laissé  des  p^'èces  d'argent  et  de 
Les  pièces  d'argent  se  sont  retrouvées  on   assez   grand 


ipremi 


^Tidta,  iTùr.,  V,  10. 

'Jos^phe,  B.  Jud,,  II,  15,  :i-fl, 

*  ^W.,  VI,  g,  5.  On  sail  que  le  temple  aytit  «té  Irftlé  dès  lo  10  Ab  (toûl)  «t 


kk», 


_ii5^ 


CCIV 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


nombre,  notamment  dans  deux  cachettes,  Tune  à  Jérusalem, 
Tautre  à  Jéricho.  Ce  sonjb  là  les  sicks  et  les  demUsicles  qu*on  a  attri- 
bués successivement  à  un  grand  prêtre  du  temps  d*Alexandre,  à 
Esdras  et  à  Simon  Macchabée  *.  Le  sicle  (fîg.  17]  pèse  en  moyenne 
14  grammes  ;  il  a  pour  types  :  au  droit  une  coupe  —  et  non  pas  le 


— j 


^Je 


Fig,  41. 


«  pot  de  manne  »  du  désert  ;  —  au  revers^  un  lis  à  trois  fleurs  — 
non  pas  «  la  verge  fleurie  d'Aaron.  »  Les  légendes,  en  ancien -^■:=^s 
caractères  hébraïques  (dits  samarifains)^  sont  d*une  part  Shekel  Is^^^' 
raël  «  sicle  dlsraël  » ,  de  l'autre  Yerushalem  Kedoshah  «  Jérusaleirrr^û 
la  sainte.  »  Au-dessus  du  type  du  revers,  une  date,  marquée  pa  ^mr 
une  lettre  numérale,  qui,  sauf  pour  Tan  I,  est  précédée  d*un  thisC^^ 
(initiale  de  shenat,  année),  comme  sur  les  bronzes  d'Antigone. 

Les  demi-sicles,  qui  pèsent  en  moyenne  7  grammes,  ont  exac^^i^c- 
tement  l'aspect  et  les  types  des  sicles  (fig.  18),  seulement  au  droi  ^^Et 
la  légende  se  lit  :  ffafzi  ha  Sliekel  «  demi-sicle.  »  On  a  des  sicle  ^ss 


Fig.  48. 

des  cinq  années;  ceux  de  la  quatrième  sont  rares,  ceux  do  la  ci 
quième  rarissimes  et  d'un  travail  hàtif.   Quant  aux   demi-sicles 
on  n'en  connaît  que  pour  les  quatre  premières  années. 

'  L'attribution  des  sicles  a  la  premièro  révolte  des  Juifs  a  déjà  été  propo  " 
par  Ewald  {Gôtting.  Nachrichten,  1855,  p.  109  122),  et  acceptée  par  Schûr— 
Lehrbuch,  1»*  éd.,  p.  365. 


-er, 


i 


LES  MONNAIES  JUIVES 


'ccv 


Outra  les  sicles  en  argent,  il  existe  encore  quelques  sicles  en 
broDze  des  ans  3  et  4,  exactement  pareils  aux  pièces  d'argent  ;  mais 
00  ne  sont  pas  les  seules  pièces  de  bronze  frappées  pendant  la  pre- 
mière révolte.  Nous  en  avons  d* abord  qui  partent  pour  type 
(ûg*  19)  :  une  feuille  de  vigne  (ou  de  ûguler)  et  un  vase  à  anse,  avec 
au  sans  couvercle  ;  pour  légende  :  Herid  Zion  u  Liberté  de  Sîon  » 
et  une  date»  en  toutes  lettres  :  Shmal  àSit^iaim  a  an  2  »,  ou  Shmiai 
Shalo$k  «  an  3  »* 


Fig.  ^3. 

Nous  en  avons  d'autres  (fig.  20)  de  trois  modules  difTérents,  ayant 
|xwir  type  ordinaire  Yetrog  et  les  deux  hufab,  c* est- à* dire  le  cédrat 
et  le  bouquet  do  rameaux  que  les  Juifs  portaient  dans  la  (èie  des 
tabernacles  ;  à  ces  symboles  s'ajoutent  tantôt  un  palmier  entre  deux 
corlieîHes  de  fruits^  tant^Vt  une  coupe.  I,e3  pièces  ont  pour  légende 
uniforme  Lûjtdîat  Zion  «  Bélivranco  de  Sion  »  et  la  date  —  en 
toutes  lettres  —  Shmai  Arha  <t  an  4  33 ,  La  data  est  suivie  de  la 
que  de  valeur  :  Hatzt  «  un  tlomi-sîcle  »  ;  Rêhia^  a  un  quart  »  (de 

le),  ou  d'aucune  mention,  suivant  les  motlule^i. 


irt 


7o0f 


â 


Nous  connaissons  maintenant  tous  les  types  monétaires  de  la 
pnmiére  révolte,  et  ce  tableau  se  passe  presque  de  commentaires. 
On  voit  qu*iin  dos  premiers  soucis  des  chefs  de  la  révolution  vîc- 
lorieuse  fut  do  frapper  des  monnaies  d'argent  —  les  premières 


CCVl  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

que  nous  ayons  rencontrées  dans  la  numismatique  juive  —  pour 
mieux  affirmer  Tiadépendance  reconquise.  Ces  pièces  étaient  parti- 
culièrement destinées  au  paiement  de  la  taxe  du  temple;  aussi 
furent-elles  exactement  calquées  —  comme  poids,  aspect  et  dimen- 
sions —  sur  les  pièces  tyriennes  qui  avaient  servi  jusqu'alors  à  cet 
usage  ;  celles-ci  commençaient  d'ailleurs  à  devenir  rares,  le  mon- 
nayage d'argent  ayant  cessé  à  Tyr  en  56  ap.  J.-C.  •.  Le  demi-dcle 
était  le  montant  de  la  contribution  individuelle,  le  sicle  servait 
pour  deux  contribuables,  parents  ou  amis,  à  la  fois  :  on  voit  par 
les  textes  que  ce  genre  de  paiement  collectif  était  fréquent  '.  On 
emprunta  aux  pièces  tyriennes,  outre  leur  poids,  leur  légende: 
Yerushalem  Kedoshah  n'est  que  la  traduction  de  l'inscription  des 
statures  de  Tyr  :  Tupou  lepîç  xai  àsùXou.  L'indication  de  la  date  est 
aussi,  peut-être,  une  imitation  de  ces  pièces  ;  mais  elle  trouvait  déjà 
des  précédents  dans  la  numismatique  juive. 

La  nouvelle  ère  eut  pour  point  de  départ  l'année  66,  sans  doute 
le  1®^  nisan  (avril)  de  cette  année  —  commencement  de  l'année  reli- 
gieuse — ,  quoique  la  révolte  n'eût  éclaté  qu'en  mai.  Cette  remarque 
explique  bien  des  faits  qui  ont  embarrassé  les  savants.  Si  les  sicles 
de  la  4°  année  sont  rares,  c'est   que  cette  année-là  commença 
le  siège  do  Jérusalem  et  que  l'argent  dut  bientôt  se  raréfier.  Si  les 
licles  de  la  5°  année  sont  rarissimes,  c'est  que  cette  année  ne  dura 
en  fait  que  quelques  mois,  la  ville  ayant  été  prise  dès  le  mois  d'août. 
Une  raison  analogue  explique  les  sides  de  bronze  qu'on  rencontre  à 
partir  do  la  3°  année  ;  c'était  sans  doute  une  monnaie  ohsidionale, 
émise  par  le  gouvernement  anarchique  de  la  cité.  Il  en  est  de  môme 
des  bronzes  «  à  Yeirog  »  de  la  4*  année.  Ces  bronzes,  comme  l'in- 
diquent leurs  légendes,  ont  une  valeur  légale  de  un  demi,  un  quart 
(et  probablement  un  sixième  ou  huitième)  de  sicle,  quoique  leur 
valeur  intrinsèque  soit  à  peu  près  nulle  ;  c'est  une  sorte  de  papier 
monnaie  à  cours  forcé.  Au  contraire,  les  bronzes  des  ans  2  et  3  sont 
une  monnaie  divisionnaire  ordinaire,  analogue  à  celle  que  nous 

*  Madden  (p.  294,  note  4)  cite  un  statère  tjrrien  de  Tan  65  ;  il  y  a  là,  peut-être, 
une  erreur  de  lecture. 

*  Mathieu^  xvii,  24-27,  où  Jésus  et   Pierre  paient  un  statère  pour  s^acquitter 
ensemble. 


LES  MONNAIES  jriVES 


ccvn 


atoBj  vue  aux  époques  précédentes.  Ces  différences  de  deatînation 
ox(i)i(|uent  les  diîïéreitces  de  types  et  de  modules  antre  les  deux 
clak<os  de  bronzes. 

Le^  types  de  toutes  ces  monnaies  révolutionnaires  sont  naturel- 
Jûineut  conformes  aux  lois  mosaïques  et,  de  plus,  assez  heureuse- 
ment choisis.  La  feuille  de  vigne,  la  fleur  de  lis  rappellent  denx 
des  principaux  produit'?  végétaux  du  pays.  La  coupe  et  le  vase  re- 
pK'^efitont  gro3&iL'rement  les  ustensiles  sacrés  du  temple,  Vdrog 
et  le*  louîah  font  allusion  à  Tune  des  cérémonies  les  plus  impor- 
rjiiile^  du  culte  juif»  qui  pendant  ces  années  exaltées,  où  one  î^rande 
partie  du  peuple  des  campagnes  s'était  réfugiée  à  Jérusalem,  do- 
vail  se  célébrer  avec  un  éclat  extraordinaire. 


Apre»  quatre  ans  et  demi  do  durée,  la  révolution  juive  fut  étouffée 
4uw  le  sang.  Non-seulement  il  ne  fut  plus  question  de  l'indépen- 
danoô  dlsraël,  mais  la  Palestine  devint  une  province  spéciale 
"><scttpée  par  une  légion  romaine  (la  X**  Freîensis ,  dont  il  reste 
<fei  moimaies} ;  la  ville  sainte  et  le  temple  incendié  restèrent  en 

lijies.  Les  Romain»  célébrèrent  leur  victoire,  chèpement  achetée, 
FP l'érection  de  Tare. de  Titus  et  par  de  nombreuses  monnaies  de 
tJOtan?tal  et  de  tout  module,  dont  les  types  font  allusion  à  la  ré- 

''<^ion  de  Tinsurrection  juive.  Ces  monnaies,  frappées  au  nom  et 
à  Wli^e  des  empereurs  Vespasien,  Tilus  et  Domitien,  semlïlent 
»'^trQ  inspirées  de  la  monnaie  de  Sosius  citée  plus  haut,  qui  commé- 
niwaitla  débite  du  dernier  des  Macchabées.  Le  ty^e  le  plus  ordi- 

'>ir»  représente  une  captive  —  la  Judée  —  assise  ou  debout,  au 
M  «l'un  palmier  ou  d'un  trophée.  De  l'autre  côté  de  ce  motif  cen- 
*^1,  un  voit  tantùt,  comme  sur  la  monnaie  de  Bosius,  un  prisonnier 
J'Jïf,  tantôt  'fig.  21)  Fempereur  victorieux,  en  costume  militaire, 
l^^us  uue  autre  classe  de  monnaies,  le  type  est  la  Victoire  écrivant 
'«  t»oin  de  l'empereur  sur  un  bouclier  qu^ella  appuie  contre  un  pal- 
iiiïcr.  Lft  légende  —  Judaea  tkvicia  sur  les  pièces  d*or  et  d'argent 


CCVIII 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


(parfois  en  grec  :  iotaaias  EAAûKriAE),  JiidcM  copia  sur  les  bronzes 
—  ne  laisse  aucun  doute  sur  la  signification  de  ces  symboles 
transparents  *. 


Fig,  st. 

Dans  rinteryalle  de  soixante  ans  qui  sépare  les  deux  insurrections, 
nous  trouvons  encore  deux  monnaies  romaines  qui  se  rattacbent 
étroitement  à  l'histoire  juive.  L'une  est  le  grand  bronze  de  Nerva 
(96-98)  (fig.  22),  dont  le  revers  présente  l'image  d'un  palmier,  avec 
la  légende  :  Fisci  jtidaki  calumnia  mhlata  (suppression  des  déla- 
tions du  fisc  judaïque).  Le  fisc  judaïque  n'était  autre  chose  que 
l'impôt  du  demi-sicle  (ou  du  didrachme)  par  tête,  payé  naguère  par 


Fig.  22. 

tout  fidèle  au  temple  de  Jérusalem,  et  que  les  Romains,  maintenant 
que  le  temple  n'existait  plus,  réclamaient  à  leur  profit  :  les  Juifs 

*  Une  pièce  unique  avec  la  légende  Juâea  navalis  (Cohen,  Monnaie*  impt^ 
rialeSf  i,  3G5}  fait  allusion  aux  victoires  navales  que  les  Romains  remportèrent 
sur  les  pirates  juifs  de  Joppé  et  sur  les  malheureux  qui  tâchaient  de  s'enfair  sur 
le  lac  de  Génésarcth  (Josèphe,  III,  9). 


LES  MONNAIES  JUIVES 


COX 


abhorPAient,  avec  raison,  cette  taxe  impie,  dont  le  produit  était 
versé  au  trésor  de  Jupiter  Ca^ïitolin  à  Rome  ;  aussi  s'eiTorçaiGut-ils 
de  dissimuler  leur  qualité  d'israélitest  pour  se  soustrairo  au  paie- 
i^meat.  Ces  dissimulations  entraînèrent  des  délations,  des  poursuites 
reiatoires  et  des  visites...  plus  que  domiciliaires.  Le  bronze  de 
N«rva,  qui  appartient  à  une  époque  d'apaisement  relatif,  cem- 
niéuiore  la  suppression  de  ces  abus  {Calumma),  sinon  do  la  taxé 
elleméme. 

Le  bronze  d'Adrien  [tig.  23),  frappé  sous  son  3*  consulat  (130), 
n*«st  pas  moins  curieux.  C^est  un  souvenir  du  voyage  que  cet  ena* 
pereur  nomade  fit  en  Judée  et  de  Fempressement  —  officiel  —  avec 
le<[«ol  il  y  fut  accueilli.  On  y  voit  la  Judée,  suivie  de  ses  enfanta, 
«'avançant  vers  Adrien;  une  patère  à  la  main,  pour  offrir  une 
libation  sur  Tautel  où  monte  déjà  la  flamme;  derrière  elle  marche 
un  Ucaf,  victime  désignée  pour  le  sacrilice.  Légende  :  a  La  Judée 
a  la  rencontre  de  Fempereur*  » 


Fiff,  23. 


^Tisites  impériales,  cet  enthousiasme  de  commande,  c'était  le 

qui  précédait  Forage.  Déjà  à  la  fia  du   règne  de  Trajan, 

**©  sanglante  insurreclLon  avait  éclaté  parmi  les  colonies  juives 

'*^  lu  Mésopotamie,  de  Chypre,  de  FEgypte  et  de  la  Cyrénaïque. 

^   la  suite  du  voyage  d'Adrien  et  d'actes  de  provocation,  doat  le 

^tail  est  mal  connu,  les  Juifs  de  Palestino  prirent  les  armes  à  leur 

^^*l^  (133),  La  révolte  fut  longue  et  acliarnée  ;   elle  eut  pour  chef 

veDturler  que  les  textes  appellent  Barcochébas  (Bar  Cochba) 

ils  de  Fétoile  jî,  soit  par  une  altération  de  son  nom  véritable 

*'"  CWî&i/j,  soit  par  allusion  à  la  prophétie  de  Balaam  :  «  Une 


\(^r 


1 


CCX  ACTES  ET  COiNFÉRENCES 

ôtoila  est  procédée  de  Jacob  et  un  sceptre  s'est  élevé  d'Israël  ;  il 
transpercera  les  chefs  de  Moab  et  il  détruira  les  enfants  de  Seth  *.  » 
Barcochébas  se  faisait,  en  eflet,  passer  pour  le  Messie,  et  il  fut  re- 
connu pour  tel  par  Tillustre  docteur  Akiba.  Celui-ci  et  un  autre 
rabbin,  Ëléazar  de  Modéin,  oncle  do  Barcochébas,  que  son  neveu 
finit  par  soupçonner  de  trahison  et  tua  d'un  coup  de  pied,  furent 
d'ailleurs  les  seuls  docteurs  notables  qui  prirent  parti  pour  l'insur- 
rection ;  le  reste  du  sanhédrin  se  tint  à  l'écart.  Les  rebelles,  qui 
étaient  au  nombre  de  200,000,  après  avoir  occupé  de  nombreuses 
places  et  probablement  même  Jérusalem,  furent  traqués  de  repaire 
en  repaire  et  finalement  exterminés  dans  la  forteresse  de  Béthar, 
leur  dernier  refuge  (135). 

Comme  ses  prédécesseurs,  les  insurgés  de  66,  Barcochébas  affirma 
l'indépendance  de  la  Judée  en  frappant  monnaie  ;  mais  son  in- 
surrection eut  un  caractère  bien  différent. de  la  première  et  cette 
différence  se  traduit  dans  les  types  et  les  légendes  monétaires. 

En  premier  lieu,  les  insurgés  de  66  étaient  des  pharisiens  exaltés 
(zélateurs),  démocrates  jaloux,  indisciplinés  et  niveleurs  ;  aussi  leur 
monnaie  ne  porte-t-elle  aucun  nom  propre.  Tre^  du^es,  lot  exercifus, 
dit  Tacite;  les  partisans  d'Eléazar,  fils  de  Simon,  auraient  refusé 
de  se  servir  de  la  monnaie  de  Simon  Bargioras,  ceux  de  Bargioras 
n'auraient  pas  voulu  de  la  monnaie  de  Jean  de  Giscala.  Le  nom 
sacré  de  Jérusalem  mettait  tout  le  monde  d'accord,  Au  contraire, 
Barcochébas  parait  avoir  été  dictateur  absolu  ;  il  visait  clairement 
à  la  royauté,  et  comme  son  oncle,  *Eléazar,  était  originaire  de 
Modéïn,  patrie  des  Macchabées,  il  n'est  nullement  impossible  que 
Barcochébas  rattachât  son  origine  à  la  famille  royale  des  Hasmo- 
néens*.  Aussi  fit-il  figurer  son  propre  nom  sur  l'immense  majorité  de 
ses  monnaies,  mais  ce  nom  n'est  pas  celui  que  lui  donnent  les  textes 
païens,  chrétiens  ou  talmudiques,  —  celui-ci  n'est  qu'un  sobriquet  ou 
un  patronymique,  — mais  le  nom  de  Simon,  que  les  médailles  seules 
nous  font  connaître .  Le  nom  de  Simon  établissait  un  lien  de  plus 

*  Nombres,  xxiv,  17, 

*  Dans  le  texte  inintelligible  de  SynccUe  (p.  600,  18  :  Xoxe6âç  Ttç  ô  iioyoYtvf^ 
Vj^eÎTo)  il  est  possible  que  se  cache  le  mot  AvaiicdVOYev'^ç,  •  descendttnt  des 
Asmonéens.  » 


LKS  MONNAIES  JUIVES 


CGXI 


I 


cûUb  uoljre  îûstirgé  et  son  prototype,  Simon  Macchabéo  ;  on  ne  floit 

P<u  trop  séigaaer  qu'il  n*ait  pas  été  traDsmiâ  par  les  textes,  car 

>us  savons  par  (Vautres  exemples  que  lei  personiieîî  qui  portaient 

noms  tivs  communs  étaient  habit^jellement  désignées  par  leurs 

patronymiques,  pour  éviter  la  coniusion.  C'est  ainsi  que,  dans  la 

pi^emierâîasurrection,  Simon  Bar-Gîoras  est  appelé  par  Dion  Cassius 

Balaierai,  tout  court,  et  Tacite  lui  donne  même  par  erreui"  le 

«  prénom  »  de  Jean  * . 

Une  seconde  diflérence  entre  Barcochébas  et  les  premiers  insur- 
gés, c'est  que  ceux-ci  étaient  en  possession  des  trésors  du  temple 
do  Jérusalem  et  purent  j  puiser  abondamment  —  au  moins  pendant 
les  premières  années  —  le  métal   nécessaire  à  la  fabrication  des 
ÛAiis  de  leurs  pièces.  A  Tépoque  de  Barcocbébas,  temple  et  trésor 
n 'dictaient  plus,  les  insui'g:és  étaient  de  pauvres  gens  qui  n'avaient 
guère  d'autre  argent  que  celui  qu'ils  enlevaient.  Cet  argeat  leur 
^rriTait  soua  la  forme  de  deniers  romains  et  c*e$t  sous  cette  forme 
<|a*iis  le  conservèrent  ;  ils  se  contentèrent  de  le  surtrapper  avec  des 
caiûs  orthodoxes  de  leur  ûiçon,  pour  (aire  disparaître  k>^  tvpes  et 
inscriptions  qui  rappelaient  un  régime  odieux.  Tous  les  deniers  de 
B^rcochëbas  sont  des  deniers  romains  surfrappes,  et  la  surfrappe 
m  même  été  quelquefois  si   hâtive  que  )*nncienno  légende  est  en- 
•or«  visible  au  bord  du  tlun  :  ce  sont  mémo  ces  pièces,  où  Ton  a  pu 
d^hiflrai*  les  noms  d'empereurs  romains  postérieurs  à  la  première 
ré^'olte  Galba,  Vespasien,  Trajan,  etc.),  qui  ont  permis  d'attribuer 
•i'uae  façon  certaine  à  Barcocliébas  les  déniera  de  Simon.  Bien  en* 
tendu,  les  pièces  ou  la  surû^appe  n'est  pas  apparente,  ayant  exacte- 
ttiont  le  poids,  les  types,  les  légendes  des  autres,  appartiennent  à 
*A  même  époque  et  ne  sont  elles-mêmes  que  des  deniers  surfrappés, 
ui^s  avec  plus  de  soin  :  les  numismatistes  u'auratent  jamais  dû  s'y 
tromper. 

Ces  observations  générales  me  permettent  d'être  très  br.^f  dans 
l  i^ûuaiération  des  types  monétaires  de  Barcocbébas.  Son  monnayage 
comprend  des  pièces  d'argent  et  de  bronze.  Les  premières  sont,  tout 
i' abord,  les  deniers  romains  surfrappés  dont  il  vient  d'être  quesiion 


*  Ti«il.,  HisL,  V,  m  Dion,  XV1^7. 


n 


CCXII 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


(fig.  24).  Les  types  sont,  au  droit,  la  couronne  ou  la  grappe,  au  re- 
vers, un  vase  et  une  palme,  une  palme  seule,  une  lyre,  ou  deux 
trompettes  (instruments  sacrés  qui  sont  aussi  représentés  sur  Tare 


Fig,  24. 

de  Titus).  La  légende  du  droit  est  invariablement  Simon  (nom 
quelquefois  orthographié  d'une  façon  bizarre)  ;  au  revers  Sli  (enat) 
het  leher'syii)  Israël  a  an  2  de  la  liberté  d'Israël  »,  ou  Leherut  Ye- 
rushalem  «  liberté  de  Jérusalem  y>.  Les  pièces  avec  cette  dernière 
légende,  qui  ne  se  distinguent  en  rien  des  auti'es,  paraissent  avoir 
été  frappées  à  Jérusalem  et  conûrment  ainsi  Tindication  fournie 
par  plusieurs  textes,  que  les  insurgés  furent  pendant  quelque  temps 
maîtres  des  ruines  de  cette  ville. 

C*est  aussi  par  une  occupation  temporaire  de  Jérusalem  et  par  un 
projet  de  relèvement  du  temple  qu'il  faut  expliquer  l'existence  d'un 
certain  nombre  de  aides  frappés  pendant  la  première  révolte  (fig.  25). 
C'est  une  monnaie  arcMisante,  destinée  à  permettre  aux  juifs  pieux 


Fig,  iô. 

de  payer  le  montant  exact  de  la  taxe  du  temple  de  Jérusalem, 
conformément   aux  anciennes    prescriptions  *.   Cette    destination 

*  Ces  sicles  eux-mômes  sont,  en  partie  du  moins,  refrappés  sur  des  tétra- 
drachmes  gréco-romains  (d'Aniioche).  Les  tétradrachmes  d'Antioche  sont  Irappés 
d'après  le  système  allique,  mais  on  a  déjà  vu  que,  par  suite  de  U  dépréciation 


LKS  MONNAIES  JUiVKS 


ocxiii 


f 


^t  bien  iadiuuée  par  le  type  de  ces  sicles  :  un  portique  à  quatre 

coioanes,   repréàeuiation   idéale   du   temple    de  Jéruiulem,   qu'on 

^  propôâait  de  rebâtir.  Au-dessus  du  temple  ligure  parfois  une 

étoile^  qui  peut  être  une  allusion  au  surnom  messianique  de  Biiiiun 

«  flls  de  Tétoile  «».  Le  type  du  revers»  etrot^  et  hulalfj  est  un  sou- 

<  venir  des  types  analogues  de  la  première  révolte.  Quant  à  la 

ié^nde,  le  droit  présente  tantôt  le  nom  de  Jérusalem,  tantôt  celui 

à^  Simon  ;  le  revers,  soit  Sfienai  ahai  liguUat  Israël  a  an  1  do 

Ia  délivrance  d'Israël  d,  soit  iSh(ejmt)  Bd  kher{ui}  Israël  «  an  2 

à^  là  liberté  dlsraûl  t*,  soit  tout  fiimplemeût  Lehirul  Yenuhaiem 

«  liberté  de  Jérusalem  ^. 

Il  681  essentiel  de  remarquer  que  le  nom  de  Simon  ne  figure  ja- 
mais sur  les  sicles  de  la  première  année.  La  même  obsen^ation 
«^applique  d'ailleurs  aux  deniers  :  toua  les  deniers  datés  de  Simon 
portent  la  date  an  2.  Qui  donc  était  le  monétaire  principal  de 
Van  4  ?  La  réponse  a  été  fournie  par  la  découverte  assez  récente 
des  deniers  suivants  (ôg.  26),  en  très  petit  nombre  d'ailleurs,  ayant 
pour  types  le  vase  et  la  palme  d*une  part,  la  grappe  de  l'autre; 
pour  légendes  Ekazar  hakkohen  [Éiéazar  le  prêtre]  et  Sliênai  ahai 


^^uliat  hraël  (An  1  de  la  délivrance  d" Israël).  Ces  deniers  sont 
cûQtemjMjraiDS  de  ceux  de  Simon  —  comme  le  prouvent  certaines 
pièces  hybrides  où  l'on  voit  associés  les  droits  ou  les  revers  do 
pi^s  dei  deux  chefs  ;  --  ils  nous  apprennent  que  pendant  la  pre- 
i»»ère  année,  Simon  Barcochébas»  chef  militaire  de  l'insurreclion, 
i'flflkja  devant  le  chef  religieux,  Éléa^arf  que  les  rebelles  avaient 


1 


l^ngiMlif ,  le  tétradrucbme  BUique  élait  deac«udu  bu  poids  du  siatère  lyrien, 
ia^u«I  Dtt  id  frappait  plus.  Barcochébas  pouvait  donc,  sans  erreur  notable,  tcccp* 
tif  cet  lélradrat'hmea  pour  de»  sicles. 

ACT.    BT    C03IF.,    T.   1.  *  Itt 


CCXIV 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


sans  doute  nommé  grand  prêtre  :   le  prêtre  Éléazar  est  proba ^, 

blement  identique  au  rabbin  Éléazar  de  Modéïn,  oncle  de  Bar — rap- 
cochébas,  dont  il  vient  d'être  question. 

Il  existe  aussi  des  bronzes  d'Éléazar,  également  de  la  premièr^^*— 3^ 
année  ;  Tinscription  (fig.  27)  est  la  même  que  sur  les  deniers,  1er  - 
types  (palmier  et  grappe)  presque  identiques. 


Fig.  n. 

Reste  à  mentionner  les  nombreux  bronzes  de  Barcochébas,  do^^Bt 
quelques-uns  aussi  présentent  des  traces  de  surfrappe.  Ces  bronze^ — s, 
destinés  sans  doute  à  la  solde  des  troupes,  sont  datés  de  la  pr 
mière  année  (Shenat  ahat   ligulhit  Israël),  de  la  seconde  (li 
het  leherut  Israël)  ou  tout  simplement  de  la  liberté  de  Jérusal^=KiD 
(leherut  TerushaUm),  Les  bronzes  de  la  première  année  [û^,  îfcLSj 
portent  au   droit  la   légende  Simon   Nasi  Israël  (Simon   pricm  ce 
d*Israel).  Le  mot  Nasi,  qui  a  signifié  à  une  époque  ultérieure      k 


Fig,  «S. 

président  du  sanhédrin,  est  peut-être  ici  pris  dans  le  sens,  de 
a  chef  militaire  »  ;  il  fait  pendant  au  mot  Cohen  (chef  religieux) 
qui  figure  sur  les  bronzes  d'Éléazar  de  la  même  année .  Sur  les 
bronzes  des  deux  autres  classes,  Barcochébas  s'intitule  seulement 


LES  MONNAIES  JUIVES 


ccxv 


i<mon  (ûg*  29)  ;  c*est  qa'aprèâ  la  mort  d^Éléazar  il  avait  réuai  tous 
les  pouvoirs  ^  Quant  auxtypos  des  bronzes  de  Simon,  ils  a*offi:^Bt 
rien  de  particulier  ;  ce  sont  les  mêmes  emblèmes  orthodoxes  que 
sur  leê  pièces  d  argent  :  coun>nne,  lyre,  diota^  palme  ou  palmier, 
grappe  de  raisins  ou  feuille  de  vigne.  Ces  types  varient  suivant 
tes  modules  et  servent  à  distinguer,  à  première  vue,  la  valeur 
de  la  pièce. 


%\ 


M. 


Fig,  21K 


iJû  neveux  pas  quitter  lei  monnaies  de  la  seconde  révojte  juive 
■fia  rappeler  que  le  Talmud  y  fait  allusion  dans  un  passage  bien 
wnûu  ;  a  Le  Ma'mer  èShem  (la  seconde  dîme],  dit-il  textuellement, 
06  peut  être  racheté  avec  une  monnaie  qui  n'a  pas  cours,  comme 
l*  ûionnaio  de  Koziba  ou  de  Jérusalem,  ou  celle  des  rois  anté- 
ri^drs'.  »  La'munnaiè  de  Koziba,  ce  sont  les  sicles  et  deniers 
«le  Simon  Bar  Cochba,  que  les  rahhins,  ses  ennemis,  appellent 
souvent  Ben  Koziba  «  le  fila  du  mensonge  w.  La  monnaie  do  Je- 
fîJiaJem,  ce  sont  les  sicles  et  demi -si  clés  de  la  première  révolte 
trec  riûscnptïon  f<  Jérusalem  la  sainte  ».  La  «  monnaie  des  rois 
iûl^rieurs  »,  ce  sont  les  bronzes  des  Ilasmoaéens  et  des  Hérodes, 
pcut-^tre  aussi  les  tétradraciimes  des  Séleucîdes  et  des  Ptolémées 
<lûi  tt*avaient  plus  cours  à  Tépoque  où  notre  hahcha  fut  rédigée. 

Sur  certaiaes  pièces  le  nom  Simon  est  remplacé  pir  celui  de  JérusaUm  ;  ces 
pikttet  «D  général  celles  qui  sont  daléeedo  la  *  liberté  de  Jérusalem  »  paraissent 
^^oii  é\à  frtppées  daos  la  capitale' 

Toiefta  i/a'<ti#r  Shtni^  I,  S.  Le  mdme  passage  est  reproduit  avec  des  alté* 
v^lMtti  dtaa  le  Talmud  de  Jérusalem  {Maaitt  Skeni^  I,  2)  et  dana  celui  de  6a- 
a^to^Q  [BiAtt  Kamnm,  07  b.).  Les  monnaies  des  révoltes  sont  léuDtei  ici  soua 
^«ppelUtion  cjmmuaa  de  <  monnaie  du  dauger  »  et  le  rabbin  Im^  décide  qu'eUe 
^*  *lrc  }el4e  a  la  mer. 


J 


CCXVl  ACTKS  ET  CONFÉRENCES 

Ainsi,  bien  interprété,  ce  passage  du  Talmud  est  la  conôrmatioD 
complète  du  système  de  classification  qui  vient  d*étre  exposé  : 
il  achève  de  montrer  que  les  monnaies  d*argent  juives  n'ont 
jamais  eu  qu'un  caractère  exceptionnel  et  révolutionnaire. 


VI 


Avec  les  monnaies  de  Barcochébas,  nous  avons  terminé  notre 
voyage  à  travers  la  numismatique  juive.  Si  la  première  révolte 
avait  eu  pour  conséquence  la  destruction  du  temple,  la  seconde 
amena  Textermination  presque  complète  de  la  population  juive 
de  la  Palestine.  De  nombreux  colons  païens  prirent  la  place  des 
anciens  habitants ,  et  sur  remplacement  de  Jérusalem  s^éleva  une 
ville  romaine  appelée  ^lia  Capitolina,  du  nom  de  Tempereur  ^lius 
Adrien  et  de  Jupiter  Capitolin,  dont  le  temple  remplaça  celui  de 
Jéhovah.  Cette  ville,  dont  Taccès  était  défendu  aux  Juifs,  eut  le  rang 
de  colonie  et  a  laissé  une  longue  suite  de  monnaies  de  bronze  qui 
s*étend  d'Adrien  à  Yalérien  (136-260).  Je  reproduis  ici  les  deux 
types  les  plus  intéressants.  L'un  représente  la  fondation  de  la  ville 


Fig,  50. 

—  un  colon  traçant  le  sillon  qui  marquera  les  limites  de  la  future 
enceinte  (fig.  3ù).  L'autre  nous  montre  les  trois  divinités  —  Ju- 
piter, Junon  et  Minerve  —  qui  étaient  adorées  dans  le  temple  de 
Jupiter  Capitolin  à  Rome  et  à  -^lia.  (Fig.  3L) 

Jérusalem  n'est  pas  la  seule  ville  de  Palestine  où  le  culte  païen 
se  soit  ainsi  emparé  de  lieux  naguère  afîsQtés  au  culte  du^  vrai 
Dieu.  Le  fameux  temple  des  Samaritains  sur  le  mont  Garizim,  qui. 


LES  MONNAIES  JUIYRS 


ccxvri 


d^a  une  fois»  îîOih  les  Séleucides,  avait  été  transformé  en  un  temple 
de  Jupiter  Hospitalier,  puis  était  retouraé  au  culta  monothéiste, 


^?\ 


fut  désaifecté  une  seconde  fois  en  faveur  de  Jupiter.  Ce  temple  est 
tip-uré  sur  une  très  pittoresque  médaille  de  Néupolîs  (nouvelle  capi- 
tale de  la  Samarie,  aujourd'hui  Napiouse)  frappée  sous  l'eni]  ereur 
Antonin  Je  Pieux.  (Fig.  32.) 


M>™ 


31 


fj^ 


-^ 


Fiif.  Ji. 


Cependant,  au  moment  où  le  judaïsme  était  aîn^i  humilié,  traqué, 
exterminé  dan«  sa  patrie  d'orij^ine,  puisant  des  forces  dans  ga  dé- 
faite même,  il  se  répandait  de  plus  en  plus  dans  les  pays  de  la  dis- 
persion et  faisait  la  conquête  de  bien  de^  âmes.  Non  seulement  le 
monothéisme  juif,  la  morale  juive  gagnaient  des  prosélytes  jusque 
sur  les  marches  liu  trAne,  mais  les  légende;;  païennes  elles-mêmes 
commeneaieat  à  s'accommoder  aux  traditions  juives,  à  sa  fondre 
avec  elles.  N^ms  avons  un  exemple  bien  remarquable  de  cette  fusion 
^'raduelle  dans  une  monnaie  de  la  ville  d^Apan^ée  eu  Phrygie»  t]ui 


CCXVIII 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


date  de  Tempereur  Septime  Sévère  et  qui  a  été  répétée  plusieurs  fois 
sous  les  règnes  suivants.  (Fig.  33.)  Au  revers  de  cette  médaille  ou 
voit  deux  personnages,  homme  et  femme,  assis  dans  une  caisse  qo^ 
flotte  sur  les  eaux  ;  sur  le  couvercle  entr'ouvert  perche  un  oiseau  " 


Fig.  S5. 

A  gauche,  une  autre  scène  qui  continue  la  première  dans  Tordre  des 
temps  :  les  deux  personnages  sont  sortis  de  la  caisse  et  Toiseau  leur 
apporte  un  rameau  d'olivier.  A  cette  description  vous  avez  reconnu 
sans  peine  un  épisode  bien  connu  de  l'histoire  du  déluge.  Des  tra- 
ditions analogues  à  celle  de  la  Bible  existaient  chez  les  païens  ; 
les  Phrjgiens  notamment  avaient  leur  mythe  du  délage,  qui  avait 
fini  par  se  localiser  à  Apamée-Cibotus,  A  pâmée  «  la  Boîte  ».  Comme 
cette  ville  renfermait  dès  l'époque  de  Cicéron  une  nombreuse  popu- 
lation juive  *,  il  dut  s'opérer  de  bonne  heure  une  fusion  des  deux 
légendes  ;  nous  en  avons  d'ailleurs  la  preuve  dans  un  passage  des 
Livres  sibyllins  oii  Tauteur  raconte  que  Tarche  de  Moé  s'arrêta  aux 
sources  du  fleuve  Marsjas,  c'est-à-dire  près  d'Apamée-Cibotus  *. 
Maintenant  imaginez  un  magistrat,  juif  ou  judaïsant,  d'Apamée,  à 
la  fln  du  II®  siècle  —  Ta  agonothète  d  ou  édile  Artémas  —  chargé 
d'inventer  un  nouveau  type  pour  les  monnaies  de  cette  ville.  Vous 
comprendrez  qu'il  se  soit  empressé  d'en  choisir  un  qui  avait  le  mé- 

*  Voir  CicéroD,  pro  Flacco^  28.  La  quantité  d'or  (destinée  an  temple  de  Jéru- 
salem)  confisquée  par  Flaccus  sur  les  juifs  d^Apamée  est  évaluée  à  100  livres,  ce 
qui,  étant  donné  le  rapport  des  valeurs  de  Tor  et  de  Targent,  correspond  à  en< 
viron  350  kilos  d^argent  ou  50,000  demi-sicles,  quantité  si  considérable  qu'elle 
doit  représenter  la  contribution  de  plusieurs  années  ou  des  dons  extraordinaires. 

*  Poèmu  tibyîlifu,  \,  273. 


LES  MONNAIES  JUIVES  CCXIX 

rite  singulier  de  concilier  de  la  façon  la  plus  heureuse  ses  propres 
traditions  religieuses  avec  celles  de  la  localité  ;  d'ailleups,  pour  en- 
lever toute  espèce  de  doute,  c'est  le  nom  de  Noé  (nûe)  qu'il  fait  gra- 
ver en  toutes  lettres  sur  Tarche  :  le  déluge  d'Apamée  et  le  déluge 
de  Noé  sont  bien,  pour  lui,  le  même  déluge. 

Je  ne  crois  pas  pouvoir  mieux  finir  ma  causerie  que  par  cette 
illustration,  à  la  fois  piquante  et  consolante,  d'un  syncrétisme  re- 
ligieux qui  se  dessinait  alors  un  peu  partout  dans  le  monde  païen, 
au  profit  du  judaïsme  et  de  son  fils  aîné,  le  christianisme.  C'est  l'é- 
poque où  l'autour  inconnu  du  Traité  du  sublime  ne  craint  pas  d'em- 
prunter à  la  Genèse  un  exemple  du  «  sublime  »  littéraire  ;  c'est  l'é- 
poque où  l'empereur  Alexandre  Sévère  place  dans  son  oratoire  un 
buste  d'Orphée  entre  un  buste  d'Abraham  et  un  buste  de  Jésus- 
Christ.  Encore  deux  siècles  et  un  poète,  païen  fanatique,  s'écriera 
avec  une  indignation  qui  témoigne  de  sa  sincérité  <  : 

Plût  au  ciel  que  jamais,  sous  Titus  et  Pompée, 
Rome  n'eût  asservi  les  juifs  à  son  épée  I 
Le  mal  déraciné  refleurit  dans  nos  cœurs 
Et  le  peuple  vaincu  subjugue  ses  vainqueurs  ! 


Ratilius  Namalianus,  Itinéraire ^  v.  385  : 

Âtque  uUnam  nunquam  Judaea  subacta  faisset 
Pompeii  bellis  imperioque  Titi  I 

Latius  excisœ  pestis  contagia  serpuDt 

Victoresque  suos  natio  victa  promit. 


LISTE   DES    MEMBRES 

DK  LA 

SOCIÉTÉ    DES    ÉTUDES    JUIVES 

PENDANT  L'ANNÉE  1886 


Membres  fondateurs  ^ 

1  Camondo  (le  comte  A.  de),  rue  de  Monceau,  61  *. 

2  Camondo  (le  comte  N.  de),  rue  de  Monceau,  63. 

3  GuNZBURG  (le  baron  David  de),  boulevard  des  Gardes-à-Cheval, 

17,  Saint-Pétersbourg. 

4  GuNZBURG  (le  baron  Horace  de),  17,  boulevard  des  Gardes-à- 

Cheval,  à  Saint-Pétersbourg. 

5  LévT-CRÉMïEUx  (feu). 

6  PoLiACOFF  (Samuel  de),  à  Moscou. 

7  Rothschild  (feu  la  baronne  douairière  de). 

8  Rothschild  (feu  le  baron  James  de). 

Membres  perpétuels  '. 

9  Albert  (feu  E.-J.). 

10  Bardac  (Noël),  rue  de  Provence,  43. 

1  Les  Membres  fondateurs  ont  versé  un  minimum  de  1,000  francs. 

*  Les  Sociétaires  dont  l'adresse  n*est  pas  suivie  d'un  nom  de  ville  detnff '•^^ 
à  Paris. 

*  Les  Membres  perpétuels  ont  versé  400  francs. 


LISTE  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


CCXXl 


11  lliîrCHOFPSHEm  (Raphaël),  ru»3  Taitboiït,  3. 

12  Cahbn  d'Anvkrs  (feu  le  comte), 
J3  Dretfus  (feu  Nestor). 

14  GoLDSCHMiDT  (S.*!!.),  rond-point  des  Champs  Elysëes,  6. 

15  HacHT  (Etienne),  rue  Lepellelier,  19, 

16  HiRSCH  (feu  le  baron  Lucien  de). 

17  Kann  (Jacquos-Etîraond),  avenue  du  Tîoîs-de-Bo«logne,  58, 
]S  KoHS  (Edouard)»  rue  Blanehe,  49. 

19  Lazare  (A.),  boulevard  Poissonnière,  17» 
*i()  Lévt  ( Caïman n),  éditeur,  rue  Auber,  3. 

21  MoNTEFïORK  iClaudô},  Portman  8quaro,  18,  Londres. 

22  Opi'ESHtîiM  (feu  Joseph). 

^3  Pknha  ilmmnnuel  de  la),  rue  de  la  Victoire,  28. 

24  Pknh4  (M.  de  k),nioTronchet,  15, 

25  Ratisbonnë  (Fernand),  rua  Rabelais,  2. 

^  Reinach  (Hermann- Joseph),  rue  de  Berlin,  3!. 

27  Rothschild  fîe  baron  Adolphe  de),  rue  de  Monceau,  47. 

^  Troteux  (Léon),  rue  de  Mexico,  1,  le  Havre. 


Membres  souscripteurs  ^ 

29  Adelson-Monteaux.  rue  Notre-Dame-de-Lorette,  10. 
^  Adlbr  (Rev.  D^  Hermann),  Queensborou^^h-Terrace»  5,  Hyde 
Park,  Londres. 

31  Aghïon  (Victor),  Alexandrie,  Égjpte. 

32  AiBEftT-LÉVT,  professeur  à  l'École  raunicipale  de  chimie  et  de 

physique,  rue  des  Ecoles,  25. 

33  Aldroph«  (Alfred),  architecte,  faubourg  Poissonnière,  37. 

34  Alexandre  Dumas,  de  T Académie  française,  avenue  de  Vil- 

liers,  98. 
3^  Alfbn-Salvador,  avenue  de  Messine,  10. 
JS  Allatini,  Salonique. 

37  Aluanck  israélitr  universelle,  35,  r.  deTrévtse  (175  ft*.)* 

38  Allianz  (Israelitische)^  Kasmlnerstrasse,  U,  Vienne. 

'  il  eoUpalion  det  Membres  sou  se  H  pleurs  est  de  25  Traacs  pir  m,  uuf  pour 
fttfi  dont  le  nom  cfll  suivi  d'une  indicatiûu  spéciale. 


CGXXII  ACTES  ET  CONFERENCES 


39  Andrieux,  député,  avenue  Friedland,  32. 

40  Anspach  (Gabriel),  rue  Pijîalle,  15. 

41  Aron  (Arnaud),  grand  rabbin,  Strasbourg. 

42  AsTRUC  (E,-A.),  grand  rabbin,  Bayonne. 

43  Basch,  rue  de  la  Pt^pinière,  19,  Nancy. 

44  Bkchmann  (Ernest-Georges),  ingénieur  en  chef  des  eaux  de  la 

ville  de  Paris,  place  de  TAlma,  1 . 

45  Bkchmann  (J.-L.),  rue  delà  Chaussée- d'Antin,  45. 

46  Bbnkdktti  (S.  de),  professeur  à  l'Université,  Pise. 

47  Bickart-Ske,  boulevard  Malesherbes,  101. 

48  BiNO,  président  de  la  Communauté  israélite  de  Dijon. 

49  Blin  ^Albon),  Ell>euf. 

50  Bloch  (Oamillo\  rue  de  la  Banque,  1. 

51  Bloch  (Félix\  Uaskeuv,  Constantinople. 

52  BLOru    Isaac\  grand  rabbin,  Alger. 

53  BuvH  Maurice',  agrégé  des  lettres,  boulevard  Bourdon,  13. 

54  Bloch  ^Moîs^^,  rabbin,  rue  Condorcet,  11. 

55  Bi.iX'Jis  Louis-La£are\  rue  des  Mathurins,  13  bis. 
5ti  BiaX^v  v^A^^i^ïi  ^  TouL 

57  Bu  M  y^Viot4>r  \  le  Hivre. 

58  Bki  HL  .l>Avid^,  rue  de  Chài«audun,  5". 
5$  BsvHL   l\iul\  rae  de  Chàt^udun^  57. 
<»  RRt^îSWtd  ^Benoît^,  rae  Blanclie,  (9. 

61  Brvx^wto  lx>once\  plai>*  iesMcu^ires,  10, 

<a  0\HK.\  ^A^rJihaiu  rfrani  rahMii,  rce  Vauquelin.  9. 

<v^  OaHi£N     AÎScn  ,   pTi-nfess^eur    agrêpe  au    colitSge  Rollin .  rue 

<V|  OaHEN  ^Gî:^îATr\  r.::*^  .?£îs  r«:T5*-Chaiips,  61, 

66  Ox)Mi:kiys:,  pr*^:>555^^^r    à    1  E,N\ie   3es  Hin«?~Eiudôs,  rue  de 

67  Oï^rro;  K4î^^  rw  Lfciijwîj?,  Î4x 

6S  O^Ti  \;  :   L^tîiftTïh-A^ÙAT  ..  ixiCfaîMrr  av;!.  i^c  Ca:t*.  Égrpie. 
6:^  iNiîftv  lî  :t»tv^;a  T^  ^  rûf  FrM)rj.î5^.  S. 


LISTE  DES  MEVÎBRES  DE  LA  SOCIETE 


CXIXXIII 


71  Cbhf  (Louis),  roe  Française,  8. 

*B  Chwolsox  (Daniel),  conseiller  d'Etat,  professeur  de  langues 
orientales,  rue  Wassili  Ostrov,  T,  ligne  n"  42,  Saint- 
Pétersbourg. 

TÎCoHEH  (llermann),  rue  Ballu,  36. 

74  CoHKN  (haac-Joseph),  rue  Lafajettô»  75. 

75  CoHX  (Léon),  préfet  de  la  Haute- Garonne,  Toulouse. 

76  CoxsrsTorRR  Israélite  de  Belgique,  rue  du  Manège.,  12, 
Bruxelles. 

77  CoKSiSToiRK  iSRAéLiTB  DE  BORDEAUX,  FUô  HoDoré-Tessier,  7. 
Bordeaux. 

78  CoîîsrsTOiRB  isRAÉLrrE  de  Lorraine  ,  Metz, 

79  COXSISTOIHB   ISRAÉLITE  DE   MaRSKILLE. 

80  Consistoire  isRAéLiTE  d*Ohan. 

81  Consistoire  israi^lite  de  Paris  (200  fr.). 

82  Cbéhange  (A,),  faubourg  Poissonnière,  8. 

83  CBiMiRtJi(Paul),  avenue  de  Messine,  10. 

84  DiLSACB  (Gobert),  rue  Rotîgemotit,  6. 
ffi  Darmestkter  (Arsène),   professeur  à  la   Faculté  des  lettres, 

place  Vaugirard,  7. 
88  Qabmestbter  (James),  professeur  au  Collège  de  France,  place 
Vaugirard,  7. 

87  David  (feu  Ernest). 

88  DiB&i  (Simon),  rabbin»  Sedan. 

89  Delvaillb  (D'  Camille),  Bajonne. 

IM  DKîiNKRT(GustaTe-Lucien),  rue  des  Pyramides,  10. 
91  Dbbbnbourg  (Hartwig),  directeur  adjoint  à  FEcole  des  Hautes- 
Etudes,  professeur  à  FEcole  des  Langues  orientales,  bou- 
levard Saint-Michel,  30. 
92  DfiBS?tBOufia   (Joseph),  membre  de   l'Institut,  rixe    de  Dun- 
ft*  kerque,  27. 

h3  Dreyfus  (Abraham),  rue  du  Faubourg-Saint- Honoré,  102. 
B4  Drktfus  (Anatole),  rue  de  Trévise,  28. 
■6  DRKTFts  (H.-L,),  rabbin,  Saverne. 
96  Dretfus  (Henri),  faubourg  Saint- Martin,  162. 
Drbtfus  (Jalesl,  faubourg  Saint-Martin,  162. 


CCXXIV  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

98  Dreyfus  (L.),  avenue  de  l'Opéra,  13. 

99  Drbtfus  (Lucien),  place  de  la  Madeleine,  17. 

100  Dretpus-Brisàc  (Edmond),  directeur  de  la  Bévue  de  ïEi 

gnemènt  supérieur^  rue  de  Turin,  6. 

101  DuTAU,  rue  de  Sèvres,  35. 

102  Durlachbr  (Armand),  libraire-éditeur,  rue  Lafayette,  83 

103  DuVAL  (Rubens),  boulevard  Magenta,  18. 

104  BiCHTHAL  (Eugène  d'),  rue  Jouffroy,  57. 

105  Embriquk  (Ernest),  rue  Larochefoucauld,  21. 

106  Ephraïm  (Armand),  rue  Boccador,  24. 

107  Epstkin,  Grilparzerstr. ,  11,  Vienne. 

108  Erlanger  (Charles),  place  des  Vosges,  9. 

109  Erlanger  (Michel),  place  des  Vosges,  9. 

110  Errera  (Léo),  professeur  à  l'Université,  rue  Stéphanie 

Bruxelles. 

111  Ettinghausen  (Hermann),  rue  Richer,  15. 

112  Feldmann  (Armand),  avocat,  rue  d  Isly,  8. 

113  Fbrnandez  (Salomon),  à  la  Société  générale  de  Tempire 

man,  Constantinople. 

114  FiTA  (le  Rév.  P.  Fidel),  membre  de  l'Académie  royale  c 

toire.  Galle  del  Lobo,  Madrid. 

115  FouLD  (Léon),  faubourg  Poissonnière.  30. 

116  FoY  (Edmond),  rue  Chégaray,  Bayonne. 

117  Franck  (Adolphe),  membre  de  l'Institut,  rue  Ballu,  32. 

118  Fuerth  (Martin),  rue  du  Général-Foy,  14. 

119  Gautier  (Lucien),  professeur  de  théologie,  Lausanne. 

120  Georges  (Paul),  rue  Béranger,  17. 

121  Gerson  (M.-A.),  rabbin,  Dijon. 

122  GiAvi,  avenue  de  la  Gare,  13,  Nanterre. 

123  Goeje(J.  de),  professeur  d'arabe  à  l'Université,  Leyde. 

124  GoBiMÈs  (Armand),  rue  Chégaray,  33,  Bayonne. 

125  Griolet  (Gaston),  rue  de  Berne,  2. 

126  Gross  (D»"  Heinrich),  rabbin,  Augshourg. 

127  Gubbay,  boulevard  Malesherbes,  165. 

128  Gudemann  (D»-),  rabbin.  Vienne. 

129  GuGENHEiMER  (S.),  faubourg  Saint-Denis,  48, 


LISTE  DES  WK&IBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


ccxxv 


130  GuizoT  (Guillamue),  professeur  au  Collège  de  France,  rue  de 

Monceau,  42* 
ISl  Hâdamard  (D.),  rue  de  ChMeauduii,  53. 

132  Haouknau  (David),  rabbin,  boulevard  Voltaire,  IH. 

133  [Ulberstam  (S,-J.),  Bielitz,  Autriche* 

Tti  Ujilevy  (Joseph!»  professeur  à  l'Ecole  dââ  llauteâ-Etudes,  rue 
Auniaire.  26. 

135  Halêvy  (Liidovic),  de  T Académie  française,  rue  de  Douai,  22.. 

136  Halksn  (Edmond),  rue  de  Tilsitt,  IL 

131  Halfon  (Micbel),  rue  de  Monceau,  60, 

138  Haiqierschlao,  II,  Fe[-dinaadstra:jse,23,  Vienne. 

139  Habkavy  (Albert),  bibliothécaire,  Saint-Pétersbourg. 

140  Hayrm  [Armand),  avenue  des  Champs-Eîjrîîées,  33, 

141  Hayem  iD""  Georges),  membre  de  FAcadéiDie  de  médecine,  rue 

de  Vignj,  7, 

142  Hayem  (Julien),  avenue  de  Villiers,  63  {40  îr.), 

143  Haymann  (Joseph),  rue  du  Temple,  7K 

144  Heine-FurtàDO  (M"*"  C),  28^  rue  de  Monceau  (100  fr.). 

145  Hkkzoq  (Henri),  élève  ingénieur  à  FÉcole  des  Ponu  et  chaus- 

sées, rue  Jacob,  15. 

146  Heymann  (Alfred),  avenue  de  TOpéra,  20. 
14"  HifiscH  (Henri),  rue  de  Médicis,  19. 

14S  HiiscH  (Joseph),  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  rue 

de  Castiglione,  1. 
149  IsiDOR,  grand  rabbin  de  France,  place  des  Vosges,  14. 
lôO  Jastrow  (D^M,),  rabbin,  Philadelphie. 
1^1  Jkluneck  (D^) ,  rabbin-prédicateur.  Vienne. 
1^2  JouRDA,  directeur  de  rOrphelinat  de  Rothscliild,  rue  de  Lam- 

Uardie,  7, 
153  KàES  [Jacques],  rue  LabruyérR,  22. 
l^  KkHSi  (SalomonJ,  boulevard  BaUe,  172,  Marseille. 
15Ô  Kahm  (Zadocj.  grand  rabbin  de  Paris,  rue  Saint-Georges,  17. 
156  Kautoànn   (David),  professeur  au  Séminaire  israéliLe,  20, 

Andrassystrasse,  Budapest. 
J57  KiNSBOURQ  (Paul),  rue  de  Cléry,  5. 
158  Kloiz  (Eugène),  place  des  Victoirei,  2. 


CCXXVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 


159  Klotz  (Victor),  avenue  de  Montaigne,  51. 

160  KoHN  (Georges),  rue  Blanclie,  49. 

161  KoMiTET  Synagoqi  na  Tlomackiem,  Varsovie. 

162  KuNST,  rue  des  Petites-Ecuries,  48. 

163  Lagarde  (Paul  de),  professeur  à  F  Université  de  Gœttingue. 

164  Lagnkau,  professeur,  rue  Claude-Bernard,  86. 

165  Lambert  (Abraham),  avoué,  rue  Saint-Dizier,  17.  Nancy. 

166  Lambbrt  (Eliézer),  avocat  à  la  Cour  d^appel,  rue  Baudin,  29  - 

167  Lanqe  (feu  Emmanuel). 
1G8  Lassudrie,  rue  Laffîtte.  21. 

169  Lazare  (Maurice),  rueFénelon,  13. 

170  Lehmamn  (Joseph),  rabbin,  boulevard  Voltaire,  44. 

1*71  Leumann  (Léonce),  avocat  à  la  Cour  de  cassation,  rue  de  Ma — 
rignan,  16. 

172  Leiimann  (Mathias),  rue  Taitbout,  29. 

173  Lehmann  (Samuel),  rue  d'Hauteville,  38. 

174  Léon  (Gustave),  Bayonne. 

175  Léon  (Xavier),  boulevard  Haussmann,  127 

176  LÉOPOLD  (Lyon,  directeur  de  TEcole  communale,  rue  des  Hos- 

pitalières-Saint-Gervais  (30  fr.). 

177  Levaillant  ,  directeur    de  la   sûreté  générale  ,   avenue  de 

Kléber,  39. 

178  Leven  (Emile),  rue  de  Maubeug3,81. 

179  Leven  (Léon),  rue  de  Trévise,37. 

180  Leven  (Louis),  rue  de  Trévise,  37. 

181  Leven  (h^  Manuel),  rue  Richer,  12. 

182  Leven  (Narcisse),   avocat  à  la  Cour  d*appel,  rue  de   Tré- 

vise, 45. 

183  Leven  (Stanislas),  conseiller  général  de  la  Seine,  rue  Con- 

dorcet,  12. 

184  LÉvi  (Israël),  rabbin,  rue  Rodier,  62. 

185  Lévy  (Alfred),  grand  rabbin,  Lyon. 

186  LÉVY  (Paul-Calmann),  rue  Auber,  3. 

187  Lévy  (Charles),  Colmar. 

188  Lé\-y  (Emile),  rabbin,  Verdun. 

181)  Lévy  (Aron-Emmanuel),  rue  Marrier,  19,  Fontainebleau. 


LISTE  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  CCXXVII 

190  LÉvy(Isaac),  grand  rabbin,  Vesoul. 

191  Lévy  (Jacques),  grand  rabbin,  Constantine. 

192  Lévy  (Léon),  rue  Logelbacb,  9. 

193  Lévy  (Rapbael;,  rabbin,  rue  d'Angouléme,  6. 

194  Lévy  (Siebel),  boulevard  Malesberbes,  156. 

195  Lévy  (Sylvain),  rue  d'Austerlitz,  Metz. 

196  Lévy-Bruhl  (Lucien),  professeur  de  philosophie,  rue  Mon- 

talivet,  8. 
19}  Lévy-Frankel  (D*"  Edouard),  rue  Ordener,  103. 

198  Lévylier,  ancien  sous-préfet,  rue  Vignon,  9. 

199  LoKB  (Isidore),  professeur  au  Séminaire  israélite,  rue  de  Tré- 

vise,  35. 

200  LcBWENSTEiN  (MM.),  rue  Lepeletier,  24. 

201  Lœvy  (A.),  100,  Sutherland  Gardons,  Londres. 

202  LuzzATi  (Luigi),  député,  Padoue. 

203  Lyon-Cahen  (Charles),  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  rue 

Soufflet,  13. 
2M  Mannheim  (Amédée),  colonel,  professeur  à  FEcole  polytech- 
nique, rue  de  la  Pompe,  11. 

205  Mannheim  (Charles-Léon),  rue  Saint-Georges,  7. 

206  MANNHEiMER(Aimé),  rue  Rossini,  3. 

207  Manuel  (Eugène),  inspecteur  général  de  l'enseignement  se- 

condaire, rue  Raynouard,  6. 

208  Mapou,  avenue  Mac-Mahon,  13. 

2^)9  Marcus  (Saniel),  maison  Whitthall,  Smyrne. 

210  Matthews  (Henri-J.),  esquire,GoldsmidRoad,  2,  Brighton. 

211  May,  chaussée  de  Bockenheira,  31,  Francfort-sur-le-Mein. 
2J2  May  (Louis-Henry),  rue  Thévenot,  14. 

213  Mayer  (Ernest\  rue  Moncey,  9. 

214  Mayer   (Gaston),    avocat  à  la    Cour  de  Cassation,   avenue 

Montaigne,  3. 

215  Mayer  (Michel),  rabbin,  boulevard  du  Temple,  25. 

216  Mayrargues  (Alfred),  boulevard  Malesberbes,  103. 

217  Mkhzbach  (Bernard),  rue  Richer,  17. 

US  AIeyer  (D""  Edouard),  boulevard  Ilaussmann,  73. 
119  Mbyeu  (Emile),  boulevard  de  Strasbourg,  37. 


\ 


CCXXVIII  ACTES  ET  CONFERENCES 


220  Mbter  (Paul),  membre  de  rinstitut,  directeur  de  rËcole  c^^^es 

Chartes,  rue  de  Boulainvilliers,  26. 

221  Michel-Lévy  (Paul),  rue  Drouot,  2*7. 

222  MocATTA  (Frédéric-D.),  Connaught  Place,  9,  Londres  (50  fr     _i>.), 

223  MocH  (Camille),  faubourg  Saint-Hoooré,  25. 

224  MoNTEFiORE  (Edward-Lévi),  avenue  Marceau,  58. 

225  MoNTEFiORB  (Mosé),  ministre  officiant,  rue  de  Maubeuge,  £^352. 

226  MoRTARA  (Marco),  grand  rabbin,  Mantoue. 
22*7  Nadaillac  (feu  la  comtesse  de). 

228  Netter  (D«"  Arnold),  rue  du  Château-d'Eau,  15. 

229  Netter  (Moïse),  rabbin,  Médéa. 

230  Neubauer  (Adolphe),  bibliothécaire  à  la  Bodléienne,  Oxfo^^rd, 

231  Neumann  (D""),  rabbin,  Gross-Kanisza,  Autriche- Hongrie. 

232  Nbymarck  (AlfredJ,  rue  Vignon,  18. 

233  O'Neill  (John),  villa  de  la  Combe,  Cognac. 

234  OcHS  (Alphonse),  rue  Chauchat,  22. 

235  OcHS  (Louis),  rue  Chauchat,  22. 

236  Oppenheim  (P.-M.),  11,  rue  Taitbout  (50  fr.). 

237  Oppenueimer  (Joseph-Maurice),  rue  Lepeletier,  7. 

238  Oppert  (Jules),  membre  de  l'Institut,  professeur  au  CoXlége 

de  France,  rue  de  Sfax,  2. 

239  OsiRis  (Ifla),  rue  Labrujère,  9. 

240  OuLMAN  (Camille),  rue  de  Grammont,  30. 

241  OuLRY  (Godchaux),  avenue  de  Neuilly,  104,  NeuiUj-sur-Seiae. 

242  OuvERLEAUx  (Emile),  conservateur  de  la  Bibliothèque  royale, 

Bruxelles. 

243  Paris  (Gaston),  membre  de  l'Institut,  rue  du  Bac,  110. 

244  Péreire  (Gustave),  rue  de  la  Victoire,  69. 

245  Perles  (J.),  rabbin,  Munich. 

246  Perreau  (le  chevalier),  bibliothécaire  royal,  Parme. 

247  PiCART  (Henri),  rue  d'Hauteville,  42. 

248  PicciOTTO  (Moïse  de).  Aie  p. 

249  Picot  (Emile),  avenue  de  Wagram,  135. 

250  PiNTUS  (J.)',  place  du  Rivage,  1,  Sedan. 

251  Pontremoli  (Albert),  avenue  des  Champs-Elysées,  129. 

252  PoPELLN  (Claudius),  rue  de  Téhéran,  7. 


LISTE  DES  AJEMORES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


CCXXLX 


l'»3  PoRoès  (Charles),  81»  m©  de  Monceau  (40  tt.). 
254  PïiAGER  (feu  Mjrtil). 

2^  Pasux,  maître  de  conférQnces  à  TEcole  des  langues  orientales, 
rue  du  29  JuiUet,  3. 

256  Propper  (S.),  rue  Volnej,  4» 

257  Rklsach  (Joseph),  avenue  Van  Dyck,  6. 

258  lÎBiNACH  (Salomon),  ancien  ôlôvo  de  TEcole  d* Athènes,  con- 
se^vat^^u^-adjoint  du  musée  de  Saint-Germain ,  rua  de 
BerHn,  31. 

259  Rkinach  (Théodore),  docteur  en  droit,  rue  de  Murillo,  26. 
SW  Reîss  (Albert),  rue  de  Londres»  60. 

261  Reîtlinoer  (Frédéric),  avocat  à  la  Cotir  d  appel,  rue  Scribe,  7 
S2  Rbitlînoer  (Sigismond),  boulevard  Ilaussmann,  63, 
263  Ebnan  (Ernest),  membre  de  rinstitut,  admiuistrateur   du 

Collège  de  Franco. 
M  RfiEiMS  (Isidore),  rue  Boissj-d'Anglas,  35, 
265  Robert  (Charles),  rue  des  Dames,  12,  Rennes. 
'M  Robert  (Ulysse)»  Grande-Ruo,  31,  Saint- Mandé. 
267  RoDRiouES  (Ilippolyte),  rue  de  la  Victoire,  14. 
'M  RoSEXTHAL  (D''),  rabbin,  Beuthen,  Oberschlosien. 
2G9  RoTHscHir.D  (feu  la  baronne  de), 
-70  ItoTHSCHiLD   (le  baron   Alphonse  de),   mombro  de  riïistituî, 

2,  rue  Saint-Ftorontiu  (400  frj. 
271  RoTUSCHiLD  [le  baron  Arthur  de),  33,  rue  du  Faubourg-Saint- 

Honoré  (400  fr.). 
212  RoTfiscHiLD  (le  baron  Edmond  do)»  41,  rue  du  Faubourg- 

Saint-IIoBoré  (400  fr.)< 
2*î3  Rothschild  {le  baron  Gustave   de),   23,    avenue  Martgny 

(400  fr). 

274  Rothschild  (Mademoiselle  Hélène  de),  rue  Berrjer  (400  fr.). 

275  Rothschild  (la  baronne  James  de),  38,  avenue  Friedland 
(50  fr). 

276  RozKLAAii  (Lévie- Abraham),  Sarfatistraat,  30,  Amsterdam. 
2TÎ  Sack  (îsraGl),  Saint-Pétersbourg. 
978  Saïkt-Paul  (Georges),  place  Malesherbea,  5. 
279  Saint-Paul  (Victor),  rue  d'Aumalo,  22. 

ACT.  ET  OOîtF.,  T.   L  47 


CX:XXX  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

280  Salomon  (Alexis),  rue  Croix-des-Petits-Champs,  38. 

281  Salvador  (le  colonel),  avenue  de  Messine,  10. 

282  Salvador-Lévy,  rue  de  la  Téte-d'Or,  34,  Metz. 

283  Sayce  (Rev.   A.-H.)/  professeur  de  philologrie  comparée, 

Queen*s  Collège,  Oxford. 

284  ScuAFiBR  (D),  rue  de  Trévise,  41. 

285  ScuRiD  (Elie),  rue  Elzévir,  4. 

286  ScHLOSS  (Ernest),  rue  du  Paradis-Poissonnière,  21  bis, 
281  ScHUHL  (Moïse),  rabbin,  Saint-Etienne. 

288  ScuuHL  (Moïse),  rue  Berçère,  29. 

289  Schwab  (Moïse) ,  sous-conservateur  de  la  Bibliothôque  na- 

tionale, cite)  Trévise,  14. 

290  ScHWEiscH,  rue  Jean-Jacques-Rousseau,  49. 

::91  Sèches  (Rev.  Edgard),  3,  Judith  Collège,  Ramsgate. 

292  Séb  (Camille),  conseiller  d'Etat,  avenue  des  Champs-Ely- 

sées, 65. 

293  SÉB  (Eugène),  préfet  de  la  Haute  Saône,  VesouL 

294  Simon  (Joseph),  instituteur,  Nîmes. 

295  SiMONSEN,  rabbin,  Copenhague.  * 

296  Singer,  rue  de  Galilée,  62. 

297  Société  Pirché  Sosanim,  Bucharest. 

298  Société  des  Progressistes,  Andrinople. 

299  Spire,  ancien  notaire,  rue  d* Alliance,  12,  Nancy. 

300  Stern  (Hermann),  rue  Royale,  22,  Bruxelles. 

301  Stern  (René),  rue  du  4  Septembre,  14. 

302  Straus  (Emile),  avocat  à  la  Cour  d*appel,  boulevard  Hausa- 

mann,  134. 

303  SzoLD,  rabbin  do  la  Congrégation  Oheb  Schalom,  Baltimore. 

304  Taub,  rue  Lafayette,  10. 

305  Tédescx)  (Joseph),  rue  Lafayetto,  43. 

306  Trénel  (Isaac),  directeur  du  Séminaire  israélite«  rue  Vau- 

quelin,  9. 
807  Trénel  (Jacob),  agrégé,  Valenciennes. 

308  Trêves  (Albert),  rue  Prony,  16. 

309  Trêves  (Georges),  rue  Prony,  78. 

310  Ulmann  (EmUe),  rue  de  Trévise,  33. 


LiSTK  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


CCXXXl 


311  Vkkbziani  (le  chevalier),  place  Wag^ram^  L 

312  Vbrxks  (Maurice) ,  directeur-adjoint  à  Fôcole  des  Hautea- 

Etudeâ,  rue  FortEny,  3L 

313  Vidal-Naqukt,  président  du  Cansiâtoire  israélito,  Marseille. 

314  Vidal-Naquet  (Jules),  rue  du  Quatre-Septembro,  16. 

315  Weîll  (D'Anselme),  rue  Saint-Lazare,  101. 

316  Weîll  (Emmanuel),  rue  Taiibout,  8. 

311  Weîll  (Emmanuol),  rabbin,  ruo  de  Condercet»  53. 

318  Weîll  (Gabriel),  rue  Marbeuf,  66. 

319  Weîll  (Georges),  place  des  Vosges,  19. 

320  Weill  (Isaac),  rue  de  Picpus,  76, 

321  Weill  (Isaac),  grand  rabbiii,  Metz. 

322  WRrix  (hidore),  grand  rabbin,  Colmar. 

323  Weîll  (Benjamio-Léepold),  rue  Richer,  41. 

324  Wkill  (Moïâe),  grand  rabbin»  Orao. 

325  Wkill  (Vite),  rue  de  Lancry,  1*7. 

326  Weisweillkr    (lo   baron    do) ,    17 ,    avenue    de    Friedland 

(30  fr.). 

327  Werner  (  Isaac),  rue  Taitbout,  58. 

328  Weyl  (Jouas),  grand  rabbin,  Marseille. 

329  Wiener  (Jacques),  président  du  Consistoire  Israélite  de  Bol- 

giquo,  rue  de  la  Loi,  63,  Bruxelles. 

330  WiLMERSDŒRPER  (Mrx),  consul  général  de  Saxe,  Municli. 

331  WtNTER  (David),  rue  Jean-Jacques- Rousseau,  42. 

332  WiTLicH  (  J.),  rue  Mandar,  6. 

333  WiTLicii  (Salomon),  rue  Mandar,  6, 

334  WoauE  (Lazare),  gi'and  rabbin,  professeur  au  Séminaire  israô- 

lito,  rue  de  Rivoli,  12. 

335  WoRMS  (Fernaud},  avocat  à  la  Cour  d^appel,  rue  Royale,  14. 

336  WoRits  (D^  Jules),  rue  Pierre-Charon,  32. 

337  ZiKOKL  et  Engelmann,  directeurs  de  l'institution  Springer, 

ruô  de  la  Tour-d'Auvergne,  34. 


Membres  nouveaux  depuis  le  i^^'  janvier  1387. 
338  BscK  (D'J,  rabbin.  Bucharost. 


TABLE    DES    MATIÈRES 


REVUE. 

LoKii  (Isidore),  La  conlroverse  de  < 263  à  Barcelooe*. 

Vidal  (Pierrel.  Les  Juifs  de  Roussiilou  el  de  (ierdagoe 

Hkinach   iThéodore^  Une  mounaie  hybride  des  insiirreetfons 

juives 

LÉvï  (Israël j.  La  morl  de  Titus. . .  »  .^ 

LoKB  (Isidore).  Le  procès  de  Samuel  ihn  Tibboa 

KraCaUér  (JJ.  Hiéloire  d'up  prêt  force  demandé  à  la  comniu-^ 

naulé  des  Juifs  de  Francfort .   . 
» 
NOTES  ET  MÉLANGES. 

DERiiNBOttiQ  (.L)    Le  sarcophage  de  Tabiiî t.,  l| 

Levi  (Urael).  Ormiiz  cl  ÀhrimaD 

Bauiikh  iW,;.  Le  sens  du  mot  micra 

Gkrson  ;M-\  Deux  mi  nia  turcs  avei!  la  roue  des  Juifs 

Lkvi  (Israël).  Miuiatures  repre^eutaiit  des  Juifs.  ,...*.. .   . 

MotioyA  i,LeoiieiloL  Les  exiles  dlis|iâgiie  à  Ferrare  eu  (493 i 

KaufmaNX  et  Lobio.  Le  sceau  d'Abraham  bar  Suadja  el  le  sceau 

•*::rï:nnî*^ , . 

Lo«B  (Isidore).  La  juiverlc  de  Jereîs  de  la  Frouterô  ......* 


BIBLIOGRAPHIE. 


Lown 


(Isidorel  L  Revue  hibliograpliique. — 

IL  Mélanges  de  critique  biblique,  par  Gustave  d'EiCH- 
THAU  et  Une  nouvelle  hypoUieàe  sur  la  composîtiou  el 

rorigiue  du  Deutérouome,  par  Maurice  Vichnks 

Ulv,\l  tRtiI>tiU&).    Des  Gregorius  Abuifarag  .\ûmerkuageu  zu 
den  Saiooiotùscheà  Schnlïeu,  publié  par  Alfred  Bahifs 
.\ddLiious  et  rectitications 


ACTES  ET  CONFÉRENCES. 

liiiiNACH  (Théodore;,  Les  motiuaies  juives 

Li*ste  de^  luetûbres  de  la  Société  pendaul  Tauuée  Ï886 


PRIX  D'ABONNEMENT  A    LA  ilEVUL'  DES  ÊTLDES  JUIVES 

Uu  aii. ...      25  fr. 

Prix  ihi  titmiéro 'î  — 


VGHi»All.1.KS.  l^l'UrSIKIllK  I^RIU    £T   PrLïi,  KUK  DUPLKMIS,  âU. 


EN  VENTE  A  LA  LIUHAIUIE  A.  DUHLACHER 

iibiS,   KUK   I.AFATETrK 


TABLES  1)1:  CALENDRIER  JUIF 

l>EP(  ISL'ÊBE  CIIHIiTII-NNi:  JUSQU'AU  XXX*  SlECLK 


AY8C 


u  mmum  m  dates  juives  et  des  dates  cHRtriESSES 

KT  UNE  MÉTliÛBE  NOUVELLE  POIU  CALCL^KR  CES  TApLES 

Par    ISIDORE    LOKB 


Vmx   :   10  FRANCb, 


&s  nouveaux  ScM:îélaires  qui  vouclroot  acquérir  la  collcciioo 
couiplèle  des  volumes  de  la  lUtt/e  parus  au  moment  de  leur  enlrêc 
dans  la  Sociélét  obliendront  ces  volumes  (avec  V Annuaire)  à  raison 
de  SO  francs  par  année,  au  lieu  de  25  francs. 


MM.  le:=  Sociéuires  des  déparïemenls  et  de  rÉtroDgcr  qui  n'ont 
pas  encore  acquiilé  leur  coUsalioo  sont  priés  d'en  adresser  le  mou- 
lant, k  plus  iéi  posêîMi,  à  M.  lk  Trksorjicr,  17,  ruk  Saint- Gkokoks, 
Paris,  sUls  ne  veulent  pas  sou*rrir  <l*tnterruiilion  dans  Teuvoi  do 
la  Reçue. 


Les  séances  du  Conseil  anront  lieu  à  liuîl  heures  et  demie  du 

soir,  rue  de  lu  Victoire,  44^  salle  Consiàloriale^  au^x  dales  sui- 
vantes :  27  octobre—  24  novembre  —  29  décembre  «887  —  26  jan- 
vier —  ti  février  —  î9  mars  —  26  avril  —  \\\  moi  —  28  juin  <888* 


REVUE 


DBS 


ÉTUDES    JUIVES 


VERSAILLES 

^.^KRF     ET    FILS,    IMPRIMKURS 
5\>,  BUK    DUPLE8»I»,   5'.î 


REVUE 


DES 


ÉTUDES  JUIVES 


PUBLICATION  TRIMESTRIELLE 
1)K  LA  SOCIÉTÉ  DES  ÉTUDES  JUIVES 


TOME  SEIZIÈME 


PARIS 

A    LA   LIBRAIRIK   A.    DURLACHER 

SI"',  RUK    LAFAYETTK 

i888 


LES  JUIFS 


BES  ANCIENS  COMTÉS  DE  EOUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE 


;  SUITE' 


VII 


UC  ROI  MARTIN  D'ABAOON  ET  tES  JUIFS  DES  DEUX  Cn\fTéS.  —  NOU^TÎAU 
MODE  d'kLECTION  DES  FONCTIONNAIRES  DE  L*ALJAMA  (1396*1410). 


Le  roi  Jean  1"  aimait  passionnément  la  chasse.  Un  jour  qull 
eouraît  le  gibier  dans  la  forêt  de  Foxa,  il  tomba  de  cheval  et  so 
toa  (19  mai  1396).  Il  avait  Itii-môrae  désigné  pour  son  successeur 
son  fr*^re  don  Martin,  duc  de  Montblanc,  qai^  à  ce  moment,  corr- 
mandait  en  Sicile.  Martin  possédait  quelques-unes  des  qualités  qui 
Tonl  un  bon  roi,  et  il  n^avait  ni  la  politique  étroite,  ni  la  religion 
soperslitieuse  de  ses  devanciers.  Un  grand  nombre  de  documents 
nous  enseignent  qu'il  fut  particulièrement  attentif  aux  intérêts  du 
Iloussilion,  Les  juifs  qui  habitaient  ce  pays  profitéfrent  singulière- 
ment de  ses  bonnes  dispositions.  Les  retenir  dans  ses  états  lui  pa- 
raissait une  chose  bonne  et  utile.  Il  savait  que  les  juifs  se  ressen- 
taient <ie  l'industrie  des  Arabes,  avec  lesquels  ils  étaient  en  con- 
tact par  plus  d*un  point.  Il  lit  donc  exercer  des  poursuites  contre 
les  chrétiens  qui  maltraitaient  les  juifs»  et  désavoua  quelques  fois 
les  pn^tres  ou  les  moines  qui  prêchaient  la  guerre  contre  la  race 
dlsrael  *.  Le  roi  savait  aussi  que  la  bourse  des  juifs  de  Perpignan 

I  Voir  Jirvut^  lomo  X\\  p*  lîK 

*  (t  ne   fut   pas   toujours  d  une  f^mQjQ  lenârûfise  pour  le  clergé,  mâma  en  debora 
qu«  nous  sîgTiiiloos  ici.  Il  donna  un  jour  commission  ù  Jean  Servent»  archi- 
\  d'Kttia  el  auditeur  à  ta  cour  royale,  do  rechercher  et  dû  poursuivre  en  Hous- 
T.  XVI,  «*>  31.  "  1 


2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

était  toujours  à  sa  disposition,  surtout  depuis  qu'ils  lui  avaient 
offert  un  don  gracieux  de  4.000  florins  à  son  avènement  au  trône 
d*Aragon*.  Les  événements  du  mois  d*août  1391*  avaient  néces- 
sairement porté  un  rude  coup  à  la  juiverie  de  Perpignan,  et  le 
nombre  des  habitants  du  Call  avait  sensiblement  diminué.  Cepen- 
dant, ceux  qui  restaient  avaient  repris  courage;  mais  ils  ne  purent 
relever  leurs  affaires  qu'en  contractant  des  dettes.  Pour  les  étein- 
dre le  plus  tôt  possible,  ils  établirent  sur  les  maisons  et  autres 
propriétés  du  Call  de  la  ville  de  Perpignan  et  de  ses  dépendances 
un  impôt  extraordinaire,  dit  de  cois  o  morabaiins.  Cet  impôt  de- 
vint si  lourd  et  si  gênant  pour  les  propriétaires,  qu'une  sentence 
arbitrale  de  Samuel  Alphaquim  décida  que  rAljayna  verserait  im- 
médiatement, à  titre  de  secours  auxdits  propriétaires,  une  somme 
de  200  livres  de  Barcelone  entre  les  mains  de  Georges  Pons,  pro- 
cureur des  créanciers  '.  Bientôt  le  travail  manqua  ;  les  créanciers 

sillon  divers  chapelains  et  prêtres  royaux  et  autres  ecclésiastiques  coupables  de 
débauches  et  autres  excès,  que  l'évêque  ne  pouvait  réprimer  «  vu  leur  qualité  de 
familiers  d  u  roi  ■ ,  ainsi  que  les  nombreux  incendiaires,  quêteurs  et  voleurs  d'églises, 
concubinaires  et  usuriers  «  qui  prêtaient  a  des  taux  immodérée  >  (B.  188). 

Le  30  août  1397,  le  bailli  de  Vinça  ût  exercer  des  poursuites  contre  un  certain 
Pierre  Vilar,  des  Bains  d'Arles  (Amélie-les-Bains),  cordonnier,  parce  qu'il  éltil  en 
compagnie  d'un  nommé  Ramonet  Lombart  çui  verberamt  quemdam  judeum  al  Pont 
de  Letitilla  infra  terminos  de  Jocho  (Carlulaire  d'Alart,  II,  Vinça.  p.  84).  Quelques 
années  plus  lard,  on  fit  faire  des  criées  à  Perpignan  défendant  expressément  de  frap- 
per ou  de  faire  frapper  aucun  juif  v^B.  234J. 

>  B.  175. 

*  Je  vois,  par  un  document  inséré  dans  B.  330,  que  Ton  avait  dressé,  quelque 
temps  après,  des  procès- verbaux  d'enlèvement  de  divers  meubles  et  effets  de  juifs. 
extraits  du  Call  et  déposés  chez  des  particuliers,  par  ordre  du  gouverneur,  pour  en 
empêcher  le  pilla^Çe  par  les  émeutiers  chrétiens  ;  ce  qui  confirme  bien  ce  qu(i  nous 
avons  dit  plus  haut  à  ce  sujet. 

»  B.  331.  --  Le  MaHuel  de  Pierre  Vila  pour  l'année  1418  contient  une  liste  ée 
las  casas  çui  son  dins  la  clausura  del  Call  e  fan  morabaiins  (payant  le  cens  de  ma- 
rabotins).  Je  prends  les  premiers  articles  : 

Primo  lionoratus  petri  olim  vocatus  Yssach  Samson,  filius  et  hères,  ut  dixit,  uni- 
Tcrsalis  Samson  Yssach  judei  q°  oblulit  quoddam  instrumentum  publicum  in  et  cum 
quo  Vitalis  Salamo  judous  Perpiniani  habilator  Appamiarum(Ptfi»»er«)  vendidit  diclo 
Samsoni  Yssach  quoddam  hospicium  in  tus  clausuram  Calli  judeorum  Perpiniani  in 
vico  vocato  <  Vitalis  Struch  >  scilum,  confrontans  cum  tenencia  Zarchi  Salamoni  et 
in  dicta  via  vocata  «  Vitalis  Slruch  •  et  cum  tenencia  Dauini  Salamoni  judei  q*  et 
cum  tenencia  Dauini  Cohen.  Quod  fuit  actum  Carcassone  anno  dominice  incarna' 
cionis  M.  CCC.  L  XXX  nono.  Vil'  die  septcmbris,  receptum  per  magintrum  Tbo- 
mam  de  Clarano  notarium  auctoritate  regia  Carcassone  pro  tune  dictum  hospicium 
erat  franchum  et  liberum  juxla  tenorem  dicli  instrumenti  et  sic  nuUum  faciebat 
morabatinum.  —  £n  marge  :  Ha  dat  que  fa  sinch  morabatins;  fall  bi  segonssediu 
nu  sols  VI,  diners. 

Dicta  die.  —  Item  Johannes  Magistri,  olim  vocatus  Abram  Yssacli  de  Caldes,  ob' 
tulit  instrumentum  quo  Cresques  Maymo,  judeus  olim  ville  Perpiniani  nunc  habilator 
Petralate  (Peralada,  en  Ampurda)  vçndidit  diclo  olim  Abram  Yssach  de  Caldes  quco- 
dam  solum  terre  sive  «  sotol  »  (rez-de-chaussée)  et  unum  solerium  cum  uno  porlico 
sive  <  portxet  »  intus  dictam   clausuram  Calli,  scitum  loco  vocato   «  Lo  Mtf  del 


LES  JUIFS  BE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE  3 

imoTitn^rent  rigoureusement  exigeants.  Pour  mottre  un  terme  à 
ceUlat  de  choses,  Martin  onloniia  au  gouverneur  de  Roussillon» 
sotts  l'énorme  peine  de  2,000  florins  d'or,  de  faire  surseoir  à  toute 
jKmrsmte  contre  les  juifs  jusqu'à  ce  qu^il  en  fût  autrement  ordonné 
pirlui,  sans  prétendre  toutefois  que  les  créanciers  perdraient  leurs 
créances.  L'ordonnance,  qui  est  du  3  octobre  1398,  est  niotivée 
'ce  que  *  la  plus  grande  misère  et  la  plus  grande  désolation 
gnent  dans  IWljama,  à  cause  des  fréquentes  exécutions  faites  à 
tmstance  des  créanciers  ».  Une  pareille  situation  formait  plusieurs 
juifs  â  abandonner  leur  domicile  *.  Sous  la  protection  de  Martin, 
ksjaifs  eurent  LientOt  rétabli  leurs  afîaires,  grâce  à  Tactivité 
iiicessanle  de  leur  industrie,  et  ils  ne  tardèrent  pas  à  redevenir 
-mêmes  créanciers  de  chrétiens.  C'est  alors  que  le  roi  leur  ac- 
da  le  droit  de  poursuivre  les  mauvais  payeurs  chrétiens  jusqu'à 
la  prise  de  corps.  Les  Perpîgnanais  protestèrent  vivement  contre 
ttne  semblable  mesure,  qui  permettait  aux  juifs  de  les  jeter  en 
prison.  Leurs  consuls  agirent  si  bien  auprès  du  roi  Martin,  que 
celui-ci  révoqua,  le  21*  mai  1400,  une  mesure  très  juste  au  fond, 
tnais  en  opposition  avec  les  usages  de  la  ville.  Une  autre  ordon- 
nance fera  voir  encore  mieux  combien  le  roi  Martin  avait  pris  les 
juifîî  SQUs  sa  protection.  En  1398,  il  ordonna  an  gouverneur  des 
comtés  de  chercher  dans  le  Cail  une  maison  pour  y  établir  une 
Cûrteria  commune,  c'est-à-dire  un  dépôt  des  étalons  de  toutes 
ttieiiures  dans  le  pays,  afin  qu  iï  fût  loisible  à  chaque  juif  de  véri- 
ûersi  on  ne  Tavait  pas  trompé  sur  le  mesurage  ou  le  poids.  Dans 
la  crainte  que  cette  mesure  protectrice  ne  fut  point  exécutée,  le 


rcr  t,  cooffonlans  vum  quadam  privila  dicU  maasi  et  cum  acre  ejusdcm  mansi  et 
*u«ii»ka,  Âctum  xxvu  novembris  M.CCCC.VIII.  recepLutti  per  Fubre  notorium,  saWo 
i^n  coroDe  m  tm  morabaUns  udo  solido  et  sex  deuariis  cânsualiJiUS  ut  ia  directo 
^**ioo(J/tf/iuei  de  Pierro  Vila,  notaires,  n«  14j2). 

*  Heiuy,  Histoire  du  Emuiihn,  L  II,  p.  203.  —  Le  23  noTcmbre  1407,  il  j  eut 

^^rÉo&ioa  k  U  synagogue  du  CaiU  Parmi  les  présents  je  remarque  :  Vilalk  Betidil, 

^■••iti  Bomacipf  Jaco  Struch,  roagisler  Abmni  Veger,  mogisler  iïoDet  Maymo»  judei 

^■^CJ^Um  bûc  anno,  SUucbua   à&  Besalum,  ma^iater  Mahîrius  BotieLi,  Abram  Cabril, 

^*W<»iius    d«  EéUcayre,  Leonus  de  Cabestaoy,  Bonafos  Pater^   Gresques  Alpha- 

^l^>^  Mofs«  CoheD^  Ferrarius  Bomacip,  Ueaviîuiât  iloucl,  Durau    Salamiee,  cousil^ 

'*^u.  Vt4«l  B«udit  prit  le  premier  U  parolo  pour  exposer   les  plainLea   qu'un  graud 

^^bie  de  ]mfs  avaient  lormutées  au  aujat  des  cens  qui  greYueot  leurs   maiaoDS  : 

••  §U0m  i70#  fffti/lcar  tjue  tôt  jotn  a  n&t  tenen  miflti  d«U  an^wlars  jukeus  de  la 

•Wi  djûma  êitposan  «  dimti  qm  fitr  ht  ctHtu  qudê  dits  propnttarit   iâ»  **  /itfjar 

<fei  •  «ftjcwii  dtlU  Ht  ton  moit  afftujits  e  Uttt  coiu  ne  tentit  a  total  ruina  e  deca- 

r  f  éêttrucào;  ils  ajoutent  que  le  protecteur  des  créanciers  leur  lait  ^rant  €  re- 

r  i9êfuci<fiu  $  fvrU,  »i  bien  que  de  càtcuna  cxtquaù  han  a  pngar  xii.  dimert^ 

^fu  m9tf^et  montcn  mu  lot  salant  dels  tags  (buissiers)  qu^no  fa  lo  ans  quty  rtt* 

I  «  ffëgar.  On  décjdo  que,  pour  rvxtincilou  de^  deUt^a,  toute  ia  cùmmuuautè  [cornu) 

paiera  aux  cféaticierB  ou  a  leur  proLecle^ir  lea  impositions  exUaordiDaiics  de  mora^ 

Miûi  éuhiUsB  sur  les  propriétaires  du  CfxH  (B«  334}^. 


1 


/.  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

roi  prononçait  contre  le  gouverneur  lui-même  une  amende  de 
1,000  florins  d'or,  à  prendre  sur  ses  biens,  s'il  négligeai^  de  rem- 
plir ses  ordres  *. 

Etendant  sur  Les  juifs  de  Perpignan  le  bénéfice  des  libertés  pu- 
bliques consacrées  par  la  constitution  municipale  de  la  ville  de 
Perpignan,  Martin  homologua,  le  28  juillet  1408,  une  délibéra- 
tion prise  par  les  secrétaires,  clavaires  et  conseillers  de  rAljama 
sur  le  mode  d'élection  des  officiers  de  la  communauté  juive. 

Les  articles  de  cette  délibération  peuvent  se  résumer  de  la 
manière  suivante  : 

I.  —  Tout  juif  qui  ne  possédera  pas  au  moins  dix  livres  de 
revenu  ne  pourra  entrer  au  Conseil,  et,  si  cette  garantie  ne 
semble  pas  suffisante  au  roi  ou  aux  répartiteurs  de  l'impôt  de 
TAljama,  il  en  sera  exclu  : 

IL  —  Les  secrétaires  actuels  et  futurs  seront  tenus  d'avoir 
un  scribe  juif  qui  inscrira  chaque  année,  dans  un  livre,  tout  ce  qui 
concerne  la  clavairie  *.  Les  secrétaires  pourront  autoriser  toute» 
dépenses  dont  la  valeur  ne  sera  pas  de  plus  de  douze  soiis;  quant 
à  celles  de  douze  sous  et  au-dessus,  elles  ne  pourront  être  con- 
senties que  par  les  secrétaires  et  le  Conseil,  à  la  majorité  des 
voix,  ce  consentement  devant  être  inscrit  par  le  scribe  juif  avant 
qu'une  partie  de  ces  dépenses  ait  été  effectuée.  Il  est  défendu  au 
clavaire  de  disposer  d'aucune  somme  de  toute  autre  manière  (>w 
gos  en  alira  manera  despemlre  dvier  algun)  ; 

III.  —  Les  secrétaires  ni  aucune  personne  autre  que  le  seul 
clavaire  ne  pourront  recevoir  ni  administrer  les  deniers  apparte- 
nant à  l'Aljama  ; 

IV.  —  A  l'avenir,  l'élection  de  clavairie,  d'auditeur  des  comptes 
et  de  scribe  pourra  être  faite  par  les  secrétaires,  suivant  la  cou- 
tume; celle  des  secrétaires  sera  faite  par  le  Conseil,  à  la  majorité 
des  voix  ;  elle  aura  lieu  le  10  du  mois  d'août  de  chaque  année;  dix 
jours  auparavant,  les  secrétaires  et  les  membres  du  Conseil  au- 
ront à  s'enfermer  dans  une  maison,  de  laquelle  ils  ne  pourront 
sortir  que  lorsqu'ils  se  seront  mis  d'accord  sur  le  choix  des  futurs 
secrétaires  ;  il  ne  pourra  y  avoir  en  même  temps,  dans  le  Conseil, 
père  et  fils,  aïeul  et  petit-fils,  deux  frères,  deux  ou  plusieurs 
cousins  germains,  oncle  et  neveu,  beau-père  et  gendre,  ou  deux 
beaux-frères; 

V.  —  Nul  juif  ni  juive  ne  pourra  faire  intervenir  ni  chrétien  ni 
chrétienne  dans  les  débats  qu'il  pourrait  avoir   avec  VÈ 

»  Hinry,  oiirr.  «>.,  Il,  p.  2ii9. 
•  Tôt  h  ftt  4t  ('a  dararùt. 


LES  JXriFS  DE  BOUSSILLON  ET  fiE  CEIIDAGNE 

fînivec  quelqu'un  de  ses  membres,  dans  le  Lut  d'obtenir  im  office 
jielconque  dans  cette  Aljama  ou  pour  iHre  membre  du  Conseil,  et 
ipar  voie  de  prières,  de  menaces  ou  de  toute  autre  manière; 
pntre,  toutes  les  fois  qirun  chrétien  ou  une  chrétienne  priera 
lacera,  en  quelque  manit^re  que  ce  soit,  l'Aljama  en  corps 
i  quelqu'un  de  ses  membres  en  faveur  d'un  juif  ou  d'une  juive 
pour  quelque  chose  qui  les  concernerait,  que  ce  juif  ou 
^iveeii  faveur  de  qui  ces  prières  ou  menaces  auraient  été  faites 
iU  ipso  facto^  mis  à  Técart,  lors  même  qu*il  dirait»  alléguerait 
jurerait  qiiMl  est  étran^^er  à  ces  prières  ou  à  ces  menaces, 
et  les  secrétaires  seront  tenus  de  pubUer  le  rejet  de  tel  juif  ou 
juive  en  faveur  de  (jui  ces  prières  ou  ces  menaces  auraient  été 
kites; 

|Vl  —  Tous  les  articles  précédents  seront  observés  à  la  lettre 
•c^ux  ou  celles  à  qui  il  appartiendra,  sous  peine  de  100  florins 
brd*Aragon  *. 

[Le  lecteur  a  vu  plus  haut  avec  quel  soin  les  créanciers  des  juifs 
liaient  à  leur  argent  ;  il  n'est  donc  pas  étonnant  que  les  juifs  in* 
jMassent,  de  leur  côté,  pour  rentrer  dans  leurs  fojids.  Malheureu- 
ûeat,  les  chrétiens  trouvaient  beaucoup  trop  souvent  un  moyen 
pour  retarder  les  écliéances.  Les  juifs  s'en  plaignirent  au  roi 
Martin,  qui,  par  lettres  du  28  juillet  1408,  leur  promit  de  ne  plus 
acconler,  de  ce  moment  à  cinq  ans,  aucun  sursis,  délai,  sauf- 
■pnduit  ou  prorogation  de  payement  aux  communes  ou  parti- 
■dier»  qui  étaient  leurs  débiteurs.  Excellente  mesure,  qui  per- 
Bettait  aux  juifs,  presque  tous  négociants,  de  faire  travailler 
■ir  argent '. 

BUirtin  mourut  le  31  mai  1410,  à  Tàge  de  cinquante-deux  ans* 
C*élait  une  grande  perte  pour  ses  sujets,  dont  il  avait  constamment 
ursuivi  le  bonheur,  et  surtout  pour  les  juifs,  qui  lui  devaient  de 
ges  mesures  et  des  ordonnances  bienlaisantes,  que  ses  succes- 
w»  ne  respectèrent  pas  assez.  Deux  années  d'anarchie  suivi- 
ïîilsa  mort;  en  1412  seulement,  Tinfaut  de  Castille  fut  proclamé 
pi  d*Âragon,  sous  le  nom  de  Ferdinand  I^%  par  une  commission 
unie  à  Caspé. 


'  B.  232  (fc^islTc   XV   de  lo    Procuratm  rcal)^  i»  3Ij.  ^ —  Co  «locumêQi»  ainsi-que 

ait«!)c«  de  1415,  u  tté  oiiûlysé  par  Ileiiry  dans  ses  M<^ianp9  hitiçrif/ncs  lue- 

hf«DUiClit  de  lu  Uibliulhètjiic  puLliqui?  de  Perpignan]. 

r'lK*j*  en  1375,  de«  provi^-^ions  dtî  Pierre  Ul  d'AroRon  avulenl  dû  régler  lo  modo 

iyejnenL  des  deUcï»  conlruiléea  envers  les  juils  do  PoTpîguun  pur  liivcrsea  t!om- 

i«ulé9  et  pcrBonnes  du  Hou^illon,  uuxtjuelUâ  il  avail  éiû  uccordiii  des  di3i«is,  à  lu 

I  ImvMion  de  riufuEt  de  Majorque  (B.  329J, 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


VIII 


RÈGNE  DK  FERDINAND  l^  D'ARAGON.  —  ORDONNANCE  SUR  l^ES  SYNA- 
GOGUES ET  LE  CULTE   ISRAÉLITE    (1412-1416). 


Comme  si  la  fatalité  avait  marqué  ce  nom  de  Ferdinand  pour 
le  malheur  des  juifs*,  ce  roi  élu,  prêtant  une  oreille  attentive 
aux  accusations  de  quelques  juifs  convertis  au  christianisme,  dé- 
fendit expressément  de  faire,  à  Tavenir,  dans  les  synagogues  Ja 
lecture  du  Talmud  Mahace  lehii,  «  composé  contre  Jésus-Christ 
par  certains  faux  rabbins  »,  et  de  tout  autre  bréviaire  «  ou 
écriture  contenant  des  malédictions,  mépris,  ou  quelque  autre 
malhonnêteté  quelconque  contre  notre  Rédempteur  et  sa  mort 
très  sacrée,  et  contre  la  sainte  foi  catholique,  les  sacrements  de 
rÉglise,  les  Saints  et  les  Saintes,  aussi  bien  que  contre  les  vases 
sacrés,  reliques,  ornements  et  autres  mystères  de  la  Sainte 
Église  et  contre  tout  chrétien  en  général  et  en  particulier  *  ». 

Parmi  les  autres  dispositions  de  cette  très  longue  ordonnance 
donnée  le  23  juillet  1415,  nous  citerons  les  suivantes  : 

Aucun  juif  ou  juive  ne. pourra  recevoir  en  nantissement  un 
objet  quelconque  appartenant  à  TÉglise  ; 

Aucun  juif  ne  pourra  être  jugé  en  quelque  cause  que  ce  soit, 
civile  ou  criminelle,  nonobstant  tout  privilège  contraire; 

Aucun  juif  mâle  ou  femelle  ne  pourra  exercer  la  médecine  ou 
la  chirurgie  ni  la  pharmacie  à  l'égard  des  chrétiens  ; 

Ils  ne  pourront  accoucher  aucune  femme  chrétienne,  remplir 
aucun  emploi  ni  service  hors  de  leur  propre  Call; 

Aucun  chrétien  ne  recevra  d'eux  ni  pain,  ni  viande,  ni  aliments 
d'aucune  espèce,  le  tout  sous  peine  au  juif  de  courir  la  ville, 
c'est-à-dire  d'être  fustigé  sur  les  places  et  carrefours,  et  au 
chrétien  d'une  amende  de  50  sous  pour  chaque  contravention. 

Ferdinand  défendait  de  construire  de  nouvelles  synagogues, 
d'agrandir,  réparer  ou  embellir  les  anciennes,  celles  que  la  piété 
s'était  plu  à  orner  et  à  enrichir.  Partout  où  il  s'en  trouvait 
plusieurs,  une  seule  devait  rester  ouverte  au  culte  Israélite,  et 
celle-ci  même  ne  devait  point  appartenir  à  la  catégorie  des  syna- 

'  Les  juifs  de  rAljama  de  Perpignan  avaient  pijé  220  livres  pour  l'imposition  da 
couronnement  de  Ferdinand  !•'  (B.  335). 

«  Archives  des  Pyrénées-Orientales,  13.  217,  f»  26-33, 


LES  JUIFS  r>K  JlOrSSÎLLON  ET  m  CERDAGNE  7 

rf^marqtiablos  par  leur  décoraHon.  Lm  ofllciers  royaux 

lient  chargés  de  faire  ffriner  dans  Je  délai  de  deux  mois  les  sy- 

gogues  sui»jirimées.  Dans  les  lieux  où  il  n'existerait  qn'uii  seul 

ces  temples,  on  poiUTait  le  laisser  ouvert,  pourvu  qu'il  ne  lut 

B  du  nombre  de  ceux  que  leur  richesse  ou  leur  ruagaificence 

Bait  proscrire.  Si  le  temple  était  dans  ce  cas,  les  juifs  avaient 

permission  de  se  réunir  dans  une  maison  particulière,  quMUs 

kurraient  approprier  à  Texercice  de   Jein^  culte.    S'il    arrivait 

l'une  synagogue»  soit  par  un  titre  quelconque,  soit  par  tradition, 

it  été  originairement  une  église  clirétïeifne,  elle  devait  i>tre  fer- 

^iramédiatement,  dans  quelque  condition  qu'elle  se  trouvât. 

Cette  série  de  mesures  vexatoires  aurait  été  trop  incomplète, 

elles  n'avaient  visé  que  les  synagogues  :  il  fallait  atteindre  les 

ersonnes.  C'est  ce  que  fait  l'ordonnance  avec  une  très  méchante 

lialiieté.  Dans  les  villes  oii  il  se  trouvait  plusieurs  Juifs,  Tordon- 

nance  royale  les  contraignait  d'assister  trois  fois  par  an  à  un 

sermon  qui  leur  serait  prêché  par  un  maître  en  thé*)logie  ou  par 

tout  autre  prêtre  caf>ahle,  savoir  :  au  second  diniauche  do  l'Avejit, 

la  seconde  fête  de  Pâques  de  la  résurrection  (pour  distinguer  la 

ue  chrétienne  de  la  pâque  héhraïque)  et  «  au  troisième  di- 

nce  où  Ton  cliante  l'évangile  :  comme  le  seifineur  Jé^ms-Càrisi 

pprocha  de  Jérusalem  voyant  la  ville,  il  pleura  5i(r  elle,  lequel 

»limanche  est  au  mois  d*aoùt.  »  Le  roi  règle  jusqu'à  la  matière  de 

Eaermons,  auxquels  devaient  assister  tous  les  juifs  ou  juives 
s  (le  plus  de  douze  aus.  Nous  traduisons  textuellement  cette 
partie  de  l'ordonnance  :  «  La  matière  du  premier  sermon  sera  de 
mouirer  pleinement»  par  les  autorités  mêmes  que  les  juifs  ne  peu- 
vm rejeter  la  venue  longtemps  désirée  du  vrai  Messie,  notre  sau- 
veur Jésus-Christ,  montrant  que  ce  vrai  Messie,  encore  attendu 
l>4reux,  est  déjà  venu  depuis  bien  longtemps,  La  matière  du  se- 
cond sermon  sera  de  faire  très  bien  comprendre  auxdits  juifs  eu 
combien  de  différentes  erreurs  est  évidemment  tombé  Taveugle- 
flQent  judaïque,  après  que,  le  fîls  de  Dieu  venant  en  chair,  ils  ont 
Pcfiwéde  le  voir  avec  les  yeux  de  rintelligence»  débitant  sur  cela 
•  choses  vaines,  des  erreurs  ridicules  et  dampuables,  des  men- 
Bges  et  des  hérésies  exécrables,  lesquelles  sont  contenues  dans 
it  Talmud  des  juifs,  rétligé  et  composé  par  ceux  qu'ils  re- 
rtent  comme  étant  de  grande  autorité.  Celui  qui  prêchera  le 
Msî^me  sermon  aura  principalement  en  vue  de  montrer  aux 
Hits  juifs  la  deslrnction  du  temple  de  la  ville  de  Jérusalem» 
rtvée  en  conséquence  de  ce  que  Notre  Sauveur  avait  dit  et  pro- 
lti(iu4  dans  révarigile  de  ce  jour- là,  qui  concorde  pleineniCTit 
t  Ie«  saints  prophètes  ;  il  s'elîorcera,  en  outre,  de  démontrer 


8  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

de  la  manière  la  plus  évidente  la  perpétuelle  captivité  du  peaple 
juif.  Ensuite,  à  la  fin  de  ce  sermon,  il  lira  publiquement  et  à  intel- 
ligible voix  ces  présentes  nos  constitutions  et  pragmatiques,  les 
expliquant  le  mieux  qu'il  pourra  afin  qu'elles  se  gravent  le  plus 
efficacement  possible  dans  leur  mémoire.  » 

On  dirait  le  langage  présomptueux  et  intolérant  d*un  inquisi- 
teur  auquel  le  monarque  aurait  cédé  la  plume  pour  un  moment. 
Cependant,  Ferdinand,  vers  la  fin  de  son  ordonnance,  reparaît 
avec  son  caractère  de  bonté ,  de  douceur  et  de  conciliation.  Il 
recommande  avec  instance  la  modération,  la  charité,  les  caresses 
môme  envers  les  juifs,  a  moyens  qui  montrent  bien  mieux,  dit-il, 
le  caractère  de  la  religion  chrétienne,  que  la  rudesse,  les  mauvais 
traitements  et  les  autres  procédés  violents  et  inconvenants  ». 

Ces  conseils  étaient  excellents;  mais,  venant  après  la  longue 
liste  des  rigueurs  contenues  dans  le  reste  de  Tordonnance  royale, 
ils  perdaient  de  leur  valeur,  surtout  aux  yeux  du  peuple,  qui 
ne  portait  pas  les  juifs  dans  son  cœur. 

Ferdinand  régna,  d'ailleurs,  peu  de  temps.  Il  avait  fait  son  tes- 
tament à  Perpignan  dès  le  10  octobre  1415.  Il  mourut  le  2  avril 
1416  à  Igualada,  pendant  qu'il  était  en  route  pour  la  Castille,  où 
il  allait  engager  le  roi  de  ce  pays  à  renoncer  à  Tobédience  du 
pseudo-pape  Benoit  XIII.  Nous  aurons  l'occasion  de  revenir  sur  ce 
dernier  personnage. 


IX 


RI^^NB  D'ALPHONSK  IV  d'ARAGON.  —  DÉMÊLÉS  DU  ROI  AVEC  LBS  IN- 
VîUISITKURS  .\U  SUJET  DES  JUIFS  DES  DEUX  COMTÉS  (1416-1458). 


Fenlinand  I*'  avait  é|>ousé  à  Madrid,  en  1393,  Eléonore,  fille  de 
Siinche»  oomto  d'Albuquerque.  Be  cette  union  naquirent  plusieurs 
onfants.  L*ahu\  appelé  Alphonse,  vint  au  monde  à  Médina  del 
Caai(H>«  on  i;^U.   Il  porta  le  nom  de  c  Prince  de  Girone  »  dès  le 
mois  de  septembre  141*2.  CVst  lui  qui  monta  sur  le  trône  d'Aragon 
apn>s  la  mort  de  son  père,  sous  le  nom  d'Alphonse  IV.  Ses  vastes 
connaissances  lui  firent  donner  le  surnom  de  SabiOy  qui  signifie 
t^lement  *  sa^^  v  et  *  savant  ».  11  répétait  souvent  qu*im  prUice 
içHOfWit  nVst  j7mM'  iîii-t/€'5jfi<jf  tfun  âne  couronné.   Appelé 
à  Naples  |Kir  la  rvine  Jeanne  11  en  14:^3,  il  n  en  revint  qu'en  1435. 
U  r^v»*  ^iouo  i>ou  jxar  lui-même  en  Angon  ;  mais  il  y  fut  admira- 


LUS  JUIFS  DE  ROUSSI LLON  ET  Dli  CERDAONli  0 

èment  suppléé  par  sa  femme,  la  reine  Marte,  douée  de  toutes  les 
lialités  qui  font  uu  ban  monarque*.  Elle  eut  plusieurs  fois  i'occa* 
on  d'en  donner  des  preuves  durant  les  quinze  années  qu'elle  ad- 
nnistra  le  royaume. 

Le  bailH  de  Perpifirnan*,  cédant  aux  instances  des  consuls,  provo- 
liées  eJies-mémes  par  les  plaintes  eontiiiuelles  des  ouvriers  cliré- 
etis,fit  publier  dans  cette  ville  Je  27  juin  1427,  un  règlement  d'une 
Uréme  gravité,  concernant  les  juifs.  Ce  règlement  portait  défense  : 

De  donner  aucun  ouvrap;e  à  faire  à  des  juifs  ; 

De  recevoir  aucun  juif  dans  une  maison  pour  y  demeurer  ; 

D'aller  à  TAljama  du  vendredi  soir  au  samedi  matin  ; 

D'entrer  dans  le  Call  pour  y  boire,  manger  ou  jouer  ; 

D'y  entrer  après  le  coucher  du  soleil  et  aux  jours  de  fêtes 
Dlennelles,  Je  tout  sous  peine  de  cinquante  sous  d'amende,  dont 
IJ3  tiers  au  profit  du  dénonciateur. 

Le  Laill!  était  allé  si  loin  que  le  roi  Alphonse  IV  dut  révoquer 
toîonnance  de  cet  officier  royal;  en  privant  les  Juifs  de  tout  tra- 
wil,  elle  ne  tendait  à  rien  moins  qu'à  les  faire  mourir  de  faim. 
Après  avoir  répété  mot  à  mot  toute  l'ordonnance  du  bailli,  le  roi 
Jjoute  :  a  Mais,  comme  il  paraît  audit  Seigneur  roi  que  les  articles 
5ui  défendent  aux  chrétiens  de  donner  de  Touvrage  à  faire,  en  neuf 
ou  en  vieux,  à  des  ouvriers  juifs,  tels  que  tailleurs,  cordonniers, 
Jupouniers  et  autres  métiers  quelconques,  sont  injustes  et  tntoléra- 
Hes  etqu^il  paraît  plus  injuste  encore  au  Seigneur  roi  qu*un  cliré- 
tienne  puisse  donner  de  vieilles  bardes  à  raccommoder  aux  juifs, 
tju'il  lui  parait  également  injuste  qu'aucun  chrétien  ne  puisse 
accaeillir  aucun  juif  indistinctement  dans  sa  maison;  pour  ces 
ffiotifs,  ledit  Seigneur  roi,  par  la  voie  delà  présente  criée,  notifie 
i  chacun  généralement  qu'il  a  révoqué  lesdites  publications  {du 
kaiili;  concernant  lesdits  articles  de  ladite  criée,  laissant  liberté  à 
chacun  et  faculté  à  tout  clirétien  de  donner  aux  juifs  de  l'ouvrage 
i  faire  suivant  le  métit^r  qu1l  aura  de  cordonnier,  tailleur,  jupon- 
liier,  orfèvre,  ou  de  tout  autre  office,  ou  de  faire  confectionner  par 

'<ii  des  liardes  neuves  ou  d'en  faire  réparer  et  raccommoder  de 

'ieilles.  Le  roi  fait  savoir  encore,  par  la  présente  criée,  qu'il  donne 
ultéet  liberté  à  cbaque  chrétien  de  recevoir  dans  sa  niaisoji 

'flt  juif  ouvrier,  mais  seulement  pour  travailler  aux  ouvrages 

*il  fait,  suivant  sa  profession,  à  la  réserve  toutefois  qu'il  ne 

i  l'tvait  épousée,  le  1'2  juia  t41j,  à  Voleoee.  Elle  éUiU  fille  de  Henri  ill, 
iiltUc,  Née  le  1i  novembrâ  1401,  eUe  u'uvaiL  t^uu  lUx-neur  ans  lori$que  son 
liissu  les  réi]i3B  du  royuuuio  d'Ârujfou.  Ëiîu   luuuruL   a   Valeucû    lu   7   sep* 

■Iffc  14^)^,  sans  «înliiiiLs. 

UBi  Èmù  pas  lo  roi  Alpbonâc,  commo  le  dit  Henry,  uiivr.  tité^  11,  p.  21 K 


10  REVUK  DES  ETUDES  JUIVES 

pourra  Vy  faire  demeurer,  manger,  ni  dormir.  Les  autres  articles 
de  la  criée  du  bailli  resteront  dans  toute  leur  force  et  valeur. 
Ordonne  de  plus  le  Seigneur  roi  à  chacun  généralement  de  laisser 
circuler  les  juifs  par  les  rues  de  la  ville  sans  les  injurier  de  fait 
ou  dans  leurs  personnes,  sous  peine  de  cent  sous  d'amende  contre 
tout  contrevenant  et  par  chaque  contravention  et  contre  tout  offi- 
cier qui  n'obéirait  pas  aux  présentes  *  ». 

Ajoutons  encore  qu'Alphonse,  par  une  provision  du  il  octobre 
1417,  avait  enlevé  les  juifs  de  la  juridiction  des  gouverneurs  bailli 
do  Perpignan  et  viguier  de  Roussillon,  et  les  avait  mis  sous  celle 
du  procureur  royal,  chargé  de  l'administration  du  Domaine  *.  Ces 
ordres  du  roi  n'ayant  pas  été  exécutés,  celui-ci,  par  une  nouvelle 
lettre,  datée  du  2  juillet  1427,  enjoignit  au  lieutenant  du  gou- 
verneur général  et  au  viguier  du  Roussillon  d'exécuter  ad  ««^wm 
ladite  i)rovision,  sous  peine  d'une  amende  de  deux  mille  florins'. 

Le  roi  et  la  reine  Marie  ne  furent  pas  moins  énergiques  vis-à- 
vis  des  inquisiteurs,  qui,  depuis  longtemps  déjà,  portaient  l'épou- 
vante dans  la  ville  de  Periugnan. 

Il  ne  sera  peut-être  pas  déplacé  ici  de  dire  un  mot  de  la  façon 
dont  ces  peu  aimables  personnages  exerçaient  leur  ministère; 

»  B.  217,  f»  36. 

*  AlfoQsus  Dei  gracia,  rex  Aragonum...  Gerenti  vices  Gubernatoris  pcneralisin 
comilatibus  Rossilionis  et  Ceritanie,  vicario  Rossilionis  et  Bajulo  vill«  Perpioumi 
celerisquc  oflicialibus. . .  Quia  nos  ex  quibusdam  causis  racionabiliter  inducentibus 
auimum  nostrum  ad  ista,  exiiuiinus  Aljamaiii  Judeorum  ville  Perpiniani  et  iiup- 
lares  de  eadem,  tam  Judeos  quam  Judeas,  a  foro  dislrictu  juridictiooe  et  cogoicione 
vestri  et  cujuslibet  vestrum,  et  submitlimus  illain  et  illos  l'oro  dislrictui  ju:idiclioDi 
et  coj^nicioni  tidelis  nostri  Barlholomei  Mirallcs  proeuratoris  pru  i^obis  in  dictis 
comitatibus  et  locuin  tcnenlis  ejusdem,  dicimus  et  mandamus  vobis  oe  de  cetero  de 
aljama  predicta  nequc  de  causis  civilibus  vel  criroinalibus  ipsam  vel  singulires 
ipsius  tam  in  génère  quam  ia  specie  tangentibus  iutromiltere  vos  curetis...  Dood^ 
à  Valence,  le  27  octobre  1417. 

*  Alfon%us  dei  gracia  rex  Aragonum...   Gcrenti   vices  Gubernatoris  genertlis  >o 
comitatibus  Rossilionis  et   Ceritanie,    vicario   Rossiliouis,  etc.  Pro   parte  Judeorum 
Aljame  ville   Perpiniuni  fuit  nobis  huraililer  supplicatum  quod  licet  per  nos  fuf"t 
eis  couccssa  et  per^eos  vobis  prescntota  quedam  nostra  provisio  seu  litera  sequeu^^ 
tenoris   (ici  la   provision   du  27  octobre  1417  rapportée  ci-dessus).  —  Aliqui  laifl«''° 
veslrum   non  verentur  contra  formam  pre  iuserle  nostre  ordinationis  venire  déclara- 
clones  et  alia  in  contrarium  l'aciendi   sub  vclamine  constitutionum  Cathalonie  et  ca- 
pitula Curiarum;  et  (juia  dicti  Judei  non  comprcbenduntur  sub  dictis  constitucio- 
nibus  et  capitulis,  redarguentes  vos  de  predictis  per  vos  in  contrarium  predicte  p^ 
visionis  factis,  vobis  dicimus  et   districtc  precipiendo  mandamus  sub  pena  2  0^"'^ 
llorenorum  d'exécuter  ad  unguem   ladite  provision.   Datum  Perpiniani  die  2  mt^^^\ 
julii   1427.    Le  17  mai  1428,  Raymond   Coma,  procurator  fischalis  curie  patriéio»** 
regii^  à  la  requête  du  procureur  royal,  lait  présenter  ladite  lettre  a  Pierre  Fonl*^**' 
berta,  donzeil,  bailli  de  Perpignan,  qui  répond  que  ell  era  prest  e  apparellat  ée  co*^ 
pllr  e  servar  lot  manaments  dei  senyor  rey  e  totes  les  cotes  coniengûées  en  la  /i*^^' 
letra  e  que  ell  confetsava  tenir  en  pura  comanda  en  nom  dei  dit  lochtement  ^*f*^^*^ 
rador  reyal  la  fradina  juhia  laquai  era  en  casa  nra,  de  laquai  era  dehat  r»y  eui^^ 
dit  lachtinent  et  lo  dit  batlle. 


LES  JUIFS  DE  ROUSSriLUN  ET  DE  CEBDAGNE 


1) 


,  pour  cela,  je  dois  reprendre  les  choses  d*uii  peu  plus  loin. 
lit  que  rinquisitioii  ne  fut  réellement  constituée  qu>n  V23S, 
année  où  le  pape  Grégoire  IX  en  conlla  la  direction  aux  Frères 
Prêcheurs,  autrement  dits  dominicains  ou  jacobins.  Or,  nous  avons 
vu  que  le  couvent  de  Sain t-Dom inique  de  Perpignan  ne  fut  fondé 
qu'en  1243;  ce  qui  nous  fait  supposer  que  l'Inquisition  ne  s*intro- 
duisit  en  Houssillon  que  postérieurement  à  cette  dernière  date. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c*est  qu'elle  y  existait  en  12G  0'.  A  cette 
époque,  deux  inquisiteurs  dominicains,  Pierre  de  Cadireta  et  Ber- 
nard dez  Bach,  commissaires  do  Saint-Si(>gedans  les  États  du  roi 
d'Aragon,  s'attaquèrent  à  Tune  des  plus  puissantes  familles  du 
'oussillon.  «  Ils  venaient  de  trouver,  par  des  témoignages  suffi- 
ints,  que  feu  Pons  de  Vernet  (Poniius  de  Vetmeto  quondam},  père 
e  Pons  de  Vernet,  actuellement  existant,  avait  reçu  chez  lui.  re- 
eié,  soutenu  et  fréquenté  (famUiares  habuU)  des  hérétiques,  leur 
ivait  fait  du  bien  et  les  avait  adorés  (ac  eos  eliam  adoravU); 
par  quoi  il  constait  qu'il  avait  cru  à  leurs  erreurs,  sans  qu'il  pût 
eonsler  qu'il  s'en  fût  confessé,  ni  qu*il  en  eût  fait  pénitence,  w 
C'était  plus  quil  n'en  fallait  pour  que  tous  les  biens  dudit  Pons 
diM'unt fussent  condsqués  de  droit  au  profit  du  trésor  royal,  sans 
préjudice  de  mesures  que  Tautorité  ecclésiastique  allait  prendre 
contre  les  restes  du  chevalier  hérétique'  et  de  la  tache  d'infamie 
^uiallait  rejaillir  sur  ses  descendants.  Pons  (II)  de  Vernet  avait, 
«ynçlîet,  combattu  contre  les  croisés  de  Simon  de  Montfort,  mais 
iï  était  mort  depuis  plus  de  quarante  ans  lorsqu'il  fut  condamné 
par  les  inquisiteurs,  et  son  tils,  Pons  (lll),  jouissait  de  la  plus 
grande  faveur  auprès  de  Jacques  P"*  d'Aragon»  car  il  figure  comme 
témoin  dans  presque  toutes  les  chartes  de  ce  prince  datées  de 
Perpignan.  Le  roi,  «  touché  de  miséricorde  »>  pour  ce  seigneur,  lui 
restitua  tous  les  biens  de  son  père,  en  le  déclarant  lui  et  les  siens 
ftksous  à  jamais  de  toute  tache  d'infamie  pour  le  fait  des  crimes  de 
ïa condamnation  de  son  père,  qui  nen  restait  pas  moins  acquise, 
ïais  cette  «  miséricorde  »  n'éfait  guère  désintéressée,  comme  le 
^it  remarquer  Alart^,  car  pour  cette  restitution  et  toutes  ces 
grâces,  le  fils  de  Pons  de  Vernet  devait  payer  au  roi  vingt-deux 
ïûille  sols  de  Malgone.  Cette  somme  énorme  n'était  pas  facile  à 


*iUwi,  Frkikgu  H  TiVi-rt,  p.  232,  Giztnyola,  Histoin  du  Rontsillon,  p,  237, 
*~^  i((i«  t'lii«jui»iljon  fut  ïdtmduite  dans  las  doux  comléa  iiprèa  l'ionée  1243. 
ly  etifituii,  dii-il,  en  1323  ».  Oa  voit  que  nous  rcmcmtaus  à  plus  do  soixanle 
Ite  iTïièrii  avec  le  pfov^s  Pon.s  de  Veraet, 

*  Nflîi  cûiiienic  de  condamiier  les  morl«  qu'elle  jugeaii  avoir  élé  héréUquei,  rinqui- 
I  *^  f*uiii  cxUimier  leur»  restes  pour  i es  livrer  iiux  Aainmcs. 

*  Ootr.  tit/^  p,  233. 


12  REVUE  DES  ÉTODES  JUIVES 

trouver  alors  en  Roussillon,  môme  pour  un  aussi  grand  seigneur. 
Pons  de  Vernet  fut  obligé  de  vendre  la  majeure  partie  de  ses 
biens,  et  il  mourut  misérablement,  moins  de  deux  ans  après. 

Nous  voyons,  par  un  document  du  3  septembre  1333,  qu'on  en- 
fermait les  prévenus  d'hérésie  dans  une  prison  appelée  la  Mitrada 
ou  Domiis  de  la  Mio*a(J/z,  Un  certain  Raymond  Isarn,  accusé 
d'hérésie,  rentre  dans  la  Miiracla,  d'où  il  était  sorti  avec  une  per- 
mission d'un  mois,  pour  raison  de  santé.  De  la  meilleure  grâce 
du  monde,  Isarn  vint  reprendre  son  cachot  *.  Un  autre  prisonnier 
est  débarrassé  de  ses  fers,  moyennant  une  consignation  de  seize 
livres  de  Barcelone,  qui  seront  confisqués  au  profit  du  roi  s'il 
abuse  de  cette  faveur  pour  s'échapper.  Gazanyola,  qui  cite  ces 
deux  cas  *,  croit  en  tirer  cette  conséquence  que  le  terrible  tribu- 
nal de  l'Inquisition  «  n'avait  pas  encore  adopté  le  mode  rigoureux 
de  procéder  qui  l'a  rendu  si  odieux  ».  Cela  peut  être,  mais  la  con- 
duite des  inquisiteurs  vis-à-vis  de  feu  Pons  de  Vernet  et  son  fils, 
en  1260,  donne  à  penser  aussi  que,  dès  le  milieu  du  xiii»  siècle, 
ils  s'entendaient  fort  bien  à  la  chose.  Le  geôlier  de  la  Mwada 
était  qualifié  en  môme  temps  àlniissier  de  C inquisition^.  Je  voin 
dans  le  registre  V  de  \di  Procuration  royale  un  ordre  de  payer  au 
geôlier  de  la  Cour  du  bailli  de  Perpignan  les  frais  de  détention  de 
Guillaume  Romaguera  et  de  Jacques  Toisa,  de  Portel,  (i\^^ 
avaient  été  livrés  par  l'inquisiteur  des  hérétiques  [\ ers  1340)V 

Une  lettre  du  roi  Pierre  III  d'Aragon,  datée  de  Perpignan, 
le   17  septembre  1356,  ordonne   do  payer  son   salaire  à  frère 

*  Dio  vcQeris  intitulata  iiii.  idus  soptcmbris  anno  1333  circa  boram  tercie  Ray- 
mundus  Isarni  do  Saisis,  voleos  ut  dixit  obedire  saDCte  matri  ecclesie  et  maDdads 
domini  Inquisiloris  prave  llcresis  et  eius  locum  tcDentis  intravit  gratanter  domum 
vocalam  la  Murada  que  est  in  villa  Perpiuiani  ubi  herelici  capti  detiDentur  preseo- 
tando  80  Pcrpinyauo  Sabaterii  sagioni  domloi  noslri  refris  Maioricarum  deputaloque 
ad  custodiendum  hereticos  qui  iu  dicta  domu  capti  detinentur.  Et  ezistcns  intus  dic- 
tam  domum  dixit  quod  pridem  relif^iosus  vir  Iraler  Arnaldus  Guile  ordinis  Fralrum 
Prcdicatorum  locuraque  tune  ut  dixit  tenens  venerabilis  et  religiosi  viri  fratris  H».^' 
mundi  . . .  dicli  ordiuiis  luquisiloris  dicte  pravo  cl  inique  beresis  composcicDS  oc* 
cossitati  et  iniirmitati  quam  ipse  Kaymundus  Isarni  patiebatur  conccssit  ex  irraci^ 
eidcm  H°  Isarni  quod  cxiret  dictam  domum  cl  extra  ipsam  domum  ubi<tumque  vellci 
Etaret  et  stare  posset  dum  modo  luira  uuum  mcnsem  ex  tune  proximum  et  seque3l<^< 
nondum  elapsum  rediret  ad  dictam  domum.  Kt  ideo...,  et  eciam  de  mandato  ^'^^ 
hodie  ut  asseruit  facto  per  reiigiosum  virum  Irairem  Johannem  Cerdani  Priorem  con- 
vonlus  Fralrum  prcdicatorum  de  Pcrpiniano  locumque  tenentcm  domini  Inqaisito"^ 
pret'ati  inira  dictum  raonscm  nonrtum  elapsum  redieral  et  intraverat  dictam  dooa^°^ 
Beu  carcerem,  etc.  {Notule  do  Raymond  Imbert,  notaires,  n"  19). 

*  Histoire  du  Roussillon^  p.  237.  11  se  trompe,  d'ailleurs,  de  date,  puisqu'il  r»?* 
porte  ces  documents  à  l'année  1323. 

*  H.  100.  A  Carcaasonne,  Tuno  des  prisons  de  Vlniiuisiiion  s'appelait  La  }f*^' 
c'était  un  tombeau  de  vivants,  scloa  l'cxprossion  énergique  de  M.  L.  Fedié  {Uiit*>^^^ 
dû  Carca*so»He,  p.  71). 

*  13.  05. 


LES  IITIFS  DE  ROUSSI LLON  TT  DE  CERDACNE 


13 


[BPS  DoTnpnPclj,  tle  Tordre  des  Frères  prêcheurs»  ^  inquisiteur 
a  perversité  liën^tique,  dans  le  royaume  de  Majorque  et  les 
tés  de  Roiissillon  et  de  Gerdagne  ^  »  Je  retrouve  le  même 
lisiteur  dans  les  comtés,  en  1378*  et  en  1380  '\  C'était,  paraît- 
nliorame  fort  instruit»  qui  avait  traduit  en  catalan,  pour  le 
pte  du  roi  d*Arajîon,  plusieurs  ouvra^^'es  écrits  en  latin.  En 
\  le  poste  d'inquisiteur  est  tenu  par  Pierre  Riba  {Peints  Rippe}^ 
ordre  des  Préclieurs.  I!  avait  été  nommé  par  Nicholas  Vilii' 
laniîs  (Nicolas  de  Valladolit),  par  ordre  du  pape  Benoît  XIII. 
lettres  dn  5  février  de  la  même  année,  le  roi  Jean  avait  con- 
é cette  nomination*. 

la  fin  du  xiv"  siècîe,  Flnquisition  avait  déjà  acquis  une  puis- 
le  formidable  dans  les  comtés.  La  besogne  était  devenue  trop 
de  pour  un  seul  inquisiteur.  Aussi,  Pierre  Hiba  écrit-il,  ie 
|)têmbre  1399»  à  Bernard  Maurice  et  à  Bernard  Roger,  Frères 
;heurs  du  couvent  de  ColUoure,  qu'il  vient  de  les  nommer  ses 
^léants  en  Vallespir  et  leur  donne  en  même  temps  plein  pou- 
'  (ie  ciier^  prendre  et  arrêter  les  hérétiques  ou  to^is  autres 

fs pour  article  de  fùi"\ 
rinquisition  roussillonnaise  no  se  borna  pas  à  eraprison- 
lés  prétendus  hérétiques;  elle  les  brûla.  En  eiîet,  dès  Tannée 
►,  elle  avait  allumé  ses  horribles  bûchers  à  Perpignan  et  c'est 
uif  converti  qui  lit  les  frais  de  Fauto-da-fé.  Nous  possédons 
xte  d'une  lettre  de  Pierre  III  par  laquelle  ce  prince  donne  à 
do  ses  employés  les  biens  de  Jean  David,  cf  juif  converti, 


M34,f*29. 

\»  t63,  r*  12.  Le  salaire  da  Jacques  Domenach  éLait  Gxé  à  93  livras  par  an. 
iua  Petrus  d<?i  gracia...  quia  vos  relifria^us  et  dilectus  conailiarius  nosler 
Jicobas  Dorainici  ordînis  Fredicatcrum  Mûgisler  in  sacra  pa^'oia  inquisilor 
ica  praviLatis  in  regno  Maiaricarum  et  ComiltiUbuâ  RQSsilioQis  et  CerHoDiâ 
I  Ubrus  hystoriatcs  et  alios  ad  precta  uoatraa  et  pro  nobia  Iranstulistis  de  latiuo 
•tt^nri  eoiquQ  eompôsui&tis  et  compilasirs  cz  aliis  libris  bistorielibus  non.  «ine 
lis  qaippc  iaborîbua  et  expensis  pro  quibus  at  in  satîsfaccionem  quorum  uc  tllo- 
luri  de  Âraf^ono  vobis  diu  esL  dedimus,  etc.  (B,  136,  f*  116,  r*). 
^fraicf  Petrus  Ruppe  ordinis  Fratrum  Predicatorum  in  sacra  pa^çiiia  raaf^alcr 
iiUjt  bcrciice  pravitatis  ia  refçno  Majoricarum  et  comllalibus  Rof^ilionis  et  Ce- 
lé oct«rïsquo  sliis  eisdem  subduii  vel  annexis  a  seds  apostoiica  deputatus  Re- 
wlii  Palnbus  Beruoriio  Maurtcu  H  Rernardo  Rogarii  conventus  Caticbdiberi 
lii  aatedrcti  saUitcm  in  actorum  Oden  domino  ot  jbù  xpo.  Quouiam  lerrarum 
neii  et  n«gocîorum  fidey  occupacio  minimû  permiiaut  nos  assidue  in  sîn^iÇuUi 
Imi  jurediecionb  nobii^  comisse  personaliter  de  presanti  ad  ea&e,  et  no  iptum 
aum  iidei  uobis  iocumbenti  factura  et  minima  propter  uoslran]  absenciam  |MI« 
f  îJcirco  Tobîs . . ,  comiumus  quod  in  loto  comiiatu  Vallispirii  încludendo  loctim 
|ttiUbefi  in  gpeciali  poaûlis  hereticos  scu  aliter  dû  fide  tmpectos  credenlct  fto- 
ilalA&iorea  reccplores  eoTumdem. ..  cUare  rapere  vel  aTreatare.  A  Perpignan, 
obfa  I3î>y.  [Manuel  d^KlieiïUo  Morer,  nolairee,  n*  1035.) 


14 


REVTJK  DES  ÉTUDES  JUIVES 


condamné  à  rincendie  ^  ».  L'inquisiteur  du  temps  s'appelait  Frère 
BarUiélemi  Ferror, 

11  est  donc  parla itemeiit  établi  par  ce  que  nous  venons  d^exposer 
que  l'Iaquisilion  s'introduisit  de  très  bonne  heure  dans  les  deux' 
comtés  et  qu*elle  y  lit  ses  auto-da-fé  ou  sacrifices  humains. 

L'orgueil  et  rarrogance  des  inquisiteurs  augmentaient  avec  les 
années.  Us  engagèrent  même  la  lutte  avec  la  royauté.  Toutelbis, 
ils  durent  céder  à  plusieurs  reprises,  car  ils  n'avaient  pas  en- 
core heureusement  cette  indépenJance  néfaste  qui  leur  permit 
plus  tard  de  narguer  les  princes  eux-mêmes  en  les  menaçant  des 
ilamines  du  bûcher.  Ils  n  en  affichaient  pas  moins  déjà  la  préten- 
tion de  tout  soumettre  à  leurs  soupçonneuses  investigations.  lU  en 
étaient  arrivés  jusqu  a  revendiquer  une  juridiction  absolue  sur  les 
juifs  tîes  deux  comtés.  Le  roi  Alphonse  dot  intervenir  en  1410 
lïDur  leur  défendre  de  connaître  des  juifs  de  Perpignan,  en  dehors 
de  certains  cas  déterminés  ^ 


^  Nos  Peirus...  Tobîâ  Bdeii  do  scribania  oostrn  AlamiQQO  Potri  de  Verduno.., 
damuft  UDÎverso.,.  bona  uoBtre  curio  adqui&ita  que  luerunt  johinQis  DdiiiU  conv«rsi 
qui  convcntus  de  crttniue  heresis  fuît  lu  villa  Perpiniuni  iiis  diebus  ad  incfmim*» 
ronihmpnatus.  Daluiu  Valencie  vi  Kls  junîi  I3i6  (B,  97»  f"  131,  r*).  —  Henry, 
Riftmit  de  Rmuniion,  11^  p.  253,  ne  croU  psa  ijuia  le  Houâsilloa  mt  eu  ses  Ticdoes 
du  riaquisjtiuu  ;  oq  voit  combien  il  so  trompe. 

*  A!ionsiiâ  dci  procia  rei.».  Episcupo  Eluensi,  vicariis  iDijuisilonbiis.. ,  Pro  partfi 
ftljamo  judeorum  ville  PcrpmtaDi  Juii  coslro  ccbiltidiai  bumiltter  suppticalum  quotl 
cum  vos  in  casibus  vobis  non  Ucitis  seu  periûîs^is  et  in  quibud  nuUaui  coguiciouem 
seu  Jurediccionem  adversus  dictos  Judeoj  habeUs  trabalis  dicias  judeos  seu  diver&t» 
ex  eii  fl'i  vestrum  judidum  seu  ciamen,  cita  ado  cos  et  accusaciotiès  conlro  «os  ad- 
inîUeiido  et  cciam  âliquos  capiendo  et  alias  eos  divcrsi  modo  moleâUindo.  tu  ipso- 
rum  judeorum  damptium  dou  modicum  et  juredicciotits  Qoslre  rcgia  prejudicium  et 
nolorium  dolnm^jiilutti,  dîguareuiur  super  biis  de  aliquo  rcmedio  providere,  Noaque 
supplicactom  bmus  luodi  aimotînies  bénigne  babitis  super  hiis  cousilio  et  dclibera- 
doue  miiLuria»  vos  IcDore  pruseutis  rcquirimus  et  mouemus  <[uatîaus  d«  diclÎK  judfii 
aut  aliquibus  causis  liulbua  v€l  qnestiûDibus  cos  tâuf^eulibus  cognoscore  Tel  eos  ad 
judiduui  vusLrum  trahere  seu  de  f:iâ  vos  iotromiUere  nuilalenus  pr<!%umaii5  oisi  \n 
C4isibus  vobis  liritis  et  permissis  juxLa  noiata  per  Innoeeuduin  tû  Capiiulo  quod 
BUper  tQio  et  mti  redempcioiie  videlicet  fii  contra  legem  Tacmut  in  muraltbus  al  si 
bered»  couLra  le^cm  judeorum  iuveniulur^  alioquici  cum  itidempnitali  jurium  ms- 
iroium  dei&cere  uequcamus  curlos  vos  reddimua  per  pretïCDt<!s  quod  procddemus 
cûutra  vos  et  bona  ve&lra  par  remédia  débita  et  opportuna  et  contra  illos  qui  lederv 
prosumeritit  jura  rtsgia  alias  assueta.    Barcelone,  le  12  octobre  t416. 

IS  déc,  VU  G.  Llnquisiieur  répoad  :  •  Quod  ipse  conlra  judeos  PerpiiiiaQi  t«1  ali- 
quem  ipsoram  auquam  processil  nisi  quatinus  per  jura  comunia  et  prîvib|:ia  Ha- 
manorum  ponlillicium  cl  illasLrium  domiuorum  regtim  Aragouum  rcperiil  fore 
iuiiuLtum,  et  cum  in  pretfata  liUera  domim  aosiri  régis  eooiiuetur  {|uod  inqaîsilor 
nou  pru<:eJai  contra  judeos  nisi  îu  duobus  casibus^  juzla  DoLuta  ta  capttulo  quod 
super  de  voto  et  voLi^  dicii  quod  nciviâËime  fueruat  ordiuata  muUa  ealubria  ia  Ii^tq- 
rem  âdei  christiaue.  et  ut  clctus  ip£Î  judci  ad  iumÈn  vematit  TeiiUUs  per  domiauui 
HeaedicLum  papatu  Xlil  que  fuerunt  kudata  et  approbata  per  recoleade  luemorie 
domiuum  Fii;rdiuaudum  geDÏtorum  illustrissimi  demi  ni  régis  tiuuo  re^aantis  el  jaiia 
ipsas  ordioadooes  inqui^itoics  habeot  potcstutem  iu  multi^»  c^i»ibus  la  ipsos  Judeos; 
et  idcg  die  Lus  iuqui&ilûr  vull  cociaullare  predictum  di^miuum  rogem,  latiluraii  poét 


LES  JDrrS  DE  ROUSSriLON  KT  DR  CERDAGNK  15 

La  lutte  eiiÊrfi  rinquisitioii  et  la  royauté  s^accenttiait  au  sujet 
des  juifs  des  deux  comtés.  Au  mois  d'août  1420,  le  bailii  de  Per- 
pignan, sur  la  réquisition  de  llnqiiisiteur  Pierre  Sola,  lit  faire 
des  criées  pour  interdire  aux  juifs  baptisés  d'aller  habiter  le  Call 
et  leur  défendre  tuute  espèce  de  conversation  avec  les  juifs  non 
baptisés*. 

En  Tabsence  d'Alphonse,  la  reine  Marie,  lieutenant  général 
du  royaume,  vint  an  secours  des  juifs.  En  effet,  le  10  octobre  1421, 
'  elle  défendit  impérativement  à  rinquisiteur  dlntervenir  dans  les 
procédures  contre  les  juifs  de  Perpignan,  n  sauf  !e  cas  de  haine  et 
de  prolanation  des  lois  morales.  »  Le  ton  de  sévunté  qoi  règne 
dans  la  lettre  que  la  reine  écrivit  à  ce  sujet  au  gouverneur  des 

'  inodum  JQXU  »uû   bencpledlum   volootiitia   pelena  bnnc   iascri  et  conliautri, ,.  • 
IB.  339). 

t  Ara  hoisU  que  us  notîûca  lu  moU  honorable  Mosscn  Mngis  Des  Paift^  cavalier, 
faille  <ie  la  vila  de  Perpcuva  a  reçuesta  dd  repercHi  ftafe  P,  Sola  dtl  ordt  dtU 
Preâieadors^  maeslfe  en  Sanrtu  tkeclo^itif  tnfmt'idof  de  la  htrtltcnl  pravitat  en  los 
corn  tais  do  Uossclto  c  de  Ccrdnuya  o  de  les  lerrei  a  ell  «dj  a  cents  : 

Que  Giim  pcr  k  gracia  del  Spcrit  Su  ut,  itluminador  de  tûta  pçrteccio  e  de  totes  vir- 
tul5,  moUs  del»  juhcus  e  jiihies  se  sien  bateials  e  veufçuls  o  le  suncta  Je  catalica  e  a 
crceDSit  del  vertadcr  Muçies  c  suïvador  cosire  Jhû  Xi.  promes  e  proDumiat  per  Iob 
sanls  Proretes,  E  corn  ara  pcr  ^ran  dolor  sten  &Lrobadcs  molles  jubies  luuUers  de 
xristiaD5  novcHameDl  converlils,  lesquala  juhies  ne  après  de  hitu  aiiy  a  elles  donai 
ne  eacara  aprea  de  dos  nî  de  Ues  aovs  nos  bjgd  volguiles  Lalcier,  ans  empara  vuy  ub 
gnu  duricia  sian  en  lur  judaïsme  e  perlmacia^  e  corn  la  baljitaeio  de  Its  dites  jubîes 
«b  lurs  marits  sia  Tisiblamcnt  e  mandesla  en  grao  coutuinelia  del  cresdor  c  cd  grau 
dirrisio  de  la  saucla  le  irbtianu  e  de  les  gerimoaies  daquella^  Kocara  mes  coru  iilgtuia 
xristiaus  e  cresûuDcs  novollameol  convertits  cobdbiteu  ab  lurs  parea  et  mares,  ÛUb 
e  filles,  OQcles  e  tiea  e  ab  allrea  juheus  o  juhies  reculHot^  los  dits  Juhous  o  juhîe»  en 
lu»  Cflses,  meajant  e  beveut  e  dormiut  eu  (çran  vilipendi  de  la  sancta  Te  xristiana  o 
'-en  grtn  derofçtcio  de  la  ordinacio  sobre  ago  fêta  per  lo  molt  ait  SeDjor  Uey  En 
Jacme  do  Mallorqucs  de  bona  memoria  loque  1  J'uu  daJa  eu  Perpenja  a  XI  de  les 
Kalendas  de  mai^  del  any  M.CC^XC  VL,  ta  quai  es  de  la  ténor  segueut  : 

•  Que  ne^un  bealeiat  o  beteiada   qui  sien   slais  juheua   no  gauaen    intrar  al  Call 

deU  Jubeus  per  menjar  ni  beure  ni  îotrar  en  lurs  ea^es  ni  baver  ab  élis  lamiliaritai 

ni  esaer  pariicipaDa  dï  conversa dIs  ab  ells,  E  qui  co titre  lo  dit  manamenL  fara  pagara 

^  lo  baleiat  o  la  baleiada  per  cascuna  vegada  vint  sols,  c  si  no  pora  pogar  pendra  vint 

^  ftssots,  el  juheu  o  U  julua  qui  axo  sotîcrra  pagara   pci-  eascuna  vegada  C.  Sols  de 

les  quais  pcnes  pecyoiaries  lo  dcnun^iador  haura  la  terça  part.   » 

Ëm  per  omor  duço  lo  damout  dit  lic\ créai  En f/ueridor  per  auctoritai  de  son  offiH 
de  ia  Hatuta  Jnguiiieio  voient  ce  couloruiar  ab  la  dita  ordinacio  del  dit  senyor  rey 
en  Jacme  de  bona  momoria,  e  volent  provesir  a  tanls  grans  acendols,  erros  c  damp- 
Isatges  qui  de  ayso  per  iolleranL-ia  en  coulumelia  del  Crcador  et  de  la  Sancta  Te 
I  catholica  se  scguexeo  es  ponen  aeguir  ab  son  vénérable  CouseU  ba  ordonat  que 
neguQ  o  oeguutt  delà  dits  xnslîana  nouells  no  baia  coaversar  ni  participer  ab  jubeus 
lii  ab  jubies  ni  intrar  en  lo  Call  dels  Jubeus  ni  eu  les  cases  de  jubeus  ni  de  jubies 
ni  menjar  ai  beure  ni  apparelUr  als  dits  juheus  o  jubies  do  menjar  direitauieut  o 
iudirecta  ni  pendre  negunes  cosea  mcnjadorea  deU  dils  jubeus  o  jaljtes  sots  peoa  do 
XX.  Sol.  o  de  star  al  Carter  de  la  Murada  perhunmes  per  cuscuna  vegada  que  lo 
Contran  farao  de  la  quai  pena  peeuniari  buuru  lo  dcnunciador  la  lurca  part. 

Rie  venens  iutilulata  XVI.  jiugusti  anno  M.CCCC.XX.  preseuâ  prcconiliacio  fuit 
|>abUcala  per  villam  Perpluiiini  (U.  2i7,  PrQct*racto  reaii  reg,  Xill,  1»  11)* 


16  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

comWs  indique  suffisamment  le  peu  de  mesure  avec  laquelle  on  en 
usait  envers  ces  malheureux  :  «  Ayant  appris  avec  déplaisir,  dit- 
elle,  que  l'inquisiteur  établi  dans  vos  contrées  ne  rougit  pas 
d'outrepasser  les  bornes  de  son  office  et  de  porter  arbitrairement 
la  main  sur  la  moisson  d'autrui  ;  qu'il  frappe  souvent  de  contribu- 
tions les  juifs  de  cette  ville,  tant  hommes  que  femmes,  quoip'il 
sache  bien  qu'ils  n'ont  jamais  appartenu  à  sa  juridiction,  mais  qu'ils 
dépendent  uniquement  de  la  juridiction  royale,  défendons  *  etc.  • 

Mais  les  inquisiteurs  n'étaient  pas  hommes  à  céder  aussi  facile- 
ment. Dès  que  l'intervention  de  l'autorité  royale  avait  écarté 
un  système  de  vexations,  ils  en  inventaient  immédiatement  un 
autre  pour  le  remplacer.  Quand  ils  ne  molestaient  pas  les  juifs  o^ 
thodoxes,  ils  tracassaient  ou  poursuivaient  les  juifs  convertis  ou 
néophytes,  accusés  d'apostasie  par  leurs  anciens  coreligionnaires. 
Alphonse  intervint  encore,  et  il  enjoignit  aux  inquisiteurs  d'avoir 
à  cesser  de  semblables  poursuites».  D'ailleurs,  la  plupart  de  ces 
néophytes  s'étaient  convertis  sous  les  menaces  de  la  juridiction 
inquisitoriale.  Encore  un  scandale  que  le  pape  Martin  essaya  de 
réprimer.  Par  un  statut  du  24  avril  1422,  ce  pontife  défendit  ex- 
pressément de  contraindreaucun  juif  à  se  faire  baptiser,  quelque 
engagement  qu'il  eût  pris  à  cet  égard  ^. 

Ce  statut  ne  fut  pas  mieux  respecté  que  les  ordonnances  du  roi, 
qui  se  vit  obligé  de  dénoncer  la  conduite  criminelle  des  inquisi- 
teurs à  Alaman,  «  cardinal  de  Saint-Eusèbe,  légat  du  Saint-Siège 
en  Aragon,  Valence,  Navarre,  Majorque  et  autres  pays.  »  Ce  prélat 
écrivit  de  Lérida  aux  inquisiteurs  pour  leur  défendre  de  molester 
les  juifs  et  de  les  forcer  de  recevoir  le  baptême*.  C'est  lui  aussi  qui 

«  B.  217. 

»  B.  217. 

*  Marlinus  episcopus  serviis  servorum  dei  ad  futuram  rey  memoriam.  Veramchns- 
tianorum  fidem  habëre  non  credilur^  qui  ad  christianorum  bablisma  non  spooUDeus 
sed  ÎDvitus  co^noscitur  pervenire.  Consideracione  itaque  premissonim  indocti,  n^ 
non  universorum  judeonim  in  Ispaniarum  parlibus  comorancium  precibus  inclJM" 
ut  judei  per  christianos  ad  babtismum  suscipiendum  invili  compelli  nou  posant 
eciam  fi  judei  ipsi  cuiquam  promissionem  fecerinl  nisi  in  aclu  babtismi  constat  ^^ 
persone  babtitzande  libéra  voluntalc  nec  propterea  aliquam  penam  incurrant  aucto- 
rilalc  aposlolica  statuimus  por  présentes,  constilucionibus  apostolicis  céleris^'** 
contrariis  non  obsiantibus  quibus  cumque.  Nuili  er^ro  omnino  hominum  lioeat  bit^ 
paginam  noslri  statuli  infrinftere  vel  ei  ausu  temerario  contrahirc.  Si  quis  autem  boc 
attemptara  presumpserit  indignacionem  omnipotentis  dei  et  Reaiorum  Pétri  et  PtQ^^ 
apostolorum  ejus  se  noverit  incursurum.  Dat.  Rome  aptid  Sanctam  Mariam  MaioKO^ 
(XIP.  Kis  octobris  Pontiâcatus  nostri  anno  quarto  (B.  232,  f*  119  t«,  copie  de  14^> 

^  Àlamannus. , .  Ad  noticiam  nostram  serenissimo  domioo  Alfonço  Aragonum 
reg«  in$;inuante  pervenit  qualiter  judei  in  ipsis  partibus  comoiantes  per  nonnullos 
ex  vestris  contra  sanctorum  canonum  nistituta  molestantur  ut  ad  babtismum  trabanlur 
inviti  Quare  cum  dictus  dominus  rex  pro  ipsonim  Judeoram  ooDsemdoDe  josùoe 
cum  insUncia  per  suas  litcris  interœsseril  et  boc  nobis  inconveniens  videatur  et 


LES  JUÎFS  DK  nOUSSILLON  ET  DE  CERDAGNE 


'lîonnai 


17 


I 


suspendit,  a  la  ni<^me  époque,  diverse 

aux  juifs  et  données  par  le  ci-devant  Pierre  de  Loua,  u  nommé 

Benoît  XIII  en  temps  de  son  obédience  *  w» 

L'un  des  inquisiteurs  du  temps  était  ce  Pierre  Sola,  Frère  prê- 
cheur du  couvent  de  CoUioare,  dont  nous  avons  parlé  plas  haut,  11 
avait  été  nommé,  par  bulle  datée  de  Florenceje  8juin  1419*.  C'était 
un  homme  très  actif  et  grand  ennemi  des  juif^,  comme  on  vient  de 
voir.  Mallieureusement,  il  nous  reste  peu  de  documents  pour  pré- 
ciser les  poursuites  qu'il  exerça  contre  eux.  Nous  savons,  par  un 
document  du  9  novembre  1442,  quil  avait,  à  une  époque,  poursuivi 
Bonafos  Rp^get,  juif  de  Perpignan  ^.  Nous  ignorons  si  Bonafos  Ho<^ 
H  get  fut  livré  aux  flammes,  mais  il  est  bien  certain  que  Pierre  Sola 
était  homme  à  lui  infliger  rauto-da-fé.  Nous  avons,  en  effet,  sous 
les  yeux  un  document  dans  lequel  ce  dominicain  reconnaît  avoir 
reçu  comme  à-compte  de  son  salaire  vingt  florins  d'Aragon,  pro- 
venant des  biens  de  feu  Pierre  Domenech,  tisserand,  <t  condamné 


I 


cootra  jurîs  formata,  ui^iversitttem  vcstraui  tcnore  prescncium  requinmufl  et  moncœus 
quaiiouf  a  molcfliis  huiusmodi  ommno  cessantes  judeos  preftatos  inquietarc  contm 
JurUformam  ut  pretFertur  do  cetero  desistatis,  Dalum  Ylcrdo  XVlîl.  KaL  decembns 
aniio  a  nalivitate  domÎDi  MXCCCXVllI  Pontillicatus  sanclis&imi  in  Christo  patris 
el  domloi  nostri  dominL  Morlitii  divina  provideticia  Papa  V<  ihao  secundo. 
Gratis  g'  re^crtbeadum  Registrata  gratis 

C.  de  Pergula.  Jacobus  de  Ygolinis 

(B.  210.  f»  2t  rj. 

(  IhtHem,  —  On  Eait  que  ce  pseudo-pape  avait  passé  qut^lque  temps  à  Perpignan, 

où  il  avait  coovoqué  uu  coocilo  (1408).  Il  y  revint  eu  1415  pour  s'aîioucher  avec  le 

I  roi  Ferdinand  d'Aragon  et  rempereur  SiirisiQoad.  Benoit  évita   totijours  de  répondra 

i  d*UR€  manièrfl  précise  aux  proposilioas  qui  Itii  ftireot  adressées  pour  reodre  la  paix  à 

I  l'Ëgiise.  n  avait  beaucoup  lait  pour  Ferdinandj  qui  lui  devait^  en  quelque  sorte,  lô 

I  trône  d'Aragon.  Piqué  de  ce  que  le  roi  n^avaii  pas,  selon  lui,  rois  assez  d'ardeur  à  le 

Bfconder,  il  quitta  précipitamment  Perpignan  et  se  retira  à  Paniscota.  Sur  les  ronsails 

de  Vincent  Ferrier,  le  roi  elles  princes  qui  avaient  reconnu  Benoît  Xill  TabaDdoQ* 

1  nèrent.    Le  24  décembre  une  ordonnance  de  Ferdinand  prescrivit  la  cassation  de 

t  Pobédience,  qui  se  fît  avec  solennité  è  Perpignan,  le  6  janvier  141G.  Le  16  aotit  1418, 

Alphonse  déleadit  toute  commun icatiou  par  terre  ou  par  mer  avec  le  lieu  ou  château 

de  Paniscula  *  ou  l'acli-pape  Benoît  persiste,  dit-il,  à  se  maintenir  avec  quelques- 

Ufis  de  ses  adhérenU,  onolim  B.  ab  alseuns  seus  adhérents  dies  ha   ies  inclus^  t  dt 

preâent  ttnfofîeeix  *  (B.  219).  Benoit  y  mourut  dans  son  obstination  eu  1424. 

*  10  novembre  1424»  Hevorundua  et  religiosus  vir  frater  Pelrus  Solani  ordinis 
Frolrum  Predicatorum  couvenlus  Coquiliberi  elocnsis  diocesjs  in  sacra  pagaia  pro- 
fesser Inquisilorque  berctices  pra^ilalis  in  comitotibus  Kûssilioni»  et  Cerilanie, 
Attendcna  quod  ipse  Domious  inquiËitor  dictum  suum  olficium  liiquistcionis  babet, 
tenel  et  possidet  vigore  coocessionts  sibt  iacie  de  dicto  olûcio  per  Heverendum  in 
[  xpo  patrem  magislrum  johauncm  do  Podio  Nucis  dicti  ordinis  Magistrum  Generalem 
nunc  vero  Catbanienscu  Epiâcopum  et  poslea  dictum  olficium  per  sedem  apostoltcam 
çontirmalum  obtinui^tenore  Buila  que  sequttur,..  Suit,  en  ellet,  la  bulle  datée  de 
l  Florence  le  8  juin  14111  (Nûtnîe  do  Georges  Barrera). 

i  Ordre  donué  à  Alomor,  notaire  *  quatinus  tradal  omnia  instrumenta  et  scdpturas 
tempore  Magistri  îiula  q^  Inquisitoris  taogentcs  En  Bunalos  Uoget  Judeum» 
'i<f-  122.  v^"). 

T.  XVJ»  s"^  -ôU  % 


18 


REVUE  DES  ÊTUDESi  JUIVES 


et  jugé  par  moi  comme  lit^rétique,  dit  Sola  lui-même,  leguel  Do- 
menech  a  été  tléterré  l^essoletvai]  et  brùlë  **  » 

Les  convertis  ou  néophytes  étaient  dpjà  très  nombreux.  Effrajéi 
par  les  menaces  de  l'Inquisition,  qui  n'étaient  rien  moins  que  pla- 
toniques, un  grand  nombre  de  juifs  acceptaient  le  tjapl*>me. Ils 
changeaient  alors  de  noms.  Ainsi,  eu  1330,  un  juif  qui  s*app^Iait 
JachoeUis  juces  porte  le  nom  de  Johannes  de  AmpurUs  (Jean 
(l'Ampurias),  propre;'  saniwn  sacrum  bastismiim  stiScepU*.lû 
1371;  les  consuls  de  Perpignan  déclarent  que  Pierre  Gironi,  Juif 
de  Puigcerda,  s'est  converti  à  la  foi  catliolique  et  qu'il  a  forte- 
ment contribué  à  la  conversion  de  ses  deux  tlïs  Jacques  Ribern 
et  Jean  Roger  et  à  celle  de  Barthélemi  Gari  ;  le  premier  a  refn 
le  bapli^me  à  Cleyra  et  a  été  tenu  sur  les  fonts  baptismaux  par 
Jean  Ribéra,  bourgeois  de  Perpignan  et  de  Montpellier;  le  se- 
cond, à  Perpignan,  par  Guillaume  Roger-Suau,  bourgeois  de  la 
même  ville,  ainsi  que  le  troisième,  par  Barthélemi  Gari»  mar- 
chand ^  Quelques  années  après  (1377),  les  consuls  d'Ille  attestent 
que  Pierre  Gironi,  ci-devant  juif  de  Puigcerda,  avec  Nâ  Alieaor» 
son  épouse,  et  leurs  enfants,  Pierre  et  Francisca,  tous  baptisés, 
résident  à  Ille  et  «  se  conduisent  en  bons  catholiques*  ». 

Une  charte  du  roi  Pierre  111,  datée  du  13  février  1378,  confirme 
divers  anciens  privilèges  relatifs  aux  témoignages  des  chrétiens 
et  des  juifs  et  déclare  qu'un  juif  néophyte  ou  baptisé  doit  être  con- 
sidéré comme  chrétien  *. 


*  B.  Ut. 

*  Noimiê  àt  Guillaume  PL 
»  B.  829. 

*  ÎM*m.  ^  n  y  BTait  i  lUe  une  commumuté  juive  isiés  ImporUiote.  Les.  acles  àt 
1403  «t  1404  meolionDeDt  eocore,  comme  domicUiés  tu  cette  ville,  Boonstmcii  Dt^t 
Ja8S<;ff  de  Bleues,  SaUmies  Cohen  et  Gojone,  son  épouse^  Mosse  Lebo  ou  Lelio  Ait* 
mtay  el  Jojhe,  son  épouse,  Issach  Jiffuda,  etc.  Meîs  celle  colonie  s'éteiirait  t  p«B 
prte  k  cette  même  époque,  cir  une  pièce  de  terre  ^m  leur  serviit  de  cimêUère  (tf 
fb$sûr  éeUjuAtnê]  tut  Tendue  eu  1405  el  mise  en  culture  en  1422,  •  ptfte  ^^^^ 
Ttcte,  il  n'y  iviit  plus  de  juifs  dans  cette  tOIo  à  cette  épo<jne,  ©i  on  n'espéf»»»  ï*f 
qu' ii  dût  y  en  airoir  de  longtemps,  ■  cotm  fro  ««ne  nom  tini  ie  rillA  de  Ins»it  /i 
n^e  jN*e  Umporibm  fututiê  û  mod^  f^Êcm**  cttt.^- Je  trouve  encore  à  lile*  en  1  é^^u  ^^ 
juir  qui  est  ffkfstc  ou  médMin  public,  Mafiatr  Jmt$»fdû  Ctf^So  iNotuU  de  Bcrni^ 
Borgua).  <^  Ce  dernier  nous  (ait  souTenlr  que  U  fmûr  dd  jnàtus  de  Céret  fut  ^toàr 
aussi  vers  U  même  époque  (B,  1 7S)* 

*  Il  s'agit  notamment  ici  de  deox  priTiièges»  Tun  de  Jacques  le  Conquérant,  à 
2  descal«ides  d octobre  1236,  l'autre  de  Jacques  II  d*Arag:on.  du  Jour  des  nom 
d'avril  iZQÙ.  Voici  en  soiwtance  le  premier,  d'après  la  cbarLe  de  137S  :  •  Nos  Pcl 
dei  gracia  rex  Aragonum...  Attendentes  seittuteimiim  dominum  jacobom 
recolende  Âragonum  regem  abavum  nottram  eoaoasnsse  per  priTilcgiiun^ 
Barchinone  et  aliis  habitactibus  ia  CathaloiUa,  quod  quandocumque  et  quocii 
cumque  ah  aliquo  cbristiaDO  Tel  cbristiams  contra  ipsos  judeos  Tel  aliquem  eo: 
super  aliqua  demanda  placitum  ceu  qu«tlio  moveretur  eut  esset  exorta,  qiUMl 
obtinetetur  in  aUquo  aentcncia  conlrt  «w  olai  probalum  e»ei  legitUme  per  tî 


LES  JUIFS  DE  nOlîSSlLLON  ET  DE  GERDAGKE  19 

Au  commencement  du  xv*  siècle,  le  nombre  des  néophytes  ou 
convertis  s'était  singuiièremeni  accru.  Je  trouve  un  certain  Jean 
de  Proxida,  de  Béziers,  ci-devant  marchand  à  Perpignan,  qui  s'in- 
titule curaior  datas  et  assignalus  per  citrîam  domini  bajuli 
^€7*}nnianî  omnibus  neophUls  absenUbus  tnlle  Perpiniani  ha- 
^liibiis  domos  scxi,  hospicia  i)i  callo  seii  Jtalerîa  ville  Perpi- 
mi^.  Passant  de  la  synagogue  à  Téglise,  les  néophytes  avaient 
E>hdé  dans  Véglise  Saint-Jacques  une  confrérie  dite  de  Saint- 
nd.  Ils  rormérent  d'ailleurs  une  communauté  dite  des  Christiam 
lucUs  (nouveaux  chrétiens),  qui  avait  des  «  recteurs  »  à  sa  tête, 
^és  de  prendre  ses  intéri!:ts-.  Parmi  ces  convertis  qui  ont 
jé  ÛQ  nom  en  changeant  de  religion,  nous  trouvons,  sous  le 
)m  de  Pierre  Fabre,  un  j  uif  qui  s'appelait  Abram  de  Besalu  ^  ;  un 
lire  appelé  Pierre  Cardinal  est  un  ancien  juif  du  nom  de  BolflU, 
Is  de  «  maître  »  Bonraassip  de  Lunel  *. 
Il  n'est  point  douteux  que  les  vexations  dé  Hnquisition  n'aient 
singulièrement  découragé  les  juifs  de  Pei'pignan,  que  la  royauté 
ne  pouvait  point  assez  protéger.  Les  conversions  s'étaient  multi- 
liées,  et  rémigration  avait  diminué  la  communauté  juive  ".  Nous 

|fn  et  per  judeum,  quodque  dictum  domÎDum  ref^cm  jacobum  abavum  oostrum  fum 

I  sua  curta  que  erat  dcclamcio  prémisse  ciiTte  ipsis  judeis  concessiisse  piedicu  Luin 

er  fado  crimtoum  c|uaiQ  super  facto  dobUorum  ut  bec  et  alfia  ia  carus  ipsia  senosius 

Aocetur...  •  —  Le  roi  ajoute  :  «  Âtlendeatcs  cciam  Jubso  pcr  alit^uos  besilaium  ut 

revocatum   in  dubitim  minus  Lcne   &î   Judeus   batitzatus   aut  Judea   LabtiLïata   sub 

nomino  cbrisûaui  debcant  inlelUgi  et  comprebeodi,  videllcct  qtiod   quandocumqua 

JQileus  Tcl  judea  babtilzati  in  dictis  caQ»ls  dviUbus  vel  crimtualibuB  lestes  interve^ 

oerint  et  leslimoDÎum  perhibuerint  babeantur  pro  Cbrlstiaais  bU  et  quaiilum  quod 

hih^At  intcrveiiire   tesiimonium  judiiutn   cum  eis   ut  in    diciis  cartis  privllegiorum 

Hpra   coatiaetur;  Idcirco   noliflicamus  et  coolirmamus  sertu   biijus  privile;;çia  supra 

'eta  et  dictum  duhuim  déclarantes  volumus  statuimuti  et  urdioamus  quûd  in  quibtis- 

aquû  causîs  civlUbuB  et  crimiuolibuï^  que   moveanlur   seti    uicverl   co&tîgerit  in 

Birusi   Goatra  jadcos  vel  judeas  quumvià  bablitsatufi^  vcl  habtlzata  aeu  coQverfiî 

llJticati    rueriut    ia   eisdetn  babeat  et   debeat  iatcrvcalro   judeus   ut    testis  juxla 

idictorum  privilegiorum  ot  carLarum  scriem  et  tcQorem  quoniaia  iudubltaoter  ast 

um  judeum  babtllzatiim   sub  cbrîsiiaui   nomine  fuisse  compreheasuia   et  debere 

biJltellîgi  el  coojprehendi  •  (B.  217,  1*  î^ù). 

['  Notule  do  Bernard  Fabre,  armée  140»,  uotaifes,  n*  2151. 

[«  B.  TM,  i«  115»  noUires,  n«  761  [Aljama  des  juifs  de  Perpignan,  i;i7-145SJ. 

Notule  de  Ferriol  Bosqucros. 
t*  Nùtuiè  de  Guillaume:  Fabre^  notaires,  n*  lîïO, 

1*  Là  19  aûQl  142i%  BarlbéUmi  Mi  rai  les,  procureur  roj&J,  TaiBaît  saroîr  à  Antoine 
pbo,  protecteur  de  la  corona  des  créanciers  d«  PÂtjamn,  qu'il  etlt  à  montrer  les 
ire^  00  Tenu  desquels  il  percevait  de«  droits  de  mulatioa  et  autres  sur  certaines 
^soDS  du  Calt»  comme  ou  le  vcrro  par  le  document  que  nous  reproduisons  ci-des- 
Bs.  Le  Call  avait  déjà  diminué,  et  ce  mOme  Carbo  déclarait  quelque  temps  après 
l^ue  tous  les  juii's  ou  juives  étrangers  qui  voudraient  s'établir  dana  le  Call  pour  le 
upler  seraient  francs  et  quittes  do  tous  censaux,  tailles  exactions  et  conlrilïutions 
Nrés  ou  k  lever  pour  la  satisfaction  desdits  créanciers  «  [U,  226). 
"în  Bartbelami  ^MraUes,  procurador  reai,  etc.»  al  bon  rat  ISAathoni  Carbo,  pro- 
Of  pr^ïçuitdor  e  Gûiis«rTadof  delà  creiedors  de  la  aljama  dels  Jubeus  de  la  vila  de 


ÎÙ 


REVUE  DES  ETUDES  JtllVTSS 


avons  vu  tout  à  l'heure  que  les  convertis  absents  avaient  un  cu- 
rateur ;  mais  les  juifs  non  convertis  absents  en  avaient  un  aussi  * 
Le  rôle  d'un  lait  imposé  aux  juifs  de  Perpignan  en  1439  ne  con 
tient  le  nom  que  de  39  contribuables  *.  Les  embarras  finaDCiersis- 
siègent  rÂljama,  et  c'est  ce  moment  que  l*on  choisit  pour  prélever 
un  don  gratuit  au  nom  de  la  reine  d'Aragon  (mars  1453).  Les  juifs 
de  Perpignan  adressent  des  réclamations  à  qui  de  droit  :  «  Les  or- 
dres donnés  à  cet  t^gard,  diseat-ils,  sont  venus  en  un  moment  peu 
opportun,  endies  moU  inpertinents  als  dits  juseus^  tosqwds, 
per  revercficia  del  temps  en  que  som^  se  han  a  recloure  en  lurs 
cases  fins  lo  disapte  de  Pascha  e  separarse  de  totacofnunioéeis 
chrestians;  les  prétendus  délégués  qui  ont  offert  le  don  n'avaient 
aucun  pouvoir  d'agir  au  nom  de  l*Aljama  ;  la  répartition  est  d'ail* 
leurs  injuste,  car  le  CalL  de  Perpignan  ne  compte  que  dir-sept  (Xi 
dix  huit  ménages  [casais),  tous  fort  pauvres  :  de  telle  sorte  quesî, 
par  exemple,  rAljaraa  de  Cervera  était  taxée  à  cent,  et  celle  de 
Gironeà  soixante,  celle  de  Perpignan  ne  devrait  i*être  qu'à  cinq; 
enlln»  la  somme  qu'on  leur  demande  est  exorbitante,  et  ils  ne 
pourraient  jamais  la  payer,  quand  bien  même  on  les  vendrait  tous» 
personnes  et  biens,  ?ios  baslaria  lot  cant  han^  ne  les  personeSt 
encara  que  les  vetiessen  *. 

L'année  suivante  (1454),  nous  voyons  encore  les  juifs  de  Perp* 
gnan  traqués  par  les  procureurs  ou  protecteurs  de  la  coîvna  oïl 
réunion  de  leurs  créanciers,  représentés  par  Pierre  Durall  *  ;  celui* 
ci  se  présente  pour  les  créanciers  de  Barcelone  et  de  Catalogne 
Bernard  Andreu,  bourgeois,  pour  les  créanciers  de  Perpignan  t 
du  Roussillon,  Le  protecteur  des  juifs  de  Perpignan  tient  confé-* 
rence  avec  ces  deux  procureurs,  et  leur  expose  la  désolante  situa- 
tion de  ses  clients  :  tous  les  biens  et  revenus  de  rAIjama  son 
engagés  depuis  longtemps  auxdits  créanciers.  On  dresse  l'état  4 


Porpenja,  salât  et  hcmor,  Gom  nos  per  ioteresser  profit  e  Qtilîtii  del  pAtrimom  t 
Mnyor  r«y  tuIIaoi  <]uiur  e  luir  i«s  dr^tes  aeaToriea,  liijsm«s  e  foriscapu  abeails 
translehts  per  lo  senjor  r«j  en  Marti  de  booa  ■■maria  en  bs  dits  ensmàMii  *'^ 
la  aliama  de  Perpefija  «  5)nf7ularK  d«  aqaaUa,  loaq[«ds  aî  présent  Toa  sforfati  f 
o  cullir  no  fal>em  quo  tilnio,    e  pagmnros  lo  piwt  ^aa  realmeol  e  de  0et  f 
baien  p^gat  per  causa  de  la  alla  aliÊnado  a  ço  ^oa  aiam  teogutSy  P«r  ç»,  cie**î 
saaÉB  Boatiar  los  liu>ls,  —  Stm4  f  «ai,  pTOcahinB  en  pendra  •  liBT«r  a  mtfi»  < 
▼ît  aniTor  nj  les  dvtits  senrories,  loysoMS,  lanscapis.  cesses,  nonbatiss  a  ftlM 
dreis  imposa U  **  constituils  ea  a  «obre  les  eues  e  altns  pr«pnetats  dins  la  < 
ûtùà  e  DtHi  CABStstuits.  Dada  a  Perpaaja  m  17  dagost  1420  (B.  2\9,  l«  dS  r»}«  —  R« 
nat^ues  IVxpraeiàaQ  la  Ctli  Amtkà  (ailkors  to  CmU  saU},  fui  indiqua  liâaa  qaa  I 
juivtria  avait  élé  saccagea  «I  dtesfie  tm  139t. 

•  i^etalt  da  daniard  Palire,  Mtûras,  tt*ll9ll. 

•  B.  33e. 

^  Pvtoaplwif  d«  GsBit,  d«  r«rdiv  das  tiaspàldisra  ds  i 


LES  JUIFS  DE  ROITSSILLON  ET  DK  CERDAGNE 


21 


tettes  de  chaque  particulier,  et  chacun  s'eogage  à  les  payer  înté- 
p-alement  dans  Tespace  d'une  année.  Les  débiteurs  sont  au  uomhre 
le  dix.  Les  deux  secrétaires,  Deyes  Manaffem  et  Bellshoms,  ainsi 
pie  le  recteur  de  la  confrérie»  donnent  caution  pour  une  livre  sept 
pis  six  deniers,  dus  par  «  quelques  pauvres»  par  les  bains  et  par 

Le  registre  qui  nous  fournit  ces  détails  *  ne  contient  ensuite 
ae  des  redditions  de  comptes  du  protecteur  de  la  corona^  des 
Ctes  d*établissement  et  de  réduction  de  censives  de  maisons  du 
bU  en  faveur  de  deux  ou  trois  juifs  et  d'un  grand  nombre  de 
Wliens^.  Presque  toutes  ces  maisons  avaient  été  abandonnées 
i étaient  en  état  de  ruine  complète.  Les  concessionnaires  s'enga- 
eaieïit  à  consacrer  diverses  sommes  à  des  réparations  à  faire  à 
fcref  délai  ^ 

C'est  la  fin  de  la  jatverie  de  Perpignan;  c'est  aussi  la  fin  du 
llègne  d'Alphonse  lY,  qui  mourut  à  Naples,  le  28  juin  1458,  La 
iwiae  Marie,  sa  femme,  ne  tarda  pas  à  le  suivre  dans  la  tombe 
I  (le  4  septembre  suivant). 

Nous  avons  déjà  vu  (cliap.  i*^')  que,  par  une  charte  de  1228, 
Jaques  1""  d'Aragon  avait  défendu  aux  juifs  rexercice  de  toute 
fonction  publique.  Les  ordres  qu'elle  contient  semblent  avoir  été 
riifoureusement  observés  dans  les  deux  comtés.  Je  ne  trouve  ici 
ni  viguier,  ni  bailli»  ni  assesseur  de  nationalité  juive,  tandis  qu'il 
«-•rait  facile  de  citer  des  villes  et  des  villages  de  la  Catalogne  où 
des  juifs  ont  exercé  ces  fonctions  aux  xiii*»  et  xiv"  siècles*.  Cest 


^(tafidiifi  det  maisons  juives  du  CaU  avaient  été  vendu«i  à  des  chrétiens  par 
àytes.  C*CËt  ainsi  quo  deux  juivi^s  converUes,  mèm  et  Qlle,  avaient  vendu 
t«iDp9  tuparavant  Leur  maison  du  Call  à  uu  prâlro  de  l'église  Saint-Jean 

'  L«  cenFÎves,  presque  toules  réduîles   do  iboïUb,  sont  encore  énoncées  en  an- 

ItHA*  marahotmSj  évalués  cbdcun   à    'i   bo!s  fasrciiloDËLÎs.   Dans  Les  premières  années 

rlatiècl«i,  )i  communauté   avuit  vendu  des  maisons  siUtées  dans  le  Call^  prîmiLlve- 

t  bréodées  pur  les  adminisiriteurs  di;  TAuinone  lucdéâ  par  Méir  Abram  ;  sur  la 

|llkar  lia  ces  maisons  i[  avait  été  imposé  une  riante  aimuolle  de  dix  morabiktins  au 

tildes  créanciers  dû  rAIJama,  le  maraboiin  évalué  nuad  à  9  eolis  de  Barcelone 

L334)«  On  entendait  ordiuairemeiU  par  t  rente  de   marabotin  »  Î4S  drmti  éi  mu^ 

ttinpa^i  en,  marahotins  [Jj.  332). 

^Souroment  à   Santa  Colome  de  0"^raU,  où  il  y  eut  dta  baillis  juifs   et  dei 

«ias  puhiics  juils.  •  Crtsques,  jubeu,  fou    Harcbs  anys   battle   do    la   vLla  de 

I  Coloma;   Boujtib&,  tambe  jubeu,   no   fou   moljc  aconductat  pels  jurait!  por 

r  la  \Ua...  ObserTo  tu  io  que  liacb  ii  la  visla  que'a  doua  lo  tilol   de   doQ  a 

Qt,  éfm  Moite  ^  don  Cahim.  liidiraria  asso  quels  jubé  us  guanjavan  considcracio 

■ife  loa  criatiana  a  proporcio  que  a'ouavan  atasant  lus  temps  moderus  t  *  (journal 

Vm  i«l   MùnUçrrat,  i88ii].  —    Le  juif  AlaUur  Golluf,  mort  le   18  juin  1389, 

àt  été    Iréaofîer    db  la  reioe  lolaode  ou  Violant^  troiÊièine    femme  de  Jean   1*' 


22  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

tout  au  plus  si  je  rencontre  vers  Tannée  1400  ui^  certain  Bonjuba 
Gracia  qui  est  courtier  public  de  la  ville  de  Perpignan  *.  Tou- 
tefois, les  juifs  des  deux  comtés  eurent  le  droit  d'affermer  les 
péages  [leudes  ou  lezdes\  les  cens  et  autres  revenus  royaux  *. 

II  est  hors  de  doute  que  l'exercice  des  fonctions  publiques  ne 
pouvait  qu'augmenter  la  considération  dont  jouissaient  d^à  les 
juifs  de  la  Catalogne.  Certains  d'entre  eux  avaient  acquis  de 
grandes  richesses.  Ils  prenaient  le  titre  de  don,  qui,  à  ce  qtfil 
semble,  ne  se  donnait  qu'aux  cavaliers  et  aux  nobles.  Henry 'et 
Gazanyola*  prétendent  que,  «  devenus  fiers  »,  les  juifs  de  nos 
deux  comtés  s'arrogèrent  eux  aussi  le  titre  de  don.  Ces  deux 
estimabtes  historiens  du  Roussillon  ne  citent  presque  jamais  leurs 
sources,  et  ils  ne  donnent  point  de  preuves  de  ce  qu'ils  avancent. 
Pour  ma  part,  je  n'ai  que  très  rarement  rencontré,  dans  les  deux 
comtés,  des  juifs  affublés  du  don.  Serait-ce  qu'il  n'y  avait  pas  ici 
de  juifs  riches  et  puissants  «t  jouissant,  par  cela  même,  d'une 
grande  considération?  C'est  peu  probable.  Don  est  castillan  ;  or, 
on  n'a  jamais  parlé  la  langue  de  Cervantes  dans  les  deux  comtés 
de  Roussillon  et  de  Cerdagne,  où  l'on  n'a  connu  que  le  catalan 
jusqu'à  la  tin  du  xvu®  siècle.  Peut-être  la  meilleure  explication  à 
donner  en  cette  matière  serait  que  le  titre  de  don  n'était  donné 
qu  aux  rabbins.  C'est  ainsi  que  le  rabbin  Menahem  ben  Salomon 
Meiri  était  habituellement  appelé  Don  Vidal  Salomon  de  Perpi- 
gnan. 

A  propos  de  bailli,  Henry  nous  dit  que  les  juifs  de  Perpignan, 
d'abord  administrés  par  deux  syndics  et  un  scribe  de  leur  nation 
approuvés  par  l'autorité,  a  eurent  plus  tard  pour  chef  un  bailli». 
Par  lettres-patentes  du  16  avril  1393,  Jean  I°^  «  défendit  qu'aucune 
commission  de  failli  des  juifs  de  Perpignayi,  fût- elle  môme 
royale,  pût  être  admise  par  le  gouverneur  du  Roussillon,  si  les 

^  Bonjuha  Gracia,  juif,  courtier  de  la  ville  de  Perpi^çnan,  déclare  qu*il  a  fait,  tu 
nom  de  Julien  Garrius,  trésorier  du  roi,  et  pour  les  besoins  de  la  cour,  diverses' 
opérations  commerciales,  entre  autres  un  achat  de  60  charges  de  pastel,  c^ées  pu 
Guillaume  de  Gallavella,  marchand  de  Toulouse,  au  prix  de  10  florins  la  charge,  et 
'  sur  lesquelles  il  a  perdu  33  livres  de  Barcelone  (B.  187).  —  C^est  ce  même  Garrius, 
trésorier  du  roi,  qui  empruntait  un  jour  à  un  juif  de  Perpignan  200  florins  dV,  à 
un  inlérêt  de  onze  florins  pour  trois  mois  (B.  178). 

>  En  1308,  les  procureurs  royaux  alferment  pour  deux  ans  à  Salomon  Bonet, 
juif  d'Ule,  Bonjuses  Abram  d'Agde,  Bendit  Mosse  et  Astruch  Bonet,  juifs  de  Perpi- 
gnan, les  revenus  du  roi  a  Milles,  au  prix  de  Vf 75  livres  barcelonaises  par  an.  Abram 
Bondia,  juif  d'Arles,  Mosse  Crcsches  Bendit  et  Mayrona,  épouse  de  Bonet  de  Perpi- 
gnan, se  constituent  caution  (B.  22).  En  1360,  la  plupart  des  revenus  delà  Cer* 
dagnu  sont  affermés  a  dos  juifs  de  Puigcerda  (B.  111).  En  1370,  le  revenu  royal 
d'Augoustrine  (en  Cerdagne)  est  affermé  ù  Vidal  Bonseoyor,  juif  de  Puigcerda. 

*  Oiwr,  cité,  t.  H.  p.  211. 

♦  Ouvr.  ctté,  p.  279. 


LES  JOIFS  DE  nOUSSlLLON  ET  DE  CERDAGNE  23 

SSîs  de  la  ville  n'avaient  été  préalablement  entendus,  confor- 
jément  aux  privilèges  de  la  commune  *  », 
Alphonse  avait  dispensé  les  juifs  de  porter  la  rouelle  ou  ro- 
ila,  La  charte  est  du  12  juillet  1419.  Celle-ci  autorisait  aussi  les 
Ifs  à  retranciier  de  leurs  vêtements  tout  ce  qui  pourrait  les 
Ire  reconnaître»  soit  sur  les  chemins  publics,  soit  dans  les  villes 
I  ils  auraient  à  s'arrêter,  quand  leur  séjour  ne  devait  pas  s'y 
allonger  plus  de  trois  jours  consécutif.  Dans  les  villes  où  ils 
vaierit  leur  domicile,  ils  n'étaient  tenus,  par  disposition  de  ces 
éines  lettre:ï-patentes,  de  ne  porter  la  roue  que  hors  du  Call, 
ms  pouvoir  y  être  astreints  tant  qu'ils  se  tiendraient  eu  dedans 

limites  de  leur  quartier.  Tout  oflkier  qui  aurait  voulu  les  y 
tltraindre  encourait  Tindignation  royale  et  était  passible  d'une 
Étende  de  mille  florins  -.  Cette  aotorisation  fut  très  probable- 
ent  retirée  dans  la  suite  ;  nous  trouvons,  en  tous  cas»  en  1451 

mars)»  un  ordre  donné  à  tous  les  juifs  de  ]}oHeT  Isl  rodella 
rescrite  par  les  lois*\ 
Ce  retour  au  port  de  la  roue  fut  peut-i'^tre  provoqué  par  la 

uvaise  conduite  de  quelques  juifs.  En  tous  cas,  le  roi  leur  avait 
éjà  défendu,  un  mois  auparavant»  de  faire  esclandre  dans  le  Call 
Pelre  ramor)  et  de  porter  des  armes  prohibées  *, 


Pierre  Vidal, 


{A  suivre)* 


F*  ïlenrv,  Oncr,  cii/,  p.  198. 

'  '  B.  Tm,  1-  20. 

]  *  B.  405  {MitmuaU  eun€ pairimonii  regii,  reg.  I)« 


SCULPTURES  D'ASCALON 


Les  sculptures  que  nous  reproduisons  ci-contre  ont  été  décou- 
vertes au  mois  de  septembre  dernier  parmi  les  ruines  d'Ascalon, 
en  Palestine*.  Elles  ont  été  aperçues  et  dégagées  par  des  élèves 
de  Técole  de  TAlliance  israélite  à  Jérusalem,  et  le  directeur  de 
cette  école,  M.  Nissim  Behar,  à  son  récent  passage  à  Paris,  a  bien 
voulu  me  communiquer  des  photographies  prises,  sur  les  lieux. 
C'est  à  son  aimable  intervention  que  je  dois  de  pouvoir  offrir  aux 
lecteurs  de  la  Revue  la  primeur  de  cette  intéressante  découverte 
archéologique. 

Grâce  à  Tirréprochable  procédé  de  M.  Dujardin,  ce  sont,  en 
quelque  sorte,  les  originaux  eux-mêmes  que  nos  lecteurs  ont  sous 
les  yeux.  Une  image  exacte  se  passe  de  longs  commentaires; 
quelques  lignes  suffiront  donc  pour  définir  le  style  et  l'époque  de 
notre  monument. 

Nos  trois  photograpliies  représentent  deux  Victoires,  qui,  d'a- 
près les  souvenirs  de  M.  Nissim,  sont  un  peu  plus  grandes  que  na- 
ture, (environ  2  mùtres  ou  2  1/2  mètres  de  haut).  Une  seule.  A,  fut 
trouvée  dressée  ;  Tautre,  dont  on  a  pris  les  deux  épreuves  B  et  C,  . 
était  couchée  et  n'a  pu  être  relevée,  faute  d'outils  nécessaires.  Les 
deux  liprures  difTôrent  quelque  peu  par  le  mouvement  et  les  dé- 
tails de  rajustement,  mais  dans  les  grandes  lignes,  elles  sont  identi- 
ques. La  déesse  est  debout,  vue  de  face,  entièrement  drapée  d'une 
longue  tunique  collante,  aux  pans  flottants,  qui  laisse  à  découvert 
col,  bras  -  et  pieds.  Un  vêtement  du  dessus,  qui  ne  descend  que  jus- 
qu'à mi-corps,  est  serré  au-dessous  des  seins  par  un  ruban  gracieu- 

*  Sur  ces  ruines,  comparez  Kittcp,  Erdkunde^  XVI,  70;  et  principalement  Gulhe, 
Die  liuinen  Askalons,  avec  un  plan  (Zeitsckrift  des  deutsrhen  Palâ^tina  Kerfijw,  li, 
104).  Les  ruines  d'Ascalon  sont,  avec  celles  de  Césarée,  les  plus  importantes  de  la 
cÔlo  entre  Goza  et  lieyroulh. 

*  Le  bras  frauche  de  la  Victoire  A  tenait  probablement  le  bout  relevé  de  la 
draperie  ;  celle  alliludc  est  tr»i.iucule  dans  les  représentations  de  danseuses  an- 
tiques. 


SCULPTURES     D'  A3CAL0N 
(  Revue  des  Etude»  Juivit$  K*  31  ) 


2 

Q     4 

et:    uj 

en 


I 


f 


SCULPTUIIES  U'ASCALON  2r, 

iment  noué.  La  ttHe  est  encadrée  entre  deux  longues  boucles  quî 
tombent  sur  les  épaules.  Quant  à  la  coiffure,  le  haut  de  ïa  tôte  est 
miement  mutilé  (jiRut-^tre  à  dessein)  qu^on  ne  peut  en  déterminer 
é  caractère  :  on  peut  liésiter  entre  un  bandeau  et  im  casque.  Re- 
iiarquons  cependant  que,  si  nos  deux  figures  ont  les  attributs 
ï^ditionnels  de  la  Victoire,  la  palme  et  les  ailes,  on  n  y  constate 
fa?,  en  revanche,  rassimilation.  assez  ordinaire  sur  les  médailies, 
HitreNiké  et  Pallas  :  il  n'y  a  pas  trace  d*égide,  ni  de  lance;  dès 
ors  le  casque  est  peu  probable*  Nos  Victoires  sont  des  Victoires 
ttclQques. 

La  partie  inférieure  de  B  est  détruite  ou  du  moins  ne  s*est  pas 
encore  retrouvée  ;  mais  cette  ligure  ^tait  sans  doute,  comme  A, 
représentée  debout  sur  un  globe  terrestre,  qu'un  Atlas  accroupi 
lupporte  péniblement*.  L'Atlas  est  sensiblement  plus  petit  que 
hiiéesse;  c'est  un  vieillard  entièrement  nu,  aux  formes  trapues 
€t  robustes.  Il  repose,  lui-mi^me,  sur  un  piédestal  carré,  en  forme 
tfautel,  qui  fait  corps  avec  le  montant  d*un  édifice  ;  le  relief  est 
«aillant  et  le  raccord  s'établit  par  un  double  ressaut  qui,  à  vue 
tfœil,  peut  avoir  20  ou  30  centimètres  de  profondeur* 

Nos  Victoires  ne  sont  pas  des  œuvres  d'art  de  premier  ordre, 
«nais  le  style  en  est  bon.  Le  défaut  le  plus  grave  est  le  manque  de 
proportion  entre  les  deux  li^zures  de  chaque  groupe  :  TAtlas  est 
tout  à  fait  écrasé  par  son  double  fardeau  et,  à  son  tour,  le  socle 
*5tuapeu  mesquin.  Le  nu  parait  traité  d'une  façon  sommaire,  et 
la  Victoire  n'a  ni  la  grâce  exquise  des  figures  de  la  balustrade  du 
^mple  de  Niké  aptère  à  Athènes,  ni  la  fougue  triomphante  de  la 
Victoire  de  Samothrace  ;  en  revanche,  le  jeu  des  draperies  est 
l|^,  de  bon  goût,  suflisaniraent  varié;  le  galbe  général  est  élé- 
PK,  Tensembie  des  lign*fs  est  des  plus  liarmonieux.  En  somme, 
B*esl  une  bonne  œuvre  de  transition  entre  le  style  tourmenté  et 
ffithétique  des  écoles  belléniîstiques  et  l'art  conventionnel  et  lourd 
^^  l'époque  impériale.  Qualités  et  défauts  nous  reportent  au  pre- 
lûiep  siècle  avant  J.-CL,  environ. 

P^ut-on  préciser  davantage?  peut-être.  Le  parallélisme  de  nos 
feures,  le  fond  d*architecture  du  groupe  A,  indiquent  sufllsam- 

'^^t  que  ce«  deux  Victoires  décoraient  le  portique  ou  la  façade 
•  un  édiUce  important  :  temple,  théâtre,  gymnase  '  ou  palais.  Or» 

^_lï«atrqo<»iis    À   C8   propos  que  le  proopo  A  lyaol  été  pHoU>grtpHié  «o  deui 

'^'t^^iis  fi  â  des  tlisuaces  un  peu  dittéreotes,   il  «   r«Uu  tégèrement  irèvbcr  pour 
Hltpoftcf  \f^  deux  épreuves.  Le  ruccard  h^tht  r«il  sur  l^i  glubc  terrciiro,  qui  «  ptiM 
"x  Utrmt  ^iroldc,  tacjueUe  n  existe  pes  deiu  1  aHgia«t« 
*  ici  )cux  et  les  lutteurs  dJUcmluo  ctjùetii  ^^flf/j/I^H^^^f^MiU,  Voyez  Cùffim 


^  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

la  spuie  'époque  à  laquelle  des  «^ifices  de  ce  i^nre.  dans  le  style 
«le  transition  que  j'ai  oherca^  à  «léânir.  aient  pa  être  *^eTés  i 
Ascalon,  «r'-^st,  ••r?  me  semble,  ie  rêsne  li'Héroùe.  A;scalon,  malgré 
IVtenduf»  *i»»  ses  niiiieâ,  n'*^lait,  «raprès  Strabon.  qu'une  «petite 
villf*  '  .i,  rpii  (Ipvait  son  importance  à  son  port  -^i  à  ses  :brtiticationi 
Néanmoins  Hi-rniie  la  .iu::ea  ài.;;ne.  ainsi  que  tant  d'autres  villes 
situi^os  hors  «l»*  à»^3  domaines,  de  recevoir  des  marques  de  sa  muni- 
licpnre  :  il  y  lit  bâtir,  dit  Josèphe.  des  chermes.  des  lontaines  et 
deâ  colonnades  splendides-.  Probablement  il  :'aut  ajoutera  cette 
liste  un  palais  royal,  dont  Auguste  rit  don  plus   tar»!  a  Saiome, 
siinir  d'He'rode  •.  C'est  sans  doute  sur  un  de  ces  monuments  qjm 
^r.  Nissim  ♦^t  ses  trêves  ont  eu  la  bonne  fortune  de  mettre  ia  main. 
«jardons-nous  «i'ailleurs  de  droire  que  les  Victoires  qui  ornaient  le 
portique  devaient  rappeler  les  exploits  militaires  du  roi  bâtisseur; 
il  était  un  politique  beaucoup  trop  avisé  pour  se  permettre  de 
pareilles  manifestations  d'orsueil  :  c'est  à  son  patron  Auguste, 
ou,  si  l'on  pr^tV-re,  au  génie  «le  Rome  «ju'il  a  du  penser.  Cest 
ainsi  qu'a  Jérusalem,  où  il  n'osait  pas  représenter  des  diriires 
haninines,  Hé  rode  avait  décoré  les  pourtours  de  son  théâtre  avec 
les  trophées  remportés  par  César-Auguste  <lans  toutes  les  parties 
du  momie  ^ 

Ascalon  parait  avoir  atteint  son  apogée  sous  la  dynastie  ida- 
méenne.  La  vieille   cité  pliilistine   avait  toujours  été  on  objet 
d'horrpur  pour  les  Juifs  "•  :  les  monuments  païens  dont  Hérode  la 
décj:>rée  n'étaient  pas  faits  pour  «liminuer  cette  aversion.  Aussi, 
*^n  <>6,  l'un  lies  premiers  actes  des  Juits  insurgés  fut-il  de  mettre 
le  feu  à  la  villi^  Les  habitants  massacrèrent,  il  est  vrai,  les  incen- 
diaires et  repoussèrent  viotorieusement  tous  les  assauts  de  Tarmée 
juive'.  Mais  il  semble  que  la  décadence  d' Ascalon  ait  commencé 
av^c  <!e  désastre,  car  elle  ne  frappa  plus  jamais  de  pièces  d'argent, 
conim»^  elle  l'avait  encore  fait  encore  sous  le  règne  de  Claude.  II 
n'est  pas  impossible  que  la  destruction  du  t  portique  des  Victoires», 
qui  devait  offusquer  simrulièrement  le  sentiment  national  jTiif.  ait 
•'té  l'un  des  exploits  d»^s  zélateurs  de  l'an 66  ;'et  ce  ne  serait  pas  le 
trait  le  moins  piquant  de  la  découverte  de  M.  NLssim  que  de  voir 

iturr.  jr.fr,irvm,  r.  ■   m'-,  «ît  Geoir.  min.    \Iûlier),  II,  o19.  Lâs  A.tlas  ont  aossi  été 

employés  a'i  théâtre  -ia  Brt'Thus.  i  Athènes. 
»  flo'/iTiia  'J.-.XOC.,.  Strabon    XVI,  2,  i'i. 

«  B.  J'oi.,  I.  :i.  lî. 

»  B.  Ud.,  Il,  M.  .'.    _:  .i-i;.  Jad..  XVII,  11.  5. 

♦  Josephe.  A^t.  J*^^,  XV,  >*. 

•  Cp.,  aviîc  Schurer.  Phiion  U,  5Tf>  ,Eâ.  Mangey  . 

*  Josèphe.  B.  J'id..  II,  IH  et  III,  3. 


SCULPTURES  D^ASCALON  27 

les  mains  juives  exhumer  et  relever  aujourd'hui  des  œuvres  d'art 
ibattues  par  des  raains  juives,  il  y  a  dix-huit  siècles,  dans  un  ac- 
cès de  pieuse  fureur.  Souhaitons  seulement  que  la  réparation  soit 
complète  et  que  bientôt,  grâce  à  la  libéralité  de  quelque  Mécène 
et  au  libéralisme  de  quelque  pacha,  l'école  de  V Alliance  achève  de 
dégager  le  monument  entier  dont  elle  vient  de  retrouver  si  heu- 
reusement la  façade. 

Théodore  Reinach. 


JOSEF  HACCOHEN 

ET  LES  CHRONIQUEURS  JUIFS 


JOSEF    HACCOHEN. 


4.  VEmek  habbahha. 


La  bibliothèque  de  V Alliance  israélile  a  acquis  récemment  de 
M.  Rabbinowicz,  de  Munich,  trois  manuscrits  hébreux  qui  ont 
un  grand  intérêt  pour  la  biographie  et  Thistoire  des  œuvres  de 
Josef  Haccohen,  l'auteur  bien  connu  de  VEmeh  habbahha  {Vallée 
des  Pleurs). 

Le  premier  de  ces  manuscrits  est  un  exemplaire  de  VEmeh 
habbahha,  sur  papier,  en  très  mauvais  état.  Dans  une  grande 
partie  de  ce  ms.,  récriture,  quoique  ressemblant  à  celle  de  Josef 
Haccohen,  ne  paraît  pas  être  de  lui  f  le  copiste  commet  des  fautes 
d'orthographe  trop   grossières  pour  qu'on  puisse  les   attribuer 
à  Josef  lui-même.   Quelques-unes    des  dernières  pages  de  cet 
Emeh  paraissent  être  cependant  de  sa  main,  le  reste  aura  été 
écrit  sous  ses  ordres  et  revu  par  lui.  Le  manuscrit  fut  achevé 
par  Josef,  le  1«^  elul  5320  (23  août  1560).  A  la  suite  de  VEmek,  se 
trouvent  trois  feuillets  de  vers  faits  par  Josef,  et  ces  feuillets  sont 
sûrement  de  son  écriture.  Ces  vers,  que  nous  retrouverons  dans 
.un  autre  ms.  de  Josef,  comprennent  les  pièces  suivantes  : 

4.  Pièce  composée  en  5277  (1517)  en  Thonneur  de  R.  Josu^  Toderos. 
Le  titre  est  :   rr»3n  \-nnnaa  insn  tiOT»  "^în  "^nnano  û-'n^ 
y"T  onnma  3^oin"«  '-i   bô«  riy.  Ce  Toderos  est  appelé,  dans  le 
-  corps  de  la  pièce,  "^C'  rr^ab  onma. 


JOSEF  ÎUCCOIIEN  ET  LES  CHROmQUEUÏlS  JUIFS  29 

T*ièce  adressée  à  sûiî  frère  Todcros  (comme  il  sera  prouvé  par  iio 
autre  manuscriU,  pour  se  plamdre  d'une  oflense.  Le  iilre  est  : 

.  Distique  pour  nieltre  eu  tôte  d'un  livre  :  nri«  nbnna  u^ob  ^b  n? 

4,  Trois  vers  sur  le  bâton  du  grand- prêtre  Aron  :  b:9  ^"^ïî^ï  fîT  •»b  *n:> 

t.  Les  trenlc-trois  beautés  de  la  femnie^  vers  composés  parJosefà 
répoque  où  il  fut  malade  à  VoUaggio,  icrritoiro  de  Gènes  :  ■*«:n 
••nrna  un^^b^  -^ba^  H*rs<->  r^D-^-n  ^^byi^  b"^  nir^'^:;^  Xb  nuîï*n  "an*' 
•  Vers  faits  sur  le  même  sujet»  par  Josef  Lévi,  beau-frure  de  Josef 
Haccoben, 
,  Vers  faits,  après  lecture  des  deux  pièces  précédentes,  par  Abraham 
de  Pise  :  in  i«a3  Dn^crï  ibN  Vt  niu-^sw  DniDK  Ytjd  mfi«-i2i 

8.  Réponse  de  Josef  à  Abraham  de  Pise  :  vers  en  ThoDoeur  de  Fia- 

finetta  (rî:3"'î:X''D),  femme  de  cet  Abraham. 
Pièce  de  trois  vers,  par  Josef,  pour  une  cruche  et  un  bassiti 
d'argent.    Titre  :    ''O^à  ',s^iprîiD   n^^i  t\0^  r\'^yp  by  "^b   tu 
«■'îibins  p-nb  cmb^^D    n^:nDn   -^t*   pnnb  b"T.—  b  et  c.  Deux 
autres  pièces,  Tudc  de  trois  vers,  l*autre  de  deux  vers,  sur  le 
même  sujet.  —  Ces  vers  nous  appreuoent  que  le  beau-frère  de 
notre  Josef  Haccoben,  du  nom  de  m  ir^nb  v\OV  ou  m  qDi*^ 
^•^  n^sb  inn&t,  destina  ces  deux  pièces  d'argenterie  à  la  sy- 
nagogue de  Bologne  au  moment  de  sa  mort,  survenue  en  5301 
((54!).   Un  autre  manuscrit,  dont  nous  parierons  plus  loin, 
nous  donnera,  sur   ce  fait,  quelques  détails    plus  circons- 
tanciés. 
i^ous  donnerons  plus  loin  un  certain  nombre  de  variantes  entre 
notre  ms.  et  l'éditioji  iraprimée  de  ÏEmek. 


2.  Traductions  et  divers  écrils  de  Josef, 


f    Le  second  manuscrit  dont  nous  avons  parlé  est  tout  entier  de  la 
main  de  Josef.  Il  se  compose  de  39  feuilles  in-8^,  sur  papier,  soit 
,312  feuillets.  Il  contient  les  œuvres  suivantes  : 


t^7:7  mbinzi  n^x^  nss.  Géographie  de  112^H^2  i:«3i«»  ■*2NT' 
n:3P«n,  traduite  en  bèbreu  par  Josef,  Cest  Foiivrage  de  Joan. 
Boemus,  Aubanus  Suevus,  Teutonicus,  iotitulé  Omnium  gm- 
tium  mores  kges  et  rinw,  Augsbourg  \M^\  Cependant  Josef 


*  Nous  îadiquoQS  cette  édition  d'après  une  noLo  que  M,    MoJsè  Scliwal)  a  eu  la 
ItantjA  de  nous  fournir  et  qui  est  emprualée  qui  bullelios  de  Gléuitint,  bîMolbécaire 


30  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

y  a  ajouté  le  chapitre  premier  tout  entier  (sur  la  géographie 
anté-diiuvienne,  les  déluges  et  Tétat  du  globe  après  le  déluge) 
d'après  la  Bible,  et  (par-ci  par-là)  d'autres  notices  O'^in»  D'^nm, 
d'après  les  rabbins  et  d'autres  écrivains.  Cet  ouvrage  se  com- 
pose de  trois  parties  :  4^  partie,  Afrique  (ff.  1  à  43)  ;  2«  partie, 
Asie  (ff.  43  à  27)  ;  3°  partie,  Europe  (ff.  27  à  68).  Fini  à  Voltaggio 
(iN"^aNab"n),  «  où  je  demeure  »,  le  dimanche  4  tammoz  53*5 
(23  juin  4555).  Suit  une  table  des  chapitres,  une  table  de  mots 
peu  connus  qui  se  trouvent  dans  Touvrage  et  expliqués  par 
Josef,  enfin  une  petite  table  de  noms  de  fruits  cités  dans 
rouvrage  et  que  Josef  transcrit  sans  explications  (ff.  68  à  70). 

2.  î-rfi<"^T2"^Nrï  HDD.  Le  livre  de  l'Inde  (Amérique),  traduit  par  Josef 

d'un  original  qu'il  a  fait  venir  d'Espagne.  Josef  appelle  encore 
ce  pays  n"«Tnsorr  rîtnr»,  Inde  espagnole,  et  nain  nfinr», 
Inde  nouvelle  (ff.  72  à  467).  A  la  fin  de  la  2*  partie,  f.  4^4 a, 
année  1550,  Josef  ajoute  qu'en  cette  année  il  fut  expulsé  de 
Gênes  et  s'établit  à  Voltaggio  (T^aNan).  L'ouvrage  fut  achevé 
par  Josef  le  dimanche  28  adar  5347  (28  février  4557).  Suit  une 
table  des  chapitres  de  la  2«  et  de  la  3«  partie  (ff.  467  à  470). 
Dans  la  2*  et  la  3"  partie,  le  haut  des  pages  porte  le  titre 
in"«Drï7a,  Du  Pérou. 

3.  «"«ûmp  •nsNsn'^D  nso  (ou  encore  ip-^cr^D  'D).  Livre  de  Fernando 

Cortez  (ou  encore  Livre  de  Mexico),  qui,  d'après  f.  72  ^,  parait 
faire  partie  du  précédent  (ff.  472  à  282).  Cet  ouvrage  est  égale- 
ment divisé  en  3  parties.  La  traduction  en  a  été  achevée  à  Vol- 
taggio (n^Ncam)  le  dimanche  7  ab  5317  (4  juillet  4557),  d'après 
des  vers  de  Josef  qui  se  trouvent  à  la  fin  de  Touvrage.  Suit  une 
table  des  matières  de  l'ouvrage  (ff.  282  à  286).  A  la  fin  de  celle 
table,  se  trouve  la  mention  suivante  :  Finie  cette  9«  copie  par 
moi  Josef  Haccohen,  auteur  et  copiste  de  l'ouvrage,  aujour- 
d'hui lundi  22  ab  5328.  Le  f.  suivant  contient  des  vers  adres- 
sés à  Josef  Haccohen,  à  l'occasion  de  cet  i)uvrage,  parZerahya 
Ilallévi  (neveu  de  Josef),  demeurant  à  Gènes. 

Ces  deux  ouvrages  (Inde  el  Fernand  Cortez),  ou  plutôt  ces 
deux  parties  d'un  môme  ouvrage,  se  composent  comme  suit  : 

N»  I  (4«r  ouvrage),  1™  partie  :  93  chapitres. 


2« 

— 

,84 

3« 

— 

26 

N<>II  (2«  ouvrage),  4" 

— 

58 

2« 

— 

82 

3« 

— 

93 

Dans  la  table  des  matières  de  N<»  I,  cet  ouvrage  N^  I  esl  consi- 

de  Louis  XIV.  M.  le  professeur  S.  Huge,  de  Dresde,  nous  a  indiqué,  de  son  côté, 
rédition  de  Fribourg  en  firisgâu  de  1640. 


JOSEF  lUCCOOEN  ET  LES  CltRONIQUEUnS  JUIFS  31 

déré  comme  formant  le  second  ouvrage  ou  volume  '>3ï!3n  nsoïi, 
landis  que  N*'  II  serait  le  ï°^  ouvrage  ou  volume- 
Grâce  à  un  renseignement  de  M,  Moîsc  Schwab,  que  nous 
I  prions  de  recevoir  tous  nos  remercimeuts,  nous  avons  pu  iden- 
tifier cet  ouvrage-  Ce  n*est  autre  chose  que  la  traduction  d'uu 
►^ouvrage  espagnol  célèbre,  La  HUioria  gênerai  de  las  IndiaSy 
^ûù  Francisco  Lopez  de  Gomara.  L'édition  princeps  est  de  loo^  ; 
nous  avons  eu  entre  les  mains  la  t^  édition,  Anvers,  lo5i, 
2  vol.  in-8^.  Le  i**"  voL  de  cette  êditiou  porte  le  titre  ci-dessus  ; 
le  2«  voK  a  pour  titre  :  la  seconda  parie  de  la  Historia  gênerai 
de  las  Jndias,  gus  coniiene  la  conquista  de  Mexico  y  de  la  nneva 
Espana,  Dans  cette  édition,  le  \'^^  volume  se  compose  de  225 
chapitres  numérotés.  Les  chapitres  du  second  volume  ne  sont 
pas  numérotés.  Au  chapitre  cviii  du  1^"^  voL,  commence  Ihis- 
loire  de  la  conquête  du  Pérou. 

Une  traduction  italienne  (Venise,  !537,  8**)  contenant  les 
mêmes  matières  que  N'*  1  de  Josefi  et  composée  de  i:il  chapitres 
|N«*  I  de  Josef  n'en  a  que  ^o;i),  a  pour  litre  :  La  secunda  parte 
délie  kUtorie  gtncrali  ddt  îndia;  et,  plus  loin,  en  tête  de  la 
table  des  matières  :  Belle  Eistùrie  del  Perv,  parie  secoMa. 

Enfin»  une  traduction  française  de  M.  Fumée,  sieur  de  Marly 
Je  Chastel,  a  pour  titre  :  Histoire  générale  dus  Indes  occideniaks 
et  (erres  neuves  fjui  jusqu'à  présent  ont  esté  descouvertes  (Paris, 
1o80,  8°).  Cet  ouvrage  est  divisé  en  cinq  livres  el  les  livres  en 
chapitres.  Les  matières  y  sont  tout  autrement  disposées  que 
dans  rédition  d'Anvers  et  dans  Josef  llaccohea.  Autant  que 
nous  avons  pu  en  juger,  elles  s'y  trouvent  dans  l'ordre  sui* 
vant:  i^  partie  de  notre  N°  I,  puis  notre  N**  II  tout  entier,  puis 
i»  et  3"  parties  de  ^^  I  [conquête  du  Pérou).  On  voit  que  les 
traducteurs  traitaient  assez  librement  roriginaL  Cette  dis- 
position de  la  traduction  française  et  la  traduction  italienne 
expliquent  pourquoi  Josef  donne  une  fois  son  ^"^  1  comme 
la  i*  partie  de  Touvrage. 
riscn  wbs  '0.  La  baïance  des  noms,  rédigé  par  Josef  à  Voltaggio 
nsK^'ji)  en  53£1  (io6ï),  Cest  une  liste  alphabétique  de  subs- 
tantifs hébreux,  avec  des  exemples  tirés  de  la  Bible  et  qui  pa- 
raissent avoir  uniquement  pour  but  de  rappeler  le  genre  (mas- 
culin ou  féminin)  des  substantifs.  Josef  a  vu  que  beaucoup 
de  gens  désirent  écrire  l'hébreu,  mais  y  sont  très  maladroits, 
et  se  trompent  pariiculièreraent  sur  le  genre  des  noms,  c'est 
ce  qui  Ta  déterminé  â  composer  ce  petit  ouvrage  (IL  289  à 

Ilecueil  très  curieux  de  formules  de  politesse  pour  les  adresses  de 
lettres:  quand  on  écrit  à  deux  persoDnes,a  plusieurs  personnes, 
â  un  médecin,  à  un  coàen,  à  toute  autre  personue,  à  des  jeunes 
gensi  à  des  femmes,  pour  lettres  de  condoléance.  Achevé  mer- 
credi ti  amer  ^iil  [10  avril  \mil  —  (ÏÏ,  307  à  3û9J. 


32  REVUK  DES  ÉTUDES  JUIVES      "^ 

6.  a.  Diverses  pièces  de  vers  de  Josef  Haccohen  (ff.  3<0  à  31  f).  Ce  sasX 
les  pièces  qui  se  trouvent  aussi  dans  notre  manuscrit  de 
VEmek  décrit  précédemment,  mais  avec  la    différence  sui- 
vante :  la  seconde  pièce  est  précédée  ici  d'un  préambule,  où 
Josef  explique  ce  qui  s'est  passé  entre  lui  et  son  frère  (Tode- 
ros).  Les  mêmes  explications  se  trouvent  plus  détaillées  dans 
le  troisième  manuscrit  que  nous  allons  décrire,  c  est  là  que 
nous  les  donnerons.  La  lettre  de  Josef  que  contient  ce  troi- 
sième manuscrit,  et  qui  précède  les  vers,  et  la  lettre  qui  suit 
les  vers  dans  ce  troisième  manuscrit,  se  trouvent  aussi  dans 
notre  second  manuscrit,  mais  non  dans  celui  de  VEmek.  Dans 
le  second  manuscrit,  ces  deux  lettres  sont  datées  de  Gênes,  an 
5275,  à  1  époque  où  Josef  avait  dix-sept  ans.  La  \^  des  deux 
lettres  parait  même  datée  du  mois  de  kislev  ou  même  du  <5 
kislev  (3  décembre  1514);  voir  ms.  suivant,  n®*  20  et  21.  — J.  A 
la  fin  et  on  sus,  deux  pièces  de  vers  sur  le  m«iDn  'o  de  R.  Méir 
Alguadez.  Les  vers  ont  été  faits  par  Josef  et  écrits  par  lui  sur 
un  exemplaire  de  l'ouvrage  de  R.  Méir,  copié  par  Josef. 


3.  Recueil  de  lettres. 

Notre  troisième  manuscrit  (77  ff.  papier,  écriture  italienne; il 
manque  un  feuillet  au  commencement)  n'est  pas  écrit  par  Joset 
Haccohen.  C'est  un  recueil  de  lettres  qui  paraissent  réunies  à 
titre  de  modMes  de  correspondance,  car  souvent  le  copiste  omet 
les  noms  propres  de  villes  ou  de  personnes  qu'il  rencontre  dans 
les  originaux,  mais  qui  ne  l'intéressent  pas  autrement.  Lesdeui 
tiers  environ  de  ces  lettres  sont  de  Josef  Haccohen.  Nous  donnons 
ici  la  description  complète  de  cems.,  l'intérêt  historique  qu'elle 
présente  en  excusera  la  longueur. 


1.  (ff.  4  à  6.)  Lettre  de  Salomon  Molkho.  Elle  se  trouve  im] 

dans  les  Dibré  hayyamim  de  Josef  Haccohen  (édit.  princeps, 
ff.  207  •).  A  la  fin  de  la  pièce,  notre  ms.  a  le  passage  suivant'. 

c-^a-^-iis  torînnN  -i"-in73  •^rr^na  bj^a  -^nriNb  -^nra  pnrrr:  m 
nx  -^rT^-in  ^N  tm^Tb  b"T  \-isns:  c"^nna  rrrbo  Ynrra  p 
tn7:Nn    narn   y^'cyi2   b^n    inpns::  "^nwi   •'D    tzsbnyb  cm:» 

1is:-i  "^n"»  pn  l?:^  ^y^iy^n  rinrira  •^mn'^bo  mno  mifinb.  Cette 
épigraphe  est  distribuée  à  droite  et  à  gauche  de  la  signa- 
ture, en  fac-similé,  de  Salomon  MoJkho.  On  nous  saura  gi^ 
de  reproduire  ici,  en  môme  grandeur  que  celle  du  manus- 

1  Année  1532.  Notre  copie  s'arrête  au  "[^Nl  pK  f*  218*,  qui  est  la  fin  de  ta 
lettre. 


JOSËF  JiACCOHBiN  ET  LES  ClIRONIQtlEUHS  J  If  IFS 


33 


cri  t.  cette  curieuse  signature  de  ce  très  curieux  personnage  ; 
on  y  disLiûgue  très  facitement  le  uom  do  T\nb^  ». 


Signature  de  Saxouon  Mûlkuo. 

[tl  a  6.)  Lettre  de  Schéschel  h.  Isaoc  b*  Josef  Benvcnist,  de  So- 
ragosse  %  aux  ;mm  de  KarbODue  :  p  nca  'i  ^^"ûzb  n^r^bJi 
'31  nmn  cipn  nv  ne»  î^r;:  ,  r-i!T3-i3  \\^:::gb  m:î33. 
Signé  :  '^zsspno  nc:3  p  qD-i^  Ya  pn^^  n"n  ppn  nirïî. 

*  [f.  8  a  ^>j  Lettre  (du  mémo)  au  naci  R.  Calonymos  h,  Toderos  (de 

Norboone)  eL  au  naci  R.  Lévi  '  :  ';t  D^:?3«2n  ''22b  *'ns:  "^rw. 

•  itl^fl^O  Lettre  (à  Gulouymos)  par  Schésehet  b*  Isaac  h.  Lévi  (lire 

Josefj.  de  Saragosse  :  'û^'^n  nî*  ""PlÈt-i^.  Il  lui  recommande 

'  Sur  tics  ijn^mûres  de  la  famille   Trcvos  qui  s  miércssaiâQt  â  Molkhoi  voir  Graelip 

|^X»2'  éaîL,  p.  547,  U  1  et  i.m\\ 

►  *Suf  les  Scbéschet,  voir  Htèi^  BiblkgmphM,  XIII,  l&73,p*  108;  Zunr,  dansBen- 

*"*!  de  Tudèle,  édil.  Agiter,  It,  p.  i  ;  Gracia,  t.  VI,  note  1  (p.  3G2  d©  la  2-  édîl., 

^).  Les  t^ûcit  de  Narbonne  doul  il  est  queslioa  ici  seront  nommés  plus  loin* 

'CllouyfDos   b.  Todcro5  vivûiiL  à  Narbonuo   a  l'époqua  où  Benjamiti  do  Tudèlo 

i*tn1t(5)  p«s^  par  celle  ville.  Le  naci  M,  Lévi  est  H.  Lévi  b.  Moïsu,  de  Narbonue, 

l^i  Uîquel  Qo  peut  voir  Gro««,  daa»  Monafxichfift  de  Graetz,  XVII,  1868,  p.  290. 

IBêonit  déjà  vécu,  mais  très  jeune,  du  Vemps  d'Abrabaui  Ab-bel-din,  luorl,  suivant 

It,  tQtrc  1172  et  1185.  Le  na^i  H,  Lôri^de  Narbonne,  est  aussi  nommé,  couuno 

I  eaalemporain,  parJuda  Aliiartd  {Tdhhkiwtoni,  édit.  Amslerd.,  p,   4tjJ.  Dana  la 

QJJade  celte  élude,  oa  verra  c^ue  le  U*  Lévi  nommé  par  Schéèet  Jehuda  (éd.  Wiener. 

Ipï  114]  est  notre  mtici  ;  par  suite,  il  vivait  ea  4975  =:  1215.  Il  v  avait  en  même  temps 

~  Ptarbooae  uu  nsci  dau  Isaac   Benveotst.  U»  Moïse   Benveni&t,  do  T^arbonae,  eat 

BSié  éûsis  Neubaucr, Vf«?i*A  Chronides^  Oxford,  1îsS7,  p,  84,  L  12;  cf*  Jvhtniin^ 

S«f  L  13.  Tout  cela  iodiquc  que  lea  Benvenîst  sont  orîf^inaireA  d«»  Narbonne.  Noire 

béscbct  parait  en  venir  également  et  Être  allié  à  la  famille  des  haeU  de  celle  ville. 

T.  XVI,  M*»  31,  S 


A 


34  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

rmm  'n  DDrm  ...  -^-11:31  •'-l'a.  Compliments  aa  maei  R.  Lén 

5.  (ff.  40-44.)  Du  môme  au  même  :  'il  TTra  ^robm  ••zt'23  %nX3. 

Un  homme  de  Narbonne  avait  eu  quelque  démêlé  avec  le  rr*^ 
ni3^  (R.  Lévi?)  de  celle  ville  et  s*clait,  à  cette  occasion,  sou- 
levé contre  Tautorilé  de  Galonymos;  il  a  été  auprès  de  Scbé- 
schcl,  il  se  repeut  et  vcul  se  soumettre.  Compliments  au 
•^15  'n  '^-p'^r*  ^2n:n  bnin  «"^c:. 

6.  (f.  4 1  b.)  Du  même  au  même  :  '5"i  ^b  n-'cn  ntjp.  R.  Abraham  rap- 

porte cette  letlro. 

7.  (ff.  4  2. a  à  47^.)  Lettres  entremêlées  de  vers,   du  même  Schés- 

chet,  adressées  au  naci  H.  Lévi,  fils  du  naci  R.  Moïse  (de  Nar- 
bonne) . 

8.  (ff.  48  a  à  49a.)  Divers  modèles  et  diverses  formules  de  lellres. 

Dans  Tune  d'elles  on  nomme  Josef  Jahya. 

9.  (ff.  49^à20^.)  Lettre  de  Bonastruc  Desmestre,  de  Girone»,àZe- 

rahya  b.  Isaac  Hallévi,  dit  don  Ferrer  Saladin,  demeurant 
alors  à  Guadaiajara;  datée  du  mois  d'adar  5171  (janvier oufé- 
vrier  4411)  *  :  •>nacN730T  pinncsin:»  Dsnr!  nbcc  aron  CBiarn 
•^ibr:  pro:"»  n"a  n^mr  '-1  n"nrï  b»  (lire  msin-^^)  mz^Ti  t^î 

nnpc  rîor73  br  m"^5:"^rï  ancb  K"rp  r:o  m»  cina  ynubuP 
nsn  niTSKa  cia.  Bonastruc  a  appris  que  Zerahya,  après  la  mort 
de  Ilasdaï  Crescas,  a  été  nommé  rabbin  des  Juifs  d*àragon;il 
lui  recommande  donc  tout  de  suite  un  procès  qu*ii  a,  lui  Bo- 
nastruc Desmestre,  parce  que  son  fils  Bonastruc  était  fiancé 
avec  une  jeune  fille  orpheline,  et  qu'un  autre  prétend  avoir 
déjà  épousé  cette  jeune  fille.  Le  rabbin  En  Samuel  avait  d'a- 
bord donné  raison  à  Bonastruc,  puis  il  a  changé  d*avis. 

40.  (f.  21  ab.)  A  Isaac  Cohen,  de  Verceil  (sûrement  de  Josef  Haccohen). 

44.  (f.  21  ^  à  22  a.)  Josef  Haccohen  à  son  gendre  Péreç  Halfan  f"<fi 
icbn. 

42.  (f.  22  b.)  Zerahya  Hallévi  (neveu  de  JoseO  à  Josef  Amar  (person- 
nage que  nous  apprendrons  à  connaître  plus  tard). 

13.  (f.  22  ^  à  30  a.)  Josef  à  Juda  Halfan  (probablement  frère  de  Pereç) 
(voir  n»  44).  De  Gènes. 

44.  (f.  23  b.)  Josef  à  (son  gendre)  Péreç  Halfan. 

45.  (f.  23  b  et  21  a.)  Josef  à  Isaac  Cohen  (voir  n°  40). 

46.  (f.  24a.)  Josef  à  son  gendre  Péreç  Halfan. 

47.  (f.  24  ab,)  Josef  à  son  frère  Toderos. 

48.  (f.  24  b.)  Isaac  Cohen  (voir  n»  40)  à  Josef,  et  réponse  de  Josef. 

49.  (f.  26  a.)  Salomon  b.  Labi  à  don  Ilasdaï  Crescas.  Hasdaî  apnsk 

•  Voir  sur  lui  el  sur  Zerahya  Saladin,  Gractz,  VIII,  2«  édil.,  p.  116  (tnnéô  14ill« 
Noire  lellre  prouve  que  Hasdaî  est  mort  en  1410  ou  tu  plus  Urd  au  commenomittl 
de  1411  ;  voir  Graclz,  VIII,  note  2,  a  la  fin  du  vol. 

*  L'année  5171  était  embolismiquo  et  avait,  par  conséquent,  deux  môs  d^dar. 


JnSEF  ÎIACCOHLIN  ET  LES  CïIRONlQUEURS  JUIFS  3S 

parti  (n^na  n^ns)  de  don  Salomoo  Halle vi  et  don  Elazar  tiibns, 
cela  lui  rapportera  profit  et  honneur;  il  a  fait  de  même  avec 
don  [le  ms,  a  p)  Samuel  ûls  de  don  Benvenist,  mais  Salomon 
b,  Labi  semble  eu  blâmer  Hasdaï  \  Commence  par  les  mots  : 

20.  (f.  26  aè,)  Josef  à  son  frère  Toderos.  Josef  et  Toderos,  dans  leur 

I  jeunesse»  échangeaient  des  plaisaaleries  un  peu  vives.  Sur 
une  lettre  de  Toderos  où  celui-ci  avait  dessiné  uu  ?:,  Josef 
avait  répoodu  en  renvoyant  la  lettre  et  en  ajoutant  au  f2 
les  lettres  nécessaires  pour  faire  le  mot  malpropre  de  mn''?3 
et  il  avait  dessiné  à  côté  une  main  fermée  avec  le  pouce 
sortant  entre  deux  doigts,  ce  qui  est  un  geste  injurieux. 
Toderos  avait  relevé  vivement  la  plaisanterie,  Josef  lui  ré- 
pond avec  colère;  il  se  demande  si  Toderos  a  pris  des  Aske- 
na:^im  ces  mauvaises  manières.  A  la  lettre  était  jointe  une 
pièce  de  vers  se  rapportant  ù  cet  incident;  c'est  la  pièce  2  do 
notre  m  s.  do  VEmçk,  Cette  pièce  et  la  lettre  suivante  sont  de 
45(4  ou  loiG,  Voir  ms.  précédent,  n^  5. 
Si.  (f.  tl a.]  Josef  à  Toderos,  De  Gênes  à  Novi.  Entre  autres,  corn- 

(plimentsde  Josef  à  sa  mère,  à  sa  sœur  et  aux  enfants  de  sa 
sœur. 
H-  If-  28  a^,)  Obadia  Alconstautini  à  (son  cousin)  Josef  (La  lettre  est 
^  datée  de  Salonique  et  a  été  écrite  eu  <o4o). 
S3.  (f.  29  ah.)  HépoQse  de  Josef. 
WL.  (f.  V^bh  3»  a.)  Obadia  Alconstantini  à  Josef  (la  lettre  est  écrite 
P  à  Sara  val). 
ÎS.  (f,  32  ft^.)  Kn  Astruc  pnè«T  ^  de  Monzon,  a  En  Bonastruc  Vidal, 
dont  il  n^avait  pas  eu  de  nouvelles  depuis  quarante  ans.  L'au- 
teur de  la  lettre  rappelle  que  sa  mère  était  la  sœur  du  grand* 
*  Nous  réumssoni  diins  uno  seule  notû  tout  ce  que  mous  savons  sur  les  person- 
ûigcf  oonwaés  dans  ce  numéro  et  diiuB  les  n"»  27  et  28.  Les  personnages  dea  n"*  19  el 
27  ont  vé€u  en  Eipagne  au  cummeucomcnt  du  xv"  siècle.  HasJaf  Crescss  est  cé- 
lèbre. Silomon  ibti  Labi  du  c"  19  paraît  être  le  Salomon  Labi  de  Htlr,  BibL,  XV 
(i875|t  p.  53  ;  sur  Vidal  Lûlii  et  sou  frère  Salomou  (u*  27],  peUis-flls  du  précédcot, 
probablement,  voir  II.  Bîl>L,  XV,  7S-8'2  el  p.  vit.  En  Samuel  du  n»  9  pourrait 
être  Samuel  Benvenjst  nommé  au  n»  19,  et  peut  être  identique  au  Samuel  Ben- 
veniat  du  n*  27,  bcBa^frèro  des  ïrèrcs  Vtdal  et  Salomon  l<abi.  Nous  ne  sarous 
si  ce  Samuel  Benvenist  eil  le  médecin  et  traducteur  dont  il  est  queelion  dans 
M.  Bibi,  VUl  (1865},  p.  m  et  12ii;  IX  (18G9),  p. 91  ;  X  (1870),  p.  83.  —  Une  lettre 
de  Salomon  Vidal  à  Jlnsdaî  Crescas  se  tiouvo  an  Catal.  des  mss.  héht*  d^Oxford,  par 
Ad,  Neubauer.  n"  10S'i,F8.  —  Elazar  Ï!|V:>1D  (noire  u"  19)  se  Irouvo  au  même 
catalogue,  n"  1984,11  K.  Sur  Përcç  Cobcn  (n*2S)  ou  peut  voir  Johasin.  éàlU  Filipowski, 
%2'ù  a  ;  Slcinscbncideri  CataL  imprimés  Oxford,  coL  2091.  —  Nous  ne  savons  qui  est 
Cr«scas  Barfût  (o'  28),  Sur  les  Barfal.  on  peut  voir  H*  Bibl,  XIV  (I87i),  p.  82; 
cf.  catal,  m$s»  hébr.  Oxford,  n^  2248,4  c.  Le  don  Cruscos  b.  Scbdschet  nommé  à 
Il  pig^  S^  de  H*  BibL  serait-il  noire  Croscas  Barfat  ? 

1  Sur  uu  Juda  Zark  \m  Zarko  voir  Hehr.  BibL,  XI  (1871).  p.  91  î  XIV  (1874), 
p.  ^2;  un  Josef  Zark,  Catal.  mss.  hébr.  Oxford,  n"  834,S,  et  n*  2417,4  ;  un  SalUel 
ZÎirk,  ibîd,^  n»  1984,  A  42.  Un  Aslruc  Vidal  Grocian  est  nommé  ihid.,  n»  221 8,4 #. 


36  R£VLË  DES  ETUDES  JUIVES 

père  paternel  de  Bonastruc  Vidal.  £q  Astnic  a  été  d*alx}rd 
heureux,  puis  le  malheur  est  venu.  Il  avait  quatre  frères  et 
trois  fils,  tous  sont  morts  :  son  second  fils  avait  laissé  deux 
fils,  dans  lesquels  il  a  aussi  été  récemment  frappé  ;rr5inn: 
r?r-i  ms  ■♦b;..  Enfin,  il  a  perdu  ses  biens  tant  à  la  suite  de  Ja 
persécution  de  Paris  iw-ns  rr^TS)  qu*à  la  suite  de  rexpulsion 
de  France  (1306).  Le  père  de  Bonastruc  est  mort,  mais  Aslruc 
a  appris  que  Bonastruc  a  un  tils  distingue.  Ce  fils  vient  d'èire 
mis  en  prison  (ou  fait  captif  par  des  pirates?),  quoique  ioDO- 
cent  ;  Astruc  sera  heureux  d'apprendre  qu'il  est  en  liberlé 
•!Er3  C":n  »b  by  zzrzi  z-»C"ic  Tn  rc:.  Signé  :  Astruc  npnw. 
Commencement  de  la  lettre  :  iT'ns"»  yn»  "«am^  û'^n»  p  W*  ^ 
i6.  (f.  33  ab.)  Schéschet  b.  Isaac  b.  Josef  Benvenist  au  nad  R.  LéW 
(de  Narbonne).  Benvenist  venait  de  perdre  le  troisième  et  der- 
nier survivant  de  ses  fils  ;  il  répond  à  une  lettre  de  cocdo- 
léance  que  Lévi,  et  probablement  aussi  Calonymos,  lui  avaient 
adressée.  Il  les  prie  xle  consoler  la  mère  et  la  sœur  du  défunt, 
et  de  les  aider  (comme  si  elles  demeuraient  à  NarboDoe). 
Cette  lettre  leur  sera  apportée  par  son  frère  (ami  t)  le  naci  Josef 
fv.  Commencement  de  la  lettre  :  brpfi<  •'D  nro  rra. 

27.  (f.  33^  à  34*.)  Salomon  b.  Labi  et  Vidal. b.  Labi  à  don  Samuel 

Benvenist*.  Lettre  de  condoléance  sur  la  mort  d'une  femme, 
qu'ils  appellent  notre  sœur.  Commence  :  npTiïDTa  ma  isat. 

28.  (f.  34*  à  35  a.}  Lettre  de  condoléance  de  don  Crescas  Barfatau 

grand  raà  R.  Pereç  Cohen  *,  sur  la  mort  de  son  gendre.  Com-  , 
mence  :  Trpjzyn  n  cn3  naano  mî3. 
20.  (f.  35  *  à  36  b.)  Complainte  de  Josef  sur  la  mort  de  son  fils  Josué, 
datée  du  2S  août  ,5)300  =  15i0. 

30.  (f.  37  ab.)  Complainte  de  Josef  sur  la  mort  de  son  fils  Isaac;  datée 

du  43  tisri  (5;30L 

31.  (f.  38  a.)  Lettre  de  condoléance  (de  Josef)  à  son  beau-père  Abra- 

ham Cohen,  de  Bologne,  sur  la  mort  d'un  fils  d'Abraham  (ou 
sur  révéuement  raconté  E  404)  ;  voir  TChr.  an  5300*. 

32.  (f.  3«  ^  à  39  b,)  Deux  modèles  de  lettre  de  condoléance. 

33.  (f.  39  ^  à  40  b.)  Lettre  de  Josef  à  sou  beau-frère  Abraham  Coben 

sur  l'événement  de  E  104  (TChr.  an  5300).  Josef  dit,  entre 
autres,  qu'il  s'est  entendu  avec  ses  amis  les  orfèvres  û'^snTS 
pour  arrêter  tout  étranger  1"«^n  qui  viendrait  leur  vendre 
des  objets  d'or  ou  d'argent,  afin  de  voir,  sans  doute,  si  un  de 
ces  objets  serait  de  ceux  qui  avaient  été  dérobés  à  Pieve  et  de 
découvrir  ainsi  les  coupables.  De  Gènes  à  Bologne. 

34.  (f.  44  a.)  Josef  Ilaccohen  à  Zcrahya  Ilallévi,  fils  de  Josef  Haliévi: 

'  Un  Salomon  Labi  nommé   Calai,  mss.  hébr.  Oxford,  de  Neubauer,  n«  1227,  el 
Slnschn.,  CaUl.  imprim.  Oxf..  col.  23G2. 

*  Pcreç  Cohen  est  nommé  Johasin,  édit,  Filip.,  225  <î. 

*  Pour  les  signes  employés  ici,  voir  Ten-lôle  du  chapiUe  suivant. 


JOSEF  IlACCOfiEN  ET  LES  CfIROMQUErRS  JUIFS  37 

condoléances  sur  la  mort  do  Josef  Hallévi,  mari  do  la  sœur 
de  Josef.  iJe  G  eues  à  Voghera. 

(f.  il  b.)  I)u  même  au  même. 

(f,  43  a  à  45  a,)  Circulaire  de  David  b.  Josef  ibu  Jahya  aux  corn- 
muaautés  des  territoires  de  Gènes,  Lorabardie,  Mootferrat, 
pour  le  rachat  des  prisoDiiiers  faits  a  Tuuis.  Naples,  2  adar  II 
(5)293  (27  février  153:i\ 

.(f.  i^a  à  46  a.)  Lettre  du  même  sur  le  même  sujet  d*après  la 
,  suscripliou  ;  cependant  à  la  signature  it  y  a  Josef  ibu  Jaliya|. 

.(f.  46û  à  47^*1  Lettre  adressée  à  la  cûmmunooté  juive  de  Sa- 
loûique  pour  le  racliat  des  captifs  faits  par  Cegala  Visconti 
et  par  ADdré  Doria.  La  lettre  est  sûrement  de  Josef,  car  il  y 
parle  de  *  mon  parent  Obadia  Alconsianlini,  qui  est  venu 
me  voir  et  qui  retourne  à  Salonique.  n  La  lettre  est  probable- 
ment de  V6i7, 

^.  (f,  48  ab.)  Josef  a  la  communauté  de  Bologne  pour  le  racliat  des 
captifs  faits  a  Tunis  (en  i^lij  probablement).  Signé  aussi  par 
Josef  b,  David,  beau-frère  de  notre  Josef. 

'.  (f.  48  ^  u  40  a.)  Josef  pour  le  racbat  des  captifs  (ceux  de  Tunis, 

probablement).  Du  17  novembre  (-'i)296  =:  1535, 
i  (f,  49  ^  a  50  a  1  Lettre  de  Gôoes  (sûrement  de  Josefi  aux  Israélites 
de  Bologne,  pour  le  rachat  des  captifs  faits  par  Cegala  et  André 
Doria. 

►  (f,  50^,)  Josef  aux  Israélites  de  Provence,  sur  le  môme  sujet.  Du 

7  novembre  (5)307  =  lîilii. 
|f.  50  ^  à  51  a. 1  Lettre  adressée,  sur  le  même  sujet,  à  ce  qu'il 
semble,  à  un  personnage  israélitc  qui  a  de  l'influence  à  la 
cour,  et  qui  doit  intervenir  auprès  du  '^n'^D'^i.  La  lettre  est  sû- 
rement de  Josef;  il  se  peut  qu'elle  soit  destinée  à  Jacob 
Mantin  (voir  n*"  6i,  63). 
(f.  51  b.)  Circulaire  adressée  aux  communautés  juives  d*Ilalie  et 
remise  à  un  collecteur  qui  doit  recueillir  des  dons  pour  le 
rachat  de  ces  mêmes  captifs.  Plusieurs  détails  de  la  pièce 
montrent  qu  elle  est  sûrement  de  Josef. 

(t  fiî  aà*}  Lettre  de  Josef,  sur  le  même  sujet,  aux  Juifs  de  Man- 
loue.  Du  :î6  orner  300  (13  avril  1546)* 

(f,  ^fàà  tj'\  a^  Circulaire  jmur  le  racbat  de  captifs  tunisiens; 
Tun  d'eux,  Jacob  b*  Abraham  le  sofer^  fait  la  collecte  ;  son 


frère,  la  femme  de  son  frère  et  le  fils  de  son  frère  sont  captifs; 
Je  racbat  doit  coûter  220  éeus.  Daté  de  la  section  nOK  nn^tn  nr 
rr<2«  'n  mx  au  îj:10  :.  C'est  ïe  verset  Lévilique  vjii,  5,  pa- 


38  RKVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

rascha  çav;  donc  semaine  du  6  au  42  mars  4543.  La  pièce 
est  signée  par  Juda  b.  Abraham,  David  b.  Abraham  ^w:n, 
Abraham  Ilaccohen,  plus  un  monogramme  qui  parait  con- 
tenir le  nom  de  liJzb^  ou  "JT^):©  et  que  nous  reproduisoDS 
ici.  Ces  monogrammes  sont  assez  rares  dans  les  manuscrits 
hébreux. 

52.  (f.  5i  ab,)  Circulaire  de  Joscf  sur  les  captifs  de  Gegala  et  d'André 

Doria.  Vendredi,  3  janvier  5307  (4547).  Le  3  janvier  1547  n'é- 
tant pas  un  vendredi,  et,  d'un  autre  côté,  la  pièce  contenant  le 
récit  de  la  conspiration  de  Fiesque,  qui  éclata  à  Gènes  le 

3  janvier  4547,  et  le  récit  d'événements  postérieurs,  nous  sup- 
posons qu'il  faut  lire  vendredi  3  juin.  Les  faits  racontés  par 
Josef  sont  attestés  par  deux  signataires,  Josefb.  IsaacAmar, 
de  Coron,  et  Hayyim  b.  Elazar. 

53.  (f.  54*  à  55  rt.)  Lettre  de  recommandation  donnée  par  Josef  à  des    I 

captifs  délivrés  au  bout  de  trois  ans  et  qui  sont  maintenant 
sans  ressources. 

54.  (f.  55  a  à  56  a.)  Josef  ibn  -^SitbN  (ou  "^n^bN)  recommande,  pour  le 

môme  objet,  un  captif,  Abraham  d'Ancône,  qui  avait  été  pris 
par  une  galère  chrétienne,  laquelle  fut  prise  à  son  tour  par 
une  galère  turque  ;  Abraham  avait  été  conduit  à  Alger,  où  il 
fut  captif  pendant  un  an  et  demi,  et  où  finalement,  recom- 
mandé par  un  Juif  turc  qui  vint  à  Alger  et  qui  le  connaissait,  . 
il  fut  mis  en  liberté  sur  l'intercession  du  naçid  R.  Salomon. 

55.  (f.  56  a  à  57  a.)  Lettre  des  Israélites  provençaux  de  Saloniqiie  à 

ceux  de  Provence,  menacés  d'expulsion.  Venez  ici,  vous  y 
vivrez  librement  et  à  l'abri  de  toute  oppression.  Salonique, 
40'-  élul  an  (5)310  (43  août  1550;  section  sofetim;  Deutéron., 
XIX,  14).  Voir  le  n<>  précédent  de  la  Revue. 

56.  (f.  57  à  à  58  b.)  Relation  d'un  voyajre  (en  Palestine).  ■':^o^  t:?7  îi?» 

'51  û'^nonirrr  nb'C72^  nnn  •^n'^rsprn?:  i-^yn  ■'û3itt'«D%.  Va  de 
Montcalero  à  Turin  le  9  iyar  309  (7  mai  4549)  ;  jeudi  44  iyar, 
part  de  Turin,  parle  Pô  (ïinc),  et  arrive  samedi  à  Crémone; en 
part  dimanche  et  arrive  à  Casale  Maggiore  m'TN53  brxp  le  lundi; 
visite  les  environs,  Isola  et  Mantoue  et  autres  localités  non 
nommées;  mercredi  46sivan  (12juin),  part  de  Casale  pour  aller, 
par  le  Pô,  à  Venise,  où  il  arrive  dimanche  20  sivan,  et  reste  jus- 
qu'à mardi  6  ab,  pour  préparer  son  voyage.  On  rengage  à  ne 
pas  monter  sur  un  des  petits  bateaux  appelés  "^nw  (navi)i 
mais  sur  un  des  vaisseaux  n^'^am  de  la  ïTint)  qu'on  appelle 
ffalei  ('^•^N'^bN:*,  galères),  qui  vont  tous  les  ans  à  Tripoli  de  Syrie. 
à  dix  jours  au-delà  de  Jérusalem.  Il  va  donc  voir  les  galères  à 
Tarsenal  de  Venise  et  fait  marché  avec  le  loueur  de  places 
ûip^  b:^:3  pour  être  sur  la  proue  (ï^^iT^p)  ;  paie  pour  sa  place 

4  4  ducats,  et  doit  donner,  en  outre,  au  capitaine,  3  4/2  ducals. 
Provisions  nécessaires  :  pain,  biscuit  ('ûip'^û'^n),  eau  qu'il  faut 
prendre  non  à  Venise,  mais  à  deux  milles,  en  un  endroit 


JOSTTF  HACCOÎIEN  ET  tKS  CHROXrQUEURS  JUrrs  30 

'appelé  Léo  {iN**b),  où  les  galères  siationnenL  trois  à  quatre 
jours  avant  leur  déport,  car  ces  eaux  se  conservent  bien  ;  en 
outre,  acheter  à  Venise  du  sel,  du  fromage,  viande  salée, 
poiBson  salé  comme,  par  exemple,  sardelles  ou  sardines 
t^i-^T^C),  huile  dolive,  des  conTetti  (•^a-'D^ip)  tels  que  ^-i'*t:'*t 

La   longueur  de  la  galère  est  de  150   pieds,  la  largeur   de 

&0  pieds.  Suivent  quelques  détails  sur  raménagement  des 

galères  et  des  conseils  aux  voyageurs. 
Ce  numéro  et  tous  les  suivants»  sauf  les  deux  derniers,  se  rap- 

portent  au  dilJereod  de  Josi^f  îïaccohen  avec  sa  sœur  Clara  que 

nous  racontons  plus  loin.  —  F.  61  a.  Josef  à  Abraham  Cohen. 

I»e  Gônes  à  Bologne;  22  sebat  M\  (20  janvier  i5il). 
(Ul  ^0  Josef  à  Isaac  Cohen;  30  mai  Ut  (4542). 
(f,  ^tah,)  Josef  à  Méir  de  Padoue*  De  Gènes  à  Venise  ;  28  orner 

303  (13  lyar;  17  avril  1543). 
(inb  à  63 fl.)  Josef  à  (Méir  de  Padoue);  llsri  304(30  août  à 

!8  sept.  1543). 
,  (f,  63 aô.)  Josef  a  Isaac  Cohen;  18  juillet  303  (1543). 
,  (f.  «3  b.)  Réponse  ;  20  tammuz  304  (20  juillet  1544). 
(f.  C4flJ.)  Josef  à  son  heau-père  Abraham  Cohen.  De  Gènes  à 

Bologne  ;  30  juillet  303  (1543). 
(f.  «5  a.)  Josef  à  llayyiin  Cohen.  De  Gènes  ù  Alessondria. 
(f.  65  ^  à  66  a,)  Josef  à  Isaac  Cohen,  à  Vcrcell;  6  janvier  304  (1544). 
(f.  66 a^,)  Josef  au  même*  De  Gènes  à  Verceil  ;  9  janvier  304  (4544). 
{l  67  a.)  Réponse  ;  0  mai  304  ( \ 544). 
(f.  67  a^.)  Josef  à  Jacob  Mantiu  ;  22  avril  304  (1544). 
(f,  ^%ab  )  Josef  à  Jacoh  Mantin.  De  Gènes  à  Venise, 
(f.  68  fl^  à  70  a.)  Josef  à  son  frôrc  MrMr,  mercredi  fi  août  304  (1544). 
ff,  70  b.]  Isaac  Cohen  à  Josef  ;  21  août  304  (15 U)- 
(f.  70  ^  à  71  a.)  •Excommunication  contre  le  neveu   de  Josef,  le 

filsdeToderos. 
\U  l\b,)  Moïse  Cohen  à  Josef,  son  beau-friue.  De  Bologne  à 

Gènes;  samedi  soir  22  kislev  305  (7  décembre  1544). 
If.  71  ^  à  72a.)  Réponse  de  Josef. 
.  tf.72^;)  Josef  à  Isaac  Cohen  ;  25  décembre  305  (154  P. 
{f,  72  ^  à  73  â)  Réponse  dlsaac  :  30  décembre  305  (1544). 
(f.  73  a,)  Josef  h  Isaac  Cohen.  De  Gènes  à  Verceil  ;  5  janvier  305 

(1545). 
(f.  73  ^  à  74  a.)  Josef  à  Neftali  Lévî.  dit  Herz  C^iri^rr).  De  Gènes  à 

Venise  ;  19  janvier  305  11545). 
ff.  74^  à  75a.)  Josef  à  Isaac  Cohen.  De  Gènes  à  Verceil;  39  orner 

305(24  iyar;  6  mai  1545). 

*  il.  MûlBc  Schwah,  qui  o  fait  un  <Mcclbiit  travail  sur  lee  mots  ilaliens  transcrits 
yiireu,  [il  c*e  passage  comme  Buii  :  Zenïcri  vurdî,  covlognato,  corianilro,  ...... 

|duU  eoa  tuccbero,  bogtiaehcro  (r'csi-ii-fiiriï  [lîagembre  vc?rl,  confiture  do  mngs, 
iilAdie,  ......  inoutes  et  sucro,  bouilloire). 


m  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

75.  (f.  Tâab,)  Josef  à  son  beau-père  Abraham  Cohen.  De  Gènes  à  Bo- 

logne ;  6  tammuz  305  (46  juin  4545). 

76.  (f.  76a.)  Josef  à  Neftali  Lévi,  gendre  de  Clara.  De  Gônes  à  Venise. 

77.  (f.  76  *  à  77  a.)  Du  môme  au  moine.  De  Gônes  à  Venise,  45  adar 

306  (47  février  4546). 

78.  (f.  77^.).  Zerahya  Hallévi  à  Josef.  De  Voghera  à  Gônes;  40  no- 

vembre 307  (4546).  Il  n'est  pas  certain  que  cette  lettre  se  rap- 
porte à  l'incident  de  Clara,  le  feuillet  est  en  partie  déchiré.  Le 
feuillet  contient  encore  le  commencement  de  la  réponse  de 
Josef,  datée  de  Gônes;  la  suite  manque. 

4.  La  familU  de  Josef  Haccohen. 

Dans  ce  chapitre  el  les  suivants,  nous  désignerons  par  des  signes  abrévii- 
tifs  les  ouv;>ages  et  manuscrits  auxquels  nous  renvoyons  : 

D.  Dihré  hayyamim^  de  Josef  Haccohen,  édition  princeps,  avec  l'addilion 

manuscrite  décrite  dans  Bévue,  X,  p.  249. 
£.  VEmek  kabbakha  imprimé;  a  moins  dUndicalion  contraire,  les  chiffres 

désignent  la  page. 
£m.  Notre  Jitnek  kabbakha  manuscrit;  les  chiffres  indiquent  le  feuillet. 
G.  Notre  ms.  de  Josef  contenant  sa  traduction  de  la  géographie  de  Jeu 

Boemus,  etc. 
L.  Notre  recueil  de  lettres  manuscrit;  les  chiffres  indiquent  le  feaillet, 

les  numéros  indiquent  les  numéros  de  l'analyse  que  nous  venons  de 

faire  de  ce  manuscrit.  | 

TCbr.  ou  Tabl.  chr.  La  table  chronologique  do  la  vie  de  Josef  Uaccohen 

que  nous  donnons  plus  loin. 

La  famille  de  Josef  Haccohen  est  originaire  de  Huefe,  en  Es- 
pagne, et,  en  1492,  lors  de  Texpulsion  des  Juifs  d'Espagne,  elle  se 
réfugia  à  Avignon  (E  1  et  86).  C'est  là  que  Josué,  le  père  de  Josef, 
se  maria,  et  que  naquit  Josef.  Josué  se  transporta  ensuite,  avec 
sa  famille,  en  Italie. 

La  famille  de  Josué  se  composait  comme  suit  : 

Dolça,sa  femme,  fille  de  Preciosa  et  sœur  de  Bonafos  Alconstanlini'» 

Josef,  son  fils,  qui  parait  avoir  été  l'aîné  de  la  famille  et  qui  étal*- 
sûrement  l'aîné  de  ses  frères  (L  65  a). 

Toderos,  son  second  fils  (L  29  a\  établi  à  une  certaine  époque  de  sa 
jeunesse  à  Novi  (L  27  a)\  plus  tard,  à  Tépoque  du  différend  d» 
Josef  avec  sa  sœur  Clara,  Toderos  demeure  à  Gènes.  C'est 
lui  probablement  qui  est  ce  frère  de  Josef  qui  a  épousé  ^* 
fille  de  Guedalya  Jahya  (L  29  b),  Josef  l'avait  une  fois  tiré  d^ 
Piémont. 

Méir,  son  troisième  fils  (L  29  h),  établi  à  Salonique  en  4544  (L  70  /^^ 

*  Des  Alconslanlini  sont  nommés  :  1«  dans  le  Takkk^moni^  de  Juda  Alhariii  {^^^\ 
Amst..  p.  46);  2«  dans  Sehébet  Jekuda,  édit.  Wiener,  p.  68.  1.  20;  Graetz,  "^i^^' 
2«  édit.,  pp.  27  et  319.  Voir  aussi  Eebr,  Bibliogr,,  XV,  1875,  p.  110. 


JOSEF  IlACCOtlEN  ET  LES  CHRONIQUEURS  JUIFS  4! 

st  à  lui,  sans  doute,  que  Josef  lait  alluôioo  dans  L  29  à^ 
quand  il  représenle  un  de  ses  frères  comme  un  mauvais  sujet; 
L  69  a,  Josef  l'engage  à  se  corriger  et  k  se  Lien  conduire  et  il 
lui  envoie  un  secoars  de  4  dueals  ;  dans  L  21  a,  Josef  souhaite 
le  retour  d'un  de  ses  frères,  qui  est  allé  ou  loin,  et  qui  pour- 
ra itj>ra  tiquer  la  médecine  auprès  de  loi*  Nous  ne  saurions 
dire  si  ce  frère  est  Méir  ou  Toderos. 
se  Ûlle  nommée  Precioso,  comme  la  mère  de  Doka  (L  28  ^)  ;  c'est 
probablement  cette  sœur  de  Josef  qui  demeurait  à  Voghera 
(L  41  è,  76  a)  et  qui  était  mariée  à  Josef  llallévi  [L  41  ab).  Josef 
Hallév;  mourut  de  bonne  heure,  à  ce  qu'il  semble  {iHd.),  son 
fils  Zerahya  Hallévi,  médecin  (L  22  b],  s'élablit  plus  tard  à 
Gènes  (TabL  chron.,  année  <ëSO).  Zerahya  avait  un  frère  plus 
jeune  (L  41  b], 

Dne  autre  fille,  Clara,  femme  de  Josef  b.  David,  qui  avait  demeuré 
L  à  Gènes  de  152t  à  u;il»  époque  de  sa  mort  (Tabl*  cbron.,  années 
I       1524  et  iSM  I,  On  trouvera  sa  biographie  plus  loin. 

f  Kolre  Josef  épousa  Paloma,  ûîle  dv\braham  Cohen,  de  Bologne 
(139^,  etc.).  Paloma  avait  un  frère,  Moïse  Cohen,  demeurant  à  Pleve, 
ifinitoire  de  Ferrare  (E  101,  L  71  ^,  iO  a^),  et  auquel  arriva  Taccident 
ptonté  dans  TabL  cbrou,,  an  5303. 

I  Josef  eut  trois  fils  :  Josué,  Isaoc,  Juda  (Tabl.  cbron.,  années  15t0, 
pilt  <r>lH),  Il  avait  aussi  au  moins  deux  filles  encore  à  la  maison  en 
•54'*  (L  30  fl,  75  è);  Tune  d'elles  ou  une  autre»  nommée  Dolça  (L  G4«), 
ilait  mariée  à  Pérec  ilalfan  (L  21  b,  23  b),  lequel  ne  demeurait  pas  à 
Géues.  Josef  lui  avait  une  fois  fait  visite  '  (L  24  a);  Jud^i  Ilalfan 
illtb)  est  probablement  le  frère  de  Pereç,  car  Josef  lui  parle  de  son 
frère. 

t  Doa  Bonafos  Alconstanlini,  ToDcle  maternel  de  Josef,  était  allé 
«AvigQon  à  Nicopoli,  vers  VWO  (L  l^ab);  son  fils,  Obadia  Alcons- 
lantiûi,  né  à  Nicopoli,  était  allé  demeurer  a  Solonlque.  Vers  154t-2,  à 
l'époque  où  Josef  avait  quaronle-ciuq  ans  (L  EC*  a),  il  écrivit  une 
ï^itre,  adressée  à  Josef  et  è  Toderos,  pour  demander  de  leurs  nou- 
Lftlies.  Puis,  en  1545,  après  la  peste  qui  éclata  à  Sa  Ionique  le  21  si- 
pii  et  TiDcendie  du  4  ab,  iî  quitta  Salonique  et  vint  en  Italie  (L  30 
^1 31  tf,  47  b).  Plus  tard,  il  retourna  à  Salonique  (L  u*>  46), 


5.  Table  chrmologique  de  la  vie  de  Josef  Baccohen. 


i5,  isab  (5  août  1495).  Son  père  Josué  se  marie  à  Avignon  avec 
Dolça,  sœur  de  don  Bonafos,  iils  d'Alconstantini,  un  des  exilés 
d^Espagne.  La  femme   de  don  Bonafos  s'appelle  Oroceti;  la 
mère  de  don  Bonafos  s'appelle  Preciosa  (E  86,  L  iH  a). 
te7.  ÎO  décembre  1496.  Naissance  de  notre  Josef  [E  0:i). 

a  <]«m«aratt  peut-glre  à  Ferrare,  où  Joacf  fit  un  voyig*  en  1558, 


42  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

(5262  =  4501-2).  Josef  a  cinq  ans;  son  père  quitte  Avignon  avec  sa 
famille  et  va  s'établir  dans  le  territoire  de  Gônes  (E  93),  à 
Gênes  (E  9i). 

(5274  =  15U).  Lettre  et  vers  de  Josef,  faits  par  lui  à  Gônes,  à  Tâge 
de  dix-sept  ans  (G  310  ^  et  31 1  a). 

6276  =  1516.  Les  Juifs  sont  expulsés  de  Gônes  ;  Josué,  père  de  Josef, 
quitte  la  ville,  avec  sa  famille,  et  va  s'établir,  de  suite  ou  après 
un  certain  temps,  à  Novi,  territoire  de  Gônes  (E  94;  le  para- 
graphe ûïiii  û'^TS-'a  de  cette  p.  94,  où  Josef  dit  qu'il  était  à  NoTi, 
n*est  pas  à  sa  place  et  doit  probablement  venir  après  le  para- 
graphe i"rn  nrca  "^rr^i  de  la  môme  page.) 

5277  (1517).  Vers  composés  par  Josef  et  adressés  à  Josué  Toderos 
Km.,  n^  1  de  notre  description  du  ms.). 

(5278  =z  1518).  Deux  ans  après  l'expulsion  des  Juifs  de  Gônes,  Josef 
épousé,  à  Novi,  Paloma,  fille  d'Abraham  Cohen,  lequel  de- 
meure (au  moins  plus  tard)  à  Bologne  (E  9i,  L  passim). 

5280,  4  tébet  (26  nov.  1519).  Son  père  meurt  à  Novi,  à  Tûge  de  68  ans. 
La  môme  année  5280,  Josef  a  un  fils  qu'il  appelle  Josué,  du 
nom  de  son  père  mort  (E  94,  95). 

5284  (1524)  ou  environ.  Les  Juifs  reviennent  à  Gônes.  Josef  b.  David, 
mari  d*une  des  sœurs  de  Josef  {L  passim)^  s'établit  à  Gênes el 
y  demeure  jusqu'à  sa  mort  (E  96). 

5296  =  1535.  Lettre  de  Josef  pour  le  rachat  des  captifs  de  Tunis 
(voir  plus  haut,  L  n^»  39  et  40). 

5300  =  1540.  Josué,  fils  de  Josef,  se  noie  dans  le  Reno,  à  Pieve, 
prés  Ferrare  et  Bologne  (L  102).  La  date  de  cette  mort,  corrigée 
d'après  Em.,  est  «  3  tammuz  ou  9  juin  »,  mais  celte  indication 
contient  une  petite  erreur,  car  le  3  tammuz  5300  correspond  au 
8  (non  au  9)  juin  1540.  Dans  L  29  b,  la  date  indiquée  est  9  tam- 
muz (15  juin).  Il  ne  serait  donc  pas  impossible  que  dans  E 102, 
il  faille  lire  :  ivzn  ;D^nb  •^:tv:3pj^  5-1-13  vzv  onnb  ^"02.  Josué 
avait  été  envoyé  par  son  père  à  Bologne,  auprès  d'Abraham 
Cohen,  beau-père  de  Josef,  pour  y  étudier  le  Talmud  ;  il  était 
fiancé  à  une  jeune  fille  de  Gônes  à  l'époque  de  sa  mort.  Josef 
paraît  n'avoir  appris  ce  douloureux  événement  que  plus  tard, 
à  la  fin  du  mois  d*août,  car  en  parlant  de  la  mort  d'un  autre 
de  ses  fils,  Isaac,  âgé  de  cinq  mois  et  décédé  dans  la  nuit  du 
lundi  12  tisri  5301  (nuit  du  lundi  11  au  mardi  12  tisri,  entre  le 
12  et  le  13  sept.  1540),  il  dit  que  ce  second  malheur  aniva 
environ  quinze  jours  après  qu'il  apprit  le  premier  (L  29  ft, 
37  al).  Une  sorte  d'élégie  faite  par  Josef  sur  la  mort  de  son  fils 
Josué  est  datée  du  28  août  5300  (1510),  époque  où  il  apprit, 
sans  doute,  la  mort  de  ce  fils  (L  35  ^  à  36  b),  Josué.  au  moment 
de  sa  mort,  était  probablement  allé  faire  visite  à  son  oncle 
maternel  Moïse  Cohen,  qui  demeurait  à  PijBve  (voir,  plus  has, 
année  5303). 

(5301  =  1541).  Mort  d*Isaac  fils  de  Josef  (voir  le  paragraphe  précé- 


JOSEF  nACCOHEN  ET  LES  CHRONIQUEURS  JUÏFS  m 

dent),  —  5301,  vendredi  16  sebai  (Ji  janvier  ID41).  Mort  de  Josef 
h.  David»  mari  de  Clara,  sœur  de  ooîre  Josef,  demeurant  à 
Gènes  (L  01  a). 

H  à  5306,  loll  à  1346),  Lettres  de  Josef,  toutes  de  Gênes,  sur  son 
dîlTérend  avec  sa  sœur  Clara  (voir,  plus  haut,  L  n"^  52  à  78\ 
18  adar  (ïi  février  VWA.  Moïse  CobeUi  père  de  Paloma.  femme 
de  Josef»  est  attaqué  dans  sa  maison  à  Pievc  ("'S''%S"'D),  territoire 
de  Ferra re,  et  plusieurs  personnes  de  sa  famille  sont  tuées  ; 
Moïse  lui-môme  survit  à  cet  événement  (E  104,  et  proliablement 
L  38  a»  30  d,  40  b),  Josef,  en  envoyant  ses  condoîéances,  y  joint 
celles  de  sa  sœur  Clara* 

WMî  et  5307:=  1546  et  il'Al].  Lettres  de  Josef  pour  le  rachat  de 
divers  Juifs  capturés  (voir,  plus  haut»  L  n»»  M  à  t5,  et  L 
n^  47). 

Ifâ,  vendredi  49  tebet  (20  déc.  1548).  Mort  de  Judo,  le  dernier  ûls  de 
Josef,  à  l'âge  de  dix*sept  ans  ;  Paloma  vit  encore  {E  U%), 

!I0=:1S5O*  Ordre  donné,  le  2  avril,  d'expulser  les  Juils  de  Gônes, 
Celle  expulsion  paraît  avoir  été  demandée  surtout  par  les  mé- 
decins chrétiens,  jaloux  de  leurs  confrères  juitSi  et  excités 
par  Ta r rivée  do  nouveaux  médecins  juifs,  entre  autres  de 
Zerahya  Hallévi,  fils  d*une  sœur  de  Josef.  Josef  part  avec 
8a  famille,  le  3  juin,  et  s'établit  a  Voltaggio,  où  il  est  le  méde- 
cin de  îa  ville  jusqu^en  53i8,  c'est-à-dire  probablement  jusque 
vers  la  tin  de  1^67  (E  109;  voir,  plus  loui,  année  1567). 

*5,dimaache  4  lammux  (23  juin  \'mI>),  Josef  finit  la  {""  partie  de  sa 
traduction  de  G,  à  Voila ggio  [G  68  a], 

17^  dimanche  28  adar  (2«  février  V6oD,  Il  fioit,  à  Vollaggio,  le  livre 
de  rinde  (G  167^).  Le  dimanche  7  ah  (4  juillet  I5!i7),  il  finit, 
ô  VoUaggio,  son  Fcrnand  Coriez  (G  2K2  ^), 

18  ('5.17  ou  4558).  Première  rédaction  connue  de  VEmek  hahbakha 
[E  XVI),—  Le  27  avril  i55S,  Josef  est,  probablement  de  passage, 
u  Ferrare  (D  suh  anno) . 

ttO=:i559).  Lettre  de  Josef  à  Otlolenghi  sur  les  suites  de  sa  con- 
duite (K  120). 

tîO).  Ea  lisri,  srs  (pendant  succoi),  année  1550,  Josef  est  à  Vo- 
ghera,  probablement  pour  faire  visite  a  la  sœur  qu'il  a  dans 
cette  ville  (D  sub  anno),  —  i""-  elul  (i3  août  1560],  il  finit  la  ré- 
dacllon  de  son  Emek  dont  nous  avons  le  manuscrit  (Em.,  un 
de  VEmek], 

E(«56M.  Josef  finit  à  Voltaggio  son  mtstJrr  07D  (G  289  a). 
.  lundi  6  kislev  (22  nov,  45631  II  fmit  une  recension  de  son  Emek 
(£126). 
7,  mercredi  22  orner  (7  iyar,  46  avril  1567).  Josef  ûnil  son  recueil 
.     de  formules  pour  lettres  {G  300  ^) . 

Il  15  juin  (1567).  Les  Juifs  sont  expulsés  du  territoire  ûi\  Gônes; 
parsuile,  Josef  quitte  Yoltaggio,  quoique  Ton  ei\t  voulu  faire 
une  exception  pour  lui,  et  il  va  s'établir  à  Gaslellelto-Monlfer- 


44  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

rat,  le  27  octobre  5328,  c'est-à-dire  27  octobre  4567  (E  131  rec- 
tifié d'après  D  sub  anno). 

5328,  lundi  22  ab  (16  août  1568).  Josef  finit,  de  sa  main,  la  9*  copie  de 
son  Fernand  Gortez  (G). 

(5333)25  kislev  1572  (1«'  déc.  1571).  Josef  est  de  nouveau  élabli  à 
Gênes  {I>sub  anno), 

5335,  21  tammuz  (29  juin  1575).  Josef  finit  une  autre  recension  de  soi 
Emek  (E  135).  C'est  vers  cette  époque  que  Josef  est  mort;  dos 
mss.  de  VEmek  et  la  partie  manuscrite  des  Dibré  hayyaviiM 
s'arrôlent  en  l'année  1575. 


6.  Incidents  de  la  vie  de  Josef. 
a.  Josef  médecin,  chroniqueur. 

Nos  manuscrits  nous  donnent,  sur  Josef  et  sur  divers  incidents 
de  sa  vie,  un  certain  nombre  de  renseignements  qui  ne  manquent 
pas  d'intérêt; 

Ils  nous  montrent  d'abord,  comme  on  le  verra  par  l'analyse 
que  nous  donnons  des  lettres  contenues  dans  le  ms.  L,  que  Josef 
entretenait  des  relations  amicales  avec  ses  confrères  en  médecine, 
tant  chrétiens  que  juifs.  On  y  voit  aussi  que  la  science  médicale 
était,  pour  ainsi  dire,  héréditaire  dans  sa  famille  :  un  de  ses  frères, 
au  moins,  et  son  neveu  Zerahya  Hallévi  sont  médecins.  Josef, 
comme  nous  l'avons  signalé  en  passant  dans  TChr.,  était  le  méde- 
cin de  la  ville  de  Voltaggio.  A  Gônes  aussi,  il  était  très  occupé  par 
sa  clientèle,  au  point  d'être  obligé  de  négliger  sa  correspondance. 
Le  soir,  il  rentrait  fatigué  et  épuisé,  ce  qui  ne  l'empêchait  pas  de 
s'occuper  encore  de  l'instruction  de  son  fils  (L  23  a). 

L'examen  attentif  de  nos  manuscrits  et  de  VEmek  imprimé  noas 
permettent  aussi  de  voir  comment  Josef  travaillait  et  rédigeait  ses 
œuvres.  Il  était  constamment  occupé  à  recueillir  des  notes  et  des 
renseignements  sur  les  événements  du  jour,  et  très  souvent,  en 
écrivant  à  ses  amis,  après  avoir  traité  le  sujet  de  sa  lettre,  il  leur 
donne  des  informations  sur  les  faits  du  jour  *.  En  écrivant  à  son 
frère  Méir,  il  n'oublie  pas  de  lui  recommander  de  lui  envoyer  des 
nouvelles  de  ce  qui  se  passe  en  Orient  (Méir  demeure  probaWe- 

*  En  Orient,  on  mallraite  les  ouvriers  maritimes  ;  en  Sicile,  il  y  a  eu  un  trem- 
blement de  terre,  à  Saragosse  (lire  Syracuse)  et  aux  environs  (L  24  a),  —  Le  grand 
curé  bl^i;!!  ph^T^  (le  pape),  le  lion  (Venise)  et  le  coq  (la  France)  ont  faii  une  alliance 
contre  l'aigle  (rempire  ;  L  24  3).  — Nouvelles  des  galères  turques  en  Provence, 
juillet  1544  (L  C4  b).  —  Le  Maf^^niliquo  cherche  à  s'emparer  de  loi,  Isaac  Cohen, 
janvier  1545  [L  ù6ab].  —  Les  Turcs  sont  encore  dans  les  mers  de  Provence  avril 
1544  (L  67  b).  —  Sur  Barbcrousse,  6  août  1544  (L  69  b), 


JOSKF  IIACCOIIEN  ET  LES  ClinONIQUEURS  JUIFS  4îi 

lie  époque  à  Saloniqiie),  «  afin  que  je  les  mette  sur,  mes 
itres,  comme  j'en  ai  i'iiabitude;  mais  fais  bleu  attentiou  de 
donner  des  renseignements  au tlieii tiques,  et,  en  particulier» 
,s*moi  connaître  au  long  Miistoire  de  cette  persécution  du  jeune 
Dmme,  Dieu  venge  le  sanjj:  des  victimes  *  l  et  lais-moi  connaître 
nom  des  victimes  (:?"3  s*^'^:?n),  le  nom  de  ceux  qui  accusent 
nr^rTin),  les  lieux  on  s  est  passé  ce  triste  événement,  et  ce  que 
lit  la  justice  là-riessus,  car  c'est  un  fait  digne  de  mémoire  n 
ilQa).  On  voit  l'instinct  du  tïironiqueur,  qui  a  soif  de  détails 
écis  et  exacts. 

Dans  un  article  de  nous  inséré  dans  la  Jubelschrifi^  publiée  à 

mlm^  octobre  1887,  en  l'imnneur  de  M*  H.  Graetz,  nous  avons 

jElré,  par  un  exemjdc  pris  dans  Tbistoire  des  Juifs  de  France, 

iiDient  Josef  travaillait  à  ses  clironitiues*  lï  complétait  cons- 

ijnment  sa  première  rédaction,  y  ajoutait  des  notes  et  des  laits 

louveaux,  maïs  oubliait  quelquefois  de  mettre  ces  additions  d*ac- 

sord  avec  rancien  texte  f.  L'exemplaire   des   Dibré  hayyamîm 

ésigné  par  D,  montre  aussi,  par  les  additions  et  notes  dont  il  est 

lapgé,  avec  quelle  passion  Josef  revoyait  et  complétait  ses  chro- 

i^ues.  Enfin,  si  ron  considère  que  notrti  ms.  G,  l'addition  de  la 

de  D  et  les  notes  marginales  de  D  sont  autographes;  que  notre 

I.  Em.  est,  au  moins  en  partie,  de  la  main  de  Josef;  que  notre 

lG  est  une  0'^  copie  de  l'œuvre,  que  les  dates  différentes  données 

■^(fla  rédaction  de  VEmek(m\\t.hZm,  5H20,  5324,5335)  sont 
Semment  les  dates  d*exemplaires  successifs  faits  par  Josef  ou 
fopre  sous  sa  direction,  on  en  conclura  que  Josef  multipliait, 
sa  main,  les  copies  de  ses  ouvrages  et  qu^il  avait  probablement 
ez  lui  un  atelier  où  d'autres  aussi,  sous  sa  direction»  faisaient 
«  exemplaires  de  ses  œuvres.  Ses  poésies  sont  répétées  de  sa 
ropre  main  dans  G  et  dans  Em. 

'  Utsl  probable  que  cet  évéûcmcnt  csL  lo  fait  raconté  E  103. 
*  Ce  sont  probablement  des  femmes  {]ui  accusent  les  Juils. 

'Oopeut  sans  JoliIq  stj[)pDser  t[uc  cca  GontrûdktioDS  enUo  lei  additions  el  V^sx- 
Q  tcite  tout  le  fuit  des  copisle^^  qui  OQl  voula  conserver  tout  ce  que  Josef  avait 
iLi  Piuciea  cl  Le  nouveau,  mais  cette  explication  n'est  pas  toujours  exacte,  les 
Lltidictiuus  que  nous  avons  signalées  dans  noire  article  se  iruuvenl^  vu  partie^  dans 
nti.  Hm,  de  VEmtk^  écrit  fious  les  jeux,  da  Josef  cl,  eu  i>{trtiË,  pur  lui.-Eiies  aont 
bUeurt,  cooiiDe  nous  lavons  montré,  Le  resuitat  d^uQc  coniusioQ  faiio  par  Jot^f 
ndifers  rots  de  France,  Aux  lauicatious  que  nous  avons  données  dans  ce  tra- 
,  nous  ajouterouâ  Les  suîvaules  :  Après  avoir  raconté  pLusieurs  fois  L'expuLaioti 
ISfUiivc  des  Juifs  de   Freuce,  Josef  raconte  qu'iL  y  a  eu  uoa  parsécutbn  coatrc  le« 

de  Ffonce  eo  1383  (Li  Gll)  ;  puis  il  raconte  encore  une  fois  leur  ci  pulsion  en 

(pour  13^4  ;  E  12.  Cf,  E  74,  l.  I}, 


46  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

6.  Josef  et  le  rachat  des  Juifs*  capturés. 

Josef  était  un  homme  de  grande  vertu,  dévoué  à  tous  les  mem- 
bres de  sa  famille,  dévoué  à  ses  coreligionnaires.  Il  fut  le  bien- 
faiteur de  ses  frères  et  de  ses  sœurs,  il  a  consacré  de  grands  efforts 
à  secourir  les  Juifs  malheureux.  Une  des  œuvres  de  bienfaisance 
qui  parait  l'avoir  principalement  occupé  et  préoccupé,  c'est  le 
rachat  des  captifs  que  faisaient,  sur  mer,  les  vaisseaux  des  répu- 
bliques italiennes  ou  des  corsaires.  Ces  captures  étaient  fréquentes 
et  on  comptait  sur  la  charité  des  Juifs  italiens  pour  en  tirerune 
forte  rançon.  Notre  ms.  L  contient  sur  ce  sujet  divers  détails  que 
nous  allons  résumer. 

Josef  a  raconté  brièvement  dans  son  Efnek  (p.  96-97)  comment, 
après  la  prise  de  Coron,  Patras  et  Zante,  en  1532,  par  André 
Doria,  beaucoup  de  Juifs  de  ces  villes  furent  capturés  pour  être 
vendus  comme  esclaves  et  furent  en  partie  rachetés  par  les  Juife 
dltalie.  Notre  manuscrit  L  contient,  sur  ce  sujet,  des  renseigne- 
ments détaillés  (ff.  43  à  46).  Ils  sont  compris  principalement  dans 
la  circulaire  de  David  b.  Josef  ibn  Jahya,  de  février  1533  (v.  plus 
haut).  David  y  raconte  que  Jean  André  Doria  a  amené,  de  Coron 
et  de  Patras,  de  nombreux  captifs  juifs,  des  hommes,  femmes  et 
enfants,  dont  beaucoup  sont  à  Naples.  Ces  pauvres  gens  se  trou- 
vent dans  le  plus  affreux  dénùment,  on  les  laisse  presque  sans 
nourriture  et  sans  vêtements,  on  les  maltraite,  afin  d'exciter  la 
compassion  de  leurs  coreligionnaires.  Les  Juifs  du  royaume  de 
Naples  s'étaient  imposé,  en  leur  faveur,  une  taille  de  2,000  du- 
cats, et  une  souscription  (nedaba)  ouverte  à  Naples  produisit  en 
un  jour  700  ducats,  mais  cela  était  loin  de  suffire  et  le  secours 
des  autres  Israélites  du  pays  était  nécessaire.  Les  Juifs  napoli- 
tains n'étaient  pas  nombreux  ;  ils  étaient,  du  reste,  sous  le  coup 
d'une  expulsion  qui  avait  déjà  été  proclamée  (mais  qui  ne  fut 
exécutée  qu'en  1340  ;  E  102),  ils  s'étaient  saignés  à  blanc  en  fa- 
veur d'autres  captifs  pHs  antérieurement  et  avaient  dépensé  pour 
eux  plus  de  3,000  ts'^mrrr  (florins?),  sans* compter  les  dépenses 
faites  pour  vêtir  et  nourrir  les  captifs  et  leur  donner  des  soins 
médicaux.  Ils  avaient  déjà  racheté  nombre  de  Juifs  venus  de 
Coron  et  de  Patras,  mais  pour  les  autres,  ils  attendaient  les  se- 
cours qu'on  leur  enverrait.  Voici  quel  était  l'état  actuel  de  ces 
captifs  (par  âmes)  :  on  en  avait  vendu  25  en  Sicile,  96  en  Calabrei 
qu'on  obligeait  de  travailler  le  samedi  et  de  manger  terefa,^ 
à  N^iT-^b  *,  ville  de  la  Pouille,  et  environ  100  autres  dans  le  reste 

i  Lecce  ou  Leccia? 


JUSEF  HÂCCOllEN  ET  LES  CHRONIQUEURS  JUJFS  47 

(le  la  Fouille  ;  enfin,  à  Naples,  où  un  très  grand  nombre  avait  été 
racheté»  il  restait  encore  environ  100  captifs.  Les  israélîtes  des 
principautés  de  Gènes,  Montlerrat  et  Lombardie  devaient  donc 
réunir  promptement  des  secours  pour  la  rançon  de  ces  captifs  et 
les  envoyer  au  niédeciri  R.  Josef  (Haccohen),  de  Gênes,  qui  se 
chargerait  de  les  envoyer  à  Naples,  par  ilntermédiaire  de  chan- 
geurs, à  don  Abraham  Çnrfati.  Une  seconde  lettre,  non  datée 
(celle  de  Josef  ibn  Jahya),  se  plaini  vivement  de  la  tiédeur  des 
communautés  et  les  exhorte  à  se  iiàter  de  répondre  à  cet  appel. 

Deux  ans  plus  tard,  Josef  eut  à  s'occuper  des  Juifs  capturés 
à  Tunis,  après  que  cette  ville  avait  élé  prise  par  Terapereur 
Charles,  en  juillet  1535  (E  100-101).  Notre  manuscrit  L  contient 
une  lettre  écrite  par  Josef  sur  ce  sujet  (f.  48  b). 

Enfin,  ce  ms.  contient  une  série  de  lettres,  la  plupart  de  Josef, 
sur  un  certain  nombre  de  Juifs  capturés  vers  1542  ^  et  que  Josef 
s'efforce  de  délivrer.  Son  dévouement  ne  se  lasse  pas,  il  écrit  let- 
tres sur  lettres  pour  obtenir  les  secours  nécessaires,  gourmande 
sans  cesse  rindifférence  de  ses  correspondants.  Il  réussit,au  moins 
en  partie,  dans  cette  œuvre  de  charité.  Voici  les  faits.  Les  galères 
♦merriin)  de  Gegala  Visconti  avaient  pris,  dans  les  mers  d'Orient, 
cinq  Juifs  avec  trois  femmes  (L  n"38),  et  environ  deux  ans  plus 
tard,  trois  Juifs  avaient  été  pris,  dans  les  mers  d'Afrique,  par 
les  galères  de  Jean  André  Doria  (L  ir»  41,  42,  43,  44,  45).  Dans 
les  premiers  mois  de  Tannée  154^,  les  trois  captifs  d'André  Doria 
étaient  en  liberté  (L  n°  47).  L'un  deux,  nommé  Salomon,  fat  ren- 
voyé, parce  qu'il  était  malade;  un  autre  fut  racheté  par  Josef  â 
Gênes,  le  2^  d(^cembro  154G  ;  Josef  fournit  à  sa  place  un  esclave 
turc  qui  lui  avait  coûté  55  écus  d'or,  et  il  dut,  en  outre,  donner 
2  écus  pour  les  gardiens.  Le  troisième,  Moïse  lils  de  Salomon, 
était  jeune,  vigoureux,  on  demandait  cher  pour  sa  rançon.  Sa 
destinée  fut  singulière.  Le  3  janvier  1547,  éclata  la  conjuration  de 
Fiesque,  les  galères  d'André  Doria  furent  pillées,  et  Moïse  prit, 
avec  tous  les  autres  captifs,  la  clé  des  champs.  Josef  Taida  à  s'en- 
fuir sous  un  déguisement,  mais  il  fut  reconnu  près  d'Aiessandria, 


*  La  dftle  dû  révénement  «at  assez  difEcilô  a  déieriniucr  ovcc  précision.  Datis  sa 
Ittltro  du  iZ  avril  154G,  Josef  tUt  que  ta  capture  a  eu  lieu  il  y  a  deum  qm  (L  hia] 
et  U  lettre  h  49  A  à  50  a  parle  aussi  4^1  u  ce^  cicux  tus  ;  cola  placerait  lu  copiuro  &r 
1544  ;  mais  d'un  aiiLro  «ôté,  dans  sa  k'itre  du  7  novcmlîre  1540  (L  50*)»  Josef  dit 
que  lea  pauvrea  JuiU  sont  pris  depuis  da  anm'ts,  et  la  mémo  mvation  eti  répétée 
danf  LSOÂ,  avant  la  délivrance  dca  trois  caplifs  dWndré  Doria  et  même,  â  ce 
qiiUl  semble,  peu  de  temps  après  leur  capture.  KnCn,  doDS  la  IcUre  de  Josef  écrite 
aux  Juifs  dû  SaloQiquc  après  la  délivrance  des  trois  captifs  dWndré  Dorîa  (donc 
après  janvier  1547j,  la  capture  des  Juila  pris  par  Cegalu  est  donnée  comma  ayant 
eu  lieu  il  y  a  cintj  ans  (L  46  h  îi  M  b]» 


48  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ramené  à  Gênes,  où  Josef  finalement  le  racheta  pour  30  écus'. 
Le  pauvre  jeune  homme,  sortant  nu  et  sans  ressources  des  mains 
de  ses  maîtres,  fut  obligé  de  mendier,  au  moins  pendant  quelque 
temps,  pour  vivre.  Cela  devait  arriver  souvent  aux  capUrs  ra- 
chetés. C'est  à  la  lettre  de  recommandation  que  lui  donna  Josef 
(L  54  a  ^),  et  qui  est  signée,  en  outre,  de  Josef  b.  Isaac  Amar,  de 
Coron  «,  et  de  Ilayyim  b.  Elazar,  que  nous  empruntons  la  plupart 
des  détails  qui  précèdent. 

Les  cinq  ou  plutôt  huit  captifs  de  Cegala  furent  moins  heureux, 
ils  traînèrent  longtemps  sur  les  galères,  sans  qu'il  fût  possihlede 
réunir  l'argent  nécessaire  pour  leur  rançon.  Si,  comme  nous  le 
croyons,  la  lettre  L  50  ô  à  51a,  qui  est  de  Josef,  se  rapporte  à 
nos  cinq  captifs,  nous  aurions  les  noms  de  deux  d'entre  eux,  Abra- 
ham Chico  np-^à  et  Ruben  Cohen.  L'un  d'eux  fut  bientôt  mis  en 
liberté,  parce  qu'il  était  vieux  et  près  de  mourir  (L  50  d),  on  avait 
demandé  500  écus  pour  les  cinq,  on  en  demanda  400  pour  les 
quatre  restants  (L  49-50,  51  b),  mais  Josef,  au  moins  à  un  certain 
moment,  espérait  réduire  la  somme  à  300  ou  350  écus. 

Le  sort  de  ces  malheureux  était  épouvantable.  Le  bainn  an  de 
Cegala  avait  coupé  le  nez  et  les  oreilles  à  l'un  d'eux,  probable- 
ment pour  faire  hâter  la  collecte  de  la  rançon  (L  49-50,  4G41). 
Les  autres  étaient  gardés  sur  les  galères,  où  on  les  traitait  de  la 
façon  la  plus  barbare.  Ils  souffraient  de  la  faim,  du  froid,  on  les 
laissait  à  peu  près  sans  vêtements,  exposés  â  toutes  les  rigueurs 
des  saisons.  Deux  fois  par  an,  ces  galères,  qui  faisaient  ordinai- 
rement relâche  en  Sicile,  venaient  à  Gênes  (L  52  a),  et  les  captifs 
ne  manquaient  pas  d'aller  implorer  la  pitié  de  Josef.  Don  Abra- 
vanel  avait  promis  100  écus  de  contribution  pour  leur  rançon, 
mais  il  paraît  être  mort  avant  d'avoir  payé  cette  somme  (L  49-50, 
52  a).  Notre  ms.  ne  nous  fait  pas  connaître  la  fin  de  cet  incident. 
On  a  vu  qu'une  des  lettres  de  Josef  est  adressée  à  un  personnage 
juif  qui  a  quelque  influence  à  la  cour  et  que  nous  supposons  être 
Jacob  Mantin,  de  Venise. 

Le  ms.  contient  aussi  une  lettre  de  diverses  personnes  en  faveur 
d'Israélites  tunisiens  pris  par  des  corsaires.  Ces  captifs  étaient 
Jacob  b.  Abraham  50/î/r,  son  frère,  la  femme  de  ce  frère  et  le  fils 
de  ce  frère.  Celte  lettre  est  datée  de  303  (1543),  semaine  na^n  m 

Le  30  juillet  303  (1543),  Josef  s'inquiète  d'un  homme  des  '^yQ 

1  Josef  s'en  tira  à  boD  compte,  car  on  avait  demandé  200  écus  pour  les  trois  cap* 
tifs  IL  51  b,  52  a). 
'  Nous  le  rencontrerons  plus  tard,  dans  un  autre  incident  de  la  vie  de  Josef. 


JOSEF  iJACCOHEN  KT  LES  CHRONIQUEURS  JUIFS  k'è 

'Alger,  pris  à  Tunis  et  actuellement  prisonnier  à  Viîiefranche 
>rès  Monaco.  Sa  rançon  est  fixée  à  60  ou  70  écus,  il  est  riche  et 
[remboursera  la  somme  (L  64  a), 

c.  Le  déraôlé  de  Joscf  avec  sa  sœur  Clara. 

Un  autre  incident  troubla  pendant  |iltisieurs  annt^es  la  vie  de 
Josef  et  lui  causa  de  vifs  chagrins.  Ce  fut  son  différend  avec  sa 
sœur  Clara. 

I  Celle-ci  paraît  avoir  été  une  personne  d  un  caractère  léger  et 
inconi^istant*  Son  mari,  Josefb.  David,  était  mort  à  Gênes»  où  il 
demeurait,  le  vendredi  16  sebat  5301  *  (14  janvier  1541).  Par  son 
testament  écrit  en  hébreu  et  en  •'13:13»  il  laissait  à  chacune  de  ses 
quatre  filles  non  mariées  une  dot  de  1,000  écus,  que  Clara  pou- 
vait, si  besoin  était,  et  avec  le  consentement  des  tuteurs,  porter 
jusqu'à  1,300  écus.  Toute  sa  fortune,  sur  laquelle  il  avait  fait 
quelques  autres  petits  legs,  se  montait  au  plus  à  "7,000  écus  (L  61  û, 
62  a).  Isaac  Cohen,  gendre  de  Clara,  avait  peut-être  épousé  plus 

»tard  une  de  ces  quatre  filles,  à  moins  qu'il  n'y  en  ait  eu  une  cin- 
quième, mariée  avant  îa  mort  de  son  père.  Environ  deux  ans 
après  la  mort  du  père,  Clara  flanra  sa  fille  aînée  â  Iraola,  avec 
un  David  de  Naples,  à  ce  qu'il  semble  ^  (L61  b),  et,  contre  îe  gré 
des  tuteurs,  elle  voulut  lui  donner  en  dot  1»000  écus  en  sus  des 
1 ,000  écus  du  testament,  ce  qui  était  contraire  aux  intérêts  de  ses 
vautres  filles.  Plus  tard,  Clara  fianra  sa  seconde  fille  Jamilla 
B(L69a,  77a)  à  Neftali  ileri!  Lévi,  de  Venise,  et  elle  se  rendit 
même  à  Venise  pour  cet  objet  (L64a).  C'est  peut-être  sa  troi- 

Ïsième  fille  qui  fut  la  femme  d'isaac  Cohen,  Enfin,  elle  avait 
promis  la  main  de  sa  quatrième  fille  à  Juda,  fils  de  notre  Josef, 
•vers  1541  [il  y  avait  trois  ans  en  août  1544,  L  59  b),  mais  Toderos, 
le  frère  de  notn*  Josef,  avait  intrigué  auprès  de  Clara  pour  faire 
rompre  cet  engagement  et  obtenir  la  main  de  cette  jeune  fille 
pour  son  propre  fils*  C'était,  à  ce  qu'il  semble,  au  moment  des 
fiançailles  avec  Neftali,  et  Clara,  cette  fois  encore,  avait  voulu 
avantager  sa  fille  fiancée  à  Neftaii  ;  Josef,  en  qualité  de  tuteur  et 
de  futur  beau- père  d*une  des  filles,  lui  fit  une  vive  opposition,  et, 
'dépit,  Clara  promit  au  fils  de  Toderos  la  main  de  sa  dernière 


Voir  L  61  a.    Il  demanda,  en  mûuraût,  qti^un  kaddùeh  fC^t  dit,  pour  lo  repos  do 

pu  4^nie,  Â  Bolojirnc  ,-  la  personne  qtti  dirait  ce  kdddistk  devait  recevoir  Ë>oti  manleau 

omme   lionoraircs,  et  k   synefio^ue  de   Uolopne   devait  recevoir  une   cruche  cl  un 

■ssm  pour  les  ablutions  des  cokanim  avant  le  *J5n.  C'est  sur  ces  deux  vases  quo 

fosel  lit  les  vers  dont  nous  avons  puriû  dans  la  ùestriptioii  de  Ein.  et  do  G. 

*  Lettres  de  Joscf,  \s  n**  Îi2  «I  53* 

T.  XVI,  w  31.  ^  4 


ÎJO  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

fille  (L  64  al)).  Sa  rupture  avec  Josef  était  accomplie  avant  Je 
6  janvier  1544  (L  66  a),  Josef  fit  de  grands  efforts  pour  la  ra- 
mener à  lui.  Deux  de  ses  confrères  chrétiens,  Messer  •^^''i'dM/- 
quel  et  Messer  Jean  Pigon  (ins-^s  •'ïnit)  furent  priés  par  lui  d'inter- 
venir en  sa  faveur  près  de  Clara.  Il  prie  aussi  le  célèbre  médecin 
Jacob  Mantin,  de  Venise,  de  faire  écrire  en  sa  faveur  par  l'am- 
bassadeur d'Espagne  et  celui  de  France  à  un  autre  ambassadeur 
qui  n'est  pas  désigné,  et  au  prince  Doria  (L  67  &,  68  a)  ;  il  invoque 
enfin  le  secours  de  son  frère  Méir  et  d'Obadia  Alconstantini  (LIS), 
et  il  compte  sur  Tappui  du  célèbre  rabbin  Kabbi  Méir  dePadoae 
(L62;  lettre  de  1544). 

Le  chagrin  de  Josef  était  vif.  Dans  sa  douleur,  il  se  plaint  de 
tout  le  monde,  à  tort  ou  à  raison.  Sa  sœur  et  son  frère  Toderos, 
à  qui  il  a  fait  tant  de  bien,  sont  des  ingrats,  surtout  Toderos, 
qu'il  avait,  entre  autres,  tiré  (de  prison  "/  bnnn  -nsT:)  du  Piémont 
(L  68  b)  et  fait  venir  près  de  lui,  Jl  traite  sa  sœur  de  femme  irré- 
fléchie et  sans  cœur;  Toderos  est  un  frère  dénaturé,  qui  n'a  tait 
que  de  mauvais  coups  depuis  qu'il  est  au  monde,  et  qui  lui  a  déjà 
deux  fois  créé  de  graves  ennuis  (L  66  a,  67  a,  68  c)  ;  Josef  l'ap- 
pelle constamment  noia  et  une  fois  ira,  comme  s'il  avait  commis 
quelque  acte  de  trahison  et  d'irréligion  (L  68  a  entre  autres).  La 
responsabilité  de  ce  qui  arrive  retombe  aussi,  d'après  Josef,  sar 
Neftali  Lévi,  de  Venise,  dont  Josef  avait  voulu  contrarier  le  ma- 
riage, à  cause  de  la  surélévation  de  la  dot,  et  sur  ce  Josef  Amar 
(Josef  l'appelle  quelquefois  -irrr,  par  jeu  de  mots),  de  Coron,  avec 
lequel  il  avait  eu  autrefois  des  relations  amicales,  jet  quieierçait 
maintenant  une  influence  équivoque  sur  Clara.  H.  Méir  de  Padoue, 
rabbin  à  Venise,  d'abord  favorable  à  Josef,  avait  changé  d'atti- 
tude; Josef,  dans  son  dépit,  l'appelle  Taveugle  de  Venise.  Enlini 
Isaac  Cohen,  qui  avait  d'abord  lait  cause  commune  avec  Josrf, 
et  qui,  dans  les  délibérations  faites  avec  Josef  sur  ce  sujet, en 
compagnie  de  Josef  Amar,  avait,  lui  et  Amar,  appuyé  ses^écl^ 
mations,  l'abandonne  maintenant,  et  Jo^ef  donne  à  entendre (pa 
Targent  de  Clara  n'est  pas  étrangler  à  tous  ces  revirements. 

La  conduite  de  Clara  et  de  ïoderos  envers  Josef  fut  des  pta» 
fâcheuses.  Ils  avaient  fait  battre  Juda,  son  fils,  dans  la  rue  fc 
Glanes,  et  avaient  proféré  contre  Juda  des  menaces  qui  l'empt" 
chaient  de  sortir.  Clara  lui  avait  renvoyé  les  cadeaux  de  mi*; 
riage  par  une  femme  r:-'^"*:*;  Ginevra,  qui  était  venue  les  luijeU" 
|var  terre.  Mais  d  un  autre  côté,  le  tribunal  chrétien  défendit, 
peine  de  300  écus,  au  fils  de  ïoderos,  qui  parait  avoir  eu 
mauvaise  réputation,  de  voir  la  jeune  fille,  et  les  rabbins  Dai» 
b.  Mardochée  Rafaël  d'imola.  et  Abraham  b.  Moïse  Cohen,  an( 


JOSEF  HACGOilEN  ET  LES  CIlïlOmQUfnmS  JtîlFS  5Î 

fiblressans  cloute,  en  elul  304  (sopt,  1544),  lui  firent  d(^fense, 
[sous  peine  d'excommuiucation»  *i'epouser  la  jeune  fille,  que  la 
] pièce  appelle  Dona  (le  nom  ttianfjae  peuWtre;  L70ô  à  lia). 
[Eûûii,  la  jeune  fille  refusa  tfépQUser  le  fils  «le  ToiJeros,  et  s'enfuit 
I  une  nuit  de  la  maison,  avec  la  connivence  de  Josef  (L  65  2/).  To- 
i&mne  se  laissa  pas  arrêter  :  il  menaça  d'en  appeler  au  Pape 
four  faire  destituer  les  rabbins  qui  avaient  prononce  rexcommu- 
iliication,  et  dit  qu*un  seigneur  t,d  lui  avait  eonseilh^  d'aller,  pour 
cela,  à  Trente  S  auprès  des  conseillers  ecclésiastiques  nm  •'^5^t> 
(LT2).  Pour  forcer  la  main  à  la  jeune  fille»  le  fils  de  Toderos  pré- 
t^udil  ravoir  épousi^e  par  surprise  et  il  s'appuyait  âur  le  témoi- 
tpaged'uti  mauvais  sujet,  nommé  Juda  Almosnino,  qui,  peu  de 
'kraps  après,  se.  baptisa  (L  70  b,  75  a).  Enfin,  Clara,  avec  son  in- 
constance ordinaire,  changea  de  nuuveau  d'idée  :  elle  rompit  avec 
!ri>deros,  à  qui  elle  lit  toutes  les  avanies,  et  promit  à  Josefde  con- 
clure le  mariage  avec  Juda  /L  05  i/,  09  û).  Pendant  que  se  pour- 
suivait cette  querelle»  le  mariage  de  Neftaîi  Lëvi  s'était  accompli 
{lUb,  lettre  du  39  orner  305,  ==24  iyar  ou  G  mai  1545),  Clara 
Stlaà  Venise,  auprès  de  sa  fille*  mais  là  eîle  parut  changer  en- 
t  core  Je  sentiments.  Comme  Josef  la  pressait  ifaccompîir  sa  pro- 
misse, il  re*;  ut  pour  réponse  une  lettre  injurieuse  de  Josef  Amar 
1(1  "iSô,  15  adar  305,  ou  17  février  1540).  Li  s'prrêtent  nos  ren- 
,  aeignemenis*  Le  fils  pour  lequel  Josef  s^était  donné  un  si  grand 
tourment  et  à  qui  il  avait  voulu  assurer,  par  ce  mariage,  un  bel 
•^eoir,  mourut  trois  ans  plus  tard,  en  décembre  1548. 


7.  Variantes  et  corrections  pour  VEmek  habHklia^ 
\  d'iiidicaiioD  oonlraîre,  le  premier  cbilTre  indiqua  k  pogc  ;  le  second,  la  ligno, 

!Tous  donnons  ici,  comme  nous  Tavons  annoncé  plus  haut,  les 
triantes  entre  notre  manuscrit  et  celles  de  VEmek  imprimé.  Il 
uJra  rapprocher  cette  liste  de  celle  que  nous  avons  insérée 
ans  Revue,  X,  249  et  230*  Dans  le  relevé  de  ces  variantes,  nous 
s  tenons  compte  que  de  celles  qui  ont  une  importance  véritable 

qui  rectilient  des  obscurités,  des  erreurs  ou  des  lacunes  du 
ite  imprimé.  Nous  négligeoDs  entièrement  celles  qui  sont  de 
fornie,  tout  particulièrement  les  différences  d'orthographe 

m  petites  incidentes  comme  nn?33ni  n^n  ûra,  ou  dVmtres  de 
r genre,  que  Josef  place  ou  omet  à  volonté.  Nous  ne  relevons 

non  plus,  quand  le  sens  ne  Texige  pas,  touteâ  les  fautes  de 

coûctle  dé  Trenio  s'était  justemeui  sémÀ  m  154t$« 


52  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

grammaire  qui  se  trouvent  dans  Hmprimé  et  qui  sont  rectifiées  ' 
par  notre  ras.  Enfin,  nous  nous  bornons  à  faire  remarquer  qu'en 
gen*^ral  l'imiirirné  donne  aux  noms  ijropres  des  formes  germa- 
nisées (elles  sont  peut-être  le  fait  de  Téditeur),  les  formes  de 
notre  ms.  sont  plus  correctes.  ^ 


P,  XVI.  Les  trois  lignes  qui  précèdent  les  vers,  et  qui  comprenneut 
la  date,  manquent  dans  le  ms* 

3,  7.  rrmi'^S  non  rïX"in''3.  C'est  Nerva,  déjà  conjecturé,  mais  avec  une 

moins  bonne  orthograpbe,  par  Wiener,  Emek,  traduct.  alleoiM 
note  4.  —  L  1H  à  il  Di3ï«\Hn:3  nb^-^i  jusqu'à  la  lia  de  Talinéa, 
manque-  —  1.  25*  Tn^Xi  non  Û073. 

4,  44.  5nrî**  non  3nr;\ 

6,  G.  cn3È«-»nnî*  sn^V:?  nh^^r  —  L  2  et  3  on  bas,  oin-^si^îH. 
6,  8.  Np^T*  m^s  na  au  Heu  de  «pir  nn  ni2 . 
7, 14,  ^niW2.  —  1.  46.  'n  bî*  oon  'n  by* 

8,  4 H.  D''n:inn  pour  D-^iann.  —  L  23.  ribn  by  rî3''ï3inb. 

9,  13.  r!î<^:iTD:5cai  pour  nst^^-^roi  ;  c'est  la  Saxe. 

10,  9,  n:£,y  c-!i\  —  I»  10.  iNit'^T  non  iHn^i,  —  1. 1 1.  D'^^^iH  non  û'^nms*  ; 

D"'3i''î«  est  meilleur. 

11,  ! ,  iT:i"i-«i  non  ll::yl^^  qui  n*a  pas  de  sens  ici.  —  l.  G.  ^abna  rn-nt)*: 
i2,  1î>.  rsn3£  iioo  i"iso.  On  comprend  que  les  Juifs  d'Allemagne  i 

réfugient  en  Fronce,  mais  non  qu'ils  se  rétugleat  en  Espagne^ 

14,  19.  EfTacer  lb, 

15,  42.  fi;D  au  lieu  de  fit  ;  les  deux  leçons  sont  admissibles. 
10,  r  rn^::^  non  n-^,t5wH.  -^  1.  18.  EfTacer  d-^3VD«. 

18,  6,  in-^si  pour  mm. 

19,  i.  rï^''p\Nt  ;  idem,  ligne  12,  —  l.  8.  in-'D  b^  «in-^i  »'»3ibip  b»  ^T 

. .  .nnîn  b«  "p^i  «m  c<3*t3D  ûrinus*'!  —  1.  is.  btntït)  irana  pour 

20,  3.  ncnstî:  'n. 

21,  30.  irr'bs?  non  on^b:^, 
23,  4,  in^o^i  non  niD^t. 
25,' 44.  n7D73ini:3''i  non  it273i73iû''i.  —  1.   2i,  ni«3î«a3   non  msiiisa 

Navarre,  en  Espagne,  comme  travluit  Wiener,  n'a  guère 
sens.  La  preuve  qu'il  faut  lire  Tavara  se  trouve  dans  Usque 
III,  n**  7.  Usquc  a  emprunte   le   fuit  au   Fortalitium  Fu 
f.  77-78  de  rédition  de  U«5,  10<>,  •H'*  et  M^  cruautés.  Le  fofifl 
Fid.  écrit  uoe  fois  Thauara  (40'*  cruauté),  puis  civitas  Thaa* 
rensis  (4^  cruauté,  tin),  puis  civitas  Thauri  (42*»  cruauté).  La 
ville  est,  d'après  lui,  dans  la  Gastille,  Nous  n'avons  pas  pw 
l'identifier, 
26, 19.  nniTDn  p,  —  L  20.  rin^n  non  D'^anyn. 

27,  3.  n-ii?3n  p.  —  1. 12.  n^^so  b«  (non  bj). 

28,  20.  mm«  Dmi32  by  n:^^D'*i.  —  L  2*.  vnî3  non  erN?3. 

29,  U,  Hb«i  ("  Valle)  non  ^b«i.  —  1.  liî.  a"3  -ir3T?j3  cbrîna. 


JOSEF  HACGOHEN  ET  LES  CHIIONIQUEIIRS  JUIFS  ÎKI 

f  3  et  4,  Effacer  Vk  'en-»-  'li*-'.  —  l.  7.  D'^iTii::^^  pour  n'^r'^ix^ama ; 

et  imsD  ns*  -fî^nb  pour  û-*?23  btî^^'b,  —  L  lO-n.  mipcnr:"^  i«3 

mbcn  '•72'^  -IK3.  —  !.  13.  n-*rn  "^b^^.  —  L  U,  111*^1:^  non  inbns.  — 

L  21.  Effacer  b:?3b. 
i  ÎO.  D''nirQ  non  D^n73D.  Du  reste,  J'auteur  paraît  prendre  Tun 

pour  l'autre;  voir  p.  38,  —  L  27.  mcnn^sb. 
^,  !.  n'C''t2-)6t5.  —  L  7,  iiM^i.  —  L  48.  nY^nan^ï  {Goitkoîde,  pro* 

bableroeot).  —  L  24.  3"D  non  Ts,  ^  i.  25.  nb'«b7"*-i.  —  L  28. 

srrbr  pour  crna:^. 
^lO.Vacn.  —1.  17,  Dm^n  ^^^^^n.  —  L  19.  p^np^,  comme  dans 

riraprimé.  —  h  25.  iT^    1?2.  —  l   28.  in'^pn.  On   sait  qu'il 

faut  ïirc  ti5d-i3. 
1, 1  çr-Tin  Khodez.  —  1.  is.  liasrr. 
15.  Après  mbi^s  ajouter  :  mjn  '•tz^lHI  btîi  nbi^rr  Uôtn  bw  innD^i 

nii::  «bi  p:*t  riics^îo  nin  n-^^n  ,n&«  4«3  i^iti  "i?:Nb  ^Nunn  n":î« 

nsbT:^  nc«  D-*T»r:''rT  bD  d:i  n:m«  d:i  DD'T^^b. 
5.  ûn"»inz>.  —  L  7.  'iTN^b  m-^^2  ;  î^f,,  l.  n.  —  L  10.  nnî<  -^iin^  ^5*^»* 

—  l  13  et  44.  :iii3^i.  —  1!  15  et  46.  Dnn?T'n  lann  n^«  non 

'nirt^'b  2?nn  "ic«* 
9.  bbi^rnb  uou  bb:?rnb.  —  L  10.  nM  pour  nina,  —  L  14,  mpB 

non  ûip». 
«,  dètt.  —  1.  22,  Tï-'tl. 
L  8.  ibapi. 
l»  U.  i^iî:"'!  non  iNn"*!  qui  n'a  pas  de  sens,  —  1,  la.  lire  n"p  non 

c"p,  car  dans  notre  manuscrit  le  nombre  est  en  toutes  lettres  : 

5.  Intercaler  en  tèle  de  la  ligne  le  mot  y^Jz^^n.  —  L  16.  a^l^'^a^ 

1 47.  Dbmn  n-'i:i  mn  myi* 
7.  nb'»a£nb, 
46.  cnbsn  ''ns?^'».  —  1.  48.  CNrsç'^i  elciK^çr^'^p.  Usque,  HT,  nMO, 

f.  4{j9  d,  à  qui  ce  passope  est  eruprunle,  a  w  bosque  de  Vioce- 

nas  î>  et  <f^  Ganipeaos  «  où  se  tient  le  marché  de  Paris.  —  L  21, 

Effacer  nn^«n. 
',  14.  DrT?2  non  sna.  —  l,  23.  br  nn»  "^is  t^-p^x  —  1,  2 1.  K';k'^"^3  (Braye), 
4.  r«"»"icrî  non  c""t'::rî.  —  1.  3.  «bi  -(fjrrï  b:r  inï<  ibr"«i   ir;i«^ri''i 

...lE^r^D  '\-:j:n  rrt:^!  :t<in  ra^i:  nb^  T33?  •'s  Dab  b?  i?:o  — 


U,  ni5"ii7:n  pour  m^iiîs^r.  —  1. 


1.  11.  2^15!]  non  t:i33.  —  1 

[  17.  3b  isn  •'nar  ^'\^.  —  1. 18.  rtt::iD  -i^:s?3  nm  ma  nniys, 

J  20.  —  Après  les  mots  û'^s^s  'ii  iolercaler  ce  qui  suit  :  p:t3  fi<"*n 

PK  PDiac  ib?3  iD-'b'^D  lïT^i  1198  qb«T  r;H?:i  ù^'tzdi  rr^n":: 
cnb  rï?3rr  ûnni^  ■'^  c.'^rrrr  bD  111:1  n:i5  I2'^nû«s3  nscb  n*»n-in^r; 
•^n"^!  .  mn  dt'S  mnet  y.N  b^  dio'^t^t  n^z^rt  cq  cnb  i^-^h  xbi 
D'^sbs  'ni  3"oprn  nscs.  L'absence  de  ce  passa^îc  dans  le  texte 
Imprimé  est  suftîsamment  Indiquée  par  la  discordance  eutre  la 


54  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

date  hébraïque  4958  et  la  date  chrétienne  1202  qui  sont  cen- 
sées se  rapporter  à  la  même  année.  —  1.  21.  Effacer  na. 

49,  3.  tN  pour  PN.  —  1.  14.  yiOiX^X 

51,  25.  mN3  nNtn. 

•52,  1.  ii2»b  au  lieu  de  "ind  qui  n'a  pas  de  sens.  —1.  Q-irr^an  O'^éio'»». 
—  1.  18.  •':tn3  non  "^NXNiS,  qui  n'a  guère  de  sens.  —  1.   19. 

53,  20.  rîN-«s:iptt5'^Nïi  non  riN-^Stipon. 

64,  11. 1::^^  orîb  "•n-'i.  —  1.  14.  mn73073n  ^ny^pn  (non  rr^^i^p). 

55,  17.  n-^J^n  "^TûNiTa  U'^m  û'^r::.  —  A  la  lin  du  dernier  alinéa  :  nco^ 

66.  —  Premier  alinéa  manque,  de  môme  que  les  mots  'aOHn'^tD  '02t 
niDD  placés  devant  le  second  alinéa.  De  plus,  les  mots  ÛO  TV 
incsn,  en  tête  du  troisième  alinéa,  appartiennent,  d'après 
le  ms.,  à  la  fin  du  second  alinéa  de  la  page  imprimée.  —  1. 14. 
Effacer  ^hjzr:.  —  1.  15.  n-''«sbC3. 

57,  —  inscn  ûo  "^ly  à  mettre  à  la  suite  de  la  ligne  3,  comme  appar- 

tenant à  l'alinéa  précédent.  —  1.  9.  Effacer  yp'D  "i^y  ■'m  jus- 
qu'à ûa"»n  nn-^m. 

58,  4.  Effacer  û"»3.  —  1.  G.  dïT^b»  n-^ranb  pour  rb»  da-^tonb.  —  1. 12. 

û-^7:3^n  i7:ip-^i  au  lieu  de  û-'an  iTaip-^i. 

59,  5.  Effacer  nbD:n-«i.  —  1.  7.  b-i-iip  non  bamp.  —  1.  9.  n^xb*^?  non 

*".3tb3N  ;  c'est  le  mot  biblique  nxbtî  ;  corriger  de  même  1.  20.  — 
1. 18.  irn-^i  non  n2ï:-»i.  —  1.  20.  nn»  non  nnx.  —  1.  28.  'O'^ram 

60,  1  et  2.  i'isipi  iN'^itnNp  ïinni:»'^?.  —  1.  6.  Trait  d'union  entre  les 

deux  mots  hébreux  qui  représentent  Castel-Sarrasin.  —  1.  21. 
rr^itrbNi.  —  1.  22.  :3NnN'ppi73.  —  1.  24.  m«73  «n»,  non  "^"n;  le 
■*  vient  du  mot  D'^^iiïT^  qui  suit. 
62, 1.  '^:::Nb'^?3"'"0  (ou  rî:3:Np?)  n:::»^.  C'est  la  a  Sancha  Semelhanle» 
d'Ûsque,  n«  17,  f.  183  (bis),  verso.  L'édition  d'Usque  a,  par 
erreur,  n®  27  au  lieu  de  17,  et  le  f.  183  est,  par  erreur  aussi, 
répété  deux  fois. 

63,  5.  ID-^^D   13f^1. 

64,  9.  inN^ra  «bi.  —  Le  passage  tiré  du  ms.  Almanzi  manque  dans 

notre  manuscrit. 

66. 18.  în:;"nNa  (Tarrega),  non  n:»nNO. 

68  et  69.  Le  passage  tiré  du  ms.  Almanzi  manque  dans  notre  ms. 

70. 19.  "•lar^'^i  non  istrit-^i. 

71,  9.  û-^'ûN  Di^.  —  1.  10.  nn«3:a.  —  i.  12.  n^bm  Nnnn  t^'^m.  - 

1.  16.  D'^ni3t7:ar  —  1.  20.  nn-û-173. 

72,  6.  Effacer  nnM.  —  1.  13.  1397  non  1393.  —  L  14  et  15.  mr*n33 

73,  8  et  0.  T^ms:  i-^yn  -^d   tjN  yi  D'un  nrTOa.  —  1.  18.  by  noi3D 

D'^bobo.  —  1.  25.  ajouter  la  date  5170. 

74,  5.  Effacer  ïirmb  N-Ti.  —  1.  8-9.   Effacer  les  mots  ÊTïn  MfiTa-înn. 

—  1.  12.  Après  le  nom  du  roi  Sigismond  ajouter  nnfiO^'ïNn. 


JOSEF  HACCOHEN  ET  LES  CHROiNIQUEURS  JUIFS  55 

75, 1.  4  et  5.  N"rn  (non  N"pn),  1421,  non  1501.  —  1.  18.  ûïT^Bï55Nm. 

76,  14.  C-^Tar^  dsi^ba  V'-i  'û^^NpN.  —  1.  18.  Effacer  b-^j^r  «ba.  — 

1.  20.  diw^nD  Nir:n  brjprî.  —  1.  24.  ûïibî)  non  labttî. 

77,  2  1-îr-^->D  et  cfïacer  nn'^-'nNa  N-^ïi. 

78, 1.  nrîT  "biDi  v\z:d  -«bd  rb:ri.  —  1.  3.  ■^"•nn  n^.  —  1. 12.  Après nanns 
rîTH  ajouter  :  nm  nanri  n»  nis^^  îaiifflM  wi. 

79,  7.  :23;r723. 

80,  25.  r:N-«5  (bea  =  beat). 

81,  9.  pyasma  au  lieu  de  pn^^n^a^a. 

82,  6.  -^IDiiT^l.  —  1.  15.  inran.  —  1.  21-22.  îl"Dn,  1485,  5245. 

83,  —  Manque  le  second  alinéa  avec  la  suscription.  —  1.  10.  Effacer 

les  mots  in  ûp*^-).  —  1.  21.  iD-ntT'T. 

84,  3.  "^zûri^-^i  \^D.  —1.  5.  Effacer  -^nn.  —  1.  H.  ïiî-^^abïn. 

85,  4.  liriNSN^.  —  1. 19.  i:a  by  au  lieu  de  n^^73  w.     . 

86, 1.  r^7:0  non  t20.  —  l.  6.  "ip^'iD  ïi5i3.  —  1.  7.  '^L3"':ç  iniN.  —  1.  9.  ÎT)'»». 
Cf.  Revue,  X,  237,  L  5  à  11.  —  1.  22.  Effacer  dna  nTsm 
bN5n:2mD3.  --  l.  2i  et  25.  Effacer  nm-iNn  et  iT^Nn  j^nîi. 

87,  23.  b:^  non  ^y.  —1.  26,  comme  Revue,  X,  249. 

88,  10  et  11.  Comme  Revue,  ibid, 

89;  10.  D-iti^.  —  1. 11.  ••ri:2nN5b;  id.  1.  22.  —  1.  21.  ûm73»i  dmaN. 

90,  15.  "^rp-^rrain. 

91,  7.  Effacer  nm  nrî735ïn  -173^7.  —  1. 12  et  1.  20.  Comme  Revue,  ibid. 

92,  26.  ir-^biDNa  n:r.  —  1.  27.  irnsb-^aoNp  et  ttJ-^biDNî. 
93,5.  Date  hébr.  5257. 

94,  —  L'alinéa  commençant  par  dîiïi  d'^TD^a  et  le  suivant  manquent. 

—  1.  7,  en  bas.  Effacer  -^"n'»:?. 

95,  1.  En  marge,  les  chiflVes  5280  et  1520.  —  1.  15.  Effacer  rtMi^rr. 

96,  4.  "^^niiNn.  Les  Adorni  étaient  une  famille  puissante  de  Gênes. 

97,  28.  drprabr 

98,  5.  Effacer  '^'p'pn,  —  1.  9  et  10.  Effacer  depuis  Nim  jusqu'à  dïiîi.  — 

1.  15.  Effacer  liitn.       '  *" 

100, 19.  T^N  dwN  1^-im  d"»rd  dN  ncd  b:^. —1.  22.  Date  5295. —  1.  26. 
Date  5295. 

101, 12.  n^N3.  —  1.  21.  ?ti'i:n-^3. 

102,  8.  n5<-^^ii-i«t).  —  1. 15.  '  i'ti^  "«d  b:^.  —  1.  18.  ran-^  «nnb. 

103, 18.  ï^^rb. 

104,  4.  rT373*»:53  non  n""'n.  Le  mot  nc^  manque  peut-être.  —  L  9. 
drr^b-'bn.  —  l.  io.  d-'bobo  b:^  ndian. 

105,  —  Le  morceau  tiré  du  ms.  Almaozi  manque. 

106,  3.  -«bnTN  et  ■'C'^n-^n::.  —  1.  G.  Date  5308.  —  1. 13.  db-^ir*^*!. 

108.  —  Le  morceau  du  ms.  d'Almanzi  se  trouve  dans  notre  ms.,  sans 
la  suscription  (bien  entendu)  îijoutée  par  l'éditeur.  —1. 11  et  12. 
Effacer  prirr  et  le  passage  TXT:  .  .  ."^nnN  a'^i.—  1. 11.  Après  rnx 
mettre  "^r^r:.  —  1.  u.  irdNbT:  non  mD«b73.  —  1.  19.  "n^D  "^aîNn 
n^'D  -^^TNm  -i-^rn.  —  1.  20.  Le  passage  o'"^  . . .  iN-^^ND-^ain 
manque. 


56  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

109, 1. 1.  rwitt^Kp  non  naiTa-iNn.  —  1. 2.  Effacer  pD«nnb.—  1. 6.  iaaoû 
—  1.  6  et  7.  Les  mots  nao  'ly  jusqu'à  la  tin  de  l'alinéa  man- 
quent. —  1.  13.  Les  mots  nabxTaa  mDK  manquent.  —  1.  M. 

110,  22.  n-T^M-^i  ma  niSN  n-^a. 

111, 46.  En  marge  5344.  —  1.  22.  nrax-il. 

112,  42.  Tout  le  passage  y^^'nn  n»Mi  jusqu'à  la  lettre  L  de  la  dernière 

ligne  manque,  naturellement. 
113, 10.  û-^n©  au  lieu  de  Tt's'DX:. 
114,  5.  Manque  tout  le  passage  jusqu'au  mot  ûnirn  de  la  ligne  17- 

1.  17.  û'^372TDrn  manque. 
117, 16.  Effacer  MTn  rnn  et  remplacer  par  173ïi  '73*^53  ;  cf.  Rmi,^^ 

250. 
118, 19.  Gomme  Revue,  ibid.  —  1.  22.  mîainrr  b»  n-^ao. 

119,  9.  Eflacer  "^"-îï).  —  1.  27.  Dates,  1558,  5319.  —  Dans  Rmte,  sur 

p.  119, 1.  17,  corriger  inmn  (faute  d'impression)  en  '^mtia. 

120,  10.  n3173nNp  ;  trf.  1.  15.-1.  17.  \r\  p.  —  1.  19  jusqu'à  p.  122, 

1. 15,  manque. 

122,  26.  Au  mot  "^ax-T^aib  il  y  a  en  note  :  moTHns  no»  mann  ro  Dîi. 
nrD-^DNn  b»  û-^yTai^a  ûrNi  û'^nstn^rr  "pa. 

123,  22.  Remplacer  û-^THN  U'^'ry^  par  dT^n  ny  ûc  inTO'^i  nbnna  nO» 

ïTîn —  1.  23  à  25  manquent. 

124,  1.  3  à  6.  Manque  depuis  ■n-in'^i  jusqu'à  istby^i. 

125,  3.  Après  n72i-in  ajouter  Vïm  D-^TD-^n.  —  Les  trois  dernières 
lignes^  plus  125,  1. 1  à  15,  manquent. 

126,  19-20.  sjbNrî  hy  d"o  bib»  OTnb  ii©«-irr  ûvn  nriTabon  "Tim 
173N1  172».. .'an  '^v^'iy^  p  •^^O'^T^nr:.  C'est  la  fin  de  notre  ma- 
nuscrit. 

Dans  Revue,  X,  250,  il  faut  corriger,  outre  le  nriT^nn  indiqué  plus  haut 
(p.  119  deVEmek).  les  fautes  d'impression  suivantes:  1»  sur  la 
p.  131  de  VEmek,  1.12:  û"«TO:>i  n^niD,  non  w^y^^  ;  —  «•  sur 
la  p.  132  de  VBmek,  1.  8,  im-«T  non  iDT^n. 

ISIDORb:   LOEB. 

(A  suivre.) 


MÉLANGES  MBBINIQUES 


(suite  •) 


IV 


LbS  5IONES  MNÉMOTECHNIQUES  DBS  LETTRES  R.lDiCiLES 
ET    SERVILES. 

Ahonl  Walld  Ibn  Djanâh  termine  son  chapitre  du  KUab  ai- 
iouniâ  (p.  35,  J.  20,  à  p.  36, 1. 13)  qui  traite  des  lettres  radicales  et 
des  lettres  serviles  par  l  observation  suivante  :  a  Plusieurs  au* 
teurs»  soit  de  l'Orient,  soit  de  notre  pays,  rAnlaïousie,  qui  ont 
vécu  avant  moi,  ont  réuni  les  lettres  radicales  et  les  lettres  ser- 
viles dans  des  phrases  où  ils  les  ont  fait  entrer  et  qu'ils  ont  créées 
conune  signes  mnémotechniques  pour  les  unes  et  les  autres,  afin 
que  les  étudiants  puissent  les  retenir  facilement.  Un  de  nos  com- 
patriotes qui  s'est  conformé  à  cet  usage,  Menabem  ben  Sarouq, 
a  réuni  les  lettres  radicales  dans  la  phrase  :  p^sE  m  nco  an, 
et  les  lettres  servîtes  dans  celle-ci  :  ns-^^  nnD«b730.  .-...J'étais 
décidé  à  me  borner  aux  deux  signes  mnémotechniques  précités, 
parce  que  ces  signes  n'ont  d*aolre  utilité  que  de  venir  en  aide 
à  la  mémoire.  Cependant  quelques  jeunes  gens  désirant  que 
je  leur  invente  deux  signes  nouveaux,  je  le  leur  ai  accordé 
raciïement,  sans  prétendre  avoir  fait  là  quelque  chose  d*ex- 
traordinaire.  J'ai  donc  réuni  les  lettres  radicales  dans  la  phrase 
ns  t|n  m?  opa,  et  les  lettres  serviles  dans  :  rî:3n  "i^e*  "^sibo. 
Toutefois,  ces  signes  mnémotechniques  offrent  cet  avantage  sur 
lies  deux  précédents  que  nous  avons  cités  au  nom  de  Menahem 
*ben  Sarouq,  qu'ils  se  rattachent  l'un  à  Tautre  pour  le  sens,  ce 
que  ne  font  pas  les  deux  autres,  j»  Dans  la  version  liéhraïque  (p.  12, 
U,  2)  manque  toute  la  dernière  proposition,  et  il  faudrait  p^iû  6ibt* 


"  Voir  lome  XU.  page  65»  ©t  tome  XIV,  p.  26. 


58  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Personne,  que  je  sache,  n'a  donné  le  sens  de  la  phrase  dans 
laquelle  Menahem  a  réuni  les  lettres  radicales.  On  peut  égale- 
ment supposer  que  le  traducteur  du  Riqmâh  ne  comprenait  pas 
davantage  la  signification  des  signes  inventés  par  Ibn  Djanâh,et 
qu'il  a  Tait  la  suppression  que  nous  venons  de  signaler  parce 
qu'il  ne  pouvait  pas  se  rendre  compte  du  lien  qui  existe  entre 
les  deux  phrases,  qui  lui  étaient  également  inintelligibles.  | 

La  difficulté  du  signe  de  Menahem  réside  surtout  dans  le  mot  \ 
Zûn,  qui  est  certainement  ici  pour  î<::n.  D'après  le  système  des  ra- 
cines bilitères  adopté  par  Menahem,  les  lettres  faibles  peuvent 
être  supprimées  ou  déplacées.  Kléazar  b.  Kalîr,  on  lésait,  a  ap- 
pliqué ce  système  bien  longtemi)s  avant  Menahem  dans  ses  divers 
pioidim.  Pour  la  racine  N::n,  en  particulier,  l'Ecriture  offre  un 
certain  nombre  d'exemples  dans  lesquels  Valcph  est  retranché,  et 
le  Talmud  de  Jérusalem  *  présente  aussi  le  nom  ::n  et  la  troisième 
personne  du  parfait  t2n  sans  la  lettre  faible.  Dans  ce  signe  mné- 
motechnique, Menahem  était  d'autant  plus  obligé  de  laisser  de  côté 
les  lettres  faibles  que,  par  leur  nature,  elles  font  toutes  partie  des 
lettres serviles.  Partant  de  là,  nous  ponctuons  ainsi  la  phrase:  an 
P"???  *I?  *^?^»  6t  ï^o^s  traduisons  :  a  Celui  qui  a  compté  la  race 
juste  (Israèl)  a  péché.  »  Ceci  rappelle  le  recensement  ordonné  par 
David  rapporté  dans  II  Sam.,  xiv,  où  le  vers.  10  finit  par  les  mots: 
û:^rî  riN  nso,  «  il  compta  le  peuple  »,  et  lo  vers.  11  commence  par 
la  confession  du  roi  "^rNiin,  «  j'ai  péché  ». 

Passons  maintenant  aux  deux  signes  inventés  par  Ibn  Djanâli- 
Nous  lisons  le  premier  signe  :  -,'i:  Cjn  Târr  o)?:?,  «  'Azgâd  restaura 
le  port  de  Tyr  ».  Le  nom  propre  T^vr  se  rencontre  plusieurs  foi^ 
dans  les  livres  d'Ezra  et  de  Néhémie,  et  bien  qu'il  y  soit  porté  p^^ 
un  Israélite,  la  composition  en  est  toute  païenne,  puisqu'il  si- 
gnifie :  c(  Gad  (tû^tt.)  est  fort  ».  Il  est  plus  que  probable  que  cet^^ 
restauration  du  port  de  Tyr  ne  se  rattache  pas  à  un  fait  histo' 
rique  déterminé;  mais  nous  savons  aussi  que,  pour  la  sûreté^  ^^ 
la  côte  de  l'ancienne  Phénicie,  Tyr  était  considérée  comme  i^^ 
importante.  D'autre  part,  ni:  était  exigé  par  la  nécessité  de  cc^^ 
pléter  les  onze  lettres  radicales.  D'après  une  ancienne  croj'anc^^ 
très  répandue  parmi  les  Juifs,  Jérusalem  ne  devait  être  recor"^ 
truite  qu'après  la  destruction  des  villes  de  la  côte.  Le  seccr  ^ 
signe  rîjan  'rjçî  ^mr:^,  «  puisse  seulement  mon  Salom,  c'est-à-d^ 

*  Nedarim^  36  rf. 

*  Megilla,  G  a. 


MÉLANGES  RARBINIQUES  m 

fi^rusalom,  ^*tre  rebâtie  »,  sert  donc  parfaitement  de  contre-partie 
^à  la  reconstruction  du  port  de  Tyr. 

Nous  devons  à  la  complaisance  da  savant  docteur  S.  Baor,  de 
Biberich,  la  communication  d'un  tableau  complet  des  dilîorents 
signes  mnémotecliniques  composées  parles  grammairiens  juifs  de- 
puis Saadya  jusqu'à  Salomon  Hanaii. 

1*»  R.  Saadya,  dans  son  ii"i:i«  \  donne  poar  les  lettres  serviles  le 
figne  :  ^bncD  D'^ninn,  qui  n'a  guère  de  sens.  Le  Gaon  donne,  en 
5,  )r\^^  pour  les  préfixes  verbaux,  et  ns  dib^aa  '  pour  les  autres 
ierviles.  Dunasch^  attribue  h  Saadya  aussK  pour  les  lettres  radi- 
fcales,  le  môme  signe  que  celui  que  propose  Menaliem,  et  le  cri- 
tique de   la  ra^^me  manière  que  ce  dernier  grammairien;  c^est 


■l^videmment  une  erreur  de  la  part  de  Dunasch 


2*»  Les  deux  signes  donnc^'s  par  Menaliera  viennent  d*étre  ex- 
pliqués. 

3*  Dunasch  \  qni  fait  entrer  le  daîet  el  le  tet  au  nombre  des 
lettres  serviles,  imagine,  pour  celles-ci,  le  signe  3::d  nt2«  "^ibn  ^:i, 
«  Dunasch  llaMvi  a  (?crit  selon  la  vérité  »,  en  prenant  le  tet  comme 
la  permutatioïi  du  taw  ;  il  inventf*,  eu  outre,  le  signe  :  n^^aia? 
DU  Dn:;  iVo,  «  Adoniyya  au  bon  augure  »  ;  rr'sn»  remplace  alors 
b-^nnït  =  t35n,  et  m  tins  équivaudrait  à  du  1î:"»o,  deux  mots  que  les 
Juifs  de  l'Espagne  aimaient  à  placer  aprV's  leur  nom.  —  Pour^  les 
lettres  radicales,  on  trouve  rr  hed  yp  in,  ce  qui  signifie  peut-être  : 
«  LafAte  (de  Souccôth)  est  la  fin  du  livre  magnifique»,  c*est-à>-dire 
est  la  dernière  fête  de  Tannée  inscrite  dans  le  Pentateuque. 

4*»  Salomon  b,  Gabirol"'  a,  pour  les  lettres  radicales,  yn  na:  tap 
•rnos,  et»  pour  les  serviles,  srir;  rxm^  •'5N,  En  considérant  que 
Dunasch  inscrit  deux  fois  son  nom  dans  ses  signes  et  qu'Ibn 
Ezra.  comme  on  le  verra  au  n^  *7,  va  en  faire  autant,  je  serais 
disposé  à  voir  dans  rîp  Tabrégé  forcé  de  pp,  surnom  qulbn  Ga- 
birol paraît  avoir  adopt('^\  Nous  traduirions  donc  :  «  Le  Qaton 
appartient  à  la  race  pure  d'Espagne,  » 

5«  Le»  simanlm  d'Aboul  Walid  sont  exposés  et  commentés  plus 
lia  ut. 


>  Stado.  AlttiitametttUehe  E^té^en,   1S82,  p.  ï)3  ;  Testkùuhùt   talmtdé  M0nahm, 
p.  40i  Octfrer»  Jiid,  ZeUichf.,  X,  p.  258. 
■  Voy.  Geiger»  /.  e. 

•  Kritih  da  Dunasch  b.  lahrat,  Mit.  Schrûkr,  Bresliu,  1886,  n»  6.  Le  moi  na 
Tîtlcromcnt  pour  î3n»  La  leçon  TO  pouf  £3Hi  qi»i  «•  irouve  iOUTent  â*Éïptiquo 

F/M7<f,  iLïV,  18. 

♦  Tesfhoubot  Dunasch,  édit,  Filipowski  (Londres,  ISSÎÎ),  p.  îî  ;  KriHk  4es  Dunateh^ 

*  6;  2'almid«  Mctinhem,  p,  40» 

*  ï^ûthotk^  Lê^cicùn  kfhraievm  (Presbourg,  1844),  p.  xxtil  el  xxï\\ 
Pftrhoo,  i^id,^  p.  xxii,  I.  12, 


I 


60  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

6<*  Jehuda  b.  Balaam  •  propose,  pour  les  lettres  radicales,  yti  m 
Cîn  ODn,  a  la  race  de  la  justice  (Israël)  a  écrasé  le  péché  »  et,  pour 
les  lettres  serviles,  n«in  la  bNS*  ■'Td,  ce  qui  signifie  peut-être: 
«  Comment  a-t-on  placé  un  (ils  au  rang  d*un  dieu  !  »  Cette  boutade 
anti-chrétienne  va  assez  au  caractère  franc  jusqu'à  la  brutalité 
d*Ibn  Balaam. 

7®  Ibn  Ezra  ^  donne,  pour  les  lettres  radicales,  les  deux  signes: 
q^^T  nsrp  non  caa 
n-iDO  Tw  nz  uy 
dont  on  saisit  difficilement  le  sens  ;  et,  pour  les  lettres  serviles  :  rr« 
X^nti  3N  ?|b,  a  place  devant  tes  yeux  l'exemple  du  père  des  peu- 
ples (Abraham)  »,  surnom  du  patriarche  Abraham,  nK  b^noSi 
liTDn,  a  comme  un  plant  du  Père  des  peuples  ».  Abraham  était  le 
nom  de  notre  auteur. 

8®  Moïse  Kamhi*  emprunte,  pour  les  lettres  radicales,  le  signe 
de  Menahem  ;  pour  les  serviles,  il  propose:  in -«b©»  roon»,  «je 
suis  désigné  dans  ce  siman  par  ce  qui  m'appartient»,  c'est-à-dire 
que  les  lettres  formant  le  nom  de  ïtotd  s'y  trouvent  ;  il  se  trouve 
explicitement  dans  cet  autre  signe  :  iD-'b»  nnD  noTD,  «  Moïse  nouJ 
a  écrit  ». 

9«  David  b.  Salomon  b.  David  Ibn  Yahya  *  propose,  pour  le» 
lettres  serviles,  le  signe  :  ïindi  Db©  ^anD,  «  mon  écrit  est  complet 
et  beau  ». 

10<>  Abraham  de  Balmes*  réunit  les  lettres  serviles  dans  la 
phrase  :  nsDriN  ■'TSTabm,  a  je  suis  désigné  comme  originaire  de 
Balmes  ». 

11«  Elias  Levita'  les  réunit  dans  :  nns:  nn-^bx  ûo,  «  le  nom 
d'Elie  est  écrit  ». 

12®  Samuel  Arkewalti  *  (deuxième  moitié  du  xvi°  siècle)  les 
réunit  dans  :  p-^nsn  bNiT^o,  a  Samuel  les  a  écrites  (les  lettres  ser- 
viles) ». 

13*>  Salomon  Ilanau  »  (mort  en  1746)  a  proposé,  pour  les  lettres 
radicales  :  pns:  m  ano  en,  «  protège  le  reste  de  la  race  de  1^ 
justice  (Israël)  »;  pour  les  serviles  :  nbrsi  ncTs  "jn-^N. 

J.  Derenbourq. 

*  7*(iVm0  hammiçnl,  p.  '26. 

•  Dans  le  texte  on  lit  b50^?3  en  un  seul  mot. 

*  Moznaytm  (6dit.  Lippmanu),  p.  3  ;  Sahôt,  p.  14. 

♦  Makalack!  David  Kamhi,  Mkhlôl  (édil.  Fùrth),  p.  42*. 

6  Lesichôn  limmudtm,  iuit. 

•  Miqne  Ahrdm,  p.  7. 

7  Coiumeutairo  sur  le  Mahalach. 


LES  MARRANES  DE  PESARO 


ET  LES  REPRESAILLES   DES  JUIFS  LEVANTINS 


CONTRE  LA  VILLE  D  ANCÔNE 


Les  lueurs  des  bùcbers  allumas  à  Aricône  en  1556  produisirent 
une  impn^ssion  très  profoutle  Jusquo  dans  le  Levant,  les  exiU^s 
juifs  de  Portugal  et  d'Espagne  établis  dans  cette  région  furent  ou- 
trés du  supplice  infligé  à  leurs  coreligionnaires,  et  ils  résolurent 
de  les  venger.  Il  s'en  fallut  de  bien  peu  que  les  bùcbers  élevés  pour 
les  marranes  ne  devinssent  ïe  tombeau  d'Ancône.  Dans  le  premier 
mouvement  de  leur  légitime  colère,  les  Juifs  levantins  s'enten- 
dirent pour  cesser  toute  relation  avec  cette  ville  et  diriger  tout  le 
»  mouvement  commercial  vers  Pesaro,  où  Guido  Ubaido,  plutôt 
par  intérêt  que  par  humanité,  avait  offert  un  asile  aux  fugitifs 
d^Aucone  *.  En  Tannée  1556,  les  Juits  du  Levant  avaient  centralisé 
le  commerce  entre  leurs  mains,  au  point  d'être  devenus  les  seuls 

(arbitres de  la  fortune  d'un  port  de  mer  florissant  de  ritalie.  La 
ville  d'Ancône,  malgré  ses  richesses,  aurait  été  ruinée  en  quelques 
mois,  si  la  résolution  prise  contre  elle  avait  été  sérieusement 
exécutée  par  tous  les  Juifs  levantins  sans  exception.  Le  10  août 
1556  *,  peu  de  temps  après  que  cette  résolution  avait  été  arrôtée, 


*  UouTrafçc  de  W.  Heyd^  Geschickte  des  Let/aHiehandttt  im  MiUdûUer^  II,  345,  ne 
rtpporto  les  roUlbus  d^Àucûiio  avec  le  Levant  que  jUHqu?oa  15 OÙ. 

*  Dans  Bon  opusculo  Gli  Ehrci  Porto^km  çiustizmti  in  Anconû  sotto  Paoh  îV, 
Foligno,  1884,  M.  Michelt;  Maroni  a  publié  (p.  5],  sous  le  nom  de  C,  Ferma,  cet 
imporlanl  document»  oiasi  conçu  ;  Bcatissime  Pater,  La  mali^nilà  grande  delii  per- 
6di  maranol  ne  sforza  contro  ogni  nostro  vulere  a  raslidiare  la  ibeiii^nitH  di  V,  Û"  ; 
quali  hanno  ayiiLo  ta  nia  possanza^  cfie  hanno  indallo  nkutii  ebrei  a  Jar  cerie  iùto 
malcdetle  ficomunichc  €t  si'eléraLc  malediziani  de'  loro  rabini  m  nna  sioagoga  di 
SaloQÎcchia  et  pubikarc  in  inoki  luoghi»  per  le  quuli  proibiscono  il  yen  ire  et  m  ao> 
d^re  mercoQzie  et  robe  di  ogni  sorte  In  Âncona  et  Imnno  levato  lolalmenle  U  tmlGco 


é/i  REVTE  DES  LTCDES  JOVES 

1^  ccrriJi^queiic^  en  Tarent  d^)à  <\  fanestes  pour  Ancône  ^  le 
5y;nat  et  le  conseil  communal  de  la  ville  s'adressèrent  à  Paul  IV, 
c^ase  première  de  ce  ma!,  pour  le  prier  de  leur  venir  en  aide.  Us 
lui  dirent  que  les  marranes  avaient  poussé  les  Juifs  du  Leyanti 
pronon^x^r,  dans  une  synagogue  de  Salonique  et  dans  d  autres eo- 
droiU,  ranattiéme  et  l'excommunication  contre  ceux  d'entre  eox 
qui  apporteraient  des  marchandises  à  Ancône,  au  lien  de  les 
transporteur  à  Pesaro,  ils  ajoutèrent  que  le  commerce  avait  déjà 
considérablement  diminué  à  Ancône  et  était  sur  le  point  de  dis- 
paraître complètement,  que  la  ville  ne  serait  bientôt  plus  qu'on 
«impie  cliâteau-fort,  si  Sa  Sainteté  ne  s'empressait  d'intervenir  m 
sa  faveur.  Comme  il  est  assez  rare  de  rencontrer  dans  Thistoire 
juive  le  spectacle  de  persécutés  qui  se  défendent  vaillamment 
contre  leurs  bourreaux,  il  semble  particulièrement  intéressant  de 
réunir  tous  les  renseignements  relatifs  à  cet  événement. 

J'emprunte  les  informations  relatives  à  cet  épisode  à  deux 
lettres  écrites  sous  le  coup  de  l'émotion  produite  par  la  mort  des 
24  martyrs  d'Ancône,  et  qui  se  trouvent. dans  un  manuscrit  que  je 
possède  d'un  recueil  de  lettres  de  Pesaro.  Cet  ouvrage  contient, 
sous  les  numéros  140  à  142,  comme  modèles  d'épitres  hébraïques, 
les  deux  lettres  qui  nous  font  connaître  le  plan  proposé  pour 
rompn?  toute  relation  avec  le  port  d'Ancône  et  l'adhésion  des 
Juifs  du  Levant  à  ce  plan.  Il  serait  à  désirer,  dans  l'intérêt  du 
texte  de  ces  lettres,  dont  le  manuscrit  est  défedlueux,  difficile  à 
déchiffrer  et  rempli  de  fautes,  qu'on  put  en  trouver  d'autres  co- 
pies, mais  le  sens  môme  de  ces  lettres  est  clair. 

Nous  voyons,  par  ces  documents,  que  l'idée  des  représailles  est 
née  dans  l'esprit  des  malheureux  marranes  échappés  d'Ancône  et 
réfugiés  à  Pesaro.  La  ville  d'Ancône  était  devenue  pour  eux  ^ 
ville  des  soupirs  ('"^ps^s).  C'est  en  vain  qu'eux  ou  leurs  aïeux 
avaient  échappé  à  l'Inquisition  eu  Portugal,  le  sombre  théatiû 
Paul  IV  avait  renouvelé  pour  eux  toutes  les  souffrances  de  ^ 
tribunal  sanguinaire,  et,  après  les  plus  atroces  tortures,  vinS^" 
quatre  des  meilleurs  d'entre  eux,  par  groupes  de  douze,  et,  dans  ^^. 
Intervalle  de  cinq  jours*,  étaient  morts  dans  les  flammes.  Ce  4^^ 

cl  roimiuToio  dollo  robo  ili  Levualo  di  quesla  ciltà,  et  hanno  invialo  ïd  Pesaro,  ^^ 
ni  ri<Uu'i>uo  el  trutïtcauo  al  présente  essi  marraui,  di  maDÎera  che  le  facende  sonc^ 
grun  parte  co»sato  et  vanoo  maucando  ogDÏ  di  più  di  tal  sorte  che  se  la  bonlà  de:^ 
Slik.  Vra.  nuu  ci  socorre,  questa  cittù  sua  t'edelissima  restera  abbandouata  cl  dereli  ^ 
et  »arà  corne  un  castello  o  uua  villa  posta  nel  lido  délia  marina  la  quale  solea  essc:^ 
pidua  di  uogozi  et  tratfichi,  quaulo  altra  nobil  citià  d'Italie. 

*^  CVe*t  tiXim  que  je  coinprt^uds  le  passage   de  la   réponse   des   Levantins  :  S^: 
DVî5»')  CfeO  ^'p^n  , D'^:'lCfinn  TC^   0*^:0  by  nc:^.  su  était  nécessaire  d'u^ 
uouvtlU  pMuvo  pour  combttUo  le  douio  ôinis  p«r  (iaiilMddi  (voir  mon  article  dar::^ 


LES  5IARKANES  DE  PESARO  G3 

ïFabsait  invraisemblable  en  Italie  est  devenu  vrai,  Tirapossible 
;  eu  lieu,  Ancùne  a  assisté  deux  lois  à  l'accomplissement  du  plus 
^orrible  forfait,  toute  la  ville  en  porle  la  responsabilité  et  ce 
rime  odieux  crie  vengeance.  Tels  sont  les  Uélails  rapportf's  par 
ledes  deux  lettres.  C'est  alors  que  Tentourage  de  Guido  Ubaido 
fait  lie  paraît  pas  douteux]  suggéra  aux  marranes  Tidée  de  de- 
mander aux  Juifs  du  Levant  de  les  aider  à  châtier  Ancone.  Qu'au- 
^un  navire,  t^u^aucune  njarchandise  du  Levant  n'entre  plus  dans 
port  d'Ancùne,  que  tout  le  commerce  de  FOrient  soit  dirigé 
jr  Pesaro,  dont  Guido  Ubaido  promet  d'élargir  et  d'améliorer  le 
Jlort*.ll  s'agissait  donc  d'écrire  aux  Juifs  du  Levant,  Mais  il 
l'était  ni  prudent  ni  ijossible  de  confier  au  papier,  tout  ce  qu*on 
ivait  à  leur  titre.  On  envoya  alors  vers  eux,  en  qualité  d'ambassa- 
deur, un  marrane»  Juda  Varadj  *,  qui,  malgré  sa  santé  cbance- 
iante,  accepta  cette  mission.  Il  était  muni  d'une  lettre  qui  conte- 
taitune  exposition  très  brève  des  événements,  on  le  chargeait  de 
acunter  verbalement  ce  qui  ne  pouvait  pas  être  mis  par  écrit.  La 
&ttre  faisait  connaître,  dans  un  hébreu  assez  obscur»  la  foi  in- 
lotuptable  et  Théroïsme  des  martyrs,  qui  n'avaient  cédé  ni  aux 
promesses  ni  aux  tortures  et  avaient  aO'ronté  joyeusement  la  mort 
pour  rendre  gloire  au  Dieu  d'Lsraél;  elle  ajoutait  qu'il  apparte- 
aait  maintenant  aux  puissants  Israélites  de  Turquie  de  montrer 
|ue  la  solidarité  juive  n  est  pas  un  vain  mot  et  de  se  venger  d*An- 
Sône  en  s'abstenant  dorénavant  dV  envoyer  leurs  navires  ou 
îurs  marchandises;  que,  du  reste,  Juda  Faradj  donnerait  tous  les 
claircissements  nécessaires. 

Juda  paraît  s'être  rendu  tout  d'abord  h  Salonique  ;  en  tous  cas, 

réponse  que  nous  possédons  témoigne  du  très  vif  empressement 

tes  Juifs  levantins  à  adhérer  à  la  proposition  de  leurs  coreligion- 

laires  de  Pesaro  et  concorde  avec  les  sentiments  qui,  d'après  un 


Mevue  dût  EU  /nfMi,  XI,  149],  OQ  la  trouT^rait  dans  le  tétaoi^Dagd  des  Conml^ 
ttiom  (AmstenlBm,  1,  f.  63  f)  du  Joseph  iba  Leb   :  b^3  'n?:brrï    Cinï33  IT^   h:?^ 

lii  nb-'b^  bbirnnb  maun^a  *XDn  u^iy^  t\::.';>  ■^.n.m  ni<''bî<::\H  yn» 
^'•r:xrî  2riï«  rnoncb  nbin:^  '«:p  ntîsp  -^.côî  q-'c:î<  r^^'p  iim^ri 

^P'Hitn.  Le  mi}mc  fait  est  rapporté  par  Jusua  Sonciti  dans   r'wlH^b  "bTO,  Con- 
promis  ris  ictUo  du  Pesaro  iudii{Uô  également  que  I9  aoiubre  des  martyrs^  était  de 

•  Joseph  il*a  Leb,  li,  :  n?:^  rj^D  ^ppb  31  \V2'ia  nTD"»  IDTSrT    DI^Tirî    D51 
i^i::Kî3   T^T^^ZZn   ■»3*a''*a   "^"13    î<nn»T»  et  Moïse  di  Trtni,  dans  a"'*a73  p' 1U3, 

m  :  nbpn  13  ^f-jH-»  "^nbab  b?::n  'ip^  prr'  Di^nn  ■'D- 

*  P.  tbi  nommé  par   Josua   Soncin  da^s   VomulL^   U).   au  commeacemcQt  :  IIX 

-^^tra  '»-iA  r«?3  mbu  n^b-n  ;^"«-id  myrr^  'ns  c«?3  bxiîa. 


BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

autre  document  ^  animaient,  dans  cette  circonstance,  la  coromtr- 
nauté  de  Salonique.  Les  Juifs  d'Âncône  furent  effrayés  des  consé- 
quences fâcheuses  que  pourrait  avoir  pour  eux  raccomplissement 
lie  la  venjîeance  préparée  par  les  marranes  de  Pesaro;  ils  crai- 
gnirent que  le  pape  Paul  IV  ne  persécutât,  après  les  marranes, 
tous  les  Juifs  de  ses  États.  Mais  l'enthousiasme  soulevé  par  la 
proposition  des  marranes  était  encore  trop  récent  et  la  réputation 
des  Juifs  d*Ancône»  dans  le  Levant^  trop  mauvaise  *,  pour  qu'on 
tînt  compte  d'abord  de  leurs  réclamations.  La  réponse  à  la  lettre 
de  Pesaro  dit  que  la  proposition  des  marranes  fut  publiée  dansïa 
synagogue,  devant  les  jeunes  et  les  vieux,  et  obtint  une  adhésion 
complète  et  unanime;  qu'on  doit  une  profonde  reconnaissance â 
ceux  qui  ont  trouvé  le  châtiment  qu'on  pouvait  infliger  à  la  ville 
criminelle  ;  qu'on  est  décidé  de  tout  tenter  pour  la  réalisation  de 
ce  projet  et  de  ne  pas  écouter  les  gens  d'Ancône,  qui,  dans  un  inté- 
rêt pécuniaire,  répandent  des  mensonges  pour  produire  des  scis- 
sions dans  les  communautés  et  faire  échouer  la  vengeance  proje- 
tée ;  que  le  sang  des  martyrs  crie  vengeance  et  que  sa  voix  parle 
plus  haut  que  les  protestations  de  la  communauté  d*Ancône;  que 
les  Juifs  de  Pesaro  doivent  montrer  la  fausseté  des  allégations  de 
leurs  coreligionnaires  d'Ancùne  ;  que  tout  concours  leur  est  as- 
suré et  que,  dans  le  cas  où  ils  auraient  besoin  de  nouvelles  etplos 
vives  reconioiandations  aiipri^s  du  duc  Guido  Ubaldo,  ils  les  ob- 
tiendront ;  qu*eax(les  Juifs  du  Levant)  vivent  dans  un  pays  dont 
le  prince»  Soliman»  donne  chaque  jour  de  nouvelles  preuves  de  sa 
bienveillance  pour  les  Juifs,  qu'il  n'existe  conséquemment  auciio 
doute  sur  la  réussite  de  leur  plan,  que  peu  à  peu  de  nouveaux 
amis  s'associeront  à  eux  pour  développer  et  rendre  florissante  la 
ville  de  Pesaro  et  pour  dépeupler  et  ruiner  la  ville  malfaisante 
d'Ancône. 

Les  prévisions  de  cette  lettre  ne  se  réalisèrent  pas.  Nous  savons 
at\jourd'hui  que  les  crainttsdes  Juifs  d'Ancône  étaient  justiliéesi 
que  le  Sénat  et  le  Conseil,  effrayés  de  la  décadence  qui  menaçait 
leur  ville,  demandèrent,  le  10  août  1556,  aide  et  conseil  au  pape. 
La  lutte  entre  les  Juifs  de  Pesaro  et  ceux  d'Ancône  et  des  États 
pontificaux  était  pour  chaque  parti  une  question  de  vie  ou  de 

»  Moïse  di  Trini  dit»  i*.  ^CH  riV^*T5rr  nV'^rrpr  rr:^,^^r7  f^rriz  ^îtî^ 
21:3  *;y  bib    ^^D  Vr  Z"   z>   *^^rw*^  b»-trb  rn'b'^nsr;  ^i^"^ 

»  Josua  SoQcin    rvmui|u«,   a   U  an  d«    la  E^^^  39  :  C^C^K  rXpïS  TtT^ 

rr^'Z'2  r-^wn  banx:^  -2  ztc  N'^rn:  kV  *:r^x^  z" 


LES  MARHANES  DE  PESAHO  60 

mort,  et  vraiment  il  s'agissait  de  savoir,  comme  dit  le  Talmud,  le- 
quel avait  le  sang  |>]lis  rouge,  lequel  des  deux  partis  devait  ^tre 
sacrifié!  La  situation  se  tendait  de  plus  en  plus,  Juda  Fararîj  ne- 
taît  plus  sûr  de  remporter  la  victoire  ;  c*est  alors  que  Donna  Gra- 
cia *  parut  sur  la  scène*  Le  zèle  passionné  que  cette  noble  femme 
et  ses  partisans  déployj'^rent  pour  la  cause  des  marranes  irrita 
bien  des  personnes  qui  jusque-là  étaient  restées  indécises  et  qui  se 
—  prononcèrent  en  faveur  d'Ancune,  Des  déchirements  se  produi- 
^sirent  dans  les  communautés  levantines,  ou  avait  régné  jusqu'a- 
lors la  plus  parfaite  concorde,  on  ne  tint  pas  comiJte  de  Texcommu- 
nication  prononcée  contre  Âncône;  la  souscription  faite  parmi  les 
Juifs  du  Levant  pour  ofïrir  au  duc  d'Urbino  un  don  de  vinj^t  mille 
florins  d'or*  échoua,  Guido  Ubaldo  *  se  voyait  dét;u  dans  ses  es- 
pérances et  n'avait  plus  aucune  raison  de  résister  aux  démarches 
pressantes  des  délégués  du  pape*  Vers  le  9  juin  1558,  les  marranes 

■  quittèrent  le  territoire  d'tlrbino,  qui»  ijour  me  servir  de  Texpres- 
sion  du  cardinal  Michel  Gliislièri  *,  plus  tard  pape  Pie  V,  fut  ainsi 
guéri  de  la  peste  qui  le  contaminait. 


I 


*  JosHB  Soacin  dit,  dans  R/^>oniu,  40,  f,  i6è:  .  ,.[^K-l'^  l.)  rtX"l^  '►"IttT'^D  ■»i:53KT 

ir-^DO'^u  bitma''  bs  nK  n^is-b   bnncri[c}   h-'Sd  ibm  n*^!:::  N-^'^cxia 

»  /A.,  ^zx,y  ^33  *^3iTîîn  K:3n  '«Nn'*  n^p  rn  iiro  -^nji  b^^nb  ^tsi 
•«j3  bD  hy  zvj  ib'^ia^TD  ir'^ni  Taxl^  nai^n  nnx  n«^?2n  d-'n-'i:»?: 
^rvyo  ^m  ir^n-j»  ^i  "piib  in;a^i  ç^nns  O'^ob»  '*j  i»  i"::  ina^'T  n^n^ 
n:?-ïn  nicnb  icck  •*«  b»ni2^3  ^b^  X"^::  m-^nb^c  nb  ^îi^n^^i  nni^m 

Cf.  Gneli;  GuckichU,  IX,  374. 

*  La  COUT  de  Guido  Ubaido  n'élait  rien  moins  qn'innio  des  Juiffl*  Nous  savons  par 
Joisua  Soocin,  qui,  ea  sa  qualité  d'Italien,  était  sans  doute  Lien  informé,  que  c'éuit 
le  propre  pèie  d* Ubaido  qui  avait  commis  le  Mcrilègt»  d'envelopper  un  porc  dftns 
le  manteau  d*un  rouleau  sacré  et  de  le  placer  dans  rarcbe  fiaitito.  Voici  ce  que  dit 
Soncin,  iï^,,f.  39,    4!^//,  à    ce  sujet   :  rîCJ2»3    l^^l-tn    ÏTu773n   *^n"^   "^p 

"pîHt]  rscp  03?  oïDiin  •'Hn  Dp  ipnc.xa  nnp^Ma  nc:?:i:î  rî?:?3  inrea 
rn:;ip^n  bana  bK-îa^  b^b  np  bni5  ^nra  ^5  pxi  ^s^na  ipin  i73*^'1  *"i"3n 

rmn  "^nDO  PK  13Db  Cbl*n  hz  ^ni.  Le  mot  ipnC»  doit  ôlre  traduit  ici  par 
tit^mmtni^  car  le  fait,  d'après  le  Emtk  Haèrtcha^  de  Joseph  Uacohen,  a  eu  liuu  en 
1553  (voir  la  traduction  do  Wiener,  p.  88),  Josepli  Hacoben  ce  dit  pas  que  c^  aacri* 
lège  avait  été  commis  par  le  frère  du  duc. 

*  Ghisliert  écrit,  le  ïl  juin  1558,  au  duc  de  Ferrare  pour  qu'il  renvoie  de  son  Etat 
•  (a  perfide  et  abomineTolissima  geuiâraiioae  de  Marrani^  iitdegna  invero  dei  cou- 
fiortio  d'aorniai,  non  che  de  cbrîstiani  ;  si  corne  rillustrissimo  duca  d'Urbino  lia  corn- 
minciabo  già  anch'  egli  a  smorbarne  il  £iuo  i.  Voir  Maroni,  iîfid,^  p.  18.  M«  Graelz, 

"     IX,  379,  indique,  d'après   Joseph   Hacohen  (traducliuu   Wiener,  p»  96),  le  moia  do 
1558  comme  date  de  Pexpidaion  des  Mftiranoe  de  Peearo* 

T.  XVI,  n9  31.  ti 


^-pui 


06  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

Les  deux  autres  lettres  (III-IV),  que  j'emprunte  au  même  ma- 
nuscrit, sont  peut-être  les  lettres  de  recommandation  que  la 
communauté  juive  de  Pesaro  remit  aux  marranes,  afin  d'assurer 
auprès  des  Juifs  levantins  un  accueil  bienveillant  à  ces  mal- 
heureux qui,  venus  des  Etats  du  pape  pour  chercher  on  refuge  i 
Pesaro,  avaient  été  expulsés  par  Guido  Ubaldo  et  s'étaient  ensuite 
rendus  dans  les  pays  du  Levant. 

David  Kaupmann. 


I 


mtt5D3    n"3    K"DipD«ï3 

•jiwD  bipb  irnab  n»  i073îi  i3Ti«  ip:^r  uyws  an»  B^ 
nnTD  '"pmn  û-'pmism  û-^p^inr;  D'^pîNsm  D'^rott^n  mipatt  t»:^» 
m»t3n  n"»b  a^*»-!»  1"»«t  ^y^V'>  nny  i-«i  orma^  n^  wana  ûvtïïïi 
rmrm  b3  b«  ab  ba^  ca«  t?"»»  f«i  "pai»  H'»ot»  nb  D-n^  t^td  •ro 
rrmss  ûrî:^i»  b:^m  j^niDa  ca-^^iaa  î-rp^^t  tai-»  ta©  drinut  nwi 
toban  baaa  12:^  N»ba  n-^aa  idn  yn»  -^^^y  nsan  nm  •'d  m^otina 
anm  ta-^nmoi  ynx  ■'d^sd  v^^  tii''abn>3  nb  nnb  130  -o-nb  O"»» 
ynNn  ana  ,  n-^b^r  k-^t:-:  «b-r  «nbttdi  m*»  tsan  t3"»po:^n  nnoîa  nrrra 
rmnn«a  î-rnn  nn»  "«a  i:n2Nn  «b  ib««  «b  'n  '^  n«n  nino 
mîn73  isbnaî  3rn73t373  Tn:^:  ae«73  ««a  matai  t|ia3b  rttnoa  tnaa 
■'aa  -^n:  '•'rbTa  ta-'asiNn»  tii"»aia  riTûm  lîcf^  n:^n  b^  r-mn  ^ 
rrbin  "p^»  i3'^n:i:ti  i:nN  13*^:^00  bo  qpn  irba^  ta^mp  ^Dom 
b3t  -iDpDo  sar  -^opb  13-^aa  Ta-n  la^^ao  ûod3  mon  b-^a^nb  carrb» 
D-^bTbtn  nman  nbij^  O'r^n  nas  "^a  i^b  «3  -^in  p-srnn  nrn  "Osî:  tt» 
a-^iN  tn'ptio  tana  «psa  n^rncD  nxîm  ynca  mn^b  o'^a»  ant  5"»bTn 
n33ia  n»«  .na-^'r^  paaM^Tan  nscjnoTD  nonro'»  -^n  ,Dn^n  fnKb  nan 
b-^anT:  i:ab  imopn  la-'anTO  isia^n'^i  cjoai  'ïit  t|io«b  mat  Ta 
r»Nn  ■'»  npijr  ^1:^73  tsT'  nb"»  n»  -rbisn  n»  rniÉna  •jinn»  crb 
nnb  Danpa  nman  rùy^  in»  y^i  *Dn''N  «a-^  a(Nj(i)nD  'O  na^nncb 
n-c^yî:  inao^^  lï-^ro  byi2  inyizi  nrm^  ^a  ,012^12  t^aat  «mp  o/^ 
liwa  i3"»-i-n3:  mrs*^?:  n-iTîn:  b^  istk:"»  ir«D3  aaittJ'^  li-^ro:?  ^ot 
m  laniNcm  iscip  CB:n  -na  irmbo  "noaN  •taa-^TiDxa  caann  •ir»cp 
T^taa  "jn-^  rv^  b'^aia*'  na  '^^'^y'*  '^  amanna  Dipna  o«  nbiamab 


>  Piov.,  Ti,  15  ;  I  Samuel,  xui,  20. 
»  Ps..  XX.  1. 


LES  MARRANES  DK  PESAHU 


U7 


•^•iKi  inTôïrn  '  û'^oi-îpn  Gn^'^m  ccd:  MT^nnb  n^^-'irr  ûnna  i*» 
O'np  D'^-ï^DW  rp.\x  yiî3*t2b  nï3in  u;d:i  m^nn  '"^rya  DsbD  ii^b^^  -"^a 

ti?3b   ibro    rrbH    b^   ^n  npsi  'nn  dcds  '■•pb»  "»3«bïï  f':nni 
■»t    mnDj   c^^mnm    f  p-iin    ^-.:d«    ^ND^n   e^xbiD  -^naa  --itsh 
y^^îsa  bnna   *  stjit?  nTB3  nvn?3  nnj^:  e«b  la-'ôt  nptnn  Di^finb-^i  am» 

Bib    pnir  Q^E^b   ST^nb  irb  nrns  [i^]73p  nnnn&«  vzi^n  n^^  nn 

|«Q^  Vk  nnan  n^n  '-^pb»  n«T  •'d  ûrr^nisrna  t-^bi^Ta    D'^biSTa  biD^a 
b^nn  t^bT  nn-^Dr^a  s^dsid   d^^i^^^i:  r^   û'^n^TSD    f^miEj   D'^-T'sn 

nnï-ï  'n  ■'in^b  mbî  mwTj  ina:  'na  iD'»?aN"*'i  1:373  b\dd3  iD-^bisn 
^  b«  inx  -iT3È<b  «nj^îs^i  D^p^a  i*j:npb  s^-nnriD   Dib  y^?a»  iTaa 
jj©pi:o  inazûb  ncn:  nb-'j^^n  «b  /-^pbÈ*  v^  rubari  i3"'3-nfit  irw 
^n    m-ii)3n?23  Db-^Dïnb  ùj^^b  i?:'»bj  b-'^ûDnb  n^b  inu:  mpbpbna 

^*îb   ■îp%n?arï   yrn  nnn  osy^cna  -i3-':3Dipb  not^si  nm^n  î^br   Dn» 

ipbi  rnî*  ns:-::  ^isnb   ai«ne   2ms<  nins   mnnn  rnn^*::'^  mnc 

s*»::;   rrbi^  ■'saD  nsn^ab  pmîrn    rrTsb    orrb  m^»3    tom    fiiaa 

5T  tï-  i»i2]  ^D^2   tirôz'û^   ib^^n  •pK?^  3^:21  vn^  laiu:  D^np'îi?? 

^31  D'^:3  DD*»3Db  net*  my^.a?2r!  nstn  r:D-',:?:an  '^i::?  b\a  ï3«n  n*t 

3t3   nrr^î   -id:£:?i  •in?^   n^jm  ^rrins  bi^stb  d"?:^!::   i:?:2n  -in^bin 

fesi  tina  nncn  û-'Nbn  •'^5  bj?  ■'«bn  bbn  npN3  ipi«:  li.nn^  mp^rj 

B-^Jcsîrr   riirb    o?D-i?:b    Dnb  ^rx^   hîn'T^irînn  nc-^nub  rro-^nujn   -^nn 

Bp  PTpb  ^mnpïs  arn  ht  'n  r.s  mn:?;  i3n;i<  -^s  yn^n   n^zT-abi 

^ba  i3-'"CD3  ns*  ni:3?:3   È<b  ht  b.nb  13dd  ^cino:  wb  on-^pT^n  ns'^pbfit 

^  •jrr-'tsiDS  t*<b3-i)D  t-rbDn    ûbirn  a^;j'n  prn  -«lanj  d-'tiîtj   n''T3\ 

rî34<rî  v^"  T"^  i33b?3  isaDïSi  irn?2i  -isrcs  'irn;  i^n-^  ï«bi  lac^  nb 

30?:  b^xnb  bnan  *^i:*^nn2T  D^rns  ascT^n  sipT^b  nD  ^bn  Q't^bin 
KB^brr  rmr  1-122^*'  on  a^cn:  nxnpb  nrcn  djed  D^'^bin  dcîdî 
S5  nbw  [K  man]  nin  can&n  "^x::*m  \3Nn  n:n  Drrb»  mï3N3 
iv^^^  ^D  «in*c  "^b  ncr  n^'ia  tîw'^b  inr»  en»  n^b  ^iDn  nî3N  netts 
cp'i  ^rrrnb  (l.  '■^■^Tiij  rî"*'n«  n?:  ^tJ^b^a  ^bî3  r-^n  t«  /nb  nnsn 
l-f'îb:?^"!  n-ïTîTsn  biarr  u-^n  r-nDTCî:b  Dsn^i  7^'^am  bôïno''  "nDnp 
nbn:  b«  nm-e  on^ss^n  nsDbn-i  iras  nnxs'»  gcd:  nnb^  anbn 

Éi  b'n:in  raiD  n^nrn  .nr.H--  tîb  v-   ^^^^  Diptn  b«  pb  p'«3î« 
aba  nnis'^n  nbND  n^ans  n-^rï;  ut:  çipb-rcrs   mrb  q-^.n  a? 
t-rbM  'nb   nœ-*»  b^bs  nbiJ^  'i:i-^'p':!  ddWt  Dabn  OTsaw'  r«  i^np-'T 

tliob,  lïXTi,  45, 
Ps.,  cxu.  7, 
»  5y»A*/rf«,  7  iT. 


m  REVUE  DEIS  ETUDES  lUIVES 

r-i-^-^NCrî  asïD^T  'rï  e^^^   r*<b  m    D^%n  i^  "î^?:n  nV-s»  ci-^b  '^t 

mEt  ^n-^Tn  na'csm   n«ï;n  -^scb  nn  m^y  «b  -n3«s   '5:'»33b  ^cit 
niDN  n?:D  -inn  n-in«  mn  D^npa  cpbx  ^[o]lTS)t)  -^d  «Vn   ,s-:in2 

Cl  •'^   sn'^nn^b  ::"'3n  Kb   a-^yrinTa  B'^2p5p  «rï:3  ^d  Dn?;ï:2  p2b3 
mpn  t)rfi«::   ib^^i  os  -narn  i^^^b:?  ca  ■'bi«T  -îT^b  trs   is»b  nrrn 
nsa'^  nrî^a  ni;.s*:î  aa^  ^icja  ^ïïbsn"'  pD  -lan-  r^b  ^73  ib  ^^rn  ^r*  •'^ 
'  n^iD  orn  bs  bn  nrnr  ^ri  Esn'^b  ^lê^n  ::-»pœ^  •'t:   nr^^^cn  n^ 
t3B::i  cr:^:m  tn-^*»!^:   tsrî-^irsn  bsb  a^'ai-^i  :i^.nb  □'►:;'î?3  t*::  c:n  n«ii 
Mnj{aj3^j7:b    ['^nsicj    a^Dir;:   do  cnb    !-t;ï:?'"  n?3    -a-ic   «b 
Dbo^    n"»p'»bî«  ■i?2-»'s::''i    û"»s*isi:    ûnai:?   D^m^isn  ^na    "33    n''lb]b'* 
m  '"^D-iy  b&tnc-^  -^n  bD  ^d  ns*«  yiv  n?23  'n  ^:îh3  r?3X   ^t  nr?^ 
bipb  Dip3  rtrT  r^b    Dît    n72C   'n  ".rir-'Dn   niD«    cîo:?:-?  '*:l'^]rb  -f: 
nn^«  -i':5E<  V"*Nn  ir:  Drr-»3^i«73  Qp:nb  D"»''3jn  ''^srsîfn  nb»  np^T 
n'iitr-'  'n  'p  rîLp:"Tns  irb^'   nnbrîb   i:-»mD  c^n»  ns  v»   «^^ 
iri^  nrjia  p-^n  i:;^  rrû:?b  i3b  mbaim  sd-'-i    pô*  ^-^n^  Nini  ir: 
t-n5£:22i  mira  Q"»baiD^n  û'^Dibfct  ir«È«i,  ni  ûnK  ^s    dssh  rr: 
DDr^Nirri  ^:Db  nsir?  31:3  oki  nn'^nar^  t^s'^îTD   D^bi   n-^nn  dd-»c 
nn^T:;  miib  nn  nn^bn  y-i«n  bx  'n  "^^Dt^  V^K''^   r"!-"^b  icr  nw 
D*o    iDtî"^   b«i    •'naj?!   "«ani^    brr    ba    n::?ro    n3«wn   n^rn  nn-^T: 
î-nian    '■'Dïï    ]n73T   p^;Dî3a    ''^^^-î  ^-^r    nmiiz^n  «b  rï::r.,r;îî*.   mns 
n?:î2DD  Trm  lîbn  '^*^.i  -ai^f  bD  i"n£*i  n^'nn  n-s'^n^b  os:i«  ,nu^ 
isna  ^fîH  ï5\H  ^:a  isbsi  bwnïD'^a  '^pbn  v^  •'s  na    -"aor  bD  im 
te5  ûr4«:p  q:^  «ar  '*:3  -in:a  nrai  "^ca  pîjiD  ^n^   ^"^  kîst 
•'bi.H  Dm23^a  n^iNn  nm-ït*  ''d  1*013^1  itt-r^  nrn  ^::3b  ipîn  srî< 
rr^m  bN  rïïD-»  ibn  D3  ^biD*^  n^xrn  tn^T  r-rcrn   r:^2^  'n  r 
.mbci  b«n',i:-'?3i  'n^  u^y^  n^sa  i3n:î<n  n-iNiSzn  na-^bcn  t 


1 

ratî 


nbbx  n?3   bipb    nsn    n^f  d«i  3n53   Dn^^iKb  i:r3  «b  c'ra^r 
nibrî  o-'xn  /«nipTit)  eibisT  «non  tT»''^?''  ^3   "i^^^  ^^25  irrcr 

^D  !-r:t]Ki  ,r;Db  i:b  nvnb  i3^7aip?D  ntî  nfitb7:b  t*3b   rrpib  'l;^-^^x^ 

GDb    'T'^:i"«  ::DCr3   i^nm   bsbs"»    ••'b'^^a    '^nmnîa   irr'^fit    n^bn  £=::r» 

ûibïî   ab  n!:ib7P 


^  Cf.  Ex.,  xxiiï,  il. 

*  I&aie,  t,  t1- 

*  M f plia,  18  «. 


LES  MARRANES  DE  PESAUO 


IV.I 


n 


-*.*2  &^;nt«  'rt  3^  ^n  cs^^i^rn  n^v    "^-iî:»  nst-î^s  rt?3 

i^p   ab  "npn  z^'o^n  nm  nsiT?  ^^r;»   ^d  ir«-i  p  lîrr^  n*i2&«3 
pTS  ^"^ncr  n'^:    V::  n^^n^    ^d-^d    b:f  nt3&*    "ps  ^nma   t3::'b 
aD  iSTp  psiTD  ■'sn.2  t^-'pTH  tri^bj^b  np*'  isn-^  -^:;j?  r:''pns?3n 

pyb  TVù^^n  >'r  D^  b-p  HN-'-ipn  bo  iDH-ip  D3  iDbfi  tis^p^^n^  issïîr 

BIS    bso  ci'i:;!!  î-riyi  bnp  D'^issi  êi:j  2^:pT  3t:;'1?:3    ir?2r  -^sa 

c^^in^  zn^"2i  bî«  im  ^"r^  bz  nsn^b  iiT^b''  i??2b  :n::^n  nô«2 

r-iT  'crnn^c  cshd  niD^-^  Dn^na  ris^  nr:^?:'*^  ns^  znnn  ris^  'nb 

e»  i3-:3r?  i:-^73J'  '^:i'*2H  an  î-r^D:Z'3  B"*^*:n  n^:^3  s'^^cn^^n  z'^r*^'^ 

^nn  "^bn  ^i:Àb  r-rzbr:    Dr^^np  ip*j->   otsuî    cz^n^.nD^^  ^na^ 

1T5TCÎ3  izi3:i  crnnmsD  mnni&«  nncb^  ^s  t»^.-^-)  rrn  inn*'  ribip 

2ît2:2  ip7t"f  1H15''    ■'DDn  n?:.rT  oa  i^sr^i    irr^ria  ib^'^  orr^mnin 

Qcb   •'Di"î  rb-^b^   i^^tî^c  n-^rr?  n**T   -"^  an^^cn  ^"2  [rr;(3:in:?3i 

in?3»  pn^3  vn  p'  ir^^  •*;::£*=?  ^s  nbD  aab  nm:i  n^^n  Gbn?b 

TDb  b!3t3  c23-n  HT  *  [i  7jp:£n    nVob  v'-^'^^  ^'^^^  ^^  G"'"-/.::^ 

n  n^'Tsb    mp-^i    133   p-'Tn''  pi^    'ïr-'    '^^mb-j^djcb    irpbn   'rtb 

û:73ît  bt^îsci  V'^'*  rt:;:  cib  rTn-nz:^')  rrspn  n'.o^?3  b^a  sr^n-iu 

nb  'é-^n^TS?:b  n'^?:c?3  ii7  nne^b  MDlCahn»  p-^nsTs  r;?:''  »b  p  ^^^ 

b«  bD  b7  ^pm  *]in3  ^nn    sts^'^p   b^::  n*^p3   s^r^TKr'^'îi^jSi?^ 

5^«annb  •^-.^    •'^sb   minb   i^m   sn    lE-^cin   ::r?3  s^sn    nmrzrr 

rr:  ii>tt5  bip  isirr  ^ms  pH  •'D  nmnms*  "iitjny*»   tc«  D'':^^jnEbn 

i^T^rî  mD^?3  pr3b  mus»  nnnb  inr::  b-^r  z^3''^\-^s^2  û^t^trî  -'-ini 

-ï?:&t-»  n:'"pbî<  -^pt^i:  D-'icn  ^"ii  ri'Cjb  cn^  'jrrb  z:i2b    d:?L3 

0ipïï2  irn:nD  nrr*    las'pn    nrxbn  -iit»    !-î3iï3n  is?:':3   i;me<T 

r:]  r:  n72ip?3^  nniï?    ^-^rT?:  'j-'t*  Dbi:?3a  Pinin^  nnin  bz  '^s»i 

iJCT^dt:  tvzvTt  p  a^pbî<  "^s^  "w^N  bNc  nt3»si  crx  cnp  •'*:3:« 

r^  bït  rrr^n  t^^m  Dipn  p<^rî  Dzmn  b^  nbnrni  s^ni^b  T*fit 

c*::p3'^  zn  n:«n  ^d  ar^^'iTi  nr:r  nrï'»;^  n^zn  mrn 
nxnttn  P^''3  bx  t*4"»3rîb  ^11373 3  :^r:'^3'»^  i:r3  iDT)p?:n   D3?:t3  n« 


AOJaf .  H7  a. 


■  Job,  \ixvin,  lî». 


J 


70  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

TDnnn  ncN  'pNïi  bD  ••aDio    tii::b  rrb-bn  i"n  bbnnrs  tn'^rse  ai 
rTtt^Nïi  17:  irbN  ^yy^^r,  irn5«  ■'Tan  bip  rrttîibn  ms:?  bipb  ^lo^nn 
t:p3  nra  binn*'  «b  y73i5<  ci-^oi*^  û'^T'  "irra  «brr  i-^n^a  'n  tn^pj  ms 
brn  qo  n»  12b  b«  [iln*'  ••nni  dk^^j  û'^^^sb  nbr  nb-.?  b*:D  tinb:?a  «rr» 
nny  t:a  riTsi  is-ntjai  is-^iqsj?  irn»  i[nl(2£)73  in'û  nby-inn  od  njap 
a-^bcD  ts-^^-^T:  nnpb  mnrî  is'^oin  nat)  br  naï)  iao"n  lao  ib-nsn  ^ 
la-^r::  n^b-^n  mba«i  o»3  ipbn  D'^rcônn  ni):^  q-'STD  b^f  no^  tr» 
ns')"'  bwT  iia-^i  b72:^  rr^T^ïi  ûrrb  n-iprrbi  -niinïib  nBa)b  m^fia  net  "tiba 
t^^b  n:?n  rT:^iî2':57ai  û^^n  "usa  narpn  «b  yn»  itJttna  nwT^i  oc»  tri 
■*5aN  ir)3n5«  byi2  mnïT'  mb:»  -^scb?:  nNT3  rrrr^rin  ab  n5-3n  nb  ^ 
bDi  mpNi  lana  tDnp  "^îax  rr2[D]D[n]«n  [l.  niooi5n73]  rmn'»5ns  ifl 
rrbND  ûni«  r-rrînpn  bx    io'ï?^  l^a   b5«  bnnn  bû3  b«  mp*'  pi 
i:n"^i  D72na   ibK[na]fm)D   niofit  tzs-'n^i:?    ts-'DTa    îs-^a^b»    b«  mra 
rrbKi  it5ci«nm  nw  inaT  nri  nbij^  '"^pb»  tr^aa  •  na^Db  m»  ûrbwb 
•^mn  b»  'n  riN  D'^n['']aT)3n  Dannn  ro  bnan  -pTasb  û^iTm  imp» 
m-inst  -^aab  n:b    >-t72   nn^n  onrîn  ^y    yn»a  ï-mpbn  bbnpn  ts 
b»  onnm  11:?  bTOa73i   on  û'^abirîi  û-^a-îo  •'a  û^rr  ab  n«  D'WDun 
lam  ûmb:^  msr  lo'^oin  iir  ninain  ic-^oin  m)ana:j  iï;->3ïi  itynnn^ 
nTaTn  t|Hï  rr^n^DTa  d'élan  b»  a-in  labnn-^  q»  tD-^p-ia  inbc  nirop 
nan  'ïT'a'^iKa  aps   nc^^b  ^loaarr   ^ora  dïct  by-^  aa  m-i  iRban* 
rrpr    «b    ûaTiirst)  a-HTam  tmanna  r^rm   ^^y'n  ■'acr  n»  Wi 
ma  û-namb  Dn^a-^ban  p  ia-n  m^^r^a  û-^nai  oab  lan  aa  ^3i:n  bai 
is'oy  mnn»  mn  nn^i  ap:^  ibai-^  ba  iiiz^m  •^acin  ta-nr  D'ntJïiD  | 
lara    t:nn    "T^   b:?    taiT^sn   n^a  iiïr^a    in-'i    otié^    m'^na  -.aT^i 
laiia-^    b»  "^a   "^la-^nn    n^:   b^^   taimin  aa^a-^^^a   aïoa    ûin];a;'«b5 
•»T»i    O'^yn^  T'a   p-^mnb  aaaba  'arrri»  ab  n»  iîtci-^  bfin   î-rbcai 
vïT^    1D   pp"'    aba    "^ran   *  [i.  ic^C'']  no:?-^    aa»    by    ma^  -rav 
'n  n»  niarD  -.rr-^ai  i:n:x  [i.  "^a  i"n]  -^ain  ta-'an  aa  ib«a-i  snpiBb 
i^ma  baai  "»rm:ai  -.r-^riaXc^a  N»b  a»  rxta  k:  isisnai  arrrr  55 
no»  ba   bwN   [aa:nby'a   -^rs?  foin  ybns    rrb^ai    rroipa   irr^ 
a'^'^n  15X  aa-^D  by  -^a  mars  aa-DîD  r^ci-m  imïn  nanan  ca  rm 
nc«a  'br-a  ••rcb  ^isinb  rm-^  rrana  ti^  qibrp  aa-^rs  b^  rm  cm 
irîcb  ia-)T   T^ra   vran  s»  .-nirp  'n  •^btd  M'J^rn    i3"otîi  ï-»»« 
iTty^  ma3  «bi    rra-îs  i:n:«  ^-'^^^    lî^njrn    bfi<  caanbîW)  ocw 
irrain  nx  nco    -.p'^rrr    to    -.--^"i  m:n»   ninx   biD"»  «bi  yrfi^ 
Tn»  b»  n»  r-T"-'."'  aa-nn   m^T3*n   bx  ca  nanb  tr»  dni  nb^ 
•ï:'»«P')aT:    rcnb  irbyr  bp-»   nr    as   iryîstîn  b«  ca-nan  i^na^ 
t<bn  yrrc  nr»    ba  i^ia^bi    ta^aa:   ci:yb  p  lî-roDa  m»  b^- 

*  Il  Stm.,  XIV,  T;  Istïe,  iLVii,  !4. 

■  Job,  XXXI,  36. 

»  Job,  xiii,  !  :  ^aP*^  =. 


LES  MAKRANES  DE  PESARO  71 

frt*!i  ïD-n  G-^itjrtT  *]bTzn  -^sM^a  o^^n  ^n  ins  'n  ^5  nain  ?-rT 
|yia'«  in;3ns'*  D^pb»  .oi-ipnb  C'^rm  arj  pn  13?:j  ncs»^  N^b  n'^îs* 
iTrrTînb  [rrliHî©:?    ï-ïpis    ''^s    irsbîSTs    bs^    ts-^ïs-»  T"-!»*^    i^dd   nn 

I  w  -rs»r  bna  117:^1  n^r  bna?3  nrD?:bi  rton^^b  isb  *>n'^i  m^  Di-^rTD 
Inssr  a'^rrb  rr^itss  1*7''  tij^t  iiab  nn©  ^-^tap^D  i3dii3  iï*'*:»'!:^ 
[•là  V[3](w)5fn  ^^T^n  p©3  pnnnb  ^n'^  ti^  ^3^^s^Llb^  la-^nNsCttjnb 
Inn^s^   *^.^H  n«    i5'^D''n   ts^cir    r-rttn    ne**    Drr^b?:?:'    D:rn  ina^iD"^ 

[Vt  i:r52nni  ne*  icd^iq  b:^  :3j?:  i^^^  ih'û  ï-isnn   -imm  t-ntî7b 
-nsH  n?:.ip7:r:  b::s  înb^siD    orîb    ï-in^'ï-n  t-ir3«D  D^n  "^tji^  i73ipt) 

D^nn  D^'-^^H  û-'pnntîts  [i]e^3i  msssnni  mninn  ^s^'^^e'^  bNnian 
-■nrr  «■»»  q:D3  ipnnm  î-r73n5im  [l.  pd'^ii]  tnc-^m  cdiûn  D^nmm 
n;*»;?»  i^^pn  t^n^iz  isr-»  no  ^^  rst^'^nb  nmmcn  t»x:  iisb 
u^ra-^-CTaî:  mT3?b  n*^:?!!  ^''^'n  i3b  n^nn  n«t  ^^noî:  £:^-»i3n  b!3 
'M  b^ian  D^^nm  nn^s»^  ••d  iSTni  m^în  ii3ït?3i  [i.  na^maiHDT:?^] 
n^^  irc  b^  nîDTm  ^rpiDn  -^bn^j  b^'n  r-rr;^3  î-rai  isb  a^mrr  mts:^b 
i3npi  aTDi-'ti  -ii:n  nr^  '[ï-ainl  Dn^^  ns'ip^  î-rb  [K  Nmp*^:)  nnir)© 
nsna  lït^an  ï-iTn  "jsnn  bbisi  ^kt  rr^nn  bst^t^  t^bn  ,rr2?b373 
nimD   B^D*i33i  n'^M  "^scb  mrr^ii  n^'tin   t-r^bs  i:n3J«  d5i  'n  nKt: 

D3^bK  nnrcsn  mnn«3 
O'îb©  DSbi  t33niin  ^aniKb  m  'o  ncDinn 


m 


»  îma-n  y*i»:i  nbfttb   D3  iiai^  nœ»  rma^f^Di  mn  niEip?D  'û 
^nat-*  at373  ^nb  ronttîD  t^b  '•^^7:1373  «?dït3  bpibpn   ûnba  !-i^p 

Ipacf:^  n*::»D  DTs^'b   nîiiû  ^-^srtb  nni:73   Dnb  mnb  ûrr^so  rD:i;o  i?3ï3t 

nb2  ipr^  '':33  ismi  miDn?3^   d:?s:3    '■n^i  ce:   -«nD  dm  D^^n 

,fO  r4b!3  nsb^n  n-iram  nnna  'Tm^w  D'^ma  *bD  bn  ^b^a  ipmm 

rs'cb  nm»^i  tii^m   a^csn  nsiaiî  yi5«  b»  dnis  tt    dt^   nn^tp  "^s 

icn  cnb   a^'-i   2*^*e;  "^3731^3  mn    nrbw  'nb  ■»«"»  •^''^d^'d  rts  -j^n^ 

qywi  ne«o  ibsi-'  m3«s   i^îDia  ossa  wb7n   ipo  nit  nntï  bD   nrc 

t:ip?:rr  b»  «3b  iips^  D'^ts^  3t^?j  "^d  nn?i  i3*^3Eb  ns'^pbt*  pa  nus** 

m-»:.^)»   tonb  i;î<i£?D"*   is^r  I3iii:'n3i  i3ï3p  onp^a    13^03    i-^b»  m:3« 

•pb  rTT'îîi  iiTTan    cnbn  -jd  nns*^  i33n3i  'ibc   dipt)    b»  m-n"» 

ni^rn  in^»   n^-^cn    icê<73   n^piD  ::nti  t^b?^^  '''sx  bn    i3ion    îtb 

bx-.c-^   :?nT    cinp    ^ii   une*    ci  iTç^nn  p   ï-in-^ps    nïîfi*    D^^3-iô*rr 

^J^pfî  b\Hin  m33«ï3  n33tr735  D"^3irn  b^ï^icn   D-»37:m  ■'sn  D'^r^Tsm 

i::ri  nreiD  Ê3d-«nB<  b=>b  iN^nni  es^w  vn»  t^n:£  nnnpb  a'«nm&* 

ttt^rs'i  6tr:^o  bsD  iKbi  n^n   n:^b   î-rnw-^  fasb  ■'D   ::bu:?3D  npisE 


»  H08.,  VI,  8, 


n 


72  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

03  i^nD-»  t33nn  pm  D-»  aba  îrT^3»n  T^n    ■'S  •j-'b-^nn  r^  rnt:f3 

Nit33i  b»  b«  onns  n3n3«  ûbn«  .Dnbtsb  nmab  û"»nb73;i  i3n  ip^tm 

ta©  b'n:n  iitap  ^■»:i't»  csrNn  û5«s3  nnsnsta  y^ao-»  m'»n  r»v3 

:lT»3r  nn-'O  n«  'n  nifia  nbron  bKi  !Tm3t3rt  b»  vnn. 


IV 

^n  nb^D  ':?T3  mnbn  b^  pnonb  n:npb  asOT3  nsri^n  ^i^inT 
in  C:n7D    nr^n    y^vn  Y^   "^^^t»   no»    C:ip73n   b«    ta-rnsn  b« 
Cs-'Dnm  D'^KXT'   ta-'^nn  rn»   cnbb  d-'Tjiîîi  "pNn  w  tnny  trai 
Csrra  D'^'m^rs  ba  ne  nDDNSi  •1:0b  bm»  lopn-»  mna  tnnnD  û'cv 
■»D  1^  *  i"»^  cinnn  û^N^T^i  D'»[D](o)'in3  n^am  nr-rnb  i3''b«  n«3"»  'O 
'^:in  t^y  ■♦ocn  t3'^:^-i:^'i  nbob  ûpDO  n^biab  N*t573  labTa    bDi3  Ni 
nD-»  V^^  l^i^^T  l'T'  ri«  V'iBp''  tsjb  ^37353  «•'Nîi  '♦D  û:n  ÛT3  ûnw 
'•'«n  ir*'  in-^n  lin  bD  dn  î-ït  i^y^iD')^  nia  ■♦DroN  -^briTan  -^éws»  h» 
t3N  rTTD3^3  n73  nstiSNi  1N5  ''rrDS  ■'0''D3n  ""^-iNn  n»  ^■»3idî3  inoipn 
'•»ia-»72n  •3533  bD  ^3^  ûNiD  bn^M  «bn  ,Nab  D^b  D-^an^n  t|03  ob« 
ûnbtcb  nn?3b  o-^sts  anrn  '•'bm  o-^  "^d  êni  -^a©  ■i3n''  "j-nan  wr:in 
■»''3Tb  DPN  d3n  iNX  n^np   3b  nT:*'©  p  b^  ib^i^  bn  rra-'TTa  inttn 
namo'^  -^bD  b»  -^b^î:  ip-iin  ntûN  ■'bmai  ■♦"n^Ta  '^33  rrbsb  nta^b  'n 
rr373  T«:53^    t3r>'^3'^rn  arjm  'bnp   n^np  tar  iddn  d''n3T   C:"»^3  n*'? 
yen  inbiD  r-i7a  t^'^3'»  nb    a-^ns   b^    idn  iDNn   n^îx  n»  mtnîi 
rrT's  ta-^nriNb    cinai  ^mb  m-'X   c:nb  i-^^nb    n3''b^tt   bp"»  ""bi» 
iTD'^iD'^i  î-ï73-n  yn«a    dn    ^^^123  n^Si^    d"»"'3T   ♦î-r^nn  «533b  y)V 
mm  D3^n  bnb  nn   bnr   dnb  t^nn  •'Ta   nc^K  irT»    ûït^3b  n^aa 
Diab  "^n*^  t^3   bN  .û'^^sn-'n   D3^n  bnb   .'-ra-n^n   p-^îtr  a^^an  ûéo 
•nttJKn  nn:ib-i  ''::3«Ti''bn  -inb-'  î-rb»   "^d  inTa    mannbi    5i''Dnnb    t<ntb 
inn^n    r^3  bN  no-^-^Tb   r^OTa   drib  nmb  iKin'»  «b  î-r73«n    nfiCfcr'' 
■'D  nnstt  û'''»23:Nb  dri-'o»  t^3:m  iT^mm  -nn^a  'n  •'Dnnn  ^nt  n3n» 
rrpnstn  m^c^yn   rr^nn  /ïï5ï:3   ^-^n^  i^^n  n-'b-i  ^nb   n^-nat  inron 
nonTa   •i3b-i   d^b   T^^n    m-^nb   û-^TaoniD    dD-^a»  l'^m    D5'^3"*3   'nbo 

:'ib;an   T»bK  d'^n'^npn  bDi   mnot:^ 


»  Cf.  BrUll,  Jahrbncher,  VIII,  154,  note  2. 

*  Berack.,  3  a. 

»  Joél,  II,  16.   , 

♦  Gen.,  xLvi,  26. 

5  Berach,,  40  «,  3. 


LES  NÉGOCIANTS  JUIFS  A  MARSEILLE 


AD  MILIEU  DU  lUT  SIÈCLE 


B  M,  Louis  Blancard,  le  savant  et  excellent  archiviste  en  chef  du 
d*^partenieiit  des  Bauches-du-Rhone.  à  Marseille,  a  publié  des  do- 
cuments sur  le  coniinerce  de  Marseille  qui  sont  du  pkis  haut  int(^- 
rét  S  et  où  se  rencontrent  d'assez  nombreux  renseignements  sur  le 
commerce  des  Juifs  de  Marseille. 

^     Ces  documents  comprennent  : 

H     1**  Les  opi'rations  commerciales  d'une  puissante  famille  de  né- 

■  gociants  marseillais,  la  famille  des  Manduel,  allant  de  Tan  1200  à 

"  l'an  1260  [tome  P%  p.  1  â  258). 

2p  Les  notules  commerciales  du  notaire  Amalric,  allant  du  13 
mars  au  20  juillet  1248  (tome  P%  p.  261,  à  tome  fl,  p.  1  à  367). 

3^  Les  commandites  commerciales  des  Béguines  de  Roubaud, 
congré^anistes  marseillaises,  années  1280  à  1289  (tome  II,  p.  311 
à  383). 

Ié-»  Pièces  diverses,  1249  à  1299  (  t,  II,  p.  387  à  fin). 
Nous  commençons  pardonner  ici  la  liste  des  Juifs  mentionnés 
dans  ces  documents,  avec  Tindication  des  opérations  commerciales 
oa  autres  qu'ils  font  ou  auxquelles  ils  sont  mêlés.  Ces  opéra- 
Hons    commerciales  consistent  presque  toujours  en  une   com- 
mande donnée  ou  reçue  en  marchandises  (épices,  denrées,  espèces 
monnayées)  à  faire  valoir  dans  un  port  étranger.  Le  commandi- 
taire reçoit  généralement  les  trois  quarts  dn  bénéfice. 
Nous  omettons,  dans  la  liste  qui  suit,  les  noms  des  chrétiens 
opèrent  avec  les  Juifs,  tous  les  noms  de  cette  liste  sont  des 


*  Doeununtt  inéditt  sur  le  eommtrfe  da  M^^ffUlc  au  moyen  â§*  /   tome  I*',  Mar- 
lie,  !8R4,  in-8»  de  %h'kil  p.  ;  tome  II,  Marseille,  18S5,  in-8"  4©  512  p.  La  tibic 

hnalyt^ue  des  matières  [noms  de  litîux  el  de  personnes,  marchaiidises  «  oiTlreu)  o'a 

Ipta  encore  été  publiée. 


U  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

noms  de  Juii's,  sauf  dans  les  cas  où  nous  avertissons  qa*il  n'en 
est  pas  ainsi. 

Ahrahim  fils  de  Bolpkaraig.  Reçoit  une  commande  en  espèces  pour 
Messine;  il  est  cautionné  par  sa  mère  Astrugue.  49  avril  4235  (188, 
n«  64).  —  P:  226,  son  nom  est  écrit  Abram  fils  de  Bulfaraich.  —  P. 287, 
Abraam  lils  de  Bolfoang.  —  Abrahim  fils  de  Boforact,  de  Bougie,  par 
riutermédiairo  de  Bonafoux  fils  de  Carcause  *,  de  Marseille,  paie  une 
dette  à  Mayraon,  de  Saragosse,  28  juillet  4248  {II  307,  n»  4025).  Le 
nom  du  père  est  évidemment  Aboul  Faradj. 

Ansaret  fils  d' Abraham.  Fait  une  commande  en  clous  de  girofle  à 
Crescas  Ferrusol  fils  de  Jacob  Fenrusol,  pour  Bougie,  28  avril  1Î48 
(II  MO.  no  613). 

Astruc  Cordier,  Fait  une  commande  en  clous  de  girofle  à  Bonjusas 
fils  de  Salomon  Ferrusol,  pour  Bougie,  22  avril  4248  (II 402,  n^'SOS). 

Astruc  MaureL  Voir  Jacob  fils  d'Astruc  Maurel.  Serait-U  le  même 
qu'Astruc  fils  de  Samuel,  qui  suit? 

Astruc  (et  aussi  Astruguet)  fils  de  Samuel.  Beçoit  une  commande  en 
tartre,  de  Vidalet  fils  de  Mossé,  pour  Bougie,  22  mars  4248  (1346, 
n**  125).  —  Reçoit  une  commande  en  tartre  et  clous  de  girofle,  pour 
Bougie,  40'  avril  4248  (II 402,  n®  344);  il  est  cautionné  par  Jacob  fils 
a  Guersi  Hominis  ».  Le  notaire  a  évidemment  transcrit  de  cette 
façon  le  nom  hébreu  de  Gersom,  prononcé  Guersome,  qu'il  a  pris 
pour  Guers  Homme.  Son  erreur  vient  peut-être  de  ce  qu'il  y  avait 
des  chrétiens  nommés  Guers  (II  274). 

Astrugue,  mère  d'Abrahim  Bolpharaig.  Voir  ce  nom. 

Astrugue  femme  de  feu  Bonaventure.  Voir  Bonafoux  Cressent. 

Astruguet,  Voir  Astruc. 

Belassenco,  de  Palerme.  Fait  une  commande  en  pacotille  d'usage, 
49  mars  1248  (1 289,  n®  66).  La  commande  est  probablement  pour  Mes- 
sine, voir  no  G7. 

Benaciat  fils  de  Bon  fils  de  Tourtes  [de  Turribus].  Reçoit  une  com- 
mande en  safran,  pour  Acre,  6  avril  4248  (II 46,  no  388). 

Bernard  Bonafoux  (juif?).  Voir  1 2» 3,  n^  432. 

Bonafotix  fds  de  feu  Cressent  (et  aussi  Creissent)  et  Bonedam  (ou 
Bonedonne;  Bonadomina,  Bonadona)   sa  femme.   Donnent  hypo* 
thèque,  pour  valeur  reçue  en  blé,  sur  une  maison  leur  appartenan* 
et  sise  à  Marseille;  un  des  confronts  est  Bonisac  fils  de  feu  Bonda^ 
vid  Gros  ;  les  deux  autres  confronts  sont  les  chrétiens  Raymoa^^ 
Roux  de  Saint-Martin  et  Guillaume  Bocher  ;  2  avril  4235  (1 81 ,  n«  57)  • 
—  Les  mômes  et  leur  fille  Mayroua  s'engagent  solidairement  poi^^ 
une  dette,  valeur  reçue  en  blé,  et  donnent  en  hypothèque  leur  m*^ 
son,  «  slare  nostrum  »,  située  dans  la  Juiverie  (rua  judayca)  de   ^ 
ville  inférieure  de  Marseille,  ayant  les  confronts  nommés  précédeï^ 
ment,  plus  le  juif  Sauve;  plus,  une  autre  maison  située  dans 

*  Voir  lo  nom  de  Caracause,  dans  Les  Juifi  de  Carpentrat,  Benuê,  Xll,  p.  41  - 


LES  NÉGOCIANTS  JITIFS  A  MARSEILLE  AD  XFl-  SIÈCLE  Tîi 

rerje  de  la  ville  ^piscopale  do  Marseille,  ayant  ponr  confronts 
ive  de  Tourves,  Astrugue  femme  de  Bonaventure,  la  rue  ;  plus 
une  vigne  située  près  du  jardin  de  FévÔquc  et  ayant  pour  coufrools 
des  chrétieDS  ;  13  avril  1255  (I  85,  n''  €0).  —  Le  curateur  (chrétien)  de 
la  succession  des  époux  Bouafoux  est  condamné  à  payer  les  deux 
sommes  ci-dessus,  ensemble  60  L  de  royaux  coronals,  et  à  pro* 
duire,  ù  cet  effet,  l'invenlaire  de  la  succession.  30  mars  ii6Q  (I  U4, 
II*  M3).  —  Bcrenger  de  Treis,  clievalier  (clirélien).  possède  lo  cens 
indivis  sur  une  maison  située  dans  la  ville  de  la  vicomlé  de  Mar- 
seille, dans  la  Juiverie  (Jusataria)  et  ayant  appartenu  à  feu  Bona- 
foux  Cressent;  confronts,  Da%'in  fils  de  feu  Abram,  Bontsac  fils  de 
Davin  (aussi  Bondaviu,  plus  haut]  Gros,  et  de  deux  côtés,  la  rue  ; 
^^avril  il53  {lis?.  nM5l). 
"  Bonafùux  Boc  fils  de  fers  Asiruc.  Fait  une  commande  en  corail,  pour 
Bougie,  34  avril  1248  (II  111»  n<*  59<).  —  Fait  une  commande  en  clous 
de  girolle  ù  Bonisac  Ferrusol  lîls  de  feu  Bonjudas,  pour  Majorque  et 
la  Barbarie,  27  mai  1248  (Il  2ûi,  n'^  807). 

Bonafoux  fils  de  feu  Vital  dû  Tourtes.  Fait  une  commande  en  paco- 
tille d\i$age»  pour  Pise»  8  avril  1248  (Il  29,  n^  445),  —  Fait  une  com- 
mande en  safran  à  Léonet  Ferrusol  tils  de  Salomon  Ferrusol.  pour 
Bougie,  Î8  avril  1248  (Il  121 ,  u'^  618).  —  Reçoit  de  Josepli  fils  de  Corn- 
prat  une  commande  en  pacolille  d'usage,  pour  Valence,  29  avril  1îi8 
(II 426,  n**  ÔÎ81»  —  Reçoit  une  commande  en  pacolille  d'usage  pour 
Vaience,  4  mai  (248  (II,  133,  n^  647).  —  Reroit,  en  société  avec  Bonen- 
faut  ûls  de  feu  Jacob,  une  commande  en  aspic  et  scammonéCi  de 
Bonisac  Ferrier»  par  Valence,  8  mai  i24S  \l{  138,  n*  6o8).  —  Reçoit, 
avec  le  même,  de  Salvago  [Sauvage  1]  fils  de  feu  Salomon»  une  com- 
mande eu  pacotille  d'usage»  pour  Valence,  8  mai  Min  (I1 139,  n'^  Ciu9). 
—  Reçoit,  en  socielo  avec  liuoeûfont  lils  de  feu  Jacob  et  Bonsignour 
fils  d'Aslruc,  citoyetis  de  Marseille  comme  lui,  une  commande  en 
souïre»  d'un  changeur  chrétien  et  de  BoDoal  fils  de  Bonfils,  pour  Va- 
lence, 8  mai  1248  (Il  14(5,  n^  683).  —  Reçoit,  avec  les  mûmes,  une 
commande  en  camphre  et  musc^  une  commande  en  cumin  et  mara- 
bolins,  une  commande  en  pacotille  d'usage  de  Crestin  fils  de  Bousi- 
guour  Montcil,  une  commande  en  pacolille  d'usage  do  Jacob  lils  de 
feu  Aslruc  Maurel,  uoe  commande  eu  cardamone  et  réglisse,  le  tout 
jwur  Valence,  8  mai  I  248  «U  1  47,  u«  686  ;  lort,  n»  687  ;  1 52,  n^*  sy3,  604  ; 
liia,  U**»  695  et  696).—  Reçoir,  avec  les  mûmes,  une  commamie  eu  pa- 
cotille d'usage  et  une  cominandc  en  gaianga,  borax  et  rhubarbe, 
paur  Valence,  1i  mai  1248  (Il  157,  n*»*  704  et  765;.  —  Reçoit,  avec  les 
méoies,  une  commande  eu  galles»  safran  et  autres  marchandises 
d'usage,  pour  Valence,  22  mai  1248  [Il  181,  n-  759).  —  Un  acic  d'as- 
saciation  entre  ces  Uois  personnes,  pour  ce  voyage  de  Valence,  est 
Areê^é  le  8  mai  lîtS  (Il  153,  n*^  6t>7). 

Bonafaux  fils  de  Carcause^  \  un  Ahralum. 
^^ondatid    (et   aussi  Mondatin  et    Dawi)  (iros,    voir   Bonafoux 
Cressenl» 


76  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Bonedonne.  Voir  Bonafoux  Cressent. 

Banenfant  fils  de  feu  Jacob.  Voir  Bonafoux  Vital  de  Tourves. 

Btmet^  médecin.  Voir  Bon-nom. 

Bonfils,  VoirBonnat. 

Bonfils  fils  de  Da[vin1].  Fait  une  commande  en  coton  avec  remploi 
en  cire,  pour  Geuta,  43  mars  4«48  (1 261,  n*  4). 

Bonfils  fils  de  feu  Durand  Abram,  Fait  une  commande  à  Joseph  fils 
de  feu  Mossé  de  Palerme,  pour  Bougie,  27  avril  4248  (II 444,  n»  599). 

Bonfils  a  de  Viridario  ».  Voir  Bonsignour  Monteil. 

Boniac  Femisol.  Est  le  même  que  Bonisac  Ferrusol. 

Bonisac  fils  d'Abraham,  Voir  Bon-nom. 

Bonisac  fils  de  Bondavid  Gros,  Voir  Bonafoux  Cressent. 

Bonisac  Ferrier,  Voir  Bonafoux  Vital  de  Tourves.  —  Fait  une  com- 
mande de  safran  à  Modafar  fils  de  feu  Bonasse  [pour  Bonasser?), 
pour  Bougie,  27  avril  1248  (II 443.  n«  694). 

Bonisac  Ferrusol  fils  de  feu  Bonjudas.  Voir  Bonafoux  Boc.  —  Reçoit 
une  commande  en  toiles,  pour  Majorque,  et,  de  là,  pour  Alger  et 
Tenès,  27  mai  4248  (II  205,  n«  810).  —  Reçoit,  pour  Majorque,  une 
commande  de  pacotille  d'usage,  une  commande  de  bois  de  brésil  ô^ 
noix  muscades,  27  et  28  mai  4248  (II  206,  n»»  844  et  845). 

Bonisac  Ferrusol  fils  de  feu  Bonisac.  Fait  une  commande  de  tartr* 
à  Crescas  Ferrusol,  pour  Bougie,  43  avril  4248  (II  55,  n^  474). 

Bonisac  fils  de  Bonisac.  Accepte,  de  concert  avec  un  chrétien,  xf^ 
arbitrage  sur  le  prix  de  5  quintaux  d'encens  et  un  dépôt  de  denier^» 
22  (OU  plutôt  24)  mars  4248  (I  322,  n«  4  39). 

Bonisac  fils  de  feu  Naguet.  Doit  payer  30  1.  empruntées  par  so:^^ 
père,  45  avril  4248  (II  76,  n<>  548^  —  Cautionne  un  emprunteur  chré- — 
tien  (II 475,  n*  748). 

Bonjudas  de  Montpellier.  Promet,  le  45  sept.  4278,  de  rembourser  ^ 
Ferrier  Liautaud  (chrétien),  citoyen  de  Marseille,  après  son  retour  ^ 
Montpellier,  47  1.  de  melgoriens  que  L.  lui  avait  prêtées  à  Rome  poii-  "* 
payer  [les  droits  de  chancellerie  d']  un  privilège  pontifical  accord-^ 
autrefois  aux  Juifs  de  Montpellier  (II  446,  n«  47). 

Bonjudas  fils  de  Pesât.  Reçoit  une  commande  en  espèces  à  faire  va-" 
loir  à  Oran  et  Tlemcen,  24  déc.  4227  (1  2'2,  n°  47).  —  A  reçu  autrefo^^ 
une  commande  en  étain  (slagni)  et  en  tartre;  doit  payer,  avec  \^^ 
intérêts,  47  avril  4238  (1 122,  n°  84). 

Bonjusas  fils  de  feu  Salomon  Ferrusol.  Voir  Astruc  Cordier.  —  I^^^  ' 
çoit,  de  Jacques  fils  de  feu  Astruc  Maurel,  une  commande  en  safrt^  ^^ 
pour  Bougie,  22  avril  1248  (11403,  n"  592).  —  Reçoit  de  Sauve,  fî  ^ 
de  feu  Jacar,  une  commande  en  safran,  pour  Bougie,  24  avril  42  -^ 
(II 410,  no  586).  ^ 

Bonnat  fils  de  Bonfils.  Voir  Bonafoux  Vital  de  Tourves.  —  Rerc^  ^ 
une  commande  d'amenlans,  pour  Acre,  8  avril  4248  (II 27.  n"  444). 

Bon-nom  fils  de  feu  Vital  Castelnau  (de  Castronovo).  Fait,  de  coi^^' 
cert  avec  Bonet,  médecin,  et  Bonisac,  une  commande  en  tarins  (^ 


LES  NKGOCUNTS  IL  IFS  A  MARSEILLE  AU  XIII*  SIÈCLE 


77 


Sicile,  pour  la  Slcilo,  3f  mars  1248  (l  392,  n*»  3U),  —  Prèle  40  1.  lour- 
uois,  <3  juin  1248  (II  137,  n^*  8g3  et  884). 

Bonsignour  fils  d'Asiruc.  Voir  Bonafoux  Vital  de  Tourves, 

Bansiptour  fils  de  feu  Bonjudas  Denprofaç,  Fait  un  prôt,  i\  février 
1285  (H  423,  n"  23).  L'acte  est  dressé  dans  la  maisoo  de  ÎJieulusaï, 
médecin. 

Bomit/nour  de  Monieil^  héritier  de  feu  Abraham  Moûteil,  sou  frère 
[plus  îoiQ,  Abrah.  M,  est  désigûé  comme  son  père].  Donne  quittance 
pour  un  prêt  fait  par  le  défunt»  capital  et  intérêts,  9  juillet  4  248 
^11  27i,  n*'  963).  —  Restitue  divers  actes  à  un  débiteur  de  son  p*^re 
Abraham  Moûteil,  même  date  (II  ÏT^,  n'^  964),  Bonâls  de  «  Viridario  v 
est  nomme,  dans  celle  pièce»  comme  arbitre.  —  Est  père  de  Grestia 
—  Voir  Grescas  fils  de  Bonsignour  de  Montélimart* 

Causida  cet  aussi,  mais  probablement  par  erreur,  Caufida).  Voir 
David  Pesât. 

Cresc  fils  dÀslruc  de  Carpentras.  d'Avignon.  Prèle  80  1.  de  raimon- 
dins,  4  2  mai  4  248  (II  164,  a"  746). 

Cres[cas]  fils  de  Bonsignour  de  Moniilimari,  Fait  une  commande  en 
pacotille  d*usage  à  Joseph  fils  de  Mossc  de  Palerme,  pour  Bougie, 
23  avril  4!4h  (II  f06,  n»  57S).  Il  n'est  pas  impossible  que  ce  person- 
nage soit  le  même  que  Crestin  (peut-être  plutôt  Crescin),  et  qu'au 
lieu  de  Bonsignour  de  Moutélimart  il  faille  lire  Bonsignour  de 
MonteiL 

Crescas  Ferrusol  fils  de  Jacob  FerrusoL  Reçoit  une  commande  de 
sc^mmonée,  pour  Bougie,  13  avril  4  248  (il  o4,  n^  466).—  Voir  Ansaret 
et  Bonisac  Ferrusol. 
^  Crestin  fils  de  Bonsignour  Monteil.  Voir  Bonafoux  Vital  de  Tourves 

l  Crescas  hls  de  Bonsignour  de  Monlélimart. 

Daisona^  femme  de  Saiomon  Ferrusol,  et  son  fils  FerrusoL  Becoivent 
un  prôt  à  rembourser  dans  un  mois,  si,  à  cette  époque,  Saiomon 
Ferrusol  est  de  retour,  26  octobre  1234;  sentence  du  27  nov.  1263, 
qui  proroge  Féchéancc  jusqu'à  Poque  4264  (I  79,  n"  5o). 

David  fils  de  Pesai.  Reçoit  une  commande  pour  Geuta  ;  sa  femme 
Causida  donne  garantie  avec  lui  ;  49  mai  1233  (1  50,  n**  37). 

Datin  fils  de  feu  Abraham.  Voir  Bonafoux  Cressent. 

Davin  Gros,  Identique  a  Boudavid  Gros. 

Davin  fils  de  feu  Jucep  (—  Joseph).  Au  répertoire,  1,  p,  228. 

Dieulosal^  médecin.  Voir  Bonsignour  Bonjudas  Deuprofag. 

Ferrusol,  Voir  Daisona. 
^Ferrusol,  Voir  Bonjudas,  Bonisac,  Jacobj  Léonel,  Saiomon. 

Jaeoè  fils  de  feu  Aslruc  MaureL  Voir  Bonafoux  Vital  de  Tourves, 
Boûjusas  Ferrusol  (oij  il  est  appelé  Jacques). 

Jacob  Ferrusol,  Voir  Ansaret. 

Jacob  fils  de  Qersom.  Voir  Astruc  lils  de  Samuel» 
[Jacques,  Voir  Jacob  fils  d'Astruc  Maurel. 
Ijùseph,  Voir  Jnceph, 


7^  RKVUE  DES  KTUDES  ICUVES 

Joseph,  juif.  Dans  une  liste  de  débiteurs  du  24  juillet  4S4S  (II 342). 
Est-il  identique  au  suivant  V 

Joseph  Juzieu  (=  juif)  fiis  de  Mossi  (et  feu  Mossé)  de  PaUrme.  Reçoit 
une  commande  de  pacotille  d'usage  pour  Bougie,  44  avril  1248  (II 68, 
n®  499).  —  Reçoit  une  commande  de  Vital  Négrel  fils  de  feu  Sauve, 
pour  Bougie,  même  date  (II  69,  n^  500).  -  Voir  Bonfils  fils  de  Dvrand 
Abram ,  et  Grescas  fils  de  Bonsignour.  —  Reçoit  une  commande 
en  soie  et  en  miilarès  d'argent  pour  Bougie,  27  avril  4248  (II  44i, 
n®  598).  —  Reçoit  de  Mossé  Alessandry  une  lettre  de  cbange  pour 
Bougie  et  autres  ports,  8  mai  4248  (II 437,  n<>  657). 

Juceph  (et  Joseph)  fils  de  Comprat.  Voir  Bonafoux  Vital  de  Tounes, 
Léonet  Ferrusol,  Salomon  Ferrusol. 

Léonet  Ferrusol  fils  d$  Salomon  Ferrusol.  Reçoit  une  commande  en 
peaux,  pour  Bougie.  27  avril  4248  (II  46,  n^  603).  —  Voir  Bonafoux 
Vital  de  Tourves.  —  Reçoit  une  commande  en  safran,  pour  Bougie; 
cautionné  par  son  père  ;  28  avril  4248  (II 422,  n"  624).  —  Reçoit  une 
commande  de  concert  avec  Joseph  Comprat  ;  cautionné  par  sou  père; 
2  juin  4255  (I  205,  nM26). 

Maymon  de  Saragosse.  Voir  Abrahim. 

Mayrona  (et  Mairona  ;  et  aussi  Mairana).  Voir  Bonafoux  Crcssent. 
—  Une  vigne  qui  lui  a  appartenu  valant  35  1.  de  royaux  coronals, 
14  sept.  4239  (li47,  n«  445). 

Medafor  fils  de  feu  Bonasse  (Bon-Asser  ?).  Reçoit  une  commande  en 
tartre,  pour  Bougie,  24  avril  4248  (II  107,  n*»581).  Voir  BonisacFer- 
rier.  —  Reçoit  de  Salomonet  fils  de  Sauve  une  commande  eu  clous 
de  girofle  et  en  miilarès  d*argent,  pour  Bougie,  27  avril  4248  (IHU, 
n"  597.\  Son  nom  est  aussi  écrit  Modafar. 

Mossé  d'Accon  [Acre],  ciloyeu  de  Marseille.  Fait  une  commande  en 
capes  de  Metz,  pour  la  Sicile  ;  déclare  que  Salomon,  fils  de  Mossé  de 
Palerme,  est  associé  dans  l'entreprise  ;  23  avril  1248  (II  405,  n»  576). 

Mossé  Alessandry,  Voir  Joseph  Juzieu. 

Mossé  fils  dWslruc.  Fait  une  commande  en  espèces  pour  Acre, 
22  mars  li;8  1,1317,  n®  \H], 

Mossé  Clari  (et  aussi  Musa  de  Clari],  probablement  pas  juif?  1 32î, 
IV'  438;  II  15,  n'>  384. 

Mossé  de  Palerme.  Père  de  Joseph  et  de  Salomon. 

Pesât.  Père  de  Boujuda  et  de  David. 

Profaci  fils  de  feu  Mossé.  Fait  une  commande  en  j)acolille  d*usage 
pour  Atre,  24  mars  424n  (I  3iî,  n^^  440).  —  Fait  une  commande  en 
espèces,  pour  Acre,  3o  mars  1248  (I  378,  n«  277\ 

Himou^.  Voir  Sauve. 

SaloMvn  Fermssol.  citoyen  de  Marseille  J  234).  —  Voir  Astruc  Cor- 
dier  et  Léonet.  —  Père  de  Bonjusas  et  de  Léonet.  —  A  une  créance 
pour  poaux  de  mouton  vendues  par  lui,  47  juin  4248  vH  242,  n®  892). 

Salomon  fils  de  Mossé  de  Palerme.  Fait  une  commande  en  espèces, 
pour  Mo:isine,  4  9  mars  4248  s\  ^^^y  ^"^  ^^  •  —  Voir  Mossé  d'Accon. 

Salomonet  fils  de  Saute.  Voir  Medafur. 


LES  NliGOCJANTS  JUJFS  A  MARSEtLLB  AU  XHI*  SIÈCLE  7^ 

mlvaffo  fils  de  fsu  Salonion,  Voir  Bonafoux  Vital  de  Tourves. 

■     Saute,  Voir  BonafoiuL  Vital  de  Tourves. 
Saute  fils  de  Davîn*  Fail  une  commaûde  na  pocutille  choisie  et  00 
corail,  pour  Alexandrie,  1«f  juin  «278  (II  4tt),  n«»  \h). 
Sauve  fils  de  feu  Jacar.  Voir  Boûjusas  Fer  ru  sol. 
Saute  Rimous  \  citoyen  de  Marseille,  fiU  de  Daviii  Rimons.   Fait 
itine  commaûde  eu  amandes  ei  en  espèces  pour  la  Sicile  et  Acre, 
8  mars  «278  (11415,  n*»  \h). 
Sauve  de  Tourtes,  Voir  Bonafoux  Cressent. 
Vidal  (et  aussi  Vilal)  Négrel  fils  de  feu  Saute,  Fail  une  commoodtî 
en  pacotille  d*asage  pour  Acre,  \2  mars  lUB  (l  2m9,  n*  05).  —  Voir 
Joseph  Juzieu.  —  Reçoit  une  promesse  de  payement  sur  des  mar* 
haudises  venant,  à  ce  qu'il  semble,  de  Geula,  48  mai  15848  (II  1G9, 
^  732;. 
Vidalel  fils  de  Mossé,  Voir  Astruc  fils  de  SumueL 

Ces  notes  peuvent  donner  lieu  à  un  grand  nombre  d'observations 
ÎBÏ  de  comparaisons.  Nous  remarquons,  commi*  principalement 
f Intéressants,  les  points  suivants  ; 

L  Les  Juifs  opèrent  entre  eux  ou  avec  des  chrétiens  ;  ils  Ibnt 

[des  commandes  à  des  chrétiens  ou  en  reçoivent  d'eux  ;  ils  font  des 

pr«>ts  à  des  chrétiens  et  plus  souvent  encore  ils  en  reçoivent  d'eux* 

Le  nombre  des  commandes  faites  par  les  Juifs  est  à  peu  près  égal 

au  nombre  des  commandes  qu  ils  reçoivent. 

2.  lis  font  le  commerce  maritime,  et  se  transportent»  pour  cet 

^     objet,  dans  les  ports  étrangers. 

K  3.  Les  localités  avec  lesquelles  ils  font  le  commerce  sont:  Alexan- 
Bflrie,  Acre,  Alger,  la  Barbarie  eu  général,  Bougie,  Ceuta,  Major- 
Bque,  Messine,  Oran,  Pise,  la  Sicile,  Tenès,  Tleracen  et  Valence. 
Hz^es  relations  paraissent  surtout  fréquentes  avec  Bougie,  puis, 
Hpiaîs  à  un  moindre  degré,  avec  Acre  et  Valence.  Nous  avons 
^compté  les  voyages  maritimes  faits  par  des  Juifs,  il  y  en  a  11  pour 
Bougie,  2  pour  Acre,  I  seul,  mais  trc^s  important,'  pour  Valence; 
^m\è  1  pour  Alger  et  Tenès,  1  pour  Ceuta,  1  pour  Majorque,  2  pour 
lessine,  1  pour  Oran,  et  1  i>our  Tlemcen. 

4.  Les  marchandises  avec  lesquelles  ils  font  le  commerce  sont, 

>utre  les  espèces  monnayées  et  les  iiacotilles  d'usage,  Taspic,  le 

Ma  de  brésil,  les  clous  de  girofle,  les  capes  de  Metii,  le  coton,  le 

&umin,  Fencens^  Tétain,  la  galanga,  les  galles,  le  safran,  la  scam- 

aonée,  le  soufre,  le  tartre.  Un  des  Juifs,  Bonalbux  Cressent,  parait 

le  commerce  des  blés. 

«  G*e6t  probiblemcuL  a  lort  que  nous  Avions  idenlilié  ce  noo»  avec  f  hébreu  f^sn 
**-Ti#.  XIV,  25L  Kimoua  i'ëcrit  m  ht'breu  O^TTH*  voir  QMmt»,  IV,  <i«,  Mowc  lii- 
B,  de  Majorque  • 


80  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

5.  Ils  ne  font  presque  pas  d'opérations  de  prêts,  et  quand  ils  en 
font,  ils  sont  plutôt  emprunteurs  que  prêteurs.  Les  chrétiens,  aa 
contraire,  font  des  prêts  fréquents,  qui,  ordinairement,  et  par 
crainte  des  canons  de  Téglise,  sont  ou  prétendent  être  gratuits 
(199,  140,  etc.).  Souvent  aussi,  dans  ces  prêts,  il  est  question d'iui 
intérêt  qui,  il  est  vrai,  peut  être  assimilé,  à  ce  qu'il  nous  semble, 
à  une  sorte  de  bénéfice  sur  des  opérations  commerciales  (I,  p.  125, 
170,  193,  194,  etc.).  Cet  intérêt  est  rarement  indiqué  avec  préci- 
sion ;  dans  un  cas  où  nous  pouvons  le  calculer,  il  est,  pour  un  prêt 
de  quelques  mois,  de  76  1.  5  s.  pour  un  prêt  de  100  l.  (1 208).  Ces 
prêts  étaient  garantis  par  des  gages  manuels  qui,  à  défaut  de  paye- 
ment delà  dette,  étaient  vendus  au  profit  du  prêteur  (1213-14). 
C'est  exactement  le  procédé  suivi  par  les  Juifs  (et  sûrement  par 
tous  les  autres  prêteurs)  au  moyen  âge. 

6.  Le  commerce  des  esclaves,  qu*on  reproche  si  souvent  aux 
Juifs  du  moyen  âge,  est  parfaitement  pratiqué  par  les  chrétiens 
sur  les  esclaves  sarrazins  et  sarrazines*.  Nous  avons  trouvé, 
dans  Touvrage  de  M.  Blancard,  sept  cas  de  ce  genre  chez  des 
chrétiens  (I,  p.  301,  314,  325  ;  II,  p.  172, 281,  287,  302)  et  deux  cas 
chez  des  Juifs  (II,  p.  48  et  126). 

7.  On  vante  souvent,  lorsqu'on  veut  dire  du  mal  des  Juife,  leur 
esprit  commercial  et  de  spéculation.  Nous  ne  considérons  nulle- 
ment Tesprit  d'entreprise  commerciale  comme  un  défaut,  bien  au 
contraire  ;jmais  si  c'en  est  un,  les  négociants  de  Marseille  Pavaient 
au  moins  autant  et  plus  que  les  Juifs.  Leurs  opérations  s'étendaient 
à  tous  les  ports  de  la  Méditerranée ,  et ,  dans  l'intérieur  de  la 
France,  ils  prenaient  une  grande  part  aux  foires  de  Champagne 
(Bar,  Provins,  Troyes)  ;  à  celle  du  Landit  de  Saint-Denis  *. 

8.  On  dit  couramment  que  les  Juifs  ont  inventé,  par  une  sorte 
de  ruse,  la  lettre  de  change,  aux  époques  où  on  les  expulsait,  et 
afin  de  soustraire  leur  fortune  aux  confiscations  et  au  pillage.  La 
lettre  de  change  est  d'un  usage  journalier  à  Marseille,  au  mijieu 
duxiii^  siècle,  entre  négociants  et  banquiers  chrétiens,  et  à  une 
époque  où  les  expulsions  des  Juifs  étaient  encore  à  peu  près  (non 
tout  à  fait)  inconnues.  Ce  qu'il  y  a  de  curieux,  c'est  que,  sauf  une 
seule  fois,  les  lettres  de  change  mentionnées  dans  l'ouvrage  à^ 
M.  Blancard  ne  sont  ni  émises  par  un  Juif,  ni  à  l'ordre  d'un  Juif  ^ 
ni  à  l'adresse  d'un  Juif. 

»  Sur  l'étendue  et  les  horreurs  de  la  piraterie,  exercée  également  par  les  0^^^^'^ 
les  Sardes,  les  Génois,  et  d'autres,  aussi  bien  que  par  les  musulmans,  et  sur  le  co*^' 
mcrce  d*esclaves  qui  en  était  la  conséquence,  voir  de  Mas  Latrie,  M^làtiont  et  co'^^^ 
merce  de  V Afrique  eeptentrionaU^  Paris,  1886,  p.  175  à  179.  _, 

*  Voir  aussi  de  Mas  Latrie*  /.  c,  p.  156,  et,  en  général,  tout  le  volume,  pour  1  ^^^ 
tivilé  commerciale  des  Marseillais,  Pisans,  Génois,  Florentins,  etc. 


I 


LES  NÉfiQCIANTS  JUfFS  A  MARSEÏLLK  AIT  XHI'  SIÈCLE  81 

9,  Le  commerce  de  l'argent  pk  le  clian^o  sont  encore  une  des 
spécialités  quon  attribue  aux  Juifs,  souvent  pour  les  dénigrer* 
Pas  un  seul  Juif  n'est  chanfçeur  à  MarseiUe  (ils  n*ên  avaient  peut- 
^tre  pas  le  droit),  mais  le  chanjie  fleurit  dans  la  ville,  il  y  n  les 
tables  des  changeurs,  prôs  desquelles  un  notaire  avist^  installe  son 
échope.  Nous  avons  compté  au  moins  26  à  28  changeurs  clirt-tiens 
à  Marseille,  presque  tous  en  1248;  beaucoup  d*entre  eux  étaient 
fort  riches  et  faisaient  de  très  importantes  opérations. 

10.  La  fortune  des  Juils  parait,  au  contraire,  avoir  été  des  plus 
médiocres  et  nous  avons  déjà  fait  observer,  dans  cette  Revve  *, 
^u*il  en  était  de  raôrae  à  Perpignan  et  dans  les  Etats  franrais  du 
Saint-Siège*  Qu'est-ce  que  le  misérable  négoce  des  Juifs,  dépour- 
vus de  capitaux,  à  cùté  des  opérations  grandioses  des  Manduel  ? 
Nous  trouvons,  parmi  les  négociants  chrétiens,  des  commandes  de 
500  1.  (1301),  de  680  1.  (II  88),  de  925  L  (1274)  ;  les  commandes 
de  100,  200,  300  L  sont  fréquentes  ;  des  lettres  de  change  émises 
par  des  chrétiens  se  montent  à  080  1,,  033  L,  1012,  1105  et  môme 
2SO0  1.(1329,  11207,  151,  198,  264)*  Les  opérations  des  Juifs  se 
traînent,  au  contraire,  dans  les  petites  sommes:  10  s.  [11  120), 
50  s.  (Il  119),  55  s.  (11  68),  71  s.  (11  55),  100  s.  (II  :'9),  105  s.  (Il 
121)  ;  puis  viennent  des  chi flores  de  10  à  00  L,  des  commandes  faites 
aux  Juifs  par  dos  chrétiens  se  montent  à  103  L,  120  1,  (I  132,  201). 
Les  trois  phis  fortes  commandes  faites  par  des  Juifs,  sont  une 
commande  de  50  +  20  l.  par  Profact  flls  de  Moïse  (I  322  et  378], 
une  commande  de  51  L  faite  par  Bonnom  (E  392),  et  une  com- 
iDande  do  125  L  faite  par  Belassenco  de  Palerme  '. 

IL  Les  Lombards  ne  manquaient  pas  non  plus  à  Marseille  et  ils 
faisaient  sûrement,  plutôt  que  les  Juifs,  les  opérations  de  i^rét  et 
îe  change*  Nous  eji  avons  compté  quelques-uns;  la  rue  des  Lom- 
bards est  mentionnée  au  L  II,  p.  411. 
12.  Plusieurs  études  récentes  faites  en  Allemagne  ont  prouvé 
flue  le  prêt  d'argent  et  la  commandite  ont  commencé,  au  moyen 
jàge  et  de  très  honne  heure,  dans  les  couvents,  corporations  reli- 
euses et  chapitres  des  églises,  qui  y  ont  eu  recours  pour  faire 
aloir  leurs  fonds.  A  Marseille  également,  nous  voyons  des  hé- 
uines  recourir  aux  mêmes  procédés.  Nous  n'avons  pas  relevé  les 
épôts  d'argent  faits  à  des  marchands  par  saint  Victor  et  Téglise 


I  Tome  XIV,  p.  U. 

*  Toutes  CCS  livres  ne  sont  pas  do  la  même  TsUur,  mniâ  nous  croyons  pouvoir 
iéglifrer  ce  détail  diTiK  ces  indic&tious  sominaires.  Voir  aussi  Mas  Lttlm%  /.  €.^ 
p.  157,  fX)ur  révalualion  du  pouvoir  do  la  livre  à  ceUe  époque  :  en  monnaît'  et  c^o 

lieux  d«  notre  époque,  cUo  eerah  cuviroû  de  50  francs, 

T.  XVI,  «0  31.  « 


82  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  Marseille,  mais  ils  sont  mentionnés  dans  la  préface  de  M.  Blan- 
cart  (p.  Lx). 

13.  Il  est  curieux  de  voir  à  quel  point  les  Juifs  de  Marseille 
vivaient,  autant  qu'on  le  leur  permettait,  de  la  vie  commune. 
L*habituâe  si  répandue  chez  eux  (et  ailleurs  aussi,  il  est  vrai)  de 
prendre  pour  noms  de  famille  le  nom  du  lieu  d'ori^e  de  la  Cst- 
mille  était  très  répandue  chez  les  chrétiens,  on  trouve  chez  eax 
des  Carcassonne,  des  Lunel,  comme  encore  aujourd'hui  chez  les 
Juifs  originaires  de  ces  régions.  Beaucoup  de  noms  portés  par  les 
Juifs  étaient  également  répandus  chez  les  chrétiens.  La  liste  en 
est  assez  intéressante,  nous  la  donnons  ici  : 

Benlivenga,  Bonafoux,  Bonamic,  Bonaventure,  Bondia,  Bonet, 
Bonfiis,  Bonisac  fils  de  Buongiuco  (II,  306  ;  serait-ce  un  Juif?), 
Bonnet ,  Botin ,  Astorge ,  Astrugue ,  Austorgue  (une  galère  est 
baptisée  Ben-Astruga),  Crégut,  Cressent,  Crestin,  Davin,  Dieu- 
tisal,  Douce  (femme),  Durand,  Durant,  Génome,  Gros,  Isaîe  (nom 
de  famille),  Jacob,  Jacobin,  Jacobée  (nom  de  femme),  Joseph, 
Mossé  (nom  de  famille),  de  Portai,  Proufat,  Salomon  (nom  de 
famille).  Sauve  (nom  de  famille),  Vital  ^ 

14.  Les  documents  nous  apprennent  peu  de  chose  sur  la  si- 
tuation légale  et  sociale  des  Juifs.  Nous  y  voyons,  ce  qu*on  sa- 
vait déjà,  qu'il  y  avait,  à  cette  époque,  une  juiverie  dans  la  ville 
basse  appartenant  au  vicomte,  et  une  juiverie  dans  la  ville  haute 
ou  ville  épiscopale.  Nous  voyons  que  les  Juifs  possédaient  des 
maisons  situées  dans  ces  juiveries,  mais  que  des  chrétiens  en  pos- 
sédaient aussi  dans  la  juiverie,  à  ce  qu'il  semble  (les  confrontsdes 
maisons  de  Bonafoux  Crescent  ;  le  cens  possédé  par  Bérenger  de 
Trets  sur  une  de  ces  maisons).  On  voit  aussi  (mômes  pièces)  que 
les  Juifs  pouvaient,'  dans  la  ville  épiscopale,  posséder  des  jardins. 

1  Voici  quelques  notes  et  renvois  sur  les  moins  connus  de  ces  noms  (nous  suivous 
Tordre  alphabétique j  :  Bcnlivenga,  voir  Bien-le-Viengne,  Bion-li-Viengue,  etc., 
Hevue,  1.  67.  —  Bonamic  (du  latin  Bonus  Amiens),  Jievu€,  XIV,  67.  —  Bonaveo- 
ture,  voir  notre  liste  plus  haut.  —  Botin,  voir  notre  Procès  dans  la  famille  des 
/*«  riWon,  Paris.  1886.  2«édit.,  p.  15.  —  Crégut.  voir  i2«»«#,  X,  79;  XII,  49, 
Cregudon.  —  Cressent,  Crestin,  voir  notre  liste  plus  haut.  —  Dieutisal.  Le  oom  àê 
Deulosal.  Dulosal  est  maiiitcnaDt  un  nom  très  connu  dans  la  littérature  juive.  Dans 
l'ouvrage  de  M.  Blaucard,  les  chrétiens  qui  portent  ce  nom  s'appellent  toujours 
Dieu  te  sauve  (Dieutisal)  ;  dans  les  noms  juifs,  conformément  aux  règles  de  TttO- 
mastique  biblique,  c'est  toujours  Dieu  le  sauve  (Deulosal).  —  Douce,  Doulce,  est  as 
nom  de  femme  très  connu.  —  Genoino,  voir  K^^313*^j»  dans  Consultations  d'Isaac  b. 
Schéschet,  n*  266.  —  Gros,  voir  notre  liste  plus  haut,  au  mot  Bondavin.  Dans  le 
Procès  dans  la  famille  des  Ibn  Tibèoti,  ISTiaib  (p.  15),  pourrait  bien  être  Lopros, 
c'est'à-dire  Legros.  —  De  Portai,  voir  Jahrbuch  fur  die  Gesch.  der  Juden^  II,  *29»J. 
Portai  est  une  ville  d'Espagne,  prov.  do  la  Coru&a.  Un  Isaac  *^^Cn  ^73  est  nooimé 
dans  le  ms.  héb.  n°  242,  N  1  b,  de  la  Biblioth.  nation,  de  Paris,  mais  ici  on  a  proba- 
blement Ports,  môme  province.  Se  rappeler  TÂstragus  de  Porta  nommé  dans  la  co&* 
trovcrse  de  1263  à  laquelle  un  article  est  consacré  dans  cette  Sevue,  t.  XV,  1. 


LES  NÊGOClAiNTS  JUIFS  A  MARSEILLE  AU  Xlll'  SIECLE 


83 


;  avons  déjà  fait  remarquer  plus  haut  qu'ils  n^avaient  proba- 
aent  pas  le  droit  d'être  changeurs.  Pas  une  seule  fois  un  Juif 
si  t<?raoiD  dans  un  acte  dressé  par  les  notaires.  Dans  le  serment, 
i  chrétiens  jurent  sur  le  saint  Évangile;  les  Juits»  sur  le  rou- 
la de  la  sainte  loi  de  Moïse»  qu'ils  touchent  de  la  main,  «  super 
ftctam  legem  Moysi  corporaliter  tactam  »  (1,  88,  207  et  sui- 
ntes}. 

fNous  ne  savons  ce  que  c'est  que  le  a  montem  judeum  »  nommé 
,p,  343. 

[On  remarquera,  parmi  les  curiosités  de  cet  intéressant  ouvrage, 
document  relatif  à  la  buile  pontiJkale  donnée  en  faveur  des 
dfs  de  Montpellier  en  1218  (voir,  dans  la  liste  plus  haut»  Bou- 
das de  MontpeUier). 

1  Une  autre  pièce  curieuse  du  recueil  est  le  compromis  du  15  juin 

pH  fait  à  Arles,  entre  le  peuple  d'Arles,  d'une  part,  et  les  Juifs 
ries,  d'autre  part,  et  abolissant  la  corvée  de  cent  ânes  que  les 
lifs  devaient  fournir  tous  les  ans,  le  samedi  saint,  pour  la  con^i- 

fuction  dupojit  de  Crau  qui  est  jeté  sur  le  lihun<i  en  face  d^Arles 
40|  n**  40).  Les  Juifs  rachètent  cette  corvée  pour  une  somme  de 
>s.  de  meljîoriens  une  (ois  donnée  et  une  redevance  annuelle  de 
1».  de  melgoriens  jusqu'à  l'époque  de  Tachèvement  dui>ûnt.  Ce 
cument,  qui  avait  déjà  été  souvent  signalé  (il  est  dans  le  livre 

ftir  de  Tarchevéché  d'Aries,  aux  archives  de  Marseille),  est  pu- 

U  pour  la  première  fois  par  M.  Blancard.  Ce  qui  nous  vaut 
1tepubUcation,c*estque  lUngt'mieur  du  pont  de  la  Grande  cette 
[|ue  appartenait  à  notre  famille  dus  Manduel,  i.^t  s'appelait 
erre-Jean  de  Manduel. 

[La  fortune  des  Manduel  tinit,  comme  toutes  les  grandes  for- 
ûes  commerciales  ou  linancières  du  moyen  a^^e,  par  la  confls- 
tiou. 

[Le  dernier  des  Manduel  panilt  véntablement  avoir  commis  de 

aves  fautes  politiques  qui  expliquent  sa  chute,  mais  il  était 

Dp  riche  :  à  défaut  de  ce  crime,  on  lui  en  aurait  trouvé  un  autre. 

bus  connaissons  cette  histoire.  Il  est  très  fâcheux  d'être  riche, 

►  il  y  a  des  compensations;  ce  qui  est  plus  fâcheux  encore, 

i^'ie  passer  pour  riche  quand  on  ne  l'est  pas.  On  a  tous  les 

onvénîents  de  la  profession  sans  les  avantages. 


Isidore  Lo£R. 


RÂBBI  JOSELMANN  DE  ROSHEIM 


La  Revue  des  Études  juives  s'est  déjà  occupée,  à  plusieurs  re- 
prises, de  cet  homme  de  bien  qui,  au  xvi''  siècle,  représentait, à 
la  cour  de  l'empereur,  les  intérêts  des  Juifs  d'Allemagne.  On  ne 
le  connaissait  guère,  puisque,  dans  ces  derniers  temps,  en  Tab- 
sence  de  documents,  M.  Graetz  n'a  pu  lui  consacrer  qu'une  courte 
notice  dans  son  Histoire  des  Juifs*.  M.  le  rabbin  Lehmann,  de 
Mayence,  ayant  acquis  la  copie  d'un  grand  non^bre  de  chartes  du 
XV®  et  du  xvi«  siècle  relatives  aux  Juifs,  et  recueillies  dans  le  sud 
de  l'Allemagne  et  en  Alsace  *,  et  s'étant  procuré,  d'un  autre  côté, 
le  journal  autobiographique  de  notre  Joselmann,  qui  se  troute 
parmi  les  manuscrits  hébreux  de  la  bibliothèque  bodléienne  d'Ox 
ford^:s'en  servit  pour  publier,  sur  Joselmann,  un  intéressant 
roman  historique,  dans  lequel  il  a  inséré  un  grand  nombre  de 
documents*.  M.  Isidore  Loeb  a  cherché  à  tirer  de  ce  roman  ce 
qu'on  peut  considérer  comme  historique,  et  y  a  ajouté  plus 
tard  un  certain  nombre  de  renseignements  tirés  des  Archives  de 
Çolmar  et  d'autres  localités  alsaciennes  ^.  Enfin,  M.  Élie  Scheid, 
à  l'aide  de  documents  recueillis  dans  les  Archives  de  Colraar, 
d'Obernai  et  de  Wetzlar,  a  publié  ici  môme  la  biographie  de  j 
Joselmann  ^. 

Nous  publions  ici  le  journal  autobiographique  de  Joselmann,  i 
d'après  la  copie  de  M.  le  docteur  Lehmann.  Nous  le  ferons  sui- 

*  Volume  IX,  p.  ;>1,  note  3. 

*  Ces  copies  turent  faites,  dans  les  années  1 840-1849,  par  un  certain  liirkenthaler, 
sur  lequel  on  peut  consulter  la  Ztschr.  f.  d.  Gesch.  d,  Juden  inDctUtchland^  !'•  année, 
1"  fascicule.  Les  copies,  que  M.  le  D'  Lehmann  a  eu  roblifçeance  de  mettre  à  mi 
disposition,  auraient  besoin  d'être  coUationuées  avec  les  originaux. 

^  Catal.  Ad.  Neubaucr,  n°  '220r).  M.  le  D'  Lehmann  a  également  mis  cette  copie  à 
ma  disposition. 

*  Rabbi  Joselmann  von  Hosheim,  eine  historischê  Erzàhlnng  ans  der  2eit  der  RefvT' 
mation;  Francfort-s.-M.,  1870  et  1880,2  vol. 

î  Eevue,  IL  p.  271,  et  V.  p.  y3. 
'i  Hevue,  XIII,  p.  62  et  p.  248. 


iUBBI  JOSELMANN  DE  TlOSfîEOI 


g» 


'un  cerTâîn  nombre  de  pièces  tirées  de  diffi'Tcntes  archives. 

Journal  commence  en  1471,  mais  c'est  seulement  à  partir  de 

IM3  que  Joselmann  y  raconte  des  événements  dont  il  a  été  témoin 

I  e  et  auxquels  il  a  été  mêlé.  11  nous  est  impossible  de  dire 

,  loi  Joselmann  ne  Ta  pas  continué  au-delà  de  1547,  puisque 

activité  en  faveur  des  Juits  s'est  encore  manifestée  en  1554, 

?l  qu'il  n'est  probablement  mort  quVm  1556*. 

Le  manuscrit  de  Joselmann  est  autographe  ;  il  est  assez  mal 

ICMQservé  et  d'une  lecture  difticile.  Ce  sont  des  notes  rapides,  sou- 

ireiit  obscures,  d'un  négligé  gauche  et  souvent  incorrect.  M,  Ad. 

^^eubauer  a  bien  voulu  collationeer  notre  te:tte  avec  Foriginal, 

I,  le  docteur  Brùll  et  mon  ami  M.  le  docteur  Brann,  m*ont  aidé 

f  dans  la  lecture  et  dans  Texplication  do  texte;  je  leur  exprimée 

[eux  et  a  AI.  Lebmann,  mes  vils  remerciements. 

J.  Kracauer. 


JOURNAL  DE  JOSELMANN. 


at^T  b^trib  i-'srnsy  -^nms  vxa  ^sci^  rp^b  «"bn  nvcn  ^rri  —  t. 
^nn»  srsn  mn*»  T:;sn:  ,V't  -«nK  ^nitz  tû  '-^n-n  '^nît  rr^aV^a  by 

r*»  nn:r?  t^^a^inn  is^di  .itse:  by  "^n^irs    :ûbtî:  'rnii:i  b"i  ^nni 
lît-^  •^7':3  by  ^,innb  am-^.Di^  [l'^rr^jj  ir  ni'^iic'*  -kv^  b^!3   u^zt^ 

•  l^N  p:?  p3  rz^'^n-  '^i-i'jtn  'm^,:^  n'^n.n  2r?:'c:i 

^ÏSTa  "^OitD  ;D»Tb-'îî  p;-^i72  bj  n-v  ^"•'^'^  ""^^^^  '►"^'^  ^"-^^  ■^rs'^n  —  ^. 
rsci  b'n  pina^n^T)  p"pa  ^TÊîïTris  nbsrsTD  •^nprzïr:'*::   p'^nrn   *|ir:i 
ims  -^bw  i>î:2  'H'^inn  npin  ï-'.t:3^d  Ti?:n  *«^n2  •'«^^n  qbi<b  rbn 
rrb   f<2irT   ^%>«  -^b  i-'^m    .— lîn   nscn    %m«  n«-ir;T  n^7:bip    'p?: 

T?rr  *îsb:i  sncîib?:    Disi^irn   b7   iim^?:    s2i*t   nsr^   ïnpibn?:3 

insnbrb  270i:::i  ^cKTb'*»  nriTs  b:sDn  e^'^nn  yn«n  ^Tr  atiiî  rr:rïb 

»  Voit  Lcîimanû,  II»  p.  325,  el  iùvne,  XIH,  p.  25»Jcl«uiv. 

•  Xttifvie  i  et  le  i(l  lummou^,  ou  15-21  juiu  1477* 

*  Nu>C7  {1)  ;  il  bui  peuMLriî  lire  î«i3?:3.  L'êcnlurc  n'tfit  pa£  très  claire. 


I 


80  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

,D''n"îîTrt  ■♦D'nn   a"^onb  ibatrD  nTT^j^n  bD   r<3iinatt  ositr  &9 
inpbi  wan  nbb«i  n7a«b  idd  ûnsp»i  "nona  ûna^Tai  linn  Mopa 
'•HBO  '51  û"oab  'n  n^a  n^iD  ineta  ntn  noon  -rnapt  •'«Ma  na  ' 
r^iïTS  rrftm   p-^o  •'b  in-^'î  ibo  nsoma  nnsi  t^oo   "^i  ,'^ 
.  mn  nson  nirn»  r^nm  ifiw  nnisb  "^rfiosims   rm  "«b  n-^Tm  lia 
mniNa  pmnxT»'n  p"p  nt  ^m-'na  .  pn:famD  V't  prnr  na  apr»  tm 
ts-'n^'n    i-iTs^T   nnsa    ^aao    nbi  tnrma    npo    tnb-'b^   rraèrn 
»p"cb  ©"T  n-iK  'a  'a  Di"»  i:^  aa«  'a  '«  ûT'Ta  n^ar:  •n'^m  ,nrffl 
r\nrm  t-in»  qn    o-n    b^    pn:?a3"*m3  cfitTa   anDsa    nDon  '^niian 
■^abb  "^n-iaK  itob    "^rwa^  iT»ai  rf'va  lirb^  "îW30   rrop  mon 
'1731  Niirra   b"T  ■♦afif  "^nirT:  ti^tsc  ne»  r-î«   TnDtb   annab  nr 
*  t3'''»rî3Tat''T»a'''»K  n-^Tïi  ir  •)«>:■'  tarrcan  csrranKTa  bD  oa  rs  ^i 
tanaratt  ■♦s»  ^nn  ûxd3  br  iman   abnpb  ic3  n3''-n:  ••aïîr  r|"mp 
n-^^ai    Î-Ï723ST   a^na   rra-'^n  rxo   rrso    rrri  •(■«aob-^^bi  *t^ 
iy  ^n-'^bip  ''^pnM  -r^b'^'^'n^'T^?:»  ♦S'^cp  :in3^am''T'«p  '■»p-î:?a  ::wca^bo  ! 
ûmô^  ij^aan  ipt  nri  n:?:?3  iiiin  cs^tn-irr  iw^:c:3  ts©  ne»  '-^rro^y  n*^.  ' 
-i^^ft)  -^jipt  iNcn  ■♦aNra  "^sbaipi  '7?:rt:rTb  "jnrnstb  cm»  qiab  nnsa 
aors  icnp  abia  ''•sap  m-irsi  D-^n^rn  a-nina  a"»c3"i  û-:an  c^:»  mCB9 
nî3K  .rtcnpi  mnaa  dn^«2i  ace:  «a&n  ly  D-rn  cn  anna  i^b 
1DT  ^b  '-naci  a^-'Taïîn  "^dd  a"nNT  crx  •'d  b:^  mapa3  c^cs»  rro^ 
n"^j?a  naB3  bKDn  ir»  nn»  c^ô^  nab»   to^acao  carra»  b«  aïob 
in«N  n»  ran;»  m3"*T3  [la]  rnrssa  nm-rrra  c^etn  irnsn  1^:31? 
nn-^MJ  rrnTnb  rrTsm  npa^nir  nn-^rs  rrsKn  (!)  nniîn  rrroi  ••^•«3 
rra'^crb  J-rat  «b  ■♦Kina  -jab  r:b«n  cnana  -^r^aa  rcrn  .••nïîTt 
m»  m:?'!  nxT  .  'nai  rtaicn  nirrrr  *rba  .  "{vcrn  n3T  ^4a'7p?^  cnnss* 
r^bï)  îTO  rrcipri  nn»a  nn-^pn   'cpn  t-iaa  m^a   mt^n  mrra 
'r^ssnb  G-'m-^n  nban-»   «b  mn-np  bnan  aintn  D-^an  ta*»»'^  rsm 
^rmia'^aaT  '•^tit  "^raa  rmab  iKai  mînanri  mna^ra  r\y  'nTonb"» 
m«s3  û*^:-»?:»  î-r?:c  mrsi  D'^a-nnn  T^b  arn«  mcîsb  û"»a''n»n  iïo 
b:^  ibD3i  nsTnab  acc3  iTa-^bïîn  nbiai  t'^.yz  tt^si  ^a-^rsi  cts» 
innT:^  •'"en  nbo  .^p:  an  t?3T  ^-îs^rb  ts^b»  tzi-^tm  cpab  sarrro 
^«■•an  DN  .  nrxb  r-.D"*''a  Cîn  bc^rn  ûîrb:^  amc  crrssb  "îasbai 
mea  an  ':n  ai-^n  mxn  anp  innrrcb  n:^  a-aim  nxB  ns^ss 
•»nv«-»  Nss'as  Nbi  .'la-;  craint  rms:^  «53  bab  ir^rr  ,ca^mt5t3  bJ 
T^a  nn  ï-rrra  b":tt  o^rwa  rsnr  irsci  a-c  «•«  tnbrt  rrmîsa  w 
iann3  tn3tpi  tnna:  ^rsp  ^nnTtnrt  ma«3  ab-D  ta-nr  -îkci  tnnb^ 
,r»nrsb"%a  aia  C"»  îTtb  îT:^ntt«n  n»ai  ^ibbr  D3'fl5î3  ban  ,1^3331 
■»3a  ba  C3  r<in  a3  ictn  b:^  neri  po  cabi  'p^rr  baf  air  ,  maa  r\p 

1  Du  dimanche  30  décembre  1543  au  28  jtnTier  1544.  Coibhm  le  3  scfaev«t  d«  rai- 
née 5304  (3";an  '"^D]  tombe  un  samedi,  il  faut  donc  lire  le  4  au  lieu  du  3  scheyat. 
«  Probablement  '3^  ^■»T»a'«»  ;  voir  n«  6. 
»  Probablement  13^ a,  Barr. 
^  Probablement  Kestenbolz. 


UABBI  JOSKLMANN  DE  ROSÏTEIM  «7 

3ip:c  obns  tjs^bin  *  amb  :?3pi  3:£pirîD  m^n  ma:n  c"-jp  n^ç^n 

znn   rrnb    T:;inb-j  *n>n  ir-ipi  pcKn  inpb  V't  crrn  ^t:^   ihh 
nmb  orrons  b:?  nbc:  Dbi5  pi   b"^T  pTt:£  */'^?î  5|ib«n  itoj  pi 

nr-j::ipn   t^'ïin  m  im£*3  .rt-^^ncb  sri-^^iNii:  vj*::ri   «'^isb 

»a  ^b•'!^:^   -«i^a    m??:^  r^bn    ."^ir  erzîD   ^n"»   nbtrn   b&t  ,bin: 

Birc  nnn  rîKT:;  ::7:n  -sninn  ,b":2T  s''7:5<3  r^r   '-^r:  n-'ab   sibcb 
•»nKi  m:c   "^xn?:  *nnT*   n-in^    thet:    pnnïîs    ^'^^lAn  by  rr'^i::: 
ni:  ly   ^r^nn  ^-r.T  tb-i::^i  aiDC  c\Hn  niz*z^  ♦nnîr'-.sb  nin 

JriT  im»r   ^ly   D^'zi^^   h*'x    bii^n'^   n''n  pn^:"*   \ninK    pn    tim*i 
:s:   rsnb  i5i72t:i   t^jds    ï-rirrr*^    r-TT'a    pi?2i  .t^in    i5^    pi 


G'^'9   ppm   r-TTn  s^irn   mn^'E: 


-^  ^- 


:Nb  r-r3T''a   rnn?:b   'T^^bi 


m  sirsb    p^EC^^  t^ip^   'ïxd  v^*^   .s^nn   n:bir:3  mnî*    i^f-itbi 
TTin  iPi:*   Tin?3^  s-*-jb?:;n  £=?   non  -^"crr  i^^bE^nia  n^a   s-itj3:?13 

^fi"^:i  0**^^:»    nr''    sr  ,13V.:3    D'^sinpi    £:^3m£«?3    'nEi:;?3    bsi   ^73Bti 

w  -t^2''n*on  n;:   in?:?:  'n  nbir  fcnprr  b^i  /c^:::pn  O'^ij^s 
.T«s'::n  rTs:^  ct  f.?:p3  ûipDb  'n  ^Ti:3p:  bKi  d^'Md 

r;n»  nrs  s-^nn  2^?:?  i^^nbs  rï"o-n  i^o-n  p"Db  3"on  nsiS3  —  3. 

nT-îirr:}    -ir    ^n^^b-'T^'^rr    Mnn  ts:    ?-ï"n-«   oi^^ïb^rpeïïï    nc^pn 

i'ïtT:  ibb'::i  iTn  pno  nmecan  m7:ipîan  i;;.';  D^n^s?:  nti^jz  mbEiaa 

n»C2    r^ibi    ♦mxt:   "T^   -^nr    ^n^3  '':?:ji  msDC^s  ins«  ï^ï^:n 

■r;  g;   n:^»    b:^    'c-^pT^    niDiRTS    rnsepi   ts^ïsn   ï-ir«   ribiT 

Sib  q-'SV  pi  b":n   r:ca  (?)  nnj?  i^  ^n^a  -^rn  i3  cr.eb  ptsisb 
tp»  1:3^3  ST»  ^113  àiiôïbcn  û^d:  -715 

^n  irîiT»?:  5"*c?:b  >^rî::?-^,"'3^^M  ^:n-s:r  lio  f'sni  Von  rrrs  —  4. 
ij  »2"^  p^bï:  HT  ni-rs!3  is^cm  n7:à  ûiptia  or»  ^*::&i  D'^ivn  isinA 

ri::  nnti  h:^:**  nrixi  r^nr,^  z^siz^i  ^ryr^  ^ira  nn-TD  -•-lyo  by  ini* 
*•&   f^rr'^*'    n''3  inpr-'   i?:c  '^ibn    rnrcî37:    nco    *,^^«    snm    ''••'H^j 
e^3ST  e^n3i7    n.'^-n-^ri  nn^  idii   B3  ,D'C5   tsîïTSS  bbnm  b'l 

I  Uft  peut-être  'i^b  ou  'htnh  [c'est-à-dire  Û^rib»]. 

•  Ou  D'p  =  ua 


m  REVUE  DES  KTUDES  JUIVES 

crnb^ia  j^imf:  ma^^  ^^y:^  3ncb  n^nacim  na  inaj^b  'i^i'^  n^o'Tn 

nipcb  i*c:»  nn-'i  p^^na:  n"".n  rj-ib^n  cii-r'^a  ^n**:?:*!:  -i'^  r:i33  —  6. 
micrr  nepn  rî:i3  imnai   ,Drn:nb  *naxn  bj  r^s*^c  nmcrra  ]*? 
X^bvïi  nv3  'n  •'î:mT  g^hï:?  nroca  n''b  no-î«i  pn«u   rt:-!!:: 

min   n-'mr^b  ii:;:::   zp  m^i:<  •':2::rt   *»''rc3  s:   T^nn   D3   •^b  '*'*5:i 
'niKxin  ':3TiD   mixri  dce:  t-x    ihdtd    znînp:«m    p"pi 

.t^?:îi  rrcnr?3  "ib-^xn^  'ir'*:?^  'n  rrxn  13^  m  bj 

nb-^by  'isi  bj^  Drîi35  •'skt  '^pn^aya-»?:  '':3  icer:  i"'\y  r:o3  —  e. 
•'•'^33?  V'^'1^'*''**  '^''^  tnicn;'3  -^rja  nr:îS3  'n  n:riô«  i^îît  nr^r:  Tp:îi 

DT^    i^bï;  'n   ^ina  •ir'^n  fe^'^pia   nrôtn   T'snb  im^^rîa  '3T3?fj 

im»  b^  C5baip3  n'-i*»  no^pn  i::mHb  '^rnbntïïa  n"rr3?  p2C3  —  7. 
1*3  i:iû"i:b    &px:^    bb^a    prinm    r^bi:«    "«no  ^"^t    '*»^n:^   *.^?ît  J 
babsn    yn-iii    ïsbci    ù^'djd    3iD-ib    Ttrnxin  it    rii^D^i    •  ^"^^^^^ 
r*ti3b    -ifitnp"    *nni  tjk    DniL^i  D-'r^n  bs  b^    î^inTan   inc  bc::3 
'■^■»rr5^  n^j^n  bp  a-iD  -«bj»  '^nbnpïî  ^^3b3^pn  15:3  f*nbx;nn  D'crrVi , 
t«<bi  isnft*  ^qm   '^"n:^   n*'^r:T  ir^ss'  mien  t*<nbi3«  ■•ne*  ^it:inm| 
nris  bspb  c^nnDn^  ir*^m  ,n"n^  ns^pn  •':e3  snb  bn:inTjn  zi-^b  '.«t 

bo^  nDn:i  no-153  piiEav:^""!  bnpi  b"T  no'^pn  3?i3  t:''n:^  rr::3  -  s. 
•n?3D  ^«311»  'nDt3;:i  m:id  nn:  b^  p^ped^  znV^îb  irD'^j  T::rr3t  -fit© 
i«ïï25ni  p^D  ini.H3^    V"i''N^^o    a'^s^ii  ]nb*C7::33   n^ns    n^:rTT3  û^:3 
lïîy  pi   nri.x  nc.H  Ê-^irn    bs    tînsb    * '^crp^ND  ''«••ncs    13W^] 
1D573  G**'TT'rr  bs  i»"'a£in  ::"iy  nsïS  -iTti  ht^  inî*  Di**3i  rrc^rrrrl 
naim  bp  i^thb  n^^ïï^^n  '^jn  D^::s*4;n  ij?2*j  ar  imetsi  '^cb^pîôtaj 
tM-cann  natbîan  iriiiït   s^a  ^ns  t-^nbsm  .nrr^nD  miisib  nbsni 
■>nK3i  n-'SEb  •^nbcmn   nc&t    TprT  b»  j?ir*rb    piibdi^sizïî  ^nr3m| 
^y  nbna  '1173:3  a'^nm  ?•'Sî^b    '^bb^p;t<a  nD^b  nitbrrt  irm» 
*l^ni  y:«bT  '■»:si'»pn  17:351  ic^ns  d''ïï::?5:i  r-î^nn  nTcn^rr  i^  r\r\ 


*  —  D'':?30,  d  après  Daniel,  ix,  25. 

*  Biirr?  Peut-Hrc  faul-il  lire  n32,  ou  '?3rî3  =  rr5'^T?3in3* 

*  Oa  m. 

*  Xiitcz  '0NP3,  d  après  Istïe,  xxwi,  8» 
^  DaagolBhcim. 

*  Ltodfnedeii* 


RABUI  JOSELMANN  DE  ROSHEl.M  89 

*^i  ^^nD^p^Êta  icD  n^Tjn  i:b  îr^n  'n^a  ^bibn  .art^  nrps  t-ir^yb 
n'*n  bD   pnc74   vn  nsD  »b'*:?bns   '^i:'^z    b^b-'sa    '-«'^ft^ïa  n-^jn 

,nDn  3T^  Kbuî  'n  Tin-»  tOir-i  nn^:: 

^bi  ncb  ''n&îa  yhi:b  ctb-iN^p  no''prT  n:5n«  t>^^^  ci'n  nr:53  -  9. 
9vp  1:1^377  ^n&<  ncit  TU^^ni  •'rn  irnbnsT  iTn:?  '^y  ;:2pnb  rnn^» 
31  •'■^•^nbTa  •'rs  nrj  î-rn\HD  5"e3'«'j  t:2*i3h  n::!::   bD  bj   bbD  Tn 

5b::3  «b  '•»'»ncii  on'^:^  m^pn  73"^  :?np:  ï5in:i  bïî  Di^p  im»  nuîs^^ 
b'C':::  nns*  c*»s?:t  irscrr  pnns  5:?î:  br3  mbi?Di  Nn-'n-^  rstn-iisn 
mn  c"*?:*iSTr  ir^tH  b;?  f<bî*  pcnb  Vî*'^  i  "îi^  12 ji^  tsb  Dm  *^y 

I  i*nt3  T'nnio  n"rT  n-iu  ^"y  ^-iy3^'"-ii;b  «nb  irDixnn  3"di  r:TS3  —  lO, 
m  13b  ic^c  ï-i::   '^'<:^::'    mptf    imK  bj?  binpb   ^n&tn  ï-ït  rs^H'» 
nïcb  3Ti^*::''7aipb  pmnru;-'ii  c3D£*n  n:î3p:i:j  ^^riiiîm  ,  nïin  musai 
û;î:3:ib-i"*^D  ^:d3  nn-»b«  Dnbcb  D^nxi  nnsiiDm  m::?:]^  Msnbanp 


^^:^^^  nî^' 


^  DH'^ra 


p:5B»n::^:3  bsn  nsï^pn:!::  D^-'icsni:  n?3in?3  ï-în-^n  ?i"di  nsai  -  11. 

:i  ;s**^n  ir:7bnb  nniDi  'r:;N-ïb  iMC:n"'  iL^xïb»  it   nsn?33  'aiii 

nî3i^  n^a3  2rî-»bî«  '^rî*^   'n  nbî2n:ii   .'ri:3   't\^3   ïi:i:n   b-^nnn 

ibi  l^)«'*inb  "issn  a3>  Gab  b:?  ^nin  nî3înn  timiiâbN  ^"'ipo 

irn  lar::^  Ds  .C'^nn-^n  133  i^  anrsb  ^^b^  bip  nriDn^  Êma'^''i 

nn:^   'Tir^n^i    '.7;iEn   ntn    C|i03*:}  e|hi    .nr^ai   n^:?    b^b  û-'an 

pT  j^in  *7;y  DnT'b  ï-rb^m  mil  rrr-^n  it  r-inan  bip 3  tj^'ig 

»in  i-ïn  cnn  Ji-inb  ;r-5:iib?:  :^D^n  an*»b:?  t^s^iî    cfibu)  r^m^n 

.l^H  isb'^sEnb  ci*»0T^  pi  î-i:^nrï  'niDcn^ïDi  dt^ 


n  -»:cb  t*r-»inîap  r**'»a?ib  t«i:3«n  miïsrr  i73p  n"D-)  n2ïi3  -  12. 

€3n  bz3  T^*^"!?!    '^aap    'n-»^!?:   iri::nib  iru^ni  rT"i^  5'^:«nii 

►xim  i:iï-;i3   wb'o:   n^bî^rr  b^  13-n   inirps    mi'»^7rï   i?a  qni 

n  ^33   bs    -^3   ii-^^sna   171  ^a'iimiH  tmp^  ^bnn    "^sns 

ib  rrnpinîî  n3''S!n  E=nb  ^nnn7:i  tn^^  on^'^Db   p<i3bi  nnxb 


"  Tout  ce  passafçe  est  obscur. 

*  tA  BUiie  paraît  prouver  qu'il  faul  lire  Ê"»^nÛ"1^. 

*  Peol-êtro  ce  pas^afçe  VGut-iL  dire  :  •  J'ai  obtenu   que  ïq  Abt  dû  Wisi^mbourg 
M  mommé  commiasttirc  pour  cnteûdre  notro  pluiutc .  * 

*  Parlemeot.  * 
i  OrdeDuu^efi. 


(O  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

N3t«3  ncN  ^bTarr  nstnb  •^»i3  n:^  •  ai3it>  «b»  ^by  -^nbap  ^na  cy« 
'irrb::'^  a^Tsmi  nbcn  rTi-^n^  rrmaa»  -^tt^^  '»p'flD'»:n  .  rmù 
Y^tn  mna  -^nKa  nTaoi  ,  N-nnc  p"p  tj?  n-^in»  ^b-^b  •^n^n^tim  ji-îbvw 
D-^STax-i  D-^ncDrî  p  nm;»  .i-^rj^a  "jn  «i^r^Db  -^nacn  Éi"^73«n  Éinr^oïi 
i3n:)3  C1X1  ,';r?3T^p  noi3  -^cb  T»7a2  D-^nT^ïi  p-^mnb  û'^ans  ■'b  ^nn 
tl-n-^sta   \-^xinrî  «b  7:"73  ,rNT  b:>  m«a  cbo    n:>  r^^nnt)   ro  ^ 

rrban  -«sksibTû  ts-^nb»  nbtt)  .  nain  bpbpb '-^sto  nnna^bi  r-imb  lîs'^on 
0tn3  '^:?'^3nni  ca'^n-n:?  rntîbo  eaiNns  rrc^TDa  nm7D"»«  '  eaîia  yffT\ 
•pNïi  ûipism  .  nrr^^b  irriD'^biïii  »  i-^Tba^nsirt  inbttttTa  ^in  i^HrrKQ 
Dn73TTDt3  CST^Ta  isb-sïTi  irN^ïJ  T73  nnTsp:  npbo  'rt  -pna  .  dt^  w 

.iZTzy  nyoyb  lacn©  «rft 

DTSSN  D'^'nrr  r-nos:  i"b  »  ^^arî-^-^a  ^tJnp  nccns  a"Di  n:tîa  — 13. 
iDniasi  ,*T7:73  np«  rnb-^br  nan  br  c'^rn  -^o-n  nnnrsi  û'^njs  ,û"^:i 
nr-nta  ts'^nnrî'^ïi  imN  bs  nconî  it  rna-^Dan  .a"Dn  nso  "jt^  3^ 
ts'^'arp  ba  r^^arrb  •^na'nxiïi  rnaorr  '"^Tsbn  lî'^ma'n  .•^d  b:?n  .^nw 
qn-i'^sta  •»npn:?îi  mj2'0  .p-naits'*^  n^:^  n:^  'n-^opi  D'^nTDDOT  wc 
Dnb  j^niiT  rnntîT:")  ^biz'n  T^b  •»nnbon  oi-iaîip  lin  mbxrnM  «nsi 
r^np  rracîTOrT  l^a  D-'nKOîrt  ■^"ïiT^a")  ikss  û'^'mofieb  inTDtn  irnpnt 
in-^borr  Tû»  ^T»b:^  ^«np  im»  mara  n:Dr'"^"WTi  nosb  -nm  Dnb 

.t3u:n  iSTip  b:^  nr'^ab  ww 

D'^Tvn  'rn  :  rnTaiNrt  baTa  ptrii  bina  bip  nx'^  p"Db  ^'^  n»a  - 14. 
i3î-n«  "^rTNa  nra  a-^-iai  mb-^b:?  •^lan  i^^-^sn  ny  ninb  on  "piayr 
ban  tia  t-.D'^*n  i:b  r-;nb  Nibc  i:a  "in"«peïT!  rT'-i'»  ^'^izi  io^??^ 
OT^.a:ip  "^n-noi  -^nipri  rmbîrpïi  r-i?2Mn  "^s  bri  .msn»  rrrra 
■^^Db  pTis'û\x  n"':?a  Ni'^Ts'rT  isirr'^'^ca  'nnrai  i^^mbacnn  """.sia 
ano    1"i^na   "is-^nibstsrn    -^nan  nbap©    in   r^st»  t|Ovi    '■'ab?:  •'îsrr 

.'lan  Tx^a  nr^sT^p  ba  w^i 

mrb:?n  û-^Tanicr!  ni^aiNn  ••Tr  ba  nstapns  y"n  r5«5  n:©  nn-ttc  -15. 
in"i«ai  ''la-^-ir:  b::ab  ancn  isi-^aT  D'émoi  û-^ma  ipnb   idoh  r* 
a-'rrpn  ^.Zi'pr,  CT^rr  ■•p:':5r:n  la:^  N-^îa^sn  r^nr-^'^aa  ■^mrr  a^?:^ 
/laT  zi^fz'^  rrr»  •pNn  aiprb  c^a-^aprar:  tt^d  ancri  ^ran  rcp^s 

nopïi  nnx  sinnbi  pibtb  D"'a-:::p7:ïi  inm  p"Db  i^"3:n  n5«a  - 16- 
•^r-i-i-irnsn  -^Tr  c-»»  î^?:c  rT^.T  xb  -^CwS 'p6t,Ém:»bi  o:«afina 's-îtH- 
.«•^^cn    «nr-^-^aa    -7a:r    i-.Trrb    "^la    nnrnT:    im«a    aia'nb    c-a*^' 
-•pa:^a  n«"5S'^   p-^a  n"i   ly   mx  n"-ît    rr"-)*^  -lapn  nsrna  •^rr»-'^ 

'  Ou  'tb^Dir:,  Hochfelden. 

*  BosiDfr,  à  3  kilom.  au  nord  de  Presbourg   (Bazin   ou   B«zinek),  en  Uongha, 
non  Baisiogcn,  près  de  llorb,  dans  le  Wurtemberg. 

*  11  semble  quil  faille  lire  '"^a^  =  IT^a*^"!,  les  intérôls;  voir  n»  1". 


UABBI  JOSKLMANN  DE  ROSHEIM  {ïl 

^cn  n^n  ^:5''^ïT)  "is^bîa  '^stb  nbiis  ûip^s^  non  bnib  73"^]  t-nî3 

iTHsrrs  f"?]nî5n  •'m   .,,'î:;ipn  ^m"  t^np:o  -ii^'rin  -^r-i^n  ^ninn 
C1CK-)  n-^ta:»  nrr  bsb  ••n'c^i*  ■•sbb  •'nnî:»i  ♦  mmnnnrr  '^îs'^  ^metn 
•^31  «"^cn  "^^ra  pis^bi  cbi:?n  ''bsn^  pTtnnb  irsïîniai  in:^!  i3''nr!STa 

ra  n"-!^  ")cpri  b»  Kiab-î  mmb  ^nmtin  p'sb  3"^^  n^usa  —  i*?. 

ûr»  'n  "fT""!  .bK^TT"'  n-^itîiûtJ  b?    ^*'.?:3?b    pmscp*"^   n^5?3   nj^m 
i:b   nnb  D""i3mDm  D^-itîn  br  û-^-niiapsa  D^73^n  imfcts   03  ijb^ithi 

nm:?b  nrri^n  mrii  r"3  î^pbi^  î-T?3bc  ^y^  ^i^^n^ 
.nsrïi  ■î;i5  î-rtnb7:b  t-^Hi:b  s^'im^n  b::  &en-:pb  NsnO  nn^sÊta 
inirb  t^b*::  ■i-i''mr7b  l'^îsb  n'^^t*  •r^r^  im*^!3  î-^rb^-^î  n?^  ^T^air^i 
^2  i^isc  v^^"'"  ">^^"  P  ''npbsi  *  ï-ibiTiin  ^o^n  iibD»''  is  nsprr  nb 
iDpn  bfit  ■îN'jaDi  nr^ia^n  m3?n  insxb?:3  ir»  -^t^  nspfr  ^iî:»**  ><btt) 
siTp  br  ti"ic:  ?:7:'::  »E^''*:ibs  n-'r  nj^  iz^bini  nibT-13  ''bsnn  osra 
,j?"5a  nnnii:  ir7:c5  ^V'^^  "^^^  s^^^»''  b&*ms^  mm  man 

N^nbtî  ■'3^v  is-nô*  b5»  î-rmn;a  *mD  î-rn-^rr  i"xn  nrû 3  —  I8. 
p'nrb  n"-jr5  &:?   t^nbi  i-nbrb  "^r^^^i^n  Mî-^niin  ^sa  bs  iCËna^ 
::i2rtc  q«-  a-^niostn  «■'^inb  bi^sb  ^^tis:'in'^  ^st^xiTi^  ^'^y  ^:?  b"T 
lîtsc^i::''  ù^im  bc  'cbn  ".pT:3  nb^br3  iD-i^as  t]^c:«  '3  in  '3  -im^ 
"iinn  D-mcKb  na»  K-^rrn  Rn:^'''^om  ûrr^np^  orins  t|iDb  î:"73  '\9*^12 

rainb  •♦ns  rnNT3  'n  b^^  nn-'  •^nHïin   •  tsdc«  n::'^ ' 

l'Ut  b&t-.c  bDT  i;n:«  B^^p:ï3  b^n*^**  t<3npn&ç:a  DiDnn  •'sths  n^jzsnbi 

nnn  îmnir»:^  î-rn^n  y^^  ri^«  p"Db  n":in*i  3'  s:n  nsns  -  19. 
lirrp  n-i''"»Trî  n3b;i  nnn  nnnbb  "^^cpn  nï'^:^':»  «3  n*.r&«  •^•*m3-t«3 
nt^npn  nsrr::  n:?  n3*w:  fi?:ri  %nrt:  rr'irs  t~,r::tz  î^î;3i  d^-s^sks'ï 
*^TCn  o^'nrzn  invc  i^d  'onsbi  osr-rDb  j^'^'^Db  T^nb  rin73  nmstTî 
ûTneb  nx?:  br~2  n'^:?''n-  *,r«Tb^î«  it  nn?:3  'nsr.^  t|xi  îbn  ncca 
"tf^i:3  Tn?:Ki  '^^i^xi  p^"D  in^b  c^r^tt:   i^b  y^^mb  ir^T  c^b  ?3"73 

irspi  -jpxp  5î«-!B  p"pi  'r*i7D  ncp  nnu    r-n»bim  •'pD^i  -rx^im 

?"ÏC"np  bfrpn  va  î-rn-'mi  Mtiïiis  ni£^  p'cb  Tsn  nroa  -  20. 
'Ajoutei  vin. 

'  bdéckilTrible, 


92  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVESI 

e^STiD  ■^:3n  ariT^  inna^^  i^  c*'n''''D  nn^-s  nbnp    -:x^:3    'nai 

*i"nnitî  p  sni2ï*  -i"-iîii?:  r^'n  pmr*  ir'^::cn  "rn'b  VsVarî  yi-^n 
^D  bji  nn;pn  cnb  iprVi  D''*^'î>  misb  b-'s::n  ^îiim  V'^t  inir^K 
B"»rïbî«b  Tôm^n  ^^yr:  bn  h*n^  njxn  ■»nK3  û%-»nsBm  lîmai  n^pa 
D^m::i  ti^biT^  onai  3"^  i:nnDi  n3:p\m  V't  pN>n  b5t«  qnc  ï-^rnb 
c^i*  n^N-:  ynnN?3  -.n'*  pnr::  D^nm  Dirnbi  t^ab  Dn^:^J3  d::^^'» 
Tû^^tï  T:p^  nrrn  'ïpd  ms  na^o^s  \n'''«nï5  Ti^a  r'r  ,e^3x  e<3e^ 
^pDnxn"»  D-ismrî  n^2  ^mt«  n^c?2b  btznso  nr^-^r:  •5r:?^'>Di  "p::-)'?: 
iT:?^  bnpn  b:Di  •'\r'B:  br  q-"::?d  rtcbu  5ê*-)d  T^rn  'n^nrî  b-  T*i;jb 
b^i  '■'")"«£r:'n  -^T^  •îintî  aibc3i  ^p:  ^rôts:"'  «■^-'TiiDn  r^îr^'^'^sai  •ix^ 
t='':i3:r;  r-^*:  i^n*:;  sn-^r:^^  n-»a<^rr-  û'^crx  n^D  ni^n  t^.m  7^ 
i»^"^'0  iD""n  ncr-  n;:Nn  7:"73  "^TinD  IjSD  npibnTirr  -^br^b  i**  nnb 
netrp  ï:iab  ',::isbb  ']^^n::ï:'»'^Ni  ,TJib  nro  nis  bsTs  r*,Eit2  ^c:fit 
b^  miinbi  •»3'*-i  r^i«  snbi  ^aiabr  :?innbi  ï-nKns:  'n  r--»:p 
(=  ï-r-j-'ra)  r^ni  '  D'^iTjTi  tbn  1503  G^3nnD  urr:^  nto  mirnan 
tstbi  Dnnnb  spr-^b  'D'':::?:b  fî"i5*3  n^fî  y^'smr:  '^'r:»  laap^  *'""'?? 
571  nn'ôy  -ISS-»  •'"irn  nnx  nnî<  n*^,i:  ns<T  b^  [n^rn:r)  -i^a^ns  msab 

'in-^OTD  r\i^on  D''^nc:5?i  «i^^^n  'nncn  "^3  ûnba  p^'cb  i"ïn  nirs  —  21. 
«i:5v\n  rîi"nrn  c?  rï?:nb?:b  mbjb  ''r::n^ir7^^  ir  -^br?:  iNibi  ^r:^i 
-inrn  nnirs  .  '••N-'iD  '•'STo^'T  n::D  ''''^n\25:2^  n^ra  aa  :in:?3b'''7*^'^n  n^J3 
'n  t)^Dr  ïsi   '■'i^î   t*^7:t   rrj-in  anaantJîs  •'Sb'^atrii  '^b  ibsn^  »b  ^b 

Kbi  i:3  -i-'pEnb  i^d*'î<t?:  rr^n  pi^^^^fî  D^Diirr  k::  t'^::-,  r:C3  —  2% 

hsiDTsn  n^-^orr  ra-^oa  ns:iK  b^a  ban  qD  *in"i-:  n^bôî-iwTi  r^^^^^b  rrb 
na^n  ^-^nDO  ar^i::  'm-j^  isisi  ip7305   G:rr53  ,*iH"r:D"Nb  l'-ûnetti 

'3113  inipn_  13«  D^in-'b  t*  irr:3  ■'t:  n?:t<b  ipbn?3  me:  m^-'-a  "-îïjc 

n»ï373  '■'birtJ   '''3n:D    Msiun  ismai  rTsacn    ■♦d    b:?i    5fi<nc-»   '•scirb 

:2nîtip:î«m  n^jb  i«i3  n^  a-'nrarr  3^i:;nb  -^nbns*^  «bn  ■pir-n'îi  tc-'t:    _ 
6"'ir?T  bs  '•lîinab  p  Ga  'jrD  pn'33:ï<n3  DDnnn  û-iS3  "^asn  -îstis  cj   f 
t"*?:Dnn  D'^7:3n  te'^an  ■':e3  \-^n?:r:3  a-^marin  na^^si  bn^bs  ^t»  b?i 
-•131    ^"rî3  ir:r-*'^ci  '-i*izi3i  ni^ibn  "n^"3  «b\2   tn-'D'snb    mn^s-^na 
Tina  Dî  i:b  r^c:?:i    misnan    b:?    -'b  "mnis    'ly  î-r-i^mpïl   irnn'ir 
to-'ia^s   Dni*«   b^::  *i:i:dv  ainp-iw?^  nnxbi  D-'anb  y-n:i  nbssc  c: 

*  D*eprôB  IsBÎe.  LXiii,  10. 

»  M  A  ri  in  Batzer, 

*  11  l«iit  «Dicadrc  Jeacbîm  II. 


h 


( 


I 


I 


IIABDI  iOSELMANN  DE  HOSHÉBl  93 

r-'ics:  n"b  p"cb  y^n  nsûa  r2«  ■''^na  icnïsrû  D^wiipi  D^i>i*iTsr^ 
3:5n    ^m   -^ss  ^s    ,12^1:23    rr:?"i    ni'^n    nb-»>j'i   np**:î3i    ^betnttî'*» 

^nb  nrb   cr^it:  c^r^Di^n  n-rr:  ■;::?    ci^nb  d35  bti:  vin*'!  n'^inV 

1-iDa  bnpb  imtî  b-'Bn  ^^b  13:1  n-^pcnb  i»?:  •i:b  :?nm  irna:in73  nm 

,-,73^  r«p5  Dp:c  'n  ^i-»3  •ûbcî: 

•»pn3  b:?  pmso  l-'^jnTa  pa*iS3'^"'*rî  bj  ^«inD  p'cb  tst^c  n:î53  —  23. 
n''n"«  nspn  ':tth:3  mr  '-«ri^p  ^sns  rîr«  rcnb  s-'^nn  ''D*iît 
©■'fit  riî:c  rrr,*o  qm  wb*-!:»:  ^C5ê«  is:  nnir?:  V"^  '^"'^  î^n-ri 
i^-!3i  b^pb  n^^r,  nsK  t^b  ?:"?: ,  3n  nbir^rî3  Din  ht^Vû  nri^T^n  ^?3i*» 
tj^tiir  bwS  rrcbc  'c^b  n?:xi  nnnro  ^n»  bs?:  Cïînab  imn  t^X''n 
a-'cnbi  «•'snrîb  'ir\^n  ^ni£■lm  msbiJ^b  "iia«n  ^i^^n  oîps  11^  ns^b 
/i::t  -^rons  W^np-^  cbusntî  "^"^^  lap  P^ 

npn^a  r^  w3tt;T  i-ii^ru'^n  n,:?^3  ibin  n3S<:  n"*::  riro  rtrit<3  -  24, 
p"p  '312^  ^mK3  G^nin^n  ^h  ib'^brn  .Dms  n;ic  a'':?birn  \f2 
•p-nsiv::  onsnn  sr  nsn  nbi:?£n  bijsb  TD-i^tim  iDcr:  /5i3'<a''ia 
Vd  b'^Drit:  api  rin^-nb  ik^'»  ■'-"ts^sc  it  D"''^rî!icNE  û-'-^-c  dj  ca 
c-»iirn  "jrsTnb  10^3  ^s  D^p-ic  insïn  --3  ir:iDi  i^'prrQ  mxbrn  initt 
V^emio  '^©SÊ*  nirx  151DS  pmn  nr:3i  "udc»  n^-cHp  "'sssb  (?)  ^îsnn 
'^Dn  ''2!:  bj  bc:  Dsni7:n  nnnc  -n"Tr3  r^r  'in^'^irr  "^n^Dp^j  rï«xb 

ns-^nT^rr  ^n  b::  15:  nmn?:  nn^r:  x^ir,  ï-tnr  p*'Db  3"o  r:û3  —  25. 

■»c  b?n  ibiD  by  nrr?3:i  r^s  oinai  'a^ba:  î-ts-^nc  n^nn  ^na 
nc:??3  ■»b:^a  '«ts;»  -s«a  cj  î-ri^b  n^s  ^^nisasT  -rats  csn  n-i^cn 
ÎS1X  b*n:t3  'r^"  ccn  nn-i  r-r'-i^  V"^^  "22  mbnb  i«nE  p"pD 
qicb  -ry  ^^''bei  n^nï3  n\^^nb  Ti'p.i:^^  îibsm  n3v::n  bc  ocî  ^ipti 
-^rjTz^JSO  t|Ni ,  rno-inn  133^13-11  nbiiib  &'':2:i  nmïD  ^-t^nto '^n'^sr 

nbni?:  rnsin  ^131  D33b  b:r  -►r-isi  s:"73   >n-!3^-i?:3  tsbipbpb  inm 
♦  Y-'rsi  Dibci   ntj»  Tni  ^b^b  Drr^b:?  ib3pïî  u 

rr^ï:©:  'n  li:  rf'iys  rrrnrT:  !-!n*^rr  fnrr  nTO  p''Bb  Ta"T  rîûs  -  26. 
03ir  "^^D  t^azra    ibi  npa   rrb^bjs    nnx  nbinsn    '^in:  ï^bçn  ©*» 
nprb    mn  t**bT  'n-*?:  '»njD   i:?   î-ïbirnni    D'^csm  «''«n  r»   I3^?i 
p*n-»2'a3  es  pmaxi^m  p"p3  n^n^  anin   "nb^o   Q^rs^^n  imstat  b"» 


»  Wasscf-Trudingeo,  ou  Tr«uchtUngea, 
«  tsms::'»::»  Uieiiun,  a  aprèi  M.  Lebmaon, 
*  KsLumcriicrJchL 


94  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

bt  T^'^b^  nnîfla  rfn  ont  -ro:»  nïnDi  -^s»  Sfn**  nopn  ^aro  w 
moD  nn-^rr  ma-i  nnÉWtirrn  p-^nj^  ^in  n«T  b:^  n«a  Vs*^  'nrffl 
û-ns"^:^  niDD  bnaob  Dcn  ntonp  rrbnnam  nim  nnb  finpT  D-^aon  rai 

13^  •pnp^'^  l^'^rt  by  133  b'»na  îY't»  nopn  yoz  rf  o  n^oa  -  ». 
OÉnawa  "^ariD  i^-^anb  D'^bionTan  n»a  ûjd  "iriNan  rnsb  -{nro  tj 
nnb  i3-î':5DP3  rjnobi  .j^n-^o  t-inb  D'^mrr'^n  bD  t3dc«  nao  b:?  Vani 
^■»3nnp  m«72  ^an«i  anib  v^^n^  i":3  ta-^aint  a-^Db»  rrobtî  * 
ann:  S'^y'^an  '5  "i:b::m  .c^ainî  t|bN  ir  m:m  nn^  nabn  in^b 
bs  nrr  r<c'^:2n'»'i  p"pa  ■'ri'^na  ssrn  imsai  .  rrciri  rrwQ  ba  i:^ 
Dp  ir  ,n"n^  nopn  -^sc  cpabi  D"nT»n  ne  'nib  D-^osinm  en::?» 
mbmb  '^'T^n  it  t^bo  onb  ts-^ranbi  U3n-nb  .aiûb  n-OT  ,aia  cti 
'•ibo)37:a  D'^'Ti\n  p-'Tnnî  ûrpDi73"»:i  Dm  d"d  ••d  d^"»  nrrt  D'nm 
.rrb^  01-^3  "«aa  nrnn  Dnacn?3  ib::an:"i  ii-i3Tb  "^Tzin  ^b'^"'  "^^^ 
n6«073  TK»i  NiTSNb  i-^arboj  "pr^a  ■ibt:7:?:a  ixia:  '-»"^n9  rbn 
D-^^znai  n):«a  ain:b  iian  -."iin  V«  n"nra)3  '-^r*^::?  naoa  b^m  (f)Dn?n 
^niD  'jbb  o-^sn  »'n  nan  Nn-^m  i:b  "nso  no»  •«"•ma»  isro  nC83 

.  Dibci  ra» 

bDb  m-^stn   pniscj-^a^n  -)"«:^b  no'TPïi   'n'r»  r^a  i"»  r-i3oa  -  28. 
'mmr  bn  nrr'^p'ibn  micnbi  3::oD-'nn  by  t^ab  D'^nci  '^Darr 
l'nsDNT    D-^os-n  "«rûn  73"73    isa  ai-ic   riNi  '27:«n  ■»2'^'^3r  ns  'pibns 
'■»73"^  ïn73S   ia  Ti-iTDb  nopn    ia^:^i    i-i»    ûn:?"'0"i    Pl-^^tn]  pi:'' 
mro  rsn  ;Ca''0'7n  '-«TaT^p  mmwsa    -^nbj^D    ^d  v^^"»  1^  T^i  ''="" 
•'sn'^LzarT  naai  /-«sbr  iwS  'nop  sic::  i;b  irr^s    r<b  onp  ■^a'^»  "-J^ 
biiabipa  -^rN-ip  p-noci-^s:^-!  tbn  iri  nrai  nsrnnb  ôn-^DCa  rsr^i  -iCp* 
iT^ai  irmna  irnreT  lanss  n"T:^a  pi  'nn^an  ""-lai  n"»'^pb  '"«boiîsn  ^'M^ 
^3U3n  ns:  ':2nb72b  mbrbi  mb'^"'n  p=^pb  -iopn  ^bîss  întsi  .  rf'-r»  nopn  :s 
i^pcnb,  a-'-'inEon  an  ,  ir^ob  r73cn  «b  noK  nra  i«ai  b":n  '^ïî 
bilan  bcitn  b«  -^«ina  irmira  i:b  rr-na  nisn  -^bibi .  ■^bfin^î'rt  maiss 
^a-^ïj  nopn    "':d  mbntJi    '^i^pab    «  T^ib^^iSN-ia    nsiD^n   nopb  ':-s 
rrrs   ibao  c^^1n"'n  Tizrt  1172.^5  ncpn  b»    rjbni  rrrr  pi  rb^ 
tsna  n-^psnb   '"•meon  yzy  iNa  rcD3^i   i'»nû'^ib  '-^rTa  -^sm:  nins 
ii73Nb  -îopn  niN:i    .  nrcb-»::   bitna  nnb   nn:©  'D'^oin   '-^^Drpn  ni' 
NJbu:   rniDspi   "^iriia    'inni    airs   rrrn   /■'ii-^a  n-'pcnb    lia:  n: 
.  "11'^  Dicb   rinb  IN  p-tmb  ibani  n-»  n»  irnib-^-'n  bs»  o*^»  ûtt» 
n'nu  b3^  lau^n  nauîN  nao  b^a  -^aTsica   'j'^aîn:N7:n  iNat*^  nm  br\ 
ca^    Qibob  ni-ipb  ea-^-^inDorr  ixa  qani   .rrïT^Tab   ima-t^b  nopn 
«•^anb  D'^Tirrrr  ixa  Dinbb  mb-^"»nn  ny   nopn  imdi    /"^Tpri  ba 
♦  l'^'^iNpi   imbar]    nibir   ts-ieTanTa    nn-^  tni^-ïm  osnob  ï"^i  onb 

*  Exode,  IX.  20. 

1  M.  LeLmtnn  veut  lire  ttbbj^ISna.  Granveila. 


lUBBI  JHîîELMANN  l>E  HUSIIEIM  m 

'n*sb'»"'n3  "i«a  n^irtt  mn-»-^:?  5d  'Bnn^a  v^'^'^ï^^  r«!3»T  '^no  •»5TDm 

'->-T«^^   qMT  'nibnn  '-^aDi-n  ban  -^crî*  o'^ct^»  n»?:?:   ^in'»  i«t:  'niss 

br73  c-'cb»  '73  mb-iT  /m?2S  a-n  pm  ir«  imb^^nn  n"-;''  -ispn 

Hbsisn  noDPS  riisbi    '?:-nn  n^  CET-ib  i-tj^  r-i^r?   c^pbïtn  )3"73  b^n 

RsNnp    •»bô<nïî'»n    'î:i}*   i:n:Ni    -ii-'n   '"con:   ':nj   ncx    iT^a   'nuî 

^^'^p^    iim^rr    n-n::!    irsbîs   •2'*a»    3"55?i    npna   bbennb  bna    bips 

n^itp  «b  ^3  bNi^-^  n?::?i  n"n-«  -lopn  n3:"in&î  aan  p*^*:)  iinttip^iïm 

n"-!'»  •îcpn   rx:a    pnx:n    bDi   ,î3:?1!35   p    3^3   p    .^'^ûinb  1T 

trisn  v^^^    rmsibGsi    '•'Ds    i:b   r-rs^si   p"Bb   î"iû    n^cn   ïn^oy: 

iTr  'bi*;:   n?3nb?:3  ïj-^n  i;r?3  ipc:  «ra  "^bet-îC^rr  riTsic*  bj  ^r'^zrn:! 

iib"»''n  a^  rio''^a  ''''C«n  -lO'^pn  'm»  nbc  p"cb  rv  rsca  -  29. 
I^ibis   îDpab    "ij^as   n«T   /ci^b    cni«ip:Nn-i    n*':?    "^^cb    '^cbtt    '■'•it:? 
?1P*  Ofitin  13:  mra  y^b?Dnb  bripn  -'bi*  inbct  ''^■'«:n  br  p  bapb 

mai    .■j"'nib''''n    b^bn    msb    '•'nj^irn     innc3i    n^ba    pi    l"*n'^^Ds 

rmB«73   'n  ban  ^o  ir  pTi  ib   t^-^anb    m^n   •'vsb    '^nan   •^mrxna 

j.î'*:i:«nïïa''ia    inai   ibbc;:;  rî:ii    .'mn"»b   •^■'jm    'nna    'ibo    s-r^m 

iben    yo   b-'^nm    imnn  in^aTa    nisai    '■'nn'^b  *ina73    inKU'iDTami 

.  Dibc   '"^ab  'n  ti^'or  pi  t^ï^ïïb  cba&i  ^cnrsïs 


AKALYSE  DU  JOURNAL  DE  JOSELMANIS. 

I.  —  5231  {1470.  A  Eadingcii  (margrav,  de  Bade),  Irois  oncles 
le  Joselmann,  accusés  d'avoir  Luc  des  cliréLiens,  soot  tortures  et 

Ibrùles.  Le  père  de  Joselmaou,  impliqué  daus  raccusalion,  se  sauve 
[>ar  la  fuite.  Des  Juifs  de  Fforzlieim  accusés  du  même  crime  sont 

^également  brûlés  vers  cette  époque,  et  le  frère  du  beau-pcre  de  Jo- 
eeîmauû  est  condamné  à  la  roue  à  Haguenau  (Alsace)» 

î.  —  3236  (1476).  SouîTrauces  des  Juifs  eu  Alsace,  d'apn^s  une  note 
l*Uû  livre  de  prières  en  hébreu  trouvé  par  Joselmaun  à  Wurzbourg, 
[Le  propriclaire  de  ce  livre,  Jacob  b,  Isaac,  de  Nuremberg,  Tavait 
icheté»  entre  le  i  et  le  iO  tammuz  (lo-ïl  juîu  1477),  d'un  ecclé- 
siastique chrétien  venu  de  Golmar,  et  dans  les  mains  duquel  ce 
l^ivre  était  tombé  après  la  prise  de  Nancy  ',  dans  la  guerre  du  duc 
ie  Bourgogne  [Charles  le  Téméraire)  contre  le  duc  de  Lorraine,  Les 

i  Nftncy  fut  pris  par  Ckarios  en  QOTembre  1475  ot  pordu  par  lui  vu  uctobro 
1476. 


96  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Suisses  à  la  solde  du  duc  de  Lorraine  s'étaient  donné  le  mot  poor 
exterminer  les  Juifs,  beaucoup  de  Juifs  furent  tués,  expulsés,  bap- 
tisés de  force,  pillés.  Ce  livre  fut  trouvé  par  Joselmann,  quandil 
fut  à  Wurzbourg,  en  décembre  4543  et  janvier  1544.  à  cause  de  1^ 
cusation  portée  contre  les  Juifs  de  cette  ville  d'avoir  tué  unentoil 
qu'on  avait  trouvé  noyé  dans  la  rivière.  Joselmann  continue  :  Mon 
père  et  ma  mère  m'ont  raconté  qu'à  l'époque  de  cette  guerre  de 
Cbarles  le  Téméraire,  ils  s'échappèrent,  avec  d'autres,  de  la  ville  d*0- 
bernay  et  se  réfugièrent  dans  les  forts  de  Barr  et  de  Luzelsteiii(5, 
où  ils  furent  obligés  de  rester  une  année  entière.  Persécutions, 
meurtres,  baptêmes  forcés,  à  cette  époque,  dans  toute  l'Alsace: 
Slestadt,  Bergheim,  Kaysersberg,  Kestenbolz  (?),  Ammcrsweiler, 
Dûrkbeim,  Colmar,  jusqu'à  Ensisheim.  Ceux  qui  se  baptisèrent, 
revinrent  au  Judaïsme,  excepté  un  certain  Raphaël,  de  Colmar. 
C'était  au  mois  de  téàet,  le  froid  était  intense  *,  les  Juifs  qui  s'élaienl 
cachés  dans  les  cavernes  et  cachettes  furent  obligés- de  se  réfugiera 
Dûrkbeim  et  dans  Les  environs.  Suit  l'incident  de  Juda  Pamdélroa 
Bamis,  de  Mulhouse,  raconté  dans  Revue,  XIII,  63  *. 

3.  —  5363  à  3565  (U73  à  U/o).  Dans  la  guerre  de  succession  de 
Maximilien  contre  le  duc  de  Heidelberg  (et  où  Maximilien  conquit 
le  bailliage  de  Ilaguenau),  les  biens  de  Joselmann  et  de  sa  famille 
sont  pillés,  plus  de  400  flor.;  il  lui  reste  quelques  créances  et  101  (on 
UO)aorins. 

4.— B266-7  (4506-7).  Les  bourgeois  d'Oberehnheim  obtiennent  de 
l'empereur,  avec  quelque  peine,  la  permission  d'expulser  les  Juife 
de  la  ville  et  de  leur  défendre  d'y  passer.  Les  Juifs  sont  persécutés 
et  maltraités  dans  les  rues.  Un  Juif  est  tué,  Jacob  b.  Juda  Lévy;  un 
autre  blessé  à  mort.  Les  Juifs  ne  peuvent  plus  rester  dans  la  ville, 
et,  au  lieu  de  la  traverser,  ils  sont  obligés  de  faire  un  détour'. 

5.  —  5270  (<540).  Joselmann  est  nommé  chef  des  communautés 
avec  R.  Zadoc  et  autres.  Affaire  des  38  Juifs  brûlés  à  Berlin*.  ' 

Môme  année.  Affaires  du  Talmud  soulevées  par  l'apostat  (Pfeffer- 
corn),  à  Francfort  •. 

G.—  5274  (1514).  Joselmann  et  des  Juifs  de  Mi  Itelbergheim,  en- 
semble huit  personnes,  sont  mis  en  prison,  probablement  pour  une 

«  Voir  Johann  Mûller,  XV,  363,  et  XVI,  89. 

*  La  rançon,  d'après  notre  texte,  est  de  800  florins,  non  80.  Le  "15:3 0"|p  est  le 
bourreau,  questionarius. 

*  Voir  Revue,  XIII,  07  ;  Lehmann,  1,  159,  et  264  ;  et  dans  nos  appendices  la  pièce 
du  22  déc.  1497. 

*  Voir  Graetz,  IX,  2«  édil.,  p.  99;  Pauli,  Allgemeine  preustUche  Staaisgeirk.,  II, 
454  tr. 

^  Graetz,  IX,  2*  édit.,  p.  68  et  suiv.,  et  mon  travail  sur  celte  ailaire  dans  Zeitsckr, 
f.  d,  Gesch,  d,  Juden  in  DeutscMand,  {•'  vol.,  f«»«  2  et  3. 


HABIiï  J05KLMANN  DK  ROSilEIM 


OT 


lccusaL[oD  de  sùi^^,  ù  Oberelmheim.  Au  bout  de  7  scmaincSj  leur  in- 
nocence est  reconnue  et  ils  soat  mis  ca  liberté- 

-  5275(1515;.  Joselmana  est  chargé  do  porter  a  l'enipiTeur  les 
IplaiuLes  des  Juifs  contre  la  ville  d'Iilmlicim,  les  comtes  d*Andlau  et 
Irévêque  (de  Strasbourg),  qui  voulaieot  expulser  les  Juifs  du  pays. 
Les  adversaires  prirent  peur,  Tévôquo  et  les  sires  d'Andlau  (Ireot  un 
^compromis  avec  les  Juifs;  la  ville  d'Elirdieim  m*  comparut  pas  au 
jour  fixé  par  Terapereur  pour  plaider;  les  Juifs^  neîinraoius,  crurent 
Iprudent  d'arrêter  rinstance  bonfre  elle. 

8,  —  5279  irilOj.  Mort  de  Tempe reur  ;  les  Juifs  sont  expulsés  de  Ra- 
[tisbonoe.  La  fdmillc  Auerbach  s'établit  6  lîof  prés  de  Ratisbonne, 
[sous  la  protection  du  duc  de  Bavière  *.  —  Le  4or  adar  527D  {t  février), 
[les  Juifs  sont  expulsés  de  Dangolsheim  (Alsace),  les  villages  voisins 
I  veulent  imiter  cet  exemple,  mais  grâce  a  finlerventioD  de  Josclmanu 
[auprès  du  bailli  de  llaguenau  et  de  révoque  do  Slrasbourg,  les  ba- 
I Citants  de  Dangolsheim  rapporleni  la  mesure  prise  conUe  les  Juifs, 
IpuîS  (à  ce  qu'il  semble)  ils  manquent  à  leur  promesse,  et  le  bailli  va 
*  les  punir.  Sans  cette  mesure  sévère,  les  Juifs  auraient  été  en  danger 
dans  loutc  la  région  dn  Rhin  (le  passage  est  obscur). 

9  —5280  (1520)^  Avènement  de  Charles-Quint.  Joselmana  va  lui 
i  demander  et  obtient  îa  confirmation  des  privilèges  des  Juifs  d'Aile- 
aagne.  Néanmoins,  un  édit  d'expulsion  est  porté  contre  les  Juifs  do 
iheimetceux  delà  prévôté  de  Kaysersberg,  Joseimann  obtient 
Vaiinulation  de  Tédit  concernant  les  Juifs  de  Kaysersberg,  mais  la 
I  question  des  Juifs  de  Kosheim  reste  en  suspens. 

10,—  5282  (<5i2),  Joselmann  va  à  Nuremberg  pour  une  affairo 
l  concernant  un  Juif  ;  il  se  plaint  de  la  ville  d'Ehnhetm  et  obtient  que 
Irabbé  de  Wisscmbourg  soit  nommé  commissaire  pour  entendre  les 
Iplcfinles  des  deux  parties.  Grâce  au  bailli,  un  traité  intervient  entre 
Iles  Juifs  et  la  ville  d'Ebnheim  et  les  portes  de  la  ville  sont  de  nou- 
veau ouvertes  aux  Juifs  '. 

VL  —  5285  (1535).  Guerre  des  paysans  en  Alsace.  J,  va  au  couvent 
Icl'AUorr»  pour  traiter  avec  les  chefs  de  rinsurrcction,  qui  avaient 
[îïienacè  de  massacrer  les  Juifs,  fj'est  par  son  éloquence  qu'il  obtient 
[d'eux  qu'ils  ordonnent  aux  paysans, par  lettres,  de  ménageries  Juifs. 
[Cependant  cet  ordre  ne  fut  pas  respecté  longtemps.  Mais  beureuse- 
itoent  pour  les  Juifs,  l'insurrection  est^répriraée  et  les  paysans  sont 
[massacrés  par  le  duc  do  Lorraine  *. 

f  t.  —  5288  (1528J.  Les  autorités  de  Ilaguenau  obtiennent  de  Ferdi- 


1  VoirGnctz,  IX,  2«  édit.  p.  5"»  et  2IJ2, 
»  Voir  Bwvê,  XUl.  69,  LehmaDu»  I,  268. 
i  Mtput,  Xlil,  251. 

T.  XVI/k'»  su 


',18  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

nand,  frère  de  Tempereur,  que  les  Juifs  soient  chassés  de  la  proTino^ 
ils  sont  expulsés  des  villages  et  de  plusieurs  villes.  JoselmanûTaïa- 
près  de  Ferdinand,  qu'il  Huit  par  atteindre  à  Prague.  Il  est  reçupir 
celui-ci  et  obtient  le  reirait  de  Tédit  d'expulsion  et  la  conGrmalioft 
des  anciens  privilèges.  Quelques  gentilshommes  veulent,  néanmoins, 
exciter  les  bourgeois  contre  les  Juifs;  mais  trois  de  leurs  adversaires 
les  plus  dangereux  meurent  subitement  de  maladie;  un  quatrième, 
un  seigneur  de  Ilochfelden,  est  tué  par  ses  ennemis. 

13.— oi80  (\ot^],  AtTaire  de  l'hostie  à  Bosing  (à  io  kilomètres  aunorf 
de  Presbourg  ;  non  Baisingèn},  en  Moravie,  36  Juifs  sont  brûlés  le 
13  sivan  (21  mai)  et,  dans  la  suite,  les  Juifs  de  Moravie  sont  accusés 
et  plusieurs  sont  emprisonnés.  Joselmann  apporte  tous  les  privi- 
lèges des  papes  et  des  empereurs  à  Giinzbourg  et  en  fait  un  résuoé 
qu'il  remet  à  l'empereur,  les  Juifs  sont  remis  en  liberté  et  l'aflaiw 
n'a  pas  de  suite  *. 

14.  —  5290  (Io30).  Les  Juifs  sont  accusés  d'ôtre  les  t  délateurs  »  des 
chrétiens  en  faveur  des  Turcs,  on  veut  les  expulser  de  partout; 
Joselmann  rédige  un  mémoire  justificatif,  qu'il  remet  aux  deux  rois 
(Charles-Quint  et  son  frère)  à  Inspruck  et  qui  est  accueilli  avec 
faveur. 

45.  —  Môme  année.  Diète  (à  Augsbourg)  ;  on  veut  interdire  le 
prêt  à  intérêt  (ou  annuler  les  intérêts  dus  aux  Juifs)  ;  Joselmann  ob- 
tient qu'on  y  renonce  et  fait  renouveler  les  privilèges  de  l'empereur 
Sigismond  \ 

1G.  —  5201  (1531).  Joselmann,  pour  défendre  les  Juifs  contre  toutes 
sortes  de  poursuites,  va  auprès  do  l'empereur,  alors  en  Brabaniet 
Flandres.  Il  s'y  arrête  depuis  le  T'' adar  jusqu'au  1^"^  sivan  (18  fé- 
vrier au  47  mai)  ;  c'est  là  que,  dans  ses  longs  loisirs,  il  rédige  son 
ouvrage  wipn  ^m  II  persiste  à  attendre  une  audience,  malgré  l«s 
menaces  du  général  (?)  appelé  Rulhard  [t,  il  finit  par  èlrereçude 
l'empereur  et  atteindre  son  but. 

47.  —  o2'.)2  (1532;.  Joselmann  va  à  la  diète  de  Ratisbonne,  pour  di- 
verses questions,  entre  autres  celle  du  prêt  à  intérêts.  Il  y  rencontre 
Salomon  Molcho  %  qui  venait  dire  à  l'empereur  qu'il  voulait  exhorter 
les  Juifs  à  aller  combattre  les  Turcs.  Joselmann  lui  écrivit  de  ne 
pas  s'adresser  à  V^mpereur,  et  quitta  la  ville,  pour  ne  pas  être  soup- 
çonné d'ôtre  de  connivence  avec  lui.  Molcho  fut  pris  par  l'empereur 
et  conduit  à  Bologne,  où  il  fut  mis  à  mort. 

*  Voir  Zunz,  Synaijogalc  Poésie,  p.  liô. 

*  Lehmann,  II,  72-81,  pièces   tirées  du  cartulairo  du  Palalinal   (n-  99  f»  150)  et 
des  archives  dObernai  (arm.  2,  u?  26). 

*  Voir  Graelz,  IX,  2ol,  '100;  Kayserling,  Oesch.  d,  Juden  in  Portugal,^,  103 
d'après  eux,  Molcho  l'ut  mis  à  mort  à  Mantoue. 


BABBl  JOSELMANN  DE  ROSHEIM 


m 


*4t.  — 5293  («533).  Accusation  de  sang  en  Silésie  ^à  Ratibor).  Josel- 
lOQ  et  LibermanQ  voot  à  Sclnvabach  et  Aaspach;  le  parnass  et 
BUX  ou  trois  autres  Juifs  de  Ratibor  sont  brûlés,  mais  grâce  aux 
ttorche&  faites  par  Joselraaun  auprès  du  margrave  Georges»  les 
%tics  Juifs  emprisonnés  sont  mis  en  liberté  ^ 

,  — 520a  et  5295  (loS3  et  <5:J5).  Churlcs-Quiet  fait  la  guerre  en 
arie  (entre  autres,  Tunis  pris  le  2  juillet),  beaucoup  de  Juifs  sont 
t  prisonniers  à  Coron  eL  Palras  %  le  concours  des  Juifs  allemands 
Il  demande  par  les  Juifs  d'Italie  (i^ib)  pour  les  racheter,  et  TAlsace 
t'imposait  pour  cet  objet  une  taille  de  1/4  ûorin  sur  di)0  flor.  de  for- 
ae,  mais  Josclmanu  ne  trouvant  personne  à  qui  conilcr  cetld 
ae,  remploie  pour  la  protection  des  Juifs  allemands  et,  en 
e,  pour  celle  des  Juifs  de  Prague. 

10.-5294(1534).  Grand©  querelle  entre  les  communautés  juives 

îe  Prague  et  de  Ilorowitz,  les  plus  populeuses  de  Bohème.  Le  rabbin- 

Uiea connu  Abraham  h,  Avigdor  (mort  7  décembre  V6il)  et  Josel- 

ana  sont  nommés  arbitres»  ils  rédigent  un©  convention  en  23  ar- 

Iticles,  que  signent  40o  Juifs  de  Prague,  mais  les  Juifs  de  llorowitz, 

[meûcspor  un  certaiu  Scheftei  (l),  veulent  faire  un  mauvais  parti  à 

Josdmanu;  Irois  fois  il  est  obligé  de  se  réiygier  dans  la  citadelle 

L(ilradscbin;,  mais  il  échappe  au  danger»  et  linalcment  les  rabbins 

I  d'Italie  et  d^Autriche  prennent  parti  pour  lui. 

tt.  —  5296  (15^6).  Lesautorilés  de  Hagueuau  et  d'Ensishcim  pro- 
*iui.seut  des  accusations  contre  Juselmano,  il  est  obligé,  pour  les  com- 
^bûUre^  d'aller  souvent  à  Hcidelberg  et  à  Ensisheim  ;  mais  il  sort 
I  îûdemnc  de  ce  procès, 

21—  5295  (Ï536).  LVIeclcur  Jean-Frédéric  de  Saxe  veut  chasser 

î«s  Juifs,  sur  i'insUgatioa  de  Martin  Luther,  qui  a  écrit  des  livres 

^contre  les  Juifs.  Joselmanu    prend  des  lettres  de  divers  docteurs 

chréucos,  entre  autres  de  Strasbourg»  et  se  rend  en  Saxe,  Mais  n'y 

trouvant  plus  Pélecteur,  il  le  suit  à  Francfort-sur-Mein;  ou  il  le 

ïîouve  en  compagnie  de  plusieurs  autres  princes,  entre  entres  Pé- 

feciçur  de  Brandebourg*  C^o  dernier  s'était  déjà  proposé,  lui  aussi, 

<i'*>ïpuUer  les  Juifs  de  ses  provinces.  Joselmanu,  en  présence  do 

iï^^iucoup  de   savants   chrétiens,    entreprend  de  réfuter  Luther  et 

Btilîjcr  iMurtin  Rutzer,  de  Strasbourg).  onFécoute  avec  bienveillance. 

Ua,  en  outre,  une  bonne  fortune  :  on  vient  de  découvrir  que  les  38 

liuifs  brûlés  a  Berliu  en  OilO  étaient  inaocents,  que  le  coupable  qui 

I  avait  volé  l'ostensoir  avait  confessé  son  mensonge,  mais  que  Pévé- 

jque  avait  imposé  le  silence  eu  confesseur,  et  empêché  que  la  vérité 

[fût  révélée  au  duc  Joachim  L  Tous  les  ducs  et  le  margrave  Joachim  II 


*  Noue  publierons  trois   ftcies  relaUfe  à  cette  alfaire.  Le  margrave  Qeorgea  était 
YùhcU  de  Wladislas,  roi  de  UoQgriG«  il  avait  aclietâ  Halibor  en  1532. 
^  Voir  Smsk  h4;àlfakha,  \k  97. 


1(10  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

de  Brandebourg  furent  frappés  de  cette  révélation  ;  on  renonça  àex* 
puiser  les  Juifs,  mais  la  Saxo  ne  tint  pas  sa  promesse  et  fit  beau- 
coup de  mal  aux  Juifs  *.  Elle  en  fut  punie  *. 

23.  —  5301  (l.'JVI).  Joselmann  esta  la  diète  de  Ratisbonne,  pou^d^ 
mander  la  confirmation  de  divers  privilèges  *.  A  cette  époque  l'em- 
pereur avait  expulsé  les  Juifs  de  Naples  ;  un  juif  de  Rome,  nommé 
Salomon,  était  venu  à  la  diète  pour  intercéder  en  faveur  des  ex- 
pulsés, mais  l'empereur  lui  ordonna  de  se  taire  sous  peioe  de 
mort*.  Tout  ce  que  les  Juifs  purent  obtenir,  fut  un  délai. 

24.  —  Même  année.  Un  enfant  chrétien  est  trouvé  mort  dans  il 
forêt  do  Weissenburg  (en  Franconie,  près  Papenheim),  on  accusete 
Juifs  de  (Wasser-)  Trûdingen  (ou,  peut-être,  Treuchtlingen)  de  l'a- 
voir tué.  Joselmann  fait  des  démarches  auprès  du  duc;?)  de  Dietfint 
et  les  seigneurs  de  Pappenheim  (à  qui  appartenait  Weissenburg), et 
les  Juifs  accusés  sont  mis  en  liberté. 

25.  —  u302  (1542).  Expulsion  des  Juifs  de  Bohême  et  de  Prague, 
persécutions  contre  eux.  Joselmann  vient  implorer  le  roi  en  leur  fa- 
veur, ils  peuvent  revenir.  Quand,  le  \^^  tammuz  (19  juin)  1547,  Josel- 
mann est  à  Prague,  il  engage  les  Juifs  de  la  ville,  très  divisés,  à 
Tunion  et  à  la  concorde  '. 

26.  —  5304  (I5i4).  Encore  une  affaire  d'un  enfant  chrétien  tué;  cinq 
Juifs,  dont  trois  femmes  et  une  jeune  fille,  sont  accusés  et  torturés, 
mais  ils  résistent  avec  courage  et  ne  font  pas  d'aveu.  Joselmann  in- 
tervint en  leur  faveur,  en  montrant  les  privilèges  impériaux  des 
Juifs,  à  TV'urzbourg  et  à  Spire,  avec  le  concours  de  Selkelin  et  de 
S.  (Samuel  ?  Simon  ?).  Les  accusés  sont  mis  en  liberté.  La  jeune  fiHfi 
avait  été  torturée  à  plusieurs  reprises  pendant  32  semaines. 

27.  —  5305  (1545).  Charles-Quint  fait  une  campagne  en  France,  et 
vient  presque  près  de  Paris  *;  les  Juifs  allemands  sont  obligés  de 
contribuer  aux  frais  de  la  guerre  et  donnent  3,000  florins  d'or,  à  15 
baizen  le  florin,  et  400  couronnes,  plus  un  don  d'environ  1,000  flo- 
rins. Une  taille  de  3/4  pour  cent  de  fortune  est  frappée,  à  cet  effet 
sur  les  Juifs,  par  leurs  administrateurs.  Le  jour  même  (où  cetU 
taille  fut  décidée  ?  ,  Joselmanu  fut  à  Worms  (c'est  là  peut-être  qu< 
se  réunirent  les  Juifs),  parce  que  Ton  proposait  de  nouveau  d'eX 
puiser  les  Juifs.  Un  des  seigneurs  plaida  en  faveur  du  maintien  deî 

•  Sur  tout  cela,  voir  ÀVrw^,  XIII,  p.  78. 

^  AUusioQ  à  la  bataille  de  Mûhlber:;.  1547.  et  à  la  captivité  de  Télectear  de  Sax«' 
LVIectour  de  Brandebourg,  au  contraire,  eut  à  sa  cour  un  Juif,  Lippold,  qui  joaitd< 
toute  sa  faveur. 

>  Lebmann,  II,  22^.. 

♦  Grael:,  IX,  3ir.. 

*  Sur  l'expulsion,  voir  Zunz,  SynagO'j,  Poésie,  p.  57,  et  Graetz,  IX,  p.  317. 

*^  Campagne  de  l^iiuiomne  1544,  suivie  du  traité  de  Crespy-en* Valois.  Om^ 
s*avani:a  jusqua  Cbàteau-Thierry.  Voir  Hanke,  DemUcke  GetcA,^  IV,  222. 


TïADÎil  JÛSELMANX  Tii:  lîDSlIELM 


loi 


if5,  ils  étaîeut,  du  reste,  tolorés,  disait  iL  eu  souveûir  {de  la  pas- 
|OD  du  Christ).  Le  projet  fut  iibaudonné.  Malgré  cette  résolu tîou, 
lecteur  de  Saxe  et  les  villes  de  Landau  et  d'Esliogen  chassent  les 
ifs. 

8.  —  5306t<(ii6)*  Diète  à  Batisbouue.  Joselmanu  ublient  de  Fem- 
eur  Charles-Quiiil,  eu  faveur  des  Juifs,  des  privilèges  meilleurs 
tous  les  précédents  ^  On  les  lui  avait  déjà  promis  antérieu- 
cment  a  Spire  *,  ils  furent  contresignés  par  les  seigneurs.  Les 
de  Saxe  et  de  liesse  '  aviiient  refusé  de  se  soumettre  aux 
solutions  de  la  diète,  lempereur  dut  leur  fuire  la  guerre \  il  lit 
eûir  des  troupes  espaguoles,  qui  maltraitèrent  d'abord  les  Juifs. 
aselmoQQ  lit  représenter  à  l'empereur,  par  le  chancelier  Gran- 
i\?),  qu*il  était  bien  douloureux  pour  les  Juifs  d'être  successi- 
rcmcnt  malmenés  par  les  Luthériens  et  les  catholiques*;  Tempereur 
.donner  des  ordres  sévères,  et  les  Juifs  ne  furent  plus  inquiétés, 
,  malgré  le  grand  mouvement  de  troupes  qu'amena  la  guerre.  Les 
Juifs  dirent  des  prières  à  Francfort  pour  le  succès  de  Tempereur, 
et  liaalement  les  deux  souverajus  lurent  pris»  en  \okl.  Les  Juifs 
l  d'ailleurs  fait  à  larmée  impériale  d'importants  dons  en 
(sislances. 

î9.—  5307  (1347).  L'empereur  envoie  une  armée  de  !âO,ûOO  hommes, 
lliïDs  Je  commandement  du  comte  de  Bureu,  contre  la  ville  de  Franc- 
[fcri, mais  avec  Tordie  de  la  ménager,  si  elle  accepte  ses  conditions, 
la  ville  est  prise*,  et  Joselmann,  chargé  par  les  Juifs,  rachète  la 
I  «ûrftê  de  leur  vie  et  de  leur  fortune,  au  prix  de  8t)0  Uorins  d*or.  Les 
liuitâ  renlréreut  en  partie  dans  cette  dépense  en  achetant  le  butin 
I  îfiil  à  Feuchtwangen  et  Darmstadt  ''. 

Fin  du  journal. 


Nous  ajoutons  quelques  extraits  et  pièces  qui  se  rapportent  a 
iJoselmann  : 

h  Une  pièce  de  1491  relative  au  séjour  des  Juifs  à  Obernai 
1(0"  1): 

2*  Une  pièce  de  L^24  relative  un  même  sujet  (n*"  2)  ; 


*  Texte  dftns  Lebmsnn,  II»  302,  d'nprèsie  cartulaire  tiu  Palalinat,  n"  &9, 
*A  il  diète  d«ir»V2  ou  1^4/*. 

'  L'éWieor  do  Sato  et  lo  kiiflgrave  de  liesse  (Jc«n- Frédéric  et  Philippe). 

*  C'wt  le  commencement  do  la  j^nerra  de  Smuicttdc. 
'  Supplique  daas  Lehmaun,  lU  29^. 

*  U  20  décembre  lîi^T.  voir  Kiie^'k,  Gfith.  9ûf$  Frank f«ri  n.  J/.,  \u  'il 6. 
l>iiriii»t«dt  avait  été  prise  d*u8S«ul  c|iielipic:!^  jotirs  «va al  IVntrée  des  troupes  im- 

l  P*mle»  k  Frandort. 


102  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

3^  Les  numéros  3, 4, 5,  extraits  de  divers  recueils  des  Archives: 
de  Francfort,  de  Munich  et  de  Carlsruhe. 

On  voit,  par  ces  derniers  extraits,  que  le  Journal  de  Joselmann 
est  loin  de  raconter  tout  ce  que  Joselmann  a  fait  pour  les  Juifs. 

La  pièce  n^  3  prouve  que  Joselmann  est  Intervenu  auprès  de 
l'empereur  Maximilien  pour  protéger  les  Juifs  de  Francfort  contre 
les  tentatives  de  Pieffercorn.  Leur  situation  était  alors  très  déli- 
cate :  presque  chaque  année,  depuis  1510,  le  magistrat  se  deman- 
dait s'il  voulait  leur  laisser  le  droit  de  domicile.  Depuis  Charles IV, 
les  Juifs  de  Francfort  étaient  sous  la  juridiction  absolue  du  magis- 
trat, et  celui-ci  se  montrait  extrêmement  jaloux  de  toute  inter- 
vention étrangère  dans  les  affaires  qui  les  concernaient.  Aussi 
durent-ils  lui  demander  Tautorisation  d'accepter  la  lettre  patente 
obtenue  par  Joselmann  contre  Pfeffercorn,  et  le  passage  que  nous 
reproduisons  montre  que  le  magistrat  les  engagea  à  ne  pas  l'ac- 
cepter, s'il  était  possible. 

Dans  le  n"  4,  il  est  question  des  Juifs  de  Bavière  *. 

Le  n^  5  parle  d'une  instance  de  Joselman  contre  le  magistrat  de 
Golmar. 

/.  Édit  de  l'empereur  Maximilien  concernant  les  Juifs  d'Obemai. 

Fribourg,  22  octobre  1497. 

Wir  Maximilian  von  gots  gnaden  Romischcr  kunig,  zu  allen  tzeilen 
merer  des  reichs,  zu  Hungern,  Dalmatien,  Croatien,  etc.  kunig, 
crlzhertzog  zu  Osterreicli,  herlzog  zu  Burgundi,  zu  Brabannt,  zu 
Gheldhern,  etc.  grafe  zu  Flanndern  zu  Tyrol  etc.  embieten  vnseru 
vnnd  des  reichs  lieben  getrewen  burgermeisler  vnd  rate  der  stat 
Obern  Ehenheim  vnnser  genadunnd  ailes  guet.  Lieben  getrewen, 
wir  habeu  vnsern  kunigklichen  camerprocurator,  fiscall  gênerai  vnd 
des  reichs  lieben  Peter  Volschen  verordennt  vnd  dem  macht  vnd 
gewalt  beuolhn  vnd  gegeben,  auf  vnnser  gebots  brief,  so  wir  an 
euch  vnndanndern  vnnser  uud  des  reichs  siett  in  vnnser  landtvogtey 
im  Elsasz  gelegen  ausgeen  lassen,  juden  an  die  ort  vnnd  ennde  da 
sy  vormals  gewehst  vnnd  gcseszen  sein,  widerumb  zu  setzen  vnnd 
euch  demnach  bey  vcrmeydung  vnnser  vnnd  des  reichs  vngenad 
vnd  slrafTe  vnnd  durzu  verbiesuug  der  peneu  in  den  obbesUmbien 
vnnsern  ausgegangen  gebots  briefen  begriffen  ernstlich  vnd  wellen, 
Daz  ir  dieselben  juden,  so  cr  euch  benennen  vnd  anzeigen  wirdet, 
mitsambt  ireu  hauszrat,  hab  vnd  gutern  darauf  on  widderred 
annemt  vnd  wie  andcr  juden,  so  vormals  bey  euch  gesessen  sein, 
halltetvund  bey  ireu  frcyheiten,  die  sy  vonn  weilonnd  vnnsern 
vorfuhreu  am  reiche  Romischoa  keysern  vnnd  kuuigen  haben,  blei- 

*  Voir  Lchmanu,  II,  p.  322. 


RABBI  JOSELMANN  DE  ROSHEIM         '  103 

ben  lasset,  hanndlhabet,  schutzel  vnd  schirmet  vnd  da  wider  nit 
dringet  noch  beswert  noch  des  yeraands  anndern  zuthundt  geslattel, 
noch  hier  inné  verziebet,  dadurch  nit  not  werde,  mit  den  ob- 
bestimbten  pennen,  straffen  vnnd  pussen  wider  euch  furzunemen 
vnnd  zuhandb[len]  ;  daran  lut  ir  vnnser  ernstliche  meynung.  Geben 
zu  Freyburg  im  Breysgew  am  zweiundzwenlzigisten  des  monats 
Oclober  nach  Gristi  geburde  vierzelien  liundert  vnd  im  siebenund 
newntzigsten  (U97),  vnnser  reicbe  des  romiscben  im  zwollTten  vnnd 
des  Hungerschen  im  acbten  jaren. 

Ad  mandatum  dm.  régis,  manu  propria. 

(Arch.  municip.  d'Obcrnai,  armoire  2,  n®  26.  Copie.) 

2.  Lettre  du  Bailli  de  Basse- Alsace  en  faveur  des  Juifs  d'Ohemai. 

Vendredi  après  Jubilate  1524. 

Wiir  Ilanns  lacob  freyherr  zu  Morsperg  undt  BefTort,  Romischer 
koyserlicher  Majestat  unsers  allergnadigsten  herren  landtvogt  in 
unlern  Elsass  etc.  bekbenncn  undt  thun  kbundt  maniglicben  mit 
dissem  brieff,  nacbdem  sich  laugwirige  spenn  undt  Irrung  zwi- 
schen  der  gemeinen  Judescheit  aben  einem  ;  vnd  ein  ebrsamen 
rath  uudt  gemeiner  statt  Ober  Ehenbeim  andersleiis  schwebendt 
gewesen  inhalt  ibrer  eingelegten  sebrifften,  clagden  wie  vorhanden, 
hierinn  umb  die  lange  willen  zu  melten  unnOthig,  welcher  irrlbumb 
und  spenue  wir  beydc  parleyen  nach  vielfaltiger  underbandlung 
volgender  massen  mit  ilirer  beyerseils  gutem  wissen  undt  willen 
vertragen  und  vereinbalirt  baben  ;  erstlichen  soUen  die  juden 
allein  uff  den  markh  und  jalirmarckhtagen  gen  Ober  Ehenbeim  zu 
wandeln  macht  habcn,  docli  mit  diss  bescbeidenbcit  dass  sie  zu 
jeder  mahlen,  als  oflt  einer  oder  ein  judin  die  margttâg  brauchen 
wurde  —  davon  [seclis  pfennig  Slrasburger  abn  die  ort ,  denen 
bestimbt  zu  geben,  schuldig  seyen,  undt  in  aile  weeg  ûber  nacht  in 
der  statt  nit  pleiben  ;  es  mog  auch  judt  oder  judin,  so  ofTt  ihnen 
dass  gelegen  undt  ibr  noldurff  erfordert,  den  durchwandel  zu 
Ober  Ehenbeim  bruchen  und  nicht  zit  bandeln,  und  davon,  so 
es  nit  marck  tag  were,  geben  zween  pfennig  Strasburg. 

Veiters  '  ist  abgeredt.  dass  kein  judt  oder  judin,  so  den  marckht 
•oder  den  durchwandel  wie  obengezeigt  brauchen,  in  der  statt  Ober- 
Ehnheim  kein  gelts  auf  wucher  hinlyhcn  soUen  ;  so  aber  ein  burger 
oder  burgerin  von  einem  juden  oder  judin  entlehnenw^oll,mag  sie 
das  utr  vahrende  und  kein  verschriebung  noch  ligende  pfandter 
thun  ;  doch  soll  ihnen  der  ludt  oder  ludin,  so  gelt  darufT  liehen 
wurden,  denselbig  ein  ziehl  selzcn  und  bestimmen,  undt  so  der 
di/)selbigeu  pfandeu  in  gemoller  zoit  nit  entledigen  oder  lossen 
wiirde,  so  soll  dasselbig  pfandte  dem  jud  oder  judin  verfallen  sin  ; 
es  soll   auch  kein  judt  oder  judiu  in  keines  burgers  oder  burgerin 

>  Wciteres. 


lO'i  Hi:VlK  DES  ÉTUDES  JUIVES 

haussgeheii,  esvere*  dan,  dass  der  voq  deoselbig  erfordert  warde; 
wo  aber  ein  burger  oder  burgeriQ  ihres  eigenea  wiliens  zu  judt 
oder  judia  ia  der  orl  gesessea  gienge  und  etvas  wie  vor  diessen 
entscheidt  eatlehne  wùrde,  soll  das  auch  wie  hievor  keiaea  theil 
benneo  (?)  oder  ab^cschnitten  sein,  doch  soll  keia  judt  oder  jadin 
keineu  pact,  verstandt  oder  abrede  mit  keiacm  burger  oderburgeria 
iû  gedachter  stalt  (Jber  Eholieim  ufTwucher  geld  zu  lieben  fune- 
mea,  durch  sicli  selbs  oder  jemandt  anders  tbun  lassen  ;  wo  sieh 
aber  defindt  dem  zuwider  gehandelt,  so  soll  der  jud  oder  judin  seines 
wucbcr  verlobren  haben,  darzu  einea  ebrsamea  ralb  gemellerstoU 
Ober  Kbûheim  einen  guldin  zii  ablrag  zu  geben  verfallen  seyn. 
Sie  soUen  auch  ihre  riug  oder  zeicheo,  es  sey  jud  oder  judin,  M 
in  oft  gemeller  statt  Ober  Ehnlieim,  wie  vorslebt  wandlen  wurden, 
bey  ihuen  tragen,  dabey  man  sie  erkennen  mag.  Undt  solienaodi 
hiermit  ail  ansprachen  wie  die  juden  dasin  ihren  clagenmundlidi 
oder  [s]chrifrtlicli  iubraclit,  es  seyen  schaden,  costen,  glaidls  bruehi 
irrungen  und  ailes  das  bis  utr  disen  tag  dato  diss  brieffs  beschehen, 
ganlz  und  gar  todt  undt  ab  seyn  undt  sich  deren  kein  ibeil  hienach 
nimer  behelffen  noch  gebrauchen  weder  durch  sich  selbs  noch 
jemandt  anders,  von  ihr  entwegen  in  khein  weiss  noch  weegjetz 
oder  in  kunfTlig  zeit  ;  solche  abredt  undt  vertrag  haben  bcyde 
obgemelte  parleyen  mit  gutem  wisen  undt  willen  angenommen und 
deu  also  in  allen  und  jeden  artickhelu  getreiilich  ungefahr  zugde- 
ben  und  nachzukommen  zugesagt  undt  versprocben  ;  des  zu  wahrea 
urkhuudt  haben  wur  obgenander  landtvogt  unser  angebohren  insie- 
gel  an  dieser  verlragsbrieflf  zween  gleichlautendt  thun  henckhcnund 
je  dentheil  einen  ubergeben  ;  ufT  freytag  nach  den  sontag  jubilale, 
als  man  nach  Chrisli  unsers  lieben  herrn  geburth  zahlt  1524  jarh*. 

(Arch.  municip.  d'Obernai,  armoire  2,  n»  13.', 

3.  Joselmann  et  Us  Juifs  de  Francfort  en  1513. 

Als  der  judden  hohe  meister,  so  in  Keyserlichem  hoffliget',  ein 
privilegium  crlangl,  darin  gemelt  wirt  die  judden  in  keyserlicher 
maiestat  schirm  sin  sollen  vud  fur  Peflerkorn  zu  beschirmeu  etc.vric 
die  werbung  geluth  bat  (gelaulel  bal),  w^lche  privilegium  sie  oue 
willen  eins  erbareu  rais  nit  annemen  woUen. 

Ratschlagungs  protocoU  de  4513  folio  206  (sexta  in  die  sancli  Mar- 
tini] :  Den  juden  sagen,  uichts  von  keyserlicher  maiestat  antzune- 
men,  das  widder  des  rats  oberkeit  sy  ;  denn  wo  das  geschee,  werde 
der  rat  sie  nit  vngeslraft  zulassen. 

[Bili-ijtnncisterbuch  de  la  ville  de  Francfort,  1513,  f.  90.) 

«  Werc. 

*  La  copie  u  été  authenliqupo  autrelois  par  Tarchivistc  M.  E^gs  ;  cependant  il 
serait  bon  de  la  comparer  avec  ToriginaL  La  pièce  se  trouve  par  cxiraits  dans  Rtvtt 
Xlll,  u»  25. 

'  Joselmann. 


RABBI  JOSELMANX  DE  ROilIlilM 


îm 


4.  Joselmann  ei  Us  Juifs  de  Bavière.  {Analj/se), 

4  «'juillet  1551. 

José),  chef  des  Juifs  d^Allemafîne  (alâ  gememer  Jûdischait  Bevel- 
ibt^r  in  Teutscliland),  après  avùir  obtcïm  la  cessation  des  pouisaiies 
>Qtre  qualFô  Juifs  em  prison  nés,  savoir  les  frères  Isak  et  Ilayum, 
am  Hof  bel  Regensburg  »,  Abraham  Gollschmid  de  Craco%^ie,  et 
[Simon  Putze*  de  Hag,  prend  les  eogagcmeoLs  suivants  au  nom  des 
Juifs  : 

4*  Aucun  Juif  ne  demeurera  plus  et  ne  viendra  plus  de  passage 
fns  les  duchés  de  la  Bavière  supérieure  et  iuférieure* 

»  Toute  instance  des  Juifs  contre  des  sujets  de  ces  deux  pays  sera 
ile  par  des  procureurs  chrétiens. 

2^  Dans  le  cas  seul  de  nécessiié  absolue,  des  Juifs  pourront  traver- 
ser le  dit  pays,  mais  sans  y  séjourner,  et  seulement  avec  un  sauf- 
conduit  où  leur  itinéraire  sera  décrit  avec  précision. 

5*  Les  Juifs,  même  établis  en  dehors  desdils  duchés,  ne  feront 
aucune  alTaire  avec  les  gens  des  duchés. 

ti.  Tous  les  privilèges  ecclésiastiques  et  civils  obtenus  par  les  Juifs 
ei  qui  seraient  contraires  à  la  présente  convention  seront  annulés, 
Sijfïié  :   'i  Wilhclm  Pockhlin  zu  Pocklinsau,  Kaiserlicber  iiofmar- 
scbalL  3 

Donné  à  Munich,  mercredi  après  Pelri  et  Pauli  apostolorum,  le  i"*" 
jour  du  mois  de  juin. 

Accompagné  d'une  attestation  du  serment  fait,  à  ce  sujet,  le 
3  seplcnibre  1551,  par  <^  Josef  der  son  Gerson,  welcber  gênent  wirt 
Josetman  Koshain.  *> 

(All^^eiiibmes  Iteiclisûrcliiv  à  Muûcliea,  Hegcstc,  Jtxdenin  Bayera,  fjsc.  Il») 

5.  Joselmann  contre  la  ville  de  Calmar . 

Eadem  etiam  producta  sunl  privilégia  in  causa  loszle  juden  con- 
tra Colmar,  ubi  pelilum  (*?)  *  illis  non  hcuisse  der  judischeitt  deu 
zugang,  \vandel  vnnd  handel  in  die  stait  Colmar  zu  den  jar  vnd 
wochenraerkten  vuil  den  pasz  zu  ircr  nolturllt  ahzusticken  [verbin- 
derol  vnd  das  sy  an  deiu  idlea  vnrads  gethan,  derohalben  solche 
aogemaszte  Terhinderung  vnd  versperrung  abzustellen,  cuni  intima- 
tiooe*  nachlheil  vnd  scbaden  \ 

{Pfâlitt  Kùpialbueh,  ii  Carïsmb?,  f-   i55. 


»  Dilo. 

*  Gfilo  veni   probablement   dire  f[U€  lu  ville  de  Culmiir  doit  indemniser  l 
d«s  domai«^&  auhis. 


LE  COMMENTAIRE  DE  SAMUEL  IBN  HOB 

SUR  LE  PENTATEUQUE 

(fin  *) 


IX.  Jusqu'à  présent  nous  avons  examiné  la  partie  accessoire 
du  commentaire  de  Samuel,  nous  allons  maintenant  étudier  te 
commentaire  proprement  dit,  c'est-à-dire  la  partie  explicatif' 
Ce  qui  frappe  tout  d'abord,  c'est  la  petite  place  que  tient,  dans  ces 
fragments,  Tinterprétation  grammaticale  du  texte  hébreu.  Abttl- 
walid,  qui  connaissait  probablement  tout  le  commentaire  de  Sa- 
muel sur  le  Pentateuque,  nous  apprend  que  le  gaon  ne  pensait  pas 
qu'il  était  au-dessous  de  sa  dignité  de  suivre  fréquemment  les 
indications  des  grammairiens  et  de  citer  leur  opinion  comna^ 
preuve  à  Tappui  de  sa  traduction  '.  Dans  les  fragments  que  nou^ 
possédons,  Samuel  ne  mentionne  qu'une  fois  (à  prgpos  du  verset 
XLi,  8,   p.  G)   ravis  des  grammairiens  l-^^p*7pnbN  -^   Les  obser- 
vations grammaticales  qu'il  a  faites  lui-même  se  bornent  à  quel- 
ques remarques  relatives  au  singulier  et  au  pluriel  *,  ainsi  qu'au:^ 
temps  du  verbe  ^  :  il  fait  observer  que  l'hébreu  permet  l'emploi  du 

»  Voir  tome  XV,  page  277. 

*  Voir  Lunia,  éd.  Dcrcnbourg,  p.  4,  1.  12-14  (Rikma,  vi). 

*  Deux  opinions  des  «  f,'rainmairiens  »  sur  la  différence  entre  d3^2m  cl  D^TCrn» 
Dan.,  II,  i.  Il  ressort  de  celte  citation  que  ni  les  «  grammairiens  »  mentionnés,  ni  i^ 
gaon  qui  les  mentionne  ne  se  faisaient  une  idée  bien  nette  de  la  dilTérence  qu'il  v  & 
entre  le  b^D3  et  le  '52*Dnn,  quoique  Abulwalid  dise,  /.  c,  que  Samuel  ibn  HofDÏ  « 
considéré  comme  indispensable  de  connaître  ces  deux  formes  verbales  —  *>N*srN-^ 
bfi^rnCNbNT  —,  ainsi  que  riuGnilif  —  n^^TlbN  — • 

*  Samuel  emploie,  comme  Ben  Ascher  et  Yephi:t  l)en  Ali,  les  termes  hébreux 
Û'^DI  ''5  fl^W^  *\vdb;  une  seule  fois  (p.  92,  sur  xlv,  22),  pour  un  cas  où  il  sajrit 
<Iu  pluriel  d'un  mot  arabe,  il  désigne  le  pluriel  par  H-^N^à. 

^  nnr  "jT^rb  et  T^nr  ir^b  ;  une  fois  (p.  100,  l.  IG)  il  explique  le  premier  unn<? 
par  les  mots  arabes  N-^^NT:  "^rr^.  I\  'JO,  1.  8  eu  bas,  il  se  sert  du  mot  nTnJ. 


LE  COMMENTAIRK  DE  SAMUEL  ION  HOFNI  107 

singulier  à  la  place  du  pluricP.  Il  remarque  aussi  que  le  mot 
rn^n^:,  «  char  »,  se  prononce  au  singulier  avec  un  ségol,  et  au 
pluriel  (Exode,  xv,  4)  avec  un  patali  *  ;  que  le  mot  i',»27;,  xlvi,  26, 
est  T^nr  licbn,  parce  que  Taccent,  û3^abfi<,  se  trouve  sur  le  k 
de  la  dernière  syllabe  (le  mot  nxi  se  rencontre  encore  deux  fois, 
à  ce  temps,  dans  la  Bible,  Rutli,  iv,  11,  et  Ghron.,  xxvii,  1)  ^, 
tandis  que  le  mot  rr^nn  de  xlvi,  27,  a  son  accent  sur  le  n  et  est 
nnr  ivobn,  comme  d^ns  Genèse,  xviii,  29,  et  Job,  ii,  11  *  ;  qu'il 
est  d'usage  dans  la  langue  hébraïque,  comme  il  Ta  montré  dans 
son  introduction,  d'employer  le  futur  pour  le  parfait  et  le  par- 
fait pour  le  futur,  ainsi  "^nnpb,  xlviii,  22,  et  iNa,  Ps.,  lxxix,  1, 
sont  au  i)arfait  et  indiquent  le  futur  (p.  132)  ^  Pour  montrer  que 
le  mot  pn::x3  de  xliv,  16,  vient  de  la  môme  racine  que  pn^*^  de 
Job,  IX,  2,  il  dit  que  le  a  est  entré  dans  le  premier  mot  de  la  môme 
façon  qu'il  a  pénétré  dans  i3T^:2:^n  de  Josué,  ix,  12,  qui  est  dériva 
de  nnsç  (p.  "72).  A  propos  du  verset  xliii,  18,  où  il  considère 
les  paroles  dos  frères  de  Joseph  comme  interrogatives,  il  dit  que 
«  notre  langue  »  permet  de  laisser  la  particule  interrogative  rr  de 
côté,  comme  elle  est  omise  dans  1  Sam.,  xi,  12,  devant  le  mot 
bnxc  «. 

Pour  désigner  la  langue  hébraïque',  Samuel  emploie  le  plus 
souvent  l'expression  «  notre  langue  »,  fi<:nab,  par  opposition  à  la 

»  Sur  XLi,  1".  (p.  8),  à  propos  de  Ûlbn  =  m7:ibn,  il  dU  :  «73  b-'aD  "^b^^  1Ï1 

-î-^n*^  'b  -^br  bip-:  2-^n-i  'bi  û-^nn  'b  "^b^^  bip!Q  .T»n*»  'b  "^d  «Dnsb  rrràn. 

Sur  XLVI,  23  (p  18'J),  il  lait  cette  remarque  :  •  J'ai  traduit  "[^  "^231  par  le  siofrulier 
•(1  I^M,  et  non  par  le  pluriel,  parce  que  la  langue  hébraïque  permet  d'employer  le 
pluriel  pour  le  sinp^ulier,  tondis  que  cela  n'est  pas  possible  en  arabe.  »  Il  éoumère 
ensuite  les  onze  versets  bibliques  à  lui  connus  où  se  trouve  ^;di  au  lieu  de  "jn,  et 
il  cite,  ù  ce  propos,  le  passage  de  Baba  Batra^  143  è,  où  l'on  fait  la  môme  remarque 
f^^rammaticale  dans  un  but  de  casuistique  ;  cf.  p.  98,  en  bas.  il  dit  aussi  que 
T^m^m,  XLVI,  15  (p.  yCj,  est  un  pluriel  pour  un  singulier.  Par  contre,  le  singulier 
w'^X,  XLix,  0  (p.  ll>(î),  a  la  signification  du  pluriel. 

«XLVI,  29  (p.  1(14,  en  haut);  ...d7ûbx  rTninD?^  •^ï^D  û-'^n  'b  ^n  na5n73  bD 

Û7:bN  "TlbD!Q  nrîD  TTT^  'b    ^IXZ  NTSI.  Yephet  ben  Ali  appelle  aussi  la  voyelle  e 

^  p.  99,  où  il  renvoie  à  ce  qu'il  a  dit  à  propos  de  xxix,  6.  La  remarque  repose  sur 
la  Massera,  qui  dit  mb  Ûra3  '5. 

*  P.  100.  Celte  remarqua  repose  également  sur  la  Massora. 

*  P.  rr>,  en  haut,  sur  xlviii,  6  (mbin)  :  -|3r  'b   "^D    rî^bb^    bN733^nDfi<  "^b:^ 

«  p.  :i9.  en  haut  :  pNnrpcNbN  î<n  "l'^sn  nnrnon  "jn  N:n:b  nTNàfi<  npn 

iPN^rrDN  a  ici  le    sens    de   Di^rîDnDN].  L'interrogation  est  aussi  désignée  par 
S.  i.  IJ.  par  le  mot  "^.^^nbnCN  (p.  81).  rî?:b,  xLvii,  19,  no  désigne  pas  "p  bî^lD 
n**T2^bi<,  rivtcrroifation  après  le  pourquoi.  —  xlviii,   17,  il  suppose  qu'il  y  a  une 
clMpje—  p{1?:k73  TITZ'^'D  —  et  qu'il  laut  mettre  avant  ;2&(1  bfi<  le  mol  ^Î73lï3b. 
^  Quelquefois  il  la  nomme  w^pï!  "jicb  (p.  88,  I3G). 


108  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

langue  arabe  ;  il  se  sert  surtout  de  ce  terme  quand  il  veut  faire 
ressortir  au  point  de  vue  exëgétique  certaines  particularités  de 
Th^'breu  ^  En  dehors  des  digressions  lexicographiques  que  nom 
avons  d(^jà  mentionnées,  nous  signalerons  encore  robservatiofl 
que  fait  Samuel  au  sujet  du  mot  *j-î2X  (xli,  43).  a  Notre  langue, 
dit-il  ([».  23),  emploie  encore  autre  part  des  termes  qui  peaveot 
C'tre  divisés  en  deux  mots,  comme  nniD,  Job,  xxx,  12^  st2a:?, 
ilabac,  II,  G  a. 

Les  fragments  publiés  ne  contiennent  pas  de  comparaisons 
lexicographiques  entre  l'arabe  et  Thébreu,  quoiqu'elles  eussent 
pu  être  facilement  faites  par  Samuel  *.  Quelquefois  le  gaon  a 
recours  à  Taraméen  pour  expliquer  des  mots  hébreux.  Ainsi, 
XLv,  17,  il  déclare  que  n:ra  comme  trn'^ra  sont  des  mots  du  Tar- 
goum  (p.  91)  3  ;  xlix,  21,  il  -prétend  (p.  151)  que  «  dans  la  langue 
du  Targoum*  »,  par  exemple  dansDaniel,  ii,24,  le  mot  noo  signifie 
beau  ;  xlvii,  23,  il  dit  (p.  113)  que  «ri  signifie  dans  la  langue  ara- 
méenne  «  comme  »,  par  exemple  Daniel,  ii,  43.  A  propos  de 
XLVii,  19,  il  fait  la  remarque  que  le  mot  w^my  ne  peut  pas  dési- 
gner la  possession  de  la  terre,  tandis  que  la  langue  de  la  Mischna 
emploie  le  mot  tisj'O  pour  indiquer  cette  possession  (p.  109).  Une 
fois  (p.  110),  il  se  sert  de  la  langue  de  la  Mischna  {BabaMe^, 
IX,  3)  pour  expliquer  un  mot  du  Targoum  (mnn,  la  traduction  de 
D^n,  XLVII,  19)  ^ 

M.  llarkavy  a  déjà  montré  ^  que,  pour  Thébreu,  Samuel  ibn 
Ilofni  en  était  encore  à  la  grammaire  de  ses  prédécesseurs  et 

*  XLI,  6  (p.  4)  :  eu  hébreu,  ou  désigne  la  maigreur  par  ?^T*1  et  wJfC  ;  lU,  16 
(p.  10)  :  le  mol  arabe  n'^S  répond  à  l'hébreu  ■^n^^bs  ;  xli,  42  (p.  22)  :  r^yn::  signifia 
un  anneau,  en  général, iipbn,  et  non  un  anneau  avec  cachet  CPMb;  XLi,  55(p.  35): 
^y^  et  K72^  sont  aussi  employés  métaphoriquement,  comme  dans  Amos,  vm,  11  ; 
Ps..  XLii,  3  :  'C^rû  est  un  homonyme  '7"^,nï5?3  dOfi<  et  a  diverses  significations; 
XLiv,  13  (p.  72)  :  ^yzy  signitie  «  mettre  une  charge  •  ;  XLv,  8  (p.  86)  :  nît  «ul 
aussi  dire  «  maître  »  —  ÎKnDît  —  ;  ^i-^^,  8  (p.  138]  :  miïl  signifie  rememtr  ei 
avouer, 

*  Voir  t.  XV,2S3,  note  1  et  plus  haut  p.  ir>2note  1  ;  comme  Saadia,  Samuel  choisi 
pour  traduire  Tliébreu  où  il  le  peut,  le  mot  arabe  qui  lui  est  apparenté,  par  exemple 

^^rizril  Il^ii^ir.  Ahulwalid  dit,  dans  son  Lexique,  103,  2  :  tsti-.n    ".n  Sr"'*- 

*  Samuel  donne  ù  Taraméen  le  nom  de  nahaUen,  comme  le  fait  Saadia  dans  Is<i<?' 
XXXVI,  11.  En  expliquant   le  passage  de  B  a  ha  Batra,  143  6  :  inb   17250  N^!^ 

•^x:2b  -xrr:,  il  dit  (p.  i80)  :  -^i^-^.-iy  in  -::2:  ticbn  nnb  •jiDn  bîçn. 

*  A  propos  de  XLiii,  9  (p.  ;i41,  S.  fait  remarquer  que,  dans  la  langue  des  sige^t 
C^r^.n  iTwb,  le  cautionnement  est  désigné  par  nzi:^  et  non  par  r^îbnp.      • 

*  Voir  Touvragc  cité.  p.  20.  note  42. 


LE  imiMENTAmE  DE  SAMUI-L  JJiX  \UWM 


Krj 


qu'il  Hf»  connaissait  pas  les  f^crits  d^  mm  contemporain  lelmda 
Hayyoudj.  Ainsi,  il  durivo  pc,  XLi»  40,  de  Ja  même  racine  que 
^np-i'cn,  Genèse,  ni,  16  (p,  2lj;  il  traduit  nnn,  XLix,6,coïnnie  .s*il 
y  avait  inn  ;  il  désigne  (p.  75)  la  racine  çss,  xuv,  18,  par  le  mot 
rrû^'sVô*  (ne  considérant  pas  le  :  comme  lettre  radicale).  Je  cite  en- 
core son  opinion,  que  les  lettres  i  et  n  peuvent  àlm  mises  Tune 
pour  l'autre  ;  ainsi,  il  donne  la  même  signilication  à  mpn,  xu, 
19,  et  à  mp"7,  xli,  4;  à  niJi^zj^n,  Josué,  ix,  12,  et  à  m-'ii^n,  ib,^ 
IX,  4;  à  iT*i,  Lament.,  m,  53,  et  à  r!n\  Job.  xxxviii,  6  ». 

X.  Si  le  commentaire  de  Samuel  contient  peu  d'observations 
grammaticales,  il  donne,  par  contre,  de  nombreuses  explications 
de  mots,  comme  on  a  déjà  pu  le  voir  par  ce  qui  préct'de,  et  il  tire 
de  cette  partie  explicative  sa  principale  valeur,  Kn  réalité,  la  tra- 
duction est  déjà  une  exijlication  des  mots  et,  à  ce  titre,  devient 
partie  intégrante  du  commentaire.  Mais  Samuel  ne  manque  pas 
d'expliquer  longuement  les  mois  toutes  les  fois  qu'il  le  croit  né- 
cessaire et  d'en  détermintT  plus  nettement  le  sens  par  la  cita- 
tion des  passages  bibliques  qui  contiennent  ces  mots;  de  plus, 
il  ne  se  contente  pas  de  donner  uniquement  ta  signilication 
que  le  mot  a  dans  un  verset  donné,  il  indique  les  dillérentes 
acceptions  dans  lesquelles  il  est  employé-  Voici,  en  dehors  de 
celles  que  nous  avons  déjà  mentiotmées,  un  certain  nombre  de 
remarquables  explications  de  mots  tirées  du  commentaire  de 
Samuel  : 

XLi,  5,  Le  mot  û^bs*::  a  surtout  le  sens  de  û^::n  *^bac,  des  épis, 
il  désigne  aussi  des  branches  d'olivier  (Zach.,  jv,  12)  et  des  bouil- 
lonnemerits  d'eau,  Psaumes,  LXix,  19;  le  contexte  montre  qulci 
:l  désigne  le  blé,  et  la  meiHeure  espèce  de  blé,  c'est-à-dire  le  Iro- 
nient  (p,  4),  —  xli»  42.  i-'^n  signitie  un  collier  (Dan.,  v,  29)  ;  il  a 
aussi  quelquefois,  comme  dans  Prov.,  vu,  IG,  le  sens  de  tapis 
(p.  21)»  —  XLi,  43.  rtrcst]  désigne  ou  bien  la  monture  du  roi  ^ 
♦  Il  Chron.,  xxxv^  24)»  ou  bien  la  dignité  de  vizir»  par  exemple  dans 
Esther,  x,  3  (p.  23)*  —  xliî,  1.  nDsn"'!  veut  dire  ;  il  se  rendit  mé- 
connaissable, il  se  donna  comme  étranger,  de  ta  racine  ''ns:. 
Cf.  I  Rois,  XIV,  b  (p-  41],  —  XLin,  11.  ••i^  désigne  le  baume  hié- 
rosolomytain,  "«D^pTabn   pN-'nnb&î,  «lui  est  préparé  avec  diverses 


»  xii,  18  fp,  11)  î  'û^nb^a  b"^bx  bn^an  Ipl  î  à  propos  de  ILI,  23,  il  cite  sans 
obsiînraUoQ  une  opmioa  edmeUaiit  que  r^?23^  est  de  la  même  rBCtne  que  Q'^!3C 
Cns,  Prov.,  ixii,  l\, 

*  frrD'^j^  rî^DnH,  c'est  aîusî  que  lu  traduit  Samuel;  SaadLti  dit  la  mêfloe  cLose 
<:a  d  autres  tcrmcB  ;  nSSSb  y{*^bK  HD-ïD  "'b;?  naSHÔtl. 


I!0  REVlîE,DES  ÉTUDES  JUIVES 

plantes  en  Palestine  '  et  est  expédié  dans  les  diflférentes  régions; 
il  préserve  le  corps  des  poisons,  c'est  pourquoi  on  lui  compare 
les  paroles  des  prophètes,  Jéréniie,  vin,  22  (p.  56).  —  xlviii,  Il 
•«nibo  fi<b,  «  j<î  n'espérais  plus  »,  comme  traduit  le  Targoum,  mais 
ce  mot  sij^nifie  aussi  a  juger  »,  comme  dans  I  Samuel,  ii,  S; 
Psaumes,  cvi,  30  (p.  120). 

Pour  les  mots  douteux,  Samuel  ne  donne  pas  seulement  sa  tra- 
duction, il  rapporte  encore  d'autres  explications.  Ainsi,  il  men- 
tionne les  traductions  suivantes  du  mot  ûrrnn^î:,  xlix,  5  :  IMeurs 
relations  commerciales —  rrr^Nn-:  —  de  nz?3,  vendre;  2*  leurs 
banquets  ;  cf.  Job,  xl,  30;  II  Rois,  vi,  30  ;  3®  leurs  régions,  d'a- 
près Ézéch.,  XVI,  3,  et  xxi,35;  4^»  leur  administration  — K:2nr:xn 
—  (=  acnm:,  administrateur),  de  -îd  Isaïe,  xvi,  1  (p.  135). 

XL  Samuel  s'attache  principalement  à  donner  clairement  I& 
sens  du  texte.  Il  ne  se  contente  pas  de  traduire  littéralement 
chaque  mot  d'un  verset,  il  prend  en  considération  le  contexte,  et, 
quand  il  le  trouve  nécessaire,  il  compare  le  passage  qu'il  explique, 
pour  le  rendre  plus  clair,  avec  d'autre^  passages  de  la  Bible.  C'est 
ainsi  qu'il  établit  un  parallèle,  pour  l'ensemble  et  les  détails, 
entre  le  récit  des  songes  de  Pharaon  et  Texplication  donnée  par 
Joseph,  et  le  récit  du  songe  de  Nabuchodonosor  et  Pinterpréla- 
.tion  de  Daniel;  il  cite  aussi,  à  propos  de  xlii.  G,  les  songes  de 
Joseph  racontés  xxxvii,  7-11.  Quand  la  Bible  énumère,  xlvi,8, 
les  familles  descendues  avec  Jacob  en  Egypte,  Samuel  compare 
cette  énumération  avec  une  autre.  Pour  expliquer  la  bénédiction 
donnée  par  Jacob  à  Zabulon,  xux,  13,  il  se  sert  des  renseigne- 
ments que  le  livre  de  Josué,  xix,  11,  contient  sur  le  domaine  de 
cette  tribu. 

Le  commentaire  sur  le  discours  de  Juda  à  Joseph,  xliv,  18-3^* 
montre  comment  Samuel  considère  un  chapitre  tout  entier  dan^ 
son  ensemble  et  ses  détails.  Après  avoir  expliqué  l'exorde  de  c^ 
discours,  il  s'exprime  ainsi  (p.  7G)  :  «  Je  trouve  que  le  discours  d^ 
Juda  contient  dix  arguments,  »  et  après  les  avoir  cités,  il  continua 
son  explication  en  montrant  comment  Juda  dispose  ses  arguments 
pour  agir  sur  Joseph  «.  Ensuite  vient  le  développement  que  nous 

*  Sfi<ObX2.  Chez  Samuel,  î:fi<»::  signilie  aussi  lu  Palestine.  Cf.  Leben  und  Wokt 
Abuhcalids^  p.  ol,  noie  8.  Voir,  plus  haut,  XV,  28i,  note  4,  et  2S3,  uoie  1. 

*  Le  discours  de  Juda  se  divise  ainsi  en  dix  paragraphes  :  1»  ■  que  U  colère  ne 
s'entlamme  pas  contre  ton  serviteur  >,  verset  18;  2<>  <  car  tu  es  comme  Pharaon  t, 
ib.\  3®  verset  19  ;  4°  V.  20  ;  o-»  v.  21  et  suiv.  ;  6«»  v.  20  ol  suiv.  ;  1«  v.  30  et  suiv.  ; 
8«  v.  32;  9«  v.  33  ;  lO^'  v.  35.  Samuel  divise  aussi  le  discours  que  Joseph  adresse  à 
ses  fr^es,  l,  19-21,  en  cinq  paragraphes  (p.  170). 


•    LE  COMMENTAIRE  DE  SAMUEL  IBN  HOFNf  .  111 

avons  déjà  mentionné  sur  Tinfluence  de  l'éloquence,  et  qui  com- 
mence par  ces  mots  :  «  Sache  que  Juda  ordonne  ici  son  discours 
'd'après  les  règles  de  l'art,  pour  gagner  par  de  douces  paroles  la 
bienveillance  du  gouverneur.  >)  A  la  page  11,  il  relève  les  diffé- 
rences qui  existent  entre  le  récit  du  songe  de  Pharaon,  xli,  1-7,  et 
la  narration  que  Pharaon  en  fait,  xli,  17-24,  et  il  les  divise  en 
deux  groupes  :  1*^  différences  dans  l'expression,  le  sens  étant  le 
môme  ;  2**  différences  dans  l'expression  et  le  contenu. 

Pour  l'interprétation  des  chapitres  de  la  Bible,  Samuel  adopte  le 
principe  de  Texégèse  traditionnelle,  que  ces  chapitres  ne  se  suivent 
pas  dans  Tordre  chronologique.  A  l'occasion  du  parallèle  qu'il 
établit  entre  l'appauvrissement  des  Egyptiens  et  les  divers  degrés 
d'appauvrissement  qui  peuvent  se  présenter,  au  point  de  vue  de 
la  loi,  chez  l'Israélite,  il  compte  sept  degrés  de  pauvreté,  dont  il 
trouve  rénumération  dans  les  passages  suivants  du  Pentateuque  : 
Lévit.,  XXV,  14  ;  i&.,  35-37;  ib.,  25  ;  ib.,  29;  Exode,  xxi,  7  ; 
Lévit,,  XXV,  39  ;  ib.,  47,  et  il  ajoute  «  qu'il  a  tenu  compte,  dans 
l'ordre  où  il  cite  les  passages  bibliques,  du  degré  de  pauvreté  in- 
diqué par  chaque  passage,  et  non  pas  de  Tordre  dans  lequel  ils  se 
suivent  dans  la  Tora  K  »  Ici,  il  y  a  une  lacune  dans  le  ms.,  mais 
la  fin  de  la  partie  incomplète  montre  que  Samuel  a  encore  prouvé 
par  d'autres  exemples  qu'il  ne  faut  pas  s'en  tenir,  pour  la  succes- 
sion chronologique  des  versets  et-  des  chapitres,  à  Tordre  adopté 
par  le  Pentateuque.  Il  partage  les  dix  plaies  d'Egypte  en  trois 
groupes,  qui  ne  se  succèdent  pas  dans  Tordre  indiqué  par  le  récit 
de  la  Tora  ;  ainsi,  il  prétend  qu'il  y  a  eu  d'abord  la  destruction  du 
monde  végétal,  ensuite  des  animaux  domestiques  et  enfin  de 
l'homme  (p.  113).  Il  applique  cette  méthode,  qu'il  appelle  la 
méthode  de  Vaniérieiir  et  du  postérieur  (nmN7:T  ûnpiTs  b'^no),  aux 
versets  xliii,  27,  28,  d'après  lesquels  Joseph  s'informe,  d'abord,  de 
la  santé  de  son  père  et,  ensuite  seulement,  demande  s'il  vit  en- 
core, tandis  que  logiquement  Tordre  des  questions  devrait  être 
changé  (p.  62). 

Samuel  cite  une  dos  treize  règles  établies  par  Ismaël,  la  onzième, 
à  propos  du  verset  xliv,  2,  où  il  explique  pourquoi  Joseph,  après 
avoir  ordonné  de  remettre  l'argent  de  jses  frères  dans  leurs  sacs, 
ajoute  explicitement  Tordre  de  le  placer  également  dans  le  sac  de 
Benjamin  (p.  66),  et  il  applique  la  première  des  trente-deux  règles 
de  E.  b.  José  Guelili,  manb,  au  verset  xuii,  8,  pour  conclure 


nmna  nniNTai  D-ipiT:  ï*^»  -^a:^):  -^b:^. 


H2  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

de  la  répétition  du  mot  i::^  que  Benjamin  est  compris  dans  Ténu- 
mération  (p.  54). 

XII.  Avant  d'étudier  la  partie  exégétique  du  commentaire  de 
Samuel  ibn  Hofni,  nous  allons  examiner  la  place  qu'y  occupent  le- 
Targoum,  le  Talmud  et  le  Midrasch.  On  voit,  par  les  fragments 
publiés,  que  le  gaon  se  sert  souvent  de  la  littérature  talmudique 
pour  expliquer  le  texte,  mais  il  ne  nomme  qu'un  seul  ouvrage  de 
cette  littérature,  le  Séder  Olam  *  ;  dans  tous  les  autres  cas,  il  rap- 
porte les  citations  de  Talmud  ou  du  Midrasch  sous  le  nom  de 
«  paroles  des  anciens,  savants,  sages  *  ».  Dans  la  partie  du  com- 
mentaire que  nous  possédons,  on  ne  trouve  que  des  passages  du 
Talmud  babylonien  et  du  Bereschit  rabba.  Du  Talmud  il  cite 
surtout  les  passages  halakhiques  propres  à  expliquer  ou  à  illus- 
trer le  texte  biblique  ^  ;  quelquefois  il  cite  les  interprétations 
mômes  que  les  docteurs  du  Talmud  ont  données  de  certains 
versets  *.  Samuel  adopte  le  plus  souvent  les  explications  du 
Bereschit  rabba  ',  mais  parfois  il  les  combat  «,  ou  dit  «  qu'elles 
sont  possibles  ^  »,  ou  les  mentionne  simplement  après  ses  pro- 
pres explications  ".  Il  cite  aussi  à  plusieurs  reprises  le  Targoum 
babylonien  (Onkelos),  et  toujours  sous  le  nom  de  Dânnnb»;  il 
le  mentionne  pour  confirmer  sa  propre  traduction  des  versets 
XLi,  34  (p.  20),  XLi,  44  (p.  25),  xlvi,  30  (p.  104),  xLvii,  10  (p.  110), 
XLViir,  11  (pour  le  mot  •^nbbD,  p.  126)  et  xlix,  6  (pour  le  mot  me, 
p.  136  9). 

>  XLi,  1  (p.  6)  :  Joseph  fui  délivré  de  la  prison  a  Tépoque  où  mourut  Isaac  :  ?ipb 

*  Samuel  emploie  les  termes  suivants  pour  désigner  les  traditionnistes  :  12^ni!l*^  ; 
rarement  Û-^TS^tlDN  ;  une  fois  (p.  44)  fi<73npbx  ;  fi<D*»N73np,  K^ipbK  fy^, 
NTsby^fi^,  NrN7ab:^;  fi<72:2nb'fi<  ;  *Tl73bnbN  bn».  La  tradition  est  appelée  nnbb» 
(p.  156,  ligne  9  d^cn  bas],  et  une  fois  (p.  37,1.  11)  *  la  tradition  vraie  •,  "labbî^ 
pHN^b^.  Je  n'ai  pas  trouvé  chez  Samuel  l'expression  b'^ît*lKbfi<  fréquemment  em- 
ployée par  Âbulwalid.  * 

a  XLi,  2  (p.  3)  :  Abôda  Zara,  39  a  ;  xli,  14  (p.  7)  :  Moed  Katôn,  13  ft;  xu,  50 
(p.  31)  :  Taanit,  11  a;  xuii,  12  (p.  56)  :  Baba  Kamma,  113*  ;  xliii,  21  (p.  60): 
Baba  Meçia,  25  b  ;  xlvii,  19  (p.  110)  :  Baba  Meçia,  104  b  ;  xLviii,  1  (p.  124)  :  Ne- 
darim,  39  b  ;  xlix,  30  (p.  156)  :  MegiUa,  29  a, 

*  XLii,  8  (p.  43)  :  Yebamot,  88  a  ;  xliii,  9  {p.  54)  :  Baba  Batra,  173  h  ;  XL?n,21 
(p.  111)  :  Hullin,  60*;  xlix,  10  (p.  141)  :  Synhifdrin,^ a. 

*  XLI,  1  (p.  2.  1.  10)  :  Oen,  rabba,  ch.  89  ;  xli,  8  (p.  6)  :  ch.  89;  xli,  43  (p.  23)  : 
ch.  90. 

*  XLViii,  I6(p.  28):  ch.  97. 

'  3^5n7273  n^^a,  XLV,  4  (p.  85)  :  ch.  93  ;  xlix,  31  (p.  156)  :  ch.  58;  L,21  (p.  170)  : 
ch.  100. 

»  XLiv.  16  (p:  73)  :  ch.  92  ;  xlvii.  2  (p.  105)  :  ch.  95  a  la  fin  ;  l,  15  (p.  168): 
ch.  100. 

9  Samuel  ajoute  :  rrttin  'D^^r'^  «iiprT  l'Isba  abnbttb»  DânnnbK  ï«bi 


LE  C0MMEr4TAIHE  DE  SAMUEIL  [BN  KOFNl 


113 


Samuel  cite  aussi  des  explications  d'autres  exégètes,  mais  sans 
les  nommer  \  et  presque  toujours  pour  les  combattre^.  Nous 
avons  déjà  dit  plus  liaut  que,  pour  les  mots  douteux,  il  rapporte 
plusieurs  explications,  parmi  lesquelles  se  trouve  quelquefois  celle 
rde  Saadia  ^  Une  fois  il  parle  '<  du  traducteur  des  chrétiens  v  qui 
'aurait  traduit  TO^rî,  xlvii,  31,  comme  s'il  y  avait  !ic:^n  ^  Sa- 
muel connaissait  sans  doute  une  traduction  arabe  de  la  Bible  faite 
par  un  chrétien  d'après  la  version  des  Septante. 

XIII.  L'ouvrage  qui  sert  le  plus  à  Samuel  ibn  Hofni  pour  son 

I exégèse  est  la  Bible  même  ^  dont  certains  passages  ou  expres- 
sions éclairent  le  texte  qu'il  commente,  et  les  analogies  qu1l  éta- 
blît entre  les  expressions  répétées  en  plusieurs  endroits  de  rEcri- 
ture  font  regarder  aujourd'hui  encore»  malgré  quelques  erreurs, 
le  commentaire  de  Samuel  comme  une  œuvre  exégétique  très 
[importante.  Quelques,exemples  suffiront  pour  faire  connaître  ce 
'  procédé  de  Samuel  dans  son  exégèse.  A  propos  du  verset  xli,  1 
(p.  5],  il  demande  pourquoi  îe  texte  parle  pour  les  épis  «  d'ava- 
ler, i>  et  pour  les  vaches,  de  «  manger,  »  et  il  répond  que  îe 
mot  mangea*  peut  être  employé  à  propos  des  vaches,  qui  sont 
munies  des  organes  nécessaires  à  cette  fonction,  mais  non  des 
plantes  ;  les  épis  avalère>it  les  autres  épis  comme  le  bâton  de 


),  ce  qui  signifie  sans  doute  :  puisque  le  tnrgumiste,  dont  le  langage  est  m%\é 
id 'hébreu,  traduit  n?;in,  w'"*  pat-  miZ3.  S.  veut  dire  pur  là  que  lo  mot  mô  pir 
^'lequel  le  Targum  truduit  n73in  est  un  raol  b*ibreu. 

•  U  dit  le  plus  souvent  aip,  aussi  '^''IDDabtt  y^^  ou  ^K^b»  Yy1^  quelquefois 

»  iLi,   33  (p.  19);  xLV,  23    (p.  92);  ilvi,  21  (p.  !79)  ;  XLVi,  23  (p.  9ô)  ;  xlvi,  27 
(p.  IfKI);  t.  16  (p,  16S). 

•  C'est  ainsi  que  3?'^33,  XLiv,  2  (p,  d6),  esl  traduit  par  ûftlâ. 

,  •^JtJ?  rï*T^CDr  "H^^  ftC37i  n;i*  "Jb  '^bj^.  Ce  traducteur  a  suivi  les  Septante ^  qui 
B^iteot  ;  Tf^c  (^ï^ou  ft'jTOii.  M.  Harkavy,  î^.,  p.  49,  iiol«  12!^^  Ht  à  tort  ^bpiC  et  parle 
^^de  plusieurs  traducteurs, 

^m  <  Samuel  désîgue  la  Bible  par  le  mot  DN^D  ou  tt"lpT3b^t  u,  moins  qu'il  ne  dise 
^BniDplemaii^  eu  citant  uu  passage  biblique,  frblp.  (Cf.  mon  ouvrage  Die  gramma^ 
^B#iieA«  Ttrminùlù^iû  dei  Jehutia  h,  Datid  Ha/jug,  p.  6^  note  à,)  II  Dornmo  raremeui 
^■1«8  diverses  parlies  de  k  Bible,  comme,  par  exempte,  D"^b73  "|D3  et  Û'^TaTT  "n^T 
(p.  951,  ou  les  sections  de  le  Tora,  CGannie  OHjS  r."iI3nD  (p.  '^^j*  Quelquefois  il  désigna 
■  les  auteurs  des  livres  bibliques  par  te  nom  de  "^^ib^t  le  jmû  (p.  47  ;  Ps,,  xxxi^  8  ; 
.  121  :  Ps.,  hxxix,  2;  p.  13'2  ;  Ps..  XLiv,  7  ;  p.  K»  :  Prov„  ii,  6,  où  il  dit  "'blb» 
^{tbfiC,  c*est-à-dire  Salomou,  sans  doute  pour  le  distiajfuer  do  David) »  ou  D'^Dnbfiî, 
r  «tf^f  (p.  10,  1.  18  :  pour  des  citations  des  Proverbes  ;  p.  58  :  pour  une  ctletion  de 
rBccléaiaste).  A  la  page  113,  L  8,  le  mot  Q-^^nb»  désigne  Dieu;  p.  Sfi  le  HDO 
F6'*Db?2  désigne  le  livre  de  Samuel  (le  23«  chapitre  da  2"  livre) ,  et  ce  n'est  pti  uo 
f9p§v*,  car  ce  tbapitre  esl  cité  â  cet  endroit  sis  fois  soua  le  môme  nom. 

T.  XVI,  «0  3U  8 


114  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Moïse,  Exode,  vu,  12,  avala  les  autres  bâtons.  —  A  propoe  k 
verset  xli,  14  (p.  7),  qui  rapporte  que  Joseph  se  fit  couper  les  che- 
veux et  changea  de  vêtements,  il  rappelle  les  passages  de  II  Sam-, 
XII,  20;  II  Rois,  xxv,  29  ;  Zach.,  m,  4.  —  «  La  proposition  plat 
au  roi  et  à  ses  serviteurs  »,  xli,  37  (p.  20),  pour  plusieurs  raisons". 
d*abord,  à  cause  de  la  grâce  (on  lit  ici  dans  le  commentaire  arabe 
le  mot  hébreu  in)  que  Dieu  avait  accordée  à   Joseph,  d'après 
Prov.,  XI,  22,  ensuite,  à  cause  de  la  sagesse  de  ses  conseils, 
d'après  Prov.,  xxiv,  26,  et  x,  21.  —Au  sujet  du  verset  xli, 53 
(p.  33),  il  cite  Isaïe,  viii,  21,  et  émet  la  supposition  qae  les 
Egyptiens  avaient  d'abord  invoqué  leurs  dieux  et  ensuite  Pharaoa. 

—  xLii,  n  (p.  45),  il  mentionne  d'autres  passages  où  il  est  ques- 
tion de  faits  qui  se  produisent  le  troisième  jour.  Osée,  vi,  8  ; 
Genèse,  xxu,  4;  Exode,  xix,  16  ;  Esther,  v,  1.  «  Dans  bien  des 
circonstances,  l'événement  ne  se  réalise  que  le  troisième  jour.  » 

—  L'avertissement  de  Ruben,  xlu,  22,  lui  rappelle  celui  de  Jona- 
than à  Saul,  I  Sam.,  xix,  5  (p.  48).  -^  Comme  analogue  à  Téno- 
mération  des  produits  de  Canaan,  xliii,   11,  il  mentionne  une 
autre  liste  de  ces  mômes  produits,  Ezéch.,  xxvii,  17  (p.  58).— 
Dans  ces  mots  :  «  Que  Dieu  vous  fasse  trouver  miséricorde  de- 
vant cet  homme,  »  Jacob  condense  les  principes  de  la  prière, 
parce  que  «  le  fruit  de  la  miséricorde  est  le  bien,  »  cf.  Ps.,  CYi, 
46  ;  Néh.,  i,  11  ;  II  Rois,  xiii,  23  (p.  56j.  —  La  question  de  Joseph 
xuv,  15,  ressemble,  pour  le  sens  et  la  forme,  à  celle  de  Dieu 
IV,  10,  et  à  celle  de  Laban  xxxi,  26  (p.  72).  —  A  l'occasion  des 
paroles  :  «  Je  veux  placer  mon  regard  sur  lui,  »  xliv,  21  (p.  78), 
il  cite  Jérémie,  xxxix,  12,  fô.,  xl,  4,  et,  dans  le  mauvais  sens, 
Amos,  IX,  4.  —  xlv,  2,  il  dit  que  les  Egyptiens  et  Pharaon  n'en- 
tendirent pas  eux-mêmes  les  sanglots  de  Joseph,  cela  aurait  été 
impossible,  mais  ils  apprirent  qu'il  avait  pleuré  ;  c'est  ainsi  qu'il 
faut  expliquer  le  passage  de  Nombres,  xi,  10.  —  La  nouvelle  de 
la  grandeur  de  Joseph  doit  persuader  à  son  père  de  venir  en 
Egypte,  xlv,  13;  de  môme,  le  prophète  Isaïe,  lxvi,  19,  veut  qW 
les  peuples,  à  la  nouvelle  de  la  magnificence  de  Dieu,  se  tournent 
vers  lui.  —  La  bénédiction  que  Jacob  donne  à  Pharaon,  xLvn,1 
(p.  105),  doit  se  comprendre  d'après  Dan.,  ii,  4,  et  I  Rois,  i,41.  -^ 
En  transplantant  les  habitants  de  l'Egypte  dans  d'autres  villes, 
xLVii,  21,  Joseph  poursuivit  le  même  but  que  les  rois  d'Assyrie, 
II  Rois,  XVII,  23  ;  Isaïe,  x,  13,  et  ceux  de  Babylonie,  II  Rois,  xxiv 
14;  xxv,  11.  Il  chercha  à  enlever  aux  transportés  le  désir  d 
reconquérir  leurs  anciennes  terres  (p.  111).  —  A  propos  des  loi 
édictées  par  Joseph,  xlvii,  26,  il  mentionne  les  lois  indiquée 
dans  I  Sam.,  xxx,  24;  II  Chron.,  xxxv,  25  (p.  115).  —  xlviii,  Il 


LE  OÛMIlËNTAmE!:  M  SAMUJilL  tDN  HUFNI  li:i 

cite  deux  autres  exemples  de  vieillards  dont  Tâge  avait  affaibli 
vae,  1  Sam,  i\%  15  ;  I  Rois,  iv,  14  (p.  120), 

XIV.  Voici  d'autres  exemples  irinterprétations,  qui  ne  reposent 
,8»  comme  les  précédentes,  sur  des  comparaisons  établits  t>ntre 
usieurs  passages  de  ïa  Bible,  xli,  2,  il  dit  que  Pharaon  a  vu  les 
elles  et  les  épis  sortir  justement  du  Nil,  parce  que  ce  lîeuve  a 
Ui  très  grande  importance  pour  la  végétation  de  TEgypte  (p.  3). 
ài44,les  mots  de  Pharaon  :  **  Je  suis  Pharaon  »  peuvent  dvoir 
fférentes  significations.  lis  sont  peut-être  l'expression    de  ï^ou 
rgueil;  c'est  ainsi  qu*un  autre  roi  d'E^^ypte  dit,  dans  Ezéch., 
ïix,3  :  a  A  moi  appartient  mon  ileuve  >^  ;  ils  peuvent  aussi  indi- 
[oerque  Pharaon  communiquera  directement  et  sans  intermé- 
iaire  avec  Joseph,  ou   enfin  que  «  moi,  Pharaon,  je  suis  seul 
dessus  de  toi  (p.  23)  »*  —  xli,  45.  rùy^  n:es  est  sans  doute  la 
tion    hébraïque  du  nom  copte  que  reçut  Joseph  et  qui  l'ut 
de  ce  que  sa  famille  n'apprit  pas  sa   présence  en  Egypte 
.25).  —  XLt,  54.  En  racontant  que  la  famine  sévissait  dans  tous 
lys,  la  Bible  ne  veut  pas  dire  que  toutes  les  réj^ious  de  la  terre 
ient  de  la  lamine,  car  il  n  est  pas  probable  que  celte  calamité 
it  atteint  le  monde  entier  jusqu'aux  confins  de  Test  et  de  louest, 
len*avait  frappé  que  les  pro\^nces  de  FEgypte,  celles  de  la  Syrie 
les  contrées  limitro(»hes  (p,  IÎ2).  —  xui,  39.  Les  Ûls  de  Jacob 
icontèrent  leur  aventure  à  leur  père  dès  leur  retour,  pour  ne 
feu  lui  tenir  caché  et  aussi  pour  quil  pût  se  familiariser  immé- 
atement  avec  ridée  de  se  séparer  de  Benjamin  (p,  2ï)).  —  xun, 
L  Jacob  lit  i_miporler  à  ses  fils  |e  double  de  ce  qu  ils  avaient 
iporté  avec  eux  la  première  fois,  pour  trois  raisons:  1"  pour 
theter  plus  de  blé;  2'*  pour  h?  cas  où  le  prix  du  blé  aurait aug- 
titë;  3'*  pour  qu*ils  fussent  considérés  comme  des  gens  riches,  et 
►fl  comme  des  pauvres  (p.  56).  —  xliv,  5.  11  u*est  pas  impossible 
|Je  k*s  mots  la  cnr  ans  Kim  indiquent  diU'érents  genres  d'en- 
flcles  et  d'informations.  ïî  y  avait  peut-être  au  fond  de  la  coupe 
appareil,  arrangé  d'après  des  principes  de  géométrie  et  de  mé- 
tilogie,  qui  faisait  connaître  Theure  et  le  temps  et  indiquait  à 
teepà  les  moments  où  il  devait  prier  et  où  il  pouvait  comparaître 
avilit  le  roi  ;  en  réalité,  nous  cnnnaissons  des  coupes  et  d*autres 
de  ce  genre  qui  servent  à  déterminer  Theure  :  au  milieu  se 
ave  une  ouverture  par  laquelle  pénètre  l'eau,  et  celle-ci,  arri- 
e  certaine  hauteur  indiquée  par  un  trait,  fait  connaître 
du  Jour  ou  de  la  nuit.  Ces  vases  peuvent  servir  également 
\û  boisson,  dans  ce  cas,  les  traits  servent  à  mesurer  le  liquide 
u  dans  le  vase  (p.  08).  ^  xlv,  )2.  Joseph  mentionne  ici  Ben- 


116  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

jamin  d'une  façon  spéciale,  parce  que  d'abord  il  s*était  adressé 
seulement  à  dix  de  ses  frères  et  que  les  paroles  qu'il  profère  main- 
tenant s'appliquent  à  tous  les  onze  frères.  Il  veut  aussi  dire  par  là 
que,  dans  le  cas  où  son  père  douterait  de  la  véracité  du  récit  de  ses 
autres  fils,  il  ajouterait  foi  aux  affirmations  de  Benjamin  (p.  88). 
—  XLV,  23.  «  Et  il  envoya  de  même  à  son  père.  »  Le  texte  veut 
dire,  par  le  mot  de  même,  nNTr,  que  Joseph  envoya  également  un 
présent  à  Jacob  comme  il  en  avait  donné  à  ses  frères,  ou  bien 
qu'il*  lui  envoya  une  quantité  égale  à  celle  qu'il  avait  donnée  à 
tous  ses  frères,  c'est-à-dire  une  charge  de  dix  ânes  et  dix 
ânesses  (p.  92).  —  xlvi,  29.  Les  mots  T^b»  «n-^n  peuvent  être 
interprétés  de  diverses  manières,  ils  indiquent  oii  que  Joseph 
s'est  présenté  à  son  père,  non  pas  avec  une  pompe  royale, 
mais  simplement  et  modestement,  ou  qu'il  lui  a  montré  des  signes 
sur  son  corps  pour  se  faire  reconnaître,  ou  bien  ils  se  rapportent 
à  la  suite  et  doivent  être  ainsi  interprétés  :  «  Dès  qae  Joseph 
vit  Jacob,  il  se  jeta  à  son  cou  »  (p.  104).  —  xvlii,  25.  Pha- 
raon avait  déjà  pris  possession  (verset  23)  des  personnes  et  des 
biens  des  Egyptiens.  Que  signifient  alors  ces  mots  :  «  Soyons  les 
esclaves  de  Pharaon  »  ?  Les  Egyptiens  disent  que  c'est  par  recon- 
naissance pour  les  bienfaits  de  Joseph  qu'ils  se  sont  donnés  i 
Pharaon,  ou  que,  sous  une  telle  dfrection,  ils  sont  volontiers  les 
esclaves  de  Pharaon  et  que,  s'ils  étaient  encore  libres,  ils  se 
feraient  esclaves  (p.  115). 

XV.  La  partie  de  la  Tora  expliquée  dans  les  fragments  que 
nous  possédons  du  commentaice  de  Samuel  ibn  Hofni  fournit  très 
difficilement  au  commentateur  l'occasion  d'entrer  dans  des  di- 
gressions philosophiques.  Il  y  a  cependant  des  développements  de 
ce  genre  dans  certains  passages  cités  plus  haut,  et  particulière- 
ment dans  les  digressions  apologétiques.  En  voici  encore  quel- 
ques-uns, qui  appartiennent  plus  spécialement  à  la  Logique.  A 
propos  de  xli,  1  (p.  5),  Samuel  ibn  Hofni  dit  que  tout  ce  qui 
mange  avale,  mais  tout  ce  qui  avale  ne  mange  pas.  (Le  texte  dit 
des  vaches  qu'elles  ont  mangé,  et  des  épis  qu'ils  ont  avalé.)  A 
propos  de  xlii,  38,  il  dit  (p.  51)  que  les  mots  \)X^  et  r\y^  peuvent 
être  employés  l'un  pour  l'autre,  car  tout  X\y^  (chagrin)  est  nn 
(mal),  quoique  tout  ïis^n  ne  soit  pas  nécessairement  X\v^,  xlv,  23, 
les  trois  expressions  iitts  .ûnb  ,nn  désignent  ici  des  objets  d'ali- 
mentation, tout  na  contient  ûnb,  mais  tout  un?  n'est  pas  "la,  tout 
ûnb  est  iittd,  mais  tout  iitt:  n'est  pas  Dnb  *. 

1  De  mÔmexLiv,  16  (p.  72).  Cf.  Lehen  und  WerUdes  Abultoalid^  p.  7,  note  39. 


LE  COMMENTAIRE  DE  SAMUEL  IBN  HOFNI  îi? 

Les  dëveloppements   |>sychologiqiies  ne   sont  pas  rares   dans 
lotre  commentaire.  Nous  rappellerons  le  passage  que  nous  ayons 
Icit^  plus  haut  sur  les  songes  et  leur  signification  et  où  Ibn  Hofni 
[ônumère  (p.  8),  parmi  les  treize  conditions  nécessaires  pour  Tin- 
^terpr»Hatïon  d'un  songe,  la  connaissance  de  rame  et  de  ses  fa- 
i  cultes  ainsi  que  des  particularitës  de  son  activité.  Notre  auteur 
ajoute  que  les  songes  où  Ton  voit  des  images  sont  moins  impor- 
tants que  ceux  où  Ton  perçoit  des  sons,  «  parce  que  les  images 
aperçues  dalis  un  rêve  n'ont  aucune  réalité  et  ne  sont  que  les 
tracps  laissées  par  la  perception  dans  l'imagination  *  ».  Le  passage 
ont  il  a  été  également  déjà  question  plus  haut  et  qui  est  relatif 
jfachon  de  Téloquence  se  termine  ainsi  (p,  81):  «  Ce  qui  est 
efficace  que  la  musique,  la  poésie  et  la  rhétorique,  c'est  un 
discours  plein  de   logique,  qui  démontre  la   vérité  de  ce   qu*il 
avance»  car  il  agit  sur  Târae  rationnelle,  rîpDNsb»  DDsbt*,  tandis 
que  les  premières  n'agissent  par  leur  harmonie  mélodieuse  que 
sur  rame  irritable,  rj^^^iabî*  DS^bN.  et  il  y  a  une  différence  consi- 
dérable entre  ces  deux  âmes  *.  m  —  xlv,  5,  le  chagrin,  tia^j,  est 
«infini  «  une  maladie  de  Tâme  >»,  "^sftïOsa  yn)3  (p.  85).  —  xlv,  2*7,  ii 
traduit  3py*  mn  '^nm  par  les  mots:  la  maladie  de  l'âme  de  Jacob 
âisparul  *,  et  il  dit ,  dans  son   commentaire  :  a  La  disparition 
iVnm  maladie  est  désignée  en  hébreu  par  le  mot  Tt^n,  comme  dans 
k,xxxviii,  9,  et  la  tristesse  est  une  maladie  de  Fâme,  d*après 
fïov,,  XVIII,  14  ï  Job»,  XVII,  1  ;  I  Rois,  xxv,  5  (p*  94). 

Voici  maintenant  quelques  réflexions  d'ordre  métaphysique.  A 
propos  du  verset  xli,  49  (p.  31):  An  point  quHl  cessa  de  comp- 
kr^caril  n'y  avait  plus  de  nombre,  Ibn  Hofni  dit  que  cette  façon 
Je  parler  est  une  hyperbole,  «  parce  que  les  objets  existants  ne 
sont  pas  infinis  )>,  comme  il  Ta  déjà  fait  remarquer  dans  son  expli- 


îivti,  js  (p,  105),  S«mucl  jusUfie  iVusage  de  Texpressloo  Tilz'D  en  disant  que  •  lo 

toapiesl  une  quaolilé  comitjue  »  b^niabït  DD^N  *p2  *\^'^lb^. 

*P.  H,  en  bas  :  ^a  irrî:  bipb«  t^  y-pi^  ni^bn  l^Dn  >ibN  rriibè*  ettîNi 

'  Voir  la    retuarque  de   Samuel   eur    xLv,    1   (p,  83)    ;    i    L allocution    do   Juda 

É^le  U  dureté  et  riaditférence  do  rûme  de  Joseph  et  l'a  amené  à  la  clémence,  ella  a 

nagé  Josépb  À  se  faire  recoDDaltrc.  Lorsque  i  Tâme  irriluble  «  a  perdu  son  équi- 

iiùr»  êi  i'têl  tournée  vers  la  cruaulé,  elle  p«iit  être  inUuencée  par  la  musiciue,  dont 

I  iMnlkidies  la  calment  et  la  rendent  douce.  •  Et,  à  propos  des  mots  ;  Joseph  ne  pou- 

l^fiÊti  u  retenir,  il  dit  :  <  Chacun  [>cut  savoir  par  expérience  que,  s^il  est   Torti'* 

Sçitàau^  il  perd  la  patience.  *  iliv,  3!  (p.  80),  Samuel  parte  de  Vàme  întclîirrcnte 

I  (pit  domine  les  deux  Ames  animales,  rème  irritable  et  Vàme  appetilivu. 

•  Zp;?**  es:  yn^  b«n.  Saadia  dit  :  Dp?-*  DD2  nSCttJDÊÎD,  et  i^tiprit  de  Jacob 


118  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

cation  de  Genèse,  xxxii,  13,  où  il  a  prouvé  qu'un  entier  ne  peat 
pas  ôtre  divisé  à  l'infini,  xlvii,  28,  il  dit,  dans  un  développ^MSt 
de  caractère  homilétique  (p.  117)  :  «  En  établissant  un  lieneBtre 
la  vie  de  Jacob  et  Teiulroit  où  le  patriarche  a  vécu,  rEcritore- 
Sainte  nous  enseigne  que  nous  devons  établir  une  distinction  oatw 
la  vie  de  Jacob  ou  de  tout  autre  Atre  animé  et  la  vie  de  Dieu,  car 
Dieu  est  vivant  par  essence  et  non  par  suite  d'une  vie  qui  est  ci 
dehors  de  lui  ;  c'est  cette  pensée  qu'exprime  Jérémie,  x,  10.  Cette 
remarque  s'applique  aux  autres  attributs  de  Dieu;  tels  quel! 
science,  la  puissance,  etc.  Au  contraire,  la  vie  de  tous  les  être» 
est  en  eux  comme  un  élément  étranger,  c'est  pourquoi  elle  se 
sépare  d'eux,  comme  dit  l'Ecclésiaste,  iv,  2.  »  —  Samuel  traduit  le 
mot  nhpn,  xLii,  29  (p.  49),  par  y-xn^î^,  acciderUs,  et  il  dit  qu'il lefl 
appelle  ainsi  parce  qu'ils  se  sont  produits  chez  les  fils  deJacobv 
mais  qu'en  réalité,  ce  ne  sont  pas  des  événements  dus  au  hasarf, 
mais  amenés  par  la  volonté  divine.  Les  Philistins  considéraient, 
au  contraire,  les  accidents  comme  des  faits  absolument  fortuits* 
(f  Sam.,  VI,  9).  —  xli,  33,  il  définit  le  sens  des  mots  rrasm  et 
nrnn,  et  il  ajoute  :  «  La  plus  noble  et  la  plus  élevée  des  sciences 
est  la  science   des   prescriptions  divines,  mit^b»   Db^,  c'est-à- 
dire  la  connaissance  du  Créateur  et  des  attributs  qui  doivent 
lui  être  reconnus,  ainsi  que  des  preuves  rationnelles  qui  établissent 
ce  point;  c'est  aussi  la  connaissance  de  la  volonté  de  notre  Créa- 
teur, qui  nous  a  mis  au  monde  pour  que  nous  nous  soumettions 
à  cette  volonté  et  gagnions  notre  salut  en  comprenant  les  preuves 
révélées  qu'il  nous  a  données,  en  faisant  de  bonnes  œuvres  dont 
l'accomplissement  s'impose  à  nous  et  qui  nous  seront  utiles  ici- 
bas  et  dans  le  monde  futur,  comme  le  dit  Job,  xxviii,  28*.  Les 
sciences  les  plus  utiles,  après  la  connaissance  de  Dieu,  sont  celles 
des  mathématiques,  de  la  géométrie,  de  l'astronomie,  de  la  com- 
position de  la  musique,  de  la  physique,  la  connaissance  de  métiers 
et  d'arts  mécaniques  »  (p.  18).  Samuel  ibn  Hofni  désigne,  en  un 

*  Cf.  ce  qu'il  dit  à  propos  de  xlv,  8  :  t  Les  mots  :  Ce  n'est  pas  tous  çni  wCâH* 
fait  venir  fVt,  rapportent  l'évéDement  à  la  volonté  du  ciel  et  à  la  direction  supérienic* 

"rr^lbrbx  ÏÏON'^dVxi  '^IN'^cbN  n*^annbN,  et  c'est  ainsi  qu'il  faut  entendre  Vad»g< 
talmudique  riDTsb  riNICn  Û*^np5a  [Megilla,  13  b), 

*  Dans  le  passafre  relatif  au  deuil  (p.  162),  il  faut  remarquer  que  Samuel  fait  res- 
sortir la  différence  entre  le  deuil  prescrit  par  la  loi,  T^X^^  et  !•  deuil  impœé  par  l 
nature,  73Ut  c^  dernier  peut  être  causé  par  des  vivants,  comme  on  voit  dan 
I  Sam.,  XV,  35.  —  Notre  commentateur  fait  allusion  à  la  division  bien  connue  di 
lois  en  lois  révélées  et  en  lois  rationnelles,  en  disant  (p.  86,  à  propos  de  xlv,  5)  qi 
David  n'a  pas  puni  les  actes  d^Adonia  (1  Rois,  i.  6),  parce  qu'ils  n'étaient  contraires  i 
à  la  révélation  ni  a  la  raison  :  «^ribN  rrT"»NâbN  «''ïDSbNa  pStM  bipb«  KTl  ^T 

Tntt3bfc<  -«D  «bi  bpyb«  ^t  nnpn  «b. 


LE  COMMENTAIBE  DE  SAMUEL  IBN  llOFNÏ 


119 


endroit,  xux,  11  (i>.  142).  ce  qu'il  appelle  icila  connais- 
lies  lois  divines  par  rexpression  hébraïque  rrnnn  nit:rn,  à 
laquelle  lait  allusion,  diaprés  lui,  le  verset  i,  6  du  Cantique  des 
Cantiques  K 

Notre  commentateor  dit  de» Égyptiens  (p.  7),  à  propos  du  verset 
îLi.  8,  qu'ils  se  distin*;:uaient  dans  Tantiquit*^  par  leur  esprit 
subtil  et  leurs  connaissances  physiques  {ci.  I  Rois,  v,  10),  et, 
plus  loin»  XLi,  49  (p*  21),  il  les  identifie  avec  les  Alexandrins, 
)r:»ni3D0»':«,  qui  s'étaient  rendus  célèbres  par  leurs  connais- 
sances philosophiques  ^{sic)  n^2CÈ*b£b«  mb^bio—  *,  et  enfin,  à 
la  page  63,  il  fait  remarquer  que,  parmi  les  Égyptiens,  les  uns 
croyaient  à  Texistence  du  Créateur  et  à  la  création  du  monde, 
et  les  autres  admettaient  épjalement  ces  deux  croyances,  mais, 
d'après  ce  qui  est  connu  des  Alexandrins,  rejetaient  celle  de  la 
prophétie. 

XVI.  Samuel  ibn  Hofni  accorde  une  attention  toute  particulière 
à  la  chronologie  ûes  récits  bibliques.  A  la  pa^e  2,  à  propos  du 
chap,  xLi,  il  cherche  à  démontrer  l'exactitude  de  Tassertion  du 
Séder  Olam  qifhasic  est  mort  à  l'époque  où  Joseph  est  sorti  de 
prison.  Plus  loin,  xli,  66  (p.  26),  il  fait  remarquer  que  llndication 
pe  la  Tora  donne  de  Tâge  de  Joseph  au  moment  oii  il  se  pré- 
senta devant  Pharaon  permet  de  calculer  la  durée  de  son  règne, 
qui, daprès  lui,  se  serait  prolongé  pendant  quatre-vingts  ans  [cf. 
l,  2fi).  Il  dit,  à  propos  de  xlmi,  8  (p.  53),  oii  Benjamin  est  appelé 
•Jî,  que  celui-ci  avait  alors  trente-un  ans,  parce  que,  d'après  le 
verset  xxxi,  11,  et  en  ajoutant  aux  six  années  mentionnées  dans 
ce  verset  les  deux  années  que  dura  le  voyage  de  Jacob  et  au  bout 
diipel  il  était  né,  il  avait  huit  ans  de  moins  que  Joseph  et  que  ce 
dernier  était  alors  âgé  de  trente-neuf  ans  (cf.  xli,  46,  et  xlv,  6). 
Et  cependant  Benjamin  est  appelé  '\t^,  garçonnet,  parce  qu'il  était 
toujours  resté  dans  la  maison  paternelle,  à  Finstar  des  petits  enfants 


'  Lee  Uivtdrs  des  emurt  de  Bah]^  coiitî^îiintînt  réqiiîvalatil  nrabo  de  cette  expres- 
ibs.  Bans  la  traductioa  àrlbn  Tibbon,  m^  4.  la  coiiDaissaaco  de  la  loi  est  appelée 
Tîirn  rTSDrtt  par  cûutrû,  le  teite  original  »  dans  Slucki,  a  l'appendice  dû  son  édi- 

Kp.  jiiui.  dit  :  aî«rDbN  ûbj. 

'à  propos  de  xun,  16  (p.  57)  û  fait  k  remarque  que  si  Joieph  n'avait  pas  été 
•pleèé  par  la  loi  religieuse  devoir  un  ioiendaut  paleo  (|iii  aurait  également  pré- 
|wél«  manger,  nou!»  pourrions  croire  que  cet  homme,  donl  parle  le  tetle  était  «  un 
it»  Égyptiens  alexandrin»  •  p^'^Hma^OtïbK  l'^nSEïjbK  inS.  •  Mais,  comme  cela 
t'était  pas  possible  pour  la  raison  pn^citéc,  noUB  pensons  que  cet  lotondant  était  ton 
Bè  Minasse»  *  }\  est  remarquable  que  dans  &on  empresse meul  à  fournir  à  Josepb  un 
iQÎiiuier  juif,  Samuel  oublie  qu^à  ceUe  époque  Mana&sé,  qui  aurait  été  rînlendanl 
Joseph,  avait  tout  au  plus  sept  ans  (cH  Geo.,  xli,  46  el  511;  xlv,  ItJ. 


120  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

et  de  la  plupart  des  garçonnets  *.  —  xlvi,  27  (p.  100),  il  piéteni 
que  c'est  depuis  sa  84"  année  jusqu'à  sa  130*  année  que  Jacob  aïs 
augmenter  les  membres  de  sa  famille  jusqu'au  nombre  de  soixante- 
dix.  —  XLVii,  18  (p.  108),  il  essaie  de  trouver  des  allusions  dans b 
texte  à  chacune  des  sept  années  de  famine.  La  première  année  ot 
mentionnée  xli,  54;  c'est  pendant  cette  année  que  les  flrèr«  h 
Joseph  ont  fait  leur  premier  voyage  en  Egypte  ;  la  deaxi^ 
année  au  verset  xli,  55  ;  dans  cette  année,  les  frères  de  Jos^ 
sont  revenus  en  Egypte  (cf.  xlv,  6).  Pendant  la  troisième  année, 
Jacob  est  arrivé  en  Egypte  ;  la  quatrième  est  mentionnée  xlvii, 
13,  la  cinquième  xlvii,  16,  la  sixième  xlvii,  18-20,  et  la  septième 
XLVii,  23.  —  L.  26  (p.  173),  il  dit  que  le  texte  a  indiqué  à  quel  ige 
est  mort  Joseph,  pour  faire  connaître  la  durée  de  son  r^e  en 
Egypte  et  aussi  pour  montrer  en  combien  d*années  se  sont  passés 
les  événements  racontés  dans  la  Genèse.  La  fln  du  calcul  étaUi 
par  Samuel  ibn  Hofni  manque  dans  le  commentaire,  par  suite 
d'une  lacune  du  ms  '.  Dans  le  passage  relatif  aux  diverses  fa- 
mines mentionnées  dans  la  Bible,  notre  commentateur  compte 
comme  sixième  celle  dont  parle  le  livre  de  Ruth,  et  il  prouve,  à 
cette  occasion,  par  des  calculs,  que  la  donnée  traditionnelle  d'a- 
près laquelle  les  juges  du  livre  de  Ruth,  i,  1,  seraient  Débora et 
Barak  concorde  avec  les  autres  données  de  ce  livre. 

XVII.  Dans  son  explication  du  texte  biblique,  aussi  bien  que 
dans  les  nombreuses  digressions  auxquelles  cette  explication 
donne  lieu,  Samuel  ibn  Hofni  cite  très  fréquemment  d'autres  pas- 
sages de  la  Bible,  mais  il  est  rare  qu'il  accompagne  ces  citations 
d'observations  exégétiques  ^.  Il  compare  attentivement  les  divers 
passages  parallèles  de  la  Bible.  C'est  ainsi  qu'à  propos  de  la  liste 
des  noms  donnée  xlvi,  8-27,  il  mentionne  les  listes  de  Nombres, 
XXVI,  et  du  commencement  des  Chroniques,  et  essaie  d'expliquer  les 
contradictions  de  ces  énumérations.  Il  admet,  par  exemple,  que  la 
môme  personne  avait  deux  noms  et  qu'elle  était  désignée  tantôt 

*  Ce  calcul  est  plus  explicite  p.  179  (xlvi,  21),  où  S.  prouve  qu'à  l'âge  de  Irente- 
ct-un  ans,  Benjamin  pouvait  avoir  dix  enfants. 

*  L,  25  (p.  172)/ S.  déclare  que  depuis  la  mort  do  Joseph  jusqu'à  la  sortie  d'E- 
gypte il  s*ctait  écoulé  cent  trente-neuf  ans  ;  il  suit  la  tradition,  diaprés  laquelle  (cf. 
Stder  Olam,  ch.  3,  au  commencement)  les  Israélites  auraient  séjourné  en  Egypte 
pendant  deux  cent  dix  ans. 

»  Jos.,  VII,  24,  p.  îiD ;  t*.,  xix,  11,  p.  143;  Juges,  vi,  17,  p.  88  ;  I  Sam.,  xi,  12, 
p.  50  ;  ift.,  XVII,  58,  p.  125  ;  Il  Sam.,  xix,  42,  p.  41  ;  I  Rois,  xi,  26,  p.  24  ;  i*., 
xiii,  31,  p.  122;  II  Rois,  II,  14,  p.  169;  i*.,  vi,  25,  p.  38;  Isaïe,  viii,2t.  p.  33; 
i^.,  XVI,  1,  p.  135  ;  Zacb.,  m,  1,  p.  127  ;  Ps.,  lxvjii,  14,  p.  146  ;  Dan.,  x,  3,  p.  3  ; 
I  Chron.,  xvii,  23,  p.  47. 


LE  COMMENTAIRE  DE  SAMUEL  IBN  HOFNl  121 

ir  Tun,  tantôt  par  Faiitre,  C'est  ainsi  que  inatetfs*»,  xlvi,  10, 
iraient  les  mêmes  que  n^-.'^  et  rriT  de  î  Chroniques,  iv,  24,  Le 
léfne  fait  s'observe,  d*après  notre  commentateor,  pour  les  héros 
David  dont  quelques-uns  ont  des  noms  différents  dans  1  Chron., 
I»  et  dans  II  Samuel»  xxni  (p.  95)  ',  D^autres  fois»  il  admet,  pour 
tpliquer  les  contradictions,  des  changements  de  lettres  dans  les 
noms;  ainsi,  d'après  lui,  b«i^'»,  xlvi,  10,  est  devenu  b«i:Q3,  1  Chro- 
niques, i\%24;  zbn,  Il  Sam,,  xxiii.  29,  un  des  héros  de  David, 
[>ar  suite  du  changement  de  3  en  n,  est  devenu  nbn  dans  I  Chron,, 
30.  Dans  un  autre  cas,  il  admet  qu'un  nom  a  dt^-  chanfïé  par 
lite  de  Taddition  d'une  lettre,  ainsi  de  3V,  XLvr,  13,  on  a  fait 
TO'',  Nombres,  xxvi,  24  et  Cliron.,  vu,  L  II  relève  (p.  118)  les 
|ifférences  qui  existent  dans  les  trois  listes  des  descendants  de 
Dnjamin  mentionm'es  dans  Genèse,   xlvi,  21,  Nombres,  xxvi, 
MO  et  Chron,,  vni»  1,  et  il  dit  que  mx  et  v^^^s  désignes  dans 
?nêse  comme  lils  de  Benjamin  ne  sont  pas  les  nit'mes  que  inn  et 
3?:  que  les  Nombres  nomment  comme  petits-fils  de  Benjamin, 
Bs  derniers  seraient  les  neveux  des  premiers  et  auraient  eu- le 
%éme  nom  que  leurs  oncles.  C'est  ainsi  qu'un  petit-fils  de  Juda, 
r,  a  eu  le  mt^rae  nom  que  son  oncle  nr,  1  Chron,,  iv,  21,  et  que, 
ins  I  Chron.,  n,  46,  on  trouve  deux  m,  dont  Fun  était  le  ïîls  et 
lutre  le  petit-fils  de  Calel),.Les  Chroniques,  dit  notre  commenta* 
pur,  ne  mentionnent  pas  îa  plupart  des  fîls  de  Benjamin  nommés 
ins  la  Genèse,  parce  qu'elles  ne  s  occupent  que  de  ceux  qui  ont 
une  nombreuse  postérité,  de  même  qu'elles  ne  nomment,  iv,  1, 
le  les  fils  de  Juda  qui  ont  eu  beaucoup  d'enfants.  Après  avoir 
ibli  que  la  diflTérence  entre  le  total  des  enfants  de  Léa  nommés 
TndividueliemenC  Genèse,  xlvi,  8-14,  et  qui  est  de  trente-deux,  et 
gntre  le  total  mentionné  iM(L,  15,  qui  est  de  trente-trois,  pro- 
5nt,  comme  l'explique  la  tradition,  de  ce  que  le  dernier  total 
Dmprend  Yokébéd,  ûlle  de  Lévi,  qui  est  seulement  née  au  mo- 
ient  de  l'entrée  de  Jacob  en  Egypte,  Samuel  ibn  Hofni  ajoute  que 
totaux  donnés  par  la  Bible  sont  quelquefois  inexacts,  soit  parce 
ae  la  somme  indiquée  est  plus  grande  que  le  total  formé  par  les 
>ms  mentionnés  en  détail,  soit  parce  qu'elle  est  plus  petite,  et  il 
Ile  comme  exemples  du  premier  cas  1  Chron.,  m,  22;  ib.,  xxiv, 
t  ;  il).,  XXV,  3-4,  et  comme  exemples  du  deuxième  cas  Josué, 
7,  21-32;  t&.,  XHi,  3  (p,  97  et  \1Û],  A  propos  de  XLII,  5  (p.  40),  il 
lit  remarquer  la  contradiction  qui  existe  entre  le  passage  de 
Sara,,  xxiv,  13,  où  il  est  question  de  <f  sept  années  de  famine  », 


i  II  prétend  aussi  que  "Jl^XÊ*,   iLvti,  16,  est    le  ra^mo   que  *'3THi  Ûl»  àc  Gûd. 


122  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

et  celui  de  I  Chron.,  xxi,  12,  qui  parle  de  c#  trois  ans  de  famine  >, 
et  il  dit  que  dans  Samuel  il  ne  s*agit  que  d'une  famine  r^^nt 
dans  le  pays  môme,  mais  qu'il  est  possible  de  conjurer  par  l'im- 
portation de  vivres  de  pays  étrangers,  tandis  que  les  Chroniques 
parlent  d*une  famine  complète,  où  il  est  impossible  de  faire  venir 
des  vivres  d'autre  part. 

XVIII.  Il  nous  a  paru  d'autant  plus  important  de  donner  une 
analyse  très  détaillée  des  fragments  du  commentaire  de  Samuel 
ibn  Hofni  que  ces  fragments  ne  formant  qu'une  petite  partie  de 
l'ouvrage  dont  nous  déplorons  la  perte.  Cette  analyse  n'ajoute, 
il  est  vrai,  que  très  peu  de  traits  nouveaux  à  ce  que  nous  con- 
naissions déjà  de  la  figure  du  gaon,  mais  elle  donne  une  idée  plus 
complète  de  sa  méthode  exégétique  et  de  ses  procédés  d'écrivain, 
se  bornant  à  des  parties  de  l'Écriture  purement  narratives. 
Ces  fragments,  tout  en  étant  relativement  peu  étendus,  suffisent 
pour  montrer  les  nombreuses  connaissances  philosophiques  et 
autres  de  notre  commentateur,  qui  était,  après  Saadia,  le  plus 
illustre  représentant  de  cette  exégèse  des  gaonim  qui  employa 
pour  la  première  fois  une  méthode  rationnelle  dans  rexplication 
de  l'Ecriture-Sainte  et  s'efforça  de  rendre  le  texte  biblique  clair 
et  intelligible  ;  ils  montrent  que  Samuel  ibn  Hofni  était  digne  du 
titre  d'inteyyrèle  ami  du  Peschat  dont  son  jeune  contemporain 
Abulwalid  Ta  qualifié,  mais  ils  montrent  aussi  combien  l'esprit 
du  chef  d'école  de  Sora  était  en  quelque  sorte  imprégné  du  sys- 
tème employé  par  le  Talmud  et  le  Midrasch  dans  Tinterprétation 
biblique  ^  Un  trait  des  plus  saillants  de  l'exégèse  de  Samuel, 
c'est  d'élucider  le  sens  du  texte  en  comparant  les  passages  ana- 
logues et  de  les  éclaircir  les  uns  par  les  autres,  système  peut-être 
trouvé  dans  la  méthode  exégétique  du  Midrasch. 

M.  Israelsohn  a  édité  avec  le  plus  grand  soin  ces  fragments 
d'après  le  ms.  unique  qu'il  possédait  et  qui  présente  de  nom- 
breuses lacunes  et  de  graves  difficultés,  et  il  a  conservé  dans  la 
transcription  arabe  les  particularités  caractéristiques  des  ouvrages 
arabes  écrits  par  des  Juifs  ;  il  en  a  parlé,  du  reste,  ainsi  que  de 
quelques  anomalies  de  style  particulières  à  Ibn  Hofni,  dans  la 
courte  introduction  dont  il  a  fait  précéder  le  texte.  Il  a  indiqué 

'  Dans  les  trois  expressions  dont  Jacob  s'est  servi  pour  annoncer  à  ses  fils  qu'il 
allait  les  bénir,  Samuel  voit  le  triple  caractère  de  la  bénédiction  du  patriarche  : 
ISOft^îl  désigne  raverlissement  (cf.  Jérémie,  iv,  5),  "liliap^J  fait  allusion  à  son  projet 
de  dévoiler  l'avenir  et  la  sortie  d'Egypte  (cf.  Isaîe,  xi,  12),  et  1773)D  annonce  la  bé- 
nédiction proprement  dite  (ci'.  Deut.,  xi,  27). 


LE  COMMENTAIRE  DE  SAMUEL  IBN  HOFNI  123 

dans  le  corps  du  texte  les  endroits  où  se  trouvaient  les  passages 
bibliques  et  la  plupart  des  passages  talmudiques  et  midraschiques 
cités  par  le  gaon,  mais  il  a  omis  de  placer  uçie  indication  quel- 
conque au  commencement  des  chapitres  et  des  versets  du  texte 
biblique,  ce  qui  rend  Tusage  du  livre  assez  difficile.  L'impression 
est,  en  général,  correcte,  mais,  outre  les  trois  pages  d'errata,  il 
existe  encore  d'autres  fautes  d'impression  dans  l'ouvrage*.  Ce 
léger  défaut  ne  diminue  en  rien  le  mérite  de  l'éditeur,  qui  a  mis 
au  jour  un  monument  important  de  la  plus  ancienne  littérature 
exég»itique  du  moyen  âge. 

W.  Bâcher. 

Budapest,  mars  1887. 

>  P.  4,  l.  9,  lis.  m^N  au  lieu  de  nT^TN  ;  p.  12,  1.  4  d'en  bas,  lis.  bipi  au  lieu 
de  b«p1;  p.  18,  1.  1,  lis.  "^^nip  au  lieu  de  Dip  ;  p.  27, 1.  11,  d'en  bas,  ajout.  'iai 
après  fillïltl  ;  p.  51, 1.  11  d'en  bas,  lis.  T^riN  *^D  au  lieu  de  vriKT  ;  p.  63, 1.  3  d'en 
bas,  lis.  bbM^C  au  lieu  de  bi^ND  ;  p.  79,  1.  11  d'en  bas,  lis.  t|OT^  au  lieu  de  mi^J*»  ; 
p.  79,  1.  6  d'en  bas,  lis.  n^lpD  au  lieu  de  nbnpD  ;  p.  80,  l.  8,  lis.  t|OT<  au  lieu 
de  ypy^',  p.  85,  1.  7,  effacez  ib;  p.  109,  1.  3  et  2  d'en  bas,  lis.  •^INnïl  au  lieu  de 
lïnri;  p.  117,  1.  3  d'en  bas,  ajout.  û'^Tl  après  ïHJïi  ;  p.  124,  1.  11,  lisez  •<n» 
au  lieu  de  m»  ;  p.  130,  l.  13,  lis.  «niipTa  au  lieu  de  fi<mnpï3  ;  p.  136, 1.  3  d'en 
bas,  lis.  îfÎTttjbN  au  lieu  de  ïinTSbN  ;  p.  139,  1.  4,  lis.  t<ON  au  lieu  de  fi<«<CN  ; 
p.  141,  1.  6  d'en  bas,  lis.  «^b»  au  lieu  de  «b»;  p.  141, 1.  1  d'en  bas,  lis.  T^ab»  au 
lieu  de  T«abfc<  ;  p.  151,  1.  10,  lis.  ûh  au  lieu  de  ûn  ;  p.  151,  l.  2  d'en  bas,  lis. 
lïinnTa'^l  au    lieu  de  1ïnï3n73'^T  ;  p.  160,  1.  5,  lisez  •^SNhb»  au  lieu  de  «liNrib». 


LE  PROCES  DE  SAMUEL  M  TIBBON 

MARSEILLE,   1255  ' 


(  SUITE  ET  FIN  *  ) 


18.  —  JE  DIS,  en  outre,  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  tenir  compte  des 
paroles  et  actions  du  dit  R.  S.  b.  M.,  et  que  vous  devez  croire,  pour 
plusieurs  motifs,  que  tout  ce  qu'il  a  dit  devant  vous  est  mensonge 
et  tromperie  et  corruption  et  ruse.  SON  envoyé  et  les  témoins  qu'il 
prétend  avoir  réunis  pour  les  commissionner  (pour  aller  auprès  de 
B.)  sont  tous  morts,  et  si  l'un  d'eux  vit  encore,  Il  est  allé  au  pays 
d'outre-mer,  de  sorte  qu'ils  ne  peuvent  pas  le  démentir,  car  il  sait 
que  tout  ce  qu'il  dit  est  mensonge;  et  pour  ceux  des  témoins  qui 
sont  encore  maintenant  présents  et  vivants,  nous  avons  des  témoins 
valables  et  dignes  de  foi  qui  assurent  qu'un  de  ces  témoins  dont  la 
déposition  a  été  reçue  par  le  susdit  tribunal  est  venu  auprès  d'eux 
et  leur  a  dit  qu'il  a  commis  un  grand  pécbé  en  disant  (devant  ce  tri- 
bunal) des  choses  qu'il  n'avait  pas  vues  et  de  pure  invention,  car 
jamais  il  n'avait  vu  que  le  dit  R.  S.  avait  épousé  la  dite  B.  ET  ce 
TÉMOIN  a  rendu  cette  assertion  vraisemblable  (^NbnTaN  ins),  disant 
que  le  dit  R.  S.  était,  avec  d'autres  personnes,  venu  le  trouver  et 
qu'ils  l'avaient  trompé  et  lui  avaient  dit:  «  Parle  (porte  témoignage) 
comme  nous  te  le  dirons,  ne  crains  rien,  ton  témoignage  ne  sera  pas 
mis  par  écrit  et  ne  viendra  pas  devant  le  tribunal,  nous  ne  faisous 
tout  cela  que  pour  leur  faire  peur  (au  parti  de  B.),  afin  que  le  beau- 
père*  et  la  tante  de  R.  S.  transigent  avec  lui  et  lui  donnent  autant 
d'argent  qu'il  voudra,  car  elle  est  très  riche,  et  tout  cet  argent  ne 
doit  pas  rester  à  nos  ennemis,  ù  Et  ils  [le  tribunal)  n'ont  pas  examiné 
et  cherché  à  embarrasser  ce  témoin,  selon  la  règle  et  le  droit,  mais 

»  Voir  le  précédent  numéro,  page  70. 

*  Il  y  «  VTan  probablement  pour  ;t^73M,  ie  boau-père  de  B.,  Isaac  b.  Simson. 


LE  PROCES  DE  SAMUEL  IBN  TIBBON 


125 


[ils  root  séduit  par  leurs  paroles  et  leurs  actes  ^  Tout  cela,  ce  témoin 
jeu  a  fait  serment  grave  devaet  eux  (uos  témoius)  riJi  b<7  yen  na"^p33 

lô.  IL  Y  A  d'autres  probabilités,  grandes  et  fortes»  qu*il  ne  faut 
[pas  teuircompte  lies  paroles  du  dit  R,  S.  et  que  vous  devex  croire  que 
llout  ce  qu*il  lait  est  meosougc  et  tromperie  et  fraude,  car  B.  a  dos 
j  témoins  valal)ies  que  ledit  K,  S.  est  venu  et  leur  a  promis  de  leur 
Idooner  de  l'argent  al3o  qu'ils  attestent  pour  lui«  devant  le  tribunal, 
[qu'il  avait  épousé  B.  en  leur  présence  (en  qualité  de  témoins  de  ce 

mariage),  et  ils  lui  répoodirenL  :  {i\i  a\  ?  Nous  ne  ferons  pas  cette 
[grande  iniquité  ui  ce  péché  envers  Dieu,  et  ne  prendrons  pas  sur 
rnousunsi  grand  péché  de  porter  faux  témoignage  pour  qtielque 
I  somme  que  tu  nous  donnerais.  >*  Puis  donc  qu'il  a"  une  seconde  fois 

fraudé,  je   dib  quil  est  un   fraudeur  convaincu  {«DPîb  mm  I^dt 

20.  JE  DIS  en  outre  et  vous  fais  savoir  par  connaissance  cerlaiue  et 
je  donne  des  probabilités  nombreuses  qu'il  n'y  a  pas  à  tenir  compte 

[des  paroles  de  S.,  car  lui  et  son  père  Moïse  Tibbon,  et  ses  témoins 
I  qui  ont  témoigne  devant  le  tribunal,  étaient  dans  la  synagogue  quand 
furent  faites  les  fiançailles  de  B.  avec  R.  Isaac  bar  Isaac,  lesquelles 
furent  faites  en  leur  présence  et  en  présence  de  toute  la  Commu- 
nauté ;  et  le  jour  de  ces  fiançailles,  dame  Bella,  mère  de  ladite  B, 
a  fait  un  repas  d'épousailles  (^''D'n'^N),  et  R,  S.  b.  M,  Tibbon  est  allé, 
ÎUL-mème,  inviter  (au  repas]  une  partie  des  gens  de  cette  ville,  et  lui 
^€1  son  père  R.  Moïse  ont  mangé  et  se  sont  réjouis  avec  eux  dans  la 
maison  de  la  dite  dame  Bella,  et  ledit  R.  S,  a  fait  le  service  («?a\D)  à 
table,  devant  les  invités, 

21.  —  DE  PLUS  B.  dit  :  «  Je  ne  me  rappelle  pas  d'avoir  jamais  vu 
mon  oncle  R,  Moïse  à  Naples,  car  quand  mon  dit  oucïe  y  est  venu, 
j'avais  â  cette  époque,  moins  de  trois  ans,  je  buvais  eucore-le  lait  de 
la  nourrice  que  ma  mère  m'avait  donnée.  C'est  ce  que  ma  dit  ma 
mère,  et  je  ne  savais  pas  que  ma  mère  m'avait  fiancée  au  fils  R.  S, 
(de  mondit  oncle),  et  s*il  est  vrai  qu  elle  Fait  fait,  je  n'accepte  pas  ces 
fiançailles.  Mais  il  est  vrai  qu'à  l'époque  où  nous  étions  encore  a 
Naples,  ma  mère  m'a  dit  :  <*.  Ma  Olle,  si  nous  étions  allées  à  Marseille 
dans  le  délai  que  j'ai  fixé  à  mon  frère  R.  Moïse  quand  il  est  venu  ici, 
—  tu  étais  alors  une  enfant  de  moins  de  trois  arjs  et  encore  en  nour- 
rice, —  il  est  possible  que  je  t'eusse  fiancée  à  son  fils,  mais  ce  délai 
est  passé  et  mon  frère  a  donné  une  femme  à  son  fils  R.  S.,  et  il  n'y  a 
€Qtre  lui  et  moi  (Moïse  et  Bella)  ni  question,  ni  pourparlers,  ni  con- 
trat iD'^fttsm  D'^nmi  in  Siiiî  T^ftï),  El  de  tout  cela  (continue  B.)  mon 
oncle  a  fait  serment  grave  qu'à  l'époque  où  il  est  venu  à  Naples, 
l'étais  une  enfant  de  trois  ans  et  non  davantage,  et  pourquoi  aurait- 


I  Les  mêmes  personnes  qui  ont  Ibnctiotiné  camme  tribuud  pour  recevoir  le  témoi- 
gnage, ttu  lieu  de  scruter  le  lemoio  au  moment  ou  il  portait  ce  téii]oigQa^e«  avtti«at 
au  contraire,  auparuvaut  el  en  dehors  du  tribunal,  égaré  el  séduit  ce  lémoia* 


126  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

il  menti  (sur  ce  point  des  Irois  ans)  en  une  question  où  il  D*y  a  pas 
de  témoins  ?  c'est  donc  la  vérité  I  IL  a  aussi  avoué  devant  moi  qu'il 
n'y  a  ni  question,  ni  convention,  ni  fiançailles,  ni  contrat  (ta'^ficn)  me 
concernant  entre  lui  et  ma  mère  ;  et  c'est  parce  que  je  ne  suis  pas 
fiancée  à  R.  S.,  que  son  fils  a  pris  femme,  car  si  j'avais  été  fiancée 
avec  lui,  on  ne  lui  aurait  pas  donné  une  autre  femme.  DE  plus,  c'est 
mon  oncle  môme  et  son  fils,  ledit  R.  S.,  qui  m'ont  fiancée  à  R.  Isaac 
mon  mari,  et  mon  oncle  R.  Moïse  a  lui-même  écrit  et  fait  tout  le 
contrat  (û'^Nînrr  bs)  conclu  entre  ma  mère  et  R.  Isaac  ben  Simson, 
mon  beau-père.  Mais  après  la  mort  d'un  frère  que  j'avais,  ledit  R.  S. 
est  venu,  un  esprit  de  mal  s'est  emparé  de  lui,  et  il  a  soulevé  ce 
procès  et  cette  contestation,  afin  de  s'emparer  (tt)'T''*ï5  ;  ou  d'hériter) 
de  tous  mes  biens  et  de  ceux  de  ma  mère.  MON  onglk  R.  Moïse, 
dans  les  synagogues  de  Marseille,  en  présence  de  toute  la  Commu- 
nauté, avant  que  je  fusse  mariée  ('»nNiSDD)  à  mondit  mari  R.  Isaac,  a 
déclaré  que  j'étais  libre  de  me  marier  et  non  liée  ni  engagée  ni  fian- 
cée, ni  à  son  fils  R.  S.  ni  à  qui  que  ce  fût,  et  qu'il  ne  connaissait  en 
moi  ni  empêchement  [29  b]  ni  obstacle  d'aucune  espèce  (pour  me 
marier),  mais  que  les  paroles  et  contrat  qui  avaient  eu  lieu  entre  loi 
et  ma  mère  étaient  nuls  dès  l'origine,  que  je  n'avais  pas  donné  mon 
consentement  à  mes  fiançailles  avec  ledit  S.,  que  je  n'avais  reçu  ni 
présents,  ni  sablonot^  ni  fruits,  ni  cadeaux  S  ni  de  mon  oncle  R. 
Moïse  ou  de  son  fils  ledit  R.  S.,  ni  au  nom  de  mon  oncle,  ni  au  nom 
de  son  fils,  par  l'intermédiaire  de  qui  que  ce  fût  au  monde.  TOUT 
CELA,  je  le  dis  maintenant  en  votre  présence,  mais  j'ai  encore  de 
fortes  réponses  et  des  probabilités  nombreuses,  et  des  moyens  et  des 
preuves,  pour  dire  et  vous  montrer  que  les  prétentions  et  allégations 
dudit  R.  S.  à  mon  égard  n'ont  aucune  consistance,  et  quand  vous  le 
voudrez,  je  vous  apporterai  ces  preuves,  de  sorte  que  vous  ne  croi- 
rez pas  que  je  conviens  des  faits  sur  lesquels  je  me  tais,  c'est  ce  que 
je  vous  ai  dit  au  début  de  mes  plaidoyers  et  en  chacun  d'eux. 

22.  —  ITEM,  l'avocat  de  la  défenderesse  a  amené  devani  nous 
un  témoin  attestant  que  R.  S.  b.  M.  Tibbon  s'est  efforcé  de  pro- 
duire de  faux  témoignages  au  sujet  du  mariage  qu'il  dit  avoir  fait 
avec  ladite  B.  Le  nom  de  ce  témoin  est  R.  David  bar  Abraham.  Le- 
dit R.  David  atteste  que  ledit  R.  S.  est  venu  le  trouver  un  samedi  et 
l'a  prié  de  porter  témoignage  en  sa  faveur  qu'il  (Samuel)  avait 
épousé  ladite  B.,  assurant  Samuel  qu'il  avait  déjà  parlé  de  cela  à 
Josef  bar  Samuel,  lequel  lui  avait  promis  d*agir  en  ceci  comme  il 
(Samuel)  le  souhaitait.  Mais  ledit  témoin  R.  David  répondit  que  son 
père  ne  lui  avait  pas  appris  à  agir  ainsi,  qu'il  ne  le  ferait  pas  et  ne 
porterait  pas  témoignage  de  ce  qu'il  n'avait  pas  vu.  Nous  lui  avons 
demandé  la  date  de  cet  entretien,  il  a  répondu  qu'il  ne  s'en  souvenait 
pas.  Nous  lui  avons  demandé  en  outre  si  c'avait  été  avant  le  mariage 
(l'^NniûD  avec  R.  Isaac),  il  dit  qu'il  ne  le  savait  pas.  U  est  véritable  que 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IBN  TIBBON  127 

hedit  R.  S.  a  répondu,  après  ce  témoignage,  que  tout  cela  était  faux 
[et  que  jamais  il  o'avait  parlé  de  cela  à  ce  lémoin. 


IV 


Première  série  de  témoignages. 

23.  Samuel  amène  les  témoins  de  son  troisième  mariage,  donl  lun  est  Mardo- 

ihée  L  J.  (M.  h,J.). 
I  IL  —  21.  Lave}  re  invalide  M.  b.  J.,  lequel  s'est  retracté  devoût  le  sire  Gigôaet  ;  un 

des  témoins  de  Laveyre  est  Marfiociice  b.  Méïr  (M.  b.  M.).  Cuite  itaneê  paratt 

avoir  liêH  U  3  Nbei  (vendredi  S  décembre  1255);  voir  ii'  31  a, 
I  m,  ^  2Vk  En  oulrt*,  M.  b.  J.  s'eal  rétracté  à  Âix.  -^  26.  Arrêt  du  tribunal.  Mardi 

7  tebet  (7  décembre  1255). 

23,  —  a)  ET  NOUS  thibunal,  d'un  commun  accord»  avons  ordonné 
|è  R.  S.  b.  M.  Tibbon  d'ameû*ir  immédiatemeut  ses  témoins  devant 

nous,  savoir  ceux  devant  lesquels  il  prétend  avoir  épousé  une  (troi- 
sième fois)  B.  fille  de  R.  Jacob  Cohen,  qui  sont  R.  Mardoché  bar 
iekutiel  et  R.  Josef  bar  SamueU  aiio  que  nous  examiuions  et  enlen* 
dions  leur  témoignage  de  leur  bouche. 

à}  LEDIT  S.  vint  et  amena  lesdits  témoins,  et  ils  attestèrent  de- 
vant nous  tout  ce  qu'ils  avaient  attesté  diaprés  l'acte  de  récei^lion  de 
témoignage  dressé  devant  R.  Simson  bar  Abraham,  et  R,  David  bar 
Jacob  fils  du  nadià  R,  Salomou,  et  R.  Juda  bar  Abrabam,  et  le 
témoignage  des  deux  fut  trouvé  concordant. 

24.  —  a)  APRÈS  quk  nous  avions  entendu  les  témoins  de  ce  ma- 
riage, Tavocat  de  ladite  B.  vint  et  amena  devant  nous  un  témoin 
appelé  R,  Abraham  bar  Isaac,  lequel  attesta  devant  nous  qull  avait 
vu  ce  Mardochée  bar  Jekutiel,  a  une  époque  anléneure  au  témoi- 
guage  parlé  par  ce  Mardocbêe  devant  nous  au  sujet  du  mariage  de 
B,,  venir  devant  le  sire  (na)  Gigonet  et  ledit  sire  avait  prié  Mardo- 

'  cfaée  de  lui  parler  de  i'aîTaire  dudit  R.  S.  et  de  ladite  B.,  et  de  le  faire 
librement  et  volontairement,  et  de  lui  dire  la  vérité,  sans  qu'il  y  eût 
de  la  part  dudit  sire  contrainte  d'aucune  espèce.  Alors  ledit  R.  Mar- 

I  dochée  dit  devant  ledit  sire  i  c  Je  porte  témoignage  devant  toi,  à 
titre  de  témoin,  en  toute  viîrité^  et  je  demande  que  tous  les  Juifs  qui 
m'entendent  en  soient  témoins  et  puissent  témoigner  au  rribunal 
[30  a]  de  tout  ce  qu*ils  entendront  de  ma  bouche,  et  je  dis  en  vérité 
que  jamais  je  n'ai  vu  ni  entendu  que  R.  S.  ait  épousé  ladite  B.  » 
Ledit  sire  loi  demanda  alors  :  n  Qu'est-ce  que  cette  réceptioa  do  té- 
moignage où  Ton  dit  que  tu  as  t-te  môle  V  s  Et  ledit  Mardochée  ré- 
pondit audit  sire  :  «  il  est  vrai  que  R,  Juda  bar  Abraham  et  U.  David 

I  bar  Jacob  sont  venus  auprès  de  moi  avec  un  acte  en  mains  et  m  ont 
dit  :  a  Parle  et  fais  comme  nous  le  voulons  et  conviens  de  ce  qui  est 
écrit  dans  cet  acte,  iî  ne  l'eu  arrivera  aucun  dommage,  »  et  moi,  ne 
sachant  lire  cet  acte^  j'ai  convenu  de  ce  qu'ils  disaient,  mais  jamaiâ 

1  je  n'ai  vu  que  ledit  R.  S,  ail  épousé  ladite  B. 


ediP 


128  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

ù)  ET  âPRés  QUE  E.  Abraham  bar  Isaac  eut  fait  ce  16e 
devant  nous»  vint  devant  uous  un  aulre  témom  appelé  R.  Samaé 
bar  Abraham,  et  attesta  tout  ce  qu^avait  attesté  ledit  B.  Abraham 
bar  IsaaCt  précédent  témoin,  ajoutant  seulement  ceci  que  R.  Laveyr 
bar  Jonathan  demanda  (devant  sire  Gigonet)  audit  R.  Mardochée' 
Veux-tu  que  ces  personnes  ici  présentes  soient  témoins  et  paiasefl 
rapporter  au  tribunal  ce  que  tu  viens  de  dire  devant  eux?  £t  led 
R,  Mardochée  répondit  ;  Oui,  car  ce  que  je  dis  devant  eux  est  à  Litre 
de  témoignage,  car  ils  (ces  personnes  avec  leur  acte)  m'avaient  dit 
quHls  ne  faisaient  cela  que  pour  faire  perdre  (de  Targeut  ?)  à  dame 
Bella,  «  afin  que  vous  (témoins,  les  témoins  à  qui  ces  personnes  s'« 
dressaient)  tiriez  quelque  profit  de  son  argent,  on  ne  montrera 
cet  acte,  mais  une  transaction  intervnendra  et  vous  (témoins)  y 
gnereîî  de  l'argent  ».  Et  nous,  tribunal,  avons  demandé  à  R.  Laveyn 
bar  Jonathan  pourquoi  il  avait  été  la  (chez  le  sire  Gigonet),  si  c*é 
tait  comme  témoin  ou  pour  vuir  en  curieux,  et  il  nous  dit  qu*il  y 
avait  été  pour  voir,  non  comme  témoin, 

25*  ^  a)  ET  Ai'RKs  QUB  nous  eûmes  entendu  ces  témoins,  1  avofl 
cat  de  la  défenderesse  vint  encore  devant  nous,  et  revenant  à  s^^ 
allégations,  il  nous  dit  qu'il  voulait  invalider,  pour  faux  serment,  un 
des  témoins,  savoir  R,  Mardochée  bar  Jekutieî,  et  pour  cet  objet  il 
produisit  devant  nous  R.  Isaac  bar  Salomon  et  R,  Mardochée  bar 
MéJr,  pour  témoigner  contre  ledit  témoin  de  son  incapacité  par  suitM 
de  faux  serment,  Nous  demandâmes  audit  R.  Isaac  bar  Salomon,™ 
quand  il  se  présenta  devant  nous,  ce  qu'il  savait  de  R.  Mardochée 
bar  Jekuliel  au  sujet  de  ce  qu'il  (Mardochée)  disait  que  ledit  R 
avait  épousé  ladite  B.  Et  ledit  R.  Isaac  har  Salomon  attesta  devi 
nous,  à  titre  de  témoignage,  que  R,  Mardochée  bar  Jekutieî  Tavail 
pris  un  jour  (lui  témoin)  et  conduit  dans  la  maison  de  H.  Isaac  bar 
Simson,  à  Aix,  et  là  se  trouvaient  R,  Isaac  bar  Simsou,  R.   Samuel 
bar  Abraham,  et  R.  Mardochée  bar  Méir.   Et  R.   Mardochée 
Jekutieî  dit  (devant  eux)  :  «  J'ai  appris  qu'on  dit  de  moi  — 
qu'on  m'en  fait  reproche  —  que  j'ai  attesté  avoir  vu  que  ledit  R. 
bar  Moïse  a  épousé  ladite  B.  fille  de  R.  Jacob  Cohen  ;  c'est  poui 
.quoi,  afin  d'être  pur  devant  Dieu  et  devant  Israël,  je  jure, 
«A  Je  suis  TEternel  *  j»  et  par  tout  le  décalogue  donné  à   Molsé 
le  Sinaï,  et  d'après  les  intentions  inji  br)  de  Dieu  et  les  vôtres»  qi 
je  n'ai  pas  vu  ni  su  jamais,  à  aucune  époque,  que  ledit  R.  S.  b.  Mi 
ait  épousé  ladite  B«,  et  quiconque  dira  que  j*aie  été  [30  è]  jamais 
comme  témoin  de  ce  mariage,  est  un  menteur,  et  je  désigne  poi 
témoins  de  ce  serment  (il  choisit  dans  rassemblée)  R,  Isaac  bar  Sûlo- 
mon  et  R,  Mardochée  bar  Méir  ',  et  en  général  toute  personne  qm 

»  Au  Hou  de  in*'*«lV   'n  bv  1^373  tf^Din  m  "JH,  il  f^ul  Urc  tj-^Din  TV  1» 

.'51  iT'"»ib  'nia  1^3  ' 

«  Premiers  mots  du  décalogue. 

^  II  veut  dire  que  psToai  les  assistants  il  charge  tout  spécialement  dti  f^li 
temoiuB  les  deux  persoaoes  quil  désigue,  sans  excltir^  pourtaat  les  autres  1 


née 
raiH 


LE  PROCÈS  m  sAiirrx  irn  tibbon  129 

pToprTa  témoignera  moQ  égard  {ii  lexclusioa  des  parents,  par 

Miiple,  que  la  loi  récuse)  peut  lôraoigner  do  ce  que  je  dis,  et  il  mil 

sa  main  la  iora  \  dont  le  rouleau  éloit  oiivcrl  devant  lui.  NOrS 

^oas  demandé  audit  R*  Isaac  bar  Salomoa  quel  jour  c'était,  il  ré- 

>cii3it  que  cVlait  le  vendredi  près  du  M  tammuz  dernier,  année 

issée  ôoicï  de  la  créaiion-  in:c3  i'':sb:3  niar^  f'^b  ^rzz"*  ^Z"::  ^V2 

^s^r  vi^b  i"::t  n'^^ba  rcz^zr*). 

h)  ET  guA.ND  R.  Isaae,  le  premier  témoin,  lut  sorti,  on  lit  entrer 

L  llardochée  bar  Mêir,  lequel  attesta  devant  nous  qu'il  était  à  Aix 

vendredi  voisin  du  17  tammouz  année  o0t5  passée  (T':qb7:)  de  la 

rè^tion,  et  qu'étant  entre  dans  la  maisoo  de  R.  Isaac  bar  Simson  et 

lans  un  des  étages  (rT^'rr)  de  cette  maison,  il  x  vit  R.  Mardochée  bar 

lîléir  Jekuliel  %  et  avec  lui  R.  Samuel  bar  Abrabam  et  B.  Isaac  bar 

ISinisoû  et  R.  Isaac  bar  Salomon.  le  précédent  témoin,  et  R.  Isaac  bar 

1  SiiDson  pria  R.  Mardochée  bar  Méir  de  venir  entendre  les  paroles  do 

R.  Mardochée  bar  Jekutiel.  et  il  (le  témoin)  vit  dans  la  main  de 

B.  Isaac  bar  Simson  un  livre  (xnsc)  ouvert  à  l'endroit  des  dix  com- 

iDûtidemenls,  Le   témoin  atteste   devant  nous   qu'il  cntendil   ledit 

Mardochée    bar  Jekutiel  dire  :  «  Le   monde  dit  du  mal  de  moi, 

disant  que  j'ai  attesté  que  ledit  R.  S,  b.  M.  a  épousé  B;  fille  de 

K*  iacûb  Cohen,  et  afin  de  me  disculper  devant  Dieu  et  devant 

liroi'l,  je  vous  jure  S"tji  br,   par  cette  tora  sainte,  et  suivant 

:i>n  (P^n  br)  de  lî>  Isaac  bar  Simson,  que  je  n'ai  pas  vu  ni  su 

»|ue  ledit  R.  S.  bar  Moïse  ait  épousé  ladite  B.,  ni  lui  ni  aucun 

autre,  et  quiconque  dira  que  j'aie  vu  et  su  quelque  chose  en  cette 

ûllôire,  est  un  menteur,  Et  là  dessus  il  désigna  comme  témoins  moi 

tfili.  Isaac  bar  Salomun,  pôur  témoigner  sur  lui  en  ceci,  outre  tous 

autres  témoins  valables, 

cl  LA- DESSUS  l'avocat  de  la  défenderesse,  d'après  ces  lémoi- 
Sfûêgcs,  dit  que  Mardochée  bar  Jekutiel  était  impropre  à  témoi- 
gner, puisqu'il  avait  pr<>lé  faux  serment,  ayant  modilié  et  renversé 
soû  témoignage  devant  nous  le  tribunal. 

26.  —  a)  R.  S.  b.  M.  Tibbou  répondit,  sur  le  fait  de  ces  témoins 
produits  par  Tavocat  de  la  défenderesse,  qull  se  proposait  de  les 
déclarer  impropres  à  témoigner  sur  tous  les  témoignages  produits 
contre  ladite  B.  ou  que  R.  produira  contre  lui. 

h)  ET  NOUS  TRIBUNAL  avoDS  fixé  uu  délai  audit  IL  S.  pour  produire 
les  preuves  d'invalidation  contre  les'lémoins  produits   par  ravocat 
1  de  la  défenderesse,  et  lui  avons  donné  dlci  à  jeudi,  sous  peine  de 
î5  livres.  Cela  fut  fait  le  mardi  7  tébet. 


»  A  a  lieu   de  V,"^  77  Tn^TTi  ^Dll,  nous  pensons  qu'il  faul  lire  b^  11**  \V\^^ 

le  vendredi  désigne  id  «st 


»  Le   17  tammuz  S()15  lombe  nu  jeudi  2i  juin  12;ij; 
HBC  «tidfuimenl  le  Icudcmo.n  Tù  juin. 


*  iéC  mot  •  Métr  •  est  de  Irop^  a  taouxa  que  Mardadtéc  b.  JcLulipL  ue  s'i^pcUc 
iMicdocb^c  b.  Méir  Jt.kuticl. 

T.  XVI,  N"  iîl.  » 


130  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Intûlidaiion  du  témoin  Mardochie  har  Méir;  le  mariage  de  B. 

27.  Samuel  invalide  M.  b.  M.,  ce  témoio  a  livré  un  Juif  de  MarscjHe  à  un  cheTa- 
lier  ;  acte  d'Aix  sur  ce  sujet.  —  28.  Réplique  de  Lavevre.  —  29.  NouTelles 
preuves  de  S.  contre  M.  b.  M.,  s(^anee  du  9  tdbet  (jeudi  0  décembre  125r»).  — 
30.  Lundi  (13'tébct  =  13  déc.  12o.'iJ.  M.  b.  M.  a  calomnié  un  médecin  de  Mar- 
seille. —  31.  Réplique  de  Lavcyre,  —  32.  Témoignages  de  L.  sur  le  mariage 
de  B.  avec  Isaac. 

27.  —  a)  AU  JOUR  Fjxé,  le  dit  R.  S.  apporta  un  acte  pour  invalider 
le  témoin  R.  Mardochée  bar  Méir,  et  voici  la  teneur  de  cet  acte  : 

h)  a  NOUS  TRIBUNAL  soussigné,  avons  été  sommé  par  R.  S.  t.  M. 
Tibbon  de  recevoir  témoignage  que  R.  Mardochée  bar  Méir  a  commis 
un  acte  qui  le  rend  impropre  à  témoigner.  Et  il  (Samuel)  amena 
devant  nous  R.  David  bar  Juda  et  R.  Salomon  bar  Netanel,  lesquels 
témoignèrent  devant  nous  et  furent  ensuite  examinés  par  nous, 
[31  a]  et  voici  leurs  dépositions  :  R.  David  bar  Juda  a  vu  et  entendu 
que  ledit  R.  Mardochée  devait  10  livres  au  chevalier  Don  Esmentde 
Villa,  et  le  chevalier  le  poursuivait  en  recouvrement  de  cette  somme, 
et  ledit  R.  Mardochée  lui  dit  :  Si  je  te  confie  une  chose  qui  te  fera 
gagner  1400  sous  (70  livres),  tu  me  tiendras  sûrement  quitte  de  ces 
40  livres  que  tu  réclames  et  pour  lesquelles  tu  me  poursuis.  Le 
chevalier  lui  dit  :  Je  t'en  tiendrai  quitte,  si  tu  fais  ce  que  lu  dis.  Ledit 
R.  Mardochée  dit  alors  audit  chevalier  :  Viens  avec^noi.  Ils  allèrent 
tous  les  deux,  et  ledit  R.  David  bar  Juda  les  suivait  de  loin,  el  il  vil 
que  ledit  chevalier  et  ledit  R.  Mardochée  allaient  en  bas  dans  la  ville 
de  notre  seigneur  l'évoque  *,  et  à  la  fin  il  les  vit  sortir  de  la  ville  de 
notre  seigneur  l'évèque,  et  R.  David  bar  Isaac  de  Marseille  était  à 
cheval  derrière  le  chevalier  sur  sa  bêle*.  Il  y  avait  à  cette  époque 
grande  guerre  entre  notre  seigneur  le  vicomte  (1")::bc)  et  la  ville  de 
Marseille,  et  il  le  conduisit  (le  chevalier  conduisit  ce  David),  le  jour 
de  samedi,  prisonnier  jusqu'à  une  tour  appelée  Meyruel,  et  comme 
on  s'employait  à  délivrer  ledit  R.  David,  de  Marseille,  des  mains  du 
chevalier,  nous  demandâmes  à  voir'  l'arrêt  de  la  cour,  pour  savoir 
comment  la  chose  avait  été  formulée  par  la  cour  de  notre  seigneur 
le  1"i::b*J,  et  on  y  trouva  écrit  le  nom  de  R.  David  dit  Davi.  Là-dessus 
ledit  R.  Mardochée  dit  :  «  Ce  Davi  dont  le  nom  est  inscrit  dans  Fade 
n'est  pas.  ce  Davi  emprisonné,  mais  Davi  Legros  »,  mais  on  finit  par 
trouver  (dans  racle)  son  nom  (celui  du  Davi  empri-onné)  et  le  nom 
de  son  père  et  le  nom  de  son  grand-père. 

»  A  Marseille. 

»  Les  mots  in72îl3n  w*IDÏ^  nrtîî    2Dm73  signifient  probablement  que  D*Tid 
éUiil  tenu  en  croupe  par  le  chevalier. 

'  Opendant  le  texte  a  Dlfi^HIlb  «  ù  moDlrer  »,  nous  supposons  qu'il  faut  platôt 


BIT. 


LE  PROCÈS  DE  SlMtJEL  IBNTIBBON  i3! 

sox  C0T«,  R*  Salmie  irr?2bï3l  bar  Netanel  vint  cl  attesta 
i*ili*tail  dans  la  maison  de  H.  Isaac  bar  Jekuliel  de  la  ville  de  notre 
eipeur  Févêque  ce  même  jour  de  samedi,  et  il  vit  que  ledit  R.  Mar- 
^chée  s'était  emparé  dudit  B.  David  bar  Juda  bar  Isaac  de  Marseille, 
,  l'avait  remis  aux  mains  dudit  cbevalier,  disant  :  Voici  ce  que  je 

rai  promis.  Et  il  [le  témoin)  vit  ledit  chevalier  s'emparer  de  R.  David, 

Il  il  apprit  qu'on  Tavait  conduit  prisonnier  jusqu'à  la  tour  de 
Icyrucl.  Et  cela  fut  fait  devant  nous  au  mois  de  lébel  aunée  3016  de 
,  création,  et  nous  Tavons  remis,  écrit  et  signé,  audit  R.  S.  bar  Moïse 
ITibbon,  pour  lui  servir  d'instrument  et  de  preuve.  Kktanel  bar  Sa- 
V'rs:,  Mkir  bar  Mekahem  n^s:  »* 
,  —  rt    ET  APRÈS  QUB  R.  S.  b.  M.  nous  eut  apporté  cet  acte  de 

PlÉception  de  témoignage  de  la  ville  d*Aix,  signé  de  R,  Netanel  bar 
Moïse'  et  de  R.  Méir  bar  Menohem,  Tavocal  de  B.  tille  de  Jacob  Cohen 
allfgua  et  dit  que  cet  acte  ii*était  pas  valable,  parce  qu'il  ne  portait 

i  qtic  deux  signatures  et  pour  d'autres  raisons.  Eu  outre,  eu  ce  qui 
côoccroe  Taccusation  portée  contre  R.  Mardochée  bar  Méir  d*avoir 
livre  K.  David  bar  Juda  à  ce  seigneur  mentionné  dans  l'acte,  Ta  vocal 
de  ladite  B.  disait  qu'il  ne  ressortait  pas  (de  Tacte)  que  ledit  R.  Mar- 
dochée eût  livré  ledit  R.  David  à  quelque  chrétien  que  ce  fût,  et  que 
«icela  en  ressortait,  dans  tous  les  cas  il  [Mardochée)  n'avait  soutiré 
luûirjuece  fût  (il  David),  et  pour  les  soudrances  corporelles  endurées, 
R»  l»avid  bar  Juda  bar  Isaac  avait  accordé  un  pardon  complet,  pardon 
du  ciel  et  pardon  des  hommes,  à  R»  Mardochée  bar  Meir. 

^)ETR.  David  bar  Juda  bar  Isaac  [3(  è]  vint  et  dit  devant  noua 
<|U'il  était  vrai  qu'un  samedi  un  chevalier  vînt  et  s'empara  de  lui  et 
1^  conduisit  à  la  tour  de  Meyruel,  et  aucun  Juif  n'accompagnait  ce 
«chevalier,  mais  dans  la  ville  on  disait  que  R.  Netanel  (ils  du  hakam 
K  Samuel  et  R.  Mardochée  bar  Méir  avaient  fait  le  coup,  h  cause 
d*unc  querelle  et  discussion  qu'il  y  avait  entre  R.  Isaac  bar  Simson 
ci  entre  dame  Bottine,  et  ccsdils  deux  hommes  appartenaient  à  ce 
chevalier  (étaient  ses  hommes  ligesl,  néanmoins  ledit  R.  David  bar 
Juda  Ile  témoin)  ne  ht  à  ce  sujet  aucune  dépense,  ni  lui  ni  son  père  ; 
^^  a  cause  de  rhumilialion  qu'il  éprouva  (d'être  arrêté)  ce  jour  de 
Samedi,  et  à  cause  de  ses  souffrances  corporelles,  il  avait  cédé  aux 
pH^res  de  R.  Abba  Mari  bar  Jacob  et  de  R.  Isaac  bar  Salmie,  d'accor- 
der audit  R,  Mardochée  bar  Méir  un  pardon  complet,  pardon  du  ciel 
'^tdes  hommes,  ce  qu'il  fit  en  présence  de  ces  deux  personnes,  il  y 
R^ail  plusieurs  années  de  cela. 

8d.  — a)  R.  S.  BAR  Moïse  ïibbon  répondit  à  cela  que  si  cet  acte 
o'éiait  signé  que  de  R-  Netanel  his  du  hakam  R.  Samuel  et  de  R»  Méir 
^r  Mcnahem,  il  y  avait  eu  néanmoins  trois  personnes  présentes 
pour  recevoir  lo  témoignage,  et  que  toutes  les  trois  avaient  reçu  ce 
témoignage  ;  mais  l'avocat  de  B.  répondit  qu'il  uc  le  croyait  pas, 

[imjsque  l'acte  ne  portait  pas  les  trois  signatures. 

^  Lire  Samuel;  voir  quatre  ligQca  pluB  haut  cl  15  lignes  plut  bas* 


in2  nEVVK  DES  KTUDES  JUIVES 

l)  ITEM,  DIT  R.  S.  devant  nous  qu'il  pouvait  prouver  que  R.  Mar- 
dochée  bar  Méir,  après  avoir  fait,  sous  serment,  un  contrat  avec  une 
autre  personne,  avait  violé  ce  serment.  Et  B.  ausii  avoue  (à  ce  que 
disait  Samuel)  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  [petite  lacune  dans  le  texte*] 
d'invalider  R.  Mardochce  bar  Jekutiel,  pour  le  serment  qu'il  avait 
fait  à  Aix  *. 

c)  NOUS  AVONS  eu  outre  demandé  audit  R.  S.  b.  M.  s*il  avait  une 
preuve  quelconque  pour  invalider  comme  témoin  R.  Isaac  bar  Salmie 
et  R.  Mardochce  bar  Méir,  outre  ce  qu*il  avait  déjà  dit  devant  nous. 
11  répondit  qu'il  ne  se  souvenait  pas  (d'en  avoir);  c'est  pourquoi  nous 
lui  intimâmes,  sous  peine  de  cent  livres  royaux,  défense  de  pro- 
duire aucune  nouvelle  preuve  pour  invalider  R. 'Isaac  bar  Salmie  et 
R.  Mardochée  bar  Méir  pour  le  témoignage  qu'ils  avaient  fait  devant 
nous.  Cela  fut  fait  le  jeudi  9  tébet.  Ecrit  et  signé  par  nous  pour 
nous  servir  de  preuve  et  d'argument. 

30.  —  VOICI  la  preuve  que  R.  S.  b.  M.  avait  annoncée  quand  il 
dit  qu'il  'pourrait  prouver  encore  que  R.  Mardochée  bar  Méir  s'était 
engagé,  par  acte  sous  serment,  envers  une  autre  personne,  et  avait 
transgressé  ce  serment.  R.  Simson  bar  Abraham  vint  devant  nous 
au  commencement  de  lundi  et  dit  devant  nous  que  R.  Mardochée  bar 
Méir  lui  avait  promis  par  serment  de  ne  lui  causer  aucun  dommage 
ni  auprès  des  chrétiens  ni  auprès  des  Juifs,  mais  il  avait  violé  ce 
ferment  et  lui  avait  causé  plusieurs  dommages  auprès  des  chrétiens, 
en  disant,  à  la  cour,  que  lui  Simson  tuait  les  chrétiens  avec  ses 
remèdes.  Cet  engagement  (de  Mardochée)  avait  été  transcrit  en  un 
acte  chrétien  et  remis  à  R.  Jacob  iils  du  nadib  R.  Isaac.  Et  ledit 
Simson  dit  que  ledit  R.  Mardochce  avait  transgressé  toutes  les 
clauses  de  cet  acte  chrétien. 

31.  —  a)  ET  APRÈS  QUE  R.  S.  b.  M.  eut  apporté  ce  témoignage 
devant  nous  le  tribunal,  [l'avocat  de  B.  vint  et  dit  devant  nous  le 
tribunal]  que  R.  Mardochée  bar  Méir  était  allé  devant  témoins  [32  a] 
valables,  avant  qu'il  avait  témoigné  devant  nous,  et  avait  dit  qu'il  se 
repentait  de  ses  péchés  et  fait  confession  de  toutes  ses  fautes.  C'EST 
CK  qu'attesta  devant  nous  R.  Semtob  bar  Isaac,  savoir  que  ledit 
R.  Mardochée  était  venu  devant  lui  et  devant  d'autres  personnes  pré- 
sentes, et  avaif  déclaré  son  repentir  et  dit  :  u  J'ai  mal  agi  et  commis 
de  nombreux  péchés  et  de  nombreuses  fautes,  je  me  repens  de  tous, 
ot  en  fais  confession  devant  Dieu  et  devant  vous.  »  Nous  lui  deman- 
dâmes (au  témoiu)  quand  c'était,  et  il  nous  dit  que  ce  fut  le  7  kislev 
an  5000  ^ . .  de  la  création,  et  R.  Mardochée  bar  Méir  avait  témoigné 
devant  nous  le  3  tébet. 

»  Il  faut  lire  probablement  "^STITÛ  '"1  nj{  blSDb  L"î"3b]  ID  l-^NC  à  moins  qne 
lu  lacune  ne  soit  plus  frrandc  et  que  tout  le  passaf.'-o  ue  soit  altéré. 

^  C'est  le  serment  du  n»  24,  contredit  par  la  déposition  faitc^  ensuite  devant  le  tri' 
bunal,  n«  23. 

*  Il  y  a  un  blanc  dans  le  texte,  qui  indique  que  les  dizaines  et  unités  man<pient, 
mais  la  suite  montre  bien  que  le  vrai  chillre  est  501  G,  le  raisonnement  est  le  soi- 


IK  PROCÈS  DE  SAMUEL  IBS'  TIBDOX  i33 

^)  APRÈS  CKLA,  vint  devant  nous  R*  Salomoo  bar  Isaac  ol  lémoigna 
de  la  pctiilcuce  de  K.  Mardocliée  bar  Méir  absolumeol  comme  en 
avait  lémoignc  B.  Semtob,  et  il  confirma  également  la  date  (indiquée 
par  Semtob)* 

32.  —  a)  L'AVOCAT  de  ladite  B.  dit  aussi  *  qu'elle  avait  épousé 
R. Isaacbar  Isaac,  son  mari,  en  prêseuce  de  R.  S.  b.  M.,  et  que  celui- 
ci  îi*avait  pas  prolesté  coulre  ce  mariage,  et  il  (Laveyre)  produisit 
devant  nous  des  témoins  sur  ce  fait»  savoir  : 
h)  R.  ABBA  MARI  bar  Josef  vint  devant  nous  et  attesta  devaut 
ûus  qu'il  avait  vu  que  R.  Samuel  bar  Abraham  avait  contracté  par 
curalion  le  mariaf^e  de  R.  fille  de  R.  Jacob  Coben  avec  ledit  li. 
aac  bar  Isaac,  et  lui  avait  dit  :  «  Toi,  B*,  sois  mariée  à  H.  Isaac  bar 
aac  par  celte  tleur  d'argent  ».  Et  ledit  R,  Samuel  bar  Abraham  avait 
neûé  ledit  H,  Abba  Mari  et  H*  Isaac  bar  Salomon,  afin  d'être  témoins 
I  ce  mariage,  et  B.  avait  accepté  (ce  mariage),  et  R.  S.  b.  iL  Tibhon, 
aand  elle  accepta,  était  présent  et  avait  vu  que  ledit  R.  Samuel  bar 
brabam  avait  épousé  (par  procuration)  ladite  R.  au  nota  de  R»  Isaac 
bîir  Isaac»  et  tous  les  assistants,  après  que  ladite  B.  avait  accepté  ce 
mariage  des  mains  dudit  R.  Samuel  bar  Abraham,  s'écrièrent  :  «  Que 
ce  soit  sous  une  bonne  étoile  [maz^al  tob)  ^>,  et  cela  se  passa  au  mois 
de  tisri  de  rannée  5015  de  la  création, 

c)  ÂPUKS  guîfi  ce  témoin  fut  sorti,  sa%^oir  ledit  R.  Abba  Mari  Lar 
Josef,  vint  R.  îsaac  bar  Solomon  et  attesta  ce  qu'avait  attesté  le  pre- 
mier témoin.  DE  plus,  devant  nous  le  tribunal,  R.  Samuel  bar  Abra- 
bam  confessa  qu'il  avait  reçu  procuration  de  U.  Isaac  bar  Isauc 
d'épouser  pour  lui  Isaac  ladite  B. 


VI 
Vâffe  de  Bientinue. 

33,  ÙimaAckt  ii  tédet  (12  dt-çembrc  12;îrt).  Samuel  sur  IVige  de  Bienvenue.  —  34  ù 
■H.  Jtudi  tS  téèd  i'IH  iliîc.  i2'ji'»).  Témoins  de  Samuel  sur  ce  t;ujet  (31  à  36)  et 
Itéplifjue  de  L. 

M  —  «j  R.  S.  Ukfx  Moïse  vint  et  allégua  devant  nous  que  ladite 
^*  paraissait  majeure,  par  ses  traits,  sa  taille  et  son  intelligence,  et 
'î'i^elle  avait  avuué  être  ùgée  de  douze  ans  à  la  cour  de  Tévèque^, 
'<>fsqu'oQ  le  lui  demanda,  et  qu  enfin  elle  avait  avoué  quelle  était 
'^^jeure,  d*après  un  acte  chrétien  appelé  <>  compromis  >j  fait  de- 


"•ï*!  :  Mirdoctiue  est  apte  à  léraoifrncr^  puisqu'il  a  rail  pénilenco  uu  mois  de  kislcv 
^^  *1tiesaa  U*moi^Qiige  ucsi  qu«  du  mois  de  lëbetsuivauL  Ce  tùraoignjif^u  du  3  icbtl 
"*  plus  haul  u'>  2 1, 

*  ya«lrièui«  pBssafre  reproduit  par  M.  Nfiuh.,  p.  Kîj, 

*  L'évéi|uo  da    Marseille  ;  B.  demeuruit  dans  lu  partie^   de    lo   ville  appitrUnont  ù 


i34  BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

vant  le  Seigneur  ^ . .  "^rca  n»  lioxna  ix.  ITEM  dit  R.  Samuel  qu'il 
y  avait  une  présomption  que  ladite  B.  était  majeure  et  âgée  de  plus 
de  16  ans,  parce  qu'il  y  avait  un  récit  (l'^mco  n"i5»)  écrit,  d'après 
lui,  par  le  hakam  R.  Anatoli,  et  dans  lequel  il  était  dit  que  le  hakam 
R.  Jacob  Cohen  (père  de  B.)  était  mort  depuis  7  mois  et  avait  laissé 
une  lille  mineure  de  5  ans.  Kous  demandâmes  audit  R.  [Samuel  bar] 
Moïse  quand  cette  pièce  était  arrivée  (à  Marseille,  entre  ses  mains), 
il  répondit  qu'il  ne  se  rappelait  pas. 

b)  ITEM,  DIT  R.  Samuel  qu'il  avait  envoyé  à  Naples  et  à  Messine, 
pour  savoir  quel  âge  avait  B.,  [32^]  et  il  ajoutait  qu'il  avait  Tinteo- 
tion  de  produire  des  témoins  de  cette  ville  '  sur  l'âge  de  B.,  mais 
qu'il  ne  se  rappelait  pas  leurs  noms. 

c)  ITEM,  DIT  S.  qu'il  voulait  invalider  les  témoins  qui  avaient 
attesté  que  c'était  en  sa  présence  que  B.  avait  été  mariée  à  R.  Isaac, 
et  nous  lui  taxâmes  un  délai  pour  administrer  cette  preuve  d'invali- 
dation dont  il  parlait,  mais  il  fît  défaut.  Et  nous  tribunal  avions  dé- 
cidé que  s*ll  ne  se  présentait  pas  dans  le  délai  fixé,  nous  ne  l'enten- 
drions pas  plus  tard  (sur  ce  sujet),  et  comme  il  ne  se  présenta  pas 
dans  le  délai  fixé,  nous  lui  fîmes  défense,  sous  peine  de  400  li- 
vres royaux,  de  produire  dorénavant  aucune  preuve  pour  inva- 
lider le  témoignage  d'après  lequel  le  mariage  de  B.  s'était  fait  de- 
vant lui. 

d)  ET  SUR  CE  qu'il  avait  dit  qu'il  voulait  produire  des  témoins  de 
cette  ville  pour  savoir  si  B.  était  majeure  ou  non,  mais  qu'il  ne  se 
rappelait  pas  leurs  noms,  nous  lui  ordonnâmes  d'amener  ces  lé- 
moins  d'ici  à  mardi  prochain,  s'il  en  avait,  ou  qu'il  nous  dit  franche- 
ment qu'il  n'en  avait  pas,  le  tout  sous  peine  de  10  livres  royaux.  Et 
cela  fut  faille  dimanche  M  tébet. 

34.  —  AUDIT  JOUR,  il  amena  devant  nous  un  témoin  appelé  R. 
David  bar  Abraham,  lequel  dit  devant  nous  qu'étant  à  Naples,  à  la 
Pâque  juive  de  l'an  5041  de  la  création,  dans  la  maison  de  puissante 
dame  Bella,  il  y  vit  B.  fille  Je  R.  Jacob  Cohen,  et  demanda  qui  elle 
était,  elle  (B.)  lui  répondit  qu'elle  était  la  iilie  de  R.  Jacob  Cohen,  et 
ladite  puissante  dame  lui  dit  :  C'est  ma  fille.  Ledit  R.  David  lui  de- 
manda :  Est-ce  la  jeune  fille  qui  a  été  fiancée  au  fils  de  votre  frère 
R.  Moïse  ?  Et  la  puissante  dame  répondit  :  Oui.  Il  lui  demanda,  en 
outre,  quel  âge  elle  avait,  et  (Bella)  lui  répondit  qu'elle  avait  40  ou 
K\  ans.  Nous  demandâmes  au  témoin  s'il  avait  été  là  à  l'époque  où 
elle  (B.)  était  née,  il  dit  qu'il  n'avait  pas  été  là  avant  ce  jour  dont  il 
avait  parlé.  Nous  lui  demandâmes,  en  outre,  s'il  reconnaissait  que 
c'était  bien  là  B.  \  il  répondit  :  «  Ma  foi  est  »  que  c'est  elle. 

*  Petite  lacune  où  se  trouvait,  sans  doute,  le  nom  de  ce  seigneur  et  quelques 
autres  mots  sd  rattachant  aux  quatre  mots  hébreux  qui  suivent. 

*  Puisqu'on  no  lui  donne  (a®  33  d]  que  deux  jours  pour  amener  ses  témoins,  la 
viUo  ici  mentionnée  est  Marseille. 

^  Ici  présente  ù  la  séance. 


LE  pnOCÊS  DE  SAMUEL  IBN  T1BB0,\  13?î 

PRÈS  Qroi,  nous  avons  demandé  â  R,  S.  b.  M.  s  il  uvait 
•ç  cl*autres  lêmoins  pour  prouver  que  B.  éiuii  iiiaicure,  oulre 
iclu'Uavail  produit  devaul  nous,  et  il  répoudilqu*!!  n'en  avait 
jd^autres  nulte  part  au  nioudej  sauf  les  gcus  de  ces  villes  oii  il 
BiUlit  devant  nous  qu'il  avait  envoyé  pour  s'infoniier  si  elle  était 
ftajeure,  soit  que  ces  gens  demeurassent  encore  dans  ces  endroits, 
>it  qu'Us  eussent  passé  eu  d'autres  pays,  et,  eu  outre,  il  avait  cetlo 
^wduhakaai  R.  Anatoli  dont  il  avait  parlé  et  dont  avaient  tenioi- 
ICiàcc  qu*il  disait)  R.  Abba  bar  Pesado  ^  et  son  01S|  mais  il  (Sa- 
uelj  disait  que  ces  deux  personnes  ne  voulaieut  pas  venir  (au 
rtbuaal]  pour  lui.  Et  après  qu'il  eût  dit  qu  il  n'avait  pas  d^aulres 
Éïûoius  sur  la*  majorité  de  B.,  excepté  celui  qu'il  avait  dit  devant 
&US.  uous  lui  fimes  défense  de  produire  dorénavant  aucuns  lé- 
oms  sur  la  majorité  de  B.,  sauf  ceux-là  qu'il  avait  nommés 
vajiiûous,  le  tout  sous  peine  de  ^00  livres  royaux.  En  outre,  nous 
i  ordoaoùines  de  nous  amener  le  lendemain  R.  Abba  bar  Pesadu 
«t  son  liis  pour  témoigner  devant  nous  sur  ce  qu'ils  savaient  de  B, 
Çl  de  son  âge,  s'ils  le  connaissaient,  et  nous  lui  ordonnâmes  de  les 
^u«;uerle  lendemain,  \T^a\  sous  peine  de  10  livres  royaux.  Fait  le 
:  tébet. 

136  —  R,  s.  u.  M*  VINT  et  amena  H.  Abraham  tils  d'Abba,  lequel 
Itesta  devant  uous  qu'étant  a  Napies  en  Tan  y*J -,  il  vit  a  darne  Bella 
lîue  fille  mariée^  une  autre  qui  n'était  pas  mariée  et  une  troisième 
qtii  était  encore  en  nourrice»  mais  sans  qu'il  pût  dire  si  cette  der- 
Qii^ïcft^jit  B.  ou  non, 

37  —  L'AVOCAT  de  la  défenderesse  vint  encore  et  dit  qu'il  voulait 
UivaUderK.  Mardocbée  bar  Jekutii^I,  parce  que  ce  lémuin  avait  i>réte 
«  iûl«réts  (à  uji  Juif;.  1-:T  IL  (ravocalj  amena  devant  nutis  R.  Samnel 
^ïtir  Abraham,  iequcl  attesta  que  H.  Mardocbée  bar  Jekuliei  lui  avait 
pretu  a  inieiéts  sur  un  gage,  et  pris  intérêt  de  lui  deux  ou  trois  fois, 
•**gardu  jasqua  ce  jour  cet  inlértH,  et  ce  prêt  eut  lieu  il  y  a  trois 
ans,  Leciiti^  jjjmj^yyl  aUt^i^la  encore  que  R.  Mardocbée  avait  volé  a 
na  Juif  1^  g^yg  ^^  monnaie  blaucbe,  et  le  témoin  avait  vu  K.  Mardo- 
*^^^  les  voler  de  force  à  ce  Jnif,  et  il  détenait  encore  cet  argent  vole, 
car  il  y  avait  [seulement)  quatre  jours  que  le  volé  avait  réclamé  sou 
^*<^û  à  Mardocbée»  et  celui-ci  s'était  tu  et  n'avait  pas  répondu  nue 
•yiîabe ,  et  ce  vol  avait  été  commis»  il  y  a  plus  de  quatre  ans,  PUIS 
**^"r  It  David  bar  Juda  et  attesta  devant  nous  que  K.  Mardocbée  bar 
JekutieJ  lui  avait  prêté  a  intérêts  22  sous  à  22  deniers  d'interéls,  et 
^  iuteîôts  étaient  encore  aux  mains  de  Mardocliée,  et  il  y  avait 
^  cela  plus  de  cinq  ans* 


^iZîïi  G*C'i>t  le  iium  de  PriRul  fiorlé  p«r  pinceurs  jtiUW  fin  Marfititlo  mi  iroiiziêime 
**«le^  rutnnj?  ngub  le  truiulrcrons  ii'd|.rt-s  un  otivruf^Ë  de  M.  liliaciirt  doot  il,  bvri 
IMfUoi)  a*m»  lo  prtxîhûiPi  tuii)ii.*fu  lïv  la  /*Vr»/<. 


130  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

VII 
Témoignages  complémentaires. 

30.  Mur«loclu>o  h.  M.  ri^pond  aux  U'inoins  qui  ont  voulu  l'invaliilcr  ;  allégalio&s ^* 
havt'yrc.  —  /i(».  41.  Dernières  allégations  de  S.  et  de  L.,  dans  la  s^aïucdttti* 

(ircdi  a  tébct  'j;  d.'-c.  i'2:;'o. 

38.  —  APKKS  QUE  ces  tcmoins  furent  sortis,  ledit  R.  S.  dilipi^ 
voulait  les  invalider.  Nous  lui  ordonnâmes  d'amener  ses  témoins 
d'ici  jusqu'à  mardi  prochain  à  midi,  et  lui  finies  défense,  sous  peio^ 
de  400  livres  royaux,  d'amener  encore  plus  tard  (que  ce  délai)  des 
témoins  pour  invalider  les  témoins  produits  par  l'avocat  de  la  dé- 
fenderesse. Fait  le  jeudi  23  tébet. 

39.  —  ENSUITli:  vint  devant  nous  R.  Mardocliée  bar  Méir  et  di^ 
devant  nous  que  jamais  il  n'avait  fait  un  serment  audit  R.  Simso^ 
ni  ne  lui  avait  causé  aucun  dommage  d'aucune  espèce,  et  cet  act^ 
qu'avait  produit  contre  lui  ledit  R.  Simson  ne  pouvait,  disait-il ^ 
servir  à  invalider  le  témoin  dans  cette  cause,  puisqu'il  n'était  pa?^ 
signé  de  témoins  juifs,  et  cet  acte  n'était  pas  valable  ni  devant  mxm. 
tribunal  juii',  ni  dans  celte  cause,  ni  dans  aucune  autre  cause  con- 
cernant des  Juifs  (bNTC^  n->a  Tr^rr::  -^nx  '[■^'ra  »:?■)).  SUR  quoi  l'a- 
vocat de  la  défenderesse  dit  que  lors  môme  qu'on  trouverait  quelediu 
R.  Mardocliée,  après  avoir  fait  serment  audit  R.  Simson  par  ledit 
acte  chrétien,  aurait  ensuite  transgressé  ce  serment,  ce  péché  n'in- 
validerait pas  Mardocliée   pour    ce    témoignage  ou  pour  quelque 
autre  témoignage  que  ce  fût.  EN  outre,  l'avocat  de  la  défenderessft 
dit  que  H.  S.  b.  M.  s'était  elforcc  de  corrompre  (des  témoins',  et  il 
amena  devant  nous  (comme  témoin;  U.Jsaac  bar  Josef  S  mais  nous 
le  tribunal  ne  voulûmes  pas  recevoir  son  témoignage  et  le  finies 
taire.  Mais  ledit  R.  S.  nous  dit  et  nous  admonesta  vivement  pour 
qu'il  fût  entendu,  cl  quand  nous  vîmes  qu'ils  y  tenaient,  nous  ac- 
ceptâmes son  lémoignage,  et  il  attesta  devant  nous  qu'un  homme  de 
parti  [r'2]  de  dame  Bellu  lui  avait  promis  oO  livres  au  nom  de  Bella, 
s'il  voulait  attester  que  R.  S.  b.  M.  l'avait  prié  d'attester  ilevant  le 
tribunal  (jue  S.  avait  éi)Ousé  B   lille  de  R.  .lacob  Cohen,  comme  H- 
David  bar  Abraham  l'avait  attesté  aussi. 

40.  —  VKNDHKDl  24  tébet  ::}3  Ir  nous  interrogeâmes  ledit  U.S. sur 


*  N'y  aiiruil-il  pas  là  uno  lacune?  11  est  sinfrulicr,  mais  nou  i:npossib'.e,  <{uc '«^ 
lëinoin  tuneiu*  par  laYDcut  «le  B.  téinoiu'iic  contre  elle  et  en  faveur  de  Samutl.  O'i 
no  voit  pas  non  pins  pourquoi  le  triliunal  no  vtut  j»qs  écouler  le  ti-moin.  Le  pas'Jr^ 
nittn(]utint,  à  nv«l:e  avis,  uurait  contenu  lo  Icmoiirnau-e  du  témoin  de  B.,  puis  aum*^ 
racunlé  ipu»  Samuel  anu'na  uus^i  va\  témoin,  mais  «jue  ce  témoin  était  quoluuc  p»-^^ 
sUvSpoi-t.  (Ml  comprend  ipie  le  trihun;«U  qui  traite  Samuel  avec  peu  d'éfjards,  re!i:=^- 
liuuUMnent  d'cnicudre  ceux  lio  ses  t-'ui  .'in>  contre  lesquels  ii  y  u  quelque  présomT' 
lion  deluvurdlùv . 


LE  PROCÈS  DE  SAMUEL  IBN  TJBBON  137 

ces  témoins  de  son  mariage  dont  il  disait  qu'il  ne  se  rappelait  pas  les 
noms,  et  sur  l'acte  qu'il  disait  avoir  été  volé  ou  perdu,  et  nous  lui 
demandâmes  si  maintenant  il  se  rappelait  ces  témoins  ou  avait  re- 
trouvé cet  acte  volé  ou  perdu.  Et  il  répondit  qu'il  ne  se  rappelait  pas 
encore  ces  témoins  et  n'avait  pas  encore  retrouvé  cet  acte  et  ne  sa- 
vait comment  il  l'avait  perdu.  Comme  d'habitude  on  conserve  bien 
les  actes  pendant  deux  ou  trois  ans,  et  que  celui-ci  n'aurait  môme 
pas  un  an  et  demi,  NOUS  lui  ordonnâmes,  sous  peine  de  400  marcs 
(D'^pipT)  d'argent,  de  dire,  enfin  et  séance  tenante,  les  noms  de  tous 
ces  témoins  dont  il  disait  qu'ils  avaient  vu  cet  acte,  et  aussi  les  noms 
de  ces  témoins  (d«  mariage?)  qu'il  disait  ne  pas  se  rappeler,  si  enfin 
il  s*en  souvenait;  et  s'il  ne  pouvait  pas  maintenant  les  nommer, 
nous  lui  fimes  défense,  sous  peine  des  400  marcs  susdits,  de  les 
produire  encore  dorénavant,  ni  de  produire  encore  dorénavant  cet 
acte  qu'il  disait  volé  ou  perdu,  sous  peine  desdits  100  marcs,  ni  de- 
vant nous,  ni  devant  tout  autre  tribunal,  soit  lui-môme  soit  tout 
autre  pour  lui. 

41.  —  ENSUITE  l'avocat  de  la  défenderesse  dit  devant  elle  et  de- 
vant nous  le  tribunal  de  ne  pas  tenir  à  faute  à  B.  de  ce  que,  dans  le 
serment  qu'on  dit  qu'elle  avait  fait  au  a  compromis  »,  elle  avait  juré 
qu'elle  élait  majeure,  tandis  que  devant  nous  ensuite  elle  avait  dit 
qu'elle  était  mineure,  car  elle  disait  maintenant  qu'à  l'époque  du 
«  compromis  »,  elle  avait  cru  sincèrement  qu'elle  était  majeure, 
mais  qu'ensuite,  quand  elle  fut  appelée  devant  le  hêt  din^  il  lui  était 
venu  des  témoins  qui  lui  apprirent  qu'elle  était  mineure,  et  que 
c'est  sur  la  foi  de  ces  témoins  qu'elle  avait  parlé  au  àêt-din^  mais 
elle  n'avait  pas  besoin  (de  tout  cet  argument?).  Et  pour  toute  époque 
où  il  lui  faudrait  apporter  des  preuves  de  sa  minorité,  nous  le  tri- 
bunal, avons  décidé  que  tous  les  moyens  et  preuves  qu'elle  peut 
avoir  sur  sa  minorité  restent  valables  soit  devant  ce  tribunal,  soit 
devant  tout  autre. 


NOTES  ET  MÉLANGES 


PETITS  PKOIÎLÈMES 

(DEUXIEME    SÉRIE) 

III 
LA   DKSINENCR    OU    IMX'RIEL   DANS  LES   LANGUES  SÉMITIQUES. 

On  sait  qiio  les  langues  sémitiques  forment  deux  catégories  t!*^ 
distinctes  en  ce  qui  concerne  la  désinence  du  pluriel  extérieurd^* 
mots  masculins.  Cette  désinence  est  un  m  en  liébréo-phéniciei*' 
et  un  n  dans  toutes  les  autres  langues  sœurs  ;  et,  sur  ce  point,  l^ 
moabito,  Taraméen  et  Tassyrien  sont  parfaitement  d'accord  aie^ 
les  idiomes  méridionaux,  Tarabe,  le  sabéen  et  Téthiopien.  Ui»^ 
pareille  divergence  doit  avoir  sa  raison  d'être,  mais  la  tâche  de  1^ 
retrouver  semblait  jusqu'à  présent  si  bien  désespérée  qu'un  d^^ 
sémitisants  les  plus  éminents,  M.  Théodore  Niildeke,  était  d'avî^ 
qu'il  fallait  tout  à  fait   séparer  ces  deux  terminaisons  Tune  dt5 
l'autre  et  renoncer  entièrement  à  l'idée  des  philologues  anciens • 
d'après  laquelle  le  n  serait  un  adoucissement  du  m  primitif.  L'*?-* 
nigme  serait  restée  à  tout  jamais  insoluble,  si  la  découverte  d'un 
important  principe  de  phonétique  assyrienne*,  faite  tout  récem- 
ment par  M.  le  professeur  J.  Barth  de  Berlin,  ne  nous  avait  ouvert 
des  horizons  nouveaux  sur  la  transition  de  m  en  n  dans  les  lan- 
gues sémitiques,  on  général. 

Tout  le  monde  avait  remarqué  que  la  préformante  sémitiqu'^ 
commune,  m,  était,  dans  la  plupart  des  vocables  assyriens,  rem- 
placée par  un  noùn.  En  face  du  sémitique  ciab^,  nnc':,  "tî-^i 
rsaD-^':^  Tassyrien   fait   voir  narkabtu,   nalbaahu,   naptùy  *w-" 

»  Ztittchrift  fur  Assyriolopf,  IXST,  11,  111-117. 


NOTES  ET  .MÉLANGES 


m 


ïmarii.  D'où  venait  ce  pli(5noin(^ne?  Personne  ne  savait  le  dire. 

Heureusement  M,  J.  lîarUi  a  eu  V'uUo.  de  jeter  sur  les  mots  assy- 
riens (|ui  aflecteut  cette  i>ft:"  for  niante*  un  coup  il'œil  scrutateur, 
[et  aussitôt  rénit^ine  a  cessé  d'exister.  Il  s'est  aperçu  que  les  mots 
qui  atlmettent  le  7ioûn  initial  ont,  du   moins,  une  des  lettres 
labiales  ^,  m,  p,  comme  radicale.  Le  principe  phoiirtique  qui  eji 
r  résulte  est  donc  celui-ci  :  la  prononciation  assyrienne  répuj^nait  à 
ll*acciimulatîon  des  consonnes  labiales,  dans  le  même  mot,  et,  pour 
réviter,  le  m  adventice  a  été  chanjj^é  eu  n  chaque  l'ois  que  la  ra- 
[cine  contenait  une  labiale,  ne  fût-ce  qu'a  la  deuxième  ou  à  la  troi- 
sième radicale,  comme  nagmaru,  nabulu,  nashpani^  naràmu, 
[,(r.  Dm),  neribu  (r.  ^n»)  nahlaphu  (r.  qbn).  Quand  la  racine  ne 
leontient  pas  de  labiale,  le  m  revient  régulièrement.  Exemples  : 
\iaashkQmi  (liëb.  \'::^*::t^),  mandaiiu,  îna5/;it^i£  (bel),  rsncij),  ma- 
Xkihu  (liéb<  Y'ï^'^)'  ^^^W^^i^  (hëb.  ipi?:)  de  p2,  nna,  Y-^-  *'?''^  ^^^ 
Itleux  mots  :  mushabu  (liéb.  n^i?^)  et  ma  mil  (aram.  «mT^nTDJjde 
rr*)  et  -^i,  présentent  une  exception  qui  confirme  la  r^gle. 

Tel  est  le  principe  découvert  par  M.  Bartli  pour  !a  mutation  en 
n  du  m  prélixe  en  assyrien.  Personne  ne  s'étonnera  que  ce  pro* 
Lcf*d«^  n'ait  été  imité  par  aucune  des  langues  sœurs  dans  ce  cas 
[spécial,  car  il  produit  ujie  confusion  entre  le  prélixe  m  et  la  pré- 
[jurmante  n  du  nipbal  :  nT:i3.  nDis,  D"»>inD3»  inro,  etc.  Mais  on  peut 
se  demander  si  cette  sensibilité  phonétique  par  rapport  au  ni  ne 
i'est  pas  nuoiilestée  dans^  les  autres  langues  sémitiques,  dans  un 
ISS  oii  aucune  confusion  sérieuse  n'était  à  craindre.  Je  crois  qu'on 
^jieuty  répondre  aflîrmativement  et  [irésenter  la  terminaison  u  du 
pluriel  dans  la  majorité  de  ces  lanj^ues  comme  Taivfdicatïon  géné- 
ralisée du  principe  dont  il  s'agit.  D'abord,  on  a  trouvé  dure  la  pro- 
nonciation du  m  précédé  immédiatement  par  des  labiales,  comme 
dans  les  nxots  D"^^"*,   S"*?!?'  d^'î'^j  et  on  les  a  adoucies  en  yp^,  l^n, 
t^ns.  Puis,  on  a  étendu  la  prononciation  adoucip  aux  mots,  très 
ombreux,  qui  ont  une  labiale  à  nlraporte  quelle  place  de  la  ra- 
cine. Enfin,  T habitude  a  généralisé  i 'usage  de  la  terminaison  douce 
tel  point  que  l'antique  ni  n'a  plus  trouvé  d'autre  place  que  dans 
les  |ironoms  personnels  méridionaux,  savoir  :  miiamy  hunij  hum 
m  arabe  ;  anicmu,  kemu,  homu,  en  éthiopien.  Dans  ces  exemples, 
m  est  réservé  au  masculin,  tandis  que  la  terminaison  douce  n 
lésigne  le  féminin  :  ar.  antunn,  kunn,  Jmnn,  Hh,  anten^  ken, 
ken^  etc.  L'ara[uéen  et  Fassyrien  sont  allés  plus  loin  i^t  ils  ont  rem- 
[>lacé  M  par  n  même  dans  les  pronoms; de  façon  que  la  distinction 
^du  genre  ne  se  fait  idus  ijoe  par  les  voyelles  :  aram.  ^ir«»  yi^a  ; 
V-rît,  V^ï*i  3^-  *i(Uiu(i,  aftini;  hunu,  htni;  shunUiSHina. 


140  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Une  dernière  remarque.  L'emploi  de  n  comme  désinence  fémi- 
nine dans  les  pronoms  liébréo-phéniciens  semble  indiquer  qaeli 
loi  phonétique  concernant  les  consonnes  m  et  n  était  en  pleine 
activit(^  longtemps  avant  la  formation  des  pronoms  et  que  Tosage 
régulier  de  m  pour  7i,  dans  le  pluriel  des  noms,  a  succédé  à  une 
époque  où  Tliésitation  entre  les  formes  t"^;  et  •;•«-  était  très  ordi- 
naire. Cotte  fluctuation  ancienne  ne  doit  naturellement  pas  être 
confondue  avec  celle  des  écrivains  des  époques  postérieures,  oii 
Taraméen  constituait  déjà  la  langue  populaire  en  Palestine. 

J.  Halévy. 


NOTE  Snn  L'INSCRIPTION  PHÉNICIENNE  DU  PIRÈE 

Ce  texte  important  dont  Tépigraphie  phénicienne  vient  de  s'en- 
richir ne  présente  pas  de  grandes  difficultés  du  genre  de  celles 
qui  nous  arrêtent  dans  l'inscription  d'Eschmounazar.  Muni  d'un 
estampage  et  d'une  photographie  excellente,  M.  Renan  en  adonné 
•la  traduction  sommaire  dans  la  séance  du  27  janvier  dernier  de 
l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  et,  le  1^  février,  il  en 
a  fait  l'objet  d'un  exposé  détaillé  dans  son  cours  au  Collège  de 
France.  Grâce  aux  explications  du  savant  académicien,  la  teneur 
générale  du  document  est  entièrement  fwée  et  il  ne  reste  qu'un 
petit  nombre  de  points  qui  demanderaient  à  être  mieux  précisés. 
Ce  sont  surtout  quelques  particularités  de  grammaire  et  de  syn- 
taxe que  le  manque  de  notation  vocalique  tient  longtenaps  voilées 
et  qui  ne  se  révèlent  qu'après  un  examen  réitéré  et  minutieux. 
En  linguistique,  l'intelligence  exacte  d'une  forme  énigmatique  ou 
d'une  particularité  syntactique  n'est  pas  sans  quelque  intérêt, 
puisqu'elle  peut  jeter  un  jour  inattendu  sur  des  passages  encore 
inexpliqués  ou  bien  déterminer  avec  plus  de  précision  des  diffé- 
rences dialectales.  Ces  considérations  m'engagent  à  soumettre 
l'inscription  si  bien  expliquée  par  M.  Renan  à  une  sorte  de  gra- 
pillage  philologique,  afin  d'en  tirer,  autant  que  possible,  quelque 
profit  dans  l'intérêt  de  Téclaircissement  du  texte  môme,  ou  dans 
celui  de  la  philologie  sémitique  en  général. 

Voici  la  transcription  du  texte  phénicien  : 

•"iirb  rîcx:2  c"^:*:^  in  sr  It^  cr?  lis  rC2  nD'zb  h  c?:"»2 


nn:2b  20  c:t:d"ii  I",^  br3  arN*  ti::::^  ik-: 


Au-dessous  du  phénicien  le  laptcide  a  gravé,  en  deux  lignes,  ces 
Xkots,  qui  ne  sont  qu'une  indication  :  to  xo(vov  twv  siôt.ïviwv  Aw«cet6tiv 
Et^vLtiW,  «  la  communauté  des  Sidoniens  (a  lionoré]  Diopeithe,  le 
Sidonien  «. 
Voici  la  traduction  de  M.  Renan  : 

Le  quatrième  jour  de  Mirzali,  la  quin7:ième  année  du  peuple  ûb 
Sidon^  il  a  plu  ayx  Sidonieui?,  réunis  en  assemblée,  de  déci- 
jler  qu*une  couronne  serait  décernée  à  Schamâbâaï,  lils  de 
ilâgon,  qui  a  été  nasi  de  ïa  communauté,  pour  le  temple  et 
pour  la  construction  du  portique  du  temple.  Cette  couronne,  qui 
era  d*or  et  du  poids  de  vingt  drachmes  légales,  lui  est  donnée 
larce  qu'il  a  bâti  le  portique  du  temple  et  fait  tout  ce  qui  lui 
ncombait  d'après  sa  fonction,  (I(  a  été  décidé,  eu  outre),  dV- 
^•ire  les  noms  de  nos  nasis  qui  ont  présidé  à  la  construction 
lu  temple,  sur  une  tablette  d'or,  qui  sera  placue  dans  ïe  porti- 
jue.  Pour  la  part  de  la  communauté  (dans  la  dépense  à  faire) 
pour  cette  tablette,  que  Ton  prenne  sur  Targent  (du  trésor)  du 
lieu  Bûal-Sidon,  vingt  drachmes  légales.  Afin  que  les  Sidoniens 
Connaissent,  comme  la  communauté  les  connaît,  tes  noms  des 
lommesqui  se  sont  succédé  en  exerçant  des  fonctions  devant  le 
ieuple, 

L*anal>*se  suivante  est  destinée  à  justifier  les  quelques  modifi- 
cations que  je  prends  la  liberté  de  proposer  à  cette  première  tra- 
uction* 

Liçne  1.  Le  nom  de  mois  nnî3  apparaît  ici  pour  la  première 
U.  A  en  juger  d*après  Thébreu  nn??,  qui  signifie,  en  même  temps, 
deuil,  funèbre  «  et  «  festin  )>,  représentant  Tidée  du  repas  funèbre 
ui  terminait  la  cérémonie  du  deuil,  on  incline  à  penser  que  c'était 
mois  d'Eloul,  dans  lequel  on  célébrait  la  résurrection  d'Adonis- 
'ammouz»  mort  au  mois  précédent,  mois  qui  portait  le  nom  du 
jeu,  Tararuouz,  n?:r. 

Le  verbe  on,  au  sens  de  <t  décider  »,  coïncide  avec  Thébreu  Dnrt 
u  hiphil  (II  Samuel,  xxvin,  18)  ;  le  sujet  en  est  d^ts:  "ï3  ;  m  est 
hébreu  in,  «  brandie,  bâton,  membre  du  corps  »,  d*où  nab^ 
sealj  seulement,  uniquement  *%  Il  s'agit  des  magistrats  qui  admi- 


14i  REVUE  DES  ÉTUDES  JUI\T.S 

Le  texte  entier  doit  donc  se  traduire  comme  il  suit  : 
«  Le  quatrième  jour  de  Mirzah  (d'Elojjl  ?),  la  quinzième  année 
du  peuple  de  Sidon,  les  administrateurs  sidoniens,  réunis  en  as- 
semblée, ont  décidé  de  décerner  à  Sclimàbàal,  fils  de  Magon,  que 
le  consistoire  avait  préposé  au  temple  et  à  la  construction  du  po^ 
tique,  une  couronne  d'or  d'une  valeur  de  vingt  dariques  neufs  (?), 
parce  qu'il  a  bâti  le  portique  du  temple  et  fait  tout  ce  qui  lui  in- 
combait dans  l'intérêt  de  cette  administration. 
^  »  (Il  a  été  décidé,  en  outre),  d'écrire  les  (noms  des)  hommes  que 
le  consistoire  avait  préposés  aux  temples,  sur  une  stèle  dorée,  qui 
sera  placée  dans  la  galerie  du  temple,  attendu  qu'il  appartient  au 
consistoire  de  garantir  le  placement  de  cette  stèle,  pour  les  dé- 
penses de  laquelle  on  prendra  sur  le  trésor  du  dieu  Ba*al-Sidon 
vingt  drachmes  neuves  (?). 

To  (Cela  a  été  décidé)  afin  que  les  Sidoniens  sachent  combien  le 
consistoire  (actuel)  sait  récompenser  ceux  qui  ont  exercé  des 
fonctions  auprès  du  consistoire  (précédent).  » 

J.  Halévy. 


UNE  ANECDOTE  SUR  PHARAON  ET  AMAN 

CHEZ  LES  ARABES 


Biruni*  raconte  qu'Aman  était  d'origine  tout  à  fait  ordinaire 
et  était  arrivé  à  la  puissance  de  la  faron  suivante  : 

Comme  il  ne  pouvait  obtenir  le  moindre  petit  emploi  à  Suze,  il 
eut  la  pensée  de  s'établir  sur  un  cimetière  et  de  se  faire  payer 
3  1/2  drachmes  pour  chaque  mort  qui  y  serait  enterré.  Un  jour,  la 
fille  d'Assuérus  mourut.  Aman  demanda  une  somme  considérable 
pour  autoriser  son  inhumation.  Assuérus  versa  la  somme  deman- 
dée, mais,  quelques  jours  plus  tard,  il  demanda  compte  à  Aman  de 
cette  exigence.  Aman  allégua,  pour  toute  justification,  que  jus- 


*  M.  Paul  do  Laf^ardo  a  publie  le  texte  et  la  traduction  de  Sachau,  Purivt, 
p.  8-9.  Outre  les  corrections  apportées  par  M.  L.  au  travail  de  Sachau,  il  faut 
encore  y  rectifier  le  passage  suivant  :  c  liaman  hated  lier  and  planned  her  destruc- 
tion > ,  car  il  est  question  de  Mardochée  et  non  d^Ësther. 


NOTES  ET  MÉLANGES  '  1/i5 

qu'alors  personne  ne  lui  avait  défendu  d'agir  ainsi,  il  ajouta  que 
dorénavant  il  cesserait  de  prélever  une  somme  quelconque  pour 
l'enterrement  d'un  mort,  et  il  offrit  au  roi  une  très  forte  somme 
d'argent.  Assuérus  fut  étonné  de  l'intelligence  de  cet  homme  qui 
avait  su  tirer,  en  quelque  sorte,  du  néant  des  ressources  impor- 
tantes, et  il  le  nomma  son  vizir. 

On  voit  clairement  que  cette  histoire  présente  des  lacunes.  Quel 
moyen  employait  Aman  pour  se  faire  payer  les  3  1/2  drachmes? 
Pourquoi  ne  s'est-on  pas  plaint  au  roi  de  cette  taxe  inique? 
Quelle  a  été  la  source  de  toutes  les  richesses  d'Aman,  puisque  l'his- 
toire ne  nous  apprend  pas  qu'il  pratiqua  longtemps  ce  métier? 
Toutes  ces  questions  soulevées  par  cette  histoire  prouvent  qu'elle 
n'est  qu'un  fragment  d'une  histoire  plus  complète.  Cette  dernière 
existe  encore,  elle  se  trouve  dans  le  commentaire  de  Joseph 
Kimchi,  qui  la  rapporte  dans  son  explication  relative  à  Genèse, 
XLiv,  18.  La  postérité  a  laissé  perdre  le  commentaire  et  a  con- 
servé cette  histoire,  que  M.  Neubauer  a  publiée  dans  Vlsrae- 
litische  Leiterhode,  II,  178,  de  M.  Roest,  d'après  le  manuscrit 
2343  d'Oxford,  et  dont  M.  le  D»"  Berllner  a  publié  la  traduction 
dans  son  Mapazin,  I,  21,  et  l'original  d'après  le  manuscrit  de 
Rossi  166,  de  Parme,  dans  le  journal  hébreu  nmTsïi  (Berlin,  1881), 
I,  p.  81. 

Joseph  Kimchi,  qui  savait  l'arabe  et  avait  utilisé  dans  son  com- 
mentaire sur  la  Bible  bien  des  ouvrages  arabes  *,  dit  qu'il  avait 
appris  cette  anecdote  d'un  arabe  distingué.  Pour  justifier  la  répu- 
tation de  sagesse  que  Firaun  a  chez  les  arabes*,  on  raconte  qu'un 
indien  très  intelligent,  ayant  échoué  dans  toutes  ses  entreprises,  se 
rendit  en  Egypte,  où  il  parvint  à  s'élever  jusqu'au  trône.  A  son  ar- 
rivée en  Egypte,  la  mauvaise  fortune  continua  d'abord  à  s'atta- 
cher à  lui.  Apprenant  un  jour  qu'on  ne  pouvait  parler  au  roi 
qu'une  fois  par  an,  il  profita  de  ce  fait  pour  se  créer  des  res- 
sources. Accompagné  de  gens  armés,  il  s'établit  au  cimetière,  et 
préleva,  pour  chaque  enterrement,  au  nom  du  roi,  une  taxe  de 
5  florins  ;  il  perçut  cette  contribution  pendant  une  année  et  s'ac- 
quit ainsi  de  grandes  richesses.  Quand,  au  bout  de  cette  année,  le 
peuple  put  aborder  le  roi,  il  s'enquit  auprès  de  lui  de  la  raison  de 
cet  impôt.  Comme  le  roi,  qui  n'en  savait  naturellement  rien,  allait 
se  fâcher,  il  vit  arriver  500  jeunes  gens  et  500  jeunes  filles  de  la 
plus  haute  noblesse,  qui  lui  apportèrent  de  l'argent,  de  l'or,  et  des 

«  Cf.  TUrkavy,  dans  la  Jiidische  Zeitschrift  de  Geiger,  V,  38,  noie  3. 

»  û-'b^rTs^-'n  ^'^-n^-û  bnna  ûtn  pntû  rtTibnp  nn»  m-^n  ^b  n«a»  rtnyï 
tïT»nso2  ûb^N  nmriD  N-^nï?. 

T.  XVI,  N«  31.  10 


Uo  REVUK  DES  ÉTUDES  JUIVES 

pierres  précieuses  pour  calmer  sa  colère  :  il  accueillit  alors  avec 
bienveillance  celui  qui  s'était  enrichi  d'une  si  singulière  façon,  et, 
plein  d'admiration  pour  sa  haute  intelligence,  il  le  désigna  pour 
son  successeur. 

David  Eaufmann. 


LES  LETTRES  L,  M,  N,  DANS  UALPHÂBET 


D'après  Juda  b.  Barzilaï  ',  de  Barcelone,  qui  a  commenté  le  Séfer 
Yecira  dans  la  première  moitié  du  xii*  siècle,  l'alphabet  hébreu 
contient,  entre  autres  idées  profondes,  un  témoignage  éclatant 
contre  un  des  dogmes  chrétiens.  Après  avoir  rappelé  ce  fait  re- 
marquable (relaté  dans  Sabbat,  104  a),  que  le  mot  qui,  en  hébreu, 
signifie  vérité  se  compose  de  trois  lettres  (n^N),  dont  la  première 
est  le  commencement,  la  deuxième  le  milieu,  et  la  troisième  la  fin 
de  Talphabet,  et  que  le  terme  désignant  le  mensonge  {n'p^)  est 
formé  de  trois  lettres  voisines  Tune  de  l'autre  dans  l'alphabet, 

*  Voir  rîT'i:'^  nSD,  éd.  S.  I.  Halberstam  (Berlin,   18S5),  p.  146  :  riP^tS  SCDT 

-i^^iD  m\mN  Nsn:3  nriN  ^n  mon  b?T  r::2Dnn  tD-rpn  m->mî«:r:}  ba  N3:nî3  . 
i^yi  inncn  ina  'j-'nanTû  i"»»'»::  inbiTi  t3'':^ian  m"»mN  i^sd  inb^a  a-^nns 
NTrnDi  nNi:73':5  nrmxrj  -1x^57:1  tStciz  iN-'^ino  lab-a  nrn»  i"z 
bDO  rrrin  ny:^  Tiz'p  n-'n  iy:>  ts-'HOs  "^nnr  qiD3  na-^-^n  rnsb^a  '1:^  ■ 
nabn  nN  ma-^r)  «b»  mDT  nbiyjz  r::y  Nbïj  '-^d  in^ç  o^obipa  nr^yT: 
«b  ûnb  v^^  n7:nbD  hn»  i.nnw><  OTobnpa  rr'c:?»  bDC  •^d-i>"7  p-^kt 
«■^nrjDT  1ND731  lî<^^  û-'-inN73  nnpb  iiu:bm  ansn  ••ri  ]rcb  «bn  2rD 
1i::bm  3nDn  -«d  i^ûb  ^bn  ans  Nb  pb  i-'«o  -^^nn  it  l'^a^'^a  '^sist 
msicnn  r-j7ûD3  irr-^m-imN  e^::i73  r-rnxT  indtst  Ind»  û-^nn»?:  inpb 
u^nyzi'^  inbiTi  a"N  [itod]  bnpn  t-ibnn  tn')H'n  112  v^'^nœ?:  û-^td^do 
1i:iD  [(voir  p.  312)  mî«îi  1.]  bipn  nx  i-"''3'3i  m^n  cj-ioa  bipn  i'^«7:rC3 

'PT  V"'*'^  ['DTl.l  T'^^T  [V'-^N»  1.]   b"fi<?3    bl    [D"''«73l.]    Û"N73    '73   ^^^^^^^ 

'■^  n-!'^mN  y'D  inb  cii)  ni:i73  rrriN  mrn  inbiT73  rîTaDi  [d"'^N73  L]  o''rfitt3 
V"^N  û"'^N  b'-^N  ûïi  :^i:7:Naï3  'a  im^i  :^i:72Na  rî;rbiDT  "îndt:  '•'I  iKsa 
lanD  t37a73  ûna  v^^  irT^o  "^Db  m-^mNrî  cnb  isp-^no  ûm»©  -^ob 
«■^riDnbi  ^"^ninb  nab'»o  ntJNïi  [voir  p.  312  nT^m»  iDbiDn  nm^]  :?3tî:K2 
H  imN  1N3  ^Dbi  ûTN  rr^niu  ^73b  mb^  impi  m73  -«Va  i-^bDiao  -ipcn 
©b*::n  Kr^a  r-irxn  Tr-irm  imr::  bD  CTianb  y:LT2t<:i  im»  nb-^am 
';\\  [DN  bN  1.]  bwX  tN  irrn  ûî<  [bxb  1.]  nb  iw::  m-rnN.  Au  sujet  de  ra^'^ 

signifiant  Rome,  voir  Zunz,  Synagogale  Poésie,  p.  43;  M.  Brûll,  Jahrbûcher^  vm,  180, 
note  2  veut,  à  tort,  voir  œ  dans  le  O'^SM. 


NOTES  ET  MÉLANGES 


147 


comme  pour  montrer  que  la  vérité  ne  peut  être  obtenue  qu'à 
—  force  de  recherches  et  tJe  combinaisons,  tamlis  que  le  mensonge 
Hse  présente  au  premier  appel,  Juda  b,  Barzilaï  oppose  à  ces 
pensées  de  l'antique  sagesse,  qui  ont  leurs  racines  dans  Talpha- 
bet  liébreu,  les  absurdités  que  présentent  les  autres  alphabets. 
Voici  textuellement  ce  qu*il  dit  :  «  Toutes  les  lettres  hébraïques 
sont  arrangées  avec  sagesse  et  ordre,  de  même  les   lettres  des 

»  autres  nations,  telles  que  les  lettres  des  latins  et  d*autres  qui  ne 
s'en  servent  pas  pour  la  numération  et  en  ont  adopté  vingt-trois, 
qui  sont  empruntées  à  notre  alphabet  et  à  d'autres  alphabets. 
—  (C'est  dans  ce  sens  que  le  Talmud  {Pesahim,  llSb)  dit,  en 
parlant  de  Rome,  que,  dans  le  verset  des  Ps,  (58,  31)  :  Résiste  à 
Vanimal  du  roseau,  il  s  agit  de  ranimai  dont  toutes  les  actions 
peuvent  être  racontées  avec  une  seule  plume,  aest-â-dii^e  que  les 
■  Bomains  n'ont  jamais  accompli  qu  une  seule  œuvre  méritoire,  le 
res[»ect  des  parents  ;  ou  (d'après  une  autre  version)  Vanimal  du 
roseau  signifie  l'animal  dont  tous  les  actes  sont  transcrits  par  une 
plume  étrangère  (1.  nn«),  parce  que  les  Romains  ne  possèdent  en 
propre  ni  écriture,  ni  langue,  et  qu'ils  les  ont  empruntées  à  d'au- 
tres. C'est  ainsi  que  nous  lisons  dans  OiilÙK  î^O  a,  que  Rome 
n'a  ni  langue,  ni  écriture,  mais  les  a  empruntées  à  d'autres  peu- 
ples.) —  On  trouve  aussi  bien  des  absurdités  dans  leur  alphabet* 
Ainsi,  certaines  de  leurs  lettres  sont  prononcées  par  la  première 
partie  de  leur  nom.  comme  A  et  B,  et  d'autres  par  la  dernière 
partie,  avec  retranchement  du  commencement  du  nom,  comme 
m  de  emnir  l  de  ell,  n  de  enn^  s  de  ess,  etc.  On  U'ouve  chez 

Ieux  2^  lettres,  10  d*un  côté,  10  de  l'autre  et  3  au  milieu,  ell^ 
emmQienn^  parce  qtie  les  inventeurs  de  leur  aljdiabet  ont  tenu 
à  placer  notre  vérité  au  milieu  de  cet  alphabet,  afin  de  faire 
connaître  et  de  combattre  le  mensonge  étrange  qulls  (les  Ro- 
mains) ont  propagé  en  donnant  à  un  homme  le  nom  de  Dieu. 
C'est  pourquoi  ces  trois  lettres  ont  été  placées  au  milieu  pour 

I  réfuter  leur  erreur  et  proclamer  que  Dieu  n'a  pas  de  mère  :  eli, 
emm,  enu  (L  t^n  cn  b^)*  » 
Ainsi  des  gens  de  leur  propre  race  auraient  joué  aux  peuples 
occidentaux  le  mauvais  tour  d'int*TCâler  au  milieu  <le  leur  aï- 
l»habet  une  protestation  hébraïque  contre  la  croyance  au  Fils  de 
Dieu.  Il  ne  faut  pas  être  bien  perspicace  pour  supposer  que  cette 
assertion  est  un  fragment  de  controverse  religieuse,  ou  plutôt  un 
de  ces  arguments  pour  rire  que  Juifs  et  chrétiens  se  renvoyaient 
gravement  dans  leurs  controverses  religieuses.  J*ai  trouvé  la 
confirmation  de  cette  hypothèse  dans  un  manuscrit  allemand 
du  XIV*  siècle  (Munich^  Lat.,  4386,  f.  75,   coi  1)  dont  M.  W.  de. 


148  HEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Wattenbach  a  publié  l'extrait  suivant  dans  les  Comptes  rendus 
des  séances  de  TAcadéraie  de  Berlin  (9  juin  1887,  p.  521,  nf  1)  : 
a  Nota  de  judeo  disputante  cum  clerico,  et  dicente  quod  vellet 
ostendere  ex  litteris  nostris,  Deum  non  esse  incarnatum,  quia 
iste  littere  se  consequuntur  :  /.  m.  n;  l  significat  Deum,  m  est 
prima  littera  matris,  n  prima  in  non;  1.  Deus,  m.  matrem,  [n]. 
non,  supple  liabet.  Set  clericus  respondit  :  h.  i.  k.  précédera 
istas,  dicens  quod  h  est  prima  in  henke,  i  in  Jude,  h  kenne,  et 
conclusit  quod  sic  est  accipiendum  :  Ilenke  Juden  Eennen  cotes 

o  e  ^ 

muter  nut.  Dilata.  » 

Dans  cette  relation  on  a  oublié  le  principal,  c'est-à-dire  le  fait 
que  les  noms  des  trois  lettres  représentent  des  mots  hébreux. 
Aussi  le  Juif  tire-t-il  péniblement  son  argument  du  latin,  où  l  ne 
signifie  nullement  Dieu,  et  encore  est-il  obligé  de  sous-entendre 
le  mot  a  habet  ».  En  hébreu,  au  contraire,  el  signifie  Dieu,  em, 
la  mère,  en,  il  n'y  en  a  pas.  En  outre,  en  allemand  l'interversion 
ûN  bN*  est  possible,  puisqu'on  dit  dans  cette  langue  :  Gotiesmutler. 

David  Kaufmann. 


LE  MOT  TAVLE  EN  JUDÉO- ALLEMAND. 

Tout  le  monde  sait  que,  dans  le  jargon  judéo-allemand,  on  dé- 
signe Jésus  par  le  nom  de  iaulCj  avec  l'accent  tonique  sur  Tavant- 
dernière  syllable.  Quoique  Ton  soit  à  peu  près  sûr  que  ce  mot  est 
une  corruption  du  mot  hébreu  "^ibn  (prononcez  tôlui,  à  la  façon 
allemande),  il  y  a,  entre  le  mot  hébreu  et  le  mot  judéo-allemand, 
une  si  grande  distance,  qu'on  peut  douter  de  leur  identité.  Nous 
croyons  cependant  qu'on  peut  la  démontrer. 

Nous  ferons  remarquer  d'abord  que,  dans  le  judéo-allemand,  il 
arrive  assez  souvent  que  la  voyelle  o,  surtout  quand  elle  est  lon- 
gue, se  change  en  au.  On  a  ainsi,  dans  le  judéo-allemand,  haul 
pour  hohlj  Laun  pour  Lohn,  waul  pour  wohl  ;  haulen  pour  holepi^ 
schau  pour  schon,  sau  pour  so,  Ih^aud  pour  Brod,  Taud  pour  Tod. 

Le  môme  phénomène  s'est  produit,  chez  les  Juifs  allemands, 
dans  la  prononciation  de  l'hébreu  :  de  l'a  long  hébreu,  qu'ils  pro- 
noncent (5,  ils  ont  souvent  fait  un  au.  En  voici  la  preuve. 

*  Quant  ù  celte  interversion  en  hébreu,  comp.  Zunz,  LiteraturgeschicAte  des  iptû" 
gogalen  Poésie,  p.  642-3. 


NOTES  ET  MKLANGES  t49 

Corament  dit-on  on  judt^o-allemand,  qu*iiîi  hommo  ost  pris  de 
vin  ?  Un  dit  :  er  is  annule.  Cette  expression  est  «évidemment  pour 
l'expression  allemande  :  er  isi  volt  (ii  est  plein),  le  mot  manie  e^t 
donc  bien  le  mot  hébreu  etbi^,  môle,  transformé  comme  suit  :  le  6 
a  éié  charp^  en  au;  raccent  tonique,  suivant  une  habitude  fré- 
quente de  la  prononciation  judéo-aîlemandei  a  passé  de  la  dernière 
syllabe  à  ravant-dernir^e  ;  et  enfin,  ia  dernière  voyelle  s'est  es- 
tompée et  émoussée,  au  point  de  perdre  toute  couleur,  et  de  de- 
venir quelque  chose  d'indétermîm^  qtiî  ressemble  passablement  à 
Venvtei  fraurais. 

Voici  un  autre  exemple  K  Le  judéo-allemand  dit  pour  un  homme 
emprisonné,  er  is  taufes.  Qu'est-ce  que  ce  mot  taufes  (qui  ne 
lient  être  le  nom  nçr).  sinon  le  participe  passé  d^xfi  transformé 
suivant  la  loi  que  nous  venons  d'indiquer  :  ô  changé  en  auy  accent 
tonique  dépïacé^  effacement  de  la  dernière  voyelle. 

Ainsi  s'explique  aussi  le  judéo-aliemanil  caioichcr,  qui  a  tou- 
jours l'ait  djflicuîté.  Ce  n'est  pas  le  substantif  nas,  mais  unique- 
ment Tadjectif  nç3  transformé  comme  nous  venons  de  Tin- 
dîquer. 
—^  L'origine  du  mot  taule  est  maintenant  claire  et  nous  pensons 
H  qu'il  est  prouvé  que  c/est  le  mot  iùlaL  L'affaissement  de  la  der- 
nière syllabe  s'explique  suffisamment  par  les  exemples  que  noua 
■  venons  de  donner. 
Il  faut  ajouter  que,  d'après  Wolf,  Biblioih.  Hehr.^  II,  p.  1444, 
il  y  aurait  eu  des  manuscrits  du  Toledot  Jesu  avec  le  titre  do 

tjbn  nïîjr,  de  sorte  que  notre  tanîe  pourrait  aussi  venir  du  mot 
hébreu  Tbrr  iota.  Mais  Texistence  d'un  pareil  titre   n'est   pas 
prouvée»  à  ce  qu'il  nous  semble,  et,  dans  les  pays  de  langue  alle- 
mande, le  mot  rVp  n*a  pas  ou  n*a  guère  été  usité  pour  désigner 
K  Jésus.   It  n'en  a  peut-être  pas  été  de  même  en  Espagne.  Nous 
croyons  être  sûr  d'a%^oir  vu,  dans  le   Forlalituim   Fidei^,  la 
transcription  tola,  laquelle,  dans  cet  ouvj'age,  ne  peut  venir  que 
H  de  srbn.  Dans  tous  les  cas,  nous  pensons  qu'il  est  prouvé  que  taule 
^  peut  parlaitement  venir  de  "«ibn. 

•  Il  ne  nous  parait  pas  impossible  que  les  Juifs  babyloniens,  à 
l'époque  talmudique,  aient  eu,  en  partie,  les  habitudes  et  les  vices 
de  prononciation  que  Ton  remarque  chez  les  Juifs  allemands. 
Lorsque  le  Talmud  de  Babylone  dit  :  rv'n  ncD  Y-'^  ^"^^^  ^^  ^^^' 
que  le  mot  a  tout  autrement  de  sens  et  de  saveur  si  on  déplace 
Taccentde  n:sr),  et  si  on  prononce  la  première  voyelle  de  ce  mot 


•  U  nous  a  été  fipnalé  par  notre  rollobotttlour  M,  Abrohara  Cahetj. 

*  Nous  ne  rclrouvoQS  pas  le  ]jiii£>âgo  pour  lo  mouietit 


150  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

comme  un  o  et  non  comme  un  a,  de  sorte  qa*on  a  coresch^  cos- 
cher.  C'est  celte  prononciation  qui  a  peut-être  sollicité  et  créé  le 
bon  mot.  Ceci  n'est  pas  un  phénomène  unique,  nous  pensons  que 
le  désaccord  entre  la  prononciation  usuelle  et  la  prononciation 
théorique  est  Torigine  et  la  raison  de  plus  d*un  des  '^n'pn  bu  du 
Talmud. 

ISIDOBB  LOEB. 


UNE  LETTRE  ADRESSÉE  A  SALOMON  AZUBI 

Le  travail  de  M.  Dukas  sur  Salomon  Âzubi,  publié  par  la  Remw 
(XI,  p.  101  et  252  ;  XII,  p.  95  ;  cf.  XII,  129),  donne  un  intérêt  par- 
ticulier à  la  lettre  ci-dessous  adressée  (de  Carpentras  ou  de  ces 
régions)  à  Salomon  Azubi,  à  Livourne.  Elle  est  tirée  d'un  recueil 
manuscrit  de  modèles  de  lettres  fait  à  Milhaud  et  appartenant  à 
notre  collaborateur  M.  David  Kaufmann. 

.CTa  rrtt^i  n»D  ibofi  bct:  yntxr: 

bbn  rnso  mis  bnn  n*^»^  ,32trp3  -^is-io  br  mnpnnn  yn^ 
nsnn  rr^sp  rnm  .ïdiVû  ,N^op  p  t\ot  -^n-iD  û^n  -^nir:  •^T'  ,rr:2n 
•^mn  "^br  Tpyr":  .cinnrrr  m:n  "^rsD  "^nmpra  iir-^pD  •'nb  ^bc:  •»':? 
nbma  nbn^n^  n^brriD  "^CNn  ■♦n'^  nb  ■♦b  rr^rr  Ninn  ût^  "^rpo  mna 
m^bn  11737:73  .ï-rbD  "pp  -^ria-inD  ■•icb  ^cr»  nb-^exi  ï^pias  £|tjî3 
t^nn  ncK  yn«rr  bs  .-nrD  t5  -î^dd  ieen  *î^n  msiCTsi  r-isio 
tnann  nb»  "^j^Tscn  "^rna  t^bi  "^napo  t^b  tn:^  "^d  îrrb:?  nci'' 
T^Ki  riT:»  y^iTi  r-i2i5"»rî  r-ianbo  manb  ;2k  "^dct  "•d  û'^T'is  û^p 
f^bD"^n  n^bna  ms-^na  "^r-^Ta  nstîis  bs  nb  ynxn:-!  ynîtn  bD  r:?Tia 
bnp  nbna  bip  rrp:?as  bnp  n-^nîtn  t)»  :?"^nn  T^r^m  ni'^Dbnb  d"^'*i53 
K")73nnb  îibiDD  ûna:p73  nnbn  imriTsn  ï-rcoi  nsiOD  .n»  bipa  nbr 
rrN73  -^b-^CD  m^HTa  r-innbi  n-.nab  ■•b:^  n"»n  ûnmn  nbx  Kbipb  «bi 
«in  b'ib  hNbb  istb  nb»  i-»b73  ■•nnnm  "^n:?:»  ba  "^nso  mcnx  nrb 
o"^-:n72  prn73n  ciosn  m^n^:  "^^sn  ^-^n  ij^-^iiî^b  -nrbbb  t»<ibh  mi 
nn733^  •^nbns''  r<b  -^d  rtT  ^n-n  by  n72N  ''n72N  ::cnp  n:?nb  n^ncti 
nmrr  rr^ni  C3Ro  in^n  -^iv  Tbn  tnann  "^a  nnmrr  ^»b^n  "^îcb 
^n-'b:?  p-'T^n  ^i  b^n^-»  n-^3  bs  r-in-)i:b-i  tonnatb  '^"•«  n33N"«o  .îtttï 


BIBLIOGRAPHIE 


{La  IktûHâ  bibliographique  est  ajoitrnée  au  prochain  numéro. 


iAÊSBmu&v,  Le  iralli*  de  la  Vie  conlcmitlatfve  et  lu  Qiiefttioii  fie» 
lii'raiicute»,  Paris,  1888»  65  p.  (Extrait  dû  la  Mevue  4e  VHijyt0irâ  det  tê- 
fioni] . 


I 


Dans  ce  mémoire  remarquable»  M.  Massebieau  expose  d'abord  le 
plaQ  du  Traité  de  la  Vie  c&ntemplaiive  et  dêmoolre  qu>il  est  com- 
pose flvec  ordre  et  méthode;  il  prouve  ensuite  que  rauteur  avait 
surtout  rinlentioD  d'êlablir  une  comparai  sou  entre  la  vie  simple  des 
Thérapeutes,  consacrée  eoUèreoQeot  aux  pieuses  méditalioos,  et 
rexistencc  briliaûle  et  luxueuse  du  monde  romain,  vouée  à  la  salis- 
faction  des  besoins  matériels;  eniiu,  il  essaie  de  montrer  que  le  style 
el  loute  la  phraséologie  du  traité  ne  se  distinguent  en  rien  du  style 
et  de  la  phraséologie  des  ouvrages  de  Philoo,  îsous  pensons  que  sur 
ces  trois  peints  M.  Massebieau  a  parfaitement  réussi.  Mais  est- il 
8U«^si  certain,  après  le  travail  de  M.  Massebieau,  que  les  Théra- 
peutes aient  jamais  récbement  existé»  et  que  le  philosophe  juif 
d'Alexandrie  soit  Fauteur  de  ce  petit  traité? 

Résumons,  en  quelques  mots,  la  vie  des  Thérapeules  telle  qu'elle 
est  présentée  dans  notre  Traité,  Près  d'Alexandrie,  sur  le  lac  Maria, 
Tivent  UD  ceriain  uombre  d'bommes  et  de  femmes  retirés  dans  de 
petites  maisons  entourées  de  jardins»  assesi  éloignées  Ips  unes  des 
autres  pour  que  les  habitants  ne  soient  troublés  par  aucun  bruit 
des  voisins,  et  néanmoins  assez  rapprochées  pour  que*  dans  un  cas 
d'attaque  par  des  brigands,  ils  puissent  mutuellement  se  porlerse- 
eours  ;  chaque  maison  possède  une  petite  pièce  nommée  semnium  ou 
mùnasUrium,  où  le  solilaire  passe  son  temps  à  prier,  à  méditer  et  a 
étudier  les  livres  sacrés  ;  on  jeûne  pendant  la  journée»  et  ce  n'est 
qu'au  coucher  du  soleil  qu'on  prend  pour  nourriture  du  pain  et  de 
Teau,  les  délicats  y  ajoutent  de  Thysope  ;  le  septième  jour  de  chaque 
semaine,  les  solitaires  se  réunissent  dans  un  grand  semuinm,  uù  les 
hommes  et  les  femmes  sont  séparés  par  une  cloison  assez  haute 
pour  que  les  deux  sexes  ne  puissent  être  distraits  par  des  pensées 


152  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mondaines,  mais  néanmoins  assez  basse  pour  que  l'Ancien,  qui 
préside  aux  exercices  religieux,  puisse  être  vu  de  l'assemblée  tout 
entière*  ;  ce  jour-là  la  nourriture  est  prise  ensemble,  mais  elle  est 
aussi  frugale  que  dans  la  semaine  ;  le  nombre  sept  étant  un  nombre 
saint,  une  réunion  plus  solennelle  a  lieu  au  bout  de  sept  fois  sept 
jours,  c'est-à-dire  le  cinquantième  jour  [la  Pentecôte),  où  les  prières 
et  les  chants  des  hymnes  sont  suivis  de  danses  et  d'évolutions  aux- 
quelles les  femmes,  jeunes  ou  vieilles,  prennent  part;  toute .Fannée 
est  divisée  en  de  semblables  pcnlecôles,  ce  qui  donne  de  nou- 
veau un  nombre  de  sept,  c'est-à-dire  7  fois  50  jours  =  350.  On  ûe 
nous  dit  ni  ce  qu'on  fait  des  quinze  jours  restants,  ni  quel  est 
le  jour  d'où  parlent  les  sept  peutecôtes.  On  pourrait  être  tenté  de 
croire,  en  pensant  à  la  loi  juive,  que  celait  le  premier  jour  de 
Pàque  ;  mais  Tauteur  nous  dit  que,  pour  distinguer  le  pain  offert  aux 
Thérapeutes  des  pains  azymes  olferts  dans  un  lieu  plus  saint,  évi- 
demment les  pains  de  proposition  du  temple  de  Jérusalem,  on  se 
servait  de  pain  levé,  ce  qui,  pour  des  Juifs,  exclut  la  Pàque.  Nous  ne 
parlons  ni  des  vêtements  que  portent  ces  ascètes,  ni  du  jeûne  de 
trois  jours  et  quelquefois  de  six  jours  consécutifs  qu'ils  s'imposent*. 
On  comprend,  tout  au  plus,  que  des  individus  isolés  mènent  une 
vie  semblable  ;  mais  on  croira  difficilement  qu'il  y  ait  jamais  eu 
une  grande  réunion  d'hommes  et  de  femmes  qui  se  soient  voués  à 
de  telles  abstinences.  D'après  notre  traité,  les  Thérapeutes  n'au- 
raient pas  existé  seulement  dans  les  environs  d'Alexandrie,  mais 
tout  le  monde  civilisé,  voire  même  le  pays  des  Barbares,  aurait  pos- 
sédé de  ces  monastères,  et  seul  Tauteur  de  noire  Traité  en  aurait 
eu  connaissance!  Nous  voulons  bien,  avec  M.  Massebieau  (p.  64\ 
qu'il  y  ait  beaucoup  de  faits  historiques  attestés  par  un  seul  écri- 
vain; mais  une  secte  aussi  bizarre  et  aussi  répandue  aurait  certai- 
nement excité  l'attention  de  nombreux  moralistes  païens  du  siècle 
de  Jésus-Christ.  Or,  personne  n'en  connaît  même  le  nom,  puisque 
les  Thérapeutes  ne  sont  mentionnés  nulle  part. 

Mais  voyons  la  manière  dont  débute  l'auteur  de  notre  Traité; il 
affirme  '  que  le  tableau  qu'il  va  tracer  de  la  vie  des  Thérapeutes 
n'est  pas  une  invention  imaginée  par  un  poète  ou  un  orateur  ha- 
bitués à  embellir  les  sujets  qu'ils  traitent,  mais  une  reproduction 
fidèle  delà  vérité.  Ne  sont-ce  pas  là  les  paroles  d'un  homme  qui 
veut  en  faire  accroire  ?  Les  inventeurs  de  contes  s'expriment-ils 
autrement?  Et  surtout,  un  habitant  de  la  ville  d'Alexandrie,  si 
peu  éloignée  du  lac  Maria,  aurait-il  éprouvé  le  besoin  d'afTirmer 
que  la  société  dont  il  trace  le  tableau  était  fidèlement  repré- 
sentée ? 

*  Il  y  a  évidemment  un  schématisme  dons  la  moyenne  donuée  pour  la  distance 
des  maisons  et  pour  la  hauteur  de  la  cloison. 

«  D'après  le  Talmud  Nedarim  (j.  21  à  ;  b.  15  a),  il  paraît  qu'on  ne  supposait  pos- 
sible qu'un  jeûne  de  trois  jours. 

»  Philon,  p.  304,  édit.  Mao-ey. 


WBLlOGriAPHΠ


153 


A  notre  avis,  le  Traité  de  la  vie  coîiiempiative  fait  partie  de  cette 
littérature  pnr  laquelle  des  Juifs  helléDistes  ont  cherché  à  faire 
pénétrer  uoe  morale  plus  pure  parmi  les  païens  corrompus  de  celte 
époque,  Oq  connait  le  pseudo-Phocylide^  où  un  Juif  ne  craint  pa? 
de  prendre  le  masque  d'un  idolâtre  eu  parlant  des  dieux*,  pour 
prêcher  les  préceptes  du  décûlogue.  Le  quatrième  livre  des  Sibyl- 
lins a  pu,  malgré  les  indices  les  plus  évidents  d'une  origine  ju- 
daïque, être  attribué  à  uu  chrétien*.  Notre  Trailé  a  subi  le  même 
sort,  puisque  Ëusèbe  le  coosidère  comme  Tœuvre  d'un  chrétien, 
et,  de  notre  temps,  M,  Graetz  ^  a  cru  jusqu'à  un  certain  point 
devoir  suivre  l'opinion  de  révoque  de  Gésarée.  Il  y  a  certaine- 
ment dans  Dotre  Traité  un  désir  semblable  de  dissimuler  la  religion 
à  laquelle  Tauieur  appartenait.  On  y  chercherait  en  vain  le  ooui 
de  /itî/ ('louîauK) ;  le  septième  jour  consacré  à  Dieu  n*esl  pas  nommé 
sabbat  (lip^atov;  ;  aucune  autre  fête  juive  n'y  est  mentionnée,  et 
celle  qui  pourrait  jusqu'à  un  certain  point  rappeler  la  Pàque,  nous 
venons  de  le  voir,  ne  saurait  être  identifiée  avec  elle.  Les  liai  nés 
ardentes  qui,  à  Alexandrie,  régnaient  entre  Juifs  et  païens  expli- 
queot  suffisamment  pourquoi  un  déguisement  pareil  a  dû  paraître 
mile  pour  la  propagation  des  idées  qu'on  voulait  répandre.  Moïse 
et  les  livres  sacrés  dont  il  est  question  dans  le  Traité  étaient, 
dans  le  siècle  du  Christ,  parfaitement  connus  des  auteurs  non-juifs 
qui  composaient  des  ouvrages  intitulés  n^pi  'iou5»t<iw  s, 

Philon  n'appartenait  pas  à  cette  catégorie  d'écrivains  juifs*  Les 
nombreux  ouvrages  dont  rautheolicité  ne  fait  pas  doute  sont  rem- 
plis de  citations  tirées  des  Ecritures,  et  partout  il  se  montre  fier  de 
la  race  dont  il  descendait.  Le  langage  de  notre  Traité  est  celui  de 
tous  les  allégoristes,  et  ce  qui  nous  est  resté  d'Aristobule  contient 
les  mêmes  images  qu'on  retrouve  chez  Philon  et  chez  les  Evhémé- 
ristes.  Une  lois  qu'on  était  entré  dans  celte  vole,  il  n était  pas  plus 
difficile  de  trouver  un  sens  mystérieux  aux  mythes  les  plus  oh- 
scènes  du  paganisme  qu'un  sens  caché  aux  divers  préceptes  du  Pen- 
tateuque. 

M.  Massebieau  montre  uoe  connaissance  intime  des  ouvrages  de 
Philon.  n  est  à  la  lois  théologien  et  philologue;  et  les  deux  ouvrages, 
Tun  sur  la  Chronologie  des  œuvres  et  de  la  vie  de  Philon,  l'autre,  Etude 
(générale  sur  Philon^  quil  nous  promet  à  la  fin  de  son  mémoire,  se- 
ront accueillis  avec  satisfaction  par  tous  ceux  qui  s'intéressent  à 
rhisloire  des  Juifs  et  aux  origines  du  christianisme, 

J.    Di£»ENBOUBa. 


>  Voy.  le  PseurlO'PhocySidfl,  édîu  J.  Berna  y  s. 
»  Peut-être  r«uteur  a-t-il  traduit  Intéralomeut  le  mot  3*1^1':? Jf. 
»  Vuy.,  eiilrô  autres,  E,  Uenan,  Originft  du  Chrixtiantitme^  1\\  p,  163  et  tuiv. 
*  Ge^thirKif  é*.f  Judcn,  :î«  édiL,  IH.  note  10,  p.  G'»8. 

5  CaroUtis  MuelUr,  Fta^m$ttta  hûtoricoruM  grmforum^  II,  p.  393  ut  aulv.  (Pscudo- 
liec4ita>u$)  ;  lit,  p.  tm  cl  <uîv,  (Alexander  PolyhistorJ.  Ut.  Josèptie,  Çmira  Âpi^- 


184  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


Jastrow,  m.,  a  dietionary  of  the  targniuiin,  Ihe  taliii«d  babli  tmé 
yem^ihalml  and  the  midraAhle  literatnr.  Part  I.  London  :  Trûbner; 
New- York  :  Putnam's  sons  :  pour  rAllemagne,  chez  H.  Reuther,  Carlsmhe. 


Avant  Tachèvement  de  l'œuvre  de  M.  Levy,  si  importante  malgré 
ses  imperfections,  il  faut  montrer  une  certaine  méfiance  pour  toute 
nouvelle  tentative  similaire.  On  peut  réunir  de  nouveaux  matériaux, 
utiliser  les  manuscrits  nombreux  qui  n'ont  pas  été  suffisamment 
consultés,  approTondir  la  lexicographie  talmudique,  compléter  ou 
rectifier  par  des  travaux  de  détail  l'ouvrage  de  M.  Levy,  mais  il  se- 
rait risqué  d'entreprendre  des  travaux  d  ensemble  dans  ce  domaine. 
Pour  toutes  ces  raisons,  je  n'ai  ouvert  l'ouvrage  de  M.  Jastrow 
qu'avec  une  certaine  crainte,  et,  après  un  examen  attentif,  j'ai  re- 
connu qu'effectivement  cette  publication  est  loin  d'être  réussie.  A 
vrai  dire,  ce  n'est  qu'une  compilation  faite  à  Taide  du  dictionnaire 
du  Targum  et  du  dictionnaire  néo-hébreu  de  M.  Levy.  On  n'apprécie 
à  sa  valeur  le  zèle  qu'a  dû  déployer  M.  Levy  pour  réunir  ses  maté- 
riaux que  lorsqu'on  étudie  les  œuvres  de  ses  imitateurs;  et  c'est  à 
ces  derniers  que  se  rattache  M.  Jastrow.  Il  n'ajoute  au  travail  de 
M.  Levy  que  de  modestes  additions  tirées  des  écrits  de  M.  Lattes,  de 
VAru^ih  de  M.  Kohut,  du  Tosefla-Olossar  de  M.  Zuckermandel,  de 
VErech  Millin  de  Rapoport,  de  la  Géographie  de  M.  Neubauer,  et, 
pour  les  noms  de  personnes,  de  VEinleitung  in  den  jerusalemiscken 
Talmud  de  Frankel  ;  ce  dernier  ouvrage  même  n'a  cependant  pas 
été  complètement  utilisé,  et  il  manque  des  noms  de  personnes.  A 
côté  de  ces  additions,  on  trouve  un  petit  nombre  d'explications  de 
mots  personnelles  à  l'auteur  et  exactes,  qu'on  aurait  lues  avec  plaisir 
dans  un  article  de  Revue,  mais  qui  ne  sont  pas  suffisantes  pour  jus- 
tifier la  publication  d'un  volumineux  dictionnaire,  qui  doit  com- 
prendre près  de  2,000  pages  in-4. 

M.  Jastrow  se  contente  le  plus  souvent  de  reproduire  les  citations 
de  M.  Levy,  montrant  par  là  qu'il  n'a  pas  lui-môme  réuni  de  maté- 
riaux. Nous  le  louons  cependant  d'avoir  rectifié  sans  le  faire  remar- 
quer les  citations  de  M.  Levy,  adopté  les  corrections  proposées  par 
M.  Lattes  et,  au  lieu  d'indiquer  par  la  page  du  Talmud  les  mots  em- 
pruntés à  la  Mischna,  de  montrer  que  ces  mots  sont  mischniques  en 
désignant  le  chapitre  et  le  paragraphe  de  la  Mischna  où  ils  se  trou- 
vent (ce  qu'il  oublie  cependant  quelquefois,  par  exemple,  p.  39,  L  6 
d'en  bas).  Il  faut  également  reconnaître  que  M.  J.  a  lu  très  attenti- 
vement le  dictionnaire  de  M.  Levy  et  qu'il  a  eu  soin  d'intercaler  à 
leur  place  alphabétique  les  diverses  lectures  que  M.  Levy  indique 
quelquefois  pour  un  même  mot. 

Un  certain  nombre  d'articles  paraissent  nouveaux,  mais,  après 


BIBLÎOOnAPHlE 


155 


ameti,  on  reconnaît  qu'ils  traitant  de  mots  bibliquf^s  qui  sont  sim- 
picmcût  cités  dans  la  litlératore  lalmudique,  sans  être  des  mots 
mischniques  usuels.  Relevons,  entre  antres,  et  ces  mots  sont  déjà  ci- 
tés en  partie,  par  erreur,  par  des  lexicographes  précédents  :  ^?^*T7K, 
tn^H.  riDi»,  cipbÈf*  np3S«,  iio»,  ''in«,  Iran,  û'»:2ï*,  rip^^,  p»,  pour 
Kîît  aussi,  le  passage  de  Snk.,  111,  y,  nVsL  qu'une  citation  biblique. 
Par  contre,  le  mot  *i^0{**  qui  n  est  justifié  que  par  des  exemples  de 
faraméen  biblique,  aurait  pu  Tôtre  par  un  passage  de  MeguilL  An* 
■hoSf  2  [Bei  kamidr,,  VI,  4). 

bici  des  explications  et  matériaux  qui  sont  de  Tautenr  lui-même 
et  qui  méritent  Tattention  :  21  b,  45>  la  conjecture  'j'^iiî*  pour  T^rs'icî, 
T.  Jifaas.,  I,  4.  —  V-p-^siK.  oîtîcialis.  —  Na^'Diao-'BtT  ^b^i2,  Eutk  7\, 
I,  8,  corrigé  en  et::*'72'^:2î«  Nn^bsiTS,  correction  qui  se  trouve  déjà  chez 
Vni.  —  o3  a,  le  mot  imTioki'cn^,  détiguré  par  diverses  transcriptions,  a 
été  parfaitement  reconnu;  ridentiûcation  de  '(i«'^mDi2D«  avec  û^ctpiov 
el  de  V^''^'^^^''^  avec  o'^^aoTtirr^î  paraît  également  juste.  —  Dans 
Dro^ibini:»,  Tauleur  voit  *  «iv6po>if3|jt6ia,  îdeniitication  dont  it  parle 
aussi  dans  l'iûlroduction.  —  "'S^zs:»,  ctri^rixr^  f?).  -^  1i"i3'^:ï«»  H^io- 
•ytiûov  (?j.  -^  \^^uk:^zh,  equestris  (?).  —On  n*approuvera  pas  i'identili- 
calion  de  ÇuXa  (au  lien  du  mot  scafa,  admis  jusqu^alorsj  avec  «Vpo» 
[c'est  ainsi  qu'il  faut  lire  avec  Schièbùii  àaléAél^p.  83,  éd,  Buber>  au 
lieu  de  Kb?**D,  Tosefia  Saèà.,Xlll,  IM,  5,  où  M.  Zuckermandel,  diaprés 
la  Miscbna  Satfb,,  Wl,  8,  a  la  variante  [^^o]  ou  N^^DSt;  daas  T.  Baba 
B.,  IV,  402»  31,  Baba  Matra  73  a,  on  trouve  aussi  ces  passages 
avec  p]. 

Les  étyraoîogies  proposées  par  M.  Jastrow  sont  bien  aventureuses. 
Notre  auteur  remporte  certainement  par  sa  méthode  philologique 
sur  réditeur  de  VArtikà,  mais  il  donne  quelquefois  des  etymologies 
i|ui  le  rapprocheol  de  ce  dernier.  Qnelqnes  exemples  :  Pour  r::3î« 
t3:3  l^oâ,  corap.  pa  ;  yiH  :  V^,  ^'\»  et  ^^iî*  :  KîS  =  n«;  o::»  •  Sr^si, 
comp.  yi^^^  Pour  !3"'3n3N,  il  dit,  à  titre  d'hypothèse  il  est  vrai»  que 
c*est  û^st^D'^j:)  H- nax.  Il  est  étratjf^e  d'expliquer  ^^nsp  V^^**  V'^^ 
c  ihe  cissaros  blossom  !  »  n:i«  Inà)  est  mis  en  corrélation  avec  o^îjt 
lysusK;;  «nniTS*  est  comparé  à  lort  avec  le  mot  syriaque  «73n  «nr-n» 
aleyonimn.  Et  a  quoi  bon  cette  hypothèse  singulière  que  Dibpsi»  est 
peut-être  ocellus? 

\X^''»,la%che,  et  non  pas  rùstau,^si  défini  à  tort  de  la  façon  sui- 
vante :  caïamus^  a  reed  med  for  writing,  ahn  de  pouvoir  l'identifier 
avec  te  mol  biblique  uy. 

On  remarque  avec  plaisir  chez  M.  Jastrow  une  réaction  contre  la 
tendance  à  faire  dériver  trop  de  mots  talmudiques  du  grec  ou  d'au- 
tfes  langues  étrau gères.  Dans  son  introductiou,  il  dit  qu'il  poursuit 
dans  son  travail  tt  to  Ond  the  grammatical  laws  uoderlying  ibe  na- 
tural  developement  of  the  hebrew  and  cbalduïc  languages  »,  mais  il 
dépasse  souvent  le  but.  Il  dériva*  rociît  de  t|*:î2  wiih  formai,  T  or  0 
(tandis  que  M.  Noeldeke  u  parfaitement  prouvé  que  ce  mot  est  d*ori- 


156  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

gine  persane),  rb::^  vient,  d'après  lui,  de  bba,  et  Kiarx  serait  r^;>M2 
de  tw  ou  la  contraction  de  Ninn  \  En  général,  Yispeel,  dont  M.  Jas- 
trow  a  déjà  parlé  dans  un  article  spécial  d'une  Revue,  joue  un  trop 
grand  rôle.  «baOK  ou  Kb::^K  viendrait  de  bb:a  et  ne  serait  pas  owXti, 
parce  qu*il  existe  aussi  en  mandéen,  comme  si  cette  langue  necOQ- 
tenait  pas  également  des  mots  grecs  !  Staçu^ivoç  est  sans  doute  Vis- 
peel  de  bsa,  o::20'^k  Vispeel  de  0*^3,  et  non  aceevr.ç.  Le  mot  o-isD», 
identifié  avec  a»upov,  est  Vispeel  de  ons,  nN-'bDDî*,  qui  d'après  Sachs, 
Beilràge,  1, 469,  est  'aa^tt^etot,  serait  Vispeel  de  «bo  ;  NbnaD*^»  =  élabU^ 
été  heureusement  omis,  sans  quoi  il  serait  devenu  un  ispeel  de  bao. 
n'^abcON  (en  syriaque  «■♦sbcOK  =  «ntXr.viov  =  eiiî:>a<xTpov)  [Sabbat^  49,  2; 
Tos,  Sahb.,1,  414  48;V,  416, 45,  48,  19;  T.  Pes.Al,  458,  14;  T.  JTtï.,  V. 
80,  29  ;  T.  Mikv.,  VII.  660,  27;  T.  Kel.  Bb.^Yl,  îi96,  26-30.  '»:nbsc», 
d'après  R.  Schimschon,  doit  être  également  lu  ainsi  —  Sifra^  Bekar, 
406  c,  Weiss.  —  Plur.  riN-^rbcSN  —  mentionné  par  Lattes  —  T.  KeL 
Bm.,  II,  580,  20,  où  Maïmonide,  éd.  Derenbourg,  p.  445,  a  le  singulier], 
devient  rr^sj^bcOK  ou  rf^abnoN  et  est  considéré  comme  Vispeel  de  :?b3 
ou  -^bn  I 

ntON,  ^%b'{S}^nhedr.,  106  a,  iroN  T^i^-^b).  est  considéré  comme  une 
glose  postérieure,  pour  qu'il  puisse  être  identifié  avec  Aewv  loaupoc, 
idée  qui,  dans  la  lexicographie  talmudique  si  riche  en  singularités, 
n'a  pas  sa  pareille  1  Pour  la  participation  des  Juifs  à  Ticonoclastie, 
notre  auteur  renvoie  à  Sachs,  jî«7râ>^,  I,  78;  mais  dans  Sachs  on 
ne  trouve  qu'une  simple  hypothèse  relative  à  l'origine  d'une  prière 
qui  pourrait  dater  du  temps  du  mouvement  iconoclaste. 

DnanrO"»»  est  mal  rendu,  p.  56,  comme  chez  les  autres  lexico- 
graphes. Ce  mot,  dans  le  Talmud,  ne  signifie  nullement  asperge, 
mais  a  le  sens  du  grec  acrrapayo;.  qui  est  traduit  par  les  dictionnaires 
grecs  :  la  jeune  pousse  de  diverses  plantes  mangée  comme  légume. 
Parmi  les  espèces  mangeables  du  aTirapaiYo;,  Gallien  nomme  en  pre- 
mier rang  le  a^Tcapavoç  du  chou,  xpaji^T),  appelé  germe  du  chou,  c'est  ce 
légume  que  la  Mischna  désigne  par  DisncD'^fi^  {Nedarim,  vi,  40,  T^De- 
mat,  IV,  54,  7  ;  T,  Nedar,  III,  279,  5);  quiconque  comprend  ces  pas- 
sages verra  que  dans  la  Mischna,  le  mot  en  question  signifie  exclusi- 
vement germe  du  chou,  cyma.  La  boisson  d'asparagus  est  également, 
d'après  Texplication  authentique  des  gaonim,  du  vin  fait  avec  des 
choux  en  germe  (V.  Pflanzennamen,  p.  52,  et  û'^3ifi<5ïi  maion,  éd. 
Harkavy,  p.  496)  :  NnpDrr  Nirsn  nn»  bi:iy  -.m  mnsa  'c»  ■•s  jm 
iD^Dn  Tina-i  i-^-^n  tjnna  n:tît3  T^ruTai  -  •  •  osncoî^. 

Malgré  les  soins  qu'il  apporte  dans  ses  comparaisons  avec  le  grec, 
notre  auteur  a  néanmoins  commis  sur  ce  point  un  certain  nombre 
d'erreurs.  D3nnN,  qui  répond,  comme  dit  Fleischer  dans  le  diction- 
naire Levy,  I,  470,  283,  au  mot  arabe  DN:nr  (V.  Arukhel  R.  Cha- 
nanel  sur  ce  mot),  est,  selon  lui,  pajivo;,  ce  qui  est  absolument  faux, 
d'autant  plus  que  ce  mot  j^rec  a  le  même  sens  que  Taraméen  K12». 
Ktaan.  Par  contre,  bsn^K,  qui  est  certainement  d'origine  étrangère 
[Schek,,  5, 2  ;  T.  ScheL,  II,  477;  T.  Jorn.,  1, 480,  25;  .yt/H,  I,  416.  Ua, 


BÏBLIOGKAPHIE 


m 


riedm.;  Lékach  toh,  Korah,  p.  23i;  T.  Eoray.,  TI,  VlW,  "29,  Levy,  m, 
>3J  est  tirô  do  Y'^  P^^*"  ^  '^^^'^-  t^'^î**  Perles,  Eiym.  Siud.,  <06,  Nt3l- 
deke  lit,  Centralèlait,  4875,  p*  876  :  âmârkar;  Lagarde,  Semiiica^ 

KP  451, 
Notre  auteur  fait  peu  de  comparaisoas  avec  les  langues  parentes, 
^est  à  peine  si  de  temps  à  autre  on  reucontre  uae  réminiscence 
ssyrienne,  un  renvoi  au  dicLioonaire  syriaque  ou  à  la  grammaire 
mandceono  de  M.  Noldeke.  C'est  ainsi  qull  omet  de  comparer 
KS731N  avec  ie  syriaque  K^tT^n^^,  et  Nîsaftï  avec  le  syriaque  «sd:?* 

Il  me  reste  encore  un  reproche  très  important  à  faire  à  Fouvrage 
de  M.  Jastrow,  Il  a  déjà  élé  dit,  plus  haut,  que  M.  J.  s'est  contenté 
^oie  citer  les  exemples  trouvés  dans  d'autres  lexiques.  Jusqu'à  pré- 
fpeul,  l<*s  auteurs  de  lexiques  talmudiques  ont  cherché,  à  l'ioslar  de 
VÂrukh,  é  éclairer  par  des  exemples  et  a  expliquer  le  sens  des  mots 
rares  et  difficiles  du  Talmud^  de  sorte  que  leurs  dictionnaires  sont 
plutôt  des  recueils  de  raretés  que  des  listes  sérieuses  des  mots  con- 
tenus dans  la  littérature  talmudique.  Il  en  résulte  que  les  mots  de  la 
niisclma  ne  sont  cités  qu'eu  petit  nombre,  quand,  au  contraire,  un 

Ees  devoirs   les    plus  importants  de  la   lexicographie  talmudique 
erait  de  montrer  le  nombre  de  mots  bibliques  encore  eu  usage  du 
tmps  de  la  mischna  et  la  part  de  bon  hébreu  conservée  et  utilisée 
uaDS  ce  recueil  Toute  cette  partie  de  lexicographie  a  été  constam- 
ment négligée,  parce  qu'elle  ne  permeliait  pas  de  comparaisons  in- 
Kénieuses  avec  les  langues  étrangères,  comme  les  termes  obscurs  du 
almud;  le  ^l:^^«rT  (livraison  I-V()  de  Fiinne  a  commeiicô  à  réagir 
contre  ce  système.  Prenons  quelques  exemples  :  Pour  bsK  au  hU- 
pael,  le  dictionnaire  de  M*  Jaslrow  ne  cite,  à  lexception  d'un  seul 
passage,  que  les  exemples  donnés  par  M.  Levy  et  M.  Lattes  dans 
^fiuoto  sagfio  di  giunie  e  correzioni  al  kssica  taîmudico  [Um-Fkis-* 
Hp!Â<fr),  Roma,  1881,  p.  6.  Les  exemples  pour  un  mot  de  la  miscbna  no 
Hlevraient  pas  être  choisis  dans  le  Tanhûma  et  le  Pesikla,  mais  dans 
"des  documents  pljs  anciens;  par  ex,,  b3«nn  se  trouve  dans  T.  Soia, 
XV,   3ii,  i2,  b^^nrîb;  ib,  323,  2,  bnxnTon  ;  T.  M.   KcJ.,  Il,  231,  2, 
^^3Hn'>  ;  pi.  Sanh,  G,  G,  t'^'^nxnT^  ;j.  M,  Kat.,  IIÎ,  h2  rf,  7i-7i.  M  y  a 
Haussi  trop  peu  dVxempies  pour  ba»,  on  aurait  pu  citer  :  M,  Kal.^  2, 
Mê  ;  T\  Taan.,  Il,  217,  3  ;  IV,  2i0,  i  —  bnîtn  rr^s  T.  Bb,,  YI,  40G,  11  ; 
^T.  Meg.,  IV,  226,  15.  *6;  T.  Nid,,  IX»  65Î,  34,  etc.  —  ij»,  3,  on  aurait 
.pu  citer   T.  Saùè,,  lY,  1!3,  16;  V,  116,    U;  T,  MaV,  VI,   658,22; 
■cn.Ni,  Hihl.    T,  Mikt,,  III,  655,  29,  d-.TQ-'T^n;  ts-^^KTa   T.  Kd.  Bk., 
pïl/m,  i,  5;  T.  Para,   II,  631,  26;   T.Schabb.,  YIII,  M\,  2,   Pour 
un  mot  comme  ans,  M.  J.  se  contente  des  exemples  de  MM.  Levy 
et  Lattes,  Ce  mot  se  rencontre  trt;s  fréquemment,  il  est  donc  néces- 
saire d'en  citer  des  exemples  caractéristiques.   Sans  songer  nulle- 
ment à  établir  une  Concordance  du  Talmud,  il  me  semble  que, 
pour  cette  racine,  il  faudrait  mentionner  les  passages  suivants  : 
3nK,/.  Snk,,  II,  20  c,  29;  arrit,   T,  BL,  XI,  4U,  17;  B€r,y)ia\  Eruk, 


158  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

22^;  Pes.,  413*;  Taan,,  2i  a;  Jeb.y  62  b;  Afenah.,  65  a;  Ab.,  6,  6; 
Snk,,  ilb\  Bm,  32  *  ;  Der.  Eréç  zutta,  IX.  —  iarj»,  opposé  à  léCio, 
T.  Bm,,  II,  375,  11;  Ab.  z.,  4*a,  35  *;  Ab.  de  R.  Natk.,  XXIII  «, 
p.  75,  Schcchter.  —  A  côté  de  1:30.  T.  Ab.  z,,  III,  464,  22;  à  côté  de 
imnp,  j,  Joma,  II,  39  rf,  9  ;  à  côté  de  "^anix,  Ber:,  32a.—  û'^nmx,  Aboi, 
2,  3;  Mech,,  Bo.,  V,  p.  5,  Friedmanu  ;  opposé  à  1"»n:TO,  T.  i^<- 
na^.,  XIII,  534,  2;  Pes.y  113  *;  Meg,,  16  a;  opposé  à  û'^n-^iK,  Kidi,, 
30*.  —  ramî<?,  Jom.,  7,  4;  T.  /^o»t.,  IV,  189, 13.  —  am«  — airw, 
SifrU  II»  ^21,  99a,  Friedmana;  Mech,.»  Misp.y  II,  p.  76  b,  Friedm.; 
Kidd.,  22a.  —  ainN,  ^^r.,  17  a,  Ab.,  6,  6  ;  nann»,  />^^.,  118  *  ;  û'^ain», 
Taan,,  20  a.  —  Ilif.  f^a'>nK):rî,  Sifri,  II,  i7,  p.  83  a,  25-27,  Friedm. 

Pour  l^iK,  les  exemples  soat  cités  d'après  Laites,  Saggio,  36  :  T. 
Kel.  Bm.y  IX,  688, 14  ;  opposé  à  l'^Dn.  Il  y  avait  encore  à  menlionner 
deux  passages  du  Glossaire  de  M.  Zuckermaadel,  T.  Mikv.y  VI,  658, 
23  ;  VII,  659,  33. 

ni»  (daprès  Levy),  Nifal  :  T.  Taan.,  II,  215,  19,  Var.;  Joma,  8.6 
(Latt.,  Mise.  post.)\  T.  Jom.,  V,  190,  3. 

'X.  Exemples  iusuffisants.  Voir  Erub.,  5,  9  ;  Naz.^  5,  3  ;  Jeb.^  1, 1  ; 
Sifra.td,  5,  Weiss;  i^ota,  8, 1  ;  Bm.,  5,  3;  Snh.,  4,  5;  6,  2;  Ah.  z.,  3, 
4;  A*.,  2, 1;  —  à  Télat  construit,  n^DCN  '»,  Pes.,  7,  2  (i/^».,  11,  3); 
Schek.,  31  ;  Sota,  5,  3;  Schebuot,  3,  8;  Zeb.,  1,4;  ^^cA.,  2,  6  ;  9,  5;  7. 
Pes..  V,  163, 10;  T.  Soi.,  322,  22;  T.  Oit.,  331,  26  ;  T.  Snk.,  429,  42  ;  T. 
Kel.  Bk.,  573, 18. 

^'OEK  »»  se  trouve  en  trente  endroits  de  la  Mischna  (y  compris  la 
Tosefla). 

Je  donne  ces  exemples  pour  prouver  combien  il  était  peu  néces- 
saire de  s'en  tenir  aux  citations  de  ses  prédécesseurs,  si  on  avait 
fait  des  recherches  préparatoires  pour  composer  un  dictionnaire 
talmudique. 

Encore  quatre  exemples  : 

rra\%  T.  Schabb.,  XIII,  129,  9;Sifri,  I,  42p.  13a,  ^3,  Friedmann. 

1»N.  On  trouve  chez  M.  J.  quatre  passages  du  Talmud  et  un  pas- 
sage du  Midrasch,  d'après  M.  Levy.  Voir  encore  TON,  T.  Erub.,  VI, 
145,4;  T.  7mwr.,I,  551,31.  ûnmN.  Arac^.,  8,  7;  iVa;:.,  1,  6;  ^/t.,  8, 1; 
T.  Bk.,  \,  346,  2'J  ;  Mak.,  1,  1;  T.  Mah.,  I,  438,  32.~'mN  l'nttlwX,  Pea, 
5,1;  r.  Git.,  7,  3  ;  T.Arach.,  III,  545,  32,  33.  V'^IN  —  nmTON,  Mak.,  3, 
1 1  ;  r.  Mak.,  IV,  4l:i,  21  ;  V,  444,  26-32  ;  445,  2-3.  —  iniTON,  Snh..  9, 1  ; 
j.Snh.,  IX,  27  a,  40-50;  Naz.,  9,  4;;.  Naz.,  58  a,  17-26;  T.  Bk.,  IX,  363, 
22  et  note.  —  ton\  T.  Arach,,  III,  545,  33. 

I^n»,  ouvrier.  Au  lieu  de  prendre  les  exemples  donnés  par  VArukk 
et  M.  Levy,  on  aurait  pu  citer  :  Beza,  1,10;  Arach,,  6,  3  ;;.  Sabb.,  II, 
3^,  25.  31  ;  XIV,  14c,  15;  j.  Joma,  V,  42  b,  13;;.  Schek.,  IV,  483.8; 
Schebiit,  lJ,6;j.Af.  Scheni,  1, 52  rf,  27,  29  ;  —  'n  O-^-nn»,  T.  Ab.  z.,  IV, 
467,  20;  b.  34  b.  — 173-|«,  opposé  à  ai-^Tn,  if.  Za^,  1,  8, 10  ;  Kel.,  26,  1  ; 
T.  Bk..  367,  17.  —Opposé  à  rr^arr  b^a.  r.  .ffw.,  VII,  387, 10-14;  X,  394, 
4.  -  '«  n-»a,  />«f.,  4, 7  ;  r.  ^<jAaW.,  XIV,  131 ,  16  ;  if .  Kat.y  2,  4  ;  r.  «.. 


BIBLIOGRAPHIE  1»9 

X.  368, 24  ;  Bm.,  2, 2  ;  KeL,  5,  4  ;  T.  Kel.Bh.,  I,  591, 22;  T.  Kel.  Bk.,  IV, 
573,  48,  25,  27  ;  —  opposé  à  n-'3n  hy'i  n-in,  T.  Mikv.,  VI,  639,  o-8  ;  — 
comme  adjectif:  'K  n^"»»,  T.  Bm.,  XI,  395,21;  'X  nna,  T.  Bez.,  III,  205, 
49  :  \s  oaiD  (w),  r.  iS:^^  -ff^.,  I,  590,  36  ;  'fi<  -ib:;b,  Schabb.,  \ZZb\  'N  kdti 
(medicus  artifex,  Lattes,  Saggio,  p.  52\  7.  (?i^,  IV,  328, 2  ;  T.  Bk.,  VI, 
355,  24;  T.  MaL,  II,  439,  28  ;  Bb.,  21  a;  —  Pluriel,  pîaiN,  j?«r.,  2,  4  ; 
Bk.,  9,  3;  5/».,  6. 1-2  ;  ^^.,  3,  3;  T,  Bb,,  II.  399,  32;  Aboda  zara,  5,  7; 
Tohor.,  7,  3;  —  siguifiant  les  ouvriers  du  temple  :  Sckek.,  4,  5-6;  T. 
Sehek.,  II,  176,  12;  r.  if<îi/a,  I,  558,  29;  Tarn.,  7, 1;  Mrf.,  4,  5;  Kel.,  17, 
9;  T.  À>/.  5^.,  11,591,39;—  d'Alexandrie  :  T.  Joma,  II,  184,  1,12;  j. 
III,  41  a,  41-54;  7.  Arack.,  II,  544,  21-23.  —  pw^n  'DV  "^^xanN,  r.  iSTa^., 
111,238,  21. 

no^'N,  comme  désignation  d'une  monnaie.  Exemples  (donnés  d'après 
M.  Levy)  très  insuffisants.  Voir  Sckebi,,  8,  4;  Maccs,,  2,  5;  if.  Schéni, 
4,  8;  r.  Pm„  III,  377,  8-9-25  ;  T.  Bb„  V,  405,  20-21  ;  Schebuot,  7,  6.  'Kl 
N. Scheni,  4,  3.  '«a,  Maas,,  2, 5,  6;  M.  Schèni,  4,  8;  Arack.,  8, 1;  ^r«^., 
7, 10.  'Nrr  —  'ND,  Bb.,  5,  9.  'N5,  Bk.,  8,  6;  ^W.,  12,  5.  NSn,  r.  ylracÂ., 
II.  544,  27.  'fi<b,  r.  -ff^.,  V,  405,  20.  VrjWïl  nO'^Kn.  Kidd.,  1  ;  i.I,  58  rf, 
30  •  'awn  '«D,  ^î/Z.,  3,  2;  T.  HuL,  III,  50i,  21  ;  T.  Becàor,,  V,  540.  4; 
mkv.,  9,  5.  —  Pluriel,  in^"^"^.  ^»«-,  '^,  ^  ;  T.  Bb.,  V,  405,  21 .  —  mnO^N 
(omis:.  Pea,  8;  T.  Schebi.,  VI,  70,  9;  T.  Bm.,  III,  377,  22;  Beckor.,  4,  5. 
Quelques  observations,  pour  finir. 

P.  2  a,  15,  cuscuta,  lis.  cucumber.  —  3^,  U,  KiL,  III,  lis.  VIII.  — 
Jb,,  29  :  Eupatorium,  lis.  Plantago  —4a  5  d'en  bas,  y  a  rayer.  — 
5ia,  8.0,  lis. 81.  —  8fl,  26,  IV,  lis  IX.  —  13  b,  5,  «  except.  Syr.  »,  lis.  à 
lexceptio7i  du  dialecte  syro-arabe,  —  17  b,  10,  VII,  lis.  VIII;  19  a,  46 
d'en  bas,  I,  lis.  II.  —  20^  6,  «bnN  ne  signifie  pas  aloes.  —  Ib.,  17, 
624,  lis.  62.i  —  23  a,  5,  lîl,  lis.  II.  —  34  a,  21,  V,  6,  lis.  IV,  -1^.  —40  a, 
manque  l'arlicle  MT^nN  auquel  on  renvoie  ^«^  ïiT'nîî.  —  Dip'^::s''i<,  58  b, 
est  lu  par  M.  Jasfrow  Vp^or»  {Tankiima  Vayesckeb,  éd.  Buber,  p.  2); 
ce  mol,  comme  l'a  reconnu  MordUnann,  répond  à  oi^ix'.ov,  obsequium, 
la  suite  du  roi  (Oes terre ickiscke  Monatsckrift  filr  den  Orient^  1886, 
p.  116^.) 

SiegediD,  6  janvier  1888. 

Immanuel  Loew. 


f^>l 


RETUE  DES  ETtDGS  JLIVES 


ADDITIONS  ET  RECTIFICATIONS 


Tome  XIII,  p.  208.  —  Dans  le  -^a  r3,  section  da  litael  dite  jrs-^'p'i 
(édition  de  CoDslanlinopIe,  1519,  4^  sans  pagin.)^  nous  sTons  tioni 
imprimées  deux  poésies  ritaéliques  de  Toffice  da  soir  de  Rosdi  hë-êdutà 
que  nous  avions  supposées  inédiles  :  1**  celle  qui  commence  par  les  Mil 
D^n23  ^:i~»  ;  2**  y^iz»  y^jz-  Ce  texte  est  imprimé  après loffice  de  Eçpov, 
et  Timprîmcur,  sans  justifier  ce  déplacement,  se  contente  de  dire  :  7QTB 
TSnpr  CCC  B'y»  n:n  ly-  —  Malse  Schwab. 

Tome  XV,  p.  297.  —  Le  mot  (Nj^în"»,  qu'il  faut  transcrire  en  françeis/rib. 
se  retrouve  sur  une  pierre  tumulaire  à  Dijon,  et  avait  été  la  patr  M.  lerabbit 
Gerson  [Revue,  IV,  23)  :  Yvette.  Notre  nom  n*a  rien  à  Toir  «tcc  le  nm 
de  femme  m::^'^»  mentionné  dans  les  Consultations  de  Jacoh  Léri,  n*55. 
Cf.  Zunz,  dans  son  opuscule  Namen  der  Juden  {GesammeUe  SckrifteUy  t  n, 
p.  49}.  Dans  notre  nom  écrit  fictsfi^l'^»  soit  à  Mantes,  soit  à  Dijon,  le  premier 
M  ne  saurait  ôlrc  annulé,  comme  il  le  serait  par  la  transcription  Jutta,  que 
propose  le  journal  Melitz,  au  n®  13  de  cette  année,  en  se  référant  à  l'hypo- 
thèse de  ZuDz  pour  un  nom  d'une  orthographe  diâércnte-  —  Dans  un  contrat 
hébreu  du  xiii^*  siècle  imprimé  dans  la  récente  publication  de  M.  DaTis,on 
retrouve  le  môme  nom  de  ô<::nts.  —  Sch. 

L'orthographe  du  nom  de  Kwi(*1^  est  maintenant  assuiée,  il  n*en  est  pas 
de  même  de  la  prononciation  de  ce  nom.  Icette  nous  paraît  impossible,  il 
faudrait  Nis-^n*^»,  ou  au  moins  NCa-^VN.  Tout  au  plus  pourrait-on  supposer 
qu'il  faut  lire  Jivetle  (voir  Revue,  I,  p.  08).  —  /.  Loeb, 


Le  gérant, 

Israël  Lkvi. 


VERSAILLES,  IMPHIBIERIE  CERF  ET  FILS,  RUE  DUFLESSIS,  59. 


LES  MONNAIES  DE  SIMON 


DU  TEMPS  DE  LINSURRECTION  DES  JUIFS  SOUS  ADRIEN 


La  îiiimismatique  juive,  ou  même  la  numismatique  en  général» 
l'a  pas  encore  pu  résoudre  le  problème  que  soulèvent  les  mon- 
[taies  appelées  monnaies  de  Simon  et  dont  on  trouve  de  nom- 
eux  exemplaires  dans  diverses  collections  '.  Presque  tous  les 
iumismates  les  attribuent,  avec  M.  de  Saulcy,  à  Tépoque  de  Bar- 
Bokheba,  et  ils  les  désignent  même  sous  le  nom  de  monnaies  de 
9arcokheba.  Cette  assertion  est  fondée  sur  une  tradition  conservée 
lans  le  Talmud  et  diaprés  laquelle  il  aurait  existé  réellement  des 
lonnaies  de  Barcokheba  ou  de  la  révolte  :  p  lias  inîjTû  7X2*.^ 
l'^'ï^^.  Mailla  difficulté  est  d'expliquer  quel  était  ce  Simon  ;  on  a 
[>rétenclu  que  Simon  était  le  prénom  de  Barcokheba,  mais  rien 
n'est  moins  prouvé.  De  plus,  si  les  monnaies  de  Simon  étaient 
identiques  aux  pt^itis  m:??:,  elles  devraient  porter  le  nom  de 
monnaies  de  KoKîba,  ou  la  tradition  lalmudique  devrait  mention- 
ner aussi  des  p^?:!»  ba  puk.  Il  est  à  peine  besoin  de  faire  re- 
marquer qu'il  n'e^t  pas  possible  d'admettre  que,  pour  frapper  des 
monnaies  sous  Barcokheba»  on  se  soit  servi  d'un  ancien  coin  por- 
tant le  nom  de  Simon  et  ayant  appartenu  à  Simon  Macchabée  ou  à 
Simon  hén  Gamaliel  ou  bien  à  Simon  bar  Giora.  Ce  coiu  n'aurait 
pu  être  conservé  que  par  un  miracle  à  travers  tant  et  de  si  terri- 
bles catastroplies.  Du  reste,  la  légende  des  monnaies  de  Simon  est 
en  partie  difl'érente  de  celle  des  monnaies  qu'on  peut  faire  remon- 
ter, avec  quelque  raison,  à  Tépoque  de  la  première  révolte  des 
Juifs. 

Les  monnaies  dont  nous  nous  occupons  ici  présentent  encore 
tine  autre  difhcui té,  à  laquelle  len  numismates  n*ont  accordé  au- 

'    Pour  évii«r  kn  rép^Lition^,   nous  nmoyous  à  Maddeo,  Nnmismata  Orienfaliûf 
][,|},  233  elBuiv. 

T,  XVI.  ^"  n.  H 


162  R£Vl  E  DES  ETTDCS  JCITES 

cune  attention.  Plusieurs  d'entre  elles,  malgré  leur  ressemUaiice 
avec  ie^  autres,  portent  le  nom  de  ttc  (dans  les  coUectîoiis  de 
MM.  de  Saulcy,  de  Vogué  et  Reichbardt  :  Yoir  Madden,  o*  11, 1^ 
32 '36t.  11  ne  semble  pas  que  ce  mot  soit  une  abréTialion  def^T^i 
car  tous  les  exemplaires  de  ces  monnaies  préseoteni  une  soriaoe 
f^uffijïaDte  pour  contenir  ce  nom  en  entier*.  H.  de  Saulcy  afiit 
bien  remarqué  ce  mot  de  rie  et  accordé  que  ce  n'était  pas  l'ahré- 
▼iation  de  yr^-z  ;  d'après  lui,  ce  serait  le  commencement  du  credo 
bwrrz^  T'yz  *  :  c'est  Texplication  d'un  commentateur  aux  abois;  le 
mot  7'z'Z  de  nos  m'jnuaies  représente  certainement  un  nom  pro- 
pre, mais  lequel  1 

Peut-<^tre  faut-il  chercher  l'explication  du  nom  de  arrc  et  même 
de  celui  de  yt^'z,  gravés  sur  de  nombreuses  monnaies,  d'un  tout 
autre  c^jté  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'à  ce  jour.  Il  faut  admettre 
comme  certain  qu'Adrien  a^ait  autorisé  les  Juifs  à  reconstruire 
la  ville  et  le  temple  de  Jérusalem.  Ce  fait  est  attesté  parla 
tradition  juive  et  par  des  auteurs  chrétiens.  D'après  Epiphane, 
Père  de  l'Eglise,  né  juif  et  qui  a  vécu  en  Palestine,  Adrien  aurait 
confié  au  traducteur  Âkylas  la  surveillance  des  travaux  de  res- 
tauration ^,  et,  s'il  se  trompe  sur  le  nom  du  surveillant,  c'est  on 
simple  lapsus.  L'épilre  de  Barnabe  S  qui  est  de  Tépoque  d'Adrien, 
montre  encore  plus  clairement  que  les  Romains,  qui  avaient  détruit 
le  temple,  le  firent  aussi  rebâtir.  A  ce  fait  s'en  rattache  an  autre, 
c'est  que  deux  frères,  Julien  et  Pappos,  déployèrent  un  zèle  extra* 
ordinaire  pour  la  reconstruction  du  temple  :  ils  établirent  des 
échoppes  de  changeur  depuis  Ptolémaïs  jusqu'à  Antioche  et  recueil- 
lirent des  souscriptions  pour  payer  les  ouvriers  *.  C'étaient  les  deux 
personnages  importants;  un  document,  qui  est  du  temps  oii  ils 
subirent  le  martyre,  les  appelle  a  l'orgueil  d'Israël^  ».  Ils  étaient 
d'Alexandrie  ou  môme,  ce  qui  est  très  probable,  ils  descendaient 
de  Tarabarche  Julius  Alexandre  Lysimachos,  qui  a  vécu  au  temps 
de  Caligula  et  de  Claude  ;  hypothèse  qui  semble  confirmée  par  le 

*  (loiriparer  l'exemplaire  publié  dans  Revue  lies  FfUiles  juives,  XV,  p.  59,  n*  4. 

*  De  Saulcy,  Mdanijet  de  numitmatiçue^  1877,  p.  89. 

•  [à  *A5;>iav6;)   xaOi«jTr,Tiv  avTÔv  (tôv   'AxvXav)  toî;  épyoïç  r^;  noXeo*;  xxivyMxwt, 

♦  J'JjjïUf  de  BaniabaSf  chap.  xvi  :  èy/tôxaTE  ôti  (laTaîa  ifj  iÀTîî;  aùrùv.  IIcps^  "ifo-v 
).i^i\  :  \Wj  oî  xaO^Àôvxe;  tôv  vaôv  toOtov,  aÙToi  aOràv  otxoSo(irjiTOV(Ttv.  yivcTai.  ^'.i 
^àp  TÔ  7ro).f|i,giv  avTOv;  y.%hr/^ihr^  Onô  Tùiv  i'/Hod^.  vOv  xal  aOroi  x«l  bi  tiôv  iyh^in^ 
\iT,rt;,ix7.\  àvoixoooiirjTOvsiv  avTÔv. 

'  Midraech  sur  Genèse^  chap.  lxiv  ;  ri^b'a  ÏI^IU  X'^ïTI  \2  3^01ÏT^  ^Dl  ^t'^2 

ûD-ii:  bsi  nnn  vp-D  nbis  'b^yh  l-^pco):  vm. 

•  Sifra,  sur  "^mpH^  à  propos  des  mots  C::t:^  \y^y,  dit  :  t3ÏT3  Û'^K-lïl  I^K 
mam  ■•mSODbN  ClS^-^bV^I   OICD  lias  bK-io-»  bO  D:i»:i;  H  faut  lire  mm 

doute  n-^HK  •^mso^b»  o-i:N"^bnb. 


LBS  MONNAIES  DE  SIMON 


ie3 


I 
I 


I 


nom  de  Juîianus  Alexandre.  Ils  auraient  étë  mis  à  mort  pendant  la 
«  guerre  de  Quietus  »,  mais  ils  furent  sauvés  par  la  destitution  et  la 
mort  de  Quietus,  et,  en  souvenir  de  leur  délivrance,  le  12  adar  fut 
considéré  dorénavant  comme  jour  féri^j*  On  peut  bien  s'imaginer 
que  si  les  Juifîi  voulaient  obtenir  d'Adrien  le  droit  de  reconstruire 
le  temple,  r/est  Julien  et  Pappos  qui  devaient  conduire  les  négo- 
ciations, ils  jouissaient  d'une  grande  considération  et  parlaient  la 
langue  grecque.  Lorsque  Tempereur,  après  la  mort  deTrajan,  vint 
séjourner  quelque  temps  à  Antiocbe,  ils  étaient  tout  désignés  pour 
traiter  devant  lui  cette  question  si  importante*  Une  fois  Tautorisa- 
tion  obtenue,  ils  établirent  des  tables  de  changeurs  pour  la  col- 
lecte des  dons  et  le  change  des  monnaies  olfertes,  et  probablement 
Us  furent  les  trésoriers  de  Tœuvre  de  la  reconstruction* 

Il  est  également  certain  que  Julien  et  Pa|4>os  ont  survécu  à  la 
guerre  de  Betiiar  et  ont  été  faits  prisonniers  Inrsde  la  persécution 
religieuse  dirigée  par  Adrien  contre  les  Juifs  D'après  la  tradition, 
le  tribunal  institué  par  Adrien  ou  son  lieutenant  aurait  demandé  à 
Julien  et  à  Pappos,  dans  l'intention  de  les  sauver,  de  faire  sem- 
blant de  boire  du  vin  des  idolâtres  en  buvant  de  Teau  dans  une 
coupe  de  couleur  *.  Circonstance  qui  témoigne  de  la  considération 
qu'insidrait  leur  situation  importante.  Les  juges  espéraient  que 
l'exemple  donné  par  des  personnages  aussi  considérables  engage- 
rait la  foule  à  déserter  le  judaïsme.  Mais,  comme  ils  ne  voulaient 
pas,  même  en  apparence,  violer  leur  loi,  ils  furejit  exécutés,  et  leur 
martyre  produisit  sur  leurs  coreligionnaires  une  impression  si 
douloureuse  qu'on  abolit  le  jour  de  Trajan,  qui  avait  été  institué 
pour  commémorer  leur  délivrance  antérieure  **  Ces  deux  martyrs 
portent  un  autre  nom  dans  le  Talmud  babylonien  ^,  ils  sont  appe- 
lés :  «  Schemaya  et  son  frère  »  ;  mais  ce  sont  certainement  les 
mêmes  personnages  que  ceux  dont  parle  ïe  Talniud  de  Jérusalem, 
Tun  d  eux,  Julien  ou  Pappos,  portait  donc,  en  outre,  le  nom  de 
TVTfZ'û*  Cette  conclusion  est  confirmée  par  une  étude  comparative 
du  passage  du  Talmud  babylonien  et  d'un  passage  du  Midrasch 
KohéleL,  Dans  ce  dernier  texte,  on  désigne  Julien  et  Pappos 
comme  étant  les  »  martyrs  de  Lydda  »,  et  on  dit  quils  occupent 


>  Ttfimtf,  18  *  :  nsnnsi  5*a«-in  rnbD3  -^br^^  n^^^^  air'^'na    ei-' 

Vnm  nT*30.  m.  J«  Uereulmurg  a  raiaon  d  indiquer  b  vemoa  l'^nS*'  H^^^TSt!? 
comme  ia  seule  boone^  elle  est  coiilirméc  pir  un  ins,  an  r^rw^A.  La  Uçon  rî^i^T^D 
l**nî<  n^HMl  efti  fiu8«et  «Ue  «tt  néo^  comm«  k  dit  déjà  M»  Dereabourg,  d'tiae  dit- 
iQgraphie. 


iu 


KEVUE  DES  ÉTLTDES  JUIVES 


an  paradis  une  place  privilégit^e.  Or»  le  Talmud  de  Babylone  émet 
la  môme  assertion  au  sujet  de  n'^rr^tS  et  de  son  frère  \  U  parait 
donc  certain  que  les  «  martyre  de  Lydda  »  ne  sont  autres  que  Julieti 
etPaïqjoset  que  Tun  d'eux  s'appelait  t^galement  Scliemaya,  Julien 
et  Pappos  étant  donnés  comme  deux  frères,  il  en  résulte  que  rry^z 
i^n^T,  ti  Scliemaya  et  son  frère  «,  sont  identiques  à  diddt  ms'^^Ks 
rnx  fl  Julien  et  Pappos  son  fr^Te  ».  Ils  ont  sans  doute  été  exécutés 
à  r.ydda;  de  là,  leur  nom  de  luarlyrs  de  Lydda.  Leur  exécutij 
eut  iieu  après  la  chute  de  Betliar. 

Si  je  ne  me  trompe,  un  autre  passage  talmodique  fait  allusion 
ce  semble,  à  la  mort  de  ces  deux  frères  et  la  place  à  la  même  date 
que  Texécution  de  Juda  ben  Baba. 

On  sait  que  les  faits  que  le  Talmud  donne  comme  causes  li  an»^ 
éclipse  de  soleil  sont  des  événements  liistoriques.  Quand  le  Tal- 
mud déclare  que  les  éclipses  de  soleil  sont  dues  à  divers  péchés,  il 
veut  dire  qu*à  Fépoque  où  eut  lieu  certaine  éclipse  de  soleil,  divers 
malheurs  se  prodoisirenK  Or,  d*après  lui,  l'éclipsé  de  soleil  se  pro- 
duit quand  le  vice-président  du  Synhédrin  est  enterré  sans  oraison 
funèbre*.,  et  que  le  sang  de  deux  frères  a  été  versé  en  même 
t*'mps**  Le  vice-président  du  Synhédrin  auquel  ce  passage  fait  allu- 
sion est  Juba  ben  Baba,  dont  on  raconte,  en  effet,  qu*il  fut  ioliumé 
sans  oraison  funèbre^,  et  les  deux  frères  sont  vraisemblablement 
Julien  et  Pappos,  Ce  point  n'est,  du  reste,  de  nulle  importance 
pour  la  question  que  nous  examinons  ici. 

Ce  qui  importe,  ce  sont  les  faits  suivant^  qui  nous  paraissent 
acquis  :  1'*  les  deux  frères  Julien  et  Pappos  ont  joué  «  sous  Adrien  o 
uu  rôle  prépondérant,  celui  de  chefs;  2°  ils  ont  joui  d'une  très 


inv^bm  iî4Db  «aa  ^iz  "^tcn  oissi  oirK^-^bnb  bï3  vns-in  ^^lyrrz  ynz 

li'^n.  il  est  clair  qu'il  s'agit  ici  seulement  de  demm  choses  diLtcrentcs  que  H«  Acbi 
a  vues  eu  songe  ;  les  nb  ^wlinî^  sotil  donc  idemiques  à  Julisn  et  k  Pftpp^. 
Le  commcatateur  a  mal  tompns  ce  passage,  il  y  voit  à  tort  une  allusion  à  trou 
choses  di^Téreates.  Eu  parlant  de  la  tache  flns^n)  qui  les  souillait  et  dont  le 
inarljre  les  a  purilié:»^  le  Midrasch  a  sans  duutc  eu  vue  une  Tau  le  qu'ils  avalcat 
cjiumise.  Le   Tnlmud  babylonieu   [Pessaehim^  50  û)  dit  :  D*^*j?3lî*   VÎTiS   ^r*'3wT 

m^b^  ■'jiiin  D^iri«  'i^rrci  ^•^^7:ï:^  ii^d  i"!n?:bm  "{i^zb  a^'D  ^îs  "^"ïc» 

ln^'n?:3  n?3jb  blD'^  m»  l'^Û*.  L^ipressioa  n^obn  "liinn  est  expUquéB 
un  pou  plus  loin  par  les  mois  lib  "^^l^^n»  dont  VAfukh  (s,  v.  3"tn)  a  la  vaîùutc 
115*7  l^nSi  '^V'D*  L'Arukh,  qui  le  savait  faos  doulc  par  iradUioD,  dit  que  ces  deui 
Trères  étaicDt  Schéma ff a  et  son  f*ère  ;  -j^ïts    2"-f3   linrjStî    Trîî*1    n"':?î3C    2m 

«  tSac^ra,  29// 3  «bi  n?:D  y^  r-^3  2«  b3?  r-^-^h  rr73nn  D''i3i 't  b^'Ka 

>  MonatHcknft,  ieS4,  p.  îi4t. 


LES  MONNAIES  DE  SIMON 


Irto 


grande  considération  ;  3^  l'un  d'eux  portait  aussi  le  nom  de  Sche- 
maya.  Les  Iraditions  historiques  ne  nous  font  connaitre  aucune 
autre  personnalité  qui,  à  cette  époque,  ait  eu  une  autorité  éj^ale 
à  celle  de  ces  deux  frères. 

Nous  savons  que  Fun  d'eux,  soit  Julien^  soit  Pappos,  s*appelait 

'  Schemaya;  quel  nom  hébreu  portait  l'autre?  Car,  du  moment  que 

Fun  (Veox  portait  un  nom  héljreu  h  vMé  de  son  nom  latin  ou  grec, 

Tautre  avait  apparemment  un  nom  hébreu.  Un  passage  du  Talmud 

nous  aidera  à  résoudre  ce  problème. 

Il  existe  une  tradition  relativement  à  Samuel  le  Jeune  (r.m^a 
*|t3pn)  qui  parait  très  vraisemblable.  D  après  cette  tradition,  Sa- 
muel aurait  prédit,  en  langue  araméenne,  quelque  temps  avant  sa 
mort,  que  des  malheurs  atteindraient  les  Juifs,  et  il  aurait  pro- 
noncé à  cette  occasion  deux  noms  propres.  Les  assistants,  tout  fu 
ne  comprenant  pas  le  sens  de  cette  prédiction,  se  seraient  cepen- 
dant souvenus  des  termes  dans  lesquels  elle  aurait  été  prononcée 
et  qui  auraient  été  les  suivants  ;  «  Simon  et  Ismaél  sont  destinés  à 
Tanéantisseraent  et  le  reste  du  peuple  au  pillage;  il  y  aura  de 
grandes  catastrophes'  m.  Pourquoi  les  contemporains  n*ont-ils  pas 
compris  ces  paroles  si  obscures?  Four  nous,  nous  les  comprenons. 
Comme  nous  savons  Tépoquo  de  la  vie  de  Samuel,  nous  savons 
que  ses  paroles  peuvent  se  rapporter  à  l'époque  d'Adrien  et 
qu'elles  étaient  moins  une  prophétie  qu'un  avertissement.  Nous 
pouvons  bien  nous  figurer  la  situation  alors  :  on  se  préparait  à 
tenter  une  entreprise  qui  devait  être  dirigée  par  deux  personnes 
nommées  Simon  et  Ismarï;  Samuel  le  Jeune,  au  courant  de  ces  pré- 
paratifs, donne,  avant  sa  mort,  ce  dernier  avertissement  :  fc  Soyez 
sur  vos  gardes!  Simon  et  Ismaël  courent  à  leur  perte.**  1}%^ 
mallieurs  vous  menacent  ^  Qu'étaient  Simon  et  Ismaël?  On  re- 
trouve ces  deux  noms  à  la  tète  de  la  liste  des  martyrs,  et  le  traité 
de  Semahot  les  mentionne  également  parmi  les  martyrs  de  ce 
temps,  Tun  avec  Simon  ben  Garaaliei  et  Tautre  avec  Ismai^l,  fils 
du  grand-prétre  Eiischa,  Mais  ni  le  premier  Simon  ben  Gamaliel, 
qui  a  fonctionné  pendant  que  le  temple  était  encore  debout,  ni  le 
second,  qui  a  occupé  la  dignité  de  patriarche  après  la  guerre 
d'Adrien,  ne  peuvent  être  comptés  parmi  les  martyrs  de  ce  temps. 


•  Traité  Semahot    vin  ;    Sanhédrin,   \\  a  :  im"^^  r\T:2l   ItSt*   ppTT   bNlTZia 

8e:T  "^nn**  inrr»  "p^^^^o  'ï^'p^i  «rab  iiny  n»oi  nnirtb  b«3'73T3'»i  '[^TJ2^ 

•T^SÎ*  r'*?3"l«  pTSbDI*  Le  Taloiud  ieriiscba3nîi  rapporte  [S^nh^rin,  2i  /i)  le  même 
passage  avec  ceUc  ûdJilioo  173N  Ht]  ^^^T'  îiVl.  La  Tosefla  de  Sota^  xiti,  p.  3!U, 
a  une  addtUoo,  fitbtipb  *'!l1l3ni,  <|uî  a  cerUincmedt  été  interpolée  plus  lard*  Car 
la  root  nmnb  ou  &*a":nb  peut  sigoiGer  égelemeol  que  Simoa  et  liuia<^l  seront 
e,  il  a  dûQu  le  môme  sens  <^ue  Ê<b£3pb. 


fis  REvire  Ms$  cran  mfis 

iM  biitorieiii  ne  MTenl  p^s  avee  quel  iiiarijr  on  peut  identifler 
ce  SiiBim  bm  Otniliel.  Diaprés  tm  aotre  doeoiWQl,  Âkibt  tnmi 
nieiiUanfié  Clément  ces  deux  martyra,  mais  ni  le  premier  a*e4 
appelé  par  lui  ûh  de  OamaUei,  ni  le  seoonil  /ÎU  dismaH  Uçranà^ 
préireK  II  faut  donc  essayer  dîdentiHer  ce  Simon  el  cet  ImaN 
avec  d*autre^  personnes  connues  qtii  ont  reçu  dans  renloitn(t 
d*Âkiha. 

A  s*en  rapporter  à  raTertissement  de  Samuel  le  Jeone,  tm 
deux  hommes  étaient  des  personnaUtés  marquantes,  ptUsqu'Ui 
devaient  être,  par  leur  entreprise,  les  auteur»  des  cat«slrci|ika 
prélites*  D'an  autre  cdïé,  à  l'époque  où  Samuel  airail  fnit  ooa- 
naître  sa  prédiction,  la  situation  des  Juifs  devait  apparemment  étrt 
assez  satisfaisante  ;  car  autrement,  les  assistants  auraient  com- 
pris [es  paroles  de  ce  docteur,  Ces  deux  personnages  préparaient 
une  entreprise  qui  leur  paraissait  sans  danger  et  dont  Samuel 
prévoyait,  au  contraire,  les  funestes  conséquences.  Il  nous  est  per- 
mis de  supposer  que  c'étaient  Julien  et  Pappos  qui  avaient  mi» 
à  profit  les  concessions  accordées  aux  Juifs  par  Adrien  pour  reconi* 
truire  le  temple  et  la  ville  de  Jérusalem.  Au  Heu  de  dire  :  oiscrbnb 
nraV  at^y  nstci  etn-inb  oiedi,  Samuel  aura  préféré  employer  les 
noms  hébreux,  ^^y^'C  et  btur-fz'c^,  que  portaient  Julien  et  Pappos» 
y  est  vrai  que  l'un  d'eux  s'appelait  rryn*::,  mais  rr-rrts  el 
b6r;^ttO'»  sont  presque  semblables*  Notre  hypothèse  est  confirmée 
par  ce  fait  que  Simon  et  Ismaf^l  qui  figurent  parmi  les  martyrs 
ne  peuvent  être  identiflés  avec  aucune  personnalité  connue. 
En  supposant,  au  contraire,  qu'ils  se  confondent  avec  Julien  el 
Pappos»  les  martyrs  de  Lydda,  alors  tous  les  dix  martyrs  sont 
identifiés.  Nous  comprenons  aussi  par  là  pourquoi  Simon  el  h- 
ma(^l  sont  placés  en  tête  de  cette  Hste.  Cest  qu'ils  étaient  les  plus 
connus  et  les  plus  considtjrés  tout  comme  Julien  et  Pappos,  il 
est,  en  tout  cas,  certain  que  l'un  des  deux  frères  portait  le  nom  de 
Schemaya,  et  il  est  probable  que  Tautre  s'appelait  Simon.  Comme 
ces  deux  frères  se  trouvaient,  au  début  du  règne  d'Adrien,  à  la 
télé  des  Juifs  et  qu'ils  recueillaient  l'argent  offert  pour  la  cons- 
truction du  temple,  ils  étaient  tout  désignés  pour  que  leur  nom 

I  Mtkhitû,  î8  :  Hn-^pj?  ■'3n  Gnb  nr»  b^r^îO''  '-ii  X^jito  'n  la-tmcsT 
bwytsc*  'm  liy?:c  '-î  «bx  nni«  rbsp::   n^n.  i><ias  ce  passage,  \\  y  a 

opparuiiimeuL  deux  rtilalions  qui  u'oiU  pus  de  rapport  l'une  âveo  Tautro  et  ^Mi  tout 
réunifia  par  mégarde,  Tuno  d  elles  rupporle  les  av^rUsseineots  douloureux  de  R. 
Âkibâ  el  Taulre  le  dialogue  des  deux  martyrs  avant  leur  mort.  Ctîtle  dernière  relt- 
Ibn  n*È  tucuQ  fonds  de  vérit^^  comme  le  prouvent  les  vanioles  qu'elle  prétenta 
dans  Simahût.  Ce  sont  lea  copisleF  i(ui  ont  qualifié  les   deux  roartvn    du   Kïlfê  de 


LES  MONNAIES  DE  SïMON 


167 


Jrât  sur  les  monnaies,  en  supposant  qu'on  en  ait  frappé  à  cette 
>que.  On  s'explique  ainsi  pourquoi  certaines  monnaies  por- 
tent le  nom  de  y72'Q  :  la  syllabe  finale  de  ïr^J^ia  [n*^),  qui  désigne 
Dieu,  a  ét«*  omiaf»»  parce  que  ilans  ce  temps  on  prenait  les  plus 
minutieuses  prt^cautîons  pour  préserver  le  nom  sacré  de  toute 
profanation,  G*est  pour  cela  aussi  que  les  exemplaires  qui  portent 
la  légende  s^rc  sont  ilu  même  type  que  celles  sur  lesquelles  on 
lit  li:?rt::.  Les  unes  et  les  autres  ont  sur  le  revers  ou  rnnnb 
Détail'* .  sans  date,  ou  avec  la  date,  b^nis-^  nro  bb.  Les  types  sont» 
au  droit»  ceux  qne  présente  d'habitude  le  droit  des  monnaies 
juives  :  un  palmier^  une  branche  de  palmier,  une  grappe»  une 
feuille  de  vigne,  une  lyre  ;  ou  bien  ce  sont  des  types  qui  ne  se  re- 
trouvent pas  ailleurs^  tels  que  :  deux  trompettes,  ou  une  petite 
cruche,  qu'on  ne  voit  que  sur  les  monnaies  d'Eléa/ar.  On  peut 
conclure  de  cette  ressemblance  que  ces  deux  catégories  de  mon- 
naies ont  été  frappées  à  une  m^^me  époque,  et,  comme  les  deux 
cliefs  juifs  de  ce  temps  étaient  frères,  on  comprend  aisément  que 
les  monnaies  de  cette  même  période  portent  tantôt  Tun,  tantnt 
l'autre  nom.  D'habitude,  deux  frères  ne  se  jalousent  pas  entre 
eux,  surtout  deux  frères  qui  courent  ensemble  les  mêmes  dangers 
et  poursuivent  le  même  but. 

Les  monnaies  de  Simon  et  de  Schéma  ne  sont  donc  pas  des 
monnaies  de  Barcokheba  ou  même  de  la  révolte  pitj^  :?3nijJ,  car 
il  est  possible  qu'elles  aient  été  frappées  avec  Tautorisalion  ou  la 
connivence  d'Adrien,  au  moment  oii  cet  empereur  avait  permis 
aux  Juifs  de  relever  le  temple  et  la  ville  de  Jérusalem.  Bien  plus» 
il  semble  Impossible  d'attribuer  ces  monnaies  à  Barcokheba»  car  il 
86  trouve  parmi  elles  certains  types  qui  ne  peuvent,  pas  s*appli- 
quer  à  ce  personnage^  comme  les  deux  trompettes  qui,  malgré 
ravis  contraire  des  numismates,  sont  certainement  le  syrnboie  du 
sacerdoce,  les  descendant;*  d*Aaron  étant  cliargés  dans  le  temple 
de  sonner  de  lu  trompetle.  Qih^  sigtulle  la  petite  fiole?  Les  numis- 
mates laissent  ce  point  dans  robscurité,  mais»  à  notre  avis,  elle 
est  également  un  symbole  sacerdotal,  elle  représente  la  fiole 
d*liuile  qui  servait  aux  consécrations.  Ce  type  ne  se  trouve,  en  effet, 
que  parmi  les  monnaies  d'ivléazar,  parce  que  ce  dernier  justeaient 
était  prêtre,  comme  Tindique  la  légende  de  ces  monnaies  :  -îtybN 
insrr.  La  fiole  représente  certainement  le  prêtre  oijit ,  "in^n 
rr^nn^  ou,  ce  qui  est  encore  jdus  juste  pour  cette  rpoque  iaimn^ 
diqiœ,  nizrkn  mcD,  titre  que  le  Talmud  donne  au  prêtre  qui  prend 
part  à  la  guerre  à  ciHé  du  chef  d'armée  ou  en  qualité  de  chef 
d'armée  (d'après  Deutéronome,  xx,  2).   Ces  prêtres  prenaient 


168 


REVUE  DES  ÈTLÎBES  JUtVES 


rang  immédiatement  après  le  grand-pr^?tre  *.  La  fiole  doit  âôtic 
représenter  sur  les  oionnaies  de  Simon ,  comme  sur  celles  d'Eléa- 
zar,  le  caractère  sacerdotal  de  celui  qui  lésa  frappées  *  ;  ni  ce  sym- 
bole ni  celui  des  trompettes  ne  peuvent  donc  s'appliquer  à  Bar- 
coklieba,  qui  n*était  pas  pnMre,  tandis  qu'ils  peuvent  appartenir  i 
Julien  et  Pappos,  qui  étaient  probablement  des  prêtres,  étant  des- 
cendants de  Tarabarque  Alexandre  Lysimachos.  Il  y  avait  biendea 
monnaies  de  Barcokheba  ou  plutôt  de  Barkoziba  (nn"»znD  p^^\ 
mais  on  n*en  a  découvert  jusqu'à  présent  aucun  exemplaire.  Elles 
ont  été  sans  doute  retirées  de  la  circulation  et  fondues,  à  Tinstar 
de  celles  qui^  après  avoir  été  recueillies  pour  la  reconstruction  dtt 
temple,  ont  été  retirées  de  là  circulation  par  Adrien,  qui  y  a  rail 
graver  son  nom.  C'est  à  ce  dernier  fait,  et  non  pas  comme  le  pré- 
tendent les  numismates,  à  des  monnaies  de  Barcokheba,  que  lail 
allusion  le  passage  suivant  du  Talmud  {Aboda  Zara,  52  b,  et  en- 
droits parallèles)  :  ^:s72  ke^d  nr-'^T::  2<:H''''"snn   enm    n:ib  iq-3 

im73  rrtîS^a  •  •  •  inibbm.  Les  mots  n:ib  i^pa  signitient  que  ces 
monnaies  avaient  un  caractère  de  sainteté  et,  par  conséquent,  ne 
pouvaient  pas  être  mis  dans  la  circulation  :  on  ne  put  s'en  servir 
que  lorsqu'elles  eurent  été  profanées.  Mais  une  monnaie  n*est  sainte 
que  lorsqu'elle  est  destinée  au  service  du  temple,  elle  devient 
alors  ï:ipn  bo  mr^i,  et  celui  qui  en  fait  usage  commet  le  péché 
de  la  profanation  (cnpnn  n^^yn). 

Et  cependant  il  fut  permis  de  se  servir  des  monnaies  en  ques- 
tion, parce  qu*elles  avaient  l'^té  profanées  par  des  païens  :  ra  i»3 
nm^  nt:5?;  nibbnc  ^vd  mVbn'î  s-'ifnD.  Et  comment  avaient-elles 
été  profanées  ?  Par  la  surfrappe,  qui  les  avait  changées  en  «nn 
«c-'tL^  «D^'^ma  Kmnrr  [Hadrianus  Trianus  Seba —^^^-^-roK),  Cette 
explication  me  parait  irréfutable.  Les  mêmes  morniaies  que  le 
Talmud  de  Babylone  appelle  des  «  monnaies  surfrappées  pan 
Adrien  »  sont  désignées  dans  le  Talmud  de  Jérusalem  par  les 
mots  de  r7;=D  hx}  rn:??:,  c'est-à-dire  n:2Dn  nr::  b*::  n^ïr^s,  mon- 
naies du  temps  des  pe7\^êctdions  religieuses  d  Adrien,  et  ce 
même  Talmud  ajoute  qu^il  n'est  permis  de  s'en  servir  que  lors- 
qu'on en  a  jeté  la  valeur  dans  la  mer  :  «rN  îi3D0  biû  nny^a  iV  nn 


»  Cf.  Graelï,  Monnhstknft^  1883,  p.  1.  Juda  Macchabée  était  lufai  un  mCr 

r:tirr:n. 

*  M,  Théodore  Reinach,  i?epw*,  t.  X\\  p.  6f),  n  accepté  l^opiuioD  siPguUère  de 
M.  de  Sauky  (|ue  rKlèazBT  dont  le  nom  est  gravé  sur  ces  tiionaates  serait  Eleazar 
lie  Modein^  comme  si  un  homme  <|ui  élait  simplement  un  liomuic  pieux  cl  qui  peii^ 
daiit  rinsupfÊitioa  de  Belhar  se  conlefiUil  de  prier,  avait  pu  %urer  en  qualiU  dt 
ihef,  Eli  oulre»  Eléûinr  elail-il  dûiic  pr^ln*  ? 


k 


LES  MONNAIES  DE  SIMON  169 

nb»n  u^b  ïT»''3n  '^•'bv  n»»*^»"^»  'i  ••^np^nm:^  (S'cTi^ftirt,  13,  52d). 
On  n'emploie  dans  le  Talmud  les  mots  nb^n  û-'b  ?i«5n  T^bv  que 
pour  des  objets  dont  Tusage  est  sévèrement  interdit.  Ce  passage  a 
été,  à  son  tour,  mal  interprété  par  les  numismates,  qui  y  ont  vu, 
à  tort,  une  allusion  aux  monnaies  de  Barcokheba. 

Pour  conclure,  il  me  parait  acquis,  par  cette  étude,  que  les  mon- 
naies de  Simon  sont  authentiques,  et  qu'elles  ne  doivent  pas  être 
attribuées  à  Barcokheba,  mais  à  deux  personnages  considérables 
du  temps  d'Adrien  qui  étaient  à  la  tête  des  Juifs  et  s'appelaient 
Simon  et  Schéma.  Selon  toute  probabilité,  ces  deux  personnages 
n'étaient  autres  que  Julien  et  Pappos,  «  Torgueil  d'Israël  »,  qui 
auraient  frappé  monnaie  avant  la  guerre. 

H.  Graetz. 


LES  JUIFS 

DES  ANCIENS  COMTÉS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CERDA6NE 


'  SUITE   ET   FIN  * 


LES  LETTRES  ET  LES  SCIENCES  DANS  l'ALJAMA  DES  DEUX  COMTÉS 
PENDANT  LES  XIII®,  XIV^  ET  XV^  SIÈCLES. —  LES  MÉDECINS,  LBS 
RABBINS,  LES  LIVRES. 


La  science  que  les  juifs  cultivaient  avec  le  plus  de  succès  est  la 
médecine.  Il  nous  serait  bien  difficile  d'apprécier  au  juste  le 
degré  de  savoir  de  nos  médecins  du  xiii®  siècle  ou  de  connaître 
exactement  ce  que  fut  alors  en  Roussillon  l'enseignement  de  cette 
science;  mais  il  est  permis  de  croire  qu'elle  avait  fait  de  grands 
progrès  entre  leurs  mains. 

Quelques  Arabes  d'Espagne  et  un  certain  nombre  de  juifs  pra- 
tiquaient en  Catalogne  et  dans  les  contrées  voisines  les  notions  de 
l'école  de  Cordoue.  L'on  sait  qu'Alphonse  de  Poitiers,  atteint,  en 
1252,  d'une  grave  affection  de  la  vue,  s'adressa  à  un  célèbre 
médecin  Israélite,  venu  en  Aragon  des  pays  maures,  nommé 
Ibrahim  ou  Abraham  *. 

Les  rois  d'Aragon  des  xiii«  et  xiv^  siècles,  Pierre  II,  Jacques  le 
Conquérant,  Pierre  III,  et  les  rois  de  Majorque,  leurs  successeurs, 
eurent  des  médecins  particuliers  qui  étaient  sans  doute  chrétiens, 
et  chrétiens  espagnols  ;  c'est  dans  la  suite  seulement  que  les 

>  Voir  Bévue,  lorae  XV,  p.  19,  el  lome  XVI,  p.  1. 
«  Bévue,  II,  p.  18,  noie  4. 


LES  JUIFS  DE  HOUSSILLON  ET  l»E  CERDAGNE  «1 

graduas  des  universités  de  France  et  fritalie  ligurent  dons  nos 
contrées'.  On  en  voit  qui  exercent  lotir  art  dans  des  villes  de 
quelque  imjiortance.  Perpignan,  qui  avait  deâapothicaireB  et  des 
chirurgiens,  comptait  aussi  parmi  ses  habitants,  en  1226,  maître 
Bernard  de  Jorena,  médecin.  Mais  Toiî  ne  peut  découvrir,  dans 
cette  ville»  â  cette  époque,  la  moindre  trace  de  renseignement  de  la 
médecine.  C'est  sans  preuves  qu*on  a  voulu  trouver  cet  enseigne* 
ment  à  Perpignan  avant  rétablissement  de  VEiude  générale,  fon- 
dée en  1349  par  Pierre  IIL  Nous  savons  positivement  que  les  clerc» 
du  diocèse  d'FJne  allaient  à  Montpellier  chercher  la  science,  et  c'est 
évidemment  de  cette  ville  que  venaient  aussi  les  gradués  en  méde- 
cine qui  exerçaient  en  Koussillon*  L*enseignement  de  la  médecine 
n'est  pas  précisément  nommé,  mais  il  est  évidemment  compris  dans 
les  termes  m<?mes  de  la  charte  de  Pierre  III  qui  fonde  VKiude  gêné- 
raie  de  Perpignan  pour  les  étudiants  de  toute  science  (chJhs 
cumque  sciencié],  sur  le  modèle  des  études  de  Lérida,  de  Bologne, 
et  des  autres  éludes  générales.  11  est  môme  dit  dans  la  cliartiî 
que  les  cours  comprendront  renseignement  de  la  sainte  théologie, 
du  droit  canon  et  du  droit  civil,  ainsi  que  les  art.*4  et  Tétude  de 
toute  profession  (ac  eliam  arie^  et  cujus  cumque  professionis 
iniM  vigere  générale  sludium). 

Mars  il  était  plus  facile  de  décréter  que  d'organiser  et  de  déve- 
lopper cet  enseignement,  du  moins  en  ce  qui  regarde  la  médecine, 
et  nos  compatriotes,  qui,  depuis  un  siècle  et  demi,  allaient  puiser  à 
rUniversité  de  Montpellier  la  science  du  droit  et  de  la  théolo^i", 
ne  pouvaient  sUùi  abandonner  Kécole  de  cette  vUle*  déjà  ii  renom* 
mée  pour  les  étodes  de  la  médecine  ou  de  la  physique,  comme  on 
disait  alors.  Cesl  donc  de  Montpellier  que  nous  vinrent  encore 
pendant  la  seconde  moitié  du  %ix*  siècle  presque  tous  les  membreai 
du  corps  médical  qui  exerçaient  dans  nos  contrées,  ob  ils  prirent 
indifféremmeiit  U  dénommaliOB  de  médeciiis  (mêtgu)  ou  de 
physiciens  'ftk^sies)  *, 


*  IsirawtBftM  w  l4ll«»»il»M  MÊfkÊÊ^nmêi  tmrt  à$H  â!m»9mBU  fut 
mkfcm  fptdtfflMai  fe  ■itiiji  et  b  fiaiv  m  et  !•  srrvcA»,  éê  Mfm  tém  4ê  i^mê, 

^hhmmwm^mk^,  I   i%\m%wmmémmémÊii^  ttNèfSlij,  llMij<ilif 
etP«pii|MfaMi  «■>!>■    If    r     ém  mêmm  mÊÊ,  mn  éFàm^fut  miêfÊ^ 

|MMMr  p>^  f  pMMT  IB  IBMM*  Mi^^SfM0  ^fÊ^  SlMS  SSWI  WWÊ  9t$  iHw  •§  m 

l^^w»  B^^il  ^  Imf  idHr  tkm  tmm  Im  mÊÊÊm  mwmÊÊtfm.  t^m^êm  mÊÊÊÊf  m 
tMi.  ts  Pli  fint  n,  m  intas  flTir   iiiHf  et  f^nHipmm,  fMMMf  mmlm  êm 


172 


HEVIÎE  DES  ETUDES  JUIVES 


Parmi  eux  se  trouvaient  beaucoup  de  Juifs,  car  Texercice  de  la 
médecine  leur  était  permis  dans  les  deux  comtés.  Tout  le  monde 
sait,  d'ailleurs,  que  si  IV^cole  de  Montpellier  fut  si  florissante  pen- 
dant tout  le  xni'^  siècle,  c*est  grâce  aux  progrès  que  des  juif:?, 
venus  des  pays  musulmans,  y  firent  faire  à  l'art  de  guérir 
Je  vais  citer  quelques-uns  des  médecins  juifs  qui  exercèrent  dans 
nos  deux  comtés.  G'fst  d*abord  «  maître  »  Salomon,  qui  vivait  à 
Perpignan  avant  1283*  ;  maître  Salomon  Mosse  de  Villamanp. 
physic,  qui  exerçait  dans  la  cité  épisoopale  d'Eine,  en  1327; 
maître  Jacob  de  Guanges  exerce  dans  la  même  ville  en  1380. 
En  1341,  je  trouve  deux  médecins  juifs  à  Clayra,  Bonjuses 
Helies  et  son  fils  Jacob  Helies*;  vers  1335,  maître  Bonaffos  et 
maître  Issach  Bonet  sont  établis  à  Perpignan  comme  pfiysics^; 
en  1354,  je  trouve  dans  la  même  ville  maître  Baro  Dayot  Cohen 
avec  le  même  titre  *  ;  puis  :  magisier  jaco  Bonjuhes^  eu  1358  *; 
magisier  Baro,  en  1359;  Abrah  Issach  Judeas  fisichus,  aussi  en 
1359  *^  ;  magisier  Jaeob,  en  1303  ;  magisier  Uager  Macip,  vena 
de  Béziers,  en  1370  \  L  année  suivante  Jacob  Bonjuhes  est  cité 
avec  le  titre  de  fisicims  Perpiniani  de  domo  domini  regis^. 
Citons  encore  magisier  jussef  de  Cereto,  phisictis  habiialor  de 
însula  (Ille),  en  \Aùl^  jussef  Mosse  phisicus  habitaior  de  Toyrho 
(Thuir),  en  1410,  tous  médecins  publies. 

Nous  possédons  un  document  qui,  bien  qu'il  ne  se  rapporte  pas 
à  un  médecin  Juif,  fournit  quelques  renseignements  précis  sur 
les  conditions  d'existence  des  hommes  de  l'art  en  Roussillon  au 
XIV*  siècle.  Se  souvenant  peut-être  de  la  peste  effroyable  qui  avait 
ravagé  GoUioure  en  1348  %  le  Conseil  de  la  commune  de  cette 
petite  ville  décida,  en  1372,  de  prendre  un  médecin  public.  Un  acta 

■ufiS)  quelques  médecins  ;  oa  trouve^  entre  autres,  en  13Glj  un  cerlaîa  GolUauiafi 
Lombarde»,  ongluBire  de  Plaseucie  et  gradué  de  rUniversûé  do  Bolog^ne,  éUi)U  à 
Vmça  en  quaUléde  ■  médecin  pubUc  *,  ou  phyiic^  et  pensionné  par  le  Coaseil  de  it 
commune. 

»  Nui  nie  d'Arnttld  Miro,  notaires,  ii»  4713. 

>  Johanoes  Pccolli  de  Sancto  Ypotilo  sclvo  cl  difinio  vos  Bonjuses  Helies  et  Jir<»b 
ËUes  ejua  Ëlium,  judeoâ  medicos  cestrî  de  ClByrano  ab  univcrsis  ufurif,  Jncris  el 
ÎDterease  per  vos  habiUs.  —  Bernard  Vtlanova  de  Saint- Hippolyto  reconntU  devoir i 
Jaeoh  Bonjusses  medico  de  Ciitt^rano  H  aux  fiieua  64  cbur^ef  de  &el  ^l'Û  lui  tvait 
déjà  vendues,  {Aûtuh  de  Raj^iiiond  Gérald,  Dolaires,  n*  3943,) 

*  Notule  de  (iuillaume  Fabre  et  GuiUaume  Morer,  notaires^  ti*  4948. 

*  Nûtttie  de  Raymond  Ferrer,  notaires,  n*  1 34. 
i  Nûittte  de  Guillaume  Fa  bre,, cola  ires,  n»  Î27- 

*  Noftik  de  Guillaume  Fabre,  nMaires,  n"  132. 
?  Notule  de  François  Gironi. 

<  NoiuU  de  Jacques  Mnlme?^  notaires,  n**  46S7«  ' 

^  CiitLQ  peste  désola  les  deux  comtés.  Â  Perpif^tian,  la  population  fut  litléralemenl 

décimée.  On  paît  que  Ravmond  de  la  Cbau  de   Vmas  ét'Hvii  un   IVaité  d€  Ufttti 

de  ms. 


LES  IDtFS  DE  HOUSSILLON  ET  DE  CERDAGNe 


173 


I 


engagement  fut  <]onc  passé  devant  notaire  entre  les  consuls 
et  «  Malti*e  »  Albert  Del  Ping  ou  Dupuy  {de  Podio),  qui  prend  le 
litre  de  physic.  Cet  acte  contient  les  devoirs  et  obligations  da 
médecin  en  même  temps  que  les  avantages  de  la  charge. 

MaUre  Albert  Del  Puïg  commence  par  déclarer  qu'il  habitera 
pendant  deux  ans  et  tiendra  sou  propre  domicile  dans  le  lieu  de 
CoHîoure,  en  qualité  de  médecin  et  pour  Texercice  salutaire  de  son 
art  de  médecine  ou  de  physique.  Son  engagement  n'aura  son 
cours  que  du  jour  où  il  aura  réellement  fixé  son  domicile  et  sa  ré- 
sidence personnelle  en  cette  ville.  Il  promet  donc  que,  pendant 
deux  ans,  il  examinera  et  jugera,  par  les  moyens  d'ubservation 
médicale  en  usage  (c'est-à-dire  par  Texamen  des  urines)»  Tétat  sa- 
nitaire de  tous  les  habitants  de  Collioure,  hommes  et  femmes,  en 
y  comprenant  les  malades  de  Thùpital  des  pauvres  ^  C'est  d'après 
ces  premières  observations  qu'il  donnera,  selon  son  pouvoir  et  sa 
science,  tels  conseils  on  soins  salutaires  que  Dieu  lui  inspirera  et 
selon  que  le  lui  enseignera  ia  science  de  la  médecine.  Il  devra 
donner,  en  outre,  trois  visites  par  mois  à  chaque  malade,  homme 
ou  femme;  mais,  s'il  arrivait  qu'après  \q  jugement  des  urines  et 
les  trois  visites  obligatoires,  il  dut  donner  aux  malades  d'autres 
jugements,  ordonnances  et  conseils  ou  des  soins  et  des  visites  sup- 
plémentairesp  il  aurait  droit  à  des  honoraires  que  les  malades  se* 
raient  tenus  et  obligés  de  lui  payer  bien  et  décemment,  en  raison 
de  sa  peine  et  de  l'importance  des  soins  quVil  leur  aurait  donnés. 
Enfin,  le  médecin  ne  pourra,  pendant  ces  deux  années,  sortir  de  la 
ville  de  Collioure  pour  aller  au  dehors,  ni  dans  un  autre  lieu,  visi- 
ter ou  soigner  des  malades,  sans  en  avoir,  au  préalable,  demandé 
et  obtenu  la  permission  des  consuls.  S'il  lui  arrivait  de  s'absenter 


I 


'  Dès  le  xm*  siècle  la  line  do  CoUiouro  avait  un  liûpilal,  sous  k  dlroclton  d'un 
oommaideur,  asatslé  d'un  ctiapclain.  Le  i"  décembre  1292,  Guillaume  de  Pui{{ 
(i'Orpbiia  ou  Ortila  faisait  une  imporLAute  fondation  dan»  cel  élabli&somtstil  èd  maiûs 
des  prudhommcs  locaui  [Cûrtulain  de  Gollioure).  —  Je  ne  puis  mVulpaclier  de  fairu 
remanjuer  ici  tjtie  le  eairdul  chimiste  Urâla  était  un  dcsceDdant  de  ce  Guillaume.  La 
famitle  eat  depuis  longtemps  éteinte  en  Iloussiiioa^  mais  une  branche  s'était  établie 
dans  ViXe  de  Major(|ue,  où  elto  a  suhsistiâ  juâtju'à  nos  jours..  —  IHusieura  viites  et 
villageadcB  comléa  avaient  ausfi  des  hôpltaui.  Il  y  en  avait  un  au  CaU  de  Perpi- 
IpiaD.  Le  4  octobre  !414,  Leuj,  juif  Castillan,  et  sa  femme  Sera  font  une  convention 
•Tcc  Joise  Strnch,  ksach  GetTuda  el  Vidal  Etraym»  rtctonbns  tonfratm  hat  \^\ta]  lu 
iû* tûrum  judiorum  Perpimani  qui  tl/rayce  pocamint  barm'Jm,'  ils  promeUent  de  bien 
administrer,  pendant  toute  Tanuée  el  selou  les  convcntioiie,  domutn^  kùsjii[iaîù]  fxtupt- 
rum  JHÂeûrum  f/ui  tbtayce  voratut'  heddn,  çht  tapttuU  $unl  [  ]  '  pHmo  qu«  nos 

Mtm  (pour  ftiiiii)  tençuU  la  dita  cattt  hotjHtai  îener  tndreiàada  «/  recttliir  los  pobrn 
juheuf  ytti  d«  fuaUetfoira  parti  dd  mon  en  ayurlla  eoha»  rfpa\i$ar  my  ttaran  per 
aftnnt  ttmpt  corn  oui  alfrti  tolrets  çuttf  itiei».  Item  fueti  amem  bon  xvîaê  eh  Unrem 
uHs  ttb  bUnfhs  lan4«U  a^rt  com  mjiâ  porem  (du  mieux  que  nous  pourrons),  [sUanuel 
de  (juiUautnc  t'ahre,  noUiree,  r»0%4 


ITi  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

«ans  autorisalioiii  il  encourrait  une  peine  qu'il  porte  lui-mèrael 
5  sou«  barceîniiûis  de  ^er-n  pour  cliû»|ue  jour  d'absenco.  Voilà  pour 
les  obUgations.  Voyons  maintenant  les  avantages. 

Moyennant  ces  comiitions,  il  sera»  lui  et  les  sieus,  pendant  îa 
durée  de  son  engagement,  franc  et  quitte  de  tout  payement  de  con- 
tribution de  Ibgages,  impôts,  aides,  tailles  et  autres  exactionâ 
royales  ou  particulières  à  la  ville  da  Colliouret  existantes  alors  ou 
impo«ableï*  à  Tavenir.  Il  sera  également  exempté  de  faire  le 
guet.  On  excepte  cependant  rimiiosition  pour  venta  ou  acLat  de 
marcliandjises  dans  le  cas  où  le  médecin  en  achèterait  ou  en  ven- 
drait pendant  la  durée  de  son  engagement»  rar,  dans  le  cas  où  il  se 
livrerait  à  un  négoce  quelconque»  il  aurait  à  payer  sa  part  pour 
cette  contribution,  ni  plus  ni  moins  que  les  autres  habitants.  Eniln, 
pour  pension  et  salaire  de  sesservici^s,  les  consuls  devaient  payer 
au  physic  50  Uvres  barcelonaises  de  lern^  soit  25  livres  par  an, 
sur  lesquelles  maître  Albert  était  encore  tenu  de  se  [>rocuner  ojie 
maison  à  la  portée  de  toute  la  population  dans  la  <  Vieille  Ville  » 
et  près  de  la  «  Place  Bodone  ^^  pour  y  iaire  son  domicile.  A  la 
suile  de  ces  conventions,  vient  la  prestation  de  serment  par  lequel 
Albert  Del  Puig  s'engage  à  donner  ses  soins  aux  malades,  selon  ses 
forces,  son  pouvoir  et  sa  science,  en  promettant  de  les  secourir 
tous  indistinctement  et  comme  il  le  pourra  dans  le  cours  de  leurs 
maladies,  en  leur  administrant  les  secours  et  conseils  salutaires 
que  le  Seigneur  et  la  science  lui  inspireront,  sans  préjudice  des 
trois  visites  convenues  et  dues  à  tout  le  monde  *. 

Il  y  avait  des  médecins  puldics  juiis  dans  plusieurs  villes  et  vil' 
lages  du  Roussi  lion  :  il  est  naturel  de  penser  qu*on  leur  imposait 
les  mêmes  soins  et  les  mêmes  charges  qu'au  physic  Alfred  Del 
Puig.  L'ordonnance  de  Ferdinand  i*''  qui  défend  aux  juifs  d'exer- 
cer la  médecine  ou  la  chirurgie  à  Tégarvl  des  chrétiens  prouve 
qu*ils  le  faisaient  antérieurement,  Eu  voici  if  ailleurs  un  exemple* 
Dans  les  premiers  jours  de  juin  1413,  Barthélémy  Baille,  subcol* 
lecteur  des  droits  de  la  Chambre  apostolique  dans  le  diocèse 
d'Elne,  paya  tous  les  frais  qu'avait  entraînés  la  maladie  de  Fran- 
çois, patriarche  de  Jérusalem  et  «  administrateur  du  diocèse  p, 
mort  en  1409.  Parmi  les  créanciers  je  iroxw e  Sicardus  de  Mon- 
îi'ltiSj  itiagisier  in  médicinal  Bertrandus  de  F'Ua^  mûçisier  in 
arlWm  et  in  mediolna  baccaiarltis^  Ft'anciscus  GUiis,  aussi 
maître  en  médecinei  qui  avait  soigné  le  défunt,  et,  enfin,  toac/i 

^  J'eœprutite  liitialyftfl  de  c«  dacumetit  à  uoe  leclnra  fttiU  p^r  M.  AUrl, 
pendanL  une  âéance  clo  La  Soclélé  n^ricole,  scienUBqtifi  el  UUéniire  d€t  P/rABétf- 
OdeDlales,  eoys  le  titre  de  Un  médecin  j^ublic  à  CoUiourt  en  lJ7i. 


k 


I 

I 


I 
I 


LES  jcus  DE  RouseiuxkK  ST  DE  cebdagne:  in 

'âïbrîi^  pftyi/cetjuif  de  la  ville  de  Perpignan,  qui  avait  été  ap* 
pelé  en  consultation  K 

Je  dUaîs  plus  haut  quHl  serait  ditlieile  de  préciser  le  degré  de 
science  de  nos  médecins  du  moyen  âge;  on  peut  toutefois  s'en 
faire  une  idée  approximative  en  compulsant  las  bibliothèques  du 
temps.  Je  vais  citer  quelques-uns  des  ouvrages  de  médecine 
nommés  dans  les  inventaires. 

En  1348.  1.  librum  medkine  copulati  pernu^/Utrum  Ar.  de 
VUianova  super  regimine  vite  ^. 

En  1363,  le  même  livre  reparaît  avec  le  titre  en  romans,  comme 
on  disait  alors  pour  indiquer  la  langue  catalane  :  Reuimeni  lie 
maestre  Ar*  de  Vilanova^.  Je  le  retrouve  dans  un  inventaire  de 
1412  avec  un  Allre  libre  de  paper  de  medkines  ♦. 

En  1314.  je  vois  un  Liber  fhicorum  *. 

Bq  1382»  Librum  t/t  pâlira  vocalutn  Àvicenna  ei  incipU  : 
9  Creator  omnium  rerum.  *> 

Alium  Hbriuti  in  painro  scripium  vocatum  de  Medicina  sive 
Comenta. 

Alium  librum  in  pêrgameiXQ  scf^ipium  vocatum  Dioscûrides. 

Atium  librum  de  medicina  scripium  in  perçameno  ubi  eai 
seriplum  Magistri  Piarî  Ispani  el  questionea  Magistri  Pétri 
juliani*'. 

Arnaud  de  Villeneuve»  Pierre  d'Espagne  et  Pierre  Julien  sont 
dee  médecins  célèbres  de  Tépoque.  Tout  le  monde  cannait  Avi* 
cenne  ou  Ibn  Sina,  le  grand  médecin  arabe  de  la  Ûu  du  xi"  siècle; 
quant  à  Dioscoride,  Tauteur  du  ntp\  a^c  Latpur^ç  {Sur  la  matière 
médicale),  il  a  joui  de  la  plus  grande  réputation  jusqu'au 
XVII*  siècle. 

L*inventaire  des  biens  d\Em  P.  Riba  (ender  saenlras  de  Per- 
penya^,  dressé  le  20  janvier  1414,  fournit  une  longue  liste  de 
livres   qui  senjblent  indiquer  que  ce  boutiquier  {tender)  était 

I  Kl  mkhi  Iisach  Cabril  Usico  cl  judeo  dicte  ville  Pt^rpiuiuai  die  el  aono  proiimiB 
diclis  uiium  scutum  auri  de  Ffraacja  micbi  tiebitum  raciono  laboris  per  me  ficU  îii 
i|Uadam  coUiicÏQue  que  fuil  babil  a  iiiler  medicos  blius  vUlv  |>ro  uUîma  iubrmiUie  in 
qua  exifiabftl  dictui  dominua  Pairie  rcha,  in  qua  coUiciotie  egt»  ut  û^icua  fui  pri»fi«a« 
«I  coMêîiium  Mêum  prêàui  (Apoqucg  de  la  Cambra  aposloUcdi  diini  la  lilotnie  ûe 
Heroard  MAS^lamoQr,  f*  193  et  fitii\%,nolaircâ,  &''  1601]. 

*  NotuU  de  Bernard  &laDej,  uotaifAS^  n**  4'2D. 

*  Manuel  de  (Jobriel  Heaplant,  notaires,  û"  ItJl i. 

*  AWw/#  d'André  Romeu,  uolaires,  u*  101,  —  C'est  l  iovenUire  dei  bioQi  d'un 
Ipioiar  qui  devuit  prfiLer  aux  juili,  puisqu'il  tanait  ua  libre  ^eiieuttt  dt  JuÀêui% 

>  Manuel  de  Jacqueiî  Mulitiu»,  noUirea,  d"  452 . 
A  MaMH$i  de  Guillaume  Bernard^  naluîres,  u''  306. 

'  Mamnet  de  Bernard  Maadamont,  noCairos^  u^  IGIO.  —  Samtirui  <;orr&sp<oacl  au 
laiia  cùndatti  ou  t^m  obitt  «t  au  français  »  Teu  *, 


OJ 


170 


RKVUË  DES  KTUDKS  JUIVÎIS 


quelque  peu  libraire.  En  efTet»  à  côté  d'un  CalOf  d'un  Doctrinal^ 
de  libres  grammailcals,  des  Horas  de  Nosira  Dona,  je  vois  un 
grand  nombre  de  livres  de  médecine.  Je  vais  en  reproduire  les 
titres  tels  qu'ils  se  trouvent  dans  le  document  : 

Un  libre  appellai  Guido  en  romans  e  comensa  en  la  primera 
ftilla  de  les  Robrlques  En  lo  nom  do  noslre  senjor  Deus  Jesu 
Clirits  coniensa  lo  proliemi  compîit  en  sirargia*;  —  Un  libre 
appeilat  Alemfranch  de  sirurçia  et  incipii  in  prima  follea  dicli 
iibri  videHceiin  rubro  aquesta  taula  mostra  a  trobar  et  incipU 
in  nigro  in  Ipsa  folea  sirurgia  et  finit  in  eadern  pagina  Anatbo* 
mia  et  finit  in  uUima  follea  dijli  Iibri  accabat  es  lo  tractât  del 
Alemfranch  *  ; 

Hun  libre  de  medesina  appeilat  Tliederic  ^  et  incipii  in  prima 
folea  incipit  Thedericus  niagistro  et  finit  In  eadem  pagina  coofu- 
sio  per  ignorancia  El  incipit  in  ultima  folea  encara  sagujha  et 
finit  in  eadem  folea  imperpetuum  vivat  amen; 

Item»  —  Hun  altre  libre  de  medecina  appeilat  Roger  ♦  ab  cobr^r- 
tes  Manques  ab  quatre  fanquados  et  incipii  in  prima  folea  vide- 
llcet  ta  rubro  De  les  quatre  qualitats  de  persona  et  finit  in 
eadem  pagina  ajustada  ab  qualital  freda  et  incipii  in  ullima  fo- 
lea lactor  en  aquesta  part  et  finit  in  eadem  folea  si  voluisset  sed 
noluit; 

Item,  ffim  libre  de  medicina  appeilat  Piateari*  et  incipit  in 
prima  folea  En  Perelis  uni  versai  et  finit  in  eadem  folea  an 
stubes  naturals  se  sofre  et  incipii  in  nlttma  folea  que  la  pera  la- 
quai et  finit  in  eadem  folea  quant  es  trenquada  ; 

Item.  Uitn  libre  de  medecina  molt  antich  appeilat  Trésor  de 
Pobres-  —  1!  s  agit  probablement  ici  d*une  traduction  en  catalaa, 
en  romans  comme  on  disait  alors,  du  Thesannis  Paitpenm 


*  Gmdo  ou  Gui  de  Cbauliac  éteil  chapelain  d'Urbûin  V.  CMiait  un  habile  priU- 
cieii,  qui  rompit  avec  les  Jormuies  de  la  ScolasUquB,  el  avec  les  arcanes  du  grto<l 
œuvre.  Sa  «  tîrandc  Chirurgifl  •,  dont  il  est  ici  quesUon,  parut  «n  13d3,  Elle  fui 
traduite  en  romans  ou  calalau,  comme  on  îe  voit  par  le  lilre  qucUe  porte  dans  nulrv 
inventaire. 

*  C'est  évidemment  ic  célèbre  ehirurpîen  Lanfranc,  de  Milnn»  Dans  la  Iraduelion 
française  qu'il  a  faite  de  ses  œuvres,  Guillaume  Yvuire  l'appelle  Alûnfrûne,  Quelque* 
fois  eu  hébreu  on  trouve  tf*p:"tD:bM  --=  Alanfiankia,  On  eait  que  ses  ouvrages 
avaient  été  traduits  en  hébreu* 

*  Thederic,  probablemeol  le  mÔme  que  Tbéodoric,  chirurgien  du  xni*  sitele,  dl^ 
par  Henri  de  Al  onde  ville* 

*  Ce  Roger  est  sans  doute  îe  médecin  chirurgien  lloger  d©  Parmea«  sur  lequel  oo 
trouver»  un©  longue  notice  dans  le  t,  XXI  de  VB^^toire  littéraire  de  la  Fram(€*  H 
est  cité  par  Aruauld  de  Villeneuve  dana  son  traité  De  Ventnh. 

*  Platearius,  ancien  chirurgien  irèa  connu,  souvent  cité  dans  le  célèbre  i^ievf»* 
de  VinccDt  de  Beauvais.  On  voit  que  le  traité  do  Pialeariua  dont  il  esl  ici  qtteitioi 
avait  été  traduit  en  catalan. 


LKS  JUIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CEHDAGNE  177 

d'Arnauld  de  Villeneuve,  signalé  dans  un  inventaire  de  1420  *; 

Item.  Hun  libre  appeliai  Plateari  in  latino  peilt  coberl  de  co- 
herles  empa stades  scril  en  per garni  ; 

Item.  Hwi  libre  appeliai  Nathomia  abreujada  de  Gido'  scrUa 
en  paper  ; 

Enfin,  hun  libre  appeliai  Guillem  de  Saliset^i  incipil  in  prima 
foliea  Rubrique  del  primer  libre  ei  ftnii  m  eadem  pagina  dauall 
les  exelles,  —  et  flnU  in  iiltima  foliea  assi  fenex  lo  libre  de 
mestre  Guillem  de  Saljset^. 

Au  XIV*  siècle,  alors  que  FAijama  des  deux  comtés  était  dans  un 
état  florissant,  la  Synagogue  ou  Escola  de  Perpignan  devait  avoir 
beaucoup  d'élèves.  C'est  la,  comme  on  sait,  que  la  jeunesse  juive 
venait  puiser  les  notions  scientifiques  et  tln^ologiques.  Aly  Abrani, 
juif  d'Arles,  fixé  à  Perpignan,  faisant  son  testament,  le  3  des  ides 
de  janvier  1346,  laisse  à  Pécole  du  Call*  «  où  Ton  enseigne  les 
lettres  et  les  sciences  juives  —  in  qtrn  addiscunittr  liiere  et 
sciencle  hebrayce  »,  —  la  somme  de  vingt  sols  à  distribuer  aux 
directeurs  et  professeurs  de  cette  école  {preposiUs  dicte  scole). 

Il  lègue  à  son  neveu  BondiaÂbraara,  fils  d'Abraara  Aly»  son  fils, 
relnlam  Legis  Maysi,  (rouleau  de  la  Loi)  eu  parchemin;  un  «  livre 


t  A  inoias  que  ce  ne  soit  un  origîjial  en  calaUn,  aujourd'hyi  perdu.  M  *  Haurrau 
[amvr.  dU,  p.  98)   fttit   remarquer  qu^iL  ciistait  uu  autre  Tkeiûurus  pnuptrum,  qui 

I  do  Pierre  d  Espagne,  il  ne  f«ut  pas  confondre  ces  deiii  ouvrages.  —  On  ignoro 
flm  li^u  de  nai^aancQ  d'Arnaud  de  Villeneuve,  mais  tout  porle  à  croire  qu'il  él&it 
(^talan.  Il  eut  uoe  trùs  grande  renommée;  loutefoia,  les  circonataneca  de  la  vie 
^ont  très  mal  cooDues.  11  mourut  vera  130U.  Il  a  beaucoup  écrit  sur  la  modci-inc,  car 
il  était  phystc,  il  n'eat  pas  prouvé  qu'il  ait  éludié  a  Moolpellier^  comme  on  Ta  sou- 
tenu, mais  il  parait  cerlaio  qu'il  pralîqua  et  easeigua  plus  tard  la  médecine  daus 
cette  ville.  Eu  1317,  lloquisilion  examina  lea  livres  d'Arnaud^  y  If  ou  va  des  pio- 
positiona  béréliquea  ou  suspectes  d'hérésie  et  les  condamna  en  bonne  forme,  <  hi 
trouvera  une  liste  complète  des  ouvrages  publiés,  inédîti  ou  perdus  d'Arnaud  de 
Villeneuve,  dressée  par  M.  Barthélémy  Hauréay^  dans  le  tome  XXVltl  de  V Histoire 
littéraire  de  la  France,  —  Quatre  familles  du  nom  de  Vilsnova  ont  Qgurd  dans  la 
passé  du  Roussi  Mon  : 

t*  En  firopordâ  ou  Ampyrdan,  une  famille  dont  il  est  diflîtilc  de  suivre  les 
•nnales  et  qui  paraii  être  originaire  de  Vilanova  de  la  Muga,  ii  TO.  de  Hoscs.  L'un 
de  SCS  membres,  Uernafd  de  Vilanova,  est  qualifié  de  miiri  (r2!iG-127J)  ; 

2'  A  l'erpignan,  je  vois,  en  1322^  un  Bernard  de  Vilanova  nolairo  et  conseiller  du 
roi  Sanche  de  Majr^rque  ;  de  1369  à  t3H'i,  Pierre  de  V^ilanova  ; 

3*  Une  famille  originaire  de  Valence,  en  Espagne,  dont  le  plua  ancien  membre 
connu  eo  RotlEi^illûn  est  François  de  Vilunova,  de  1369  à  1428; 

4*  Uue  Famille  originaire  de  Cuna,  au  diocèse  de  Girooe,  ^  LVa  dei  membres 
de  celte  famille,  Ârnald  dt  ^ihnota^  est  connu  en  !544* 

*  Four  Gittdo^  V  •  Anatomie  abrogée  •  de  Gui. 

'  Le  médecin  Guillaume  de  Saliccl  est  cité  plusieurs  fois  par  Henri  de  Monderille, 
le  fameux  chirurgien  de  Ptulippe-k-Bel,  roi  de  France.  Salicet  ou  mieux  Saliceto 
était  oé  à  Pïaisa&ce  vers  1245.  Il  est  l'auteur  du  Liber  in  scientitt  medicimali  et  tpidû- 
httr  pfr/hfttg ^iti  tumma  coMervatiùnis  et  curatioi^ii  appellûtur^  suivi  d'uu  traité  iuli- 
lulé  Cyrur0ia, 

T.  XVI,  »<»  32.  fi 


178 


BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


juif»  appeltî  Voîum  In  pergamenï  scriplum  iti  quosuntomnes 
hhri  Propheiamm  ;  cinq  livres  de  la^ot  de  Moïse  (w.  librosli 
Moysî);  lia  livre  appelé  Casuujm  (Quetubim,  Ilagiographes}*  AJy 
reconnait  que  tous  les  livres  de  médecine  [omnes  libri  medicûiaks] 
qu'il  a  en  son  pouvoir^  et  qui  ont  appartenu  à  maître  Mosse  Astrucb» 
beau-père  de  son  iils,  af»partieniient  bien  à  ce  dernier,  qui  s'ap- 
pelle Dôujuzes  Ali.  Il  lui  lègue  encore  Je  livre  appelé  Macdassia 
en  parchemin,  qui  contient  toute  la  Bible  (tibnufi  nietua  vocatum 
Macdassia  in  pergamenls  scripimn  In  quo  est  iota  Biblia)  '. 

En  1322,  Bendit  Daui,  juit' de  Perpignan,  fait  son  testament.  Il 
lègue  à  Salomon,  fils  d'Issacli,  son  frère,  un  «  livre  hébreu  appelé 
en  hébreu  Quesumim  »  (Onelubim)  et  tous  ses  autres  livres.  D 
laisse  à  Saïamies,  lila  d'Astrucli,  son  frère,  «  Omnes  libros  qià 
sunt  rfe  Asserim  Verba*  «  (iieut-ètre  sur  le  Décalogue). 

L'inventaire  des  biens  de  feu  Samiel  Cresques  de  Besalum  (Be- 
salu),  juif  de  Perpignan,  dressé  le  %o  novembre  1370  par  Situa, 
sa  femme,  contient  des  renseignements  intéressants  sur  le  mobilier 
d'une  maison  juive  de  cette  époque  *,  Voici  le  passage  qui  a  rap- 
port à  la  bibliothèque  : 

^  Nofuie  de  François  Gras,  notaires,  n*  33.  Dans  la  Notuïe  32  du  mdmie  ooiiiret 
Je  vois  que  le  tivrc  ap|>elé  Mûcdasêia  a  éié  vcodu  au  prix  de  3  livres  d«  BarcaloM 
do  ttvft^  argeul  complanL  —  Aly  Abraatn  laissait  par  soa  AesUmàenl  F.  êoL  Bên, 
eUmotine  j ÂtieoruM  in/lrmorum  calH  Perjtin\an%, 

•  Notule  de  Baymond  Record,  notaires,  n»  4987. 

*  1 .  —  /.  pareil  de  bacines  daram,  une  paire  de  cuvettes  de  cuiTre, 
2.  —  //.  citrêi  daram,  deax  coupes  (pour  lirer  du  vin)  do  cuivre, 
3«  —  IIL  tiuses  dargtnt^  trois  lasses  d'argent^ 

4.  —  ia  €ùpa  datyent  de  part  de  dint  ah  armaui  vtrt  t  èlau,  une  coupe  en  ir- 

gent  eu  dL'dans  avec  émail  vert  et  bleu, 

5.  —  /.  cobtt'lo  de  tendat  termeyî^  une  couverture  en  soie  rougo, 

6.  ^  lî*  coTfneres  oBrades  de  seda,  deui  oreillers  garnis  de  soie, 

7.  —  /.  parctft  de  tQm^ioUi  ehrades  de  teda  al8  capê^  une  ptire  de  BerrteUff 

garnies  de  soie  sur  les  côlés* 

8.  —  //.  parttji  ^jtiV)  de  touayhi^  deux  paires  do  serviettes, 

9.  —  Miga  doUena  de  tesion^  demi-douzaine  d'cssuie^mains, 
10    —  /rfdw,  cot  e  yottela  de  pes  (sii^)  èlau  rlar  e  en  h  cot  ka  peli  èUnp 

nyehy  une  cotle  et  une  tiinitiue  de  poil  et  dans  le  coite   il  y 
peaux  blanches  d'agneau, 

11,  —  aïtre  cot  e  gonela  de  mçtdat  tent  peîUy  autre  eotta  et  tunique  de  mâtngt 

sans  poib; 

12,  —  ManteU  de  ptfi  (sic)  de  Man  ab  cordes  «  vêtes  d$  sedet  »è  t4UftU  (sic}  iê*"- 

gentt  manteau  de  poil  bleu  avec  cordes  et  cordons  de  soie  et  fermoin 
en  argent, 

13,  *-  la  namteHna  mesdada  ab  cof^do  mural,  un  maatelel  mÔlé  (eu  cimelotj 

avec  cordon  violet» 
\L  —  /.  pareil  de  vaiiohes^  une  paire  de  couvre-pied, 

15.  *^  /.  pnreyi  de  casses  daram,  une  pairt:  de  grosses  cuiifcrs  (louches)  de  cuivn, 

16.  ^  /.  muHtdl  bîau  ab  cordes ^  un  manteau  bleu  avec  cordons, 

17.  '^  cot  e  gonela  e  gramaga  de  blau^  cotte  et  tuoique  et  robe  (ordiûiireffleat  de 

consul  ou  de  coQseillerJ  en  bleu, 


I 


'  "       _  TU, 

IL 

m.  lâm 

L  Jktrtm 
IL  I^tm: 
IL 
ÎIL  /^tf»  ï  m  Ions  xr^z  is%  jnnmr  wsmim^    ist  :»Dsa9t 

lîH.  P^aaa  su  iâns  es  ptoer  i  m  jurpom.  igKioMte^  ?^C^ 

•A.  —  Je 

1».  —  J. 

13.  -  :. 

fir 

ôt  cusxxkV 
1?.  <*>  /L  .^  lyiJ  carjBtâ.  arcs  mmiJniB  ck  srcvKl. 
2&.  —  i.  /i^v'  âr  farrt  sr,  zx  irvtr  «i  Str  ^ytt  <«<t  lMgWlim\  yv««^  ««(^^'^ 

û  iex. 

tXL  —  L  fnmtr^i  tUmâs  t  ûàra  f««ci<  et  «mmi^  «m  4*x^miI  ÀV)lrt<#s  ,t^  ^^  ^ 

■y^.  —  I.  ft^y^  ^  f^  et  dCêm^  mmt  zMÎre  4«  tmW»  ^in^iw  ^moft^  ««i  tN"^^. 
3*J    —  //.  effet  é€  i  -ifU  €€  ud*^  àtox  cmAis  dk  brwi^  i*  »<*iK 
31.  ~  /.  c^irtt,  sa  petÀ  ooâre, 

33.  —  /.  frrra,  ier  a  tross  pieds  ^instnuBeBl  <)«  Cttmii«\ 

34.  —  /«  cTtsdtA  mè  fdê  kUms^  une  eoile  h«Hii«  tt^c  |>**«t  ^Ivmïtmt*^  W*WK 
3ô.  —  /.  mûuitl  d€  hUm  c/dr,  un  manteau  bleu  dair« 

36.  —  /.  pmlaïkd  dé  uoffr^  planche  vpour  porter  le  paiiO  ew  n»\t^» 

37.  —  //.  ftrra  it  têmtr  ajrftf,  deux  jarret  pour  meiure  de  leew» 

38.  —  //.  morUrs  de  ptra^  deux  mortiers  en  piern»» 

39.  —  y.  $mfl  dsrfent  ak  c4kiêns,  un  sceau  d  argent  atee  chatne^ 

40.  —  /.  iarrûUt  petit  darfemt  ûb  ta  CâdiM  durgent^  un  r»h«)U«(hl>  |v»tU  «y«^«  M« 

chaîne  en  argent, 

41.  —  la  ploma  deteriurs  dargent^  une  plumo  à  tkrire  eu  (ir|r»iilt 

42.  '-  III,  bote*  grant  de  tenerùn^  troit  touneeui  pour  gertler  du  vlu* 

I  Cf.  un  article  sur  ce  mot  plus  loin,  p.  277. 
*  Sic  pour  Dayid. 


180 


BEVUE  DES  ÉTUDES  JtJÏ\TîS 


\\L  Jlores. 

Ilem.  Perucim  ciel  Talraut  [conîraentaires  du  Talmud); 
IIÏL  Fesses  ^  ; 

Item.  IL  Fesses  de  libres  apelades  Ten assuma  (Tan- 
liuma  ?)  e  son  de  paper  ; 
1.  Libre  de  pergami  apelat  la  Viblia  [sic)  de  Moysen  ^ni 

ich  (sic)  es  en  penyora  per  X  VL  Sols  ; 
II.  Rolle  de  Purim  Qpeîat  Maguïlla  (c*est  le  livre  d'Esllier); 
lïL  Fesses   apelades  Aclel    (Hallel,   comme   plus    loin)  en 
pergami  ** 

Le  1"  août  1358,  magisier  Masse  Leho  judeus  flsiçus  Perpi- 
niani  réclamait  à  Salamies  Jusse  le  payement  d'un  livre  appelé  en 
hébreu  Hahova  belhaha  migUn  de  rniga  pieca  (t),  11  reconnaissait 
en  même  temps  que  Salamies  Jusse  Tavait  payé  de  ce  qu1l  lut  de- 
vait racione  document l  per  ie  mlchi  facii  hue  usque  tain  de 
sciencia  medicine  quam  aliarum  sclenciarum  ^ 

Le  27  avril  de  la  môme  année,  Jusse  Leho  d*Elne,  juif  de  Perpi- 
gnan, avait  vendu  à  Boniach  de  Montpellier,  juif  de  Perpignan» 
très  pecias  iibrorum  JH4ayconmi  de  Talmut  quorum  unmi 
vocaiur  Gamara  de  lio[s>ua  (=  Rosch  Ilaschana)  et  de  Joma 
(=  Yoma)  el  aliad  Gamara  de  Jampton  (—  Yom-Tob)  et  de  Pessa 
Resson  (^Bera  et  Pessah  Rischon)  et  alittd  vocatur  Gamara  de 
Setbas  el  de  llehelin  (=  Sabbat  et  Erubin)  ; 

Le  tout  livré  pour  cent  sous  barcelonais  de  tern  *, 

Le  9  juillet  1377,  Vidal  Natan,  juif  de  Perpignan,  vend,  pour  le 
pi1?c  de  50  sous  de  barcelonais,  à  Mosse  ÂUaquin,  juif  de  la  tuéme 
ville»  un  petit  livre  appelé  More  (Livre  des  égarés,  de  Maïmo- 
nide),  en  parcliemin,  «  scrit  de  letra  masca  prima  *  ». 

1  Comme  on  le  voit  par  l'article  suivant,  il  faul  enlendre  par  pesiez  ■  parties  «  m 
•  cahiers  de  livre  >. 

*  Notnh  de  Quiilaun^c  Fabre,  notairea,  n»  161. 
>  Matiud  de  Guillaume  Fabre,  notaires,  d"  Ï2y. 

*  No{ttie  de  GttUlaume  Fabre,  notaires,  u*  127.  —  Perpignan  avait  une  mooBiii 
spéciale  qui  avait  courB  dans  les  Comtés^  concurremment  avec  celle  de  Malgone  ft 
l'clle  de  Barceloue.  Celle-ci  éprouva  plusieurs  changements  ;  le  sol  de  quer^  m 
yttdtern  de  44  au  marc  d'ergeui,  de  11  1/2  deniers  de  lin,  fut  remplacé,  eu  1221,  pat 
le  toi  doèietic  de  88  au  cuarc,  A  cette  monnaie  EUccéda  celle  dite  de  tern,  élsblte 
en  1258  par  Jacques  i*'  d'Aragon  el  confirmée  dans  lu  suite  por  une  constitulioa 
des  cori-4  tenues  à  Barcelone  en  1'290.  Le  roi  avait  déclaré  que  ceUc  monnaie  serait 
perjirfitelfe^  exclusivement  fabriquée  à  Barcelone,  au  titre  de  trois  marcs  d*ar^o tel 
neuf  de  cuivre^  et  composée  de  deniers  et  d'oboles  dont  raloi^  te  t  jpe  et  les  légeodea 
fieraient  identiques.  Quant  au  poids,  il  fut  ordonné  que  dans  chaque  marc  de  ralliaf^ 
précité  (mari;  de  Barcelone]  on  taillerait  18  sous  de  deniers  et  20  sous  d "oboles.  La 
monnaie  de  Malgone  ni  aucune  autre  ne  pourrait  plus  fitre  donnée  ni  reçue  en  paja- 
ment.  Vers  !4t2,  la  livre  ou  iitra  contient  2U  soua^  appelés  ^ififirtn  dana  quelque! 
étals  de  répartition  rédigés  en  bébreu,  et  le  sou  valait  12  deniers  ou  ptickitin 

*  NQtuU  de  Raymond  Ferrer»  notaires,  n»  130. 


LES  JUIFS  DE  ROUSSILLON  ET  DE  CEHDAGNE  Itil 

ans  llnventaire  des  biens  de  Cresques  Nasci,  juif  de  Perpi* 
gnan,  décMé  vers  la  fin  août  1388,  je  trouve  quasdam  horasjithh 
guas  cum  posdàHS  (couvertures)  virides;  aliud  librum  in  abrayco 
scriptum  Tocalum  Canls  de  Cap  dany  (chants  du  premier  de  Tan) 
cohoperlum  de  vermilio  ;  unum  librum  in  papiro  scriptum  inodici 

praloriâ  in  âbra3'C0  vocatum  il  dussim  de  Banataz  [Hidduschini, 
novelles)  ;  item  aliud  librum  abraychum  in  pcrgameno  scriptum 
cohopertum  poslibus  fusteis  vocatum  in  abrayco  ^amcïra  de  Cas- 

mttbbot  (Keioubot)* 

Item  duos  libres  in  pergameno  scriptos  cobopertos  cura  postihus 
fusteis  quorum  unus  vocatur  Gamara  de  Cassubbor  et  alter  Cas- 

Dans  rînventaire  îles  biens  de  Ferrer  Salomon,  dress*î  le  7  d»^- 
?inbre  1411,  je  relève: 

I.  /,/^r^  t)ocfl/i«m  Ilummas  (le  Pentatenqae), 
IIL  Cùsiayos  (?)  de  iibro  vocato  Coher  de  Rassona  '  (c'est  le 
Yocer  de  Rosch-IIaschana,  ou  Rituel  du  matin  de  Rosch- 
Hasclmna), 

Un  autre  juif  de  Perpignan,  Bonjubes  Bellshom  possédait  une 
bibliothèque  inijiortante.  On  peut  en  juger  parTextrait  du  cata- 
logue que  j'emprunte  à  l'inventaire  de  ses  biens  dressé  par  sa 
Ibninie  Bona  Struga,  le  2  août  1403. 

*  Umon  iibî^nm  ebraycion  vocation  Fumas  sive  Scaros  (Ilamus, 
Pentateuque); 

Alinm  librum  ebrayavn  vocatum  Perus  de  Fummas  [alias 
Fumjas)  de  mahestre  Salamo  (commentaire  do  Raschi)  ; 

Alium  tibrum  ebraycum  vocatum  Sarrasims  (alias  Sarrasînus) 
ïde  Mahestre  Daui  (Schorasim  de  David  Kimbi). 
'     A  Hum  librum  ebraycum  vocatum  Gamara  in  qito  est  Berotors 
e  tanjs  e  Majlla  e  sempton  el  Subca  (Lisez  :  Berachot^  Tanit, 
Meila  ou  plutôt  Megilla,  Yom-Tob  et  Succa}. 

IL  librum  ebraycum  vocatum  RJson  de  Vensina. 
1.  Wnmm  ebraycum  vocalum  Baal  aytur  (Baal  baittur). 
Alium  librum  ebraycum  vocatum  Fienmas   de   Belmj   bar 
Sinay  ab  Astaros. 

Alium  librum  ebraycum  vocatum  Perus  de  Bidauju  de  Josulia 
B  Samuel. 

I   L  libmm  ebraycum  vocatum  Saar  Musar, 
I   I.  Utrum  ebraycum  vocatum  Micra  de  Jesayba. 

»  Notitlf  de  Pierre  Ornos^  nolairof,  n*  540. 
•  Manuel  de  Berotrd  l'^abre,  uQUires,  U"  &09a. 


I 

1 


t^  BEVIJK  DES  ETITDES  JUIVES 

I.  Ubnmi  ehraymm  vocalmn  Perus  de  Breessis  (Bereschîl 
Genèse)  e  de  Velle  Saraos  (Veelle  Scheraot,  Exode)  de  Maestre"^ 
Salamo. 

L  librum  ehraycum  vocatnm  Zamanim  (Peut-être  Mo^d). 

ï.  librum  ebraycum  vocatum  Neziquin  de  inaeslre  Mosse, 

L  Ubmm  ebraycum  vocatum  Pirque  de  hï  EUeser. 

L  iibrum  ebraycum  vocatum  Tergum  de  Torra  (Targam  de 
la  Tora). 

Puis  viennent  : 

«  Perus  de  Fummas  »,  de  Maestre  Abram  hauen  Estra  (Abra 
ibn  Ezra)  ;  «  Die  Dnc  »),  «  Ossanors  »  (Hosclianot  ?),  «  Perus  » 
Mahestre  Salamo  de  Haguiga  e  de  SuLcha  e  de  jeptoii  [sic]  e  de 
Rosaoa  e  de  Mohay  Catau  (Moed  Katon)  ;  «  Allell  »  et  le  livre 
appelé  «  La  Storia  de  MordafTay  e  de  Faman  *  ». 

L'inventaire  des  biens  des  juifs  dressé  le  24  septembre  1 
relève  un  grand  nombre  de  livres.  Malheureusement,  les  com-j 
missaires  étaient  pressés  et.  très  souvent,  ils  ne  prenaient  poini 
la  peine  de  prendre  les  titres.  C'est  ainsi  qu'ils  signalent  tret 
libres  entre  Ugai  e  no  Ugai  scrils  en  ebreu  chez  Gracia,  veuv 
de  Mosse  Manaffem  ;  vint  libres  jndaycs  de  poca  valor  et  irenl 
hun  libre  entre  îigats  e  des  llgais  scrlts  en  ebreu^  chez  Juse; 
Léo  Salamo  ;  carania  pesas  de  libres  entre  grans  e  petits  (ois 
sct^its  en  ebraych^  chez  Abrani  Abenfalo.  Les  commissaires,  ne 
comprenant  rien  à  ces  livres,  les  estiment  et  les  classent  comm< 
on  ferait  de  linge  ou  d'ustensiles  de  ménage  '. 

Parmi  les  livres  et  parchemins  de  Nasim  Abdus,  je  vois  ii; 
grand  rotoll  de  pergami  sent  en  telra  judaycha  et  vint  libri 
de  la  lur  ley.  Il  n'est  pas  de  juifs  chez  qui  Ton  ne  trouve 
des  livres  hébreux,  ce  qui,  jusqu'à  un  certain  point,  peut  nous 
faire  comprendre  le  degré  de  culture  intellectuelle  de  ces  geni 
que  la  masse  ignorante  des  chrétiens  méprisait*. 

Il  n'est  resté  en  Roussillon  aucun  monument  littéraire  de  pro- 
venance juive,  quoique  notre  AIjama  ait  fourni  des  savants,  des 
philosophes,  des  poètes,  dont  nous  parlons  plus  loin.  Le  seul  ma- 
nuscrit  signalé  jusquUci  est  le  n*' 21  des  Manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque de  la  ville  de  Perpignan,  lequel  contient  la  taille  de 
1413-1414,  dont  nous  avons  parlé  à  plusieurs  reprises*  Inutile 
de  dire  que  ce  manuscrit  n'a  aucune  valeur  littéraire.  Les  autn 
documents    en    écriture    rabbin ique   connus   ou    existants 

*  NùtiiU  de  Georges  Barrera,  ctôtaîred.  n*274. 

*  Intentari  dilt  àcns  deh  jumt^  B.  339, 


ne 

I 


1 


LES  JUIFS  DE  HOUSSILLON  ET  m  CEBOAGNR 


!ea 


» 


I 


Rotisslllon ',  consistent  en  un  contrat  de  mariage  de  la  fin  du 
xiv  siècle,  un  testament  rédigr  à  Montso,  en  14*33,  et  divers 
états  de  répartition  {ialis  en  catalan)  ou  de  dégrèvements  {gracie 
en  latin)  ;  ces  pièces  n  ont  tiifone  valeur  diplomatique  ou 
purement  historique  «. 

La  poésie  fut  très  cultivée  dans  les  juiveries  du  Midi.  Les  diffé- 
rents poètes  de  la  familln  Ezobi  en  particulier  arrivèrent  à  une 
grande  célébrité.  Joseph  on  Jehoseph  ben  Hannan  ben  Nathan, 
connu  sous  !e  nom  d'Ezobi,  fut  un  des  plus  agréables  poètes 
du  xur  siècle.  L'épitljète  à"£zobl  indique  qu'il  était  originaire 
d'une  ville  désignée  par  le  nom  d'Ezob  ou  Hysop,  que  Ton  croit 
être  Orange  \  Il  demeurait  à  Perpignan  et  florissait  probablement 
vers  1235,  puisqu'il  fat  le  maître  d'Abraîiam  Bedersi,  né  vers 
1225.  Au  mariage  de  son  fils  Samuel»  il  composa  une  pièce  de 
Ters  connue  sous  le  nom  de  Qà'araih  Kêsef  qD^  t^^^p  (Plat 
(V Argent),  par  allusion  au  vase  dont  il  est  question  dans  le 
Pcntaieuqiie  (Nombres,  vni»  13).  Ce  petit  poème  contient  des 
règles  sur  la  conduite  que  Samuel  devra  tenir  dans  la  société 
et  sur  les  études  auxquelles  il  doit  s*adonner  *,  *loseph  recom- 
mande à  son  fils  de  s*occuper  surtout  des  commentaires  d'Isaac 
el  Fasi  et  de  Maïmonide.  Par  momenti  il  peut  étudier  la  gram- 
maire et  la  Bible,  niais  \\  doit  s'abstenir  complètement  d'étu- 
dier la  science  des  Grecs^  laquelle  ressemble  aux  fruits  de  So- 
dome  et  deGomorrhe  [allusion  au  passage  d'Isaîe,  i,  7),  Joseph 
engage  encore  son  fils  à  cultiver  la  poésie,  aûn  de  produire 
des  poèmes  comme  ceux  de  son  père  ;  il  lui  recommande  d'avoir 


'  Le  M^nmlà^  Beroard  Fabre  povir  Tannëo  1379  porte  le  douLlo  alphabet  buïtbqi 
sur  ti  couverture  : 

n  ,  n  .  1  *  T  *  n  .  a  .  ^  .  s  .  1  *  b  ,  ^  ♦  0  o  *  1  .  0 . 
^  .  y  .  p  .  n  .  c  .  p  . 

■  Noua  avoDs  déjà  dit  que  lea  mouumcnU  lapidaires  dWîgioe  juivo  dou»  Tont 
complète  me  Dt  défaut.  Ajoutons  qu'il  nVxisle  psa  rion  plua  ici  de  monnaîet  Jiiivea. 

•  IUtM$  é«i  Ktndti  jmvei,  I,  p.  82.  —  C'est  &  tort  que  les  auleura  àa  VAnmitairt  des 
Hjré&éea^OrieDtates  pour  l'anoée  1834  diaent  qu'Ëaobi  ou  Hptop  i  était  do  PerpU 
fçnan  •,  et  ils  te  lromp<;Dt  bien  groesièrement  en  le  faiseût  vivre  auxv*fiiècle.  Hoor^, 
ffittoiff  êi  RouMtiUon^  I,  p.  Jl5t,  est  lombé  dans  la  même  erreur, 

♦  Imprimé  à  ConstaotiDopIc  en  1Î523,  le  Vase  d'Argent  fut  traduit  en  laUn  par 
RcucliUn  sous  ce  litre  :  Rabbi  Jùt.  H>p)^opHS  Perpinianemis  jndtrôrum  fwetû  dukii^ 
êimui  tx  Ktbr^ea  Ungua  tn  intvuuH  tradHftus,  Tubînge»  1514,  ïii-4*.  Plua  lard, 
Mercier,  professeur  d'hébreu  ou  Collège  royal,  eti  donna  une  nouvelle  traduction 
BCCoropif^uéo  du  kxte,  à  la  suite  de  la  Tcrsion  du  cantique  do  Rahhin  îlûal»  La 
deniiëre  édiLlon  eat  celte  de  Berlin,  18 'Ut  Au  pc^ème  d'iîj&op  est  eaoore  Joint  un 
tjvité  de  R*  Haya  Gaon^  accompa^çné  de  notes  de  M.  Steinachûeider, 


m  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

soin  d'employer  un   langage  «^'legant   pour  écrire   en  prose" 

Joseph  avait  deux  frères,  Eléazar  Ezobi  et  Meschullam  EEobi, 
qui  nliabitôrent  pas  Perpignan.  On  connaît  de  Sarouel  EzobI» 
lils  de  Josepti,  une  pièce  de  vers  qu'il  adressa  à  son  père  en 
réponse  au  poèmo  du  VaseitArgenL 

Aux  villes  de  Perpignan,  Ille,  Thuir,  Ct^ret  et  Puigcerda  que 
nous  avons  citées  comme  ayant  des  juifs,  il  faut  ajouter  ColHoure, 
Millas,  Elue,  Torreilles,  Clayra,  Salses,  Le  Bouiou  (anciennement, 
el  Volo)  et  Villefranclie-de-Conflent*  Cest  dans  cette  dernière  | 
ville  que  naquit»  vers  1245  ou  1250»  Lévi  ben  Abraham,  célèbre 
par  le  rôle  qu'il  joua  dans  la  lutte  entre  les  partisans  de^  études 
philosophiques  et  les  orthodoxes.  En  1276,  il  avait  composé  son  ' 
poème  didactique  intitulé  Coffrets  de  Parfïwis  et  son  Trailê 
d'astronomie  tout  en  étant  jeune  encore,  tandis  qu'en  1304  on  le 
désigne  avec  répilhète  de  «  vieillard  »,  expression  employée  gé« 
nf'ralement  pour  une  personne  qui  approche  au  moins  de  la 
soixantaine.  Les  parents  de  Lévi  habitaient  Narbonne,  et  Ini- 
même  quitta  Villefranche  pour  aller  à  Montpeliier,  oii  il  composa 
son  Traiié  d'astrouomle  (1275).  On  le  trouve  ensuite  à  Perpi- 
\^nan  (1303),  puis  à  Arles  (1314).  11  résulte  ùes  lettres  que  les 
rabbins  orthodoxes  et  surtout  Salomon  1  en  Adret  ont  écrites  M 
contre  Lévi»  non  seulement  qu'il  était  un  écrivain  hardi,  mais  " 
encore  qu*il  enseignait  et  pnVJiait  conformément  à  son  système*. 

Parmi  les  juifs  qui  habitaient  Villefranche  dans  la  seconde 
moitié  du  xm<^  siècle,  nous  pouvons  citer  Âstruch  de  Besalu  ■ 
{Aslruchus  de  Besalduno),  Dauinus  Bonisach,  Jucef  Astruc,  | 
Bonetus  Bonisac ,  Vitalis  Mayrii,  Mayr  Mosse^  Villefranche 
fut  laudée  en  1095  par  le  comte  Guillem  Raymond,  en  un  lieu 
très  imtjortant  pour  la  défense  militaire  du  pays.  Des  montagnes 
abruptes,  au  milieu  desquelles  les  rivières  de  Vernet  et  de  la 
Têts  ouvrent  un  passage  dangereux,  forment  en  ce  lieu  un  dé- 
filé étroit.  «  Ost  comme  dans  le  voisinage  de  Villefranche-de- 
Gonflent,  dit  Lévi,  ma  ville  natale,  qui  est  située  entre  deux 
montagneîî;  le  soleil  y  est  caché  pendant  le  mois  de  décembre. 

AFépoque  ou  Lévi  vivait  à  Villefranche,  cette  petite  ville  se^ 
distinguait  des  autres  lieux  du  Gonflent,  où  la  classe  agricole  for-  - 
mait  la  majorité  He  que  Ion  trouve  alors  à  Villefranche,  après  les 
commerçants,  c'est  la  population  industrielle,  composée  de  pa- 


*  UetiûD,  let  RaàbiHS  français  du  iommtneemehi  du  iiv*sièclet  dans  Hittoirt  lùti- 
t,n*«  dt  la  France,  U  XXVII,  p.  703, 
«  Ufdem,  p.  032. 
'  Noiaîrcs,  n"  4706. 


I 


I 


LES  JUIFS  DE  mUSSILLON  ET  DE  CL:RDAGNE  i8?i 

reurs  de  drap,  de  tanneurs,  de  tisserands,  et  surtout  cette  classe 
qui  formait  alors  la  bourgeoisie,  et  que  nous  appellerions  aujour- 
d'hui des  rentiers.  Une  population  compostée  de  pareils  éléments 
ne  se  comprendrait  pas  sans  rintervention  de  Tagenl  du  commerce 
et  de  riiidustrie  à  cette  époque»  sans  le  juif,  que  Von  trouve,  en 
effet,  à  Villefranche  avant  le  railieu  du  xni«  siècle  ' . 

Parmi  les  rabbins  ou  les  écrivains  juifs  des  deux  Comtés  de 
la  tin  du  XIII»  siècle  et  du  commencement  du  xivû,  il  faut  citer 
Isaac  ben  Jetiuda  de  Lattes»  Mena  hem  ben  Salomon  Meïri,  qui 
habitèrent  Perpignan  ;  le  poète  Pinlias  Hal-Lévi,  de  Perpignan, 
qui  était  prcbablement  frère  de  R.  Aliron  IIal*Lévi  ben  Joseph 
ben  Benevenist.  une  des  plus  grandes  célébrités  du  monde  rab- 
hinique^ 

et  Quant  à  Menahem,  dit  M.  Renan,  il  était  fils  de  Salomon  Meïri 
de  la  famille  Meïr,  de  Perpignan,  et  c'est  un  des  plus  célèbres 
commentateurs  parmi  les  Juifs  du  midi  lîe  la  France.  Son  nom 
provençal  (ou  catalan)  était  don  Vidal  Salomon,  Il  naquit,  d'après 
son  propre  témoignage,  qui  se  trouve  à  la  fin  de  la  préface  du 
Bel  h  habbehira,  vers  la  fin  (élul,  septembre)  de  Tannée  5009 
A.  M.  —  1249  A.  D.,  et  il  mourut  entre  les  mois  d'ab  et  de  schebat 
(juillet-décembre)  de  Tannée  1306»  »  Âbba  Mari  de  Lunel  adressa 
une  lettre  de  condoléance  à  la  communauté  de  Perpignan  à  Toc- 
casion  de  la  mort  de  Menahem. 

Outre  le  Beih  habbehira,  que  nous  venons  de  citer,  Menahem, 
qui  fut  enveloppé  dans  la  querelle  entre  les  défenseurs  de  la  phi- 
iosophïe  et  les  orthodoxes,  composa  un  grand  nombre  d'ouvragées 
dont  M,  Renan  a  donné  une  liste  critique  dans  les  Rabbins 
français  dti  commencement  du  xiv  siècle.  D*ailleurs,  la  fameuse 
querelle  agita  violemment  les  esprits  au  Call  de  Perpignan;  on 
peut  a*en  convaincre  par  Tanalyse  que  M.  Renan  a  laite  des 
lettres  adressées  par  des  Catalans  au  rabbin  Salomon  ben  Adret 
de  Barcelone  et  autres. 

J'ai  retrouvé  dans  de  vieux  actes  le  nom  de  don  Crescas 
Vidal,  de  Perpignan,  frère  de  don  Bonafous  de  Barcelone,  celui 
de  Samuel  Sulami,  qui  avait  donné  asile  au  fameux  Lévi,  —  ce 
qui  avait  indigné  Adret,  adversaire  Ihéologique  de  ce  der- 
nier, —  celui  de  Moïse  ben  Samuel  ben  Ascher,  de  Perpignan.  11 
n*est  rien  dit  nulle  part,  dans  ces  documents,  de  leurs  querelles 

<  AlifL  Let  SliU  dû  Viitffir^nike  rft  Cun^ini,  p.  8. 

*  Reoii],  ouvr.  a/é,  p.  524.  —  Lo  nom  vulf^'airo  oti  cilalan  d-i  poèU  Pinhas-Uil- 
I^vi  élAit  Don  Vifïal  Profet  ou  Profayl.  U  habilait  Perpignsn»  miîs  il  possédait  une 
propriété  k  Cioet,  écrit  I3'*3p  eo  bébreu. 


REVUE  DES  ETCDES  JTffES 

philosophiques,  rien  non  plas  des  ouvrages  qulls  ont  éerftf. 

L*Qn  de  ces  doctuments  est  de  1412;  il  est  rédigé  en  hébrea 
et  contient  une  liste  de  juifs,  parmi  lesguefs  se  troavetit  un  Dttrtn 
et  deux  Gerson,  Isaac  et  Jaco* 

Beaucoup  de  points  de  la  biographie  de  Lëvi  ben  Gerson  sont 
encore  obscurs;  on  l'appelle  maître  L^n  de  6agQols\  il  était  pe«l- 
être  né  à  Bagnols;  on  prétend  qu'il  mourut  à  Perpignan  en  13W, 
mais  cette  date  est  fausse.  S  il  est  vrai  que  son  père  Gerson  ben 
Salomon  fût  catalan,  comme  dît  Fauteur  du  livre  Schaisd^deih 
hnHhahala,  8*il  est  vrai  encore  que  Grerson  ben  Salomon  soit 
mort  dans  cette  ville  vers  la  fin  du  xin*  siècle,  comme  le  croit 
Torres  Amat  •,  on  pourrait  conjecturer  avec  quelque  fonde* 
ment  que  la  famille  Gerson  était  une  famille  perpignanaise  ;  cette 
conjecture  sera  d'autant  plus  fondée  si  Ton  considère  que  noui 
rencontrons  encore,  en  1412,  sur  une  liste  de  Juifs  de  Perpignan, 
un  Isaac  Gerson  et  un  Jaco  Gerson,  comme  appartenant  à  la  jul- 
verîe  de  cette  ville  et  dont  les  noms  ne  sont  suivis  d*aQCUBe  indi* 
cation  de  localité  ^, 

La  famille  Duran  était  issue  de  Majorque.  Lors  de  Témeute 
générale  de  1391,  elle  quitta  cette  lie  et  vint  s*établir  à  Alger. 
Elle  était  alors  représentée  par  son  chef  Simon  ben  Cemah 
Duran,,  mathématicien,  astronome,  théologien,  médecin  et  allié 
par  sa  femme,  une  juive  barcelonnaîse,  à  la  famille  de  Moïse 
ben  Nachmann  et  à  celle  de  Lévi  ben  Gerson.  Il  succéda  à  Isaac 
Barfatts  dans  la  dij^nité  de  rabbin  d*Alger,  et  tous  les  deux  sont 
regardés  par  les  Israélites  d* Afrique  comme  les  véritables  fon- 
dateurs du  judaïsme  algérien  ♦. 

Il  est  très  présumable  que,  grâce  aux  rapports  qui  existaient 
nécessairement  entre  le  Roussillon  et  Majorque,  longtemps  réunis 
sous  la  m<*me  domination,  une  branche  de  la  famHle  Duran  s'est 
venue  établir  à  Perpignan.  Toujours  est-il  que  parmi  les  juifs  ap- 
partenant à  la  communauté  juive  de  cette  ville  en  1412,  figurent 
deux  individus  qui»  s'ils  n'appartiennent  pas  à  la  famille  du  rabbin  I 


I 
I 


*  BartaioccI  [BxUiothcca  ma^ita  rabbiniea,  I,  p.  IM]  le  fuît  ailtre  à  Bignols,  pelîlfl 
ville  du  Gard. 

*  MemùHai  para  atfudaf  i%  fbmmr  an  dieeionaino  fritùû  tfé  ht  $seriior$i  CMiê^ 
Um^t  par  Félix  Torres  Amat,  évêquâ  d'Astor^a,  Bircelona,  1836,  p.  2S« 

*  Renaa  cito  un  G^riûra,  (îls  de  Salomoo,  auleur  dNiwo  espèce  d'cncTclopédl* 
d^bisloÎTA  naturelle  cl  de  philosophie  iniitutéc  »  la  porte  du  Ciel.  »  D'après  quelcpiea 
maauscriis,  ce  Gerjou  ou  Gersom,  qui  vÎTait  dans  la  seconde  moitié  du  xiu*  siècle, 
serait  UQ  catalan^  et  tfuelc^ues  ati leurs  le  croient  père  du  mbbia  Lé  ri  ben  QertQCf 
doDt  noua  parlons  lî-defsus. 

*  Ab.  Cahen,  £fi  Jmfï  dans  PAfnçtte  »epttntfionaUy  IiQ»  le  Recueil  de  U  SodéU 
ircbéologîf{u«  de  la  province  de  Gonslantme,  1867. 


1 


I 


LKS  JUIFS  DE  ROrSSILLON  ET  DE  CERDAGNE 


187 


de  Majorque,  portent  du  moins  le  môme  nom.  Le  premier  s'appe- 
lait Duran  Salmias,  et  Tautre  Duran  Salomon.  Le  nom  de  Duran 
se  retrouve  d'ailleurs  assez  fréquemment  et  à  diverses  époqoes 
sur  de  vieux  actes  relatifs  au  judaïsme  perpignanais  et  anté- 
rieurs à  1412  *. 


XI 


LES  JUIFS  DES  DEUX  COMTÉS  PENDANT  LE  RÈGNE  DE  JEAN  II  D*ARA- 
OON  ET  PENDANT  L'OCCUPATION  FRANÇAISE  DE  LOUIS  XI  ET  DE 
CHARLES  VIÏL  —  EXPULSION  DES  JUJFS  D'ESPAGNK  ;  PLUSIEURS 
SB  RÉFUGIENT  EN  CERDAGNE  ET  BN  RO0SS1LLON  (1458-1492). 


Alt>honse  eut  pour  successeur  Jean  II,  son  frère»  roi  de  Na- 
Tarre  du  chef  de  sa  femme.  Ce  prince  fut  l^advorsaire  de 
Louis  XL  Ils  offrirent  l'un  et  l'autre  l'exemple  d'une  conduite 
déloyale.  Ils  avaient  de  grands  défauts  ;  ils  possédaient  de 
grandes  qualifias,  surtout  Jean  II,  dont  il  faut  louer  le  courage 
et  la  magnanimiW.  On  sait  qu'il  ne  voulut  jamais  trop  charger 
son  peuple  d'impôts,  malgré  les  guerres  continuelles  au  milieu 
desquelles  s'écoula  sa  vie. 

L'occupation  française  de  Louis  XI  et  de  Charles  VIII  porta 
un  coup  mortel  à  TÂljama  des  comtés,  déjà  réduite  aux  der- 
nières extrémités  sous  ie  règne  d'Alphonse, 

Les  troupes  françaises  entrèrent  en  Roussilion  vers  le  10  juillet 
1462.  Bientôt  elles  occupèrent  les  châteaux  de  Perpignan  et  de 
Collioure,  sous  le  commandement  de  Jacques  d*Armagnac.  Le 
Roussillon  et  la  Cerdagne,  domptés  par  la  force  des  armes, 
étaient  désormais  livrés  au  gouvernement  tyrannique  des  ca- 
pitaines de  Louis  XL  L'un  d'eux  surtout,  qui  est  qnalitié  de 
capitaine  de  cent  ianc^s^  Bolfillo  de  Judice,  fut  chargé  d'exé- 
cuter les  ordres  implacablement  rigoureux  de  ce  despote  soup- 
çonneux* Mais»  parmi  le  grand  nombre  do  documents  qui  nous 


'  De  Boaça,  Note  sur  quatre  tiorvmenta  en  Inngtte  hfhfa%qHé  eomert^i  aux  AnM^et 
du  df'p^rtemtni  des  Pi^rtU%ért~Oncnta΀s^  âaDS  te  tome  17  des  btiUelins  de  la  Société 
«gricolo.  »cienUGque  el  Ulléraire  do  Perpignan»  —  Je  Irouve  un  Moflse  Duran  do 
^fttle  iia^no,  en  1275,  d  Perpignan  (Nolaire,  n*  47iO)»  Mnpster  Duta^  Leo^  qui 
figure  dins  une  longue  lislo  de  Juifs,  dressée  le  25  mal  1380,  avec  Durûn  d'Arles 
[Notulo  de  François  GironiJ.  Uoe  liate^  dressée  le  \*f  mars,  cita  Durim  Halamitt^ 


4,fB  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

restent  du  gouvernement  de  Boffillo,  nous  ne  voyons  rien 
serapporteaux  juifs  des  comtés;  rien,  non  plus,  dans  le  grand 
nombre  de  lettres  patentes  et  d'ordonnances  de  Louis  XI  con- 
servées dans  divers  registres  de  nos  archives  départementales. 
On  serait  presque  tenté  de  croire  que  le  roi  de  France  avait  abso- 
lument renoncé  à  s*occuper  des  juifs  des  deux  comtéa  oa  qii*iU 
avaient  émigré  à  peu  près  tous.  Je  vois,  il  est  vrai»  que  le 
28  octobre  1473  Bonafilia,  femme  de  Bellshoms  de  Blanes,  juif 
de  Glrone,  vend  à  Samoel  Benvenist  Jofay  une  maison  sise  au 
Câll  des  juifs  de  Perpignan,  voisine  de  celles  de  Na  Blanclia  Juive, 
et  de  Jean  Traginer»  marchand  clirétien  ;'mi>is,  en  1476,  Jean 
de  Mendossa,  alcali  del  castell  de  Perpenya,  concède  à  diverses 
personnes  les  maisons  du  Call  de  Perpignan'.  Le  14  novembre 
1485,  des  particuliers  payeiit  le  cens  de  raorabaivis  pour  deux 
maisons  sise*  au  CaH  vell  et  dont  Tune  faisait  partie  de  la  Scola 
delsjneus-, 

Jean  II  mourut  à  Barcelone  le  19  janvier  1419,  léguant  à  son 
fils  Ferdinand,  déjà  roi  de  Sicile,  la  couronne  d*Aragon,  qui 
allait,  pour  la  première  fois,  se  réunir  à  celle  de  Caslille.  Son 
adversaire,  qui  fut  peut-être  le  plus  grand  politique  de  son  temps, 
le  suivit  de  près  (30  avril  1483].  Ferdinand  était  le  digne  élève 
de  son  père  ;  Charles  VIII  était  tout  l'opposé  du  sien.  En  attendaol 
de  négocier  la  restitution  des  comtés,  et  sûr  de  réussir  plus  tard, 
Ferdinand  se  mit  en  mesure  d'exercer  son  métier  de  roi  absolu. 
L'un  de  ses  premiers  actes  fut  la  réorganisation  de  rinquisitioii. 

Un  prélat  espagnol  lui  avait  mis  en  léte  qu'il  était  indécent 
de  voir  les  juifs  se  mêler  aux  chrétiens  dans  toute  espèce  de 
société  et  de  commerce  et  qu'ils  portaient  le  désordre  dans  un 


'  Euhriptet  de  Puignau,  vi,  fo.  35t, 

*  B.  412.  —  La  Sco]ft  ûu  Syaagoguc  du  OU  semble  avoir  élé  déplacée  dans  t« 
lircroières  années  du  iv"  siècle  ;  un  documeot  hébreu  du  1i  mai  1*12,  qui  est  qd 
tableau  de  réparti iioo  a  un  dégrèvemeut  àù  8  livres  15  eouf^  Tindique  peut-^lre: 
«  Nous,  décrétai  rea  aousrignés,  a  vu  h?,  d'un  accord  utiaDÎme,  Ojcë  le»  remises  n- 
dcssouf  înscrîks  eur  le  prix  à  payer  pour  la  venle  des  locaux  de  la  syna^o^e  qti'a 
achelés  En  Vidât  Vto*!ch  (remises  se  composaot)  de  8  livres  15  sous  qu«  nom  rep- 
lions à  fttire,  suivaul  le  caolrat  de  venlc,  passé  le  deuxième  jour  du  mois  d« 
RiEirB  412  (1412);  par  le  notaire  En  Bernai  Fubre,  •  M.  de  Roaço,  a  qui  DOiis 
empruntons  ceUe  Iraduction^  dîl  avec  raison  que  dans  Tignoranco  où  noue  (Oiames 
des  différentra  circoDstaoces  qui  se  ratiacheùl  à  ce  tcxte^  il  dous  esl  impossible  do 
savoir  au  jusle  ce  qull  veut  dire.  Vidal  Vio^ch  u'élait-il  que  le  mandataire  de  li 
communauté  juive,  qui.  au  lieu  de  vendre  les  locaux  de  la  Sjrnagop^ue,  les  aunil 
acquis  au  contreîre?  Ou  bien  devons^nous  admeltro  que  Vidil  Viosch  a  acquis  det 
administrateurs  de  lé  svnagogue  pour  soq  propre  complo  et  celui  d'un  grand  nombre 
de  juifs  dctit  le  nom  ligure  dans  IVcte?  U  y  avait  eu  coolral  de  vente  des  locaux  de 
la  synagogue,  le  2  mars  1412  ;  malheureusement,  ce  document  n'ost  point  parvenu 
jusqu^à  nous.  Voyez  de  Doaça,  loco  citato. 


I 
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LES  JUIFS  Dli  ROUSSILLO.N  ET  DE  CERDAGNE 


189 


grand  nombre  d'affaires.  Si  Ferdinand  n'avait  pas  été  roi»  et  roî 
absolu  et  fanatique,  il  aurait  répondu  au  Garriinal  d'Espagne 
que  les  juifs  veiiaifint  de  lui  rendre  des  servicesr  éminents  devant 
Grenade,  où  ils  avaient  pourvu  au  ravitaillement  des  troupes 
avec  autant  de  modération  dans  le  prix  des  comestjljles  que  d'iia- 
hUeié  et  de  promptitude  ;  mais  le  Cardinal  avait  inventé  un  Saint 
tribunal  qui  devait  se  composer  de  juges  sévères  et  graves  pour 
_  rechercher  et  punir  les  crimes  d'hérésie  et  d^apostasie-  C'était 
■  lout  siioplement  la  réorganisation  de  Tlnquisîtion  sur  des  bases 
aussi  redoutables  que  nouvelles.  L'élément  religieux  ayant  étouffé 
l'élément  politique,  le  tribunal  du  Saint  Office  devint  le  maître 
absolu  de  TEtat*  Certes,  les  rois  catholiques  voulaient  bien 
ïtiniié  polUique  de  TEspagne,  mais  c'est  Vimiié  religieuse  qui 
passa  la  première  :  celle-ci  lut  considérée  comme  devant  être 
le  gage  de  la  tranquillité  Intérieure  de  la  monarchie.  Et  puis, 
il  courait  en  Europe  des  idées  nouvelles,  passablement  étranges, 
et  que  les  conservateurs  de  Fépoque  appelaient  déjà  subversives  : 
Tunité  du  dogme  pouvait  être  violemment  attaquée  et  périr  d'un 
jour  à  l'autre.  Ces  dangers,  qui,  à  la  vérité,  étaient  loin  d'élre 
chimériques,  déterminèrent  peut-^tre  rétablissement  de  cet 
odieux  tribunal  du  Saint-Office.  Il  peut  avoir  rendu  quelques 
services  à  la  monarchie  espagnole  de  la  fui  du  moyen-âge,  mais 
il  fut  certainement  contraire  aux  intérêts  de  l'Espagne,  sans 
compter  quil  *  fut  un  défi  jeté  à  la  fac-e  de  réternelle  justice», 
selon  l'expression  d'un  grand  historien. 

L*ancienne  Inquisition  n'avait  pas  été  en  faveur  auprès  des 
populations  du  royaume  d'Aragon  ;  la  nouvelle  leur  déplut 
encore  davantage  :  tandis  qu'elle  réussit  à  s'acclimater  en  Cas- 
tille,  soji  code,  aussi  immoral  qu'arbitraire,  souleva  une  indi- 
gDation  générale  dans  toute  retendue  du  royaume  d'Aragon. 
En  Catalogne,  à  Valence,  à  Majorque,  pays  où  la  confiscation 
des  biens  et  le  secret  des  dénonciations  étaient  contraires  aux 
libertés  publiques,  firrltation  des  esprits  (It  commettre  une 
foule  de  meurtres  **  «  Ces  excès,  dit  Henry,  ne  changèrent  rien 
à  la  résolution  de  Ferdinand  et  causèrent  le  supplice  d\in  grand 
iiombre  de  nouveaux  chrétiens,  qu  on  accusa  d'être  les  moteurs 
de  ces  graves  désordres.  Cn  mot  explique  robstination  de  Fer* 
dinand  ;  ce  mot,  c'est  le  besoin  d'argent.  Les  chrétiens  nouveaux 
étaient  de  riches  juifs  ou  des  enfants  de  juifs  baptisés  dont 
Iliérésie,  déclarée  constante  par  l'Inquisition,  entraînait  la  perte 
de  tous  les  biens,  confisqués  au   profit  du  fisc.   L'inébranlable 

1  Pirt€t^im  Imqumtùmm  B^mtrici^  g  3,  11,  12,  15,  16,  17. 


i 


190  REVUE  DSCTïrDES  lUIVES 

fermeté  de  Ferdinand  triompha  partout,  malgré  la  vite  ?«%- 
tance  de  la  Catalogne,  qui  ne  put  ^tre  réduite  qu'eu  1481.  c'est- 
à-dire  huit  ans  après  rëtabllssemeul  de  cet  épouvantable  trilmoil 
en  Castille  et  trois  ans  après  son  introductiou  daiia  le  roy^mt 
d'Aragon'-  » 

On  connaît  peut-être  mal  les  causes  qui  amenèrent  reipufaioi 
des  Juifs;  il  n'est  pas  possible,  en  tout  cas,  que  le  seul  besoifl 
d'argent  fait  suggérée  à  Ferdinand.  Nous  avons  parlé  plus  haut  il« 
souci  de  l'unité  religieuse  ;  il  y  eut  certainement  d'autres  mutils, 
ignorés  aujourd'hui  ;  quoi  qu'il  en  soit,  les  rois  catholiques  sipè* 
rent  le  décret  d'expulsion  des  juifs  d'Espagne  le  31  mars  1492. 

«  Ce  décret,  dit  Âmador  de  los  Bios,  rem[>lit  de  constemaliofl 
ceux  qui»  naguère,  pensaient  que  les  temps  des  persécutions  étaient 
d<^jà  passés  :  il  fut  même  désapprouvé,  en  secret,  par  un  grand 
nombre  de  chrétiens  chez  qui  le  sentiment  religieux  n'avait  pal 
dégénéré  en  fanatisme,  La  multitude  y  applaudit  toutefois  arec 
l'enthousiasme  le  plus  vif,  et  les  rois  catholiques  ne  reçurent  pa* 
moins  de  bénédictions  pour  cette  mesure  que  pour  la  conquête 
de  Grenade*,  »  Que  le  public  ait  applaudi  0  avec  enthousiasme  1 
à  cette  terrible  mesure,  îa  preuve  n'en  est  point  faite.  Il  est  toute- 
fois bien  certain  qu1l  ne  la  condamna  point,  aiguillonné  qull 
était  par  le  clergé  à  mépriser,  piller  et  tuer  les  juifs.  D*aillears, 
rabsolutisrae  des  rois  catholiques  était  tel  qu*on  se  serait  btea 
gardé  de  murmurer.  L'historien  espagnol  que  nous  venons  de 
citer  dit  lui-même  que  la  conquête  de  Grenade  les  entourait  d'uo 
prestige  immense  et  que  «  personne  ne  pouvait  contredire  leurs 
volontés  »,  que  personne  «  n'aurait  osé  s'opposer  à  leurs  des- 
seins ^  ». 

Les  juifs  devaient  quitter  TEspagne  à  la  fin  du  mois  de  juillet 
1492.  Nous  avons  vu  que  les  deux  comtés  appartenaient  encore 
à  la  France.  Ceux  des  juifs  de  la  Catalogne  et  de  TAragon  qui 
ne  s'embarquèrent  pas  pour  l'Orient»  franchirent  les  Pyrénées 
et  vinrent  se  mettre  sous  la  protection  du  roi  Charles  VIIL  Oe 
verra  que  malheureusement  ils  n*en  jouirent  pas  longtemps. 

Dès  Ip3  premiers  jours  de  juillet,  je  trouve  ici  des  lettres  de 
change  payables  à  des  juifs  expulsés  d'Espagne*  Malgré  les  dé- 
fenses de  l'édit,  malgré  l'excessive  vigilance  que  Ton  mit  à 
l'exécuter,  les  juifs  sortirent  d'Espagne  des  sommes  importantes, 


•  HUioirt  dti  Roustilhn,  II,  p.  248. 

M.  Mngnabal,  p.  14M42» 

*  Uidem» 


LES  ailFS  DE  nOUSSlLLON  ET  DE  CEÏIDAGNE 


VM 


I 


I 


I 


et  ils  le  firent  surtout  au  moyen  de  lettres  de  change.  A  la  date 
du  10  juillet  1492,  je  trouve,  dans  la  Notule  d*AiituiaG  Pastor, 
une  lettre  de  change  de  Saragosse  sur  Naples,  payable  à  Dauit 
Cohen^  juif  de  Bellxit»  ou  à  son  fils  Gaçon  Cohen  ';  le  31  du 
même  mois,  c'est  une  lettre  de  cliange  de  Yaleace  sur  Naples 
payable  à  Gento  ou  Xanto  Atraix,  juif  de  Terol,  en  Aragon'. 
Deux  mois  plus  tard,  ces  deux  marchands  juifs  constituaient 
procureur  Antoine  Navarra,  marchand  catalan,  résidant  à  Napies, 
pour  recouvrer  les  lettres  de  change  en  leur  faveur  ^.  D'autres 
juifs,  de  Gervera,  de  Saragosse,  de  Barcelone,  de  Montso,  de  Sta- 
dilla,  de  Tarragone,  de  Girone  s'étïiient  réfugiés  à  Perpignan. 
Slruch  Abram,  Lévi  Léo»  Mosse  Vidal,  Samiel  Salamo,  Sdras 
Belsom,  juifs  de  Girone,  avaient  emporté  les  î^olies,  IWres  et  fols 
allres  abilameuis  appartenant  à  la  synagogue;  îe  juge  du  do- 
maine, par  mandement  du  27  août,  leur  enjoignit  de  lui  remettre 
ces  objets»  avec  défense  de  les  faire  sortir  de  la  ville  de  Perpi- 
gnan *.  On  peut  comprendre  par  là  riue  les  employés  du  gouverne- 
ment français  prêtaient  main  forte  à  ceux  du  gouvernement  espa- 
gnol dans  Faccomplissement  de  i  edit  du  31  mars.  Quelquefois  ce- 
pendant les  fonctionnaires  français  ne  faisaient  que  leur  devoir 
en  prenant  des  mesures  en  apparence  vexatoires  pour  les  juifs 
émigrés.  G  est  ainsi  que,  à  ce  moment  môme,  et  à  Tinstance  des 
<r  préposés  *?  ou  syndics  des  smires  e  calsaiers,  le  juge  du  do- 
maine notifiait  à  En  Manaflem  Mosse  et  à  En  Nassan,  clavaires  de 
rAljama  de  Perpignan,  que  negun  ho  negnna  crestta  hojHheu 
cresiiana  ho  Jus  la  no  gos  ni  puscha  clins  la  présent  vila  ho  ter- 
fnens  de  aqueila  de  offîct  de  meslre  de  sartres^  calsaters^  jupo- 
ners  ho  pellers,  ni  lalla  robes^  cuises^  jupons  €  pelia  de  qualse- 
volia  persona  fins  e  tro  sera  stat  examinai  e  aprovat  per  los 
sobreposats^  ab  eonseil  de  alguns  dcl  dit  offîci  esser  abiU  e 
stifficient  a  esser  mesti^e  en  lo  offîci  de  saslres^  calsaters, 
juponers  o  paliers  *.  C'était  évidemment  une  défense  motivée 

'  NoUiret^  n*  80t ,  f"  39.  —  Rede  de  Ambr^aio  Pannocbi  e  Company  tu  Netpolif 
-J-  -p  -j-  Jli3  tu  Çiragoçû  a  xvitu  de  julio  1492  -|-  pagit  a  ta  usança  por  aquosta 
seeunda  de  cambîo  hù  bavendo  por  la  primera  a  DuuiX  Cohen  judio  de  BeUtl  o  a  au 
6x0  Ciiçoû  Cohea  mil  tjuoreDta  très  ducadas  doro  de  camara  dcûiooa  1"  xxxxiii  du- 
cadoa  por  al  valor  ai|ui  del  ûhho  D<iuil  Coben  Tazet  bueu  pagoy  ponel  a  conto  de  h& 
vuestros  de  lioma  iobre  de  Qo&utroa  j  lUomal  quilaEzas,  Jba  vos  g.  Vueslros  Pedro  e 
Mi^uoj  Torrero. 

«  Ibidem. 

*  B.  413  [ManmU  ctm«,  ixj,  f"  43,  r. 

*  Ibidem  f  t*  41,  r".  —  Parmi  les  Juifs  venus  rrEspague,  noua  pouvoaa  citer  i 
Satomoa   iiabusmel  alhs    Xamorio  e  jusse  lltibusmcl,  de  Sarragosse  ;   MtttxQUor 

ytttve  do  Ffâbim  Âm&ii4oj]|  Saloaoïi  Mmiaf^em,  Seuloa  Aviu  Caleya,  Abrtm  BeO' 


f 


in 


REVDE  DES  ÊTCDES  JlIVES 


pBv  le  grand  nombre  d'ouvriers  juifs  qui  arrivaient  d'Espagne  et 
la  nécessité  de  protéger  le  travail  des  ouvriers  chrétiens  de  Perpi- 
gnan. Il  ne  faut  donc  pas  voir  ici  une  complaisance  pour  le  gou- 
vernement espagnol.  Voici  toutefois  un  exemple  de  persécutioa 
qui  est  formel. 

En  effet,  par  lettres  du  15  septembre  1492,  datées  de  Montjoieje 
roi  Charles  VI  [I  donnait  aux  damoiseaux  Spanyol  de  Camon  et  Pierre 
Irraxeta  l'ordre  de  poursuivre  les  juifs  expulsés  d'Espagne  et  réfu- 
giés sur  les  terres  des  deux  comtés  *.  Comme  on  vient  de  le  voir, 
plusieurs  d'entre  eux  étaient  arrivés  ici  sans  argent  et  avaient  du 
en  emprunter.  Maintenant,  leurs  créanciers  les  pressent  et  font 

fulo,  Ffabîm  Jacob,  Juccf  Âlmosoîno,  Jamilli  reoTC  de  Cafi9oa  CoffeOt  di 
&I011U0  ;  SalomDQ  Colfeo,  do  Lérida;  Mofise  Hajncs,  d'Osst  en  Afigoa.  !■«  24  sep- 
lembre  1492,  Falaguer  RicDOcli  el  Samuel  Almosaino,  feprésenlanlade  61  chefs  de  mai- 
•on  des  juifs  de  Sudilla;  puis,  Hobi  Saimo,  Papern«  Bouanad  Âbio  Barucb,  Âimm 
Âbdus  dit  Xif^utilo  el  autres,  au  Dom  de  74  chefâ  de  miisou  de  raljama  de  MouLmi,  et 
En  Assau  Mosse,  de  Perpigaau,  fout  des  conTeQlioos  pour  emprunter  135  livres,  dues 
par  les  aljsmas  de  Moulso  et  de  StttdiHa  pour  pajer  le  eauf-conduît  accordé,  mojeo- 
oant  20  boIs  par  cbel  de  maisoa,  par  le  vice- roi  de  RoussiUod  et  de  Cerdagne,  aax 
aljamas  étrangères  réfuf^iées  dans  ces  derniers  pays  (B.  338).  L'arpent  leur  fut  prtié 
par  l^'errer  de  l'Ala  et  Beroard  Sanio,  marcbauds  de  Perplgnao.  Le  1 1  octobre  1492, 
ces  derniers  demsDdèrcQl  lo  saisie  des  biens  des  dits  débiteurs,  qui  avaieat  été  dé^ 
posés  chez  Abram  Meûaflem,  juif  du  Galt  de  Perpi^nao,  Abram  Menaifeoi  fui  dûoe 
cité,  mais  il  répondit  qu'il  c'avait  à  rendre  compte  de  ces  biens  qu^à  ceux  qol  le* 
lui  avaient  remis.  Les  deux  maicbûods  pËrpignsDals  se  saisirent  alors  des  marclmw 
dises  de  Boosnat  Abin  Barucb,  qui  protesta.  Le  25  octobre  il  demanda  <(u*il  fÛi 
sursis  à  îa  vente  d'une  balle  a  lui  saisie  par  ordre  de  Ikrnat  Sanxo  et  Ferrer  d^Vli, 
•  Bttesque  es  stada  fêta  concordia  entre  lodit  F  d'Ala  com  a  detenidor  de  ta  robt  de 
la  aljama  de  Monso,  ab  los  jueus  dedtia  sljama  que  per  la  quantitat  que  dit  Ala  ra- 
lebis  dedila  aijama  que  de\îcn  pagar  per  tttta  très  ducats  e  mig,  e  com  dit  jueu 
hiif^e  pagada  la  sua  part  e  la  part  de  tota  ^a  familîa,  demaoa  que  dues  baies  de 
roba  que..«  te...  li  sien  restiluides, . .  •  Lodit  Ala  demana  tsserli  satisfet  par 
lots  los  jueusde  la  dita  aijama  de  Monlso  qui  son  vuj  en  la  présent  \'ûm.  etc.  (B,  113, 
f»  46  et  48). 

■  Cum  magnilieus  vir  Spanjol  da  Camon  domicellus  a  Cbrisiiaoissimo  domino 
noslro  domino  ffranchorum  rege  fuerit  comissarius  utia  cum  magoilTico  PetTiS 
Irraxeta  domicello  cum  illis  verbis  et  quitibet  in  sotidum  créa  tus  ordinal  us  et  depU' 
tatus  cum  suis  patentibus  regiis  litieris  pérgameneis. . .  Dat.  in  Monte  de  Ge? 
die  XV  mensis  seplembris  anno  1492  ad  proeedeoduin  adversus  et  contra  quos- 
cumque  juJcos  marcs  et  femellas  et  eorum  et  cujus  iibct  ipsorum  bon  a  degenles  in 
terris,  villis,  tastria  et  locia  svtis  in  comitatibus  Uossilionis  et  Ceritaoïe  baonitôsat 
expulsos  per  sereniasimum  regem  Castêrlle  et  Âragonie  a  suis  regnis,  ter ns«  ciTïla* 
tibus,  vîlliSf  easlris  et  locis  et  alia  peragendiini  prout  et  quemodmodum  in  dictif 
comissionis  litlerîs  regiis  est  contentum,  dictum,  expressum  et  ordinaium.  cl  cum 
inquam  idem  magnifficus  vir  SpanyoM  de  Camon  prout  ssseruit  de  proximo  est  • 
preseniî  villa  Perpîniani  recessurus  et  no  voluntas  dicti  domini  nostrî  Ffranchomm 
régis  fruslrclur  sed  ad  totalem  elTcctum  deducalur,  eonfidcns  merilose  prout  eciaoi 
Bsseruit  de  Gdc  indiis*.na  et  IcgaliEate  magoiflici  virî  Bogerii  Doncs  eliam  dociieallî 
tenore  hujtis  modî  prcsentis  publici  instrumenli  cunJem  Hogerium  Dones  présentes 
fubstituit  et  ECU  in  suum  locum  poauit  et  surrogavii  vidtilicet  ad  procedendum  et 
enenlandiim  eonlra  dietoB  judeos  cl  corurn  bona  cl  alia  facieodum  el  perageodiim 
que  in  diclis  comissionis  litleria  regiis  contineiilur  clc  Aetum  Perpîniani  die 
^1  xaensis  januarii  1493  {Nûtttk  de  Jacques  Ça  Torra,  ûolaires^  n«  1518,  f»  îi,  r'J- 


I 


I 


LES  JUIFS  DE  R0i;S5JLL0N  ET  DE  CERDAGNE 


^3 


fre  le  peu  de  biens  qu'ils  ont  pu  sauver  du  naufrage  ^  Ils 
Uentlront  pas  qu'on  les  expulse  ;  ils  vont  quitter  d^eux-ra^îmeâ 
rpîgiiati,  où  ils  vivent  dans  une  crainte  continuelle  ;  mais  alors, 
feont  leurs  propres  gouvernants  qui  les  prennent  au  collet:  les 
HairesEn  Jusefï  Asdayet  et  Eu  ManaTera  Mosse  font  convo- 
|uer  tous  les  juifs  de  rÂljama  dans  la  synagogue  du  Call  et  leur 
léfendent  de  quitter  la  ville  avant  d'avoir  payé  ce  qu'ils  peuvent 
devoir*.  Le  10  janvier  1493,  les  commissaires  de  Charles  VIJI, 
Spanyol  de  Caraon  et  Pierre  Irraxeta»  les  informent  qu'ils  vont 
les  expulser  et  confisquer  leurs  biens,  en  vertu  des  lettres  royales 
à  eux  adressées  le  15  septembre  1492.  Les  juifs  se  réunissent, 
'  décident  de  contester  ce  droit  aux  commissaires  du  roi  de  France 
et  nomment  pour  arbitres  Jean  Tarba  et  Gabriel  Serradell  ^. 

Les   deux  arbitres   prononcèrent  leur  sentence  le   P^  février 
1493.  La  voici  en  substance  : 


Attendu  que  les  lettres  du  roi  défendent  que  les  juifs  venus  et 
expulsés  d'Espagne  demeurent  en  RouBSillon,  vu  la  mauvaise 
saison  et  Télai  de  maladie  dans  lequel  se  trouvent  plusieurs  d'entre 
eux,  ils  devront  ôlre  partis  à  ia  fin  de  mars  prochain  ;  ils  devront, 
dans  ledit  délais  avoir  payé  50»  «  frauclis  corrents  »  à  la  princesse 
Madame  de  Foix  ;  ils  payeront,  en  outre,  M  «  seuls  dor  del  sol  w  aux- 
dits  arbitres. 

La  sentence  fut  notifiée  le  8  février  1493  à  Roger  Dones,  com- 
missaire en  remplacement  de  Spanyol  de  Gamon ,  absent,  qui 
déclare  n*ôtre  pour  rien  dans  ladite  sentence,  d'autant  plus  qu  il 


*  Uifiem^  f*  II,  r**  —  Le»  procureuts  des  créuBciers  dea  Juifs  de  Cervera  réfugiés 
m  Perpignan,  récUmatit  k  Jusscf  Asdayct,  qtidques  Jours  plus  tard  (29  Janvier  1433), 
tine  dette,  disent  au  Jufçe  du  domaine  çtte  fs  puhlica  fuma  que  hs  Juheus  tem  fioien 
^nar  t:  toit  jornê  itn  van  «  reitr»  lun  hcnt.  Us  demandent  en  conséquence  le  séquestre 
des  bieofl  du  dit  Asdu^et  (B.  413,  f*  58,  r). 

*  Voici  le  nom  des  Juifs  qui  contestèrent  au£  commissaires  français  le  droit  du  les 


I 


expulser 
Mosse  Xamorro 
SalomoQ  Maymo 
Isach  de  Bescs 
SftlomoQ  Xemorro 
Bonafos  Bonguba 
Bonanat  Âvirabaruch 
Salomon  Almosnmodo  Co- 

pUurc 
Magièter  Pi  a  il 
Jaxton  Abba 
MoMS  Vidait 
SalomoQ  de  Ptera 


Maghttr  Bonpuha 
Salomon  SamuelL 
Yisacb  do  Bran 
Ysacb  de  Ma  s  ares 
Johnna  Caslella 
ganauel  Albalecb 
JclFutla  de  Quersî 
Ât agioter  Salomon    Alpa 

perri 
JelTuda  Abba 
Slrueb  Abrsra 
Salomon  Albalecb 
iM(*t$itd  de  Jacques  Ça  Terra,  notaires»  n*  1518,  f*  iî 
XVI,  M*  yi.  n 


Donguha  Adrei  major 
N  AElrucb  Menefem 
Ysacb  Al  baie  ch 
Jscob  Tolodano 
Salomon  Baro 
Salomoa   Sabm    de 

pliure 
Jucef  Adret 
SabmoQ  Avialoro 
Stlomoa  Bon^uba 
SascD 


Co- 


I 


194  BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

vient  d'arriver  un  nouveau  commissaire  avec  d'autres  provi- 
sions sur  lesquelles  il  n'entend  ni  ne  veut  préjuger  (uUra  que 
are  de  nou  ha  arrWat  allre  comissari  ah  allres  provisioiis, 
que  no  enlen  ni  voll  prejudicar  en  aquelles  *). 

Les  juifs  des  deux  comtés  firent  aussitôt  leurs  préparatifs  de 
départ.  L'un  d'entre  eux,  qui  était  aUé  à  Marseille,  avait  passé  un 
traité  avec  un  armateur  de  cette  ville  nommé  Suslion  Albertas, 
qui  devait  embarquer  à  Collioure  cent  textes  de  juhetis  comO' 
rans  en  Rossello.  Notre  Marseillais  arriva  dans  les  eaux  de 
Collioure  avec  sa  galioia,  appelée  Sant  Elm.  Personne  ne  ae 
présentant,  il  vint  à  Perpignan  le  15  mars,  où  il  rencontra  Sas- 
san  Abussacli,  auquel  il  rappela  le  traité  passé  à  Marseille  avec 
Genton  Atran,  mort  depuis  dans  cette  ville.  Suslion  Albertas 
somma  donc  Sassan  Abussacli  et  les  autres  juifs  de  se  mettre  en 
mesure  de  partir.  11  promit  d'attendre  ses  passagers  huit  jours  de 
plus  ;  passé  ce  délai,  il  reprendrait  la  mer*. 

Pendant  tout  le  mois  d'avril  je  trouve  des  juifs  à  Perpignan 
occupés  à  faire  rentrer  des  dettes  ou  à  réclamer  des  objets  qu'on 
leur  a  volés  ou  saisis  injustement.  On  sent  partout  les  préparatife 
du  départ.  Le  15  mai,  le  procureur  dq  l'honorable  Otxuan  de  la 
Torra,  patron  de  barque,  fait  notifier  à  plusieurs  juifii  qu'il  est 
présentement  au  port  de  Collioure,  et  qu'ils  aient  à  se  tenir  prêts 
avec  leurs  familles  et  biens  à  s'embarquer  avant  la  fin  de  la  se- 
maine. Ces  juifs  sont  : 

Mestre  Isacli  Salomoii  Rabi  ;  mestre  Bonjuha  ;  Jusse  Adret 
maiornalic;  Bonjuha  Adret;  Rabi  Samuel  Albala  ;  Salamo  Xa- 
morra,  Isach  de  Debrom  ;  Bonafos  Bonjuha  Adret  dierum  7ni7ior; 
Isach  Albala  Rabi  ;  Samuel  Bonjuha  Adret.  —  Et  ce  dernier  dixU 
que  ell  te  malalls  ^ 

Charles  VIII  rendit  à  l'Espagne  les  deux  comtés  de  Roussillon 
et  de  Cerdagne,  que  son  père  avait  conquis  à  force  d'argent,  de 
patience  et  d'astuce.  Les  2  et  3  septembre  1493  eut  lieu  la  remise 
des  fortifications  de  Perpignan  aux  autorités  espagnoles.  Ferdi- 
nand et  Isabelle,  partis  de  Barcelone  le  6,  firent  leur  entrée  dans 
Perpignan  le  13,  vers  deux  heures  de  l'après-midi,  au  milieu  d'une 
pluie  battante. 


1  B.  338. 

*  Manuel  de  Jacques  Ça  Torra,  f"  10  \°, 

*  Manuel  d'Autoiue  Paslor. 


Un  des  premiers  soins  do  Fertlinaïul  fut  d'api^liquer  aux  juifs 
^es  deux  comtés  Tédit  perpétuel  d  expulsioji  porté  lo  31  mars 
P492  contre  leurs  coreligionnaires  d'Espagne. 

Par  son  nouvel  Hli  donné  à  Perpignan  le  21  septembre  1493*, 
le  roi  ordonnait  auxdits  JLiits  de  sortir  de  tons  ses  royaumes  et 
terres  dans  un  délai  de  trente  jours,  avec  défense  d'y  rentrer 


ft 


'  No»  doa  Fferraudo  per  la  pracia  de  dcu  rey  de  Gastoilt,  de  Arago  olc,  Râcor> 
d«as  en  dits  passais  ab  nostre  real  edide  perpeluament  durador  haver  pfovcbit  o 
niADil  par  les  ctusea  en  ar:[ueU  cûnLoDji^udes,  ^a&  tols  los  juaus,  aii  bomens  com 
doues,  Axi  maiors  com  menors  isquesen  de  lois  no&Lres  règnes  e  terras  ab  ces  famU 
lies  6  companjas  dins  lo  temps  eu  dit  ooslre  real  udicie  preG^iC  e  que  ao  fosseu 
g^f^ats  tomar  en  aquells  ne  en  part  de  squells  per  star,  habitar  e  passar  ne  en  aUra 
qoalscvol  maners  ttott  pena  de  mort  e  de  conûscacio  de  lots  aoa  bena  en  les  quais 
incorren  ipso  facto  e  seus  allro  procès  senlencia  o  declaracio  segoua  que  en  lodît 
nostre  real  édicté  al  qu&l  nos  retîcdin  es  mes  exlcsiiment  contengut.  E  per  quant 
QOS  per  lo  serTey  de  nostie  seojor  Deu  dedujant  a  dej^ut  eiïecte  lo  dit  uostre  real 
ediet«  segoDS  6om  tcnguta  e  oblige  Ls  per  lo  des^arrecb  du  nostra  real  Londeneia 
Tolem  sia  exequit  e  observât  en  lot  c  per  tôt  en  los  nostrcs  présents  cozntata  de 
Rosselo  e  de  Cerdanya,  per  ço  eb  ténor  de  les  présents  de  noslra  certa  sciencia  y 
dcliberada  maoïin  a  tots  e  quaUevol  jueus  a  xi  bomens  com  doaas  de  qualsevol  edat 
sien  qae  babiteii  y  slan  en  los  dits  nos  très  comtats  axi  los  Daturalfi  del  oom  tos  no  da- 
lurals^que  siec  per  qualsevol  causa  veuguts  bi  esliguen  en  ella,  que  din»  spay  de  temps 
d«  tfmla  diaa,  del  die  de  la  data  de  la  présent  en  avant  compladors  isquen  perpétua- 
meot  de  lots  los  dits  Dostres  comtats  g  rognes  e  terres  no&trcs  e  ba  nostra  juriisdiccio 
subjectea  ab  sos  blls,  iilas  e  Tamiliars  jueus  axl  bomeDs  eom  dones  de  quals&vol  edat 
sieo,  e  no  sien  gosats  ne  presumesqnen  venir  ni  tornar  en  aqudlSj  axî  pL*r  star  com 
per  passa r  bo  en  allre  qualsevol  manera  sots  les  pcnes  en  lo  dit  nostre  rcial  édicté 
conteogndes  eo  les  quais  volem  axl  matexs  eacorregan  ipso  facto  qualsevol  personas 
de  quaJseTol  ley^  siat,  grau  e  prebemiDenda  que  bicd  que  receptaran,  acculiran  empa'- 
raran  o  defleaiaraii  bs  dits  Jueua  axi  publicameut  com  sécréta  dins  los  dits  nostret 
coffltats  passât  lo  dit  terme  a  ells  prcGgil^  dins  lo  quai  terme  e  no  mes  avint  prenien 
los  dits  jueus  ax)  homeas  com  donas  sots  nostra  protcirclii  e  saWaguarda  real,  axi  y 
•&  lai  mènera  que  per  persoiia  alguaa  nols  sia  Ici  mal^  dan«  iojuna  ne  vexacio 
alguoa  contra  Justkia,  sots  les  pcnes  que  incorrea  los  qui  tienqucn  salvas  guardias 
de  son  tty  e  seoyor  natural,  Donam  empero  licenda  als  dils  jueus  que,  pagnat  que 
haurao  totj  e  qualsevol  deutes  per  ells  deguts,  sxi  de  rendes  reals  com  altres  qual- 
•evoi  puixen  traure  e  porter  fora  los  dits  comte Is  lo  quels  reslara  de  sos  beus  axi 
per  mar  com  per  terra  puiys  no  sie  en  or  ni  en  plata  ni  en  ks  altret  coses  probiLides 
de  traure  fora  los  dits  nostrcs  comtaiSi  scgons  que  per  altres  nostras  proTîsioDS  a 
comissions  de  U  data  de  It  présent  es  mes  estesament  contengut  manants  expresaa* 
meot  elc«  Dat  en  lo  tiostre  ca&telL  de  Pcrpeoya  a  xxt*  de  fetembre  en  lany  de  la  nati- 
vilat  de  N.  S'  Mil  GGCctxjtxx,  Très.  Yo  al  Ray  (Arcb.  doa  Pyr.-Ur.,    Inwntari 

ff  àenêdeUjueu»^  U,  339]. 


n 


.ia6  UKVtîi:  DES  ETLîDIiS  JUIVES 

Jamais  «  sous  peine  de  mort  et  confiscation  de  leur  avoir  »;  îl$ 
devaient,  au  pr^^alable,  payer  leurs  dettes  dans  le  terme  flx^,  ave<; 
toule  liberté  de  vendre  leurs  biens  et  d'emporter  ce  qui  pourrait 
leur  rester  de  nippes  et  de  mobilier,  «t  à  Texceplion  de  Tor  et  de 
Targeiit  ». 

La  juiverie  de  Perpignan  était  réduite  à  un  très  petit  nombre 
de  familles,  et  la  plus  grande  partie  des  juifs  expulsée  de  Cata- 
logne, de  Valence  et  d'Aragon  qui  avaient  cherché  un  refuge  pro- 
\isoire  en  Roussiîlon»  pendant  Tannée  précédente,  s*étaient  d^jà 
retirés  en  divers  pays.  Ces  malheureux  étaient  condamnée  à 
disparaître  jusqu'au  dernier,  car  les  ordres  du  roi  Ferdinand  furent 
rigoureusement  exécutés.  Tous  les  biens  des  juifs  furent  immédia' 
tement  inventoriés  et  séquestrés,  et,  tandis  qu'il  leur  était  impos- 
sible de  recouvrer,  faute  de  temps,  leurs  propres  créances  et  même 
d'en  ramasser  les  titres,  leurs  créanciers  eureïit  toutes  les  facilités 
pour  présenter  ïeurs  réclamations,  exercer  des  poursuites  et  se 
taire  payer  ce  qui  leur  était  du  '. 

Après  la  publication  du  décret  qui  chassait  les  juifs  des  deux 
comtés,  Ferdinand  signa  des  édita  particuliers  visant  les  juifs  de 
Perpignan,  CoUioure,  Elue  et  Millas,  ce  qui  ferait  croire  qu'il  ne 
isen  trouvait  point  dans  d'aulres  lieux  du  pays  à  ce  moment 

Un  inventaire  fut  immédiatement  dressé,  par  ordre  du  roi,  de 
tous  les  meubles  appartenant  à  chaque  juif.  Défense  expresse  était 
faite,  avec  menace  de  peines  corporelles,  d'en  rien  distraire, 
vendre  ou  enlever,  afin  que  la  valeur  de  ces  objets  pût,  au  besoiiit 
répondre  du  paiement  de  ce  qui  pourrait  être  dû  an  fisc 

Le  26  septembre,  le  procureur  royal  appela  devant  sa  cour 
le  syndic  des  juifs.  11  commença  par  demander  le  paiement  d'un 
cens  de  4  livres  1  sou  sur  !a  taille  de  la  boucherie  du  Call,  droit 


'  Don  Fferrnndo  per  la  f^rada  de  deu  rcy...  ats  amau  conseller  e  faells  nostnei 
rao?9.  ÂDlon  dez  Vivers  cavalier  e  procurador  real  Dostrc, . ,  e  micer  Gabriel  Sem- 
dt'U  dr  en  lt?vs  de  la  vilo  de  Perpenya. . .  Ordre  de  fitife  fain  dn  crUet  en  rerin  it 
Vf  dit  précédent ,, ,  pour  que  tovte  fiertonm  à  gni  il  ëtrait  dû  pût  les  Juif*  ail  à  f/- 
damer  pour  que  U  payement  soit  fuit  ab  lola  recûtut,  de  mêmf  fut  ponr  tt  jvi 
êerait  dû  (tuxJuifx^  preoiat  per  invcnLart,  si  necuèsiui  sera,  los  bcûs  dels  dits  jueus, 
axî  bens  mobles  com  la  mobles^  dt'uLes  e  ceiisnls  âéls  diU  jueus...  Quant  eispero 
se  s^^UQrda  a  la  solueio  dû  les  leudes  rcab  ooslras,  volem  eus  manam  que  sia  ptt 
vos  altrts  fêla  eiUmacio  de  la  proprietat  del  que  mon  tara  n  les  dites  rendes  ret' 
CDmptanL  aquella  a  raho  de  vinl  e  siuch  mit  sous  per  mil,  la  quoi  quanliïat  ros 
procurador  real  noalre  reebreu  en  dines  compLanls  o  en  or  o  argent  dtls  dits  jaeui 
y  vu  dcirecla  de  aines  tomplaDLs  or  a  argent  en  altres  qualsevol  bena.  B  paK>t 
aiiUsI^i  que  bauraa  dits  jueus  les  dites  rendes  reals  cl  a)  1res  creedors  los  restituy 
los  akrcs  bans  sens  losquals  puxen  ira  lire  tora  los  dits  noslrcs  comtaU,  puix  no  t: 
en  or  argent  e  nltre^  probibides  de  traure  etc.  Perpetiya  a  ixt  de  seiembro  del 
de  la  nauviiat  de  ENJ.  S.  14^3  (B.  339,  £«  3].  —  Les  criées ordonaéet  (>ar  k  roi  U 
failes  à  Perpif^aan  le  21  septembre. 


LES  ICtFS  DE  ROUSSÎU,ON  ET  DE  CERDAGiNE 


197 


qui,  disait-il,  se  payait  annuellement  au  roi.  Le  syndic  répondit 
que  ni  lui  ni  aucun  de  ses  confrères  ne  connaissaient  Texistence 
de  ce  cens  ;  qu'ils  le  payeraient  cependant,  quand  on  leur  en  au- 
rait démontré  la  légitîmiti^.  Si  une  rente  constituée  de  cette  espèce 
avait  réellement  existé  et  que  les  juils  la  payassent  chaque  année, 
n'était-il  pas  étonnant  qu*aucnn  d*eux  n*en  eût  connaissance!  Sur 
celte  observation  du  syndic  des  juils,  la  séance  fut  levée  et  ren- 
voyée au  premier  octobre  suivant. 

Ce  jour-là,  sans  aucune  autre  explication  au  sujet  de  leur  pre- 
mière réclamation,  les  commissaires  en  présentèrent  une  autre 
qui  ne  surprit  pas  moins  les  juifs* 

En  première  ligne  des  créanciers,  figurait  le  patrimoine  ou 
domaine  du  Roi,  qui,  par  Torgane  de  Jacques  de  Casafrancha, 
régent  de  la  trésorerie  royale,  présenta  sa  requête  avec  Tétat 
des  droits  et  sommes  dont  les  juifs  de  Perpignan  étaient  redevables 
envers  le  trésor. 


Nous  requérons,  y  est-il  dit,  que  lesdits  juifs,  qui  sont  au  nombre 
de  quatorze  ftux  ou  ménages  (quatuor  decim  fochs  sive  casais), 
payenl,  ouire  les  cens,  morabaiios,  fermes...  et  autres  droits 
dus  à  nos  seigneurs  le  Roi  et  la  Heine,  les  deux  florins  d*or  pour 
chaque  feu  appartenant  auxdits  seigneurs  à  cause  de  leurs  couron- 
nements, c*eçl-à-dire  au  total  28  florins  d'or  ; 

Ilem  le  viaridatge  ^  dû  pour  quatre  litles  légitimes  et  naturelles  des- 
dits  seigneurs  le  Roi  et  ta  Reine,  à  raison  d'un  florin  d*or  pour 
diaque  mariage  de  chacune  d'elles,  ce  qui  fait  au  total  56  florins 
d'or;  et  aussi  le  demi  mandatée  pour  trois  filles  illégitimes  dudit 


\ 


*  Lt  droit  ronnu  en  RousfiUoa  sous  le  nom  de  mandatée  contîstait  en  une 
impoeilion  perçue,  k  titre  de  dot,  par  le  souveraiu,  comte  ou  roi,  pour  lo  mariage  de 
chacuuo  de  ses  Glles<  Le  caractère  et  les  mœurs  priirés  du  souveraio,  iVtat  de  la 
moral  île  pubUrjue,  ver  in  blés  dans  le  cours  des  siècles,  ont  dû  rendre  cet  impôt  plus 
ou  mmas  lourd,  plus  ou  moins  TréqueDl^  eurloul  après  que  lu  martifçe  des  filles  i\\é~ 
pilimes  eut  été,  pauf  aiof  i  dire,  assimilé  à  celui  des  filles  lé^^îiimes.  Tout  d'abord,  en 
elkl,  les  suj'is  et  vassat'x  ne  ptjoient  pour  les  premières  que  la  moitié  du  larif  fixé 
pour  les  secondes.  S'il  est  posfible  de  reconnu îlre  jusqu'à  un  certain  ptnnl  les  pru- 
grbs  de  la  moralitâ  pulj]ir|ue  chez  une  nalion.  d'un  siwle  à  un  autre,  il  faut  ennveutr 
qae  )i  dilTefence  est  moins  sensibla  en  ce  qui  concerne  la  moralité  privée  des  sou- 
verains. On  croirait  que  la  loi  du  progrès  moral  marche  ici  à  rebours.  Dans  sou 
ieelament,  Uix  en  925,  certain  comte  de  noire  pays  donne  le  nom  de  cinq  de  ses 
enfanU  naturels,  dont  quatre  filles  ;  mais  ce  fut  uu  petit  saint  à  câié  de  quel{|ues-uus 
d«s  rois  d'AraguD«  do  CaEtille  et  de  France^  qui  légiiimaienl  des  bâtards  doublement 
•dttUéiiQB. 

Quoi  quLl  en  sotl,  te  droit  de  maridêi^e  fut  pajâ  par  les  communautés  roussillon- 
oaisfl*,  en  raison  du  nombre  des  faux,  pour  toutes  le»  infantes  ou  princefses  royales 
d^AragOQ,  légitimes  ou  non.  C'est  un  fait  connu  et  trop  reconnu  pour  qu'il  boiI  né- 
cessaire d'en  citer  ici  des  preuves  i  mais  ces  payemeots  do  dot  ne  rorêlifinl  jamais 
UD  caractère  d'extor»ion  plus  tjraoïiique  et  plus  ébonlé  que  dass  les  oircouFtanccs 
exposées  ci- dessus. 


i 


108  REVLE  DES  ÉTWES  ItllVES 

seigneur  roi  {pro  tribus  filiabus  bastardis),  savoir  un  demi-Ûorm  û  ûr 
pour  chaque  filïe,  c*esl-ù-dire  21  florios  d*ôr,  lequel  droit  des  «wH- 
daiffis  s'élève  en  tout  à  77  florins  d*or  ;  plus,  les  droits  de  anê  \de 
p$irta  »i  de  toUe  *,  eic,  ♦ 

Abram  Abenfulo,  syndic  du  procureur  des  juifs  de  Perpi 
fit  observer  »  en  toutL^  révth'ence  et  humilité  »,  en  ce  qui  coii' 
les  droits  des  couronnements  du  roi  et  de  la  reine,  a  que  les  juîft 
de  Roossillon  n'étaient  pûinttenus  de  payer  un  pareil  droit,  vu 
qu'à  répoque  desdits  couronnements,  lesdits  juifs  étalent  consti- 
tués sous  la  domination  et  le  pouvoir  du  roi  de  France  n  ;  ce  qui 
était  rigoureusement  vrai. 

En  second  lieu,  quanta  Tarticle  où  Ton  demande  le  droit  de  ma- 
fiâaige^  il  prétend  que  les  mêmes  juifs  ne  sont  pas  tenus  de  payer 
pareils  droits  pour  l'avenir,  puisque  sa  royale  Majesté,  par  son  édit 
perpétuel  à  eux  intimé  à  son  de  trompe,  les  a  exilés  de  tous  ses 
royaumes  et  terres,  et  parce  que  ceux-là  seulement  sont  tenus  de 
payer  un  pareil  droit  qui  existent  réellement,  demeurent  et  habitent 
dans  les  royaumes  et  terres  dudiL  seigneur  Roi;  par  conséquenl,  ils 
ne  peuvent  être  tenus  de  payer  le  droit  de  maridatge.  Quant  aux 
autres  droits  de  cena^  pcyia  et  tolU  peliia,  Abeufulo  reconnaît  que 
les  juifs  doivenl  les  payer,  et  ils  les  payeront. 

On  ne  pouvait  mieux  dire;  mais  le  régent  du  trésor  n'en  per- 
sista pas  moins  dans  ses  conclusions  au  sujet  du  maridatge,  mais 
les  commissaires  royaux,  Antoine  ûez  Vivers,  procureur  royal  et 
Gabriel  Serradel,  docteur  en  droit,  jugèrent  à  propos  d'en  référer 
au  roi|  auquel  ils  adressèrent  la  lettre  suivante  : 

Les  dits  juifs  prétendent  qu'en  justice  ils  ne  sont  lenus  de 
payer  ces  droits  ni  maintenant  ni  pour  ravenir,  surtout  parce  que 
le  droit  du  couronnement  de  Votre  Altesse  n*est  pas  encore  échu 
(pour  le  Roussillon),  et  bien  motus  encore  le  droit  de  maridatgt, 
puisquejusqu'ici,  des  filles  de  Voire  Royale  Majesté,  il  n'y  en  a  pas 
eu  d'autre  de  mariée  que  Madame  la  Princesse  de  Portugal,  mariage 
qui,  d*ailleurs,  s'est  fait  pendant  que  ce  pays-ci  était  encore  souft 
l'obéissance  du  Très-Chrétien  roi  de  France.  A  plus  forte  raison' 
pré  tendent' ils  ne  pouvoir  êlrc  obligés  de  payer  pour  le  mariage  de§ 
entres  princesses  qui  ne  pourra  avoir  lieu  que  dans  un  temps  où  ils 
ne  seront  plus  sous  Tobéissance  de  Votre  Majesté.  Il  serait  fort 
étrange,  ajoutent-ils,  qu'après  avoir  ordonné  auxdils  juifs,  commô 

*  Droit  qu'on  payait  ea  Aragon  pour  la  nourrllurQ  des  enfuiiti  du  roi, 

*  Droit  prélevé  sur  lo  p^jemeot  lui-mèmc. 
^  Imposition  aibtiraire  pour  les  frais  de  recouvrement. 

*  13.  339,  1»  36-37. 


LES  JLîlFS  DE  BO^SSILLON  ET  DE  CERDAGNE  m 


w 

V  Voire  Altesse  Ta  déjà  fait,  de  sortir  de  voire  royaume,  ils  dussent 
m  encore  à  Taveair,  et  lorsqu'ils  ne  seroot  plus  sujets  ni  vassaux  de 
Votre  Altesse,  payer  de  pareils  droits,  qui  ne  doivent  être  payés  que 
par  de»  vassaux  et  sujets  de  Voire  Ro^^ale  Majesté  i  Nous  avons  trouvé 
leurs  raisons  quelque  peu  douteuses  (alf^U'i  tant  dup(osis)  et  nous 
avons  demandé  conseil  à  ce  sujet  à  des  juristes,  qui  nous  ont  dé- 
claré que  les  raisons  données  par  lesdits  juifs  auraient  quelque  appa- 
rence de  justice  (àauriefi  aljima  demùnstracio  ds  justicià),  de  sorte 
que,  pour  mieux  justifier  notre  décision,  uons  sommes  obligés  de 
consulter  votre  Altesse,  qui  nous  mandera  ce  qu'il  lui  plaira  K 


I 


Certes,  les  raisons  données  parles  juifs  nV4aient  rien  moins 
que  douteuses  pour  tout  homme  de  Ijons  sens»  et  il  n'y  avait  pas 
une  ombre  de  justice  dans  les  demandes  du  fisc.  Malheureuse- 
ment, il  fallait  compter  avec  le  despotisme  et  Tavidité  du  roi  catho- 
lique, dont  les  volonti?s  furent  transmises  dans  les  termes  soi* 
vants  à  Jacques  do  Casafranca  par  le  trésorier  Gabriel  Sanchis  : 
t  En  ce  qui  concerne  le  couronnement  et  le  marldatge,  voici  les 
conclusions  :  Le  Roi  notre  Seigneur  ordonne  que  les  Juifs  de  Per- 
pignan devront  los  payer  df  la  manière  dont  il  récrira  lui-même 
au  procureur  royal  ;  et  qu'ils  fassent  comme  vous  leur  direz,  ou 
plutôt  comme  vous  lavez  déjà  dit;  qu1ls  payent  aussi  bien  pour 
les  quatre  filles  légitimes  que  pour  les  trois  filles  bAtardes  ((??;<? 
paguen  assi  de  les  quatre  fîyes  iegtUinies  coma  de  très  bas* 
tardes),  et,  s'ils  n'ont  ni  argent  ni  effets,  ce  sera  en  biens  meubles 
et  propriétés.  Gardez-vous  donc  de  prendre  d^autres  consulta- 
tions, car  la  volonté  bien  déterminée  de  Son  Altesse  est  qu'ils  ne 
doivent  pas  être  plus  protégés  que  les  autres  aijames,  qui,  comme 
vous  l'avez  vu,  ont  toutes  payé  le  même  droit  *,  •» 

Voici  d'ailleurs  la  lettre  du  roi  Ferdinand  à  ses  commissaires: 

Aïs  magninidis  e  amats  consellers  nostres  mossen  Aotoni 

de  Vivers  procurador  real  en  los  comtats  de  Rossello  e  de  Cerdanya 
y  e  niicer  Gabriel  Serradell,  assessor  de  aquelL  Lo  Rey»  Procurador 
real  et  micer  Serradell  amats  nostres,  Yostra  letra  del  1res  del 
présent  liavem  visia,  y  per  aquella  havem  compres  loqueus  con- 
suUau  a  cerca  la  expulsio  del  s  jueus  e  la  exaccio  del   dret   de 

*  fi.  ^9,  î*  38;  Lefl  jurîates  autquels  AnloiDe  do  Vivers  et  Gtbriel  Serradell 
ftvaîeot  dAmandé  cou&oil  élai^nt  Jean  TairLa^  juge  du  domiinftf  Berûird  Benedictt, 
avocat  lUcal,  Françoii  Gi^enta,  juge  de  la  cour  du  vlguiar  de  HouBatllon,  et 
Valtespirel  Jean  Tort^  docteur  en  Tun  et  TaiUre  droit. 

>  B.  33d»  f«  39  V.  Cette  lettre  est  écrite  en  castilko,  tandis  que  tous  hf^  autres 
documents  que  nous  traduisons  ou  analysons  ici  sont  rédigés  en  caLalat),  coaame  lo 
décret  du  2!  septembre,  dont  nous  avoas  donné  le  texte  plus  haut. 


9m  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

marîdalge  e  coronacio  eu  los  beQS  de  aquells  fahedora,  e  les  rahoas 
que  per  part  dels  dits  jueus  son  allegades  pretenent  no  deure  pagar.™ 
A  la  quai  vos  responem,  dient  vos  que  de  aquesi  nogod  de  maridatg^^ 
c  coronacio,   en    sols  nostres  règnes  se  ha  vist  e  delerminal  de 
justicia  los  dits  drets  deures  pagar»  eaxi  es  nostra  voluntat  ques 
seguesca   la  forma  e  orde  ques   ba   leugut  en   Arago   y  en  Ca-a 
ibaluDya,  so  es,   que  paguen  axi  lo  dit  drel  de  coronacio  coin" 
de  mandatge^  axi  de  la  illusirissima  princessa  de  Portogal  nostra 
inoU  cara  eamada  011a,  corn  encare  de  totes  les  altres  filles  nostre 
axi  legitlimes  com  baslardes,  e  axi  casades  com  per  casar.  E  axiu 

m&nam  strelatneot eseqular  fassau  en  los  bens  dels  dits  jueus 

fenLlos  pagar  lo  desusdii  dret,  no  obsiant  qualsevol  rahons  per  par| 
dels  dits  jueus  allegades  ni  allegadores,  com  aquesta  sia  nostra  vo-! 
luntat*  Dat  en  Slalrich  ^  a  set  dies  del  mes  de  octobre  mil.  cccc  xa| 
très. 

1  lo  el  Bey  ». 

Il  n*y  avait  plus  qu'à  se  soumettre  ;  tout  recours  eût  été  super 
flu.  La  seule  grâce  que  les  proscrits  purent  obtenir  se  réduisit  il 
ce  que  les  juils  catalans  et  aragonais  qui  se  trouvaient  encore  à' 
Perpignan  ne  fussent  pas  contraints  de  verser  une  seconde  fois 
dans  les  richissimes  caisses  et  trésors  du  roi,  leur  seigneur  —  c^M 
sont  les  propres  expressions  du  syndic  Abenlulo  dans  une  sup'fl 
plique  du  17  octobre  1493  «,  als  riqidsslms  cofres  e  trésors  deU 
rey  nosire  senyo}\  —  les  droits  qu'ils  avaient  déjà  sold^'S  Tannée 
précédente  dans  leur  propre  pays. 

Voici  le  nom  des  tivnte-neofjtiifs  ou  juives  qui  n'avaient  pas 
encore  quitté  Perpignan  au  8  novembre  1493  : 

Les  cases  e  testes  dels  jueus  de  Perpenya  son  los  seguents  : 
Primo  la  casa  de  la  doua  Gracia  ninller  deu  Maoahem  Moss 

q**,  dila  dona»  sa  fîlla,  son  gendre  e  hun  mosso  (domestiq 

quatre  testes IIII  testes^l 

Abram  Fuentes  e  sa  rauUer,  dues  lestes Il  tesle&l 

JusefT  Adsoyet,  sa  muller,  son  net  e  hun  mosso 

qualre  testes IIII  lestes 

Na  Slelina  et  son  ûll,  dues  testes II  leste 

Bendit  c  sa  mara  dues  testes. .  • . . II  lestes* 

Nisim,  sa  muller,  sa  mare,  1res  infants  e  sa  ger- 

maua  set  testes • VU  lesies,J 

JuselFLeo  Salamo,  sa  muller,  son  IHI  et  sa  mare 

quatre  lestes.. lIU  testes.] 

Salamo  de  Larat»  sa  muller  e  son  lill  1res  tes  les  ,  111  lestes. 


'  Ilostalrith,  dans  la  proviiicû  de  Girotie, 
«  B.  339,  f»  kt  v\ 


LRS  lUIFS  DE  ROUSSILLOX  ET  DE  CERDAGNE  201 

Na  Presossa,   viuda,  germana  de  dit  Salamo  de 

Lara  [sic]  una  lesta I  testa, 

Ysaeh  de  Picra,  sa  muîler  e  un  raosso  1res  lestes.  Ill  lestes, 

Nassari  Mosse,  sa  fiUa  e  sa  Eeboda  1res  lestes IIÏ  testes. 

La  Lobela  e  son  ma  lit  dues  testes. .  * II  lestes. 

Jacob  lo  Sabater  e  sa  muller  dues  lestes II  lestes. 

rLes  aatres  créanciers  de  Perpignan  ne  furent  guère  plus  al- 
niables  que  les  agents  du  fisc,  ruais  au  moins  n*extgf>rent-ils  que 
ce  qui  leur  était  iégitimemeut  dû.  Un  seul  d*en!re  eux  di^clarane 
pas  faire  opposition  au  dt^part  de  ses  débiteurs  insolvables.  C'est 
le  commandeur  de  Saint- An  toi  ue  :  No  es  ma  intencto  ni  voluntai^ 
dit*il,  enpatxarla  anada  des  jueuy^  car  honi  se  vulla  vagen,  o 
en  Avinyo  o  en  Roma  o  en  Napols  o  en  alira  qualsevol  part,  y  a 
los  if^oMre  e  alii  haure  raho  de  ells  del  qitem  seran  iengttts. 
Une  lettre  du  roi  luî-mt^me  fait  connaître  que  le  prix  d'estima- 
tion des  objets  mobiliers,  bardes  et  nippes  des  juils  dépendant  de 
rAijama  de  Perpignan  s'était  élevé  à  430  livres  de  Barcelone.  La 
livre  liquidée  à  3  fr.  t>  s.  8  d.,  monnaie  de  France  du  milieu  du 
xvili"  siècle,  ces  430  livres  équivaudraient  à  1403  livres  de  France 
de  la  même  époque  ou  1,385  fr.  GT  c.  d'aujourd'hui.  Les  cent  vin^t 
florins  d'or  auxquels  le  procureur  royal  portait  la  taxe  pour  Fim- 
pôt  de  couronnement  et  de  maridatge^  calculés  selon  leur  valeur 
à  l'époque  de  Texpulsion  des  juifs,  c'est-à-dire  à  raison  de  9  fr.  16  c. 
d'aujourd*hui  chacun,  feraient  à  peu  près  061  fr.  85  c,  *,  À  cette 
somme,  il  faut  ajouter  encore  ces  droits  de  masse  ou  de  propriété 
dont  nous  ne  pouvons  pas  évaluer  la  quotité,  n*en  concevant  pas  la 
base  ;  déplus,  ceux  de  cena^  de  pleite  et  de  iolie^  dont  nous  ne  con* 
naissons  pas  le  tarif;  si  bien,  néanmoins?,  que  la  réunion  de  toutes 
ces  sommes  absorbait  la  valeur  de  tous  les  objets  mobiliers,  bardes 
et  nippes  qui,  même,  était  loin  de  suffire. 

Pour  avoir  un  nantissement  plus  complet,  le  procureur  ro3^al 
ordonna  le  5  novembre  la  saisie  des  biens  immobiliers  des  mal- 
heureux juifs,  lesquels  consistaient  alors  en  douze  maisons,  deux 
vergers»  un  terrain  dans  lequel  était  bâti  Thospice  des  juifs,  et 
deux  emplacements  découverts,  vulîrairement  désignés  sou^î  le 
nom  de  palis.  La  valeur  de  tous  ces  immeubles,  dont  il  fallut  dis- 
traire quelques  parties  de  nouvelle  acquisition  non  encore  entiè- 


•  Jo««ph  Salit,  Tratûdû  de  tas  momdaê  lahradai  en  el  pHncipa^îo  de  Çatalufia, 
dît  qu'après  lan  1490,  le  florin  d'or  vblIbU  2(>  féales.  3U  maratfdii  et  G  avm.  Ed  sup« 
poeaoi  le  chiDgfi  au  p»ir,  chaquo  tloiin  vaudrait  9  Ir.  il>  crnilmes.  —  NonsdoQQOos 
tous  ces  calcula  d'à prèâ  HeQry,  qui  a  HDalyié  quelqucs-UDS  des  docuroouls  cilés 
plua  baul  {M^langn  Aittorùptei,  p.  ïiT-'iH). 


k 


202  REVUE  DES  ËTTDeS  ItlVES 

rement  payées,   fat  estimée  à  la  misérable  somne  de*Q51iTi«i 

barcelonaises,  soit  2,380  francs  environ. 

Pendant  les  longs  débats  qu'exigeait  la  discnssion  des  intértti 
réciproques,  le  temps  s'écoulait,  et  le  terme  fatal  approcbaitsui 
que  rien  se  décidât.  A  la  sollicitation  des  juifs,  le  procureur  rojil 
demanda  et  obtint  encore  une  prolongation  d*un  mois.  Enfin,! 
défaut  d*acquéreurs  pour  les  immeubles,  le  fisc  se  les  adjugea. 

Les  syndics  de  nos  derniers  juifs  de  rAljama  aTtient  déjà 
traité,  dès  le  23  octobre,  avec  un  patron  de  barque  nommé  Pime 
Soler,  qui  devait  prendre  sur  son  bord  les  trente-neuf  indÎTÎdas, 
débris  de  Tancienne  population  juive,  moyennant  on  nolis  de 
2  ducats  d  or  «  payables  en  or,  »  par  tête,  en  exceptant  du  nolii 
les  enfants  à  la  mamelle  et  ceux  que  les  femmes  grosses  portaient 
dans  leur  sein.  Pierre  Soler  finit  de  ruiner  ces  malheureux,  qui 
furent  obligés  de  demander  au  procureur  royal  de  pourvoir 
à  leurs  aliments  pendant  la  traversée. 

La  lettre  de  Ferdinand  dont  nous  avons  parlé  nous  apprend 
qu'il  fut  retenu  définitivement  pour  les  sommes  réclamées  parla 
couronne,  la  valeur  de  tous  les  biens  immobiliers  et,  de  plus, 
deux  cent  cinquante  livres  de  Barcelone  sur  la  saisie  mobilière 
pour  compléter  la  somme  à  laquelle  s*élevaient  les  exactions  du 
domaine.  Co  fut  donc  le  restant  de  la  valeur  de  leurs  nippes  et 
mobilier,  c'est-à-dire  une  somme  de  180  livres  de  Barcelone, 
égale  à  peu  près  à  592  fr.  60  c,  qui  fit  tout  leur  avoir.  En 
déduisant  de  cette  misérable  somme  les  2*77  fr.  88  qu'ils  de- 
vaient payer  pour  lo  nolis  de  la  barque  qui  les  emportait,  on  voit 
qu'il  ne  restait  en  définitive  aux  trente-neuf  exilés  qu'environ 
251  fr.  Il  c. ,  soit  une  somme  moyenne  de  6  fr.  45  c.  par  tête  pour 
le  prix  de  leurs  aliments  pendant  la  traversée  et  pour  suffire  à 
leurs  premiers  besoins  après  le  débarquement.  Aussi,  Ferdinand 
80  réjouissait-il  avec  son  procureur  royal  de  la  bonne  affaire 
qu'il  avait  faite  avec  Texpulsion  de  ces  infortunés  et  la  négo- 
ciation qui  l'avait  rendu  acquéreur  de  leurs  guenilles  1  Voici  le 
texte  de  la  lettre  de  Ferdinand  : 

Lo  REY, 

Procurador  real  e  micer  Gabriel  Serradell,  perv  ostra  letra  de  xv 
del  présent  mes,  ob  les  actes  transmesos  e  per  la  que  fet  baveu  a 
nostrc  gênerai  tresorer  que  bavem  vist,  havem  compres  lo  bo  re- 
capto  donat  en  la  expulsio  e  negociacio  dcls  jubeus,  com  lurs  bens 
immobles  son  slats  stimats  a  dccxxv  liures  e  los  mobles  a  cccxxx 
liures  a  cerca,  e  que  per  noslres  drets  baveu  adjudicat  e  apresos  los 
bens  Jnmobles  y  dels  mobles  ccl  liures  e  les  restants  son  stades 
dexades  als  dits  juheus  per  noliis  e  alimeus  y  altres  necessitats 


LES  JUIFS  DE  aOUSSlLLON  ET  DE  CERBACNE  203 

'lurs;  e  es  sîat  toi  moU  heu  fd,  ?/  ho  knim  a  sertey,  E  quant  a  les 
dites  cc.L.  Uiures,  vos,  procurador  real,  les  dareu  a  nostre  gênerai 
Iresorer  o  les  converliren  en  pagament  del  saîari  e  son  deî  akayt 
c  companyons  de  aquex  caslell  nostre  per  la  massada  de  janer  que 
ve,  corn  per  loi  lo  présent  mes  sien  pagals  pcr  dit  Iresorer  \ 

Toul  avait  été  fait  à  souhait»  à  merveille,  et  le  roi  était  content 
de  son  procureur  royal,  es  slat  loi  inotl  ben  fei  \ 

Les  malheureux  juifs,  entièrement  allégés  du  fardeau  des  biens 
de  ce  monde,  furent  misérablement  entasses  à  Port-Vendres  dans 
le  navire  barcelonnais  Sania  Maria  e  Sant  Onstofol,  qui  les 
transporta  à  Naples,  d'où  quelques-uns  purent  passer  peu  après  à 
Constantinople  *. 

Quelques  jours  après,  Ferdinand  affecta  le  Call  de  Perpignan  au 
quartier  de  femmes  publiques  ;  mais  les  ordres  du  roi  furent  aus- 
sitôt retirés  sur  la  plainte  des  Frères  Prêcheurs^  dont  le  couvent 
était  trop  voisin  d'un  pareil  établissement.  Les  maisons,  pâtus, 

f   vergers  et  autres  locaux  du  Cali  furent  dufinitivement  mis  aux 
enchères  publiques  et  concédés  en  empbytéose  par  le  procureur 
royal  en  faveur  de  divers  particulierst  prêtres,  pareurs  et  mar- 
chands  de  Perpignan. 
I        II  ne  restait  plus  de  juifs  en  Espagne,  plus  dans  les  deux  com- 
■    lés  de  Roussillon  et  de  Cerdagne  ;  «  cette  mesure  inouïe  de  la  spo- 
^Uation  et  de  Texpulsion  de  tout  un  peuple  était  consommée,  » 

1\ 


Pierre  Vidal. 


*  Lt  leUre  du  roi  e»t  ditée  de  garagosse  le  30  décombro  1403  (B.  339*  fo  50  y*]t 

*  Le  tmilé  passé  par  Abram  MaanlTem,  Solamon  Laitt,  Joseph  Aidaycl  ei  loi 
lulres  jtiifs  avec  Pierre  Soior  sVxprimo  ainsi  : 

*  .»»E  mes   promet  lorlit   Père   Soîer  de  levar  ô  earre^ar  eu  la  eua  mau  tolii  e 

•  qu«xils  juseus  voira  eutrar  emuntaral  tara  mullers  e  familia  an  ella,  c  aqueUi 

•  aportar,  migeosanl  la  gracia  do  Nostre  SenyorDen  en  la  dutat  àt  Napols,  e  oquells 

•  hugea  et  son  tinguts  a  psgar  per  caseuna  testa  dos  ducats  en  or,  eales  empero 

•  que  lo8  infants  qui  mamea  no  hagen  no  sien  tenguta  en  pagar  nolit  aigu,  ûq  les 

•  do]i««  prenjano  hagea  a  pagar  parlo  prcnyat  queaporten  (B.  33&,  f*  46).  • 


MITHRIDATK  ET  LES  JUIFS 


Strabon,  dons  un  fragment  de  son  ouvrage  historique  conservé 
par  Josèphe,  raconte  le  fait  suivant  :  «  Mithridate,  ayant  envoyé 
ï  Cos,  s'empara  des  trésors  qu\y  avait  dépost^s  la  reine  Cléopâtret 
ainsi  que  de  800  talents  appartenant  aux  Juifs  *,  «  La  date  de 
cet  événement  est  facile  à  déterminer,  car  la  confiscation  âe% 
trésors  de  Cléopâtre  est  également  mentionnée  par  Appien  *  :  elle 
eut  lieu  vers  la  fin  de  Vêlé  88  av,  J.-C,  à  l'époque  où  le  roi  d< 
Pont,  Mitliridate  Eupator,  vainqueur  des  Boraains  et  maître  de 
FAsie-Mineure,  s*apprétait  à  entreprendre  le  siège  de  Rhodes  et 
la  conquête  de  la  Grèce. 

Ce  qui  nous  intéresse  dans  le  fragment  de  Strabon,  c'est  la 
mention  des  800  talents  appartenant  aux  Juifs  :  somme  considé- 
rable, qui  représente  prés  de  cinq  millions  de  notre  monnaie 
(exactement 4,71 5,400  francs).  Une  première  question  se  présente; 
pourquoi  les  Juifs  avaient-ils  choisi  Tile  de  Cos  pour  y  déposer 
cette  somme  ?  On  peut  répondre  que  la  situation  insulaire  de  Cos 
semblait  offrir  des  garanties  de  sécurité  particulières  ;  on  y  était 
à  Fabri  d*un  coup  demain  et  Ton  pouvait  s'y  croire  hors  de  la 
portée  de  l'invasion  mithridatique.  La  reine  d'Eg^^ite  CléopitreiA 
qui,  ne  l'oublions  pas,  avait  des  généraux  et  des  conseillers  juifs  ', 
aura  sans  doute  suivi  leurs  indications  quand  elle  choisit  cette  lie  _j 
pour  y  cacher  ses  richesses  et  son  pettt-flls  préféré,  Alexandre, 
En  outre,  Cos  avait  un  temple  célèbre  d'Esculape,  un  des  lieux 
d'asile  les  plus  vénérés  de  rAsie-Mineure,  où  les  Italiens  fugitifs, 
lors  du  terrible  massacre  de  88,  trouvèrent  un  asile  momentané*. 

'  StTibon,  fr,  5,  Mûller  (Fragmenta  hiitoricorum  ^raworvm,  cd.  Dîdot,  ÎÎI,  194)=  I 

i6£T0  âxEÏ  K)£Oit!XTpQ(,  it  pafrDiaaaj  ifït  Ta   ?wv  *lov$a{(iiV  oxraxôijia  Tà>a:vT*. 
«  Appien,  Mirh.,  23.  CL  B.  Cw.,  1,  HV:. 

*  Josëpho,  Ant^jud.,  siii,  13,  1. 

*  Ttoitt,  Ânn,.  n\  14. 


MlTimiDAÎE  KT  LES  JDIFS 


205 


I 


i  est  i>robable  qu'autour  de  ce  sanctuaire  s'étaient  développés 
des  établissements  de  banque  et  de  députa  analogues  à  ceux  que 
Vvn  rencontre  dans  plusieurs  autres  temples  de  ïa  Grèce.  Il  est 
possible  que  les  trésors  de  Cléopâtre,  aussi  Lien  que  les  cinq 
millions  des  Juifs,  fussent  déi^osés  dans  quelqu'une  de  ces  dé- 
pendances de  rAsclépieioii  de  Cos^  sous  la  double  ]>rotectiou 
de  la  foi  publique  et  de  la  religion  hellénique  ;  maïs  Mithri- 
date  ne  croyait  aux  dieux  de  ïa  Grèce  que  lorsqu'il  y  trouvait  son 
Intérêt». 

Demandons-nous  maintenant  quel  était  le  caractère  de  ce  dépôt 
des  Juifs  et  à  quel  usage  il  était  desliné. 

Si  Ton  en  croyait  le  commentaire  de  Josèphe,  la  réponse  serait 
facile.  Il  faudrait  voir  dans  ces  cinq  millions  la  contribution  des 
Juifs  d*Asie  au  trésor  sacré  de  Jérusalem»  Cest,  en  effet,  à  propos 
de  ce  trésor  et  pour  en  expliquer  Timportance  que  Josèphe  cite  le 
texte  de  Strabon,  pris,  assure-t-il»  parmi  beaucoup  de  témoignages 

^ semblables.  Et  il  continue  ainsi  :  <*  Nous  n'avons  pas  d'autre  tré- 
sor public  que  celui  de  notre  Dieu  (le  trésor  du  temple  de  Jérusa- 
jlpaa).  C'étaient  évidemment  les  Juifs  d'Asie  qui»  par  crainte  de 
Milbridate,  avaient  déposé  à  Cos  Targejit  (qu  ils  destinaient  à  ce 
trésor)*  Il  ne  pouvait  pas  provenir  des  Juifs  de  Palestine,  qui 
avaient  le  lemple  et  leur  ville  fortifiée  ;  on  ne  saurait  non  plus 
songer  aux  Juiis  <l*Alexandrie,  qui  n'avaient  rien  à  craindre  de 
MiUiridate*  » 

IQue  les  cinq  millions  de  Cos  provinssent  exclusivement  des 
Juifs  de  lAsie  Mineure,  c'est  ce  que  Ton  accordera  sans  dilllcuîté 
à  Josèplie  ;  mais  il  en  est  autrement  de  son  assertion  qu^  cet  ar- 
gent avait  un  caractère  sacré,  qu'il  était  destiné  en  entier  au.  tré- 
sor de  Jérui^alem»  Le  texte  de  Strabon  ne  dit  rien  de  pareil,  et  des 
faits  précis  montrent  Tin  vraisemblance  de  cette  liypothèse.  Vingt- 

»cinq  ans  après  la  confiscation  dont  il  s'agit,  quand  Pompée  s'em- 
para de  Jérusalem  [63  av.  J,-C.),  le  trésor  du  temple,  d'après  Jo- 
sèphe lui-même,  s'élevait  à  2000  talents  (un  peu  moins  de  douKO 
millions*).  Comment  admettre  que  la  contribution  des  seuls  Juifs 
d*Asie,  pour  la  seule  année  88  av.  J.-C,  s'élevât  aux  deux  cin- 
quièmes du  montant  total  du  trésor?  Même  en  supposant  que 
cette  contribution  représentât  les   tributs  arriérés  de  plusieurs 


I 


^  M.  Rayel  dans  son  Mi^ittoit  t  tu*'  l'iU  de  Cos  {Archives  dtt  Miaiotia,  1870],  p,  «11, 
croti  à  tort  que  Miihridate  n^osa  rien  faire  aux  Romains  rérugiéa  dans  le  péribolc  dti 
Umpie  d'EscuUpe;  sa  conduite  à  Per^^ame  et  ailleurs  prouve  qu'il  n'avait  pas  de 
pareil»  tcfupulcs.  L'cxistcnco  à'unn  importenle  colonie  Juive  çt  de  bttuquiera  juifs  k 
Co*  00  mo  paraîi  pus  non  plua  aufisarament  démoîiirée  par  îca  textes  <|ue  cile 
II.  Rayel  (Josèphe,  Aitljud.,  xjvJO,  15  ;  B.  jmï.,  t,  ï!,  11). 

»  Josèphe,  Ant,  Jud,,  ii\%  4,  4.  Cf.  xiv,  7,  1. 


^;  Minm  dks  études  JtjtVEs 

années»  la  chose  paraîtra  irapossible,  surtout  si  Ton  réfléchit  que 
les  communautés  juives  de  TAsie-Mineure ,  île  fondation  rela- 
tivement récente,  n*égalaieiit  pas  à  beaucoup  près,  en  impor* 
tance  et  en  richesse,  !os  communautés  de  Palestine,  de  Babylonie 
et  d'Egypte» 

On  arrive  au  même  résultat  par  une  autre  voie.  En  59  av.  J--C,, 
Cîcéron,  plaidant  pour  un  ancien    gouverneur  de   la   province 
d'Asie,  L.  Yalérîus  Flaccus,  accusé  de  péculat,  examine  le  re* 
proche  adressé  à  son  client  d'avoir  conflsqué  For  que  les  Juifa 
d'Asie  envoyaient  au  temple  de  Jérusalem  ;  on  opposait   cette 
conduite  à  celle  de  Pompée,  qui,  Tannée  précédente,  n'avait  pas 
touché  aux  tré:iorsdu  ieraple.  Ici  la  destination  sacrée  des  sommes 
confisquées  n'est  point  douteuse  ;  amis  et  adversaires  la  procia' 
maient  également.  Cicéron  n'en  justifie  pas  moins  la  conduite  de 
son  cïient  :  il  n*a  fait^  dit-il,  qu'appliquer  dans  un  cas  parlicuHer 
un   principe  général  posé  plusieurs  fois  par  le  Sénat,   et  tout 
récemment  encore,  sous  le  propre  consulat  de  Cicéron  :  à  savoir 
Finterdiction  absolue  d'exporter  de  For  des  provinces.  D'ailleurs, 
ajoute  Cicéron,  ce  n'est  pas  à  son  profit  particulier  que  Flaccua 
a  confisqué  For  juif  ;  la  saisie  a  été  opén'^e  dans  les  diverses  villes 
de  la  province  sous  la  surveillance  des  hommes  les  plus  irrépro- 
chables, les  sommes  ont  été  versées  intégralement  au  trésor  public 
(aerarium}^  oti  Fon  peut  en  vérifier  le  compte.  Veut-on   des 
cliifires  ?  Cicéron  les  donne  :  «  A  Apamée,  on  a  confisqué  un  peu 
moins  de  100  livres  d'or  ;  à  Laodicée,  un  peu  plus  de  2U  livres  ;  i 
Adramyttium.  • ,  {le  chiffre  manque);  à  Pergame,  peu  de  chose  *,  » 
Ce  passage  curieux,  qui  nous  fait  connaître  les  principales  com- 
munautés juives  de  l'Asie-Mineure  au  milieu  du  i*^**  siècle  av.  J.-C., 
par  ordre  décroissant  d'importance,  nous  indique  en  même  temps 
le  montant  approximatif  de  la  contribution  annuelle  de  ces  com- 
munautés au  trésor  du  temple  de  Jérusalem.   En  additionnant  les 
chiffres  donnés  par  Cicéron,  on  trouve  un  total  d'environ  150  livres 
d'or.  Pour  faire  la  part  belle  à  Josèplie,  admettons  que  les  Juifs 
aient  réussi  à  dissimuler  aux  commissaires  de  Flaccus  la  moitié 
des  cotisations  recueillies;  nous  obtenons  ainsi  300  livres   d'or» 
valant  environ  240,000  francs  de  notre  monnaie  *  :  c'est  environ 
la  vingtième  partie  de  la  somme  confisquée  à  Cos  par  Mitbrfdate  1 
Comme  il  n'y  a  aucune  raison  de  croire  que  les  Juifs  d*Asie  fus- 
sent beaucoup  plus  pauvres  en  ù2  (année  du  gouvernement  de 
Flaccus)  qu'en  88,  il  faut  en  conclure  que  Josèphe  s'est  trompé  en 

I  Cicéron,  Pto  fhcco^xxvnt,  68» 

»  300  livres  d'or,  avec  la   rapport  de  1  à  !Z,  attcBté  pour  l'époque,  éqaîvtUnt  à 
360Û  livres  (romaine»)  d'argent,  c'esl-à-dire  à  ItlS  kiL  830, 


MITfîRmATE  ET  LES  JUIFS 


207 


int  dans  les  cinq  milHoiis  de  Cos  de  Targent  eœclusivement 
inë  au  temple  de  Jérusalem.  Sans  aucun  doute,  cette  sommo 
msîdérable  reprt-^sentait  surtout  des  fortunes  particulières  que 
33  iit^gocîants  juifs,  à  la  nouvelle  de  rinvasion  mithridatique, 
l'étaient  hâtés  de  mettre  en  sûreté  dans  rilo  de  Cos,  comme 
|an«  un  asite  inexpugnable  et  inviolable,  ou,  comme  on  disait 
itors,  une  bonne  gazophylacie.  La  marche  foudroyante  des  évé* 
lements  déjoua  toutes  les  prévisions,  et  la  précaution  si  habile 
les  Juifs  ne  servit  qu*à  faire  tomber  d*un  seul  coup  de  filet  la  plus 
ïratide  partie  de  leur  tortune  mobilière  entre  les  mains  du  con- 
luéraut. 


I 


Après  avoir  déterminé  la  provenance  et  la  destination  du  dépôt 
e  Ces,  il  reste  à  nous  demander  pourquoi  Mithridate  3*en  empara. 
>a  question  peut  sembler  naïve,  et  Ton  sei-ait  tenté  de  répondre 
lijue  MiUiridate  mit  la  main  sur  l'argent  des  Juifs  tout  simplement 
parce  qu'il  en  avait  envie.  Cependant,  après  examen,  cette  expli- 
cation ne  parait  pas  iiuflisante,  car  ù  lépoque  où  nous  sommes, 
en  88  av.  J.'C,  Mithridate  ne  se  présentait  pas  en  Asie-Mineure 
oomme  un  simple  conquérant,  brutal,  avide  de  butin  et  de  pillage. 
Il  jouait,  au  contraire,  au  libérateur,  au  Dieu  sauveur,  qui  venait 
rétablir  en  Asie  un  régime  de  liberté  et  de  justice.  Comme  il  pré- 
tendait incorporer  d'une  façon  durable  à  son  empire  les  anciens 
royaumes  de  Dïthynie  et  de  Pergame,  loin  d'écorcher  ses  nou- 
veaux sujets,  il  ne  les  tondait  même  pas  ;  il  exemptait  les  provin* 
etaux  de  tout  tribut,  remboursait  les  dettes  des  villes,  ouvrait 
largement  sa  cassette  royale  à  tous  les  nécessiteux.  Sa  colère  ne 
tomba  que  sur  les  résidents  romains  et  italiens,  qui  furent,  on 
le  *aU,  massacrés  en  masse  au  nombre  de  80,000  ;  les  biens  des 
\ictimes  furent  partagés  entre  le  lise  et  tes  municipalités  hellé- 
niques. A  mon  avis,  la  conOscation  de  Cos  se  rattache  étroitement 
à  ce  grand  acle  de  spoliation,  destiné  à  unir  d'une  manière  indis- 
soluble, par  la  solidarité  du  sang  répandu  et  de  For  partagé,  le  roi 
perse  et  ses  sujets  hellènes. 

Tout  d'abord,  il  est  probable  tjne  les  commerçants  grecs  voyaient 
d'un  uiauvais  œit  les  jnîfs  étéiblis  parmi  eux  et  qui  leur  faisaient 
dès  lors  une  concurrence  redoutable.  11  suflit  de  relire  le  Pro 
Flaccù  de  Cicéron,  prononcé  une  trentained'années  plus  tard,  pour 
apprécier  la  puissance  pécuniaire  que  représentaient  déjà  les  J*é- 
gociants  Israélites,  grâce  à  leur  entente  des  aifaires,  à  leurs  rela- 
tions étendues  avec  leurs  frères  établis  en  divers  pays,  à  la  colié- 
sion  économique  et  morale  de  leurs  communautés.  Les  Hellènes, 
qui  devaient  précisément  leurs  succès  commerciaux  à  des  qualités 


1 


%!^M^  REVUE  DES  KTUD£S  iVlXES 

de  même  ordre,  jalousaient  ces  nouveaux  venus  qui  menaraienl 
leur  enlever  quelques-uns  de  leurs  marchés  les  plus  importants. 
Nous  avons  la  preuve  de  ces  rivalités  el  de  ces  haines  à  Alexandne, 
à  Cyrène  ;  l'analogie  autorise  à  penser  qu'elles  existaient  aussi  ea 
Asie-Mineure»  que  les  Grecs  d^Asie  calomnièrent  les  Juifs  auprès 
de  Mithridate,  et  que  ce  fut  en  partie  pour  complaire  à  ses  nou- 
veaux clients  qu'il  procéda  à  cette  spoliation,  dont  ceux-ci  eurent 
sans  doute  leur  part. 

Une  seconde  raison  désignait  les  Juifs  à  ranimosité  deMithri* 
date  :  s*ils  étaient  les  rivaux,  sinon  les  ennemis  des  Grecs,  ils 
étaient  aussi  les  amis,  les  protégés  des  Romains.  On  sait  rorigine 
des  relations  politiques  des  Juifs  avec  Rome,  Menacé  dans  son 
existence  par  les  Séleucides,  le  nouvel  Etat  juif,  fondé  par  les 
Macchabées,  avait  de  très  bonne  heure  invoqué  la  protection  de  la 
puissante  république  ;  le  Sénat  la  lui  avait  accordée  de  grand 
c<jeur,  car  les  Juifs»  logés  comme  un  coin  entre  les  deux  grande» 
monarchies  mac^^doniennes,  TEgypte  et  la  Syrie,  étaient  pour  lui 
de  précieux  alliés  ;  on  pouvait  s'en  servir  comme  agents  d'infor 
mation,  comme  (éléments  dissolvants,  au  besoin  même  comme 
auxiliaires  militaires.  Un  traité  formel  fut  conclu  entre  Rome  et 
lesllasmonéens*,  et  ce  traité  fut  plusieurs  fois  renouvelé,  moyen^ 
nant  finances.  Bientôt  même  la  protection  romaine,  accordée  à 
FElat  juif,  fut  étendue  à  tous  les  sujets  juifs  —  et  ce  mot  compor* 
tait  un  sens  très  large  —  que  leur  ^^oùt  croissant  pour  le  négoce 
entraînait  à  s'établir  à  Tétranger.  Le  premier  livre  des  Maccha 
bées^  fait  mention  d'une  circulaire  adressée,  en  138  av.  J.-C,  par 
le  Sénat  romain  aux  différents  rois  et  peuples  de  TAsie  engagés 
dans  les  liens  de  sa  clientèle,  et  leur  recommandant  d'une  manière 
pressante  les  Juifs  établis  sur  leur  territoire  :  ceux-ci,  on  le  voit, 
pouvaient  se  réclamer  partout  de  la  protection  des  représentants 
officiels  de  Rome,  comme  aujourd'hui  les  Tunisiens  résidant  à  I  é* 
tranger  invoquent  celle  des  agents  diplomatiques  français.  Quel- 
qties  antiées  après  cette  circulaire,  en  133,  les  Romains  annexèrent 
à  leurs  États  Taiicien  royaume  de  Pergame,  c'est  à-dire  la  con- 
trée de  TAsie-Mineure  où  se  trouvaient  les  plus  importantes 
communautL^  juives  :  Pergame,  Apamée,  Laodicée,  etc.  Sans  au- 
cun doute,  les  Juifs  devenus  sujets,  mais  non  citoyens  romains, 
continuèrent  à  jouir  des  faveurs  intéressées  de  Tadministration 
romaine;  ce  traitement  favorable,  contrastant  avec  les  rapines 
que  publicains  et  proconsuls  exerçaient  sur  les  Grecs,  dut  ache- 

»  1  Mm,,  15,  16-24, 


I 


MITHBIDATE  ET  LES  JUIFS  200 

vf*r  (tr»  creuser  un  abîme  entre  les  deux  nationalités*  Quand  le 
jour  arriva  de  régler  les  comptes  avec  Rome,  les  clients  dévoués 
et  reconnaissants  de  Rome,  les  Juifs,  ne  pouvaient  manquer  d*étre 
entraînés  dans  k  ruine  de  leurs  protecteurs. 

Reste  à  signaler  une  troisième  raison,  celle-ci  toute  personnelle 
à  Mithridate.  Dans  sa  famille  paternelle,  qui  était  de  souche  perse, 
et  prétendait  même  se  rattacher  aux  rois  Âchéraénides,  Mithridate 
ne   pouvait  rencontrer  que  des  précédents  favorables   aux  flls 
d'Isra^L  M  en  était  autrement  de  sa  famille  maternelle.  On  savait 
déjà  par  un  texte  de  Justin  '  que  la  mère  de  Mithridate  était  une 
princesse  séleucide.   Un  télradrachme»  récemmejit  découvert,  et 
qui  fait  partie  du  cabinet  de  M.  Waddington,  m^a  permis  de  dé- 
montrer ailleurs,  ou,  du  moins,  de  rendre  extrêmement  vraisem- 
blable que  celte  princesse  s'appelait  Laodice  et  qu'elle  était  fille 
du  célèbre  roi  de  Syrie,  Antiochus  IV  EpipUane  ^  Les  ressem- 
blances frappantes  de  caractère  que  Ton  constate  entre  Taïeul  et 
le  petit-fils  viennent  à  Tappui  de  cette  hypothèse,  que   favorisent 
bien  d'autres  indices  matériels.  Des  deux  côtés  c'est  la  même 
hauteur  d'ambition  et  la  même  ouverture  d'intelligence,  avec  !e 
même  grain  de  folie.  Génie  despotique  et  intolérant,  habitude 
d'intempérance  et  largesses  inouïes,  amour  passionné  des  arts  de 
la  Grèce,  voilà  autant  de  traits  communs  à  Antiochus  et  à  Mithri- 
datH  ;  ajoutons-y  le  goût  de  la  mise  en  scène,  qui  s'associe  de  la 
façon  la  plus  bizarre,  comme  chez  les  califes  des  Mille  et  une 
nuUs^  avec  les  humbles  familiarités,  les  promenades  nocturnes  ou 
les  voyages  incognilo.  L'aversion  pour  le  judaïsme,  de  même  que 
la  haine  de  Rome,  nous  apparaît  dès  lors  comme  un  lien  moral  de 
plus  entre  les  deux  champions  couronnés  de  rhellénisme  expirant. 
Après  la  conquête  de  l'Asie,  Mithridate  se  souvint  qu'il  était  le 
petit-flls  de  l'homme  qui  avait  voulu  unifier  de  force  les  croyances 
religieuses   de  ses  sujets,  qui  av*iit  envoyé  à  la  mort  les  fidèles 
inébranlables  de  Jéhovali  ;  seulement,  et  ceci  est  tout  à  Thonneur 
de  l'éducation  perse  qu'avait  reçue  Mithridate, tandis  que  le  roi  de 
Syrie  massacrait  les  Juifs,  le  rot  du  Pont  se  contenta  de  les  dé- 
pouiller. C  est  ce  qu'on  peut  appeler  le  progrès  des  mœurs. 

En  résumé,  nous  pouvojis  formuler  ainsi  le  commentaire  du 
fragment  de  Strabon,  conservé  par  Josèphe  : 
l"»  Les  Juifs  d'Asie-Mineure,  à  l'approche  de  l'invasion  mithri- 


*  JusliQ,  ixxvm,  7. 

•  Voir  Revue  mumtmatû/ue^  !8S8,  2*  trimestre.  C'est  la  priocwse  menlionnée  ptr 
Polybe,  fr.  xxxtu,  ti  et  16. 

T.  XVr,  H''  32.  il 


^0  HEVUË  DES  ÉTUDES  JUIVES 

datique,  mirent  en  sûreté  dans  les  banques  de  Cos  une  grande 
partie  de  leur  fortune  mobilière,  près  de  cinq  millions  ;  une  faible 
partie  seulement  de  cette  somme  était  destinée  au  temple  de  Jé- 
rusalem ; 

2^  Mithridâte  confisqua  le  dépôt  parce  que  les  Juifs  étaient 
odieux  aux  Orecs,  dont  il  s'était  fait  le  champion  ;  parce  qu*il8 
étaient  les  amis  et  les  clients  de  Rome,  qu'il  poursuivait  d*une 
haine  farouche  ;  et,  enfin,  parce  qu*il  était,  par  sa  mère  Laodice, 
le  petit-âls  du  plus  grand  ennemi  dlsraël,  Â^ntiochus  Epiphane. 

TuéoDOHB  Rbinacu. 


JOSEF  HACCOHEN 

ET  LES  CHRONIQUEURS  JUIFS 

(  SUITE 
II 

LES   CHRONIQUEURS  JUIFS, 


Après  notre  étude  sur  Josef  Haccohen,  nous  examinerons 
quelques-uns  des  autres  chroniqueurs  juifs  qui  présentent  de 
l'intérêt.  Nous  ne  nous  occuperons  pas,  dans  ces  auteurs,  de  l'é- 
poque talmudique,  mais  seulement  de  1  histoire  du  moyen  âge. 

Nous  donnons  ici  et  d^abord  le  tableau  des  signes  abréviatifs 
dont  nous  nous  servirons. 

Tableau  db8  signes  abrkviatifs. 

E.  Stmk  habbakka,  de  Josef  Haccohen,  édition  Letteris.  —  Le  chiiTrc  qui  suit 
la  lettre  E  indique  la  page. 

FF.  Fortalitium  Fidei  d^Alonso  a  Spina,  d'après  l'édition  de  1485.  —  l'outes 
006  citations  sont  (sauf  une  exception)  empruntées  au  3*  U\ro;  le  chiffre  qui 
suit  le  signe  FF  indique  le  numéro  de  la  Consideratio  de  ce  3*  livre. 

G.  SchûUchéltt  haccabbala  de  Guedalia  ihn  lahia,  édition  de  Venise,  5347  (1587). 
Changer  dans  O  xviir,  2,  1589  en  1587. 

Graetz.  Sa  QeschiehU  der  Juden,  —  Le  chiffre  romain  indique  le  volume  ; 
le  chiffre  arabe,  la  page.  Nous  citons  toujours  la  seconde  édition. 

MonatSBChritt.  C'est  la  Monatachrift  de  Graetz. 

O.  Anecdota  Oxoniemia,  Mediaeval  Jewish  Chronicles,  by  Ad.  Neubauer  ;  Ox- 
ford. 1887.  Le  premier  chiffre  après  le  O  indique  la  page,  le  second  chiffre 
indique  la  ligne.  Les  pp.  47  à  84  contiennent  la  chronique  d^Abraham  ibn 
Daud  ;  les  pp.  85  à  100,  celle  de  Josef  ibn  Çaddik,  d^Arévalo  ;  les  pp.  101 
à  114,  celle  d'Abraham  do  Torrutiel. 

Revue.  RevM  det  Études  juives,  —  Le  chiffre  romain  indique  le  tome  ;  le  chiffre 
arabe,  la  page. 


212  BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

StnschQ.  Le  culalogue  des  livres   liébreux  imprimée  de  U  bibliothèque 

leiet.ne  d'Oxford»  par  M.  Sleioschiieidcr, 
U»  Lg   Consoiaçam  as  triMacoeni  de  Tfrael,  de  Samuel  Ust|ue  ;  Ferrsre,  5315»^ 

^   Le  tliilFre  arsbe   indique    le    Duméro   des   cUapiUcs  du    Iruisiènuj 

logue, 
V.  Le  Srkéitfi  leknUit,  d'Ibn  VergSi  éditioa  Wiener^  texte  hébreu,  —  Le  cb; 

urabe  intliquo  le  numéro  des  chapitres, 
Vara.  La    Vara  da  Juda^   iraducUon  espagnole  de  l'ouvrage  précédent;  Amf- 

lerdam,  1744, 
Wiener,  E  âliefiiaad.  Dans  U  Iradui  uau  allemande  de  r£iiiek  habbakha,  p«r 

Wieuer,  les  textes  hébreux  do  la  fin  du  volume, 
Z,   ht   Uhasim,  dWbriibam  Zaccut,  édition    Fi.ipov»$ki.   —  Le  premier  cbitTi 

uprès  Z  Jtidi4[uc  lu   ptige,  le  second  cbllîro  ludique  la  ligne  ;  les  lellres  a 

6  indiquent  respeciivement  la  pretniero  et  la  seconde  colonne,  —  L*<^îti 

de  Cracovie  que  nous  cilons  queiqucifi*   esL  celie  de  5341  (1581). 
Zm.  Vn  loanufirit  ccnlcnanL  des  fregmcDls  ilu  lohana  '. 
Noire  aniL-le  La  ExjwUtoHt,  que  nouâ   citons  quelquflois,  est  un  article  sur  ÏH 

ExiiulttoHs  des  Jm/i  de  f tance  au  xiv*  iiiete^  pubiîè  dans  la  Jmbetithrift  eo 

riionuuur  do  M,  GraeU  ;  Brcfelau,  18S7. 

f.  si>^i)]ûe  reuillet,  —  m.  MgDiQe  mori.  —  1«  aigoilie  ligne.  —  p.  signifie  p«ge<  * 
t.  ti^iOe  tome-  — »  Pour  plus  de  simpUcilé,  nous  avons  quelquefois  représealé 
le  yùd  consonne  par  un  i. 


tttffil 
p«r 


1.  Comparaison  d'Usque  et  de  VEmek  hahbakha^ 


■ 

LCOUp  ■ 


U  4,  E7-  D*après  E,  SiseLiU,  de  la  famille  des  Golhs,  règne  en 
pagne  ea  l'an  4:176  ;  il  oblige  les  Juifs  à  se  baptiser.  Beaucoup 
de  Juifs  se  ëoumettcûl,  mais  un  grand  nombr'^  de  baptisés  re- 
vienneiît  à  leur  aacieDDe  religioQ  ;  oo  les  persécute,  mais  Dreu 
inspire  au  roi  la  pensée  de  ne   pas  les  mellre  é  morU  et  le 
roi  se  contente  de  les  exiler.  Il  régne  huit  ans.  De  son  temps, 
Mohammed  vient  en  Espagne,  on  veut  s'emparer  de  sa  personne, 
il  s  eDfuiti  Ce  récit  est  évidemment  emprunté  en  grande  partiefl 
à  U  1,  lequel  contient  tous  les  traits  ci-lessus.  La  principale  va-" 
riante  est  que  les  Juifs  épargnés»  chez  U,  ne  sont  pas  ceux  qui, 
après  le  hapléme,  sont  revenus  à  la  religion  juive,  mais  ceux ^ 
qui  avaient  refusé  de  se  baptiser.  Djus  E,   la  phrase  nz7  :^::'3B 
T*SM  ..»  l?:n?:  est  cvidemmeût  une  iocidente  qui  interrompt  inô- 
ladroilemenl  le  récit,  et  que  Josef  aura  mise  après-coup,  unique- 
ment pour  suivre  U  de  plus  près.  Celiu-ci  a,  du  reste,  pris  sôq] 
récit  en  grande  partie  dans  FF  0,  4"  expulsion,  ou  se  trouve] 
égalenienl  Tincideut  de  Mahomet.  La  date  4376  (Gi6)  de  Josef  i^ej 
trouve  aussi  dans  FF.  Chez  U,  ou  lieu  de  iO'Ti  il  faut  lire  4377  j 
(faute   d'impression '?}.  V  9,  p.  29,   se  rapporte,  sans  doute,  au] 
même  événement^  mais  à  une  tout  autre  couleur.  La  date  r*nJ 


1  Ce  manuscril,  qui  appartient  à  la  LibîioLhèque  de   VÀlliûntt  iêraéUit^  coolitnij 
les   ntD72^Mrt  (lacunes]  de  rédilicn  de  Samuel  Sultam,  relevées  sur  un  ma.  dOxia] 
par   UDQ  personne   qui    n^cst  pas  désignée,  il  provient  de  la   bibliolbèque  d  H.  C^r- 
moly,  et  paraît  écrit  par  un   Européen,   peutr&lre  par  Carmol^  lui-même,  quii'tuml 
copié  sur  un  tutra  ms. 


JOSEF  IIACCOHEN  ET  LES  CtlRONlQUECRS  JUIFS 

qu'il  a  {nm  de  Tère  dirétieiiDej  dû  s'accorde  pas  avec  les  fails 
précédents. 
2,  Henri  élaDl  empereur  des  Romaiûs,  les  JuiTs  furent  riches  et 
prospères  eu  FrûDcei  les  chréUens  en  furent  jaloux  et  résolurent 
de  leur  dresser  un  piège.  Ils  s'entendirent  avec  une  vieille  femme 
qui  alla  porter  un  gage  chez  uu  banquier  juif,  et  prélendirent 
que  celui-ci  avait  obtenu  de  cette  femme  une  hostie,  qu'il  avait 
mis  celte  boslie  dans  une  chaudière  dliuile  et  d'eau,  pour  la 
cuire,  mais  qu*il  sortit  de  la  chândiére  no  enfant  que  le  Juif 
s'efforça  en  vain  de  tuer  Une  troupe  de  10  à  ii  personnes,  après 
avoir  fait  irruption  daus  la  maison  du  Juif,  se  jela  dans  la  rue, 
fit  grand  bruit  de  révénemeut,  le  banquier  fut  arrélé  ;  malgré 
les  tourments  qu'on  lui  infligea»  il  ne  confessa  rien;  mais  sa 
femme,  plus  faible,  fit  les  aveux  qu*on  voulut;  on  lui  laissa  la 
vie,  mais  elle  dut  se  baptiser,  avec  ses  iiis  encore  enfants;  le 
ïïiari  fut  brûfc  avec  uu  Tahnud  dans  les  bras.  Le  bruit  de  Tévé- 
nemenl  se  répandit  et,  dans  plusieurs  villes  éloignées  de  la  cour» 
on  toa  les  Juifs.  C'est  exactement  le  récit  de  K  31  '»:^'»:3  ''ïri 
nD"*pn.  E  a  la  date  4859  (1099),  mais  U  a  encore  ici  4077,  comme 
au  n*^  I.  Le  FF  9,  2"  expulsion,  raconte  le  même  événement,  mais 
le  place  en  10:î6  de  Tère  chrétienne,  ce  qui  ferait  479 J  de  Fère 
juive.  Nous  croyons,  du  reste,  que  dans  FF  cette  date  i036  est 
fausse  cl  doit  être  remplacée  par  1306  [MXXXVI  serait  pour 
MCCCVIi,  c'est-à-dire  5066  de  l'ère  juive.  Cette  date  de  1306  ne 
s'applique  pas  a  rincident  lui-même,  mais  à  Texpulsion  des 
Juifs  de  France  de  1306,  qui  en  aurait  été  la  conséquence.  En 
effet,  certains  détails  de  révènement  et  principalement  le  fait  du 
Talmud  que  le  Juif  tient  dans  ses  bras,  sur  le  bûcher,  prouvent 
que  raffair©  racontée  ici  est  l'alTaire  des  Billettes,  qui  a  eu  lieu 
à  Paris  en  4290  {la  date  de  E  est  donc  fausse;  îl  faudrait  5050). 
La  version  de  FF  et  de  U  ressemble  à  celle  du  Recueil  des  histo- 
riens de  France,  t.  XX H,  p.  33, 
3,  E  *0,  Prise  de  Tolède  par  les  Arabes.  Le  récit  est  exactement 
le  même  dans  les  deux  auteurs  ;  chez  les  deux,  l'intervention 
f  du  roi  chi^étieu  en  faveur  des  Juifs  est  difticile  à  comprendre, 
car  ce  sont  les  Maures,  à  ce  qu'il  semble,  qui  ont  commis  les 
j^^  excès  contre  les  Juifs,  non  les  chrétiens.  Le  récit  est  emprunté 
^Bpar  U  à  FF,  entre  autres  à  FF  7,  f^  crueulé,  qui  a  la  date  71  i.  La 
^^date  de  E  parait  être  718  ou  un  peu  plus  lard.  U  n'a  pas  de  date. 
Le  roi  Rodrigue,  mentionné  par  U  et  E,  est  le  dernier  roi  Visi- 
gôth.  FF  ne  parle  pas  de  l'intervention  du  roi  chrétien,  mais 
peut-être  en  est-il  quesiion  dans  les  auteurs  qu'il  cite  (Johannes 

tEgldii  in  suo  Ârchatto  et  Lucas  episcopus  Thuden.  in  Crouica 
sua  ac  planius  in  gênerai i  hysloria  HyspanieV  Sur  cet  événe- 
ment et  le  prétendu  concours  que  les  Juifs  auraient  prêté  à 
Tarîk  et  à  Musa  pour  prendre  Tolède,  voir  Amador  de  los  Rios, 
Miitoria  de  ios  Judios  en  Espana,  \,  106^  et  note  t,  Gonde,  au  con- 


r 


214  REVUE  DES  ETL^DES  JUIVES 

traire,  racûQte  Tbisloire  de  la  prise  de  Tolède  tout  autremeol 
Tolôde  esi  réduite  par  la  faïiiioe,  les  Juifs  n'y  sont  ebsolumeni 
pour  rien,  Leur  ioterveniion»  on  le  voit,  a*est  qu*uDe  fable  qoe 
Dozy  a  eu  lort  de  répéter  (Ifist.  de  la  domination  arabe  n  St- 
pagne.  M,  p.  36,\  Voir  Coude,  Hisloria  di  la  dominadon  di  lor 
Arabes  en  Sspana,  p.  20-2(. 

U  4|  £  1 1  à  1â.  Voici  le  récit  de  U  :  Après  la  prise  de  Tolède,  des  ob- 
jets sacrés,  vénérés  par  les  Maures,  sont  volés  dans  la  ville  de 
«  Mfdioi  Talbi  ou  Meca  »,  les  Maures  âccuseiit  du  vol  Abraliôuide 
la  Capa  et  d*aulres  Juifs  venus  de  Tolède  pour  habiter  la  région; 
Ils  tuent  beaucoup  de  Juifs,  détruisent  40  synagogues,  et  toutd> 
.bord  celle  de  Tolède.  La  nouvelle  de  ce  méfait  vient  en  Barbarie 
et  autres  parties  de  rOrient,  les  rois  maures  ordonneot  aux  Juifs 
de  se  convenir  au  mahomélisme,  mais  tinalement.  Tédil  D*esl 
pas  exécuté.  Eu  ce  lemps,  Malimonide  quitte  la  Castille  ei  fuit  en 
Egypte.  Le  chapitre  porte  en  télé  rannêe  \9î:\  (H63;,  mais  redit 
des  rois  maures  est  daté  de  4950  (1190).  Le  fait  est  raconté  avec 
moins  de  détails  et  sans  date  dans  FF  H,  8*  article,  ou  la  ville  de 
la  Mecque  est  nommée.  On  voit  que,  dans  K  H,  il  faut  conserver 
la  faute  •^sbna  n:nî^,  copiée  sur  U.  L'événement  n'est  pas  daté 
dans  E,  mais  il  est  placé  par  lui  entre  718  et  810.  do  sorte  qu'il 
est  évident  qu'il  se  trouve  à  cet  eiairoii  comme  suite  de  la  prise 
de  Tolède,  racontée  p.  10,  et  placée  par  E  vers  718.  La  fuite  de 
Mûimonide  en  Egypte  est  ensuite  placée  par  E,  p.  50,  vers  Tûd- 
née  1200,  V  m  raconte  brièvement  le  même  événement  et  le 
place  en  41*of>  ;lUt>\  a  peu  prés  comme  U.  La  différence  de  date 
dans  r  et  V  d'un  côté,  K  de  Tautre,  vient  de  ce  que  U  et  V  pla- 
cent Tévéoement  à  l'époque  de  finvasion  des  Âlmobades  ilba 
Tumart).  tandis  que  E  le  place  à  l'époque  de  la  î'^  invasion  dts 
Arabes  en  Espagne.  L'invasion  des  Almobades  est  bien  de  UW 
(date  de  V'  ;  le  père  de  Maïmonide  quitta  Gordoue,  avec  sa  famille, 
après  la  prise  de  celte  ville  par  les  Almobades  en  4148  (Graelz 
VI,  289);  Maïmonide  s'échappa  du  Maroc  en  H65  (date  de  C).  Voir 
aussi  V  4,  qui  se  rapporte  au  même  événement. 

U IS,  E  44,  amn^n  mn^i.  Enfant  cbcéiien  tué  à  Paris,  U  est  emprunté 
en  partie  à  FF  7,  2^  cruauté,  mais  le  trait  des  80  Juifs  tués  à 
Paris»  et  qui  est  répété  dans  E,  n'est  pas  dans  FF  (qui  eile  Vin- 
cent de  Beauvais,  SpecuU  hisior.,  liv.  XXX,  chap*  xxv*).  K  a 
d'autres  faits  empruutés  à  FF  probablement  et  qui  ne  sont  pas 
dans  U  ;  par  exemple  :  que  le  roi  Pbilippe-Augusle  entend  ra- 
conter les  forfaits  des  Juifs  (dans  sou  enfance)  et  s*en  souvieat 
quand  il  est  sur  le  trône. 

U  6.  Cœur  de  porc  pris  par  les  Juifs,  en  Normandie,  pour  un  cœur 
de  chrétien,  et  enlerrô  par  eux  ;  les  porcs  le  déterrent.  Em- 
prunté à  FF  7,  4*  cruauté  ;  reproduit  par  K,  p.  25,  d'après  U,  et 

■  Dam  rédition  de  Doaii,  1624,  ces  faîla  BOttt  rftcottkét  au  livre  XXIX.  d).  t^f. 


JOSEF  IIACCOHEX  ET  LES  CUBONIQUEURS  JL'IPS  ?J5 

placé  par  lui,  nous  ae  savons  pourquoi,  entra  tO&î>  et  Hit,  []  a 
des  additions  qui  ne  sont  pas  dans  FF  et  qui  se  retrouveot,  avec 
d'autres  additions  (le  qumsiiùnarius  entre  autres)»  dans  E. 

II  7,  E  2:î,  dernière  ligne,  FF  7,  10^  cruauté.  Le  Juif  de  la  ville  de 
Thavara,  en  Espagne,  qui  incendie  la  ville  pour  faire  périr  les 
chrétiens.  Le  récit  de  E  n  est  pas  très  clair,  Il  faut  Texpliquer 
par  U,  dont  il  est  la  traduction  résumée.  D'après  FF,  Thavara 
est  une  ville  de  Gaslille,  dans  le  territoire  de  Louis  de  Almanca 
(Salamanque?).  Du  numéro  suivant  (11»  cruauté)  de  FF,  il  sem- 
blerait résulter  que  la  ville  est  près  de  Valladolid.  Fnfin,  ibid,, 
I2*>  cruauté»  cette  même  ville  paraît  n'être  pas  éloignée  de  Za- 
niora*  Dans  U  tl,  le  Ludovicus  de  FF  est  appelé  Ludovico  de 
Salamanca. 

U  8;  E  35,  V  ;iO.  Htsïoire  de  David  Alroï.  Cette  histoire  se  trouve 
racontée  pour  la  première  fois  dans  ritinéraire  de  Benjamin 
de  Tudèle  (L  p.  74  et  suiv.  du  texte  îiébreu  de  Tédit.  Asher)  ; 
on  la  trouvera  ensuite  dans  V  31,  p.  ^0;  dans  E  35  et  dans  O 
<Î3  (Isaac  Sambari;  déjà  publié  autrefois-  par  M.  Ad.  Neu- 
bauer,  dans  la  Rerm  des  Etudes  juires,  tome  IV),  Une  version  de 
cet  événement,  rédigée  par  un  Juif  converti  à  rislamisme»  Sa- 
muel ibn  Abbas,  a  été  publiée  dans  E  allemand,  p.  22  du  texte 
hébreu  de  la  fin.  Pour  les  études  sur  ces  textes^  voir  Benja- 
min de  Tudèle,  édit.  Asher,  II,  p,  \m  à  465;  Graetz,  VI,  4i6 
(note  iO  de  la  On  du  volume';  Wiener  E  allemand,  les  noies 
M3  à  it2,  p*  *6f>  à  I7L  II  n'y  a  pas  de  doute  qu'eu  dehors  du 
texte  de  Samuel  ibn  Abbss»  les  textes  des  chroniqueurs  juifs 
proviennent,  directement  ou  indirectement,  de  celui  de  Benjamin 
de  Tudèle,  quoique  aucun  d^eux  ne  le  reproduise  exactement. 
Benjamin  de  Tudèle  est  le  seul  qui  donne  à  la  ville  d^Amadia 
(ou  au  pays)  25,00O  hobitanls  juifs,  V.  U  et  E  ne  parlent  que  de 
mille  Juifs.  Benjamin,  V  et  0  disent  que  lorsque  David,  pour 
échapper  au  roi,  traverse  le  lleuve  V^  (Kizil  Ouzen),  il  te  fait 
sur  son  manteau  imn^,  U  est  le  premier  qui  dit  que  David  jelle 
sa  coiffure  (^o/^ca)  dans  le  ileuve  (et  s*en  sert  probablement  comme 
d*une  nacelle?),  et  c'est  de  là,  sans  doute,  que  E,  qui  s'est  beau- 
coup servi  de  U,  a  son  P":x'i.  D'après  Benjamin,  Saïf*Eddin  pro- 
met de  donner  lukmême  les  lOjinO  pièces  d'or  pour  acheter  la 
tète  de  David,  les  autres  versions  ont  une  addition  qui  i^araît 
excellente  et  qui  sera  venue  d'une  autre  source  :  Saïf-Eddin  pro- 
met cet  argent,  mais  au  nom  des  Juifs,  qui  devront  payer  la 
somme,  pour  se  délivrer  d*un  homme  si  dangereux. 

Passons  aux  détails  des  texles.  Dans  Benjamin,  p,  77,  L  7,  il  y 
a  sûrement  une  lacune,  les  textes  parallèles  de  V  et  l  monlrent 
qu'après  le  nom  d*Amadia,  il  faut  lire  ;  '^^  Qt*  [S-'iDrn  DCri].— 
Dans  V,  li"^t335  nm  (p.  *>0,  1.  il)  est  évidemment  pour  "^"^rî 
pncn,  montagnes  de  llaflan  (v.  Benjamin  et  Y  1.  t7;  même  cor- 
rection à  faire  dans  E;.  ibii  (1.  12)  e^^t  sans  doute  pour  ^b'*;,  la 


I 


—  K>  maigre  ie  nc:x?3  sjgQalè  plus  liaui,  n  a  pas  pure- 
copié  U  ;  ou  voir,  par  sa  rédacUon,  qu'il  a   eu  sous  les  fl 
des  textes  Mhreux,  Son  l«i^55^*'  Ip-  •-*>•  1-  '^  ^^  reoiontanl',  ™ 


2t6  REVUE  DKS  ÉTUDES  JUIVES 

province  de  Gilau,  au  ûord-ouesl  de  la  Perse,  A  la  p.  5t,  l.  7»  K^ 
mois  w*':^  ■'r^  sont  corrompus  :  est-ce  rr:»?  les  autres  versions 
ont  nr:nn.  A-  la  ïla  de  sou  récit,  V  rapporte  ud  renseigoemenl 
que  MaïmoDide,  d'après  lui,  aurait  donné  sur  David,  mais  V  _ 
parait  s'être  trompé^  ce  passage  de  Maïmonide  ne  s^apptique  pas  I 
à  David  (Benjara.  édit.  Asher,  II,  Uî:i  et  ^65).  —  Le  récit  de  T 
(p*  165  a]  se  rapproche  Ijeaucoup  de  celui  de  V  ;  Habitoa  (i.  5  de 
Falinéa)  est  nalureilement  Hafian;  Samaria  (L  6}  est  pour  Ama- 
dia;  Guilan  (même  ligoe)  est  Juste,  le  pa^'s  de  Gilau  ;  p.  166^, 
L  6,  en  remontant,  Yosef  Badahan  est  It  Josef  innia  de  Benja- 
mia.  Ce  qui  est  curieux,  c'est  que  V  répèle  presque  textuelle- 
ment (f.  iG7  a)  ce  que  V  a  dit  du  prétendu  renseiguemenl  de 
Maïmonide  sur  David,  il  parait  doue  impossible  que  Tua  des 
deux  écrivaiQs  n'ait  pas  copié  rauire,  et  comme  la  compilation 
du  Schêhei  Jfhuâa  a  été  commencée  déjà  en  Espagne,  on  peut 
admettre  que  si  Usque  n*avait  pas  d*exemplaire  imprimé  de 
l'ouvrage  (rédition  prînceps  étant  peul-êlre  postérieure  à  celle 
de  Touvrage  d^rsque),  il  a  pu  en  avoir  vu  une  copie  manus- 
crite. —  H>  malgré  ie  nc:x?3  signalé  plus  haut,  n'a  pas  pure- 
ment 
yeux  des 

doit  évidemment  être  changé  en  INnon^i  Tabarislan  tBeoj.,  I» 
p.  7S,  l-  5  en  remontant).  —  Le  texte  de  O  est  celui  qui  se  rap- 
proche le  plus  de  celui  de  Benjamin» 

U  et  K  donnent  pour  la  date  de  révénemenl,  Tannée  4921; 
Oa  592 ^  mais  il  faut  mettre  4923;  V  paraît  avoir  une  date 
différente.  Il  vient  de  raconter  antérieurement  et  très  briève* 
ment,  au  n**  30,  une  persécution  de  4906,  et,  en  commençant 
riiistoire  de  notre  David,  il  dit  :  «  Sept  ans  avant  la  persécu- 
tion dont  nous  avons  parlé  plus  haut...  >  On  a  conclu  de  lA 
que  V  plaçait  l'affaire  de  David  en  49oa  ou  4899,  mais  celte  coq- 
clusion  est  probablement  erronée.  Si  \\  au  début  du  n**  31,  faisait 
allusion  à  la  persécution  de  4tior>,  il  ne  dirait  pas  qull  l'a  racoD- 
tée  plus  haut,  puisque  le  récit  est  tout  près  et  ramassé  en  quel- 
ques lignes-  Do  plus,  l'accord  qui  existe  entre  les  autres  chroûi- 
queurs  et  surtout  avec  L,  qui  parait  avoir  copié  V,  prouve  que 
V  devait  aussi  avoir  cette  date  de  492^1.  Le  début  de  son  récit  se 
rapporte  au  récit  d'une  persécution  de  4931  (peutétre  Taffaire  de 
Blois),  qui  se  sera  trouvée  racontée  plus  haut,  dans  les  aucjeûs 
manuscrits  du  Schêhei,  et  aura  disparu  depuis.  La  date  4923  l\ 
{\\%?é-\\  chez  nos  chroniqueurs»  n'oilre  d'ailleurs  aucune  garas- 
tie.  Kous  croyons  quelle  vient  du  passage  de  Benjamin  (L  77. 
L  43)  où  il  est  dit»  qu'il  y  a  aujourd'hui  iO  ans  a  que  ces  failsse  m 
sont  passés.  Nos  chroniqueurs  ont  probablement  fait  partir  ces  ^ 
40  ans  de  Tannée  1173,  ou  Benjamin,  d'après  Tanonyme  de  la 
préface  de  son  Itinéraire^  est  censé  être  rentré  en  Espagne»  et 
ils  auront  supposé  quo  c'est  aussi  la  date  de  la  rédaction  de 


I 


JOSEF  rUCCOHEN  ET  LES  CfmONiÙUEURS  JUIFS  til 

rilinéraire.  De  117:i  à  10  ans  eo  arrière,  on  a  1163.  Si  oa  Faisait 
partir  les  10  ans  du  temps  de  la  prcscDce  de  Benjamin  dans  le 
pays  (1170,  d'après  Graetz),  lafTa ire  de  David  Alroï  se  placerait 
en  f  iOi).  Mais  il  semble  qu'il  faille  encore  remonter  un  peu  plus 
haut.  M.  Koufjnano  \Uetue  des  Eludes  juires^  X»  ï.'il)  a  reudu 
1res  probable  quWbraham  ibo  Daod  connaissait  et  avait  déjà 
réfuté,  en  ftfit,  «•  l'Humiliation  des  Juifs  •  de  ce  Samuel  ibn 
Abbasdont  nous  avons  parlé  plus  baut,  et  le  morceau  de  Samuel 
sur  David  Alroï  appartient  probablement  à  cet  ouvrage.  Cela 
n*est  pas  certain,  sans  doute,  mais  le  début  même  du  morceau 
montre  que  c'est  un  fragment  d'un  ouvrage  de  polémique  contre 
les  Juifs.  Il  est  dilti'-iîe  de  croire  que  si  l'a  lia  ire  de  David  Alroï 
s>sl  passée  en  iD>0,  elle  ait  déjà  pu  élre  connue  et  défrayer 
la  polémique  religieuse  en  Espagne  en  Hfil.  Il  ne  faudrait  donc 
pas  prendre  à  la  lettre  ks  10  ans  de  Benjamin  de  Tudèle,  on 
doit  placer  Fa  lia  ire  d*Alroï  un  ceriaiu  temps  avant  itiiO,  ou 
placer  l'arrivée  de  Benjamin  dans  la  région  avant  1170  (les 
I»  ans  à  partir  de  11  ^Ki  qui  servent  de  preuve  à  Cfraetz,  VI, 
p.  425,  n*^  3,  ne  sont  peut-être  pas  exactsV  Nous  croyons  que 
'est  rbypotbèse  la  plus  simple  pour  résoudre  les  difficultés 
signalées  par  Graetz  (YI,  p.  4*j,  n°  4)  et  par  Lebrecbt  ^Benja- 
min.  II,  p.  357  et  suivantes)*  Graelz  a  tout  d'abord  oublié  qu^il 
place  l'alTaire  d'AIroï  en  1160  et  que  Saïf-Eddiu  y  joue  un  rôle, 
mais  Saïf-Kddîn  T'' était  mort  en  iliO  et  Saïf-Eddio  II  ne  régna 
qu'en  U70.  LebreclU,  de  son  côté,  est  obligé  d  admettre  que 
Benjamin  a  déjà  été  en  Perse  ou  danâ  le  voisinage  en  1 160.  mai?^ 
comme  il  a  été  à  Fostat  en  1171»  et  que  de  Perse  ou  des  environs 
il  s'y  est  rendu  directement,  il  serait  impossible  de  dire  à 
quoi  Beujamiu  aurait  consacré  les  10  ans  allant  de  1160  a  f17L 
Il  nous  parait  donc  certain  que  Benjamin  n'a  pas  été  témoin 
des  faits;  les  ayant  entendu  raconter  par  les  gens  du  pays,  il 
aura  commis  quelques  inesactiludcs  ou  les  dépositions  re- 
cueillies par  lui  auront  été  en  partie  inexacies.  Si  Saïf-Eddin  a 
élé  réellement  mêlé  à  l'aflaire  d'Alroï,  ce  ne  peut  être  que  Saïf- 
Eddin  ^S  et  ratïaire  se  place  avant  11i9,  Si  c'est  à  tort  qu'on 
y  mêle  Saïf-Eddin,  on  a  de  la  marge  pour  placer  l'évéoemenl  de 
4Uî'  jusque  vers  11 'io  et  un  peu  au-delà. 

9,  E  43,  FF  7,  7"  cruauté.  Enfants  disparus  à  Vienne,  retrouvés 
sous  la  glace.  Cbez  FF,  date  1420  ;  cbez  E,  enlre  1182-4.  Chez  U, 
l'événement  est  piacé  entre  des  faits  de  i^U  et  4964  (1164  et  1204). 
Voir  Graetz  VIII,  lîî. 

40»  E  44,  nr,23  ■«n'*i,  FF  7,  â^  cruauté.  Expulsion  des  Juifs  de 
France  sous  Philippe-Auguste,  en  1 186  U  a  4943  (H&3),  date  qui 
Vient  de  FF,  lequel  a  H83  au  commencement  de  son  chapitre, 
mais  pour  date  du  forfait  des  Juifs,  non  pour  date  de  l'expul- 
sion. E  a  la  date  juste.  Le  CNrx'^i  n^''  et  le  ciH^Em-^p  de  E  sont 
pris  de  U  :  v   busqué  de   Viçenas,  deleitoso  higar  vef<^^  Paris  e 


L 


%îê 


REVUK  DES  ETUDES  JUIVES 


i 


carnpeaos  que  agora  chamam  as  alhas»  onde  se  faz  o  mercado  t^ 
V  cite  à  tort  Lévi  b,  GersûOi  qui  n'a  pu  parler  que  de  Texpul- 
sion  de  <306,  Cf.  V  î^.  E  a  pmdemmeût  effacé  le  nom  de  Lévi  h, 
Gerson,  mais  il  garde  le  chiffre  des  expulsés  donné  par  Lévi' 
b.  Gerson  (double  des  Juifs  sortis  dEgypleî. 

U  11,  E  50-51.  Les  Juiîs  assistent  le  roi  de  Naples,  ea  1240,  dans  ïum 
guerre.  Son  fils  prétend  !es  récorapenser  en  leur  imposant  in 
baptême.  M.  Julien  Sée»  La  Vallée  des  pleurs ^  p.  229.  a  déjà  fait 
reimirquer  que  E  a  traduit  par  erreur  le  locka  de  IT,  f.  nîa,j 
par  PC!X*a,  Dans  V  35»  on  a  un  incident  pareil  placé  dans  il 
ville  de  p"ii2,  eu  France  :  on  ordonne  aux  Juifs  de  se  convertir 
el  on  leur  donne,  pour  délai,  le  temps  que  briYle  un  cierge  np: 
T^^T'C  Vo,  V  nûinine,  comme  théâtre  de  la  persécutioo»  Naplesel 
Trana  ;  E  nomme  Naples  seule. 

U  12,  E  r>â.  Angleterre,  airaire  du  prêtre  chrétien  qui  se  convertit  au 
judaïsme.  CcH  évéuerneol,  qui  amène  finalement  i*expiiision  des 
Juifs  anglais,  en  1290-91,   se  place,  en  réalité,  en  1275  [Graetzl 
VII,  19il,  mais  nos  chroniqueurs  réunissent,  dans  un  raccourci,] 
tous  les  symptômes  de  Texpulsion  finale.  Certains  traits  du  récit 
(les  2000  maisons  juives  de  Londres)  montrent  que  U  a  utîlîféJ 
à  ce  qu'il   semble,   le  uKirceau  de  TEfodi  qui  se  trouve  dans  lel 
in^Z12  mr-^ïî''  d'Isaac  Abravoncl  (édil.  Garlsrulie,  (^  30  b),  L'bis-f 
tûire  de  la  date  donnée  par  nos  chroniqueurs  à  cet  événement 
(expulsion)  est  curieuse.  Dans  Efodi  dùjà,  il  y  a  une  faute.  Le ^ 
texte  disait  probablement  que  l'expulsion  eut  lieu  eu  rannée  Sifl 
c'est-à-dire  SOoO  (1200).  Abravanel  a  lu  S  pour  3.  de  sorte  qu'il 
a  S020  [id,  V  18\  U  a  pris  le  D  pour  un  a,  cest  pourquoi  il  a 
5002,  date  qui   se  trouve  aussi  daos  E    aOOl),  V  a  dislribuéH 
les  fâiis  sur  deux  numéros,  n*»"»  18  et  20,  et,  en  outre,  dans™ 
le  D*>  20,  il  place  à  tort  révénemenl  en  France.  Le  '»a*ii:  yniï 
de  E  (p.  53)  est   le  v  buna  parte  que  se  cbama  o  Norte  •*  de  U 
f,  174(1. 

U  13,  E  53-.>"k  Suite  du  même  événement  (expulsion),  racontée  par  D 
d*après  FF  9,  3"  expulsion.  Le  rrersiipo  de  E  est  Escorçia  daas 
U  f.  17B  a. 

r  11,  E  ;iS.  ITostie  en  Flandres.  L*événement  doit  se  (ilacer  vers 
1è6fl.  V  nlndique  pas  ta  source  oii  il  a  puisé. 

U  15,  E  5^1,  FF  7,  ;V^  cruauté,  d'après  Thomas  Canlipr.,  de  Apibfis,  cb. 
XXX.  Prétendu  assassinat  d'im  chrétien  en  Allemagne.  La  date 
detJest  5022  (1262);  chez  E,  1263;  dans  FF,  1261.  Dans  FF.  la 
ville  est  appelée  «  villa  Teutonie  Forchin  »;  dans  U,  <  vila  de 
Teuthonie  Forkim  n;  de  là,  dans  K,  D'^pniD  \^-:^a'»«*a  "^^y. 
Le  récit  de  îl  (et  de  E  qui  le  copie)  est  très  durèrent  de  FF, 
mais  U  n'indique  pas  de  source,  Forchim  est  sans  doute 
Forebheim. 

U  16,  E  58,  *i;^;  ^ri^^.  Affaire  des  pastoureaux  en  Espagne  et  en 
France.  Daté,  chez  U  et  E,  50«0  (1320).  E  suit  U,  mais  avec  des 


I 


GdfebF  IfACCOïIEN  ET  LES  GHRONIQrEURS  JUIFS 


219 


r 
p 


difl'érences  importantes,  entre  autres,  au  commeû cernent,  les 
deux  miracles  de  ia  colombe  et  des  caractÈres  écrits  sur  Vépoule 
sont  réiîûîs,  chez  lui,  sur  une  seul<3  personne,  tandis  que  chez 
V  il  y  a  deux  personnes,  une  par  miracle.  La  marche  des  évé- 
Déments,  dans  les  deux  auteurs,  est  la  même  On  passe  d'a- 
bord de  Tudèle  à  Cordel,  ville  qut  c'a  pas  encore  été  identifiée. 
Les  0^*1^3  de  E,  qui  délivrent  les  pastoureaux  pris  par  le 
lî£^73  (chez  U  :  melsar)  sénéchal  de  Toulouse,  s'appellent  fradet 
chez  V.  [.es  Juifs  se  réfugient  d*abord  à  Narbonoe,  puis  à  Gar- 
cassonne.  Lï' meule  se  répand  dans  les  provinces  de  Burdeos 
^iH^iita,  Angleterre  (le  Bordelais  anglais),  Gastel- Sarrazin  et 
Agénois  (Agenes  iS'^r:i«),  puis  dans  la  proviuce  Touïouse-Bigorre 
(Tolosa  Bigorda,  m*n;'«3  m^ibia),  et  dans  les  villes  de  Marciam 
1trk"i:«^  et  Condâ  inînp  (Condom}.  Ensuite  les  deux  auteurs  par* 
îeot  de  massacres  de  Juifs  à  (on  en)  Guasconha  rrH^^ipiîîW^t,  à  l^é- 
rida,  Valence,  Barcelone,  laea  (Jaca  actuel),  Monserrat,  Barbastrci 
puis  en  Navarre,  a  Parapelune,  Mooi'éal  et  Tudèle.  Il  est  très 
intéressant  de  comparer  ce  récit  avec  celui  de  V  6,  p.  4  à  6.  D'a- 
près V,  le  miracle  de  la  colombe,  qui  fait  naître  Tagilation,  a 
lieu  dans  Ja  ville  de  l-^rt»  {fara,  p.  6,  Guiena),  qui  doit  être 
en  Espagne,  puisque  les  pastoureaux  parient  d'aller  arracher 
Grenade  aux  Maures.  Une  grande  inquiétude  se  produit  im- 
médiatement eu  France,  et  des  troubles  éclaieut  dans  une  ville 
qui  doit  être  le  Tndèle  de  V,  mais  qui,  dans  le  texte  que  nous 
ivons,  n'est  pas  nommée  ;  le  Kinn  nipi23  et  ce?:  (p.  5,  L  5)  font 
supposer  qu'il  y  avait  outrefois,  dans  le  texte,  un  passage  où 
cette  ville  était  mentionnée*  De  là  ,  les  pastoureaux  vont  à 
b-^inD,  qui  est  le  Cordel  de  U,  b^inip  dans  E,  et  pourrait  bien, 
a  la  fin,  être  b'^nnia  Bordeaux.  L'incidenl  de  Narbonne,  obscur 
chez  U  et  E,  est  très  clair  chez  V  :  Quand  les  Juifs  voient  que 
le  sénéchal  de  Toulouse  a  arrêté  un  ceriain  nombre  de  pas- 
toureaux,  ils  sortent  de  leur  refuge  de  Narbonne.  se  battent 
contre  les  pastoureaux,  150  d'entre  eux  sont  tués  (îOO  chez  U 
et  El,  les  autres  se  réfugient  à  Carcassonne.  L'émeute  se  ré- 
pand  en  Angleterre  (possessions  anglaises  en  France),  dans  le 
Bordelais,  à  Castel-Sarrazin  et  dans  TAgénois  (tout  comme 
chez  Ul,  dans  la  tille  de  Bigorda  (U  a  prorince,  non  tilie  de 
Toulouse-Bigorda),  à  V''^"''i'3  {Vara  :  Morcô;  U  a  Marciam)  et  à 
Condum.  Le  seul  survivant  de  Toulouse  est  une  femme  (un 
homme  chez  U)  Les  Juifs  de  la  tille  de  rî3ip'^&«5  [Guasconha 
de  U)  se  réfugient  à  Lérida  (U  ne  dit  pas  ville  de  Guasconha,  et 
surtout  ne  dit  pas  que  de  G.  on  se  réfugie  à  Lérida).  D'après 
V  et  E,  les  Juifs  de  Lérida  veulent  se  faire  conduira  en  Ara- 
gon (ce  qui  est  curieux,  car  Lérida  est  en  Aragon),  mais  ils 
sont  tués  en  route;  diaprés  V,  cet  incident  s'applique  aux  Juifs 
de  ©■'mb  nD3  (Mont -Louis?  eu  France?)*  L'évêque  de  Tou- 
louse, iUs  du  roi  d'Aragon,  sauve  les  Juifs  de  Lérida  (eaux  d'A- 


ragoo.  d'après  U  .  Le   dis  da  roi  dAragoa  poid  îA  |hI 
reaux  a  Huesea,  na  eertaia  nombre  'i'aatns  a  "tsc  "TT  nài 
Puyâégnr  ou  Monségur  de  FraiKeT.  Les  pastoareffxxpM 
alors  en  Navarre,  a  Pampelane»  Xooréftl  ce  Taiièie  oMBaecte 
L',.  U  De  dit  pas  où  il  a  puise  s«>a  récit.  V  cce  I^s  efirooiqneste 
rois  d'EâpagDe.  Les  deux  récits  soat  très  décaissa*,  oa  t  re 
que  un  smguiier  mélange  de  villes  espagnoles  et  de  vlLes  fi» 
raises  et  on  croit  voir  que  V  a  quelquefois  di^anë  Le  nom  de  fO 
a  des  provinces.  Il  en  résulte  que  son  7*7^  est  pent-^cre  71: 
l'AragoD  ;  rrryz^Ki,  qui,  pour  U  et  pour  V^  parait  être  une  filk» 
pourrait  être  Gascueûa.  au  nord  de  Haele  oa  daits  la  pcovûee 
Cuenca.  ~  Marciam  ou  Marcian  est  probableoieat  Vardaci 
le  Gers.  Le  Morcian  et  Morca  de  V  et  de  Tmrm  soat  une  iltén- 
tion  de  ce  nom.  —  En  somme,  les  deux  récits  de  C  et  de  T, 
avec  leur  péle-mële  singulier  et  leurs  sauts  inexplicables  à'Es- 
pagne   en   France  et  de  France  en  Espagne ,   ne   deviendrosl 
clairs  qu'après  qu*on  aura  découvert  la  chroaiqae  espagnole  à 
laquelle  V  dit  quM  a   emprunté  les  faits  et  que  U  a  certaine- 
ment aussi  copiée. 
U  17,  E  61-62.  La  sœur  du  pape  veut  persécuter  les  Juifs,  le  roi  (k 
Naples  leur  témoigne  de  la  sympathie,  année  I32i.  I>^à  Féditenr 
(Je  E  a  fait  remarquer  que  le  nom  de  ^C^Vnrs,  donné  à  tort  à 
la  sœur  du  pape  par  E,  est  une  bévue  de  B,  Tenant  de  ce  qu'il  a 
pris  l'adjcclif  semelhanU  (semblable)  de  U  pour  un  nom.  La  sœur 
du  pape  s'appelait  Sancha  (U),  d*oii  le  ns^do  ou  nsisp  de  E.  Le 
même  incident  est  raconté  V  U,  où  la  sœur  du  pape  est  appelée 
nra:fitc  ;  cependant  le   manuscrit  (ou  Tédition'  d*après  lequel 
est  fait  la  Vara   devait  avoir  une  meilleure  leçon,   puisque  la 
Vara  a   Sancha.  Le  roi  de  Naples  s'appelle  Robert   chez  U  ei 
V,  Frédéric  chez  E.  Chez  U,  il  est  roi  de  Naples  et  de  Jéru- 
salem, de  là  vient  Terreur  de  cbCT:''2  Tnx  y^rz,  chez  V,  p.  5^. 
1.  10,  au  lieu  de  'CT^-'ai  •'bicx:2  qu'il  faudrait.  Sur  tout  cela, 
voir  (iross,   dans  Monalsschrift,  t.  28,  '.879,  p.  545,  qui  propose 
(le  voir  dans  cette  Sancha  la  fille  de  Jacques  I*',  roi  de  Ma- 
jorque. 
U  18.  Les  lépreux  en  France,  U2I.  Raconté  avec  différences  dans 

K  6.1  et  V  43. 
V  «9.  Pesle  noire  en  Allemagne,  province  de  Torli,  5106  (1346).  E  67, 
D-^Tin-n  yKiiy-'X  a  :  province  -cima  (1348).  Tiré  de  FF  7,  6*  cruauté, 
année  I3i').  K  raconte  d'autres  incidents  de  la  peste  noire,  p.  65 
et  Huiv.  Le  numéro  26  de  V,  p.  46,  est  aussi  consacré  à  ces  évé- 
nements, sa  date  0"p  (5160)  est  fausse,  c'est  160  au  lieu  de  106, 
par  transposition  de  chiffres,  ou  bien  il  faut  lire  iT'p  ou  Z''p 
au  lieu  de  0"p,  puisque  en  réalité  la  pesle  noire  a  eu  lieu  en 
1348-y.  Les  dates  1345  (FF),  1346  (U\  sont  fausses,  si  on  les  ap- 
plique à  la  peste  noire. 
On  n'a  pas  encore  Identifié  Torti  et  pour  cause  :  Texislence  de 


JOSlîF  lIACCOitEN  ET  LES  CJîitOMQUEURS  JUIFS  22Ï 

Torli  esl  curieuse,  elle  vieat  crune  fausse  interprétalion  de 
par  l'.  On  a,  eu  elTet,  daos  FF  (ni,  7,  G'^  cruaulù)  :  v  Gomper- 
tum  est  iQ  Alemaûia  quod  ludei  iiiLoxicasseol  omues  fontes  et 
puteos  ut  occiderenl  omnes  xprisiianos  dicte  proviûcie,  Torli 
eoiin  aliqui  eorum  id  coufessi  fuerunt  esse  verum*  *>  Cela  veut 
dire  :  Les  Juifs  empoisonuèreot  les  puits  de  la  susdite  province 
(celle  de  Forchiu,  sans  doute,  du  numéro  précédent)  ;  quelques - 
UQS  d'eutre  eux,  soumis  à  la  torture  {torii},  avouèrent  le  crime. 
U  n'a  pas  remarqué  le  point  placé  eolre  protincie  et  Torli,  il  a 
lu,  sans  point,  promncie  Torii,  la  province  de  Torti,  quoique  la 
suite,  n'ait  alors  pas  de  sens  De  lu,  la  province  de  Torti  qui  a 
passé  de  U  chez  £. 

t  20,  K  ^7-58,  etc.,  V  â^  à  2o,  p.  15-46.  Expulsions  des  Juifs  de 
France.  Voir  notre  article  :  les  expulsions  des  Juifs  de  France 
au  xiv«  siècle. 
21»  E  70,  m^i,  V  27,  p.  47.  Date  'MM  (U,  V  ;  f390),   E  parait  avoir 
4  394   Persécution  de  Vincent  Ferrer.  La  comparaison  des  loca- 
lités mentionnées  dans  U  et  V  montre  que,  dans  V,  il  faut  lire 
AragoD,  Valence  ('■'D'*bi,  Valencia,  non  (ialicia,  comme  Fa  Vara]., 
Majorque,  Barcelone,  Lé  rida  ;  Séville  de  U  a  été  omis  par  V. 
C'est  un  des  passages  qui  montrenl  qu'il  y  a  quelque  relation 
entre  V  et  U  '.  Dans  V,  les  n<=*  -io  à  50,  p-  87  à  89.  sont  la  suite 
de  ces  événements,  y  compris  les  persécutions  dues  au  pape 
Benoit  ^"IH  (Pierre  de  Luiia).   Voir  une  correction  de  V  chex 
Uraetz,  VIII  127^  n.  *  (remplacer  DuarLe  par  Joâo).  Le  numéro 
48  de  V  (p.  8h)  se  r&ppurle  au  mèiue  événement,  les  noms  des 
villes   mentionnées  dans  co  numéro  olTreut  quelque  dilficulté. 
On  a,  eo  suivant  Tordre  du  texte,  Séville,  Cordoue,  Ecija,  a^"i37j 
{Vara,  a  Cadis,  comme  s  il  y  avait  D'^ip),  ::pTD'»^bT  {Vara:  llles- 
s),  Ocafia,  Huete,  on:?:  b^::cp  (manque  dans  Vara}^  Muiioz, 
Torrijos,  Esralona.  Ces  villes  sont,  la   plupart ,  dans  les  envi- 
rons de  Tolède  ;  il  est  doue  possible  que  X2^-^^  soit  pour  li"*";!?:, 
Midrid,  Pour  en:?:  b-^:;C7  voir  la  leçon  de  G  n  4  *,  1.  17. 
«2.  E  77,  rv^2  \i*i,  FF  7,  U"  cruauté.  Enfant  lue,  Dale  :  dans  U, 
corriger  4ti3  en  5213  {\im]  ;  dans  E,  il  y  a  1456;  dons  FF,  1454. 
U  dit,  d'après  FF,  que  cela  se   passe  dans  la  terre  de  Louis 
de  Salamanque  (FF  a  Almanca);  E  dit,  par  erreur,  c  à  Sala- 
roanque  ».  Voir  U  7. 
i3,  E  78-79.  Affaire  d'hostie  à  Sétçovie,  le  médecin  du  roi,  don  Méir 
(Alguudez),  U  cite  FF,  ei,  d'après  sa  pagination,  le  fait  devrait 
se  trouver  FF  11  ;  nous  ue  l'y  avons  pas  trouvé  daos  notre  édi- 
liou,  ni  à  la  fin  du  registre  (Graetz  VIII.  95,  note).  U  et,  d'après 

>        lui,  E  ont  la  date  .'3216  (t436),  prise  de  1*^F.  Graelz  {L  c  }  dit,  avec 

'  A  nLoiua  qu'Us  n*aietil  encorG  iei,  comme  pout  le  fili  raconté  II  IG,  copié  tous 
d«us  le  même  chroDi4|iieur  espagnol-  Voir  surtout  U  B,  où  il  sembU  prouvé  que  U 
m  copié  V* 


icm.  MLi-  isœxms 


T^^A  vzut  A  VÊtm  tasi  îafisBt.  A  ««§  «xivbcbU  ob  pcai  ajouter 
ojx.-^  je  JsÊ^^mtU  ut  f  *12  .2rw.  vm,  ii»  parie  de  la  Jm\t 
ftfr  CUL  Krr.  «L  tsrre  Âai  Xeâr  et  son  mcrf  wfffiir  don  Âlifahim 
ML-T-fs-^K  _  j  ft  «%  ^;ae  T^Êissmat  qui  a  due  quekioe  temps. 
ZsrjL  Vklt  «9C  ttzcr.  TLtir:  msc  îilt  ef  ae  pooTait  plus  Ti?reen 

r  s*.  £  I ;.  'T  »  3.  k  Esfsse  a  Grs^ie  ei  mùrt de  Josti  Halléri  ibo 
5wl.^  Le  iiiGL^rt  ^  lsi*4  sa.i«o£s  joiret  a  Grenade  se  tiDave 
dft^  7  ew  ^li^^  V.  la^e  :  àft:=:«di  »  trbet  4S2I  oa  48âS  oa  4Si7 
(Aàrauji  lie  I«>2.m72.  i.  arer  B£4e  4  et  correctîoos  de  Oit}; 
S9M:  »  Leâec  ^«r:  v  ïC.  i  :  «asedi  9  têtei  i»2i  =  f  #64  <E  :  sa* 
2&ri.  ^  .it^Kt  4*f:  Z  ^±3p.  171.»  lëbet  i»f7  ,Z  217.  !•  «; .  Dans  U, 
il  j  a  .  »  ;âfiei  ^24*,  na^  p  r  >biab>iiieat  œtle  date  vienl  d*one 
coszke  erre;:!.  ^:&t  TvDe  esi  la  cooséqueoce  de  Taotre.  Il  aura, 
par  irai^p*j£.L::-a  ce  chJfires,  nus  Uê  aa  liea  de  824,  et,  par 
sci-e.  U  a  cù  ajouter  ^.4e  aa  Iîcq  de  4#M,  de  là  524«  au  lieu 
ce  »«ii.  Le  »  teiiei  i^f  i  De  tooibe  pas  an  samedi,  la  date  482i 
doit  ccrZic  éire  ivjetee  :  le  »  tébet  des  annéea  4826  et  4827  toml)e 
au  sazxKCi,  s:a:§  la  plupart  des  auteurs  avant  la  date  4827,  c*esi 
odle^ia  qu  :1  Jcut  préférer.  La  fausse  date  4824  TienI  de  la  con- 
fusion iîéqutixU:  d'à  ?  et  du  *.  Le  9  tébet  4827  coïncide  afec  le 
34  décembre  I4M.  Voir  Stnschn..  ooi.  1293  et  2463  et  sa  Poimà' 
sc࣠ mmd  ë^i^fei.  Littratmr^  Leipzig.  l»77.  p.  138-40  ;  Toir  aussi 
Graetz.  VI,  note  3  de  la  fin  du  Tolume. 

U  ^y  Expulsion  d'Espagne  de  i;92  ;  cf.  E  84,  rO'SK  I3n^.  Date  :  \\ 
52SI  .1491  :  E.  i;92.  Cf.  U  202  e.  le  monstre  (inquisition)  de  Por- 
tugal. Dans  V.  les  n»»  50  a  60,  et  p.  Ito  srra,  se  rapportenla 
celle  expulsion;  au  n-  51,  p.  ^y,  le  mol  îrrnno  doil  peut-être 
se  transcrire  par  Cerdagne.  non  Sardaigne  .voir,  sur  ce  poiot, 
nos  observations  sur  Vil. 

U  26,  année  5252  1492  ;  E  s7,  r-xr:  ccii,  année  1492.  Entrée  des 
Juifs  en  PorlugaL 

U  27,  E88,  r-:cn  r:r2  rr\  etc.  Date:  U,  5253  .1493:;  E,  U93  ou 
1494.  Sort  des  Juifs  dans  le  Poitugal,  entrés  plus  nombreux 
qu'il  n'était  convenu  ;  exilés  a  Sainl-Tbomas  ;  V  n«  59,  p.  93.  Cf. 
U  25.  f.  194  b. 

U  28,  E  8'^  1.  4  et  suiv.  Les  Juifs  dans  le  Portugal  après  la  mort  du 
roi  Jean  et  sous  son  successeur  Manoel,  en  5257  (1497)  et  suiv. 
d'  ;  conversions  forcées. 

U  29,  E  90,  V  C-!  r:c2  ••m.  Massacres  en  Portugal.  Date  :  5266  = 
1506  ;U  et  E).  Le  roi  revient  en  toute  bâte  d'Abrantès  pour  arrê- 
ter les  massacres.  Mêmes  faits  V  60,  p.  93. 

U  30,  E  91,  ^lz'^^.  Les  Juifs  en  Portugal  sous  Jean  III.  Inquisition  en 
Portugal  en  5291    \:n\). 

U  31,  K  9»,  a-^zn  "loi:*^").  Suite,  année  1531.  l'  a  aussi  les  quatre  pays  : 
Flandres,  Angleterre,  France,  Allemagne,  ce  qui  prouve  une  fois 
de  plus  que,  dans  E,  il  faut  lire  rrnsx'^D  non  nnsa-^-^D.  Le  iro 


JiJSEF  HACGOHfclN  ET  LES  CUliUiSiQLKLfHS  JUlKt 


^2J 


f 
I 


C^na  de  E,  pour  les  Juifs  qui  se  réfugîeul  en  Âllemague,  s'ex- 
plique par  r  ;  t  tnoreram  per  tssos  Alpes.  >» 

r  Si,  E  yi,  ann  u^i2^^...  '^■^n  ne  nr&ïi,  ei  Ei»5|  Dnn  c^W'^an.  Réfu- 
giés à  N  a  pies,  expédilion  française  à  Naples. 

t'  33,  K  105.  Afi'aire  de  meurtre  eu  Turquie.  Date  :  530i  =  <54ï  (C)  ;  le 
médeciu  Mossé  Ilamon  a  Coostautiuople  ^U  et  E;  il  csl  nommé 
deux  lois  par  V,  qui  dit  avoir  reçu  de  lui  des  ci>uimunicalioQs 
verbales),  E  a  beaucoup  de  détails  qui  ne  soûl  pas  datis  U, 
D'après  la  date  de  U,  le  morceau,  chez  E,  devrait  èlre  placé  de  vaut 
le  morceau  précédent,  V,  p,  lU,  a,  comme  E,  les  localités  Ama- 
sia  el  Tocat,  plus  les  noms  du  sultan  et  de  Mossé  Ma  mon  ;  le 
médeciu  brûlé  s^appelle  li.  Josef  ai'^ns*,  chez  E;  Josef  b,  Josef 
:3m«,  chez  V.  Le  môme  fait  est  raconté,  mais  plus  brièvement, 
daus  \  m. 

tJ  3i,  E  loi.  Incendie  et  peste  à  Saionique  eu  5305  ((5451. 

U  35.  Affaire  de  meurtre  à  Prague,  Iï3f)6  ^  1546  ;  expulsion^  les  Juifs 
se  réfugient  eu  Pologne.  Parait  être  E  103,  D-^iin^rr  iï:nri;  an^ 
née  (54i,  prubublement,  pour  E.  Cf.  E  109  et  123,  où  le  même 
événement  paraiî  raconté  (incendie  eu  Bohême;. 

U  36.  Peste  en  Allemagne  el  dans  le  pays  des  Grisons;  réfugiés  reçus 
a  Pesaro,  si  j'ai  bieu  compris,  grâce  a  l^Ianuel  Bibacho  (Bibago), 
réfugie  du  Portugal;  eu  5:în  (lo5l)*  Rieu  daus  E. 

U  37,  S  <09,  Pillage  de  la  synagogue  de  Pesaro  eu  53!  t  =  Mj'ài.  L'ou- 
vrage de  U  a  été  imprimé  le  il  septembre  < 552. 


:*.  Le  loÂasiu  d'Âàraàam  Zac€Ui\ 
(  Désigné   daas  coUe  ôtude   par  la   leUre  Z  ). 


83,  lik  Lire  n':zi.'pr^  ^i^Tz^. 

H8,  (1  b.  Lire  «■'i::^5-'«  (/'îll^^  Estelle,  en   Navarre.  CL  SUischu.  col. 

4448. 
af^ltt^.  "m-iîti  nou  '^^3X1  (Zm.i. 
ti«  91  ^  Lire  T'^Hn,  non  V^xn. 
«8,  Uh.  Au  lieu  de  l^xn,  Zm.  a  V^î^r^  -**• 
»9,  3  (ï.  «b3-!{*  est  Arevalo  ;  voir  L  il  a, 
89,  y  *  et  £7  ^.  Lire  «n-^nrxis  Talavera,  qui  est  sur  la   route  d^Avila  à 

Tolède  suivie  pur  Isaac  ;  correction  conûrmée  par  Z  U(i,  Li  a, 

ti,  43  /f.  Lire  VET3''-.p. 

*  Dftos  ceUe  élude  ui  celles  qui  vont  suivra  nous  doijs  accupotis  i^uuleu]eul  du 
moyen  ft^e  en  France,  en  AUemairuâ  et  en  Espagne,  Quand  houb  sortons  de  ce  sujet, 
ot  D'eetqtie  per  oecssion  «^l  par  exceplioru  Nuuti  i»e  nous  sommes  pas  non  plus  oc- 
cupé du  lexte  d'Abraliam  îba  Diud  publié  <1ho3  O.  —  Les  renvoie  que  nous  faisons 
(7.,  cf.,  comparez,  etc.)  ko  rapportcul  le  plus  bouveuL  à  ua  article  de  notre  travail  ; 
quaad  cet  article  mani^tie  danâ  QûLrtj  travail,  il  faut  se  reporter  au  texle  indiqué  par 
le  rentoi,  ^  Dana  nos  correctioiia  nous  n  avons  pas  répété  celles  qui  se   Irouveiit 


n% 


hEWE  DES  ÊnHIKS  lUIVfô 


CISl 


su,  liu.  Lire  ;arsnr  ns  [Zm.).  —  Lia.  Lire  rpr-st?^^  Lérida. 

f^,  1.  a  A  du  secoDd  alioéa.  Aa  Uea  de  !?ir3ni^  il  faut  bsm 
Ârérâto,  sur  la  route  de  VaUadolid  à  Âvila. 

toi.  Toute  la  page  est  prise  de  O  6L  Les  mois  no**:  C^n  ;l  4  <t'      ■ 
pUqueot  parla  comparaison  des  deux  textes,  ils  sigoiâent 
lieu  de  Habba  bar  Josef.  il  y  a  la  Tananle  B.  Josef.  Lesebi^re» 
de  Z,  pour  la  date  de  rédaclioa  de  la  Mischna  (31149)  et  du  Talmad 
lif60),  soQl  déduits  des  chiffres  de  O. 

ÎOI,  Ua.  «s^Vrm  'n  ;  O  61,  dernière  ligne,  a  Kr»:nri  "-i. 

tH,  4  ^.  tcin  KZ*»13  'n  ;  il  semble  qu'il  faille  elfacer  le  mol  «ars  ;  cf. 
O  6*.  6. 

fH,  Cî  à.  Lire  pnx^,  le  y&i  est  tombé  à  cause  du  ^od  de  la  fin  du  snoi 
précédeai . 

204, 10^.  Lire  rrç7Z;  -Mnrï  est  évidemment  une  faute  :  si  1^  filles 
de  Jesdegird  avaient  été  tuêes^.  Bostanaî  n'aurait  pas  pu  eo 
épouser  une;  lire  ^'aca  ...  iDrn. 

Î05,  7  a.  I3n  signifie  «  compagnon  »  de  R.  Âschi,  pendanl  dix-huii 
ans;  --  L  9a  à  t8  a,  incidente  ajoutée  par  Z.  —  1,  21  a,  îc^t, 
0  63,  4,  pc-^Ta.  —  L  îl  a.  lire  '>»:'!n::D,  —  1.  55  a,  au  Heu  de  o'pr 
lire  Tfpn  ;  cf.  O  63,  6.  —  O  63,  9,  mic?:,  peut-ôlre  pour  mss::; 
cf.  L  31  a. 

205, 12  a.  Lire  ^235  'o.  —  l.  ii  a.  Lire  '*x:inD3. 

20o,  Hb.  Pour  nia-'TS&t,  il  faut  probablement  lire  n-^sa  ■'^Sîs  bînw  '' 
nîr?:»  bc  ;  cf.  1.  7  a  et  0  63,  18>  —  l.  21  b,  mss.  lire  ini.  —  l  ii  *, 
nbi3,  faute  dimpressioa  pour  nbia.  —  J,  3»  ^et  suivantes  :  les 
mots  r^^P  ri**"^p5  f^**Tn  r"m  sont  une  parenthèse  qui  ioler- 
rompL  le  sens  ;  ces  mots  devraient  peut-être  se  mettre  après 
mot  opmi. 

Les  p&ges  205  à  âtci  sont  copiées  de  0  6a,  9,  et  suivantes, 

tm,  la,  «rni*  ne;?:;  ne  faut-il  pas  eflucer  mS3^?  cf.  0  64,  î. - 
h  iî'i  a,  Isaic  Ilallévi  est  chef  pendant  i3  ans,  après  R,  Bibé  (morl 
i5t:i),  et  meurt  eu  4556.  En  etlel,  de  4513  à  4556,  il  y  a  12  ou 
13  ans;  O  64,  H,  a  î  ans  au  lieu  des  13  ans  de  Z.  il  faut 
peut-èlre  lire  ms;?  D"*nîD  (t2),  au  lieu  de  "»nt3.  —  L  37  à  io  û. 
î^a  chronologie  de  Z  est  conséquente  avec  elle-même  :  Josef 
b.  Uayya  meurt  5586  (ou  5587),  Isaac  b.  Haj^ya  meurt  7  ans 
IjIus  tard,  5593  ;  Josef  b,  "^a-i  (0  Gl,  20.  ^n'^:ï  'n  ou  •'a^n  nn)  meuri 
£  ans  plus  turd,  6595;  Paltoï  meurt  16  ans  plus  tard,  56H. 
t)  64, 19  et  suiv.,  ne  peut  être  juste  que  si  on  lit,  1,  18,  Ja^ 
niûy  au  Heu  de  ynO;  0  64,  20,  n^nn  est  évidemment  pour  rT^ini; 
O  64,  a,  au  lieu  de  -iCJ,  il  faut  XTO,  on  a  alors  5586  +  17  =5603: 
5603  +  i^  5665  ;  5605  +  6  =  56  II .  Si  le  point  de  départ  de  0  fît 
5596  [uu  lieu  de  5586),  on  n'aura  pas  à  corriger  7  en  17,  et,  de 
fait»  ïc  chiffre  de  5596  parait  plus  jusle  (voir  O  L  17).  Avec  toutes 
les  variantes  de  0,  la  question  de  chronologie  est  très  embrouil- 
lée. —  Z  206,  10  è.  Pour  Q""ir,  lire  «'7:np,  comme  O  65,  i,  car 
Z  2U7,  in  a,  a  659  =^  641  +  18. 


t*  < 

n 


JOSEF  lïACGOHEN  ET  LES  CHRONIQUEURS  JUIFS  225 

\ù7,  i  a.  Ou  bien  il  faut  nbma  nDi,ou  il  faut  effacer  V2y  ;  cf.  0  Ga,  i\. 
—  I.  l  \,  pour  nnsi,  lire  in«b  ;  cf.  0  06.  3, 

107,  28  a,  18  ans  {allaui  de  361!)  jusqu'à  5659  ;  0  66,  i<,  part  de  5653, 
ajoute  0  (qoh  48)  ans,  et  arrive  aussi  à  5Gî>9  ;  setilemenl  0  65,  i, 
a  aussi  pour  poiat  de  dépari  5641,  à  moios  qu'il  ny  ait  eu  uu 
iulerrègue  allant  de  5641  à  oûIj^.  —  ï.  i^  a,  les  mois  T*iï*m 
D^TS"*  devant  ^3  manquent  évidemment,  cf.  0  66,  18*  —  1.  il  a  et 
G  66,  n  :  il  faut  probablement  lire  D'en  non  3"cn,  car  le  calcul 
est  le  suivani  :  Aron  Cohen  meurt  ïlW;  Sclierira  deviont  gaon 
8  ans  plus  tarJ,  4728  (0  67,  6;;  Haï  devint  gaon  :iû  ans  plus 
lard,  4758  (O  67,  7)  ;  Haï  meurt  U  ans  plus  lard,  4798  (0  66,  24/. 
0  66,  ti,  :3"73ï3  seul  est  donc  juste,  non  D"ra.  ^  Z  207,  na.  Il  y 
a  là  évidcniment  une  faute,  provenant  peut-être  de  la  confusion 
de  n"3Cn  et  n"rwn  ;  ou  il  faut  lire  :  en  47i8  [Scberira  fut  gaon  et 
on  4758]  liai  fut  gaon  ;  ou  il  faut  lire  :  en  4758,  Haï  fut  gaon, 

07,  11-15  à.  La  phrase  n"'H"'C5ni,  etc.,  n'a  pas  de  sens;  il  faut  évi- 
demment, comme  dans  0  66,  21,  lire  ensemble  *■♦  b^sniT '*:n?g 
Jusqu'à  i-'nnH,  puis  lire  lîamrT  ^n^sm. 

07,  27^,  i^N  1^T31  jusquà  20^  On,  ajouté  par  Z.  Le  récit  de  Z  re- 
prend à  209^,  mais  avec  une  .singulière  soudure*  Tandis  que 
dans  0  on  a  r?:'»ai,  se  rapportant  à  Haï  gaon  (67,  9),  Z^  qui  vient 
de  parler  d'Eldad,  se  croit  obligé  de  mettre  *nbÈi  ^^jj'^^i,  ce  qui 
ne  va  pas  du  tout  avec  la  suite.  —  â09»  9  a,  lire  •'3ni3,  non 
^:d^,  qui  n'a  pas  de  sens  et  est,  sans  doute,  une  simple  faute 
dlmpressioo;  cf*  0  67,  15.  —  L  16  a.  a  5  savants;  0  67,  fi,  n'en 
a  que  4,  par  ce  qu'il  ne  compte  pas  Hanokh,  qui  est  encore  en 
bas  âge.  0  dit  que  les  rabbins  vont  de  Bari  à  l"*rcDD  ;  Z  dit 
qulîs  viennent  de  T^noso. 

10,  7  a,  au  lieu  de  'à,  lire  inï«b  ;  0  60,  4.  —  J,  8  h,  au  lieu  de  D%sc;i, 
lire  '^Zi:^  f.  et  des  drapeaux  »  ?  cf.  O  70,  7,  —  L  37  L  Evidemment 
nsnn  non  nDin  ;  cf.  0  7! ,  t. 

il ,  3  a,  "iJïïï  ;  0  71,  6,  ^xi2.  —  9  û,  n"Dï:n  est  juste  ;  n"^ûn,  0  H ,  9 

i    et  13^  est  faux,  car  Ifuï  est  mort,  suivant  0  et  Z,  en  4798,  et 

I     4798  moins  13  font  4785»  non  4775;  0  7t,  11,  il  vaut  mieux  lire 

^     TTT^ZO,  non  n^T^'D  ;  cf.  Z,  L  13  a. 

H,  35  a.  Il  faut  Sep  b«,  cf.  0  71,  24.  —  1.  26*,  Probablement 
«rb^'aCM  (Séville),  O  7i,  19;  voir  cependant  Z,  I.  £9*  et  O  il. 

r  D'après  Z  213,  Uè,  et  0  76,  9,  il  semble  que  la  leçon  r  Séville  » 
soit  certaine. 

\i,  36  a,  Saragosse  prise  par  Cid  Ruy  Diaz  en  Tm  vp»\  lire  Toi, 
1067=^4827;  cf.  0  93,  3. 

12,  \2à.  VoirO  92,  22  ;  —  lire  nsitssi  (Baena)  ;  cf.  0  69,  «  i. 

«3,  48  à  !9a.  A  corriger  par  O  75»  10,  et  lire  :  'n  rrri   rTî^bn^i 

13,  13  k  Lire  "nin  au  lieu  de  n^-m?  voir  p.  2H  ô, 
!4,  35  a-  Après  b^DH  p  mettre  «s:'*  ;  0  77,  21 . 

1 4,  39  a,  2hv,  cf.  O  77,  23.  C'est  probablement  le  «bo  [Saleli,  au  Ma- 

T.  XVI,  ««  32.  15 


226  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

roc)  de  Z  214,  28  b,  et  O  78,  21.  Plus  loin,  Z  21 B,  30  a  [et  0  80,  ^ 

il  y  a  n>2r?D  à  Almédia,  au  lieu  de  nho  à  Âl média. 
2U,  42  rt.  Le  chitlre  s^Enn  doit  ÔLre  cbaogé  en  n"rnn  (4845J,  comiofl 

daas  0  93.  9.  D^uii  autre  côté,  Isaac  iba  Migasch  est  morlea  if^OI 

(0  76,  <5;  93,  B;  Z  218,  3  a);  de  484a  à  4imi,  il  y  a  environ 60 aQSJ 

U  faut  donc  ici,  avec  Zm.,  au  lieu  de  'i,  lire  '0. 
54  4,  2-3  ^,  Paraîl  indiquer  que  dans  O  78,  4,  il  faut  Ijre  :  pTH  HT 

2U,  10  ^  et  suiv.,  et  0  78.  Ui  et  suiv.  Puisque  0  compte  8  générelioai 
de  gu*^oiiim  (O  67,  8  ;  Z  207,  26  li\,  i\  faut  évidemuieQt  compter 
comme  suit  :  22  générations  jusqu'à  la  fin  des  Amoraim,  5  genô' 
rations  de  Saboraim,  8  géuéralîons  de  guéooim,  3  géaératioi 
de  rabbins»  ou  22  -f'  *6  ==  38  générations.  Il  faut  donc,  O  78,  U, 
lire  :  m:n«:n  mm  'm  ;  et  0  78,  U  :  nmi  V''  Vrs  -^nn.  Ou  cor- 
rigera de  même  dans  Z  Les  38  géoéraUons  soûl  rappelées  daoS 
Z  219, 43  a. 

214,  31  ^.  lire  '[«DDns:^.  —  32  b.  Au  lieu  de  bzi»,  lire  br»  (0  78»  Î3 
—  34  b.  La  date  5950  n  est  pas  dans  0.  —  4i  b.  Voir,  pour  les  lo- 
calités, 0  79,  :l 

%{'è,  22  a  Lire  *^n  {re  ou  ri?y,  le  roi)  pour  "^i.  —  24  a.  Le  b»  parait  être 
Tespagnol  eL  ^  28  û.  Il  faut  lire,  sans  doute,  ^"^1^7  (0  79,  de^ 
nière  ligne). 

215,  30  a,  ïb,  iib,  20^,  28*.  La  ville  appelée  tantôt  nïsn  3f^,  uniôl 
npï«-i  ^35  ou  npn  J^aa,  est  Calatrava  ;  voir  0  80.  --  31  a,  pour 
DiT^  lire  ""^sr?:,  —  38  a,  pour  i!i:"  lire  ircn.  Tout  ce  passage  sa 
trouve  copié  dans  E  26-27-  Les  Pàiiisiim  de  U  sont  les  Berbères i 
voir  Muok,  iaus  Jourtml  asiatique,  juillet  4842,  p.  50,  note  4 

216,  5^.  La  phrase  est  interrompue  eu  sou  milieu  par  Tincidente  ^Xl 
tam35*,  etc.,  la  queue  se  trouve  plus  loiû,  20  ^.  —  18^,  pour 
•nai«n,  il  faut  n>;n,  voir  3Da.  —  28**  Au  lieu  de  wbp2  bji.  il 
faut,  sans  doute,  uibp-:  n'^Ji  ;  voir  0  HO,  16  n,  —  ;i  *.  m::i3:{*. 
mari  de  «?5b5î3bfi*,  est  peut-être  pour  nnabi3H,  c'est  à*dire  Altar- 
ras;  voir  215,  12  à  15a.  Cette  suppression  des  Garaîtes  en  Es- 
pagne est  racontée  par  FF  III,  3,  et  placée  par  lui  en  4938  (II7S), 
mais  Alpbouse  Vin  de  Gaatille,  qui  doit  ravoir  accomplie,  est 
mort  4157.  Voir  îjussL  Muuk,  dans  Journal  asiatique ^  k^  sèîïCt 
L  XV,  p.  :i03.  Il  semble,  du  reste  (voir  0  79^  45  ;  80,  f  I},  qu'il  y  a 
eu  deux  expulsions  des  Garai  tes, 

215,  8  *,  Lire  ninci  (Zra.). 

216,  22  a.  Voir  0«1,  4L 
246,  col.  4 .  La  ûu  de  la  colonne  se  relie  à  coL  2  et  ue  doit  pas  eu  être 

séparée- 
246,  3  b.  Sur  amK,  voir  0  84,  47  ;  93,  8. 

217,  4  a.  Au  lieu  de  «"ssïïn  pour  la  mort  de  Haï,  lire  n"sïï:p  ;  voir  plus 
haut,  207,  23  a  ;  voir  aussi  207,  8  b. 

217,  10  fl,  et  229,  17*.  Voir  U  93,  L  —  47  a,  voir  0  93,  5;  cf  42^  et 
229,  21  *. 


r 


JOSEF  HACCOIIEN  ET  LES  CHRONIQUEURS  JUIFS  227 

!?,  t^  ak  ià.  Ce  passage  sur  Moïse  baddarscban  et  aulres  rabbins 
de  NarboDDe  et  de  la  région  doit  être  comparé  avec  Z  84,  39^  à 
8o,  <3  a  ;  0  d3,  25»  à  8i,  9»  et  0  78,  i  à  6.  A  ces  lexies,  il  faut  ajou- 
ter celui  de  notre  ms.  Zm.,  dont  nous  nous  bornons  à  donner  ici 
la  traduction  :  «  De  leur  temps  (Isaac  ibn  Gayat  et  Salomon  b, 
Gabirol),  [vivait]  R.  Moïse  baddarschan,  rosch  ycsiba  è  Narbonno, 
fils  de  R.  Jacob  rasch  yenba^  fils  de  H.  Moïse  rosch  yesiba,  Ûls  de 
R.  Âbun  Tosch  yetiba^  maître  de  R.  Natan,  auteur  de  VArukh^ 
comme  il  est  écrit  (dans  VArukk)  au  mot  nsip.  Parmi  les  élèves  dis* 
tingués  de  R.  Moïse  baddarscban  [on  compte]  H.  Moïse  le  anaw^ti 
R.  Moïse  b.  Josef  b.  p::  ,Merwan)Lévi,  fils  du  frère  du  rab.  Isaac* 
et  R.  Abrabamb,  Isaac  appelé  Ab-bet-din.  Tous  ceux-ci  out  déve- 
loppé la  science  (n"nn  *):inn)  en  Israël  et  tous  les  savanls  de  Nar- 
bonne  et  de  Lunel  ont  bu  de  leurs  eaux.  Parmi  leurs  élèves  dis- 
tingués [on  compte]  le  Rabad  (R.  Abraham  b.  David  de  Posquières) 
et  le  rab.  R.  Zerahia  haliévi,  auteur  du  Maor,  et  le  rab.  R.  Mes* 
chullam  b.  Jacob,  et  le  rab.  H.  Samuel  b.  Moïse,  et  le  rab.  R. 
Samuel  b.  David,  et  le  rab.  R.  Moïse  b.  Juda,  et  le  rab.  R.  Jonatan 
Cohen,  et  R.  Scheiemia.  Mais  le  rab.  R.  Abrabam  1"3«  (Ab-bet- 
dio),  leur  maître,  est  le  plus  grand  de  tous.  »  On  se  trouve  en 
présence,  à  ce  qu'il  sembîe,  de  deux  versions  dont  la  principale 
variante  se  rapporte  à  Moïse  baddarscban  :  Z  217  et  Zm,  font  do 
Moïse  Anaw,  de  Moïse  Lévi  et  d* Abraham  Ab-bet-din  les  éïèves 
de  Moïse  baddarscban;  0  en  fait  les  élèves  de  Jacob  b.  Moïse  b* 
Abun  ou  de  Juda  b.  Moïse,  et  ne  nomme  môme  pas  Moïse  bad- 
darscban ;  Z  B4  enfin  u  est  qu'une  autre  version  de  0,  où  le  pas- 
sage sur  Moïse  baddarscban  (L  4:i  à  40  b.)  parolt  être  gauchement 
intercalé  par  Abrahaai  Zaccut.  li  faut  cependant  remarquer  que 
le  passage  de  0  Wà  est,  à  certains  égards^  suspect.  Il  est  bien 
étonnant  qu*il  omette  cnUèrement  ce  célèbre  Moïse  baddarscban, 
que  Rabbénu  Ta  m  connaissait  fort  bien  et  dont  le  principal  ou- 
vrage (Midrasch  rabba  de  rabba)  a  fait  si  grande  sensation  dans 
la  région  ;  0  83,  25,  dit  :  «  Le  premier  rabbin  de  Narboone  qui 
nous  soit  connu, . .  »>,  et  ïà-dessus  il  nomme  deux  rabbins  (Jacob 
et  Moïse)  et  non  pas  un  ;  puis  vient,  1.  ^7,  v  le  plus  grand  de^^^ 
disciples  »,  sans  qu'on  puisse  savoir  si  ce  disciple  est  élève  du 
Jacob  ou  du  Moïse  qui  viennent  d'être  nommés.  D'un  autre  coté» 
dans  les  textes  de  Z  â17  et  Zm.,  Isaac  b.  Merwan  Lévi  paraît 
incidemment,  et  comme  s'il  avait  déjà  été  nommé  plus  haut  dans 
un  passage  qui  manquerait  dans  nos  copies.  SI  Moïse  baddarscban 
a  été  réellement,  comme  le  dit  Zm.,  le  fils  de  Jacob  b.  Moïse  b. 
Abun,  nous  proposerions  la  rectiikalion  suivante  de  nos  textes  : 
après  ce  Jacob,  et  avant  Isaac  b.  Merwan  Lévi,  il  faudrait, 
dans  0  H3,  intercaler  Moïse  baddarscban;  Isaac  b.  Merwan  Lévi 
serait  élève  (ou  contemporain  ?)  de  Moïse  boddarschaD,  et  il  fau- 
drait rintercaler  dans  les  textes  de  Z;  enfin  Moïse  b.  Merwan 
Lévi,  Moïse  Anaw  et  Abrabam  Ab-bet-dio  seraient  élèves  de  cet 


2S8  EEVUE  DES  ÉTUDES  lUIVES 

Isaac  b.  M.  Lévi  (ou  de  Moïse  haddarschaa)  ;  la  géoéralion  soi- 
vaute,  eDtin,  aurait  pour  priocipal  représenlaDi  Abrabam  b. 
David,  de  Posquières,  Dans  tous  les  cas,  nous  pouvons  faire  dans 
nos  les  les  de  Z,  quelques  correcUons  sûres.  Z  8».  29  *,  au  \k\i 
de  Vrzin,  il  faut  ib  ^rcT»  comme  le  prouve  O  84, 45  ;  Z  85,  9  a*  H 
Z  217,  &  à,  au  lieu  de  Abrabam  Ab-bet-din.  ou  est  lente  de  lire 
Abraliain  b.  David  (de  Posquières)»  comme  semble  riodiquer 
O  84,  7-8,  quoique  Zm,  nn  soit  pas  favorable  à  celle  correcûoiL 
Dans  Z  83,  2  b,  uous  effacerions  le  premier  des  deux  z^.rt  ;  dans 
Z  217, 23  a^  le  mol  'm  avant  le  noin  de  Lévi  doit,  sans  doute,  être 
eiïacù,  ei  1,  25  a,  ou  lieu  de  "T"2K-im  il  faut  sûrement  lire  l'^xm 
CH'^T^rn  ^bi'iaTai.  —  Inutile  de  dire  que  Z  81,  43,  il  ftiUt  "i^tp,  tioa 
^3:p,  et  que  Taoaw  Moiso  de  U  83,  U  24,  est  le  même  que  celui 
de  U84,  2.  —  Z217,  6-I2J&,  cf.  0  81,  17-19. 

217,  15  è.  Lire  pi,  non  p^i  (Zm.). 

218,  9à  M  a.  Ces  trois  lignes  ne  sont  pas  ici  à  leur  place,  à  ce  quil 
semble. 

218, 14 a.  Après  nnsmD  mettre ':n  n^n D^'ns»  'n  ^o  zro, 

218,  20  a.  Plus  loiQ,  219,  G  a,  il  est  dit  que  iuda  b.  liai  est  enterré  i 
Safcd, 

2i8,  20  fl.  On  ne  voit  pas  ce  que  vient  faire  ici  la  notice  sur  Abrah. 
ibu  Ezra  et  Juda  llallévi;  peut  èlre  doit-elle  venir  à  la  un  de  Ta* 
lioca  suivûDi,  consacré  à  Ibo  Ezrâ. 

218,  23  à  37  a,  U  est  ulair  que  la  dale  n*'pnn  doit  figurer  dans  le  pa 
sage,  puisque  c'est  elle  qui  détermine  la  place  du  morceau  ;  m^lë 
il  est  probable  qu'il  faut  lire,  comme  dons  le  ms.  Zm.:  "^icc  n*^ 
n3C3  -3:3d:t  î^^t:?  i^"t  vn  ^^2"^  T.m  rf'pnn  m:r  nr: 
'51  ^''rpnn  dvd  nzàD^n  ...  •^;«  b^H  min^p3  n"[riprn  ^  La 
date  de  la  mort  n'Dprn  (le  s  sera  tombé)  se  trouve  U  lU,  2,  et 
102,  8;  elle  est,  du  reste,  pour  n"3prn  .confusion  de  o  et  du  5).-« 
L  25  a,  3"^pinn  est  curleui,  Z  dit  avoir  donné  cette  date  plus 
haut  et  elle  ne  se  trouve  pas  plus  haut,  —  L  37  a.  n"Dpnr  est 
peut  être  quelque  erreur  venant  de  Ti"'D';:r.r^^  —  L  32  a,  d'après 
Icaod  Olam  dlsaac  I^raéli,  a  la  date  49ui,  lundi  t^^aciar  i^  mais 
comparaison  avec  les  textes  parallèles  indique  qu'il  faut  ]ire,dâDa( 
Israéli,  4924,  non  4954;  c'est,  en  elTcl,  le  chiffre  4U£5  qu'a  rédiliofl 
de  Berlin  du  Itsûâ  (IV«  livre,  p.  33,  col.  3).  Le  \'^  adar  I  de  4*Jii, 
aussi  bien  que  celui  de  49-ji  lumbe  un  lundi. 

218,  28  tf.  Après  '"«?3  me  lire  22  (Zm  ). 

218,  4  b.  Lire  'C3  ^  pnsa. 

218,  7  d.  Toute  la  colonne  a  pour  noyau  la  date  4935  de  celte  ligne  et 
de  ligne  28. 

218,  28^.  Isaac,  Isaac  rAncicn,  Isaac  b.  Samuel  rAncien,  Isaac  ^93 
mDOin  (c'est  le  "«"n  ou  iptn  """n),  maître  de  Simson  de  Sens  (0  94, 

'  Il  faut  ajouter  qiie  Zm.,  au  lieu  des  dates  905  et  925,  a  908  et  928  [n  po«f  71)^' 
nous  evoDs  laissé  les  n  daua  le  texte  restitué  d'tprës  ce  ms* 


à 


JOSEF  HACCOHKN  ET  LES  ÙIRONIQUEIÎRS  JUIFS  m 

lO»  de  Juda  h.  Isaac  (Z  22{>,  SS  a;  cf.  O  U,  O),  do  Baruch  dô 
Worms  (Z  tiù,  34  è,  0  9i,  23,  et  403,  1).  lils  de  la  Eœuv  de  Rab- 
ou  Tarn  (0  i02.  rt  ;  Z  2*8,  16  ô),  m,  4935  (aussi  0  94»  9,  et  102, 
17).  mais  Z  dît  qu  il  doute  de  la  date. 
ÎI8,  30  h,  etc.  Le  passage  doit  être  expliqué  comme  suit  :  «  Simson 

[{corriger  Simoo,  qui  est  faux)  b,  Abraham,  de  Sens,  élève  d^Isoac 
CrAncien)  ;  on  dit  quil  («"srsn  —  H.  Simson  b.  Abr.)  est  mort  la 
même  année  que  son  maître,  (Isaacl  l'Ancien.  »  Or  le  "''-i  est  mort 
4i>35  ;  c'est  donc  aussi  la  date  de  la  mort  de  Simson,  comme  Ta 
O  94,  n,  et  402,  48.  Au  lieu  de  iin  (ou  après  131)»  il  faut  sons 
doute  lire  ^"n  (L  33)* 
19,  4  a.  Au  lieu  de  y^'T^Dn,  il  faut  «''2*iûn  (Simson  b.  Abrab*). 
219,  7  a.  Benjamin  de  Navarre  est  Benjamin  de  Tudèle, 
H9,  col.  «.  Le  passage  sur  Maïmonide  vient  ici  à  cause  de  la  date  do 
la  composition  du  Misckné  tora,  4938  [l.  40,  cf.  I.  8);  le  reste  se 
sera  groupé  peu  à  peu  autour  de  ce  fait.  —  I.  23  a.  A  partir  des 
mots  ^r«i£T^  '^:£ii  le  reste  de  l'alinéa  est  une  iutereolalion  pos- 
térieure de  l'auteur,  elle  interrompt  le  raisonnement  qui  se 
continue  dans  lalinéa  suivant  et  par  lequel  Z  veut  prouver 
que  Maimonide  n*avait  que  six  ans  lors  de  la  mort  de  Josef  Mi- 
gasch. 
19,  31  a.  Il  faut  changer  îi"3ïpnn  en  rt^'^nn,  comme  le  montre  tout 
le  contexte  et  comme  on  le  voit  ligne  38^.  Josef  ibn  Migasch  est 
mort  4904  (Z  218,  3^),  donc  si  Maïmonide  est  né  6  ans  avant  cette 
date,  il  est  né  4895.  On  ne  comprend  pas  pourquoi  Z  se  donne  du 
mal  pour  conserver  cette  date  4895,  qui  n'est  pas  d'occord  avec 
la  donnée  de  Maïmonide  citée  par  Z  el  d'après  laquelle  Maïmo- 
nide avait  30  ans  en  Tannée  4479  des  Séleucides,  ce  qui  fait  4927 
de  la  création;  Maïmonide  serait  donc  né  en  4897,  Il  est  probable 
qu*il  y  avait,  â  ce  sujet,  une  tradition  d'après  laquelle  Maïmo- 
nide serait  né  en  4895, elle  venait  peut-être  de  ce  que  Ma'fmonide 
passe  pour  avoir  eu  70  a  os  à  sa  mort  en  4965,  ou  encore,  de  la 
confusion,  dans  la  date  de  sa  naissance^  eriire  4898  et  4H95  (net 
rr»  de  sorte  que  la  vraie  date  serait  4898,  Seulement  Z,  édiL  Cra- 
covie,  431  à,  l.  2,  dit  que  Maïmonide  est  né  un  samedi»  veille  de 
Pâque^en  Tannée  4895  la  veille  de  Pâque  tombait  au  samedi  ;  en 
4898,  elle  tombait  au  lundi.  Dans  ce  même  passage,  la  date  4894 
pour  la  naissance  de  Maïmonide  est  sûrement  fausse,  il  faut  sans 
doute  lire  4895  et  remplacer,  ligne  suivante,  le  fùd  par  un  tav 
(6  ans.  non  lO  ans  avant  la  mort  de  Josef  ibn  Migasch).  En  4891, 
la  veille  de  Pâque  tombait  au  vendredi.  Voir  sur  celte  quesUon 
de  la  naissance  de  Maïmonide,  Stnschn.  coL  1884. 
'  tl9.  iO^.  Lire  Dis^nb  (Zro.).  —  I.  41  *;  s"pr  est  faux,  il  faut  a^pn 
(Zm  \  en  réalité  et  à  la  rigueur,  si  les  autres  chiffres  sont 
I  justes, Tpr;  cesl  le  chiffre  qu'il  faut  mettre  dans  la  note  4  de 
I  cette  colonne  249  b, 
kl  9,  coL  à.  Remarquer  les  nombreuit  Vnit  de  cette  coloooe,  de  la  eoL 


REVUE  DES  ÉTtTDES  JUIVES 

précédente  et  de  la  coL  suivante  (219,  40 a;  7  ^ 
2  ô»  Ij  ^),  et  qui  souvent  D*ont  pas  de  sens*  Ce  sont,  en  partie,  des 
ficelles  mises  par  l'auteur  pour  relier  sou  nncien  texte  à  nue 
intercalaiion  plus  récente.  Cependant  le  bsî*  de  7^  se  ratlach* 
a  <*2^,  si  tout  le  passage  intermédiaire,  n  partir  des  mots  rrm 
^b  est  supprimé.  —  1*  28-29  l>.  On  ne  sait  ce  que  vient  faire  li 
Isaac  d'Acco,  mais  Zm.  pernoet  de  lo  comprendre,  l\  faut  meitre 
en  léle  de  la  phrase  le  mol  ar^  et  traduire  :  R.  Isaac  d'Acco  (pa- 
renthèse: Rascbi  dit  sur  Acco,  etc.)  écrit  :  «  Du  temps  de,  etc..  t 
La  citation  s'arrête  aux  mots  Qbi^^n  V-i  !•  35  b. 

220,  33  a,  Ualinéa  vient  pour  la  date  49i0,  et  se  rattache  à  la  date49it 
de  218,  40  a.  —  L  43  a.  L'alinéa  est  là,  malgré  la  date  5004  de  11 
mort  (L  45),  pour  dire  que  Méir  Abulafia  vivait,  comme  les  pré* 
cédents,  du  temps  de  la  querelle  de  Maïmonide. 

220,  37 a.  Après  n-'ni  il  faut  un  point. 

2^0.  41  a.  Au  lieu  de  o"prn  il  faut  D"pnn;  cf.  0  9 S,  15,  et  lOt  S5. 
Z  suit  rordro  chronologique,  co  qui  prouve  quUl  avait  parfaite- 
ment écrit  D'prn.  Zm.  a  aussi  s''ppn* 

220,  15  d  à  2il,  16«.  Il  serait  superflu  de  chercher  à  mettre  de  Tordre 
dans  les  notices  jetées  pêle-mêle  dans  ce  passage,  et  parmi  les- 
quelles il  y  en  a  qui  se  répètent  (220,  ^9-20  ^,  et  22!,  4  b,  Abraham 
Ab-bet-din)  ou  qui  Jurent  ensemble  i220,  16^,  et  48-19  à;  le  môme 
Ahraham  nommé  d'abord,  puis  mentionné  comme  s'il  n'en  avait 
pas  été  question).  Les  lignes  220,  15  à  20  b,  qui  se  ratlacheot  à 
la  date  4905,  ne  sont  évidemment  pas  à  leur  place  et  devraient 
venir  à  la  fin  de  la  colonne.  L'auteur  les  a  mises  en  cet  endroit 
par  occasion  et  en  se  laissant  aller*  Dans  notre  ms.  Zm.,  il  ra» 
chèto  ce  désordre  chronologique  en  marquant,  avec  la  date  4956 
(h  21  *  de  Z),  qu'il  revient  en  arrière  :  pjcai  ■  •  '  n*nna  T»rr  ch'^^'^si 
l":prn  ;  de  plus,  le  ras.  met  la  persécution  de  4969  (Z  220,  21  è} 
à  sa  place  chronologique. 

220,  20  ^.  La  date  4%5  pour  la  mort  d'Abraham  Ab-bet-din  n'est  pas 
à  sa  place  dans  Tordre  chronologique.  Il  faudrait  4945  [^  pouf 
0),  et  alors  on  aurait  exactement  la  date  indiquée  par  M.  Gross; 
voir,  plus  loin,  nos  observations  sur  0  94,  25. 

220,  21  à.  Persécution  à  Béziers  4969  (1209).  La  mention  n'est  pas  à 
sa  place  dans  Tordre  chronologique  ;  la  date  est»  du  reste,  exacte, 
c'est  TalTaire  racontée  V  p.  <  13,  1.  20. 

220,  22  *.  Voir  O  94,  19,  et  I2f>,  5.  Z  221,  37  a^  autre  persécution  dans 
le  royaume  de  Léon,  en  40&1  (123»). 

220,  34^.  Pour  le  sens  du  passage,  voir  0  94,  23*  Ici  {Z  220*  h  35^), 
il  faut,  sans  doute,  mellre  ^nt:?  b^v  "'an,  père  d'Kliezer  b. 
Joeh  Voir  222,  36  a. 

220,  38*»  Le  ms.  Zm.  prouve  qu'il  faut  mettre  pn^3  m33Î?n  mrn 
r3iû.  -^  43  à,  lire  D"pnn  (Zm.). 

221»  3  a.  Répète  Tannée  de  la  mort  de  Maïmonide,  déjà  donnée,  220, 
a  a,  sans  compter  220,  43  b.  Gela  prouve  que  le  texte  était  soi|S 


JOSEF  HACCOÏIEN  ET  LES  CHRONIQUEUnS  JUIFS  231 

cesse  remoûïù  par  des  inlercalaUons  successives  qui  ne  lenaicnt 
pas  assez  compte  de  rancienDe  rédaclion;  l'auleur  rupèle  même 
que  Maïmonide  était  élève  de  Josef  ibo  Migasch,  quoiqu'il  Tait 
dit  à  satiété  plus  baul  ;  c'est  que  ce  passage,  221, 3  a.  est  le  plus 
ancieD,  il  est  le  seul  qui  soit  bien  à  sa  place  chronologique. 

Î2I,  in.  Au  lieu  d'Abraham  b.  ViiVù  (répétilion  erronée  do  C3"^ï3  qui 
précède),  lire  Abraham  b,  Isaac,  mort  justemeui,  d'après  nos  au- 
teurs, en  4965  (O  Ui,  2ï;  103»  7),  Il  est  vrai  que  Z  220»  \^  b,  indique 
déjà  la  mort  d'Abroli.  b.  Isaac  en  i965»  mots  il  ne  fait  pas  toujours 
attention  qu'il  se  répète,  ou  bien  Terreur  C5'^?3  pour  pnx''  vient 
de  lui,  de  sorte  qu'il  y  a  erreur^  mais  non  répétition. 

Sii,  6  û.  Sur  Aron  de  5ibD  et  les  autres  personnages  nommés,  voir 
O  9i,  il.  Lire  rrb-j^^rjT:  (Zm,). 

211,  17  a.  I/alinéa  est  à  cette  place  à  cause  de  la  date  4970  (L  29  ;  cf. 
l.  16). 

111,  33  <2,  Les  uns  donnent,  pour  la  raort  de  Moïse  b.  Nahman,  la 
date  5020  (3),  comme  ici  ;  les  autres,  la  date  5002  (3),  comme  O  t)6, 
6;  l)  103»  M  et  O.  lui  fait  tenir  sa  controverse  avec  Paulus  Chris- 
liani  en  497*  (1211)  et  le  fait  mourir  en  4990(1230).  Toutes  ces 
dates  sont  fausses,  puisque  notre  Moïse  a  tenu  sa  controverse  en 
1103  (.^023),  et  est  allé  à  Jérusalem  en  f267,  où  il  est  mort  peu  de 
temps  après.  Les  i97i  "et  4990  de  O  i03  paraissent  provenir  du 
4970  (^*'pnn  pour  y''pnr)  de  Z  121,  29  a,  dale  de  la  composition 
des  premiers  livres  de  Moïse  b.  Nahman;  dans  la  dale  5020  de  Z, 
il  manque  probablement  les  unités;  le  5002  de  0  96  est  pour 
5020  f3  pour  D),  avec  unités  manquantes.  Le  ms.  Zm.  a  Ô029, 
qui  est  la  date  juste.  —  Il  faut  encore  remarquer  que»  d'après 
O  94,  28,  Moïse  b.  N,  compose  en  4976»  non  4970,  —  Voir  Stnscbn. 
coL  19V7-8. 

21f ,  37  a.  Pour  les  localités,  voir  O  9a,  7.  Ces  localités  sont  Astorga. 
Majorque,  Benavonte,  Toro,  Zamora,  Salamanque,  Alba  (dans  Z 
seul),  Granadilla  et  Ciudad  Rodrigue.  Ligne  39^,  lire  tf^-'b'*TN5«na. 

t%\,  7  L  Au  lieu  de  r?20m  lire  5"?:&n2. 

221»  10^  à  27  h.  Parait  ajoulé  plus  tard,  car  27  b  contient  le  début  du 
vi°  siècle  de  la  création. 

2il,  12*  et  (6*,  Voir  0  95.  ir 

221,  i9  b.  Abraham  b.  Nalan  r3«n.  larhi  n'a  rien  à  faire  avec  Morde- 
khaï.  Voir  O  95,  \\  ;  Zunz,  Literaiurg.^,l'^^\  Kohn,  Monaisschrift, 
*«77,  p.  181  ;  Stnschn.,  #.  p.  Eiiezer  b,  Naihan^  coL  963.  —  La 
date  de  la  mort  (t,  20)  est  celle  d'Eliézer  b.  Natao  [Vautre  t^^n), 
non  celle  d\4br,  b,  Kalan  larhi.  Sur  toul  cela,  voir  O  95,  11,  Ces 
confusions  entre  Abraham  b.  Natan  et  Eliézer  b.  N.  que  nous 
serons  obligé  de  signaler  plus  d'une  fois,  sont  probablement  le 
fait  d'un  copiste  maladroit. 

2f  !,  21  b.  La  date  pour  la  mort  de  lomlob  de  Séville  est  naia  i=  5022 
^Zm.  a  n020  ;  ce  paragraphe  n'est  donc  pas  à  sa  place,  et  doit 
venir  après  la  ligne  20  b  de  Z  222, 


A 


REVUE  DES  ÉTUDES  lUIVES 


221,  30^,  Voir  0  95»  4  H, 

222,  21  a.  Sur  toiu  le  passage  et  ce  qui  précède,  voir  O  96,  f»S 
222,  36  a.  -»nTrn  ^2X  est  Eliézerb.  Joël.  Cf.  0  96,  8,  et  10,1,  21. 
Î22,  37  a^  Diaprés  rédition  de  Gracovie,  432  b^  2i,  el  Zm.»  ce  R.  ^^fssim 

clait,  au  coQlraire,  élève  de  Moïse  b.  Naliman;  dans  ce  cas.  Té* 
lève  serait  mort  avant  soq  maître  (Nissira  en  aiïSi  ;  Moïse 
en  5029), 

Î22,  U>  è  jusqu'à  221»  3  a.  H  y  a  évidemment,  dans  le  texte,  des  er 
reurs  sur  les  dates  »"2  et  K"3* 

Î22,  20^,  Lems.  Zm.  parait  avoir  seul  la  bonne  leçon  :  e  Semtob 
de  Léon,  père  de  R,  Moïse  qui  (lequel  Moïse)  a  écrit  le  Séf^rhawè- 
miscal  et  le  Séfer  mischcan  édut,  et  autres  livres,  est  mort  en 
5053.  ^  0  96,  17,  qui  fait  mourir  Moïse  b.  Semtob,  à  la  place  de 
son  père,  en  50ï>3,  est  faux  ;  Z  %%b  donne,  pour  la  date  de  la  mort 


1 


de  Moïse,  Tan  oOG5;  dans  notre  Z  222,  après  la  date  5053,  il  faut  ■ 
mettre  :  ir:^Tû  ?itd?3  'n  •'DM  Kinv  Enfin,  0  10^,  29  et  ir.  suiv.  a  ™ 


I 


encore  une  leçon  acceptable;  il  parait  dire  ceci  :  Moïse  b*  Semtob. 
auteur  de,..,  a  écrit  (non  est  mort)  en  5051.  Voir  SlDScho  , 
coL  1847-8,—  Aux  lignes  25  ô  et  tl  b,  d'après  Zm.,  il  faudrait 
lire  tt^'a  (ou  peut-être,  27 ^  n>l  ;  de  même,  223,  %a,  lire  Èt'3  (Zm.) 
222,  24  b.  Pour  Aroa  Hallévi,  voir  Graetz  Vir,  \n.  Cet  Aron  est  d^jà 
mentionné  222,  30  a,  où  il  faut  sans  doute  1  ire  rîr':3biab  nî'ilrîî-iaTs» 
Zm.  a  ;  «  Eu  5046,  R.  Aron  Hallcvi  est  venu  de  Barcelone  à 
Tolède,  il  y  reslo  un  peu  de  temps,  et  retourna  dans  son  (ao- 
cien)  domicile;  en  5{>51,  il  vint  une  seconde  fois  à  Tolède  et  y 
mourut.  »  Maïs  plus  baut,  le  même  ms,  a  i  Aron  llallévi,  de  la 
race  des  D^k^c;,  et  Salomon  Josef  b.  Amiel,  et  R.  David  Cohen 
et  R.  Méir  Cohen  de  Narbonne,  tous  morts  en  5024  (id.Zi2!,30a, 
où  les  mots  njibssns?:  «na,  L  32-33.  sont  probablement  uae 
répétition  erronée  des  mêmes  mots  de  1.  30.31}.  O  96,  H,  dit: 
Aron  Halle vi  demeure  à  Tolède  5051*  lï  nous  parait  certain  qtte 
tous  ces  AroQ  Hallévi  sont  une  seule  et  même  personne,  les  mots 
a  venu  de  Barcelone  »,  de  Z  222,  30  a,  comparé  avec  122.  25f, 
et  notre  citation  de  Zm.,  le  prouvent.  La  date  5024  de  Z  222 û  et 
de  Zm,  est  probablement  une  faute  pour  5054  (confusion  du  D  et 
du  5),  On  connaît  le  travail  de  Rostn  sur  le  Séfer  hahinnukh  atlri* 
bué  à  Aron  Hallévi;  voir  Neubauer,  dans  AfonaUschrifl,  i^lî, 
p.  *78,  qui  exprime  une  opinion  nouvelle  sur  le  lieu  de  nais- 
sance ou  de  résidence  d'Aron  Hallévi. 

222,  26  b.  Bûhia  b.  Ascher.  Voir  0  %,  {%  ;  406,  5.  ■ 

223,  iaei^  b.  Voir  O  96,  i»  et  %,  28.  * 
22:i,  ifl.  Voir  0  105,6, 
223,  iùa.  Après  le  mot  cnns,  il  faut  évidemment  le  mot  2»  (mois 

d'ob),  comme  Tout  tous  les  chroniqueurs  qui  ont  parle  de  Tex' 
pulsion  de  France  de  1306. 
223, 14-15  a.   Le  signe  nti^b  nT5  vient  dlsaïe  i,  4;  voir  Calai,    mss, 
hébr.  Leyde,  p.  400,  n«  U. 


JOSEF  IIACCOHEN  ET  LES  CHRONÎQUEURS  JHFS  233 

Î24,  0  10  a.  Le  passage  est  obscur  ;  Zm.  n'a  pas  1rs  mots  ï3«i^î  psDl 
T»nni«  (ou  T^^iSïï,  0  XV),  mais  il  a  ^^'W^  L3"ïi  a"D  psïDs,  seulement 
a*'3Ci  esl  mal  écrit  et  peut  faire  D"m  ou  a^Di.  Sur  la  cbronologie 
de  la  famille  du  Roscht  voir  R^vue^  XIII,  U8* 

ti4»  22  û.  Voir  0  97,  4, 
^iti,  25  a.  Au  lieu  de  '►ibn  innjt,  il  faut  lire  b^;ib^  inisn  priN. 

'■  Voir  0  94,  27.  Sur  cet  Aron  Hiiccohen  de  Lune),  voir  Gross,  daos 
Mùnatsschrift,  1869,  p.  433;  eocore  envie  ea  t327  [p.  439). 

t*i,  29  ff.  C'est  l'affaire  de  Gonzalo  Marlinez;  volrO  97,  10,  —  U  30^, 
au  lieu  de  5:2,  lire  s:  (Graelz,  VII,  324),  comme  Ta  d'ailleurs  l'édi- 
tioo  de  Z,  de  Cracovie»  p.  133^,  L  <1 

Î2I,  6  b.  Voir  0  98,  K . 

Î2l,  14  3.  Au  lieu  de  ^72»»  lire  i?2t<  (Zm.). 

2Î4»  25  ^.  Lire  inirn  V'2?2^rr  rï«-i  ^Vu. 

22:3,  6  a,  Lîre-'.ri^i.  —  35(7.  Lire  iT:p,  non  iTspa,  ^  38  a.  Lire  rpi3, 
sans  article. 

2â5»  24  «.  Les  villes  éuumérées  se  trouvent  U  f»  <88  ^,  dans  Tordre 
inverse. 

2Î5.  26  a.  Voir  0  98,  5,  et  106»  26. 

t25,  29  a.  Voir  0  98.  9. 

225»  3îa  et  16  ^.  Juda  b.  Ascher,  fils  du  Rosch,  m.  à  Tolède  6i()9  ;  cf. 
O  97,  M,  \m,  21  ;  Z  22t,  31  a.  Le  Juda  b.  Ascher  qui,  d'après 
noire  passage  de  Z  225,  meurt  martyr  à  Tolède  ou  a  Burgo?,  est 
arrière-peiit-fils  du  Rosch  et  pelit-fils  de  Salomon  lequel  est  flîs 
du  Hoscb.  Il  est  auleur  du  n^'C^rr  npn.  Voir  sur  lui  Zodz,  Zut 
Gesch,,  43i,  435;  Cassel,  dans  la  préface  du  TT^MT  pn^T,  et  Stos- 
clm.,  article  Jehuda  b.  Ascber.  Voir  aussi  la  lettre  de  Hasdaï 
Crescas,  dans  V  p,  «29, 1.  8. 

223,  37  a.  C^:«''p3''i,  c*est-à  dire  •  de  hiscaye  •. 

223»  «  k  Ou  il  faut  lire  :  ^7717  «'':p  r333,  ce  qui  eni  juite; 
DU  bien  ^"py  esl  un  doublet  de  »":?,  G  it-l,  1  a,  a  rao  K"'»i 
3"rp-  Cependant  ypy  comme  nom  commun  peut  avoir  un  Hen» 
dans  la  phrase. 

223,  Il  è.  Sur  Méir  Alguadcz.  voir  0  98,  16. 

225, 14^.  Dans  Zm*  le  r^'iTzr*  *z  est  appelé  nniO'*fr  '0. 

225,  21^.  Lire  nrt  au  lieu  de  rriiH. 

225,  25*,  Lire  iv?:r:^   Zm*). 

225,  43  b.  Au  lieu  de  r:"^p,  il  faut  TfT^^  comme  le  montrent  la  buHo 
chronologique  et  O  98.  22,  et  110,  11  è  15. 

226,  5  a,  Au  lieu  de  3n  "ir^o,  ajouté  par  0  xv,  U  faut  lire  mn%D3  (i 
Zamora),  0  98,  26;  HO,  18. 

226,  1 1  a.  Comme  le  prouve  ie  Eé^lemeni  deg  Juift  de  CaiiUie  (jUvUê, 
xni,  p.  487),  la  date  du  rétabUKfiem«;nl  du  f(nind-rulibiiiat  de 
Caslille  esl  bien  5192  (non  5Uf,  o^mmo  b  v*îut  u  x\).  Noui 
avions  (Revue,  p.  189)  émis  rhypothete  qu'il  y  avuH  eu  vyeaaci 
dans  le  grand-rabbinat  avant  la  nomination  d'Abraham  Benvo* 


^lA  "      '  "     REVITE  DES  ÉTTDES  HTIVES 

nul,  c*est  ce  que  prouvent  évidemment  les  mots  mqy  rr^x 
rti^^b  de  noire  texte;  cf.  O  98,  U. 

5S6,  2<  a.  Lire  m  iZm.)  —  31  a.  Lire  D'^'^si  ;Zm,\ 

Î36,  :Ua.  Au  colloque  de  Torlose,  Àlbo  représentait  la  ville  de  Moa 
réûl;  V,  p.  68. 

f  î6,  15  à,  o•^î^  est  tort  singulier.  —  Au  lieu  de  5*'''nn,  il  faut  lire  i"^ 

226,  27*.  Au  lieu  de  nr3biD'»C,  lire  nrnbis^c  «  Scpulvé^  >•  auti 
forme  du  nom  de  Sépulvéda,  La  date  offre  des  difficultés*  Diaprés 
Colmenares,  révénement  se  placerait  en  U68  (Graetx  VIII,  tî81, 
mais  Z  d'un  côlé,  O  99,  8,  et  110,  26,  d'autre  part,  ont  tous  trois 
la  dûie  523!  {iil\),  et  on  peut  même  se  demander  si,  chez  0  110, 
il  ne  faut  pas  lire  5238  (1478\  par  confusion  du  et  et  du  fï,  car  îe 
chiffre  5231  ne  se  trouve  pas,  chez  lui,  à  sa  place  dans  la  suite 
chronologique.  Dans  Z,  il  faut  changer  •j'd  en  t"s,  car  le  î6  sivan 
tombe  un  vendredi  ;  0  99,  8,  est  juste;  0  HO  a  vendredi  ?6  sivan* 
ce  qui  est  encore  juste.  En  5238,  ïe  26  si  van  tombe  au  jeudi.  Si 
on  veut  placer  le  fait  en  5238,  on  pourrait  supposer  que  le  texte 
primitif  de  nos  chroniqueurs  portait  n"bnn  'ïvd  t"::  'i  ova. 

226,  37^,  M?iC\^^i  est  pour  «ï30^^î  ^T,  Il  s'agit  de  Pedro  de  Osma, 
dont  le  livre  fut  brûlé  à  AI  cala  de  Henarès  le  24  mai  4  i79.  Au  lieu 
do  rï«''3nbt3 1*1»,  il  faut  '5iV:3  Y^  ^  maître  en  théologie  ». 

Î26,  40  *,  Oibpn  cpiï},  lire  D'»bp  ''i,  c'est-à-dire  «  marquis  de  Ca- 
lix  i»,  pour  «  de  Cadix  »  ;  voir  O  99,  21 ,  et  O  IM,  6. 

227,  2 fl.  Lire  . . .  t«::ia'^,pi  ...  m:i-^,  Ronda,  Marbella,  Carthagène 
(ou  Carteyena),  et  Czar  Abulena  ;  cf.  0  99,  26. 

227»  8  a.  rspba^  o^^a  est  ^^Hbii  sbs  de  0  100,4;  pour  î^s-^n,  voir 
également  le  texte  de  0  100,  4.  Cette  ville  ne  peut  être  Terraga, 
depuis  longtemps  conquise  par  les  chrétiens  et  située  dans  une 
lout  autre  région.  Serait-ce  Torroxî 

227, 1.  26,  44  el  46  ô.  Nous  avons  corrigé,  Revue,  III,  286.  banxen 
b-^ia»;  rs  en  '13  (le  4.  non  2i  avril),  et  nsn^^ms  en  îiii^  ns, 
localité  Mnja, 

227,  39^.  Lire  rt^m  l«V  £36t1. 

227,  1  k  Lire  Dicnbi  ns'ib  iZm.). 

228,  6  a.  Au  lieu  de  *^5a,  il  faut  sans  doute  iî3,  Salomon,  fils  de  Si- 
mon Duran;  la  mention  de  Malaga,  qui  se  trouve  nommée  iciel 
228,  liù,  confirme  cette  hypothèse. 

228,  Uî  a  et  2  b.  Indications  contradictoires  sur  le  lieu  où  sont  enter- 
rés Ibn  Ezra  et  Juda  Haîlévi,  si  on  compare  avec  218,  20tf  el 
219,  Ba.  Toute  l'erreur  vient  probablement  de  ce  que,  218,  20  <t, 
les  mots  ^yb»  na  rnirf^  'n  bs:«  sont  de  trop,  à  moins  que  bi:i«ne 
signifie  ici  «  non  loin  de  »,  et  non  pas  *•  auprès  de  », 

229,  21  ^,  Au  lieu  de  rîK*L^3,  il  faut  sans  doute  ibn:  ;  voir  217,10^.  et 
0  93,  4. 

2Î0,  23^,  voir  0  93,  7. 

230,  2ô*  Lire  n&tm  [Bejar)? 
230,  !  b.  H-i-''^bs  pour  KP*>î?s,  Falaise? 


I 
I 


JOSEF  HACCOHEN  ET  LES  CHRONIQUEURS  JUIFS  235 

230,  20*.  Lire  Menahem  o^r'ina  en  un  mot.  Sur  ce  nom.  il  faut  voir 
la  note  de  M.  Gross,  dans  Revue^  YII,  43.  Puisque  le  Talmud 
(Sabbat,  h\%b)  dit  qUe  Menahem  est  synonyme  de  DTS^I'nd,  il  est 
superflu  de  chercher  à  identifier  ce  nom  avec  un  nom.  de  ville, 
quoi  qu'il  ne  soit  pas  impossible,  cependant,  que  le  nom  désigne 
Verdun  (M.  Neubauer,  dans  Monaisschr.,  4887,  n«  S)  et  qu'on  lui 
ait  donné  cette  forme  à  cause  du  passage  talmudique  de  Sabbat. 
Outre  les  Verdun  français,  il  y  en  a  en  Angleterre.  Un  Mena- 
hem '«ST^iniri  est  nommé,  année  4257,  dans  les  Eebrew  Deeds  de 
M.  D.  Davis,  Londres,  4888,  n^  146,  p.  244.  Ce  ne  peut  être  celui 
de  M.  Gross,  m.  4224.  —  Voir,  du  reste,  sur  ce  nom  de  Vardimas 
le  dictionn.  talmudique  de  Jacob  Levy. 

Isidore  Loeb. 
{A  suivre). 


l'iFFilRE  DES  JDIFS  D'EPINGEN  DE.  1470 

PRÉTENDU  MEURTRE  DE  CHRÉTIENS  PAR  DES  JUIFS 


Tout  au  commencement  de  sou  journal,  Joselmann  parle  de 
Taccusatlon  portée,  à  Endingen,  contre  ses  trois  grands-oncles  et 
de  leur  condamnation  à  mort,  suivie  de  l'expulsion  des  Juifs 
d'Endingen.  Les  Juifs  ne  purent  revenir  à  Endingen  que  sous 
Joseph  II,  en  1785. 

Le  souvenir  de  l'événement  de  1470  s'est  conservé  vivante 
Endingen.  On  y  voit  encore  le  Jiidenhaus  (maison  du  Juif,  où  le 
prétendu  crime  aurait  été  accompli),  le  Judetibnich  (colline  des 
Juifs,  où  les  Juifs  condamnés  furent  brûlés)  ;  l'église  a  conservé  les 
ossements  des  prétendues  victimes  des  Juifs  et  les  expose  à  la 
vénération  des  fidèles  K 

Le  drame  représenté  à  Endingen  en  1616  *,  et  qui  a  pour  sujet 
ce  prétendu  meurtre,  est  fait  d'après  un  procès-verbal  qui  date 
du  commencement  du  xvi«  siècle  et  qui  est  imprimé  dans  le 
Urkwidenbiich  der  Stadl  Freibitrg,  p.  520  ^. 

Bien  plus  important  est  le  procès-verbal  que  je  publie  ici, 
d'après  la  pièca  qui  est  aux  archives  de  la  ville  de  Francfort. 
C'est  une  copie  contemporaine  du  procès-verbal  original,  et  elle 
contient,  avec  les  aveux  des  Juifs  d*Endingen  (ceux  d'Elias, 
Eberlin  et  Merkiin),  les  allégations  des  Juifs  d'Ettlingen  et  de 
Pforzheim*. 

Comment  cette  pièce  est-elle  venue  dans  les  archives  de  Franc- 

*  Dat  Endinger  Judenspiel^  publié  par  Karl  voa  Amira;  Halle,  1883  ;  voir  l'inlro- 
duclioD. 

*  C^cst  le  drame  désigné  dans  la  note  précédente. 

*  Publié  par  Schreiber. 

^  Je  ne  reproduis  pas  l'aveu  d'Eberlin,  qui  diffère  peu  de  celui  qu^a  donné 
Scbreiber. 


L'AFFAIRE  DES  JUIFS  D^ENDIXGEN  EN  WO 


257 


fort?  Probablement  elle  y  a  été  placée  en  1470|  lorsque  Tera- 
pereur  Frt^^déric  III  demanda  au  margrave  Charles  de  Bade,  qu'il 
avait  institué  juge  supérieur  de  latfaire  d'Eruliugen,  d^exiger 
des  Juifs  dWllemague  le  deuxième  Pfennig  et  le  Opfvrpfennig 
d'or.  Pour  prévenir  les  résistances  des  Juifs  de  Francfort,  il  leur 
fit  dire,  par  son  lieutenant  Jorg  Eliiiiger»  qu'il  les  soupçonnait 
d'avoir  fait  venir  du  sang  des  chrétiens  tués  à  Kndiugen.  Sur  quoi 
les  Juifs  firent  remarquer  qu'il  était  singulier  que  ces  soupçons 
fussent  adressf^'s  justement  aux  communautés  juives  qui  avaient 
de  l'argent  ^  Les  Juifs  de  Francfort  firent  probablement  venir, 
pour  leur  défense,  les  procés-verbaux  d'Endingen,  ils  payèrent 
une  forte  somme,  et,  por  deux  édits  de  Tempereur,  les  procès 
contre  les  Juifs  concernant  l'accusation  du  sang  furent  arrêtés,  et 
les  Juifs  qui  étaient  encore  en  prison  furent  mis  en  liberté. 

On  voit,  par  le  passage  de  Joseloiiann  (et  on  le  saurait,  du  reste, 
quand  mùine  il  ne  le  dirait  pas),  que  les  aveux  des  Juifs  d'Endin- 
gen furent  obtenus  par  la  loriure.  Le  procès-verbal  dit  bien  que 
les  Juifs  avouèrent  a  de  leur  pîein.gré,  en  toute  liberté  et  sans 
torture  »,  mais  on  sait  que  cela  veut  dire  qu'après  la  torture 
ils  conûrraèrent  les  aveux  arrachés  par  la  torture  -. 

J.  Kragaukr. 


Dièse  copie  hait  âoclor  Jorg€  Ehin^r  hU  gelaUzen  2*  post  VUi 
anm  LIX^(fi70}. 

Zv  wyssen  als  inn  verganuger  zijien  by  achl  Jaren  vngeuerlicbe 
vier  crislcn  menschea  by  nacht  von  den  juden  zu  Endingen  inie 
Bryszgaw  ermordet  ivorden  sind,  deszhalb  ein  lu  mot  (Leumundj  off 
dieselben  juden  gefallen  vnd  doch  zu  fryscber  tate  nit  strafînoch- 
geuolget,  bygz  ksie  dass  inn  dieseu  jare  solicher  mort  vfTinbare  vsz 
geschoUen  ;  als  deshalb  durcb  den  wolgebornen  Ludwigen  herren 
zu  Lieeliïembergk  vnd  ander  gleuplich  kuntschaiïl  verhoret  worden 
ist,  demnach  der  durchluchlig  furst  vnd  lierre,  herre  Syegmond» 


<  Kti  marfTfî  du  toraû  II  ifiédit  des  Âlitrkand  S^hiMcn  ttud  Bit'if^U  farchivcs  de 
ta  viUe  do  FraDcfoJt),  f.  il),  êq  Uouve  cetlû  ncto  :  Cuin  proposituni  fuis&cL  Judcos 
[urbis  Eudingenj  mi&isse  san^uiDcm  ad  Francolart,  Nurembcr^ç,  etc.,  lyoc  debebai 
impcralor  [tit  dueruni  iudei  urbis  Fraiicorurt]  ro^pondiase  ita  :  Jydéi  IranBiniscruQt 
sau^umem  ad  civiLaleset  loca  ubi  àivitcs  moraoLur  Judei. 

*  Voir  Slobbe,  Z?i>  Jud<ft  m  DeutseÂUnd,  p.  189,  et  Endingtr  Jndenfpitl^  p.  16, 
note  1. 


Il  WfV  MS  ÈflJDBIlifn 

rtzog  3ca  Osieridi  e&e,  den  bochgelwnigtt  iotsUa 
hecm  KarleOv  loarggraTeQ  za  Bftdea  etc.,  TBd  gmnea  i 
aU  regîereodeo  fur»leci  âiner  goêdea  forderen  Unnde  som  li^y» 
OslericU  gebarigeo  beuolbeo  hait,  die  ^^mellcfi  joden  la  gnIwgnrB 
zu  Demmeo  rud  die  wdrheit  dm  mordes  voo  jae  xu  erte«n  ;  m 
bail  mya  berre  marggraye  Karle  vif  solidie  egvmelie  befcjlbe  iœ 
gelhaaeo  dry  judea  mil  namea  Hel^'a,  Mereklln  rod  Bberfin  ge- 
brodere  yede&  in  eya  suoder  g^feoguisse  nemmea  vnd  sm  frai^ 
latâzeû,  Tod  ist  ire  keyoem  furgeballeo  worden.  ob  CMler 
aoder  habe  bekaut,  vnd  baoïi  dîe  diy  jeder  auii^aileh 
bekaûl  des  egemelLea  mordes  als  hie  ooch  fulget  : 

Zujn  ersten  bail  UeJyan  jade  vff  sampalag  irordea 
aaoo  etc.  LXX^  gesagt  fryes  wiUens  ?Dd  Togezwusgefi,  das  viTeia 
zjjl  bîeuor  by  acbt  jareo  syent  arsielule,  Demelich  eio  maim,  tsm 
frauwe  uûd  z^ey  kiûde  mit  eyQem  pferdeUa  zu  Bodiogoa  ^Mtt 
Tfl:  der  gasseu  gebaUeD  vod  babea  gebeiten  vmbe  herberge;  da 
aîD  IX y b  Serlin  dieselbea  armeluie  gebeyssen  inn  dîe  schiier  zidiea 
dar  iOQ6  fyndeii  aie  strosz  geaugk  zu  betlen,  das  baben  die  arineiilaiê, 
gelban  vnd  also  ingetzcgen  in  der  scburen  die  nacbt  zu  ptiben  ;  nach 
demselbeD  syent  vlTsluad  die  juden  îo  siq  buyse  md  aoeh  is 
Heszmans  huise,  alsz  sie  deszmalz  eioen  lobeftag  (LaubhlIlleiiUd 
mit  eioander  zu  Ëodiagea  belteo,  zurate  gaogeii  rud  habeo  gethea 
eiQen  aDHiaigkp  die  armeoiute  zu  ermordeo  ;  da  sij  er  by  rud  mit 
gewesen  vod  syent  daruff  die  bemelteo  armenlute  iou  der  selbea 
nacht  ermordet  worden  durcb  Menolio  juden»  Mercklin  juden, 
Leomann  juden,  Heszznan  judea^  deu  jungen  Mathisz  vnd  andrc 
Cremde  scbalalze  juden^;  die  aile  babeo  einander  gebollTea  rnd 
daruach  die  vier  persooen  zum  hindern  tbur  binvsz  der  scburen 
binusîfi  zwuscheu  Gonlin  Bendersz  huyse  geiraigen  inn  dea  kerner 
(Beinhaus)  viï  der  crislen  kirchoifT  vnd  die  toden  lichnam  inn  das 
gebeyne  begraben  ;  vnd  sij  das  eia  kint  gewesen  ein  knebeliu,  das 
ander  eyu  dochterlio. 

Item  er  bail  furler  gesagt  er  sij  oit  inn  der  scburen  gewesen,  aber 
er  habe  vor  dem  huyse  gehutet«da»  nyemant  komme,  als  die  andern 
judcn  yne  das  baben  geîieyszen  vnd  sy  doch  einmole  an  die  scliuer 
ganngen  zubesehen,  wle  sie  mit  deo  armenluten  vmbgîngen  ;  da 
babe  er  durcb  ain  splat  geseheo,  das  iglicher  ein  persone  fur  sicb 
aame  vnd  iglicher  einsz  mil  eynem  sechmesser  »  ermordet  vnd  em- 
phingcn  das  plut  von  den  Juugen  kitiden  in  ein  glaïsz  (Glas)  vnd 
brechlen  das  mil  deu  zweyen  kindes  heupUro  ïnn  sin  slube«  da$ 
sabe  er  vod  die  audern,  die  imi  der  sluben  weren,  vnd  das  sie  ime 
rate  heUen  angeslaigeu  vnd  des  einsz  worden  weren,  das  sie  inn 
flinem  huyse  soUen  belten  vnd  murmeLn,  das  man  inn  der  stadl 


<  Des  Juiffl  tchalafu  ou  sckaUtHtte  pAraissent  souvent  dans  ld«  actes  du  xv*  nèck, 
surtout  ù  oûbé  de  âaih  étudtants,  Lo  mot  aat  peut-être  tcoiétu^  qui  ta  à  l'école, 
a  Fllugmetier  (soc  do  ebarrue\ 


L^AITAIRE  DKS  JCIPS  IIVUMKGO  £K  1410  M 

destemyiiQer  dea  mordt  geborea  mochle,  ab  die  anueulute  wordoo 
scbryea* 

Item  Helyâii  jude  hait  auch  gesagL  das  darooeb  MennUa  jud« 
vad  eiQ  fremder  schalatze  jude  das  plud  vad  die  zwey  kindeii 
heupter  mit  yoe  hinwegk  tuïitn  in  frfmde  lamii,  vnd  das  sieâuch 
der  armcDluie  royssiia  myt  yoe  (sich)  gefurl  babeu* 

Kr  sagL  aucb,  das  damacb  vfT  ein  zijt  Meatilin  jude  su  yme  kom* 
meo  sy  vnd  yme  gesagt  babe.  des  blut  sij  einem  rycbeu  juddeu 
%a  Pforzbeim  auch  worden  ru  kauff  gegebea  ;  der  selbe  iude  betsi 
Léo,  als  er  nit  anders  weisz  elc. 

Iiem  er  sagt  auch,  das  Menulta  jude  Yud  UeszmanQ  jude  ime 
darnoch  woUen  gelt  geben  bao,  das  er  das  uii  sagen  soUe,  das  wolte 
cr  uil  nemeu  vmb  desa  wiUeu.  ob  es  bute  oder  moru  dor  zu  keme, 
daser  dauon  sagen  lorsle  (durfle)  ;  vber  das  babea  sic  imc  by  der 
judîscbeit  verbotteo  vnd  by  verlieruuge  siues  lebeus,  das  er  dauoii 
oicbts  solle  sagen*  dann  sagt  er  elwas  dauon,  su  woUcu  siû  alla 
sprecben.  er  bette  es  selbs  getUauu  vud  y  ne  dar  zu  geholllen. 

Item  IleJyao  jude  sagt^  das  ime  uicbts  voûû  de  m  mordt  wardeu 
sij,  aber  Mercklin  jude  habe  sinem  wybe  Seriiii  s&eheu  guide  gc- 
scbenuckt^  des  sie  dar  zu  swigeu  vnd  nichls  sagen  soUe. 

Ër  sagt,  das  Leomanu  dem  juden  zu  Siellsiaet  des  bluts  auch 
worden  sy  etc. 


Mercklin  judm  bikannihmisz  *» 


Hem  MerklJnJude  ist  vil'  montagk  nodi  dem  sontege  oculi  onno 
nls,  (oativilalis)  zu  llocliberg  gefraget  vou  des  egemeHen  mordts 
wegeû  ;  dar  bail  geauwerl  vud  gesagt,  der  ausluigk  des  mord(s 
sij  gescheea  in  Utlyao  huyse,  vud  der  mordt  sij  volbraicht  inu 
deszselben  Melyan  schuren  inu  der  nacbt,  daby  sij  er  gewesen  vnd 
elUch  audiT  judeo.  oemelicli  Menalin  jude,  liesziaai)  jude,  Merckiin* 
Leoman  vnd  die  audern  als  vor  steel,  vud  baben  llelyun  vnd  Kberliu  ' 
sin  brudcr  gehutlet  an  dtr  gasscu,  uemeliche  Uelya  vmb  das  huy»z 
vnd  der  Eberlîn  viï  dem  bruckelin,  vnd  er  selbs  babe  der  i'ranwen  die 
gurgelmit  eynem  sedimesscr  abegehauweo,  vnd  habe  der  sclu*llalze 
jude  deu  mau  crmordel,  vnd  das  sij  eins  nialcs  bescliceu,  vnd  dur 
nach  batieu  sie  y  ne  ers  le  die  helse  mit  eynem  lleyscbmc&ser  guuUo 
abegebauwen,  vod  da  sie  die  allen  lu  te  ermord(cu,  du  liabeii  t»io  die 
kînde  aucb  ermordet  vnd  das  blut  von  deu  selben  kindcu  cm- 
phaungen  vnd  baben  darnacb  die  loden  menscben  golroigca  la 
den  keroer  inu  dtr  selben  nacht,  vnd  als  er  ôlareke  were,  da 
truge  er  den  man  vnd  die  anderu  juden  trngen  die  l'ranwe  vnd  die 
kiude  zu  dem  Jiindern  durliu  biuusz. 

Item  er  sagt  aucb,  das  Mennliu  judo  sone,  der  Smoil,  lu  dem  ir^"* 

1  L'tnu  d'£tMîrLifl,  comme  je  l'ai  dit,  a  été  omi»  par  oui  iv«c  mtcol^ 


240 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


ner  vff  den  beinhulTea  stige  vûd  machl  cin  loch  darîna  vûd  leglea 
die  ermordifîa  Inde  ia  das  loch  vod  dacktea  '  sie  mit  den  gbeynd 
wieder  zu,  das  man  die  nit  gesehen  mochle. 

Item  Mercklio  jude   sagt,  sie  habent  der  zweyer  kindes  beupter 
mit  dcm  bloie  îq  Helyaos  stiibea  getraigea,  vnd  baba  Meonlia  jude 
das  blut  vod  die  zwey  kindes  heupler  mit  eioander  hioweg  gefartfl 
inn  fremde  lanode.  " 

Item  er  hait  darDach  ge&agt,  das  sie  voo  den  alteii  lutea  keio  blut 
haben  emphaiiDgeD^suQderalleyn  von  den  zweyen  kioden  vnd  babea 
die  aUeo  aleyne  dar  vmbe  urmordet»  das  yne  die  kiûder  raocUten 
werden  ;  vnd  sagt,  das  die  juden  das  cristen  plut  haben  vnd  brucheo 
muszeo  zu  irer  bescbiiyduage  fur  den  kresamc*. 

Als  DU  die  vorgeoanlen  dry  jiiden  vfl  soUch  obegeschriben  bekan» 
Ihf'nysse  mil  vrleyl  in  das  fuer  erkaoL  vnd  voin  leben  zuin  Iode  braclil 
sind  ;  vod  daon  vsz  der  selben  irer  sage  isi  geûossen,  das  Léo  dem 
judeo  zu  Pfortzlieim  des  biais  von  dem  hievor  gemeiteu  mordt  aucli 
geworden  sij,  êo  bail  niyn  gnediger  herre  der  marggraue  noch  dem 
selben  Léo  auch  thun  grylïen  vnd  ine  in  gefengkoisse  nemmea  lais- 
zen;  by  dem  seibem  Léo  siat  vou  vngescUioht  (ungefàbr)  vlT  die 
nacht  als  mau  yae  fioge,  ion  sioem  huyse  auch  gewesen  etweoviel 
scbalatze  jaden  vnd  nemelîche  die  dry,  die  vou  den  hieuor  geuanten 
judeû  siQt  genieldel  ;  die  selben  dry,  doch  yeder  ina  sunderbeit 
han  auch  veriehen,  als  hienoch  falgel. 


I 


Bekanihenlsz  der  juden  zu  BUlingea  gefamgenn. 


p 


Zum  erslen  bail  Léo,  ein  junger  jude,  vfT  monlag  nach  dem  beyl!- 
gea  osterlûgé  LXX'"^  gesaget,  das  sin  muler»  die  ilzunt  zu  Seoheym 
wooe,  vff  die  zîjl,  als  die  armenlute  zu  Eadingen  ermordet  wordeo, 
daselbs  zu  Eadingen  gesessen  gewesea  sij  vnd  sij  er  u(f  die  ziji,  da 
der  mordt  geschee,  komen  geia  Endingen,  sin  muter  zu  besehen,  vnd 
by  vnd  mil  dem  mordl  gewesen,  er  habe  aber  nidils  darlzu  gelhoii» 
anders  dan  das  er  ime  huyse  vsz  vnd  ingeganngen  vnd  beseheo, 
das  DyemaQt  komoie  vnd  hait  dahy  bekant  das  der  mordt  zu  K(i- 
dingen  iaa  Helyans  schure  sij  bescheen  by  nacht,  vnd  siat  ài^  allen 
Iule  ani  erslen  gelotet  vad  darnoch  die  kiuder»  vnd  das  plut  voon 
dea  kinden  empbanngen  vad  yne,  noch  dera  als  das  plut  von  yoe 
emphaangea  warde,  die  heupler  abegesayLlen  worden,  vnd  das  die 
juddea  sie  aile  vier  zu  eynera  cleynea  lurlin  hindea  durch  eiuea 
cleynea  ^inckel  hiausz  geiraigen  haben  ia  den  kerner  vtT  den  cris- 
ten kirchhofT  vnd  mil  gebeyne  vergraben. 
Item  er  sagl,  die  judea  bruchen  das  plul  zu  der  besnydunge. 
Item  er  sagt  auch,  er  wysse  nit  anders,  dann  das  Bermaa  jude  vnd 

*  Decklen  (cûuvtûîciu). 

*  Huile  pour  ianction,  XP^^Î*** 


I 


LUFFAIRK  DES  JIIJFS  D'END^GKN  EN  1470 


241 


ein  ander  schalolze  jtide  die  zwey  kindes  hcuptcr  mil  dem   blutîe 
vnd  aucb  desermordteû  pferdelio  hiowege  gefurl  habeo. 

Berman  juden  kkannihenisse* 

BerHiaon  jude  hait  gesagt,  cr  sy  von  vDgescbichl  komea  gein  En* 
dingen  ;  da  syen  die  juden  zii  ime  gauogen  ion  sid^js  wirls  huyse, 
der  auch  eio-jude  were,  vtid  habend  jme  feruiït,  vod  als  er  kom- 
men  sij  da  were  der  mordt  gescheeo,  da  biessen  sie  yac  binweg- 
geen  vod  gabcod  irae  tuDlT  guldeo,  das  er  swigen  solle  ;  darufl 
music  er  aucb  sweren  in  Moyses  bûche,  das  er  deu  mordt  wolt 
verswygen. 

Item  er  sagt,  das  die  juden  das  crisleublul  zu  der  besoyduDgc 
bruebeul,  vud  das  cr  des  bluts  vdq  den  kîûdea  zu  Eudiûgen  babo 
bra:ïiL  Léo,  demjudeuzu  Pfortzheim. 

SmoUen  Juden  bekannthenisse, 

Smoll,  MeDDiiQ  juden  sone,  von  Nurembergk,  ein  junger  armer 
scbalanlze  jude,  bait  bekannl  er  sy  einsz  maïs  by  siebeo  oder  aclit 
jaren  —  er  wyssd  nlL  eygi'ntliche  wie  iang  e5  sij  —  kommeu  geiii 
Eudiûgen,  da  hobe  sicb  begt;bcn,  das  armelute  mit  zweyen  kinden 
in  Ilelyan  des  juden  schuic  gelegeu  syod,  darinn  ire  herberge  vber 
nachlzohaben  ;  da  sij  ein  aiislag  gescheen,  das  oian  sie  woUe  todeu 
Tmb  der  kiudo  willen»  dar  zu  sij  er  korainen,  habe  zu  dem  mordl 
geholITen  Ynd  sagt,  das  daby  sij  gewesen  Helyan,  Eberlio,  MerckUn 
vnd  ander  juden,  die  aile  vH'  die  selbe  zijt  zu  Eodingen  sessen  hus- 
beblicbe,  vnd  Bermano,  ein  alter  schalalze  jude,  aucb  Léo  ein  junger 
jude,  der  were  von  vngescbïcchl,  do,  sin  mutci'  ein  malezu  gesehen, 
als  die  v(î  die  selbe  zijL  da  sesszhalliig  were  ;  da  baba  er  mit  den  an- 
dem  den  moidt  j^^elhua  vnd  mit  eynetn  sechinesscryne  die  keihelïlea 
abesnyden  ;  darnacb  sij  er  inn  den  kerner  gangenn  vnd  in  das  ge- 
beyne  ein  locli  gemacht,  da  haben  sie  die  korppel  '  einen  nocb  dem 
andern  gebraicbt  vnd  die  <iarina  begraben  ;  danooch  sij  er  wieder  inn 
das  boys  ganngen  vnd  bobe  eiu  glaisz  mit  plude  cmphanogen  vnd 
das  rail  den  kindes  beuptern  vod  der  armenlute  pferdelin  gefurl 
gein  Fra7î€hfurt  ;  daselbt  habe  er  es  eiusz  leyis  geben  eyme  juden 
vnd  inn  der  juden  schule  darumbe  emphanagen  ob  dryen  gulden; 
das  pferdelin  habe  er  verkaotît  eynem  fremden  juden  vnr  dry 
gulden. 

Er  hait  aucb  gesagt,  das  ime  jtzuLdt  vfl'  dièse  fart  der  jude  zu 
Slcltslait  habe  befolleD,  ein  lyderin  leddelin  '  mit  eynem  tuch  vber- 
Izogen  vnd  vetbeltscbafrt  vud  einen  [brill  damit;  das  er  das  dem 


'  Kiffper  (corps). 
*  CofTrct  CQ  \i\ÛT* 

T.  XVI,  s»  n. 


te 


fm 


HEVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


h^  geio  Portzheim  soit  breûgen  ;  das  habe  er  ufl*  die  oaclit,  alseï 

gefangen  wart,  dem  selben  Léo  gegebea. 

Ileni  der  SmolK  Meoulins  sone,  Lait  ûuch  gesagt,  es  sij  by  xebta 
oder  eylfî  jaren  da  babe  er  zu  S[>yer  mil  einer  armen  frauweo  gereel 
vod  sie  belhediugcl,  das  sie  ire  eygen  kiot  mU  yme  geio  Wormsl 
liabe  gelraigen  vadverUauIît  vur  drysziggulden  eiaem  rijchenjudeo, 
genôût  Lesar  ;  davon  sy  yme  von  dem  juden  auch  %vordeQ  zweni 
zîgk  guldeo  dasseJbô  kînt  sy  vonn  dem  juden  ertodet  wordea  zn 
Worms,  vud  das  plul  vonn  ime  empbanngen,  vnd  das  todt  kîndelio 
sij  dâDûoch  begrabeii  wùrdea  vsserbalb  an  dem  judeo  kirholfza 
Wonnsz. 

Er  bait  aueli  farbasz  gesagl,  es  sy  by  funlT  jareo,  habe  er  zu 
Werde,  hy  Nurembergk  gelegen,  einem  armen  hirlea  eiu  jUDge  kinl 
by  fuiiff  jareii  oit  hiuwegkgefurt,  der  hyrt  sij  aber  nit  daby  gewe* 
Êro;  dasselbe  kiiidi  habe  er  gein  Nurembergk  gefurt  vnd  Mosse  Ton 
Fryberg  einem  rychem  juden  verkaufTt  vur  zwenuadzweat^ig  gui 
den  ;  dasselbe  klnt  habe  or  gesechl  vnd  gelotel  der  juden  soyder 
Oder  sécher,  genanol  Abraham  ;  da  sij  er  by  vod  mit  gewesen. 


Bekanihcnisse  Léo  des  Judden. 


Item  Léo,  der  judde  zu  Pfortzheim,  hait  vlF  monlagk  noch  miseri 
cordia  dm.  LXX"'^  gesogt  freyes  willeos,  vngezwungen,  er  sij  vff  eiu 
zijt  by  achtzehen  oder  zwenlzigk  jaren  mit  sinem  v^ater  geweseo  by 
einer  beschnydunge,  da  habe  er  vogeschicht  in  eynem  kleyneil 
schusseUo  neyszwas^  rois  gesehen  vnd  gefragt,  was  das  sij;  dsnil 
habe  sin  vaier  geantwort^  ob  er  dasnii  wyse.  es  sij  cristen  raenscheii 
plut,  das  muszeQ  die  juden  habeo  vnd  bruchen  zu  irerbescbcy 
dunge. 

Item  er  hait  bekanDl»  das  Berraann  der  schalatze  jude  von  dem 
hieuor  geschribea  steet,  ime  inn  kurizer  zijt,  nemUch  inn  dryszig 
wochen  nechstuerganngen,  inné  eym  HeschUn  mil  leder  vberl20geii 
vnd  verkaolTi  ein  wenigk  cristens  bluts  von  Leoman  dem  juddenzu 
Slettstatt  bracht  vnd  damit  eiuen  versiegelten  briff  ;  dârion  derseîbe 
Leoman  ime  geschrieben  habe,  er,  moige  sich  wol  daran  laiszen,  da* 
es  gerecht  des  bluts  vonn  den  zweyeu  kindea  vonn  Endîngea  sij, 
vmb  dasselbe  hiut  habe  er  Berman  juden  gehen  by  zweyeu,  dryea 
Oder  vier  gulden  vngeuerlich,  —  er  wisze  der  somme  nit  eygenUiche 
^  vnd  habe  dasselbe  plut  sijlher  laiszen  bruchen  zu  eyuer  bescbny- 
duDgesiner  lochier  kindes. 

Copiû  couiemporainâ  aux  archives  municipales  de  Francfort. 
Wir  Friederich  von  golles  gnaden,  rOmischer  keyszer,  zu  alto 


I 


I 
I 
I 


tAFFAIRK  DES  JllFS  D^ENDINGKN  EN  U7i>  i» 

seiteQ  mcrer  des  reichs,  zu  Huugcrn,  Balmacien,  Groacieo,  etc., 
kuQig.  herlzog  z\i  Oslerreich,  zu  Sleyr,  zu  Kerendeii  vnd  zu  Krein, 
graue  zu  Tyroi,  etc.,  eûbiellen,  alieii  vad  yglichea  furstoD,  gt^yst- 
lichcD  und  weUUchen,  graue u,  fryen,  herrea,  ri  liera,  kiiechieu, 
tiaupUewteu,  ampUewlen,  vogteQ,  ptlegern,  vonve^ern,  burgfrmai- 
sleru,  ncbteru,  reteo,  burgôrn  vnd  gemeiodeu  vnd  sunsl  alleu 
aûderûf  vnsern  vud  des  reichs  vndertaoeQ  vnd  getreweu.  iu  wasz 
iK-irden»  siales  oder  wesens  die  seiu,  deu  diser  Yunser  brietT  oder  ge- 
lobUeb  vidimus  davou  furkumpt,  getzeigt  uirdel  oder  domil  ermandt 
werdeo,  voseï  goad  vod  ailes  guL  Erwirdigeu,  liochgeporiieD,  wol- 
geporneût  edlen,  ersamen  vod  liebeu  getreweu;  vuus  ist  angelaut 
wie  der  bo€ligeporn  Karle,  marggraue  zu  Baden  vud  graue  zu 
Spouheim  vuuser  lieber  swager  vnmi  fursle  in  cralTl  vnnser  keyszer- 
licheo  beuelh.  so  er  vou  vos  baben  sol,  oder  ausz  seiu  selbs  eygen 
fiirnemeQ  geschichl  vûnd  bonndlung  halb,  so  sicb  an  elllicheu 
chrisleo  meuscben  zu  Eoudingeii  im  Breyszkaw  ^  solleu  ergangeu 
babeu,  etUich  judeu  zu  vcDgknusz  geuomen,  etlicb  vom  lebeu  zum 
Iode  pracbt  vod  bail  der  eltlieh  uacb  mit  swerer  martler  vad  peia 
iû  vengknusz;  sey  aucli  gegea  andero  villeicht  solicb  fumemeu  ze 
luûde  iu  meyDUDg  vnd  aiso  au  irem  leybe  vud  gulzu  beswereu  uud 
zu  beleidigeu  in  vbuag^  das  vnos  ait  kleyn  befremdet  auch  durcli 
VDser  keyszerlich  beuelli  brielT,  ab  wir  im  vnd  aûdern  uiiL  ini  die 
gegeben  betten,  vuuser  meyauag  vnd  wille  nicbt  gewesrn  vnd  nacb 
Dit  ist;  so  gepurL  auch  im,  aacb  yemaods  auderm,  solch  handel  ausz 
eygen  furnemea  nicliL  zu  lua  uach  zu  uolbriagea,  angeselieu  dasz 
gemeya  judischeyt  alleut  halbeu  iû  dem  beyligeu  reyche  vqos  als 
rômiscber  keyszer  von  des  heyligen  reichs  wegeu  au  iniUel  zu  ge- 
hôrt  vad  gewondt  ist,  desbalb  wir  sie  auch  vor  vnhillicher  bcsweruug 
JEU  bewaren  geneigt  vnd  ausz  biiicbcr  gerecbligkoyL  sthuldig  sein, 
doruîiîb  so  baben  wir  solicb  vorberlirt  vnoser  keyszerlich  beuelh.ob 
vnd  so  ferrer  wir  die  deiii  yctzgeiiauteu  vuserm  lieben  swager  vod 
furstcn  getau  heltco,  widcrumb  aiilTge.bebl  vad  angesteilet  *,  babea' 
die  aufT  vnd  slellco  die  abe  von  roniisehe  keyszerlicbe  niacht  wis- 
sentUch  in  cratTt  dilz  briells  vud  iia  daraulV  von  solchern  ftimemen  zu 
Eeen^  die  egeaaoLea  iuden  derstjlbetî  irer  vengknusz  an  entgeltuusz 
ledig  zu  iasseu  vnd  sie  nach  anderu  au  irem  leyb  vnd  gui  ail  aazu- 
langea,  sunder  vnbekumtierl  vnd  gautz  vnbeschedigt,  aucb  vor  vus 
bey  recht,  das  wir  ainem  yeden  stail  zu  tua  willig  sein  bîeibea  zu 
lassen  durcb  vnser  keyozerlich  briellgepoUen  ;  also  enpfelhen  wir 
auch  eucb  allen  vnd  yeden  besuuder  von  roniiscb  Keyszerlicb  machl 
ernsLlich  vad  vesUgklicb  mit  disem  briere  gepietende.  ob  der  obgcnl. 
(obgenannle)  niarggroue  sicb  solcbea  vor  berurltea  vnseru  keybzc-r 
lichen  gepoUcn  in  vageborsam  erlzeigeu  vad  dtegemell  judiscbe^t 


1  Bmgiu. 

*  Lire  «hgtittUt, 

*  Lire  kihe». 


^4  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

in  gemeîD  oûer  besunder  an  irera  leyb  und  gut  tiaruber  anzulaDgen 
vnd  zu  bcscbedigea  Yodersleeû  wurdea,  daz  ir  doon  solchs  ze  tunde 
nit  gestatteD,  suoder  ob  ir  von  der  geœelleo  judischheyt  gemeinijch 
oder  besuoderlicli  sie  darwider  zq  Leschirmea  eruordert  wurden, 
sy  alsdaon  von  vDser  vod  des  heyligeo  reycbs  wegea  vor  solcheQ 
beschirmel  vod  bewaret  vnd  in  darlzn  solchs  zufurkomeD  fur  vos 
zu  recht  ewrer  gelrew  bilfT  vnd  beyslaudL  lut,  als  lieb  ewrer  yedeiL 
sy  vnnser  vnd  des  reicbs  swere  vagnad  zu  uermeideo  ;  daran  tut  ÎM 
vaser  ernsllich  meynuog  vnd  gut  gefallen  vnd  wollea  daz  zusainpt* 
der  billigkeyt  gegeu  eoch  guediglicU  erkennen. 

Geben  zu  Leybach  mit  vnscTm  Keyszerlichen,  autTgedruckten  iûQ 
sigel  aoi  funfflen  tag  des  moiiadâ  inny  uach  Cristi  gepurde  virlze 
henhunden  vnd  im  sibenzigisleD,  vnnser  reicbe  des  romischeo 
einsz  vnd  dreyssigisten,  des  keyszerthumbs  ira  newatzebendea  vnd 
des  Huûgérâchen  im  eyltlten  jarcn. 

Ad  mandalum  proprium 
domini  impcraloris. 


Copie  cmtemporaine  au3s  archives  municipales  de  Francfort. 


Wir  Friderich  von  gots  gnaden  romiscber  keyszer  zu  allen  zeylen 
raerer  'jes  reicbsz,  zu  Hungcru,  Dalmacien*  Croacien,  elc.  kûoigi 
hertzog  zu  Oslerreicb  vnd  zu  Steyr  elc.  enpielen  dem  hochporn 
Karlen  margrauen  zu  Baden  vnd  grauen  zu  Sponbpym  vnserm 
lieben  iwager  vnd  furslea  vnser  gnad  vnd  allés  gùt,  llocbgeporner 
lieber  swager  vnd  tùrste,  vns  ist  angclangt  wie  du  in  erafft  vnser 
keyserlich  beaelh,  so  du  von  vna  haben  soU  oder  ausz  deinem  selbs 
eigen  furnenieu  gescliicbt  vnd  hanndluDg  balb,  so  sich  an  etttichen 
crjsten  meuschen  zu  Enndingen  in  Breyszgow  (Breisgau)  soUen  er- 
gangen  habeo  ettlich  judcn  zu  vengknusz  geuomen,  der  eltlicb  vora 
leben  zum  iode  prachl,  elllich  nacb  in  vengknusz  rail  swerer  mar- 
ier vnd  pein  hallest  vnd  villeiclil  ferrer  gegen  aadren  zu  tun  iu 
fornemen  seyest  vnd  sie  also  an  irem  leyb  vnd  gut  zu  beswern  vnd 
zu  beleydigen  vnderslandest  daz  vns  nit  klein  befremdet  aucb  durch 
vnser  keyserlich  beuelh  brief,  ob  die  auszegangen  wsereo,  vaser 
nieynuDg  viid  wille  nit  gewesen  vnd  nach  nit  ist,  auch  dir,  naeh 
yemands  anderm  solcli  banndlung  ausz  eygen  furneoien  nit  zu  tua 
gepirert  ;  dorumb  vnd  nach  dem  gemeynejudiscbeijt  in  dem  heyligen 
reycbe  VDS  als  riimischen  keyszer  von  des  heyligeo  reichs  wegea 
on  mittel  gewant  isl  vnd  zu  uersprecheu  steel  vnd  wir  sy  vor 
vnbillicher  bcsM^erung,  als  sich  uuch  recht  vund  biliicbeyl  gepirel  zU 
bewareu  schuldig  sein,  so  enpfelbcn  wir  deiner  lieb  von  lomischer 
keyszerlicher  macht  crnsttich  vnd  veslentlich  gepielende»  daz  du  did 
gemellen  judischeyl  der  vermelten  sachen  halb  vnaogelangt  vnd 
vubekumert  bliben»  aiieh  die  gefangen,  so  du  nach  in  gefenknusz 
hast  derselben    fougkuusz  sunderiich   vnd  ailes    verziehen    nach 


I 


I/AFFAIHE  DES  JUIFS  D'ENDLNGKX  liN  1  iTO 


2W 


aiitwurtung  dis  briefTs  an  enigeUûusz  ledJg  vnd  mûssig  lasscst  vod 
ferrer  in  craJTi  voser  keyscrïictieQ  Lrjefe  vûd  beueib  ob  die  an  dich 
vûd  aoder  mil  dir  von  vqsz  auszgegaogen  beschehen  weren,  nach 
dein  selbs  eigen  fiirnemea  oder  ausz  einicher  ander  gewallsatn 
wider  eiDich  juden  oder  judiû  Dichlz  handelsl,  fomemst,  noch  lest 
in  einich  weyse,  aïs  lieb  dir  sey  vnser  vnd  des  reichs  swere  vagoad 
ZQ  uermeiden,  dm  wir  solch  obi^emell  vDser  beuelb,  so  fere  die 
ausz  gegaDgea  weren,  hiemit  gaolz  aufîliebea,  widerruffen  vnd  abe 
ihua  von  romiscïier  keyszerlicher  raachL  wisserillieh  in  crafît  ditz 
brieffâ,  sunder,  ob  du  oder  yemand  gegen  der  judischeyt  der  ver- 
melten  oder  aoder  socheu  balb  einich  cïag  oder  spruch  zu  haben 
vermeynlest,  daromb  gegen  in  recbl  vor  vnssuchesl  vnd  nemesl  als 
ptilicb  ist.  des  wir  auch  dir  vnd  einem  yeden,  so  wir  desz  halb 
eraordert  werden,  sieet  zu  tun  willig  seio  ;  daon  ob  du  daruber 
ichts  wider  sy  furnemeo  oder  baodeln  wardesl,  wOlîen  wir  dorh, 
dasz  soUch  kein  crafTt  nocb  macht  huben  vnd  der  vorberiirlten 
judischeyt  ganz  vnschodiich  sein  sol  danach  wisse  dich  zu  ricbleQ. 
Gebeo  zu  Leybach  am  fuDlTlen  lag  des  monats  may  nach  Cbrisli 
gepurde  vierlzehenhondert  vnd  ira  sibenlzigslen^des  keyszcribumts 
im  new^ûlzebenden.  vnd  des  HuDgrischen  im  zwdiïtea  jare. 

Ad  manda tum  proprium 
dominl  impera  loris. 


LES  JUIFS  DES  ÉTATS  DE  L'ÉGLISE 

AU    XVIIP   SIÈCLE 


La  Curie  romaine  ne  cessa  Jamais  de  frapper  les  Juifs  de  réqui- 
sitions et  de  tailles  de  toutes  sortes.  À  cet  effet,  elle  s'informait  de 
la  situation  des  familles,  et  tâchait  de  connaître  la  quantité  et  la 
nature  des  capitaux  que  possédaient  les  Juifs. 
•  En  nos,  le  vice-légat  de  Ferrare,  monseigneur  Prosper  Colonna, 
reçut  Tordre  de  faire  un  rapport  précis  sur  les  capitaux  possédés 
par  les  Juifs  de  Ferrare,  Cento  et  Lugo. 

Monseigneur  Prosper  Colonna  répondit  par  la  lettre  suivante  au 
Trésorier  général  de  Rome  *  : 

La  lettre  de  Votre  illustrissime  et  révérendissime  Seigneurie  m'est 
parvenue,  et  je  vous  dirai  en  réponse  qu'on  a  fait  les  recherches 
les  plus  minutieuses  pour  obtenir  les  renseignements  que  je  vous 
ai  transmis  sur  les  capitaux  possédés  par  les  Juifs  ;  toutefois  il  est 
impossible  de  les  utiliser,  à  moins  qu'on  ne  se  décide  à  examiner 
tous  les  livres  des  marchands  et  des  particuliers,  ce  qui  aurait  déjà 
dû  être  fait;  néanmoins,  si  Sa  Sainteté  ordonne  qu'on  prenne  cette 
résolution,  je  la  mettrai  à  exécution  sur  un  signe  de  Votre  illus- 
trissime Seigneurie. . .  Quant  aux  Juifs  de  Cento,  le  gouverneur  de 
cette  ville,  auquel  j*ai  donné,  à  plusieurs  reprises,  les  ordres  les  plus 
formels,  m'a  répondu  que  jusqu'à  présent  l'examen  des  livres  ne  lui 
a  révélé  rien  de  plus  que  ce  que  j'ai  mandé  à  Votre  illustrissime  Sei- 
gneurie. Je  vous  baise  la  main  avec  respect,  et  suis  de  Votre  illus- 
trissime Seigneurie  le  très  dévoué  et  très  obéissant  serviteur,  Pros- 
per Colonna. 

Les  rapports  fournis  par  le  vice-légat  se  trouvent  dans  le  même 
volume  où  se  trouve  la  lettre  ci-dessus  relatée,  et  sont  conçus  de 
la  manière  suivante  : 

'  L'original  italien  est  aux  Archives  des  Etats  romains,  volume  des  enquêtes  du 
Saint-Office  de  l'année  1731-1732  concernant  les  Juifs  de  Rome,  pages  91-97. 


us  lUIFS  DES  ÉTATS  DE  L^ÉGLfSE  AU  XVlIt'  SIÈCLE  217 

ComnmnauU  des  Juifs  de  Lugo. 

Monseigneur  Colonna,  vice -légal  de  Ferrare,  par  sa  lellre  du 
11  août  1703.  notifie  à  monseigneur  le  Trésorier  Général  que  le  nom- 
bre des  Juifs  demeurant  à  Lugo  s'élève  à  54  familles  et  2i2  urnes. 
Les  capitaux  des  familles  qui  possèdent,  défalcatioo  faite  des  cré- 
ances, s'élèvent  à  vingt  mille  écus,  je  dis  vingt  mille  écus,  comme 
il  résulte  de  leur  répartition. 

L*opinioQ  publique  estime  ces  capitaux  à  cinquante-buit  mille 
écus;  dont  le  détail  suit  ;  la  famille  de  Jacob  Finzi  40000  écus;  celle 
des  frères  Sinigaglia  hùuo,  et  celle  des  autres  familles  ensemble 
ÎOOOO  écus. 

Eu  suite  de  quoi,  il  a  ordonné  de  faire  nne  copie  des  statuts  par 
lesquels  se  gouverne  la  sus*dite  communauté,  ils  forment  M  cha- 
pitres ;  on  y  trouve  des  indications  sur  le  mode  de  prêter  serment 
et  sur  la  nature  de  leurs  caiiitaux  ;  ceux-ci  doivent  être  princîpalc- 
tneol  des  espèces,  des  marchandises  de  toutes  sortes  et  des  créances 
de  tout  genre,  reposant  sur  des  actes  publics  ou  sous  seiogs  privés  ; 
oinsi  est-il  dit  dans  la  feuille  des  renseignements. 

Une  note  marginale  porte  ceci  : 

Il  faul  observer  qu*en  1703,  les  Juifs  de  Lugo  avaient  des  banques 
de  prêt,  même  après  robolilion  prononcée  par  Sa  Sainteté  le  po|ïe 
Innocent  IL  11  serait  bon  de  savoir  si  les  Juifs  de  Lugo  continuent 
à  les  tenir  encore  ayjourdUiuj. 


I 


Familles  de  Lugo. 

Les  familles  de  Lugo  sont  ainsi  composées  : 

15  possédant  des  capitaux,  âmes * iS 

i  1*  qui  vivent  d*industrie,  âmes. 81 

20  qui  reçoivent  des  secours  hebdomadaires,  âmes.. ...  62 


*ii  familles.  Ames Î4î 

La  communauté  juive  de  Lugo  a  600  écus  de  charges  annuelles. 

Cùmmunauié  des  Juifs  de  Ferrare ^ 

Monseigneur  le  vice-légat  de  Ferrare,  par  une  lettre  du  8  sep- 
tembre 4703,  transmet  à  Monseigneur  le  Trésorier  Général  les  do- 
cuments suivants  : 

Feuille  avec  notice  des  capiian;î:  s'élevant  à  50000  écus  environ^ 
comme  il  résulte  des  livres  de  la  communauté  ;  selon  Toplnion  pu- 
blique, ils  s'élèveraient  à  200000  écus.  On  croit  que  Félix  Goen  possède 
un  capital  d'au  moins  mom  écus»  attendu  qu'il  a  trois  maisons  de 


â 


248  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

commerce  ;  Tuoe  pour  les  draps  et  les  toiles.  Tautre  pour  les  huiles, 

la  troisième  pour  les  cuirs 80.000  écus. 

Félix  Lévy 40.000  — 

Moïse  délia  Vida  el  compagnie,  négociants  en 

tabac 8.000  — 

Héritiers  de  Santi  Teglio 8.000  — 

Frères  Ancona 6.000  — 

Vila  Balzano  de  Vérone 8.000  — 

Silvio  Ancona 2.000  — 

Angèle  Levi 6.000  ~ 

Moïse  Amadio  Rossi 6.003  — 

Frères  Ravenna 5.000  — 

Emmanuel  et  frères  llalia 5.000  — 

Les  capitaux  de   ces  42  familles   seules  se 
montent  donc  à  environ 450.000  écus. 

Il  y  a  encore  quelques  autres  familles  possédant  un  capital  plus 

petit,  et  qu*on  peut  estimer  à 50.000  écus. 

Le  total  des  capitaux  s'élève  à 200.000  écus. 

Le  nombre  des  familles  qui  se  trouvent  dans  le  ghetto  de  Ferrare 
est  de  328,  savoir  : 

Familles  ayant  des  capitaux  et  payant  Timpôt.  44  familles 

Famillesvivantd'uneindustrieetpayantrimpôl  67     — 
Familles  qui  vivent  d'industrie,  mais  pauvres 

et  non  imposées 4  48      — 

Familles  pauvres  vivant  d'aumônes 72      — 

En  tout 328  familles 


Communauté  des  Juifs  de  Cenio. 

Cette  communauté  a  également  600  écus  de  charges  annuelles,  et 
prétend  n'avoir  en  fait  de  capital  actif  que  20.000  écus  ;  cependant  il 
est  à  croire  que  celui-ci  peut  s'élever  à  82.000  écus,  savoir  : 

Moïse  Vita  Mieli 40.000  écus. 

Frères  Félis 40.000    — 

Frères  Modena 40.000    — 

Carpi 42.000    — 

Padoa 6.000    — 

Les  cinq  familles  sus-dites  seules  possèdent  des  capitaux  s*éle- 

vant  à  la  somme  de 78.000  écus. 

Il  y  a  encore  d'autres  familles  qu'on  peut  esti- 
mer devoir  posséder 4 .000    — 

Somme  des  capitaux 82 .  000  écus. 


LES  JUIFS  DES  ETATS  Dli  IJÉGLlSIv  AU  XVUI*  SIÈCLE 


2^i9 


A  celte  dale  du  mois  de  mai,  rénuméralioii  des  faroilîes  n'est  pas 
encore  connue.  Les  originaux  des  sas-dites  lixaLioas  existent  chez 
moi  et  sont  conservés  au  Saiot-Office. 

Raimondo  Ras!  Perito,  délégué*. 

Nous  donnerons  maintenant  Tétat  du  passif  des  Juifs  de  Pesaro 
en  1189.  Le  chiffre  et  la  qualité  des  dépenses  font  voir  le  carac- 
tère vexatoire  du  gonverneineiU  de  cette  éi>oque,  toujours  hostile 
aux  mallieureux  Juifs.  Voici  les  articles  durtit  bilan  *  : 


Taàkau  des  charges  annuelles  de  la  C&mmunauié  des  Juifs  de 
Pesaro  en  n89.  ' 

A  la  Sainte-Curie  romaine»  annuellement. ...         87     écus. 

Pour  Tenlretien  des  draps  de  lit  et  blanchis- 
sage pour  la  garde  suisse  du  prince 30         — 

A  rilluslre  Commune  pour  Hiuile  à  l'usage 
du  pon 10         — 

Entretien  des  ustensiles  à  rusagederillustre 
podestat , , 20         — 

Huile  et  paillasses  pour  le  corps  de  garde  des 
soldais  et  des  ordonnances  extraordiûaires.         20         — 

Tentures  et  décorations  pour  le  jour  de  la 

Fôle-Dieu... , li         — 

A  la  maison  des  catéchumènes  pour  les  deux 

écoles , *....... 35         — 

|Pour  location  de  la  salle  des  délégués  de  la 
Communauté,  pour  rhospice  des  pauvres 
passagers,  pour  la  maison  du  portier  du 
gbetto  .,.*....... 44        — 

Pourboire  à  Noël  et  pendant  Tannée •         40         — 

Entretien  des  routes  de  poste  marine  et  de 
la  poste  du  seL , 45         — 

A  i'abbé  de  Saini-Nicolas.. iO        — 

Produit  des  rentes  pour  la  somme  de  4 ,500  écus.         67  *50    ^ 

Entretien  des  deux  écoles. 350         — 

Traitement  des  rabbin,  comptable,  sacrifica- 
teur, portier    ei  autres   serviteurs  de  la 

Communauté * . ,        288 .  30    — 

,  Aumônes    hebdomadaires  aux    pauvres  du 

ghetto.. 272.70    — 

Aumônes  extraordinaires, 70        — 

A  reporter. 4 ,£7(  ,5o  écus. 

Loc.  et  ToL  citai.,  pajçes 91 -(O. 
*  Archives  des  Elals  romains.  Etat  des  fjaaoCÊB  dea  Juifs  de  1647  â  1798. 


m 


REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Report 1, t7l .  50  écus. 

Aux  rabbins  de  la  Terre  Sainte,  aux  pauvres 
étrangers»  à  Taller  et  au  retour Î80         - 

Dépenses  extraordinaires 210         — 

Eclairage  et  chauflage  pour  les  gardiens  du 
ghetto  pendant  les  nuits  d'hiver 25         — 

Pour  les  pains  azymes  à  Toccasion  de  la  fête 
de  Pâque 46.50    — 

A  la  Société  de  Bienfaisance  pour  huile,  vêle- 
ments, pour  objets  nécessaires  à  rédtication 
et  à  la  nourriture  des  garçons  pauvres» 
pour  le  maître,  le  médecin,  le  chirurgien, 
pour  épiceries  et  viande  aux  malades  pau- 
vres ;  quant  aux  linceuls  des  pauvres,  on 
les  fournit  sur  la  ptirl  des  droits  de  péage, 
qui  reviennent  à  3a  dite  Société fO         — 

Total •..  t.«B       écus. 


Pesaro  le  7  mai  1789.  Signé  Daniel  de  Moïse  David,  secrétaire  delà 

Communauté  juive  de  Pesaro.  Coniirmé  par  serment  devant  le  no- 
taire pablic  Jean-Baptiste  Paducci,  le  dit  7  mai  17^9* 

Concernant  les  revenus,  nous  trouvons  la  note  suivante  : 

Le  quatre  pour  cent  que  paient  les  Juifs  étrangers  sur  leurs 
affaires  constitue  environ  12  écus  par  an.  Intérêts  revenant  à  la 
Communauté »  - * - 10    écus- 

Tout  le  reste  provient  de  la  répartition  des  contributions  entre  les 
Juifs  de  la  Communauté.  Il  est  à  remarquer  que  la  Communauté 
compte  environ  500  âmes,  dont  50  famiUes  d'indigents. 

Pesaro,  le  4  juin  1789. 

Signé  Daniel  de  Moïse,  David  Terni»  secrétaire  de  Communauté  ^ 

Aux  mêmes  dates  ci-dessus  nous  trouvons  aussi  l'état  passif  des 
Juifs  de  la  Communauté  de  Sinigagîîa*  Le  voici  *  : 

Tableau  des  dépenses  et  des  charges  annuelles  de  la  Communauté 
des  Jfiifs  de  Sinigaglia. 

A  la  Curie  romaine,  annuellement 40      écus. 

A  rillustre  commune  de  Sinigaglia. 20         — 

Au  service  de  sauté.... 4,20    — 

A  reporter 6K 20  écus. 

'  Document  cité. 
'  Loc.  et  vol,  ciiat 


^^^^  T.F5  JUIFS  DES  ÉTATS  DE  L'ÉGLISE  AU  XVII 

F                                                 Report 

A  la  maison  des  catéchumènes  à  Horae. ..... 

Pour  cadeaux  à  Noël»  Pâques  et  à  la  foire. . . 

Location  de  lliospice  des  pauvres  voyageurs 

ei  de  la  maison  du  portier  du  glietlo.,... . 

Au  chef  des  orcliers  épiscopaux  et  à  Tes- 

cadron  de  campagne 

Pour  Liettover  le  Ghello .*..... 

!•  SIÈCLR              2ni 
U.%0  écus. 
17.50    — 
57          — 

39  — 

48          - 

40  — 

80          — 

%i)          - 

10          — 

40          — 

37          - 
5U.50     — 

310 

^00          - 

50          — 

210          — 
40          - 

UO          - 
24          — 

80          — 
20          — 

40          — 
50          — 

* 

1 

J 

Location     des    maisons    pour    les    pauvres 

soutenus    par  la    Communauté,    et  leurs 

\         taxes   aux  propriétaires  chrétiens,  y  com- 

oris  la  moisou  du  rabbin., 

Aux  soldats  de  la    forteresse    pendant  l'an- 
née et  la  foire 

Aux  Pères  Prédicateurs  pour  l'année  et  pour 
le  lera  ns  du  Carême 

Aux  défenseurs  des  causes  publiques  et  à  la 
chancellerie 

Au   porleur  de  contraintes,  payement   an- 
nuel         ....             .... 

i     Montant  du  cens  sur  1 2.635  écus .....   

1     Honoraires  du  rabbin,  du  chanlre,  du   be- 
deau, du  secrétaire  et  des  serviteurs , 

Aumônes  Oses  hebdomadaires  et  aux  veilles 

des  fêtes  soienoelles 

Aumônes  extraordioaires 

Aux  pauvres  étrangers  voyageurs  avec  les 
j        frais  d'aller  et  retour,  et  pour  ceux  de  la 
'         Terre  Sainte. .   .     . 

Azymes  aux  pauvres 

Aux   maîtres  pour  l'éducation  des  enfants, 
et  entretien  des  livres   pour  rétudc  de  la 
Loi 

Charité    quotidienne   aux    garçons    pauvres 
qui  fréquentent  Télude. , 

A    la  maison  des    dix    vieillards    qui  fré* 
quentent  les  cours  de  Técole  deux  heures 
par  jour,  et  pour  Téclairage  et  chaufTage 
du  soir 

Combustibles  aux  pauvres  pendaut  rbiver. .. 
Entretien   de  Técole,   outre  TallocatiOQ   an- 
nuel le *  * . , ,..,,,. 

Aux  enfants  de  rexcellentissime  rabbin  Foà, 
secours  annuels  qui   leur  permettent  de 
pourvoir  à  leur  subsistance. , 

Total... 

2088.70  écus. 

A 

% 

252  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIYES 

Signé  Isaac  Sabatto  del  Vecchio,  secrétaire  de  la  Commonauté  de 
Sinigaglia,  le  7  mai  4789. 

Compte  confirmé  par  serment  devant  le  notaire  de  SinigagUa,  Ni- 
colas Nicolini. 

Quant  aux  revenus,  nous  citerons  cette  note  : 

Les  revenus  sont  les  suivants  : 

La  moitié  du  péage  concédé  par  grâce  pontificale  au  temps  de  la 
foire. 

Le  quatre  pour  cent  sur  les  affaires  des  Juifs  étrangers,  avant  et 
après  la  foire. 

Revenus  de  quelques  propriétés  de  la  Communauté. 

Le  reste,  qui  forme  la  plus  importante  part  des  revenus,  provient 
de  la  taxe  des  capitaux  ;  les  droits  de  péage  rentrent  difficilement, 
tant  est  grande  la  misère  des  Juifs. 

P.-L.  Bruzzone. 


On  sait  qu'il  existe  un  Dictîontiaire  hébreu-arabe-italien  ano- 
nyme» (le  la  fin  du  xiv*^  siècle,  qui  est  sûrement  de  Péreç  Trévôt 
et  qui  est  intitulé  Maqré  Dardeqé  '. 

Ce  dictionnaire  se  compose  de  trois  colonnes.  Les  racines 
usuelles  en  liébreu,  disposées  —  comme  dans  tout  lexique  —  par 
ordre  alphabétique,  occupent  la  première  colonne  à  droite*  Elles 
sont  écrites  en  grands  caractères  carrés  ;  des  blancs  révèlent 
quelques  omissions*.  A  la  fin  de  chaque  lettre  de  ralphabet,  sont 
rangés  les  mots  quadrilitères  commençant  par  la  même  lettre  : 
'n  •♦sn  ïiben,  ou  'i  *7T  tr^-^^^rxn.  En  seconde  colonne,  après  le  mot 
hébreu,  se  trouve  la  version  italienne,  en  caractères  cursifs  dits 
de  Rasclii,  suivie  généralemejit  de  la  version  arabe  =*.  Pais  vient 
1  explication,  emiiruntêe  tantôt  aux  rabbins,  b'T'n,  tantôt  à 
R.  David  Qamhi,  Y'n,  tantôt  à  Baschi  [écrit  soit  ■"'iïï'i,  soit  le  plus 
souvent  T:3"n),  avec  fréquente  mention  des  versions  françaises 
[laazlni)  de  ce  dernier.  La  traduction  est  accompagnée  d'un  frag- 
ment de  verset  biblique  cité  pour  plus  de  clarté  :  1732»  comme ^ 
par  exemple,  La  3**  colonne,  <lernière  à  gauche,  indique  la  source 
do  ce  verset.  Fort  souvent  une  racine  hébraïque  offre  plusieurs 
sens  en  italien,  et  le  dictionnaire  les  donne. 

Ce  Dictionnaire  ne  nous  intéresse  plus  en  tant  que  lexique  hé- 
breu italien  servant  à  facihter  les  traductions  de  Thi^breu  *,  mais 
il  peut  servir  de  document  linguistique  pour  la  langue  italienne 
du  XI V*  siècle.  Pour  en  tirer  aisément  parti  à  ce  point  de  vue. 


>  LitténleroeiU  :  h  lecteur  (instructeur)  des  enfants^  terme  eropruolé  tu  T«1ixiud  B 
(tr.  Babc  bathra,  21  a),  dit  fauteur  dans  sa  Préraco«  —  L'œuvre  a  déjà  été  signalée 
ici,  Re9Ut,  VJli,  331;  IX,    3t6;    XH,     115.    Pour   son   auteur,   voir   Jos.  Pcrlef, 
Bnifâgê  9ur  GetcMcÂU  d,  hehr,  v.aram,  Studien  fMuuich,  t884,  8*J,  pp.  113-130, 

>  Bltet  aoot  remplies  à  la  ruain  dans  l'exempL    de  la  Biblioth.  nationalo  de  Parts. 
^  n  y  a  parfûia  deux  mots  arabea  pour  b  même  mcit  ilalko  reproduit  à  la  suile 

d'un  iyooajme  hébreu^  saua  une  autre  racine;  mais  fort  souvent  le  mot  arabe  manque 
(el  a  élé  mis  à  la  inajEi  audit  exemplaire,  en  écriture  orieiitate). 
♦  Cf.  Gadcmann,  NrziehHngswrnn  dei'Juien  in  Italien,  X*  11,  p.  2UG. 


iM  EBYUE  DES.  ÉTUDES  JUIVES 

il  faut  :  1** rétablir  selon  Tordre  des  mots  italiens*  ;  2^  Iranscrîre 
ceux-ci  en  lettres  latines,  eu  ayant  recours  pour  les  cas  douteux, 
soit  è  la  version  arâb+?.  soit  au  sens  du  verset  cité  à  Kapfiui  du 
radical  hébreu,  soit  à  Téqui valent  rabbinique  (précédé  de  la  for- 
mule b"n  ou  p«b). 

C'est  ce  que  nous  avons  fait  dans  le  présent  travail,  l/édition 
princeps  et  unique  de  cet  ouvrage,  imprimée  d*une  taçon  fort 
négligée  à  Naples  en  1488,  est  devenue  presque  introuvable. 
De  Rôssi,  Aîinales  de  la  typographie  héhralqu'  (t.  I,  p.  60, 
n**  XXII),  n'a  connu  que  dr^ux  exemplaires  (le  sien  et  celui  de 
la  Propagande  à  Bume)*  A  quoi  nous  pouvonr>  ajouter  que  noua 
connaissons  quatre  exemplaires,  un  au  British  Muséum  de 
Londres,  un  à  la  bibliothèque  royale  [uibUtîue  de  Munich,  un  à 
la  Bodléienne  d'Oxlbrd,  enOn  un  à  la  Bibliothèque  nationale  de 
Paris,  Nous  n*en  avons  trouvé  trace  parmi  les  catalogues  des 
manuscrits  hébreux  que  dans  celui  de  Munich*  Le  Lexique  de 
cette  ville  est  en  quatre  langues  ;  outre  Thébreu,  I  arabe  et  Tita- 
lien,  il  a  une  version  allemande  du  xiv**  siècle*.  On  trouve 
aussi,  il  est  vrai,  un  ms.  du  Maqré  dardeqè  imrmi  ceux  de  la 
Bodléienne  (n*^  1508  du  nouveau  Catalogue);  mais  il  est  daté  de 
1608,  et  il  est  décrit  par  lauteur  du  Catalogue  comme  étant 
liéhr eu-espagnol,  quoique  semblable  dans  toutes  ses  parties  au 
présent  Maqré^  ou  Lexique  liébreii-ilalien,  sauf  —  d'après  ce 
que  nous  écrit  M.  Neubauer,  ~  qu*jl  iVy  a  pas  de  glosses  fran- 
çaises.  En  outre,  parmi  les  mss.  hébreux  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale de  Paris, il  y  a,sous  le  n<>  1243,  un  lexique hébreu-fraucais» 
non  du  xv^'  s.,  comme  il  est  désigné  à  tort,  mais  du  xiv*  siècle.  Le 
titre  de  ce  dernier  ms.  que  le  rédacteur  du  Catalogue  a  négligé  de 
donner,  faute  de  Tavoir  vu  en  tète  de  l'œuvre,  se  trouve  formel- 
lement énoncé  à  la  lin  du  volume,  en  ces  mots  ; 

Le  dernier  propriétaire  avait  donc  été  Moïse  ïils  de  Samuel  Dal- 
Costa.  De  ses  mains,  le  ma,  a  passé  au  roi  de  France  Henri  UJ, 
aux  armes  duquel  ce  volume  est  relié;  niallieureusement  il  y 
manque  plusieurs  feuillets,  en  tête  et  au  raiheu» 


I 


*  Ce  système  offre  Tavanlage  do  réunir  les  nombreux  fiyo^tQjmes  héfareai  eu 
une  ccule  ruLriquo.  Par  conlre»  le  radical  hébreu  reviendra  s'il  a  élé  trmduU  par 
deui  mots  italiens  ;  M"b  ;  mois  ce  cas  est  bi&D  plus  rare  que  PîDTersa.  —  Ia 
Dictionnaire  trilingue  bébreu-latin-italien,  inUtulé  *JT7  ÎI^OSt  dô  DaTid  de  Pomii 
(VetiiEe;  1587,  fol.}^  se  contente  de  suivre  :  1«  l'ordre  italiêHf  accompagné  des  Iraas- 
cripiioQs  hébraïques  vocalisées,  2*»  Tordre  laLin,  3"  les  radicaux  hébreux,  oom- 
preaarjl  parallèlement  les  termes  étrangers  adopté*  par  la  Htléraiura  rai)bioîqo&. 

*  Voir  GrUubauffî,  JadhcK-thuttehi  Chrettûmalhie,  pp.  521-533  :  Pcflcs,  t^té. 


LE  MAQKI':  OAHrtEQK  265 

Ce  ms.  noas  a  perrais  de  reconstituer,  sous  les  lettres  i  et  ^, 
des  mots  qui  étaient  trop  corrom|iiis  dans  Tédition  de  1488  pour 
être  compréîiensibles,  et  de  rétablir  une  leçon  qui,  dans  notre 
inciinalde,  ne  présentait  pas  de  sens.  Soos  la  racine  nu:p,  le  fexiqne 
impriiiié  a  le  mot  «cip-'^na,  qui  ne  signifie  rien,  tandis  que  le 
ms.  précité  a  «lap  ^:in:?:i  fitip:  :  le  mot  pris  d  abord  pour  un 
vocable  roman  est  de  Tarabe.  Enfin,  ce  nis.  a  pour  cqmpl^^ment 
le  vocabulaire  hébreu-français  de  Turin  A,  iv,  13,  ou  n**  xcv  du 
catalogue  Peyron,  que  Pasini  {t.  I,  p.  33),  d'après  des  notes  sur  la 
f^'arde  du  ms.,  avait  supposé  héhrexi-espagnoL  M.  Ars,  Darmes- 
tt'ter,  qui  Ta  décrit  dans  les  Archives  des  missions  scientifîqiœs 
(3«  série,  t.  IV,  IBl'?,  pp.  415-446),  n*a  pas  eu  de  peine  à  recon- 
naître que  à  cet  espagnol  est  du  vieux  français'  w.  Les  deux  mss., 
celui  de  Paris  et  celui  de  Turin,  ont  été  consultés  avec  fruit  pour 
la  lecture  des  mots  douteux  tirés  du  Irançais. 

Nous  reproduisons  ici  ce  dictionnaire  hébreu-roman*,  en  lais- 
sant de  côté  les  mots  arabes,  ainsi  que  les  explications  rabbi- 
niques.  Par  contre,  au  lieu  de  nous  contenter  de  la  langue  ita- 
lienne populaire  adoptée  par  l'auteur  et  qui,  du  reste,  a  été 
respectée  ici,  nous  avons  dû  ajouter  maintes  fois  rortliograplie 
des  dictionnaires  classiques* 

Moïse  Schwab. 


M 

■*-i»rKSt  aginare  nisn  t2in  x^n 
TBn 

'•oana  -^rÊtÈt  agnc  grasse  nD 


V-r- 


n^^K  ,  in^«H  acre  m*l 

ni"-»»  crrorc  -ITO 

ÈTi-'Kît  iuia  i^sn  (i>ouriuviUj 

■'nH**'^3K  ahbaiarf^  n3« 

■^"itH:ûD«3î*  bastare  psiD  (avec  &i,  «, 

pruslliélique) 
MC«3K  abassa  UTÛ 
^^0'^'2^  avoio  nsic  Ipour  voto,  a  pro- 

sUiéUquej 
^n«^*îD«  avotaiM3  n3£3  {a  prosUiêtlquc) 
*^aHabi3&î  a)  voltale  >  jVj 


*  Ce  Yocabulairo  sera  bri^Tameat  déaigaé  ci-après  T  (ms,  de  Tarin),  ei  celui  da 
PirU  par  l'abréviatka  BN.  Le  prefflicr  a  TaviiaUge  d'être  vocalisé. 

*  C'tisl  ainsi  que   La  nomma  M,   SLeinâcliaeidar   {Bùdleinnat  col.  G22).  non  sans 
raiaoD,  ii  Tod  LiuoL  compte  des  nombreux  termes  français  et  provoDCaiix« 

*  Ua  proflibetîqtiû  sera  désormais  désigné  ainsi  :  a)« . . 


^^^H 

^                REVUE  DES  ÉTCTDES  SCtVK                                     f 

^^^^H        ^n»:3'7i2H  avouarc  rar3 

^-,M£'\^  açusarc  Tm                     1 

^^^^H         ^^^e^*s^tt  aUltcmanzJi  pDM  (pour  ab- 

ee^^  aggliiate  -ix  (  =  agsualAi  le  1 

^^^^^1             bontlanza,  par  élîsion  du  if] 

premier  ^  paur  ^}                           1 

^^^^^B         'nAtslSSt  aJ)t>oaare  np  (pour  nlihondare] 

•n^b-^s»  agilipe  rrrrp  •— alIcpiiti^J 

^^^^H          nsin  trrsi:!»  at>tK)ur1â  mane  nb^ 

icn^^tt  a|  gira  t|p^                        ■■ 

^^^^^H          rîîr^:ctn^i3tt  ahhoiidanzia 

lôn-'SH  a)  giro  33s  rp:  333 

^^^^H         et^x:rn£<  at>bondiMzia  :?272  i  même 

•nec-;'':iît  aj  agirarc  -^r^j  ptr  bV::  fr» 

^^^^H                         du  d  (jue  plus  haut] 

qp?3  n«n  ttn 

^^^^1          r:Ët^£:H:i3£t  aUbondanzia  ^!33 

KDS-'sat  aggiôcete  -tate  ;=  aggbei?aL\ 

^^^^^1         l^''£'*")i3e«  atK)rres€io  bb^  (dérormé  du 

n  lomr>é  par  éhsion:. 

^^^^H             lalin  abliorresco  =  aborrco) 

•'-t;^»  Ingc^ere  in»  «  tombél--.. 

^^^^P          Nnn^^M  a]  hevere  po 

■»n«D«n3Èt  agraiïart^  qon 

^              nH:3'*2«  abiio  bnt 

lîTSiniK  ag^^rovigNo  rmo 

^^B                 *';22ct:2^3et  agitante  ^^n 

iPÏTS'niH  aggroviglidlo  bj3  [VvM- 

^^H               i:2^n2t  <ibUo  rtis  i:}-i3 

dernière  lelire,  daas  le  Icitte,  est  on 

^^B                 ''^*':3&«  nbite  -i!Sef 

n  pour  r^. 

^^B                 •'3Vi:n:3'^d«  abiiozionr^  1393  ni3 

'"«3i"5«  aggrovîglio  bbs 

V                       V::ip:3^3H  abiloco*o  '[:??3 

i.H-^^Tna»  agrossio  nsp  (=  groiflHH 

m                        ^-iîï::-*3»  abUare  315"' 

K:30'''".:iû«  agreslo  ns3                 I^H 

K-'^nX  ttbbaia  n3D 

■:K:3''n3.H  ûggrezzo  nsît  (-=  oggrinn^l 

«^«•'^'^b'^nN  abfiigliala  cib 

«  tombe  par  elision)                          1 

tt^-'^iS^SK  a  liiso-ua  ti 

•'"1"i;:s^^-î3X  agçrcssatorc  nr?p           J 

ND-'Sit  a}  beiïa  pnc 

n^-»-*,;»  ag^Tozza  nns  l^  arriccia)       1 

iîîD''3ï<  a)  belTo  bnn 

■SH-'l^niH  aj^gpandio  brra               ^J 

'«nt3«D"'3»  a)  bcîiïalGPC  yxb 

n^T'^b'nïi  addoîcire  »En            ^^Ê 

'^nstD'»^»  a)  beiïarc  nv^î  nm  3j^b  nnn 

in»-'b''mfi*  aduTDiliare  ns^        ^H 

•'m:3s''3î<  a)  beiïatorc  ab:^ 

e«:n^  aduiia  nnn                       ^H 

■^csrscns*  01  btlTamcnito  Dbp 

i:3:"'73S«m&t  adunamento  m^        ^^ 

n:i-i-'3î*  aviraima  nss:  fmoi  provcnç«il) 

«:3:-in«  ad  onlo  ûbD                           1 

NDnb3K  eviluppo  q:^  (=  inviluppa) 

&?i::i"i«  adunza  ij*i3  1=  aduncol          1 

k:333î<  a)  vanta  bbn  ^n3 

■'Di^j*  adducc  Tp                         ^^Ê 

£<^33^  a%'anza  bs 

''n^Xinx  adducerc  Nn«                ^H 

«;:D3»  a)  bûsla  t*^^ 

'^niiN  ïiddurrc  b3''                       ^^| 

l^ja^^ïD-iSH  alienimento  puas  (^  apcr- 

•'-i'^T^mTN  a)  dormipe  ûVi             ^^f 

lamoiUo} 

■»ix:'a"'nfi<  a)  dimanare  beîC  (=  dlman*  1 

«p^snsô*  abpanchi  mn 

darc,  d  lorabé  par  olisiou)                 J 

Ns:"13«  abbraeçia  p3n 

i:3'^Dî3'»l&«  adcmpilo  ûbo                     1 

■*"ilî3ït  abbossarc  3^5^ 

"ts-»!:-^*!»  adïpiele  as<n                 ^^Ê 

N^'^iSH  abbala  ynn  (3  pour  a] 

K"-«lï*  ad  cssa  nb                       ^^M 

mi>£*  oguzza  «U5 

iD^l.H  âd  esso  ib 

«tS^-l^iH  aggxiûta  nï3^ 

itîS'^i:'»!»   adicipo  13^   (—  aolîcipo, 

û^'»ia«  agguala  nn^ 

élision  de  Vn] 

Kii^H  og^^uzza  n^*^  nm 

'*ns''^''1«   adicjpcpc   D3^    .=  antici- 

^a«^i:iK agjîuzzalo  -j^iIS 

pe  re,  même  remar*iue) 

•*-ikst:ik  agguzzarc  Pj-in 

lU'^-T'liî  a  diriUo  T» 

■*a'iDia«  angos€iu  p>^   (corrupiiou  de 

1:3^»  ■'-n-'3T3''*7H   a  dicineroro   esso 

lettres) 

^^^^^^^F                                               DAKBEOb:                                             257                 ^^^| 

■iar7i4«a"'n"»n»  addiriîzomento  ^'^y 

*in73n£«  omm  b^s^  (  ^  ombra ,  élisioct          ^^^H 

n:3'^"i"&«  rt  (iriHto  nrîî<  {=  diclro] 

^^^^1 

K^-^mK  a^  ilnxza  -|C« 

fif:iit  una  ^rr                                                   ^^H 

•»::^^n-îitfl]drizz:ite  San 

nst-'X^dtii^  avonansio  nnp  (—  abbon-                ^^H 

■'^"'"'TX  n)  drizze  s^'' 

^^^1 

''n&îX-'m»  il]  ûvïzzmc  ûp 

H")33l^  ombra  bb£                                            ^^H 

m:^:ih  uugiiia  ohd                                        ^^^| 

tiib:^:iMi  U[ir>u1a  nD^                                             ^^H 

Kn-H  ova  y^2 

Ë<i:iH  onda  hya  hb^                                       ^^H 

iiiK  ovo  Drn  n^ 

-^isifit  onde  n3ïï3.   lU  rubrique  a:i®                ^^H 

K-iaiH  overa  n^D 

est  placée  h  tort  en  tôle    de   ce               ^^| 

IK^t'^'Tlîft  odio  D:30 

mol;  mais  Je  veràct  invoqué  aide              ^^^H 

i«mx  odio  n-t*  nz:* 

à   reclintr    cette    erreur    typogra-                ^^| 

'^-l'^ilN  odiarc  pa 

pbique.l                                                               ^^H 

Nil»  ova  inD 

*I31^  uuo  *7nH  n.H                                              ^^1 

ûi«iix  ouvert  isVd  (selon  la  leçon  du 

£4ni:iH  onore  ns^                                        ^^H 

ms.  BX) 

ro:ii^  unio  it:^                                             ^^H 

■»11H  UVC  !15^ 

'^'ilj^lb'^  utibtre  nTQ                                            ^^^Ê 

iX-'b-iiH  avolio  itî 

'^n'^^r.K  ugnere  ^id  n*:3!0  *j-5!a                       ^^| 

M:::-»bnN  o  volcnin  nn*' 

iDD''3li«  onesto  ^^3^                                           ^^H 

Kl^^b'lX  0  vulrula  'j^sn 

K^31K  avanzo  nn*"                                              ^^H 

1^:i2«  avonzo  nn'>                                              ^^^| 

"^z^^z^^iN  abllaiile  nnî                                       ^^H 

''b^'isii*  uiilc  b:?72  b:?^ 

'':i&%^^:i.'«  unzjone  rnc                                 ^^H 

irDiH  oim  ni:  -^i:  ^«s 

"'-l^4D1^ï  usare  bin  pD                                         ^^H 

^-i::ix  oirc  r!^:n  n-.N 

101K  Qsso  n:^'  on^i                                   ^^H 

''nia^iK  abiutre  nm  n-5^  ni> 

6«::o-iN  osto  bbn  b^n  la                                 ^^M 

«UIS^IK  abitate  b^3  (^  abUanlcJ 

e«2bi::oi&t  osieiiaaa  n:T                                ^^H 

ibipai&î  abiliicnlo  r^Hs  r:X3  ^;i3.  (V. 

'^::dih  este  b-»n                                           ^^H 

ei~dcssus  lus  mrai€S  sens  aux  mois 

ir^DlK  ozzimo    nn    (Ërba  odorosa,                 ^^H 

13"' a«  etc.  avec  n) 

îiûuâ  dit  le  ehevidier  Perreau.)                          ^^H 

«tD^'-'lS*  avezza  ^î<. 

nî<''ia0li«  osteria  pn:D  (un  des  rares                ^^H 

-»i*ii&t  avère  pn  b^n  *[in  ri:a  ';ih 

mots  non  bibliques;                                          ^^H 

es:  Ti«*:  nsD 

tîjtzD""»  usanza  ^^^  nnH                                   ^^H 

Na^'biH  oliva  m 

titi^'^s^H  oppiato  ^ni                                       ^^H 

i;3''b*iï«  oliva^Mio  pb 

«n-'DiN  opéra  na^?  bbr  ^ly  «a                     ^^H 

rb^K  oleo  po 

''-.^n^3S1«  oceidcre  T^p  n:Ji:                               ^^H 

Hrbi»  oliva  nns 

-)b3£i»  uccello  ans                                        ^^H 

K  ibi-novbi«  ôlcozzûflo  *|0i« 
1  l-^bix  olmo  nr  bïiît 

"^^^ipiît  ûccoiicia  "ins                                   ^^H 

rpi^  oecliio  tv  p^                                    ^^H 

i?:ii«  uomo  !:;:«  ^c^i*  dt^ 

\Hnnft4  orao  b&s                                              ^^H 

np-^a^ibo  ittiK  omo  salvalico  ^*^d 

^n»nii«  ovrare  11^                                           ^^M 

n-'Taiî*  uraido  '^n  3an  322i 

-tnHTix  orare  nrnzj  nn:^                                 ^^| 

■^b"^?3iH  umiïo  rt:3?  pbpbn 

^:w'«:ï-:^<&«  orgâno  i^sbo                                     ^^M 

•'n^^br:!»  uniiiiarc  nna  y:5  nst 

HZ^'^j^^i^  orga^no  p                                          ^^H 

•»;r3i«  uominc  -ss^l 

«-nmx  orduta  V'^^                                          ^^H 

^31-7  *^r7ai«  uominc  digne  -30 

iK'^i-i'ifit  ordio  bn:3                                       ^^H 

■                  T.  XVI,  »«>  32. 

^^1 

25* 


KTTE  US  tXimS  JUIfS 


w'.   'Ji  Qrdîlr«  •jrs 

•jr  '.rfii»  "TT* 
"•ai  -:ciL3-,-  ^rt 
Tj"'.    jr  oHJzH>  — ^ 

r— jr  orc*  ts 

ICî^'Jt  crî/',*  wl  Z^Z  TS!* 

wp.'i:"'»  onîke  rrrz  Lire  9rtiçue 
eooÈme  ûhïs  Ra<c^ii.  noos  dit  M.  Ar. 
Dtniiesteler.  et  dans  le  maDoscrit 
T.  sç*^*»  ;  au  \u*  siècle  et  plus 
lard  nx^— »,  oriîe; 

urp^r»  oroochia  ^r» 

nr-:"«  orlo  nrc  "ri  rzi 

nc-i»  orso  2—; 

n:E~.r«  orfano  rr^ 

nX".'»  orazio  VrD  =  orazione 

^:*îr2-*ît  orazioDc  rr: 

^-.i»  orarc  nrn 

ncn«  osso  cx^ 

ncnîc  uscio  rrr 

nmi»  azzurro  -^CC 

:::7:"ît::x  aidremem  tsVB  !=  adre- 
menl,  nous  dit  M.  Darmcsleter  ;  mot 
français  sans  doute  pris  à  une  jjtIosc 
de  Haschi,  à  partir  du  \u*  siècle  et 
pendant  tout  !<•  moyen  âge,  le  mot 
est  arrement. 

nwp"':'!::»  a)  lunicare  nrn 

•^aN  a  te  ^b 

©'^r'^a«  étai  ûrr.  (Voir  à  •••a'^'»i<) 

n'^5:'^a«  attin^'cre  a"«'a 

iN::raN  attinto  nos 

ibo^aN  a  pelo  Elis  (le  a  est  à  suppri- 
mer, selon  la  conjecture  de  M.  Per- 
reau). Mais,  selon  l'explication  rab' 
binique  citée  par  l'auteur,  ce  terme 
a  le  sens  de  boucher,  garnir^  et  en 
cITet  le  ms.  BN  a  correctement  : 
bbNDn::'^'^N,  estoffal  ({garniture) 

lUUDNna»  atrocitale  r^l2'Z 

■^uONntîN  atrocita  ::bn 

«aona»  attrista  ù^^y 


xrm  JtfiiiTfiMMKoras 
^  talralisciaiBeiiio* 

-jr^^  giro  :pai 

éii>i>Q  de  r« 

'^ir-R  aggiongere  pn 
"TC^«  aggiuQze  -^r:  pr^ 
«ncr^  aggiaozia  -pn 
-r-i-Tt  egrone  q-» 

"îST^  aiulo  ■*.'?  3T? 

tr^T'tr^  étai  TV  (vieux  fraoc^is- 
Le  ms.  T  a  cr^p»,  aoteimes) 

x::«r^fit  aginaôte  rra  {=  giattanaa) 

TT*^  agno  53^ 

"T^V^r^ît  inlelaiare  n^ 

Brnr-B-»"»»  erronderc  bh-s, 

crr^»  épines  ma: 

Cfircr^ît  epioes  |np  (ortliographc 
défectueuse} 

nsrr^bbs  ■"•ît  egli  palLadia  xsrp 

c»"n-:p"»*»  échardes  îrsp  (selon  le 
ms.  BN] 

•^a'^ip"»"'»  oscurita  Dbas  (sans  doate 
deux  fautes  typographiques,  les  deui 
premiers  •»  pour  o,  puis*^  pouri.Lc 
ms.  HN  a  mieux  :  •»^mp'^"»X,  écortc) 

N-P"»  giro  '^r'D 

b"»raT"«  orgoil  ybs  (vieux  français). 
Au  ms.  BN  mieux  :  b-'^iailî* 

:::7:t::'^'^n  aisdoment  (?)  y'^y's,  [vieux 
français).  Le  ms.  T.  traduit  :  "psivr. 
rompanz 

■^n«::bNrN  inalzare  bbo 

iiarTûipONrx  e]  nascomenlo  ^bd  ;= 
nascondimento  ;  la  syllabe  di  tom- 
bée.) 

'^"T^ripON^'^N  c)  nascondere  nro 

■^aNa'^arN  invilalo  Nnp 

nw\'>"^p'»3r.x  invecciiio  pn:? 

N:::û"ia:'^«  imbrattato  ap:? 

l'^^Nnnr:^  imbraltare  onp  (les  der- 
nières lettres  doivent  être  "«-îû} 

laNSS"»»  ingato  ypy  [—  ingaggiato) 

■•-iK3«arK  ingannare  iNn 

■^b^iiS"^»  inguale  m©  (=  iguale) 


^^^HHHHV            LE  MAQHÉ  DÀRDEQlt^^^^^^f^S$9^^^| 

ioi^5:'*et  în^oso  din?  (=  ingeniosol 

1D*^«  csso  mTl                                                  ^H 

■•■^KCn-ir»  hi^Tossaix'  r^ny 

■»Vici&ï  isoi»!  a'^\H  %H                               ^H 

'»n*3"i:i*'ï<  miîraiMre  finp  (ingmndircj 

■'aN-00'^fi*  esialc  y^p                                      ^H 

•jr»  a-iio  DC3 

"ID'ID^'K  isopo  2Tï«                                             ^^Ê 

a«:2'*i  v«  ^"  ^"**'^  "2^ 

^^N'û^^O'^N  eslimaro  rî«n                              ^^| 

'*-iîï"';-.iC2rtî  intorrtm'cnns 

i^j-i-sao*^**  e)  slveUo  -i^                                   ^^H 

K"'.i::::c'*::rK  intrsiatura  5?s:d 

^0\H  êsse  p  Q^                                            ^H 

'»'rNi:^n'*srï*  iuteritare  nan  (=  inter- 

t^b^D'^^t  isola  ^s«                                              ^^M 

lenere) 

luin^stn^D^N  6  per  ccrio  ûbt*                        ^H 

n::r^::''n''::r«  intcrcimînto  n^n  (== 

«ps^X  hyprcoo  ^fp"                                          ^^| 

iiilertciiiu^cnlo: 

D.^^j:\N  eliam  t\H  (la  syllûbc  i/  dcvaal            ^^ 

N^K^-'arN  etJirava  n-ip  (=  entrala) 

a  est  donc  simanle)                                               1 

^-:*;û«n:::\H  iJiirnnaro  idd  (=  intor- 

iar?^^2''«  Qsciniento  «3:?3  (le  premier 

mire; 

■»  après  «  pour  i) 

^*^:3^*^'^:3rH  Intremelcre  mn  (=  în- 

ip\^  ecca  1S-;  ûbn  «n 

ireitienUre,  deuxième  n  tombe  par 

'^L:p^N  eecoti  inr 

élîsion] 

''X'^mp'*»  eeoreze  nsp  1=  scorza  ;  lu 

ns?a«::'»'i3-'.ar«     idternolampo    ri\rD 

1"  letlre  esl  prostlielique,  avec  êii- 

,—  mtcrprelainciito,  lo  2*3  à  ia  placj 

blon  du  D,  ou  omission  par  faute  ly- 

de  D,  et  1  pour  n.  plus  uq  3»  û} 

pographiciue] 

6t:3'^t-i::r.H   inlcrpcla  ^ps  {^^  inter- 

KI^D  -P«  jeri  sera  P73N 

prrlii,  2-  ^  pi^Uf  ni 

H-^^a  aem  mn 

^^nfirr*»:**»  iu^cnîare  ûny 

«n\si  ira  ojD  nnn  rmrt  tj^T  Dît  qn 

iZiz^a  in  su  rtfitbn 

-inj^ 

i:^:^*:H-'nrr»  msognamonto  niH 

èï::'^%^  acria  niîi23  rrnat  ni£3  31E13  (= 

^^-'.H-!''C3\H  Jîiscrrarn  -ce  (reduuhic- 

oecurta  »      même     remnrque     qu'à 

mcnl  erroiii'  du  n  a  Ja  fin,  au  Iteu  lîe 

scor:a.] 

relui  du  nu  lieu) 

iN-^ia^'S  esciû    fî^-*   (=  uscio;  sans 

cnis;''x  MiiniQ  rsn  ia  pour  i:) 

doute  ■<«  inilial  pour  t«) 

■'*T'::msrs<  iuforUre  ncp  ^723?  cb^ 

av^-»jl  este  ns  H  è  qucslo) 

6«U:^-i:rî(  iulnrz.i  tiid 

in^j'^aï:''È<  csiînere    nrî3  (=  csUn- 

^'•''srx  iuro^Hore  Vsr 

guepéi 

let^^rn  imperiu  bsr 

'^î:rs-'*«  esparz-etlpT  (=  sparte) 

^l-naocrx  iujîKiNlurare  ip:?  [^  im- 

i:n-.::3îî   acloino   «3D   t—  atlornio, 

pasrojfiiH,') 

avant  la  coutrucllou) 

enrrït  infra  ^in 

■'njiSSS*   aeeoponarc  bay  {—  accom- 

^K7"H""vrî<  infroscorc  "joSO 

pagfiûre  avec  clisîon  de  Vm) 

^•leti-'^ïntrÈ*  iurmcldapo  ^3:^ 

Ê*b«  ala  t]ïD  ^3» 

^::2intr.v  iuiprouio  on 

N-r;2î<bK  il  lia  banda  qrD 

1H:'nî:rit  inrnno  -)3y 

i::HbN  alat«>  b3:« 

•î:2:73î:hs;''«  inciapomcuto  'p^z 

■•tîKbi*  Blale  rrb? 

^^x:tï<  ni  ici  ne  rcc 

ïî"*\pî;b.^  alla  casa  T^T 

rrx^iir^r»  iuciinsia  -::p  ;=  inc 'usa' 

*«^:»"t«bH  allar-are  jip 

l-N^bH  albero  pn 

Nmsbsi  arbore  nrna 

anb.H  ai!.o  pb   b^  ::  (Inal  doit  être 

L 

imc  erreur  lypoi^rapliiQueJ 

^^^V^          M)                                    BEVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES                      ^^^^ 

^^^H          ^et:k-i*'3bif  alborgo  nzn 

i::wH2ia;i?3î«  ommonlonato  br 

^^^^K          "^,«:in''3bK  ûlbcrgare  ï^nc  ir: 

l'iK^ta^tT:}*  ammonlonarc  an? 

^^^^H           ^-*''E(lbî«  alou  D^p  (le  3  linal,  supernu, 

NnS5^.?:î«  amoslra  nt'^ 

^^^^^H              peu  t  p ro V e 1 1  i  r  d' u n e  o  i-re ii  r  li  1  n  Lotia- 

pi^«  amoc  bstbst  C^  «jwo;  le  p  fiotl, 

^^^^^P              lion,  par  suite  de  raccciit  sur  è,) 

=^  t%  est  une  iroce  du  taUn  (dm, 

^^^^H          M2'^hi^  alJomo  nn  (=  atlo^Oi  ^  au 

d'où  ancino,=  tiameçon) 

^^^^1                     de 

''"»«sn*ii^N  umordecarc  oba  (=î«d- 

^^^^B         M:^31b^^  elanga  Mbn 

muricaro,  n  pour  •>-)} 

^^^^B          *^-i^3V!r»  all€ngnro  nn7 

^nv:ït  aniore  nnn 

^^^^1         Nnr:Dib&«  illustra  n^ 

C^-lîl?:»  a)  m  usa  b2^ 

^^^^H         1xn:^:^lb^t  iitusim  n^:: 

•♦nxc'îr»  âjiïïusare  ba: 

^^^^*         '^^nrsibfi*  illuslrarc  iriT  bbn 

•'-iv:a.H  a  maggiore  nb»  *f-in»  aît 

^^B                  ip"*^lbi*  allo  riCi'O  ^n 

b^.x  qbN 

^^                «ubï*  allaito  p:i 

N^DiL3î2»  amalusla  nbn  (=^  amaUslii 

P                     TiN::bt<  oltare  2s:?3 

w-y) 

t<m::b«  eitura  nrr  3:^  nrs  bâte* 

•»?3»  a  me  "^b 

Ks:'^::b«  altezza  rîî«*l3  "n^ 

■"l^Tj^  amenarc  aa»   (=  nmcn(larr\ 

fTï'^abït  altezxa  ûp 

par  elision  du  ^ 

i£<i:'^n'':3bx  aiicrezza  rîK:^  ^^^« 

ip''W*t  amuMj  7'^'»  T-«n 

i-ic:!bjît  uitro  nnN 

''ia''n'^?3K  utnmireire  blQi  (^  amracl- 

inab»  allaro  ^^ 

lere^ 

•^Di^ns-'baii  libeptate  csn 

rrôf^^b^H  a)  niaiadia  c:»            ^^ 

N^^S'^bit  alit^To  pT  b^>  bi5 

i:3r7:tâ«  ammento  b:;c              ^H 

'^IwN-ii^bN   aiïeîîrarc    nb^    îb?    nn 

i:2r:«  almenle  :::?"» 

p:? 

\H:3r:x  ajmanleo  ûbi  (-  maDlclloJ 

Tipb.x  alJe;^TO  *^c 

n.x:33?:&t  ajmontarc  nsb 

NS£n:i''b^t  allegrezza  ^ct:î  nin  HN 

fc<D?:«  ammassa  ncb 

ÊtaT'bx  allu  ^MUta  -i73   (=  plus  tard 

rj»pi^t)ï«  aj  raazzlcato  b72^ 

goccia) 

in?j&«  amarc  nnz3                         ^^M 

■5KC3T»b«  aliutlo  r|?n  (^  asciugû) 

'►"[':«  aaiare  aan                        ^^H 

■•-•bM  aglio  ai^ 

•)ô<:«  ano  -jbn  (^  ando,  clision  du  é] 

«arb>*  iiiicDta  n-*',::  nsn 

iD^HSH  en  osso  13 

■inï*:2rb*H  ailetiiare  3d 

''P"»Ê«2»  ignesa  m''  (=  inscgiia;  pur- 

^zrss-'b**  ulefntiie  dh^ïS 

mutation  des  Icllres  s  et  D) 

Np^-bH  aiccca  ppb 

"►nHrDisrK  inbussinarc  HîO  C^  il"' 

■»nâ*':2^b«  u:  lasckiro  nriD  (C  pour  t*Jî) 

bniscinarc) 

iî^-i::Dbî«  iiiusiro  nn5 

in-'b'>3;«  anbellirc  m-  m.^  i=^  ûUλcl- 

RibK  aiza  m-'  qpî  nnT 

lire,  avant  la  coiUracUon) 

■^nKlEb»  alzarc  no]  bbl 

•*nNX''2D4*  anvisapo  qb"«  3?-?-»  i=  anvk 

^n3£bH  aïzarc  n^a  HT» 

sare  ;  même  remarque) 

"<:inKbEt  elarjîi  hD"" 

-iAS':s:b33î<  imbalsamo  asn 

1î«73«  anio  bsD  Drrfi* 

n-5î«^3:N  inviare  K:p                   ^J 

■*nH^2«  afiiarc  Dnn  nisa^ 

»:::ji-in:K  imbrattato  bb:i            ^^H 

r7N"'l^:3t:«  invidiû  ô<:p  (—  invidia»  ^ 

l-i^n-in:îî  imbrunlrc  nn:i             ^^B 

pour  ;i, 

t«::«rDn3:tî  imbruscinato  03           | 

iwet  amo  isn  nn  D5»  (Cf.   ci-aprcs 

l«r'Oiin;«  inibruscino  "Czd               I 

piïs»,  dont  amo  a  le  seii5> 

■'ni^nainasK  inibruscinare  vpz          1 

^^^^^^^^^^^^^^^^«^^^^^H^^^^^l 

I 

LE  MAQHÊ  DABDEQÉ                                          m               ^^^ 

1 

■'nNan3:&ï  îmhrnUnrc  h^^ 

terpretare,  élisîou   de  l>  médiùle]               ^^H 

■ 

ipît"'-!3:«  imbrhco  «as 

^:t3:&^  in  la  [10  i&«  (==  inlanlo,  cUi»ioii              ^^H 

n:&«:i3«  ing:aîiiio  'jt» 

du  i^ecotid  /)                                                  ^^^^ 

1 

1133«  angolo  rb^  Je  1  {\m\  est  une 

•*-i-^::b*'::5H  iniellettore  y 2                             ^^H 

route  pour  b\ 

■«miX^:.^  ûiteudcrc  yn^::  )m  (lo  n  est             ^^H 

8r-J0i:ijN  arijîusltn  ^:^^2  n^'^  pi^ 

superposé,  par  corrccliQn,dans  la  2*               ^^^| 

nx'^irsn^r^  an;;iistia  rçy  ^«o 

^^^1 

m>:6«  ini^iura  -j-n  !'.« 

H'^^bDHHD:^   in  travagUa  sf^y    bbi             ^^H 

r-îiii*  âii^oUi  7bp  [-û  est  une  faute 

iiitorbidal                                                    ^^^| 

1 

pour  b,  comme  ei-ticssus) 

n::»^:::^  iuirala  ipn                                        V 

■ 

*«1''D^"'53«  iughintlirc  ybn 

^^binD3&*  tu  travajjîlia  m:  \=  intur-              ^^fl 

■ 

ib''^:^  an;?elfi  nin 

1j îd a ,  a V ce  li n e  au  Ire  0 r  t hag rap hc]                  ^^^| 

iNbpH^*'^:»  inK»rifjccholo:?'nS 

^a^^bin:::»  itiirovlgliato  hdd  (=  oU             ^^H 

'♦aib:i:&t   in^'lute   nyb  i=    intïh jolie, 

^^^^ 

■ 

avjnl  la  oiuUjIîou  iVl  en  «) 

Kr^^:::Ë<  Inirata  ^a                                      ^^H 

1 

-n'^EsbsîK  inploiurc  •iiaa  (:-  ingliiol- 

'^na'^naSN  iulraltere  3nn  {-=  intraltc-               .^^H 

1 

lire;  même  remarque^ 

iiere,  elisÈUii  du  second  n]                                ^^^Ê 

h:5:«  ioge^no  b:^:  rtr 

•'10«b-i:3:«  ifilralasciare  nni                       ^^^^M 

iH;:irs«  ingraiifio  riTsn 

•^misa'^s^::;*!  înlcrpretatore  «D2                  ^^^^| 

■^nî<:j:îi  ingatiTiarc  \n 

mtse^rn-»:»  inventore  ism                          ^^^| 

1 

i55:î<  ingefîtio  *^^r^  n:i:î 

^À'ZH  ^Jiuic$^'a  nJ3                                                 ^^H 

'^"n:::a:i«  ane:entt»re  nsT:  (=  orgcnic- 

•'D&r-PîK  inî,Tossa  nn3                                      ^^H 

rio) 

■»n''ar3ï«  [»a)  pa  Iniottirç  D3?b  (=  per              ^^H 

■»-iH"»''5;s:»  inge^noro  «b?3 

^^^1 

■ 

^I'^n:«n5;«  infîraïnîirc  È*:iï3  ans 

Hnr3H  iu;:iuna  qnn                                        ^^1 

1 

e«c«n:i:«  jugrasso  ybn 

'^n£<:3''3K  jt'  nellare  &4:3n                                    ^^H 

1 

i«Din>3î4  etigrolto  nbn  ;=  èi^rotlo  ; 

^n^'^'^SH  iniore  "^sn  i^  iïiiziarei                         ^^H 

■ 

è^cnl 

•'nxsavSK  itiginotacarc  ^n^  (— iiik'l-               ^^H 

1 

icainâ:»  cngrotlo  nnt 

nocehiare)                                                      ^^^| 

■ 

iaa'''^>:ï*  inchristo  i-^i  {=  închioslro; 

nb^*^:^  aitgelr»  t|'cn                                            ^^H 

■ 

C2  et  n  iutervcrlis) 

^b-«'^:H  angiulo  ^^b  nsii                                ^^H 

^ns«^''n:3ï«  ini^Tossare  ntn 

^nbC3'^'^3ti«  ingegnare  np'C                                    ^^^| 

•)êt^"î3"3>;È*  iïijîraufJio  bn3 

-|*'3''''3£>t  in^T^no  bnn                                         ^^^1 

iÈton5;î^  ing  russe  *oz:2 

ib^^ss^  anello  ^dl3                                                 ^^H 

■'zsDniSH  iiisrassato  pan 

N13'^3»  anima  i:5D3  nnD  *jn^  ^n                           ^^H 

i;«  aimo  nstî  ûi"» 

«bp'^îH  [=  «np^sj  naccbera  bb^t  lie                ^^| 

«a:",^i:x  iïiverjiato  tpn 

mot  entre  [  ]  est  une  conjecture  do                ^^H 

••n^'^pbnj»  iiiulchiarc   STû  1=  incul- 

M.    le  Chev.    Perreau,  à  qui  nous                ^^H 

carc  ;  élis  ion  du  prem.  €  après  ») 

devons  les  diverses  hypottiêses  si-                ^^H 

n&f^iC-lïÈ*  aiKUinzîe  -i:* 

i:;na1ées  ptus  loiu  de  la  même  Taçon!                 ^^^^ 

''*iK''^3'5:k  annunziare  mn 

-^^^Z^  aî^^nescG  mb  (^  iusegna)                          ^^H 

H'^n^DSt  enuria  tjts  {~  ingiuriai 

n^i:5'*3N   agnesccre  -inîs    tib'*    ri-^               ^^H 

1 

1Kp*'3i:35£«  inluuiCO  ma 

(^  însegnare)                                                  ^^^| 

i:m:::t<  Intorno  330 

^itD-«36<  lïiecerc  Mnïi  1=  irtcignerc)                  ^^H 

ix'^rs'^b*':::»  inielcUo  bac 

Ki^b:.^  inalza  trtS3  H^n                                 ^^H 

-^p^^asî*  anticlu  bD: 

iH^b:H  inaNo  DD3                                           ^^^H 

1 

''n;3'»Dn'*::3«  inlcrpQtarc  nnc  :«=*  in- 

1    , 

-^n^bsit  tiialzare  '^izH                                   ^^^^M 

3B7inms  aumBUTPri^ 


*  '-  *  iiu!»fila  rrrza 
S  unp»i»ltna  TT"  sn:^  f  îisiifii  it  S  m. 


-S3r  oAirxa  ZTT"  *  Jd»  laca  t^   jurtàe  «fn  «ois,  ëil 


rr-52i   jnpfiifiiiaiterafe  ;ps 


jCTCSi  împ^aiis  "^ai  ^""satirnst  iaratiare  C33 

— ^»  rtn:  L*?î^  r'r^  ^r-'^at  iocretare  -rm 

*— s:»  L'ïi;«rrio  'r*    l'ipros  Rii#:ûi,  -acnrctJl  in  slanco  CîP 

4i£  i  ii:.  »:r  "—^•zxcx    a    sabon>re    nbo   «Vs 
•rm^'sr»  mf  rmitite  rr^r  =  5*.parare,  le  2»  »  ne  se  trouvent 


-s:»  îûfofza  îrz  •ex    le  -  est      »T:e  daos  la  >  ciUUoo] 

XzrKZT^'^tzSf     impialîameniamenU)  •»-•:•-»  assumero  nrt 

rçr*    —  impiaMamento,  redoublant  rr'l'Cît  assumero  n 

les  2  <k;m.  syllaïies  -r:"^firî'::"'0»  assunicremcnto  m:? 

•W^rbc:»  implastro  r"^  =  impias-  •~:'*r":'2"î3«  assumcremento  "j^bs 

In;,  avec  maintien  de  17  pour  i>  'T^:'"2r?2iCK  assumeremcnlo  mn 

^:c:fii  infanfc  "î3  =  infante,  le  2*  e  — i^ric»   assuracrare  nrn  rrba  F 

fKiurt:!  assumere) 

^^:«"ie:«  infragne  yy^  ■•n"!rN::":isN  esortatorio  cbn 

^l^amc'W  Improvarc  en*»  ''nN''^"ncx  assorbire  K^i  (5S  pour  3] 

ntasn-.o:»  improntare  m«  ••nNiJCN  isiare  nsn 

«ttonc:»  in  presto  to:  mb  (=  in  Ni:n::ox  astuzia  ^n 

prcHlilo,  éiision    de    ravanl-dern.  iKStiuoN  astuzia  naD  [français^ 

«yllubc)  ';i»'^3f^nmaO«  estordizon  n:?b  (vieux 


1 

HPBP                         LE  MAQRÉ  DAHDEQI>                                         263                ^^| 

"►n-^nniDO»  cstordipc  an  \iUm  ;  pris 

^X'îfi^&H  aparocc  rrfi^n  (=  paresse,  ou                 ^^H 

1 

dans  Rasehl) 

a  n'a  c^  i  a  rc)                                                        ^^^H 

nm::tx  asiuro  y5  i^siruzzo) 

l'^'^&K  appoggio  n::^                                  ^^H 

nV:;2DK  1  )  Stella  *]sb  nsa  bbrt 

^'^JH^iiDH  aftindato  *i:?p«   {—  sfoû-               ^^| 

1 

Hr::r::2H  itUesUno  n^D  Ociircs  3  et 

^^1 

0  iulerverties} 

•«ns^nsii:»  afi>ndare  s^piiî  (idem]                                1 

«p:::D»  e'  stanco  Vss 

'k^'^coiD»  ipost<isi  bcn                                    ^^fl 

•'■^.KE'^CDN  €)  sliparc  NTSÎÛ 

^1N?3-ns&«  ai  formare  ^^x                                 ^^H 

net^.ao&«  isUrc  ncn  dos  lettres  ifcn 

Ki:^i£«  a  forza  rrS3  (selon  Rasclii  :                ^^B 

=  "^i») 

Dj"iôt»  viole  fie*-*)                                                 ^^B 

nî«"':n:2D&<  c]  strani-o  nss 

'^D»  ape  m                                                      ^^H 

1 

ip^-iaDï*  ttl  slercu  35 

l^H'^Dit  a  piano  :z^                                             ^^H 

^n'*n''a'*CK  al  scevtîrarc  -i3jr 

^c:r^x^SwX  n  piacente  ODH                                ^^H 

Kl'^o»  II)  soda  p-»*!  ^2»  (—  sedia) 

■''T':3r^N^D«  a)  piocenlere  n3£"l                          ^^H 

nx^-^rDH  fi)  sevcro  bm 

in^bD^Eôî  aflièvulire  bCD                                   ^^H 

•*ao"^i''i"'ON  a)  severistu  bi£N  {=  se- 

•»n''b''3''''DN  afllevolire  m:^                                ^^^| 

1 

vcrila) 

*'n'>D''''Dfr«  appiallarc  mp                                     ^^H 

^-l'-i^rsÈ*  a)  sevra  PC  Bn  bs£5  nn^  mî 

-^'ni£2C^b-'s:«  cpilatore  Ç)-^>                                   ^^H 

■'"i^::-'o«  a)  sitire  «rs: 

''nî<b''E:s  afiltare  sn^a  DGn  Dû»                        ^^H 

K^^-^CN  a  seja  ^?20  (=  a  sediaf 

l'^ir'^b-'stï  ûpiMlamcniy  pTj  (=oppi-               ^^H 

^n'^'^yOK  a'  scic^'liere  n"i3  na 

^^^M 

1 

ia^?:iOÈt  isiemele  *nb    |=  insieme- 

■•n^irc&ï  al  pondère  y2r\                                  ^^H 

nicDté) 

ir^K  llno  b^â                                                   ^^H 

irDK  assc^'oo  tî05  n^tr 

■'D''S«  apice  nyj>  [^  oppiciilato)                         ^^H 

«roN  a^ina  ]r\H 

Nii-^Eïî  appose  psn  J»:^"!  nrn  nan                 ^^H 

in:2.s?sî«  L'»:«b'T^&î  =]  avcliano  Tpii: 

ll^îtï-'SK  appici  ito  ^t3^                                     ^^H 

■•DirCH  a)  smusso  n;?p 

^C^^^'^SH  appjciate  aatn                                      ^^H 

nîîSiS2K  a|  s|K>sorc  ïînfi* 

t4ni:3ïï^''S&t  appiccialura  ï^n:?  fîït  (=                 ^^| 

ii<p*^:iEO«  H  ip'^;2t«::D«  1  esiaiico  bna 

ap[i)eCFiturû)                                                        ^^^^ 

H::''Dr'H  nsinMii  n?:r  nn?3  nnD  on 

nx^^'DN  apposarc  V\iy  031  3rp^                        ^^H 

i«::-*scH  aspc'tio  -17:-:: 

-ta^^'SN  appidad^  pt:3                                             ^^H 

''ni«::'^Ds«  aspeitan^  nbn  bin 

i:::r3i:"'D»  apptcciameatu  *^^n                       ^^^M 

ÈT-^CSrDD»    e)    spingeto    VpT:    qm 

nns:''SN  oppesare  boa  pal  (=  oppî-               ^^H 

1 

(voyelles  finales  déplacées) 

^^^H 

«"T'SSî*  e]  spera  bm  n?3i 

i::i*'S&t  aperlo  DnD                                           ^^H 

e«i;Nn''E;Ofi<  e)  speranza  hes: 

''mc^'^-'Eî*  aperlut^e  nUD                                     ^^^| 

""i^psDôt  a)  spacc^ire  ypa 

*'D-Pt»  aperle  qpc                                              ^^| 

ô<"i2CK  a)  sépara  ]'^n 

nE3^^b*'n-'D«  apparegliato  nJ  (ou  oppa-                ^^B 

1 

•^-^.r^^^DOî*  cspriniere  mî5^ 

rcccbialo]                                                         ^^| 

•'"i:ipD6t  aseoiidf  rc  XKiU  i.éllsîOQ  du  d) 

a-'C'^D»  apessito  pn^  (=  spesaitol  (le                mj^M 

■'::i2^inpoî«  oscnrilaht  c^îî 

nis.  T  a  bien  m\m\  :  t2y^''''ti'^''H,                ^^M 

r-'rnpcÈ*  ai  serin  tu  ma 

rpals^irt]                                                              ^^^H 

■ 

••nni&tSN  a)  paurtiru  jian 

«îîtbbsw^  appelkma  nnp  (—  appellarc                 ^^H 

1 

nareïD»  alTamatii  -»^3 

1NÏ3E£«  alTamo  t|DN                                                 ^^^| 

1 

15S<C&«  alTannn  n",a 

C<:SH  appiLiia  Jl-"                                                    ^^H 

■^n&«j:«i:«  all.K-iire  C|pC 

•^Z^Dfi^S^N  upprna^^le  "Tin                                             ^^^| 

1 

•^^«■'^«Cfit  apariore  ï5^p  (^preparare) 

r»3*^^E}£i  ariicmure  ectiï   (le   rudicaii                ^^H 

26i  REVUE  DES  ÊTTDES  lUITES 

ccril  par   cireur  zyz,  est  rectifie  »T7»aqaanD  -=  ^ 
par  le  verset  ciîé  -^rbat^   "TTp»    acque  caBe  tpa  ^ 

^-r^rencfit  a   frangere  rrz  cai«Je 

«a-t-c»  approva  rr:  KS^W  a  queto  s^ 

'n^f^zvi  aferirc  n:r  =  soCfrire'  ^nr-npît  acquetarc  T22 

TCr^fitr^xK  apparecchiam*-nio  rr:     fiib^p»  aquîla  "c: 
"rWT'b'nsfit  apiparegliare  ZTp  =  ap-  ■^»7:^pît  accomare  yjr,    =  ac.»^ 

parechiare  piare; 

"c:"S'^.Eît  apriraenlo  nrr  rr  KX:"»7npÉC  a)  comincia  brr 

no-rcÉt  a  pressai  -??  "pc  ifiOK^ts  npK  a)  comincio  b«r 

KtrcrEfit  approsàima  Ci:  "^iTiip»  a  cubare  ^2-:  ,  -  pour  2Î 

^73^^Cît  approssimare  2"^  ^^7:ip5C   a)    cubare    "pa.    Voir  à 

nîCfirx-rEÉt  apprezzio  -rc  «a-i-îp"»^ 

^fiTS^'HDK  apprezzare  t. s  •ns::7::ipît  a]  cominciare  bbn  ÏOT 

T'^t'nEÉC  allicggiare  2Tp   conjecture  tr'^rcirpît  accompagna  mb 

de  M.  Perreau]  ^fir^:c:'9K  accompagoare  rra 

firp'nEK  apparecchia  en  fitx:ipx  acconcia  ncr 

iafir^P"*nE«  appareccliialo  CTp  i5o::"!7N  acconcio  pr  p:  p 

•nfir*'p'^":EK  appareccliiare  aip  vn'p   •^•^Kx:np»   acconciarc  CO  3ia  Can 
«bp'^-îEÉC  appareccliolo  zrr  17:t  nn      pp  rsc 

n^-»  ■»tt"»x:TpK  acconcimc  is«   ;ayanl  le 

•^aKbp"r  E5t  apparcccholale  rrfir:  sens  de  parure) 

■'bp'^-.D»  appareccliole  pT  nrp  •»T»3:n:pK  acconciare  p  h:  =  3t) 

■n'HEX  aprire  ycp  npD  rr^D  n^D       iKcnpN  accuso  5sn 
^^CÉC  apessilo  prr  =  spessito';         •^n^^Oipfi^  accusare  \ch 
'  ?T3r:7:nî»  afermcnza  cp  -;=  fei  mezza)  -n^onp»  occupare  pt!3^   (non  Accu- 
••T^^SID»  a)  frangere  nrn  pare,    lire  d'un    mol    cupo,  foncé, 

Éra*^onD5<  approssima  w3  comme  Pavait  proposé  M.  Gruobaura, 

ibaN::'^^»  acccltavole  nn:  ibidem.) 

na'^iN  acilo  y7:n  —  acldo!  N5:"'"npK  accuressa  nn^  (=  accura- 

«î"»!:»  a]  sogno  ynp  Iczza) 

•^nsrXN  assegnare  CT"!  ^opx  a;  cosi  p 

'»n"':"'5SN  accendcre  n"«i  rtr  nn^srn   "^^NspN  accapalo  CN"i 

[d  tombé  par  élision;  N^'^ipK  accreto  nsiD 

■^0"»5rN  ncciso  :i-in  ND"np«  a  corpo  j"id 

•^nKT'XN  ascrrarc  t\z^  [=  inscrrare)      ■'-iC'^'npN  accrescere  TTCy 
ia:"»73"T^XK  asscrmenlo  1«n  (=  assc-  ••îicpN  actione  bba  (=  azione) 

rito)  N-iN  ara  Cnn  p5 

■^T^STN  azzimo  rriTT:  iCJî'^tîO'nNnN  a)  radunamento  x:^y 

•^n«D2^N   assenparc  r^s  (==  assem-  nsi^N"!»  a)  raduna  tt 

brare)  n:3ï^"1N  a]  râla  vpn 

•^lapstN  c)schiaccalo  nn?3  "]r7:  '^■^:n-in  a)  ragno  'û-^aDr 

np^N  a)  schiaccarc  rîD^S  "^-i^nN  crrare  n2N. 

inSTK  azzurro  on2  [d'après  D.  Qambi)    N3-1N  crba  a':5^  nb73  N®n 
lan  «npN  acqua  vcnlo   -ij^  aan  ibia-iN  arbole  ban  nnî  (=  arbore] 

[=  violenle)  ma"iN  arbore  yy  toa 

NnpN  acqua  -^t:  ;aNa  man»  arbore  basso  bn; 


^^^^^^^^^^^^^^AQRÉ  DARDEOE                                         2m         ^^^^| 

■'^Niinnît  ordîQorc  p^^st 

^^ir^  nssillo  nsïD                                          ^^^1 

i:::'*?::'n"iN  oiiJinQîiieîUobfip 

*i^b^cN  eccLiiso  nnn                                   ^^H 

'^^•SI^UîK  se  niove  bp  (la  2-  lU  pour  a]                 ^^H 

er- 

■^•n^î^iZJK ossummare  bm                                   ^^H 

tlcntomcnte] 

^nzasia&î  aspcllarc  Dp                                                V 

m  n;::73''i^N  ardcmcnte  ni^r  (même 
y      marque! 

re- 

i^:3rD'C&<  a'spiiigeto  t\m                                   ^^M 

■«ni<^^:3rs^:îK  u)  spib'nero  nm  (le  a             ^^H 

•^r^T^N  nrdenlc  qnïJ 

^^^^H 

Nb^-'-ri-K  urontlcle  pr*û  rït*p  (vicuît 

^^^^H 

français,  «  lumbô  ;  correct  (îons 

BN 

^H 

cl  T] 

"«':K:n"'net  a)  Hdonorrr  3^73^  i= 

raii- 

&t:i&<3  hava  ni                                                  ^^| 

■      narc) 

*>ni::î«::î«3  haiUMim  nsn                              ^^H 

-11X 

iz:r?j^-jï%3  haElimcnlo  TTOp                                ^^H 

qnc  rnp  pcs  np*» 

^Uii-jin  bnimb}  nps                                     ^^H 

■i::oi'^«  arrosto  nb:z 

''Di:2&%:3  batitito  qna                                     ^^H 

■^aain^  nrrosLe  b03 

^:::&<3  hatte  p&i                                           ^^H 

i::rt"nN  urroi^amcnto  "i:£ 

iï«''::t*3  i?i  YiUii  an^^  Voir  iït->*73Na                   ^^H 

K^-w^*<  arlczza  dp  l=-  ultezza) 

i:-^::N3  batlino  V\tr  [^  batleiilej                         ^^H 

')::.H^*'bi3-'-!&«  Q)  rivogliato  UT^ 

■'-i''D»3  battcrc  ^ZiO  p^?:                                  ^^H 

f  ^"irn-^nôt  «)  ridouarc  «np 

Ct^''b:3^3  tiathi^'Ua  nnp                                       ^^H 

ND'''^6t3  guaitc  (^.'UL'l  nDit  (par erreur:                 ^^H 

i«p'*;3''"i&*  errutico  èi-^^ 

nD^)*  (Selon  llasehi  ;  n  pour  %,  cor-                ^^H 

i::r^-M  argenlo  qoD 

rect  dans  T  ^p'''',^b  la  yuailu)                          ^^H 

B  '^b^nii  [==  iban:i]  yrninello  istin 

i^Db^:^  balsamo  o^'2D                                          J^^^Ê 

■  ^-i-,-,^^-,^^-;^^  a|  rcsciok'liere  n?53: 

^n^^SND  bandtrc  pD                                         ^^H 

B'nK:^0'^*^«  al  rei-teoere  nSD 

IDHn  ba^iso  nip                                                    ^^1 

**-ij«^N^D"^n6*  arrahnttare  'im 

&<nict^3  bassora  bïiXi  {=  bossarc)                        ^^H 

^^■^'C'fznH  arma  lu  ra  ^^n 

Nx:»::D»n  baslânza  ^n                                  ^^H 

•'D^^nfi*  armate  p-*  a?3n  ybn 

^-liH-JD^n  basiare  psD                                          ^^| 

''73-iôï  nrme  pï33  nr?:.  ii:T  |Tfit 

T*w"*b'*c«3  basilisio  ')e''EO    {^  basi-                 ^^H 

En■n"^?a"^t  wrmardLira  nbù;  iarmodurn, 

^^H 

K     2°  n  supcpilu) 

V  H''^:-!»  aj  ragiio  û?3T:: 

''b'*::»^  baciie  piT  bj  -ibiai^H  ^^              ^^| 

blTD  (=^                                                                           ^^H 

•iT''''DnN  a]  rnpacc  yy 

MpHn  vEicca  nnt2                                         ^^H 

KSn«  arza  3-i:£ 

ifiiipHa  VDCUQ  nrrn                                        ^^H 

-'X-H  ar2c  ni:: 

HLS'^pH!!  bacelictta  unnu:                                    ^^H 

«pnst  aroa  rrsn 

i:j3^^pe>^3  vacamcnlo  y^z                                   ^^^Ê 

'^p^î*  nrcie  (arche?)  nns  N  arciere! 

ftn£43  barra  m:3                                                   ^^H 

(pcut-V'Irc  le  rranciis  archer) 

-i-^nnetn  barhiere  nb^                                            ^^H 

''mii  crrore  n^:: 

^mNa  barone  Xjbx^  ïSnn  tDH                           ^^| 

lltsn»  arsoii    3-1^   len  fronçais, 

dit 

^i-lini^s    badnirc    n33?    (=    bandirc,                 ^^^^ 

Tau  leur;  semblobtc  dans  T) 

3  c  1 1  È  n  1  c  r vc  r j  ï  s]                                            ^^^| 

it;L*i<  asein  7^:^  ^C3 

^Cfi«n  bassn  nnts  n:^                                    ^^M 

*'n%^^CK3  bactare  rrpD                                         ^^^| 

^l^-o^n  basLo  nD                                                ^^H 

N^-T'»1D6«  al  seilîa  -iî£3 

■ 

^^^^H        2m                                                                        ^^^^^1 

^^^^H          -"KID  bue  t{bH 

Mb'^s  belle  3nQ                            ^^H 

^^^^^M        e«riiibe«5  *<3iâ  bove  salvaUco 

Nn 

''^:Nb^3  bilauem  T»?3  YTK          ^^H 

^^^^^H 

ib-'a  l)ello  HD^  -ï^T  mn          ^^^H 

^^^^^H         '':iDl3  thûllone  onp  P^3 

'^b-'s  briio  ni:^                         ^^1 

^^^^^1        ^ni::n3  buturm  n^^n  kt^h 

•'-ter'^b^a  vegUare  n:?                  ^^H 

^^^^^1 

^n'»l3''2  venderc  npb                ^^H 

^^^^^H 

"^^.tizz^n  vetitare  3;dï                 ^^H 

^^^^^B         Ët^-'b^I^nD  botligiio  p^pn. 

''Dn^:-«3  bencdicl  *jn3               ^^H 

^^^^^1          -^i&%:]**''i:3  vomitare  trp  ip  [le  prem. 

K'^'^m  vif:aa  ons                              H 

^^^^^H 

K-^iorbi3"'3'^3  bcnevolenlia  7on       H 

^^^^^H         («3-^^13  hoj^'lione  7i^  (^  bolla) 

^b'»3*»3  viiiili  nisp  1=  vinc-oli)          1 

^^^^^H         113'^'^*) 3  vois  bip  (vieux  franvQîs  =  voix; 

i:3D'*v:NC'^2  baciauituto  ybo        ^^^Ê 

^^^^^H            T  y^'^^iSb,  la 

e«^Ko**3  bfsaccia  p:3  nnc        ^^H 

^^^^^H         '^-'iS^bi^              n'C^ 

k^::d*'3  bcstia  ^3^3  Drt3           ^^H 

^^^^^M 

•'bK"*ac-^3  bestiale  -1^3               ^^H 

^^^^^m         iH^'bin  bollio  b'cn 

'^n&t-'tlD'':!  bosliare                       ^^H 

^^^^^m          -t^H'^bll   alih:i(^'liani   n^D 

(mot  ( 

L*or- 

vb^r^D-'n  Hscliro  C|S&3C               ^^H 

^^^^^H             roiTipti,             Pcrroau) 

i:3ip0''3  biscoiiD  nps                 ^^H 

^^^^^H          ^::rbin  bollente  r,'^ 

ii^^Z  beiïa  pnx  :ij^                   ^^H 

^^^^^r        ^'x^bi^  voiijso  -pry 

^HD-^n  bciïo  bb?                       ^^H 

^^Hr             •'n^bia  lK>nire  nnn  rj^e 

ip^3  VÎÛO  bjv                             ^^H 

^^^H               i:i3  l>r>no  3i£â 

*''n''3  ver'do  otro                   ^^H 

^^^V              tîp''c*'jin  t>cjuiikan:?î 

T^:ia'^3  biso^no  "^nx                 ^^H 

^f                     it«p*'!:**3in  hûaifico  pbn 

*'?:i*"'::ï:"'3  besliame  np:               ^^H 

"                           lbt*£l3  hnïaio  D"] 

'*p'':;tt-i:23"»b3  balestniUebc  nia        H 

Kpn:3  bucca  ne  îttj^  n*» 

K^n^bD  bluvia  OiD3  (=  piuvia)          H 

*^bpD3  viiicoli  *^DW.  [Le  Icxlc  a, 

par 

nr:3ba  bt*sione  mp  ib  pour  0)       H 

erreur,  t  au  lir.m  do  3) 

p;5«bb3  blanœ  nn^  (=  biancë)         B 

^i:i-^i!2  boiirtîcoii  SD  (mot  français 

,  de 

iT^ïbD  balsamo  aib                           " 

mC'mG  dans  UN  avoc  5'= 

^e) 

-^n-^-^b&^zSTDS  batlagliare  nO  (le  tt  esl^ 

■«Tina  borsc  tjnn 

superHu)                                        fl 

^^in  busnbo  mn  tîi3  niûfi*  {=  brus- 

«SEsr^Taa  bilancia  nsp  iraème  sopcr-^ 

che) 

fluile] 

"^aibs  boitoiir  y«3 

Nn'^'irn  bandjcra  0C3                         ^ 

■^n^L23  batur*'  :^:?iD  tjsa 

■^nSîC!!  baciapep©3                       ^^H 

fcl^bL]3  bahi^H'Jii  ^^n 

H'CO:i  basta  3-1                            ^^H 

^^b^3  biilaylia  ûnn 

-'::n:i::C3  bastonnta  Dnb           ^^H 

i:3S4^!3  iiieua  yr  ne» 

-^31^03  l>aslofy!  bp73                   ^^H 

iE33^ï3È«SH''n    pionamcnto 

nb^ 

[3 

inn:3D3  bnslardo  nT73                  ^^H 

pour  tj 

ipon'^on  basili  sleo  j^S  ^B»           H 

n:K^a  viaiio  snac  l=  giaiio 

,  ou  biaoco, 

*iW3  barilê  ^D  ncD  (=  Imcine)       H 

par  élbkm  tlu  c] 

*^1^3  [''-îia^l  lualre  D«                ^^H 

1p36«^3  bi*inco  p5 

lïNna  imiccio  :?-tT  •r^i            ^^H 

■'p:»^^  biaii€ht>  -nn 

^n*^n  l>nHm  *;p7                           ^^^H 

"ni"'l"*n  beviiore  C*2a 

n-Ti^n  bnvda  pn?^                     ^^H 

im  ^my^3^3  !  evitore  de  viiio  kso 

1:31-3                                       ^^H 

11*^3^3  bevcre  nna 

J 

■ 

6ni::i"i3  bt-LiUura  ^ns             ^^H 

^^^^^^r                         LE  MhQRÈ  DARDEQK                                           267 

■ 

m  «5:''ai-î3  braltexrn  nbn 

•^ai^  gotie  DDn 

^H 

H  *'rn3  ha  roi  10  N21  T3 

fi*ma"'"»ia    giuntura    nap    l^^lSt   pour 

•!^^l 

V  is:'^n  lHa*N'ia  rî^« 

3Ti) 

•  ^^H 

6«ï5a  basso  -I3Î3  qoet 

trbii  vogliii  C1D3  5  p«nr  i) 

^^1 

"'^«^2  bass^irc  *f73 

ntrbis  Yoglii)  23r   33rb  m«    na» 

^^H 

È*'"?"*::!  ïKtrci/iiû  qo  ba:  (=bocmc] 

Cli«i23  (mi^me  n^marnue] 

^^^^1 

K  »pC3  vascâ  2p^ 

ifcï'^iib'iJt  vofilifuiio  nbD  (1  à  nicUrc  eu 
U»te,  et  le  12  nmivA  est  déplace) 

^H 

1 

1K&r3bl>  voglioiio  nnî  (2  déplace) 
Nt3lj  gomma  tia3 

^H 

^■»biaec  tâvolc  bonp  (3  pour  c) 

■'bDis  rsbii  =1  volpc  byn  (traprca  le 

^^H 

^::ï«:i  ^'r^itio  •*« 

sons  tic  liascîii  pour  bib^n) 

^^1 

e«:^î*5  gHiiui  nrn  p: 

K'^^-!'i3  tror;;iti  p3  -13^5 

^^H 

•^srir^j  galeo  -i^O 

'^aDîî3-':i  '^mniiv  bDî 

^^H 

K7i«5  gnma  piïJ  (^  gambiil 

^a35N"'"^5  gini^aulo  D"^»  (=  gi^Biilc) 

^^1 

■»5;«:i  prungc  nnb  (=  i^uancie] 

^^H 

'':x:ïC3  triiiincîoiie  y^n 

dit  M-  Perreau   :   ID^"^   pour  n,   ou 

^^H 

*i::cïc  Kun>io  Tv^y 

plulôl  t)   pour  ts    =  giiaitc.    Voir 

^^H 

«^''^«n  ) 

^^1 

'^3"'73'»3  tfcmuii  OHn 

^^^1 

ixï*35  truazzo  rî5tn  «na  (=  goiio) 

''O:''^  génie  -^li  Dft*  ûi» 

^^H 

^««13  guaio  nn  ^bN  ■»«  -^i»  nn» 

1*^^:i  gi.ro  nDnD 

^^^^H 

•»irt 

'»ns<?3''a**D'^a  ncslimarc  bbp  (a  pour  3, 

^^^^1 

IN»^:!:»^^  gualDio  cnn  l^  ^^'oarnio) 

dans  le  sensî  de  mo^cstimer) 

^^^1 

■»nïl'«3bKiJi  tîuansire  y^^  rr*:n 

i:nb5  galbano  sbn  (=  x*>^«vir,) 

^^1 

*'Ï3»15  ^'uancio  nnb 

^;:ib:*  gloUe  t^înT  (=  golte) 

^^1 

Kl*"fi<'):i  ^i^at'rta  n:i3 

ïl^'^'-nV^  glot'ia  INQ 

^^^Ê 

nsi-i  t«-i-]&Çi:i  'H'uartiarolm  rtnb 

'^np^D-'niba  gîorincare  *î^» 

^^H 

t*iiïî"*^&<l3  guonlava  l^y 

ip'C^n^ib^  glmiflco  «03 

^^^1 

■'^«^•-î^n;  guardarc  i^t-" 

^aH-^-^bi  galeotle  abo 

^^1 

"^snnsîis  guanlianl  cii3£ 

Kî-'ba  gaUma  nai 

^^H 

iH^mi*  '^n*'nnôî',3  puardcrc  odîo  -ir^s 

È^p'^aDin  î<:^ba  gallina  ruslSca  qDi 

^^^H 

•'-l'^-KlS  ^nitirtn-î  nV? 

fi*?  "^7^5  gaine  lia  n^3 

^^^^H 

N315  ;Tobha  i:;3T 

1^5"'"':  1  giiiepro  n^n^ 

^^H 

•'jim:  giaviiie  nis 

KZN'ns  grave  nsD 

^^^1 

«:->"'3i:i  goveniû  brbs  rtî-» 

^iin:i  grade  m  5 

^^H 

n2<;T'3i3  î,'ovcrniirr  dhd  ^72n 

■•■îH-i^  grade  rr^y  am 

^^^1 

f:'^-'Di>  trobicruo  qn::  *[na 

"•nNlî  grande  nns  t3  à  placer   avant 

^^^^Ê 

iÈr:bTî3  guainiii  rni 

ni 

^^^^H 

i2T»nn:i  jîoverno  nKTû 

''WHîfiria  granato  ^ni 

^^^^1 

«an-ns  govorna  bns 

i:fi<n>  gnino  n::n 

^^^1 

^-îK:-;'''n5  govcmaru  pia?3 

•^36^-5  grane  nHD  l^nn 

^^H 

Êtô''i>  guisa  l-'Ta 

l»*'3»n5   granio  bis  :^  grandio,  éîi- 

^^1 

^Li^n:  giuiHchj  bbs 

sinfi  du  d] 

^^H 

«ui:i  ;:olia  b;» 

•^nNXKSîena  gronfaccre  Vb:^  H  gra- 

^^1 

nciaia  {ïuitosu  at 

iinre] 

^^H 

1D1>  gotto  snD 

Ma:&3£n:i  granfacio  h^V  l-  grappoloi 

1 

2A8  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

lOfina  grasso  étitd  ItîT  «na  tir^ym^  granaio  ov  nio:^ 

rjÉT^tôtna  grazia  mo  ib-na  griiio  pr«  aan  an  a-û  anx 

■«TDfina  grasse  ïtdd  D^bo 

rrïnna  grua  0*^0  nbib^na  griiiolo  b^tbas 

Kaina  grotla  ^yn  ficao-^-a  agresto  n*n20  («  inilial  tombé) 

■^aina  grotte  m:?  bma  "^ais-^na  grifone  ons 

•nf'Oina  grossezza  ay  «nsna  grande  an 

«ana  grata  nna  îtbisna  granello  nna 

Étnna  grida  n:i^3  Drrî  aa"»  dn  tdk  "'sna  grano  pn  nana 

ifinni  grido  p:?T  îi:?a  erarna  grazia  nro  Ton  im 

«Dfin-na  gridata  p«3  laib^^na  granelolo  «na  (=  granol- 

•nimna  gridare  ^y^y  îi5:?  "jrt  loso) 

naib^b'^r^na  grésillon  pas:  (mot  cor-  ^ona  grasse  m73 

rompu  à  la  fin,  d'après  D.  Qamhi  Ms.  wDna  grasso  p© 

T  bien  lib"nna,  et  BN  iTwbbT-na) 

(A  suivre.) 


La  pierre  înwum  2™  30  sur  0*  80- 


DNE  INSCRIPTION  DE  IllVA 


M.  D.-IL  Mùller  a:  publié  dans  la  Wienet^  Zeiischrift  fur  die 
Kunde  des  Morgenlandes  (I,  \k  209-212)  une  inscription  hébraï- 
que (les  i*lus  intt^ressanles.  Nous  en  donnons  ici  un  fac-similé  avec 
la  lecture  de  M.  Mùller.  Nous  les  faisons  suivre  de  deux  articles 
qui  nous  ont  été  envoyés  simultanément,  l'un  par  M.  David  Kauf- 
nuann,  l'autre  par  M.  le  baron  David  de  Gunzbourg. 


Lecture  de  M*  Mûller» 

ûb^p"»  ynn^  p^iï  p  i  Bbi^'?3b    3ia  &D 
nn  nn^3  nni:  itds3  .  &^C3        inm^iai 

Q-^p-t^i:    q:?     niiDî  .  sbiiDîa   n!i£ip  n-^an 

pDb      eï3*"5^     tnSD  .  DHsb      4-      BbiD 


Voici  aussi  la  traduction  de  M.  MtiUer  ligne  par  ligne  : 

!•  GuérisoD,  récompense  l t  racbat  est  le  pieux  dans...  la  loiiibe. 
%  Uo  bon  renom  était  a  Meschulain^  le  pieux  est  récompensé  sur 
celte  terre, 

3.  Et  il  a  son  repos  dans  le  ciel,  que  son  âme  soit  conservée  daos  le 

trésor  de  vie. 

4.  Bu  pieux  on  dit  ainsi  :  c^  Que  la  mémoire  du  juste  soît  béoie  1  » 

5.  De  sa  maison  a  élé  arracbé  Meschulam,  [qui  esl]  Thonûeur  du 

peuple  des  justes 
t.  Dans  §oa  ensemble.  De  Fère  :  ils  offrent  des  cruches  du  petit  corn- 
put  (ce  serait  Tannée  4893  de  Tère  juive  ==  4U3  de  Tère  chré- 
tienne). 


u 


um 


;mTss 


I 


De  roamn  ÊÊÈa^ém  letÊm  bolées  et  des  groupes  de  imU  j 
de  le  première  Ugee,  foi  est  UMit  perticidièretDeiit  obsoif^  il  m 
•eaible  qoll  se  dégage  deirsBeiii  !■  donnée  s»iTmote>  qm^  tmi  ' 
Mrsafls  ^*elle  perrifie  i  première  tocw  est  cependant  iûstu- 
fe^de  mipeâBlde¥imde  la  langue  el  do  sens. 


€  Uee  double  lamlère  sem  sa 

là  deoieture  da  Juste.  » 


une  double  splc 


Pour  TextneâUon  de  ce  Terst  on  n'a  qu'à  sooger  aux 
de  tamière  faites  a«x  justes  en  me  do  séjour  de  leur  im^ 
rantre  monde,  promesses  si  HMÂrenaes  dans  l^Écrlture  flainleel 
dans  la  littérature  rsbbûiique.  Noits  ne  citerons  que  quelques 
exemples  :  «  Dès  la  création»  Dieu  a  mis  en  réserve  poar  les 
Justes,  en  vue  de  la  vie  ëiemeile,  une  masse  spéciale  de  lomièrei, 
dit  le  Tahnud  de  Babjlone,  Bagiça^  Via,  Le  rerset  Je  Habacoc, 
m,  5,  où  il  est  fait  mention  expresse  des  ra/ons  surlant  de  la 
main  de  Dieu,  se  rapporte,  ^lon  PesaMni^  8  a,  à  la  tiê  des  jattes 
dans  l'autre  monde.  La  question  est  senlanent  de  savoir  si  ]e< 
mots  ainsi  obtenus  ae  tnnivent  Téritablemeiit  sur  la  {uerre.  Or 
cela  me  parait  tout  â  fiiit  démontrable  au  point  de  vue  épigra- 
phique. 

Le  mot  1*^33  forme  risiblement  on  groupe  de  lettres  à  part  ;  de 
même,  dans  la  lettre  finale  du  premier  moU  la  courbe  rectangu* 
latredu  sommet  et  ie  prolongement  du  jambage  supérieur  ne  pêr* 
mettent  pas  de  lire  n.  —  Quant  à  la  deuxième  lettre,  un  regard  jet«^ 
sur  la  ligne  2  et  surtout  sur  la  ligne  4  permet  d'y  reconnaître  uu  »t 
—  Du  b  du  troisième  mot,  on  distingue  nettement  la  base  sur  la 
pliotograpUie  supérieure,  et  la  tète  est  visible  sur  la  pbatugra|*hi»^ 
inférieure.  Dans  la  seconde  moitié  du  vers,  le  deuxième  mot  seul 
soulève  des  doutes.  Le  n  redoublé  doit  simplement,  comme  cela 
est  si  fréquent  dans  les  manuî?critsel  les  inscriptions,  faire  res- 
sortir le  caractère  cotisonnal  du  son  w.  L'emploi  inaccoutumé 
d'une  périphrase  pour  rendre  les  mots  pj  p  ,  ordioaireménl 
usités  dans  les  épitaphes  (v.  Zunz,  Zur  Oesck.,  p.  ^1  et  s.)»  a*s 
en  réalité  rien  d'étrange. 

A  la  2«  ligne,  le  mot  p^3t  est  écrit  défectueusement. 

A  la  3"  ligne,  le  mot  nii^ci  est  abr^  et  muni  du  signe  d'abré- 
viation. 


NOTES  ET  MÉLANGES 

La  ligne  4  renferran  luie  alïusion  aux  paroles  de  la  Mischna  de 
oina,  III,  fin  :  !-;5n3"b  p^n:^  -idt  -s-^h:  D^;TC«-in  bj?*  S'il  e^t  pér- 
ils de  croire  que  le  signe  d'interversion  usité  dans  les  manus- 

ils,  les  deux  points^  est  également  employé  sur  les  monuments» 

faut  lire  le  2»^  mot  de  la  5*  ligne,  que  le  sculpteur  a  écrit  par 

reur  3Sip,  ymp.  En  effet,  la  dernière  lettre  me  parait  être  visi- 
lemenc  un  3  ;  d'ailleurs,  le  mot  yn^])  répondrait  mieux  au  sens  de 

phrase  que  ^itip. 

Contre  la  date  si  bien  trouvée  par  MùUer  il  y  a  un  obstacle  dans  le 
tironograrame  double  et  cependant  identique,  à  ce  qu*on  prétend, 
ont  la  deuxième  partie  se  refuse  absolument  à  toute  interpré- 

tton.  En  effet,  le  mot  p^b  intliqtie  que  le  second  clirono^îramme 
^t  opposé  comme  petit  computau  premier  (où  le  millénaire  devait 

issî  se  trouver)  considéré  comme  grand  comput  :  ils  ne  peuvent 
onc  donner  le  môme  chiffre  d'ann(*es.  Mais,  si  la  somme  totale 
es  mots  suivant  leur  valeur  en  chiffres  est  égale  pour  les  deux 
roupes,  les  4  mille  du  premier  chronogramme  doivent  être  cher- 
liés  dans  le  nombre  des  mots  de  ce  groupe  ;  or  ces  mots  sont,  en 
'êalité,  au  nombre  de  quatre.  Je  vais  prouver  par  un  exemple 
lie,  dans  des  calcuis  de  ce  genre,  le  nombre  des  mots  est  habi- 
toellement  pris  en  considération.  Le  livre  d*Abraham  de  Rotben- 
k>iirg  mtitulé  "^ra ,  d'après  une   tradition   très  ancienne,  porte 

titre  parce  que  le  mot  ^n^o  a  la  méme'valeur  en  chiffres  que 

ty  (Neubauer,  Catalogue  of  ihe  hehrew  manuscripts  in  Ihe 

its  Collège,  London,  p.  6).  Cependant  pour  que  '^rp  égale  nisy, 

iaut  y  ajouter  1  ;  -*:"^d  +  1  =  131. 

Pour  le  second  chroiiogramnie,  il  s'agit  de  trouver  encore  un 
second  groupe  de  lettres  valant  893.  Le  dernier  mot  est  indubita- 
blement, comme  on  peut  le  voir  trait  pour  trait  par  les  deux  pho- 
tographies, le  mot  s^tîria  =  460*  Aux  autres  433  restant  à  décou- 
vrir correspond  ie  mot  nnsT,  qui,  à  la  vérité,  ne  se  distingue  pas 
clairement  dans  le  document.  Le  sens  serait  excellent.  Le  grand 
chronogramme  parlerait  du  mérite  du  peuple  qui  ne  compte  que 
es  justes;  le  second  ne  parlerait  que  du  mérite  des  œuvres  indi- 
îduelles  (de  Meschullara).  L'indication  a-isb  se  trouve  déjà  sur  les 
^jitraphes  de  Worms  de  1082  (L.  Levysohn,  Sechzij  Epitaphlen^ 

laj. 

Ce  qui  est  étrange  dans  cette  inscription  de  Riva,  c'est  Tortlio* 
graphe  du  nom  hébreu  MeichuUam  tel  qu'il  se  trouve  dans  Ta- 
crostiche^ 

D,  Eaufmajvn. 


t 


inrtie  de  la 

drf  ergeocs  entre  ni 

la  IHtre  qm  soit  zrx^  est  oerUioemeiit  q»  x  ;  mats  on  ^  âint 

it  aprèi  (Ue&  aii*im  f(o 
h  Ugiie}*  je  mt  irais  me  résoudre  i  lire  pns.U 
p  9^)B«Tien  moiiis  qft'ssnri  :  fl  n>  a  |tts  traœ  d'un  linéSBOt 
fvi  eiNifTatt  au-deasoiis  4e  la  ligne;  la  fxarUe  supérieure  de  11 
lettre  ne  s'afance  pas  aaseï  à  gaoclie  pour  qa'on  piûase  y  Totr  le 
tûit  d^nn  ;  :  et  une  cassore  malencanlreiise  de  la  pierre  a  sente 
iipftrlitf  les  satanU  de  reooiuialtre  dans  la  lettre  en  question  on  i 
Je  propose  donc  rr^x^ 

Puis  Tient  mca  ;  le  r  est  an  ne  peut  plus  distîncl^  et  ses  deux 
parties  se  raccordent  admîralileflieni  par  le  bauL 

Noos  nous  trouvons  ensuite  en  laee  d*une  nouvelle  cassure,  qui 
a  pennis  à  U.  MùlJer  et  à  M.  Kaufinaan  de  lîi-e  p  ;  je  serais  plu< 
tôt  disposé  à  y  voir  un  n  défigura,  qui  a  fait  éié,  dès  Torigine,  res 
«erré  faute  de  place.  Le  premier  rac-simile  fait  clairement  aper- 
cevoir la  base  du  n  qui  est  gravé  après  le  r?;  il  est  impossible  de 
s'y  méprendre*  La  kHtre  suivante  est»  par  contre,  plus  lisible  <3an: 
l'autre  reprodaclion,  qui  marque  biea  un  b«  tout  en  longueur  et 
étriqué  pour  permettre  d'ajouter  encore  sur  la  même  ligne  un  i 
et  un  u* 

Nous  avons  donc  :  z'-bzn  rtC3  l'n'^  ê^'?d3  ttdc  ni«i:* 

«  De  lumière  (p^iasb  yni  ".^st]  sa  récompense  (dans  l'autre  vie) 
est  doublée  ;  ses  douleurs  dans  la  mort  —  deux  temps  de  respira- 
tion, deux  pulsations.  » 

Limage  est  ainsi  belle  et  continue  :  pour  deux  instants  do 
fiouJTrance,  il  a  une  double  rémunération  pour  l'éternité. 

a«  Ugtie.  Un  trait  sur  sr^tsn  indique  la  chute  du  •*  de  nnîM, 
nécessitée  par  le  manque  d'espace  ;  il  en  est  de  même  de  rrX 
pourmins.  Ce  ne  sont  donc  pas  des  fautes. 

â  la  fin  de  la  ligne,  je  lirais  plutôt  nn  que  nn  ;  et  les  trois  points 
qui  les  surmontent  marquent  assez  Fabrëviation. 

^^  limite.  Le  a  ne  fait  pas  partie  de  Tacrostiche  ;  toutes  les  lettres 
qui  y  appartiennent  sont  munies  d'un  gros  point  qui  les  distingue 
des  autres;  en  outre,  sVid,  qui  rime  aver.  nbi^r,  n'a  été  rejeté 
au  comraeucemejit  de  cette  ligne  qu'à  r.ause  du  peu  d'espace 
dont  disposait  le  lapicide.  W*  MùUer  remarque,  d'ailleurs,  avec 


NOTKS  KT  MhXANGKS 


Î73 


raison,  que  celui-ci  a  probablement  par  symétrie  agrandi  le  s. 
Quant  à  la  tiate,  elle  est  évidemment,  suivant  Tobservation 
très  juste  do  M.  Millier,  donnée  par  la  valeur  des  mots  Dr  r\izi 
I  t2b"i2  D^p*''is:  ;  le  second  p"sb  doit  donc  s'accorder  avec  cette  valeur. 
Mais  il  est  difficile,  pour  plusieurs  raisons,  d'adopter  la  leçon  pdd 
CiS'^siD,  d'abord  parce  qu'il  y  a  un  i  qui  se  dessine  nettement 
entre  le  13  et  le  a.  M,  Kaufmann  voudrait  y  lire  O'^c^tj  pidî  :  il 
n'y  a  vraiment  pas  moyen  d  y  voir  un  y.  La  première  lettre  est 
fort  difficile  à  décliiffrer  ;  avec  quelque  attention  on  distinguera 
un  D  dont  le  linéament  de  gauche  a  été  endommagé.  La  lettre 
suivante  est  un  b,  dont  la  t<He  a  été  recourbée  et  couchée  à  droite 
pour  ne  pas  couler  dans  le  t  de  la  ligne  supérieure,  qui  des- 
cend plus  bas  que  les  autres  lettres.  Le  n  et  le  73  ne  font  pas 
l'ombre  d'un  doute.  Le  jambage  du  :i  est  très  accentué  et  se 
confond  presque  avec  le  •>  qui  vient  après.  On  obtient  ainsi  nbo 
C'^^n?:,  expression  empruntée  aux  pratiques  pieuses  du  Temple 
et  faisant,  par  conséquent,  pendant  à  l'expression  û*»p''*TX  Dr  niDî 

■  nbiD^ 

H      Toutes  les  bizarreries  de  langage  disparaissent  de  la  sorte. 

F 


David  de  Gunzudurg. 


DNE  INSCRiraON  HÉBRAÏQUE  DE  CALATAYDD 


La  rivière  de  Las  Pozas,  qui  court  le  long  du  mur  occidental  de 
Calatayud,  avait  autrefois,  sur  l'un  de  ses  bords,  le' quartier  juif 
de  Calatayud,  et,  en  face,  sur  rautrehord,  le  cimetière  des  Juifs. 
Des  fouilles  pratiquées  en  avril  1882,  à  l'endroit  où  était  ce  cime- 
tière, y  firent  découvrir  un  certain  nombre  de  sépulcres,  et  sur 
l'un  d'eux,  une  pierre  eu  marbre  avec  une  inscription  hébraïque. 
Celte  inscription  est  ancienne  et  intéressante  à  plusieurs  égards. 
Nous  ia  reproduisons  ici  d'après  un  dessin  publié  parle  R»  P.  Fidel 
Fita  dans  le  Boleiin  de  la  Real  Academîa  de  la  Hislorîa,  de 
Madrid,  tome  XII  (1888),  fascicule  de  janvier,  p.  11.  Nous  donnons 
l'^galenrent  ici  la  transcription  de  M,  Fidel  Fita  : 

T.  XVI,  N*>  32.  t« 


i&inii.  ifi(cm^«nrfi> 


reç«»e  «>;c  i::i«t  :4t2:§  j*^  :?»â»:r  de  Is  Tje  «v«c  cseax  «fui  Àxaat  à 
Kt^rui  :  ^  4:  ^rs  «six^  2e  -^  SKoàs  ea  laaaée  2i»  et  le  ••  te  mis 

éeBaru»ri2. 

OGjjiië  ■fëflu^  û  j  asrait  dj>Ate  sir  la  ëate  iaJîfofJe  4jbs  Hk- 
cnptkfO.  rjcii'Xï^w^  «i*^  oel2e  oscrîptîoii  est  froiawée  pair  la  fiiM 
H  ia  <^ifpiwL»>£i  des  leOr»  et  par  rorthogra^ie  ardiûqne  stn 
po«r  r-TT-^  r^  po«r  2^.  -r-r*  pcwr  tt*. 

Le  mol  r*^^  '  L  5  esl  divisé  en  decx  par  ob  creux  qmi  se^e 
être  an  ûaipie  ao!ideDt  de  ia  pierre.  Le  graTenr,  reaoontruitcel 
accident,  a  laissa  un  b«anc  et  a  mis  le  reste  do  mot  au-delà  èa 
creox.  Noas  aTons  ea  la  pierre  sous  les  jeux  et  il  noiia  senUe 
bien  qoe  c'est  ia  ^eale  explication  qa*il  y  ait  lien  de  donner  pour 
la  séparation  en  deux  do  mot  Uébron.  Cest  aossi  ropinion  de 
IL  Josepli  Iierenboorg  et  de  M.  David  Kaoïmann  qoe  noos  avons 
consoltiés. 

La  formole  7- zn  "zzr  zy  est  assez  rare  dans  les  inscriptions. 
Elle  se  trouve  dans  la  seUha  dp  7-xn  rr  zcic  du  matin  de  Kippur 
et  M.  Kaufmann  nous  l'a  signalée  dans  une  inscription  reproduite 
par  Carmoly  dans  -cr  "^::»,  p.  28.  M.  Kaufm.  nous  fait  observer 
qu'eue  est  l'équivalent  abrégé  de  la  formule  usitée  dans  les  obi- 
tuaires  joife  :  «  Que  son  âme  repose  en  paix  avec  les  âmes 
d'Abroliara,  d'Isaac  et  de  Jacob,  de  Sarah  et  Rébecca,  Rachelet 
Léah  »,  lesquels,  comme  on  sait,  sont  enterrés  à  Hébron.  Dans 
les  inscriptions  tumulaires  chrétiennes  fc*est  encore  une  remarque 
de  M.  Kaufm.),  les  travaux  de  M.  Leblant  ont  montré  que  l'on 
mettait  aussi  des  formules  tirées  du  rituel  des  prières. 

Pour  la  date,  M.  Kaufmann  et  moi  nous  avons  adopté  la  lecture 
ïp,  adoptée  également  par  M.  Fidel  Fita.  Cela  no  peut  pas,  à  notre 
avis,  représenter  5280,  ce  qui  donnerait  Tannée  chrétienne  1519, 
époque  à  laquelle  il  n'y  avait  plus  de  Juifs  en  Espagne;  on  ne  peut 
pas  non  plus  lire  ci-iL^n],  5080  ou  année  chrétienne  1319,  le  carac- 
tère archaïque  de  l'inscription  prouve  que  la  pierre  est  plus  an- 
cienne; du  reste,  on  n'aurait  pas  écrit,  dans  ce  cas,  ciiinn;,  mais 
t|  seul,  avec  les  5000  sous-entendus;  il  faut  donc  prendre  t]"!?]» 
c'est-à-dire  4680  de  la  création;  le  11  marhesvan  4680  coïncide 


NOTES  ET  MÉLANGES 


275 


avec  le  9  octobre  919,  Si,  au  lieu  de  t|*i,  on  lisait  m,  ce  qui  est 
possible,  on  aurait  4608;  le  11  lïiarhesvan  4608  tombe  au  25  oc- 
tobre 847. 

Notre  dessin  ne  reproduit  pas  un  petit  fragment  de  la  pierre  qui 
contient  le  rt  de  la  lin  de  la  ligne  7  de  riuijcriptlon.  La  queue  su- 
périeure du  b  du  mot  m^b  est  visible  sur  la  pierre,  eu  avant  du 
mot  rp  de  la  ligue  6. 

M.  Fidel  Fita  a  joint,  h  sa  notice  sur  la  pierre,  quelques  notes  sur 
les  Juils  de  Calatayud  :  1"^  Reproduction  (d'après  M.  Vincente  de  la 
Fueute,  Hislùria  de  la  Ciudad  de  Calaimjud,  tome  I,  p.  300-1) 
d'un  acte  du  11  janvier  1390,  contenant  une  transaction  entre  la 
communauté  juive  et  le  conseil  de  Calatayud  sur  le  lait  de  la  répa- 
ration du  mur  de  la  ville  et  du  curage  d^nn  fossé.  Dans  cet  acte  fi- 
gurent Pheïîp  dX>rdas  (chrétien),  bayle  de  la  aijama  des  Juifs,  et 
les  Juifs  Simuel  Çadoch,  maître  Jacob  Aj^arias,  médecin,  Aranch 
de  Gatorce,  clavaires  ou  adelantados  de  la  aijama,  etSimoel  aben 
Saprut,  Juifs  aussi.  M.  Fidel  Fita  croit  que  Acancli  signifie  Isaac, 
et  que  Catorce  peut  signifier  Gahors  —  2**  Notice  sur  une  ius- 
criplion  funéraire  de  Calatayud  dont  la  copie  se  trouve  dans  le 
ms.  I,  214,  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Madrid  ;  elle  est  en  vers 
(hébreux  ?)  et  est  du  xiv**  siècle  ;  M.  Fita  nous  donne  le  nom  de  la 
personne  décédée  à  laquelle  rinscription  est  consacrée  :  c'est  Mosé 
b.  Joaef  Cabra. 

Isidore  Lqbb. 


NOTE  son  LINSCRIPTION  PHÉNICIENNE  DD  PIRÉE 


Le  formulaire  de  rinscription  publiée  et  traduite  par  M.  Renan 
dans  la  Reviœ  archéologique  (1888,  i,  pL  ii-ïiî,  p.  5-7)  et  par 
M,  Halévy  dans  notre  recueil  ;1888,  i,  p.  140-144)  se  rapproche 
tellement  de  celui  des  inscriptions  en  langue  hellénique,  iiull  u>îit 
pas  interdit  de  demander  à  Tépigrapliie  grecque  quelques  éclair- 
cissements sur  les  obscuritiis  du  texte  phénicien. 

A  la  ligne  5,  M.  Renau  traduit  yin  nsit'j  par  une  tablette  U'or; 
M*  Halévy  écrit,  avec  raison  ce  me  semble,  une  stèle  dorée.  Eu 
elTet,  c'est  bien  le  mot  ar^M  que  Ton  attendrait  ici  en  grec  et, 
d'autre  part,  il  ne  peut  guère  être  nueslion  d'une  stèlo  en  or, 


270  REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 

puisque  les  seules  inscriptions  sur  or  que  nous  possédions  ont  un 
caractère  tout  dilTereol  (cT  notre  Traité  (Vèpigraphie  grecque, 
p.  148,  173,470).  Reste  à  expliquer  comment  un  objet  dord  put 
être  qualifié  d'objet  en  or.  11  y  a  là  une  sorte  de  catachrt^se  dont 
répi^rapliie  grecque  oîTre  des  exemples.  Dans  les  inventaires  ofrî- 
cieîs  du  temple  de  Délos,  découverts  et  publiés  par  M.  llomolle 
{Bulldùi  de  Corrcsp,  Ileiién.,  1882,  t.  VI,  p.  6  et  suiv.),  on  cons- 
tate que  les  mêmes  objet^\  d*un  inventaire  à  l'autre,  sont  désignés 
de  manières  différentes  au  point  de  vue  de  la  nature  du  métal. 
Ainsi  une  bague,  dans  l'inventaire  tle  Sasistliène,  ligne  53,  est  ap- 
pelée fixxTuXioç  dv6pixiov  f/wv  èïtf/p'jïCK  ;  Cette  môme  bague,  ilans  l'in- 
ventaire dHypsoclès,  ligue  82,  est  cataloguée  aveo-la  mention^- 
t'jXioç  ypuToO^  àv^p3txio\  ?/,t»iv.  Le  rcpéirtov  icepfypuTov  de  Tinvenlaire  du 
Cbarilas,  ligJie  54.  devient  un  Trpéittov  x^^irn  dans  celui  d'Uypsoclès, 
ligue  96,  Le  otXeyy^Siov  vird/aXxov  de  Ciiarilas,  ligne  84,  est  le  3TArnrî5«w 
'/fuw>  de  Sosisthène,  ligne  17.  Ces  exemples  ont  été  réunis  par 
M*  HomoUe  dans  une  note  de  son  beau  travail  (p.  138,  note  3)  ; 
on  pourrait  en  ajouter  d'autres.  Les  mots  èîîixpwîoç,  to^îxp^ïo;,  {^irf* 
xaXxoç,  signifient  littéralement  plaqué  d'or  (cf.  Bliimner,  Techno- 
logie und  Terminologie  der  Gtioerhe  XiUd  KibislCj  t,  IV,  p.  309;, 
enioia^é  d'une  bordure  dor  (cf.  Bœckb,  SiaatshaushaUung  der 
Athener,  3^éd,,  p.  148}  et  en  bronze  ou  cuivre  doré  (Blfimner, 
op.  imid.^  t.  IV»  p.  310)*  On  voit  que  ces  termes  pouvaient  per- 
muter et  que  Tépithète  vague  de  x^y^oG;  s'appliquait,  même  dans 
le  langage  oHkiel,  aux  objets  dont  la  dorure  n'était  que  superfi- 
cielle. M.  Mayer,  élève  du  séminaire  israélite  de  Paris,  me  signale 
un  passage  de  VE.rode,  cb.  xxxix,  38,  où  il  est  parlé  de  l*aulel 
d'or  nrim  niTO,  alors  que  plus  baut  il  est  dit  que  le  même  autel 
est  seulement  revêtu  d'or  (xxx,  3)»  La  stèle  mentionnée  dans 
le  texte  pliénicien  est  probablement  en  bronze  doré,  «rcrp^^  v«d- 

yaXxoi;. 

Les  dernières  lignes  de  l'inscription  sont  assez  obscures.  L'in- 
terprétation proposée  par  M.  Renan  dans  son  commentaire  {Rev. 
ArchéoL^  1888,  i,  p*  7)  :  a  afin  que  les  Sidoniens  sachent  comment 
la  communauté  sait  récompeuser  etc.  »  est  certainement  plus  voi- 
sine des  textes  grecs  analogues  que  celle  qu'il  a  adoptée  dans  si 
traduction  (cf.,  pour  ces  textes,  notre  Traité  d'êptgraphie  grec^ 
que,  p.  360,  369).  Citons  un  seul  exemple  (Ditteoberger,  SyUogt^ 

ïï^  125)  ;  67rwç  àv  EL6iI>Q"tv   ôtTravx£<  6Tt  è::ÊaTfltTat  xb   xoivftv  tûv  T.tiKtLs^   "toU  «wr.» 

dT^aOûiç  ivapiaiv  lU  aùtol;  ^dpiv  d-oStSovat.  H  nous  semble  que  le  mot  rsVn 
du  texte  pliéiiicten  comporte  l'idée  A^échange,  d'équivalent  et  que, 
par  suite,  Texpression  n^bn  ûb-ûb  répond  exactement  à  !a  fonnolc 
suivante,  que  nous  trouvons  dans  une  inscription  du  Musée  Bn- 


I 


NOTES  ET  MÉLANGES  277 

tannîque  {BrHUsh  Muséum  /n$cripUo>is,  n«  241)  :  Itz^ù^  xi\  *  u*^ 

donc,  en  nous  tenant  fort  près  de  la  version  proposée  dans  le 
ooinnientaire  de  M.  Renan  :  '<  AHn  que  les  Sidoniens  sachent  fine 
la  Communauté  sait  récompenser  suivant  leur  mérite  les  lioramos 
qui  ont  rempli  leurs  offices  devant  la  Communauté.  » 

Salomon  Reinacil 


ENCOIIE  UN  MOT  SOft  mpD  ET  plDB  * 


Dans  le  traité  massorëtique  édité  par  M,  Ginsbourg»  Masora, 
III»  36  et  s.,  le  paragraphe  34  est  ainsi  conçu  :  "[^nx  ■j-»^^  's 
nm  cr-si  finp?23  m  nie  pj-'omp  Ces  trois  mots  irréguliers  sont  : 
irsxn.  Exode,  ti,  3,  ^n©?a,  Juges,  xvi,  28  et  tîipw.  Ce  dernier  est 
naturellement  le  mot  d'Exoiie,  xv,  17,  de  sorte  que  deux  de  ces 
mots  irréguliers  se  trouvent  dans  le  Pentateuque  (m)  et  le  troi- 
sième dans  les  écrits  prophétiques  (t*np7:).  M*  Oinsbourg  renvoie  à 
tort,  pour  TTTptî,  aux  Lamentât.»  n,  20,  où  il  y  a  sîiptas,  et  cela  avec 
un  daguesch  dans  le  dalet.  Quant  à  remploi  usuel  de  «np?3  pour 
désigner  les  livres  prophétiques  de  rÉcriture-Sainte,  ce  que  dit 
Elias  Levita,  dans  Masoreth  IIamasoreth,lU  10  (éd^Ginsbourg, 
p.  235),  mérite  d'être  relevé  :  ^  Je  m'étonne  que  la  foule  désigne 
par  le  mot  «np73  surtout  les  livres  des  prophètes;  dans  aucun  des 
livres  que  j'ai  vus,  je  n'ai  trouvé  de  raison  à  cela.  Cependant  je 
crois  pouvoir  admettre  que  la  raison  en  est  que  les  prophètes  oi>t 
fait  connaître  par  proclamation  la  plus  grande  partie  de  ce  qu'ils 
ont  dit»  comme  par  exemple  Jérémie,  iï,  *2;  Jonas,  ui,  2;  Jérémie, 
VII,  2,  et  ailleurs;  de  là  vint  quou  appela  leurs  livres  «np^  ». 
On  voit  que  Levita  rapporte  rexplîcation  de  Profîat  Duran  avec 
les  mômes  preuves  à  l'appui,  bien  qu'il  prétende  n'avoir  rien 
trouvé  nulle  part  sur  ce  sujet.  En  cette  circonstance,  la  mémoire 
de  Levita  parait  avoir  été  en  défaut,  car  il  connaissait  certaine- 
ment le  Maase  Efod,  puisque,  comme  il  le  dit  dans  son  Commen- 
taire sur  la  grammaire  de  Moïse  Kimclii  (p.  45,  éd.  Venise,  1546), 
il  avait  l'intention  de  le  publier.  M.  Ginsbourg  a  mal  compris  le 


278  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

passage  du  Masoreth  Hamasoreih,  ^n  prenant  inp  dans  le  sens 
de  lire  :  «  Mon  opinion  personnelle  est  que  ce  terme  est  employé 
parce  que  les  prophètes  lisaient  ce  qa  ils  avaient  à  dire,  comme  il 
est  dit  :  Va  et  lis  aux  oreilles  du  peuple.  >  De  même,  il  traduit, 
dans  les  autres  passages  bibliques,  Mnp  par  c  read  »  «  lire  ». 
Aussi  la  fin  de  sa  traduction  est-elle  fautive  :  «  C'est  pour  cette 
raison  que  leurs  livres  sont  appelés  écriture  (Scripture)  ».  Dans 
le  Tischbi,  s.  v.  vr.'p  i,  Levita  dit  également  :  tnpb  ^lîanîi  "païrin 
Énp73  nrpD  D-^firnin  "ncs,  et  il  renvoie  aux  observations  faites  à 
ce  sujet  dans  le  Masoreth  Hamasorelh. 

Quant  à  l'emploi  de  pico  pour  désigner  toute  TÉcriture-Sainte, 
les  exemples  suivants  offrent  de  Tintérét.  Benjamin  de  Tudèle 
vante  R.  Abraham  b.  David  de  Posquières  comme  bnni  D^ 
piODm  mTsbna  (ao  commencement  de  son  voyage).  Il  est  bon  de 
comparer  à  ce  passage  ce  que  dit  Abraham  b.  Nathan  Jarchi, 
dans  ffa-Ma7ihig,  p.  20,  1.  6,  éd.  Goldberg,  cnn  T-^^bn  nr«  DW 
ntDrrpîi  mînpTsn  pio:^*^  pnoD  b:^n  «nm.  Elias  Levita  décrit  ses  con- 
naissances comme  grammairien  et  exégète  par  ces  mots  :  "«b  Ti 
piODm  pmpnn  "«b  -^n,  Masoreth  Hamasoreih,  ?•  introduction 
(p.  96,  éd.  Ginsbourg).  De  même,  il  dit  dans  son  introduction  à 
sa  Concordance  massorétique,  Sefer  Bazichronoih,  citée  par  lui- 
même  dans  le  Tischbi  [s.  r.  pn»)  :  pmpnm  pnoen  '^r^iK  '^rr^^'n  •^fi'»  b^ 
(v.  Jûdische  Letterbode,  VU,  174).  Dans  le  Tischbi,  s.  v.  Darr'i,  il 
dit  de  cjQ  mot  :  dbnnn  pn  pnoen  fc«S733  «bi.  Dans  le  langage  talmu- 
dique  pnoB  n'a  que  le  sens  de  verset  biblique,  tandis  que  eripa 
désigne,  dans  la  littérature  traditionnelle,  aussi  bien  TÉcriture- 
Sainte  en  entier  qu'un  verset  biblique  isolé. 

Budapest,  30  avril  1888.1 

W.  Backer. 


LA  PRONONCIATION  DE  L'O  DANS  LE  JDDÉO-ALLEMAND 
ET  LE  MOT  TAULE 


Nous  avons  montré  plus  haut,  p.  148,  que  le  judéo-allemand  a 
quelquefois  fait  de  Vo  un  au.  Voici  de  nouveaux  exemples  qui 
m'ont  été  signalés  par  mon  cher  maître  M.  L.  Wogue  :  b2N  vU'i 


NOTKS  ET  MÉLANGES  «39 

(en  deuil)  devient  aubel  ;  D^n-»  iôtôm  devient  imitera  ;  îizsnn  (re* 
pentir)  devient  /ïaraf</^;  des  pluriels  comme  hazzùnim^  habrà- 
iiim,  schekùcim,  deviennent  hazzaunern,  habraunem,  schehau- 
cem^  sip?3  ynôkùm  devient  maiikem\  hux^  schofèi  (bas)  devient 
schaufel;  les  noms  propres  Aschê?^  Çddôc^  Nàlân  (prononcez 
Oschêr,  Çôdùc,  Nùiôn)  deviennent  Ausche)\  Çautec^  Natisen, 
toujours  avec  déplacement  de  l'accent  tonique  de  la  dernière  à 
ravant-dernière  syllabe  et  effacement  de  la  dernière  voyelle» 

Nous  avons  signalé^  au  même  endroit,  le  mot  ybr\  comme  repr<^ 
sentant  quelquefois  Jésus.  Nous  pensons  qu'il  est  permis  de  sou- 
tenir que  ce  mot  pourrait  bien  avoir  obtenu  ce  sens  après  que 
"^iVr  était  devenu  taule  ^  si  toutefois  cette  acception  du  mot 
ThT\  est  n(^e  en  pays  de  langue  allemande.  Cependant  rbn  pour 
^  Jésus  pourrait  avoir  une  autre  origine.  Les  polémistes  chrétiens, 
au  moyen  âge,  se  servaient  très  souvent  du  la*^»  Nbi  n:?bin  de 
Psaume  22, 7,  pour  confirmer  la  mission  de  Jésus  (méprisé  comme 
un  vers,  maltraité,  et  cependant  en  dehors  et  au-dessus  de  la  na- 
ture humaine).  Ce  r^bip  du  Psaume,  ainsi  expliqué,  etTassonance 
du  mot  avec  "^ibn  ont  bien  pu  donner  le  sfbn  de  Jésus. 

Isidore  Loeb. 


INSCRIPTION  TUMULAIRE  D^ORLËANS 


M.  Renan  a  bien  voulu  nous  communiquer  la  photographie  de 
Pépitaphe  trouvée  dernièrement  à  Orléans,  en  voici  le  texte  : 


nnyn^  i^^^inra  |3  Tina 
pb  nat3D  ^l'^'^yii 

t|b«b  ransb  V's  vvo 

C'est-à-dire  :  [Ici  est  enseveli]  Baruch,  (ils  de  notre  maître  JuiJa 
^Tar*»ri,  qui  a  quitté  ce  monde  pour  le  Paradis,  le  lundi   de  la 

«  Les  Français  écrivaicuL  n'nYn  et  fî'3'3,  noa  n'2'3£'3'r  ;  voir  Zuoi,  2^iif  ^#*r*. 


280 


REVUE  DES  ETUDES  JUIVES 


5053  (1293); 


âme 


paraschali  Mischpulifu  (r 
dans  le  faisceau  de  la  vie. 

Quel  est  ce  Juda  à  qui  est  donné  le  titre  lmi>ortant  de  et  nôtre 
maître  »  1  Ce  n>st  certainement  pas  Jnda  Sire  Léon  de  Pafi«, 
si  célèbre  dans  l'école  rabijuilque  de  la  France,  car  ce  Juda  ne 
porte  jamais  l'opithète  de  t3"i"»"<73T^  Le  Juda  de  notre  ëpitaphe 
est  certainement  identique  avec  celui  qui  est  cité,  dans  les  gloses 
de  Moïse  de  Zurich  sur  le  Semaq  d'Isaac  de  Corbeil,  sous  le  nom 
de  Juda  ^js-'-'it:-»^?^  et  a'^'^t;?:*,  et  donné  comme  contemporain  de 
Josepli  de  Nicole  (Lincoln).  M,  Zunz  croit  que  la  l'orme  deïïS^M 
est  une  corruption  de  C''**i33'»o,  mais  cela  n'est  pas  exact,  nous 
verrons  que  la  localité  de  C'*'»^?^  de  notre  inscription  est  appelée 
aussi  i::-^^'^  d^o  et  d-^^'i-^'^d.  M,  Zunz  identifie  ce  dernier  nom  avec 
Jumièges,  explication  qui  ne  s'accorde  pas  avec  l'orthograplie 
hébraïque  du  nom  \  Heureusement  la  généalogie  de  notre  Juda 
nous  est  conservée,  en  une  copie  incorrecte»  il  est  vrai,  dans  le 
ms.  du  Talraud  qui  est  à  Munich,  Nous  reproduisons  ici  ce  docu- 
ment curieux  d'apn^s  la  copie  qu'en  a  donnée  M,  Rab])inowicz 
dans  son  ouvrage  reuiarquaLle  Variœ  lecliones  in  Mischnam  ti 
in  Talmud  Babylonicum,  pars  l,  p.  30  ; 

■»"ni3i  b«^nip'«  153-1  tnct*  T',r\''n  )r::ryo  'in  ns^  ti^rts  'nn  irtî 

\iH^b  p^n^**::?2i   ib    ^y^'^i   f^ina    r:'*L^n    «np5   ^rct:c   'i    nnn  ^an  ' 

tncro  i:2n  -^a^  pc?:o  'nni  nby  {i  ^lu)  na  v\D^^  lasn  iiNin  vit 

tt5'»i  i''bn''*'iib  iiÈ***b  ï^n'TS   îninsî^n  mnnn  C'^'^tj   ts-'^iST   m^rr  'n 
3nn  n^b-îH  -nnsn  î-nin-»  'n    sini  *  p<2:î:  iiK^b   t^n'^T:!   ib  ^•'-ip 


*  Voir  Pexcelleût  aTLicle  de  M*  Qross  sur  Sire  Looo  de  Péris  dens  le  Magasin  fir 
(lie  Wmauchaft  des  JudenthuifU,  Berlio,  1877,  l,  IV,  p.  173  fïflW, 

'  Voir  Zimz,  Bie  Mi  tus,  p,  212.  Les  nis^s.  dX>xford  el  de  Loodree  ont  y^'nlz  w 
lieu  do  lî5**'*?3?i,  les  copisLcs  se  permirent  ce  ih&ngemcnt  parce  (jue  Meli  leur  élail 
cniinu.  Le  me,  873  dOxIord,  à  U  fin  du  fe^  201  »  r\"'Oi  *  les  mois  suivaots  :  IIDÎÏI 

min^   'in  ûcn    :  n-^cnn   ni2pb   biD-»i  b^îtin   T^i^a   n^b^ar^  prb 

*  Il  faudrait  fiîw^^ïjl^^  pour  lire  Jumtègcs,  comme  tlb'*Dw'*^  pour  Joimrïlle  cl 
i;n^  pour  Joiguy  ;  d'aillaurs  il  tst  douteux  i{uW  y  eil  eu  des  Juifs  de  ce  côté,  quoique 
ou  eu  cciQDQl&fle  à  Rouen.  Voir  le  catalogue  des  msâ.  crietilaux  du  Trioily  Collefr<'f 
douL  lu  pdrlie  liéhraïtjuc   est  Iraitéa  par    M.   Schiller-Szincs&y  ;  od    y  lit,  p.  22^:» 

l-^îti  qsT    'hd  bn-^m  '^ai  -^n^^  û^d  v^"»^*^  l^nn  nnri^zî  '-in  *t:\s 

^  D'après  M.  Stcinschnddcr^  dans  le  ffant-Maskir,  YI,  p.  ItO, 


I 


XOTILS  ET  MlCLANCliS  281 

t  Le  rabbin  Jedldiah  de  Meluîi  ^  avait  un  frère  savant  et  riche  dont 
le  nom  était  Samson;sa  iille  était  la  femme  dé  R.  Jekulhiei.  Mon 
îDoltre,  R.  SamsoD  porte  le  nom  de  son  aïeul.  Messire  Léo  a  de  MeluiL 
était  parent  de  R,  Jedidiab  de  Melun,  et  de  lui  est  issu  le  grand 
maître  R.  Joseph  Tob  Elem  (Bonfils).  R,  Samson  Ois  de  R.  Samson  de 
Couci  appartenait  à  la  seconde  génération  de  R.  Jedidiab,  et  son  frère 
Samson  descendait  également  du  grand  mailre  mentionné.  R,  Jedl- 
diah engendra  R.  Juda  l'ainé  de  Set  Meis,  surnommé  aussi  Sire 
Lcoa  Logorcs  ou  Ligores;  celui-ci  eut  un  fils  du  nom  de  Juda  de  Set 
Meis  le  jeune,  surnommé  Sire  Léon  Logerlin*;  d'autres  rappelè- 
rent Sire  Léon  du  Mans?.  Le  fils  de  celui-ci  s'appelait  R.  Isaac  de 
Lalinassa  (?)  Celui-ci  engendra  It.  Benjamin  de  Talaret,  et  le  fils  de 
celui-ci  s'appelait  R.  Samson...  s 

Comme  il  est  faciie  de  voir,  ce  texte  est  en  niauYais  état,  il  y 
manque  probablement  des  noms,  et  certains  mots  sont  estropiés. 
En  tout  cas,  nous  voyons  que  plusieurs  Juda  portaient  le  titre  de 

ISire  Léon,  et  non  seulement  celui  de  Paris;  on  trouve  même  un 
Menaliem  avec  le  titre  de  Sire  Léon  de  Mons  (?)  Medun.  Dans  un 
ms.  (un  -\^^::Ti  'o  '?),  non  numéroté,  de  la  Bibliothèque  de  M,  Gùnz- 
burg,  nous  lisons  le  passage  suivant  :  '»;sb  nn^o  t^h  "û^Ti  "isi  b^ 

|(«ic)  |ibT33iOT  \ii^^b  rs-i*a  Msi272rî  QTOts  'lin  sin  rh^i  'pD  'nin 
(sic)  \-^^  y-^s^ns  n!]*s?3rr  pn:^-^  ich  n-ri  :2^i^i  mt  pïsba  n-^Htj  'nnnbi 
^HD  niin*^  '^pn.  La  formule  de  la  lettre  de  divorce  ne  se  trouve 
pas  dans  le  ms*  En  général,  les  Juifs  d'une  certaine  importance 
[sortaient  Tépithète  de  Sire.  Joseph,  fils  du  fameux  Jehiel  de 

I  Paris,  est  cité  sous  le  nom  de  Sire  :3r3b*ii  ou  î3S^:3b"*i  ^^  fils  du 
Sire  Vives*,  Quelle  localité  représente  le  nom  t^^-^v  a'^^o?  Sans 
doute,  comme  M.  Gross  le  dit  aussi  dans  une  de  ses  savantes 
communications,  celle  de  Set-Mois  ou  V!I  Mois,  ville  natale  d'un 
certain  Vivans  ^  La  bonne  leçon  ^0^^7:1  se  trouve  dans  notre  épi- 
I  tapbe;  dans  quelques  mss.,  on  lit  ia"''^TO  a'^^uj  ;  quelquefois  le 
a'^'^o  est  omis.  Nous  ne  savons  si  M.  Gérard^  a  raison  d'iden- 
tifier  Set-Mois  avec  Sept-Monts,  dans  IVAisne.  Ce  serait  plutôt . 

I       Bel 

U 


^  C'est  pfûfa«b!e[pept  le  même  qui  est  cilé  pur  Abrahim  dû  Lunel  (^^îi^T^M,  éd. 

Berlin,  p.  ::»)  :  'ï'!«b?3?3  n^i^'T"*  3^  ^nn  "^c^s  nsi^TS  '»rb3p  *^S. 

*  Si*raiL-ctt  le  tnot  ^la  avec  le  diminiLuf  alkciiajid  :  Uort«m?  Nouâ  ca  doutana, 

*  Voir  notre  calaloguo,  u»  78 î,  2, 

*  Dans  le  ms,  d^Oiford,  a*  Hllh 

'  Voir  lii  MtPue,  I.  1,  pp,  G3,  G4. 

*  Voir  Mtvua^  l,  c. 


^m  REVU1Î  DES  ETUDES  JUIVES 

formations  que  nous  donne  notre  ami  M.  Paul  Mf»yor).  La  ques- 
tion est  maintenant  de  savcâr  si  le  mot  o^^iû  ne  serait  pas  plutôt 
le  mot  saint*,  cela  expliquerait  pourquoi  on  Ta  omis  surlVpi- 
taphe.  Le  nom  de  c"'i7j  d"'''ï3  représenterait  alors  un  des  Saint- 
Mûiso,  qu'on  trouve  en  grand  nombre  en  France*.  Le  Baruchile 
rpj»itaptie  était  le  111s  de  R.  Juda  de  Set-Mois  le  jeaoe,  menUoimé 
dans  la  généalogie  du  possesseur  du  fameux  ms.  de  Munich  dont 
nous  avons  parlé* 

Ad,  Neubaoer. 


LES  QUATRE  SEDAMM  DD  TiLMDD 


Dans  la  .Controverse  de  R.  Jeliiel,  de  Paris,  Nicolas  Donin  et 
H.  Jehiel  admettent,  d*un  commun  accord,  que  le  Talmud  se  com- 
pose de  quatre  parties  *  ;  contrairement  à  ce  que  paraît  supposer 
M.  Kisch  *,  cela  ne  veut  certainement  pas  dire  que  le  manuscrit 
du  Talmud  qu'ils  avaient  sous  les  yeux,  pendant  la  discassioo,  se 
composait  de  quatre  volumes.  La  vérité  est  qu1ls  considéraient 
le  Talmud  comme  composé  de  quatre  sedarim  (Ordres).  Cela 
vient  de  ce  qu'ils  omettent  les  deux  Ordres  {Zeraim  et  Taharot) 
qui,  dans  le  Talmud  de  Babylone,  n'ont  pas  de  guémara,  sauf,  le 
premier,  pour  le  traité  de  Berakhot ;  le  second,  pour  le  traité  de 
Nidda.  On  avait  domi  pris  riiaLitude  de  ne  pas  compter  ces  deux 
Ordres  et  de  ne  tenir  compte  que  des  quatre  Ordres  qui  ont  une 
guémara.  Le  traité  de  Berakhot  {l^^  Ordre),  qu*on  ne  pouvait 
omettre  à  cause  de  sa  guémara,  fut  joint  à  1  Ordre  de  Moêd 
(2*  Ordre),  et  le  traité  de  Nidda  probablement  à  l'Ordre  de  Na- 
schim  *.  Les  Extraciiones  de  Talmud  ne  comptent  également 

*  On  trouve  àms  des  mws.  utH^  pour  csSHC  ;  on  écnt  ^Èlî325fit«  ^  ^BTU  pour 
Jean  de  St-Amend  ;  aussi  tt?3£3fi<TIλ 

*  a  n'est  pas  glrictemenl  nécessaire  que  la  localîlé  menliooDée  pftt  rëpiUpbe  t* 
trouve  dans  le  voisin  âge  d'Orléans» 

*  Voir  le  mD'»1,  édit.  Thom,  1873,  p.  1,1.  21»  et  p.  2,  1.  24  :  ïmC  ^ni»  e« 

*  Monatnchnft  de  Grael7,  1874,  p.  127. 

*  M.  Joseph  Derenbouff*^,  dans  son  excdlent  irticle  sur  les  scellons  et  iraiiéi  àt 
U  Mischna  {Retue,  ill.  205),  a  déjà  fait  remarquer  fp.  209,  note)  que  Ws  Ertrût- 
tioHûi  de  Talmud,  doni  nous  avons  publié  des  iregmeols  dans  U  Mftm,  pltccul 
Btfûkhot  duns  l'ordre  de  Moid ;  voir  A'frwr,  1,  259,   111,  43  et  4ÎV.   A   la  p.  J,  260, 


L 


NOTES  ET  MÉUNfiE!^  203 

jâe  quatre  Ordrr,?,  sans  le  dire  express*^nnent  *,  Enfiïit  nous  pot- 
Uédoiis  deux  petits  împritiK^s,  qui  dérivent  plus  ou  moins  de  ces 
\EQDiraciiones,  à  ce  qu'il  nous  semble,  et  où  il  est  dit  Ibrmelleaient 
[que  le  Talmu<i  se  compose  de  quatre  Ordres.  Ces  imprimés  rares 
[méritent  une  petite  description. 

Le  premier  et  iiiirement  le  [dus  ancien  des  deux  se  compose 
d'un  cahier  de  12+1  feuillets,  d'un  format  petit  in-foîio,  en  ca- 
ractères gutJiiques,  à  35  lignes  par  page.  Le  petit  traité  qu'il 
contient  est  divisé  en  deux  parties,  dont  la  première  [ïï.  1  à  4)  est 
consacrée  à  IV'nuraération  des  prétendues  erreurs  du  Talmud  ;  la 
seconde  (ff.  5  à  fin),  à  confirmer  le  Nauveau-Testament  par  TAn- 
:  cien-Teslament,  L'incipife  de  la  première  partie  est  :  Incipiunt 
I  errores  hifteomm  exii^acii  ex  Talmut.  El  qidd  sii  Talmid.  Vm- 
cipit  de  la  seconde  partie  est  ;  Incipiunt  probacîones  novi  testa- 
menti  ex  veteri  iestamento  per  gnas  dicta  talmid  improbantur 
et  dicUur  liber  contra  errores  iudeoritm. 

Le  second  imprimé  se  compose  de  8  ff,,  plus  la  feuille  de  titre, 

in-4**,  caractères  gothiques.  Le  titre  porte  ces  mots  :  Thabmd. 

Obîectiotus  in  dicta  Thalnmt  seductoris  Jndeorum,  Cet  ouvrage 

i  n'est  qu*une  autre  édition,  contenant  d'assez  fortes  variantes,  de 

la  première  partie  de  riniprimé  précédent,  avec  cette  différence 

que  la  matière  de  ce  second  imprimé,  à  partir  de  p.  8, 1.  26,  ne  se 

[trouve  pas  dans  le  premier  imprimé,  soit  qu'elle  ne  fasse  point 

partie  de  l'ouvrage  primitif,  soit  que  le  premier  imprimeur  ait 

*  négligé  de  la  reproduire. 

Le  texte  du  second  de  nos  deux  imprimés  se  trouve  en  entier, 
mais  moins  correctement,  dans  Wolf,  Bibliotheca  HeVraica,  t,  IV, 
p.  555.  Une  autre  recension,  très  différente  de  celle-ci,  se  trouve 
déjà  dans  Wolf,  t,  III,  p,  1104.  L'ouvrage  est  attribué  à  un  juif 
baptisé,  Therebaldus  ou  Theobaldus  de  Saxonia,  supérieur  de 
Tordre  des  Mineurs  A  Paris,  et  qui  a  assisté,  en  1410,  au  concile 
de  Constance.  Nos  deux  imprimés  ne  portent  pas  de  nom  d'auteur. 
Nous  désignerons^  dans  la  suite,  ces  deux  imprimés,  par  les 
signes  Imp,  I  et  Im p.  IL 

Après  Vincipit,  ils  commencent  par  ces  mots  '  : 
«  Talmut  est  doctrina  iudeorum,  et  liber  qui  dividitur  in  qua- 
tuor libros,  quorum  quilibet  liber  appellatur  Keser»  in  generali, 


i,  2.  il  faut  probablement  mettre  Nassjm  à  la  ligne  et  hoq  sous  la  mbrique  leuuhot. 
P«ot-^tro  cependant  y  a*t-il  cIads  tu  ms.  uae  raison  qui  uuus  aura* dekr miné  ù 
placer  te  mot  comme  nous  «vonti  fait. 

»  Beifue,  I.  289-260. 

*  Nous  donnons  le  texte  de  Jmp.  I. 
Imp.  II  a  Geser.   C'est  le  mol  $Mer  (plur,  tedarim),  qu'on  pourrait  «u»si  écrire 


284  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

ut*  nos  omnes  libros  moysi  ac  alios  Yocamos  bibliam.  Habet 
tamen  quiiibet  per  se  nomen  spéciale.  Primus  vooatur  mohem, 
id  est  terminas  ;  secondas  vocatar  naasim,  id  est  malieres; 
tercius  vocatur  theusesim,  id  est  sanctaarias*  ;  qaartus  vocator 
yesebor  ^,  id  est  salvator.  » 

C'était  donc  une  opinion  courante,  on  le  voit,  que  le  Talrnsd 
n^avait  que  quatre  sedarim.  Nous  ne  nous  arrêtons  pas  à  POTdre 
dans  lequel  notre  petit  ouvrage  énumère  ces  sedarim^  il  n'est  pis 
le  même  que  celui  des  Exlractiones  {Remie^  1, 259  :  Mohed,Ie€- 
suhot,  Nassym,  Kazassim). 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  d'étudier  les  différentes  transcriptions 
des  noms  des  sedarim  qu'on  trouve  dans  nos  deux  imprimés. 

Moëd.  —  Impr.  I  :  mohem  (p.  1  et  4)  ;  Imp.  II  :  Jolies  (p.  1, 1.5), 
mohes  (p.  4, 1.  23),  et,  par  une  erreur  tout  à  fait  grossière,  exUi 
^onvmohes  (p.  1, 1.  12). 

Naschim.  —  Naasim  constamment,  dans  les  deux  Imp. 

Kodaschim,  —  Imp.  I  :  theusesim  (p.  1,  1.  9;  et  p.  5, 1. 13), 
teiisesin  (p.  3, 1.  14)  ;  Imp.  II  :  myrissaim  (p.  1, 1.  7)  ;  iherisasim 
(p.  3,  1.9;  p.  5,1.  10;  p.  6,  1.  1). 

Jessuot,  —  Imp.  I  :  yesebor  (p.  1  ;  p.  4,  1.  8)  ;  Imp.  II  :  Nessubor 
(p.  1, 1.  7),  nessubor  (p.  4, 1.  5),  iesst(ber{p.  4, 1.  2  en  remontant); 
iessubor  (p.  5,  1.  3). 

La  reproduction  de  Wolf,  t.  IV,  n'ofl're  pas  de  variante  intéres- 
sante :  elle  a  aussi  iohes,  mirissaim  et  iherisasim,  et  iessubor. 
Dans  le  t.  III,  les  mots  sont  gravement  maltraités  :  mohos  (pour 
molles),  ceris  salim  i.  e.  shemaria  (pour  ceiisasim  i.  e.  sancim- 
ria),  nesahihoyt  (pour  yessuhot). 

Voici  quelques  observations  sur  ces  transcriptions. 

Mohes  est  pour  mohed^  avec  s  pour  rf,  comme  nous  l'avons  in- 
diqué. 

La  transcription  naasim  est  à  peu  près  régulière. 

Nous  avons  déjà  expliqué  plus  haut,  dans  une  note,  comment 
lessiihot  ou  Yessuhoi  devint  yesebot  et  yesubor.  La  lecture  nés- 


céder  ;  le  d  est  constamment  transcrit,  dans  ces  textes  (nous  Pavons  déjà  fait  observer 
dans  notre  travail  sur  les  Extractiones  de  Talmud]^  par  s  om  z  (par  exemple  Kat^' 
sim  pour  Kodasîim,  Cenkezerim  pour  Cenhederin  ;  Bevue^  1,  260).  Le  K  de  Dolre 
Keser^  de  son  côlé,  vient  de  ce  que  Pauteur,  ou  le  copiste  ou  l'imprimeur  ont  donné 
au  e  du  raot  Ceser  la  valeur  d'un  k. 

•  Imp.  II  a  et,  qui  n'a  pas  de  sens  ici. 

•  Imp.  II  a  sanctunria,  qui  est  plus  juste. 

•  Le  vrai  nom  est  Icssuhot  (v.  Bévue,  I  239,  n.  4  ;  c'est  le  traité  de  I^esikia); 
yesebor  vient  do  la  confusion  du  h  et  du  i,  du  r  cl  du  /,  coofusion  facile  a  faire  daos 
récriture  gothique  du  moyen  âge. 


I 


KOTES  ET  MËLANGICS  285 

subor  vient  de  la  ressemblance  du  n  gothique  à  queue  (espèce 
d*onciale)  avec  le  y. 

Le  mot  qui  a  le  plus  souffert  dans  ces  transcriptions  est  celui 
de  Kodaschim.  L'auteur  a  probablement  écrit  Kazassùn  (comme 
dans  les  Exiractiones),  ou  (en  reoiplarant  le  h  par  un  ch  auquel 
on  attribue  le  son  du  h^  et  le  z  par  on  s)  chasasim,  on  mieux 
encore  chosasim^  ou,  enfin,  pour  nous  rapprocher  de  sa  trans- 
crii»Uon,  chesasinif  cheitsasUn,  en  supposant  qu*jl  ait  supprimé 
Vo  adventice  qui  est  au  commencement  du  mot.  Comme  le  € 
et  le  /  sont  difficiles  à  distinguer  dans  récriture  gothique  du 
moyen  ûge,  cheitsasim  donne,  sans  diûiculté,  theiisasim,  ieusa- 
sim,  ce  qui  est  la  transcription  de  Imp,  I  [a  changé  en  e  par 
erreur  de  llmprimeur  ;  îupour  n,  à  la  fin  du  mot^  ne  fait  pas  dif- 
ficulté). Si  on  lit,  par  erreur,  eri  au  lieu  de  eu  (ce  qui  est  très 
possible,  quand  Vi  n*a  pas  de  point),  on  obtient  le  (herisasim  de 
imp.  II;  si,  en  outre,  on  prend  ch  pour  un  m  écrit  avec  irait 
arrondi  à  la  lin,  comme  on  le  faisait  souvent  (la  confusion  est 
tout  à  fait  dans  Tordre),  on  est  tout  près  d'avoir  rexplication  du 
mt/rissai7n  du  même  Imp,  II. 

Cette  petite  dissertation  nous  a  paru  surtout  intéressante  parce 
qu'elle  semblait  devoir  nous  donner  Texplication  du  Sirassim 
que  nous  avons  signalé  dans  les  Extracliones  *.  Ce  mot,  dans  le 
passage  des  Exlraciiones,  désigne  le  traité  appelé  aujourd'hui 
Ilidlin.  Le  texte  ne  laisse  aucun  doute  à  ce  sujet  :  «  in  Kazas^ym^ 
m  macecta  Sirasyîm,  in  perec  IHiderefod.  «  Ce  mot  de  Siras- 
sim  est  assez  près,  on  le  voit,  des  transcriptions  données  dans 
nos  imprimés  pour  le  mot  Kodaschim,  et  il  s'en  rapprochera 
encore  davantage  si  l'on  réfléchit  que,  dans  cheusasim^  on  a 
pu  donner  au  ch  le  son  de  la  lettre  s  au  lieu  du  son  k,  et  écrire 
tinalement  s  au  lieu  de  ch  *.  On  a  donc  déjà  seusasim,  qui,  on 
Ta  vu  plus  haut,  peut  i]e\en\r  mirisasim  et  aussi  sirissaim.  Si, 
en  effet,  noire  sirasstni  avait  cette  origine,  il  laudrait  supposer 
que  le  traité  de  IluUin  s  appelait  autrefois  Kodaschim^  comme 
rOrdre  dans  lequel  il  est  compris.  Gela  ne  fait  pas  absolument 
difllculté,  car  on  a  bien  le  chapitre  Succa  compris  dans  le  traité 
de  Sticca. 

Il  faut  seulement  remarquer  que  le  manuscrit  des  Extrac- 
<to«<?J?  est  généralement  correct,  qu'il  ne  commet  pas  les  grosses 
bévues  de  notre  Imi»,  II,  par  exemple,  et  enfin  qu'il  n'y  a  pas  de 

1  Miin*t.  m  39. 

•  Les  ExtfMtionfâ  ecrivenl  rhitca  poar  «ueea,  pûckuk  jiom  paçuk.  Il  cit  vrai  que 
Vk  eni  juskmeDt  ici  pour  indiquer  que  le  r  ddt  ùIto  proDOucé  «, 


286  RËVUB  DES  ÉTUDES  JUIVES 

raison  d'écrire  sur  la  même  ligne  Kazussim  et  Sirassim  pour  le 
môme  mot  hébreu  ^  Le  mot  sirassim  continue  donc  à  rester 
obscur  *. 

Isidore  Lokb. 


LES  SIGNES  MNÉMONIQUES  DES  LETTIIES  RADICALES 
ET  SERVILES 


I 


Qu'il  nous  soit  permis  d'ajouter  aux  interprétations  si  intéres- 
santes de  M.  Derenbourg^  les  observations  complémentaires  qui 
suivent.  L'explication  du  signe  mnémonique  de  Salomon  ibnGe- 
birol  pour  les  lettres  radicales  ne  me  semble  pas  exacte.  ;::p  ne  peut 
être  pris  pour  pp,  d'autant  plus  que  le  mot,  se  trouvant  dans  l'Ecri- 
ture, Ezéch.,  XVI,  47,  serait  employé  dans  son  sens  biblique: 
a  peu  »  (synonyme  de  ar^s)  ;  n^DO  yn  nsr,  d'autre  part,  ne  peut  être 
traduit  par  :  «  la  race  pure  d'Espagne  »  que  grâce  à  une  inversion 
extraordinaire  ♦.  De  plus,  d'après  l'explication  de  M.  Derenbourg, 

*  Le  traité  de  Hullin  s'appelait  autrefois  l'^blfl  PÙ'^rPD  (Jos.  Derenbourg, 
Hevue^  III,  209,  note  3),  mais  nous  ne  voyons  aucun  mojren  de  passer  de  là  à  Si- 
rassim. 

*  Puisque  nous  nous  occupons  de  ces  questions  de  paléographie,  on  nous  permeltn 
de  faire  une  recLiûcation  à  la  liste  des  livres  que  nous  avons  reproduite  dans  U 
Revue^  X,  243.  A  la  ligne  15,  le  mot  qui  a  été  lu  Pissasem  par  le  Bulletin  d'histon-e 
sceUsiastique^  ne  doit  pas  s'expliquer  par  Pessahiniy  comme  nous  Tavons  proposé; 
le  mol  doit  être  lu  Pessaseni^  c'est-à-dire  Pesaah  séni  "^50  HOD-  Comparez  noire 
observation  dans  Revue^  X,  58,  1.  13  et  suiv.  —  Dans  le  même  volume,  p.  56,  se 
trouve  une  liste  de  peuples,  qui  provient  évidemment  de  la  prière  hébraïque  repro- 
duite dans  Ëisenmenger,  t.  II,  p.  142;  on  pourra  rccliQer  la  liste  à  Taide  du  leiie  de 
cette  prière. 

»  Plus  haut,  p.  57. 

*  Le  Sefer  Hasckoham  (éd.  Collins,  col.  5)  de  Moïse  b.  Isaac,  qui  vivait  en  Angle- 
terre au  XIII*  siècle,  renferme  également  une  liste  de  signes  mnémotechniques  in- 
ventés par  ses  prédécesseurs,  liste  empruntée  au  Se  fer  Zthkaron  de  Joseph  Kimlu, 
bien  qu'il  ne  le  dise  pas.  Moïse  y  explique  ainsi  le  signe  d'Ibn  Gabirol  :  "1?21?3 
niniS  n3*77û!l  ^^DO  "^3173  "T^3>2S?i  «  Le  jeune  des  enfants  d'Kspagne  qui  parle 
élégamment  >.  Il  traduit  donc  Up  comme  M.  Derenbourg.  Moïse  lui-même  donne 
un  signe  qui  renferme  dans  les  premiers  mots  les  lettres  radicales,  et  dans  les 
derniers  les  serviles  :  ûrpD  •'3aN  bmD'nt:  P^iS  3^W  IDO.  (Signalé  aussi  par 
M.  Porgès). 


NOTES  KT  MÉLANGES 


287 


manquerait  une  liaison  entre  ijp  et  ni:,  quelque  chose  â*ëqiiî- 
llent  à  :  «  appartient  à  *>.  Je  crois  qu'ici  n^  est  employé  dans  le 
los   quMl  a  habituellement  chez  les  exégiMes,  tel  qu'il  ressort 
*Isaïe»  xxxu,  4:  «parlant  clairement,  nettement^  éloquent  ».  Le 
ligne  mnémonique  doit  donc  être  traduit  ainsi  :  «  La  population 
|ulve)  d*Espagne  est  peu  éloquente  »>.  C'est  un  blâme  au  sujet  de  la 
ligence  des  études  de  la  langue  hébraïque  par  les  Juifs  d'Es- 
5ne;  le  même  reproche  est  formulé  plus  nettement  par  Salomou 
)o  Gebirol  dans  la  préface  de  son  poème  grammatical  (vers.  5 
^1  suiv.).  Ibn  Ezra  a  adopté  le  signe  mnémonique  dlbn  Gebirol  ; 
Sans  rartîcle  de  M.  Derenbourg,  p.  60,  ligne  9,  il  faut  lire  ni:  np, 
lu  lieu  de  n^  a;i.  L'autre  signe  mnémonique  dUbn  Ezra  pour  les 
lettres  radicales  qjî  ni^p  "ion  .D5  (%'oir  Moznayim^  au  commen- 
cement ;  Safa  Beroio^a^  31  a)^  que  préférait  Protiat  Duran  (voy. 
Maase  Efod^  p.  63)  à  tous  les  autres,  pourrait  peut-être  se  tra- 
jiiuire  comme  ceci  :  «  L'acte  de  grâce  a  abrégé  la  colère  ».  u^ 
lest  employé  dans  son  sens  général  [—  ^wo)  \  n^p  doit  être  lu  *i^p^ 
insn  signifie  Famour  divin,  ^si  la  colère  dlvijie.   Peut-être  Ibn 
bzra  pensait-il  à  Fadage  des  anciens  (Jer.  Fea^  16  h)  qiîin  rr"3pn 
pi^r-^n^?:  nT'sîi  Din''X?n  v^  "^ns*  n::'^j  ;  ion  a:»  serait   donc   équi- 
valent à  peu  près  à  nrsîn  \12  inî*  iDa.  Pour  les  lettres  serviles, 
-Ihn  Ezra  a  encore  trouvé  un  troisième  signe  mnémonique  :  mH 
tesun  X'yfz^  «♦  signe  qui  apprend  la  sagesse  »  [Ycsod  Mora^  ch,  xi, 

I    Les  signes  attribués  à  lehuda  b*  Balaam  (n*  6,  p*  60)  ne  se  trou- 
lirent  que  dans  Fappendice  du  traité  sur  les  accents  [Taame  Ha" 
^^Hhra,  voir  Graetz,  Monaisschr.^  1885,  p,  330).  L'explicatiou 
liJ*après  laquelle  nom  p  bwD  -^la  serait  une  polémique  contre  le 
dogme  chrétien  fait,  à  mon  avis,  violence  au  sens  littéral.  Il  vau- 
drait mieux  ne  pas  diviser  ^nd^s  en  deux  mots,  et  voir,  dans 
ce  terme,  soit  le  nom  de  Farcliange,  du  médiateur  dlsraêl  (Da- 
niel, X,  21,  xn,  l)f  soit  celui  de  Fauteur  inconnu  de  ce  signe  mné- 
monique. 

A  côté  de  Moïse  Kimchi,  il  fallait  encore  mentionner  son  père, 
Joseph  Kimciii,  qui,  dans  Fintroduction  du  Se f er  Zikkar on  {im- 
primé  dans  Fédition  du  livre  des  Racines  de  David  Kirachi  faite 
par  Biesenthal  et  Lebrecht,  p*  xxvi),  donne  les  signes  mnémoni- 
ques de  ses  prédécesseurs  aussi  bien  que  les  siens  propres.  Ces 
derniers,  quant  aux  lettres  servîtes,  sont  ainsi  conçus  :  nasn» 
na  •^h'Dii,  et,  quant  aux  lettres  radicales,  qo  nn  rrp  C3^  is.  Au- 
tant le  premier  est  .simple,  autant  il  est  difficile  île  trouver  au  se- 
cond un  sens  raisonnable,  comme  Joseph  Kimchi  le  fait  observer 
lui-même  à  cette  occasion  :  ans  nanb  ^b'^^  ^b  Tû-it;n  m'*niï*3i 


ÏIKVUE  DES  lÏTODES  JUTVK^ 

nat'^btîs  û^ns:  D'»5^'*o*  Pour  les  lettres  railicales,  il  ne  cite  plus 
que  les  signes  mnémoniques  de  Menacheni  et  de  Salomon  ibn  Ge- 
birol,  tandis  que  pour  les  lettres  serviles,  outre  les  signes  des 
deux  auteurs  sus-nommés  et  ceux  d'Abuhvaiid  *  et  dlbn  E^ra,  il 
en  rapporte  encore  deux  autres  :  b-^riarn  n^ini,  dlsaac  llalëvi,fil 
nrw  b^3i2  pin,  d'Abraham  Ibn  KamniaL 

Le  premier  signe  cité  par  M.  Derenbourg  au  nom  de  Moïse 
Kiraclii,  au  sujet  des  lettres  serviles,  est.  en  réalité,  d'après  ce  qui 
précède,  de  son  père  Joseph  Kimclu.  Pour  les  lettres  radicales» 
on  aurait  pu  citer  du  commentaire  de  Moïse  Kimcbi  sur  Exra,  i,  1 
(Pseudo-ïbn  Ezra),  le  signe  :  ^on  yy  t|Dp  n^  :  «  La  colère  a  brisé 
Tarbre  de  la  grâce  »,  ce  serait  le  contraire  du  signe  donné  par  Ibn 
Ezra. 

Les  éditeurs  de  la  grammaire  de  Proflat  Duraii  donnent  aussi, 
dans  une  remarque  (Maase  Efod^  p.  238],  une  liste  de  signes  mné- 
moniques et,  parmi  ceux-ci,  celui  dlmmanuel  Benvenuto  dans 
son  Liwijat  Chân^  bi^is?::  nra  -c^n.  Cf.  mon  traité  :  Abraham  M 
Esra  als  Gvmnmaiiker^  p.  57,  notes  1-5. 


Budaposl,  G  tuai  188S. 


W.  BâCHI£R. 


II 


L'histoire  des  tentatives  faîtes  pour  grouper  dans  des  phrases 
les  lettres  serviles  et  les  lettres  radicales  a  été  essayée,  avant 
WM.  Baer  et  Derenbourg,  par  MM,  lîarkavy  et  Adam  Lebensohu 
Le  21*  volume  du  Hamaggid  (1871),  p.  219,  237,  287,  349,  contient 
tous  les  signes  mnémoniques  dont  il  est  question  ici,  jusqu'au 
signe  d'Ârchevolti,  et,  en  plus,  un  certain  nombre  d'autres,  qui 
méritent  de  trouver  une  place  ici  dans  l'intérêt  de  la  solution  corn* 
plète  de  ce  petit  problème  : 

14)  Abraham  b.  David  Âlfasi,  un  des  plus  jeunes  contemporains 
de  Saadya  (v.  Pinsker,  Lihotdé  Kaâmonîoi,  p.  vp  et  s.),  domifl 
pour  les  ieib^es  radicales  ;  ns:  ^^  'pTX  nDEî3,  dont  le  sens  est  dou- 
teux, et  pour  les  lettres  serviles,  d'après  Gen.,  xxxi,  7  :  bnn  arssi 
Dô,  a  votre  père  a  trompé  en  cet  endroit  d. 

^  pour  le  sigoe  mnémouique  d*Abulva1id,  expliqué  si  iogénieusemeot  par  M.  Dfr^ 
TËubourp,  je  rcniroie  encore  à  reipUcation  curicyae  donnée  par  M.  N,  Brftll  (Mm 
hikht'  fur  iUimkt  Qmkkhtt  und  LiterutHr,  l,  1,  p,  226). 


NOTES  ET  MïiLANGES  289 

15)  Le  disciple  lîe  Duiiascti,  lehuda  b.  Schescliet  a  trouvé  le 
gîgne  :  50  yen  "^p  Tr,  ce  qui,  d'après  Piiiîsker»  p*  160,  est  une  pro- 
tocâtion  à  Bea-Kapron,  le  disciple  de  Menachem,  et  signifie  : 
«t  le  bouc  insoïeot  aime  la  trahison  ». 

16)  Isaac  llalévi,  le  traducteyr,  poète  et  grammairien  [voir 
Dukes,  Beitrage,  n,  168,  note  5,  etGeiger,  dans  Ozar  Nechmad^ 
1,  105)  :  b^-s^TTin  n:;in:,  «  la  proi^liélie  du  penseur  t>,  dont  il  a  été 
parlé  plus  haut. 

17)  Abraham  Ibn  Kambel  ou  KamniaJ,  sans  doute  le  vizir  juif 
de  Saragosse  (v,  Kaul'mann,  Jehada  Haléin,  p.  13,  note  3)  :  pirr 
r:cii  5*^312,  «  le  chemin  de  la  vérité  est  solidement  établi.  » 

18)  Joseph  KimcUi  lu: -même  modifie  la  phrase  déjà  IbnnuU^e 
par  Saadya,  et  non  par  Menachom  seulement,  comme  le  dit  M.  De- 
renbourg)  :  pi^  tu  hed  ::n,  et  en  lait  celle-ci,  moins  expressive, 
C|0  tu  np  1373  ia£,  «  quand  le  cùté  [de  la  porte)  chancelle»  saisis 
une  partie  des  porles  «,  trivialité  nullement  imputable  au  tra- 
ducteur. 

Faisons  un  saut  et  arrivons  aux  modernes,  parmi  lesquels  Le- 
bensohn  seul  a  coordonné  les  lettres  serviles  en  quatre  groupes  de 
mots  ayant  un  sens  profond  et  un  caractère  grammatical,  et  en 
deux  groupes  plus  généraux* 

_     19)  nsiDTûb  mK3  •'D,  «  elles  apparaissent  avec  un  double  em- 
ploi,  »  comme  radicales  et  comme  serviles  (p,  237)» 
[  20)  nrst:':?  n»  bo,  «  chaque  lettre  dans  laquelle  on  trouve  un 
'tens  et  qui  remplît  une  fonction  grammaticale  », 

21)  n^TiD  pc  ■'HH,  «  je  suis  un  voisin  pour  lesmots  »  (ibid,), 

»22}  TibJz^  pit:o  (Ex.,  iv,  8)  r«  «  Une  lettre  qui  tient  la  place 
d'un  mot  «  (p.  349). 
23J  p?:»3  '^rDbm:^,  <*  moi  qui  ai  marché  dans  la  foi  ». 

^24)  on  ^bin  i:;\s  p,  ^^  le  fils  d*un  homme  marchant  dans  Vïn- 
irité  >K 
S5)  Lebensohn  rapporte    également  le  sigfie  mnémonique  de 
Steinberg  ayant  un  sens  au  point  de  vue  grammatical  :  m«3ïï3 

rsnsb,  a  des  (lettres)  qui  sont  des  prêtres  en  service  ». 
Un  regard  jeté  sur  ces  signes  ninémotechniques  permet  d'ac- 
quérir la  conviction  que  les  auteurs  ne  visaient  pas  à  obtenir  des 
phrases  particulièrement  significatives  et  que,  par  contre,  les 
rapports  trop  lointains  et  trop  énigm  a  tiques  ne  doivent  pas  y  être 
cherchés*  Aussi  ne  puis-je  trouver  rien  de  mystérieux  dans  le 
signe  mnémonique  de  Saadya  ibnt^o  D''ai&«rï.  11  signifie  simple- 
ment :  «  les  branches  ressemblent  à  leur  trône  â.  Il  serait  excessif 
de  vouloir  trouver  dans  cette  phrase  une  allusion  au  thème  tal- 


290  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

mudiquesur  les  branches  et  les  racines,  Mac;ot,  12.  Chaque  dic- 
tionnaire lalmudique  donne  la  raison  de  ma  traduction. 

Je  voudrais  aussi,  à  la  différence  de  M.  Harkavy,  p.  287,  et 
de  M.  Derenbourg,  traduire  le  signe  pnx  Tta  iso  wn  par  ceci  : 
a  un  homme  de  la  tribu  pieuse  a  écrit  ce  livre  ».  Il  est  probable 
que  on  est  ici  un  terme  arabe  ;  peut-être,  dans  le  signe  de  Da- 
nasch,  aoD  rr»  '^ibn  «dt,  le  dernier  mot  doit-il  être  aussi  consi- 
déré comme  arabe  et  se  traduire  :  «  Dunasch  le  lévite  a  dit  la 
vérité  D.  Cela  permettrait  aussi  de  donner  un  sens  acceptable  aa  wp 
•nco  yio^  nx,  où,  malgré  Topinlon  qui  fait  de  op  =  107  (v.  Bâcher, 
Abraham  Ibn  Esra,  p  57,  note  1  ),  la  succession  des  mots  défie 
toute  tentative  de  traduction.  Si  les  deux  premiers  mots  peuvent 
être  pris  pour  des  mots  arabes,  on  pourrait  traduire  la  phrase 
ainsi  :  «  La  tribu  d'Espagne  seule  est  sans  reproche  ». 

Le  signe  dlbn  Ganah  nx  cin  i^iy  opo  s'explique  plus  facile- 
ment et  plus  naturellement.  M.  Derenbourg  y  a  découvert  un  fait 
historique.  Sans  m'étendre  plus  longuement  sur  cette  opinion,  je 
vais  y  opposer  simplement  ma  traduction  qui,  j'espère,  ralliera 
tous  les  suffrages  :  «  0  légion  des  anges,  préserve  l'innocent» 
0]çcj  est  souvent  employé  pour  désigner  les  légions  célestes  et  se 
retrouve  fréquemment  dans  les  pioutim,  avec  une  variante  dans 
son  orthographe.  Les  autres  mots  n'ont  pas  besoin  d'explication. 
Quoiqu'il  soit  inutile  qu'il  y  ait  un  rapport  entre  les  signes  mné- 
moniques des  lettres  radicales  et  des  lettres  servîtes,  il  en  existe 
un  ici  néanmoins,  nsnn  *]«  "^Tsibttî,  où  le  premier  mot,  étant  mas- 
culin, exclut  la  possibilité  d'une  construction  passive,  doit  donc 
être  traduit  :  a  Puisses-tu  consolider  mon  salut  ». 

Nous  terminerons  cet  aperçu  par  une  remarque  que- Joseph 
Kimchî  rapporte  dans  le  iinrjTn  '0  au  nom  de  R.  Salomon,  sans 
doute  Ibn  Gabirol.  D'après  cette  observation,  l'alphabet  hébreu  se 
coordonne  d'une  manière  si  remarquable  qu'un  nombre  déterminé 
de  lettres  radicales  est  suivi  d'un  nombre  égal  de  lettres  serviles, 
de  façon  à  constituer  le  tableau  suivant,  portant  à  gauche  les 
lettres  radicales,  à  droite  leà  lettres  serviles  : 


Budapest. 


n:; 

3« 

HT 

in 

n 

a 

D^O 

iTsbD 

n«5 

-iP 

David  Kaufmann 

NOTES  ET  MÉLANGES  291 


m 


Je  propose  d'expliquer  comme  soit  le  signe  iy  noD  YP  ^^  • 
a  la  fête  de  Souccoth  est  la  fin  du  livre  de  la  Puissance  »,  c'est-à- 
dire  qu'à  la  fôte  de  Souccot  on  termine  la  lecture  de  la  Tora,  qui 
est  le  livre  de  la  Puissance,  car  nmn  «bx  iy  Y». 

Jungbunzlau. 

Gruenwald. 


IV 


26)  Jebuda  Hadassi,  dans  son  Eschhol  Hahopher,  ch.  clxii,  a 
pour  les  serviles  naDttitt  in-^ôib  et  «ba  pm^io  r^\ 

27/  Moïse  Provencali,  dans  Beschem  Kadmon  (irapr.  en  hbt^), 
a  pt:^  "pD  û5i  non  et  is-^bx  ariD  rjtt)»,  d'après  Moïse  Kamhi. 

28)  Saloraon  Oiiveyra,  dans  Yad  Laschon,  n^Tio  «3  annD"»et  ^n 
pn^c  mo  tjo. 

CarUbad. 

PoRois. 


BIBLIOGRAPHIE 


RETDE   BIBUOeRAFHIQDE 


(Z«f  iudicatioHi  eu  fiançait  qui  suivent  U»  tUres  kéhrtux  ne  sont  pa$  di  Vauteur  du  Um 
mais  de  l'auteur  de  la  reecnsion^  à  moins  quelles  ne  soient  entre  guillemets,) 


1.  Ouvrages  hébreux. 

&ïnnM  bu».  Catalogue  de  la  Bibliothèqao  de  feu  Abraham  Merzbacher, 
de  Munich,  par  R.  N.  Rabbinowitz.  Munich,  imp.  U.  Huber,  5648  (1888)f 
iii-8»  de  196  p. 

P.  1-16,  manuscrils,  156  numéros  ;  P.  17  à  ûo,  imprimés  hébreux,  par 
ordre  alphabétique  des  litres,  4332  uuméros.  Ou  sait  que  cette  bibliothèque 
est  une  des  plus  belles  qui  existent,  et  qu'elle  contient,  outre  les  mss.,  uue 
quantité  d'imprimés  des  bonnes  éditions  ou  rares.  Le  monde  savant  sert 
reconnaissant  à  M.  le  D''  E.  Merzbacher,  le  fils  du  regretté  défunt, 
d'avoir  mis  à  la  disposition  du  public  ce  catalogue,  instrument  de  recher- 
ches et  d'études. 

5^TnT  ^1fc< '0-  Troisième  partie  de  l'Or  zarua  ;  2^  fascicule,  Baba  mecia\ 
U"*  fascicule,  traité  Baba  batra,  Jérusalem,  impr.  Hayyim  Hirsdiensobo, 
5648  (1888),  in-folio  de  106  et  de  72  p. 

B'^Ofc^îl»  Annuaire  Israélite  publié  par  Nahum  SokoloCf;  4«  année.  Varsovie, 
5648  —  1887  ;  in-8^  de  8-80-120- vii-64-244-74-36-125-23-14  p. 

Contient^  entre  autres,  les  articles  suivants  :  Revue  des  institutions  de 
bienfaisance  de  Jérusalem,  des  biographies,  des  analyses  de  joumaui 
(entre  autres  de  la  Revue  des  Études  juives),  des  traductions  dVuciens 
ouvrages,  des  recensions,  etc.  Biographie  de  Senior  Sachs,  par  D.  Kauf- 
mann;  une  poésie  de  Samuel  Romanelli  sur  Ben-Menahem,  par  le  même; 
note  sur  le  prophète  Habacuc,  par  Gûdemann  ;  etc.  La  publication  est  très 
variée,  mais  elle  paraît  avoir  perdu  en  intérêt  scientifique.  Elle  est  néan- 
moins appelée  à  rendre  de  grands  services  en  Russie. 

natlMrr  71*^2.  Samuelis  Davidis  Luzzatto  Torgestini  Bibliclheca,  in  qua  he- 


braica  ejus  Synonlmia  conlineiilur.  Fasciculua  lî,  qucra  scîa  da  lii  filil 
ordiDavcrtiDl  ol  Eistg  Graeber. .  .  publicavit  Jaroslavii.  Prxcmjsl,  imp. 
Zypnik,  1888,  in-B'  de  viil-206  p. 

3py^  r^3  'O*  Poésies  et  explications  sur  le  commencement  de  la  Genèse 
par  Jacob  Mardocbée  Feldbau.  Czernowitz,  impr.  Elie  Heilperia,  5618 
(1888),  in-^**  de  12  S,  La  fin  de  lu  brocbure  coDlient  le  coramencemenfc 
da  3*  chapitre  de  Touvraî^e. 

^m^pb  nwn.  Huit  dcrascbot  médites  do  Saîomon  Micbel,  éditées  par  A. 
Berliner.  Cracovie,  libr.  A.  Faust»  1888,  iD-8''  do  46  flf. 

Ces  diraschot    vont  de    5S07  à  5615  (të47-1855)»  elles    ont  été  tcoues  4 

'  yiVnrî-  Wissenscbaflliche  Abbandlungeti  ûber  jùd.  Gescbichto,  Llleratur 
und  AîterthumskuQde,  vnn  0.  B.  Scborr. —  12'  année.  Wica,  inip.  Knop- 
flmacbcr,  1887,  in-B"  de  128  p. 

Contient  les  articloa  suivants  :  P  Schorr  :  Habitude  dps  rabbios  d'cï- 
i  pliquer  ûps   mots  étrangers  par  le  eeiis  d'une  racine  homophone  hébreu  ; 

i.  ExpUcalioriS  talraudiquea  diverses,  par  le  même  ;  3.  Yelamdenu  et  Tan- 
'  huma  î  4.  Lekab  tob  de  Tobiyya  b-  Eltczer  ;  5,  flalakhot  pedolol,  pesukot, 

*  keçubot»  etc;  «  et  7.  Crilique  des  m^brrri    niD3    rr-D  édile  par  Hayy. 

Horoiit2  ;  B.  HeceDsion  DOUTrelle  (texte)  du  commeul,  de  pbfî  'D  de  Maî- 

tnonide  :  §.  Derascha  du  Hamban  ;  10.  Introduction  d'Isaac  ibn  Ladfà  son 

Û'^?3T2n   ^■T'C  î  11*  Divers. 

3p:?'«b  'I^'ISSUSTS  m"'  *Q^  Derascba  sur  les  questions  suivantes  :  Sabbat, 
prière  »  pénitence,  charité  et  dîme,  avec  addition  appelée  •i*t^i?3 
^:i-s,  sur  la  manière  dû  bien  observer  les  fêtes,  par  Jaoob,  flig  de  Salo- 
mon  ■^IDID  Calcutta,  impr.  Moïse  Davikk  (^"«nn)  Coben,  5642  (1882\ 
m'4°  de  142  p.  (1)  f*,  en  très  jolis  caractères  rascÂi, 

L'auteur  pst  venu  aux  Indes  de  Dama»»  où  demeure  son  père.  Ea 
Egypte  il  a  imprimé  ua  livre  iotitulé  ypT^  fnp'^l  i  il  se  vante  de  Tac- 
cueil  qu^on  lui  a  lait  à  Bombay  et  à  Calcutta  et  nomme  lea  porsonnes 
dont  il  a  eu  u  se  louer,  A  la  pa^e  13S,  il  dit  qu'il  est  né  â  Calcutta.  Son 
ouvrage  do  Ip^^  ttlp'*!  a  été  imprimé  à  Livourne,  ehe?.  Elie  Bona^ 
mozegb,  en  1W*0>  in-^**  de  107  ff»  j  cVst  un  commentaire  sur  le  Penta- 
ieuquc. 

["*in3]*  Das  Buch  Al^Cbazarî  des  Abù-HIasan  Jebuda  Ilallewi  im  arabi- 
schcn  Urteit  sowîc  in  der  îiebr-  Uebcrsôtzung  des  Jebuda  ibn  Tibbon» 
herausgg.  von  Ilartviig  Hirscbreld.  Zvveile  Hâlfle.  Leipzig,  Ollo  Sebulzc, 
laiil,  in-8^d©  xtJx  p.  plus  p.  161  à  36K 

5î*n^"'  n022.  Annuaire  publié  par  Saul  Pinbas  Rabbinowicz ;  !2'  année. 
Varaovic.  1887,  in-4^  de  224490470-366-48  98  col.,  plus  un  calendrier  ; 
aTC€  tlluâtrations. 

Articles  d'aclualilâ,  biographies,  statieliquc,  rccen&ions,  notes  lalmu- 
diqiies,  poésies,  sciences  naturelles.  Ici  encore,  comme  pour  le  Pj^^^Kj  il 
noua  semble  remarquer  que  la  valeur  scientifique  da  Is  publication  c^t 
moindre.  C^la  nVst  pas  étonnant,  cea  tnnusirca  sont  trop  compacta,  il 
e>t  impossible  de  les  remplir  entièrement  avec  des  matériaux  de  bon 
ch'iiz. 

VttntS''  r553»  Dicllnnnains  do  biograpbie  juive  depuis  le«  gaonim  jusqu'à 
nos  jours,  pur  Josef  Fûnn,  publié  par  Abraham  Zuckermann.  Varsovie, 
me^88;  in  8-, 


li  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

lî  A  paru  K  UvraUoast  envemblo  400  pages,  allaiil  jusqu'à  l'article  Jiijt 
IlHllévi.  C'est  un  bon  travail  de  vulgarisalioD*  qui  pourra  Aire  utiltM 
Ru^ciOf  et  servir  de  maouel  aux  paraonnea  qui  ne  savent  paa  lira  lei 
laugueB  occidentales, 

|5***TÎE  'X'VSib  IMS  00^-  Teslameiii  du  Rabbin  Salomon  Kluger,  suivi  de 
son  oraisoD  fanùbro  par  son  Ois  Abraham  Benjamin  Kluger.  Lûoiberg, 
Impr.  Wojdowîcz,  1885,  in-S*»  do  30  ff* 

D*l!Dn.  llukerem,  Hebraiscbes  Jabrbuch  fur  Litcralur  und  Gescbichl* 
des  JudontbiïmSj  von  L.  Allas.  Varsovie,  impr  GoldmBon  1887-S,  kJ^ 
de  :UC}  lÛi'S  p*  Stipplément  au  journal  hébreu  le  MeUts  de  Saiiit-Pé- 
lershourg. 

Cmlieot  :  Etude  sur  Isaac  b.  Schéichct»  par  l'éditeur*  - —  Sur  le  Okbli 
vfi-OkbU,  par  rédileur.  — Eludes  sur  la  MaiK»ra  (Okbia  va-Okhli,  */à 
la  fin  dea  mois,  histoire  du  iégol,  etc.)  par  Abraham  Ëp^tdu.  —  Sur 
Tnnon  de  be  Ëliabu^  par  Téditeur.  —  Rebbi  lobanao  rédacteur  du  Til- 
mtid  de  Jérusalem,  par  Michel  Cahai^a.  ■ —  Sur  Meciahem  b.  Safuk, pir 
Jacob  Reifmanu.  —  Si  le  Talmud  de  Babyï.  a  caunu  le  Talinud  de  Jéro- 
aalem  par  1.  J.  Jérusalemski.  —  llillel  l'Ancien,  par  Tédileur, —  Noiw 
et  additions  (très  utiles)  au  Séder  haddorot,  par  Uaao  Uabaliu  ;  elc>,etc. 
—  En  act&me,  très  boQtet  intérefsaaia  travaui* 

6t**B1^  3b  ^D*  Derascbot  disposées  par  ordre  alpbabclîque.  par  Rafaël  Méif 

Pttuizel.  Jérusakrn,  impr.  S,  L,  Zuckeruianu,  5t>17  (1887),  in-folio  de(5)- 

12711. 
:in^333^D^'^ba  ■'73n3to-  Gleicbenbergcr  Paslillen.  Epigromme  von  Ad.  Jellinek 

und  Simon  Bacbcr.   August  1887.  Budapest,  impr*  Sam.  MarkuB^  18N7, 

ln'12de  30  p. 

matian  'O-  «  Le  livre  d08  Préceptes  par  Moïse  ben  Melmoun  dit  Malmû- 
nîde.  Publié  pour  la  première  fuis  dans  rori^iiial  arabe  et  accompigo^ 
d'une  iulroduction  et  de  nolos  par  Moij^e  Blocb.  »  Pans,  libr,  BoudlûQ<Jl 
Vieweg,  el  libv,  A.  Durlacber,  1H8H,  in-8^  de  32-334  p. 

L'introduction  de  M.  Bloob  nous  a  vivement  tntéreasé.  Son  articU&uc 
lea  613  Préceptps,  pubtié  autrefois  dent  la  R§v%êf  montra  que  M 
bien  au  courant  do  la  question  qu'il  trefte  al  ^u'il  sait  y  appUquer  la 
méthode.  M«  Blocb  fait  ici  une  comparaii^oti  d«s  plus  intértasaoïes 
la  Lroducliou  du  Séf,  bammiçvot  d  Ibn  Hasdel  el  celle  dlbn  Tibbon  ;  1» 
résultais  de  col  examen  ne  sont  pas  à  Tavantage  d'Ibn  Tibboo.  M.  Blocb 
a  en  outre  recueilli  M  reproduit  tous  les  (îragmenl?  do  la  traduetlon  dlba 
Hasdal  qu'on  trouve  dans  Moïse  b.  Mahman  et  daua  le  S/f*  k 
Enfin,  il  prouve  que  les  différencegi  entre  la  1'*  el  la  î*  rédacUoti  dt 
niouide  (si  toutefois  il  osl  vrai  qu'il  y  ail  eu  deux  rédactiooa^  sont 
d'être  auBfi  importantes  qu'on  disait.  Celte  édition  montre,  une  fois  de 
plus*  combien  les  traducliona  de  l'arabe  de  notre  Ibn  Tibboo  ont  bespm 
d'êire  rectiHéee  par  le  cotlalionnemeat  avec  le  teite.  Souvent  le  traductc^ir 
est  obscur  (v.  p.  4,  L  8  et  11  de  celle  édition)  par  trop  de  fidélité;  d'autres 
fois  il  ne  comprend  pas  {p*  4,  note  3)  ;  d'autres  fois,  sou  texte  &  des  U- 
cuaes  dues  au  traducteur  ou  aux  copistes.  Dans  ses  uotes,  M.  Blorli 
fiigaale  toutes  ces  lacunes,  elles  août  nombreuses.  Sur  la  Livre  de»  Pré^ 
oeplea  de  Hefeç  b  Ali,  voir  Studien  vnd  Mitthilk^ngen  de  A.  Harkarjt 
m,  41,  Qote  114. 

C^îSinî   '^ÏV'^   nnm-  Les  publications  de  Tannée  1887  (3*»  année),  loul 
imprimées  à  Berlin  eu  1887^  ut  co  librairie  au  siëge  do  la  sociélèt  sotit 
1"  pn^-^  ^ns,   lettre  nm*J3  à  ^';;l^T^,   in-B'*  de   328  -{-  ^2   IT*  —  2'» 
mnnis   '  Go  m  m  en  la  ire  de  M  aï  mon  i  de  hmi  la  Mischnah  Seder  Tohorol 


BïllUOGRAPiirE 


I 

L 


blié  pour  la  première  fois  en  arabe  cl  accompapié  d'une  tradnctîoD 

ébraïque  par  J,    Dereobourg  ;  1"*  partie^  2*  livraison  *  ;  iti-8%  p.  161  à 

el  p.   1-64  de  ia  suite.  —  3  n"^:tCfinb   p-irT  Sludien  und    MUthei* 

[uugen ;  IV.  Tbeil  :  Responscn   der  GeoDim  zumcisl  aus  dem  X-Xl. 

JaUrbuDdorl,  ncb&t  ADmerkuugcD  uud  BinleiluDg,  Ton  D^  A.  Ilarkavy; 
3,  uud  lotzles  Hcfl  ;  în-8'',  p.  329  à  418,  plus  Introduclioo  do  31  p., 
conlenanl,  entre  autres,  une  liste  des  rabbins  auteurs  des  consultations 
conlenues  dans  ce  recueiL  —  4.  *>r7XT\  'D  Sepber  Ha-Gnluj  von  R. 
Joseph  Kimcbi,  nach  der  eînzigem  Hds.  in  der  Vattkan,  Biblïolbek,  «um 
L  maie  bcraus$rgb.  Ton  IL  J.  MalLews;  in*8*  de  xii-180  p*  Publication 
tiè»  importante  pour  rhisloire  des  études  de  grammaire  bebraïque.  L'ou- 
vrage commence  par  un  recueil  de  discussions  grammaticales  de  Dou- 
naseb  cl  de  Munabem;  ii  esl  suivi  des  notes  lexicograpbiqucs  el  gramma- 
ticales de  Kimbi,  disposées  par  ordre  atpbabélique  des  racines. —  5°  V^P 
*!'•  ^J.  Sammeîband,  in-8^  do  01  -f- 29  -{-  2tî  p.  Les  matières  contenues 
dans  ce  volume  aont  :  Obituairo  de  Worms  i^dèjà  édité  par  Ad.  Jellinek, 
ais  d'après  un  autre  ms'?);  Elégies  sur  les  persecutioiiB  do  Blois,  de 
Lauda^  de  Rindlîeich,  etc.  ;  addition^  aux  publications  antérieures.  — 
Nous  recommandons  à  l'éditeur  de  renoncer  à  la  pagination  discontinue 
qu'il  a  adoptée  pour  ce  présent  volume.  Elle  rend  les  citations  plus 
difficiles. 

J3£]n  •^mçD-  Lectures  d'histoire  naturelle»  par  Neht'»mie  Dob  lIofTtnann. 
Varsovie^  impr.    Isaoc  Goldmann,  5G47  (IHR'Ï)  ;  in-Ht>  do   181  p.;  suivi  de 

rôt  ''Î3'7p)3  1738*73,  du  mômej  Varsovie,  môme  impr.,  5G1G  (1886),  in- 8* 
48  p. 

tS-^ninTr  -^r:?.  JûdiKcbcZustânde  in  Russland,  lî.îîeft  :  Emigrntionsfrage, 
von  M.  Eismann.  Jêrui^alem,  inipr.  A*  M.  Luncz,  5(347  (1887).  in*8^  do 
60  p. 

nstîrr  Cï«n  p^D?3  hy  g'  3?:nïi  'iliin^^D-  Commentaire  de  Maïmonide  sur  le 
trailé  tic  Ftosch  ilaschanab,  avec  notes  explicatives  de  Dob  Hi^cr  Riiliiii* 
Jérusalem,  impr.  S.  L-  Zuckermann,  5M7  U8Ô'^)i  l""'*''  *'<*  ^^  P- 

Le  litre  p^rto  que  crc\  est  uno  2*  édilioiij  non»  ne  flavons  co  que  c'est 
que  la  r^  édiiioD^  ni  de  qu^l  me.  eUe  gsI  tirée,  nt  si  l'attribulioa  de  cet 
ouvrage  a  Maïmooido  est  exacte. 

n*l5,'^  ni3pn  Oi::2ip.  Consultation  sur  la  situation  des  femmes  dont  le 
mari  a  disparu  sans  qu'on  ait  de  ses  nouvelles,  ou  dont  le  mari  a 
cbangé  de  religion,  ou  qui  a  reçu  divorce  d'un  mari  olii!tié*  l*""  rusciculOt 
par  Abrabam  Joël  Abclsobn;  Odessa,  impiim.  Belinsou,  1885,  in-S** 
de  18  p.  (sur  la  affuna  en  général);  U'  fasc,  par  Josef  Teuuebuum  ; 
Odessa,  impr.  Schultze,  1887,  in  S"»  de  80  p*   Intéressant  ouvrage* 

C**;©"*  WI^D  r?3'^ai.  Katalog  N^  12  von  H.  N.  Rabiûowitï,  MClDcbcn 
ilH88).  in  8»  de  32  p,;  ÎIOI  imprimés  et  30  ms«. 

nat^n  ^nO^  Die  beiden  Exlrcmc,  Roman  auH  dcmjfld,  Loben  In  Rusaland, 
von  Rubin  A.  Brandc?.  Lembcrg,  impr.  Kcllx  Bt^dnarKkl,  Hbr*  Eked  Sip- 
purim^  1887,  iu-8«  de  3G7  p. 

>Huttatton«(  rabliintquea  modcmcndt 
ijor«  par  Samuel  I4vi  /.uckermann; 
(1HH7^  Ji>-4*  ÛQ  48  nr,;  2»  tÉmciciilif^ 


296 


REVUE  DES  ETLDES  JUIVES 


Jérusalem, 5617  (1887)  10-4"  de  54  p.;  3«  fascicule,  Jérusalem, 5M  flM); 
in*4<'  de  40  IT  ;  4*  fascicule,  Jérusalem,  5618  (1888  ;  in-4''  do  44  fi.  Ces 
eonsuUaliotïs  s<"mt  dotées  do  1887  et  1888* 

D'^lin^n  mmp  li«  ûmas*  "«n  mibin.  Ilistoîrj  des  Juifs  depuis  Ift  des* 
tnicUoîi  du  second  icmple  jusqu'à  nos  Jours,  par  Abraham  Danon.  Prcs- 
bourgr  impr*  Lnwy  H  Alculuy,  5(î47  |1B87J  io^S"  de  160  p. 

On  ne  FauraU  assez  louor  l'auteur,  qm  est  un  rahbiu  demourant  î  An- 
driuopî*,  d'aVQÎr  mi»  à  la  portée  dca  iaraélites  de  l'Orient  une  hisloire  éa 
Juifs  fuiie  avoc  le  secours  des  travaux  modernes  et  impréguée  do  t'espnl 
sdeiiiitique.  CeBt  une  teotalive  des  plus  iolércssaates  cl  dont  nous  féÙci- 
tOQS  tivemeuL  M.  Du  non. 

sn^TST  f^1^12  "^Sin:!  maiCn-  Rcspousen  der  Lehrcr  des  Oslens  und  d« 
Wcstens  nach  IIss,  Uerausgg.  und  crkiarl  von  Jool  Muelicr.  Berlin,  lil>r. 
Pli.  Deulscb,  1888,  iu-8'*  de  70  fî. 

  paru  en  parUe  dans  le  Bdl-Talmud.  M.  Joseph  DereoLourg  se  ffo^ 
de  bire  use  recensîon  de  cet  excetlent  ouvrage. 


2.  Outrages  en  tangues  modernes. 


Anglo-Jewîsb  Ilistorical  Eïbibîlion  (Publîcolions  of  tbe).  —  N"  L  Papets 
read  at  ihc  Anglo-Jewish  Hîslorical  Exbibiliou,  Royal  Albert  Hall,  Lou- 
doii,  1887.  Londres,  bureau  du  Jcwish  Chronicle,  1888,  in-S**  de  304  p. 
—  N^  2,  ni":^c  Uebrew  Decds  ol  EngUsh  Jews  before  1290,  edited  by 
M.  D.  Davis;  ittid.,  ibid,,  384*8,  m-W"  de  xv-394  p*  —  N*»  3*  Bibliolhcca 
Anglo*Judaicu,  a  BibUograpbical  Guide  of  Anglo-Jewisb  llistory  corn- 
pilud  by  Joseph  Jacobs  and  Lucien  Wolf,  ibid.^  iàid.^  1888,  in-8'*  de 
xxvit-231  p. 

Le  I*""    volume  couUent    les    lectures  suWautes  :  H.  Graelï  :   Htslorie 
Paralleîs  iu  Jpwish  Uistory,    —  Jos,  Jacobs  :  The  Loodos  Jewry,  lîW. 

—  Lucien  Wolf:  Tbe    Mirldle  Age    al   Anglojewish  History,  tmieW. 

—  FrAuda  L.  Cobeti  :  The  rise  and   Tievelopmetil  of  synagogue  mtisic. 

—  Walier  Kyô  :  Tbe  perspcutioos  of  Ihe  Jews  of  Eiigiaod.  — 
Chéries  Qross  :  Tbe  Exchequer  of  ibe  Jews  of  England  îu  tbe  Middl«* 
Ages»  —  M.  Gaster  :  Jawisb  Sources  of  and  Parallèle  lo  tbe  early  Eo- 
glish  metrical  romances  of  Kinf^  Arthur  and  Merlin,  —  Hev.  0''  H. 
Adler  :  The  Chief  Rabbis  of  Englonti. —  La  conférence  de  M  Graeti 
est  pleine  d'aperçus  intéressants,  comme  inut  ce  que  fait  l  émineut  hiito^ 
rien.  Elle  a  donné  lieu  à  une  polémique  au  ^ujet  de  l'action  de  Crémîeui 
et  Moutefiore  auprès  de  Méhémet-AU,  dans  l'utTsire  Je  Damas.  Nous 
rroyoïis  qu'en  cetlo  queslion  M.  Graeiz  a  ce  Je  ati  désir  naltirel  de  faire 
plaitsir  a  ses  auditeurs  an>;ltii4  :  U  version  d'après  laquelle  c'est  Cré* 
mieux t  et  uon  Montefiore,  qui  a  obtenu  que  le  naot  do  grâce  ftil  efltce  du 
firmau  a  élé  publit^o  en  t^40,  dans  les  AnhhfS  i»r(t4{%iu  et  dans  \ AUfi* 
MetHf  Zeitnntj  des  JitâffttAvms ;  fi  elle  avait  été  fnuBse,  elle  eût  été  immédii» 
lement  -iêmenlie,  - —  Les  letlurps  historiques  de  MM.  Jactkbs,  Lucieo  Wolf, 
Hye  et    Cross,    saut  excellenles  et    pleines  do  reuseigoeraiants  prédeui- 

—  M.  Gasler  nous  iutroduit  dans  le  monde  des  légendes  dont  il  connaît 
tous  les  chemins,  ou  tie  saurait  avoir  un  meilleur  guide.  —  L'élude  Je 
M-  Cuhea  sur  ta  musique  religieuse  n'a  pas  lout  rmtërt^l  qu'elle  pooTaH 
avoir,  parce  que  l'auteur  n  a  pas  fait  la  critique  hislorique  des  rooroeaax 
q  lit  a  décrits,  il  n'a  pas  cherché  à  en  delermincr  Tâge  et  le  cartct^re,  il 


IIIBUOCRAPHÏE 


297 


etmi  trop  faeileroênt  à  leur  ftodenneié  et  à  leur  b^nnê  consM^ation.  — 
Tout  Iq  monde  a  lu  avec  le  plus  grani  plaisir  Vétude  de  M.  le  D"  H.  Adler 
sur  les  rabbius  angolais  i  ce  iravail,  veaant  de  lui,  a  eicitë  particulièreroeal 
Tîntérdi,  et  il  le  mérite >  M  li<  Âdler  doit  se  féliciter  spécialement  d'avoir 
iioulevé  des  discussions!  sur  rhypothà?e  qu'il  a  émise  et  d'après  laquelle 
les  tcta/oi  yK1'\^  seraieot  des  lofafot  V^^mîi  c'est-à-dire  de  Norwich. 
Au  point  de  vue  paléographique,  il  n  y  aurait  pas  d'objections  a  fairet  ii 
la  leçon  de  1^31^3  «*«it  sQre,  raai§  M.  Grota  a  montré  [Meime^  VII,  51, 
note  'X)  qu'elle  ne  l'est  pas.  M,  Schechier  croît  que  ce  mot  est  une 
altération  du  nom  de  Ma vemo  (voir  Jew .  Cbronicle,  dans  ta  Revue  d«s 
périodiques  du   nuraéro  suivant  de  la  Hevtfe). 

La  bibliographie  de  .\l\f  Josepb  Jacobs  et  Lucien,  Wolf  est  faite  avec 
un  fioio  dont  il  faut  grandement  loueur  les  auteurs*  Elle  est  précédée 
d'une  étude  sur  les  aotirces  roanuicntes  de  Tbiatoire  des  Juifs  en  An- 
gleterre. 

U  faut  être  très  reconDâissant  à  M.  Davis  du  soin  avec  lequel  il  a  édité 
le  texte  hébreu  des  shtarot^  sa  lecture  est  presque  toujours  sûra,  el  aert 
de  guide  utile  au  lecteur.  Il  reste  maintenant  à  tirer  de  ces  pièces  tout  le 
profit  soienlifique  qu  elles  peuvent  donner,  et  avant  tout  il  faut  fiier  les 
règles  de  tran^cripiinn  suivies  par  les  Juifs  aoglaiâ  pour  écrire  les  mois  et 
les  noms  qui  ne  sout  pas  hébreu 3C.  Ces  règles  sont,  eu  général,  conformes 
à  celles  qui  étaient  suivies  en  France  et  dont  on  Irouvera  un  îpëGîmeu 
assez  étendu  dans  notre  étude  sur  les  Dense  Iwrei  de  rommerc^  de  Vesoul 
(JSeviM,  IX  et  X).  Naturellement,  en  .\ngleterre,  il  a  fallu  recourir  à  queU 
qties  conventions  spécialf^s  pour  Qgurer  les  mots  angUis  et  la  prononcla- 
lioii  anglaise.  En  debors  iJe  ces  conventions^  la  dilTéreiice  dei  doux 
ajatèmes  se  réduit  à  peu  de  chose.  En  Francei  la  lettre  T  ne  aert  Jamais 
pOQfle  *  français  ;  en  Angleterre,  on  l'emploie  concurremment  avec  ^Noir 
le  nom  de  Rose,  n'^*  13  ei  1l\  et,  de  plus,  elle  repréteota  »ouvent  la  d,  Kn 
France^  U  Iranscripiîon  de  la  nasale  an,  en,  par  31  ou  3ie(  eti  aiaax  rare;  en 
Angleterre»  elle  très  fréquente  el  il  est  bon  de  aa  souvenir  eotiitamnir<nt  di 
celle  règle  dans  la  lecture  des  noms  propres  fp.  ex.  Alexondra  pourAleiari* 
dre;  BloDcbo  pour  Blancbe,  eic  ).  Eufj»,  et  ceci  est  important  atiaii,  la 
prononcialion  des  mots  el  des  noms  français  étant  devanue  vicieuia  tu  Ail^ 
gleterre  ou  l'ortl^ograpbe  française  étant  peu  connua  daa  acrif>ea  tn|pttl«« 
Vê  rouet  de  la  Go  des  mots,  qui,  en  Fraue«f  est  toujours  trèa  régulièrMSMfli 
représenté  (par  un  fit,  quelquelois  p«r  T\'\  manqua  tfèf  ••«¥#•1  «n 
Angleterre,  et  în^erfemeot,  le  aciibo  anglais  loH  trèt  ionvMtt  yri  § 
muet  là  où  il  nVn  faut  pa«*  Jl  écrit  Vyn  pm^t  Pïmtêf  tlf  pmt  ër;  pt* 
roisê  pour  paroisse,  earêm  pour  eafto«,  tiJvi  ppur  fit*»l«|  §Us,  i  liwffrt». 
meut  il  écrira  Ni<»lo  (Lineolji)  po«r  HkU,  ^omifmM  ptmf  êm^êm^  êêm^ 
pour  Jacob  ou  Jaoop  (p.  Ml),  FMk  pw  P^\  (^,  IM).  —  Il  «41  Ml  hm^ 
Uuis  la  ptémn^méàitàaméè  mm  ttUtv,  dt  itWÊmém  \m  mm'*  é*  fêfmnf^m 


et  l0s  moto  Armpn  Umm  It  f«fs«  M.'Mf  #rié«»l  fmf  ïéé>0}f/9m  li#l  i 
fait  fad*,  c'est  mm  tnvnl  ai  Mrt»  è  Um  nii^U^  Il#t«#  0Um%mii  m* 

liiMausi  |>i»  iwi—  VfJn  !■  ifiw  il %m%témêmt  W»  I,  |#  um 


^  k  laMM  oc   pwIlttlBWl    flmk,    It  1    «m  l#*i  Mf«    ffT'* 

#a.  K«  t,  p.  15,  U  %m  mmmwÊâ,  mîimméê  ryfp^,  H  mm^" 

ranfnm-  N*  Kp  n,u  m^  rm*  m  •m  Uémm,  ê^i  ^ 

i4to  '  ^M  mmmw^  *  §Êmmgm^  %*^U,  p.  fTUitmém 
TmmmmmmÊÊéfêm  hmm$.  W*  H.  p  II. 

,  ^  f^  Wf^^.  ^  m,  p,  m,  iv  I  ^an^  " 

^rrmMé.y'n,p,m.y^hmmÊ0.mméHmÊm,ékêrf^» 
itrwhmm  itttMâ^  L^immm  tmim0^       -    i^IgMMM)  k 
=  îmmà,  K»  ff,  ^  §4.  L  iK  *P^  U  0*,4ém  *^$^,  p 

î?^  *;5V  *•  ■•  f^  ^^  îj»pm/mm0,  m  m^  *it§  •* 

rf^^  y,  M  t>m.  0  mmmmm  pmm  Mfk  m 


niCVlTE  DES  ÉTUDES  JinVES 

cHplîon   hébreîque,   te  trouve  qtie1i|ii«ro)6  eu  Franc*.    N"   4»,   lire  Jeu 
li'AfiUcs  ;  p.  U4,  le  mot  frouçiis  est  «  p»rUe  ».  N**  44,  p.  io4-  [I    ftai  Lire 
Counleisc  ;  voir  p.  1Ô5  ;  le  mol  »l)bé  cit  écrii  W'*^»  ;  ftiUmirtf  ^nX,  T2fil 
nn«.    (a^ec   €   sou»    le    *),  •'^3«   (p.   2λ<).   2iït,    3u4.    3(Ki),  N*^   4*,  p.  Îû8 
'*'^i<"^'^^vï«£  «5^   papepeii;  t.   p-  l3Sî  'J'^bnip  est   «n  dimiotiûf  de  Jaeob, 
comme    le  Koppel    allcf«8ruL  N'*  48,   p*   12U,    1.  2,  le   nom  esl  Colombe* 
N°  49,  p.  V24,  L  9,  îe  îioro  eal  proiaUeuieot  GarUmic,  N^  52,  p.  133i  ï.  I, 
EuslftcUe  ;  L  9,    probnblenieût  bcrbicr  j  v.  p.  1»7.  l    î.  N^  W  p.  ni,  L  S 
de  11  p>èee»  le  nom  est  AllematKic.  N**  SS»  p.  13S.  U  2^  Léûo  de   Counoa 
(CourÈoti,    dmis    le    C«lvatto«»  en    Ffance);  p*    î:iSï,  L     4>  ne    ftil-it   pu  | 
L:3T3ji'n"*D^  ^  N'*   fiî.  p»    !G0*  l.   2  de  la  pièce,  "l"*'';îtt3  ^«4  »ine  forme  ia 
•  tutnoir  ■*  N^  64,  p.    Vl%,  laeac  1).  Sftmuel  (L   :))  est  le   môme  que  Isabc 
fils  de   Deulecre^e.  N^  Û7,  p.  n«,  dcro,   L*  lire  ^l-^-iat  Le  ^  oe  ÊguM 
quedau^  les  mois  hébrcuit,  il  ne  peut  pas  figurer  «ineurs.  N*  71  r  p«  1^,  U  ^ 
1.  si  le  mot  doit   {^\t<à  Jusiiue,  il  faut  lire  ^j"^  à  la  Ou,    au  lieu  île  £  ;  lai 
confusion  entre  les  deux  signes  esl  fréqut'utei  m«i«  le  nom  D'e«l-î1  pas  plulfti 
Eustache?  N^  94,  p.  2IS,  lire   Le   Flameng  ou  le  FUmeoc.  N^  W,  p,  23»,  J 
il  esl  assez  curietir  de  trouver  un  juif  (DaTîd]  qui  porte  le  nom  de  Loib*  i 
barde,  les  Lombards  éiaient  généralemenl  des*  banquiers  chrétiens.  N"  W,  I 
p.  222.  On  retrouve  ici  le  nom  de  femme  ^IJ'^ttl*!,  qu'il  faut  éndemmeal 
prononcer    luette;   cf     p.  Î24.    N'""    IIU    p*  240,  ''IT   est    Dovi,  forme  de 
David»  N^  lU»  p.  224.  Menahem  i3l2'm  ;  l*'^  Menubem  portent,  en  géné- 
ral, ce  nom,  qui  se  trouve  déjà  dans  le  Talraud  \  p,  245,  C^H^  est  peut- 
être  mfiraift  ;  le  nom  de  le  L  7  est   Gautier  Le  Maréchal  ;  p.   ^6.  1.  9,  l:re 
^nn^'^ïS    N**  119,    p,  2:.Û,  les  de«ix  mots  pour    app«rteu&uce    dôi veut  avoir 
sans  duute  un  113  à  la  Un.  N^  121,  p,  2i;2,  le   nom  de  femme  est  peut^tre 
ïïellie,  voir  p»  256;  p.  253,  1,  7,  a  le  nom  de  l>epercorne;  N*'  127,  p.  ÎM| 
Françoise,  N^  13.i,  p   274,  Moltse  ôls  de  David  Lombard  e$t  probablemfei 
le  même  que   Amiot  fils  de  U-  Lombart,  n"*  96  et  lit.  N"  !15,  p,  27d,  ts  i 
uom  de  femme  est  Riche,  probabletneut.  N**  138,  p   279,   lire  Ciautier  Le- J 
camberlenc  (ChamberUiti}.  N*  151,  p.  21*2,  L  5,  lire  Davi.  N*  154,  p.  296.  1 
Est-ce  que  ce  yn  de  la  signolure  est  sûr?  SeraiU^te  y*'?3  ^=  piX  rm!3- J 
N'^    11)?,    le    si^uaiaire    est   Cresa    ou    Cressc,  nom   quuo  reir>ïu«e  pUtsl 
loin,  p.  325,  N^  tfiS,  ]]g:nes  n,  6  et  9  du  texte  hébreu,  les  «lu  doîveol  êire^ 
uui»  Taule  cl  doivent  (^Iro  probablement  remplacés  par  des  ^  ;  de  rolme, 
p,  311,  L  2.    N»  175,  p.  :i24,  VP^**^^    ^^^^   probablement  se  lire  Mulquio, 
dimitiutif  do  Samuel  ;  il  est   curieux  que  le   titre  de  ^a^  soit  donné  à  un 
prûlrc   chrelîpn,  p,  324  ;    p.    325,    nmï5   serait-il    une    faute    pour  ndïî  j 
inuth^  'J^S^^SIN  est  4ii^tr*«i,  en  vertu  de  la  règle  que  nous  «vous  éLabhe  î  j 
5-IÏÎ--  an  î  ^-^ffo;  l    18,  Ure  probaUeinenty'3:i:::mç»,  N*  177,  p.  Ï31,  j 
1,  7  du  texte  bébr,,  le  nom  ei,i  Oervalse,  et  plus  loin  on  e    le  nom  de  Eq- 
glait^e;  p.  yya,  ici,  pour  nord  ou   uorlh  on   a  I2niït  non  fitTÛIl^   N*  17*i 
p.  336,  1,4  du  texte  bébr.,]e  nom  est  Robert  Delmare  ou  Delamare;  fins^-îï  j 
est    impossible,   le  3  esl    exclu   du   système   de   trauscripiion,    N**  l*i*»| 
p.  308,  Joçadsk  est  day^Afi.   N"  184,  p,   342,  les   noms  de    personnes  K>aM 
Monier  ou  Meunier,  et  Lambin  ;  nous  ne  savons  pas  lire   le  mot  qui  sailj 
Lambin,  c*est  peut-être  Lachaineite.  N'*  tK7,  p*  346.   L5  du  lexle,  peul^ 
être   le  mot  caséine  (petite  maison),   N*^   193,  p.    3^0,   ntinn  esl  la  Lt,** 
Epi  SCO  pu  s    (li   Eveske),    N**    195,    p.    3D8,    ï)73''n    est    pcnt-ôlre    ReiP*. 
N"*  19K    et  199.  p.   3fi3,    Thomas    Lesergcani,  bien   lu    p     3«2,  mais  mtlJ 
p.  303  ;  punt^È*»  faute  d'impression  pour  'n2-i<  *  —  l>àu^  les  ooins  d*«| 
lêtes  cbri^tiennes,  on  a  un  root  nouveau,  bp'^J?,    V'^p'^*,   ^p'^^J?  «t  autres  j 
formes,  uUérslio:is  voulues  de  b'^p''î3   ou   tJp**:!»  sa»nt  Nlicbel.  Uu  eerunl 
nombre  do  noms   de   fêtes   que  nous    avons  dotuiés  Rttmty  IX,  p.    192,  sf; 
retrouvent  daua  nos  actes.   Comme  on    trouve  Î*;^blî4?3   [Dtwdiy  p.  13Î),; 
nous  n*bésitonB  pus  à  lire  de  mâme  Rt^ut^  %iti<i,i  p.  192,  pour  îC^b'SÎÏ  • 
c  ebl  bioa  le  nom  de  Madeleine.  — -  Nos  Dndi  nous    fournissent  des  iudi« 
cutions  sur  certains  noms  fraiiÇi^-ant^lais  portas  par  des  Juif»  :  Muriel  est' 
certainuDieut  le   nom  de   femme    hébreu    Miriem  :  Amiol  est    saos  doni« 


nîBljaGRAPHlE  299 

MoTse  (nmi9  l'avons  montré  pliiss  ^aut)  ;  UrscU  paraît  eorrespondre  k 
t'hébreu  Irhoschaya^  comme  lo  prouva  la  traiiscripliuQ  kûiie  des  sigtiBturcs 
du  n*  19U  p  3D3  ;  cf.  ti°  »V4,  p.  17J.  Njus  uvoub  piirlé,  pluïS  haut,  du  uom 
prefquô  fameux  de  Deulecraspo,  UttuleiTcss  ;  U  vraie  siginrjcaliou  paraît 
donnée  ii^  G7,  p.  181),  où  le  mot  est  reudu  par  José  (Josel,  Jeho&îBii)»  dont 
le  ieiis  correspond  à  celui  de  Deuleerei^se.  Cniiu^  ftos  acte»  nous  donnent  le 
sens  certain  d'un  ii-im  qui  luius  av^it  beaiiciMp  iutngué  ^Rn^uf^  IX,  1(J7), 
c'est  celui  de  nSS'^K'^l  ^oms  ses  ditférentes  formes.  La  pniicipnle  difJi- 
eulté  roQsi{:laU,  pour  tiouii>»  dans  l^s  transcriptions  anglaises  de  ce  uonit 
lranftcnptifjni=^  «^u'^^n  retrouve  égalemeut  dans  les  Ùuds^  et  eiiivont  les- 
quelUa  ii  faudrait  lire  Diaia  ;  noire  pièce  n"  6J?,  p.  181,  prouve  que  '»"'Ô4'''t 
(ou  aiMeuis  n^^îl^l)  ^^^  Elazer  ;  donc  le  mot  o>.t  Dieu-^ie  ;  dans  Tsi^gltiis 
de  répojue^  Di-aie  ([>iaie^  Draye).  Lu  forme  traiiçsisc  nj^^ît^N"'!  [Bivut, 
p.  U']  s'expliquerait  par  Di-eu-aie  ;  la  forme  f^ît^^^l  p»r  une  coatrae- 
lion  Dt-«ie  7  quelquefois  on  trouve  Diai,  DieL  —  Nous  d  ■jouterons  plus 
qu'une  observatiou  :  l'intérêt  légal  perçu  par  Içs  Juif^^  entre  eux,  et  disfii- 
tnulé  fiou9  cerlaini^s  furmes,  éiAtt  de  t  deniers  par  livre  et  par  semaine,  ce 
qui  fdil  plus  de  40  Û/O  par  an  (v.  p.  kk^  47,  71  el  en  plusieurs  autres  pas- 
sages).—  En  Bommef  il  reste  eucore  beaucoup  à  ftiire  pour  feipUcstiuii  de 
nos  actes*  la  lecture  et  ridenLitieBliuii  des  noms.  On  ne  pourra  procéder 
avec  sûreté  qu  après  qu'on  aura  publié  les  Actes  latins  des  Juifs  qui  erh— 
tent  en  grand  nombre  en  Angleterre  (M«  Scbwab  en  a  dûuué  un  relové 
partiel  dans  la  Efvue).  C'est  une  publicalioii  qui  se  fera,  nous  l'espëronSf 
et  que  nous  attendons  avec  impatience. 

AniEBL  (Otto).  Grundzûge  der  Laïuïesnalur  des  WcstjordQolandQS.  Eniwurf 
©iner  MonograpLie  des  Wesljortîanischen  Païastina,  Francfort-s.-M.i 
Hbr.  Jaeger,  1887,  iti-8*. 

Baldknspkrokr  (W*).  Das  SelbsLbewus8l84>îû  Jesii  îm  Liclilc  dor  mcssia- 
oisclien  lîoflnuDgon  seîDêr  Zeit.  Slrasbourg^  Ithn  J.-H  -Ed.  Heilz,  1888, 
iû-S**  do  v-102  p, 

^BBicûLHiL  (Josepli  M.).  Porat  loseph.  Pequoùo  compecdio  coBtenieDdo  el 
Iralado  de  las  roaximas  do  Ahoth;  ta  Agada  tic  Pessali  ;  seguida  del 
Hallùl  y   Bircat  \Jazoa;    el   Canlico  do  los   CariticoB,  y   las   Ilaphtaroth 

»  Babel  Habi,  Hod  Hayom,  y  Asopli  Asiphem,  y  en  fin,  Riith,  Ejab  y 
Ksllicr.  Liabanne.  iraprv  Luso-ll^spanbola,  1887,  in-S'Me  32  p,  S*arrôle 
au  u^  12  du  4<^  cbap,  des  aùoi\  le  reste  nu  probablemcut  pas  paru. 


Orieniuliscbe  Bibliograpbic,  berau^gg.  von  A,  Mfiller  ;  1"  aunce, 
V  fascicule.  Berlin,  libr.  II.  Huuibcr,  1887,  in-B'*  de  m  p. 


1"*  vol. 


BIUOCH  ilBaaç,,  grand  rabbin  d'Alger.  Les  flU  de  Samson,  bî«loirc  Juive 

■      d'après  S.  Kabu.  Parts,  libr.  A.  Durlacher,  1687,  în-18  de  198  p. 
Rnman    d'util   lecture    tr&s    agréable;   à    la   fm^    quelques  poésies   de 
M.  Bloch  qui  sont  vraiment  Jolies. 

BRA.KDBIS  (J.).  Sippurim,  Gbetlosagen,  jOd.  Mylhen  und  Legeudeo,  Voîks- 
ousgabe.  Pra^^ue,  libr.  J.-B.  Brandeis,  1888,  in-8*'  de  4Ô5  p.  C'cstraucien 

■      recueil  de  Pascbele,*?,  remanié  et  abiôgô. 
Cassel  (D.).  Joscf  Karo  und  das  Maggid  Meacbarim.  —  Dans  6.   Berîcbt 
ûber  die   Lcbranstalt  f.  d.  Wissenscb.   des  Judcnlb.   in   Berlin.   Berlin, 
impr.  Roseulba!,  1888,  iii-4"  de  12  p. 

M.  Cassel  soutient  la  thèse  que  le  Magid  Mesch.  attribué  â  Job.  Cero 
n'est  pas  de  lui  et  que  les  r^ves  «t  fatilaisies  cabbalistiques  de  cet  ouvrage 
ne  peuvent  être  Pceuvre  d'un  savant  aussi  sérieux  que  Tétait  Jos.  Caro. 


300  REVCÊ  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Nous  «erions   trè^  disposé  à  iccepter  cette  thèse,  mais  il  faut  wvoxm  fjSÊ 
l«9  ■rgumenla  invoqués  ne  sont  pas  nombreux  ni  de  grande  valeur. 

Calalog  der  reichliaUlgen  Sammlung  tbcologîschcr  Bûcher  jûdiscber  a.{ 
cbrislUdjor  Schriflsleltcr  zusammcngcbrachl  von  G*  Bruna,  A*  Fûrsl^ 
L,  Sleinfort,  J.-P.  Sirickcr,  Amsterdam,  IJ.-G.  Bom,  1^88;  2179  nu- 
méros 

Chants  hébraïques  Buîvanl  k  rllc  des  Comtnttîiaiités  Israélites  de  Taocica 
ConilBt  Veuaissin,  recueillis  et  publios  par  MM.  Jules  Solomoû  Cpémicti 
et  Mardochée  Cremicu  fils  de  Hanancl  Crémicu  d'Aix.  [Marseille  t],  impr. 
DiîlaEchy  et  C'*,  [18H7].  in-T  de  v  11-227  p.  Titre  hébreu  :  b«TO^  PTï'Vi 

Nous  sommes  heureux  qu'on  ait  recueilli  ces  mélodies  qui  s'eo  root  et 
se  perdetit.  Les  hommes  compétents  jug^rout  de  la  valeur  arlislique  et 
esthétique  de  Touvriige  ;  «a  valeur  historique  est  incooteslable;  cWl  uï 
document  nouveau  et  iutéressanl  pottr  rhisloire  des  Juifs  de  Cerpectni 
et  du  ComtQt, 

CoNDKR  (Claudc-Relgnicr).  Syrîaa  Stone-Lore  ;  or  tbe  Monumental  His- 
tory  of  Palestine.  Londres,  libr.  Richard  Benlley  et  tîls,  1886,  in-S"  do 
xiv-472  p. 

Contient  des  chapitres  consacrés  anx  monuments  des  Hébreui,  d«i 
Juifs  du  second  temple,  de  l'époque  d  Hérode  ei  du  temps  des  Honuias. 
P.  2fi5,  le  S'^Vlp^iTJ  du  Talmud  est  un  menhir  consacré  à  Mercure. 

Controverse  d'un  évêquc.  Lettre  adressée  h  un  do  ses  collègues  vers  l'aa 
5H,  iroduito  en  français,  du  texte  arabe  publié  d'après  un  ancien  ma- 
nu scrit  de  La  Bibliothèque  Naiiona'le  de  Paris  (n*'  755  du  Catalogue),  par 
Léon  Schhjsberg.  Paris,  lîbr,  Viewcg;  Versailles,  chei  Pauleur,  ISB^t 
in- 8**  de  34  p. 

L'original,  écrit  eu  arabe,  est  une  lettre  attribuée  à  un  év&que  ehr^tiei 
quif  au  moment  où  il  allait  se  ronvertir  su  judaïsme»  l'aurait  adressée  à 
un  de  ses  collègues.  C'est  une  œuvre  de  polémique  dirigée  eonlre  l^ 
christianisme.  La  préface  de  Tédition  arabe  a  déjà  fait  remarquer  que  d 
Touvrei^e  a  été  écrit,  comme  !e  dit  un  pis.iage  do  la  lettre,  2;iU  aos  ■fyrèl 
Dioclétien  (devenu  empereur  en  284],  il  esl  probable  que  la  rédactiot 
erube  actuebe  est  posférieure,  et  que  i*origioal  aura  été  écnt  en  Sjri«,  et 
pr<"c  ou  eu  syriaque.  On  peut  ajouter  qu*à  la  p,  17  du  texte  arabe  il  seiDl4É 
qu'tl  soit  question  des  mo3i|uées  et  d'une  prescriptiou  rouaulmane.  Li 
lexte  ursbe  serait  donc  postérieur  à  622,  année  de  l'hégire.  La  traduclios 
peut  donner  une  idée  de  rouvrsge,  mais  n'est  pas  faite  «vec  tout  le  soia 
qu'on  voudrait.  11  est  surtout  regrettable  que  le  i  réducteur,  sans  aucoM 
raison  apparente,  ait  souvent  résumé  le  lexte^  au  lieu  de  le  iraduiref 
{isuté  des  passages  entiers.  La  plus  grande  lacune  se  trouve  k  la 
la  traduction,  qui  ne  donne  qu'une  très  petite  partie  de  la  p.  U 
En  outre*  d  y  a,  dans  la  traduction,  une  erreur  de  mi^e  en  pi 
passsge  qui  commence  psr  les  mois  *  Ne  sais- tu  pas  que  le  pro! 
p,  !t,  et  qui  finit  par  les  mots  *  de  telles  croyances  »,  p.  It 
transporté  à  la  p.  13,  avant  la  ligne  8  en  remontant* 

Corpus  inrtcnptionnm  scmiliearum  ab  At^demia  hiscriptiontim  et  lîf! 
rum  huinaniorum  condlluin  alque  digestum»  Par^  primu,  InscriplL  Pba 
nicins  eoiitinenfÏT  tonius   I,  fascicul.  4.  Paris,  impr.  nation  ,  1887.  TcxU 
et  atlas. 


Dali£4N  [G. -IL).  Der  loldcnde  und  der  slerbende  Mossîas  der  Sjnago| 


U 


îm  crsten  DacbchrislHcben  Jabrlausend.  Bcrlio,  libr.  II.  Rculher,  1888, 
ÎQ^"*  de  iv-lOÛp.;  u"^  4  ÛQS  ScliriftcQ  des  lEsliluium  Judaicum  lu 
Berlin. 

DbrRNBOUrg  (Joscpîi).  Elazar  ïe   Peilan.   Paria,   Uhi\  Vievcg, 
ilc  p*  429  à  411.  Tirage  â  pari  diïs  Mélanges  Renier. 

M.  Joî.  Derenbourg  a  lui-tnême  publié  une  iorle  d^analyse  de  ce  tra^ 
vail  daos  uoire  Iievu*i  ;  amis  dsQs  ceUe  publicatioQ  de^  Mélaaj^es  Héaier 
(parue  seuletneuL  dn  1S8T  ?/  ûu  Irouvcra  des  notes  âci6LiUlîqa⣠ intéres- 
santes, et,  de  plus,  trois  iascrîptiaiïs  grecques  inédites  de  Civitas  Portus^ 
en  Italie  ;  ce  sont  des  iiiacn plions  funérair^fi  prtrtanti  ïnjx^,  le  nom  de 
DoraiSf  avec  ua  chandelier  :  Feutre^  lo  noia  de  Sarra,  avec  uti  emblëme 
juif;  ta  dernière,  celui  de  Siilo[raé],  Jillc  de  Gadios,  »  l*brede  la  syaagogua 
des  Hébreux  ». 

DoELUNoBR  (Â.  vou].  Akademiscbe  Vorlr^gc,  crsler  Baad.  Noordlingen, 
-     iibr.  C-H.  Beck,  1888,  io-S-. 

I  CoDtieot,  p.  219-248,  Texcelleute  conférence  faite  en  lâfiL  sur  •  le^^  Juifs 

■  «n  Europe  >  «i  publiée  u  cette  époque  par  divers  journaux. 

'lÏRDiiihlOND  (James),  Pbilo  Judaeus,  or  Tbc  Jewisb-AlexaDdrian  Pbiloaopby 
in  lis  developmeut  and  compleiion.  Loadres,  Iibr.  WniJamâ  aud  Nor- 
galc,  1888,  2  vol.  iQ-8*  do  vu  1-359  +  355  p. 

Livre  I*^.  Le  philosophie  grecque.  -^  Livre  IL  Mélange  de  Thellé- 
nisme  et  du  judaïsme  au  tempe  de  Fhilon  [IJcdé&iaate,  Septante,  oracles 
•jbillins,  S  B  gesse  de  Salomon,  lettre  d'Arîslée,  A  ris  lobule).  ■■ —  L.  11 L 
Pbilon  :  Origine  et  nature  de  la  philosophie  ^  FUnivers  et  les  problèmes 
qu'd  suggère  ;  Anthropologie  ;  Dieu  ;  les  Pyiasances  divines  ;  Je  Logos  ; 
raiithropologie  snpérieure.  —  Table  analytique  des  matières  et  autres 
tables. 

ifTKSiL  (M,).  Der  Qcial  des  Talmud*  Budapesl,   impr.  MorUz   Buriao, 
in-S-  de  240  p. 

Coulienl  47  cbap.  dont  les  sujets  sont  :  Dieu»  Tbomme,  l'Etat,  la  Ju»> 
iice,  Famour  du  prochain,  la  charité,  le  travail,  les  payens,  Taccusation 
du  eacrifice  humain,  ruâur*^,  le  comEoerce,  etc^*  etc.  Les  questions  ne  soQt 
pas  épuisées  par  l'uuteur,  il  s'en  faut,  mais  elles  ne  sont  pas  mal  exposées. 
Dans  le  détail;^  on  trouvera  des  erreurs  et  des  la  pana  â  rectiJier. 

Fabrb  d*Bnviku  (L'abbé  J.},  Le  livre  du  prophète  Daniel,  traduit  d'après  le 
leste  bébreu,  uraméeit  et  grec,  avec  uae  ÏDlroducttou  critique  ou  défoDse 
nouvcilt^  du  Livro,  et  un  commculaire  lilléral,  cxégétique  cl  apologé- 
tique. Tome  piemier,  lulrûductioa  crilique,  l""*  et  2«  parties  ;  Paris,  Iibr, 
Ernoâl  Thorio  ;  Toulouse,  Iibr.  Edouard  Privât,  1886  ;  2  voL  îd-S**  de 
XIV-908-ÏV  p. 

Comme  noua  sommes  partisan  convaincu  ds  la  thèse  qui  place  le  Livre 
de  Daniel  i  Tépoque  d'Antiochus  Ëplphaciei  lous  ne  pouvons  d:re  qu'un 
mauvais  Juge  du  livre  de  M.  Tabbé  Fabre  d^Eavieu.  Noua  croyons  qu'il  a 
dépensé  beaucoup  d'elTorts,  de  science  el  d'érudition,  pour  uae  tâche 
ingrate. 

FouCAULP  (Vicomte  Cb.  de).  RecoE naissance  au  Maroc,  1883-1884.  Paria» 
Iibr.  Challamel,  1888,  in-4°. 

■  Aux  pages  305  4 OS,  Tauteur  a  un  chapitre  intitulé  ;  Lea  i«>raélites  au 
I  Maroc.  DaDs  ce  chap.,  M.  Foucaud  donne  un  relavé  dei  iaraélites  qui  se 
I                troufeat  dit pe nés  dans  diverses  parilea  du  Maroc,  c'est  uue  filstbtique 


HEVUE  DES  trmm  juives 

ittéresfiaulâ.  Ce  qui  est  pénible,  dans  la  lecture  de  eé  chi|ittn, 
TtulMir,  tprès  ivojr  Tait  Boa  voy9g:6  d'etplontiOQ  déguisé  «i  Juif, 
re^u  partoult  chez  tes  Jujfs,  le  moiU«ur  occueil,  les  récompense 
toiirs>  rju'ils  lui  Qut  prélé  eu  disuoi  d'eux  tout  le  mtl  qu*il  peut,  satiségiri 
•  leur  situnlioD  mis^rnblï",  aux  souffrnnct^^  qirilB  «udurent.  Â  U 
générale  des  habitaol^-  Nous  avon»  élé  heurrus  de  voir  que  M.  CàirW- 
liez,  deiifii  U  i?#cji«  (/«r  Ihm^fàfondHt  t  relevé  cs  procédé  essorémezil  pM 
délicat. 

FfitBDRicii  (Tbouias'.  Torapul  und  Palast  Salomo^s,  Deukm&ler  pbûDiki* 
Bcbcr  KaoBt-  Ri^kouslruklioD,  Exogaao  ûoi  Baubenclile«  mil  Oruudrisam 
uiid  PcrspucUvcu.  luuabruck^  libr,  Wngnet,  1887,  in-4*»  de  72  p.  d 
D  pbnchoe. 

Décrit  U  Naos  rpl&Qi  éléviUou,  décorilîoji],  U  coor  ialérieitre.  la  tm 
d'Bzéchiel.  le  psltis  de  Salomon,  ei  compare  syee  été  coastruclioas 
cieuues.  C/est  uue  <Stude  k  consulter > 

Gëldhaus  (S.),  Udicr  SLoâ'e  alldeutscber  Poésie.  Borlin»  Sibr.  Stuhr,  s.  dr 
(18B7),  ÎD  S-^doeaiK 

Très  intéressKQles  cotoparaisons  enlro  Ue  légtadts  Joives  et  loi  Mgioiai 
qui  circulent  eo  Burupe.  pnuctpalemetit  en  Âllemsgtie,  Od  rtJMNM 
surtout  le  chap  consacré  k  SUjskiud,  h  trouvère  Juif,  et  oîi  ^.  Q*  i 
élucidé  des  questions  qui  étaient  restées  douteuses.  L  auLeiir  prouve  ((Ot 
Sûsekïud  était  familiarisé  avec  la  lilléreture  biblique  d  rabbinique  ;  M.  0« 
flupposeï  en  outre»  que  SQssktod  o'a  pes  pu  réciter  «et  poésies  devaol  i«a 
barons  et  tioblea^  comme  let  Uottvèros  chrélieasi  et  qttll  &'a  jamais 
cbsuté  que  sur  le  papier- 

GauBNWALD  (Moritx).  Ueber  dcii  jûdtsch-  dcuiscbcn  Jargon,  vtiJgo  EaudcN 
w&lcU  geDanot.  Prague*  Hbr.  Jacob  Pascbalea^  1888,  iii-8<>  de  15  p.  Tlngo 
à  part  du  Ungariscbe  Israeltt. 

M.  Gr.  donne  un  certain  nombre  de  parallèles  iatéressaDU  e&in  \» 
le  judéo-allemand  et  d'autres  langues  ou  dialectes  ;  il  les  rattarlie  à  oM 
Bociejiue  vereiou  judéo-allemsûde  du  PateuOtre.  Nous  u^oserious  pas  àir 
eider  que  rsUemaad  scAlaeÂtm  vieiit  de  Tbébreu  t2TTS3t  uoua  rappetoat 
seulement  que  lea  juifs  comtadins  avaient  le  vrrbe  tûgaitr^  qui  répond  I 
l'idée  de  UTVQ  ^i  provient  de  ce  mot  hébreu. 

Graetz  (H.).  Histoire  des  Juifs.  Tome  troisième  Traduit  de  rsltcmand  piT 
Moïso  Bloch.  De  la  dosLmclion  du  second  Tcmplo  ilO)  au  décliû  de  l'eii* 
larcuti92U).  Paria,  libr.  A.  Durlacher,  1888»  iu-H"  do  358p, 

Ghastz  (H.).  Yolksliiiiilicbe  Gcscbichtc  der  Juden,  L  llofi  Leipzig»  lil}?* 
Oscar  Loi  Der,  1888^  îii-8'^.  Les  autres  Uvraiso&a  coQtinueDl  de  paraliro. 
L*ouvragc  aura  3  voL 


GuDS3ijANN  (M.),   QescbtchtG  des  Ënsiebungsweaeiis  und   der  CuUur 
Juden  in  Deutscblaud  wâbrend  des  7iv.  und  XV*  JabrhuQderls.  Wien* 
libr,  Alfred  ilulder,  1888,  iû-8*  de  x-303  p. 

Cet  uuvrage  forme  le  troisième  voUme  des  études  de  M>  Gadem&aa 
eur  rhistoire  de  Téducatiou  et  de  la  civilisation  che2  les  Juifs  d'Occideal* 
Il  eat  impossible  de  dire  tout  le  biea  qu'on  pense  de  c^s  études,  on  a  if 
tliûrait  pas  d'en  éuumérer  tous  les  mérites  :  érudition  vaste  et  s&re,  iiar 
tueatias  lectures,  groupemeut  lumioeux  des  fuitâf  iulelligeuce  des  cau^ 
et  des  iulcntions,  parfaite  euleutede  la  perspective  historique,  qui  met  !< 
hommes  et  les  cboseâ  en  leur  place,  daus  le  milieu  qui  les  entoure,  avi 
les  proporlijus   qui  leur  convieunent  et  dans    leur  vrdi  jour.  Parmi  lit 


I 


liLULIOCmAPyJE  303 

neaÂfeux  thèmes  développée  dans  le  présent  volume,  on  peut  siguiiler  (s'il 
et!  poisible  de  chnisir]  comme  spécmlemeiii  laléressauls  les  noLices  sur 
divers  mbbtus  tels  que  Maharil,  Jacob  Weil  cl  SMrl'>ul  \léir  Ilallévij  de 
Yietjne,  et  Josef  Colon  ;  la  tlescripli>n  da  raclivité  srictitiEque  juivo 
dont  TAulriche  était  devenue  le  ccnlre  ;  rhistoïre  de  ce  qu'on  appelle 
U  mttriffttt,  de^  ^tudiaiitâ  et  THlibins  ambut&uLs  sï  nombreux  à  eellu 
époque,  1o  descripùon  des  ad  m  ûib  Ira  lions  et  iuhtilutioas  juives,  des  céré - 
motiies  religieuses  us  et  coutumes,  sufiiTâUtiouSi  des  ropporls  enue  Juifs 
ti  Chrétiens,  de  Tusure  Juive  et  de  l'usure  au  moins  aussi  grande  des 
chrétiens  de  l'époque,  et  tout  ce  qui  est  consacré  à  montrer  à  quel  point 
les  Juif»  alieroauds  s'étaient  assimilé  la  bague,  la  littérature  et  les  cou- 
tumes nationales.  Voici  quelques  observations  de  4littail.  M>  GUd.  adoplo 
L'explicaLioD  déjà  donnée  avant  lui  du  nom  de  lblî3j  qni  strait  nue  forme 
populaire  chrétienne  du  nom  de  Moîsc  et  qu'il  fiiudrait  protioncer  M&Uin 
^p.  17),  ^ —  L'évf*que  ou  epîscopus  des  Juifs  anglais  se  retrouve  dans  le 
Biscbof  des  Juifs  allemands  (p.  33*  —  Nous  voudrions  (|ue  M,  Gildem. 
Qo  dit  plus  Salomoii  b.  Aient  (p.  €(3^  il  est  maintenant  établi  quHL  faut 
tireii«/rfr. —  Les  observations  sur  riucertitiide  de  l'ortho^frapha  allemande 
de  Tépoque  (p,  74),  qui  a  donné  tant  de  ûl  à  retordre  aux  rabbins,  quand 
ils  voûtaient  transcrire  les  noms  propres  allematids,  ne  sont  pas  un  fait 
isolé,  ni  même  qni  eût  besoin  d'ut^e  longue  démonstration;  c'est  un  phé- 
nomène  bien  connu  do  tous  les  paléoprajibea  et  qui  se  retrouve,  au  mojen 
4ge,  dans  tous  îos  pajs.  —  M.  Gûdemoiin  nous  a  refusé  quelques  pages 
pour  (a  description  détaillée  des  administrations  juives  (p.  Ol^Ot:),  uous 
aurions  été  hcureuit  qu'd  eftt  développé  celte  qyestsoii  comme  il  Fa  fait 
pour  les  administrations  juives  de  ritalie.  Il  nous  dédommegera  une  autre 
fois.  —  Nous  na  savons  si  M.  G*  a  rais^cn  de  croire  que  in  mot  Schulâ 
(école]  pour  synagogue  «bt  d  invention  cbrélieune  (p.  94},  nous  croyons 
toujours  que  cette  désignation  vient  de  ce  que  fécule  primaire  )uîve  était 
dans  la  synagogue  ou  dans  uu  local  Bttenant  à  la  sj'nagogue.  Dans  tous 
les  f.as,  la  m^me  déaignaiion  &e  trouve  dans  le  Comtot  français  (récolo 
Jea  Juif»)»  en  Italie»  ou,  par  exemple,  la  famille  du  Scola  s'appella  en 
hébreu  ^03D'  Cette  nuiformité  dans  l'emploi  du  mot  en  ces  dilîérenls  pays 
Mmble  indiquer  une  origine  juive  plutôt  que  cbrétiauue«  —  M>  Gtld.  a 
blau  raison  de  dire  ip.  Ul]  que  dans  Tëglise  autsi  bien  que  dans  la  syna- 
gogue on  ee  permettait  souvent  des  plaisanlt^nes  un  peu  salées.  Ll  y  avait 
des  églises,  eu  moins  en  France^  où^  a  ccriuin  jour  de  rennéei  un  prêtre 
venait^  après  la  messe,  braire  comme  un  une  i  hi  ûhI  At  an  /  -^  Si  des 
femmes  juives,  eu  AUemaj.'ne,  s'appelaient  Âtbalie  (p.  105!,  malgré  la 
mauvaise  réputation  de  la  reitie  jtnve  du  m'orne  nom^  dans  le  midi  de  la 
France,  lo  nom  de  Salon  pour  Absalom  était  très  répandu  et  c'est  de  là, 
sans  doute,  que  vient  aussi,  chez  les  Juifs  allemands,  le  nom  de  Scl^abm 
(Scholem).  -*—  Les  femmes  de  mauvaise  vie  étaient  nombreuse  .  cheï  les 
chrétieas  (p.  flT),  nous  avons  déjà  fait  la  même  remarque  dans  notre  étude 
sur  les  Deux  livres  de  commerce  du  coromencemeut  du  itiv"  si&cle.  —  Oa 
croyait  que  tes  Juif^,  eu  expiation  de  leur  faute  d'avoir  méconnu  JésuS| 
étaient  a  ftligés  de  maladies  secrètea  et  entre  autres  d'bémorrlioîdes  fp^  110). 
C'est  de  lii,  sans  doute,  qu'est  venue  cette  histoire  ridicule  des  maladies 
spéciales  attachées  aux  deacendauta  de  chacune  des  dix  tribus.  Elle  a  été 
inventée  en  Espagne  par  A.  Carrnfa,  puis  colportée  en  Allemagne  (repro- 
duite en  allemand  dans  un  deis  volumes  de  \Yolf,  BMotk.  Eièr.}^  et 
mdme  répétée  encore  par  Drumont  1  En  Espagne,  les  plémiatcs  jnifs  du 
XV*  s»  parlent  encore  de  cette  fable  absurde  et  constatent  que  les  Juifs^ 
loÎQ  d*BVoir  aucune  maladie  secrète»  sont  aussi  sains,  au  moins,  que  les 
chrétieuB  —  La  population  juive  était  généralement  faible  dans  les  villes 
(p*  1271  ;  nous  avons  consacré  un  assex  long  développement  à  ce  sujet 
dans  notre  travail  sur  le  nombre  des  Juifa  expulsés  d'Espagne.  —  Les 
Juifs  allamends  croient  aux  démons  et  ûtres  aurnaturelSf  comme  les  ebré* 
tiens  (p.  139).  Jehiel  de  Paris^  au  xiii"  s.  croit  aux  féea  et  aux  tuLina  (vnir 


804 


HEVLE  DES  ETUDES  JLIVES 


91  cootTOTene  aYec  NicoUi  Dooial*  —  Oa  prenâ   des    iniiiin 
paisioQ  du  Jieo  Cp*  139}  ;  dus  let  pav#  romtos  et  surlout  ûêdb  fe 
PriDC«f    oa  reocouire   Lrès    fréquemmeiit  des  geas  qui  s'eogagciit  dcftil 
notaire,  et  tous  peioe  d'amende  oa  afilr««  peifies^   à  ne  pas  jovcr»  —  Lit 
Juiij,  quaod  ilfl  tout  condtmoét  à  être  pdadus^  toot  pêadiw  p«/  tes  piadi 
(p.  t47^  eiLicUmeot  comme  en   Fraoee  (voir  Biêt,  Ituér.   et  U  mmi« 
t.  XXX).  —  P.  17S  et  soi?.^  eîcetieni  chapitre  §ur   le  prit  k  ialérti  ti 
Tusare.  Noua  ajoutons  que  dans  la  Danse  macabre  peinte  pir  Bolbria 
dtas  la  cathédrale  de  Bile,   il  y  a    uo  Jutf  ei  un  minrief,  l'usonir  d'eat 
doQc  paa  Juif.  ^  Let  médecias  Juifs  sont  spécialemeoi  recherdi^  par  laa 
dirélient  (p.  1M)  :  se  souveair  de  François  F^,  roi   de   Fraoee.^m  reet 
«voir  abtolutâeui  un  médedo  juif  et  en  demande  un  k  Cheriet-Quisi.  ^ 
Let    tobriqueta  donnés  eux   cbréliens  (p.    ^h)  ;  ils    sont   nnlérîeorf  su 
XI v^  siècle,  on  en  trouve  déjà  un   cerlam  nombre  dans  an    pa«ca§a  des 
EfiractioMS  de  Talmmf  imprimé  par  nous  dans  U  lUvué.  —  Les  manvaitet 
manières   des  Allemands   (p.   1^*6)  i  dans   l'étude  que  noua  a\oos  pablîée 
sur  Josef  Haccohcn,   ou   voit  aussi   que  les  Juifs  i  ta  tiens  crojaient  ftra 
mieux  élevés  que  1rs  Jutfs  allemands.  —   La   oute    Vil  (p.  280}  sur  lêfl 
Irantcription  de  T allemand  au  moyen    de  caractères  hébraïques  est  bt^^ 
intéretainte  ;  ou  pourra   la    rapprocher  de  Tétude  iur  la  trmnaeriptioa  da 
français  publiée  dans  notre  article  sur  les  Deux  lirret   de  oomtnaroa,  cle. 
En  France I  aussi  Vm^   qui  a  un   son  très  analogue  4  Vê  allemand,  s'écrit^ 
^1  (p.  2fi3,),  par  exemple  ^n'^ip  e«r/.  Le  ^  quiesceitt  de  la  un  de«  moû  a^^ 
lemandt  (p.  2^d,  2911  vient  peut^tre  de  la  méthode  française,  où  le  AI  à  la 
fin  dea  mots  représente  r«  muai.  Le  n  ii*^t   pas  non  plus  emplojé  dans 
let  transcriptions  françaitet,  mais  celle»-ci  em^iloient  le  n*  qni   n'etf  pas 
«mptoyé  en  allemand  ;  nous  pensons  que  cela  vient  de  ce  que,  en  Pranet, 
le  n  ne  s'entendait  guère   et  qu'il  a  fallu  prendre  le  H  pour  repréatater 
Vk  aspirée  (D*^pn  Haquiu)  ;   en  Allemagne  la   proconciation    du  n  ^iii& 
assez  forte  pour  représenter  Vh^  même  aspirée.  La  différence  entre  let  àf- 
tite*  et  les  tKéîittê  (p*  75]  nous  paraît  surtout  consister  eo  ceci  :   dans  ses 
féjfiona  et  aujourd'huif  le  kit  hébreu  est  mal  prononcé,  on  en  fait  à  tort  aa 
Au/' aspiré  ;  la  vraie  prononciation  est  une  forte  aspiration  venant  du  fond 
de   la    gorge^   Les  chétiut  avaient  déjà   notre  prononciaûoa  vicieuse,  lit 
kiêiiiê  auront  eu,  plus  ou  moins,  la  prononciation  correcte.  Avec  le  temps, 
la  prononciation  plus  correcte  a  disparu  de  nos  pays,  et  let  chéïilet  oal 
triomphé.  Les  Juifs  du  rite  sefardi,  en  Orient  et  en  Afrique,  coutinuenl  à 
pmnoucer  correctement  le  hit* 

Gtttacbten  GangatielU  'b  (Cicxneiia  XIV)  ia  Aogelogctibeit  dcr  Blulbeschnl* 
dlgung  dcr   Juden.  Aus  dem  italioniâcben  uber&cUt  voa  A.,  fierliner*  ^ 
Berlin,  libr.  Pb.  Deutsch»  1888,  io-S'»  de  48  p,  | 

Le  mémoire  original  parsllra  dans  un  prochain  numéro  de  U  Mt^mt;  Û 
est  daté  de  1750  et  se  rapporte  a  des  faits  qui  se  sont  pasiéis  a  ceUa 
époque  en  Pologne.  M.  Berl.  a  mis,  à  la  fin  de  la  brochure,  d'utiles  noies 
bistonques* 

Hahmuth  (C.-F.-Aug.).  Der  cfarouologiscbe  Rbytmuâ  des  allcii  Testa* 
mculB,  ciue  bbloriach*  pbîlosopbische  Studîc.  Hreslau*  llbr.  Prousi  et 
Jùngcr,  1881,  in-8«*  de  40  p. 

Nous  avouons  n'avoir  pas  bien  compris  ce  que  veut  Tauteur,  dont  rttpo' 
sHion  nous  a  paru  très  obsrure  ;  il  nous  a  semblé  qu*il  groupait  les  ehd&ts 
de  façon  a  retrouver  les  mêmes  totaux  dans  did'éreotea  périodes  de  Thif  > 
tbire.  Ce  serait  un  jeu  enfantin. 

Ha'/^zan  (David),  Hlstoria  ottomoua.  Smyme,  Impr.  de  la  Esperaiizi,  ^H- 

1687|  iû'8^  do  190  p.  En  judéo-eepagnol,  caractères  hébreux. 


BfBLJOGlUPlUK  m 

Hbn'RYCHowski   (IgoaU)*   Htilclû  Jâcb  î-;"^ibbHt  «der  die  ideniische  Form 
und  Bodcalung  do^  Slûvjschcti  utid  dos  aitlestamcnlllsclieD  Urgotlesna- 
p  mens  Bôg  TP.  Ostrowo»  chez  raulcur,  1887,  in-8^  de  35  p. 

noLZMANN  (Micliaeî;.  Ludwig  Boerae,  soin  Lcbcn  uud  sein  Wirken  nacb 
lien  Quclleo  daigestclU.  Berlin,  libr*  Hobcrt  Oppenlieim,  1888,  m-S*^  de 
(iv>402p. 

Table  do*  matières  ;  Ititroduelion,  —  Enfance  et  oJolesccnce-  — 
Années  d^étudianl-  —  Premiers  essais  lill(?raires*  *-  Boerno  foïiclloniiBiro. 
'-^  Son  baptême,  tes  rapports  avec  le  jude'L^aie  et  le  christianisme.  — 
B.  édileur  du  journal  1b  «  Wage  ».  —  B,  éditeur  de  deux  autres  journaui. 

—  Pérégrinations.  —  Le  Recueil  de  ses  œuvres.  —  Ses  Lettres  do  Paris. 
^-  B.  traducteur,  intermédiaire  entre  la  France  et  l'Allemapoe  ;  la  Jeune 
Allemagne;  Manï.el  le  galbpbagiï  ;  dernières  années  de  B.  —  Appendice 
cootenanl  un  tableau  généalogique,  et  des  notes. 

bibaUsverzeicliniss  der  Jatirguage  1869-Î857  der  Moaalsschrift  fur  Ge- 
scbicbLc  und  WisscnscbafL  des  Jurfenihuras,  Krotoscbin,  libr.  Mooascb, 
1888,  in-S*»  do  47  p.  Tirage  à  pari  du  n*  12  de  la  MoDatsscîiria  de  1887. 

Jacûbs  (JoFepîi)  anâ  Wolp  (Lucien),  Catalogue  of  tlie  AuglO'Jewisb  Hislo- 
rical  Exhibition,  Hoyal  Albert  Hall,  London,  1687  ;  illustratod  by  Frank 
Ilaes.  Publicalrona  of  ibe  Exhibition  Commitlce.  n**  IV.  Londres,  F.  Uucs, 
1888,  ïn.4^^dc  xxvi-yil  p. 

Noua  aTons  déjà,  dans  uu  numéro  précédent  de  la  Reçue,  roadu  compte 
du  catalogue  d@  l'Exposition  bistorique  juÎYe  de  Londres*  La  présente  édi- 
lioQ  se  distingue  do  Tautre  par  les  pJi otographies  et  grairiirea  qu'elle 
contient.  Les  planches  sont  nombreuses  et  excellentes*  Nous  EiignalonF, 
comme  spécialement  intéressents,  la  pièie  de  Colcbester,  p.  9,  avec  lu 
dessin  d'Aaron  fiL  Diabuli;  les  actes  bébrcux  el  latins  des  p.  II  et  12,  Im 
planches  de  monnaies,  p.  15S  et  164,  et  le  dessin  comique  p.  17t1>.  L'ouvrage 
contient  encore  une  faule  de  photographies  [2>^  planches  en  tout,  repréaen- 
taol  des  sefer  toro,  raegdlot,  objets  d*ur  et  d'argent  servant  au  culte  public 
et  privé).  Il  est  exécuté  avec  luic  el  ligurera  dignement  dans  toutes  les 
collections. 

Jabrbûcher  fîirjûdiscbe  Geschichte  uud  Litteralur,  herausgg*  von  N.  Brûll  ; 
VlïL  Jabrgang.  Franclort^s.-M.,  libr,  Reitz  et  Kohîer,  1887,  in-S'*  de 
188  p. 

Cunlienl  les  articles  suivants  :  Die  epiatolarischen  Âpokrjphen  und 
die  apokrTphiflcheo  Zusaize  ztjm  Bûche  Daniel.  —  Miscellen  i  Der  ?lgyp- 
tîsche  Vezir  Tagri  Berdi.  Paronomasirende  Darslellung  nichtjûdiachee 
Namen  bei  hcbrîiiachen  Dicbtern.  —  Das  Sendschreiben  Saul  Levins  ûbar 
den  in  Altona  dber  ihû  vcrbangten  Bann.  — ^  Zur  Geschichte  der  Judeu 
in  Frankfurt  a.  M,  ■^- Die  Haarbedeckuog  der  jadischen  Frauen.  -^  Isak 
Akrisch.  —  Die  Synagoge  der  Siburesier  in  Rom.  —  Mose  Ibn  Schanai. 

—  EingeRchaltetc  Partien  im  babylonîaehen  Talmud.  —  Sjnodea  der 
deutscben  .luden  im  Mittelalter.  —  Daa  Musik-lnstrument  Alamol»  — 
Der  Ri  lus  von  Troyes.  —  Recensionen. 

"rbcologischcr  Jahrcsbertcht,  hcrausgg.  von  R.-A,  Lipsius^ô.  Band,  cn- 
thaltcnd  diû  Literatur  dC8  Jahres  1886,  Leipzig,  lîbr.  Georg  Reicbardt, 
1887,  m-8>  de  x-528  p* 

La  chap.  x«  p.  C2  à  70^  contient  dés  notices  sur  les  éludes  juives. 

jERE%fiAS  (Alfred),  Die  babylonïBcb-assjTîscben  Vorstclhingen  vom  Loben 
Ducb  lie  m  Tode  nacb  dcn  Quel  le  n|  mil  Bertlcksiclitigung  der  uUlcsla- 

T.  XVL  n""  ^2.  2U 


RE  Y  LE  mes  ÉTITDES  iVtVES* 


md&tUcben  t^rolleleo  dançcstetll.  Leipzig,  Ubr.  EliiLiiclis,  1^87,  tii-6^  tfê 
126  F». 

L*ipp€todte««  p.  106  et  gmv.,  est  eoaneré  à  l'étod»  ém  hàâm  M  VA^- 

deo-TesUment  sur  la  vie  futqre. 

Jomai  der  Mîsclitiatractat  «  VersôhnuDgslag  »,  berausgg.  oad  ert&alerl  von 
UcrmaDn  L.  Strack.  Berlin,  libr,  HHeuther,  1?Ï86,  iq-8^  de  40  p, 

Inlrodacttofij  histoire  de  la  critiq^ue  da  telle,  édiliou  d'après  dhrer»  am* 
et  d'après  deitx  éditioaa  anléheurest  notes  eri  tiques  ^  tocakolnra.  L'm- 
Trag«  forme  le  a*^  3  des  Scbrifiea  dea  losiituiom  Jitdaiciuii  la  Boiia. 

JubotscbHfl  zum  sîebztgsleD  Geburlslage  des  Prof.  ïy  H .  Gnietz.  Breslaa, 
impr.  Schoiaaeiider;  1887,  in^-S'  de  324  +  8«  p, 

Cootieat  les  articles  saivaDie  :  J.  Perles  :  Die  Bertier  Usadschrift  di« 
kleiaeo  Ârucb.  —  Isidore  Loeb  :  Les  etpulsioBS  des  Juifs  de  ?raaoe  an 
XIV*  siècle.  —  A.  Schwari  :  B«leuchtuDg  eitier  dunklea  MiscàaalL  — 
M.  Gû^iematin  :  Der  Gott  der  Hach^,  ein  B^itrag  zur  Ethik  des  Jftdisebe& 
Volkes  —  W>  Bâcher  ;  Der  Prûtstein  des  Meaaehem  beo  Ssleœ.  — 
J.  Egers  :  Das  sUmoieliide  Madcheo*  ^ —  Eartwîg  Deranboarg  :  Ua  pa^ 
sage  f;ur  les  Juifs  au  xit^  tîècle,  traduit  de  rAutobiographie  d'OasÉioa* 

—  M.  Friedmann  :  Jarobb*  Atà  odcr  die  TbeituDjsr  desRekbes.  i 
zur  jùii&cbeQ  GeackichLe  tiud    AUerthumskaùde.  —  B.  Rippoer  : 
FrîediJlader  und    Probst   T«ller.  =  M.  Jodl  :  BtDige  Noltxen  ab  ! 
taugea  zam  z^eiiea  Theil  meiner  Scbrift  ;  *  Blicke  la  die  Religtoasge* 
schichte  *.  —  Brûli  :  Der  kleitie  Sifre   —  Pb.  Blocb  ;  Die  erstea  Caltar- 
besircbaagea  der  jûdiscbeo  Gemeiade  Posen  tmier  preuasiscber  Herrsebafl 

—  M.  Brann  :  Gescbicble  des  Laodrabbinats  in  Schlesîen,  na^  g^iruck- 
tea  und  uugedruckten  Quetleo.  — D.  Kaufmano  :  Barlbold  Dowe  Bar- 
maDÎB  uud  die  Vertreibuag  der  Juden  aus  BôhmeD  uud  Màhrea.  — 
M.  Babmer  ;  Uaggadiacbe  Aaateklea  aus  den  pscuJo-hieronTmiaDisdiaB 
Quiéftîones  —  Silomoa  Buber  :  Kinleitaog  und  Erga^Kuaçen  laoi 
Aruch  von  Rabbi  Samuel  beti  Jaeob  G  aœa.  —  A.  Kiacb  ;  ^IB  rbi- 
C"^5^bprî  Histoire  de  rideaui  de  Damas  volés  à  Vienne  ea  û3?3  ^^Ii)  et 
achetés  par  un  juif;  texte  hébreu  ioédît.  —  S.*J.  Ilalberstam  :  Tactaaol, 
de  Bologne  el  Forli  eo  51 7«  et  3178  {\m  et  1U8),  texte  hébreu  iaédit.  — 
Ad.  Jellinek  :  Sefer  ha-Ot,  Apokaljpse  des  P&eudo-Prophetcn  und 
Pseado-Messiaâ  Abraham  Abalafiit,  volleadet  im  Jabre  W^i  ;  texte  b^brco 
inédiL 

Kayskhuno  (M.)  Moses  Mendelssobn.  SoId  Leben  und  Wirken,  mil  atuthêu- 
tiscbcn  BliiHlralionen  und  elDcm  Facsimile;  Zweito  vermebrte  Auflnge. 
Leipzig,  Hermann  Mendelssobn,  1888,  ia-S**  de  x-54B  p.  avec  i 11 iiat rations. 

Cet  ouvrage  de  M.  Kayserling  est  excelleatt  ou  le  saU,  et  dooaé  nn 
exposé  complet  du  sujet.  Nous  le  recottundodoos  à  tous  ceux  <)ui  veulent 
étudier  les  origines  du  judal«;me  moderae.  Les  illustrattoas  ajoutées  a 
cette  édition  sont  :  un  portrait  de  Mendeissoha,  la  maisoo  où  est  ne  Mea- 
deUsohDf  un  charmant  portrait  colorié  de  Frotnett  femme  de  MeodeUsobaf 
et  un  autographe  de  Mendelssobn.  L'ouvrage  est  pourva  d^aa  ban  iadeii 
(|ui  manque  à  la  première  édilion* 

Kjttkl  (R.).  Gescbichte  der  llobraer.  L  llalbbaiid.  Uuglleokunde  und  Ga»  ] 
scUicbto  biâ  zuai  Tade  Josuas-  Golba,  libr,  F,-A,  Pcrtbes,  1888,  in*8*d<î  j 
xii-281  p. 

Li>;uL(>;s  /f^iuis).  Les  Bibles  et  les  iailiatcorii  religieux  dt:  VHumaniiè.  | 
Paris,  llbr.  Fiscbbacber,  in-8". 

Le  iiv'rt'  V,  vol.  IIÎ,  est  cûitaacré  presque  tdot  eotier  (p.  77  a  11^  h  Ul 


BIBLIOGRAPÏÎIE  307 

•  Bïble  hébraïque  ».  Cet  otrvrof^e  contianl  im  exposé  sommaire  de  This- 
toire  de  la  Bible  et  des  études  bibliques,  A  U  iîp,  ua  chapitre  sur  Id  Tol- 
mud  et  UD  chapitre  Bur  le  calc^ndrier  juif.  LWvriif^e  ne  s'edreBse  pas  aux 
hommes  de  science,  quolqull  âoit  bien  au  couraul  des  questieas;  le 
publie  eofael  il  est  destiné  le  lira  sûrement  avec  plaisir  et  proGt. 

Lkn'I  (Simeone).  Vocabularice  geroglifico  copto-  ebraico.  Volume  IV.  Tu- 
rin, Uth.  Saiussolla  Pietro,  1BB7,  1^-4*"  de  312  p. 

Lhvt  (J.),  Neubobraiscbcs  und  cbaldâiscbes  Wôrteibuch  ùbcr  die  Talmu- 
dim  uod  Midrasckim  ;  21"  fascicule,  p.  449  à  560  du  4**  volume.  LeipzJiiîi 
iibr.  Brockliaus,  1887,  iû-4'\ 

tdtwrasKir  (A.).  Beitrâge  zur  Eenntiiis  der  rcligionsphitosophîscheD  An- 
scbauuïigen  des  Flavius  Josepbus.  Bregiau,  libr.  Preuss  et  Jûugcrf  1887, 
m*8'  de  63  p. 

Contient  les  cb^pilTôs  suivants  ;  K  Dieu»  sa  naturel  ses  attributs,  ses 
rapports  avec  F  univers  ;  2.  Aoges  et  démons;  3.  L'uDivera  ^  4.  L'homme* 

LezîDgen  gohoaden  iu  de  VereenigîDg  veor  Joodsclic  Letlerkunde  en  Ge- 
sebicdeoifi  te  S'Oravenliage,  gedureude  bel  eerste  VereeaigiDgsjaar,  1886- 

1887,  La  Haye,  liJbr.  Belinfante,  1887,  io*8«  de  246  p. 

PT.  Taï  :  R.  Saedjab  Gaou.  —  J.-D,  Wijnkoop  :  R.  Joseph  Karo.  — 
T.  Lewensteia  ;  Maîmoiiides.  —  L.  Wagenaar  :  Hel  Bœk  Ijob.  — 
J.-L,  Sehlberg  :  Masaaot  BeDjamin.  —  Â.-R.  Pereira  :  R*  Jebuda 
Hanasi* 

LûUBiA  (Joeef).  Materne tijeska  Tooric  L^brei^age  Kaleadar.  MoMlew  sur 
Dnieper,  1888,  ia-6°  de  ix-152  p.  et  9  tables  ton  russe). 

Théorie  ma  thématique  pour  le  calcul  du  caleodrier  juif* 

Maspkho  (G.),  Sur  les  noms  géographiques  de  la  liste  de  Thoulmos  111 
qu'on  peut  rapporter  à  la  Galilée,  Londres,  I88ti,  in- 8"  de  31  p.  avec 
carte  géographique.  —  Sur  les  noms  géograph.  de  la  liste  de  Tboutmoa 
III  qu'on  peut  rapparier  à  la  Judôe,  Londres,  188S,  iu-8*  de  23  p-,  avec 
carie  géographique.  Les  deux  brochures  sont  publiées  par  Fiualitut  Vic- 
toria, société  philosophique  de  la  Grande-Bretagne* 

Ifsax  {Adalbertiis).  CbrestûmaLhia  targumica.    Berlin,   libr.    U.   Rculîier, 

1888,  ia-S*  de  ivi-300  p.  Fait  partie  de  la  Porta  linguarum  orienlalium 
de  Poiermann,  continuôe  par  Slrack. 

Morceatix  choisis  de  Tar^umim  de  ta  Bible^  avec  la  vocalisation  ori- 
ginale dite  de  Babylone^  d'après  les  mss.  À  la  un,  un  vocobuluire  (p.  105 
à  299).  C'est  un  travail  des  plus  utiles  pour  Tétude  du  Targum. 

MOTTJL  CEti»ilio\  Ebroi  in  Como  ed  in  altre  cilLà  dcl  ducato  MikiDCSC.  Do- 
eumentl  milaneni  del  secolo  decirnoqninlo.  Pages  l  à  44  du  Periodico 
délia  Soeieia  storica  per  la  provixicia  e  anlica  diocesi  dî  Como,  5*  vol., 
feae.  17  du  journal  Come^  impr-  F.  OslincîH,  1885,  in-8**. 

MûssÊ«  La  Ro^éo,  pK>ésie  religieuse  espagnole  par  le  rabbin  Abraham  ben- 
Eira,  poète  Israélite  espagnol  du  xii'  siècle.  Protestalion  du  Judaïsme 
contre  les  erreurs  de  Tastrologie,  traduite  et  développée.  Avignon,  ïmpr. 
Gros,  1887,  in- 18  de  39  p. 


HuBLiiSa  (tl.).  Ztif  Gescbtchle   der  scmitiachen  /^ischlaule.  WieQi  Alfred 


Tïï. 


ȉlMiv. 


Ulm  à  BcHîii  te  31  Jttvner  IWI. 
»  Uooalgbliuer.  lii-a>  de  19  p. 


PsitiCEf .  lair.  Alex. 


4 


Ibe  G€rBra,  vUh  •dditjom 
1S88»  ia-fl^  de  zv*W7  p. 

C»  obH««i  et  tollrtwiwt  fiMi— ngi da  SalosM  JImmi^  foi  a  Tiaà 
k  fia  da  dfltaicr  tiède,  sénlailhiiBrittesUoaq^laia  Meordée  II.  lltf> 
r»7.  Cette  Indoelioa  est  pourras  de  maêta  otike  ei  «vie  d 
de  II.  Mufrej  sw  le  vie  de  IleiBoa  e  perlir  de  la 
•steldogn^faie  |uqa'i  •«  neit  (ta  1800). 

NvcuAUXft  (Ad.).  Mcdiaeval  Jfewîsb  Chraaieles  and  chrooological  K 
Oxford,  ClarcDdoa  Prese,  1897»  iD-4*  do  zxiT*âO0  p.  Fait  pariiie 
eoUeciioo  dea  Ao  ce  do  la  Oxoniensîa. 

Cet  ooTnge  est,  pottr  Ice  bistoriena,  itiM  des  plus  toti&iasaalcs  poUr^^ 
ceiiôoa  qoi  «ient  été  Ciit«a  dans  ces  deraières  innées.  It  coatie&t.  d' 
des  imprimés  tt  des  manascrita  :  is  lettre  de  Scherifs  ;  U 
d*Abrabam  ibn  Daud  ;  celle  de  Josef  iba  Çaddik  d*AréTalo,  allant  juaqu'i 
1197  (inédit)  ;  celle  d'Abr^him  de  Tomitîe^.  échu  en  1510  [r.  p.  107,  L  S  ^ 
inédile  égaletoeol;  ;  de  grands  extraits  (ioédita)  dlsaac  Sambarï.  d*Bgjpt#^^ 
antenr  d^ane  chronique  écrite  en  tG72;  pois  un  Séder  Olam,  un  Séder  Olaoa 
ZuUa  avec  Séder  Taonalm  Te-  Amoriim  ;  une  chrtmiqae  très  courte  des 
empereura  romaine  ds  l'empire  d'Orient,  et  divers  fragmenta,  parmi  les* 
quels  un  fftgment  d*ua  Aroa  de  Lanel,  daté  de  Tan  l^t.  Dans  Ttatro — " 
ductioo,  M.  Neub.  fait  la  liste  des  chronicjusura  juifs  ou  même  des  ébauches 
ds  chroniqQea  faites  par  quelques  auteurs  dans  leurs  ourrages  (à  la  lûts 
des  Séder  Tannalm  ajouter  celui  de  Trahollo,  publié  par  D.  Kanfmann 
dena  BttUM^  IV|  ZûS)  et  indique  les  relations  qui  «siitent  eatre  qnelcpies- 
uns  dVnlre  eux.  A  la  p.  xv,  en  note,  se  trouTs  une  liste  de  corrections 
fsites  por  M.  Neubauer  à  Tédiiion  Filipowski  du  Jùhoiin^  d'spiès  le  ni§. 
qui  a  aervi  à  celte  édition.  Un  £aura  gré  à  M.  KA*  Neubauer  du  soin  qu'il 
a  mis  à  relever,  dans  les  mss.  et  les  éditions,  toutes  les  vsriaates  des 
teitee,  le  matériel  qu'il  a  réuni  pour  cet  objet,  dans  les  notes,  est  coosi- 
dérable,  et  d'uu  graud  prix*  Sur  diversea  questions  de  détail  concamaat 
le  texte,  voir  la  iuiie  de  outre  élude  sur  Joseph  Haccobea  et  les  chroni- 
queurs juifs  on  cours  de  pubUcatiou  dans  la  Revue* 

Omokt  (H.).  Spécimens  des  caractères  hébreux  gravés  à  Venise  et  à  Paris 
par  Gulllaumo  Le  Bé  (1546*74).  Paris,  1887.  m-8»  de  8  p.  avec  uae 
plaoclie.  Tirage  tx  pari  de  la  Société  de  riiisl*  de  Parts  et  de  THe-d^ 
Kraoce. 

La  bibliothèque  oalionale  de  Paris  contient  (Inventaire  Réserve,  X,  1665\ 
UD  recueil  factice  de  46  spécimens  et  épreuves  de  caractères  hébreu x,  recueil 
formé  par  lu  célèbre  graveur  Guillaume  Le  Bé,  avec  des  notes  manu5crite5 
do  lui,  dotiuaut  la  date  de  la  gravure  et  autres  indications.  On  y  voit  que 
Ginllaume  Le  lié  a  taillé  des  caractères  hébreux  à  Venise,  en  1S6,  pour 
■  Messer  Marc  Anthoine  Juslinian,  gentilhomme  Venitian  >,  dont  les  im- 
primi5s  hébroux  sont  connus  ;  en  1547  et  49,  pour  Maz  de  Parense,  à  W 
nise  (il  l'appelle  encore  Maggio.  Maio  de  Parenxa);  en  1556,  il  taille  un 
camci^re  «  glose  mo^-enne  ■  (probablement  rûscki)  pour  le  même  Maggio  ; 
puis  vietil  la  ujontîoo  de  caraclères  gr&véa  par  lui  i  Paria  en  1505  et  en 
1!>7I,  dont  luu  pour  Planlio  d  Anvers.   Son   père  avait  aussi  taillé  def 


BIBLIOGRAPHIE 


My9 


caractères  tiébreax.  L«s  reuillets  coatLeuneDl  aussi  âes  (épreuves  de  carac- 
tères hébreux  gravés,  à  Parts^  eu  tr>U«  par  un  aommé  Jeau  Ârnouli  dit 
le  Picard,  et  d'autres  gravés  également  à  Paris,  la  tuâmu  annét',  par  uu 
Martin  le  Jeuue.  Dca  caractères  de  Jeau  Ârnoul  sont  vetidus  à  Maz  de 
PareDSSf  la  «  glose  *  de  Jean  Âruoul  est  très  bcHo,  d'après  Le  Bé,  k  lettre 
de  Martiu  le  Jeuno  serait,  au  contraire,  mal  faite.  Dans  les  caractères  du 
célèbre  imprimeur  Bomberg»  nous  relevoos  une  •  glose  »  de  Messer  Cor- 
nelio,  Juif  baptisé,  correcteur  chez  Bombcrg  {égalemeut  bien  coïiuu)  ;  une 
■  glose  «  pour  les  marges  du  Séf  <  bassarasim  »,  probablement  le  dictioii- 
Dsire  de  David  KicDht.  Puis  vieot  une  «  grosse  glose  ■  taillée  par  M*  Mi- 
chel Du  Bois  à  Vei4ise,  pour  le  magnifique  Mess«^r  Marco  Anthimio  Justi- 
uiau,  geotilhoramô  vénitien,  loquelle  M*^  Léoa,  juif,  me  votjïut  faire  refaire 
(c'est-à-dire  voulut  faire  graver  à  nouveau.  Serait-ce  Léon  de  Modèae?)* 
Èâfin,  une  grosse  lettre  hébraïque  qui  éuit  à  un  juif  nomma  Jacob 
de  Mantoue^  jeûna  homme  travaîHaut  à  l'imprimene  de  Qiustiiiianî,  et  qui 
en  donna  une  frappe  à  »  Mazo  dai  Parenza  •-  Entre  autres»  un  spécimen 
aussi  de  caractères  hardis  et  rares  appoitéa  do  Constantinople  à  VeQlso 
par  un  pauvre  vieux  juif,  —  La  planche  jointe  par  M.  Omont  contient  le 
fac-similé  de  quelques-uns  des  spécimens  de  la  collection.  Ce  petit  travail, 
est,  comme  on  le  voit,  des  plus  intéressants,  et  nous  avons  vu  avec  un 
plaisir  parUculier  le  rûle  joué  par  les  gravuurs  français  dans  Thiatoire  de 
la  typographie  bébraîque* 

Popa  si  Ovreiul  par  N.  L  Craio^a,  Ubr.  Philip  Lasar,  1887,  in-S**  de  32  p, 

Presskl  (Wilhclm).  Die  ZerstreuuDg  des  Volkes  Israël,  IL  Ileft,  Die  Stufcu 
dieser  Zerslreuuûg.  Heilbronn,  libr.  lIonniDgcr»  1887,  in-B^  do  127  p. 

Regestcn  zur  Geschicbto  der  Judcu  im  frlinkischeû  iind  dcutschcn  Rûichc 
bis  zum  Jabrc  1273,  bearbcilel  von  Julius  Aroniua.  —  1  Lieferung,  bi.'i 
ïum  Jabre  1033.  Berlin,  libr,  Leonbard  Simioti,  1887,  in-4"  de  64  p. 

Excellent  travail  dont  nous  félicitons  virement  rauleur.  Il  a  montré,  en 
plus  d'un  endroit,  un  tact  historique  très  sûr,  par  exemple  au  n*  64^  où  il 
indique  avec  beaucoup  de  raison  que  l'importance  des  Juifs  dans  la  Gaula 
naiboDaise  a  été  grandement  exagérée.  Bito  entendu,  le  ù^  51  n'esl 
qu'une  légende»  et  non  de  Thisloire.  Il  faut  prob&blemeut  ranger  dans  la 
même  catégorie  le  n°  19  et  d'autres  articles  tirés  de  Grégoire  do  Tours,  La 
publication  est  faite  par  la  ■  Histor.  Commission  fur  Gesuh*  d.  JudeQ  in 
Deutschland.  * 

REtNJkce  (Théodore),  Les  Monnaies  juives,  Paris^  libr.  Ernost  Leroux,  1888, 
in- 12  de  74  p.  Petite  Biblioth.  d*art  et  d^arcbéologie* 

Les  lecteurs  de  la  Hevue  connaissent  cette  étude  par  rexcoUeutc  confe'* 
raace  que  notre  cher  collaborateur  et  secrétairo  M.  Tb.  Reinach  a  faite  à  la 
Société  des  études  juives.  Parmi  tes  nombreuses  pièces  reproduites  par 
M.  Reinacht  oous  signalons  particulièrement  celle  d'Âpaniée-Cibolus,  ou 
est  représentée  l'arche  de  Noé  avec  personnages.  On  bra  aussi  avec  beau- 
coup d'intérêt  l'bistoire  de  rinvention  des  monnaieSt  qui  a  été  esquissée 
par  M,  Heinacb  au  commencement  do  son  étude. 

RosBNDERO  (J.)-  l'aa  araniiiiscbe  Vorbum  itn  babyloaiscbcn  Talmud,  Mar- 
burg,  Oscar  Ebrhardl,  1888,  ia-8^  de  66  p. 

RosiN  T(David).  Reimo  tiiid  Gedicbte  des  Abrabam  ibn  Ksra,  gcsicbtet,  gc- 
BammoU,  ùbersctzl  und  crliluterL  Drittes  Ileft  :  Aussergottcsdicustliche 
Poésie,  Nr.  63-89,  Brcslau,  Ubr.  Wilh-  Koebner,  1888,  in-8<*  do  p.  100  d 
à  p.  166, 

ScuoENFKLDEu  (J.-M.).  Dic  KlagcUedcr  des  Jcrcmtaa  nacb  rabbiniscbcr 


3ia 


HEVIE  DES  ÉTUDES  JUIVES 


AusIeguDg.  1.  Âbrabttm  Ihn  Esra's  Commeiiiar  îd  daaisdier  Ueberira-  ' 
guog;  H.  CororoaDlar  ïd  Cad,  Hobr.  5  der  k.  Hof-  und  SUaisbibliolliek 
in  MûDcben;  Hebriiiseher  Text  mit  Ueliersetztiiig.  Mttiiieb,  Ubr*  SUhl- 
Bcn.,  1887,  in  8*  de  viiî-105  p. 

Schulchon-Anikli  (Gedeckte  Tafel)  oder  das  RiUial-  and  OcsoUbocli  des 
Judeothums**  *  tum  crslcn  Maie  aus  dem  Origioal  frei  ia  *a  Deutodie 
ûbcseUt. . .  voD  D*^  Johaflnes  A.  F.  E,  L.  V.  ron  Pavly  ;  !•*•  faacic 
Bftle,  cUez  Slepbati  Marugg,  1888,  in- 6^  de  1$0  p. 

Nou»  «vont  déjà  parte  àt  cetlo  |>ttbUcaltoa.  1ora<pi*«1]a  o  éié  êb 
LVxiiicDce  de  M*  l^arly  a  éié  obe  en  qtieilioii  ;  l*oa7iig«  «I  srapooQiié 

d*Ôire  tttie  pure  etiireprse  d'aotidémittsme* 

SkoOk-Sghônbs&oer  (Mark)*  Die  Sjriscbe  UeberseUung  der  iwôlf  EleioâD 
Propbolcn  und  ibr  Verbaltubs  zu  dem  massorelUcbcD  Texi  uod  711  den 
âlkm  UeberseUungen,  namentlicb  den  LXX.  u&d  dem  Tar^m.  BrcsiaQ^ 
libr.  i?reuM  ei  Jâoger,  1887,  va-S^  de  75  p« 

L'auteur  croit  que  la  trad.  ajriaqoo  des  PaUfs  Proph^t^s  est  Ti^STn 
d*uti  Juif,  il  y  remorque  un  grand  nombfa  de  reatemblnnces  avec  le  T«Tf«& 
et  des  eiplietiioDS  ou  traductions  împré^éaa  de  resprit  d«  la  baiakha  tl 
du  m  id  rase  h  pales  tinicDâ.  M.  Seh.  a  étudié,  ea  détail,  la  {«xta  da  U 
IraduclioQ,  a  cbercbé  à  recou»iituer  la  leçon  originale  du  tr«.dt»cit  or  là  oô 
elle  dilTère  du  Laxto  hébreu  de  dos  Bibles,  d^expliquer  les  erreora  qu'il  â 
fajiea,  do  voir  ai  cette  traductiou  syriaque  ■  un  ou  ploatatir»  auCaart  («a 
autauf,  d'aprèe  M.  Seb.). 

Spitzkr  >  SaDiuel).  Uêber  SilLe  uod  Silleo  der  altOD  Volker,  DamecLlicb  der 
Hebriior;  Griccbco  und  Ronier-  Budupûôt.  1888,  iu-S**  de  89  p.  Timge  à 
part  ÛJQ  rUo^ariscbc  Israelil. 

CoQBidériitious  sur  lea  moDtira,  rhebiUataaQt,  Hiabilalloiiy  les  repas,  li 

lilLéraiura,  la  religioDi  la  politique. 

STErN  (Henri).  Un  faux  diplomate  au  xvii"  siècle.  Kxlraîl  de  la  Rctuc 
d*bi8toire  diplomatique.  Paris»  libr,  E;  Leroux,  1888^  in-S-  de  18  p. 

Cetta  biatoire est  bien  curieuse.  Tout  le  moade  a  eaieudu  parler  de  celte 
famiUe  Palacba,  doot  quelques  membres  oat  été  «geota  de  TEiopereur  du 
Maroc  en  Europe  Un  David  Palache  vint  a  r*ari8  en  163t  :  il  prétend  être 
chargé  de  conclure  une  slliauce  avec  le  roi  de  Franc»  i| Louis  XUI),  il  est 
très  bieo  accueilli,  conclut  le  traité  et  s*«u  retourne  avec  dès  préaeott  du 
roi^  Mais  au  bout  de  Itoîs  eni,  on  apprend  que  Tempereur  du  fliaroo  désa- 
voue Palaihe  i^t  la  leitro  de  créunce  «ibibée  par  Palacbc  et  qiii  aurait  été 
l'cQuvre  d'un  complice.  Louis  XIU,  eu  1634  ei  1635,  veut  se  faire  livrtr  le 
prétendu  ambsESadeur,  qui  demeurait  à  cette  épi>que  aux  Pays-Bas,  mais 
il  est  probable  que  cette  demande  ne  fut  pas  suivie  d'&lTetf  c&r  après  la 
mon,  en  1537,  de  a  ou  uncla  Josepb  PaUche,  qui  était  biaa  réatlemeni 
agent  de  Tûmpereur  du  Maroc  aux  Pays-Bas,  Devid  Pdlacba  fui  nomm^  à 
sa  place.  M.  Steiu  ue  doute  pas  que  David  PaUeba  n'ait  été  u»  faux  am* 
ba»sadeur  et  il  montre  que  le  cas  ne  serait  pas  isolé  dans  los  annalaa  delà 
djplomutie,  tuais  il  serait  bien  étonnant  que  ce  Juif  marocain  efti  oaé,  à 
cette  époque,  tenter  une  aventure  aussi  audacieuse^  Le  désaveu  de  Teiape- 
reur  du  Maroc  n*c6t  pas  une  preuve  d'une  haute  valeur  ;  rEmpereur^  «prèJ 
avoir  soubailé  lo  traité,  n  pu  cbaoger  d'avis  et  ee  tirer  d'afTa^re  en  Mcth 
fiant  son  diplomate.  Cela  e'esi  vu.  Quoi  que  Ion  fas^e,  il  faut  auppoaer 
qu'à  la  cour  du  Maroc  ou  avait,  sur  ces  aertes  d'afaîrea,  des  idé«s 
très  larges  «ft  peu  de  scrupules,  puisque  David  Palacba  fui  emplejé  pla$ 
terd  par  elle  l'oinme  egeut  diplumaliquc  :  ou  bien  l'empereur  a  luî-Maérne 
myatiËé  Louis  XJII  ou  bien  il  a  abaouB  la  mystificateur. 


I 
I 


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STsrKSCiiSBiDEii  iMorltz).  Uober  das  Wort  Âltnatiacb.  DatiK  Zeitsclir.  L 
Gescb    der  Mathemalik,  Stockholm,  1888,  in-8*,  p.  13  à  lu. 

Cootienl,  entre  autrtis»  dlYerses  iûdicsUoas  sur  remploi  du  moi  Alma- 
DBch  chez  tes  écrivaioa  juifs. 

Stbînschnkïdkh  (MO*  Jud,  GescbichLe  voq  der  Zcrslôrung  Jerwsalems  bis 
ZUT  Gegenwart.  —  Rapport  pour  1883  dans  Jabresbericble  der  Gescbicht- 
flwisseDscliaa,  0^  année;  iU'8^,  de  p.  1  35  à  I  51. 

STBiNSCHKitiDBR  (Moritz\  Gab  es  einobebrâîsclie  Kurzscbrifl^  DcantwarleL 
mil  eiDor  Noliz  ûber  die  bebr.  AbkiJnîuogen,  Separulabdriick  aua  dem 
Arcbiviûr  SieuograpLie,  1887,  n"  4&j  el  4(31  ;  in-8**  de  8  p. 

IndicatJt^QS  sur  la  nalure  et  l'histoire  des  abréviaiions  daos  11  bitérature 
béliiraicfuei  et  sur  tes  ouvrages  qui  iraileot  de  ia  malière. 

STmHSCiiKHtDSA  (MoritzX  Geminus  in  arabî&clier,  bebrSÎ&cber  [par  Abra* 
bam  de  Balmes,  1524]  und  lateiûiscber  Uebersetzungr.  —  Dans  Zeilschr.  f. 
Qeaeh.  d.  Malbem.»  de  Slockliolm,  1887,  d^  1,  iD-8^,  p.  97  à  91», 

A  la  fio,  quelques  notes  sur  divers  reoseigncmeDls  fournis  par  les  au- 
\  leurs  Juifs  sur  Thistoirûdo  la  scieuce  cbez  les  Arabes. 

Srai^CK  (Hermann-L.)*  EiDleiluug  in  deD  Tliatmud.  Leipzig,  îibr.  llio- 
ricUs,  1887»  in-8^  do  7G  p.  Tirage  iï  piâTi  de  la  Ueal-Encjklopadie  1'.  prot. 
Tbeolog.  u.  Kirché*  2"  édiL,  vol.  18.  Fait  partie  des  Scbriften  des  InsU- 
lulum  JudaicuiD  iu  Berlîu,  u*^  2. 

hL^ouvrage  eoaUeul  les  cUapiLres  snivauls  :  Division  de  la  miscbua  el 
ordre  des  différentes  parties  de  bi  mischoa  ;  cowleiiu  des  63  traités  de  la 
mischua  ;  \tts  Abot  de  Rabbi  Natan  et  les  Petiia  traités  ;  Ilistolra  du 
Talmud  ;  Liste  chronologique  des  do^'leurs  ;  caractéristique  ;  ouvrages  sur 
id  matière.  Ce  Iravoil  contient  une  feule  de  renseignemeuts  sur  le  sujets 
réunis  en  un  petit  espace.  H  est  cluir  que  la  cumpilatiua  d'un  si  gruud 
nombre  de  matériaux  ne  saurait  èlre  complèio  et  il  ne  faut  pas  s'étonner 
que  les  jugements  de  Tauteur  sur  des  matifïres  ausEÎ  diverses  et  aussi 
complexes  soient  quelquefois  sujets  à  caution.  Voir  une  receasioa  dans 
AlbeniEum  du  22  oct.  1887. 

Taîmud  {Le)  de  Jérusalem  traduit  pour  la  première  fois,  par  Moïse  Schwab, 
Tome  Xf  traités  Baba  Qamma,  iJuba  Mecia,  Uaba  Balbra,  SanbedrÎD 
(i-vi).  Paris,  libr.  MaisoiiuouTe  et  Leclerc,  1888,  in  8*  de  iv-300  p. 

Ce  volume  contient  en  tt^lo,  comme  quelques-uns  des  préeélents^  une 
liais  des  muta  étraugers^  grecs  el  LatiDs. 

VosiN  (C-IL)  Rudînaeiita  Liuguœ  llcbraicte  . .  *retractavit,  auiii*  septi» 
mntn  cmeudatlsëima  odidît  Fr*  Kaulen.  Fribourg  en  Brisgau ,  îibr. 
Ilerder,  1887,  in-12  deiv  13a  p. 

Wkjll  (AJeiandrc).  Le  Ceiîtcnairc  de  l'émancipalion  des  Juifs.  Les  Juifs 
depuis  le  second  lemple  Jusqu'à  quatre-vingt-neuf;  çatucbisrne  des  Juifs 
émancipés  ;  les  Juifs  émancipés  ;  catéchisme  mosaïste  universel  ;  calé- 
cbisme  mosaïste  israélite,  PoriSi  cbez  Pauleur,  1888,  in-8**  de  ii-294  p. 

Quoique  nous  soyons  souvent  d'un  avîs  contraire  à  celui  de  M<  Weill, 
noua  rendons  un  hommage  sincère  à  son  activité  ialellectuelle  el  à  iWi^ri- 
nalité  (tantôt  boime,  tiintôt  moins  egréable)  de  sa  pensée. 

WoouK  ^L.).  Cours  de  tbéologie  Juive.  Principes  généraux  Paris,  libr. 
A.  Durîacber,  1887,  in«8^  de  110  p^ 


L 


3!2  ïiEWE  DES  ETUDES  JUIVES 

Nolro  cher  mutrc  M.  Wogu«  public,  dons  ce  voluine«  une  pârl 
cours  cju'il  fait  au  Sémiuairo  îsraétito  et  uû  U  expose  les  théortes  relijjietises 
qui  mit  prévolUf  dans  le  judaïâmCf  sur  l&  métaph)  sique^  la  phjsiqoo  el  li 
morale,  M.  Wofrue  est  probablement  aujourd'hui,  en  Europe^  rhomma  le 
plus  versé  daus  ces  queslious.  Hn  réalité,  il  n'y  a  pas  d<5  théologie  juira, 
il  n^y  a  que  des  ibéologieus^  et  pour  coauaUre  leurs  doctrines,  cnsi  aupr&i 
de  M*  W*  qu'il  faut  r&pprcuùre. 

WoLi'  (G.).  Ausdcr  Zoit  der  KaiseriQ  Maria  Thcresia,  Wien,  Alfred  Hôldcr, 
1888,  in ■8'*  de  IY-U5  p. 

Coutiflûl,  p,  6Ch81,  UQ  cliSpUre  sur  les  Jtiifs  fous  le  règne  de  Maria- 
Thérèse, 

WOLP  (Lucien).  Plao  of  a  Dicliouary  of  ADgloJewish  Biograpliy,  Londres, 
bureau  ilu  Jew-  ChroDictc,  1887,  iu-8'  de  11  p*  Extrait  du  Jcw.  Cbit>D.,  -I 
et  U  uQv.  1887;  couileul  la  lîstû  alpliabêiique  des  arUcles  à  traiter  dans 
une  Biographie  des  Juifs  auglals. 

Wrbschmer  (Lcopold^.  Samarilautscbe  TradiUoueo  roUgelbcîU  und  nach 
ibrer  geseliichtiichéîj  Eutwickeluiag  untersucht.  Berlin,  Majer  cl  Mûller, 
1888,  in-8^  de  xxi-(i4  p* 

Dans  riutruLJucliou,  M.  W.  exprime  son  opicîûu  sur  les  relations  des 
Caraïles  avec  les  Samantaios  (riotluence  des  Samarît.  sur  les  Caraliei 
lui  paraît  curlai^^e)  et  sur  l^s  préfendues  ancieDues  traditious  juives  que  les 
Samarit.  auraient  mieux  conservées  que  les  Juifs  cuioiêmes.  M.  W.  n*«i 
croit  rien,  il  est  d*«vis  que  les  Samaritains  coiilenaièQi  plus  délétnanls 
payetis  qu'on  ne  pense  et  qu'ils  étaient  îocàpables de  s'asisimiier  eattèrtsment 
aui  Juifs.  Le  reste  decette  étude  est  eousacré  à  la  description  d'un  ouvrage 
de  polémique  vin^dit)  du  Samanlaiu  Muuagga  iba  Zudakab  ibn  Gbunib 
contre  le  judaïsme  robhaniie,  M.  W,  croit  que  cet  ouvrage  est  dirigé  spé» 
cialemeut  contre  Soudio. 

WuKNSCHB  (Aug.).  Der  Babvlouiscbe  Taluiud  iu  seinon  baggadisebcu  Bc- 
slandlbeileii  worlgelreu  uebcrsclîtl  und  dureli  Kolcii  crlâulerl  Zwcîlcr 
Ilalbbaiid,    :i.   Ablbcilung.   Leipzig,    libr.  Otto  Scbuko,  1888,  m-S*»  de 


3.  Publications  pouvant  servir  à  Vhistùirt  du  Judaïsme  moderne^ 


Du  Camp  (Maxime).  Paris  bienfaisant,  Paris,  libr,  IlacLelle,  1888,  in-8^ 
Le  chap.  IV  (p.  2rjl  à  440}  contient  le  beau  travail  do  M.  Max,  Da 
Cump  intitulé  *  La  Chariié  d'IsraCl  •  et  qui  a  paru  dans  la  HtvM  iu 
Deux^Mondes*  Ce  chapitre  contient  7  morceaux,  portant  les  litres  sut* 
vanls  :  La  Communauté  {juive  de  Paris),  rilôpitat,  les  Hospices,  la  Re- 
pos éternel,  le  Refuge,  rApprentissoge.  le  Dispensaire.  M,  Mai.  D.  C. 
a  fsit  des  institutions  de  bienfaisance  des  isra élites  de  Pans  une  étode 
approfondie  et  dos  plus  jutéiesjsanles.  Noue  lui  sommes  recûuuaissacl  de 
rattention  bîonvcilbûte  avec  laquelle  il  a  étudié  ce  sujet. 

FA4NK:  (L^ou}.  La  Bieiilaisaiica  israéllle  à  BruxelleSi  P'^  fascicule.  Extrait 
do  la  Revue  de  Betffiçue.  Btuxelles,  libr.  C.  Muquardl,  1888|  in-8«  de  28  p, 

Frémont  (Tabbê  n).  Conférences  de  SuinL  Pbilïppe-du-Houle*  A  veut  cl 
Carôme  i88l3'1887,  Jùsua-Cbrisl  attendu  el  prophétisé.  Paris,  libi.  Dcrchc 
et  Traliii,  1885,  in-lH  dcxvtlll  p. 


ê 


uibuogrâphie:        ^^^^^g       313 

M.  l'tbbé  Frérnoot  est  un  prédicateur  qui  s^est  )ïréparé  a  aa  miaaion  par 
dea  éludes  tihs  sérieuses,  ses  «ermoûs  ont  un  fonds  scieDtifiqcie  Eolide  el 
qui  l«ur  dûaae  beaucoup  de  prix.  On  a  été  spéctalement  beureux  d'euLen< 
dre  du  haut  de  la  chaire  chrétienne  b  condamaalion  d'un  livre  qui  a  fait 
beaucoup  de  brull  en  FraDCe»  Nous  reaouveloos  à  M.  Fabbé  Frérnoot  lea 
remerciements  qiteM.  le  grand-rabbin  Zadoc  Kaba  et  nous  lui  avoua  déjà 
exprimés  autrefoia  (p.  426  de  cet  ouvrage). 

OoRTSCHOKOPP^OoVAROPF  ipriiicesse  Nalhalie^  Juifs  et  chréUcDS.  Parts, 
Ubr,  Ghio,1887,  in-S*  de  31  p.  —  Judea  und  ChrisLeo,  Atilorisirte  Ueber- 
seizuDg  miteinleitendem  Vorwort,  von  Ad.  Blumenlhal  (mit  detn  Biîdniss 
dcr  Vcrfasserin).  Mayencc,  impr.  Job.  Wirlb,  1888,  in  8*  de  34(1)  p.  — 
BYTCt  si  Crestini.  Bucbaresl,  la  loale  Librariile,  1888,  în-8''  de  20  p. 

JuTROSiNSici  (M.)*  Dit;  Waisenpllege  io  der  Bcrliner  jùd.  Gemciade.  Berlin, 
libr.  Slûlir,  1887,  m-S»  de  24  p. 

Histoire  sommaire  de  fc&uvre  des  orphelins  isr.  à  Berlin  depuis  le  corn- 
meocement  de  ce  siècle. 

Klsik  (Le  DO.  CriUqne  religieuse.  Quelques  observalions  sur  rEvangîle. 
Taris,  libr.  [A.]  Durlacher,  1888,  m*8^  de  30  p. 

The  Morocco  Question  ia  its  true  ligbt  and  bearing,  bj  a  former  HcsideiiL 
Prinled  at  Ihc  impérial  Pcrsian  Printing-OfOce,  Téhéran  ;  in-4**  de  21  p. 
Probablement  imprimé  à  Taoger  ou  à  Gibraltar^  ea  1888. 

NiKJTtif  (V.  N.)  BTrei  Semledicllclii . , .  1807-87  (Les  Juifs  agrîculleurs,  ca 
Rusaie,  histoire  des  colonies  agricoles  juives  de  1807  à  1887  ;  un  russe). 
St-Pétcrsbourg,  impr,  du  Novosti,  1887.  în-8°  de  xiv-692  p. 

Procesul  Expulzatulïi  LU  Fier  (1887-88).  Edilura  Rcvietci  Israélite.  Bucbo- 
rcst.  Impr.  du  Progrcsnl,  1888,  Jn-8**  de  64  p. 

llEirNA.uo  (Léonce).  Les  Juifs  français  devant  ropiolon.  Pans,  impr.  A*  La- 
bure,  1887,  in-18  de  xiii-447  p.  Nouvelle  réponse  de  M.  Rejaaud  à 
M*  DrimionL 

ScHWABZPELn  (M.).  D^  lulia  Barasch.  Bucbarcsi^  1888,  in- 8°  de  16  p.  [Bio- 
graphie avec  portrait). 


4.  Noks  et  extraUs  divers. 


-  BoleUn  de  la  Heal  Academiadela  UistoHa,  de  Madrid.  Coniient,  comme 
à  Tordînaire,  de  nombreux  et  eiccllenls  travaux  du  R.  P.  Fidel  Fila.  — 
Octobre  1887,  p*  290:  La  iaquisicion  Toledana,  relacion  contcmporanca 
de  los  autos  y  aulillos  que  cclebro  desde  el  ano  1485,  hasta  el  de  1501 
(sert  à  contrôler  des  délails  de  l'hisloiro  du  S*  Enfant  de  La  Guardia, 
que  nous  avonn  étudiée  dans  la  Revue).  —  Nov.  1887,  p.  373  :  La  Guar- 
dia,  Dalos  historîcos.  —  Janvier  1888,  p.  Gl  :  La  Juderia  de  Jerez  de  la 
Frc»ntera,  datoa  bisloricos  fl.  Notre  arlicle  paru  dans  la  Rejoue,  XV,  125; 
Ô.  Privilèges  accordés  aux  Juifs,  1286  pïobabïcment  ;  3.  Réquisitions 
faites  â' Jerez  à  ralmojarifc  D.  Juzaf  Halcvi,  oncle  do  don  Samuel  Halcvi, 
trésorier  du  roi,  en  1305  ;  4  et  5.  Le  cimelière  juif,  1451>  ;  0  i»  9.  Pièces 
de  1459  et  1460;  10.  La  synagogue,  1471».  Nous  revieiidrous  sur  ces  di- 


( 


< 


ii4 


HEVUE  DES  ETUDES  lUlVES 


Ters  actes).  —  Le  même  auroêro  cod lient,  toujours  de  M.  F,  F.,  p.  6.  listel 
noiuiaaiîvo   des   Juifs    de  Valdeolivas    en    1388;  p,  9,  une  élude  sur  uji] 
passage   des  Mediaedal  Çhronicln  publiés  par  Âd.  Neubauer,  concerumij 
Gid   Rujr  Diaz  à  Saragossc  et  le  Castrum  de  Léon  ;  eU  p.  15«  une  ms-J 
criptioa  hébraïque   très   ancienne   <jue    nous   publions   dan 
numéro.  —    FéTrier  1888,   p.  93:    Autre  noie   wit  Cid  Hoj  IKbs  et  1 
prise  de  Valence.  ^  Mars  1888.  p.  170:  Note  sur  un  passage  des  mêma 
Chroniques  concernant  Isidore  de  Sévi  lie. 

—  Notre  vîc6*président,  M.  11^  Deren bourg  a  publié  féiude  stiiTaAle  :  Oa- 
aàm^  ibo  Mouukîdh,  un  êmlr  syrien  au  i^'  siècle  des  croisades.  Préface J 
du  Livre  du  B^lon,  par  Ousj3ma«  texte  arabe  ia^dit  avec  une  irad 
française.  Paris,  A.  La  nier,  1881,  in*8*  de  11  p. 


^  Dan8  la  Chronique  d'Ortenl,  de  M.  Salomon  Reiuacli,  publiée  par  1 
Revue  archéol&gique,  2"  série»  t,  X,  1888,  divers  reuseignements  géo*l 
graphiques  sur  la  Palestine  (p.  33  à  37  du  tirage  à  pari)  :  Tombeaux  arec 
inscriptions  bébrait|ucs  et  grecques  découverts  à  Jafia  'si  toutefois  oa 
peut  s'en  rapporter,  pour  cet  objet,  au  journal  cité  ;  du  reste  les 
ne  porteraient  que  des  noms  très  connus*  Cohen,  Lévt)  ;  chanip  d©  doh 
mens  k  ATn-Ddkur,  dans  ta  Gaulanilide,  appelé  par  les  Indigënea  Kbou 
Bcni  Israël  ;  pierres  dites  à  cupules  découvertes  aux  environs  d'Ârloufi^ 
prés  de  la  route  de  Jérusalem  à  JalTa,  à  cinq  lieues  de  Jérusalem,  sur 
territoire  d'une  colonie  agricole  juive. 

=  Article  intiLulô   v   The  Pugio  Fidoî  »>,  par  Schiller -Szinessy»  dans  TliaJ 
Journal    of   Philology,    paraissant  à  Londres  et  Cambridge,    n*»  31,  vo 
XVI,  1887,  p,  131  à  152,    M.    Sch.    Sz.    veut   prouver  que   rauleur  dtt^ 
Puffio  Fidâi  aurait  fatëiûô  les  textjes  et  était  un  ignoraoU  Noua  croyons 
que  iï.  Sch.    Sz-  n'a  pas  raison.  Raymond  Martini  n*èlait  peut-être  pas 
un  grand  savant,  mais  11  s'est  montré  érudtl  consciencieux  et  D*a  pas 
sciemment  altéré  les  textes*  —  Une  réfutation  dans  Acadtmy  du  17  tept. 
1887;  voir  aussi  Tarlicle  suivaut, 

=  A.  Neuhauer  :  «  Jewisb  Controversy  and  tbe  PiJtgio   Fidei  <».  Esquisse 
littéraire  sur  la  polémique  religieuse  entre  Juifs  et  chrétiens,  avec  réftitt-j 
tion  des  attaques   de  Schiller-Sziûêssy  contre   Tauleur  du  Pugio  Fiditi 
dans  The  Expository  journal  mensuel  de  théologie,  publié  à  Londres,  chc 
îlodder  et  Stoughton,  sous  la  direction  de  W.  Roberlaon  NicolL  L*irlic 
de  M.  Neuhauer  est  dans  les  numéros  de  février  et  de  mars  1888. 

=  DaDs  Eocyclopédie  Ersch  et  Grûber,  2«  section,  tome  XLl,  p.  150-153 
artîcïe  de  M.  Kayserliog  intitulé  *^  LadiDO,  jûdiscb  Spaniach  ».  Oo  ; 
trouvera  un  grand  nombre  de  renseignements  sur  la  Uttérature  ju 
éï^pBgnoIe,  qui  se  eoutiuuo  jusqu'à  nos  jours  et  donne  encore  d'éU 
preuves  de  vital  île. 


1386)^ 

par  M.  StciDschneider,  dans  un  journal  allemand  dont  nou^  ne  coouaia^H 


Recension  de  l'ouvrage  de  B.  Zimmolsaur  Lco  Hebraeus  (Breslau, 
par  M.  StciDschne 
sons  pas  le  titre. 


=  Bnglish  Rabbonira  hy  thc  R^  Nephtaîi,  notes  intéressantes  dans  n^^id^ 
8  du  voL   I   du  Jcwiâh  Standard.  —  Articles  de  Scbiller ^Sxineaey, 
Jewish  Tradition,  ib.,  n*'*  6  et  8;  du   même,  Sepbardi  Signalun»,  Ol 
ibid,  n*»  7, 


BÏBLIWRAFHIi: 


aitt 


=  Article  sur  Elle  Bachur  ot  Johann  v.  CampoOi  par  Isidore  Goldbluru, 
dans  lo  MélUi,  dcSaiDl-Pélerabourg,  n**  28t>,  du  31  décembre  1881, 

^=  The  Alhenteum  (de  Londres),  —  10  sept.  1887.  Article  sur  les  lecLures 
de  M.  GasLer  concemaot  k8  légendes  slavoniqucs  (ouvrage  recensé  dans 
un  précédent  numéro  de  la  Eemie), —  Lucien  Woif]:  Antonio  de  Verona  (juif 
baptisé  qui  a  vécu  à  Cambrid^'C  vers  1(525  et  signalé  par  M.  Ad.  Ncu- 
bauer;  déjà  indiqué  dans  la  Bemie,  d'après  Allion.  27  août).  —  3  sept. 
J>  E,   T.   Rogers  :  Antonio  de  Verona.  —  24  sept   Article  sur  Touvrag© 

Ide  M,  Wickes,  concernant  les  accents  bébreux  (recensé  dans  la  Revue). 
—  5  nov,  Recension  de  rHistoire  du  peuple  dUsrael,  de  M.  E,  Renan. 
—  n  dèc.  Recension  des  Notes  on  Ihe  Hebr.  Text  of  the  Book  of  Gcnesîs, 
de  G  F.  SpurelL  —  A.  Neubauer  :  Jewish  Persian  Mss-  (un  m»,  de  Perse, 
d'origfine  juive»  du  xi*  siècle  peut-être,  et  conteuanl  des  poèmes  persans 
et  des  légendes  juives).  —  H  avril  18S8.  Ad,  Neubauer  :  Jebowah  and 
Elohim  in  Genesis  {passage  de  Calonymos  b>  Galon jmos  sur  ce  sujet, 
écrit  en  1318;  de  nouveau  signalé,  après  d'autres,  par  M.  Neubauer).  — 
12  mai  1888.  Joseph  Jacobs:  M.  J.  P.  Benjamin  (notices  biographiques^- 

^  Bibliothétiue  de  l'Ecole  des  Chartes,  année  1887  :  Rouleaux  d'arrôl  de 
la  cour  du  roi  au  xni"  sièclCj  p.  5ÏÎ5  et  suiv.  Dans  un  rouleau  résumant 
les  actes  du  Parlement  (de  Paris  f,.  après  la  Toussaint  1281  à  la  Pente- 
côte 1282,  se  trouve  le  rénsêiKfemeut  suivant  {p.  553):  Après  la  rétro* 
cession  de  la  terre  de  Sainles  (ou  Samlonge)  par  le  roi  de  France  au  roi 
d'Angleterre,  le  sénéchal  du  roi  do  France  voulut  empocher  !es  gens  du 
roi  d'Angleterre  de  s'occuper  (in  expleclo)  des  Juifs  (appartenant  au  roi 
d'Angleterre)  qui  demeuraient  dans  les  terres  des  barons  du  roi  do 
France.  Ordre  est  donné  au  sénéchal  de  laisser  toute  liberté  là- dessus 
aux  gens  du  roi  d'Angleterre, 

=^  Joseph  Jacobs  :  The  Nelhinîm  ;  dans  Babylonian  and  oriental  Record 
{publié  à  Londres)»  vol.  Il,  0*^3  et  d*^  4,  février  et  mars  1888,  iotéreaaante 
étude  sur  l'origine  des  Nethinim. 

=  A.  £smein  :  Mélanges  d'histoire  de  droit  et  de  critique  (Paris,  La  rose  et 
Forcel,  188G).  A  la  p.  233,  article  intitulé  :  La  poursuite  du  ?ol,  et  où  l'au- 
teur tait  d*iagénieux  rapprochements  entre  les  procédés  archaïques  des 
Romains  dans  la  recherche  des  objets  volés  et  le  chapitre  du  Pcnla- 
teuque  où  est  raconté  comment  Laban  poursuit,  dan^^  lu  tente  de  Jacob, 
les  teraflm  volés  par  Rachel. 

=  Dans  le  Petit  Marseillais  du  1"^'  sept,  1887  :  «  Octave  Teisaier  :  Les 
Juifs  en  Provence.  »    Notes  extraites  d'un  travail  de  M.  0*  T.  sur  l'his- 

tloire  des  Juifs  en  Provence  :  Dans  la  nuit  du  13  du  14  avril  13^8,  mas- 
sacre des  Juifs  de  Toulon,  accuses  d'avoir  introduit  la  pea le  noire  en 
France.  Mention  de  massacres  il  Mousliurs,  en  1340;  à  Apt,  en  1348;  à 
Leluc  et  à  Forcaîquier,  en  1351.  En  ,1318,  le  nombre  de  Juifs  tués  ou 
morts  de  la  peste  fut  si  con?>îdérublo,  que  la  reine  Jeanne,  par  lettre- 
patente  du  26  juillet  1348,  renonça  pour  10  ans  à  la  taille  annuelle  de 
2,000  livres  que  payaient  les  Juifs  de  Provence.  La  localUo  de  Provence 
où    les  Juifs  furent   massacrés    dans  ta   semaine   du    11-17    mai   134H 

•  (Graelz,   Vlll,  lr«  éd.,  p.  384)    n'a    toujours  pas   été    identifiée  (KTpabri 
p-iC3Pn). 
=  Dans  le  Sémaphore  de  Marseillei  du  6  cl  7  novembre  1887,  article  ano- 


310 


REVUE  DES  ETITDES  JUIVES 


L 


njrae  întitulc  Lettres  du  lundi,  où  il  est  question  de  la  condilion  des  îoîM 
en  Provence  pendant  le  moyen   âge.  Sous  le  roi  René,  un  Juif  accusé 
d'avoir  proféré    des  blosphémes  conlr^  la  Vierge,   est  condamné  à  èlrc 
écorclie  vif;  les  Juifs  offrent,   pour  le  sauver,  2U,ÛO0  £lor.  au  roi»  nais 
par  un  troit  ingénieux  de  diplomsitie,  le  roi  fait  loîTensé,  les  Juifs  sont 
oblig<5s  de  verser  les  20,000  flor.  plus  4,000  ou  5,000  pour  ses  mîgnoos, . 
uniquement  pour  se  faire  pardonner  leur  prétendue  tentative*  de  corruption:! 
le  malheureux    Juif  condamné  à  mort  pour  blasplxème,    subît    fu  peine 
L'article  eon lient  d'autres  indications  sur  les  Juifs  dû  cette  région  et  de 
cette  époque  ;   quelques-uns   des  renseigoementa  qu*il   donne   nous  pt*f 
raissent  inédils. 

:=  On  annonce  la  publication  des  •'  Gesammelte  Schriften  "  de  Lcopoldl 
Loewy  chez  Âlexander  Baba»  h  Szef^edin.  La  collection  aura  6  demi** 
volumes  de  30  feuilles  cbacun,  à  2  ûor.  Aulricb.  le  Yolunie. 

=  Revue  politique  et  littéraire,  numéro  du  11  septembre  1887  :  Jolie  pçtiU 
nouvelle  de   Sacber  Masoch,   intitulée  :  La   petite  colporteuse,  récit  < 
ghetto  boilandais. 

=  Le  Figaro  dn  Ù  septembre   1887:  Petit  article  de  Edward   DcUUe  < 
Mèir  Aaron  Goldschmidt,  <:•  le  premier  romancier  *^  danois,  qui  venait d 
mourir  à  Londres. 

=^  Un  donateur  anonyme  a  destiné  une  somme  do  15.000  fr.  à  recompcu*| 
aer,  à  Toccasion  du  centenaire  de  1789,  le  meilleur  ouvragée  sur  la  liberté 
do  conscience.  Les  ouvrages  devront  être  adressés  avant  le  31  mars  1889J 
à  M*  Agnellct,   notaire,  38,  rue  Saint-Georges,  &   Paris.    La  commissioll 
du  concoufii  est  composée,  entre  autres  de  MM-  Jules  Simon,  Ad,  Frdnclt 
Paul  Janct,    Levasseur.     Elle    rendra  son   jugement,    au  plus    tard, 
l'-''-  juillet  1889. 

:^  Le  Comité  de  la  fondation  Maurice  Rappaporl,  de  VîeunOi  annonce  qîi 
le  jury  institué  par  lui  a  prononcé  sur  le  premier   concours.  Le  ComiU 
avait  proposé  les  deux  questions  suivantes  :    l**    Quelle  inlluencc  ool] 
exercé  les  Psaumes  hébreux  sur  la  Liturgie   et  rilymnologie  dans  l«il 
ditTêrentes  églises,  principolemenl  chez   les  peuples   modernes  iLe  priil 
été  décerné  à  M,  Julius  Stcinschneider,  do   Berlin)  ;  2"  Services  rendu 
par  les  Jtiifs  français,  depuis  leur  émancipation,  à  la  science,  ù  la  hliè«l 
rature  el  dans  la  vie   civile  (pas  de  coneurreiU),  —  Le  Comité  a  propoill 
(dernier  délai,  Srdéc,   1889)  la  question   suivante  :  Histoire  desJuite* 
Home   depuis   leur    premier  établissement    jusqu'à   la  suppression  da 
gbello  sous  Humbert  1*"^.  Le  prix  est  de  1000  florins. 


5.  Chroniqm  des  Journaux. 

-  Journaux  nouveaux  : 

L  DnDH.  Voir  la  Kcvue  des  ouvrogca  hébreux  de  ce  numéro, 

2.  n~it?^!l  <t  llamizpe  ».  journal  hébreu,  hebdomadaire,  publié  parMoîK 
Oreiistein  ;  in-4°  de  8  p,    à  2  col.  le  numéro  -,  16  fr.  par  on,  Len*  4 
la  V^  aonéc  est  daté  de  Bucharest.  23  janvier  1881  ;  le  n**  1  de  la  2* 
née  est  daté  de  Czcrnowilz^  15  Janvier  1888. 


HIBLIOGRAPIIIE  3i7 

3.  nSTatn  «  Hazophc  rbeilh  israel  ;  a  forlïiigblly  ïlcbrcw  journal  for 
science,  bistorv^  literature,  poeLr\%  iravelSt  biblical  anû  talmudical  essays 
biograpbtca  aûd  le!Licography  odiLcd  by  M«  D.  Goldmaim  acd  Ch.  L. 
Bash  ;  Londres,  libr,  E*  W.  RabbiDowîcz.  »  —  Journal  bébrcu,  in- 8^  de 
32  p.  lo  numéro,  8  sh*  par  an.  DoU  paratlre  deux  fois  par  mois,  mais  le 
11*  1  a  paru  CQ  septembre  1887  ;  le  n"  2,  cd  novembre  1887  ;  c  est  tout  ce 
piij  a  paru. 

^  4.  riB^I  fiïï3»  Journal  hébreu  avec  poésies  hébraïques,  peUles  discus- 
sions lalmudiques,  essais  îiltéraires,  édité  par  Isidor  Rail,  à  Lemberg  ; 
doit  paraître  toutes  les  6  semaines,  in- 8®  de  32  p.  k  numéro,  5  fr*  pour 
20  Dumcros.  Le  fasc.  1  a  paru  en  olul  5047  ;  le  fasc.  2^  eu  scbat  5GI8,  Le 
tàec*  S  a  également  paru. 

5.  tV3£^  nmn  publié  à  Jérusalem;  voir  la  Revue  bibliogpopliiquc 
des  ouvrages  hébreux  de  ce  numéro. 

6.  n^S'^X:»  n^'S^y^n  ns^n.  «  Der  ïlcîUger  Anzeigcr  o,  Monatsbericbt 
fur  das  wahrbafle  Judcnlbum  aus  aile  Sliidle  und  Colonien  des  beilifçcn 
Landes  ùber  unsere  dort  unsâssige  Brûder  und  Schweslcra.  Le  n*'  1  de 
la  première  année  (il  n*est  pas  numérolé}  est  daté  de  Jérusalem,  mois 
d*ab  et  d'eluL  Le  bureau  d  abonnement  est  à  BeiUn,  libi\  Pappclauer, 
mais  le  journal  esl  probablement  imprimé  à  Jérusalem  ;  c'est  un  in-4^  à 
deux  coK,  en  caractères  hébreux  et  en  allemand  plus  ou  moins  correct; 
sauf  les  mots  entre  guillemetsj  la  partie  du  titre  allemand  reproduite 
plus  haut  est  en  caraclères  hébreux  sur  Toriglifal  ;  prix  :  7  fr.  par  an. 

7.  Tbe  Jcwish  Eiponcnt.  —  Publie  à  Philadelphie  ;  éditeurs  :  M  eh  in 
G.  Winstook,  H.* S.  Morais,  Charles  Hoirmaun  ;  rédacteurs  :  lienjamin 
F.  TcUer  et  autres.  Paraît  tous  les  vendredis  ;  grand  in-4*  à  3  coL; 
S  dolL  par  an.   Le  n"  4G  (n°  20  dti  vol-  2)  est  daté  du  24  février  1888. 

H  8.  "i"  Israelilische  Gemeindezcitung  )», journal  nouveau  (publié à  Londres? 
■BD  judéo-alîemand?)  D'après  Jewish  World,  n**  781,  du  27  janvier  1888* 

Y  9  ni::p'Ti::DrH  'b*'»,  El  Instructor,  Revista  scientifica  c  litcraria 
trparecô  el  juevcs  de  cada  semana.  —  Journal  judéo-espagnol,  carac- 
tères hébr.f  publie  à  Conslantînople  par  David  Frcsco  ;  in-P  de  8  à  10 
p.  à  3  col*  le  numéro  ;  100  paras  par  au.  Le  n^  2  est  daté  du  8  iyar 
5618. 

m   10.  r'^brHirn  nj^xbêta,  «  Galatrer  Israelit,  erscheinl  zwei  mal  wô* 

*ehcntîîch  ».  Propriété  et  imprimerie  de  Mutterpel  et  Kohan,  à  Galalz.  £d 

judoo-altemaîid,  caractères  hébreux  ;  le  numéro  a  4  pages  in- 4'"  de  2  coL 

par  page;  (î  fr.  par  an.  Le  n**  4  de  la  1^^  uanéc est  daté  du 20  août  1887- 

18  elul  5647. 

IL  Hebrew  Journal  (nouveauté  Londres?  ).  Cité  dans  Jew.  World, 
n*  781  du  27  Janvier  1888. 

12.  Luzero  do  la  Paciencia,  en  escrilura  y  Icngua  Espanola  pars  los 
iBraelitos  de  rito  Eapanol  del  Oriente.  Aparese  dos  enlregas  de  esta  cada 
mes.  Su  prccio  5  francos  al  ano  en  Sevcrin,  a  fuera  7  fr.,  pagado  anïcs. 
Kedacior,  Rabbino  L»  M.  Crispin.  —  Publié  à  Turnus-Scverin»  en  Rou- 
manie; format  in* 8"  de  IG  p.  par  numéro,  caractères  latins.  Le  n*  25, 
2"  année,  porte  la  date  du  10/22  décembre  188G  ;  !e  u^  41,  2«  année,  est 
daté  du  1/13  septembre  1887. 

13,  nyi  t]Or.  El  Progrcao;  —journal  en  hébreu  cl  en  judéo-espagnol. 


< 


sii 


REYCK  DES  ETimES  lUlVKS 


paraiftssnt   deux    fois    par  mois,  à   Andrinople  ;  fiablié    pm   41 
I>anoa  ;  id-B'*  d'une  feuille  te  ouméro  ;  eti  caracttiresi  héhreos  ;  10  fr. 
an.  Le  n*  1  d«  la  1**  année  est  daté  du  1/13  lanvier  1888. 

1€  Sem  el  Japhète  «  paraît  en  langue  française  et  aïleinaiidei  par  1 
dore  Rail  ;  10  livraisons  par  an.  >»  —  L'éditioD  allemande  porte  povf  lîU 
Scm  und  Japhct  Erscbeînt  In  deut&cher  and  franzôsicher  SprftCtbo»^ 
lâidor  Hall  ;  10  Hefle  jaiirlich.  —  Publié  à  Lerol)«rg,  in-B^  de  8  p,  __ 
numéro  de  chaque  édition  Les  n^  1  et  t  sont  de  rla  tin  de)  1887;  no«f 
n'avons  pas  eu  le  numéro  sniTant.  Voir,  pluij  haut,  un  joiirtttl  béiifeQ  du 
même  titre. 

15.  The  Jewish  Standard  1*11B"*  hy^.  —  Publié  à  Londres  ;  hèbdorot- 
datre  ;  le  numéro  a  8  p.  à  2  coL,  în-4^.  A  un  Litcrary  Supplément  pag^tnc 
h  part  ;  i  a*  6.  d.  pour  6  mois.  Le  o^  5  du  vol.  I  est  diale  d^  veodradi 
13  airril  1888. 

16.  The  Jewish  Voice^  nouTelleroenl  publié  à  Saint-Louis  par  le  Bér. 
M.  SpiU  (Uebrow  Standard,  n*»  du  13ianviûr  1888), 

=  A  notre  vif  reg^et^  la  Monatuchrifi,  de  &I.  H.  Oraéta*  après  une 
tence  de  36  ans,  a  cessé  de  paraître  depuis  le   I*'  Ja&Tter  1888.  Ci 

grand  dommage. 

Isidore  Lobb. 


ADDITIONS  ET  RECTIFICATIONS 


Tome  Vlll,  p.  n.  —  Dan?  le  Memorbuch  de  Worms,  édité  demie 
par  M.  A.  Berliner  (Bodiu,   1887),  il  est   parle  .p.  l'>)  de  R.  UatUM»^  l 
de  R.  Adonia  Israël  et   pclil-îlls  de  R.  Isaac    Hcppingen,  rabbin  descon 
munaulés  israélites  do  la  Suisse  et  qui  yécul  avec  un  renom  de  pkicl 
Thiengen  età  Stuhîiogen.Ce.R.  Maiiliahn  ^'>m  'Krsch-Gruber,  H.  sccl.S 
p.  50^,  note  58),  qui  vivait  encoi-o  en  I(V5d  6  Thîcngcn,  village  situé  au  bo:4 
du  Rhin  à  la  frontière  de  la  Suisse  et  où  il  y  avait  eu  une  imprimerie  ! 
braîquc  pendant  une  année,  est,  je  presumo,  <f  le  juif  célèbre  »  qui  v<H:utl 
Shihiingen,  y  eullivalt  beaucoup  la  science  hébraïque   et  y  moumt  xu 
1058.  ^  Le  Mabrum  *|  •33^13^3 J  =  End ingcn,  nommé  dans  le  Memorbueb, 
p.  21,  et  qui  était  Pâmas  el   Manbig   on  Suisse,  est  Makrtim  t^rttfUi,  bimj 
renommé  h  Kndiugen.  Son  petil-fîls  Mahrum  Dreifus,  qui  vivait  à  la  fia  i% 
nwni^  siècle  à    Eudiiigcu  et    bubilail   la   maison  la  plus  belle  du 
donna  rbospitalité  une  fois  à  un  archiduc  autrichien.  —  Kup$^m0. 

Tome  XIV,  p.  282.  —  Le  ms«  relatif  à  rbistoire  des  Juîf%  en  Alsace  mtû4 
iLonné  par  M.  Kracauer  n'a  pas  été  publié  par  M.  Jellinek,  mais  par  moit| 
dans  Bihliùihek  jMiêchêf  Kameiredner,  voL  H,  p*  5V  U,  —  Ka^mrHmf. 

Tome  XV,  p.  285.  h  â2.  —  Au  lieu  de  mr  Us  mueU^  lire  mr  U*  Ir^Ni  ^j 
Ja<:ùb,  —  W,  Bâcher, 


Le  {i<^rant« 

Israël  Lévl 


TABLE  DES  MATIERES 


ARTICLES  DE  FOND. 

Bachbr  (W.).  Le  commentaire  de  Samuel  ibn  Hofal  sar  le  Pen- 

tateuque  (fin) 406 

Bruzzomb  (P.  L.)-   Les  Juifs  des  Étals  de  l'Église  au  xviiie 

siècle 246 

Dbrbnbourg  (J.).  Mélanges  rabbiniques  {suite) 57 

Oit.fiTZ  (H.).  Les  monnaies  de  Simon 164 

Kâupmann  (David).  Les  Marranes  de  Pesaro 64 

KraCâubr.  L  Rabbi  Joselmann  de  Rosheim 84 

II.  L'affaire  des  Juifs  d'Endingen 236 

LOBB  (Isidore).  I.  Josef  Haccoben  et  les  cbroniqueurs  juifs    ?8  et  244 

IL  Les  négociants  juifs  à  Marseille  au  milieu  du  xiii<' 

siècle 73 

III.  Le  procès  de  Samuel  ibn  Tibbon  {fin) 424 

Rbinach  (Th.).  I   Sculptures  d*Ascalon 24 

IL  Mithridate  et  les  Juifs 204 

Schwab  (Moïse).  Le  Maqré  Dardeqé 253 

Vidal  (Pierre).  Les  Juifs  de  Roussillon  et  de  C^erdagne  [suite 

et  fin) 4  et  470 


NOTES  ET  MÉLANGES. 

Bachbr  (  W.).  Encore  un  mot  sur  Micra  et  Pasouq 277 

Bachbr,  Kâupmann,  Grûnwald  et  Porqâs.  Les  signes  mné- 
moniques des  lettres  radicales  et  serviles 286 

Halévy  (J.).  I.  Petits  problèmes 438 

IL  Note  sur  l'inscription  phénicienne  du  Pirée 440 

Kâupmann  (David).  I.  Une  anecdote  sur  Pharaon  et  Aman  chez 

les  Arabes 444 

IL  Les  lettres  L,  M,  N  dans  ralphabei 446 


320  REVUE  DES  ÉTUDES  JUIVES 

Raupjuann  el  Gunzbourq  (David  de).  Une  inscription  de  Riva.  269 

LoEB  (Isidore).  I.  Le  mot  Taule  en  judéo-allemand 448 

II.  La  prononciation  de  VO  dans  le  judéo-allemand  el  le 
mot  Taule 278 

III.  Une  inscription  hébraïque  de  Calatayud 273 

IV.  Les  quatre  sedarim  du  Talmud 282 

Nbubaubr  (Âd.j.  Inscription  tumulaire  d*Orléans 279 

Reinacu  (Salomon).  Note  sur  l'inscription  phénicienne  du  Pirée  275 

Une  lettre  adressée  à  Salomon  Azubi 150 


BIBLIOGRAPHIE. 


Dbrbnbourq  (J.).  Le  traité  de  la  Vie  contemplative  et  la  Ques- 
tion des  Thérapeutes,  par  L.  Massebibau 451 

LoBB  (Isidore).  Revue  bibliographique 292 

LOBW  (Immanuel).  A  dictionary  of  the  targumim,  the  talmud 
babli  and  yerushalmi  and  the  midrashic  literatur,  par 

M.  Jastrow 454 

Additions  et  rectifications f  60  et  348 

Table  des  matières 349 


l'IN. 


VERSAILLES,    IMPRIMBRIB    CERF    ET    FILS,    RUE   DUPLB88I8,     59. 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


DE   LA 


SOCIÉTÉ    DES    ÉTUDES  JUIVES 


TROISIÈME    ANNÉE 

(9*  ANNÉE  DB  LA  SOCIÉTÉ) 

1888 


ACT.    KT   CONP.,    T.  I.  18 


ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE 


SÉANCE  DU  21  JANVIER  1888. 

Présidence   de   M,   Zadoc   Kaiin,    présidmt. 

M.  le  Président  ouvre  la  séance  en  ces  termes  : 
Mesdames,  Messieurs, 

L'Assemblée  générale  de  la  Société  des  Études  juives  a  lieu, 
cette  année,  un  peu  plus  tardivement  que  d'habitude.  Ce  retard  est 
dû  à  un  événement  malheureux  qui  nous  a  tous  profondément 
affligés  :  à  la  mort  de  notre  regretté  ami  M,  S.  Kann.  Pour  réunir 
notre  assemblée  à  Tépoqoe  ordinaire,  nous  nous  trouvions  placés 
devant  cette  alternative,  ou  renoncer  au  rapport  littéraire,  toujours 
si  goûté  e.t  qui  est  un  des  plus  vifs  attraits  de  nos  réunions,  de  notre 
cher  secrétaire  M.  Théodore  Reinach,  ou  bien  lui  imposer  î\  lui 
une  corvée  pénible,  peu  compatible  avec  les  préoccupations  doulou- 
reuses provenant  do  ce  triste  événement  qui  Ta  directement  frappé. 
En  remettant  do  quelques  semaines  notre  assemblée  annuelle,  nous 
avons  pu  échapper  à  Tune  et  à  Tautre  de  ces  alternatives,  et  je  suis 
sûr  que  vous  nous  saurez  gré  de  cet  ajournement. 

M.  S.  Kann,  Mesdames  et  Messieurs,  était  un  des  excellents  amis 
de  la  Société  des  Études  juives.  Ceux  d'entre  vous  qui  ont  Thabitade 


CCXXXVI  ACTES  KT  œNFÉRESCES 

de  suivre  nos  réunions  savent  avec  quelle  assiduité  il  les  suivait 
lui-même,  quelle  attention  religieuse  il  accordait  à  nos  conférences. 
Il  nous  manque  beaucoup,  comme  il  manque  beaucoup,  énormément, 
partout  où  il  apportait  sa  bienveillance  chai*mante,  son  exquise 
bonté  et  son  merveilleux  dévouement  à  tout  ce  qui  peut  favoriser 
les  progrès  de  Tinstruction,  de' la  charité  et  de  la  civilisation.  Je 
serai,  sans  aucun  doute,  rinterprèt^  de  vos  sentiments  à  tons  en 
consacrant  un  pieux  souvenir  à  cet  homme  de  bien  que  nous  avons 
perdu  si  prématurément  et  en  adressant  à  ceux  qui  le  pleurent 
Tèxpression  de  nos  regrets  et  de  nçtre  vive  sympathie. 

Mesdames  et  Messieurs,  nous  avons  subi  d*autres  pertes  bien 
sensibles  dans  le  courant  de  cette  année,  et  j'ai  le  devoir  comme 
président  de  faire  la  triste  nomenclature  des  collègues  que  la  mort 
nous  a  enlevés.  Nous  avons  perdu  un  de  nos  membres  fondateurs, 
M-.  Nestor  Dreyfus,  qui  nous  avait  donné,  avant  même  notre 
constitution  définitive  et  pour  faciliter  notre  en,tréé  dans  la  vie, 
une  preuve  de  sa  générosité  en  s'inscrivant  pour  un  don  de  mille 
francs  sur  la  liste  de  nos  membres  fondateurs  ;  nous  avons  perdu 
aussi  un  de  nos  membres  perpétuels,  ce  pauvre  baron  Lucien  de 
Hirsch,  dont  la  mort  a  produit  une  si  profonde  impression  sur  tous 
ceux  qui  Tont  connu  et  apprécié  et  même  sur  ceux  qui  ne  l'ont  pas 
connu  ;  nous  avons  perdu  Emmanuel  Lange,  un  autre  jeune  homme, 
élève  distingué  de  TÉcole  normale  supérieure,  que  la  mort  a  arrêté 
au  début  d'une  carrière  pleine  de  promesses;  nous  avons  perdu 
enfin  M.  Guguenheimer  et  M.  Salomon  Witlich,  morts  tous  deux 
dans  des  circonstances  tragiques  et  particulièrement  douloureuses. 
Je  paie  une  dette  de  notre  Société  en  rendant  a  ces  mémoires 
Thommage  qui  leur  est  dû. 

Mesdames  et  Messieurs,  je  quitte  ce  soir  le  fauteuil  de  la  prési- 
dence, que  j'ai  occupé  un  peu  plus  longtemps  que  le  comporte  notre 
règlement;  mais  vous  tiendrez  compte  des  événements  pour  amnis- 
tier une  usurpation  de  fonctions  très  involontaire.  Je  ne  ferai  pas 
l'histoire  de  ma  présidence  :  elle  a  ressemblé  à  celles  qui  Tont 
précédée,  c'est  dire  qu'elle  s'est  passée  paisiblement,  sans  inci- 
dents notables,  sans  crise  violente,  sans  difticulté  d'aucune  sorte. 


ASSKMBLKK  GÉNEIULE  UV  21  JANVIER  1888 


CCXXXVH 


que  jô  puis  ajoutor,  c'est  qtie  j'ai  la  ^âatisfaciioti,  ou  abandoiiiiaDt 
la  présidence,  de  remetti-e  à  mon  successeur,  que  vous  désig^nerez 
tout  à  l'heure  ou  plutùt  que  vous  avez  déjà  flésigné,  la  Société  des 
Etudes  juives  aussi  prospère,  auâsi  solide,  aussi  assurée  de  l'avenir 
quo  je  Tai  reçue  inoi*mémc.  Notre  excellent  trésorier, dont  on  a  dit, 
il  n  y  a  qu'un  instant,  qu'il  méritait  plutnt  le  nom  de  trésor  —  ce 
mot  est  un  charmant  éloge  que  vous  ratifierez  à  l'unanimité  — , 
notre  trésorier,  suivant  sa  louable  habitude,  constatera  une  ibis  de 
plus  que  nous  no  sommes  pas  encore  menacés  de  ce  fléau  mdoutable 
qu'on  nomme  le  déficit.  :  nous  terminons  notre  anuée  sans  avoir  ou 
besoin  d'entamer  notre  capital  de  réserve.  C'est  un  beau  résaltat 
que  nous  souhaiterions  à  d'autres  bud^^ets  que  le  nétre.  Notre, 
secrétaire,  notre  savant  secrétaire,  par  le  compte  i^ndu  do  noi 
travaux,  vous  démontrera  de  son  côté  que  nous  sommes  constam- 
ment restés  Jidéles  aux  principes  qui  ont  inspiré  la  t'ondation  mémo 
de  la  Société,  Dévoués  à  la  science,  nous  ne  poursuivons  pas  les 

»  succès  faciles,  nous  ne  cherchons  pas  à  donner  une  pâture  à  ce  goût 
du  scandale  qui  n'a  été  que  trop  bien  servi  dans  les  derniei's  temps  ; 
mais  nous  sommes  heureux  loi^sque  nous  arrivent  dos  découvertes 
inattendues,  des  documents  nouveaux  et  ignorés»  loi-sque  nous 
pouvons  éclaircir  quelque  point  obscur  et  difficile  de  notre  histoire, 
lorsqu'il  nous  est  donné  d'amasser  des  matériaux  précieux  qui  servi- 
ront plus  tard  à  élever  Téditice  général  de  la  science  juive.  Chaque 
génération,  Messieurs,  est  tenue  de  repreiidro  ce  travail,  de  recons- 

■  trutre  de  fond  en  comble  l'immense  monument»  Ce  travail  a  été  t'ait, 
admirablement  fait^  il  y  a  quelques  années,  par  cet  illustre  vétéran 
de  la  science  et  de  Thistoiro  juives,  auquel  le  judaïsme  univet^el 
a  tenu  a  honneur  de  donner  tout  dernièrement,  ti  Toccasion  do  son 
soixante-dixième  anniversaire,  un  éclatant  témoignage  do  recon- 
B  naissance  et  de  respect  :  j'ai  nommé  la  professeur  l)*^  Graetz.  Le 
mémo  travail  s'imposera  proehainemcnt  à  notre  génération.  J*es- 
'       péro  qu'il  sera  accompli  par  un  des  hommes  qui  assiistent  à  notre 
B  assemblée  générale,  par  mon  cher  ami,  M,  Isidore  Loeb,  professeur 
'       d'histoire  juive  au  séminaire,  récemment  api^elé  à  faire  un  cours 
libre  sur  le  judaïsme  rabbin ique  à  l'école  dos  Hautes-Etudes.  Je 
[ne  commets  pas  d'indiscrétion  en  disant  que  c*est  la  tâche  qu*il 


GGXXXVm  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

va  entreprondro,  et  je  vous  assure  qu'il  est  homme  à  la  mènera 
bonne  fin. 

Je  n'ai  pas  encore  le  droit  de  proclamer  ofOciellement,  Mesdames 
et  Messieurs,  le  nom  de  mon  successeur,  qui  sera  désigné  par  vos 
suffrages,  cependant  je  me  permets  de  saluer  son  avènement  à  la 
présidence,  M.  Adolphe  Franck  (ne  faisons  pas  de  mystère)  avait 
bien  dos  titres  à  notre  choix,  mais  de  tous  ceux  qui  pouvaient  nous 
inspirer  le  désir  de  le  voir  diriger  nos  travaux  et  nos  délibérations, 
celui  qui  nous  a  particulièrement  touchés,  c*est  que  M.  Franck  a  été 
un  de  nos  amis  de  la  première  heure,  un  ami  sincère  et  profondé- 
ment dévoué  ;  c'est  qu*il  nous  a  fait  à  notre  entrée  dans  Je  monde 
l'accueil  le  plus  chaleureux,  qu'il  a,  dès  l'origine,  apprécié  nos  pu- 
blications avec  une  extrême  bienveillance;  c'est  qu'enfin  il  a  bien 
voulu,  à  deux  reprises,  charmer  nos  assemblées  générales  par  ses 
savantes,  élégantes  et  éloquentes  conférences.  A  tous  les  motifs 
qui  nous  faisaient  désirer  qu'il  devînt  président  de  la  Société  des 
Etudes  juives,  s'ajoutait,  par  conséquent,  celui  d  une  légitime  et 
sincère  reconnaissance. 

Conformément  à  nos  habitudes  je  devrais  aussi.  Messieurs, 
vous  dire  un  mot  de  la  conférence  i[\xg  vous  allez  entendre  et 
de  Tauteur  de  cette  conférence.  ^lais  ici  les  noms  suffisent  véri- 
tablement :  Crémieux  et  Leven  l  Crémieux,  c'est-à-dire  le  défenseur 
ardent  du  judaïsme,  le  vaillant  champion  de  notre  cause,  qui  n'a 
jamais  laisse  passer  une  injustice,  une  violence,  une  tentative  de 
persécution  sans  protester  avec  la  plus  grande  énergie  par  sa  pa- 
role do  feu  ou  sa  plume  entraînante,  et  qui,  du  premier  moment 
jusqu'au  dernier,  a  mérité  d'otro  considéré  comme  le  représen- 
tant le  plus  autorisé  de  notre  culte,  par  cela  seul  qu'il  a  combattu, 
on  toutes  circonstances,  pour  les  idées  de  justice,  de  liberté  de 
conscience  et  de  tolérance  religieuse  et  travaillé  à  leur  triomphe  I 
M.  Leven,  un  ami,  un  disciple  de  rréuiieux,  qui,  pareil  à  Elisée 
s'associant  aux  travaux  de  son  maître  Elie,  a  recueilli  lui  aussi  le 
manteau  sacré  et,  s'inspirant  du  mémo  esprit,  animé  do  la  même 
foi,  a  consacré  déjà,  je  n'exagère  pas,  trente  années  de  sa  vie,  soit 
comme  membre  du  Consistoire,  soit  comme  secrétaire  ou  vice-prési- 
dent de  l'Alliance  Israélite,  à  défendre  les  mêmes  causes,  allant 


ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE  DU  21  JANVIER  1888         CCXXXIX 

toujours  de  Tavant  sans  crainte  et  sans  hésitation,  soutenu  par 
<^tto  généreuse  passion,  je  ne  veux  pas  dire  cette  illusion  du  bien 
qu*on  a  nommée  Toptimisme,   nom  mal  porté  aujourd'hui,  mais 
.  qa*on  pourrait  tout  aussi  bien  appeler  la  chaleur  de  l'esprit  et  du 
coeur!  Dans  ces  dernières  années,  lorsque  nous  avons  eu  la  douleur 
d'assister,  contre  toute  attente,  à  cette  explosion  de  haine,   de 
fanatisme  et  de  malveillance  qui  rappelle  de  bien  tristes  temps, 
lorsque  nous  avons  entendu  remettre  en  question  les  conquêtes  les 
plus  glorieuses  de  la  civilisation  moderne,  j'ai  entendu  dire  plus 
d'une  fois  —  et  ce  n'était  pas  uniquement  pour  faire  honneur  à 
in  mort  mais  pour  critiquer  des  vivants!  —  a  Ah  !  si  Crémieux 
vivait!  »  Eh  bien  !  Messieurs,  par  sa  conférence,  M.  Leven  va  res- 
susciter au  moins  pour  une  heure  cette  noble  figure.  En  même  temps 
vous  verrez  que,  si  Crémieux  n'est  plus,  le  judaïsme  no  manque 
P*s  d'hommes  de  cœur  et  de  bonne  volonté  pour  coopérer  aux 
^Uses  saintes  de  la  justice,  de  la  raison  et  de  la  liberté.  Et  c'est 
Pourquoi  le  sujet  de  cette  conférence  convenait  admirablement  à 
^*iQ  assemblée  populaire  de  la  Société  des  Etudes  juives. 


M,  Erlanger,  trésorier,  rend  compte  ainsi  qu'il  suit  de  la  situa- 
tion financière  de  la  Société. 

Mesdames,  Messieurs, 

Si  l'habitude  ne  devenait  pas  un  véritable  devoir,  j'aurais  peut- 
être  demandé  la  permission  de  vous  dispenser  do  m'en  tendre  ou, 
tout  au  plus,  je  me  serais  borné  à  vous  dire  en  deux  mots  que  la 
Société  des  Études  juives  a  vécu,  a  publié,  a  payé  pendant  l'exer- 
cice do  1887,  et  qu'elle  est,  à  la  fin  de  cet  exercice,  juste  au  môme 
point  où  elle  était  à  son  commencement. 

Mais  l'habitude  en  est  prise  :  il  faut  un  compte  rendu  financier. 
Le  progr^mii^o  le  veut  ainsi.  Je  ne  me  fais  pas  d'illusion  sur  le 
peu  d'attention  que  vous  pourrez  lui  accorder  ;  mais  puisqu'il  le 
faut,  résignons-nous  mutuellement. 

Voici  nos  chiffres  : 


;^   s.    i    —   X    ~   z 


Yi 


;^  '  ".  '-  X 


•  «i  —  i»-  *i  -i  ->  -ï  ^  —  «c  ^  —  -J 
'i  ->  —  ri  c  «c  'S  Si  -»  ^i  •_  ^1  -'  i; 
•i  c  w  -i  c  i»  «4  —  fi  cr  ^  ^  ic  — 


ASSEMBLÉE  GÊNÉHALE  DU  21  JANVIEH  1888  CCXLI 

Tous  voyez  que    nos  recettes  et  nos  dépenses  se  soldent  à 

200  francs  près  et  que  cette  différence  est  en  faveur  de  la  recette. 

Notre  capital  de  réserve  est  resté  le  même.  Il  s*est  même  légère- 

ïnent  augmenté,  car  nous  n'avons  pas  eu  besoin  de  recourir  aux 

intérêts  de  ce  fond . 

J'aurais  fini,  Mesdames  et  Messieurs,  s'il  ne  me  restait  une 
prier©  à  vous  adresser. 

Notre  liste  de  souscriptions  subit  le  sort  commun  de  toutes  ces 
listes.  Le  temps  les  entame  fortement.  Nous  avons  eu,  pour  notre 
P^J^t,  le  malheur  de  perdre  un  certain  nombre.de  nos  adhérents  et 
des  meilleurs. 

Rien  n'est  venu  combler  ces  vides  doublement  douloureux. 
^  e  serait-il  permis  de  vous  adresser  humblement  la  prière  de 
'Vouloir  bien,  à  l'occasion,  faire  un   peu  de  propagande  en  notre 
*^Veur  et  nous  envoyer  de  temps  à  autre  un  souscripteur  ? 

Je  n'ignore  pas  les  nombreuses  institutions  qui  s'adressent  à 
^ous,  je  ne  voudrais  à  aucun  prix  leur  faire  concurrence;  mais  il  ne 
^^^nque  pas  de  cœurs  d'élite  qui  sauront  faire  une  petite  part  aux  ' 
travaux  intellectuels,  après  avoir  donné  satisfaction  aux  nombreuses 
^Institutions  charitables  qui  les  sollicitent. 

Votre  bienveillant  concours  sauvera  notre  Société,  qui  aujour- 
d'hui a  fait  ses  preuves,  d'un  danger  qui,  sans  être  absolument 
iuiminent,  n'en  est  pas  moins  très  réel. 

Si  la  reconnaissance  d'un  trésorier  peut  avoir  quelque  valeur  à 
Vos  yeux,  la  mienne  vous  sera  pleinement  acquise. 

M.  Th,  Reifiachf  secrétaire,  lit  le  rapport  sur  les  publications  de 
la  Société  pendant  l'année  1887  (voir  plus  loin,  p.  ccxliv). 

M.  Narcisse  Leven  fait  une  conférence  sur  Crémieux  et  son  rôle 
dans  la  défense  du  Judaïsme.  (Cette  conférence  sera  publiée  dans  le 
prochain  fascicule.) 

11  est  donné  connaissance  du  résultat  du  scrutin  pour  le  renou- 
vellement du  tiers  des  membres  du  Conseil.  Sont  élus  : 


CCXLU  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

MM.  Albert  Lkvy,  professeur  à  l'Écolo  do  physique  et  de  chimie, 
membre  sortant  ; 

AsTRUC.  jrrand-rabbin  de  Rayonne,  membre  sortant  ; 

llartwijj:  Ubrenuourg,  professeur  à  l'École  des  lanjrues orien- 
tales et  à  l'École  des  Hautes-Études,  membre   sortant; 

Armand  Ephuaim,  membre  sortant  ; 

Erlanger,  membre  sortant  ; 

Zadoc  Kahn,  grand-rabbin  de  Paris,  membre  sortant  ; 

IsiDOR,  grand-rablnn  de  France,  membre  sortant  ; 

Vernes,  directeur-adjoint  à  l'École  des  Hautes-Études, 
membre  sortant  ; 

Salomon  Reinach,  conservateur-adjoint  du  musée  do  Saint- 
Germain. 

M.  Ad.  Franck,  membre  de  l'Institut,  est  élu,  à  Tunanimitê, 
au  scrutin  secret,  président  de  la  Société  pour  l'année  1888. 

M.  Ad.  Franck  remercie  l'Assemblée  en  ces  termes  : 

Mesdames  et  Messieurs, 

Je  suis  profondément  touché  de  l'honneur  que  vous  venez  de 
m'accordcr  avec  un  empressement  si  chaleureux.  Sans  doute  vous 
ne  trouverez  pas  on  moi  un  président  éclairé  par  une  vaste  et  pro- 
fonde érudition  comme  ceux  qui  ont  veillé  à  votre  tache  pendant 
plusieurs  années,  des  présidents  tels  que  Monsieur  le  prrand-rabbin 
Zadoc  Kahn,  Monsieur  Derenbourg,  mon  savant  confrère  do  l'Ins- 
titut, des  présidents  et  des  rédacteurs  tels  que  ceux  qui  viennent 
d'étro  nommés,  M.  Loeb,  M.  Ilalévy.  Non,  ne  vous  faites  pas  d'il- 
lusions, je  suis  plein  d'admiration  pour  l'érudition,  mais,  quoi  qu'où 
en  puisse  penser  dans  un  certain  monde,  (juoi  qu'en  puisse  i»enser 
l'opinion  publique,  je  ne  suis  pas  un  érudit.  Les  textes  qui  ont 
besoin  d'être  approfondis  pour  constituer  une  véritable  histoire  du 
Judaïsme,  je  les  connais  superficiellement  pour  avoir  pris  part  aux 
travaux  dont  ils  ont  été  l'objet.  Mais,  d'après  ma  vie,  d'après  l'im- 
pulsion ({Ue  j'ai  donnée  à  mon  existence  intellectuelle,  le  milieu 
dans  lequel  il  me  plait  de  vivre,  c'est  celui  des  idées,  des  sentiments. 


ACTES  ET  CONFÉRENCES  CCXLllI 

Parmi  ces  idées,  Mesdames  et  Messieurs,  il  n'y  en  a  pas  une  qui 
me  soit  plus  précieuse  et  plus  chère,  qui  me  cause  une  émotion  plus 
sérieuse  et  plus  profonde,  que  la  conviction  que  notre  race,  notre 
culte  fijrurentau  nombre  des  plus  grands  bienfaiteurs  de  Thumanité. 
La  race  juive,  le  culte  juif,  malgré  les  iniquités  dont  ils  ont  été 
l'objet  pendant  de  longs  siècles,  peuvent  soutenir  la  comparaison 
avec  les  plus  grandes  institutions  et  les  plus  grands  noms  do  ce 
monde.  Les  Grecs,  certainement,  nous  ont  donné  la  philosophie  et 
les  arts,  les  Romains,  après  avoir  dévasté  le  monde  par  leur  ambi- 
tion sanguinaire,  nous  ont  légué  des  traditions  de  politique  et  do 
législation,  mais  la  croyance  en  un  Dieu  père  du  genre  humain,  en 
un  Dieu  devant  lequel  s'efl'acent  toutes  les  distinctions  de  races  et 
les  différences  do  fortune,  en  un  Dieu  qui  n'est  pas  seulement  le  juge, 
mais  le  père  de  toutes  ses  créatures,  cette  idée,  Mesdames  et  Mes- 
sieurs, appartient  au  Judaïsme  et  à  lui  seul.  C'est  là  Tidée  que  je 
me  plais  à  emporter  avec  moi  dans  l'asile  qui  nous  attend  tous,  et 
que  je  léguerai  avec  une  conviction  inébranlable  à  ceux  qui  porte- 
ront mon  nom  ou  à  ceux  qui  sont  nés  prés  de  moi.  Voilà  les  titres 
(lue,  sans  doute,  vous  m'avez  découverts  pour  me  faire  l'honneur  de 
m'appeler  à  vous  présider,  et  je  n'y  faillirai  jamais. 


RAPPORT 


SUR  LES  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ 

PENDANT  L'ANNÉE  1887 

LU  A  L'ASSEMBLEE  GÉNÉRALE  DU  21  JANVIER   188S 
Par  m.  Tuéodorb  UëINAGH,  secrétaire 


Mesdamks,   Messieurs, 

Un  spirituel  romancier  fait  dire  à  Tun  do  ses  personnages,  gros 
cultivateur  du  midi  :  «  Voici  dix  ans  que  M.  le  préfet  me  témoigne 
toujours  la  môme  confiance,  quoiqu'on  Tait  changé  plusieurs  fois,  v 
Je  suis  un  peu  dans  le  cas  de  ce  gros  cultivateur.  Vous  avez  beau 
renouveler  tous  les  ans  votre  Président  et  une  fraction  de  votre 
Conseil,  le  secrétaire  rapporteur  reste  immuable.  Il  ne  s'en  plaint 
pas,  ou,  du  moins,  il  a  cessé  de  s'en  plaindre.  L'obligation  de  lire 
avec  une  attention  soutenue  les  travaux  de  nos  collaborateurs, 
pour  vous  en  apporter  ici  «  le  suc  et  la  substantifique  moelle  », 
cette  obligation  eât  en  même  temps  un  véritable  plaisir.  Ma  seule 
crainte  est  d'en  abuser  quelquefois  et  de  vous  communiquer  trop 
longuement  les  impressions  diverses  que  m'a  causées  cette  lec- 
ture. Cette  année  un  pareil  abus  serait  doublement  fautif  de  ma 
part  :  d'abord,  je  suis  aussi  impatient  cjue  vous  d'entendre  l'élo- 


RAPPORT  suit  LFS  PUBLfCATÏONS  DE  LA  S0CII':TK        tXXLV 


quent  conférencier  ejiii  va  ressusciter  devant  vous  Tune  des  plus 
grandes  ûgures  du  judaïsme  français  ;  enstiîta,  je  ne  dois  pas  oublier 
que,  si  notre  séance  a  été  ajournée  a  une  date  insolite,  c'est,  en 
grande  partie,  comme  vient  de  le  rappeler  notre  cher  président,  en 
considération  d'im  deuil  qui  aiVappé  avec  moi  toute  la  communauté 
igraélite  do  Paris  et,  je  puis  ajouter»  tous  les  gens  de  bien  et  tous 
les  malheureux.  Si  les  années  précédentes  j'ai  cru  devoir  remercier 
mes  collègues  de  la  marque  réitérée  de  leur  confiance,  cette  fois, 
c'est  de  leur  sympathie  que  j'ai  été  vivement  touché.  Je  ne  saurais 
leur  en  mieux  exprimer  ma  reconnaissance  qu'eu  étant  aujourd'hui 
le  plus  bref  possible. 


Nous  ne  pouvons  pas  dire  de  Tbistoire  jiiive  ce  que  Petit-Jean 
disait  de  son  plaidoyer  :  «  Ce  que  je  sais  le  mieux,  c'est  mon  com- 
mencement. *>  C*est  précisément  le  commencement  de  notre  bistoire, 
c*est-â-dire  la  période  qui  s'étend  depuis  les  origines  jusqu'à  Texil 
deBabvlone,  que  nous  savons  le  plus  mal.  A  cela,  plusieurs  raisons. 
D^abord,  les  documents,  je  veux  dire  les  livres  historiques  rie  la 
Bible,  sont  rares,  concis,  mélangés  d'éléments  très  divers;  ensuite, 
le  contrôle  extérieur  de  ces  documents  est  ^généralement  impossiblL'; 
enfin,  des  scrupules  d'ordre  théologique  ont  longtemps  empéebé  les 
savants  d'appliquer  k  Texégèse  biblique  les  procéclés  féconds  ilo  la 
critique  moderne.  Ces  scrupules  commencent  aujourd'hui  à  s'at- 
ténuer singulièrement  ;  FAUemaf^ne  et  la  llolîando  protestantes  se 
sont»  depuis  le  milieu  de  ce  siècle,  jetées  avec  ardeur  dans  la  voie 
tracée  par  Graf  et  ses  disciples  ;  les  travaux  de  Kuenen,  de  Dill- 
mann,  de  Wellhausci»,  de  Stade  et  de  plusieurs  autres  hommes 
éminents  sont,  à  beaucoup  d'égards,  une  révolution,  selon  les  uns, 
une  révélation,  selon  les  autres.  La  science  juive  et  la  science  fran- 
çaise ont  quelque  peu  hésité  a  sui\Tû  ce  grand  mouvement  ;  on 
.oubliait  qu'un  juif,  Spinoza,  et  un  Français,  Astruc,  en  avaient  été, 
il  y  a  deux  siècles,  les  précurseurs,  on  peut  même  dire  les  promo- 


a:XLYl  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

leurs.  Enfin,  voici  les  barrières  rompues.  Après  TouTrage  monu- 
mental de  TAlsacien  Reuss  et  Y  Encyclopédie  dts  scimcts  religieusn 
do  M.  Lichtenberger,  qui  s'adressent  surtout  aux  lecteurs  protes- 
tants, après  les  essais  semés  d'idées  originales  du  regretté  Gustave 
d'Eichthal,  Tun  de  nos  amis  de  la  première  heure  et  l'un  des  plus 
nobles  esprits  de  ce  temps-ci  \  V Histoire  d'Israi>1  de  M.  Renan  est 
venue  initier  définitivement  le  public  français  aux  résultats  et 
surtout  à  l'esprit  dé  la  nouvelle  exégèse.  Un  de  nos  collaborateurs  * 
vous  a  déjà  présenté  cet  ouvrage  troublant,  qui  a  paru  un  peu  hardi 
aux  timides,  un  peu  timide  aux  hardis,  qui  a  inquiété  beaucoup  de 
lecteurs,  n'en  a  satisfait  qu'un  petit  nombre,  mais  les  a  tous  char- 
més. Je  ne  reviendrai  pas  sur  les  éloges  et  sur  les  critiques  qu'il 
mérite  ;  je  me  contente  de  rappeler  que  ce  beau  livre  marque  une 
date  dans  l'histoire  de  nos  études,  et  que  désormais  nous  serions 
inexcusables  de  ne  pas  prendre  une  part  active  à  la  reconstruction 
d'une  histoire  qui  en  est  restée  trop  longtemps,  chez  nous,  aux 
affirmations  naïves  do  Bossuet  ou  aux  négations  stériles  de  Vol- 
taire. 

En  disant  (jut;  le  judaïsme  français  s'est,  jusqu'à  présent,  raontiv 
assez  indifférent,  sinon  hostile,  aux  nouveautés  de  la  critique  bi- 
blique. J'ai  énoncé  un  fait  général  qui  comporte,  bien  entendu,  des 
exceptions.  L'une  des  plus  brillantes  est  incontesitablement  celle  de 
notre  collaborateur  M.  Joseph  llalévj  ^  mais  M.  Halévy  me  per- 
mettra de  lui  répéter  qu'il  reste  pour  l'école  nouvelle,  l'école  gra^ 
firnup,  comme  on  dit  «luelquefois,  un  enfant  terrible,  d'aucuns  di- 
raient :  un  faux  frère.  S'agit-il  de  trouver  une  nouvelle  étymologie 
au  nom  d'Abraham,  ou  de  découvrir  dans  Ezéchiel  des  allusions  à  tel 
passage  de  la  Genèse^  il  jette  par  dessus  bord  la  maanjora^  il  emprunte 

'  Voir  le  compte  rendu  par  \f.  Loeb  de  l'ouvrage  posthume  de  M.  d*Eich- 
thal,  Mvlangei  de  critique  biblique^  et  de  l'opuscule  de  M.  Maurice  Vernes,  qui 
s'y  rattache  (Une  nouvelle  hypothèse  sur  le  Deutéronome)^  Revue,  XV,  153. 

*  Compte  rendu  de  V Histoire  d'Israil,  de  M.  Renan  (P»"  volume),  par  Théo- 
dore Reinach,  XV,  302. 

*  Halévy,  Recherches  bibliques,  XIV,  1  ;  XV,  161  ;  Petits  problèmes,  XV, 
289. 


H  APPORT  SUR  LES  PIIHLICATIONS  1)K  LA  SOCIÉTI-:       CCXLVII 

à  Técole  protestante  ses  procédés  los  plus  hardis.  En  revanche, 
quand  les  questions  do  date  et  d'authenticité  sont  en  jeu,  il  combat 
systématiquement  tous  les  résultats  do  cette  école,  il  maintient  fer- 
mement envers  et  contre  tons  la  haute  antiquité  et  Tunité  d'origine 
de  la  plus  grande  partie  du  Pentateuque.  Avec  une  bravoure  décon- 
certante, M.  Ilalévy  porte  volontairement  le  débat  sur  les  terrains 
où  la  position  de  ses  adversaires  paraît  la  plus  forte.  Par  exemple, 
aux  chapitres  iv  et  v  de  la  Genèsr,  on  sait  que  les  mémos  person- 
nages figurent  tour  à  tour  dans  la  généalogie  de  ('aïn  et  dans  celle 
de  Seth.  Ni  ces  répétitions,  ni  des  contradictions  llagrantes  no  peu- 
vent persuader  à  M.  llalévy  qu'il  y  ait  là  deux  traditions  différentes 
inconsciemment  juxtaposées  par  le  dernier  rédacteur  ;  un  peu  plus, 
c'est  précisément  dans  ces  inconséquences  qu'il  verrait  la  preuve  de 
l'unité  de  composition  du  texte.  Je  ne  dis  pas  (pie  les  arguments  de 
M.  Halévy  soient  tous  convaincants,  mais  ils  sont  aussi  subtils  <|ue 
bien  présentés,  ils  troublent  et  font  réfléchir  :  c'est  peut-être  tout  ce 
que  l'auteur  a  voulu. 

Tant  que  M.  Halévy  cherche  à  expli(pier  la  Bible  par  la  Bible, 
chacun  de  nous  peut,  s'il  lui  plaît,  vérifier,  textes  en  main,  ses 
arguments  et  se  faire  sur  la  question  une  opinion  personnelle.  Il  en 
est  autrement  dès  qu'il  fait  appel  aux  ténébreuses  lumières  de 
Tassyriologie  et  des  sciences  voisines.  Ces  études  nouvelles  sont 
restées  jusqu'à  ce  jour  le  domaine  exclusif  d'un  très  petit  nombre 
de  savants,  qui  ne  parviennent  pas  encore  à  s'entendre  sur  les  prin- 
cipes fondamentaux.  Quelle  peut  être  alors  notre  attitude  à  nous 
autres  profanes  ?  Kcouter,  apprendre  et  nous  taire.  C'est  ce  que 
nous  faisons,  par  exemple,  quand  M.  Halévy  cherche  à  démontrer 
par  l'analyse  des  noms  de  lieux  et  de  personnes  le  caractère  sémi- 
tique de  la  langue  des  Hittites,  ou  quand,  pour  établir  la  véracité 
d'un  récit  de  la  Genèse,  il  identifie  l'ennemi  d'Abraham,  Koudour 
Lagomor,  avec  un  roi  des  inscriptions  babyloniennes,  dont  on  lisait 
jusqu'à  présent  le  nom  Koudour  Mahoufi  :  il  paraît  qu'en  babylo- 
nien Mnhoxuj  a  le  mémo  sens  {\\xe  Lagomor.  Tout  cela  est  possible, 
et,  puisque  M.  Halévy  le  dit,  cela  doit  être  vrai,  mais  quel  étrange 
idiome,  en  vérité,  que  celui  où  de  pareilles  confusions  pouvaient  se 
produire!  Appliquez  ce  système  à  la  langue  française,  et  vous  en 


CCXLVIÏÏ  ACTKS  ET  œNFÉRENCES 

conclurez  que  le  poète  Romard  s'appelait  peut-être  Epinard,  car  il 
n  y  a  pas  loin  des  ronces  aux  épines 

Quand  on  passe  d* Assyrie  en  Phénicie  et  en  Egypte,  on  sent  le 
terrain  s'affermir  sous  ses  pas  ;  on  quitte  le  pays  de  la  brique  pour 
celui  de  la  pierre  et  du  granit.  Toutes  ces  contrées  voisines  de  la 
Judée  continuent  à  nous  fournir  des  documents  épigraphiques  et 
archéologiques  du  plus  haut  intérêt  pour  leclaircissement  des  alen- 
tours de  Thistoiro  israélite.  C'est  ainsi  que  M.  Maspéro  vous  a  fait 
connaître  tout  ce  que  les  monuments  égyptiens  nous  apprennent  de 
positif  sur  l'état  de  la  Syrie  à  la  veille  de  la  conquête  hébraïque*. 
Si  M.  Maspéro  n'était  pas  le  plus  modeste,  en  même  temps  que  le 
plus  sagace,de  nos  égyptologues,  il  aurait  pu,  à  l'exemple  d'un  phi- 
losophe célèbre,  intituler  cette  conférence  si  nourt*ie  :  «  Prolé- 
gomènes à  toute  histoire  future  d'Israol.  »  Il  ne  l'a  pas  fait  :  je  me 
permettrai  de  le  faire  pour  lui. 

Les  inscriptions  anciennes  que  nous  a  livrées  le  sol  do  la  Pales- 
tine sont  bien  rares,  et  cependant  le  scepticisme  de  quelques  hyper- 
critiques  voudrait  encore  en  diminuer  le  nombre  :  un  savant  an- 
glais ne  s'est-il  pas  avisé  d'écrire  tout  un  volume  pour  démontrer 
l'inauthenticité  de  la  fameuse  stèle  de  Mésa,  cette  perle  de  l'êpi- 
graphie  sémitique  ?  M.  llalévy  a  fait  bonne  justice  de  ce  paradoxe, 
qui,  espérons-le,  ne  se  reproduira  plus -.  Je  ne  veux  pas  quitter  le 
domaine  do  l'épigraphic  sans  rappeler  que  le  fameux  sarcophage 
d'Eschmounazar,  roi-prêtre  de  Sidon,  l'un  des  ornements?  du  Louvre, 
a  trouvé  cette  année  un  pendant  dans  celui  de  son  fils  Tabnit.  C'est 
à  un  Turc  à  moitié  parisien,  llamdi  Bey,  que  la  science  doit  cette 
découverte.  Le  nouveau  sarcopliage  est  d'origine  égyptienne  comme 
le  précédent.  MM.  J.  Dercnbourg  et  Halévy  ont  présenté  dans  la 
Eetnœ  d'instructives  observations  sur  l'inscription  phénicienne  qu'on 
y  a  déchiffrée  ^,  M.  Halévy  a  cru  reconnaître  dans  un  des  mots  de 
l'inscription  le  terme  grec  idoîon,  statuette  religieuse,  transcrit  en 

^  Maspéro.  La  Syrie  avant  l'invasion  des  Hébreux  d  après  les  monuments  fgyp" 
tiens.  Conférence  du  20  mars  1887.  (Actes,  p.  clxiv). 

'  Lôwv,  The  apocryphal  character  of  the  Moabite  stone^  compte  rendu  par 
Halévy.  XIV,  3i:.. 

•  rierenbourg,  XV,  109  ;  Halévv,  XV,  292. 


RAPPORT  SUR  LES  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ        CCXLLX 

lires  sémitiques;  si  cette  brillante  conjecture  se  vérifiait  définiti- 
ement,  notre  collaborateur  aurait  le  mérite  d'avoir  fixé  la  date  de 
L  dynastie  des  Eschmounazar  ;  déjà  d'ailleurs,  M.  Clermont-Gan- 
eau  avait  placé  cette  dynastie  à  Tépoque  ptolémaïque,  et  non 
chéménide. 


II 


L'histoire  du  second  temple  ne  nous  a  fourni  cette  année  qu'un 
seul  mémoire,  mais  ce  mémoire  est  de  M.  Friedlànder,  à  qui  nous 
devons  déjà  tant  de  pages  instructives  sur  les  rapports  du  ju- 
daïsme avec  le  christianisme  naissant*.  Cette  fois,  il  a  pris  pour 
sujet  la  question  dos  Esséniens,  c'est-à-dire  de  cette  secte  juive 
si  mal  connue,  mais  aux  idées  si  originales  et  aux  coutumes  si 
particulières,  dont  on  devine  plutôt  qu'on  ne  constate  positivement 
l'influence  décisive  sur  les  origines  chrétiennes.  Deux  opinions 
sont  en  présence  touchant  le  caractère  de  l'essénisme  :  les  uns  en 
font  une  secte  purement  juive,  identique  aux  Haasidim,  un  simple 
rameau  des  pharisiens  ;  les  autres  lui  attribuent  une  origine  exo* 
tique  et  y  démêlent  des  influences  pythagoriciennes,  perses,  voire 
môme  boudhiques.  M.  Friedlixnder  prend  nettement  parti  pour  cette 
seconde  opinion,  mais  il  y  apporte  la  modération  et  la  critique  aux- 
quelles il  nous  a  habitués.  Sans  se  perdre  dans  le  dédale  confus 
des  origines  lointaines,  il  s'en  tient  à  la  provenance  directe,  immé- 
diate ;  il  montre  que  l'essénisme,  pénétré  comme  il  est  d'idées  hel- 
léniques, n'a  pu  naître  que  sur  le  terrain  où  le  judaïsme  et  l'hellé- 
nisme ont  cherché  à  fusionner  pour  la  première  fois,  c'est-à-dire 
à  Alexandrie.  L'essénisme  est  un  jiroduit  alexandrin  transporté  sur 
le  sol  palestinien  ;  seulement,  ce  qui  distingue  les  Esséniens  des 
lutres  Juifs  hellénisants,  c'est  que,  tout  en  s'imprégnant  de  philo- 
sophie grecque,  ils  sont  restés  profondément  juifs  de  mœurs  et  de 
jentiments,  et  n'ont  pas  mérité  d'être  enveloppés  dans  la  ruine  du 
parti  hellénisant  à  la  suite  de  la  réaction  macchabéenue, 

-*  Friedlànder,  Les  Esocniensj  XIV,  184. 

ACT.  BT  GOMP.,  T.  ].  49 


CCL  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

Ces  idées  générales  nous  permettent  de  comprendre  pourquoi, 
si  le  Palestinien  Joséphe  a  le  mieux  décrit  Taspect  extérieur,  le 
corps  de  TEssénisme,  c*est  T Alexandrin  f^hilon  qui  en  a  le  mieux 
saisi  Tesprit.  Elles  nous  expliquent  aussi  pourquoi  TEssénisme  s*é- 
vanouit  à  la  fin  du  i^**  siècle,  sans  laisser  de  trace  apparente.  Le 
gros  des  membres  de  la  secte,  qui  avaient  pris  part  aux  révoltes 
des  patriotes  juifs  contre  Rome,  j  trouva  la  mort;  la  doctrine 
essénienne,  par  Tintermédiaire  de  saint  Jean-Baptiste,  reçut  droit 
de  cité  dans  le  christianisme  ;  quelques  dogmes  isolés,  comme  Tan- 
gélologie  et  les  spéculations  métaphysiques,  furent  même  adoptés 
par  le  Talmud  et  la  Cabbale.  L'Essénisme  avait  accompli  son 
œuvre  :  il  pouvait  disparaître,  semblable  à  ces  belles  agaves  qui 
s'étiolent  et  meurent  soudain  du  jour  qu'elles  ont  porté  une  fleur. 


III 


Je  franchis  d'un  seul  bond  un  intervalle  de  douze  siècles  pour 
arriver  aux  juifs  du  moyen  âge  et  des  temps  modernes.  La  France, 
l'Espagne,  l'Allemagne  et  la  Galicie  se  sont  partagé  cette  année 
l'attention  de  nos  collaborateurs. 

M.  Lazard  nous  a  donné  un  très  substantiel  article  sur  les  re- 
venus tirés  des  juifs  du  domaine  royal  au  xnP  siècle  *.  Ces  revenus, 
divisés  en  ordinaires  et  en  extraordinaires,  étaient  prélevés  sous 
les  noms  et  les  prétextes  les  plus  divers  :  cens,  amendes,  droit  de 
sceau,  droit  de  rouelle,  droit  de  vin,  etc.  Les  modes  de  percep- 
tion ne  sont  pas  moins  •  variables  que  les  taxes  elles-mêmes.  Quant 
aux  chiffres,  ils  ne  nous  apprendraient  pas  grand'chose,  car  il  est 
difficile,  sinon  impossible,  de  déterminer  la  valeur  relative  de  l'ar- 
gent au  xiii^'  siècle  et  au  xix«  ;  il  suffit  de  savoir  que  cette 
source  de  revenus  était  très  considérable,  que  le  roi  de  France 
«  achetait  »  constamment  des  Juifs,  suivant  l'odieux  terme  con- 

^  Lazard,  Les  revenus  tirfs  des  Juifs  de  France  dam  le  domaine  royal,  au  un* 
siècle,  XV,  233. 


RAPPORT  SUR  LES  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ 


car 


sacré,  à  ses  frères  ou  â  ses  vassaux,  et  qu'enfin ^  lorsque  Philippii- 
le-Bel  chassa  les  juifs  en  1306,  il  iit,  suivant  îo  mot  spirituel 
(le  M.  Lazard,  plus  Qu'une  mauvaise  action  :  il  fit  une  mauvaise 
affaire  '. 

M.  Loeb  qui  a  débromllé  cette  année,  dans  un  savant  article  des 
Mèiam/es  Grœts,  toute  Tobseure  question  des  expuUions  et  des  rap- 
pels des  juifs  de  France.  s*en  tient,  dans  la  lienie^  aux  épisodes 
particuliers  de  leur  histoire.  Nul,  d'ailleurs»  n'excelle  mieux  que  lui 
À  tirer  d'un  fait  divers,  en  apparence  insignifiant,  une  vive  lumière 
qui  éclaire  tout  l'entourage  et  rejaillit  sur  Thistoire  générale  :  c'est 
la  vraie  utilité  des  travaux  de  détail,  c'est  ainsi  qulls  doivent  être 
compris  ;  autrement,  ils  justifieraient  la  boutade  d*un  critique 
célèbre  :  «  Rien  n'est  béte  comme  un  fait  v.  Le  procès  de  àSamuêl 
Un  Tihhon  *  est  m\  chapitre  nouveau  dans  la  galerie  des  Cames 
célèbres  jttive»  que  nous  donne  peu  à  peu  notre  excellent  collabora- 
teur. C*est  le  pendant  du  procès  de  Boracli  Lévy,  Tïntéressant  bi- 
game que  vous  n'avez  pas  oublié.  »Sarauet  ibn  Tibhon,  Undigne  fils 
4lu  célèbre  traducteur  Moïse,  n'était  pas  lui-même  bigame,  mais  il 
aurait  bien  voulu  démontrer  que  sa  cousine  Bienvenue  IVHjiit,  Tout 
enfant,  il  Favait  demandée  en  mariage  sans  Tobtenir  ;  apré:f  qu  elle 
eut  convolé  ailleurs,  il  se  souvint  tout  a  coup  de  son  ancienne  de- 
mande, affirma  qu'elle  avait  été  accueillie  et  qu'il  avait  bien  réelle- 
ment épousé  sa  cousine,  non  pas  une  fois,  mais  trois  fois.  Cepen* 
^dant  il  ne  réclamait  pas  sa  femme  ;  il  exigeait  seulement  qu'elle  lui 
dôtuandAt  une  lettre  de  divorce,  quii  lui  aurait  vendue  natureilement 
Éboas  deniers  comptants.  Quelle  fut  l'issue  cie  ce  singulier  procès  ? 
On  ne  le  sait  pas  au  juste,  mais  tout  porte  \\  croire  que  Hamuel  le 
perdit.  Ce  qui  parle  le  plus  contre  loi,  c'est  quil  ne  s'était  souvenu 
de  ses  droits  sur  Bienvenue  que  du  jour  où  celle-ci  fut  devenue,  par 
I  la  mort  d'un  sien  frère,  une  riche  héritière.  On  voit  d'ici  la  mora- 

*  Sur  les  Juifs  du  domaîne  royal  voir  ('{^uletnetii  Bloch,  Un  pnrma  de  r€$i* 
dmet  au  nym*  iiècti,  \i\\  HC,  et  Schwab.  T>Wj  tuteri/ttiont  Mtaf^vts  dif 
Mêmtti,  XV,  !raD«  Le  nom  twutilé  * ,  .^ïtV.  qu«  XL  Schwab  lu  JitHe,  et  M.  Ar- 
ièod  Darroeslcter  Jo^tuse^  pourrait  Ctr<s  IpHte,  Voir  Rt^nft  I»  éH,  deroîère  ligti«, 
fl  VI,  2tîr  ou  60  trouve  Io  iD^me  nom  écrit  ntûî*'^''' 

*  Lueb,  Lepyoeisde  $amutt  ibn  TMon  (Marstnlte,  t2r»5),  XV,  70, 


eau  ACTES  ET  COiNFÉRENCES 

.  lité  du  personnage  ;  tout  le  reste  de  sa  conduite  est  à  l'avenant, 
et  ce  défilé  de  mensonges,  de  rétractations,  de  faux  ténaoins  et  de 
fausses  pièces  donne  une  assez  triste  idée  de  la  communauté  de 
Marseille  au  milieu  du  xiu°  siècle. 

V Histoire  d'une  tailU  Uvéesur  les  Juifs  de  Perpignan  m  1413  est 
un  simple  épisode  des  annales  des  juifs  du  Koussillon  :  M.  Vidal 
nous  a  raconté  les  annales,  M.  Loeb  Fépisode,  et  ces  deux  études 
s'éclairent  et  se  complètent  mutuellement  * .  Elles  apportent  Tune  et 
l'autre  de  nouveaux  renseignements  sur  l'administration  intérieure 
des  communautés  au  moyen  âge  et  sur  la  comptabilité  juive  ;  vous  avez 
déjà  pu  constater  la  perfection  de  celle-ci  dans  les  Livres  de  comptes 
de  Vesoulj  que  nous  avons  publiés  Tannée  dernière.  Cette  fois  l'étude 
minutieuse  des  cotes  personnelles  imposées  à  chacun  des  contri- 
buables juifs  de  Perpignan  a  permis  à  M.  Loeb  de  conclure,  chiiïres 
en  main,  que  la  fortune  mobilière  des  juifs  au  moyen  âge  a  été  fort 
exagérée,  et  qu'elle  était,  en  général,  sensiblement  inférieure  à  la 
moyenne  des  fortunes  particulières  de  nos  jours.  11  y  a  longtemps 
que  nous  soupçonnons,  M.  Loeb  et  moi,  que  la  légende  du  juif  mil- 
lionnaire est  aussi  mensongère,  quoique  aussi  répandue  et  aussi  per- 
nicieuse, au  xix°  siècle  qu'au  xiv«.  La  galerie  ne  voit  que  quelques 
Crésus  qui  paradent  sur  le  devant  de  la  scène  ;  elle  n'aperçoit  pas 
la  foule  des  Irus  qui  grouillent  dans  les  coulisses. 


IV 


M.  Loeb  nous  a  menés- jusqu'aux  pieds  des  Pyrénées  ;  c'est  encore 

*  Vidal,  Les  Juifs  des  anciens  Comtés  du  Roussillon  et  de  Cerdagne,  XV,  19. 
Loeb,  Histoire  d'une  taille  levée  sur  les  Juifs  de  Perjngnan  en  1413-4,  XIV,  55. 
(Je  crois  que  le  bénéfice  do  0  livres  sur  500  attribué  par  l'auteur  aux  fermiers  de 
Timpôt  est  trop  faible.  Ne  faut-il  pas  y  ajouter  les  u8  livres  10  sols  qui  figurenl, 
sans  indication  d'origine,  p.  Cl  et  62,  au  profit  de  'i  personnes,  qui  sont  précisé- 
ment 2  des  fermiers  et  la  veuve  du  3®,  décédé  pendant  l'opération?)  Du  même 
auteur  une  pièce  sur  Vexpuhiun  des  Juifs  de  Salins,  en  1374,  XV,  289.  Le  travail 
de  M.  Bruuscbwicg  surles  Juifs  de  Nantes  (XIV,  80).  n'étant  pas  encore  achevé, 
sera  analysé  dans  le  prochain  rapport. 


RAPPORT  SUR  LES  PUBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ         CCLIII 

avec  lui  que  nous  allons  les  franchir.  Vous  savez  avec  quel  zèle  et 
quel  succès  les  savants  espagnols,  M.  Fidel  Fita  en  tête,  exhument 
depuis  quelques  années  les  antiquités  juives  de  leur  pays.  M.  Loeb 
continue  à  nous  tenir  au  courant  de  leurs  découvertes,  et  souvent  la 
glose  est  plus  intéressante  que  le  texte.  Parmi  les  nombreux  articles 
que  nous  a  valus  cette  collaboration  féconde  *,  je  n'en  veux  signaler 
que  trois.  Le  premier  est  un  travail  de  statistique  :  il  s'agit  do 
déterminer  le  nombre  des  juifs  d'Espagne  au  moyen  Age.  M.  Loeb, 
qui  croit  qu'on  a  exagéré  la  richesse  des  juifs,  croit  aussi  qu'on  a 
exagéré  leur  nombre.  Il  montre  que  le  document  —  un  rôle  d'im- 
pôts de  l'an  1240 — sur  lequel  on  se  fondait  jusqu'à  présent  pour 
évaluer  au  chiflre  énorme  de  800,000  la  population  juive  de  la 
Castillo  à  la  fin  du  xiii®  siècle,  ne  se  prête  nullement  à  cette  inter- 
prétation :  en  réalité,  comme  on  ne  sait  ni  le  montant  exact  do  la 
taxe  individuelle,  ni  la  durée  pour  laquelle  elle  était  prélevée,  on 
ne  peut  rien  conclure  de  certain  sur  le  nombre  des  contribuables. 
Après  cette  démonstration  négative,  M.  Loeb  a  cherché  une  solu- 
tion positive  de  la  question.  Il  a  pris  pour  cela  une  voie  toute  nou- 
velle :  il  commence  par  déterminer  le  nombre  des  juifs  de  langue  ou 
de  rite  espagnol  actuellement  répandus  à  travers  }e  monde  et  qui 
descendent  sûrement  ou  probablement  des  juifs  expulsés  au  xv^ 
siècle  de  la  péninsule  ibérique  ;  puis,  admettant  que  cette  population 
s'est  doublée  en  400  ans,  il  en  déduit  le  nombre  des  expulsés  :  il 
arrive  ainsi  au  chiffre  de  160,000.  On  remarquera  que  ce  chiffre, 
évidemment  approximatif,  coïncide  à  peu  de  chose  près  avec  celui 
qui  résulte  d'un  rôle  d'impôts  de  l'an  1474  *. 

Dans  un  second  article  ^,  M.  Loeb  revenant  sur  un  sujet  qui  a 
déjà  préoccupé  deux  de  nos  collaborateurs,  examine  à  fond  deux 
lettres  fameuses  qui  circulaient  à  la  fin  du  xv®   ci  au  début  du 

*  Loeb.  Notes  sur  Vhistoire  des  Juifs  d'Espagne,  XIV,  254  (juiveries  de  Ségo- 
Tie,  Majorque,  Castillon  delà  Plana,  Valence;  administrations  juives);  Juiverie 
de  Xérès,  XV,  125. 

*  Loeb,  Le  nombre  des  Juifs  de  Castille  et  d* Espagne  au  moyen  âge,  XIV, 
161.  Comparez  G.  Leonello  Modona,  Les  exilés  d'Espagne  à  Ferrare  en  1403, 
XV,  117  (prouve  qu'il  n'y  eut  que  21  familles  réfugiées). 

*  Loeb,  La  correspondance  des  Juifs  d'Espagne  avec  ceux  de  Constant inople, 
XV,  262. 


CCLIV  ACTES  ET  CONFERENCES 

xvi°  siècle  et  qu'on  mettait  sur  le  compte  des  juifs  d'Espagne  et  de 
Constantinople.  Les  juifs  d  Espagne,  sous  la  pression  d'une  persé- 
cution violente,  demandent  conseil  à  leurs  coreligionnaires  turcs; 
ceux-ci  leur  répondent  en  substance  :  «  On  veut  vous  baptiser? 
Laissez-vous  faire,  puisque  vous  ne  pouvez  l'empêcher.  On  vous 
prend  vos  biens  ?  faites  de  vos  fils  des  marchands,  ils  ruineront 
ceux  qui  vous  dépouillent.  On  vous  prend  la  vie?  faites  de  vos  fils 
des  médecins,  ils  tueront  ceux  qui  vous  assassinent.  On  détruit 
vos  temples  ?  faites  de  vos  fils  des  prêtres,  ils  détruiront  Féglise.  » 
Et  ainsi  de  suite.  La  tournure  de  la  lettre,  il  faut  l'avouer,  est 
spirituelle  ;  c'est  une  preuve  de  plus  qu'elle  n'est  pas  authentique, 
car  les  circonstances  étaient  trop  graves  en  1492  pour  qu'un  juif 
eût  tourné  la  chose  en  plaisanterie.  Ceci  avait  été  dit  ou  soup- 
çonné avant  M.  Loeb  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  piquant  dans  son 
travail,  c'est  qu'il  a  mis  la  main,  par  une  rare  bonne  fortune,  sur 
une  lettre,  vraiment  authentique  cotte  fois,  des  juifs  de  Salonique 
à  ceux  de  Provence,  en  155(*,  invitant  leurs  frères  à  quitter  une 
patrie  ingrate  et  à  s'établir  auprès  d'eux  sous  le  régime  débonnaire 
du  sultan .  Il  suffit  de  rapprocher  les  deux  documents  pour  se  con- 
vaincre que  la  correspondance  espagnole  n'est  que  le  jeu  d'esprit 
d'un  satirique  chrétien  resté  inconnu.  Mais,  à  la  différence  de 
M.  Loeb,  je  crois  que  la  satire  primitive  était  moins  dirigée  contre 
les  juifs  ou  leurs  descendants  que  contre  les  professions  dont  on 
a  vu  la  liste  :  marchands,  médecins,  prêtres,  gens  de  loi.  Les  juifs 
no  sont  là  que  pour  fournir  un  cadre,  et  parce  que,  dès  qu'il  y  a 
des  coups  à  distribuer  quelque  part,  il  faut  bien  que  le  juif  en 
reçoive  sa  petite  dose. 

Lb  troisième  morceau  que  je  veux  vous  signaler  nous  reporte 
également  aux  environs  de  cette  terrible  année  1492,  qui  vit  le 
triomphe  de  l'inquisition  et  le  lamentable  exode  des  juifs  espagnols*. 
Il  y  est  question  d'une  cause  célèbre  qui  laisse  l'impression  d'un 
cauchemar  atroce  :  trois  juifs  et  cinq  chrétiens  judaïsants,  qu'on 
brûla  vifs  pour  avoir  tué  un  enfant  chrétien  et  employé  son  cœur 
à  des  maléfices,  soi-disant  dirigés  contre  les  inquisiteurs.  M.  Loeb 

*  Loeb,  Le  saint  enfant  de  la  Guardia,  XV,  203. 


RAPPORT  SUR  LES  PUBLlCATlOifS  DE  LA  SOCIETE  CCLV 

^*^  pas  de  peine  à  montrer  avec  quelle  légèreté  fut  conduite  Ten- 

QUéte,  tout  ce  que  renferment  de  contradictoire  les  témoignages 

'^^cueillis,  et  le  peu  de  poids  qu*il  convient  d'attribuer  à  des  aveux 

^^^l'achés  par  la  torture.  Comme  le  corps  de  Tenfant  ne  fut  jamais 

'^trouvé  et  qu*on  ne  put  même  établir  son  identité,  M.  Loeb  incline 

^  croire  que  cet  enfant,  dont  la  superstition  espagnole  a  fait  un 

Baint,  n*a  jamais  existé.  Quoi  qu*il  en  soit  de  ce  point,  un  fait  ressort 

avec  évidence  des  pièces  de  cette  procédure  :  c*est  que  les  iKiucheries 

de  rinqaisition  atteignirent  un  but  diamétralement  opposé  à  celai 

qu'elles  visaient;  elles  né  servirent  qu'à  réveiller  le  sentiment,  je 

dirais  même,  le  fanatisme  juif  presque  endormi  dans  les  coBurs.  A  la 

vue  des  fêtes  abominables  du  Saint-Office,  à  la  vue  de  la  flamme  jail* 

lissant  des  bûchers,  plus  d'un  nouveau  converti,  chrétien  de  nom 

et  déjà  à  moitié  chrétien  de  cœur,  ne  put  retenir  une  explosion  do 

haine  féroce  contre  un  pouvoir  qui  faisait  un  abus  aussi  criminel  do 

la  force  mise  au  service  de  l'intolérance.  On  trouve  Técho  de  ces 

sentiments  dans  les  déclarations  saisissantes  d*un  des  accusés,  le  juif 

baptisé  Benito  Garcia.  11  dit  en  propres  termes  que  c  est  À  HantiaKO, 

en  voj'ant  les  diables  —  c'est-à-dire  la  procession  df^n  pénitents 

revêtus  do  leurs  san -benito  — ,  que  ses  yeux  se  sont  dessillés,  et 

qu'il  est  retourné,  par  un  mouvement  de  pitié  et  d'indignation ,  (i  la 

foi  de  ses  pères.  Ainsi,  en  pourchassant  avec  une  férocité  aveugle 

les  hérétiques,  TEglise  créait  des  milliers  de  relaps,  sinon  d*ath^)os, 

car  plus  d'un,  alors,  dut  se  dire  tout  bas  avec  le  [Kiète  : 

Si  Thommc  est  un  bourreau,  Dieu  n'est  plus  qu'un  tyran  *. 

Je  me  suis  attardé  dans  mon  voyage  on  Espagne  :  c'oijt  à  mon 
guide  qu'il  faut  vous  en  prendre.  Deux  mots  Kouloment  sur  les 
autres  pays.  L'article  do  M.  Kracauer  sur  une  accusation  do 
meurtre  rituel  à  Francfort,  en  1593»,  OHt,  à  un  siècle  de  distance, 
le  pendant  de  l'histoire  de  la  Guardia  ;  mais,  soit  différence  des 
miheux,  soit  progrès  des  mœurs,  le  résultat  n'en  fut  pas  aussi  tra- 
gique ;  le  mensonge  fut  découvert  et  le  dénonciateur,  seul,  expia 

*  V.  Hu-:o,  Torquemadat  11,  2. 

*  Kracauer,  Accusation,  etc.,  XIV,  282. 


CaVI  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

son  imposture.  Dans  un  second  article,  non  moins  curieux  *, 
M.  Kracauer  nous  raconte  l'histoire  d'un  prêt  forcé  que  les  gé- 
néraux protestants  et  catholiques  voulurent  extorquer  aux  juifs 
de  Francfort  pendant  la  guerre  de  Trente-Ans.  Ces  pauvres  juifs 
étaient  véritablement  pris  entre  le  marteau  et  Tenclume  ;  heureu- 
sement, cette  fois  encore,  ils  furent  sauvés  par  Téquitable  interven- 
tion de  Tempereur. 

Il  me  resterait  à  parler  de  la  causerie  de  M.  Sacjier  Masoch,  sur 
les  sectes  juives  en  Galicie,  Im^sUlim  et  caraites  *  :  mais  cette  bril- 
lante séance  est  trop  fraîche  dans  vos  mémoires  pour  qu'il  soit 
nécessaire  d'en  ranimer  le  souvenir.  Jamais  un  orateur  non  Israélite 
n'avait  parlé  des  juifs  de  ces  pays  perdus  avec  une  sympathie  plus 
émue,  allant  plus  droit  au  cœur,  et,  ce  qui  ne  gAte  rien,  avec  au- 
tant d'esprit,  de  savoir  et  de  couleur  dramatique.  Sous  le  confé- 
rencier, nous  avons  été  heureux  de  retrouver  l'homme  et  l'ami  : 
qu'il  en  reçoive  une  fois  de  plus  tous  nos  remerciements. 


Je  ne  chercherai  pas  de  transition  pour  passer  de  l'histoire  maté- 
rielle des  juifs  à  leur  histoire  littéraire  :  c'est  l'ordre  naturel  et 
consacré  de  ce  rapport.  MM.'  Neubauer,  Bâcher,  llalévy,  Lambert 
nous  ont  fait,  comme  toujours,  des  communications  intéressantes 
sur  divers  points  du  vocabulaire  et  de  la  grammaire  hébraïques  *. 
M.  Joseph  Derenbourg  a  entrepris  sur  la  fameuse  prière  des  dix- 
huit  bénédictions  un  travail  de  dissection  analogue  à  celui  qui  lui 

*  Kracauer.  Histoire  d'un  prêt  forcée  XV,  99. 
'  Aetes^  p.  cxLi. 

*  Neubauer,  Compte  rendu  du  Traité  d'accentuation  héhraXque  dû  Wickes^  XV, 
316.  —  Bâcher,  Sem  du  mot  Mikra,  XV,  113  (ce  mot,  chez  les  Juifs  espagools, 
signifiait  les  Prophètes  par  opposition  au  Pentateuque).  —  Hal4vy,  Compte  rendu 
des  Prolégomènes  à  un  dictionnaire  hébreu  de  Delitzsch^  XIII,  305  ;  XIV,  146 
(conteste  plusieurs  étymologies  assyriennes).  — Lambert,  Le  traité  de  Para  ponc- 
tué, XIV,  269  [manuscrit  ponctué  d'un  traité  de  Maïmonide,  originaire  du  Yémen, 
et  qui  montre  la  prononciation  en  usage  dans  ce  pays  vers  le  xii    siècle). 


RAPPORT  SUR  LES  PUBUCATIOHS  M  LA  SOCIÉTÉ       CCLVII 

^  donné  naguère  de  si  brillants  résultats  pour  le  traité  loma  :  sous 
^^  rédaction  actuelle,  qui  ne  lui  paraît  pas  antérieure  au  iv*  siècle 
^o  l'ère  chrétienne,  il  en  a  retrouvé  une  beaucoup  plus  ancienne, 
plus  simple,  plus  monotone  et  d'une  symétrie  plus  facile  à  saisir  * . 
M.  Rubens  Du  val  a  fait  de  la  littérature  syriaque  son  domaine 
propre*;  il  étudie  cette  année  la  PescJdtto^  version  syriaque  de  TAn- 
cien  Testament,  qui  paraît  avoir  été  composée  au  ii«  siècle  par 
des  docteurs  juifs.  Le  principal  résultat  de  cette  étude,  c'est  que  la 
I^eschitto  a  conservé  des  traces  de  targoums  plus  anciens,  aujour- 
d'hui perdus  et  rédigés  d'une  façon  «  tendancieuse  '.  » 

M.  Israël  Lévi  continue  à  s'occuper  de  la  partie  haggadiqm 
du  Talmud.  L'explication  qu'il  nous  donne  cette  année  do  la  fameuse 
légende  de  la  mort  de  Titus  paraît  plus  plausible  que  celles  qu'on 
avait  proposées  précédemment,  parce  qu'elle  est  plus  simple  :  cette 
mouche  qui  s'introduit  dans  le  crâne  du  conquérant  impie  et  finit 
par  le  tuer  serait  simplement  une  variante  édifiante  de  la  fable 
/>  Uon  et  U  moucheron.  Ce  qu'il  y  a  de  piquant,  c'est  que  ce  conte  a 
été  transposé  presque  intégralement  dans  la  légende  arabe,  maJH 
appliqué  cette  fois  à  Nemrod  :  à  une  certaine  distance,  toutes  lofi 
grandes  figures  de  conquérants,  Nemrod,  Nabuchodonosor,  Titun, 
Adrien,  finissent  par  se  confondre  dans  l'imagination  populaire  **« 
J'ai  entendu  dire  que,  dans  certains  villages  d'Alsace,  on  racont/e 
de  Napoléon  des  contes  juifs  qui  se  rapportaient  primiiivomoni 
à  Alexandre. 

Le  Midrash  ne  difl^re  pas,  au  fond,  de  Y Hfi//gfulfi^  tnnSn  ium 
portion  seulement  de  la  littérature  midraihique  nom  ani  prtftw- 
nue.  et,  comme  toujours,  ce  sont  \m  recmïln  hn  pUtn  ntifiUuin^ 

■  J.  Denahofar^,Q0€ifW(t  Ourtsiûm*  sur  U  RktM^l,  XIV,  W. 

«  Ral»c&s  I>aT*i.  A'Wei  «r  U  Peê^iûl^,^  X\\ ,  fA  H  777.    V^f  mA^mmfti  iit 

Rome  ;   ys3  TerUi^nùtA  <é^  ai-Xt  ^Jkil^  ^'*f$4rê    "^  4AimH  4^   UtHti 
'  Ifnéi  Lér.,  U  JM-^  u  Tjwi,  XV,  «,  //>  m^HH  w^it^t^  fhmf*  êi  Ahimn, 


CCLVIII  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

les  plus  voisins  de  la  source  légendaire,  et  par  conséquent  les  plu8 
curieux,  qui  ont  péri.  C*est  donc  uji  véritable  service  que  M.  Neu- 
baucr  a  rendu  à  la  science  en  exhumant  de  divers  manuscrits 
d'Oxford  et  de  Londres  les  fragments  do  quelques-uns  do  ces  vieux 
MUlrashim^  conservés  par  des  compilateurs  plus  récents  :  le  plus 
important  est  le  Yelamd^nu,  recueil  qu'on  a  parfois,  mais  à  tort, 
confondu  avec  le  Midrash  Tanhuma  * . 

S'il  est  vrai  que  a  tous  les  genres  sont  bons,  sauf  le  genre 
ennuyeux,  »  il  faut  avouer  que  la  controverse  religieuse  est  un 
bien  mauvais  genre  :  non  seulement  elle  ne  mène  jamais  à  rien, 
mais  encore  elle  se  traîne  dans  une  ornière  invariable  et  ressasse 
les  mêmes  textes,  les  mêmes  arguments  avec   une  désespérante 
monotonie.  Et  cependant  l'étude  des  controverses  religieuses  du 
passé,  de  ces  querelles  de  moine  à  rabbin  dont  Henri  Heine  s'est  si 
spirituellement  moqué,  offre  un  intérêt  réel,  qui  justifie  l'un  de 
nos  collaborateurs  de  l'avoir  prise,  cette  année,  pour  sujet  de  son 
cours  à  la  Sorbonne.  A  défaut  de  vérités  nouvelles,  elle  nous  fait 
connaître  le  tour  d'esprit  des  contre versistes,  le  genre  d'exégèse  que 
goûtait  leur  époque  ;  enfin,  certaines  controverses  ont  été  de  véri- 
tables événements  historiques  :  c'est  par  les  mots  qu'on  commence, 
c'est  par  les  coups  qu'on  finit.  Telle  fut  ou  faillit  être  l'issue  de 
la  célèbre  controverse  qui  eut  lieu  à  Barcelone,  en  1263,  devant  le 
roi  d'Aragon,  entre  un  juif  converti,  Pablo  Christiani,  et  le  docte 
rabbin  Nahraanide.   On   sait  qu'il  existe  deux  relations  de  cette 
controverse,   émanant  des   deux    camps   opposés  ;   naturellement 
chacun   des   adversaires  s'attribue  la   victoire,   mais  comme  les 
moines  avaient  pour  eux  le  pouvoir  temporel,   on  fit  un  crime  à 
Nahmanide  de   sa  relation,   qui    paraît  cependant  la  plus  fidèle 
des  deux.  C'est  ce  qu'a  démontré  une  fois  de  plu.«»  M.  Loeb,  en 
réponse  à  un  pamphlet  passionné  du  chanoine  Deniflé,  qui  traitait 
le  pauvre  Nahmanide  de  menteur  et  de  faussaire.  L'attaque  était  si 
violente  que  M.  Loeb  s'est  mis  en  colère  ;  c'est  la  première  fois,  à 
ma  connaissance  du  moins,  que  cela  lui  arrive  *. 

'  Neubauer,  Le  Midraseh  Tanhuma  et  Extrait^  du  Telamdenu  et  de  ptliU  mi- 
draschitn,  XIII,  224  ;  XIV,  92. 

'  Loeb,  La  controverse  de  1263  à  Barcelone^  XV,  1. 


RAPPORT  SUR  LES  PCBLICATIONS  DE  LA  SOCIÉTÉ  OJ-IX 

La  notice  de  M.  Bloch  sur  Kalifa  ben  Malka,  autour  marocain, 
nous  transporte  en  plein  xviii*  siècle  *,  la  conférence  de  M.  Alhort 
Cahen  nous  mène  presque  au  seuil  du  xx*  '.  Les  applaudi8;i>(Mnont8 
dont  vous  avez  salué  cette  belle  conférence,  j'allais  dire  ootte  lo<;»)n , 
me  dispensent  d'apporter  à  Tauteur  un  nouveau  tribut  d*élc)>;os  ; 
qu'il  me  suffise  de  rappeler  qu'il  a  réalisé  le  problème,  on  appanuioo 
insoluble,  de  parler  librement  de  la  prédication  juive  on  Franco  de- 
vant ceux-là  mêmes  qui  en  ont  tracé  les  plus  brillants  modèloH,  nann 
faire  pâlir  la  vérité,  et  sans  faire  rougir  M.  Zadoc  Kahn  ', 


VI 


Si  rhistoire  littéraire,  ou,  comme  on  dit  aujourd'hui,  Iti  |iIiIIi)ImuIi>, 
a  toujours  tenu  une  place  importante  dun«  notre  rocunlli  riirojtiii) 
logie  figurée,  qui  n'est  pas  moinzi  indinponhablo  pour  Ui  l'imnhM' 
tion  complète  du  passé,  y  avait  été  quelque^  pcMi  tiA^Uu^^t».   Nmiih 
avons  cette  année  rattrapé  le  temp»  perdu.  Han^  purl^r  i|i<«  «i'ikhI)! 
hébraïques  qui  ont  exercé   la  divination  do  nui»    ^v^'U^n^i   fi\\\^ 
pader  des  miniatures  curieuf^^is  qui  Umi  <M>nnMlO'M  Im  (>p*^  'd  U 
costume  des  juifs  du  moy^su  kiça  S  thfun  taoun  ^ublh)  un  Ihisdil 
très  approfondi  de  H.  David  Kauf/uann  4Ur  i<^  umn  n\  I'ioImIm»'  'Ihm 
symboles  tumulaires  emprunt*:'*  a  J'AnH^n '|WMi««'nf  qui  ll(*»M"Hl 
dans  l'art  chrétien  jiriuiitif*',  Apr<*>  «wir  p<io/4  mm  |i^yM»<  l»i»M  >•»'< 
symboles  et  discuté  laa  iuV.'rpK'tyti'/n/  qM''/n  t^it  u  lUtini^nit  |»P'jU  i\ 
présent,  M.  Kaufinauxj  croit  p'/gv«;jr  «vn^lMii^  qM  «^M  **  /<*M  Hn»»  (mmI 
beaucoup  trop  p'&udti  daim  ^-4;*  «-^ipli'iiUviM.  r-i/H  »^  )  <«j|i/f#/M))«  |iUh' 
ment  chrétieiine,  6oii  a  J  jijujt^i'ivn  dt?  luv'if*  pwl*'*M  J^^(vi<<j1  lu)    )•'.* 

*  l^aac  B.ocL,  l^aUfti  Un  É^nikif,  XV     n, 

*  AlUrriCauei..  CvK/*.r«i^^  mh^  (^  i„/étt.,4i,  .,>  y«/f,   *//  /•>;/«>#,  /<)7*»»    |' 

Bcrvé  pour  ît-  prt/ciMiL  f#j/j/«/ft 

*  KaufiuituL  «n  L-j^.    .V'^-.a»»^  y»*-/^,  /  V,  .// 


CCLX  ACTES  ET  œNFERENCES 

•  — ■ — _^-— 

artistes  de  Féglise  primitive  n'auraient  fait  que  traduire  en  pierre  et 
en  couleurs  un  canon,  un  choix  d'épisodes,  déjà  consacrés,  non  pas 
précisément  par  Y  art  juif,  mais  par  la  liturgie  juive  :  la  preuve  en 
serait  que  la  plupart  de  ces  symboles  figurent  déjà  sur  une  an- 
cienne liste  de  miracles  typiques  insérés  dans  la  prière  des  18  bé- 
nédictions. La  solution  proposée  par  M.  Kaufmann  est  neuve  et 
séduisante;  peut-être  cependant  est- elle  un  peu  exclusive  et  de 
nouvelles  recherches  le  conduiront-elles  à  un  système  plus  éclec- 
tique :  le  symbolisme  chrétien,  comme  le  christianisme  lui-même, 
ne  serait-il  pas  un  fleuve  où  sont  venus  se  confondre  deux  cou- 
rants distincts,  d'importance  à  peu  près  égale,  l'un  juif,  l'autre 
païen  ?  On  avait  eu  tort  de  ne  voir  que  le  second  :  prenons 
garde  de  tomber  dans  l'excès  contraire  et  de  n'avoir  d'yeux  que 
pour  le  premier. 

Enfin,  Messieurs,  la  numismatique,  qui  n'est  elle-même  qu'une 
branche  de  l'archéologie,  a  fait  aussi,  pour  la  première  fois,  son 
apparition  dans  notre  recueil  .  L'année  dernière,  notre  cher  prési- 
dent avait  prévu  quel  serait  l'embarras  de  votre  secrétaire  quand  il 
aurait  à  rendre  compte  d'une  certaine  conférence  sur  les  monnaies 
juives,  M.  Zadoc  Kahn  avait  raison,  et  votre  secrétaire  ue  voit 
d'autre  moyen  de  sortir  d'embarras  que  le  silence  ;  il  espère  seule- 
ment que  vous  terez  un  accueil  aussi  bienveillant  à  la  conféreece 
imprimée  qu'à  la  conférence  parlée,  et  il  saisit  cette  occasion  de 
vous  remercier  de  votre  indulgence  au  nom  du  conférencier. 


J'ai  terminé,  Messieurs,  le  bilan  de  la  Revw,  Vous  trouverez, 
j'espère,  que  cette  année  encore  il  se' solde  à  notre  avantage.  Nous 
n'avons  pas  cette  fois  de  volume  supplémentaire  à  vous  présenter, 
comme  les  Tables  du  calendrier  de  M.  Loeb.  Mais  rassurez-vous,  ce 

*  Th.  Reinach,  Une  monnaie  h/hride  des  insurrections^XY,  56  ;  Confértnct  iur 
les  monnaies  juives^  Actes,  p.  clxxxi  (a  paru  à  part  dans  la  Petits  hibliothèpt 
d'archéologie  de  Leroux). 


RAPPORT  SCR  LES  PCBUCàTlONS  DE  LA  SOOÈTÉ         GCLXl 

n^est  qu'un  ajoamemeiit^  et  nous  avons  non  pas  un,  mais  deux 
volâmes  sur  le  chantier.  Permettez-moi,  avant  de  me  rasseoir,  de 
vous  donner  encore  une  bonne  nouvelle  :  il  nous  est  venu  cette 
année  un  disciple,  j'allais  dire  un  enfant.  Une  société  existait  de- 
puis vingt  ans,  assez  analogue  à  la  nôtre,  dans  un  domaine  voisin  : 
y  Association  pour  T  encouragement  des  études  grecques  ;  seulement,  elle 
se  contentait  de  publier  tous  les  ans  un  Annuaire  compact  qu*on 
ouvrait  peu  et  qu'on  lisait  moins  encore.  Sur  la  proposition  d*un  de 
ses  membres,  elle  a  décidé  de  transformer  à  partir  de  Tannée  cou- 
rante son  Annuaire  en  Revue  :  ce  sera  un  recueU  trimestriel,  un  peu 
moins  volumineux  que  le  vôtre,  mais  qui  fera,  comme  lui,  une  part 
proportionnelle  aux  travaux  originaux,  à  la  bibliographie  et  à 
la  chronique.  Je  ne  crois  pas  m'avancer  trop  en  afj&rmant  que 
Texemple  et  le  succès  de  la  Bévue  des  études  juives  ont  été  pour 
beaucoup  dans  la  création  de  la  Revue  des  études  grecques;  c'est  là, 
Messieurs,  un  résultat  dont  nous  devons  nous  féliciter  :  on  noua 
apprécie  puisque  nous  faisons  école. 

U  faut  nous  en  féliciter  encore  à  un  point  de  vue  plu8  général . 
L'antiquité  grecque  n'avait  pas  jusqu'à  présent  en  Franoe  d'organe 
scientifique  qui  lui  fût  spécialement  consacré.  Chose  singulî^^re, 
'Assyrie  avait  sa  Revue,  l'Egypte  la  sienne,  la  Chine  et  le  Japun  la 
leur  ;.la  Grèce  n'en  avait  pas.  Cette  lacune  vient  d^étre  curijbl^<9; 
espérons  que  le  nouveau  recueil  deviendra  avant  peu  non  seuleiiieni 
le  centre  de  toutes  les  recherches  dont  l'hellénîame  est  robJ<ji  hh 
France,  mais  encore  le  signal  d'une  véritable  rmA\»mtii*.H  tlnn 
études  grecques,  si  menacées  dans  notre  pays.  Le  teiups  n*nni  pUii 
où  le  judaïsme  aurait  pu  envisager  avec  ê^iÏMfnfiiioti  la  tUntiiUihf'ti 
de  ces  études  ou  avec  appréhension  leur  nsuouifeHH.  Lh  hnm  t\n  in 
Grèce  n'évoque  plus  pour  les  Israélites  le  wtjuifmir  Untiitim  tUt^  W/mî- 
chabées  et  d'Antiochui*,  qui,  d'aiUeofn,  n'était  imn  ui^U  "'^''*  liUifi^*' 
donien.  Le»  siècles,  la  ybVhéc^ïûtju^  la  Smi')/um  nui  Mi  )'f<i^  '^M♦^*< 
le  Jupiter  olympieû  eit  allé  re^yixidre  h  Ta>/^/ /i«/ïl'f  fh  Ji*t^l^ii\f'tli 
dans  le  iSr/*«^/  des  saintetés  ài§^ivsfn,  in  Of^*'M  lin^i  \i\h*  fjiHi  Ih 
patrie  dliomêre  el  4e  VÏM$/jy,  '//miiè^  \h  Jhtk^  tiè'ni  \t\h^  /<<//'  hï 
patrie  de  la  Bibk;  e^'mdûi  y/^Jt  ^intlhn  n^/thfd  Um^m  i\i*nt  \m 
moneiie»  ei  i^c/yncâW».   lOlm  ¥^Hi  itmu^uif  hOtHthèf   hHliiiH 


CCLXII  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

Tautre  jour  M.  Renan,  les  deux  mères  de  la  civilisation  mo- 
derne ;  l'une  a  formé  Tintelligence,  Tautre  le  cœur  de  riiumanité. 
Tout  ce  qui  peut  contribuer  à  les  faire  mieux  connaître,  mieux 
aimer,  c$t  un  service  rendu  à  la  cause  du  progrès  moral.  Aussi, 
Messieurs,  et  c'est  par  là  que  je  termine,  aussi  voudrais-je  que  les 
deux  sociétés  dont  je  viens  de  parler  se  considérassent  un  peu 
comme  solidaires,  que  les  deux  Revues  vécussent  côte  à  côte 
comme  deux  sœurs  amies,  qui  se  sont  divisé  la  tâche,  mais  qui 
poursuivent,  au  fond,  le  même  but  :  embellir  le  présent,  préparer 
l'avenir,  par  la  science  exacte  d'un  glorieux  passé. 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DU  CONSEIL 


SÉANCE  DU  30  JUIN  1887. 
Présidence  de  M.  Zadoc  Kahn,  |?ré«û7^i/. 

Le  Conseil  prend  connaissance  du  projet  de  M.  Reinach  sur  un 
recueil  de  textes  profanes  relatifs  aux  Juifs.  Ce  projet  est  adopté. 

Sont  élus  membres  de  la  Société  : 

MM.  Darius  Carcassonnk  (de  Salon),  présenté  par  MM.  Zadoc 
Kahn  et  Lévi. 
MoRHANGE  (de  Marseille),  par  MM.  Zadoc  Kahn  et  Lévi. 

Le  Conseil  décide  de  prendre  sous  ses  auspices  la  publication 
d'un  ouvrage  de  MM.  Perrot  et  Chipiez  sur  le  Temple  de  Jérusalem 
diaprés  EzéchieL 

La  Société  souscrit  à  cette  œuvre  pour  une  somme  de  1 ,000  fr. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1887. 
Présidence  de  M.  Zadoc  Kahn,  président. 

Le  Conseil  fixe  provisoirement  la  date  de  TAssemble  générale  au 
17  décembre. 

Relativement  au  projet  de  publication  de  M.  Reinach,  il  décide 
que  les  textes  seront  accompagnés  de  traduction.  Ces  traductions 
seront  payées  n  raison  de  5  francs  la  page  d'impression  pour  les 
textes  grecs  et  4  francs  pour  les  latins. 


SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1887. 
Présidence  de  M.  Halévy,  vice  -  préside»  t. 

Le  président  annonce  que  31.  Narcisse  Leven  veut  bien  faire  une 
conférence  pour  TAssemblée  générale..  Le  titre  en  sera  :  Ad,  Cré- 
mieux^  son  rôle  dans  la  défense  du  Judaïsme. 

M.  Maurice  Vernes  offre  de  faire  dans  le  courant  de  Tannée  1888 
une  conférence  sur  Jephié^  le  droit  des  gens  et  la  répartition  géogra- 
phique des  trilms  dans  le  pays  de  Chanaan. 

Sont  élus  membres  de  la  Société  : 

MM.  IsAACs,  de  New- York,  présenté  par  MM.  Erlanger  et 

LOEB. 

D»"  Grunwald,  rabbin  à  Jungbunzlau,  par  MM.  Erlanger 
et  LoEB. 


CCLXIV  ACTES  ET  COiNFÉRENCES 

SÉANCE  DU  29  DÉCEMBRE  1887. 
Présidence  de  M.  Zadoc  Kahn,  président. 

M.  le  Président  exprime  les  regrets  qu*a  causés  au  Conseil  la 
mort  de  M.  J.-E.  Kann.  L'Assemblée  générale  qui  devait  avoir  lieu 
en  décembre  a  dû  être  sgouruée  par  suite  du.  deuil  de  M.  Th. 
Reinach. 

M.  le  Président  propose  de  la  fixer  au  21  janvier.  Cette  proposi- 
tion est  adoptée. 

M.  U  Président  annonce  que  la  Société  a  déjà  réuni  4,600  francs 
de  souscriptions  pour  la  publication  du  travail  de  MM.  Perrot  et 
Chipiez,  j  compris  les  1,000  francs  de  la  Société.-  La  maison  Ha- 
chette, qui  éditera  cet  ouvrage,  demandant  un  minimum  de  7,500 
francs  de  souscriptions,  U  est  décidé  que  la  Société  avancera  la 
différence. 

Est  élu  membre  de  la  Société  : 

M.  le  grand-rabbin  Wkrthkimkr,  de  Genève,  présenté  par 
MM.  Zadoc  Kahn  et  Loeb. 


SÉANCE  DU  9  FÉVRIER  1888. 

Présidence  de  M.  Ad.  Franck,  président, 

M.  Zadoc  Kahn  annonce  que  les  souscriptions  pour  l'ouvrage  de 
MM.  Perrot  et  Chipiez  s'élèvent  à  5,200  francs. 

Le  Conseil  vote  des  remerciements  à  M,  Narcisse  Leven  pour  la 
conférence  qu'il  a  faite  à  l'Assemblée  générale. 

Il  décide  que  la  conférence  de  J/.  Vernes  aura  lieu  le  3  mars. 
L'ordre  du  jour  appelle  les  élections  pour  le  Bureau. 
Sont  élus  : 

Vice-^irésidents  :  MM.  Oppkrt  et  H.  Dkrenbouuq  ; 
Trésorier  :  M.  Erlanger  ; 
Secrétaires  :  MM.  Th.  Reinacu  et  Schwab. 
Sont  élus  membres  du  Comité  de  publication  :  MM.  IIalêvy, 
Zadoc  Kahn,  Loeb,  Salomon  Reinach  et  Vernes. 

M.  Low,  rabbin   de  Szegedin,  présenté  par  M.  Zadoc  Kahn  et 
Loeb,  est  nommé  membre  do  la  Société. 

VEMSAILLES,  IMPRIMERIE  CEHF  BT  FILS,  RUE  DUPLBSaiB,  59. 


LE  LIVRE  D'ESTEEfi 

ET  LE    PALAIS   D'ASSUÉRUS 

CONFÉRBNCB  FAITE  A  LA  SOCIÉTÉ  DBS  ÉTUDES  JUIVES 
LE   14  AVRIL   1888 

Par  m.  DIEULAFOY. 

logénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées. 


Mesdames  et  Messieurs, 

Il  n*eDtre  pas  dans  le  cadre  de  cette  confôreneo  irexaiuiu^u'  )^>cl 
arguments  et  les  critiques  des  partisans  et  des  adver^ir^  dt>  T^u- 
thenticité  du  livre  d*Esther. 

L^exégèse  de  la  meghillah  fera  partie  de  Touvra^  ^uo  j^  0\M^^ 
sacre  aux  fouilles  de  Suse. 

Je  me  bornerai  aujourd'hui  à  détacher  quelques  ût^ui^ul^  vl^ 
cette  étude  générale  ^ 

...  Je  considère  comme  une  conséquence  hettfDtt$ie  Um  lUuUI^Mi 
susiennes,  la  lumière  soudaine  qui  en  a  jailli,  éelaUiuii  U'mh  jv^ur 
tout  nouveau  un  des  procès  les  plus  débattus  entre  )e>s  mlHMMUUt^ 

*  Lêl  traduciioQ  Uuérale  des  passages  contesléa  on  coalesUUee  «'V  M  ftmvml» 
par  mon  excelieot  ami  M.  Arsène  DanaesUtor,  Tteiieal  pwfcmm  ^  HlMit* 
tore  du  mojen  âge  à  la  Sorbonne.  A  lui  mm  biaa  alécl«iiix  fWWHàlWiall^ 

ACT.  ST  00317.,    T.  I.  W^ 


CCLXVl  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

et  les  orthodoxes.  Je  veux  parler  de  la  lutte  qui  s^est  engagée  au- 
tour de  la  meghillah. 

Qui  ne  connaît  Thistoire  si  touchante  d'Esther  ? 

Akhachvéroch,  à  la  suite  d'un  banquet  où  il  se  prend  de  vin,  répu- 
die la  reine  Vachthi.  Cinq  ans  s*écoulent.  La  cousine  germaine  du 
juif  Mordekhaï,  Hadassah,  surnommée  Esther  depuis  son  entrée 
dans  le  harem,  séduit  le  roi  par  sa  grâce  pudique  et  prend  la  place 
de  l'épouse  délaissée.  Mordekhaï  s'installe  sous  la  porte  du  rai,  dé- 
Yoiie  une  conspiration  ourdie  contre  son  souverain  et  sauve  la  vie 
d'Âkhachvéroch. 

Sur  ces  entrefaites,- Haman,  fils  de  Hamedatdà  FÂgaghite,  est 
nommé  grand  visir  ;  Mordekhaï  refuse  de  se  prosterner  devant  le 
nouveau  ministre  ;  colère  du  favori  qui  jure  de  laver  dans  le  sang 
du  peuple  hébreu  Taffront  que  vient  de  lui  infliger  un  misérable 
Juif.  Haman  jette  le  sort  «  le  premier  mois,  qui  est  le  mois  de 
Nisan  »,  et  fixe  au  13  Âdar  le  jour  de  Texécution. 

Les  courriers  avaient  déjà  porté  à  tous  les  satrapes  les  ordres 
souverains,  quand  la  nouvelle  reine,  informée  par  Mordekhaï  du 
péril  qui  menace  ses  coreligionnaires,  pénètre,  au  péril  de  sa  vie, 
dans  la  maison  ds  la  royatUè, 

La  rayonnante  beauté  de  la  suppliante  trouve  grâce  devant 
Akhachvéroch  ;  le  roi  accède  aux  prières  de  la  favorite,  fait  pendre 
Haman  au  gibet  dressé  pour  Mordekhaï,  puis  donne  licence  aux 
opprimés  de  repousser,  deux  jours  durant,  les  attaques  de  leurs 
ennemis. 

Les  Juifs  usent  sans  réserve  de  l'autorisation  royale  les  13  et  14 
du  mois  d'Adar,  et  le  livre  se  termine  sur  l'ordre  donné  par  Esther 
eit  Mordekhaï  de  célébrer  tous  les  ans  la  fête  de  Pourim  ou  des  sorts, 
commémorative  de  ce  triomphe. 

Telle  est  la  meghillah  (le  rouleau  par  excellence),  tel  est  le  thème 
célèbre  livré  aux  méditations  des  théologiens  et  des  savants.  Cé- 
lèbre, il  l'est  entre  tous,  par  la  popularité  dont  il  jouit  dans  le 
monde  Israélite,  par  son  caractère  profane  —  le  nom  de  Dieu  n'y 
est  pas  prononcé  — ,  par  les  controverses  qu'il  a  provoquées.  Méli- 
ton,  évéqua  de  Sardes  au  deuxième  siècle,  puis  saint  Atha- 
nase  et  saint  Grégoire  de  Nazianze,  refusaient  de  comprendre  le 


livre  (l'Esther  dans  le  recueil  des  annales  sacrées,  et,  s'il  a  forcé 
rentrée  de  la  Bible  chrétienne,  c'est  que,  sous  Thistoiro  d'Akbach- 
véroch  et  delà  reine,  on  a  trouvé  ua  symbole  de  runion  du  Chritt 
«t  de  AOQ  église. 

Aujourd'hui  clirétiena  et  iàraélîtos  adoptent  le  livre  d'Esther  dans 
80D  intégrité.  Les  rationalistes,  îjîen  que  divisés  sur  l'origine  de  la 
fête,  considèrent  tous  la  meghiOali  comme  une  oeuvre  de  pure  ima- 
ibation  postérieure  aux  Achéménides  et  sans  aucun  lien  avec 
Thistoire. 

Quelles  sont  les  critiques  dirigées  contre  le  livre  d'Esther? 

D*abord  et  surtout  le  nom  de  la  fête  dont  il  célèbre  1  origine  : 

PouTf  à'oh  pourîm^  nest  pas  un  mot  perse,  argue  Fécolo  rationa- 
liste, et  ne  signifie  sori^  comme  le  prétend  Ja  Bible,  dans  aucune 
langue,  ni  dans  aucun  dialecte  connu. 

11  serait  plus  exact  de  prétendre  que  pmtr  n'apparaît  pas  dans  le 
lexique  très  restreint  composé  d'après  les  inscriptions  achéménîdes 
de  Biâsoutoun^  Nakchô-Roustem  et  Periépolis^  car  le  mot  consi- 
déré en  lui-même,  est  une  des  racines  les  mieux  connues  et  les  plus 
fixes  des  langues  arjennes.  Par  en  sanscrit,  por  en  persan,  phre  en 
latin,  pkhi  en  français,  répondent  à  la  môme  idée  et  communiquent 
le  même  sens  à  leurs  dérivés.  Ce  sens  est-il  applicable  à  la  dési- 
gnation de  la  fête  ?  mieux  que  tout  autre  à  mon  avis. 

J'emprunte  à  la  Bible  elle-même  la  traduction  du  Xùoi  jmur. 

Avant  d'immoler  les  Juifs  à  sa  vengeance,  Ilaman  demande  aux 
devins  de  fixer  le  jour  du  massacre. 

«  Le  premier  mois,  qui  est  le  moîs  de  Nîsan,  de  la  douzième 
année  du  roi  Akbachvéroch,  on  jpta  l^  pout\  (fetfl^à-dire  h  sort,  en 
présence  de  Haman  jour  pour  jour,  mois  pour  mois  (jusqu'au  trei- 
zième jour)  du  douzième  mois,  qui  e^t  le  mois  d'Adai\  » 

La  phrase  ne  présente  aucune  obscurité,  si  Ton  tient  au  sens 
littéral.  I!  s'agit  d'un  instrument  fatidique  nommé  pour  en  langue 
perse,  qu'on  jetait  devant  toute  personne  désireuse  de  prendre  Tavis 
du  destin.  Le  pour  rendait  sans  doute  ses  oracles  par  mti  et  par  fwwt. 
Comme  Téphod,  comme  les  dieux  égyptiens,  il  devait  répondre  4 
des  questions  bien  déterminées,  pesées  en  quelque  sorte  d*une  fa^n 
dichotomique.  €  Les  Juif^  sefoni*ils  nmssacrés  le  premier  jour  du 


CCLXVIll  ACTES  ET  CONFERENCES 


mois?  »  Nous  savons  que,  consulté  jour  pour  jour,  mois  pour  mois, 
le  pmir  donna  un  avis  négatif,  puis,  quand  on  appela  le  treizième 
jour  et  le  douzième  mois,  il  répondit  a  oui  »,  c'est-à-dire  :  tuez. 

Au  nombre  des  objets  découverts  dans  les  fouilles  profondes  du 
Memnonium,  se  trouve  un  prisme  quadrangulaire  ayant  un  centi- 
mètre de  côté  et  quatre  et  demi  de  haut.  Sur  les  faces  rectangu- 
laires, on  a  gravé  des  nombres  différents  ;  un  —  deux  —  cinq  — 
six. 

Jetez  le  prisme  et  il  s'arrêtera  forcément  sur  un  chiffre  pair  ou 
impair. 

Les  Perses  aimaient  les  jeux  de  hasard  autant  que  le  vin  ;  le  petit 
monument  susien  ne  serait-il  pas  un  de  leurs  dés,  et  leui*s  dés,  sous 
le  nom  àepour,  n'auraient-ils  pas  servi  à  consulter  le  sort  et  à  ten- 
ter la  fortune  ? 

Pour^  pas  plus  que  cartes,  urne  ou  dés,  n'aurait  le  sens  propre  de 
sort,  mais  tous  ces  mots  entreraient  dans  des  phrases  semblables  : 
«  jeter  le  pour  »,  «  tirer  les  cartes  »,  «  mettre  la  main  dans 
l'urne  »,  «  agiter  les  dés  »,  qui  éveillent  toutes  quatre  la  môme 
idée  :  consulter  le  sort. 

On  remarquera  combien  l'expression  perse  j^M/r,  litt,  pleiti^  solide, 
est  heureusement  appropriée  à  la  forme  du  dé  achéménide.  Un  pa- 
rallélipipède,  un  prisme  carré  ne  réalise-t-il  pas  l'image  la  plus  par- 
faite des  corps  que.  Français  et  Persans,  nous  nommons  «  î^s 
solides  »  ? 

En  ce  cas,  je  modifierai  ainsi  qu'il  suit  la  traduction  des  deux 
passages  où  il  est  parlé  ÙMpour  : 

«  Le  premier  mois,  qui  est  le  mois  de  Nisan,  de  la  douzième 
année  du  roi  Akhachvéroch,  on  jeta  le  dé,  litt.  le  solide,  c'est-à- 
dire  le  sort  (explication  nécessaire  pour  les  Juifs  qui  ignoraient  la 
langue  et  les  mœurs  de  la  Perse)  en  présence  de  H  aman  ; 

»  Et  les  Juifs  reçurent  comme  règle  traditionnelle  ce  qu'ils  avaient 
commencé  de  faire  et  ce  que  Mordekhaï  leur  prescrivit,  parce  que 
Haman  fils  de  Hamedathâ  l'Agaghite,  l'ennemi  de  tous  les  Juifs, 
avait  formé  le  projet  de  les  faire  périr  et  avait  jeté  le  dé,  c'est-à- 
dire  le  sort  . . ,  ^t  l'on  pendit  Haman  et  ses  fils  au  gibet.  Pour  cette 
raison,  on  appela  ces  ^onrs  pourim,  du  mot  de  pour.  » 


LE  LIVRE  D*ESTÏ1ER  ET  LE  PALAIS  D^ASSUÊRUS        CCLXIX 


Cette  nouvelle  interprétation  aurait  îe  triple  avantage  de  satis- 
faire ia grammaire^  rhistoirô  elle  bon  sens,  car  il  est  inadmissible 
qu'un  jmi  perse  qui  écrivait  à  Suse  sous  les  derniers  achéménidea, 
—  conimeje  me  réserve  do  le  montrer,  ^ —  ait  employé  un  mot 
perse  inintelligible  et  pourtant  accepté  de  ses  coreligionnaires 
perses. 

11  reste  A  expliquer  le  délai  de  près  d'une  année  qui  s*ëcoule 

entre  !e  mois  de  Nisan,  oii  la  condamnation  des  Juifs  a  été  puldiée, 
et  le  13  Adar,  jour  fixé  pour  leur  massacre»  puis  encore  Ténorme 
butin  que  se  promettait  îfaman  après  Fanéantissement  de  ses 
ennemis,  Tautorisation  donnée  aux  Hébreux  de  se  ruer  sur  les 
Perses  et  la  terrible  vengeance  tirée  par  les  Juifs  de  leurs  op- 
presseurs. 

L'exégèse  allemande  confesse  ne  pas  comprendre  le  but  d'Ilaman 
quand  il  promulgue  les  ordres  d'exécution  onze  mois  à  Tavance,  ot 
met  au  compte  de  Timagination  du  romancier  cet  avis  prématuré» 
Je  me  demande,  d'autre  part,  rintérêt  que  pouvait  avoir  rauteur  à 
conter  un  détail  superflu,  s*il  n*eùt  été  historique. 

Je  m'illusionne  peut-être,  mais  jamais  problème  ne  me  sembla 
plus  facile  à  résoudre. 

Haman  consulte  le  Pour;  le  dé  parle  et  fixe  au  13  Âdar  l'exécu- 
tion des  Juifs,  Une  occasion  favorable  se  présente*  le  favori  la 
saisit,  arrache  au  roi  son  assentiment,  s  empresse  de  sceller  les 
firmans  et  de  tes  expédier  aux  satrapes,  car  les  ordres  scellés  et 
publiés  deviennent  irrévocables.  Les  princes  sont  oublieux  et  fan- 
tasques, Haman  en  avait  dû  faire  bien  des  fois  Texpénence.  Au 
demeurant,  il  n'importe  guère  au  premier  ministre  que  les  Juifs 
soient  prévenus  de  leur  sort  quelques  jours  ou  quelques  mois  trop 
tôt.  Désormais  le  but  est  atteint,  la  vengeance  viendra  à  son 
heure,  les  victimes  du  favori  ne  peuvent  espérer  en  aucuu  secours 
humain. 

Le  dogme  de  riafailiibilité  est  le  corollaire  fatal  de  la  puissance 
souveraine  et  quasi  divine  du  véritable  autocrate.  Qui  se  rétracte 
s'est  trompé.  L'histoire  de  Perde  prouve  que  les  Chainchahs  ne 
connurent  jamais  cette  faiblesse. 

Deux  exemples  entre  mille  ;  ils  ont  le  mérite  d'être  récents. 


CCL3CX 


ACTE^  in-  CONFÉflKPÎCIîS 


Fat-Aly-Chah  se  rendait  â  Chiraz,  à  la  tôto  d'une  parue  dô  st>u 
armée».  La  caravane  rojalê,  surprisô  dans  une  gorge  profoùde  par 
une  tourmente  do  neige,  ne  tarde  pas  â  manquer  de  virres,  Lei 
généraux  informent  I0  Chah  de  Tétat  de  ees  troupe»  et  lui  deman- 
dent avefi  instance  Tordre  de  lever  le  camp.  Celuici  refuse,  argue 
des  périls  de  la  route  et  remet  le  départ  au  jour  précis  où  la  naige 
aura  disparu  d'un  pic  voisin. 

La  famine  sévit  sur  Teseorte  déjà  décimée  par  le  froid,  Chefs  et 
soldats  mourraient  jusques  au  dernier  que  le  souverain  dô  modi* 
fierait  pas  se^  premiers  ordres.  Le^  courtisans  en  sont  »i  iotimement 
persuadés  qu'au  lieu  trimportuner  leur  maître  de  doléances  vainesjld 
ftchominent  les  hommes  valides  vers  la  montagne,  font  déblaver 
en  une  nuit  le  rocher  que  le  roi  avait  désigné  et,  le  matin  venu, 
réclament  do  Fat-Aly-Chah  stupéfait  Tordre  de  départ*  La  neige 
était  toujours  épai^sse,  les  chemins  totgoura  dangereux,  mais  le  roi 
pouvait  céder  sans  porter  atteinte  à  son  infaillibilité- 

Aga  Mohainmod,  prédécesseur  de  Fat-Aly*Chah,  mourut  victime 
du  mémo  dogme. 

Le  fondateur  de  la  d^^nastie  Eadjar  réglait  tous  les  Tèndredis 
matin  le  service  des  offîciers  qui  l'entouraient.  L'aimée  pers^aoa 
était  campée  dans  les  environs  d'Erivan,  quand  une  querelle  éclata 
entre  deux  ferracha  assis  auprès  de  la  tente  royale. 

On  leur  intima  Tordre  de  se  taire;  la  dispute g*envenima, 

—  Qu'on  le:^  tue  à  l'instant,  ordo;ina  le  Chah* 

—  G  est  vondrodi,  firent  observer  lès  courtisans. 

Et  la  déeolation  fut  remise  au  lendemain. 

Le  tour  de  garde  appelait  les  deux  condamnés  â  veiller  le  mo- 
narque dans  la  nuit  du  vendredi  au  samedi,  L*ordre  était  proclamé 
irrévocable. 

Il  fut  exécuté,  mais  vers  minuit,  les  doux  ferrachs  profitèrent  du 
sommeil  d'Aga  Mohammed,  assassinèrent  leur  maître  et  s'enfuiront, 

Maçoudi  do  sou  côté  raconte  la  légende  suivante  : 

Le  roi  Hirati,  dans  une  nîjit  d'orgie,  avait  fait  tuer  deux  tidéles 
courtisant.  II  leur  fit  élever  un  mausolée  siomptueux  et  ordonna  À 
tous  ses  sujets  de  saluer  on  passant  la  tombe  de  ses  amis. 

Faute  de  s'incliner  profondément,  pn  était  pendu  haut  et  court, 


I 


LE  LIVRE  D'ESTIÏEH  FT  LE  PALAIS  D  ASSUÉRIJS         CCLXXI 

iais,  avant  d'aller  au  supplice,  on  avait  lo  droit  d'oxprîmer  deux 
ouhaits,  iiui  étaient  exaucée  sur  l'heure, 

Un  foulon  pas^e  devant  I0  monument  funéraîro  et  refu&o  do  s*in- 
ciiaer.  Il  e^t  conduit  devant  Hîrati. 

—  Pourquoi  as-tu  enfreint  înes  ordres? 

—  J*ai  salué, 

—  Les  gardiens  attestent  le  contraire.  Tu  connaît  la  loi  :  tu  vas 
mourir.  Que  désires-tu? 

—  Vous  appliquer  un  coup  de  maillet  sur  la  této. 

Le  roi  se  récrie,  assemble  ses  conseillers,  consulte  les  théologiens. 
Laïques  et  relîg:ieux  sont  d'avis  que  le  souverain  doit  obéir  à  la  loi, 
car  les  ordres  ont  été  scellés,  promulgués  et  sont  devenus  irré- 
vocables. 

Hîrati  s*assied  sur  le  trône;  le  foulon  s^approcho  et  assène  un 
violent  coup  de  maillet  sur  la  tête  du  monaniue. 

Six  mois  durant  le  roi  oscilla  entre  la  vie  et  la  mort.  Dès  qu'il 
Tut  rétabli,  il  appela  le  foulon  ; 

—  Tu  as  un  second  vœu  à  formuler.  Parle. 

-^  Après  vous  avoir  frappé  sur  la  tempe  droite,  je  désire,  re* 
**  ou  vêler  rexpérience  sur  la  tempe  gauche* 

—  Pourquoi  persister  dans  cette  folie  inutile  I  Veux-iu  la  moitié 
4e  mon  tréi0Î*t  Désires-tu  que  je  donne  ma  âllo  unique  &  ton  âls, 
^ue  j'épouse  ta  veuve?  Tu  seras  satisfait* 

—  Jd  ne  souhaite  qu'une  chose  :  vous  asséner  un  iecond  coup  de 
inaaillet. 

La  mémoire  revint  heureusement  au  roi  : 

— *  r^'ai'tu  pas  prétendu  que  tu  avais  salué  le  tombeau? 

*-  Je  persiite  à  le  soutenir. 

<—  Tu  dis  certainement  vrai.  Le  gardien  du  tombeau  est  un  im- 
posteuff  qui  mérite  d'être  traité  selon  ses  mérites.  Prends  dix  de 
ines  gardci,  assomme  ton  accusateur  et  surtout  ne  manque  pas  de 
Xe  tuer.  Je  te  donne  ia  survivance  de  sa  charge» 

Aussi  bien,  voyons-nous  Mordekhaï,  quand  il  a  remplacé  Haman, 
>i8cr  d'un  subterfuge  pour  sauver  les  Juifs  de  la  mort,  faute  tîe 
pouvoir  obtenir  un  contre-ordre  ou  mémo  un  sursis  au  supplice,  et 


CCLXXIl  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

cela  parce  que  le  firman  d*exécution  a  été  scellé  de  Vanneau  royal  et 
promulgué. 

a  Aussitôt  les  scribes  du  roi  furent  appelés  le  vingt- troisième 
jour  du  troisième  mois,  qui  est  le  mois  de  Siwan,  et.  • .  Mordekhal 
fit  écrire  au  nom  du  roi  Akhachvéroch,  en  scellant  avec  l'anneau  do 
roi,  et  expédia  les  lettres  par  les  coureurs  à  cheval  montés  sur  des 
coursiers  issus  d'étalons  royaux,  savoir  que  le  roi  permettrait  aui 
Juifs  de  se  réunir  pour  défendre  leur  vie  et  d'égorger  ceux  qui 
viendraient  les  attaquer  de  n'importe  quel  peuple  ou  de  quelle 
province.  » 

La  Bible  semble  dire  que  l'exécution  des  Hébreux  8*annonçaitP 
comme  une  fête  populaire,  une  Saint-Barthéiemj  fomentée  par 
Aouramazda  contre  lahvé.  Mais  les  Juifs,  prévenus  des  dispositions 
favorables  de  la  cour,  se  groupèrent,  organisèrent  la  résistance,  et, 
grâce  à  l'appui  que  leur  prêtèrent  les  courtisans  de  l'astre  nouveau 
qui  se  levait  dans  le  harem  de  Suse,  opposèrent  à  leurs  ennemis 
une  résistance  victorieuse. 

Ainsi  se  trouve  détruite  la  double  objection  faite  au  long  intervalle 
qui  sépare  la  condamnation  des  Juifs  de  leur  exécution  et  à  la  ven- 
geance exercée  contre  les  Perses  par  les  coreligionnaires  de  Mor- 
dekhaï.  Les  deux  faits  sont  des  conséquences  historiques  de  la  même 
loi  coutumière.  Esclave  des  volontés  divines  exprimées  par  le  Pour^ 
Haman  se  voit  forcé  de  rejeter  à  onze  mois  le  massacre  des  Hébreux, 
mais  il  s'empresse  néanmoins,  pour  rendre  ce  massacre  irrévocable, 
de  faire  sceller  et  promulguer  le  décret  royal.  Akhachvéroch,  de  son 
côté,  lié  par  sa  précédente  décision,  ne  peut  sauver  les  Juifs  qu'en 
leur  prêtant  un  secours  déguisé  contre  ses  sujets  perses.  Quant  aux 
chiffres  peut-être  mal  transcrits,  ils  ne  représentent  ni  le  nombre  de 
jours  que  dura  le  festin  desfrathamas,  ni  le  nombre  des  victimes,  ni 
l'importance  du  butin,  ils  donnent  la  mesure  de  l'exagération  poé- 
tique et  de  la  joie  des  triomphateurs.  On  doit  les  excuser,  sans  en 
tirer  des  arguments  positifs  ou  négatifs. 

Quelques  exégètes  s'étonnent  encore  de  ne  pas  trouver  ftiention 
de  l'histoire  d'Esther  dans  les  auteurs  grecs. 

J'ai  expliqué  combien  les  siècles  et  les  milieux  avaient  dénaturé 
les  faits  les  plus  simples,  modifié  les  contours,  agrandi  hors  d'échelle 


I 


LE  LIVRE  D'ESTHEB  Et  LE  PALAIS  FASSUÉRUS     CCLXXIH 

les  proportions  des  personnages.  Du  poînt  de  vue  où  se  place  Tanna- 
lUte  sacré,  l'univers  disparaît^  toute  la  scène  est  occupée  par  des 
personnages  qui»  de  simples  comparBes,  sont  élevés  ao  rang  de  pre» 
mierâ  sujets.  Qulmportait  aux  Grecs  ces  minimes  intrigues  d3 
harem  ?  Et  encore  est-il  bien  certain  que  les  anecdotiques  grecs,  per- 
da5  pour  la  plupart,  n'aient  pa5  conté  les  aventures  d'Esther? 

Jusqu'ici  les  rationalistes  ont  marché  d^accord.  Il  ne  s'agissait 
qae  de  détruire  ;  personnages  et  décors  ont  été  sacrifiés  sans  pitié. 
Cela  est  bien,  mais  quand  on  se  trouve  en  présence  d'une  œuvre 
historique  ou  d'une  tradition  apocryphe  dont  la  célèbre  et  très  an- 
tique fête  de  Pourlm  est  le  pivot,  il  faut  à  tout  prix  découvrir  sa 
filiation.  A  ce  momentj  les  assaillants  se  divisent, 

Los  uns  prétendent  que  le  mot  écrit  en  hébreu  PùUTy  tout  aussi 
Uîen  que  la  transcription  grecque  des  Septante  Phrmirm^  n'ont  do 
6eoâ  acceptable  ni  en  Perse,  ni  en  hébreu,  j  ai  donné  mon  avis 
À  cet  égard.  Or,  il  se  trouve  que  dans  une  variante  du  texte  grec 
lin  copiste,  plus  ou  moins  fidèle,  a  écrit  Phmmlkij  au  lieu  de 
^outy  et  aussitôt  on  s'est  rappelé  que,  sous  le  nom  de  Foimli^  les 
Q^nciens  Perses  célébraient  le  retour  du  printemps  ramenant  Tannée 
ïiouvellâ  dans  un  char  embaumé.  Telles  les  lu  percales  chômées  en 
Xtalie  à  la  même  saison.  De  cette  remarque  à  raffirmation  que  la 
f^te  de  Pourlm  était  un  souvenir  méconnu  des  journées  de  Founfi  il 
n'y  avait  qu'un  pas,  il  a  été  vite  franchi. 

Me  serais-je  trompé  sur  le  sens  littéral  et  figuratif  de  Pour^  que 

je  partagerais  encore  l'avis  de  M.  Reiiss,  qui  trouve  Texplication 

ingénieuse,  mais  insuffisante.  Il  est  dangereux  d'établir  l'étymolo- 

^0  d'un  mot  sur  des  transcriptions  douteuses  en  langue  étrangère, 

«.lofâ  surtout  qu'on  peut  recourir  à  la  version  hébraïque  très  anté- 

Tieure  auî  paraphrases  grecques.  Comprend*on  qu'une  fête,  dont  le 

caractère  religieux  est  affirmé  par  un  jeûne  préparatoire,  qu'une 

^éta   triomphale  et  d'origine  sanguinaire  se  soit  greffée  sur  les 

Joyeuses  bacchanales  de  Founîi?  Enfin,  est-il  bien  prouvé  que  la  (été 

perse  soit  pdus  ancienne  que  le  livre  d'Esther  '?  Ce  sont  là  autant 

de  questions  laissées  sans  réponses. 

Nombre  de  savants  s'arrêtent  donc  aujourd'hui  à  une  autre  solu- 
tion. Il  est  dit  dans  lo  premier  livre  des  Macchabées  (chap.  Vïi,  49) 


CCLXXIV 


ACTKS  ET  COHÉRENCES 


que  Juda  remporta  une  victoire  décisive  sur  Nie&nor  le  13  Adar 

(160  av.  J.-C.)t  c*est-à-dire  le  jour  du  jeûna  préparatoire  à  la  îéie 
do  Paurîm,  et  ordonna  de  célébrer  désorraaiii  ranniversaire  de  ce 
glorieuîL  fait  d'arme.  Cette  coïncidence  de  date  a  aemblê  si  décigive, 
que  Ton  a  proposé  de  faire  remonter  Torigine  de  la  fête  de  Pôurim 
à  la  victoire  des  Juif»  sur  les  Syriens.  Le  livre  d^Esther,  roman 
triomphal  écrit  à  eetle  époque  enûévrée  de  l'histoire  juive,  se 
gérait  substitué  d'autant  plui  vite  à  riiistoire  réelle  que  celle-ci 
reposait  sur  de» faits ^  celui-là  eur  lîéi  sêniimmù. 

Cortea,  il  e*t  charmant  de  trancher  une  discussion  épineuse  par 
une  boutade^  mais  un  paradoxe,  fùt*il  ingénieux,  ne  valut  jamali^ 
une  bonne  raison* 

D'ailleurs  les  objections  abondent. 

Loi  promoteurâ  de  cette  nouvelle  théorie  n'essayent  même  pas 
de  ju^itirier  le  nom  de  la  fête  et  pensent  avoir  résolu  la  difficulté  en 
affectant  delà  négliger.  C'est  un  tort.  L*énigme  bairera  toujours  la 
route  aux  commentateurs  qui  ne  l'auront  pas  résolue. 

Il  y  a  mieux  :  Joseplie,  par  exemple,  atteste  que  le  jour  de  Mer- 
dekhaï  était  célébré  dans  ses  formes  actuelles  dés  le  premier  siècte 
avant  notre  ère.  D'autre  part»  nou^  savons  que  de  temps  immé- 
morial, il  n'est  question  de  la  fête  de  Juda  ni  dans  les  calendriers 
ni  dani  la  pratique  religieuse.  Comment  expliquer  que  soixante  ou 
soixante-dix  ans  suffisent  à  un  conte  pour  effacer  le  souvenir  d'une 
victoire  mémorable? 

On  arriverait  tout  aussi  aisément  à  prouver  que  les  fêtes  de 
l'Église  catholique  sont  d'invention  moderne  Pâques  aurait  été 
imaginée  le  lendemain  de  la  prise  de  Jérusalem  par  les  croisés,  La 
victoire  du  Christ  sur  la  mort,  les  cantiques  d'allégresse  seraient 
des  allu.iions  transparentes  aux  succèa  des  chrétiens  sur  les  musul* 
mans»  à  la  résurrection  de  la  foi  dans  un  pays  où  elle  avait  suc- 
combé et  aux  chants  entonnée  par  les  croisés  en  pénétrant  dans 
la  cité  do  Dieu-  La  Pentecôte  rappellerait  la  prise  do  Ronda,  ce 
dernier  boulevard  des  infidèles,  qui  tomba  entre  lea  mains  des 
Espagnols  le  jour  do  lu  iVUe  du  Saint  Esprit,  et  les  langues  de 
feu,  les  boulets  rouges  employés  à  ce  siège  célèbre  pour  la 'pre- 
mière fois. 


I 


I 


LE  LT\  BE  D^BSTHBft  ET  LE  PALAIS  D'ASSUÈRUS       CCLXXV 

La  ihéoria  nouvellô  soulève  d  autres  diîiieultés.  Elle  est  contre- 
dite par  les  fouiller  da  8use,  ainsi  que  je  le  montrerai  plus  tard»  et 
par  le  témoignage  du  second  livre  des  Macchabées.  Jiida.  lit-on 
chapitre  xv,  §  36,  battit  les  Syriens  la  veille  de  la  fête  de  Fourtm, 
Le  jour  de  Mordekbaï  se  célébrait  done  antérieîïrement  à  la  défaite 
de  Nicanor?  «  Il  nUnoporte,  ripostent  lei  savants  d'outre-Fhin, 
l'auteur  du  second  livre  des  Macchabées  est  un  médiocre  conteur  de 
légendes,  indigne  de  créance,  »  De  légendes,  il  se  peut»  mais  de  lé- 
gendes acceptées  par  les  iilsdes  héros  qui  avaient  combattu  sous  les 
ordres  de  Judai  et  de  Simon* 

Que  d'ingéniosité  et  d  efforts  pour  détruire  une  tradition  au  de- 
meurant inoffensive  ! 

Je  me  suis  attaché  jusqu'ici  à  réfuter  les  grosses  objection»  et 
à  montrer  combien  îos  exéî2:ètes  allemands  avaient  fait  fausse  route 
en  promenant  leur  scalpel  dans  ce  monde  oriental^  qu'ils  dissèquent 
de  trop  loin,  ou  examinent  de  trop  haut.  Désormais  je  ne  m*attar« 
derai  plus  sur  les  festins  de  vin,  la  condition  des  reines,  la  fête  de 

»Pmjrtm^  rinfaillibilité  royale,  documents  méconnus,  mais  bien  pré- 
cieux pour  rhistoire  intime  des  cours  achéménides.  Je  ne  reviendrai 
pas  non  plus  sur  la  chronologie  du  livre,  je  m^attacherai  seulement 
aux  descriptions,  et  me  contenterai  de  suivre  les  personnages  du 
drame  à  travers  le  Memnonium  et  de  sijjjnalcr  leur  aisance  à  se  mou- 
voir dans  ce  palais  d^une  disposition  si  spéciale,  ressuscité  d'entre 
les  mort4  après  vingt-quatre  siècles  d'enfouissement. 

On  suit  avec  un  intérêt  d'autant  plus  vif  un  récit  réel  ou  fictif,  on 

apprécie  d'autant  mieux  les  péripéties  et  le  développement  d'un 

drame  que  Von  connaît  mieux  la  scène  où  Tact  ion  se  déroule.  Je 

décrirai  done,  avant  tout  commentaire,  l'acropole  achéménide  de 

.    SiijBe. 

I      La  Memnonium  n*avait  aucun  rapport  avec  les  demeures  souve- 
raines découvertes  à  Koujoundjik,  Niraroud  ou  Khorsabad. 

Il  se  composait  de  trois  groupes  d  apparteroonts  distincts,  Bnvè* 

^oppés  chacun  dans   une  enceinte  ipéciale,  mais  compris  dans   la 

Qiéme  forteresse, 

L       Urrpadfhm,  ou  salle  du  trône,  reséomblait,  par  sa  disposition  et 

'«on  architecture  hypostyie,  à  un  temple  grec.  Le  roi  occupait  dans 


CCt.XÎCVl 


ACTES  ET  CONFÉRENCES 


le  tabarnaclô  la  place  de  la  statue  divine.  La  salle  de  Suse  couvre 
près  d*un  hectare  ;  les  portiques,  les  escaliers,  les  enceintes  se  <Jé- 
veloppaient  sur  une  terrasse  d'une  superâcie  dix-huit  fois  plus  consi- 
dérable divisée  en  deux  parties  par  un  pylône.  En  deçà,  un  escaiier 
géant  conduisait  de  la  place  d^armes  extérieure  au  niveau  d'une 
vaste  esplanade;  au-delà,  rajonnant  de  sa  couronne  d*émaux, 
nojé  dans  les  ramures  d'un  jardin  suspendu,  Tapadàna,  où  défilèrent 
les  ambassadeurs  de  tous  les  états  de  la  Grèce. 

Bien  séparés  de  Tapadàna,  se  groupent,  autour  d*une  cour  inté- 
rieure, les  appartements  particuliers  du  souveî*ain  :  salle  d'audience, 
chambres  de  repos,  pièces  affectées  à  la  chancellerie,  à  la  maison 
militaire,  aux  gardes,  aux  clients. 

En  persan  moderne,  cette  partie  du  palais  est  désignée  sous  le 
nom  de  birotm  [extérieur),  par  opposition  à  Vaiuiêroim  (iptérieig] 
réservé  aux  femmes. 

L'anderoun  comprend  les  appartements  des  reines  et  un  noml 
considérable  de  cellules  pour  les  concubines  de  deuxième  ordre  ou 
les  postulantes  aux  faveurs  royales.  Le  maître  de  ce  dépai-tement 
est  moins  le  roi  que  le  grand  eunuque,  L'anderoun  de  iSuse,  muré, 
cadenassé,  clos  —  je  parle  au  point  de  vue  constructif  seulement  —, 
comme  ne  le  fut  jamais  la  plui  rigoureuse  prison,  était  protégé  par 
les  bûtiments  du  hiroun  et  deTapadàna. 

Ces  deux  derniers,  reconnaissables  aux  dispositions  du  plan  à 
leurs  dégagements  et  au  donjon  joint  à  la  demeure  privée  du  roi 
occupent  les  deux  branches  d'un  L  gigantesque  dont  la  croîBéô  se- 
rait réservée  au  gynécée. 

Sortait-on  de  randeroun  par  la  porte  de  Touest,  on  accédait  di- 
rectement dans  les  jardins  de  l'apadàna  ;  se  dirigeait-on  vei-s  la  sud, 
on  traversait  le  biroun. 

Le  palais  comportait  de  nombreuses  entrées  :  je  citerai  la  baie 
fortifiée  de  la  maison  du  roi  et  la  porte  de  l'enceinte  générale,  qoi 
s'ouvrait  au  sud  du  donjon  et  mettait  l'acropole  en  communication 
avec  la  ville  de  Suse.  Je  me  bornerat  à  cet  ensemble  topographiqu»; 
il  suffira  à  rintelîigenco  du  texte. 

Je  dois  ajouter  que  ces  divers  appartements  se  retrouvent  à  P^r- 
sépoli^,  mais  mm  rel^iiom  directêi  tes  um  arec  les  autres  et  dans  v^ 


I 


I 


I 


I 


Xerxés  ou  à  la  salïe  aux  cent  eolonnes  ;  le  biroun,  ou  maison  par- 
ticulière du  roi^  aux  petits  palaiis  de  Darius  et  d'Artaxerxès  désig:aés 
en  TÎeux  perse  bous  le  nom  spécial  de  «  FiYA/Vt  t?;  la  salle  d'audience 
du  biroun,  aux  pièces  centrales  de  ces  derniers  édiûces.L'anderoun, 
r^eté  tout  au  nord  de  la  plate-forme,  longeait  la  montagne. 

Dèi  le  déliut  du  livre  d*Estlier,  il  est  parlé  du  jardin  du  Nimtj  à 
propos  de  la  grande  fête  àe^fratkamas> 

Aucun  pbibloguo,  aucun  exégète  ne  s^est  inquiété  du  mot  Idian^ 
pourtant  bien  particulier. 

£iian  apparaît  ici  pour  la  première  fois  et  ne  sera  employé  une 
seconde  qu  à  roccasion  du  repas  donné  par  Esther  au  roi  et  au 
^rand  vizir.  Le  souverain,  se  sentant  pris  de  vin,  sort  un  instant  et 
'^a  respirer  à  l'ombre  dei  jardins  du  hUan^  puis  il  regagne  le  harem. 
Dans  les  autres  parties  du  récit-^  les  appartements  parcourus  ou 
l^abités  sont  désignés,  sans  crainte  de  redites  ni  de  monotonie,  sous 
le  Boott  uniforme  de  Bëth  (maison),  suivi  de  déterminatifs  appro- 
Prtés  :  bel  h  du  roi,  béth  des  femmes,  béth  de  la  royauté,  bêlh 
^*Haman* 

Mitan  est  donc  un  terme  arc hi tectonique  répondant  à  un  monu- 
**iQnt  bien  spécial,  utilisé  par  le  narrateur  dans  un  sens  précis  et 
^^B  cas  déterminés. 

Quand  on  a  interrogé  deux  années  durant  Tâme  du  Memnonium, 
^1  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître  dans  le  Bilan  de  la  Bible  Ta- 
^adànasusien. 

Seul  de  tous  les  édifices  du  palais,  le  tabernacle  consacré  au  roi 
divinisé  pouvait  et  devait  s'élever  au  milieu  d'un  paradis  ;  seul  il 
^tait  aisez  isolé  des  appartements  réservés  à  Tbabitation  du  souve- 
t^in  pour  qu*on   put  y    introduire  sans  inconvénient  un  nombre 
d'hommes   considérable.  Comme  le  bilan j  TapadAna  était  entouré 
de  bosquets  en  relation   immédiate  avec  la  maison  des   femmes  ; 
comme  le  Utan,  il  était  précédé  d*un   vestibule  immense,  capable 
de  contenir  les  convives  d'Akhachvéroch  ;  comme  le  bitan,  il  était 
hypoâtyle,  fait  essentiel  à  noter,  et  dallé  de  marbres  de  couleur.  En- 
fla, comme  le  biian^  il  jouait  un  rôle  spécial  dans  la  vie  des  rois  de 
Perse  et  le  cérémonial  de  la  cour  achéménide. 


CCLXXVÏU 


ACTES  ET  CONFEREKCES 


le  OU 

i 


Ce  sont  des  analogies  trop  étranges  pour  être  fortuitôs,  analogias 
si  particulières  que  lej  palais  perses  fie  Pcrsépolis,  deParsagade  ou 
de  Fîrouz-Abùd,  de  Hatra,  de  Ctésiphoa  et  d'Eïvan-Kerkha,  qu'i 
soient  construits  sous  les  Âcbéméoides,  les  Parthes  ou  les  Sassa* 
nides,  ne  répondent  pa»  dans  leur  ensemble  à  la  description 
bitan  d'ÂkhachTéroch. 

...Pendant  qu'Esther  grandissait  en  gloire  et  on  puîssanee. 
flt  Mordekhaï  s'assejait. . .  à  la  porte  de  l'enceinte  rojale.  Deux 
eunuques,  Bîgthan  et  Therch,  commis  à  îa  f/arde  du  siutl,  se  prirent 
ô*à  colère  contre  Akhachvéroch  et  résolurent  d'attenter  à  sa  Tîe  ». 

Mordekhaï,  informé  de  la  conspiratioD,  préyint  la  reine  Esther^ 
qui  dénonça  les  eunuques  au  nom  de  son  onde.  Bigtbau  et  Therch, 
interrogés  sur  Fheure^  furent  reconnus  coupables  et  pendus.  On 
consigna  la  relation  du  complot  dans  les  chroniques  royales. 

Un  grand  nombre  d'exégétes  ont  cru  reconnaître  dans  le  mot 
hébreu  Cfuiar  (littéralement  porte  d*une  enceinte,  opposé  à  piiah^ 
porte  d'une  chambre)  Tidée  de  palais  et  ont  traduit  la  prenièie 
phrase  du  verset  précité  :  «  Mordekhaï  s'installait  dans  le  palais  an 
roi. .  •  «  Je  m*en  tiens  de  préféi'ence  au  sens  littéral,  d*accord  avee 
les  mœurs  de  la  Perse  et  Tallure  générale  de  l'ouTrage. 

A  quel  titre  un  JuiC  et  un  Juif  inconnu,  car  Mordekhaï  eaeh1 
sa  parenté  avec  la  reine,  se  serait-il  introduit  et  installé  dans  la 
meure  du  souverain? 

Cette  interprétation  est  d'autant  plus  inutile  qu^elle  nnît  à  Is 
yraisemblance  sans  proôt  pourraction.  Les  conspirateurs  ne  sont* 
Us  pas  qualités  gardiens  du  seuil? 

La  suite  du  récit  confirme  d'ailleurs  ma  manière  de  Toir,  Quand 
Mordokhaï  se  voit  refuser  le  eh^mr  du  roi,  où  passe-t-il  la  jour- 
née t  Sur  la  place  de  la  ville  qui  précède  l'entrée  de  la  forteresse, 
et  «  il  allait  jusqu'en  face  le  chaar  du  m,  cai  il  n*étatt  pas  permii  tie 
s^asseoir  au  ehaar  du  rùi  en  habit  de  sao  »  ;  cela  siguiâe  que,  fautfl 
de  pouvoir  s'asseoir  sous  le  chaar  du  roi,  c*est-à-dire  sous  la  grande 
porte  de  Tenceinte,  il  se  rapprochait  de  ce  Heu  d'élection  autant 
que  ses  vêtements  de  deuil  le  lui  permettaient.  Il  ne  peut  être  ques- 
tion de  rîntérieur  du  pialais  dans  ce  dernier  membre  de  phrase  — 
tous  les  commentateurs  s'accordent  à  le  reconnaître,  —  mais  alon. 


I 


ide-l 


I 


LE  UVBE  D^ESTHEH  ET  LK  PALAIS  D^ASSUÉRIS      CCLXXIX 

pourquoi  changer  le  sena  de  rhaar  en  passant  d'un  vorset  à  raiitro"? 

poturqtioi  traduire  le  mémd  mot,  1à  par  paiaia,  ici  par  grande  porte? 

Cette  erreur  des  traducteyrd  provient  encore  d'une  fausse  in  ter- 

prétation  des  mœurs  orientalea.  Dans  le  langage  de  la  diplomatie 

ttoderoe,  le  moi  porte,  détourné  depuis  longtemps  de  son  acception 

réelle,  sigDÎtle  bien  la  demeure  administrative  du  sultan,  mais  il  en 

tst  ieut  autrement  chez  îes  Persans  et  les  Arabeâ^  parce  rpie»  chez 

MipeupteSf  la  grande  baie  d'un  palais  ou  d'une  ville  n'a  rien  perdu 

ib  son  antique  importance.  Depuis  Tépoque  reculée  0(1  lea  angej  de 

Sôdome  7  rencontrèrent  Loth,  la  poiie  accuse  son  rôle  prépondérant 

P«r  SA  hauteur,  sa  masse  et  la  richesse  de  son  architecture.  Orientée 

ftux  meilleurs  courants  d'air,  percée  de  niches  profondes,  garnie  de 

'^ancs  ménagés  dans  Tépaisseur  dos  murs,  elle  est  le  rendez-vous 

Préféré  des  oisifs  du  dedans  et  du  dehors.  Le  maître  lui-même  en 

^iiïie  la  fraîcheur  bieiiiaisante  et  se  plaît  à  faire  étendre  le  tapis  de 

I^Jstice  sous  lei  voûtes  ombreuses  de  ce  prétoire  improvisé. 

Nul  observatoire  mieux  qu'une  entrée  de  palais  ne  convenait  à 
^'iQrdekhaT  pour  surveiller  sa  niùco  à  travers  les  massives  construc- 
tions du  harem  et  lui  continuer  ses  sages  conseils,  tout  en  restant 
^'ïconnu. 

Peut- on  déterminer  la  sitimtion  du  fha/tr  du  roi? 
Les  faite  sont  énoncés  si  clairement,  les  termes  architectoniquei 
nt  si  bien  appropriés  à  la  description  de  Fédiflce,  que  la  réponse  ' 
^©  me  semble  pas  douteuse.  Par  ces  mots  —  porte  du  roi  —  on  ne 
^aurait  entendre  que  (a  porte  extérieure  au  Memnonium,  la  baie 
qui  s'ouvrait  au  pied  du  donjon,  dans  le  cliAtelet  construit  à  1  angle 
«ad-oue»t  de  l'enceinte  générale. 

Les  dernières  lignes  du  verset  parlent  des  célèbres  annales  que 
vit  Ctésias  et  où  Nicolas  de  Damas  puisa,  de  seconde  main  sans 
doute  lei  épisodes  si  curieux  de  la  bataille  de  Parsagade  livrée  par 
Cjrufl  à  Tarmée  d'Astyage. 

Au  troisième  chapitre  se  déroule  Tépisode  d'ITaman.  La  scène  se 
joue  encore  sous  la  grande  porte  du  roi  :  Mordekhai  refuse  de  s'in- 
elinor  en  public  devant  le  nouveau  favori.  Le  tout-puissant  ministre 
ne  saurait  dévorer  cet  affront  et  tonte  d'acheter  au  roi,  moyennant 
nne  somme  considérable,  un  pkhkmh^  dirait* on  en  persan,  l'édit 


La 


CCLXXX  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

d*extenuination  qui  le  vengera  de  Mordekhaï  et  des  Juifs  de 
Tempire.  Démarche  dangereuse  et  que  l'aveugle  colère  pouvait 
seule  conseiller,  car,  en  faisant  l'étalage  inopportun  d'une  fortune 
trop  vite  acquise,  Haman  signait  lui-même  son  arrêt  de  mort.  Bien 
avant  le  siècle  de  Louis  XIV,  il  était  imprudent  de  donner  au  roi  les 
fêtes  de  Vaux. 

Le  persan  désigne  par  un  mot  spécial  —  pichkach  —  ces  cadeaux 
intéressés  des  fonctionnaires  aux  personnages  puissants,  parce  que 
c'est  peut-être  à  la  cour  des  chahinchahs  que  cet  usage  a  pris  nais- 
sance et  s'est  le  mieux  perpétué.  Le  bakhchich  et  Vanam  sont  des 
pourboires  ou  des  aumônes  sollicitées,  le  souqat  et  l'atô,  des  présents 
échangés  entre  gens  d'égale  condition,  le  khalat,  une  pelisse  d'hon- 
neur offerte  par  le  roi  aux  gouverneurs  ou  aux  favoris  qu'il  veut 
honorer;  le  pichkach,  au  contraire,  est  une  contribution  volontaire  de 
l'inférieur  jaloux  de  conquérir  les  bonnes  grâces  de  ses  chefs. 

La  proposition  d'Haman  prouve  que,  si  la  Perse  a  peu  appris,  elle 
n'a  rien  oublié. 

Âkhachvéroch  n'accei^te  pas  les  offices  de  son  ministre,  mais  lui 
permet  de  sceller  de  l'anneau  royal  le  firman  d'exécution. 

Informée  de  la  fatale  nouvelle  par  les  soins  de  Mordekhaï,  Esther 
se  résout,  fût-ce  au  péril  de  sa  vie,  à  demander  la  grâce  de  ses  core- 
ligionnaires, et  sort  du  harem,  après  avoir  jeûné  et  prié  pendant 
trois  jours. 

<t  Ce  fut  au  troisième  jour,  et  Esther  revêtit  la  royauté,  et  elle  se 
tint  dans  la  cour  de  la  maison  du  roi,  dans  celle  qui  est  à  Viniérieur 
et  fait  face  à  la  maison  du  roi;  et  le  roi  était  assis  sur  le  trône  de  sa 
royauté,  dans  la  maisoii  de  la  royauté,  en  face  de  la  porte  de  cette 
maison.  » 

«  Et  quand  lo  roi  aperçut  la  reine  Esther  debout  dans  la  cour, 
elle  trouva  grâce  à  ses  yeux.  Et  il  inclina  vers  Esther  le  sceptre 
d'or  qu'il  tenait  à  la  main,  et  elle  s'approcha,  et  en  toucha  la 
pointe.  )> 

Jamais  plan  d'édiûce  ne  fut  décrit  avec  plus  de  clarté. 

La  reine  franchit  la  porte  du  harem,  pénètre  dans  la  cour  inté- 
rieure de  la  maison  du  roi  et  trouve  en  face  d'elle  la  nmison  de  la 
royauté,  au  fond  de  laquelle  trône  Akhachvéroch.  Un  bruit  insoliie 


LE  LIVRE  D'ESTIIER  ET  LE  PALAIS  U^ASSUÈRUS      CCLXXXl 


I 


attire  rattenUon  du  roonartiue  ;  il  regarde  et,  à  travers  la  baie  tou- 
jours ouverte  de^  palais  oriontaux,  apereoit  la  favorite,  pâle,  ina- 
nimée, suspendue  à  Tordre  de  vie  ou  de  mort  qui  va  tomber  de  ses 
lèvres. 

D"oii  je  conclus  ;  P  que  la  maison  du  rot  se  développait  autour 
d*une  grande  cour  intérieure  ;  2^  que  par  l'une  de  ses  faces  elle  coii- 
Jinait  au  harem;  3^  que  la  niamn  de  la  rùyauté,  qu'il  faut  bien  se 
garder  de  confondre  avec  la  maison  du  roi  y  ocnupait  un  des  côtés  de 
la  cour  intérieure  de  la  ^naisoti  du  roi;  4*^  que  la  7naison  dfi  hi  royauté 
«^élevait  en  face  de  la  porte  qui  mettait  en  communication  la  maiion 
^u  roi  et  la  tnaison  dis  femmes. 

D'autre  paît,  je  déduirai  d'un  verset  précité  (chap.  i,  9)  que  la 
*9Uiiêon  de  la  roi/auié  était  la  plus  grande  salle  des  appartements 
privés,  puisque  la  reine  Vachthi  j  avait  reçu  les  femmes  de  Suse, 
Pondant  que  le  festin  des  hommes  était  servi  sous  des  vélums  pendus 
^Ux  portiques  du  bilau. 

Je  reriens  au  plan  de  racropole  su  sien  ne. 

On  sa  souvient  que  la  demeure  particulière  des  souverains  aché- 
naënidei,  cette  partie  du  palais  que  les  Persans  nomment  h'roun^  la 
Bible,  maison  du  roi,  et  les  inscriptions  persépolitaines,   vithia, 
Occupe   dans  le  Memnoniuni  la  portion  méridionale  de  la  plate- 
lorme  rectangulaire.  Elle  comprend  une  cour  centrale  limitée  à 
loues t  par  les  ouvrages  fortiliés  de  la  porte  extérieure  de  la  mai- 
i$n  du  roif  au  nord  par  des  appartements  en  bordure  sur  le  che- 
min séparalif  du  harem,  à  l*est  par  d'autres  appartements  fanant 
partie,  comme  ceux  du  nord,  de  la  muison  du  roi,  au  sud,  c^est-à- 
dire  via-à-vii    Tentrée  de  Vandcroim^  par  une  grande  salle,  bien 
orientée,   bien  dessinée   sur  le  plan.  C'e^t  la  salle  que  la  Bible 
comme  maison  de  la  roijauféi  coite  maisou  de  la  royauté  où  le  roi 
donnait  ses  audiences  quotidiennes*  La  maison  de  la  royauté  était 
aussi  distincte  du  bitan^  ou  apadàna,  réservé  à  la  tenue  des  grrandes 
assises  de  la  couronne,  que  les  gigantesques  cellasde  Persépolis  pou- 
valent  Tétre  des  salles  hypoâtylea  ménagées  dans  loi  petits  palais 
de  Darius  ou  de  ses  successeurs. 

Il  est  toujours  dangereux  de  chercher  des  termes  de  comparai- 
son entre  l'Europe  et  la  Perse,  entre  le  dix- neuvième  siècle  et 

ACT.  ET  CO**<F,»  T.  1.  t\ 


\ 


CCLXXXII 


ACTES  ET  CONFÉBESCBS 


rantiquité.  Sous  le  béoélice  exprès  de  cette  réserve,  j'assimiJôrai 
la  numon  du  rai  aux  appartements  privés,  !a  maison  d€  la  royauté 
au  cabinet  de  travail  t  et  la  biian,  ou  apadàna,  à  la  salle  du  trùoe 
d'un  souverain  moderne. 

Le  chroniqueur  est  si  précis,  11  est  si  bien  péaétt*é  de  son  doubla 
rôle  d*aMnaliste  et  de  cicéiH>ne,  qu'on  ne  saurait  s'égarer  en  sa 
compagnie.  Précis,  il  Tost  au  point  de  se  coraplaira  dan^  les 
particularités  topographiques  les  plus  étrangères  à  son  récit.  Nous 
ne  saurions  trop  noua  en  féliciter,  car  Tauteur  de  la  megMltà 
connaît  aussi  bien  le  palais  de  Suse  que  le  cérémonial  de  la  cour 
achéménide,  et  profite  de  tous  les  incidents  pour  faire  étalage  de  sa 
science. 

Haeonte-t«il  la  démarche  do  la  reine  auprès  d*Akhachvérocli,  il 
spécifie  qu'Esther  vint  dans  la  cour  de  la  maison  du  roi,  c/Ue  qui 
ui  à  finlérieur^  aliu  de  bien  prouver  qu'il  a  présentes  à  la  mémoire 
les  positions  relatives  et  les  communications  du  harem  et  de  la 
maison  du  roi.  Nous  montre  t-il  llaman  piétinant  dés  l'aurore 
devant  lu  demeure  de  son  maître»  il  Tarréte  a  l'entrée  particulière 
de  la  maison  dn  roi. 

Le  favori  habite  la  ville  ;  il  a  franchi  «  grAce  t  sa  haute 
Situation,  Ja  porto  de  Tenceinte  générale,  le  chaar  du  rm\  mm 
ne  peut  pénétrer  plus  avaot»  sans  être  mandé  par  le  souverain. 
Le  chroniqueur  résume  la  situation  par  un  seul  qualificatif  :  •  ei 
llaman  vint  dans  la  cour  de  la  maison  du  roî,  Vêxtériettre,  »  Ceil* 
cour  eitèrùfiire  de  la  maison  du  roi  n*est  autre  que  la  place  d'armes 
do  Tacropole  stisienne ,  comprise  entre  la  porte  fortrtiée  clu 
birmm,  les  murs  de  la  citadelle  ot  Tescalier  de  Tapadâna.  Comme 
dans  le  palais  d'Akhachvéroch,  elle  est  en  communication  direetd 
avec  la  gi-ande  porte  de  l'enceinte  générale,  ou  chmw  du  m. 

A-t-on  remarqué  qu'il  n'est  jamais  question  du  hiian^  ou  apadâna, 
séparé  de  la  demeure  des  monaniues  susiens  par  l'immense  quarUôr 
réservé  aux  femmes,  tant  que  l'annaliste  parcourt  la  maison  du  roit 
Mais  pénètre-t-on  dans  l'appartement  d'Esther,  on  sent  aussitôt 
îe  voisinage  du  ht  fan  et  des  jardins  dont  les  extrêmes  rainun?^ 
ombrageaient  les  constructions  occidentales  du  harem. 

<f  ...  Et  le  roi  se  teva^  dans  sa  colère,  du  festin  de  vin  (otfert  par 


I 
I 

I 


LB  LIVRE  D  ESTIIER  ET  LE  PAUIS  D*ASSUEI\US     CCLXXXlll 


» 


» 


Esther  dans  sa  propre  maison  au  roi  ai  au  g^rand  vizir)  ût  eo  dirigea 
vers  1<3  jardin  du  hîkiu .  .  »  » 

ft  .  ,  Et  le  roi  revint  du  jardin  du  bitan  à  la  sallo  du  festin  de 
vin ...» 

Un  dernier  coup  d*œil  sur  le  Memnonium  permettra  do  suivre 
Akhachvéroch  ù  travers  les  jardins  du  bilan  et  de  conâtater  qu*on 
sortant  de  chez  la  reine,  le  monarque  entrait  directement  dans  lo 
paradis  de  l^apadâna. 

La  superposition  des  plans  déduite,  le  premier  de  la  lecture 
attentive  de  la  me^hîllah^  puis  des  itinéraires  de  la  favorite,  dllaman 
et  du  roi  ;  le  second  de  Tétude  des  ruines,  ne  saurait  <ître  plus 
pai'faite,  La  Bible  en  raain^  essayez  de  reconstituer  les  grandes 
divisions  du  palais  d'Akbaclivéroch,  et  vous  serez  conduits  a  tracer 
un  monument  ayant  les  plus  complètes  analogies  avec  l'acropole 
d'Artaxerxés  Mnémon. 

Le  biimit  ses  jardins  et  son  vestibule  bypèthre  occuperont  très 
loin  de  la  maison  du  rai  la  place  de  Tapadâna  et  de  la  plate-forme 
qui  le  précède,  le  harem  confinera  par  une  de  ses  faces  aux  jardins 
du  bttan^  par  l'autre  à  la  maison  du  roi;  la  cour  iuléyieure  de  Ut 
inaiifon  du  m  sera  liroiléo  par  ia  nutimn  d*i  ht  rot/a ttti\  sur  celui  de 
ses  côtés  qui  fera  face  à  la  porte  de  communication  de  Vamieroun  et 
du  hiromi  ;  la  cour  exfértvarû  de  la  maison  du  roi  correspondra  à  la 
place  d'armes,  et  la  porte  du  roi  ix  la  porte  unique  de  renceinto 
générale. 

Les  fouilles  de  Su  se  ne  conlirment  pas  seulement  les  descriptions 
archîtec toniques  de  la  meghillab,  mais  les  moindres  détails  du 
r^cit. 

Lorsque  Esther  se  présente  dans  la  cour  intérieure  de  la  maison 
du  roi,  àkhachvéroch  est  assis  sur  son  trône;  en  si^^no  de  pardon, il 
incline  vers  la  favorite  le  sceptre  d'or  quUI  tient  a  la  main.  Une 
scène  analogue  est  illustrée  sur  les  mura  des  palais  persépolitains. 
Là  aussi,  le  roi,  assis  sur  un  trône  élevé,  tient  une  longue  canne  — 
le  sceptre»  —  insigne  do  sa  puissance  souveraine,  qu'liériteronl  plus 
tard  les  grands  digiiitaîres  du  clergé  chiite. 

Dana  un  pays  oii  ^^rands  et  petits  s^accroupissaient  sur  des  tapis, 
la  trône  était  peut-être,  avec  le  sceptre,  les  seuls  privilèges  somp- 


^    Ânderoun.  % 

^  I 

i 


Rrùe  ck  la  roysanUé 


LE  L!VftE  D'BSTHEU  ET  LE  PALAIS  DUSSUÉRUS      CCLXXXY 

luaires  de  Li  royauté .  Le  vêtement,  la  eoiffure,  les  bijoux  Jes  armes, 
Semblaient  communs  au  roi  et  aux  premiers  de  ses  sujets.  Les  Immor- 
tels eux-mêmes  portaient  la  couronne  et  la  robe  médique  :  îlérodote 
xious  Favait  appris,  Suse  la  confirmé.  Aussi  biea,  la  description 
du  tnomplie  de  Mordekhaï  me  semble  t- elle  aussi  vraisemblable 
que  bien  observée.  Le  roi  de  Perse  décernait  les  récompenses 
clécrites  dans  les  derniers  versets  du  chapitre  vi. 

«  • .  •  A  TboraDie  que  le  roi  veut  honorer  il  faut  apporter  un 
^iasiumê  royal  pm  ie  roi  a  porié,  amener  un  cbeval  que  le  roi  a  monté, 
«ionner  une  couronne  que  le  roi  a  coîfTée^  remettre  les  habits  à  un 
seigneur  de  la  cour  pour  en  revêtir  Thommo  que  le  roi  veut 
lionorer. .  *  i» 

Aux  hommes  que  les  rois  de  Perse  veulent  honorer  ils  offrent 
"Sue  robe  médique,  c  est-à-dire  la  robe  de  cour  »  ,  nous  apprennent 
de  leur  ciité  les  historiens  grecs. 

«  Khalatra  jmirhtd  »,  dit-on  à  la  cour  de  Nasr  ed-dln  Chah, 

quand  un  fait  pareii  se  présente,  litt.  :  c*  11  a  revêtu  le  kimhi  w, 

c*e8t-à-dire  la  pelisse  de  cachemire  déjà  pariée  jiar  k  Chah  et  donnée 

comme  suprême  récompense  aux  plus  Mêles  serviteurs.  Tel  est  le 

cas  de  Mordekhaï:  khaJalra  mipouched^  il  revêt  simplement  le  khalat, 

mais  pour  cela  ne  s^habille  pas  en  roi,  car  la  robe,  pas  plus  que  le 

cheval  ou  la  couronnOi  ne  sont  les  apanages  exclusifs  du  monarque. 

Si  je  m*an*éte  sur  des  détails  futiles  d*apparence,   c  est  qulls 

donnent  la  juste  mesure  des  critiques  faites  au  livre  d'Esther  par  des 

philologues  restés  étrangers  à  des  mœurs  qui  nous  reportent  au 

cœur  de  la  Perse  et  à  vingt- quatre  siècles  en  arrière.  Tant  vaudrait 

regarder  un  paysage  à  travers  l'objectif  d'une  chambre  noire  et 

prétendre,  après  cette  expérience,  que  les  gens  ont  les  pieds  en  haut 

et  la  tête  en  bas,  que  d'étudier  les  coutumes  de  TOrient  à  coups  de 

dictionnaire.  A  ce  métier  les  esprits  les  plus  éminents  feront  fausse 

route,  parce  que,  sans  avoir  conscience,  ils  mettront  sous  la  même 

toise  l'Europe  et  TAsie,  le  passé  et  le  présent. 

Bien  que  le  Grand  Roi  fut  peut-être  le  seul  homme  de  son 
immense  empire  à  s'asseoir  et  à  porter  une  haute  canne,  aucun  de 
nos  modernes  exégétes  ne  songe  à  s*en  étonner  ;  les  étudiants  les 
plus  ignorants  comme  les  plus  doctes  professeurs  n*usent-ils  pas 


CCLXXXVI  ACTES  ET  COXPÉRESCES 

des  mêmes  sièges  que  leur  souverain  et  n*ontrils  le  même  droit  de^^ 
g'appujer  sur  un  long  bâton.  On  accorde  encore  à  Mordekhàî  ^ 
la  permission  de  revêtir  sans  une  invraisemblance  choquante,  la 
robe  du  roi,  car  Thabit  militaire  d'un  empereur  d* Allemagne 
ne  diffère  guère  de  celui  de  ses  généraux.  Mais  la  couronne! 
Le  dilemme  se  pose  aussitôt  :  ou  Tauteur  du  livre  d'Bsiher 
est  le  narrateur  ignare  d*une  histoire  apocryphe,  ou  c'est  le  cheval 
de  Mordekhaï  qui  porte  ou  a  porté  la  couronne  sur  la  tête;  et 
il  n'est  pas  de  torture  que  l'on  ne  fasse -subir  à  la  sjntaxe, 
pour  la  rendre  complice  de  cet  expédient.  La  morale  de  ces  faits  se 
déduit  en  deux  lignes  :  pour  apprécier  la  densité  relative  des  corps, 
il  faut  toi^ours  les  placer  dans  le  même  milieu.  L'agate  qui  tombe 
au  fond  de  l'eau  surnage  le  mercure. 

Je  ne  puis  terminer  la  description  du  costume  rojal  sans  parler 
de  la  robe  médique,  blanche  et  violacée  (Kekhileth),  que  la  Bible 
donne  aux  souverains  achéménides.  Ce  vêtement,  exhumé  du 
Memnonium,  pare  les  gardes  de  Darius.  Quant  au  manteau  blanc 
rajé  de  pourpre,  il  est  bien  connu  des  auteurs  anciens,  qui  le 
comparent  à  la  toge  consulaire. 

Il  est  souvent  fait  allusion  aux  dépêches  écrites  par  la  chancellerie 
a  . . .  pour  chaque  province  dans  son  écriture,  pour  chaque  peuple 
dans  sa  langue. . .  et  remises  à  des  courriers  du  palais  montés  sur 
des  chevaux  issus  d'étalons  royaux  . .  »  Ces  indications  sont  de  la 
plus  rigoureuse  exactitude  :  les  inscriptions  officielles  des  Achémé- 
nides étaient  rédigées  en  trois  langues,  l'organisation  de  la  poste 
sur  toutes  les  routes  militaires  de  l'empire,  remontait  à  Darius. 
Hérodote  nous  a  même  conservé  le  nom  perse  des  courriers, 
<c  Angarée  »,  et  celui  de  la  race  des  étalons.  Les  chevaux  «  niséens  » 
étaient  élevés  pour  le  service  du  chef  de  l'Etat  dans  les  vallées  do 
la  Médie. 

Je  ne  conduirai  pas  plus  avant  ce  commentaire. 

Les  derniers  chapitres  du  livre  d'Esther  sont  des  chants  de 
triomphe  empreints  d'une  exagération  excessive,  mais  bien  naturelle. 
La  précision  arithmétique  et  l'impartialité  ne  sont  pas  les  qualités 
ordinaires  d'un  auteur  oriental,  à  plus  forte  raison  d'un  oriental 
intéressé  dans  une  cause,  enivré  d'orgueil,  grisé  par  le  triomphe 


LB  LIVRE  D'ESTIMvR  ET  LE  PALAIS  U'ASSrKRl  S    CCLXXXVU 


imprévu  de  ses  coreligionnaires.  Il  faut  savoir  pardonner  i\ 
l'annaliste  biblique  se^  rodomontHdes  innocentes  et  ses  hâbleries 
Anales,  en  faveur  de  aas  elFortâ  pour  rester  v<iridique  dans  les 
parties  narratives  de  son  œuvra. 

Je  réclame  la  m(5me  indulgence  en  faveur  de  son  héroïne.  Lei 
exégètesqui  traitent  d*apocrjpiies  les  personnages  du  drame  font 
un  crime  à  îa  favorite  d'avoir  préparé  la  venpfeance  du  peuple  juif. 
Comme  MacbetJj»  Esther  n'effacera  jamais  le  sanp:  qui^  par  deux 
fois»  rejaillit  sur  ses  main^. 

Les  siècles  ne  tempéreront-ils  jamais  la  partialité  des  jugements 
humains?  Est-ïl  des  causes  qui  jouissent  du  triste  privilège  de  no 
pouvoir  être  portées  devant  un  tribunal  équitable? 

La  reine  n^est  pas  la  goule  féroce  que  des  Allemands  trop  sen- 
sibles  nous  dépeignent.  Loin  de  là.  Belle  à  miracle,  pure  dans  ses 
mœurs,  fidèle  à  ses  frères  malheureux,  courageuse  jus^]u'au  mar- 
tyre, terrible  aux  ennemis  de  sa  race,  la  favorite  d*Âkhachvérocli 
résume  en  elle  toutes  les  grandes  vertus  do  la  femme  antique. 
LVïublî  des  injures,  la  magnanimité  dans  le  triomphe  sont  des  ana- 
ehronismes,  pour  les  temps  liiblif|ues;  quant  aux  mièvreries  sen- 
tiraentales^  elles  ne  furent  jamais  de  mise  h  la  cour  de  àSuse,  je 
m'en  porte  garant. 

Je  pense  avoir  montré,  malgré  Tavis  do  quelque.^  phslologues,  que 
!o  livre  d\Esfh^r  dépeint  la  cour  du  Grand  lïoi.  Le  pour,  Vmi(hrmm, 
la  khafaif  rinfaillibîlité,  le  costume  médique  ne  ressortissent  pas  au 
fond  commun  des  civilisations  orientales,  mais  à  Flran.  Le  palais 
_    d'Akhachvéroch  suffirait  pour  caractériser  une  époque,  un  peuple, 
■  une  ville.  Malheureusement  la  conviction  ne  8*impose  pas  ;  seules  les 
BiiûidnoBS  naathématiques  ont  le  privilège  divin  de  laisser  l*esprit  en- 
M'tîêrament  satisfait,  parce  qu  elles   conduisent  à  la  découverte  de 
I  vérités  absolues.  Dans  le  monde  des  vérités  relatives,  on  atteint 
pourtant  à  des  résultats  qu'il  est  difficile  de  nier.  Ainsi  on   ne 
saurait  contester   îa  nationalité   du  cbroniquenr  et  ses   qualité-? 
maîtresses  :  l'auteur  de  la  mefjhiUah  est  un  juif  susien  qia  vit  et 
visita  le  palais  d*Artaierxès  Mnemon  et  se  complut  dans  les  des- 
criptions précises. 

Hérodote,  Plutarque,  Maçoudi,  Fhistoire  de  la  Perse,  les  bas- 


I 
I 


CCLXXXVlll 


ACTES  ET  CONFÉnENCES 


rôUefâ  de  Persépolis  et  surtout  les  palais  de  Suse  viennont 
témoigDer  de  la  sincérité  matérielle  de  Fauteur  et  de  ses  qualités 
d  observateur.  Ce  Juif  si  profondément' Juif  oublie  sa  nationalité, 
pournous  mieux  introduire  au  cœur  du  palais  susien,  décrire  les 
mœurs  si  étranger,  les  intrigues  si  compliquées  du  harem.  Il  oublie 
même  sa  lang-ue.  M .  Oppert  Fa  savammeat  démontré  en  relevant 
dans  le  livre  d'Ëslher,  non  seulement  tous  leg  noms  propres,  mais 
un  grand  nombre  de  mots  et  d'expressions  essentiellement  perses. 
Dans  Tordre  historique,  la  véracité  du  chroniqueur  ne  me  parait  pas 
moindre.  Traits  de  mœurs  charmants,  observations  fines,  événe- 
ments dramatiques  sont  enregistrés  sans  artifice  ni  malice  sans 
souci  de  la  morale  à  déduire  du  récit.  Tels  sont  contés  la  dis- 
grâce de  Vachthi,  l'avènement  d'Hadassah,  rintervention  de  Mor- 
dekhaï,  la  supplique  d'Esther,  le  banquet  offert  au  roi,  tel  est  narré 
l'épisode  de  la  chute  d'IIanian. 

Haman  n'est  pas  condamné  pour  avoir  formé  Finjuste  dessein  de 
massacrer  le  peuple  dlsraël,  mais  parce  que  Akhachvéroch,  ébranlé 
par  les  pleurs  d*une  belle  reino,  grisé  par  l'excellent  via  qu'elle  lui^ 
a  fait  servir,  se  méprend  aux  intentions  de  son  ministre  et  Tac- 
cuse,  bien  à  tort,  de  faire  violence  à  Esther,  Peut-être  même  le 
coupable  eût-il  évité  la  potence,  si  Teunuque  Kharbona,  prosterné 
nag^uère  aux  pieds  du  tout-puissant  favori,  n'eût  hàtè  la  chule  du 
colosse  branlant*  En  sa  qualité  de  plat  valet,  il  insinue  au  monarijad 
cet  avis  perlide,  mais  humain  i  «  Voici  encore  le  gibet  qu'Haman  a 
fait  dresser  pour  j  pendre  Mordekhaï,  le  serviteur  zélé  de  mon  sou- 
verain. Il  est  dressé  dans  la  maison  de  Haman  et  haut  de  cînquantd 
coudées.  »  Et  le  roi  se  laisse  naturellement  tenter  par  la  penh  M 
pective  d'accrocher  son  ministre  à  une  belle  potence.  Ainsi 
périt  Haman,  un  grand  coupable  au  regard  de  la  justice  éternelle, 
mais  innocent  du  crime  qui  décide  Âkliachvéroch  à  renvoyer  au 
supplice. 

Un  romancier  et  surtout  l'auteur  d'un  plaidoyer  de  tendance, 
n'eût  pas  manqué  d^attribuer  la  chute  et  le  supplice  d'Haman  À  b 
seule  induence  de  son  héroïne  ou  à  la  persécution  dirigée  contre  les 
Juifs;  la  mort  du  coupable  devrait  être  la  punition  directe  et  la 
conséquence  évidente  du  crime.  La  vérité  ne  mai'che  pas  toiyoors 


I 


i 


LE  LITRE  DTSTHEn  ET  LE  PALAIS  D  ASSUÉBUS 


d'accord  avec  la  logique,  et  le  chroniqueur  songe  si  peu  à  corriger 
riiistoîre  en  faveur  d'une  thèse,  qu'il  laisse  à  la  fatalité  et  aux  son* 
plesses  d*un  vil  eunuque  le  soin  de  dénouer  la  tragédie,  La  main  de 
lahTé,  le  protecteur  suprême  d-j  peuple  hébreu,  n'apparaît  même 
pas  dans  cette  scéae  dun  réalisme  saisissant. 

On  peut  ûxer  au  quatrième  siècle  Tépoque  où  fut  rédigée  la  ver- 
sion hébraïque  du  livre  d'Esther.  J'étajerai  cette  date  ?ur  des  con- 
sidérations tangibles,  de  nature,  je  rospère,  à  convaincre  les  esprits 
prévenus. 

Le  palais  d'Artaxerxès  Mnémon  fut  pillé  par  Alexandre.  Il  est 
encore  parlé  de  la  citadelle  acliéménide  de  Suse  dans  le  récit  des 
campagnes  d^Eumène  ;  puis  le  silence  se  fait  autour  de  l'acropole 
souveralDd  dont  la  possession,  au  dire  d*Aristagoras,  donnait  une 
puissance  égale  à  celle  de  Jupiter. 

Le  palais  s'écroula  ;  j*ai  découvert  encore  béante  à  ses  âancs  la 
plaie  dont  il  mourut.  Le  sol  fut  nivelé,  les  Parthes  ensevelirent  les 
palais  achéménides  comme  les  Achéménides  avaient  enseveli  les  pa- 
lais de  leurs  aînés,  et  Fœuvre  de  destruction  était  si  bien  consommée 
h  l'époque  des  premiers  Arsacides  que,  dès  le  deuxième  siècle  avant 
J.-C,  les  halitants  de  S«se  creusaient  des  hypogées  sous  les  éboulis 
de  la  forteresse.  Les  urnes  funéraires  enfouies  par  milliers  dans  ces 
nécropoles  sont  de  T époque  parthe,  ainsi  qu'en  témoignait  un  grand 
nombre  de  pièces,  jusqu'ici  fort  rares,  d*un  roi  local  Comraascirès, 
contemporain  de  Ptolémée  VI  Pbiloraétor  (181-146)  et  de  Démé* 
triusSotor  (163-151). 

La  ruine  dé^nitive  du  palais  de  Suse^  très  nntérieure  au  règne  de 
Commascirès,  postérieure  aux  luttes  d'Eumène»  doit  correspondre  à 
l'établissement  du  royaume  partîie  et  aux  révolutions  qui  précédèrent 
le  renversement  des  Séleueides,  Je  placerai  donc  Tabandon  définitif 
du  Memnonium,  antérieur  de  quelques  années  à  sa  chute,  vers  la 
fin  du  troisième  siècle  avant  J.-C. 

Cette  date  ne  me  semble  pas  discutable.  Comme  il  est  également 

certain  que  le  palais  a  été  décrit  d'après  nature,  encore  debout  et 

habité,  il  faut  reculer^  au  moins  jusque  aux  premières  années  du 

quatrième  siècle,  Tépoque  de  la  rédaction  de  la  nmjhiUah, 

Ainsi  tombe  d* elle-même,  comme  je  m*étais  promis  de  le  montrer 


GCXC 


ACTES  KT  CONFÉRENCÎBR 


et  devant  des  preuves  quasi  mathématiqueg^  riijpothése  de  tous 
points  inadmissible  qui  ferait  du  livre  d*Esther  un  roman  de  ten- 
dance postérieur  aux  succès  des  Macchabées  (160  C  J*-C.),  L'é» 
co!e  dont  M*  Heiisg  est  le  porte-parole  rejette  avec  raison  rassîml- 
lation  de  la  fête  de  Povrtm  et  d'une  fête  mal  rléfinie,  mal  connue, 
célébrée  par  les  Perses  au  retour  du  printemps.  Que  reste-t-il  des 
goluliong  si  péniblement  conçues  par  les  rationalistes  d'outre* 
Rhin  ?  La  l(^g6nde  biblif|ue  ,  si  antique  ,  si  parfumée  d'eftluves 
anciennes,  si  vécue  dans  sa  simplicité.  J  ai  dit  légende  et  je  me 
t  ens  à  ce  mot,  car  je  ne  défends  ni  les  chiffres,  ni  l*allur«  générale 
ilu  récit. 

Cette  exagération  hors  d  échelle  d'une  révolution  de  harem  sant 
importance  serait  imputable,  je  fai  déjà  fait  observer,  à  la  nature 
dfi  sujet,  au  caractère  des  écrivains  orientaux,  à  Tivresse  bien  ei- 
cusable  des  chroniqueurs,  et  surtout  aux  années  qui  séparent  Ta- 
Yéaement  d'Hadassah  de  la  rédaction  la  plus  ancienne,  entre  celles 
qui  nous  sont  parvenues,  de  ses  vraisemblables  aventures. 

Je  m'explique. 

Les  fouilles  de  Suse,  confirmées  par  l'inscription  trilingue  gravée 
autour  des  colonnes  de  l'apadâna,  nous  apprennent  que  les  souve- 
rains achéménides  s'installèrent  par  deux  fois  sur  les  rives  de 
rtriïous;  Darius  couronna  d'un  premier  palais  les  demeures  ruinées 
dos  rois  élamites  ;  cet  édiiîce,  bn^lé  sous  le  règne  de  Xerxès,  fut 
reconstruit  parler  soins  dMrtaxerxôs  Mnémon. 

Je  ne  puis  affirmer  que  le  nouvel  apadilna,  qui  sous  le  nom,  de 
/îïVm;  Joue  un  riile  si  considérable  dans  l'histoire  d'Esther,  ait  été 
rebMi  sur  les  ruines  de  la  salle  incendiée  ;  à  certains  indices,  je  croi- 
rais même  le  contr.irre.  D'autre  part^  on  ne  discute  plus  ridentité 
des  deux  formes  Xerxès  et  Akhachvéroch, 

En  ce  cas,  Mordekbaï  et  sa  nièce  seraient  des  contemporains  de 
Xerxùs,  tandis  que  la  meghiUah  aurait  été  rédigée  sous  le  règne 
d'Artaxerxès  Mnémon  ou  de  ses  successeurs,  puisque  les  descrip- 
tions architectoniqïies  se  réfèrent  au  second  palais  construit  â  Suse 
par  les  Achéménides,  La  Bible  ne  contredit  pas  à  cette  conclusioiL 
Le  chroniqueur  sacré,  dont  je  ne  f^aurais  trop  vanter  la  bonne  foii 
laisse  entendre,  dés  le  début  de  sa  narration,  qu'il  raconte  un  événe- 


LE  LIVRE  D'ESTHER  ET  LE  PALAIS  D'ASSUÉRUS  CGXCI 

ment  déjà  ancien  :  a  Du  temps  d'Akhachvëroch,  lequel  AkhacliTé- 
roch  régnait  sur  cent  vingt-sept  provinces. . .  » 

....  En  résumé  :  le  livre  d*Esther,  écrit  de  bonne  foi  à  Suse  par 
un  Juif  susien,  remonte,  pour  sa  rédaction  hébraïque,  en  deçà  de 
Tavènement  d'Artaxerxès  Mnémon  et  fort  au  delà  de  la  conquête 
parthe. 

Je  ne  prétends  rien  prouver  de  plus. 

La  désignation  très  claire  de  la  fête  par  un  mot  perse  connu  et 
bien  approprié,  la  sincérité  manifeste  de  Fauteur,  sa  connaissance 
parfaite  et  très  spéciale  de  la  cour  des  grands  rois,  la  vraisem- 
blance des  faits  relatés,  la  chronologie,  la  saveur  du  récit,  le  réa- 
lisme du  dénouement,  me  font  penser,  au  surplus,  que  la  légende 
de  Pourim  est  une  broderie  un  peu  lourde  exécutée  sur  un  canevas 
résistant. 


LISTE  DES   MEMBRES 

DE  LA 

SOCIÉTÉ    DES    ÉTUDES   JUIVES 

PENDANT  L'ANNÉE  1887 


Membres  fondateurs  ^ 

1  Camondo  (le  comte  A.  de),  rue  de  Monceau,  61  *. 

2  Camondo  (le  comte  N.  de),  rue  de  Monceau,  63. 

3  GuNZBUBG  (le  baron  David  de),  boulevard  des  Gardes-à-Cheral, 

n,  Saint-Pétersbourg. 

4  GuNZBUBG  (le  baron  Horace  de),  17,  boulevard  des  Gardes-à- 

Cheval,  à  Saint-Pétersbourg. 

5  Lévy-Crémieux  (feu). 

6  PoLiACOFF  (feu  Samuel  de). 

7  Rothschild  (feu  la  baronne  douairière  de). 

8  Rothschild  (feu  le  baron  James  de). 

Membres  perpétuels  \ 

9  Albert  (feu  E.-J.). 

10  Bardac  (Noël),  rue  de  Provence,  43. 

*  Les  Membres  fondateurs  ont  versé  un  minimum  de  1,000  francs. 

*  Les  Sociétaires  dont  l'adresse  n*est  pas  suivie  d'un  nom  de  ville  demcareot 
à  Paris. 

*  Les  Membres  perpétuels  ont  versé  400  francs. 


UISTK  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


CCXCÏIl 


I 


11  BisCHOFFSHELM  (Haptiael),  rue  Taitbout,  3* 

12  Cahen  d^Anykrs  (feu  1ô  comte). 

13  Dheyfus  (feu  Nestor). 

14  GoLDscHMiDT  (S. -IL),  rond-poiïit  des  Champs -El  jsées,  6» 

15  HbiCHT  (Étîeime)j  rua  Lepelletier^  19. 

16  HiRSCii  (feu  le  baron  Lucien  de). 

17  Kann  (Jacques-Edmond),  av^enue  du  Bois-dc-Boulo^ne,  58. 

18  Kontt  (Edouard),  rue  Blanche,  49. 

19  Lazarb  (A.),  boulevard  Poissonnière,  17, 

20  LÉVT  (Calmanri),  éditeur,  rue  Auber,  3, 

21  MoNTEFiouE  (Claude),  Portman  Square,  12,  Londres. 

22  Oppexheim  (feu  Joseph). 

23  Penha  ^Immanuel  do  la),  rue  de  la  Victoire,  28* 

24  Penua(M.  de  l!i),rueTronchet,  15. 

25  Ratisbdnxk  (Fernand),  rue  Kabekis,  2. 

26  ReIxNach  (Hermann-Joseph),  rue  de  Berlin,  31. 

27  Rothschild  (le  baron  Adolphe  de),  rue  de  Monceau,  47, 

28  Troteux  (Léon),  rue  de  Mexico,  1,  le  Havre, 


Membres  souscripteurs  ^ 

29  Adblson-Monteaux.  rue  Notre-Dame-de-Lorette,  10, 

30  Adlkr  (Hev.  D"^  Hermann),  Queensborougli-Terrace,  5^  lljdo 

Park,  Londres» 

31  Aghion  (Victor),  Alexandrie,  Égypto, 

32  ÂLiïERT-LÉvT,  professeur  à  T École  municipale  de  chimie  et  de 

physique,  rue  des  Écoles,  25. 

33  Aldrophe  (Alfred),  arcdiitecte,  faubourg  Poissonnière,  37, 

34  Alexandre  Dumas,  de  FÂcadémie  française,  avenue  de  Vil- 

liers,  98. 

35  Allatint,  Salonique. 

36  Alliance  israélitr  universelle,  35,  r.  doTrévise  (175  fr.)* 

37  Allianz  (Israelitisclie),  Kaerntnerstrasse,  14,  Vienne. 

38  Anorieux,  député,  avenue  Friedland,  32. 

t  La  coibiiioQ  des  Membres  souscripteurs  est  do  25  fraticâ  par  «n,  sitif  pour 
ceux  doul  lo  nom  est  suivi  d'uuo  iodicalion  spéciale. 


GCXCIV  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

39  Anspach  (Gabriel),  rue  Pigalle,  15. 

40  Abon  (Arnaud),  grand  rabbin,  Strasbourg. 

41  AsTRUC  (E.-A.),  grand  rabbin,  Bayonne. 

42  Basch,  cité  Condorcet. 

43  Bechmann  (Ernest-Georges),  ingénieur  en  chef  des  eaux  de  la 

ville  de  Paris,  place  de  FAlma,  1 . 

44  Bbchmann  (J.-L.),  rue  de  la  Chaussée- d'Antiû,  45. 

45  Beck  (D»"),  rabbin,  Bucharest. 

46  Bbnedetti  (S.  de),  professeur  à  TUniversité,  Pise. 

47  Bickart-Séb,  boulevard  Malesherbes,  101. 

48  BiNQ,  président  de  la  Conununauté  israéUte  de  Dyon. 

49  Blin  (Albert),  Elbeuf 

50  Bloch  (Camille),  rue  de  la  Banque,  1. 

51  Bloch  (Félix),  Haskeuy,  Constantinople. 

52  Bloch  (Isaac),  grand  rabbin,  Alger. 

53  Bloch  (Maurice),  agrégé  des  lettres,  boulevard  Bourdon,  13. 

54  Bloch  (Moïse),    rabbin,  Versailles, 

55  Bloche  (Louis-Lazare),  rue  des  Mathurins,  13  bis. 

56  Blocq  (Mathieu),  Toul. 

57  Blum  (Victor),  le  Havre. 

58  BoucRis  (Haïm),  rue  de  Médée,  Alger. 

59  Bruhl  (David),  rue  de  Châteaudun,  57. 

60  Bruhl  (Paul),  rue  de  Châteaudun,  57. 

Gl  Brunswiq  (Léonce),  place  des  Victoires,  10. 

62  Cahen  (Abraham),  grand  rabbin,  rue  Vauquelin,  9. 

63  Cahen    (Albert) ,   professeur    agrégé   au    collège  Rollin ,  rue 

Condorcet,  53. 

64  Cahen  (Gustave),  rue  des  Petits-Champs,  61. 

65  Cahen  d*AnVers  (Albert),  rue  de  Grenelle,  118. 

66  Carcassonne  (Darius),  président  de  la  Communauté  Israélite, 

Salon  (Bouches-du-Rhône). 

67  Carrière,  professeur   à    l'Ecole  des  Hautes-Etudes,  rue  de 

Lille,  35. 

68  Cattaui  (Elie),  rue  Lafayette,  14. 

69  Cattaui  (Joseph-Aslan),  ingénieur  civil,  au  Caire,  Égjpte. 

70  Cerf  (Hippoljte),  rue  Française,  8. 


liste:  des  UmBUES  DE  LA  SOCIÉTË 


CCXCV 


71  Ckrf  (Léopold),  ancion  élève  de  T Ecolo  tiormale  supérieure  > 

éditeur,  Versailles. 
12  Cekf  (Louis),  rue  Française,  8. 
73  Chwolson  (Daniel),   conseiller  d'Etat,  professeur  do  langues 

orieataled,  rue  Wassili  Ostrov,  7,  ligne  a**  42,  Saiut- 

Pétersbourg. 
14  Cohen  (Hermaan),  rue  Balhi,  36. 

75  CouiiN  [haac-Josepljj,  rue  Lafajelte,  l»'*. 

76  CoHN  (Léoa),  préfet  de  la  Haute-Garonne,  Toulouse, 

77  CoNsisTOTKK  ISRAÉLITE  DE  Bj£LOiQUJfi ,  ruo  du  Manège,  12 1 

Bruxelles. 

78  CoNSiSToiRF.  1SRAKLIT3  DE  BoROKAUx,  Tue  Honon^-Te&sier,  7, 

Bordeaux. 

79  CONSISTOIRK    ISRAÉLITE    DE    LORilAINE ,    MetX. 

80  Consistoire  jsraéutk  dk  Marseille. 

81  Consistoire  Israélite  d'Oran. 

82  Consistoire  Israélite  de  Paris  (200  fr.), 

83  CRimANciE  (A.),  faubourg  Poi^surmière,  8. 

84  Dalsack  (Gobert),  rue  Rougemont,  6. 

8j  Darmestktkr  (Ariène),  professeur  à  la   Faculté  des  lettres, 

place  Vaugirard,  7. 
8G  Darmksteteh  (James),  professeur  au  Colk^go  de  France,  plaça 

Vaugirard,  7. 

87  Debré  (Si mon),  rabbin,  Neuillj-aur-Beine. 

88  Delvaille  (D'"  Camille),  Ba^yonne. 

b\)  DeniNery  (Gustavô-LucienJ,  rue  des  Pyramides, ^10. 

90  Derenbourg  (Hartwig),  directeur  adjoint  à  l'Ecote  des  Ilautei- 

Etude.^,  professeur  a  rEcolo  des  Langues  orientales,  rue 
de  la  Victoire,  56. 

91  Uersnbourc»   (Joseph),  luembre  de   Flnstitut,  rue    do  Dun- 

kerr[ue,  27. 
l)i  DHLcviais  (Abraham),  rue  du  Faubouri^^-Saint^lloneré»  lOl*. 

93  Drii:\fls  (Anatole),  rue  de  Trévise,  28^ 

94  Dreyfus  (H.-L.),  rabbin,  Saverne. 

95  Dreyi- us  (Henri),  faubourg  Saîat-Martiîi,  162* 
9t>  DRBYf  us  (Jtilej),  faubourg  Saiûi^MBrtin,  162. 


CCXCVl  ACTES  ET  CONFERENCES 

97  Dreyfus  (L.),  avenue  de  l'Opéra,  13. 

98  Dbkyfus-Bbisac  (Edmond),  directeur  de  la  Eevue  de  t Ensei- 

gnement supérieur^  rue  de  Turin,  6. 

99  DuTAU,  rue  de  Sèvres,  35. 

100  DuRLACHEB  (Armand),  libraire-éditeur,  rue  Lafajette,  83  his. 
loi  DuvAL  (Rubans),  boulevard  Magenta,  18. 

102  EiCHTHAL  (Eugène  d'),  rue  Jouffroy,  57. 

103  Emeriqub  (Ernest),  rue  Larochefoucauld,  21. 

104  Ephra'îm  (Armand),  rue  Boccador,  24. 

105  Epstein,  Grilparzerstr.,  11,  Vienne. 

106  Erlanger  (Charles),  place  des  Vosges,  9. 

107  Erlanger  (Michel),  place  des  Vosges,  9. 

108  Errera  (Léo),  professeur  à  TUniversité,  rue  Stéphanie,  1, 

Bruxelles. 

109  Ettinghausen  (Hermann),  rue  Richer,  15. 

110  Feldmann  (Armand),  avocat,  rue  dlsly,  8. 

111  Fernandez  (Salomon),  à  la  Société  générale  de  Tempire  otto- 

man, Constantinople. 

112  FiTA  (le  Rév.  P.  Fidel),  membre  de  TAcadémie  royale  d'his- 

toire. Galle  Isabella  la  Catholica,  12,  Madrid. 

113  FouLD  (Léon),  faubourg  Poissonnière.  30. 

114  FoY  (Edmond),  rue  Chégaray,  Bayonne. 

115  Franck  (Adolphe),  membre  de  Tlnstitut,  rue  Ballu,  32. 

116  Gautier  (Lucien),  professeur  de  théologie,  Lausanne. 

117  Gborges  (Paul),  rue  Béranger,  17. 

118  Gkrson  (M.-A.),  rabbin,  Dijon. 

119  GiAvi,  avenue  de  la  Gare,  13,  Nanterre. 

120  GoEJK  (J.  de),  professeur  d'arabe  à  l'Université,  Leyde. 

121  Gommes  (Armand),  rue  Chégaray,  33,  Bayonne. 

122  Griolet  (Gaston),  rue  de  Berne,  2. 

123  Gross  (D»"  Heiurich),  rabbin,  Augsbourg. 

124  GuBBAY,  boulevard  Malesherbes,  165. 

125  Gudemann  (D»),  rabbin.  Vienne. 

125  GuizoT  (Guillaume),  professeur  au  Collège  de  France,  rue  de 

Monceau,  42. 
127  Hadamard  (D.),  rue  de  Châteaudun,  53. 


LÏSTE  DES  MEMBHES  DE  LA  SOCIÉTK 


<XXCVII 


149 


Haguewad  (David),  rabbin,  boulevard  Voltaire,  13. 

Halberstam  (S  -J.),  Bielîtz»  AutricUo, 

Halbvt  (Joaeph),  professeur  à  TEcole  des  Haut-es-Etutles,  rue 

Auruairo.  26. 
Halèvy  (Liklovic),  de  F  Académie  française,  rue  da  Do'iai»  22, 
Haxfen  {Edmond},  rue  Le^endre,  20. 
Halfon  (Michel),  rue  de  Monceau,  60. 
Hammkrschlag,  II,  Ferdinandstras8e.23,  Vienne, 
IIarkavy  (Albert),  bildiolhécaïre,  Saiïit-Pétersl»ourg. 
Hayem  (Armand),  avenue  des  Champs-Elysées,  33. 
Hayem  (D^  Georges),  membre  de  l'Académie  de  médecine,  rue 

de  Vigny,  1. 
Haykm  (Julien),  avenue  de  Villiers,  63  (40  fr,)* 
ïÏEiNE-FrRTADO  (M*"**  C.)»  28,  rue  de  Monceau  [100  fr.), 
Herzoo  vllenri),  ingénieur  der>  Pont;»  et  chaussées,  û  Guéret, 
IIeymann  (Alfred)^  avenue  de  l'Opéra,  20. 
HiHSCH  (Henri),  nis  de  Médicis,  19. 
IIiRSCH  [Joseph),  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées,  rue 

de  Castiglione,  1, 
IsAàCS,  115,  Broadway,  New- York. 
IsiDOR,  grand  rabbin  de  Franco,  place  des  Vosges,  14. 
Jastrow  (Di'M.),  rabbin,  Philadelphie. 
Jhllinek  (D"*),  rabbin-prédicateur.  Vienne. 
JouKDA,  directeur  de  TOrphelinat  de  Rothschild,  rue  de  Lam- 

blardie,  7. 
Kabn  [Coschelj,  président  de  la  Communauté  Israélite^  Bahia, 

BrésiL 
Kahn  (Jacques),  rue  Larochefoucauld,  35. 
Kahn  (Salomon),  boulevard  Bailo,  172,  Marseille. 
EaHn  ^Zadoc),  grand  rabbin  de  Paris,  rue  Saint-Georges,  11. 
KaufwaNN   [David),  professeur  au   Séminaire  israéhte,  20, 

Andrassystrasse,  Budapest. 
Kespi,  rue  René-Caillé,  Alger, 
KiNSBOURG  (Paul)j  rue  de  Ciéry,  B, 
Klotz  (Eugène),  place  des  Victoires,  2, 
KLOrz  (Victor),  avenue  Montaigne»  5U 
AcT.  HT  cour,,  T.  l.  fi 


GCXCVIII    -  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

158  KoHN  (Georges),  rue  Blanche,  49. 

159  KoMiTET  Synagogi  na  Tlomackiem,  Varsovie. 

160  KuNST,  rue  des  Petites-Ecuries,  48. 

161  Laoneau,  professeur,  rue  Claude-Bernard,  86. 

162  Lambebt  (Abraham),  avoué,  rue  Saint-Dizier,  17,  Nancy. 

163  Lambbrt  (Eliézer),  avocat  à  la  Cour  d*appel,  rue  Baudin,  26. 

164  Lassudrie,  rue  Laffltte,  21. 

165  Lazare  (Maurice),  rueFénelon,  13. 

166  Lehmann  (Joseph),  rabbin,  boulevard  Voltaire,  44. 

16*7  Lehmann  (Léonce),  avocat  à  la  Cour  de  cassation,  rue  de  Ma- 
rignan,  16. 

168  Lehmann  (Mathias),  rue  Taitbout,  29. 

169  Lehmann  (Samuel),  rue  d*Hauteville,  38. 

170  Léon  (feu  Gustave). 

171  LÉON  (Xavier),  boulevard  Haussmann,  127. 

172  LÉOPOLD  (Lyon\  directeur  de  l'Ecole  communale,  rue  des  Hos- 

pitalières-Saint-Gervais  (30  fr.). 

173  Levaillant,  avenue  de  Kléber,  39. 

174  Leven  (Emile),  rue  de  Maubeuge,81. 

175  Leven  (Léon),  rue  de  Trévise,  37. 

176  Leven  (Louis),  rue  de  Trévise,  37. 

177  Leven  (D^  Manuel),  rue  Richer,  12. 

178  Leven  (Narcisse),   avocat  à  la  Cour  d'appel,   rue  de  Tré- 

vise, 45. 

179  Leven  (Stanislas),  conseiller  général  de  la  Seine,  rue  Con- 

dorcet,  12. 

180  Lévi  (Charles),  boulevard  Magenta,  49  (30  fr.). 

181  LÉVI  (Israël),  rabbin,  rue  Condorcet,  53. 

182  LÉVI  (Sylvain),  maître  de  conférences  à  l'Ecole  des  Hautes- 

Études,  rue  Simon-le-Franc,  17. 

183  Lévy  (Alfred),  grand  rabbin,  Lyon. 

184  LÉVY  (Paul-Calmann),  rue  Auber,  3. 

185  Lévy  (Charles),  Colmar. 

186  Lévy  (Emile),  rabbin,  Verdun. 

187  LéVY  (Aron-Emmanuel),  rue  Marrier,  19,  Fontainebleau. 

188  Lévy  (Jacques),  grand  rabbin,  Constantine. 


7rg.:\ 


r"w  îbrti- 


198  Lœ^t  a 1*1A^  ^■zâflâmit  *^sfiràai&  L«iiiiIl9K 

199  IxxcATT  Ijinr  .  cegnos^  Phûhik. 

201  MA3S5H2nf    Xmtitmt^  .  «îaûiiiiiL  ifjôgaBgqr  x  rKwà?  9iîî5r^K*û> 
ûçie.  n&  il*  'jsl  PnnjWL  II. 

203  MA3^xH£isxa  Aîmé  .  ?!&»  RiesbiL  X 

201  Maxuïl  Eœoth»  ,  ha^etxsŒT  sêmènL  de  r«5«^:T««fe«l  ^^ 

2(»  Mapoc,  «TeaiK  Mae-MaiiM,  13 

206  Mabccs  ,Saaki,.  Sarr^e- 

201  Matimits  (H«ftri-J.>,  «s^râre.Goldsnùa  Roai.  ^.  Br^u>» 

208  Mat,  chaasée  de  Boekeaheim,  31,  Frauicfort-^urO^M^iu. 

209  Mat  'Loais-Henrr^  me  TbéTenoi,  14. 

210  Mater  (Ernest^  nie  Moncej,  9. 

211  Matkr    Gaston  ,   arocat  à  la   Cour  de  Ca:Jsatio«.   avti^iuu^ 

Montaigne,  3. 

212  Mater   Michel),  rabbin,  boulevard  du  Temple,  Î5. 

213  Matraroues  (Alfred),  boulevard  Malesherbes,  103. 

214  Merzbach  (Bernard),  rue  Richer,  H. 

215  Meter  (D'  Edouard),  boulevard  llaussmann,  13, 

216  Meter  (feu  Emile). 

217  Michel-Lévt  (Paul),  rue  Gluck,  2. 

218  MocATTA  (Frédôric-D.),  Connaught  Place,  9,  Londre»  (BO  fpJ 


CGC  ACTES  ET  œNFERENCES 

219  MoDONA   (Leonello) ,   sous-bibliothécaire  de  la  Bibliothèque 

royale,  Parme. 

220  MoNTEFiORE  (Edward-Lévi),  avenue  Marceau,  58. 

221  MoNTEFiORE  (Mosé),  ministre  offîciant,  rue  Bochechouart,  40. 

222  Morhanoe  (Eugène),  cours  Gaffé,  103,  Marseille. 

223  MoRTARA  (Marco),  grand  rabbin,  Mantoue. 

224  Netter  (D'  Arnold),  rue  du  Château-d'Eau,  15. 

225  Nbtter  (Moïse),  rabbin,  Médéa. 

226  Neubauer  (Adolphe),  bibliothécaire  à  la  Bodléienne,  Oxford. 
22*7  Neumann  (D»"),  rabbin,  Gross-Kanisza,  Autriche-Hongrie. 

228  Neymarck  (Alfred),  rue  Vignon,  18. 

229  O'Neill  (John),  Selling,  Taversham  (Kent)  Angleterre. 

230  OcHS  (Alphonse),  rue  Chauchat,  22- 

231  Oppenheim  (P.-M.),  11,  rue  Taitbout  (50  tr.). 

232  Oppenheimer  (Joseph-Maurice),  rue  Lepeletier,  7. 

233  Oppert  (Jules),  membre  de  Tlnstitut,  professeur  au  Collège 

de  France,  rue  de  Sfax,  2. 

234  OsiRis  (Ma),  rue  Labrujère,  9. 

235  OuLMAN  (Camille),  rue  de  Grammont,  30. 

236  OuLRY   (Godchaux),  avenue  de  Neuilly,   104,   NeuiUj-sur- 

Seine. 

237  Ouverleaux  (Emile),  conservateur  de  la  Bibliothèque  royale, 

Bruxelles. 

238  Paris  (Gaston),  membre  de  l'Institut,  rue  du  Bac,  110. 

239  Péreire  (Gustave),  rue  de  la  Victoire,  69. 

240  Perles  (J.),  rabbin,  Munich. 

241  Perreau  (le  chevalier),  bibliothécaire  royal,  Parme. 

242  PicART  (Henri),  rue  d'Hauteville,  42. 

243  PicciOTTO  (Moïse  de),  Alep. 

244  Ptcot  (Emile),  avenue  de  Wagram,  135. 

245  PiNTUs  (J.),  place  du  Rivage,  1,  Sedan. 

246  Pontremoli  (Albert),  avenue  des  Champs-Elysées,  129. 

247  PoPELiN  (Claudius),  rue  de  Téhéran,  7. 

248  PoRGKS  (Charles),  81,  rue  de  Monceau  (40  fr.). 

249  Propper  (S,),  rue  Volney,  4. 

250  Reijnach  (Joseph),  avenue  Van  Dyck,  6. 


%1  EMCiACH  Salomon),  aocien  élève  de  T Ecolo  {l*AthAri#i|  oûlt* 
âerrateur-adjorni  du  musée  de  âaitii-<kirtiiaîn  «  riM  ito 
BeHiD,  aL 

252  Bkd£4Cb  Théodore),  docteur  en  droit»  rue  Murilh»,  ïrt, 

253  Esiss  (AJbert)t  rue  de  Londres,  fiO. 
^4  H£irLZ>'e&R  (Frédéric),  avocat  A  lu  Cour  d  «ppol,  nirtiSn^h*,  1, 
^é*  HxrnjNGSB(Sigismond),  boulevard  llaimiimann,  6^1* 

256  R&HAX  (Ernôit),  membre  de  ririNtitut,  ailmtnUtrntour   dit 

Collée  de  France, 

257  RHSûiâ  (Isidore),  rue  Boissy-d'Angtafi,  35, 

258  ROBKRT  I Charles),  rue  des  Dame;<i  12,  Hoinir^fi 

259  Robert  (Uljsse),  Grande-Rue*  31,  Suiiii  M^uUy 

260  RoDKiouKS  (Hippolyte),  rue  de  la  \  M 

261  RoSENTHAL  (D^),  rabbiu,  Beuthen,  Obernr*tlt*iiion, 

262  Rothschild  (le  baron   AîpbonMo  tb),  laiuiiiirti  dr*  rinptiiut, 

2,  rue  Saint-Florentin  [400  fr,), 

263  Rothschild  (le  baron  Arthur  do),  33»  ru«  du  Fftulmiirjr  Snini 

Honoré  (400  fi**). 

264  Rothschild  (ie  baron   Kdmond  doj,  41,  rua  du   Fntilmurg* 

Saint-Honoré  [400  fr.), 

265  Rothschild   (Je  baron  Gustave    do)»   */3»    iivoinu»   Marljfuy 

[400  fr]. 

266  Rothschild  (la  baronne  Jamm  do),  38,  nvenuo   Pri«dbiml 

(50  fr  }, 

267  RozELAABf  Lé  vie-Abraham),  Harfati*tnifit,  30,  Amuterdam* 

268  Sagk  (Israël),  Saint- Pùterttbourg; 

269  Saint-Paul  (Georges),  place  Maloahorhon,  5. 

270  Saint-Paul  (feu  Victor), 

271  Salomon  (Alcïia),  rue  Croix-do*-Potlt«-Champ^,  38, 

272  Salvador  (la  colonel),  avenue  de  Mesëinc,  10. 

273  Salvadoh-Lévy,  ruo  de  la  Téte-dTIr»  34.  Motï. 

274  Saycb   (Rev,    A»-IL)/  professeur   de   philolopto  comparée, 

Queen's  Collège,  Oxford. 

275  ScHAFiBE  (D  ),  rue  do  Trévise,  4L 
216  ScHEiD  (Elie),  rue  Ekévir,  4, 
277  Schloss  (Ernest),  rue  du  Paradis-Poissonnière,  21  Wf . 


CGCU  ACTES  ET  CONFÉRENCES 

278  SoHUHL  (Moïse),  grand  rabbin,  Vesoul. 
219  ScHUHL  (Moïse),  rue  Bergère,  29. 

280  Schwab  (Moïse) ,  sous-bibliotbécaire  de  la  Bibliothèque  na- 

tionale, cité  Trévise,  14. 

281  ScHWciscH,  rue  Jean-Jacques-Rousseau,  49. 

282  Sèches  (Edgard) . 

283  Sée  (Camille),  conseiller  d'Etat,  avenue  des  Champ»-EIj- 

sées,  ^. 

284  Sék  (Eugène),  préfet  de  la  Haute-Saône,  Vesoul. 

285  Simon  (Joseph),  instituteur,  Nîmes. 

286  SiMONSEN,  rabbin,  Copenhague. 

287  Singer,  rue  de  Galilée,  62. 

288  Société  des  PRoaRESSisxES,  Andrinople. 

289  Spire,  ancien  notaire,  rue  d* Alliance,  12,  Nancy. 

290  Stetn  (Henri) ,  ancien  élève  de  TÉcole  des  Chartes,  rue  Saint- 

Placide,  54. 

291  Stern  (Hermann),  rue  Royale,  22,  Bruxelles. 

292  Stern  (René),  rue  du  Quatre-Septembre,  14. 

293  Straus  (Emile),  avocat  à  la  Cour  d*appel,  boulevard  Hauss- 

mann,  134. 

294  SzoLD,  rabbin  de  la  Congrégation  Oheb  Schdlofn,  Baltimore. 

295  Taub,  rue  Lafayette.  10. 

296  Tédesco  (Joseph),  rue  Lafayette,  43. 

297  Trénel  (Isaac),  directeur  du  Séminaire  israélite,  rue  Vau- 

quelin,  9. 

298  Trêves  (Albert),  rue  Prony,  76. 

299  Trêves  (Georges),  rue  Prony,  78. 

300  Ulmann  (Emile),  rue  de  Trévise,  33. 

301  Veneziani  (le  chevalier),  place  Wagram,  1. 

302  Vernes  (Maurice) ,   directeur-adjoint  à  l'école  des   Hautes- 

Etudes,  rue  Fortuny,  31. 
1^03  Vidal-Naquet,  président  du  Consistoire  israélite,  Marseille. 

304  Vidal-Naquet  (Jules),  rue  du  Quatre-Septembre,  16. 

305  Weill  (D^  Anselme),  rue  Saint-Lazare,  101. 

306  Weill  (Emmanuel),  rue  Taitbout,  8. 

307  Weill  (Emmanuel),  rabbin,  rue  Condorcet,  53. 


LISTE  DES  MEMBRES  DE  U  SOGIËTl!:  CGCIII 

306  Wrill  (Georges),  place  des  Vosges,  19. 

309  Wkhx  (Isaac),  rue  de  Picpus,  76. 

310  Wkill  (Isaac),  grand  rabbin,  Metz. 

311  Wkill  (Isidore),  grand  rabbin,  Colmar. 

312  Wkill  (Benjamin-Léopold),  rue  Richer,  41. 

313  Wkill  [Moïse),  grand  rabbin,  Oran. 

314  Wkill  (Vite),  rue  de  Lancry,  17. 

315  Wbiswkillkb   (le   baron    de) ,   17 ,   avenue    de    Friedland 

(30  fr.). 

316  Wrrxbb  (Isaac),  rue  Taitbout,  58. 

317  Wktl  (Jonas),  grand  rabbin,  Marseille. 

318  WiKNKR  (Jacques),  président  du  Consistoire  Israélite  de  Bel- 

gique, rue  de  la  Loi,  63,  Bruxelles. 

319  WiLMKRSDŒRFER  (Max),  cousul  général  do  Saxe,  Munich. 

320  W^iNTER  (David),  rue  Jean-Jacques-Rousseau,  42. 

321  WoGUE  (Lazare),  grand  rabbin,  professeur  au  Séminaire  Israé- 

lite, rue  de  Rivoli,  12. 

322  WoBMS  (Fernand),  avocat  à  la  Cour  d*appel,  rue  Royale,  14. 

323  WoRMS  (D**  Jules),  rue  Pierre-Charon,  32. 

324  ZiKQEL  et  Enqelmann,  directeurs  de  Tinstitution  Springer, 

rue  de  la  Tour-d'Auvergne,  34. 

325  ZuTLKN  (la   baronne  de),  70,  avenue  du  Bois-de-Boulogne 

(400  tr.). 

Membres  nouveaux  depuis  le  !•"  Janvier  1888. 

326  Gbunwald  (D»"),  rabbin,  Jungbunzlau,  Autriche. 

327  Halfon  (M™*  S.),  rue  du  Faubourg  Saint-Honoré,  21  (50  tr.). 

328  Lœwbnstein  (D''),  rabbin,  Mosbach,  Allemagne. 

329  Lôw  (D'  Immanuelj,  rabbin,  Szegedin. 

330  Wbrthkimer,  grand  rabbin,  Genève. 

331  WoLF,  rabbin,  La-Chaux-de-Fonds,  Suisse. 


PROCES-VERBAUX  DES  SÉANCES  DD  CONSEIL 


SÉANCE  DU  29  MARS  1888. 
Frésideneê  ék  M.  Derenboubo,   viu-^iriaiâmt, 

La  conférence  de  M.  Dieulafoy  est  fixée  au  15  avril.  Elle  aura 
pour  titre  :  Lêpalaù  cFÂssuiruê  et  le  livre  d'Esiher. 

M,  Th.  Reitimh  exprime  le  désir  qu'il  soit  fait,  TanDée  pro* 
ebaiDe,  une  conférence  sur  rémancipation  des  Juifâ.  Il  désirerait 
aussi  entendre  une  conférence  sur  la  musique  liturgique  juive. 

M.  Rdnaeh  rend  compte  de  Tétat  des  négociations  relatives  k  la 
publication  de  MM.  Perrot  et  Chipiez.  Les  ti'avaux  sont  com* 
menées.  Le  Conseil  décide  de  renoncer  au  proât  des  auteurs  au 
bénéfice  éventuel  résultant  de  la  vente  des  exemplaires  par  la  mai- 
son Hachette. 


SÉANCE  DU  31  MAI  1888. 
Prèsidenee   de   M.   ZàDOO   Kahn. 

Sur  la  proposition  de  M,  lé  PréJtidmi^  le  Conseil  décide  de  rap- 
peler aux  membres  de  la  Société  que  les  séances  du  Conseil  sont 
publiques.  Cet  avis  sera  inséré  dans  le  numéro  de  juillet-septembre 
prochain. 

Le  Conseil  ratifie  le  traité  convenu  entre  le  trésorier  et  la  maison 
Hachette  pour  la  publication  Perrot  et  Chipiez. 

M.  Th.  Emnach  fait  une  communication  sur  le  mot  de  Sampmmi 
dans  I  Macch  ,  xv,  23. 

Lu  secritairei  :  Schwab* 

Th.  Reixach. 


Le  gérant, 

Israël  Lâvi. 


YKMIAILLU,  IMPfUMXmjS  CBitF  ST  ¥tlM^   RUB  DUPLBflfllS,   59, 


TABLK    DES   MATIÈHEJ> 


REVUE. 

Vidal  (Pierre).  Les  Juifs  de  Houssîllou  el  de  Cerdagne  {suite',, , 

Hkinacm  (Théodore).  SculpCures  d'Ascalon,, 

LoKii  .Isidore;.  Josof  Haccoheu  et  les  chronifiuears  laifîi. . 
Dkbk,S0OUrg  |J.).  Mélanges  rabbiuiques  isuitt 
IvAUFM/kXN  (David),  Les  Marraues  de  Pe^aro,  .  . 

Lues  (Isidore).   Les  o^goctaols  juifs  à  Marseille  au  milieu  dtt 

xni«  siècle,  , 

Kraciaukr  (D'I.  Rûbbi  Joselmaau  de  Hosbeim 

RAcatîR  (W.).  Le  coaiiïjeniaire  de  Samuel  iba  ilomi  sur  ài»  l*eu- 

taleuque  {fia) - 

LoKB  llstdore)^  Le  procès  de  Samuel  iba  Tibbon  {/lui. 

NOTES  KT  MÉLANGES, 

ilALévy  (J.}.  L  Petits  problèmes  [V  série) — 

IL  Note  sur  rinscrîptiou  pbéaicieoûe  du  Pirée. 
KaUi'^ann  (David)*  I  Uue  aûeedote  sur  Pbar&on  el  Aiii^i)  ciirz 
les  Arabt'S .,,.-♦*    ..     -     

IL  Les  iellres  L.  M,  N  dans  Talphabel  ,  .. 
LOEB  (Isidore).  Le  mot  Taule  en  judéo-aîkimanii. 
Uue  leUre  adressée  â  Salomoa  Azubi 

BIBLIOGRAPHIE. 

DicRKNBOUBO  (J),  Le  traire  de  la  Vie  coalernpialive  î?l  ta  Que9» 
lion  des  Thérapeutes»  par  L.  NLissEBrEAt  ,._, 

Louw  (ImmQQuel).  A  dictioaary  of  the  targumiiiK  in'.  iuLmad 
babli  aud  yerushalmi  aud  tlie  midrasblc  Iiteralur,  p^r 
M-  Jasirow..,.. --,...•. 

Addiljoos  et  reclilicailous..*.. ..  . 


ACTES   ET  CONFÉRENCES. 

Séance  de  TAssemblée  générale  du  21  janvier  188â 

Rbinach  (Théodore).  Rapport  sur  les  pubUcaUoits  de  lu 

Société  pendant  Faanée  <tt87.,., ....,,,.._ 

Procès -verbaux  des  séances  du  Conseil. . 


TABLE    DES   MATIÈRES 


REVUE. 


BSJBTZ  (U*).  Les  nianaaies  de  Simon  lût 
V1D4L  (Pierre).  Les  Juîfi  do  Roussillou  ci  de  Ccrdagae  isuilcet 

fin). - <"» 

Hkinach  (ThJ.  MUUtidtile  et  les  Juif^i... ».. 

LoRK  (Isidore).  Josef  Haccoheii  et  les  cliroatquears  juifs  (iffft^}  9K 

KRiiCAtJjîK  (J.).  L*ulTijire  des  Juils  d*Ëudiogeu... t3ft 

Briîzzonk  (P.  Lj,  Les  JuiTâ  des  États  de  il^glise  au  xviii*»  siècle  !l6 

ScHxvAB  (Moïse).  Le  Maqré  Dardeqé iS^ 

NOTES  CT  MKLANGKS. 

Kavfmann  el  GuNZiiocRO  (David  de).  Uue  îuscripiiuii  ae  Hiva* 

Lofio  (Isidore).  Uue  inscription  hébraïque  de  GalaLayud. ... .. .  ' 

Keikach  (SylomoQ).  Noie  sur  linscrlplion  phénicieuoe  du  Pinée  1 

Bachkk  ^W  ).  Encore  un  mot  sur  Micra  et  Pasoug. . .     —  .  *  * .  * 
LoEB  'Jsidore).  La  prouonciation  de  VO  dans  le  judéo-aiicniand 

el  le  mot  Taule,. - .  '■ 

NeuBAUifiR  (Ad),  loscriptiou  tuniuiaire  d'Ortéaus - 

LoEH  ;l>idore).  Les  quadre  sedarini  du  Talinud - 

Backijlh,  K\lfmann»  Grl  î^wald  et  Pohqkîs.  Les  sigues  mneinch 

niques  des  lettres  radicales  et  servi  les. ' 

HIBLIOGBAIHIIE. 

LoKB  (Isidore).  Revue  bibliographique.   • 

Additions  el  rectifications.  *.  ^ 

Table  des  matières ^ 


ACTES   ET   CONFÉRENCES. 

biKULAFOY.  Le  livre  d'Kslher  et  le  palais  d'Assuérus* cax^ 

Liste  des  membres  de  ta  Société  pendant  Tannée  1887 ccsOU 

Procés-verboux  des  séances  du  Conseil * •  * ,  CX(^ 


PRIX  D  ABONNEMENT  A    LA  BEVUE  DES  EUDES  JUIVES 


Lï  n  an 

Prix  du  numéro. 


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