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Full text of "Revue encyclopédique"

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L Tome  III- 1826.  (  3 1  "^  ile  la  collection,  j 


91*  HVRA.(.SO^. 


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REVUE    . 

ENCYCLOPEDIQUE 

00 

ANALYSE  RAISONNEE 

DES  PRODUCTIONS  LES  PLUS  REMARQUABLES 

DANS  tA  LITTEKAT'JUE,  I>ES  SCIENCES   KT  LFS   ABTS. 

i"  I'oiir  li'S    Sciences   jilijsif/iies   et   mnlhemaliques   et   Ips  Arts   inJuslriels: 

MM.  AmCF.RE.Ch.  UuI'IK,  FotRlFR.GlRARD,  NAVIER,cie  l'Ilist.itl]t;COyil';RFI. 

cisASECA,  de  .Vadritl;   Kek.iy,  Frakcokur  .    Ad.  Gondinet,  Lk  Normaku 
iirutV-sseur  de  technoloi;ie;  A.  MicHti.oT,  de  Momtgery,  Morrau  uk  Jokhes 

l>OUir,I.ET,WxRDEM,    CtC. 

2"  Pom  U'i  Sciences  naturelles:  MM.  OeopfroySaint-Hilkire,  de  I  lostitut; 
BoRY  BE  Saint-Vincent,  oorresjiond.iiit  dc  i'liistitut ,  V.  AnDOUTW,  MATsrEU 
BoNAFOtJs,  de  Tuiiu;  Brongniakt  Ills,  Desmarest,  Flocren.s,  D.-M.  ; 
OA.tT.i.ON  ,  de  Dii'piie;  V.  Jacquemomt,  etc. 

'i'^  Vour  yiis Sciences  meilica/es  :  MM.  Adrlok,  BAi.i.v,D\MtROlT  ,  G.-T.Doiw, 
AsiEDEE  Doi>AO,  EsQUiROL,  FossATX, Gasc,  A.  Grimaub, d'Augers  ;  Georget; 
KiR<  KHOFF,  d'Anvers;  Orfii.a;  KiGoi.t.oT  fils,  d'Amions. 

/.■>  Pour  !es  Sciences  iihitos(ii>hiqu£s  et  nwra/rs ,  poUtiques ,  geographiques  et 
hisioriques :  MM.  M.  A.  JuLttEH,  de  Paris,  FoiidalcurDireeteur  do  la  Revue 
lincyclnftedique;  Degerando,  Ai.ex.  de  la  Boroe,  Jomard  ,  Lanjoinais,  de 
I'lusiitut ;  .Agoob  ,  Artakd,  M.  AvFKEi.,  Barbie   du   Bocage  fits,   Bewjamiw- 

CONSTANT,    CllARtES    CoMTE ,   DfiPI-IHG  ,     AdoLPUE    GaRKIER,     CctCNIAUT, 

GuizoT,  A.  Jaubert,  Lafon  DE  Ladebat,  Ar.EX,  Lamei  b  ,  Lahjcihais  Ills, 
p.  Laiui  ,  I.ESUEDR-iVlERi.in,  Massias,  A.  Wetrai.;  Meyer,  d'Ainsterd.iiti ; 
dePiobvins,  Parent-Real,  Kl'sebe  Salverte,  J.-B.  .Say.  Sismondk  dk 
SiSMONDi,  de  Geneve,  etc.  UurtN  aiiie,  Bervilj.e  ,  A.  Beugnot,  Bouchpne- 

LeFER,  CRlVELt.I.DoDBLET-ME-BoiSTHlBAULT,    UhFAU  ,  DUPRAYEK  ,  UUVER- 

gier  ,   GoAUET.  Ch.  Kekouard,  Taillandier,  avocats,  etr. 

5"  Pour  la  Litteratare J'rancaise  et  etiangere,  la  ftihliogiapliie ,  V Ai'chenlogie 
e.i\cs£ea<M-Arts:'M.M.  Andrieux,  Am aory-Ddvat,,  Berton,J.  Droz,  Kmeric 
David,  Lemercier  ,  WAtJDET,  de  SEGi3R,de  I'lustitut;  MmcL.-Sw.  Belloc; 
MM.  Bariseau,  BtANCHr  ,M.  Uerr  ,  J.-V.  Eres,  Felix  BoDiWi  Bornouf  (Us, 
CiiAtrvET,  Cbenedolle  ,  de  Liege;  P.-A.  Coupin',  Fr.  Degiorge,  Dumersan, 
Ed.  Gauttier,  Ph.  Colbery,  Heibero,  IIenrichs,  E.  Hereai;,  Au<jdste 
JuLLiEN.ftls;  Kalvos,  de  Zaute;  Adrien-Lafa.sge  ,  J.-V.  I^eclerc,  Loeve- 
Veimars,  a.  Mahdl,  Mauviel,  Mav.ois,  AlbErt-Montemont,  Mownard, 
de  Lausaiiue;  KtcoLO-PocLO,  C.  Pagasel,!!.  Patin,  Pongerville;Qc£te- 
LET,  DE  Eeiffekderg,  de  Briixelles  ;  Kolle  ,  bibliotheraire  de  la  ville  de 
Paris;  de  Stassart,  Fr.  Salpi,  M.  Scbinas;  St;HvvElGii«uSER ,  de  Stras- 
bourg; Leok  Thiesse.P.  F.  Tissot,  Verweuil,  YiLLENAVB,  S.ViscoNTi,  etc. 

A  PARTS, 

AU  BUREAU  CENTRAL  DE  LA  REVUE  ENCYCLOPI^.DIQUE, 
Rue  d'Enfer-Saint-Micliel,  n°  i8; 
AUTHUS  BERTKAND  ,  rue  Hautefeuille,  n"  23; 
Au  MusEEfiNCYCioPEDiQUE.  CHEZ  Bossange  pfere,rue  Richclicu , 

n"  fio;  '  • 

Rewou.vrd,  rue  de  Tournpn,  n°  6; 

LOiSDRES. —  Fredebic  Degkorge,  n"  38,  Noffolk-stre^f, Strand; 

Theottel  et  WiiBTz;  Bossaitge;  Dulau  etcomp.;?.  Rolandi, 

11°  20,  Berners-street ,  0.%fordrstreet. 

JUILLET  1826. 


I'^^'W^y-S-^L 


AVIS  ESSEWTIEL  AUX  SOUSGIUPTEURS. 


MM.  LBS  SODSCRIPTEDRS  doiU  rABONNEMENT  EST  BXlMUli 

LB  3o  JuiN  DEKNiER  ,  sont  invites  a  le  taire  nEWtoc- 
VELKK  iNCESSAMMENT ,  pour  que  le  service  des  envois 
nVprouve  auciiii  retard. 

CONDITIONS  UE  LA  SOUSCRIPTION. 

Depuis  le  mois  de  Janvier  1819 ,  il  parait,  par  annee ,  douze  cahier* 
.ie  ce  Recueil;  chaque  cahicr  ,  public  le  3o  du  mois,  se  compose  d'en- 
viron  i4  feuilles  d'impressioii ,  et  plus  souvent  de  t6  on  18. 

On  souscrit  k  Paris,  au  Bureau  central  d'abonnemeat  tt  d'expSdition 
iiidique  sur  le  litre. 

Prix  de  la  Souscriptioit. 

/^  Paris ^f>  (r.  pour  un  an;  afi  fr.  pour  nix  luoik. 

Dans  les  departemens.  53  3o 

A  I'etranger <'o  ^4 

La  difference  entre  le  prix  d'ahonncment,o  Purij,  dans  les  de/iarte- 
ttieni  et  dans  Cetmnger,  devant  6tre  proportionnelle  aux  frais  d'expe- 
dilioH  par  la  poste,  a  servi  de  base  a  lafixation  portee  ci-dessus. 

A  ce  suiet,  la  Direction  de  la  Revne  Encyclooedique  croit  devoir  faire 
observer  que ,  cette  base  ayant  et6  calculce  d'apr^s  le  nombre  de  qua- 
torze  feuilles  promises  mensuellement  aux  aboDnes,  les  frais  de  port 
occasiones  par  I'augmentatioii  successive  des  cahiers  sont  restes  entife- 
remeut  a  sa  charge. 

Le  montant  de  la  souscription,  envoye  par  la  poste,  doit  ^tre  adresse 
d'avance,  FRiNC  deport,  ainsi  que  la  conespondance,  au  Directeiir 
de  la  Revue  Encrdopidiqiie ,  rue  d'Eiifer-Saint.Michel,  n°  18.  C'est  i  la 
lu^me  adresse  qii'on  devra  envoyer  les  ouvrages  de  tons  genres  et  les 
gravures  (ju'cn  voudra  faire  annoncer,  ainsi  que  les  articles  dont  on 
desirera  I'insertion. 

On  peut  aussl  souscrire  chez  les  Directeurs  des  postes  et  chez  le» 
principaux  Libraires,  A  Paris,  dans  les  departemens  et  dans  les  pays 
•trangers. 

Trois  cahiers  ou  livraisons  forment  un  volume,  Chaque  volume  est 
terrain^  par  une  Table  des  mali^res  alphabetique  et  analytique,  qui 
eclaircit  et  facilite  les  recherches.  Cette  Table  est  toujours  jointe  au 
T"cahier  du  volume  suivant,  A  I'exoeption  de  la  derni^re  Table  do 
lannde,  qui  est  exp^dide  isol^ment  a  tous  ceux  qui  peuvent  y  avoir  droit. 
0)1  souscrit,  seulement  i  partir  de  deux  ^poques  ,  Am  i"  Janvier  on 
du  \"ju;iletde  chaque  ann^e,  pour  six  mois,  ou  pourun  an. 

On  tronve,  »n  bobkati  cektr*.l,  les  collections  des annees  1819,  i8»a, 
jS:.t,  182a,  1823,  i8a4ef  1825,  au  prix  de  5o  francs  chacune. 


REVUE 
ENCYCLOPEDIQUE 


^.  firiyo , 


PARIS. DK  IIMPRIMEHIE  DE   KIGWOUX, 

rae  dcs  Francs-Bourgcois-S.-Michel ,  no  8. 


REVUE 

ENCYCLOPEDIQUE, 

OtI 

ANALYSE  RAISONNEE 

DES  PRODUCTIONS  LES  PLUS  REMARQUABLES 

BANS  I.ES  SCIENCES,  LES  ARTS  INDDSTRIELS,  LA  UTTERATDRE 
ET  LES  BEAUX-ARTS  ; 

PAR    UNE    REUNION 

DE  MEMBRES   DE  L'INSTITUT, 

ET  D'AUTRES  HOMMES  DE  LETTRES. 


TOME   XXXI. 


PARIS 


AU  BUREAU  CENTRAL  DE  LA  REVUE  ENCYCLOPI^DIQUE; 
RUE  d'enfer-saint-michel,  n°  i8. 

JUILLET    1  826. 


«  Toutcs  les  sciences  sont  les  rameaiix  d'une  memo  tigc.  » 

Bacon. 

"  L'art  n'pst  autre  cliose  que  le  contrAle  et  Ic  registre  dcs  meillcures  produc- 
tions...  A  contr61er  les  productions  (ct  les  actions)  d'un  cliacun,  il  s'engcndre 
euvie  dcs  bonnes,  ct  mepris  des  mauvaises.  '> 

MOHTAIGHE. 

•<  Les  belles-lettres  et  les  sciences,  bieu  etudiccs  et  bicn  comprises,  sont  des 
instniraens  universcls  de  raison ,  de  vcrtu ,  de  bonhcur.  » 


REVUE 

ENCYCLOPEDIQUE, 

ou 

ANALYSES  ET  ANNONCES  RAISONNEES 

DES    PRODUCTIONS    LKS    PLUS  REMARQUABLES 

DANS  LA  LITTIiRATURE,  LES   SCIENCES  ET   LES  ARTS. 

I.  MEMOIRES,  NOTICES, 

LETTRES  ET  MELANGES. 


SUR  L'ETABLISSEMENT  DU  JURY 

A  L'lLE  DE  GEYLAN. 

j\jous  avons  sous  les  yeux  line  letlrc  adrcssee,  \e  26  inai 
1826,  a  M.  Wtcnn,  president  du  bureau  de  controle  dcs  af- 
faires del'Inde  aLondres,  par  M.  Alexandre  Johnston  ,  pre- 
mier juge  de  la  cour  de  justice  i  I'lle  de  Ccylan  (1).  Ce  niagis- 


(i)  La  piece  interessante  que  nons  publions  ici,  comane  propre  ii 
fortifier  par  une  preuve  solennelle  ropinion  favorable  que  tous  les 
homines  eclaires  se  sont  deja  formee  de  rinstitulion  du  jury  et  de 
son  influence  sur  les  progres  des  lumieres  et  de  la  moralite ,  dans 
tous  les  pays  ou  elle  est  introduite,  nous  a  cte  commuuiquee  par 

M.  le  due  de  D ,  ami  de  I'lionorable  M.  Johnston  ,  et  qui  est  lui- 

in^ine  I'un  des  plus  fermes  defenseurs  de  nos  liberies  constitution 
nelles  el;  I'un  des  fondateurs  et  des  membres  les  plus  zeles  de  ce 
CoMiTEGKEC,  qui,  suivant  les  expressions  de  M.  le  ducdeCuoisnui, 
dans  un  discours  pronoac6  depuis  peu  a  la  Chanibre  des  Pairs  (voy.  le 


6  tXABLISSEMENT  DU  JURY 

Irat,  dont  les  lumieres  paraissent  egaler  le  zele  philantropiquc, 
rend  comptc  de  I'introduction  de  la  procedure  par  jury  dans 
cette  colonic  anglaise,  et  des  heureiix  effets  qu'a  deja  produits 
cette  admirable  institution.  Rien  n'etant  plus  propre  ii  en  faire 
ressortir  tous  les  avantages  que  I'expose  meme  des  fails  ra- 
contes  avec  simpiicite ,  nous  avons  cru  ,  en  communiquant  cet 
expose  a  nos  lecteurs,  remplir  I'un  des  devoirs  que  nous  nous 
sommcs  imposes,  celui  de  faire  connaJtre  peu  a  peu  lespro- 
gres  de  la  civilisation  sur  tous  les  points  du  globe,  et  d'indi- 
(juer  en  meme  terns  la  possibilite  de  faire  participer  a  des 
progres  semblablcs  des  contrees  eloignees  oil  le  besoin  s'ln 
fait  sentir. 

Londres,  26  inai  1826. 

Monsieur  , 

«  Vous  m'avez  temoigne  le  desir  de  connailre  le  plan 
que  j'ai  adopte  ,  lorsque  je  remplissais  les  fonctions  de 
chef  de  justice  et  de  premier  membre  du  conseil  de 
S.  M.  B.  a  Ceylan  ,  pour  I'introduction  du  jugement  par 
jury  dans  cette  ile.  Je  m'enipresse  de  vous  satisfaire;  je 
vous  indiquerai  en  meme  tems  comment  je  m'y  suis 
pris  pour  faire  participer  a  la  faculte  de  sieger  parmi 
lesjures,  les  naturels  de  demi- caste,  aussi  bien  que 
tous  les  habitans  nes  dans  le  pays,  de  toute  caste  et 
de  toute  religion.  Je  vous  exposerai  les  motifs  qui  me 
determinerent  a  proposer  ce  plan,  la  maniere  dont  il  a 
ete  execute,  et  les  resultats  qu'on  a  obtenus. 

«  On  reprochait  a  I'ancien  systeme  judiciaire  en  vi- 
gueurdansl'ile,  ses  lenteurs,  les  frais  considerables  quil 

Journal  des  Debats ,  11°  du  5  juillet  1826)  «  est  une  des  gloires  de 
notre  patrie,  en  devenant  le  centre  de  tous  les  sentimens ,  de  loiis 
les  dons  earopeens  pour  soutenir  cclte  cause  heroique  et  pour  en 
soulager  les  lionorables  viclimes.  »  IVI.  A.  J. 


A  L'lLE  DE  CEYLAN.  7 

entrainait,  et  son  impopularite.  Les  def'auts  essentiels 
de  ce  systeme  pouvaient  etre  attribues  au  peu  d'impor- 
taiice  que  les  naturels  attachaient  a  la  reputation  de 
veracite,  a  ce  qu'ils  ne  prenaient  aucun  intei-et  a  un 
mode  d'administration  de  la  justice  auquel  ils  restaient 
lolaleraent  etrangers,  a  la  difficulte  pour  des  juges  eu- 
ropeens,  charges  a  la  f'ois  de  prononcer  sur  les  faits  et 
d'appliquer  la  loi,  de  se  fixer  sur  le  degre  de  confiance 
que  pouvait  meriter  le  tenioignage  des  indigenes  5  enfin , 
aux  lenteurs  de  la  procedure,  dont  le  double  inconve- 
nient etait  de  retenir  long -terns  les  temoins  pendant 
les  sessions  ,  et  de  causer  de  grandes  depenses  au  gou- 
vernement  qui  les  defrayait.  Plusieurs  moyens  s'offraient 
pour  remedier  a  ces  vices  dans  ladministration  de  la 
justice.  II  fallait  d'abord  y  interesser  directement  les 
indigenes,  en  ieur  y  donnant  une  part  considerable; 
a°  Ieur  rendre  la  veracite  respectable ,  en  les  accou- 
tumant  a  regarder  le  respect  pour  la  verite  comme  un 
titre  essentiel  pour  meriter  I'estime  de  leurs  compa- 
tnotes,  et  obtenir  quelque  avancement  dans  les  emplois 
publics; 3°appelerles  indigenes eux-memes aux fonctions 
dejuges  dujait ,  puisque  la  connaissance  qu'ils  avaient 
du  caractere  de  leurs  compatriotes  les  rendait  plus  que 
des  etrangers  capables  d'apprecier  le  merite  de  leurs 
temoignages.  Ainsi ,  Ton  abregeait  la  duree  des  proces ; 
on  affranchissait  les  temoins  d'un  trop  long  sejour  au- 
pres  des  cours  de  justice,  et  Ton  diminuait  les  frais  a 
la  charge  du  gouvernement.  L'introduction  du  jurv  a 
Ceylan  ,  et  I'extension  de  la  capacile  de  faire  partie  des 
jurys  a  lous  les  indigenes,  sauf  quelques  restrictions, 
me  parurent  la  meilleure  methode  a  suivre  pour  arriver 
au  but.  Je  consultai  les  principaux  ministres  du  culte 
de  Boudha,  pour  ce   qui  concernait  les  interets  des 


8    '  :^TABLISSEME1NT  DU  JURl 

Chingulais  dans  la  partie  meridionale  de  I'lle ,  et  les 
Braniines  dc  Keniissuram,  de  Madure  et  de  Jatna,  dans 
rinte'ret  des  Hindous  cjiii  habitent  le  Nord.  Je  soiimis 
ensultc  nion  plan,  pour  1  introduction  du  jury  a  Gey- 
Ian  ,  au  gouverneur  et  an  conseil  de  I'lle.  Sir  T.  Mait- 
land ,  alors  gouverneur,  et  les  autres  meinbres  du 
conseil  regardaient  I'adoption  de  ce  plan  conime  un 
objet  dune  grando  importance  pour  la  prosperite  de 
I'lle ;  mais  ils  craignaient  que  la  nouveaute  de  la  me- 
sure  proposee  ne  titnailre  des  objections  en  Angleteire, 
puisque  Ton  n'avait  encore  accorde  a  aucun  des  natu- 
rels  de  I'lnde  les  droits  doiit  je  demandais  la  concession 
aux  indigenes  d«  Ceylan.  Je  recus  en  consequence  une 
mission  olficielle  pour  I'Angleterre,  en  ma  qualite  de 
premier  membre  du  conseil  de  I'lle,  avec  plein  pouvoir 
de  presser  I'adoption  de  cette  niesure ,  sauf  les  modi- 
fications que  jugeraient  a  propos  d'y  apporler  les  mi- 
nistres  de  S.  M. ,  apres  m'avoir  entendu.  La  question 
ayant  ete  murement  examinee  a  Londres ,  une  cliarte 
scellee  du  grand  sceau  accorda  aux  naturels  de  Ceylan 
le  droit  d'etre  appeles  a  prononcer  comme  jures  dans 
les  causes  criminelles,  conformement  au  mode  que 
j'avais  propos*^,  et  a  men  retour  a  Ceylan,  en  1811, 
les  mesures  furent  prises  pour  mettre  cette  cbarte  a 
execution. 

«  Pour  vous  donner  une  idee  de  la  maniere  dont  le 
jugemtnt  par  jury  a  ete  introduit  parmi  les  naturels  et 
les  individus  de  demi-caste  a  Ceylan  ,  je  dois  vous  faire 
connaitre  :  1°  les  conditions  auxquelles  un  natif  pent 
faire  partie  d'un  jury  ;  2**  comment  les  jures  sont  con- 
voques  a  cliaque  session  ;  3°  comment  lis  sont  choisis 
pour  chaque  jugement  a  rendre;  4"t;omment  ilsforment 
leur  conviction  et  prononoeiit  leur  verdict.  Tout  natif  de 


A  L'lLE  DE  CEYLA.N.  9 

Ceylan  ,  homme  libre,  ayant  atteint  1  age  do  vingt  et  un 
ans,  et  domiciiie  dans  lile  ,  est  apte  a  remplir  les  fonc- 
tions  de  jure.  Des  que  I'epoque  des  assises  est  fixee 
tians  une  province  ,  le  Gscal  ou  le  scherif  convoque  un 
grand  nombre  de  jures  de  chaque  caste ;  il  a  le  plus 
grand  soin  de  ne  pas  convoquer  un  jure  hors  de  son 
tour,  de  ne  point  choisir  un  moment  qui  I'enleverait 
a  des  travaux  urgens  d'agriculture  ou  de  fabrique,  ou 
a  quelque  ceremonic  religieuse  qui  reclamerait  la  pre- 
sence des  hommes  de  sa  caste.  A  Touverture  de  la  ses- 
sion, on  proclame  les  nonis  de  tons  les  jures  convoques. 
Tous  ces  jures ,  avec  tons  les  magistrals  et  les  officiers 
de  police  ,  entrent  en  seance  ,  et  ecoutent  la  lecture 
de  I'acte  d'accusation  dresse  par  le  juge.  C'est  alors  que 
Ton  fait  comparaitre  les  prevenus.  Chacun  d'eux  a  le 
droit  d'etre  juge  par  trelze  jures  de  sa  caste  ,  a  moins 
que  Tavocat  du  fisc ,  qui  remplit  a  Ceylan  a  pen  pres 
les  memes  tonctions  que  celles  du  lord-avocat  en  Ecosse, 
ne  fasse  valoir  des  motifs  pour  empecher  que  raccuse 
ne  soil  juge  par  un  jury  de  sa  caste,  et  que  la  cour 
n'adopte  ses  conclusions,  ou  que  I'accuse  lui-meme , 
craignant  des  preventions  de  la  part  de  sa  caste  ,  ne 
demande  un  jury  pris  dans  une  autre  caste,  ou  compose 
soil  d'individus  de  demi-caste ,  soit  d'Europeens.  Des 
que  la  caste  qui  doit  fournir  le  jury  est  definitivement 
designee  ,  le  greffier  de  la  cour  depose  dans  une  urne 
placee  de  maniere  a  etre  vue  de  tout  le  monde ,  un  tres- 
graud  nombre  de  noms  de  jures  de  cette  caste ,  parmi 
lesquels  le  jury  doit  eire  pris.  L'accuse  a  le  droit  d'en 
recusercinq,  sans  deduireaucun  motif,  et  d  tn  recuser 
un  nombre  indelerniine,  en  deduisant  ses  motifs,  jusqu  a 
ce  qu'il  soit  sorti  de  I'urne  treize  noms  de  jures  qu'il 
n'ait  point  recuses.  Coux-ci  pvetcnt  alors  serment,  clia- 


lo  ETABLISSEMF.NT  DU  JURY 

ciiii  dans  les  tonnes  prescrites  par  sa  religion,  de  juger 
le  fait  d'apres  sa  conviction  ,  et  sans  partialite.  Ensuite 
Tavocat  fiscal  expliqueles  faits  an  juge(par  interprete, 
s'il  y  a  lieu),  et  precede  a  I'appel  de  tons  les  temoins , 
pour  rinstruetion  de  I'atfaire.  Le  juge  recoit  leurs  depo- 
sitions ( toujours  au  besoin  ,  a  I'aide  d'un  inlerprete), 
en  presence  du  jury.  Les  jures  ont  le  droit  d'examiner, 
et  I'accuse  de  contre-exaniiner  les  depositions,  en  ques- 
tionnant  les  temoins.  Quand  I'affaire  est  instruite  ,  I'ac- 
cuse parle  pour  sa  defense  et  fait  comparaitre  ses 
temoins ,  dont  les  depositions  sont  egalement  recues 
par  le  juge  ,  le  jury  exercant  a  leur  egard  le  droit 
d'examen,  et  I'avocat  fiscal  celui  de  contre-examen.  Ra- 
renient  et  presque  jamais ,  a  moins  de  circonstances 
extraordinaires ,  il  est  permis  a  I'avocat  fiscal  de  repli- 
quer  on  de  faire  entendre  de  nouveau  des  temoins.  La 
procedure  terminee  pour  I'instruction  et  pour  la  de- 
fense, le  juge  (toujours  au  besoin,  a  I'aide  d'un  inter- 
prete )  ,  recapitule  ,  d'apres  ses  notes,  pour  le  jury  ,  les 
resultats  des  depositions  ,  ajoutant  a  ce  resume  les  ob- 
servations qui  hii  paraissent  utiles.  Lejury,  apres  avoir 
delibere ,  soit  rlans  son  banc,  soit  s  il  veut  deliberer  a 
part,  dans  une  chanibreou  les  juges  n'ont  point  acces  , 
delivi-e  son  verdict,  que  le  chef  du  jury  prononce 
en  plein  tribunal.  Ce  verdict  est  forme  par  I'opinion  de 
la  majorite.  On  prend  les  precautions  les  plus  scrupu- 
leuses  pour  que  les  jures  ne  se  separent  point,  et  ne 
comniuniquent  avec  qui  que  ce  soit,  depuis  I'instant 
oil  ils  ont  prete  serment  jusqu'a  ce  que  leur  verdict 
ait  ete  prononce  et  enregistre  publiquement  par  le 
greffier. 

o 

«  Le  nombie  des  naturels  de  toiite  caste  aptes  a  etre 
jures  est  si  grand  ,  et  il  y  a  tant  d'incertitude  sur  les 


A  L'lLE  DE  CEYLAN.  ii 

noms  de  ceux  qui  coniposeront  un  jury,  qu'il  est  pres- 
que  impossible  que  qui  que  ce  soit ,  et  quel  que  soit 
son  credit,  parvienne  a  I'influencer  ou  a  le  corrompre. 
Le  nombre  des  jures  convoques  par  le  fiscal  ou  le  sche- 
rit",  a  chaque  session  ,  I'impartialite  du  lirage  au  sort , 
le  droit  de  recusation  exerce  par  I'accuse  et  le  fiscal , 
le  scrupule  que  met  le  tribunal  a  prevenir ,  apres  Je 
serment  prete,  toute  communication  des  jures  entre 
eux,  ou  avec  d'autres  personnes,  donnent  un  grand 
poids  a  leur  decision. 

"  Comme  les  naturels  sont  maintenant  juges  du  fait, 
les  juges  europeens  n'ayant  plus  d'autre  fonction  que 
celle  d'appliquer  la  loi,  il  suffit  d'un  seul  magistrat 
parmi  ces  derniers ,  tandis  qu'il  en  fallait  deux  ou  trois, 
lorsque  le  tribunal  cumulait  les  deux  attributions.  Les 
jures  indigenes ,  sachant  a  quoi  s'en  tenir  sur  le  degre 
de  confiance  du  aux  temoins,  decident  les  questions 
de  fait  bien  plus  promptement  que  ne  pourraient  le 
faire  les  Europeens.  Aussi ,  depuis  I'introduction  du  jury, 
un  jour  suffit  pour  le  jugement  dime  affaire  ,  et  la  ses- 
sion ne  se  prolonge  guere  au  dela  de  huit  ou  dix  joxu's 
au  plus,  tandis  qu'auparavant  un  proces  durait  quel- 
quefois  six  seraaines  ou  deux  mois,  et  une  session  , 
souvent  trois  mois.  Tons  les  naturels  appeles  aux  tri- 
bunaux  comme  jures  se  familiarisent  si  bien  ,  pendant 
la  duree  de  leurs  fonctions,  avec  les  formes  dela  pro- 
cedure et  les  regies  de  I'instruction  ,  que,  depuis  I'eta- 
blissement  du  jury,  le  gouvernement  a  pu  cboisir,  parmi 
les  indigenes  et  les  individus  de  demi- caste,  appeles 
comme  jures,  quelques-uns  des  magislrats  naturels  du 
pays,  les  plus  capables  et  les  plus  estimes.  Places  sous 
I'inspection  de  la  cour  supreme,  ils  rendent  la  justice 
a  leurs  compatrioles ,  en  matiere  de  deiits  peu  graves, 


la  ETABLISSEMENT  DU  JURY 

sans  frais  on  a  tres-peu  de  frais  pour  le  gonvernement. 
On  doit  a  I'introduction  des  jiirys  indigenes  le  triple 
avantage  d'avoir  aiigmente  I'utiiite  et  la  consideration 
des  cours  de  justice  ,  d'avoir  affranchi  les  accuses  et 
les  temoins  des  inconveniens  graves  qu'entrainait  pour 
eux  la  longue  duree  des  sessions  ,  et  d'avoir  mis  le  gou- 
vernemenl  a  portee  d'effeciuer  sur  I'administration  de 
la  justice,  une  econoinie  de  10,000  I.  st.  par  an,  comme 
le  prouve  inon  rapport ,  cite  page  8  du  recueil  imprime 
de  docuniens  cnvoyes  a  Londres.  Aucun  honime  d'une 
probite  ou  d'une  veracite  suspectes  n'etanl  inscrit  sur  la 
liste  des  jures ,  celte  inscription  est  le  temoignage  d'un 
caractere  a  I'abri  du  reproche.  On  I'invoque  pour  se 
defendre  en  cas  d'attaque  devant  un  tribunal ,  ou  pour 
appuyer  une  demande  d'eniploi  a  la  nomination  du 
gouvernement.  Les  roles  des  jures,  revises  a  cliaque 
session  par  la  cour  supreme ,  exercent  sur  le  peuple 
de  ce  pays  I'influence  la  plus  puissante,  ct  deviennent 
pour  tons  les  habitans  un  motif  qui  leur  fait  attacber  a 
la  veracite  beaucoup  plus  d'importance  qu'ils  n'etaient 
accoulumes  a  le  faire.  Le  droit  de  sieger  parmi  les  jures 
a  releve  )e  caractere  des  naturels  de  Ceylan  ,  et  leur  a 
fait  faire  desprogres  tres-remarquables,  sous  le  rapport 
des  idees  morales.  Tons  les  indigenes  inscrits  sur  les 
roles  des  jures  se  regardent  comme  ayantautant  de  part 
que  lesjuges  europeens  eux-memes  ,  au  gouvernement 
de  leur  patrie;  aussi,  depuis  I'etablissement  des  jurys 
indigenes,  prcnnent-ils  au  maintien  du  gouvernement 
britannique  un  iiiteret  qui  leur  elait  autrefois  etranger. 
On  peut  juger  du  cbangement  qui  s'est  opere  dans  leurs 
dispositions  par  la  difference  de  lem- conduite  pendant 
la  guerre  de  Kandy  en  i8o3  ,  et  pendant  celle  de  iSi6. 
Celle  de  i8()3  etaitanterieure  aletabiisscmentdu  jury  : 


A  L'lLE  DE  CEYLAN.  i3 

a  cetle  epoque,  les  habitans  indigenes  des  etablissemens 
britanniques  etaient  la  plupart  en  etat  de  revolte.  En 
i8i6,  cinq  ans  apres  Tetablissenient  du  jury,  loin  de 
montrer  le  plus  leger  symptome  de  mecontentement, 
ils  saisirent,  au  fort  de  la  guerre,  roccasion  de  mon 
retour  en  Angleterre,  pour  me  rendre  I'organe  de  leur 
reconnaissance  envers  le  gouvernement  britannique,  et 
remercler  Sa  Majeste  de  leur  avoir  accorde  I'importante 
prerogative  dujury.  C'est  ce  qu'atteste  I'adresse  inseree 
pages  1 6  —  5o  du  Recueil  que  j'ai  cite.  Le  rapport  de 
mon  successeur,  comma  chef  de  justice  de  lile,  en 
1820,  offre  de  nouvelles  et  de  tres-fortes  preuves  des 
effets  bienfaisans  de  I'introduction  du  jury  a  Ceylan. 
On  peut  le  consulter,  pages  289  et  290  du  10''  volume 
de  r Asiatic- Journal.  Cbaque  jure  indigene,  quelles  que 
soient  sa  caste  et  sa  religion  ,  quelque  partie  de  I'lle 
qu'il  habite  ,  parait  devant  la  cour  de  justice  ,  au  moins 
une  fois  en  deux  ans;  a  I'ouverture  de  chaque  session, 
le  juge  qui  la  preside  adresse  une  allocution  aux  jures 
en  exercice.  L'introduction  du  jury  est  done  non-seu- 
lement  un  moyen  de  leur  donner  part  a  I'administration 
de  la  justice,  mais  une  occasion  d'entendre  les  obser- 
vations que  les  juges  leur  coramuniquent  sur  cet  objet 
et  sur  I'etat  de  la  societe  et  des  nioeurs  particulieres  et 
publiques.  La  difference  de  la  conduite  des  proprietaires 
d'esclaves  a  Ceylan,  en  1806,  avant  Tintroduction  du 
jury,  et  en  1816,  cinq  ans  apres  cette  introduction, 
est  une  forte  preuve  du  changement  que  peuvent  operer 
dans  I'opinion  publique  des  juges  qui  mettent  a  profit 
Touverture  lies  sessions  pour  inculquer  dans  I'esprit 
des  indigenes  des  idees  utiles  aux  progres  des  diverses 
classes  de  la  societe.  Le  droit  de  conserver  leurs  es- 
claves  ayaiit  ete  garanti  aux  proprietaires  par  la  capitu- 


1/,  ETABLISSEMENT  DU  JURY 

lalion  qui  avait  transfere  aux  Anglais,  en  1793,  cette 
colonic  hollandaise,  le  gouvernement  britannique  ne  se 
croyait  pas  autorise  a  abolir  I'esclavage ,  quelque  desi- 
rable que  fut  cette  mesure.  Cependant  en  i8o6,avant 
I'introduction  du  jury,  je  fis  aux  proprietaires  d'esclaves 
la  proposition  d'adopter  d'eux-memes  quelque  plan 
pourune abolition  graduelle.  Cette  proposition  fut  alors 
rejetee  dune  voix  unanime.  Le  jury  pour  les  indigenes 
ayant  ete  institue  en  1811,  je  saisis  depuis  lors  toutes 
les  occasions  que  m'offraient  mes  allocutions  annuelles 
aux  jures  ,  la  plupart  grands  proprietaires  d'esclaves  , 
pour  leur  faire  connaitre  ce  qui  se  faisait  en  Angleterre 
relativenient  a  I'abolition  de  I'eselavage.  J'ajoutais  a 
ces  renseigneineiis  des  observations  sur  les  diffiicultes 
qu'ils  ne  pouvaient  nianquer  d'eprouver  souvent,  lors- 
qu'ils  avaient  a  remplir  leurs  devoirs  de  jures,  dans 
des  affaires  ou  des  esclaves  etaient  parties  interessees. 
Peu  a  pen  il  me  fut  facile  de  remarquer  en  eux  un 
changement  sensible  dans  leur  opinion  sur  i'esclavage  ; 
enfin ,  en  1816',  les  proprietaires  d'esclaves  de  toules 
castes  et  de  toute  religion  m'adresserent ,  pour  etre  pu- 
bliee  et  enregistree  a  la  cour  supreme ,  une  resolution 
unanime  ,  qui  declarait  libres  tous  les  enfans  d'esclaves 
nes  apres  le  12  aout  1816  ,  mesure  qui,  dans  peu  d'an- 
nees ,  doit  mettre  un  terme  a  I'esclavage  qui  a  pese 
sur  rile  de  Ceylan  ,  pendant  plus  de  trois  siecles.  >> 

Ces  resultats  de  la  sage  philantropie  et  du  zele  d'un 
magistrat  dont  les  lumieres  et  I'experience  avaient  su 
prevoir  les  heureux  eflets  dune  belle  innovation  ,  sont 
une  excellcnte  reponse  a  tous  ces  argumens  que  ne 
cessent  d'opposer  aux  ameliorations  la  prevention  et  la 
cupidite.  11  est  remarquable  que  les  indigenes  de  Cey- 
lan aient  ete  amenes  par  les  bienfaits  du  jury  a  delivrer 


A  L'lLE  DE  CEYLAN.  i5 

eux-memes  leur  pays  du  (leau  de  lesclavage ,  tandis 
que  les  Anglais  etles  Creoles  des  colonies  britanniques 
aiix  Indes  occidentales  opposent  a  tout  projet  favorable 
aux  malheureux  esclaves  une  resistance  opiniatre ,  et 
trouvent  des  apologistes  parmi  des  ecrivains  qui  se  pre- 
tendenteclaires.Lesresultats  obtenus  aCeylan  honorent 
le  gouvernement  anglais;  ils  font  regretter  que  les 
malheureux  habitans  de  I'lnde,  au  lieu  d'etre  places 
sous  sa  tutele  directe  ,  soient  encore  condanines  a  geniir 
sous  le  joug  d'une  compagnie  de  marchands,  qui,  tant 
quelle  exploitera  cette  belle  et  vaste  contree  ,  ne  lui 
donnera  surement  pas  le  jury,  et  y  laissera  I'esclave 
dans  les  fers  (i). 


ECONOMIE  POLITIQUE. 

Qui!t.Ql3ES    GENERALITES    SUR    LES    E  4UX   MINERALES. 

Dans  son  ouvrage  intitule :  Precis  historique  sur  les  eaux 
mincrales  les  plus  usitees  en  medecine ,  suivi  de  quelques  ren- 
setgnemens  sur  les  eaux  minerales  exotiques  (2)  ,  M.  le  docteur 
Alibert  a  reuni  toutes  les  notions  que  I'experience,  la  pra- 
tique journaliere  et  les  essais  chiniiques  les  plus  recens  nous  ont 
mis  a  meme  de  recueillir  sur  cet  important  sujet.  Son  livre  est 


(i)  Voy.  Rev.  Erie,  t.  XXIV,  p.  635  ,  et  t.  XXX,  p.  344  ,  les 
deux  articles  de  M.  de  Sismondi  sur  I'elat  acluel  de  radminis- 
tration  et  de  la  civilisation  dans  I'lnde  anglaise.  n.  d.  k. 

(2)  Paris,  1826;  Becliet  jeune,  libraire  de  I'Academie  royale  de 
medecine ,  place  de  I'Ecole  de  medecine,  n"  4-  '  ^'o'-  i"-8°  de 
636  pages  ;  prix  ,  5  fr.  —  Cet  ouvrage  forme,  en  outre,  la  plus 
grande  partie  du  tome  troisieme  des  Elemens  de  theropeiitiqiie  et  de 
matiere  medicale,  dn  ni^me  auteur,  dont  la  cinquierae  edition  vient 
de  paraitre  aussi  chezBechet.  3  vol.  iu-8°  ;  prix,  24  fr. 


,6  QUELQUES  GENERALITES 

iin  resume  bicn  pcnfO  ct  bicn  ecrit  de  cc  que  Ton  saitsurles 
eaux  mineiales ,  et  un  apercn  de  ce  qui  restc  a  fairc  pour  en 
completer  Thistoire,  pour  en  determiner  la  nature ,  pour  en 
cclaircr  I'omploi.  Fixer  ainsi  I'etat  d'une  science,  c'est  lui  ren- 
drc  un  important  service,  puisque  c'est  indiquer  a  ceux  qui 
sont  appcles  a  s'en  occuper,  ce  que  leurs  devanciers  ont  fait, 
et  ce  qu'ils  peuvent  ajouter  a  leurs  travaux  ,  puisque  c'est  leur 
montrer  de  quel  point  ils  doivent  partir  pour  augmenter  la 
masse  des  fails  qui  lui  appartiennent.  Riche  d'une  longue  expe- 
rience acquisc  dans  la  pratique  et  dans  I'enseignement,  en- 
toure  d'liommes  instruits  qui  sont  venus  a  I'envi  lui  porter  le 
tribut  de  leurs  connaissances  particulieres,  M.  Alibert  etait 
plus  que  tout  autre  capable  de  remplir  cette  tache  difficile,  et 
Ton  doit  dire  qu'il  s'en  est  acquitte  avec  la  superiorite  qui  ca- 
racterisc  ses  autres  ecrits.  Presenter,  sous  la  forme  A'apho- 
risrnes  ,\.ous,  les  grands  preceptes  sur  I'emploi  et  I'utilite  des 
eaux  minerales  ;  diviser  eu  cinq  classes  et  d'apres  leur  compo- 
sition toules  les  sources  le  plus  en  usage;  indiquer ,  pour  cha- 
cune  d'elles,  les  proprieteschimiques,  physiques,  mediciuales 
qui  la  distinguent,  et  le  mode  d'administration  qui  lui  est  pro- 
pre ;  joindre  a  ces  descriptions  des  details  sur  I'histoire  de  ces 
eaux  et  sur  le  pays  qui  les  entoure  ,  des  notes  precieuses  pour 
en  rendre  I'uogc  plus  commode  et  plus  efficacc;  grouper  on- 
fin,  dans  un  petit  nombrc  de  pages,  ce  que  Ton  sail  sur  les 
sources  minerales  eti'angeres,  meme  les  plus  eloignees,commc 
celles  de  la  Chine,  du  Japon  ,  de  I'lnde ,  des  deux  Ameri- 
ques,  etc.  :  telle  est  la  marche  suivie  par  I'auteur,  et  qui  lui  a 
permis  d'eviter  les  repetitions,  ct  de  dire bcaucoupen  pen  de 
mots. 

Avec  des  connaissances  aussi  etendues  que  celles  qui  distin- 
guent M.  le  professeur  Alibert,  il  lui  etait  impossible  de  ne  pas 
apercevoir,  dans  les  sources  minerales,  beaucoup  plus  que  cc 
qu'ony  a  vu  generalcmentjusqu'a  ce  jour;  de  ne  pas  y  recon- 
naitre,  outre  un  puissant  moycn  pour  combattre  les  maladies, 
un  element  de  lichesses  et  de  prosperite  pour  le  pays  ou  elles 
soni  situecs.  Quelqnes-inies  de  ses  reflexions  etplusieurs  de  ses 


SVK  LES  EAUX  MINERALES.  17 

conseils  prouvcnt  assez  combieu  cette  verite  lui  parait  feconde. 
Son  vingt-sixieme  aphorisme  la  consacre  tout  entiere;  le  void  : 
n  Les  eaux  mineiales  sent  des  propinetes  qui  restent  souvent 
steriles  entre  les  mains  de  possesseurs  inhabiles  et  inexperi- 
mentes;  ellespourraient  verser  dans  110s  deparlemens  des  pro- 
duits  considerables,  si  elies  etaient  convenablemeiit  exploitees. 
Ainsi,Ies  sources  de  la  santc  pourraient  devenir  celles  de  la 
richesse.  «  On  doit  regretter  que  la  nature  de  sestravauxhabi- 
tuels,  que  les  borncs  du  cadre  dans  lequel  11  etait  force  de  se 
renfermer  ne  lui  aient  pas  permis  de  se  livrer  a  des  develop- 
pemens  qui  auraient  offert  un  grand  interet.  Avec  une  inferio- 
rite  trop  reelle ,  mais  avec  la  conviction  in  time  de  I'importance 
de  cette  question  encore  nouvelle,  je  vais  essayer,  non  de  la 
resoudre  completement  ,  mais  d'indiquer  avec  rapidite  les 
objets  qui  s'y  rattachent,  et  de  montrer  quel  role  les  sources 
minerales  jouent  dans  I'economie  politique ,  quel  rang  elles 
occupent  parmi  lesrichesses  nationales. 

L'utilite  des  eaux  minerales,  comme  moyen  therapcutique  , 
est  aujourd'hui  hors  de  toute  espece  de  doute  ;  et,  si  quelques 
gens  riches  et  ennuyes  vont  y  chercber  seulement  du  mouve- 
ment  et  de  la  distraction  ,  on  ne  saurait  nier  qu'un  grand 
nombre  de  malades  y  trouvent  chaque  annee  nn  soulagement 
marque,  ou  une  complete  guerison.  Ainsi  consideres ,  les  eta- 
blissemens  thermaux  meriteraient  deja  les  encouragemens  et  la 
protection  speciale  de  Tadministration;  maisils  en  sontdignes 
encore  a  bien  d'autres  titres. Si,  comme  on  I'a  dit  souvent,  et 
comme  on  le  reconnait  chaque  jour,  la  centralisation  est  ,une 
faute  grave,  en  economic  aussi  bien  qu'en  politique;  si  les 
avantages  qui  en  resultent  pour  le  point  central ,  ou  la  ca- 
pitale  ,*  sonl,  et  bien  aii-dela  ,  contrcbalances  par  la  dcpen- 
dance,  I'asservissement  et  Totat  de  gene  ou  Ton  tient  les  de- 
parlemens, on  reconnaitt  a  sans  peine  que  les  sources  minerales 
sont  au  moins  une  richesse  que  Ton  ne  peut  leur  enlever,  et  au 
moyen  de  laquelle  une  assez  forte  partie  du  numeraire,  absorbe 
par  les  graudes  villes ,  retourne  chaque  annee,  pendant  la 
belle  saison ,  dans  des  campagnes  eloignccs,  en  echange  des 
T.  XXXI.  —  Juillel  1S26.  2 


,8  QUELQUES  G1?:n6RA.LITES 

produits  du  sol  et  de  rindustrie  locale.  Et  qu'on  n'aiilc  pas 
croire  que  cette  somme  ainsi  repartie  est  peu  considerable  , 
que  c'est  iin  de  ces  avantagos  miiiimes  qii'une  administration 
pent  neyliger  sans  encoiirir  de  rcproches ;  on  serait  dans  I'er- 
reur.  L'ari^ent  qui  chaque  annre  est  depense  dans  le   voisi- 
nage  des  sources  minerales,    ou  le  long  des   chemins  qui  y 
couduisent,  s'eleve  au   nioins,   en  ce  moment,  a  un  total  de 
quinze   millions.   En  cffct,   si  Ton   fait  un   rcleve  exact   des 
sources  minerales  qui  couvrent  le  territoire  francais ,  on  verra 
que  sur  deux  cent  quaranle  et  plus  qui  pourraient  etre  exploi- 
tees,  cent  cinquante-une  seulement  sont  en  etal  de  reccvoir 
des  malades,  et  que ,  dans  ce  nombre   encore ,   il    n'en  est 
guere  que  soixanle-dix-neuf  qui  soient  visitecs  par  des  bu- 
veurs  eloignes  ,  tandis  que  les  autres  sont  presque  exclusive- 
mentfrequentees  par  des  malades  des  environs.  Or,  si  Ton  s'en 
rapporte  aux  sommes  indiquees  par  les  medecins-inspecteurs 
des  eaux,  sommes  qui,  pour  le  dire  en  passant,  sont  toutes 
au-dessous  de  la  verite ,  on  trouvera  que  I'argent  depense  , 
pendant  une  saison,  a  sept  sources  qui  jonissent  de  la  vogue  a 
des  degres  tres-differens ,  forme  un  total  de  467,959  fr.  ;  ce 
qui  donne  une  moyenne  proportionuelle  de  66,85i  fr.  pour 
cliacune,  et  pour  les  soixante  -  dix  -neuf  sources  assez  bien 
exploitees   pour  y    attirer   les    malades    eloignes  ,    un    total 

de 5,281,229  '^''* 

Mais,  il  reste  soixante-douze  aufres  sources, 
frequcnttesaussi,quoique  parun  moins  grand 
nombre  d'individus,  et  donton  peut  ccpcn- 
dantevaluer  le  revenu  annuel  a  la  moyenne 
de  trenle  mille  fr.,  ce  qui  fait  encore 2,160,000  fr. 

En  tout  .  .  .  7,4415229  fr. 

Maintenant,  si  Ton  faitentrer  en  ligne  dc  compte  I'argent  de- 
pense par  les  gens  riches  en  superfluites,  eu  achats  de  fantai- 
sies,  ce  qui  est  nccessaire  pour  approcher  de  la  verite;  si  Ton 
comprend  aussi  I'argent  depense  le  long  des  routes,  pendant 
les  voyages ,   argent  qui  profile  aux  proprielaires  d'hotelle- 


SUR  LES  EAUX  MINER  ALES.  19 

rics,  aux  maitres  de  poste  ,  aux  entrepreneurs  de  diligences  , 
et  par  suite  ,  h  une  foule  d'ouvriors  et  de  journaliers  , 
ce  ne  sera  pas  trop  faire  que  de  doubler  ce  premier  total 
et  de  porter  a  quinze  millions  la  somme  qui,  tous  les  ans, 
reste  dans  nos  departemens,  a  la  suite  de  la  saison  des  eaux. 

II  suffit  d'avoir  visile  quelques  -  uns  de  nos  etablissemens 
therraaux  pour  etre  convaincu  de  I'hcureuse  influence  que  cet 
argent  exerce  dans  les  departem£ns.  II  y  favorise  I'agriculture 
en  general ,  et  surtout  le  jardinage,  parce  qua  lepoque  de  la 
saison  des  eaux,  le  cultivateur  sait  qu'il  pourra  facilement 
vendre  les  fruits  et  les  legumes  de  son  jnrdin;  il  alimente  et 
soutient  seul  plusieurs  fabriques,  plusieurs  manufactures  dont 
les  produits  soat  destines  aux  baigneurs  et  achetes  par  eux  ; 
seul  il  fait  vivre  un  grand  nombre  d'aubergistes,  de  marchands 
de  detail,  d'artisaus  utiles,  d'ouvri.ers  ,  de  journaliers,  de 
garcons  de  bains,  et  il  contribue  puissamment  a  repandre  le 
gout  dii  travail  avec  tous  les  avantages  qui  en  sont  la  suite  et 
la  consequence  n^cessaire.  Plus  d'une  fois ,  les  sources  mine- 
rales  ont  donne  naissance  a  des  constructions  d'un  inleret  ge- 
neral; des  routes  commodes  et  bien  entretenues,  des  prome- 
nades saines  et  agreables,  quelques  salles  de  spectacle ,  des 
hopitaux  militaires  ou  civils ,  des  lavoirs  n'ont  du  leur  creation 
qu'a  ['exploitation  bien  entendue  d'une  source  minerale. 

L'utilite  des  routes  est  bien  reconnue;  assez  de  voix  se  sont  ele- 
vees,  en  France,  pour  en  demander  denouvelles,  pour  en  signa- 
ler I'indispensablenecessite;  assez  souvent,  on  a  demontre  que 
les  moyens  de  communication  peuvent  seuls  faciliter  et  ame- 
ner  les  echanges,  sans  lesquels  il  n'y  a  ni  agriculture,  ni  com- 
merce, ni  industrie;  il  serait  superflu  de  revenir  sur  ces  ve- 
rites.  Les  sources  aiinerales  ont  done  rendu  un  grand  service 
puisqu'elles  sont  la  cause  premiere  de  I'etablissement  de  plu- 
sieurs routes,  creees  depuis  un  demi-siecle,  et  puisque  ces 
routes,  parmi  lesquelles  on  doit  citer  celles  d'Ax,  de  Bonnes  , 
de  Bagnoles  ,  de  Bagneres-de-Luchon,  etc.,  offrent  aujour- 
d'hui  des  debouches  d'un  avantage  reel. 

Dans  une  ville  populeuse ,  partout  ou  des  hommes  occupes 


20  QIIELQUES  GEN1?:RALIT6S 

sont  r^iinis  en  grand  nombre,  une  promenade  agreable,  oin- 
bragee,  dcvient  necessairf,  et  contribue  anlant  a  la  sante  qu'ati 
delassement  des  individus;  dans  plus  d'nne  source,  I'admini- 
stration  prtvoyante  a  fait  tracer  et  planter  des  promenades;  et, 
(jnoiquc  destinees  d'abord  aux  baigneurs,  ces  promenades  n'en 
sont  pas  moins  utiles  a  toute  la  population. 

On  sait  combien  de  gens  vivcnt  du  produit  des  representa- 
tions thealraics  ,  combien  ce  genre  d'amusement ,  si  digne  d'un 
peiiple  civilise,  pent,  en  exercant  une  influence  heureuse  sur 
I'esprit  et  sur  les  moeurs,  repandre  d'aisance  jusque  dans  les 
classes  les  moins  favorisees  de  la  societe.  Si,  comme  plusieurs 
cxemples  I'alicstenl,  les  reunions  demalades  autour  d'une  eau 
niinerale  fournissenl  les  moyeiis  de  soutenir  plus  d'une  entre- 
prise  iheatrale,  les  sources  ont  encore  rendu  un  service  im- 
portant. 

II  est  inutile  d'insisler  sur  les  avantages  des  hopitaux  situes 
pres  des  eaux  minerales,  de  ces  asiles  oii  les  guerriers  vont 
cliercher  la  giierison  des  niaux  causes  par  les  fatigues  ou  par 
les  accidens  de  la  guerre,  oil  les  pauvres  trouvent  les  secours 
que  riiouime  riche  parait  seul  pouvoir  se  procurer.  II  serait 
seulemont  a  desirer  cjue  ces  fondations  utiles  fussent  en  plus 
.grand  nombre,  et  que,  par  une  niesure  aussi  sage  que  juste, 
I'administration  put  les  entretcnir  au  moins  en  partie,  en  prt- 
levant  un  droit  modique  sur  I'exploitation  generale  des  eaux. 

Dans  plusieurs  pays ,  les  sources  chaudes  sont  employees 
avecsuccesa  des  usages  domestiques;  ou  a  mcme  tvouve  depuis 
pen  le  nioyen  de  les  faire  servir  au  blanchimentet  au  degrais- 
sage  des  laines  ;  et,  parlout  oil  de  telles  eaux  existent  et  ou  elles 
ne  sont  pas  exclusivement  reservees  au  traitement  des  mala- 
dies, il  serait  avantageux  que  des  lavoirs  convenables  et  solide- 
ment  construits  en  rendissent, comme  ^  Chaudes-Aigues,  I'usage 
commode  pour  tons,  et  pussent  ainsi  contribuer  a  etendre  et  a 
populariser  cette  uouvelle  branclie  d'economie  domcslique. 

A  ces  considerations  rapidement  exposees,  mais  dont  il  est 
facile  de  sentir  toute  I'importance,  on  pent  encore  en  joindre 
d'auties  d'une  application  moins  directe  sans  doute,  mais  qui 
n'en  sont  pas  moins  dignes  d'un  intcrct  parliculicr.   Les  per- 


SUR  LES  EAUX  MINlSlRALES.  ai 

sounes  qui  freqiicutent  les  eaiix  minerales  apparliennent  pres- 
que  toutes  a  la  classe  aisee,  et  possedent  poiir  la  pliipart  I'in- 
struction  et  les  Immeres  que  la  fortune  permet  d'acquerir. 
Leur  sejour  prolonge  au  milieu  d'une  population  souvent  peu 
cclairee  doit  naturellement  y  faire  naitrele  desir  d'apprendre, 
le  besoin  de  s'insfruire.  Plus  d'un  artiste  distingue ,  plus  d'un 
homme  remarquable  a  du  la  revelation  de  ce  dont  il  etait  ca- 
pable a  la  rencontre  fortuite  d'un  etranger,  et  les  exemples 
ne  manqueraient  pas  pour  prouver  que  plus  d'une  fois  ce  sont 
des  baigneurs  qui  ontarrache  a  la  solitude  des  campagnes,  et 
aux  plus  humbles  emplois,  des  hommes  faits  pourbriller  par 
les  plus  hautes  conceptions  de  I'intelligence.  De  tels  faits  sont 
rares  sans  doute;  il  suffit  pourtanl  qu'ils  se  soient  presentes 
quelquefois,  pour  les  mentionner  ici.  Mais,  ce  qui  est  general, 
ce  qui  se  rencontre  partout  aux  sources  et  dans  les  lieux  qui 
les  entourent,  c'est  iiu  ton  d'urbanite  plus  liabituel ,  une  poli- 
tesse  plus  affectueuse,  un  langage  plus  epure,  des  manieres 
moins  agrestes  que  dans  les  lieux  qui  ne  sont  point,  chaque 
annee,  frequentes  par  unepopulationetrangerect  qui,  isoles  en 
quelque  sorte  du  reste  du  monde,  se  trouvent  prives  des  avan- 
tages  de  I'exemple  et  de  I'emulation. 

Voila  certainement  bien  des  motifs  pour  que  le  gouverne- 
ment,  les  administrations  locales  et  tous  ceux  qui,  par  leurs 
lumieres,  leur  rang  ou  leur  fortune,  peuvent  exercer  une  in- 
fluence utile,  entretiennent,  embellissent,  augmentent encore 
les  etablissemeus  thermaux.  De  toutes  les  sources  minerales 
qui  existent  en  France  et  dont  beaucoup  sont  encore  incon- 
nues,  im  releve,  fait  avec  exactitude  d'apres  les  raeilleurs  ou- 
vrages  publics  sur  ce  sujet,  prouve  que  vi/i^t-deux  scu\ement 
sont exploitees avec  un  succescomplet ;  que  quarante  cinq  sont 
frequentees encore  par  un  grand  nombre  de  rnalades  ;  mnis  que 
plusieurs  manquent  de  batimens  thermaux,  etque  dans  lai)lu- 
part  les  etrangers  ont  de  la  peine  a  se  procurer  des  vivres  et 
nn  logement;  que  douze  ,  qui  jadis  etaient  en  grande  vogue  , 
sont  aujonrd'hui  presque  entierementabandonnees,  sans  qu'on 
puisse  attribuer  ce  changement  a  autre  chose  qu'a  Icnr  niau- 


aa  QUELQUES  G^NERALITES 

vaise  atlmiiiistration  et  a  rincurie  des  pioprietaires  (i);  que 
soixante  -  douze  sont  presqiie  exclusivemcnt  visitees  par  les 
nialades  du  voisinage,  parce  que  rien  n'y  est  dispose  pour 
recevoir  des  etrangers;  enfin,  (\uc  quatre-vingt-neuf  iiont  ^n- 
tierement  negligees  et  menlionnees  seulement  par  les  auteurs 
comme  pouvant  etre  utiles.  D'apres  cet  apercu,  on  voit  com- 
bien  il  reste  a  faire  pour  porter  ce  genre  d'industrie  au  point 
de  perfection  auquel  il  doit  arriver  un  jour,  et  quels  avan- 
tages  resulteront  pour  la  France  de  I'exploitation  bicn  enten- 
due  de  deux  cents  sources  minerales  :  c'est  surtout  dans  les 
provinces  sans  debouches,  ou  les  habitans  n'ont  presque  au- 
cun  moyeu  de  vendre  les  produils  de  leur  sol,  ou  rindustrie 
n'a  point  penetre ,  qu'il  faut  chercher  si  quelque  source  mine- 
rale  ne  pourrait  pas  devenir  a  la  fois  un  moyen  de  !^;uerison 
pour  les  malades  et  une  source  de  richesses  pour  le  pays. 
Cette  veriteaetebien  sentie  par  M.  Alibert,  et  il  I'a  misedans 
tout  son  jour,  (  page  44o  de  son  ouvrage  deja  cite  ):  «  Dans  ce 
moment,  dit-il ,  on  afflue  dans  le  departement  de  I'Aveyron 
pour  proceder  a  la  recherche  des  mines;  il  faudrait  aller  dans 
celui  de  la  Lozere,  pour  y  faire  prosperer  les  eaax  de  Ba- 
gnoles,  qui  sont  une  richesse  inactive ,  dans  un  pays  sauvage 
qu'on  croirait  livreaux  vautours  et  aux  betes  fauves,  et  qui  , 
sous  le  point  de  vue  industriel,  peuvent  certainement  rivaliser 
avec  celles  des  Pyrenees.  »  Oui ,  sans  doute,  une  source  nii- 
nerale  convenablement  exploitee  est,  pour  le  pays  qui  la  pos- 
sede,  une  richesse  plus  grande,  plus  generale,  mieux  repartie, 
que  la  mine  la  plus  productive;  et,  ce  que  ne  saurait  faire 
une  mine,  la  source  I'opere  constamment;  elle  contribue  a  re- 

(i)  Quand  le  proprietnire  d'une  eau  minerale  est  dans  une  situa- 
tion a  pouvoir  operer  le  bien,  il  doit  vivre  en  quelque  sorte  de  celui 
qu'il  fait  a  ses  semblables  ;  il  n'est  pas  permis  de  negliger  ses  inte- 
rdts  materiels,  quand  ils  touchent  de  si  pres  au  bonheur  des  autres. 
C'est  corame  si  un  homme  refusait  d'ensemencer  son  champ,  sous 
le  vaia  pretexte  qu'il  est  assez  riche  pour  subsisler  par  d'autres 
moyens.  (  Alibert  ,  Precis  stir  les  eaux  minerales ,  p.  loi. ) 


SUR  LES  EAUX  MINERALES.  ^3 

pandre  les  lumieres ,  a  faire  marcher  la  civilisation.  Les 
Romains  semblent  avoir  mieux  senti  ces  verites  que  les  aiitres 
peuples.  Leurs  nombreux  etablissemens  thermaux ,  dont  les 
ruines  se  retrouvent  encore  aujourd'hui  sur  tant  de  points  de 
la  France,  sont  la  pour  I'attester.  L'economie  politique, comnie 
science,  n'existait  certainement  pas  pour  eux  ;  niais  quelques- 
uns  des  grands  principes  qu'elle  proclame  ne  leur  etaient  pas 
entierement  inconnus,  et  il  me  sera  peut-etre  facile  de  prou- 
ver  ailleurs  que,  pour  ce  peuple-roi,  chez  lequel  toutes  les 
lumieres  du  globe  semblaient  s'etre  refngiees,  et  qui  domina 
long-tems  le  monde  par  I'ascendant  de  la  civilisation ,  bien  plus 
que  par  la  force  des  armes,  une  source  minerale  etait  plus 
qu'un  simple  etablissement  sanitaire;  c'etait  une  ressource  po- 
litique; c'f'tait  un  moyen  assure  de  porter  dans  un  pays  les 
lois,  les  moeurs,  les  usages  des  peuples  polices,  de  les  colo- 
niser an  milieu  des  barbares  et  dans  les  lieux  meme  qui  les 
avaient  repousses  jusqu'alors.  En  effet,quand  I'ltalie  renfer- 
mait  tant  d'eauxmineralessalutaires,  les  Romains  ne  seraient 
probablement  pas  venus  en  chercher,  en  embellir,  en  creer, 
pour  ainsi  dire,  dans  les  forets  des  Gaules  et  de  la  Germanic, 
s'ils  n'avaient  pas  su  d'avance  qu'autour  d'un  de  ces  thermes 
construits  a  de  si  grands  frais ,  il  devait  bientot  s'elever  un 
bourg;  puis,  une  ville  dont  les  habitans  s'eclaireraieut,  se  ci- 
viliseraient  en  peu  d'annees,  par  la  frequentation  continuelle 
des  riches citoyens  de  Rome  que  Tespoir  de  recouvrer  lasante, 
ou  I'amour  du  changement  conduirait  au  milieu  d'eux.  la  ville 
de  Luxeuil,  dans  la  Haute-Saonc,  celle  de  Boiirbonne- les-Bains, 
dans  la  Haute-Marne,  celle  de  Bagneres  -  Bigone ,  dans  les 
Hautes-Pyrenees,  celle  de  Neri.s  dans  I'Allier,  n'ont  peut-etre 
pas  une  autre  origine ,  et  I'histoire  pent  dire  combien  ces  pre- 
mieres fondations  ont  influe  sur  la  prosperity  de  plusieurs 
autres  parties  de  la  France. 

Ce  que  les  Romains  ont  fait  avec  tant  de  bonheur  ,  ce  qui  a 
produit  de  si  precieux  resultats  dans  les  provinces  soumises  a 
leur  empire,  nous  serious  bien  coupables  dene  j)as  I'imiler, 
dans  I'interet  de  nos  departemens  les  moins  favorises;  aujour- 


24  QUELQUES  GENERALlTfiS 

d'hui  que ,  vicillis  par  une  longue  experience ,  nous  connais- 
sons  le  prix  des  lumieres  et  Ics  avantages  de  I'industrie,  une 
pareille  tAche  presente  sans  doute  bicn  dcs  difficuUcs,  mais 
elle  est  loin  d'etre  impossible.  Dcja  mcme,  depuis  quelques 
annees,  de  nombreuses  ameliorations  ont  ete  apportee^  dans 
le  regime  et  rexploitationdes  eaux  mineralcs.  Quelques  hom- 
ines, aussi  cminens  par  leurs  lumieres  que  par  leur  zcle  pour 
le  bien  public  ,  se  livrent  avec  ardeur  a  des  recherches,  i  des 
cssais  qui  ne  peuvent  manquer  d'amencrles  plus  heureux  rc- 
sultats.  Que  rien  ne  ralentisse  leurs  genercuses  investigations; 
que  le  gouvernemcnt,  eclaire  sur  ses  vrais  interets  qui  sont 
inseparables  de  Finteret  de  tous,  seconde  leurs  efforts;  et 
bientot  on  verra  les  sources  minerales  de  la  France  atteindre 
le  double  but  qui  leur  est  assigne  par  la  nature  et  par  les  lois 
sociales.  II  reste  beaucoup  a  faire  ,  puisque  Ton  comptc  a 
peine  en  France  vingt  sources  qui  soient  exploitees  avec 
succes,  et  qu'il  n'en  est  pas  une  encore  ou  I'on  ne  puisse 
operer  d'uliles  cLangemens;  mais  qu'on  se  persuade  bien  que 
les  sources  minerales  sonl  de  veritables  richessesnationales ; 
qu'on  perde  I'habitude  de  les  considerer  exclusivement  comme 
une  des  ressources  del'art  de  guerir;  et  bientot,  on  verra  une 
noble  emulation  s'etablir  de  ville  ;\  ville,  de  departemcnt  a 
departement ,  et  cette  emulation,  en  fournanta  I'avantagc  des 
malades,  tournera  immanquablement  a  I'avantage  des  habi- 
taus.  II  faut  que  les  chimistcs  continuent  a  rechercher,  a  de- 
terminer la  nature  des  eaux,  la  proportion  de  leurs  principes 
niineralisateurs ;  que  les  medecins  les  appliquent  avec  pru- 
dence, avec  discernement  au  traitement  des  maladies  ;  qu'ils 
vecueillent  avec  un  soin  scrupuleux  tous  les  fails  qui  peuvcul 
contribuer  a  en  faire  connaitre  les  proprietes  medicinales;  il 
faiit  enfin  que,  partout  ou  une  source  aura  etc  trouvee  digne 
d'etre  exploitee,  les  administrations,  soitaprcs  avoir  acquis  le 
terrain,  soil  en  secondant  et  en  eclairant  le  proprietaire ,  se 
hatent  de  la  faire  entourer  de  constructions  utiles  et  commo- 
des, d'en  rendre  I'abord  facile,  d'y  lassembler  tons  les  objets 
d'utilite  et  d'agrement  que  les  malades  peuvent  desircr.  De  sem- 


SUR  LES  EAUX  MINl&RALES.  aS 

blables  tentatives  pourront  quelquefois  etre  infructueuses; 
mais ,  le  plus  souvent,  dies  seront  couronnees  du  plus  heu- 
reux  succes,  et  la  certitude  d'avoir  rendu  a  leiir  pays  un  ser- 
vice important,  sera  la  plus  douce  recompense  de  ceux  quiles 
aurontaccomplies  avec  perseverance.    G.  T.  Doin,  D.  M.  P. 

N.  B.  Le  point  de  vue  6conotnique  et  d'utilite  generale,  sous 
lequel  on  envisage  ici  les  eaux  minerales  et  leur  importance 
pour  les  localiles  qui  les  possedent,  nous  parait  devoir  disposer 
ceux  de  nos  iecteurs  que  celte  question  pourra  specialement 
interesser,  a  consuller  tous  les  articles  de  la  Revue  Encyclo- 
pedique  dans  lesquels  on  a  fait  mention  de  bains  et  d'etahlisse- 
me.ns  ihermaux.  Pour  leur  eviter  des  recherches  longues  et  pe- 
nibles,  nous  indiquerons  ici  sommairement  ces  articles  et  les 
numeros  des  volumes  et  des  pages  oil  ils  se  trouvent.  —  i.  Bai- 
gnoires ambulantes  de  M.  Valette  et  bains  a  domicile,  t.  in  , 
p.  378 ,  692.  —  2.  Bains  a  vapeur  etablis  a  Madrid  ,  par  M.  Ei- 
mery  ,  medecin  francais,  t.  v,  p.  201.  —  3.  Bains  a  vapeur  eta- 
blis sup  le  terrain  de  la  Solfatara,  pres  Naples,  par  ledocteur 
Assalini,  t.  v.  p.  386. —  4-  Essais  sur  les  eaux  minerales  de 
Pozzuoli;  pac  Fr.  Lancellotti,  professeur  de  chimie  a  Na- 
ples. Naples  5  1819.  t.  VI,  p.  i65.  —  5.  Etablissement  pour 
prendre  des  bains  de  mer,  forme  aupres  de  Marseille  par 
M.  Vailhen,  t.  vii,  p.  623. —  6.  Recherches  medicales  sur  les 
bains  a  vapeur,  par  le  docteur  Paul  Assalini.  Naples,  1820, 
t.  VIII ,  p.  125.  —  7.  Notice  sur  I'eau  minerale  de  Linthal,  can- 
ton de  Glaris ,  en  Suisse;  par  le  docteur  Hegetschwf.iler. 
t.  viii ,  p.  629. —  8.  Etablissement  de  bains  de  iner  chands 
et  froidsetde  douches,  forme  a  Boulogne-sur-Mer  par  M.  Quet- 
tier,  t.  IX  ,  p.  200  et  t.  xxiv ,  p,  628.  —  9.  Bains  de  mer  a 
Dieppe,  f.  x.  p.  652  ;  t.  xix  ,  p.  490. —  10.  Bains  d'eau  snlfn- 
reuse  d'Enghien,  valiee  de  Montmorency,  pres  Paris,  t.  x, 
p.  653.  —  II.  Eaux  minerales  deCambo,  pres  Bayonne  (  Bas- 
ses-Pyrenees ).  f.  XIII,  p.  236.  —  12.  Notice  de  M.  Edouard 
Laffon  de  Ladebat,  sur  les  etahlissemens  thennaux  du  de- 
partement  des  Hautes-Pyrences ,  shues  z  Cauterets ,  Bareges, 
Saint-Sauveur ,  Bagneres-sur-Adour ;  t.  xxiii,  p.  268-289. — 
1 3.  Memoire  sur  les  eaux  minerales  de  Fuen-Sanla ,  dans  la 
province  de  la  Manche ,  en  Espagne ,  par  don  Jos.  Torres. 
Madrid,  1822,  t.  xv,  p.  564. —  14.  Des  bains  propres  a  la 
sante  ,  par  P.  Pacanini.  Turin,  1822,  t.  xvi .  p.  34o. —  i5. 
Les  bains  de  Kiel ,  decrits  et  compares  avec  d'autres  bains 
de  mer  de  la  Baltique  et  de  la  mer  du  Nord,  par  Praff.  Kiel, 
1822.   t.  XVII ,  p.  116.  —  16.  Eaux  minerales  de  Montlignon  , 


26     GENERALIT^S  SDR  LES  EAUX  MIIVERALES. 

(  vallec  de  Montmorency );  Ibid.  p.  421.  —  17.  Hydrologie  mt- 
nerale  ,  ou  histoire  de  toutes  les  sources  d.'eaux  minerales  con- 
iiues  jusqu'ici  dans  les  ctctts  du  roi  de  Sardaigne ,  par  don  Bern. 
Bertini.  Turin,  1821.  Jhid,  p.GgS. — 18.  Edux  thertnalesd' Aix, 
(  Bouches-du-Rhone, )  observees  par  M.  Gimbernat,  natu- 
ralisle,  et  par  M.  le  docteur  Despine,  dirccteur  des  bains, 
t.  XVIII,  p.  456.  —  19.  Eaux  minerales  de  Sainte  Madelaine  de 
flourens  (Haute-Garonne) ,  t.  six,  p.  489.  —  20.  Fontaine 
minerale  d'eau  salee  a  S;in'enai  (  Cotc-d'Or  ) ,  t.  xx,  p.  23i.  — 
21.  Bains  de  tner  de  I'ilc  de  Nordernej  {  Hnnovre  ) ,  par  le 
docteur  DE  Halem.  Hanovre,  1H22.  t.  xs,  ]>.  gS.  —  22.  Carle 
des  eaux  minerales  de  la  France  ,  par  M.  Breon,  D.  M.  ,  con- 
foime  a  la  division  adoptee  par  la  commission  des  eaux  mine- 
rrdes.  Paris,  1823  ,  t.  xxi,  p.  399-401.  —  23.  Nouvelle  source 
d'eau  minerale  froide,  recemment  decouverte,  a  Chamouni 
(Savoie),  analysee  par  M.  Gimbernat,  t.  xxiii,  p.  241-242. 

—  2/|.  Eaux  minerales  de  Dlnan  (  Cotes  du  Nord  ),  par  M.  Bi- 
CEON,  D.  M.  Dinan,  1824.  Ibid.  p.  423. — 25.  Eaux  minerales 
aux  environs  de  Moscou  ,  ibid.  p.  746.  —  26.  Etablissement  de 
bains  a  Bex  ,  canton  de  Vaud  ( Suisse  ) ;  sources  sulfureuses 
analyseespar  M.  Mercanton.  Ibid.  p.  754. — 27.  Bains  gazeux 
«le  Baden,  canton  d'Argovie  (  Suisse  ),  ameliores  par  M.  G«V«- 
Oernat,  \.  yi%iv,  Y).  5i6.  —  28.  Etablissement  balneo-medical 
du  docteur  Paganini,  a  0/(»g^^/o  (  Piemont ).  Ibid.  p.  5 18. — 
29.  Reclierches  sur  les  eaux publiques  de  Paris ,  j)ar  M.  GiraUd, 
t.  XXVI ,  p.  47-55.  —  3o.  Bains  de  mer  de  Boulogne  ,  etablisse- 
ment forme  par  M.  Versial,  ibid.  p.  i83.  —  3i.  Bains  d'Aix  en 
SnyQie,  ibid.  p.  290. — 32.  Notice  sur  les  memes  bains,  avec  un 
plan  lithographie  ,  par  M.  Francoeur.  Ibid.  p.  3i3-332. — 33. 
Eaux  minerales  de  Bagnoles  ( Orne  ) ,  Ibid.  p.  599.  —  34-  Bains 
de  mer  a  la  Teste  (  Gironde  ) ,  I.  xxvii ,  p.  594.  —  35.  Fonda  • 
tion  d'un  hospice  thermal  au  Mont-d'Or  (  Puy-de-D6me  ) , 
Ibid.  p.  922. — 36.  Manuel  d'analyse  chimique  des  eaux  mine- 
rales medicinales ,  etc.,  par  MM.  Henry,  pere  et  fils.  Paris, 
1825  ,  t.  xxviii ,  ]i.  201.  —  37.  Sur  les  eaux  minerales  acidules 
de  Fals,  par  M.  Tailhaud,  D.  M.  Valence,  iSaS.  t.  xxviii, 
]).  521.  — 38.  Etablissemens  thermaux  de  Bade  et  d'Yverdun, 
en  Suisse,  visites  el  ameliores  par  M.  Gimbernat.  Ibid ,  p.  622. 

—  39.  Meme  sujet ,  I.  xxix,  p.  3i8.  —  40.  Eaux  minerales  du 
Caucase,  observees  par  le  docteur  Conrad;  t.  xxx,  p.  127.  — 
4i.  Ifydrologie  minerale,  par  Bertini.  Ibid.  140.  —  4*-  Hygie 
des  bains ,  par  Franceschi.  Ibid.  141.  —  43.  Recherches  sur  les 
bains  a  vapcur  ct  les  fumigations.  Ibid.  ibid.  [Fay.  ci-dessus, 
n"  6. )  —  44.  Nouvelles  eaux  minerales  decouvertes  en  Russie. 
Ibid.  p.  238.  M.  a.  J. 


TABLEAU  STATISTIQUE 

DU    COMMERCE  DE  LA  FRANCE,  EN  1824; 

Lu   a  rAcademie  royale   des   sciences    de    I'lnstitDt ,    daus   sa  Seance 
du  3  avril  i  826. 

Les  termes  numeriques  qui  exprinracnt  le  commerce  des  peu- 
ples modernes  sont  comme  les  hieroglyphes  del'antique  Egypte , 
ou  les  lecons  de  I'histoire,  les  prcceptes  de  la  sagesse  et  les 
secrets  de  I'avenir  efaient  caches  sous  des  caracteres  mysle- 
rieux.  Onjpeut  y  decoiivrir  raccroissement  de  la  puissance  des 
empires,  les  progres  des  arts  et  de  la  civilisation  et  la  marcho 
ascendante  ou  retrograde  des  societes  europeennes. 

En  restreignant  a  la  France  les  donnees  que  nous  allons  pie- 
senter  sur  ce  vaste  sujet,  nous  y  joindrons  cependant  celles  qui 
permetlrontde  comparer  lepresentaii  passe,  et  notre  commerce 
a  celui  des  grandes  puissances  maritimes  et  continentales  des 
deux  hemispheres.  Nous  montrerons  d'abord ,  d'apres  les  do- 
cumens  officiels,  quelles  ont  ete,  pendant  1824,  les  quantiteset 
la  valeur  des  importations  et  des  exportations ;  nous  etablirons 
ensuite,  sur  une  periode  de  plusieurs  annees,  des  termes  moyens 
propres  a  fixer  les  idees  sur  I'etat  de  cette  branche  principale 
de  la  richesse  publique. 

Expoitation.  En  i823.  En  1824.  Difference. 

Produits  natarels.   .    .   .   163,493,000 — i63,o56,ooo —        446,000  f. 
uianufactnres..   227,262,000  —  277,486,000 —  60,224,000 


Totanx.  .  .   390,754,000  —  440,542,000  — ■  49,778,000  f. 

Ainsi ,  la  valeur  de  I'exportation  des  produits  du  sol  de  la 
France  ne  s'estelevee  en  1824,  qu'au  meme  degre  que  I'annee 
precedenle,  et  meme  elle  a  ete  moindre  d'uu  826^;  conse- 
quemment,  I'agriculture  n'a  pas  trouve  de  debouches  plus  Jar- 
ges  ou  plus  nombreux  pour  ses  productions;  mais  il  en  a  efe 
tout  autrement  de  I'industrie.  Les  produits  de  nos  manufac- 
tures ont  obtenu  une  vente  plus  considerable  de  5o  millions, 
ct  plus  grande  d'uu  cinquieine  que  I'annee  precedente.  C'est 


28  TABLE A.U  STATISTIQUE 

cet  accioissement  qui  constitue  Ics  progres  de  notre  commerce 
d'exportation ,  dotit  la  prospcrite  est  due  au  perfectionnement 
rapide  de  notre  industrie  et  a  I'extcnsion  de  nos  etablissemens 
manufacturiers. 

L'exportation  a  ete  effecluee  : 

En  i8a3.  liniSj/).  DiffCTeiice. 

Par  3,488  nav.  franc.  —  Par  3,()55  nav.  franc.   .   .   467  navires. 
6,1  ry  nav.  ctraug.—         6,333  nav.  etraug.   .    221 


Tot.  .  .  (),Go5  10,393  688 

Le  tonnage  de  l'exportation  a  ete  : 

Ell  182?.  En  1824.  Diff.'renco. 

Nav.  francais  2/\0,o/i&  tonn.  ^ —  Nav.  francais   320,698  tonn.  —    85,65o 
etrang.    396,810  —  ctrang.     4i5,24i  —     i8,93i 


Totaux.  .  .  636,358  —  740,939  —  io4,53i 

La  valeur  de  l'exportation  a  ete  distribute  ainsi  qu'il  .suit  : 

En  1823.  En  1824. 

Exportat.  uiarit.    229,902,200  fr.  —  Exportat.   marit.   271,019,000   fi-. 
par  terre   i6o,852,ooo   fr.  —  par  terre   i69,5a3,ooo  fr. 


Totaux.  .    .   390,754,200  fr.   —  440,542,000  fr. 

L'exportation  maritime  a  ete  : 

En  1823.  En  1824. 

Par  nav.  franc,  de     87,704,000  fr.  —  Par  nav.  franc,  de   i36, 932,000  fi'. 
etrang.      142,(98,000  fr. —  etrang.      134,087,000  fr. 


Totaiix.  .  .    .     239,902,000  fr.  ■ —  27  1,019,000  fr. 

Accroissementde  la  valeur  de  Texportation  franc,  par  mer.  49,228,000  fr. 
Diininatlon  de  la  valeur  de  l'exportation  eirang.  par  mer.      8,11 1,000 

Accrolssemeut  ab.solu  de  la  valeur  de  I'export.  maritime.  4'i''7)OOo 

de  I'expovtatioii  par  terre 8,671,000 

total  de  l'exj)ortation.    .   .   • 49,788,000 


DU  COMMERCE  DE  LA  FRANCE,  EN   1824.       29 

Void  les  resultats  de  ces  termes  numeriqnes  : 
1"  La  navigation  a  gagnc  d'une  annee  a  I'autre,  par  I'ac- 
ci'oisscment  de  ['exportation  de  nos  produits  agricoles  et  in- 
dustrials, une  augmentation  de  presde  700  batimens  ,  jaugeant 
ensemble  104,000  tonneaux.  La  navigation  nationale  forme  les 
cinq  sixiemes  de  I'accroissement  du  nombre  des  navires  et  de 
I'augmentation  du  tonnage; 

2°  L'urgence  de  cette  amelioration  etait  tres-grande,  puis- 
f|u'en  1823  !e  nombre  des  navires  francais  qui  concoururent  a 
I'exportation  ne  s'elevait  gueres  qu'a  moitie  de  celui  des  na- 
vires etraugers ;  en  1824,  il  en  a  presque  egale  les  deux  tiers; 
3°  La  flotte  de  10,000  navires  ,  sortis  de  nos  ports,  charges 
des  productions  indigenes  de  la  France,  etait  formce  en  1824, 
de  pres  de  4)Ooo  navires  francais,  cliacun  du  port  moyen  de 
82  tonneaux,  et  de  plus  do  6,000  navires  etrangers,  jaugeant 
ensemble  chacun  68  tonneaux  par  un  terme  moyen  ;  ce  qui , 
comparativement  a  ces  derniers,  elevc  d'un  sixieme  le  tonnage 
de  nos  batimens  du  commerce  au-deSsus  du  terme  moyen  que 
presenle  le  leur ; 

4°  La  masse  des  produits  agricoles  et  indnstriels  exportcs 
par  mer  et  vcndus  a  I'etranger  dans  le  cours  de  cette  seide 
annee,  etait  du  poids  de  pres  de  i5oo  millions  de  livres,  et 
du  volume  de  3o  millions  et  derai  de  pieds  cubes; 

5°  Si  le  poids  et  le  volume  des  produits  exportcs  par  terre 
correspondent,  dans  la  meme  proportion  de  la  valeur,  a  ceux 
exportcs  par  mer,  on  jieut  porter  approximativement  la  masse 
totale  des  marchandlses  sortant  du  royaume  chaque  annee  a 
2  milliards  et  demi  de  livres  pesant,  et  a  plus  de  5i  millions 
de  pieds  cubes ; 

6°  Les  tonneaux  d'encombrement  ayant  a  peu  pres  un  vo- 
lume d'un  metre  cube  et  demi,  si  tons  ceux  formant  I'expor- 
tation annuelle  de  la  France,  etaient  ranges  sur  une  seule  ligne, 
ils  occuperaient  une  etendue  de  i83o  kilometres,  et  il  fau- 
drait  67  journees  de  marche  de  7  lieues  chaque  pour  en  par- 
courir  toute  la  longueur,  cc  qui  ferait  un  voy.ige  de  469  lieues, 
comme  celui  de  Paris  a  Petcrsbourg ; 


3o  TABLEAU  STATISTIQIJE 

7"  La  valour  de  I'e.xpoitation  maritime  faite  i)ar  les  navires 
francais  a  excede  de  3  millions  celle  dc  I'exportation  faite  par 
Ics  navires  etrarigers  ,  quoiqiie  ccux-ci  fussent  plus  nombreux 
dans  la  proportion  de  11  a  i3;  les  cargaisotis  de  nos  tt,ooo 
navires  valant  plus  de  i36  millions,  c'est  pour  chaque  3Zi,ooo  f. 
par  unterme  nioyen;  tandis  que  celles  des  6,3oo  navires  etran- 
gers  valant  seulement  i3/l  millions,  la  valeur  de  chacune  n'est 
guere  que  de  21,000  fr. ,  d'ou  il  suit  que  les  cargaisons  de  nos 
balimens  du  commerce  sont  plus  riches  d'un  tiers,  et  qu'il  est 
fait  une  exportation  plus  considerable  par  nos  navires  que  par 
ceux  des  etiangcrs,  qui  cependantenemploicnt  ?.,383  au-deli\ 
du  nombre  de  nos  armcmens; 

8°  L'accroissemcnt  de  I'exportation  effectuee  par  nos  na- 
viress'est  elevee,  en  i824>  a  49  millions;  mais  celle  des  naviies 
etrangers  ayant  eprouve  une  diminution  de  8  millions,  I'ac- 
croissement  absolu  de  I'exportation  maritime  est  de  41  mil- 
lions; plus,  I'avantage  d'avoir  substitue,  pour  un  huitienie  de 
celte  somme,  le  commerce  national  au  commerce  etranger; 

9*^  L'exportation  par  terre  netant  que  de  169  millions  et 
demi,  est  encore  loin  de  s'elever  aux  deux  tiers  de  I'exporta- 
tion maritime,  nonobstant  le  developpement  de  nos  frontieres, 
les  besoins  iirgens  et  multiplies  des  etats  liniitrophes,  et  les 
lignes  dc  transit,  singulieremcnt  favorables,  que  permet  d'ou- 
vrir  noire  situation  geographique,  et  dont  les  avantages  reei- 
proques  sont  etouffes  par  I'esprit  de  defiance  et  d'liostilite 
commerciale  des  puissances  du  Continent; 

10"  Cescauses  n'ont  laisse  en  1824,  a  I'exportation  par  terre, 
qu'un  accroissement  de  8  millions  et  demi,  tandis  que  I'ex- 
portation maritime  en  a  obtcnu  un  cinq  fois  aussi  grand ;  d'ou 
il  suit  que  les  debouches  offerts  a  notre  commerce  par  les  ex- 
peditions d'outre-mer  se  sont  elargis,  dans  le  cours  d'une  seule 
annce,  cinq  fois  autant  que  ceux  qui  ont  etc  donnes  par  le 
transit  de  nos  frontieres; 

11"  L'exportation  de  nos  produits,  en  1824.  ^  ^te  de  5o  mil- 
lions de  francs  plus  considerable  que  I'annee  precedente;  ou, 


DU  COMMERCE  DE  LA  FRANCE,  EN   i8a/,.        3i 

en  d'autres  termes,  elle  s'est  augmentee  cl'iin  liuiliemo  dc  sa 
valeur  en  182  3; 

12°  Ce  grand  accroissement  commercial  est  du  tout  enticr 
aux  progres  de  notre  indnstrie,  dont  les  produitsperfectionues 
troiivent  dans  les  marches  etrangers  une  concurrence  moins 
puissante  que  celle  qui  limile  I'exportation  de  nos  prodiiits 
agricoles  ,  et  I'empeche  d'obtenir  la  meme  prosperite. 

11  est  ourieux  et  important  de  connaitre  snr  quels  objets 
s'est  portee  la  faveur  du  choix  dans  les  marches  etrangers,  et 
quelle  part  est  due  a  telle  fabrication  ou  manufacture  dans 
cette  exportation  ,  qui  n'est  surpassee  par  celle  d'aucun  autre 
pays  du  monde,  excepte  I'Angleterre. 

Grandes  manufactures.  Exporte  en  i823.  En  1824.  Difference. 

Tissns  de  chanvre  et  de  lin.  3o,36o,ooo —  37,379,000 —   7,019,000  f. 

Id.     de  laine ,   .      ig,oi3,ooo —   20,040,000 —   1,027,000 

Id.      de  soie 84,92.1,000 —  99,486,000 — r4,56i,ooo 

Id.      de  colon 24,464,000 —   35,024,ooo — io,56o,ooo 

Totaax 158,7(12,000 — 191,929,000 — 33,167,000  f. 

Arts  et  Metiers.  Exporte  en  1823.  En  1824.  Difference. 

Papier 3, 495,000 —  6,379,000 —  2,884,000  f. 

Merceries 7,345,ooo —  9,653,ooo —  2,3o8,ooo 

Porcelaine 3, 816,000 —  4,5o3,ooo —  687,000 

"Verreries 3,137,000 —  3,643,ooo —  5i6,ooo 

Bijouterie 2,699,000 —  3,o4i,ooo—  342,000 

Litres 2,863,ooo —  3,171,000 —  3o8,ooo 

Gravures  et  lithographies.   .  1,126,000 —  1,727,000 —  601,000 

Mode.s 2,779,000 —  3,004,000 —  225,000 

Chapeans 2,854,ooo —  3,077,000 —  273,000- 

Menbles 927,000 —  r, 224,000 —  227,000 

Effets  d'habillement 2,41 5, 000 —  3,809,000 —  1,394,000 

Peaux  OQvrees  et  preparees.  ii,588,ooo- —  16,091,000 —  4,5o3,ooo 


Totaux ,   .      45,034,000 —   59,322,000 — 14,288,000  f. 

II  sort  de  ces  chiffres  dcs  considerations  <;ommercialcs  dime 
haute  importance  pour  la  prosperite  |)ubliqiie  : 


32  TABLEAU  STATISTIQUE 

1°  Nos  quatrc  cspeces  de  grandes  manufactures  fournissent 
k  ['exportation  annuelle  pour  pres  dc  200  millions  de  francs 
dc  fissus;  cUos  ont  trouve  en  1824  une  vente  plus  considerable 
de  33  millions,  ou  d'un  sixieme,  que  I'annee  precedente ; 

1"  Los  soierics  forment  soulcs  la  moitie  de  ce  riclie commerce; 
les  trois  autres  especes  dc  manufactures  se  partagent  la  valeur 
de  100  millions  constituant  I'autre  moitie.  Les  draps  sent  la 
fabrication  qui  possede  les  moindres  debouches;  ils  ont  cepcn- 
dant  ga^ne  une  augmentation  de  vente  d'un  million.  Les  toiles 
en  ont  obtenu  une  plus  grande,  de  7  millions,  et  les  soieries 
une  de  i4-  Les  colons  sont ,  apres  les  tissus  de  soie,  les  objets 
les  plus  favorises  par  les  progres  de  leur  vente;  on  en  a  ex- 
porte  en  182/1  pour  10  millions  et  demide  plus  qu'en  x823  ; 

3°  Ces  quatre  branches  principales  de  I'industrie  francaise 
ont  procure  a  notre  exportation  beaucoup  au-dela  des  trois 
cinquiemes  de  son  accroissement.  Si  les  succes  de  nos  lainages 
avaient  egale  dans  les  marches  etrangers  ceux  de  nos  toiles,  de 
nos  cotons  et  siutout  de  nos  soieries,  ces  manufactures  au- 
raient  fourni  a  I'exporlation  la  moitie  de  sa  valeur  totale ; 

4°  Parmi  les  arts  et  metiers  les  plus  productifs  et  dont  la 
reussite  est  la  plus  grande  a  I'exterieur,  sont  ceux  qui  fournis- 
sent au  commerce  les  peaux  ouvrces  et  preparees.  La  valeur 
des  objets  qu'ils  oat  dounes  a  I'exportation  en  1824  s'est  elevee 
a  16  millions;  elle  a  surpasse  de  beaucoup  plus  d'un  quart 
celle  de  I'annee  precedente,  ce  qui  est  un  accroissement  im- 
mense. Les  tabriques  dc  papier  ont  trouve  aux  objets  de  leurs 
travaux  un  debouche  plus  large,  qui  leur  a  perrais  d'en  placer 
pour  un  excedant  de  pres  de  3  millions;  la  vente  de  nos  mer- 
ceries s'est  augmentee  de  deux  millions,  et  celle  des  effets 
d'habillement  neufs  ou  portes,  d'environ  1,400,000  fr. 

5"  II  y  a  eu  pareillement  des  progres  satisfaisans ,  faits  par 
la  bijouterie,  la  gravurc  et  la  lithographic,  la  typographic, 
la  verrerie  commune  et  surtout  les  cristaux,  la  chapellerie  et 
les  modes ,  ainsi  que  I'envoi  des  meubles  d'appartemens  dans 
les  pays  etrangers.  Cette  derniere  branche  s'est  etendue  d'un 
quart,  dans  son  developpemcnt  d'uneannec  a  I'autre. 


DU  COMMERCE  DE  LA  FRANCE,  EN   1824.       33 

6°  En  masse,  12  especes  d'industrie,  qui  en  1823  n'avaient 
donne  a  I'exportation  qu'une  valeur  de  45  millions  de  pro- 
duits,  en  ont  foiirni  pour  60  en  1824,  et  consequemment  ont 
accru  leur  vente  cxterieure  d'un  quart  dans  I'espace  d'une 
seule  annee;  ce  qu'elles  ont  obtenu  par  les  progres  des  con- 
naissances  commerciales,  le  perfectionnement  des  operations 
industrielles  et  I'amelioration  de  nos  habitudes  nationales, 
trop  long-terns  etrangeres  a  tout  ce  qu'exigent  de  tels  succes. 

7'^  Ces  douze  especes  d'industrie  et  nos  quatre  especes  de 
grandes  manufactures  ont  augmente  d'une  cinquantaine  de 
millions,  dans  le  cours  d'un  an,  I'exportation  de  leurs  produits, 
et  suffisent  pour  alimenter  les  marches  etrangers  d'objets 
d'une  valeur  de  plus  de  25o  millions,  ce  qui  cree  ,  par  les  re- 
tours,  un  commerce  montant  beaucoup  au  dela  d'un  demi 
milliard. 

8°  Enfin,  Ton  pent  prevoir,  en  decouvrant  quels  prodi- 
gieux  succes  notre  industrie  obtient  d'une  annee  a  I'autre,  la 
prosperite  qu'elle  doit  atteindre,  par  la  continuation  de  la 
paix  et  I'ouverture  d'une  multitude  de  debouches  favorables , 
demeures  fernies  jusqu'a  ce  jour.  Dans  la  seule  fabrication  des 
colons,  la  vente  des  toiles  teintes  et  imprimees  s'est  elevee  de 
II  millions  et  demi  a  i5,  outre  2  millions  de  toiles  blan- 
ches. Les  calicots  imprimes  sont  monies  a  5  millions;  I'ex- 
portation des  tulles  a  double,  ainsi  que  celle  des  schals  el  des 
mouchoirs;  el  les  etoffes  dites  printanieres  ou  nankinets ,  s'etant 
(■levees  de  800,000  fr.  a  3,900,000,  leur  vente  a  presque  quin- 
tuple dans  I'espace  d'un  an. 

Importation.  En  1823.  En  1824.  Difference. 

Matieies  necess.  a  I'industr.   22i,554,ooo — 272,873,000 — 5i, 819,000  f. 
Objets  de  consooi.  naturels.     88,579,000 — 121,957,000 — 33,378,000 
—       fabriques 51,694,000 —  6o,o3o,ooo —   8,336,ooo 


Totanx 361,827,000 — 454,860,000 — 93,o33,ooo  f. 

Ainsi  la  valeur  des  objets  imporles  en  France  pendant  1824 
T.  XXXI.  —  Juillet  1826.  3 


3/,  TABLEAU  STATISTIQITE 

a  cxcc'dii  cclle  de  I'iniportation  de  1823  de  beaucoup  plus  du 
quart  de  son  montant  k  cette  derniere  epoque.  La  moitie  dc 
cet  accroissement  est  formce  de  racquisition  des  niatiercs  pre- 
mieres qui  alimentent  nos  manufactures.  Un  tiers  on  davan- 
tage  resulte  de  la  consomniation  plus  grande  niaintenant  des 
objcts  naturels  exotiqnes,  principalement  des  denrees  colo- 
niales.  Un  douziemc  seulement  provienl  de  raccroissement  de 
notre  consomniation  en  objets  etrangers  fabriques.  En  divisant 
en  douze  parties  egales  I'augmenfation  eprouvee  en  1824  par  no- 
tre importation ,  on  reconnait  qu'unc  seule  a  eu  pour  destination 
les  jouissances  du  luxe;  quatre  sont  entrees  dans  la  consom- 
niation domestique,  et  ont  ajoute  aux  progres  de  I'aisance  de 
toutes  les  classes  sociales;  six  et  deniie  ont  contribue  essen- 
ticUement  a  I'extension  de  notre  Industrie  et  de  notre  com- 
merce interieur  et  exterieur. 

L'importation  a  I'te  effectuee  : 

En  i8s3.  Eu  1824.  Difference. 

Par  2,73s  nav.  franc.  —  Par  3,387  nav.  franc.   .   .   649  navires, 
3,984  nav.  etran. —  4,183  nav.  elrau.    .    .    199 


Tolaux.    .    6,723  7.570  848  navires. 

Le  tonnage  de  l'importation  a  ete  : 

En  1823.  En  7824.  Difference. 

Nav.  francais.    247,540  ton.  • — Nav.  franc.   3 16, 4 80  ion. — 68,940  ton. 
etrang.  .  4>ii233  —  etran.  438, oo5  — ■  16,772 


Totanx...   .   668,778  754,485  85,712  ton. 

La  valeur  de  l'importation  a  ete  distribuee  ainsi  qu'il  suit  r 

En  1823.  En  1824. 

Importat.  inarit.  232,194,000  fr.  —  Iraporlat.  marit.  297,932,000  fr. 
parterre.    129,634,000       — ■  parterre.   156,929,000 


Totanx 36i,8s3,ooo  fr.  454,861, ono  fr. 


DU  COMMERCE  DE  LA  FRANCE,  EN  iSa/j.      35 
L'importation  maritime  a  etc  : 

En  1823.  En  i8i4- 

Par  nav.  franc,  de.    i33,543,ooo  fr.  —  Par  nav.  franc,  de.    i89,535,ooof. 
nav.etran.de.     98,631,000       —        nav.etran.de.   108,397,000 

Totaux 232,194,000  fr.  597,932,000  f. 

Accroisseinent  de  la  valeur  de  I'lmportat.  franc,  par  mer.  55,992,000  fr. 

Accrolssement  de  la  valenr  derimportat.  etrang.  par  mer.  9,746,000 

Accroissement  absolu  de  la  valeur  de  rimpot  maritime.    .  65, 738,000 

Accroissement  absolu  de  l'importation  par  terre 27,295,000 

Accroissernent  total  de  rimportation 93,o33,ooo 

Accroissement  total  de  I'exportation 49,788,000 

Difference  de  leur  accroissement  en   1824 43, 245, 000 

Difference  absolue  entre  le  montant  de  I'une  et  de  I'autre.  1 4,3 19,000 

Voici  les  resultats  de  ces  termes  numeriques  : 

1"  II  est  entre  dans  les  ports  de  France,  en  1824,  7>570  na- 
vires,  chaciin,  par  un  terme  moyen,  du  portd'environ  100  ton- 
neaiix.  C'est  848  on  un  dixieme  de  pins  que  I'annee  precedente; 

2°  La  navigation  nationale  forme  les  deux  tiers  de  cet  ac- 
croissement; et  cette  amelioration  etait  d'autant  plus  urgente 
qu'en  iSaS  les  trois  cinquiemes  de  l'importation  furent  operes 
paries  naviresetrangers.  Si  ces  progres  ne  se  sont  pas  ralentis, 
le  nombre  de  ces  navires  est  egale  maintenant  par  celui  des 
notres ; 

3°  L'augmentation  du  tonnage  a  ete  de  pres  de  86,000  ton- 
neaux ,  dont  les  quatre  cinquiemes  appartiennent  au  commerce 
francais ; 

4°  La  masse  des  produits  exotiques  importes  par  mer  pour 
la  consommation  du  royaume  est  de  764,000  tonneaux;  jointe 
a  celle  de  l'importation  par  terre,  elle  est  de  i,i3o,ooo;  leur 
volume  total  est  d'environ  4?  millions  et  demi  de  pieds  cubes; 

5°  On  peut  porter,  par  approximation,  le  poids  des  mar- 
chandises  importees  et  exportees  annuellement  a  4  milliards 
700  millions  de  livres,  et  leur  volume  a  3  millions  et  demi  de  me- 
tres cubes;  leur  transport  par  mer  exigerait  uneflottede  23,5oo 
navires,  ayant  cliacun  une  cargaison  de  100  tonneaux.  Si  Ions 


36  TABLEAU  STATISTIQUE 

ces  tonneaiix,  qui  forment  iin  enconibremeiit  chacun  cl'iin 
metre  cube  et  demi,  etaient  ranges  sur  line  seiilc  ligne,  ils  oc- 
cuperaient  unc  etendue  do  3,526  kilometres  ou  904  lieues  de 
2,000  toises,  ce  qui  eqnivaut  a  pen  pres  ;\  la  circonference  en- 
tiere  du  tcrritoire  dc  la  France; 

6°  La  valeur  dc  I'importation  maritime  faite  par  les  navires 
francais  a  excede  de  plus  de  81  millions  celle  qui  a  etc  faite  par 
les  etrangers,  et  de  56  millions  celle  que  notre  navigation 
avait  effecluee  lannee  precedente;  cependant,  I'affluence  des 
etrangers  dans  nos  ports  a  ete  plus  grande  en  iSa/j  qu'en  1823, 
et  ils  y  ont  apporte  un  excedant  de  marchandises  d'environ 
10  millions  de  francs.  Si  nos  progres  ne  se  sont  pas  arretes , 
notre  commerce  maritime  fournit  aujourd'hui  a  I'importation 
une  valeur  double  de  celle  qui  constitue  I'importation  faite  par 
les  navires  etrangers; 

7**  Notre  importation  par  mer  s'est  augmentee  de  65  mil- 
lions, ce  qui  exclude  I'accroissement  de  notre  transit,  par  les 
frontieres  autres  que  le  littoral,  de  plus  de  38  millions.  On  ne 
pent  guere  porter  qu'ii  la  moitie  de  la  valeur  de  I'importation 
maritime  celle  des  produits  importes  par  terre,  tandis  que  I'ex- 
portation  est  proportionnellement  plus  considerable; 

8°  Nous  avons  recu,  en  1824,  pour  93  millions  de  produits 
etrangers  de  plus  que  I'annee  precedente ,  ou,  en  d'autres  ler- 
mes,  cette  branche  de  notre  commerce  s'est  accrue  du  quart 
de  sa  valeur  a  cette  dernicre  epoque; 

9"  II  y  a  un  excedant  de  i4  millions  entre  la  valeur  desobjets 
exotiques  acheles  pour  la  consommation  individuelle  jointe  a 
celle  de  nos  fabriques  et  la  valeur  des  produits  agricoles  et 
industriels  exportesen  1824;  mais  aucune  balance  ne  pent  etre 
etablie  que  sur  une  serie  de  termes  donnes  par  une  periode  de 
plusieurs  annees; 

10°  L'ensemble  des  exportations  et  des  importations  effec- 
tuees,  en  1824,  constitue  un  commerce  d'environ  2,400,000  ton- 
ueaux  de  marchandises,  evaluees  approximativemeut  a  SgS 
millions  et  demi. 

Recherchons  le  plus  brievemcnt  possible  sur  quels  objets 


DU  COMMERCE  DE  LA  FRANCE,  EN   1824.       37 

s'est  porle  I'accroissenient  de  la  consommation,  et  quelle  part 
ont  obtenu  dans  cet  accroissenient  les  materiaux  qu'emploie 
notre  Industrie,  les  objets  naturels  consommes  par  la  popu- 
lation et  ceux  qui  sont  fabriques  a  I'etranger,  qu'on  admet 
avec  des  restrictions  plus  ou  moins  severes. 

Matieres  necesxaires  h  t Industrie. 

1823.  1824.  DifKrencc. 

Colon 48,019,000 — 64,12/1,000 — i6,io5,ooo  fr. 

Soies. 26,250,000-— 37,149,000 — 10,899,000 

Laines 12,820,000 —  9,542,000 —   3,278,000 

Fils  de  chanv.ou  de  lin.  5, 357, 000 —  6,901,000 —   i, 544,000 

Peaax  brutes 8,5o6,ooo —  8,l5i,ooo —      845,000 

Halles  de  fabrique.    .   .  37,625,000 — 35,ooo,ooo —   7,375,000 

Noix  de  galle 1,247,000 —   2,092,000 —       845,000 

Cochenille 1,098,000 —   2,066,000 —       968,000 

Indigo 8,660,000 —   9,086,000 —      426,000 

Potasse 2,495,000 —  4,355,000 —  1,860,000 

Soufre ii5,ooo —  i,53o,ooo —  i,4i5,ooo 

Plerres  gemmes  brutes.  35o,ooo —   1,000,000 —      65o,ooo 

Fer  forge 965,000 —   i, 182,000 —       167,000 

Cuivre   coule 7,482,000 — 12,081,000 —  4>599,ooo 

Plomb 3,698,000 —  5,000,000 —    i,3o2,ooo 

Etaln  brut 1,592,000 —   i,865,ooo —      278,000 

Objets  de  consommation  naturels. 

i8i3.  1824.  Difference. 

Sucres 27,860,000 — 89,709,000 — 11,849,000    fr. 

Cafe 17,613,000 — 22,010,000 —  4,387,000 

Poivre 2,479,000 —  2,620,000 —       141,000 

Tabac 5,8o4,ooo —  6,042,000 —      228,000 

Huile  comestible.    .   .    .  6,58 1,000 — 15,272,000 —  8,691,000 

Fromages 8,964,000 —   3,636,ooo —       328, 000 

Citrons   et  oranges.   .■  .  2,001,000 —   2, 5 11,000 —       5io,ooo 

Chanvre 5,5oo,ooo —  4,487,000 —   i,o63,ooo 

Houille 5,222,000 —   7,369,000 —  3,147,000 

Chevres,  betail,  moutons.  18,092,000 — 20,309,000 —  2,217,000 
Bois  de   construction.    .    10,000,000 — 12,000,000 —   2,000,000 

Merrains 6,120,000 —  8,339,000 —  2,219,000. 


38  TABLEAU  STATISTIQUE 

Obj'ets  fabriques  ou  de  luxe. 

1823.  1824.  Difference, 

Toiles  de  tontes  espcces.  i9,35o,ooo — 4i(573,ooo — 22, i^  3, 000  h. 
Picrres  gemmes  taillees.      1,000,000 —  2,000,000 —   1,000,000 

Perles  lines 1,000,000 —   1,100,000 —       100,000 

Chapeaux  de  pallle.    .   .      1,196,000 —   1,714,000 —       5i8,ooo 
Merceries i,53o,ooo —   1,795,000 —      265,000 

L'examen  de  ces  nombres  presente  une  serie  de  resultats  qui 
doivent  occuper  uue  place  eminente  dans  I'histoire  de  la  ri- 
chcsse  piiblique  : 

1°  De  tous  les  objets  qu'embrasse  le  commerce  d'importa- 
tion,  celui  qui  a  la  valeur  la  plus  graude  et  qui  alimente  I'in- 
dustrie  la  plus  vaste  et  la  plus  productive,  est  le  colon  en  laine 
des  deux  Ameriques  et  du  Levant;  nous  en  avons  achete  en 
1824  pour  64  millions  de  francs,  ce  qui,  comparativement 
i  I'annee  precedente,  offre  un  accroissement  de  16  millions 
ou  d'un  tiers. 

2°  La  plus  riche  de  nos  quatre  especes  de  grandes  manufac- 
tures ,  celle  qui  fournit  annuellement  au  commerce  exterieur 
une  vente  de  cent  millions,  la  fabrication  des  soieries,  s'est  ap- 
provisionnee  au  dehors  d'une  quantito  de  malieres  premieres 
plus  considerable  par  sa  valeur  d'au-dela  des  deux  cinquiemes; 
les  achats  ont  ete  portes  de  26  millions  a  37. 

3°  Nos  fabriques  de  toiles  ont  acquis  des  fils  de  chanvre  et 
de  lin  pour  un  quart  en  sus  de  leur  approvisionuement  prece- 
dent a  I'etranger;  ce  qui  manifeste  un  accroissement  de  be- 
soins  dont  pourraient  profiler  nos  dtpartemens  de  I'ouest,  en 
donnant  plus  d'extension  a  la  culture  des  plantes  textiles  et  a 
leur  preparation. 

4"  Les  soins  plus  grands  et  mieux  entendus  donnes  aux 
troupeaux  ayant  augmenle  la  production  des  laines  indigenes, 
et  aussi  sans  doute  I'augmentation  du  droit  de  douanes,  ainsi 
que  les  limites  elroites  de  I'exportation  des  draps,  attcnuant 
la  progression  des  succes  de  leurs  manufactures,  les  achats  de 


DU  COMMERCE  DE  LA  FRANCE,  EN  1824.  :^9 
laines  exoliques  ont  dimiiiue  d'un  quart,  et  ont  ete  rediiits  do 
12  millions  a  9. 

5°  Quoique  noire  exportation  de  peaiix  ouvrees  el  preparees 
ait  acquis,  dans  I'annee,  une  valeur  do  16  millions,  et  se  soit 
augmcntee  du  quart  au  tiers,  nos  achats  de  peaux  brutes  ont 
ete  moindres  qu'cn  1823,  et  n'ontpas  depasse  la  moitie  du  prix 
de  la  vente  a  I'etranger. 

6°  L'une  des  plus  fortes  depenses  qu'exigeut  les  travaux  de 
nos  fiibriques  est  I'achat  des  huiles  exotiques;  nous  en  avons 
importe,  en  182/1,  pour  35  millions;  c'est  une  augmentation 
d'un  cinquieme  d'uue  annee  a  I'autre;  I'extension  des  fabrica- 
tions, dans  lesquelles  entre  ce  produit,  a  sans  doute  ete  propor- 
tioDnelle. 

7°  II  y  a  eu  pareillement  un  accroissement  notable  dans 
I'emploi  des  matieres  tinctoriales;  I'imporlation  de  la  coche- 
nille  et  de  la  noix  de  galle  a  presque  double;  celle  de  I'indigo 
monte  a  9  millions  de  francs. 

8°  Notre  consommation  en  soude  et  en  potasse  a  ete,  en 
182/1,  deux  fois  celle  de  I'annee  precedente;  nous  avons  tga- 
lement  achete  des  quantites  beaucoup  plus  considerables  de 
metaux  bruts  ou  prepares,  notamment  pour  17  millions  au 
lieu  de  11,  de  cuivre  coule  et  de  plomb. 

9°  En  masse,  les  douze  principaux  articlfs  de  notre  impor- 
tation en  objets  necessiires  a  notre  industrie ,  ont  eprouve  , 
en  1824,  une  augmentation  forniant  au  moins  41  millions  de 
francs  de  plus  que  I'annee  precedente. 

10°  Un  accroissement  conciderable  a  eu  lieu  pareillement 
dans  I'exportation  des  objets  naturels  qui  entrent  immediale- 
mcnt  dans  la  consommation  individuelle ;  les  j'.enrees  coloniales 
en  forraent  les  articles  les  plus  riches.  Nous  avons  re^u  pour 
pres  de  40  millions  de  sucre  ;  c'est  une  augmentation  de  12  mil- 
lions, qui  en  suppose  une  de  18,  dans  le  revenu  annuel  de 
nos  raffineries;  leur  fabrication  excede  inaintenant  100  mil- 
lions de  francs. 

1 1°  L'importation  du  cafe  s'est  accrue  d'un  quart,  ct  la  con- 
sommation de  chaque  iudividu  en  poivre,  orauges,  citrons  et 


4o  TABLEAU  STATISTIQUE 

tcibac,  a  pris  aussi  plus  d'extension.  Nous  avons  achetti ,  en 
1824,  pour  i5  millions  d'huile  comestible  au  lieu  de  six  el 
demi;  nous  avons  importe  de  plus  qu'en  182!^  un  quart  de  la 
valeiir  dcs  liouilles  et  des  mcrrains,  que  nous  recevions  alors, 
un  neuviemc  du  montant  des  chevaux  et  du  betail,  et  un 
sixieme  du  bois  de  construction.  Les  chanvres  sont  Ic  seul  ar- 
ticle important  qui  ait  baisse;  nous  n'en  avons  acquis  que 
4  millions  et  demi  au  lieu  de  5  et  demi. 

12°  En  masse,  une  douzaine  d'objets  natiirels,  introduits 
pour  la  consommatiou  ,  out  forme  une  valour  de  3o  millions, 
en  sus  de  leur  montant  en  1823.  En  consultant  les  besoins  qui 
ont  provoque  leur  importation,  on  trouve  que  la  destruction 
de  nos  forels  nous  oblige  a  acheter  annuellement  des  bois  pour 
20  millions  de  francs;  que  les  limites  trop  ctroites  de  I'exploi- 
tation  de  nos  houilleres  nous  font  importer  de  I'etranger  pour 
7  a  8  millions  de  charbon  de  terre ;  qu'il  manque  a  nos  pro- 
vinces meridionales  ime  culture  de  rolivier  assez  ctendue  el 
suffisamment  productive  pour  nous  fournir  des  huiles  jusqu'a 
la  valeur  dc  i5  millions;  et  qu'enfin  les  bornes  de  notre  In- 
dustrie agricole  nous  forcenta  demander  a  nos  voisins,  chaque 
annee,  pour  plus  de  20  millions  de  chevaux,  de  betail  et  de 
moutons. 

i3°  Au  demeurant,  les  objets  de  consommatiou  que  nous 
achelons  de  I'etranger  jusqu'au  montant  de  80  millions  de  francs, 
et  quoique  notre  Industrie  agricole  put  nous  les  fournir ,  sont 
soldes  en  produits  de  nos  manufactures,  et  donnent  lieu  a  uu 
commerce  d'echange  plus  ou  moins  avantageux. 

14°  Parmi  les  effets  fabriques  ou  de  luxe ,  il  y  en  a  cinq  ou 
six  qui  ont  eprouve  un  accroissement  d'importation  montant  a 
24  millions;  mais  cette  somme  a  ete  reduite  des  deux  tiers  par 
la  diminution  d'autres  articles. 

1 5°  Au  nombre  de  ces  objets  on  en  compte  plusieurs  que 
notre  Industrie  met  h  profit,  quoiqu'ils  aient  dej;"!  acquis  un 
premier  prix  par  Taction  de  I'industrie  etrangere.  Telles  sont 
les  pierres  gemmes  taillees ,  qui  sont  montees  avec  avantage 
par  nos  bijouticrs;  telles  encore  les  merceries  grossiercs ,  les 


DU  COMMERCE  DE  LA  FRATVCE,  EN  1824 •       4i 

toiles  ecrues.  Ce  deinier  objct  a  monle,  en  1824,  a  22  millions 
de  plus  qu'en  i823;  mais  nous  en  avons  exporte  une  valeur 
excedaut  de  7  millions  celle  de  I'annee  precedente.  Nous  en 
avons  achete  en  tout  de  I'otranger  pour  41  millions;  nous  en 
avons  vendu  au  dehors  pour  87;  la  difference,  qui  est  encore 
de4  millions  au  moins,  suppose  que  la  fabrication  des  toileries 
pent  s'etendre  avec  avantage. 

Si  de  CCS  details  nous  nous  elevons  a  des  considerations  ge- 
nerales  sur  la  richesse  actuelle  du  commerce  de  la  France, 
nous  parvicndrons  peut-etre  mieux  par  des  termes  rclatifs 
que  par  des  nombres  absolus ,  a  fixer  les  idees  sur  son  eteiidue. 
Quand,  pour  comparer  I'etat  de  nos  transactions  commer- 
ciales  avec  I'epoque  anterieure  de  notre  histoire  la  plus  pros- 
pere ,  on  recherche  quelle  ctait  la  valeur  de  nos  exportations 
et  de  nos  importations  pendant  la  periode  de  paix  qui  suivit, 
i!  y  a  quarante  ans,  la  guerre  d'Amerique,  on  arrive  aux  re- 
sultats  ci-apres  : 

De  1785  a  1787,  la  valeur  des  exportations  fut  de  526  m°"S 
En  1824,  elle  s'estelevee  a 44o 

La  difference  est  de 86 

Consequemment,  il  s'en  faut  de  beaucoup  moins  d'un  cin- 
quieme  que  la  valeur  de  nos  exportations  ne  soit  la  meme  que 
lorsque  nous  possedions  d'immenses  colonies,  et  que  nous  dis- 
putions  encore  a  I'Angleterre  la  preponderance  maritime.  II 
ne  faut  plus  a  la  France  que  dix-huit  mois  de  progres  aussi 
rapides  que  ceux  qu'elle  a  faits  pendant  1824,  pour  effacer 
completement  les  traces  qu'ont  laissees  jusqu'a  ce  jour,  dans  la 
principale  branche  de  notre  fortune  commerciale,  trenle  an- 
uees  de  revolutions ,  de  guerres ,  de  triomphes  et  de  malheurs. 

De  1785   a  1787,   par  un   terme  moyen,  I'importation  on 

France,  monta  a  la  valeur  de Go3  m""". 

En  1824,  elle  a  ete  de 454 


La  difference  est  de 149 

II  s'en  faut  done  presque  du  tiers  de  la  valeur  des  objels 


4«  TABLEAU  STATISTIQUE 

tires  dc  retrangcr  niaintenant ,  que  noire  importation  n'egaie 
celle  d'autrefois ;  et  cette  difference  s'explique  aisemcnt,  quand 
on  se  rappelle  qu'alors  nous  ctions  obliges  d'acheter  les  bles 
necessaires  au  complement  de  notre  consommation,  tons  les 
tissns  de  colon,  et  unc  multitude  d'objets  que  notre  industrie 
nous  fournit  aiijourd'luii  abondamment. 

En  masse,  le  commerce  de  la  France  n'excedait  pas  i  loo  mil- 
lions, a  son  epoque  la  plus  brillante ,  si  Ton  deduit  de  scs 
transactions  les  piastres  espagnoles ,  comprises  dans  les  etats 
de  marchandises.  Sa  valeur  s'eleve  niaintenant  a  environ  900 
millions  ;  il  est  dii  quart  au  dessous  de  sa  prosperite,  telle  que 
I'exprimcnt  ces  nombres ;  mnis  la  difference  est  infiniment 
moins  grande  quand  on  examine  les  avantages  qui  resultent 
de  la  nature  de  scs  elemens  et  d'operations  mieux  balancees. 

L'etendue  des  ressources  nationales  et  la  superiorite  de  la 
ricHesse  publique  etant,  dans  I'ordre  actuel  des  societes,  les 
plus  surs  garans  de  I'independance  des  etats  et  de  leur  pre- 
ponderance politique,  il  importe  surtout  de  connaitre  compa- 
rativement  quelle  prosperite  chaque  peuple  obtient  de  sou 
commerce  extcricur  pour  resoudre  cette  grande  question. 

Voici  un  tableau  qui  presente  les  termes  de  la  comparaison 
de  notre  commerce  avec  celui  des  grandes  puissances  mari- 
times ;  ses  donnees  sont  pour  la  Grande-Bretagne  et  les  Etats- 
Unis  des  valeurs  moyennes  fournies  par  les  documens  officiels 
des  annees  les  plus  recentes. 

Expoitatlons.  GranJeBretagne.  France.  Elats-Unis. 

Produils  natur.  iiidi'gen.         7.5,725,000 — i63,o56,ooo — 248,955,000  fr. 

—  industr.  indig.       8ro,85o,ooo — 277,486,000 —   i3,o36,ooo 

—  etrangers.    .    .       253,875,000 —  g5,o55,ooo — 142,000,000 


Totaux.  .  .   .  i,i4o,45o,ooo — 535,597,000 — 408,991,000 

Iinportalions.  Grande-Bretagne.  France.  Etats-Unis, 

Produits  etrangers.   .    .       411,825,000 — 404,738,000 — 246,000,000  Ir. 

—  colonianx.  .   .       342,175,000 —  5o,323,ooo — 137,000,000 

—  enli'epo.scs.     .  «  —173,771,000 —  » 


Totaux.     .    .    .        754,000,000 — 628,832,000 — 383,000,000  fr. 


DU  COMMERCE  DE  LA.  FRANCE,   EN   182/,.      /,3 

Ce  tableau  presente  des  donnees  importantes  sur  la  situa- 
tion actuelle  du  monde  commercial. 

1°  Les  produits  naturels  exportes  par  la  France  sontd'ime 
valeur  double  de  ceux  qu'exporte  I'Angleterre;  ils  sont  moin- 
dres  de  moitie  que  ceux  des  Etats-Unis;  notre  superiorile  a  cet 
egard  sur  le  premier  de  ces  pays  tient  a  la  vente  de  nos  vins  et 
eaux-de-vie,  qui  s'est  eievee  en  iSaA^i  64  millions  de  francs. 
La  superiorite  des  Etats-Uuis  resulte  de  I'exportation  des  pro- 
duits provenant  de  leurs  forcts  et  de  leurs  pecheries,  et  prin- 
cipalement  du  haul  prix  des  denrees  tropicales  indigenes  des 
elats  les  plus  meridionaux  de  TUnion. 

a*  Les  produits  industriels  exportes  par  la  France  ne  sont 
gueres  que  du  tiers  de  la  valeur  de  ceux  exportes  par  I'Angle- 
terre; ils  sont  21  a  7.1  fois  aussi  riches  que  ceux  des  Etats-Unis. 
La  superiorite  de  I'Angleterre  resulte  principalement  de  la 
vente  des  tissus  de  coton  de  ses  fabriques. 

3°  Quoique  notre  reexportation  des  produits  etrangers  en- 
treposes  se  soit  augmentee,  dans  ces  derniers  terns,  de  pres  de 
moitie,  celle  de  I'vyigleterre  vaut  plus  de  deux  fois  et  demie 
le  montantactuel  de  la  notre.  Celle  des  Etats-Unis  ne  I'excede 
que  de  la  moitie  de  sa  valeur.  Ainsi  I'exportation  de  la  France 
I'emporte  sur  celle  de  I'Angleterre ,  par  la  valeur  superieure 
des  produits  naturels,  et  sur  celle  des  Etats-Unis,  pavla  valeur 
bien  autrement  grande  de  ses  produits  industriels;  mais  elle 
estinferjeure  a  ce  dernier  egard  aux  Iles-Britanniques;  et  elle 
i'est  aussi  a  I'Union  americaine,  quant  a  la  valeur  des  produits 
naturels  exportes.  Son  commerce  d'cntrepot  est  parcillement 
d'une  moindre  richesse  que  celui  de  ces  deux  puissances  ma- 
ritimes,  et  son  accroissement  doit  exciter  vivemeut  la  sollici- 
tude  du  gouvernement. 

4°  En  masse,  il  s'en  faut  de  69  millions  que  notre  exporta- 
tion totale  n'atteigne  la  moitie  de  celle  de  la  Grande-Bretagne ; 
mais  cette  derniere  ne  la  vaut  exactement  que  deux  fois,  lors- 
qu'on  compare  seulement  les  produits  indigenes  exportes  four- 
nis  par  le  sol  et  par  I'industrie.  II  s'en  faut  de  plus  de  i3o  mil- 
lions que  Texportation  americaine  puisse  egaler  la  notre;  c'est 


4/,  TABLEAU  STATISTIQUE 

line  difference  d'un  quart,  qui  s'eleve  a  nioilie  ,  quand  on  dt- 
duit  le  commerce  de  reexportation. 

5°  L'importation  des  produits  Strangers  est  a  pen  pres  la 
meme  en  France  et  en  Angletcrre  ;  clle  est  presque  double  de 
celle  des  Etals-Unis.  La  grandc  difference  qui  exisle  entre  les 
deux  premieres  de  ces  puissances  se  forme  de  celle  des  pro- 
duits coloniaux  importes.  L'Angleterre  en  recoit  pres  de  sept 
fois  autant  que  nous,  et  les  Elats-Unis  deux  fois  et  demie;  mais 
dans  cette  evaluation,  il  ne  se  Irouve  compris,  quant  a  la 
France,  que  les  produits  introdnits  pour  la  consommalion;  et 
si  Ton  y  joint  les  produits  entrcposes,  la  balance  retablit  son 
equilibre. 

6°  En  masse,  il  s'en  faut  de  126  millions,  ou  du  5"'<'  au  6'»'', 
que  notre  importation  totale  n'egale  celle  de  la  Grande-Brcta- 
gne;  et  elle  tend  vers  le  double  de  celle  des  Eta ts-Unis;  mais, 
il  y  a  exageration  dans  le  terme  numerique  qu'elle  presente, 
ct  qui  s'cnfle  par  la  valeur  des  niarchandises  demeurees  dans 
les  entrepots,  sans  qu'il  y  ait  aucune  garanlie  de  vente  pour 
I'annee  suivante.  Si  1825  n'a  offert  que  les  mcmcs  debonches 
ouverts  en  1824,  l'importation  des  produits  entreposes  aura 
excede  I'exportation  d'environ  78  millions,  et  la  valeur  des 
marchandises  importees  utilement  soit  pour  la  consommalion , 
le  transit,  ou  la  reexportation  par  mer,  aura  rnonte  a  55o 
millions. 

7°  Dans  cette  hypothese,  la  balance  entre  I'exportation  ct 
l'importation  totale  serait  contrc  la  France  d'environ  i4  mil- 
lions; clle  est  en  faveur  de  I'Angleterre  de  386  millions,  dont 
le?  marchandises  exportees  excedent  celles  qui  sont  introduites 
dans  les  lies  Britanniques;  aux  Etat-Unis  ,  il  y  a  une  singuliere 
variation  dans  la  valeur  des  objets  achetes  ou  vendus.  Dans 
ces  derniers  terns  I'lJnion  americaine  a  obtenu  une  balance  fa- 
vorable d'environ  20  millions. 

8"  Les  produits  naturcls  exporles  par  les  trois  grandes  puis- 
sances maritimes  montenl  a  488  millions,  et  Icurs  produits 
induslriels  a  1 100  millions  ;  consequemment,  leur  agriculture 
et  leurs  mines  fournissent  moilie  raoins  que  leur  Industrie  au 
commerce  cxtericur. 


DU  COMMERCE  DE  LA  FRANCE,  EN   1824.       45 

9"  Les  produits  coloniaux  qu'elles  resolvent  valent  S'5o 
millions,  non  comptis  ceiix  qui  demeiireiit  dans  les  entrepots 
de  la  France;  conseqiieniment,  leur  commerce  agit  sur  unc 
valeur  plus  grande  de  denrces  coloniales  que  de  produits  agri- 
coles  indigenes. 

10°  Elles  lecoivent  tant  pour  leur  consonimation  que  pour 
leurs  entrepots  une  masse  do  produits  etrangers  valant  i23r) 
millions;  elles  en  reexportent  pour  environ  un  denii  milliard 
eu  y  comprenant  les  denrees  coloniales.  Leur  importation 
totale  etant  de  1765  millions,  leur  consonimation  en  produits 
coloniaux  et  etrangers  s'eleve  a  12  ou  i3oo  millions. 

ix°  Eu  1822,  la  valeur  des  exportations  de  la  Russie  a  etc 
de  201,400,00  fr. ,  et  celle  de  ses  importations  de  i88,i5o,ooo; 
ce  qui  porte  la  masse  totale  de  son  commerce  a  389,55o,ooo  fr. 

Celle  des  Etats-Unis  s'eleve  i  787  millions. 
Celle  de  la  France  .  .  .   .  a   1164 
Celle  de  I'Angleterre  ...  a    1894 

Ainsi  le  commerce  exterieur  des  quatre  grandes  puissances 
du  monde  civilise  monte  amuiellement  a  4  milliards  284  mil- 
lions de  francs. 

12°  Leur  participation  dans  cette  sommeest  proportionnel- 
lement  comme  ii  suit :  la  Russie  i ;  les  Etats-Unis  2 ;  la  France  3 ; 
I'Angleterre  5.  Mais, si  Ton  compare  a  leur  population  la  masse 
de  leur  commerce,  cette  proportion  est  modifiee  de  la  maniere 
suivante, 

Un  commerce  d'exportation  et  d'importation  de  1900  mil- 
lions, reparti  enlre  les  22  millions  d'liabitans  des  Iles-Britan- 
niques,  donne  87  fr.  pour  la  participation  de  chacun  d'eux. 

Un  commerce  de  790  millions  donne  79  fr.  pour  chacun 
des  10  millions  d'habitans  des  fitats-Unis. 

Un  commerce  de  i  i(j4  millions  donne  moins  de  40  ft"-  pour 
chacun  des  3o  millions  d'habitans  de  la  France. 

Enfin  un  commerce  de  890  millions  fait  par  les  5o  millions 
(le  sujets  de  la  Russie,  n'elove  pas  a  8  fr.  le  contingent  de  cha- 
cun d'eux. 

D'ou  il  suit  que  proportionnellement  a  la  populalion,    le 


46  TABLEAU  DU  COMM.  DE  LA  FRANCE,  EN  182/,. 

commerce  exterieur  dc  la  France  est  quintuple  de  celui  de  la 
Russic,  mais  nioitie  moindre  que  celui  des  j^tats-Unis  et  de 
I'Anj^letcrre. 

L'examen  du  commerce  intorieur,  forme  par  la  consomma- 
tion  ,  uoiis  fournirait  des  donnecs  moiiis  defavorablcs,  et  qui 
montreraient  les  progres  etonnans  de  la  production  agricole 
etindustrielle,  et  I'aisance quale  travail  repand,  depuis  vingt- 
cinq  ans  surtout ,  dans  toutes  Ics  classes  de  la  population ;  mais, 
la  multiplicite  des  clemcns  dont  so  compose  neccssairement 
un  it'l  tableau,  nc  pcrmet  j^as  de  les  exposer  sommairement, 
et  exige  le  cadre  etendu  d'un  ouvragc  special,  tel  que  celui 
que  nous  avons  offerl  a  I'Acadcmie  des  sciences  (;).  II  suffil  a 
I'objet  que  nous  nous  proposions  ici,  d'avoir  fait  connaitre 
I'etat  actuel  du  commerce  de  la  France  a  I'cxterieur,  sesprin- 
cipaux  objets  d'e.xportation  et  d'importation  ,  leur  valeur ,  les 
progres  de  nos  transactions  d'une  annee  a  I'autre  et  le  degre 
d'extension  dont  chacune  d'elles  est  susceptible  ,  pendant  une 
aussi  courte  periode. 

Outre  ces  elcmens  dc  la  richesse  publique,  que  nous  avons 
exprimes,  par  des  termes  numeriques  ,  nous  avons  montre  en 
nous  servant  du  meme  moyen  de  conviction ,  qu'excepte  la 
Grande-Bretagne,  aucune  des  premieres  puissances  de  I'Eu- 
ropc  n'c'gale  la  France  par  Tetcndue  et  la  richesse  de  son 
commerce;  et  que  notre  agriculture  et  notrc  induslrie  posse- 
dent  de  telles  ressources  qu'cn  dix  annees,  avec  des  debouches 
suflisans  et  sans  progres  plus  rapides  que  ceux  d'aujourd'hui, 
la  masse  de  nos  produits  indigenes  exportes  pent  doubler  de 
•valeur,  surpassant  alors  en  richesse  ceux  de  I'Anglelerre  dont 
la  prosperite  commerciale  est  cependant  sans  exemple  dans 
I'histoire  et  sans  ri vale  dans  le  monde.      A.  Moreau  de  J  onnes. 


(i)  Le  Commerce  an  A'/A'e  siecle ,  etat  de  ses  transactions  clans  les 
principales  contrees  des  deux  hemispheres ,  causes  et  effets  de  son 
agrandissement  et  de  sa  decadence  ,  et  moyens  d'accroitre  et  de 
consolider  la  prosperite  agricole  ,  industrielle  ,  coloniale  et  commer- 
ciale de  la  France;  ouvrage  couronne  par  TAcademie  de  Marseille. 
a  vol.  in-8°. 


II.  ANALYSES  D'OUVRAGES. 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

ESSAI  SUR  LIS  CRYPTOGAMES  DES  ECORCES  EXOTIQUES  OFFI- 
CINALES, precede  d'une  Methode  lichenographique^  etc.; 
par  A.-L.-J.  Fee  (i). 

Beaucoup  de  personnes  qui  jugent  de  I'iniportance  d'un 
livre  siir  son  litre,  et  sur  les  eloges  qu'en  font  Ics  joiunaux 
qnotidiens,  concevront  difficilement  que  celui-ci,  dent  aucune 
feuille  u'a  fait  mention ,  et  que  I'auteur  intitule  modestement 
Essai,  puisse  etre  excellent  et  fort  utile.  Le  vaoi  cryptogames , 
surtout,  ne  lui  sera  pas  un  puissant  motif  de  recommandation 
aupres  des  hommes  superiiciels.  Les  cryptogames  sont  de  fort 
petites  choses  sans  doute  :  elles  n'en  meritent  pas  moins  qu'on 
les  eludie.  En  composant  son  systeme  sexuel  d'un  usage  si 
commode,  et  que  I'emploi  des  families  naturelles  n'a  pas 
encore  rendu  inutile,  Linnce  ne  dedaigna  pas  ces  etres  sin- 
guliers,  et  forma,  pour  les  y  comprendre,  une  vingt-quatrieme 
classe,  dont  les  caracteres  consistaient  dans  le  mystere  de  leiirs 
amours,  c'est-a-dire  dans  I'absence  de  toule  fleur  distincte.  De- 
puis  ce  grand  homme,  les  botanlstes  a  reputation  negligent  ces 
vegetaux  clandeslins,  qui  n'offrent  pas  une  nudtitude  d'organes 
generateurs  auxquels  on  puisse  donner  des  noms  nouveaux  ; 
noms  dont  la  multitude  surpassera  bientot  le  nombre  des  vege- 
tans existans.  On  se  borne  ordinairement,  dans  les  grands  ou- 
vrages  a  planches,  ou  le  dessinateur  et  le  graveur  ont  les  huit 

(i)  Paris,  1826;  Didot,  rne  Jacob,  n°  24-  Grand  rn-4")  a'vec 
34  planclies  representant  en  couieurs  plus  de  aSo  cspeces  dans  pres 
de  600  figures;  prix,  /\i  fr. 


/,8  SCIENCES  PHYSIQUES, 

dixiemcs  du  iiicritc,  i  donncr  des  descriptions  faites  sur  le  sec  , 
souvent  d'apres  d'execrables  echantillons,  tout-a-fait  mecon- 
naissablcs,  mais  rapportcs  de  loin,  et  dent  on  pent  faire  mi 
titro  dimmoitalitc  pour  quelquc  amateur  vivant  de  botani(iue , 
loquel  ne  manque  point  par  reconnaissance  d'envoyer  a  I'au- 
teur  du  genre  nouveau  ,  bon  ou  mauvais,  qui  porte  son  nom  , 
les  raretus  de  son  lierbier.  On  commence  neanmoins  a  sentir  le 
ridicule  de  cetlc  maniere  de  demander  une  sorte  d'aumone; 
les  bons  esprits  reconnaissent  que  les  plus  magnifiqucs  vege- 
tans ue  jouent  p^s  dans  la  nature  un  role  plus  important  que 
les  plus  petits;  il  est  meme  des  pliilosoplies  qui  croient  que  la 
connaissance  dc  ces  derniers  peut  produire  d'immenscs  resul- 
tats  pour  Tavancement  de  I'histoire  naturelle,  et  nous  sorames 
du  nombre  des  humbles  qui  ii'affectent  pas  un  surperbe  de- 
da  in  pour  les  cryptogames.  Aussi,  trouvons-noils  que  M.  Fee 
a  dit  fort  a  propos  :  «  L'efude  des  moindres  objets  en  botani- 
que  a  detruit  plus  d'erreurs  que  les  decoHvertes  faites  dans 
les  autres  branches  de  nos  connaissances  n'ont  amene  de  re- 
sultats  11.  En  effet,  cette  etude  a  fait  disparaltre  les  divisions 
des  regnes  et  prouve  que,  tout  tranches  qu'on  supposait  ceux- 
ci,  leur  separation  n'etait  pas  moins  arbitraire  que  tant  d'aii- 
trcs  dont  on  a  surcharge  la  science  sans  necessite.  M.  Fee,  par 
ses  recherches  paticntes  et  rainufieuses,  a  surtout  prouve,  con- 
tre  I'autorite  des  noms  les  plus  iniposans,  la  vanite  de  I'arith- 
metique  introduite  dans  les  sciences  naturciles,  puisque  I'une 
des  unites  botaniqucs  des  Adansons  modernes,  le  lichen  scrip- 
tus,  L.  est  devenue  pour  iui  une  famille  entiere  des  gjaphidees 
composee  de  sept  genres  des  mieux  circonscrits,  contenant 
plus  de  cent  especes  certaines.  JN'est-ce  rien  que  d'avoir  ainsi 
signale  une  route  d'erreur  aux  savans  qui  eussent  pu  depenser 
beaucoup  de  terns  pour  supputer,  d'apres  des  flores  plus  ou 
moins  incompletes,  dans  qucUes  proportions  rigoureuses  sont, 
a  la  surface  du  globe,  les  plantes  de  telle  ou  telle  famille  aux 
plantes  de  telle  ou  telle  autre? 

a  Non  ,  sans  doute,  les  cryptogames  ue  sont  pas  sans  impor- 
tance, ajoute  judicieusemont  M.  Fee;  elles  paraissent  destinees 


SCIENCES  PHYSIQUES.  49 

a  couvrir  de  terieau  les  surfaces  qui  en  sont  privies,  el  pre  - 

parent  ainsi  une  couche   d'humus   qui   recoit  plus  tard   les 

gernies  des  grands  vegetaux.  Le  roc  se  charge  d'abord   de 

lichens  criislaces,  puis  de  lichens  foliaces...  Cependant,  quel- 

ques  autcurs,  et  apres  eux  plusieurs  personnes  etrangeresa  la 

botanique,  ont  qualifie  ct'S  plantes  d'imparfaites.  Mais  ici  le 

mot  d'imperfection  ne  sert-il  pas  de  voile  h  Tignorance  ?  Nul 

elre  imparfait  n'a  pu  sortir  des  mains  du  Createur;  et,  si  cela 

eutete  possible,  aucun  principe  de  reproduction  n'eiit  accom- 

pagne  cette   oeuvre  ebauchee. »  Les  recherches  de  I'auteur 

confirment  pleinement  tout  ce  qu'il  dit  au  sujet  de  I'utilite  des 

cryptogames,  de  la  singularite  de  leur  reproduction,  de  la 

variete   avec    laquelle    nous   les    trouvons   repandues    dans 

la  nature,  ou,  malgre  les  lois   qu'ont  pretendu  etablir  dans 

la   distribution  des  etres  quelques  ecrivains,   qui  n'avaient 

pas    suffisamment  observe  les   objets   sur  lesquels  ils   ecri- 

vaient ,    beaucoup    d'especes    sont   communes    a   toutes   les 

contrees  de  I'univers.  II  en  est,  neanmoins,  qui,  cosmopolites 

relativement  aux  climats  ou  la  temperature  leur  permettait 

de  vivre,  ont  pour  patrie  telle  ou  telle  ecorce;  et  de  la, 

M.  Fee  a  imagine  un  nouveau  moyen  de  signaler  les  ecorces 

officinales,  de  sorte  que,  par  les  cryptogames  qui  la  couvrent, 

on  pourrail  distinguer  une  espece  de  quinquina  de  toute  autre ; 

cette  observation  correspond,  en  botanique,  a  celle  des  ento- 

mologistes  qui  ont  constate  que  le  pou  de  I'Ethiopien  n'etait 

pas  celui  de  I'Europeen,  d'espece  japetique,  et  qu'ainsi  le 

blanc  et  le  negre,  comme  on  les  appelle  vulgairement,  n'ap- 

partieunent  pas  k  la  meme   espece  du  genre  homme.  Cette 

maniere  d'etudier  les  choses  les  plus  meprisables  en  appa- 

rence,  pour  atteindre  aux  verites  de  I'ordre  le  plus  eleve, 

vaut  bien  celle  de  ces  botanistes  dont  les  longues  recherches 

sur  I'insertion  d'un  filet  ou  sur  la  disposition  d'une  bractee , 

finissent  par  decider,  par  exemple,  que  tel  arbuste  est  plutot 

une  ternstrsemiacee  qu'une  onagrairePQuoi  qu'il  en  soit,  M.  Fee 

qui  n'annon^ait  qu'un   essai  sur  les  cryptogames  des  ecorces 

officinales,  a  donne  beaucoup  plus  qu'il  ne    promit,  et  la 

T.  xxxT.  —  Juillet  1826.  /, 


5o  SCIENCES  PUTSIQUES. 

melhode  liclicnographiqnc  dont  il  fait  precc-der  son  beau  tr«- 
vail,  est  certainement  preferable  a  cclle  d'Acharius,  si  r.ouveut 
iiiodifiee  par  son  auteur,  et  qui  rompait  encore  bien  des  rap- 
ports naturels,  meme  apres  avoir  subi  ses  derniers  cliangemens. 
Nous  ponrrions  cependant  adresscr  quelques  observations 
critiques  a  I'auteur  ,  au  sujct  de  plusieurs  de  ses  groupes  et  de 
ses  genres,  qui  nous  paraissent  efre  un  pen  trop  nombreux, 
et  quelquefois  bases  sur  des  differences  offertes  par  des  echan- 
tillons  d'herbier,  plutut  que  par  des  planles  etudiees  en  profu- 
sion dans  I'etat  de  fraicheur.  Un  savant  allemand  qui  s'occupe  de 
la  meme  famille  dc  plantes  que  M.  Fee,  simplifie  aujourd'hui 
singnlierement  la  melhode  lichenographique,  et  il  a  raison.  Il 
y  a  plus  de  vingt  ans  que  nous  soupconnions  Texistence  d'une 
senle  cspece,  depuis  le  L.  pixidatus  le  plus  simple,  jusqu'au 
L.  rangiferimis  le  plus  complique.  Or,  nous  ne  saurions  adopter 
tout  au  plus  quecomme  sous-genre  les  cladonia ,  scyphiphorus , 
e\.  pycnotelia.  Peut-etre  aussi ,  I'auteur  n'a-t-il  pas  assez  re- 
monte  aux  sources  ou  puisa  quelquefois  Acharius,  c'est-a-dire 
aux  ouvrages  dans  lesqiiels  on  s'est  occupe  de  lichens  avaut 
le  classificateur  suedois.  II  eut  vu  ,  par  exemple,  dans  I'nn  des 
notres,  publie  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  un  lichen  unguigerus , 
reproduit  par  Acharius  sous  le  nom  de  nephroma  unguigera  , 
et  ne  I'eiit  pas  donne  comme  nouveau  et  decouvert  par  un 
autre  voyagj?ur ,  sous  le  nom  de  geni-e  erioderma ,  nom  qui  doit 
etre  rejete,  parce  que  la  plante  en  question  que  nous  n'avons 
pas  eludiee  seulement  d'apres  quelques  irauvais  echantillons 
mal  prepares,  mais  sur  place  a  Mascareigne,  est  un  veritable 
nephroma,  et  qu'il  etait  absolument  inutile  de  I'extraire  d'une 
coupe  oil  est  suffisamment  bien  place  notre  lichen. 

Apresavoir  parfaitement  caracterise  les  lichens,  etdemaniere 
ace  qu'il  soil  desormais  impossible  de  les  confondre  avec  quel- 
que  autre  classe  de  vegetaux  que  ce  soit,  M.  Fee  en  forme  dix- 
huit  groupes  on  families,  et  les  dispose,  dans  la  planche  iv, 
comme  il  serait  curieux  de  disposer  les  families  et  les  genres  des 
autres  classes,  c'est-a-dire ,  en  cercle  d'ou  partent  des  raccords 
vers  les  points  d'affinit^  des  classes  et  families  voisines.  Main- 


SCIENCES  PHYSIQUES.  5i 

tenant  qii'il  est  bien  demontre  que  toute  disposition  rectiligne, 
en  liistoiie  naturelle,  ne  pent  tout  an  plus  equivaloir,  par  rap- 
port aux  convenances  naturellcs,  qu'au  systcme  sexuel  qui  ne 
rompait  gucre  plus  d'alfuiites,  les  naturalistes  devraient  s'ap- 
pli(iucr,  ainsi  que  Tavaient  deja  tente  M.  Gallesio  pour  le  genre 
citrus,  M.  Cassini  pour  Ics  synanlherees,  et  le  premier  pour  Ics 
lichens,  noire  modeste  et  savant  ami  le  chef  de  bataillon  Delise, 
les  naturalistes  devraient,  disons-nous,  s'appllqiier  a  composer 
des  cartes,  on,  suivant  le  vosu  de  Linrie,  les  productions  de  la 
nature  se  trouveraient  disposees  comme  les  empires  le  sontsur 
les  cartes  de  geographic. 

Soixante  genres  qu'il  serait  trop  long  de  mentionner  ici ,  deux 
cent  quatre-vingt-huit  especes,  dont  plus  de  la  moilio  sont 
parfaitemcnt  figurees,  remplisserit  I'excelient  ouvrage  que  nous 
recommandons  aux  naturalistes,  et  auquel  sa  magnifique  exe- 
cution assure  une  place  distinguee  jusque  dans  les  biblio- 
theques,  mcme  de  luxe. 

Nous  saisirons  cette  occasion;  et,  puisqu'il  est  question  de 
parasites  desecorces,  pour  deplorerl'interruption  d'un  ouvrage 
qui  pouvait  former  le  complement  de  celui  que  M.  Fee  a 
termine  avee  une  si  prodigieuse  celerite;  nous  voulons  parler 
des  fascicules  du  docteur  Chevalier,  anxquels  M.  Firmin 
Didot  pretait  aussi  le  sccours  de  ses  beaux  caracteres.  Les  dix 
planches  qui  en  ont  deja  paru  sont  de  veritables  chefs-d'oeuvre, 
oil  les  figures  equivalent  prcsque  aux  objets  representcs  pour  les 
personnes  qui  veulent  reconnaitrc  uue  espeee  du  premier  coup 
d'oeil,  sans  perdre  un  tenis  precieux  a  comparer  de  longues  et 
minutieuses  descriptions,  souvcnt  insuftisantes  pour  faire  re- 
connaitre  les  cryptogames.  Le  docteur  Chevalier  faisalt  a  peu 
pres,  pour  les  especes  indigenes,  ce  que  le  savant  dont  I'ou- 
vrage  vient  de  nous  occuper,  a  fait  pour  les  especes  exoliques; 
et  il  serait  plus  important  qu'on  ne  pense  en  histoire  naturelle 
de  fixer  I'existence  de  tous  ces  avortons  de  la  creation  par 
lesquels  cette  puissance  semble  avoir  commence  et  termine 
I'cxecution  de  ses  plans  merveilleux. 

Bor.Y  UK  Saint-Vincent, 


52  SCIKNCES  PHYSIQUES. 

Geometric  et  mecanique  des  arts  et  metiers  et  des 
BEA.OX-ARTS;  GouRS  NORMAL  CI  Vusiige  des  ouvriets  et 
des  artistes )  des  sous-chefs  et  des  chefs  d^ ateliers  et  de 
manufactures ;  proFesse  au  Conservatoire  des  arts  et 
metiers,  par  le  baron  Charles  Udpii^,  de  TAcademie 
des  sciences,  elc.  (i). 

IVoiis  n'avons  pu  aunoncer  encore  que  le  premier  vo- 
lume de  cet  ouvrage  vrainient  national  (  voy.  Rrv.  Enc. , 
torn.  XXIX,  pag.  2o3  ),  dont  I'heureusc  influence,  secondee 
par  les  professeurs  qui  le  prennent  pour  maliere  de  leur 
enseignenient  ,  va  placer  la  classe  industrieuse  de  la  France 
au  premier  rang,  ou  pour  mieux  dire,  hors  de  rang,qnant 
ik  I'instruclion.  Si  Ton  compare,  nieme  en  Angleterre,  les 
ecoles  d'ouvriers  a  celles  qui  se  forment  dans  presque  toutes 
nos  villes,  on  sera  eonvaincii  que  la  melropole  de  lindustrie 
no  pourra  conserver  la  superiorite  qu'elle  avail  acquise,  et 
qu'on  ne  lui  conteslait  plus;  que  le  genie  fran^ais,  aide  par  !e 
savoir ,  va  la  snivre  a  grands  pas  dans  la  carriere,  I'atteindre  , 
el  enfin  la  depasser.  Lorsque  nous  conipterons  par  niilliers  , 
dans  presque  toutes  nos  piovinces ,  les  ouvrlers  ponrvus  des 
connaissances  renfermoes  dans  les  trois  volumes  de  ce  cours 
normal,  il  seia  bien  difficile  qu'un  fait  instnictif  echappe  h. 
I'observation  ,  qne  les  perfecliounemens  n'arrivent  point  en 
foule,  et  qu'apprecies  avecjustesse  ils  ne  se  repandent  par- 
lout,  sans  retard  et  sans  obstacle.  De  fansses  vues,  de  steriles 
essais  ne  fcront  pas  perdre  un  tems  precieux  :  I'homme  habile 
tronvera  parlout  d'auljres  hommes  capables  de  le  seconder , 
le  charlatan  fera  pen  de  dupes,  et  celles  qu'il  pourra  se- 
dui<'e  encore  inspireront  moins  d'interet  et  de  regrets  :  ces 
resultats  de  I'instruclion  ne  sont-ils  pas  nn  perfeclionnement 
moral,  et  de  la  pins  haute  importance?  Ferait-on  plus,  ou 
mieux,  par  quelque  autre  moyen  ? 

(i)  Paris,  1826;  Baclielier,  quai  des  Augustins,n°  55.  3  vol. 
in-S",  avec  beaucoup  de  planclies  gravees ;  prix  ,  6  fr.  cliaque  vol. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  53 

La  nature  et  le  but  de  cet  ouvrage  et  de  renseigueinent  qii'ii 
est  destine  h  propager  meritent  la  plus  serieuse  attention,  non- 
seulement  des  professeurs  ,  nriais  de  toys  les  homines  qui  pen- 
sent;  et  les  hommes  du  mondene  refuseront  pas  d'etre  compris 
dans  ce  nombre.  Peut-etie  meme  conviendrait-il  de  leur  re- 
commander  plus  particulierement  les  observations  suivantcs 
auxquelles  on  est  conduit  par  la  lecture  de  I'ouvrage  de 
M.  Dupin. 

L'instruction  litteraire  pent  etre  morcelee,  partielle,  reduite 
k  un  petit  nombre  d'objets,  sans  rien  perdre  de  ses  charmes, 
de  son  utilite,  de  son  merite.  Cctte  propriete  remarquable  a 
du  lui  concilier  beaucoup  de  suffrages,  et  decider  en  sa  fa- 
veurdes  preferences  de  gout,  que  Ton  altribue  volontiers  a 
I'estime,  soil  qu'on  les  accorde,  soit  qu'on  en  profite.  Fortes 
de  cette  predilection  generale,  les  lettres  ont  impose,  sans  le 
vouloir,  aux  autres  divisions  des  connaissances  humaines  quel- 
ques-unes  de  leurs  opinions,  quclques  maximes  ou  regies  qui 
ne  convenaient  qu'a  elles  seules.  C'cst  ainsi  qu'on  a  cru  dire 
une  chose  sensee,  en  conseillant  de  ne  prendre  que  la  Jlcur  de 
CCS  connaissances,  de  se  tenir  a  \Asuperficie  et  de  ne  rien  ap- 
profondir.  Montesquieu,  que  les  lettres  ne  desavouent  point, 
etait  loin  de  partager,  a  cet  egard,  I'opinion  commune  :  dans 
une  science ,  disait-il ,  on  ne  dent  rien  ,  sil'on  ne  dent  toute  la 
chaine.  Cette  pensee,  reproduite  frequemment,  et  sous  des 
formes  diverses,  est  demeuree  dans  les  ecrits,  sans  devenir 
une  verite  pratique;  destinee  qui  lui  est  commune  avec  beau- 
coup  d'autres  resultats  de  I'experience  et  de  I'observation. 
Presque  toujours,  les  ouvrages  dont  le  but  est  l'instruction  de  la 
classe  laborieuse  sont  regardcs  comme  elementaires,  parce 
qu'ils  commencent  effcctivement  au  point  de  depart,  et  qu'ils 
ne  vont  pas  loin  :  c'est  a  peu  pres  comrae  si  Ton  affirmait  qu'un 
voyageur  est  arrive ,  parce  qu'il  s'est  mis  en  route,  et  qu'il  a 
fait  quelques  pas.  Rien  de  plus  inutile  que  ces  pretendus  ou- 
vrages elementaires  :  malhenreusement,  plusieurs  sont  cou- 
ronnes  et  repandus  par  des  Societes  philantropiques.  Avec 
cette  direction,  la  bienfaisancc  nc  pent  atteindrc  son  but,  et 


5/,  SCIENCES  PHYSIQUES. 

la  profusion  des  livres  n'est  point  uno  source  de  lumieres. 
Pour  que  I'enseignement  soit  profitable,  il  faut  qu'il  embrasse 
dans  toute  son  etendue  un  objet  special  ;  si  cct  objet  n'etait 
monlre  qu'en  partie,  autant  aurait  valu  le  laisser  entierement 
cache.  Mais  I'intelli^ence  qui  aper9oit  les  limites  reelles  d'un 
objet  compris  dans  le  domainc  des  arts  ou  des  sciences ,  et  I'es- 
prit  d'analyse  qui  trace  ces  limites  avec  clarte  et  precision,  sont 
des  facultes  assez  rares;  elles  constituent  le  talent  capable  de 
composer  de  bonsouvrages  ^lementaires  :  on  les  cherche  sou- 
vent,  la  ofi  elles  nepeuvent  etre,  dans  la  mediocrite. 

Nous  ignorons  si  les  champs  de  I'imagination  sont  plus  vastes 
que  ceux  dont  se  compose  le  domaine  des  sciences  et  des  arts: 
mais  nous  voyons  clairement  que  I'imagination  forme  des 
groupes  et  les  detruit,  combine  et  bouleverse  au  gre  de  ses 
fanlaisies  plus  ou  moins  raisonnables  ;  au  lieu  que  les  sciences 
meltent  tout  en  ordre ,  et  que  les  arts  dont  les  produits  doivent 
etre  durables,  suivent  egalement  des  procedes  indiques  par  la 
nature  des  choses.  On  sait  aussi  que  I'effet  ordinaire  de  la  re- 
gularite  et  de  la  symetrie  est  de  diminucr  la  grandeur  appa- 
rente  d'un  ensemble  d'objets  :  c'est  peul-etre  «me  illusion  de 
cette  espece  qui  livre  limmensite  a  I'imagination,  et  renferme 
les  sciences  et  les  arts  entre  des  bornes  que  I'on  ne  peut  voir  , 
mais  dont  on  admet  I'existence,  sur  la  foi  du  raisonnement. 
Quel  que  soit  le  nombre  des  objets  qui  remplissent  cet  espace  , 
ils  y  forment  des  groupes  naturcls,  dont  les  parlies  ne  peuvent 
etre  connues  independamment  de  la  place  qu'elles  occupent , 
dont  chacun  peut  etre  le  snjet  d'un  traite,  d'un  ouvrage  t'/f- 
7>ientaire,  pourvu  que  rien  n'y  soit  omis ,  qucl'ordre  des  ana- 
logies soit  ngoureuscment  observe  et  que  I'ori  n'y  remarque 
point  de  lacunes.  Un  ouvrage  ne  peut  etre  instructif ,  s'il  no 
satisfait  a  toutes  ces  conditions. 

On  ne  sera  done  point  surpris  que  M.  Dnpin  ait  consacrc 
trois  gros  volumes  a  un  Cours  normal  de  geometric  et  de  me- 
canique  pour  les  ouvriers.  Le  savant  professeur  n'a  certaine- 
ment  rien  mis  dans  son  ouvrage  qui  puisse  etre  considers 
comme  un  luxe  de  savoir ;  il  connait  trop  bien  le  prix  du  terns 


SCIENCES  PHYSIQUES.  55 

pour  nc  pas  eparguer  celui  de  ses  eleves,  de  »es  nonibreux 
collaborateurs  dans  toute  la  France,  et  le  sien  proprc.  Si 
done  il  a  f'allu  trois  volumes  de  5oo  pages  au  moins  pour 
enseigner  aux  ocvriers  la  geometric  ft  la  mecaniqiie  usiielles, 
quels  fruits  aurait-ou  pu  recucJllir  d'(m  pareil  nombre  d'opus- 
cules  reduits,  suivant  I'usage,  a  trois  ou  quatre  feuilles  d'im- 
pression,  et  decores  du  litre  d'ouvrages  elementaires  ?  Loin 
que  M.  Dupin  ait  mis  dans  son  ouvrage  rien  dont  il  eut  pii  se 
passer,  il  est  aise  de  prevoir  que  chaque  reimpression  s'ac- 
croitra  de  quelques  fails,  de  preceptes  ou  de  donnees  genc'rales 
dont  I'experieneo  de  I'enseignement  ou  des  ateliers  auront  fait 
sentir  le  besoin.  Le  premier  volume,  consacre  a  la  geometrie  , 
n'est  guere  susceptible  de  varier  dans  son  etendue  ;  le  second  , 
oiiles  theories mecaniques  sont  exposees,  pent  aussi  atteindrc 
tres-promptement  la  forme  et  les  developpemens  qile  compor- 
tent  le  nombre  limite  et  la  nature  des  elemens  dont  il  est  com- 
pose. Mais  le  troisieme  volume,  destine  a  la  description  de 
V art  des  machines,  de  ses  ressources  et  de  ses  procedes,  cette 
partie  de  I'ouvrage  ne  peut  avoir  de  limites  que  celies  de  la 
duree  de  I'enseignement:  elie  doit  renfermer  tout  ce  qu'il  est 
possible  d'ymettre;son  ulilile  sera  proportionnelle  a  son  eten- 
due :  le  tems  approche  peut-etre  ou  Ton  sentira  la  necessity 
d'y  ajouter  un  autre  volume. 

Ce  cours  devait  etre  special;  il  s'agissait  d'enseigner  la  geo- 
metric des  arts,  et  la  mccanique  des  machinistes.  Mais,esl-il 
possible  de  considerer  ces  deux  sciences  sousun  aspect  diffe- 
rent, et  de  les  trailer  diversement,  suivant  les  applications 
qu'cn  veut  en  faire  ?  Ne  sont-elles  pas  I'une  et  I'autre  un  en- 
semble de  verites  disposees  dans  un  ordre  invariable,  et  dont 
I'expression  peut  etre  rrimeuee  au  dernier  degre  de  justesse  el 
de  concision ?  Les  sciences  n'ont  -  elles  pas,  en  general,  un 
caractere  de  simplicicite  qui  semble  imposer  la  necessite  de  les 
presenter  conslamment  sous  la  meme  forme  ,  quel  que  soil  I'u- 
sage qu'on  veut  en  faire?  Pour  repondre  a  ces  questions,  exa- 
minons.si  la  geometrie  des  arts  n'est  pas  effectivement  un  peu 
different©  de  la  geometrie  consider^e  dans  toute  sa  generalite, 


56  SCIENCES  PHYSIQUES. 

ct  si  la  rnecanique  du  machiniste  est  exactement  la  meme  que 
celle  de  I'astronome. 

Le  but  des  arts  dits  mecaniqites  et  de  ceiix  des  beaux  -  arts 
qui  eniploient  le  dessin  est  d'executer  des  formes  deterniinees, 
ou  de  trouver  ces  formes  d'apres  cortaines  conditions.  Les  me- 
thodes  de  calcul  y  sont  Ires-souvent  necessaires;  mais  on  y 
fait  un  tisage  continuel  des  methodes  auxquelles  on  applique  la 
denomination  tres-exacte  A*i  geomelrie  descriptive  ,  parce 
quelle  donne  effectivement  les  moyens  de  determiner  les  for- 
mes et  les  situations,  et  par  consequent  de  les  decrire.  Or,  c'est 
un  fait  tres-remarquable,  etbien  dignedc  trouver  place  dans 
I'histoire  des  sciences,  que  cettc  partie  essentiellede  la  geo- 
metrie  ,  aussi  ancienne  que  les  arts  el  que  ton te  autre  applica- 
tion des  sciences,  n'a  commence  a  prendre  la  forme  scientifique 
que  dans  ie  xviii'"'  siecle.  Ce  serait  en  vain  que  Ton  en  re- 
chercherait  quelques  vestiges  dans  les  ecrits  des  aneien* 
gcometres,  ni  dans  les  ouvrages  de  mathematiques  ,  rediges 
suivant  I'ancienne  methode  classique.  On  n'aurait  pu  I'intro- 
duire  dans  I'enseignement,  si  Ton  avait  conserve  lechafau- 
dage  des  theoremes,  coroUaires,  scolies,  etc.,  ainsi  que  les 
fatigantes  etpresque  toujours  inutiles  demonstrations  des  pro- 
positions inverses.  Les  Anglais  qui  ont  persiste  avec  une  sorte 
d'obstination  dans  les  vieilles  habitudes  d'instruciion  mathe- 
inalique  ,  n'ont  point  redige  la  f^eomctrie  des  arts,  quoiqu'elle 
fut  repandue  dansleurs  ateliers  et  leurs  chantiers.  Les  ouvriers 
I'y  apprenaient  ,  et  continuent  encore  a  I'apprendre,  noii 
comme  une  science,  mais  comme  un  art,  avec  plus  de  terns  et 
de  peines,  et  moins  bien. 

Cependant,  la  geometric  descriptive  n'est  pas  toute  lajijw- 
melrie  des  arts,  quoiqu'elle  en  forme  la  partie  essentielle  et 
caracteristique.  Comme  son  but  n'est  que  de  determiner  et  de 
decrire  des  formes,  elle  ne  s'occupe  point  des  mesures,  ni  des 
methodes  de  calcul  dont  les  arts  nc  peuvent  se  passer.  II  a 
ddnc  fallu  prendre  ces  connaissances  dans  les  depots  tpii  les 
renferment,  dans  les  meilleurs  elemcns  de  geometrie.  On  ne 
reprochera  point  a  M.  Dupin  un  faslueux  elalago  d'un  savoir 


SCIENCES  PHYSIQUES.  5? 

iuutile  aux  arts;  il  s'est  reduit  scrupuleuseinciit  a  ce  que  les 
artistes  ne  peuvent  ignorer  sans  inconveniens. 

Une  machine  a  pour  objet  d'appliquer  une  force  niotrice  a 
ia  matiere  sur  laquelle  cette  force  doit  agir,  d'impriraer  et  de 
diriger  le  mouvemcnt.  La  route  que  le  mobile  doit  parconrir 
est  determinee,  il  n'est  jamais //6re.  Les  mouvemens  des  corps 
celestes  s'accomplissent  d'une  autre  maniere,  et  ne  sont  point 
soumis  aux  memes  conditions;  ils  sont  litres ;  les  forces  dont 
ils  eprouvent  Taction  ne  sont  soumises  qu'a  une  seule  loi :  la 
mecanique  celeste  a  done  a  resoudre  des  problemes  fort  diffe- 
rens  de  ceux  qui  occupent  le  machiniste.  L'etude  du  systenie 
du  monde  suppose  la  connaissance  de  la  theorie  du  mouve- 
ment  des  corps  libres;  pour  les  applications  aux  arts,  il  ne 
s'agit  que  des  mouvemens  qui  s'accomplissent  suivant  des 
lignes  ou  sur  des  surfaces  determinees.  Ainsi,  la  mecanique 
generale ,  telle  qu'elle  est  devenue  par  les  travaux  de  D'Alem- 
bert,  d'EuU'r,  de  Lagrange,  etc.,  va  plus  loin  que  ne  I'exi- 
gent  les  besoins  du  machiniste.  II  fallait  rediger  une  mecanique 
des  arts.  Voyons  comment  M.  Dupin  a  concu  I'ensemble  et  la 
distribution  de  son  Cours  de  geometric  et  de  mecanique. 

Le  Traite  de  geometrie  est  divise  en  seize  lecons  oii  les  ap- 
plications, toujoiirs  a  la  suite  de  la  theorie,  servent  en  meme 
tems  a  la  faire  mieux  comprendre  eta  la  fixer  dans  la  memoire. 
Huit  lecons  de  geometrie  descriptive  font  parcourir  auxelevcs 
tous  les  principes  et  toutes  les  methodes  de  cette  science , 
et  quelques-uns  de  ses  usages.  L'auteury  a  traite  des  cylindres  , 
des  surfaces  coniques  ,  developpables ,  gauches,  de  revolution , 
spirales  ;  tous  ces  genres  de  surfaces  d'uu  emploi  si  multiplio 
n'etaient  connus  que  tres-imparfaitement,  et  quelques  -  unes 
de  leurs  proprietes  les  plus  remarquables  n'avaientete  revc- 
lees  qu'aux  georaetres ,  sans  que  les  arts  en  eussent  profite.  Les 
methodes  generales  pour  tracer  Tj/z^cz-iecf/ow  des  surfaces  dont 
la  situation ,  la  forme  et  les  dimensions  sont  donnees  geome- 
triquement,  fournissent  la  solution  d'une  multitude  de  pro- 
blemes. L'auteur  passe  aux  considerations  importantes  des 
tangentes  aux  courbes  et  des  plans  tangens  aux  surfaces  ,  no- 


58  SCIENCES  PHYSIQUES. 

tions  boaiicoup  Uop  restreinfes  dansles  Clemens  ordinaires  dc 
geomelrie.  La  mesiire  de  la  courbure  dcs  lignes  et  des  surfaces 
est  un  autre  ordre  de  connaissances  qui  manijuait  totalemeiit 
ii  la  classe  industrieuse,  et  qui  donnera  plus  de  precision  a 
queiques  precedes,  phis  dejustcsse  au  coup  d'oeil,  el  surtout 
I'habitude  de  la  correction,  sans  laquelle  les  arts  ne  se  perfec- 
tionneraient  point.  La  seizieme  Iccon  est  V exposition  faite  a  la 
Societe  (V encouragement  pour  Vindustrie  nationale  sur  les  pro- 
gres  du  nouvcl  enseii^nernent  de  geometrie  et  de  mecanique, 
L'ordre  dcs  tems  assi^uait  a  cet  expose  la  place  qu'il  occupe : 
aujourd'hui,  il  ne  scrait  pas  moins  bien  place  au  commence- 
ment, en  forme  d'introduction. 

L'enseignement  des  theories  mecaniques  comprend  quinzc 
lecons ,  ou  les  applications  trouventaussi  leur  place,  immedia- 
tement  a  la  suite  des  verites  qu'ellcs  eclaircissent  et  develop- 
pent.  Dans  la  premiere  lecon ,  I'auteur  expose  notre  systeme 
metrique,  et  il  en  fait  sentir  les  avantages.  L'abondance  dela 
matiere  I'oblige  a  continuer  le  meme  sujet  dans  la  lecon  sui- 
vante ,  oil  il  expose  aussi  les  premieres  lois  du  mouvement. 
Danscette  premiere  partie  de  sou  traite  de  mecanique,  il  a  dir 
suivre  la  route  frayee  par  ses  predecesseurs  :  sa  metliode  d'ex- 
position  ne  pouvait  diffeier  de  celle  des  anciens  auteurs  que 
par  unlangage  plus  simple,  un  peu  different  des  formes  ordinaires 
de  la  science,  par  des  exemples  plus  multiplies,  plus  familiers  et 
DOn  moins  utiles  et  instructifs.  Il  ne  lui  etait  done  pas  possible 
d'etre  aussi  court  sur  chaque  sujet  :  il  fallait  renoncer  au  laco- 
nisme  habituel  de  la  langue  des  sciences,  et  prendre  de  tems 
en  tems  le  ton  de  la  conversation,  toujours  un  peu  verbeuse. 
II  faut  avoir  lu  ce  traite  de  mecanique ,  pour  bien  juger  des 
difficultes  que  I'auteur  avail  a  surmonter.  Un  livrc,  tel  que 
celui-ci,  suppose  plus  que  du  savoir :  si  Ton  n'y  Irouvait  que 
ce  qui  convient  a  I'etude  de  la  science,  de  bons  elemens;  si 
Taiiteur  n'y  montrait  point,  a  chaque  page,  le  fruit  des  obser- 
vations qu'il  a  faites  en  enseignant,  il  serait  encore  loin  du  but; 
nos  ouvriers  n'auraient  qu'une  instruction  plus  apparente  que 
recUs  ,  jiuperficiel/e  d<\n%  le  sens  le  plus  raisonnablcde  ce  mot, 


SCIENCES  PHYSIQUES.  Sg 

qu'ils  ne  conserveraient  pas  long-tems ,  et  qui,  dans  la  pra- 
tique, ne  serait  pas  un  guide  assez  digne  de  confiance.  Ne 
craignons  point  de  le  repeter  :  I'auteur  se  serait  expose  a  n'a- 
voir  fait  qu'un  travail  d'une  utilile  restreinte  et  peu  certaine  , 
si  son  iivre  elait  plus  court. 

M.  Dupin  n'a  point  conserve  la  division  ordinaire  destraites 
de  mecanique;  il  n'expose  pas  separement  les  conditions  de 
I'equilibreet  les  resultals  du  mouvement.  Comme  a  toutes  les 
epoques  de  notre  vie  ,  et  principalement  dans  notre  jeunesse  , 
les  faits  de  mouvement  nous  sont  beaucoup  mieux  connus  que 
ceux  d'equilibre  ,  rien  de  plus  conforme  aux  habitudes  de  notre 
intelligence  et  aux  regies  de  la  logique,  que  de  partir  dece 
que  nous  savons  le  mieux  ,  pour  proceder  a  de  nouvelles  re- 
cherches.  La  troisieme  lecon  sur  les  forces  paralleles ,  la  pe- 
santeur  et  les  centres  de  gravite  eut  ete  moins  instructive,  et 
cependant  plus  longue,  si  elle  avait  commence  par  les  notions 
de  statique  sur  lesquelles  le  professeur  a  leplus  insiste.  On  doit 
bien  s'attendre  a  quelque  partage  d'avis,  au  snjet  des  applica- 
tions qu'il  fait  des  theories  mecauiques  aux  beaux-arts  :  des  que 
Ton  entre  dans  le  domaine  du  gout,  on  a  quitte  celui  des  de- 
monstrations ,  et  le  raisonnement  n'est  plus  un  moyen  de 
conviction. 

La  quatrieme  lecon  est  consacree  a  I'exposition  des  proprie- 
tes  des  centres  de  gravile  aux  methodes  pour  les  determiner , 
h.  la  theorie  et  aux  usages  des  momens.  Apres  avoir  niontre 
comment  les  centres  de  gravite  peuvent  servir  a  trouver  le  vo- 
lume de  certains  corps,  M.  Dupin  fait  I'observation  suivante  : 
«  Il  est  essentiel  d'appeler  lattention  des  eleves  sur  ces  rela- 
tions intimes  desproprietesde  la  geometiie  et  de  la  mecanique. 
La  mecanique  sans  geometric  estune  routine  sans  theorie,  unc 
elude  sans  lumiere,  ou  plutot,  une  elude  impossible.  A  son 
tour,  la  mecanique  rend  a  la  geometric  d'importans  services; 
elle  lui  fournit  des  instrumens  varies  pour  executer  avec  une 
extreme  precision ,  et  pourtant  avec  facilite,  des  operations 
tres-delicates.  Effor9ons-nous  done  de  montrer  de  plus  en  plus 
les  rapports  indispcnsables  de  ces  deux  belles  sciences ,  pour 


Go  SCIENCES  PHYSIQUES. 

les  appliquer  de  concert  5  rindiistrie.  »  La  mecanique  rend-elle 
en  effct  quelques  services  h  la  geometric  ?  La  science  dc  I'e- 
tendue  pent  subsister  isolee,  absolument  independantedecelle 
du  mouvenient,  lirant  d'elle  seulc  toutesses  ressources  ettoutes 
ses  raelhodes,  y  coinpris  celle  des  centres  de  gravite ,  denomi- 
nation contra  laquelle  on  a  souvent  reclame.  La  science  du 
niouvemcnt  ne  pent  se  passer  des  notions  de  lieu,  de  distance, 
de  figure  ,  de  tout  ce  qui  est  du  ressort  de  la  geometrie ,  et  la 
plupart  du  terns,  on  n'a  fait  que  de  la  geometric ,  en  s'occti- 
pant  de  mecanique.  Mais,  lorsque  les  notions  de  mouvement 
ontete  introduitesdans  des  recherchespurementgeometriques, 
il  est  tres-douteux  qu'ellesles  aientsecondees.  La  maniere  me- 
canique dont  Roberval  avait  concu  les  tangentes  aux  courbes 
ne  pouvait  mener  aussi  loin  que  la  raelhode  de  Fermat,  qui 
est  toute  geometrique.  On  peutobjecler  que  la  forme  des  sur- 
faces est  tres  bien  decrite  et  concue  par  la  forme  et  le  mouve- 
ment des  lignes  generatrices;  niais,  dans  ce  cas,  I'idee  de 
munvement  n'est  point  necessaire,  etdisparait  tout-a-fait,  apres 
.ivoir  prete  a  I'imagination  un  secours  momentane,  et  qui  n'e- 
tait  pas  indispensable.  Nous  insistons  sur  cette  remarque,  dans 
I'interet  d'une  verite  generale,  trop  souvent  meconnue,  et 
qu'on  ne  pent  cependant  negliger  impunement;  c'est  que  I'a- 
nalyse  qui  distingue  et  differeucie  est  toujours  d'une  utiiite 
non  contestee,  au  lieu  que  I'analogie  qui  rapproche  est  quel- 
quefois  sur  le  point  decor.fondre,  que  son  langage  manque  de 
correction,  et  qu'il  ne  pent  eire  sans  influence  sur  la  justesse 
desidees:il  a  necessairement  quelques  uns  des  inconveniens 
du  langage  figure.  On  le  remarque  jusque  dans  le  trace  des 
courbes  qui  servent  a  represcnter  des  resultats  d'observations; 
ce  mode  d'expression  a  deja  propage  des  notions  fausses ,  ct 
fait  faire  de  njiiuvaisraisonuemens.  M.  Dupin  a  choisi  I'exemple 
de  deux  sciences  dont  I'une  est  necessaire  a  I'autre,  et  qui 
semblent  en  effet,  se  preter  un  secours  mutuel  :mais,  lorsque 
la  mecanique  pretend  aider  la  geometric,  elle  ne  fait  que  res- 
tituer  ce  qui  ne  lui  appartient  pointj  la  geometric  ne  lui  doit 
point  de  reconnaissance. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  6i 

Danslacinquieme  lecon,  I'auteur  a  traite  de  la  composition 
^l  de  la  decomposition  des  forces,  et  il  termine  ainsi  I'Lnstruction 
siir  les  lois  geneiales  du  mouvement.  Passant  ensuite  aux  ma- 
chines simples,  il  commence,  dans  la  sixieme  lecon  par  les 
cordes,  les  ponts  suspendus,  les  traits  et  les  harnais  d'attelage , 
Ic  greement  des  vaisseaux,  etc.  Le  meme  sujet  est  continue 
dans  la  lecon  suivanle,  ou  I'application  des  cordes  a  la  produc- 
tion du  mouvement  circulaire  amene  les  considerations  rela- 
tives h  ce  mouvement,  et  ensuite,  la  theorie  du  pendule. 

Les  leviers  et  les  poulies  sont  le  sujet  des  deux  le9ons 
suivantes.  La  somme  des  connaissances  renfermees  dans  les 
56  pages  consacrees  h  ces  deux  sortes  de  machines  aurait  pu 
fournir  !a  matiere  d'un  volume.  II  a  falluparler  des  differentes 
sortes  de  balances,  du  gouvernail  des  vaisseaux,  des  expe- 
riences de  Coulomb  sur  la  raideur  des  cordes,  des  precedes  de 
MM.  Brunel  et  Hubert  pour  fabriquer  les  rouets,  etc.  Le 
treuil  et  les  roues  dentees  qui  viennent  ensuite  exigeaientaussi 
d(!s  developpemens  fort  etendus,  comme  elemens  necessaires 
d'une  multitude  de  machines  composees. 

Dans  la  lecon  sur  le/j/««  incline  {\a.  onzieme),  M.  Dupin  a 
fait  I'application  de  la  theorie  dc  cette  machine  ^  la  recherche 
des  conditions  d'equilibre  de  plusieurs  formes  diverges  posces 
sur  des  plans,  a  celle  des  metacentres ,  ^  la  stabilite  des  voi- 
liires  en  repos  ou  en  mouvement,  aux  routes  ou  ornieres  en 
fer,  et  il  decrit  I'une  de  ces  routes  destinee  au  transport  du 
charbon,  et  quis'eteud  sur  un  e^pace  de  lo  kilometres,  depuis 
la  mine  jusqu'au  lieu  d'embarquement ,  pres  de  Sunderland. 

A  mesure  que  Ton  avance  ,  les  objets  dont  on  s'occupe  de- 
viennent  plus  complexes,  et  les  applications  plus  varices.  La 
vis  et  le  coin,  les  torsions  et  leur  effet  sur  les  cordages,  les 
instrumens  des  arts  derives  de  la  vis  el  du  coin  sont  une  partie 
ossentielle  des  connaissances  dont  I'ouvrier  doit  etre  pourvii. 
Ici,  il  a  deja  fallu  tenir  compte,  non-seulement  de  la  forme  et 
des  dimensions,  mais  aussi  des  proprietes  particulieres  des. 
corps  employes  dans  la  construction  des  machines.  L'impor- 
tante  theorie  des  frottemens,  si  rcmarqnable  par  la  simplicite 


6.1  SCIENCES  PHYSIQUES, 

de  ses  lois  et  par  le  genie  qui  I'a  creee  ;  celle  des  pressions,  dcs 
tensions,  de  relasticito ;  enfin,  Ics  lois  du  choc  des  corps,  et 
quelqiics-unes  de  leurs  applications  les  plus  inslructives  sont 
les  sujets  des  qualre  dernieres  Iccons.  Nous  n'avotis  puinserer 
ici  qu'unc  table  des  malicios  ties  abregee;  niais  cetle  nolice 
impaifaite  servira  tout  au  moius  A  justiRer  ce  que  nous  avons 
dit  sur  la  nccessite  de  trailer  oes  matieres  pluslonguement  et 
plus  afondi\\xnn  ne  I'a  fait  jusqu'ici.  On  en  tirera  aussi  celte 
consequence,  qui  n'est  pas  sans  inleret :  lorsquc  les  ouvriers 
posscderont  les  connaissanccs  (]ue  renferment  les  trois  volumes 
de  M.  Dupin  et  celles  qui  les  accompagnent  ou  qui  en  derivent, 
leur  savoir  vaudia  bien  celui  que  la  jeiinesse  acquiert  dans  les 
colleges  ,  par  un  travail  de  quelques  annees. 

Les  deux  volumes  dont  nous  venons  de  parler  sont  deji\  re- 
pandus  dans  toute  la  France,  et  enseignes  dans  les  principales 
\illes  dcs  departemcns.  Le  Iroisieme  est  sous  presse  ,  et  parai- 
tra  peut-etre  en  meme  terns  que  cctte  notice,  ou  fort  peu  dc 
terns  apres;  et,  comme  il  est  public  par  Iccons,  ainsi  que  I'ont 
etc  les  deux  autres,  nous  pouvons  dcja  donncr  une  idee  som- 
maire  des  lecons  que  le  professeur  vient  de  livrer  a  I'ardeur 
studieuse  de  ses  Aleves. 

Le  troisieme  volume  traitera  des  forces  motrices ,  et  de  la 
maniere  de  les  employer.  Le  nombre  des  forces  dont  I'liomme 
pent  disposer  pour  aider  son  industrie  est  certainement  limite; 
niais  on  ne  pent  pas  dire  qu'il  soit  connu.  Long-terns  dans  I'elat 
de  barbaric,  I'homme  ne  put  employer  que  sa  propre  force 
qui,  secondee  par  son  intelligence  et  par  quelques  machines, 
lui  soumit  toute  la  nature  vivante.  La  conquete  et  la  soumission 
du  cheval  et  du  boeuf  amenerent  un  developpement  extraordi- 
naire de  ses  arts  et  de  son  commerce.  Ses  premiers  cssais  de 
navigation  lui  donnerent  quelque  notion  du  parti  qu'il  pourrait 
tirer  du  mouvement  des  eaux  ;  I'invention  des  voiles  vint  sans 
doute  peu  de  tenis  apres  celle  des  canots  et  des  barques,  et 
prepara  celle  des  machines  mues  par  le  vent.  L'industrie  sc 
borna  long-tems  i  I'emploi  de  ces  quatre  forces  motrices;  elles 
snffisaient  pour  assurer  son  empire  sur  toute  la  nature.  Un 


SCIENCES  PHYSIQUES.  63 

autre  moyen  d'action  fat  dc-couvert :  mais  terrible, intlomptable, 
ne  pouvant  se  soumeltre  k  la  direction  continue  derintelligence 
crcalrice,  il  fut  regarde  comme  un  agent  de  destruction;  la 
guerre  s'en  empara.  Les  arts  de  la  paix  n'cn  firent  usage  que 
pour  pcrfectionner  les  amies  de  I'liomme  contre  les  aniniaux  , 
et  pour  renverser  des  obstacles,  en  imitant  les  proctdes  de 
I'art  de  la  guerre.  Enfin,  un  autre  agent  vint  s'offrir,  et  c'efait 
le  plus  puissant,  celni  dont  les  services  etaient  le  raieux  assures, 
qui  permettait  a  I'industrie  de  s'etablir  dans  tous  les  lieux  (jui 
lui  offriraient  les  avanlages  qu'elle  recherche.  Comme  I'indus- 
trie elle-meme  est  creatrice  de  cet  agent,  la  quantite  de  travail 
qu'elle  pourra  produire  ne  connail  plus  de  limites,  et  Thomme, 
en  s'environnant  ainsi  de  ces  iminenses  richesses  produites  par 
le  travail ,  aura  cependant  accru  le  lems  de  ses  loisirs  en  meme 
tems  que  les  moyens  d'en  jouir.  Est-il  probable  que  nous 
soyons  an  terme  des  decouvertes  possibles ,  et  que  nous  n'ayons 
plus  a  parcourir  que  la  carriere  des  perfectionnemens?  Qiioi 
qu'il  en  soit,  nous  pourrons  attendre  assez  tranquillement  les 
decouvertes  ulterieures,  si  nous  savons  protiter  habilement  de 
celles  qui  sont  faites. 

M.  Dupin  fait  voir  que  I'homme  fournit  une  phis  grande 
somme  de  force  physique  par  ses  jambes  que  par  ses  bras , 
et  que,  lorsqu'on  lui  fait  executer  des  travaux  ou  son  intelli- 
gence n'a  point  de  part,  ce  ne  sont  pas  ses  bras  qu'il  faut 
exercer.  On  voit  par  cela  seul  qu'une  multitude  d'operations 
usuelles  consomment  encore  plus  de  forces  qu'ellesn'en  exigent 
leellement.  Le  professeur  compare  ensuite  la  force  des  che- 
vaux  a  celle  de  I'homme,  et  reclifie  quelques  <irreurs  que  Ton 
a  commises  jusqu'a  present  dans  revaluation  de  ces  deux  sortes 
de  moteurs. 

L'emploi  de  I'eau ,  comme  force  motrice ,  est  traite  avec  le 
soin  qu'il  merite.  M.  Dupin  met  ses  lecteurs  au  courant  des 
connaissances  acquises  sur  cette  partie  essentielle  des  machines 
hydrauliques ,  encore  si  imparfaite  dans  presque  toute  la 
France.  En  traitant  des  pompes,  il  a  du  faire  un  choix  parmi 
celles  qui  sont  le  plus  generalement  enployees  et  qui  merilent 


64  SCIENCES  PHYSIQUES. 

d'etre  prcfcrecs;  la  nomenclature  et  la  description  de  toutes 
les  formes  connues  de  ces  machines  eussent  rempli  seules  un 
tres-gros  volume.  II  a  fallu  reduire  aussi  le  nombre  des  exeni- 
ples  d'emplois  de  la  force  du  vent  pour  faire  mouvoir  des 
machines ;  mais ,  notre  auteur  choisit  toujours  les  plus  instruc- 
tifs,  et  ceux  qui  offrent  les  meilleurs  modeles  que  Ton  puisse 
i  miter. 

Nous  avons  dit  que  I'ouvrage  de  M.  Dnpin  est  national  :  il 
ue  pent  cesser  de  I'etre  par  son  origine;  mais  sa  destinee  est 
d'appartenir  nn  jour  a  toutes  les  nations  instruites.  Chacune 
des  traductions  que  Ton  en  fera  pent  etre  recommandable  par 
quelques  perfectionnemens ,  si  ce  travail  est  confie  a  des  savans 
qui  le  comprennent  dans  toute  son  etendue.  Pour  un  bon 
ouvrage  de  science ,  ou  de  raisonnement ,  une  traduction  doit 
etre  une  revision,  et  dans  I'interet  des  lecteurs,  il  est  tres 
perrais  d'y  substituer  ce  que  I'auteur  devait  dire  k  ce  qu'H  a 
dit  reellement.  Si  le  livre  de  M.  Dupin,  traduit  par  des  hommes 
de  merite,  n'eprouve  aucun  changemenl  en  passant  dans  une 
autre  langue ,  ce  sera  le  plus  bel  eloge  qu'on  puisse  en  faire  : 
s'il  a  recu  quelques  additions  ou  corrections,  elles  seront  au 
profit  de  tons,  et  principalement  de  I'auteur. 


Ferry. 


SCIENCES  MORALES  ET  POLITIQUES. 


Theorie  du  Beau  et  du  Sublime  ,  ou  Lei  de  la  repro- 
duction ^  par  les  arts,  de  Vhomme  organique,  intel- 
LECTDEii,  SOCIAL  ct  MOUAL,  ct  de  scs  rupports ,  pour 
faire  suite  au  llvre  intitule  :  Rapports  de  la  nature  a 
Vhomme ,  et  de  Vhomme  a  la  nature ^  par  le  bajon 
Massias  (i). 

M.  Massias  ne  divise  pas  le  monde  en  deux  grandcs  portions : 
la  raison  ct  la  matirre ,  I'lmc  belle  et  I'autre  laule  (2).  La  ma- 
tiei  e  ,  pour  lui ,  n'cxiste  prcsque  pas.  «  Elle  ne  pent  elre,  dit-il 
(p.  19),  pcrciie  que  par  rintelligence...  La  statue  que  vous 
croyez  voir  dans  ses  parties  materielles,  vons  ne  !a  vove;:  que 
dans  scs  formes;  »  ct  il  regarde  la  forme  et  les  modifications 
comme  dcs  accidens  immaiericls.  Ainsi ,  tont  ce  que  I'inteliigence 
connait  de  I'univers  est  inTmatcriel.  Mais  le  beou ,  suivant  notre 
autcur,  n'cst  pas  tout  ce  qui  est  rationncl;  c'cst  seulement 
tout  ce  qui  est  soumis  a  I'ordre  universel :  Vuniversalile  lui 
parait  elre  le  fondcmcnt  unique  du  beau.  L'ordre  imiverscl 
a  fait  riiomme  orf;anique,  intelligent,  social  el  moral;  Thomme, 
sous  ces  quatre  faces,  est  cmpreint  de  beaute;  pour  prodiiire 
une  belle  oeuvre,  il  suffit  que  les  arts  reproduisent  I'homnie 
sous  une  de  ces  quatre  proprietes  universelles.  «  Le  poele, 
dit-il  ( p.  273 ) ,  n'a  pu  reussir  a  nous  cmouvoir  qu'en  devinant 

(i)  Paris,  i8a4;  Firniin  Didot  pere  et  Cls.  i  vol.  in-8°  de  872  p.; 
prix ,  6  fr. 

(2)  Voy.  Hev.  Enc,  t.  xxx,  p.  601  ,  les  Observations  siir  le  beau  , 
qui  renferment  les  idees  jireliminoires  propres  a  faire  mieux  com- 
prenilre  le  systeme  expose  dans  cette  analyse,  et  deve!opp6  dans 
Fouvrage  de  M.  Massias. 

T.  XXXI.  —  Juillel  1826.  5 


66  SCIENCES  MORA.LES 

les  lois  ctfinellcs  qui  ont  fondc  noire  cspece,  et  qn'il  trouve 
eii)|)rcintes  clans  son  propfc  coEur.  Tout  cc  qui,  tl.ins  son  ou- 
vrage,  nous  touche  profondoniL-nt,  porlc  le  lype  auquel  est 
vuirquec  Vhumimitc,  ct  a  une  anal(^ie  ntcossairc  avcc  nos 
facultes  constilutU'Cs.  » 

S'occnpant  de  la  pocsic  plus  spccialemcnt  que  des  aulres 
arts ,  M.  Massias  nous  la  niontrc  produisant  le  beau,  sculepieot 
lorsqu'ellc  relrace  unc  dos  quatrc  proprietes  generates  de 
nolte  especc  ;  ot  d'abord  ,  ])our  nous  la  faire  voir  representant 
riiomme  ori^anique  on  sensible ,  il  cherclie  «  quels  sont  les 
principaux  scnliniens,  communs  aux  hommos  de  tons  les 
terns  ct  de  tousles  pays  ( p.  3o'3 )  « ;  ct  il  cite  de  nombrcux 
passaijes  poetiques  qui  lui  paraissent  tirer  leur  beaute  do  ce 
qu'ils  out  exprimc  cos  scntimcns  nnU-ersels  (sect,  vi,  ch.  ii , 
p,  273-3o3). 

Passant  cnsuite  a  riioinmc  intellccttiel,  il  donnc  d'aulres 
excinples  ( sect,  vi ,  cli.  in,  p.  3o3-3o9)  qu'il  appcUe  heaux  ^ 
parce  qu'ils  contiennent  des  pensees  communes  a  tous  les 
hommes.  II  arrive  a  rhommc  social ,  et  cherche  a  prouver  par 
de  nouvclles  citations  (.sect,  vi,  ch.  iv,  p.  3io-3i3),  que  la 
poesie,  en  retracant  I'liomuie  sous  cet  aspect,  ne  fait  encore 
que  rcproduire  les  senliniens  naturels  et  unn>erseis  de  Xespece 
humaine.  Il  Icrniine  par  I'homme  moral  (sect,  vi,  ch.  v, 
p.  3i4-32i );  et  ce  point  de  vuc  Uii  scmble  beau,  parce  que 
c'est  le  cole  qui  «  affeclc  le  plus  \ivenient  ct  le  plus  univer- 
sellement  le  coeur  des  hommes.  « 

Ainsi,  la  tcnsibilite ,  on  I'organisnie,  X intelligence,  \&  socia- 
bilite  et  la  moralile,  tcells  sont  les  quatre  proprietes  com- 
munes a  tous  les  hommes.  EUes  sont  belles,  parce  qu'elles 
tienncnt  a  I'ordre  univcrsel ;  relracees  par  les  arts,  clles  forment 
les  chefs-d'oeuvre.  D'apres  ce  systenic,.  tout  cc  qui  est  commun 
a  I'espece  est  beau;  il  n'y  aura  de  laideur  que  ce  qui  formera 
exception.  Dans  tousles  objels,  ainsi  que  dans  I'homme,  la 
beaute  scral  a  possession  de  ces  qualiles  con)munes  qui  consti- 
tuent unc  cspece.  "On  noninie  beau,  dit  I'autcur  (sect  i", 
ch.  11,  p.  I?),  le  moindre  des  objets,  lorsqiie,  possedant  toutes 


ET  POLITIQUES.  67 

&es  qualites  constitutives ,  il  rcpresente,  pour  aiiisi  dire,  I'es- 
pece,  dont  il  montre  le  type.  Sa  petitesse  n'excliit  point  la 
beaute,  parce  que  toute  grandeur  niaterielle  n'est  que  relativcj 
et  que  la  plus  veritable  est  cello  qui  provient  du  nombre  et  dil 
complement  des  proprietes.  Ainsi,  Ton  dit  que  telle  fleur,  telle 
feuille,  tel  fruit,  telle  mouche,  tel  insecte,  sont  beaux,  u 

Telle  est  la  doctrine  du  livre  que  nous  avons  sous  les  yeux. 
Certes,  on  ne  pent  nicrque  I'ordre  universel  ne  soil  beau,  et 
qu'un  objet  soumis  a  celte  loi  n'ait  de  la  beaute,  si  on  le  consi- 
dere  dans  ses  relations  avec  elle.  Uordre  est  une  portion  de 
I'immateriel,  une  parcelle  de  cette  raison  qui  doit  dominer  la 
matiere.  Mais,  ce  n'est  la  qu'uue  face  du  rationnel,  et  on  n'a  pas 
vu  tout  ce  qui  est  beau ,  quand  on  a  contcmple  I'ordre  qui 
constitue  chaque  espece  et  lui  donne  des  proprietes  communes . 
\J ApoUon  du  Belvedere  vous  parait-il  u'avoir  reellement  que 
les  qualites  communes  a  tous  les  Jiommes ,  les  qualites  consti- 
tutives  de  V espece ?  N'est-il  pas,  au  contraire,  une  magnifique 
exception?  —  Non,  direz-vous,  son  attitude,  son  regard,  ses 
formes  expriinent  des  idces  de  proportion,  d'harmonie,  de 
generosite,  de  grandeur,  idees  qui  sont  communes  a  tous  les 
hommes,  ou  du  moius  a  la  generalite.  —  Je  vous  accorde  que 
ces  idees  et  ces  vertus  existent  dans  le  coeur  de  tous  les  hommes; 
au  moins,  serez-vous  oblige  de  convenir  que  ce  n'est  pas  une 
propriete  commune,  de  les  exprimer  a  la  maniere  de  I'Apolion; 
de  sorte  que,  si  c'est  une  loi  constitutive  de  noire  espece  de 
concevoir  ces  idees,  ce  n'en  est  pas  une  de  les  exprimer. 
J'ajoute  d'autres  exemplcs  pour  me  faire  mieux  comprendre  : 
Regulus  pense  qu'il  faut  tenir  son  sermcnt,  malgre  les  tortures 
de  Carthage.  • —  Cette  pensee  est  commune  i  tous  les  hommes. 
—  Je  le  veux  bien.  Mais  il  la  met  a  execution,  et  marche  au 
supplice.  Or,  les  actions  de  ce  genre  sont  peu  communes;  son 
action  ne  sera  done  pas  belle,  puisqu'elle  sorlira  de  I'ordre 
commun.  Socrate,  qn'on  aime  a  citer,  enseignc  qu'il  faut  pre- 
ferer  I'austerite  aux  jouissances.  —  Tout  le  monde  est  de  son 
avis.  —  Voila  done  une  belle  le^on.  Mais  il  s'avise  de  pratiquer 
cette  morale.  Ce  n'est  pas  en  vertu  d'une  loi  universelle  qu'ii 


68  SCIENCES  MORALES 

agit  ainsi;  car  nous  voyons  qii'une  jiropriete  commune  de 
tespt-ce  est  de  courir  i  ses  plaisirs. — Voila  done  unc  conduite 
qui  ne  serait  pas  rcputec  belle. 

M.  Massias  cite  (  p.  72  )  comme  de  beaux  ouvrages  de  pein- 
ture,  «  Jupiter  foudroyant  I'audace  des  Titans,  que  Junon  lui 
designe  avec  calme;  le  dernier  jour  du  moude  et  le  genre 
luimain  appelc  dcvant  son  juge;  le  Ills  de  Marie  succombant 
sous  le  poids  de  sa  croix ;  son  corps  divin  eclairant  un  tableau 
oil  sont  manifestes  les  passions  de  la  tcrre  et  les  ravisscmens 
ducicl;  la  pr/ix  religieuse  des  fds  do  Bruno;  I'ame  de  sainte 
Cecile  dans  son  regard  cxtatique;  la  vertu  souriant  au  milieu 
des  tourmens  et  triomphant  de  la  tyrannic.  »  —  II  est  dou- 
teux  que  radmiratcur  songe  a  voir  dans  tout  cela  les  proprielcj 
constitutivcs  de  I'espece  humaine,  et  qu'il  soit  conduit  par  lill 
a  mediter  sur  I'ordre  universcl  qui  a  constitue  cette  race.  Tous 
ces  tableaux  rcpresentcnt  une  pcnsee  morale  dominant  la 
matierc;  mais,  encore  une  fbis,  ce  qui  est  beau,  ce  n'est  pas 
seulement  la  pcnsee,  pcut-etre  commune  a  tous;  c'est  encore 
le  devoucment  rare  qui  raccomplit  (i). 

On  pourrait  dire  que  la  maliere  soumise  a  la  raison  produit 
I'ordre,  et  que,  par  consequent,  soit  dans  I'espece,  soit  dans 
I'individu,  le  beau  n'est  autre  chose  que  fordre  meme;  mais 
telle  n'est  pas  la  tlicse  de  BI.  Masbias.  11  n'a  vu  le  beau  que 
dans  cette  conformitc  de  certains  etres  les  uns  avec  les  autres, 
de  laquelle  resultc  une  espece.  Ce  rapport  est  bien  une  sorte 
d'ordre,  et  il  a  son  genre  de  beanie  ;  mais  il  est  loin  d'etre  le 
beau  tout  entier,  en  d'-.iutrcs  tcrmes,  tout  I'inimateriel,  tout 
Vordre ,  si  nous  voulons  entendre  par  ce  mot  tout  ce  qui  plie 


(i)  II  nous  semble  que  M.  Massias  ne  considere  ^.oiut  les  actions 
suhlinies  des  homines  vertueux  et  les  chefs-d'oeuvre  des  grands 
maitres  comme  des  exceptions  .  mais  comme  offrant  le  type  de  ce 
qu'il  y  a  de  plus  beau  dans  la  nature  humaine;  et  ce  beau  n'existe 
pour  nous  qu'antant  qu'i!  est  exprime  par  des  actions  ou  par  des 
ouvrages  de  I'art.  M.  A.  J. 


ET  POLITIQUES.  69 

la  matiere  ^  la  raison  dans  un  intliviclu,  comme  dans  I'es- 
pece  (i). 

Le  beau  n'est  done  pas  seulement  la  possession,  ou  la  repre- 
sentation des  qualitcs  qui  constituent  chaquc  espece.  Mais,  en 
admettant  comuie  vraiecette  opinion,  ilrestaitbeaucoupc^  faire 
a  I'autcur,  pour  completer  son  systime.  II  ne  devait  pas  se 
contenter  de  dire  qu'un  objet  etait  beau  «  lorsqu'il  possedait 
toutes  scs  qualites  constitulives  (p.  17)  «,  et  que  c'efait  pour 
cela  qu'on  disait  «  telle  fleur,  telle  feuille,  tcl  fruit,  telle 
mouche,  tel  insecte ,  sont  beaux  [ibul.)  ».  II  fallait  demontrer 
qu'une  belle  feuille,  un  beau  fruit,  uue  belle  mouche,  un  bel 
insecte ,  reunissaicnt  toutes  les  qualites  de  leur  espece,  ot  pour 
nous  le  prouver,  dresser  la  liste  de  toutes\cuv5  proprietes  (2). 

D'jipres  le  systeme  de  I'auteur,  un  livre  d'histoire  naturelle 
etait  leseul  monument  de  bcaute  qu'il  put  offrir  a  nos  ycux. 
La,  nous  aurious  admire  des  proprietes  communes.  Mais  il  a 
neglige  cet  appui,  et  jjas  un  des  exemples  qu'il  a  cites  ne  con- 
tient  le  genre  d«  beaute  qu'il  a  cru  le  scul  dans  I'univers,  sa- 
voir,  la  possession  des  qualites  communes. 

Nous  avons  deja  dit  qu'en  peiuture  I'auteur  avail  cru  voir 
rcpresenter  des  qualites  constitutivcs  de  I'espece,  lorsqu'au 
contraire  on  ne  represcutait  que  des  exceptions.  Son  erreur 
me  parait  etrc  la  meme  ])our  le  beau  dans  la  danse.  II  le  definit 
«  le  mouvement  mesure  et  rhyihmique  de  I'organisation.  »  Or, 
a  coup  sur,  ce  mouvement  ihythitiique  n'est  pas  une  loi  cons- 
titutive de  notre  espece.  Car  la  grande  majorite  danse  mal  ou 
ne  danse  pas.  Si  nous  passons  a  la  musique,  I'auteur  uous  dit 


(i)  Nous  croyons  necessaiie  de  lappeler  ici  que  M.  Massias,  con- 
siderant  le  beau  dans  ses  rappoits  avec  I'liumanile  ,  I'a  presente  sous 
le  point  de  vue  le  plus  g6neral  possible,  puisque  le  beau  qui  n'au- 
rait  aucuii  rapport  avec  rhomme  serait  pour  lui  comme  s'il  n'exis- 
tait  point.  N.  d.  R. 

(2)  Uii  semblable  travail  ne  pourrait  appartenir  qu'a  riulelligence 
supreme  qui  embrasse  dans  sa  pensee  I'ensemble  et  les  details  de 
tous  les  6tres  cre^s.  N.  d.  R. 


70  SCIENCES  MORALES 

qui  Vile  est  la  langiic  du  genre  humain  ,  et  cependant  ceux  qui 
la  parlcnt  bien  font  justement  exception. 

Quel  que  soit,  au  rcste,  le  jugement  qii'on  doive  porter  sur 
Ic  systemc  qui  nous  occupe,  il  est  impossible  de  ne  pas  louer 
la  raaniere  dout  I'auteur  a  developpe  son  sujet.  Il  a  compris 
toutc  rotendnc  de  la  question  et  I'a  traitee  sous  toutes  Ics  faces. 
II  commence  par  recliercher  (  sect,  i",  ch.  i"""")  Torigiae  du 
beau  etdu  sublime.  Toutefois,  il  eut  etc  plus  logique  d'en  exa- 
miner d'abord  la  nature  :  car  on  ne  peut  clairement  chercher 
I'origine  d'un  objet ,  qu'apres  I'avoir  bien  defini ;  par  conse- 
quent, le  second  chapitrc,  qui  expose  la  nature  du  beau,  au- 
rait  du  preceder  ceUii  qui  traite  de  son  origine.  Ce  n'est  done 
qu'apres  nous  avoir  dit  que  le  beau  descendait  dun  Dieu  crea- 
teur,  que  I'autenr  nous  dtlinit  le  beau  (sect,  i",  cha.  ii.).  II 
cherche  a  le  distinguer  du  sublime  :  leur  point  dc  resseim- 
blance,  comme  il  le  dit  ailleurs  (  p.  26),  est  d'etre  «  I'un  et 
I'autre  ordre ,  ensemble  et  hierarcliie  de  tons  les  rapports.  » 
Ce  qui  les  distingue,  c'est  que  le  sublime  est  I'ordre  absolu, 
«  cfclui  dont  la  divinite  seule  peut  avoir  la  comprehension,  et 
qui  t'chappe  a  I'analj'se  »  (p.  i5,  16).  Lebeau,  c'est  la  portion 
de  Tordre  apcrcu  par  I'homme,  etqui  peut  ctre  analysoe.  Cette 
distinction  se  rapporte  a  peu  pres  a  celle  que  Ton  fait  enlre  la 
raison  objective  et  la  raisori  subjective ;  mais ,  je  ne  crois  pas 
qu'elle  puisse  s'appliquer  au  beau  et  au  sublime,  comme  on  a 
pu  le  voir  d'apres  le  premier  article. 

L'auteur  reconnait  dans  le  beau  trois  caracferes,  savoir  :  la 
veritc,  Vutilite  et  la  grandeur.  II  est  certain  que  la  verite  et  la 
grandeur  sont  deux  faces  du  beau,  quoiqu'elles  ne  soient  pas 
les  seulcs;  mais,  quant  a  Vutilite,  si  ell e  ne  tient  qu'a  I'interet 
prive,  elle  ne  peut  par  elle-meme  etre  empreinte  de  bcaute. 
Le  tableau  que  Buffon  trace  de  I'utilite  des  elemens  est  beau, 
parce  qu'il  nous  les  presente  comme  servant  I'interet  general , 
comme  exprimant  la  bienveillance  et  la  providence  de  Dieu. 
Ainsi,  ce  qu'il  y  a  de  beau  dans  I'utilite,  ce  n'est  pas  le  profit, 
mais  le  bienfait.  Or,  la  bienfaisance,  comme  notion  et  comme 
acta,  rentre  dan?  le  domaine  de  la  raison. 


ET  POLITIQIJKS.  :i 

M.  Massias  s'occupe  ensuite  de  I'titre  susceptible  de  peice- 
vQJr  le  beau;  il  demontre  que  c'est  rinteUigcnce,  et  la  siib- 
divise  en  sensibilite,  reflexion,  conscience  et  imagination.  Nous 
n'entreions  point  dans  des  discussions  qui  nous  entraineraient 
trop  loin,  et  qui,  d'aillcnrs,  s'appiiquant  a  la  marche  ordinaire 
de  rintelligence ,  sortiraient  de  I'objct  special  de  notre  exa- 
rnen.  Nous  ferons  seulemcnt  reniarquer  que  I'auteur,  n'ayant 
vu  dans  le  beau  que  rordte  nniversel  qui  constitue  cliaque  es- 
pece,  n'a  pu  voir  dans  I'imagination  que  la  faculle  de  grouper 
les  objets  fournis  par  la  vue.  I.es  procedes  qu'il  lui  attribiie 
sont  I'analyse  et  la  synthese,  c'est-a-dire ,  les  procedes  de  I'ob- 
servation.  Ei!e  puise  dans  la  nature,  dans  i'homme  et  dans 
leurs  rapports,  et  le  beau  ideal  est,  pour  notre  autcur  « I'cn- 
senible  des  perfections  disseminees  sur  les  individus.  »  Ainsi , 
dans  ce  systenie,  I'art  n'aura  qu'a  recueillir  les  differentes  pro- 
prietes  constitutives  de  chaque  espece.  II  ne  faudra  que  des 
yeux,  etil  est  elonnant ,  d'apres  cela  ,  que  les  artistes  soitntsi 
rares. 

•  M.  Massias,  apres  avoir  trace  (  sect,  iii ,  cli.  vii ),  une  es- 
quisse  rapide  de  chacun  des  beaux-arts,  montre  leur  rapport, 
etablit  que  ,  piiisqu'ils  sontl'expression  de  potre  etre,  coir.me 
tels  ils  sout  iVeres,  et  passe  a  la  litteraiure  qu'il  traite  dans 
toutes  ses  parties,  et  qui  occupe  la  derniere  moitie  de  son 
livre  (  sect,  iv  ,  v  et  vi  ).  II  m'est  impossible  de  le  suivre  daus 
le  developpement  de  ses  opinions  iitteraires,  qu'on  pent  ne 
point  partager,  mais  dans  lesquellcs  il  a  montre  quelquefois 
le  plus  grand  talent,  comme  ecrivain  et  conime  penseur. 

L'ouvrage  est  tcrmine  par  un  chapitre  vraiment  admirable 
sur  le  developpement  du  inoi  humain,  depuis  la  plus  obscure 
des  affections,  jusqu'a  la  perception  et  la  production  du  su- 
blime. Cc  chapitre,  plein  de  precision  et  de  logique,  cot  evi- 
demment  le  plus  beau  de  tout  le  volume,  et  scmble  dicte  par 
le  genie  methodique  de  Blair. 

Il  me  restc  a  parler  du  style  :  I'expression  est  soiivcnt  bar- 
die et  pittoresque.  Une  singulier*  aversion  pour  les  adjectifi 
xtn  et  le ^  et  I'usago  frequent  de  substantifs  jouant  le  role  d'at- 


72  SCIENCES  MORALES 

tribiits,  donnent  iin  air  ctrango  a  plusieurs  phrases.  Mais  ou 
trouve  un  grand  iiombre  de  pages  plciiies  d'imagcs  et  de  cha- 
leur.  Quelques  personnes  qu'oa  nc  pent  accuser  nid'ignorance  , 
ni  de  legercte,  qiioi  (jii'en  disc  I'aiUeur  dans  sa  preface  ,  ont 
trouve  de  I'obscurile  dans  la  premiere  partie  du  volume  :  mais 
il  ne  faut  pas  oublier  que  la  theorie  du  beau  ct  du  sublime  est 
la  suite  du  livre  sur  le  rapporl  de  la  nature  a  riionime  ct  de 
riiomniea  la  nature.  (!e  livre  doit  sans  doute  rendre  plus  facile 
rinlelligence  dunouvel  ouvrage  que  M.  Massias  nous  a  donne 
et  qui  le  place  dans  un  rang  honorabie  parmi  les  pliilo- 
sophes(i).  Adolphe  GkV^vi^Vi. 


(i)  M.  Massias  dit  que  le  beau,  danschaque  objet,  est  /a  possession 
de  tons  ses  rapports.  D'apres  sa  doctrine,  depuis  le  brin  d'herbe  et  I'iii- 
secte  jusqu'a  rhomme,  tout  etre  qui  a  dcveloppe  ses  facult^s  dans 
toute  leur  plenitude  ,  et  qui ,  par  consequent,  atteint  la  perfection 
de  tous  ses  rapports  ,  ou  celle  qui  est  propre  a  sa  nature ,  est  juste- 
meiit  appele  beau.  On  regrettera  peut-elre,  que  I'auteur  de  cette 
analyse ,  d'ailleurs  fort  reniarquable,  ne  se  soil  pas  attache  a  discuter 
cette  doctrine  pour  I'approuver  ou  la  refuier  (a).  Selon  M.  Massias, 
les  rapports  de  rhomme  sent  organi^iies  ou  physiques,  iutellectiiels  , 
sociaux  et  moraitx ,  et  la  beaute  pour  I'liomme  consisfe  a  les  rcunir 
dans  une  parfaite  barmonie.  Cette  division  parait  d'autant  micux 
former  la  base  d'un  sjsf^me  complet  de  philosophic  generale,  que 
toutes  les  sciences,  qui  sont  a  la  fois  le  produit  de  riutelligence  hu- 
maine  ,  et  qui  viennent  ensuite  se  rapporter  a  I'homme  et  aux  moyens 
d'ameliorer  sa  nature  ou  sa  condition,  renlrent  directement  ou  indi- 
rectement  dans  cesquatre branches  titles  embrasseut  nccessairement. 

M.  A.  J. 

(a)  Je  crois  avoir  expose  que  le  fieau  ,  pour  un  etre  quclconque,  ne  consisto 
pas  a  developper  ses  Jacultes  dans  toute  leur  plenitude ,  mais  a  porter  I'empreinte 
de  quelque  idee  rationnelle.  C'est  ee  que  j'ai  tente  de  prouver  dans  mes  deux, 
articles.  Adolphe  Garnikr. 


ET  POLITIQUES.  7  5 

Traite  de  Legislation  ,  ou  Exposition  des  lois  gene- 
rales  suivant  Icsquelles  les  peiiples  prosperent ,  depe- 
rissent,  ou  restent  stationnnires ,  par  Charles  Comte  , 
avocat  a  la  Cour  royale  de  Paris,  professeiir  hono- 
raire  de  droit  a  I'Academie  de  Lausanne,  auleur  du 
Censeur  Europeen  (i). 

II  a  ete  iin  tems,  qui  n'est  pas  encore  bien  eloigne,  oil  non- 
seulcment  les  sciences  n'avaicnl  prcsque  rien  dc  commun  entre 
ellcs  ,  mais  ou,  dans  la  nieme  science ,  la  theorie  et  la  pratique 
restaient  souvcnt  etrangeres  Tune  a  Tautre.  Un  homme  qui 
imaginait  un  systcme  de  lois  aurait  cru  qu'il  ne  pouvait,  sans 
renoy.cer  a  sa  dignite,  s'abaisser  jusqu'a  connaitrc  les  details  de 
la  jurisprudence;  mais  aussi  un  pralicien  se  serait  perdu  dans 
I'esprit  de  scs  confreres,  si,  dans  une  discussion  judiciaire  ,  il 
s'elait  livre  a  la  moindre  consideration  philosophique. 

II  s'est  deja  operc,  a  cet  egard  ,  une  revolution  remarqnable 
chez  plusieurs  nations.  Un  ecrivain  qui  voudrait  ainourd'hui 
exposer  un  systeme  dc  lois  sans  consulter  ce  qui  se  passe  dans 
la  sociele,  ne  pourrait  esperer  de  trouver  des  lecteurs.  S'il 
veut  ctre  lu  ,  il  faut  qu'il  desccnde  dans  la  vie  reelle  ,  qu'il  ob- 
serve comment  les  clioses  s'y  passent,  et  qu'en  exposant  ce  qui 
est,  il  montre  comment  on  y  est  arrive  et  comment  on  pourrait 
etre  mieux;  il  faut,  en  un  mot,  que  les  idees  qu'il  presente 
dans  la  theorie  soicnt  susccplibles  d'etre  appliquees  dans  la 
pratique.  De  leur  cot^,  les  lionimes  qui  se  vouent  a  la  pratique 
de  la  jurisprudence  sont  devenus  un  pen  moins  etrangcrs  a  la 
theorie:  il  est  beaucoup  de  jcunes  gens  destines  a  la  magistra- 
ture  ou  an  barreau  qui  nc  se  bornent  plus  a  etudier  le  texte 
des  lois  on  les  commentaires  destines  a  en  faciliter  I'intelligence; 
ils  desirent  connaitre,  en  general,  quelles  ont  ete  les  causes  des 

(i)  Paris,  i8a6;  Sautelet  et  comp.,  libraires,  place  de  la  Bourse. 
Jn-8°  de  54i  pages;  prix,  8  fr.  —  Voy.  Rev.  Enc,  t.  xxx,  p.  338. 


74  SCIENCES  MORALES 

dispositions  des  lois,  et  quels  sont  les  cffets  qu'elles  produisent. 
On  pcut  meme  observer  que  ceux  d'entre  cux  qi\i  sont  les  plus 
remarqiiables  par  letirs  talcus ,  sont  ceux  qui  sont  restcs 
le  nioins  etrangcrs  aux  autrcs  branches  dcs  sciences  mo- 
rales, ct  qu'il  n'est  plus  possible  dc  negliger  ce  genre  de 
connaissances,  a  moins  de  se  condamner  a  ne  jamais  sorlir  de 
la  mediocrite. 

Non-seulcmcnt  on  observe  que  deux  branches  de  la  meme 
science,  qui  jadis  etaient  separecs,  cherchent  a  s'unir  ct  a  se 
confondre;  mais  on  remarque,  de  plus,  que  des  sciences  qui 
semblaicnt  autrefois  n,'avoir  rien  de  commuu,  tendent  a  se 
rapprocher  et  a  se  preter  mutucllemcnt  des  sccours.  La  morale, 
reconomie  politique,  I'histoire  et  meme  la  geographic,  devien- 
nent  une  parlie  essentielle  de  la  science  des  lois  ;  H  n'est  pas 
possible  de  bien  la  connailre,  si  Ton  ignore  quelle  est  I'influence 
que  les  choses  exerccnt  sur  les  hommes,  cclle  que  les  hommes 
exercent  a  leur  tour  sur  les  choses,  et  cellc  qu'ils  exercent  les 
uns  sur  les  autres,  soil  individucllement,  soit  collectivement. 

Si  Ton  veut  se  donncr  la  peine  dc  rechercher  la  cause  du 
rapprochement  qui  tend  a  s'operer  entre  les  sciences,  on  la 
trouvera  dans  le  but  qu'elles  se  proposent  toutes,  le  perfec- 
tionnement  et  le  bien-etre  du  genre  humain.  II  est  evident,  en 
effct,  que,  du  moment  qu'elles  ont  un  but  commun,  plus  elles 
avancent  ct  plus  elles  se  trouvent  rapprochecs. 

Mais,  quoique,  dans  la  legislation,  la  theorie  ne  puisse  plus 
etre  separee  de  la  pratique ,  quoiqu'on  fende  generalemcnt  dans 
cctfe  science  a  mettre  a  profit  les  decouvertes  et  les  progres 
faits  dans  les  autres  branches  de  nos  connaissances,  lesjeunes 
gens  qui  aspirent  a  la  posseder  sont  loin  de  trouver  dans  les 
ouvragcs  qui  existent  les  secours  dont  ils  auraient  besoin. 

Si  nous  calculous,  par  le  nombre  des  annees,  I'iritervalle 
qui  nous  separe  du  terns  ou  vivait  le  plus  celebre  de  nos  publi- 
cistes,  Montesquieu,  nous  ne  le  trouverons  pas  tres-grand; 
mais,  si  nous  le  calculous  par  les  revolutions  que  le  monde  a 
epronvees,  par  les  progres  que  toutes  les  sciences  ont  faits, 
el  par  les  changemens  qui    se   sont  opercs  dans  les  idees  et 


ET  POUTIQUES.  7 5 

dans  les  habitudes,  nous  nous  convaincrons  qu'il  y  a  plus 
de  distance  de  lui  a  nous ,  que  de  Platon  a  lui.  Nous  admi- 
rons  encore  ses  ecrits,  et  sans  doute  il  en  est  quelques  parties 
qui  sont  admirables ;  mais,  si  Ton  nous  menace  de  nous  donner 
quelqu'une  des  institutions  qu'il  a  Ic  plus  vantees,  nous  nous 
sentons  aussitot  saisis  d'cffroi.  V Esprit  des  Lois  est  toujours  a 
nosyeux  un  des  chefs-d'oeuvre  de  I'esprit  humain;  cependant, 
s'ii  efait  question  de  le  reduire  en  pratique  ,  il  n'y  a  peut-etre 
pas  dix  pages  que  nous  voulussions  nous  appliquer. 

II  existe  done  dans  la  theorie  de  la  legislation  et  de  la  morale 
une  immense  lacune,  depuis  Montesquieu  jusqu'a  nous;  car  on 
ne  peut  pas  considcrer  I'ouvrage  de  Filangiericomme  ayant  fait 
faire  des  progres  a  I'esprit  humain.  Ceux  qui  douteraient  en- 
core de  cette  verite  apres  I'avoir  lu,  peuvent  s'en  convaincre 
par  I'excellent  commcntaire  qu'en  a  fait  M.  Benjamin-Constant. 
Comment  cette  lacune  sera-t-elle  remplie  ?  par  les  progres  qu'ont 
faits  toutes  les  branches  des  sciences  morales ,  par  Texperience 
que  les  revolutions  nous  ont  donnce  ,  par  la  multitude  des  faits 
nouveaux  que  les  savans  ont  constates.  Tels  sont  les  materiaux 
qu'il  s'agit  aujourd'hui  de  recueiilir  et  de  mettre  en  oeuvre;  tel 
est  I'ouvrage  que  I'auteur  du  Traitc  de  Legislation  aosc  tenter. 
Ramenant  la  science  de  la  legislation  a  la  simple  observation 
des  faits ,  et  ccartanl  tout  esprit  de  systeme,  I'auteur  porte  al- 
tcrnativement  son  attention  sur  les  hommcs,  et  surleschosesau 
milieu  desquelles  ils  sont  places.  Tl  considere  les  hommes  dans 
leurs  facultes  physiques,  dans  leurs  facultes  intellectuelles  et 
dans  leurs  facultes  morales;  il  expose  Taction  qu'ils  exercent 
les  uns  sur  les  autres  ,  soit  comme  individus,  soit  comme  agre- 
gation  d'individus;  il  fait  connaitre  les  causes  et  les  effets  de 
cette  action.  Il  considere,  dans  les  choses,  I'influence  qu'elles 
exercent  sur  les  hommcs,  sur  leurs  idees,  sur  leurs  passions  , 
sur  leurs  besoins;  il  determine  I'influence  qu'exercent  sur  la 
civilisation,  la  nature  et  I'exposition  du  sol,  Ic  cours  des  eaux, 
la  temperature  de  I'atmosphcre,  el  d'autres  circonstances  qu'on 
a  designees  sous  la  vague  denomination  de  climat.  Ces  der- 
nieres  considerations  ne  sont  qu'indiquees  dan?  le  volume  que 


75  SCIENCES  MORALES 

I'auteur  vient  de  publier;  mais  le  developpement  en  est  an- 
nonce  pour  la  suite  de  I'oiivrage. 

Dans  la  premiere  partie  du  volume  qui  vient  de  paraitrc , 
ranteur  expose  quelle  est  rinfluence  de  la  methode  d'obser- 
vation  appliquee  a  I'etude  des  sciences  morales;  il  fait  voir 
quelles  sent  les  consequences  qui  resultent  d'une  bonne  el 
d'une  mauvaisc  methode^  et  il  examine  les  divers  systemes  sur 
Icsquels  on  a  cherche  a  faire  rcposer  la  morale  et  les  lois.  Il 
expose,  dans  la  seconde  panic,  quelle  est  la  nature  des  lois, 
quels  sent  les  divers  elemens  de  force  dont  elles  se  composent, 
et  comment  quelqucs-uns  de  ses  elemens  se  forment  et  se  de- 
irnisent.  On  rcmarque  dans  cette  dernicre  panic  uue  maniere 
tout-a-fait  nouvelle  de  considerer  la  legislation  et  la  morale; 
et  cela  ne  pouvait  etre  autrement,  puisque  Tauteur  ,  ecartant 
les  livrcs  et  les  systemes ,  ne  considere  que  les  hommes  et  les 
cboses,  et  qu'il  ne  voit  dans  les  codes  que  de  simples  descrip- 
tions, j)lus  ou  nioins  incompletes  et  souvent  mcnsongeres.  Au- 
tant  ranteur  met  de  scrupule  a  subordonner  ses  opinions  a  I'ob- 
servatioti  des  plienomenes  de  la  nature,  aulant  il  se  moutre 
indcpendant  des  systemes  des  eeiivains.  Il  trai.'e  les  maximes 
de  quelques  philosophes,  et  parliculierement  ceiies  de  Rous- 
seau, avec  beancoup  de  severite,  el  les  admirateurs  du  Conttat 
social  seront  probublement  pen  satisfails  de  la  maniere  dont  il 
le  jnge. 

Dans  presque  tons  les  pays  ou  les  lois  sont  enseignecs  ,  on  a 
pense  qu'il  etait  impossible  de  bien  les  entendre  et  d'en  faire 
une  juste  application ,  si  Ton  ne  commcncait  par  en  rechercher 
les  fondemens ,  et  par  chidier  ce  qu'on  a  ajipele  le  droit  na- 
tural; mais  les  livres  qui  servent  a  cet  cgard  de  base  a  I'ensei- 
gutnient  sont  de  beaucoup  en  arriere  des  connnissances  ac- 
tuelles.  Un  immense  intcrvalle  nous  sepnre  du  tcms  on  vivait 
Grotius;  et  cependant,  cet  ecrivain  est  encore  un  des  oracles  de 
I'ecole.  Comment  est-il  arrive  que  I'enseignement  de  la  morale 
et  de  la  legislation  n'a  point  fait  les  memcs  progres  que  I'ensci- 
gnement  de  toutes  les  autres  sciences? 

Un  grand  nombre  de  causes  peuvent  rendre  raison  de  ce 


ET  VOLITIQUES.  77 

phenomenc;  mais  il  en  est  une  que  nous  devons  exposer,  parce 
qu'elle  exerce  une  grandc  influence.  Dans  presque  tons  les  etats 
de  I'Europe,  I'enseignement  public  est  dans  les  mains,  ou  du 
moins  sous  I'influencc  des  gouvernemens.  Pour  parvenir  a  la 
place  de  professeur,  o^i  pour  y  restcr  quand  on  y  est  arrive, 
il  est  done  uecessaire  d'enscigner ,  non  pas  precisement  ce  qui 
est  juste  et  vrai ,  mais  ce  qui  convieut  a  I'auloritc  qui  donne  ou 
reiirc  les  emplois.  Or,  en  fait  de  legislation,  de  morale  et  de 
politique,  les  gouvcrncmens  sontpcu  progressifs  :  ils  preferent, 
et  probablemcnt  ils  profercront  encore  long-tems  un  ecrivain 
pcnsionnaire  de  Louis  XIV,  Icl  que  Grotius,  a  des  ccrivains 
quiaspireronta  meltre  les  sciences  des  lois  et  de  la  morale  au 
niveau  de  toutcs  les  aiitres. 

L'auteur  du  Traiie  de  Legislation  est  Ini-meme  une  preuve 
de  I'observf.tion  que  nous  faisons  ici.  Lorsqu'il  a  ete  appele  ii 
professer  le  droit  naturel  dans  rAcademie  de  Lausanne,  com- 
ment a-t-il  considcre  son  sujet?  II  nous  le  dit  lui-mcme  :  il  a 
degage  les  sciences  de  la  legislation  et  de  1  t  morale  des  croyances 
particulieres  a  chaque  religion.  Il  n'a  vu  dans  ces  sciences  que 
la  description  des  actions  et  des  institutions  humaines,  des 
causes  physiques  et  morales  qui  les  produisent,  et  des  effets 
qui  en  resultent  rclativemcnt  au  bien-etre  des  hommes.  «C'est 
uniquement  sous  ce  point  de  ■Cue,  dit-il ,  que  je  me  suis  pro- 
pose de  les  considerer;  je  ne  venix  ni  etablir  un  systeme,  ni 
presenter  sous  de  nouvelles  formes  un  systeme  imagine  par 
d'autres;  mon  unique  but  est,  en  ramenaut ,  s'il  est  possible, 
les  sciences  de  la  legislation  et  de  la  morale  a  la  simple  obser- 
vation ,  de  fnire  considerer  cos  deux  branches  de  nos  connais- 
sances  comme  une  partie  de  I'histoire  naturelle  de  Vhomme.  » 
II  est  clair,  d'apres  cela,  que  l'auteur  s'est  completement 
ecarte  de  la  melhode  suivie  par  les  ecrivains  qui  I'ont  precede 
dans  I'etude  des  memes  sciences.  Et  ce  n'est  pas  seulement  en 
theorie  qu'il  sen  est  ecarte,  c'est  surtout  dans  I'appUcalion;  il 
suflit,  pour  s'en  convaincre ,  de  voir  la  maniere  dont  il  exa- 
mine les  systemes  des  ecrivains  qui  I'ont  precede  ,  et  surtout 
la  maniere  dont  il  decompose  les  lois.  Mais ,  en  s'ouvrant  une 


7$  SCltxNCKS  MORALES 

carriere  nouvelle ,  on  en  s'ecartant  de  la  route  battue  ,  il  a  etc 
oblige  de  rcnoncer  a  Vcnseigncment.  Les  minislrcs  dc  la  sainte- 
alllance  ont  paru  peu  satisfaits  dc  voir  lui  professeur  trailer 
dcs  gouvernemens  el  dcs  lois  en  naluralis'e;  soil  qu'iis  aienl  eu 
peur  de  voir  figurer  dcs  barons ,  dcs  dues  ct  des  princes  dans 
une  nomenclature  d'histoire  ualurelle,  soil  pour  lout  autre 
motif  (jui  nous  est  inconnu  ,  ils  n'ont  point  approuvu  les  lecons 
du  professeur,  ct  Icurs  notes  diplomatique?  I'ont  oblige  d'y 
mettre  fin. 

Si ,  an  lieu  de  fonder  les  sciences  de  la  legislation  et  de  la 
morale  sur  robscrvation,et  de  les  considerer  comme  une  parlie 
de  rhistoire  naturelle  de  rhomme,  I'auteur  s'etait  sagemenc 
attache  a  commenter  Grotius  par  Barbeyrae,  el  a  expliquer 
Barbeyrac  par  Burlamaqui,  jamais  Ics  ministrcs  de  la  sainte- 
alliance  ne  I'eussent  trouble  dans  ses  dissertations;  il  est  done 
vrai  que  les  gouvernemens  font  de  I'etat  stationnaire  des  scien- 
ces morales  une  des  conditions  de  I'enseignemcnt  public.  TJn 
professeur  d'anatomie  pent  exposer  ses  idees  sur  I'organisation 
du  corps  liumain,  sans  prendre  d 'informations  sur  I'elat  actuel 
des  membrcs  de  leurs  excellences  :  tons  les  ministres  fussent- 
ils  louchcs  ou  bossus,  le  laisseronl  disserter  sur  les  yeux  et  sur 
les  bosses ,  aussi  long-lcms  que  cela  pourra  lui  faire  plaisir. 
Maisil  n'en  est  pas  de  meine  dn  professeur  charge  de  I'cnsei- 
gnement  d'une  des  branches  des  sciences  morales:  avanl  de 
faire  connaitre  ses  idees  sur  ce  qui  est  juste  ou  moral,  il  faut 
qu'il  s'informe  soigneusement  de  I'etat  des  raoeurs  ct  du  cer- 
veau  de  lels  et  tels  ministres;  et,  s'il  trouve  que  leurs  excel- 
lences ont  Tesprit  de  travers  ou  les  mosurs  relachees,  il  fera 
sagement  de  ne  pas  dire  lout  haul  que  le  droit  est  droit,  et  que 
Ic  vice  est  funeste  aux  nations.  A  cette  condition,  on  lui  per- 
meltra  d'instruire  les  jeunes  gens ,  et  de  les  preparer  a  etre  un 
jour  des  magistrals. 

Tandis  que  les  hommes  charges  de  renseignement  public 
sont  obliges  d'arrangcr,  nous  ne  disonspas  leurs  peusees,  mais 
leurs  paroles,  de  maniere  qu'elles  se  Irouvent  en  harmonic 
avec  les  pensecs  ou  du  moins  avec  les  paroles  de  tels  ou  lels 


ET  POLITIQUES.  79 

niinistres,  les  ctudians  sont  obliges  d'appreudre  et  de  repeter 
les  paroles  olTicielles  qu'on  Icur  dcbite.  Phisieurs  circonstaiices 
leur  en  font  uno  nccessite  :  la  premiere,  c'est  que  ,  pour  cxer- 
cer  une  profession,  il  ne  suffit  pas  d'avoir  des  connaissanccs, 
de  la  capacite,  de  I'liitegrite,  des  moeurs;  il  faut,  de  plus,  et 
ceci  est  le  plus  essenlicl,  posseder  un  petit  morceau  de  peau  de 
mouton  au  bas  duquel  est  ecrit  le  uoni  d'une  excellence.  Or, 
pourobtenir  ce  precieux  morceau  de  peau  ,  signe  incontestable 
d'un  grand  merite,  il  faut  avoir  prouve  qu'on  a  bicn  retenu 
les  paroles  officiellement  prononcees  par  un  homme  portaut 
une  robe  rouge  et  un  bonnet  carre. 

Il  y  a  deux  nioyens  d'apprendre  ces  paroles  :  Tun  est  d'aller 
les  saisir  au  moment  on  elles  tombent  du  haut  de  la  tribune 
dans  les  oreilles  des  auditeurs;  I'aulre,  de  les  acheter  chez  le 
libraire  du  professeur.  Ce  dernier  moycn  est  le  plus  court  et 
le  plus  sur  :  tout  etudiant  qui,  dans  ses  exaniens,  pent  prou- 
ver  a  ses  maitres  qu'il  a  acliele  lui  exemplaire  de  leurs  livres, 
est  a  pen  pres  assure  d'etre  recu  avec  acclamation. 

Les  jeunes  gens  qui  etudient  ne  sont  pas,  commc  les  hom- 
mes  qui  enseignent,  a  la  nomination  des  gouvernemens  ;  mais, 
si  les  miiiistres  n'instituent  pas  les  etudians,  ils  les  destituent 
quelquefois;  nous  en  avons  eu  des  preuves  nombreuses.  C'est 
pour  les  eleves  une  raison  nouvelle  de  s'atlacher  aux  paroles 
officielles  que  I'autorite  leur  fait  distribuer  pour  leur  argent, 
et  de  ne  pas  trop  examiner  si  ces  paroles  s'accordcnt  ou  non 
avec  la  nature  des  chcscs.  Un  tcl  cxamen  pourrait  fairenaltre 
dans  leur  esprit  des  opinions  qui  s'accorderaient  pen  avec  cclles 
dont  on  leur  a  donnelesformules;  et  cette  discordance,  si  elle 
venait  a  se  mauifester,  pourrait  bicn  les  faire  destituer  de 
leurs  fonctions  d'ecolier.- 

Enfiu  ,  et  c'est  ici  la  consideration  la  plus  grave,  lors- 
qu'on  a  obtenu  le  morceau  de  parchemin  qui  atteste  la 
haute  capacite  de  celui  qui  en  est  porteur,  et  qu'en  langage 
uuiversitaire  on  nomme  un  diploine ,  il  faut  obtenir  autre 
cliose ;  il  faut,  si  Ton  veut  avoir  part  au  budget,  devenir 
procureur  du  roi,  sous-prefet,  ou  auditeur;  etpour  cela,  rion 


8o  SCIENCES  MORALES 

n'est  molns  necessairc  que  la  science,  rien  n'est  plus  utile  ijue 
I'art  de  reciter  les  formules  des  opinions  officiclles.  Les  maxi- 
mes  (les  uioines  n'ont  point  peri  avec  les  couvcns  :  sous  les 
monarchies  constilulionnelles  ou  inconstitulionnelles,  commc 
dans  les  mouasteres,  le  meilleur  moycn  d'arriver  a  la  fortune 
a  ete  et  svra  long- terns  encore  de  iaisscr  aller  Ic  monde  tclle- 
menl  quellement ,  et  de  dire  toujours  du  Lien  de  monsieur  le 
prieur. 

En  faisant  ces  observations,  je  n'ai,  en  aucune  manicre, 
I'intentiou  de  fairc  la  critique  de  ce  qui  est.  Toutes  les  fois  que 
I'ou  considere  les  choses  sous  un  point  de  vue  scientiiique,  on 
est  peu  dispose  a  se  plaindre.  Les  evenemens  qui  ne  sont  pas 
bons  en  eux-mcmcs,  sont  bons  du  moins,  comme  Iccons  ou 
comnie  experiences.  Et ,  puisqu'en  definitive  il  n'y  a  que  les 
experiences  qui  instruisent  les  Lonuiies,  il  n'y  a  pas  de  raison 
pour  qu'elles  se  fasscnt  sur  d'autrcs  plulot  que  sur  nous.  Ta- 
clionsseulementqu'elies  ne  soient  pas  perducs  pouruosenfans. 
Ce  que  je  voulais  expliqucr,  c'est  I'etat  stationnaire  dans  le- 
quel  renseignement  tient,  dans  presque  toute  I'Europe,  les 
sciences  morales  et  politiques.  La  premiere  cause  de  cet  etat, 
c'est  le  monopole  de  I'instruction ,  ou  des  influences  qui 
sont  I'cquivalent  d'un  monopole.  La  seconde  cause,  c'est  la 
difficulte  dans  laquelle  se  trouve  toute  personne  qui  ne  pro- 
fesse  pas  les  doctrines  officiclles,  de  se  creer  une  carricrc  in- 
dependante. 

Mais,  si  les  ecoles  n'avancent  point ,  le  monde  avance  nial- 
grc  clles  et  les  lalssc  en  arriere.  Sous  I'ancienne  monarchic, 
un  hommc  reccvait  ordinaircmcnt  trois  sortes  d'cdtications, 
qui  n'avaient  entre  elles  presque  rien  de  commun  :  I'education 
du  college,  ccUe  desa  famiile  et  celle  du  jnonde.  Aujourd'hui, 
c'est  exactement  la  meme  chose;  mais,  la  difference  qui  existe 
entre  I'education  des  ecoles  et  Tediication  du  monde,  est  bien 
plus  grande  qu'elle  ne  I'etait  jadis.  Car,  tandis  que  la  plnpart 
des  professeurs  officiels  sont  obliges,  pour  ne  pas  etre  desti- 
tues,  de  reporter  les  esprits  de  leurs  eleves  en  arriere  de  plu- 
sieurs  siecles ,  les  idees  des  nations  font  des  progres  rapides.  II 


ET  POLITIQUES.  8i 

JX'Sulte  cle  la  que  les  jciiiies  gens  qui  lie  veulent  pa>  tester 
etrangers  aux  progres  de  I'lspiil  huinai;i ,  sont  obliges  cle  faire 
<knix  gi-nrcs  d'eliiiles  dianielralcment  opposces  :  il  faut  qii'ils 
sacli.Tit  au  ])cs()iii  icciler  les  c»piiiioiis  dii  terns  passe  coniiiie 
si  elies  Iciir  apparlenaient  reellemciit;  il  faut,  de  plus,  qu'ils 
coniiaissent  les  idees  de  leur  age,  s'ils  no  veuleut  pas  que,  dans 
le  inondo,  on  les  pienne  pour  des  niais. 

Cette  iRCcssite  d'avoir  une  double  doctrine,  ctlle  qui  fait 
reussir  auj)res  des  goiivernonicns,  et  cclle  qui  fiiit  reiissii-  au- 
pres  ties  nations,  n'cst  pas  ce  <ju'il  y  a  de  plus  favorable  aux 
progresde  la  morale  ct  dela  verite;  mais  elleest  ceitainenient 
ia  circonstance  la  plus  favorable  aux  ambitieux.  Qu'unjcune 
Iiommc,  sortant  du  college,  aille  prendre  pour  argent  conip- 
tant  les  doctrines  de  tel  ou  tel  professetir;  qu'il  reduise  ces 
doctrines  en  forniules ,  et  en  fasse  le  symbole  d'une  cioyance 
sincere;  qu'il  eprouve  nienie  une  picuse  aversion  pour  toute 
idee  nouvelie,  et  qu'il  repousse  loin  de  lui  les  ecrits  dans  les- 
qucls  elles  auront  etc  consignees,  il  pourra  faire  son  chemin, 
aussi  loiig-tems  que  tels  niinistres  restcront  en  place.  Mais,  s'il 
arrive  una  revolution  rninisterielle,  le  voila  un  honinae  perdu  : 
les  formules  d'opinions  qu'il  aura  apprises  ne  lui  seront  plus 
bonnes  a  rien ;  quelle  (pie  soil  sa  sonplesse,  il  sera  remplace 
comuie  un  sot,  avant  d'avoir  eii  le  teins  d'apjirendre  les  for- 
mules nouvelles. 

L'observation  que  nous  faisons  ici  n'ost  pas  une  vaine  sup- 
position :  elle  est  fondee  sur  des  experiences  qui  durent  de- 
puis  un  demi-siecle,  et  qi;i  se  renouvellent  sans  cesse.  Depuis 
le  commencement  de  notre  revolution  jusqu'a  ce  jour  en  elfet 
ks  liommes  qui  n'ont  eu  qu'une  doctrine  et  qu'un  !ariga;je, 
ont  loujours  ele  froisses  par  les  evenemens  quel  que  soil  le 
parti  auquel  ils  se  sont  attaches.  Ceux,  au  contraire  ,  qui  ont 
eu  dans  I'esprit  deux  on  frois  especes  de  formides  d'opinions 
differentes,  non-sculement  sont  toujours  restes  debout,  mais 
ont  fait  rapidement  leur  chcmin.  Cela  etait  dans  la  nature  des 
choses  :  un  homme  qui  possede  une  I'pec  ou  une  langue  a  plu- 
sicurs  trancliaus,  et  (pii  pent,  selon  les  cireonstaiices ,  frapper 
T.  wxi. —  Jinllct  182'i.  6 


82  SCIENCKS  MORALES 

u  droitc,  ;"!  gauche,  an  centre,  eit  toujoiirs  piefi'ie  a  coliii 
qui  ne  peut  frapppr  que  d'un  cote.  Un  tel  homme  nVst  jamais 
pris  au  dopoiitvu  par  les  evenemens  :  il  est  fait  pour  ctreTatni, 
Ic  compaguon,  le  collcguc  de  tons  Ics  tninistres  presens  eta 
venii'. 

Lesainbilieux  sontiloiic  aussi  intcresses  a  s.:  tcnir  au  courant 
des  progres  des  sciences  morales  et  politiqiief),  que  Ics  hommes 
conscienciinix,  de  qtulque  parti  qu'ils  soient :  c'est  memc  le  seul 
moven  (|u'ils  aient  d'ecarler  toujours  ces  derniers  de  leur  che- 
miu ;  car  ce  serait  une  imprudence  excessive  de  s'imaginer 
que  les  mcmes  formules  d'opinion  pourront  scrvir  pendant  la 
dnrec  ordinaire  de  la  vie  d'nn  homme.  Ayant  doiine  cet  avis 
charitable  aux  honmies  qui  croiraient  trouver,  dans  leurs  pre- 
juges  et  dans  leur  ignorance,  des  auxiliaires  de  leur amliition, 
revenons  au  traite  de  legislation. 

Le  mot  legislation  a  plusieurs  significations.  Quelquefois  on 
I'emploie  pour  designer  les  lois  de  tel  ou  tel  peuple,  ou  seulc- 
tiient  une  des  prii:cipales  parties  de  ces  lois;  d'auties  fois,  on 
I'emploie  pour  designer  I'art  de  donner  des  lois  a  une  nation; 
c'est  dans  ce  sens  que  SI.  Bcntharn  en  a  fait  usage.  Enfin,  il 
sert  a  designer  la  science  des  lois,  c'est-a-dire  la  connaissance 
de  leur  nature,  de  leurs  causes  et  de  leurs  effets  ;  c'est  dans  ce 
sens  qu'il  est  pris  dans  rouvrago  qui  sert  de  litre  a  cet  article. 

Lorsque  Ton  considere  la  legislation  comme  la  connaissance 
des  lois  de  tel  ou  tel  pays,  ou  comnic  I'art  d'appliquer  Taction 
du  gouvernement  a  des  faits  delermines  ,  elle  sc  trouve  separec 
d'une  grande  pai'lie  de  la  morale  :  la  jjuissance  ties  mosurs 
s'etend  beauconp  plus  loin  (]ue  I'autorite  des  lois.  Ce  sont,  a 
dit  le  savaTit  auteur  qui  a  mis  en  ordre  ct  public  les  ecrits  de 
M.  Bentliam  (  M.  DuMONT,.'/t»  Genei'e),  deux  sciences  qui 
ont  le  meme  centre ,  mais  qui  n'ont  pas  la  memc  circonference. 
Lorsque  Ton  considere  les  lois  dans  leui-  nature,  dans  leurs 
causes  ct  dans  leurs  effets,  il  u'est  plus  possible  de  separer  la 
morale  de  la  legislation;  les  mceurs  des  peuples  se  montrent 
alors,  tantot  comme  elcmens  de  la  puissance  des  lois,  tantot 
comme  etanf  au  nombre  des  causes  «|ui  les  produisent,  et  tan- 


ET  POLITIOUES.  8', 

tot  comiiu"  ctant  au  nombre  des  offets  qui  en  resultent.  Aiissi , 
I'aiUeur  clu  traite  de  legislation  n'a-t-il  point  separe  ces  deux 
branches  des  sciences  morales. 

Ayant  degage  la  science  cle  la  legislation  et  de  la  morale  des 
croyances  parlicniieres  a  chaque  religion  ,  il  a  etc  neccssaire- 
ment  conduit  a  considercr  les  moeurssonsnn  rapport  pnrrment 
scientifique.il  les  a  etudiees  dansleur  nature ,  dans  ics  causes  qui 
lesproduisont,  et  danslcseffets  qui  en  resu'.ient;  il  a  particnlie- 
rcnientclierche  a  determiner  quels  son  ties  services  que  pen!  ren- 
dre  a  I'liumanite  la  science  de  la  morale,  consideree  sonsce  point 
de  vue.  Ces  services  lui  out  paf  u  tres-grands;  et  peut-eire  les  per- 
sonnesqui  lirontson  ouvrageseront-ellesdu  meme  avis  que  lui. 

De  toutes  les  connaissanccs,  il  n'cn  est  aucune  qui  soit  pins 
iniportante  et  qui  ait  besoin  d'etre  plus  universelle  que  cePe 
de  la  morale.  Un  magistral ,  un  jurisconsulte,  peuvcnt  sans 
qu'il  en  resulle  de  graves  inconveniens,  rester  etrangers  aux 
matiiematiques,  a  I'astronomie,  a  la  physique;  un  mcdeciD 
pent,  sans  danger  pour  ses  malades,  ne  pas  connaitrc  les  lois 
du  pays  dans  lequel  il  vit;  un  negociant  pent,  sans  peril  pour 
ses  pi-atiques,  ignorer  les  regies  dc  la  jurisprudence  ;  un  miii- 
taire  pent,  sans  danger  pour  sa  nation ,  ne  pas  connai  tie  Ihistoire 
nalurellc.  Mais,  quelle  est  la  profession,  quel  est  I'art,  le  me- 
tier, qui  puissent,  sans  danger  pour  la  societe,  eire  exerces 
par  des  hommes  etrangers  a  la  morale?  Quelle  confiance  pour- 
rait-on  avoir  dans  des  magistrals  et  des  jurisconsultes  qui 
seraient  Ires-verses  duns  laconnaissance  des  lois  de  leur  pay;, 
mais  qui  n'auraient  point  de  moeurs  ?  Quelle  confiance  inspi- 
reraient  aux  malades  el  a  ieurs  families  les  medecins  qui  se- 
raient les  plus  habiles  dans  I'art  de  guerir ,  mais  qui  n'auraient 
que  des  moeurs  corrompues?  Les  connaissanccs  de  tons  Ics 
genres  accroisscnt  la  puissance  de  I'homme  :  mais  cette  puis- 
sance pent  etre  employee  a  faire  le  nial  comme  a  faire  le  bien; 
il  n'y  a  que  la  morale  (jui  en  garantisse  le  bon  emploi. 

Chaque  profession ,  chaque  art  exige  des  connaissanccs 
speciales;  mais  la  morale  est  neccssaire  dans  tous  :  elle  ne  doit 
pas  etre   separee  de  la  qualite  d'homme.   Ne  serait-ce   point 


.S4  SCIENCES   'JORALES 

paicr  (ju'ello  est  indispensable  ii  toutcs  les  conditions,  cjii'ellc 
n'est  enseijjnce  dans  ancitne?  On  seiait  tenle  de  le  penser  : 
mil  ne  so  croit  obligo  d'etre  plus  lionnole  honiine  qu'iin  autre; 
«it  qiiand  on  voit  qu'il  est  possible  de  parvtnir  aux  fonclions 
Ics  plus  importantes  sans  etre  un  ^^raiid  nioraliste,  on  croi- 
rait  faire  un  metier  de  dupe,  si  on  allait  nicitre  des  scrupules 
dans  rexercico  des  plus  humbles  professions. 

Mais,  la  morale  n'cst-elle  pas  suffisamment  enseignee  par  la 
religion  ?  Ayant  un  tel  appui,  est-il  necessaire  de  lui  en  cher- 
cher  d'autres  ?  Certes,  si  Ton  jugeait  de  I'appui  que  les  nioeurs 
reooivent  de  la  religion,  par  le  nombre  et  par  la  vivacite  ties 
discussions  religieuses  dont  nous  sommes  lemoins,  il  faudrait 
etre  bien  difficile  pour  ne  pas  etre  satisfalt.  Mais,  quels  sont 
les  objets  de  ces  vives  et  nombreuses  disputes  ?  La  probite  ,  la 
sincerite,  la  modestie ,  la  simplicite,  I'economie,  la  chastete, 
la  temperance,  sont- dies  miscs  en  question?  Non ,  ce  n'est 
pas  de  cela  qu'il  s'agit.  Les  pretres  auront-ils  ime  dotation 
permanente,  on  leurs  a[)pbintemens  seront-ils  porfes,  clia(|iie 
annee,  sur  le  budget?  Monseigneur  sera-til  condamnc  ;i  la 
simplicite  evangeliquc,  ou  bien  aura-t-il  uiic  table  so'iiptucuse 
pour  I'edification  des  fideles  et  la  consolation  dcsindigens? 
Aura-t-il  unc  simple  maison,  ou  lui  batira-t-on  un  palais  ?  La 
part  du  budget  que  s'attribue  I'universite  royak- ,  sera-t-el!e 
prise  par  des  jesuites,  ou  par  des  gallicaiis  ?  Les  emplois 
publics  seront-ils  a  la  disjjosilion  des  premiers  ou  des  se- 
conds? La  puissance  royale  est-elle  une  emanation  immediate 
du  droit  divin,  comme  le  croyait  Bossuet;  ou  n'emane-telle 
de  la  divinite  que  par  lintermediaire  du  pa[)p,  ainsi  (|ue  le 
pense  M.  de  La  Mennais  ?  Voila  les  grandes  questions  qui  agi- 
lent  I'eglise  et  unc  partie  du  public;  et,  a  vrai  dire,  nous  ne 
voyons  pas  ce  qu'ellcs  peu  vent  avoir  de  commun  avec  la  morale. 

Si  nouspassonsdes<]uestionsquioccupent  lesesprits,  accqnise 
])ratique  dans  le  monde,  nous  ne  trouverons  pas  que  la  religion 
exerce  sur  la  morale  une  influence  tres-etcndue.Cette  influence  ne 
pourrait  avoir  lieu  (jue  de  deux  manieres:  par  la  predication  ou 
parlalecture.Or,on  n'observo  pas  que  cos  multitudes  de  jeune* 


ET  POLITIQIJES.  85 

gens  qui  liahitent  les  grancles  villes  et  qui  eliidient  les  sciences, 
les  ar;s,  on  le  commerce,  soient  tres  assidiisan  sermon  tic  leur 
paroisse  ou  se  niineni  en  livres  tic  clt-votion.  Qn'on  nous  tlise 
si  les  eiuiliaris  en  mcdecine  passent  en  ijeneral  pour  tres-ilt^- 
vots,  ct  si  les  titiuiians  en  droit  freqiienlent  beaucoup  les 
ej^lises,  a  nioins  (|u'ils  n'aspirent  a  eire  procureurs  du  roi? 
Enfin,  est-il  bien  prouve  que  les  jeunes  gens  qui  se  deslinent 
an  commerce  preferent  le  prone  a  une  partie  de  plaisir  ? 
C'est  un  ma!  sans  doute;  mais  il  sera  difficile  d'y  porter  re- 
niede,  aussi  long-tems  que  les  cnltes  seront  lihres,  et  qu'on 
ne  fera  pas  usage  des  conimissaires  de  police  pour  amentr  les 
gens  a  I't-glise;  ct,  si  jamais  nous  en  venons  la,  il  y  aura  autre 
chose  a  discuter  que  de  la  morale. 

Puisque  les  grandes  questions  qui  s'agitent,  et  qu'on  dit  re- 
ligieuses,  sont  etrangeres  a  la  morale,  et  que  d'ailleurs  les 
lieux  ou  Ton  dit  qu'on  I'enseigne  sont  ceux  que  les  jeunes  gens 
Hx-quentent  le  moins,  n'y  aurait-il  pas  un  moyen  d'en  rcndre 
I'cnseignement  profitable,  en  le  rattacliant  aux  eludes speciales 
nccessaires  a  I'exercice  de  chaque  profession?  Dans  toutes  les 
ccoles,  on  apprend  a  lire,  a  ecrire,  a  compter,  parce  que  dans 
toutes  les  positions  de  la  vie  on  a  besoiu  de  lire,  d'ecrire,  de 
calculer  ;  pourquoi  done  la  morale  ne  seraitelle  pas  enseignee 
dans  toutes,  puisqu'il  n'est  aucune  position  dans  laquelle  il  ne 
soit  necessaire  d'avoir  de  bonnes  moeurs  ? 

II  est  vrai  que,  dans  la  plnpart  des  ccoles  elementaires,  on 
donne  quelques  elemens  de  morale  aux  enfans;  mais  tons  les 
enseignemens  ne  sont  pas  propres  a  tons  les  ages.  Exposer  la 
nature,  les  causes  ct  les  effcts  des  passions  et  des  habitudes  a 
des  enfans  chez  lesquels  aucune  passion  ne  s'est  encore  tleve- 
loppee,  ct  leur  expliquer  les  rapports  qui  existent  entre  ks 
individus  de  meme  espece,  avant  qu'ils  aient  acquis  aucune 
notion  sur  rien,  c'est  tout  au  moins  pcrdre  son  tems;  ce  tju'on 
pent  espt'rer  de  mieux  en  pareil  cas,  c'est  souvent  de  ne  pas 
etre  compris.  L'enseigneuient  raisonne  de  la  morale  ne  com- 
mence a  etre  veritablement  profitable  qu'au  moment  ou  toijics 
les  facultt-s  humaines  se  developpent,  el  ou  chacun  pen?  com- 


S6  SCIENCES  MORALES 

|)reii(lre  Ic  role  qu'il  est  appele  a  jouer  dans  I'ordre  social ; 
c'est  au  moment  ou  chacun  se  livre  aiix  etudes  specialcs  qui 
detciniinent  la  profession  qu'il  doit  embrasser. 

L'idce  d'cnseigner  la  morale  comme  une  science  propre  ii 
toutes  les  conditions  et  a  toutes  les  croyances  iclit^ieuses,  est 
sujette  a  unc  objection  grave.  Si  la  morale  ne  doit  pas  etre 
basee  sur  telle  ou  telle  croyance  religieuse,  qu'importe,  dira- 
t-on,  que  des  incredules  aient  de  bonnes  ou  de  mauvaises 
inceurs?  Leur  perle  etant  decidee,  ne  vaut-il  pas  mieux  que 
leur  malheur  commence  dans  ce  monde,  que  s'il  ne  commen- 
cait  que  dans  I'autrc?  Leurexempleneservira-t-il  pas  a  rendre 
religieux  leshommes  qui  se  sentiraient  quelques  penchans  vers 
I'incredulite?  Si  des  hommes  sans  foi  se  disliiit^uaient  jamais 
par  leur  franchise,  par  leur  probite,  par  leur  humanite,  par 
leur  temperance  etpar  d'autres  vertus,  ne  serait-il  pas  a  erain- 
dre  que  la  religion  ne  fut  compromise? 

Ces  objections  sont  graves  assurement;  aussi  serions-nous 
d'avis  de  laisser  les  incredules  s'engnger  dans  la  carrier e  du 
vice,  si  Ic  mal  que  le  vice  produit  se  concentrait  tout  entier 
sur  I'individu  qui  en  est  infecte.  Mais,  prenons-y  garde;  les 
vices  ne  sont  pas  seulement  funestes  aux  incredules  qui  les  out 
contracles,  ils  le  sont  aussi  aux  croyans  que  la  foi  en  a  ga- 
rantis  :  un  magistrat.corrompu  ne  se  fera  pas  plus  de  scrupule 
de  commettre  une  injustice  conlre  un  devot  que  contre  un 
infidele;  un  medecin  sans  moeurs  abusera  de  la  confiance  dune 
sainte,  coninie  il  abuserait  de  la  confiance  d'une  danseuse  de 
I'Opera  ;  Targent  d'un  saint  homme  n'aura  pas  moins  d'attraits 
pour  lui  marchand  fripon  ,  que  n'en  aura  I'argent  d'un  vau- 
rieu;  an  general  sans  honneurse  vendra  aussi  facilenient  i.\  un 
usurpateur  qu'a  un  roi  legitime. 

Convertissons  les  incredules  si  nous  en  avons  le  moyen; 
mais,  si  nous  ne  le  pouvons  pas,  lachons  au  moins  d'en  faire 
des  honnetes  gens;  si  ce  n'est  pas  dans  leur  interct ,  que  ce 
soit  du  moins  dans  celui  des  croyans.  S'il  etait  possible  de  les 
enchainer  ou  de  les  meltre  en  cage,  ce  serait  assurement  le 
meilleur  parti  a  prendre;  mais,  puisqnecela  no  se  pent,  il  est 


ET  POLITIQUES.  87 

hon  qii'on  les  apprivoise ;  et  il  n'y  a  que  la  morale  qui  piiisse 
produire  un  tel  effet. 

La  morale  se  lie  a  tout  dans  la  societe,  et  il  est  des  sciences 
(lontelleest  meme  une  parlie  essentielle.  Il  est  un  grand  nom- 
bre  de  passions  on  de  vices  qui  affectent  les  hommes  dans 
leur  constitution  physique.  Or,  comment  est-il  possible  de 
connailre  et  de  traiter  certaines  maladies,  si  Ton  n'etudie  pas 
les  causes  qui  les  ont  produites?  La  morale  ne  serait-elle  pas 
la  partie  la  plus  imporfante  del'liygiene?  Cette  question  n'est 
point  de  notre  competence;  mais  nous  pouvons  la  soumetlrc 
du  moins  a  1' Academic  de  medccine.  II  ne  serait  pas  diflicile 
de  prouver  que  la  science  de  la  morale  est  aussi  essentielle  au 
magistrat,  au  jurisconsulte,  a  J'administrateur,  au  negociant, 
que  la  connaissance  des  lois,  ou  du  calcul. 

Mais,  la  morale  a-t-elle  besoin  d'etre  enseignee?  Peut-on 
meme  dire  que  c'est  une  science  susceptible  de  demonstration  ? 
Chacnn  ne  trouve-t-il  pas  dans  sa  propre  conscience  lout  ce 
(ju'il  a  besoin  desasoir? 

Et  quels  sont  les  faits  qui  pourraient  nous  faire  penscr  qiie 
la  morale  n'a  pas  besoin  d'etre  enseignee?  Serait-ce  le  spectacle 
de  ce  qui  se  passe  journellement  sous  nos  yeux?  la  probite, 
le  desinteressement,  la  bonne  foi,  la  candcur  des  diplumaics, 
des  ministres,  des  administrateurs,  des  deputes,  des  elecleurs, 
et  enfin  de  tous  les  hommes  qui  participent  d'unemaniere  plus 
ou  moins  directe  au  gouvernement?  Serait-ce  la  moderation, 
I'humilite,  la  bonne  foi,  le  desinteressement  des  membres  du 
clerge?  Serait-ce  lacandeur,la  probite,  Kisimplicite  des  gens 
d'affaires  de  toutes  les  especes?  L'impulsitm  donnee  par  les 
hautes  classes  aux  autres  parties  de  la  population  serait  elle 
tellement  salutaire,  que  I'enseignement  de  la  morale  dovien- 
drait  superflu?.  Enfin,  en  snpposant  que  les  moeurs  de  toiites 
les  classes  de  la  societe,  depuis  les  plus  hauts  fonctionnaires 
jiisqu'aux  simples  artisans,  sont  tellement  pures,  qu'elles  n'ont 
plus  rien  a  gagncr,  il  faudrait  encore  enscigner  la  morale,  ne 
fut-ce  que  pour  conserver  cette  puretc. 

Mais,  ici ,  tine  autre  objection  se  presente  :  la  morale  pent- 


«8  SCIENCES  MORALES 

file  fi)rinc'r  unc  science  ?  En  general  les  mornlisles  nc  I'onl 
{lueie  envisagee  que  comnie  un  art ,  et  c'est  peut-elre  une  dc* 
causes  dii  pen  de  progtes  qn'elle  a  fait.  Mais,  pourquoi  iie 
serait-eile  pas  susceptible  de  former  une  science  anssi  bien  que 
la  connaissance  de  telle  ou  telle  autre  parlie  de  riuimnie  ?  Se- 
lait-il  plus  difficile  de  soiuueltre  a  I'observation  les  aclifins  et 
les  li.ibitudes  huniaines,  les  causes  diverses  qui  les  produiseiit 
et  les  effets  qu'elles  engendrcnt,  que  d'y  sonniettre  la  nature, 
les  causes  et  les  effets  des  maladies  du  corps  humain? 

II  est  vrai  que  les  causes  et  les  effets  dune  passion  sont  sou- 
vent  plus  nombreux  et  plus  etendus  que  les  causes  et  les  effets 
il'une  maladie.  La  goulte  qui  cnchaine  un  prince  sur  son  fau- 
tciiil  ,  a  des  consequences  nioins  etendues  que  I'ainbition  qui 
Ic  Iraine  sur  des  champs  de  bataille.  II  faut  convenir  aussi 
jptil  est  moins  dangereux  d'exposer  les  caracteres  d'unc  mala- 
die physique,  que  d'exposer  les  caracteres  d'une  maladie  mo- 
rale. Le  medecin  qui  guerirait  un  prince  d'une  indigestion ,  en 
serail  recompense  par  des  honneurs  et  des  richcsses.  Le  mora- 
lisle  qui  tenterait  de  le  guerir  de  sa  gloutonnerie  ou  de  sa 
duplicite,  pourrait  en  etre  recompense  par  des  amendes  et  par 
la  piison.  Mais,  ces  differences  ne  changent  rieu  a  la  nature 
des  clioses;  si  elles  ne  donneut  pas  a  la  science  du  medecin 
plusde  certitude,  elles  ne  sauraicut  rcndre  incertaine  la  science 
du  moraliste. 

II  est  des  personnes  qui  s'imaginent  que  la  science  de  la 
morale  a  ete  revelee  al'homme,  et  que  chacun  apporte  en  ve- 
naut  au  monde  toutesles  notions  dont  il  a  besoin  pour  bien  se 
conduire.  L'auleur  du  traite  de  legislation  observe  que  cette 
opinion  se  tronve  dementie  par  les  fiiits;  il  recounait  qu'il 
existe  dans  I'homme  un  sentiment  qui  lul  faitapprouver  ce  qui 
est  bien,  et  condamner  ce  qui  est  mal ;  il  reconnait  que  ce 
sentiment  est  inherenta  notre  nature,  qu'il  est  pour  les  hom- 
mes  un  principe  d'action,  et  (jue,  s'il  n'existait  pas,  il  n'y  au- 
rait  pas  de  progies  possible  pour  le  genre  humain.  Mais  il  ob- 
serve en  meme  teins  que  rintelligence  est  aussi  necessaire  a  la 
direction  de  ce  sentiment,  que  ce  sentiment  est  necessaire  a 


ET  POIJTlnUE.S.  «0 

rinU'lligtncc,  ijoiirqu'elle  soit  profitable.  iSi  cc  sentiment,  dit- 
il,  est  ua  fait  incontestable,  il  est  un  autre  fait  qui  ne  me  parait 
pas  moijis  evident;  c'est  que  I'intelligence,  qui  est  propie  ;i 
i'homme,  lui  est  aussi  neccssaire  pour  se  bien  conduire,  que  li- 
jjrincipe  niemcquile  met  en  niouvement.  Privcz-lc  de  son  jiriii- 
cipe  d'action,  sesconnaissanceslui  seront  inuliles:  vousu'ainrz 
qti'un  ctre  passif.  Privez-lc  de  ses  connaissances,  son  principu 
d'action  ne  lui  sera  pas  moius  iiuitile,  si  meme  il  nc  lui  est  pas 
funeste.  Pour  marcher  avec  surete,  il  ne  suffit  pas  d'en  avoir 
le  desir  et  de  posseder  des  jambes;  il  faut  de  plus  avoir  des 
yenx  pour  se  conduire.  » 

'  "  Des  liommes  qui  considerent  comme  une  science,  ajoufe 
I'auteur,  des  senlimens  comnnins  a  tous  ies  individus  dont  se 
compose  le  genre  humain,  et  qui  cependant  reconnaissent  la 
necessite  d'ecrire  et  d'enseigner  celte  science  ,  aflirment  une 
veritable  contradiction.  Si  I'ecrivain,  le  professeur  ou  le  pre- 
dicatenr,  n'importe  le  uom,  ne  pent  dire  a  ses  lecteurs  ou  ii 
ses  auditeurs  que  ce  qu'ils  sentent  comme  lui,  il  n'a  rien  a  leur 
apprendre;  ils  sont  tout  aussi  savans  que  lui -racmc.  S'il  a  des 
sentimens  qui  lui  sont  parliciiliers  et  qu'il  se  propose  de  leur 
communiquer,  il  doit  reconnaiire  que  le  sens  moral  ou  la 
conscience  ne  parle  pas  egalement  a  tout  le  monde.  11  faut  alors 
rechercher  quelles  sont  los  causes  de  la  difference,  et  trouvcr, 
sans  le  secours  de  rintelligence,  des  raisons  qui  soient  capa- 
bles  de  faire  parler  des  consciences  qui  se  talsent.  Ou  bien  ,  il 
faut  determiner  des  hommes  a  se  laisser  dirigcr  par  un  sens 
moral  qui  n'est  pas  le  leur,  apres  leur  avoir  ])ersuade  qu'ils 
ne  peuvent  pas  trouver  de  guide  plus  sur  que  leur  propie 
conscience.  II  faut  leur  prouver  que  le  sentiment  moral ,  inhe- 
rent a  la  nature  humaine,  ne  recevant  aucune  direction  de 
I'intelligence,  a  tonjours  bien  dirige  Ies  hommes,  et  que  ce- 
pendant le  christianisme  a  change  Ies  nioeurs  d'une  partie  des 
nations  qui  I'ont  adopte,  tandis  que  des  nations  qui  ne  sout 
pa-;  chretiennes  ,  se  livrcnt,  par  i)rincipes  de  conscience  ,  a  des 
actions  que  notre  sens  moral  reprouve.  » 

II  semble  a  I'auteur  que  la  plupart  des  pcrsonnes  qui  cxclucrit 


90  .SCIENCB;.S  MOllALES 

rupplication  dc  I'intelligcnce  do  I'etude  de  la  morale,  n'oi.t 
pas  d'aiitre  but  <|ue  de  mettre  Iciir  raison  i  la  place  de  celle 
des  aiitres.  «  Qu'on  y  regarde  de  pres,  dit-il;  qii'on  suive  la 
conduite  de  la  pliipart  de  ces  liomiues,  et  Ton  vcira  que  leuis 
effets  continuels  ne  tendent  (|u'a  former  les  consciences  scion 
ienr  propre  entendenient.  lis  veulcnt  que  cliacun  obeissc  a  sa 
conscience;  niais,  c'est  sous  la  condition  que  ce  seront  eux 
qui  lui  apprendront  a  pailer,  et  qui  seuls ,  fornieront  sou 
langage.  » 

Mais,  comment  empecher  que  quelques  individus  re  subs- 
fituent  leur  entenlcmeut  a  renteudement  du  public?  Par  la 
simple  exposition  de  la  nature  des  hoinmos  et  des  choses,  par 
la  science  (|ni  ne  donne  aucun  emploi ,  qui  ne  vit  d'aucun  abus, 
-qui  ne  profile  d'aucune  erreur,  (jui  n'a  aucun  orgueil  a  dcfen- 
dre,  iiucim  pouvoir  a  conservcr.  La  question  est  de  savoir 
comment  la  morale  et  la  legislation  peuvent  devenir  des  scien- 
ces? C'est  una  des  questions  dont  la  solution  doit  determiner 
la  base  de  I'ordre  social;  elle  est  d'uue  importance  si  clevee, 
qu'il  ne  serait  pas  possible  de  la  traiter  dans  un  article  de 
quelques  pages;  a  plus  forte  raison  ,  ne  peut-on  pas  la  trailer 
sur  la  fin  d'un  article.  Nous  nous  borncrons  a  renvoyer  ccnx 
de  nos  lecteurs  qui  voudraicnt  s'eclairer  sur  la  maniere  de 
traiter  cette  question,  a  la  lecture  de  I'ouvrage  que  nous  au- 
noncons ;  car  on  y  tr.tite  au  nioins  autant  de  la  morale  que 
<le  la  legislation. 

L'auteur ,  ayant  considere  les  lois  dans  leur  nature ,  dans 
leurs  causes  et  dans  leurs  effets,  a  dii  etre  necessaiiemeut  cou- 
duilaparier  des  moeurs,  puisqu'il  est  impossible  que  Ics  moeurs 
n'entrent  point  dans  les  lois,  comme  causes,  comme  parties 
conslitutives  ,  on  comme  resultats.  II  doit  done  se  trouver  une 
certaine  ana!ogie  entre  le  Traite  de  legislation  ,  etVowyxa^G 
qu'a  public  recemment  un  de  nos  meilleurs  moralistes;  nous 
voulons  parler  des  Applications  dc  la  morale  h  la  politique  par 
M.  Droz.  (  Voy.  ^t't'-  Enc. ,  t.xxx,  p.  655  )  La  principale  diffe- 
rence qui  existe  entre  ces  deux  ouvrages  consiste  dans  la  me- 
ihode.  Dans   le  premier,    la   morale  est    fraitec    comme    une 


ET  POLITIQUES.  9' 

science;  dans  le  second,  elle  est  traitee  comnie  un  art.  Dans 
l"nn,rauteur  a  siiivi  la  melhode  d'ex])osition;  dans  I'antie, 
I'auteur  a  donne  des  preceptes  ou  dcs  conseils.  Celiii-ci  per- 
suade par  la  douceur  de  ses  lecons;  celui-la  cherche  surtout 
a  convaincre  par  ses  raisonnemcns;  mais  dans  tons  les  deux  le 
resultat  est  a  pen  pres  le  nieme.  On  observe,  dans  I'lm  et 
dans  I'autre,  la  mome  absence  d'esprit  de  paiti,  et  la  meme 
aversion  pour  I'oppiession  et  rhypocrisie.  L.  C.  F. 

HiSTOIRE   DES   EXPEDITIONS  MAUITIMES  DES  NoRMANDS,  Ct 

fie  leur  etablissement  en  France  au  dixieine  siecle  ; 
par  G.-B.  Depping.  Ouvrage  couroniie  en  1822  par 
X Academie  royale  des  inscriptions  et  belles-lettres  (i). 

Le  choix  des  questions  raises  au  concours  par  I'Academie 
des  inscriptions  et  belles-lettres,  depuis  un  certain  nombre 
d'annees,  nous  revele  I'eiTibarras  de  ce  corps  savant.  On  lui 
a  fait  renoncer  au  titrequ'il  portait  dans  I'lnstitut,  declasse 
des  sciences politiques  et  morales ;  c'etait  un  avertissement  de 
ne  plus  s'occuper  de  I'encouragement  de  ces  sciences.  Sous 
I'ancien  regime,  I'Academie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
avait  en  I'ambilion  de  s'elever  au-dcssiis  de  son  litre,  ellc  s'e- 
tait  propose  pour  objet  de  ses  recherches,  non  point  le  champ 
etroit  des  inscriptions,  mais  I'histoire ;  elle  avait  entrevu  que  le 
but  de  rhistoire  c'est  de  recueillir  les  experiences  de  la  vie 
sociale,qui  peuvent  eclairer  les  hommes  sur  les  nioyens  de 
devenir  meilleurs  et  phis  heureux;  elle  avait  eclaire  I'histoire 
universelle,  et  meme  I'histoire  nationale  de  quelqucs  rayons 
phiiosophiques ,  et  elle  elevait  les  savans  francais  vers  la  de- 
couveite  des  sciences  politiques  ct  morales. 

Maiseiisupprimant  le  nom  honorable  de  la  classe  de  I'lnsfi- 
tiit,  il  parait,  qu'on  lui  a  donne  avec  une  designation  insignifiante 
un  devoir  negalif;   qu'en  lui  permettant  I'histoire,  on  ya  mis 

(i)  Paris,  iSafi;  Ponthieu.  2  vol.  in-8°;  prix  ,  12  ir. 


(}i  SCIEJJCES  MORALES 

pour  condition  qu'ellc  en  iejJiiusstTail  soi^niuseinent  le  poisoii 
de  la  philosophic,  »le  la  morale  et  tie  lii  poliliquc. On  ne  pou- 
vait  empecher  line  Acatli'nile  cle  decerner  des  prix  ,  de  recueil- 
lir,  de  fnirc  imprinier  des  inemoires,  de  laisser  parler  ses 
iiH'ml)rcs  dans  une  seance  publiqne.  Facheuse  iiecessile,  car  il 
valid  rait  mienx  que  tout  le  inonde  se  tiit.  Un  organe  du  pou- 
voir,  en  presidant  la  Sociefe  royale  d'Atjricidture ,  I'a  bien 
fait  scntir  a  ces  academiciens,  il  lenr  a  bien  ensei^ne  cpie  comme 
le  plus  beau  perfectionnement  qu'on  demandat  aux  agricul- 
tcurs  etait  le  rctour  anx  usages  de  leurs  peres,  le  plus  bel 
exemple  que  Icssavans  pussent  donnci'  ;'i  leurs  t'leves  etait  ce- 
lui  du  silence.  Mais  ce  sont  la  des  choscs  qu'on  dit  larement 
aux  Academies,  et  (prelies-memes  ne  disent  jamais  an  public. 
La  tache  de  cellequi  avail  du  renoncer  anx  sciences politiques 
et  morales  comprend  done  en  meme  terns  I'obligation  de  pro- 
voquer  des  memoires  savans  ,  et  de  fermer  la  porte  h  celte  fa  - 
tale  philosophic;  de  faire  etudier,  et  tontefois  d'enipecher 
qu'on  ne  pense. 

Lesujet  propose  pour  le  concours  de  1820  a  para  sansdoute 
reunir  assez  bien  ces  deux  conditions.  Lcs  concurrcns  ont  du 
«  developper  d'apres  les  monnmens  historiqucs ,  surtout  du 
nord ,  les  causes  des  nombreuses  emij^rations  des  peoples  con  - 
nus  sous  le  nom  de  Normands,  et  faire  I'histoire  abregee  de 
leurs  etablissemens  en  France.  »  II  y  a  a  peine  dans  I'histoire 
du  moyen  age  uuevenemcnt  plus  etrange,  plus  importantdans 
ses  consequences,  et  cppendantplus  nial  connu,  que  I'invasion 
de  tont  I'occident  de  TEurope  par  des  brigands  qui  arrivent 
dans  de  petits  bateaux,  au  travers  des  mcrs  les  plus  orageu- 
ses,  qui  detruisent  toute  civilisation  et  toute  Industrie,  dans  la 
plus  grande  partie  de  la  France,  dans  les  lies  Britanniques,  la 
Belgique,  la  basse  Allemagnc,  les  cotes  d'Espagnc,  el  qui 
apresy  avoir  presqnc  aneanti  la  population  ancienne  ,  y  fon- 
dent  de  nouveau  de  grandos  nations. 

La  comparaisou  des  chroniques  des  pays  devastes  par  les 
pirates,  avcc  lcs  monnmens  historiques  et  surtout  les  chants 
gurrriers  des  vaiuqucurs,  demandait  une  vastc. erudition  et  la 


ET  r()LlTI(^)L'ES.  y'^ 

connaissance  de  lanj;ties  nt'gligtes  par  la  plupai  t  des  sav.ms  ; 
et  en  meme  tems  le  snjet  etait  si  cloigne  de  nos  terns,  dc  nos 
moeiirs,  des  questions  que  nous  dcbattoiis,  des  dangers  (juo 
nous  courons,  qu'il  scn)blait  impossible  d'y  fairc  intervenir 
les  questions  de  politique  et  de  morale  dont  on  redonte  I'appli- 
cation  :  que  peut-ii  y  avoir  de  commiin  entre  les  rois  de  mer 
qui  conimandalent  ces  expeditions  devastatrices  ,  et  la  repre- 
sentation nationale,  entre  la  vente  des  esclaves  enleves  en 
France  et  le  jury,  entre  I'incendie  de  toutes  les  villes  situces 
jnsqu'a  cent  lieues  des  cotes  et  les  usurpations  du  clerge  ?  La 
question  seniblait  faite  pour  provoquer  un  bon  ouvrage  sans 
alarmer  ceux  qui  nous  reprochent  sans  cesse  notre  indiscre- 
tion de  vouloir  nous  meler  de  nos  affaires. 

L'ouvragc  couronne  doit  en  effct  avoir  repondn  double - 
inent  aux  vues  de  T Academic,  et  par  I'etendue  de  I'erudition  , 
la  recherche  conscieueieuse  de  tons  les  aneiens  monumens  du 
nord  ,  de  tons  les  travaux  posterieurs  des  erudits  scandinaves, 
4le  toutes  les  ehroniques  latines  et  fiancaises ,  en  vers  et  en 
prose  de  la  France,  et  par  la  circonspection  avec  laquelle  I'au- 
teur  s'est  abstenu  de  tout  resultat  politique.  En  effet,  malgre 
I'heureux  choix  de  la  question  proposee,  dans  un  age  oil  Ton 
vent  toujours  considerer  I'liistoire  comrae  nn  recueil  d'expe- 
riences  politiques  et  morales  ,  on  pouvait  encore  craindre  que 
i'auteur  ne  se  demandat  comment  il  ariivaitque  la  France  ne 
futplus  au  x^  siecle  que  le  patrimoine  de  prelats  et  dc  moines 
incapables  de  la  defendre  ,  car  les  institutions  du  pays  vaincu 
eurentplus  de  part  encore  que  celles  du  pays  vainqueur  a  ces 
grands  evtnemens.  Si  M.  Depping  s'etait  egare  sur  cetle  voie, 
il  n'aurait  probablement  pas  ete  couronne  ,  et  nous  y  aurions 
perdu  un  bon  ouvrage.  Un  ouvrage  qui  excite  et  soutient  la 
curiosite,  par  des  details  piquans  et  neufs,  sur  un  sujct  dont 
on  s'etait  toujours  detourne  avec  degout;  nn  ouvrage  qui  con- 
tient  un  tableau  complet  de  cette  giande  revolution,  de  ses 
causes  dans  I'organisation  sociale  des  peiqjies  scandinaves,  et 
de  ses  effets  dans  la  desolation  de  la  France,  depuis  la  premiere 
apparition  dis  vaisseaux  normands  sur  ses  cotes,  jusqn'a  Tela- 


9/i  SCIENCES  MORALES 

blisseineiit  apres  mi  siecle  it  clriiii  tie  dcsastres  d'une  colonie 
do  brigands  qui  se  changeroiit  en  citoyens  utiles,  dans  le  pays 
memo  qu'ils  avaiont  dosolo. 

L'ouvragode  M.  Dcpping  so  divise  en  donzc  cliapitrrs,  outre 
un  aj)pendicc  qui  CDntient  des  eclaircissemcns  ci  des  pieces 
justificatives.  Lcs  trois  premiers  chapitres  formant  ensemble 
80  pages  sont  destines  a  peind re  I'efat  social  delaSeandinavie,  a 
rej)oqt;eou  ce  pays  pauvre,  barbare  et  presque  desert  entre- 
prit  la  conquete  de  I'Europc.  La  Norvogo,  le  Danemark  et  la 
Suede  contenaient  alms  des  cenfaines  de  pctits  etats  indepen- 
dans  les  uns  des  autres  :leur  seule  indnstrie  elait  uno  chttive 
agriculture,  la  pcche  et  la  guerre;  les  denx  premieres  leiir 
fournissaicnta  peine  une  miserable  subsistance,  la  guerre  elan  t 
le  seul  moyen  d'acquerir  des  ricliesscs,  tout  elranger  etait  en- 
nemijtoutc  propriete  etrangere  etait  de  bonne  prise,  la  pira- 
teric  et  le  brigandage  etaient  lcs  seules  carriercs  ouvertos  aux 
hommes  avides  de  gloire,  ct  toutcs  les  institutions  nntionalos 
encouragcaient,  non  pas  la  valour  seulement  mais  la  fureur 
guerriere. 

Les  rois,  et  ce  nom  etait  donno  non  -soulement  aux  chefs 
des  etals ,  mais  aux  chefs  des  bandes  erranles  on  aux  chefs  de 
pirates,  nc  devaicnt  les  dislinclions  qu'on  leur  accordait ,  011 
I'autoiite  limilee  dont  its  etaient  revetus  qu'a  lour  valeur  per- 
sonnelle,  et  a  celle  des  champions  ou  des  braves  qui  s'etaient 
devoues  a  eux.  Ces  champions  qui  devaient  donner  an  reste 
des  combattans  I'exemple  du  devoument  et  de  la  valeur,  etaient 
des  hommes  en  qui  les  passions  gnerrieres  avaient  ete  poussees 
au  dernier  degre  d'exallation.  «  L'histoire  et  les  Sagas  nous  en- 
seignent,  dit  M.  Depping ,  qu'il  prenaita  ces  heros  de  terns  a 
autre,  des  acces  de  frenesie,  provenant  probablement  de 
I'exallaliou  de  leur  courage,  et  j)eut-  etre  aussi  de  I'usagede 
quelque  boisson  qui  portait  a  la  fureur.  Dans  ces  acces  ils 
ccumaient,  ils  ne  distinguaient  plus  rien  autour  d'eux,lcur 
tete  ,  comme  saisie  d'un  vertige,  ne  dirigeait  plus  leurs  actions, 
leur  glaive  frappait  indistinctement  amis  et  ennemis  ,  les  etres 
vivans,  les  arbres  et  les  pierres  ;  ils  detrnisaient  leurs  propres 


ET  POUTIQIES.  95 

effets ,  et  sV'iUouraient  quelqiiefois  cic  victimc;  de  leiif  fero- 
cile.  La  laiigue  du  Nord  avail  un  teiiin-  paitictilier  pour  diri- 
ger  les  champions  sujets  a  ces  transports  au  cerveau,  c'est 
celiii  do  Derscrher  [\).  Ce  mot  revient  si  frt-cinomment  dans  les 
Sagas  que  Ton  doit  rogarder  I'etat  de  frenesie  qii'il  designe 
comme  etant  devcnii  presqtie  habitiiel  aiix  pirates  qui  passaient 
leur  vie  a  croiscr  en  mer  et  a  sc  battre  en  duel.  II  est  dit  de 
Sivald,  nomme  par  acclamation  roi  de  Suede,  que  ses  cinq 
*fils  etaient  Berserker.  Dans  leurs  acces  dc  rage  ilsavalaient  des 
charbons  ardens,  et  se  precipitaient  dans  le  feu.  Ce  Sivald  fut 
detrone  et  tue  avec  ses  cinq  (lis  par  I'ancien  roi  Halfdan  qui 
reprit  ria  j)lace  ,  et  qui  eut  ensnite  a  lutler  contre  im  autre  Ber- 
serle  nouiiue  Harlbe/i ,  qu'accompagnaient  douze  champions. 
C'etait  un  pirate  redoulable  :  durant  ses  acces  de  fureur  ses 
oompagnons  avaient  de  In  peine  a  I'empechcr  de  tout  devaster 
autour  de  lui.  Le  roi  Halfdan  s'offrit  a  combattre  contre  toute 
la  troupe.  A  cette  offre  la  lierle  du  pirate  fut  tellement  offen- 
see  qu'il  tomba  dans  un  acces  pendant  lequcl  il  tua  six  de  ses 
compagnons  fideles.  II  marclia  avec  les  six  autres  contre  Half- 
dan, qui  les  repoussa  I'un  aj)res  I'autre  a  coups  demarteau. — 
Les  Sagas  assurent  egalement  des  fi!s  d'Arngrim  ,  roi  d'Hel- 
geland,  que  dans  leurs  courses  sur  mer  iis  etaient  emporles 
quelquefois  par  la  rage;  qu'alors  ils  tuaient  leurs  gens  el  de- 
truisaient  leurs  bateaux,  ou  bien  ils  debarquaient  dans  quel- 
ques  lieux  deserts  et  exercaient  leur  fureiu'aveugle  contre  les 
vochers  et  les  bois.  Apres  leur  rage  ils  eprouvaient  un  long 
epuisement  de  leurs  forces^a).  » 

Les  brigands  du  Nord  apres  s'etre  pillesreciproquenient  at- 
taquerenl  bientot  les  peuples  plus  meridionanx  chez  lesquels 
ils  esperaient  trouver  plus  de  I'ichesses  et  moins  de  resistance. 
Dans  le  quatrieme  chapitre  et  les  deux  suivans  M.  Depping 

(i)  Pekingskioeld,  dans  sa  traduction  du  Heimskrinijla  de 
Snorro,  explique  le  terme  de  Berserke  pw  piigil  rabiosi/s.  Voyez 
aussi  I/tre  Glossor.  Sveo-  Goth.  Ramelius  de  bcrserkis  ,  et  Lysholm 
de  Furore  gigant.  Seplentr.  Berserher-gangii  dicto.      (  Note  de  I'auteur. ) 

(a)  T.  I  ,  p.  46. 


ijG  SCIENCES  MORA.LES 

rac'oiiti!  it'ur  premiere  apparition  siii- les  Cotes  de  lamonarchie 
ties  IWerovingicns ,  puis  de  celie  de  Charlemagne.  II  Ics  montrc 
ensuilc  s'cnhardissant  pendant  les  regncs  de  Louis-le-Debon- 
naire  et  de  Cliarles-le-Chanve,  lorsque  la  France  lie  coiitenait 
presque  jiliis  dc  poindation  militaire.II  les  montre  remontant 
pUisieurs  fois  par  anni'c  le  Rliin,  la  IMeusc,  la  Sommc  ,  la  Seine, 
la  Loire,  la  Garonne,  aiissi  loin  que  ces  rivieres  portent  des 
bateaux  ,  ot  pillant  a  plusieurs  reprises  Paris  et  loutes  les  villes 
sur  leurs  bords,  Dans  Ic  7™^chapitre  il  raconle  le  siege  que  les 
Parisiens  soutinrcnt  en8H5  contrc  les  Normands.  Dans  le  S""*  , 
il  fait  voir  I'influence  de  ces  emigrations  snr  la  Scandinavie  , 
la  rennion  des  pelits  etats  en  monarchies  absolues,  et  la  fon- 
dalion  de  la  republique  d'Islande  par  les  emigres.  Les  deux 
chapitres  suivans  sont  surtont  consacres  aux  expeditions  de 
lloUon  en  Erance,  et  a  la  cession  qui  lui  fut  faile  en  912  de  la 
NoYmandie  :  les  deux  derniers  chapitres  de  I'ouvrage  font  cori- 
iiaitre  I'histoire  abregee  des  dues  normands  et  la  fusion  des 
j)euples  dans  la  nation  francaisc. 

I,cs  expeditions  des  Normands  sout  presque  inexplicables  , 
par  les  obstacles  seuls  que  devaitleur  opposer  la  nature,  meme 
en  comptant  pour  rien  ceisx  (]u'ils  auraient  pu  atlendre  des 
hommes.  On  nous  (lit  bien  qu'ils  avaicnt  un  cam])  retranche 
dans  quelque  ile  k  I'embouchure  de  la  Seine  et  h  celle  de  la 
Loire;  mais  il  n'y  parait  point  qu'ils  y  laissassent  leurs  gros 
vaisseaux  pour  remonter  les  rivieres  avecde  nioindres  bateaux; 
les  memos  navires  qui  etaient  partis  des  cotes  de  Norvege  re- 
montaicnt  la  Seine  jusqu'a  Paris;  bicn  plus  les  Normands  les 
trainaient  sur  terre  pendant  plusieurs  milles,  pour  les  remettre 
a  flot  dans  la  Seine,  la  Marne  ou  I'Oise,  au-dessus  des  obs- 
tacles par  lesquelsles  Parisiens  avaient  cru  les  arreter. 

Ces  bateaux  devaient  done  ctre  bien  legers,  bien  petits,  con- 
tenir  bien  pcu  d'liomnies  et  point  de  chevaux.  M.  Depping 
estime  avec  raison  que  chacun  ne  devait  pas  porter  plus  de 
vingt  homiTK^s  (1).   Les  chroniques  n'attribuent  je  crois  a  ai»- 

(0  Tome  1,  p.  98. 


ET  POLITIQUES.  97 

cune  flotte  norniande  plus  de  deux  cent  cioquante  bateaux. 
C'est  done  environ  cinq  mille  hommes  pnurleurs  plus  fortes 
armees,  et  cinq  mille  hommes  sans  superiorite  d'armes,  sans 
autre  cavalerie  que  les  chevaux  qu'ils  volaient  aux  paysans.  II 
ne  faut  pas  en  effet  s'arreter  aux  exagerations  des  vaincus  sur 
le  nombre  de  leurs  vainqueurs  ,  ou  au  nombre  des  morts  in- 
diques  dans  quelques  legendes;  qui  ne  salt  combien  aujoui- 
d'hui  meme  avec  nos  controles  reguliers,  notre  experience  mi- 
litaire  et  nos  gazettes,  nous  soramessans  cesse  tronipes  sur  la 
force  des  armees  par  les  exagerations  populaires.  Ainsi  done 
la  France  entiere  etait  liors  d'etat  d'opposer  une  resistance 
efficace  a  des  bandes  de  quelques  milliers  de  brigands,  qui 
s'enfermaient  elles-memes  dans  ses  rivieres. 

J'ai  dit  dans  I'histoire  des  Francais  que  cette  audace  des 
Normands  ne  pouvait  s'expliquer  que  par  I'extinction  presque 
absolue  de  la  population  rurale,  et  que  celle-ci  avail  du  etre 
la  consequence  de  I'esclavage  auquel  la  conquete  des  Francs 
Carloviugiens  avait  reduit  les  paysans.  M.  Depping  remarque 
queje  n'ai  point  cite  de  temoignageshistoriques  de  cette  extinc- 
tion de  la  population  (1).  Je  pourrais  m'en  tenira  ceux  qu'il 
cite  lui-meme,  I'abbe  Jigo  de  Vavres ,  et  la  chronique  de  Be- 
noit  de  Saint-Maur.  «La  plus  grande  desolation,  dit-il  d'apres 
eux,  regnait  dans  tonte  la  contree;  les  villes  etaient  niinees, 
les  eglises  et  monasteres  pilles  et  devastes;  des  arbres  tonffus 
croissaient  au-dessus  des  murs  qui  restaient  encore  debout.  Les 
paiens  avaient  disperse  les  habitans ,  et,  s'ils  avaient  epargne 
lenr  vie,  ce  n'avait  cte  que  dans  I'espoir  d'lme  forte  rancon. 
De  ceux  qui  avaient  habite  les  campagnes,  les  uns  s'etaient 
expatries  pour  s'etablir  dans  Test,  d'autres  avaient  mieux  aime 
aftendretous  les  dangers  que  de  quitter  le  sol  paternel;  d'au- 
tres encore,  rompant  les  noeuds  les  plus  sacres,  s'etaient  pre- 
cipilesau  devant  de  ces  cnnemis  etrangers,  et  pour  gagner  ieur 
confiance,  ils  les  surpassaient  en  cruaute,  en  trempant  leuis 

(l)   Ch;ip.  VI,  p.  a44- 

XXXI.  —  Jui//ft  i'i<26.  7 


98  SCIENCES  MORALES 

inaiusdansle  sargdelcurs  amiset  ilolciirspnrcns.  Ducote  Jj  la 
mer  la  terrc  rcstait  incuhc  ;  Ics  hoinmcs  s'ctant  tons  jcles  clans 
dcs  lieux  bien  fortifies :  le  reste  dii  pays  offrait  a  peine  aiix 
regards  un  etre  humain.  II  en  etait  de  mcmc  dans  le  nord  et 
le  cenire  de  la  France  »  (i). 

Maisniucstejc  necroispointqueksflnclnationsdelapopida- 
tionaiont  jamais clc  as^cz  bienobscrvccspar  Ic.sliistoriciis,  pour 
qu'on  piiisse  Ics  otaiilir  paili'iir  tc-moignagc  diroct.  II  faiit  com- 
biner lour  ruci t  aveclt-s  notions  que  nous  donne  ri'conoaiio poli- 
tique, sur  les  causes  de  I'augmentation  ou  de  la  diminution  dc 
la  population  :  il  faut  d'autre  part  jugcr  du  nonibre  dcs  hom- 
nies  par  leschoscs  qu'on  Iciir  voil  fairc.  S'il  y  avail  eu  dans  les 
campagnes  dc  France  un  homme  sculemcnt  pour  vingt  qu'on 
en  voit  aujourd'hui ,  les  paysans  se  seraient  dcfcndus  coiitre 
les  Normands.  Ceux-ci  ne  sc  conlentercnt  pas  dcbruler  leurs 
granges,  d'enlevcr  leurs  bcstiaux ,  Icurs  fcmmcs  ct  Icurs  en- 
fans,  le  plus  souveut  ils  sc  faisaicnl  un  diverlisscmcnt  de  les 
tuer.  Les  Normands  ;"i  pied  ,  combatlant  avec  la  hachc  ou  Te- 
pee ,  sans  armures  defensives,  niassacraicnt  dcs  paysans  ro- 
■bustes  qui  avaient  sous  la  main  ilcs  faux,  dcs  haclies  ou  des 
inassups.  Le  soUlat  d'un  dcspote  pent  fairc  trembler  des  cen- 
taines  de  paysans,  parce  qu'iis  savent  que  lout  le  poids  d'un 
gouvernemcnt  sans  pi  tie  I'appuiera  ou  le  vengera  :  mais  la 
Normand  etait  un  brigand  isole,  et  le  gouvernemcnt  quel- 
que  faible  qu'il  ful ,  etait  du  cote  du  paysan.  Nous  voyons 
deux  cents  Normands  separes  de  leurs  compagnous  d'armes, 
s'avancer  jusqu'aupres  de  Paris,  pour  ravagcr  scs  alentours(2}. 
C'esl  a  mes  ycux  une  preuvc  sufdsante  qu'iis  ne  riscpiaienl  pas 
d'y  rencontrer  un  attroupemcnt  de  deux  mille  paysans. 

L'immense  etcndue  de  pays  que  les  Normands  dcvaient  par- 
courir  avant  d'avoir  rcmpli  de  butin  cinquante  ou  soixantc 
mauvais  bateaux,  est  encore  une  preuvc  dc  la  depopulation 
universellc  du  pays.  Quand  on  songe  qu'iis  cnlrainaient  le  plus 

(i)  Chap.  V,  p.  i6o.  —  (j)  Chap,  vi,  p.  197. 


ET  POLITIQTIES.  99 

souventhommes,  chevaiixet  hetail  (i),et  qii'ils  se  charge.'iient 
en  meme  terns  do  vivres  ,  il  semhlc  que  Ics  dc'poiiilles  d'lin  seul 
■village  auraicnt  suffi  pour  remplir  leiirs  bateaux,  et  Ton  voit 
au  contraire  qu'ils  parcouiaient  souvent  quatre  cents  lieues 
carrees,  avant  que  leur  chargement  fAt  accompli,  ct  que  dans 
ces  expeditions  au  sein  de  la  France ,  ils  souffraient  souvent 
tie  la  faini.  Quant  anx  prisonniors  et  au  betail,  il  est  vrai  qu'on 
doit  siipposer  que  ce  qu'ils  avaient  achete  dans  un  lieu  ils 
cherchaient  a  le  revendre  dans  un  autre.  Les  prclats  auxqucls 
apparienait  lesol  presqueentier  de  la  France,  quand  ils  avaient 
perdu  Icurs  laboureurs  en  rachetaient  d'autres  pour  ne  pas 
pcrdrc  tout  revenu. 

M.  Depping  accuse  a  plusieurs  reprises  la  noblesse  fcodale 
dc  I'clat  de  faiblesse  ouse  trouvait  la  France.  Cette  accusation 
n'cst  peut-etie  pas  tres-meritee  :  la  noblesse  n'est  nullement  ea 
evidence  pendant  les  regnes  des  Carlovingiens;  la  partie  mili- 
tairc  de  la  nation  avail  ete  entrainec  par  Charlemagne  vers  la 
fronliereseptentrionale  ct  orientale  deson  imnienscempiredcs 
terresdu  centre  avaient  presquetoutesete  donnees  anx  eglises. 
Diirant  les  regnes  de  ses  successeurs,  nous  voyons  beaucoup  de 
guerres  cntre  les  princes  du  sang, aucune  entre  les  nobles  :nous 
voyons  que  les  Normands  dans  Icurs  in^»asions  ne  rcncontrcnt 
jamais  d'autres  lieux  forts  que  les  egliseset  lescouvens;  nous 
voyons  que  les  plus  grands  seigneurs  de  France  etaient  le 
grand  abbe  Hugues,  puis  d'autres  eveques  et  d'autres  abbes  : 
nous  voyons  enlin  qu'au  x"«  siecle  seulement  les  tcrres  im- 
menses,  on  plutot  les  provinces  que  possedaient  les  e^lises, 
passerent  sous  des  titres  divers  ci  la  noblesse,  qu'alors  celle  -ci 
commenga  a  batir  des  chateaux,  et  que  des  que  la  terre  fut 
herissee  de  forleresses  feodales,  les  invasions  des  Normands 
devinrent  impossibles. 

Les  chroniques  des  ix*et  x'siecles  ont  ete  ectifes  par  des 

(i)  Chap,  vr,  p.  93i. 


lOo  SCIENCES  MORALES 

nioines,  qui  la  plupart,  a  I'approche  des  Normands,  s'eii- 
fiiyaient  avcc  leurs  reliqiies  versquelqiies  provinces  reculees  : 
la  plupart  sont  interrompues  a  cette  epoque,les  archives  fu- 
rent  inccndiees,  I'histoirc  devint  silencieuse,  et  les  vastes 
deserts  rendent  seuls  temoignage  de  ce  que  la  race  humaine 
eut  a  souffrir  a  cette  epoque.  Les  moines  en  petit  nombre  qui 
continuercnt  leurs  chroiiiques,  n'observaient  jamais  ,  ne  com- 
paraient  jamais,  et  ne  pouvaient  rien  peindre.  II  ne  faut  pas 
suppleer  a  leur  silence  par  les  romans  et  les  chroniques  en 
vers  frau9ais,  qui  ont  ete  ecrits  au  moins  trois  siecles  plus 
tard,  quand  I'etat  de  la  societe  avait  absolument  change.  Ces 
chroniques  nous  font  sentir  que  la  France  etaic  morte  au  com- 
mencement du  xe  siccle.  On  n'y  voit  ni  noblesse  fiere  et  turbu- 
lenle,  ni  soldats  pour  repousser  des  poignees  de  brigands,  ni 
paysans  pour  fermer  par  quelques  pilotis  I'embouchure  des 
fleuvcs;  ui  butiu  de  quoi  enrichir,  meme  de  quoi  nourrir  quel- 
ques milliers  de  barbares.  C'est  a  I'ecouomie  politique  a  nous 
apprendre  avec  quelle  rapidite  I'esclavage  et  la  misere  font 
disparaitre  la  population,  avec  quelle  rapidite  la  demande  de 
travail  et  la  securile  la  font  renaitre.  L'histoire  vient  ensuite 
confirmer  la  theorie.  Elle  nous  appreud  quapres  la  peste  de 
1348,  qui  enleva  a  TEurope  la  moitie  de  sa  population  ,  il  ne 
fallut  pas  vlngt  ans  pOur  que  le  vide  fut  comble.  II  est  pro- 
bable que  cette  peste  fit  perir  en  France  trois  ou  quatre  fois 
plus  d'liabitans  que  le  pays  n'en  contenait  au  temsdes  Nor- 
mands :  il  est  egalement  probable  que  le  repos  qui  suivit  la 
cessation  de  leurs  invasions,  et  I'amelioration  de  la  condition 
du  peuple  aux  x^  et  xi®  siecles ,  multiplierent  rapidcment  Ic 
nombre  des  habitans;  car  bientot  apres  la  France  se  raontra 
vivante,  active,  et  energique  dans  toutes  ses  parties. 

Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  nos  observations  et  nous 
renverrons  nos  lecteursa  I'ouvrage  meme  de  M.  Depping,pour 
ychercherles  traits piquans,les  details  neufs  et  caracteristiques 
qu'il  a  su  emprunter  lour  a  tour  aux  Sagas  du  nord ,  aux  lais, 
romans  et  poemes  de  I'ancicnne  France.  Une  erudition  con- 


ET  POLITIQUES.  loi 

sciencieuse,  ct  une  elude  intelligente  de  tous  les  monumens  dcs 
tems  passes,  justifient  Ic  choix  que  I'Academie  a  fait  de  son  me- 
nioire  pour  lui  decerner  le  prix.  En  meme  tems  celte  lecture 
fera  reflpchir  sur  les  tems  de  barbaric ,  et  le  public  qui  s'attachc 
aujourd'hui  a  I'etude  des  sciences  politiques  et  morales,  non  a 
celle  des  inscriptions  et  belles-lettres,  trouvera  que  la  question 
qu'a  traitee  M.  Depping  meritait  en  effet  d'etre  traitee ,  quel- 
qu'eloignee  qu'elle  parut  a  la  premiere  vue  de  toute  application 
k  I'utilite  sociale. 

J.-C.-L.   DE  SiSMONDI. 


LITTlilRATURE. 


OEuvEEs  cojjPLi-TEs  DE  J.-J.  RoTTssEAu,  en  un  seul 
volume  (i). 

Cefte  nouYclle  edition  doit  plaire  aux  nombrcux  amis  du 
pliilosophe  de  Geneve,  en  Icnr  offrant  sons  nne  forme  porta- 
tive et  tres-commode,  dans  im  senl  volume  imprime  par  un 
de  nos  liabiles  typograplies  (BI.  Foitrnier),  avec  dcs  carac- 
tcres  d'nne  neltete  rcmarquable,  la  lotalite  des  ouvraijcs  de 
Ce  c;rand  t'crivain. 

On  troiivc  d'abord  ses  Discours  phtlosophiqucs  qui  com- 
mencerent  sa  reputation  pt  qui  Ini  revelercnt  a  lui-nicmc  le 
secret  de  son  talent  dVcrire  et  de  son  genie;  puis,  son  Emile 
qui  deviut  le  manncl  des  meies  de  famille,  et  qui,  les  rappe- 
lant  an  premier  comme  au  plus  saint  des  devoirs,  produisit 
une  sorfe  de  revolution  douce  et  bicnfaisante  dans  les  mosurs 
domcstiques,  inlroduisit  parmi  les  femmes  des  classes  riches  I'li- 
sage  presque  fombe  en  desuetude  d'allailer  l8urscnfans,et  par 
cola  seul  les  rendit  dotdilcment  meres,  a  la  fois  nourrices  et 
inslilulrires  des  innocentes  creatures,  dont  elles  se  debarras- 
saient  auparavant  comme  d'un  fardeau ,  en  les  envoyant  loin 

(i)  Paris,  1826.  Sautelet,  place  rjc  la  Bourse;  Verdi^re,  qua!  des 
Augustins;  A.  Dupont  ef  Roret,  rue  Vivienne.  Gr.  in-8°  de  1708  p.. 
avec  tieiix  tables,  I'une  dcs  matiercs,  I'autre  des  corrcspondans  de 
J.-J.  Rousseau.  Prix,  .Tr,  fr. 

N.  B.  On  souscrit,  aux  m^mes  adresses,  pour  les  OEwres  com- 
pUies  de  VoLTAjRF,  m^mes  format,  pnpier  et  caracteres  que  les 
OEiivres  de  J.-J.  Roiissf.au.  2  vol.  in-8°,  paraifsanten  60  livraisons, 
de  2  fr.  5o  c,  chacune.  La  publication  dp  eel  ouvrage  sera  ache- 
T^e  dans  I'ann^e  i8a6. 


LITT^RATLRE.  io3 

d'clles,  apres  leur  avoir  donne  la  vie,  pour  Ics  confier  a  tics 
mains  ctrangeres  et  mercenaires,  dans  lesqucllcs  ces  viclimcs 
d'une  coulume  barbate  trouvaient  souvcnt  la  mo:t. 

Aprcs  VE'/iUc,  vicnt  le  Discours  sur  reconomie  politique , 
oil  (!cs  erreurs  graves,  qui  tiennent  a  I'ignorance  gonerale  ct 
aux  prt-jiigt's  de  I'^'poque  sur  Ics  questions  compliquees  que 
ccHe  science  embrassu  ,  n'empechent  point  que  Rousseau  n'ait 
eu  le  merile  d'lippeler  rattcntion  des  hommes  du  moncie  sur 
line  branche  importante  du  savoir  humaiu,  alors  dedaignee, 
on  reservce  a  quciquos  adcptcs,  et  ri'.iit  ainsi  ete,  en  France, 
I'un  des  precurscurs  de  notre  grand  economistc  (!M.  J.  B.  Sat), 
qui,  par  scs  ouvrages,  dcvcnus  classiques,  a  rendu  la  con- 
naissance  dc  reconomie  politique  populaire  en  FAU'ope,  et 
dont  nous  reclamons  les  Iravaux  ct  la  gloire ,  coniine  etant 
du  domaiue  dc  la  gloire  nationale,  quoiqu'il  soit  aussi  ne  ci- 
toyen  de  Geneve. 

Les  ecrits  sur  \a politique  pioprement  dite  succedent  a  ceux 
qui  traitcut  de  Ycconoinie politique :  tel  est  I'ordre  naturel  et  lo- 
gique  des  i decs :  il  faut  assurer  a  la  societe  des  uioyens  d'exis- 
tenceet  d'aisancc,  des  riehessfs  etdu  bien-etrc,  avant  de  son- 
gera  perfcclionner son  organisation.  Etueanmoins,  unepreniiere 
organisation,  bien  qu'ebauchee  ct  tres-inqiarfaite,  est  une 
condition  necessaire  pour  que  la  societe  puisse  frouver  dans 
le  travail  dc  ses  mcmbrcs  la  source  des  ricliesses  parliculieres 
ct  pubrKjues.  Ainsi,  les  sciences  econouiicjucs  et  politiques 
sont  etroitement  unies  les  unes  aux  autres,  et  se  pretent  un 
mntuel  secours.  Nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  signaler 
ici  I'affligeante  lacune  que  prescnleut,  sous  ce  rapport,  notie 
~  legislaticu  sur  I'eiiucativn  et  notre  systeine  universilaire ,  qui 
n'admettent  pas  encore  I'economie  politique  an  nombrc  des 
sciences  cnseignees  dans  les  cours  publics  de  iios  colitises  el 
dc  nos  ecoies  speciales,  on  Ton  forme  des  philologues,  des  ma 
lliemaliciens,  des  niedeeins,  des  jurisconsultes,  des  theologiens, 
sans  prendre  aucun  soin  pour  former  des  administrateurs. 

Le  discours  sur  VEconomie  politique ,  -^  consideree  comma 
le  sage  et  legitime  gouvcrncment  de  la  granule  famillc,  qui  est 


io4  LITTEllATURK. 

r^tar,  pour  le  bien  commun  <le  toiite  la  famille,  »  est  immedia- 
tement  suivi  du  Contrat  social ,  ouvrage  d'une  dialeclique  in- 
vincible, si  la  legitimite  dii  litre  n'est  point  contestee.  Get  ex- 
pose hardi  des  principes  du  droit  politique ,  qui  a  rendu  aux 
Fiancais  la  conscience  de  leurs  droits,  comnie  VErnile  avait 
rendu  aux  meres  le  sentiment  de  leurs  devoirs,  renferme,  au 
milieu  de  plusieurs  vues  incompletes  ou  fausses,  quelques 
hautes  ct  profondcs  vcrites,  long-terns  etouffees,  et  mises  peut- 
etre  alors  pour  la  premiere  fois  a  la  portee  d'un  grand  nombre 
d'esprits,  par  la  plume  eloquente  et  independante  d'un  homme 
libre. 

Les  Considerations  sur  le  gouv :rnement  de  Pologne ,  et  les 
Lettres  sur  la  legislation  de  la  Corse,  quoique  inferieures  aux 
autres  productions  du  meme  auteur,  dont  I'esprit,  habitue 
h  generaliser  ses  pensees,  n'elait  peut-etre  guere  propre  aux 
a|)plications  speciales,  sont  neanmoins  deux  germes  feconds, 
qui,  sous  I'influence  d'une  raison  superieure  associee  a  une 
sage  politique,  produirunt  un  jour  leurs  fruits  en  faveur  d'une 
grande  et  genereuse  nation ,  destinee  k  reparaitre  sur  la  scene 
politique,  et  d'une  autre  contree  remarquable  par  le  carac- 
tere  national  de  ses  habitans,  et  digne ,  comme  la  Pologne, 
des  rechcrches  du  voyageur,  des  meditations  du  philosophe  , 
des  soins  eciaires  du  legislateur,  des  vceux  bienveillans  de  I'ami 
de  I'humanite. 

L'extrait  du  Projet  de  paix  perpetuelle ,  rove  philantropi- 
que  de  I'abbe  de  Saint-Pierre,  nous  rappelle  involontairement 
cette  alliance  de  rois,  qui ,  suivant  les  expressions  recemment 
employees  par  un  jeune  academicieo,  dans  une  ceremonie  so- 
lennelle  ( M.  Guiraud  ,  Discours  de  reception  a  I'Academie 
francaise,  i8  juillet  1826),  f<aurail  pu  etre  nommee  sainte,  si 
elle  n'avait  pas  oiiblie  qu'il  existe  aussi  des  chretiens  dans  I'O- 
rient;  »  et  (nous  devons  ajouter  pour  completer  cette  pensee  et 
pour  devancer  le  jugement  de  I'histoire  ),  si  elle  avait  su  com- 
prendre  son  siecle  et  accomplir  sa  destination;  si,  egaree  par 
des  craintes  piisillanimes,  par  des  conseillers  aveugles  ou  per- 
r<Ts ,  entraincc  dans  de  fausses  consequences  par  un  prin- 


LITT£RATI)RK.  ioS 

cipe  chimerique ,  par  des  pretentions  surannees,  an  lieu  d'obeir 
anx  premieres  et  nobles  inspirations  de  ses  principaux  chefs, 
el  surtout  du  nionarque  bien  intentionne,  vertneux,  mais  d'un 
caractere  faible  et  mobile,  qui  en  fut  le  fondateur,  elle  u'avait 
pas  mis  en  opposition,  avec  una  maladresse  deplorable,  les 
interets  des  g'ouvernemens  et  ceiix  des  nations. 

On  relit  encore  avec  iin  vif  itileret,  dans  la  collection  qui 
nous  occupe,  les  Lettres  polemiques ,  et  surtout  celle  qui  est 
adressee  a  rarclieveqne  de  Paris,  clief-d'oeuvre  de  dialectique 
et  de  style,  aux  yenx  meme  de  ceux  qui  ne  partat'ent  point  les 
opinions  de  I'auteur  (i),  et  les  Lettres  ecrites  de  la  Montague; 
puis,  \^.%  Lettres  elementaircs  sur  la  botanique  et  diverses /ei- 
tres  sur  cette  aimable  science,  tQujoirrs  chere  aux  amis  de  la  na- 
ture, et  qui,  comme  la  mythologie  ancienne,  rend,  pour  ainsi 
dire,  la  solitude  des  champs  vivante  et  aniraee;  enfin,  ce  roman 
ecrit  sous  I'inspiration  brulante  de  I'amour,  la  Nouvelle  He- 

(i)  Je  trouve  ce  prodigieux  mcrite  de  dialectique  et  de  style  et 
I'eloquence  entrainaute  de  J. -J.  Rousseau  caracterises  avec  autaiit 
de  precision  que  de  nouveaute  dans  le  passage  suivant  du  Tableau 
litteraire  du  XVIW  Steele,  par  M.  Victorin  Fabre  ,  ouvrage  qui  a 
remporte  le  prix  d'eloquence  decerne  par  la  Classe  de  la  langue  et  de 
la  litleratuie  fiancnises  de  Vlnstkul,  dans  sa  seance  du  4  avril  18  (o. 
«  Qui  jamais  posseda  comme  lui  cette  loglque  des  passions  hu- 
maines,  cette  eloquence  penetrante  oil  le  raisonnement ,  revetu 
d'images^  devient,  en  quelqne  sorte ,  palpable  a  nos  sens,  oii  la 
morale  animee  et  fondue  en  sentiment  porte  !a  persuasion  par  tor- 
rens  dans  I'esprit  et  dans  le  coeur  ?  Ses  tours  ,  ses  mouvemens  libres  , 
hardis  ,  presses,  eclatans ,  se  precipitent  I'ua  sur  I'autie,  et  devan- 
cent  rimagination  qu'il'i  laisseiit  long-tenis  ebranlee.  Dans  ce  tour- 
hillou  d'eloquence,  il  circonvieut  le  coeur  de  toutes  j)arts,  il  le  saisit, 
il  I'enleve,  el  I'entraine  a  volonte  dans  toutes  les  einotions  qui 
I'agilent.  II  passionne  I'idee  ,  I'image,  la  parole.  Son  style  est  I'elo- 
quence elie-nieme  deliiiie  par  Ciceron;  c'est  le  moiu'emenC  continu  de 
I'dme.  »  —  Les  amis  des  letlres  reclament  avec  instance  une  nouvelle 
edition  de  ce  Tableau  liiceraire  du  xvili®  siecle ,  et  de  quelques  autrcs 
ecrits  de  M.  Victorin  Fabre,  egalement  couronnes  par  la  Classe  dc 
I'Instinit  qiu  ri'presentait  alors  \' .Icadeinie  francaise. 


to6  LITTER  ATURE. 

loi'se,  qui  a  fait  coiilcr  tant  de  larmes  ct  dont  la  suduisante 
Iccliirc  n'est  pas  sans  danger,  quoicjue  tonttis  les  emotions 
qu'eilc  excite  soicnt  favorablcs  a  la  veitu,  niais  qui  conlicnt 
tant  de  pages  admirables  ou  rcspirent  la  morale  la  plus  pure 
el  les  sentimens  les  plus  elcves. 

La  suite  dc  ce  volume,  si  riche  et  si  varie,nons  offre  les 
Melanges  en  prose ,  ou  Ton  remarquc  la  Refutation  du  livrc 
tie  V Esprit,  ct  Ics  Essais  de  traduction  ,  par  Icsqticls  Rous- 
seau, luttant  corps  a  corps  avcc  le  plus  grand  historien  de 
ranliquile,  s'excrrait  a  devcnir  lui-mcme  I'nn  des  plus  t^rands 
ecrivains  modernes;  les  Poesies  diverses ;  lo  Theatre  oil  sont 
reproduites  des  ebaiichcs  informes  d'un  genie  qui  essayait  scs 
forces  et  ne  les  connaissait  pas  encore,  et  parmi  Icsquelles  la 
scene  lyrique  de  Pygmalion  ct  le  Dcvin  du  village  sont  Ics 
seules  pieces  qui  soicnt  encore  quelqucfois  represeulecs;  les 
Leltres  ct  fragnicns  sur  la  musique  ,  et  le  Diclionnaire  ds 
jnusique ,  toujours  consultc  avcc  fruit  par  les  artistes  el  Ics 
amateurs;  enfin,  les  Confessions,  oii  Rousseau  cut  le  tort 
grave,  en  avouant  scs  propres  fautes,  de  compromettre  des 
personnes  long-lems  adniises  diins  son  inlimite ,  et  dont  les 
lois  sovercs  de  la  sainte  aniilie  Ini  ordonnaiont  de  respecter  la 
meiTioirc,  mais  qui  n'en  reslent  pas  moins  I'ouvragc  le  jjIus 
parfait,  commc  narration  pittoresque,  toujours  naturellc,  at- 
tachante  el  varice,  comme  etude  curieuse  et  instructive  du 
coenr  liumain,  commc  monument  de  cetle  grandeur  et  dc  cette 
faiblesse  inhercntes  a  noire  nature,  qui  nous  etaient  deja  re- 
velees  avcc  tant  d'abandon  et  de  naivete,  quelqucfois  avec 
plus  dc  cynismc  d'exprcssion  ,  dans  les  Essais  de  Montaigne. 

Les  Leltres  a  M.  de  Maleshcrhes ,  ce  modele  des  magistrats 
ct  des  ministres,  qui  aurait  pti  sauvcr  la  monarcliie  ct  la 
rcndre  populaire,  en  la  fondant  sur  sa  veritable  base,  le 
bonheur  public ,  si  ics  pretentious  d'une  vieillc  aristocratic, 
orgneilleuse,  iusolente  et  avide,  n'avaicnl  pas  entraiue  le 
trone  dans  !e  meine  gouffre  qui  devait  aussi  I'engioutir;  les 
Reveries  du  pronieneur  solitaire  ,  les  trois  Dialogues ,  ou  Rous- 
teau  juge   de  J  can- Jacques  ,    production    dnns    laquclle    on 


LITTER  ATURE.  107 

CHtrcvoit  encore  les  vestiges  d'un  grand  talent  au  milieu  meme 
des  desordres  d'une  imagination  ogarce;  la  Correspondance , 
ou  Ton  aime  a  cludier  le  caractere,  les  pcnchans,  la  suscepti- 
bilite  oaibragcuse,  les  defiances,  les  faiblesses  de  rhomme  donl 
on  vient  d'adinircr  le  genie  dans  scs  precedens  ecrits;  ces  Let- 
trss,  trop  nombrenses  pent  etre,  odsouvent  Tame  s'epanchecn 
liberie,  sans  prevoir  que  ces  epanchcmens  secrets  seront  pro- 
duils  au  grand  jour,  achevent  de  mcltre  a  nu  cct  homrue 
extraordinaire,  tour  a  tour  sage  et  insense;  compose  bizarre, 
digne  d'affection,  d'admiration  ct  de  pitie;  qui  sonda  les  profon- 
deurs  du  coeur  humain  ct  nc  sut  point  sc  connaiire  ni  se  domplcr 
hii-meme;  qui  peignit  les  passions  ct  fut  en  proie  a  lenrs  plus 
violensoragcs;  qui  dicta  d^s  Iccons  aux  princes  ctaux  ptu])Ics, 
et  ne  fut  point  capable  de  rcgler  sa  propre  conduite;  qui  fit  Ic 
mellleurouvragc  surl'edncation  que  Ton  eutpiiblie  jusqu'alors, 
ct  qui,  par  ies  suites  funestes  d'une  education  incomplete  et 
vicieuse,  fut  liii-meme  un  hommc  incomplet,  presque  vicicux, 
toujours  different  dans  ses  actions  et  dans  ses  relations  avec 
les  lionimcs  do  cc  qu'il  etait  dans  scs  ouvrages;  anssi  infidele 
a  scs  devoirs  de  pero,  aussi  mauvais  institutcur  qu'il  fut 
moralislc  sublime;  (|ui  ecrivit  des  pages  que  I'Amour  semble 
avoir  empreintes  d'une  celeste  flnmme,  ct  qui  livra  son  coeur 
ct  sa  destinee  a  deux  fenmes  indignes  de  lui,  et  dont  aucune 
ne  pouvait  inspirer  ce  veritable  et  pur  amour  qu'exprimait 
dans  un  style  enfiamme  ranianl  de  Julie;  qui  sc  fait  aimer, 
malgre  ses  torts,  et  quoiqu'il  ait  eloigne  de  lui  pendant  sa  vie 
tons  ceux  qui  furent  ses  amis;  dans  Icquel,  cnfiri,  on  rcspccte 
le  grand  homme,  le  pcnseur  profond ,  recrivain  qui  cntraino 
p.-ir  son  eloquence  vive,  pittoresque,  animee,  el  Ton  deplore 
rhommeca]jricicnx,inju,ste,passionne,sauvage,victime  deson 
iniaginaliow ,  de  son  caracterc,  de  ses  faiblesses  :  contraste  eton- 
nant,  oia  Ton  retrouve  Tun  des  types  a  la  fois  honorables  ct  af- 
fligeans  de  la  nature  humaine ,  melee  de  grandeur  et  de  peli- 
tcsse,  de  vertus  et  de  vices,  de  bien  et  de  mal,  de  force  ct  de 
fragilite,  de  parties  nobles  et  presque  divines  qui  nous  font 
prcssentir  notre  existence  future,  et  de  parties  basses,  tcrres- 


io8  LITT^RATURE. 

tres  et  fangeuses  qui  humilient  iiotre  orgueil  et  nous  font  pres- 
que  descendre  au-  dessous  de  I'liumanite. 

Les  OEnvres  que  nous  venous  de  passer  rapidementen  revue 
deviendront,  dans  ce  recueil ,  le  sujet  d'un  examen  appro- 
fondi.  Un  de  nos  collaborateurs,  dont  le  tact  fin  el  delicat  a 
souvent  merite  les  plus  honorables  suffrages,  se  propose  de 
rechercher  d'abord  le  genre  d'influence  que  le  phiiosophe  de 
Geneve  a  exerce  sur  ses  contemporains  et  continue  d'exercer 
encore;  puis,  comparant  Rousseau  avec  Voltaire,  il  tachera 
d'apprecier  le  merite  respectif  et  les  doctrines  philosophiques 
et  litteraires  de  chacun  de  ces  deux  illustres  rivaux,  dc  re- 
duire  a  leur  juste  valeur  les  reproches  et  les  accusations  qui 
leur  ont  ete  adresses,  et  de  faire  sortir  de  leurs  ouvrages  et  de 
leurs  caracteres,  ainsi  rapproches  ,  compares  et  observes,  des 
le9ons  utiles  pour  leurs  nombreux  leeteurs  et  pour  les  ecrivains 
appeles  a  marcher  sur  leurs  traces  dans  les  routes  varices 
qu'ils  leur  "onl  ouvertes ,  et  dans  lesquelles  leurs  successeurs 
pourront  se  diriger  d'un  pas  plus  sur  vers  un  but  mieux  deter- 
mine (t). 

M.-A.  JuLLiEN,  de  Paris. 


(i)  Nous  saisissons  cettc  occasion  pour  rappeler  k  nos  leeteurs 
I'interessant  ouvrage  de  M.  V.-D.  Musset-Pathay,  qui  a  pour  titre  : 
Hisloire  de  la  I'ie  et  des  ouvrages  de  J.-J.  Rousseau  (Paris,  l8ai.  a  vol, 
in-S".  J.-J.  Paschoud),  et  qui  forme  le  complement  indispensable 
des  oeuvres  de  ce  grand  ecrivain  :  nous  en  avons  rendu  compte  avec 
soin  et  etendue  dans  deux  articles  ,  i'un  de  M.  Deppimg  ,  I'autre,  de 
M.  £/on  Thikssk.  {fiev.  Eric,  t.  xi ,  juillet  iSii  ,  p.  loa-taS.) 


III.  BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQLE. 

LIVRES  ETRANGERS(i). 


AMERIQUE  SEPTENTRIONALE. 
ETATS-UNIS. 

I.  — *  Report  of  the  committee  on  laws  etc.  —  Rapporl  du 
comity  des  lois  au  corps  municipal  de  New-York  au  sujer  des 
inhumalions  dans  leslieuxtres-peuples ;  lu  etadopte  dansl'as- 
semblee  tenue  pour  cet  objet,  le  9  juin  iSaS  :  public  par  ordre 
de  la  irunicipalitc.  New -York,  1826;  imprimerie  de  Mahon- 
day.  In-8"  de  76  pages. 

Ce  Rapport  conlient  la  mafiere  d'un  traits  sur  les  sepul- 
tures ;  il  en  presente  une  analyse,  pleine  d'erudition  et  de 
discussions  judicieuses.  Mais,  pour  que  ce  traite  fut  un  ou- 
\rage  complet ,  aussi  philosophique  et  aussi  instructif  qu'il 
pourrait  I'ctre,  ce  n'est  pas  dans  le  Noaveau-Monde  qTi'ilfau- 
drait  I'ecrire ;  les  besoins  y  sont  molns  nonibreux,  moins  di- 
vers et  moins  pressans  que  dans  noire  Europe  :  en  composant 
cet  outrage,  un  citoyen  des  Etats-Unis  ne  penserait  qu'a  son 
pays,  et  perdrait  de  vue  la  question  generale  ,  pour  ne  s'occu - 
per  que  d'un  cas  tres-particulier.  En  traitant  la  question  ge- 
nerale  ,  les  sepultures  seraient  considerces  dans  les  interels  de 
la  sante  publique  ,  de  la  morale  ,  de  la  saine  politique,  de  la 
religion  :  sous  ce  dernier  aspect,  on  exarainerait  si  la  religion 
ne  doit  pas  demeurer  etrangerea  un  acle  qui  apparlient,  sons 
tous  les  rapports,  aux  choses  d'ici-bas,  (jui  n'a  lieu  qu'a  une 
.epoque  ou  I'elre  intellectuel,  religieux  et  moral  n'est  plus  sur 
la  terre,  et  ii'y  a  laisse  que  son  enveloppe  mateiielle.  On  se 
diiciderait ,  sans  doute ,  jiour  I'affirmative.  En  traitant  la  (|ues- 
fion  morale,  on  aurait  a  passer  en  revue  des  sujets  d'un  tres- 
liaut  interet,  etla  politique  n'y  serait  autre  chose  qup  la  morale 


(i)  Nous  iudiqnnns  par  un  asterisquc  (*) ,  place  a  c6te  du  litre  de  cbaque 
ouvrage,  ceux  deslivTes  otrangers  ou  francais  qui  paraitroutdignesd'une  atten- 
tion particulicrr  ,  et  nous  en  reudrons  qr.rlquefois  comptc  dans  la  section  des 
Analyses, 


no  LIVllES  ETRATVGERS. 

dcs  societes.  On  ferait  voir  que,  si  un  honimc  nierita  I'eslime 
et  les  regrets  <le  scs  concltoyens,  I'l-xpression  pul)liqiie  de  ces 
scntimens  est  un  devoir,  au  moment  oil  cot  iioinmc  est  enleve 
a  la  palrie  :  (|ue,  h'il  rendlt  dts  services  oiniueiis,  soit  par  un 
genie  extraordinaire,  soit  par  la  conduitc  qu'inspire  nne  amo 
grandc  et  forte,  dans  les  ciiconsiances  ou  I'l'tat  a  bcsoin  dc 
cettc  energie  ,  ii  faul  que  ses  funerallles  ressemblcnta  la  pom])c 
touc!ianteipiiaccompagna  le  general  l''oy  jusqu'a  son  lonibcau: 
que  la  doulenr  pnhlique,  exprimee  sans  fasie,  avec  I'eloqnenee 
du  sentiment,  laisse  une  impression  profonde  c;t  de  Ionics  sou- 
venirs; que  la  si'-pultnre  du  grand  citoyen  ne  soit  pas  sans 
monument;  qu'elle  soit  sons  If  s  yens  de  ses  conciloyrns  ,  dans 
un  lien  ou  la  pensee  se  recucilie  cl  rassemble  ses  forces ;  que  la 
reconnaissance  pnbliquc  ne  soit  point  exposee  a  s'egarer;  qu'en 
jouissant  dn  bienfait ,  elle  ne  puisse  pas  oublier  que  le  bienfai- 
leur  n'est  plus,  et  qu'eile  ne  ridcnlifie  j)as  avec  sa  ligncc,  su- 
perstition qui  a  cause  tant  de  niaux,  et  dont  I'influence ,  quoi- 
que  moins  funeste  anjonrd'liui  ,  jirepare  encore  au  genre 
humain  une  longue  suite  de  calainites. 

Les  causes  qui  ont  donrie  lieu  a  ce  rapport  nierilcnt  aussi 
lieaucoup  d'atteniion,  et  peuvent  eclairer ,  dans  tons  les])ays, 
les  mapistrals  qui  ont  la  louable  ambition  d'administrer  dans 
rinteret  des  pcnples.  A  New-York ,  des  hns  prndentes  avaient 
restreint  le  droit  de  sepidiure  ,  ct  prcscrit  des  jirccaulions  ne- 
cessaires  pour  la  salubrile  dcs  f|uai  tiers  populeiix  et  dcs  lieux 
de  reunions  nombreuses.  Queiques  bocietes  religieuses  ont 
refuse  de  se  conformer  a  ces  niesnres;  elles  ont  atlaque  devant 
les  Iribunaux  les  magisliats  qui  les  avaient  suivies,  et  C{ui 
avaient  ainsi  rempU  leurs  devoirs;  enfin,  elles  ont  deniande 
pinsieurs  modifications  a  ces  lois  qui  leur  paraissent  contraires 
a  leurs  droits  et  a  leurs  croyances  religieuses.  Aux  Etats-Unis, 
oil  le  gonvernement  representalif  est  bien  compris,  on  ne  re- 
pousse pas  les  vreux  des  citoyens  par  nn  ordre  du  jour  pro- 
nonce  avec  une  insidtante  legerete;  on  examine  serieusement, 
avec  maturite  ;  la  deiibeiation  est  attentive,  et  Ton  ne  prononce 
point,  sans  etre  bien  inforrae.  Tcus  les  moyens  dc  conviction 
sont  reudis  dans  ce  rapport,  pour  lemaintien  des  lois  :  le  but 
du  coniite  etait  d'eclairer  I'opinion  publi(]ue ;  ce  qui  exige 
une  variete  dc  prcuvcs  appropric'es  a  la  porlce  et  a  la  forme 
particuliere  de  char|ue  intelligence;  ct  en  effot ,  toutes  j>onr- 
ront  y  trouver  ce  qui  Icur  convient.  Nous  ferons  cepcndant 
une  observation  ,  au  sujet  des  sepultures  dans  les  teni])les.  En 
convenant  que  cet  ancien  usage  doit  etre  gencralement  aboli  , 
il  senible  que  Ton  ne  pent  refuser  d'adniettre  queiques  rares 


ETATS-UNIS.  Ill 

exceptions,  et  cc  rapport  mcme  nous  on  offre  uii  excmjilc.  On 
y  lit  cju'en  1707  ,  le  colebre  et  rpspectnbie  Chrisiophe  Wren  , 
arcliliecte  de  Salnt-Paiii  tie  Lonilrcs  ,  alors  octogenaire  ,  con- 
suite  sur  ces  inliuinations  ,  les  desapproiiva  foiincllement ,  et 
cxj)rima  par  ecrit  le  vreu  qu'elles  fussei't  intcrdiles  a  i'avenir. 
Ccpendnnt,  on  sail  gre  a  la  vilie  de  Londres  de  ce  c|u'f!Ie  no 
stiivit  point,  relativcmcnt  a  la  sepulture  de  cet  lioinmc  d'lin 
ordre  sn])crieur,  ics  niaxinics  qui!  avait  professees  dura'.t  sa 
vie  :  on  se  plait  a  lire  son  e]Mia[)lie  dans  ce  leiiit)lc  qiji  atles(e  la 
grandeur  de  ses  conceiJlion?.  Dans  tout  autre  lien,  cette  inscrip- 
tion d'line  admirable  sim]!licile  n'aurait  pii  ette  terniinee  p:ir 
ccltc  phrase  rtmarc[uable  :  Lcc/or ,  a/  moninncntura  rcquiris , 
circuinspice.  Quelciuef'ois,  el  ])eut-etre  plus  souvont,  les  con- 
venances bien  senlies  fcraicnt  placer  les  sepiillurcs  des  prands 
lioniines  liors  des  lieux  consacres  aux  croyances  religieusci. 
Ccs  convenances  prescrivaient,  sans  dome,  (pie  le  toinbeau 
de  Maurice  de  Saxe  ne  liit  yas  separe  de  cenx  de  Turenne, 
de  Villars,  de  Calinal,  cic.  1!  ne  fallait  ])as  !e  reli'guer  dans  nn 
temple  protestar)t,  a  rexliemiie  de  la  France,  ]>arce  que  le 
vainqneur  de  Fonlenoy  /iit  prolcslaut. 

En  eliininant  de  ce  rapjiort  ce  qui  est  tout-a-fait  local  ,  et  ne 
concerne  que  la  \iile  de  New-York,  on  en  f'ejait  unouvrago  utile 
jiour  I'Enropp.  L'economie  publitiue  et  la  morale  y  trouve- 
raient  des  documens  ])rojiares  aver  soin,  et  de  nombieuses 
indicalions  pour  en  cliercher  d'autres.  La  lah'c  des  matiercs 
merite  que  nous  en  disions  un  mot,parce  C{u'el!e  donne  una 
notion  tres-juste,  non-seulement  du  nombre  et  de  Tetendue 
relative  des  sujets  traites  dans  I'ouvragc,  mais  aussi  dela  redac- 
tion ,  de  I'ordre  et  de  la  liaison  des  idees.  JVIais  il  est  peiit-cire 
jdus  aise  d'obtenir  celte  sorte  de  perfection  dans  la  table  d'un 
petit  ouvrage;  a  mesure  que  les  objets  s'ngrandisseni ,  la  ue- 
cessile  de  former  des  groupes  plus  voiuniineux  contraint  qiiel- 
quefuis  k  adopter  des  divisions  moins  dairement  iudiquces 
par  les  analogies.  F. 

Ouvrages  periodlques. 

3. —  *  The  north-ninerican  medical  and  surgical  Journal,  etc. 
—  Journal  de  inedecine  et  de  cliinargie  de  I'Aincrique  du 
nord.  N°  2  (  avril  1826  ).  Philadelphie.  (  Voyez  P,.ev.  Enc, , 
t.  XXIX  ,  p.  459). 

Ce  journal  donne  lieu  a  une  observation  que  nous  ne  de- 
vons  pas  omellre,  quoiqu'elle  convienne  moins  a  un  journal 
francais  qu'a  un  recueil  etranger,  ou  elle  paraitruit  plus  iiu- 


Ill  LIVRES  fiTR ANGERS. 

partiale ;  car  clle  est  en  faveur  des  medecinsde  notre  nation. 
Les  AUemands  font  profession  d'estimer  peu  les  doctrines 
raedicales  des  Francais  :  cette  disposition,  donl  la  cause  est  tres- 
diftlcile  a  dcineler,  finira  par  jeter  les  niedecins  allemands 
Lors  de  la  bonne  voie,  si  les  Francais  y  sont  entres  et  ne  s'cn 
ccartent  pas  :  car  il  ne  siiffirait  point  aux  Allernands  de  laisser 
les  Francais  deriierc  eux  ;  ils  cliangeraient  de  direction,  s'ils 
les  voyaient  a  leur  suite;  il  leur  faut  des  sciences  et  une  iilte- 
rature  a  part.  L'orj^ueil  anglais  est  d'un  autre  caractere;  il  se 
plait  a  contempler  la  foule  qui  le  suit  dans  la  carriere  ;  il  veut 
etre  chef,  ou  se  persuader  qu'il  Test.  En  fait  de  sciences ,  le 
Francais  s'occupe  plus  des  clioses  (|ue  de  lui-meme,  et  recoit 
volontiers  ce  qui  lui  parait  bon,  de  quelque  part  qu'il  vienne; 
il  traite  les  verites,  comme  un  cosmopolite  acciieillerait  les 
bommes  de  tnutes  les  nations.  Cette  sorte  d'cquite  inteliec- 
tuelle  n'est  pent -etre  pas  aussi  favorable  a  I'esprit  de  decou- 
verte,  que  cerlaines  passions  qui  excitent  la  hardiesse  de  la 
pensee  ;  mais  elle  n'arrete  point  I'essor  du  vrai  genie  des  scien- 
ces ,  et  sm  tout ,  elle  multipiie  les  professeurs  habiles ,  et  fait 
composer  de  bons  ouvrages.  Hors  de  I'EurojJC ,  ou  Ton  juge 
sans  rivalites  nationales ,  la  part  que  Ton  nous  fait  est  assez 
honorable  pour  que  nous  ensoyons  satisfaits,  et  nos  medecins 
peuvent  se  faire  honneur  de  celle  qu'on  leur  assigne.  Ce  sont 
leurs  ouvrages  ([ue  Ton  cite ,  leurs  doctrines  que  Ton  suit  et 
que  Toil  propage.  Les  pertes  que  I'enseigneinent  de  la  inuede- 
cine  eprouve  ici  sont  resserities  presque  aussi  vivement  en 
Amerique  qu'en  France;  la  memoire  de  Beclardy  fut  recoin- 
inandee  a  !a  veneration  de  tous  ceux  qui  ciiltivent  les  sciences 
inedlcales  dans  le  nouveaii  continent  ,  comme  elle  sera  con- 
servee  par  les  lileves  que  ce  professeur  a  formes. 

Parmi  les  memoires  inscres  dans  le  cahier  que  nous  annoo- 
cons,  on  remarquera  celui  de  M.  TaENOR  ,  medecin  ,  de  New- 
York  sur  le  tic  douloureux  ,  maladie  qui  produil  qiielquefois 
des  effets  extraordinaires,  dont  il  rapporte  quelques  exemples. 
M.  le  docteur  Wood,  de  Philadelphie,  professeur  de  chimie  an 
college  de  pharmacie,  public  des  observations  sur  I'usage  de 
I'essence  de  terebenthine  dans  cerlaines  fievres.  —  M.  le  doc- 
teur Reynell  expose  les  maladies  que  pent  causer  I'abus  de 
la  saignee ,  et  les  remedes  qu'il  faut  y  appliquer. —  M.  Huntt, 
de  Washington,  a  fait  des  recherches  sur  les  effets  qiiepioduit 
le  chaugement  de  climat ,  et  sur  ce  tjue  les  nialades  attaques  de 
consomption  pulmonaire  peuvent  en  esjierer.  Ses  observations 
ne  sont  point  rassiirantes;  on  en  conchierait  qu'un  grand  nom- 
bre  d'habitans  des  Efats-Unis  devraient  on  s'expatrier  annuel- 


ET  A.TS-UNIS.— ASIE.  1 1 5 

tement,  ou  lenoncera  I'espoir  dc  guerir.  On  a  calcule,  dit-il, 
que  ,  parmi  les  causes  de  itiorl.ilite  dans  les  princlpales  villes  de 
cctle  contree,  la  consomption  pulmonaire  est  pour  un  sixieine 
a  Boston  ;  a  New- York ,  pour  un  cinqiiieme  ;  a  Pliiladelphie 
et  a  Baltimore,  pour  un  septieme  ;  a  Washington,  un  liui- 
tieme;  a  Charleston  (Caroline  du  sud) ,  un  sixieine.  Aux  Etals- 
Unis,  comme  ailleurs,  quelqnes  lieux  de  garnison  sont  tres- 
insalubres,  et  causent  annuellement  des  perles  notables.  — 
M.  le  docteur  Wiltb\nk  a  fait  des  observations  et  des  expe- 
riences sur  Taction  da  coeur,  en  operant  sur  des  chats  ;ses 
resultals  sont  d'accord  avec  les  observations  de  MM.  Legal- 
Loi  s,  Bell  et  Magendie.  —  M.  Bache  ,  I'un  des  redacteurs  de 
ce  recueil,  a  fait  un  niemoire  sur  V acupuncture  :  il  parait  que, 
si  ce  nouveau  nioyen  de  guerison  perdait  son  proces  en  Eu- 
rope, il  pourrait  en  ajjpeler,  en  Amerique,  du  jugeroent 
prononce  par  nos  mcdecins. 

Le  reste  du  caliier  est  consacre  a  des  analyses  d'ouvrages  et 
au  resume  des  observations  les  plus  recer.tes,  et  des  connais- 
sances  dont  la  medecine  s'est  enrichie.  L'essai  de  M.  IWongel- 
LAz  sur  les  irritations  intermittentes ,  etc. ;  X Anatomic  pntholo- 
gique^  dernier  cours  de  Bichat  ;  le  Traitede  chiinie  de  Thomp- 
son ;  le  lome  xui  de  I'onvrage  anglais  intitule  :  Medico- 
chirurgical  transactions  ;  VHistoire  naturelle  et  medicate  des 
snngsues ,  etc.,  parM.  Derheims;  une  exposition  des  doctrines 
physioiogiques  et  palliologiques  de  Borheu  ;  VEloge  de  Be- 
clard,  etc.;  toules  ces  inatieres  renfermees  dans  un  meme 
cahier  prouvent  qu'il  ne  manque  ni  d'abondance,  ni  d'intcret  : 
nos  inedecins  le  recherclieront  pour  s'instruire ,  etles  erudits 
qui  recucillent  des  materiaux  pour  I'histoire  des  sciences ,  au- 
ront  soin  de  le  consuller.  Y. 

ASIE. 

—  3.*  Bydragen ,  etc.- — Fragmens  pour  la  composition 
de  la  PMore  de  I'lnde  neerlandaise  ;  par  M.  Blume,  D.  M.  6"^" , 
■^nie,  8'"'',  9"«,  10'"^,  11""=  et  11^"  cahiers.  Batavia,  182 5;  im- 
prlmerie  du  gouvernement.  In-8°. 

M.  Blume  continue  avec  ardeur  a  publier  ce  recueil,  qui 
inerite  de  recevoir  un  accueil  favorable.  Les  cinq  premiers  ca- 
hiers, que  nous  avons  annonces  (  voy. /Jec.  £'rtc.,  t.xxix  p.  459") 
ont  deja  ete  suivis  de  plusieurs  autres,  dans  lesquels  I'auteur 
decrit  et  fait  connaitre  au  dela  de  sept  cents  plantes  de  Tile  de 
Java  appartenant  aux  families  des  orchidees,  urticees,  poly- 
gonees,  chonopodees,  amaranthacees,  hernandiees,  laurinees, 
T.  XXXI. —  Juillrt  187.6.  8 


ii4  LiVRES  Strangers. 

myristicees  et  etiphorbiacees.  Parmi  ces  planles,  il  s'en  troiive 
plusieurs  qui  elaient  inconnucs  avant  M.  Blume. 

Le  6™*  cahier  ,  consycre  aux  orchidees ,  est  suitoiit  curieux  , 
attendu  (|u'il  renfenne  sur  cette  iinportante  famille  des  obser- 
vations entierement  iieiives,  qui  apparliennenl  a  I'auleur.  Ce 
cahier  est  accompagnc  de  cinq  planches  gravees,  destinees  a 
donnei'  une  idee  des  orchidees  de  Java  et  a  faire  reconnaitre 
promptement  leurs  genres.  Selon  W.  Blurae,  la  jilupart  de  ces 
orchidees  different  beaucoup  de  celles  d'autres  pays ,  et  prin- 
cipalement  de  celles  qui  ont  ete  decouvertes  jiar  M.  de  Hum- 
boldt ,  dans  I'Amerique  nieridionale.  de  Kirck.hoff. 

EUROPE. 

GRANDE-BRETAGNE. 

/j. — *  Cateclsmas  de  ciencias  y  artes,  etc.  —  Catdchismes 
des  sciences  et  des  arts.  Les  livraisons  qui  sont  dcja  publiees, 
comprennent :  les  catechisraes  de  chirnie,  de  geographic ,  d'a~ 
griculture,  A' astronomic ,  A'arithmetique ,  de  geometrie ,  A'eco- 
nomic  rurale  ,  d! economie politique ,  Ae.  morale  ,  etc.  Londres, 
1825-1826;  R.  Ackcrmann.  Chaque  catechisme  forme  uu  vol. 
in-18  ,  d'environ  120  pages;  prix,  2  sh. 

Cette  collection  de  livres  elomentaires,  publics  en  espagnol, 
et  destines  a  ['education  publique  des  nouvelles  rcpubliques 
americaines,  a  merite  I'approbation  de  I'illustre  Lancaster  et 
celle  du  gouvernement  de  Colombie,  qui  I'a  fait  distribuer 
dans  toutes  les  ecoles.  Les  redacteurs  de  ces  petlts  ouvrages, 
qui  sont  imprimes  avec  beaucoup  de  soin  et  de  gout,  ont  eu 
le  bon  esprit  d'adopter  les  productions  d'un  merite  non  con- 
teste,  pour  les  abreger  et  les  mettre  ainsi  a  la  portee  de  la 
jeunesse  americaine.  lis  ont  suivi  pour  la  chimie  le  grand 
ouvrage  de  Parkes;  pour  I'economie  politique,  les  traites  de 
Mill  et  de  Ricardo,  et  ainsi  du  reste.  On  remarque  surtout  le 
catechisme  de  morale,  ccrit  parl'emigre  espagnol  T'illanueva; 
ce  petit  livre  est  deja  populaire  dans  toutes  les  rcpubliques  de 
I'Amerique  du  sud.  J-  J.  M. 

5.  —  *  The  narrative  of  a  tour  through  Hawaii,  etc.  — 
Rdcit  d'un  voyage  i  Hawaii  ou  Owhyhee,  avec  des  remar- 
<|ues  sur  la  religion,  les  moeurs,  I'histoire,  les  coutumes,le 
langage ,  etc. ,  des  habitans  des  lies  Sandwich  ,  et  des  observa- 
tions geologiques,  agronomiques,  etc.,  sur  cet  archipcl ;  par 
W.  Ellis,  missionnaire  de  la  Society  desiles  Sandwich.  Lon- 
dres, i8a6;  H.  Fisher,  i  vol.  in-8°  avec  carte  et  sept  gravu- 


GRANDE-BRETAGNE.  iiS 

res;  prix ,  la  sh.  (  Voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxx,  p.  396,ranoonce 
d'un  autre  voyage  aux  meraes  iles.  ) 

Le  caraclere ,  commun  a  toutes  les  sectes,  est  de  vouloir  faire 
des  proselytes;  ce  qui  les  distingue,  est  le  mode  qu'clles  em- 
ploient  pour  propager  leur  croyance.  Que,  suivant  les  jirecep- 
tes  du  fondalcur  du  christianisine,  elles  porteut  les  paroles  de 
i'ovangile  et  les  bienfaits  des  lumieres  chez  des  peupladessu- 
perstitienses  et  ignorantes,  elles  auroiit  servi  I'liumanite  et  la 
luorale.  Mais,  qu'en  opposition  a  ses  snintes  maxinies,  elles 
preclient  le  fanatisnie  et  Tintolerance  a  des  populallons  eclairees 
et  paisibles;  qu'au  lieu  de  faire  entendre  le  langage  de  la  rai- 
son  et  de  la  verite,  elles  appellent  la  force  et  le  mensonge  au 
secours  de  leurs  argumens,  elles  deviendront  un  fleau  de  la 
sociele. 

Les  differentes  sectes  chretiennes  ont  leurs  missionnaires, 
et  le  nombre  en  est  immense.  Mais,  tandis  que  ceux  d'une 
eglise  vorit  a  travers  mille  dangers  repandre  leurs  doctrines 
et  porter  les  lumieres  sur  des  plages  lointaines  et  au  milien  de 
hordes  i  demi  sauvages,  ceux  d'une  communion  rivale  parcou- 
rent  nos  villes  et  nos  campagnes,  enflammant  les  passions  et 
semant  parlout  les  haines  el  les  discordes.  Des  rixes,  des  insur- 
rections ,  des  condaranalions  et  du  sang  marquent  bien  souvcnt 
le  passage  de  ceux-ci;  I'abolition  de  I'idolatrie,  la  culture  des 
arts  utiles,  et  une  augmentation  de  bien-elre  signalent  presque 
toujours  la  presence  de  ceiix-la.  Les  premiers  inondent  le  midi 
de  I'Europe  de  cantiques  immoraux  et  de  leg^ndes  ridicules ; 
les  seconds  portent  la  bible  a  des  nations  sauvages ,  et  se  delas- 
sent  des  perilleux  travaux  de  leur  minister*  par  la  composition 
d'ouvrages  utiles. 

Le  livre  du  reverend  W.  Ellis  offre  ce  dernier  caraclere. 
Pontife  etabli  pour  le  sen-ice  des  hommes  ,  ce  missionnaire 
sail ,  suivant  le  precepte  de  Saint-Paul,  compatir  a  t ignorance, 
se piier  a  la  faiblesse  et  eclairer  I'erreur.  Apolre  de  I'evangile, 
il  en  fait  entendre  le  langage,  mais  sans  jamais  forcer  le  sanc- 
tuaire  des  consciences;  il  en  proclame  les  veriles ,  mais  sans 
jamais  porter  I'epouvanle  et  la  douleur  dans  ces  ames  incultes 
donl  il  faut  plaindre  et  non  condamner  les  erreurs  et  le  pen- 
chant a  I'incredulite.  Philantrope  eclaire,  il  parle  avec  indul- 
gence du  peuple  idolalre  auquel  il  apporte  le  culle  d'un  seul 
Dieu  ;  observateur  judicieux,  il  peint  avec  verite  les  qualites 
et  les  vices  de  cetle  nation  a  demi  barbare,  sur  laqnelle  ses 
compagnons  et  lui  viennent  repandre  les  bienfaits  de  la  ci- 
vilisation. 

C'est  seulement  chez  des  peuplades  semblabies  i  celies  qui 


ii6  LITRES  Strangers. 

habitent  les  i\c&  Sandwich ,  qii'il  convient  d'aller  leriler  des 
conversions.  Les  missions  t|ui,  clicz  les  j)etij)Ies  civilises,  ne 
fonl  souvent  qu'ecliauffer  les  passions  ,  Iroubler  la  j)aix  ,  attris- 
ter  les  fideles,  soulever  et  non  convaincre  les  dissidens  ,  adou- 
cissent ,  au  conlraire ,  les  mceurs  des  sauvages  ,  les  disposent  an 
travail,  a  la  sociabilite  ,  et  anieliorent  ainsi  leur  nialheureuse 
condition. 

Au  tems  de  la  docouverte  des  iles  Sandwich,  ])ar  le  capi- 
tainc  Cook,  en  I77y,  la  loi  du  tahou  ,  si  injuiieuse  a  la  plus 
belle  moitic  de  noire  espece,  et  la  coutume  barbare  d'immoler 
des  viclimes  huniaines  a  des  dieux  fantasiitjues  existaient  dans 
toute  leur  force.  Eclaire  jiar  les  missionnaires  anglais  et  ame- 
ricains,  le  ])euple  de  cet  archipel  a  delruit  ces  pratiques.  Plus 
eclaire,  il  proscrira  sans  doute  aussi  I'usage  nionslrueiix  qu'ont 
les  meres  de  delruire  leurs  propres  enfans;  cnfin ,  aide  des  Eu- 
ropeens,  on  pent  esj)erer  que  le  tems  n'est  pas  iloigm;  oil  il 
presentera  lui-raeme  le  tableau  d'une  nation  induslrieuse  et 
policee. 

Situees  dans  I'Ocean  Pacifique,  immedialement  au-dessous 
du  tropique  du  cancer,  entre  les  i5o®  et  160^  degrcs  de  lon- 
gitude, meridien  de  Paris  ,  et  a  plus  de  cent  lieues  des  cotes  du 
Mexique,  les  dix  iles  Sandwich  gagneraient  beaucoup  par 
I'ouverture  de  Tisthme  de  Panama.  Eiles  deviendraient  un  point 
favorable  de  station,  dans  la  iraversee  d'Europea  la  Chine; 
leur  sol,  inhabite  sur  plusieurs  points,  se  couvrirait  de  nom- 
breux  ctablissemens  agricoles  et  industriels  011  I'on  pourrait 
cultiver  les  cannes  a  sucre,  le  cafe,  les  bananes,  et  exploiter 
les  mines;  et  leur  population,  aujourd'liui  reduite  a  Hi, 000 
ameSjSerait  doublee  en  quelques  annees  par  les  emigrations 
europeennes  et  par  la  repression  du  crime  affreux  d'infanticide, 
si  commun  dans  ce  pays.  Toujours  soigneux  des  interets  de 
son  commerce,  le  gouvernement  anglais  s'est  declare  le  pro- 
tecteur  des  iles  Sandwich;  etdeja plusieurs  compagniesonl  ete 
formees  a  Londres,  dans  le  but  d'e."<j)loiter  ces  noiivelles  con- 
Irees.  Frederic  Degeorge. 

6.  —  *  Delia  fcrzn  nelle  cose  politiche.  —  De  la  force  en 
politi(|ue  ,  par  M.  Louis  Angeloni.  Londres,  1826.  2  vol. 
in-8°. 

L'auleur  de  ce  nouvel  ouvrage  est  deja  bien  connu,  surtout 
en  Italie  et  en  France,  par  diverses  publications  anterieures, 
entre  autres  par  un  ouvrage  sur  V Italic ,  qu'il  a  fait  paraitre 
a  Paris,  oil  il  a  reside  plus  de  vingt  ans. 

L'idee  mere  de  son  nouvcau  livre  est  que,  tout  est  force 
dans  I'univers ,   et  que  rich  ne  peul  exister  que  p,ir  la  force. 


GRANDE-BRET  AGNE.  1 1 7 

Ce  principe  pose,  I'auteur  se  renferme  dans  la  sphere  ties 
forces  politlques,  sujet  de  son  travail.  On  se  troniperait  beau- 
coup  toutefois,  si  Ton  croyait,  sur  cet  apercu,  trouver  dans 
I'auteiir,  un  disciple  de  Hobbes.  I!  nc  s'agit  nullernent,  dans 
son  livre,  de  poser,  romnie  dans  le  Leviallian,  les  bases  d'un 
despotisme  pcrpctuel  et  absolu.  L'o.nvrage  de  M.  Angeloni  a 
un  but  toul-a-fait  oppos*',  et  c'est  la  liberty  dans  toute  sa 
franchise,  avec  toute  son  ctendue. 

D'apres  cet  auteur,  la  force  en  politique,  est  celle  des 
horames  qui  constiSuent,  dans  son  langage,  la  matiere  de  la 
societe.W  hui  AoT\c  bien  connaitre  les  horames,  les  ressorts 
qui  les  font  aglr,  sous  I'impulsion  de  qualites  organiques  et 
de  forces  intellectuelics  tres-diverses.  Aj)puye  sur  la  physio- 
logic,  M.  Angeloni  signale  ces  differences  et  celle  des  ten- 
dances differenies  qu'elles  determinent.  11  en  resulte  que  le  bien 
cherchc  par  un  individu,  lui  est  special,  et  peut  elre  le  mal 
pour  un  autre.  Comme  tout  prouve  que  les  hommes  sont 
faits  pour  vivre  en  socieie,  et  que  chaque  liomme  cherche  son 
6«e«propre,  la  societe  ne  j)eut  avoir  un  autre  fondement. 
Mais,  pour  qu'elle  existe,  il  faut  nne  mesure  commune  a  tous. 
et  qui  convienne  au  plus  grand  norabre.  M.  Angeloni  appelle 
gouvernement  de  force  naturelle ,  celui  qui  est  fonde  sur  ce 
principe,  et  gouvernement  de  force  artificielle ,  celui  qui  n'a 
pour  objet  que  le  bien  d'un  nombre  plus  ou  moins  circonscrit 
d'individus.  II  ne  lui  est  ])as  difllcile  de  monlrer  les  avantages 
du  premier,  les  vices  et  les  funcstes  effets  du  second.  L'auteur 
regarde  conime  des  illusions  les  idees  du  juste  et  de  I'injuste, 
du  droit,  etc.,  considerees  d'une  manieie  abslraite. 

Nous  ne  nous  permettrons  pour  le  moment  aucune  reflexion 
sur  les  idees  de  M.  Angeloni,  dont  nous  pourrons  peut-eire 
examiner  plus  amplement  I'ouvrage.  11  contient  beaucoup  de 
faits  importans,  surtont,  a  I'egard  des  dernieres  revolutions  qui 
ont  eu  lieu  en  Italic.  C'est  a  ses  conipatriotes  que  l'auteur  a  dc- 
dic  son  livre,  comme  celiii  qu'il  a  public  en  1818.      A.  de  V. 

7. —  Misapprehension  of  the —  Meprises  du  tres-rev.  P. 

Curtius  et  du  tres-rev.  G.Doyle,  docteurs,  concernant  le 
serment  que  les  cveqiies  d'lrlande  prelent  au  poniife  roroain; 
par  le  rev.  /.  -  Z.  Villanueva,  D'',  chanoiiie  de  Cuenca  et 
membre  de  I'Academie  royale  d'Espagne.  Londies ,  1825 ; 
in-8°  de  72  pages. 

8.  —  Observations  on  the  answers ,  etc.  —  Observations  sur 
les  reponses  du  tres-rev.  D^"  G.  Doyle,  eveque  de  Kildare  et 
LeigUlin  au  comite  de  la  Chanibre  des  communes,  par  le  D^ 
f.-L.  ViLi.ANDEVA.  Londres.  In-8°  de  43  pages. 


ii8  LIVRES  ETRANGERS. 

g.  —  *  Fida  literaria ,  etc.  —  Vie  lilteraire  de  Jon  Joachim- 
Laurent  ViLLANUEVA,  ou  Memoircs  concernant  ses  (Merits,  ses 
opinions  ecclesiastiques  ct  politiqties  et  divers  evencmens 
notables  de  son  terns,  avec  un  appendix  contenant  plusieurs 
documens  relatifs  a  i'histoire  du  conclle  de  Trente;  le  tout 
^crit  par  lul-meine.  Londies,  iBaS.  2  vol.  in-8";  r.  !*"■  de4^2  p., 
t.  II,  470  p. 

M.  le  D"^  J.-L.  Villanueva  ,  ne  en  1757,  a  Jativa,  I'ancienne 
Setabis ,  ville  fondce  par  les  Pheniciens  ,  a  ^te  I'un  dcs  ecrivains 
espagnols  les  plus  distingues  et  les  plus  savans  de  notre  epoque. 
Membre  des  Corles  de  i8i3,  puis  de  1820,  il  y  brilla  par 
I'etendue  de  son  erudition  et  la  sagesse  de  ses  opinions. 
Nomm^  ensuile  plcnipotentiaire  d'Espagne  pres  la  cour  de 
Rome,  cetle  cour  ne  vonlut  point  le  recevoir,  parce  (ju'elle 
redoutait  ses  lumleres  et  son  intrcpidite  a  combatire  le  curia- 
lisme.  II  a  public  sur  cctte  exclusion  un  poeme  inoins  remar- 
quable  par  la  beaute  des  vers  que  par  la  singularite  et  la 
variet«5  des  notes  tres-erudites  qu'il  y  a  jointes  (1).  Citons-en 
quelques  fragmens. 

«  Saint  Anlonin,  de  Florence,  attribue  au  pape  une  telle 
puissance  sur  le  purgatoire  et  sur  I'enfer,  que,  par  ses  indul- 
gences, on  peut  en  deiivrer  autant  d'ames  qu'il  lui  plait  et  les 
envoyer  au  sejour  des  bienheureux.  Cette  opinion  ouvre  la 
porte  a  des  discussions  scholastiques  011  Ton  examinait  si  le 
pape  pourrait  supprimer  en  entier  le  purgatoire ;  si  le  pape  est 
plus  clement  que  Jesus-Christ,  doiit  il  n'est  pas  dit  qu'il  eut 
delivre  aucune  arae  du  purgatoire. —  Le  decretaiiste  Fclino 
declare  que,  s'il  plaisait  au  pape  de  jeter  beaucoup  d'ames  en 
enfer  [catervas  animaruin),  personne  n'aurait  droit  de  lui 
dire  :  Pourquoi  faites-vous  cela?  —  Une  controverse  qui  a  ete 
agitee  dans  les  ecoles  eut  pour  objet  d'examiner  si  le  pape 
peut  commander  aux  anges.  D'autres  adulateurs  ont  discute 
si  le  pape  est  simplement  homme,  ou  s'il  est  dieu.  La  glose  dit 
qu'il  n'esl  ni  I'un  ni  I'autre,  mais  un  efre  interraediaire. — 
Louis  Gomes  assure  que  le  pape  peut  changer  en  juste  ce  qui 
est  injuste. —  Balde  dit  rpie  le  pape  peut  tout,  supra  jus , 
extra  jus ;  il  peut  meme  arrondir  ce  qui  est  carre.  D'apres 
cela ,  doit-on  s'etonner  si ,  au  concile  de  Trente ,  les  curialisles 
traitaient  de  schismatiques  et  d'ennemis  de  la  religion  les 
cv^ques  qui  soutenaient  la  divine  origlne  de  I'episcopat  ?  « 


(i)  Mi  dispedida  do  la  curia  romana.  —  Mon  expnlsion   do  la   cour 
lie  Boiue.  Barcelonue,  i8-a3.  In-4°  de  54  pages. 


grande-bretagnt:.  119 

Dans  I'^crit  qui  concerne  les  Meprises  de  M.  Curtius,  arche- 
Teque  d' Armagh,  et  de  M.  Doyle,  ovdque  de  Kildare,  notre 
auleur  reconiiait  et  revere  dans  le  pape  la  principatile  d'hon- 
neur  ct  de  juridiclion;  raais,  autant  il  est  fermc  a  soiilenir  ce 
dogme ,  autant  il  Test  a  conibalfre  les  invasions  de  la  puissance 
papale  qui  a  franchi  loules  les  liniiles. 

En  i8i4)  don  Pedro  Gravina,  nonce  en  Espagne,  soutenait 
que  le  serraent  des  cveques  an  pape  fait  parlie  du  rit  de  la  con- 
secration approuve  par  I'eglise.  Cette  assertion  offre  une  preuve 
iiouvelle  de  la  fourberie  qui  affecte  d'idenlifier  a  I'essence  du 
rit  sacramentel  une  cliose  eirangere  et  inconnue  a  I'antiquite. 
Dans  les  premiers  siecles,  les  Cveques,  elus  par  le  clerge  el  le 
peuple .  consacrcs ,  instilucs  par  le  metropolitain ,  se  bornaient 
a  envoyer  au  chef  de  Teglise  leur  profession  de  foi.  Saint 
Boniface,  de  Mayence,  fut  rintrodncteur  d'un  serment  dont, 
sans  doute,  il  n'avait  pas  prevu  toutes  les  consequences.  Des 
Cveques  il  fait  des  vassaus,  des  feudataires  du  pape.  M.  Villa- 
nueva  accumule  les  preuves  de  la  resistance  que  deployerent 
en  divers  pays  les  eveques  centre  la  prestation  de  ce  serment, 
qu'il  faudrait  supprimer  totalement,  en  se  bornant,  comme 
dans  I'anlique  egiise,  et  comme  I'exigeait  la  constitution  civile 
du  clerge,  a  I'envoi  au  pa])e,  par  chaque  cveque,  de  sa  pro- 
fession de  foi.  Cet  ecrit,  et  plus  encore,  le  second  intitule: 
Observations ,  etc  ,  peuvent  etre  considercs  comme  des  apolo- 
gies irrcfragabies  des  reformes  operees  par  TAssemblee  cons- 
tituante  de  France. 

L'auteur  y  devoile  les  intrigues  emyjldyees  dans  les  has 
siecles  pour  identifier  les  abus  avec  les  droits  reels.  Ceux-ci 
sont  la  tige  sur  laquelle  sont  greffes  les  autres.  II  nousmontre 
la  simonie  a  Rome  qui ,  malgre  les  decisions  du  concile  de  Bale , 
pcrcoil  des  annates;  qui,  malgre  le  concile  de  Trcnte,  en 
percoit  pour  les  dispenses  que  jadls  on  ne  demandait  pas  a 
Rome. 

A  Tabus  des  indulgences,  des  dispenses,  joignez  celui  desi 
inlerdits  arbitroires  et  des  excommunications;  par  exemple, 
cello  par  laquelle  le  pape  excommuniait  autrefois  quiconque 
acheterait  de  I'alun  chtz  les  Florenlins  dont  il  etait  niecontent , 
et  cent  autres  vexations  du  meme  geni'e.  Pour  detruire  ces 
abus,  n'attendez  aucun  succes  des  demi-mesures  et  des  con- 
cordats, stipulations  anti  chrellennes,  fleaux  deguises  sous 
d'autres  noms.  Les  desordres  sont  des  plantes  Ires-vivaces  qui 
ont  leurs  racines  dans  la  cupidite,  I'ambilion,  la  vanite.  Le 
seul  moyen  de  les  extirper  est  un  abatis  general  dans  la  foret 
des  abus  pour  revenir   aux  formes  sacrees  de  la  bieraichiej 


120  LIVRES  ltTRA.NGERS. 

telle  qu'elle  etait  clans  la  primitive  ^glise,  d'apres  la  tradition 
apostolique  et  les  canons  des  conclies. 

Nous  regrettons  d'etre  obliges,  par  les  bornes  qui  nous  sonl 
prescrites,  demutiler  la  recension  des  ouvrages  qtic  Ton  vient 
de  citer,  ouvrages  dans  lesquels  I'.inteur  deploie  une  erudition 
immense,  bien  digeree ,  ct  qui  vient  toujonrs  a  I'appui  de  ses 
raisonnemcns.  On  doll  jiorlcr  le  m^tne  jugenient  de  son  grand 
ouvrage  en  -x  vol.  in-S",  ou  les  dc-tails  de  sa  vie  amenent  une 
foule  d'anecdotes  pi(|uariles  sur  I'elat  lltteraire,  ecclesiastique 
ct  politique  de  I'Espagne. 

M.  Villanueva  fiit  lie  avec  tons  les  conlemporains  les  plus 
distingues  de  celle  conXrce  :  J ovellanos ,  Climent ,  Olavides 
Campoinanes ,  Irlasti,  Llorenle ,  JJrquijo  ,  Yeregui,  Amat, 
Sola ,  Sceo,  Palofox ,  Cuesta,  Ce/Uero,  Lorenzana^  Tavira ,  la 
pieuse  etcelebre  comtessede  Montijo,  persecutce  entre  autres 
motifs  a  cause  de  sa  correspondance  avec  M.  Gregoire,  eveque 
de  Blois. 

L'ouvrage  de  cet  eveque  (M.  Gregoire)  centre  I'inquisition 
avait  force  ce  tribunal  a  faire  ce  qui  nelui  arrivait  jamais,  a  ten- 
ter da  le  lefuter.  Quatre  ccrits  furent  publics  centre  le  sien ;  et  de 
ces  quatre,  celui  qui,  pour  le  soulien  d'une  mativaise  cause, 
etait  le  plus  specieux,  le  plus  modcre,  le  mieux  redige,  etait 
celui  de  M.  Villanueva,  sous  le  pseudonyme  Lorenzo  Astingo. 
M.  Villanueva,  dans  sa  Vie  luteraire,  extirlme  ses  regrets 
d'avoir  combattti  l'ouvrage  de  I'eveque  de  Blois.  II  les  exprime 
avec  une  francliise,  une  loyau!,e  qui  honore  son  esprit  et  son 
cceur.  Lui-meme  devint  ensuile  un  des  aniagonistes  les  plus 
redoutables  de  I'inquisition.  II  la  jieint  sous  les  traits  liideux 
qui  doivent  la  caracleriser.  II  en  montre  a  nu  les  iniquiles  et 
lui  imprime  encore  le  sccau  du  ridicule,  lorsque  alternalive- 
ment  elle  approuve,  puis  elle  condamne  les  ecrits  de  Nicole. 

L'ouvrage  dont  nous  parlous  offre  nn  tableau  vigoureuse- 
ment  trace  de  fails  extremement  curieux  ,  et  peut-etre  introu- 
vables  parlout  ailleurs ,  non-seulement  siir  les  effels  du  synode 
de  Pistoie,  qui  furent  en  Espagne  :  lerejet,  puis,  I'acceptation 
de  la  fameuse  bulle  auctorsmfidel ,  laquelle  censure  nos  quatre 
articles  de  1682;  mais  encore  sur  les  liberies  des  egiiscs  de  la 
peninsule;  sur  la  cour  de  Rome,  ses  intrigues,  ses  exactions; 
sur  Pie  VI  qui  dccerna  au  prince  de  la  Paix  le  titre  de  co- 
lonne  de  la  foi...  au  prince  de  la  Paix! 

Mais,  dans  cet  ouvrage,  on  trouve  surtout  des  renseigne- 
mens  precieux  concernant  I'Espagne  sous  le  regime  des  jcsuites; 
puis  sur  son  ^tat  politique  sous  Charles  IV,  el  depuis  lors 
jusqu'a  Dotre  epoque. 


GRANDE-BRETAGINK.  lai 

li'autcur,  deux  fois  membre  des  Cortes  par  le  choix  libre 
de  ses  concitoyens,  revetu  des  plus  honorablcs  fonctions  pu- 
bliques,  a  eu  la  fgcijitede  connaitre  la  marche  des  evenemens, 
leurs  causes  et  leurs  rcsultals,  ainsi  que  les  limnmes  qui  out 
figure  sur  la  scene,  etc.  Comnie  tant  d'Espagn.ls  esiimables, 
victimes  des  reactions  de  la  Peninsule,  il  a  trouve  un  asile  en 
Anglelerre  ou,  pendant  son  sejour,  il  a  compose  et  public  les 
trois  ouvrnges  dont  on  vient  de  voir  nne  courte  mention,  et 
qui  ajouteronl  de  nouveaux  litres  a  sa  reputation  litteraire. 
Un  de  ses  amis,  ancien  niembrc  des  Cortes,  le  digne  eccle- 
siaslique,  auteur  d'ecrits  annonces  dans  nos  cahiers  prccedens, 
M.  Bcrnabeu,  est  mort  en  Angleterre,  ainsi  qu'un  frere  de 
M.  Villanueva  ,  auteur  d'un  Voyage  lUtt'rnire  en  Espagne.  Un 
autre  de  ses  freres  s'occupe  aussi  de  iravaux  litteraires.  Jouets 
infortunes  de  Tiiijustice  et  balloies  par  les  vicissitudes  liu- 
maines  ,  il  est  un  bien  que  jamais  on  ne  pourra  leur  ravir, 
c'est  I'estime  due  aux  vertus  et  aux  talens.  G. 

lo. —  yi  practical  grammar,  etc.  —  Grammaire  pratique 
de  la  langue  francaise  eclaircie  par  de  nombreux  exeinples  et 
par  des  exercices  choisis  dans  les  meilleurs  ecrivains  francais, 
a  I'usage  des  ccoles  et  des  etudians;  par  J.  Rowbotham.  Lon- 
dres,  1826;  I'auteur  ;  Baldwin,  Cradock  et  Joy  ;  in-12  de  xii 
et  332  pages. 

Cetle  grammaire  se  divise  en  deux  parlies :  la  premiere 
traite  des  mots  isoles,  la  seconde  de  la  syntaxe.  Le  plan  de 
I'auteur,  ni  ses  definitions  n'ont  rien  cjui  lui  solt  proj)re ;  il  a 
suivi  en  general  tons  ceux  qui  ont  traite  des  meines  matiercs; 
aussi,  a-t-il  reproduit  qneiques  erreurs  qu'il  eut  ete  facile  de 
fairedisparaitre.J'endonneraiunoudeuxexemplesniousavons 
renoiice  depuislong-temsa  toute  idee  decas  dans  nos  subs  tan  lifs  : 
pourquoi  M. Rowbotham  conserve-t  il  un  nomlnatif,  un  genitif 
et  un  datif?  Sans  doule,  on  dit  I'enfant,  de  I'eiifant,  a  I'enf'ant; 
mais  on  dit  aussi  pour  I'enfant,  contre  I'enfant ,  avec  ou  sans 
I'enfant,  par  I'enfant,  etc.;  faudra-t-il  faire  autant  de  cas  de 
toutes  ces  prejiositions  ?  II  en  est  de  meme  de  ces  expressions 
composees  qu'il  nomme  adverbes ,  prepositions  ou  conjonc- 
tions  ,  et  donl  il  remplit  vingt-sept  pages.  Le  fait  est  que  nous 
avons  en  francais  vingt  prepositions  et  onze  conjonctions  a  peu 
pres:mais,  si  Ton  donne  ce  nom  a  toutes  les  combinaisons 
qu'elles  peuvent  former,  il  faut  alors  un  dictionnaire.  Sous  le 
rapport  de  I'analyse,  la  grammaire  de  M.  Rowbotham  laisse 
done  ,  selon  nous,  quelque  chose  a  desirer.  Quant  a  la  ])rali- 
que,  il  est  diftlcile  de  rien  voir  de  plus  clair  et  de  plus  com- 
plet.  Chaque  regie  est  suivie  d'lin  grand  nombre  d'exemples. 


laa  LivREs  Strangers. 

oil  I'ecolier  pent  appliquer  les  principes  qu'il  vient  d'apjiren- 
dre,  ct  saisir  facilement  les  difftrences  des  deux  idiomes. 
L'auteur  fait  un  ogal  usage  de  la  traduclion  de  I'anglais  en 
francais  et  du  francais  en  anglais;  et  en  cela,  il  prouve  son 
bon  esprit,  puisqne  scs  eleves  sont  destines  a  parler  comme  a 
traduire  les  deux  langues. 

Nous  reconiinandons  celle  grammaire  aux  Anglais  qui  ai- 
ment  notre  liltcrature,  en  desiranl  loutefois  que  l'auteur,  si 
cela  se  peut,  donne  plus  au  raisonnement  et  moins  a  la  me- 
moire,  qu'il  vaut  niieux  enrichir  de  beaux  exemples  que  cliar- 
ger  d'une  multitude  de  mots  et  de  regies.  B.  J. 

11.  —  *  Tales  of  the  O'Hara  family,  etc.  —  Contes  de  la 
famille  O'Hara.  Londres  ,  iSaS;  Simpkin  et  Marshall.  3  vol. 
in-8°;  prix  ,  i  L.  1 1  sh.  6  p. 

12.  — *  The  Boyne  Water,  etc.  —  La  Boyne-Water;  par  la 
famille  O'Hara.  Londres,  1826;  Simpkin  et  Marshall.  3  vol. 
in  8";  prix,  i  L.  11  sh.  6  p. 

Le  premier  de  ces  deux  ouvrages  a  ete  publie,  il  y  a  pres 
d'une  annee  ;  le  second  vient  de  paraitre.  L'un  et  I'aulre  sont 
d'un  grand  interet;  ils  contiennent  des  peinlures  de  moeurs  et 
de  caracteres  que  peu  d'auteurs  contemporains,  exceple  Wal- 
ter Scott,  etaient  capables  de  tracer. 

On  compte  maintenant  en  Europe ,  ou  au  raoins  en  Angle- 
terre,  deux  ecoles  de  roreans.  L'une  et  I'autre  ont  une  origine 
moderne,  et  l'une  et  I'aulre  ont  atteint  une  etonnante  perfec- 
tion. La  premiere,  la  plus  richeet  la  plus  brillante,  a  produit 
des  ouvrages  comparables  aux  plus  beaux  chefs  -  d'oeuvre  du 
regne  d'Elisabeth  ,  c'est  I'ecole  de  WaverUy.  La  seconde, 
d'nne  origine  encore  plus  recente,  est  I'ccole  de  Mathilde  et 
de  Vivian  Grey.  Celle  -  ci  a  plus  danalogie  avecles  ecrits  du 
siecle  passe  ,  et  tout  ce  qui  la  distingue  des  ouvrages  de 
M™e  d'Arblay  (  Miss  Burnett),  par  exemple,  est  moins  la  su- 
perioriie  du  talent,  qu'une  graiide  diffi-rence  dans  les  moeurs 
qui  s'y  Irouvent  representees.  II  n'y  a  presque  aucune  ressem- 
blance  entre  la  society  d'aujourd'hui  et  celle  de  la  fin  du 
xviii*  siecle.  II  doit  done  n'y  avoir  que  peu  de  rapports  entre 
les  romansde  cette  epoque  et  ceux  de  nos  jours. 

Les  ouvrages  de  l'auteur  ou  des  auteurs  de  la  famille  O'Hara, 
apparliennent  a  la  premiere  de  ces  deux  ecoles,  a  cette  classe 
de  romans  qui  a  produit  les  Puritains  d'Ecosse  et  la  Fiancee  de 
Lximmermoor.  Quoique  meles  de  dissertations  polltiques,  les 
deux  contes  de  la  famille  O'Hara  sont  tres-inlercssans.  On  y 
trouve  de  I'impartialite  sans  indifference,  et  du  liberalisme 
sans  exageration.  La  Boyne -fVnter   est  encore  plus  remar- 


GRANDE-BRETAGNE.  i.»^ 

quable.  L'esprit  en  est  excellent,  le  style  plus  flenri,  et  I'on  y 
trouye  des  tableaux  plus  poetiqiies  et  plus  animes.  Maisl'au- 
teur  est-il  torijours  exact  dans  ses  details  historiques  ?  Son  por- 
trait de  Guillaume  est  ressembiant  ;  inais  celui  dc  Jacques 
n'est-il  pas  trop  flatte?  Quoiqiie  favorables  en  tous  points  a 
roinancipalion  des  calholiques  d'Irlande  ,  nous  ne  sommes 
nullereent  disposes  a  accrcdiler  des  assertious  mensongeres  , 
telles  que  celle-ci :  Ic  dernier  prince  de  la  dynastie  des  Stuarts 
n'avait  en  vue ,  dans  sa  conduile  religieuse ,  que  d'assurer  a 
tous  la  liberie  de  conscience,  et  dans  sa  conduite  politique, 
que  la  conservation  des  seules  prerogatives  que  lui  accordait 
la  constitution.  L'auteur  ne  se  rappelle  done  pas,  lorsqu'il 
nous  parle  des  droits  du  trone ,  droits  qui  ne  furent  point 
contestes  ,  si  ce  n'est  par  les  revolutionnaires  du  tems  de  Char- 
les I",  que  le  renversement  des  Stuarts  ne  fut  point  le  resullat 
d'une  telle  contestation?  N'a-t-il  pas  ete  prouve,  specialeraent 
par  M.  Brodie,  que  la  grande  lutte  d'Elliot  et  de  Hampden 
contre  Strafford  et  Laud,  des  partisans  dela  constitution  contre 
la  tyrannic  des  gens  de  loi,  de  la  nation  anglaise  contre  Char- 
les P"",  n'etait  que  la  consequence  deplnsieurs  sicclesde  tyran- 
nic. Et  d'ailleurs,  quelles  qu'aient  ete  les  prerogasives  confe- 
rees a  Jacques  par  les  staluls,  devait-il  s'en  prevaloir  pour 
elablir  le  pouvoir  absoiu  ?  Quelle  puissance  humaine  avail  pu 
accorder  a  un  roi  la  faculte  de  regir,  selon  son  bon  plaisir,  la 
nation  confiee  a  sa  garde  ,  et  lui  donner  le  pouvoir  d'aneantir 
les  droits  les  plus  sacres  ,  ceux  sur  lesquels  reposent  les  bases 
de  la  societe  civile  ? 

Quoique  nous  differions  d'opinion,  sur  plusieurs  points, 
avec  l'auteur  de  Boyne-fFater ,  il  n'est  personne  que  nous 
soyons  nioins  disposes  a  critiqner.  On  irouverait  difficilement 
dans  un  ecrivain  plus  de  tolerance  et  de  candeur ;  et  Ton  quitte 
avec  plaisir  les  ecrits  fanatiques  de  bigots  intolerans  ou  les 
pamphlets  de  radicaux  incendiaires,  pour  des  ouvrages  sembla- 
bles  a  ceux  de  la  Famille  O'Hara. 

Nous  avons  longiiement  parle  des  principes  poliliques  mani- 
festesdans5ojne-//^arfr;onse  tromperaitbeaucoupneanmoins, 
si  Ton  croyait  que  la  politique  ,  maliere  peu  interessante  pour 
les  lecleurs  de  romans ,  a  envahi  toutes  les  pages  de  celui-ci. 
Quelques-unes  des  descriptions  sont  un  peu  longues  •,  quelques 
portraits  de  personnages  secondaires  manquent  de  verite,  et 
plusieurs  incidens  places  dans  le  premier  volume  pourraient 
etre  relranches  sans  inconvenient.  Mais  ,  a  part  ces  legeres 
taches,  combien  de  tableaux  et  de  recits  dignes  d'admiration. 
Les  principaux  caracteres  sont  peints  avec  talent ,  le  genie  du 


ia4  LIVRES  STRANGERS, 

narrrateur  crott  avec  Timporfance  de  son  siijet,  et  il  serait 
difficile  de  trouver  des  descriptions  plus  animecs  et  plus  inte- 
ressanies  que  celles  de  la  bataille  de  la  Boyne ,  etde  la  sortie 
de  Limerick  :  elles  rcssemblent  a  celles  qu'on  doit  a  la  plume 
de  I'auteur  do  Waverley.     R.  R.,  de  VXJniversitc  de  Cambridge. 

Revue  sommaire  des  recueils  periodiques  sur  les  sciences  ,  les 
lettres  et  les  arts,  piiblies  dans  la  Grande-Brelagne.  — 
Neuvieme  article.  (  Voy.  Re\'.  Enc,  t.  x.wi ,  p.  767-770, 
t.  xxviii,  p.  i49-i5G,  799-80/1;  t.  XXIX,  p.  141-148, 
463-468  et  747-756,  et  xxx,  p.  121-126,  et  p.  419-424-) 

JOURMAUX    HEBDOMADAIRES. 

Nous  avons  deja  fait  connaitre  a  nos  lecteurs  les  cent  et 
quelques  recueils,  mensuels  et  trimestriels ,  qui  se  publient 
dans  la  capitale  des  Irois  royanmes.  Arrives  aux  journaux  lieb- 
domadaires,  nous  avons  fourni  la  nioitie  de  notre  carriere,  non 
la  plus  difficile,  mais  la  plus  longue  et  la  plus  brillante.  On 
Me  trouvera,  dans  \es  Jeuillcs  quotidiennes  et  dans  les  recueils 
hebdoinadaires ,  ni  celle  instruction  solide  que  Ton  jiuisedans 
les  deux  ouvrages  periodiques  :  le  Journal  des  sciences ,  public 
par  V Institution  royale  de  la  Grande-Bretagne ,  et  le  Maga- 
sin  philosophique  de  Richard  Taylor  ;  ni  cetle  profondeur  de 
vues,  cette  justesse  de  critique  que  Ton  admire  dans  la  Revue 
d'Edimbourg  et  dans  la  Revue  mensuelle ;  ni  ineme  celte  va- 
riete  de  sujets  jointe  a  cette  eK'^jance  de  style,  que  Ton  aime 
dans  le  Magasin  triincstrielmet-ropolitain  ,  et  dans  le  Nouveau 
Magasin  mensuel.  Les  feuilles  quotidiennes  n'ont  rien  de  com- 
raun  avec  ces  differens  ouvrages  :  c'est  nn  autre  genre  et  un 
autre  plan.  Les  recueils  hebdomadaires,  differens  par  le  fonds, 
leur  rossembler.t  par  la  forme  et  par  les  resullats  qu'ils  produi- 
sent ;  mais  toutes  ces  sorles  de  journaux,  quel  que  soit  le  ta- 
lent de  leurs  redactenrs  ,  ont  chacune  leiir  ntilite  particuliere. 
«  Maintenant,  (  pour  nous  servir  des  expressions  de  M.  Brou- 
gham )  que,  d'uu  bout  de  I'Angleterre  a  I'autrc ,  artisans, 
charretiers  et  meme  garcnns  de  chairue,  tout  le  monde  sait 
lire  el  ccrire  ,  ({ue  des  niiliiers  d'entre  eux  suivent  des  cours  , 
et  que  des  centaines  de  milliers  lisent  les  gazettes, »  il  serait  ab- 
surde  de  proscrire,  avec  la  Revue  d'Edimbourg  ,  !a  masse  tout 
enliere  des  journaux  hebdomadaires,  et  injuste  de  repeter  , 
avec  la  dedaigneuse  Ecossaise  ,  que«  ces  roluriers  de  In  presse 
pcriodique  ne  constituent  quune  classe  insignifiante ,  un  cata- 
logue incowplet  d'ouvrages  ,   un  tas  d'insectes  litteraires  qui 


i 


GRANDE -BRETAGNE.  12  5 

meurent  inapercus ,  etouffes  par  dcs  ecrits  plus  iinportans  «  (i). 
Car  les  jouinaux  a  trois  pence  (six  sous  rfe  France) ,  sontaiissi 
utiles  et  aussi  necessaires  aux  artisans  et  aiix  pauvres  laboii- 
leurs,  que  les  recueils  a  six  shellings  [  sejU  francs  et  plus  )  le 
sont  aux  savans  et  aux  riches  citadins. 

On  irouve,  en  Angleterre,  comme  en  France,  plusieurs  de 
ces  liommes  que  peint  fidelenient  la  Revue  d'Ediinbourg , 
«  semblables  aux  chouettes  et  aux  aiitres  aniruaux  de  nuit  et 
de  rapine,  nes  seulement  pour  les  lenebres  et  (jui,  sachant 
qu'avec  la  clarle  du  jpur  finiront  leur  dominalinn  et  leur  bri- 
gandage »  (2]  voudraiient  refuser  rinstruction  anx  artisans  et 
les  reduire  a  Tetat  de  la  machine  avengle  qui  serl  a  becher  ou 
a  ramer,  ou  de  la  bete  de  somme,  stupidement  courbee  sous  le 
poids  de  son  fardeau.  Ce  sonl  eux  qui  se  reci  icnt  contrc  I'cta- 
blissement  de  la  nouvelle  universite  de  Lor.dres  (':5);  ce  sont 
eux  qui  poursuivent  de  leurs  outrages  les  philantroi>es  qui 
veulent  relever  par  rinstruction  I'intelligence  humaine  ,  si 
long-tems  abatardie  par  Tignorance,  les  prejuges  et  le  fana- 
tisine  (4);  ce  sont  eux  enfin  que  Ton  voit  au  premier  rang 
parmi  les  adversaires  de  I'affranchissement  dcs  noirs  et  de  I'e- 
mancipation  des  catholiques  d'Irlande  (5). 

Cris  impuissans,  fareurs  bizaries! 
Tandis  que  ces  nionslres  barbares 
Poussaient  d'lnsolenles  clanienrs, 
Le  Dieu ,  poursuivant  sa  carriere , 
Versait  des  toncns  de  lumiere 
Sar  ses  obscuis  blasphemateurs. 

Lefranc  de  Pompignan. 

Les  ouvrages,  lels  que  ceux  auxquels  nous  consacrons  eel 
article,  (lesjournaux  hebdomadaires  qui  tiaitent  des  sciences 
et  des  arts  )  ne  sont  pas  un  objet  de  sp;Jculation.  Les  ouvriers 
forment  cnlre  eux  des  reunions  studieuses,  oii  le  tems  du  re- 
pos  est  employe  a  les  lire  :  on  les  medite,  on  les  comraente,  on 
les  etudie.  Loin  que  ces  reunions  excitent  aucune  defiance  de 
la  part  de  raulorite,  elles  sont  encouragees  i)artout;  ce  n'est 

(1)  Revue  d" tdimhourg ,  N°  76,  p.  369. 
(a)  Revue  d'Ediinbourg,  W  86,  p.  3i6. 

(3)  The  Quarterly  Review,  N"  65. 

(4)  Lettre  a  SI.  Brougham,  montrant  combien  ii  est  inutile,  absarde 
et  iinpolitiqne  d'enseigner  aux  artisans  et  anx  laboureurs  les  sciences 
chimiqaes  et  mathematiques,  par  le  reverend  G.  Wright.  Londres,  1856. 
Brochure  in-8°. 

(5)  Blackwood  MagiTsine ,  N°  d'octobre  i8a5.  —  John  Bull. 


laf)  LIVHES  ETR ANGERS. 

|)as  de  lenr  sein  que  sortcnt  les  briseurs  de  machines  et  Ie» 
liommcs  turbulens  qo'il  faut  conldnir  ])ar  la  force.  Malheurcu- 
senient,  la  nation  anglaise  rst  ])cut-etre  la  seule  qui  puisse 
nietlrc  en  praliqiic  cet  excellent  moyen  d'enscignement.  La 
classe  laborieuse  y  est  preparee  pai'  une  inslruclion  ])lus  elen- 
due  et  plus  generale,  qii'on  ne  lui  a  pas  refusie.  Sur  le  conti- 
nent europeen ,  quelques  parties  de  rAliemagne  formeraient 
aiissi  avec  succcs  des  associations  poui'  les  progrcs  iiileliectueh 
des  ouvriers,  et  les  savans  de  ces  pays  sont  exerces  depuis 
long-tems  a  rediger  des  ouvrages  61ementaires  de  technologie. 
En  Fiance,  le  secours  des  ecoles  publlqucs  d'arts  et  metiers  , 
aux  frais  du  gouvernement,  nous  est  indispensable,  si  nous  ne 
voulons  pas  rester  en  arriere  de  I'industrie  europeenne.  Depuis 
quelque  lems,  les  sciences  industrieiies  y  recoivent  de  puissans 
encouragemcns.  Les  savans  se  sont  enfin  occnpi'-s  de  la  classe 
ouvriere.  M.  Charles  Dupin  el  ses  emules  oat  fait  naturaliser 
dans  les  principales  villes  ces  institutions  d'artisans  qui ,  sous  le 
nora  de  Mechanics'  Institutions ,  produisent  en  Angleterre  de 
siheureuxresultats.Mais  troppetidetemss'est  ecoule depuis  que 
la  France  est  entree  dans  la  voie  des  perfectionncmens  indiis- 
triels,  y)our  qu'on  puisse  juger  des  progres  que  ce  systeme  a 
fait  faire  a  la  classe  laborieuse  de  la  nation. 

Sciences  et  Arts. 

i3.  —  *  The  scientific  Gazette,  etc.  —  Gazette  des  sciences  , 
n°  2.  Londres,  9  juillet  1826.  Thomas  Boys.  In-4'',  1  feuilles 
d'impression,  avec  pi.  et  grav.;  prix,  8  pence  (4  decimes). 

Redigee  par  ptusieurs  membres  de  la  Societe  des  ingenieurs 
civils  de  Londres  et  sous  la  direction  de  M.  C.  F.  Partington, 
aiiteur  d'un  grand  nombre  d'ouvragcs  cstimes  sur  les  sciences 
mecaniques,  la  Gazette  des  sciences  etait  le  journal  hebdo- 
inadaire  le  plus  important  et  le  mieux  ecrit  qui  se  publiat  en 
Angleterre.  «]Votrc  intention,  disaient  lesredacteurs, estd'oflVir 
le  tableau  de  I'etat  present  et  progressif  do  la  science,  chez 
nous  et  dans  les  pays  etrangei's.  Nons  avons  pris,  a  cet  effet, 
des  arrangemens  avec  differens  professeurs  distingues,  alle- 
mands,  francais  etnalionaux;  et  nous  esperons  qu'on  trouvera 
reunis  dans  notre  gazette  tows  les  fails,  toutes  les  inventions, 
toutes  les  decouvertes  qui  peuvent  intcresser  les  sciences  et  les 
arts.  »  Ces  promesses  onl  ete  remplies;  compose  sur  le  plan 
du  Journal  des  sciences  de  Tinstitulion  royale  de  la  Grande- 
Bretagne,  mais  paraissant  a  des  epoques  beaucoup  plus  rap- 
prochees ,  le  recueil  de  M.  Partington  etait,  comrae  rannon- 
cait  son  second  titre  ,  une  bihliotheqiie  complete  de  chimie ,  de 


GRANDE-BRETAGNE.  127 

matMinatiques ,  de  geographic  el  de  mecanique  ,  dans  laquelle 
les  d^couverles  les  plus  nouvelles  elaicnt  lonjouis  decrites  avec 
soin  ,  et  qui  ne  prcsentait  pas,  comme  le  journal  ledige  par 
M.  Brande,  ces  preventions  nationales,  aussi  contraircs  aux 
progres  de  la  science  qu'elles  le  sunt  a  la  juslice  et  a  la  liberie. 
Aussi,  tandis  que  le  numcro  de  juillet  de  ce  dernier  journal 
(Y.Her.  EriQ.,  t.  xxvii,  p.  768)  contenait  une  crjlique  aussi 
amere  que  mal  fondee  des  principaux  ecrits  dc  M.  de  Humboldt, 
le  numero  de  juillet  de  la  Gazelle  des  sciences  donnait  des 
cloges  merites  aux  travaux  de  cet  illusire  voyageur. — Pourquoi 
depuis  quelques  mois  la  publication  de  celte  cxcellenle  feuille 
a-t-elle  ete  discontinuce?  Le  prix  en  etait  trop  eleve  et  le 
format  trop  pcu  portalif  pour  devenir  le  vade  mecum  de  I'ar- 
tisan.  —  Nous  la  mentionnons  cependcnt,  parce  que  nous  avons 
lieu  de  croire  qu'elle  reparaitra  bienlot  sous  tine  forme  plus 
convenable  et  a  un  prix  plus  modcre. 

1 4- — *  The  London  mechanics'  register,  etc, — Le  Registre  des 
artisans  de  Londres,  n°  83.  Londres,  22  avril  1826 ;  Gifford. 
In-8°  d'une  feuille  imprimee  sur  deux  colonnes,  avec  gravurcs 
et  planches;  prix,  3  pence  (3  decimes). 

i5.  —  *  The  Mechanics'  magazine ,  etc.  —  Le  Magasin  des 
artisans,  n°  i35.  Londres,  aS  mars  1826;  Knight  et  Lacey. 
In-8°  d'une  feuille,  imprimee  sur  deux  colonnes,  avec  gra- 
vures  et  planches;  prix,  3  pence. 

16.  —  *  Register  of  the  arts  and  sciences,  etc.  —  RegisUe  des 
arts  et  des  sciences,  n°  69.  Londres,  22  aviil  1826;  Cowre. 
In-80  d'une  feuille  avec  gravures  et  planches;  prix,  4  pence. 

Ces  trois  recueils  sc  ressemblent  et  par  la  forme  de  leurs 
cahiers  et  par  les  matieres  dont  ils  traitent.  lis  sont  principa- 
lement  destines  a  la  classe  ouvriere:  le  mode  de  leur  publica- 
tion, la  modicite  de  leur  prix,  la  clarte  des  definitions  et  des 
explications  que  Ton  y  donne,  et  jusqu'a  cetle  espece  de 
correspondance  entretenue  enlre  leurs  editeuts  et  le  public, 
au  moyen  de  laquelle  sont  demandees  et  resolues  mille  ques- 
tions relatives  aux  arts  et  aux  sciences,  tout  a  contribue  a 
rendre  ces  feuilles  excessiveraent  pojiulaiies.  «  Le  tems  est 
arrive,  dit  le  London  mechanics'  register,  dans  la  preface 
]>lacee  en  ttte  de  son  troisieme  volume,  oil  11  est  aussi  sjjperflu 
de  vouloir  prouver  les  avantages  resultant  de  la  diffusion  des 
connaissances  scientlfiqnes  parmi  les  classes  productives  de  la 
societe ,  que  de  s'efforcer  de  montrer  la  superiorite  d'nn  pays 
cullive  el  feriile  sur  des  contrces  inculles  el  barbares.  L'expe- 
rience  des  deux  ou  trois  dernicres  annees,  ajoute-t-il,  a  etabli 
d'une  maniere  convaincante  les  bienfaits  de  I'instruction ,  et 


128  LivRES  Strangers. 

celtc  foule  qui  remplit  chaque  joui'  I'amphithealre  de  I'insti- 
tution  des  artisans  de  Londres  {^ihe  London  mechanics'  insti- 
tution) et  qii'on  y  voit  leclieiclier  ies  nombreux  ccrits  jxjrio- 
diques  ptiblics  sur  Ies  arts  et  Ies  sciences,  prouve  i'heureuse 
impulsion  donnee  aux  esprils  et  Ies  progres  iiitellectuels  des 
classes  ouvrieres  de  cette  capitale.  » 

Le  London  mechanics'  register  doit  elre  ])lacc  a  la  tete  de  ces 
journaux,  <i  bon  marche ,  qui  ont  si  puissamnient  contribtie 
a  faire  aimer  et  cultiver  !es  sciences  par  Ies  arlisaiis.  Depuis 
son  etablissemeiit,  il  a  offerl  a  ses  lecleurs  des  analyses  inslruc- 
tives  de  jilusieurs  cours  de  mecanique,  de  cliiniic,de  physique, 
de  geogiaphie,  etc.,  fails  a  rinstitulion  des  artisans  de 
Londres.  Le  sccoi-.d  volume  de  ce  recueil  contientune  liistoire 
complete  des  machines  a  vapeur,  dans  laquelle  M.  Partington 
decrit  et  applique,  a  I'aide  de  planches  ,  ce  merveilleiix  agent 
du  au  genie  de  Watl.  Le  83^  numero,  que  nous  avons  sous  Ies 
yeux,  et  qui  termine  le  troisieme  volume  de  la  collection,  con- 
tient  I'analyse  de  la  seconde  seance  du  cours  d'aslronomie  fait 
par  M.  Wallis  a  I'inslitution  de  Londres;  le  raj)port  de  la  de- 
couverte  faite  par  le  capilaine  Henry  Kater,  d'apparences  de 
volcans  sur  la  surface  de  la  lune;  une  lettre  sur  I'utilile  de  la 
botanique,  et  divers  autres  articles  et  renseignemens. 

Le  Mechanics'  magazine  est  plus  ancien  (|ue  le  ])recc- 
dent;  il  a  pres  de  Irois  ans  d'existence,  et  c'est  a  lui  qu'ap- 
parlient  la  gloire  d'avoir  le  premier  appele  I'altention  des 
artisans  de  Londres  sur  rimportance  de  I'etude  des  sciences 
et  des  arts.  C'est  par  lui  et  par  le  Mechanics'  magazine , 
pnblie  a  Glasgovs' ,  que  Ies  notions  scientifiques  ont  cle  dis- 
seujinees  et  propagces  parmi  Ies  individus  de  la  population 
laborieuse  des  trois  royaumes.  Comnie  le  London  mechanics' 
register,  le  Mechanics'  magazine  est  rcmnji  de  details  interes- 
sans  sur  Ies  nouvelles  inventions,  de  discussions  sur  I'avantage 
des  methodes  nouvelles  et  des  ])erfectionneinens  en  tout  genre. 
C'est  une  espece  de  bureau  de  consultation  ou  Ton  repond  a 
toutes  Ies  demandes  qui  peuvent  interesser  differentes  branches 
de  I'induslrie.  11  consnere  moins  d'espace  que  le  London 
mechanics'  register,  aux  Iravaux  des  societes  savantes;  et ,  s'il 
a  le  nierite  d'etre  venu  le  premier,  son  rival  a  I'avantage  de 
montrer  plus  de  talent  et  d'avoir  pour  patron  cl  pour  colla- 
boratcnr  rillnstre  D''  Birkbeck.  Les  deux  piincipaux  articles 
du  i35®  numero  du  Mechanics'  magazine  sont  la  description, 
avec  gravure,  d'uii  nouvel  echafaudage  pour  servir  a  reparer 
I'interieur  des  domes  et  quelqucs  nouvelles  idees  sur  les 
constructions  des  batimcns  de  mer. 


GRANDE-BRETAGNE. 


129 


Le  Register  of  arts  and  sciences  esf  redige  sur  le  meme  ])lan 
que  la  Gazette  scierttifique ,  mais  siir  unp  plus  j)etile  c'chelle. 
A  la  difference  des  tleux  feuiiles  prec(-den!es,  il  s'occupe  pintot 
de  decjiie  les  nouvelles  decouvertes ,  que  de  disculerel  d'ap- 
profondir  les  ])rincij)cs  theoriques  des  i.rts.  Trois  planciies, 
f;ravees  sur  Lois  avec  assez  de  nellete,  sont  joinlcs  a  son 
69^^  nuniero.  L'une  reprcsente  un  riouvtl  apparei!  pour  la 
distillation  et  re\nj>oralion  des  liquides  ;  cf  la  seconde,  une 
nouvelle  luachiiie  a  vapeur,  new  gaz power  engine.  On  y  donne 
aussi  I'analyse  de  la  troisieiiie  lecon  du  cours  d'astrononue  de 
M.  AVallis  et  (jiielrji'es  nouvelles  scientifiques,  pnisees  dans  les 
journaux  anglais  et  etrangers. 

17. —  *  Essays  and  Gleanings  on  naval  arrhitec.ture  ,  etc. — 
Essais  sur  rarchilectnre  navale  et  I'cconoinie  nautique.  N°  g ; 
Londies,  avril  i8a6  ;  Slierwood.  In-8°  d'uue  feuille  avec  plan- 
ches el  gravnres;  prix,  6  pence. 

Lesredacteurs  out  piis pouri'pigraplie  cetaxionie  desir  Wal- 
ter Raleigh  :  '■  Quiconque  est  niailre  de  la  mer  ,  est  le  rnaitre  du 
commerce  :  quiconque  est  u^aitre  du  commerce  du  monde,  est 
le  maitre  des  richesses  du  monde,  ef,  par  consequent,  du  monde 
lui-merae.  »  Ce  recueil  est  S[iecialement  consacrc ,  comme  son 
titre  rindique  ,  a  tout  ce  qui  concerne  la  science  de  la  naviga- 
tion. Ses  precpdens  caiiiers  coutenaicnl  des  instructions  sur  la 
construction,  rarraeiuent,  le  grc'ement  des  vai-seaux  et  des 
donnces  sur  la  force  navale  des  grandes  puissances  de  I'Eu- 
rope.  On  y  traduissitun  morceau  de  M.  De  Pradt,  sur  les  pos- 
sessions inaritinies  de  I'Angleterre,  avec  un  chapitre  (continue 
dans  ce  ^f  cahier  )  de  I'ouvrage  de  M.  Charles  Dupin,  et  dans 
lequel  notre  savant  collaborateur  decrlt  les  differens  arsenaux 
de  I'Angleterre.  Nous  avons  extrait  le  tableau  suivant  du 
9*  numero,  page  i32. 


NOMS    DES   ARS.ENAUX. 


Deptford.  . 
Woolwich.  . 
Chatham.  . 
Sheerncss.  . 
Portsmonth. 
Plymouth.  . 
Pembroke.    . 


TOTAUX. 


14  ■ 
36 


3S 
24 


192 


OUVRIERS. 


i,5oo 

2,060 

2,o5o 
800 

4,000 

3,000 

5oo 

13,910 


CHANTIERS. 

EASSINS. 

_„ 

__ 

.'> 

3 

5 

3 

5 

4 

» 

3 

(\ 

8 

5 

4 

12 

2 

38 

27 

T.  xxsi.  —  Juillet  iSoifi. 


(^o  UVRES  feTRA.NGER.S. 

On  pent  se  former  ime  idee  de  I'inimensite  (iu  commerce  an 
glais ,  Inrsqtie  Ton  considere  (|ue  celiii  de  Londres  seul  emploic 
plus  do  3,5oo  nnvires  ct  (pie  le  nombre  de  batimens,  qni  en- 
frent  anntiellement  dans  le  port,  s'eleve  a  plus  de  ii,5oo.  On 
peut  calculer  qu'il  y  a  commiineinent  dans  la  Tamise  i  ,ioo  na- 
vircs  et  8,419  barques  employees  pour  ciiarger  oil  decharger 
ces  navires  ;  2,288  batimens  employes  an  commerce  de  Tinte- 
rieur,  et  3, 000  pelits  bateaux  pour  le  transport  des  passagers. 
A  ractlvil^  de  cetie  scene  que  presente  le  port  de  Londres  ,  il 
faut  ajouter  environ  8,000  bateliers  pour  la  navigation  des 
petils  esqiiifs  ;  lf,oao  ouvricrs  occupos  au  chargeinent  et  au 
dcchargement  des  vaisseaux;  i  ,200  employes  appartenant  aux 
douanes,  etc.;  enfin  ,  I'equipage  des  nombreux  vaisseaux  en 
station  dans  la  riviere.  Cetle  scene  reinplit  un  cspace  de  six 
milles,  a  coinmeocer  de  deux  milles  au-dessus  justpi'a  quatre 
inilles  au-dessous  du  pent  de  Londres,  c'est-  a-dire,  depuis  le 
pont  de  Wetsminslerjusqn'a  Lime-House.  Ce  recucil  parait  tous 
les  quinze  jours, 

18.  The  Lancet,  etc.  — La  Lancelte,  N°  i38.  Londres, 
avrll  1 826.  Strand,  N°  210.  In- 8"  de  deux  feuilles,  impriraees 
siir  deux  colonncs  ;  j^rix  ,  8  pence. 

ig. —  The  rnedrcnl .-Jdviser,etc. — Le  Conseiller medical,  N"  43. 
Londres,  22  avril  1826.  John  Williams.  In  8"  de  deux  feuilles, 
imprimees  sur  deux  colonnes,   avcc  gravure  ;  prix  ,  6  pence. 

Des  I'apparition  du  premier  de  ces  recueils,  un  cri  d'indigna- 
tion  s'(51eva  contre  !ui.  Redige  avpc  talent,  dcmasqnant  avec 
courage  le  charlatanisme  des  praliciens  anglais  de  la  vieille  ecnie, 
il  souleva  contre  liii  presque  toute  la  gent  inedicaic  ,  mcdecins, 
chiriirgiens ,  apotliicaires  ;  ce  fut  un  decliainement  general. 
II  rcsista,  et  soutenu  par  des  coUaboratcurs  liabile.s,  il  Iriom- 
pha  des  attaques  que  lui  livraient  les  defenseurs  des  prejuges 
et  de  la  routine.  On  doit  applaudir  aux  ameliorations  que  la 
Lancetteyeut  apporter  dans  la  medeclne;  mais  on  doit  blarner 
lespersonnalites  (ju'elle  se  permet  dans  sa  polemique  medicale. 
Pourquoi  ses  violentes  at!ac]ues  con  I  re  le  CtHebre  Abernelhy  , 
savant  cliinirgien  anglais?  Pourquoi  surtout  ses  injures  contre 
la  plupart  des  ])rofesseurs  dont  elle  stcnngrapbie  les  coiirs? 
La  Lancette  s'cst  forme  une  nombrense  clieniellc.  Nous  loue- 
rions  sansrestriction  ce  recueil,s'il  resseinblait  un  peu  inoins,  par 
Id  grossierete  desonlangage,  au  fameux  Blnchivood Magazine. 

C'est  anx  gens  qui  s'occnpent ,  par  profession,  de  mede- 
cine,  qu'eldit  destine  le  recuell  precedent  ;  c'est  aux  per- 
sonnes  qui  ne  s'orcupent  de  medecine  que  pour  leur  propre 
usage  que  le  Medical  advertiser  est  adress^.  C'est  un  abrege  de 


GRANDE-BRETAGNE  —  RIISSIE.  i  ^i 

la  modecine  domeslique  de  Buchiin;  c'csl  un  vade  mecum 
hebdomadaiie ,  cjui  traite  dcs  differens  raaux  qui  peuvent  af- 
fliger  I'espece  Jiumaine  et  qui  doniie  pour  lous  des  indicalions 
dc  Iraiteinens  et  des  recetles.  Ce  Journal  coule  six  decimes  par 
ciaJiier,  et  la  possession  d'un  cahier  confere  a  I'acheteur  le  droit 
d'obtenir,  sur  toutcs  les  especes  de  maladies,  des  consultations 
gratuites  du  coraito  de  redaction  de  ce  journal. 

"  Nos  souscripleuis,  est-il  dit  sur  la  couverlure ,  pourront 
recevoir  des  avis  gratis,  soil  jiar  reponse  inseree  dans  le  jour- 
nal njeme,  soit  par  correspondance  particnliere,  et  cela ,  en 
s'adressant  a  I't'diteur  par  lettre  caclietee,  et  par  I'interme- 
diairc  du  Jibraire  qui  a  fait  I'abonncment. «  l^e  Journal phi- 
lomatique  [\\\c  pbilomatic  Journal,  cahier  de  Janvier  1826, 
j)age  219)  reprcsente  ce  recueil  coraiue  propre  a  troniper  le 
peuple,  et  coinme  une  oeuvre  de  charlatanisme.  Cette  opinion 
nous  parait  beauconp  trop  severe.  Frederic  Degeorge. 

(  Cetle  Revue  desjournaux  anglais  sera  continuee ). 

RUSSIE. 

20.  —  Description  des  jjonts  en  chaines  executes  a  Saint- 
Petersbourg ^  en  1824,  sous  la  direction  de  S.  A.  R.  le  due 
Alexandre  de  Wurtemberg,  par  G.  de  Traittedr  ,  colonel 
dri  cor[)s  des  ingenicurs  des  voies  de  communication  ,  chevalier 
de  plusieurs  ordres.  Saint  Petersbouig,  j825;  iinprimerie 
des  voies  de  communication.  Iii-/)°  de  vii  el  74  p.  avec  atlas. 

Cette  description  offre  un  grand  nombre  de  details  inle- 
ressans  sur  la  construction  de  deux  ponts  suspendus  en 
chaines,  acheves  I'annee  derniere  et  situes,  I'un  sur  la  Fon- 
tanha,  I'aulre  sur  la  Moiha,  caaaux  qui  font  passer  par  la 
nouvelle  vllle  une  partie  des  eaux  de  la  Neva.  Cos  pouts  sont 
aussi  solides  qu'elegans,  et  les  frais  de  construction  n'ont  pas 
<5te  tres-considerables,  puisqne  le  grand  pont  etabli  sur  la 
Fonlanka,  qui  a  124  pieds  d'ouverlure  et  35  d^  largeur,  n'a 
coute  que  160,000  fr. ,  et  celui  des  pietons  sur  la  Moika , 
environ  i5,ooo  fr.  Le  colonel  de  Traitteur  donne,  a  cette  oc- 
casion, des  renseignemens  curieux  sur  le  moJe  pratique  en 
Russie  pour  ces  sortes  de  constructions,  sur  les  malerianx 
a  employer  et  les  mesnres  prealables  necessitees  par  le  lerraiii 
oil  d'autres  circonstances  locales.  L'atlas  qui  accompagne  cette 
brochure  se  compose  de  neuf  planclies  lithogiaphiees.  Parmi 
les  plans  qu'elles  representent,  nous  avons  remarque  le  sidero- 
metre,  machine  desfinee  a  faire  connaitre  la  force  des  fers. 

21.  —  Recueil  de  voyages  ciiez  les  Tatars  et  autres  peuples 


i32  LIVRES  ETRANGERS. 

del'Orient,  dans  lex  xiu*  mv*^  et  xv"  siecles.  i°  Plan-Carpiw. 
2"  AssELiN.  Saint-Peleisbouiii,  iSaS;  imprimerie  du  Depar- 
teraeiit  de  rinstructioii  piibliqiie.  In-8°. 

L'editeur  de  cttte  collection  de  voyages  dans  I'Asie  centralc 
est  M.  Iasirof,  qui  en  public  en  meuie  tenis  nne  traduction 
russe,  faile  avec  beaucouj)  de  soiii.  I>es  relations  (ju'il  donne 
sent  toutes  connues;  inais  ce  niodesle  et.  laborieux  savant  a 
jugo  mile  de  les  repandre  davanlage  en  Russie,  oil  elles  peu- 
vent  contribuer  a  tlt'bioiiiller  riiisloiie  nalionale  pendant  Ja 
domination  des  Mongols  ,  ijui  ont  si  long-leins  occupe  I'cm- 
pirc  nioscovite,  ct  dont  I'histoire  se  trouve  par  consi^quent 
eiroitenieiit  lice  a  celle  du  JVord.  II  commence  par  les  relations 
des  moines  Plan-Cakpin  et  Asselik.  Tons  deux  ineuibres  d'une 
meme  mission  envoyee,  en  124G,  par  Innocent  IV,  aupres  du 
khan  des  Mongols,  et  f(ui  ont  laisse  par  ecrit  les  rcsultats  de 
leurs  observations.  11  leur  fera  sncceder  celles  de  Rubriquis, 
de  Marc-Paul,  de  Kaiton,  de  Mandeville,  dOnERiQUE, 
de  ScHiLiiERGRR ,  dc  Clarigu,  de  Baruaro  el  de  Cuntarijni. 

22. —  *  Voiennoie  krasnoretchie ,  osnovnnnoie  na  obchihh 
natchalakh  sloyesnosli.  —  r»lietori((iie  niilitaire,  basee  sur  les 
elemens  generaux  de  la  litterature,  avec  un  Recueil  d'exemples 
de  ditferens  genres.  Par  M.  Jacques  Tolmatchef,  professeur 
ordinaire  a  TUniversite  iuiperiale  de  Saint-Pelersbourg ;  ou- 
vrage  public  aux  frais  <lu  gouveruenient  et  dedie  a  i>.  M. 
I'empereur  Nicolas  Pavlovitch.  Saint- Petersbourg,  1826; 
Smirdine.  Tiois  parlies  in-8",  dont  la  i''*  de  170  p.,  la  i*'  de 
120  p.  et  la  3""  de  162  p.  ;  prix,  10  roubles. 

L'inslructiou  publique  dans  les  ecoles  ]>ossede  depuis  quel- 
ques  annees  un  assez  grand  nombre  debons  livreselemeiitaires 
en  langue  russe,  et  ce  nombre  augmente  journeliemenl. 
Celul  que  nous  annoncons  merite  d'occiiper  parrai  eux  une 
place  tres-dislinguee,  et  son  utilite  est  deja  reconnue.  II  est 
destine  sijecialement  aux  jeunes  militaires  (|ui  recoivent  leur 
education  a  I'Ecole  des  enseignes  de  la  garde,  et  I'auteur  a 
rendu  a  cet  ctablissement  et  a  tons  les  auues  du  meme  genre 
un  veritable  service,  en  publiant  sa  Rheiorif|ue  niilitaire.  On 
sail  que  la  litterature  russe,  en  general,  possodait  depuis 
plusietirs  annees  uu  ouvrage  ties-estimable  du  aux  soins  de 
M.  Gretcli  et  qui  oft're,  en  cpiatre  volumes,  un  apercu  complet 
de  la  litterature  russe,  depuis  son  origine  jusqu'a  nosjoiirs. 
Mais  cet  ouvrage  etait  compose  sur  un  plan  peu  elementaire; 
.celui  de  M.  Tolmalchef  est  beaucoup  plus  resserrc,  e.t  con- 
vient  mieux  par  consequent  a  la  destination  qu'il  a  voulu  lui 
donncr. 


RUSSIE.  i33 

23. —  Apologui.  —  Reoueil  d'ApoIogues  en  quatrains,  par 
M.  J.  D.  Moscou,  1826.  In- 16  dc  iv  rt  121  p.  Se  ironve  a 
Saint-Petersbourg,  chez  Smiidine. 

II  n'est  pas  difficile  de  reconnaitre  soiis  ces  iritiales  le  iiom 
de  M.  Dmitrief,  du  celebic  chantre  de  lermak,  qui ,  au  grand 
regret  des  amis  de  la  litternlure  ralionnle,  a  laisse  si  long-terns 
reposer  sa  lyre.  Tout  le  mondc  sail  que  ce  jioete  ingenieux 
occupe  une  des  premipies  j)lares  sur  le  Parnasse  russe,  et  que 
ses  ainiables  ct  eleganics  productions  en  ont  f;iil  en  quelque 
sorle  I'idole  de  la  nalinn.  L)n  honanage  eclalant  vient  ,  tout 
recemment  encore,  de  liii  eire  rendu  ;  la  noblesse  du  gouver- 
ncnient  de  Simbirsk,  oil  il  est  ne ,  rasseuiblee  pour  elire  de 
nouTeaux  marechaux  qui  la  rcpresentent,  a  rcsolu  de  placer 
dans  la  salle  des  seances  de  sa  depniatiori  le  portrait  de 
M.  Dmitbief,  couseiller  privo  actuel ,  el  celui  de  I'historio- 
graphe  Karamzine,  conseiller  d'eiat  acluel,  qui  appartienl 
egalemen!  i  ce  gouvernement,  mais  dont  la  sante,  mallieureu- 
sement  tres-deiabrre,  le  force  d'interrompre  les  travanx  bis- 
toriques  auxquels  il  se  livrait  exclusivcnieiif  dep'iis  plusieurs 
annees  [i). 

Les  quatrains  de  M.  Dmitt  ief  ne  sunt  pas  indignes  de  sa 
haute  rujmtation  :  la  taclie  de  renfermer  dans  quaire  vers  une 
fable  et  sa  morale  n'etait  point  facile.  II  ne  s'est  point  borne 
toutefois  a  soumettre  ses  ilees  a  cette  forme  restreinte  :  ses 
apologues  soni  aussi  elegans  que  varies;  il  y  rcgne  une  poesie 
brillante,  une  precision  parfaite,  el  surtout  une  clarte  eton- 
nante  a\'ec  autant  de  brievele  (2).  Son  rccueil  est  divise  en 
deux  parties,  dont  cliacune  offre  28  apologues,  qui  pour  la 
plupart  ccpcndant  ne  sont  pas  de  son  invention;  I'auteur 
avoue  liii-nieme  en  avoir  empiiinte  le  tujel  a  M.  Mollevaul 


(1)  M.  Ka-RAmzine  vlent  d'etre  enleve  a  la  Russie  par  une  iiiort  prema- 
taiee  :  nous  consaci-ons  a  ce  grand  ecrivain ,  si  jnstement  celeb le ,  une 
notice  uecrologiqne  qni  fait  partie  de  notre  quatrieme  secllon,  celle  des 
Noiivelles  scientifiqiics  et  Utter, lires. 

(2)  Nous  voulons  bien  nous  en  rapporter  ici  a  notre  correspondant. 
Cependant ,  nons  serions  portes  a  douter  que  les  letlres  iniiiales  J.  D. 
cachent  ici  le  uona  d'un  des  premiers  poetes  niodernes  de  la  Russie ,  jns- 
qn'a  ce  que  la  chose  soil  bien  coustatee.  Nous  avons  peine  a  croire  qu'un 
homme  d'autant  d'esprit  et  de  gout  que  I'heurenx  fraductenr  de  La  Fon- 
taine,  ait  pu  compromettre  sou  talent  dans  une  entreprise  ingrate,  qui 
ne  doit  ctre  consideree  que  comine  un  jeu  de  I'espiit.  On  pent  bien 
faire  une  on  deux  fables  de  quairo  vers  chaoune;  niuis,  comment  con- 
cevoir  qu'il  soit  possible  d'eti  faire  un  grand  nonibre  qui  snpportent 
lexamen?  Ce  ne  serait  tout  au  plus  que  des  quatrains  moranx  comnie 
ceax  de  Pibrac,  et  non  des  fables.  N.  d.  K. 


J  34  LivRES  Strangers. 

dont  les  quatrains  Iiii  ont  pcut-ttre  suggt'ic  jnsqii'a  I'idee  ties 
siens. 

M.  Dmitrief  a  un  neveu  qui  fait  d'heureux  efforts  pour  se 
rendre  digne  du  beau  nom  qu'll  porle,  et  jiour  y  ajoulcr,  s'il 
est  possible  ,  upc  nouvelle  illustration.  Son  ode  sitr  la  mort  de 
Vempereur  Alexandre  s'fsl  fait  distinguer  parmi  les  nom- 
brcuses  productions  que  cette  grande  calaslroplie  a  fait  colore. 
M;.  Michfl  DsiiTuiEF  y  rapproclie  d'une  maniere  nalurelle  et 
ingenieuse  la  mort  de  Irois  hommes  f|ui  ont  cxerce  une  grande 
influence  sur  les  evenemens  des  25  dernieres  annees  :  Napoleon, 
Alexandre  et  Louis  XVIII.  Ce  morceau  lyrique  merile  de 
fixer  rattention.  J.  H.  S— r. 

Outrages  periodiques. 

alf. — *  Journal  imperatorshavo  tcheloveholioubivavo  Obcht- 
chestva. — Journal  de  la  Societe  iinperiale  philantropiqiie  de 
Salnt-Petersbourg.  1825. 

Ce  journal  est  doublement  important,  par  son  but  et  ])ar 
son  contenu  ;  il  serait  a  desirer  qu'il  put  se  repandre  dans 
loutes  les  parties  du  vaste  empire  de  Piiissic,  oii  les  lecleurs 
sent  encore  en  si  petit  nombrc  :  il  y  serait  cerlainement  d'une 
grande  utilitc.  Les  trois  cahiers,  publics  receniinent,  offient 
une  fouie  de  donnees  statisliques,  de  notices  et  de  lenseigDC- 
mens  relatifs  a  la  vie  ])ratifpie  ,  et  classes  sous  les  quatre  divi- 
sions suivantes  :  1°  Errits  sur  la  bienfaisance  el  stir  les  nioeiirs; 
2°  Etablissemens  de  bienfaisance  et  dccouvertes  d'une  ulililc 
generale;  3°  Medecine  generale  et  populaire ;  4"  Nouvdles 
officiellcs  el  autres  sur  I'excrcice  de  la  bienfaisance.  Les  travaus 
d'une  societe  pliilantropique  doivenl  otre  imnienses  en  Russie  : 
car,  a  I'exception  de  quelques  villes  oil  se  trouve  concenlree 
toute  la  civilisation ,  le  reste  de  la  nation  est  encore  dans  un 
etatassez  voisin  de  la  barbaric.  Avaiit  de  publicr  des  jouinaux, 
il  faudrait  mettre  a  la  portee  du  peuple  les  moyens  d'ap])rendre 
a  lire  eta  ccrire,  il  faudrait  detruire  le  nialiieureux  penchant 
qu'il  montre  pour  les  boissons  fortes  ,  aviser  aux  mesures  qui 
peuvent  preparer  dans  la  servitude  meme  un  avenir  de  li- 
berte(!),  J   H.  S— r. 


(i)  Tel  a  ete  le  but  visible  de  plusieurs  institutions  liberales,  creees 
par  rempereur  Alexandre,  au  commencement  de  son  regne.  Ces  institu- 
tions seraient-elles  lombees  en  defaveur  depnis  (juelques  annees !  La 
Russie  craindrait-elle  les  progres  de  la  civilisation,  et  pourrait-elle  con- 
seatir  a  revenir  sur  ses  pas  dans  une  aussi  belie  carriere ,  oil  elie  sem- 
bl.iit    promettre    d'atteiudre    bientot   les   autres   nations?  Cc   serait  une 


i35 

DANEMAKK. 

a5. — *  Phrcenologien. —  La  Phrenologie,  d'apr^s  le  sys- 
teme  de  MM.  Gall  et  Spurzheiin  ;  par  M.  C.  Otto  ,  docteur  en 
inedecine  et  uieiubre  de  plusieurs  soci^tes  savanlcs.  Copeidia- 
gue,  1825.  In-8°  de  xvi  et  /,o8  pages,  avec  deux  planches. 

C'est  a  tort ,  ce  me  serable ,  que  Ton  a  substitue  au  mot  era- 
nioscopie  celui  A&  phrenologie.  Si  le  premier  est  peu  noble, 
conime  on  le  pretend,  le  second  est  ceriainemenl  trop  expres- 
sif:car,  le  mot  grec  <pp;;V  (  entendemeut  on  espril. )  signifie 
quelque  cbose  d'immateriel ,  oil  la  science  ne  pretend  arriver 
qu'a  I'aide  de  quelques  organes  materiels.  Ainsi,  le  terme  de 
cranioscopie ,  compose  de  Kpocviov  ( crane  )  et  a-Kovrfiv  (  examiner  ) 
nous  parait  expliquer  bien  mieux  I'objet  de  cette  science  qui 
juge  des  penchans  de  I'homme  d'apres  Torgaiiisation  du  cer- 
veau  et  du  crane,  el  d'apres  les  traces  d'irapression  que  le  pie- 
mier  laisse  sur  I'auire.  Quoiqu'il  en  soit,  M.  Otto  a  tralte  son 
sujel  avec  la  lucidite  d'un  ecrivain  qui  vent  repandre  I'instruc- 
tion,  et  avec  la  profondeur  d'un  savant  medecln  et  ])hysiolo- 
giste.  Apres  avoir  suivi ,  a  Paris,  les  cours  de  MM,  GaJi  et 
Spurzheim ,  el  recueilli ,  pendant  son  sejour  en  Angleterre, 
loutes  les  experiences,  par  lesquelles  les  savaiis  de  ce  pays  ont 
confirrae  leur  syslenie,  M.  Otto,  de  retour  daii£  sa  patrie,  y 
a^rouve  de  frequentes  occasions  de  se  convaincre  encore  da- 
vantage  de  I'existence  de  celte  nouvelle  branche  de  la  physio- 
logic par  des  observations  publiees  dans  I'ouvrage  que  nOus 
annoncons,  etqui,  si  dies  ne  font  pas  encore  de  \nphre/io logic 
une  science  demonlree,  lui  assurenl  du  moins  un  haut  degre 
de  probabillte.  Nousne  nous  etendrons  pas  sur  cette  premiere 
pariie,  qui  offreles  ri-sullats  des  recherches  faites  par  les  etian- 
gers  el  par  I'auteur  liii-meme;  mais  nous  parlerons  de  la  se- 
conde,  qui  lui  appariient  tout  cnliere.  11  y  examine  les  cranes 
de  sept  malfaiteurs  executes  a  Copcnhague,  le  3  octobre  1817, 
pour  avoir  incendie  la  maison  de  force  oil  ils  etaienl  detenus, 
comme  coupables  avec  recidive.  Les  deux  planches  represen- 
tent  les  cranes  de  ces  sept  criminels,  conserves  dans  le  cabinet 
d'analomie  de  I'Universiic  de  Copenliague.  D'apres  I'exaraen 


grande  faute  politique  que  de  cheicher  a  la  faire  retrograder ,  et  meme 
que  d'essayer  d'arreter  son  essor.  L'exces  de  civilisation  est  un  para- 
doxe;  il  n'y  a  poiut  d'exces  a  redoiiter  dans  le  bien  ;  les  derai-lumieres , 
une  demi-civilisation  sont  seules  dangereuses ;  elles  produisent  des  er- 
rears  et  des  mal-entendus  en  morale,  comroe  le  demi-savoir  en  produit 
dans  la  luarohe  des  uonnaissaQces  humaines.  N.  d.  R. 


i36  LIVRE.S  ETI\A.NGERS. 

a[)profondi  ile  M.  Otro ,  I'liistoire  de  la  vie  criminello  des  in- 
dividiis  a  (]nl  ont  aj)partenu  ccs  cratirs,  et  les  aulres  details  qui 
s'y  rattaclicnt,  ii  notis  semble  que,  du  inoins  duns  cctte  cir- 
constancp,  la  doclrine  de  MM.  Gall  et  Spnrzheim  se  trouve 
pleincment  confirmee.  M.  Otto  eombat  avec  sagesse  les  con- 
clusions erroiiees  que  certains  es[irits,  animes  cependant  des 
meilleures  intentions,  on!  voulu  lirer  de  la  p/irenoiogie  en  fa- 
venr  du  falalisme. 

26.  —  *  De  Orienlis  commerciu  cum  Russia  et  Scandinavia, 
medio  cevo.  —  Du  commerce  de  ['Orient  avec  la  Russie  et  ia 
Scandinavie  au  mnyen  age;  par  M.  le  docleur  Jean  Lassen 
Rasmussen.  Copenhagup,  1825.  In    '["do  60  pages. 

Le  savant  orientaiiste  ,  auteur  de  cet  opuscule,  est  di'ja 
connu  des  lecfeurs  de  notre  rente  par  deux  autres  ouvrages 
que  nous  avons  annonces  (  voy.  t.  xxvii,  p.  444  et  t.  xxviii, 
p.  8i5  J.  Cette  dissertation  porle  un  double  lilre,  pnisqu'elle 
sert  de  programme  d'invitation  a  la  fete  que  I'Universite  de 
Copenhague  colebre  ,  chatjue  annee,  en  meraoire  de  la  refor- 
mation de  Liither.  Quant  a  sa  manierc  de  trailer  le  snjet  qu'il 
avait  choisi,  I'anteur  a  fait  preuve  d'une  vaste  erudition  et  de 
profondes  connaissances  dans  les  langues  orientales;  mais,  ce 
sujet  est  tellement  eloigne  de  I'etroite  sphere  de  nos  etudes, 
que  nous  sorames  obliges  de  nous  borner  a  une  simjile  an- 
nonce  ,  (jui  suffira  peut-t^lrepoureveiller  la  curiosite  des  savans 
qui  s'interessent  particulierement  a  colte  branche  des  connais- 
sances humaines.  Nous  ne  pouvons  c?pendant  nous  abstenlr 
de  faire  une  remarque  sur  la  diction  latinede  I'auteur;  it  nous 
a  paru  choisir  tres-souvent  entre  deux  expressions  eipiivalen- 
tes,  la  plus  surannee  et  par  consequent  la  moins  claire,  ce  qui 
rend  la  lecture  de  cerfaines  j)lirases  un  peu  faliganfe.  Nous 
devons  ajouter  avec  douleur  a  ce  couit  article  que  M.  Rasmus- 
sen,  qui  professait  les  langues  orientales  depuis  i8i5,et  qui, 
en  181 1,  a  suivi  a  Paris  les  savantes  lecons  de  M.  de  Sacy, 
vient  de  mourir,  age  seulement  de  quarante  ans. 

Heibekg. 

ALLEMAGNE. 

27.  —  *  Karte  von  JJriha.  —  Carte  d'Afrique,  d'apres  les 
relations  et  les  dccouvertes  les  plus  recentes  ,  et  surtout  d'a[)res 
les  travaux  geographiques  de  M.  C/i«;/e.f  Ritxer,  projelee  et 
dessinre  ,  en  1824,  par  M.  Henri  Berghaus,  gravee  par 
M.  Henri  Brose.  Stuttgart,  1826;  Gotta.  Sc  trouve  a  Paris, 
chezPicqnet. 

Gette  carte  fera  (5poque  en  geographic.  EHe  presente  ,  pour 


ALLEMAGNE.  i37 

la  premitM-e  fois  ,  iVnserr.ble  des  decoiivei  tes  f'aites  en  Afriquf, 
jusqu'en  1824  ;  en  mcine  tems,elle  est  liabilenicnt  disposee  pour 
rccevoir  touU'S  les  additions qu'ont  deja  procurees  ou  que  procu- 
reront  a  la  science  les  nouveanx  voyages  entrepris  dans  cette 
coiitrec,  si  iiileressante  etsi  pen  connue  sous  lai:t  de  rapports. 
Nous  ne  connaissons  point  de  carle  oil  I'aspect  du  terrain  soit 
rendu  avec  plus  de  soin  et  d'exactilude ,  ou  Ton  ait  su  niienx 
di.slinguer les  notioiisbien  averees  de  cellesqui  ne  paraissaient 
que  pins  oumoins  viaisemblables ,  ou  Ton  se  soil  moins  aban- 
donne  aux  conjeclureshasardees,  enfm  ou  les  sources  aient  ete 
phis  judicienseinent  consullces  et  pins  scrupuleusenieiU  indi- 
quees.  Nous  v  trouvons  la  hauleur  des  moiitagncs  ,  parlout  oil 
il  a  lie  possible  de  la  determiner;  nous  y  reconnaissons  les  lies 
d'origine  volcanique;  nous  pou\ons  y  suivre  les  routes  de  com- 
merce, et  les  traces  des  differens  voyageurs  ,  en  dernier  lien 
celles  A'Oudney,  de  Clapperton  et  de  Denham  ;  et ,  nialgre  la 
multiplicite  de  ces  indications,  la  carte  conserve  la  pins  grande 
neltete. 

Tout  en  s'altachant  a  retracer  par  le  dessin  les  resullats  des 
liabiles  et  savantes  reclierches  consignees  par  M.  Charles  Ritler 
dans  son  excellent  ouvrage  sur  I'Afrique,  M.  Berglians  n'a 
point  neglige  de  s'eniparer  des  donnees  que  lui  offraientdes 
decunveites  plus  recentes.  Paisse  le  succesde  ce  premier  tra- 
vail I'engager  a  prendre  les  inemes  soins,  et  a  consulter  les 
memes  sources  pour  dresser ,  dans  le  meme  esprit  de  critique  , 
une  carte  d'Asie  ,  telle  que  I'Allemagne  I'atleiid  encore. 

M.  Charles  Ritter,  professeur  a  i'Universite  de  Berlin,  a  ou- 
vert  une  nouvelle  route  aux  eludes  geographiques  |)ar  ia  pu- 
blication de  I'ouvrage  ,  anquel  nous  devons  dt5ja  la  carle  d'A- 
frique,  et  qui  est  intitule  :  Connaissance  de  la  terre par  rapport 
a  la  nature  et  a  I'histoire  de  Vhortirne  ,  ou  Geographie  generate 
comparee ,  consideree  comme  In  base  la  pins  sure  des  etudes 
dans  les  sciences  physiques  et  hisloriiiues  ;  (  Erdhundc  im  Ver- 
haeltniss  zur  Natur  iind  zur  Geschiclue  des  Menschen ,  oder 
allgemeine  verglcichende  Geographie ,  ats  sicherc  Grundlage 
des  Studiums  und  Unterrichts  in  physihalisclien  und  historis- 
chen  fFisscnschaftf-n  ).  Les  deux  volumes  consacres  a  I'Afrique 
et  a  I'Asie,  ont  paru.  L'autcur  se  prononce  avec  force  contre 
les  compilations  routinieres  et  denuees  de  critique  ,  qui  ,  dans 
un  siecle  oii  des  parties  accessoires  de  la  geographie  se  sont 
elevces  au  rang  des  sciences,  semhlent  devoir  I'empecher  d'y 
l)arvenir  elle-meme.  Cet  ouvrage  deviendra  classique,  et  il  faut 
esperer  qu'un   habile   traducleur  permeltra  bienlof  au  public 


i38  LIYRES  ETRANGERS. 

francais  ile  le  lire  el  de  I'appiccier.  M.  Rittrr  ne  peul  pasmaii- 
quer  iioii  plus  de  publier  bientot  -es  rcclieichcs  sur  I'Europe , 
oil  il  se  prescnlera  liii-iiienie  comine  voyageur. 

La  carte  que  nous  avons  annoncee  a  environ  trois  pieds  de 
largeiir;  elle  est  paifaileiiient  execulee,  el  contie;)t  deja  que', 
ques  details  sur  I'Arabie  et  sur  la  Perse.  D. — r. 

28.  — *  Beytriige  iur  Kenntniss ,  etc.  —  Instructions  nou- 
velles  snr  rintorieur  de  la  Russie,  par  M.  /.  F.  Erdmann  , 
D.  M.  Deuxlenie  Parlie.  Leipzig,  iSaS  el  1826;  Kummer. 
:i  vol.  in-8°  formant  718  pages,  avec  douze  planches  lilho- 
graphioes  de  niineralogie,  des  cartes  geographiques ,  topogra- 
J)hiques,  des  tableaux  de  stalibtique,  el  phisicurs  aiis  de  chant, 
avec  Ics  jjaroles  dans  I'idlonie  du  payj. 

■Dans  cetle  seconde  i>anie,  M.  Erdmann  dccril  les  gouver- 
iiemens  et  les  ccrcles,  de  Kasan,  de  Saralow,  d'Asfracan,  de 
VVjaika  ,  dc  Perniie  et  de  Siberie.  11  nous  offre,  sur  loules  les 
pailics  de  la  geographic  et  de  la  slalistique  de  ces  regions  pen 
connues  les  details  les  plus  curieux  el  les  j)lus  noiivcaux.  I./aii- 
teur  se  distingue  par  I'elendue  et  la  variele  de  ses  connais- 
sances,  et  par  son  caraclere  philantropiqne.  II  a  plusieuis  fois 
visile  la  capilale  de  la  France;  il  s'y  est  fail  des  amis  qui  s'jii- 
teressent  a  ses  travaux  et  a  ses  succes.  L. 

29. —  IJeber  allein  scU^machcnde ,  etc.  — De  reglisc  qui 
seule  pretend  que  liors  d'elle  il  n'y  a  point  de  salut  ;  par  M.  Ca- 
KOVE.  Francfort-sur-Mein  ,  1826;  Hermann.  In- 8°  de  612 
pages. 

L'eglise  clirclienne  enseigne  la  ^oie  du  salul ;  elle  croil  qu'il 
n'y  a  point  d'aulre  voie  de  salut  qui  nous  soit  connue.  C'csl  la 
un  dogme  aiissi  ancien  que  le  christianisnie ,  dognic  commun 
non-sei'.lement  aux  callioliques  ,  mais  encore  aux  reformes. 
Car,  il  ne  serait  pas  juste  de  confondre  avec  ceux  ci  les  purs 
philoso|)hes,  qui,  sous  un  noni  quelconque,  et  avec  plus  ou 
iDoins  d'estinie  pour  I'evangile,  s'efforcerit  niaintenant  de  re- 
duire  la  religion  chreticnnea  cetle  science  ou  sagesse  naturelle 
que  Tapoire  appelleyb//e  devant  Dieu ,  science  prelendue  com- 
mune a  tons  les  hommes  de  tous  les  terns  el  de  tousles  lieux, 
et  deierminee  arbltrairement  par  chaque  individu.  M.  Carove 
.appartient  sans  doute  a  ccfte  derniere  classe  de  i>liilosophes , 
puisque,  d'une  part,  il  s'eff'orce  de  delruire  Ics  foniieuicns  de 
la  foi  chrctienne  ,  comme  les  dogmes  de  la  trinite,  de  I'ancarna- 
lion  ,  de  la  rcdimplion  ,  les  saci  emens  ,  I'autorite  de  l'eglise,  la 
chute  des  anges  ,  I'enfer,  etc.  ,  etc.,  et  que,  d'autre  part,  sous 
pretexte   de  nous  conduirc  au   parfiiil  onioitr  de  Vahsolu,  it 


ALLEMAGTSE.  il.) 

I'union  avec  Dicu ,  union,  dit-il ,  objectn>e  et  subjective ,  subs- 
tantielle ,  complete,  senile,  verifiee,  etc.,  il  soutient  que  Dieu 
el  le  salut  sont  reveles  a  tous  les  hommes  dans  la  nature,  s'en- 
tcnd  ,  et  dans  leur  cceur.  II  ajoute  que  Dieu  leur  a  parte  par 
dcs  genies  ;  qu'il  s' est  fait  voir  a  eux ,  quand  il  les  a  trouvds 
assez  murs ,  qu'il  leur  a  fait  entendre  sa  voix ,  sur  le  mont 
Merou,  sur  le  Caucase  ,  a  Sais ,  a  Me  roe ,  a  Dodone  eth  Del- 
phes,  comine  sur  le  mont  Sinai  et  a  Jerusalem.  Quant  a  Jesus, 
c'etait,  dit  I'auteur  ,.  un  homme  qui  se  sentit  appele  a  publier 
le  precepte  de  la  charite  et  de  la  conformite  ii  la  volonte  de 
Dieu ,  et  a  corroborer  cette  doctrine  par  le  sacrifice  de  sa  vie. 
Telles  soni,  litleralement,  les  bases  tres-larges  du  systeme 
de  M.  Carove.  II  a  doncaussi  le  sentiment  religieux  ,  ou  la  re- 
ligiosile;  mais,  doming  par  ses  idces  particulieres  sur  I' union 
a  Dieu ,  et  souleve  par  le  spectacle  du  moderne  pharisaisme, 
il  depeint  vivement  les  scandales  dont  noire  siecle  est  teraoin;  il 
s'indigne  contre  I'orgueil  el  I'avarice,  contre  la  dominalion  po- 
litique, les  reactions,  les  congregations,  les  folles  pretentions, 
les  influences  odieuses  et  anarchiques  de  cerlains  membres  du 
clerge  de  nos  jours  ;  il  s'en  fait  des  motifs  d'une  vive  guerre 
contre  tout  le  calholicisme,  affeclant  de  le  confondre  avec  de 
graves  desordres  que  I'evangile  et  le  calholicisme  condamncnt 
egalement.  II  ne  faul  pas  se  le  dissimuier:  cette  exasperation 
fait  des  progres  en  Europe;  elle  y  prend  un  caractere  d'cm- 
porlemcnt;  elle  menace  d'une  contrc-rcaction  violente,  difficile 
a  eviter,  a  moins  que  Irs  prelres  et  leslaitjues  coiipablcs  ne  ren- 
trent  d'eux  memes  dans  les  justes  bornes,  ou  n'y  soient  repous- 
ses et  contenus  par  de  sages  lois  qui  dorment  aujourd'hui,  et 
par  des  jnges  naturels  et  inamovibles.  Quelles  que  soient  ses 
aberrations  ,  I'auteur  montre  une  grande  connaissarice  des  faits 
et  des  textes;  il  estun  raisnnneur  subtil,  un  controversiste  ar- 
dent,  un  ccrivain  fecond  ,  enfin  un  ennemi  tres-digne  d'etre 
combattu  par  ceux  qui  enseignent,  on  font  enseigner  ce  qu'ils 
nomment  les  hautes  sciences,  c'est-a-dire,  en  style  plus  apos- 
tolique,  la  bonne  nouvelle  ,  la  science  des  pauvres  el  des  hum- 
bles, la  science  de  la  foi  et  du  salut.  Les  conferences  de 
M.  I'eveque  d'Hermopolis  sont  frequemmcnt  et  vivement  cri- 
tiquees  dans  ce  volume,  et  il  scriible  qiie  ce  n'est  pas  toujonrs 
mal  a  propos.  Au  resle,  cet  ouvrage  a  passe  a  la  censure  ,  dans 
la  ville  libre  de  Francfort ,  sous  les  yeux  de  la  diete  gerniatiique. 
II  doit  avoir  ete  suivideja  d'un  second  volume,  conienant  de 
nouveaux  developpemrns;  et  des  1824,  rauteur  avail  mis  au 
jour  un  traite  preliminaire  contre  rauiorite  du  cle.'ge  sur  les 
fpiestions  relatives  a»i  salut,  Ces  Irois  tomes  sont  un  vaste  arse- 


i4o  LIVRES  JiTRA.NGERS. 

nal  d'objections  anti-cathnlitpies  ot  anti-^vangeliijues.  Cest  sur- 
toiit  aux  professeurs  et  aux  jilus  forts  eleves  <le  la  nouvclle 
Soiboniie  i]n'il  convienl  de  lefuter  ces  doctrines,  Mais  lout 
cela  t'sl  ccril  en  bns  alleniand,  charge  d'ailleurs  de  p^riodes 
enormes,  hciissc  ilc  citalions  grecques,  latines  on  allemandes  , 
et  de  longs  molsabslraits  invenles  nouvelieinent,  on  meine  fa- 
))riques  par  I'autour  ;  on  sent  bien,  d'aillenrs,  qnela  refutation 
la  scnic  rfficace  et  la  plus  ])rompte  serail  de  se  con  igcr ,  de  re- 
iioncer  de  bonne  foi  aux  vices,  anx  passions,  aux  jtrelenlions , 
aux  j)ertiirbalions ,  aux  hypocrisies  qui  affligrnr  li's  fideles ,  ct 
(jui  er.coiiragent,  f]iii  sonlevent  les  non-conforinisles.  Ce  qu'il 
faliait,  disait  si  bien  Bossuet,  relativcmenl  aux  entreprises  de 
Luther  et  de  Calvin,  c'elait  de  se  reformer;  qui pcut  en  douter? 
De  meme  ce  nn'ii  faul  aujourd'hui,  pour  desarmcr  les  incre- 
dules  et  les  anti-catholiqnes  ,  c'est  encore  de  se  reformer;  (ini 
pent  en  douler?  Qni  aura  le  bonheur  d'cn  donrur  le  salulaire 
exemple  ?  )^AJi!3viyAis>,  de  I'lnftitut. 

3o.  —  *  Da.9  Erhrecht  in  welts;'jschichtlicher  EnUvickelung. 
—  Le  droit  de  succession  ,  ccnsidere  dans  son  developpemenl 
chez  tousles  pcuples;  Iraile  faisant  parlie  de  rhisloire  du  droit 
en  general;  par  M.  Edouard  Gans.  Berlin,  i*''  vol.  182/1, 
2"  vol.  1826. 

Lorsqu'on  etudie,  dans  les  annales  humaines,  ies  fails  nom- 
brcnx  qu'elles  renferment;  lorsqu'on  so  conlente  de  les  classer 
par  epoques;quandon  vainrniejusqu'a  les  cnchaincr  et  lescoor- 
donner,  on  ne  connait  encore,  pour  ainsi  dire,  que  I'exterienr 
de  I'histoire.  Si  Ton  veut  pi'nelrer  ])lus  avanl ,  si  Ton  parvicnt 
ase  rendre  compte  de  la  niarche  despenples,  depuis  leur  nais- 
sance  et  leur  adolescence,  jnsqu'a  I'age  viril  et  la  caducite, 
on  possede  alors,  non  un  vain  elalage  d'crudition,  mais  un 
ensemble  de  vues  et  de  reflexions  qui  forment  la  science  de 
rhisloire.  C'es'  de  cetle  maniere  que  Timinortel  Montesquieu 
observait  la  vie  des  nalions  :  place  an-dessus  de  toutes  ces  re- 
volntions  qui  changereni  si  souvent  la  face  du  monde,  il  con- 
siderait  d'un  ceil  scrulateur  la  mobilile  des  sieclcs  :  il  voyait 
un  peuple  nonrrissanl,  a  son  origine,  le  germe  qui  devait 
produire  sa  gloire,  et  dans  sa  gloire  les  fautcs  fjui  devaient 
amener  sa  chute. 

Cetle  voie  Iracee  a  I'historien  philosophe  est,  d'apres 
M.  Gans,  la  seule  qui  puisse  condnire  a  la  vraie  science  du 
droil.  Cen'esi  point  uniquement  dans  les  compilalionsdn  droit 
remain  qu'on  doit  chercher  la  legislation  romaine.  Un  jur:s- 
consulle,  qui  chargerait  sa  memoire  des  diverses  decisions  don- 
nees  sur  les  differens  points  de   droit,  pourrait   posseder  la 


ALLEMAGNE.  i4i 

connalssance  du  droit;  inais  il  n'en  aurait  pas  encore  aUeint 
la  science.  Pour  y  ariiver,  11  faurirait  (ju'il  iie  s'arrelat  point 
aux  debris  nombreux  (|ui  nous  rt-jtent  de  la  jurisprjidcncn 
roniaine  ;  il  devrait  s'elever  a  un  degre  d'oii  son  espiit  piit, 
non-seulenienr  embrasser  les  jihases  differentes  dii  droit  ro- 
juain  ,  Miais  encore  reconnaitre,  dans  sa  naissance,  IVffet  d'une 
exigence  anlerieure  ,  dans  ses  progres,  le  developpenient  de 
ses  eieniens,  ef ,  dans  sa  decadence,  le  terme  oil  devaient  ar- 
river  ces  elemens  developpes. 

Ptinetre  de  toules  ces  considerations,  M.  Gans  preiend  qu'il 
ne  snffit  point  encore  ,  pour  saisir  I'esprit  de  la  jurispi  ndence. 
roniaine,  de  porter  ses  regards  sur  la  scene  ou  elle  a  brille;  il 
veut  qu'on  la  coiujjare  d'abord  avec  la  jurisprudence  anlerieure, 
et  ensuite  avec  celle  (jui  s'est  etablic  parmi  les  peui>les  mo- 
dernes. 

L' elevation  sur  laquelle  s'est  place  ce  savant  auteur  ,  c'est  le 
Capitole.  D'un  cote  ,  ses  ycux  contemplent  le  berceau  de  Rome, 
la  Grece  et  I'Orient;  ce  n'est  qu'apres  avoir  examine  d'un  ceil 
impartial  la  famille  et  I'ordre  de  succession  dans  I'Orient, 
qn'il  considere,  d'lin  autre  cote,  chez  les  Roniains  ,  le  droit 
de  succession  (jui  est  I'objet  de  son  ouvrage,  et  qu'il  I'observe 
enfin  chez  les  autres  peoples  de  I'Europe. 

Les  deux  premiers  volumes  nous  olTrent  I'liistoire  du  droit 
des  successions  cliez  ies  Indiens,  les  Cliinois,  les  Perses,  les 
Juifs,  les  Musnlnians  ,  les  Atheniens  et  les  Romains.  D'apres  !e 
systetne  adopte  par  M.  Gans,  on  ne  doit  point  s'attendre  a  ne 
trouver  ici  que  I'expose  niuet  des  dispositions  legales  relatives 
a  la  succession;  ces  dispositions  recoivent  un  grand  jour  des 
lumieres  philosophiqiies  dont  il  salt  les  eclairer.  11  va  cherclicr 
la  raison  de  ce  qui  a  d'abord  une  apparence  bizarre  ,  dans 
I'espril  des  differens  peuples.  Dans  I'lnde  ,  on  voit  I'liommeen 
proie  aux  folies  de  riniagination  ;  dans  la  Chine,  il  est  reslreint 
dans  les  limitcs  d'une  froide  nature;  dans  la  Perse,  il  s'cleve  a 
uii  nionde  sjiirituel ;  dans  la  Judce,  la  legislation  sort  des  mains 
de  Dieu,  mais  n'est  pas  Dieu  lui-meme  comme  dans  I'lnde. 
Cepcndant ,  cLez  les  .Juifs  ,  les  dons  ile  Dieu  soiit,  pour  ainsi 
dire,  circonscriis  dans  un  coin  de  la  terre:  c'e^t  pour  briser 
ces  bornes,  que  le  Clirislianisme  el  le  Mahometisine  ont  paru  : 
le  picmier  vtiit  coniinuniquer  a  Ions  les  mortels  les  bienfaits 
divins;  le  second,  au  coiilraire  ,  est  indifferent  au  sort  du  resie 
de  I'uiiivers;  loin  de  chertlier  a  le  gagner  a  sa  doctrine,  il  I'ex- 
terniinerait,  s'il  elait  en  sa  ])uissance  de  le  faire;  I'un  est  le 
pros«'lylisme,  TaulrCjle  fanatisme  constitue. 

Le  principe  qui  domine  dans  I'Asie  est  un  principe  de  per- 


i42  UVRES  ETRANGERS. 

manpiice.  L'bistoire  y  est  stationnaire;  elle  s'elend  dans  I'cs- 
pace ,  mais  clle  n'a  point  de  sieclcs..  En  nous  traiisportant  a 
.\llieiies,  nous  Irouvons  un  sol  tont-a-fait  nouvcau ;  la  mobilite 
en  est  le  principal  caraclere;  ce  (jui  distingue  I'Earope  de 
I'Asie,  c'est  Yindiviilualite.  A  Allienes,  surtout ,  Vindividu  ,\a 
personne  se  presente  u  nosyeux,  excrcant  un  empire  prcsque 
sans  bornes. 

Mais,  a  Rome,  la  jurisprudence  philosopliique  trouve  une 
ample  niatiere  ii  la  reflexion.  Ici ,  le  princi|)easiaiique  se  trouve 
aux  prises  avec  le  priiicipe  grec  :  la  stabilite  est  sans  cesse  at- 
laquee  par  la  mobilite,  qui,  d'abord  lultant  avec  peine,  finit 
])ar  triompher.  Le  principe  de  stabilite  etait  dc'fendu  par  les 
patriciens  ;  les  plebeiens,  au  conlraire,  etaicnl  diriges  par  le 
]>rincii)e  de  la  mobilite.  Celle  idee  feconde  rentre  dans  le  sys- 
teme  de  M.  Niebulir  sur  la  naissance  de  Rome  :  il  dit,  en  effel  , 
que  Rome  dut  son  origine  a  une  colonic  d'Etruriens,  donl  les 
raoeurs  et  les  coutumes  sacerdolales  fureut  le  fondement  des 
institutions  de  Rome  (i). 

De  I'examen  approfondi  de  cette  luite  conlinuelle,  M.  Gans 
tire  un  grand  nombre  d'observatioiis  qui  expliquent  cerlaines 
disposilions  du  droit  de  succession  chez  les  Remains,  que  Ton 
n'avait  encore  ir.terpretees  que  par  le  rapprochement  des 
textes. 

Si  je  ne  craignais  d'etre  long  ,  j'entrerais  a  ce  sujet  dans 
des  details  qui  feraienl  connailre  et  I'iiilention  de  Fauleur  et 
les  lieureux  restdtats  qu'il  a  obtenus.  J'engage,  au  reste,  ceux 
qui  connaissent  la  langue  allemande  a  consulter  I'ouvrage  lui- 
meme  ;  iiuant  aux  personnes  qui  I'ignorent ,  j'ai  laclic  dc  leur 
faire  reconnaitre  par  ce  court  expose  sous  quel  immense  jioint 
de  vue  la  jurisprudence  peut  elre  envisagee-       L.  Etienne. 

3 1.  —  Gesc/iichtc  der  Siadt  Harneln.  —  Histoire  de  la  ville 
(leHameln,  par  Fr.  Sprenger.  Ha  no v  re,  1826.  In8"de  5oopag. 

Favorisc  jiar  les  autorites  et  par  les  deposilaires  des  docu- 
mens  publics,  M.  Sprenger  a  j)u  faire  avec  beaucoiip  de  soin 
des  recherches  qui  jiisqu'ici  c!aient  reslees  fort  incompletes. 
On  ne  sail  pas  bien  a  quelle  epoque  Harneln  est  devenue  une 
viilerson    nom    vient  probablement  de  la   petite  riviere  de 


(l)  M.  de  GoLBERY  prepare  la  tradaction  de  la  seconde  edition  de 
\' Histoire  romaine  de  M.  Niebnhr.  L'auteur  dc  cet  article  avail  eu  dessein 
d'entreprendre  le  meme  travail  :  mais  d'autres  occupations,  el  surtont  la 
certitude  que  deux  traductions  en  concurrence  se  nniraient  mutuelle- 
ment,  I'enbpec'-ienl  de  niettre  son  projet  a  execution. 


ALLEMAGNE.  i  /, '. 

Harael ,  et,  selon  toule  apparencc,  c'est  a  rexistenced'un  eta- 
lj!issement  religieux  que  so  raltarhe  la  forraalion,  dans  ce  lieu, 
d'nne  ville,  dont  il  est,  pour  la  premieie  fois,  fail  mention 
dans  le  cours  du  xi®  sieclc.  Haineln  s'accrut  tres-rapidemont , 
larit  par  son  accession  a  la  ligne  ansealiqne  qu'a  la  faveiir  des 
querellesqui  divisaient  les  princes  voisins.  Mais,  depuis  le  mi- 
lieu du  xvii^  siecle,  ectfe  ville  vil  dijclin.fr  la  prosperite  dont 
elle  avait  joui  jus(|u'aIors;  toutefois  ,  en  1688,  des  cliaiigeniens 
d'administrasion  intcrieure,  et  I'arrivee  d'une  colonic  fruncaise 
semblercnt  lui  communiquer  une  nonvelle  vie:  la  guerre  de 
sept  ans  fit  renaitre  les  malheurs  qu'elle  avail  ('-prouves  deja 
])endanl  la  guerre  de  trente  ans;  et  les  derniers  eveneniens  ont 
encore  contrlbue  a  sa  decadence.  L'histoire  de  Hanieln  est  ici 
(livisee  en  cinq  |)eriodes:  i",  de  I'an  1000  a  1279,  ^pofp'e  de 
la  mort  du  due  Albert;  2°,  de  1279  a  la  reformation  en  i54o; 
3"  de  la  reformation  a  la  guerre  de  trente  ans  ,  en  i6i8;  4",  de 
cefle  guerre  a  celle  de  sept  ans,  en  i755;  5°  en(in,  de  1755 
jusqu'au  i*''  septembre  1824  ,  jour  ou  la  ville  recut  une  autre 
organisation.  Plusieurs  appendices  sont  consa<res  a  des  derails 
de  statistique  et  de  topographie  ;  on  y  trouve  aussi  des  listes  de 
magistrals  qui  remontent,  avec  autnnt  d'exactilude  que  le 
permetlaient  le  temps,  jusqii'a  I'an  i2'55. 

32. — *  Eustathii  archiepisc.opi  Thessalonicensis  comrnen- 
tiiriiad  Homeri  Odjsseam. —  Commenlaires  d'Eustathe,  ar- 
cheveque  de  Thessaloni(]ue  sur  I'Odyssee  d'Hoinere.  T.  II. 
premiere  livraison.  Leipzig,  1826.  In-4"' 

Eustallie  est,poTir  tout  homme  cjiii  vent  etudier  Homere, 
nn  auteur  indispensable.  II  a  vecusous  les  empereurs  Maniiel, 
Alexis  et  Andronic  Comnene.  D'abord  moine,  il  enseigna  la 
rhetoriqne  dans  un  couvent  ,  puis  il  fut  archcveque  de  Cons- 
tantinople. II  y  a  ,  dans  son  commentairc  de  I'lliade  et  de 
rOdyssc'e,  une  immense  erudition  :  remarques  grammaticales, 
traditions  historiques  ,  rajqirochemens  ingenieux ,  tout  y 
abonde,  el  Ton  pent  dire  que  le  principal  defaut  du  livre  , 
c'est  qu'il  est  trop  plein  de  choses.  Ccpendant,  commc  il  est 
plus  fait  pour  I't'lude  que  pour  une  simple  lecture,  il  est  a  de- 
sirer  qu'il  soil  plus  connu,  et  plus  scmvent  lire  des  biblio- 
iheques  ou  la  cherte  de  ses  editions  le  tient  renferme.  II  n'en 
existait  jusqu'ici  que  deux,  publires  dans  un  espace  de  moins 
de  20  ans  [  de  ir)42  a  i56o),  I'une  a  Rome,  I'auire  a  Bale. 
Ces  editions  ne  fiircnt  stiivies  d'aucune  autre;  car,  je  ne  tiens 
pas  compte  de  I'enfreprise  abandonnee  au  commencement  du 
siecle  dernier  par  M.  Salvini.  M.  Heinricli,  professeur  a  Bonn, 
avail  atinonce  ,  il  y  a  quelques  ahnees ,  qu'il  donnerait  Eusta- 


1 44  LIVRES  ETRA-NGERS. 

the  au  public  ,  ci  nous  nous  dlions  hates  d'anrioncer  celte  bonne 
iioiiveile^  raais  cette  esperanco  fiit  encore  (lecne,  lorsqu'enfin 
en  i.SaS  parurent  plusiems  caliiers  separes,  ct  qui  deja  fornient 
deux  voliiiiies,  ei  reiiferinent  I'Oilyssee  commenlee  par  Eus- 
lathe.  Celte  ruimjiression  est  faite  sur  I'cdiiion  la  j)lus  ostiinee  , 
celle  de  Rome.  On  n'en  a  pas  mime  change  la  ponctualion: 
on  I'a  repiod'iite  avec  unc  hdelife  qui  tient  de  la  ii{;ueur  d'un 
fac  simile.  On  n'a  point  reim|)rime  le  tcxte  d'Honiere  ;  ii  est 
plui  comrnode,  en  effet,  de  se  servir  pour-  la  lectuie  d'Eus- 
tathe  d'uii  exemplaire  separe,  que  de  retonrner  tro|»  sonveiit 
les  pages  pour  cliorcher  lin  texte  dont  ia  {)rolixite  des  notes 
vous  a  di'ja  eloigne.  On  a  eu  soin  pour  la  commodite  ties  ci- 
tations, de  marquer  en  marge,  a  droite,  la  pagination  de 
Teditioii  roniaine ,  a  gauclie  celle  de  {'edition  de  Bale.  Noiis 
regariions  la  publication  de  celivre  comme  I'nndes  plus  grands 
services  rendus  aux  bonnes  etudes,  et  nous  regrettons  de  ne 
voir  sur  le  titrc  aucun  nom  anquel  puisse  s'adresser  noire  re- 
connaissance. Toulcfois ,  M.  Weigel,  qui  a  fait  les  frais  de 
I'cntreprise  ,  raerite  nos  eloges;  graces  a  lui ,  nous  possederons, 
pour  rooins  de  quatre-vingis  francs,  un  livre  precieux :  car  il 
etait  devenu  tres-difficile  de  se  procurer  I'ediiion  de  Rome; 
quant  a  I'edition  de  Bale,  eile  etait  pleine  de  fautes,  et  toutes 
deus  se  \endaient  a  nn  prix  fort  eleve. 

33.  —  *  M.  Tullii  Ciceronis  de  Republica  libri ,  etc.  —  La 
Rej)ublique  de  Ciceron.  Noiwelle  edition  de  G.  H.  3Ioser,  avec 
des  notes  par  M.  (>reutzer.  Francfort,  i8a6.  In-8°. 

L'infatigable  et  ingenieux  professeur  Creutzer  continue  ses 
travaux  stir  differens  traites  de  Ciceron.  Deja  on  lui  doit  une 
edition  de  celui  de  Natiira  Deoruin  ,  une  autre  du  traiie  de  Le- 
gibus  :  voici  celle  qu'il  a  promise  de  la  Republique ,  et  bientot , 
nous  pouvons  I'assnrer  ,  I'oiivrage  intitule  de  Divinatione  se 
trouvera  entre  les  mains  du  public.  Le  volume  dont  il  s'agit 
aujourd'hni  esi  dela  jdtishauteimpnrtance,  non  que  Ton  inantpie 
d'editions  de  ce  Iraite  idepuis  que  les  recherches  de  I'abbe  Mai 
nous  en  ont  rendu  des  fragniens  si  nombrenx  et  si  iraportans, 
TAllemagne  les  a  vu  leimprimer  successiven)ent  par  les  soins 
de  M I\l .  Heiiirich ,  Stei/iac/.er ,  Lebner  et  Schiitz  :  et  meme  en  ce  , 
moment,  le  premier  s'occupe  encore  d'nnc  edition  in-quarto, 
contenaut  des  remarques  fort  etendues.  M.  Moser,  dont  le  livre 
est  maintenant  sous  nos  veiix ,  eleve  du  celebre  Creutzer,  se 
montre  toujours  digne  de  son  maitre ,  et  il  Iravaille  si  bien  sous 
sa  direction  qu'il  est  pcrmis  de  croire  que  I'ouvrage  de  I'un  est 
souvetit  celui  de  I'autre.  La  base  de  cetle  edition  est  toujours 
le  Palimpseste  de  I'abbe  Mai.  Tout  en  rendant  hommage  au 


.   ALLEMAGNE.  i/,5 

merite  du  docle  Italien,  M.  Moser  qui,  dcpuis  plusieiirs  an- 
nees,  se  consacre  plus  specialement  a  I'elude  des  traites  philo- 
sopliii([iics  de  CictTon  ,  a  pense  que  ses  travatix  pourraient 
prodiiire  de  bons  resultats,  quant  a  la  restitution  eta  I'inter- 
pretation  de  certains  passages.  II  a  done  soumis  ses  essais  en 
ce  genre  a  M.  Creulzer  qui  a  lout  revu,  ou,  pour  niieux  nous 
exprimer,  qui  a  coopere  a  tout.  Comirie  le  but  de  ces  nouveaux 
cditeurs  etait  de  donner  des  choses  neuves,  ils  se  sent  atta- 
ches a  ne  point  reproduire  ce  que  d'autres  ont  public  jiendant 
la  duree  de  leur  travail ;  d'ailleurs,  ce  travail  porte  un  cachet 
tout  particulier,  et  se  distingue  par  ces  grandes  vues,  qui  ont 
altire  sur  le  savant  protesseur  les  regaids  de  noire  Academic 
des  inscriptions  dont  il  est  devenu  associe  etranger  :  digne  ct 
noble  recompense  des  nombreux  et  iin[)ortans  services  qu'il 
rend  a  la  science  de  I'antiquite.  Rien  n'est  plus  satisfaisant  sans 
doute  que  le  chapitre  intitule  Index  libronun  ;  on  y  voit  avec 
plaisir  renumeration  de  tous  les  Iravaiix  dont  ce  Iraite  de  Ci- 
ceron  a  deja  ete  I'objet.  C'est  ici  suriout  que  Ton  s'apercoit  que 
les  limites  des  efats  ne  sont  plus  celles  de  la  science,  et  qu'il 
s'esl  etabii  entre  les  ])euplesun  tel  commerce  de  lumieres  qu'un 
sujet  Iraite  chez  une  nation  profile  a  toutes  les  autres.  II  ne 
mancjueici  ni  la  preface  de  M.  Mai,  nile  lac- simile  du  paliiu- 
pseste.  A  la  fin  du  volume,  on  trouve  aussil'index  (]ue  M.  Nie- 
buhr  avail  faitpour  la  premiere  edition.  Pendant  I'impression  , 
M.  Moser  a  fait  encore  des  additions  qu'on  lit  a  la  fin,  et  qu'il 
faut  com])arer  avec  les  notes,  ce  qui  n'est  pas  toujours  fort 
commode  ,  raais  ce  qui  n'a  pu  etie  fait  aatrenient.  Quant  aux 
excursus ,  on  en  a  etc  fort  sobre,  et  d'aiilenrs,  ils  sont  d'uno 
haute  importance.  Nous  citerons  plus  specialement  celui  qui  a 
pour  objet  la  repariitiou  du  peuple  en  centuries  par  Servius 
Tullius.  Get  endroit  du  livre  ii  est  a  peu  pres  le  seul  de  tout 
I'ouvrage  dont  un  historieu  puisse  llrcr  jiai  ti;  encore  le  texte 
est-il  tellement  altcre  qu'on  ne  pent  s'en  rendre  compte  qu'en 
reslituant  les  mots,  ce  qui  ouvre  nn  cliauip  bien  vastea  la  con- 
troverse.  M.  Moser  s'est  fait  ici  simple  rapjiorlcur  :  il  a  analyse 
les  opinions  de  M.  Niebuhr,  celles  de  Steinacher ,  de  Franc/; , 
6.e  Burckhard ,  de  Jlcisif^ ,  de  Hermann.  I!  ne  s'agit  de  rien 
moins  que  de  concilier  Tite-Live  avec  Denis  d'Halycarnasse  sur 
le  nombre  des  centuries ,  sur  leur  division,  et  de  trouver  place 
pour  les  centuries  de  chevaliers.  Dernierement  ce  point  a  ete 
examine,  dans  un  article  tres-profond  de  V-Hcrmos  (  rahier  de 
mai  ).  Nous  ne  craignons  pas  d'annoncer  ici  que  la  question 
recevra  bientot  la  solution  la  ])lus  satisfaisante,  de  celui  qui 
I'a  sonlevoe  le  jiremier  ,  c'est-a-dire  ,  de  M.  Niebnhr  lui-menie. 
T.  XXXI. — Juillet  1826.  10 


146  LIVRES  I^LTRANGJiRS 

Car  la  seconde  edition  dii  ]ireniier  volume  de  son  HUtoire  ilc 
Rome  est  sons  presse,  et  j'ai  snjet  do  pcnser  que  sa  reponse 
laissera  pen  de  prise  ;\une  rrplifpie.  Pour  en  revenir  a  M.  Mo 
ser  et  a  M.  Crcntzer,  nous  no  jiouvons  plus  que  conseiller  a 
nos  leclcurs  dc  lire  les  notes,  tt  ils  nous  sauronf  ^ri-  de  re 
conseil,  apres  I'avoir  snivi.  P.  de  GornvRY. 

SUISSE. 

34.  —  *  La  Scandinavie  et  les  Alpes  ,  par  Ch.  -  Victor  de 
BoNSTETTEN ,  uuteur  de  V Homme  du  midi  et  T Homme dunord, 
des  Recherches  stir  la  nature  ct  les  lots  de  V imagination  ,  des 
Etudes  de  r/iomme,  du  Voyage  dans  le  Latiinn ,  etc.  Geneve, 
1826;  Paschoud.  Paris,  ineiiie  maison  ,  rue  de  Seine,  n°  48. 
Brochure  in-8°  dc  xxx  el  18;^  pages ;  Jirix,  6  (V. 

Ce  n'est  ici  in  nn  voyage,  ni  un  traile,  ni  niie  disserlalion  ; 
c'est  un  recueil  de  souvenirs, qui  presence,  d'mienianicre unpen 
vague,  un  peu  confuse,  nia is  eii  memetenisaniiueeetpittoresque, 
les  observations  quel'autenra  faites  pendant  son  scjour  dans  les 
contrees  situees  au-dcla  de  la  iner  I3alti(|i)e.  Le  cliniar,  les  re- 
volutions du  so!  ,  les  scenes  de  la  nature,  les  evenemens  hislo- 
riques,  les  nioeiirs,  la  litterature,  sont  tour  a  tour  robjetde  ses 
remarques  et  de  ses  tableaux.  Uans  une  premiere  f)artieinti- 
tulee  :  Fragmcns  stir  C Islande ,  I'auleur  exprime  ainsi  I'im- 
pression  qu'ileprouva  en  arrivant  dans  les  regions  sepicntrio- 
nales.  «.  Quand  j'eus  passe  la  Baltiqne ,  je  me  sentis  dans  un  pays 
nouvean.  Le  ciel  ,  la  terre  ,  les  liommes,  leur  langage,  n'eiaient 
plus  les  meraes  j)our  nioi.  Les  decorations  de  mes  idees  etaienl 
cliangees;  nn  nionde  nouvean  se  deroulait  a  mes  regards." 
Toutefois,  M.  de  Bonsletlen  n'est  pas  du  nombre  de  ces  phi- 
losophes  qui ,  exagerant  I'influence  du  climat,  le  regardent,  a 
I'exemjile  de  Montesquieu,  comrae  la  cause  principale  et  pres- 
([ue  unique  des  institutions  etdesqualites  morales  des  penplcs. 
«  On  parle,  dit-il,  du  climat,  coinine  d'une  quantile  constante, 
et  11  n'y  en  a  pas  de  j)lus  mobile.  Chaque  invention  dans  ies 
artsseinble  lapjiroclier  le  nord  du  midi,  el  cliac^ue  manvaise 
loi  nons  rend  nn  peu  Lapons.  ■>  Ailleurs  ,  il  fait  ces  remarques 
jddicieuses  sur  I'effet  que  produisit  en  Islande  I'introduclion 
de  la  langue  latine  ({ui  fut  bienloi  la  seule  langue  ecrite  : 
1  Commc  on  n'ecrit  jamais  dans  une  langue  morte  que  pour 
un  petit  nombre  de  lecteurs,  il  arriva  en  Islande  cjue  I'usage 
du  latin ,  en  separanl  le  gros  de  la  nation  de  sa  parlie  pen- 
sante,  la  rcndil  ctrnngcre  aux  progres  des  lumieres.  On  vit 
alors  chez  les  peoples  du  nord  ce  qu'on  a  vn  chcz  foutcs  les 


SUISSE.— IT  ALIE.  147 

jiaiions  culfivees  de  TEurope  :  des  savai;s  neyliger  la  langue 
de  leur  pays,  el  des  nations  scjiarees  <ies  linaiores  de  Iturs  pen- 
seurs.  De  la  I'ignorance  et  la  baibarie  des  pciiples  du  moyei! 
age,  avatit  la  veritable  renaissance  des  let! res  [)ar  I'lisage  de  la 
langue  vulgaire.  II  y  a  une  correspondance  si  inlimc  entre  la 
])ensee  ct  le  langage,  que  les  progros  de  la  pensee  sont  tou- 
jours  proportionnes  aux  jirogres  du  langage,  coninic  les  pro- 
gresdu  langage  lesofitaux  ])rogrcs  de  la  pensee.  C'est  toujours 
le  reflet  des  himieres  de  quelcpies  lioninies  sur  la  lotaiifc  de  la 
iialiori,  qni  donne  de  la  "vie  a  la{)ensee.  »  Dans  la  seconde  par- 
lie  de  son  livre  ,  M.  de  Bonstetun  s'attache  a  faire  ressortir  les 
differences  geologiques  qui  existent  entre  les  monlagnes  de  la 
Scandinavic  et  les  Alpes;  les  jjieinieres,  arrondies  au  soniniet 
en  forme  de  plateaux  ,  sont  crevassees  scidement  a  lears  bases, 
tandis  que  c'est  a  la  cime  des  aulres  que  se  Irouvent  les  cre- 
vasses et  les  rocs  escarpcs.  Cette  remarque  fournil  a  I'auieur 
plus  d'line  conjecture  ingenieuse  siir  les  revolutions  qu'a  dvi 
eprouver  le  globe  lerreslre.  Les  grands  tableaux,  les  traits  de 
sentimeiis,  les  observations  ingenieuses  ou  profondes,  se  pre- 
sentent  frequemment  dans  I'ouvrage  de  M.  de  Bonstelten.  Son 
style,  a  la  fois  nature!  et  briliant,  offre  de  tems  en  Icms  quel- 
ques  formes  etrangeres  ,  qui  ne  sont  toutefois  dcpourvues  ni 
d'oi  iginalite,  ni  de  grace.  Mais  I'ordre  et  la  methode  sont  ab- 
solnment  exclus  de  cet  ecrit,  et  il  me  paraitrait  impossible  d'en 
faire  une  analyse  quelconque.  Tel  est  en  general  le  caractcre 
distinctif  de  I'ecolegermanique.  En  France,  I'auieur  songe  sans 
cesse  au  public  qui  exige  uti  livre  bien  fait.  En  Allemagne  ,  il 
semble  le  plus  souvent  u'avoir  pris  la  plume  que  pour  satis- 
faire  le  besoin  d'exprinier  ce  qu'il  a  senii.  Cette  rnaniere  de 
composer  n'est  pas  sans  cliarme  pour  le  lecleur  qui  ne  cherche 
quun  amusement ;  niais  veut-il  recueillir  quelque  fruit  de  sa 
lecture ,  il  s'apercoit  aussitol  ([ue  I'auteiir  lui  a  laisse  le  soin  de 
coordonner  ses  pensees  et  d'en  faire  ,  s'il  s.e  peut ,  un  ouvrage. 

Ch. 
ITAHE. 

35.  —  *  Meniojif  sulla  atoria  e  nototnia  degli  animali senzn 
vcrtebre.  — Mcmoires  sur  I'histoire  et  I'anatomie  des  animaux 
sans  vertebres  du  royaume  tie  Naples ;  par  jE".  Delle  Chiaje. 
Naples  ,  1823-1825.  In-4°  avec  planches.  5  livraisons  ont  deja 
jiaru. 

M.  Delle  Chiaje,eleve  du  savanlPoli,  marche  sur  les  traces 
de  son  digue  mailre.  Les  mcmoires  qu'il  public  offrent  aux 
naluralistcs  les  descriptions  de  j)hisicurs  especes  entiereinent 


148  I-IVRES  ETRANGERS. 

nouvcllcs  dans  la  classe  dos  animaux  saus  vcrlebros.  Nous  cf 
lei'ons  entre  nutros  une  incdusc  a  laquelle  il  a  donnc  le  noin  de 
cassiopea  borbonica ,  decrite  dans  la  premiere  livraison. 

E.  G. 

36.  — II  Bolanico  ilaliano,  ofsia  discussioni  siiUa  Flora  ita- 
liana  ,  etc. —  Le  Boianisle  italien,  on  Discussions  sur  la  Flore 
italicnne  ,  du  professeur/o^c/^/i  Mouktti.  N"  \"  .  Pavie,  182G; 
Insila.  In-4°. 

M.  MoRETTi,  qui  nous  a  doja  promis  I'cdiiion  de  sa  Flore 
italienne  a  laquelle  il  Iravnillc  depuis  if)  ans,  a  sent!  la  ne- 
cessite  de  la  f'aire  preceder  par  son  Botaniste  italien.  II  a  vu 
combien  il  seralt  difficile  il'assigner  a  chatiue  espcce  les  deno- 
minalions  diverses  f;ue  leur  ont  appliquees  lous  ceux  (|ui  en 
ont  Iralle  auparnvant.  Pour  eviler  toule  erreur,  il  s'cst  pro- 
pose de  publier  d'avance  les  planlcs  ([u'il  croit  elre  nouvcllcs, 
et  d'indiquer  cclles  qui ,  Lien  que  decrites  par  des  eirangers, 
n'ont  pas  encore  ete  indiqiiiJcs  comme  indigenes  de  I'ltalie.  II 
soumet  ainsi  au  jugeinent  des  plus  liabiles  botanisles  diverses 
plantes  etqueiques  autres  dont  I'originecst  encore  incertaine; 
il  s'engage  a  publier,  avec  des  annotations,  les  mi'moires  qui  lui 
scront  adresses,  rnlativenient  a  cliacune  de  ces  pianies.  Nous 
esperons  que  les  amis  de  la  science  s'empresseront  de  s'assoclcr 
a  I'utile  entreprise  de  M.  Moretti.  F.  Salfi. 

37.  —  Rijlessiorti  so/ira  I'  origine  delle  Malattic ,  etc.  —  Re- 
flexions sur  I'origine  des  maladies  et  leiirs  remedes  specifiqnes, 
modifies  d'apres  la  ilieorie  du  docleur  Lk  Roy.  Naples,  1826; 
P.  Tizzano.  In  8°;  prix  ,  3  Carlins  ( i  t'.  32  c. }. 

Get  ouvrage  est  une  des  nombreuses  brochures  que  fait  nailre 
la  vogue  du  specifique  coni])Ose  par  Le  Roy  qui,  raalgre  les 
defenses  du  gouvernement  des  JDeux-Siciles  et  les  attatjucs 
dont  il  est  I'objet  dans  les  chaires  de  I'Universile  et  sur  les  thea- 
tres de  celte  capitale,  trouve  clinf)ue  jour,  en  Italic,  un  grand 
nombre  de  partisans.  L'auteur  de  la  brochure  que  nous  an- 
nonoons ,  s'clevanl  conlre  le  sysleme  du  docteur  Broussais, 
souticnt  que  les  drasliqnes  violens  sont  preferables  a  la  saignee, 
dans  les  pays  chauds.  Cet  ouvrage,  qui  conlient  quelques  ob- 
servations assez  justes ,  est  d'ailleurs  faiblcment  concu  et  fai- 
blement  ecrit.  E.  G. 

38. —  *  Delia  storia  Bresciana ,  etc.  —  Discours  sar  I'his- 
toire  de  Brescia,  par  Joseph  Nicolini.  Brescia,  iSaS;  N.  Bet- 
toni.  In  4°. 

M.  Bettoni,  celebretypographe  Italien  ,  ayant  forme  le  projet 
de  pidjlier  a  la  fois  les  vies  et  les  portraits  deshommes  de  Ict- 
tres  les  plus  illustres  de  Brescia,  apres  avoir  confie  rexcculion 


ITALIE.  1/.9 

tl'un  si  iniercssanl  travail  a  des  t'crivaiiis  et  a  des  artistes  que 
celte  ville  s'honorc  de  posseder  aujourd'hui,  a  compris  qu'il 
imporl.Tit  de  joindre  a  ce  reciicil  biographique  et  iconogra- 
phique  iiii  discours  preliminaire  qui  offrit  un  tableau  abrege 
de  I'hisloire  civile  de  Brescia.  M.  Nicolini,  dcja  connu  par 
d'autres  productions  liltcraires,  a  rempli  cetle  laclie  avec  suc- 
ces.  On  ne  Irouve  ricri  a  reprendre  dans  le  plan  ,  ni  dans  les 
details  de  son  precis  bistorique  ,  divise  en  Irois  periodes,  dont 
la  j)renilere  s'elend  depnis  la  fondalion  de  Brescia  jusqu'au 
regne  d'Othon  V  de  Saxe;  la  seconde  s'arrete  a  la  moitic 
du  siv*^  siecle;  et  la  troisienie  ne  depasse  pas  le  xviS.  L'auteur 
distingue  les  terns  ou  Brescia  etait  constituee  en  republic|ue, 
de  ceux  oii  elle  toniba  sous  les  lois  d'lin  maitre,  et  il  peint  le 
caractere  du  peuple  sous  I'une  et  I'autre  forme  de  gouverne- 
ment.  Le  siyle  de  cet  essai  est  elegant,  et  ne  manque  pas 
de  dignite.  Nous  conseillons  a  M.  Nicolini  de  se  livrer  encore 
a  des  travaux  de  ce  genre  et  tels  que  I'ltalie  doit  en  attendre 
de  son  patriotisme  et  de  son  talent. 

39. — La  Georgica  de'Jiori,  poerna,  etc. — -La  Georgique  des 
fleurs ,  poeme  d'yJ/ige  Ricci,  eic.  Pise,  i825  ;  Nistri.  In-18. 

M.  Ricci  s'est  deja  faitconnaitre  par  plusieurs  autres  poemes 
de  divers  genres,  surtout  par  ceux  de  Vltaliade  et  de  St.  Benoit. 
Celui  que  nous  annoncons  est  du  genre  didaclique;  il  contient 
vingt-quatre  chants,  composes  en  terzn  rima.  Apres  avoir  ex- 
pose les  regies  generalcsa  suivre  ])our  la  forniallon  d'un  jardin, 
et  trace  un  calendricr  de  Flore,  propre  a  determiner  les  tra- 
vaux convenablesachaque  saison  et  achaquemois,  l'auteur  en- 
trem^le  ses  ler.ons  sur  le  jardinage  de  tableaux  poetiques  ,  ou  il 
peint  avec  variete  les  metamorphoses  mythologiques  de  la  j)lu- 
])artdes  fleurs.  Ilenibellit  ces  descriplionsemprunlees  a  la  fable 
par  des  traits  que  liii  fournit  sa  brillante  imagination,  et  par 
des  episodes  dont  I'objet  est  de  plaire  aux  lecteurs  ,  en  les  ins- 
truisant.  On  Irouve,  a  la  fin  de  chaque  chant,  des  notes  d'une 
brievete  qui  ne  iiuit  pas  a  la  science. 

Zio.  —  *  Canzoni,  etc.  —  Odes  de  Jacques  Leopardi.  Bo- 
logne,  1824  ;  Nobili.  In-8'^. 

La  plupart  de  ces  odes  sont  de  veritables  chants  patriotiques. 
Admirateiir  des  i)remiers  poe'es  de  sa  nation,  du  Dante  ct  de 
Petrarque,  M.  Leopardi,  tout  en  iinilant  leur  beau  style,  n'ex- 
prirae  que  des  pensees  qui  lui  appartienncnt  a  lui-meme.  Dans 
la  premiere  ode,  il  oppose  a  Tabaissement  de  I'ltalie  moderne 
le  souvenir  de  sa  grandeur  passee,  et  s'indigne  contre  les  vices 
quiont  produit  et  qui  pcrpetuent  sa  triste  decadence.  A  la  vuc 
de  cette  cliero  patrie,  abandonnec  parses  propres  enfans  ,  il 


oo  LIVRES  ETRANGERS. 

demanile  des  ariues,  et  vent  combaltre  el  inourir  seul  pour 
eile  .  en  s'ecrhint  :  «  O  ciel,  accorde-inoi  que  mon  sang  rc- 
pauiln  devieiine  un  feu  (|ui  einbrase  le  coeur  de  trrns  mes  con- 
ritoycns  !  (i)  »  Les  deux  Canzoni  snivans  cclebient  I'ereclioii 
d'un  monument  a  la  mcmoire  du  Danle  par  la  ville  de  Flo- 
rence ,  el  la  decouvcrle  des  livres  de  Id  rr/mbl/rjiwile  Ciceioii  , 
faile  par  I'abbe  Mai.  Ennemi  de  tonte  servitude  politique,  I'au- 
teur  s'eleveaussi  contre  la  servitude  lilteraire;  il  nieprise  jusle- 
ment  cette  foule  desprits  mediocres  qui,  loin  d'imiter  la  liberti! 
de  penser  des  etrangers  ,  nc  font  que  repeter  des  maximes 
vu'gaires  ,  la  plupart  decreditees.  La  quatrieme  ode  est  un 
chant  nuptial  en  I'honnenrde  Paoline,  sceurdupoete  ;  cette  piece 
renferme  de  sages  et  nobles  conseils  qu'il  adresse  aux  meres 
ifaliennes  sur  Teducation  de  leuis  enfans,  el  cpi'il  torini!»e  en 
leur  rappelanl  le  sacrifice  de  la  fille  de  Virginius.  Dans  la  cin- 
((uieme,  il  exhorte  un  jeune  athlete,  qui  vietit  de  remporter  le 
[irix  an  jeu  du  ballon,  a  cueillir  des  palmes  encore  plus  honn- 
rables.  La  sixieme  offre  nn  commentaire  energique  des  der- 
nieres  paroles  du  second  Brutus  ,  avant  de  se  donucr  la  niort  ; 
I'auleur  s'efforce  de  demontrer  la  juslesse  de  cette  terrible 
apostrophe  a  lavertu,  par  le  tableau  des  uialheurs  de  son  pays. 
La  septieme,  adressee  au  printems,  vante  les  charmes  del'an- 
cienne  mythologie,  dont  la  perte  a  change  la  nature  en  une 
muetle  solitude.  Cette  ode  est  suivie  du  dernier  chant  de  Sa- 
p/io  ,  et  d'un  hjinne  aux  patriarches.  Le  poete  a  dcdie  la  der- 
niere  a  sa  dame.  II  s'est  montre  fidele ,  dans  ces  differentes 
pieces ,  aux  memes  sentimens  et  aux  memes  pensees.  Son  styh; 
devient  parfois  un  peu  obscur  par  I'emploi  de  quehpies  lati- 
nismes,  qui  n'otent  rien ,  d'ailleurs,  a  la  dignite  de  son  elo- 
cution. 

41.  —  Vn  Sogno  delta  vita  ed  il  Larncnto  di  Dnnle.  —  Un 
Songe  de  la  vie  et  la  Lamentation  du  Dante ;  par  Ange  Brof- 
FERio. Milan,  iSaS;  A.-F.  Stella.  In-8". 

L'auteur  de  ces  vers  merite  d'etre  distingue  dans  la  foule  de 
ses  rivaux  par  sa  jeunesse  et  par  la  sensibilite  dont  ses  poesies 
sont  empreintes.  L'editeur  en  lone  la  clarte  ,  dans  son  avis  au 
public.  Mais  il  me  semble  que  le  jeune  poele  ne  doil  pas  fon- 
der uniquement  son  merite  snr  cctle  qualitc  indispensable  a 


(i)  L'iirml,  qua  r.'iinii;  io  solo 

Conibaltpri>,  procooibero  sol  io 
Damini ,  o  Ciel ,  che  sinfoco 
Agl'  italiri  pptii  il  sangue  min. 


ITALIE.  i5i 

lout  ocrivaiii.  Nous  liouvoiis,  d'ailleurs,  dans  ses  jjreinieres 
pioductioiis,  un  caractere  louclianl,  une  leinte  de  melancolie, 
qui  sonl  d"un  heureux  augure  pour  son  talent  a  venir.  Ses 
odes  sur  le  Toinbeau  de  Julittle  et  de  Romeo,  sur  le  Cimetiere, 
et  suitoui  la  Lamentation  du  Dante  juslifieiit  ces  presages. 
Dans  la  derniere,  Taiiteui' fait  repcter  au  Dante  des  plirases 
exlrnitcs  presque  litteralement  de  ses  ceuvres.  Quoique  cet 
artifice  puisse  paraitre  pen  original  ,  et  meme  pueril  ,  on 
avoueia  du  moins  c|ue  le  jeune  poete  I'a  employe  avec  beau- 
coup  d'adres^e  et  de  naturel.  Cela  prouve,  au  reste ,  combien 
il  s'est  applique  a  s'cnrichir  des  couleurs  de  ce  grand  poete, 
pour  en  reveiir  ses  propres  pensces, 

42.  —  Tragedie ,  etc.  —  Tragedies  A' Edouard  de  Fabbri  ,  de 
Cesene.  Rimini,  1821,  1822,  etc.  In  8°. 

M.  Fabbri  est  i'lin  iles  auteurs  dramatiques  de  I'ltalie  qui, 
depuisle  comniencement  de  notre  siecle,  ontsouventmerifeles 
suffrages  du  public.  Jeune  encore,  il  s'etait  fait  remarqutr  par 
rexpression  energiijue  dessentimens  et  des  pensees  qu'il  ci  oyait 
conveiiir  le  niieux  aux  circonstances  Son  premier  essai  fut  ia 
tragedie  de  Thjtisjbule ,  jouce,  en  1802,  aux  applaudissemens 
de  tous  !es  speciateurs,  mais  proscrite  aussilot  par  le  gouver- 
nenienl.  Loin  d'etre  decourage  par  cette  rigueur,  il  composa 
plusieurs  autres  pieces,  loujours  dans  le  meme  esprit.  II  a  pu- 
blic depuis  une  Iphigenie  en  AuUde ,  une  Sophonisbe  et  une 
Mariarnne.'Nlz\% ,  s'otant  apercu  cpie  de  pareiis  sujets  com- 
niencaienl  a  vieillir,  il  en  puisa  d'autres  dans  I'liistoire  mo- 
derne ,  et  s'adacha  surtoiit  a  celui  de  Francoise  de  Rirnini,  deja 
traite  \)ar  tant  d'autenrs.  I!  entreprit  a  la  fois,  comme  poete, 
de  faire  couler  denouvelles  larmes  sur  cette  funeste  aventure, 
ct,  corame  historien,  de  jusllfier  la  Romagne  de  I'horrible  bar- 
baric dont  plusieurs  etrangeis  ont  accuse  cette  province,  en 
cbeicliant  surloul  a  refuter  les  asseitions  de  M.  de  Sismondi, 
dansrHistoire  des  republiques  italieiinesdu  moycn  age.  Mais  il 
n'est  parvenu  qu'a  pioiiver  I'ardtNir  de  son  patriotisme,  par 
cette  refutation  et  par  sa  tragedie;  I'hcroine,  amenee  par  lui 
sur  la  scene,  nous  emeut  beaucouj)  luoins  que  dans  le  recit  du 
Dante.  On  trouve  ce  defaiit  dans  toulcs  les  pieces  qu'on  a  essayii 
de  faire  sur  le  meme  sujet,  parmi  lesquelles  nous  avons  signale 
les  plus  remarquables.  (  Voy.  Ret'.  Em:.,  t.  xxii,  pag.  4o/i.) 
Est-ce  la  faute  des  auteurs,  ou  n'est-ce  pasplutot  celle  du  sujet, 
(|ui,  apres  avoir  fburui  au  Dante  un  louchant  episode,  ne  se 
prele  pas  au  plan  d'une  bonne  tragedie? 

.'i'^.  — Novel /e  de,  etc. — Contes  de  .facte/  Scivor,\Ni.  Palerme, 
1824;  Solli.  In-S". 


i5a  LIVRES  £TRANGERS. 

L'edileur  aniionce  que  ce  recueil  conlicndra  douze  notx- 
velles ,  dont  la  premiere  avait  deja  etc  imprimee  sous  Ic  titrc 
de  Fete  de  Venus.  II  rappclle  les  eloges  que  M.  Scrofani  obtint 
de  CesaroUi,  au  siijet  de  cet  essai.  L'auteur  est,  en  effet,  avan- 
tagcusement  connu  Ciaiis  la  republique  des  letlres  par  diverses 
productions  dignes  d'etre  remarquces.  Mais  nous  parlageons 
ici  I'opinion  de  YAntkologic  de  Florence,  qui  n'a  pas  trouve 
dans  celte  nouvelle  lout  I'interet  qu'aurait  pu  y  repandrc  le 
talent  de  M.  Scrofani.  Nous  esperons  qu'il  se  relevera  dans 
celles  dont  il  promet  la  publication,  et  qu'il  aura  su  donner 
plus  d'importance  a  ses  sujefs,  en  les  ratlachant  aux  interets 
de  son  siecleet  de  sa  nalion. 

44-  —  *  lllustrazione  dell'  Arco  d'Augusto  in  Rimini ,  etc. 
—  Eclaircissemens  sur  I'Arc  d'Auguste  a  Rimini ,  avec  huit 
planches;  par  Maurice  Brighenti  ,  ancien  professcur  de  I'L'- 
niversite  de  Bologne.  Rimini,  i825.In-8°. 

L'Arc  d'Auguste,  situe  pres  dela  porte  orientale  de  Rimini, 
a  sonvent  occupe  I'attention  des  artistes  et  des  antiquaires,  et 
lous  I'ont  regarde  corame  I'un  des  raonumens  qui  prouvent  le 
mieux  la  magnificence  des  anciens  Remains.  Ceux-ci  I'avaient 
eleve  en  riionneur  d'Auguste,  au  sujet  de  la  restauration  des 
grandesroutesdel'Italie.M.  Brighenti s'esi  a jiplique a  determiner 
I'annee  ou  fut  drige  ce  monument,  a  icconnaifre  les  medailles 
qui  le  representent,  el  a  completer  I'inscription  quise  trouve 
fortalteree.  C'est  le  sujet  de  la  premiere  partie  de  cettedisser- 
tation.  La  seconde  contient  une  description  exacte  de  tout  ce 
qui  reste  de  ce  grand  monument,  d'autant  j)Ius  prccieuse 
qu'elle  I'offre  en  meme  terns  tel  qu'il  elait  avant  sa  destruc- 
tion,  c'est-a-dire,  qu'elle  en  indique  le  site,  lesfonderaens,  le 
soubassement,  les  colonnes,  lesornemens  et  les  debris  des  sta- 
tues dont  il  etail  decore.  Sept  planches  forment  un  atlas  se- 
pare  du  livre,  et  peuvent  ligurer  aussi  dans  le  cabinet  d'un 
amateur.  L'execution  en  estparfaite.L'auleurpi'omet  de  publier 
nn  travail  semblable  sur  le  Pont  de  Rimini  et  le  Temple  de 
Malatesta. — L'allas  etle  texle  se  trouvent  a  Paiis,  chez  Treul- 
tel  el  Wiirtz.  ¥.  S. 

PAYS-BAS. 

45.  — *  Verhandeling  over  de  damphringsluclit ,  etc.  —  Dis- 
sertation sur  I'air  atmosplierique  et.  son  influence  sur  I'ecoiio- 
mie  animale;  parle  chevalier /.-/?. -Z.  de  Kirck.hoff  ;  iraduite 
du  francais  sur  la  tiuisicine  edition,  par  MM.  Swaan  el  Jou- 
niTSHA ,  D*"  M.  Hoorn ,  1826;  imprimerie  de  Vermandcn. 
I  vol.  in  8<>. 


PAYS-BAS.  1  tVi 

/,6.  —  *  Ahnnnah  ten  diensle  der  zeelieden.  —  Almaiiacli  a 
I'lisagc  des  mariiis,  pour  1826  et  1827.  La  Haie,  iSaS;  im- 
primerie  de  I'etat.  1  vol.  in  8°. 

Get  ouvrage  qui  est,  pour  le  royaume  des  Pays-Bas ,  ce  que 
la  Connaissance  des  teins  est  pour  la  France ,  exisle  depuis 
1788;  et  il  en  parait  annuellement  un  volume.  11  est  rediirc 
par  une  Commission  chargee  de  I'examen  des  officiers  de  ma- 
rine, de  la  revision  de  cartes  hydrographiqucs ,  et  generale- 
ment  de  tout  ce  qui  concerne  la  determination  des  longitudes 
en  mer.  On  y  trouve,  comme  dans  les  autres  recueils  de  menie 
nature,  I'ascension  droile  et  la  declinaison  du  solell  et  de  la 
lune  pour  les  differens  jours  du  mois;  les  diametres  apparens 
de  ces  astres;  ia  distance  de  la  lune  aux  principales  eloiles ; 
les  lieux  de  Venus ,  de  Mars ,  de  Saturne,  de  Jupiter  ;  les  confi 
gurations  des  satellites  de  Jupiter;  les  rpoques  des  eclipses  de 
ces  satellites.  Des  avis  et  des  memoires  fort  interessans  servent 
encore  a  completer  les  documens  utiles  que  renferroe  cet  ou- 
vrage. On  doit  au  zele  infaligable  de  M.  Schroder,  professeur 
^  a  rUniversitcd'Utrecht  et  president  de  la  Commission,  tonte 
la  partie  supplementaire  qui  a  paru  dans  les  volumes  de  182G 
et  1827.  Ce  sont  des  tables  ires-etcndues  des  dcclinaisons  de 
I'aiguilie  aimantce  hors  des  tro])iques,  dont  les  donnees  ont  etc 
puisees  dans  un  grand  nombre  d'ouvrages ;  des  avis  sur  les 
fanaux  places  autour  de  la  rade  de  Batavia  ,  ainsi  que  le  long 
des  cotesde  laHoliande,  de  la  Zelande  etdela  Flandre  occiden- 
tale;  des  tables  des  courans  et  des  decliiiaisons  de  raiguiile 
observes  pendant  un  voyage  a  Batavia ;  des  analyses  des  re- 
cherclies  de  Davy  et  dc  Barlow  sur  les  actions  chimiques  (les 
nietaux  et  sur  I'isolement  de  I'aiguilie  aimantee.  On  trouve 
encore  dans  eel  ouvrage  des  recherches  tres-interessanles  sur 
les  releves  hydrographiciues  du  golfe  de  Mexique ,  de  la  Terre 
ferme  et  des  iles  des  Indes  occidentales  dus  aux  ofiicicrs  es- 
pagnols,  et  des  rapprocheinens  avec  les  observations  de  M.  A. 
de  Humboldt  pour  Li  dclermiiialion  des  longitudes  et  latitudes 
de  differens  points  si  lues  dans  ces  regions;  ainsi  que  de$  rensei- 
*  gneraens  sur  la  nielhode  d'apres  larjucile  la  carte  hydrogra- 
phique  des  passes  des  bouches  de  I'Escaut,  etc.  a  ele  Icvce  , 
en  1823  et  1824  ,  par  le  capitaine-lieutenant  J.-C.  Ryk.  Le 
volume  pour  1S27  se  termine  ])ar  une  l;ible  des  elemens  de  l;i 
grande  triangulation  faite  en  Belgique  par  le  general  Kr.tveii- 
hof.  Nous  n'avons  pu  donner  qu'une  indication  des  princi- 
paux  articles  qui  reconimandeni  re  recueil,  digne  sous  tons 
les  rai)ports  d'etre  connu  a  I'exterieur  bien  plus  qu'i!  ne  Test 
generalemrnl.  Nous  nc  craignonspas  mcme  de  dire  que  lessa- 


ir.4  I.IVKES  ETRANGERS. 

vans  de  ioiiU'i  It's  classes  pomroiit  le  coosiilter  avcc  fruil  ct 
liiont  avoc  iiitert't  la  panic  stip[)leine;)taiic      \.   Quktklet. 

4"  —  *  Handboe/'  voor  staatsinanntn  ,  rlr:.  —  Manuel  «ie 
radiiiinislrateur,  ilu  nianiifacturicr  el  dn  ncf^ociant;  par  M.  de 
(Iloet;  tiaduit  snr  la  seconde  edition,  et  dedie  a  M.  le  cheva- 
lier de  Kirckhojf,  par  M.  P.  Vaw  Grithuizen.  Utrecht ,  i8'iG  ; 
A.lter.  I  vol.  in-8°  de  xxviii-270  pages; 

Nous  avons  rendu  ,  dans  le  terns,  un  coinpte  favorable  dii 
Manuel  de  M.  de  Cloet  (  Voy.  Ra:  Enc. ,  t.  xxi ,  p.  388  ).  Ctt 
ecrivain  n'aurail  pu  avoir,  enllollniide,  un  meillenr  inierpiele 
que  M.  Van  Giilhuizcn,  auquel  la  langue  hoUandaise  est  ties- 
familiere;  el  Ton  dolt  le  feliciler  d'avoir  eu  jjour  liaducteiir 
nn  honinie  aiissi  verse  ilans  la  corinaissance  de  I'econoinie  po- 
litique et  des  affaires  cominerciales.  La  traduction  de  M.  Van 
Grithuizen  est  tres-hicn  ecrite  el  faite  avec  cxacliludc,  el  il  I'a 
enrichie  de  191  pages  de  notes  el  de  rernarques,  qui  ajoutctu 
au  meritede  Touvrage  oiiginal.  *. 

48.  —  Les  malheurs  de  la  Grece,  scene  lyrique;  par  Ph.  I.. 
Rruxelles,  1826. 

49. —  Cantate  snr  la  destiuction  de  Missolonghi  ;  j)ar  Ph.  L. 
Bruxelles,  1826. 

5o. —  Missolonfi^hi,  etc.  — Missolonghi,  par  E.  -  ff^.  Vain- 
dam-Van-Isselt.  Tiel ,  1826;  Carnpnglie.  In-8". 

Ces  differentes  compositions  ont  pour  but  de  raiuener  I'at- 
tenlion  de  I'anu  de  I'humaniie  stir  les  malheurs  de  la  Grece; 
les  deux  premieres  ont  ete  vivenient  applaudies  a  Bruxelles  , 
ilanstleuxconcerlsqui  ont  eledonnes  siiccessivenient  an  benefice 
des  malheureux  Hellenes  ;  la  troisicnie,  ecrite  en  hoiiandais, 
est  egalement  concue  et  executee  sons  I'inspiraiion  de  la  dou- 
leur  et  d'une  genereuse  indignation.  Nous  regrcttons  de  ne 
pouvoir  en  faire  connaitre,  par  nne  traduction,  des  fragmens  a 
nos  lecteurs  ;  mais  ,  nous  croyons  les  dedonimager ,  rn  cilaiil 
les  vers  suivans,  tires  de  la  scene  lyrique  sur  les  malheurs  lie 
ia  Grece. 

O  mes  concitoyens  !  si  de  la  gloire  antique 
Vous  gardez  en  vos  coeurs  le  noble  souvenir. 
Que  vos  pieuses  mains  ariiicbont  la  Belgique 

Aox  reprocbes  de  I'avenii'. 
Un  peu  d'or  sauvciail  ces  peuples  oiagnaninies 
Que  le  besoia  pouisuit  au  milieu  des  combats ; 
Vi\  j)eu  dot  doiiuerait  du  fer  a  leurs  soldats, 

Du  paiu  aux  culaus  dis  vicliiues. 
Pri'lres,  pour  eux  aussi  mouiul  le  lledein|>teui  ; 
Fils  d'EgiiKinl,  aide/.-ics  a  briser  lours  cnMavc-i. 

Vous  ,  femmes,  donncz  au  malhear; 

Snltlats  lieljTPS,  doimrz  aux  braves. 


PA.YS-BAS.  '53 

Ces  gcncreiix  acceiis  out  ciuentendus  de  tous  les  Beiges  fiui 
s'cinpressent  de  payer,  coinme  les  aulies  nations,  leiir  Inbnl 
;">  la  vertu  malheurcuso. 

5i. —  Cntalogus dcr  bibliotheeli  van  Teylers  stickling. — C;i- 
taloguedela  bibliothequeTeylciienne  a  Harlem.  Harlem,  182G; 
Loosjes.  In-8°  de  128  pages. 

Ce  catalogue  est  public  par  M.  V^an  Marum  directeur  du 
niusee  de  la  fondation  Teylerleiine  et  premier  bibliothecaire. 
Ce  savant  dont  la  reputation  est  generalement  repandue  en 
Europe,  a  puissamment  conlribuc  par  scs  travanx  a  repr.ndre 
de  I'eclat  sur  retablissemenl  dont  I'organisation  lui  ful  conficc 
des  I'annee  1784.  En  nous  fesant  connaitre  aujourd'hni  les  on- 
vrages  precieux  cpie  renferuie  la  bibliotheque,  il  rend  un  nou- 
veau  service  aux  sciences.  Les  amateurs  des  belles  editions,  y 
trouveront  une  riche  collection^  des  auteurs  grecs  et  lali.is, 
et  des  documens  noinbreux  sur  I'liistoire  nalurelle,  la  geogra- 
phic et  les  voyages.  La  bibliotheque  renferme  encore  une  des 
collections  des  memoires  academiques  les  plus  completes  que 
presente  notre  pays.  C'est  surtout  dans  les  ctablissemens  publics 
que  Ton  doit  Irouver  les  ou\ rages  souvent  trcs-dispendieux 
qui  ne  sont  point  a  la  portee  des  fortunes  parliculieres;  on 
doit  done  savoir  gre  au  discernement  de  M.  Van  Marum  (|ui 
en  les  reunissant ,  a  consulte  les  interels  du  plus  grand  nomine 
de  lecteurs.  A.  Q. 

Oiwrnges  pdriodiques. 

52.  —  *  Annates  universelles  de  V Industrie,  des  sciences ,  dc 
la  litterature  et  des  beaux-arts ,  ou  choix  d'articles  extraits  et 
tradnits  des  meilleurs  oiivrages  publics  dans  les  deux  hemis- 
pheres. Bruxelles,  1826  ;  Imprimeric  des  Annales  universelles  , 
grande  place,  n°  1189.  In  -  8".  Prix  de  I'abonnement  par 
an  ,  36  f'r;  par  mois,  4  fV. — Ce  journal  paraitra  tous  lesmois, 
par  cahier  de  i5o  a  200  pages  environ  ;  il  doit  se  composer  de 
trois  parties  distinctes,  subdivisees  elles-memes  en  differenles 
sections.  La  premiere  comprendra  les  ar-ts  induslriels  ;  le 
deuxieme  les  sciences  ;  la  troisieme  la  Utterature  et  les  heau.r- 
arts. 

Ce  nouveau  journal ,  dont  le  premier  cahier  vient  de  parai 
tre,  ne  sera,  d'apres  I'annonce  de  I'editeur,  qn'un  choix  ile 
ce  que  les  autres  journaux  renferment  de  meillcur.  Son  elcn- 
due  permettra  memc  d'v  coniprcndrc  tout  ce  que  cenx-ci  out 
de  &o«.  C'est  prometlre  beaucoup.  Du  reste ,  si,  des  le  pre- 
mier numero ,  I'editeur  a  rcmpli  ses  engagemens ,  la  Revue  En  ■ 
rjrlnpedique  n'a  pas  a  sc  plaindrc  nuisqu'ellc  a  fourni  inron- 


1 56  LIVRES  liTR ANGERS. 

testablemcnt  plus  que  tous  les  recucils  dans  lesijuels  on  a  piiisc 
des  matcriaux.  Le  caliicr  que  nous  a\ons  sous  Ics  yeux  ron- 
tient,  parnii  les  articles  princlpaux  ,  un  coup-d'cc'd  sur  (vlat 
actuel  des  sciences  ct  dcs  arts  rt  sur  les  progrcs  des  pcuples , 
depuis  le  commencement  du  XIX'  siecle ,  extrait  en  ])artie  des 
articles  que  RIM.  Sisbiondi,  ^f/?yrt/«/«  Constant  el  Juli.ien 
out  inseres  dans  la  Revue  Encyclopedique;  des  fragmens  du 
beau  rapport  fait  a  tlnstitut  sur  les  paratonnerres  ,  des  notices 
sur  les  bateaux  a  vcpeur,  sur  I'art  d'incriister  le  verrc  ,  sur  les 
machines  a  vapeur ,  sur  V education  des  classes  inferieures  et 
superieures ,  etc.  Nous  nous  reservons  de  revenir  plus  lard  sur 
ce  journal ,  quand  il  comptera  plusieurs  mois  d'exislence. 

A.  Q. 

53.  —  *  Revue  bibhograpJtique  des  Pays-Bas  et  de  I'etran- 
gcr ,  ou  Indicaleur  general  de  I'imprimerie  et  de  la  librairie  , 
des  cartes geographiques ,  gravures,  lithographies  et  ceuvres  de 
musiquc.  Bruxelles  ,  P.  -  J.  Denaat,  libraire  ,  Grande  Place  , 
n°  n88.  II  parait  chaque  mois  un  cahier  de  32  pages  i>i  -  8°. 
Prix  de  rabonnement  annuel  avec  les  tables ,  12  fr.  et  i5  fr. 
pour  la  France  et  I'Anglelerre. 

L'origine  de  cet  utile  recueil  ,  que  nous  avons  deja  annonce, 
remonte  a  i8i4Lapaix,  conclue  celte  annee  ,  fit  nnitrele  de- 
sir  d'augmenter  les  debouches  des  produits  de  la  librairie  et 
d'clablir  une  correspondance  mensuelie  entre  les  cditeurs  de 
tous  les  pays.  Peut-elre  un  des  motifs  qui  conlribuerent  a  la 
creation  de  la  Revue  bibliographique  fut  aussi  rnniniosite  que 
montrait,  a  cette  epoque,  le  gouvcrnement  francais  contre  la 
presse  :  on  espera  que  les  Pays  -  Bas  allaient  redevenir  la  res- 
source  des  ecrivains  persecutes.  Quoi  f|u'il  en  soit,  la  guerre 
qui  ne  tarda  pas  a  se  declarer  ,  en  181 5,  nc  laissa  pas  a  la  ty- 
pographie  les  moyens  de  devenir  florissantc,  le  journal  fut 
ilonc  suspendu.  En  1822  ,  des  fonderies  et  des  papeteries  niet- 
laient  la  Eclgique  en  etai  deluttcr  avec  la  France;  des  ouvriers 
b'elaient  formes  ,  le  gouvcrnement  avait  encouratje  ccs  di- 
verses  industries  :  la  Revue  reparut.  Elle  est  mainlenant  a  sa 
cinquieiue  annee  et  a  subi  differens  cbangemens.  Nous  nc  jjou- 
vons  approuver  celui  que  I'editeiir  a  cru  devoir  intro:!uire,  et 
qui  consisle  a  ne  point  donner  I'adresse  des  editenrs  qui  ne 
deposerojit  pas  les  ouvrages  c]u'ils  publient  :  Tesccllent  journal 
de  M.  Beuchol  ne  cominet  pas  unc  semblable  faute  :  il  donee 
sur  un  ouvrage  tous  les  renseigneraens  desirables,  sans  exiger 
«le  depot.  Une  veritable  amelioration  consisle  dans  les  notices 
qui  sont  quelquefois  placees  a  la  suite  du  litre  des  ouvrages 
antionces;  on  oblient  ces  nnnonccs  dclaillces,  en  adressanl  a 


LITRES  FRA.NCAIS.— SCIENCES  PHYSIQUES.    i57 

I'l'diteur  deux  exeniplaires  de  I'ouvrage  dont  on  desire  qu'il 
soil  rendu  comple.  I.es  nolicos  qui  ont  paru  jusqu'a  ce  joui* 
so:it  en  genernl  fort  louangeiisos  ct  ne  font  pas  assez  la  part  de 
la  critique.  Ainsi,  Ton  y  voit  les  Memoires  d'Henriette  fVilson 
pories  aux  nues,  sans  que  I'Dri  disc  un  mot  des  caloinnies  dont 
est  reniplie  cette  scandaleuse  publication.  Quoi  qu'il  en  soit  , 
ce  recueil,  (pii  tend  a  se  j)erfectionner,  est  precieux  et  meme 
indispensable  pour  tons  les  amateurs  de  livres  et  pour  ceux  qui 
aiment  a  comparer  les  prodiiits  de  la  presse  dans  les  principales 
conlrees  de  I'Europe.  J.  A.  L. 

LIVRES  FRANCAIS. 

Sciences  physiques  et  naturelles. 

S/j.  —  *  Dictionnaire  classique  cthistoire  naturellc ,  par  une 
Socicle  de  iialuralistes ,  dirige  par  M.  Bory  de  Saint-Vincent. 
Tome  X.  BIAC-MN.  Paris,  1626;  Rey  et  Gravier;  Baudouin. 
I  vol.  in-S"  de  6/^7.  pages avec  une  livraison  de  planches;  prix, 
I'if.  en  noir,et  i5  f.  en  coulcur  (v.  TJec.  £«c.,t.  xxts,  p.  782  ). 

Ce  X®  volume,  qui  n'a  pas  attendu  pour  paraiire  plus  de 
quatre  mois  apres  le  IX** ,  est  cejiendant  le  plus  fort  de  la  col- 
lection, qui  n'en  aura  que  quinze;  et  loin  que  la  plupart  des 
collaborateurs  se  lassent  a  mesure  qu'ils  avancent  dans  la  car- 
riere,  ce  volume  est ,  s'il  est  possible ,  encore  plus  conciencieu- 
sement  fait  que  les  precedens.  II  n'est  guere  d'articles  qui  ne 
conticnnent  quelques  vues  neuves;  une  on  deas  parties  de  la 
science  y  sont  pent-etre  un  peu  negligees,  011  trop  servilement 
et  meme  maladroitement  calquees  sur  d'autres  ouvrages  an- 
terieurs;  mais ,  comme  les  sources  oil  puiserent  les  redacteurs 
qui  signent  ces  articles  son  excoUerites ,  la  partie  la  moins  neuve 
du  Dictionnaire  n'en  est  pas  moins  encore  tres-recomman- 
dable.  L'importance  des  mots  que  le  hasord  de  I'ordre  alpha- 
betique  appelait  dans  la  serie  M  ,  rend  au  resle  ce  volume  si 
remarquable,  qu'on  pourrait  bien  lui  passer  quelques  imper- 
fections. Les  articles  marninalogie ,  inammijeres ,  mersopiaux , 
marteeX  migrations  de  M.  Geoffroy-Saint-Hilairk  fils,  ina- 
rais,t)ier,  metamorphoses, inatit'/e ei  microscopiques  de  M.  Boav 
DE  Saint-Vincent,  (  V.  ci-apres,  p.  i58),  methode  deM.  A.  Ri- 
chard, marces  c\iinarned(iM..  Constan t  P KivosT ,  inagnetisme, 
meteores ,  meteorites  et  mines  de  M.  Guillemin  ,  enfin  ,  mine^ 
ralogie  de  M.  Delafosse,  sont  tous  egalement  curicux  par  le 
fonds  et  par  la  forme.  La  maniere  dont  les  faits  v  sont,  pour 
alnsi  dire,  cntr.-.ses  ot  presses,  ne  nuit  jamais  a  la  clarte,  pi 
meme,  quelquefois,  a  une  cerlaine  beaute  de  style.  La  plus 


i5«  •    LIVRES  FRANflAlS. 

parr  tic  CCS  articles  iinportans  soiit  comnie  les  chaipenles  ile 
j>^rands  ouvrages  qui  pourraiem,  avec  iin  pen  plus  de  deve- 
loppeincns,  mcriler  qu'on  Ics  lirat  a  part  pour  les  repandre  le 
plus  possible  dans  le  inonde  savant.  L'importance  de  ces  ar- 
ticles Iciir  incritera  siiccessivemcnt  un  examcn  parliciiiier  dans 
notre  Reme.  II  nous  sul'fit  pour  le  moment  dc  les  signaler.  On 
reniatqno,  dans  la  liste  des  coll.iboralcurs  qui  sc  Irouve  en 
iite  du  Bit tionnaire dont  il  est  question,  queiqnes  noms  dont 
on  clierclie  vainement  une  seuie  foisriniiiale  ,  dans  le  cours  du 
nieillenr  de  ses  volumes.  MM.  V.  Audouin,  Dumas  et  d'Au- 
debard  de  FOrussac,  par  exemp'.e,  auraienl-ils  cesse  d'y  tra- 
vailler?  leurs  nombreuses  occupations  appelleraient-elles  ail- 
leurs  la  solliciliide  de  ces  auteurs  ?  L'liistoire  naturelle  v 
perdrait  sans  doute  queiqnes  bons  articles:  mnis  le  zele  du 
restc  des  redactenrs  repond  au  public  de  la  bonne  redaction 
(le  la  fin  de  I'ouvrage ,  tnnt  que  les  Brongniarl ,  les  Bory,  les 
Jussien,  les  Richard,  les  Constant  Prevost ,  les  Desliayes,  les 
Delongchamps ,  les  Delafosse  ,  les  GeolTroy-Saint-Hilaire  et 
les  Guillemin  cohtinueront  a  y  donner  leurs  soins.  Y. 

55 *  De  la  matierr,  par  le  colonel  Bory-de-Saint-Vin- 

CEKT,  de  TAcadeinie  des  sciences,  etc.  Paris;  1826.  Rey  et 
Gravier,  qnai  des  Auguslins  ,  n"  55.  In-8''.  ( Voy.  Rei'.  Enc. , 
t.  xxn  ,  p.  5  un  memoire  du  merae  auleur  siir  le  meme  sujet. ) 

«  On  ne  doit  pas  s'attendre,  dit  I'auteur ,  a  nous  voir  traiter 
c/e  I'l  matiere  sous  le  point  (!e  vtie  metapliyslque ,  ni,  commc 
on  I'envisagea  long-tems,  dans  un  esprit  de  syslenie  qui  n'est 
pas  celui  de  la  veritable  philosophie;  nous  I'examinerons  en 
naturaliste.  «  En  effet,  M.  Bory-de-Saint-Vincent  ne  s'aban- 
donne  a  aucune  idee  speculative.  Soigneus  de  s'alfranchir  du 
funeste  esprit  de  sysleme,  independant  dans  sa  marclie  ou  il 
suit  pas  a  pas  la  nature,  il  decompose  les  corps  de  la  maniere 
la  plus  simple  ,  il  interroge  I'eau  (ju'il  Irouve  la  source  de  toute 
vie  et  de  toute  organisation,  parce  qu'elle  en  contienl  les 
causes  el  les  principes  en  dissolution  ;  le  microscope  a  la  main, 
il  suit  d'un  coup  d'oeil  exerce  I'effet  des  decompositions  et 
des  recompositions ,  deraontre  la  necessite  de  generations 
spontanees,  et  comment  ensuite  la  toufe-puissance  creafrice  dui 
arrivtr  do  complications  en  complications,  jiar  I'addilion  d'or- 
gancs  divers,  aux  elres  qui  nous  paraissent  jouer  le  role  le  plus 
important  dans  !a  nature.  Ce  ne  sont  j)oint  des  hypotheses  qui 
servent  de  base  aux  rcsultats  obtenus  par  M.  Bory  de  Sainl- 
Vincciit  qui  met  ses  lecteurs  en  etat  de  repetcr  ses  experiences 
par  la  manietc  claire  et  parfaite  dont  il  lesexiiosc.  Dans  nnsujet 
aussi  abstraif,  il  est  bien  certains  passages  qu'on  doit  relire 


SCIENCES  PHYSIQUES.  i5y 

pour  le  comprendre  parfaiuineiit  ;  niais,  en  gt'iu'-ial ,  r;uil<?iir  ;i 
le  secret  dc  lendre  attaclinntes  des  choses  qui  sont  ennuyeuses 
cliez  ses  devanciers.  11  eif  vrai  fjiie  sa  inaiiiere  d'ocriie  sur  les 
poinlslesplusardus  dcia  science  est  ilegageedeju'danlisiuc  elde 
pretentions;  11  n'accumule  p.is  les  mots  inintelligibles,  il  se  met  a 
iaporlcede  I outcs  les  classes delecieurs;i!  suffitd'un  pen  debon 
sens  pour  s'enlendre  avec  lui.  Sur  les  traces  dii  grand  Bacon, 
il  n'admet  que  ce  qu'il  a  \n,  et  nous  engage  a  taire  comine  lui, 
n'exigeant  i>as  que  nous  le  croyons  sur  parole.  Selon  ]i)i,de 
I'eau  <le  puiis  ,  defoiitaine,  de  jjluie,  de  i-iviere,  n^eme  dislillec 
et  siirloDi  de  I'eau  dc  mer,  et  cclle  qui  est  dans  leshnitres, 
niise  dans  des  vases  de  verre,  exposee  an  coiitacl  de  I'air  ei 
de  la  iumiere,  oil  Ton  j)rend  toutes  les  precautions  possibles 
pour  qu'il  ne  s'introduise  ni  corps  etrangers,  ni  poussiere  af- 
mo!>pIie,ricjue  ,  ne  tarde  pas  a  degager  nne  maliere  miiqiteitse  , 
que  penelrcnt  bienlot  des  gaz  sous  la  forme  vesiculaire,  nne 
troisieme  combinaison  azotique  qu'il  appelle  maliere  agissante^ 
une  quatrieme  colorante  qui  est  la  vegetative,  enlin  deux  auires 
scries  de  molecules  iiiertes  iju'il  qualifie  de  rrislalisahle  ei  de 
terreuse.  «  La  cliimie,  dit-ii,  avail  deja  entrevu  par  ses  pro- 
])rietes  la  premiere  de  ces  forme^  que  noiis  regardons  comme 
primitives;  t]uel(jues  pliysiciens  avaient  distingue  ia  seconde , 
sans  s'occuper  des  consequences  qu'on  pouvait  tirer  de  son 
develoi)pemenr ;  Buffon  avait  devine  la  troisieme ;  Priestlev, 
decouvert  la  qnalrieme;  Linne,  Rome  de  Lille  et  Haiiy  avaient 
inditjue  ou  saisi  les  Jois  en  vertu  desqnelic  se  juxtaposenl  les 
molecules  de  ia  cinquieme;  I'anliquite,  enfin  ,  avait  suppose 
Texislence  de  la  derniere.  On  en  conclura  probablement  qjie 
rien  ii'est  nouveau  dans  notre  ccrit.  »  M.  Borv  se  trorajie;  sun 
onviage  est  nouveau  d'un  bout  a  I'autre ,  soit  par  I'importance 
des  faits  qui  s'y  trouvcnt  accumules,  soit  par  les  consequences 
qui  en  jaillissent.  Si  de  tels  travaux  eussent  precedt?  les  ecrits 
de  cesphilosophes  qui  deraisonnerentdepuis  troi*  inille  ans  snr 
la  maliere,  nous  aurions  bien  des  volumes  de  moins;  mais  ia 
Nerite  ne  serait  ])as  ecrasee  sous  une  multitude  de  jirejuges 
I'unestes.  Le  chapitre  de  la  maticre  agissante  est  des  plus  cu- 
rieux,  et  renverse  bien  des  idees.  Aussi  M.  Bory  de  Saint- 
Vincent  qui  avait,  il  y  a  quel(]iies  annees,  lance  dans  le  monde 
un  premier  essai  sur  ie  meme  sujet  (Voyez  le  memoire  deja 
cite),  a  recu  beaucoup  d'objections  qui  I'ont  determine  a 
revoir  n7i  li-avail  de  vingl  ans  avec  une  nouvelle  ardeur.  II  si- 
gnale  lui-meme  quelques  erreurs  ou  il  s'etait  d'abord  laisse 
entrainer,  ct  sa  bonne  foi  a  cct  egard  cnmmiinde  la  plus  en- 
ticre  cor.fiance  sur  lout  Ic  reste.  Nul  ne  pent  plus  lui  conlester 


i6o  LIVRES  FRANCAIS. 

le  liti-e  de  premier  niic?o^raphf  de  I'opoque  :  il  est  en  inline 
tcnis  un  de  nos  prof'onds  jiliilosoplies.  Passant  de  I'riude  de 
rhomirie  -d  celle  des  infiniment  pelits,  exaniitiant  avec  sagacite 
les  deux  extremes  de  la  cliaine  des  eircs,  il  applique  aux  pro- 
gres  de  la  raison  liumaine  des  observations  qui,  pour  la  plu- 
part  des  naturalistes,  sont  de  sinipics  objels  de  cuiiositc.  II 
lermine  ainsi  son  im])Ortant  travail  :  «  Quelques])ersonnes  au- 
raient  desire  que  ,  pour  ajouter  a  nos  experiences  un  degre  de 
certitude  irrefragable,  uous  en  eussious  fait  (]uel(]ues-unes 
dans  le  vide,  et  que  nous  eussions  cbaque  fois  acquis  preala- 
blement  la  conviction  que  I'eau  dans  laquelle  se  produisaient 
nos  sixiformes  primitives,  ne  contenait  rigoureusement  que 
de  I'eau.  Nous  repondrons  que  nousn'avons  pas  entenduprou- 
ver,  par  ce  (|ui  vieut  d'eire  expose  ,  qu'on  put  faire  quoique 
ce  soit  de  rien.  Convaincus,  comme  nous  le  sommcs,  c]ue  la 
sagfsse  admirable,  ])ar  qui  furent  etablles  Ics  lois  organisa- 
trices  de  la  creation,  n'emplova  pas  le  neant  covame  base  de 
ses  innombrables  ojuvies,  nous  n'avons  pas  pretendu ,  plus 
que  cette  sagesse  ineme,  trouver  le  nennt  fecond;  nous  avons 
souniis  a  nos  rechcrcliesseulement  des  corps  tres-simples,  parce 
que  nous  avions  la  conscience  (lu'au  fond  de  leur  simplicite 
inenie  cxistaient  d'inepuisables  sources  de  merveilles ,  mais 
rien  qui  fut  impossible.  »  G.  S.  H. 

5G. —  *  Mistoire  naturelle  des  races  humaines  dii  nord-est 
de  I' Europe  ,  de  I'Jsie  boreale  et  orientale,  etde  I' Afrique  nus- 
trale ,  d'api'es  des  recbercbes  spcciales  d'antiquites,  de  pliy- 
siologie ,  d'analomie  et  de  zoologie;  ajipllquee  a  la  recherche 
des  origines  des  anciens  peuples,  a  la  science  etymologique , 
ala  critique  de  I'histoire,  etc.,  smvied'un  mcTnoire  lu,en  iSaS, 
a  \ Ac.ademie  des  inscriptions  et  belles-lettres  de  I'lnstitul;  par 
A.  Desmoulins,  D.  M.,  auteur  de  VAnatoniie  du  sysleine  ner- 
irK.r.  Paris,  iS'iS.  ]\Iequignon-M3rvis,rue  du  Jardinet,  n°  i3. 
In-8°  de  892  pages  ,  avec  uu  tableau  generaldes  races  humai- 
nes ^  et  6  figures  lithograpliiees ;  prix  ,  7  fr.  5o  c.,  el  9  fr.  par 
la  poste. 

Nous  nous  abstiendrons  de  parier  d'une  lettre  inseree  dans 
cet  ouvrage,  en  forme  de  preface,  parce  qu'elle  renferme  des 
personnaliles  qui  auraient  dii  cire  bannies  d'un  ouvrage  con- 
sacre  a  des  recherches  scieutifiqucs. 

L'auteur  debute  par  uur  exj)osition  et  une  division  dusujet 
qu'il  a  traile;  c'esl  une  analyse  de  son  livre.  En  cojisiderant 
quelques  coufoiniites  assez  remarquables  entre  les  peuplades  a 
j>cau  jaune  du  nord  de  .'Asie,  et  les  hordes  de  la  meiiie  cou- 
leur  au  sud  de  I'Afrifpie,  plusieiirs  ecrivains  ont  pense  que  ces 


SCIENCES  PHYSIQUES.  16 1 

jieuples  devaieiit  avoir  unc  origine  coinmuiie;  e! ,  siilvant  Ics 
ressourcos  oiilinaires  de  Tespiil  de  ^ystcnie,  ils  ont  Iroiivc, 
dans  I'iiistoire,  les  langues  rt  Ics  usages  de  ces  pen])les,  les 
traces  des  emigrations  successive.s  d'uiie  nieine  race  juscm'anx 
extremites  les  plus  cloignees  de  I'ancien  continent.  II  s'agissait 
done  a  la  fois  d'exaniiuer  des  questions  purcment  liistoriques, 
de  discater  la  ])ossibilite  de  ces  emigrations  des  penples,  d'ap- 
jn-ecier  leiir  degre  de  probabilite,  et  de  caracleriser  avec  plus 
de  precision  ces  races  que  Ton  vent  coiifondre,  deles  etudier 
en  nat'ualiste,  avec  toutes  les  luir.ieres  de  Tanatomie  compa- 
rce.  Telle  est  la  tache  qne  M.  Desmoullns  s'est  imposee.  Son 
ouvrage  est  divise  en  deux  livres:  dans  le  premier,  il  deter- 
mine quels  sont  les  peui)les  cotinus  des  anciens  sons  Ics  noms  de 
Scythes ,  de  Huns,  de  Tares  ,  A' Jlains ,  etc. ,  d'apies  les  carac- 
teres  physiques  que  leshistoriens  lenr  assignent :  c'esl  I'ensem- 
ble  des  notions  que  I'antitjuite  et  lemoyen  age  nous  ont  trans- 
mises  snr  ces  j)euples.  Le  second  livre  ,  beaucoui)  plus  eicndu 
que  le  premier,  est  intitule:  Histoire  des  especes  lium:)ines  du 
nord  et  de  I'orient  de  i'Asie  et  de  I'Afrique  auslrale.  Au  lieu 
i\n  Tcioi  especes ,  on  eut  prefcre  celui  de  races,  qui  est  pins 
exact.  Mais  I'auteur  Temjiloie  commc  une  subdivision  des  es- 
peces disllnctes  dont  il  reconnait  I'existence  ;  ce  qui  pent  eire 
contcste.  Dans  ce  livre,  loin  d'interroger  I'anliquite,  ce  sont 
les  documens  les  plus  recens  qui  sont  les  plus  ir.striiclifs,  et 
tout  prouve  que  M.  Desnioulins  les  a  recueillis  soigneusenicnt. 
Mais  les  observations  d'liistoire  naturelle  ne  sont  pas  les  serdes 
dont  il  fasse  usage:  il  rect)ei!le  tout  ce  qui  peut  faire  connaitre 
I'etat  physique  et  moral  des  peui)les  dont  il  parte,  et  s'attache 
a  montrer  Taction  mutuelle  que  les  diverses  facultes  de  rhonime 
exercent  les  unes  sur  les  autres,  a  mesuie  qu'elles  sont  plus 
developpees.  On  lira  avec  interet  le  dernier  chapitre  intitule: 
Applications  de  quelqiies  resultats  de  cet  outrage  a  la  science 
etymologique ,  h  quelqnes  regies  de  critique  historique ,  etc.  Ci- 
tons  I'une  de  ces  applications. 

«  D'apres  des  principes  qui  passent  pour  certains  en  etymo- 
logie,  on  a  reuni  en  une  meme  famille  les  langues  des  Indiens  , 
"lesPersans,  des  A.fgans,  desKourdes,  des  Medes,  des  Ossetes, 
des  Armeniens,  des  Slaves,  des  Allemands,  et  de  tons  les  jieu- 
ples  de  I'Europe  latine:  or,  1°  les  Afgans,  les  Medes,  les  Os- 
setes, les  Slaves,  les  Allemands,  les  Uanois,  les  Normands  et 
les  Anglais,  par  leurs  yeux  hleus,  leurs  cheveux  blonds  on 
roux  ,  leur  teint  seme  de  taclies  de  rousseur,  etc.,  constituent 
cctte  race  indo-germanique  ,  dont  le  type  est  ugalement  inal- 
terable, par  le  cliniat  de  I'lslande  et  par  les  plaines  oii  coule 
T.  XXXI.  —  Juillet  1826.  1 1 


iSa  LIVRES  FRANC AIS. 

Ic  Gauge.  2"  les  At'm(5nicnsel  Ics  Kourdes  sont  des  peuples  dn 
race  caucasiciine,  aiix  yrnx  ct  aiix  cheveux  noirs,  au  visai;e 
([u'on  peut  dire  acadei)U(jue ,  pour  la  forme.  3°  Les  Pcrsans 
sont  de  celte  race  arabc  ou  seinitique  a  la  lele  plus  potiie,  anx 
yeiit  plus  grands  que  ceux  de  la  race  caucasienne,  It"  XJne  par- 
lie  des  Espa^'iiols  et  des  jjeiiples  (|iii  parlcnt  anglais  soul  de 
celte  race  cellique,  aiissi  diffiiroiite  de  la  race  indo-gcrmani- 
quc,  que  Ics  Kouiilier.s  le  sont  des  Tongour.es ,  etc.  5°  Eiifln, 
Its  Iiidoiis  proprciuent  diis, dont  le  Sanskrit  est  un  des  plus 
anciens  dialcctcs ,  sont  eyaleiuent  dilfcicns  des  Caucasiens  ct 
des  .scniitiques;  inais ,  coinine  nous  ii'a  voiis  pas  parlc  des  races 
de  rinde  ,  nous  n'insislvrons  ])assm  cc  dernier  point,  u 

A  la  fin  de  oes  recherclies  i<ur  una  parlie  des  races  hnmaines, 
M.  Desnioulins  a  place  un  inemoire  sur  la  pairie  du  chameau  a 
urie  bos.\e,  lu  a  rAc;\demie  des  ir.scriptions  et  beiles-leltres,  et 
auquei  M.  SAI^T-MAIlTlN,  membre  de  I'Inslilut,  a  joint  plu- 
sieurs  notes.  J. 

57  —  *  Considerations  sur  les  mamrniferes  ,  par  M.  Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire.  Paris,  1826.  Imprimcrie  de  Tastu. 
In- 18 

Ce  petit  volume  contient  plus  de  faits  parfaitement  exposes 
t\\i.c  ii'en  renfernieiil  bcaucoup  de  longs  traites  in-4°,  ou  le 
pompeux  appareil  de  jjlirases  \aines  deguise  la  steriliie  du 
fond.  L'auieiir,  digne  fils  de  I'un  de  nos  savans  les  plus  illus- 
tres,  nousapprond,  dans  un  avei  tissement  empreint  de  mo- 
desiie,  que  son  ouvrage  est  forme  de  deux  articles  qu'il  a 
composes  pour  le  Dictionnaire  classiqtie  d'histoire  naturelle 
{voy.  ci-dessus,  p.  iri7  ,  I'annonce  du  x«  volume).  Ces  articles 
sont  mammalogie  et  maminifere.  Ce  dernier,  tresbien  ecrit, 
veritable  clief  -  d'ouuvre  d'analyse,  sera  consulie  souvent  par 
les  naturalistcs  de  profession  ;  les  gens  du  monde  le  llront  avec 
interel  :  ils  y  puiseront  des  idces  justrs  sur  des  tlioses  qui  lou- 
chent  de  prcs  noire  orgucilleuse  espece.  Ce  coup  d'essai  fail  le 
plus  grand  hoiineur  a  la  [)lume  du  jeune  auteui';  M.  de  Blain- 
\ille,  I'un  des  zoologistes  les  plus  savans  de  notre  epo([ue,  en 
a  rendu  comnte  avec  eloge  a  rAcademic  des  sciences,  et  nous 
devons  signaler ,  au  sujet  d'nii  travail  qu'on  serait  lente  de 
croire  celui  d'un  liomme  des  long-lems  niarquant  dans  les 
sciences,  un  caractire  d'impartialite  genereuse,  altribul  pre- 
cieux  de  la  candeur  du  jeune  age ;  des  ccrivaizis  acerbes  qui  se 
signalercnt  en  essayant  de  blesser  au  coeur  M.  Geoffroy  Sainl- 
Hilalre  fils,  dans  la  personne  de  son  respectable  pere,  n'en 
sont  pas  moins  cites  par  lui  avec  une  sorle  de  complaisance, 
quaud  il  liouve  Toccasion  de  le  faire  d'une  nianlcre  flatteuse. 

B.  D.   S.  V. 


SCIENCES -PHYSIQUES.  iC5 

58.  —  *  Plantes  cryptoganits  du  iiord  de  la  France  ;  par 
J.-B.-  //.  -  /.  Dfsmazieres,  membre  de  pliisieurs  Socic'tes  sa- 
\antes.  li*  fascicule.  Lille,  1826;  iiTii)iinierie  de  Leleux.  Paris, 
Treutlel  et  Wiirtz.  In  -/i**  avec  5o  eelianlillons;  |)iix  ,  8  f'r, 

Ce  recueii  scientilique  dont  nous  avons  d.-ja  anno.'ice  les 
deux  premiers  Tascicules  ( Voyez  Rei'.  Enc,  t.  xxv,  p.  i58  ct 
t.  XXVI,  p.  800),  so  continue  avec  soin  et  perseverance.  Le 
3*  fascicule  renferme  des  apercus  fdrt  curieux  siir  ces  f)eilicul<  s 
qui  se  forrnent  a  ia  surface  lie  la  blere,duvin  et  d'aulres  li- 
qui(ies  feinK'ntes,  exposes  a  lair  ou  dans  des  vases  en  viilangc. 
Ces  productions  appelees  \n\^i\iie\'[\en\JIrurs  ou  nititousAe  la 
bicre  et  dn  via,  cunsidertes  jus(|u'alors  coninie  des  pioiluc- 
tions  vegetales  et  rapportees  a  la  faniille  des  cliaiupignons  par 
Pcrsoon,  sous  le  no:n  de  mycodcrmes ,  viennent  d'e!re  recon- 
nues  par  M.  Desmazieres  pour  des  agr/gaiions  peiliculaires 
d\i//i/na/cuies  riiicroscopitjiies  qu'il  n'liesite  pas  a  ranger  dans 
la  classe  des  etres  dt';sign«»  ])ar  M.  Gaillon  sous  le  noni  de  ne- 
inazoaires.  Voici  comment  il  rend  conipie  de  sa  decouverte. 
o  Observce  au  microscope,  ceite  pellicule  est  d'abord  couipo- 
see  de  corpuscules  monadaires  tres-simj)Ies ,  hyalins,  gflali- 
neux,  jjrodii^ieuseinenl  petils,  libres  et  doucs  d'une  loco-mobi- 
lite  Ires-sensible  dans  la  ])lupart  des  espcces.  Mais,  Lienlot 
comme  si  ces  pelits  eires  (  qu'II  cvalue  a  i/iao"*'  millimetre  en 
longueur  sur  i;20o""' de  raillimeire  en  largeur )  eprouvaient 
unesorte  debesoin  d'associatioa,  ils  se  reunissent  bout  a  bout 
en  series  lineaires,  soil  en  conservant  leuis  dimensions  pre- 
mieres, soil  apres  avoir  subi  une  elongalion  plus  ou  nioins 
considerable.  Par  celte  agregation,  ils  constituent  des  fila- 
iiiens  hyalins  ,  quelquefois  granules  inferieureinenl ,  tres- 
nombreiiX,  r.mieux,  nioniliformes  ou  paraissant  cloisonnes  a 
des  intervalk's  plus  ou  moins  grands ,  et  pres'jue  toujours  cou- 
ches sur  le  liquide  oil  ils  s'entrecroisent,  se  ieutrent  ])Ourainsi 
dire,  et  donnent  plus  de  consistance  a  la  jiellicule  qui,  pur  le 
developpement  de  iiouveaux  corpnscnies  souinis  atix  memes 
destinees,  augmente  continuellement  d'epaisseur.  >> 

M.  Gaillon  en  donne  trois  esjieces,  cclie  de  la  biere,  myco- 
derma  ceivisiw^  celle  <le  la  dseche  tie  genievre,  mjccderma 
maltc-jujiiperini ,  et  celle  du  vin,  wycoderina  vini.  Dans  toutes, 
la  faculte  locomotive  des  animalcules  ne  s'apcrc^oit  facllement 
qu'avaai  letir  agregation  filnmenieubc.  L'autpur  de  celte  decou- 
verte n'hesite  pas  a  considerer, comrae  de  la  meme  nature,  «  ces 
peaux  molles ,  visqueuses  qui  se  developpent  souvent  en  masse 
arrondie,  corivexe,  homogene,  charnue  et  compacte,  que  I'on 
remarque,  dans  nos  celliers  ou  caves,  a  I'exterieur  des  piecea 


i6/»  LIVRES  FRANCAIS. 

de  vin,  oitlour  des  bondes  el  le  long  des  fissures  qui  laisscni 
suintor  le  vin.  «  II  fait  deceltc  production  niie  vaiit^te  du  wj- 
coticrina  vini  ,  e!  ])reicnd  en  liemonlrer  au:si  i'animalitc. 

Les  aperciis  de  M.  Desniazieres  jiarai'isent  d'autant  plus 
exacts  ([lie  nous  avons  deja  nn  bon  noiiibte  d'observations 
ipicroscojiifiues  en  faveiir  de  I'aniinalite,  non-seulement  c?c.v 
mouissurcs ,  niais  nieinc  de  ])lusicurs  es|)eces  de  bys.sus.  A 
nicsure  <iuc  Ton  observe  plus  scrupulensement  i'organisalion 
et  la  nature  inliuie  des  etres  microscopiques  cjui  sent  sur  les 
liniilos  dii  regne  vegetal  et  du  regne  animal ,  on  s'assure  de 
I'atiiinaiite  d'un  grand  nombrc  de  ces  productions;  plus  aussi 
la  Iribu  des  nemazoaires  s'en  aiigmente,  et  plus  on  sent  la 
justesse  de  cctte  assertion  de  De  CandoUe,  que  » les  etres  qui 
nons  semblenl  iniermediaires  entre  les  animaux  et  les  plantes, 
doivent  piulot  etre  consideres  comme  des  tenioignages  de 
nv)lre  ignorance,  que  coimne  des  j)reuves  de  I'existence  d'une 
classe  parlicuiiere. »  B.   G. 

Sg.  — *  Memoire  sur  les  depressions  tie  la  surface  du  globe, 
dans  le  sens  longitudinal  des  chaines  de  montagnes  et  entre 
deux  reliefs  maritimes  adjaccns,  lu  a  rAcadeiuie  des  sciences 
par  M.  le  lieutenant-general  Anurkossy,  membre  del'Insiilut. 
Paris,  1826.  In-8°  avec  deux  carles  (ne  se  vend  pas1. 

Ce  memoire  a  pour  objet  de  fiiire  connaiire ,  sous  ses  ra])- 
ports  lopographi(iues  et  geologiques,  I'uiie  des  formes  princi- 
pales  de  la  surface  du  globe,  de  la  defmir,  d'en  indiquer  des 
exemples  tres-remarquabies  et  de  monlrer  de  quelle  impor- 
tance est  son  etude,  pour  I'hydrographie  et  les  sciences  niili- 
taires.  C'est  un  fait  incontcsiable  que  les  montagnes,  dont 
I'aspect  presente  au  ])ren)ier  coup  d'oeil  celui  du  cliaos,  fonnent 
nn  systeme  dont  toules  les  parties  reproduisent  des  configura- 
tions semblabies  ,  ci'.ordonnees  pareilienient  et  doniiant  lieu 
aux  nienies  applications  usuelles.  Quoique  cette  idenlitc';  soil 
meconnue  dans  une  foule  d'operations  (pie  faciliterait  sa  con- 
naissance,  elle  est,  depuis  long-terns,  le  guide  fideie  des  ex- 
ploraiions  geologiques.  II  y  a  vingt  ans  que  I'inspection  des 
reliefs  de  I'Auvergne  m'a  conduit  a  determiner,  en  Amerique, 
le  systeme  des  douze  cents  montagnes  de  ]'archi|)el  des  Antdles; 
et  c'est  anjourd'hui  le  fil  de  I'analogie  ,  remis  par  le  celebre 
cxploraleur  des  Andes  aux  voyageurs  des  nionts  Himalaya  , 
qui  les  conduit  avec  tant  de  certitude  et  de  rapidite.  Mais,  en 
s'occupant  de  la  struciure  des  moniagues,  on  avail  omis  de 
faire  une  etude  speciale  des  dej)ressions  ,  d'en  ciiercber  les 
lois,  d'en  decrire  les  circonstances,  et  de  ramener  a  un  prin- 
cipe  fixe  les  applications  ,  auxquelfes  on  fait  servir  empirique- 


SCIENCES  PHYSIQUES.  i65 

menl  ces  localitesponr  les  besoins  de  la  societe.  C'est  celte  lacLc 
que  I'auteur  s'est  proposee,  ct  qu'il  a  remplie  avec  celte  liaute 
sagacite  et  ce  rare  talent  d'observatioii  ciu'il  a  deployes  dans  ses 
Iravaux  geographiques,  en  Franre  ,  en  Egypte  et  en  Tnrquie. 
11  parait  que  ce  memoirea  ete  delache  d'un  grand  onwat^e  sur 
les  inefralites  de  la  surface  de  la  /er/vetudiees  sous  di\ers  rap- 
ports, et  accompagne  de  carles  et  de  coupes  geologiques.  La 
publication  de  cet  inipoi't.int  travail  seralt  un  nouveau  service 
que  I'auleur  rendrait  aux  sciences;  et  riuteiet  tju'il  excilerait 
est  garanii  par  I'accueil  que  viennent  do  faire  a  I'un  des  cha- 
pitres  de  cet  ouvrage  les  premiers  gcologues  de  TEurope  et  les 
Academies  les  plus  celebres.  A.  Moreau  de  Jonnes. 

60.  —  *  Essai  ^eologique  sur  la  montagnc  de  Boulade,  pres 
d'Issoire,  departement  du  Puy-de-D6me;  avec  la  description 
et  les  figures  lithographiees  des  ossemens  f'ossiies  qui  y  ont  ete 
recueillis;  par  MM.  Deveze-de-Chabriol  et  J.-B.  Bouii-let. 
Clermont-Ferrand,  1826;  Tliiband-Landriot,  ijuprimeur  ly- 
pograplie  et  iithograpbe,  charge  de  I'impression  des  planches 
et  du  texte.  Quatrieme  livrnison.  Petit  in-folio,  snr  papier 
raisin-velin  fin  d'Annonay.  Le  texte  paraitra  avec  la  derniere 
livraison,  dont  il  f'era  parlie.  Piix  de  I'ouvrage  entier,  pour  les 
souscripteurs  ,  i5fr. ;  pour  les  non-souscripteurs,  i8fr.  —  On 
souscrit  a  Paris,  cliez  Treultel  et  VViiriz  ( Voy.  Re^-.  E/ic, 
T.  xsviii,  p.  194). 

6r.  — *  Planches  anatomiques  du  corps  humain  ,  execiitees 
d'apres  les  dimensions  naturelles ;  par  le  D*"  F.  Antommahchi  , 
publiees  ])ar  C.  de  IjASTeyrie  ,  editeur,  avec  cetle  dedicace  : 
«  Au  tombeau  de  Sainte-Heleiie.  Puisse  cet  ouvrage  durer 
aussi  long-iems  que  le  souvenir  du  grand  horame  que  lu 
renfermes !  F.  Antommarchi.  >.  xv^  livraison.  Paris,  1826; 
imprimeiie  lithograjihique  de  R.  Brcgeaut,  rue  Saint-Marc, 
n"  8.  Prix  de  chaque  livraison  en  noir,  25  fr. ,  colorice  sur 
papier  velin,  70  fr. 

L'anteur  a  cru  devoir  joindre  a  cette  livraison  sous  le  (ilfe 
A' Appendice  un  clioix  d'articles  extraits  de  differens  journaux 
periodiques  oil  ce  grand  ouvrage  a  ete  annonce,  parmi  lesqnels 
trois  appartiennent  a  la  Revue  Encyclopedique  (t.  xviij  ,  p.  383 
et  5oi  ;  T.  XXIV,  p.  Ai5.)  et  deux  letlres  relatives  au  meme 
sujet,  dont  nous  nous  bornons  a  citer  la  premiere  sans  ajouter 
aucune  reflexion,  -i  Mif)islere  de  I'inlerieur.  Le  mitjistre  de 
i.'iNTERihUR,  «M  f/oc?f«rANTOiMMARCHi.  Paris  ,  le  21  juin  1828. 
Monsieur,  vous  m'avez,  invite  a  souscrire  pour  quelques  exem- 
plaires  de  I'ouvrage  que  vous  jniblifxsur  1' Anatomic  liumaine. 
J'aurais  vouln  jiouvoir  f  af0'.:ragcr  uno  onlreprise  ,  su\  laquelle 


1^6 


LIVRES  FRANCAIS. 


la  Faciilti;  de  inc-drcine  de  Paris  m'a  fait  un  rapport  favo- 
ral)le ;  mais  la  incdicit^  des  fonds  dozit  je  ptiis  disposer,  et  le 
prix  tics-cieve  des  excrnplairrs  colorit's,  c'est-a-dire  de  ceux 
qui  peuvenl  rendre  le  plus  de  service  a  I'art ,  iie  me  i)ermeltent 
pas  de  souscrire  a  cet  ouvrngc.  Je  vnns  ]irie.  Monsieur,  d'eii 
recevoir  tons  mes  regrets.  Le  ininistie,  secrolaiie  d'etat  dc 
rinlerieor,  Corbikre.  »  B. 

G2.  —  *  Tniiti-  e[rinentnire  dc  tlingiio^tic ,  fir pronnstir, ,  d'ln- 
dlcnlions  tlti'in/teitlirjues  ,  on  Cotirs  de  mvdcciite  cUiiiqiie  ;  ])ar 
M.  RosTAis  ,  medecin,  de  rii«<,pice  de  la  .Sid,)tlri»;re,  ])rof'es- 
seur  de  inc. I(  cine  dinifjue,  elf.  Tome  F"".  Paris,  187(1 ;  Bechet 
jeunc.  In-8°;  prix  ,  7  fr.  Le  second  volume  j)ai;iiUa  \crs  la  fin 
d'aeut. 

Ce  volume  est  divise  en  deux  parties:  dans  la  premiere, 
Taiiteur  ex])Ose  <lfs  coniiderafions  p;enei;des  sur  la  mcdecine  : 
la  spconde  est  un  Iraile  de  srrueiologie.  Suivant  M.  Rostau  : 
1°  II  n'y  a  dans,  i'homme  vivant  ni  jirincipe,  r.i  ])ropri(  tes  vi- 
tales;  ie.-i  organes  en  exeiiice  conslilnent  la  vie.  0°  Lor>.qne 
ces  organes  sont  sains,  les  fonclions  sont  sair.c£.  Si  les  organes 
Eont  alleres,  leurs  mouvcir.ens  soi:t  iriegulicrs;  les  fonctions 
son!  dans  un  elal  ])a!iioiigiqne.  3"  ,Ne  cioyanl  ])as  qu'il  j)uisse 
exister  de  maladies  satis  sioge,  I'auleur  rejclte  I'existence  des 
fievies  cssenlieiles.  Z,"  Tons  les  organes  penveul  eue  j)i  iinili- 
vement  malades,  indi''peiid.miinei!t  les  nns  des  mitres.  5°  Les 
fluides  peiiveni  eire  ])iinii;ivenienl  alteres,  pi'-clier  par  exces, 
par  dt-'i  :ut  et  etre  pervcrtis  dans  lenr  composition.  (>"  II  est 
impossible  qu'il  n'y  ait  qn'nne  senle  et  meme  maladie  :  Ics  affec- 
tions anxf[uelles  IVspece  liumaine  est  exposee  varient  autant 
par  lenr  natnre  que  ]iar  leur  siege.  7°.  Un  certain  degre  de 
force  est  necessaire  pour  opcrcr  la  resolution  des  maladies. 
8°  Un  nieme  liaiteinent  lie  pent  jias  convenir  dans  toules  les^ 
circonslances  :  il  devranon-senlcment  varier  du  jdiis  an  moins, 
mais  el  re  quelquefois  ojpose.  Tels  soni  les  princljies  que  de- 
>c'oppe  I'autcur,  et  qui  sont  comme  la  base  du  syslenic  (ju'il  a 
adopte. 

M.  Rostan  expose  ensuite  qnelques  iilees  gencrales  siir  I'ob- 
servatioH  en  niedecine,  snr  I'ntilite  de  la  metletine  ciinicpic  et 
des  reclierclies  cadaveiicjues,  et  lermiiie  ceile  jiremieie  parlie 
par  des  considerations  snr  les  indications  iherapcnliqwes,  tiiees 
des  causes  des  malarjies,  de  lenr  ratine,  de  lenr  mai  die ,  de 
Jcur  duree,  de  I'etat  des  forces,  des  Ages,  des  constitutions, 
des  sexes,  des  liabiludcs.' 

Dans  la  seconde  partie,  on  la  semciotique,  I'auleur  passe  en 
revue  les  changemens  morbides  qui   peuvent  surveuir  dans 


SCIENCES  PHYSIQUES.  167 

I'exercice  des  fonctions  et  les  ap))arcncos  dcs  organes ,  et  cJier- 
cbe  a  on  jjrcciser  !a  \alcur.  Celte  parlie  de  I'ouvrage  n'estpas 
susceptible  d'analyse. 

Les  quatre  premieres  propositions  de  pailiologie  gcnerale 
parailront  inconlestables  a  tons  les  medecins  de  recole  irro- 
derne.  II  n'existe  pas  de  facuiti'  de  faire  de  la  bile  sans  le  foie, 
ni  de  faculte  de  digerer  sans  Testomac  ;  les  proprieles  vilales 
ne  sont  done  que  I'effet  de  raciion  dcs  tissus  \ivans.  Lc5  alte- 
rations des  fluides  no  soni  point  contestee*;  seiileniciit ,  beau- 
coup  de  iiK^'decins  prelendent  que  ces  alieralions  sont  des  c.iuscs 
de  maladie  ])ar  leur  action  delelere  sur  les  organes  ,  plulot  que 
des  affections  ayant  leurs  syinplomes  propres.  Au  reste  les 
allcrafioris  de  fluides  sont  encore  peu  connues  et  devront  etre 
le  siijet  de  reclierclics  nombreuses,  avant  de  fournir  des  re- 
sultats  satisfaisans.  Je  ne  sais  sur  quels  faits  M.  Rostan  s'appuic 
pour  ranger  1  hysteric,  I'epilcpsie,  la  catalepsie,  qu'il  appclle 
maladies  generates ,  parmi  les  maladies  des  fluides. 

Les  partisans  de  la  nouvelie  doctrine  admettent  au  nioins 
doux  causes  procliaines  de  maladies,  I'irritation  et  la  f;iib!esse, 
el  ils  sont  loin  de  vouloir  nier,  du  moins  la  pliiparl,  qu'il  existc 
des  affections  a  causes  specifiques,  virulente  ou  contagieuse; 
seulement,  ils  sonlionneni  que  ces  mcmes  affections  ,  iiiie  fois 
dcvelojipt^es,  presentent  les  caracleres  des  pli'egmasies  aigues 
ou  chroniqiies  et  exigent  le  meme  Irniietr.ent.  Onl-ils  Sort  rcla- 
livcment  a  la  variole ,  a  la  rougeoie  ?  Cos  deux  maladies  ne 
sont-ell'.'S  p;is  dcpuis  long-teros  rangees  dans  la  classe  des  in- 
flammriliop.s  aigi;es  de  la  ]>eau?  On  ne  peut  nier  la  contagion 
ct  la  virulence  de  la  plupart  des  maux  veneriens;  inais,  cst-il 
bien  vrai  qp.e  ces  maux  a  cause  specifique  exigent,  plus  que  la 
variolectla  rougeoie,  un  traitcmenlspi'cifi'iue?  SiHI.le  docteur 
Brelonnenii  a  ])u  donnrr  tons  les  symjitonies  cr.nscci.tifs  de  la 
syphilis  a  dcs  eiifans  rpi'd  Iraitait  du  crouji,  jjar  u:i  Irailcinent 
mercuriel ,  ct  meme  a  des  cbiens  q  I'i)  souniellait  a  des  expe- 
riences ,  croit-on  qu'une  foule  d'accidens,  prctcndr.s  sypliilili- 
ques,  ne  puissent  pas  etre  attribucs  souvcv.t  a  rintrocbiclion 
du  merrure  dans  Tecononiie  (i)? 

On  pourra,  en  lisant  cef  ouvrage,  se  faire  iin?  idee  des  jiro- 
gres  que  la  pathologic  a  faits  dcpiiis  dix  ans.  On  jiotn  la  voir 
a  quel  degre  de  precision  a  etc  jiorte ,  dans  ces  derniers  tenis, 


(i)  Ce  fait  tres-iinportant  nons  a  ete  cile  par  nn  eleve  da  nicdfcin 
Je  Tonrs,  et  doit  se  Ironver  consigne  dans  un  Traitc  du  Croup,  da 
lueine  .luleiir,  qui  paraiira  iDcessamment. 


i6.S  LIVRES  FRANCA  IS. 

le  diagnoslic  des  maladies  des  organes  de  la  lete ,  de  la  poi  ■ 
trine  et  de  rabdoinen  ;  combit-n  d'assertions  vagues  ,  obscures , 
fausses  et  souvent  ridicules  sur  la  valeur  des  sym|)t6mes ,  ont 
etc  rcmplacees  par  des  coiinaissnnces  positives,  claires  et  d'une 
application  facile  an  lit  du  inalade. 

L'ouvrage  que  nous  annoncons  manquait  a  la  science  ,  et 
persoiine  n'etait  plus  a  nieme  (jue  M.  Rostan  de  donner  un  ex- 
cellent travail  en  ce  genre.  Cest  nn  manuel  indispensable  aux 
deves  qui  s'adonnent  a  I'etude  de  la  medecine  clinique.  Nous, 
n'avons  pas  besoin  de  le  reconimantler  aux  nonibreux  eleves 
qui  suivent  les  cours  de  I'auteur,  et  qui  ont  deja  su  en  appre- 
cier  le  nierite ,  puisque  c'est  ici  le  resume  des  lecons  de  me- 
decine clinique  failedepuis  dix  ans  avec  tant  de  succcs  a  I'hos- 
pice  de  la  Salpetriere  (i).  Nous  devons  ncanmoins  indiquer  a 
I'alteiition  du  savant  professeur  un  defant  reel  dans  la  redaction 
de  son  livre.  Souvent  il  combat  des  assertions  eniises  par  diffe- 
rens  auteurs,  et  il  ne  cite  iii  leurs  norns,  ni  lenrs  ouvrages,  et 
ne  rapporte  pas  toujours  testuellement  leurs  opinions.  Ce- 
pendant,  on  serait  curieux  de  connaitre  qes  memes  opinions , 
de  voir  comment  elles  sont  i)resentces  ,  soutenues,  developpees 
par  leurs  auteurs;  ce  qu'il  est  Ires-difficile  et  quebjuefois  im- 
possible de  faire  par  le  defaut  d'indications. 

Georget  ,   u.   M. 

63.  —  *  Histoire  anatomique  des  inflanimaiions ,  par  yl.-N. 
Gendrin,  D.  M.  Tome  \" .  Paris,  1826 ;  Gabon  et  compagnie; 
Bi^chet  jeune.  i  vol.  in-8°  ;  prix,  8  fr. 

Decrire  les  tissus  enflammes  dans  tous  les  etals  d'altcration 
qu'ils  peuvent  eprouver  par  la  presence  des  phlegmasies;  tel 
est  I'objet  principal  de  l'ouvrage  de  M.  Gendrin.  Pour  par- 
venir  a  ce  but,  I'auteur,  consideraiit  successivenient  les  diffe- 
rens  syslemes,  a  donne  d'abord  les  caracteres  anatomiques 
qui  aj)partiennent  a  leur  elat  sain.  En  prcnaiit  la  connaissance 
de  ces  caracteres  pour  point  de  depart,  il  a  indique  les  modi- 
fications que  rinflaramation  produit  dans  les  tissus.  Ces 
iiiodificatioris  sont  sujetles  a  des  variations  nombreuses  tjue 
I'auteur  a  rapjiortees  aux  differentes  especes  de  plilegmasies. 


(i)  N'est-ce  pas  une  chose  tligne  d'observation,  qu'un  conn  de  cli- 
nique, fait  pendaut  I'hiver,  a  une  lieue  du  centre  de  la  ville ,  sans  au- 
noQce,  par  UQ  luedecin  qui  n'est  excite  que  par  son  zele,  soil  ccpendant 
saivi  regulierement  par  plus  de  3oo  eleves,  tandis  que  plusicnrs  cours 
du  ineme  genre,  richement  payes ,  anaonces  officielleinent  deux  fois 
I'annee,  et  fails  dans  le  quartier  meine  haliite  par  les  elev»-s  ,  ne  sont 
snivis  que  par  i5  on  20  aiiditeursi" 


SCIENCES  PHYSIQUES.  ifi() 

Sans  s'attadier  a  determiner  les  canses  de  ces  differentfs  cs- 
peces,  il  distingue  les  inflammations  en  aigues,  chroniqties, 
pliage;ieniqties  el  gangreneuses,  ct  tient  seulement  conipte  dcs 
desordres  que  prodnisent  ,specialeniPr:t  dans  les  lissus  ces 
diffi-rentes  phlegmasies. 

F3ansce  premier  volume,  I'autenr  a  rcuni  I'liistoire  complete 
(les  caracieres  anatoniiques  des  inflammations  dans  les  tissus, 
dans  les  membranes,  dans  les  os. 

Le  second  volume,  <|ui  doit  compliter  I'liisloire  anaiomiqne 
des  lissns  enflammes,  contiendra  nne  liisloire  des' phlegma- 
sies adliesives,  I'anatomie  pathologiipie  dcs  differens  desordres 
que  rinflammalion  produit  dans  les  tissus,  et  eiifin ,  nne  com- 
paraison  des  caracteres  analomi(|nes  des  desordre!>  morbides 
produits  dans  les  organes  par  d'aulres  maladies  que  les  phleg- 
masies, avec  ceux  qui  appartiennent  exchisivement  a  ces  der- 
nieres  affections. 

L'ouvrage  de  M.  Gendrin  est  nn  ouvrage  de  fails.  C'est  nne 
hisloire  grajjhique  des  tii.sus  enflammes.  II  n'a  done  pn  enlrer 
dans  le  plan  de  rauteur  (!e  se  livrer  a  aucnne  discussion  de 
doctrine  on  de  theorie;  il  s'en  est  tenu  a  I'exposition  rigon- 
reuse  des  faits  eta  leurs  consequences  immediales.  G. 

64.  —  *  Manuel  d'obstetrique ,  ou  Precis  de  la  science  el 
de  I'art  des  accouchemens;  suivi  de  V exposition  des principaies 
maladies  des  feinines  et  des  enfans  nouveau-nes  et  conlenant 
nn  precis  de  la  saignee  et  de  la  vaccination  ;  par  yJrit.  Duges, 
professeur  a  la  Faculte  de  medecine  de  Monipellicr.  Paris, 
1826.  Gabon.  In-i8  de45op.,avec  44  fig'Teslithographiees; 
prix,  6  fr. ,  et  7  fr.  par  la  poste. 

Ce  mauuel  est  superieur  a  tons  ceux  qui  ont  deja  ]>aru  sur 
le  meme  sujet;  il  est  divise  en  cinq  parties  :  dans  la  1^^,  Tau- 
teur  decrit  de  la  maniere  la  plus  succincle  et  la  plus  exacte  tout 
ce  qui  concerne  I'anatomie  des  parties  qui  servent  a  la  genera- 
tion. Dans  la  2^,  on  apprend  les  fonctions  de  ces  parties  et 
lontce  qui  a  rapjiortala  conception  eta  la  grossessc.  La  3^  par- 
tie  est  consacree  a  faire  connniire  les  soins  relatifs  a  la  nubilite, 
a  la  conception,  a  la  grossesse ,  au  travail  pendant  et  apres 
I'accouchement.  Dans  la  4'"  partic,  on  trace  rapidement  This- 
toire  de  toutes  les  maladies,  dites  chirurgicales,  (]ui  peuvent 
se  developper  dans  les  organes  geniiaux  ou  leurs  annexes, 
])endant  la  nubilite,  la  conception,  la  grossesse,  I'accouchc- 
inent  et  ses  suites,  et  on  indique  les  moyeus  les  plus  propres 
pour  les  coiubattre ;  c'est  dans  cetle  partie  qu'on  a  place  Ic 
precis  sur  la  saignee  et  la  vacrinatiou.  La  5'  et  derniere  parlie 
est  consacree  aux  maladies  de  la  fpinme  ct  de  I'enfant  nouvcan- 


^To  LIVRES  FRANCzVIS. 

TtL  Cet  ouvrage,  nuqncl  on  a  ajoule  24  planches  litliographiecs 
representant  44  figure*  diffi'rentes,  est  reniarquable  par  sa 
precision  ot  sa  clarte,  ct  ne  peut  nianqucr  d'avoir  iin  siuccs 
durable.  j)_ 

65.  —  Cllnique  mrdicnln  dc.  I'Hoi.ol-Dicu  de  Rouen;  par 
M.  Hellis.  Paris  ,  1826;  Gabon.  In-8° ;  prix  ,4  fr.  5o  c. 

M.  Hellis,  persuade  que  I'obscrvalion  peule  peut  conduire  a 
des  resultafs  posilifs  en  medecine  pratique,  a  rcniarque, 
comme  il  le  dil  (  introd.  p.  33  ),  que  nous  sommes  arrives  a  une 
^pocjue  oil  tonl  en  nu'decine  scmble  devoir  elre  reinis  en  (|ues- 
tion;  oiilc  lems  et  les  noms  ne  nous  paraissenl  plus  des  auto- 
rites  sulfisanles;  il  iinporle  done,  plus  que  jamais,  de  recourir 
A  I'observation  pour  consacrer  ce  qu'il  y  a  d'exact  dans  les 
travaux  de  nos  devanciers  ,  et  pour  savoir  ks  concessions  que 
i'on  doit  fjire  anx  doctrines  inodernes. 

D'apies  ces  principes,  I'auleiir  a  pense  qu'il  devait  se  mon- 
trer  aussi  avare  de  reflexions  que  liberal  de  fails.  Dans  un 
avant-propos  frcs-court,  il  a  donne  un  apercn  topograj)liique 
de  la  ville  oil  il  a  pralique. 

La  periode  de  terns  parcourue  par  M.  Hellis  s'etend  depuis 
J'automnc  de  i8a3  ju'^qn'a  ia  fin  de  I'automne  de  1824;  voici 
la  marclie  qu'il  a  suivie  avcc  regnlarlte  ,  dans  tout  le  cours  de 
son  ouvrage,  H  a  d'abord  trace  un  apcrcu  rapide  de  la  coijsti- 
lulion  de  I'automne  de  1823,  el  i!  a  cile  une  observalion  a 
I'appui  des  generaliles  qu'il  avait  enoncees  sur  les  maladies  qui 
regnercnf  a  Rouen  danscclte  saison.  II  passe  ensuite  a  I'liiver 
de  1824,  il  parrourt  successivcmen!  les  niois  dc  Janvier,  ft'^vrier 
et  mars,  el  cite  les  observations  qui  ont  fixyla  constitution  de 
cetle  periode  de  I'annee.  Bes  reflexions  gcnciales  sur  celte  sai- 
son suivent  les  faits  parficuliers  qu'il  a  enonces  ;  de  nonvelles 
observations  vicnncnt  confirmer  la  justesse  de  ces  reflexions: 
il  suit  la  ineme  marclie  pour  le  prinlems,  pour  I'etc  et  I'au- 
tomne de  1824  ,  jusqu'a  la  fin  dc  deccnibre.  II  joint  a  celte 
derniere  jieriode  des  reflexions  j)ratiques  judicicuses  sur  la 
variole.  L'ouvrage  est  lermine  ])ar  dc,>  tableaux  fort  exacts  cl 
fort  clairs  qui  presentent  le  resume  general  de  la  pratique  de 
rHotel-JJieu  de  Rouen  :  les  entrees  de  malades ,  les  diverses 
especcs  de  maladies,  et  leurs  diflVrcnles  issues. 

M.  Hellis  a  elierche  a  mettre  dans  ses  observations  une 
grande  precision;  et  ,  comtne  il  ecrit  spccialemcnt  pour  des 
mcdccins,  il  a  concentre,  pour  ainsi  dire,  dans  ses  rccitsl'cs- 
scnce  des  maladies  qu'il  decrivait. 

En  nous  resumant,  nous  regardous  ccl  ouvrage  comme  celui 
d'un  jeune  praticien   exact    el   consciencieux.   Nous    pensons 


SCIENCES  PHYSIQUES.  J  71 

qu'il  {leiit  etre  infinimenl  utile  a  tous  ceux  qui  preferent  la 
verile  a  des  llicories  brillantcs  ct.  souvent  lioiripeiises.  Ce  tra- 
vail jirouve  que  M.  Hellis  ivossetle  tin  grand  fonds  de  inedccinc 
praiii|ue,  et  nous  avo:is  cm  rcmai'(|ucr  qu'il  est  assez  dou^ 
de  jugPinent  et  de  ]iliiloso[>hie  pour  aimer  iriieiix  etre  un  pra- 
tieieii  utile  qu'uu  meileciii  celebre.        Jijlia-Fontenelle. 

(i6.  —  *  Llemens  d'arilhmctifjiic  coinplenteiiUiire  ,  ou  me- 
tliode  nouvelie  par  l.u|uclle,  a  I'aide  des  complcmens  arilh- 
mr-lijiies,  on  execute  toutes  les  operations  de  calodls;  par 
M.  Berthevin.  Noin'elleedilinn.  Paris,  1826.  Imprinierie  royaie; 
Baelielier.  Ifi-8°  de  il\0  pages;  piix  ,  5  fr. 

Le  plus  utile  cl  ie  jilus  ingenieus  des  precedes  d'arillimdtique 
consiste  dans  I'eniplui  des  logarilljines,  r.oiiibres  qo'on  subs- 
tiliic  a  ceiix  (|ui  sont  ])roposes,  et  a  I'aide  dcsqiiels  le->  calculs 
devienneiit  d'line  extreme  sinijilicile.  Mais  I'art  de  reinpiacer 
ainsi  des  nouibies  ])ar  d'autres  ])our  donner  lieu  a  des  0[)('Ta- 
lions  faciles,  est  su^ceplib'e  d'une  inidiilude  d'atiplicaiions. 
Qoeltpies  cssais  ])lus  ou  inoins  iriooin|)lels  avaieiit  dej.'i  ete 
tenies  en  ee  genre,  lorscpie  M.  Berthevin  s'cst  livie  a  ces  re- 
eliereb.es;  I'oiiviage  (]u'il  piiblie  aujoiird'liui  est  lefiuit  de  ses 
mediinlions.  On  verra  ,  diais  cct  interessant  ecrit,  comnient 
sans  le  seconrs  de  tables,  des  calculs  penibles,  se  transforinent 
en  d'autres  qui  n'exigent  plus  que  qiielqnes  nihliiiniis  et  sous- 
'raclicins.  II  lant  av;)ijer  cepenilaiit  fpie  I'auleur,  ])nur  niieux 
monlrer  combien  ses  procedes  sont  expediiifs,  a  soin  de  choisir 
SOS  exem[)les,  de  nianiere  a  tornber  tlans  les  eas  qni  lenr  sont 
favorables  :  car  ,  pour  un  autre  dioix  dc  nombres,  il  se  pouriait 
que  la  noiivellc  nielluHle  n'fut  pns  les  avaiitagcs  qu'on  hii 
trouve.  Cc  n'est  pas  qu'elle  ne  soil  tres-gei'.cr?.le  ,  et  ])ar  con- 
sequent applicable  a  tous  les  cas  :  mais  les  simplifications 
perdent  souvent  lour  njcrite,  et  Ton  n'obtient  plus  une  anssi 
rapide  execution.  L'autcur  fail  alors  prendre  au  j)roccde  di- 
verses  formes  qui  se  preient  niieux  an  but  qu'il  a  en  vue 
dans  ces  cas  rebclles  ct  fort  nondjreux.  Sa  metliode  est  d'une 
grandc  fecondile  ;  mais  cette  focondile  mcinc  pourra  bien  etre 
un  obstacle  a  son  adoption,  i)arce  qu'il  est  souvent  einbar- 
rassar.t  de  choisir  celle  des  formes  qui  convient  au  calcul  (|u'on 
veut  faire.  Quoi  rpj'il  en  soil,  I'ouviage  de  M.  Berllievin  est 
digue  d'etre  etudie,  non-seulcment  par  les  eleves  ,  mais  aussi 
par  les  maitres;  les  uns  et  les  autres  y  trotiveront  des  conibi- 
naisons  adroites  ([ui  donnerorit  a  I'esprit  calculateur  plus  d'in- 
vention  et  de  ressources.  La  partic  des  fractions  deoimales 
pcriodiques  est  surlout  fort  bifn  trailce,  et  prosente  diverses 
idees  neuves,  particulierement  aux  pages   127,    i44  et  aaS. 


172  LIVRES  FRANCAIS. 

L'auteur  peut  se  glorifier  d'avoir  perfectionne  ce  genre  de 
reclierches ,  iiieine  ajires  les  travaux  des  BernouilU ,  d'Alcm- 
bert  et  Gauss  sui'  le  m6iuc  sujel.  Francokcr. 

67.  —  *  Manuel  de  physique ,  on  ek'tnens  ahrcges  de  cetle. 
science,  mis  a  la  portee  des  gens  du  tiionde  et  des  etudians , 
conienant  I'cxpose  coinplet  et  inelhodique  des  ])ropi'ietes  ge- 
nerales  des  corps  solides,  liquides  el  aeriformes  ,  ainsi  ([iie  des 
phenoinenes  du  son  ,  siiivi  de  la  iiouvelle  theorie  de  la  iuinicic 
dans  le  syste'itje  des  ondulations  et  de  celle  de  Teleclricite  et 
dti  niagnelisiiie  reunis;  par  M.  Baii.ly.  Troisieme  edi.'ion. 
Paris,  1826;  Roret.  t  vol.  in-18  de  270  pages  et  3  plantlies; 
prix  ,  2  fr.  5o  c. 

68.  —  *  Manuel  de  perspective  ,  du  dessinateur  el  du  peinlre, 
contenant  ies  elemens  de  geoinetrie  indispensablcs  au  traci'  dc- 
la  perspeclivc  lineaire  et  aerieiine,  et  a  I'otude  du  dessiii  et  do 
la  peinttire,  specialement  appiiqueeau  paysage;par  A.  D.  Ver- 
GNAUD,  capitaine  d'artillerie,  etc.  Deuxicme  edition  ,  corrigee 
el  augmentee.  Paris,  1826  ;  le  uieme.  In-18  de  260  pages 
et  8  planches;  Jirix,  3  fr. 

69.  —  *  Manuel  du  pecheur  francais ,  ou  traite  general  de 
toutes  sortc*;  de  peches,  contenant  I'histoire  naturelle  des  jiois- 
sonSj  la  maiiiercdc  pecher  cliaqiie  espece  en  particiilier ,  I'art 
de  fabriquer  les  filets,  un  traite  sur  les  etangs,  uii  precis  des 
lois ,  ordoniiances  et  regieniens  sur  la  peche,  un  modele  des 
proces-verbaux  qui  doivent  etre  dresses  par  les  gardes- pe- 
che, etc.,  ])ar  M.  Pesson-Maison-Neuve.  Paris,  1826;  le 
meme.  In-18  de  248  pages,  avec  une  planche;  prix,  3  fr. 

70.  —  *  Manuel  du  sornmelier ,  ou  instruction  pratique  sur 
la  maniere  de  soigner  les  vins  ,  contenant  la  theorie  de  la  de- 
gustation,  de  la  clarification,  tlu  collage  et  de  la  fermenialion 
secondaire  des  viiis,  les  moyens  cleprevenirleur  alteration  ,elc.; 
suivi  du  Tarif  des  droits  de  inouvement  d' entree,  d'octroi  ,  de 
vente  en  detail,  etc.;  par  M.  Jullien  ,  marchand  de  vins  en 
gros,auteur  de  la  Topographie  de  tous  les  vignobles  connus;  in- 
venteur  Aes  poudres  pour  clarifier  le  vin,  des  cannelles  aerijeres, 
et  de  jilusieurs  autres  instruniens.  Quatrieme  edition  ,  cor- 
rigee et  augmeulee  d'un  chapitre  sur  la  litharge.  Paris  ,  1826  ; 
l'auteur,  rue  Neuve-des-Pelits-Champs,  n°  91  ;  Mme  Huzard, 
rue  de  I'Eperon.  In-12  de  34o  pages,  avec  trois  planches; 
prix  ,  4  fi . ,  ct  5  fr.  ])ar  la  ))oste. 

Les  deux  premiers  et  le  dernier  de  ces  quatre  ouvrages 
doivent  etre  consideres  coranie  ayant  subi  I'epreiive  du  terns 
pl  de  I'u^nge  ;  ils  se  niaintiendront  a  la  place  c[u'i!s  occupent  , 
jusqu'a   ci;  que  des  coucnrreiis   munis   de   plus  de  litres  aiont 


SCIENCES  PHYSIQUES.  173 

pu  monlrcr  uiie  snporioriie  reelle  :  la  liceesi  toujouis  ouverte, 
et  les  juf^es  allenlifs,  edairrs,  incoriDptibles  ,  ne  nian(]uei'ont 
point.  On  ne  persuarlera  pas  a  un  inanufactuiior  (ju'nn  om- 
vrage  sur  son  art  est  bon,  si  la  lecture  n'eii  est  point  instruc- 
tive, si  la  description  des  precedes  est  inexacte,  si  Ton  y 
remarque  des  omissions  essentielles.  Coinme  un  manuel  est 
fait  pour  ceux  qui  travaillenl  ,  a  mesure  qu'un  art  s'cnrichit , 
il  faut  que  le  manuel  stiive  I'ordre  de  ses  acquisilions;  le  mon- 
vement  irnprime  a  I'industrie  sera  ressenii  par  tons  les  ecrils 
publics  jiour  provoquer  et  entretenir  ce  mouvement ,  ou  qui 
en  out  suivi  le  cours ,  et  I'art  de  faire  des  manuels  se  perfec- 
tioniiera  coinrae  tons  les  autres.  II  faudra  done  de  nouvelles 
editions  ;  et ,  plus  il  en  paraitra ,  plus  le  public  aura  lieu  d'etre 
satisfait;  rnais,  a  cote,  et  en  concurrence  de  ces  anciens  011- 
vrages  rajounis  et  anieliores,  il  faut  aussi  que  Ton  voie  paraiire 
des  compositions  nouvelles,  ou  la  vigueur  de  la  jeunesse  se 
manifesle  par  la  plenitude  du  savoir,  le  pressentiment  des  de- 
couvevtes,  une  sage  hardiesse  de  pensees  qui  caracterise  I'es- 
prit  de  recherches.  Quand  nous  en  serons  venus  la ,  les  ouvrages 
sui-  les  sciences  el  les  arts,  y  compris  les  manuels ,  seront  juges 
avecpliis  deseverile;  on  aura  le  droit  d'etre  exigeant,  et  Ton 
ne  manqucra  pas  d'en  user. 

Nous  sommes  done  encore  dans  le  terns  d'indulgence  :  le 
Manuel  du  perkeur  francais  ne  sera  pas  traitc  avec  rigueur  , 
d'autaiit  plus  que  I'aiiteurapris  soin  d'eviter  les  reproches  que 
pourraii  faire  une  critique  snperficielle  ,  et  qu'ii  faut  de  I'at- 
tentloii  pour  apercevoir  (juelques  legeres  inexactitudes  dans 
son  ouvragp.  II  y  en  a  sans  doule  :  on  voudtait,  par  exemi)le, 
qu'i!  cut  dit  vin  mol  des  fanieuses  carjjcs  du  Rhin,  natives,  pour 
la  plupart ,  de  I'eiang  de  Lindres  ,  et  qui  obtiennent  assez  fa- 
cilement  leur  naturalisation  dans  ce  fleuve.  On  desirerait  aussi 
qu'II  cut,  fail  mention  de  I'espece  de  carpe  imporlee  en  France 
vers  le  uiilieu  du  siecle  dernier,  et  dont  I'accroissemcnt  est, 
dit-on,  encore  plus  rapide  cjue  celui  de  I'espece  commune.  On 
regret  te  aussi  qu'il  n'aii  pas  distingue  les  deux  especes  de  truites 
qui  different  I'une  de  I'autre  par  la  taille ,  la  couleur  et  la  qua- 
lite  de  la  chair,  et  ])ar  les  eaux  ou  elles  vivent.  II  n"a  pas  in- 
dique  non  plus  tonles  les  sortes  de  pcches ,  meme  celles  d'eaux 
douces  auxqnelles  il  sest  borne.  Or.  clicrcliera  vainement, 
dans  ce  manuel,  la  meilleure  construction  des  deversoirs  des 
etangs,  etc.  Ainsi,  on  se  plaindra  plutot  de  ne  pas  trouver 
dans  eel  ouvrage  tout  ce  que  Ton  y  chcrcliera  que  de  la  inaniere 
dont  I'auleur  a  Iraite  les  sujels  qu'il  y  a  fait  enlrer.  Une  nou- 
velle  edition  pourra  remplir  les  lacunas  que  Ton  y  remarque , 


174  LIVRES  FRANCAIS. 

et  en  taire  un  ouvraj,e  lioii-seulement  agr<iable,  mais  d'uiie 
utililo  reelle. 

Quoiqiie  le  Manuel du  somrne/ier  soit  a  sa  (|uati'ii'ine  edition, 
disons  (juelquc  chose  des  additions  que  raiilcur  y  a  faites.  C'est 
a  rarlicle  A^s  v'ns  snphisttqiies  que  M.  Jullien  ajoutc  nn  sup- 
plement. II  y  discute  principalcnient  ie  nioyen  A'adoucir  les 
vins  avec  la  litharge,  et  donne  les  moyens  de  reeonn.iiire  celte 
conibinaisoa  dan!,'ereuse.  Mais,  qne!(|i!CS-unes  de  ceiles  qu'il 
regarde  coninie  innocentes  le  sont-elles  rc'ellemeni  ?  de  ce  (iiie 
lesniedetinspresci  ivent  quelquefois  Tenqjloi  dii  tartrate ncidu'e 
de polasse ,  le  marchand  de  vin  esl-il  en  droit  (i'en  faire  piendre 
a  ceux  auxqueis  ii  debite  son  vin?  II  seinble  que  I'auteur  est 
un  peu  Irop  intiulgent,  et  que  les  consommi.teurs  et  inenie  les 
inagistrats  doivent  eire  plus  alten;ifs  et  jilus  se%erfs.  Lc  terns 
viendra  sans  doule  oil  la  ehiniie  saura  composer  des  vins,et 
de  bons  vins  :  mais,  pour  urie  decouver!o  de  cetle  importance, 
il  ne  faut  rien  iiioins  que  le  contours  d'habiles  <himisies  et  de 
gourmets  d'un  certain  merite,  la  cooperation  de  la  i>cie!ice  et 
tl'iin  talent  dont  il  parait  que  la  nature  n'est  pas  prodigue.  Les 
Chinois  qui  ont  fait  taut  de  progres  dans  presqiie  tous  les  arls, 
ne  meritent  aucune  mention  honorable  i)our  leurs  liqtienrs 
fermenlt'es  ;  les  Anglais,  ccs  fabricans  univers(.-is,  ont  etabli 
de  grandes  manufactures  dc  vins.  C'est  la  Cjue  Ton  trnuverait 
un  commencement  d'instruction ;  mais  on  ne  s'en  licndrait 
point  a  cette  ebauche  :  I'art  ne  pourrait  eire  iierfectionnc , 
acheve  qu'en  France.  Mais,  qu'on  u'esjiere  jjoint  qu'il  s'eleve 
jamais  bien  haut,  s'il  n'est  Tiratiquii  f[ue  par  les  marchands  de 
vins.  Slalgre  ces  observations  critiques,  les  additions  que 
M.  Jullien  a  failes  a  son  ouvrage  le  rendent  de  plus  en  plus 
utile;  et,  si  Ton  s'occupe  si'rieusement  de  la  composition  des 
vins  artificiels,  on  n'aura  lien  de  mieux  a  faire  (iue  de  recourir 
a  ses  lumieres. 

71. —  *  Moyen  de  rendre  les  croixees  absoltirnent  impene- 
trable s  a  I'eau  pluviale ;  par  Saint-Amand,  archilei'te  ,  mem- 
bre  de  la  Socicte  d'encouragenient ,  demsuraflt  au  Thuit-Si- 
gnol ,  pres  d'Elboeuf  (  I'^ure ).  Paris,  1826;  Carilian-Coeury, 
quai  des  Augustins,  n°  4  i ,  etrauleur,  au  Thuit  Signol.  In-8" 
de  8  pages ,  avec  une  planche  gravee ;  ])rix  ,  2  fr. 

M.  Saint-Amand  a  pris  un  brevet  d'invontion  pour  son  pro- 
cede  qui  pent  eire  applique  a  toutes  les  croisees  ,  pourvu  <[ue 
le  bois  n'en  soil  jias  entiereraent  pourri.  Nous  devons  done 
nous  abstenir  d'cn  donner  une  desci  iption  ;  d'ailleurs  ,  il  serait 
fort  difficile  de  le  faire  comprendre,  sans  le  secours  du  dessin. 
Les    proprietaires    sentiront    assea    combien   I'invention    de 


SCIENCES    PHYSIQUES.  17^ 

M.  Saint- A.nian<l  pent  leur  etie  utile,  et  s'einpresseront  de  se 
procurer  sa  brochure,  ou  ils  trouveront,  tion-seulement  une 
noiice  claire  ct  suffis.inle  sur  celic  disposilion  des  cioisees, 
mais  les  proposilions  de  I'auteur  pour  les  appliquer  dans  le 
deparlemcnt  de  la  Seine.  On  ne  peut  douter  que  ce  qu'il  pro- 
])Ose  ne  soit  reellenient  utile.  F. 

72.  — *  Di'oUomdpjye ,  011  Livre  -  caries  ;  lecons  niulhodi- 
quesde  sfeo^Jftaidjie  et  de  chronologie,  redif;eos  d'apres  les  plans 
deM.  B.  (  J.-Ch.  );  par  MM.  Daunou,  Eyries  ,  Asnee,  Al- 
bert -  MoNTEMONT  ,  ViviEN  ,  Pi'RROT  ,  ingf-nieur  -  i^eogra- 
plie,  etc.  Troisieme  clegrc ,  !N°  9.  Paris,  i826;Rrnard,  rue 
Sainte-Anne,  n°  71.  Un  cahier  in-4°  olilong;  prix  du  caliier, 
3  fr.  (  Voy.  Re\'.  Enc,  t.  xxs ,  p.  172  et  49*3  ). 

Noire  Revue,  dans  son  cahier  d'avril  dernier  ,  a  rendu 
coui])te  des  livraiions  du  Bibltornappe,  jusques  et  compris  le 
7""'  cahier.  Les  8"'  et  9™=,  que  nous  avons  sous  les  yeux,  ren- 
fernient  six  cartes  comprenant  la  Baviere ,  les  Pays-  Das,  la. 
Suisse,  la  France,  V Italic  supchienre  q\.  Vltalie  injcrieiire.  he 
soin  de  Fediteur,  M.  Hailleul,  erLite  surtout  dans  ia  distinc- 
tion et  le  trace  des  lignes  de  faite  et  de  partage  des  eaiix, 
dans  renonce  des  accidens  naturejs  fbrmant  limitcs  ei:tre  los 
elats  ou  leur  etai;t  comuiuns. 

Nous  avons  deja  fait  reinarquer  que  ce  grand  ouvrage  ,  qui 
contiendra  plus  decent  caries  reparties  dans  17  ou  18  livrai- 
sons  de  texte  analytique  et  raiscnne  ,  est  divke  en  trois  degrcs 
d'enseignernenl.  II  nous  parait  utile  de  les  indiquer  d'une  n;a- 
niere  nette  et  ])ositive  a  nos  lecteurs.  he  premier  degre  prescnte 
les  grandes  divisions  des  terres  et  des  mers,  sansaucune  indi- 
cation de  partages  politiques;  dans  le  detijricme  ,  on  voit  les 
cinq  parties  du  rnonde,  avec  Icurs  grandes  divisions  dislinguecs 
par  les  accidens  nalurels,  fleuves,  montagnes,  mers,  etc., 
conimuns  a  plusieurs  de  ces  grandes  divisions,  ou  servant  de 
linules  entre  clles  ;  et  dans  le  troisieme  ct  dernier  degre,  figu- 
rent  les  divisions  par  etats  (  royaunies  ou  rcpubllques  ),  les 
subdivisions  poiitifjues  et  les  accidens  naturels  qui  les  soparent 
ou  qui  leur  sont  conimuns.  D.ins  le  premier  cas,  on  ne  voit 
que  les  plus  grandes  generalites  comrae  les  continens;  on  re- 
Irouve  ,  dans  le  second  ,  les  continens  divises  en  grands  etats 
politiques;  et  dans  le  troisieme,  les  pelits  etats,  sans  arriver 
encore  a  la  topographic.  Ce  vaste  plan ,  suivi  avec  perseve- 
rance ,  et  a  I'execution  duquel  sont  venus  concourir  jilu- 
sienrs  hommes  dislingues,  doit  fixer  I'attention  de  tous  ceux 
qui  s'occupent  d'education  et  d'instrnction,  snrtout  ;\  une 
epoque  oil  I'importance  des  etudes  geographiques,  rattachees 


I7t» 


LIVRES  FRANCAIS. 


a  renscigneincnl  de  I'liisioire,  est  plus  vivcinenl  sentie  qii'olle 
ne  I'a  jamais  tie.  J. 

■J 3.  —  *  Gi'Ograp/iie  universelle ,  ou  Description  gcneialede 
la  terre,  consideree  sous  les  lapporls  astrononiique,  pliysiijue, 
politique  el  hislorique ;  par  E.  Cortambert  ,  prof'csseur  de 
geogr:i[>liie.  Paris,  182C;  Rilian  el  Picquet.  In-8"  (ie  5o2  pages  ; 
prix  ,  7  U\ 

PeiU-eire  ce  litre  n'iiuiique-t-il  pas  suflisammeiit  que  c'est 
un  livie  elcnientairc  que  M.  Cortambert  preseiile  au  public. 
Ainsi  (jiie  dans  d'auires  abref;es ,  on  commence,  danscelui-ci, 
par  des  notions  de  ^coj^raphie  malliematique  el  physiiiue  ;  en- 
suile  on  passe  a  la  gcoj^raphie  des  diverses  parties  du  momle. 
L'auteur  n'admel  que  trois  races  princij)ales  de  rcspccelm- 
haine,la  bltinclw  on  caucasique ,  Ihtjaune  ou  r/wrigolique ,  ct  la 
negre  ;  il  pcnse  que  le  teint  cuivre  des  indigenes  de  rAaieritjue 
n'est  pas  un  caractere  suffisant  pour  en  faire  une  race  [.arlicu- 
liere  ;  tnutefois,  ii  convient  (ju'ils  ne  peuvent  non  jdus  ctre 
rattachcs  clairement  a\x%  races  mongolique  et  caurasique. 

Dans  la  description  des  diverses  conlrees  du  globe,  l'auteur 
fait  con  nail  re  ,  dans  des  cliapitres  ou  paragraphes  separes,  les 
limites,  Taspecl  general,  les  divisions,  ies  montagnes,  lesflcuves, 
les  lacs,  les  golles,  les  caps,  etc.  decljaqiie  [)ays;  puis,il  fail  I'eiiu- 
meration  des  principals  villes,  indique  la  nature  du  gouver- 
nement  et  du  culte  ,  et  tennine  par  uue  notice  hislorique.  — 
La  multitude  de  ces  utiles  indications  ne  laisse  pas  a  l'auteur 
beaucoup  de  place  pour  faire  connaitre  ce  que  les  villes  len- 
fermenl  de  reniarquable  ;  aussi  les  articles  qui  les  concernent 
sont  tres-courls.  Au  sujet  de  la  ville  de  Londres,  Tauteur  dit 
simplenient  qii'elle  esl  la  capitalede  la  Grande -Bretagne  et  la 
plus  grande  ville  de  l'Euro])e,  qu'clle  est  situce  sur  la  Tamise, 
et  qu'elle  renferrae  i,o5o,ooo  ames.  C'esl  une  question  de 
savoir  si,  dans  une  geographic  elenicnlnire ,  il  convienl  de  s'e- 
lendre  davantage  sur  les  particularites  du  sol ,  ou  de  decrire 
plus  en  detail  les  villes.  Comme  l'auteur  de  cet  article  a  cm 
devoir  suivre  la  derniere  de  ces  methodes,  dans  un  ouviage 
•  li'raentaire  sur  la  geographic,  il  ne  lui  appariient  pas  de  de- 
rider  la  queslion.  II  serait  sans  doute  a  desirer  (jue  Ton  pAt 
egalement  bien  faire  connaiire  tout  ce  qui  rend  un  pays  re- 
niarquable ;  mais,  daFis  des  bornes  aussi  etroiles,  l'auteur  est 
loujours  gene  j)ar  le  pen  d'espace  (|ui  lui  reste. 

L'ouvjage  de  M.  Cortambert,  redige  d'une  nianiere  claire 
et  meiliodique,  seia  tres-ulile  pour  I'enseignement  de  la  geo- 
graphic. On  pourrait  faire  des  observations  sur  quelques  de- 
tails :  mais  il  faut  avoir  travaille  a  de  parcils  ouvrages  pour 


SCIENCES  PHYSIQUES.— SCIENCES  MORALES.   177 

savoir  combien  il  est  difficile  de  verifier  tous  les  renseigne- 
iiicns  fournis  paries  voyagcurs  et  les  topogrnplies.     D — o. 

74.  — *  Alias  geographique  ct stnlistique da dcpartemens  de 
la  France ;  (Carles  des  depai  leinens  de  la  Sartlie  et  de  la  Hattte- 
Marne.  Varis,  1826  ;  Baudouln.  Prix  de  cliaque  carte  eiilu- 
niiiiee ,  i  fr.  80  c.  prise  scparemcnt,  et  1  fr.  25  c.  pour  les 
souscripteurs  a  I'Atlas  enlier  (Voy.  Jlev.  Enc,  t.  sxv,  p.  1^57  "). 

Cede  grande  et  importante  entreprise,  dont  I'utiliie  ne 
sanrait  elre  conleslte  ,  malgie  les  iin])erfcclions  de  details 
qu'uiie  criticjue  severe  peut  y  signaler,  e.-^t  coiitiniiee  avcc  iin 
zele  et  une  perseverance  dignes  d'cloges :  elle  imrite  les  en- 
couragemens  des  amis  de  la  gcograpliie  ,  el  de  tons  ceux  qui 
voient  avec  plaisir  se  multiplier  ics  moyens  de  rendre  pltispo- 
pulaires  les  notions  geographiqiies  et  siatistiques,  et  surtout 
de  mieux  fairc  connaitre  la  France  a  la  classe  nombreuse  des 
bommes  les  plus  capables  d'augmcnter,  par  leurs  travaux  en 
tout  genre,  ses  mojens  de  prosperite.  J. 

Sciences  religieuses ,  morales ,  politiques  et  kistoriques. 

75. —  *  Memoirs  en  faveur  de  la  Uberte  des  cultes ,  par 
Auguste  PoRTALis,  a^'ocai  a  la  Cour  royale  de  Paris;  avec  cetle 
dpigraphe,  Posteri,  posteri,  vestra  res  agitur.  Paris,  1826  ;  iiu- 
primcrie  de  Guyot.  ln-8°  <ie  48  pages.  (  Ne  se  vend  jias. ) 

L'auteur  de  ce  memoire  est  jirodie  parent  du  celebre  rap- 
porteur de  la  loi  sur  le  concoidat  de  1801  ,  et  du  noble  pair 
qui  fit  rejeter ,  il  y  a  deux  aus,  la  loi  jiour  la  repression  des 
delits  commis  dans  les  eglises,  loi  qui  depuis  a  cte  reproduite 
avec  I'expression  sacramen telle  de  sacrilege.  II  n'est  done  pas 
dtonnant  qu'un  membre  de  celte  honorable  famille  ait  eleve  la 
voix  en  faveur  de  la  liberte  des  cultes,  c'est-a  dire  de  Tunc 
des  principales  garanties  que  nous  offre  la  Charle  conslitu- 
tionnelle.  On  sait  a  (|uelle  occasion  ce  discours  a  ete  compose. 
Feu  M.  La  nibi  edits  ayant  charge  M.dOulrcpont,  son  legatatre 
universel,  de  prier  I'lnstitut  de  donncr  pour  stijel  de  prix  la 
liberte  des  cultes ,  Tautorisation  net^saire  a  ce  sujei  fut  refuscc 
par  M.  le  minisfre  de  I'interieur.  M.  dOulrepont  crut  devoir 
inviter  la  Societe de lamnrale  chretienne ik  proposereta  decerner 
ce  prix.  Le  memoire  que  nous  annoncons  ,  inscrit  sous  le  w"  i5, 
a  obtenu  une  mention  honorable.  L'auteur  suppose  que, 
la  355^  annee  avant  I'ere  clirctienne,  epoque  de  la  guerre  des 
Phoceens,  connue  sous  le  nom  de  guerre sacree ,  le  philosophe 
grec  Callisihene  est  consultc  parses  concitoyens  sur  la  question 
de  savoir  si  les  Phoceens   avaient   le   droit  de  ne  pas  croira 

T.  XXXI.  —  Juillei  1S26.  12 


178  LIVRES  FRANCMS. 

aiix  dieiix  de  la  Gri-ce,  ou  dc  croire  a  d'aiitres  dieux.  Dans  nn 
discoitrs  eloquent,  le  philosophe  s'eleve  centre  la  pretention 
d'imposer  des  croyaiices  religieuses  aux  aolrcs  hommes.  Ce 
simple  apercu  siiffit  pour  niontrer  le  vice  radical  du  disconrs; 
ici  nous  laisseruns  parlcr  IM.  Giiizot,  rajiporteiir  de  la  com- 
missicn  d'examen  des  ouviagrs  cnvoycs  au  concours :  «  par 
cette  fiction,  I'auteur  s'csl  prive  des  plus  precicuscs  richesses 
de  son  sujet ;  car  c'est  a  I'Europe  nioderne  qu'apparticnt  vrai- 
ment  la  question  de  la  liberie  descuites;  c'est  la  que  s'en  sont 
developpt'S  les  principes,  et  qu'olle  apuissammentagite  I'esprit 
et  la  deslince  des  honimes  :  el!e  n'avait  apparu  que  confuse- 
ment  a  la  pcnsce  des  pouples  anciens,  et  iiortee  siir  la  place 
])ublique  d'Atiicnes ,  eWe.  y  sembic  embarrassce  et  froide , 
comme  une  ctrangere.  L'au;eur  lui-meme  n'a  pu  s'empecher 
de  le  sentir;  aussi,  a-t-il  ajoute  au  discours  de  Callisthene  nn 
supplement  011,  parlaiit  en  son  propre  nom,  il  s'effoice  de 
rattacher  a  I'liistoire  er  aux  idecs  de  I'Europe  chr-Jtienne  les 
raisoniiemens  du  pliiiosophe  grec.  Mais  ce  supplement  indique 
la  lacune,  au  lieu  de  la  rempiir. »  Nous  croyons  que  lout  lec- 
teur  impartial  adoptera  ce  jugemcnt;  mais ,  sons  un  autre  rap- 
port, le  raemoire  de  M.  Awguste  Porlalis  merite  beauconp 
d'elogcs,  et  nous  allons  encore  empruntcr  les  propres  paroles 
de  I'excellcnt  jiige  que  nous  avons  cite  pins  haut.  «  En  re- 
vanche ,  ce  inemoire  se  d.istlngiie  par  une  ctendue  etune  fer- 
mete  d'idees  peu  coraniuncs ,  jiar  un  style  noble  ,  elegant,  qui 
s'eleve  meme  quelqiicfoi^  a  reloquence;  et,  dans  plus  d'un 
passage,  enlre  autres  dans  le  debut  du  discours  de  Callis- 
thene. regne  un  sentiment  vif  et  vrai  du  tour  d'esprit  et  de 
langage  des  oraleurs  pliilosopbes  de  ranliquite.  »  Y. 

176. — *  Principes  d'nnlhropolof;ie ,  ou  des  lois  de  la  nature 
considerecs  dans  rhoramc,  par  de  Joannis.  Paris,  1826.  Delau- 
nay,  Bechet  jeune.  In  -  8°  dc  viii  el  69  p. ;  prix,  1  fr. ,  et  2  fr. 
5o  c.  par  la  poste. 

L'auicur  a  voulu  ,  dans  cet  ouvrage  ,  aliler  !a  metaphysi(jue 
a  la  pliysiologie;  maia,  malgre  ses  efforts,  quels  que  soient  les 
emprunts  plus  ou  moins  heureux  qu'il  ait  fails  aux  sciences 
naturelles,  il  est  reste  purement  mctaphysicicn;  et,  s'il  nous 
est  permis  de  donner  nos  conjectures  sur  la  manierc  dont  il 
I'a  compose,  nous  somnies  portcs  a  croire  que  ses  conclusions 
^laient  prises,  avant  qu'il  chcrchat  a  les  appnyer  par  des 
preuvcs  tirecs  du  monde  physique.  II  renouvelie  une  opinion 
qui  date  de  bicn  des  siecles,  cl  suivant  laquclle  I'homme  serait 
forme  d'un  corps,  d'unc  amc  et  d'un  esprit;  le  corps,  Tame, 
ne  le  distingucraient  pas  du  reste  des  animaux;  mais  par 
I'esprit  qu'il  posscde  a  lui  scul,  il  forme  dans  la  creation  une 


SCIENCES  MORALES.  179 

classe  a  part  ^  laqnelle  rien  dans  la  nalure  ne  pent  etre 
compare. 

C'est  sous  forme  d'apliorisraes  que  cette  brochure  est  ecrite; 
cent  dix-neuf  paragraphes  donnent  la  serie  des  propositions 
de  I'autejir  qui,  presentees  de  cette  maniere,  ne  pourraient 
^tre  discutees  sans  des  develoi)pemens  bien  plus  etcndiis  que 
I'ouvrage  Ini  -  meme.  M.  de  Joannis  cependant  .Tpi)elle  Ics 
objections;  essayons  de  le  satisfaire.  II  nous  seinble  qu'apres 
avoir  ex])Ose  quelle  est  I'opinion  des  pliysioiogistes  modernes 
sur  le  point  fondamental  de  la  question,  savoir,  en  quoi 
I'homme  differe  des  animaux,  qunnf  a  ses  faculte*  intellec- 
tuelles,  il  suffira  d'une  simple  comparaison  pour  mettre  a 
meme  de  juger  Touvrage  dont  nous  rendons  comptc.  La  jilii- 
part  des  naturalistes,  suivanl  a  peu  pres  les  principes  d'iden- 
logie  de  I'ecole  de  Condillac,  admettent : 

1°  Qii'il  existe  une  faculte ,  nommee  instinct,  rjiii  dirige 
exclusivement ,  souvent  avoc  une  perfection  remarquable,  et 
avant  loute  experience,  les  actions  des  animaux  des  classes  in- 
fcrieures ,  des  insectes,  par  esemple.  Chez  les  aulres  animaux 
et  chez  rhorame  lui-ineroe,  I'instinct  est  aussi  ia  sourCe  dr- 
beaucoup  de  determinations. 

2"  Que  les  animaux  qui  se  rapprochent  de  nous  joignent  ;i 
rinstinct  une  intelligence  dirigee  par  d'autres  causes  :  on 
admet  chez  eux  perception ,  attention,  association  et  comhi- 
naison  d'idees,  jugement,  memoire  non-seulement  des  per- 
ceptions, mais  des  jugemens  portes ,  habitudes,  etc.,  toufes 
facultes  que  I'homnie  possede  aussi,  et  auxquelles  il  scmhle 
borne  pendant  la  duree  de  son  enfance. 

3"  Que  I'homme  a  sur  les  animaux  une  preeminence  incon- 
testable qu'i!  s'agit  ne  preciser.  Dira-t-on  qu'i!  est  done  de 
raison  ?  Mais  qu'est-ce  que  la  raison?  Ce  n'est  pas  la  definir, 
que  de  la  regarder  comme  un  degre  superieur  d'intelligcnce. 
Suivant  M.  Frederic  Cuvier,  I'homme  n'aurait  de  plus  que 
I'orang  que  la  volonte  avec  connaissance,  ou  plutot  la  faculte 
de  connaitre.  Ce  natiiraliste  dit  ailleurs  que  I'homme  doit  sa 
superiorite  a  la  reflexion,  qu'il  jouit  seul  d'une  veritable 
bberte;  et  cependant,  il  avait  reconnu  que  les  quadruman^s 
et  les  carnassiers  sont  en  quelque  sorte  des  animaux  libres  en 
comparaison  des  insectes.  Peut-on ,  du  reste,  refuser  aux  betes 
la  reflexion,  <]uand  «  elles  sentent  meme  leur  subordination, 
qu'elles  semblent  connaitre  qiie  I'etre  qui  les  punit  est  libre  de 
ne  pas  le  faire,  puisqu'elles  prennent  devanl  lui  I'air  de  sup- 
pliantes  lorsqu'elles  se  sentent  coupables  ou  qu'elles  le  voient 
fache.  »  (  George  Cuvier.) 


i8o  LIVRES  FRANCAIS. 

La  distinction  ne  reposerait-elle  done  t|ue  siir  le  degro  des 
iaculies  inlellecliielles,  et  iiou  sur  leur  cspece?  Enfin,  on  pcut 
se  demander  encore  si  la  difference  enlre  lame  de  rliomine 
ct  celle  des  aniniaux  tient  seulement  a  la  difference  des  or- 
ganes,  instruinens  regardes  couune  necessaires  a  la  manifesta- 
tion de  la  pensec. 

Ces  questions  long-tems  debaltues  tronvent  lour  solution 
dans  un  autre  svslcme  ])liiiosopIiir|ne,  colui  fju'a  fonde  le 
D*"  Gall.  Get  liabile  obset  valeur,  abandonnant  la  loulesuivie 
par  les  ideologues,  envisageant  sous  un  point  de  -vne  nouveau 
nos  facultes  intellectnelles,  regardant  celles  ([ui  avaieiit  etc 
adniises  jusqu'a  lui  coinme  des  abstractions,  des  altiibuts. 
coniinnns  de  Ions  nos  jienchans,  de  toulcs  nos  aptitudes,  a 
determine,  avec  pins  de  precision  qu'on  n'avait  pulefaire,  ce 
que  nous  avons  de  comniun  avec  les  aniinaux  ks  plus  parfaits 
et  ce  qui  nous  en  distingue,  comnie  eires  moraux  ot  pensans. 

Voila  oil  nous  en  etions  sur  ce  snjet,  lorsijue  M.  de  Joannis 
s'en  est  occupe  de  nouveau.  II  existe,  suivant  lui,  nn  principe 
animiqne ,  couimun  a  I'liomme  cl  aiix  aniinaux  cpii  ne  se  ma- 
nifeste  que  par  I'insliiict,  et  auqnel  il  rcconnait  quinze  moda- 
lif^s  ou  ])encbans  ,  qui  ne  sont  autres  (lu'une  partie  des  facultes 
ou  forces  fondanientales  etablies  par  le  D''  Gall.  M.  de  .foannis 
admet  ensuile  que  riionime  ou  lu  nature  homiiialc  se  compose, 
en  outre,  d'un  principe  rasionnel  ou  volitif  done  de  la  facullc 
de  connaitre  et  du  libre  arbitre.  11  se  trouve  ainsi  employer 
les  meines  expressions  que  M.  I'Vederic  Cuvicr;  mais  il  dilfere 
dece. savant,  en  ce  C|u'il  refuse  aux  animaux  ce  que  celui-ci 
leur  accorde  de  jilus  que  Tinslinct.  On  pent  remarquer,  du 
reste,  (lue  Condillac,  dans  son  Traiie  des  animaux ^  avait  de 
meme  nomnic  /rtJii//c^  rintelligence  des  betes,  ct  raison  celle 
de  rhomme.  M.  de  Joannis  a  done  eni])runte  lour  a  lour  des 
malcriaux  a  deux  doctrines  absolument  opposces,  et  qui  ne 
peuvent  etre  vraies  a  la  fois  Tune  et  I'autre.  li  resulte  de  ce 
melange  nn  tout  incolicrent,  peu  pro;)re  a  satisfaire  les  natu- 
ralistes  el  les  metaphysiclens ,  mais  (jui  a  le  merite  de  donner 
a  penser  aux  personncs  doni  ronlnion  n'cstpas  arretee  sur  ces 
questions  iuteressantes. 

L'auleur  a  ajoule  a  ses  aphorismes  deux  appendices :  I'un 
sur  I'amour  dans  rhomme,  rautre  sur  les  principes  et  les 
causes  de  la  sociabilite.  II  y  fait  ])i  euve  d'une  grande  indepen- 
dance  dans  les  idi^es ;  mais  cetle  liardiesse  de  pcnsee  se  porte 
sur  des  sujets  si  eleves  ,  si  dilficiles ,  si  au-dessus  de  la  portee  de 
notre investigation;  le  positif,  le  probable.  I'inconnu  sont  telle- 
inent  confondus ,  que  nous  ne  savons  quel  jugemeni  en  porter, 

RldOLLOT  (lis,  I).  M. 


SCILNCES  MORALES.  I'ii 

77.  —  *  Atlas  constilutionnel,  on  Tnhleauxchronologique.i, 
genealogiques  et  bibliograp/iiques ,  pouc  servir  a  I'histoire  de 
la  monarchic  representative  en  France  depuis  le  retour  des 
Bourbons,  sur  le  plan  de  V' Atlas  de  A.  Lesage  (  M.  de  Las 
Cases);  par  A. -J.  de  Mancy  ,  auteur  \\e\' Atlas  historique des 
Utteratures ,  des  sciences  et  des  beaux-arts  ( Voy.  Tier.  Enc.  , 
t.  XXIX  ,  p.  548.  )  1'*  livraison.  Paris,  1826;  M"^  de  Breviile, 
rue  de  I'Odeon  ,  n°  82.  TJne  planche  in-folio  ;  prix  ,  4  fr. 

Letitre  que  nous  venons  de  transcrireenonceavec precision  le 
but  que  I'auteur  s'est  propose.  II  a  eu  I'heureuse  idee  tl'ouvrir 
son  ouvrage  par  une  carle,  ou  notre  Charte  conslilutionnelle 
est  comparee  aux  constitutions  des  autrespeujiles  d'Europe  et 
d'Amerique.  Celle  de  la  Grande-Bretagne  occupe  la  premiere 
place  ,  comme  type  primitif  de  touiesles  chartes  roonarchiques 
ou  republicaines  qui  existent  aujourd'hui :  on  n'a  pu  en  don- 
ner  le  texle  beaucoup  trop  long,  mais  I'analyse  en  est  bien 
faile.  On  peut  en  dire  autant  ties  autres  constitutions,  soiteu- 
ropeennes,  soit  americaines.  A  la  suite  de  ce  vaste  tableau  , 
M.  de  Mancy  en  a  place  unfort  etroit  qui  presente  les  monar- 
chies absolues  de  I'Europe  :  I'analyse  de  leur  organisation  in- 
terieure  est  si  simple  qu'il  suffit  de  pen  de  phrases  pour  I'indi- 
quer.  Voulez-vous,  par  exemple,  connailre /ei'  votes  et  mojens 
adrninistrat//'s  du  grand  seigneur?  II  vous  suffira  de  lire  ces molsr 
/e  cordon,  le  pal  ct  le  sabre.  Voulez-vous  savoir  les  resultats 
ordinaires  de  ce  regime  ?  Vous  vous  contenterez  de  ces  ligncs: 
•  Revoltes  des  pachas,  insurrections  militaires,  sanglantes  re- 
volutions dti  serail ,  frequens  incendies  de  Constantinople.  Tel 
estle  joug  affreux  que  la  population  lieroique  de  la  Greces'ef- 
force  de  briser. »  Cetle  reflexion,  glissce  dans  un  ouvrage ana- 
lyliqiie,  atleste  rinleret  si vif  queue  cesse  d'inspircr  aux  Fran- 
cais  les  braves  et  malheureux  Hellenes.  Puisse  M.  Mancy,  dans 
la  seconde  edition  <le  son  tableau,  avoir  a  comprendre  un 
nouvel  etat  et  une  nouvelle  constitution! 

N.  B.  Nous  signalerons  a  M.  de  Mancy  une  errenr  qui  depare 
son  tableau.  II  tcrmineainsi  I'article  de  la  Suisse  :  Un  a'i'^^can- 
ton,celuide  Neufchdtel appartient  an  roi  de  Prusse.  L'ancienne 
principaute  de  Neufchalel  forme  aujourd'hui  I'un  des  22  can- 
tons de  la  Suisse,  et  n'appartient  point  a  la  Prusse.  II  a  son 
gouvernement  particulier,  ses  deputes  a  la  dicte  helvetique , 
mais  il  est  place  sous  la  protection  du  gouvernement  jirussien 
auqu^l  il  fournit  quelques  compagnies  de  chasseurs. 

Crussolle-Lami. 

78. —  *  Des  assernblees  nationales  en  France ,  depuis  Veta- 
blissementde  la  monarchic jusqu' en  i6i4;par  M.  le  president 


i8a  LI V RES  FRANCilS. 

Henrion  dePamsey.  Paris,  i826:TheophileBarrois,  p^re.In-S** 

de  382  pages;  prix,  7  fr. 

Lcs  clats-gencraux  et,  avant  eux,  les  anciennes  assemblees 
ualionales  forinent  sans  contredit  la  partie  la  plus  interessante 
de  iiotre  liistoire.  C'est  lii  seulement  que  Ton  voit  le  peiipie 
f'aisant  entendre  sa  voix  et  prenant  part  aux  affaires  du  pays. 
De  vastes  compilations  renferaient  toutes  les  pieces  qui  sont 
rel;ilives  a  ces  dietes  generales;  les  historiens  nous  ont  aussi 
entretenu  quel(|uefoisdesiroportanles  discussions  qui  y  avaienl 
lieu;  niais,  jusqu'ici,  aucun  ouvrage  n'elait  consacre  a  trailer 
ex professo  de  celte  partie  de  nos  annalcs.  Cette  lacune  cepen- 
dant  ctait  d'autant  plus  extraordinaire  qn'une  kistoire  des  etats 
gcneraux  devenait  I'introduction  indispensable  a  notre  nou- 
velle  forme  de  gouvernement.  Ce  qu'aucun  historien  n'avait 
encore  tente  de  faire,  \\u  venerable  magistral  vient  de  I'exccu- 
ter.  L'ouvrage  c]ue  nous  aniion^ons  aujourd'hui  est  un  iiou- 
veau  service  rendu  a  la  science  par  M.  le  president  Henrion  de 
Pansey.  Get  illiistre  jurisconsulte  a  presenle  dans  un  seul  vo- 
lumt'  i'aualysc  complete  des  discussions  qui  se  sont  elevees  dans 
les  di\-liuit  assemblees  d'etats-generaux  qui  out  etc  reunies 
(iepiiis  1285  jusqu'en  161 4-  Les  profondes  connaissances  de 
1  uateur  dans  I'ancienne  legislation  de  la  France  I'ont  mis  a 
uieme  d'eclairer  quelques  points  difficiles  de  notre  liistoire  par 
les  lumieres  de  la  jurisprudence.  Son  style  est  toujours  pur, 
elegant  et  souvent  cleve.  Ce  nouvel  ouvrage  est  en  tout  digne 
de  la  haute  reputation  de  M.  Henrion  de  Pansey  qui,  parvenu 
a  I'age  ou  le  repos  parait  etre  le  premier  besoin  de  I'liomme , 
n'en  continue  pas  raoins  ses  laborieuses  recherches  et  puise  des 
forces  nouvelies  dans  i'heureuse  habitude  du  Ira  vail  et  dans 
I'immensite  de  ses  connaissances,  en  conservant  celte  fraicheur 
d'idees  quisemble  cependant  I'apanage  exclusifde  la  jeunesse 
et  de  I'age  mur.  L'importance  de  cet  ouvrage  nous  fera  un 
devoir   d'en  entretenir  plus  longuement  nos   lecteurs. 

A.  T. 

79.  —  Considerations  sur  I'aulorite  royale  el  sur  Vadini- 
nistraUon  locaie,  par  M.  D'Aubuisson  de  Voisins,  conseiller 
municipal.  Toulouse,  1826;  Douladoure :  Paris  ,  Ponthieu- 
In-8°;  prix  ,  4  f'". 

Cet  ouvrage  a  ete  distribue  aux  Chambres  :  I'auteur  y  pro- 
fesse  de  singulieres  doctrines;  laissons-le  parler  lui-meme. 

«  Par  la  nature  de  ce  livre  ,  dit  il,  comrae  d'apres  mes  prin- 
cipes,  il  ne  pouvait  K\re  publie ;  j'en  extrais  les  falls  et  leiiis 
causes  et  je  developpe  ce  ([iii  est  relatif  aux  administrations  lo- 
cales.—  I.  Faits  et  causes.  Eu  1814,  il  fallaitaux  Francais  repos. 


SCIENCES  MORALES.  i83 

stabilite  ,  justice ,  et  liberie  (  civile  ) ,  qui  est  toute  la  vraie  li- 
berie... La  liberie  de  la  piesse,  consideree  par  rapport  aux 
livres,  seukment ,  vient  au  secours  des  proletaires  conire  les 
proprielaires ;  elle  sert  aiix  gouvernes  conlre  les  gouveruans; 
elle  est  au  desavantage  de  ceux-ci ;  mats  c'est  uiie  neccssite 
qu'il  leur  faut  subir;  ils  ont,  en  compensation ,  lapoudre  a  ca- 
non, avec  la  legislation  reprimanle  eX.  preventive  a  tin  certain 
point.  Quant  aux  journaux ,  on  cherche  vainement  le  bien 
qu'ils  peiivent  produire.  Mais  notre  legislation  actuelle  donnc 
apeu  pres  \e^  garanlies  necessaires  contre  les  journaux.  S'ils 
vont  encore  trop  loin,  le  legislateur  rapprochera  les  homes. 
II  serait ,  dil  I'auteur  ,  vraiment  dcrisoire  de  chercher  des  ga- 
ranties  contre  le  despotlsme  des  Bourbons;  mais  il  ne  suppose 
pas  celiii  de  leurs  minislres.  Les  98  centiemes  de  la  population , 
a  Ten  croire,  sont  entierement  indiffercns  a  la  forme  et  au 
cLefdu  gouvernement ;  seulement,  la  democratie,  lors  meme 
qu'elle  n'est  pas  dans  fow^lescceurs  et  dans  tous  les  interets,  est 
dans  toutes  les  teles.  La  religion  est  maintenant  de  nul  ejfet, 
en  France,  si  ce  n'est  dans  quelqiies  petites  communes  ru- 
raies,  et  dans  qnelques-unes  de  celles  oil  sont  deux  religions 
dissidentes.  Les  constitutions  de  1789-1814  ne  furent  que  des 
rapsodies ,  des  actes  diineptie  et  d'in.becillite.  Les  aulres  n'ont 
guere  niieux  valu;  depuis  1814,  nosasseniblees  n'ont  eu  guerc 
plus  de  sagesse,  ni  d'liabilele...  II  n'y  a  que  les  opinions  reli- 
gieuses  qu'il  faille  satisfaire,  et  qui  donnent  un  moyen  de  gou- 
verner  les  peuples.  Avec  un  roi  ([ui  excite  les  sentimens  d'/ion- 
neur  et  de  gloire,  les  doctrines  des  conslitutlonnels  neseraient, 
linaiement,  i\uun  objet  de  risee  et  de  mepris.  La  Charte  do't 
etre  observee  ;  il  ne  faut  la  changer  qu'apr^s  I'experience. 
Elle  estvicieuse,  selon  notre  auteur,  soi-disanlorgane  desbons 
royalistes  :  1°  en  ce  qu'elle  elablit  le  vote  annuel  de  I'impot ; 
2°  en  ce  qu'elle  n'a  pas  reserve  aii  Roi  seul  la  disposition  de 
I'impot ;  3°  en  ce  que,  dans  le  cas  de  dissolution  dela  Cham- 
bre  elective  ,  les  deputes  sortant  sont  reeligibles ;  4°  en  ce 
qu'elle  elablit  la  pubiicite  des  discussions  dans  I'une  des  Cham- 
bres.  Les  cliangemens  ([u'on  a  fails  a  la  Charle  sont  tous  au 
prejudice  du  pouvoir  royal.  En  i8i5,  le  ministcre ,  en  esprit 
de  mefiance  et  presque  d'hoslilite ,  exigea  des  deputes  le  ser- 
ment  d'obeissance  a  la  Charle...  La  loi  qui  laisse  a  I'ancien- 
nete  une  partie  des  grades  niilitaires  inferieurs,  est  une  loi 
tres-mauvaise  ;  elle  n'a  fait  qiie  du  mal ;  elle  sera  rapportee. 
—  II.  Adminislrations  communales  et  departementales.  S'l  on 
les  retablissait,  on  verrait  ..i  France  couverte  dejacobinieres.  Ce 
qui  existe  a  cet  egard  est  a  peu  pres  fort  bien ,  et  pent  etre 


i8/,  LIVRES  FRANg^IS. 

sanclionnc,  anicliore  par  une  lot,  quant  au  rtfgime  des  com- 
munes ,  et  par  des  ordonnances ,  pour  les  autres  adininislrations 
locales,  u 

II  V  a,  dans  ce  livre,  beaucoup  d'aulrcs  assertions  bizarres 
ou  remarquables,  conoernant  les  choses  et  les  personnes;  mais 
il  serait  Ires -inutile  d'en  f.iire  la  critique,  ni  de  chercher  ct 
concilier  I'autcur  avcc  lui-mLme.  L. 

80.  —  *  Traite  eleinentaire  dcs  successions  ah  intestat ;  par 
M.  MiLi'F.L ,  avocat  a  la  cour  royale  et  professeur  a  I'Ecole  de 
droit  de  Toulouse.  Toulouse,  1826;  J.-M.  Corne,  imprimeur. 
Paris  ,  Ch.  Becliet.  In  -  8";  prix  ,  8  francs  ,  et  10  francs  par  la 
postc. 

Cet  ouvrage  est  dii  petit  nombre  de  ccux  qu'on  peut  signa- 
ler comme  bons  a  toutes  les  classes  de  Iccteurs,  et  nous  pou- 
vons  affirmcr  que  nous  lavons  \n  avec  interet  et  avec  fruit. 

L'auteur  a  divise  son  livre  en  douze  lecons.  II  a  suivi  dans  la 
distribution  de  ses  nialieres  I'ordre  adopte  par  les  redacteurs 
du  Code  civil,  qui  a  le  raerite  de  ne  pas  contrarier  des  idees 
antcrieurement  concucs.  Cel-a  convenait  surtoul  dans  un  Iraile 
elementaire  ,  essenlieilement  destine  a  I'inslruction  des  jeunes 
gens.  lis  y  trouveront  analysees  avec  autaiit  de  clarte  que  de 
precision  les  dispositions  clu  litre  1^',  liv.  ?, ,  du  Code  civil, 
dont  riiabile  professeur  s'est  applique  a  leur  rerulre  I'intelli- 
gence  facile  par  des  explications  qu'il  puise  le  plus  souvcnt 
dans  les  motifs  du  logislaleur.  Apres  avoir  eiabli  les  princii)es 
et  deduit  les  consequences,  il  met  en  comparaison  les  opi- 
nions des  meilleurs  auteurs  qui  ont  traite  avant  lui  des  succes- 
sions; il  se  livre  a  un  examen  tres-judicieux  de  leur  doctiine  ; 
il  releve  avcc  beaucoup  de  juslesse  el  combat  avcc  mesure  les 
erreursqiiipcuvent  leur  etre  echappees;  il  appuie  le  jugement 
qu'il  porle  sur  les  questions  conlroversecs  entre  ces  derniers, 
de  rautoritc  des  arrets  qni  les  ont  resolues.  Les  rcsultats  de 
celte  partie  de  son  travail  offreiit  parliculierement  un  haut 
degre  d'ulilile. 

On  lira  avec  fruit  ce  qu'il  dit  au  sujet  de  la  viabilite  des  en- 
fans  de  naissance  :  il  donne  les  indications  propres  a  rclairer 
cette  question  de  medecine  It'gale ,  dont  la  solution  interesse 
non-seulement  la  fortune  des  individus,  inais  encore  et  trop 
souvent  I'lionnenr  et  la  vie  meme  de  la  mere.  On  ne  sera  pas 
moins  satisfait  de  ce  qu'il  dit  pour  elablir  la  Icgitiinite  d'un 
enfant  ne  prematureraent  ou  apres  la  mort  de  son  pere  ,  et  son 
ppiitude  a  succeder  soil  a  celui-ci,  soit  a  ses  parens  coliateraux. 

II  presente  les  causes  dUndignite  de  manicre  a  fixer  les  in- 


SCIENCES  MORALES.  i85 

certitudes  que  les  circonstances,  ou  meme  la  combinaison  des 
differens  testes  des  lois,  peuvent  faiie  naitre  a  cet  cgard. 

La  cinquleme  lecon  contient  une  esquisse  lapide  des  sys- 
teraes  de  succession  qui  ctaient  suivies  en  France  dans  les  pro- 
vinces regies  par  le  droit  ecrit ,  dans  celles  qui  etaient  sou- 
miscs  a  Tcmpire  des  contumcs;  des  changemens  qui  y  furent 
apportes  par  I'asseniblce  constituante,  puis  par  la  convention 
naiionale;  cnGn  ,  le  tableau  raisonne  et  compare  de  la  legisla- 
tion qui  nous  regit  aujourd'hui.  L'auteur  donne  des  nolions 
fori  justes  sur  la  parente ,  les  lignes,  les  degres,  la  famiile  et 
Ja  represenlalion  ,  et  sur  les  divers  ordres  de  succession  elablis 
par  la  loi.  Les  details  particuliers  dans  lesquels  il  entre  sur  les 
droits  des  enfans  nalurels,des  enfans  adulterins  et  incestueux, 
dans  les  biens  de  leur  pere  et  mere,  sont  ])ropres  a  jeter  nn 
grand  jour  sur  cclle  nratierc  et  a  dissiper  bien  des  doutes 
qu'elle  avait  fait  naitre. 

Nous  avons  lu  avec  le  plus  grand  inleret  la  dissertation  a 
laquelle  il  se  livre  relativement  aux  effets  que  doivenl  pro- 
duire  h  I'cgard  des  tiers  les  ventes  des  biens  d'une  succession 
conscnties  par  un  parent  du  defunt  qui  I'avait  recueilhe,  et  qui 
en  est  ensnite  depoulile  jiar  un  parent  phis  procbe  en  degre  qui 
se  serait  presente  plus  tard.  Tout  ce  qui  concerne  le  jiartage 
de  ces  biens  ,  I'envoi  en  possession  des  heriticrs,  la  renoncia- 
tion  aux  successions  ,  la  vacance  de  rheredite  et  la  desherence 
fait  I'objet  des  dernieres  lecons. 

On  pourra  ne  point  ])artager  quelquefois  les  doctrines  de 
l'auteur;  mais  on  y  puiscra  toujours  d'abondantes  lumieres  : 
c'est  du  moins  ce  que  nous  avons  eprouve  dans  la  lecture  de 
son  livre.  Nous  nous  somuies  api)liqucs  a  donner  du  plan  (ju'il 
a  suivi  et  de  la  inaniere  dont  il  I'a  execute  ,  une  idee  suffisante 
pour  en  faire  res'ortir  I'ulilile  :  elle  sera  plus  particulierement 
appreciee  par  cette  classe  de  jeunes  adcjiles  de  la  science  du 
droit  ausquels  son  travail  est  destine.  Les  jurisconsulles  eux- 
memes  nc  le  liront  pas  sans  fruit.  Crivelli,  avocat. 

8 1 .  —  Eisai  siir  lex  principes  de  legislation  penale  ,  en  ma- 
tiere  de  tentative  dc  crime  et  de  delit ,  par  M.  Daljgny,  presi- 
dent de  chambre  a  la  cour  royale  de  Corse,  presidanl  la  cour 
de  justice  criminelle  de  I'ile.  Paris,  1826;  B.  Waree.  In-8° 
de  3o  pages;  prix,  1  fr. 

Cette  courte  brochure  a  pour  but  de  prouver  que  la  ten- 
tative de  crime  ne  devralt  pas  etre  assiuiilce  au  crime  meme, 
et  devrait  etre  punie  de  peines  moins  rigoureuses.  On  voit,  en 
la  lisant ,  que  l'auteur  a  une  longue  experience  des  affaires 
crimiuelles,  et  qu'il  sail  bien  saisir  les  nuances  qui  separent 


i86  LIVRES  FRANCAIS. 

les  actions  coupables  reprimees  par  la  loi.  II  serait  a  d^sirer 
qu'il  conlinu4t  aiasi  I'exaraen  de  toutes  les  parties  de  notre 
code  penal.  Ce  n'est  pas  que  nous  adoptions  toules  ses  opinions; 
roais  du  moins ,  on  ne  saurait  lul  refuser  la  justice  qu'elles  sont 
presentees  avec  une  grandc  bonne  foi  et  une  intime  convic- 
tion. Si  M.  Daligny  est  dans  I'intention  d'acLevcr  le  tableau 
qu'il  n'a  fait  qu'esquisser,  nous  I'inviterons  a  chalier  un  peu 
plus  son  style,  ou  Ton  pourrait signaler  plusieurs  locutions  vi- 
cieuses,  tellcs  que  la  casuaUle  des  evenemens  ,  la  somrne  des 
demarches,  Yimrnobilite  a  laisser  suivre  Taction,  etc.  Mais, 
sans  nous  arreler  a  ces  legeres  critiques,  nous  aimons  a  re- 
connaitre  le  merite  de  la  dissertation  en  elje-meme,  qui  ne  fait 
pas  moins  d'houneur  aux  sentimens  qu'aux  lumieres  de  son 
auteur.  A.  T. 

82.  —  *  Des  modes  actuels  de  remplacetnent  etde  rengage- 
ment,  de  leurs  inconveniens  et  des  moyens  d'y  remrdier ;  par 
£.  Taree  Des  Sablons,  officier  aux  chasseurs  de  la  garde. 
Paris,  1826;  Anselin  et  Pochard,  rue  Dauphine,  n°  9.  In -8° 
de  64  pages  ;  prix ,  i  fr.  25  c. 

Cet  ecrit  est  tres-remarquable,  en  ce  qu'il  fait  voir  combien 
de  choses  essenlielles  ont  ete  omises  ou  mal  conciies  et  mal 
faites  dans  I'organisation  actuelle  de  I'arince.  Et  cepcndant, 
ces  defautssont  tellement  sensibles,  que  Ton  s'etonneraitqu'on 
ne  les  ait  pas  evites,  s'ils  n'etaient  une  consequence  necessaire 
de  notre  etat  social,  melange  inconciliable  de  I'ancien  regime 
et  de  la  revolution.  Les  niaximes  nouvelles  exigeaient  que  nul 
ne  fut  exempt  du  service  militaire,  que  touie  la  jeunesse  fran- 
caise  put  etre  appelee  sous  les  drapeaux  de  I'etat;  celles  d'au- 
trefois  voulaientdcs  privileges,  desdis!inclions,ou  des  exemp- 
tions :  la  faculte  de  se  faire  remplacer  est  une  sorte  de 
composition  enlre  ces  pretentionsconiradictoires.  Mais,  comme 
il  y  a  chez  les  Francais  quelque  senliment  des  convenances  , 
quelques  notions  du  veritable  honneur,  les  renq)lacans  ont  ete 
mal  recus  ,  et  le  seroiit  toujours,  a  moins  que  I'esprit  militaire 
francais  ne  fasse  place  a  celui  des  Maineluks,  et  qu'on  ne  disc 
un  jour  dans  nos  armees  :  un  tel  est  un  homme  comme  ilfaut ; 
ila  ete  achele.  M.  Des  Sablons  ne  cherchepoint  de  remedes di- 
rects au  mal  quelesremplacemens  font  al'armee;  c'est  dans  les 
rengageuiens  qu'il  espere  les  trouver.  Mais,  dans  I'etat  actuel 
des  lois  et  de  Tadministration  militaires,  les  rengagemenssont 
presque  nuls  pour  les  trowpes  de  ligne  ;  et  dans  la  garde  royale 
merae  on  ne  pifrvient  guere  a  conserver  ,  parrai  les  soldals  , 
que  ceux  qui  nepeuveiit  faire  autre  chose  que  de  continuer  a 
^rvir.  C'est  done  a  de  nouvelles  dispositions  qu'il  faut  recou- 


SCIENCES  MORALES.  187 

rir;  que  Ics  soldals  puissent  trouver  dans  Je  service  militaire 
I'equivalenl  dii  sort  qu'ils  se  seraient  assure  par  leur  travail; 
qu'ils  n'aient  pas,  comrae  aujourd'liui,  pour  unique  perspec- 
tive, d'achever  leur  carriere  aux  Invalides  ou  dans  la  miscre 
dont  ies  retraites  qu'on  leur  promet  ne  peuvent  les  tirer.  L'au- 
teur  de  cet  ecrit  a  resolu  en  militaire  la  question  qu'ii  s'etait 
proposee :  un  legislateur  aurait  a  la  considerer  sous  un  autre 
point  de  vue.  II  senlirait  que  I'organisation  de  i'armee  ne  pent 
pecher  dans  quelques  parties  essenlielles,  sans  etre  defec- 
tueuse  dans  son  ensemble,  et  que,  pour  une  Societe  raal  con- 
siituee,  il  ne  peut  y  avoir  une  bonne  organisation,  si  ce  n'est 
de  quelques  divisions  peu  importantes  des  services  publics. 
L'effetdesmoyens  proposes  par  M.  Des  Sablons  serait  de  deta- 
cher tout-a-fait  I'armee  de  la  nation;  elle  u'y  tiendrailplus  que 
par  un  tres-faible  recrutement  annuel :  I'auteur  prevoit  meme 
le  cas  oii  Ton  voudrait  augmenler  le  nombredes  soldatsetran- 
gers  employes  en  France.  Ce  qu'il  proi)ose  est  peut  -  etre  le 
mieux  ,  dans  I'etat  oil  nous  sommes ,  si  loutefois  il  est  possible 
d'ameliorer  notre  situation  ,  sans  la  changer  eatierement.  II 
fait  cesser  ies  abus  des  speculations  sur  les  remplacemens  ;  mais 
c'est  en  augmentant  I'inegalite  deja  extreme  du  plus  pesant  et 
du  plus  mal  reparti  de  tous  Ies  impols,  celui  de  la  milice.  Ce 
que  Ton  perdrait  par  I'adoplion  de  son  projet  est  certain  ;  ce 
que  Ton  gagnerait  ne  Test  pas  :  dans  une  pareille  incertitude  , 
on  se  decide  volontiers  a  rester  dans  I'etat  ou  Ton  est.        N. 

83.  —  *  Notn'cUes  idees  sw  la  population  avec  tXes  re  mar- 
ques sur  les  theories  de  Mallhus  el  de  Godwin  ;  par  Al.  H.  Eve- 
rett, ancien  charge  d'affaires  des  Etats-Unis  dans  les  Pays- 
Bas  et  ambassadeur  de  la  meme  puissance  en  Espagne ;  ouvrage 
traduit  sur  I'edition  anglaise  publiee  a  Boston,  en  iSaS,  avec 
une  nouvelle  preface  de  I'auteur;  par  C.  J.  Ferry  ,  i'un  des 
redacteurs  de  la  Revue  Encycloprdique.  Paris,  1826;  J.  Re- 
nouard  et  Sautelet.  In-8°  de  127  pages;  prix,  3  fr. 

M.  Godwin  attribue,  comme  Rousseau,  aux  institutions  po- 
liliqucs  tous  les  maux  de  I'huniaiiite.  M.  Malthus  voit  la  cause 
principale  de  ces  maux  dans  un  execs  de  population.  M.  Eve- 
rett, combattant  a  la  fois  ces  deux  economistes  dans  un  livre 
beaucoup  plus  court  que  les  leurs,  n'a  pu  eviter  quelque  em- 
barras  et  quelque  obscurite  dans  la  niarche  et  dans  le  develop- 
pement  de  ses  idees.  Du  reste,  il  s'est  peu  appesanti  snr  le 
syslenie  de  M.  Godwin  ,  qui  en  effetne  supporte  pas  Texamen, 
Mais  il  s'atlache  a  prouver,  contre  M. Malthus,  que  I'accrois- 
semeul  de  population  est  une  cause  d'abondance ,  et  non 
de  disette;  que  cet  accroissement  augmente  les  produits  di4 


i88  LIVRES  FR/VNCAIS. 

travail,  en  meine  terns  que  le  besoin  de  ces  produits;  qu'il  de- 
termine le  perfectionnenienr  de  I'industrie  et  rend  le  travail 
plus  pioduciif ,  et  il  appuie  ces  divcrses  propositions  d'exem- 
ples  analop,ues  que  lui  funruit  I'liistoire  de  la  civilisalion.  II 
combat  suriout  cetle  assertion  dc  M-  Mallhus,  que  la  population 
tend  conlinuellement  a  croitreplus  rapidement  que  les  inoyens 
de  subsislance;  il  affirme,  an  conlraire,  et  pretend  demontrer 
par  des  calcnls  que,  dans  un  pays  ou  la  popubiion  croitrait 
comme  lesnombies  1,2,4,8,  etc.,  raccroissement  des  moyens 
de  subsislance  serait  represente  par  les  nonibres  i,  10,  100, 
1000,  e'.c.  II  rei'iUe  victorieusement  celte  autre  assertion  de 
M.  Mallhus,  quo  tonte  population  est  bornee  pour  sa  subsis- 
tancc  aux  produits  dn  sol  qu'elle  occupe.  Apres  s'eire  livre  a 
des  considerations  generalcs  S'lr  les  causes  qui  favorisent  ou 
arretenjt  les  prof];res  de  la  population  ,  M.  Everett  consacre 
plusieurs  cliaj^itrcs  a  i'cxamen  des  opinions  de  M.  Malthus  sur 
les  institutions  en  faveur  des  pauvres  et  sur  les  enconragemens 
donnesau  mariage.  M.  Mallhus  condamne  ces  institutions  et  ces 
encourageraens;  M.  Everett  approuve  les  premieres  et  regarde 
les  dernieis  coniine  absolument  sans  eftet.  Enfin  ,  il  consacre 
un  chapilre  a  trailer  des  saiaires  dans  leurs  rapports  avec  les 
produits. 

Tel  est  le  plan  et  Tcnsenible  de  I'ouvrage  de  M.  Everett.  Les 
propositions  fjnMl  tend  a  d(';monlrer  sont  consolanles  ])our 
rimnianitc.  Cependant,  I'opinion  de  M.  Mallhus,  sur  les  incon- 
veniens  que  produit  un  execs  de  population  a  cle  admise  par 
nos  plus  savans  econoniistes  ,  MM.  Say  et  de  Sismondi.  Ou  se 
trouve  la  veriie?  Pout-elre  au  milieu  de  toutes  ces  opinions 
divergenles.  II  senible,  d'abord,  que,  tant  que  I'espece  hu- 
mainc  ne  sera  pas  devenue  assez  nombreuse  pour  absorber 
tons  les  produits  nulritifs  dii  globe  ,  il  n'y  aura  pas,  a  propre- 
ment  jjarler,  execs  de  population,  les  pays  surcharges  ayant 
toujours  la  ressource  des  (''changes  et  des  colonies.  Mais,  long- 
terns  avant  que  cette  limite  soit  atteinle,  beaucoup  de  j)ays 
pourront  souffrir  de  la  mauvaise  repartition  de  la  population. 
Ainsi,  toutes  les  fois  que,  par  reffel  des  guerrcs,  des  institu- 
tions, des  decouvertes,  des  mouvemens  du  commerce,  elc. , 
une  classe  nombreuse  se  irouvc  exercer  une  indusirie  doiit  le 
produit  est  iusuffisant  pour  ses  besoins,  il  y  a  malaise  social, 
jus(]u'a  ce  qu'unc  meilleure  rrpartilion  ait  fait  disparailre  cet 
excedant  pariiel.  On  ne  pent  pas  dire,  comme  M.Everett,  que 
cet  excedaiu  soit  lonjours  un  bien.  Get  excedant  est  un  mal , 
qui  provient,  non  de  I'accroissement,  mais  de  la  mauvaise 
repartition  df  la  ]iopu]ation.  Que  I'cquilibre  se  rc'tablisseenlre 


SCIENCES  MORALES.  189 

les  differciites  classes  de  consoinniateurs  et  de  productcurs  , 
soit  flans  le  inAme  ]»ays ,  soit  d'un  pays  a  I'autic  ,  et  aussitot  le 
mal  ccssera. 

M.  Mallius  rep[arde  la  taxe  des  jiauvres  romine  un  iinpot 
desasireux.  M.  Eveiclt  soutient,  au  coiitsairc,  (iii'miue  taxe 
pour  le  soulageiiient  des  vieillards,  dcs  infirnies  et  dos  paii- 
vres,  ne  pent  nuirc  aux  intercis  de  la  societc,  et  que  I'liinna- 
nite  la  reclame,  Iorsi|ue  la  soclele  est  nombreuse  et  civilisc'e.  » 
Les  vieillards  ot  Ics  infirmcs  sont  ici  liors  de  la  qucstinnjinais, 
quant  aux  paiivres  valides,  tcute  taxe,  lout  sacrifice  en  ieiir 
faveur  n'est  qii'iin  paliialif  de  la  mauvaise  rcj)artition  de  la  po- 
pulalionet  des  proprietcs.  C'est  ce  qu'i)n  voil  en  Aiiglelerre, 
ou  uii  petit  nombre  de  projirietaires  I'onciers,  maitres  de  tout 
le  sol ,  aprcs  avoir  demesureuient  renclieri  les  cereales  j)ar  des 
lois  proiiibitives,  est  oblige  de  faire  I'aumone  au  j)eiiple,  pour 
qu'il  ne  renverse  jias  \iolemiuent  un  ordre  de  choses  oil  il  ne 
peut  vivre  de  soil  travail. 

L'ouvrage  de  M.  Everett  discute  en  peu  de  pages  de  grande.* 
questions  et  les  envisage  sous  dcs  aspects  nouveatix.  II  incrile 
1  altenlion  des  cconoinistes  et  des  jiliiiantropes.  Le  style  du  iv-a- 
ducteur  a  toutes  les  qualiles  convenables  a  un  ecrit  de  cette 
nature.  Ch. 

8/|.  —  Dcs  pastes  en  general  et  particulicrement  en  France  , 
par  Charles  BERNiuE.  Paris,  1826;  Raynal.  In-8"  de  177 
pages;  prix  ,  3  I'r.  5o  c. 

L'usage  des  posies,  Tun  des  premiers  besoins  des  socictes 
modernes,  serelrouve,  sous  dos  formes  j)Ins  ou  nioinsinipar- 
faites,  chez  tons  les  peuples  qui  ont  marque  dans  I'antifiuite, 
ou  qui  figurent  encore  parini  les  nations  eivilisees.  Avaiit  de 
nous  faire  connailre  les  facililisde  correspoiidre  ou  de  voyager 
ipfellesprocurent  avec  desinoyens  divers,  en  Chine,  au  Jajion, 
a  Slam,  en  Tartaric,  ainsi  qn'en  Europe  et  dans  le  Nonveau- 
Monde,  I'auteiir  picnci  en  Egypte  ceite  precieuse  inslitution 
a  sa  naissanco;  il  suit  ses  perfcctionncnicns  chez  les  Grers  et 
les  Romains  ;  i!  la  voil ,  apres  des  siecles  de  barbaric,  leparai- 
tre  sous  CliarJeniagne  ,  et  nous  la  montre  enlin  definitivenient 
ri'gularisee ,  dans  I'interet  d'nnc  poliiique  inquiete  et  jalouse, 
par  I'ombrageux  Louis  XI.  Al'aide  de  cette  belle  invenlion  et 
de  ceile  de  rcciilure  plus  mcrveilleuse  encore,  pnisfiue  avec 
qiielques  signes  de  convention  Ton  est  parvenu  a  representer 
tonies  les  modifications  de  la  parole,  les  nations  entieres  pen- 
vent  assister  simullanement  aux  meditations  des  savans  et  des 
philosopbes,  aux  harangues  des  orateurs,  aux  discussions  des 
hommes  d'eu.t   et  a  toutes  les  sciences  de  la  vie  sociale  qui 


I  go  LIVRES  FRANCAIS. 

interessent  I'homine  eclaire.  A  peine  une  region  sauvage  est 
couverte  de  qiielques  habltans  ,qn*il  s'elablit  aiissit6t,  pardes 
communications  periodiqncs,  niille  relations  nouvelles  pour 
rattacher  ces  liotnmes  isolcs  aux  populations  agglomerees  des 
inctropoles,  ct  la  jiensec  cirrule  incessamment  sur  tous  les 
points  dii  globe. 

Pour  que  les  moyens  de  corresi)oiidre  avec  rapidite  a  de 
grandes  distances  puissent  recevoir  tout  leur  deveiop[)enient , 
il  est  necess.'iirc  qne  les  poslesetendont  leurs  utiles  ramifications 
an  travers  de  tonles  les  mers,  par  un  sysleriie  en  grand  de  ba- 
teaux a  vapenr  (]ue  n'arcelent  dans  leur  marclic  conslanle,  ni 
les  courans,  ni  les  ven;s  conlraires ;  il  faut  encore  que  leslignes 
telegraphiqucs,  iriullipliees  al'infini,  ouvrent  a  I'industrie, 
conime  I'Angleterre  nous  en  offrira  bienlot  I'excmple ,  leurs 
modes  cxpediiifs  tie  Iransniettre  les  courts  avis,  on  les  depe- 
clies  de  peu  d'elendue.  Alors,  a  une  jirnduction  et  a  une  con- 
sommation  jih'.s  abondnnle  viendront  se  joindre  les  bienfait.s 
non  moins  importans  d'une  cor.imunicalion  inslantant'-e  en  Ire 
les  villes  quivoient  s'effeclucr  le  plusde  transactions  comuier- 
ciales;-et  les  rayons  emant's  de  ces  fovers  principaux  del'acli- 
vite  humaine  resserreroiit  de  jour  en  jour  davantage  ios  liens 
qui  doivent  finir  par  reunir  tous  les  hommes  dans  une  grande 
et  nieme  association. 

M.  Eernede  s'est  propose  danscet  ouvrage,  qu'il  a  divise  en 
f;uatre  parlies,  i"  de  decouvrir  I'origine  des  postes  dans  I'an- 
tiqtnle;  2°  d'indirpier  re[)oque  de  leur  introduction  chez  les 
raodernesetparticulieremrnt  en  P'rance;  3°d'exposeriesdiverses 
modifications  qu'elles  ont  subies  cliez  tons  les  peiipies ;  1°  enfin, 
de  rherchrr  a  en  rendre  la  pratic|ue  pliis  uiile,  par  la  connais- 
sance  des  regies  generales  auxcjuelles  ellcs  sont  assujeties. 
On  dcsirerait  peuf-etre  qu'aulieu  d'ctaler  en  certains  endroits 
le  luxe  d'uue  erudition  souvent  inutile  et  minntieuse,  il  eut 
indiquc  des  vues  neuves  ct  quelqucs  anu'lioraiions  qui  ont 
echappe  a  son  attention.  A  ces  legeres  imperfections  jires,  il 
nous  parail  avoir  a'iteinl  son  but.  y4d.   Gondinf.t. 

85.  —  *  Manuel  clu  publiciste  ct  de  I'homme  dctat,  con  te- 
nant lescbarles  et  lois  fondamenla'es  ;  les  traites,  conventions , 
el  notes  diplomaliques;  les  proclamations  ,  actes  publics  et  au- 
tres  documens  officieis  relatifs  a  la  consfiluiion  politique  et  aux 
interets  generaux  des  etats  de  I'ancien  ct  dsi  nouveau  niondc, 
avec  tables  chronologiques  et  nlphaheliques  des  maticres ;  par 
M.  IsAMBERT,  avocat  an  conseil-d'etat  et  a  la  cour  de  cassation. 
Paris,  [826;  Brissol-Thivars.  4  vol.  in-8°;  prix,  6  fr.  levol. 

Les  deux  premieres  livraisons  de  cette  collection  ont  etc 


SCIENCES  MORALES,  191 

annoncecs  dans  notre  Revue  (t.  xv.  p.  iSy  );  et  Ton  en  a  fait 
connaitre  I'importance.  On  la  sent  mieux  encore,  a  mesure 
que  I'ouvrage  avance;  il  manquait  a  la  bibliotlieque  deshoin- 
mes  qui,  par  goiit  on  par  devoir,  s'occupent  des  affaires  pn- 
bliqnes.  C'est  iin  vaste  depot  oil  Ton  tronve  sans  peine  des 
pieces  et  des  dociimens  dissemin<''s  ca  et  la  ,  et  qu'on  ne  se 
prociircrait  quelqnefois  qu'apres  de  longues  rec}ierches.«Nons 
avons  eu  I'idee,  dit  I'anteur ,  d'ouvrir  des  annales  ou  seront, 
chaque  annee,  recueillis  et  classes  tons  les  documens  officicis 
de  qnelqu'imporlance,  publics  soit  en  France,  soit  a  I'etran- 
ger.  »  Apres  la  publication  des  volumes  promis  par  I'editeur 
et  qui  completeront  son  recueil  jus(]ii'a  ropocjue  on  nous 
soniines  ,  un  demi  volume  environ  suffira ,  chaque  annee ,  pour 
conlinuer  la  collecfion  entiere  des  actcs  et  des  pieces  ncces- 
saircs  a  la  connaissance  de  la  situation  politique  des  divers 
etats. 

Depuis  surtout  que  I'ouvrage  de  M.  Martens  es!  iiiterrompu, 
un  recueil,  tel  quecelni  quenousannoncons,  estdevenu  indispen- 
sable; et ,  comme  on  le  dit  dans  ravcrfissemenl ,  il  appartenait 
peut-ctre  phis  parliculierenient  a  des  Francais  de  se  charger 
d'nne  telle  publication  ,  puisque  leur  langue  est  celle  de  la  di- 
plomatic, est  qu'elle  est  devenue  ainsi  le  lien  commun  de 
toutes  les  nations  liviliseci.  Pcrsonne  d'ailienrs  n'etait  plus 
capable  que  M.  Isambert  d'apporter  dans  ce  grand  travail  le 
soin  et  la  science  nucessaires  pour  en  garantir  la  perfi'ction  et 
le  succes.  M,  A. 

86.  —  Opinion  de  M.  Stanislas  Girarisin  ,  depute  de  la 
Seine-Inferieure,  contre  le  projct  de  loi  destine  a  retahlir  les 
substitutions.  Paris,  1826;  f/Huillier.  In-8"  de  5/»  p.;  prix,  aS  c. 

M.  Girardin  a  remportc  bien  des  couronnes  civiqucs;  il  a 
donne  des  preuvcs  honorablcs  dii  plus  vif  et  du  plus  gcnereux 
attachcmeiit  pour  sa  jiatrie  et  pour  la  monarcliie  constitution- 
nelle.  Aucun  depute  n'a  defendu  avec  plus  de  force,  avec  jilus 
d'esprit  et  de  talent  nos  libertes  publiques.  Mais  il  est  permis 
de  penser  que  son  discours  contre  les  substitutions  est  son 
plus  beau  tiire  de  ginire.  On  ne  sait  pas  ce  qu'il  faut  y  admirer 
davantage,  ou  les  raisonnemens  profonds  de  la  logique  la  plus 
exacte,  laplus  rigoureuse,  ou  les  traits  brillans  de  la  j)!us  fine 
et  de  la  plus  victorieuse  ironic.  Ce  discours  a  obtenu  un  succes 
de  vogue;  il  sera  long- terns  cite  comme  un  grand  service 
rendu,  a  une  cause  excellente  qui  doit  finir  par  triompher. 

L. 

87.  —  *  Bibliotlieque  populaire.  Paris,  1826;  Touquet  et 
compagnie  ,  galerie  Vivienne.  F*  livraison  :  Histoirede  Pierre- 


i9»  LIVRES  FRANCAIS. 

le-Grand.  In-32,  iBf)  pages. — a'"^  llvraison  :  Liberies  deVeglisc 
frnllicanc.  In-32  ,  128  pages. —  3'"'=Iivraison  :  Dlctionnnirefen- 
dal.  Ia-32,  128  pages.  — 4™«  livraison  :  Hisloire  de  Henri  If^. 
In-32,  120  [)ages;  prix  dc  cliaque  volume,  60  c. 

Cette  bibliollicque,  ijublicc.  bous  un  formal  si  modesfe  ,  sera 
peut-elrebcaucoup  plus  utile  que  ccrlaincs  collections  in  folio, 
oil  la  science  se  trouve  etouffoe  sous  un  amas  He  commcntaires , 
et  les  esprils  eclaires  doivcnt  n[)pla!iillr  a  I'licureuse  idee  de 
repandre  rinsUuclion  panni  le  pcuple  a  si  peu  de  frais  Cliacun 
de  ces  qnatre  premiers  volumes  confirme  nofre  opinion  , 
surloul  V Hisloire  de  Pierre-lc-Grand  et  cclle  de  Henri  I P^ y  en 
offrant  un  style  toujours  simple  ct  de  sages  reflexions  sur  les 
liommes  et  sur  les  choses,  qui  scront  aisement  compj-ises  par 
les  lecteurs  de  toutes  les  classes.  X. 

88. — Histoire  des  conspirations  des  jesuites  contre  lu  inai- 
son  de  Bourbon  en  France,  jiar  MM.  Eugene  de  Monglave  et 
Prosper  Chalas.  Paris,  1826;  Ponthieu.  In-8°  de  ^35  pages; 
prix  ,  6  fr. 

Pltisieurs  ecrivains  ont  donne  depuis  qnclquc  terns  des  liis- 
toires  de  la  secle  Irop  fameusc  qui  semble  n'avoir  ])i  is  le  nom 
de  Jesus  que  par  derision,  les  maximes  de  I'auteur  de  I'Evan- 
gile  n'ayant  p)as  de  plus  grands  enneniis  que  cette  societe.  Ces 
divers  ouvrages  ont  paru  en  general  cntaclics  de  partialile,  et 
cela  ne  pouvait  guere  arriver  auiremenf.  Comment,  ajires 
avoir  lu  les  conslitulions  de  cet  ordre  pretendu  religieux  ,  et 
apres  avoir  eludie  ses  livrcs  (pii,  publics  par  difft'-rens  auteurs 
etadiverses  epoques,  semblent  avoir  ete  inspires  et  dictes  j)ar 
line  meme  volonte  ,  nejias  s'indipner  des  jjrincipes  immoraux 
dont  ils  sont  remplis  ?  Les  auteurs  ont  eu  pour  but  de  presen- 
ter les  nombreuses  charges  qui  pcsent  sur  la  societe  de  Jesus  ; 
leur  ouvrage  est  uno  sorte  de  niemoire  h  consulter ,  de  reqni- 
sitoire  oil  se  trouvent  relates  les  mefails  des  jesuites  el  leurs 
attentats  contre  divers  membres  de  la  famllle  dont  un  des 
rejetoiis  occupeaujourd'liui  le  trone  de  France. 

L'ouvrage  est  divise  en  Jiuit  Hi' res ;  rintrodnction  offre  un 
precis  de  Thistoire  des  jesuites,  depuis  la  naissance  du  vision- 
naire  Ignace  de  Loyola  jusqu'a  I'epoque  de  leurs  ))remlers 
attentats  contre  la  personne  de  Henri  IV  ,  c'est-a-dire  de- 
puis 14*)'  just]u"en  1589.  Le  livre  premier  retrace  leurs  divcrses 
mences ,  au  terns  du  siege  de  Paris,  et  apres  TcTitree  du  roi 
dans  la  capitale  jusqu'en  1594,  ejioque  du  crime  de  Jean 
Chatel.  Le  livres  11  ,  in  et  iv  conduisent  I'liistoire  de 
leurs  conspirations  jusqu'en  1610,  annee  oil  Henri  IV  suc- 
coniba  au  vingl-troisieme  complot   Iramc  contre  lui  par  les 


SCIENCES  RIORALES.  ig? 

jesuilcs.  Le  livrc  v  presente  leuis  intrigues  sous  le  regne  du 
cardinal  de  Richelieu  et  la  condamnation  de  leuis  doctrines 
par  les  parlemens.  Le  sixieme  livre  est  consacre  au  regne  de 
Louis  XIV.  L'affiliation  de  ce  roi  superstitieux  a  I'ordre  des 
jesuitcs  mit  ceux-ci  en  conspiration  perinaneiite,  non  plus 
centre  les  rois,  mais  conire  les  peuples.  Le  livre  septieme 
traite  deleurs  coujuralionscontre  Louis  XV,  de  leur  expulsion 
de  France  et  de  leur  suppression,  en  1773.  Le  huitieme  est 
un  extrait  de  leurs  faits  et  gestes  jusqu'a  nos  jours. 

UHistoire  des  conspirations  des  jesuites  est  un  recueil  d'ex- 
cellens  niateriaux  pour  une  histoire  de  cet  ordre ;  c'est  ce  qui 
nous  empechera  de  reprocher  aux  auteurs  d'avoir  ete  quelque- 
fois  diffus  et  d'avoir  surcharge  leurs  recits  des  pieces  don  I'e- 
tendue'  coupe  desagreablement  la  narration.  Le  succes  de 
Touvrage  sera  dii  surtout  aux  circonstances  deplorables  qui 
onl  mis  a  I'ordre  du  jour  I'execrable  societe  dont  les  crimes 
sont  encore  flagrans.  J.  A-L. 

89.  —  Histoire  de  la  reforme  protestante  en  Angle terre  et 
en  Irlande  ;  dans  une  serie  de  lettres  adressees  au  peuple  an- 
glais ;  par  JVilUain  Cobbett  ;  ouvrage  traduit  de  I'anglais. 
Paris,  1826;  Mequignon-Havard.  Quatre  livraisons  formant 
un  volume  in-8°;  pris ,  8  fr. 

Ce  livre  vient  d'etre  jugc  a  Preston  par  le  public  meme  au- 
quel  il  etait  adresse.  M.  Cobbett  voulait  se  faire  eltre  a  la 
Chambre  des  communes.  L'election  de  Preston  est  au  noirbre 
des  plus  deraocratiques  de  TAngleterre;  quiconque  a  reside  six 
mois  dans  la  ville  est  electeur.  M.  Cobbett  a  ecrit  une  histoire 
de  la  reforme  anglaise  a  I'usage  des  artisans  et  des  ouvriers 
radicaus  ,  se  flattant  que  ,  pour  leur  plaire  ,  il  snffirait  de  mau- 
dire  indistinctement  la  religion  elablie  ,  I'Eglise  anglicane, 
Henri  VIII,  Elisabeth,  les  torys,  les  whigs,  lord  Russel  , 
Sidney,  les  anciennes  lois,  les  anciennes  moeurs,  en  un  mot 
toute  I'hisloire,  tout  I'ordre  social  du  pays.  A  ce  prix  ,  il  comp- 
tait  sur  les  suffrages  du  peuple.  Le  bon  sens  du  peuple  a  fait 
justice  de  ce  charlatanisme  cynique.  M.  Cobbett  n'a  pas  ete  elu. 
II  est  probable  que  son  livre  est  parfaitement  oublie  en  An- 
gleterre.  Peut-etre  lui-meme  ne  s'en  soucie-t-il  deja  plus. 

Qui  done  s'est  aviso  de  I'importer  en  France?  Qui  a  pu 
croire  que,  sur  un  si  grand  sujet,  un  pamphlet  ephemere  et 
local  merilat  les  honneiirs  de  la  traduction  ?  Un  parti  bien 
different  de  celui  auquel  M.  Cobbett  s'est  adresse  dans  son 
pays  ,  un  parti  grave  ,  rell'.'ieux,  monarchique  ,  aristocratique, 
le  parti  qui  se  pretend  seul  defenseur  des  anciens  souvenirs, 
des  anciennes  moeurs,  de  I'ancienne  foi.  M.  Cobbett  a  ecrit 

T.  xx^i.  —  Juillet  1826.  ij 


194  LIVRES  FRANC AIS. 

pour  les  radicatix  ;  chez  nous,  ce  sont  probablement  les  je- 
sultes  qui  le  IraduiserU  ;  les  ladicaux  meme  rent  trouve 
anaicliiqiie;  les  jesuites  le  trouvent  catholi()ue,  bon  du  mcins 
commeallie  du  calholicisine  :  pour  charmer  les  esprits  lorts 
des  tavernes  de  Preston  ,  I'anteur  a  dit  des  injures  a  la  refonne 
te  n'a  pas  reussi;  son  sutccs  est  coui|ilet  parnii  nous  aujjres 
pes  ennemis  de  toute  liberie  d'esprit,  de  toute  philosophic; 
le  rebut  de  la  populace  britannique  fait  en  France  les  delices 
des  ultramoutains. 

A  coup  si'ir,  M.  Cobbett  ne  s'altendait  pas  a  ce  trioniphe. 
Rien  de  plus  uatuiel  pourtanl;  la  verve  meme  de  son  style  n'y 
est  pour  rien  ,  et  tout  autre  I'eut  obtenu  comme  lul.  Son  livre 
est  cynique,  anarchique  ,  impie  ;  qu'imporle  ?  II  se  repand  en 
invectives  centre  Luther,  C;ilvln,  les  puritains  ;  II  defend  contre 
eux  les  moines  et  la  relne  Marie.  Le  parti  n'en  veut  pas  da- 
vantage;  qu'oii  flalte  ses  passions,  ccla  lui  suffit;  il  ne  recherche 
point  quel  desseln  se  cache  sous  de  telles  paroles,  ni  quel  en 
sera  I'effet.  Si  les  doctrines  el  les  ouvrages  dc  M.  Cobbett 
pouvaient  avoir  un  resultat,  ce  serait  d'abolir  egalement ,  et 
I'un  par  I'autre  ,  selon  les  lieux  et  les  tems,  le  protestantisme, 
le  calholicisme,  le  deisuie  ,  toule  regie  ,  toute  foi.  Mais  qu'on 
ne  demandc  pas  a  nos  fanatiques  tanl  de  prevoyance  ;  M.  Cob- 
belt  parlage  leur  haine  et  repete  leurs  injures;  ils  sont  con- 
tens  de  lui  et  le  traduisent ,  et  le  pronent  de  lout  leur  pou- 
voir.  S'il  en  sail  quelque  chose,  il  doit  se  bien  moquer  d'cux- 

Couiidere  en  lui-meme,  ce  livre  ne  merile  pas  un  examen 
serieux  ;  il  founniile  d'erreurs,  de  bevu«s  historiques  comme 
de  raisonncmeus  d'une  absurdite  cvidenle.  Pour  prouver  sa 
these  conirela  reforme,  M.  Cobbett  soutient  que  rAuglclerrc 
etait  plus  libie,  plus  riche  et  plus  lieurense  il  y  a  trois  cents 
ans  (pie  de  r.os  jours.  Cet  argument  seul  dispense  dc  loule 
refutation.  F.  G. 

()0.  —  *  V  Annee  francaise  ,  on  Memorial  politique ,  scienti- 
fique  et  litteraire  ,  comprcnant  les  evenemens  politlques  dans 
les  cinq  parties  dumonde,  les  debats  legislatils,  les  inventions 
el  les  decouvertes  reccnles,  les  nouvelles  lilteraires,  Texamen 
des  produils  industriels,  des  expositions  publiques,  la  revue 
des  pieces  representi'-es  sur  les  theatres  de  la  capitale,  un  jirecis 
des  Iravaux  des  soclctes  savantes  ,  des  tableltes  biographiques 
el  bibliograpl^iques ,  les  anecdotes  nalionales  et  (itrangeres  le^ 
plus  inleressantes,  et  generalemenl  tout  ce  qui  a  paru  de  plus 
reiuarquable  dans  le  ccurant  de  18^5;  par  MM.  Albert-Mon- 
ternont,  Alexandre  Lenoir ,  Badly  de  Merlieux,  Baudot,  Ber- 
trand,  Ch.  Coquerel ,  CAviale  ,  Colard  de  Murligny ,  Coudret, 


SCIENCES  MORALES.  igS 

Ed.  (V Anglemoril ,  CIt.  Diipin  ,  d'Henin  de  (^uvilliers ,  P.  Grand, 
■fuha- Fontenelle ,  Justin  Gensoul ,  Lefour  du  Loiret,  Lenor- 
tnand ,  Lesguillon ,  Meyranx,  Moreau  de  Jonnes ,  Pelletan  , 
Pero  ,  Perrot  ,  Perrier,  Pine/ ,  de  P**  ,  Rirhi ,  Aim.  Saintes  , 
Toussaint ,  architecte,  Vatel.  Deuxieme  annce.  Paris,  1826; 
au  bureau  de  I'Annpe  francaise,  rue  des  Saints-Peres,  n°  18. 
'2  vol.  in-8°  de  3/i4  et  54o  pages;  prix  ,  12  fr.  (  Voy.  Bev.  Enc. 
f.  xxviii ,   p.  421. ) 

II  ue  suffit  pas  a  uu  observatenr  habile  d'avoir  examine  toutes 
les  parlies  d'lme  mecanique,  il  en  voudra  juger  I'ensemble: 
xxn.  voyageur  itistiiiit  qui  aura  parcouru  lous  les  quartiers 
d'une  capitale,  voudra  encore  ,  de  quelque  point  eieve,  Pem- 
brasser  d'un  regard,  dans  sa  tolalite.  II  en  est  de  nieme  dcs 
<H-enemens  politiques,  scientifiques  et  littcraires  :  des  journaux 
qtiotidiens,  des  revues  periodiques  les  auront  signales;  mais 
les  details  ecliappeiit  a  la  mcmoire  on  a  I'inieliigence,  et  jettent 
souvent  de  la  confusion  dans  les  idees;  les  lecteurs  cclaires 
deinanderont  un  ouvrage  qui  prcsente  une  vue  plus  generale, 
une  recapitulation  niethodique,  en  ec.ulant  les  faits  steriles, 
en  recueillant  les  documens  utiles,  et  en  coordonuant  tous  les 
inateriaux,  de  maniere  a  ne  plus  offrir  qu'un  edifice  reguiier  , 
quoique  forme  de  divers  assemblages  et  a  differens  inlervalles. 

Tel  est  le  but  de  X Annee francaise.  Dcja  le  ])lan  de  I'editeur 
avait  eu  un  commencement  d'execution  pour  1824-  C'etait, 
com  me  il  le  reconnait  lui-meme  ,  un  essai  public  jionr  sonder 
I'opinion.  Le  succes  obleiiu  dans  celle  premiere  tentative  a 
perniis,  pour  iSaS  ,  de  donner  ane  etendue  convenablc  a  I'en- 
treprise,  et  d'en  develouper  les  diver jCS  parties  avec  cette 
unite  de  direction  et  cette  rapidile  d'exposition  que  reclamait 
un  resume  de  ce  genre. 

U Annee  francaise  dt;  iSaS  n'est  [>as  un  simple  et  froid  me- 
morial ,  une  compilation  indigesie;  c'ect  une  analyse  raisonnee 
des  evenemens  les  plus  remarqiiables  de  la  periode  qu'elle  em- 
brasse,  soil  dans  la  politique ,  soil  dans  les  sciences  et  la  lille- 
ratnre.  On  y  retrouve  les  debats  legislatifs  et  judiciaires,  les 
decouvertes  les  plus  importantes  ,  la  revue  des  produils  de 
I'industrie,  des  ouv rages  scientifiques  et  litteraires,  les  travaux 
des  corps  savaiis  ,  etc.  Les  principaux  chapitres  sont  ouveris 
par  des  introductions  qui  annoncent  la  justesse  du  coup-d'oeil 
et  le  discernement  dans  le  choix  des  generalites  ou  des  idees 
sommaires  Nous  avons  surtout  distingue,  dans  le  premier  vo- 
lume ,  le  preliminaire  historique  relalif  a  la  situation  politique 
de  la  France,  par  M.  L.  F. ;  u.ne  dissertation  sur  la  marque  ou 
la  fletrissure,  par  M.  Pierre  Grand  ;  et ,  dans  le  second  volume , 


uj6  LIVRES  FRANCAIS. 

I'introdurtion  .'i  I'ctat  actucl  dcs  sciences,  par  M.  JibertMov- 
TEMONT ;  un  monioire  siir  le  commerce  et  son  t'lat  actucl  en 
France,  par  M.  Mokeau  ue  Jonnes  ( Voy.  ei-dcssiis  p.  27  ). 

Ij'yJ/i/ice  francaise  est  Icrminee  par  un  clioix  de  poesies 
inedites  et  p.ir  un  chapitrc  de  melanges  anccdotiques.. 

A,   M.  Z. 

91.  —  *  Metnoires  stir  la  guerre  de  1809,  en  Allemagne , 
avec  les  operations  particulieres  des  corps  d'ltalie,  de  Polognc, 
de  Saxe,  de  Naples  et  de  Walcheren  ;par  le  general  PEi,ET,etc. 
Tomes  III  et  IV.  Paris,  1 8^5  el  189,6;  Rorel  ,  rue  llaulcfeuille. 
In-S"  de  496-502  pages  ;  ])rix,  7  fr. 

Comme  nous  aiirons  a  revenir  sur  ce  precieux  monument 
liislorique  eleve  par  M.  le  general  Pelet,  nous  nous  hornerons, 
quant  a  present,  a  une  seule  citation  ,  prise  dans  le 'tome  IV. 
L'auteur  lermine  ainsi  !e  recit  du  giorieux  combat  du  general 
Broussier  contre  le  ban  de  Croalie,  Ignace  Giulay,  comman- 
dant-general des  troupes  deTAutriclie  dans  les  parties  mt'- 
ridionales  de  cet  empire  :  «  Nos  biaves  prirent  a  rennemi 
/|5o  hommes;  1200  de  ses  morls  furent  comptes  sur  le  champ 
de  bataille.  Le  S/i"""  perdit  260  hommes.  Quel  coeur  francais 
peut  rester  froid  au  recit  de  ces  hauts  fails!  Napoleon  donna 
au  84"'^  la  plus  belle  des  recompenses ;  il  fit  inscrire  sur  les 
drapeaux  et  sur  I'aigle  :  Un  contre  dix.  Qu'eles-vous  devenus , 
regiment,  inscription,  nun)ero  ?  Le  84""^,  comme  le  32""^,  le 
57™',  le  43™"...  avaient  ainsi  recu  la  tache  de  vaincre  toujours, 
et  ils  la  remi)lireiit  dans  toutes  les  campagHes :  la  France  devait- 
olle  etrc  desheritee  de  tant  de  gloires  ,  pour  leur  voir  succcder 
d'insignifians  noms  de  legions!  »  F. 

92".  —  *  Tableau  de  la  Grecc  en  1825  .  on  Recit  des  voyages 
de  M.  J.  Emerson  et  du  comtePECcHio ;  traduit  de  I'anglais  par 
Jean  Cohen.  Paris,  1826  ;  Alexis  Eymery.  Ir-8°  de  464  pages ; 
prix ,  6  fr. 

M.  Emerson  arriva  en  Grece,  le  23  mars  1825,  et  en  re- 
partit,  le  2  aoiit  de  la  meme  annee  ;  son  sejour  fiU  done  seu- 
leinent  de  quatre  mois  :  terns  bien  court  jjour  juger  un  pays  et 
ses  habitans.  Envoye  par  le  Couiite  anglais,  dans  le  but ,  jc 
crois ,  de  surveiller  la  remise  et  I'emjjloi  des  fonds  resultans 
de  I'emprunt,  le  voyageur  anglais  seuible  avoir  concu  d'a- 
vance  des  preventions  pen  favorables  aux  Grecs.  La  froideur 
glaciale  de  ses  jugemens  et  de  ses  impressions  lient  evldem- 
nient  a  une  preoccupation  de  vanite  nationale.  M.  F^merson 
n'est  occupe  en  Grece  que  de  la  snprematie  de  TAngleterre  : 
les  intrigues  qui  tendent  a  livrer  les  deslinees  des  Hellenes  a  la 
fucrcidesministres  de  la  Grandc-Brctagne  liai  paraissentdigncs 


SCIENCES  MORALES.  197 

d'eloges.  II  ne  volt  iVcspoir  pour  la  Grece  que  dans  une  depen- 
dance  presque  absolue  de  cette  puissance.  II  cberche  la  civili- 
sation dans  un  pays,  ou  les  vertus  et  les  vices  sortent  de  nos 
etroiles  limites,  et  semontrent  gigantesques  ;  oii  le  plus  rare, 
comme  le  ])lus  admirable  heroisnie  est  mis  chaqne  jour  en  pra- 
tique par  des  liommes  qui  n'en  connaissent  pas  la  iheorie  ,  ni 
merac  le  nom.  La,  on  ne  parle  pas  de  la  patrie;  mais  on  meurt 
pour  elle  :  on  n'afiichc  pas  le  fanntisme  ;  mais  on  consent  a  de- 
venlr  martyr,  philot  que  de  traliir  sa  foi  :  la,  tout  ce  qui  est 
noble  el  grand,  est  resle  simple;  et  accoulumes  an  charlata- 
nisme  de  nos  vertus  de  parade,  nous  ne  comprcnons  pas  ce 
nouvel  ordre  de  clioses,  et  nous  le  jugeons  avec  nos  prejiigcs. 
Ainsi,  avant  de  dire  avec  details  que  partout  il  a  ete  accueilii 
de  la  maniere  !a  plus  cordlaleet  la  plus  affectueuse,  M.  Emer- 
son assure  que  c'esl  a  lort  que  Ton  vante  I'liospitalite  des  Grecs. 
La  menie  contradiction  ,  cntre  ses  reflexions  et  les  fails  qu'il 
cite,  se  retrouve  dans  viugt  cndroits.  On  se  lieurtea  cliaque 
instant  contre  I'opinlon  qu'il  s'etait  formee  d'avance,  el  qui 
est  raide  et  immuable ;  car  il  raconte  lout  ce  qui  peut  demenlir 
ses  idces  ,  sans  se  doparlir  d'une  seule.  II  faut  au  moins  lui  sa- 
volr  gre  de  son  jjcu  dc  logique,  qui  permet  aux  lecteurs  de 
s'eclairer,  et  de  rectifier  d'eux-memes  les  erreurs  (|u'il  vou- 
drait  leur  faire  partager.  En  parcourant  tous  les  ouvrages 
ecrils  sur  la  Grece,  depuis  sa  regeneration,  par  ceux  qui  font 
visitce,  on  esl  douloureuscjuent  frappe  du  pcu  de  jusfice  et 
d'impartialile  qu'on  y  rencontre.  Le  sentiment  dc  sa  propre 
supcriorite  ,  un  superbe  dedain  pour  tons  ceux  qui  ne  lui  res- 
semblent  pas,  ou  qui  ne  suivent  pas  ?es  conseils,  dominent 
Irop  souvent  dans  rauteur.ct  rendent  son  esprit  peu  acces- 
sible a  la  verile.  Lorsqu'il  n"y  avail  en  Grece  que  des  anliquites 
mortes  a  ex])lorer  ,  c'etait  relile  des  nations  qui  s'y  rendait ,  et 
des  ouvrages  pleins  de  raison  ,  de  science  et  de  sagesse  ctaieut 
les  fruits  de  ces  voyages.  Maintenant  que  ce  sont  des  liommes 
qu'il  s'agit  de  voir  et  de  secourir  ,  on  ne  nous  dorine  que  des 
relations  de  querelles  parliculiercs,  de^  commentaires  dicles 
parde  pelits  interels,  et  dcdegouianles  intrigues.  Esperonsquc 
ccla  clinngcra,  el  (jue  ceux  qui  agissent  aujourd'hui  plus  ulile- 
meni]»our  la  Grece  ,  nous  la  peiiulronl  un  jour  sous  ses  veri- 
tables  couieurs. 

Outre  les  erreurs  de  jugcnicnt,  I'ouvrage  de  M.  Emerson 
CM  coiitient  pliisieuis  aulres  assez  graves  sur  les  fails,  el  qui 
ont  ete  relevees  ])ar  le  comte  Alerino  Palma  ,  dans  sa  justifica- 
tion dc  la  Greco,  ])ijbliee  dernieremenl  a  Londres  sous  le  litre 
dc  <;    Greece  vindicated.  >'  {  Vnyez  i?cc.  Eric.  ,  t.  x^x  ,  p.  1  ly]. 


198  LIVRES  FRAiXCA-lS. 

Entre  aulics  choses,  M.  Emerson  accuse  ])Ositiveineiil  le  gou- 
vernemeiit  grec  d'avoir  fait  perir  .secretement  Odyssee  <luns 
sa  prison,  et  il  n'en  npporie  pour  prcuve  que  des  on  dit  ft 
des  sonpcons.  Le  comte  yVlerino  Falnia  rile  un  trait  qui  ,  sil 
no  dement  pas  directenient  cette  Iraliisori  ,  permet  du  moins 
tie  ia  revo(|uer  en  doiite.  «  Je  jjuis  affirincr  ,  dil-il,  qii'iiii 
homme  resolu  a  tout  offrit  aux  inembres  du  gouvernemcnt  do 
se  charger,  moyennant  une  recompense,  d'empoisonner  Co- 
locotroni  et  ses  cainarades  dans  leur  prison  d'Hydra  ;  mais  i!s 
repousseretit  avec  horreur  ce  miserable  et  son  projet ;  et,  quoi- 
que  ce  crime  les  eut  debnrrasses  de  cenx  dont  la  vengeance 
etait  le  plus  a  redoutorpotir  eux,  ils  repondirent  que  c'ctait  au 
glaive  de  la  justice,  et  non  au  poignard  d'nn  assa'.sin ,  (]u'il> 
remeitaient  lenr  cause. » 

On  .1  joint,  a  la  suite  du  journal  de  M.  Emerson,  une  lr;i- 
duction  du  voyage  en  Grece  du  coinle  Pecchio.  C'est  un  ta- 
bleau pittoresqup,  anime  et  fidele  decette  belle  contree  et  dc 
ses  habitans.  On  y  veil  figurer  tour  a  tour  presrpie  lous  les 
hcros  grecs,  et  d'une  manierc  digriede  leurs  exploits  et  de  leurs 
noms.  Tout  le  rocit  a  un  grand  caractere  de  veritc  ;  et  c'est 
sans  contredil  ce  que  j'ai  lu  de  jilus  interessant  panni  les  ou- 
vrages  qui  ont  peintia  Grece  en  iSaS.  L.  Sw — B. 

^3. — *  Lettres  sur  la  Grece,  notes  et  chants  populaires , 
extraits  du  porlejeuille  du  colonel  Voutier.  Paris,  1826; 
Firmin  Dldot.  In-S"  de  xxx  et  224  pages ;  prix ,  5  fr.,  au  profit 
des  Grecs. 

Tous  ceux  (jui  s'intriessent  a  la  dcstinee  d'une  nation  aussi 
malheurcuse  nu'elle  est  etonnante  p;ir  son  courage,  ont  re - 
marque,  parmi  les  nonibreux  ecrits  dont  elle  a  ele  I'Dbjet,  les 
memoires  publics  en  i823  yat  le  colonel  Voutier.  L'un  de  nos 
plus  celebies  collaborateuis ,  M.  de  Sisniondi,  a  conipris  ccs 
memoires  dans  la  Revue  des  principaux  ouvragessur  la  Grece, 
dont  il  a  enrichi  notre  recueil  ( Voy.  Rev.  Ear..,  f.  xxvi  ,  p.  38i 
ot  7o3  ,  et  t.  xx^ii,  p.  6x).  En  faisant  i'eloge  du  zele  de  I'au- 
teur  pour  tine  noble  cause  ,  en  cilant  son  ouvragc  comme  plein 
d'interet  et  d'agrcment,  M.  de  Sisrnondi  n'a  point  dissiinule 
les  doutes  qui  s'cleverent  sur  rexacfitiide  des  notions  que  ren- 
t'erroe  ce  livre,  doutes  que  semblaient  confirmer  les  critiqi:es 
de  M.  Maxime  R^ybaud  ,  eniule  du  colonel  Voutier,  comme 
guerrier  philhellene,  et  comine  hislorieii  des  Grecs.  Notre  col- 
laboratciir  n'a  pi)int  cru  les  fails  assez  ^claircis  pour  prononcer 
sur  les  reproches  adresses  a  M.  Voutier.  Le  recueil  dont  nous 
annoncons  la  publication  a  pour  ibut  dc  jirouver  la  vcracite  de 
I'auleur  dans  son   premier  recit  ,    et  de  doniier  de  nouveaiix 


SCIENCES  MORALES.  199 

details  sur  les  evenemens  de  1824,  pendant  son  second  sejour 
en  Grece. 

Les  services  signales  que  I'auteur  a  rendus  aux  Grecs  sont 
attestes  par  les  pieces  imprimces  a  la  suite  de  ses  leitres  :  la 
j)liipart  de  celles-ci  sont  adressees  a  nne  aimable  pliilhellene, 
jjme  R  »»*,  En  laisant  courir  sa  plume  sans  pretention, 
M.  Vouiier  raconte  les  faits  importans  dont  il  a  ete  le  temoin. 
Les  traits  qui  caracteriscnt  le  mieux  rheroisme  des  Grecs  et 
la  barbarie  de  leurs  adversaires ,  I'orgueil  et  la  durele  de  quel- 
ques  puissances  chreliennes,  presque  aussi  redoutables  aux 
Grecs  que  leurs  feroces  enneinis  ,  sont  d'autant  plus  frappans 
qu'iis  sont  narros  avec  sim])licile.  L'auteur  ne  dissiraule  point 
les  defaiits  des  Grecs,  I'insouciance,  une  confiance  quelquefois 
aveiigle,  leurs  divisions,  I'aviditf-  de  quelques  chefs.  Mais  le 
dcvouement,  le  courage,  les  malhenrs  des  Hellenes  etlasaintele 
de  leur  cause  font  tout  oublier.  On  Irouve  dans  ces  letlres  des 
details  curieux  sur  lord  Byron  et  le  colonel  Stanhope.  On  ap- 
prend  avec  peine  que ,  inalgre  leur  zcie  pour  la  cause  des  Gi  ecs, 
la  prodigalite  du  premier  et  les  preventions  du  second  ont  beau- 
coup  nui  a  cette  cause.  C'est  lics-probablement  aux  lenteurs 
qu'eprouverent  les  versemen.s  de  I'emprunt  grec,  lenteurs  oc- 
casionnees  par  les  obstacles  qu'opposait  le  colonel  Slanhope, 
qu'il  faut  attribuer  les  desastres  de  1824,  la  perte  d'ljjsara  et 
de  Cassos,  et  les  suites  faclieuses  de  ces  premiers  malheurs. 
La  lecture  de  ce  recueil  offre  nn  interet  trcs-vif.  L'epigMphe 
choisie  par  I'aulenr  est  liree  des  conversations  de  lord  B>Ton  : 
«  Je  ferais  monnayer  mon  cceur  pour  secourir  la  malheureuse 
Grece.  »  A.  de  V. 

94.  —  Missolonghi  n'est  plus !  Appel  aux  amis  des  Grecs  ; 
par  Camille  Paganel.  Paris,  1826;  A.  Desaugcs,  rue  Jacob, 
n"  5.  In-32  de  4o  pages;  prix  ,  26  c.  au  profit  des  Grecs. 

CV'tait  bien  a  l'auteur  du  Tombeau  de  Marcos  Botzaris  (Voy. 
Rev.  Enc,  t.  sxix  ,  p.  24O  T^'i' "PP^''^^''^''^*' '■^^•"^'' *^^''*^'^" 
veau  I'indignation  el  la  pilie  de  I'Enrope ,  a  la  vue  de  I'affreuse 
destinee  de  Missolonghi.  Dans  cet  appel  aux  Philhellenes,  M.  C. 
Paganelleur  offrea  la  foisun  plaidoyer, fort  de  raison,  enfaveur 
de  la  cause  (lu'iU  ont  cnibrassee,  et  des  tableaux  ou  il  ])eint  tour 
a  tour  I'admirable  h^roisme  des  Grecs  ,  I'horrible  barbarie  des 
Musiilmans,  et  la  cruelle  indifference  des  gouvernemens  de  la 
chreliente.  Ils'atfache  ensuilea  ranimer  leurs  esperances  par  des 
considerations  qui  reposent  sur  des  calculs  politiques  dont  la 
certitude  est  rigoureuse.  «  L'cmpire  tnrc,  dil-il,  porte  en  lui 
un  germe  de  inort.  II  est  frappe  au  coeur.  Sa  place  elait  naar- 
quee  en  Asie  ;  il  s'est  jete  sur  I'Euiope  :  I'Europe  lui  a  ete  fatale. 


200  LIVRES  FRANCA.I,S. 

11  se  Jcballra  quelque  terns  encore ,  pour  aller  s'eteindre  dans 
son  repaire  primitif  :  ses  derniers  inomens  sont  I'agonie  d'linc 
bete  feroce.  »  Enfin,  il  les  exliorle  partout  avecchaleur  a  per- 
severer  dans  leur  genereux  devoueraeiit.  O. 

g5.  —  *  Biogruphie  universclle  et  portative  dcs  contempo- 
rains ,  on  Dictionnaire  historiqtie  des  liomraes  celebres  do  tou- 
tes  les  nations  ,  morts  et  vivans,  par  uiie  Societe  de  publicistes, 
de  Ic'gislateurs ,  d'hommcs  de  lettres,  d'artistes,  de  mililaires 
et  d'anciens  inagislrats;  en  un  seul  volume  in-8°  ,  orne  de  35o 
portraits,  i"^^,  a"  et  3^  livraisons.  Paris,  1826;  au  bureau  de 
la  Biograpliie,  rue  St-Andre-des-Arfs  ,  n°  65 ,  pres  le  passage 
du  Commerce;  prix  du  cahier,  1  iv.  5o  c.  L'ouvrage  entier  sur 
papier  velin  satme  se  composera  de  24  livraisons  qui  paraitront 
de  1 5  en  1 5  jours. 

Si  nous  etions  appeles  a  dire  notre  avis  en  general  sur  ces 
biographies  des  contemporains  dont  la  librairie  est  comme 
inondee,  nous  essayerions  de  fletrir  cc  genre  de  composition. 
Nous  signalames  des  i8i5  la  premiere  biographic  des  horames 
vivans  comme  un  dictionnaire  60/2  iiconsuLter  par  des  proscrip- 
teurs.  II  n'est  pcut-ttre  jamais  entre  didce  plus  immorale  dans 
une  t^le  humaine  ,  que  celle  de  tracer,  par  ordre  ulphabetique, 
I'histoire  des  hommes  vivans.  Le  Moni'eur  n'existait-  il  pas 
pour  mettre  en  coiitradiclion  avec  elles-mcines  la  plupart  des 
personnes  qui  ont  eu  le  nialheur  d'accjuerir  une  celebrite  quel- 
conque ,  et  parmi  lesquelles  un  si  petit  nombre  neredoutepas 
les  investigations?  L'abus  de  lels  livres  a  ete  porte  au  dernier 
exces;  on  a  vu  des  ecrivains  s'eriger  en  tribunal  pour  juger 
leursiecle,  et  faisant  une  operation  de  commerce  del'espece  de 
raagistrature  qu'ils  s'claient  arrogee  ,  abandonner  a  d'obscurs 
plumitifs  le  soin  de  pronoiicer  les  sentences  que  semblaient 
valider  des  noms  environnes  d'une  certaine  celebrite;  les  au- 
teurs  se  prodiguaienl  les  uns  aux  autres  d'autant  plus  d'encens 
qu'ils  se  le  reservaientexclusivement.  L'histoirc  qui  consacrera 
quelques-unes  de  ses  pages  a  divers  auteurs  de  Biographies 
qu'on  ne  doit  cependant  pas  confondre  avec  le  vulgairc  des 
ecrivains,  ne  prendra  probablement  pas  ce  qn'elle  en  devra 
dire  dans  les  articles  ou  nous  les  \oyons  se  congratuler  mutuel- 
lement  sans  la  moindre  pudeur ;  elleremarquera,  au  coalraire, 
combien  ils  furent  coupables  en  pretant  I'autorile  de  leurs  noms 
a  des  compilations  de  faits  hasardes  ,  d'imputalions  souvent 
odieuses,  de  louangcs  ridicules  el  de  calomnies  atroces,  calom- 
nies  contre  lesquelles  les  viclimes  de  quelque  redacleur  subal- 
terne  n'avaient  memepas  la  I'aculte  de  rcclamer.  Les  premiers 
speculateurs  en  Biographic,  ont  ouvert  la  harricre  a  cctte  mul- 


SCIENCES  MORALES.  201 

tilude  de  zoiles  que  Ton  voit  maintennnt  atlaquer  toute  per- 
sontie  que  sa  position  met  en  evidence  atiu  de  se  faire  payer  Te- 
logc,  le silence,  ou  rneme  I'injure.  Ce  sera  I'une  des  singularites 
de  noire  cpoque,  qu'un  folliculaire  ait  pu  dire  au  savant,  a 
I'homme  d'etat,  au  militaire,  a  I'arliste,  au  poete,  a  I'acteur  : 
Yous  vous  abonnercz  a  ma  biogranhie  ,  ou  a  mon  journal ;  si- 
non  vous  y  serez  dechire touslesjoursetpour  toujours.  II  n'est 
pas  moins  etrange  que  Ics  antagonistes  de  la  liberie  de  !a  presse 
n'aient  jamais  argue  des  Biographies  et  des  articles  de  certains 
petits  journaux  pour  faire  ressortir  le  plus  grand  abus  de  cette 
precieuse  liberie.  Quoi  qu'il  en  soit,  pnisqu'il  est  desormais  recu 
que  chacun  pent  de  son  vivants'etablirle  Minos,  I'Eaque  ou  le 
llhadamantbe  de  I'epoque  ;  on  doit  convenir  qu'entre  tous  les 
juges  biographiques  qui  nous  citent  a  leur  tribunal,  ceux  dont 
nousannonconsl'ouvrageparaissent  circles  plus  consciencieiix. 
lis  le  sont  d'abord,   quant  au  formal  de  leur  livre,  parfaite- 
ment  bien  imprime ,  compacle  dans  le  sens  le  plus  honorable  du 
mot,  contenant  une  c|uantite  de  matieres  presque  effrayanle, 
et  dont  chaque  cahler  equivaut  a  la  valeur  d'un  volume  ordi- 
naire. On  concoit  que,  d'apres  leur  plan,  les  articles  qui  al- 
longent  les  vingt-cinq  ou  trente  volumes  de  leurs  predecesseurs 
pourront   rentrer  dans  un    seul  volume  d'un  format  beau, 
commode  et  facile  a  lire.   On  doit  encore  cette  justice  aux 
biographes  anonymes  dont  nous  annoncons  le  livre,  que  cc 
n'est  point  pour  dechirer  impunement  qu'ils  n'ontpasproclamc 
leurs  noms;  ils  montrent  juscju'ici  beauconp  d'impartialito  et 
de  raison;  ils  sont  concis  sans  eire  sees,  obligeans  sans  flagor- 
nerle,  ou  severes  sans  cruaute.  Ils  citent  une  multitude  de  fails 
exposes  avec  lucidite ,   et  laissent  au  lecteur  le  soin  des  re- 
ilexior.s.  Un  grand  nombre  d'articles  sur  des  etrangers  rec- 
lifient  autant  d'erreurs  commises  par  les  biographes  precedens ; 
quelles  que  soient  les  opinions  des  personnes  dont  riiistoirc 
est  tracee,  ces  personnes  sont  jugees  avec  indulgence,  lorscju'll 
est  manifeste  qu'elles  agirent  par  conviction.  La  page  208  arrive 
au  nom  de  la  ctlebre  comtesse  de  Balbi  dont  la  notice  est  fort 
curieuse;  ainsi,  Ton  peut  esperer  que  les  editeurs  tiendront 
leurs  engagemens  et  ne  depasseront  que  peu  ou  point  le  nom- 
bre de  livraisons  qti'ils  ont  promis.  B.  de  St.  V. 

96.  —  *  Repertoire  universel,  historique ,  biographique  des 
feinmes  celebres  ,  mortes  ou  vivantes  ,  qui  se  sont  fait  remar- 
ciuer  dans  toutes  les  nations  par  des  vertus,  du  genie ,  du  nic- 
rite,  du  talent  pour  les  sciences  et  pour  les  arts ,  par  des  aclcs 
de  sensibilite  ,  de  courage  ,  d'heroisme  ,  dcs'nialheiirs ,  des  er- 
reurs,  des  galanteries,  des  vices,  etc.,  dcpuii  les  terns  les  jilus 
rccult'5  jusqu'a  nos  jours  ;    par  uiu;  Socivtc  dc  gens  de  kttres , 


aoa  LIVRES  FRANCAIS. 

auteurs  du  Dtctionnairc  universel ;  public  par  L.-P.  Premiere 
Uvraison  ABAART.  Paris,  1826;  AchiileDesauges,  libraire  , 
rue  Jacob,  n"  5.  In-8"  de  viii  et  a/Jopages.  — Cel  ouvrage  for- 
mera  7  vol.  in  -  8°  publics  en  14  livraisons.  Les  personnes  qui 
souscriront  nvant  la  publication  de  la  4""')  paieront  chaque  li- 
vraison  /i  fr.  et  4  fr.  76  c.  par  la  poste.  De  plus ,  elles  recevront 
gratis  les  7'"'  et  1  j""^  livraisons.  Quant  aux  non  souscripteurs, 
lis  ne  jouiroiit  pas  de  ce  dernier  avanlage  ,  et  chaque  livraison 
leur  coiitera  4  fr.  5o  c.  el  5  fr.  aS  c.  par  la  poste. 

«  Depnis  i7')9,  cinq  oiivrages  (i)  seulement  ont  rendu  uri 
hommage  special  a  un  sexe  (|ui  fait  la  gloire  de  la  societe,  au- 
taut  (ju'il  en  fait  le  bonheur.  Encore  chacun  des  auteurs,  avare 
dans  son  choix  ,  ne  fait-il  mention  que  d'un  petit  nombre  de 
fcmmes  dont  les  noins  se  sont  fait  remarqner  dans  la  lillera- 
ture.  Cependant ,  combicn  de  noms  depuis  plus  d'un  demi- 
siecle  merilent  d'occuper  nne  place  dans  I'histoire  !...  Notre 
Repertoire  universel  comprend  les  feniraes  des  nations  et  des 
tems  les  plus  recules,  celles  des  epoques  et  des  nations  con- 
temporaines  qui  ont  obtenu  ou  qui  merilent  un  genre  qnel- 
conque  de  celebrile.  »  (  Avertissemcnt,  p.  i. )  Parrai  les  noms 
les  plus  connns  ,  qui  se  trouvent  compris  dans  la  premiere  li- 
vraison, on  remarque  ceux  A' Anne,  soeurde  Pygmalion  et  de 
Didon  ,  A'Andromaque ,  des  deux  4grippine ,  I'une  epouse  de 
Germanicus,  I'autre  mere  et  victime  de  Neron ;  ceux  d! Anne 
de  Bretagne  et  iV Anne  d' Atitriche  ,  reincs  de  France,  d'Anne 
Iwanoiva  ,  imperafrice  de  Russie,  A' Anne  { lille  de  Jacques  II ) 
reine  d'Anglcterre  ,  A' Agnes  Sorel,  de  Marie  Alacoque ,  de 
Sophie  A  mould ,  etc. ,  etc. 

Un  style  simple,  olair  et  rapide;  ['exactitude  dans  le  choix 
des  fails,  I'imparlialite  dans  les  jugemens,  telles  soni  les  condi- 
tions necessairos  au  succes  d'un  dictionnaire  biographique.  En 
les  remplissant,  le  Repertoire  universel  prendra  place  parmi  ces 
recueils  utiles  ou  I'historien  va  puiser  ses  materiaux,  et  le  pu- 
blic d'interessantes  lectures.  C.  P. 

97.  — *  Fie  de  Louis  de  Berton  de  Crillori  des  Balhes ,  sur- 
nomnie  le  brave  Crili.on  ,  suivies  de  notes  historiques  et  criti- 


(i)  «  Dictionii.  histor.  portatif  des  femtnes  ceUbres,  par  deLa.(;roix,  de 
Compiegne.  Paris,  1769.  a  vol. —  Vies  des  femmes  Ulustres  el  celebres 
de  France.  Paris,  1768.  5  vol.  in-12.  —  Hisloire  I'uteraire  des  femmes 
francaises ,  par  I'abbe  de  La.  Porte.  Paris,  1769.  —  W^^  Briquet  a 
public,  en  1804,  iin  volume,  sons  le  litre  de  Dictionnaire  biographique 
des  Francaises  el  des  etrnngeres  naturalisees  en  France,  conniies  pnr 
leiirs  errits.   >  (Note  ties  auleurs  du  Repertoire.  ) 


A 


SCIENCES  MORALES.  3o3 

qucs.  T.  IIF.  Paris,  1826;  A.  Duponl  et  Roret.  ]n-8°  de  vii- 
424  pages;  prix,  6  fr.(voy.  Re\>.  Enc,  t.  xxviii,  p.  886  ). 

Plus  (I'un  lecteiir  faxera  peiit-^tre  de  prolixite  )e  savant  edi- 
teur  de  la  Fie  de  Crillon  ,  en  le  voyant  ajouter  un  iroisieme 
volume  de  notes  a  celte  biograpliic  C|ui  n'a  pas  plus  de  80  pages 
d'inij)ression.  Mais  ce  dcfaut ,  que  J'on  repioche  souvent  avec 
justice  aux  comnientaleurs ,  est  ici  amplement  rachete  ])ar  I'im- 
portance  des  malieres  ,  suivant  I'opinion  de  M.  Fortia  d'Urban . 
quepartageront  beaucoup  d'hommes  instruits.  Nousavons  fait 
■  remarqiier  en  annoncant  les  deux  premiers  volumes,  qu'il  ne 
•se  livre  point  a  ccs  futiles  discussions  trop  communes  dans  les 
travaux  de  ce  genre,  inais  (|u'il  eclairdit ,  avec  un  rare  savoir 
et  une  critique  habile,  beaucoup  de  points  encore  obscurs  de 
I'histoirc  ancienne  et  moderne.  Dans  ce  tome  troisieme,  il  passe 
de  I'erudition  a  la  science  ;  apres  avoir  acheve  I'histoire  des 
duels  jusqu'a  la  morl  de  Charles  IX,  il  arrive  a  la  note  log, 
concernant  Alexandre;  et  la  ,  il  declare  en  ces  termes  c|u'il  vu 
cntrer  dans  une  nouvelle  carriere:  «  Alexandre,  surnomme  le 
Grand  ,  nierite  sous  tous  les  rapports  de  fixer  notre  attention  ; 
mais,  comme  le  tems  auquel  il  a  vecu  est  deja  bien  loin  de 
nous ,  il  a  donne  lieu  a  des  disputes  qui  ne  sont  pas  encore  ter- 
min^es,  et  qui  exigent  des  connaissances  dans  la  science  des 
tems,  connue  sousle  nom  Ae  chronologic.  C'est  d'elleque  nous 
allons  nous  occuper.  On  nous  pardonnera  la  longueur  de  cette 
note  en  faveur  de  son  importance.  »  Cette  note,  qui  remplit 
seule  les  deux  tiers  aii  moins  du  volume,  se  compose  de  trnites, 
divises  en  uombreux  chapilres,  snr  la  chronologie ,  la  cosrno- 
logie ,  la  geographic ,  I' astronomic ,  etc.,  enfin  ,  d'une  Iiistoire 
raisonnee  des  cometes  qui  ont  paru  jusqu'a  nos  jours,  mor- 
ceaux  precieiix  sans  dotite  par  la  curiosite  de  beaucoup  de  de- 
tails, niais  apres  lesqiiels  I'auteur  s'arrete  coraine  apres  une 
exposition  puremeut  preparatoire,  sans  rien  conclure  touchant 
les  disputes  relatives  a  la  fixation  cerfaine  de  I'epoque  oil  vecut 
Alexandre.  Nous  attendons  le  tome  quatrieme  pour  avoir,  a 
cet  egard  ,  une  solution  [)Ositive.  P. 

98.  —  Eloge  historique  de  M.  Voiity  de  la  TouR,ancien 
conseiller  au  parlement  de  Diipn,  ancien  premier  president 
de  la  Cour  royale  de  Lyon,  etc.,  prononce  a  Y Academic  de 
Lyonle  29  mai  1826,  par  ff onore  Tokomb'ert.  Lyon,  1826; 
Perrin.  In-8"  de  38  pages. 

M.  Vouty  fut  un  vertueux  magistrat,  dans  des  tems  difficiies. 
Son  panegyriste  est  conuu  par  des  ouvrages  estlraes  sur  la  mo- 
rale et  la  politique.  L'eloge  est  ecrit  avec  talent,  et  cnntient 
des  recits  anecdotiques  d'un  veritable  interet.  On  aime  a  re- 


204  LIVRES  FRANCOIS. 

trouver  ici  cc  moL  d'un  illustie  ccrivnin,  juafcuicnt  apjjliqutii 
M.  Vouty  :  II  lui  a  toiijottrs  mei/iquc,  pour  reussir,  une  passion 
ct  un  vice  :  Canibition  ct  I'hypociisie.  L. 

99.  — *  Lettres  inedites  de  M""  dc  Maintenon  ctde  M""  la 
princesse  dks  Ursins.  Paris,  1826.  Bossange  frores  ,  quai  Vol- 
taire, 11"  II.  4  vol.  in-8"i  prlx  ,  28  f'r. 

II  serait  injuste  de  coiifondre  ce  recueil  avec  lant  de  vicille- 
ries,  malencontreusement  exhumees,  donl  on  nous  inoiide  dc 
toutes  parts.  La  correspondance  etablie ,  pendant  dix  ans, 
entre  la  confidcnte  de  tous  les  secrets  de  Louis  XIV ,  et  la  prin-- 
cesse  placee  par  ellc  a  la  cour  de  Madrid  pour  y  joucr  ,  noii 
sous  le  inanteau,  mais  sous  la  cornette,  Ic  role  de  premier  nii- 
nistre  de  Philippe  V,  pent  servir  a  faire  mieux  connnitre  I'e- 
poque  la  plus  inlcressante  de  I'liisloire  du  grand  roi,repoque 
de  ses  revers  et  deson  veritable  courage.  Ce  n'est  point  le  ta- 
bleau des  evenenaens  qu'II  faul  chercher  dans  les  leltres  de  nos 
deux  dames  diploraates  ;  mais  la  peinture  de  la  sensation  que 
produisaient  les  evcnemens  sur  la  cour  de  Versailles  et  sur  la 
cour  d'Aranjuez,  les  intrigues  qui  en  preparerent  quclques- 
uns,  les  ressourccs  et  les  esperances,  la  p^nurie  et  lescrainles 
des  deux  cabinets,  I'esprit  des  courtisans  et  celui  du  jteuple 
dontla  voix  penetrc  eiifindans  les  palais  des  grands,  (juandla 
peurs'yestdeja  inlroduite.Onpuisera  dansles  lettres  doM"""  de 
Maintenon  une  foule  de  renseignemens  instructifs  sur  I'elat  on 
se  trouvaitla  France  lorsque,  apres  trenteannecs  de  victoircs, 
elle  n'apprenait  plus  que  des  dcfaites,  elle  voyait  la  famine  do- 
peupler  ses  hameaux,  et  tant  de  morls  preraaturees  couvrirdc 
deuil  eette  familje  royale  si  long-lems  environnee  de  fetes.  L'a- 
mie  de  Louis  XIV  raconle  en  detail ,  avec  une  finesse  d'csprit 
pen  commune,  cette  crise  memorable  que  tant  d'ecrivains  ont 
relracee,  et  tjui  est  jieinte  surtout  avec  tant  d'eloquencc  et 
de  profondeur  dans  le  Tableau  litteraire  de  la  France  an 
xviii*  sLcclc  par  M.  Victoria  F'abre.  La  princesse  des  Ursins 
nous  doune  le  rc'cit,  moins  important  ,  mais  peut-ctre  plus 
dramatique,  des  troubles  dc  la  cour  de  Philippe.  Le  lectcur 
suit  avec  die  la  rcine  d'Espagne  forcce  de  quitter  Madrid  me- 
nace [)ar  les  Porlugais,  manuuaiit  de  lit  dans  sa  route,  ct  nc 
subvcnant  aux  frais  du  voyage  qu'avec  de  I'argcnt  cmprunte. 
II  souril  de  la  mauvaise  humeur  de  la  princes'^c  coiilrc  cetle 
infdine  Catalogue  ,  oil ,  dit-elle,  on  r/e  pcutfairc  unjias  sans 
trouver  des  bnissons  plei/is  d'une  canaille  enragce ,  ex]ires«ions 
qu'on  croirait  exlraites  de  quelquc  bulieiin  de  1809.  Bientot , 
i!  voif  ,  au  lieu  de  cottc  canaille,  io  bon  pciij)le  de  Madriil  en 
toi.'rcr  Irurs  sonvcrains  de  rctour,  S'il  i'aiit  en  cror.c  M"""  des 


SCIENCES  MORALES.  ao5 

Ursins,  « I,es  uns  pleuraient  de  joie,  et  demandaient  au  ciel 
que  LL.  MM.  eussent  cinquante  enfans  qui  durasscnt  plus  que 
le  monde;  les  autres  riaient  et  faisaient  des  grimaces  tres-ridi- 
cules  ;  il  y  en  cut  de  si  transportcs  envoyantJa  reine,  qu'ils 
poussorent  la  folic  jusqu'a  lui  dire  qu'ils  Tairaaient  plus  que 
DIeu.«      ' 

Les  deux  auteurs  de  ces  lettresavaient  dans  I'esprit  de  la  jus- 
tcsse  et  de  la  portee;  leur  caractere  ne  inanquait  ni  de  force 
ni  d'energie.  Seulement,  on  remarque  en  general ,  dans  leur 
maniere  d'envisager  I'avenir,  une  difference  qui  rend  plus  pi- 
quante  la  lecture  deleur  correspondance.  La  princesseselaisse 
facilementalleraresperance.  M""^^  de  Maintenonse  defend  avec 
])eine  du  desespoir.  Cette  sorte  d'opposilion  est  expriniee  avec 
bonheur  dans  ces  lignes  de  ia  foudatrice  de  Saint-Cyr :  «  Vous 
nous  voyez  bien  des  troupes,  beaucoup d'argent, et  un  nombre 
suflisant  d'excelleus  generaux;  vous  voyez  les  ennemls  embar- 
rasses et  las  de  la  guerre  :  malheur  a  ceux  qui  voient  tout  le 
contraire!  — Vous  voyez  rarcliiduc  se  promenant  aubord  de 
ia  mer,  au  mois  de  Janvier,  dims  le  dessein  d'accoulunier  les 
Catalans  a  une  promenade  qui  lemette  en  ctat  de  se  sauver  par 
quelque  miserable  barque,  qui  pourrait  bien  perir;  je  le  vois 
ailer  vers  la  mer,  pour  apercevoir  des  premiers  une  puissante 
flolte  qui  lui  amene  quarante  mille  hommes  commandes  par 
M.  le  prince  Eugene.  — Vous  voyez  le  comte  d'Oropesa  mort ; 
nous  avons  bien  oui  dire  qu'on  a  jete  quelques  pierres  dans 
son  carrosse. — Vous  voyez  une  paix  glorieuse  qui  nous  meltra 
tous  en  repos  et  en  joie,  et  j'en  crains  une  plus  triste  que  la 
guerre.  Voyez  aprcs  tout  cela,  Madame,  si  je  profite  de  toules 
les  railleries  dont  la  reine  ct  vous  m'aceablez. » 

II  y  a,  cependant,  coninie  on  le  pense  bien ,  un  pen  d'esa- 
geralion  dans  ce  double  portrait.  Les  chateaux  en  Espagne  de 
la  princesse  ne  sont  pas  toujours  si  brillans,  et  la  inelancolie 
de  sa  protectrice  n'est  pas  souvent  si  ombrngeuse.  Mais  il  n'en 
est  pas  moins  tres-curieux  de  comparer  leurs  previsions  et 
leui's  calculs  opposes.  Cette  comparaison  eut  ete  plus  facile  et 
plus  agreable,  je  crois,  si,  au  lieu  de  reunird'un  cote  toutes 
leslettres  de  M""=  deMaintenon,  et  de  I'autre,  toutes  celles  de 
la  princesse,  les  editeurs  eussent  donne  alternalivemeiit  une 
epUre  de  chacune  de  ces  dames.  II  me  semble  que  c'etait  la  ma- 
niere la  plus  convenable  de  disposer  le  recueit.  Mais,  telqu'il 
est ,  il  devrait  avoir  du  succes ,  d'autant  plus  qu'on  y  trouve  , 
particulierement  dans  les  lettres  de  M""=  de  Maintenon,  des 
modelcs  du  style  epistolaire.  T.  R. 

100.  —  Question  d'etat  civil  et  historique  :  Napoleon  Buona- 


^o6  UVRES  FRANCAIS. 

pane  est-il nc  Francais?  par  M.  Ec.k.aru   Paris  ,  1826;  Everat. 
In-8"  de  3i  pages;  prix,  i  fi.  fi. 

Ly  veritable  daii^  de  la  naissanue  de  Napoleon  Bonaparte 
n'a  d'aulre  importance  que  celle  qui  s'altaclie  aux  inoindres 
particularites  de  la  vie  d'un  homme  dont  la  renoiiunee  a  oc- 
cupe  le  monde  pendant  un  quart  de  siecle  ;  tar  11  importe  fort 
pen  a  la  France  et  a  Bonaparte,  <ju'il  soit  ne  avant  ou  apres 
la  reunion  de  la  Corse  au  royauine.  li  est  bien  evident  que, 
I)ar  le  fait  de  la  reunion,  tout  citoyen  corse  est  devenu  sujet 
du  roi  de  France,  et  Francais,  a  moins  qu'il  n'ait  fait  acte  de 
soumissioii  a  queiqu'autie  prince,  et  ne  se  soit  naturalise  dans 
une  autre  contree.  II  n'en  esi  pas  ainsi  de  Bonaparte;  la  date 
de  sa  naissance  nc  peul  rien  clian^jer  a  son  etat  civique.  Quoi 
fju'il  en  soit,  I'autcur  prouve,  d'une  maniere  ([ui  nous  semble 
a  pen  pres  auihenlique,  que  la  veritable  dale  est  bien  celle 
qui  a  ete  long-tenis  reconnue  ofriciellement,  le  i5  aout  1769, 
et  non  le  5  fevrier  1768,  date  que  plusiei-rs  persoiines  et  I'au- 
teur  luinieme,  aliirs  mal  informes,  avaient  voulu  faire  preva- 
loir.  Cette  brochure  donne  ausii  sur  la  genealogie  de  N.  Bona- 
parte, sur  I'age  de  Joseiiliine  et  sur  I'acte  de  leur  mariage , 
des  renseignemens  (jui  ne  nianqucnt  pas  d'interet.  Une  note 
poric   que   cot  ecrit   n'a   cle  tire  qu'a  cent  esemplaires. 

A.  M. 
101.  —  *  Mcmoire  pour  M.  le  marcchal  (  Victor  j  nuc   de 
Bellunk,  sur  les  marches  Ouvrard.  Paris,  juiilet  1826.  Iii-8" 
de  180  pages,  avec  tableau.  Trouve,  in>pi  imeiir-libraii  e,  rue 
Notre-! )ar!ie-(le>-Victoires,  n"  16;  prix,  4  fr. 

Quand  toiites  lespersonnes  qui  ont  pris  part  aux  luarclics  de 
Bayonne  s'accusent  mutuellement  ou  publient  des  inemoires 
jiistificalifs  ;  I'Europe  attentive  s'etoiuiait  que  M.  le  duo  de 
Bellune,  minisire  de  la  guerre  a  cette  epoque,  demeurat  muet. 
II  rompt  le  silence  et  publie  une  brochure  tres-remarquable 
par  la  force  des  raisonneinens  qui  s'y  enchainent,  et  par  le 
style  propre  a  faire  ptnetrer  la  couviction  dans  I'espiit  des 
Jecteurs  de  bonne  foi.  Tout  cet  ecrit  est  dans  ce  passage  ; 
«.  Cerles,  je  I'avouerai  ,  dit  son  illustre  auteur,  lorscju'avec 
un  zele  dont  j'ai  peut-etre  droit  de  parier;  lorsqu'avec  des 
soins  assidus  et  passionnes  je  preparais  I'expedition  militaire 
qui  devait  sauver  I'Espagne  ,  je  ne  soupconnais  guere  que  d'a- 
vides  spcculateurs  me  contesteraient  bientot  i'honneur  d'avoir 
scrvi  I'etal ;  (|aeje  verrais  s'accrediter  d'injustes  preventions; 
que  des  preparatifs,  dont  toute  la  France  ful  temoin  ,  seraient 
revoqii^s  en  dome,  el  que  ['opinion  publique  finirait  peul- 
ttre  par  flotter  incerlaine  entre  mot  et  un  traitant  dont  toute 


SCIENCES  MORALES  —  LITTERATURE.        207 

I'habilete  fut  de  se  faire  livrer  s;ins  iiiesiire  coinme  sans  garaniie 
)es  Irosors  el  les  magjisins  de  Petal...  Toutefois  ,  je  voulais  me 
taire  sur  les  inarches  de  Bayonne,  commo  snr  lis  transactiuri!* 
de  Victoria.  »  Fort  de  sa  conscience,  le  marechal  ajoute  qu'il 
se  fut  estime  lieurfux  de  n'avoir  pas  h  rendre  plus  difficile  la 
position  dex prei'enus ,  parini  lesquels  il pourrail  relrouycr  d'an- 
ciens  cornpaf^noris  d'annes.  La  natuie  de  la  Revue  Encyclopv- 
dique  ne  nous  perinet  pas  d'entrer  dans  de  jjIus  aniples  details 
sur  1112  menioire  qui  nous  commande  la  confiance  la  plus  com- 
plete, parce  qtie  I'auleur  entre  en  matiere,  en  emeltant  celle 
incontestable  verite  :  «  Je  puis  au  moins  faire  remarqner  que 
les  homines  (pii  se  sont  fails  mes  eniiemis  ne  me  coutestent  pas 
Thonneur  d'avoir  seconde  les  jiensees  bienveilLmtes  du  feu  Roi 
pour  rarmee.  »  Celui  qui  signe  eel  article  peut  attcsler  ee  fait : 
quand  tous  les  ministres,  avant  el  apres  le  due  de  Bellune  , 
ont  repousse  les  justes  reclamations  qu'il  adressait  au  gouver- 
neinent,  conjoinlement  avec  son  camarade  le  colonel  Blarbot , 
le  due  de  Beliune,  seul,  se  ressouvint  que  nous  avions  niarche 
sous  les  niemes  di'apeaux  ,  el  il  nous  fit  lendre,  mal<;re  la  des- 
potique  obstinalion  deses  bureiiux,  iine  partie  de  la  justice  qtii 
nous  etaitdue.  B.  df,   Sai.nt  Vincent. 

Litleralurc. 

\oi.  —  *  Encyclopcdie  monerne ,  ou  Dictionnaire  abrege 
des  sciences,  des  Ictlres  et  des  arts,  avec  V indication  des  ou- 
vrages  oil  les  divers  siijets  sont  developpes  et  approj'ondis ;  par 
M.  CouRTiN,  ancien  magistral ,  rt  par  une  Socicte  de  gens  de 
lettres.  T.  VJIL  com-con.  Paris,  1826.  Au  bureau  de  YEncyclo- 
pedie moderne ,  rue  Neuve-Saint-Roch,  n°  il\.  In-8°  de  583  p.; 
prix  du  vol.,  9  fr.  (Voy.,  ci-dessus,  Rev.  Enc,  t.  xxx  ,  p.  683.) 

Une  Encyclopedic  est  une  bibliollieque  universelle  :  un 
dictionnaire  encyclopediquc  serail  celte  meiiie  bibliotheque, 
disposee  par  ordre  alphabetique.  Si  Ton  reduisail  aux  moin- 
dres  dimensions  ])ossibles  ce  \asle  depot  des  cpnnaissances 
bumaines,  on  aurait  I'ouvrage  dont  nous  annoncons  le  hui- 
tieme  volume.  Le  lecieur  n'y  apercevrail  point  de  lacune,  si 
ce  n'esl  celles  des  sciences  menies  :  on  n'y  trouverait  point 
d'erreurs,  point  de  notions  incerlaines,  ni  d'idees  vagues, 
hasardees;  eorome  les  abreviateurs  auraient  en  snin  d'ecarter 
le  luxe  du  savoir,  ils  auraient  fait  encore  plus  d'efforts  ])our  le 
montrer  pur  et  libre,  debarrasse  de  tout  melange  et  degage 
des  entraves  qui  peuvenl  gener  sa  marche.  Les  articles  ne 
paraitraient  ni  Irop   longs,  ni  irop  courts,  ct   ne  le  seraient 


ao8  IJVRES  FRAlVrAIS. 

point  en  cffet.  Mais,  de  coinbien  de  volumes  serait  compose 
ce  dicdonnaire  abrege  ?  on  ne  i)ounait  le  savoii-  qu'en  Ic 
terminant.  II  serait  a  dcsiier  que  ronvrage  fut  Ircs-etendu; 
peut-elrc  serions-nous  etonnes  de  sa  brievele. 

Les  lecteurs  n'exigeront  ceitainemcnt  point  que  I'ouvrage 
de  M.  Courtin  alteigne  la  perfection  dont  nous  venons  de 
parler;  on  se  passerait  d'encycloj)edie,  si  Ton  ne  pouvait  en 
avoir  qu'a  si  liaut  ptix.  Mais ,  comme  I'ouvrage  sera  juge , 
suivant  ropinion  que  le  litre  endonne,  et  les  conditions  que 
ce  litre  impose  aux  redacteurs  ,  il  est  indispensable  de  ne  pas 
les  perdre  de  vue  un  seul  instant,  dans  le  cours  d'un  tiavail 
aussi  long  et  d'ane  aussi  grande  importance.  Si  Ton  coniparait 
I'ancienne  encyclopedic  a  la  moderne ,  or)  en  conclurait  que 
M.  Courtin  ne  serait  pas  encore  fori  avance  dans  son  entre- 
prise ,  qu'il  lui  resterait  encore  a  faire  plus  que  les  quatrc 
cinqHiemes  de  ce  dictionnaire.  II  ne  s'agit  pas  d'examiner  si 
chaque  volume  contient  d'escellens  articles,  et  en  grand 
nombre;  on  s'y  attend,  et  cet  espoir  ne  sera  jamais  dccu  :  mais 
on  demandera  si  rctendue  de  chaque  article  est  en  raison  de 
son  importance  relative.  Si  un  seul  art  s'frnj)are  de  deux  vo- 
lumes; si  une  seule  science  ne  se  con  ten  le  pas  d'en  occuper 
trois  ou  quatre,  les  autres  divisions  de  nos  connaissances, 
traitees  avec  moins  de  faveur,  ou  menie  chassees  de  I'espace. 
qui  leur  apparlenait  de  droit,  reclameront,  par  I'organe  des 
lecteurs  qui  les  chercheront  telles  qu'ils  les  concoivent,  et  qui 
auront  peine  a  les  reconnaitrc  dans  Tetat  de  mutilation  ou  elies 
seronl  reduites.  Comme  la  majeure  p;irlie  de  I'ouvrage  est 
encore  a  faire,  il  ne  sera  pas  inutile  d'exprimer  avec  francliise 
Fopinion  d'un  assez  grand  nombre  de  lecteurs  sur  I'ensendjle 
de  ce  c[ui  a  deja  paru.  On  y  remarque  des  lacunes  qui  sont  des 
omissions;  on  regrette  que  pluslcnrs  articles  soient  irop  courts 
el  peu  instructifs,  et  que  d'autres  annoncent,  dans  un  diction- 
naire abrege,  I'intention  d'etre  plus  que  complet.  Cos  obser- 
vations critiques  sont-elles  encoie  applicables  au  volume  que 
nous  annoncons?  0«/.  Sans  iiidiquer  specialement  d<s  omis- 
sions, des  articles  trop  courts,  cl  d'aiitres  qu'il  eiit  laliu  res- 
treindre ,  nous  avons  la  certitude  cjue  les  direcleurs  de  cette 
belle  entreprise  les  connaissent,  qu'ils  oist  tie  conUaints  de 
laisser  dans  leur  travail  cette  sorte  d'iniperfection,  pour  ne  pas 
rendre  leur  marcbe  trop  lente  el  trop  pcnible.  Mais  le  public 
qui  prend  interet  a  leur  ouvrage,  puisque  c'estpour  lui  qu'il 
est  fail,  ies  aidera  volouliers  a  surmonter  les  obstacles  qui  les 
arretent;  il  exprimera  ses  voeux  qui  devraietU  etre  des  ordies, 
lorsqu^ils  sont  conformcsa  la  raison:  forts  de  cet  appui,  Ies 


LITTERATURE.  aog 

dii'tcteurs  obliendronl  des  reiranchemens,  et  pourront  donner 
place  a  un  plus  grand  norabie  d'articles :  le  livie  pourra  etre 
ouvert  plus  frequemment,  et  avec  plus  de  fruit.  Nous  propo- 
sons  done  avec  confiance  ceite  ligue  defensive  entre  le  public 
et  les  direct eurs  de  V Encyclopcdie  inoderne ,  ligue  dont  ce  que 
Ton  appelle  la  republique  des  letlres  n'a  peut-eire  point  encore 
vu  d'exemple,  et  qui  devrait  se  renouveler,  toules  les  fois 
qu'il  s'agirait  d'une  entreprise  d'une  grande  utilile,  et'dont  le 
succes  pourrait  etre  conipromis  par  des  pretentions,  des 
exigences  ou  des  inlerets  prives.  Ferry. 

io3.  —  *  Resume  de  Vhlstoire  de  la  Ulterature  italienne  ;  par 
F.  Salfi  ,  ancien  professeur  dans  plusieurs  universites  d'ltalie. 
Paris,  1826;  Louis  .Tanet,  libraire,  rue  Saint-Jacques, n"  Sg. 
a  vol.  in-8°;  prix,  6  fr. 

M.  Salfi, qwenousaimonsa  compter  parminos  collaborateurs, 
et  qui  continue  VHlstoire  Ulteraire  de  CItalie,  comminenceepar 
GiNGUENE,  a  voulu  nous  donner  aussiun  precis  de  I'histoirede 
la  litterature  italienne.  Ce  travail  se  fait  remarquer  par  sa 
rapldite  et  par  sa  precision ,  el  surtout  par  la  maniere  impar- 
tiale  dontTauteur  envisagelesdeux  ecoles  des  classiques  et  des 
romantiques(|ui  souvent,  en  outrantleurs  pretentions, perdent 
de  vue  les  vrais  principes  du  gout  et  de  la  raison.  Nous  consa- 
crerons  a  cet  onvrage  un  exanien  plus  detaille. 

io4-  —  *  OEuvres  de  Jean  Racine ,  en  un  seul  volunje  in-18. 
Paris,  1825  ;  Jules  Andriveau,  boulevard  des  Capuciues,  n°  3. 
In-i8  de  658  pages  avec  un  portrait;  prix,  8  fr. 

Nous  avons  annoncc,  lors  de  leur  publication,  les  premieres 
livraisons  des  OEuvres  de  Racine  enun  seul  volume  (Voy.  Rei: 
Enc.  t.xxvi ,  ]).  549  )•  Maintenant  que  ce  volume  est  complete , 
nous  le  signalons  a  I'attention  des  voyageurs,  des  militaires 
et  de  tons  ceux  qui,  par  gout  ou  par  necessity,  reclierclient 
les  editions  conipactes,  et  veulent  se  former  une  bibliotheque 
choisie,  portative  et  economique.  A — e. 

io5. — *0£'«('/'e.r6?f  Gessner.  Paris,  1826;  Payen,  rue  Serpen  le, 
n°  i3.  4  ■vol.  in-32  ,  d'envlron  3oo  p.  chacun,  avec  un  portrait, 
et  douze  gravures  au  burin  ;  prix,  1 2  fr  et  1 3  fr.  par  la  poste. 

II  faut  n'avoir  pas  entiercment  desespere  du  gout  de  notre 
siecle  pour  placer  en  regard  de  tant  de  productions  informes 
qui  semblent  attester  que  noire  litterature  est  tiavaillee  par  un 
pcnible  cauchemar,  unenouvelle  edition  des  oeuvres  de  ce  bon 
Suisse  ,  qui  fut  a  la  fois  poele  ,  impriraeur  ,  dessinateur  et  gra- 
veur.  Amant  favoris^  de  la  nature,  il  lui  deroba  ses  couleurs 
pour  la  peindre,  et  resia  simple  et  vrai  comme  elle.  On  re- 
trouve,  dans  ses  Idylles,  ses  pastorales  et  ses  poemes,  ce  ca- 

T.  XXXI.  —  Juillet  1826.  14 


aio  LIVRES  FRANCAIS. 

racterenaifdesproductions  de  I'ancienne  Grcce,  que  Tart  seulne 
saurait  iiniter  et  qui  nous  Iransporte  en  idee,  avec  rautenr,daii5 
ces  jours  fabuleux  de  I'age  d'or,  dont  il  avait  les  vertiis  et  la 
candeur.  Heurcux  ceux  qui,  aj)res  avoir  traverse  des  jours 
oragcus,  oil  le  inonde  reel  s'est  prcsente  a  leur  yeux  attristes 
sous  ua  aspect  bien  different,  aiinent  a  s'oublier  avec  Gessner, 
en  revant  un  naonde  cjui  n'est  pas  entierement  chimerique  et 
qui  exista  du  raoins  dans  son  occur!  Sa  rouse  savait  tout  em- 
bellir,  et  nous  en  avons  tin  exemple  charmant  dans  son  pocme 
Am  Premier  nai'tgateur ,  oil  sa  riante  imagination  rapporte  a 
I'amour  seul  une  invention  a  laqiielie  d'auires  aulcurs  avaicnt 
donnc  pour  mobile  la  soif  de  Tor.  Si  Gessner  eut  vecu  avnnt 
Horace,  nul  doute  que  le  poete  laiin  ne  se  fiit  empresse  d'a- 
doptcr  cette  lieureuse  fiction  : « II  n'cut  ])as  alors,  dit  M.  Hen- 
nequin  ,  dans  son  Cours  de  lUteralure  (  Voy.  Kev.  Enc. .  t  xxv, 
p.  73i),  revelu  d'un  triple  airain  le  coeur  de  celui  qui,  le 
premier,  osa,  sur  une  frele  barque,  s'exposer  a  la  fureur  des 
flots.  >. 

M.  Aiine  Payen  a  suivi  pour  son  edition  la  seule  qui  existe 
dans  le  format  in-32 ,  cclle  qu'a  publiee  le  savant  bibliographe 
M.  Renouard;  c'est  assez  dire  qu'elle  est  aussi  lidele  que  com- 
plete, et  qu'elle  merite  sous  lous  les  rapports  une  place  dans  la 
bibliotheque  des  gens  de  gout.  E.  Hereau. 

1 06.  —  Morceaiix  c/ioisis  de  Burns  ,  poete  ecossais,  traduits 
par  MM.  James  Aytoun  et  J.-B.  Mesnird,  Paris ,  1826 ;  Ferra 
jeune,  rue  des  Grands-Augustins,  n°  23.  In-18;  prix,i  fr.  5oc. 

Si  les  poesies  de  Burns  n'ont  pas  encore  cle  iraduites  en 
francais,  malgre  I'estime  dont  elles  jouissent  en  Angleterre, 
c'est  peut-ctre  parce  que,  rempiies  d'expressions  qui  ne  sont 
guere  en  usage  que  parmi  les  paysans  ecossais,  clles  ont  em- 
barrasse  les  traducteurs.  Le  meilleur  moyen  de  vaincre  la  dif- 
Cculte  qu'on  eprouvait  a  les  transporter  dans  notre  langue,  etait 
sans  doute  qii'un  Ecossais  et  un  Francais  se  reunissent  pour 
les  traduire.  C'est  ce  qu'ont  fait  MM.  Aytoun  et  Mesnaid.  L'c- 
diteur  nous  apprend  qu'ils  oht  traduit  tous  les  ecrits  de  ce 
poete,  et  que  le  recucil  complet  paraitra  bientol ,  si  le  public 
accueille  favorablement  les  morceaux  choisis  que  nous  annon- 
cons.  Nous  commencerons  par  reraarquei'  que  les  Francais 
feraient  peut-elre  mieux  de  lire  leurs  vtritables  poetes,  de  se 
procurer,  par  exemple  ,  les  oeuvres  de  Lebrun  ,  dont  I'edition, 
donnee  il  y  a  quinze  ans,  n'est  pas  encore  epuisee,  que  de  se 
nourrir  de  livres  etrangers,  dont  le  raerile,  souvent  bien  Infe- 
rieur  a  celui  de  plusieurs  ouvragcs  ecrits  en  France,  ne  peut 
inline  passer  tout  entier  clans  notre  langue.  Mais,  apres  cette 


i 


LITTERATURE.  7.1% 

profession  de  foi,  nous  «Urons  volonlicrs  que,  si  le  gout  pour 
les  auteurs  .inglaii  continue,  Burns  parait  etre  I'un  de  ceux 
dont  la  connaissance  peut  faire  le  plus  de  plaisir,  et  que  les 
raoiccaux  publies  jiar  MM.  Aytoun  et  Mesnard  sc  fontremar- 
quer  par  le  bonlieur  avec  lequel  la  tourniire  et  I'expression 
poetiques  sont  rendues.  Nut  doule  que  ,  si  ces  ecrivalns  veulent 
revoir  avec  soin  leur  travail  pour  en  faire  disparaitre  quelques 
mots  impropres,  quelques  con'itructip'iis  vicieuses,  il  ne  soit 
bien  superieuraplusicurs  traductions  qui  ontoblenu  beaucoup 
dc  succes.  Parmi  les  pieces  ciu'ih  donnent  mainlenant  au  pu- 
blic, il  y  en  deux  charraantes,  Tarn  O'S/ianter  et  Le  Retour 
dusoldat.  A. 

107.  —  Onf^uentpnur  la  hrulure ,  ])oenie  par  Barrier  d'Au- 
couRT  ,  de  I'Acadeiuie  francaise.  Deuxieme  edition.  Paris, 
1826;  Touquet.  In-32  de  128  pages;  prix  ,  5o  c. 

La  resurrection  des  jcsuiles  fait  revivre  uue  multitude  d'ou- 
vrages  qui  ,  depositaires  des  iniquites  de  cet  ordre  celebre, 
dormaient  ensevelis  dans  la  poudre  des  bibliotheques.  Tel  est 
ce  poeme  en  onze  chants,  ou  Barbier  d'Aucourt  raccuse  dla- 
voir  allume  le  feu  de  vanite,  le  feu  de  sedition ,  le  feu  d'ava- 
rice  ,  le  feu  dc  vengeance,  le  feu  d'impurete.  C'est  pour  por- 
ter remcde  a  tous  ces  foux  tpi'il  offre  awpnhWc  son  on quent, 
c'est-a-dire  son  poeme.  II  est  facheux  que  le  style  en  soit  plal 
et  prosaique  d'un  bout  a  I'autre.  —  Heureusement ,  I'ouvrage 
n'est  pas  ecrit  en  vers  alexandrins.  La  legerete  du  rhyllime  de- 
guise  la  pesanleur  dc  la  diction.  Plusieurs  passages  ne  sont 
m^me  pas  sans  allrait  ])our  la  curiosite.  La  preface,  en  forme 
de  letlre,  contient  des  details  inttiressans  sur  les  querelles  rc- 
ligieuses  du  xvu™^  siecle.  Les  notes  designcnt  beaucoup  d'ou- 
vrages  des  jesuites,  ou  Ton  pourra  prendre  une  idee  de  I'ijnmo- 
ralitede  leurs  doctrines  et  de  I'esprit  de  violence  et  d'orgueil 
qui  les  aniiaait.  Ch. 

108.  — Childc  Harold  aux  ruines  de  Rome,  imitation  du 
poeme  de  lord  Byron;  par  Jristide  Tarry.  Paris,  1826;  se 
vend  au  profit  des  Grecs  ,  a  la  librairie  nioderne,  passage  Vero- 
Dodat.  Tn-8°;  prix,  1  fr.  5o  c. 

Le  poeme  de  Childe  Harold  n'a  pas  encore  cte  Iraduit  en 
vers  francais ;  la  difficulle  de  conserver  dans  une  autre  langue 
les  bcautes  de  I'original  serable  avoir  arrele  nos  poetes  dans 
une  si  grande  entreprise.  M.  de  Lamartine  seul  a  prouve  qu"il 
savait  dignement  infer preter  lord  Byron;  par  malheur,  il  n'a 
point  tente  davanlage.  Le  titre  du  petit  opuscule  public  par 
M.  Tarry  annoncc  que  ce  jeune  auleur  n'a  i>oint  non  plus  pr^- 
tendu  traduire  I'ceuvre  immortelle  du  poete  anglais;  mais  on 


Ill  LIVRES   FRANCAIS. 

m-  pout  (]ue  doniier  des  ^loges  an  dessein  qu'il  a  concu  de  Ic 
prendre  poar  son  modcle,  ct  de  reproduire  quclques-unes  de 
ses  nobles  pensdes.  Avec  Ini,  il  revolt  la  Grece;  il  s'arrele  a 
Waterloo,  medite  sur  les  ruines  de  Rome  ,  et  porte  partoul  sa 
douleur  et  son  genie. 

Trop  grand  pour  se  venger  et  trop  fier  poor  se  plaindre; 

Ce  vers  peint  toutentier  Y Harold  de  lord  Byron;  etcetessai 
offre  plnsieurs  passages  (]ui  ne  sont  pas  uioins  heureux  ;  on  y 
decouvre  de  la  facillie,  du  gout,  et  la  promesse  d'un  veritable 
talent.  C'esi  aux  Grecs  (jiie  M.  Tarry  a  consacre  le  fruit  de  son 
travail,  el  c'est  iin  litre  de  plus  a  I'inlerel  el  aux  encourage- 
in  ens  qu'il  nierite.  N. 

109.  —  Promenades  poctiques  dans  les  hospices  et  hdpitaux 
de  Paris;  dediees  a  M.  le  C"^Chaptal;  par  M.  Alhoy.  Paris, 
1826  ;  Trouve.  In-8°  de  xlviij-3a7  p. ;  prix,  6  fr. 

Ce  livre  doil  avoir  un  sort  conlraire  a  celui  des  meilleurs 
poemes  modernes,  oil  le  fond  se  fait  encore  remarquer, 
inalgre  le  luxe  des  accessoircs  :  ici  I'on  pourra  consulter 
avec  fruit  les  notes  et  I'iniroduction;  on  ne  lira  guere  les  vers. 
Voici  quelques-uns  des  argumens  de  la  deuxieinc  promenade 
(  p.  40  )  -  "  Placement  des  enfans  a  la  campagne.  —  Moyen  de 
leur  procurer  des  nourrices.  —  Meneurs  sermenles  et  caution- 
nes,  charges  de  ce  soin.- — -Visile  des  nourrices  a  leur  arrivee 
dans  I'Hospice,  etc.,  etc.  »  Tout  cela  peut  aniener  sans  doule 
des  considerations  d'hygiene,  et  meme  de  morale,  fort  utiles; 
mais  quel  poete  n'eiit  pas  echouedevant  un  pared  sujet?  E.  H. 

110. — *  Tristan  le  vojagi'ur,  ou  la  France  au  XI y^  siecle ; 
par  M.  DE  Marchancy.  T.  V  et  VI.  Paris,  1826;  Maurice  ct 
Urbain-Canel.  a  vol.  iu-8°;  prix,  14  fr.  ( Voy.  Res'.  Enc,  t.  xxvii, 
p.  239  et  t.  xxviu,  p.  571). 

La  mort,  qui  se  joue  egalement  de  nos  projets  el  de  nos 
esperances,  est  venue  surprendre  I'auleur  de  Tristan,  avanl  la 
publication  des  deux  derniers  volumes  de  cet  ouvrage.  Ou 
potivait  craindre  qu'il  n'eut  pas  eu  le  teins  de  le  terminer,  et 
qu'il  ne  restat  incomplet;  car  qui  eut  ose  enti'eprendre  de  iious 
en  donner  la  suite?  M.  de  MarcLangy  etait  du  petit  nombre 
des  auteuis  modernes  qui,  comme  MM.  de  Cliateaubriant , 
Beranger  et  ce  Paul-Louis  Courier,  mort  si  malheureusemerit , 
onl  imprime  a  leurs  productions  un  cachet  original  que  I'art 
ne  saurait  imiter.  En  essayant  de  marcher  sur  leurs  tracts,  on 
risquera  de  reproduire  et  d'exagerer  leurs  defauts,  sans  jamais 
atteindre  leurs  qualitcs.  C'est  done  avec  un  vrai  sentiment  de 


LITTERATURE.  ai3 

satisfaction  que  les  amis  deslettres  nationales  onl  accueilli,  au 
commencement  de  I'annee,  I'annonce  de  la  prochaine  publi- 
cation de  ces  derniers  volumes.  Leur lecture  ne  laisse  pas  douier 
que  I'auteur  n'y  ait  mis  la  derniere  main.  Toulefois,  quelques 
lignes  de  points  tiennent  la  place  de  la  fin  du  cliapltre  cvui^ 
probablement  le  dernier  de  I'ouvrage.  «  L'inutilile  des  rccher- 
clies  qui  ont  ete  failes  pour  trouver  la  fin  de  ce  chapii.re,  qui 
devait  elre  ccUe  de  I'ouvrage  (disent  les  editeurs),  semble 
prouver  que  la  subite  maladie  dont  I'auteur  a  ete  atteint  est 
la  seule  cause  de  cette  interruption;  ef,  quoique  son  intention 
sur  la  nature  du  denoument  ne  puisse  etre  douteusC;  notis  ne 
regrettons  pas  moins  de  ii'eu  avoir  pu  recueillir  les  graces 
naives et  originates...  Au  surplus,  en  comparant  ensemble  les 
derniers  chapitres  et  le  sixieme  volume  avec  les  preceriens,  il 
est  aise  de  se  convaincre  que  cette  lacune  suppose  deux  ou 
trois  pages  au  plus  de  texte  dont  nous  sommes  prives.  » 

Aujourd'hui  que  I'auteur  de  7>Y,y/««  et  de  la  Gaule  poetique 
est  enire  dans  cet  asile  ou  toutes  les  passions  viennent 
s'eteindre,  et  devant  lequel  les  inimities  doivent  cesser,  I'opi- 
riion  peut  encore  s'asseoir  s«r  sa  tombe  et  demander  conijjte 
a  riiomrae  public  de  I'eraploi  qu'il  a  fait  de  son  pouvoir;  mais 
peul-eire  sera-t-il  permis  a  la  critique  litteraire  de  ne  plus 
voir  en  iui  q.ue  Tecrlvain  dont  les  travaux  ont  lionore  sa  pa- 
trie  ,  et  de  Iui  departir  I'eloge  ou  le  blame  ,  en  raison  seulement 
des  beautes  ou  des  defauts  qui  se  rencontrent  dans  ses  pro- 
ductions. C'est  ce  que  nous  essaierons  de  faire  avec  Impar- 
lialite,  dans  une  analyse  consacree  a  I'examen  des  deux 
ouvragcs  dont  nous  venons  de  rapjieler  les  litres,  et  qui  sont 
lies  eiroilement  par  leur  sujet  et  par  leur  but.     E.  Heueau. 

1 1  r.  —  *  La  Bonne  faille ,  ou  le  Maire  et  le  Jesuitc;  par  Isi- 
dore Lebrun.  Paris ,  1 826 ;  Ponlliieu.  2  vol.  in-12  formant  en- 
semble VIII  et  616  pages  ;  prix  ,  6  fr. 

Le  gout  du  public  pour  tout  ce  qui  presente  des  idees  posi- 
tives, a  mis  a  la  mode  parmi  nousun  genre  d'ouvrages  pour 
lequel  il  faudra  bienlot  un  nouveau  nom  :  je  veux  parler  de  ce 
roman  politique,  lei  que  I'ont  concu  et  execute  MM.  Picard , 
Lamothe- Langon  et  les  auleurs  du  Figaro  de  la  Revolution  et 
du  Ministre  des  finances  ,  qui  consiste  a  representer  ,  sans  sor- 
tir  de  la  sphere  de  la  vie  commune,  des  evenemens  presque 
toujours  lies  a  nos  institutions,  quclquefois  meme  auient'-s  par 
ellcs ,  mais  en  general  peu  influens  liors  d\i  cercle  qui  les  voit 
naiire.  J'ai  signale,  en  rendant  compte  du  Gilblas  de  la  Revolu- 
tion (V.  Rev.Enc,  t.  xxiv,  p. /,9i.),  Ied<5faut  capital  decegenre, 
le  manque  d'interet.  En  effet ,  le  but  meme  que  se  proposent  les. 


21 4  LIVRES  FRANCAIS. 

auteurs ,  les  reduit  prcsqiic  a  faire  de  Icur  narration  une  cs- 
pece  d'optique  ou  viennent  se  peindre  iios  lois  ct  iios  cq,utuiTies 
avec  leurs  resultats  bons  ou  manvais,  et  leur  ouvrage  devient, 
pour  ainsi  dire  ,  une  piece  a  tiroir  oii  cliaque  chose,  bonne  en 
soi ,  tient  a  peine  aux  autres  parties. 

Nor.s  en  avons  une  nouvelle  prcuve  dans  la  Bonne  Ville , 
a  laquelleje  n'ai,  d'ailleurs  ,  auoun  autre  reproclie  a  faire. 
M.  Isidore  Lebrnn  s'etait  dcja  exerce  contre  Ics  deux  ordres 
envaliisseurs  que  Ton  comlile  aujonrd'luii  d'honncurs  et  dc 
biens  ,  dans  ses  brochures  siir  le  Sacrilep;e ,  et  sur  C Emigration 
indcmnisee  par  I'ancicn  regime.  Aujourd'hui,  il  rentre  en  lice 
pour  combattre  les  memes  cnneniis  ;  mais  il  a  ];ris  un  cliamp 
plus  large  :  tous  les  troubles  que  peuvent  introduirc  au  sein 
d'une  villc  populcuse  la  coterie  jcsuitique  et  la  faction  arislo- 
cratique  naissent  comme  d'eux-meines  dans  la  Bonne  Yille  :  on 
deslitue  les  pins  honnetes  gens  ,  les  nieilleurs  cltoyens;  on 
poursuit  des  phiisanterics  inriocentes  ,  comme  des  actes  punis- 
sables;  on  cherche  a  fausser  I'esprit  public;  on  prodigue  les 
revenus  publics  pour  des  dcjicnses  onoreuses  ct  inutiles  au 
peuple:  toutes  choses  que  nous  voyons  arriver  journellement, 
mais  qui,  rcunies  dans  unmeme  cadre,  appuyees  de  I'erudi- 
tion  de  I'auteur,  qui  lui  fournit  Tine  grande  quantito  d'anec- 
dotespeu  connues  ,  et  soulenurs  par  uii  style  toujour*  correct, 
rapide  et  spirituel  ,  ont  une  force  <]ue  leur  fcrait  perdre  leur 
isoleraent.  Je  n'hesite  pas  a  le  direrde  tous  les  ronians  poli- 
tiques  (je  me  sers  de  ce  mot  jusqn'a  ce  que  I'usage  en  ait  in- 
dique  un  autre),  que  j'ai  lu  jusqn'a  ce  jour  ,  la  Bonne  Ville  m'a 
paru  le  plus  approcher  dubiit.je  ne  retracte  point  ce  que  j'ai 
dit  plus  haut  sur  le  manque  d'inieret;  mais,  ce  dtfaut  excepte, 
et  je  le  crois  inherent  au  genre,  et  non  a  I'ouvi'age  ,  il  me  j)a- 
rait  difficile  de  faire  mieux  queM.  Lebrun,  malgre  un  certain 
nombre  d'invraiscmblanccs,  repandiies  surtout  dansjles  delibe- 
rations, ou  il  nous  prescnte  tous  ses  orateurs  comme  etautaussi 
instruits  que  lui  sur  nos  lois  et  sur  la  chronique  scandaleuse  des 
derniers  regnes.  B.  J, 

1 12. — *  Alais  ou  la  vierge  de  Tenedos ,  par  M°"  Adele  Da- 
MiNois.  Paris,  1826;  Pigoreau,  place  St-Germain  I'Auxerrois, 
n°  21.  In-8".  Sc  vend  au  profit  des  Grecs;  prix,  3  fr. 

Non  loin  de  I'Hellespont  est  une  petite  ile  qui  lire  son  nom 
du  rol  Tenes,  mais  dont  I'anciennete  se  perd  dans  la  nuit  des 
terns;  la  siirete  de  son  port  I'avait  rendue  fameusc  ,  et  Virgile, 
dans  son  Eneide  ,  en  a  immortalise  I'existence.  C'est  la  que  I'au- 
teur a  place  les  scenes  de  la  nouvelle  qu'il  met  aujourd'hui  sous 
les  yeux  du  public.  Alais  ,  jeune  grecque  de  Tenedos,  en  csl 


LITTER  ATURE.  '  ai5 

rheroine;  elle  apparlient  a  la  Grece  moderne,  et  par  scs  mal- 
heurs,  son  courage  et  scs  vertus,  ellc  peut  eire  revendiquee , 
coninie  faisant  partie  de  ses  tnfaiis.  Le  caracterenaif  de  la  jeune 
vierge  forme  uuc  heureuse  op])Osition  avec  I'austeilie  du  ca- 
loyer  (  religieux  grec)  Atbanase,  et  la  fougeuse  lemerite  d'Aris- 
tide,  avec  la  douleur  morne  et  silencleuse  de  Zagoria ,  pere 
d'AIais  :  uii  iniisiilman,  le  volii])iueux  et  cruel  Selim  offre  ea 
raccourci  !es  trails  distinclifs  des  hommes  de  sa  nation,  et  ces 
principaux  personnages  jiailentet  agisseiit  de  maniere  a  cap- 
tlver  I'interet  des  lecteurs.  M"*^  Daminois,  deja  connue  par  de 
nombreux  ouvrages,  a  mis  dans  ce!ui-ci  toute  la  grace  qui 
pouvait  faire  ressortir  le  sujet  qu'elle  a  choisi;  clle  a  d'ailleurs 
consacre  le  produit  de  celle  nouvelle  aux  malhcureux  Grecs, 
etceltepensce,  qui  semblelui  avoir  servid'inspiration,  a  dome 
encore  ])lns  d'eclat  a  son  talent,  et  assure  une  grande  vogue  a 
son  ouvrage.  J. 

II 3.  —  Lcs  Epoiix  malhcureux,  ou  le  Voyage  h  Moscou , 
par  M"'  DucLOz.  Paris,  1S26;  I'auteur,  rue  de  Clery,  n**  72. 
2  vol.  in-i2,  ensemble  Zj^G  p.;  prix,  5  fr. 

Une  note  nous  annonce ,  des  la  premiere  page,  que  la 
plupart  des  personnes  dont  il  est  question  dans  ce  livre  exis- 
tent encore,  et  que  I'auteur  a  seulement  change  leurs  noms; 
ce  qui  ferait  supposer  que  ce  n'est  point  ici  un  roman,  mais 
un  recit  d'aventures  et  de  calamites  rcelies ,  et  non  fictivts. 
Cependant ,  les  situations  et  les  incidens ,  qui  se  succedent  avec 
rapidite,  sont  plutot  bizarres,  cxtraordinaires,  invraisem- 
blables,  que  simples,  naturels  et  touchans.  On  lit  avec  inlerct 
la  narration,  moins  par  un  sentiment  d'affeclion  et  de  sympa-- 
tbie  pour  les  deux  epoux,  victimes  d'une  longue  suite  d'iufor- 
tunes,  que  par  un  mouvement  de  curiosite. 

La  maniere  dont  Charles  fait  la  connaissance  ou  plutot  la  ren- 
contre de  Julie ,  et,  prcs  de  mourir  d'amour  pour  elle,  flnit  par 
obtenir  son  cceur  et  sa  main;  !a  conduile  peu  delicate  d'un  jeune 
homme,  appele  Emilc,  camarnde  d'ctudes  et  ami  de  Charles, 
qui  dcvienl  son  rival  et  fait  a  Julie  la  declaration  tresincon- 
venante  de  la  teudresse  qu'elle  lui  a  inspirce;  le  voyage  des 
deux  epoux  qui  s'arretcnt  dans  quelques  villes  d'AIlemagne, 
en  allant  rejoindrc  I'arniec  francaise  en  Russie;  la  deplorable 
catastrophe  qui  livre  Julie  a  la  brutalite  u'un  cosaque,  que 
Charles  tue  entre  ses  bras;  la  singuliere  delivrance  d'Eraile, 
fait  prisonnier  par  les  Russes,  puis,  recu  dans  un  chateau  ou 
sont  des  amazones  raasquees,  condamnc  a  ctre  fusille,  atteint 
d'une  balle,  sauve  par  la  jeune  et  belle  chatelaine  qui  lui  ra- 
ronte  sa  propre  histoire,  aussi  denuee  de  vraisemblance  quQ 


ai6  LIVRES  FRANC AIS. 

toutes  celles  des  aurres  personnages  du  roman  ,  et  qui  lui  offie 
inulilementsa  fortune  et  sa  main;  beaucoup  d'aulres s'mgulieres 
vicissitudes  qui  se  rattachenl  an  terrible  drame  dc  I'incendie 
de  Moscou  et  de  la  relraife  des  Francais,  dont  plusieurs 
milliers  meurent  a  la  fois  par  Ic  frnid  et  par  la  faim;  la  con- 
servation rairaculeusement  prolongee  de  Julie,  de  sa  vie  et  de 
sa  beaute,  au  milieu  des  plus  ciucUcs  epreuves  et  de  tous  les 
genres  de  soulfrances;  enfin,  la  mort  de  cetle  heroine,  et 
renvoi  en  France  du  cerciieil  qui  renferme  ses  restes ,  la  cir- 
constance  falale  qui  fait  que  Charles  se  trouvc  voyager  dans 
la  mfime  voitnre  dans  laquelle  est  transporte  le  corps  de  son 
Spouse;  la  mort  volontaire  de  cet  infortune  jeune  homme,  a 
peine  age  de  21  ans,...  tels  sont  quelques-uns  des  evenemens 
et  tel  est  le  denouement  tragique  de  cette  lamentable  his- 
toire,  ecrile  d'un  style  rapide,  mais  tres-negligo,  meme  in- 
correct, sans  aucune  reflexion  ni  pensee  morale,  qui  ne 
m^rite  ni  des  eloges  (car  c'estla  production  d'une  imagination 
malade  et  d'une  plume  fort  pen  exercee),  ni  une  critique 
severe:  car  c'est  I'ouvrage  d'une  dame.  Peut-eire,  en  melant 
des  fictions  a  des  verites,  elle  a  vouhi  consacrer  le  souvenir 
de  personnes  qui  lui  furent  cheres  :  peui-^tre  a-t-eile  en  effet 
connu  deux  jeunes  epoux  eprouves  par  de  grands  malheurs  et 
moissonnes  par  une  mort  cruelle,  a  la  fleur  de  leur  age,  dans 
cetle  campagne  desastreuse  qui  ouvrit  le  gouffre  ensangianl^ 
dans  lequel  fut  precipitc^e  cette  nation  si  courageuse  et  si 
fiere,  naguere  triomphante,  qui  s'elait  avanceeavcc  confiance, 
sur  la  foi  d'un  chef  aventnreux,  sous  une  longue  avenue  de 
lauriers.  M.  A.  J. 

11^.  —  La  Religieuse  d'Jrrouca.   Paris,  1826;  Baudouin 
freres.  In-12  de  i56  pages;  prix,  3  fr. 

Edouard  Pembroke,  attache  a  retat-niajor  de  I'armee  an- 
glaise,  voyageait  dans  la  partie  du  Portugal  qui  est  situee  entre 
leMondego  et  le  Donro.  Dans  le  cours  de  son  voyage,  il  alia 
visiter  le  couvent  d'Arrouca.  II  y  rencontra  une  jeune  novice, 
Catherine,  qui,  peu  de  temps  aprcs,  lui  consacra  les  plus  ten- 
dres  soins ,  lorsque  ,  defendant  les  approches  du  couvent  con(re 
un  parti  Francais,  il  cut  ete  dangereusement  blesse.  Chez  lui, 
la  reconnaissance;  chez  la  jeune  portugalse,  I'interet  et  lapilie, 
devinrent  I'origine  d'un  amour  passionne.  Bienlot ,  Catherine, 
entrainee  ,  consent  a  renoncer  a  sa  pieuse  vocation  ;  mais  pour 
obtenir  I'annulation  de  ses  vceux  ,  I'appiH  de  son  oncle,  grand 
inquisiteur  a  Coimbre,  lui  est  necessaire.  Edouard  la  suit  dans 
cetle  ville,  ou  il  attend  avec  anxiety  le  resultat  dc  sa  visite.  De- 
puis  eel  instant,  la  destinec  des  denx  amans  est  enveloppee 


LITTfiRATURE.— BEAUX-ARTS.  217 

d'une  sorte  de  mystere  :  Catherine  ne  fait  point  connaitre  la 
decision  de  son  oncle  a  Pembroke,  que  le  desespoir  conduit  a 
I'ariTic^e,  ou  il  s'expose  aux  plus  grands  dangers,  indifferent  a 
la  conservation  d'une  viedesormais  sans  charmespour  lui.  Plus 
tard,  il  ne  retrouve  ceile  qu'il  aime  que  pour  la  voir  monrir 
enire  ses  bras.  Telle  est  I'analyse  dii  ronian  que  nous  venons  de 
lire;  conime  on  le  volt,  les  incidens  y  sonl  pen  nombreux  ;  le 
style,  ordinairement  simple,  devient  quelquefois  prttentieux 
et  meme  obscur,  lorsque  Tauteur,  qui  d'aiileurs  rencontre  sou- 
vent  dcs  pensees  fines  et  vraies,  cede  au  desir  de  paraitre  pro- 
fond.  L'hisloire  de  la  religieuse  d'Arrouca  paralt  avoir  etc  in- 
spiree  par  la  nouvelle  de  M^e  de  Duras  :  on  trouve  entre  ces 
deux  ouvrages  plus  d'un  rapport;  et  les  editenrs  du  dernier, 
en  adoptant  le  meme  format  et  la  meme  impression ,  ont  semble 
manifester  le  desir  de  ie  voir  place  a  cote  d'Ourda.      A — U. 

Beaux-arts,  archeologie,  numismatique. 

II 5.  —  *  OEuvres  completes  de  Palladio  ,  nouvelle  edition 
contenant  les  quatre  livres,  avec  les  planches  du  grand  ouvrage 
d'Octavc  ScAMOZzi  et  le  traite  des  termes ;  le  tout  reelifie  et 
complete  d'apres  des  notes  et  des  documens  fournis  par  les 
premiers  architectesde  I'ecole  francaise;  par  Chapuy,  ex-of6- 
cier  du  genie  maritime,  ancien  elevc  de  I'Ecole  polylechnique, 
et  Amedee  Beugnot,  architccle  de  Paris.  Paris,  1826;  Cor- 
reard ,  rue  Traversicre  Saint-Honore,  n°  33.  L'ouvrage  se 
composera  de  trente  livraisons  in-folio ,  composees  chacnne  de 
dix  planches  et  d'environ  deux  feuilles  et  demie  de  teste.  II 
en  a  deju  paru  dIx.  Prix  de  cliaque  livraison,  6  fr. 

L'architecture ,  fille  de  la  necessite  et  du  genie,  porte  dans 
tous  ses  ouvrages  I'empreinte  de  cette  origine  :  humble 
avec  les  humbles,  a  la  voix  des  puissans  de  la  terre,  elle  batit 
des  palais  somptueux  et  eleve  des  temples  a  la  divinite. 

Toules  les  nations  ancienncs  ont  eu  un  caractere  d'archi- 
tecture  cjui  leur  etait  propre ;  les  Egypliens,  les  Indians,  les 
Grecs,  les  Arabes ,  et  meme  les  nations  de  I'Europe  occi- 
dcntale,  dans  le  moyen  age,  ont  laisse  des  monumens  qui 
offrent,  entre  eux,  la  difference  qui  existait  entre  les  usages 
religieux  et  civils  de  ces  nations,  le  dimat  qu'elles  habitaienl 
et  les  materiaux  que  fournissait  le  sol.  L'Europe  raoderne 
seule,  si  ficre  de  sa  civilisation  el  de  ses  lumieres,  a  tout 
emprunte  aux  tems  anciens  :  I'eclat  dont  elle  brille  n'est  que 
le  reflet  de  celui  de  I'antiquite;  mais,  aiosi  qu'il  arrive  souvent 


ai8  LIVRES  FRANCMS. 

aux  iinitaleurs,  on  a  fnit,  en  Europe,  un  usage  nialadroit 
d'une  architecture  cruee  ])our  d'autres  besoins  et  pour  un 
autre  clinial.  N'est-il  pas  oUange,  par  exemple,  de  voir  sur 
les  bords  de  la  Spr<5e  et  de  la  Neva,  sons  un  climat  rigoureux 
oil  I'liiver  amoncele  les  neiges,  des  monumens  empruntcs  au 
ciel  loujours  pur  de  la  Grice? 

Apres  la  barbaric  du  nioyen  age,  lorsque  le  commerce 
devint  una  source  de  puissance  et  de  richesse,  on  vit,  en 
Italic,  un  grand  noinbre  de  jietites  rei)ubliques  rivaliser  d'ef- 
forts  et  de  gloirc ;  Venise,  la  premiere,  pent-  etre,  appela 
les  arts  dans  son  sein.  Fondee  par  de  malheureux  fugitifs  , 
echappes  an  fer  des  barbares  qui  finirent  par  renverser  I'em- 
pire  remain,  Venise,  soutenue  par  le  courage  que  fait  naitre 
le  besoin  de  I'independance,  etait  devenne  une  puissance  re- 
doutable ,  et  il  est  digne  de  remarque  que  cetle  republiquc 
fut  delruite,  au  noni  d'un  grand  peuple  qui  appelait  les  autres 
nations  a  la  liberie.  Batie  au  milieu  des  lagunes,  ses  palats 
baignes  par  la  mer  et  par  les  canaux  qui  lui  servent  de  rues, 
offraient  des  difficuUes  d'execution  qui  tournerent  au  profit 
de  I'art  :  partout  le  genie  de  I'horame  sort  vainqueur  des 
obstacles;  aussi,  il  n'cxiste  peut-ctre  pas  de  pays  qui  ait  pro- 
duit  un  aussi  grand  nombre  d'architecles  habiles  que  Venise  j 
celte  ville,  maintenant  decliuc  de  touie  puissance  politique, 
et  dont  les  flots  de  la  mer  finiront  peut-etre  par  reconquerir 
le  sol  qu'elle  leur  avait  ravi ,  vivra  elernellement  dans  les  pro- 
ductions des  arts  qu'elle  a  si  libcralement  proteges,  Tilien, 
I'cmule  de  Raphael,  Le  Tintoret,  Paul  Veronese,  Schiarone 
et  beaucoup  d'autres,  ont  illustre  I'ecole  venitienne;  Sansorino, 
Bartolomeo  Cregno,  Scarpagnino,  Bergamasco,  Palladio,  da 
Ponte,  deux  fois  vainqueur  de  Palladio  (i),  Scamozzi ,  etc. 
servent  encore  de  modcles;  et,  ]>armi  les  sculi)teurs  que  la 
republique  de  Venise  s'honorait  d'avoir  produits,  il  en  est  un, 
Canova  ,  dont  la  perte  recente  a  fail  naitre  des  regrets  qui  ne 
sont  pas  encore  calmes. 

Dans  le  nombre  des  architectes  que  je  viens  de  nommer,  il 
en  est  un  dont  les  travaux  et  les  ccrits  sont  devenus  I'objet 
d'une  etude  cotistanle  et  d'une  admiration  bien  meritee.  Palla- 
dio est  celui  qui  a  su  le  mienx  appliquer  I'archltecfure  grecque 


(i)  En  i577  el  en  iSSg,  lorsqu'il  fut  qaestion  de  restaarer  le  palais 
ducal  et  de  balir  le  pont  de  Rialto  en  plerre.  (  Cicognara;  le  Fabbriche 
pi'u  cospicue  di  yenezia,) 


BEAUX- ARTS.  219 

a  DOS  Edifices  et  a  nos  besoins  modernes.  Son  genie  plane 
encore  sur  Veiiise;  Vicence  liii  doit  ses  plus  beaux  edifices,  et 
les  liabitans  se  felicitent  encore  de  posseder  des  delices  palla- 
dlennes ;  car  c'est  ainsi  qu'ils  ap[)cllent  les  palais  coDStruits 
])ar  Palladio.  Fori  de  son  genie  ,  Fort  de  ses  eludes,  ce  celebre 
arehifecte  a  laisse  des  trailer  doni  MM.  Chapuy  et  Beugnot 
publient  une  edition  nouvelle,  avec  les  augmentations  que  le 
litre  indiqae.  Les  planches  jointes  a  ces  traites  en  sont  une 
j):irlie  tres  importante ;  IM.  Chapuy  s'est  servi,  pour  les  repro- 
duire  ,  de  la  lithographie,  cet  art  encore  iiouvcau  et  qui,  dcja, 
satisfait  a  lant  de  besoins;  ce  travail  est  fait  avec  une  r.ettete 
et  une  precision,  tclles  qn'on  peut  I'csiger,  lorsqu'il  s'agit 
d'une  elude  que  le  conipas  dirige. 

Je  ne  doule  pas  que  cette  nouvelle  edition,  pour  laquelle 
MM.  Chapuy  et  Beugnot  ont  invoque  le  secours  des  architecles 
de  Paris  les  plus  cclebres,  ainsi  qu'ils  Ton  fait  connailre  par 
Taverlissenient  place  en  tete  de  I'ouvrage,  n'obllenne  le  succes 
qu'elle  mcrite;  elle  me  seinble  propre  a  lever  beaucoup  d'in- 
cerlitudes  que  les  premieres  editions  avaient  laisse  subsislerl, 
et  a  remplacer,  dans  les  mains  de  ceux  (|ui  etudient  I'archilec- 
ture,  pliisieurs  traites  dont  la  rarete  et  le  defaul  de  concor- 
dance rendaient  I'usage  difficile,  etla  possession  tres-dispen- 
dieuse. 

1 16. — *  Cathedralcs  frnncaises ,  dessinees  et  lithographiees 
par  Chapuy  ,  ex-oflicicr  du  genie ,  ancien  elcvc  de  r£cole  Po- 
lylechni(]ue;  avec  un  texle  historique  et  descrlptif,  par  /.  de 
JoLiMOJVT,  inembre  de  plusieurs  academies,  auteur  de  plusieurs 
ouvrages  sur  les  niociirs  et  les  anliquites  da  moycn  age;  pu- 
bliees  par  Engelmann,  iuiprluieur-lithographe,  a  Paris.  L'ou- 
vrage  enlier  conliendra,  en  trente-six  livraisons  ,  la  descrip- 
tion d'environ  vingt-cinq  calhedrales.  Ciiaquc  livraison  ,  com- 
posee  de  cinq  planches  et  d'une  feuille  de  teste,  format  grand 
Jesus  in-4*',  coute  6  fr.  avec  les  epreuves  stir  papier  blanc  velin, 
et  10  fr.  avec  les  epreuves  sur  papier  de  Chine. 

J'ai  deja  rendu  nn  compte  particulier  de  cette  entreprise 
[Rev.  Enc. ,  t.  xx,  p.  4o'3  ) ,  a  roccasion  des  deux  premieres  li- 
vraisons relatives  a  la  cathedrale  de  Paris;  depuis,  il  en  a  paru 
quatre  autres  qui  comprcnnent  les  calhedrales  d'Amiens  et  d'Or- 
leans.  Ces  dcrnieres  livrai.sons  meritent,  a  tons  egards,  les  eloges 
que  j'ai  donnes  aux  deux  premieres  ,  et  le  soin  que  M.  Chapuy 
met  dans  son  travail  est  un  sur  garant  que,  jusqu'a  la  fin,  il 
sera  digne  de  Tattention  des  artistes.  Cet  ouvrage  a  eprouve  un 
peu  de  lenteur  dans  sa  marche;  pour  mon  compte  ,  je  ne  m'en 
plains  pas ;  j'ai  toujours  present  a  la  pensee  cet  adage  du  poete : 


220  LIVRES  FRANCAIS. 

Sat  citb  qui  sat  bene  ;  ce  qiienotrebon  La  Fonlainea  exprimc 

a  sn  maniere,  en  disant  : 

Le  terns  ne  fait  rien  h  I'affaire. 

Mais ,  en  general ,  le  public  aime  a  jouir  vile ,  et  M.  Cliapny  , 
qtii  avait  voulu  tout  a  la  fois  faire  les  dessins ,  surveiller  I'ex^- 
cution,  et  se  livrcr  aux  soins  maieriels  de  la  publication  de 
I'ouvrage,  avait  pris  une  tache  au-dessus  de  ses  forces;  de  la, 
le  retard  des  Iroisieme  et  qiiatricine  livraisons.  M.  Engelniann 
s'etant  charge  de  foule  la  partie  commerciale  de  I'enlreprise, 
M.  Cliapuy  a  pu  se  livrer  cnlierement  a  ses  travaux  d'artiste ,  et 
les  cinqnieme  et  sixieme  livraisons  ne  se  sont  pas  fait  attendre. 
La  catliedrale  de  Reims,  I'un  des  monuiiiens  les  plus  imporlans 
de  rarchilectiire  a  ogive,  fera  I'objet  des  sepiienie  ,  Imitieme  el 
neuvieme  livraisons  qui  doivent  blent 6t  paraitre  ;  les  different es 
ceremonies  du  sacre  el  les  decors  qni  ont  etc  composes  a  cette 
occasion  fourniront  des  dessins  extreniement  curicnx  ,  et  qui 
auront  un  double  inleret  historiquc.  Ces  livraisons,  devant 
conlenlr  un  plus  grand  nombre  de  j)lanclies,  roiiteront  il\  fr. 
Au  reste,  cbaque  cathedrale  pent  ctreacquise  scparement;  ma  is 
alors  le  prix  en  est  porte  a  8  fr.  et  a  12  fr.  pour  chaque  li- 
vraison. 

En  consacranl  son  terns  et  son  talent  a  rcproduire  toutes 
les  principaies  eglises  de  France,  dans  un  meme  format,  de  ma- 
niere  a  en  former  un  corps  d'ouvrage,  M.  Chapuy  a  rendu  nn 
veritable  service  aux  arts  comme  a  tons  ceux  qui  s'occnpent  de 
I'histolre  des  monumens  ,  et  je  suis  persuade  que  celle  cntre- 
prise  aura  tout  le  succes  qu'elle  nierite.  J'ai  deja  parle  du  teste 
a  roccasion  des  deux  premieres  livraisons  :  cclui  des  quatre  sui- 
vantes  offre  le  meme  interet;  il  contient,  outre  la  description 
exacte  de  cbaque  monument,  les  details  historiques  qui  s'y  ral- 
tacbent  el  qui  meritaient  d'etre  rappcles.  II  y  a  done  de  I'accord 
dans  cet  ouvrage,  ce  qui  finit  toiijours  par  etre  remarque. 

P.  A. 

117. — Essni  sur  les  medailles  antiques  de  Cunobelinus  , 
roi  de  la  Grande-Bretagne,  et  Description  d'une  roedaille  ine- 
dite  de  ce  prince,  par  M.  le  M"  Roger  de  La  Goy.  Aix,  1826; 
imprimerie  d'Aug.  Ponlier.  In-4°  de  20  p.,  avec  une  plancbe 
gravee  au  trait. 

Les  anus  de  la  numismalique  lironl  avec  inleret  ce  petit 
traile  dans  lequci  M.  de  La  Goy  cberche  a  prouver  ([ue  Ton 
a  en  tort  de  penser  jusqu'ici,  d'apres  i'autorit«  d'Eckhel,  que 
les  Bretons  n'avaient  point  cu  de  inonnaie  particnliere  jiisqu'au 
terns  ou  lis  furent  soinnis  j-ar  les  Romalns.  Plusleiirs  passages 


BEAUX- ARTS.  221 

de  Cesar,  de  PolydoreVirgile ,  et  de  divers  hisloriens  da  la 
Grande-Bretague,  prouvent,  au  contraire,  que  les  Bretons  se 
servaient,  sous  Icurs  anciens  rois,  de  pieces  de  bronze  et  de 
cylindres  de  fer.  M.  de  La  Goy  decrit  plusieius  medailles  de 
bronze  qui  portent  des  types  divers  et  qui  ont  pour  legende  , 
le  mot  cvNo  et  cvnobilin.  II  les  aliribue,  avec  une  grande 
apparence  de  raison,  au  roi  Cunobelinus,  dont  les  fils  Cata- 
ractacus  et  Togodurnnus  ,  scion  Dion  Cassius,  furent  conlem- 
)>orains  de  reiupereur  Claude.  Ce  Cuuobeiinus,  fameux  dans 
les  annales  brctoiincs,  est  celui  dont  Sliakespeare  a  fait  le  heros 
de  sa  tragedie  de  Cjmheline.  Toules  les  medailles  connues 
avec  ce  nom  sont  cilees  dans  les  ouvrages  de  numismatistes 
anglais,  et  aucune  d'elles  n'a  ete  decouverte  en  France  :  cette 
parliciilarilc  a]>puie  encore  I'opinion  de  M.  de  La  Goy,  et  sa 
decouverlc  I'emplit  une  lacune  dans  nos  medaillers,  en  y  placant 
des  monnaies  de  la  Grande-Bretagne  dont  lis  avaientete  prives 
jusqu'a  present.  Ce  jjiemier  ouvrage  de  I'auteur  doit  I'encou- 
rager  a  continuer  ses  Iravaux  numismaliques.       Dumersan. 

1 18. —  La  Grace  ^  scene  lyrique  ,  chantee  par  M"<'  Fremont 
au  concert  du  9  mai  donneau  Vauxhall  par  messieurs  les  ama- 
teurs; paroles  de  M.  A.,  musiquc  de /.-^.  Delaire,  rcduite 
avec  accorapagnement  de  piano  par  I'auteur :  M""  Dorval ,  rue 
de  la  paix,  n"  9.  18  planches  iii-folio;  pris  ,  7  f'r.  5o  c. 

Cette  scene,  paifaiteinent  disposee  pour  la  musique,  ne 
pouvait  maiiquer  d'inspirer  des  chants  heureux.  Ceux  qui  I'ont 
entendue  out  pu  s'apercevoir  que  M.  Delairs  a  une  grande 
connaissance  des  effels  d'orchestre,  et  fait  des  divers  instru- 
raens  un  emploi  estremement  judicicux.  Bien  que  ce  morceau 
perde  a  elre  rcduit  au  piano,  on  y  trouvera  toiijours  des  for- 
mes de  chant  larges  et  reguliercs.  Les  clioeurs  a  trois  parties 
qui  reprenncnt  les  motifs  executes  d'abord  a  voix  seule  ,  sont 
d'un  effef  agrcable  ,  mais  un  pea  monotone.  La  partie  de  la 
caniate  oii  M.  Delaire  ale  mieux  reussi  est,a  mon  avis,  la  cava- 
tine  a  trois  terns :  RempUssez  un  sort  glorieux.  Uagitato  qui 
suit  retonibe  un  peu  dans  les  tournures  ordinaires  a  ce  genre 
de  mouvenient  :  ou  y  rencontre  une  imitation  a  I'oclave  qui 
n'est  jias  neuve,  mais  qui  produit  toujours  une  forte  impres- 
sion. Au  demenrant,  celle  scene  lyrique  sera  sans  doute 
recherchee,  non-seulement  de  tons  les  amis  des  Grees,  mais 
encore  de  tous  les  amateurs  de  la  bonne  musique. 

Puisque  nous  avons  eu  I'occasion  de  parler  de  M.  Delaire, 
nous  dirons  un  mot  d'un  stahat  de  sa  composition,  execute  a 
Paris  il  y  a  quelque  terns,  et  qui  a  etc  entendu  avec  le  plus 
grand  plaisir  par  les  connaisseurs.  Get  ouvrage  se  compose  de 


aaa  LITRES  FRANCAIS. 

quatorze  morceaux  dont  la  reunion  forme  iin  ensemble  fort 
satisfaisant.  L'lnlroduction  consiste  dansuu  contrepoint  a  qua- 
tre  parlies,  tciit  avec  une  grande  correclion  ct  qui  annonce 
bien  la  gravile  du  sujet.  Le  duo  avcc  cha-ur  quce  mcKrebat  et 
dolebnt  est  plein  dc  grace.  La  fiiguc  a  deux  snjets  quis posset 
non  co/itristari m'3i  sciiible  msl  adaptt'e  aux  p;iroIcs;  pcut-clre 
cela  ne  tient-il  qu'a  I'liabitude  vicicuse  que  Ton  a  prise  d'exc- 
cuter  les  morceaux  dc  cc  genre  par  saccades  et  d'une  manicre 
toul-a-fait  dcpourvue  de  grace  et  d'cxprcssion.  Je  suis  force  de 
l)asscr  sur  beaiicoup  dc  morceaux  de  cct  ouvrage  qui  me  four- 
niraient  dcs  reinarqiies  de  qiielque  inleret;  mais  je  ne  puis 
m'cmpechcr  dc  fairc  au  raoins  menlion  de  Irois  verscis  qui 
offrent  des  melodies  clinrmantes ,  le  solo  de  Icnore  vidct  suiim  , 
le  ch'Kur  dcs  dessus  tui  nnti  ct  le  cliceur  a  due,  virgo  virginum; 
raccomnagnement  de  violonceile  employe  fort  a  propos  dans 
ce  dernier  jnorccau  rappclle  I'air  cliarmanl  Ac  Joseph  :  hclas 
quand  la  marl  trap  cruelle.  Je  dirai  aussi  un  mot  d'un  autre 
numero,  mais  ce  ne  sera  pas  pour  lui  donncr  des  cloges :  I'au- 
tcur  y  a  reproduit  le  cbant  ecclcsiastiqiic  du  stabat ,  en  lui  ira- 
posaiit  un  rliyllirae  qui  kw  otc  tout  son  cliarme ;  il  n'cst  pas 
plus  licureux  lorsqu'il  reprcscnle  cc  meme  diant  avec  un  ac- 
compagncmcnt  plaque  :  dans  ce  genre  d'liarmonie  qui  n'est 
autre  chose  que  du  contrepoint  de  premiere  espcce,  oil  doit 
surtout  eviter  les  accords  blancs,  c'cst-a-dii'c  qui  ne  ])ortent 
que  Toclave  ou  la  quinle,  etc'est  ce  que  M.  Delaire  n'a  point 
fait.  Son  contrepoint  fleuri  sur  un  plain-chant  ideal  estduret 
peu  tbantant.  La  fugue  finale  offre  une  entree  vicieuse,  celle 
de  la  basse  succedant  au  sojirano;  on  dolt  eviler  celle  forme 
qui  cearte  trop  I'liarmonic.  En  general,  bien  que  I\L  Delaire 
soil  un  fort  bon  liarmoniste,  c'est  toujours  dans  les  morceaux 
simples  et  gracieux  que  sou  talent  se  nionlre  avec  plus  d'avan- 
tage,  et  nous  croyons  p-3uvoir  annoncer  que  c'est  sous  ce  rap- 
port que  ses  compositions  obliendront  du  succes. 

J.  A.  L. 

Memoires  et  Rapports  dc  Societcs  savantes  ct  d'utdile 
publique. 

119.  —  *  Compte  rendu  des  Iravaux  de  I'Jcadcmie  rnyale  des 
sciences ,  belles-lettres  ct  arts  de  Lyon  ,  pendant  le  second  se- 
mestre  de  iSiS  ;  par  M.  C.  Breghot  nu  Lut  ,  president.  Lyon, 
1826;  imprimerie  de  G.-M.  Barret.  In-8°  de  /i4  pages. 

On  remartjuc,  dans  cette  courte  notice,  des  details  intcres- 
sans  sur  la  formation  de  Vccole  d'arts  et  metiers  dont  le  major 
general  Mabtin  a  dote  la  viile  de  Lyon,  lieu  de  sa  naissance. 


MEMOIRES  ET  RA.PPORTS.  ai3 

L'Academie ,  consultce  sur  I'organisation  de  cette  ecole  ,  a  pris 
les  meilleurs  moyens  de  recueil]ir  tout  ce  que  Ton  sait  sur  ces 
etablissemens  ,  et  de  connaiire  ce  que  Ton  fait  avec  le  plus  de 
succes.  Eile  ne  s'est  pas  bornec  a  consulter  les  livres ;  I'un  de  ses 
membres  a  ele  charge  de  visiter  les  ccoles  acluelles  et  d'inter- 
rogcrles  plus  habiles  profcssenrs,  et  surtout  M.  Ch.  Dupin.  On 
veut  que  cetle  ecole  dc  La  Martiniere  conlribue  efficacement 
aux  progres  de  I'induslrie  lyonnaise,  qu'eile  soit  dans  tous  les 
tems  un  rempart  contre  les  dixpcsilions  ho.ttiles  des  Anglais.  II 
scmble  que  de  long-teins  nos  induslrieux  compatriotes  n'auront 
I'ien  a  craindre  de  ces  disjiosition.i ,  et  qu'iis  sont  beaucoup  trop 
avances  dans  la  carricre  jiour  que  leurs  rivaux  de  la  Grande- 
Brefagne  les  atleigiient  proniptement,  nitine  avec  les  immenses 
ressources  de  letirs  capilaux  ,de  leurs  machines  et  de  leur  In- 
dustrie; mais  r«.'mul;ition  des  Lyonnaisn'en  sera  ni  moins  utile 
a  la  prosperite  de  leurs  fabriques,  ni  nioin?  honorable  pour 
I'induslrie  francaise  ,  ni  luoins  avanlagense  pour  tout  lemonde 
commercial.  Lorsque  la  nouvelle  ecole  sera  completement  or- 
ganisee  ct  en  plelne  activiie,  I'inslruction  qu'eile  repandra  ne 
sera  pas  conCnee  dans  les  ateliers  de  Lyon,  qnoiqu'elle  soit 
dirigee  spccialement  vers  les  besoins  de  la  capitale  des  manu- 
factures francaises  :  tous  les  arts  mtcaniques  et  chiiniqucs  en 
proliteront.  C'est  en  secondant  ainsi  les  vues  d'une  administra- 
tion bicnfaisante  et  eclairce  que  les  societes  savantcs  rendent 
le  plus  de  services  ,  et  meritent  le  mieux  la  reconnaissance  pu- 
biique. 

A  la  fin  de  ce  compte  rendu,  M.  le  president  protesfe  conlre 
la  centralisation  qui  pretend  rassembler  a  Paris  tons  les  talens 
aux  depens  des  provinces,  auxquelles  on  ne  laisserait  d'autre 
emploi  que  celui  de  fournir  au  departement  de  la  Seine  des 
vivres  et  des  matieres  premieres ,  y  comprls  les  hommes  et  leurs 
facultes.  Tous  les  vrais  amis  de  la  France  ])artagent  son  opinion 
et  ses  regrets :  ils  ne  peuvcnl  voir  sans  inquietude  I'accroisse- 
ment  prodigieux  d'une  ville  unique,  ou  Ton  etablit  cliaque  jour 
encore  plus  de  fabriques  nouvelles  que  de  couvens  dans  les 
provinces  ;  oil  I'activite,  toujours  stimuiee,  s'empare  peu  a  peu 
du  commerce  de  toute  la  France,  et  ne  porte  ses  regards  si;r  le 
territoire  francais  que  pour  y  chercher  de  nouveaux  alimens 
pour  ses  fabriques.  L'interet  general,  d'accord  avec  I'equile , 
sollicite  un  partage  plus  egal  des  biens  de  la  f  ociefe  et  des  maux 
que  Ton  ne  pent  en  separer.  Rien  ne  fait  presumer  que  ce  grand 
changement  soit  prepare;  il  semble,  au  conlraire  ,  qtie  la  cen- 
tralisation fasse  de  jour  en  jour  de  nouveaux  progres,  et  que 
le^  provinces  soient  encore  menacees  de  nouvelles  pertcs.     F. 


214  LIVRES  FRANCAIS. 

Outrages  periodiques. 

lao.  —  *  Le  Speclateur  militaire ,  ouvrage  perioHiqtic. 
Paris;  avril,  raai  et  juln,  1826.  Anselin  et  Pochard  ;  bureau 
du  Speclateur  militaire,  rue  Neuve-Saint-Rocli ,  n**  2/,;  prix 
de  rabonnemtnl ,  3o  fr.  par  an;  18  fr.  pour  six  inois;  10  fr. 
pour  trois  luois. 

II  est  anjourd'hui  peu  de  sciences  qui  n'aient  plusieurs  joiir- 
nauxspccialement  consacresa  leurs  progres.  Celle  de  la  guerre 
n'en  comptait  gucre  que  deux  en  France,  et  I'un  de  ces  recueils 
etait  public  avec  rapprobation  dii  ministre.  On  avail  inscrit 
sur  la  couverture  les  nonis  de  beaucoup  d'officiers  et  d'admi- 
nistrateurs  tres-distingues,  donl  I'influence  ministerlelle  a  sans 
doute  alarnie  i'independance,  puisque  j)as  un  d'eux  n'y  a  fait 
iruprimer  une  ligne.  Yoicl  quelqnes  officiers-generaux  ou 
superieurs,  qui,  sans  prospectus,  sans  annoiices  emphaliques, 
sans  lisle  de  redacteurs  prealables,  lancent  dans  le  monde  un 
nouveau  journal  militaire.  Jiisqu'ici,  Ton  n'y  trouve  aucun 
article  de  remplissagc,  et,  si  I'entreprise  se  soutient  dans  la 
meme  ligne,  il  est  impossible  qu'elle  n'obtienne  pas  un  grand 
succes. — Les  memoires  que  nous  Irouvons  dans  les  trois 
premiers  cabiers,  sont :  1"  de  I'emplacemenl  et  de  la  popu- 
lation des  capitales,  considerees  sous  le  rapport  militaire,  par 
le  lieutenant-general  Lamarque;  2*^  observations  sur  I'educa- 
tion  militaire,  par  le  general  Fririon  ;  3°  observations  sur  les 
sieges  de  Saragosse  et  de  Burgos,  appliquees  a  la  defense  des 
places  en  general ,  par  le  general  Valaze  ;  4°  des  principales 
operations  de  la  campagne  de  i8i3,  par  le  general  Pelet; 
5°  de  la  necessite  d'oiganiser  un  corps  d'hospitaliers  militaires, 
par  M.  D.;  6"  sur  I'histoire  de  Napoleon  et  de  la  grande 
armee  en  Russie ,  par  le  colonel  Marbot;  7"  de  I'impoitance 
des  places  fortes,  notes  de  Napoleon  sur  un  ecrit  du  lieute- 
nant-general Sainte-Suzanne;  8°  historique  des  travaux  dela 
32"  demi  -brigade;  9°  notice  necrologique  sur  le  marechal 
SucHET  ,  due  ^i'ALBUFERA  ,  ])ar  le  general  Lamarque  ;  10°  ra^- 
nioire  sur  les  guerres  de  1809,  par  le  general  Pelet;  i  i"  Exa- 
men  d'un  ouvrage  du  general  ANDRE0SSY,par  le  colonel  Bory  de 
Saint-Vincent;  12°  des  princii)ales  operations  de  la  campagne 
de  i8i3,  par  le  general  Pelet;  i3"  sur  un  ecrit  du  capilaine 
de  genie  Villenei;ve  ,  au  siijel  de  I'armement  des  places,  par 
le  general  Valaze;  14°  siir  les  modes  acluels  de  remplacement 
et  de  rengagement,  ouvrage  de  M.  Tarbe  des  Sablons,  par 
M.  A.- A.  C,;  i5°  Annonces  de  divers  ouvrages.  Tons  ces  mor- 
ceaux  sont  saillans  par  les  faits  et  par  le  style.  Nous signalerons 


OUVRAGES  PERIODIQIIES.  226 

part  leu]  icrement  I'examen  des  ouvrages  de  MM.  de  Segur  et 
Gourgaud  qui  ont  fait  tant  de  bruit.  M.  Marbot,  dans  cef.  im- 
portant article  ,  n'a  eu  d'autre  but  que  la  recherche  de  la  verite 
historiqiie,  et  Ton  est  force,  apres  I'avoir  lu,  de  la  trouver 
chez  le  general  Gourgaud,  plutot  que  chez  M.  de  Segur,  dent 
les  tableaux  sent  fort  draniatiques  et  annoncent  un  grand  la- 
lejit  d'ecrire,  mats  paraissent  trop  souvent  manquer  dexacti- 
tude.  On  est  d'autant  plus  surpris  que  M.  de  Segur  nit  fait 
quelqucs  eniprunts  a  M.  Labaume ,  «  auleur  d'une  relation 
justement  critiquee  ,  qui  lui  -  meine  eraprunta  do  telles 
horreurs  a  un  ecrivain  allemand  qui  les  avait  probablement 
inventees  pour  donner  le  cauchemar  aux  bonnes  fcmmes  de 
la  Germanic.  »  Le  colonel  Marbot,  militaire  consomme,  ecri- 
vain pur  et  correct,  critique  spirituel,  avait  autrefois  ecrasc 
de  sa  logique  pressante  une  production  du  general  Rogniat  , 
dont  les  plans  no  tendaient  qu'a  bouieverser  les  principes  de 
I'art ,  ainsi  que  rorganisaiion  de  raiTjii-e  ;  i!  combat  aujourd'hui 
ce  genre  de  style  romantique  qui  voudrail  envahir  le  doniaine 
de  I'histoire,  en  s'introduisant  dans  la  maniere  d'ecrire  siir  les 
combats  et  sur  les  grandes  operations  stralegiques.        C.  N. 

121.  —  *  Rcf'ue  americaine  ,  journal  mensuel.  N"  i.(Juii- 
let  1826.)  Ce  journal  est  p.ublie  a  Paris,  par  cahier  de  8  a 
10  feuilles  et  plus,  in-8°.  On  s'abonne  chez  Sautelet,  rue  de 
la  Bourse  ;  prix  de  I'abonnement,  40  fr.  pour  I'annee  ,  a  Paris- 
46  fr.  pour  les  depariemens;  54  fr.  pour  I'etranger. 

Ce  noHvel  ouvrage  periodique  vient,  c(>mnie  la  Revue  hritnn- 
nique,  \a Bibliotheque allemafide  (voy.  ci-aprrs,  p.aSi) ,  ettpiel- 
quesautres  recueils  dunieme  genre,  servir  de  supplement  et  de 
complement  a  noire  Revue  Eucyclopedique ,  qui,  par  ceia  menie 
qu'elleembrasse  dans  son  plan  loutes  les  nations  rapprochees  el 
comparees,ne  peutpointfaireconnailreavecles  developpemen* 
coavenables.touslestravaux  et  lesprogresimportans  quirarac- 
terisent  I'activile  inlellectuelle  de  cliacune  d'elles.  Nousdevons 
necessairemcnt  nous  borner  a  un  apercu  lre=-sommaire  sur 
chaque  pays;  et  ce  coup-d'oeil  general  peut  suffire  a  I'horame 
du  monde  et  au  philosopbe.  Mais  les  hommes  qui  s'occupent 
d'etudes  speciales  sur  une  branchc  de  nos  connaissances,  ou 
sur  une  nation  en  particulier,  ont  besoin  de  documens  plus 
circonstancies  et  plus  complets.  La  situation  acluelle  du  \aste 
continent  de  I'Amerique,  I'accroissement  de  la  population  et 
de  I'industrie  dans  les  Etats-Unis  da  nord,  i'organisation  defi- 
nitive des  republiqucs  du  sud,  I'entier  affranchissement  de  ces 
colonies  espagnoles,  si  long-tems  assujeties  a  la  plus  dure  de- 
pendance,  retablissement  du  regime  represcntalif  et  constitu- 
T.  XXXI. —  Juillct  1826.  i5 


2a6  LIVRES  KllANCAIS. 

tionnel  au  Br^sildontrEmpereur a  donned  sa  nation  etadopte, 
pour  le  Portugal ,  une  charfe  calquee  sur  notre  charte  fran- 
caise,  et  perfectionnee  dans  plusieurs  de  ses  dispositions, 
rendaient  plus  necessaire  que  jamais  un  journal  uniquement 
consacre  a  cette  jeune  Amerique,  qui  donne  deja  d'utiles  et 
importantes  lecons  a  la  vieille  Europe.  II  nous  resle  a  parler 
du  premier  cahier  de  la  Revue  auicricaine ,  etablie  sous  le  plus 
noble  patronage  ,  et  qui  lait  bien  augurer  de  ce  recueil. 

La  table  des  matieres  prcsente  celle  division  :  histoire  ;  do- 
cuinens  officiels ;  sciences  physiques ,  potiliques  et  morales  ; 
applications  des  arts  a  V Industrie ,  et  commerce;  melanges. 
La  litterature  est  unc  division  naturelie  des  connaissances  hu- 
nnaines,  qui  n'est  pas  negligee  en  Amerique,  et  qui  ne  sera 
point  omise  dans  la  Revue  americaine ,  quoiqu'clle  ue  paraisse 
point  dans  ce  cahier;  car  elle  ne  peut  se  contenter  de  la  place 
qu'on  lui  assignerait  dans  la  section  des  melanges ,  oil  les  re- 
dacteurs  annoncent  qu'ils  publieront  des  extraits  «  qui  auront 
pourobjet  de  faire  connaitre  les  moeurs,  la  litterature  et  les 
beaux-arts  en  Amerique.  Nous  desirons  que  bientot  les  repu- 
bliquesdu  Sud  puissent  nous  interesser  sous  ce  dernier  rap- 
port. Necessairement,  elles  fournissent  peu  jusqu'a  present; 
mais  nous  nous  empressorons  de  recueillir  leurs  premiers  es~ 
sais.  "  Dans  les  circonstances  actuelles,  ce  qu'il  importe  le  plus 
de  connaitre  ,  c'est  le  point  de  depart  de  ces  republiques,  et  le 
chemin  qu'elles  ont  deja  fait.  Elles  ne  pouvaient  etre  sans  litt<i- 
rature  indigene;  et  cette  litterature,  peu  estimable  sans  doute 
en  elle-meme,  doit  cependant  etre  etudiee ,  non  pour  I'utilite  des 
lettres ,  mais  pour  I'histoire  de  I'esprit  humain.  La  Revue  ameri- 
ca/«e nous  feraitencoremieuxconnaitrel'Ameriquedu  sud, si  elle 
offrait  des  extraits  des  livres  qu'on  y  lit,  si  elle  citait  des  chants 
nationaux,  descontes  populaires;  si  elle  entrait  dans  quelques 
details  sur  I'eloquence  de  la  chaire  et  du  barreau,  etc.  A  ces 
recherches  sur  I'histoire  de  la  litterature  se  joindront  naturel- 
lement  cellesqui  concernent  les  beaux-arts. 

II  ne  suffitpas  non  plus  de  suivre  les  progres  de  I'industrie, 
dans  les  nouvelles  republiques;  un  journal  consacre  speciale- 
ment  a  I'Amerique,  une  rfcwe  contracte  I'engagement  de  nous 
apprendre  ce  (\yjLetait  I'industrie  avant  I'etablissement  des  re- 
publiques; car  elle  n'etait  pas  absolument  nuUe.  II  importe  de 
savoir  quels  travaux ,  quelles  exploitations  reussissaient  alors 
dans  ces  regions  immenses ,  quels  arts  y  ctaient  exerces  avec 
t]iiel(}uesucces;  car  partout  oil  des  villes  considerables  se  sont 
elevees,  avec  le  luxe  des  edifices  publics,  civils  et  religieux  ,  il 
y  a  necessairement  des  arts. 


OUVRAGES  PlfeRlODIQUES.  227 

Ce  cahier  presente  uii  bon  resume  de  ce  que  les  ouvrages 
pt'iiodiques  ont  public  sur  rAmeriqiie.  L'esquisse  historique, 
qu'on  lit  au  commencement,  n'est  pas  suffisante,  sansdoute; 
mais  elle  ne  pouvait  etre  plus  etendue.  Le  Journal  d'un  jeune 
americain  retenu  au  Chili  pendant  le  cours  des  evenemens  revo- 
lutionnaires  est  instructif  et  plein  d'interet;  mais  I'instruc- 
tion  qu'il  donne  est  incomplete,  et  quelquefois  inexacte.  UEs- 
quisse  historique  sur  Buenos- Ayres  parait  trop  courte  :  cette 
republique  a  offert  au  monde  un  spectacle  si  nouveau ,  si  re- 
marquable  a  tous  egards ,  que  Ton  ne  peut  entamer  son  histoire, 
sans  etre  entraine  ])ar  la  nature  des  evenemens,  sans  les  deve- 
loppcr  autant  qu'il  est  necessaire  pour  en  donner  uue  idee 
assez  complete.  La  section  des  documens  ofjiciels  est  ici  la  plus 
importante;  mais,  a  cause  de  son  importance,  les  journaux 
quotidiens  ont  dcja  public  tous  ceux  que  Ton  trouve  dans  ce 
cahier,  et  cet  ordre  de  publication  sera  niaintenu  dans  lous  les 
tems.  On  lit,  dans  une  note  sur  les  effets  de  la  liberie  du  com- 
merce, quelqaes  observations  dont  la  justesse  peut  etre  con- 
testee.  On  ne  peut  douter  que  la  liberte  illimitee  des  importa- 
tions ne  retarde  lelablissement  des  manufactures  daas  un  pays , 
et  qu'il  n'y  ait  des  arts  dont  une  nation  ne  peut  se  passer,  si 
elle  veut  etre  et  demeurer  independante.  Si  elle  etait  dans  la 
necessite  de  se  procurer  par  la  voie  du  commerce  exterieur  ce 
qui  est  necessaire  a  sa  defense,  elle  aurait  manque  de  prudence 
etde  sagesse.  Les  besoins  de  la  guerre  la  plus  juste  sont  nom- 
breux  ,  varies ,  immenses;  que  chacune  des  nouvelles  republi- 
ques  prenne  les  raoyens  les  plus  prompts  et  les  plus  surs 
pour  naturaliser  sur  son  territoire  tous  les  arts  qui  concou- 
rent  a  repousser  les  agressions  exterieures.  Lorsqu'un  etat 
n'a  plus  rien  a  redouter  au  dehors,  lorsque  son  indepen- 
dance  ne  peut  plus  €tre  menacee,  il  est  lems  d'y  ouvrir  les 
ports  a  un  commerce  iibre,  a  tous  les  produits  des  fabriques 
etrangeres. 

Notre  litteratureperiodique  va  s'enrichir  d'un  bon  journal 
de  plus.  Le  lems  viendra  peut -etre  ou  les  redacteurs  s'aper- 
cevront  que  les  publications  mensuelles  reviennent  trop  sou- 
vent,  qu'un  coup  d'oeil  jete  sur  un  plus  grand  nombre  d'ob- 
jets,  a  de  plus  longs  intervalles,  satisferait  encore  mieux  la 
curiosite  et  I'esprit  de  recherche,  et  qu'une  revue  trimestrielle 
presenterait  aux  lecteurs  un  tableau  tout  aussi  completet  en- 
core plus  instructif  des  progrcs  du  Nouveau- Monde  dans  la 
civilisation,  les  arts  el  les  ameliorations  morales.. 

122. — *  La  /^ra/ece  C/i/-e7«ert«e,  journal  religieux,  politique 
•et  lilteraire.  Paris,  i8a6.  — Ce  journal  parail,  depuis  le  mois 


,a8  LIVRES  FR.ANCA1S. 

d'aviil  i8'z6,  le  samedi  de  chaque  semaine,  par  livraisons  de 
Irois  a  ([uatre  feuilles ;  prix  de  la  souscriplion ,  60  fr.  jiour 
I'annec;  3!i  fr.  pour  six  laois;  17  fr.  pmir  trois  moisjon  s'a- 
bonne  au bureau  du  Journal,  rue  d'Artois,  n".  24. 

Ce  Rccueil  continue  de  raeriter  I'estime  qu'il  inspira  ,  des  la 
ptiblication  de  sou  premier  cahier,  aux  amis  d'une  sage  libcrtc, 
en  icur  faisant  connaitre,  dans  un  article  preliminaire,  ecril 
avecune  encrgique  franchise,  les  intentions  de  ses  redacteurs. 
II  nous  suffira  de  reproduire  ici  quelques  traits  de  ce  tableau, 
remarqiiable  sons  plus  d'un  rapport,  pour  mcltre  nos  lecteurs 
a  porlee  d'apprecier  cetto  nouvelle  publication  pcriodique. 
«  Notre  premiere  et  severe  attention  se  fixera  sur  I'etat  reli- 
gieux  et  moral  de  I'Europe.  Cette  Europe  est  chretienne  : 
quatre-vingt-dix  millions  de  catholiques  ,  quarante-six  millions 
de  Grecs,  quarnnte  millions  de  protestans  jieuplent  ses  divers 
etats ;  el  cependant,  sa  plus  belle  province,  cet  Orient  que  le 
ciel  a  favorise  d'un  cliraat  si  doux  ,  d'une  terre  si  fertile;  cetle 
Grece  ,  mere  des  Icttres ,  des  sciences  ,  des  arts ,  de  la  civilisa- 
tion de  I'univers  qu'elle  remplit  d'un  imperissable  souvenir, 
est  livree  depuis  six  ans  a  toutes  les  vengeances  d'une  stupide 
et  cruelle  tyrannic...  Dans  cetle  lutte  des  martyrs  contre  les 
bourreaux ,  de  la  liberie  contre  la  barbaric,  la  politique  sta- 
tionnaire  de  I'Europe  laisse ,  impassible  et  mtiette,  egorger  la 
population,  pour  ne  pas  se  disputer  le  territoire  :  I'Aiigleterre 
craint  que  la  Russie ,  maitresse  du  Bospliore,  ne  s'ouvre  vers 
I'lndostan  une  route  plus  facile  et  plus  prompte ;  la  Russie 
prevoit  que  I'Angleterre ,  apres  avoir  porte  son  trident  sur  la 
Mediterranee  ,  abandonnera  le  chemin  si  long  du  cap  de  Bonne- 
Esperance  pour  envahir  sur  la  mer  Noire  le  commerce  de  la 
Perse  ,  de  I'lnde  et  de  I'Arabie ;  I'Autriche  voit  sa  perte  dans 
ragrandissement  des  nations  rivales  ,  et  tons  tremblent  que  la 
Grece  victorieuse  et  independaute  ne  prenne  place  parmi  les 
peuples  civilises,  et  n'organise,  au  profit  du  patriotisme  et  de 
la  liberie,  ce  beau  pays  que  I'ambition  europeenne  convoite, 
ces  lies  qu'elle  se  partage  en  idee ,  ce  commerce  et  cette  route 
que  chacun  desire  et  que  personne  n'ose  conquerir.  Les  Turcs 
laissent  le  champ  libre  a  toutes  les  esperances ;  les  Hellenes 
ferment  la  porte  a  toutes  les  ambitions  de  I'Occident  :  voila  la 
source  de  cette  homicide  neutralite  qui  doit  lasser  a  la  longue 
le  patriotisme  des  fils  de  Miltiade  et  de  Leonidas,  livrer  le 
courage  au  nonibre,  I'independance  a  la  servitude,  le  christia- 
nisme  a  rinfidcllte...  Est-on  neutre  ou  complice,  en  restant 
impassible  enlre  les  victin-.es  ct  les  bourreaux  ?  n'est-ce  pas 
plulot  I'interet   ephemere  et  personnel  de  quelques  ministres 


OUVRAGES  FERIODIQIIES.  aa.j 

qui  remporte  sur  riiiteret  iinrnuable  de  I'honneur ,  du  chiis^ 
fianisme  et  de  I'liumanite  ?  »  Aprcs  avoir  demasque  la  conduite 
d'une  secle  ainbitieuse  et  formidable  «  qui  ne  cessa  jamais  de 
denaturer  la  religion,  »  et  de  I'exploiter  a  son  profit ,  et  aprcs 
avoir  trace  un  tableau  frappant  de  verile,  de  I'etat  politique 
actuel  de  I'Europe  et  des  deux  Amerlques,  I'auteur  s'arrete  a 
la  France,  et  prcsente  xme  rapide  esquisse  de  la  position  oCi 
elle  se  trouve  aujourd'hiii.  Les  cahiers  suivans  renferruent  des 
arlicles  d'une  dialectique  vigoureuse,  priricipalement  dans  les 
deux  sections  generales  ,  litterature  c\.  politique ;  mais  dont  la 
premiere  ne  se  borne  pas  a  rendre  compte  d'ouvrages  pnre- 
iiient  litteraires,  puisqu'elle  offre,  par  exemple,  une  analyse 
raisonnee  du  celebre  Memoire  de  M.  de  Montlosicr ,  du  Me- 
morial catholiqite ,  du  Memoire  pour  M.  Ouvrard ,  d'une 
brochure  intitulee  :  iVrt/'o/e'o«  devanl  ses  coiitempo/ains ,  etc., 
et  contient,  en  outre  des  epitres  d'un  chretien  a  un  catholique 
roinain.  On  y  reraarque  aussi  des  articles  pleins  d'erudition  et 
(legout,  notamment  deux  analyses  des  ceiivres  completes  de 
MM.  Jouy  et  Chateaubriand.  Dans  la  section  politique,  on 
trouve  d'abord  les  sessions  des  Chambres ;  le  compte  rendu  de 
chaque  seance  est  impartial ,  mais  severe ,  et  sonvent  accompa- 
gne  d'importanles  reflexions.  II  en  est  de  meme  pour  les  Tribu- 
naux.  Un  redacfeiir ,  homme  d'esprit ,  sous  le  nom  de  Semai- 
nier ,  donne ,  dans  nne  piquante  chronique  liebdomadaire,  des 
details  sur  tout  ce  qui  a  le  plus  excite  I'altention  du  public 
pendant  les  liuit  derniers  jours  ecoules. 

1 23.  —  *  Documens  relatifs  ci  I'etat  present  de  la  Grece  , 
publics  d'apres  les  communications  du  Comite  philhellenique 
de  Paris.  Premier  numero.  Paris,  juin  1826;  F.  Didot  pere  et 
Ills.  In-8°  de  64  pages;  prix,  1  fr.  5o  c. 

Ce  recueil  peut  etre  considere  comme  une  continuation  des 
Chroniquesdu  Levant,  que  publiaient les memes  edi teurs  ( v. lle^'. 
Enc,  t.  XXV,  p.  229),  et  doit  inspirer  autant  d'interet  et  de  con- 
fiance  aux  partisans  de  la  cause  des  Hellenes.  Les  auteurs  se  pro- 
posentd'y  consigner,  sous  la  forme  la  plus  simple,  les  derniers 
evenemens  mililaires  de  la  Grece,  le  detail  de  ses  forces  et  de  ses 
besoins,  lesactes  publics  de  son  gouvernement,  et  d'une  autre 
part,  les  divers  temoignages  de  I'opinion  francaise  et  euro- 
peenne,  les  formations  de  Socieles  philantropiques,  les  sous- 
criptions  ,  les  secours ;  enfin  ,  tous  ces  acles  qui  sont  comme  la 
protestation  permanente  des  nations  civilisees  en  faveur  de  la 
nation  grecque.  «  De  simj)les  details  ,  disent-ils  ,  des  faits  re- 
cueillis  sur  les  lieux,  sans  intenlion  et  sans  systeme,  devien- 
dront  sonvent  la    plus   jtuissante  refutation  de  ces  calomnies 


a3o  LIVRES  FRANgA.rS. 

odicuses,  dc  ccs  so[ihisnies  meurtriers  centre  un  petiple,  donf 
il  suffit  bieii  de  proldgw  le  massacre ,  sans  insulter  a  son  roar- 
tyre.  »  —  Ce  i)remier  numero  contienl,  suivant  la  division 
que  nous  venons  d'indiquer  ,  trois  sections  :  — i"  Fails  et  ei>e- 
nernens  militairex  ;  —  i°  Actes  du  gouvernement ;  — 3"  Te- 
moignages  de  V opinion  piibliquc  enfaveur  des  Grecs. —  Parnai 
les  nombreux  documens  inserts  dans  la  i"  section  sur  les  der- 
niers  momens  de  Missolonghi,  nous  croyons  devoir  citer  des 
extraits  d'une  lettre  particuliure  ^crite  de  Zante,  a  la  date  du 
i5  mai :  «  Missolonghi  vient  de  succomber  en  vue  du  pavilion 
britannique,  qui  pouvait  sauver  cette  ville  et  sa  population 
heroique.  Quoique  nous  ne  connaissions  encore  qu'imparfai- 
tement  les  details  de  la  prise  et  du  sacdecelte  ville,  dont  les 
approches  sont  severement  dcfendues  aux  caboleurs  ioniens , 
nous  Savons  que  le  sanguinaire  Ibrahim  -  Pacha  y  a  fait  nne 
nioisson  de  quatre  a  cinq  mille  tetes ,  qui  sont  journellement 
envoy^es  a  Constantinople.  On  assure  que  le  corps  de  I'eveque 
de  Rogous,  Joseph,  a  etesale  pour  elre  envoy(5  en  enlier  au  Sultan. 
Quant  aux  femmes  et  aux  jeunes  Giles,  apres  avoir  ete  livrees 
h.  la  brutalite  des  Turcs,  Ibrahim  en  a  fait  des  lots  qu'il  a  dis- 
tribucs  a  ses  capitaines  et  a  ses  soldats,  pour  en  disposer  comme 
lis  I'entendront.  Les  eglises  ontet^  detruites,  a  I'exceptiond'une 
seule  que  les  infideles  font  reparcr  pour  la  transformer  en 
mosquee...  Ibrahim  ne  s'est  relire  a  Palras  qu'apres  avoir  fait 
la  part  de  la  vengeance ,  en  laissant  massacrer  sous  ses  yeux 
tous  les  individus  qui  etaient  capables  de  porter  les  armes  ,  et 
en  ordonnant  de  circoncire  quelques  centaines  d'enfans.  Jamais 
on  ne  pourra  s'imaginer  les  exces  de  ferocite  auxquels  se  sont 
portes  lesEgyptiensetlesrenegats  enrolessous  leurs  drapeanx... 
11  n'est  pas  de  tourmens  qu'on  n'ait  fait  endurer  a  plusieurs 
malhenreux,  pour  les  forcer  a  reveler  les  lieux  ou  Ton  suppo- 
sait  que  les  Chretiens  avaient  enfoui  des  tresors.  On  passail  les 
uns  aux  aiguilles,  en  leur  enfoncant  des  roseaux  aigus  sous  les 
on{;les  ;  ceux-ci  etaienttenailles  a  rouge ;  on  arrachait  les  dents 
aux  antres  ;  et,  quoiqu'on  ait  propose  a  chacun  d'eux  le  moyen 
de  I'apostasic  pour  se  racheter  de  tant  de  douleurs,  pas  un  de 
res  nobles  martyrs  n'a  renie  la  divinite  du  Christ...  Nous  som- 
mes  informes  que  les  legations  chretiennes  de  Constantinople 
ont  eu  la  satisfaction  de  recevoir  la  nouvelle  officielle  de  la 
prise  de  Missolonghi ,  et  que  leurs  drogmans  ont  exprime  a  ce 
sujet  a  la  Sublime-Porte  le  plaisir  que  cet  evenement  causail  a 
leurs  cours  respectives.  MM.  les  drogmans,  en  remplissant 
cette  commission,  out  passe  au  milieu  des  trophees  composes 
de  tetes,  et  sous  les  guirlandes  do  nez  et  d'oreilles  qui  deco- 


OUVRAGES  P1!:RI0DIQUES.  23 1 

faient  I'entree  dii  palais  des  Sullans.  »  —  La  2"'=  section  offre  , 
«ntre  autres  articles  remarquables  ,  un  compte  -  rendu  des 
seances  de  I'assemblee  nationale;  el  la  3""=  est  consacree  a  I'in- 
teressante  relation  des  efforts  que  font  sur  divers  points  de 
I'Europe  ies  Societes  philhelleniqnes,  dans  I'espoir  d'accom- 
plir  enfin  la  glorieuse  et  penible  luclie  que  leur  a  impost^e  un 
sublime  devoiiment  a  la  cause  de  la  justice  et  de  I'humanite. 

124.  — *  Bibliolheque  aUeniande  ,  journal  de  litterature, 
redige  par  une  Societe  de  gens  de  lettres  et  public  parMM.  Bar- 
THELEMY  ct  G.  SiLBERMANN,  avocats.  Strasbourg,  1826;  au 
bureau  de  la  BibliotJicque  allemande ,  place  Saint-Thoraas , 
n°  3.  Ce  journal  parait,  le  i5  de  chaquemois,  depuisle  i5  no- 
Tembre  iSaS,  par  cahiers  de  quatre  feuilles  d'impression  au 
moins.  Prix  de  I'abonnement :  pour  Strasbourg,  12  fr  par  an; 
7  fr.  pour  6  mois;  pour  Paris  et  Ies  departemens  (franc  de 
port)  i5  fr.  par  an,  8  fr.  pour  six  mois;  pour  I'etranger  (franc 
de  port)  18  fr.  par  an ;  10  fr.  pour  six  mois.  On  s'abonne  a  Pa- 
ris chez  Treutlel  et  Wiirtz. 

Les  redacteurs  de  la  Bibliotheque  nllemande ,  encourages 
par  le  succes  qu'a  obtenu,  en  AUemagne  et  surtout  en  France, 
le  premier  volume  de  ce  recueii ,  viennent  de  publier  un  nou- 
veau  prospectus,  contenant  I'exposition  dctaillee  du  plan  qu'ils 
se  proposent  dc  suivre.  «  Nous  classerons,  disent-ils,  ies  pu- 
blications de  rofre  Bibliotheque  en  deux  series,  qui  peu- 
vent  offrir  un  egal  interet.  La  premiere  sera  consacree  a  une 
suite  de  tableaux  rapides,  mais  fideles,  des  anciens  ages  de  la 
litterature  allemande  ;  la  seconde  devra  presenter  le  miroir  des 
terns  actuels.  11  est  certain  que  Ton  ne  saurait  donner  une  idee 
juste  des  travaux  lilteraires  d'une  nation,  lorsqu'on  se  borne 
a  une  seule  epoque,  cette  epoque  fut-elle  la  plus  belle  et  la 
plus  originale  de  loutes.  II  est  egalement  vrai  que  ce  n'est  plus 
le  moment  actuel  seulement  que  I'homme  instruit  veut  con- 
naitre.  Notre  vue  porte  plus  loin;  on  ne  veut  plus  de  voiles, 
plus  de  tenebresdans  la  vie  intellectuelle  des  peuples  ;  on  veut 
la  voir  se  developper  dans  des  terns  divers,  afin  de  pouvoir 
comparer  ce  que  produisent  les  diverses  positions  sociales  ou 
se  trouvent  tour  a  tour  les  nations.  C'est  pour  repondre  a  ces 
besoins  que  nous  presenterons ,  dans  cliacun  de  nos  cahiers, 
I'histoire  d'une  epoque  delerminee  des  lettres  germaniques; 
c'est  ainsi  que  nous  ferons  passer  successiveinent  sous  les  yeux 
de  nos  lecleurs,  tout  ce  que  le  genie  allemand  a  produit  de 
bon  et  de  beau  ,  depuis  I'epoque  la  plus  reculce  jusqu'au  der- 
nier jour  qu'atteindra  notre  recueii.  Dans  la  seconde  serie  de 
nos  tableaux,  dans  ceux  qui  sont  consacres  aux  ouvrages  con- 


■i^i  LITRES  FRANCAIS. 

temporains,  nous  avoiis  pris  pour  point  tie  viie  principal  d'tlic 
coinplets;  inais,  pour  n'l'lrc  pas  rtiduits  a  la  scchcresse ,  nous 
rejetterons  tout  ce  c|ui  ne  porte  pas  en  soi  la  garanlie  d'une 
txistence  de  que.'ques  iusfres  au  inoins.  Nous  faisons  connailrc 
ces  travaux  par  des  traductions ,  des  analyses  on  des  rapports 
resserres.  Comme  la  vie  intellectiieile  des  peuples  est  aujour- 
d'hui  lout-a-fait  dans  Ics  journaiix  ,  et  que  I'esprit  de  ces 
feuilles  presente  renserable  de  nos  idces ,  de  nos  sentimens  ,  de 
nos  preventions,  enfiu  de  tout  ce  qui  nous  caracterise,  inieux 
qu'aucun  ouvrage  isole,  quel  (]u'il  soit,  nous  donnerons  sou- 
vent  des  articles  speciaux  sur  I'esprit  des  feuilles  litteraires. 
Notre  experience  nous  ayanl  convaincus  que  noire  cadre  n'est 
ni  Uop  etendu  ,  n;  trop  borne  ,  nous  continuorons  i  nous  atta- 
cker a  ce  que  I'Allemagnc  appelle  \a  lifteratun- ,  c'est-a-dire, 
a  la  poesie  ,  a  ['eloquence  et  aux  etudes  philologiques,  pliiloso- 
])luques  et  historiqufs.  Ce  n'est  j)as  pour  avoir  quelques  chances 
de  succes  de  plus  (]ue  nous  nous  sommcs  prescrit  ces  limiles; 
c'est  I'interet  des  sciences  elles-memes  qui  nous  a  delerraines 
a  los  poser.  Par  la  meme  raison,  nous  ouvrirons  nos  pages  a 
des  analyses  sur  los  productions  des  beaux-arts,  les  inventions 
de  I'industrie,  les  dccouvertes  des  sciences  exactes,  toutes  les 
fois  que  ces  progres  se  ratiacheront  au  sujet  liabituel  de  nos 
t/avaux.  «  Apri'S  cct  expose  de  la  marche  qu'ils  doivent  suivre, 
les  redacteurs  se  felicitent  de  I'accueil  favorable  que  plusieurs 
journaux  francais  ont  fait  a  leur  Bibliotheque,  ainsi  que  des 
teinoignagcs  d'interet  et  d'approbalion,  desconseilset  des  pro- 
messes  qu'ils  ont  recus  de  plusieurs  savans  de  France,  d'Alle- 
magne  et  d'llalie.  Cette  concordance  de  suffrages  leur  donne 
I'espoir  «  qu'aprcs  plusieurs  tentatives  aussi  genereuses  que 
passageres,  la  France  allemande  ou  I'Alsace  pourra  faire  enfin 
ce  qui  etait  attendu  d'elle  depuis  trop  long-terns.  »  La  lecture 
attentive  de  cc  que  renferment  les  cinq  numcros  du  premier 
volume,  nous  porte  a  joindre  aussi  notre  suffrage  a  cette  opi- 
nion jjresque  unanime  sur  le  merite  du  nouveau  journal.  Nous 
n'avons  point  cru  devoir  I'annoncer  avant  qu'un  certain  nom- 
bre  de  livraisons  nous  eiu  mis  a  meme  de  I'apprecier  comple- 
tenicnt;  nous  v  puiserons  quelquefois  des  renseignemens  sur 
I'elat  et  les  progres  de  la  litterature  et  des  scienceseti  Alle- 
magne,  et  nous  saisirons  ainsi  I'occasionde  rappeler  cette  utile 
entreprise  a  I'attention  de  nos  lecteurs.  B — u. 

Livres  en  langnes  rtrangeres,  imprimcs  en  France. 

125.  -^-*  Elemens  de  langue  anglaise ,  ou  Melliode  j)ratique 


LIVRE8  Strangers  imprimis  en  france.  -233 

pour  appiendre  facilement  cette  laiigue,  par  Siret.  iVo«pf/(i'e 
edition,  considerablement  auginentee  par  M.  Poppleton  ;  re- 
vue, corrigc-e  et  annotee  par  Alex.  Boniface.  Paris,  1826. 
Baudry.  In-S"  de  vni  et  210  pages;  prix 

126.  —  *  English  grammar.  —  Grammaire  anglaise  adaplee 
auxdifferentesclassesd'etudians,  par  Z,/W/ey  Murray.  Trente- 
neuvieme  edition.  Paris,  1825.  Baudry,  rue  du  Coq .  n"  9. 
In -12  de  3/48  pages;  prix 

La  grammaire  de  Siret  est  connue  depujs  long-tems  de  tons 
ceux  qui  apprennent  la  langue  anglaise.  11  est  inutile  de  dire 
combien  les  auginentations  de  M.  Poppleton  et  les  annotations 
de  M.  Boniface  ont  ameliore  cette  gran)maire  :  les  soins  qu'on 
a  pris  de  plus  pour  en  assurer  la  parf'aite  correction,  semblent 
I'avoir  portee  au  point  de  perfection  qu'elle  peut  atteindre. 
Nous  nous  contenterons  done  d'indiquer  les  principales  divi- 
sions :  la  prononclalion  des  voyelles  ,  des  diphthongues  et  des 
consonnes  est  traitee  avec  tout  le  soln  qu'elle  merite  dans  une 
introduction  tres-detaillee.  Le  reste  sc  divise  en  trois  livres  : 
il  est  question,  dans  le  premier,  des  especes  de  mots  et  de 
leurs  formes  gramniaticales;  dans  le  second,  de  la  synlaxe; 
dans  le  iroisieme,  des  idiotismes  francais  et  anglais.  Le  tout 
est  suivid'exercices,  de  dialogues  faniiliers  dans  les  deux  lan- 
gues  ,  de  modeles  de  lettres  ,  et  d'une  table  aipliabetique 
tre:i-etendue  des  verbes  anglais  avec  les  prepositions  qui  les 
siiivent. 

Nous  avons  regrelte  que  les  nouveaiix  editeurs  n'aient  jjas 
loujourscberche  a  corriger,  par  des  definitions  plus  rigoureu- 
ses,  celles  que  Siret  avail  donnees,  et  que  les  progres  de  I'ana- 
lyse  grammaticale  ne  permettent  pas  de  conserver ;  il  nous  a 
semble  aussi  que  Ton  aurait  pu  presenter  les  verbes  sous  une 
forme  plus  favorable  a  lamemoire,  en  distinguant  avec  soin  , 
comme  I'a  fait  Joseph  Priestley,  les  terns  simples  qui  consti- 
tuent praprement  le  verbe  des  tems  composes  d'un  ou  de 
deux  auxiliaires  ,  dont  la  combinaison  appartient  moins  a  la 
lexicologie  [etymology)  qu'a  la  syntaxe.  N'aurait-on  pas 
du  ensuile  supprimer  les  declinaisons  dans  les  nonis  anglais, 
comme  on  les  a  depuis  long-lems  bannies  des  grammaires  fran- 
caises;  et  de  meme,  fallait-il  laisser  subsister  ces  pretendus 
adjectifs  possessifs  : //jj,  thy,  his,  etc.  dont  M.  Siret  fait  des 
mots  particuliers  ? 

C'est  une  erreur  dans  laquelle  n'est  ])oint  lombe  M.  Lindiey 
Murray,  auteur  du  second  onvrage  annonce  en  tete  de  cet  ar- 
ticle. II  a  fort  bien  vu  que  ces  mots  etaient  seulement  la  forme 
possessive  des  pronoms  personnels,  el,  en  les  remettant  a  leur 


a34    LIVRES  ETRANGERS  IMPRIMES  EN  FRANCE, 
place,  il  a  fait  disparaitre  une  des  difficultc-s  de  la  languc  an- 
glnise. 

Nous  n'avons  qu'uii  mot  a  dire  de  la  grammaire  de  M.  Mur- 
ray. Parvenue  a  sa  89'  Edition  ,  elle  n'a  aucun  besoin  de  nos 
sieges.  Mais  plusieurs  de  nos  lecteurs  peuvent  nc  point  la  con- 
naitrc  encore;  iis  nous  saurbnt  gre  d'en  indiqiier  le  plan.  Elle 
est  divisee  en  quatre  parties:  la  premiere,  sous  le  nom  d'or- 
thographe ,  traite  des  loltres,  des  syllables  et  des  mols  :  la  se- 
conde,  Y etymologic  .  indique  les  diverscs  sortes  de  mots,  et 
les  formes  qu'ils  peuvent  prendre.  La  syntaxc  et  la  prosodie 
forment  les  deux  dcrniercs  parties  de  cet  ouvrage  :  celle-cl 
comprend  la  prononciation  et  la  versification ;  I'auleur  a 
ajoute  un  appendice  sur  les  qualites  du  s!yle  et  les  figures  de 
grammaire.  B.  J. 

ii'j. — *  Popular  Ballads  and  Songs  from  tradition  manus- 
cripts,  and  scarce  editions.  —  Ballades  et  chants  populaires, 
tires  de  manuscrits  et  d'editions  rares.  Paris  1 8x5 ;  J.  Renouard. 
In-8°  de  iv  et  92  p.;  prix,  l\  fr. ,  et  4  fr.  5o  c.  par  la  poste. 

En  annoncant  I'elegante  traduction  des  Ballades  populaires, 
due  a  la  plume  de  M.  Loeve  Weimars  ( Voy.  Rev.  Enc. , 
t.  xxvii,  p.  SSg),  nous  avons  essaye  de  donner  une  idee  de 
de  la  composition  de  son  recueil.  Les  personnes  qui  connais- 
sent  I'anglais  pourront  lire  maintenant  le  texle  original, 
imprime  dans  le  meme  format.  C'esl  un  volume  que  Ton  peut 
encore  ajouter  aux  jolies  editions  anglaises  des  Amours  des 
Anges  et  des  Voyages  de  Gulliver,  publics  par  le  meme 
libraire.  A — k. 


IV.  NOUVELLES  SGIENTIFIQUES 

ET   LITTERAIRES. 


AMERIQUE  SEPTENTRIONALE. 

^tats-Unis. — Massachossetts.  —  Education.  —  On  evalne 
k  environ  i5oo,  le  noinbre  des  inslituteurs  employes  dans  cet 
etat,  et  a  plusieurs  milliers,  celui  des  inslitutrices.  Un  message 
du  gouverneur  a  recommande  a  la  legislature  retablissement 
d'une  Ecole  normale  pour  rediication  des  n.aitres  d'ecole. 

Connecticut.  —  Legislation. — Fondation  d'un  hospice. 

La  legislature  de  cet  etat ,  dans  sa  derniere  session,  a  pro- 

hibe  remprisonnemcnt  des  femmes  pour  dettes.  Elle  a  en 
meme  terns  autorise  une  Societe  pour  la  fondation  d'un  ho- 
pital  general,  et  rerection  de  cet  hospice.  Elle  a  enGn  adher^ 
au  projct  decrete  par  la  legisl.iture  de  Vermont,  pour  perfec- 
lionner  la  navigation  de  la  riviere  Connecticut. 

Raxveigh — .Affranchissement  et  colonisation  des  escla^'cs 

de  cotdeur. — Nous  trouvons  dans  le  journal  de  New-York, 
Daily- Advertiser,  du  lo  juiu  1826,  une  nouvelle  preuve  des 
progres  de  rcmancipation  des  esclaves  dans  cet  etat.  La  So- 
ciete des  amis ,  dans  sa  derniere  seance  annuelle,  a  adopte 
la  resolution  genereuse  d'affranchir  Ics  esclaves  possedes  par 
ees  membres ,  et  d'envoyer  ceux  d'entre  eux  qui  voudraient 
quitter  le  pays,  soit  a  Haiti,  soit  a  Liberia,  soit  enfin  dans 
I'un  des  etats  d'Ohio  ou  d'lndiana ,  ou  I'esclavage  est  aboii. 
120  de  ces  affranchis  ont  clioisi  le  sejour  d'Ha'iti ;  3i6,  celui 
de  la  colonic  africaine  de  Liberia;  el  100,  les  etats  d'Ohio 
ou  d'lndiana.  La  Societe  a  pourvu  a  leur  transport,  a  leurs 
besoins  el  aux  frais  de  leur  etablissement.  Elle  avail  deja  au- 
paravant  envoye  a  ses  frais  64  colons  dans  i'etat  d'Ohio,  et 
60  en  Afrique,  oulre  une  contribution  de  800  dollars  donnes 
par  elle  a  la  societe  pour  la  colonisation  dans  cette  partie  du 
raonde.  ^-  *  • 

—  New-York.  — Le  Lyc.ee  d'histoire  naturelle ,  connu  par 
sesimporlans  travaux  (Voy.  Rev.  Enc,  \.  xxx,  p.  397),  vient. 
de  s'associer  comme  membres  correspondans  MM.  le  baron 
de  Goethe,  president  de  la  Societe  de  mineralogie  d'lena , 
et  le  chevalier  Kirckhoff,  vice-president  honoraire  de  la 
ni^me  Societe,  I'un  de  nos  collaborateurs  dans  les  Pays-Bas. 


a36  AMER.  CENTRALE.  — AINTIIXKS.— AMER.  MERID. 

AMERIQUE  CENTRALE. 

Guatemala.  —  Publication  orilonncc  par  Ic  gouverric- 
ineiit,  de  touvrage  sur  les  libertos  ele  VEglise  gallicane.  —  Le 
congres  de  la  ropubliqiic  du  cenire  de  l'AintTi(]ue,  seant  a 
Guatemala,  a  ordonne  »U;  Iraduire  en  langue  nationale  Tou- 
vrage de  M.  Grkgoire,  ancieii  oveque  de  Blois,  sur  les  libertex 
de  i'Eglise  gallicane  et  des  aiitres  cglises  de  la  catholicitc.  Le 
di'cret  redige  d.ins  les  termes  les  j)liis  honorables  a  etc  expiidie, 
le  -ifi  fuvrier  1826,  i)ar  M.  ie  president  Mariano  Galvlz  a 
M.  Marcial  Zep-adua,  cnvoyc  de  celte  republiquc  auprcs  du 
gouverncment  britannique  pour  «^tre  transmis  a  I'aateur  de 
I'ouvragc.  Z. 

ANTILLES. 

Martinique.  —  Treinblemettt  de  terre.  —  Froids  exlraordi- 
nairex.  —  Un  tremblement  dc  terre  s'est  fait  seiiiir  dans  cette 
ile,  dans  la  unit  du  i*""  au  1  niai  dernier  ,  a  miniilt  35  mi- 
nutes. II  n'y  a  eu  qu'une  seule  secousse,  dont  la  diiree  a  ele 
d'une  longueur  remarqiiable,  etdont  la  force  a  etc  assez  grande 
pour  reveiller  toule  la  po|)iilalion  desviiles. 

Des  vents  de  nord,  Ires-violens  ,  qui  onl  commence  a  souffler 
en  Janvier,  er  dont  la  domination  a  dure,  sans  interruplion, 
])lus  de  deux  mois  et  deiiii,  ont  tellement  abaisss  la  tempera- 
ture ordinaire  des  Antilles  ,  que  I'hiver  y  a  ete  beaucoup  plus 
rigourcux  que  depuis  un  grand  nombre  d'annees.  II  en  est 
resulte  une  affection  epidemique,  Inflainmatoire,  et  d'un  type 
etranger  aux  maladies  de  la  Zone  -  Torride.  Qnoiqu'on  Ini  ait 
altribue  la  mort  d'une  assez  grande  quantite  d'indlvidus,  il  pa- 
rail  que  la  saignee  etles  sangsues  Tont  combattue  efficaceraent , 
et  en  ont  fait  disparaitre  les  symptomes,  notamnient  la  fievre  , 
la  cepiialalgie  et  le  point-de-c6te.  Mais  il  reste  constamment, 
apres  lamaladle,  une  singuliere  faiblesse,  et  une  funeste  dis- 
position a  une  rechule  plus  grave  encore.  M.  ue  J. 

AMERIQUE  MERIDIONALE. 

Bresil.  —  Instruction  elerncnlaire. — Le  baron  de  1'eura- 
Brancv  vient  de  fonder  ,  sur  ses  terres  au  Bresil,  une  ccole 
d'enscignemenl  mutuel  enlierement  a  ses  frais.  Ainsi  cette 
methodesimplifiee,  que  vondraient  proscrire  en  Europe  les  en- 
iieiuis  de  rinstructlon  populaire ,  trouve  un  refuge  en  Anie- 
ritjue.   Piiissent  tous  les  ciloyens  ricbes  et  influens  du  Bresil 


AMERIQUE  MERIDIONALE.— AFRIQUE.— ASIE.  2^7 
iiniter  le  nobie  exeraple  doime  par  leiir  conipatriole !  L'ins- 
triiction  jMimaire  bien  organisee,  et  mise  a  la  portee  tie  toiites 
les  classes  de  cifoyeus,  est  a  la  fois  le  jjiemier  devoir  de  tout 
gouvernemeiit,  et  surlout  d'un  goiiverneinenl  constitutionnel, 
le  phis  grand  bicnfail  pour  le  peii])le  ,  et  la  source  la  plus  fe- 
conde  de  Ions  les  moyens  de  richesse  et  de  prosperite  pour 
I'etat.  J. 

AFRIQUE. 

Egypte.  —  Indication  dea  principaux  elahlisseinens  indus- 
triels ,  fondcs  en  Egypte  par-  ordre  du  pacha  Mohamed  -  All 

—  Fdatures  de  colon:  3  a  Boulaq;  i  au  Grand -Caire;  i  a 
Gaillouph,  a  trois  heures  du  Caire;  i  a  Rosette;  i  a  Mehnllet- 
el-Kebir;   i  a  Fouah;  1  a  Mansourah;  i  a  Souah ;  total,  10. 

—  Des  ateliers  de  tissage  se  trouvent  joints  a  toules  ces  fila- 
tures.—  Fonderies  de  cuii'te  :  i  a  Boulaq;  i  au  Caire.  —  On 
recoit  le  cuivre  d'Europe  eu  pain,  et  on  le  fond  pour  le  trans- 
former en  objets  necessaires  aux  fabriques  ,  principalement  a 
cclies  de  colon.  —  Fabrique  d'armes  :  i  au  Caire.  —  On  y 
travailie  peu.  —  Imprimerie  :  i  a  Boulaq.  —  Fabrique  d'in- 
diennes  imprimces  au  rouleau  .•  i  a  Boulaq.  —  Verrerie  ;  i  a 
Aiexandrie. — Fabriques  de  salpelre  :  1  au  Vienx-Caire;  i  a 
Medinet-el-Sayoum.  —  Ateliers  de  menulserie  et  de  serrurerle 
potir  les  hesolns  des  fabriques ,  a  Boulaq  ,  fondes  par  M.  Jumel. 
Beauconp  d'ouvriers  europeens  y  sont  employes.  —  Fabriques 
de  soierles  :  i  an  Caire;  i  a  Einbabeb,  vis-a-vis  le  Caire,  sur 
la  rive  opposee  du  Nil.  —  i  fabrique  de  t.erpouches ,  ou  bon- 
nets de  Tunis,  a  Souah,  au  confluent  du  canal  d' Aiexandrie 
avec  le  Nil.  —  Des  details  circonstancies  sur  les  actes  du  gou- 
vernement  du  vice-roi  d'Egypte,  qui  nous  sont  transmis 
d'Alexandrie,  et  dont  nous  differons  la  publication,  jusqu'a 
ce  que  nous  ayor.s  pu  en  verifier  I'exactitude ,  font  craindre 
que  ce  gouvernemeat  ne  manque  le  but  qu'il  parait  se  pro- 
poser, d'encourager  I'industrie,  fante  de  bien  comprendre 
que  le  respect  de  la  propriete  et  de  la  liberie  individuclle  est 
Je  premier  des  encouragemens  dont  elie  a  besoin.  D. 

Cap  de  Boknk  -  Esperance.  —  Fondatlon  a'un  musee.  —  Le 
gouvernement  a  etabli ,  depuis  peu,  dans  la  ville  du  Cap  un 
nuisee  d'objets  d'art  el  d'histoiro  naturelle,  sous  la  direction 
de  M.  le  D''  Smith.  Une  lettre,  dalee  du  9  mars  dernier,  an- 
norice  que  ce  musee  prend   jin  accroissement  considerable. 

DE  K. 

ASIE. 

liATAviA. — SoiUHe  des  sciences  el  arts.  —  Le  1  3  Janvier  der- 


<i38  ASIE. 

nicr,  celte  socidt(j  a  teiui  une  assembl(5e  generale,  consacr^e 
a  prendre  conge  de  M.  le  gouverneur  general  Van  ukr  Ciip- 
I'ELLEN  ,  si  universellemeiit  regrette  dans  I'lnde  ncerlaudaise, 
et  a  la  protection  et  aux  encouragcmens  duquel  cette  savante 
compagnie  est  redevable  de  I'etat  florissant  ou  elle  se  trouve 
aiijonrd'hui.  Dans  cetle  meme  seance,  elle  a  recti  an  nombre 
de  ses  membres  etrangers,  MM.  le  general  Van  df.n  Bosch; 
Van  Alphen  ,  de  La  Hayc ;  de  Stassart  ,  de  Namiir;  le  recleur 
SwAAN,  de  Hoorn;  Van  Grithuizen,  d'Utiecht ;  et  le  docteur 
Bollinger,  de  1' Academic  des  sciences  de  Munich,     de  K. 

Ceylan.  —  Resultat  de  f  introduction  du  jugement  par  jury 
(  ^oy.  ci -dessiis,  p.  5  ).  —  L'introdiiction  du  jugement  par 
jury  dans  I'ile  de  Cleylan  et  le  droit  de  sieger  parmi  lesjures, 
assure  aux  naturels  de  demi-caste  comnie  a  tous  les  autres 
natifs  de  I'ile,  quell. s  que  soient  leur  caste  ou  leur  croyance 
religieuse,  out  fourni  aux  indigenes  la  pi'eniieie  occasion  de 
manlfester  leur  capacite,  comnie  dispensateurs  de  la  justice  et 
corame  protecleurs  de  la  vie,  de  la  liberie  et  des  proprietes  de 
leurs  concitoyens.  C'etait  consequemment  i)our  eux  un  puissant 
motif  de  perfectionner  leur  education,  et  un  encouragement 
aux  etudes  necessaires  pour  fortifier  leur  intelligence.  Les  faits 
suivans  nous  montrent  comment  un  nalif  de  I'lnde  a  signale, 
dans  I'exercice  des  fonctions  de  jure,  une  supdTiorite  de  talent 
evidente,  et  propre  a  faire  sentir  a  ses  compatriotes  tous  les 
avantages  resultant  d'une  bonne  education. 

Un  liramine  d'une  des  j)rovinces  septentrionales  de  Ceylan 
comparut ,  il  y  a  quelques  annees,  devant  un  jury  de  bramines 
de  la  meme  province.  Cet  homnie  etait  accuse  d'avoir  assassinc 
un  de  ses  parens,  dans  I'espoir  de  devenir ,  par  sa  mort,  maitre 
de  sa  propriete.  Les  depositions  des  temoins  etaient  si  con- 
vaincantes  que  le  jury  allait  prononcer  la  cuipabilite  du  pre- 
venu  ,  lorsqu'un  jeune  Bramine  ,  siegeant  parml  les  jures  ,  an- 
iionca  qu'il  ne  se  croyait  point  assez  instruit,  et  demanda  que 
les  temoins  fussent  de  nouveau  appeles  et  qu'il  lui  fiit  permis 
de  les  inlerroger.  La  cour  ayant  accede  a  sa  demande,  il  pro- 
ciida  avec  tant  d'adresse  aux  divers  interrogatoires  qn'il  de- 
moDtra  en  fort  peu  de  tems  que  les  temoins,  si  bien  d'accord 
dans  leurs  depositions  ,  avaient  conspire  contre  la  vie  du  pre- 
venu;  et  celui-ci ,  d'apros  la  conviction  definitive  du  jury,  fut 
acquiltert  I'unaniinitc. 

Sir  Alexander  Johnston,  alors  president  de  la  cour,  frappe 
de  la  haute  capacite  ijue  le  jeune  bramine  avnit  montree  dans 
celte  affaire,  le  fit  appeler  et  le  queslionna  sur  son  education 
et  sur  ses  etudes.  Lc  joune  homme  lui  repondit  qu'il  attribuait 


ASIE.  —  EUROPE.  239 

la  sagacity  dont  il  avail  fait  preuve,  dans  celtc  circonsrance, 
non  a  son  education,  qui  ne  dlfferait  point  de  celle  des  auires 
inembres  de  sa  caste,  mais  a  I'etude  d'un  ouvrage  qu'il  s'etait 
procure  dans  son  voyage  a  la  peninsule  de  I'lnde,  ouvrage  qu'il 
consultait  souvent ,  comme  ayant  plus  que  tout  autre  developpe 
son  intelligence.  C'etait  un  abrege  de  la  dialectique  d'Aristote 
traduit  de  I'Arabe  en  Sanscrit ,  et  copie  sur  queltjues  feuilles  de 
palmier  en  caractere  de  v^anagari.  Cette  circonstance,  et  plu- 
sieurs  autres,  dont  sir  A.  Johnston  eut  connaissance  jiendant 
son  sejour  a  Ceylan,  lui  persuaderent  qu'un  traite  de  logique  , 
adapte  a  I'intelligence  et  a  I'education  des  habitans,  trouverait 
des  lecteurs  et  developperait  leurs  facultes.  Afin  de  determiner 
quelle  melhode,  de  celle  de  Condillac  ou  de  Dugald  Stewart, 
devait  etre  preferee,  il  preser.ta  aux  indigenes  les  plus  instruits 
des  extraits  de  Tun  et  del'autre  ouvrage;  la  methodede  Stewart 
I'emporta ;  et  I'intention  de  sir  A.  Johnston,  s'il  fut  reste  a  Cey- 
lan, aurait  ete  d'engager  les  braniines  et  les  pretres  de  Bouddha 
a  traduire,  dans  leurs  langues  ,  les  parties  de  \a  philosophie  de 
I'esprit  humain  le  plus  en  harmonic  avec  I'intelligence  des  in- 
digenes ,  et  a  en  faire  circuler  des  copies  parmi  les  habitans  qui 
inontreraient  quelque  gout  pour  les  etudes  de  ce  genre.  —  Sans 
doute  ,  ce  projet  d'un  philantrope  cclaire  recevra  plus  tard  son 
execution,  et  nous  faisons ,  en  le  deposant  dans  notre  recueil, 
un  appel  aux  homraes  qui  veulent  contribuer  aux  progres  de 
la  civilisation  et  des  luinieres  dans  I'lnde.  D. 

EUROPE. 
ILES  BRITANIVIQUES. 

Nouvelle  expedition  maritime.  —  Le  capitaine  Parry  est  a 
la  veille  de  faire  un  nouveau  voyage  au  pole  arctique.  II 
s'agira  cette  fois,  non  de  trouver  un  passage  vers  Tocean  Pa- 
cifique  ,  mais  de  reconnaitre  les  cotes  situees  a  Test  du  Spitz- 
berg,  et  de  tacher  de  s'approcher  eiiSTzite  du  pole  nord.  Des 
barques  d'une  construction  particuliere  doivent  etre  trans- 
portees  a  bord  de  VHecla;  elles  serviront  au  capitaine  Parry 
et  a  sa  suite,  pour  cette  seconde  entreprise,  et  VHecla  sera 
laisse  dans  les  environs  du  Spitzberg.  Cette  expedition  a  ete 
ordonnee  par  le  bureau  de  I'amiraute  sur  la  demande  de  la 
Societe  royale;  elle  couiirmera  peut-etre  les  conjectures  du 
capitaine  Weddell,  que  les  poles  ne  sent  point  converts  de 
glaces.  F.  D. 

Hai;te-Ecossf..  —  Elat  de  I'education.  —  Nous  emprunloui 


a4o  EUROPE. 

aii  New-Mont/ily-Magazine  (cahier  ilejuillet,  p.  309),  les  details 
statisliques  snivans,  resultant  de  rechercliesfaitesavecsolu  dans 
les  coinfos  d'Aigyle,  d'Inverness,  de  Nairn  ,  de  Ross,  de  Cra- 
marty,  de  Sutherland,  dc  Caithness,  dans  les  iles  Orkney  et 
Shetland,  et  dans  les  districts  galliqucs  des  conites  de  Moray  et 
de  Pertli.  Cette  })artie  inontueuse  de  I'Ecosse  oontient,  d'apres 
le  recenseinent  de  1.S21,  4iG,ooo  liabitans,  repartis  dans  171 
paroisses.  Snr  le  nonibre  de  ccux  qui  ont  dcpasse  I'age  de  huit 
ans ,  la  moitio  environ  ne  sait  pas  lire.  On  pent  du  reste  ctablir 
les  proportions  snivantes  :  dans  les  Hebrides,  et  dans  la  partie 
occiiicntaie  d'Inveiness  ct  de  Ross,  ily  a,  sur  100  liabitans, 
70  qui  n'ont  point  appris  a  lire;  dans  les  autres  districts  d'ln- 
verness  et  de  Ross,  dans  Nairn,  dans  les  monlagnes  de  Moray, 
dans  Cromarty  et  Sutl)erland,  dans  la  partie  interieure  dc 
(Caithness,  /lO  sur  100;  dans  Argyle  el  les  monlagnes  de  Perth, 
3o  sur  100;  dans  Orkney  et  Shetland,  12  seulemenlsur  100. — 
Plus  d'un  tieis  de  la  population  totale  est  a  la  distance  de  deux 
milles,  et  ])lusieurs  milliers,  a  cinq  niilles  des  ecoles  les  plus 
rapprochees.  —  Dans  les  jiarlies  occidentales-d'Inverness  ct  de 
Ross,  il  y  a,  en  repartissant  egalement  louies  les  Bibles  qu'on 
a  pu  y  trouver,  un  exemi)!aire  des  Saintes-Ecrllures  pour  8 
pcrsonnes,  agees  de  plus  de  huit  ans;  dans  les  autres  jiarties  des 
monlagnes  et  des  iles  ,  on  ])eut  com|)!er  un  exemplaire  j)our  3 
personnes.  II  reste  encore  un  quartde  la  population,  ou  100,000 
habiians  prives  dc  bibles.  —  L'idionie  gallique  est  la  iangue 
de  3oo,ooo,  ou  des  trois  quarts  des  liabitans  de  ccs  comtes. 
Cest  la  seule  Iangue  ])arlee  dans  les  Hebrides;  elie  domine  dans 
les  autres  parlies,  cxcepto  dans  Orkney,  Shetland  et  sur  la  cote 
de  Caithness,  ou  I'on  ne  parle  que  la  Iangue  anglaise.  A — e, 

Manchester. — Institut  pour  les  sourds  -  muets  des  classes 
indigcntes.  —  Cette  ecole  a  ele  fondee,  en  1824,  et  ouverte 
pour  la  reception  des  eleves ,  au  mois  de  fevrier  iSaS. — 
M.  f/^.  Vaughan  ,  direcleur  de  cet  etablissement ,  coramenca 
ses  lecons  avec  i4  eleves,  dont  6  gareons  et  8  lilies.  L'age  des 
candidals  est  iixe  pour  I'admission  a  9  ans,  et  ne  peut  de- 
passer  14  ans  ;  la  duree  de  leurs  etudes  est  de  5  ans.  —  L'ins- 
tructlon  que  Ton  donne  aux  eleves  comprend  un  langage  ecrir 
et  articule,  des  notions  sur  les  saintes  Ecritures  et  des  lecons 
d'arithmetique,  en  proportion  des  facultes  particulieres  de 
chaque  eleve.  Pendani  leur  sejour  a  I'ecole,  ils  sont  loges, 
nourris,  blancliis  ct  soignes,  aux  frais  de  I'etablissement.  On 
adniet  dans  la  nieme  ecole  des  pensionnaires,  moyennant  une 
cerlaine  somnie  a  payer  chaque  annce,  et  dont  le  montant  est 
fixe  par  le  conscil  d'adaiinistration  de   I'etablissement.  Cette 


ILES  BRITANNIQUES.— RUSSIE.  241 

seconde  classe  d'tileves  n'est  distinguee  de  la  premiere  par 
aucun  privilege  particulier ,  soil  dans  le  mode  d'enseignement, 
soil  dans  les  soins  et  les  details  de  I'entretien.  Les  revenus  de 
I'etablissement  proviennent  de  dons  philantropiques,  soil  de 
souscriptions  d'une  guinee  par  an,  soit  de  donations  de  dix 
guinees;  ce  dernier  paieraent  donne  entree  au  conseil  d'admi- 
nisti-ation,  avec  le  privilege  de  voter  pour  l"admission  de 
chaque  enfant  ^  I'ecole.  Le  conseil  d'administration  special 
pour  la  direction  de  I'institut  est  compose  de  24  membres, 
pris  parmi  les  donateurs- administrateurs.  Le  nombre  des 
eleves  des  deux  sexes  est  aujourd'liui  de  23 ;  les  revenus  de 
I'institut  ne  permeltent  pas  en  ce  moment  de  I'augmenter ;  ces 
enfans  sont  vetus  par  leurs  families,  ou  par  les  moyens  que 
fournissent  des  ])articuliers  bienfaisans. 

Si  les  fonds  de  I'etablissement  permettaient  d'augmenler  le 
nombre  des  eleves,  il  serait  aussitot  double,  puisque  les  seuls 
postulans  deja  inscrits  depassent  3o.  On  peut  s'etonner  que  le 
nombre  des  sourds  -  muels  pauvres  soit  aussi  considerable 
dans  une  seule  ville.  Si  Manchester  avait  besoin  d' encoura- 
gement pour  repandre  des  bienfaits  ou  pour  reveiller  sa  solli- 
citude,  il  en  trouverait  dans  les  fruits  des  travaux  infatigables 
du  directeur  de  I'ecole  des  sourds  -  muets.  Dix  -  huit  mois  ne 
sont  pas  ecoules  depuis  qu'il  a  reuni  ses  premiers  eleves,  et 
deja,  des  succes  extraordinaires  ont  couronne  ses  soins.  Les 
abbes  de  I'Epee  et  Sicard  sont  les  grands  maitres  que  M.  Vau- 
yhan  a  consultes  pour  reraplir  sa  noble  tache.  Son  activite 
personnelle,  son  zele  pour  le  bien,  sa  douceur  et  I'affection 
qu'il  porte  a  ses  eleves,  ont  fait  le  reste.  Les  resultats  qu'il  a 
obtenus  passent  toute  croyance.  Nous  avons  vu  ces  interessans 
eleves  rcpondre,  avec  une  justesse  et  une  promptitude  admi- 
rables,  aux  questions  de  tous  genres  que  nous  leur  avons 
adressees  par  Tintermediaire  de  leur  digne  professeur;  leur 
ecriture  est  soignee ;  ils  ecrivent  des  phrases  entieres  sans 
faire  une  seule  faute  d'orthographe ;  et  tout  cela  est  le  rcsultat 
d'une  instruction  de  moins  de  dix-huit  mois !  Plusieurs  d'entre 
eux  prononcent  meme  des  mots  d'une  maniere  tres-iritelligible, 
et  tous  raisonnent  sur  leurs  devoirs  domestiques  et  religieux 
avec  une  justesse  d'esprit  que  Ton  serait  etonne  de  trouver 
dans  des  enfans  nes  sans  aucune  imperfection.     D.  Albert. 

PtUSSIE. 

Lectures  a  V Academic  des  sciences.  —  Le  25  mal  iSaS  :  In- 
vestigatio  radii  circuli  polygono  cuicunque  inscripli,  cujus 

T.  XXXI.  —  Juillet  1826.  16 


^^t^^  EUROPE. 

data  sunt  latera  una  cum  quolibet  punclo  cunctaius,  par  In 
profosseur  Fuss;  le  i*^""  juin  :  De  raccroisseinont  des  diameties 
apparciis  du  soleil  et  de  la  Itine,  cause  par  la  refraction  (en 
francais),  par  le  professeur  Schubeut  ;  le  8  juin:  Des  fleurs 
ininerales  (en  rnsse),  par  le  professeur  Severguine;  le  22  juin  : 
Des  effets  d'un  papier  monnaie  depreci^ ,  dont  la  valeur  so 
releve  (en  francais),  par  le  professeur  Storcu  ;  le  2  juillet  : 
Novae  observationes  anatoinic;e  de  arteriarum  varietate. 

M.  Kaiaidovitch  ,  litterateur   distiiis^ue,  a  cte  admis   au 
nombre  des  membres  correspondans  de  TAcadeinie. 

(Extr.  des  Feuilles  bibliographiques ,  25  oct.  iSaS.) 

E.  H. 

Necrologie.  —  Karamzine  (Nicolas.) —  La  mort  vient  de 
frapper  ,  au  milieu  de  ses  honorables  travaux,  M.  Karamzine, 
hisloriographe  de  I'empire  deRnssie,  conseiller  d'etal  actuel, 
grand-cordon  de  i'ordre  deSaintc- Anne, chevalier  deSainl-Vla- 
dimlr,  membre  de  I'Academie  russe,  etc. — Cethoiniiie  celebre, 
egaleraent  estimable  par  ses  vertus  et  par  ses  talens,  a  ete  en- 
leve  a  sa  famille,  a  ses  amis  et  a  sa  patrie ,  le  22  mai  (  3  juin  ) 
1826.  Sa  perte  est  d'autant  plus  deplorable,  qu'il  n'avaitpas 
encore  termine  son  Histoirede  Russie ,  dont  les  onze  premiers 
volumes  out  ete  traduits  en  francais  et  dans  presque  toutes  les 
langues  de  I'Europe.  Ne,  le  i"  decembre  1765,  d'une  familJe 
noble,  dans  le  gouvernement  de  Simbii'sk,  il  fit  d'excellenles 
Etudes  et  debuta  ,  jeune  encore,  avec  succes  dans  la  carriere 
des  lettres,  par  des  poesies  qui  annoncaient  une  imagination 
vive  etbrillante.  A  I'age  de  24  ans,  il  entreprit  un  voyage  en 
Allemagne,  en  Suisse,  en  France  el  en  Angleterre.  Use  trou- 
vait  a  Paris ,  au  commencement  de  la  Revolution ,  et  y  fre- 
quenla  les  litterateurs  les  plus  distingues  de  cette  epoqr.e. 
L' Allemagne,  qui  jouissait  alors d'une  situation  douce  et  tran- 
qullle,  lui  offrit  aussi  des  homines  dont  la  socielelni  fut  pro- 
fitable pour  augmenter  son  instruction  et  ddvelopperses  talens. 
En  Suisse,  il  vit  souvent  le  celebre  Bonnet,  auteur  de  la  Palin- 
genesie,  de  la  Contemplation  de  la  nature  et  de  plusieurs  autres 
ouvrages  pliilosophiques  et  d'histoire  naturelle  que  Karamzine 
seproposait  detraduire.  A  son  retour  en  Russie,  il  publia  les 
Lettres  d'un  voyageur  russe  ,  en  4  volumes ,  oiivrnge  que  le 
public  accueillit  avec  enthousiasrae  ;  ces  Lettres  eiuent  plu- 
sieurs editions  el  furent  aussitot  traduites  en  aliemand.  Ses' 
Souvenirs  historiques  surle  rheinin  de  Moscou  a  Troitza  (1),  sa 

(t)  Anc!en  mona.stere  aux  environs  de  Moscou. 
f 


RUSSIE.  243 

Martke,  la  possadnitza  [o.) ,  ou  la  Soumission  de  Novgorod, 
riouvelle  historique  ,  Nathalie  ,Jille  d'uii  Boyardei  uneioviXe 
d'autres  productions  du  premier  ordre,  prouverent  qu'il  avail 
su  perfeclionner  la  prose  russe  et  lui  donncr  un  charme  que 
Ton  lie  trouve  dans  aucun  des  ecrivains  qui  le  precederent. 
Redacteur  de  plusieurs  journaux  (  le  Courrier  de  t Europe, 
^ont  il  fut  le  fondaleur,  et  que  redige  anjourd'hui  M.Katche- 
NovsRY ,  les  Aon'ules ,  Jglae,  etc.  ),  i)  semblait  s'etre  voue  tout 
entier  a  la  literature.  Cependant,  il  fut  blentot  oblige  de  re- 
iioncer  aux  ouvrages  d'imaginalion ,  pour  s'occuper  d'nn  tra- 
vail plus  serieux.  L'empereur  Alexandre  le  nomnia  liistorio- 
graplie  de  I'empire  el  le  chargea  d'ecrire  I'liistoire  de  la  Ruisie. 
Apres  plus  de  quatorze  annees  de  recherches  et  de  travaux 
assidus,  Karamzine  fit  paraitre  les  Imit  premiers  volumes  de 
son  excellente  histoire  qui  produislrent  la  plus  vive  sensation, 
non-seulement  en  Russie,  mais  dans  toute  I'Europe.  Trois 
mille  exemplaires  de  la  premiere  edition  furent  vendus  dans 
I'espace  de  28  jours  :  l'empereur  avait  fait  imprimer  cet  ou- 
vrage  a  ses  frais  et  accorda,  de  plus,  a  I'auteur  les  litres  men- 
tionnes  dans  les  premieres  lignes  de  cet  article,  avec  une  dota- 
tion de  5o  mille  roubles.  Son  histoire  ne  laisse  rien  a  desirer 
sous  le  rapport  du  style  et  des  details;  elle  doit  prendre  place 
a  cote  des  chefs-d'oeuvre  des  meilleurs  historiens  modernes.  II 
n'appartenait  qu'a  un  talent  aussi  eleve  d'appeler  par  I'habile 
disposition  des  evenemens,  autant  que  par  le  charme  du  style, 
I'a  ttention  des  lecteurs  sur  une  histoire  que  jusqu'alors  ils  avaient 
dedaignee  comme  arlde  et  sans  interet.  Cet  illuslre  ecrivain 
jouissait  de  toute  la  confiance  d' Alexandre ,  et  avait  acces  a 
toute  heure  aupres  de  ce  prince,  qui  le  visitait  lui-memequel- 
quefois ,  pour  recourir  a  ses  lumiores.  Sage  et  modere  dans  une 
si  belle  position ,  Karamzine  refusa  consta  mment  toutes  les  places 
que  lui  offrait  l'empereur;  celle  de  minislre  de  I'instruction 
publique  ne  le  tenta  pas  non  plus  :  son  intention  etant  de  con- 
sacrer  toute  sa  vie  a  terminer  son  important  ouvrage.  L'em- 
pereur Nicolas  le  combla  egalement  de  ses  faveurs;  mais  il  n'a 
pti  en  profiler  long-tems.  Un  abces  s'etait  forme  dans  sa  poi- 
irine;  esperant  Irouver  quelque  soulagement  sous  un  ciel  plus 
doux,  ileiait  sur  le  point  de  :-'embarquer;  mais  il  devait  niou- 
rir  dans  sa  patrie.  Ce  fut  le  11  mai  qu'il  expira  ,  et  le  i3  de 
ce  meme  mois ,  il  avait  recu  de  la  part  de  Nicolas  un  rescrit 


(2)   Possadnitza  vent  dire  femme  du  possadnik ,  premier  magistrat  de 
la  repnblique  de  Novgorod. 


244  EUROPE. 

tres-flatteur,  accompagiie  d'un  ukase,  dans  lequel  S.  M.  accordc 
a  Ivaramzine  une  pension  annuelle  de  cinq  mille  roubles 
(5ooo  fr.),  reversible  a  safcinme,  et,  apres  elle,  a  sesenfans. — 
Karamsine  avail  ccrit ,  ily  a  qiielques  annees ,  au  fondateur- 
directeur  de  la  Revue  Encyclopedique  une  lettie  conlenant  les 
lemoignages  dii  vif  interet  (ju'il  portait  a  une  entreprise  aussi 
utile,  destinec  a  rapprocher  par  des  communications  muluelles 
et  periodiques  les  hommes  eclair^s  de  tous  les  pays.    \       T. 

POLOGNE. 

Monnaie  polonaise.  —  L'empereur  Nicolas  a  decide  que  la 
monnaie  de  Pologne  conserverait  toujours  I'effigie  de  Tempe- 
reur  Alexandre,  a  qui  ceroyaunie  est  redevabledesareedifica- 
tion  :  grand  et  important  ouvrage  qu'il  avait  I'intention  de 
completer  quand  les  circonstances  generales  de  I'Europe  se- 
raient  plus  favorables  :  I'execution  de  celte  noble  pensee  reste 
confiee  a  son  successeur,  qui  s'esl  montre  jaloux  d'observer 
avec  un  sentiment  religieux  ses  volontes  les  plus  intimes. —  Les 
pieces  d'or  et  d'argent  presenteront  d'un  cole  I'effigie  de  leu 
l'empereur  et  roi ,  avec  une  couronne  de  laurier  sur  la  lete, 
et  cette  exergue  en  langue  polonaise  :  Alexandre  1"'' ,  empe- 
reur  de  Russie ,  restaurateur  du  royaumc  dc  Pologne  ( i8i5); 
de  I'autre  cote,  au  milieu  d'une  couronne  de  chene,  inscrip- 
tion de  la  valeur  de  la  piece  ;  au-dessous  de  la  couronne  ,  ces 
mots  :  Nicolas  I^'' ,  empereur  de  ioutes  les  Russies ,  roi  regnant 
de  Pologne.  La  monnaie  de  cuivre  n'eprouvera  aucun  chan- 
gement.  J- 

ALLEMAGNE. 

GoETTiNGtJE. — Societe  des  sciences. — Lecture  d'un  Memoire 
sur  thistoire  de  Perse.  —  La  Gazette  litteraire  de  Goetlingue 
(  Gelehrte  Anzeigen  )  rend  compte  d'un  Memoire  fort  important 
lu  a  la  Societe  royale  des  sciences  par  M.  Tychsen,  ou  ce  savant 
recherche  quelles  sont  les  sources  de  I'histoire  de  Perse,  et 
quel  degre  de  confiance  on  peut  leur  accorder.  Les  Arabes 
maltraiterent  beaucoup  plus  les  Perses  que  les  autres  peuples 
subjugues  par  eux;  car  ils  les  regardaient  comme  des  idolatres, 
et  d'un  autre  cote,  ils  comprenaient  combien  il  serait  difficile 
de  contenir  une  nation  aussi  etendue,  aussi  unie  par  la  langue 
et  par  la  religion ,  tant  que  I'ordre  des  mages  subsisterait.  Les 
temples  furent  done  detruits,  et  les  livres ,  brules.  L'islam  fut 
enseigne  par  la  force ;  toutes  les  places  furent  le  domaine  exclu- 
slf  des  Arabes,  et  dans  les  affaires  publiques,  il  fallut  se  servir 


ALLEMAGNE.  245 

de  leur  langue.  Cependant,  les  mages  chercherent  a  maintenir 

leur   religion,    et  plusieurs  livres  zend  paraissent  avoir  el6 

ecrits  a  cette  epoque.  L'excessive  severite  de  cetle  domination 

elrangerc  s'adoucit  sous  les  Abbassides  ,  et  les  Perses,  surtout 

ceux  du  Khorasan ,    adopterent  la  civilisation  arabe,   tandis 

que  les  Arabes  prirent  pour  eux  I'histoire,  les  recits  et  les 

preceptes  des  Perses. En  731,  Hescham  II  fit  fraduire  eu  arabe 

une  histoire  des  Sassanides,  et  au  x*'  siecle,  Massudi  en  vit  un 

magnifique  exeniplaire.  Sons  le  second  Abbasside  Almansur, 

un  Persan,  nomme  Mokaffa ,  fit  de  nombreuses  traductions. 

Bientot  les  Persans  se  mirent  a  rcrire  en  arabe,  et  enrichirent 

de  beaucoup  de  productions   la  litterature  de  cette  nation. 

Parmi  les  Listoriens,  on  cite  Behram  qui  ecrivit  sur  Moise  et 

Jesus;  puis,  Chosru,  Hescham  ,Cassim  d'Ispahan,  auleur  d'une 

histoire  de  la  guerre  des  Parthes  et  de  quelques  biographies. 

Lorsqu'a  la  fin  du  x*  siecle  les  Samanides  regnerent  sur  la 

Perse  orientale,  Mansur,  fils  de  Nuh,  chargea  son  visir  Abu- 

Mansur  de  reunir  tous  les  materiaux  d'une  histoire  de  la  Perse. 

Aide  de  quelques  savans,  celui  ci  mit  au  jour  le  Schah-Nameh, 

ou  Livre  des  rois  :  toutefois  ,  on  est  fonde  a  penser,  d'apres  la 

preface  de  I'auleur  meme,  que  ce  travail  a  ete  fait  sans  discer- 

nement.  L'auleur  parait  avoir  tout  accueilli ,  sans  distinguer  les 

contesromanesquesetles  fictions  des  recits  vraimenthisloriques. 

Les  premiers  cependant  avaient  subi  de  grandes  alterations  par 

lecoursdes  siecles;  ils  etaient  originaires  du  Khorasan  etde  la 

Perse  orientale,  et  c'est  pourquoi  le  Shali-Nameh  contientles 

nouveaux  noms  de  villes ,  de  pays.  II  y  est  beaucoup  parle  de  la 

guerre  centre  Turan;  a  peine  y  fait-on  mention  de  ce  qui  con- 

cemel'occident.  II  n'yest  pas  nonplus  question  de  chronologic; 

car  il  n'y  en  a  jamais  dans  les  recits  heroiques.  On  n'y  songea 

que  lorsqu'il  fallut  coordonner  les  traditions;  et  comme  on 

trouva  3ooo  ans  a  distribuer  entre  20  rois,  on  les  fit  regner 

pendant  des  siecles,  ct  le  seul  Bustem  obtint  600  ans  pour  sa 

part.  Au  surplus ,  c'est  une  manie  commune  a  plusieurs  peuples 

que   de   prolonger  les   anciens  regnes.  Quelque  defectueux 

qu'ait  pu  clre  ce  livre  ,  nous  serions  encore  heuresix  de  I'avoir ; 

au  lieu  de  cela,  il  ne  nous  reste  que  le  Schah-Nameh  de  Fer- 

dusi :  c'est  un  poemc  dans  lequel  I'imaginationa  trop  souvent 

obscurci  la  veritc.  Des  le  regne  des  Samanides,  on  avait  concu 

la  singuliere  pensee  de  transformer  en  poeme  I'histoire  d'un 

grand  peuple  ,  et  Dekiki  I'avait  entrepris;  mais  ce  fut  sous 

Mahmud  le  Ghasnevid  que  Ferdusi  I'acheva.  Assedi,  le  maitre 

deFerdusi,  y  .ijouta  la  conquete  de  la  Perse  par  les  Arabes. 

Mahmud  lui-m^me  avait  reuni  des  materiaux  pour  une  his- 


a46  EUROPE. 

toire  de  Perse,  et  Ton  dit  que  Ferdusi  apporia  a  Ghasna  nne 
hisloire  des  rois  et  la  cornpara  avcc  le  Basitan-Naineh  et  avec 
d'autrcs  ouvrages  historiques.  Lcs  chroniqiies  out  suivi  le 
poeme  de  Ferdusi;  et  il  est  difficile,  peut-etre  in^rae  impos- 
sible d'y  faire  la  distinction  du  vrai  et  dii  faux.  11  faudrait 
avoir  rccours  aux  auteurs  arabes,  tels  qu'Abu  Gufar-al-Tlia- 
bar,  qui  vivait  5o  ans  avant  la  redaction  du  Scliah-Nameh 
historiqiie;  Massudi  qui  vivait  vers  le  milieu  du  x^  siecle  et 
qui  aura  fait  usage  du  Basitan-Nameh;  enfin,  Hamzeh,  d'ls- 
pahan,  qui  ecrivit  long-tems  avant  Ferdusi,  et  mit  un  grand 
soin  a  etudler  I'histoire  ancienne  de  Perse.  II  y  a  un  beau 
manuscrit  de  son  ouvrage  a  la  bibliotlieque  de  Leyde  ,  et  Ton 
espere  qu'en  le  decrivant  dans  son  catalogue  ,  M.  Harnaker  eu 
donnera  des  extraits. 

Halle. —  Litterature  orientnle.  —  On  dit  que  M.  Fraehn 
travaille  a  la  redaction  d'un  catalogue  de  inanuscrits  orien- 
taux,  qui  existent  en  effet,  mais  que  Ton  n'a  pas  encore  pu 
decouvrir.  Ce  catalogue  doit  etre  distribuc  aiix  ambassadeurs, 
aux  consuls,  et  aux  voyageurs  qui  se  proposent  de  visiter 
I'Afrique  ou  I'Asie  ,  et  il  sera  d'un  grand  secours  ponr  les  gui- 
der  dans  leurs  recherches.  Pu.  G. 

SUISSE. 

Canton  deVaud,  —  E cole  pour  les  sonrds  -  muets  a  Yver- 
DON.  — Details  statisliques  sur les  sourds-muets.  —  L'Institut 
qu'avait  fonde  et  qu'a  dirige  long-tems  le  respectable  Pesialozzi, 
a  donne  quelque  celebrite  a  la  petite  ville  d'Yverdon,  situee  a 
I'une  des  extremit^s  du  lac  de  Neuchatel.  Le  clioix  de  Pesia- 
lozzi semblait  avoir  decide  Tetablissement,  dans  le  meme  lien, 
de  plusieurs  niaisons  d'education,  qui  exislerent  concurrem- 
ment  avec  la  sienne,mais,  qui,  depuis  la  chute  de  cette  der- 
niere,  ont  en  partie  disparu.  On  y  trouve  encore  deux 
institutions;  I'une,  pour  les  jeunes  j)ersonnes,  est  dirigee  par 
M.  NiEDERER,  autrefois  I'aini  et  le  collaboratcur  de  Pestalozzi, 
et  par  sa  femme  ;  I'autre,  pour  les  sourds  -  muets,  a  ete  fondee 
par  M.  Naeff  ,  qui  lui  consacre  avec  un  zele  constant,  des 
soins  eclaircs ,  et  des  connaissances  muries  par  une  longue  expe- 
rience. Son  ecole,  qui  compte  plus  de  dix  annees  d'existence, 
a  etd  visitee  dernicrement  par  une  commission  du  Conseil 
academique  de  Lausanne.  Nous  ne  poiivons  la  faire  mieux 
connaitre  qu'en  citant  le  rapport  de  cette  commission. — 
n  L'Institut  des  sourds  -  muets  n'est  pas  jilace  sous  I'inspection 
immediate  du  Conseil  academique;  mais  il  offieune  trop  liaute 


SUISSE.  a^7 

inopbrlance  poiirne  pas  meritervotre  attention. Nous avous  fait 
deux  visites  a  M.  Naeff;  nous  avons  vu  ses  eleves  au  milieu 
de  leurs  jeux,  qui  etaiexit  des  exercices  {^yninastiques;  nous 
les  avons  vus  a  leurs  repas,  ouils  trouvaientdans  cet  inslitu- 
teur  et  dans  son  epouse  I'affeclion  et  les  soins  de  parens  pour 
leurs  enfans;  nous  les  avons  vus  enfin  dans  leurs  lecons.  Quel- 
ques  lieures  ne  suflisaient  pas,  sansdoute,  jiour  suivre,  dans 
son  ensemble  et  dans  ses  details,  la  niarche  d'une  instruction 
qui  doit  durer  plusieurs  annees;  mais  les  points  partlculiers , 
sur  iesquels  le  hasard  a  porte  notre  attention,  nous  ont  parn 
remplir  toutes  les  esperances  que  Ton  peut  concevoir  d'une 
education  semblable...  Nous  avons  ^te,  entre  autres,  tres  sa- 
tisfaits  de  I'ecriture  et  de  Torthographe  des  eleves ;  nous  arons 
parlicuiierement  observe,  avec  beaucoup  d'interet,  un  exercice 
propre  a  donner  la  mesure  du  developpement  intellectuel  et 
moralque  peulrecevoirunjeunesourd  -  muef.  C'etaitlaleclure 
par  signes  d'un  recif,  ecrit  sur  la  gtande  table  noire  et  tiro  de 
i'Histoire  sainte  ( la  inort  de  Sisera ,  lU'.  des  Juges )  ,  dans  lequel 
on  trouvait  une  reunion  de  notions  sensibles  ,  d'ideesabstraites 
et  de  sentimens.  Le  jeune  eleve  a  exprime  les  uns  et  les  autres, 
au  moyen  du  jeu  de  sa  physionomie,  de  son  attitude  el  de  ses 
gestes ,  avec  une  verite  ,  une  force  et  memc  une  de'icatesse  qui 
avaient  quelque  chose  de  touchant.  Cette  lecture  nous  a  prouve 
quelesourd-muet  est  susceptible  de  recevoir  toule  I'education 
de  I'enfant  le  raieux  organise.  On  nous  a  fait  lire  aussi  un  des 
journaux  que  les  eleves  de  M.  Naeff  sont  accoutumes  a  com- 
poser, et  une  leltre  qu'un  de  ces  jeunes  gens  ecrivait  a  son 
pere;  il  aurait  ete  difficile  de  rien  trouver  dans  ces  productions 
enfantines,  qui  annoncat  que  I'auteur  n'etait  pas  semblable 
aux  autres  ecoliers  de  son  age.  M.  Naeff,  toujours  aninie  du 
desir  de  reraedier  aux  defauts  de  I'crganisation  physique  de 
ses  eleves,  parvient  quelquefois ,  a  force  de  peines  et  de  pa- 
tience ,  a  leur  apprendre  a  prononcer  a  liaule  voix ,  c'est  a-dire 
a  expriraer ,  par  des  emissions  de  sons  anicules,  les  syllabes 
et  les  mots  ecrits;  nous  avons  entendu  une  lecture  de  ce  genre; 
elle  etait  intelligible,  mais  penible.  M.  Naeff  a,  dans  ce  mo- 
ment, dix  eleves  ,  tous  fort  jeunes  ;  il  ]:iourrait  en  avoir  un 
beaucoup  plus  grand  nombre.  Sa  maison  est  vaste  ;  la  saile 
.  d'etude  et  cclle  du  refectoire  sont  grandes  et  commodes;  der- 
riere  la  maison  est  un  jardin  agrdablc.  II  est  impossible, 
lorsqu'on  visile  celle  institution,  de  ne  pas  desirer  vivement 
qu'elle  recoive  des  garanties  publiques  d'exislence  et  de  de- 
veloppement. » 

Nous   ajoutons  ici  queltjues  details  extraits  d'une  iVt»/e  ftrt- 
tistique  iur  les  sourds  -  muets  qui  se  trouvent  dans  le  canton 


a48  EUROPE. 

de  Fauci,  lue  a  la  Societe  cantonale  duUlite  puhlique  ( Voyez 
Re\<.  Enc  ,  t.  xxix  ,  p.  879),  par  M.  le  professeur  Gindroz. 
Ces  fails  sont  puises  dans  les  renseignemens  officiels ,  fouriiis 
par  laapasteurs.  Dans  67  paroisses,il  n'y  a  point  de  sourds- 
muets;  les  55  autres  en  compteiit  i52.  En  portant  la  population 
du  canton  a  i55, 000  dines,  on  trouvequ'il  y  a  environ  ww^oz/ro'- 
muet  sur  1000  habitans.  Lc  district  de  Moudon  ,  sur  une 
population  de  6,602  habitans,  a  43  sourds  -  muets  ;  celui  de 
Payerne  ,  25  sur  6,095  habitans;  celnid'Aubonne,  20  sur6, 638; 
enfin,  celui  de  la  Vallee,  12  sur  3,938.  II  serait  curieux  de 
rechercher  a  quelles  causes  physiques  on  doit  attribuer  ces 
disproportions  bien  marquees.  En  considcrant  ces  i52  sourds- 
muetssous  le  rapport  de  leur  aptitude  a  recevoir  les  secours 
de  I'education  ,  on  pent  les  classer  de  la  raaniere  suivante  : 
66  sont  tres-susceptibles  d'education,  70  ne  paraissent  propres 
a  recevoir  aucune  espece  de  culture  intellectuellc  ,  a  cause  de 
leur  age,  ou  de  leur  etat  maladif,  ou  d'une  imbecillite  voisine 
du  cretinisrne ;  x6,  enfin,  forment  une  classe  intermediaire 
avec  laquelle  on  pourrait  essayer  quelque  instruction  :  mais 
le  succes  serait  douteux.  La  plupart  de  ces  infortunes  appar- 
tiennent  a  des  families  peu  aisees,  ou  m^nie  qui  se  trouvent 
dans  I'indigence.  Sur  les  82  qui  feraient  esperer  quelques  resul- 
tats  des  soins  que  Ton  donnerait  a  leur  education,  26  seulement 
pourraient  contribuer  aux  fraisnecessaires.  M.  Gindroz expriroe 
le  Yoeu,  etlaisse  concevoir  I'esperance  que  legouvernement  de 
son  pays  s'occupera  enfin  d'amellorer  le  sort  de  ces  infortunes, 
et  profitera  des  ressources  et  des  lumieres  que  lui  offrent  d^ja 
I'etablissement  et  I'expcrience  de  M.  Naeff. 

Fribourg.  —  Societe  cV antiquaires .  —  Le  canton  de  Fri- 
bourg  comme  plusieurs  autres  parties  de  la  Suisse  ,  oii  les  Ro- 
mains  avaient  des  etabJissemens  considerables,  est  riche  en 
antiquites  precieuses,  que  I'insouciance  a  laissees  jusqu'a  pre- 
sent enfouies  et  ignorees.  La  decouverte,  due  au  hasard  de 
plusieurs  monumens  tumulaires,  de  mosaiques  precieuses,  et 
de  divers  debris  des  tems  antiques,  vient  de  reveiller  le  zele 
de  quelques  amis  des  sciences  et  des  arts.  lis  se  sont  reunis  et 
ont  fait  un  appel  a  ceux  de  leurs  compatriotes  qui  voudraienl 
encourager  une  enti'eprise  utile,  et  honorable  pour  leur  pays. 
Les  citoyens  les  plus  disfingues  du  canton  forment  le  noyau  de 
cette  societe ;  ils  ont  publie  un  prospectus  ou  ils  indiquent  ainsi 
le  but  qu'ils  se  proposent : «  1°  faire  fairedes  fouilles  dans  les 
endroits  oil  des  decouvertes  anterieures,  ou  bien  les  indica- 
tions de  personnes  instruites  pourraient  faire  concevoir  quel- 
que espoir  de  succes ;  2"  recueillir  les  divers  objets  curieux 


SUISSE.  —  ITALIE.  a/Jr, 

deji  decouverts,  qu'on  tacherait  d'obtenir  graluitement,  ou 
en  les  payant,  des  personnes  qui  les  possedent ;  3°  reunir  dans 
un  meme  local  et  posseder  en  cornmun  tons  les  objets  qui  se- 
raient  decouverts  ,  achetes  ou  donnes.  A  cet  effet,  tout  socie- 
taire  s'engage  a  contribuer  pour  sa  part  aux  frais  fails  pen- 
dant I'annee,  dans  Ic  but  indique.  Des  que  le  nombre  dcs 
societaires  aura  atteint  celui  de  20  ,  ils  seront  invites  a  se  reu- 
nir pour  nommer  la  commission  directrice  qiii  aura  son  yire- 
sident  et  son  secretaire  ,  et  sera  chargee  de  rediger  un  projet 
de  reglement,  afin  de  donner  plus  de  stabilite  a  I'associaiion 
et  d'encourager  les  dons  volonlaires.  »  Depuis  la  publication 
de  ce  prospectus,  le  nombre  des  societaires  s'est  augmente  ra- 
pidement  et  a  deja  depasse  le  terme  fixe  pour  retablisscment 
definitif  de  la  societe.  A — e. 

ITALIE. 

Propagation  de  la  vaccine  en  Savoie  eta  Piaguse.  —  Tandis 
que  I'experience  vient  chaque  jour  confirmer  de  plus  en  plus 
I'efficacite  de  I'inoculation  du  vaccin  ,  il  est  affligeant  de  voir 
despeuples,  aveugles  par  I'ignorance  et  par  la  superstition, 
s'obstinera  nepas  accepter  cebienfait  de  la  science,  et  Ton  doit 
rendre  graces  aux  gouvernemenseclaires  et  aux  bommes  genc- 
reux  qui  s'efforcent,  en  lultant  contre  de  funestes  preventions, 
depropager  la  vaccine.  Nous  apprenons  que,  dans  la  Savoie,  le 
nombre  des  vaccinations  ,  pendant  I'annee  1824,  s'est  eleve 
jusqu'a  4,252,  tandis  qu'en  1823  il  n'avait  ete  que  de  i,3ii. 
Cet  avantage  est  du  au  zele  de  la  Commission  etablie  pour  la 
propagation  de  la  vaccine,  et  aux  soins  des  liommes  de  I'art 
qu'elle  a  charges  de  vaccinergratuitement  dans  toutes  les  com- 
munes. Nous  nous  empressons  de  rendre  ici  justice  a  M.  Lur 
Stulli,  membre  de  la  Commission  de  sante  et  raedecin  en 
chef  de  I'hopital  civil  de  Raguse.  Ce  medecin  philosophe  a 
preserve  cette  contree  des  ravages  periodiques  de  la  variole 
auxquels  elle  etait  exposee.  Apres  avoir  etudie  a  Bologne  et  a 
Padoue  la  philosophic  et  la  medecine ,  surtoul  sous  le  cclebre 
Galvani ,  il  connut  a  Florence  I'anatomiste  Felix  Fontana  ;  a 
Naples,  I'infortune  Cirillo,  et  le  respectable  Cotugno  ;  puis,  il 
rapporta  dans  sa  patrie  I'instruction  qu'il  avail  jjuisee  dans  la 
societe  de  ces  illustres  savans.  Nomme  I'un  desquatre  niede- 
cins  de  Raguse,  a  I'epoque  oix  le  pays  etait  organise  en  repu- 
blique,  M.  Stulli  voulut  rivaliser  de  zele  avec  son  gouverne- 
men t;ilseproposad'introduire la  vaccine  parmisesconcitoyens, 
et  triompha  de  tous  les  obstacles  que  lui  opposaieni  I'inexpe- 


a^o  EUROPE. 

I  ience  et  rerrenr.  II  publia  uii  catecliisme  dans  les  deux  iangues 
italienne  ct  illyrique,  pour  enseigner  cette  mdthode,  et  le  fit 
distribuer  gratis  dans  toute  la  republique.  II  celebra  en  inenie 
teins  la  dccouverte  de  Jenner  ,  dansuri  poeiiie  qu'il  Ct  impri- 
raer ,  en  1804  ,  a  Pesto.  Depuis,  il  n'a  jamais  cesse  d'envoyer 
a  ses  dejjens  dans  les  campagiics  des  lionimes  liabiies  qui , 
coinnie  autaul  d'apolres  de  la  sanle  ,  dt'truisaient  les  germes 
de  cette  fa  tale  nialadie.  C'estpendantdouzeanneesque  M.  Stulli 
s'est  acquitle  de  cette  noble  mission,  sans  avoir  ni  recu,  ni 
soUicite  aucune  recompense  de  son  gouvernement ;  il  n'a  etc 
inspired  que  par  I'interet  de  sa  patrie ,  a  laquelle  il  a  donne  en- 
core d'aulres  preuves  de  devoument ;  en  s'occupant ,  par  exem- 
ple,  d'arreler  la  peste  qui  s'clait  introduite  a  Raguse,  vers  la 
fin  de  181G.  Nous  avons  juge  conyenable  de  signaler  un 
lionime  qui  ne  se  lasse  point  de  repandre  les  luDiieres  unique- 
raent  au  profit  de  I'humanite. 

Litterature  classique. —  Publication  piochaine. —  M.  Joseph 
PoMBA  s'est  fait  un  nom  celebre  dans  la  republique  deslettres, 
par  la  belle  collection  des  Classiques  latins ,  qu'il  continue  de 
publier  avec  une  louable  exactitude.  L'accueil  favorable  qu'a 
obienu  cette  entreprise,  I'engage  a  en  commencer  une  autre  , 
non  moins  precieuse,  a  laquelle  il  donnera  les  niemes  soins, 
celle  des  Classiques  grecs.  II  annonce  qu'elle  doit  contenir  les 
historiens,  les  ora'.eurs  et  les  poetes.  Le  format  et  le  papier 
seront  les  memes  que  ceux  de  la  collection  des  classiques  la- 
tins. Un  choix  de  la  meilleure  version  latine  de  chaque  aufeur  , 
et  des  meilleures  notes  que  renferment  les  commentaires  les 
plus  estimcs,  rendra  surlout  cette  edition  fort  recommandable. 
On  y  irouvera,  par  exemple,  les  orateurs  de  Reiske ,  I'Hero- 
dote  de  Schweighoeuser  ,  le  Thucydide  de  Gottleber  et  de 
Bai'ero ,  I'Homere  de  Heyne,  etc.,  ])uis,  tons  les  morceaux 
inedits,  recemment  decouverts,  et  cjue  n'offre  aucune  edition 
precedente.  Le  premier  volume  qui  paraiira  est  I'lsocrate  du 
respectable  Coraj ,  avec  les  notes  de  ce  savant,  traduites  en 
latin,  et  la  version  latine  du  texte,  par  Auger.  Cette  edition 
d'Isocralesern,  en  outre,  tnrichiede  diverses  notes  de  M.  Mus- 
toxidi,  de  variantes  que  cet  erudit  a  puisees  dans  un  raanus- 
crit  de  la  bibliotheque  ambrosienne  a  Milan,  enfin,  d'un  viede 
I'oraieur  aihenien,  dont  il  a  du  la  decouverte  a  ses  doctes  re- 
cherclies.  - 

Des  que  I'editear  aura  donne  les  deux  premiers  volumes  de 
celte  L;rande  coliectioii ,  i!  en  piibliera  un  ,  tbaque  mois,donl 
leprix  sera  de  32  centimes  la  feuille.  II  y  aurauu  certain  nom- 
bre  d'exemplairei  imprimes  sur  un  papier  magnifique.  F.  S. 


GRECE.  —  ESPAGNE. 


GRECE. 


Duel  de  deux  Souliotes.  — Le  fait  suivant,  dont  nous  lisons 
la  relation  dans  un  journal  impriine  en  Grece,  nous  a  para 
fournir  un  exemple  digne  d'etre  imite  par  Jes  militaires  de 
tous  les  pays.  —  «Denxjeiines  Souliotes  de  la  garnison  de  Mis- 
solonghi,  se  trouvant  un  jour  a  table,  prirent  qnerelle,  ct 
ctaient  prets  a  s'allcr  battre. — Fiere,  dit  le  ])lusieune,  si  tu  es 
un  brave,  nous  n'avons  pas  besoin  de  nous  battre  I'un  contre 
I'autre,  etdenous  exposerainsi  amourir  avec  ignominie.  Mais, 
marchons  a  I'ennemi ;  et  la,  nous  verrons  quel  est  le  plus  brave 
de  nous  deux.  —  A  la  bonne  heure,  repondit  I'autre. —  Aus- 
silot,  ils  lirerent  leurs  sabres  et  coururent  vers  le  camp  des 
Turcs  :  le  plus  age,  apres  avoir  tue  cinq  des  soldats  ennemis  , 
tomba  lui-meme  atteint  d'une  balle :  niais  le  plus  jeune,  qui 
en  avait  deja  tue  dix  ,  voyant  son  compagnon  etendu  par  terre, 
se  diiige  vers  lui,  I'emporte  sur  ses  epaules,  et  gagne  les  re- 
tranchemens,  n'ayant  ete  que  blesse  d'un  coup  de  pistolet  dans 
sa  retraite.  « 
(Exlraitdujournal  intitule  :Z'^wiV/e/rt/oi,janvieri  826. N°  1 76.) 

ESPAGNE. 

Introduction  de  la  cochen'dlc.  —  Vers  a  sole  dits de  la  Chine. 
• —  On  travaille  avec  beaucoup  d'activite  ,  dans  plusieurs  villes 
des  provinces  meridionales  de  I'Espagne  a  V acclimatation  de 
la  cochenille.  T.a  Societe  economique  de  Cadix  a  reussi  dans 
celte  utile  entreprise,  au  dela  de  ses  esperances.  A  Murcie  et 
a  Carthagene  ,  on  a  fait  des  essais  qui  ont  presente  les  plus  beu- 
reux  resullats.  On  sait  que  ce  precieux  insecte  se  nourrit  des 
feuilles  d'une  espece  particuliere  de  cactus,  qui,  depuis  des 
siecles,  prospere  en  Andalousie ,  et  sert  a  former  des  haies 
iiopenetrables  autourdes  vignes  et  des  bois  d'oliviers. 

On  a  inlroduit  aussi  a  Murcie  les  vers  a  soie  de  la  Chine,  on 
vers  a  soie  blanche,  dont  les  produits  sont  superieurs  en  qua- 
lite  et  en  quantite  a  ceux  des  vers  ordinaires  Cette  importanic 
amelioration  est  due  au  zele  de  D.  Thomas  Serrano  qui,  apre> 
une  vie  consacree  au  bonheur  de  sa  palrie,  a  ete  force  de  clier- 
cher  a  Gibraltar  un  asile  contre  les  persecutions  de  la  faction 
servile.  M.  Serrano,  qui  a  letabli  en  Espagne  I'ancien  usage 
des  silos,  se  propose  d'adresser  a  M.  Ternaux  un  memoire  sur 
cette  branche  de  I'induslrie  ruiale. 

Ce  patriote  cclaire  est  aussi  I'auteur  d'une  prcjjaration  inge- 
nieuse,   au  moyen  de  laquelle   la   poinme    d'amour,  [tomate) 


25i  EUROPE. 

conserve  pour  un  teins  indcfini  son  parfum  et  ses  qualitcs,  et 
peut,  sousitn  petit  volume,  etre  transportee  a  de  grandes  dis- 
tances. Ce  procede  consiste  a  pulveriser  le  fruii ,  apres  I'avoir 
fait  secher  au  soleil  et  au  four.  Pour  consoz'ver  la  poudre  qui 
en  rosulte,  il  suffit  de  ne  point  la  laisscr  exposee  au  contact 
de  I'air. 

Proccdes  de.la  censure.  — La  censure  deBarcelonne  a  refuse  la 
])erniission  d'iniprinier  une  traduction  es])agnole  A'Ourika.  Les 
censeurs  de  Valence  n'ont  pas  etemoins  rigoureux  envers  cette 
intcressante  victime  de  I'aniour.  Le  deci'et  de  ce  dernier  tribunal 
est  concu  en  ces  lerines  :  «  II  n'est  pas  con\  enable  que  Ton  iin- 
])rinie  ce  roinan  ,  ecritpariineduchesse.  La  lecture  pourrait  faire 
croire  qu'il  y  a  des  personnes  qui  embrassent  I'etat  religieux 
par  suite  d'unc  conlrainte  morale.  Signe  Fr.  Antonio  Diago.  >> 

/.-/.  DE  Mora. 

PAYS-BAS. 

Utrecht. —  Culture  dcx  Jleurs. —  Expositions  publiques.  — 
Chaque  annee  il  y  a  dans  la  partie  sej)tentrionale  du  royaume 
des  Pays-Bas,  deux  expositions  de  plantes :  I'une  a  Harlem, 
dans  les  premiers  jours  de  juin;  I'aulre  a  Utrecht,  vers  la  fin 
du  meme  mois.  Touies  les  deux  ont  ele  fort  brillantes  cette 
annee.  Des  prix  ont  etc  distiibuds  pour  les  planles  les  plus 
belles  et  les  plus  rares.  C'est  une  institution  digne  d'un  pays 
oil  les  plantes  rares  etles  fleurs  ont  toujours  etc  cultivees  avec 
tant  de  solns  et  de  succes. 

Bateaux  a  vnpeur.  —  L'usage  de  ces  bateaux  se  multiplie 
de  plus  en  plus  dans  la  parlie  septentrionale  du  royaume.  La 
ville  de  Rotterdan)  oil  se  Irouve  etablie  la  Societc  nationale  des 
bateaux  h  vapeur,  est  le  centre  de  cette  navigation.  Outre  le 
bateau  (jui  part  pour  Londres,  il  y  en  a  un  qui  renionte  le 
Rliinjusqu'a  Cologne  ,  un  qui  fait  journellement  la  route  d'An- 
vcrs,  et  un  trnisieme  qiii  va  jusqu'a  Middelbourg.  II  existe 
pareilleiuenl  a  Amsterdam,  une  societe  qui  fait  parlir  rcgulie- 
reinenl  des  bateaux  pour  llambourg.  La  navigation  par  la  va- 
peur a  ete  etablie  anssi  pour  des  Irajets  d'une  moindre  impor- 
tance: entre  Rotterdam  et  Dordrecht,  Amsterdam  et  Harlingeii, 
Amsterdam  el  Sardam,  etc.  Un  enorme  bailment  a  vapeui'  a 
ete  construit,  aux  fraisdu  gouvernement,  prcs  de  Rotterdam; 
il  est  destine  pourle  vovage  des  Grandes-Indes. 

Utrecht.  —  La  Socie.'r  des  arts  et  des  sciences  de  cette  ville 
a  tenu  sa  seance  generale  annuelle,  le  23  juin  dernier.  M.  le 
pr  ofesseur  de  Fremens  ,  president,  apies  avoir  pave  un  juste 


PA.  YS-BAS.  — FRANCE.  iSi 

Iribut  de  reconnaissance  a  la  memoiie  des  inembies  morts 
dans  le  courant  de  I'annee ,  a  distribuc  les  mcdailles  adjugees 
I'anneeprecedenteaMM.  Bennet,  Van  Wys  Rz  et  J.  Lenting, 
dont  les  memoires  avaient  ete  juges  dignes  des  prix  proposes. 
Les  questions  mises  au  concours  sent  en  trop  grand  noin- 
bre  et  tiop  ddtaillees  pour  que  nous  puissions  les  tianscrire  ici 
texluellement.  La  plupart  des  questions  de  physique  ont  rapport 
aux  provinces  septentrionales  des  Pays  -  Bas  ;  parmi  celles  qui 
sont  d'un  interet  europeen,  nous  signaleronsune  question  sur 
la  convenance  et  les  avantages  de  I'enseignement  en  langue  la- 
tine,  tombc  en  desuetude  ailleurs,  mais  conserve  dans  les  Pays- 
Bas;  d'autres,  sur  Ossian,  considere  comma  le  j)ere  et  le  fon- 
dateur  de  la  litterature  germanique  ;  snr  I'influeuce  de  la  con- 
federation anseatique  ;  sur  le  commerce  des  Pays-Bas;  sur  la 
distinction  des  puissances  legislative,  executrice  et  judiciaire, 
dans  un  etat;  sur  le  vrai  but  de  la  societe  civile;  sur  les  prin- 
cipes  du  droit  crlminel,  etc. 

Les  reponses  devront  etre  envoyees ,  /ranches  de  port, 
avant  le  i*"'  octobre  1827  ,  a  M.  le  professeur  ScHROEDER,a 
Utrecht. 

Amsterdam.  —  Concert  au  profit  des  Grecs.  — Le  i5  juin, 
on  a  execute  dans  cette  ville  au  profit  des  Grecs  I'Oratorio 
das  IVeltgericht  (le  jugement  dernier)  de  BI.  Frederic  Schnei- 
der, compositeur  allemand.  Plus  de  1^0  personnes  ont  con- 
couru  a  I'execution  de  cette  magnifique  composition  musicale 
qui  a  obtenu  tons  les  suffrages.  X. 

^  FRANCE. 

lie  de  la  Camargue  (  Bouches-du- Rhone ).  —  Assainisse- 
ment  et  fertilisation  (  par  un  nouveau  mode  de  culture)  de 
cette  lie.  —  L'ile  de  la  Camargue  ,  situee  aux  bouches  du 
Rhone  qui  parait  I'avoir  formee  par  atterrissemens,  est  ua 
bassis.  triangulaire  de  74,200  hectares  de  superficie.  3i,3oo 
hectares  sont  en  palurages  naturels,  ou  en  terrains  vagues ; 
19,900  en  etangs  et  en  bas-fonds  sales;  12,600  seulement  se 
trouvent  en  etat  de  culture  ,  et  il  y  en  a  10,400  en  marais. 
Ces  niarais,  foyer  d'infection ,  produisenl  parmi  les  animaux 
de  nombreuses  epizootics;  chez  les  hommes,  des  fievres  inter- 
mittentes  qui  se  renouvellent  chaque  annee,  des  fievres  bi- 
lieuses  et  putrides  dont  la  frequence  egale  le  danger,  enfiu 
des  epidernies  qui  nchevenl  la  mine  des  malheureux  habitans. 
Tel  est,  presque  mot  pour  mot,  le  temoigtiage  de  M.  Poule 
ingenieur  de  I'arrondissement  d'Arles,  dans  lequella  Camargue 
est  siluee  ,  et  celui  de  M.  Garella,  ingenieur  en  chef  du  de- 


a  5/,  FRATVCE. 

parteiuent  des  Bouches-du-Rli6ne  (i).  Lcuis  pr^d<5cesseurs  les 
iiliis  liabilei  avaient  tenulc  memelangnge, fruit  des  mcmes  ob- 
servations. On  pourrail  citer,  enlre  auties. MM.  Gorsse,  Carrier 
ot  Crognard.  Mais  il  existe  nn  temoignage  plus  decisif  encore 
<t  ])ltis  effrayant ,  celui  des  registres  de  I'etat  civil  d.ins  les  villas 
((ui  out  Ic  malheur  d'avoisiner  la  Camargue.  Ternie  moyen  ,  la 
loorlaiite  n'est,  en  Fiance,  que  dti  qunranlieme  Ac  la  popula- 
tion. Eile  est  d'un  vhigtieme  a  Saint  Gilles,  et,  a  quelqiie  dif- 
feience  pres,  dans  Aries  ct  a  Bellegarde.  Enfin,  M.  Poule  assure 
([u'a  Sainte-Maric,  situee  en  Camargue  raeme,  elle  s'eieve,  ccr- 
faines  annecs,  jtisqu'a  un  huitieme.  Croirail-on,  en  lisant  de 
pareils  faits,  qu'il  s'agit  d'une  vaste  contrce  placce  sous  le  plus 
beau  ciel  de  la  France? 

Certainemenf,  assainir  un  lei  pays,  sans  songcr  meine  a  le 
feconder,  serait  deja  un  immense  service.  Mais  trouver  et 
determiner  les  moyens  de  I'assainir,  en  decuplant  par  degres 
toutes  ses  recoUes  ,  est  le  problemc  que  M.  de  Riviir>F.,  maire 
de  Sainl-Gillcs,  n'a  pas  craint  de  se  proposer,  qui  fait  depuis 
quelques  annces  I'objet  dc  ses  meditations  ,  le  siijef  de  ses 
ocrits,  de  ses  demarches  ,  et  qu'il  sembie  enfm  elre  parvenu  a 
resoudre  dans  un  ouvrage  dont  la  publication  rccente  a  pro- 
duit,  parmi  les  liommes  accoulumcs  a  considerer  en  grand 
i'^'conomie  et  I'lnduslrie  agricolc,  une  vive  sensation  (2). 

Frappes  du  vaste  plan  d'ameliorations  qu'il  developpe  avec 
autant  de  sagesse  que  d'intcr^t ,  nous  aurions  voulu  pouvoir  en 
donner  a  nos  lecteurs  au  moins  une  idee  sommaire.  Mais  nous 


(i)  Leurs  Mcmoires  manuscrits  sont  deposes  a  la  direction  des  ponts 
et  chaussees,  on  I'aulenr  d'un  livre  dont  nous  parlerons  tont-a-rheure, 
et  qui  nous  fournit  ces  renseigcemens,  a  ete  a  portee  de  les  consnlter. 

(a)  yiemoiresnrla  Camargue,  far  M.  he  Riviere,  niaire  de  Saint-  Gilles, 
correspondant  de  plusieurs  Societes  savantes.  Paris  ,  1826  ;  Mm"  Hnzard  , 
rue  de  I'Eperou ,  n°  7.  In-S"  de  2 1 5  p.  — Sous  ce  titre  modeste  de  Memoirc, 
I'aulenr  donne  ,  non-seulement  la  statistique  la  plus  complete  de  Tile,  les 
notions  les  plus  utiles,  et  souvent  aussi  les  plus  curieuses,  sur  les  moeurs, 
les  habitudes,  les  circonstances  locales,  etc.;  mais  ,  ce  qui  raeiltc  parti- 
(ulierement  I'attention  de  tons  les  lecteurs  eclaires,  il  trace  le  tableau  le 
plus  neufct  le  phis  fiappant  de  Vemploi  des  eaiix  dans  I'agricullure  des 
divers  pays  civilises.  II  passe  ensuite  a  Texameu  des  systemes  d'amelio- 
lation  proposes  jusqa'a  ce  jour;  et  c'est  apres  les  avoir  lous  caractcrises  , 
qu'il  expose  son  propre  systeme ,  et  ses  moyens  d' execution.  Tout  cela  , 
uresente  sans  la  moindre  apparence  d'exageration  ou  d'emphase,  et  avec 
une  marche  Ires-pbilosophique,  nous  a  paru  reniarquable  et  convaincant. 
M.  de  Riviere  y  fait  preuve  d'une  grande  varicic  de  connaissances ,  ton- 
joars  raoieiieet  a  des  vaes  de  bien  public. 


DEPARTEMENS.  a55 

nous  sommes  apercus  qu'il  leur  faudrait,  pour  en  saisir  I'em- 
semble,  ou  connaitre  les  localitos,  ou  ,  corame  iieus,  avoir  sous 
les  yeux  \e plan  du  Delta  du  Rhone  qui  precede  nne  autre  bro- 
chure sur  le  raerae  siijet ,  pubiiee  I'ann^e  dernicre  par  I'a'uteur. 
Nous  nous  borncrons  done  a  observer  que  son  sjsteme  est,  a 
plusieurs  egards,  celui  de  I'ancienne  Egyplc.  II  ne  doule  nulle- 
ment  qu'on  ne  puisse  faire  ,  a  I'aide  du  Rhone,  ce  que  les 
Egypliens  fesaient,  h  I'aide  du  Nil,  ct  renouveler  ainsi;  dans 
noire  Delia  la  merveilieuse  fecondilo  qu'ils  avaient  su  donner 
ail  leur.  En  lisant  cette  assertion,  on  eprouve  etonneinent  et 
defiance:  quand  on  a  bien  lu  le  Memoirc,  on  ne  peut  se  refuser 
a  la  croire  demontree. 

C'est  la  premiere  fois  qu'une  tentalive  de  ce  genre  a  el  e  pro- 
j)os^e  en  Europe ;  et  cependant  elle  est  developpee  dans  lous  ses 
details  avec  tant  de  justesse  et  de  clarte,  elle  prcsente  evidem- 
ment  de  telles  chances  de  succes  et  de  profit ,  que  tout  s'em- 
presse  d'y  conconrir.  Dcja  la  compagnie  qui  doit  I'execuler  est 
forniee  :  elle  renferme  dans  son  sein  les  hommes  les  plus  ilislin- 
giies  par  leur  consideration  personnelle, leur  fortune,  ou  leur 
position  sociale.  Cette  promptitude  a  reunir  les  moyens  d'e ;xecu- 
tion  exiges  potir  une  telle  entreprise  est  un  des  traits  caracteris- 
tiques  de  notre  t'poque.  L'agriculture  a  long-lems  manque  en 
France  d'un  element  de  prosperite ,  qui  a  fait  des  prodiijes  en 
Hollande  ct  en  Anglelerre;  nous  voulons  dire,  I'esprit  d 'asso- 
ciation, la  facllite  pour  I'agriculteur  de  faire  concourirle  capi- 
taliste  a  des  speculations  qui,  embrassant  de  vasles  surfaces, 
doivent  necessairement  enlrainer  des  debourses  considerables. 
Si  nous  sommes,  a  cet  egard,  trop  loin  encore  de  nos  voisins , 
nous  fesons  du  moins ,  chaque  jour,  quelcpies  pas  nouveaux 
pour  les  atteindre  :  et  e'en  est  un  grand,  a  notre  avis,  que 
I'entreprise  concue  il  y  a  quelques  annees  par  M.  de  Riviere, 
et  des  a  present  adoptee  par  une  societe  capable  de  la  mettre  a 
execution.  Chose  etrange,  mais  ordinaire!  cpiand  tout  s'em- 
presse  de  favoriser  ses  vues  genereuses,  il  semble  prevoir  des 
obstacles  dans  les prrjuges  locaii.x,  c'est-a-dire,  dans  ceux  ineme 
de  ses  concitoyens  qui  doivent  le  plus  gagner  a  ses  pi'ojets 
d'amelioration  !  Qu'imporle  ?  il  n'ignore  point  qu'on  n'a  ja- 
mais fait  du  bien  aux  hommes  sans  que  des  hommes  aient 
tente  de  s'y  opposer.  D'ailleurs,  il  ne  s'agit  pas  seulement  de 
quelquesproprielaires  de  la  Camargue,  la  pernicieuse  influence 
de  ]eursjbyers  d'injection  se  fait  plus  ou  moins  scntir  dai)S  ime 
grande  partie  des  departeraens  du  Gard  et  des  Bouches-du- 
Rhone.  Enfin ,  ces  departemcns  meme  ne  sont  pas  seul  in  teres- 
ses  dans  celte  vaste  ct  necessaire  en'.reprise.  C'est  evidemment, 


a56  FRANCE. 

au  contiaiie,  un  objel,  et  un  gninJ  objet  d'ulilitii  publirjue 
pour  la  France  enliere,  puisque  des  medecins  habiles  et  digues 
de  toute  confiance,  ont  vu ,  deja  deux  fois  ,  disent  -  ils  ,  Ja 
fievre  jaune  SQ  montrer  aux  bords  des  marais  dii  Pian-du- 
Bourg.  Que  M.  de  Riviere  acheve  done  ce  qu'il  a  si  dignement 
et  si  heureusemeiit  commence.  11  ne  trouvera  plus  alors  que 
des  bi-nodictions  chez  ceux  nicme  qui  aujourd'hul  lui  font 
craindre  des  resistances;  et  il  aura  nierlte  d'obtenir  une  place 
dans  le  trop  petit  nombre  des  magistrals  en  qui  le  zele  et 
I'amour  du  bien  ont  eu  la  science  pour  auxiliaire,  et  dont  les 
nonis,  de  bon  exemple ,  restent  graves  par  la  reconnaissance 
danslu  meraoire  de  leurs  concitoyens.  N.  X. 

Societes  savantes  ;  Etablisseniens  d" utilite publique. 

Bordeaux  (^Gironde). — Academie  des  sciences ,  belles-let- 
tres et  arts.  —  Cetle  Academie  a  tenu,  le  26  mai ,  sa  seance 
publique  annuelle.  M.  Guilhe  ,  president,  a  prononce  un  dis- 
cours  sur  les  bienfaits  que  I'humanite  doit  a  la  culture  des 
sciences  et  des  aits.  M.  Blanc  -  Dutroujlh  ,  secretaire,  a  fait 
un  rapport  sur  les  Iravaux  de  I'AcaJemie  ,  depuis  sa  derniere 
seance  publique.  Ce  rapport  a  etc  suivi  d'un  compte  rendu  a 
I'Acaderaie,  au  nom  de  sa  commission  d'agriculture,  par  M.  La- 
TiiRRADE.Apres  la  lecture  du  programme,  faite  par3I.  Bourges, 
M.  Lacour  a  lu ,  au  nom  de  M.  Jouannet,  une  notice  sur  les 
sablieres  de  Terre-Negre.  L'auteur  a  su  lier  aux  discussions 
geologiques  et  aux  decouvertes  qu'il  doit  aux  foiiilles  qui  ont 
ele  faites  depuis  peu,  des  recherches  hisloriques  sur  la  popu- 
lation de  Bordeaux  au  11*'  slecle  de  I'ere  chrelienne,  et  sur 
I'etat  politique  et  moral  de  celte  ville,  a  la  meme  epoque. 
L'assemblee  a  ensuile  entendu  avec  jjlaisir  une  clwrmanle 
piece  de  poesie  de  M.  Guilhe,  inlitulee  le  clciir  de  lune ,  et  I'e- 
loge  de  Bordeaux ,  du  poete  Ausone,  Iraduit  en  vers  elegans 
par  M.  Jouannet.  — Voici  les  sujels  des  prix  proposes  dans  le 
programme  :  Agriculture  ;  «  i".  Quel  sont  les  perfectionnemens 
que  reclament  la  construction  des  charrues  et  celle  des  ins- 
trumens  d'agriculture,  usiles  dans  le  depaitement  de  la  Gi- 
ronde?  Quels  sont  les  moyens  raecaniques  qui  pourraient  elre 
introduits  avec  avantage  dans  les  diverses  cultures  de  ce  de- 
parlement  ?  «  La  valeur  du  prix  sera  une  niedaille  d'or  de  400  f. 
2°.  L'Academie  rappelle  qu'elle  a  propose,  en  1825,  pour  sujet 
d'un  prix  d'agriculture  a  decerner  dans  la  seance  jjubliquo 
de  1827  ,"  la  culture  d'un  deml-hectare  de  liorin  [agrostis 
stoloni/era) ,  dans  le  departemenl  de  la  Gironde.  «  Les  con- 


DEPARTEMENS.  aS? 

currens  devront  faire  connaitre,  avant  le  i*''  mars  1827,  les 
succes  qu'ils  aurout  oblenus ,  et  en  fournir  Ics  preuTCS  :  le  prix 
sera  une  medaille  d'or  de  la  valeur  de  3oo  fr.  3°  Un  prix  de 
3oo  fr.  pour  I'auteur  du  meilleur  manuel  (V agriculture ,  appro- 
J)rie  au  departement  de  la  Gironde.  4"  Une  couronne  et  une 
medaille  de  la  valeur  de  5o  fr.  pour  celui  des  proprletaires  ou 
des  fonctionnaires  publics  de  chacun  des  six  arrondissemens  de 
sous-prefecture  du  departement  qui  auia  le  plus  contribue,  par 
ses  soins ,  a  la  reparation  des  cbemlns  vicinaux  de  la  commune. 
5°  n  Quel  serait   le    meilleur  systeme  d'assolement  que    Ton 
pourrait  adopter  pour  les  divers  points  du  departement  de  la 
Gironde?  »  Le  prix  ,  de  la  valeur  de  3oo  fr. ,  sera  decerne  dans 
la  seance  publique  de  1828. — Navigation  et  arts  industriels, 
«  Comparer  les    avanlages  et  les  inconveniens  respeclifs  des 
enduiis,  feutres  et  raetaux,  parliciillerement  du  cuivre  et  du 
zinc,   employes  a   la  conservation  de  la  careiie  des  navires  ; 
preciser  le  degre  d'utilite  des  armatures,  d'apres  le  mode  pro- 
pose par  le  cliimiste  Davy,  et  faire  connaitre  dans  quel  cas  il 
convient  dy  avoir  recours.  « — «  Determiner,  par   des  expe- 
riences comparatives,  la  qualile  des  liouilles  d'Angleterre,  de 
France,  et  notammcnt  de  celles  des  bassins  de  la  Dordogne  et  de 
la  Garonne.  Determiner  dans  quel  cas  la  buche  du  pin  maritime, 
soit  par  ses  qualites,  soit  par  sa  valeur  venale  actuelle,   doit 
elie  preferee  a  la  liouille,  pour  le  chauffage  des  cbaudieres, 
des  machines  a  vapeur,  pour  la  fusion  des  metaux,  pour  ['eva- 
poration des  liquides,  elc.  »  — «  Deduire  d'une  serie  d'obser- 
vations  et  d'experiences  ,  la  resistance  du  bois  de  pin  (pin/is 
rnaritirna) ,  employe,  soit  a  I'etat  de  pin  gerame,  soit  a  I'etat 
de  pin  non  gemmii.  Examiner  dans  lequel  de  ees  deux  etats 
cetle  essence  a  le  plus  de  duree,  soit  dans  les  ouvrages  sous 
I'eau,  soit  dans  les  constructions  a  I'air.  Indiqucr  les  divers 
genres   d'alleration  provenant,    soit   de   pourriture,  soit    de 
piqurcs  d'insectes  auxquelles  il  est  cxpo.se.  EnGn  ,  comparer  la 
resistance  et  la  duree  de  ce  bois  a  celles  du  bois  de  chene.  » 
Chacun  de  ces  trois  prix  ,  de  la  valeur  de  3oo  fr. ,  sera  decerne 
dans  la  seance  publique  de  1828.  —  L'Academie  propose  en- 
core des  prix  pour  la  solution  des  questions  suivantes  :  1°  «  Pour 
la  recherche  et  la   decouveite,  dans  le  dejiariement  de  la  Gi- 
ronde ,  d'un  gisement  d'argile  tres-refractaii  c  ,  propre  a  la  fa- 
brication des  creusets,  des  enveloppes  de  fourneaux  ,  des  bri- 
ques  composant  les  fours  areverberes,  ete.»Piix  de  3oo  fr. 
—  2"  Pour  la  recherche  ct  la  decouverte,  dans  chacun  des 
arrondissemens  de  la  Gironde,  d'une  carriere  de  pierre  cal- 
caire  ,  propre  a  la  fabrication  de  la  chaux  hydraulique.  «  Prix 

T.  XXXI. —  Juillet  1826.  17 


u'.8  IKANCK. 

de  3oo  fr. —  3".  "Pourdes  essaisprcseiiiaut  des  r^siiltalsdccisiCs 
sur  le  melange  des  fontes  francaises,  et  notaminent  de  celles  dii 
P^rigord  et  des  Landes,  afin  de  parvenir  a  oblenir  une  fonie 
de  scconde  fusion  propre  a  ^tre  liinee ,  force  et  alesee.  «  Prix 
de  aoo  fr.  Ces  trois  prix  seront  decernesdans  la  seance piibliqne 
de  1827.  —  Belles- Lettres.  —  L'Academie  decernem,  dans  la 
meme  seance,  tine  raedaille  d'or  ,  de  la  valeur  de  200  fr. ,  a  la 
meilleure  piece  de  vers  qui  liii  aura  etc  adrcssee.  Le  genre  ot 
le  snjct  en  sont  laisses  au  choix  dos  auleiirs.  Los  morceaux 
priiscntes  ne  devront  pas  contenir  plus  de  200  vers,  ni  moins 
de  i5o.  EUe  pro))Ose  enfin ,  pour  sujet  d'un  prix  ,  consistant  en 
une  medaille  d'or  de  la  valeur  de  3oo  fr.  ,  la  question  suivanle : 
«  Determiner  I'influence  qu'eut  Charlemagne  sur  le  progres  dos 
lumieres ;  determiner  de  meme  quelle  fut  cello  de  Francois  V^.  ^ 
Lton  (Rhone).  —  Academic  des  sciences,  belles-lettres  et 
artt.  —  Seance  publique  du  3o  inai.  —  Cette  seance  etait  spc- 
cialement  consacree  a  la  reception  de  M.  Bredin.  Le  nouvel 
academicien  avail  choisi  pour  sujet  de  son  discours  la  dignitr 
de  I'hornme,  question  d'un  haul  inleret,  mais  qu'avait  deja 
traitce  avec  beaucoup  de  talent  M.  Torombert,  lors  de  sa 
reception  a  I'Academie.  Le  souvenir  du  pren/ier  discours  n'a 
pas  contribue  a  faire  nccueiilir  favorablenient  le  second  par 
ceux  des  assistans  qui  les  avaient  entendus  I'un  etl'autre;  ils 
ont  blame  ,  dans  le  dernier,  des  longueurs  et  le  manque  d'u- 
nite  et  de  liaison.  Le  secretaire  perpetuel  de  I'Academie, 
M.  Dumas,  a  lu  un  eloge  historique  de  M.  de  Verninac,  pre- 
mier prefetdu  Rhone,  dont  I'adminislration  paternellea  laisso 
dans  ie  cceur  des  Lyonnais  de  profonds  et  durables  souvenirs. 

—  M.  Torombert  a  prononce  I'eloge  de  iM.  Vouiy-de-la-Tour, 
ancien  premier  president  dc  la  Cour  royale  de  Lyon,  mort  il 
y  a  peu  de  terns.  (  f^oy.  ci-dessus,  p.  2o3.)  On  salt  que  M.  To- 
rombert est  I'un  des  hommes  dont  le  talent  fait  le  plus  d'honneur 
a  la  ville  de  Lyon.  M.  de  Trelis  a  termine  la  seance  par  la  lec- 
ture de  deux  apologues  ])leins  de  finesse  et  de  sel,  auxquels 
tout  I'auditoire  a  vivement  applaudi.  B. 

PARIS. 

Institut.  —  Academic  des  sciences.  —  Mois  de  juin  1826. 

—  Seance  publique  annuelle  du  5  juin.  —  Presidence  de 
M.  PoissoN.  —  Pri.c  et  recomj/enses  dccerne.i. —  1°  Prix  de 
Physiologic experimentale^iondi:  par  M.  de  Montyon.  L'Aca- 
demie a  decide  qu'il  n'y  a  pas  lieu,  celle  annee  ,  a  decerner  ce 
prix.  Mais,  parmi  les  ouvrages  soumis  a  son  examen,  elle  a 
distingu^  celui  de  M.  le  docteur  Brachet,  de  Lyon,  qui  a  pour 


I 


PARIS.  259 

litre:  Recherches  experirnentales  sur  les  J'onctions  du  systeme 
nerveux  ganglinnnaire.  Ce  memoire  contient  un  grand  nombre 
d'experiences  sur  piusieors  des  questions  les  plus  importantes 
de  la  physiologie.  Suns  ie  ptu  d'ordie  de  la  redaction  et  scs 
lacunes  frequcnics,  TAcademie  n'aurait  point  balance  a  cou- 
ronner  tet  ouvrage.  Elle  se  borne  a  accorder  a  M.  Brachet,  a 
litre  d'encoiirageinent,  le  montant  de  la  somme  de  8()5  fr.,  en 
I'engageanta  terminer  et  a  perfecliciner  son  travail,  avant 
de  le  livrer  au  public.  —  Un  autre  ouvrage  a  fixe  Tattention 
de  I'AcademJe;  e'est  celui  fju'a  envoye  d'ltalie  M.  !e  docleur 
Rcgulus  Lippi.  Cet  ouvrage,  intitule  :  Illustrations anntomico- 
cumparees  du  sjsteme  lymphatique-chylifere  ,  est  reruarquable 
sous  le  rapport  des  fails  qu'il  annonce  et  de  I'execution  des 
planclies  qui  Taccoinpagnent.  Mais  les  commissaires  de  I'Aca- 
demie,  ii'ayant  pu  verifier  d'une  maniere  satisfaisante  les  fails 
princij)aux  qui  y  sont  annonccs,  ont  juge  convenable  de 
renvoyer  le  jugement  definilif  a  I'ann^e  prochaine,  en  reser- 
vant  a  M.  Lippi  le  droit  de  concourir.  —  0°  Prix  de  M.  de 
Montyon  pour  le  perfectionnement  de  I'art  de  guerir.  L'exa- 
men  de  I'Acadeniie  n'a  compris  que  les  fails  publics  depuis  le 
mois  de  juillet  1821  jusqu'a  la  fin  de  I'annee  iSaS.  D'apres 
I'avis  unanime  de  sa  commission ,  I'Acadeinie  a  decide  qu'il  ne 
serait  pas  decerne  de  grands  prix  pour  I'annee  1825,  et  que, 
sur  la  somme  deslinee  a  ce  double  eniploi,  11  en  serait  pre- 
leve  une  de  16,000  fr.  pour  etre  distribuee  a  titre  d'encou- 
ragement  de  la  maniere  suivante :  Pour  la  medecine,  a  M.  Louis, 
auteur  d'un  ouvrage  intitule  :  Recherches  anatomico-patholo- 
giques  sur  la  phtisie ,  2,000  fr. —  L'Academie  cite  avec  cloge 
le  zcie  et  le  devouement  de  M.  le  docteiir  Bailly,  qui  a  fait 
des  recherches  sur  les  ficvres  pernicieuses  des  environs  de 
Rome,  et  MM.  Audouard  et  Lassis,  pour  les  travaux  qu'ils 
ont  entreprls  sur  I'examen  des  causes  de  la  fievre  janne  el  des 
maladies  contagieuses.  —  Pour  la  chirurgie  :  a  M.  Civiale  qui 
a  public  plusieurs  memoires  imporlans  sur  la  lithotritie ,  ou  sur 
les  moyens  de  broyer  les  calculs  dans  la  vessie,  et  qui  a  fait 
avec  succes  un  grand  nombre  d'opcraiions ,  une  somme  de 
6,000  fr.;  —  une  somme  de  2,000  fr.  a  chacun  des  trois  mede- 
cins  donl  les  noms  suivent  :  a  M.  Amussat,  auteur  d'un  me- 
moire tres-remarquable  sur  la  structure  du  canal  de  Vuretre; 
a  M.  Heurteloup,  auteur  d'un  memoire  sur  I'extraction  des 
calculs  par  I'urelre,  et  qui  a  tres-ingenieusenient  perfectionne 
les  instruraens  adaptes  a  cette  operation ;  a  M.  James  Leroy 
(d'Eliolles)  qui  a  public,  en  1826,  un  ouvrage  sur  le  meme 
sujet,  el  quia,  le  premier,  en  1822,  fait  connaitre  les  instru- 


a6o  '  FRANCF,. 

mens  qu'il  nvait  invcntcs  ct  qu'il  a  deptiis  essayc  de  perfcc- 
tionner;  —  cnfin,  I'Acadt'mie  deccine  une  pareille  somme  lic 
2,000  tV.  a  M.  ]c  doclcur  Deikau,  a'ltcur  de  difforens  me- 
moircs,  pour  avoir  principalemcnt  perfecfionne  le  cathelerisme 
,!c  la  troinpc  d'Eustaci'ie ,  et  pour  avoir  gucri,  par  ce  nioycn , 
quekiues  indlvidus  affeclcs  de  cette  cause  rare  de  surdity. — 
3"  Prix  de  M.  de  Moniyon,  en  favcur  de  celiti  qui  aura  de- 
couvert  le  inoyen  de  rcndre  un  art  oil  iin  metier  rnoins  i/isa- 
lubre.  Aucun  travail  n'a  pani  a  rAcadeinie  digne  do  ce  prix. 
—  "i^  Le  prix  d'astronomie ,  fonde  par  M.  Dclalaiide,  a  ete 
decerne  a  I'ouvrage  qii'a  publie  recemment  le  capitainc  Sabine, 
sous  cc  titre  :  Account  of  experiments  to  determine  the  figure  0/ 
the  earth  by  mean  oj  the  pendulum  vibrating  seconds  in  diffe- 
rent latitudes.  Londres,  iSaS;  et  (|ui  renfcrine  les  resullats 
des  nonibreuses  observations  du  pendule  qu'il  a  f.iites  dans 
I'heiuisphei'e  boreal,  depuis  Je  Spilzberg  jusqu'a  Tile  poilu- 
gaise  de  Saint-Thomas. 

Prix  proposes.  1°  Prix  de  physique  pour  1827  :  presenter 
'histoire  generale  et  comparee  de  la  circulation  du  sang  dans 
les  quatre  classes  d'animaux  vcrtebrcs,  avant  et  apres  la  nais- 
sance  et  a  differens  ages ;  une  medaille  d'or  de  3, 000  fr. — 
2"  Prix  de  mothemaliques  pour  1827  :  Methode  pour  le  calcul 
des  perturbations  du  mouvement  elUptique  des  comeles ,  appli- 
quee  a  la  determination  du  prochain  relour  de  la  comele  de 
1759  et  au  mom'cment  de  celle  qui  a  cte  observee  en  1 8o5,  1819 
et  1822.  Une  medaille  d'or  de  3, 000  fr.  —  3°  Prix  de  mathe- 
maliqucs ,  propose  en  1822,  et  remis  pour  1827.  1°  Determiner 
par  des  experiences  multipliees  la  dcnsitc  qu  acquierent  les  liqui- 
des ,  et  specialement  le  merrure ,  feau,  Vnlcool  et  I'ether  sulfu- 
rique,  par  des  compressions  eqaivalenies  au  poids  de  plusieurs 
atmospheres ;  2°  mesurer  les  effets  de  la  chaleur  produits  par 
ces  compressions.  Une  medaille  d'or  de  3, 000  fr.  —  4°  Prix 
fonde  par  M.  Alhumbert.  L' Academic,  n'ayant  point  recu  de 
memoiies  satisfaisans,  a  arrete  que  les  sommes  deslinees  au 
prix  seront  reunies  avec  celles  qui  doivent  cclioir,  pour  former 
un  pilx  de  1,200  fr.  qui  sera  dt'cernc,  en  1829,  au  mcilleur 
memoiie  sur  la  question  stiivante  :  Exposer  d'unc  maniere 
complete  et  avec  des' figures  les  changemens  qu'eproui'ent  le 
squclette  et  les  muscles  des  grenouilles  et  des  salamandres, 
dans  les  differcntcs  epoques  de  leur  vie.  —  5°  Prix  de  physio- 
logic experimentale  fonde  par  M.  de  Montyon.  L'Academie 
adjugera,  en  1827,  une  medaille  d'or  de  la  valeur  de  895  fr. ,  a 
I'ouvrage  imprimc  ou  manuscrit  qui  lui  aura  ete  adresse ,  d'ici 
au  i*""  Janvier  1827,  el  qui  lui  paraitra  avoir  le  plus  conlribue 


PARIS.  a6i 

aux  progrts  de  la  jiliysiologie  cxperiiiientale.  —  6"  Prix  rlc 
mecanique ,  fonde  par  M.  de  Monlyon.  L' Academic deceniera, 
en  1827,  1111  prix  de  1,000  fr.  a  cclui  qui  aura  invente  ou  per- 
icctionne  des  iiisUumens  utiles  aux  progres  de  ragricuifure  , 
desarts  mecaniques  et  des  sciences.  —  7°  Grands  prix  du  legs 
Montyon  pour  las  perjecUonnemens  de  la  tnedecine  eX  de  la 
chirurgie,  ainsi  que  pour  les  tnnjens  de  rendre  un  art  on  un 
metier  tnoins  insulubre.  Les  sonimes  qui  seront  luises  a  ia  dis- 
position des  auteurs  de  dt'couverles  ou  des  ouvrages  couronn^s 
lie  penvent  etre  indiquoes  d'avance;  mais  ces  somines  pour- 
ront'surpasser  de  beaucoup  la  valeur  des  plus  grands  prix  dc- 
cernes  jusqu'a  ce  jour,  en  sorte  que  les  auteurs  soient  dedom- 
inages  des  experiences  ou  des  recherches  dispendieuses  qu'ils 
a^Mnicnt  entreprlses,  et  rccoivent  des  recompenses  propor- 
lionnees  au  service  qu'ils  auraienl  rendu,  soit  en  prev«nant, 
soit  en  diminuant  beaucoup  I'insalubrite  decertaines  profes- 
sions, soit  en  perfectionnant  les  sciences  medicales.  Les  me- 
nioires  et  les  machines  devronteire  remis  au  secretariat,  avant 
le  I*"'  fcvrier  1827;  les  prix  seront  dccernts,  dans  la  seauce 
publlque  de  la  ineme  annee.  —  8"  Le  prix  d'astronotnie  fonde 
par  M.  Delalande  et  cousistani  en  uns  medailied'or  de  625  fr. , 
sera  decerne  en  1827.  —  9"  Prix  de  siatistique  :  I'Academie 
ayant  juge  qu'il  n'y  a  jxiint  lieu  a  ducerner  de  prix  cette 
annee,  il  sera  reimi  avcc  celui  dei826,  pour  etre  decerne 
en  1827,  et  coiisistera  dans  une  medaille  d'or  de  1,060  fr. 

Apres  la  proclamation  des  prix  decernes  et  proposes,  M.  Cu- 
viER  a  lu  VEloge  historique  de  M.  de  Lacepede  ;  M.  BEUDA^■T, 
un  meinoire  sur  I' importance  du  j-egiie  mineral,  soux  Ic  rap- 
port de  ses  applications ;  ^A.  Fournier,  VElogc  historique  de 
M.  Breguet;  M.Dupin,  un  memoire  sur  le  sens  de  I'oui'e, 
considers  comme  instrument  de  mesure  dans  les  applications 
aux  arts  et  aux  lettres.  Ces  quatre  ouvrages,  dont  la  lecture 
a  ete  ecoutee  avec  interet ,  ont  depuis  ete  imprimes. 

—  Seance  du  iijuin.  — •  M.  BiLLERKy,  de  Grenoble,  adresse 
un  travail  intitule  :  Memoire  historique ,  scientifique  et  pole- 
mique  surun  nouvel  hydro-calefacteur ,  <i  la  vapeur  d'eau ,  j/ar 
V intermediaire  d'nn  recipient  condensateur  ,  place  au  milieu 
il'un  reservoir  rempli  de  ce  liquide,  avec  grnvure.  ( M.  Dulone 
j)rendra  connaissance  de  la  leltre  de  I'auleur,  et  fcra  un  rap- 
jiort  verbal  sur  I'ouvrage.)  —  M,  Brejviner,  pas'eur  de  TEglise 
d'Ecosse,  adresse  a  I'Acadeinie  an  memoire  sur  le  magnetisnie. 
(MM.  Ampere  et  Fresnel ,  comraissaires. )  —  Les  sections  de 
mecanique,  de  geographic  et  de  geometric  sont  invitees  a  s'as- 
seinblur  pour  presenter  des  candidats  aux  [)laces  de  correspou- 


26j  FRA.NCE. 

dans  vacaijtes  par  le  doces  de  MM.  Reichenhach ,  Lcevenhorn 
et  Kramp.  —  M.  le  docleur  llEuuTELnup  adrcssc  une  ktfre 
qui  a  pour  objet  de  reprc'senler  que,  dans  les  memoiios  qui 
ont  obtenu  Ics  cncourngemeiis  de  rAcadeniie,  11  n'a  pas  cn- 
couru  le  rcproche  de  dissimTiler  les  cas  d'insucct's  des  melhodes 
curatives.  —  M.  Solifr  jiresente  uii  projet  d'ex])eriences  cju'il 
a  coniniencet's ,  el  qui  ont  pour  but  dc  delcrniiiu'r  Taction  du 
soleil  sur  les  fleursincolores.  (MM.  Tcssier,  de  Mirbel  cl  Fres- 
ncl,  comniissaires. )  —  M.  Leymf.ries  ex])rinic  le  desir  de 
communiquer  les  resultals  de  son  experience  dans  ie  traitement 
de  la  (ievre  jaune  a  Barcelone.  L'auteur  est  prevenu  que  I'Aca- 
demie  est  disposee  a  recevoir  ses  oominunicalions.  —  M.  I'ou- 
REAU  DE  Beauregard  ])ropose  a  I'Academie  un  medicametit 
preservalif  et  curatif  de  la  fievre  jaune.  M.  Dumeril  rend  un 
comptc  verbal  d'un  ouvrage  du  nieme  auteur  :  Fues  prophjlac- 
tiques  et  curatives  sur  la  fievre  jaune. — M.  Latreille  presente 
des  ecliantillons  de  cardium  edule,  coquilies  marines  Irouvees 
a  Abbeville,  dans  un  sol  d'alterisseinent ,  a  sept  metres  environ 
de  profondeur ,  et  a  quatre  lieues  de  la  mer  ou  \  ivent  ces  ani- 
maux.  Ces  objets  sent  envoyes  par  M.  Baillon.  —  M.  Huzard 
fait  un  rapport  verbal  sur  I'Duvrage  intitule  :  Etudes  de  che- 
vaux  dessines  d'apres  nature  au  Haras  royalde  Neustadt  sur  la 
Dosse,  dans  la  marcJie  de  Brandebourg;  lithographiees  a  Paris, 
en  1825,  par  Frederic  Burde.  L'auteur  sera  reniercie  au  nora 
de  I'Acadeniie  qui  I'inviie  a  poursuivre  ses  utiles  iravaux.  — 
M.  Freycinet  cominuni(jue  a  I'Academie  I'exlrait  d'une  lellre, 
dateede  Gibraltar ,  21  mai  1826,  et  adressee  par  M.  Gaymard, 
niedecin  naturaliste  dans  i'expedition  conimandee  par  M.  d'Ur- 
ville.  —  MM.  THE^ARD  et  de  Rossel  font  un  rapj)orl  sur  un 
Memoire  de  M.  Belin  de  Laveal,  ayant  pour  litre  :  Des  Moyens 
de  conserver  I'eau  sans  alteration  sur  les  bdtimens  en  mer.  II 
en  resulle  que  TAcadeinie  ne  pent  donner  son  approbation 
anx  precedes  de  M.  Belin.  ( Adopte.) — M.  Michelot,  clief  d'in- 
stitution  ,  annonce,  par  une  letlre  qu'il  a  recue  deM.  Billau- 
DEL,  ingenieur  des  ponis  et  cliaussces  a  Bordeaux  ,  que  ce 
dernier  a  dccouvert,  dans  une  carriere  exploiiee  sur  les  bords 
de  la  Garonne,  une  caverne  oil  il  a  recueilli  une  inasse  consi- 
derable d'osscniens  de  divers  aniinaux  ,  parnii  lesquels  il  a  dis- 
tingue des  niachoires  d'liyene,  de  lion  ou  de  tigre,  de  blaireau; 
des  OS  de  bceuf,elc.  etc.  On  repondra  a  cetie  leltre,en  tomoi- 
gnant  le  desir  que  rAcadcraie  a  de  conuaitre  les  fails  annonces 
par  M.  Billaudel.  —  M.  Navier,  presente  un  Memoire  dc 
M.  Sartoris,  sur  un  systeme  de  barrage  et  de  vannes  projire 
a  faciliier  la  navigation  des  ilvieres.  (MM.  de  Prony,  Fresnel 


PARIS.  a63 

ft  Navier.)  —  M,  Chevreul  acheve  la  lecture  de  son  Memoire 
inlitule  :  Recherches  chirniques  sur  la  teinture;  application  du 
bleu  d'indigo  et  du  bleu  de  Prusse  sur  la  sole.  (MM.  Vauquelin 
et  Thenard,  commissaires. )  —  M.  Ic  D"^  Mdbphy  presenie  un 
ouviane  manuscrit,  intitule  :  Dissertation  sur  V  ojfinile  qui  existe 
cntrc  le  phcnomcnc  des  marees  ct  le  principe  de  la  temperature 
de  ratrnosp/iere.  {MM.  Damoiseau  ,  Ampere  et  Dulong ,  com- 
missaires.)  —  M.  Turpln  lit  un  memoire  intitule  :  Organogra- 
p/iie  vegetale  :  Observations  sur  qrieique  \egetaux  mioroscopi- 
qucs  et  surle  role  que  leurs  analogues  jouent  dans  la  formation 
et  dans  i'asservissement  du  tissu  cellulaire.  (MM.  Desfontaine, 
Mirbel,  Geoftroy  Saint-Hilaire,  de  Blainville  et  Coquebertde 
Montbret. ) 

—  Du  19.  —  M.  Despretz  fait  part  de  diverses  experiencf  s 
qu'il  a  commencees  sur  la  clialeur,  et  demande  que  I'Academic 
Ini  fasse  connaitre  si  elle  pense  qu'il  soil  avantageux  de  les 
continuer.  (MM.Gay-Lnssncel  Arago,  commissaires.) — M.  Ser- 
voz  adresse  une  fiole  d'nne  encre  de  sa  composition  (ja'il  desire 
soumcttre  a  la  commission  cliargee  de  rechcrcher  Ics  moycns  de 
prevenir  les  faux.  (Renvoyee  a  la  commission.)  On  renvoie  h 
la  meme  commission  dos  ecliantillons  d'ecriture  adresses  par 
MM.  DuROSiEz  pere  et  fils,  et  qui,  disent-ils ,  snnt  ecrils  avec 
une  encre  indelebile.  —  M.  Maygrier  adresse  un  paquet  ca- 
chete  contenant  la  description  d'instrumcns  lithotripleurs  de 
son  invention  ,  pour  etre  di'pose  au  secretariat.  (Acrorde. ) 
—  M.  Arago,  fait  sur-le-champ  un  rapport  verbal  sur  un  Me- 
moire de  M.  Brewster,  presente  dans  la  seance,  et  intitule  :  Sur 
le  pouvoir  refractif  de  deux  nouveaax  Jluides  inineraux. 

—  M.  Arago  depose,  de  la  pari  de  M.  Savart,  un  jiacjuet 
cachete  ,  contenant  uii  travail  dont  ce  physicien  veut  se  con- 
server  la  propriete. (Accorde.! — MM.  Mathieu  et  Damoiseau, 
rapporteurs,  font  un  rapport  sur  le  graphometre  de  perspective 
de  M.  Boscary.  En  voici  les  conclusions  :  «  Nous  pensons  que 
cet  instrument  execute  avec  soin  offrira  ,  sous  le  rapport  gco- 
melrique,  toute  la  precision  desirable  pour  les  details  dans  les 
dessins  de  perspective,  raais  par  un  precede  un  peu  long;  que 
i'expsrience  seule,  quant  a  I'operalion  pratique,  pent  en  faire 
connaitre  les  avantages  ou  les  dcfatils;  que  cepcndant  rAcadt- 
mie  ne  verra  jias  sans  interet  la  perseverance  de  I'auteur  dans 
ses  reclierches  sur  la  perspective,  qui  ne  jieuvent  manquer  de 
produiredesrcsultatsuliles.fApprouvc.) — M.  Magendie  lit  une 
note  sur  I'application  diiecle  du  galvanisme  aux  nerfs  de  I'or- 
bite  et  sur  I'cmploi  de  cc  moyen  pour  le  traiiement  de  I'smau- 
rose  (goutte  screine).  II  resuUe  de  ccs  experiences  qiie  la  piqure 


264  FRANCE. 

des  brandies  orbilaires  de  la  cinquieine  paiie  n'est  point  dan- 
gereuse,  qu'elle  fait  eproiiver  un  senlinient  analogue  a  celui 
fju'on  eprouve  quand  le  iierf  cubital  est  froisse;  rpie  I'applica- 
•  ion  du  galvanisme  aux  brandies  frontale  et  iacrymale  du  neif 
ophlhaiiuiquepeutetre  utile  dans  letraiteinent  des  amauroses  in- 
completes.— !MM.  TuENARoet  de  Blainville  I'ontun  rapport 
sur  la  mclhode  dc  dessiner  au  trait  sur  la  picrre  imaginee  par 
M.  Laukent.  lis  pensent  «  que  ce  nouveau  proccdii  est  reclle- 
ment  fort  avantageux,  surlout  pour  les  dessins  d'anatomie, 
d'histoire  naturelle,  d'archlleclurc,  d'orucmens,  en  general 
pour  tous  les  dessins  compliques  et  de  petitcs  dimensions; 
d'abord ,  en  ce.  qu'il  est  plus  expedilif;  ensuite,  ea  ce  qu'il 
rend  le  dessin  original  d'une  maniere  bien  plus  exacte,  sans 
agrandissement  ni  reduction  sensibles,  et  dans  le  meme  sens. 
Ea  consequence,  ils  croient  que  M.  Laurent  ne  saurait  trop 
tot  rendre  public  son  precede,  aCn  qu'il  atteigne  par  les  re- 
cherchesdeslithographes  toutela  perfection  dont  ilpeut  encore 
etre  susceptible.  »  M.  Dupetit-Thouars  fait  quelques  obser- 
vations a  ce  sujet.  L' Academic  adopte  les  conclusions. — M.  Du- 
PETiT  Thouars  lit  un  memoiresur  la  couleur  verte  des  vege- 
taux.  —  M.  Daubree  lit  des  observations  sur  la  degradation 
de  la  couleur  du  bleu  de  Prusse,  dite  en  teinture  bleu  Rairnond. 
(Renvoye  aux  cominissaires  norames  pour  le  Memoire  de 
M.  Chevreul.) 

—  Du  a6. —  II  est  donnc  lecture  d'une  leitre  qui  a  pour 
objet  de  rappeler  que  M.  Mascagni,  professeur  d'anatomie  a 
Florence  ,  a  consigne  depuis  long-tems  ,  dans  des  ouvrages 
rendus  publics,  plusieurs  decouvertes  qui  sont  aujourd'hui 
annoncees  corame  recentes;  savoir  :  i°  I'emploi  des  bi-carbo- 
nates  alcalins  pour  saturer  les  acides  qui  se  degagent  dans 
I'estomac;  i°  I'alcalescence  donnee  aux  urines  par  ces  sels  pris 
en  boisson  ;  3°  de  la  dissolution  de  la  pierre  dans  la  vessie  par 
I'usage  de  ces  sels.  —  M.  Gaudin  communique,  dans  une  lettre 
ecrite  de  Rochefort,  I'opinion  qu'il  se  forme  de  la  nature  du 
calorique.  II  propose  a  ce  sujet  diverses  experiences.  (Sa  lettre 
est  renvoyee  a  une  commission  composee  de  MINI.  Ampere  et 
Fresnel.)  —  M.  Dutrochet,  correspondant,  lit  un  memoire 
au  sujet  de  la  fontaine  periodique  du  Jura  ,  appelee  \ajbntaine 
Ronde.  II  propose  une  explication  de  la  periodiciic  de  I'ecoule- 
ment.  —  M.  Corout,  manufacturier  en  sole,  adrcsse  la  des- 
cription d'un  nouveau  metier  mecanique  a  rotation  continue, 
susceptible  de  tisser  des  etoffes  d'especes  el  de  dimensions  va- 
rices. II  rapporte  plusieurs  apjilications  (ju'il  a  faites  de  ce 
procede  dont  il  est  Tinventeur.  (MM.  Molard,  Dupin  et  Navier, 


PARIS.  2G5 

commissaiies.)  — M.  Gikaru  donne  iecline  d'un  meiuoire  de 
v/r  fVillam  Rawson  ,  snr  le  jirocede  de  M.  Perkins ,  pour  for- 
mer la  vapeiir  a  haute  prcssion ,  et  sur  I'application  de  celte 
vapeur  an  mouvement  des  machines.  Ce  Memoire  auquei  est 
joint  un  dessin  a\ec  une  descrii)lion  ecrile,  sera  examin*^  par 
MM.  Arago  ,  Girard  et  Dulong.  —  M.  Dupetit-Thouars 
jircsente  diverses  observations  au  snjet  des  precedes  lithogra- 
phicpies ,  et  donne  communication  d'un  prospectus  relatif  a  la 
publication  de  son  ouvrage,  conlenant  Thistoire  des  planles 
orchidees,  recueillies  dans  Ics  trois  iles  de  France  ou  Maurice, 
<le  Bourbon  et  de  Madagascar. —  RI.  Collard  (de  Marligny) 
lit  un  Memoire  intitule  :  De  I'nction  dii  gaz  acide  c.irboniqnc 
sur  I'tconomieanimale.  (MM.  Thenard,  Dumeril  et  Magendie.) 

A.  MiCHELOT. 

—  Atademie  francaisc. — Seance  puhlique  pour  la  reception 
fie  MM.  Briffaut  et  Guiraud.  (i8  juillet.) —  M.  de  Pastorf.t 
occupait  le  f'auteuii,  et  a  repondu  aux  deux  recipiendaircs, 
mais  d'une  voix  si  basse  que  la  plus  grande  parlie  de  I'audi- 
loire  n'a  pu  saisir  ancune  de  ses  paroles.  II  a  loui^,  snivant 
rusage,les  deuxnouveaux  eius,  en  celebrant  aussi  la  memoire 
el  les  travaux  des  deux  academiciens  qu'lis  remplacent. — 
M.  Briffaut,  apices  avoir  reconnu  avec  modestie  (|ue  «  I'Aca- 
dcmie  est  pour  lui  la  terre  de  I'hospitalite  «  ou  il  ne  doit  son 
admission  qu'a  I'extreme  indulgence  de  ses  juges,  devenus  ses 
collegues,  a  fait  leloge  de  son  predecesseur,  feu  M.  d'Agues- 
seau,  qu'il  a  loue  particiilierement  dans  la  personne  de  TiUiis- 
tre  chancelier,  son  aieul.  «  Gloire,  a-l-il  dit ,  a  ce!!e  liaule 
magistralure  francaise  qui  a  su  constamment  se  placer  eutre  le 
trone  et  le  peuple,  en  fletrissant  jadis  les  ])rojets  criminels 
d'une  faction  ultramontalnc  ,  en  s'op]:>osant  naguere  au  retoiu' 
de  cetle  compagnie  qui  menace  les  peuples  en  meme  tems  que 
les  rois.  »  Get  eloge  merite  des  anciens  el  des  nouveaux  magis- 
Irats  a  excite  de  vifs  applaudissemens. 

M.  Guiraud  n'a  pas  eu,  comme  M.  Briffaut,  le  nierile  de  la 
precision  ;  son  discours  etait  diffus,  et  nous  a  paru  manquer 
d'ordre  et  de  plan,  et  pecher  souvent  contre  les  coavenances 
academiques.  On  secroyait  tour-a-tour ,  en  I'ecoutant,  al'eglise 
ou  a  la  chanibre  des  deputes,  et  non  dans  le  snnctuaire  des 
lettres.  II  a  paye  un  juste  hommage  aux  vertus  eta  la  piete  sin- 
cere de  M.  Malhieude  Montmorency;  maisil  a  eu  le  tortdetrop 
insister  sur  sa  vie  politique  et  de  vouloir  juslifier  sa  conduile 
au  congres  de  Verone,  oil  les  envoyes  de  l.i  Grece  ne  purent  se 
faire  eniendre,  ou  leur  resistance  a  I'oppression  la  plus  cruelle 
fut  Iraitee  de  rebellion,  et  oil  furent  decides  rinvasion  et  les 


i66  FRAINCE. 

malheui's  ulterieurs  de  I'Espagne.  II  a  dit,  en  parlant  de  la 
ligue  iiiotlerne  de  plusieurs  rois  :  "  Cptte  alliance  aiiralt  pu  ^tre 
appelee  sainle ,  s'ils  n'avaient  pas  oublici  (jii'll  cxiste  aussi  des 
chr<5tiens  dans  rOrient;»et  des  acclamation*  nnanimes  ont 
recompense  ce  trait  inattendu.  —  Comment  faire  des  discours 
academiques  et  litteraires,  lorsqii'on  doit  parler  d'liommes  fort 
recoinmandables  d'nillenrs,  niais  dont  Ic  mcrite  academiqiie 
et  litteraire  fut  le  moindre  litre?  Avis  a  I'Acndemie  franchise 
qui  doit  sentir  qii'clie  ne  sera  honoree  dans  I'opiniondes  amis 
des  letires,  qu'autant  qu'elle  fera  des  choix  vrainient  litte- 
raires. 

—  20  juillel.  —  Choix  d'un  nouveau  secretaire  pcrpetuel.  — 
L'Academie  a  procede  a  la  nomination  d'nii  secretaire  perpc- 
tuel ,  a  la  place  de  M.  Raynouard ^  qui  avait  donne  depiiis 
quelque  tems  sa  demission.  Les  Academiciens  presens  etaietit 
ail  nombre  de  27.  M.  Auger  a  obtenu  22  voix ;  M.  Andrieux , 
4,  M.  Villemain ,  1. 11  y  a  eu  un  billet  blanc.  Le  choix  de  M.  Au- 
ger sera  propose  a  la  sanction  du  roi.  Le  nouveau  secretaire 
perpetue!  n'entrera  en  fonctions  que  le  j)remier  Janvier  pro- 
chain. 

—  Prix  propose. —  L'Academie  s'est  occiipee,  dans  la  menie 
seance,  du  prix  de  poesie ,  pour  I'annee  prochaine.  Plnsieurs 
sujets  de  prix  ont  ete  proposes  :  Vinvention  de  la  boussole  ,  la 
decouverte  de  riinprirnerie ,  Yindependance  de  V Amerique , 
rAFFRANCHissEMBNT  DFs  Grecs  ,  cic.  Cc  (lemicr  sujel  a  reuni 
la  majoritc  des  suffrai^es. 

La  nomination  du  successeur  de  M.  Lemon  ley  est  renvoyee 
an  mois  de  novenibre.  J. 

Ecole  speciale  de  commerce  et  d' Industrie  (  ancien  hotel  de 
Sully,  rue  St-Antoine,  n°  1 43  ).  —  Seance  du  conseil  de  perjer- 
lionnement{^\^  juillet.)  —  Nous  avons  signale  ])lusieurs  fois  les 
avantages  de  cet  etablissement,  si  precieiix,comme  I'a  dit  I'un  des 
chefs  de  notre  commerce,  pour  !a  prosperite  nationnle  (Vov. 
Rey.  Enc. ,  t.  XXIV,  p.  539).  Nous  avons  fait  sentir  combien  elait 
heureuse  I'idee  de  reunir  les  jeunes  proselytes  de  I'indust  rie  dans 
un  inslituf .  oi\  une  instruction  speciale  batemit  pour  eux  les 
bienfaits  d'une  experience  que  ceux  qui  les  ont  precedes  dims 
la  carriere  ont  du  acheter  par  de  longs  et  penibles  efforts. 

La  seance  du  conseil  de  perfectionnemeni ,  doril  nous  :egn  I  - 
tons  de  ne  pouvoir  faire  qu'une  courte  mention,  avait  pour 
objet  I'examen  des  eleves  et  la  distribution  des  diplomas.  Ceile 
seance  reunissait  toutes  les  nolabilites  commerciales  de  la  ca- 
pitale.  On  remarquait  an  bureau  M.  T^FFiTTEqui  presidail, 
MM.  Tebnaux  ,  GtiERix-nE-FoNriN,  L.  Marciianu,  .T.-B.  Say, 


PARIS.  ,      ar)7 

LocRKjPaoNYetCH.  Dupin.  Le  piesideni ,  apres  avoir  rappelp 
les  avantages  de  retablisseirent  et  encourage  Ics  eleves,  a  in- 
dique  netleinent  les  causes  de  la  crise  qu'eprouve  notrc  com- 
merce ;  il  a  fait  voir  que  Ton  ne  produisait  pas  Irop,  comme 
on  I'a  si  singulierement  pretendu,  mais  que  I'on  craignalt  de 
produire.  Notre  malaise  pourrait,  a-t-il  dit,  s'expliquer  ])ar 
un  seul  mot,  le  raan(|ue  de  confiance^n  Si  la  consommalion 
languit,  si  les  apjji'ovisionnemens  ne  se  font  pas,  si  la  specula- 
tion ne  se  reveille  point,  c'est  que  des  inquietudes  exagcrces 
troublent  notre  avenir  ,  c'est  que  le  travail  est  imprudemment 
menace,  et  que  I'ignorance  nous  ])rive  encore  des  moyens  suf- 
fisans  pour  faciliter  les  eclianges.  » 

Apres  queMM.  Df.staillades,  directeur  dercco]e,et  Poux- 
Franklin,  censeur  des  etudes  et  professeur  de  droit  commer- 
cial, ont  pu  fait  connaitre  les  progres  de  I'tcoie,  le  plan  et  la 
direction  des  etudes,  M.  L.  MAKCUANn,  membre  du  conseil  de 
perfecllonnement,  a  proclame  le  resultat  de  I'examen  des  ele- 
ves, et  onze  diploines  de  capacite  ont  etc  disSribuos  par  M.  Laf- 
fitte.  M.  Ch.  DtrpiN  a  ensuile  expose  les  avantages  de  I'applica- 
tion  des  malhematiques  a  I'industrie  et  an  commerce.  M.  Adolphe 
Blanqdi  ,  professeur  d'economie  politique  et  d'liisloire  com- 
merciale,  succedar.t  a  M.  Dujjin,  s'cst  attache  a  signaler,  dans 
un  discours  rempli  de  trails  lieureux  ct  brillans  que  nous  ai- 
merions  a  pouvoir  reproduire,  les  bienfails  et  les  n.erveilles 
rticentes  de  i'industrie. 

Une  quete  pour  les  Grecs  faite  ,  au  no:n  du  jeune  ills  de  I'in- 
trepidc  Canaris,  present  a  I'asseniblce,  par  MM™<'*Deslaillades 
et  Blanqui,  et  (jui  a  produit  plus  de  i  loo  francs,  a  termine  cette 
seance.  A.  V. 

Projet  de  Societe  d' amelioration  des  animaux  domestiques. 
—  M.  Senac,  rcdacteur  du  Bulletin  des  sciences  agricoles ,  qui 
fait  partie  du  Bulletin  universel  des  sciences,  aconcu  el  redige 
le  plan  de  celte  association  palriotique  :  on  le  trouve  dans  le 
numero  du  mois  de  mai  de  cette  annee.  II  est  peul-etre  superflu 
de  recommander  a  I'atlenlion  publique  une  institulion  aussi 
evidemment  utile;  on  pent  dire  qu'clle  est  deja  comincncee, 
et  quelques  personnes  trouveront  peut-etre  dans  cetle  re- 
marque  une  objection  contra  la  nouvelle  Societe.  Au  sujel  des 
clievaux,  on  vanlera  les  baras  que  nous  possedons  :  mais  ces 
otablissemens  dispendieux  procurent-ils  a  la  culture,  aux  char- 
rois,  meme  au.x  arniees,  les  races  les  plus  robustes  et  les  plus 
propres  a  cliaque  service?  La  Societe  pour  V  amelioration  des 
laines  comprend  -  elle  dans  ses  attributions  loules  les  recher- 
chcs  dont  le  moulon  pent  etr*-  I'objet  ?  Les  cbevres  h  duvet  sonf 


2G8  FRANCE. 

rii('(iui»iliou  la  jiliis  iniportante  que  iioas  ;iyons  faite  ,  apres 
celle  des  moulons  a  laiiie  fine  ;  mais  la  vigoniie  ei  I'alpaca 
nous  maiu|ucnt  enco»e ,  etc.  I.es  ferines  cxpcrimentales  rie  peii- 
vcnt  coiisidercr  Ic  pcrleclionnemenf  des  animaux  dornesliques 
que  sous  un  aspect  relalif  aux  intcreis  du  fermier  et  a  la  na- 
tiirc  du  sol:  Ics  viies  gt'uici'ales  ne  peuvent  s'y  offrir.  Le&  So- 
cietes  d'agrlculturc  scraicnl  plus  jires  du  but;  mais  ,  distrailes 
par  rininiensite  des  objcis  dont  elles  out  a  s'occuper,  elles  ne 
douienl  certaineinent  point  des  bons  efCels  de  la  division  da 
travail,  nienie  dans  le  grand  art  qu'elles  clierrhezit  a  perfec - 
tionner  :  elles  recevront  avec  reconnaissance  le  secours  des 
Societes  qui  se  livrent  spocialemenl  a  quel(|ues-nnes  des  re- 
clierclies  qu'elles  entreprcndraient  elles-nieines,  s'il  lenr  efnit 
possible  de  tout  faire.  C'est  aux  cultivateurs  de  la  grande  et 
de  la  jictite  proprii'te;  c'est  aux  proprietaires  de  terrains  sans 
valenr  ;  c'est  aux  ujanufacturiers  eclaircs  qui  s'affligent  chacpie 
jour  <lc  lirerdc  I'elranger  leursmatieres  j)reinieres  ■,  c'est  enfin 
aux  bomnies  amis  de  la  rlchesse  et  de  la  prosperilc  de  leur 
pays  que  nous  soumeltons  ce  jirojel ,  bien  certains  d'etre  en- 
te/idus,  en  faisant  un  appel  au  plus  noble  des  sentimens  qui 
les  aninient ,  I'amour  de  leur  pays. 

Jc  ne  suis  ni  ])roprletaire ,  ni  matiufacturier;  peu  s'en  faut 
que  je  ne  ni'enorgueillisse  d'etre  pauvre,  et  j'avoue  que  les  il- 
lusions de  celte  sorte  d'aniour-propre  sont  les  scnles  dont  j'aie 
peine  a  me  defendre.  Toutefois  ,  (juo  M.  Scnac  veuille  bien  me 
compter  au  nombre  de  ses  souscripteurs,  comme  ami  de  la 
prosperite  de  ma  palrie,  jaloiix  de  Ini  consacrer  le  peu  de 
teuis  qui  me  reste  ,  mes  faibles  efforts,  la  sincerite  de  mes 
opinions  et  la  purete  de  mes  doctrines  ! 

Le  minimum  de  la  souscription  est  fixe  jirovisoireracnt  a 
36  francs  par  an.  On  recevra  les  adhesions  jusqu'au  i5  aoiit  , 
au  Bureau  dii  Bulletin  universel  des  sciences  et  de  finduslrie, 
rue  de  I'Abbaye  ,  n°  3.  Ferry. 

LiBRAiRiE.  —  Productions  de  la  presse  pendant  le  premier 
semestre  de  1826.  —  Voici  le  releve  des  annonces  faites  dans 
la  Bibliographic  de  la  France  ;  (V.  Rev.  Enc,  t.  xxviii,  p.  932) 
pendant  les  six  premiers  niois  de  1826,  et  qui  comprennent 
la  totalitc  des  outrages  publics  en  France. 

Livres  et  brochures 4^47 

Gravures  et  lithographies 485 

Cartes  geographiques  et  plans 21 

Musiqiic 220 

Total  .  .  .  5073 


PARIS.  269 

Pour  les  trois  derniers  objels ,  plusieurs  articles  sont  tres- 
frequemment  coinprissous  un  seul  numero;  quant  aux  publica- 
tions de  librairie,  proprenient  dites,  plusieurs  annoncescon- 
sacrees  a  des  livraisons  successives,  se  rapporlent  souvcnt  a  un 
seul  et  tneine  ouvrage;  mais  beaucoup  d'annonccs  coropren- 
nent  aussi ,  duns  un  seul  article,  un  grand  nombre  de  volumes 
d'un  rat!me  ouvrage. 

Voici,  pour  les  livres  seulement,  ^\  pendant  les  six  premiers 
mois ,  le  tableau  comparatifdes  dernieres  anuees  : 

En  181^ 979 

En  i8i5 -•  .   .   171a 

En  1816 i85i 

En  1817 2128 

En  1818 243o 

En  1819.   .   : 2441 

En  1820 2465 

En  1821 2617 

En  1822.  . 3ii4 

En  1823 2687 

En  1824 343G 

En  1825 3569 

En  1826 4347 

L'annee  1823  a  donne,  comme  on  voif,  pour  les  premiers 
six  mois  ,  moins  que  l'annee  1822  ;  mais  la  fin  de  l'annee  1823 
I'a  ernportesur  la  fin  de  l'annee  1822. 


Theatres.  —  Theatre  Francais.  —  P®  repres.de /'^^/ofa^e 
ou  le  Metier  a  la  mode,  comedie  en  cinq  actes  et  en  prose  par 
MM.  PicARD  et  Empis.  (  Mardi  25  jaillct. )  —  Comme  toutes  les 
autres  modes,  la  manie  de  I'agiutage  n'est  pas  une  nouveaute  ; 
les  passions  et  les  goiits  de  I'homme,  bormis  comme  ses  facultes, 
scrablent  destines  a  rouler  dans  un  cercle  dont  il  leur  est  in- 
terdit  de  soriir,  et  dont  la  revolution  raraene  tour  a  tour  ce 
qui  a  deja  exisle;  on  les  voit  se  reproduire  a  divcrses  opoques, 
sous  diverses  formes ;  et ,  le  plus  souvent ,  ce  que  nous  appelons 
noiiveau  ,  n'est  que  du  vieux  rajeuiii.  L'agiolagc  fiil  anssi ,  il 
y  a  plus  d'un  siecle,  un  mclier  a  la  mode ;  nos  ancelres  out 
paye  cher  un  eseniplc  dont.  leurs  pelits-fils  ne  profitejit  pas. 
Pendant,  quelcjue  terns,  tout  Paris  s'est  preci])ite  dans  la  rue 
Quincampoix  pour  y  changer  de  I'or  centre  du  papier;  cette 
manie  fit  la  fortune  de  quelques-uns,  et  la  mine  de  beaucoup 
d'autres;  elle  inspira  quelques  comedies;  aucune  n'est  reslee 


1-0  FRANCE. 

au  llii'^lrc;  y  aurait-il  dans  celte  nuance  de  inceurs ,  dans 
cette  luanie  de  speculations,  quelque  chose  de  peu  comicjue, 
ct  ce  vice  est-il  plus  liisle  encore  que  ridicule?  Quoi  qu'il  en 
soil,  Tagiotage  semble  etre  aujourd'hui  le  theme  comiuun  de 
lous  nos  poctes  comiques ;  dans  le  Roman  {yoy.  Rev.  Enc. , 
f.  xxvii,  p.  6i3  )  M.  de  l^i  Ville  nous  a  beancoup  parlc  de  la 
bourse;  nous  avons  vu  tout  receinment  le  Speculateur ,  (Voy. 
ibid. ,  t.  XXX,  p.  88 1 )  el  nous  verrons  bienlot  V Argent ,  A'\in 
auteur  connu  par  des  ouvragcs  applaudis.  Quelle  que  soil  la 
destinee  de  ces  dlverses  comedies,  nous  devons  toujours  tenir 
coinpte  a  nos  poctes  de  cette  intention  de  peindre  !es  moeurs 
actuelles,  et  de  nous  faire  rire  de  nous-mcnies.  IMM.  Picard  et 
Empis  y  sont  parvenus;  voici,  en  peu  de  mots,  ce  qu'il  onl 
imagine. 

Sainl-Clair,  avocat  dcja  celebre,  s'est  lie  avec  un  agent 
d'affaires ,  nomme  Durosai ,  qui  lui  a  inspire  le  gout  des  specu- 
lations de  bourse;  il  airae  encore  son  etat  dont  il  attend  de  la 
gloire,  mais  il  le  neglige  pour  I'agiotage  qui  lui  proniet  une 
fortune  plus  rapide.  II  cache  de  son  mieux  des  habitudes  qui 
lui  feraient  perdre  toute  consideration  au  barreau;  cependant, 
il  n'a  pu  tromper  sa  jeune  opouse  :  Aruelie  soupconne  la  folle 
jjassion  de  son  mari ,  sans  oser  lui  reveler  ses  Inquietudes;  mais 
ciles  les  confie  a  un  oncle,  son  ancien  luteur,  riche  negociant 
de  I.yon ,  qui  s'empresse  de  se  i  endre  aupres  d'clle.  Cet  oncle, 
qu'on  nomme  Marcel,  s'est  bientot  convaincu  qu'on  s'occupe  au- 
tnnt  de  la  bourse  que  du  barreau  dans  le  cabinet  de  Saint-Clair, 
et  il  obtienl  du  jenne  avocat  I'aveu  dc  ses  speculations,  dans 
une  scene  oii  celui-ci  livre  son  secret  avec  une  legerete  tout- 
a-fait  invraisemblable.  La  position  de  Saint-Clair  est  drama- 
lique  :  au  moment  oil  il  compromet,  en  jouant  a  la  bourse,  sa 
fortune,  son  etat,  son  honneur,  il  plaide  conlre  un  agloteur, 
pour  Freviile,  ancien  ami  de  sa  famille,  et  il  fait  les  plus  belles 
phrases  centre  les  speculateurs.  II  veut  aussi  chasser  un  domes- 
lique  qui  s'est  avise  de  faire  en  petit  ce  que  son  maitre  fait  en 
irr.jnd;  car  tout  le  monde  joue  dans  la  maison,  et  le  maitre,  et 
ie  valet,  et  le  clerc  qui  tire  de  la  roulette  un  petit  benefice  quoli- 
dien,  et  la  femme  de  chambre  qui  met  ses  gages  a  la  loteric,  et 
enPn  leperede  St. -Clair.  Cepere,  que  rauteurappeileDormeuil, 
est  un  ancien  avoue,  un  homme  a  grands  sentimens,  qui  affiche 
la  sensibilitela  plusvive,  I'esprit  d'ordre  le  plus  rigoureux;  il 
est  mcmbre  d'un  comite  de  bienfaisance  ,  el  les  bonnes  oeuvres 
sont  sa  seule  occupation,  a  ce  qu'il  dit.  II  prend  soin  du  petit 
Gautier,  son  fillenl,  qu'd  a  tiro  d'line  elude,  sous  jjrctexteque 
ses  moeurs  y  pouvaient  ^tre  compromises,  pour  le  placer  chcz 


PARIS.  271 

1111  honneteageni  de  change,  noir.nn^  Forlis.  On  comprend  que 
I'innocence  du  petit  Gautier  n'cst  pas  le  seul  molif  de  son  par- 
lain  :  eel  honinie  si  range,  si  severe  dans  ses  discours  ,  n'a  point 
resiste  a  I'appat  qui  seduit  tons  les  aiilres,  et  il  a  vouln  avoir 
chez  I'agent  de  cliange  un  inlermcdiaire  sur  la  discretion  du- 
quel  il  pur  compter.  Saisi  de  rcpidemie  generale,  le  petit  fdleal 
lni-meme,  en  faisaiit  myslerieusement  les  affaires  de  son  par- 
rain  ,  est  bien  tente  d'en  commencer  pour  son  propre  compte. 
II  nous  reste  encore  deux  pcrsonnages  a  faire  connaiire  :  I'un 
e«t  le  marquis  Fugaccio,  mari  d'une  prima  donna,  dont  il 
risque  les  appointernens  a  la  bourse,  en  se  fiant  aux  calculs  de 
noire  avocal;  I'autre,  qui  se  nonime  Germon ,  est  un  jennc 
fermier  de  Saint-Brice,  ami  de  Saint-Clair,  qui  commence  i  se 
lier  avec  Dnrosai,  et  qui  vient  de  vendre  sa  ferme  pour  se  lan- 
cer dans  les  speculations  sur  les  cffels  publics.  Mainlenant  (jue 
les  divers  personnages  sont  indiques,  nous  re[)renons  noire 
analyse.  Les  avis  de  Marcel  et  les  reprimandcs  de  Dormenil 
sont  sans  effet  sur  I'csprit  de  Saint-Clair;  et,  ce  jour  meme,  il 
fait  une  operation  qui  doit  lui  procurer  une  fortune  Conside- 
rable. Cependant  Amelie,  toujours  plus  inquiete,  tente  un 
dernier  effort  sur  I'esprit  de  son  epoux  :  sa  do'iceur,  sa  ten- 
dresse  si  complaisanle  et  si  devouce,  le  touchent  enfin  ;  il  lui 
j)romet  de  renoncer  pour  jamais  a  des  speculations  hasardeuses 
qui  peuvent  le  perdre  avec  toute  sa  famille;  et  Amelie,  comp- 
lant  sur  sa  parole,  continue  a  s'occuper  des  prcpnratifs  d'une 
fete  que  son  mari  donne  le  soir  meme.  Mais  une  hausse  epou- 
vanlable  vient  tout  a  coup  dcranger  les  calculs  de  Saint-Clair, 
et  le  precipiter  dans  un  abime.  Tandis  qu'on  cliante  dans  son 
salon,  il  s'abandonne  au  plus  violent  desespoir  dans  son  cabi- 
net, ou  lout  le  monde  semble  se  reunir  pour  le  desolcr;  et  sa 
ferame ,  qui  le  remercie  du  bonheur  ([u'elie  goiite  de  son  chan- 
gement  de  couduite;  et  le  plaideur  Freviile,  qui  lui  retire  une 
clientelle  qii'il  a  ni'gligee;  et  Fugaccio,  qui  lui  reproche  ses 
pertes;  et  enfin  Durosai,  au  genie  duijuel  il  demande  des  res- 
sources,  el  qui  n'a  que  des  raoyens  infames  a  lui  proposer.  En 
re  moment,  Germon  vient  confier  a  Saint-Clair  le  portefeuille 
qui  contient  loule  sa  fortune  :  en  vain  Durosai  le  jiresse  de  pro- 
filer de  cetle  occasion  pour  rcparer  tons  ses  desasli'es  ;  il  resiste 
a  cette  infernalc  tentation,  et  sort  dans  I'agitation  la  plus  vio- 
lente.  Nous  voici  au  cinquieme  acie  et  au  lendeniain  matin. 
Amelie  dort  encore;  Saint-Clair,  qui  medite  un  projet  sinistre, 
a  laissc  pres  d'elle  une  lettre,  et  va  jjrendre  son  cabriolet  qui 
I'atlend  au  detour  d'une  rue.  Marcel  le  devine  el  le  retient,  lors- 
qu'Am(!'lie  accourt,  pousse  un  cri  d'effroi  et  se  jelte  dans  les 


272  FRANCE. 

bras  tie  son  inari,  qu'elle  ne  croyait  plus  revoir.  Saint-Clair  a 
perdu  un  million;  c'cst  im  desastrc  irreparable.  La  fortune 
cntiere  de  Marcel  pourrait  a  peine  y  faire  lace;  il  va  tenter  sur 
le  pere  de  Saint-Clair  un  effort  dont  il  n'attend  presque  aucun 
succes.  Ce  vieillard  arrive,  plein  d'une  joie  qu'il  ne  i)eut  raai- 
Iriser;  i!  jounit  a  la  }iausse,etiecoup  qui  aruine  son  fils  a  triple 
sa  fortune.  II  fait  deux  ou  trois  nicnsonges  a  Marcel  pour  lui  ex- 
pliquer  cebonbeurinespere,  sans  en  laisser  soupconner  la  veri- 
table source.  Marcel  alors  lui  revele  la  position  de  Saint-Clair: 
cetle  nouvelle  enipoisonne  toute  la  joie  du  vieillard,  qui  re- 
fuse de  vcnir  au  secours  de  son  fils.  Mais  il  n'esi  pas  au  bout 
de  ses  tribulations;  le  petit  Gautier  acheve  de  le  desoier  en  lui 
annonc.int  que  son  agent  de  cliange  a  disparu  sans  rien  laisser 
a  ses  cliens.  Cependant  Marcel  cherche  a  rcndrc  un  pcu  de 
courage  a  toutle  monde;  il  fera  pour  son  neveu  des  sacrifices 
q»ii  le  gcneront  loutc  sa  vie,  mais  (]ui  sauveront  I'lionneur  a 
Saint-Clair.  II  force  Dormcuil,  ])ar  la  crainte  deperdre  la  con- 
sideration publique,  a  venir  aussiau  secours  de  son  fils.  St  .-Clair, 
rendu  tout  entier  a  sa  famille  et  a  son  ctat,  profitera  de  cette 
terrible  lecon,  aussi  bien  que  Gernion,  qui  va  racheter  line 
ferme.  Quant  a  Durosai,  il  a  ele  roconnu  pour  un  certain  Du- 
hautcours,  qui  a  fait  banqueroute  a  Lyon,  et  contre  lequel 
Marcel  a  une  prise  de  corps;  il  est  deja  loge  a  Sainte-Pclagie. 

Les  trois  premiers  actes  sont  un  peu  vides  d'action ;  mais  les 
deux  derniers  sont  tres- diamatiques.  Le  dialogue  est  nalurel 
et  plein  de  traits  d'observation,  mais  quelqutfois  un  peu  ver- 
bcux;  il  gagnerait  a  etre  resserre.  On  a  remartjiic',  avec  rai- 
snn,  que  le  pcrsonnage  Fugaccio  etait  trop  charge;  et  pli;- 
sieurs  figures  de  ce  tableau  ofTrent  des  reminiscences  ou  sont 
ian  peu  communes ;  mais ,  comnie  dans  Fctat  acluel  de  la  civili- 
sation ,  on  ne  voit  phis  g'lere  dans  la  societe  de  ces  physiono- 
mies  tranchees  que  la  separation  des  classes  y  introduisait  jadis, 
il  n'est  pas  etonnant  d'en  rencontrer  si  rarement  au  tlitalre. 
Dans  Vngiotagc ,  le  personnage  de  Germon  est  fort  bien  ima- 
gine; el  celui  deDormenil  nous  a  .semble  excellent,  sous  Ic  rap- 
port dramali([iie  ainsi  que  sous  le  point  de  vue  moral  de  la 
comedic.  C'est  une  Idee  fort  henrcuse  d'avoir  montre  le  joueur 
qui  gagne  a  la  bourse  dcpouille  anssi  bien  que  celui  qui  perd  ; 
el  ce  personnage  jelte  d'ailleurs  beaucoup  de  gaite  sur  le  de- 
nouement; habile  diversion  dans  un  sujet  (jUi  doit  necessaire- 
ment  tonrner  au  iragique.  Enfin ,  malgrc  quelc|ues  defauts, 
celtc  comedie,  qui  fail  rire  et  qui  peint  les  travers  du  jonr, 
nous  semble  meriter  le  succes  qu'cllo  a  ohtenu.  M.  A. 

—  Rr.vcE  (le-f   TfiEAXRris  LVRionES  j)cndon(  Cornice  iSaS. 


PARIS.  173 

—  Noire  but,  dans  cet  article,  n'est  ])as  seulement  de  dire  uii 
mot  de  plusieurs  ouvrages  dont  la  Revue  Encyclopedique  n'a 
point  encore  parle;  nous  voulons  aussi  metlre  nos  lecleurs  a 
meiue  de  jnger  qtiel  a  ete  en  France  I'olat  de  la  musique  dra- 
matique  ,  durant  I'annee  derniere.  Trois  pieces  ,  dont  deux  en 
trois  actes  et  unc  en  un  acte,  ont  elc  representees  a  TAcade- 
MiE  ROYALE  DE  MUSIQUE.  Aucunc  n'a  obtcnn  de  succes,  et  le 
jui^ement  da  public  n'a  eprouve  aucune  contradiction.  On  ne 
retrouvait  plus,  dans  la  Be Lle-au-hois -dormant  (  2  mars),  la 
verve  dont  M.  Planard  a  fait  preuve  ilans  plusieurs  operas- 
coiuiques.  L'intcrct  de  sa  piece  etait  nul,  la  gaile  n'etait  pasde 
bon  ton,  et  I'auteur  arme  de  la  baguette  magique  n'avait  pas 
su  en  tirer  parti.  Son  poeme  n'etait  pas  de  nature  a  echauffer 
le  genie  du  compositeur;  aussi,  M.  Caraifa,  connu  par  plu- 
sieurs sacces  sur  ies  theatres  de  I'llalie  et  par  la  reussile  popu- 
laire  d'un  opera-coinique  francais  ( le  Solitaire  ) ,  a-t-il  echoue 
devant  la  Belle-au-bois-dormant.  Ce  n'est  pas  que  sa  partition 
ne  renferme  quelques  inorceaux  remarquables;  mais  il  parait, 
en  I'ecrivant,  avoir  presque  loujours  manque  d'inspiration. 
Une  observation  que  Ton  a  pu  faire  en  entendant  le  premier 
acte,  c'est  que  M.  Caraffa  a  tache  de  n'etre  que  lui-meme  et  a 
renonce  a  jeter  ses  phrases  melodiques  dans  Ies  moules  de 
M.  Rossini;  on  doit  le  teliciter  d'avoir  piis  ce  parti;  il  est  ca- 
pable de  voler  de  ses  propres  ailes. 

Pharamond  (  7  juin)  n'a  pas  ete'plus  heureux  que  la  Belle- 
au-bois-dormant.  La  confection  de  ce  poeme  avail  ete  comman- 
dee  a  MM.  Ancelot,  Guiraud  et  Soumet,  poetes  tragiques 
d'un  vrai  merite ,  mais  qui  ont  paru  ne  pas  comprendre  la 
contexture  d'un  opera.  Leur  sujet  etait  bien  choisi,  et,traite 
par  des  auteurs  exerces,  il  aurait  pu  produire  un  grand  eft'et. 
Tel  qu'il  a  ete  execute,  il  n'a  guere  cause  que  de  I'ennui;  la 
musique  confiee  aussi  a  trois  compositeurs ,  MM.  Boieldieu  , 
Berton  et  Rreutzer,  n'a  point  sauve  le  poeme,  parce  qu'un 
Guvrage  faitde  commande  est  presque  toujours  mediocre.  I^es 
decorations  ont  seules  altire  quelques  curieux. 

Don  Sanche  (^1"]  octobre)  est  une  f'eerie  mauvaise  de  tout 
point ,  toujours  a  I'exception  des  decorations.  On  ne  concevrait 
pas  qu'une  aussi  plate  rapsodie  ait  c(e  representee  sur  un 
theatre  qui  se  donnele  tllre  de  premier  t/iedtre  de  C Europe ,  si 
I'on  ne  savait  pas  que,  dans  ce  theatre  lyrique,  Ies  compositeurs 
n'ont  pas  voix  deliberative.  On  doit  aussi  de(>lorer  cette  manie 
de  faire  passer  pour  un  petit  prodigeun  enfant  qui  sansdoute 
s'annonce  sous  d'heureux  auspices,  mais  qui  a  besoin  encore 
debeaucoup  d'eludes  ,  avant  d'obtenir  le  rang  qu'on  veut  lui 
T.  xxM.  — Juillet  i82(>.  18 


274  FRANCE. 

donnerpar  anfrcipalloir.  Mozart  aussi  avait  compose  un  opera, 
lorsqu'il  n'avait  pas  meme  atteint  I'age  qu'a  maintenaiu  le 
jeunc  Litz ;  raais  le  celebre  Hasse,  apres  ravoir  entendu  en 
particulier  et  en  avoirapplaudi  I'auteur,  cut  le  bon  esprit  cle  re 
pas  Ic  faire  representer.  Si  Ion  en  eut  fait  de  meme  a  I'ej^ard  de 
Lifz,  on  lui  eut  epargn<5  ccs  paroles  severes  qui  lui  furent  adres- 
sees  ,  apres  la  premiere  representation  de  Don  Sanche ,  par  I'un 
de  nos  premiers  compositeurs  :  Mon  petit  arni,  voiis  avez  encore 
la  harbe  bien  blonde  ;  et  pourtarit ,  si  vous  continuez  ,  elle  dc- 
viendra  blanche  nvanl  (f  avoir  Jamais  etc  noire. 

Le  THEATnE  Itaiif.n  est  demeur6  dans  une stagnation  com- 
])lete ;  et,  sans  la  presence  de  quelqaes  bons  clianteurs,  la 
mode  dc  le  frequenter  aurait  entierenient  passe.  //  Fiaggio  a 
Reims  (  i<)  jiiin  )  est  le  seul  ouvrage  compose  a  I'occasion  dn 
sacre  (jai  racrite  d'etre  mentionne,  par  rapport  au  poeme  qui 
est  de  M.  Balochi.  La  musique  de  M.  Rossini  offre  un  mor- 
ceau  a  (juatorze  voix  qui  prouve  que  le  compositeur  connait  la 
maniere  de  disposer  convenablement  les  traits  propres  a  cha- 
que  timbre  et  a  chaque  diapason. 

Le  Crociato  in  Egitto  {  22  se])tembre  )  de  Meyer-Berr  a 
obtcnu  dn  sticces.  11  I'a  du  a  tin  grand  nombre  de  morceaux 
rcmarquables  qu'il  renferme,  et  qui  sont  connus  dans  tons  les 
pays  de  I'Europe  ou  Ton  s'occupe  de  musique.  Du  reste,  cet 
opera  est  loin  d'avoir  joui  de  la  vogue  qu'ont  obtenue  ceux  de 
Rossini  au  meme  theatre.  On  a  tellement  contracte  I'habitude 
des  formes  consacrees  par  ce  compositeur,  que  ceux  qui  i'rc- 
quentent  le  theatre  italien  n'y  veulent  plus  entendre  d'autre 
musique  que  la  sienne. 

Le  Theatre  de  l'Opera-comique  a  offert  neuf  pieces  a  ses 
habitues  :  cinq  en  nn  acte,  une  en  deux  et  trois  en  trots.  Lc 
Capitaine  Belronde  {  a'j  mars),  jolie  comedie  de  M.  Picaud, 
n'a  point  gagne  a  etre  reduite  des  deux  tiers  et  arrnngee  en 
operft.  Qaoique  le  sujet  offrit  I'occasion  de  placer  beureuse- 
ment  plusieurs  morceaux  de  musique,  M.  Cremont  n'a  pas 
reussi  dans  son  entreprise.  On  sait  que  M.  Crcniont  est  un 
excellent  chef  d'orchestre;  ce  qui  exige  beauconpplus  de  ta- 
lent qu'on  ne  le  pense  communement,  mais  ce  qui  ne  conslitue 
pas  le  bon  compositeur. 

Le  Macon  (  3  mai  ) ,  dont  le  poeme  est  du  a  M  M.  Scribe  et 
Germain  Delavigne,  est  un  ouvrage  rempli  d'action  et  d'inte- 
ret.  Ce  drame  lyrique,  ainsi  que  les  auteurs  font  appele ,  of- 
frait  plusieurs  sitnations  fortes,  et  par  consequent  propres  a 
faire  briller  le  niusicien.  M.  Auber,  dont  la  reputation  est 
etablie  par  plusieurs  operas  comiques  suit,   depuis  quelque 


PARIS.  275 

tenis  une  faiisse  route.  On  ne  doit  passe  dissiioulcr  quo  cci  tains 
traits  (ie  melodic,  certaines  combinaisous  dharinonie  et  cer- 
tains effets  d'orciicstre,  mis  a  la  mode  parM.  Rossini,  ne  cap- 
livent  en  ce  moment  les  suffrages  de  ceux  qui  ne  voient  que 
la  supcrficie  des  choses,  sans  jamais  en  consiilerer  le  fond,  et 
qui  ne  songent  pas  que  rien  n'est  plus  facile  que  d'introduirc 
dans  nn  morceau  dc  musicpie  telle  ou  telle  forme.  Leverilabie 
public  a  trouve  M.  Auber  fort  inferieur  a  luimeme;  cc  compo- 
siteur nous  avait  prouve,  en  ecrivant  Emma  et  la  Bcrgere 
chatelaine ,  qu'il  ctait  capable  de  se  souslraire  a  nno  mode 
qui  ote  a  ses  nouvcaux  ouvrages  le  cacliet  de  I'originalitc. 

Quoique  la  musique  du  Lapin  blanc  (21  niai  )fut  anssi  rem- 
plie  de  tournures  rossinicnncs ,  elle  n'a  point  obtenu  de  suc- 
ces.  A  la  veritc,  la  chute  de  cet  onvrage  doit  elre  blen  plutot 
atlribuee  au  poeme  dont  la  marche  etait  erabarrassee  et  qui 
n'offrait  ni  mots  pic|iians,  ni  situations  interessantes. 

Le  Bourgeois  dc  Reims  (  7  juin  )  a  obtenu  du  succes,  bien 
qu'il  ne  fut  qu'nne  piece  de  circonstance,  parce  que  la  mu- 
sique de  M.  FtTis  a  offertune  assez  heureuse  alliance  du  savoir 
et  de  I'imaginalion.  Le  morceau  le  plus  rcmarquable  de  cet  ou- 
vragc  est  nn  rondeau  ou  parait  un  nonvel  accompagnement, 
chaque  fois  que  se  reprcsente  le  motif;  c'est  une  forme  que 
devraient  en  general  adopter  nos  compositeurs  lyriques. 

La  Fausse  Croisade  (12  juillet )  a  cpronve  une  cliule  com- 
plete. On  ne  peut  bldmer  la  severite  du  public;  car,  s'il  y 
avait  dans  les  deux  actes  dont  cetle  piece  se  composait  quel- 
ques  scenes  lolerables,  on  ne  rencontrait  rieu  de  neuf,  ni 
dans  les  situations,  ni  dans  le  dialogue,  ni  dans  la  musique. 

Les  Enfans  de  Maitre  Pierre  (  (J  aoiit )  onl  ete  accueillis  phis 
favorablement.  Tout  le  monde  s'est  accorde  a  y  reconnaitrc  une 
grande  entente  de  la  scene;  on  y  a  trouve  de  Tintcret ,  de  la 
gaite  et  un  di'noument  amene  avec  une  grande  habilete.  M.de 
KocKjSi  connu  par  ses  roraans  pleins  d'esprit  et  de  verve, 
parait  devoir  obtenir  de  nouveaux  succes ,  comme  anteurd'o- 
peras  comiques.  11  s'etait  adjoint  pour  la  composition  de  son 
dernier  onvrage  RI.  Krkube.  Cemusicien  ,  a  qui  Ton  doit  deja 
plusieurs  pieces  agreables  ,  s'est  encore  dislingue  cctle  fois.  A 
la  verite,  sa  musique  n'est  pas  savante;  mais  toules  ses  parti- 
tions contiennent  des  chants  heureux  et  naturels  ;  et,  si  quel- 
f[uefois  ses  compositions  manquent  d'criginalite,  elles  ne  man- 
•juent  jamais  dc  grace. 

Le  Voyoge  de  cour  (  20  aout )  n'a  pas  obtenu  le  suct.es  dc". 
Enfans  de  Maitre  Pierre.  Cetle  piece  qui  avait  pour  outeur  Ic 
peinlrespirituel  de  In  Famille  Glinct,  M.  Mervii.i.e,  reposnil 


176  FRANCE. 

dejiuis  dix  ans  dans  les cartons  de  Feydeaii.  On  sent  que,  de- 
puis  cetle  epofiue,  les  teins  ont  cliant^e,  rt  que  des  idees  qui 
alors  aiiraient  pii  elre  goiilees  du  public  out  )>erdn  a  ii'eire 
eniises  ([u'au  moment  ou  le  cliangeinenl  desyslenie  de  compo- 
sition des  operas  comitiiies  est  prps(]iie  enjit-remont  effectu<5. 
Cctte  variation  a  etc  efjalemeiit  dt-favorable  a  M.  Catruffo, 
comi)ositeur  de  la  musique;  la  maniere  dont  il  a  traile  I'or- 
chestre  indique  assez  que  sa  parlilion  n'a  pas  eie  ccrlte  de  nos 
jours. 

Ce  n'est  que  pour  memoire  qne  no^is  faisons  fignrer  dans  ce 
coup-d'oeil  le  Projetde  Piece  (4  novernbre),  ouvrage  de  cir- 
constance,  ma-iivais  de  tout  point,  meme  en  ce  (]iii  concerne 
la  musique  due  a  M.  Blangini  ;  le  poeme  etail  de  M.  Mely- 
Janin.  Au  lieu  de  prendre  la  peine  de  monier  un  ouvrage 
d'une  telle  faiblesse  ,  il  eiit  bicn  mieux  valu  reprendre  h  Bour- 
geois de  Reims,  qui  etait  aussi  un  opera  comique  de  circons- 
tancc. 

En  terminant  la  revue  des  operas  representes  sur  le  tlicafre 
Feydeau  ,  nons  sommmesheurenxd'annonrer  le  .suoces  eclalant 
et  merite  de  la  Dame  Blanche  (11  deceiulire  ).  Le  imeme,  du  a 
M.  Scribe,  est  tire  en  parlied'un  desromans  de  sirWiiller  Scott, 
dont  les  nombreux  ecrits  ont  di'ja  fourni  el  fouiniront  encore 
quantile  de  sujets  de  pieces  a  nos  grands  et  petits  theaires.  Ce 
pocnie  n'est  assurement  ])as  irreprocliable;  i!  offre  nienie  des 
defauls  qui  certainement  auraient  ete  reievcs  avec  severite, 
s'ils  n'avaient  passe  inapercus  a  la  fnvenr  de  la  chaimanle  mu- 
sique de  M.  BoiELDiEU.  Ce  compositeur,  qui  depwis  quelc|ues 
annees  vivait  eloigne  de  la  scene  et  avail  resolu  de  ne  plus 
etrire  pourlc  theatre,  a  cede  anx  conseils  de  son  ami  M.  Ber- 
ton  ;  et ,  meprisant  les  ecrits  qtie  I'ignoranre  repand  et  propage, 
il  s'est  de  nouveau  monire  dans  un  lie>i  oil  il  avait  deja  obienu 
de  si  btillantes  couronnes.  Cliose  rcmarqu;ible  !  son  talent  n'a 
point  vieilli ;  il  senible,  au  contraire,  qu'il  ait  acquis  une  noU- 
velle  vigueur,  et  ([ue  M.  Boi'eldieu  ait  trouve  une  force  d'in- 
ventiou  dont  il  avait  quelquefois  manque,  surtout  dans  ses 
dernitTS  ouvrages.  Ce  qui  caracterise  celui-  ci ,  c'es.t  I'emploi 
de  certaines  formes  melodiques  pen  usilees,  et  qui  jetient  sur 
plusieurs  morceaux  un  cafactere  d'originalite  qui  salisfait  j)ar- 
ticulierement  les  connaisseurs.  En  enlendant  la  Dame  Blanche, 
on  a  peine  a  rroire  que  I'auteur  en  ait  ecrit  la  parlilion  avec 
plus  de  rapidite  que  toutes  cilles  auxquelles  il  a  travaille,  bien 
qn'il  n'ait  pu  s'occuper  de  ccUe-ci  que  dans  les  instans  que  lui 
laissalt  une  maladie  longue  et  douloureuse. 
Six  operas  ont  paru  sur  la  scene  de  I'Odeon  ct  ont  obtcnu  de 


PARIS.  277 

plnsou  mollis  de  succes;  un  seul  a  eprou\e  une  chute  complete. 

Les  Noces  dc  Gamache  (9  mai)  ne  present.iient  point  la 
gnite  a  laquclle  on  a  droit  de  s'attendre  d'apres  le  litre.  Le  chef- 
d'oeuvre  immorlel  de  Cervantes  etail  present  a  la  mcmoire  de 
tout  le  monde,  et  la  coni])araison  n'eiait  pas  favorable  au 
poeine;  neaninoins,  la  musique,  liree  des  mellleurs  ouvragcs  de 
MERCADANTE,com])osileurqiiiparaitavoircompletementadopte 
le  sysleme  lyri(|ue  de  M,  Rossini,  a  ete  applaudie  avec  raison. 

Louis  XII  (7  juin),  de  MM.  Saint-George  et  Laureal  , 
ouvrage  jiarodie  sur  la  musique  de  Mozart,  a  ele  recu  avec 
assez  de  froideur  par  les  habitues  de  I'Odeon.  On  ne  doit  pour- 
tant  pas  en  ^tre  surpris.  D'abord  ,  cette  musique  de  Rlozart ,  si 
grande,  si  dramatique,  si  expressive,  et  qui  avec  toutes  ces 
qualites  est  toujoiirs  parfaiiement  en  situation,  ne  poiivait  se 
plier  facilement  au  travail  des  parodistes  :  si  I'on  vcut  adapter 
des  piiroles  francaises  aux  chefs-  d'oeuvre  de  Mozart,  il  faut 
traduire  de  lui  un  opera  entier,  et  non  coudre  I'un  a  I'autre 
des  morceaux  pris  ca  et  la  dans  ses  ouvrages.  Une  autre  cause 
du  peu  daccueil  obtenu  par  Louis  XII  se  reconnait  dans  la 
composition  habituelle  du  parterre  de  I'Odeon  ,  oil  le  nombre 
des  vrais  connaissenrs  est  presque  imperceptible.  La  plupart 
de  ceux  qui  freqiientent  ce  theatre  n'entendent  guere  d'autre 
musique  que  celle  qu'on  y  execute ;  et  pour  niettre  les  ouvrages 
dc  Mozart  a  la  jiortee  de  cette  classe  d'amateurs ,  il  faudrait 
ajf)uler  a  la  savante  instrumentation  de  ce  grand  maitre  les 
coHfichets  jetes  dans  I'orchesfre  par  certains  comjiositeurs  mo- 
dernes  ,  et  qui  constituent  a  leurs  yeux  la  beaute  de  la  musique 
en  vogue  aujourd'hui  :  nous  ne  serions  pas  surpris  qu'il  vint  a 
I'idee  de  quelque  arrangeurAe  faire  subir  a  Mozart  I'operation 
doiit  nous  venons  de  parler;  si  Ton  veut  absolumenl  des  pa- 
rodies ,  celle-la  en  vaudrail  bien  une  autre. 

Othello  (  9,5  juillet)  n'a  pas  obtenu  le  succes  que  I'adminis- 
trallon  avait  espere  :  M.  Rossini  s'y  est  coHStammenl  monire 
dramatique  et  fidele  aux  regies  et  aux  exemples  de  ses  habiles 
devanciers,  et  par  consequent  n'est  pas  tombe  dans  ses  defauts 
habituels  qui  rendent  ses  ouvrages  recommandablesa  certaines 
personnes.  D'ailleurs,  il  faut  I'avouer,  les  chanteurs  a  qui  I'exe^ 
cution  de  ce  chef-d'oeuvre  etait  confiee  ont  bien  mal  servi  le 
compositeur. 

La  Comedie  a  la  Campagne  (16  aout),  musique  de  Cima- 
ROSA ,  n'a  point  attire  la  fonle.  Quoiqu'il  n'y  ait  que  fort  peu 
de  rapports  entre  le  genre  de  m^rite  de  Cimarosa  et  dc  Mozart, 
les  raemes  raisons  qui  se  sont  opposees  au  succes  de  Louis  XII 
ont  empeche  celui  de  la  Comedie  a  la  Campagne. 


378  FRANCE. 

La  Dnino  dn  Lac  (3i  oc'tobl-e  )  a  <^le  recue  avec  iine  exlrtme 
faveiir.  Lc  pot'me,  qui  est  dii  a  M.  d'£paony,  est  raisonaable, 
et  c'cst  bcaucoup  pour  unc  j):irodic.  M.  Rossini  s'y  prcsonle 
av6c  ses  dcfauts ,  niais  aussi  avec  de  grandes  beautes.  Deux 
cavatines  charmantcs  onl  surtoiit  ete  remaiquecs ,  et  uii  duo, 
cmpruntc  a  la  Semiraimde  du  memc  inaiire,  a  ct<5  parliculic- 
inenl  applaudi. 

Prccioxa  (17  novembre).  Cctte  piece,  d'un  genre  particu- 
lier ,  n'etait  qn'un  drnnie  coupe  par  des  choeiirs  ;  elle  a  eprouve 
una  chute  complete.  La  inusique  ctait  cependant  due  au  ce- 
lebre  auteur  de  Robin  des  Bois  ,  M.  Weber,  dont  la  mort  pr^- 
maturee  \ient  d'affliger  tous  les  amis  des  arts.  Elle  offrait  des 
morceaux  du  jnemier  ordre  ;  mais  tout  le  raonde  sait  que  ce 
n'est  pas  la  ce  c[ue  demandent  des  amateurs  qui ,  dans  Robin  , 
n'onladresse  ieurs  applaudissemens  qu'a  unchoeur,  fort  gra- 
cieux  sans  doute  et  d'un  bon  cff'et,  mais  que  le  compositeur  elait 
bien  loin  de  regarder  commc  la  pierre  angulaire  de  son  opera. 

Resumons  nous.  Sur  vingt-une  pieces  lyriques  representees 
dans  ie  courant  de  I'annee  passce  ,  plusieurs  sont  deja  tombces 
dans  I'oubli ;  quclques-autres  occiiperont  encore  le  repertoire 
pendant  un  certain  temps;  mais  ont  peut  predire,  sans  crainle 
de  se  tromi)er,  que  le  Crociato  ,  Othello  et  la  Dame  Blanche  se 
mainliendrout  sur  la  scene  et  attireront  long-tems  encore  les 
amateurs  de  bonne  musique.  /.  Adrien-Lafasge. 

Beaux- Arts.  —  Peinture. — Uexposition  au  profit  des  Grecs, 
(Voy.  Rei>.  £nc.,  t.  xxx,  p.  578),  presque  entlerement  renou- 
velee ,  au  commencement  de  ce  mols  ,  continue  d'altirer  I'at- 
tention  publique.  On  distingue  ,  dans  le  nombre  des  nouveaux 
ouvrages  ,  u/ie  Jeunc  Fille  au  bain  ,  et  deux  tetes  delude ,  de 
GiRonET  ;  Bacchus  et  Ariane  ,  de  M.  Gros  ,  ainsi  que  les  es- 
quisses  du  Combat  d' Abouhir ,  du  Champ  de  bataille  d' Ejlau  , 
et  de  ce  tableau  qui  produisit  une  impression  si  vive  a  Tepoque 
ou  il  parut :  Francois  J"  el  Charles-Quinl  visitant  Veglisc  dc 
Saint-Denis.  M"'^  Monges  a  envoye  deux  tableaux  d'histoire , 
gfands  comiiie  nature,  representant  Saint- Martin  partake  ant 
son  manteau  avec  un  pauvre ,  et  les  Sept  Chefs  devant  Thrbes. 
On  sait  que  Girodet  a  egalement  Iraite  ce  dernier  sujet  qu'il 
n'a  pas  eu  le  terns  d'exccuter,  mais  dont  le  dessin  a  etc  tres- 
bien  Jithograiihic  par  M.  Aubry-le-Comte,  son  elevc  (  Voyez 
Rev.  Enc. ,  t.  xxviii ,  p.  6'54).  Deu.v portraits  de  Paesicllo  et  de 
Robert ,  par  M"""  LEimtrN  ,  font  les  honneurs  d'une  galerie  qui 
porte  son  nom  ,  el  ra])pcllent  son  talent  d'une  manicic  fort 
honorable.  Je  signale  al'attention  des  amateurs  un  tableau  dans 
lequel  M.  Ingres  a  represcnie  la  Chnpcllc  sixiine  au  moment 


PARIS.  a75 

oil  le  pape  y  officie  poiitificalemeut.  M.  Isabey  a  essaye  (Je  sup- 
plcer  au  talent  par  la  inigiiardise  et  une  certaine  rechcrcb.e  tie 
faire,  dans  une  aquarelle  represenlant  VEscalier  du  Musee ; 
produclion  qui,  a  nion  avis,  ne  merite  j)as  la  repiilaiion  qu'elle 
a  oblenue.  Ceux  de  nosariislesqui  sont  a  Rome,  MM.  Fleury, 
Robert  et  Schmitz  ,  ainsi  que  M.  Alaux  ,  raainlenant  de  re- 
toiu',  ontpuise  ,  dans  lesmoeursdu  pays  ,  des  sujets  de  tableaux 
qui  joignent  au  meiite  de  la  verite  locale  une  grande  force  de 
ton  el  un  talent  d'excciition  justement  remarque.  On  eprouve 
du  plaisir  a  revoir  V  Amour  et  Psyche  de  M.  Picot  ,  tableau 
gracicux  ,  sans  doute ,  mais  auquel  on  a  prodigue  des  eloges 
exageres.  L'esquisse  du  Gustm>e  ff^asa  de  M.  Hersent  fait  re- 
gi'etter  que  cet  artiste,  dont  les  productions  sont  empreinles 
d'un  sentiment  aussi  juste  que  bien  exprime,  se  soit  presque 
enlicrement  adonne  au  portrait.  II  y  a  trois  tableaux  de  M.  Gu- 
DiN,  a  cette  nouvelle  exposition  :  ii«e  Marine  et  deux  Fues ; 
tous  trois  ne  meritent  que  des  eloges.  M.  Gudin  est  .sans  rival 
dans  le  genre  qu'il  a  enibrasse.  Les  peintres  qui  appartiennent 
a  ce  que  Ton  appelle  la  nouvelle  ecole,  lemoignent  une  grande 
horreur  pour  la  beautedela  forme  et  lestyle;i's  recherclient, 
avarit  tout,  la  bizarrerle  des  costumes;  une  certaine  naivete 
d'expression  qui  n'esl  souvent  que  de  la  lajdeur  ou  de  la  niai- 
serie  ;  un  eclat  qu'ils  obtiennent  en  versanl  ^  pour  ainsi  dire  , 
leur  boiteacouleursur  leur  toile;  enlin,  pour  eviter,  disent-ils, 
la  maniere,  ils  soul  aussi  manithes  que  possible  ,  mai?  dans  un 
genre  lout  nouveauet  fortetrance.  Tels  sont  MM.  Colijv,  De- 
lacroix, les  deux  Deveria,  Saint-Evre  ,  Scheffer  et  West, 
avec  des  nuances  qui  les  individualiscnt ,  quoiqu'ils  suivent  le 
meme  sysleme.  Cependant ,  il  faut  etre  juste  :  ils  donnent  quel- 
quefois  des  preuves  de  talent  et  surtont  de  sentiment ,  ce  (|ui 
fait  d'aulanl  plus  i  egretter  qu'ils  sesoient  volontairement  em- 
barques  dans  une  fausse  route  que  tot  ou  lard  il  faudra  (ju'ils 
abandonncnt ;  on  veut  bien  se  singulariser,  mais,  en  France  , 
on  ne  lient  j)as  coiitre  le  ridicule. 

M.  H.  Vernet,  qui  vient  le  dernier  soiis  ma  plume  ,  occupe 
cependant  un  des  ])remiers  rangs  a  cetle  exposition  ;  les  noii- 
veaux  tableaux  i\u\\  ya  envoyes  sont  nombrenx  ct  ijnporlans.. 
P.lusieiirs  etaient  deja  coiinus;  tels  sont  la  Bataille  de  Jetn- 
mapes  et  VJpotheose  de  Bonaparte ,  ou  le  jteinlre  a  e\i  I'idi'e 
de  placer  un  bataillon  de  I'ancienne  garde  presentant  les  armes 
devant  un  rayon  lumineux  qui  lie  une  lombeau  ciel;  ceux  qui 
n'avaicnt  pas  encore  ete  exposes  sont  :  la  Bataille  de  Vabny  , 
et  les  Adieux  de  Napoleon  a  sa  garde ,  a  Fontainebleau .  Le 
premier  de  ccs  deux  tableaux  mc  paraii  au-dessous  du  talcot 


28o  FRANCE. 

que  ce  peinire  a  iiiontre  dans  la  plupart  de  scs  ouvrages  ;  mars 
I'antre  commande  raltention.  La  scene  a  un  grand  intertt.  Le 
moment  clioisi  est  celni  ou  Tempereur,  s'adressant  aux  soldafs 
de  la  garde,  lour  dit :  i<  Je  voudrais  vous  presser  lous  sur  mon 
ccEur;  j'erabrasserai  votrc  g^ndral  et  voire  aigle.  Approchez  , 
general  Petit.  »  Le  general  s'est  approcliii  et  tient  I'empereur 
tlans  ses  bras ;  le  })orte-:iigle  le  suit ;  sa  main,  dont  il  a  con- 
vert son  visage,  derobe  a  I'emperenr  la  vue  de  I'eraolion  qu'il 
eprouve  et  des  pleurs  qu'il  rcpand.  Bravo  ,  M.  H.  Vernet ! 
Cette  figure  seulc  suffirait  pour  assurer  le  succes  de  votre 
ouvrage. 

En  general ,  I'e.xposition  au  jirofit  des  Grecs  offre  un  tres- 
grand  interet;  on  y  voil  des  tableaux  dont  la  reputation  est 
depuis  long  -  terns  failc  ,  mais  qui  ne  sont  presque  pas  con- 
nus  de  la  generation  actuelle;  d'aulres  qui  n'ont  pu  etre  admis 
au  Salon,  a  cause  des  sujets  qu'ils  representent ;  enfin  toules 
les  reputations  sont  venues  se  placer  a  coleles  unes  des  aulres 
el  provoquer,  pour  ainsi  dire,  un  nouvel  esamen  :  la  curiosite 
a  done  de  quoi  se  satisfaire. 

Diorama.  —  Cloitre  de  St-  fVandrille.  —  Les  auteurs  du  Dio- 
rama nous  inontrent  conlitiuellement  des  eglises  ruinees,  des 
fragmens  de  cloitre  ou  d'inlerieurs,  toutes  choses  fort  bonnes 
a  voir,  sans  doute,  quand  elles  sont  reproduiles  avec  talent; 
mais  rnoinSjCepcndant ,  quel'aspect  principal  d'un  edifice  veri- 
fablement  important.  Je  demande  a  voir  rAlharobra,  le  Coli- 
see,  Teglise  do  St-£tienne  a  Vienne,  Saltzbourg,  dans  le  Tyrol, 
le  Mont-Blanc,  etc.;  mais  il  est  plus  facile  d'allcr  a  Rouen 
que  dans  les  divers  pays  oil  sont  silues  les  roonumens  on  les 
lieux  que  je  viens  de  designer;  ct  voila  pourquoinous  voyons 
maintenant  le  cloitre  de  St-VVandrille. 

Ce  cloitre,  eleve,  dans  le  cours  du  seplieme  siecle,  par  un 
moine  auquel  les  chroniqucs  donnent  Pepin  pour  allie,  a  cte 
jenverse  trois  fois;  deux  fois  il  s'est  releve  de  ses  ruines,  se 
relevera-t-il  encore?  II  est  plus  sage  de  laisscr  a  I'avenir  lesoin 
de  repondre.  C'est  dans  I'etat  de  destruction  oil  il  se  tronve 
maintenant  que  M.  Bouton  a  represente  ce  cloitre,  qui  n'offre 
veritableraent  qu'un  interel  pittoresque  tres-inediocre ;  mais 
il  n'a  ete ,  pour  le  peintre,  que  I'occasion  d'employer  de  nou- 
vcaux  moyens  d'effets  tres-extraordinaires.  Pour  animer  ce 
tableau,  I'auteur  a  appele  a  son  secours  la  niecanique  ;  ainsi, 
nne  portc  qui  fernie  I'une  des  extren)ilt:s  du  cloitre,  estsucces- 
sivement  ouverte  et  fermee  violemment  par  le  vent;  et,  lors- 
qu'elle  est  ouverte,  Tce-il  parcourt  au  dela,  une  immense  etendue 
de  canipagne.  Le  ciel  que  Ton  apercoit  a   travers  les   ruines 


PARIS.  '  aSi 

da  cloitre,  se  couvre  de  nuages  qui,  marchant  avec  rapiditi*, 
^clipsent  ou  laissent  paraiire,  tour  a  tour,  les  rayons  dusoleil. 
Ce  qui  cause  le  plus  d'etonnement  ,  c'est  que,  lorsqiie  le 
solcil  repand  sa  clarle ,  !es  arbustes,  veuus  sans  cullure  au 
milieu  du  preau,  projettenl  sur  les  debris  du  cloitre  une  ombre , 
mobile  comme  dans  la  nature,  plus  ou  moins  intense,  selon 
ijue  I'eclat  du  soleii  est  ]ilus  ou  moins  vif,  et  qui  s'evanouit 
avec  lui.  Tout  cela  est  parfaitoment  ingenieux;  mais,  ce  que 
les  artistes  et'  les  gens  eclaircs  demandent  a  MM.  Bouton  et 
Daguerre,  c'est  une  imitation  de  la  nature,  non  par  desmoyens 
niecaniques  ,  mais  telle  que  les  ressources  de  la  peinture  peu- 
vent  la  produire. 

Gravure.  —  Leonidas  aux  Thermopyles.  —  Ce  tableau  de 
I'un  des  plus  grands  peintres  qui  aient  jamais  existe,  a  obtenu. 
un  succes  qui  ne  s'est  pas  dementi  un  seul  instant.  Selon  I'opi- 
nion  commune,  ce  serait  le  phis  bel  ouvrage  de  David;  mais 
les  artistes  ne  pensent  pas  ainsi.  Ce  n'est  pas  ici  le  lien  de  de- 
velopper  les  motifs  de  cette  difference;  je  le  ferai,  dans  la  no- 
tice que  je  me  propose  de  j)ublier  sur  cet  artiste  celcbre;  seule- 
ment,  je  dlrai  que  le  public  a  ete  principalement  frappe  du 
caractere  dramaiique  de  la  scene;  les  nouis  des  personnages 
quiyfigurent,  les  souvenirs  qu'elle  reveille,  etaient  bien  de 
nature  a  fixer  I'attention  generale,  dans  un  moment  ou  tout 
I'inlerel  se  tourne  vers  la  Grece;  c'est  une  des  causes  du  succes 
qu'a  obtenu  la  gravure  ,  que  vient  de  publier  M.  Laugier 
et  qu'il  a  dediee  aux  Hellenes.  Cette  gravure  d'une  dimen- 
sion considerable  ,  est  leproduitde  plusieurs  anncesde  travail; 
el ,  cependant,  elle  ne  me  satisfait  pas  enlierement  :  11  y  a  de  la 
durete  dans  I'effet ;  plusieurs  letes  n'ont  pas  assez  de  finesse ;  on 
volt  que  I'auteur  s'est  trop  presse  de  livrer  sa  j)lanche  au  public; 
mais,  d'un  autre  cole,  on  reconnaif ,  partout,  un  homme  ha- 
bile qui  manie  bien  le  burin,  et  qui  sait  disposer  ses  travaux 
avec  adresse  ;  la  figure  de  Leonidas  est  irreprochable.  Aussi 
cette  estampe  a-t-elle  cle  trei-reclierchee  du  jiublic;  d'abord , 
parce  qu'elle  reproduit  un  tableau  de  David;  ensuile,  parce 
que  le  graveur  n'est  reste  au-dessous  de  lui-meme  que  dans  ce 
qui  n'est  pas  apercu  de  tout  le  monde.  Cette  planclie  a  eu  deux 
lirages  avant  et  avec  la  lettre  :  les  epreuves  avant  la  lettre  cou- 
lent  280  fr.  sur  papier  de  Chine,  et  sur  papier  blanc,  240  fr-j 
le  prix  de  celles  avec  la  lettre  est  de  140  fr.,  sar  papier  de 
Cbine,  et  de  120  fr.  sur  jiapier  blanc. 

Lithographic.  —  Le  voluplueux  Anacreon  ,  dans  I'une  deses 
odes, adressee  asa  maitresse,  lui  dit : «  Que  nesuis-je  ton  miroir 
fldele,  douce  et  jeune  beaute!  je  reflechirais  tcslraits  ravissans; 


282  FRANCE. 

ta  (unique,  je  le  loucliciais  sans  cesse.  Que  ne  suis-je  l'<>n<lc 
pure  qui  baif^ne  el  caiesse  leA  ajipas,  etc.  On  connalt  I'imila- 
lion  charniatile  (pii  cii  a  etc  faile  en  fraii^ais  : 

Qae  ne  suis-je  la  fougire 

Oil  sur  sur  le  soir  d'un  beau  jour,  elc. 

GiRODET  a  puise  dans  cell.e  ode  une  composition  pleine  de 
grace ;  elle  fait  parlie  de  V /Inacreon  public  par  MM.  Becqueiel 
et  F.  A.  Coupin  (i).  Sa  niaitresse  vientde  quitter ses  vetemensj 
elle  est  sur  le  point  de  s'abandonner  a  I'onde  trancjuille  et 
pure;  elle  se  regardc  dans  un  miroir.  Anacr<'on  ,  a  demi  cacli^ 
dans  le  feulllage,  !;i  coiitemple;  i'amoiir  qui  le  favorise  ,  fait 
toniber  les  derniers  voiles  qu'elle  voudrait  retenir.  Ce  sujet 
avait  plu  a  Girodel,  el  il  en  avait  fait  un  second  dessin  ,  dans 
une  plus  grande  dimension.  Ce  dessin  vicnl  d'etre  lithographic 
par  M.  Dassy,  I'lin  de  ses  eleves.  Je  crois  que  cette  estarape 
aura  un  grand  succcs;  sans  doute  ,  elle  ne  rejuoduit  ])as  coiu- 
plelement  I'original;  il  y  a  toujours  dans  le  travail  du  maitre 
un  sentiment  qu'une  copie  iie  peut  pas  lendre;  mais  celte 
l)lanche  est  bien  lithographice ;  le  sujet  a  ce  charme  parlicu- 
lier  qui  arrote  et  fixe  les  regards ;  c'est  assez  potir  que  le 
public  ne  reste  pas  indifferent  a  cette  jiroduction.  M.  Dassy  a 
essaye  d'introdiiirc  une  innovation  dans  cette  planche;  il  a 
iniite,  dans  quehjues  parlies,  les  travaux  de  la  gravure.  Je  ue 
blame  jioint  ce  sysleine;  je  trouve,  au  conlraire,  qu'il  y  a  de 
I'avanlage  a  ne  pas  faire  les  etoffesetlesacccssoires,  comnie  les 
chairs;  seulement  il  me  parait  qu'il  ne  I'a  i)as  toujours  bien 
appli(pie.  Cette  belle  lithographic,  destinee  a  servir  de  pen- 
dant a  la  Danae  dn  meme  auteur ,  coute  le  meme  prix. 

P.  A. 

Necrologie. —  Pierre  Edouord  Lemontey,  ne  a  Lyon  Ic 
i4  Janvier  1768,  est  mort  a  Paris  le  26  juin  1826.  (Comnie 
ciloyen  et  hoinrae  de  lettres ,  il  servit  son  pays  jiar  In  droiturc 
de  ses  opinions  et  I'illustra  par  ses  talens  :  un  rapide  exanien 
de  sa  vie  politique  et  de  sa  vie  lilleraire  servira  de  pieuve  a 
cette  double  assertion. 

Lenioiiley  ,  ne  dune  famiUe  de  negocians,  au  lieu  de  suivre 


(i)  Un  volume  grand  in-4°  papier  velln,  conlenant  54  gravures,  les 
Odes  completes  (f  Mnacreon  ,  et  i)n  Discoiirs  preliminaire.  Prix,  loS  fr. 
les  epreuves  sur  papier  blanc  ,  et  180  fr.  avec  les  eprcuves  sur  papier 
dc  CLiine.  Chez  Jules  Keuouard,  rue  de  Touruon.  (  Voy.  Rev.  Enc.  , 
t.  XXX,  p.  386.  ) 


PARIS.  283 

I'etat  de  ses  peres,  cntra,  jeune  encore,  dans  la  carriere  du 
barreau  oil  il  oblint  des  succcs,  quoiqu'il  ne  possedat  point 
Tin  des  avantages  les  plus  necessaires  a  roraleur,  la  facilile  de 
I't'loculion.  La  principale  canSe  de  ces  succcs  fut  sans  doute  la 
noblesse  de  son  caractere  :  car  il  publia ,  en  1789,  plusieurs 
ecrits  g^nereux  et  utiles,  par  lesqnels  tantot  il  reclamait  pour 
les  protestans  le  droit  d'eleclion  aux  etats-generaux  ,  et  tanlot 
il  appelait  la  sollicilude  des  legislateurs  sur  la  misere  des  cano- 
pagnes  et  les  besoins  de  I'agriculture.  C'est  a  sa  plume  que  fut 
confite  la  redaction  du  cahier  de  I'assemblee  electorale  de  Lyon 
extra  muros. 'Nomme  substitut  du  procureur  de  la  commune  de 
Lyon,  il  trouva  bientot  I'occasion  de  deployer  ses  talens  sur 
un  theatre  plus  vaste  et  plus  brillant,  lorsque  les  suffrages  de 
ses  concitoyens  le  porterent  a  rassemblee  legislative.  Tour  a 
tour  membre  du  comite  diplomatique,  secretaire  et  president 
de  celte  asseuiblce  ,  il  honora  ces  diverses  fonctions  par  la  sa- 
gesse  de  ses  \ueset  la  moderation  de  son  caractere,  soil  lors- 
qu'il  combaltit  les  lois  i)orlees  centre  les  pretres  insermentcs, 
soit  lorsqu'enlisanta  la  tribune  le  rapport  sur  les  massacres  de 
la  glaciere  a  Avignon,  il  ne  put  achever  cette  fatale  lecture, 
interromptie  par  son  trouble  et  par  ses  larmes.  Place  dans  les 
rangs  de  la  minorite  qui  defendait  la  conslitulion  de  T791 
qu'elle  avail  adoptee  de  bonne  foi,  Lemontey  se  vit  menace, 
a  cause  meme  de  son  courage  :  il  revint  a  Lyon,  oil  d'aulres 
perils  I'attendaiont;  apres  avoir  vu  la  plus  grande  parlie  de  sa 
familleperir  dans  ies  horreurs  du  siege,  ilse  refugia  en  Suisse 
j)our  ue  pas  etre  temoin  et  peut-elre  victirae  d'une  paix  plus 
sanglanteque  la  guerre  elle-meme  :  ce  ne  fiit  qu'en  1796  qu'il 
reparut  au  milieu  des  mines  de  Lyon  :  toujours  domine  par  le 
besoin  d'etre  utile  a  son  pays,  grace  a  de  r.ouvelies  fonctions 
adminislratives  auxquelles  il  fut  appele,  il  oblint  le  rappel  ties 
exiles  et  la  restitution  des  biens  des  condamnes :  de  semblables 
bienfaits  suffisent  a  I'eloge  de  toute  une  vie.  Enfin ,  qiiaud  il 
vit  briller  I'aurore  d'un  avenir  plus  calme  et  pins  heureux , 
apres  avoir  visile  une  parliedii  nord  de  I'ltalie,  il  vints'elablir 
a  Paris,  pour  s'y  livrer  en  paix  a  ses  gouts  litteraires  :  il  se  fit 
inscrire  sur  le  tableau  des  avocats  et  devint  conseil  de  radmi- 
nistration  des  droits  reunis.  Sous  le  consulat,  il  se  vit  appele  a 
la  censure  des  pieces  de  theatre;  en  1814,  il  f'-il  nomme  cen- 
seur  royal,  el  j'isqu'a  sa  mort  il  conserva  cette  place  dont  le 
trnitement  ne  lui  etait  pas  necessaire  a  cause  de  sa  fortune  con- 
.sidcrable  et  desa  vie  parcimonieuse  (1),  etdont  la  nature  etait 

(i)  CctJe  iiabitude  (rcconoiuie   fjui,  peniKint  sa  vie,  lui  a  v.iln   quel- 


a84  FRANCE. 

en  contradiction  avec  I'independance  de  son  esprit.  Toulefois, 
on  lui  doit  la  justice  de  convenir  qu'il  a  toujours  mis  dans 
I'exercice  de  son  etat  beaucoup  de  politesse  et  de  moderation. 
Tels  sont  les  principanx  traits  de  sa  conduite  politique  ,  oil 
Ton  trouve  quelqucfois  des  exemples  de  courage,  souvent 
des  preuves  de  sa£;esse  el  d'bumanite,  et  toujours  I'envie  de 
concourir  au  bien  public. 

Quant  a  ses  Iravaux  litieraires  ,  ils  ne  lui  ont  altirc  ni  moins 
d'esiime,  ni  moins  de  gloire  :  en  1785  et  1788,  il  remporia 
deux  prix  d'eloquence  a  I'Academie  de  Marseille  pour  ses  elo- 
ges  de  Fabry  de  Peyresc  et  du  capitaine  Cook.  Son  opera  de 
Palma ,  ou  le  voyage  en  Grece ,  joue  a  P'eyJeau  en  1 798 ,  avait 
pour  but  d'eclairer  rip;norance  et  de  corriger  la  cupidite  de 
ces  vandales  qui  voulaient  specular  sur  la  destruction  des  nio- 
numens  de  notre  arcliilecture,  en  leur  montrant  les  enfans  de 
Pericles  niutllant  avec  la  scie  les  debris  du  Parthenon  :  ce  petit' 
ouvrage  elincelle  d'csprif.  Un  autre  opera  comique  de  Lemon- 
tey,  intitule  Rornagnesi ,  n'obtint  qu'un  mediocre  succes  :  le 
dialogue  y  manque  de  naturel.  Leiuontcy  sentit  qu'il  n'avait 
pas  i)!usieurs  des  <|naliles necessaires  pour  se  fonder  une  reputa- 
tion d'auleur  dramalique  :  il  reconnut  que  sa  veritable  vocation 
elait  le  genre  du  conte,  et  des  lors  il  se  llvra  tout  enlier  a  cette 
branche  de  notre  litieralure  qui  n'a  pas  eie  dcdaignee  par  les 
genies  d'tin  ordre  superieur ,  puisque  Voltaire  lui  doit  une  j);irtie 
de  sa  gloire.  Raison  ,  folic ,  chacun  son  mot,  petit  cours  de 
morale  mis  a  la  portee  des  nieux  enfans  :  tel  est  le  titre  d'un 
recueil  de  contes  qui  presente  partout  Talliance  d'une  satire 
piquante  et  ingenieuse  avec  une  philosophic  clevee  et  pro- 
f'onde.  C'est  avec  autantd'adressequedebonheurqu'en  j)uisant 
le  sujet  de  ses  contes  dans  I'antiquite,  il  cherche  a  fronder  les  ridi- 
cules, a  corriger  les  vices  de  notre  siecle.  II  est  souvent 
spirituel  comme  Sterne,  enjoue  corame  Swift,  franc  comme 
Hamilton.  Si  Ton  peul  lui  reprocher  un  defaut,  c'est  I'abus  de 
I'esprit.  Quelquefois  son  expression,  trop  pretentieuse,  rap- 
peile  la  maniere  de  Voiture  ou  de  Marivaux :  mais  ces  legeres 
imperfections  sont  amplement  rachetees  par  la  douceur  de  sa 
morale,  la  gaite  de  ses  ])ensees  et  I'originalite  de  son  style; 
j)lusieurs  de  ses  conies  n'auraient  pas  ete  desavoues  par  I'im- 


qaes  epigrammes,  avait  un  but  honorable  qu'on  n'a  decouvert  qu'apres 
sa  inort.  On  a  tionve  dans  son  portefenille  la  preuve  qu'il  avait  prete  ou 
platot  donne  a  diffcrenles  personnes  plus  de  cinquante  mille  francs.  Ses 
.imis  n'ont  jamais  reclame  en  vain  le  seconrs  desa  bourse.  Qnandonest 
prodigue  pour  les  autres,  il  est  permis  de  ne  pas  I'elre  pour  soi-meme. 


PARIS.  a85 

rrtortel  auteur  de  Zadig  etde  Candide.  Le  nouvel  ouviage  qu'il 
publia,  sons  le  litre  des  Observateurs  de  lafemme,  abonde  ou 
reflexions  malignes  et  renferme  une  critique  fort  plaisanle  des 
usages  acadeiiiiques  (i).  Parini  les  nornbreux  opuscules  c'cliaji- 
pos  a  sa  plume  spirituelle,  le  public  dislingua  :  Les  trois  visiles 
de  M.  Bruno  ail  faubourg  Saint-  Antoine.  Dans  eel  ecrit ,  doiit  le 
but  est  d'engager  la  classe  peu  riclie  a  verser  dans  la  caisse 
d'epargne  le  fruit  de  ses  economies,  on  s'elonne  que  le  talent 
de  son  auteur  ait  pu  descendre  des  hauteurs  de  la  pliiloso[)hie 
et  des  jeux  brilians  de  I'iniagination ,  jusqu'a  la  familiarite  d'un 
raisonnement  et  d'un  langage  propres  a  convaincre  les  intel- 
ligences les  plus  communes:  depuis  Franklin,  on  n'avait  pas 
aussi  bien  ecrit  pour  le  penple.  Ses  deux  peliis  romans  Irons- 
nous  a  Paris?  et  ThibauU  ou  la  Naissance  tPun  comte  de  Cham- 
pagne ^  composes,  I'un  dans  le  genre  de  Sterne,  pour  le  cou- 
ronnement  de  Napoleon;  I'auire  dans  le  genre  de  I'Arioste, 
pour  la  naissance  du  Roi  de  Rome,  ont  merite  I'honnenr  de 
survivreaux  deux  circonstances  qui  les  a vaient  inspires.  BienI 6 1, 
le  talent  de  Lemontey,  grandi  avee  I'age,  nmbitionna  des  suc- 
ces  plus  difficiles  et  prit  une  direction  plus  grave  :  il  remplaca 
le-i  riantes  fictions  du  conte  par  les  austeres  meditations  de 
I'hisloire.  Son  Essai  sur  Velabitsscment  monarchique  de 
Louis  XIV.,  introduction  d'une  histoire  critique  de  la  France 
depuis  la  mort  de  Louis  XIV ,  produisit  une  vive  sensation  et 
lui  ouvrit  les  portes  de  I'Acadeiiiie  fiancaise  ou  il  fut  recu,  le 
i7Juin  1819,3  la  place  de  I'abbe  Morellet,  son  compatriole. 
Nouveaute  de  vues,  independance  d'opinions,  hardiesse  de 
pensees  ,  impartialile  de  jngemens,  tout  contribue  a  meltre  ce 
morceau  historiqne  au  rang  des  ouvrages  les  plus  remarqna- 
bles  de  notre  epoque  :  ami  scrupuleux  de  la  verite,  Leraonley 
relablit,  dans  des  extraits  desmcmcires  de  Dangeau,  imprimes 
dans  le  m^rne  •volume  que  son  Essai ,  une  foule  de  passages 
qui,  dans  une  nouvelle  edition  de  ces  memoires,  avaient  ete 
suppiim(''s  ou  alleles.  Son  Essai  est  done,  suivant  sa  propre 
expression  ,  I'inventaire  de  la  monarchie  de  Louis  XIV.  Espe- 
rons  que  le  grand  ouvrage  dont  il  est  la  preface,  n'aura  pas 

(l)  Cette  critiqae  est  d'aatant  pins  singuliere  que  Lemonley,  nierabre 
de  rAcademie  de  Lyon,  attacha  beaucoup  de  prix  au  fauteuil  de  I'losli- 
lut  :  il  remplit  foujours  ses  devoirs  academiqaes  avec  zele  et  exaelifude, 
el  contribua,  autaat  qu'il  etait  au  pouvoir  d'un  seul  homine,  a  favoiiser 
I'elari  des  connaissances  nouvelles.  C'est  lui  qui ,  sons  le  voile  de  I'ano- 
nyme,  tournit  les  fends  d'un  prix  de  poesie  pour  celebrer  les  avaniages 
de  I'enseignement  mutuel. 


P 


286  FRANCE.— PARIS. 

ele  laisse  incomi)lel.  Depuis  long-teras ,  Lrmonley  avail  re- 
cueilli  de  iiombroiix  maltriaux  pour  son  iiistoire,  et  avail  pulse 
a  des  sources  nouvelles.  Tous  les  amis  de  la  fidelity  liisloi  ique 
dolvent  s'interessei'  a  rc.xistcncc  d'un  si  important  ouvragc:  cet 
interit  est  encore  motive  par  Ic  ineiile  d'un  fragment  sur 
la  Peste  de  Marseille  fpi'il  publia  en  i8ai  ;  ce  fragment  est 
empreint  du  co'.oris  de  I'hislorien  grec  qui  Iraca  un  tableau  si 
vivant  de  la  pcsle  d'Allienes. 

Lemontey  a  compose  un  grand  norabre  de  notices  hlstori- 
ques  qui  out  jiarn  dans  la  Galerie  francaisc ,  et  dont  qnel- 
ques-unes  ont  etc  inserees  dans  la  Ret'ue  Encyclopcdiquc.  Les 
notices  sur  de  Thou,  JRetz,  Colbert,  la  duchesse  dc  Loiigue- 
villc,  ChauUeu  ,  Helvelius ,  M"'  Clairon,  Adrienne  Lecousreur, 
se  distinguent  par  des  vues  judicieuses  et  par  un  style  toujours 
pi(|uant.  Un  discours  sur  la  precision  considdree  dans  le  style, 
les  langues  et  la  pantomime,  prononce  par  lui  dans  la  seance 
annuelle  des  quatre  academies  du  24  avril  i824»  (  voy,  7?ci'. 
Enc.,X.  XXII,  p.  540),  decele  une  erudition  profonde,  et 
renferme  des  apercus  entierement  neufs  sur  le  genie  des  lan- 
gues et  sur  la  marche  de  la  litterature.  Son  dernier  ouvrage 
est  I'eloge  de  Vicq  d' A zyr  <\\]^'A  lut  a  I'Academie  fiancaise,  le 
aS  aout  1826.  Ami  de  ce  raedecin  celebre,  son  cosur  a  heurcu- 
sement  inspire  son  esprit.  Une  annee  ne  s'est  pas  encore  ecou- 
lee  depuis  cette  epoque ,  et  la  raort  a  condamne  sa  voix  a  un 
silence  eternel;  elle  a  frappe  un  talent  qui  brillait  de  tout 
I'cclat  de  la  jennesse  et  marchait  dans  toute  la  force  de  I'age 
mur.  Une  maladie  courfe  et  aigue  a  presquc  subitement  en- 
leve  Lemontey  aux  lettres  et  a  I'amitie.  Sa  depouille  mortelle 
a  ete  transportee  au  cimetiere  du  pere  Lacbaise,  et  M.  Auger 
a  prononce  sur  sa  tombe  un  discours  conqiosc  par  M.  Ville- 
main ,  et  qui  a  vivement  emu  tous  les  assistans.  Depuis  (juelques 
annees,  la  mort  continue  a  eciaircirles  rangs  des  membres  do 
I'Academie  francaise.  Henreux  Icshommes  qui  peuvent,  commo 
Lemontey,  se  survivre  dans  leurs  ouvrages!  U  est  a  desircr 
que  scs  heritiers  s'occupent  d'une  edition  complete  dc  ses  <x\\~ 
vres:  cette  edition  serait  rechercbee  par  tontcs  les  personnes 
qui  apprcclent  le  merite  d'un  penseur  judicieux  et  profond, 
iini  au  talent  d'un  ecrivain  elegant  et  spirituel. 

A.     BiGNAN. 


TABLE  DES  ARTICLES 

CONTENUS 

DANS  LE  QUATRE-VINGT-ONZIEME  CAHIER. 
JUILLET  1826. 


I.  MEMOIRES,  NOTICES  ET  MELANGES. 

I .  Lettre  sur  retiiblisscment  du  jury  a  File  de  Ceylan. 

Alexandre  Johnston.  5 

91.  Quelqiies  g^neralites  sur  les  eaux  minerales.   G.-T.  Doiii.  i5 

3.  Tableau  statistique  du  commerce  de  la  France  ,  en   1S24. 

/}.  Moreait  de  Jonnes.  27 

II.  ANALYSES  D'OUVRAGES. 

4.  Essai  sur  les  cryptogames  des  ecorces  exotiques  officinales, 

par  M.  A.  L.  A.  Fee.                                Borj  de  Saint-Vincent.  47 

5.  Geometric  et  niecanique  des  arts  et  metiers  et  des  beaux- 
arts,  par  M.  Chailes  Dupin.                                             Terry.  5a 

().  Theorie  du  beau  et  du  sublime,  par  M.  Massias. 

Adolphe  Gamier.  fi'J 

7.  Traite  de  legislation,  par  Charles  Comte.                 L.  C.  F.  78 

8.  Histoire  des  expeditions  maritimes  des  Normands,   par 

G.  B.  Dapping.                                            J-  C.  L.  de  Sismondi.  91 

9.  OEuvres  completes  de  J. -J.  Rousseau,  en  un  seul  volume. 

M.  A.  Jn/lien  dePnTis.  roa 

III.  BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Annonces  de  it."]  outrages  ,  francais  et  etrangers . 

Amekique  SEPTENTRiONALE.  —  Etats-Uuis ,  2,  dont  I  ouvrage 

periodique lOg 

Asie,   Datavia  ,   i Il3 

Europe.  —  Grande-Bretagne ,  16  ,  dont  7  ouvrages  periodiques.  it/, 

—  Russie,S,  dont  i  ouvrage  periodique i3j 

—  Danemark  ,  2 l35 

—  AUemagne,   7 l3ti 

—  Suisse  I, i4tt 

—  Italle  ,    10 147 

—  Pays-Bas,  9,  dont  2  ouvrages  periodiques i52 

France,  74,  savoir  :  Sciences  physiques  et  naturelles ,  21 157 

—  Sciences  religienses ,  morales  ,  po/itiques  et  historiques  ,    27.   .   .  177 

—  Littcrattire,  1 3 207 

—  Beaux-  Arts  ,  4 217 

—  lUemoires  et  Rapports  de  societes   savantes,   1 222 

—  Ouvrages  periodiques ^    5 224 

—  LiiTcs  en  langues  etrnngeres ,  iinprirnes  en  France,3 232 


al^S  TABLK    DES    ARTICLES. 

IV.    NOUVELLES  SCIENTIFIQUES  ET  LITTKRAIRES. 

Aheriqub  septehtrionale. — Etats-Unis  ;  Massachussets  :  Edu- 
cation. —  Connecticut :  Legislation  ;  Fonrlation  d'un  liospice. 
— Tfa/ei'g'/i  .•  Affianchissement  et  colonisation  des  esclaves. — 
^ew-York  :  V.ycee  d'liistoiie  naturcUe  ;  nominations    de  non- 

•veaux  correspondans.  .  ■ 235 

Amekique  centhale.  —  Guatemala  :  Publication  de  I'ouvrage 

sur  les  liberies  de  I'eglise  gallicane a36 

Aktilles. —  Martinique  :  Tiemblement  de  terre ; Froids  extraor- 

diuaires «*"/. 

Amerique   meriuionale.  —  fir«(7.' Instruction   elementaire.  ibid. 
ApiiiQUE.  —  £^/p/e  ;  Etabiissemens    industriels    fondes   par   le 

pacha. —  Cap  cJe  Bonne-Esperance  :  Fondation  d^un  musce.   .   aSj 
AsiE.  —  Batavia  :  Societe  des  sciences  et  des  arts.  —  Cejlan  :  Rii- 

sultatsde  I'introduction  dujugement  par  jury ibid_ 

EUROPE. 
IlesBritakniques.  —  Nouvelle  expedition  maritime.  —  Haute- 
JBcoiie.-Etat  de  I'educatiou.  —  Manchester :\\\&\\\.\x\.  pour  les 

sourds-muets   des  classes    indigeutes iSg 

RussiE. —  Lecture  a  I'Academie  des  sciences.  —  Necrologie :  Ka- 

ramzine 241 

Poi-oGHE.  —  Nouvelle  monnaie  polonaise 244 

Ai-LEMAGNE.  ■ — Goettingiie  :  Soc'ieti  des  sciences,   Histoire  de 

Perse.  ^a//e  .- Litterature  orientale ibid. 

SoissE.  —  Canton  de  Vaud :  Ecole  pour  les  sourds-muets  a  Yver- 
(foH  ;  Details  statistiques  sur  les  sourds-muets.  —  Fribourg : 

Societe  d'antiquaires •  •   • *4'' 

Italie.  —  Propagation  de  la  vaccine  en  Savoie  et  a  Raguse.  — 

Litterature  classique;  Publication  prochaine 249 

Gkece.  —  Duel  de  deux  Souliotes 25 1 

EsPAGNE.  —  Introduction  de  la  cochenille  ;  vers  a  soie  ,  dits  de 

la  Chine.  —  Procedes  de  la  censure ibid. 

Pavs-Bas. —  Ucrecht :  Cu\\.\ive  des  fleurs  ;  Expositions  publiques. 
—  Navigation  par  la  vapeur.  —  Utrecht :  Societe  des  sciences 
et  des  arts.  —  Amsterdam  :  Concert  au  profit  des  Grecs.  .  .  .  aSi 
Framce.  —  I/e  de  la  Camargue  :  Assainissement  et  fertilisation 
de  cette  ile.  —  Societcs  &-AV Antes  :  Bordeaux  ,  Academic  des  a53 
sciences;  l-yon  ,  Academic  des  sciences,  belles-lettres  et  arts. 
Paris.  —  Jnstitut : Aca.demie  des  sciences:  seance  publique  du 
5  juin  ,  et  seances  ordinaires  du  mois  de  juin.  Academie  fran- 
^aise  :  Seance  publique  du  18  juillet ;  Choix  d'un  nouveau  se- 
cretaire perpetuel ;  Prix  de  poesie  pour  1827. — Ecole  speciale 
de  commerce.  —  Societe  pour  I'amelioration  des  animaux  do- 
mestiques. —  Librairie  :  Productions  de  la  presse,  pendant 
le  premier  semestre  de  1826.  —  Theatres  :  Theatre- Fntncais  , 
i'^  representation  de  Y Agiotage,  coraedie.  Revue  des  Theatres 
lyriques  pendant  I'aanee  1825.  —  Bcaux-Aits  .-Exposition  au 
profit  des  Grecs;  Diorama;  Gravure;  Lilhographie. —  A'c- 
.  crologie;  Lemontey ^''* 


A%'1S  AUX    AMATK^RS  DB   LA   LITT^RATORS  l^TEAKCiRE. 

On  peut  s'adresser  k  Paris,  par  reiitremise  du  Bureau  cbktbai.  uk 
LA  Hbvub  Emcyci-opediqub,  a  MM.  Trkuttei.  et  WiiRTz,  rue  de 
lionrbou,  n"  17,  qui  ont  aussi  deux  maisous  de  librairie,  I'une  a  Strasr 
bourg  ,  pour  rAllemagiie,  et  I'autre  a  Londres  ; — a  MM.  Arthu* 
BERTKiNn,  rueHautel'cuille,  n"  a3; — Rewouard,  rue  deTouruon,n''6; 
— Lkvraui.t, rue  des Fosses-M.-le-Princejn" 3i,et^Strasbourg; — Bo»- 
sMitin  pere,  rue  Richelieu,  n°6o;  et  a  Londres, pour  se  procurer  le» 
divers  ouvrages  ^trimgers,  anglais,  allemands,  italiens,  russes,  polo- 
nais,  hollandais,  etc.,  ainsi  que  lesautres  productions  de  la  litt^rature 
etrang^re.  Le  prix  de  ces  ouvrages  rendus  a  Paris  sera  celui  des  pays 
Strangers  oii  ils  se  publient,  augment^  de  10  pour  100,  pour  frais  de 
port,  droit  d'importation  et  de  commission,  etc.  — La  Direction  dela 
Revue Encyclopediqnerxat  d'autre  but,  en  publiant  cet  avis,  que  de  faciliter, 
par  tous  les  moyens  qui  resultent  de  ses  publications  mensuelles,  les 
communications  scientifiques  et  litt^raires  entre  la  France  et  les  pays 
Strangers. 

AUX   ACADEMIES  ET   AUX  SOCIETES  SATANTES  dc  tOttS  ICS  poyS. 

Les  Academies  et  les  Societes  sayamtes  et  d'utilite  publiqub, 
fran^aises  et  etrang^res,  sont  invitees  a  faireparvenirexactement,/r<inc 
de  port ,  au  Directeur  de  la  Revue  Encyclopedique ,  les  comptes  rendus 
de  leurs  travaux  et  les  programmes  des  prix  qu'elles  proposent,  afin 
que  la  Revue  puisse  les  faire  connaitre  le  plus  promptement  possible  k 
les  lectt'urs. 

AUX  EDITEURS  d'oUVRAGES  et  AUX  libraires. 

MM.  les  edlteurs  d'ouvrages  p^riodiques,  francaiset  Strangers,  qui 
desireraient  echanger  leurs  recueils  avec  le  n6tre,  peuvent  compter  sur 
le  bon  accueil  que  nous  ferons  a  leurs  propositions  d'^changes  ,  et  sur 
une  prompte  annonce  dans  la  Revue ,  des  publications  de  ce  genre  et 
des  autres  ouvrages,  nouvellemeut  publics,  qu'ils  nous  auront  adresses. 


AuX    EDITEURS   DBS   RECUEILS   PERIODIQUES    EW   AWGIETEHH». 

MM.  les  Editeurs  des  Recueils  periodiques  publics  en  Angleterre  sont 
pri^s  de  faire  remettre  leurs  numiros  a  M.  Degeobge,  correspondantde 
la  Revue  Encychpedique  a  Londres,  ir"  38,  Norfolk-street,  Strand ,  chez 
MM.  De  Crusy,  Cabet  et  Marbut,  maison  de  correspondance  et  de  com- 
mission ;  M.  Degeorge  leur  transmettra,  chaque  mois,  en  ^change, 
les  cahiers  de  la  Revue  Encjclopedique ,  pour  laquelle  on  peut  aussi  sous- 
crire  cbez  lui ,  soit  pour  I'annee  courante,  soit  pour  se  procurer  les 
collections  des  anneesant^rieures,  de  1819  a  i8a5  inclusivemeut. 


AuX  LIBRAIRES  ET  AUX  EDITEURS  o'oUVBaGES  EN  ALLBHAGITB. 

M.  ZiRGES,  libraire  a  Leipzig,  est  charge  de  recevoir  et  de  nous  faire 
parvenir  tous  les  ouvrages  pubUes  en  AUemagne ,  que  MM.  les  libraires, 
les  editeurs  et  les  auteurs  desireront  faire  annoncer  dans  la  Rfu*  Snyr- 

rlopidique. 


LiBR/kinES  chvz  lesquels  on  souscrit  clans  lex  pays  ktrangers. 

Londres,  Diilau  et  Compagnie;- 


Aix-la-Ch<tpeli»,  Laruelle  £i!s. 
j4miierdant,  G.  Dut'our;  —  Dela- 

chaud. 
yinveri ,    Ancellc. 
Arau  (Suisse) ,  Sauerlander. 
Berlin,  Schlesinger. 
Heme,    Clias ,    au    cabinet    litte- 

raire  j  —  Bourgdoit«jr. 
Breslaii ,  Th.  Korn. 
Bnixelles,  Lccharlier;  —  Demat. 
Ilruges  ,  Bogaeit;  —  Dumoitier. 
Florence,  Pialti. 
Piiboiirg  (Suisse)  ,  Aloise  Eggen- 

doifer. 
Prtincfort-sur'Mein  ,  Schaeffer;  — 

Bionner. 
Gand ,  Vandenkerckoven  fils. 
Geneve,  J.-J.  Paschoud  ;  —  Bar- 
ber.atetDeJarue. 
La  Haye,  tes  freros  Langeohuysen. 
LaiisAiiiie  ,  Fischer. 
Leipzig.GrieshAiMin^r;  —  CZlrges. 


Treutlel  et  Wiirtz; — ^Bossange. 
Madrid,  Denude;  —  Perfes. 
Milan,  Gicgler; — VistTinra;  Bocca. 
Moscoii,  G.iutier;— Piss  ^6ieet  tils. 
Naples  ,    Borel  ;    —    Marotia    et 

Waiispaiidock. 
Aeiic/ifttd  (^Suisse),  Grciter. 
New-Yor/i  (  Euts-Uiiis),  Berard 

c't  Mouduii. 
Nouvelle -Orleans  ,     Jotirdan  ;  — 

Roche  ,  fW-rcs. 
Pale/me  (Sicile),  Pedonne  et  Mq- 

ratoi  i ;  —  Boeuf  (Ch.), 
PelersOoiirg ,     Saiul  -  I'loient ;     — 

Graeff;  — Weyher; — Hluchart. 
Stuttgart  et  Tubingen  ,  Coltd. 
Utrecht,  Van  Schoonhovcii. 
Tudi ,  B.  Scalabtini. 
Turin ,  Bocca. 
l^iirsovie ,    GUicksberg ;     —    Za- 

vadsky. 
yienne  (  Autriche  ) ,   Gerold  ;  — 

•Sehaumboiirg ;  —  Schalbacber. 


Liege,  Jalheau  p^re. 
Lisbonne ,  Paul  Martin. 

COLONIES. 
Guadeloupe  (?oiiite-a-Pitre) ,  Piolet  ain6. 
Ile-de-Prance  (Port-Louis),  E.  Burdet. 
Martinique ,  Thounens,  Gaujoux. 

ON  SOUSCRIT   A   PARIS, 

Au    BVKKAU     D«    KEDA^CTIOJJ,    itUB      I)'EnPER-Sa  INT-MlCHEL  ,    U"    iS, 

Oil  doivent  fitl-e  envoy«s,  francs  de  port ,  les  livrt-s,  dessins  et  gra- 
vures  ,  dont  on  desire  I'annonce,  el  les  Lettres ,  Memoires  ,  Notices 
ou  Extrails  destines  a  ^tre  insures  dans  ce  Recueil. 
Cu£z  'I'nEOTTEL  EX  WiiBTz  ,  fue  do  Bourbon  ,  n",  17; 

Buy  bt  Ghaviek  ,  ^^<.l  ^os  Augustins,  n"  55; 

Charles  Rechet,  libraire-comm""" ,   quai 

Domdey-Dupre,  rue   Saint-Louis,  n»  4' 
Richelieu,  n"  67; 

MoNGiEain^,  houlcvaiid  Poi.<i,<ionui^re,  n"  i 

Eymeky  ,  rue  Ma7.arine,  n°  3o  ; 

BoaET,  rue  Hautefeuiile,  n"  la; 

Bacublteh,  quai  des  Augustlns,  n"  54  ; 

Levrault,  ruedesFosses-M.-le-Prince,  11°  3i  ,  et  a  Stiasbourg; 

A.  Baudouin,  rue  de  Vaugirard,  n°  17  ; 

Dbi,aokaT,  Pelicier,  Ponthieu,  au  Palais-Royal; 

Urbatw  Canex.,  rue  Saint-Germain-des-Priis  ,  u"  9. 
A  LA  Tente,  CABrwET  LiTTERAiRE,  tCHU  por  M.  Gaiitieb,  ancica 
niiiitairc,  Galerie  de  Bois ,  n"  197,  au  Palais-lloyal. 
Nota.  Leg  ouvrages  Roaooces  daus  la  Revue  se  trouvent  aiissi  cIiczUoret  ,  rue 
H«ntefeulUe ,  n"  11. 


ustins.  u"  Sy; 
arais;   et  rue 


rAT'.lS.  I>F.    I.  fH!J'RljMi 


Tome  III- 1826.  (  3i*  de  la  collection.  ) 


C)?.     LIVHAISON. 


^ 


i> 


'& 


mi 


REVUE 

ENCYCLOPEDIQUE 


ANALYSE  RAISO.NNfiE 

DES  PRODUCTIONS  LES  PLUS  REMARQUABLES 

DANS  LA  UTTEKATUKE,  LES  SCIENCES,  ET  LES  ARTS. 

1°  Pour   lea    Sciences    physiques    ct   mathematiiiues'  el^les      /  '        v  ' 

MM.  Ampere,  Ch.  Dm'iN,.Koi;KiER,  Girard,  W^vniR.de  This 
Casaseca,  Je  Madrid;  Ffkry,  Fr,\>-coei;iv  ,   Ad.' Go:^  i/iNi.  i ,    i  i  -   >.., 

professeur  de  technologie;  A.   MtrHti.OT,  be  Montgrrt  ;  Morj-.vu  ue  Jos:<ls, 
P01111.1.ET,  T.  RiCHAUD,  Warden,  etc.  :        •"■;•         » '<.t~'-- 

■x"  Pour  Ips  Sciences  nataieUes:  MM.  GEOFVROY-SAiKT-Hir.AiRErde  J'l^stitut; 
I^oTiT  DF.  Saist-Vjncknt,  corrcipoiulaiit  dcVInstiiut ,  V.  AnuQUiN,  Mathied 

LoNAKOUS,    d'.'  Tuiiu;   TiRONGNlAnr   fi!s,    DBSM.\.RESTr  Ft-buR'ENS,   D.-M.  ; 
I'.  GAtT.i.ON  ,  de  Difjipe;  V.  .Ia(  niii-rjoKT,  c'c.\    "  ,    .      '       ■ 

3*  VmiT le<> Sciences  medirales  :  MM.  ADELOs.TJALr.YjDAMtRON  ,  G.-T.Dois, 
-\medee  Dcpau,  KsQiitROt,  FossATr.GAsc,  A.  GKiMAUD.d'Ang'r^rs  'O'rohoi-T; 
■viRCKHOFF,  u'Auvcrs;  Okfii.a;  UiGoi.r.nT  ii!.s,  d'Amitwis; 

.',°   I'our  les  Sciences  ^luHosoji/uijiifs  et  im/rafes ,  j^o/t'ifitc': , 
'  isiori^/ues  :llA'd.  M.  .V.  Jui.i-iE?f,  de  J'niis,  Fo;n^aioiir-Dir(( !     .'     '      ,1    " 
'.r2cj-ct/}peJiqiie;  Df-Gei'..\stjo,  Afr.x.  HE  i,a   IuVrhf.,  JoiwARU  .'LAivMmNAi.s,   t\c 
1  [iistitut ;  Agoub,  Ahtat:i),  INI.  Avi-.KEr,,  KAr.r.iii   du   Ijocage  Cls  ,   IJF.'J.rAniiN- 

'    ON'iT\NT,     (-'UABI.ES    CcMTI,,    l)KPrr:<(i,     ADllI.Plli..  GARtt'lF.n  ,      '"CrCNIAUT-, 

>.i  i:'.;,   '. .   IaijEErt,  Lafow  r>E  i/AnF.RAr,  Ai..':-.\.  Lameth  ,  L.'.-nji.IiNa  ;s  (ils  . 

:   .    i.i:..i  ,    L,ZSL-EUIv-;.lERt-lK,  jy\S-SIAS,    A.  MliT.'^'At/i'Ml-YKh.',    (rA.'^l.^tJ  i-,i;u!i  ; 

'U-;  iS'op.vixs,   PAnEHT-l'i)  AL,  KusEnE  Salverte  , '  J^-1  .    '.-.      "■ , '        -,  ,        , 
.'.;sMONDi,  dtvGcnevp,  tic.  Di;7nN  iiiin',  Bfrvjm.e  ,  A 

LeFER,  CRIVEr.U.UoiiULEr-DE-CoiSTHlBArl.T,    UUFAI    ,    :        I  !    ,,    !  ; 

GIER  ,    GUADET,    Cll.  ReKOCARD,  TaILI.AMUER,,  avoC.lt.',,    itr.'.    ;^,    ..    :, 

5*  I'our  la  IJtteriifureJhcncrJse  et  ciuingere,  la  Bi^'Hrt^iaiJiic ,\'y1i<:heologic 
i\  \ci  Beaux- Arts  :M'S\ .  AnnraECX,  AMAt;RY-DtivAT.,I>EH  ii.:;,  J.  Droz,  FSieiuc 
David,  Leherc.'er  ,  Natjdkt,  de  Seuur,  de  l'lii>titut;  M'n<' L.-Sw".  V.f.iA.or.; 
;ni.  Bariseau,  DiANCui.M.  Herr,  J. -p.  Bre.s,  Feux  Bodi;.-,  Bu:•.^•o^■^^  (iS, 
(  iiAUVET,  CBFSEDOt,i.E,  de  LicgP:  P.-A.  GouriN  ,  Fr.  Dlc;  okge.Dhmer.an, 
'u.  Gauttier  ,  Ph.  Goi.BKRy,  liEtRERO,  IIekrichs,  v..  F'erkau,  Algvs;:; 
;,  r.tftK.fiis;  KAr.ms,  >\  ?.,-.nte,  Adrie.v-Lafasge  ,  J-V.' I.Ecr.taf;,  r.oi:v.>?- 
■  :;iM,vRS,   .v..  'i      .:   1  ..s,  Al.rERr-M(i?;Ti'MOST,  Mo-.-vard, 

'Lausanne;   ">  ir.-H.  Patin,  !'<>s-frEiivir.r.E;OnET!> 

:  ;.T,  DE  lUiFr    ;  <    .  ,    III  r  ,    bib'i.itjitcaire    dp  la    vilie    de 

.l.'S;     IIH     yTASSAKT,  Fit.    ,S  ;    ,S(.H  "EiGH/EUSER  ,     dc.StraS'; 

■  iirt';  Lion  [arnssr,  V.  V.   .  Viti.f.n-aae,  S.  Visoo.vti,  etc, 

AL'  ...UKE.VU  CEiaU.ALLE  J.A.r.E-\(X'E  F.NCYCLOPEDIQIT., 
ilue  <rj''u;<M-,S.iint-'iyiclit;l  ,-11"  18; 
ARTHUS  BRRTRA^'D  ,  1  ue  Haiilefeuiile,.n°  aS; 
AiJ  AlusEKKNCYCLoi'tDiQUE,  cuEZ  BossAKGE  pfere,rue  B ichclicn , 
u°  60; 
Rekouahd,  rue  de  Tournoti,  n"  6; 
LOrs'DRhS.  —  Gekekal  Fobeigw  Agency  Office,  n"  38,  Norfolk- 
streefjStinnd;  Theuitei.  etWurtz;  Boss.ikge;  .Dux.au  r.Tco.\!P. ; 
P.  R01.AND1,  n°  20,  Eerneis-sireet ,  Oxford-Street. 

AOUT  1  S26. 


HKpx  'J^-:J>^'^H:'^^  -;.^<^  i^> 


riS  n<>y-  ■l.rt.;^'>■!>r>?^I'  ■■■^V. 


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AVIS  ESSENTIEL  AIJX  SOUSCRIPTEURS 


MM.   LES  SODSCRIPTEDUS  (ioTll  1'aBONNEMENT  EST  EXPlfiE 
LB     3o    JOIN     DERNIER  ,    SOHt     inVltCS    a    Ic    faive    RENOD- 

VBLER    iNCESSAMMENT ,   pouF  quc  Ic  scrvicc   dcs   cnvois 
ii'eprouve  aucun  retard. 

CONDITIONS  DE  LA  SOUSCRIPTION. 

Uepuis  le  moisde Janvier  1819,  il  pariiit,  par  ann^e,  douze  cahiers 
de  ce  Recueil;  cfaaque  cahier  ,  public  le  3o  du  mois,  se  compose  d'en- 
yiron  i4  feuilles  d'impression ,  et  plus  souTent  de  16  ou  18. 

On  souscrit  k  Paris,  au  Bureau  central  cTabonnement  el  ^expedition 
indique  sur  le  litre. 

Prix  de  la  Souscription. 

A  Paris 46  fr.  pour  un  an;  a6fr.  pour  six  mois. 

Dans  les  departemens.  53  3o 

A  I'etranger .60  34 

La  difference entre  le  prix  d'abonnenient,a  Paris,  dans  les  diparu- 
rnens  et  dans  tetranger,  devant  dtre  proporlionnelle  aux  frais  d'expe- 
dilion  par  la  poste,  a  servi  de  base  a  lafixation  porl^e  ci-dessus. 

A  ce  suiet,  la  Direction  de  la  Revue  Encyclopedique  croit  devoir  faire 
observer  que ,  cette  base  ayant  ete  calculee  d'apres  le  nombre  de  qua- 
torze  feuilles  promises  mensuellement  aux  abounds ,  les  frais  depot t 
occasion's  par  l' augmentation  successive  des  cahiers  sont  restes  entife- 
rement  a  sa  charge. 

Le  montant  de  la  souscription,  envoyd  par  la  poste,  doit  ^tre  adresse 
d'avance,  franc  de  pobt,  ainsi  que  la  correspondauce,  au  Directeur 
de  la  Revue  Kncxdopediqae ,  rue  d' Enfer-Saint.Michel ,  n°  18.  C'est  a  la 
ra^me  adresse  qu'on  devra  envoyer  les  ouvrages  de  tous  genres  et  les 
eravures  qu'on  voudra  faire  annoncer,  ainsi  que  les  articles  dont  on 
desirera  I'insertion. 

On  peut  aussi  souscrire  chez  les  Directeurs  des  postes  et  chez  les 
principaux  Libraires,  k  Paris,  dans  les  departemens  et  dans  les  pays 
etrangers. 

Trois  cahiers  ou  livraisons  forment  un  volume.  Chaque  volume  est 
terming  par  une  Table  des  matiferes  alphabdtique  et  analytique ,  qui 
eclaircit  et  facilite  les  rccherches.  Cette  Table  est  toujours  jointe  au 
I*' cahier  du  volume  suivant,  i  I'exception  de  la  dernifere  Table  de 
lana'e,  qui  est  exp6dide  isol'ment  a  tous  ceux  qui  peuvent  y  avoir  droit. 

On  souscrit,  seulement  k  partir  de  deux  dpoques  ,  du  i"  Janvier  ou 
du  j'trfuiUetde  chaque  ann6e,  pour  six  mois,  ou  pour  un  an. 

On  trouve,  ad  bobeau  ckstral,  les  collections  des  armies  1819,  iSao, 
1821,  i8ai,  i8i3,  i8a4  et  tSi.T,   au  prix  de  5o  francs  cliacune. 


REVUE 

ENCYCLOPEDIQUE, 

ou 

ANALYSES  ET  ANNONCES  RAISONNEES 

DKS  PRODUCTIONS  Ll'.S  PLUS  KKMAHQUABLES 

DANS  LA  LITTliRATURE,  LES   SCIENCES  ET   LES   ARTS. 

I.  MEMOIRES,  NOTICES, 

LETTRES  ET  MELANGES. 


NOTICE 

SUR  LES  SOCIETES  SAVANTES 
DES  ETATS-UNIS  DE  L'AMERIQUE  DU  NORD  (i). 

N.  B.  CeUe  Wotice  est  extraite  de  rexcellem  journal  intitule  : 
American  journal  of  science  and  arts ,  publie  a  New- Haven 
par  M.  le  professeur  Silliman  [Rev.  Enc,  t.  xxix,  p.  736). 
Le  redacleuf  nous  avertit  qu'il  ne  pretend  point  j)resenter  une 
liste  complete  des  Societes  consacrces  aux  sciences  dans  tous  les 
Elats  de  I'Union  ,  et  que  des  supplcMnens  seront  necessalres.  A 
iiiesiire  que  ces  supplemens  nous  arriveront,  nous  auronr.  soin 
de  les  offrir  a  nos  lecieurs;  car  les  Societes  savantes  sont  une 
parlic  essenlielle  de  la  statistique,  qui  est  elle-meme  aussi 
importante  que  la  politique,  propreraent  dile,  quoiqu'elle 
ri'allire  pas  aussi  fortement  rattention  publlque. 

Dans  renumeration  des  Societes  dont  nous  allons  parler, 
nous  ne  consulterous  que  I'ordre  geographique. 

(i)  Voy.  Rev.  Enc. ,  t.   v,  jjiivier  et  ferrier  i8ao  ,  p.  14  -  33  et 
232 -aSo,  les  deux  Notices  sw  les  Societes  savan'.cs  eirarii/ires.^ 
T.   XXXI. AOllt   1826.  jy 


•290  SOClfiTES  SAV ANTES 

1''  Societe  marilime  cles  Indes  orientales ,  i»  Salem,  etat  dc 
Massachusctls.  Elle  fut  instituee  primitivemont  pour  rccueillir 
les  observations  relatives  a  I'histoire  naturelle  de  I'Ocean. 
Pour  en  etre  meinbre,  il  faut  ctrc  patron  ou  subrecarguc  d'un 
navire  ,  et  avoir  navigue  jusque  vers  I'extremite  sud  de 
TAfrique  ou  de  rAmerique.  Lorsqu'nn  mcmbre  fait  un  voyage, 
il  recoit  tin  livre  blanc  qu'il  doit  remplir  de  ses  notes  sur  tout 
ce  qui  interessc  I'histoire  naturelle,  la  geographie,  la  navi- 
gation. A  son  retour,  il  remct  son  journal  qui  estsouniis  a  une 
inspection.  Par  ce  nioyen,  la  socielc  possede  actuellement  plus 
de  67  journaux ,  et  dans  son  niusec  ,  plusieurs  miiliers  d'objets 
d'histoire  naturelle  dont  on  a  public,  en  i8ax,  tin  catalogue 
tres-bien  fait.  Le  president  de  la  Societe  est  M.  Bowditch  : 
le  nom  de  ce  savant  atteste  assez  I'ufilite  dcs  travaiix  confies 
;\  sa  direction. 

2°  Acaclemie  americcnne  cles  sciences  et  cles  arts,  fondee 

en  1780,  a  Philadelphie.  Elle  a  deja  publie  plusieurs  volumes 

de  ses  memoires;  I'astronomie  et  les  sciences  malhematiques 

V  dominent.  Les  naturalistes  mettrout  aussi  a  contribution  los 

ecrits  de  MM.   Cutler,  Cleaveland  et  Peck.   M.    Cutler  a 

donne  le  classement  ct  la  description  des  plantes  indigenes 

dc  ce  pays. 

3"  Societe   linneenne  cle  la  Noiwelle-Angleterre ,  etablie  f> 

Boston.  Nous  ignorons  la  date  dc  sa  fondatiou  ;  nous  ne  savons 

pas  non  plus  si  elle  a  publie  d'autres  ecrits  qu'un  rapport  fait 

au  nom  d'une  commission  sur  le  grand  animal  marin  que  Von 

a  vu  pres  du  cap  Ann,  et  que  Von  croit  etre  un  serpent  dc  iner. 

L°  Societe  de  Franklin.       )_       .  ,  r^,      ,    ,  ,       ■ 

Z     ^     ...,.,     J  [Providence,  Rhode-Island. 

5°  Societe  phdopnusienne.  \ 

Ces  Societes  dcvraient  se  reunir,  puisqu'clles   tendent  au 

memc  but,  par  les  niemes  moyens  :  a  moins  que  les  operations 

de  I'une  ne  servent  a  verifier  celles  de  I'autre,  et  a  donner 

ainsi  plus  de  certitude  aux  resultats.  La  premiere  est  en  acti- 

vite;  elle  a  fait  construire  un  trjs-beau  laboratoire  ou  le„s 

membres  font  une  analyse  tres-soignee  des  mineraux  du  pays, 

recherches(]ui  convienncnt  tres-bien  a  IVtat  de  Rhode-Island. 


DE  L'AMERIQUE  DU  NORD.  291 

6"  Jcodemie  des  sciences  et  des  arts  du  Connecticut ,  foiidee 
en  1799,  tenant  ses  seances  a  New-Haven.  Le  premier  volume 
des  memoires  fie  ccttc  Societe  parut  en  1810,  et  un  autre, 
en  i8i3  :  depuis  cette  epoqu'e,  ses  travaux  ont  ete  pen  actifs. 
Les  reclierches  du  professeur  Silliman  sur  la  fusion  de  quelques 
substances  refractaires  sont  rapportees  dans  ces  memoires, 
ainsi  que  les  resultats  des  experiences  qu'il  a  faites  depuis  iouc;- 
tems  sur  cet  objet  important.  On  ne  sail  pourquoi  ces  travaux 
n'attirerent  point  I'attention  du  monde  savant,  si  bien  que  le 
doctcur  Clakke  crut  pouvoir  s'attribuer  I'honneur  de  les  avoir 
faits  le  premier.  Son  ouvrage  parut  en  Angleterre,  en  1820, 
une  vingtaine  d'annees  apres  que  MM.  Hare  et  Silliman 
avaient  termine  leurs  experiences  a  Philadclphie,  et  que  leurs 
memoires  elaient  publics.  11  est  bien  etrange  que  le  chimiste 
anglais  n'en  ait  eu  aucune  connaissance. 

7°  Socitle  americaine  de  geologie,  organisee  a  Ncw-IIaven, 
en  1819.  Eile  n'a  point  encore  public  de  memoires;  mais  le 
redacteur  du  journal  qui  nous  fournit  les  materiaux  de  cette 
notice,  lui  doit  une  parlie  de  ses  articles.  Ses  assemblees  an- 
nuelles  sont  flxees  provisoirement  au  mois  de  septembre,  a 
New-Haven. 

8°  Lycee  de  Pittsfield,  fonde  en  iSaS,  a  Pittsfield,  etat  de 
Massachusetts. 

9°  Societe  des  arts  d' Albany,  etat  de  New-York.  Elle  a  deja 
public,  sous  differens  titres,  quatre  volf.mes  de  memoires  dont 
plusieurs  sont  tres-interessans,  principalement  ceux  de  bota- 
nique  et  de  geologic.  W  s'etait  forme  dans  la  meme  ville  un 
Lycee;  les  deux  Societes  viennent  de  se  reunir  sous  le  titre 
d'  In  stitu  t  d'  Albany  ( i ) . 

(i)  11  ne  p.Traitra  pas  deplace  de  parler  ici  de  Yecole  de  Rensslaer, 
etablie  dans  ces  derniers  teras  a  Albany  par  M.  Stephen  Von  Renss- 
L4ER ,  habitant  de  cetie  ville.  Cette  instiiution,  qui  a  deja  obfenu 
les  plus  heureux  resultats,  peut  devenir  qnelque  jour  une  pepi- 
nifere  de  naturalistes.  Le  but  du  fondateur  est  de  former,  pour 
I'instruction  de  la  jeunesse  des  deux  sexes,  dans  la  classe  des  cul- 


aga  SOCIETjfcS  SAVANTES 

10"  Lycee  cThistnire  naturelle ,a  Vlique ,  etat  de  New- York, 
fon(Jc'  en  1820. 

11"  SocicUf  de  chimic  el  de  geologic ,  a  Delhi ,  etat  de  New- 
York. 

12"  Lycee  d'histoire  naturelle ,  a  Troy,  1819. 

1 3°  Lycee  id.,  —  a  Hudson,  1821. 

1/,°  Id.  id.,  —  a  Cats  kill,  1820. 

i5°  Id.  id.,  —  <>i  Nea'hurgh,   1819. 

160  Id.  id.,  —  a  f rest  point,  182/1. 

La  pliipart  de  CfS  Socieles  n'ont  point  encore  piiblie  de 
memoires;  mais  toutes  out  Iravaille  avec  zcle  a  dcs  rccher- 
ches,  i  former  dcs  collections,  a  preparer  les  depots  qui  rcn- 
ferineront  ces  raoyens  d'instrisction  :  ct  plusieins  d'entre  elles 
ont  fait  inserer  de  precicuses  notices  dans  les  joiirnaux  oon- 
sacres  aux  sciences. 

17°  Societe  lilteraire et philosophique  de  New-Yorf; ,  fondec 

tivalcurs  et  dans  celle  des  ouvrlers,  des  professeurs  capables  d'en- 
seigner  I'applicaiion  des  sciences  nattireiles  a  r.ngriculture  ,  a  I'eco- 
noinie  domestiqiie,  aux  arts  et  aux  manufiictures.  On  emploie 
poor  cette  in.struction  les  modes  d'enseignement  les  plus  cnpable.s 
d'en  assurer  le  succ^s.  M.  Eaton  enseigne  la  chimie  et  la  philosophic 
naturelle  ;  il  fait  aussi  un  coiirs  de  gvolugie,  un  autre  iVarpentage,  etc. 
M.  Ic  D''  L.-C.  Beck,  botaniste  deja  celebre ,  est  professeur  de 
botaniqtie ,  de  mineralogie  et  de  zoologie.  Des  feniies  bien  cultivccs 
et  des  atelieis  de  differens  arts  ont  ete  etablis  dans  le  voisinage  de 
recole,  afiii  que  les  etudians  puissent  y  faire  rap])lication  imrae- 
diate  de  ce  qu'oti  leur  enseigne.  Les  jeunes  gens  sent  aussi  exerces 
tour  a  tour  a  professer  les  diverses  parties  de  I'instruction  qu'ils 
ont  reciie.  L'etablissement  poss^de  une  bibliotheque  nouibreuse  et 
bien  composee,  unc' collection  tres-complete  des  ecbantiilons  geo- 
logiques  des  Etats-Unis  ,  de  beaux  lierbiers,  et  les  Ecbantiilons  ne  • 
cessaiies  pour  I'etude  de  la  gcologie.  Les  cxercices  i)ublics  des 
eleves  ont  donnc  une  opinion  tres-avantageuse  de  I'excelience  des 
methodes  d'enseignement  que  Ton  suit  dans  cetie  ecole,  la  meiileure 
qu'il  y  ait  dans  ce  pays,  pour  I'applicaiion  des  sciences  aux  be- 
ioins  ordinaires  de  la  vie.  On  a  public  a  Troy  un  irapjime  sous  ce 
titre  ;  Constitution  et  reglemeiis  de  f ecole  de  Rcnsslaer. 


DE  L'AMERIQUE  DU  NORD.  293 

en  i8i5.  Elle  s'assemble  tous  les  niois.  Elle  a  deja  public  un 
volume  in-4°  i3e  ses  transactions ;  un  autre  volume  ne  tardera 
point  a  paraitre. 

18°  Lycee  d'histoire  naturelle  de  New-  York  ,  fonde  en  1818. 
Ses  reunions  sont  hebdomadaires.  On  public,  sous  ses  aus- 
pices, un  catalogue  des  plantes  qui  croissant  spontanement  a 
3o  milies  autour  de  la  ville.  La  corrcspondance  active  de 
New-York  avec  toutes  les  parties  du  monde  invite  a  y  former 
nn  cabinet  d'histoire  naturelle.  Les  premieres  tentatives  pour 
rexectition  de  ce  projet  sont  assez  encourageantes;  on  a  deja 
rassemble,  en  mineraux  et  en  debris  organiques  fossiles,  une 
collection  de  morceaux  choisis.  Dans  le  cours  de  I'annee  dcr- 
iiierc,  47  memoircs  ont  ete  presentes  par  les  membres  de  la 
Socicte,  et  lus  dans  les  seances.  Pendant  les  mois  d'hiver,  les 
membres  font,  a  tour  de  role,  des  cours  sur  les  differentes  divi- 
sions de  I'histoire  naturelle.  En  1824  j  la  Societe  a  commence  a 
publier  ses  annates,  dont  le  prix  est  tres-modique,  afin  qu'elles 
soient  a  la  portee  d'un  plus  grand  nombre  d'acheteurs  et  de 
lecteurs.  L'ordre  de  la  publication  est  celui  de  la  presentation 
des  memoircs;  ils  paraissent  en  feitilles  separecs,  sans  epoques 
fixes  et  sans  attendre  qu'ils  soient  assez  nombrenx  pour  com- 
poser un  gros  volume.  On  pense  avec  raison  que  celte  maniere 
de  communiquer  avec  le  public  est  plus  agreable  et  plus  utile 
pour  tous,  que  les  connaissances  sont  plus  |)romptement  re- 
pandues,  et  I'emulation  plus  fortemcnt  excitee. 

19°  Branche  de  la  Societe  linrteenne  de  Paris,  etahlie  h 
New-York.  Le  mois  de  mai  est  I'epoque  de  ses  assemblees 
annuelles. 

20°  Nouvel  Jthenee  de  New-York.  Cet  elablissement  est  du 
a  la  munificence  de  quelques  riches  negocians  qui  se  plaisent  a 
encourager  les  sciences  et  les  Ictfres.  Pendant  Thiver  dernier, 
onya  fait  des  cours  de  cbimie,  de  geologic,  de  botanique,  etc.. 
r«mpressement  des  auditeurs  a  fait  voir  que  cette  instruction 
venait  fort  a  propos. 

A  ces  etablisscmens  formes  en  faveur  des  sciences,  dans 
celte  ville  et  dans  plusieurs  autres  de  1  etat,  il  faut  ajouter  les 


294  SOCIETJiS  SAV ANTES 

Societeji  ^'agriculture  tloiit  le  gouvernement  a  ordonrn-  la  crea- 
tion dans  chaqiie  comte.  Quoique  leiir  but  no  soit  pas  preci- 
scment  dc  peifectionncr  les  sciences  naturelles,  »;lies  contri- 
bueront  cependant  a  Icurs  progres  :  on  doit  deja  a  ccs  Societes 
plusieui's  essais  de  geologic  consideree  dans  ses  rapports  avec 
ragriculture,  et  dont  I'litilite  ne  sera  pas  moins  appreciee  par 
Ics  amis  de  la  science  cpie  par  les  cultivateiirs.  En  i8iy,  on 
accorda,  par  nn  acte  de  la  legislatnre,  une  somme  annuelle 
de  10,000  dollars  (environ  5o,ooo  fr.  )  a  repartir  entre  les 
comtes,  en  raison  de  la  population,  a  condition  que  chaque 
contingent  serait  double  par  des  souscriptions  volontaires.  Un 
an  apres  la  promulgation  de  I'acte,  26  Societes  iV agriculture 
etaient  en  activitc.  On  organisa  aussi  un  conseil  central  cV agri- 
culture, compose  de  deputes  des  Societes;  le  gouvernement 
fournit  1,000  dollars  pour  cette  augmentation  de  frais ,  pour 
achats  de  graines  et  pour  impression  de  memoires.  Le  conseil 
a  deja  public  deux  volumes  de  memoires  envoyes  par  les 
Societes. 

21°  Societe  litteraire  et  philosophique  de  New- Jersey,  cta- 
blie  en  iSaS,  a  Princeton.  Son  objet  est  de  repandre  les  con- 
naissances  usuelles,  de  multiplier  les  relations  et  de  resserrer 
les  liens  qui  doivent  unir  tons  les  amis  des  sciences  et  des 
lettres. 

22°  Societe  philosophique  americaine ,  fondee  a  Philadel- 
phie  en  1769.  C'est  la  plus  ancienne  de  toutes  les  Societes 
savantes  des  elats  de  I'Union.  Ses  memoires  forment  deux 
series,  dont  la  premiere  est  de  cinq  volumes,  et  la  seconde 
r'en  compte  encore  que  deux ;  le  second  a  paru  depuis  peu 
(Voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxix,  mai  1826,  p.  327.). II  est  honorable 
pour  cette  ville  d'avoir  forme  deux  etablissemcns  de  cette 
sorte  pour  les  sciences,  a  une  epoque  011  les  autres  ctats  n'en 
avaient  point  encore  (i).  Ses  travaux  seront  toujours  recher- 

(i)  Le  Journal  dCun  voyageur  allemand  nous  fournit  queiques  |)ar- 
ticiilarites  intcressantes  sur  I'histoire  de  cette  Societe.  »  C'est  a 
I'infatigable  Constance  de  Fiaiiklin  que  Philadelphie  est  redevahle 


I 


DE  L'AMtRIQUE  DU  NORD.  295 

cheSj  piiisque  I'on  y  trouve  les  memoires  tie  MM.  Barton  , 
Maclure,  Say,  Lesueur,  etc. 

23°  Societe  iinneenne  de  Philadelphie,  fondee,  en  1807,  par 
feu  M.  le  professeur  Barton  qui ,  dans  la  seance  d'installation, 
prononga  son  discotirs  sur  quelques-uns  des  principaux  desi- 
derata (  ou  sur  les  priucipales  lacunes )  de  I'histoire  naturelle 
de  rAmerique.  II  semble  que  les  membres  de  cette  Societe  ne 
se  reunissent  plus. 

7.1^°  Acadernie  des  sciences  naturelles  de  Philadelphie ,  fondee 
en  1818.  Ses  membres  se  reunissent  une  fois  par  semaine  :  elle 
a  deja  fait  paraitrc  4  volumes  de  son  journal  des  sciences  na- 
turelles,  in-8°,  ct  les  materiaux  du  5*  sont  prets  pour  la 
publication.  Sa  bibliotheque  est,  de  toutes  eel  les  des  Etats- 
Unis,  la  mieux  pourvue  d'ouvrages  sur  I'histoire  naturelle, 
avanlage  dont  elle  est  principalement  redevable  a  M.  Maclure, 
savant  aussi  recominandable  par  son  zele  pour  les  sciences  que 
par  sa  generosite  envers  ccux  qui  les  cultivent  (1).  Le  Journal 

r         ^ 

de  cet  etablissement.  II  avait  commence  par  reiinir  une  iociete 
toute  composee  de  ses  amis  particuliers ;  il  s'y  etait  introdiiit,  a  ce 
titre  des  hommes  etrangers  aux  sciences,  mais  qui  se  fliisaient 
gloire  de  frequenter  les  savans  :  peu  a  pen  ,  les  reunions  devinrent 
plus  rares  ,  et  elles  cesserent  enfiu.  En  1769,  la  Societe  fut  re- 
composee ;  mais  tous  les  anciens  membres  n'y  furent  point  admis  • 
Ceux  qui  eprouv^rent  ce  desagrement  form^rent  a  leur  tour  une 
autre  Societe  dont  plusleurs  membres  n'etaient  pas  sans  merite. 
Quelque  terns  apr^s,  les  deux  Societes  jugerent  qu'elles  devaient 
se  reunir,  dans  I'iuter^t  des  sciences  .•  ainsi,  les  membres  ,  exclus 
en  1769,  trouvferent  cet  expedient  pour  dtre  admis,  au  grand  de- 
plaisir  des  savans  ;  mais  ces  contrarietes  n'auraient  pas  interrompu 
les  recberches  scieiitifiques,  si  la  guerre  n'y  avait  point  mis 
obstacle.  Lorsque  I'independance  fut  consolidee,  les  savans  retour- 
nerent  a  leurs  occupations.  Depuis  ce  tems ,  I'histoire  de  la  Societe 
est  tout  entiere  dans  ses  memoires.  » 

(i)  Nous  avons  possede  long-terns  M.  Maclure  a  Paris,  ou  il 
venait  se  reposer,  pendant  quelques  mois  ,  chaque  annee ,  de  ses 
excursions  philosophiques   dans  les  differentes  parties  de  I'Europe. 


296  SOClliTES  SAVANTES 

(ie  V Acadcmie  t-st  iin  ouvrage  dc premiere  necessile  pour  les 
iinturalistcs  amcricains. 

Tons  CCS  cncouragcmens  et  ccs  sccours  offerls  a  Tctiidc  de 
I'histoire  natiircUo  sont  encore  secondes  par  \Univcrsite  de 
Pensyhanie.  M.  Say  y  est  professoiir  de  cetle  science;  M.  le 
D'  Hare  cnseigne  la  chimie,  et  M.  IV.  H.  Keating,  la  inine- 
ralogie  appliquee  aux  arts  :  la  botanique  est  confiee  au  D'  Bar- 
ton, et  I'anatomie  comparee  au  D""  Hewson.  Tons  ces  cn- 
seigncmons  sont  gratuits,  et  cliaque  professeur  est  tenu  dc 
faire  au  nioins  dix  lecons  par  an. 

Lc  Musec  de  Vhdadelpiiie ,  etabli  depuis  qnelques  annees, 
est  independant  de  I'Universite ,  et  nomme  ses  professeurs. 
M.  Troost  y  enscigne  la  mineralogie  et  la  geologic;  la  chaire 
de  zoologic  est  occupee  par  M.  Say;  celle  de  physiologie,  par 
le  D'  GoDMAN,  et  celle  d'anatomie  comparee ,  par  le  D"^  Har- 
lAN.  Tons  ces  cours  sont  en  pleine  activitc.  On  ainio  a  passer 
eu  revue  cc  qu'une  seule  ville  a  fait  pour  baler  les  progres  des 
sciences ,  et  pour  inspirer  le  gout  des  jouissances  dent  dies  sont 
la  source.  Puisse  ce  noble  exemplc  Uouver  beaucoup  d'imi- 
tateurs! 

i5°  Acadihnic  des  sciences  et  des  leltres ,  a  Baltimore ,  etat 
de  Maryland,  fondee  en  1821.  EUe  se  dispose  a  publier  le 
i'"^  volume  de  ses  transactions. 

26°  Instilut  colombicn,  a  fFashington.  Le  president  des 
Etats-Unis  en  est  le  president  de  droit.  On  a  public,  sous  ses 


II  a  laisse  en  France,  conime  dans  lous  les  pays  qu'il  a  visiles,  les 
souvenirs  les  plus  honorables  :  il  prenait  un  inter^t  tout  parliculier 
a  la  Revue  Encyclopedique ,  dont  le  fondateur  avail  fait  sa  connais- 
sance  personnelle  et  s'etait  lie  d'amitie  avec  lui ,  a  Yverdun,  en 
Suisse,  sous  Ics  auspices  du  cel6bre  Pestalo/.zi,  leur  ami  commun. 
M.  Maclure  cache  un  rare  talent  d'observation  et  un  grand  fonds 
de  philantropie  et  de  veritable  et  profonde  philosopbie  ,  sous  les 
formes  simples  d'une  francbise  qui  va  souvent  jusqu'a  la  brusquerie  , 
et  qui  rappelle  .t  la  fois  notre  Lafoniaine  ,  nomme  le  Honlwinme , 
quoiqu'il  fut  suitouthomme  de  genie,  son  Paysan  du  Danube,  et 
I'Americain  par  excellence,  Franklin.  M.  A.  J. 


i 


DE  L'AMERIQUE  DU  NORD.  297 

auspices,  uae  Jlorula  columbiensis ,  et  il  s'occupe  avec  activite 
do  I'etablissement  d'lin  jardin  botaniqiie. 

27°  Societe  du  31usee  cle  I'Ouest,  foiidee  en  1818.  Son  but 
est  de  reunir  dans  un  vaste  niusee  une  collection  complete  de 
tons  les  objets  d'histoiie  naturelle  du  pays;  d'y  joindre  tout 
ce  qui  peut  repandre  quelques  lumieres  sur  I'histoire  du  globe 
terreslie,  du  nouveau  continent  en  particulier,  et  sur  celle 
dcs  anciens  babitans  de  cette  contree  dont  on  retrouve  aujour- 
d'hui  quelques  monumens  et  quelques  travaux.  Quoique  cetle 
collection  soit  a  peine  coinmencee,  elle  est  deja  considerable, 
et  s'accroit  rapidement. 

a8°  Societe  litterairc  et  philosophique  de  Charlestown.  Le 
savant  M.  Elliot  en  est  le  president;  elle  possede  un  fort 
beau  cabinet  d'histoire  naturelle.  Nous  ne  croyons  pas  qu'elle 
ait  encore  public  des  memoires. 

29°  Lycee  d'histoire  naturelle  de  la  Nouvelle  -  Orleans , 
Lonisiane.  Cet  etablissement  ne  date  que  de  iSaS;  on  dit  que 
son  debut  a  etc  satisfaisant,  et  que  tout  annonce  qu'il  pros- 
perera. 

Cette  liste  ne  peut  etre  ccnTiplete;  niais  i!  est  extreniement 
difQcile  d'apcrcevoir  et  de  remplir  los  nombrcuses  lacnnes  qui 
peuvent  s'y  trouver.  On  a  plus  lot  et  plus  facilement  des  nou- 
velles  des  grandes  capitalcs  do  I'Europc  que  de  Pittsbour^, 
de  Cincinnati  ou  des  Natchez. 

Cette  notice  fut  redigee  au  mois  de  dccembre  iSaS.  Depuis 
cette  epoque,  le  noinbre  des  Socieles  savantes  peut  s'etre  aug- 
mente.  Plusieurs  etats,  meme  parmi  les  anciens,  ne  sont  point 
compris  dans  cette  liste,  quoique  les  sciences  n'y  soient  cer- 
tainement  pas  negligees  :  il  est  done  en  effet  tres-vraisemblable 
que  celte  enumeration  des  Societes  savantes  des  Etats-Unis 
est  incomplete.  Cependant,  on  peut  en  conclure  que  I'etude 
de  I'histoire  naturelle  est  plus  en  faveur  quaucune  autre,  dans 
TAmericpu'  du  nord.  Cetle  predilection  est  tiop  bien  foudee 
et  trop  uiile  pour  que  nous  soyons  tenles  de  la  desapprouver; 
mais  elle  ne  peut  etre  expliquee  que  par  des  circonstauccs 
qui  nous  sont  inconnues.  Il  seaibie  que,  dans  tous  les  lems, 


2(j8     SOCIliTES  SAVANTES  DE  L'AMERIQUE,  etc. 

I'interet  dc  rindustrie,  des  arts  de  l.i  yuerre  et  de  la  navij;a- 
lion,  cxige  le  perfectionnoment  des  sciences  mathemaliques  ct 
de  leiirs  applications.  Ces  besoins  des  nations  nc  sont  point 
negliges  aux  Etats-Unis,  ni  mis  au-dessous  de  leur  impor- 
tance;  cependant,  il  semble  que  Ton  n'a  pas,  a  beaiicoup 
pres,  recherche  avec  autaut  d'empressenient  ce  qui  pcut  con- 
tribuer  a  ies  satisfaire,  que  ce  que  demandait  la  luuable  et 
utile  curiosite  des  uaturalistes.  Cette  sorte  de  contradiction 
disparailrait,  si  nous  connaissions  mieux  rcnseuible  de  I'ins- 
truction  publique,des  ecoles  speciales,  des  etablissemens  en 
faveur  des  arts  et  de  rindustrie,  et  Ies  succes  obtenus  par 
toutes  ces  institutions;  en  un  mot,  s'il  nous  etait  possible  de 
rassembler  et  de  coordonner  Ies  elemens  d'une  stadstique  in- 
tellectuelle  des  Etats-Unis.  En  attendant  que  nous  ayons  des 
i;iformations  plus  completes,  qui  nous  seront  donnees  pen  a 
peu  par  nos  correspondans,  et  par  notre  nouvelle  auxiliaire, 
la  Revue  americaine ,  etablie  depuis  peu  a  Paris  (  Voy.  ci- 
dessus,  p.  33. ),  nous  nous  bornerons  a  observer  et  a  signaler 
Ies  resultats  Ies  plus  imporlans.  <I>. 


NOTICE 

SUR  LES  OUYRAGES  DE  JEREMIE  BENTHAM. 

Les  amateurs  des  sciences  morales  nous  sauront  gre  de  leur 
presenter  un  catalogue  des  divers  ecrits  publics  en  anglais  par 
M.  Bentham,  dans  un  espace  de  5o  annees.  On  sera  surpris 
de  n'y  point  voir  les  grands  ouvrages  qui  lui  ont  fait  une  re- 
()Uta!ion  europeenne,  les  Traites  de  legislation  civile  et  pe- 
tiale  (i),  la  Thcorie  des  peines  et  des  recompenses ,  la  Tacti- 
que  des  assemblees  politiqites  (2),  le  Traite  des  preuves  Jtidiciai- 
res  (3);  niais,  ce  n'est  pas  M.  Bentham  qui  les  a  mis  aii  jour, 

(i)  Voy.  Rev.  Enc,  t.  vii  ,  p.  164  ;  t.  xv,  p.  499- 

(2)  Voy.  ibid.,  t.  xvii ,  p.  5o3. 

(3)  Voy.  ibid.,  t.  xix,  p.  170. 


NOTICE  SUR  LES  OUVRAGES  DE  J.  BENTHAM.  ayy 

lis  n'ont  point  paru  en  anglais ,  ils  ont  ete  rediges  en  francais, 
d'apres  ses  manuscrits  :  manuscrits  immenses  et  incomplels 
que  I'auteur,  effraye  de  leur  masse,  n'avait  ni  le  loisir,  ni  la 
volonte  de  revoir  et  de  terminer,  et  qui  seraient  restes  cnfouis 
dans  son  cabinet,  sans  la  courageuse  patience  de  son  editeur 
( M.  Et.  DuMONT,  de  Geneve). 

M.  Bentham  avait  debute  dans  la  carriere  du  barreau  :  des 
circonstances  favorables,  secondees  de  ses  rares  talens,  Ini 
promettaient  de  grands  et  rapides  succes.  Mais ,  entrainc 
bientot  par  une  plus  noble  ambition  que  celle  de  la  fortune, 
il  abandonna  la  pratique  de  la  loi  pour  se  livrer  tout  entier 
a  I'etude  de  la  legislation.  Son  premier  ouvrage  fnt  publie 
en  1776. 

I.  Fragments  on  government.  —  Fragmens  sur  legouverne- 
ment,  177P. 

C'est  une  critique  de  plusieurs  passages  des  Commenlaires 
de  Blackstone,  et  notamment  de  son  discours  preliminaire. 
L'auteur  etait  jeune  :  en  attaquant  un  ecrivain  d'une  grande 
reputation,  Jl  cnit  devoir  garder  I'anonyme;  mais  il  eut  la 
satisfaction  de  voir  attribuer  eel  ecrit  aux  premiers  juriscon- 
sultes.  II  y  etablissait  la  Suprematie  du  principe  de  I'lUilke ; 
il  y  exposait  toutes  les  fausses  manieres  de  raisonner  en  ma- 
liere  de  legislation;  on  y  voyait  poindre  toutes  les  grandes 
idees  qu'il  a  depuis  developpees  dans  ses  autres  productions. 
Ce  debut  annoncail  un  penseur  original  et  profond.  Le  style 
a  toutes  les  qualites  que  Ton  pent  desirer  dans  le  genre 
didactique. 

II.  View  of  the  hard  labour  bUl.  — Vues  sur  le  bill  relatif  aux 
travaux  forces,  1778. 

Un  bill  avait  ete  propose  pour  I'etablissement  de  prisons 
penitentiaires  et  de  travaux  forces.  M.  Bentham,  en  approu- 
vant  le  but,  fit  sentir  toutes  les  imperfections  des  moyens  par 
lesquels  on  voulait  I'atteindre.  On  s'apercoit  partout,  dans 
cette  discussion  sur  une  loi  particuliere,  que  Tauteur  planait 
au-dessus  de  son  sujet  par  ses  vastes  conceptions  sur  la  juris- 
prudence penale.  Ce  bill  fut  rejete. 


3oo  NOTICE  i)UR  LES  OUVRAGES 

III.  Defence  of  usury.  —  Defense  de  I'usure,  1787. 

Ce  title  n'est  peut-etre  pas  celui  que  I'ouvrage  aurait  do 
porter.  L'objet  est  de  prouvcr,  coutre  une  assertion  d'Adam 
Smith,  que  le  commerce  de  I'argent  doit  etre  libre  comme 
tout  autre ,  et  que  les  lois  faites  pour  fixer  le  taux  de  I'interet 
nc  font  qu'agi;raver  le  sort  deseniprunleurs.  Ce  n'est  done  pas 
une  apologie  de  I'usure,  mais  une  preuve  que  ce  qu'on  appelle 
usure  doit  etre  raye  du  nombre  des  delils.  Cette  dissertation 
est  un  chef-d'oeuvre,  par  la  force  du  raisonnement  comme  par 
la  maniere  de  I'exposer. 

IV.  Introduction  to  the  principles  of  morals  and  jurispru- 
dence.—  Introduction  aux  principes  de  morale  et  de  juris- 
prudence, 1789.  In-4''. 

C'est  un  ouvrage  fondamental  oii  se  deploio  toutle  genie  de 
I'auteur;  mais,  tous  les  siijets  les  plus  melaphysiques  y  sont 
traifes  sous  une  forme  analytique  et  austere,  dans  une  serie 
de  theses,  qui  exigent  I'atlention  la  plus  soutenue  et  la  plus 
peniblc,  meme  pour  les  lecteurs  les  plus  exeices;  I'ouvrage 
n'eut  aucun  succes.  Le  due  de  la  Rochefoucaull  lui  cheroha 
vainement  un  traducteur. 

Ce  meme  ouvrage,  mieux  apprecie  dcs  connaisscurs,  a  et6 
reimprime  en  Anglelerre,  en  1823  (2  vol.  in-8").  II  a  fallu 
33  ans  pour  arriver  a  cette  scconde  edition.  On  voit  qu'il  ne 
suffit  pas  de  faire  un  livre  profondement  pense  ;  il  faut  encore 
qu'il  soit  proportionne  a  la  capacite  des  lecteurs  auxquels  on 
le  destine. 

Ces  principes  de  morale  et  de  jurisprudence  sont  entres  dans 
les  traites  de  legislation  que  M.  Dnmont  a  ])ublies;  mais  il  en 
a  donne  I'extrait  sous  des  formes  familieres,  inlerpretant  ce 
qui  etait  obscur  et  dispersant  les  classifications  dans  les  diffe- 
rentes  parties  auxquelles  elles  appartiennent  naturellement. 

\.  Panopticon.  2  vol.  in-12.  —  Panopticon,  on  plan  d'une 
niaison  d'inspcction  centrale ,  particulierement  adaptee  aux 
prisons  penitenllaires,  et  en  general  a  tous  les  etablissemeus 
dans  lesquels  un  grand  nombre  de  personnes  rcunies  doivent 
etre  soimiises  a  une  inspection  constante. 


DE  JEREMIE  BENTHAM.  3oi 

Get  ecrit  renferme  tons  les  details  d'architecture ,  toute  la 
discussion  des  avantages  du  projet  et  des  objections  auxquellos 
il  pcut  donner  lieu,  avec  un  plan  d'administration  morale  et 
ecoiiomi(jue.  Ce  plan  avail  ete  adople  par  la  commune  dc 
Paris,  et  il  allait  etre  mis  a  execution,  lorsque  la  violente 
catastro]ilie  de  1792  renversa  la  commune  et  la  constitution 
monaroliique.  Les  trailes  de  legislation  contiennent  un  memoire 
ou  I'on  a  fait  entrer  tout  ce  qui  est  essentiel  dans  les  deux 
volumes  deM.  Bentham,  a  I'exception  des  details  de  construc- 
tion qui  ne  peuvent  interesser  que  les  architectes. 

VI.  Draught  of  a  code  for  the  organizations  of  the  judicial 
establishment  of  France.  —  Esquisse  d'un  code  pour  I'organi- 
sation  judiciaire  de  la  France,  1791. 

Lc  comitc  de  rAssemblce  constituante  presenta  un  plan 
d'organisation  judiciaire  que  M.  Bentham  attaqua  reguliere- 
ment,  article  par  article  ;  niais  il  ne  se  borna  pas  a  une  simple 
critique;  il  ajouta  son  propre  plan  sur  lequel  il  avait  long  tems 
reflechi.  Get  ecrit  parut  trop  tard  pour  avoir  de  I'iniluence  sur 
I'assemblee,  et  il  est  plus  que  douteux  qu'il  eut  produit  quelque 
effet,  tant  ses  vucs  etaient  differentcs  de  celles  qui  dominaient 
alors.  II  a  depuis  niodifie  quelques-unes  de  ses  opinions,  mais 
sur  des  points  pen  essentiels. 

VII.  Essays  on  political  tactics.  —  Essai  sur  la  tactique  des 
debats  politiques,  1791. 

M.  Bentham  ne  publia  que  dix  chapitres  de  cet  ouvragc 
sur  les  regies  fondamentales  des  debats.  G'est  une  critique 
detaillee  des  modes  de  deliberation  suivis  dans  les  anciens 
Etats-Generaux  et  dans  TAssemblee  des  notables. 

On  ne  pent  qu'etre  surpris  de  tout  ce  i.\\\e  M.  Bentham  a 
fait,  dans  un  si  court  espace  de  tems.  La  revolution  francaise 
avait  excite  au  plus  haut  degre  toutes  ses  facultes  et  tout  son 
interet.  II  se  regardait  comme  un  cooperateur  naturel  de  cette 
grande  entreprise  de  legislation  ,  et  il  travaillait  a  lui  seul  plus 
qu'aucun  des  comites  de  RAssemblee  constituante.  11  etait  tout 
pret  a  achever  son  code  penal  et  a  entrept  endre  un  code  civil ; 
mais  il  fut  bienfot  decourage  par  I'etat  de  desordre  dans  lequel 


3o2  NOTICE  SDR  UlS  OUVRAGES 

la  violence  des  partis  avait  fait  tomber  la  France ;  et  il  coiupi  it 
que  ce  n'etait  pas  dans  un  moment  de  fermentation  qu'on  pou- 
vail  faire  entendre  la  voix  paisible  de  la  raison  et  de  la  philo- 
sophic. 

VIII.  Supply  without  burthen. — Finance  sans  fardeau,  1795, 
II  s'agit  de  donner  a  I'etat  par  droit  A't'chute  les  fortunes  de 

ceux  qui  meurent,  sans  laisser  d'heritiers  naturels.  L'autcur 
avait  adouci  ce  qu'il  y  avait  de  dur  dans  cette  disposition  par 
uu  droit  limite  de  tester;  cette  conception  fiscale  n'a  point 
Irouve  d'approbateurs. 

IX.  Protest  against  law  taxes.  —  Protestations  contre  ies 
taxes,  1796. 

C'est  une  reclamation  contre  les  taxes  siir  les  actcs  judi- 
ciaires  :  chef  d'oeuvre  de  methode,  d'argumentation  et  de  style. 
Cette  dissertation,  traduite  par  M.  Dumont,  a  ete  inscree 
d'abord  dans  la  Blbliotheque  universelle  qui  se  public  a  Geneve, 
et  depuis,  dans  le  Traite  des preuves  judiciaires. 

^.Emancipate yourcolonies. — Emancipez  vos  colonies,  1793. 

Adresseal'Asseniblee  legislative,  dont  Tobjetest  de  moiitrer 
I'inutilite  et  le  danger  des  possessions  coloniales. 

XI,  Pauper  management,  1797. —  Ce  plan  sur  I'adminis- 
tration  des  pauvres  est  plus  specialement  rclatif  a  rAngieterre 
qu'a  tout  autre  pays.  II  s'agit  de  substituer  a  I'administration 
de  chaque  paroisse  celle  d'une  compagnie  unique  qui  se  cliar- 
gerait  a  un  prix  fait  de  tons  les  indigcns  du  royaunie.  L'expli- 
cation  de  ce  regime  singulicr,  les  precautions  a  prendre  en 
faveur  des  pauvres ,  ies  devoirs  a  imposer  a  la  compagnie,  les 
details  de  I'administration,  les  avantages  qui  doivent  resulter 
de  ce  plan,  tel  est  I'objet  d'un  volume  de  lettres  adiessees  h 
Vediteur  des  Annates  d' agriculture. 

Cet  ouvrage  a  ete  traduit  en  francais  par  M.  Duquesnoi. 

XII.  Letters  to  lordPclham.  —  Lettres  a  lord  Pelhani,  1802. 
Ces  lettres,  qui  forment  un  gros  volume,  sont  relatives  ;\ 

Xetahlissement penal  de  Botany-Bay ;  M.  Bentham  le  Irouve 
defectucux  sous  tons  les  rapports.  II  n'inspire  point  une  crainte 
salutaire;  souvent  il  a  servi  de  motif  an  crime.  II  ne  conlribue 


DE  JEREMIE  BENTHAM.  3o3 

points  la  reformation  morale  des  deportes;  an  conlraire,  le 
nombre  des  delits  dans  cette  colonie  est  dans  une  proportion 
effrayantc,  compare  a  toiite  autre  population. 

L'auteur  donna  ime  suite  a  ces  lettrcs  [Plea  for  constitution). 
—  Plaidoyer  en  faveur  de  la  constitution  (i8o3  ),  dont  I'objV't 
t'tail  de  prouver  que  la  deportation  a  Botany  -  Bay  entrainait 
une  multitude  d'actes  arbitraircs  et  illegaux  ,  par  lesquels  la 
constitution  etait  continuelI(;ment  violee  (i). 

XIII.  Scotch  reform,  1806.  —  Reforme  ecossaise,  consi- 
deree  d'apres  le  plan  propose  au  parlement  pour  la  regulari- 
sation  de  I'administration  dc  la  justice  en  Ecosse.  —  Get  ecrit 
se  compose  de  lettres  adressees  a  lord  Grenville,  a  I'occasion 
de  quelques  changemens  proposes  dans  I'etablissenient  judi- 
ciaire  d'Ecosse.  Get  ouvrage  ne  peut  paraitre  intelligible  qu'a 
des  personnes  tres-versees  dans  la  procedure  technique  de 
I'Ecosse  et  de  I'Anglcterre.  G'est  une  critique  vehemeiite  de 
tons  les  abus  qui  occasionnent  tant  de  frais,  tant  de  lenteurs  et 
de  perplexites  ,  dont  les  citoyens  de  toutes  les  classes  sont 
victimes. 

XIV.  Swear  not  at  all ,  ]8i3.  —  Ne  jurez  point. — Expose 
de  I'iuutilite  et  des  mauvais  effets  de  I'institution  et  de  I'usage 
du  serment. 

L'auteur  attaque  I'emploi  du  serment  dans  toutes  ses  appli- 
cations, comme  une  mesure  non-seulcment  inefficace,  mais 
dangereuse  ,  et  en  contradiction  avec  le  preccple  le  plus  positif 
du  fondateur  de  la  religion  chretienne.  II  tire  la  principale 
preuve  de  I'abiis  du  serment,  en  Angleterre,  de  I'usage  que  Ton 
en  fait  dans  les  universites,  soit  pour  fairc  jurer  des  statuts  que 
personne  n'observe,  soit  pour  faire  signer  des  declarations  de 
foi  auxquelles  on  n'attachc  aucune  autorite  et  aucune  im- 
f>orfance. 


(i)  Voy.  la  Theorie  des  peincs.  M.  Dumojnt  a  f<Tit  passer  dans  le 
chapitre  sur  la  deportation  ,  tout  ce  qui,  d,)ns  ces  lettres,  olfrait  un 
in)er6t  general. 


3o4  NOTICE  SUR  LES  OUVRAGES 

XV.  Elements  of  the  art  of  paching.  —  Eleraens  de  I'ait 
d'assortir  un  jury,  1817. 

Voici  un  des  ouvrages  de  M.  Benthani  ou  I'on  observe  le 
plus  sa  disposition  a  dc'precier  les  institutions  britanniques. 
Dans  cct  ecrit,  dont  ses  amis  rctardcrent  long-terns  la  publica- 
tion ,  par  la  crainle  qu'il  ne  suscitAt  quehjue  poursuite  judi- 
ciaire  contre  I'auteur,  il  cxposait  d'une  raaniere  caustique 
I'art  de  former  des  jurys  speciaux  ,  pour  exercer  sur  eux  une 
influence  illegale ,  et  principalement  dans  les  cas  dc  libelles. 

XYI.  Table  of  springs  of  action. —  Tableau  des  motifs  ou  des 
sources  des  actions. 

C'est  un  tableau  synoptique  de  tous  les  motifs  qui  determi- 
nent  les  actions  humaines,  avcc  des  notes  explicativcs  et  une 
sorte  de  commentaire,  ou  Ton  presente  les  diverses  especes  de 
plaisirs  et  de  peines  dont  la  nature  de  I'homme  est  suscepti- 
ble ,  ainsi  que  les  differens  ordres  A'interets ,  de  devoirs  et  de 
motifs  qui  y  correspondent.  On  retrouve  ici  cet  art  profond 
d'analyse  dans  lequel  M.  Bentham  a  moatre  une  superiorite 
si  distinguee. 

XVII.  Defence  of  economy.  —  Defense  de  I'economie. 

Ce  sont  deux  pamphlets,  I'lm  contre  des  pretendus  projets 
d'economie  de  M.  Burke;  I'autre,  contre  un  des  secretaires 
d'etat,  M.  Rose,  qui  avait  pris  la  defense  des  sinecures  ct  des 
superfus  necessaires. 

XVIII.  Chrestomatia.  —  Chrestomatie. 

Cet  ouvrage  eomprend  deux  parlies  :  la  premiere  se  com- 
pose d'un  recueil  de  pieces  relatives  au  projet  d'etablissement 
d'une  ecole  chrestomatique ,  destinec  a  ctendre  la  melhode 
d'enseigneraent  de  Bell  et  de  Lancaster  a  des  branches  plus 
elevees  de  la  science.  La  seconde  partie  contient  un  essai  sur 
une  nouvelle  nomenclature  et  une  distribution  melhodique  des 
connaissances  humaines,  avec  un  examen  critique  chi  tableau 
encyclopedique  Ae  Bacon ,  adopteet  augmente  par  ^/'^/cw/^e/r. 
A  la  suite  de  cet  examen,  M.  Bentham  donne  Ic  cadre  d'un 
nouvcau  tableau,  fonde  sur  I'applicalion  du  principe  logique 
de  I'analvse  an  principe  moral  de  Vutilite  generale.  On  pent 


DE  Ji5:REMIE  BEISTHAM.  3o5 

douter  si  I'avantage  qui  I'esulterait  de  cctte  classification  c'(|ui- 
vaut  a  la  difficiilte  de  faire  adopter  une  liingiie  toiite  conipo- 
see  de  denominations  grecques.  Ce  livre  est  ecril  dans  uti  style 
qui  ne  le  rend  a;cce5sible  qu'a  un  tres-petit  nombre  de  iecteuis. 
II  I'enferme  toutefois  dcs  idees  tres-iniportantes,  et  que  les 
amis  des  sciences  mediteront  avec  fruit.  Une  parlie  <le  cet 
ouvrage  a  ete  traduite  en  francais  par  M.  George  Bentham, 
neveu  de  I'auteur.  ( voy.  TJec.  Enc. ,  t.  x ,  p.  569). 

XIX.  P/rtrt  of  parliamentary  reform,  1817.  —  Plan  d'uue 
reforme  parlementaire,  sous  la  forme  d'un  catcchisme ;  i^vv- 
cede  d'une  introduction  sur  la  necessite  d'une  reforme  radicale 
et  t insuffisance  d'une  reforme  inoderee. 

Voici  I'ouvrage  par  lequel  M.  Bentham  est  devenu  I'oracle 
du  parti  radical  en  Aagleterre,  c'est-a-dire  du  parti  qui  veut 
une  refonte  totale  de  la  cliambre  des  communes,  par  une  elec- 
tion annuelle  et  des  suffrages  universels  ou  presque  universels. 
Nous  ne  pretendons  point  enoncer  une  opinion  sur  cesysteme; 
mais  nous  sommes  persuades  que  I'ouvrage  con tieiit  une  criti- 
que fort  exageree  du  parlement  britannique,  et  nous  sftmmes 
surpris  d'y  trouver  un  ton  de  vehemence  etd'aprete,  qiiel'au- 
teur  a  souventcondamne  avec  raison  dans  k's  discussions  phi- 
losophiques, 

XX.  Bentham's  r«<f/c«(?  reform  Bill.  —  Bill  de  reforme  radi- 
cale ,  par  Bentham. 

XXI.  Papers  relative  to  codification,  1817-1823,^/6-. — 
Pieces  relatives  k  la  codification.  (V.  Rev.  Enc,  t.  xiv,  p.  34o.) 

C'est  un  recueil  de  lettres  ou  de  memoires,  adresses  par 
i'auteur  au  president  des  Etats-Unis  d'Amerique,  au  president 
<lu  siinat  de  Philadelphie,  a  Tenipereiir  Alexandre,  pour  leur 
offrir  de  rediger  un  code  civil  et  uncotle  penal,  a  la  seule  con- 
dition que  ces  codes  seraieutsoumis  a  rexamen  d'une  commis- 
sion officielle  qui  en  ferait  uri  rapport  public.  Ces  diverses 
propositions  n'ayant  pas  produit  I'effet  desire,  I'auteur  publia 
d'autres  memoires  dans  lesquels  il  etablit  les  avantages  de  la 
codification,  c'est  a-dire,  I'utilite  de  reduire  en  un  code  les 
T.  XXXI. —  ^oiit  1826.  ao 


:io6  NOTICE  SUR  LRS  OUVRAGES 

lois  uoii  ecritcs,  les  coulumes  et  jurisprudences  d'arret.  (L'ana- 
lyse  de  cet  ouvragc  sera  inseree  dans  notie  prochain  cahier. ) 

XXII.  Church  of  En^laiuUsm  and  its  catechism  considered. 
1817. — Considerations  sur  I'cglise  de  I'Angleterre  et  son  cate- 
chisme, 

Cet  ouvragc  de  800  pages,  avec  une  multitude  de  notes 
tres-serrees  ,  renferme  une  grande  variete  de  sujels,  tous  rela- 
tiFs  a  rctablissemeut  ecclcsiastique  d'Angleterre.  II  est  attaque 
sous  tousles  rapports;  mais  la  forme  de  ces  ecrits  et  la  nature 
du  style  s'opposent  a  ce  qu'ils  produisent  un  cffet  immediat. 
C'est  un  depot  dans  lequel  les  antagonistes  de  I'eglise  anglicane 
trouveront  des  provisions  et  des  armes.  L'etablisseiTient  reli- 
gieux  de  I'Ecosse  y  est  presente  sous  un  point  de  vue  favora- 
ble. Dans  la  critique  du  Catechisme  national,  ce  n'est  point  la 
religion  que  Taiiteiir  attaque,  mais  Ic  mode  d'cnseignement, 
les  inconsequences  et  les  contradictions  qu'il  croit  y  trouver. 
Les  amis  de  I'auteur  craignirent  que  cetonvrage  ne  provoquat 
une  poursuite  legale ,  et  il  se  debita  long-tems  avec  precaution : 
iBaisle  mhiistere  public  a  ete  assez  prudent  |)our  seiitir  qu'une 
pareille  cause  plaidee  devant  un  jury ,  quel  que  fiit  le  resultat 
juridique,  aurait  produit  un  effet  tout  contraire  a  celui  qu'on 
se  serait  propose. 

M.  Benthara  a  encore  public  plusieurs  pamphlets  sur  la  li- 
berie delaprosse:  Onthe  liberty  of  the  press. ln-^°.  1821. — Sur 
le  systeme  restrictif  en  maliere  de  commerce  :  Observations  on 
the  restrictive  and  prohibitory  commercial  system.  In  -8°.    1 8ai . 

Sur  le  code  penal  des  Cortes  :  Letters  to  count  Tc-reno  on  the 

proposed  penal  code.  Lettres  aucomteToreno  sur  lecode  penal 
propose.  In-S",  1822  (voy.  Rev.  Enc,  t.  xv,  p.  5/^4);  et  der- 
nierement,  Sur  la  cour  de  la  chancelleric  et  In  conduite  judi- 
ciaire  du  chancelier  actuel.  A.  1  age  de  soixante-et-dix-huit 
ans,  il  poursuit  ses  travaux  a.vec  la  menie  ardeur,  et  raeme 
avec  plus  de  perseverance  que  dans  sa  jeunesse.  Il  rassenible 
toutcs  ses  vues  dans  un  grand  ouvrage  qui  presentera  I'en- 
semble    de  son  systeme  constitutionnel. 


DE  j£r6jvhe  bentham.  :^()- 

Mais,  pour  avoir  une  idee  complete  des  travaux  de  ce  grand 
publiciste,  il  faut  joindre  a  cette  notice  des  buvrages  qu'il  a 
publics  lui-meme,  celle  des  traites  qui  ont  ete  rediges  en  fran- 
cais ,  par  M.  Dumont,  de  Geneve,  d'apres  les  manuscrits  ori- 
ginaux  de  Bentham.  Ce  sont  les  suivans  : 

I.  Traites  de  legislation  civile  et  penale.  Seconde  edition. 
Paris,  1820.  ?i  vbl.Jn-8".  (Voy.  Rev.  Enc. ,  t.  vii,  p.  164,  ct 
t.  XV,  p.  499.) 

Independamment  de  ces  deux  parties  principales,  ces  traitt's 
contiennenl :  1°  des  principes  generaux  de  legislation,  et  ce 
que  I'editeur  appelle  la  logique  du  legislateur ;  2"  une  vue  com- 
plete d'un  corps  de  droit;  3°  une  dissertation  sur  la  maniere 
de  promulguer  les  lois  ct  de  les  accompagner  d'nn  commen- 
taire  rationnel;  4°  une  exposition  des  principes  du  panoptiqne; 
5°  un  essai  sur  I'influence  des  terns  et  des  lieux  en  matiere  de 
legislation,  c'est-a-dire  le  meilleur  systemedeloisetaist  donne, 
quelles  modifications  faudrait-il  y  apporler,  eu  egard  aux  dif- 
ferences de  religion,  de  climat,  de  mceurs,  de  race,  de  lumie- 
res ,  de  situations  locales ,  en  un  mot  de  toutes  les  circonstances 
qui  influent  sur  la  sensibilite  active  et  passive  de  I'homme. 
(Voy.  Rev.  Enc,  i.  xix,  p.  170,  et  t.  xxv,  p.  45i  et  837. 1 

II.  Theorie  des  peines  et  des  recompenses.  La  troisieme  edi- 
tion vient  de  paraitre  en  deux  volumes,  et  sera  I'objet  d'line 
analyse  dans  ce  recueil. 

III.  Tactique  des  assemhlees  politlques.  Le  second  volume 
traite  des  sophisrnes  politiques.  Seconde  edition.  Paris,  1820. 
(  Vojez  le  compte  rendu  de  cet important  ouvrage.  Rev.  Enc, 
t.  XIX,  p.  568  ). 

lY.  Traite  des preuves  judiciaires.  Paris,  i823.  2  vol.  in-S". 

Nous  savons  que  M.  Dumokt  possede  encore  d'autres  ma- 
nuscrits qu'il  a  extraits  de  ceux  de  M.  Ecntham,  et  qu'il  se  pro- 
pose de  publier;  il  s'occupe  actufllement  de  rediger  un  tra'tc 
sur  r organisation  judiciaire.  T. 


3o8 

NOTICE 

SUR  LA.  LANGUE  DES  SAUVAGES 

DE  L'AMERIQUE  DU  NCRD; 
Par  M.-J.  MORENAS. 

Lcsdecouvertesqui  repaiident  iin  nouveau  jour  stir  la  science 
philologique  fourniss*'nt  les  meilleurs  jiiatcriaux  pour  I'liis- 
toice  de  rhoinme  ,  si  pen  connue  aii  dela  d'une  qnarantaine  de 
siecles.  Plusieurs  ecrivains  nous  ont  fait  connaitre  I'etat  social 
des  priiicipales  nations  de  rAuierique;  mais  I'histoire  philolo- 
gique de  cette  portion  dc  I'espece  humaine  est  restec  dans  une 
profonde  obscuritc.  Cependant,  si  elle  etait  eclaircie,  elle  de- 
viendrait  piopre  a  jeter  une  vive  lumiere  sur  I'antiquite  du 
nouveau  monde  et  raeme  sur  les  anciennes  revolutions  de  notre 
globe,  dont  le  resultat  a  ete  de  disperser,  ou  de  melanger  les 
peuples. 

L'ignorance  et  I'absence  de  I'ecri ture  chez  des  peuplades  sauva- 
ges  vivant  au  milieu  des  forets,  comparees  avec  I'abondanoe  , 
la  regularite  et  la  douceur  des  langues  dont  ces  peuplades  font 
usatje,  pri'sentent  un  contraste  dignede  fixer  I'attentiondu  phi- 
losophe.Les  differens  idiomes  des  deux  Ameriques  ne  sont  plus 
en  harmonic  avec  ce  qui  existe  dans  ces  deux  contrees.  Cette  ri- 
chesse  de  languo,  qui  n'a  pu  etre  I'ouvrage  d'aucun  des  penples 
connus  de  cepays,  decele  une  grande  civilisation,  dont  I'an- 
cienne  prosperite  connue  des  empires  du  Mexique  et  du  Peroa 
est  loin  de  nous  donner  une  idee. 

n  Comment  se  fait-il ,  demandait  Malouet,  que  Tare  dessau- 
vages  de  la  Guyane  soit  precisenient  celni  des  Parlhes  et  des 
]\umides;  que leur  bouclier  soit  celui  des  Remains  ?  De  qui  les 
Indiens  de  I'Amerique  tiennent-ils  icurs  arts  et  la  langue  riche 
qu'ils  parlent,  sans  pouvoir  analyser  ni  le  terns,  ni  le  verbe?  » 

Quelle  eut  ete  la  surprise  de  cet  ecrivain ,  s'il  avail  su  que 
ces  rapports  s'etendent  au  dela  du  pays  dont  il  parle,  et  qu'il 


NOTICE  SUR  LA.  LANGUE  DES  SAUVAGES,  etc.  309 

en  exisle  une  foule  d'autres  dans  les  differentes  contrces  de 
rAmeriqiie? 

On  reste  miiet  d'etonnement  quand  on  voit  la  rt-gularite , 
I'abondance  inepuisabledes  langues  donees  et  flexiblesdes  sau- 
vages  du  Nouveaii-Monde,  les  usages  et  les  moniimens  hiu- 
dous  des  Mexicains,  les  raols  sanscrits  des  langues  de  I'Ame- 
rique.  Mais,  pourquoi  s'etonner  de  ces  rapports  ?  savons-nous 
mieux  de  qui  nous  tenons  les  usages  et  les  mots  indiens  arrives 
jusqu'a  nous  ?  Quel  que  soitle  pays  dans  lequel  on  les  observe, 
ils  prouvent  I'existence  d'anciennes  relations  avec  la  con  tree 
d'ou  ces  mots  et  ces  usages  sont  venus. 

Une  longue  suite  de  siecles  a  efface  de  la  niemoire  deshom- 
mes  les  principales  epoques  de  notre  histoire.  Mais,  pour  I'ob- 
servateur,  de  bonne  foi  et  sans  prejuges,  la  terre  qu'il  foule 
aux  pieds,  les  antiquites  sur  lesquelles  il  medite,  les  mots 
communs  a  plusieurs  langues  ,  et  les  usages  qui  nous  modifient 
lui  disent  assez  que  I'homme  vit  de  souvenirs  et  niarche  sur 
des  ruines. 

Une  foule  de  decouvertes  constate  chaque  jour  la  civilisa- 
tion d'un  ancien  peuple  qui  a  precede  tons  les  sauvages  du  nord 
de  I'Amerique.  Parnii  les  monumens  qui  rappellent  cette  epo- 
que,  le  plus  etonnant,  sans  doiite,  est  celui  d'une  langue  dont 
le  mecanisme  et  la  richesse  la  rendent  plus  savante  et  plus  phi- 
losophique,  qu'aucuno  de  celles  de  I'ancien  monde,  si  Ton  en 
excepte  le  Sanskrit. 

On  peut  partager  tous  les  pays  de  I'Amerique  septentrio- 
nale,  situes  au  nord  et  h  Test  du  Mexi(]ue  ,  en  trois  langues 
principales;  coinme  Ton  peut  classer  tous  les  peuples  qui  les 
parlent  en  trois  races  distinctes. 

1"  Le  Karalit,  que  parlent  les  Esquimaux,  est  la  langue  du 
Labrador,  du  Groenlaiid ,  des  parties  superieures  du  Canaihi 
et  des  autres  contrees  (]ui  se  rapprochent  du  pole. 

EUe  est  aussi  celle  des  Tckouhtschi  sedentaires  quihabilent 
depuis  I'embouchurc  de  I'Anadyr,  en  remontant  la  cote  verslc 
nord,  jusqu'a  la  peninsulc  de  Tchouktsclikoi-noss,  ou  pro 
montoire  des  Tchouktsclii;  c'est-a-dire,  cette  partie  nord-est 


:5io     NOTICE  sun  1,A  LAINGlJE  DKS  SAUVAGES 

lie  I'Asii;  (jiii  u'est  scjjarc'c  dc  rAuiciiqiie  que  par  le  detroit  df 
Bheritig  (i].  On  les  considure  coniiue  les  desccndans  d'un  peu- 
plo  americain,  tandis  que  les  Tchouktschi  errans,  qui  vivent 
nu  sud  de  I'Anadyr ,  passent  pour  elrc  issus  des  Koriaks  Tar- 
tares. 

On  parle  encore  le  Karalit  a  North-Sound  ,  et  Ton  soupconnc 
d'autres  rapports  entre  les  indii:;enes  du  nord-ouest  de  I'Ame- 
rique  et  quelques  peuples  du  nord-est  de  I'Asie,  tels  que  les 
Kanilschatdales,  les  Koriaks-Lamoutz,  les  Samoiedes,  etc. 

2°  'L'iroquois ,  qui  est  la  langue  des  Iroquois,  des  Hurons, 
desNoduouassi,  des  Siaoux  (les  sixnations),des  Algonkins, etc. 

3°  he  Lenapi ,  ou  Lenni  Lcnapi ,  qui  est  le  noni  du  peuple 
et  de  la  laiii;ue  Delaware.  Cest  le  syuonyme  de  I'expiession 
plus  moderne  de  Ouapanatchhi ,  ou  Abenaki,  j^eneralement 
adoptee  par  les  indii^enes,  et  dont  les  Fran^'ais  out  fait  a  la 
Louisiaue,  Apalache,  ternie  donne  aux  niontagnes  appelees 
plus  generalenient  de  leur  ancien  nom  allegani.  Le  lenapi  est 
la  langue  du  Mississipi,  de  rimmense  territoire  nord-ouest  des 
Etats-Unis,  d'une  partie  du  Canada,  et  meme  de  la  contree 
qui  se  proloiigc  jusqu'a  la  bale  d'Hudson.  Dans  cette  etendne 
de  pays,  il  existe  neanmoins  quelques  peuplades  qui  ne  font 
aucun  usage  du  lenapi,  de  I'iroquois  ,  ni  du  karaiit:  tels  sont 
les  sauvages  Pieds  noirs,  les  Saussi  et  les  Snake  indieus.  De 
lous  les  dialectes  du  Lenapi,  le  natif, ,  parle  dans  le  Massa- 
chussetts,  est  le  mieux  connii,  depiiis  la  grammaire  que  M.  Eliot 
a  publiee,  et  sur  le  compte  de  laquelle  je  reviendrai  bientot. 

II  fautajouter  a  ccs  trois  principales  laugues  le  floridien  qui 
eu  differe  assez  pour  etre  considere  comnie  un  idiome  parti- 
culier.  Il  appartient  aux  Criks,  aux  Maskodji,  aux  Chicksa, 
aux  Tchakta  ,  aux  Pascagoula,  aux  Tcheroki ,  etc. 

On  a  parle  de  peuplades,  provenant  de  la  nation  Mobilian  , 
qui  font  usage  d'un  idiome,  considere  comnie  une  cinqiiieiTie 
langue  de  I'Amerique  du  nord  ;  niais  le  pen  de  renseignemens 
qu'on  a  sur  ce  fait  en  exige  la  confirmation.  On  peut  compter 

(i)   Voy.  Ic  Mil/iiitialf  d'AiiEX-UKG  ,  t.  lii ,  p.  4^4- 


/ 
DE  L'AM]£RIQUE  DU  NORD.  3ii 

sur  le  zele  et  Jes  liimleres  des  membres  de  \di  societe  philosopiii- 
que  de  Philadelphie,  pour  eclaircir  cettepai'tiedela  philologie. 

n  Jene  pouriai  jamais  vous  faire  connaitre,  ecrivait  M.  Hec- 
kewelder  a  M.  Duponceaii,  secretaire  de  cette  societc-,  et  I'lm 
des  savans  les  plus  distingues  de  I'Amerique ,  les  nombreuses 
manieres  par  lesqueHes  les  Indiens  (  les  indigenes  d'Amerique ) 
expriment  leursidees,  les  nuances  de  ces  idees  et  toutes  lenis 
combinaisons.  » 

£d  attendant  que  la  societe  philosophique  de  Philadelphie 
rende  publiques  les  graminaires  precieuses  qu'elle  possede  sur 
les  langues  du  pays,  un  apercu  de  celle  que  M.  John  Eliot  a 
publiee  sur  lidiome  du  Massachussetts  suffira  pour  donner  une 
idee  du  mecanisme  simple  et  profond  des  langues  conservees 
par  les  sauvages. 

Cette  grammaire  est  la  plus  etendue  que  je  connaisse  sur  les 
langues  du  Nouveau-Monde  (i). 

Les  sauvages  du  Massachussetts  se  servent,  conime  je  I'ai 
die,  du  natik,  dialecte  du  lenapi. 

Le  nom  ,  dans  cet  idiomc,  a  deux  declinaisons  :  Tune  pour 
le  substantif  qui  exprime  des  choses  animees,  et  I'autre  pour 
celui  qui  appartient  aux  choses  inanimees  (2).  Chaquc  nom  se 
combine  aveclesdilferens  pronomset  forme  avecchacun  d'eux, 
d'apres  des  regies  simples  et  regulieres,  un  nouveau  mot  (3), 
par  exemple : 

Oiiit,  signifie  une  maison  et  produit  au  singulier 

^ik,  ma  maison.  Ouik  ,  sa  maison. 

Kik,  ta  maison. 

II  fait  au  pkiriel 

Nikou,  noire  maison.  Ouikou  ,  ses  ou  lems  maisons. 

Kikou     voire  maison. 


(l)  4  Grammar  of  the  Massachussetts  i/idian  language,  by  John 
Eliot.  —  Grammaire  de  la  lanj^ue  indiejine  de  Massachussetts  ,  par 
John  Eliot.  Nouvelle  edition,  enrichie  des  notes  savantes  de  M.  P.-S. 
DupoNCEAU  ,  et  d'une  introduction  par  M.  John  Pickehijvg.  Boston. 
iSaa. 

(a)   Ibid.,  p.  9.  — (3)  Ibid.,  p.  II. 


'ii'2     NOTICE  SLUl  LA.  LANGUE  DES  SAUVAGES 

Ce  null)  et  ses  dciives  se  conibinent  encore  avec  diffeientes 
particiiles  et  fornient  avec  dies  de  uouveaux  mots  ,  tels  que : 

JVifiit,  dans  ma  maison.       Nikounoiiot ,  dans  nos  maisons. 
Kihit,  dans  tit  maison.  Kikouot,  dans  vos  maisons. 

Ouikit ,  dans  sa  mnison.        Oiiikouot  ou  ouikouomoi ,  dans  ses,  ou 
dans  leurs  maisOns. 

It  existe  danscette  langue  des  diniinutifs  de  plusieurs  rangs 
et  diffeientes  manieres  de  changer  le  noni  en  verbe  et  le  verbe 
en  nom.  C'cst  generalement  an  moyen  de  la  racine  linale  du 
mot  qui  se  place  au  commencement ;  ce  mot  eprouve  ensuile 
toutes  les  modifications  grammaticales  qui  appartiennent  a  sa 
nouvelle  qualite  (i).  Le  meme  mecanisme  existe  dansplusieur.v 
langues  de  I'lnde,  ou  chaque  verbe  devient  un  substantif,  en 
changeant  la  teiiiiinaison  a  en  e;  bolna ,  ]iarler;  holne ,  sub- 
stantif, qui  exprimc  Taction  de  parler  ;  bara  ,  grand,  ajoute  a 
la  racine  linale  du  verbe  hona,  etrc,  {A\\.haranu  qui  veut  dire 
agrandir. 

Le  verbe  americain  se  conjugue,  au  moyen  de  diverses  ter- 
minaisons  qui  eliangent  pour  n'en  point  alterer  I'euphonie  (2). 
Il  existe  differentesconjugaisous,  selon  queles  verbessont  em- 
ployes dans  un  sens  affirmatif,  negatif,  ou  interrogatif.  Toutes 
sont  susceptibles  d'exprimer  differcns  modes  et  differens  terns 
de  Taction. 

Les  modes  de  Taction  sont  au  nombre  de  cinq  (3). 

Le  1^''  se  compose  de  Vindicatif,  du  demonstratif  etde  Tin- 
terrogatif;  c'est-a-dire  qn'il  y  a  des  teins  differens  pour  ex- 
primer  qu'une  action  se  fait,  qu'elle  ne  se  fait  point  et  pour 
demander  si  elle  se  fait;  par  exemple  : 

J'aime.  Je  n'aime  pas.  Aimai-je? 

Le  2^  est  XimperatiJ,  qui  se  divisc  en  imperatif  qui  ordonnc^^ 
en  imperatif  qui  exhorte,  en  imperatif  qui  soUicite. 

(i)  Ibid.,  p.  i3.  — (2)  Ibid.,  p.  16. 
(S)  Ibid. ,  p.  19  et  siiiv.,  p.  aS  et  siiiv. 


DE  L'AMERIQUE  DU  NORD.  3i3 

Dans  ce  mode,  un  superieur  commande  ,  un  ami  engage,  et 
un  conpable  supplie. 

Le  3*^  est  VoptatiJ'. 

Le  4^  est  le  suhjonctif,  ou  plutot  le  suppositif;  c'est-a-dire, 
lorsque  Taction  est  siipposee  etre,  ce  qui  pent  avoir  lieu  de 
trois  nianieres  differentes,  ayant  chacune  leur  conjugaison  par- 
ticuliere,  savoir  : 

Une  chose  eta nt.         SI  elle  etait.         Quand  elle  est. 

Le  5^  est  Yin/inilif  (\u\  exprime  I'accomplissement  d'une  ac- 
tion, sans  designation  de  peisonne,  ni  de  terns. 

Dans  d'autres  langues  que  le  natik ,  il  y  a  des  inflnitifs  de  plu- 
sieurs  especes. 

Ces  diverses  modifications  du  verbe  se  multiplient  par  Ics 
formes  des  differens  terns  et  par  celles  des  personnes. 

L'indicatif  a  trois  singuliers  et  trois  pluriels  qui  sont,  pour 
le  tems  du  present  : 

Premier  singulter. 
Je  te  prends.     Je  le  prends.     Je  vous  prends.     Je  les  prends. 

Deuxierrie  singitlier. 
Tu  me  prends.     Tu  le  prends.     Tu  te  preiids.      Tu  les  prends. 
Troisieme  singulier. 
II  me  prend.  II  nous  prend. 

II  te  prend.  II  vous  prend. 

II  le  prend.  II  les  prend. 

Il  en  est  de  meme  pour  les  trois  pluriels. 
II  existe  encore  d'autres  conjugaisons  pour  le  meme  tems, 
comme  le  present  negatif  : 

Je  ne  te  prends  pas.  Je  ne  le  prends  pas,  etc. 

Le  present  intcrrogatif: 

Est-ce  que  je  te  prends?  Est-ce  que  je  le  prends?  etc. 

Ces  nombreuses  formes  du  verbe  sont  encore  augmentees  par 
un  mode  du  verbe  qu'on  pent  appeler/>or«?/?//e/,  et  qui  consist*^ 


3i4     NOTICE  SUR  LA  LANGUE  DES  SAUVAGES 

a  considererractionconimcetant  dans  lapossibilite  d'etre  accom- 
plie.  Ainsi,  il  fiiut  compter  trois  autres  tems  presens  ,  qui  sont  : 

Je  te  puis  prendre.     Je  ne  puis  pas  te  prendre.     Puis-je  te  prendre  ? 

Ayant  chacun  trois  singuliers  et  trois  pUiriels. 

Il  existe  encore  d'autres  formes  simples  du  tems  present, 
telles  que : 

Laisse-moi  te  prendre. 

Je  suis  cause  que  tu  me  prends. 

Je  ne  suis  pas  cause  que  tu  me  prends,  etc. 

L'infinilif,  qui  a,  comme  tous  les  autres  tems  du  vcrbe,  les 
deux  modes  alfirmatif  ct  negatif ,  se  conjugue  de  la  mantere 
suivaute  : 

Singulier. 

Me  prendre.  Te  prendre.  Le  prendre. 

Pluriel. 
Nous  prendre.       Vous  prendre.       Les  prendre. 

Mode  negatif. 
Sing.  Ne  pas  me  prendre,  etc.     Plnr.  Nepas  nous  prendre,  etc. 

On  voit  par  cet  apercu  ,  que  la  multiplicite  des  formes  du 
verbe  dans  les  langues  des  sauvages  de  I'Amerique  est  presque 
infinie. 

Les  autres  mots  sont  egalement  susceptibles  de  se  modifier 
en  un  grand  nombre  de  formes  varices  pour  exprimer  les  dif- 
ferentes  modifications  d'une  idee  et  toutes  ses  combinaisons 
avec  des  idecs  accessoires. 

On  a  vu  que  le  nom  devenait  verbe  a  volonte ;  il  est  egale- 
ment facile  de  rendre  le  verbe  substanlif  dans  tous  les  tems, 
soil  au  singulier ,  soil  au  pluriel ;  ainsi , 

Oiianpis  ,  signifie  blanc.  Kotioumpis  ,  vous  dies  blanc. 

A'ououmpis  ,  je  suis  blanc.  Koiioiiinpiss«riA  ,  votre  blancheur. 

Nouoiimpissoiih,  nia  blancheur. 

Dans  le  humn ,  dialecle  de  I'iroquois  :  <i  voir  uiic  pierre  et 


DE  L'AMERIQUE  DU  NORD.  3i5 

voir  un  homme  sont  deux  verbes,  i>  dit  Charlevoix.  II  se 
trompe;  ce  sont  deux  modes  du  meme  veibe.  Les  ternies  rela- 
tifs  a  un  voyage  sont  differens,  s'il  a  ete  fait  par  terre  ou  par 
iner.  Les  verbes  actifsse  modifient,  a  inesure  que  de  nouvelles 
choses  toaibenC  sous  leui'  action.  Le  vcrbe  manger,  par  exem- 
plc ,  varic  aiilant  de  fois  qu'il  y  a  de  comestibles,  auxquels 
on  Tajiplique  (i). 

M.  Duponceau  parle  d'line  grammaire  manuscritcc/«?  la  lan- 
gue  Delaware ,  par  Zeisberger,  dans  laquelle  on  trouve  un 
plus  grand  nombte  de  modifications  dn  verbe  (a).  II  emit 
que,  dans  les  idiomes  du  sud  ,  la  conjugaison  est  encore  plus 
etendiie  (3). 

Jarvis  nous  apprend  que  les  verbes  floridiens  ont  un  duel  (4); 
il  est  probable  que  des  recherclies  ulterieures  feront  decouvrjr 
['existence  du  duel  dans  les  autres  langues  de  I'Amerique  qui 
n'auront  pas  perdu,  par  le  laps  des  tems,  ou  par  I'ignorance 
dessauvages,  cette  richesse  grammaticale,  commune  an  grec  et 
au  Sanskrit. 

L'esprit  se  perd  devant  la  multitude  d'idees  exprimees  par 
les  nombreuses  modifications  d'un  meme  mot,  qui  se  raultiplie 
presque  a  I'infini  au  moyen  d'une  classification  simple  et  regu- 
liere,  composce  de  modes,  de  tems,  de  personnes,  d'affirma- 
tion  ,  de  negation,  de  transition,  etc. 

Dans  les  langues  du  nord,  conime  dans  celles  du  sud,  on 
remarque  une  egale  richesse  d'expression  ,  non-seulcment  pour 
les  objets  physiques,  mais  aussi  pour  toutes  les  idees  ayant 
rapport  a  la  morale  et  a  la  metaphysique.  Le  pere  Zanteno 
donne,  dans  sa  grammaire,  p.  5i,  sept  noms  de  la  langue  de 

(i)  CaxViLT.yoix ,  Joiinuil  /listoritjue  ,  p.  197. 
(a)  Grammaire  de  M.  /.  Eliot.  Notes  ,  p.  xxii. 

(3)  Ibid.,  Notes,  p.  xxiv. 

(4)  yf  Discourse  on  the  leligion  of  the  indian  tribes  of  north  Ame- 
rican,  delivered  before  the  New-York  historical  Society,  decembtr  20. 
1819;  by  Samuel  Fa;Tnar  J  kri,\js.  New- York  ,   1820.  Page  83. 


3i6     NOTICE  SUR  LA  LANGUE  DES  SAUVAGES 

Houastecan  (  Nouvelle  Espagne  }  qui  expriment  I'amour,  coii- 
sidere,  sansdoute,  sous  aiitant  de  rapports  differcns. 

La  pkipart  dcs  ecrivains  nous  discnt,  en  parlant  de  I'lndc, 
que  les  peuples  de  ce  pays  ont  uii  ijrand  nonibre  dc  mors  pour 
une  meme  chose;  ce  qui  n'est  point.  Quoique  les  Hindous  aient 
plusieiirs  noms  pour  exprimer,  par  cxemple,  la  terre,  I'atmos- 
pherc,  la  lunc,  ou  le  soleil ,  qui  a  millc  noms  en  Sanskrit,  il 
n'exisle  ncanmoins  parmi  eux  aucun  synonyme.  Tons  ces  noms 
represcntent  bien  ,  a  la  vcrite,  une  memo  chose,  mais  conside- 
ree  sousautantde  points  de  vue  diffJrens;  comme  on  leverra, 
au  mot  Shanimaddra  ,  dans  mon  dictionnaire  hindou.ttani. 

Toutes  les  langues  de  I'Amerique  sont  remarquables  par  une 
metliode  simple  ct  rci^^uliere  qui  serf  a  composer  los  mots  au 
moyen  de  racines,  qui  se  modifient  en  se  combinant.  C'est  un 
procede  admirable  pour  abreger  le  discours  et  pour  exprimer 
beaucoup  d'idees  en  peu  de  mots.  Ces  idiomes  se  recomman- 
dent  encore  par  la  douceur  et  I'harmonie  qui  resultent  de  syl- 
labes,  ou  racines  sans  valeur,  n'ayant  d'autre  fonction  que 
celle  d'adoucir  le  laugage  en  s'interposantentre  deux  sons  des- 
agreables.  Ce  qui  a  lieu  egalement  pour  le  Sanskrit  et  autrcs 
langues  de  Tlnde. 

Ainsi,  ces  mots  cites,  comme  etant  d'une  longueur  demesu- 
ree  par  des  vnyageurs  qui  ignoraient  le  mecanisme  savant  dc 
ces  langues,  sont  des  membres  de  phrases  et  parfois  des  phra- 
ses entieres  ,  et  non  point  «  des  mots  simples  composes  au 
hasard,  par  le  caprice  de  gens  sans  idees;  ni  de  longues  peri- 
phrases employees  naturellement  par  des  sauvagcs;  encore 
moins  les  ebauches  grossieres  d'un  peuple  qui  n'est  pas  encore 
arrive  aux  premieres  notions.  » 

lis  sont,  au  contraire,  les  eleraeris  du  discours  reduits  a  leur 
plus  simple  expression  et  pouvant  se  combiner  eutre  eux  dans 
tons  les  sens,  et  avec  la  ])his  grande  facilite.  lis  offrent  cnfin 
I'analyse  la  plus  parfaite  et  la  synthese  la  plus  philosophique 
du  discours,  et  sont  un  produit  phiiologique,  bien  supericur 
a  notre  essai  de  langue  chimiquc,  composec  de  mots  dont  la 
signification  arbitraire  n'a  pas  toujours  un  rapport  direct  avec 


DE  L'AM£RIQUE  DU  IVORD.  3 17 

les  clemens  empruntt-sdu  grec;  cc  qui  forme  parfois  un  anial- 
ijamecle  racines  simples  avec  des  mots  disparates  (i). 

Uue  langue  aussi  perfectioiinee  ne  peut  etre  I'ouvrage  que 
d'un  peiiple  parvenu  a  une  tres-haute  civilisation.  C'est  un  mo- 
nument precieux  do  la  plus  haute  antiquite  ,  que  Ton  n'a  point 
su  d'abord  apprecier  ,  parce  qu'il  a  etc  juge  trop  precjpitam- 
ment,  sur  de  premiers  apercus  superficiels  et  inexacts. 

Parmi  Ics  ecrlvains  qui  se  sont  occupes  des  langues  de  I'A- 
merique,  plusieurs  ont  trouve  qu'elles  avaient  du  rapport  avec 
I'hebreu ;  de  ce  nombre  sout  M.  Eliot,  le  D*"  Mitchill,  de 
New-York  et  divers  missionnaires.  Nasci,  juif  de  Surinam, 
disait  a  Malouet,  «  que  le  Galibi,  langue  de  toutes  les  peupla- 
des  de  la  Guyane,  est  douce,  agreable,  abondanteen  voyelles, 
ainsi  qu'en  synonymes ,  et  que  la  syntaxe  on  est  tres-reguliere. 
Cejuifa  trouve,  ajoute  Malouet ,  que  tous  les  siibstantifs  de 
cette  langue  sont  hebraiques.  » 

Cependaut,  le  savant  professeur  Vater,  successeur  d'Ade- 
lung  et  continuateur  du  Mithridates,  le  plus  grand  ouvrage  que 
Ion  ait  jamais  entrepris  en  faveur  de  I'etude  des  langues,  pense 
que  les  idiemes  americaius  n'ont  d'analogie  en  Europe  qu'avec 
le  basque,  en  Asie  avec  le  tchushtschi ,  et  en  Afrique  avec  le 
Congo. 

D'apres  I'expose  rapide  que  je  viens  de  soumettre  aux  re- 
flexions du  lecteur,  il  s'est  deja  apercu  que  les  langues  de 
TAmerique  n'ont  plus  rien  de  commun  avec  I'etat  actuel  des 
peuples  de  ce  pays;  elles  appartiennent  a  une  tres-grande  ci- 
vilisation ;  c'est  un  debris  precieux  du  naufrage  des  generations 
anterieures.  Malheureusement,  ks  nations  sauvages  dont  le 


(i)  Je  suis  bien  eloigne  de  ne  pas  reconnaitre  tout  le  merite  des 
saviins  qui  ont  enrichi  notre  langue  des  terines  philosophiques  de  la 
chiinie  tnoderne.  Je  ne  parle  que  comparativement  a  ce  qui  existe 
ailleurs  dans  un  autre  genre.  La  preuve  que  cet  essai  des  njodernes  est 
bien  imparf^iit,  c'est  qu'il  est  modifie  chaque  jour  par  les  nou- 
vellec  decouvertes  de  la  cbiniie. 


3i8     NOTICE  SUR  LA  LA.NGUE  DES  SAUVAGES 

nombre  decroit  cliaque  jour,  a  mestue  que  la  population  eu- 
ropeenne  s'etend,  laissent  pcrdre  de  plus  en  plus  ces  testes  des 
anciennes  connaissances  philoloi^iques.  C'est  pouiquoi  on  iic 
saurait  trop  desirer  que  les  societes  savantes,  repandues  dans 
les  Etats-Unis,  principalenncnt  celle  de  Philadelphie  ,  publient 
les  manuscrifs  precieux  qu'clles  possedent  sur  ce  sujet  qui  in- 
teresse  tant  riiistoite  philosophique  de  riiomme.  On  pent  at- 
tendre  de  leur  philantropie  bien  connue  ,  qu'elles  s'empresse- 
ront  de  communiquer  au  public  tout  cc  qu'elles  ont  recueilli 
d'inleressant  a  cet  egard. 

Get  immense  resultat  de  la  grammaire  savante  des  anciens 
peuples  qui  ont  precede  en  Amerique  I'existence  des  peuplades 
sauvages  de  ce  pays,  se  retrouve  dans  le  sansJirit ,  dont  les 
mots,  composes  de  racines,  ou  d'elemens  simples,  se  combinent 
et  se  modifient  a  I'infini,  exprimant  d'une  maniere  claire  et 
precise ,  el  avec  une  harmonie  douce  et  sonore ,  toutes  les  idees 
et  les  nuances  d'idees  qui  peuvent  se  presenter  a  I'esprit. 

Une  difference  remarquable  entre  les  langues  des  deux  pays, 
estTabsence  dans  celles  d'Amerique,  du  verbe  substantif  eV/e, 
exister ;  esse,  sum,  qui  est,  dans  I'ancien  nionde,  le  canevas 
sur  lequel  tons  nos  verbessont  tissus.  Les  langues  d'Amerique 
possedent  le  verbe  sto  ,  etre  quelque  part,  .stare  (i),  ternie  qui 
appartient  au  Sanskrit,  comme  on  pent  le  voir  au  mot  stem  du 
recueil  des  etymologies  indiennes.  Molina,  dans  sa  grammaire 
de  la  langue  othomi ,  parle  d'un  verbe  qu'il  rend  par  sum  ,  es , 
fui;  mais  le  savant  M.  Duponceau  pense,  et  je  crois  avec  rai- 
son,  que  c'est  une  erreur,  et  qu'il  s'agit  du  verbe  qui  corres- 
pond ii  celui  de  stare  et  nonpasdu  verbe  e^r^^.ZANXENOassuie 
que  ce  dernier  manque  aux  Mexicains.  M.  Heckew alder  et  plu- 
sieurs  autres  voyageurs  ont  egalement  remarque  qu'il  n'existe 
point  dans  les  langues  dont  ils  se  sont  occupes.  Pluslcurs  niis- 
sionnaires  se  sont  trouves  embarrasses  pour  rendre  le  passage 
del'evangilc  :  ego  sum  qui  sum ,  en  anglais,  I  am  that  I  am. 

(l)  Transactions  of  the  li^toricaL  and  literary-  comtnillee  of  the  yline- 
rican  philosophical  Society  he/flat  Philadelphia.  iSrg.  T.  I,  p.  XL. 


DE  L'AMERIQUE  Dll  NORD.  iig 

Dans  le  basque,  la  seule  langiie  d'Europe  qui  aitoffertdes 
rapports  avec  celles  de  I'Amerique ,  les  verbes  elre  et  avoir , 
sont  frequemment  employes  pour  conjuguer  les  autres  verbes. 
II  en  est  de  meme  du  Sanscrit  et  autres  langues  de  Tlnde  dans 
lesquelles  le  verbe  ecre  forme  la  terminaison  de  tous  les  ver- 
bes, a  Texception  de  quelques-uns  qui  se  conjuguent  au  moyen 
des  verbes  auxiliaires  /aire  ,  donner,  etc. 

Ce  qui  etonne  ,  dans  I'etude  de  Thomme  en  Amerique,  c'est 
que  la  richesse  des  langues  de  ce  pays,  bien  superieure  a  la 
ferlilite  de  son  sol,  se  soit  conservee  durant  line  'ongue  suite 
de  siecles ,  sans  le  secoars  d'aucun  livre,  meme  sans  celui 
de  I'ecriture.  II  est  impossible  que  la  transmission  orale  seule 
n'ait  pas  considerablement  altere  la  delicatesse,  I'abondance  et 
la  regularite  deces  langues  depuisle  laps  de  terns  que  ces  peu- 
plades  sont  tombees  dans  I'etat  sauvage.  Quelles  ont  du  etre 
leur  immense  etendue,leur  etonnante  superiorite  dausleslivres 
du  peuple  instruit  qui  les  a  perfectionnees? 

N.  B.  Get  article  est  extrait  d'un  Recueil  d' etymologies  indien- 
nes,  faisant  partie  d'une  Grainmaire  et  d'un  Dictionnaire  hin~ 
douslani ,  par  M.  /.  Morekas  (i). 


(i)  Le  Recueil  inedit  d'oii  cet  article  est  tir6  doit  ^tre  public  in- 
cessarament. 


II.  ANALYSES  D'OUVRAGES. 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

Theorie  du  navire,  par  M.  le  marquis  de  Poterat, 
capitaine  de  vaisseau  ,  etc.  (i). 

L'ouvrage  que  nous  annoncons  est  soumis  au  jugement  de 
I'Acadeniie  des  sciences;  mais  la  decision  de  ce  corps  savant 
pent  litre  attendue  encore  assez  long-terns.  Ces  delais  inevi- 
tables ,  et  que  I'organisalion  des  Academies  ne  pent  abreger  , 
font  neannaoins  un  tort  reel  aux  bons  ouvrages,  et  au  public 
qui  en  eut  fait  plus  tot  usage,  s'il  eut  connu  leur  merite  en  meme 
terns  que  leur  apparition.  En  fait  de  lilterature,  on  ne  s'informe 
point  de  I'opinion  des  Academies;  chacun  juge  soi-meme,  ou 
adopte  de  confiance,  la  decision  de  quelques  hommes  de  lettres 
dont  il  connait  I'impartiaiite ,  les  lumieres  et  le  bon  gout :  mais 
I'autorite  de  I'Academie  des  sciences  n'est  point  contestee  ,  et 
ses  arrets  sont  defiuitifs.  Ce  n'est  qu'avec  circonspection  que 
You  se  hasarde  a  les  devancer  :  les  inconveniens  d'une  critique 
uon  meritee  ne  sont  pas  moindres  que  ceux  d'un  eloge  exagere. 
Afin  de  concilier,  autant  que  cela  nous  est  possible,  les  divers 
interets  que  nous  devons  consulter,  nous  examinerons  surtout, 
dans  cet  ouvrage,  ce  qui  n'attirera  passpecialement  I'attention 
de  I'Academie  :  il  y  a  meme,  pour  cette  sorte  de  composition, 
des  regies,  plus  senties  qu'exprimees ,  dont  I'observation  est 
rigoureusemenl  exigee ,  quoiqu'elle  ne  dispense  jioint  d'un 
autre  devoir  encore  plus  imperienx  ,  celui  d'offVir  aiix  lecteurs 
une  instruction  solide,  ct  qu'ils  puissent  acquerir  sans  de  trop 
grands  efforts. 

(i)  Paris,  1826;  Firmin  Didot  p6re  et  (lis,  riip  Taci'b  ,  n°  24. 
1  vol.  in-/)'',  avec  ties  planches;  prix  ,  3o  fr. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  32 1 

Dans  line  introduction  assez  ctendue,  I'auteur  expose  son 
but  et  son  plan,  les  difficultes  qu'il  a  rcnconlrees,  et  ce  qu'il 
a  fait  pour  les  surnioiiter.  En  pailant  de  la  theorie  do  la  resis- 
tance des  fluides,  et  dela  lenteur  de  ses  jjrogres ,  ii  assigne  a 
ces  retards  une  cause  qui  ne  sera  pas  generalement  rcconnue; 
c'est,  dit-il ,  parce  que  les  geometres  qui  se  sont  occupes  de  ces 
recherches  n'etaicnt  pas  marins ,  et  que  leurs  experiences  n'ont 
cfe  faites  que  sur  de  trop  petites  surfaces.  Mais  le  marin  Borda 
fut  au  nombre  de  ces  geometres ,  et  il  fit ,  dans  son  cabinet ,  des 
experiences  sur  les  fluides.  Lorsqu'il  s'agit  de  decouvrir  la  loi 
d'uue  classe  de  phenomenes,  on  estpresque  toujours  beaucoup 
plus  a  portee  de  la  saisir  au  moycu  d'experiences  en  petit. 
La  theorie  de  I'electricite  serait  beaucoup  moins  avancee  ,  si 
Ton  n'avait  observe  que  les  nnages  eiectriques;  le  marin  lui- 
meme  compte  sans  doute  beaucoup  plus  sur  les  niesures  qu'il 
a  prises  dans  un  terns  ordinaire  et  par  un  vent  modere ,  que 
sur  celles  qu'il  aurait  pu  saisir  en  operant,  avec  une  extreme 
contention  d'esprit,  au  milieu  d'une  tempete. 

«  L'objet  principal  que  je  me  suis  propose  ,  en  faisant  cet 
ouvrage,  ditM.  de  Poterat,  a  ete  de  traduire,  d'eclaircir  et  de 
corrigcr  VExamen  politico  y  marititno  de  don  Jorge  Juan,  afin 
de  donner  acette  belle  production  toute  la  perfection  dont  elle 
est  susceptible. »  M.  de  Poterat  ajoute  qu'il  a  conserve  le  texte, 
autant  qu'il  I'a  pu;  qu'il  n'a  rien  change  aux  planches  ni  aux 
lettres  explicatives,  non  plus  qa'aux  notations  algebriques. 
«  J'etais  bien  aise  de  rendre  cette  espece  d'hommage  a  la  pro- 
fonde  erudition  de  don  Jorge  Juan,  a  ce  savant  respectable  que 
je  dois  regarder  comma  mon  maitre,  et  auquel  j'ai  reellement 
I'obligation  do  toutes  les  connaissances  que  j'ai  acquises  dans 
cette  partie.  «  Cette  conformite  cntre  I'ouvrage  original  espa- 
gnol  et  sa  traduction  francaise  corrigce,  donne  lemoyen  de 
comparer  plus  facilement  I'un  a  I'autre  ces  deux  ouvrages : 
mais  M.  de  Poterat  a  cru  devoir  conserver  aussi  les  mesures 
dp  I'original,  c'est-a-dire  le  pied  anglais  et  la  livre  castillane. 
On  peut,  sans  doute,  prendre  la  peine  de  convertir  soi-meme 
les  dimensions  et  les  poids  en  mesures  de  notre  systeme  me- 
T.  XXXI.  —  Aout  1826.  21 


i22  SCIENCES  PHYSIQUES. 

Irique,  on  rccourir  h  ties  livres  on  ces  calculs  sont  tout  fails; 
ccpendant,  tout  Iccteur  reijrcttc  qii'oii  nc  Uii  ait  pas  cpargnc 
ce  travail,  qui  a  riiiconvenicnt  (I'iritt'rrompre  ou  Ac  ralentir 
le  coiirs  dc  pensees  ct  iles  raisonnemcns ;  ce  qui  le  rend  plus 
penible,  ou  moins  efficace. 

«  Don  Jorge  Juan  nous  fait  voir  avec  la  nicmc  clarte  I'ab- 
surdite  de  I'ancien  systeme,  suivant  Icquel  on  mesurait  la  re- 
sistance qu'un  corps  eprouve  dc  la  part  du  tluidc  dans  lequel  il 
se  meut.  En  effet,  ce  marin  nous  fait  observer,  avec  raison,  que, 
si  Ton  supposait  la  vitesse  du  corps  nid'e ,  en  vcrtu  d'un  pareil 
systeme,  le  fluide  n'exercerait  plus  aucune  resistance  sur  ce 
corps,  et  par  consequent  aucune  pression  ,  principe  dont  I'ab- 
surdite  saute  aux  yeux,  quand  bien  meme  cettc  absurdite  ne 
serait  pas  conslatee  par  les  experiences  physiques.  »  Ici  I'incor- 
rection  du  langage  a  produit  tous  ses  mauvais  effets.  L'auteur 
espagnol  a  mal  expose  la  doctrine  qu'il  combat,  et  son  raison- 
nement  ne  portc  que  sur  une  meprise  qu'il  devait  eviter.  II  nc 
pent  etre  absurde  de  dire  que  la  resistance  an  niouvement  doit 
cesser  avec  le  mouvcment;  et  contre  un  corps  en  repos,  une 
pression  n'est  pas  une  resistance,  mais  une  action  qui  doit  eire 
contrebalancee  par  une  action  egale  et  directcment  opposee , 
si  le  corps  demeure  effectivement  en  repos.  II  est  facheux  que 
les  discussions  sur  les  mots  viennent  occuper  une  place  destinee 
a  I'exposition  des  choses.  Lorsqii'un  corps  est  en  mouvement 
dans  un  fluide,  les  pressions  qu'il  en  eprouve  sont  inegales; 
il  s'agit  par  consequent  de  mesurer  leur  rcsultante  et  de  deter- 
miner sa  direction.  C'est  cette  resultante  qui  est  la  resistance  , 
et  qui  en  prend  le  nom ;  elle  devient  nulle  dans  le  cas  d'equi- 
libre;  ces  notions  n'ontrien  d'absurde  ,  a  moins  que  la  meca- 
nique  tout  entiere  ne  soit  un  abus  du  raisonnement. 

M.  de  Poterat  a  rectifie  des  errcnrs  de  calcul  echappees  ii 
I'attention  de  l'auteur  espagnol,  tt  que  son  traductcur  (M.  L'E- 
veque)  n'^vait  pas  fait  disparaitre.  II  ecrivait  pour  les  navi- 
gateurs ,  au  lieu  que  don  Jorge  Juan  s'est  occnpe  principalement 
des  constructions  navales.  Get  aspect  different  sous  lequel  I'un  et 
I'autre  ont  considere  leur  objet  commun ,  iniposait  au  marin 


SCIENCES  PHYSIQUES.  3a3 

Ftancais  I'obligation  dc  changer  totalement  I'application  de  la 
theorie,  ct  par  const-qucnt  la  fin  de  I'ouvrage.  «  J'ai  cru  devoir 
faire,  en  faveur  des  marlns,  ce  que  don  Jorge  Juan  avail  fait 
pour  les  constructenrs,  ct  je  m'y  suis  detennine  d'autant  plus 
volontiers,  que  jc  me  trouvais  aide  dans  cettecntreprise  par 
<juatorze  annees  consecutivcs  de  navigation  dans  piesquc  toutes 
les  mers  connues,  et  surtoiit  par  nies  nonibreuses  experiences 
executees  a  bord  du  vaisscaii  le  MontaTies.  En  consequence, 
je  iTie  suis  decide  a  substiUier  au  cinquieme  livre  de  I'ouvrage 
dc  don  Jorge  Juan  un  qualrienie  livre.  Je  me  suis  propose  d'ap- 
pliqiier  la  theorie  des  livres  precedens  a  rexplication  des  prin- 
cipes  qnipeuvent  servir  de  guide  dans  les  differenles  manoeuvres 
et  dans  les  operations  qui  s'execnteiit  joiunellement  a  bord  des 
vaisseaux.  «  Ce  livre  est  imprime  a  part  (i).  L'auteur  consacre 
un  premier  chajiitre  a  I'arrimage  des  vaisseaux,  ou  a  la  distri- 
bution des  differens  poids  dont  la  charge  est  composee.  U  pense 
que,  pour  les  vaisseaux  du  commerce,  cette operation  ne  merite 
pas  que  Von  s'en  occupe  serieusement ,  et  les  raisons  qu'il  en 
•lonue  attestant  qn'il  est  beaucoup  plus  occupe  des  vaisseaux 
de  guerre  :  il  ne  parle,  au  sujet  de  la  marine  marchande,  que 
de  la  disposition  de  la  charge  relativemcnt  a  I'ordre  des  pesan- 
teurs  specifiqnes  ,  ce  qui  effectivement  ne  peut  echapper  a 
pwrsonne;  mais  il  ne  dit  rien  de  la  distribution  des  poids  dans 
Ic  sens  de  la  longueur  du  navire  ,  ce  qui  eut  aussi  merite  quel- 
ques  observations  et  quelques  preceptes.  Au  reste,  il  est  evi- 
dent que  la  plus  grande  parlie  de  ce  qui  concerne  les  vaisseaux 
de  guerre,  quant  a  leur  arrimage,  peut  etrc  appliquee  ,  avec 
<le  legeres  modifications ,  aux  batimens  du  commerce. 

Les  deux  chapitres  suivans  sotit  consacri's  a  deux  operations 
opposecs ,  ramarrnge  et  rapparcilinge.  Le  quatrieme,  beaucoup 

fi)  Traite  pratique  a  i'tisagrt  des  marins,  contenant  la  description 
des  operations, rnoiivemens  et  mancBuvres  qui  out  lieu  journellement 
a  bord  des  vaisseaux,  etc.  Paris,  1S26;  Firaiin  DI:lot.  In-8°(Voy. 
itcv.  Euc.^  X.  XXX,  p.  755.  ) 


3a4  SCIENCES  PHYSIQUES. 

plus  aboudant  en  preceptes  et  en  applications  dc  la  theorie, 
enseigne  la  maniere  d'orie/iter  les  voiles,  les  diflcrenles  posi- 
tions dans  lesquelles  elles  poiivent  se  tionvcr  a  I'egard  du  vent; 
on  apprend  h  les  hisser  et  a  les  amcner ;  a  les  border ,  a  les  car- 
guer ,  etc.  L'auteur  passe  ensnite  aux  viremens  tie  bord ,  aiix  in- 
clinaisons  que  prennent  les  vaisseaux  parractiondu  vent  sur  les 
voiles,  a  I'art  de  les  goiivernei" ,  aux  experiences  qne  Ton  pent 
faire  a  bord  pour  ameliorer  leur  marche ,  anx  precautions  a 
prendre  centre  les  coups  de  vent  ou  de  mer,  ou  contre  ces  deux 
dangers  reunis  :  il  termine  par  la  maniere  de  metlre  a  la  cape 
et  en  panne.  Ces  Ucons  de  rexpeileiicc  sont  loiijours  profi- 
tables,  et  toujcurs  recues  avcc  reconnaissance. 

Nousavonsparle  de  I'introduction  etdu  dernierlivre;  voyons 
maintenant  ce  qui  occupe  I'intervalle  entre  ccsdeiix  extremites; 
et  forme  a  pen  pres  les  quatre  cinquienies  de  I'ouvrage ,  c|ans  le 
premier  volume  M.  de  Poterat  donne  un  traite  de  inecanique  a 
I' usage  de  la  marine ,  ce  dont  il  cut  pu  se  dispenser;  car  nous 
ne  manquons  point  de  bons  traites  do  cette  science ,  et  son  litre 
(  Theorie  du  navire)  avertit  sufGsammcnt  que  son  livre  n'est 
pas  fait  pour  ceux  qui  ne  sont  pas  munis  de  toutes  les  connais-' 
sances  qu'il  suppose.  Puisqu'il  a  juge  a  propos,  soit  comme  tra- 
ducteur ,  soit  comme  auteur  ,  de  nous  donner  un  traile  de  plus? 
nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  le  comparer  k  ses  devanciers, 
et  d'examiner  s'il  a  fait  faire  quelqnes  pas  de  plus  a  la  science  ou 
a  I'enseignement. 

Dans  les  premieres  definitions,  les  mots  force  in  nee  rempla- 
cenl  celui  d'inertie  qui,  en  effet ,  devrait  etre  baani  de  la  lan^ue 
des  sciences.  Mais  la  nouvelle  expression  manque  aussi  de  jus- 
tesse.  La  maniere  d'etre  des  corps  qui  conslitue  cette  propriele  , 
si  toutefois  on  peut  meme  lui  donner  ce  nom,  n'est  point  une 
force,  toute  force,  ou  cause  de  mouvement,  a  une  direction  et 
une  quantite  ou  energie  determinee  :  cel!e-ci  n'a  ni  I'une  ni 
I'autre;  c'est  une  creation,  non  de  I'analyse  des  choses  et  des 
faits  qui  conduit  toujours  a  des  connaissances  ,  mais  de  la  me- 
taphysique  qui  jette  trop  souvent  hors  de  la  voic  des  sciences. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  SaS 

L'ancieniic  denomination  leparait  plus  loin  ,  lorsqu'il  est  ques- 
tion des  inotneiis  d'incrlie  ;  on  n'a,  par  consequent ,  rien  gagne 
en  la  changeant. 

La  Theorie  rnecanique  des  Jluides  devait  etre  trailee  plus  lon- 
guenient  que  la  rnecanique  generale.  \J hjdrostatique ,  renfermee 
dans  uii  cliapitre  fort  court,  exigeait  peut-efre  un  peu  plus  de 
developpemens ,  quoique  le  marin  ail  surtoutbesoin  de  bien 
posseder  la  science  des  Jluides  en  tnouvernent :  les  questions  trai- 
tees  dans  cet  ouvrage  sont  celles  dont  la  theorie  du  navire  ne 
pout  so  passer :  mais,  dans  ce  cas,  un  peu  de  superflu  n'aurait 
pas  etc  blame;  pout-etre  mcme  devait-il  etre  considere  comme 
necessaire  ;'a(in  ti'avoir  la  ceititude  que  Ton  n'a  rien  neglige 
de  ce  qu'il  faut  savoir,  la  prudence  conseille  d'apprendre 
quelque  chose  de  plus.  Un  navire  est  une  machine  tellement 
compliquee,  que  toutes  les  applications  de  la  rnecanique  s'y 
trouvent  a  peu  pres  reunies,  avec  toutes  leurs  difficultes.  L'of- 
ficier  de  marine  qui  sera  jaloux  de  bien  connailre  son  vaisseau 
choisira  le  traite  de  mecanique  le  )3lus  complet;  il  etudiera  la 
science  des  machines  en  general ,  afin  d'en  faire  une  application 
plus  sure  aux  nombreuscs  machines  qu'il  emploie  :  il  ne  deman- 
dera  point  que  le  tems  de  ses  etudes  soil  abrege,  pourvu  que 
rien  ne  manque  a  son  instruction. 

Dans  le  second  volume,  les  Theories  mathematiques  sont  ap- 
piiquees  a  Tart  de  la  construction  des  vaisseaux  et  des  ma- 
chines destinees  a  les  faire  mouvoir  et  a  les  gouverner ,  aux 
actions  el  aux  mouvemens  qu'on  leur  imprime.  On  regreltera 
que  beaucoup  de  calculs  soient  relatifs  aux  formes  et  aux  di- 
mensions des  navires,  tels  qu'ils  etaient  il  y  a  plus  de  70  ansj 
inconvenient  que  I'on  ne  pent  6viter,  lorsqu'on  reproduit 
d'anciens  ouvrages.  Il  est  vrai  que  les  changemens  introduits 
paries  applications  de  sa  science  n'affectent  point  les  Theories, 
et  que  le  but  de  cet  ouvrage  est  d'exposer  la  Theorie  du  navire; 
mais,  des  qu'il  s'agit  de  calculs  numeriques,  les  donnees  de 
ces  calculs  devraient  etre  u^uellcs  :  aucun  motif  ne  senible 
justifier  le  choix    de  celles  qui  sont  tombces  en  desuetude. 


3a6  SCIENCES  PHYSIQUES. 

L'ouviage  de  M.  de  Potcrat  est  certaiiiement  tres-digne  d'es- 
time;  mais  il  pouvait  ctie  mieux  adapte  a  I'clat  dcs  sciuncuset 
des  arts  ot  aux  bcsoins  <lu  moment.  II  iie  sera  pouttant  pas 
inutile;  les  marins  y  trouvcront  leiinies  des  coiiiiaissances  qn'il 
faut  cherchcr  dans  plusieurs  livrcs :  des  recherches  leur  scront 
epargnees,  et  leurs  etudes,  devenuesplus  raetliodiques,  seroiit 
necessairement  on  plus  fructueuses,  ou  tcrniinees  plus  tot;  le 
desir  de  rcndre  un  tel  service  etait  biensuffisant  popr  engager 
uu  marin  aussi  iIl^.t^uil  que  M.  de  Potejat  a  les  dii iger  dans  la 
carriere;  il  a  des  droits  reels  a  leur  veconnaissiiuce,  il  I'obtiendra- 


Fkrrt. 


SCIENCES  MORALES  ET  POLITIQUES. 


Fkagmens  philosophiqoes,  par  P ictor  Cousin  (c). 

II  n'y  a  guere  de  nouveau  dans  ce  volume  que  \a.  pre/ace 
de  5o  pages  dans  laquelle  Taiiteur  expose  rapidement  I'en- 
semble  des  vues  et  des  idees  qui  lui  semblcnt  pouvoir,  jusqu'i 
uii  certain  point,  scivir  de  lien  aux  divers  hiorceaux  dont  se 
compose  le  recueil;  ce  sont ,  au  reste,  pour  la  plupart,  des  ar- 
ticles iuseres,  depuis  une  dixaine  d'annees  ,  soit  dans  le  Journal 
des  sai'ans,  soit  dans  les  j4rchwes  philosophiques.  Nous  nous 
bornerons  done  a  Texamen  du  dernicf  ecrit  de  M.  Cousin, 
comme  contenaut,  non  pas  la  doctrine  philosophique  dont  il 
est  actuellement  en  possession,  mais  la  jjariie  qu'il  vcut  bien 
nous  en  communiquer,  pour  nous  aider  a  comprendre  Xes/rag- 
mens  qu'il  public.  A  la  verite,  il  n'y  expose,  ainsi  qu'il  en  aver- 
lit  lui-meme,  que  le  systeine  qui  fit  le  fond  de  son  enseigne- 
ment,  eu  1818,  et  du  progres  de  ses  rccherches ,  depuis  i8j5, 
ou  il  fut  nomme  maitic  de  conferences  a  I'ecole  normale,  et 
professeur  suppleant  a  la  faculle  des  lettres  de  Paris,  jusqu'en 
1819  et  1820;  car  ce  systeme  ,  nous  dit-il ,  a  pris  depuis  lors, 
d'ans  son  esprit  et  dans  ses  travaux,  une  importance  dont  il  lui 
est  impossible  de  donner,  quant  a  present,  la  moindre  id^e, 
et  dont  ses  amis  seuls  peuvent  comprendre  entierement  la 
portee. 

Comme  on  voit,  M.  Cousin  se  croit,  non-seulement  auto- 
rise,  mais  appele  a  parler  de  lui-nicme  dans  cette  preface,  et 
il  declare  qu'il  le  fera,  sam  aiicune  dc  ces  precautions  de  mo- 
destie  qui  ne  valent  pas  la  simplicilc  et  la  droiture  de  V inten- 
tion. Nous  ne  bhimons  point  cette  noble  confiance  qu'un  au- 


(i)  Paris,   1826;  Sautclet.  et  C*^,  iibraiies,   place  de  la  Bourse, 
I  vol.  in-8°;  prix ,  7  fr.  5o  c. 


3a8  SCIENCES  MORALES 

teiJr  puise    dans  le   sentiment  on  dans  I'opinion  qu'd  a  de  sa 
force;  mais  on  nous  permettra  sans  doute  aussi  de  croire  qu'on 
pent  etre  modeste,  et  avoir  cependant  des  intentions  droites  et 
purcs.  Peut-etre  meme   qu'cn  reflechissant  sur  la  tendance 
constante  et,  pour  ainsi  dire,  inevitable  qvii  porte  chacun  de 
nous  a  s'cxagcrer  le  merite  el  Timportance  de  ses  travaux,  on 
pourrait  devenir  modeste  par  systeme  et  par  amour  pour  la 
verite,  ou  du  moins  regarder,  ;'\  certains  egards,  une  extreme 
deiiance  de  soi-meme  comme  un  moyen  de  succes,  dans  Ics 
recherches  de  ce  genre.  Au  reste ,  nousne  nierons  point  qu'une 
maniere  d'etre  tout  opposee  ne  puisse  eontribuer  beancoiip  a 
I'eclat  et  a  la  celebrite  d'un  cours  public;  et  chacun  sail  quelle 
reputation  M.  Cousin  s'est  acquise,  comme  professeur.  Une 
elocution  brillante  et  facile,  un  debit  imposant  et  anime,  une 
imagination  forte,  des  pensees  elevees,  des  sentimens  gone- 
reux  ,  I'accentd'une  conviction  sincere  et  profonde  :  tellcs  sent 
les  qualites  que  ses  auditeurs  se  sont  plu  a  recounaitre  en  lui ; 
or,  on  con9oit  facilement  que  I'homme  qui,  jeune  encore  ,  se 
presentait  avec  taut  d'avantages  reels,  devait  obtenir  un  im- 
mense succes  aupres  d'une  jeunesse  avide  de  connaissances, 
et  naturellement  cnthousiaste  pour  tout  ce  qui  porte  un  carac- 
tere  de  grandeur  et  de  nouveaute.  Nous  ne  sommes  done  point 
surpris  de  la  reputation  dont  il  jouit;  nous  venons  d'en  indi- 
quer  les  causes,  et  toutes  sont  honorables  pour  lui. 

Mais  sa  doctrine  philosophique  obtiendra-t-elle  par  ses 
ecrits,  pres  du  public  eclaire  et  des  vrais  apprcciateiirs  du 
merite  en  ce  genre,  la  meme  vogue  qu'ont  eue  sesleconsparmi 
les  jeunes  gens  qui  les  frequenfaient?  C'est  une  question  que 
nous  ne  pretendons  nuilement  decider;  nous  exposcrons  seu- 
lenient  avec  franchise  I'impression  que  nous  avons  rccue  de  la 
lecture  de  son  recueil,  et  particulierement  de  la  preface  qui 
est  en  tete  du  volume. 

Premierement  done,  nous  savons  gre  a  M.  Cousin  de  I'idee 
qu'il  a  eue  de  nous  donner ,  en  quelque  sorte,  I'histoire  de  ses 
pensees  et  de  sCvS  progrcs,  depuis  le  moment  ou,  sortant  a  peine 


ET  POLITIQUES.  329 

lui-meme  des  ecoles,  il  fut  appele  a  professer  la  philosophic. 
Ce  fail  nous  explique  assez  bien  comment,  avec  les  talens  na- 
tucels,  el  assurement  fort  distingues  dont  il  est  done,  ilajoue 
precisement  le  role  que  nous  lui  avons  vu  jouer,  et  fourni  la 
carriere  que  nous  lui  avons  vn  parcourir  avec  eclat.  Il  s'y  pre- 
senta,  nous  dit-il ,  avec  la  ferrae  resolution  do  reformer  les  doc- 
trines qu'il  croyait  universellement  admises  en  France;  il  no 
savait  pas  bien  encore  quel  autre  systeme  il  devait  y  subsli- 
luer;  mais,  enGn,  il  etait  decide  a  combatlre ,  et  il  arrivait  a 
sa  chaire,  comme  im  jeune  officier  sur  iin  champ  de  bataille  , 
bien  persuade  que  ses  adversaircs  ont  tort,  ct  brulant  de  se 
signaler  contre  enx. 

Il  faul  se  rappcler  que  I'universite  imperiale,  des  son  etnblis- 
sement,  avail  ete  confiee  ;^  la  direction  d'un  certain  nombre 
d'horames  d'un  merite  et  d'un  talent  incontesfables,  msis  qui 
avaient  pour  mission  particuliere  de  donner  aux  esprits  une 
impulsion  conforme  aux  vucs  do  gouvernement  d'alors,  c'est- 
a-dire  d'un  gouvernement  qui  aspirait ,  par  tous  les  moyens 
possibles,  au  pouvoir  absolu.  Aussi,  favorisait-il  avec  une 
affectation  remarquable  tout  ce  qui  tendait  a  decrier  les  opi- 
nions philosophiques  etpolitiques  du  siecle  precedent.  Les  hom- 
mes  qui  les  avaient  adoptees,  ou  qu'on  soupconnait  de  les 
adopter,  avec  ou  sans  modification,  etaient  en  butte  aux  alta- 
ques  continuelles  des  journaux  de  ce  tems-la  et  des  ecrivains 
qui  aspiraient  aux  places  et  a  la  faveur. 

Or,  c'est  precisement  sous  cette  influence,  a  laquelie  la  di„- 
rection  de  I'ecole  normale  n'etait  point  etrangere,  que  M.  Cou- 
sin y  tcrmina  ses  etudes.  II  eut  occasion  d'v  connaitre  des  hom- 
mes  de  beaucoup  de  merite  aussi,  qui  assurement  n'enlraient 
pas  dans  les  vues  du  gouvernement,  mais  qui  les  secoudaient, 
sans  le  vouloir,  ou  saas  le  savoir,  parce  que  des  motifs,  d'ail- 
leurs  fort  honorables,  ieur  faisaient  partager  la  tendance  im- 
primee  a  cette  epoque  aux  esprits.  II  etait  done  fort  naturel 
qu'un  jeune  homme,  plein  de  zele  et  d'ardeur  pour  I'etude, 
plein   d'enthousiasmc  ponr  ce  qui  lui  semblait  estimable  et 


33o  SCIENCES  I\IORA.LES 

hoDDCte,  fut  accueilli  avec  distinction  par  de  tcls  hommes,  et 
se  troiiviit  heureux  d'obtenir  un  pareil  accueil. 

Voila  comment  il  est  arrive,  siiivant  nous,  que  M.  Cousin  a 
commence  sa  carriere  de  professeur  par  dcs  atlaciues  formelles 
et  continuelles  contre  \es  doctrines  philosophiques  dc  Locke 
ct  de  Condillac,  et  comuient  on  retrouve  encore  dans  I't'crit 
que  nous  cxaniiiions  dcs  traces  dune  sorte  de  colere  contre 
cette  philosophic  et  contre  I'esprit  general  du  dix-huitieme 
siecle,  nieme  dans  la  manieredontl'auteur  cherche  aujourd'hui 
a  en  faire  I'apologii^ ,  on  a  se  soustraire  aux  restes  des  sen- 
timens  dont  il  etait  anime,  il  y  a  plus  de  dix  ans. 

«  C'estun  fait  incontestable,  dit-il ,  (  p.  iij  )  qu'en  Angleterre 
et  en  France  ,  Locke  et  Condillac...  ont  regne  sans  contradic- 
tion jusqu'a  ce  jour.  «  Et  il  ajoute  :  «■  au  lieu  de  sirriter  de  ce 
fait,  il  faut  tacher  de  le  comprendre.  »  II  est  assurement  tres- 
douteux  qu'excepte  M.  Cousin,  en  i8i5,  et  quelques  jeunes 
gens  qui  etaient  sous  la  meme  influence  que  lui,  personne  ait 
jamais  etc  tente  de  s'irriter  du  fait  dont  il  parle;  il  est,  d'ail- 
leurs ,  peu  exact  de  dire  que  la  philosophic  des  deux  ecrivains 
qu'il  cite  ait  regne  sans  contradiction  jusqu'a  ce  jour,  c'est-a- 
dire  jusqu'au  jour  oil  il  ecrivait  cette  phrase  :il  oubliait  appa- 
I'emment  qu'elle  fut  contredite  d'une  maniere  formelle  par  le 
docteur  Reidy  dans  son  premier  ouvrage,  public  il  y  a  pres  de 
soixante  ans ,  et  qu'elle  rava:itete  avant  ce  tems-la  sur  pliisieurs 
points  essentiels  par  le  celebre  Berkeley ,  par  Leibnitz ,  etc. 

M.  Cousin  dit  aussi  (  p.  iv  ) ,  «  I'esprit  du  dix-huitieme  siecle 
n'a  pas  besoin  d'apologie.  L'apologic  d'un  siecle  est  dans  son 
existence;  car  son  existence  est  un  arret  et  «n  jugement  de 
Dieumeme,  ou  Ihistoire  n'est  qu'une  fantasmagorie  insigni- 
iiante.  »  Nous  ne  pouvons  voir  encore,  dans  la  solennite  un 
peu  singuliere  de  ces  expressions,  qu'uu  souvenir  de  la  colere 
de  I'auteur,  en  i8i5,  contre  ce  malheurcux  dix-huitieme  sie- 
cle, avec  lequcl  il  ne  s'cst  pas  reconcilie  sans  quelqiie  effori. 
Enfin,  la  doctrine  de  Locke  et  de  Condillac  qu'il  appellc  une 
triste  philosophic ,  qu'il  designe  par  le  nom  de  philosophie  de 


ET  POLITIQUES.  33 1 

la  sensation ,  et  ineme,  dans  un  autre  ecrit,  par  celui  de  sen- 
sualisme,  n'est  mentionnee  par  lui  qu'avec  un  ton  de  dedain  et 
meme  de  denigrenient  tout-a-fait  injuste;  car  il  doit  savoir, 
mieux  que  personne,  que  ces  deux  ecrivains  n'out  conqjose  ui 
3es  traitcs  de  gastrononiie,  ni  des  remans  licencieux. 

En  general,  M.  Cousin  nous  a  paru,  dans  cette  preface  un 
peu  trop  orateur,  et  peut-eire  pas  assez  philosophe.  II  a  I'art 
de  presenter  les  choses  anciennes  comme  nouvelles,  et  des 
opinions  assez  eommuncs  comme  des  decouvertes  fort  impor- 
tantes.  Nous  sommes  loin  de  vouloir,  par  cette  observation, 
inculper  sa  bonne  foi ;  snais  nous  croyons  qu'il  s'est  fail  illusion 
a  lui-meme  par  la  nouveante  ,  et,  s'il  faut  le  dire  aussi ,  par  la 
Lizarrerie  de  la  langue  philosophique  qu'il  s'est  faite.  Ainsi,  il 
se  presenle,  dans  le  debut  de  son  enseigneinent,  comme  cher- 
chant  la  methode  la  plus  convenable  a  la  reforme  qu'il  se  pro- 
pose d'etablir ,  et  a  I'instruction  de  ses  auditeurs,  et  il  ajoute 
d'un  ton  solenncl  que  celle  a  laquelle  il  s'arreta,  fut  celle  «  qui 
etait  dans  I'csprit  du  tenis,  eludiee  serieusement  et  volontaire- 
ment  acceplee,  dans  les  habitudes  nationales  et  dans  ses  pro- 
pres  habitudes...  »  c'est-a-dire  la  methode  de  I'cxperience  et  de 
I'observatiou.  Or,  Bacon ,  Locke,  Condillac  n'ont  ni  employe, 
ni  recommande  d'autre  methode  que  celle-la.  Platon,  Aristote 
et  tous  les  phiiosophes  anciens  et  raodernes,  dans  toutes  les 
questions  qu'ils  out  traitees  avec  succes ,  n'ont  pas  meme  pu  en 
employer  d'autre;  car  c'est  la  seule  qui  puisse  conduire  a  quel- 
que  I'esultat  satisfaisant,  dans  les  sciences  naturelles,  ou  dans 
la  connaissance  des  faits  de  la  nature,  soit  physique,  soit  in- 
tellectuelle. 

Mais  cette  methode,  qu'il  appelle  methode  psychologique , 
puis  methode  philosophique,  et  qu'il  nous  dit  etre  aussi  la 
methode  qui  preside  encore  a  tous  ses  travaux ,  ne  regrettera- 
t-on  pas  que  M.  Cousin  ne  nous  donne  qu'un  seul  exemple  de 
I'emploi  qu'il  en  a  fait ,  et  surtout  que  cet  exemple  soit,  il  faut 
I'avouer ,  tres  -  peu  satisfaisant  ou  tres  -  peu  concluant  ?  C'est 
dans  ce  qu'il  appelle  Vanalyse  complete  de  la  raison  :  il  re- 
proche  a  Kant  d'en  avoir  abaisse  les  lois  a  n'etre  plus  que  des 


33a  SCIENCES  MORALES 

lois  relatives  a  la  condition  luimaine;  il  se  felicito  d'avoir  dc- 
montre  que  les  lois  de  la  raison  humaine  ne  sont  lieii  nioins 
que  celles  dc  la  roison  en  elle-m^mc ,  et  voici  comment  il 
decrit  le  piocede  qui  I'a  conduit  a  cclle  demonstration  :  «  Plus 
que  jamais  (idele  a  la  mclhode  psychologicpie,  dil  il,  au  lieu 
de  soitir  de  I'observation,  je  m'y  cnfoncai  davantage,  et  c'est 
par  I'observation  qne,  dans  I'intimite  de  la  conscience  et  a 
un  degre  ou  Kant  n'avait  paspenetre,  sous  la  rolalivile  et  la 
subjcclivite  apparenle  des  principes  necessaircs,  j'atteignis  et 
demelai  le  fait  instantane ,  mais  reel,  dc  Tapcrception  spon- 
tanee  de  la  verite,  aperception  qui,  ne  se  reflechissant  point 
immediatcnient  elle-meme,/7rtwe  inapercue  dans  les profomlcurs 
de  la  conscience ,  mais  y  est  la  base  veritable  de  ee  qui,  plus 
lard,  sous  une  forme  logique  et  entre  les  mains  de  la  reflexion, 
devient  une  conception  necessaire,  etc.  •> 

Nous  avoucrons  en  toute  humilite  notre  entiere  impuissance 
h.  compreudre  ce  que  c'est  qu'une  aperception  qui  passe  in- 
apercue; et,  si  c'est  par  un  pareil  procede  d'observation  que 
M.  Cousin  est  parvenu  a  contcmpler  sans  nuages  cetle  sphere 
des  idces  que  Platon,  dit-il ,  avait  entrevue,  il  ne  nous  est  pas 
plus  possible  de  le  suivre  dans  les  hautes  regions  oii  il  s'eleve 
que  dans  les  profondeurs  ou  il  s'enfonce. 

Nous  n'entreprendrons  done  point  de  donncr  une  idee  de 
la  suite  de  raisonnemens,  et  de  deductions  purcment  ver- 
bales,  ou  logiques,  suivant  nous,  sur  laqnclle  il  fonde  une 
solution  nouvclle  en  apparence  du  fameux  probleme  de  I'union 
des  deux  substances,  et  nous  croyons  d'autant  plus  inutile  de 
nous  y  arreter,  que  M.  Cousin  declare  lui-meme,  comme  nous 
I'avons  deja  fait  observer,  que  la  doctrine  qu'il  expose  dans 
celte  preface  n'est  qu'un  essai  de  sa  jeunesse,  el  qn'aujourd'liui 
apparemment  il  est  entre  dans  un  systenie  d'idees  ou  depensees 
tout  diiTercnt  sur  le  meme  sujet.  Nous  esperons  meme  que , 
quand  il  croira  devoir  ou  pouvoir  nous  communiquir  les 
nouvelles  decouvertes  dont  scs  travaux  et  ses  meditations, 
depuis  1819, 1'ont  mis  en  possession,  nous  y  trouverons  des 
notions  plus  satisfaisantes  et  un  langage  plus  clair  que  celni 


ET  POLITIQUES.  333 

dont  il  sf  sert  ilans  cette  preface,  ioisqu'il  dit,  par  exemple, 
en  parlant  de  Dieu  :  «  Dans  tout  et  partout,  il  rcvieut  en 
quelque  sorte  a  lui-meme  dans  la  conscience  de  I'homme,  dont 
il  constitue  indirectement  le  mecanisnie  et  la  triplicitc  pheno- 
menale,"  par  le  reflet  de  son  propre  mouvement,  et  de  la  tri- 
j)Ucite  suhstantielle  dont  il  est  I'identite  absolue. «  Ou  lorsqu'il 
ajoiite,  en  parlant  de  la  raison,  qu'elle  est  « le  mediateur 
necessaire  entre  Dieu  et  I'homme,  le  hoyoi  de  Pylhagore  et  de 
Platon,  ce  verbe  fait  chair  qui  scrt  u'interprete  a  Dieu  et  de 
precepteur  a  I'homme,  honime  et  dieu  tout  ensemble,  etc.  « 
Ces  expressions,  si  etrangement  mystiques  et  figurees,  nous 
semblent  toiit-a-fait  propres  a  obscurcir  les  questions  les  plus 
importantes  de  la  philosophic  ,  et  a  produire  chez  ceux  qui  les 
adopteraient  uue  sorte  d'illuminisme  entieremcnt  oppose  aux 
pures  lumieres  de  la  raison  et  de  la  verite. 

En  un  mot,  quoique  nous  ne  pretendions  rien  relracter  des 
justes  cloges  que  nous  avons  donnes  aux  talens  et  aux  qualites 
estiinablcs  de  M.  Cousin,  quoique  nous  reconnaissions,  dans 
plusieurs  parties  des  ecrits  qu'il  vient  de  publier,  unc  force 
de  tete  pen  commune,  et  uue  aptitude  remarquable  aux  medi- 
tations abstraites,  nous  dirons  avec  la  meme  franchise  qu'il 
nous  semble,  au  moins  dans  tout  ce  que  nous  connaissons  de 
lui  jusqu'a  f)resent,  s'etre  engage  dans  une  route  qui  ne  peut 
gnere  le  conduire  ;\  d'utilcs  decouvertes. 

Il  remarque  avec  raison  que  Vobservation  et  I'experience 
sont  les  seuls  guides  que  Ton  puissc  suivre  avec  quelque  secu- 
rite  dans  I'etude  de  I'esprit  humaiu;  mais  on  ne  trouve  dans 
ses  ecrits  presque  aucune  observation  importanle  qui  lui  soil 
propre,  et  il  parait  merae  avoir  trop  dedaigne  celles  qui  ont 
ete  faites  avant  lui.  Il  ne  voit,  dans  les  ecrits  de  Locke,  que  la 
sensation  et  la  reflexion,  c'est-a-dire  les  deux  conceptions 
generales  auxquelles  ce  philosophe  a  voulu  ramener  I'ensemble 
de  ses  travaux  ct  de  ses  meditations;  et  il  prononce  trop  lege- 
rement,  a  notre  avis,  que  Kant  a  renverse  entierement  toute  la 
philosophie  de  Locke,  parce  que  Kant  a  insiste  pins  particnlie- 
rement  siir  qtielques  considerations  quf  n'avaient  pourtant  pas 


334  SCIENCES  MOR/VLES 

entierenient  ocliappe  a  la  sagacite  de  ce  grand  homme.  II  ne 
voil  dans  Condillac  que  la  sensation  transformee ,  c'est-a-dire 
I'abtis  des  mots  par  Icqud  cot  ccrivain  a  pretendn  ramener  a 
I'linitc  la  somnie  dcs  faits  qui  constituent  Ics  facultes  de  I'enten- 
dement :  el  il  ne  s'apercoit  pas  que  cost  par  un  abus  du  nieme 
genre  qu'il  arrive  lui-menie  a  la  pretcnduc  unite  de  substance 
qui  fait  le  fonds  de  son  systeme. 

Cet  abus  des  terines  generaux  fut  toujours  recneil  ou  vinrcnt 
cchouer  les  auteurs  des  systemes  de  nietaphysique,  et  M.  Cou- 
sin ne  nous  parait  pas  avoir  mieux  reiissi  que  ses  devanciers  a 
I'eviter.  Vainement  il  afiirme,  en  parlant  de  la  solution  qu'il 
donne  du  faineux  probleme  qu'il  entreprend  do  resoudre  ,  que 
le  terns  ni  In  discussion  ne  I'ont  point  encore  cbrnnlee ;  nous 
lui  ferons  remarquer  qu'un  intervalle  de,  sept  ou  hnit  ans, 
pendant  lesquels  son  systeme  n'a  pu  etre  connu  que  de  luiet  de 
quelques-uns  de  ses  amis  ou  de  ses  disciples,  et  discute  par  eux , 
n'autorise  assurement  pas  la  confiance  implicife  qu'il  semble 
prendre  dans  Ic  jui^cnient  qu'il  en  |)orte. 

Nous  ne  pouvons  done  niieux  terminer  ccs  observations 
qn'en  rappolant  a  I'auleur  des  Fmgmens  philosophiques ,  et  a 
tous  ceux  qui  s'occupent  des  memessujets,  ces  paroles  rcmar- 
quables  du  sage  I.ocke,  dont  les  ecrits  seront  encore  long-tems 
utiles,  non  seulemcnt  a  consulter,  niais  a  mediter  avec  soin  : 
«  Je  tache  de  mc  delivrer,  autant  que  je  puis  (disait-il)  de  ces 
illusions  que  nous  sommes  sujets  a  nous  faire  a  nous-memes,  en 
prenant  des  mots  pour  des  choscs.  II  ne  nous  sert  de  rien  de 
faire  seniblant  de  savoir  ce  que  nous  ne  savons  pas,  en  pro- 
noncant  de  certains  sons  qui  ne  significnt  rien  de  distinct  et  de 
posilif.  C'est  battre  I'air  inntilement;  car  des  mots  faits  a  plaisir 
ne  changent  point  la  nature  des  choses,  et  ne  peuvent  devenir 
intelligibles  tpi'aiitant  cjne  ce  sont  des  signes  de  qnelquc  chose 
de  posilif,  et  qu'ils  expriment  dcs  idees  distinctes  et  deter- 
ininees.  »  { Dc  I'Enlcndem.  hum.  1.  ii,  c.  i3,  §  18.) 


ET  POLITIQUES.  335 

EuucATiON  DOMESTiQUE ,   ou  Lettres  de  famille  sur 
V education  ;  par  M^e  Guizot  (i). 

Si  quelque  chose  depend  immediatement  de  la  marche  de 
la  societe  et  du  progres  des  esprits,  si  quelque  chose  doit  res- 
scntir  les  prompts  effets  de  leurs  variations  siiccessives,  c'est 
sans  (ionte  Xeducation.  Quand  la  societe  n'est  plus  ordonnee 
de  la  nieme  sorte  ,  quand  elle  est  regie  par  des  lois  differentes, 
quand  elle  est  animee  d'autrcs  opinions ,  la  destination  des  in- 
dividus  n'est  plus  la  menie  ,  et  il  devient  a  propos  de  donner  a 
leurs  facultes  una  culture  appropriee  a  I'etat  de  choses  ou  ils 
auront  a  vivre.  Mais,  de  tons  les  changemens ,  celui  qui  doit 
exercer  I'intlueuce  la  plus  directe  sur  I'education,  c'est  evi- 
dcmment  le  changement  des  doctrines  philosopliiques-  Lorsque 
les  idees  sur  la  nature  morale  de  rhomme  ont  varie  ,  lorsqu'on 
pense  d'autre  sorte  sur  les  procedes  de  notre  intelligence  et 
consequemment  sur  I'origine  de  nos  counaissances,  il  est  ma- 
nifesle  que  les  principes  del'enseignement  ne  peuvent  demeurer 
tels  qu'auparavant.  Nous  avons  vu  iin  grand  exemple  d'une 
pareille  revolution  dans  I'empire  de  I'intelligencc.  Des  que  la 
philosophic  de  la  sensation  se  fut  emparee  des  esprits  en  France, 
tous  les  livres  qui  n'etaient  point  oeuvre  d'imagination  se  trou- 
verenta  rcfaire.  En  effet,  sans  parler  de  cette  hardiesse  avec 
laquellc  un  besoin  insatiable  d'examen  chercliait  a  se  satisfaire, 
Tame  hnmaine,  theatre  de  tous  les  phenomenes  moraux,  ayant 
paru  aux  philosophcs  sensualistes  sous   un   aspect  nouveau, 
ayant  etc  decritu  par  eux  autrement  que  par  leurs  devanciers, 
il  fallait  indispensablement  lui  parler,  conformement  a  la  na- 
ture qu'on  lui  supposait.  La  marche  des  idees,  les  moyens  de 
convaiucre,  les  inotifs  de  croire,  tout  devait  se  mettre  en  har- 
monic avec  I'homme ,  tel  que  le  faisait  cette  philosophic.  Long- 


(i)  Paris,  i8»6;  Leroux  et  Chantpie,  libraires,  au  Palais-Pioyal, 
galcries  de  bois  ,  n°-  afiS,  a64-  2  vol.  in-8° ;  prix,  12  fr. 


336  SCIENCES   MORALES 

tems  I'aiitoiite  avail  etc  un  nioyen  de  persuasion;  citcr  des 
textcs ,  rapporter  des  faits  avail  suffi  aux  uns  pour  euseigner, 
aiix  autres  pour  croirc.  Quand  arriva  le  tems  des  grandes  re- 
bellions de  I'espril  humain,  n'ayant  pas  bien  dcmele  encore 
le  motif  de  son  mccontentement,  il  nc  commenca  point  par 
protester  contre  la  pretention  de  lui  imposcr  ses  croyances; 
il  voulut  seulcment  changer  dc  maitres.  Philosophicinemenl 
parlanl,  la  revolution  dii  xvi'  siecle  n'alla  pas  bcaucoiip  plus 
loin.  Descartes,  le  premier,  proclama  nettcmenl  ce  que  I'liomme 
avail  droit  d'exiger  avant  d'accorder  sa  conviction ;  mais,  apres 
avoir  declare  que  le  seul  prineipe  dc  certitude  et.iit  dans  la 
conscience,  ni  lui  ni  ses  disciples  ne  prirent  les  pheuomeues 
de  la  conscience  pour  sujet  dc  leurs  observations;  de  sotte 
qu'ils  n'eleverent  aucun  edilice  sur  la  base  noble  el  ferme  qu'ils 
avaient  etablie.  Vint  I'ecole  de  Locke  el  de  Condillac  :  pour 
elle,  I'ame  elait  une  puissance  neutre  el  passive;  sou  activite 
du  moins  n'avait  rien  de  vivant  el  de  volontaire;  c'etail  une 
mecanique  mise  en  jeu  d'une  fa^on  necessaire  par  Taction  des 
objets  exterieurs.  Cela  uae  fois  donne,  c'etait  dans  les  rapports 
sensuels  del'hommc  avcc  le  monde  que  tout  devait  etre  cherche  ; 
la  residaient  les  principes  universels.  L'hommc  dut  y  trouver 
sa  regie,  et  I'enfant,  quon  voulut  des  lors  persuader  el  non 
pins  seulement  commander,  dut  etre  nourri  a  ecouter  la  seule 
voix  des  sensations.  Ainsi  naquit  la  morale  de  I'interet,  et  cetle 
philosophic  n'en  ponvait  donncr  une  autre. 

Cependant,  quelle  que  soil  la  methode  dc  philosopher  qu'a- 
dopte  une  generation,  elle  ne  peut  s'y  livrer  en  aveugle;  ellci 
ne  peut  promettre  d'aller  au  hasard  partout  oii  la  conduiraient 
les  deductions  de  tel  ou  tel  sysleme.  Tout  grand  que  ptiisse 
etre  I'empire  d'une  ecole  en  credit,  il  existe  une  reserve  tacite 
el  involontaire ;  la  raison  humaine  a  des  points  fixes  qu'elle 
ne  pent  renier,  sans  s'abdicjuer  elle-meme.  Permis  a  la  philo- 
sophic de  nousy  condiiire  par  la  route  qu'elle  trouvera  la  plus 
prompte  et  la  plus  certaine ;  mais  si,  en  definitive,  elle  nous 
ecarte  de  ce  but  necessaire  ,  la  confiance  sera  bientot  retiree  a 
ce  guide  infidele.  D'ordinaire,  les  philosophes  n'ignorent  pas 


ET  POLITIQUES.  337 

que  cette  condition  leur  est  imposee ;  plutot  que  de  iie  pas  v 
salisfaiie,  ils  faussent  leurs  deductions,  et  sont  inconsequens 
pour  ne  pas  etie  absurdes.  De  la  sortirent  les  doctrines  de 
I'inleret  bien  entendu  et  de  la  syrapathie,  ajustemens  puerils 
de  la  morale  de  I'interet.  C'est  un  spectacle  curieux  que  Rous- 
seau ,  dont  le  sentiment  interieur  protestait  de  toutes  ses  forces 
contre  les  consequences  de  celte  philosophic,  luttant  avec  elle 
sans  y  pouvoir  echapper,  taut  elle  avait  une  domination  imi- 
versclle.  Toute  I'education  d'Eir.ile  est  fondee  sur  la  metaphy- 
sique  des  sensations;  c'est  dans  I'etude  et  la  combinaison  de 
Taction  exterieure  que  sont  cherches  tousles  moyens  d'instruire 
et  d'ameliorer  I'enfant ;  tandis  que,  par  une  contradiction  nia- 
Jiifeste,  Taniour  du  beau  moral  est  toujours  depeint  coninie  un 
fait  interieur. 

Depuis  beaucoup  d'annees ,  en  Allemagne  et  en  Ecosse  ,  plus 
recemment  en  France,  I'insuffisance  de  la  philosophic  sensua- 
liste  a  ete  plcinement  reconnue ;  et,  apres  avoir  regne  d'une 
facon  pour  ainsi  dire  absolue ,  elle  a  aujourd'hui  perdu  son 
autorite.  Maintenant,  les  fails  internes  sont  admis  comme  fon- 
demens  de  la  counaissance;  il  est  reconnu  que,  parmi  les  phe- 
nomenes  dont  la  conscience  est  le  theatre,  il  en  est  dont  les 
objetsexterieurs  ne  sont  ni  la  cause,  ni  I'occasion;  I'existence 
de  la  loi  morale,  comme  inherente  a  Tame  humaiue,  soit  par 
son  essence  meme,  soit  par  une  perception  necessaire  ,  est 
recue,  non  comme  hypothese,  raais  comme  fait  observe  contre 
lequel  il  serait  frivole  de  protester. 

Qui  ne  voit  combien  il  importe  qu'une  telle  philosophic 
receive  son  plus  bel  et  plus  utile  emploi,  en  procedant  a  I'e- 
ducation ?  Ne  faut-il  pas  se  hater  de  la  placer  sous  cette  influence 
salutaire?  le  caractere  divin  de  I'ame,  enseigne  de  tout  tems 
par  I'instinct  et  revele  par  la  religion,  ayant  trouve  son  rang 
parmi  les  convictions  raisonnees  et  scientifiques  ,  ce  doit-on 
pas  aussitot  le  prendre  en  contemplation,  quand  il  s'agit  de 
proceder  au  developpement  graduel  de  cette  ame,  dont  les 
droits  et  les  facultc3  ne  sont  plus  contestes? 

f  "est  la  noble  tache  que  s'est  proposee  M"""^  Gnizot  et  qu'elle 
T.  XXXI. —  Aoilt  1826.  22 


^"58  SC.IKNCES  MORALES 

a  su  digticmeiit  lemplir;  son  livrc  est  uc  au  sein  dc  cctte  ecole 
spirilualiste :  tout  pratique,  lout  matertiel  qu'il  est,  si  ron 
peut  aiusi  parlor,  il  est  pleiu  des  doctrines  elevecs  qui  com- 
mencent  ik  dominer  parnii  nous.  Mais ,  comnie  il  convenait  k 
una  fenuiie  ct  a  ur*e  mere,  elles  y  sont  h  litre  de  senlimens. 
lis  apparaissent  controles  par  la  raison,  soumis  a  I'exanien  dont 
i!s  n'onrnen  a  craindre  ,  et  cependant  faciles,  calnies  et  fermes, 
en  meme  tems  que  doux  et  animes. 

Le  principe  d'une  telle  education  ne  peut  pas  etre  I'obeis- 
sance  purement  passive,  puisqu'elle  est  destinee  h  former  des 
liommesqui  demandenti  leur  raison compte  deleurs  croyauces: 
«  Car  nos  vertus,  dit  I'auteur,  doivent  etre  a  nous,  le  fruit  de 
noire  volonte,  non  de  noire  soumissiun  a  celle  d'aulrui.  »  On 
ne  peut  pas  nou  pliisimposer  a  Tinstiluteur  I'obligation  de  de- 
montrer  sans  cesse  a  I'enfant  I'utilite  des  clioses  prescritesj  car 
cette  demonstration  serait  souvenl  impossible;  il  faudrait  pres- 
que  toujours  I'obtenir  au  moyen  de  circonstances  factices ,  et 
en  definitive  ,  elle  aboutirait  a  la  morale  de  I'inleret.  Ce  n'est 
point  la  marche  k  suivre.  Mais  cette  loi  morale,  ces  immuables 
regies  de  la  raison,  ces  eternellcs  decisions  de  la  justice,  ces 
affections  desinteressees  pour  le  bien,  cet  inevitable  sentiment 
du  devoir  qui  se  trouye  dans  I'ame  de  I'homme,  sont  en 
germe  dans  I'ame  de  I'enfant.  Ce  sont  ces  germes  precieiix  qui 
doivent  etre  cherches ,  nourris ,  cultives  ;  c'est  a  eux  qu'il  en 
faut  appeler,  ecartant  tout  ce  qui  pourrait  les  fletrir  ou  les 
corrompre;  leur  donnant  peu  a  peu  autorite  sur  la  viej  les 
instituant  conseillers  de  la  libre  volonte,  lorsque  I'un  se  tail, 
en  invoquant  un  autre;  appelant  tantot  I'affection  au  secours 
de  la  raison,  tantot  la  confiance  a  I'appui  de  la  soumission; 
enfin,  c'est  au  dedans  que  doivent  etre  trouves  tous  les  ressorts 
de  I'educalion  ,  puisque  ce  ne  sont  point  des  apparences  qu'on 
veut  etaler,mais  des  realites  qu'on  veutcreer;  puisque  cene 
sont  point  des  pratiques,  mais  des  vertus  que  Ton  desire  en- 
seigner. 

Icise  presentait  une  objection  grave  qu'allegucnt  a  la  fois  et 
des  hommes  religieux  et  des  pliilosophes.  Si  la  nature  morale 


ET  POLITIQUES.  Zlg 

tie  riiomme  rcnferme  essentiellement  de  mauvaises  dispositions, 
si  elle  a  subi  une  corruption  originelle,  I'education  ne  doit- 
elle  pas  avant  tout  etre  repressive  ;  et ,  avant  de  songer  h  faire 
germer  le  bien,  ne  faut-il  pas  s'occuper  d'exlirper  les  semences 
dii  mal  ? 

M.""'  Guizot  soumet  cette  question  a  un  examen  profond  et 
sincere;  en  effet,  Ton  voit  quelle  etait,  dans  un  livre  conCU 
comme  le  sien,  la  question  fondamentale.  Elle  se  demande 
d'abord  si  le  mal  a  une  existence  positive,  et  ce  qui  le  constitue. 
Moralement,  ce  ne  sont  point  ses  effets  qui  le  caracterisent , 
non  plus  que  ses  apparences  exterieures;  on  peut  faire  le  mal 
avec  ignorance,  avec  innocence;  il  est  le  mal  pour  celui  qui  le 
souffre,  pour  celui  qui  le  voit,  il  ne  Test  point  pour  celui  qui 
le  commet.  Quelle  est  la  disposition  d'ame  qui  fait  commettre  le 
mal  ?  voila  done  ce  qui  est  a  trouver.  Existerait-il  en  nous  une 
loi  morale  du  mal,  comme  il  y  existe  une  loi  morale  du  bien? 
avons-nous  I'une  a  accomplir,  I'autre  a  evifer  ?  remarquons 
d'abord  que  la  religion  nous  fournit  tout  aussitot  une  reponse. 
Dieu  ne  peut  etre  auteur  du  mal ;  il  le  permet,  mais  il  no  vient 
pas  de  lui.  Ainsi ,  point  de  loi  du  mal  inherente  a  notre  ame. 
Philosopliiquement ,  I'absurdite  est  palpable.  S'il  y  avait  deux 
lois  contradictoires,  elles  ne  meriteraient  pas  ce  nom;  il  fau- 
drait  de  toute  necessite  ou  detruire  la  responsabilite  morale  de 
t'hommc,  on  placer  au-dessus  de  ces  deux  prutendues  lois,  I'o- 
bligation  de  choisir  la  loi  dubien;  alors,  c'est  cette  obligation 
qui  serait  la  loi  absolue;  les  autres  seraient  contingentes  et 
accidentelles. 

S'il  n'y  a  point  de  loi  du  mal,  d'ou  vient  done  I'inipulsion 
qui  nous  y  porte  ?  d'une  part,  I'homme  n'est  point  une  pure 
intelligence  ;  il  reside  dans  des  organes  materiels:  or ,  cette  na- 
ture animee  a  des  besoins,  des  penchans,  elle  a  meme  un  ins- 
tinct animal,  susceptible  de  raisonnement  et  de  calcul,  bien 
qu'entierement  etranger  a  la  loi  morale.  De  la,  une  lutte  con- 
tinuelle  entre  les  appetits  de  la  chair,  et  cet  autre  instinct  du 
bien,  du  juste,  de  I'eternel ,  qui  est  le  propre  de  Tame,  mais 
qui  peut  y  sommeiller  obscur,  confus,  etouffe.  La  volonte 


3/io  SCIENCES  MORALES 

parfois  ne  sail  point  I'ecouter,  le  chercher  el  lui  obeir;  d'ou 
resulte  rcmploi  responsable  «e  la  liberie.  Les  perchans,  les 
besoins  do  la  natiiru  physique  n"ont  ricii  dc  coupabie  en  enx- 
memes;  ils  ne  sont  pas  le  nial,  et  ne  le  devicniiont  que  lors- 
qn'ils  s'excrcent  en  tiansgressiot)  avec  la  loi  morale.  Que  faire 
done  pour  ne  la  point  violer?  Mettre  en  lumiere  ces  prtceptes 
deposes  an  fond  de  nousmemes;  d'instinctifs  qu'ils  sont,  les 
rendre  explicites  et  positifs,  les  converlir  en  habitudes;  faire 
savonrer  les  jouissances  qu'ils  donnent,  les  appeler  h.  occuper 
et  satisfi'.irc  I'activite  humaine. 

Mais  ce  n'est  pas  de  la  niatiere  seule  que  nous  vient  ie  mal. 
Celte  loi  morale  que  nous  portons  en  nous-memes,  se  compose 
de  prescriptions  diverses,  et  parfois  contradictoires  en  appa- 
rence.  C'est  une  loi  de  toute  liberie;  on  ne  pent  lui  obeir  en 
aveu^le.  EUe  nous  fut  donnee  pour  nous  laisser  tout  le  merite 
du  bien,  tout  le  peche  du  mal.  Elle  n'a  pas,  comme  les  lois  hu- 
maines,  sa  lettre  qui  puisse  excuser  de  manquer  a  son  esprit. 
Si  je  me  venge  de  mon  enncmi,  je  ne  serai  point  adniis  a  dire 
que  Dieu  avail  place  en  moi  un  sentiment  de  justice  et  que  j'ai 
sculement  puni  le  mal.  II  me  sera  demande  si,  dans  ma  ven- 
geance, je  suis  assure  de  n'avoir  point  songe  a  cette  colere  du 
sang  que  ni'a  donnc  la  crainte,  a  ce  soin  de  conservation  qui 
m'a  inspire  un  acte  de  violence.  Et  alors  ,  pourquoi  ai-je  trans- 
gresse  la  loi  de  charile  et  de  pardon?  alors,  ou  est  mon  excuse? 

Ainsi,  la  fausse  interpretation  de  la  loi  morale,  contournee 
pour  servir  de  justification  mensongere  a  des  actes  de  I'inslinct 
materiel,  est  aussi  une  occasion  de  mal.  Toulefois,  cela  ne 
donne  pas  le  droit  de  dire  que  le  mal  existe  dans  I'homnie,  et 
qu'il  faut  Iravailler  ii  Ten  extirper.  Ici  encore,  il  nous  faut 
convenir  a\ec  I'auteur  :  «  que  le  mal  n'est  que  I'abscnce  du 
bien.  Dieu,  tout-puissant  et  tout  parfait,  nous  commande  la 
perfection.  Imparfaits  ou  inhabiles ,  nous  obeissons  mal,  ou 
nous  repoussons  ses  commandemens.  Sa  loi  nous  parait  trop 
difficile  et  Irop  dure ;  noire  paresse  demeure  en  arrierc ,  ou 
notre  indociliie  y  echappe,  L'accomplir,  serait  le  bien;  y 
manquer  ,  voila  le  mal ;  il  n'existe  nulle  part  que  dans  la  des- 


ET  POLITIQUES.  34 1 

obeistancc;  il  n'est  le  ma!,  que  parce  qu'il  n'est  pas  le  bien 
dont  I'obligation  nous  est  imposue. 

De  cette  possibilite  d'crrersur  la  loi  el  de  Tinterpreter  faus- 
sement,  quelle  est  I'indication  qui  resulte  pour  rinstituteiir  ? 
s'agit-il,  «  de  caracferes  a  rompre,  de  nature  a  dompter?  comme 
s'il  fallait  otcr  a  I'enfant  celle  que  Dieu  lui  a  faite  pour  lui  en 
donner  une  dc  la  facon  de  son  maltre.  »  Nulleraent.  Aussi, 
]\jme  Guizot  n'hesite-t-elle  point  sur  la  direction  gencrale  de 
I'education;  elle  prefere  «  rcncouragcoient  (pii  porte  au  bien  a 
la  st'verite  qui  combat  le  mal.  »  Comme  ,  selon  ce  qu'elle  a  dit, 
le  mal  est  I'absence  du  bien,  elle  s'cfforcede  si  bien  remplirla  vie 
avec  I'un ,  qu'il  y  reste  le  moins  d'espace  possible  pour  I'autre. 
n  Je  ferais  naitre  dans  ces  jeunes  coeurs  le  sentiment  qui  re- 
prime  de  honteux  mouvemens.  A  quoi  s'adresscnt  les  puni- 
tionsPades  defauts  de  vertus.  C'est  done  une  place  vide  a 
remplir,  et  la  crainle  n'y  suffit  pas.  Mes  encourageniens  au 
bien  penetreront  en  mille  lieux  ou  ne  pourrait  atteindre  la  ri- 
gueur  de  mon  autorite.  Je  ferai  connaitre  I'amour  du  sacrifice, 
quand  je  ne  pounai  reprimer  la  personnalite;  j'instruirai  a 
a  trouver  dans  le  plaisir  dcs  autres  une  joie  qui  ne  laissera 
plus  de  chances  a  la  jalousie  conlre  laquelle  tout  mou  pouvoir 
serait  sans  action.  Par  la,  et  seulement  par  la,  je  pourrai  ap- 
pliquer  a  toutes  les  actions  de  mes  enfans  cette  scrupuleuse 
exactitude  de  morale,  preservatif  dc  la  vertu  contre  les  fai- 
blesses  de  la  volonteet  les  complaisances  de  I'esprit.  Toujours 
agissant  de  la  main ,  du  coeur  et  de  la  pensee ,  toujours  en  pre- 
sence de  Dieu  qui  sans  cesse  nous  commuuique  et  nous  impose 
sa  loi ,  il  n'est  pas  une  de  nos  actions  ou  nous  n'ayons  quelque 
bien  a  faire  pour  eviter  quelque  mal.  » 

Cette  analyse  et  ces  citations  pourraient  donner  a  penser  que 
I'auteur  propose  un  systeme  d'indulgence  imperturbable,  un 
appel  continuel  a  une  raison  non  encore  developpee.  Ce  serait 
se  faire  une  fausse  idee  d'un  livre  d'autant  plus  pratique  qu'il 
est  moins  absolu.  C'est  I'indicalion  de  I'esprit  general  que  I'ins- 
tiluteur  doit  apporter  dans  I'education,  bien  plutot  qu'une 
regie  Iracee  a  sa  conduite.  La  tacheest  presentee  comme  doqce, 


34  a  SCIENCES  MORALES 

mais  non  comme  facile;  il  y  faut,  en  toute  occasion,  cxamen, 
justice  ,  precaution.  Les  circonstances  varient;  Ics  inclividusne 
sont  pas  les  niemes.  Aucun  code  ccrit  d'avance  ne  pcut  dis- 
penser I'instituteur  de  rcflechir  sans  cesse  ,  de  n'agir  qu'avcc 
un  scrupule  eclaire.  Ce  pouvoir  qui  lui  est  confie,  il  peuten 
abuser;  car  le  pouvoir  est  une  grande  source  d'erreurs,  de  Sorte 
que  ce  mode  d'education  est  une  etude  morale  pour  le  maitre , 
comme  pour  I'elcve.  «  L'experience  de  I't'ducation  a  presquc 
toujours  pour  resnltat  de  nous  enseigner  a  n'appliquer  qu'avec 
reserve  et  Icnteur  les  idees  qu'elle  aura  fait  naitre ,  ct  ;\  mesurer 
I'importance  de  chaque  chose ,  moins  par  le  but  auquel  nous 
voulons  la  faire  servir,  que  par  I'effet  du  moyenen  lui-meme. 
Ainsi,  telle  punition  appropriee  k  la  faute  sera  trop  forte  ou 
mauvaise  pour  I'enfant.  Notre  juste  severite,  en  reprimant  ua 
defaut,  pourra  risquer  d'en  faire  naitre  un  autre.  Il  faudra 
penser  »  tout,  et  nous  garder  de  la  pedanterie  dans  la  pratique, 
avec  plusdesoin  encore  que  de  I'erreur  dans  le  principe.  L'e- 
ducation  est  une  ceuvre  de  toutes  pieces,  oh  pourrait  dire  de 
toutes  mains.  Taut  de  choses  y  concourent,  sans  nous,  malgre 
nous,  que  ce  serait  une  grande  imprudence  de  ne  pas  leur  as- 
signer  une  place.  Quelle  que  soit  I'idee  qui  la  domine ,  cette 
idee  deviendra  inutile  ou  dangereuse,  si  elle  n'admet  pas  les 
hasards,  les  negligences,  les  meprises  ou  les  mecomptes,  le 
tems  perdu  ou  nial  employe,  les  notions  fausses,  recues  on  ne 
sait  d'oii,  les  mauvaises  habitudes  prises  on  ne  sait  comment. 
Ce  sont  la  des  chances  de  la  vie,  du  caractere,  del'esprit  des 
enfans ,  et  meme  des  pareias.  II  faut  avoir  prepare  le  terrain  de 
maniere  a  ce  que  tout  s'y  puisse  rameuer  a  une  bonne  fin,  mais 
sans  pretendre  tout  assujetir  a  un  systeme  uniforme  et  rcgulier.  » 
II  etait  h  propos  de  citer  ce  passage  pour  donner  une  idee 
du  ton  de  bonne  foi,  de  reserve  et  de  juste  mesiire  qui  regne 
dans  le  livre  de  M""=  Guizot.  Aux  yeux  de  beaucoup  de  gens, 
un  ouvrage  philosophique  est  d'avance  juge  inapplicable,  et , 
pour  se  servir  de  I'anatheme  recu,  bon  pour  la  theorie,  inu- 
tile pour  la  pratique.  Mais  la  theorie  n'est  impraticable  que 
quand  elle  n'est  pas  complete;  chercher  la  raison  des  choses. 


ET  POLITIQUES.  3^3 

n'est  un  moyen  de  s'eloigner  du  reel  que  lorsqu'on  n'a  pas 
iissez  bien  cherche,  lorsqu'on  a  misses  suppositions  a  la  place 
des  faits,  et  la  fantaisie  a  la  place  de  I'observation. 

Nul  des  moyens  employes  dans  I'education  n'est  done  sys- 
tematiquement  proscrit;  toussont  bons,  salon  la  cireonstance, 
selon  I'exigence  du  moment.  Seulement ,  en  se  servant  de  cha- 
cun  d'eux,  il  faut  savoir  ce  qu'on  fait  et  en  calculer  toiijours 
I'effet  n.oral. 

C'est  de  la  sorte  que  M™^  Guizot  examine  successivement 
les  divers  ressorts  que  Ton  fait  ai^ir  surl'cnfant :  \es  punilions, 
Vautorite,  {'emulation  ,  V habitude  ,  V imitation. 

Ainsi,  quant  aux  punitions,  il  faut  bien  se  garder  de  cher- 
cher  en  elles  une  influence  pareille  ii  I'infliience  des  lois  penales 
dans  la  societe. "Le  but  dela justice  socialeestde  rej^jerla  con- 
duite  exterieure;  I'education  a  surtout  pour  but  de  regler  la 
raison.  II  suffit  a  la  societe  que  I'homme  menace  de  sa  rigueiir 
sache  quelle  action  il  doit  eviter;  i!  faut  que  I'enfant  sache 
pourquoi  il  doit  I'eviter.  »  L'essentiel ,  dans  la  punition,  c'est 
done  qu'elle  s'accorde  loujours  dans  I'Ame  de  I'enfant  avec  I'i- 
dee  dejvistice;  autrement,  vous  I'instruisez  a  la  crainte  et  ne 
lui  euseignez  que  le  droit  du  plus  fort.  Voillez  aussi  h  sa  dispo- 
sition interieure,  et  n'allez  pas  substituer  aii  chagrin  qu'il 
eprouve  d'avoir  mal  fait,  le  chagrin  bien  nioins  moral  d'avoir 
ete  puni. 

Mais  I'enfant  ne  peut  comprendre  le  motif  de  tout  ce  qui 
lui  estordonne  ou  defendu  ;  faudra-t-il  done  renoncer  a  exi- 
ger  I'obeissance  sur  tant  de  points  ou  sa  raison  n'est  pas  suffi- 
samment  eclaireePIl  est  facile  de  montrcr  que  I'autorite  n'est 
pas  reduite  a  prendre  son  litre,  soil  dans  la  crainte,  soit  dans 
la  conviction  raisonnee.  EUe  s'etablit  bien  plus  sur  cette  con- 
viction generale  de  I'enfant  qui  ne  doutejamaisque  ses  parens 
ou  son  instituteur  n'aient  plus  de  lumieres  que  lui  et  ne  soient 
moins  sujets  a  se  tromper.  Il  a  a  la  fois  conscience  de  sa  fai- 
blesse  et  confiance  dans  leur  affection.  Lorsque  I'autorife  ne 
peut  proceder  par  voie  de  raisonnement,  elle  a  done  d'autres 
ressources.  M""^  Guizot  retrace,  avec  toute  la  tcndresse  d'ame 


3U  S(  1K\C.F.S  MORALES 

.Vune  iiiocv.  Ic  plus  sikr  couiine  lo  plus  iloux  aux.iliair*'  dc  cftt«r 
supivinc  MUtorilv. 

■V  Loi-sqiu-,  pour  lo  faiix^  oboir,  A  Kexprossiou  do  la  voloutc 
il  a  fallu  joiudiv  cello  du  luocoutoutomont .  il  oedo  avoc  uno 
polite  uiinoomuo.  qui  n'ost  point  do  la  oolero,  qui  nost  point 
do  la  II  Avour,  niais  lo  troublo  d"uuo  fauto.  Sos  traits  onf;uitins 
so  oontrnclont  sans  violoaco;  il  vous  it^gardo ,  il  ue  ploure 
point  eucoro;  touto  son  oxistonooost  suspouduo  ontre  los  lar- 
nu's  pres  dVclatcr  ot  I'attonto  dn  sourirtMnatoruol  qui  s'oni- 
prossoi-a  do  roparaitiv  ot  do  ramouor  la  joio  sur  oo  p;mviY  po- 
tit  vis;»^o  a  poiuo  formo  .  ot  dojii  snflisaut  pour  rovolor  uuo 
amo.  L"out"ant  sail  done  oboir ;  il  lo  sait,  dos  quil  so  sent  oxis- 
tor  autromontquo  par  desbosoinsot  dos  sensations  physiquos. 
h'/iommf  «f  vi't  pas  siniiemt'nt  tie  pain  ,  I'enfant  vit  aussi  de 
synipathio.  Son  ;Une,  dos  qu'ollo  a  pu  so  fairc  passage,  a 
(XMiuiuiniqiK-  avec  des  otros  somblablos  ik  bii ;  il  pleure,  s'il  est 
soul,  nou  quil  so  sacho  abandouno  .  mais  parce  quil  est  seul  ; 
SOS  ploursappollont  un  visa.To  ami. — 11  sora  soiuiiis  paroo  qu  il 
est  sociable.  Pauvre  petit !  Quand  il  se  trouble  d'un  roijard  so- 
vore,  ost-ct>  done  quil  ait  oprouve  ce  que  pout  ooulro  lui  le 
ressentiuient  dun  eU^e  plus  fort  .*  Oil  est  le  ui;U  quil  res,sent  ? 
II  est,  dans  ee  reijard  ,  dausci^tle  interruption  momentanoe  des 
communications  alTcctuousos,  iii-jh  nt^cessaires  a  sa  jouneexis- 
tonct\  Cost  aiusi  quun  jour,  dovoiui  homuio,  onlro  on  rela- 
tion avec  la  Dlvinito,  comnio  leufaut  avoc  sa  luoro,  il  on 
rocovra  la  punition  do  sos  fautos.  Doii  vient  ootto  an^oisse  qui 
Ta  nous  s;iisir,  au  sortir  dun  moment  dogarenient  ou  de  f*i- 
ble.sse  ?  Pourqiioi  cette  inquietude  douloiunsuse ,  ce  profond 
doconraiioineut  qui  se  sont  enipai"es  de  nous?  Voyons-nous  lit 
des  chatimoQS  tout  prets  ?  I.arret  de  la  colere  celeste  est  -  il 
suspondu  sur  notre  tote  ?  Diou  a-t-il  tonno?  rVon,  niais  il  s'est 
retire.  "Nous  sommes  souls,  ot  nous  pleurons  oomiuo  lonfaiit. 
dolaissos  vpio  nous  sonnuos ,  privos  de  la  pioseuce  paternello  . 
qu'avait  bosoin  do  chorcher  a  chaque  instant  cette  portion  de 
nous -memes  qui  n'a  pas  sa  sooieto  ou  oo  niondo. ' 


ET  POLITIQUES.  3^5 

«  Ainsi,  Dieu  nous  instiuit  de  sa  loi;  ainsi ,  la  mere  I'ap- 
prend  h  I'enfant.  Ainsi ,  dans  I'homme,  la  conscience  vit  de  la 
societe  immediate  de  Dieu  :  dans  i'enfant ,  de  la  societe  imme- 
diate de  ses  parens  ,  represcntans  de  la  loi.  D'abord,  la  sym- 
pathie,  I'instinct  social  agira  seul  sur  ce  coeur  qui  s'ignore;  le 
sourire  maternel  brillera  pour  lui,  comme  un  rayon  du  soleil ; 
un  coup-d'ceil  mecontent  I'attnstera,  comme  robscurite.  Blen- 
tot,  rexptrience  y  joindra  le  souvenir  de  I'acte  reprehensible 
qui  le  lui  a  attire.  » 

Nous  DOus  sommes  laisses  charmer  a  cette  longue  citation , 
et  nous  pourrions  en  faire  beaucoup  d'autres.  Le  cadre  que 
M™«  Guizot  a  donne  a  son  ouvrage  prete  a  ce  genre  de  pein- 
tures  oil  la  morale  et  I'observation  prennent  une  teinte  de  ten- 
dresse  et  de  douceur.  Tout  y  est  ecrit  avec  amour;  on  voit 
que  I'auteur  s'est  complii  dans  son  oeuvre ,  qu'il  lui  a  confie 
ses  croyances,  ses  affections,  ce  qui  occupe  son  esprit,  ce  qui 
remplitson  cceur,  sa  jouissance  du  present,  son  espoir  del'a- 
venir.  II  eut  ete  difficile  peiit-etre  de  donner  iiu  caractere  aussi 
personnel  a  un  livre  doat  la  forme  n'eut  ete  que  dogmatique. 
Ainsi,  bien  qu'on  ne  doive  en  aucuue  facon,  chercher  un  in- 
teret  progressif  et  romanesque  dans  cette  correspondance  cntre 
un  mari  et  une  femme  que  les  ciiconstances  tiennent  separes  , 
I'observation  et  les  preceptes  s'y  presentent  sons  une  forme 
vivante  et  animee.  L'ouvrage  y  perd  peut-etre  de  la  niethode; 
il  y  gagne  de  la  clarte.  En  effet,  la  marche  des  idecs  et  des  sen- 
timens  chez  Icsenfausn'a  pas  ete  assez  generalementetudiee  ; 
on  n'est  pas  assez  d'accord  sur  les  fails,  pour  les  prendre 
comme  point  de  depart  convenu.  Uiie  sorte  de  representation 
draraatique,  une  creation  de  personnages  est  done  commode 
pour  mieux  faire  comprendre  les  nuances  delicates  de  la  vie 
enfantine. 

De  meme  done  que  les  principales  questions  de  I'education 
sont  traitees  et  envisagees  sous  un  aspect  que  nous  avons  es- 
saye  de  montrer;  de  meme  ,  les  circonstances  qui  d'ordinaire 
entourent  I'enfance  ,  les  scenes  qui  remplissent  it  varient  les- 
journees  passees  au  sein  de  la  famille  ,  les  incidens  qui  vien- 


3/. 6  SCIENCES  MORALES 

nont  uuire  on  aider  a  I'education,  sont  retraces  avec  verite,  et 
c'esth  leur  occasion  qn'artivent  les  preceptes  et  les  conseils. 
Autour  dii  Ljroiipe principal  sont  places  d'aurresenfansct  d'aii- 
tres  parens  ,  de  caractcres  et  de  situations,  d'opinions  diverses, 
aGn  que  rexaracn  puisse  cinbrasscr  non-seulement  les  direc- 
tions differentes  qii'on  pent  donner  a  I'education ,  mais  aussi 
les  modifications  que  doivcnt  recevoir  les  principes  en  telle  ou 
telle  hypothese. 

La  complete  analyse  d'un  livre  si  plein  eut  et6  longue;  nous 
avons  vonlu  indiquer  seulement  la  marche  de  I'auteur  el  sur- 
tout  le  caractere  moral  de  son  ouvrage.  C'est  par-la  qu'il  est 
frappanl  et  qu'il  merite,  nous  ne  dirons  pas  le  suffrage,  mais 
la  reconnaissance  du  lecteur.  On  se  sent  porte  daus  une  at- 
mosphere pure,  elevee,  salulaire,  ou  les  sentimens  desinte- 
resses  sembleut  naturels  et  necessaires  comme  I'air  qu'on  res- 
pire. Tout  yest  anime  par  le  sentiment  du  devoir;  il  n'y  a  pas 
une  pensee  qu'il  n'ait  inspiree,  pas  uuc  ligne  qu'il  n'ait  dictee  ; 
etpourtant,  rien  ne  sent  I'effort,  rien  ne  parait  commande; 
tout  est  libre  ,  volontaire;  si  bien  que,  tout  en  repoussant  au 
loin  les  frivoles  doctrines  de  I'interet  et  de  I'utilile,  M""'  Guizot 
semble,  sans  y  songer ,  avoir  ecrit  un  livre  sur  le  bonheur. 

P.  B. 

HiSTOiRE  DE  Sardaigne  ,  OU  lu  Sarclaigue  ancienne  cl 
moderne^  par  M.  Mimaut,  ancien  consul  de  France 
en  Sardaigne  (i). 

Voyage  en  Sardaigne,  de  1819^  iSaS,  par  M.  le  che- 
valier Albert  de  i,a  Marmora  (2). 

Comment  se  fait-il  qu'une  He  feconde ,  presqu'aussi  granile 
que  la  Sicile,  situee   au  milieu   d'une  mer  dont  les  rivages 

(i)  Paris,  1825;  Blaise  et  Pelicier,  libraires.  3  gros  vol.  iii-8"  ; 
avec  cartes  et  figures.  Prix,  16  fr. 

(2)  Paris,  1825  ;  Delaforest,  libraire.  r  vol.  in-8",  avec  atlas; 
prix ,  f\o  fr. 


ET  POLITIQUES.  347 

sontoccupes,  a  quelqiies  exceptions  pies,  par  des  peuples 
civilises,  industrieux ,  adonnes  an  commerce;  qu'une  lie  qm 
n'est  separee  des  possessions  francaises  que  par  iin  etroit  canal, 
soil  moins  bien  connue  peiit-etre  que  des  lies  lointaines,  re- 
cemment  decouvertes  dans  la  mer  du  Sud?  Si  un  roi  du  con- 
tinent neportait  pas  le  litre  de  roi  de  Sardaigne,  on  trouverait 
rarement  le  nora  de  cette  ile  dans  les  actes  de  la  diplomatic; 
et  si  des  voyageurs  curieux  n'allaient  qnelquefois  -visiter  les 
ruines  des  monumens  qu'y  avaient  eleves  d'anciens  peuples, 
nousne  saurions  que  parleshistoriens  dela  Grece  etdeRome, 
que  ce  ne  fut  pas  toujours  un  pays  pauvre  ,  presque  desert, 
abandonne.  Aussi,  repeterai-je  volontiers  avec  M.  Mimaut, 
quivient  de  publier  unc  Hisloire  de  la  Sardaigne  :  «  Toutetait 
de  nouveau  a  dire ,  tout  est  a  apprendre  sur  un  pays  qui 
n'est  pas  plus  connu  dans  ses  ciiconstances physiques  et  natu- 
relles  que  dans  ses  relations  politiques  et  historiques.  « 

Consul  de  France  en  Sardaigne,  M.  Mimaut  devait  sans 
doule  etudier  le  pays  dans  ses  relations  politiques  et  commer- 
ciales;  mais  il  a  fait  plus  :  il  a  voulu  connaitre  son  etat  phy- 
sique,  ses  montagnes,  ses  fleuvcs,  les  diverses  productions 
dusol;  surtout,  il  a  cherche  a  decouvrir  les  traces  des  cites 
antiques  dont  elle  etait  couverte,et,  a  I'aide  des  historiens  et 
des  poetcs  anciens  ,  il  a  retrouve  ,  retabli  ses  vieilles  annales. 
De  la,  passant  a  des  temps  moins  ignores  ,  il  conduitpas  a  pas 
son  histoire  jusqu'a  nos  jours.  La  place  qu'il  occupait  lui  don- 
nait  plus  de  facilites  qu'a  tout  autre  etranger,  pour  recueillir 
les  materiaux  necessaires  au  grand  travail  qu'il  avait  entre- 
pris  ,  et  qu'il  a  execute  avec  talent  ct  succes. 

Presque  en  meme  terns  que  I'ouvrage  de  M.  Mimaut,  on  a 
vu  paraitre  le  premier  volume  d'un  Voyage  en  Sardaigne ,  par 
un  savant  Piemontais,  M.  de  la  Marmora,  qui  a  passe  plu- 
sieurs  annees  dans  cette  lie ,  et  qui  y  est  encoie  en  ce  moment, 
dessinant  ses  restes  d'antiquites,  etudiantses  productions  phy- 
siques, les  niceurs  de  ses  habitaus  ,  leur  industrie  ,  etc.  L'objet 
des  deux  ouvragesest,  comme  on  voit,  parfaitenient  identique. 
Cependant,  j'ai  lieu  de  croire  que  M.  de  la  Marmora  s'occnperrt 


3'i8  SCIENCES  MORALES 

moiiis  de  rhistoire  politique  que  no  I'a  fait  son  devancier  :  el, 
en  effet,  il  no  pourrait  que  presenter  sous  une  autre  forme  , 
dcs  tableaux  qui  deja  ne  laisscnt  rien  h  desircr  (i).  Mais, 
pour  comparer  les  deux  ouvrages  ,  il  faudra  attendre  que  celui 
qui  paralt  sous  le  litre  dc  Voyage,  soit  complet.  Jusqu'a  pre- 
sent, M.  de  la  Marmora  ne  donnc,  dans  son  premier  volume, 
qii'un  apercu  assez  etcndu ,  il  est  vrai,  de  toutcs  les  matieres 
que  contiendra  son  ouN'rage.  C'est  done  sur  le  travail  de  M.  Mi- 
maut  que  je  veux  specialement  attirer  I'attention  ;  et  jo  n'aurai 
recours  a  recrivaiu  piemontais,  que  pourappuyer  ou  contre- 
dire  les  observations  de  I'auteur  francais. 

Considerons  d'abord  la  Sardaigne  dans  sa  forme  ,  dans  son 
^tat  physique. 

Cette  lie,  comme  la  plupart  des  pays  auxquels  les  anciens 
ont  impose  primitivement  des  noms,  tire  le  sien  ( t.int  en  grec 
qu'en  latin),  de  sa  forme  qui  avait  paru  etre  celle  d'une  san- 
dale,  dont  le  talon  est  dirige,  au  sud,  vers  la  cote  d'Afrique, 
el  la  pointe,  au  nord,  vers  la  Corse.  En  observant  que  la 
chaine  des  montagnes  qui  commence  dans  cette  derniere  ile 
continue  ,  mais  toujours  en  diminuant  de  hauteur  dans  toute 
la  longueur  de  la  Sardaigne  ,  on  ne  peut  guere  douter  que  les 
deux  lies  n'en  aient  forme  qu'une  seule  en  des  tems  inconnus. 
Le  detroit  dehuit  milles  de  largeur  qui  les  divise  a  sans  doute 
ete  pi  oduit  pr.r  quelque  eruption  volcanique.  Cette  conjecture 
a  d'autant  plus  de  vraisemblance ,  que,  dans  les  environs  du 
detroit,  on  reconnait,  en  Sardaigne,   des  crateres  d'anciens 


(i)  Un  secretaire  particulier  de  S.  M.  le  roi  de  Sardaigne,  D.  Giu- 
seppe Mamno  ,  public  (^.ans  ce  moment ,  a  Turin  ,  line  Uistoire  de 
la  Sardaigne  (voy.  Rev.  Enc,  t.  xxviil,  cahier  de  novembre  iSaS  , 
p.  547).  J'en  ai  eu  le  i^""  volume  sous  les  yeux;  et  c'est,  je  crois  , 
le  seul  qui  ait  paru.  Taut  que  I'auteur  n'aura  a  retracer  que  I'histoire 
ancienue  el  peut-^tre  encore  celle  du  nioyen  age,  il  ecrira,  je  n'en 
doute  point,  s.dis  g^iie,  sans  eiubarras ;  mais  quand  il  arrivcra  aux 
tems  moderuesl...  Je  me  defierai  foajours  de  la  veracite  d'un  histo- 
rien  qui  compose  dans  le  cabinet  d'un  roi. 


ET  POLITIQUES.  349 

volcans.  An  reste,  cette  ile  offre  ,  en  divers  lieux ,  des  traces 
iiicontestables  de  volcans  etcints  :  M.  Mimaut,  dans  une  note 
de  son  tome  11 ,  dit  ( page  Itg'i  ) :  «  Le  sol  d'aucun  pays  n'a  etc 
plus  toiirmeule  par  les  volcans  ,  que  celui  de  la  Sardaijjne. 
On  en  a  comptc  jusqu'a  soixante-dia: ,  seulenient  dans  la  partie 
de  I'oucst  et  du  midi  de  cette  ile.  «  II  y  a  erreur  dans  cette 
note,  suivant  M.  de  la  Marmora,  savaut  geologue ;  il  a  ob- 
serve avec  soin  ces  contrees,  et  n'y  a  pas  trouve  les  traces 
de  plus  de  sept  volcans.  C'esl  un  chiffre  a  retrancher. 

La  catastrophe  qui  a  separe  la  Sardaigne  de  la  Corse,  a 
du  etre  necessairement  tres-posterieure  a  cette  autre  Lien  plus 
etonnante  sans  doute,  qui  fit  entrer  sur  le  continent  les  eau.\ 
de  I'Ocean,  et  forma  cette  nier  que  nous  appelons  Mediter- 
ranee,  et  toutes  les  mers  qui  semblent  en  dependre.  Les  par- 
ties les  plus  elevees  du  continent  englouti  resterent  seules  a 
decouvert,  et  devinrent  les  nombreuses  lies  dont  ces  mers 
sont  parsenues. 

La  Sardaigne  a  ete ,  presque  de  tout  terns,  divisee,  on 
pourrait  dire  naturellement,  en  deux  grandes  parties  que  Ton 
nomme  des  caps;  I'un  au  midi,  qui  prend  son  nom  de  la  ville 
capitale ,  I'antique  Calaris  (Cagliari);  I'autre ,  au  nord,  le 
cap  Sassari.  A  une  distance  a  peu  pres  egale  dc  I'extremite  de 
ces  deux  caps  et  des  villes  dont  ils  portent  le  nom,  est  le  golfe 
d'Oristano  qui  lui-meme  voit  s'elever  sur  ses  bords  une  ville 
de  meme  nom. 

Lacirconference  de  toute  I'lle ,  y  compris  les  lies  adjacentes 
et  qui  en  dependent,  est  de  400  milles  geographiques ,  qui 
repondent  a  5oo  lieues  marines.  II  est  possible  que  cette  me- 
sure  donnee  par  M.  Mimaut  soit,  dans  la  suite,  modifiee  par 
M.  de  la  Marmora,  qui  leve,  en  ce  moment,  une  carte  de  la 
Sardaigne.  Ce  travail  etait  d'autant  plusnecessaire  que  toutes 
les  cartes  de  cette  ile  qu'on  a  publiees  jusqu'a  ce  jour,  offrent 
entre  elles  des  differences  notables,  et  sont  consequemment 
pour  la  plupart ,  tres-inexactes. 

Passons  maintenant  a  I'histoire  du  pays,  en  rommcncant 
avec  M.  Mimaut,  par  les  plus  anciens  terns. 


35o  SCIENCES  MORA.LES 

On  ne  sail  pas  plus  d'oii  venaient  les  premiers  habitans  dc 
la  Sardaigne,  que  Ton  ne  connait  rorigine  de  tons  les  peuples 
qui  couvrent  aiijonrd'hui  les  divcrses  contrees  dc  I'Europe. 
Chaque  nation  a  dans  ses  fastes  des  tenis  obscurs,  des  siecles 
fabuleux.  De  vagues  et  incertaines  traditions  tiennent  lieu, 
pour  les  plus  ancienncs  periodes  ,  d'annales  ecrites  ;  mais  des 
nionumens  de  pierre,  incontestabicmcnt  eleves  par  des  mains 
d'homnies ,  prouvent  du  moins  que  dans  ces  lieux  existaient 
des  populations  qui  n'ctaient  pas  entierement  etrangeres  aux 
arts  :  par  exemple  ,  ces  dolmen ,  ces  pierres  levees  ou  obe- 
lisques  inforraes  que  Ton  trouve  presque  partout,  et  dont  on 
n'attribue  I'execution  aux  Ccltes,  que  parce  qu'il  est  penible 
d'avouer  qu'on  ne  peul  decouvrir  quels  en  sont  vraiment  les 
auteurs. 

La  Sardaigne  possede,  plus  qu'aucun  autre  pays,  de  ces 
monumens  dont  ou  ne  peut  deviner  la  destination,  pas  plus 
que  I'epoque  ou  ils  furent  eleves.  M.  Mimaut  a  consacre  a  leur 
description  imchapitre  entier  de  son  ouvrage  (le  chapitre  vnr 
du  tome  ii ) ;  mais  ,  je  le  dis  a  regret,  je  crains  qu'il  ne  les  ait 
observes  trop  superficiellenieut ,  si  meme  il  les  a  visiles.  Voici 
sur  quoi  je  fonde  mon  opinion. 

La  description  que  fait  M.  Mimaut  des  JSuraghes  (c'estle 
nom  de  ces  singuliers  monumens  que  Ton  rencontre  en  grand 
nombre  dans  toute  la  Sardaigne  ,  sur  les  collines  comme  dans 
les  plaines),  est  contraire  en  tout  point  a  celle  qu'en  a  donnee 
M.  de  la  Marmora,  dans  lui  memoire  que  j'ai  sous  les  yeux, 
et  ne  se  rapporte  nullement  aux  dessins  qu'il  en  a  fails  lui- 
mcme ,  dit-il ,  a  la  chambre  noire. 

Je  vais  opposer  I'auteur  francais  au  voyageur  piemon- 
tais. 

M.  Mimaut,  apres  avoir  dit  que  les  Nuraghes  sont  jeles  sur 
toute  la  surface  de  I'ile,  a  des  distances  plus  ou  moins  eloi- 
gnees,  nous  les  presente  comme  des  tourelles  dont  la  base  est 
fort  enfoncte  sous  terre,  et  dont  les  plus  hautes  n'ont  guore 
plus  de  six  a  sept pieds  au-dessus  du  niveau  du  sol.  D'apres 
cela ,  ce  ne  serait  done  que  des  cspcces  de  fouis  qui  meri- 


ET  POLITIQUES.  35 1 

teraient  a  peine  I'attention  du  voyageur  ,  encore  moius  de 
I'antiqiiaire. 

Mais  M.  de  la  Marmora  en  fait,  an  contraire,  de  tres- 
grands  monumens  de  forme  conique ,  poses  siir  une  base  de 
plus  de  quarante  pieds  de  circonference,  et  qui  s'elevent  souvent 
au-dessus  du  sol  de  plus  de  dix-sept  metres  [cinquante-trois 
pieds),  sans  compter  I'etage  qui  terminait  le  comble,  et  dont 
on  ne  trouve  jamais  que  des  vestiges. 

M.  Mimaut  dit  que  Us  pierres  des  Nuraghes  sont  des  poly- 
gones  irreguliers  ;  M.  de  la  Marmora,  que  ce  sont  de  gros 
blocs  regulieis  et  poses  par  assises  horizontales.  M.  Mimaut 
place  I'ouverture  de  ces  monumens  dans  leur  parde  supe- 
rieure  ;  M.  de  la  Marmora  assure  qu'ille  est  h  la  base  menie 
sur  le  sol ;  que  dans  les  Nuraghes  des  contrees  meridionales 
de  I'lle,  on  peut  enlrer  debout,  et  que  dans  les  Nuraghes 
des  contrees  septentrionales ,  on  ne  peut  cntrer  qu'en  rampant. 
M.  Mimaut  n'a  vu  dans  I'interieur  que  de  petites  chambres  ou 
cellules  ;  M.  de  la  Marmora  y  a  trouve  a  chaque  etage  une 
grande  salle  de  forme  conique,  sans  aucune  division,  niais 
dans  les  murs  de  laquelle  sont  pratiques  des  renfoncemens  , 
des  especes  de  niches.  II  ajoute  que ,  pi'es  de  I'entree  de  la 
salle  du  rez-de-chaussee  ,  s'ouvre ,  dans  I'inlerieur  des  murs , 
une  rampe  en  spirale  qui  conduit  aux  etages  superieurs. 

On  voit  combien  ces  descriptions  different  entre  elles.  Je 
ctois  qu'il  faut  s'en  rappcrter  de  preference  a  celJe  de  M.  de 
la  Marmora  ,  qui  a  parcouru  tout  le  pays ,  et  y  a  passe  plu- 
sieurs  annees;  qui  a  explore  avec  soin,  dessine  et  mesure 
plusieurs  fois  des  Nuraghes ,  tant  an  midi  qu'au  nord  de  la 
Sardaigne. 

II  serait  trop  long  de  rapporter  toutes  les  opinions  diverses 
qu'on  a  emises  sur  I'usage  de  ces  singuliers  moiuimens.  Les 
uns  les  out  regardes  comme  des  monumens  ante-diluviens; 
d'autres  comme  des  vedetes  ou  lieux  d'observation  ;  d'autres, 
comme  des  a^les  que  se  preparaient  les  anciens  habitans  contre 
les  excursions  des  pirates.  L'opinion  la  plus  admissible,  selon 
moi ,  est  qu'il  ne  faut  voir  dans  les  Nuraghes  que  des  lienx 


■^'i'i  SCIENCES  MORALES 

de  sepulture.  En  effet,  leur  forme  rappelle  celle  des  pyra- 
mides  d'lilgypte ,  qui  n'etaient  qr.e  des  tombeaux.  Au  reste, 
on  trouve  des  monuinens  h  peu  pies  scmblables  dans  les  iles 
Baleares.  Je  serais  lente  d'en  attribuer  la  construction  aux 
antiques  Pclasges ,  penple  qu'on  ne  connait  guere ,  il  est 
vrai,  que  de  nom,  mais  qui,  d'apres  les  traditions  recueillies 
par  les  plus  ancieus  historiens,  furent  les  premiers  habitans 
de  la  Grece,  et  envoyerent  des  colonies  non-seulement  en 
Italie,  mais  dans  presque  toutes  les  Jlcs  de  la  Mediterranee. 

Mais,  ce  que  n'ont  point  remarque  les  deux  auteurs  dont 
nous  examinons  en  ce  moment  les  ouvrages  ,  c'est  qu'on  voit , 
meme  en  Amerique ,  d'anciens  monumens,  qui  ressemblent, 
on  ne  peut  plus  ,  aux  Nuraghes  de  la  Sardaigne.  Ecoutons  ce 
que  dit  I'exact  et  savant  observateur,  31.  de  Humboldt,  d'une 
espece  de  monumens  que  Ton  trouve  dans  les  Cordilieres,  et 
qu'il  nomnie  des  tumulus. 

"  La  base  des  tumulus  est  ronde  ou  de  forme  ovale  :  ils 
sont  gcneralenient  coniques,  quelquefois  aplatis  au  sommet, 
comme  pour  servir  aux  sacrifices  ou  a  d'autres  ceremonies 
qui  doivent  etre  vues  par  une  grande  masse  de  peuple  a  ia 
fois.  »  {^Vues  des  Cordilieres  ,  par  M.  de  Humboldt.) 

Et  voici ,  en  abrege ,  ce  qu'il  ajoute  5  la  description  des 
tumulus  : «  Il  y  en  a  de  deux  et  trois  etages,  et  qui  rappellent 
par  leur  forme,  les  teocallis  mexicains,  et  les  pyramides  ^ 
gradins  de  I'Egypte  et  de  I'Asie  occidentale.  Les  tumulus  sont 
construits,  partie  en  terre  et  partie  en  pierres  jetees  les  unes 
sur  les  autres.  On  y  a  trouve  des  baches,  de  la  faience  peinte, 
des  vases  et  des  ornemens  de  cuivre,  un  peu  de  fer,  de  I'ar- 
gent  en  plaques,  et  peut-etre  de  I'or.  »  Dans  ies  tumulus  ou 
Nuraghes  de  Sardaigne,  on  a  trouve  aussi  des  amies  ,  et  quei- 
ques  figurines  en  bronze,  de  style  etrusquc;  mais  il  est 
k  croire  que  ces  objels  y  avaient  et6  deposes  dans  des  terns 
bien  posterieurs  a  leur  construction. 

Ces  rapports,  ces  ressemblances  enfre  des  monumens  eleves 
a  de  si  grandes  distances ,  en  divers  conlinens,  separes  entre 
eux  par  d'immensesmers,  font  naitrede  graves  ot  iniportantes 


ET  POLITIQUES.  35i 

reflexions;  mais  ce  n'est  point  ici  le  lieu  de  s'y  livrcr :  d'ail- 
leurs,  en  pareille  matiere  ,  on  doit  loujours  craindre  de  laisser 
prendre  trop  d'cssor  a  I'imagination. 

Apres  avoir  parcouru  rapidement  les  terns  qu'on  pent  ap- 
peler  tenebreux  de  I'histoire  de  la  Sardaigne,  M.  Mimaiit 
ofli-e  un  tableau  succinct,  mais  interessant,  des  vicissitudes 
di  verses  qu'eile  a  subies,  a  dater  des  premiers  terns  histo- 
riques  jusqu'a  nos  jours. 

II  n'est  point  de  pays  au  monde  qui  ait  ete  soumis  a  autant 
de  maitres.  Apres  les  invasions  ou  plutot  I'etablissement  des 
Pelasges  dans  I'lle  (si  toulefois  on  adopte  I'opinion  que  j'ai 
emise,  il  n'y  a  qu'un  moment ,  et  qui  m'est  particuliere),  on 
la  trouve  occupee  par  des  Grecs  ,  ensuite  par  des  Troyens , 
enfin  par  des  Carthaginois.  Placee  a  peu  de  distance  des  cotes 
d'Afrique,  elle  ctait  pour  ce  dernier  jjcuple  tres-adonne  au 
commerce,  d'un  immense  avantage.,Aussi,  des  le  terns  oil  les 
Tarquins  regriaient  a  Rome ,  les  Carthaginois  possedaient  les 
plus  belles  parties  de  la  Sardaigne.  lis  etaient  mailres  du  golfe 
do  Cagliari,  et  rebatirent,  s'ils  ne  fonderent  la  ville  de  ce 
nom.  Mais  en  vain  tenterent- ils  a  plusieurs  reprises  de  sou- 
mettre  I'lle  entiere  :  les  anciens  habitans,  refugies  dans  des 
montagnes  inaccessibles ,  non-seulement  leur  resistercnt,  mais 
ne  cesserent  de  ravager  par  de  freqiientes  inclusions  les  terres 
qu'ils  cultivaient,  les  villes ,  les  villages  qu'ils  entreprenaicnt 
d'elever. 

I.es  Romains  voulurent  a  leur  tour  posseder  la  Sardaigne. 
Pour  s'y  maintenir  il  leur  fallut  livrer  de  grands  combats; 
mais  on  ne  pouvait  long-temps  resister  a  ces  favoris  du  dieu 
de  la  guerre.  Cefte  ile  fut  pour  euxuneimportante  possession  : 
comme  la  fertile  i:gypte,  la  Sardaigne,  devint  un  des  greniers 
de  Rome.  La  periodo  assez  jongue  de  la  domination  de  ces 
niaitres  du  monde  fut ,  pour  le  peuple  sarde,  la  moins  malheu- 
reuse  de  toutes  celles  qui  I'avaient  precedee.  Sans  doute , 
d'avides  preteurs  le  foulaient,  le  pressuraient ,  lui  enlevaient 
une  grande  partie  des  fruits  de  ses  travaux  ;  mais  il  jouissait 
do  quelques  droits,  de  quelque  liberie  :  il  pouvait  elever  des 
T.  XXXI. — .'lout  iSaH.  23 


354  SCIENCES  MORALES 

plaintes ;  ct,  lorsque  Ics  rapines,  Ics  concussions  etaient  Irop 
revoltanles ,  il  obtenait  justice.  D'ailleurs,  ccs  Romains,  ces 
maitres  si  fiers  ct  si  rapaccs ,  n'etaient  pas  moins  avides  de 
plaisirs  que  de  richesses  :  lis  portereut  dans  ces  contrees 
jusqiics-la  demi-sauvagcs,  leiirs  arts  et  leurs  goi'ifs.  On  voit 
encore,  sur  tonte  la  surface  de  I'lle,  les  riiiiies  des  aqiiedncs, 
des  somptueuses  w7/«,  des  temples,  des  amphitheatres  qn'its 
y  ont  cleves.  L'lle  fut  bientot  coiiverte  de  villes,  de  i;ros 
villages  qui  leur  durent  Icur  fondation.  M.  Miiuaiit  a  recherche 
et  fixe  avcc  beaucoup  de  sagacite,  d'aprcs  les  anciens  histo- 
riens  et  geographes  ,  remplacemont  de  la  ])liipnrt  de  ces  cites 
Tomaines,  dont  on  porte  le  nombre  jusqu'a  qiiaranle  cinq  , 
mais  dont  on  ne  connait  que  les  nonis ,  car  elles  u'ont  guere 
laisse  dc  traces.  Ce  travail  Ini  fait  hoiincur  :  je  n'ai  qu'nn 
regret:  c'est  qu'apres  avoir  pr'S  tant  de  peine  a  retrouvcr, 
pour  ainsi  dire,  la  Sardaignc  des  Romains  ,  il  ait  neglige  do 
consigner  et  de  presenter  aux  ycux  ,  dans  une  carte  speciale, 
ses  conjectures  ou  jjUitot  ses  decouveites  ;  les  eriulits  lui  en 
auraient  su  gre. 

Le  repos,  je  no  dis  pas  le  bonheur,  dont  jouit  la  Sardaignc 
sous  les  enipereurs  romains  ,  fut  trouble,  comme  dans  le  reste 
du  monde ,  par  I'apparition  dii  christianisme.  La  lutte  entre 
cette  nouvelle  religion  et  lancienne  que  les  premiers empe- 
reurs  croyaient  sage  et  politique  de  proteger,  fut  terrible, 
mais,  a  ce  qii'il  sembie,  asscz  coiute.  Le  chrislianisnie  triompha, 
comme  ailleurs,  au  milieu  du  sang  ct  des  larmes. 

Le  spectacle  du  monde,  dans  ic  moyen  age  ou  nous  en- 
trons  avec  I'historien  de  la  Sardaignc ,  a  quelque  chose  de  si 
triste,  de  si  rebulant ,  (|u'on  ne  pent  y  arreter  long-tems  les 
regards.  Qu'il  suffise  d'observer  que,  jusqiu-s  en  Sardaignc, 
divcrses  sectes  ,  qui  etaient  nees  presqiie  toutes  avec  le  chris- 
tianisme meme,  continnen^nl  les  massacres  que  son  etablisse- 
mcnt  avait  commences.  On  se  battit,  on  se  lua  pour  des  chi- 
meres ,  pour  d'ininteliigibles  propositifuis;  et  ,  comme  dit 
M.  Mimaut,  «  des  heresies  multipliees,  attaquees  et  defendues 
les  armes  a  la  main,  produisaient  d'affreux  dechiremens,  et  ne 


ET  POLITIQUES.  355 

fireiit  pas  repandic  moins  de  sang  quu  la  lutte  du  chrislianisme 

et  de  I'idoldtrie.  » 

La  Sardaigne  partagea  tons  les  desastrcs  dc  TeHipire  ro- 
raain  ,  qui  s'ecroulait  de  toutes  parts.  Les  Vandalcs  la  prirent, 
!a  perdirent,  la  reprirent,  et  enfin  en  fiirent  chasses.  Les 
Golhs  s'en  rendirent  maitres ;  les  Lombards  y  firont  des 
irruptions  ;  et  ensuite,  reiiniique  Narses,  ayant  chasse  de  I'lle 
les  barbares  qui  s'y  succedaient,  s'y  renouvelaient  sans  cesse; 
elle  rentra  sous  la  domination  des  emperours  d'Orient. 

Mais  les  Maures  ou  Sarrasins,  qui  avaient  ravage  les  rives 
de  la  Mediterranee  ,  ne  pouvaient  oublier  la  Sardaigne.  Ces 
brillans  et  iutrepides  aventuriers  s'y  presenterent  avec  de 
grandes  forces;  les  Sardes  se  defendirent  avec  opiniafrete  : 
voyant  qu'ils  n'etaient  point  secourus  par  leurs  souverains 
legitimes  ,  les  empereurs  d'Orient ,  ils  s'offrircnt  a  Louis-le- 
Debonnaire,  empereur  ot  roi  de  France.  I!  uccepta  avec  joie 
ce  nouveau  domaine,  et  fit,  pour  cxpuher  les  Sarrasins, 
quelques  tentatives  qui  n'eurent  aucun  siicces. 

Les  Genois  et  les  Pisans  s'linirent  alors  pour  dt'livrer  la  Sar- 
daigne ,  toujours  soumise  aux  Maures ,  et  ils  y  reussirenf. 
Apres  la  victoire ,  ils  songerent  a  en  partager  le  fruit.  Les 
Genois  se  conlenterent  d'une  indemnite  pecuniaire;  les  Pisans 
garderent  I'lle.  Ce  furent  eux,  a  ce  qu'il  parait,  qui  la  divi- 
serent  en  quatre  principautes  ovijudicals.  L'existence  de  ces 
judicats  a  cteassez  longue  :  institues  vers  le  milieu  du  xi^  siecle, 
on  les  retrouve  encore  dans  le  xv^  :  on  a  les  noms  et  Ton  con- 
nalt  les  principales  actions  de  presque  tous  les  princes  qui  ont 
regne  (car  ils  prcnaienl  le  titre  de  rois)  dans  les  quatre  ju- 
dicats ou  provinces  de  la  Sardaigne.  Mais,  souventdivises  entre 
eux,  ils  ravagerent  leurs  petits  elats,  et  quoiqu'ils  fiissent  sous 
la  dependance  de  la  republique  de  Pise,  on  les  vit  plusd'uue 
fois  tourner  leurs  armes  contre  les  Pisans,  et  se  joindre  contre 
eux  aux  Genois.  Ce  sont  lu  les  rcsullats  ordinaires  du  regime 
feodal ,  partout  ou  il  est  etabli.  Or,  ceijugcs ,  ou  princes,  en 
Sardaigne,  n'etaient  ail  tics  que  de  grands  vassaux  ,  qui  avaient 
au  dessoas  d'etix  des  arrijre-vassaux  ;  et  le  reste  de  la  nation 


356  SCIENCES  MORALES 

n'etait  qu'im  anias  de  serfs  obliges  de  travaillcr  sans  cesse  on 
de  se  battre  pour  leurs  inaitres. 

Oq  ne  peut  s'attcndre  a  trouver  dans  un  article  (\m  ne 
doit  pas  s'etendre  an  dela  de  certaines  bornes,  des  details  sur 
cette  partie  do  I'liistoire  de  la  Sardaigne.  Les  Icctenis  qui 
voudraient  counaitre  plus  particulicrement  tous  cos  tyrans, 
jiisqu'ici  presque  ignores  ,  d'un  pays  oublie  lui  -  memo  ou 
dodaigne  des  historiens,  reeourront  il'ouvrage  de  M.  Mimaut 
qui  a  fait,  pour  les  tirer  de  I'obscurite,  de  grandes  et  penibles 
recherches.  Dans  cette  galeric  de  personnages  assez  insigni- 
liaiis  ,  deux  Ggures  ressortent  et  excitent  lui  veritable  interet : 
ce  sent  un  certain  Hugues  IV,  jpge  A'Arboree  ( un  des  plus 
importans  judicats  de  la  Sardaigne ) ,  et  sa  sceur  Eleonore,  qui 
lui  succeda. 

Ce  juge  fut  un  des  plus  acharnes  ennemis  de  la  maison 
d'Aragon  ,  a  laquelle  un  pape  avait  bien  donne  I'iuvestiture 
de  I'lle,  mais  non  la  possession;  car  il  fallait  I'enlever  aux 
Pisans ,  et,  ce  qui  etait  plus  difficile  encore,  auxjuges  qui 
se  I'etaient  a  pcu  pres  appropriec  (i).  M.  Mimaut  a  Irouve, 
dans  les  manuscrits  de  la  bibliotheque  du  Roi ,  la  relation 
d'une  ambassade  envoyce  a  Hugues  IV  par  le  due  d'Anjou, 
qui  rechcrchait  son  alliance,  afin  de  faire  la  guerre  avec  plus 
de  succes  au  roi  d'Aragon.  Ce  fait  historique,  a  peu  pres  in- 
connu  ,  offre  de  I'interet :  la  politique  astucieuse  du  due  d'An- 


(i)  Presque  de  tout  tems,  les  papes  avaient  eleve  des  pretentions 
sur  la  Sardaigne;  et  cela,  par  une  consequence  de  la  doctrine  etablie 
par  Hildebrand  (  Gregoire  VII)  que  ,  Dieu  ayant  sounds  la  puissance 
temporelle  a  la  puissance  spirituelle,  les  papes  devaient  necessaire- 
ment  avoir  la  suzerainete  de  tous  les  trones  et  de  tous  les  e!ats  du 
moade  entier.  Boniface  VIII  trouva  ,  en  1297 ,  une  occasion  de  faire 
de  ce  principe  nne  application  speciale  a  la  Sardaigne.  Les  Pisans 
n'etant  plus  ni  assez  puissans  ni  assez  forts  pour  d^fendre  leurs  droits 
sur  I'lIe  ,  le  pape  en  donna  I'investiture  a  Jacques  d'Aragon,  qui 
sengagea,  en  revanche,  a  aider  le  saint-siege  a  depouiller  Frederic, 
roi  de  Siclle.  Et  ce  Frederic  etait  le  frcre  de  Jacques  d'Aragon  ! 


ET  POLITIQUES.  357 

jou  echou.i  devant  I'apre  franchise  du  juge  d'Arboree.  Mais 
cethomnie,  d'un  si  grand  caractere,  etait  aussi  un  tyran  qui 
devint  insupportable  aux  Sardes ,  ses  sujcts.  lis  Ic  massa- 
crerent ,  ainsi  que  sa  fille  unique,  et  voulurent  fonder  un  elat 
rupublicain. 

Mais  Hugues  avail  une  soeur,  femme  d'un  Doria ,  due  de 
Monteleone  ,  qui  resolut  de  venger  la  niort  de  son  frere.  C'etait 
une  femme  de  beaucoup  de  tete  et  d'un  grand  courage.  Eleo- 
nore  (c'est  ainsi  qu'ellc  s'appelait )  passa  en  Sardaigne  a  la 
tete  d'use  petite  armee  qu'elle  commandait  lUe-nieme,  et 
conquit,  prosque  sans  opposition,  les  etats  de  son  frere.  Apres 
avoir  fait  proclamer  son  fils  aine  Frederic  heritier  de  la  prin- 
cipaute,  elle  gouverna  en  son  nom  avec  tant  de  sagesse  el  de 
douceur  qu'elle  n'eut  plus  dans  tons  ses  etats  que  des  sujets  fi- 
deles  etdevoues.  Onlui  doit  im  code  deloisconnu sous  le  nomde 
Carta  di  Logii ,  qtie  la  Sardaigne  entiere  adopta,  i-t  qui  y  est 
encore  en  vigueur.  Ce  Code  est  date  des  dernieres  annees  du 
xiv^  siecle ;  et,  conime  dit  M.  Miniaut,  «  quoiqu'il  offrc  dans 
plusieurs  de  ses  dispositions  I'empreinte  trop  marquee  de 
I'ignorance  et  de  la  barbarie  du  terns  ,  on  ne  peul  contester  a 
son  auteur  le  merite  d'y  avoir  montre  presque  partout  une 
haute  sagesse,  Tamour  de  la  justice,  le  respect  de  la  propriete, 
et  surlout  d'avoir  concu  la  noble  pensce  d'ameliorcr  le  sort  de 
I'espece  humaine,  et  de  faire  regner  la  clcmence  et  la  pais  , 
a  une  epoque  de  folies  ,  de  crimes  et  de  ferocite. «  L'historien 
s'etend  beaucoup  sur  ce  Code.  En  trois  differcns  chapitres, 
il  en  cite  textuellement  ?c  preambule ,  extrait  et  commenle 
ses  principaux  articles.  On  voit  la  une  nouvelle  preuve  du 
soin  qu'il  a  mis  a  rassembler  et  a  mettre  en  oeuvre  tout  ce 
qu'il  a  pu  trouver  de  materiaux  utiles. 

Celte  principaute  d'Arboree  ne  fut  pas  possedee  long-tems 
par  le  successeur  d'Eleonore;  il  mourut  sans  enfans  :  un  des- 
cendant d'une  soeur  d'Eleonore,  le  vicomte  de  Narbonne,  et 
ensuite  son  frere  uterin ,  Pierre  de  Tinieres ,  seigneur  d'Ap- 
chon ,  pretendirent  a  cette  riche  succession.  Mais  les  rois 
d  Aragon  la  revendiquaient  aussi ;  et  dc  simples  seigneurs  ne 


yj$  SCIENCES  MOUALK.S 

ponvaient  lutter  qii'avec  dcsavantaj;e  contre  d'aussi  puissan.4 
pi  inces.  Lc  sire  do  Tiniercs  se  crut  trop  heureux  de  vendre  an 
roi  d'Aragon  ses  droits  h  la  principaute  d'Arboree.  «  Ccttc 
espece  de  marche  etait  alors  fort  usitee,  observe  M.  Miinaut ; 
on  vendait  Ics  pciiplcs  conime  dns  troupcaux,  ct  les  etats 
comme  des  mcLaicics.  Ccs  bizarres  contrats  ne  deshonoiaicnt 
ni  le  vcndcur  ni  le  clialand.  »  II  me  semble  que  rien  n'est 
change  a  cet  egard  ;  commc  alors,  on  vend,  on  echange  au- 
jourd'hui  les  pcuples  comme  des  troupeaux  ,  les  etats  comme 
des  metairies.  N'avons-nous  pas  vu  tout  recemment  un  celebre 
congres  adjuger  des  repiibliques  i\  des  monarques  ;  retran- 
cher  telle  ou  telle  partie  d'un  antique  royaume  pour  en  agran- 
dir  d'autres  ?  et  cerles  ,  avant  de  disposer  ainsi  des  peuples  , 
on  ne  leur  avail  pas  demande  leur  avis ;  on  n'avail  pas  obtcnu 
leur  consentement. 

La  domination  aragonaise  ne  fut  pas  funeste  a  la  Sardaigne. 
Presque  toujours ,  il  est  vrai ,  cette  ile  ne  fut  gouvernee  que 
par  des  vice-rois,  qui,  souverains  d'un  moment,  ne  songeaient 
guere  a  lui  procurer  une  prosperite  durable,  fliais ,  graces  ;\ 
quelques  rois  plus  sages,  plus  bicnveillans,  parnii  lesqiiels  il 
faut  compter  don  Pedre  IV  et  Alphonse  V,  son  administration 
interieure  s'ameliora.  Les  institutions  qu'elle  re<^ut  d'eux  furent 
confoimes  ii  celles  de  I'Aragon.  Elle  cut  des  Cortes  ,  jouit 
d'un  regime  constitutionnel,  ce  qui  releva  les  Sardes  a  leurs 
propres  veux.  Le  systeme  representatif  que  Ton  fondait  en 
Sardaigne  existait  depuis  long-tems  dans  les  Espagnes.  «  Ce 
systeme,  comme  I'observe  M.  Mimaut,  etait  une  doctrine 
re9ue  et  comme  une  religion  politique  chez  les  diverses  nations 
de  la  peninsule  espagnole ,  qui,  avant  ravenement  de  la  mo- 
narchic autrichienne  ,  ne  concevaient  pas  meme  qu'il  put  exis- 
ter  un  autre  mode  de  gouvernement,  et  pour  qui  le  pouvoir 
absolu ,  objet  d'horreur  et  de  mepcis ,  etait  mis  au  rang  des 
absurdites  humaines.  Les  Goths ,  si  calomnies  par  I'ignorance 
et  les  prejuges ,  furent  les  veritables  fondateurs  du  gouverne- 
ment representatif  en  Espagne  ,  et  par  suite  dans  tout  le  resfe 
de  VEurope.  »  En  lisant  ceci ,  on  ne  manquera  point  de  fair* 


ET  POLITIQUES.  351) 

une  asscz  douloureuse  observation  :  cV-.sl  que,  dans  ce  pays 
ou ,  nicnie  au  xv^  siccle  ,  on  legardait  le  gouvernement 
representatif  conime  le  nicilleur  des  gouvernemens ,  le  seul 
convenable  pour  un  peuple  qui  sent  sa  dignite  et  connait  ses 
droits  ;  en  Espagne  ,  (lis  je ,  et  au  xix^  siecle  ,  la  population 
presque  entiere  ,  aveuglee  par  des  prctres,  ne  vent  que  des 
rois  absolus ,  reclame  pourcux,  ou  plulot  ])our  I'eglise  qui 
domine  les  rois,  un  despotisme  sans  bornes. 

Depuis  i355,epoquederetablisscmentd'un  gouvernement  a 
peu  presrepresentatifenSardaigne.jiisqu'a  la  guerre  dc  la  succes- 
sion d'Espagnc,  les  Cortes dc  laSardaigncne  cessercntdese  reu- 
nir.  Siellesnepurent  faire,  pour  la  prosperite  du  pays,  tout  ce 
qu'on  doit  attendre  d'une  asseinblee  vraiment  nalionale,  elles 
empecherent  du  moins  bien  des  maux,  et  s'opposerent  souvent 
aux  abusives  pretentions,  aux  exactions  des  \ice-ruis.  M.  Mi- 
maut  donnc,  a  la  fin  de  son  premier  volume,  un  precis  tres- 
bien  fail  de  leurs  sessions  successivcs  en  Sardaigne,  jusqu'en 
1700  oil  un  Bourbon  fut  appele  au  trone  d'Espagne. 

Cet  evenement,  comme  on  sait ,  mit  en  feu  I'Europe  en- 
tiere :  M.  Mimaut  a  cru  dcvoii-  offrir  a  ses  Iccteurs  le  recit  des 
guerres  longues  et  desaitreuses  et  des  intrigues  diploniatiques 
decptte  deplorable  periode,  pendant  laqnelle  tous  les  peuples 
de  I'Europe  eurent  lant  a  soiiffrir.  Peut-etre  etait-ce  un  hors- 
d'oeuvre  dans  son  ouvrage ,  puisque  la  Sardaigne ,  en  lout  cela , 
ne  joua  qu'un  role  tres-secondaire  ,  et  purement  passif.  Mais 
on  le  suit  volontiers  dans  cette  digression  ;  car  il  est  parvenu 
a  eclaircir  des  fails  qui  paraissaient  obscurs  ,  meme  a  en  citer 
de  nouveaux  qui  avaient  echappe  aux  nombreux  historiens 
des  troubles  de  I'Europe  au  commencement  du  dix-huitieme 
siecle. 

Les  traites  qui  terminerent  ces  longs  troubles,  tirent  passer 
la  Sardaigne  dans  les  mains  de  rempereur  qui ,  en  echange  de 
la  Sicile ,  la  remit  immediatement  au  due  de  Savoie,  et  cettc 
nouvelle  possession  valut  au  due  le  litre  de  roi.  C'etail  la  I'in- 
demnite  qu'on  lui  accordait  pour  la  perte  qu'il  eprouvail  dans 
I'echange. 


33o  SCIENCES  MORALES 

La  maison  de  Savoie  est  restee  depiiis  ce  terns  en  posses- 
sion de  la  Sardaigne.  Cette  maison  parut  d'abord  aniinee 
dii  desir  de  donner  tons  ses  soins  a  iin  pays  qui  la  faisait 
entrer  dans  la  classe  des  maisons  royales.  Charles-Emmanuel, 
qui  eut  le  bonheur  de  trouver  un  habile  et  excellent  ministre, 
gratifia  les  Sardes,  ses  nouveaux  sujels,  d'assez  bonnes  insti- 
tutions, et  fonda  d'utiles  etablissemens.  Mais,  sous  son  suc- 
cesseur,  la  Sardaigne  vit  reparaitre  tons  les  anciens  abus  dont 
elle  avail  eu  si  long-tems  a  souffrir.  Ce  ne  fut  guure  qu'une 
colonic  du  Piemont.  Tous  les  principaux  emplois  de  I'admi- 
nistration  y  furent  exclusivement  exerces  par  d'avides  Pie- 
montais. 

Lorsque,  dans  ces  derniers  tems,  cette  famille  de  Savoie, 
chassee  de  ses  etats  du  continent  par  les  Fiancais,  vint  cher- 
cher  un  asile  en  Sardaigne,  on  dut  croire  qu'elle  n'allait  s'oc- 
cuper  que  des  moyens  d'enrichir,  d'embellir,  de  rendre  heii- 
reux  enfin  le  petit  royaume  que  la  Providence  lui  avait  reserve. 
II  n'en  fut  rien.  Les  Piemontais  qui  avaicnt  suivi  la  cour  dans 
son.exil,  s'appliquerent  aentretenir  les  monarques  dans  une 
grande  defiance  de  la  fidelite  des  Sardes.  C'etait  un  moyen 
de  continuer  a  les  exclure  de  toutes  les  hautes  places  a  la 
cour,  et  de  tous  les  emplois  lucratifs.  Les  preventions  qu'ils 
jnspiraient  contre  les  Sardes  n'etaient  pas,  il  faut  !e  dire, 
sans  quelque  fondement.  En  effet ,  peu  s'en  etait  fallu , 
en  1794  J  que  la  Sardaigne  n'echappat  a  la  domination  pie- 
niontaise.  Les  idees  de  liberte  avaient  penetre  dans  cette 
lie ,  une  insurrection  avait  eclate ;  on  avait  redemande ,  les 
armes  a  la  main,  d'antiques  privileges.  Le  souvenir  de  cette 
recente  revolution  qu'on  etait  parvenu  a  eteindre  ,  en  faisant 
des  promesses ,  en  prenant  des  engagemens  qu'on  avait  rompus 
apres  I'orage;  ce  souvenir,  dis-je ,  alarmait  les  souverains,  et 
les  disposait  a  eloigner  les  Sardes  de  leur  coeur  conime  de 
leur  cour. 

M.  Mimaut  glisse  assez  rapidement  sur  les  dernieres  annees 
de  I'histoire  de  la  Sardaigne.  Est-ce  prudence  ?  ou  n'avait-il 
rien  d'important  a  dire?  Comme  il  montre  dans  tout  son  ou- 


ET  POLITIQUES.  3Gi 

viage  assez  d'iudependance ,  je  suis  porte  k  croire  que,  s'il  a 
peu  parle,  ce  n'ost  point  par  exces  de  circonspection. 

Maintenant,  on  deniandeia  peiit-etre  si  dcs  terns  plus  heu- 
reux  se  preparent  pom-  la  Saidaignc ,  si  plus  de  prosperile 
I'attend?  Non.  la  Satdaigne  continuoia  d'etre  pauvre,  oubliee; 
les  arts,  le  commerce  n'y  fleuriront  point;  la  feodalitc  la  re- 
tiendra  sous  son  joug  honteux,  plus  long- terns  que  tout  autre 
pays  de  I'Europe,  et  ses  grands  feudalaires  iront  toujours 
consommer  sur  le  continent,  a  Turin,  les  produits  de  leuis 
inimenses  possessions. 

Si  une  grande  nation,  une  nation  libre ,  active,  qui  aurait 
de  grandes  relations  conmierciales  dans  toutes  les  parties  du 
nionde  ,  possedait  cette  Sardaigne  si  heureusement  situee  pres 
de  I'Afriqtie  et  de  I'Asie,  dont  les  montagncs  recelent  dc  riches 
mines  de  toute  espece,  dont  les  plaines  sout  si  fertilcs,  comme 
ce  pays,  aujourd'hui  si  miserable,  jouerait  bientot  un  role  im- 
portant! comme  ils'elevcraitrapidementa  cette  prosperite  dont 
il  a  joui  sous  les  anciens  Romains  !  Les  Francais  ,  en  1793, 
voulurent  s'en  emparcr;  mais  une  affreuse  tempete  tit  echouer 
leur  entreprisc ;  ce  fut  un  malheur  pour  eux,  moins  encore 
que  pour  I'Jle. 

Lorsque  ,  tout  recemment ,  on  a  si  liberalement  donne  toute 
une  repubiiquc  au  roi  du  Piemont,  n'ainait-on  j)u  lui  oter  la 
Sardaigne  ,  et  la  cedcr  a  cette  France  a  qui  roii  arrachait  la 
Belgique ,  et  meme  quel(|ues  parties  dc  .son  ancien  territoire? 
Les  Anglais  avaient  deja  Malte;  iis  se  f'aisaicnt  adjuger  le 
protectonit  Aes  ties  loniennes;  mais  ils  ii'auraient  pas  souffert 
que  les  Francais  possedassent  une  ile  de  plus  dans  la  Medi- 
terranee. 

En  terminanl  cet  article,  je  reviens  a  M.  Mimaut.  Il  ne  s'est 
point  contente  de  tracer  I'histoire  de  la  Sardaigne;  ii  a  donne 
sur  les  moeurs,  I'industiie  ,  le  commerce  de  ses  liabitans  des 
details  tres-interessans.  Mais,  comme  M.  de  la  ]Marmora,qui 
a  fait  dans  I'lie  un  bien  plus  long  sejour,  comple  s'occuper 
specialement  des  mceurs ,  des  usages,  de  la  langue,  et  mcmc 


36  i         SCIENCES  MORALES  ET  POLITIQUES. 

des  costiimes  des  Sardes,  les  lecteurs  qui  pounaieiit  desircr, 
sur  tous  ces  objets,  des  notions  completes,  feront  I)ien  d'at- 
lendrc  la  jmblication  des  autres  volumes  que  pioniet  le  voya- 
geur  piemontais. 

L'ouvrage  de  M.  Mimaut  est  ecrit  avec  une  clarte ,  une  cor- 
rection vraiment  remarquables.  On  ne  saurait  trop  applaudir 
a  sa  metliode ,  i  I'ordre  qu'il  a  suivl  dans  la  nai  ration  des 
faits ,  qui  sous  sa  plume  s'enchainent  sans  confusion.  II  no 
craint  point  d'emettre  son  opinion  sur  certains  cvenemens  et 
certains  personnages;  et  il  I'appuie  ,  de  raisonnemens  sages 
et  judicieux.  Enfiu ,  il  me  parait  qu'en  ecrivant  I'histoire,  il  a 
pris  M.  dc  Sismondi  pour  modele ;  il  n'en  pouvait  choisir  un 
meilleur. 

Jmaury  Duval,  de  I'lnstitut. 


LITTERATURE. 


Memoires  inedits  de  M"^  la  Comtesse  de  Genlis,  sur 
le  dix-huitieme  siecle  et  la  revolution  francaiae,  de' 
puis  I'j^Sjusqua  no s  jours  (i). 

C'est  line  chose  bien  ocHeusc  que  ces  libellcs  pseudonymes, 
dans  lesquels  la  calomnie  contrefait  la  voix  des  niorts  pour 
micnx  diffamer  les  vivans.  II  semblerait  que  de  tels  ecrits  ne 
peuvent  ctie  inspires  que  par  les  passions  les  plus  furieuses. 
Ccpendant,  qu'on  y  regarde  de  pres,  la  plupart  n'ont  ete 
dictes  que  par  le  mobile  commun  de  presque  toutes  les  bas- 
sesses  humaines,  la  soif  du  gain.  lis  ont  toujours  abonde,  a  la 
suite  des  grandes  crises  politiques;  ils  fourmillent,  ils  devaient 
fourmiller  dans  un  siecle  a  la  fois  hypocrite  et  venal.  Les  Me- 
moires supposes  se  sont  enfin  multiplies  avec  une  profusion 
tellement  scandaleuse  qn'ils  ont  fini  par  discrediter  tout  te- 
moignage  posthume  :  I'homme  d'honneur  qui  avait  des  revela- 
tions a  faire ,  a  pu  craindre  d'etre  confondu  avec  ces  archivistes 
du  mensonge  ,  s'il  ne  parlait  qu'apres  sa  mort;  et  les  appre- 
hensions en  sont  venues  au  point  de  forcer  la  modestie  meme 
des  dames  a  imprimer  leur  vie  de  leur  vivant. 

C'est  I'exemple  que  vient  de  donner  M™«  la  comtesse  de 
Genlis :  et ,  s'il  y  a  dans  sa  resolution  de  la  franchise,  il  y  a 
du  courage  aussi.  Une  existence  qui  a  offert  des  singularites 
brillantes ,  a  du  faire  des  envieux ,  et  rencontrer  des  persiffleurs. 
De  plus,  il  est  demontre  que  Ton  n'est  pas  sans  ennemis,  lors- 
qu'on  a  eu  des  admirateurs  sans  uombre.  C'etaitla  nn  double 
danger.  Aussi,  quand  M™^  de  Genlis  fit  connaitre  I'intention  de 

Paris;  i8a5;  Ladvocat  et  Baudouin  frferes.  8  vol.  in-8° ;  prix, 
64  fr. 


364  LITTERATURE. 

publier  ses  fllemoires  sur  Ic  xviii^  siccle  et  siir  la  revolution 
Jrancaise ,  s'eleva-t-il  beauconp  de  clameurs.  Un  prospectus 
avait  annonlc  son  livrc  comine  ronvrai;c  qui  devait  tenir  la 
place  la  plus  esseiiticlle  (je  tianscris)  entre  les  Mcmoires  sur 
I'Histoire  de  France  publics  par  M.  Petitot ,  et  les  Memoires 
sur  la  rei'otutionfrancaise  publics  par  MM.  Berville  et  Barriere. 
Parmi  les  lectcurs  du  prospectus,  les  uns,  qui  prenaient  au 
serieux  la  premiere  raoitie  du  litre,  s'atteiidaierit  a  trouver 
dans  le  livrc  une  guerre  acharnee  conlre  la  philosophic  et  bon 
nombre  d'injures  cdilianles ;  ils  se  faisaient  d'avance  un  malin 
plaisir  d'opposcr  a  tant  de  morale ^e  ne  sais  quclles  peintiires 
un  pen  vives  dans  les  Chevaliers  du  Cygne ,  qu'on  ne  vend  plus 
iParis,  lels  qu'ils  parurent  i  Hambourg.  D'autres,  quivoyaient 
venir  de  furieuses  altaques  contre  la  Revolution ,  tenaient  deja 
sous  le  manteau,  comma  pieces  de  confrontation  ,  i°,  un  ecrit 
de  1796,  ayant  pour  \\tve:  Precis  de  ma  conduite,  et  renfer- 
mant,  en  ternies  cxpres,  cette  profession  de  foi  :  Les  Fran- 
cais  seraient  le  dernier  pcuple  de  la  terre  s'ils  renoncaient  Ic- 
gerement  a  la  Republique ;  1"  ,  une  lettre  de  quinze  pages , 
adressee,  vers  la  meme  epoque,  a  un  auguste  oleve,  pour  le 
dissuader  d'accepter  la  couronne ,  si  jamais  elle  lui  etait  offertc; 
attendu  que  la  Republique  paraissait  se  fonder  sur  les  bases 
solidcs  de  la  morale  et  de  Injustice, 

Qu'est-il  ariive  ccpendant  ?  Les  Memoires  de  mndamc  de 
Genlis  sur  le  xviii*  siecle  et  la  revolution  francaise  onL  paru  : 
on  y  a  cherche  la  Revolution,  ouy  a  elierche  le  xviii"  siecle; 
on  n'y  a  trouve  que  madanie  de  Genlis.  Les  epilogueurs  en 
ont  ete  pour  leurs  peines  :  on  avait  eu  la  malice  de  tromper 
toutes  leurs  craintes. 

Un  autre  desappointement  atiendait  ceux  qui  croyaient  que 
ces  Memoires  ailaient  etre  des  confessions.  M™*^  de  Genlis  ne 
s'est  point  engagec  a  conter  toute  son  histoire ;  elle  le  declare 
formellement  dans  son  second  volume,  et  des  lecteurs  altentifs 
I'avaient  pu  voir  des  le  premier.  Aussi,  a-t-on  annoncequelque 
part  la  prochaine  apparition  d'autres  Memoires,  composes  des 
reticences  de  M""''  de  Genlis,  C'est  une  plaisanterie,  j'ainie  a  le 


LITT^RATURE."  ■'>G5 

croire.  En  tout  cas,  fut-il  ccilaiu(  ce  que  je  suis  loin  cle  pcnser), 
qu'en  publiant  une  partle  de  sa  vie ,  une  femme  donne  au 
public  le  droitdefouillerdaris  tout  le  reste,  j'avoue  qu'exeiccr 
un  tel  droit  ne  me  conviendrait  pas  du  tout;  et  que  celle 
espece  de  visite  domiciliaire  avec  effet  retroactif,  serait  une 
chose  odieuse.  Heureusement,  n'est-ce  pas  le  moins  du  monde 
ce  que  j'ai  a  faire  ici.  Je  vais  done,  sans  demander  compte  a 
M"""  de  Genlis  de  ce  qu'elle  a  pu  vouloir  taire,  rendre  compte 
de  ce  qu'elle  a  dit. 

Si  presque  toutes  les  fenilles  quotidiennes  n'avaient  pas  deja 
pris  plaisir  a  repeter ,  comme  de  concert,  tant  de  jolis  petils 
details  sur  I'enfance  de  I'auteur  qui  remplissent  les  soixante 
premieres  pages  du  livre,  il  auraitpu  m'arriver  de  m'y  arreter 
avec  complaisance;  car,  c'est  bien  certainement  la  partie  la 
plus  amusante  de  ces  Memoires.  On  aurait  vu  M""^  de  Genlis, 
d'abord  M"''  Ducrest ,  puis  Ducrest  de  Saint-Aubin ,  nee 
le  23  Janvier  1746,  a  Champceri ,  petite  terre  pies  d'Autun, 
devenir,  des  sa  sixieme  annee,  chanoinesse  du  noble  chapitre 
d'Alix,  en  mcme  terns  qu'un  de  ses  freres,  n'ayant  pas  encore 
un  an,  etait  iait  c/ievalier  de  Malte ;  car  c'etait  alnsiqualors 
on  disposa'u  de  la  destinee  de  ses  enfans ,  un  pen  legerement , 
ilfaut  en  convenir.  On  aurait  vu  comment  M.  de  Saint-Aubin, 
fort  occupe  de  chasses  a  la  pipee,  et  M'^'^  de  Saint-Aubin,  dont 
tout  le  terns  etait  pris  par  des  visiles  a  recevoir  ou  a  rendre, 
abandonnerent,  pendant  sept  ans,  le  soin  d'elever  leur  fille 
a  des  femmes-de-chambre,  tres-bonnes  personnes  d'ailleurs, 
mais  qui  remplirent  sa  jeune  tete  d'histoires  de  revenans  : 
comment,  parvenue  a  sa  septieme  annee,  elle  fut  raise  sous  la 
conduite  de  M""  de  Mars  (fille  d'un  organiste  de  Vannes), 
qui,  seule  chargce  de  ses  etudes,  lui  fit  etudier,  en  effet,  le 
le  catechisme,  nn  abrcge  historique  du  jesuite  Buffier,  le 
Theatre  de  M"'  Barbier,  la  Clelie ;  et  comment  ces  etudes 
ayant  developpe  la  double  vocation  que  M"'^  de  Genlis  devait 
suivre  plus  tard  avec  tant  de  succes  et  de  perseverance ,  elle 
fesait ,  des  I'age  de  huit  ans ,  des  romans ,  des  comedies  ,  et,  de 
plus,  donnait  des  lecons  aux  pctits  enfans  du  village,  rassem- 


366  LiTTtRATURE. 

bles  pour  I'ecoutei'  sous  la  lerrasse  du  chateau,  d'ou  clle  Irur 
jetait  dos  galettcs.  Enfin,  Ton  aurait  vu  la  jcunc  chanoinesse , 
qui  suivait  Ics  processions  de  la  Fete-Dieu,  habilloe  en  ange, 
joucr  dans  dcs  prologues  de  comedie  un  role  A' Amour ,  avcc 
un  hiihlt  r.ouleur  de.  rose...  de  pctites  boUines  couleur  de  paille 
et  argent...  ct  des  ailes  bleues ;  conserver  hors  de  la  scene 
ce  costume,  qui  lui  allait  si  bien  qu'on  le  Xm^i  porter  d'ha^ 
bitude  ;  avoir  son  habit  d' Amour  pour  les  jour.i  om>riers  et  son 
habit  d'Ar-nour  des  dimanchcs ;  puis,  s'en  aller  journellcnient 
promener  dans  la  campagne  avec  tout  son  attirail  d' Amour,  un 
carquois  sur  Tepaule,  et  son  arc  a  la  main :  do  tout  quoi  Ton 
aurait  pu  conclure ,  avec  M""=  de  Genlis,  que  cetle  education 
singulicrc  (qu'au  reste,  clle  avait  dejii  pcinte  dans  I'histoire 
de  la  comtesse  de  Rosmond  des  Meres  rivales),  dut  produire 
dans  son  imagination  et  dans  son  caracterc  un  melange  a  la 
fois  religieux  et  lomanesque ,  dont  on  ne  trouve  que  trop  de 
traces  dans  la  plus  grande partie  de  ses  ouvrages. 

Tout  cela,  quoique  original  et  meme  divertissant ,  est,  il 
faut  le  dire ,  un  pen  long  et  passablement  futile.  C'est  done 
sans  trop  de  regret  qu'abandonnant  les  details  sur  celte  partie 
des  Memoires  aux  critiques  qui  m'ont  d,evancc,  je  me  hate 
d'arriver  a  I'epoqne  oii  la  comtesse  de  Lancy  (nom  de  M"^  de 
Saint- Aubin,  depuis  sa  reception  au  chapitre  d'Alix),  vient 
se  fixer  a  Paris  ,  et  ou  nous  allons  cnfin  rencontrer  quelques 
personnages  plus  connus  que  ses  cloves  de  Bourgogne. 

Le  premier  qui  sc  prescnte  est  ce  La  Popliniere,  le  plusce- 
lebre  des  fermiers  generaux  par  son  faste,  son  gout  pour  les 
arts  et  ses  disgraces  maritales.  M"®  de  Genlis  le  peint  comrae 
un  homme  de  bcaucoup  d'esprit,  d'un  caractere  doux  et  facile; 
bon  maitre,  bon  parent,  ami  fidele  et  tendrc,  possedant,  en 
,  \mmot,  toutes  les  vertus  domestiqnes:  et,  sur  ce  point,  tout  le 
monde  est  d'accord  avec  M'"^  de  Genlis.  Elle  ne  fait  aussi  qu'a- 
jouter  une  voix  distinguee  a  la  foule  des  temoignages  contcm- 
poraius,.  quand  clle  nous  montre  cet  homme  sur  lequel  la 
moqueric  pendant  plus  de  trentc  ansfut,  dit  elle ,  incpuisable , 
faisant  un  bien  infini  dans  sa  tcrre  de  Passy,  mariantet  dolaut 


I 


LITTERATURE.  36? 

chaque  annee  six  pauvres  lilies,  repandant  d'abondantes  au- 
inones  dans  les  families  indigentes,  et  donnant  du  travail  aux 
ouvriers;  tenant  un  f;rand  etal  de  maison  sans  avoir  fait  jamais 
aucune  dette;  recevant  beaucoup  de  monde,  et  tres-bonne 
conipagnie ;  aimant  passionneiiient  In  litterature ,  Ics  arts  el  les 
talens.  Jiisqu'ici,  pas  \\n  trait  qui  ne  soit  fidele,  a  tel  point 
qii'on  poLirrait  les  retrouvcr  tons  dans  les  Memoires  deja  pu- 
blics sur  cette  epoque,  comme  je  m'en  suis  assure.  Marmontel, 
entre  autres,  nous  fait  voir,  non-seiilement  la  meillenre  com- 
pagnif ,  mais  la  plus  haute  noblesse  et  les  arnbassadeurs  de 
TEurope,  reunis  aux  soupers  et  aux  spectacles  de  M.  de  La 
Popliniere.  Puis  ,  il  ajoute  : «  Le  niaitre  de  la  maison  en  faisait 
les  honneurs  en  liomme  qui  avail  pris  dans  le  monde  le  senti- 
ment des  convenances...  dont  I'orgueil  memesavait  s'envelop- 
per  de  politesse  et  de  modestie  ,  et  qui ,  dans  les  respects  qu'il 
rendait  aux  grands  ,  ne  laissait/?«j  de  garder  encore  un  certain 
air  de  civilite  libre  et  simple  qui  lui  allait  bien...  personne , 
quand  il  voulait  plaire ,  n'etait  plus  aimable  que  lui.  II  avail  de 
I'esprit,  de  la  galanlcrie,  ctsans  aucime  elude,  ni  beaucoup  de 
culture,  assez  de  talent  pour  les  vers.  »  Voila  qui  acheve  le 
portrait  a  merveille,  et  je  crois  avoir  donne  une  singuliere 
preuve  de  sa  ressemblance,  en  le  faisant  ainsi  terminer  par  un 
autre  peinire,  sans  qu'il  ful  possible  dc  s'apercevoir  que  la 
main  qui  tenail  le  crayon  avail  change. 

Mais,  pourquoi  M"' de  Genlis,  a  qui  Ton  eut  passe  sans 
mot  dire  ,  de  vanter  serieusement  la  sobrietc  d'un  fermier  ge- 
neral, veut-elle  aussi  lui  faire  honneur  de  cerlaine  temperance 
qui  parait  n'avoir  pas  etc  toujours  une  vertu?  Quand  e!le  vient 
affirmer  quil  avail  les  mceurs  les  plus  pares ,  la  conduite  laplus 
decente  et  la  plus  reguliere ,  ne  craint-elle  pas  de  rappeler  le 
prclexte  le  plus  fecond  ,  ou  le  sujet  Ic  mieux  fonde  dc  celte  mo- 
querie  trentc  ans  incpuisahle  dont  elle  parlail  toutarheure? 
Ici,  je  I'avoue,  3Iarmoulel  me  parait  mieux  el  plus  amplement 
informe.  Sincerement  attache  a  La  Popliniere,  il  convient  ce- 
pendaut  de  ses  defauts.  \.e  plus  deplorable,  suivanllui,  etait 
une  soifde  Tantale  pour  un  genre  de  volupte  dont  le  vieux 


368  uttj^:rature. 

financier  nc  pouvait  plus  on  presque  plus  jouir.  La  fortune  (jni 
iui  amenait  les  plaisirs  en  foulc,  et  la  nature  qui  lui  en  prescri- 
vait  une  abstinence  humiliante ,  le  tcnaicnt  dans  une  alterna- 
tive de  tentations  continuelles  et  de  continuelles  privations  ,  qui 
ctait  un  supplice  pour  lui.  «  Le  ii)alheureux./poyrsuiK  Mar- 
montel,  ne  pouvait  se  persuader  que  la  cause  ^gf^'^^^iW™^- 
II  ne  manquait  jamais  tTen  accuser  robjet  pt^s<!ttEvet  ftlutes 
los  fois  qu'un  objet  nouvean  lui  scmblait  avpir  ijjjifi'!^t*ijaits  , 
on  le  voyait  galant,  enjoue,  comme  epanoui  pkr^.ra5aJi/d'es- 
perance;  c'etait  alors  qu'il  ctant  aimable.  II  fabrniL-de^  contes 
joyeux,  il  chantait  des  chansons  qu'il  avail  composees,  d'un 
style  tantot  plus  librc,  tantot  plus  delicat,  selon  I'objet  qui 
I'animait :  mais,  autant  il  avail  ete  vif  et  charmant  le  soir  , 
autant  le  lendemain  il  etait  triste  et  mecontent.  »  Marmontel 
qu'environnaient ,  dans  la  dcmeure  de  son  patron,  presque 
autant  A  occasions  de  faillir ,  n'etait  pas  a  beaucoup  pros  si 
infaillible.  II  logeaic  dans  un  co\t\Aov peuplc  de  filles  de  spec- 
tacle,  et  particuliercment  des  chanteuses  et  des  danseuses  de 
I'Opera  qui ,  comme  il  le  dit  ailleurs,  venaient  aPassy  embellir 
les  soupers.  Or  il  convient  qu'avec  un  tel  voisinage,  il  lui  etait 
nial  aise  d'etre  econome  des  hemes  de  son  soinmeil  et  de  cellcs 
de  son  travail.  Ce  qu'il  y  a  de  personnel  dans  son  rccit  doit,  ce 
semble,  ajouter  beaucoup  a  la  confiance  qu'il  nitrite.  Je  crois 
done  pouvoir  conclure  que,  dans  cette  grave  question,  c'est 
M"«  de  Genlis  qui  se  trompe.  Rien  de  plus  naturel  que  sa  me- 
prise.  Il  est  possible  qu'i  I'exception  du  corridor  oil  logeait 
Marmontel,  la  decencc  dont  elle  parle  cachat  trop  bien  cer- 
laines  choses  pour  que  X esprit  d'une  tres-jeune  personne/>err«7 
ti  travers  ces  voiles. 

On  aura  plus  de  peine  a  s'expliquer  comment,  a  peu  pres 
vers  ce  tems-la  (1759),  M""^  de  Genlis,  qui  n'avait  que 
treize  ans ,  a  pu  rencontrer  frequemment,  dans  des  reunions 
de  gens  de  lettres,  le  poete  Berlin,  qui  avail  six  ans  de  moins 
qu'elle  (i).  On  s'etonnera  qu'a  I'epoque  oil  M""'  de  Genlis  publia 

(i)  Berlin,  le  compatriote,   Tami^  intiine,  le  lival  et  non  pas 


LlTTfiRATURE.  36g 

le  premier  volume  de  sou  Theatre  <C education ,  c'est -a-dire 
en  1777,  elle  eut  deja  /«,  non-seiilement  la  premiere  moitic 
des  Confessions  de  J.-J. ,  qui  n'a  paru  qu'en  1781,  mais  encore  la 
seconde  partie  qui  n'a  vn  le  jour  que  sept  ansapres  (1788J.  Voilii 
pourtant  ce  qui  resulte  de  ce  passage,  que  j'abrege  sans  I'al- 
turer  :...  «  Parnii  l^kttres  de  conipliniens  sans  nonibre  que  je 
recus  au- Palais^nfjiil ,  sur  le  premier  volume  du  Theatre 
(V education',  j'en  recus  une  de  M""=  d'Epinay,  que  je  ne  con- 
naissais  pas  du  tout...Sa  lettre  etaitaimable;  je  medecidai  alui 
faire  une  visite :  eUe-«ie  recut  si  bien  que  je  me  promis  d'y 
retourner...  Je /ericttjftL^x^hez  elle  M»"=  d'Houdetot ,  sa  belle- 
sceur,  beaucoUp  plHl^'^piEituelie  qu'elle  :y'e  la  regardai  avec 
curiosite ,  parce  q'U^j'^ku!t\lu  dans  les  Conjessions  de  J.-J. 
Rousseau  ,  quil'a^'^^^lfte  p().ssionnenienl  amoureux  d'elle  ;  ce- 
pendant,  elle  e^ait  esTr'^r^ment  louche,  et  ses  trails  d'ailleurs 
n'etaienl  pas  beauxr5>-(-Tome  iii,  pages  io5,  106  ,  107  ct  108.} 
Les  mots  ye  recus  au  Palais-Royal  fixent  parfaitement  la  date; 
c'etait,  comme  je  viens  de  I'indiquer ,  avant  I'entree  de  I'auteur 
au  convent  do  Bellechasse,  qui  eut  lieu  en  1777.  La  distraction 
est  d'autant  plus  forte  qu'il  est  tres-difiicile ,  a  coup  sur,  que 
nous  nous  meprenions  nous-memes  sur  le  motif  qui  nous  a 
determines  a  faire  une  chose.  Or,  le  motif  determinant  de 
M"'  de  Geulis  pour  regarder  avec  curiosite  M"""  d'Houdetot , 
aurait  ete  la  lecture  d'un  livre  qui  ue  fut  imprime  que  dix  ou 
douze  ans  plus  tard,  atlendu  qu'il  n'est  question  de  M""=  d'Hou- 
detot ,  et  de  la  passion  de  J.-J.  pour  elle ,  que  dans  la  seconde 
partie  des  Confessions. 

II  serait  inutile  de  multiplier  ces  remarques,  mais  j'ai  du  les 
faire,  et  voici  pourquoi.  M";^  de  Genlis  a  bien  certainement  la 


I'egal  de  Parny,  quoiqu'on  en  dise,  etait  ne  le  10  octobre  lySa. 
Quand  M""^  de  Genlis,  nee  en  174^).  avail  treize  ans,  ii  en  avail  done 
sept;  et  s'il  etail  deja  poete ,  c'etail  du  inoins  a  I'ile  de  Bourbon. 
II  ne  fut  envoy e  en  France  qu'en  1761.  II  publia  ,  seuleuient  en  1773  , 
quelques  poesies  sans  goiil  el  presque  sans  talent.  Ses  elegies  (  les 
Amours),  son  premier  litre  a  udc  renoinniee  durable,  n'onl  paru 
qu'apres  celles  de  Parny,  en   178a. 

T.  XXXI.  —  Jout  i^^G.  alt 


370  LlTTl^RATURE. 

meilleure  memoire  possible  :  tout  le  itiondc  le  dit ;  el,  de  plus, 
M""  de  Genlis  le  ropete,  comiiie  si  personue  iie  le  savait.  EUe 
convient ,  avec  la  meme  franchise,  qu'il  doit  nccessairement  y 
avoir  un  grand  nombre  de  critiques  (  etsouvent  tres-piquantes) 
dans  un  ouvrage  qui  contient  une  infinite  d'anecdotes  parlicu- 
lieres.  II  suit  de  lacpi'en  oonlribuunt  poiit-tlrc,  par  Taiialyse  dc 
son  livre,  a  repandrc  ce  grand  nomhrc  de  critiques  souvent  tres- 
piquantes,  je  ni'imposais  robli^ation  d'avcrtir  que  son  excel- 
lente  memoire  ne^  I'a  pas  toujours  servie  aussi  iideloment  que 
ses  bonnes  intentions.  M'en  voila  quittc  maiutenant;  etjepuis, 
sans  scrupiile,  annoncer  qu'on  trouvera ,  dans  les  trois  premiers 
volumes  de  ses  Me  moire  s ,  une  suite  presque  continuelle  de 
portraits  qui  font,  en  quelque  sorte,  passer  devant  les  yeux 
du  lecteur  toute  la  haute  socicte ,  depuis  les  dcrnieres  annoes 
du  regne  de  Louis  XV  jusiiu'a  la  revolution.  La  premiere 
chose  qui  frappe,  en  parcourant  avec  attention  cette  curieuse 
ct  tres-Iongue  galerie  ,  c'est  d'y  voir  presque  toutes  les  femmes 
qui  ont  suscite  dcs  tracasseries  au  peintre,  ou  qui  lui  ont  fait 
des  noirceurs ,  aussi  pauvres  de  figure  que  laides  de  coeur  et 
d'esprit ;  le  visage  de  V  une  est  crible  parla  petite-verole ,  I'autre  a 
\enezd\\n  rouge eclatant.  En  revanche,  celles  qui  ont  aime,  ad- 
mire surtout  I'auteur  des  Memoires,  nous  apparaissent  presque 
toujours  commc  des  angcs  de  lumiere  et  de  beaute.  Qu'en  con- 
clure?  la  prevention;  Dieu  m'en  garde!  j'y  trouve  une  expli- 
cation plus  polie ,  et  non  moins  naturelie.  Que  les  sotles ,  les 
laides,  les  maussades,  aient  toutes  montre  de  I'eloignement 
pour  M'"'  de  Genlis,  rien  de  plus  croyable;  ii  y  avait  incom- 
patibilite.  Qu'au  contraire  des  femmes  charmantes,  en  qui  tout 
etait  prodige,  I'esprit ,  les  graces,  la  beaute,  se  soient  unani- 
mement  declarees  pour  M""'  de  Genlis,  rien  de  plus  inevitable; 
il  y  avait  sympathie. 

Dans  la  foule  de  ces  portraits,  il  en  est  de  charman:;  sans 
daute;  ])liisieurs  sont  meme  traces  avec  ime  habilete  incontes- 
table ,  et  qui  plairait  bien  davantage  si  elle  se  trouvait  unie  h 
un  pen  plus  de  varieto.  Cependant,  comme  I'auteur  possede 
I'art  de  conler  bien  plus  que  le  talent  de  peindre,  on  preferera, 


LITTER  ATUHE.  871 

je  presume ,  ses  anecdotes  h  ses  portraits ;  on  lira  surtout  ses 
historiettes.  Elles  sent  tres-nombreuses  aiissi ,  et  quelquefois 
passablement  longues.  J'indiqiierai,  comme  la  plus  siuguliere, 
cellc  dii  vicomte  de  Ciistine  ,  dontle  frere  a  etc  I'un  des  pre- 
miers generaux  de  nos  armecs  republieaines.  II  n'y  a  rien  dans 
les  romans  de  M™'  de  Genlis  de  si  eminemnient  romanesque  : 
tant  la  verite  pent,  meme  en  ce  genre,  I'emporter  sur  la  fiction  ! 
Je  recommande  ce  recit  aux  amateurs  comme  une  bonne  for- 
tune, lis  le  trouveront  tout  cntier  dans  le  cours  du  second  vo- 
lume ou  il  I'evient  ,a  diverses  leprises ,  couvrir  un  asscz  grand 
nombre  de  feuillets.  Quant  a  nioi ,  je  crois  devoir  aux  lecteurs 
de  la.  Revue,  de  chercher,  avant  tout,  dans  des  Memoires  sur 
le  xviii'  siecle,  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  curieux  a  glaner 
sur  les  hommes  dont  le  genie  a  forme  I'esprit  de  ce  grand 
siecle,  et  I'a  immortalise. 

Ah  Jove principium  ;  je  coifiimence  par  un  voyage  a  Ferney. 
M"*  de  Genlis  nous  y  conduit  en  1776.  Elle  n'a  point  apporte 
de  lettres  de  recommandation,  et  se  decide  a  ecrire  de  Ge- 
neve un  billet,  qu'elle  datefierement  du  mois  dHaoiil.  Malgre 
cet  acte  de  fierte ,  Voltaire ,  qui  datait  du  mois  A'Jiiguste , 
repondit  le  plus  gracieusement  du  monde ,  par  une  invitation 
a  diner  et  h  souper;  ajoutant  que  ce  jour  -  la  il  quitlerait  ses 
pantoujles  et  sa  robe  de  chambre.  Qui  le  croirait ,  cependant  ? 
Cette  reponse  tres-gracieuse,  fitfaire  a  IM"^  de  Genlis  A'inquic- 
tantes  reflexions.  «  Je  me  rappclai ,  dit-el!e,  tout  ce  qu'on  ra- 
contait  des  personnes  qui  allaient  pour  la  premiere  fois  a 
Ferney.  II  etait  d'usage,  surtont  pour  les  jeunes  femmes,  de 
s'emouvoir,  de  palir,  de  s'atlcndiir,  et  meme  de  se  trouver 
mat  en  uprrcevant  M.  de  Voltaire  :  on  se  precipitait  dans  ses 
bras,  on  balbutiait,  on  plcurait,  on  etait  dans  un  trouble  qui 
ressemblait  a  I'amour  le  plus  passionne.  C'etait  letiquelte  de  la 
presentation  a  Ferney...  «  Ah,  que  n'ai-je  eu  le  bonheur  d'ac- 
compagner  dans  sa  visite  I'aimable  et  timide  conviee  !  Comme, 
pour  calmer  ses  craintes,  je  me  serais  empresse  de  lui  dire  a 
combien  Ae  jeunes  femmes ,   tres-bien  recues  a  Ferney,  on 


:i7i  L1TTERA.TU.RE. 

avail  fait  yiAce  «I(;  Yeliquettc  qui  Iciii  piesciivait  dc  *'j  trou- 
\'crinal! 

Le  coinpaynoii  do  M""  de  Genlis  ii'aurait  pii  lui  rendre  tc 
pelit  service;  il  etait  trop  ignorant  du  ceremonial  de  Ferney 
et  dcs  usages  de  France.  C'etait  iinjeuue  M.  Ott,  peintre  al- 
lomand  ,  revenant  d'ltalic,  ctqui  iy\\.  scandalise  Ac  trouver,  en 
entrant  au  chateau  ,  un  beau  tableau  du  Coriege,  cache  dans 
unc  obscure  antichauibre,  taudis  qu'elalee  dans  le  salon,  et  en- 
virounee  d'un  cadre  superbe,  res|)lendissait  a  tous  les  yeux  une 
veritable  enseignc  a  bierre ;  une  peinlure  ridicule  rvprcsentanl 
M.  de  Voltaire  dans  une  gloire,  tout  entoure  dc  rajons  comme 
un  saint,  ay  ant  it  ses  genoux  les  Calas ,  et  foulant  a  ses  picds 
ses  ennemis ,  Freron,  Poinpignan,  etc.,  qui  exprimaicnt  leur 
humiliation  en  ouvvant  des  bouches  enormes  ,  et  en  Jaisant  des 
grimaces  ejfroyables.  A  coup  sur,  lout  cela  elait  bien  detes- 
table; etsans  etre  indigne  du  dessin,  conime  M.  Ott,  nidcla 
composition  ,  comme  M""^  de  Genlis  ,  je  trouve ,  aulant  qu'eux 
pour  le  moins,  inconcevable  que  Voltaire  ail  pu  manquer  de 
sens  et  de  gout  au  point  d'exposer  dans  son  salon  une  telle  pla- 
titude. Mais  enfin,  quand  M.  Ott  se  levoltait  contre  ce  chef- 
d'oeuvic  Ac(\\xe\(\w  Apelle  genevois ,  ildevait  etreprevenu  par 
I'humeur  que  lui  causait  ce  beau  Correge  relegue  dans  cette 
v'ilaiue  antichambre  ;  et  M'"^  dc  Genlis  avail  de  I'humeur  aussi, 
car  elle  venait  defaire  une  gaucherie ,  sans  qu'il  y  cutprecise- 
menl  de  sa  faute.  Sa  montrel'avait  trompee;  elle  etait  arrivee 
irois  grands  quarts  d'heure  avant  le  diner.  En  regaidant  a  la 
pendule,  elle  reconnut  avec  douleur  sa  meprise  ,  ce  qui  redou- 
bla  son  embarras.  En  ce  moment,  se  presente,  (decoiec  d'une 
medaille  dor,  prix  d'arquebuse  donne  par  M.  de  Voltaire"), 
M""  de  Saiut-Julien,  qui  propose  a  M"''  de  Genlis  un  tour  de 
promenade  sur  la  terrasse;  ce  qui  devient,  comme  on  va  voir 
la  cause  d'une  nouvelle  douleur. 

Cherchanl  quelque  moyen  de  plaire  a  I'lionime  illustre  qui 
voulait  bien  la  recevoir ,  M'"'  de  Genlis  s'etail  paree  avec  tout 
le  soin  possible.  Je  n'ai  jamais  eu ,  dit-elle,  tanl  deplumes  el 
tant  dejleurs.  Or,  la  terrasse  sur  laquellc  la  conduisilM"'  de 


LITTERATURE.  3,:i 

Saint-Julien  etnit  recouverte  d'un  tieillage  si  has  qu'elle  eut 
beau  se  baisser  et  marcher  sur  sa  robe  en  ployant  beaucoup  les 
genoux ,  ellc  ne  put  garantir  ses  plumes.  Quand  on  vint  an- 
noncei-  que  Voltaire  entrait  dans  Ic  salon  ,  elle  etait  decoiffee 
et  toute  chourijfee ,  et  avait  line  mine  verilnhlement  piteuse  el 
tout-a-fait  dccornposee.   Neanmoins ,   elle  fnt  touckee  quand 
Voltaire  hii  baisa  la   main,  et  elle  Yembrassa  de  bon  coeur. 
Mais  il  parait  que  cette  emotion  passagere  ne  put  cliasser  sans 
retour  le  mt-contentement  que  lui  avail  cause  \e  pheux  etat  d<- 
sa  coiffure,  vu  dans  une-des  glaces  du  chateau.  Quand  on  est 
mecontent  de  soi,   on  meme  de  sa   toilette,  on  est  difficile  .-. 
eontenter.  Aussi,  allons-nous  voirque  ,  pendant  tout  le  diner , 
M.de  Voltaire  ne  fut  rien  mains  quaimable.  «  II  eut  toujours 
I'air  d'etre  en  colere  centre  ses  gens,  criant  avec  une  telle  force 
que  la  sal  le  a  manger,  qui  etait  tres-sonore,  retentissait  d'nue 
maniereeffrayante...  «  H  avait  beaucoup  perdu  de  I'usage  ,!.. 
monde  qu'il  avait  dA  avoir,  ajoute,  quelques  pages  plus  loin  , 
1  auteur  des  Meinoires...  Depuis  qu'il  etait  dans  cette  terre ,  on 
nallait  le  voir  que  pour  I'enivrcr  de  Ir.uanges;  ses  decisions 
etaient  des  oracles ;  tout  ce  qui  I'entourait  etait  a  ses  pieds;  il 
n'entendait  parler  que  de  I'admiration  qu'il  inspirait ,  et  Ics 
exageralions  les  plus  ridicules  en  ce  genre  ne  lui  paraissaient 
plus  que  des  hommages  ordinaires.  Les  roismeme  n'ont  jamais 
ele  les  objets  d'une  adulation  si  outree  :  du  moins  ,  I'etiqnett.- 
defend  de  leur  prodiguer  toutes  ces  flatteries;  on  n'cntre  poini 
on  conversation  avec  eux;  leur  presence  impose  silence ;  et 
•Srace  au  respect,  la  flaltene,  a  la  cour,est  obligee  d'avoir  d- 
lapudeur,  et  de  ne  se  montrer  que  sous  des  formes  delicates. 
Je  ne  I'ai  jamais  vuc  sans  menagement  qua  Ferney  ;  elle  y  etait 
vraiment  grotesque  :  et,  lorsque,  par  I'habitude,  elle  peutplaire 
sous  de  semblables  traits,   elle   doit   necessairement  gater  le 
gout,  le  ton  et  les  manieres  de  celuiqu'clie  seduit.  Voila  ponr- 
quoi  I'amour-proprc  de  M.   de  Voltaire  etait  sin^ulieremeut 
'rritablc,  et   pourquoi  les   ciiliques  lui  causaient^cc  chagrin 
pueni  qu'd  ne  pouvait  dissimuler.  «  II  y  a  dans  ces  observa- 
tions unc  finesse  piquanic;  ily  a  menic  quciquc  chose  dc  vrai 


374  LITTl^RATURE. 

qiioiqiie  je  n'aie  point  oui  dire  que  les  manieies ,  !e  ton  et  \e 
goAt  de  Voltaire  aient  jamais  etc  si  gates;  quoique  les  preuves 
de  la  susceptibilite  de  ce  grand  honime  pour  la  critique  datent, 
non  poiut  de  son  sejour  a  Ferney ,  mais  de  la  representation 
de  son  OEdipe,  ou,  anlerieurcment  encore,  d'un  concours  a 
TAcademie  dans  lequel  le  jeune  Aronet  avait  ete  mallieurcux; 
qnoiqiie,  enfin,  je  sois  trcs-eloignu  de  prctendre  garantir  les 
formes  toujonrs  aimahles  ni  surtout  la  puclcur  des  flatteries  de 
cour. 

Au  surplus,  je  no  dois  pas  omettre  que,  dans  vingt  autres 
endroits,  M""=  de  Genlis  rend  elle-meme  hominage  i  la  poli- 
tesse  de  Voltaire,  a  sa  conversation  parfaitement  aimable , 
qtiand  il  n'elait  question,  dit-elle,  ni  de  ses  ennemis  ni  de  la 
religion.  Je  dois  moins  encore  oublier  I'impression  que  fit  sur 
elle  le  spectacle  des  bienfaits  sans  nonrVre  que  I'illustre  vieil- 
lard  repandait,  depuis  vingt  ans,  autour  de  lui.  Elle  s'en 
explique  en  temoin  oculaire,  avec  simplicite,  mais  avec  effu- 
sion ,  et  elle  rend  a  leur  autcur  cet  eclatant  temoignage ,  ex- 
cellent i  recueillir  d'une  bouclie  si  peu  suspecte :  « II  nous  mena 
dans  le  village  pour  y  voir  les  maisons  qu'il  a  balies  et  les  eta- 
blissemens  bitnfaisans  qu'il  a  formes.  11  est  plus  grand  h'l  que 
dans  ses  livres,  et  Ton  y  voit  partout  une  ingenieuse  bonte... 
II  montrait  ce  village  a  tons  les  etrangers,  mais  de  bonne 
grace  ;  il  en  parlait  simplement,  avec  bonhomie;  il  instruisait 
de  tout  ce  qu'il  avait  fait;  et  cepcndant  il  n'avait  nullement 
I'air  de  s'en  vautcr,  etj'e  ne  connais  personne  qui pilt  enfaire 
aittant.  »  Ce  dernier  trait  estdigne  de  remarque  par  sa  simpli- 
cite meme;  c'esl  le  ton  d'un  noble  aveu.  Jamais  on  n'a  mieux 
loue  le  grand  homme  contre  lequel  M"=  de  Genlis  a  si  long- 
tems  et  si  amerement  ecrit. 

Comme  sa  constante  habitude  est  de  peindre  en  detail  la 
figure  de  tous  ceux  qu'elle  a  connus,  ou  meme  seulement  ren- 
contres, on  sera  sans  doMte  bien  aise,  avant  de  quitter  Ferney, 
de  lui  voir  au  moins  esquisser  celle  du  maitre  du  chateau. 
«  Tous  ses  portraits  et  tous  ses  busies  sont  tres-resscmblans  , 
assure-t-elle;  mais  aucun  artiste  n'a  bien  rendu  ses  yeux.  Je 


LITTfiRATURE.  375 

m'attendais  a  les  trouver  brillans  et  pleins  tie  feu  ;  ils  etaient 
en  effct,  les  plus  spirituels  que  j'aie  vus ;  mais  ils  avaient 
en  meme  terns  quelque  chose  do  veloute  el  une  douceur  inex- 
primable  :  I'anie  do  Zaire  etait  tout  entiere  danscesyeux-  la. 
Sou  sourire  el  son  rire  extremement  malicieux  changeaient 
tout-a-fait  cctte  cliarmante  expression.  II  etait  fort  casse  ,  et  sa 
maniere  gothique  de  se  me'ttre  le  vieillissait  encore  :  il  avail 
une  voix  sepulcrale  qui  lui  donnait  un  ton  singulier,  d'autant 
pliisqu'il  avail  I'liabitude  de  parler  excessivemenl  haul,  quoi- 
qu'il  ne  fnt  pas  sourd.  «  Je  crois  ponvoir  garanlir  la  verite  de 
cette  peinture  ,  dont  le  coinmencereent  a  de  la  grace.  Mais  ,  en 
disant  que  les  artistes  n'avaieut  pas  sii  rcndre  les  yeux  dc  Vol- 
taire, il  aurail  fallu  fairc  une  exception.  J'ai  vu  chcz  un  homnie 
celebre  un  portrait  dans  leqnel  I'auteur  de  la  Henriade  parais- 
sail  avoir  trente  ans  :  c'eiail  un  ouvrage  de  Largilliere  et 
un  cadeau  du  comte  d'Argental.  On  trouvait  dans  le  re- 
gard cette  douceur  inexprimable  et  dans  les  yeux  ce  veloute 
dont  parle  si  bien  M™"  de  Genlis.  Le  possesseur  du  portrait 
avail  coulume  de  dire  a  ceux  dont  cette  aimable  et  douce  fi- 
gure avail  attire  I'attention :  «  Regardez  ;  il  a  Zaire  dans  I'oeil !  » 
Etce  mot  pourrait  fort  bien  avoir ete  I'origine  du  trait,  Xdine 
de  Zaire  etait  tout  entiere  dans  ces yeux-ih  ;  car  M™'de  Genlis 
a  eu  autrefois  des  relations  avec  le  possesseur  du  portrait,  et 
elle  a  long-tems  entretcnuun  commerce  de  lettres  avec  lui.  An 
surplus,  la  double  expression  qu'cUe  donne  a  la  physionomie 
dudialelain  de  Ferney  se  trouvait  la  confirmee  et  visible.  II  y 
avail  aupres  du  Voltaire  peint  par  Largilliere,  a  trente  ans  , 
un  vieux  Voltaire  sculple  par  Houdon  :  c'etaienl  deux  hommes 
lout  diffcrens.  Merope  et  le  Senateur  Pococurante  n'auraient 
pas  contraste  davantage  :  il  y  avail  la  meme  distance  entre  le 
buste  et  le  portrait. 

Passant  de  Voltaire  a  J.-J.  Rousseau ,  il  m'eut  ete  fort  agrea- 
ble  de  raconter  sa  premiere  entrevue  avec  M"*  de  Genlis, 
scene  comique,  et  double  mystification,  attendu  que  M™«  de 
Genlis  recoit  Rousseau,  en  croyant  n'accueillir  que  Preville 
charge ,  pour  la  mystifier ,  de  jouer  le  role  du  philosophe , 


3:6  LIITERATURE. 

tandis  quo  le  philosophc,  pris  pour  le  conicdien,  sans  s'eudou- 
ter,  se  fait  honneur  de  la  gaite  qu'inspire  Vexcellent  jeu  dc 
Prtjville  :  j'auraisrapportc  sa  brouillerie  avcc  le  comte  de  Gen- 
lis  qui,  au  lieu  de  deux  Louteilles  d'un  bon  vin  de  Sillery  que 
Rousseau  avail  prouiis  d'acccpter,  eut  la  mauvaise  peusee  de 
lui  en  faire  porter  cinquante  ;  j'aurais  dit  aussi  la  rupture  qui 
siirvint,  au  bout  de  deux  mois,  entre  I'auteur  d'Ernile  et  celui 
A'Jdele  et  Theodore,  a  la  suite  d'une  representation  da  Pe.r- 
siffleur,  ou  Rousseau  ,  qui  etait  venu  dans  «ne  logc  f;riHcc 
avee  M'"*  do  Genlis,  la  voyant  beaucoup  troppareepour  croire 
qu'elle  eut  I'intention  de  s'y  cacher,  pretendit  qu'on  ne  I'avait 
mene  a  la  comudie  que  pour  le  donner  en  spectacle, /po«r /<? 
faire  voir  au  public,  comme  on  montre  les  betes  feroces  a  la 
foire.  Tout  cela  est  fort  joli  sans  doute,  et  parfaitement  bien 
narre :  j'aurais  eu  ,  je  le  repete,  grand  plaisir  a  le  faire  con- 
naitre,  si  ce  n'eul  pas  ete  deja  connu,  a  peu  pres  de  tout  le 
moude,  et  depuis  environ  vingt  ans.  Quoique  je  ne  sache  pas 
qu'aucun  des  jouruaux  qui  ont  reprodiiit,  en  partic,  ce  rccit 
aniusant,  mais  un  peu  long,  en  ait  deja  fait  la  remarque ,  je 
crois  me  rappeler  que  tout  le  morceau,  fel  qu'il  est  dans  ces 
Me  moire  s ,  a  etc  mis  dans  Le  Mercure ,  auquel  travailiait  alors 
Tyjmc  jg  Genlis,  et  roproduit  dans  la  Di'cade ,  a  peu  pres  vers 
le  meme  tems.  Au  moins  est-il  bien  certain  qu'on  le  trouve 
mot  pour  mot  dans  les  Souvenirs  de  Felicie  (i). 

La  scene  qui  va  suivre  est  plus  ncuve  ,  sans  etre  moins  ex- 
traordinaire :je  la  franscrirai  textuellement  :  elle  est  courte; 
etje  ne  dois  pas  oublier  que  M'"'  de  Genlis  s'eleveavec  toutc 
raison  contrc  I'iujustice  des  journalistes  qui  pretendent  faire 
conuaiLre  ses  ouvrages,  sans  en  offrir  au  public  aucun  frag- 
ment de  quelque  ctendue.  C'est  done  elle- meme  qui  va  parlor: 
«  Je  donnai  successivcmcnt ,  dans  les  dix  premiers  mois  de 
mon  sejour  a  Belie  -  Chasse  ,  les  dcrniers  volumes  de  mon 
Theatre  d'educalion.  A  jiropos  de  celui  das  pieces  tirees  de  I'E- 
criture-Sainte,  (i'Alembert,  en   presence  de  M.  Schomberg, 

(i),  Tome  I'T,  pnges  2()o  et  suivantfs. 


I 


LITTER  ATURE.  377 

me  dit  amicalement  ( c'est  M"''  de  Genlis  qui  souligne  ),  qu'il 
me  conseillait  dc  no  jamais  parlor  i  I'avenir  de  religion  ,  parco 
que  celte  mode  elait  passee  ;  qu'il  fallait  employer  ma  belle 
imagination  sur  des  sujets  settlement  moraux  (  on  savait  q>ie  je 
travaillais  a  Jdele  et  Theodore) ;  et  qu'alors  je  serais  sure  d'ob- 
tenir  les  suffrages  les  plus  eclatans ,  et  que  lui  ^par  exemple , 
proposerait  a  I'Academie  de  creer  qnatre  places  de  femme,  afin 
de  me  mcttre  a  leur  tete ;  et  qu'il  etait  certain  d'obtenir  cette 
grace  qui  mecouvrirait  de  gloire,  parce  que  le  public  pense- 
rait  bien  qu'on  n'aurait  nomnie  les  trois  autres  que  pour  me 
faire  cette  faveur ,  en  diminuant  un  peu  I'envie  qu'elle  excite- 
rait.  Je  lui  demandai  qnelles  seraient  mes  trois  compagnes.  II 
me  nomma  M"""  de  Montesson,  d'Angevilliers  et  d'Houdetot. 
Je  repondis  qu'il  m'etait  impossible  de  separer  la  religion  de  la 
morale  ,  et  que  je  n'aurais  aucune  espece  de  talent ,  si  je  vou- 
lais  la  separer  d'line  telle  base  ;  que  non-seulemcnt  je  parlerais 
sanscessede  la  religion,  mais  que  je  combattrais  dc  tons  mes 
faibles  moyens  la  fausse  philosophic  qui  I'attaqueetla  calom- 
nie.  II  me  repondit  avec  colere  et  avec  dedain  que  je  m'en  re- 
pentirais.  II  ajouta,  du  ton  le  plus  ironique  et  le  plus  amer, 
que  la  grace  pourrait  etre  de  mon  cote,  mais  que  \!i force  n'y 
serait  pas.  Je  repondis  qu'avec  la  raison,  la  droilure  et  la  per- 
severance, on  est  toujours  fort.  La  dispute  devint  tres-piquante 
depart  et  d'autre,  malgre  tous  les  efforts  de  M.  Schomberg 
pour  nous  adoucir  et  nous  concilier.  D'Alembert  sen  alia  fu- 
rieux  :  depuis  ce  jour-la  ,  jc  ne  I'ai  pas  revu.Tel  a  ete  le  com- 
mencement de  ma  brouillerie  avec  les  philosophes.»(^Tomein, 
page  102. )  Dieu  me  garde  d'tleveraucun  doute  sur  une  aven- 
ture  si  plaisante  et  si  naiivement  racontee  !  Elle  n'eut  qu'un  seul 
temoin,  M.  de  Schomberg  ,  qui  est  mort.  Cette  anecdote  litte- 
raire  me  paraJt  etre  dans  sou  genre  ce  que  I'histoire  galante  du 
vicomte  de  Custine  est  dans  le  sien.  Permis,  du  reste,  a  chaque 
lecteur  de  chercher,  a  sa  maniere,  ce  qui  avait  pujeter  dans 
Tesprit  d'un  grand  algebristc  I'idee  de  ses  quatre  fauteuils  fe- 
minins.  Pour  moi,  je  crois  le  savoir  ;  et,  si  M"""  de  Genlis  n'a 
voulu  que  I'iudiquer,  c'est  sans  doute  par  modestie.  Elle  ve- 


378  LITT^RATURE. 

nait  d'atteindrei^  vine  diffnite  jusquA\ors  inaccessible  aux  per- 
sonoes  de  son  sexe  :  elle  etait  gouverneur  des  Pis  d'lin  premier 
prince  dii  sang.  Un  gcomctre  diit  trouver  tout  simple  de  fairo 
un  academicien  de  M""^  le  gouverneur. 

Si  Ton  njoiite  a  ce  qn'on  viciit  du  voir  sur  Voltaire,  Rous- 
seau ,  d'Alembert ,  quelques  recits,  de  la  memc  importance,  sur 
Buffonet  sur  LaHarpe;  quelques  traits  epars,  dontla  justesse 
n'est  pas  toujours  le  premier  merite,  sur  Thomas,  Saint-Lam- 
bert, Raynal,  Marmontcl,  I'abbe  Dclille,  Bcrnardin  de  Saint- 
Pierre  et  Palissot,  on  aira  toute  la  partic  littoraire  dcs  Mc- 
rnoires  sur  Ic  xviii""^  sicclc.  Quant  a  la  partic  politique  dcs 
Memoires  sur  la  revolution,  je  ne  dirai  point,  meme  par  poli- 
tesse,  qu'elle  est  plus  incomplete  encore;  ce  scrait  prom.ettre 
beaucoup  trop.  C'cst  la  surtout  que  les  esperances  sont  tout-i- 
fait  desappointces.  Y  parle-t-on  de  \  J ssemblee  des  notables  ; 
c'est  pour  rappeler  un  pari  de  cinquante  louis  d'or  entrc  le  due 
d'Orleans  et  M.  de  Lauzun.  Nomme  -  t  -  on  la  Feuille  villa- 
geoise  a  laquelle  I'auteur  dcs  Memoires  a,  comme  on  sait , 
fourni  des  articles;  on  se  borne  a  nous  donner  cette  profes- 
sion de  foi :  «  Je  n'etais  d'aucun  parti,  que  decelui  de  la  reli- 
gion. Je  desirais  la  reforme  de  certains  abus;  et  j'ai  vu  avec 
joie  la  demolition  dela  Bastille,  I'abolition  des  lettres  de  ca- 
chet et  des  droits  dc  chasse  :  ma  politique  n'allait  pas  au  dela 
decela.^i  Tome  iir,  ])age  260.  Mais,  du  moins,  quaud  viendront 
les  epoqnes  ou  Ton  attribue  au  Palais-Royal  une  influence  qui 
a  etc  le  sujet  de  tant  de  controvcrses ,  noire  curiosite  obtien- 
drat-elle  enfin  quelques  renseignemens  ?  Non,  cerles ,  moins 
que  jamais.  N'interrogez  point  M'"°  de  Genlis;  elle  s'erapresse 
de  vous  dire  :  Je  n'ai  rien  vu,  rien  entendu:  c'est  Chanderlos 
de  Laclos  qui,  depuis  la  revolution,  a  eu  seul  I'oreille  du 
prince;  c'est  lui  seul  qui  a  tout  su;  quant  h  moi ,  j'ai  tout  ignore. 
Nous  voila  done  renvoyes  aa  general  Laclos,  qui  est  mort, 
comme  M.  de  Schomberg,  et  n'a  point  laisse  de  Memoires. 

Un  second  article  renfermera  I'analyse  des  quatre  derniers 
volumes,  dontjene  puis  rien  dire  aujourd'hui,  ne  les  ayant 
pas  encore  lus.  T.  L. 


LITTfiRA-TURE.  379 

Chefs-d'OEuvre  des  Theatres  etrangers,  allemand, 
anglais,  chinois,  danois ^  espagnol,  hollandais ^  in- 
dien,  italien, polonais ,  portugais  ^  russe ,  suedois,  etc.; 
traduits  en  francais^  par  une  Sociele  de  gens  de 
lettres  (i). 

PREMIER   ARTICLE. 

Cette  vaste  collection ,  assemblage  incoherent  et  diffus  de 
productions  dramatiques,  choisies  comme  au  hasard  dans  les 
litteratiircs  etrangeres,  et  presentees  sans  distinction  d'epo- 
ques,  sans  commentaircs  ,  presqiie  sans  notes,  n'est  pas  sus- 
ceptible d'un  examen  general.  Son  ensemble  est  au-dessous 
de  la  critique;  il  faudrait,  pour  apprecier  cliacune  de  ses  par- 
ties, se  livrer  a  iin  travail  immense  ,  peuinstructif,  parce  qu'il 
serait  dupourvu  de  plan ,  et  incompatible  avec  le  cadre  de 
la -ReiT/e.  Un  tel  travail  ne  pour  rait  etre,  eneffet,  qu'une  suite 
de  feuilletons  dramatiques ,  sans  rapport  et  sans  liaison  entre 
eux.  Nous  avons  prefere  offrir,  dans  une  serie  d'articles,  ?<« 
Essai  comparatif  des  theatres  etrangers  el  du  thedtre/rancais. 
Get  Essai,  qui  renfermera  un  examen  a  peu  pres  complet  des 
oeuvres  dramatiques  des  nations  rivales ,  de  leur  systerae,  de 
leurs  opinions  sur  ce  sujet ,  metlra  les  lecteurs  en  etat  d'ap- 
precier  I'utilite  et  le  mcrite  de  la  collection  dont  le  titre  pre- 
cede :  il  suppleera  a  une  analyse ;  son  but  sera  plus  cleve 
et  plus  etendu.  L'auteur  ,  s'ecartant  des  voies  trop  frayees 
d'une  polemique  vulgaire ,  remontant  aux  principes  de  I'art 
dramatique  ,  et  consultant  beaucoup  moins  I'autorite  des 
critiques,  que  la  raison  et  I'histoire,  essaiera  de  ramenera  ses 
veritables  termes  une  discussion  qui  divise  aujourd'hui  la  re- 
publique  des  lettres;  vieille  querelle  en  vain  rajeunie  par  la 
forme,  qu'un  peu  de  bonne  foi  terminerait  bieutot,  et  qui 
ncanmoins  menace  de  durer  lonfr-tems  encore. 


(r)  Paris,  i8so-i8a5;  Ladvocat,  libraire,  et  Thoisnier  Desplaces, 
a5  volumes  in-S";  prix,  i5o  fr. 


38o  L1TTI5RA.TURE. 

U Essai  comparalif  %Q  composeraile  cinq  arlicles.  Le  premier, 
qne  nous  publions  aiijoiud'hui,  est  consacre  aux  considerations 
generates ;  dans  Ic  second,  I'aulcnr  traitera  specialement  dn 
theeitrc  franca  is  ;\q  troisicmc  conliendra  Texamcn  du  theatre 
cspagnolct  du  theatre  anglais  ;  le  qiiatrieme,  celiii  du  theeitrc 
allemand ;  enfin,  le  cinqnieme,  offrant  la  recapitulation  des 
quatre  precedens,  presentera  unecnmparaisonentre  le  theatre 
francais  et  les  theatres  rivaux. 

CoNsmKRATiONS  ciJN3iRAi,Es.  —  Tous  Ics  arts  d'imltation  ont 
vxi  cercle  prescrit  a  parcourir :  lis  ont  leiir  etendue  et  leurs 
limitcs.  Fanto  dc  niesurer  cettc  etendue,  on  est  maigre  et  sans 
genie;  en  ignorant  ces  liniites  ,  on  s'egare,  on  seperd,  on  pro- 
duit  des  nionstres.  Le  secret  du  succes  est  de  vouloir  tout  ce 
que  Ton  peut,  et  rien  au-del5.  Ainsi,  le  statuaire  se  borne  i 
representer  une  attitude;  le  plus  puissant  genie  ne  fei'a  pas 
mouvoir  le  marbre  immobile.  Ainsi ,  le  peintre  ne  dessine 
qu'une  scene  ;  et  encore  les  convenances  de  son  art,  leslimites 
de  ses  moyens  d'execution  ne  lui  permettent-ellcs  pas  de  choisir 
toutes  sortes  de  scenes.  A  son  tour,  I'art  dramalique  est  ren- 
ferme  dans  certaines  borncs  qne  lui  tracenta  la  fois  la  nature 
propre  de  cet  art,  et  les  moyens  d'execution  dont  il  dispose  , 
I'illusion  qu'il  doit  produire. 

La  raison  dit  au  peintre  :  Voici  le  cadre  dans  lequel  ton  ta- 
bleau sera  circoiiscrit ;  c'est  ;\  toi  de  le  remplir  sans  I'exceder ; 
c'est  a  toi  de  renfcrmcr  dans  cot  espace  une  scene  complete 
qui  m'instruise  et  qui  m'attendrisse.  Emprisonne  dans  ces  li- 
mites,  parais  libre  a  force  de  genie;  sache  te  mouvoir  avec  ai- 
sance,  enportantun  joug  necessaire.  Cette  meme  raison  ditau 
poete  dramatiqne  :  Vois  cette  scene  de  soixante  pieds  de  pro- 
fondeur  sur  quarante  de  largenr;  voila  ton  domaine.  C'est  la 
que  ton  I  genie  doit  se  dtbattre.  C'est  dans  cette  arene  etroitc 
que  tu  dois  conlcnir  I'homme,  la  societc; ,  I'univcrs.  La,  tu 
dois  faire  parler  les  douleurs  humaines,  exposer  les  catastro- 
phes des  etats,  transporter  les  grandes  luttes  de  la  politique  , 
les  debats  sanglans  du  fanatisme.  Le  secret  de  ton  art  est  le 
Illume  que  celui  du  peintre  :  proportionner  lo  tableau  a  son 


LITTER  ATURE.  38 1 

cadt  e  ;  u'y  faire  entrer  que  ce  qu'il  pent  ualurelleraent  coni- 
preiiJie ,  calculcr  exacteineut  les  effets  do  I'optique;  et 
cepcndant  iesler  fidele  aiix  lois  de  I'interct,  a  la  verite, 
ail  iiaturel ;  il  faut  einouvoir,  atteudrir,  Uauspoiter  le  spec- 
late  ur. 

Suivons  cette  idee  trop  meconnue:  nous  la  trouverons  fe- 
conde.  Un  grand  acieur  ine  disait  un  jour  :  «  Savez-vous  pour- 
quoi  je  I'emporte  souvent  sur  mes  rivaux  ?  Ce  n'est  pas  que 
j'aie  une  organisation  plus  forte,  des  facultes  plus  puissantes  : 
c'est  parce  que  je  me  counais  moi-menie  ;  je  sais  ce  que  jepuis, 
et  ne  fais  que  ce  que  je  puis.  On  perd  ses  forces  en  voulant 
les  depasser.  En  connaissant  les  mienues,  je  jouis  de  toute  leur 
plenitude.  «  Cette  exposilion  si  simple  et  cependant  si  lumi- 
neuse  est  le  secret  du  succes  en  tout  genre.  Et  puisqu'il  n'est 
question  ici  que  de  I'artdramalique,  combien  de  poetes  distin- 
gues  de  nos  jours  auraient  fait  des  chefs-d'oeuvre ,  s'ils  avaient 
employe  a  rester  dans  le  cercle  de  leur  art  la  moitie  du  ta- 
lent qu'ils  ont  depense  pour  le  franchir  ? 

On  reconnait  generalement  que  tout,  dans  les  arts  d'imita- 
tioHjSe  reduit  a  une  question  d'interet.  Onavoue  encore  que  I'une 
des  principales  conditions  de  I'interct,  c'est  la  vraisemblance. 
Mais,  a-t-on  des  idees  Ires-fixes  sur  cette  vraisemblance,  sur 
sa  nature  propre  ,  sur  les  moyens  de  la  produire  ?  La  vrai- 
semblance est-elle  la  meme  dans  les  differens  genres  depoesie? 
Ceile  qui  convient  parliculierement  a  I'art  dramatique,  ne 
doit-elle  pas  avoir  un  caractere  special  iudique  par  la  nature 
des  choses  ?  Ces  diverses  questions  ont  besoin  d'etre  eclair- 
cies. 

On  divisc  les  ouvrages  de  haute  poesie  en  deux  genres  prin- 
cipaux  ;  celui  qui  ,  destine  a  offrir  une  vivante  image  de 
I'homme,  a  le  montrer  agissant  ,  parlant,  deliberant,  doit 
avoir  pour  complement  necessaire  la  representation  thealrale: 
c'est  le  genre  dramatique;  celui  dans  lequel  I'auteur  ex- 
pose une  grande  action  heroique,  raconte  les  exploits,  les 
combats,  les  quel^es  des  guerriers,  parcourt  d'un  regard 
I'univcrs  entier,  rasscmblant  dans  un  seul  tableau,  la  terre, 


38a  LITTJ£rATURE. 

I'enfer  et  les  cieux  :  cestVepopce. Outre  La  difference  du  cadre, 
ces  deux  genres  presentent  unc  distinction  fondamentale.  Le 
premier  est  destine  a  des  spcctateurs  ;  le  second,  h  des  lec- 
tciirs.  L'un,  presque  tout  materiel,  et  participant  de  la  pein- 
tiire,  s'adresse  a  la  vue ;  I'autrc  attaquc  Timagination.  Qnoi 
de  plus  severe  que  ce  sens  de  la  vue  qui  jngo  rapidement  dela 
verite  des  objets,  compare  aussitot  I'imitation  ;i  la  nature,  et 
ne  saurait  souffrir  le  faux,  quelque  brillant  qu'il  put  ctre  ? 
Mais  aussi  quoi  de  plus  complaisant  que  I'imagination  qui ,  ne 
voyant  les  objets  qu'au  nioyen  des  perceptions  de  Tame ,  en- 
chanteresse  docile  a  toutes  les  impressions,  toujours  disposee  a 
s'exalter,  ii  se  creer  d'agreablcs  incnsonges,  accepte  tout  ce 
qui  la  seduit,  consent  ;\  tout  cc  qui  Ini  plait,  et  se  prele  sans 
regret  an  jeu  de  toutes  les  fictions  ?  La  vraisemblance  ne  peut 
etre  la  meme  pour  I'art  dramatique  et  pour  I'epopee. 

Spectateur  d'un  drame  renferme  dans  les  limites  d'une 
scene,  je  vous  demande  une  verite  rlgoureuse;  si  vos  figures 
sont  liors  nature,  si,  trop  multipliees,  clles  se  heurtent  dans 
I'enceinte  etroite  de  votrc  theatre  ,  si  vous  m'offrez  des  eircs 
surhumains ,  des  fictions  mythologiqucs  ,  si  vous  vous  ecartez 
endn  de  I'ordre  naturel  des  choses  ,  quel  que  soit  le  talent  de 
votre  macliinistc,je  detourncrai  la  vue,  je  repousserai  un  spec- 
tacle sans  verite.  L'erreur  vue  de  pres,  devicnt  trop  manifeste; 
la  raison  s'en  revoke.  Mais,  si  vous  me  donnez  h  lire  unpoeme 
epique,  alors,  en  I'absence  des  objets  que  le  poete  decrit,  mon 
imagination  pourra  se  preter  au  mensonge.  El!e  s'exaltera  au 
sombre  tableau  de  I'enfer;  elle  se  laissera  seduire  par  la  cein- 
ture  de  Venus,  epouvantcr  par  I'antre  de  Polypheme;  le  se- 
jour  d'Armide  charmera  sa  reverie ;  le  geant  Adamastor  lui 
arvachera  des  cris  d'adiniration.  Pour  elle  ,  tout  sera  vraisem- 
blable,  tout  paraitra  possible  ;  et  le  poete  pourra  s'egarer  en 
liberte  d^ins  la  vaste  carriere  du  merveilleux. 

Les  consequences  de  ce  rapprochement  sont  naturelles.  Le 
genre  dramatique  est  le  domaine  de  la  verite;  I'epopee ,  le 
champ  de  la  fiction.  II  y  a  deux  vraisembfences,  I'une  severe, 
I'autre  complaisante ;  I'une  qui  a  les  yeux  pour  arbitre;  I'autre 


LlTTfiRATURE.  3«S 

qui  se  prete  aiix  caprices  de  I'imagination.  Et  revenant  au  prin- 
cipe  fondamental  de  cette  discussion ,  placons  cette  premiere 
vraiseniblance  au  nombre  des  limites  assignees  a  I'art  drama- 
tique.  Le  poete  qui  les  aura  etudiees  ne  se  precipilera  j)oint 
dans  le  nierveilleux  epique;  il  sera  sobre  d'effcts  de  decoration; 
il  nc  cherchera  point,  sous  pretexte  d'agrandir  I'art,  a  trans- 
porter sur  la  scene  ce  qu'elle  se  refuse  a  contenir;  les  batailles, 
le  siege  et  le  sac  des  villcs,  les  lultes  des  populations  cntieres.ll 
repoussera  surtout  les  objets  surnaturels;  les  fantomes,  les 
ombres,  les  scenes  de  sorcellerie;  enfm,  toutes  ces  machines 
qui  necessitent  I'intervention  de  la  Divinite.  Ce  n'est  point  la  le 
but  propre  de  I'art  dramalique  :  ce  but  est  la  peinture  des 
passions  del'homme;  la  tragedie  est  le  supplement  del'histoire. 

Que!  sera  done  le  merveilleux  tragique  puisque  sans  merveil- 
leux,  il  n'est  point  de  poesie?  Il  consistera  dans  I'ideal  des  fi- 
gures et  des  passions.  De  meme  qu'un  statuaire  et  qu'un 
peintre,  sans  etre  infideles  a  la  verite,  font  leurs  personnages 
un  pcu  plus  grands  que  nature  ,  parcequ'ils  connaissent  I'effet 
de  I'optique;  de  meme,  le  poete  dramatique  agrandira  la  fi- 
gure de  ses  heros.  II  reunira  sur  un  seul  personnage  tous  les 
traits  de  caractere  empruates  a  divers  personnages;  il  en  for- 
mera  un  caractere  general,  que  Ion  pourra  regarder  comrae 
un  type,  dont  chaque  trait  en  particulier  sera  vrai,  dont  I'en- 
semble  aura  cette  verite  que  nous  appclons  ideale.  La  grandeur 
des  inlerets,  la  \ive  peinture  des  passions,  surtout  I'art  qui 
amene  nalurellementdes  incidens  extraordinaires  sans  etre  in- 
vraisemblables  ,  inattendus  sans  etre  impossibles;  enGn,le 
grandiose  des  sentimens,  ct  la  noble  eloquence  du style,  voili 
en  quoi  oonsiste  le  merveilleux  tragique. 

Mais  on  demande  aux  poetes  dramatiques  denos  jours  une 
condition  de  plus,  et  la  severile  avec  laquelle  on  la  reclame, 
est,  aux  yeux  de  quelques  critiques,  une  preuve  du  perfec- 
tionnement  sensible  des  esprits.  Je  veux  parler  de  la  verite  lo- 
cale. On  veut  que  la  tragedie,  source  d'instructiou  et  d'etudes, 
offre  non  -  seulement  la  peinture  generale  des  passions ,  mais 


384  LlTTfiRATURE. 

devienne  I'image  fidele  des  nioeurs  des  peuples  auxquels  elle 
onipruate  ses  sujets ;  on  vent  qu'elle  poite  rempreinte  des  ins- 
titutions, des  croyauces,  des  prejuges  des  nations.  Onpermet 
au  poete  de  creer  des  evencmcns ;  inais ,  une  fois  qu'il  a  choisi 
le  lieu  de  la  scene,  on  exige  de  liii  une  exacte  description  du 
pays,  une  verile  toute  historiquc  dansles  acccssoires;  on  de- 
mande  enfiu  que  le  tableau  ressemble  exactement  au  niodele. 
Une  semblable  exigence  ne  doit  point  etre  blamee ,  et  cette 
passion  de  la  verite  fait  honneur  au  siecle.  On  s'etonne  cepen- 
dant  que  les  memes  critiques  approuvent  I'cmploi  des  etres 
fantastiques,  aiment  I'exageration  du  spectacle,  les  machines, 
transformant  le  drame  en  un  tableau  epique.  Dc  pareilles 
contradictious  n'ont-elles  pas  droit  de  blesser  les  esprits 
senses  ? 

Revenons  a  la  verite  locale.  Cette  verile ,  nous  ne  le  nierons 
point,  contribue  a  riuterot  du  drame ;  mais  il  faut  la  ranger 
parmi  les  necessiles  secondaires  de  I'art,  parce  qu'elle  n'est 
pas  une  partio  tellcment  indispensable  de  la  tragedie  que 
celled  ne  puisse  exister  sans  elle.  En  admeltant  qu'elle  ajoute 
beaucoup  au  nierite  du  tableau,  encore  faut-il  observer  que 
son  emploi  demande  un  tact  delicat  et  une  grande  connaissance 
du  theatre.  Les  moeurs ,  les  habitudes ,  le  langage  de  certains 
peuples  anciens,  et  ceux  de  plus  d'un  peuplc  moderne  portent 
une  empreinte  rustique  qui  Llesse  la  delicatesse  des  nations 
civilisees.  Transporterez-vous  sur  la  scene  les  grossieres  injures 
ques'adressentles  herosd'Homere;  reproduirez-vous ,  comme 
le  font  quelques  auteurs  allemands,  les  abjectes  habitudes,  Ses 
ignobles  quolibets  desheros  de  la  feodalite?  Ce  qu'aujourd'hui 
nos  oreilles  souffrent  a  peine  dans  les  halles,  sera-t-il  traduit 
sur  la  scene ,  sous  le  nom  de  couleur  locale  ?  Aucun  bon  esprit 
ne  le  pensera.  L'obscrvation  dc  la  couleur  locale  presente  un 
autre  obstacle  non  moins  difficile  it  surmonter.  Le  poete ,  en 
s'y  conformant,  s'expose  a  devenir  inintelligible.  Et  c'est  ici 
I'occasion  de  signaler  la  difference  qui  existe  eutre  le  poeme 
dramatique  et  I'histoire.  Al'une  on  demande  des  enseignemcns; 


LITTERATURE.  385 

h.  I'autre,  des  emotions.  Le  lecteur  ouvre  un  livre  historique 
avec  line  disposition  a  I'etude,  avec  des  connaissances  acquises; 
il  se  prepare  a  mediter ,  a  s'instruire  par  la  reflexion.  Le  spec- 
tateur  qui  se  place  au  parterre  du  theatre  ne  cherche  qu'un 
delassement;  il  se  presente  sans  etudes  primitives;  c'est  un 
enfant  qui  veut  se  divertir  :  il  ne  lui  faut  ni  contention  d'esprit, 
ni  meditation.  Si,  en  consequence ,  vous  voiilez  I'interesser  , 
soyez  d'abord  clair,  accessible  aux  intelligences  les  plus  bor- 
nees  ;  la  tragedie  n'est  point  destinee  spocialement  a  des  hom- 
mes  instruils;  elle  s'adresse  au  vulgalre  des  honimes;  elle  est 
I'amusement  de  tous  ;  il  suffit  d'avoir  un  cceur  susceptible  d'e- 
motion  pour  etre  en  etat  de  I'entendre. 

Connaissant  la  portee  de  ses  auditeurs,  le  poete  se  livrera- 
t-il  a  des  details  speciaux  sur  lesmoeurs ;  donnera-t-il  a  I'orien- 
tal  son  style  figure;  fera-t-il  parler  au  Scandinave  le  langage 
obscur  de  son  cuke  ;  son  respect  pour  la  verite  locale  le  jettera- 
t  il  dans  des  peintures  inusitees,  dont  I'etrangete  revolterait  le 
spectateur?  Non;  parce  qu'une  tragedie  n'est  point  un  traite, 
parce  qu'elle  peintdes  passions  et  non  desmoeurs.  Mais,  d'un 
autre  cote,  dira-t-on,  faiU-il  i-evetir  I'antiquite  d'un  costume 
jnoderne  ,  I'etranger  d'un  habit  a  la  francaise?  faut-il  sacrifier 
la  verite  historique  a  I'iguorance  du  spectateur?  Personne  ne 
demanderait  une  pareille  absurdite.  Le  secret  est  de  marcher 
entre  les  deux  ecueils.  Clioisissez,  dans  les  mceurs,  dans  le 
costume,  dans  les  habitudes  du  peuple  que  vous  representez  , 
tous  les  traits  qui  ne  sont  pas  en  contradiction  formelle  avec 
DOS  idees,  avec  notre  education :  dites  tout  ce  qui  peut  etre 
compris  a  I'instant;  niesurez  I'intelligence  de  vos  auditeurs,  et 
faites  usage  de  la  couleur  locale,  assez  pour  etre  vrai,  pas  assez 
pour  etre  obscur.  L'art  peut  se  reduire  ace  principe:  ne  dites 
jamais  rien  qui  soit  contraire  a  la  verite  locale;  mais  ne  dites 
pas  tout  ce  que  la  verite  locale  exigerait  dans  une  histoire. 

Aucune  question  n'a  plus  divise  les  critiques  que  celle  des 

dimensions ,  de  I'etendue  et  de  la  forme  convenable  au  drame. 

•Sans  nous  livrer  a  un  exainen  approfondi  des  nombreux  dis- 

sentimensqui  s'elevent  a  cet  egard,  cssayons  d'offrir  quelques 

T.  XXXI. —  Aout  1826.  25 


386  LITTERATURE. 

idees  sur  le  sujet  principal  tie  la  division  dcs  esprits,  siir  les 
unites... 

La  raison  el  rexperience  dii  coeiir  humain  nous  ap- 
prennent  que  ,  pour  captivcr  I'altonlion  des  homnies  et  con- 
sequeniment  pour  les  interesser,  il  faut  eviter  de  promcner 
leur  esprit  d'une  chose  a  une  autre  ;  mais  I'attacher  a  unc 
scule ,  I'y  6xer,  enchainer  par  cette  unite  d'objet  son  incon- 
stance  naturelle.  Le  principe  de  I'unite  d'interet  est  la  conse- 
quence directe  de  cette  observation.  Mais ,  les  critiques  de 
tons  les  partis  rcconnaissent  le  besoin  indispensable  de  cette 
premiere  unite:  ct  Ic  plus  grand  nombre  avoucnt  merne  qu'elle 
eraporte  avec  elle  la  necessite  de  I'unite  d'action.  Comment, 
en  effet,  obtcnir  un  interet  unique,  si  vous  ne  concentrcz  pas 
I'attention  du  spectateur  sur  un  sevd  tableau?  Si  Taction  par 
laquelle  vous  commence/  votre  drame  n'est  pas  la  meme  qui 
le  finit,  non-seulement  vous  egarez  I'auditeur  de  scene  en 
scene  sans  le  fixer  sur  aucune,  mais  vous  vous  exposez  a 
porter  le  trouble  dans  sa  memoire. 

Une  difficulte  plus  grave  se  presente,  relativement  a  ce 
qu'on  nomme  I'unile  de  terns.  La  duree  materielle  de  la  re- 
presentation est  de  deux  a  trois  heures;  une  veritc  complete 
exigerait  que  Taction  ne  dural  pas  plus  lons^-tcms,  et  nous 
possedons  en  effet  des  tragedies  exactement  reufermees  dans 
cette  limite.  Mais  la  difficulte  et  meme  I'impossibilite  ou  se 
trouve  le  poete  de  s'y  renfernier  toujours  ont  rendu  des  con- 
cessions neccssaires.  On  a  reclame  des  spcctateurs  un  effort 
d'lesprit;  on  a  pense  que  leur  imagination  pourrait  multiplier 
les  heures;  toutefois,  ces  concessions  ont  ete  faites  avec  pru- 
dence; etcraignant  d'abuser  de  la  complaisance  du  spectateur, 
les  Grecs  ont  renferme  la  duree  de  Taction  dans  un  four  de 
soleil. 

C'cstainsi  quest  nee  cette  regie  de  I'unite  de  tems,  fondee 
sur  le  besoin  de  la  vraisemblance,  calculee  d'apres  la  duree 
positive  de  la  representation,  et  que  nos  premiers  poetes  tra- 
giques  ont  admise  dans  toute  sa  rigueur.  Leurs  successeurs  ont 
etc  moins  severes.  A  leur  four,  les  Anglais,  les  Espagnols  et 


LITTERATURE.  387 

les  AUemands  ont  absolument  repousse  la  regie  qu'ils  envi- 
sagent  comme  una  entrave;  et  aujourd'hui,  les  dissidens  de  la 
litterature  francaise  pretendent  que  les  etrangers  ont  raison. 

Loin  de  nous  de  contredire  un  arrel  si  decisif;  adressons 
toiUefois  une  question  aux  reformateurs.  Un  draine  ou  tout 
doit  se  suivre  ,  ou  tout  doit  etre  lie,  et  qui  est  necessairement 
borne  dans  son  etendue,  peut-il  embrasser  des  annees,  sans 
entrainer  des  details  infinis,  ou  sans  presenter  des  laeunes  ? 
developpee  sur  une  echelle  immense,  votre  action  ne  sera- 
t-elle  pas  disloquee;  ne  manquera-t-elle  pas  de  precision ;  enfin , 
ne  vous  exposez-vous  pas  a  Sous  perdre  dans  un  vaste  espace 
vide  ?  N'cst-il  pas  plus  conforme  a  I'art  de  rassembler  tous  les 
evenemens  dans' un  seul  faisceau ;  de  resserrer  le  tableau  pour 
le  rendre  plusvif,  pins  anime?  Et  d'aiUeurs,  sous  un  autre 
rapport,  quelque  confiance  que  vous  ayez  dans  I'aptitude  des 
spectateurs  a  se  faire  illusion,  leur  persuaderez-vous  qu'en 
deux  heures  ils  ont  parcouru  un  demi-siecle?  Vous  vous  adres- 
sez  a  des  etres  raisonnables;  dedaignerez-vous  de  satisfaire 
leur  raison  ? 

Mais,  si  Ton  est  divise  sur  I'unite  de  terns,  on  s'accord* 
bien  nioins  encore  sur  V unite  {le  lieu.  La  nccessitc  d'aniener 
Taction  dans  un  seul  lieu  parait  tyrannique ,  contraire  au  bon 
sens,  a  la  verite,  incompatible  avec  les  cffets  tragiques.  C'est 
fort  bien.  Ce  principe  de  I'lmite  de  lieu  cependant  est  I'expres- 
sion  d'un  fait.  Votre  scene  n'est-elle  pas  constamraent  la  meme, 
pendant  tout  le  cours  de  la  representation,  et  vos  spectateurs 
n'occupent-ils  pas  la  meme  place,  depuis  le  commencement 
jusqu'a  la  fin  ?  Un  drame  ou  le  lieu  de  la  scene  ne  change 
point,  est  done  celui  dont  la  representation  offre  la  plus  com- 
plete image  de  la  verite;  celui  qui  a  etc  le  mieux  calcule  d'apres 
les  moyens  d'execulion.  On  rtpondra,  je  le  sais,  que,  si  le 
speclateur  reste  a  la  meme  place  ,  la  scene  peut  varicr  ,  non 
de  fait,  mais  en  apparence ,  au  moyen  des  decorations.  Mais 
chacun  de  ces  changemens,  qui  blessent  la  verite  mnterielle, 
et  qui  sollicitent  un  effort  d'imagination  de  la  part  du  specta- 
teiir,  est  deja  une  derogalion  aux  regies  de  la  vraiseniblance. 


388  LITTERATURE. 

En  vain  pretendez-vous  que  I'auditeur  se  prctera  k  I'illusion; 
quoique  vous  fassicz,  cliaque  fois  que  le  machiniste  substi- 
tuera  une  decoration  a  une  autre,  Ic  spcctateur  se  dira  :  je  ne 
suis  pas  i  Rome,  a  Corinthe ;  jc  suis  dans  un  theatre. 

Convenez-cn,  I'unito  de  lieu,  si  vous  ne  I'acceptfz  pascomme 
une  regie ,  est  du  moins  une  pcrfeclioa  de  plus  donnee  au 
poeme  dramalique,  ct,  tout  le  rcste  etant  egal,  la  tragedie 
qui  I'observe  est  supurieure  a  cclle  qui  ne  I'observe  pas,  parce 
qu'elle  est  plus  fidcle  au  but  de  Tart,  a  I'interet,  plus  ou  moins 
vif,  suivant  le  degre  de  vraiseniblance.  II  vous  arrange  nean- 
nioins  de  vous  en  passer,  de  transporter  Taction  d'un  lieu  a 
un  autre.  On  vous  I'accorde;  roais  songez-y  bien;  c'cst  une 
licence  qui  ue  se  jiistifie  que  par  les  beautes  quelle  produit. 
Le  changement  de  scene  detruisant  un  moment  I'illusion, 
I'auteur  qui  en  use  contracle  I'obligation  de  dedommager 
le  spectateur.  Pour  exciter  autant  d'inleret  que  celui  qui 
n'aurait  pas  pris  la  meme  liberie,  il  faut  qu'il  fasse  plus 
que  lui. 

Sans  offrir  un  traite  de  I'art  dramatique,  notre  but  a  etc  de 
parcourir  les  divers  points  qui  divisent  aujourd'hui  les  criti- 
ques, et  de  ramener  tout  a  des  questions  de  sens  commun. 
Ainsi ,  nous  avons  tour  a  tour  expose  les  principes  sur  les 
limites  de  I'art  etsur  la  vraisemblance,  etablissant  laligne  de 
separation  que  la  nature  des  clioses  a  placee  entrela  tragedie 
et  Vcpopee.  Nous  avons  ensuite  essaye  de  fixer  les  idees  sur  la 
verite  locale,  et  sur  I'emploi  qu'il  faut  en  faire.  Enfin,  nous 
avons  developpe  succinctement  la  doctrine  rationnelle  des  trois 
unites.  L'art  dramatique  presente  une  foule  d'autres  questions 
que  nous  ne  pouvons  trailer  aujourd'hui.  Mais  nous  ne  sau- 
rions  nous  dispenser  d'aborder  deux  ou  trois  difficultes  qui 
touchent  immediatement  a  la  question  du  romanlisme. 

La  premiere  consiste  dans  lechoix  des  sujets,  des  tableaux, 
des  caracteres.  La  seconde  est  dans  le  melange  du  comique 
et  du  tragiquc;  la  dernierc,  dans  le  but  moral  des  composi- 
tions. 

II  est  une  idee  chere  aux  modernes  critiques;  ils  voudraicut 


LITTERATURE.  389 

quele  poete  dramatique  nechoisit  ses  siijets  que  dans  I'liistoire 
de  son  propre  pays,  iie  peignit  que  des  nioeurs  nationales, 
n'entrelint  les  speotateurs  que  de  leurs  annales,  des  crimes  et 
des  vertus  de  leurs  peres.  Ainsi,  le  theatre  deviendrait  un 
nioyen  d'education  nationale,  une  institution  politique.  Et  ces 
critiques  appuientcettc  doctrinepar  I'exemple  meme  desGrecs. 
Nous  ne  voulons  point  dissimulcr  tout  ce  qu'un  semblable 
systenie  a  de  brillant  et  de  specieux.  Mais  I'application  d'une 
theorie  en  est  souvent  I'ecueil;  et  d'abord  ce  que  Ton  propose 
est  sans  excmple  parmi  les  modernes.  En  effet,  les  priucipaux 
apotres  de  la  nouvelle  ecole  ont  eux-memes  choisi  des  sujets 
antiques;  Shakespeare  a  foil  un  Coriolan  ,  une  Cleopatre ,  un 
Troile  en  Cresside ,  un  Jules-Cesar;  Alfieri  a  pris  la  plupart 
de  ses  sujets  dans  I'histoire  et  dans  la  mythologie  anciennos; 
Goethe  a  fait  une  Tphigenie,  et  sSchiller  lui-meme,  le  poete  du 
moyen  age  par  excellence,  a  traduit  la  Phedre  de  Racine. 

Mais,  renoncant  3  conclure  du  fait  an  droit,  calculous 
d'abord  quelle  perte  ce  serait  pour  I'art  de  renoncer  aux  su- 
jets antiques.  Tons  les  arts,  tons  les  chefs-d'oeuvre  sont  venus 
de  la  Grece  et  de  Rome,  et  I'histoire  de  ces  deux  contrees  ,  leur 
mythologie,  les  ouvrages  de  leurs  poetes  ont  toujours  servi  de 
bases  a  noire  education;  en  naissant,  nous  avons  begaye  les 
fables  mylhologiques ;  notre  adolescence  a  ete  nourrie  des  Vers 
d'Homere  et  de  Virgile.  Les  Grecs  et  les  Romains  sonl  deve- 
nus,  pour  ainsi  dire,  nos  compatriotes ,  et  leurs  croyances,  le 
culte  favori  de  notre  imagination.  Est-il  si  surprenaut  que  les 
poetes  modernes  aient  choisi  pour  sujets,  des  recits  qui  sont 
dans  toutesles  memoires,  qui  y  \ivent  bien  plus  que  ces  con- 
tes  de  nourrices,  que  ces  sorcelleries ,  ces  niagies,  ces  fables 
diaboliques,  que  Ton  nous  presente  comme  notre  veritable 
croyance  nationale.  Voila  le  caractere  de  la  litterature  fran- 
9aise  suffisamment  explique. 

Mais,  ne  pourrait  -  on  pas  justifier  ce  caractere  par  des 
motifs  tires  de  la  nature  meme  de  I'art  dramatique  ?  Comme 
tons  les  peuples  ne  sont  pas  egalement  dignes  d'obtenir  une 
histoire,  toutes  les  histoires  ne  sont  pas  propres  a  la  tra- 


3i)o  ^   LITTERATURE. 

gedie.  On  vondrait  en  vain  le  nicr,  les  annalcs  du  inoyen 
age  sont  le  plus  soiivent  dans  ce  cas.  L'art  draniatique  vent 
des  passions  elevees,  des  caractercs  prononces,  de  grands 
interets;  le  poete  qui  connait  I'essence  de  cet  art,  sail  qu'il 
est  impossible  de  reussir,  en  peignant  des  homnies  sans  pliy- 
sionomie,  des  caracteres  sans  traits,  des  crimes  has,  des 
desseins  sans  profondeur  et  sans  noblesse.  N'est-ce  pas  la 
cependant  ce  que  presente  continuellemeut  le  nioyen  age  ? 
des  luttes  continuelles  pour  des  interets  sans  majeste,  d'igno- 
bles  forfaits,  des  scelerats  sans  originalite,  tous  jetes  dans 
le  nieme  moule;  une  scene  confuse  oii  se  debat  la  cruaute 
feroce  des  tyrans ,  et  I'ignorance  grossiere  des  esclaves ,  point 
de  caracteres,  d'institutions,  partout  unc  monotone  unifor- 
niite  de  barbaric.  Peut-on  tirer  des  tragedies  intercssantes 
d'annales  qu'on  nc  pent  lire;  que  I'ennui  et  le  degout  laissent 
dans  la  poudre  des  bibliotheques?  Y  a-t-il  dans  ce  chaos 
quelque  instruclion  a  recueillir,  quelqiies  nobles  emotions  a 
eprouver  ? 

II  faut  le  dire,  les  grandes  institutions  sociales  forment 
seules  les  grands  caracteres,  les  grandes  nations.  Une  societe 
oiX  le  peuple  est  compte  pour  rien  ne  merite  point  d'histoire. 
11  n'y  a  de  profit  pour  I'esprit  et  le  cceur  que  dans  celle  des 
nations  qui  ont  joui  de  la  liberie.  Quelles  ressources  de  telles 
nations  n'offrent  -  elles  pas  aux  poeles  dramatiques  ?  Ainsi 
s'explique  le  constant  succes  des  sujets  empruntes  aux  repu- 
bliques  de  Rome  et  de  la  Grece.  Nations  privilegiees,  en 
effet!  Le  peintre  et  le  statuaire  vont  vous  derober  les  secrets  de 
leur  art;  le  genie  se  trempe  dans  le  feu  de  vos  chefs-d'oeuvre; 
le  plus  humble  citoyen  s'enflamme  en  lisant  votre  histoire! 
Ce  ne  sont  point  des  castes ,  c'est  le  peuple  qui  remplit  les 
theatres.  Presentez-lui  des  ti'agedies  oh  Ton  s'occupe  du  peuple, 
oil  Ton  parle  du  peuple,  il  eprouvera  une  profonde  sympathie 
et  ne  saura  qu'applaudir. 

L'histoire  moderne  n'offre  de  veritables  sujets  tragiques  que 
certains  evenemens  qui  ont  influe  sur  la  destinee  des  nations; 
certains  actes  de  devouement  qui  ont  eii  le  saint  national  pour 


LlTTltRATURE.  Sgi 

vehicule.  Le  reste  ne  protluira  jamais  que  ties  compositions 
vulgaires  ou  baibares;  et  voila  ce  qui  s'oppose  a  I'e.\ecution 
(lece  systeme brillant  qui  teiuhail  afaire  du  theatre  de  chaque 
peuple  une  ecole  historiqiie,  un  supplement  d'cducation  na- 
tionale.  Loin  de  nous  toutefois  de  detourner  le  genie  drama- 
tique  des  conquetes  qu'il  pcut  tenter  dans  le  moyen  age.  Une 
institution  brillante,  la  seule  qu'aient  enfantee  ces  terns  bar- 
bares  ,  la  chevakrie  a  deja  fourni  d'heureux  tableaux  et  peut 
en  fournir  encore.  Mais,  dans  notre  histoire ,  le  cercle  des 
sujets  vraiment  dignes  de  la  scene  sera  toujours  tres-borne; 
ils  reclameront  un  immense  g<fliie,  et  le  succes  en  sera  toujours 
douteux.  Quelques  ouvrages  slnguliers  resteront ,  comme  ces 
gigantesques  edifices  gothiques,  qui  ont  survecu  a  la  barbaric, 
couverts  d'une  empreinte  venerable;  mais  la  foule  de  ces  vul- 
gaires productions  d'une  fausse  ecole  tombera  dans  un  pro- 
fond  mepris. 

Les  memes  critiques  qui  repoussent  les  sujets  antiques 
proposent  pour  completer  I'application  de  leur  doctrine,  de 
traiter  les  evenemens  niodernes,  tels  que  I'histoire  les  fournif. 
Les  tableaux  qu'offrent  nos  annales  sont  souvent  ignobles  et 
repoussans;  qu'importe?  disent  -  ils  au  poete  dramatique. 
Reprcsentez-les,  tels  qu'ils  sont;  offrez-les  dans  toute  leur 
verile;  ne  craignez  pas  de  mettre  sur  la  scene  des  personnages 
bassement  vicieux,  des  caracteres  meprisables,  des  crimes 
atroces;  faites  plus:  pour  presenter  une  image  exacte  des  tems 
que  vous  avez  choisis,  entremelez  les  scenes  tragiques  de  scenes 
comiques;  a  cote  du  seigneur,  mettez  le  vassal;  a  cote  du 
prince ,  mettez  son  bouffon  :  votre  tableau  n'en  sera  que  plus 
ressemblaftt.  Oui,  sans  doute,  une  pareille  confusion  rap- 
pellera  celle  du  moyen  age.  Mais  il  ne  suffit  pas  d'etre  vrai , 
il  faut  etre  interessant.  Interesseront-ils  sur  la  scene,  ces 
personnages  qui  dans  I'histoire  ne  causent  que  du  degout;  et 
ce  naturel,  depourvu  de  tout  ideal,  ne  deviendra-t-il  pas  aussi 
repoussant  que  la  realite  meme? 

Ce  melange  de  comique  et  de  tragique,  veritable  corafusiop 
de  genres,  on  le  demande,  n'est-il  pas  destructif  de  I'uBite 


392  LITTERATURE. 

d'interet  ?  Cctle  unite  ne  resulte  pas  seuleinent  de  I'unite  d'ac- 
tion,  elle  resulte  encore  de  I'unite  d'impression.  Si  vous  me 
faites  alternativtMiient  rire  et  plcurer,  je  ne  serai  ni  complete- 
nieut  amuse,  ni  completement  emu;  une  sensation  dttruira 
I'autre.  Et  si  cette  verite  d'observation  ne  suffit  pas  pour  faire 
proserirc  un  monstrueux  melange,  combien  d'aulres  argumens 
ne  pourrait-on  pas  accumuler?  Quelle  est  la  destination  des 
arts,  sinon  d'embellir  les  figures,  de  perfectionner  les  formes, 
de  produire  le  beau  en  tout  genre?  Que  diriez-vous  d'un  ar- 
cliitecte  qui  proposerait  de  rapetisser  les  proportions  de  la 
colonnc  grecquc,  d'un  peintre  qui  transporterait  le  genre  dans 
I'histoire,  d'un  sculpteur  qui,  ayant  a  faire  un  homme,  pren- 
drait  un  modele  disgracie  de  la  nature  ,  et  le  presenterait  dans 
la  verite  la  plus  vulgaire?  Get  architecte,  ce  peintre,  ce 
sculpteur,  ressembleraient  aux  poetes  qui  essayeraient  de 
donner  a  Melpomene  les  formes  d'une  bourgeoise  sans  dignite. 
Notre  derniere  question  est  celle  du  but  moral,  dedaigne 
par  des  poetes  etrangers,  neglige  meme  quelquefois  en  France. 
On  pourrait  reduire  tout  ce  qui  concerne  ce  point  de  notre 
discussion  a  la  question  snivante  :  «  Le  poete  doit-il  etre  en 
meme  terns  honnete  homme?  »  Toutefois,  exposons  quelques 
idees.  L'art  dramatique  a  pris  sa  source  dans  ce  besoin 
d'emotions,  naturel  a  tousles  etres.  Mais  le  but  de  cet  art, 
seul  entre  tous  les  autres,  serait-il  uniquenient  d'emouvoir ,  de 
toucher  la  fibre  la  plus  sensible  du  coeur,  et  un  poete  citoyen 
ne  doit-il  pas  s'elever  jusqu'a  I'instruction  des  spectateurs?  Les 
arts,  produit  le  plus  precieux  de  la  civilisation ,  ne  doivent-ils 
rien  a  la  civilisation  ?  Que  faudrait-il  penser  d'un  peuple  chea 
lequel  on  reunirait  un  concours  immense  de  citoyens  pour 
arreter  leurs  yeux  sur  des  scenes  dont  le  but  serait  immoral 
et  corrupteur?  Les  anciens  qui  avaient  eleve  le  role  du  poete 
tragique  a  la  dignite  du  sacerdoce,  qui  regardaient  le  theatre 
comme  une  ecole  de  patriotisme  et  de  morale,  etaient  loin 
d'imaginer  que  la  scene  put  deveuir  tin  jour  un  atelier  de 
corruption ,  ou  seulement  offrir  un  spectacle  inutile  aux  moeurs, 
sans  fruit  pour  la  vertu. 


LITTERATURE.  3g6 

C'est  cependant  ce  qu'on  voit  trop  souvent  dans  les  pieces 
modernes,  surtout,  chez  les  Allemands.  La  scene  fran^aise  en 
offre  quelques  examples,  heureusement  rares,  la  conscience 
publique  en  ayant  presqiie  toujours  fait  justice.  Le  but  moral 
est  le  complement  necessaire  du  poeuie  dramatique. 

Nous  voici  parvenus  au  terme  de  ce  premier  article.  Dans 
les  suivans,  nous  examlnerons  plus  particulierement  le  systeme 
dramatique  des  differcntes  nations  modernes.  Mais  il  etail 
necessaire  de  poser  d'abord  quelques  bases,  fondees  siir  I'ob- 
servation  et  sur  le  bon  sens,  qui  pussent  nous  servir  de  guic^le 
dans  cet  examen  comparatif. 

(La  suite  au  prochain  ctihier.) 


Leon  Tbiesse. 


III.  BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 

LIVRES  ETRANGERS(i). 


AMERIQUE  SEPTENTRIONALE. 
ETATS-UNIS. 

128  —  *  An  adress  pronounced  at  the  opening  of  the  New- 
York  Athenceum.  —  Discours  prononce  a  I'ouvertiire  de  \' A- 
thenee  de  New-Yorl- ,  le  24  deceinbie  1824,  par  Henry 
Wheaton.  Seconde  edition.  New- York,  i8a5;  imprimerie  de 
Palmer.  In-8°  de  Si  pages. 

Ce  discours  est  telleinent  plein  de  pensees  judicleuses,  et  il 
offre  tant  de  sujets  a  la  njeditation  ,  qii'il  exigerait  plus  qu'iine 
courte  annonce.  Quelques-unes  des  opinions  de  I'orateur  de- 
vraient  etre  disciitees,  non  pas  en  quelques  raots,  niais  avec 
I'etendue  que  reclameralent  rimporiance  du  sujet,  el  la  force 
des  raisons  que  Ton  aurait  a  corabatire,  si  Ton  efait  d'un 
autre  avis.  M.  Whealon  presente  la  situation  des  Etals-Unis 
comine  ires-favorable  a  la  culture  des  lettres  ;  il  ne  parle  point 
d'un  obstacle  qui  pent  y  limiter  I'cssor  de  la  pensee;  c'est  le 
bonheur  de  la  nation.  L'effet  necessairedu  bien-etre  universel, 
et  de  la  diffusion  des  lumieres  dans  toutes  Ics  classes  de  la  so- 
ciete  est  de  calmer  les  passions,  de  forlifier  I'empire  de  la  raisou 
non-seuleraent  sur  la  conduite  de  I'homme  ,  mais  sur  toutes  ses 
facultes.  Chez  une  nation  raisonnable,  I'eloquence  n'est  plus 
qu'une  logique  rigoureuse,  cnoncee  avec  precision,  soit  qu'il 
s'agisse  des  grands  interets  publics,  soit  qu'on  ne  plaide  que 
des  causes  privces.  Les  moeurs  prennent  une  teinte  uniforme; 
chacun  fait  a  peu  pres  la  meme  chose  dans  les  memes  circon- 
stances;  et,  comme  les  habitudes  communes  sont  conforrues  a 
la  raison  ,  tout  ce  qui  s'en  eloigne  est  folie,  et  deplail.  Get  etat 
de  choses  est  si  difft^renf  du  notre  qu'il  est  impossible  de  dire 


(i)  Nous  iudiqiions  par  nn  asterisque  (*) ,  place  a  cote  du  litre  dc  cliaqiie 
ouvrage,  ceux  des  livres  ctrangers  ou  francais  qui  paraitrout  digues  d'uue  atten- 
tiou  particulicre  ,  et  nous  en  reudrons  qiiclqucfois  compte  daus  la  sectiou  des 
AualvtCk. 


LIVRES  ETRANGERS.  — ETATS-TJNIS.  ii^j 

en  quoi  consisterail  la  lilteiature  il'un  pouple  parvenu  a  ce 
degre  de  perfectioniiement  general  :  raais  on  ne  doute  point 
que  ce  peujile  ne  fut  eminemment  propre  a  la  culture  des 
sciences  et  des  arts.  Ne  pouiTait-on  ])as  dire,  a  I'eloge  du 
nouvcau  nionde,  qu'il  laissera  a  son  aine  le  sceptre  des  lettre's, 
en  dedommageraenl  d'un  empire  que  celui-ci  n'aura  point  su 
conserver?  Cette  matlere  saffirait  seule  pour  une  dissertation 
fort  etendue. 

M.  Wlieaton  trouve  peu  convenable  que  les  principales  epo- 
ques  de  I'histoire  des  lettres  et  des  arts  soient  designees  ])arle 
nom  d'un  monarque,  ou  d'un  bomme  qui  etait  alors  a  la  tete 
d'une  nation.  Get  usage  n'a  pas  tousles  inconv^niens  qu'il  hii 
attribue;  pour  le  ]ilus  grand  nombre  de  ceux  qui  le  suivent, 
ce  n'est  point  un  honimage  rendu  a  un  grand  pouvoir,  mais 
une  maniere  commode  de  designer  un  intervalle  de  tems, 
dans  les  annales  ordinaires  des  peuples.  On  devrait  direet  Ton 
dira  peul-etre  un  jour,  le  siecle  de  Louis  XT;  car,  sous  le 
regne  de  ce  prince  qui  certes  n'eut  rien  de  grand  et  ne  protegea 
ni  les  sciences  ni  les  letlres,  res])rit  philosophique  fit  des  pro- 
gres  si  rapides,  si  etonnans,  si  decisifs,  que  peut-etre  nucune 
autre  epoque  ne  lui  sera  comparable.  Quant  au  litre  Ae  grand, 
decerne  par  la  flatterie  a  quelques  rois  dont  les  regnes  eiircnl 
un  certain  eclat,  I'liisloire  conserve  cetle  denomination  comme 
toule  autre  inscrij)tion  monumentale;  mais  elie  ne  la  con- 
sacre  pas. 

L'orateur  signale  quelques-uns  des  funesles  effets  de  la  cen- 
tralisotion  sur  les  progres  des  lettres,  et  meme  des  sciences. 
Heureusement  pour  I'Amerique,  elle  n'a  pas  acquis  a  ses  depens 
la  connaissance  des  maux  que  cette  desastrense  maniere  d'ad- 
ministrer  pent  causer  a  I'instruction  pnblique.  Elle  est  aiissi  a 
I'abri  du  monacbisme,  autre  flcau  qui  menace  denvahir  les 
ecoles  de  I'Europe ,  a  I'exception  de  quelques  contrees  ou  les 
peres  devront  envoyer  leursenfans,  afin  qu'ils  conservent  une 
raison  saine,  encore  plus  precieuse  que  Tinstriiction. 

G'est  avec  regret  que  nous  renoncons  a  cxposer  quelques 
pensees  de  M.Wheaton  sur  I'influence  que  le  commerce  actuel, 
et  particulierement  celui  de  I'Amerique  exerceront  siir  les  pro- 
gres des  connaissances  et  la  direction  des  esprits ,  et  par  conse- 
quent, sur  les  productions  lilteraires.  Dans  ce  discours,  l'ora- 
teur a  jete  un  coup  d'oeil  general  sur  les  ressonrces  et  les 
esperances  de  I'esprit  humain,  sur  les  richesses  qu'il  possede 
actuellement,  et  sur  la  meilleure  maniere  de  les  faire  fructificr. 
Les  meditations  qu'il  provoque  ne  sont  pas  moins  attrayantes 
qu'atiles;  ce  discours  reparaitra  saii>5  doute  dans  le  recneil  des 


396  LIVRES  £TRA.NGERS. 

memoires  de  VJthene'e  ^/e  lYew-Tor^:  Tout  annonce  que  cetle 
collection  sera  pour  nous  un  objet  d'etude,  et  un  moyen  d'ac- 
croitre  nos  coiinaissances. 

129. — *  Report  from  the  commissioners  appointed  to  revise 
the  statute -laws  of  the  state  of  New-  York.  — Rapport  des 
conimissaires  charges  de  la  revision  des  lois  de  I'etat  do  New- 
York  ,  conformement  au  decret  de  TAssemblee  des  rcprcsentans, 
fait  le  i5  mars  1826.  Albany,  1826.  Imprimeriede  Croswell,  etc. 
In-8°  de  112  pages. 

La  revision  des  lois  d'un  ctal  est  un  travail  Ires-dilficile  et 
tres-long,  meme  aux  Etafs-Unis  d'Americjue.  Les  commis- 
saires  que  la  legislature  de  New-York  a  charges  de  cette  impor- 
tante  fonction ,  doivcnt,  conformement  au  decret  qui  les 
inslitue,  recueillir  et  classer  les  lois  existanles,  indiquer  les 
lacunes  et  les  imperfections,  et  proposer  les  reformcs  qui  leur 
parailront  necessaires  et  pralicables.  Le  classement  etaitl'Dpe- 
ration  par  laquelle  il  fallait  commencer;  les  commissaires  ont 
admis  les  cinq  grandes  divisions  suivantes  :  1°  lois  relatives  au 
terriloire,  a  sa  division  politique,  a  I'ordre  interieur,  a  I'ad- 
ministration;  2°  lois  concernant  la  propriete,  et  tout  ce  qui 
en  depend;  3°  procedure  civile;  4°  procedure  criminelle  et 
code  i)enal;  5"  lois  mixtes,  locales,  etc.  La  premiere  division 
esigeait  de  nombreuses  subdivisions  ;  les  commissaires  I'ont 
traitee  en  ig  chapitres,  dont  chacnn  est  compose  d'un  certain 
nombre  de  titres  :  un  tltre  comprend  des  articles ,  lesquels  sont 
un  assemblage  deparagraphes.  Dans  le  systeme  de  nomencla- 
ture auquel  nous  sommes  habitues,  le  titre  est  plus  haut  dans 
r<5chelle  des  divisions  methodiques  d'une  loi,  et  Y article  est  au 
dernier  degre. 

Ce  rapport  ne  contient  encore  que  deux  chaplires  :  le  5^  sur 
les  elections  des  fonctionnaires  publics,  autres  que  les  magis- 
trats  d'une  ville,  et  le  7"  sur  les  privileges  des  villcs,  I'auto- 
rite  et  les  fonctions  confiees  a  leurs  magistrats.  Celui-ci  n'est 
pas  entiereraent  fini;  il  y  manque  plusieurs  dispositions  dont 
la  legislation  actuelle  n'a  pu  fournir  les  bases,  et  dont  il  faut 
que  la  legislature  s'occupe,  prealablement  au  travail  de  la 
commission.  Le  chapitre  sur  les  elections  donnera  beaucoup  a 
penser  en  Europe,  et  fera  peut-ctre  douter  que  nous  ayons 
une  idee  juste  du  gouvernement  representatif  dont  nous  par- 
Ions  si  souvent.  Ce  gouvernement  pent,  il  est  vrai,  se  pre- 
senter sous  deux  formes  differentes ,  I'une  republicaine,  et 
I'autre  monarchique  :  le  meilleur,  sinon  le  seul  type  de  celle- 
ci ,  serait  la  constitution  anglaise  :  hors  de  la ,  tout  est  privilege, 
ou  soumis  a  une  puissance  a  laquelle  la  nation  n'a  point  de 


ETATS-UNIS.  397 

part.  Un  peuple  ne  peul  etre  represente,  s'il  n'a  point  de  droits 
politiques;  et  le  premier,  le  plus  important,  le  plus  inalie- 
nable de  tous  ces  droits  est  celui  d'election.  Les  esprils  qui 
s'attachenl  aux  choses  plutot  qu'aux  formes  ct  aux  mots,  ne 
trouveront  pas  meme  en  Portugal  un  veritable  gouvernement 
represenlatif.  Les  alarmes  des  partisans  de  I'aneien  etat  de 
I'Europe  au  sujet  de  la  nouvelle  organisation  d'un  petit  royaume 
jete  a  I'extremite  du  terriloire  europeen,  et  dont  les  relations 
en  Europe  se  bornent  presque  uniquement  a  I'Angleterre, 
annonceraient  de  grandes  dispositions  a  s'effrayer  :  s'ils  n'e- 
taient  aussi  prompts  a  se  rassnrer  qu'ils  ont  paru  I'^tre  a  exa- 
gerer  le  peril,  on  serait  fonde  a  penser  que  la  peur  est  une 
maladie  dont  ils  ne  gueriront  point. 

Dans  les  elecllons  americalnes,  lout  est  regie  par  la  lol.  Point 
de  dispositions  regleraentaires,  rien  d'arbitraire,  meme  dans 
les  details  les  plus  indiffi-rens  en  apparence.  Le  legislateur  ne 
craint  point  d'etre  minutieux;  c'est  a  etre  exact  qu'il  s'attache 
uniquement.  11  serablc  cependant  que  Ton  puisse  faire  une 
objection  aux  commissaires  de  New  -  York  :  les  comtes,  ou 
divisions  terriloriales  de  I'etat,  ne  devraient-ils  pas  etre  inde- 
pendans,  en  ce  qui  ne  concerne  qu'eux  seuls,  de  meme  que 
chaque  etat  so  gouverne  suivant  ses  proj)res  lois,  en  salisfai- 
sant  la  confederation?  Chaque  ville  d'un  conite  ,  chaque  sec- 
tion de  I'etat  n'a-t-elle  pas  droit  a  une  certaine  mesure  d'inde- 
pendance,  et  ne  devrait-elle  pas  en  user  dans  les  elections  qui 
lui  appartiennent,  choisir  ellc-meme  le  mode  deproceder  qui 
Ini  conviendrait  le  mieux,  fixer  le  nonibre  de  ses  fonction- 
naires,  la  duree  des  fonctions  et  I'epoque  des  renouvellemens? 
En  donnant  cette  extension  a  I'esprit  du  gouvernemeut  fede- 
ralif,  on  exerceralt  en  meme  terns  sur  I'esprit  public  une 
influence  salutalreounuislble,  mais  qui  ne  pourrait  etre  nulle; 
car  la  patrie  serait  consideree  sous  un  aspect  un  peu  different , 
un  peu  nouveau.  Dans  ce  cas,  la  prudence  conseille  de  rester 
comme  on  est,  puisque  Ton  joult  non-seulement  d'un  mieux 
relatif ,  mais  d'un  bien  reel ,  dont  les  hommes  raisonnables 
peuvent  se  conlenter. 

Une  resolution  du  stinat  charge  la  commission  de  revision 
des  lois  de  proposer  ses  vues  sur  les  pelnes  que  les  lois  doivent 
prononcer  contre  les  crimes  plus  graves  que  les  vols  d'objets 
de  peu  de  valeur.  On  peut  done  s'atlendre  a  des  discussions 
apppofondies  sur  le  code  penal:  et,  tandis  (jue  I'esprit  phi- 
losophique  presidera  aux  recherches  des  legislateurs  de  New- 
York,  il  repandra  aussi  sa  lumiere  sur  les  travaux  des  com- 
missions etablies  pour  le   nierae  objet  dans  plusieurs  autres 


398  LivREs  Strangers. 

etats.  La  verite  ne  peut  echapper  a  ces  investigations  mulii- 
plii'cs,  attentives,  coniluite»  avec  une  sage  lenteur.  L'Europe 
y  gagnera  de  I'instruction;  mais,  entre  I'acquisition  des  con- 
naissances  et  la  volontc  d'en  proGter,  les  passions  peuvent 
jetor  un  immense  intervalle.  On  a  vu ,  dans  nos  terns  niodernes, 
]>orter  des  lois  dignes  des  peuplcs  barbares;  les  iiiterels  qui 
Ics  ont  dictees  observenl  avec  inquietude  ce  nouveau  monde 
dont  I'acces  Icur  est  inlerdit,  et  dont  la  force  toujouis  crois- 
sanleles  menace,  nieme  dans  leurs  plus  anciennes  possessions. 
A  I'avenir,  la  civilisation  americaine  et  la  politicjue  de  I'Eu- 
rope  seront  perpctuellemenl  en  presence  et  sur  la  dt5fensive. 
Les  Veritas  qui  auront  traverse  I'Atlantique  feront  bien  de 
chercher  une  vole  detournee  pour  arriver  jusqu'a  nous. 

Ce  rapport,  dont  la  continuation  ne  sera  pas  moins  desiroe 
en  Europe  qu'en  Amerique,  est  I'ouvrage  de  MM.  /.  iV.  O. 
DuEu,  B.  F.  Butler  et  H.  Wheaton.  II  est  ecril  avec  beau- 
coup  de  methode.  11  fera  sentir  de  j)lus  en  plus  la  grande 
Tjlilite  des  dissertations  publiques  sur  les  niatieres  de  la  legis- 
lation, quelle  que  soit  la  fprnie  du  gouvernemeiit.  On  observe 
mieux  les  lois,  lorsqu'on  les  a  bien  comprises.  Deja,  presque 
tous  les  actes  dc  Faiitorili'  sont  precedes  d'un  exjjose  des  mo- 
tifs, trop  court  sans  donte  pour  etre  instructif,  et  quelquefois, 
peu  sincere;  mais  ces  premiers  egards  qu'on  ne  dedaigne  point 
de  temoigner  pour  la  raison  des  peuples,  ne  peuvent  rassurer 
les  amis  de  I'liumanite.  On  parle  moins  de  certaine  science  ,  de 
pleine puissance ,  et  le  bon  plaisir  n'est  plus  une  raison  suffi- 
sante.  On  s'efforce  d'etre  poli ;  mais  ce  n'est  pas  assez,  ce  n'est 
pas  le  plus  important.  Nous  regreitons  de  ne  pouvoir  donner 
a  nos  lecteurs  une  analyse  du  mode  des  elections,  tel  qu'il  est 
prc'sente  dans  ce  rapjjort ;  11  faudrait  transcrire  presque  tous 
les  arlicles,  pour  en  donner  nne  idee  claire  et  complete.  On 
n'y  reconnaitrail  certainement  point  la  maniere  dont  proce- 
dent  nos  colleges  elecioraux. 

La  reforme  du  code  penal  et  de  la  procedure  cviminelle  est 
entreprise  en  Amerique,  et  meditee  en  Angleterre;  pourquoi 
la  France  est-elle  en  retard?  L'etat  de  la  Louisiane  a  donne  le 
premier  excmple  (voy.  Re^'.  Enc,  t.  xxx,  p.  662),  et  offrira 
les  premiers  resultats  d'une  exj>erience  locale,  il  est  vrai,  mais 
qui  fournira  cependant  des  faits  instructifs.  On  pourra  juger, 
d'apres  ces  faits ,  si  I'atrocile  des  peines  est  un  moyen  de  pcr- 
fcctionner  la  morale  des  peuples.  Un  calciil  rigoureux  a  prouve 
que  Irs  disjiositions  relatives  au  jury  dans  la  procedure  cri- 
minelle  de  la  France  ne  donnent  pas  a  Tinnocent  une  garantie 
suffisante;  on  ne  I'ignore  point,  et  rien  ne  change!  F. 


MEXIQUE.  —  EUROPE.  399 

MEXIQUE. 

1 3o.  —  *  Novorum  vegetabilium  descriptiones.  —  Descrip- 
tions des  vcgetanx  nouveaux;  premier  fascicule ;  par  MM,  Paul 
de  LA  Llave  et  Jean  Lexarza.  Mexico,  1824;  A.  Rivera. 
Grand  in-8°  de  32  pages. 

Celte  premiere  livraison  renferme  la  description  de  quarante 
especes  de  plantes  mexicaines  nouvelles,  parmi  lesquelles  se 
trouvcnt  treize  genres  nouveatix.  Des  figures  seraient  neces- 
saires  pour  faire  mienx  connaiire  les  caracteres  de  ces  nou- 
veaux genres  que  les  descriptions  laissent  un  peu  confus.  Les 
auteurs  promettent  qu'ils  en  enrichiront  les  livraisons  sui- 
vaiitcs.  V.  J. 

EUROPE. 

GRANDE-BRETAGNE. 

i3i. —  *  Memoirs  of  the  court  of  Henry  the  Eighth ,  etc.  — 
Memoires  de  la  cour  de  Henri  VIII ;  par  M'^^  A.-T.  Thomp- 
son. Londres  ,  1826.  2  vol.  in-8°;  prix,  28  sh. 

Get  ouvrage,  du  a  la  plume  d'une  femme,  ne  peut  que  re- 
hausser  la  gloire  de  ce  sexe,  q!ie  certains  hommes  voudraient 
condamner  a  I'ignorance  et  a  I'obscurite.  II  annonce  dans  son 
auteur  un  digne  eraule  de  Miss  Aihin  et  de  Miss  Benger  ;  et  ce 
qu'avaient  fait  celles-ci  pour  les  rogues  d  Elisabeth,  de  Jac- 
ques I,  de  Marie  Sluart ,  etc.,  a  etc  accompli  par  M''*  Thomp- 
son ,  pour  celui  de  Henri  VIII.  Ectits  avec  simplicite,  d'apres 
des  documens  dlgnes  de  foi ,  ces  memoires  ne  sont  pas  moins 
inleressans  qu'instructifs.  F.  D. 

\Zi.  —  * Musoeuin  criticum  ,  etc.  —  Musee  critique  ,  ou  Re- 
cherches  classlques  a  I'usage  de  I'Universite  de  Cambritlge. 
N°  8.  —  Londres,  1826;  Murray. 

Voici  le  dernier  cahier  du  seul  journal  classique  un  peu  in- 
teressant  public  dans  la  Grande  Bretagne  ;  bieu  que  dirigepar 
les  humanistes  les  plus  dislingues  de  I'Angleterie,  ce  recueil  , 
conime  tous  ceus  qui  so;it  extlusivement  consacrcs  a  la  litle- 
rature  ancienne,  n'a  jamais  obtenu  un  grand -succes.  Ce  fait 
serait-il  la  preuve  et  le  rcsultat  d'un  grand  changement  dans 
resi)rit  national?  N'en  doutons  point;  on  est  enlin  convaincu 
qu'il  est  possible  de  se  distinguer  au  barreau  ei  a  la  tribune, 
sans  avoir  lu  la  Rhetorique  d'Aristofe,  et  ra^me  d'etre  p.oete  , 
sans  imiter  Virgile  et  sans  traduire  Euripide. 

R.  K. ,  de  I' Unii'ersite  de  Cambridge. 


400  LiYRES  Strangers. 

i33.  *  Canto  a  Bolivar,  etc.  —  Chant  h  Bolivar  stir  la  ba- 
taille  de  Junin  ,par  J.  J.  Olmedo  ,  Londres  ,  1826.  Ackermann. 
In-8",  avec  trois  gravuies. 

Les  grands  fails  d'armcs  qui  ont  ancantila  puissance  espa- 
gnole  dans  la  patrie  des  Incas  devaient  enflanimer  i'imagi- 
nation  d'un  peuple  passionne  pour  !a  liberte,  el  entoure  d'une 
nature  rianle  ct  raagnifique.  Ce  sent  ces  grands  senlimens  na- 
tionaux  que  M.  Olmedo  ,  ne  au  pied  des  Andes  ,  retrace  avec 
tout  renlhousiasme  qu'une  si  belie  cause  inspire.  Dcpuis  long- 
tems ,  la  poesie  lyrique  tspagnole  s'est  trainee  sur  les  pas 
des  grands  modeles  du  xvi"'"  siecle.  M.  Olmedo,  sans  blesser 
les  regies  du  bon  goiil,  revet  ses  images  el  son  style  de  celte 
pompe  ,  de  cetle  grandeur  que  la  nature  montre  partout  dans 
les  regions  fortunees  ou  il  a  vu  le  jour.  On  admire  surtout , 
dans  ce  poeme  auquel  il  a  donne  le  litre  raodeste  de  chant, 
la  prediction  du  dernier  des  Incas,  qui  ,  temoin  du  courage 
et  du  patriotisme  de  Bolivar  et  de  Sucre ,  revele  I'avenir  glo- 
rieux  que  la  liberie  promel  a  son  pays.  L'execulion  typogra- 
phique  de  eel  ouvragc  fait  honneur  aux  presses  de  M.  Calcro, 
I'un  des  nombreux  proscrils  qui  sent  venus  deniander  an 
asyle  a  I'Angleterre.  L'une  des  trois  gravures  que  renferme 
ce  volume ,  est  due  au  burin  d'un  artiste  de  Paris  ,  et  repre- 
sente  la  medaille  frap.pee  en  rhonneiir  de  Bolivar  ,  par  !e 
congres  national  de  Colombie.  —  M.  Olmedo  ,  qui  se  trouve 
dans  ce  moment  a  Londres,  en  quallte  de  chargp  d'affaires 
de  sa  republique  pres  le  gouvernemenl  anglais,  est  autcur 
d'une  traduction  de  Pope  tres-estimte.  J.  J.  ue  Mora. 

i3/i. — *  Gaston  de  Blondeville.  —  Gaston  de  Blondeville, 
ou  la  cour  de  Henri  III  a  Ardenne,  roman;  siiivi  de  YAbhaye 
de  Saint- Alban ,  conte  en  vers,  et  de  quelques  autres  poesies 
fugitives,  par  Anne  Radcliffe,  precede  d'une  Notice  sur  la 
vie  et  les  ecrits  de  cet  auteur.  Londres,  1826;  Colburn.  4  vol. 
in- 8°;  prix,  i  1.  18  sli. 

C'etait  aux  approclies  des  fetes  de  Noel  qu'accompagne  de 
son  favori,  lejeune  et  vaillant  Gaston  de  Blondeville,  Henri  III 
traversait  la  foret  d' Ardenne ,  pour  se  rendre  a  son  chateau  de 
Kenilworth.  Dcja  les  antiques  tourelles  de  cetle  habitation 
royale  se  faisaient  voir  dans  le  loiniain,  lorsqu'un  evencment 
extraordinaire  vint  arreter  les  illustres  voyageurs  et  apporter 
une  terrible  diversion  aux  plaislrs  non  interrompus  d'un  long 
voyage  qui  ressemblait  jusqu'alors  a  un  Iriomphe.  Entoure  de 
sa  cour,  le  roi  d'Anglelerre  se  preparait  a  f.iireson  entn'e  dans 
Kenilworth,  lorsqu'un  inconnu  se  presente,  lui  demandant 
justice.   Cet  inconnu  elait  un  marchand  de  Bristol,  nomme 


GRAKDE-BRETAGNE.  4oi 

Woodreave,  se  disaiit  parent  d'un  chevnlier  aulrefois  nssas- 
sine  par  Gaslon,  et  qui  venait  demander  la  reparation  de  re 
crime.  Mais,  que  pent  raccusation  dun  simple  sujet  contre  lo 
favori  d'un  prince  ?  La  verite  passe  alors  pour  calomnie  ,  et  les 
preuves  produites  par  roflense  lombent  devant  la  denegation 
(lu  coupable.  11  en  lut  ainsi  dans  cetle  circonstance.  Woodreave 
futjele  dans  un  cachot,  et  la  main  d'une  princesse  recom])ensa 
la  fjdelite  ,  la  vertu  et  le  courage  de  Gaston  de  Biondeviile. 

Heureuseraent ,  le  bonheur  de?  medians  n'a  qu'un  terns, 
n  Dieu  sait ,  quand  11  lui  plait,  reveilier  la  poussiere  de  la  tombe 
pour  effrayer ,  convaincre  et  piinir  le  coupable.  «  Une  \oix 
vint  consoler  le  prisonnier  et  lui  predire  la  punltion  de  I'as- 
sassin.  En  ef'fet,  des  cet  instant,  un  spectre  est  sans  cesse  sur 
les  pas  de  Gaston  :  il  interrompt  la  curemonie  nupliale;  il  le 
poursuit  de  I'eglise  a  la  salle  du  festin  et  de  la  salle  du  festin 
au  milieu  des  concerts  et  des  fetes.  Tantot  couvert  du  linceul 
funeraire,  il  veut  elelndre  les  flambeaux  d'hyinenee  qui  brulent 
sur  k's  autels;  puis,  sous  les  traits  d'un  barde,  il  -vient  devant 
la  cour  chanter  ses  inalheurs  et  le  crime  de  Gaston  ;  enfin ,  pi  e- 
nant  la  forme  d'un  magicien,  il  lepresenie  dans  une  suite  de 
tableaux  toute  riilsloire  de  sa  vie.  C'est  d'abord  un  preux  che- 
valier, parlant  pour  la  Terre-Sainte,  recevant  les  adieux  de  sa 
feinme  et  de  ses  jeunes  enfans.  Viennent  eusuite  des  scenes  de 
combats  livres  entre  les  chreliens  et  les  infideles;  en  fin ,  le 
tableau  du  retonr  du  croisc  et  son  assassinat  dans  la  I'oret 
d'Ardenne ,  par  un  chevalier,  ressemblant  a  Gaston,  de  port 
et  de  figure... 

A  ce  spectacle,  les  salles  du  banquet  sont  en  confusion.  On 
accuse,  on  defend  le  favori  du  roi :  les  uns  attribuent  a  la 
magie,  les  autres  a  la  justice  divine  ces  effrayans  tableaux.  On 
attend  ,  on  s'agile ,  on  murinure ;  on  vcut  se  saisir  du  magicien  ; 
iiiais  ce!ui-ci,  apparaissaul  arme  de  ]>ied  en  cap,  se  fait  place  ■ 
a  travers  la  foule ,  denonce  Gaston  comme  son  meurtrier;  et 
le  provoque  a  un  combat  singulier.  Gaslon  succombe  sous  le 
poids  des  preuves  qui  I'accablent;  son  crime  est  avere  et  puni, 
et  Woodreave  est  rendu  a  la  libertc. 

Tel  est  le  canevas  du  ronian  jiosthume  de  Teffrayante 
AnneRadcliffe.  Quoique  infcrieur  aux  Mjsteres  d'Udolphe,  il 
sera  certaineinent  admire  ])nr  ces  vieilles  douairieres  qui  ad- 
racttent,  comme  articles  de  foi,  les  superstitieuses  legendesdcs 
siecles  d'ignnrance  et  de  galanterie  feodale  dont  elles  revent  le 
relour.  Ceux  qui,  comme  nous,  trompes  par  le  titre  :  la  Cour 
de  Henri  III,  couimenceront  la  lecture  de  I'ouvrage,  en 
croyant  y  trouver  des  peintures  analogues  a  celles  do  AValttr 
T.  XX.XI. —  Jout  1^76.  aCi 


40.1  LIVRES  liTRANGERS. 

Scolt,  acheveront  cette  lecture,  captives  par  des  descriptions 
charmantes  et  par  des  scenes  vraies  et  patlieliqucs,  tout  en 
regrettant  qu'unc  aussi  brilhmte  et  fcconde  iniaginatioii  u'ait 
cree  trop  souvent  que  de  vaines  et  absurdes  cliiineres. 

La  notice  bibliograpliique,  qui  precede  ce  roman  ,  est  ecriic 
avec  soin  ,  et  presente  des  details  interessans  sur  la  vie  de 
M""  Radcliffe.  F.  D. 

Revue  sommaire  des  rccueils  periodiques  sur  les  sciences  ,  Ics 
leltres  et  les  arts,  pubiies  dans  la  Grcinde-Bretagne.  — 
Dixicme  article.  (  Voy.  Rev.  Enc,  t.  xxv]i,p.  7(>7-770, 
t.  xxvin,  J).  i49-i56,  799-80/1;  t.  XXIX,  p.  1/11-148, 
463-468  et  747-7^6,  et  xxx,  p.  121-126,.  419-424,  et  ci- 
dessus  p.  i24-i3i.) 

Suite  des  journaux  hebdomauaires. 

Sciences  morales  et  religieuses. 

i35. — *  The  Spirit  and  manners  of  the  age ,  etc. — L'esprit 
et  les  iTioeurs  du  siecle.  N°  26.  Londres,  samcdi  24  juin  1826; 
Westley.  In-8°  d'uiie  feullle;  prix  ,  3  pence  ( troi*  decimes.) 
1 36.  —  The  christian  Monitor ,  etc.  —  Le  Moniteur  chretien. 
Londres,  sainedi  i  juillet  1826.  Westley.  In-S°  d'une  fcuille; 
prix  ,  4  pence. 

137. —  The  Pulpit,  etc.  —  La  Ch-iire  ,  n°  167.  Londres, 
jeudi  29  juin  1826,  Knight  et  Lacey.  In-S"  d'une  feuille,  ini- 
primce  sur  deux  colonnes;  prix  ,  3  pence. 

Ces  trois  recucils  complclent  la  liste  des  nombreux  jour- 
ueaux  religieux ,  publics  a  Londres.  Corame  tous  ceux  du 
meme  geiue  que  nous  avons  passes  en  revue,  ils  offrent  un 
melange  de  sacre  et  de  profane,  en  prose  et  en  vers.  Le.s  cdi- 
teurs  clierchent  bien  inoins,  en  general,  a  faire  des  proselytes 
<]u'a  inaintenir  les  fideles  dans  !enr  ancienne  croyance.  Les 
trinitaires  el  les  unitaires;  ceux  qui  adniellcnt  la  transsubstan- 
tiation ,  et  ecus  qui  rtjetlenl  cette  doctrine;  ceux  (|ui  croienl 
au  sommeil  dans  la  lonibe  jusqu'a  la  resurrection  du  corps,  et 
ceux  qui  annoncent  un  sejour  inlermediaire  dans  le  jiurga- 
toire,  comnie  ceux  qui  croieiit  a  la  transmission  immediate  de 
I'ame  au  ciel;  le  catlioliquc  qui  soutient  la  suprematie  du  pape; 
I'anglican  qui  sonlient  celle  du  roi  d'Anglelcrre;  ceux  qui  as- 
surent  que  Jesus,  fils  de  Sirach  ,  fut  le  .lesus  des  evangellsles  , 
comme  ceux  fiui  dlsent  que  deux  contemporains  du  meme  nom 
enseigneient  les  mem  es  doctrines;  le  Jiiifcjuipreferelesabbat  dc 


GRAINDE-BRETAGNE.  /jo  3 

I'ancienne  loi,  et  le  chretien  qui  adopte  cclui  de  la  nouvelle; 
lous  enfin  sentent  la  necessite  d'eviier  dans  leurs  ecrits  ces 
controverses  scholastiques  et  cetle  mysticite  theologique  qui 
pitraisisent  ne  plus  convenir  a  notre  epoque.  L'auslere  metlio- 
diste  preche  encore  des  regies  severes,  et  le  scrupuleux  catho- 
liqiie,  I'omnipolence  du  pape;  mais  tous  ont  appris  qu'il  faut 
arauser  ou  instruire  ])our  etre  lu. 

Plus  que  tout  autre  journal  ,  I' Esprit  du  siecle  seinble 
avoir  senli  cette  verite.  L'homnie  du  monde  pent  aussi  bien 
que  rhomme  religieux  le  lire  avec  interet  :  abandonnant  a 
celui  -  ci  Texamen  des  nodtieres  traitees  dans  lesdeux  sections: 
chronique  de  la  chaire  et  commenlaire  de  I'ecriture ,  il  trou- 
■verait  sous  ces  litres  :  Meinoires  et  Notices ,  Esquisses  histo- 
riques  ,  r  Avocat  chretien,  Analyses  et  Melanges  ,  des  articles 
instructifs  et  interessans.  Ainsi,  nous  avons  remarque  dans 
le  premier  numero  de  ce  recueil ,  un  article  contre  I'esclavage 
ecrit  dans  un  esprit  de  philantropie  toufe  chretienne;  una 
Notice  biograpliique  d'un  grand  interet  sur  Sheridan,  et  una 
ode  aux  etoiles,  riche  d'idees  et  de  poesie.  Les  numeros  sui- 
vans  conlenaient  egalement  de  tres-bons  articles.  Ceux  qui 
concernent  lord  Ryron  parailront  sans  doute  un  peu  seve- 
res; mais  on  applaudira  ceux  qui  sont  signes,  Theta  et 
Theodore.  —  Le  Moniteur  chretien  est  redige  sur  le  meme 
plan  que  le  recueil  precedent;  mais  il  est  inferieur  dans  le 
cLoix  des  maticres ;  nous  y  avons  vu  pourtant  un  tres-bon 
article  sur  I'education  des  classes  pauvres.  La  Chaire  consacre 
trop  d'espace  aux  sermons  preches  dans  les  differentes  eglises 
de  Londrcs;  il  est  vrai  que  ces  sermons  respirent  presque  tou- 
jours  une  morale  pure,  et  contieunent  d'excellentes  lecons 
morales;  mais  les  ecrits  destines  au  peuple  doivent  reunir 
I'agreable  a  I'ulile  ,  et  les  sermons  ont  rarement  ce  double 
raerite. 

II.  Jurisprudence. 

i38.  Law  Chronicle  ,  etc. —  Chronique  judiciaire.  Loudres, 
jeudi  6juillet  1826.  Peters  Hill.  Grand  in-folio  de  deux  feuilles ; 
prix ,  I  sh.  6  p. 

I'ig.  Law  Advertiser ,  etc.  —  Affiches  judiciaires.  Londres  , 
jeudi  6  juiliet  1826.  Chancery  Lane.  Petit  in-folio ,  de  deux 
feuilles;  prix,  7  pence. 

140.  Hue  and  cry,  etc.  —  Clameur  de  haro.  Londres, 
juin  1826.  Strand,  ]N°  240.  Demi-feuilie  grand  in-folio.  (IVe 
se  vend  pas.) 

Dans  notre  revue  des  journaux  mensuels  et  irimestriels , 


/)o4  LIVRES  ETRANGERS. 

nous  avons  neglisjd  ,  faiite  de  renseignemens  suffisans,  de  fairo 
connatire  les  recueils  consacies  a  la  science  du  droit.  CeUi- 
omission  sera  r6paree  dans  nn  appendice.  Quant  mix  trois 
feuilles  dont  nous  venons  de  donner  le  litre,  elfes  sont  d'unc 
mediocre  importance;  les  deux  prfmieres  conliennent  la  lisle 
des  causes  appclces  devant  les  diffcrcntes  cours  de  justice  de 
Londres  ;  !e  nombre  des  banqueroutes  dcclarees  dans  la  se- 
maine  ,  enfin,  des  annonces  et  des  avis  judiciaires.  La  troi- 
sieme  rend  ronipte  des  affaires  qui  ont  ete  jugt'es  devant  les 
fribiinaux  de  police  de  Londres,  et  contient  la  liste  des  mili- 
Jaires  descries  de  leuis  corps.  C'est  une  sorte  de  Gazette  de 
police,  qui  ne  se  vend  pas,  et  n'est  publiee  que  toufes  les 
trois  semaines. 

in.  Politique. 

iZ|i.  CohbelCs  Register^ etc.  — Registre  de  Cobbetl ,  t.  lviii, 
n°  i5.  Londres,  samedi  8  juillet,  1826.  Clement,  Fleet-street. 
In-8°  d'line  feuille  d'impression  ;  prix ,  6  p. 

14*.  The  Re  pub  Lie  an,  etc. —  Le  Republicain,  par  P».  Carlile, 
tome  XIII,  11°  27.  Londres,  vendredi,  7  juillet  1826.  R.  Carlile, 
1 35  Fleet  street.  In-8°  d'une  fenille  et  deuiic;  prix  ,  6  ]). 

Aucun  j)ami>hletaire  vivant,  anglaisou  clrant,'er,  ne  saurait 
eire  compare  a  Cobbett,  le  ])lus  fougueux  athlete  du  radica- 
lisme.  Cet  liomme,  done  d'ime  imagination  ardente,  d'une 
grande  eloqiieiice  revolutionnaire  ,  d'une  hardiesse  a  loiile 
cpreuve  et  d'une  confiance  en  lul-meme,  qui  vajusqu'a  I'aveu- 
gleroent,  a  joui  long-  teins  parmi  ses  coneitoyens  d'une  repu- 
tation gigantesque.  Peut-etre  citerait-on  difficilement  un  ccri- 
vain  qui  ait  cliange  aussi  souvent  de  banniere  que  Cobbett; 
peut-etre  aussi  n'exista-t-il  jamais  de  ])rophete  moins  heu- 
reux  que  lui  dans  ses  predictions.  Long -temps  antipapiste, 
il  est   papiste   aujourd'hui. 

L'eloquenee  de  Cobbett  ne  consistepas  a  demonlrer  par  des 
argumens  la  justice  de  la  cause  <iu'il  defend  ,  et  a  combaltie 
par  des  raisonnemens  les  doctrines  de  ses  adver^aires.  Le  sar- 
casme,  les  personnalilcs  sont  ses  armes  favorites.  11  excite  les 
passions  du  peuple  ,  et  ])reche  Tinsurreclion. 

Si  Cobbett  avait  eu  la  precaution  de  reculer  d'une  cinquan- 
taine  d'annees  I'i'poque  fixee  pour  I'acconiplissement  de  ses 
predictions,  et  surtout  s'il  s'etatt  moins  occujie  de  lui,  dans 
ses  brochures,  il  jouirait  encore  d'une  grande  popiilariie. 
Mais  aucune  de  ses  projihelies  ne  s'est  trouvee  rcalisoe  ;  et 
Cobbett ,  negligeant  la  multitude  pour  n,e  songer  qii'a  lui- 
meme,  exallant  sans  cesje  ses  talens  et  sesvertus,a  vu  tornl)er 


I 


GRANDE-BRETAGNE.— RUSSIE.  4o5 

sa  renoinmee,  et  dimlnuer  de  raoitie  le  nombre  de  ses  lec- 
teuis. 

Ainsl  que  le  Registre  de  Cobbett ,  le  Republicain  de  Carlile 
appelle  a  grands  cris  une  reforme  dans  les  institutions  an- 
glaises;  mals  il  veut  probablement  I'obtenir  par  des  moyens 
differens  de  ceux  que  propose  Cobbett.  Car  ses  patjes  sont  la 
critique  la  plus  amere  de  la  conduite  et  des  principes  de  ce 
fameux  pamphletaire.  II  est  deplorable  que  des  hommes  tels 
que  lui  se  disent  les  amis  de  la  liberie.  Leurs  ccrits ,  degoii- 
tans  par  de  grossieres injures,  nepourraient  que  compronicltre 
la  cause  qu'ils  voudraient  defendre.  —  Nous  ne  connaissons 
du  Rrpublicain  quece  27*  numero ;  nous  ne  savons  pas  preci- 
sement  jusqu'a  quel  point  ses  principes  different  des  opinions 
du  Registre.  Nous  y  avons  iu  avec  plaisir  un  article  sur  la  po- 
litique suivie  ]iar  les  differens  elals  de  I'Europe  et  de  I'Anie- 
rique.  Sa  tendance  nous  parait  digne  d'cloges ;  mais  nous 
craignons  que  I'exageralion  ne  se  glissc  trop  souvent  dans  les 
pages  de  ce  journal.  F.  D. 

(  Celte  Revue  des  Journaux  anglais  sera  continuee. ) 

RUSSIE. 

i/|3.  —  *  Pis  ma  morsharo  qfitzera  ,  sloujachtchija  dopolne- 
nieme  h'7,apisham  morshavo  ofitzera.  —  Lettres  d'un  officier 
de  la  marine,  desSinecs  a  servir  de  supplement  aux  Papiers 
d'un  officier  dela  marine.  Moscou,  i825.  In-8'^  de  xiv  et  270  p. 
Se  trouve  aussi  a  Saint-Petersbourg  ,  chez  Smirdine  el  Sleu- 
iiine;prix,  i5  roubles. 

Les  Papiers  d'un  officier  de  marine  sont,  de  I'avis  des  con- 
naisseurs,  une  des  productions  les  plus  Interessantcs,  les  jjIus 
plquantes  meme  qui  aient  paru  en  Russie  depuis  le  commen- 
cement de  ce  siecle.  L'auteur  (M.  Bronevski  )  y  a  consigne  un 
grand  nombre  d'observations  et  de  reflexions  sar  toutes  sorles 
de  contrees,  et  surtout  des  eclaircissemens  sur  les  mouvemens 
de  la  flotte  russe  dans  la  Mediterranee ,  sous  le  commande- 
ment  du  \ice-amiral  Siniavine.  Ce  savant  a  recueilli,  depuis, 
un  grand  nombre  de  nouveaux  renscignemens,  et  il  lui  en  a 
ete  fourni,  en  outre,  par  plusieurs  de  ses  freres-d'armes, 
parmi  lesquels  nous  devons  nommer  surtout  M.  Nicolas  Vassi- 
lieviich  Karobka.  Les  lettres  que  nous  annoncons  ne  sont  que 
le  supplement  de  ces  Papiers  :  elles  renferment  egalemenl 
beaucoun  de  donnees  statistiques  ,  topographiques,  historiques 
et  eihnographiques  sur  diverses  contrees  et  sur  plusieurs 
villcs,  ainsi  que  des  anecdotes  d'un  grand  inleret,  des  notices 


lioG  LIVKES  liTRATVGERS. 

sur  quelques  contemporains  illustres,  ou  deja  bien  conniis, 
dcs  notes  sur  quelques  productions  distinguees  de  la  littera- 
ture,  des  pensees  philosopliiqiies  et  iin  choix  de  traits  singu- 
liers ,  relatifs  a  differentes  nations.  C'est  un  livre  qui  se  recoin- 
n)ande  a  plusienrs  litres,  ct  qui  rie  inancjuera  pas  de  lecteurs. 

1 44'  —  *  Su/ihotrorcnia  Alexandra  Pouclieldna.  — Poesies 
de  M.  Alexandre  Pouchesine.  Saint  -  Petersbourg,  1826. 
In-8"  de  XI,  192  p.  5  prix,  id  roubles. 

Ce  recueil  d'un  poete  qui  joiiit  dans  son  pays  d'une  tres- 
grande  reputation  (i),  et  qui  est  aussi  distingue  par  ses  lumieres 
et  son  esprit  que  par  la  chaleur  et  rcclal  de  son  imagination, 
contient  des  productions  charmantes  dans  plusieurs  genres  de 
poesies.  On  y  compte  17  elegies,  21  epigrammes  et  epitaphes , 
12  imitations  de  poetes  anciens,  16  epitres  a  divers  litterateurs 
russes  et  a  quelques  dames,  g  imitations  du  Coran  et  24  autres 
pieces  dont  on  ne  saurait  rigoureusement  assigner  le  genre. 
II  a  recu  Taccueil  le  plus  flatteur  de  tons  ceux  qui  s'occupent 
des  lettres  en  Russie;  et  sans  doute  les  journaux  litteraires  ne 
man(|ueront  pas  de  nous  faire  apprecier  les  productions  qu'il 
renferme  (2}. 

i/,5.  *  Dassougui  sellshavo  gitela.  —  Les  Loisirs  d'un  habi- 
tant de  la  campagne  ;  poesies  du  paysan  Fedor  Slaipouche- 
KiNE.  Saint-Petersbourg,  182G.  In-S**  de  vii-ioo  pages,  avec 
\e.  portrait  de  I'auteur;  prix  ,  5  roubles. 

Les  amis  des  lettres  en  general,  et  special^roent  ceux  de  la 
litterature  nationale  en  Russie,  ont  accueilli  avec  intertt  cette 
publication  tres-remarquable.  Un  bon  et  modeste  habitant  de 
la  campagne,  qui  consacre  les  momens  de  loisirs  que  lui  lais- 
sent  ses  occupations  journalieres  a  des  delassemens  aussi  nobles 
que  doux,  a  droit  sans  doute  a  toute  notre  attention.  Fedor 
Slaipouchekine  est  ne  ,  en  1788,  dans  I'arrondissement  de  Ro- 
manof,  gouvernement  d'laroslaf,  sur  les  terres  de  M'""  Novos- 
siltsof ,  nee  comtesse  Orlof.  C'est  de  son  pere  qu'il  a  appris  a 
lire  et  a  ecrire;  mais  les  travaux  auxquels  il  a  du  se  livrer  des 
sajeunesse  ne  lui  ont  jamais  perinis  de  faire  d'autres  etudes,  « 

ni  de  lire  aucun   Iraile  sur  I'art   poetique.  Depuis   12  ans,  il         V 
liabite  I2  grande  Slobode  despecheurs,  a  i5  vcrstes  de  Peters-  '^ 

(l)Voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxx,  p.  428  I'annnonce  d'une  prodnclion  decel 
iioteur,  traduite  en  vers  francais. 

(j)  Get  article  de  noire  correspondaut  ne  fait  qu'annoncer  la  pnblica- 
IroQ  d'un  recueil  que  tous  les  amis  des  lettres  attendai^nt  avec  beaacoup 
d'irapatieoce,  et  dont  nous  serions  heureux  de  pouvoir  offrir  I'analy.se  j» 
nns  lecteurs.  Nous  invitons  I'editeur  a  nous  le  faire  parvenir.     N.  d.  R. 


RUSSIE.  407 

boiirg,  sur  te  chemin  de  Schliisselbourg,  et  tient  ce  qu'on 
nomme  ici  une  melousinc,  c'est-a-dire,  qu'il  fait  un  traficde 
fruits  et  d'cj)lces.  Ses  poesies  doiventetre  regardees  comraedes 
productions  de  la  simple  nature;  on  y  trouve  des  details  frap- 
pans  de  verite  et  plelns  d'inlcret.  Du  reste,  on  se  tromperait 
fort,  si  Ton  s'attendait  a  y  trouver  les  brillantes  couleurs  de 
I'iiuagination  et  les  orncraens  recherches  de  I'art.  Pour  bien 
juger  ce  poete  nouveau,  il  ne  faut  pas  lui  appliquer  les  regies 
ordinaires;  ses  productions  plaisent  sans  etre  re^ulieres;  elles 
n'ont  rien  d'extraordinaire,  de  saillant,  de  bien  ingenieux 
meme;  mais  elles  n'en  conviennent  que  plus  aux  hommes  de 
toutes  les  conditions.  Voici  le  jugemenf  que  M.  Boulgarine  , 
juge  competent,  en  porte  dans  V Jheitle  du  Nord ,  (  Set'ernaia 
Ptchela ).  «  L'instrument  que  les  Muses  ont  accords  a  ce  poele 
rustique ,  n'est  pas  la  lyre  sonore  d'Apollon,  qui  cnchante 
les  deesses  elles-raemes;  c'est  la  flute  modeste  dont  Jes  sons 
charmerent  la  solitude  du  dieu  devenu  esclave  du  roi  Ad- 
mete.  » 

Ce  phenomene  n'est  pas  aussi  rare  dans  le  Nord  qu'on  serait 
lente  de  le  croire.  A  Moscou ,  un  jeune  paysan  vient  de  chan- 
ter la  memoire  d'Alexandre,  et  ses  vers  ont  ele  juges  dignes 
d'etre  lus  a  la  Societe  imperiale  pour  I'histoire  et  les  antiquitcs. 
]\ous  avons  entendu  parler,  en  Courlande,  d'un  paysan  aveu- 
gle  ,  dont  les  vers  sont  repandus  dans  tout  le  pays  et  souvent 
reproduits  par  la  Gazelle  lellonne  que  publie  I'infatigable 
pasteur  Watson. 

Pour  revenir  au  livre  qui  nous  occupe,  nous  dirons  que 
I'editeur,  qui  a  garde  I'anonyme,  a  rendu  un  veritable  service 
aux  amis  de  la  litterature  nationale ,  en  publiant  ce  premier 
recuei!  de  poesies.  Nous  devons  cependant  avouer  que  quel- 
ques-unes  de  ces  productions  nous  paraissent  d'un  genre  un 
pen  trop  difficile  el  le  metre  en  general  trop  varie  pour  qu'il 
nous  soil  possible  de  croire,  malgre  les  defauts  nombreux  qui 
peuvent  s'y  trouver,  que  I'auteur  n'ait  pas  etc-  seconde,  ou 
plutot  qu'il  n'ait  jamais  rien  appris  sur  le  mecanisme  des  vers. 
—  Le  portrait  de  I'auteur,  avec  sa  barberusse,  orne  le  fron- 
tispice  du  livre,  qui  se  compose  d'une  cinquantaine  de  nior- 
ce,anx  de  poesie  tres  varies,  dont  le  premier  et  le  dernier 
s'adressent  a  Dieu  et  respirent  une  douce  piete.  Nous  citerons 
la  devise  en  vers  russes  qui  se  trouve  sur  le  litre  :  «  Je  n'en- 
lends  rien  a  la  science ,  mon  gout  ne  soutient  point  la  critique. 
On  me  loue?  Je  m'en  rejouis  au  fond  de  mon  ame;  on  me 
blame?  .le  n'en  suis  point  abattu  !  » 

Les  Loisirs  de  Slaipouchekine  ont  ele  presentes  a  la  famille 


.'io8  LI V RES  ETR ANGERS. 

impih'iule  par  M.  I'amiral  Cliicliekof,  iriinistre  <le  rinslriicu'ot/ 
imblique,  ct  lui-iniime  litterateur  distingue;  I'empeieur  Nico- 
las ,  et  les  iinprratrices  Alexandra  Feodorovna  et  Marie  Feodo- 
rovna  lui  ont  fait  exprinier  leur satisfaction;  le  premier,  en  lui 
fnisant.  reniettro  un  supeibe  rafetan  (  liabit  rnsse  )  en  velours, 
el  Ics  imperatrices,  en  lui  donnant  cliacune  nne  montre  en  or. 
I/Academie  imperiale  rnsse,  ay:int  aussi  pris  connaissance  de 
ses  travaux,  a  voulnlcs  encourageret  les  rt'compenser  ,  en  lui 
d^cernanl  la  medaille  en  orde  la  scconde  classe,  par  les  mains 
de  son  jiresident,  M.  I'amiral  Cliicliekof.  Nons  croyons  faire 
jilaisir  a  noslecteurs,  en  rapporlant  la  Icttre  dece  dernier,  avec 
1 1  reponse  du  pocte  canipagnard. 

«  Unnorable  campagnard,  Fedor  Nikiforovitch  !  I'Acade- 
mie  iinperiale  rnsse  a  pris  connaissance,  dans  sa  seance  du  aS 
Janvier  dernier  ,  de  tes  poesies  ,  ])ubliees  sous  le  titre  de  Loisirs 
d'un  habitant  de  village.  I.'Acadi'jmie  ,  rempiie  d'admirntion 
pour  tes  talens  natiirels,  se  plait  a  reconnaiire  la  beauie  deles 
productions,  tant  sous  le  rapport  du  bon  gout  ct  des  bonnes- 
moeurs,  que  sous  celui  de  la  simplicile,  dela  noblesse  du  style, 
et  de  la  jmrete  du  langage,  qualitcs  conformes  aux  t;ibleanx 
champelres.  Inforniee  en  meme  lems  que,  charge  d'une  fa- 
mille  qui  demande  tessoins,  tii  n'as  jamais  neglige  les  occupa- 
tions qui  conviennent  a  la  condition  dans  laquelletues  nc,  que 
neanmoins,  et  sans  le  secours  de  personne,  tu  as  appris  la 
peinture  ,  et  que  tu  as  merite  par  ta  bonne  conduite  I'approba- 
tion  de  ceux  qui  te  connaisseut,  rAcadciuie,  desirant  t'offrirun 
encouragement,  t'a  destine  une  recompense  de  ta  vie  hono- 
rable et  de  tes  efforts  ,  qui  consiste  dans  la  med;ii!le  d'or  de  la 
seconde  classe  avec  la  legende  :  «  ^  celui  qui  a  liicn  merite  de  la 
langiie  rnsse.  »  En  te  la  transmettant  de  la  part  de  I'Academie  , 
je  desire  que  In  vives  long-tems,  et  que,  par  de  nouveaux  ef- 
forls,  tu  te  rendes  plus  digne  encore  de  fixer  I'attention.  » 

3  fevrier  1826.  —  Le  ministre  de  I'inslruction  publique  , 
president  de  I'Academie  imperiale  russe. 

Signe  Alexandre  Chichekof. 

Reponse  :  —  «  Le  ])ay5an  Fedor  Slaipouchekine  adresse 
de.i  remercimens  bien  sinceres  a  I'Academie  imperiale  russe. 
—  Ta  celebrite,  briHante  reunion  d"hommes  tres-eclair^s ,  a 
fait  honrieur  a  ma  simplicile,  ta  bicnveillance  a  bien  voulii  ve- 
nir  trouver  mon  indigence,  et  tes  iumieres  n'onl  point  dcdai- 
gne  mon  savoir  insignifiant.  Tu  reconi])enses  mes  efforts  avec 
une  generosite  sans  exemple. — Coininent  t'exprimer,  comment 
le  prouver  ma  reconnaissance?  Par  r|uels  nouveaux  efforts 
])ourrai-je  meriter  ce  qui  deja  m'est  tombe  en    pnrfage?  Ma 


RUSSIE.— IVORViGE.  409 

vie  pouiTa-t-elle  me  rendre  digne  d'une  telle  attention  ?  Ah  ! 
chacun  est  oblif^e  ytar  sa  foi  et  sa  conscience  de  vivre  irrepro- 
chablement,  etje  n'ai  rien  a  t'offrir,  si  non  mes  piieres  pour  le 
bonht'ur  de  chacun  de  tes  membres;  je  ne  puis  qu'adresser 
nies  voeux  an  snpreme  dispensateur  du  bien  pour  qu'il  les 
comble  de  toutessortesdeprosj^erites. — Ayant  troiive  un  asyle 
dans  tes  hautes  liiiniercs  et  dans  ton  coeur  bienfaisant ,  je  suis 
jii.'-qu'au  lombeau  ,  avec  les  sentimens  d'une  profonde  venera- 
tion et  dune  entieie  reconnaissance,  de  rillnstre  et  ti  es-eciai- 
rt'e  Sociele  le  tres-hninble  servileur.    6   fevrior  1826. 

Fedor  Slaipoocbkkine,  paysan  de  M""*  de  Novossiltsof , 
nee  comtesse  Oriof.  S — r.. 

NORVEGE. 

1.46.  —  Fjeldeventyret. —  L'aventure  dans  les  raontagnes  : 
oj)era-comique  ,  par  M.  H.-A.  Bierregaard  ;  mis  en  musique 
par  M.  fV.  Thrane.  Christiania,  iSaS. 

Deux  motifs  nous  determinent  a  faire  I'annonce  de  cette 
bagatelle  dans  la  Beiue  Encjclopedique.  D'abord  c'est  le  pre- 
mier opera  comi()ue  qui  ait  ete  ecrit  et  mis  en  musique  pour 
etre  represenle  dans  le  royaume  de  Norvege.  Ce  pays  ne  po.s- 
sede  pas  encore  des  theatres  publics;  mais  il  Y  a  dans  toutes 
les  villes  un  pen  consideiables  des  societes  d'amateurs  qiii 
jouent  des  comedies  et  des  opera-comiques,  pendant  la  saison 
rigoureuse  de  I'annee  ;  et  bientot,  sans  douie,  ia  ville  de  Cliris- 
tianiadontla  population  a  presque  doiible  depuis  douzeannees, 
sentira  le  besoin  de  I'etablissement  d'un  theatre  regulier.  Notre 
second  motif  est  bien  ])lus  puissant,  et  nous  saisissons  avec 
empressement  I'occasion  de  faire  connaitre  sous  un  autre  rap- 
port i'auteur  des  ])aroles  de  cette  piece.  M.  Bierregaard  est  I'un 
des  avocats  les  plus  distingues  du  tribunal  supreme  du  royaume, 
siegeant  a  Christiania.  C'est  en  cette  qualile  qu'il  a  eu  I'hon- 
neur  d'ouvrir  la  session  de  cette  annee  par  un  discours,  qui 
respire  un  ardent  amour  de  la  palrje  et  un  attachement  sin- 
cere aux  institutions  eta  la  libertii  constitulionnelle  ,  garanties 
par  la  loi  fondamentale  du  royaume.  A  en  juger  ])ar  lous  les 
renseignemens  particuliers  que  nous  avons  recus,  les  cours  de 
justice  et  les  tribunaux  norvegiens  conservent  et  manifestent 
presque  iiarlout  une  noble  independance;  ce  sentiment  est  si 
])rofondement  grave  dans  tous  les  coeurs,  que  les  vues  interes- 
^ees  et  la  pusillauimite  d'un  bien  petit  nombre  d'individiis  ne 
parviendront  probablement  jamais  a  faire  changer  une  seule 
cK's  dispositions  de   la   constitution.  Sans  doute,  ellcs  ne  sont 


4ia  LIVRES  ETRANGERS. 

pas  Ionics  egalement  bonnes;  mais  on  craint  de  voir  redifire 
enticr  s'ecronler,  si  I'on  rc-ussissait  a  faire  relirer  nne  seule  des 
pierrcs  sur  Icsqiiclles  il  repose.  Pour  revcnir  a  ropcra-comi- 
que ,  nous  y  avons  Iroiivo  du  talent  et  de  I'esprit.  Le  suiet  est 
do  i>ure  invention;  mnis,  etant  tout-a-fait  national,  ainsi  que 
les  caractcres ,  il  doit  plaire  aux  Norvegiens,  et  c'est  ici  tout 
CO  qu'on  a  Ic  droit  d'exiger.  Heiberg. 

DANEMARK. 

147.  —  Delerminismen ,  etc.  —  Le  Determinisme ,  ou  Hume 
oppose  a  Kant;  par  Francois-  Gotthard  Hovitz,  docteur  en 
medecine.  Copenbague,  1824.  In-8°de  xn  et  180  pages. 

148.  —  Fortsatte  Betragtninger ,  etc.  — Considerations  sur 
le  libre  arbifre  de  I'boranie,  a  I'occasion  de  I'ouvrage  prece- 
dent de  M.  Hovitz;  par  M.  le  docteur  4.-S.  Oersted  ,  depute  a 
la  cbancellerie  royale  danoise  ,  etc.  Copenhague,  1824.  In -8° 
de  126  pages. 

1 49.  —  Ultimatum ,  etc.  —  Men  dernier  mot  sur  le  Deter- 
minisme et  les  considerations  de  M.  Oersted ;  par  le  docteur 
F.-G.  Hovitz.  Copenliague,  1825.  In-S**  de  68  pages. 

Le  Determinisme  est  \in  mot  nouveau,  que  Ton  a  cru  devoir 
creer  pour  une  discussion,  ou  il  s'agit  d'etablir  si,  dans  ses 
actions,  riiomrae  se  determine  par  une  soumission  passive  a 
certains  motifs  ,  ou  librement ,  apres  les  avoir  examines. 
M.  Hovitz  ,  medecin  distingue  ,  auteur  d'un  ouvrage  sur  la  de- 
nience,  que  nous  regretlons  de  n'avoir  pu  lire,  defend  le  pre- 
mier de  ces  systemes,  combaitu  par  M.  Oersted,  I'un  des  plus 
celebres  jiirisconsultes  du  Danemark,  et  par  plnsieurs  autres 
savans,  dont  nous  ne  connarssons  les  ouvrages  que  par  leurs 
titres.  On  croit  que  c'est  ici  une  question  de  medecine  legale  , 
discutee  j)ar  deux  hommes  dont  la  competence  est  egalement 
legitime ,  quoicju'elle  se  fondc  sur  deux  sciences  tout  -  a  -  fait 
differenles.  Plnsieurs  motifs  nous  empecbent  d'analyser  ces 
brocbures  avec  !e  soin  qu'exige  I'importance  du  sujet.  D'a- 
bord,  nous  ne  pouvons  pas  remontcr  a  la  source,  c'est-a-dire, 
au  premier  ouvrage  de  M.  Hovitz,  (|ue  nous  n'avons  pas  en- 
core vu  ;  pui<i ,  notre  analyse  exigerait  des  details  d'tme  elen- 
due  incompatible  avec  le  plan  de  ce  recueil ;  ensnite,  nous 
craindrions  de  pencher  vers  une  doctrine  ,  qui  jouit  de  pen  de 
faveur,  qiiolqu'elle  fut  exempfe  de  toute  consequence  dangc- 
reuse,sielle  etaitbicn  expiiquee  et  bien  comprise;  enfin,  dans 
une  telle  matiere,  nous  devons  franchement  avouer  notre  in- 
suffisance.  Non  nostrum  est...  tantas  componere  lites.  II  nous 


DANEMARK.  An 

suffira  done  d'avoir  iiidique  I'existence  de  ces  brochures  ,  d'a- 
voir  rendu  justice  a  I'cnidition  el  a  la  sagacile  de  leurs  anteurs, 
et  de  provoquer  ainsi  i'altention  des  liommes  instruils  qui  se 
livrent  specialement  a  des  recherches  de  cette  nature.  Cepen- 
dant,  nous  cilerons  un  passage  de  la  premiere  brochure  de 
M.  Hovitz,  partisan  decide  de  Hume  ct  de  la  philosophic  an- 
};;laise,  ou  plutot  ccossaise.  «  II  parait ,  dit-il,  (  p.  119  )  que  , 
dans  ce  pays  (  en  Dancniark  ) ,  toute  philosophie  ,  qui  n'est  pas 
celle  de  Kant,  ou  qui  ne  vient  pas  de  I'Alleniagne,  est  une  es- 
]>ece  de  denree  de  contrebande,  qu'on  ne  devrait  jamais  se 
permettre  d'exposer  anx  yeux  du  publics  II  avail  deja  dit, 
<lans  sa  preface  :«  Je  crois  qu'un  peu  plus  de  la  perspicacity 
anglaise,  de  la  clarle  francaise,  et  du  bon  sens  pratique  Ae 
I'nne  et  de  I'aulre  de  ces  deux  nations,  ne  ferait  aucun  tort  a 
la  litterature  danoise,  et  qu'elle  n'aurait  point  a  rougir  d'a- 
voir acquis  ces  qualites  »  Je  ne  crains  pas  d'avouer  que  je 
j)arlage  Topinion  de  I'aTiteur,  du  moins  en  ce  qui  concerne  ce 
dernier  jugement,  mais  loulefois  en  rcndanl  justice  a  I'erudi- 
lion  et  a  la  profondeurdesecrivainsallemands. 

M.  Hovitz  avail  intitule  saderniere  brochure,  son  Ultimatum, 
ou  son  Dernier  mot.  Malheureusement ,  en  ecrivant  ce  litre, 
it  ne  prevoyait  pas  qu'une  terrible  nocessite  le  foi'ceralt  de  te- 
nir  sa  parole.  I)  est  mort  pen  de  mois  apres ,  a  I'age  de  trenle- 
six  ans ,  et  le  Daneniark  a  perdu  en  lui  ,  non  -  seulementun 
citoyen  estimable,  mais  »in  savant  medecin  qui  promeltait  de 
fonrntr  une  longue  carriere,  non  moins  honorable  pour  sa 
patrie  que  pour  lui-meme.  Heiberg. 

i5o.  —  Svend  Grathe.  —  Suenon,  surnomme  Graihe  ,  roi 
de  Danemark :  Tragedie  en  cinq  actes  el  en  vers  libres.  Co- 
penhague,  i8a5.  In-8"  de  160  pages. 

Nous  avcns  annonce,  il  n'y  a  pas  long-lcms,  une  autre  tra- 
gedie danoise,  Jula,  reine  de  Dancmarh ,  (  Voy.  Rev.  Enc. , 
t.  XXIX  ,  p.  760  )  el  nous  lui  avcns  donne  des  eloges ,  que  nous 
croyons  bien  roerites.  IVotJs  voudrions  pouvoir  juger  anssi  fa- 
vorablement  celle  que  nous  annoncons  aujourd'hui;  mais  son 
nierile  nous  parait  bien  inferienr  a  cehii  de  Juta  ;  et  quoi- 
qu'elle  ait  ete  representee  ,  peut-etre  avcc  un  certain  succes,  au 
theatre  de  Copenhague,  nous  croyons  qu'elle  aura  bien  de  la 
peine  a  s'y  soutenir  long-ferns.  L'auteiir  anonyme  de  cette  tra- 
gedie a  egalement  choisi  son  sujel  dans  lesannales  duroyaume. 
II  remonte  au  milieu  du  xii''  siecle.  Alors  ,  il  y  avail  trois  com- 
])Ptiteurs  au  trone  de  Danemark:  Srend,  Canut  et  Valdemar. 
Apres  de  longues  lultes  et  des  combats  sanglans, «  des  paroles 
de  paix  ,  prononcces  par  Svend  (  Resume  de  I'histoire  de  Da- 


4iJ  LIVRES  ^TRANGKRS. 

netnark ,  )iar  M.  Latni,  p.  70)  fiirciit  ocorilt-es  de  ses  rivaux  ; 
il  se  tint  une  confoience  a  Roschild  ;  on  divisa  le  Danetiiark 
en  trois  parts,  et  les  trois  princes  se  declarerent  amis.  Un 
banquet  m.ignifique  ayant  ete  prepare  pour  lerminer  ccl  lieu - 
reux  accominodement,  tont-a -coup  des  satellites  se  procipitent 
dans  la  salle  ,  el  par  ordrc  de  Svend  atlaquenl  et  ininiolent 
Canut ;  le  nieine  sort  atlendait  Vaidemar,  si,  se  di'fendant  avec 
courage,  ii  n'eut  ])rofite  du  desordrc  et  des  lenebres  pour  s'e- 
chapper  rapidenient.  »  Vaidemar  se  rcfugia  dans  le  Jutland, 
donl  les  liabilans  lui  etaient  tres-d(''voucs.  11  y  fut  ])oursiiivi 
par  I'armee  de  Svend,  qui,  lui  ayant  livrd  bataille ,  fut  vaincu, 
et  enfin  assassine  par  un  paysan.  La  tragedie  est  remplie  de 
scenes  et  de  jiersonnages  inutiles;  et  I'autcur  a  eu  ,  scion  nous, 
le  grand  tort  de  placer  en  premiere  ligne  ,  et  comuie  le  heros 
de  son  poome,  ce  Svend,  si  perfide,  si  mcprisable,  et  qui 
succoinba  dans  une  lutte  lionleuse.  Au  coutraire,  en  choisis- 
sant  pour  principal  personnage  ce  jeune  Vaidemar,  qui  regna 
ensuite  avec  tant  de  gloire,  et  qui  obtint  le  surnom  def^rand, 
I'anteur  aurait  sans  doute  fait  une  tragedie  bien  stiperieure  a 
celle  qu'il  vient  d'offrir  au  public;  car,  nous  aimons  a  lui 
rendre  justice ,  il  annonce  un  vrai  talent.  Mais  ce  n'est  que 
lorsque  le  tems  et  I'expcrience  auront  muri  ce  talent,  qu'il 
pourra  prendre  rang  parmi  les  poetes  qui  honoreiit  la  scene 
tragique  danoise.  Heiberg. 

ALLEMAGNE. 

•:» 

i5i. — Strafgezetzhuch.  —  Code  des  peines  :  Esquisse  ac- 
compagnee  de  I'exposition  des  ])rincipes  qui  lui  servent  de 
base;  par  Charles  -  Salomon  Zachari*,  conseiller  inlime  du 
grand  due  de  Bade,  professcur  a  TUniversite  de  Heidelberg 
et  commandeurde  I'ordredu  Lion  de  Zaehringue.  Heidelberg, 
1826. 

Quand  on  considere  rimportance  dusujet,  I'experience  du 
savant  qui  le  ;raite  ,  les  liautes  fonclions  qu'il  exerce  a  la  cham- 
bre  reprosentalive  d'uu  pays  conslilutionnellement  gouvern^, 
on  doit  accorder  \n\  vif  interet  a  une  production  qui  n'est 
pas  seulenient  locale,  mais  qui  pent  s'appliquer  utilement  a 
toutes  les  socieles.  II  serait  inutile  de  recommander  a  I'atten- 
tion  du  public  un  livre  qui  porte  le  nom  de  M.  Zachariae.  II 
vaut  done  mieux  se  borner  a  examiner  ce  qu'il  a  fait  de  plus 
pour  le  bien  general.  II  pose  d'abord  des  principes,  dont  le 
premier  est  quil  ii'y  a  nulle  action  /junissable ,  si  elle  nc  porte 
prejudice  h  autriti.  Cctte  assertion    est  ))oussee  si  loin   (pie  jc 


ALLEMAGNE.  /,  i  i 

cloute  qifoti  l':i  donne  jamais  cclte  extension  ;  M.  Zachariw 
nc  \oit ,  meme  dans  une  association  dont  ie  but  est  de  com- 
nietlre  des  crimes,  qu'tin  fait  qui  donne  lieu  a  la  surveillance 
de  Tauioiite  ;  dans  Ie  faux  ou  dans  la  faiisse  nionnaie,  abstrac- 
tion faite  de  toute  emission,  qii'un  fait  rjue  les  lois  jieiiales  ne 
doivent  pas  alleindrc.  Aussi  la  punition  des  complols  ne  parait 
a  I'niiteur  qu'nn  effet  de  la  force;  ccs  coinplots  sont,  dit  -  il , 
delicta  uxcepta.  La  consecjuence  de  ce  principe  est  qii'un  delit 
n'est  punissable  qn'aulant  qu'il  a  cte  accompli.  La  tentative, 
meme  suivie  d'exccution ,  pourvu  qu'elle  n'ait  pas  eu  I'effet 
qu'en  attendait  son  auteur,  ne  donne  lieu,  dans  ce  systeme  , 
qn'a  I'obligation  de  fotirnir  une  caution.  Voici  Ie  second  prin- 
cipe :  La  criminalite  d'une  action  ne  depend  pas  du  plus  ou 
rnoins  de  mal  fait  a  autrui  ,  mais  de  son  plus  ou  moins  dirn- 
moralitc.  —  Le  troisieme  principe  consisted  n'etablir  d'au- 
tre  peine  que  la  j)rison  ,  et  Tauteur  n'admet  d'autre  ex- 
ception que  pour  deux  ou  trois  cas.  Sans  discuter  ici  cette 
|)roposition ,  nous  citerons  une  remarque  assez  piquante  de 
M.  Zachariae  :  «  II  y  a,  dit-il ,  des  gens  fort  recommandables 
d'ailleurs,  mais  qui  ont  pour  la  variety  despeines  une  predi- 
lection aussi  grande  que  si  c'etaient  des  beautes  de  la  nature 
ou  de  I'art.  Ya-l-il  done,  s'ccrie-t-il,  des  remedes  specifiques 
contre  certains  delits,  comrae  il  y  en  a  contre  certaines  mala- 
dies ?  »Neanmoins,  la  peine  de  raort  subsisterait,  selon  I'au- 
leur,  pour  le  crime  de  haute  trahison ,  pour  le  parricide,  ou 
pour  celiii  qui  aurait  rompu  le  cordon  sanitaire  etabii  contre 
une  maladie  contagiense.  En  trailant  ce  sujet  sous  ses  rapports 
philosopliiques,  M.  Zachariae  nous  semble  avoir  fourni  une 
raison  de  plus  contre  la  peine  de  mort.  Les  droits  de  la  societe 
sur  les  individus  ne  se  composent  que  <le  ceux  de  chaque  mem- 
bre  de  cette  societe  mis  en  commun.  Or,  la  societe  n'a  pu  re- 
cevoir  d'aucun  d'cux  un  droit  qu'il  n'avait  passnr  lui-meme, 
celui  de  disposer  de  sa  vie.  Aussi ,  c'est  plutot  comme  droit  de 
la  guerre  et  de  la  force  (pie  M.  Zachariae  adrnet  la  ])eine  de 
mort  pour  les  cas  qu'il  designe.  Lesamendes  ne  sontapplicables, 
dans  ce  systeme  ,  qu'aux  faits  dont  I'immoralite  n'est  pas  bien 
conslatee,  ou  qu'accoiiipagnent  des  circonstances  attenuantes. 
On  fait  voir  ensuite  combien  il  imjiorte  de  bien  organiser  la 
police  preventive  ;  puis,  on  etablit  en  quoi  un  code  penal  doit 
(iifferer  d'un  autre,  selon  qu'il  s'agit  de  I'adapter  a  un  eiat 
despotique  ou  constiiutionnel,  a  un  gouvernement  nobiliaire 
ou  ralionel.  Noi/s  recommandons  a  I'attention  les  paragraphes 
rclaiifs  a  I'independance  du  pouvoir  judiciaire,  a  I'arbitiaire 
d;i  juge.  IVoiis  consacrerons  un  article  particulicr  a  cette  Es- 


',  t/,  LI V RES  ETIl ANGERS. 

(] u isse  dc  code  p^iial ;  et ,  a  cede  occasion,   nous  eiitrc])reii- 

drons  de  trailer  plusieuis  questions  iinportantes.P.  Golbkuy. 

i52.  —  *  Aari  Leo/t/i.  Heinholds  Lebcn  luid  Uteraiischfs 
fVirken. — Vie  el  travaux  lilteraires  de  Charles  Leonard ]^v.ni- 
iiold;  avoc  iin  r.hoix  dc  leltres  de  Kant,  Fichte,  Jacobi  ,  pu- 
blics i)ar  Ernest  Reinholu.  Jena,  i(Sa5j  Fiommann.  In-8"  de 
418  pages. 

Roinhold  n'est  guere  coiinu  eii  France  :  c'est  pourtant  un 
des  ecrivains  allcniuiids  qui  out  le  plus  coopere  aux  progres  de 
la  philosopliie  et  de  ia  metaphysique.  On  le  cite  ,  en  Alientagne, 
toujours  a  cote  de  Kant  et  de  Fichte;  et ,  grace  a  son  style 
clair  et  ch'gaiit ,  il  a  eu  plus  de  lecteurs  qu'eux ;  jiar  son  expo- 
sition desprincipes  de  la  pUilosophie  de  Kant  ,  il  les  a  lueine 
fait  connaitre  a  beaucoup  de  personnes  qui  ne  les  auraient 
guere  compris  dans  le  langage  de  Kant  lui-meme.  Ccqu'il  y  a  de 
singulier,  c'est  que  Reinliold ,  qui  raourul  en  1823,  clant  pro- 
fesseur  de  plillosopliie  a  I'universile  dc  Kiel,  el  avec  la  reputa- 
tion d'un  des  jjIus  grands  ])enseurs  de  TAllemagne  protestante , 
avail  debute  par  etre  novice  des  jesuiles  de  Vienne  qui  s'etaient 
empares  de  lui  des  I'age  de  i4  aiis.  II  n'etait  pas  encore  sorti 
de  son  noviciat,  quand  Ics  jesuiles  furent  suppriuies.  Son  fds, 
autetir  de  sa  biographie,  a  inscre  une  leltre  que  Reinhold 
ecrivit  sur  cet  evenement;  dans  ies  circonstances  actuelles  , 
cetle  leltre  est  pour  nous  la  partie  la  plus  curieuse  de  toute  la 
biographie  du  phiiosophe;  un  adepte  qui  nous  revele  le  re- 
gime des  bons  peres ,  est  un  tcmoin  qu'il  est  bon  d'enlendre. 
Lejesuile  novice  ecrit  :»  son  pere,  sous  la  date  du  i3  septembre 
1773,  que  le  jugement  de  Dieu  a  enfln  eclalc  ,  et  que  la  nie- 
chancete  des  homines  a  lasse  la  justice  divine.  Deja  quelque 
(ems  auparavant ,  le  pere  general  avail  envoye  dans  toutes  les 
parties  du  monde  une  encyclique  pour  exhorter  les  jesuites  a 
la  penitence ;  dans  le  college  de  Vienne,  peres  et  novicesavaieni 
pris  leurs  repas  a  terre,  la  tele  couverte  de  couronnes  de  paille, 
et  outre  les  disciplines  dorsales  publiques,  chaque  novice  avail 
obtenu  la  permission  de  se  donner  en  ]>articuiier  \d,  discipline 
espagnole  ( I'auteur  de  la  biographie  nous  apprend,  dans  une 
note,  que,  pour  la  discipline  espagnole,  on  t'rappail  un  en- 
droitdu  cori)S  qui  tsl  a  quelques  peaces  plus  has  que  ledos).  Ces 
penitences  etaient  finies,  et  les  novices  venaient  de  passer  le 
jeudi  a  la  maison  de  cainpagne  de  I'ordre,  oii,  coninie  Rein- 
hold  le  mande  a  son  pere,  il  avail  gagne  quelques  ave  maria 
a  ses  caraarades.  II  parait  que  les  jesuiles  avaient  sanctifie  tout 
jusqu'au  jeu  de  billard,  ct  que  celui  qui  perdait  la  partie  reci- 


ALLEMAGNE.  4i5 

tait,  a  I'intention  dn  gagnant,  un  nombie  convenu  d'ave  ma- 
ria  :  on  appelait  cela  joiier  a  I'twe  maria.  Revenus  dans  la 
ville,  les  novices  remurquerent  un  mouvement  extraordinaire 
dansle  college;  mais,  comine  ils  no  pouvaient  inerae  se  parler 
entre  eux  sans  I'aulorisalion  dii  snperieur,  ils  ne  jjurent  savoir 
de  quoi  il  s'agissail  :  le  soir,  on  se  donna  encore  la  discipline 
al'espagnolc.  l.elendeniain  ,  peres  et  novices  furentrasseniblos. 
Un  chanoine  de  I'eglise  mctropolilaine  viiit  lire  la  bulle  du 
pape  qui  declarait  I'ordre  des  iesuites  dissout,  et  on  ajouta 
que  les  novices  seraienl  renvoyes  sur-le-cliamp.  II  faut  niainte- 
nant  entendre  le  recil  naif  du  novice  Reinliold,  qui  elail  alors 
dans  sa  quinzierne  annee.  «  Je  comjjris  bien  (ju'il  me  fallail 
relourner  a  la  maison  paternclle.  Cependant,  comnie  je  n'elais 
pas  encore  dispense  d'observer  nos  saints  staluts,  je  n'osai 
paspcnser  a  vons  et  a  la  maison  paternelle;  car  c'est  une  chose 
qui  viole  nos  regies ,  a  moins  que  ce  ne  soit  afln  de  ])rier  pour 
les  notres.  Un  chretien  aussi  zclc  que  nous,  mon  cher  papa, 
salt  Ires-bien  qu'il  y  a  des  liens  plus  sacres  que  ceux  d'une 
nature  vicieuse,  et  qu'un  homrae  mort  a  la  chair,  et  vivant 
seulenient  dans  I'esprit,  ne  peut  plus  avoir,  a  proprcnient  par- 
ler ,  d'autre  pcre  que  le  pere  celeste,  ni  d'aulre  mere  que  son 
ordresacre,  ni  d'autres  parens  que  ses  freres  en  Jesus-Christ, 
ni  d'aulre  patrie  que  le  ciel.  L'atlachemenl  a  la  diair  et  au  sang 
est,  comine  tousles  theologiens  le  soutiennent  unanimement , 
une  des  plus  fortes  chaiues  par  lesquelles  Satan  peut  nous  river 
a  la  lene.  J'eus  en  effet  loute  la  nuit  une  lutte  tres-penible  a 
soutenir  contrc  I'adversaire  heredilaire  de  notre  perfection;  a 
tout  moment,  il  faisait  passer  devant  raon  imagination,  papa 
et  maman  ,  freres  et  soeurs,  oncles  et  tantes,  et  meme  notre 
chambriere.  Vous  pouvez  vous  Cgurer  I'angoisse  que  ma  con- 
science eprouva  ,  jusqu'a  ce  que  ,  ce  matin  ,  a  9  lieures ,  le  ma~ 
nuductor  ( chef  des  novices  )  nous  annoncat  que  le  pere  Recteur 
nous  permetlait  d'ccrire  a  nos  fauiilles,  et  de  les  preparer  a 
notre  retour.  Pour  la  plus  grande  satisfaction  de  ran  conscience, 
je  demandai  en  mon  parliculier  une  permission  spcciale  du 
manuductor  de  pcnser  a  nies  jilus  proches  parens,  non-seule- 
meut  pour  le  tenis  ou  j'ccrirais  ia  lettre  ,  mais  aussi  pour  le  resle 
de  la  journee.  Je  I'oblins  effectivement,  excepte  pour  le  tems 
des  meditations,  de  la  lecture  spirituelle  et  de  I'angelus.  Pour 
contrarier  encore  davantage  le  maiin  esprit,  et  me  donner  le 
merite  de  I'obeissance ,  j'allai  trouver  le  pere  Recteur,  avant 
d'ecrire  la  lettre,  el  je  le  priai  de  m'ordonner  d'ecrire  a  mes 
parens.  0 

Dans  cette  lettre  naive,   se  devolle  le  systeme  odieux  des 


;iG  LIA'RES  ETR/\.i\(iER.S. 

jesuiics ;  jiour  avoir  des  jeunes  gens  tout  devout-s  a  leur  ftrdre , 
ils  av.iienl  cnlrepiis  de  lenr  persuader  que  I'affecliou  pour  leur 
famille  etait  un  peclie,  et  telle  associalion  delniisait  dans  le 
<(ieur  des  novices  tous  les  sentimens  naturcis,  jiour  en  faire  des 
instriimeris  passifs  de  la  volonto  des  superieurs  !  Quelle  per- 
vei'.silc  et  ([uel  fanalismc! 

En  renvoyant  ics  novices,  Ics  siiprricuis  neanmolns  les 
a\aient  engages  a  attendie  paisiblcnietit  ieur  renlree  qu'ils  se 
fliillaient  d'obtenir  sous  peu.  Reinliold  altendil;  niais,  ne  voyant 
y)as  les  jesuiles  rappcles,  il  sc  fit  barnabile.  Cet  ordre,  niolns 
f'anatitpje  et  moins  immoral,  contribua  a  (iclairor  I'esprif  du 
jeune  honime.  Les  reformes  ojjciees  par  Joseph  II,  et  les  liai- 
sons que  fonnii  Reinliold  avec  les  ccrivaiiis  les  plus  tclaircs  de 
Vienne,  achcverent  de  lui  dcssiller  les  yeux.  11  coopera  avec 
le  baron  de  Bonn,  auleur  de  la  plaisante  Monographic  des 
moines ,  a  un  journal  destine  a  repandre  les  Inmleres  en  Autri- 
ehe;  jmis,  il  quilta  Vienne,  et  se  rendit  a  Leipzig,  ou  il  em- 
brassa  !e  protestaniisnie.  A  Weimar,  il  futaccueilli  par  Wieland 
et  devint  son  gendre,  et  son  cooperateur  dans  la  redaction  du 
Mercure  allemand ,  cu  il  exposa  surlout  les  ])rincipes  de  la 
philosophie  nouvelle.  II  obtint  une  cliaire  de  jdiilosophie  a 
i'universiie  de  Jena,  et  y  enseigna  pendant  plusieiirs  annees 
avec  beaucoup  de  succes ;  tous  les  amis  de  la  j^lsilosophie  en 
Alleniogne  le  rcgarderent  comme  le  vrai  soulien  de  cette 
science,  depuis  qu'elle  avail  piis  une  forme  nouvelle.  Le  roi  de 
Danemark  a])pela  Reinliold  a  Fuiuversite  de  Kiel;  et  c'est  la 
qu'il  a  termine  son  honorable  carriere.  Son  Ills  a  joint  a  sa  bio- 
graphie  des  letlres  des  philosophes  les  plus  estimcs  de  I'AUe- 
magne  (jui  tous  ctaient  en  correspondance  avec  lui,  et  cher- 
chaient  a  meiiter  son  suffrage,  ou  a  le  gagner  pourleurs  opi- 
nions particulieres.  Cette  collection  comprend  aussi  quelques 
lettres  francaises  de  Charles  Villers.  D — "g 

i53.  —  *  Don  AlonzQ  ,oder  Spanicn.  —  Don  Alnnzo,  His- 
toire  contemjjoraine.  Traduction  alleinande  de  I'ouvrage  de 
M.  de  Salvandy,  d'apresla  IP  edition.  Breslau,  i825;Max  et 
compagnie.  5  vol.  in-12;  prix  ,  4llial-TO^  9  f'"* 

Don  Alonxo  n'est  pas  une  des  jjroductions  les  moins  atta- 
chanlesdela  litteralnrefrancaise  :  comme  on  devaits'yaitendre, 
elle  vient  d'etre  traduite  en  allemand.  Jusqu'ici ,  les  essais  des 
Alieniands,  dansle  roman  historique  ,  manquent,  en  general, 
d'action  et  de  vie.  Maintenant  memc  que  tant  d'auteurs  sont 
embarrasses  pour  Iroiiver  des  sujets,  aucun  n'a  encore  reussi 
a  fournir  (jue  des  imitations    assez  malheureuses  de  Walter 


ALLEMAGNE.  417 

Scott  ou  de  Cooper.  Cependant,  aucune  espece  de  roinan  ne 
parait  rnieux  convenir  au  terns  actuel.  Prcsque  tous  les  ])ay9 
sont  deveims  !e  theatre  de  grands  cvcnenaens  politiques  et  ini- 
litaires  :  ct  qucUes  ressources,  sans  sortir  de  I'Europe,  n'of- 
frent  pas  anx  litterateurs  alleniands  et  francais,  la  Pmssie,  la 
Turquie,  la  Grece ,  la  France,  Naples,  I'Espagne! 

Nous  engageons  M.  de  Salvandy  a  faire,  dans  de  nouveaux 
ouvrages  seniblables  a  cclui-ci,  une  nouvelle  apjilication  des 
pi  incipes  selon  lesquels  il  a  concu  ce  genre  de  roman  historique, 
principes  qu'il  a  si  bien  developpes  dans  sa  preface,  et  mis  ea 
pratique  dans  son  livre.  Le  iraducteur  de  cet  ouvrage  a  eu  le 
double  tort  de  garder  I'anonyme  et  de  supprimer  la  preface 
de  M.  de  Salvandy  dans  sa  traduction.  Jk.  de  Lucenay. 

i54. — Joannis  TzetzvE  historiarum  variaruin  chiliades  ; 
grcEce  textum  adfidem  duoruin  codicuin  nionaccnsium  reco- 
gnovit ,  hrevi  annotationc  et  indicihus  instruxit  Theojihitus 
KiESLiNGius. — Diverses  histoires  de  Jean  Tzetzes,  distribuees 
en  chiliades ;  le  texte  grec  a  etc  revu  d'apres  deux  manuscrits 
et  cnrlchi  de  conrtes  notes  et  d'index  par  Thcophile  Kies- 
LiNO.  Leipzig,  1826'.  In-8°. 

Cet  ouvrage,  precieux  pour  la  connaissance  de  rantiquile, 
est  devenu  fort  rare;  il  avail  ete  imprirae  et  dislribue  en 
chiliades,  a  la  suite  de  la  Cassandre  de  Lycophron  a  Bale, 
en  1 546,  et  reproduit  avec  d'horribles  fautes  dans  le  3^  volume 
des  poetes  grecs  de  Lectins.  Par  ce  motif,  M.  Kiesling,  auquel 
on  doit  dcja  une  edition  de  Theodore  Metochita  ,  est  fonde  a 
croire  que  cette  reimpression  de  Tzetzes  ne  peut  manquer 
d'etre  bien  accueillie.  Son  premier  soin  a  ete  de  refablir  le 
texte  :  il  a  fallu  collationner  deux  manuscrits  de  Munich,  dont 
>in,  qui  date  du  x-v^  siecle,  parait  avoir  ete  surtout  consulte 
pour  I'edition  de  Bale.  Le  second  est  du  xiv"  siecle,  mais  il  ne 
renferrae  que  trois  chiliades  et  une  partie  de  la  quatrieme.  Ce 
n'etait  point  assez  de  ces  faibles  secours  pour  faire  toiites  les 
rectifications  desirables  ;  on  y  reconnait  d'uliles  ameliorations, 
quand  on  compare  ce  texte  a  celui  que  nous  avions  jusqu'a  ce 
jour.  Les  notes  sont  courtes;  elles  renferment  des  variantes,  et 
renvoientaux  auteurs  que  Tzetzes  avait  sous  les  yeux.  II  y  a 
trois  index ,  I'uu  des  choses,  Taulre  des  locutions,  le  troisicme 
des  auteurs  cites.  Les  treize  chiliades  contiennent  496  histoires. 
II  y  a  aussi  des  vers  iiambiques  ( imxtt  ta-f^^uat ) ,  et  divers  autrcs 
morceaux  ;  enfin  ,  quatre  lettres  de  Tzetzes. 

1 5&.  —  *  Grabmal  des  Herzogs  Heinrich  des  Vierthen.  — 
Tombeau  du  due  Henri  IV  a  Breslau  ;  par  Buschisg  Breslau, 
1826.  In- folio. 

T.  XXXI.  —  Aoiit  1826.  27 


4i8  LIVRES  tXRA-NGERS. 

Quatrc  belles  gravures  colorices  avec  tout  I'eclat  des  teinte;. 
du  moyen  age  reprcsentent,  d'une  maniere  aussi  f'ldele  que 
briliante,  I'un  des  plus  beaux  monumens  qui  soient  a  Rreslau. 
Unc  autre  planche  offre  une  inscription ,  et  le  tcxte  exj)liqne 
les  divers  sujets  des  bas-reliefs.  Henri  IV  est  le  fondaieur  de 
I'egiise  et  du  chapitre  de  la  Croix ;  il  mourut  a  la  fleur  de  I'age. 
Ce  prince  etait  I'un  des  poetes  les  plus  distlngues  de  son  tenis; 
mais  il  ne  nous  est  reste  de  Itii  que  deux  chansons  qui  sont 
rsimprini^es  dans  I'ouvrage  que  nous  annoncons.  On  regrette 
d'ignorer  le  nom  de  I'arliste  auqucl  on  doit  ce  monument, 
qu'ou  a  lieu  d'altribuer  au  due  Henri  V,  et  aux  membres  du 
chapitre.  M.  Rusching  reconnait  cependant  les  caracleres  alle- 
mands  de  I'ouvrage  a  tel  point ,  dit-il ,  (|u'il  serait  difficile  de 
supposer  qu'un  etraiiger  I'eut  pu  construire.  Dans  le  cours  de 
sa  description ,  I'auteur  deplore  plusieurs  degradations  qui  ont 
force  a  restaurer  ce  tombeau  ,  et  qui  probablement  ont  eu  lieu 
durant  la  guerre  de  trente  ans.  Nous  ne  le  suivrons  pas  dans 
le  detail  des  personnages  figures  sur  les  differentes  faces  du 
tombeau;  ce  detail  est  suivi  d'un  appendice  sur  Je  sceau  du  due 
Henri  IV  ,  sceau  qui  a  cte  grave  et  joint  aux  planches.  On  oc- 
cupe  ensuite  le  lecteur  d'une  inscription  importanle  sous  le 
rapport  de  I'antiquite  ,  puisqu'elle  remonte  a  1290;  enfin,  on 
cite  une  vieille  image  de  ce  prince,  et  un  distique,  sous  la  date 
de  i5o5,  a  I'appui  de  I'opinion  que  Henri  IV,  surnomme 
Prohus  dans  I'histoire,  est  mort  par  le  poison.  Apres  ces  details 
techniques,  on  lit  une  vie  de  Henri  IV  redigee  par  M.  Kunisch. 
II  parait  que  ce  fut  en  1270  que  ce  due  fit  cause  commune  avec 
Ottocaire.  Le  commerce  de  I'lndc  n'appartenant  pas  encore 
exclusivement  aux  Genois  et  aux  Venitiens ;  il  existait  deux 
grandes  routes  de  caravanes  de  I'Allemagne  en  Orient.  On  fait 
connaitre  ce  que  le  due  entreprit  pour  favoriser  ce  commerce, 
et  Ton  entredans  le  detail  des  reglemens  d'administration  qu'il 
fit  a  ce  sujet.  On  rapporle  aussi  quelques  faits  importans  pour 
I'histoire  generale.  P.  de  Golbeht. 

SUISSE. 

i56.  —  *  Reflexions  sur  l' instruction  religieuse,  sur  les 
temples,  sur  la  wort  et  sur  les  sepultures ;  par  A.  Levade, 
ministre  du  saint  Evangile,  professeur  a  I'Academie  de  Lau- 
sanne, et  president  de  la  Societe  de  la  Rible.  Lausanne,  1826 ; 
Blanchard  freres.   i  vol.  in-12. 

Les  trois  productions  que  renferme  ce  volume  se  distinguent 
surtout  par  I'expression  dessentimens  d'une  pietetres-auslere. 
L'auteur  blAme  et  loue  tour  a  tour  certains  points  du  systeme 


SUISSE.  /,i9 

adopte  pour  I'instruclion  religieuse  de  la  jeunesse.  II  mele  a 
ses  reflexions  sur  les  temples,  sur  la  moit  et  sur  les  sepultures, 
de  nombreuses  citations  d'ecrivains  anciens  et  modernes,  qu'il 
•1  su  meltre  d'accord  entre  eux  avec  une  grande  superiorite  de 
logique.  Nous  placerons  ici  un  tableau  touchant  par  lequel 
sent  lerminees  les  reflexions  sur  les  sepultures.  «  L'idee  que  je 
ine  forme  d'un  clmetiere  est  celJe  d'un  lieu  spacieux,  dont 
I'abord  est  facile,  ou  les  generations  qui  se  succedent  peuvent 
eire  deposees  avec  ordre,  avec  respect,  avec  quelques  signes 
religieux;  d'un  lieu  ou,  par  un  caJcul  aise  a  faire,  et  sous  une 
ins})ection  attentive,  chaque  cadavre  pent,  d'apres  les  lois  de 
la  decomposition,  n'etre  pas  trouble  dans  son  repos;  car  le  mot 
ciinetiere  signifie  place  de  sommeil;  d'un  lieu  clos  d'une  ma- 
niere  decente,  non  de  rebuts  de  planches  que  le  pauvre  est 
tente  d'enlever,  non  de  niurs  dont  I'aspect  est  toujours  triste  et 
la  degradation  trop  prompte,  mais  ferme  par  un  fosse,  dont 
les  deux  bords  sont  revetus  d'une  haie  d'epines,  et  interieure- 
nicnt  d'un  double  ou  triple  rang  de  peupliers  rapproches.  Une 
porle  de  fer  est  a  I'entree;  au-dessus,  je  lis  ce  passage  :  lis  se 
reposent  de  leurs  trai'aux,  et  leurs  ceuvres  les  suivent.  Apoc, 
XIV,  i3.  A  cote  de  ia  porte,  on  trouve  la  loge  commode  d'un 
honnete  gardien,  qui,  a  toule  heure,  pent  ouvrir  cet  asile  de 
paix  a  I'afflige  qui  aurait  quelques  fleurs  a  deposer,  quelques 
larmes  a  repandre  sur  la  tombe  d'un  pere,  d'une  mere,  d'une 
epouse ,  d'un  enfant,  d'un  ami.  Je  m'attends  a  rencontrer  dans 
cette  enceinte  sacree  des  traces  nombreuses  de  reminiscence 
religieusement  respectees;  ici,  une  modeste  pierre,  avec  une 
inscriplion  chretienne;  la  uu  arbrisseau,  une  fleur,  un  potcau  , 
une  croix  ,  une  motte  de  gazon,un  souvenir  quelconque  qui 
permette  de  reconnaitre  la  place  de  nos  douleurs;  je  veux 
qu'une  Marie  alfligee  puisse  aller  au  tombeau  pour  y  pleurer, 
et  qu'a  chaque  demande  :  ou  Vavez-voiis  mis?  le  gardien  de  ce 
precieux  depot  puisse  repondre  ce  que  I'Ange  repondit  aux 
salntes  femmes  :  venez  et  voyez.  Matth.,  xxviii,  6.  —  En 
entrant  dans  ce  temple  de  la  mort,  je  le  vois  divise  en  compar- 
timens,  que  separent  des  sentiers  enlretenus  cornice  ceux  de 
nos  jardins  :  j'en  parcours  I'elendue ,  sans  etre  oblige  de  fouler 
aux  pieds  la  cendre  de  mes  concitoyens.  Une  double  allee  d'ar- 
bres,  coupant  en  croix  le  cimetiere ,  invite  I'homme  a  y  enirer 
pour  nourrir  c|uelquefois  son  ame  des  grandes  pensees  de  la 
mort,  et  pour  payer  un  tribut  de  respect,  de  reconnaissance  ou 
il'amour  a  ceux  qui  I'ont  precede  dans  le  chemin  de  toute  la 
terre.  Josue,  xxiii,  ik-  " 


420  LIVRES  ETRANGERS. 

157.  — *  Notice  sur  la  Socicte  helvetique de  musique.  Geneve, 
1826;  J.-J.  Paschoud.  Paris,  !e  m^me,  rue  de  Seine,  n"  48. 
In-8"  de  Sa  pnges. 

Dos  les  premiers  terns  ilc  la  confederation,  les  Suisses,  pe- 
netres  de  la  nccessite  de  consolidcr,  jiar  lous  lesmoyens,  leur 
independance,  si  clierement  ac(|ui.se ,  jirirent  I'habilmie  de  se 
reiinir,  a  des  epo(]ui's  a  ]>ou  pres  j)erioiii(|iies ,  I:int6t  dans 
un  canton  ,  tanlot  dans  un  autre.  lis  rcsserraient  ainsi  des  liens 
formes  d'abord  par  la  scule  politique  ,  et  tout  ce  qui  lendait  a 
faire  d'eux  nne  scuie  et  mcnie  faniille,  assiirait  ienr  slabilit(5 , 
en  ajoutant  a  Icur  force.  Conime ,  a  celle  epoqne  ,  leur  premier 
bcsoin  ('tait  de  se  dcfendre,  I'objet  de  ces  reunions  ilut  etre 
tout  niililiiire.  Aussi ,  voyons-nous  aiors  les  Suisses  s'assembier 
fro(]ueminent  pour  s'cxercer  au  tir,  et  leurs  gonvernemens 
accorder  des  prix  considerables  aux  nuilleurs  archers  et  aux 
plus  habiles  arquebu^iers.  Ce  n'est  guere  que  vers  le  milieu 
du  xvm*  siccle  qu'une  noiivelle  direction  fut  imprimee  aux 
esprits;  de  vrais  patriotes,  des  philantropes  eclaires  eiirent 
I'idee  d'etendie  le  but  de  ces  reunions,  rcstreintes  jnsque-la 
audevcloppeuient  des  tnoyensde  defense.  lis  jeiercfit,  en  1  761, 
les  premiers  fondemens  de  la  Socicte  helvetique ,  qui,  en  s'oc- 
cujjant  de  I'histoire  nationale,  s'atlache  nioins  aux  evenemens 
menies  qu'aux  lecons  de  sagesseet  aux  regies  deconduitequ'eile 
fournit  presqu'tt  cbaque  page.  Depuis  la  fond:ition  decetle  So- 
cicte, il  s'cn  est  successivementformeun  grand  nombred'aiitrcs, 
parml  lesquelles  on  remarque  surtont  celle  dont  cctte  Notice 
nous  fait  connailrerorigine  etles  statuls.D'apres  unecirculaire 
adressoeauxdiverses  Societes  niusicalesde  la  Suisse  ])arM.Xa- 
■vier  GuGGENBUHLER,  aloi-s  juge  au  tribunal  de  prefecture  de 
Lucerne,  en  sa  qualile  de  president  de  la  Sociele  de  musique 
de  ce  c.'inlon  ,  cinquanle-trois  amateurs  de  differentes  parties 
de  la  Suisse  se  reunirent  a  Lucerne,  le  27  jnin  180S,  et  se 
constituerent  en  Sociele  helvetique  de  musique.  Le  lendeniain, 
sur  le  rapport  d'une  commission  composee  de  cin(|  membres, 
I'assemblee  arrela  les  statuts destines  a  regir  la  Sociele,  staluls 
qui  avaientpour  principal  redacleur  M.  le  doyen  Hocfliger, 
cure  a  Ho'cbdorf,  canton  de  Lueerne.  Ce  venerable  pairiote 
s'etait  deji  fait  nne  reputation  par  des  chants  lyriques  popu- 
laires,  destincsarappeler  a  la  nation  les  vertus  de  ses  anretres, 
et  a  fortifier  son  amour  pour  Ics  antiques  institutions  qui  fitent 
long-tems  son  bonheur.  11  se  montra  zele  promoteiir  de  la 
creation  projetee  de  la  Societe  de  musique  :  il  entrevil  d'abord 
les  heureux  resultats  qu'elle  elait  susceptible  de  produire  :  il 
vit  dans  cette  institution  un  puissant  moyen  de  retablir  la 


SUISSE.  Aai 

Concorde,  en  6touffant  les  germes  de  divisions  qui  pouvaient 
encore  troubler  la  patric.  La  Sociele  nne  fois  conslituee,  son 
zele  ne  se  ralentit  point ;  il  est  juste  de  reconnaitre  que  M.  Hce- 
fliger  conlrlbua  beaucoup  a  la  faiie  prospeier.  Appeledeja  six 
fois  a  la  presidence  ])ar  le  suffrage  de  ses  co'lcgues,  il  a  j)u  se 
convaincre  que  ses  services  ctaient  spprccies. 

M,  N.EGUELi  ,  de  ZiJiicli,  habile  compositeur  et  savant 
tlicoricien,  qui  a  occupt-  cinq  fois  le  lauteuil ,  a  uussi  forlcmcnt 
conlribue  au  succes  de  la  Societe.  On  lui  doit  une  beineuse 
application  de  la  metliode  gencrale  de  Pestalozzi  a  I'enscigne- 
iiient  du  chant :  il  a  reussi  a  rendre  cet  art  populaire  par  i'ex- 
treme  facilile  de  son  systeme;  Ics  premiers  eleniens  s'y  olfrcnt 
conime  d'eux-niemes  a  I'eleve,  et  beaucoup  d'hommes  eclaires 
I'envisagent  conime  un  veritable  pcifectionnemeiit  de  I'art 
d'apprendre  la  mnsique. 

L'experience  nyant  bientot  fait  sentir  la  necessite  de  modifier 
les  staluls  primilifs ,  un  uouveau  regleinent,  qui  lonlefois 
differait  peu  de  cehii  de  1808,  fut  arrele  le  11  juillet  1810. 

De  nouvelies  disposiiions  ayant  ete  adoptees  dans  les  reu- 
nions stibsequentes,  et  les  staluls  de  1810  [iresentant  encore 
de  grandes  lacunes,  la  commission  centrale  de  i8a3  pruposa 
de  charger  celle  qui  devait  lui  succeder,  de  dresser  un  projet 
de  reglement  plus  complet.  Celle  proposition  fut  adopice;  ct, 
le  21  Juillet  1824,  la  Societe  etant  asseinblce  a  Lucerne,  on 
sanctiouna  ce  nouveau  reglement ,  qui  fournit  les  donnees 
suivanles  sur  son  organisation. 

La  Societe  se  reiinit  pour  executer  deux  concerts  :le  premier, 
appele  Grand  Concert,  ct  auquel  tousles  mcnibres  ordinaires 
presens  doiveut  prendre  une  part  active,  sous  peine  de  perdre 
leurs  droits  a  elre  logos  gratuilemect ,  a  toujours  lieu  dans  une 
eglise. 

La  reunion  dure  trois  jours,  qui  sont  employes  de  la  ma- 
niere  sulvante  : — Premier  jour. — Matin.  Seance  gen^rale. 
Discours  du  president  sur  un  sujet  analogue  au  but  de  la  So- 
ciete. Lcclure  de  la  lisle  des  niembres  de  la  Societe,  a  I'effet 
de  reconnaitre  quels  sont  ceux  qui  sont  presens.  Nomination, 
par  le  j)resident,  des  scrntateurs;  lecture  de  la  lisle  des  mem- 
bres  morts  ou  demissionnaires  depuis  la  dernicre  reunion.  — 
Reception  de  nouveaux  membres.  —  Fixation,  par  voic  de 
scrulln,  du  lieu  de  reunion  de  I'annee  sulvante. — Election 
des  membres  de  la  commission  de  revision  des  comptes. — 
Notification  de  la  lisle  des  aspirans,  recus  candldals  par  la 
Commission  centrale. — Discussion  des  autres  affaires  qui  In- 
teressent  la  Society.  —  Apres-midi.  Repetition  generale. — Se- 


/,22  LivRES  Strangers. 

cond  jour.  —  Matin.  Seance.  Rapport  de  la  Commission  des 
comptes.  Decision  a  prendre  sur  ce  rapport.  Election  des 
raembresdela  grande  Commission  pour  I'annee  suivante.  Dis- 
cussion des  autres  affaires  qui  interessent  la  Society.  — Apres- 
midi.  Grand  concert.  —  Troisujme  Jour.  — Soiree.  Concert.  Les 
amateurs  les  plus  distingues  de  la  Societe  et  les  dames  qui 
cultivent  avec  succes  la  musique,  sont  invites  a  s'y  faire  en- 
tendre. 

La  Commission  centrale  dirige  toutes  les  affaires  de  la  So- 
ciete, quand  celle-ti  n'est  pas  reunie;  elle  determine  les  raor- 
ceaax  de  musique  a  executer ,  et  I'epoque  de  la  reunion,  qui 
doit,  autant  que  possible,  avoir  lieu  au  mois  d'aout.  La  So- 
ciete se  compose  actuellement  de  memhres  ordinaires ,  de  can- 
didats,  de  niembres  honoraires  ordinaires  et  de  memhres  hono- 
raires  extraordinaires.  Pour  devenir  membre  ordinaire ,  il  faut 
etre  citoyen  Suisse;  pouvoir executer  desmorceaux  de  musique 
vocale  ou  instrumentale,  et  s'engager  a  le  faire;  avoir  assiste, 
comme  candidal,  a  deux  reunions,  consecutives  ou  non,  et 
enfin  avoir  paye  quatre  livres  de  Suisse  pour  droit  d'enlree. 
—  Un  scjour  de  dix  ans  et  des  services  rendus  dans  I'enseigne- 
ment  de  la  musique  en  Suisse,  rendent  les  etrangers  habiles  ii 
devenir  memhres  honoraires  ordinaires.  Enfin,  la  Societe  re- 
volt, en  qualilede  memhres  honoraires  extraordinaires ;  i°  les 
personnes  qui,  quoique  non  versees  dans  la  connaissance  de  la 
musique,  ne  peuvent  que  faire  honneur  a  la  Societe ,  en  raison 
du  rang  qu'elles  occupent  ou  des  fonctions  qu'elles  remplissent; 
2°  les  musiciens  etrangers  qui  se  sont  fait  I'emarquer ,  nom- 
mement  les  grands  compositeurs,  surtout  lorsque  leurs  ou- 
vrages  ont  et(^  executes  par  la  Sociele;  3°  les  artistes  qui  ac- 
quierent  de  la  celebrite  dans  un  art  quelconque ,  pourvu 
toutefois  qu'il  tienne  de  quelque  maniere  a  la  musique.  B. 

ITALIE. 

1 58. — *  Analisi  di  fondamenti ,  etc. — Analyses  desfonde- 
mens  de  la  maliere  medicale,  et  projet  de  leur  reforme,  par 
Hippolyte  Bouelli,  Dr  en  medecine  et  chirurgie ,  etc.  Rome  , 
1823.  I  vol.  in-8°. 

Les  medecins  savent  qu'il  regne  enfre  eux  et  partout  la  plus 
grande  diversite  d'opinion  sur  Taction  des  medicamens.  M.  Bo- 
KELLi ,  dans  I'ouvrage  que  nous  annoncons,  propose  des  regies 
pour  bien  juger  les  fails  relatifs  a  ce  point  si  important  de  la 
science  medicale.  II  fait  observer  que  les  medecins  en  general 
ont  suivi  deux  regies  differentes  pour  determiner  Taction  des 


ITALIE.  4^3 

medicamens  :  les  uns  se  sont  borncs  a  la  consideration  de  leurs 
qualites  physiques,  chiraiques  et  botaniques;  les  aulres  ont 
examine  les  effets  qu'ils  produissnt  sur  le  corps  humain,  lors- 
qu'ilssont  appliques,  solt  interieurement,  soil  ex.lerieurement. 
II  releve  ensuite  les  erreurs  que  durent  rencontrer  dans  leurs 
jugemens  ceux  qui  se  sont  fond^s  sur  les  influences  qui  deri- 
veraient  du  rapprochement  de  la  forme,  da  volume,  de  la 
couleur,  de  I'odeur  et  du  gout  des  medicamens.  II  passe  de 
meme  en  revue  les  opinions  adoptees  d'apres  les  principes  de 
la  chimie.  Les  huiles,  les  terres,  les  sels  different  lellcment 
cntre  eux ,  qu'il  n'est  pas  possible  de  fixer  une  regie  pour 
determiner  Taction  inedicinale  d'apres  de  telles  divisions.  Si 
Ton  en  vient  aux  idees  que  les  medecins  se  sont  formecs 
d'apres  les  affinites  botaniques  ou  d'analogie  naturelle,  on  y 
Irouve  les  memes  erreurs.  Les  systemes  des  botanistes  ont 
varie  conlinueilement ;  et  il  est  reconnu  que  les  plantes  de  la 
meme  famille  ont  des  actions  bien  dilferenles,  tandis  qu'on 
ciblient  des  cffcts  analogues  par  des  planles  de  diffeicntes 
classes,  etc.  Les  fails  nombreux  sur  lesquels  I'anteur  appuie  ses 
propositions  laissent  le  lecleur  dans  une  plcine  coriviction. 
Quant  a  la  classe  des  medecins  qui  ont  suivi  la  secondc  regie 
d'observation ,  il  decouvre  encore  la  source  de  differentes  er- 
reurs dans  lesquelies  ils  sont  tonibes.  Avant  tout,  il  leur  re- 
proclie  de  confondre  les  effets  des  medicamens  employes  dans 
I'elat  de  sante  ou  physiologiques ,  avec  leurs  et'fcts  dans  I'elat 
de  maladie  ou  therapeutiques.  II  regarde  comnie  un  obstacle  a 
la  justesse  des  inductions  le  melange  de  plusieiirs  mrdicamens 
d'une  action  differente,  ou  op[)osee,  pratique  suivie  par  la 
plapart  des  medecins.  II  signale  a  la  fin  une  autre  erreur  plus 
commune  encore  ,  qui  est  de  confondre  Taction  chiinique  ou 
immediate  sur  I'organisalion  avec  Taction  dynamique  ou  gene- 
rale  sur  les  proprietes  vitales.  Apres  un  exameii  assez  etendu 
des  differens  objets  qu'il  annonce,  Tauteur  conclut  que  ce  n'est 
qu'en  considerant  les  effets  produits  par  les  medicamens  sur 
la  machine  animale,  que  Ton  pent  tirer  des  inductions  vraies 
et  solides.  Mais,  pour  y  parvenir,  il  propose  des  experiences 
de  comparaison  ,  dans  le  but  d'apprecier  les  phenomenes  que 
I'emploi  des  medicamens  nous  piesenfe  dans  Tetat  de  sante, 
dans  I'etat  de  maladie,  et  meme  apres  la  mort.  L'auteur  ,  par- 
tisan prononce  des  nouvelles  doctrines  mcdicales  ilalienneS, 
rend  hommage  aux  talens  des  hommes  celebres  qui  en  ont  jele 
les  bases.  Fossati,  D.  M. 

1 59.  —  Degli  uffici  del  medico ,  etc.  —  Des  devoirs  du  me- 
decin,  discours  acadcmiqiic;  par   M.  le  doclcur  Basevi,  de 


4a4  LIVRES  fiTRANGERS. 

plusieurs  Academies.  Milan,   1826;   imprimerie  de  la  Societe 
typo^raphique  des  classiques  italiens.  In-S"  de  1  feuilles. 

160.  —  Del  rnagnetismo  animale ,  etc.  —  Du  inagn^lisme 
animal;  expose  des  fails  et  dcs  recherches  siir  cet  objetjme- 
raoire  lu  a  la  seance  publiqiie  de  la  Societe  medicale  de  Ll- 
vourne,  le  20  inai  1826;  par  M.  Basevi.  Florence,  1826; 
imprimerie  de  Lulgi  Pezzali.  In-8°  de  21  pages. 

Le  premier  de  ces  ecrits  a  ete  imprime  dans  le  Giornale  cri- 
ticodimcdccina  analitica  ,  et  le  second  dans  V Antologia  ,  n"  66. 
Ainsi  la  disserlalion  sur  les  devoirs  du  mcdecin  est  deja  re- 
pandue,  au  moins  en  Italic,  parmi  ceux  qui  cxercent  cetle 
noble  profession,  el  les  ojnnions  de  M.  Basevi  sur  le  magne- 
tisme  animal  soiit  doja  coiinues  ,  non-seuleiuent  des  mederins 
d'llalie,  mais  des  gens  de  lellres  et  dcs  hommes  du  monde. 
Les  devoirs  du  iiiedccin  sont  le  fondemcnt  des  droits  des  ma- 
lades  et  de  tous  ceux  qui  prennent  intcret  au  relabllsseraent  de 
leur  sanle ;  nous  somnics  done  intcresses  a  ce  que  ces  devoirs 
soient  exijoses  avec  clarte,  bien  connus  des  hommes  (jui  se 
consacrent  a  leur  accomplissement,  et  de  tous  ceux  qui  en  pro- 
fitent,  c'est-a-dire,  de  tout  le  monde.  M.  Basevi  exige  que  les 
medecins  fassent  plus  que  de  s'acquitter  ainsi  envers  les  par- 
ticuliers,  il  s'occupe  aussi  des  interets  generaux  de  la  societe. 
«  Medecins ,  dit-il ,  payez  largement  a  la  patrie  le  tribut  do  vos 
lumieres;  prenez  I'initiative  en  tout  ce  qui  intercsse  la  sante  de 
vos  conciloyens;  que  les  rnagislrats  soient  informes  par  vous 
de  tout  ce  qui  pourrait  liil  nuire  ;  indiquez  les  moyens  de 
prevenir  le  mal,  de  procurer  le  bien.  Avertissez  long-tcms  avant 
le  danger,  lorsque  la  raison  et  la  sagesse  conservent  leur  pou- 
voir,  et  non  pas  au  moment  ou  I'imminence  du  })cril  inspire 
aux  uns  une  audacq  qui  repousse  les  conseils,  et  laisse  le  jjIus 
grand  nombre  dans  une  jiusillanime  irresolution,  tandis  que 
des  oris  de  douleur  ou  d'effroi  portent  le  trouble  partout,  etne 
laissent  plus  entendre  la  voix  de  la  prudence.  Les  magislrats, 
informes  en  tems  convenable ,  prennent  de  sages  precautions, 
evitent  de  repandre  d'inutiles  alarmes,  et  lout  est  pret,  autant 
que  la  prudence  liumaine  a  pu  le  permeltre  ,  lors  qu'une  inti- 
\itable  action  des  causes  natnrelles  vicnt  attaquer  un  grand 
nombre  d'individus  ,  une  pojiulation.  » 

Une  note  fort  elendue  sur  les  inconveniens  de  la  divergence 
des  theories  medicales  aurait  pu  fournir  ie  sujet  d'une  disser- 
tation inleressante.  II  n'y  a  (pi'une  theorie  ;  car  il  n'y  a  qu'une 
nature,  soumise  a  des  lois  invariables.  Hors  de  cetie  unique 
theorie,  il  n'y  a  que  des  systemes;  mais,  en  fait  de  mcdecine, 
est-ii  pernais  d'etre  systematique?  On  condaranerait  un  mo- 


ITALIE.  ',25 

raliste  presomptueux  qui  oserait  tirer  de  son  imagination  ce 
qu'il  appellerait  une  theorie  sociale  ,  dont  il  n'aurait  a])ercu  ni 
les  incoherences,  ni  !es  funestes  resultats :  est-il  possible  qu'une 
fausse  llieorie  medicale  n'egare  jamais  le  medecin?  M.  Basevi 
s'attache  a  raraener  les  mcdecins  italiensa  I'uniformite  de  doc- 
trines :  ce  ne  serait  pas  encore  assez  pour  la  science  et  pour 
I'humanite;  de  reeme  qu'il  n'y  a  qu'une  geometric,  une  [ihy- 
sique ,  une  chimie ,  il  n'y  a  c|u'une  seule  medecine. 

Depuis  que  notre  Academic  royalc  de  medecine  est  envahie 
par  le  magnelisme  animal  et  le  somnambulisme ,  la  confiance 
publique  parait  s'en  eloigner.  M.  Basevi  tiaile  avec  beaucoup 
d'egards  ceux  de  ses  confreres  qui  admeltent  ou  ne  rejettent 
point  cette  pretendue  branche  de  la  medecine,  et  a  plus  forte 
raison,  les  Societes  savantes  qui  consentent  a  s'en  occuper.  II 
obeitaii  sentiment  delicat  des  convenances;  cemotifest  toujonrs 
digne  d'eloges.  Les  homraes  desiiiteresses  jngeront  aulrement : 
ils  considereront  que,  si  les  doctrines  du  magnctisme  animal 
n'ont  point  de  roaiite,  elles  sent  une  superstition,  ou  unechar- 
latanerie,  ou  Tune  et  I'autre  a  la  fois;  que,  meme  dans  le  cas 
ou  elles  seraient  fondees  sur  qnelques  fails  certains,  lesmoyens 
de  propagation  et  d'action  qu'elles  ont  adoptessont  indignes 
d'une  science  et  de  la  raison  liumaine ;  que  ces  honteux  rnoy  ens 
doivent  6tre  livres  au  ridicule,  et  fletris  par  le  bons  sens.  On 
est  comptable  envers  la  societe,  non-seulement  de  ce  que  Ton 
y  introduit,  mais  de  la  raaniere  dont  on  I'introduit.  Lorsque 
les  Societes  savantes  s'egarent,  ou  se  laissent  entrainer  hors 
de  leurs  devoirs,  c'est  a  la  raison  publique  qu'il  appartient  de 
les  remeltre  dans  la  bonne  voie,  ou  de  faire  ce  qu'elles  ne- 
gligent. F. 

i6i. — *  Del  trattamento  degli  annegati.  —  Du  traitement 
des  noyes,  instruction  aux  jeunes  medecins,  etc.;  par  Pierre 
Manni,  D.  M.  ,  professeur  de  I'Arcbigymnase  roraam  ,  etc. 
Pesaro,  182G.  Un  vol.  in  8°. 

En  adressant  son  ouvrage  au  prince  cardinal  Albani,  M.  le 
professenr  Manni  fait  observer  que  les  voeux  et  lesesperances 
des  hommes  eclaires  qui  aiment  leurs  semblables,  reslent  sou- 
vent  sleriles  pour  le  bien  de  I'humanite  ,  s'ils  ne  trouvent  pas 
I'appui  des  gouvernemens.  II  f;iit  senlir  a  celui  du  souverain 
pontife  la  necessile  d'encourager  les  talens  utiles,  et  de  tirer 
profit  des  luinieres  fournies  par  les  sciences  physiques  et  natu- 
relles.  Dans  un  traite  peu  volumineux,  I'auteura  su  reunir  des 
choses  importantes  a  connaitre  ,  et  que  Ton  ne  pourrait  trouver 
ailleurs  qu'en  parcourant  un  grand  nombre  d'ouvrages  fran 
cais,  anglais  et  allemands.  II  examine  d'abord  les  signes  que 


426  LIVRES  ETR ANGERS, 

proseiitenl  les  resultats  de  la  submersion  sur  les  foiictioiis  dc 
la  vie;  ensuite  ,  passant  en  revue  les  differens  expediens  pro- 
poses jusqu'ici  pour  rappeler  a  ieur  exercice  ces  nieines  fonc- 
tions,  il  prouve  par  its  fails,  par  I'autorite  des  savans,  ou  de 
divers  corps  srienlifiques,  que  les  moyens  les  plus  efficaces , 
ouceux  auxqucls  on  doit  loujours  recourir,  sont  la  chaieur,  les 
frictions,  I'introduclion  del'air  danslepoumon  par  des  moyens 
artificiels,  et  enfin  I'introduclion  de  la  fumee  du  tabac  dans 
I'anus. 

line  profcnde  erudition;  un  style  coulant  et  facile,  nn  zele 
ardent  pour  le  bien  de  rbumanile,  rendent  cet  ouvrage  je- 
commandable  sous  tousles  rapports.  Fossati  ,  D.  M. 

162. —  *  Dizionario  universale ,  critico ,  enciclopedico  delta 
lingua  italiana ,  etc.  —  Dictionnaire  universe!,  critique,  en- 
cyclopedique  de  la  langue  italienne,  de  I'abbe  Alberti  de 
ViLLANOVA,  revu  et  corrige.  Deuxieme  edition,  et  1"=  de  Milan. 
T.  I.  A-CA.  r«  livraison.  Milan,  iSaS;  L.  Cairo.  In- 4". 

L'importance  de  ce  Dictionnaire  est  depuis  long-tems  re- 
connue.  L'abbe  Alberti,  qui  osa  entreprendie  et  executer  seul 
ce  grand  ouvrage,  en  corrigeant  beaucoup  de  fautes  et  en  re- 
parant  plusieurs  omissions  que  Ton  remarquait  dans  ceiui  de 
la  Crusca,  ne  put  eviler  lui-meme  quelques  imperfections. 
L'editeur  de  Milan  s'est  occupe  ,  depuis  plusieurs  annees  ,  de 
fairedisparaitre  ces  laches,  pour  rendre  plus  utile  et  aussipar- 
faite  quepossiblecette  nouvelleedition.  lil'adedieeaM.  Monti, 
comme  a  I'ecrivain  qui  a  le  plus  conlribue,  de  nos  jours,  a 
propager  I'etude  de  la  langue  italienne.  11  fait  ressoriir  en 
nieme  tems  les  defauts  et  le  merile  du  Dictionnaire  dans  une 
preface  sagement  raisonnee,  ou  il  indlque  les  motifs  des  cor- 
rections et  la  methode  qu'il  a  suivie  dans  son  travail.  Disciple 
du  celebrc  poete,  il  signale  les  meprises  des  academiciens  de 
la  Crusca  tant  anciens  que  raodernes.  II  corrige  specialement  le 
style  d'Alberti,  la  confusion  des  exemples  qu'il  cite,  etl'ap- 
plication  i)eu  exacte  qu'il  en  fait;  enfin,  il  rectifie  I'ordre  al- 
phabelique,  souvent  mal  observe.  Un  grand  nombre  de  ces 
additions  ou  de  ces  cbangemens  sont  tires  des  observations  ci'i- 
tiques  de  M.  Monti  sur  le  vocabulaire  de  la  Crusca,  inscrces 
dans  sa  celcbre  Proposta  ,  objet  de  critiques  pour  les  uns  ,  et 
d'eloges  pour  les  autres.  L'editeur,  aprcs  ces  rombreuses  ame- 
liorations, n'hesite  pas  a  presenter  le  nouveau  Dictionnaire 
d'Alberti,  non-seulement  comme  revu  el  corrige,  mais comme 
presque  entiereraent  refait.  Ses  observations  et  les  connais- 
sances  qu'il  deploie  dans  la  preface,  nous  assurent  qu'il  est 
capable  de  fenir  sa  promesse.  Cette  premiere  livraison  que  nous 


ITALIE.  427 

venons  de  parcourir  prouve  un  travail  immense;  s'il  donneles 
m^mes  soins  au  reste  de  I'ouvrage,  il  peut  compter  sur  I'estime 
de  tous  les  amateurs  de  la  langue  italienne. 

1 63.  —  Dante  rivendicato.  —  Le  Dante  venge;  lettre  adres- 
see  au  chevalier  Monti  par  I'auteur  du  Prospectus  du  Parnasse 
italien.  Foligno,  i825  ;  Tomassini.  In-8°. 

L'auleur  se  plaint  vivement  de  M.  Monti ;  il  lui  rappelle  I'in- 
timite  qui  regnait  entre  eux  des  leur  premiere  jcunesse,  et 
leurs  frequentes  discussions  sur  le  roerite  du  Dante.  II  lui 
reproche  de  n'avoir  fait  aucune  mention  de  sa  personne  , 
ni  des  ouvrages  qu'il  a  publics  depuis  quelques  annees,  tels 
que  le  Purisrne  ennemi  du  gout ,  et  le  Prospectus  du  Parnasse 
italien.  II  se  propose  de  reparer  lui  raeme  la  negligence  de 
M.  Monti  a  son  egard,  en  nous  entretenant  un  peu  longue- 
menl  de  ses  propres opinions  et  de  ses  ouvrages,  sous  prelexte 
de  defendre  le  Dante.  Nous  pardonnons  volontiers  quelque 
amour-propre  a  tout  ecrivain;  niais  ici,  le  nouvel  avocat  du 
grand  poete  se  loue  lui-meme  et  cite  avec  cmphase  ses  produc- 
tions litteraires;  il  rappelle  les  eloges  qu'il  a  recus  de  ses  cri- 
tiques ct  de  ses  amis,  de  M.  Biagioli  surtout;  il  se  montre 
inconsolable  du  silence  de  M.  Monti,  qu'il  accuse,  en  outre, 
d'avoir  cliange  d'opinion  sur  le  Dante ,  en  designant  comme 
un  poeme  purement  didaclique  la  Divine  Co medie ,  apres  I'a- 
voir  declaree  une  veritable  epopee.  Le  critique  s'arreie  long- 
tems  a  discuter  cette  question,  qu'il  eut  ele  facile  de  resoudre 
en  peude  lignes.  II  entre  dans  I'analyse  du  poeme  tout  entier  , 
dont  il  releve  les  beautes  les  plus  reraarqiiables,  et  il  s'aitache 
a  expliquer  des  difficultes  de  plus  d'un  genre  ,  qui  font  le  tour- 
raent  des  commentateurs  ,  tandis  qu'il  eitt  pu  se  borncr  a  citer 
I'opinion  generale,  que  cette  vaste  composition  offre  a  la  fois 
les  qualiles  de  la  poesie  didaclique  et  le  caractere  de  I'epopee. 
II  adresse  encore  un  reproche  a  M.  Monti ;  c'est  d'avoir  repete 
ce  que  le  Dante  a  dit  lui-meme  de  son  style ,  qu'il  I'av.Tit  forme 
sur  celui  de  Virgile.  Tout  en  avouant  qu'il  est  difficile  de 
trouver  des  points  precis  de  ressemblance  entre  les  styles  de 
ces  deux  grands  ecrivains,  et  que  le  Dante  a  cree  le  sien  sans 
le  secours  d'aucun  modele,  on  peut  croire  aussi  qu'il  a  du  a 
la  lecture  de  Virgile  quelque  chose  de  ce  coloris  pittorescjue  , 
anime,  louchant,  dont  il  a  enrichi  le  premier  la  poesie  rao- 
derne. 

Le  critique  fait  souvent  des  remarques  ingenieuses  et  justcs; 
inais  on  regrette  qu'elles  soient  accompagnees  d'expressions 
peu  convenables  sur  un  ecrivain  digne  par  son  talent  et  par 
son  age  du  respect  de  tous  ses  concitoyens.  Quoique  M.  Monti 


428  LiVRES  Strangers. 

se  soil  quelquefois  exprinie,  dans  ses  vers,  avec  la  ni^ine  li- 
berty, nous  ne  consentirons  jamais  a  qualifier  son  dernier  ou- 
vrage  de farce  grammaticate  ,  comme  n'a  pas  craint  de  le  faire 
son  anlagoniste.  II  improuve  en  dernier  lieu  ie  debat  litlcraire 
dans  Jequel  M.  Monti  s'est  engage  depuis  dix  ans  contre  i'A- 
cadeniie  de  la  Crusca ;  il  lui  semble  que  ce  veteran  de  la  litle- 
rature  et  ses  discii)les ,  en  prc<endanl  soutcnir  une  sage  liberie 
de  style  que  la  laison  reclame  df^tiis  long-teins,  ont  introduil 
et  accreditc  de  certaines  locutions  des  trecentistes ,  (ccrivains 
du  XIV"  siecle  )  et  que  ces  expressions  peu  poeliqucs  ou  plus 
ou  moins  obscures,  metlent  leur  thcorie  en  contradiction  avec 
leurspropresexeniples.  L'auleurn'epargiienieroe  pasun  homine 
que  la  mort  a  enJcve  dernieremejit ,  et  que  les  Italiens  ont 
beaucoup  regrette,  M.  Jules  Perticari,  I'apotre  le  plus  zele 
des  doctrines  de  M.  Monti ,  dont  il  ctait  le  gendre.  Enlin,  il  ne 
fait  pas  grace  au  Dante  lui  -nieme;  il  le  traiie  sans  strupule 
coinme  un  ennemi  de  Florence  et  de  I'llalie  enliere.  En  gene- 
ral, il  s'est  laisse  emporter  par  la  ])assion  et  souvent  il  a  emis 
des  assertions  exagerces,  qu'il  serait  meme  diflicile  de  con- 
cilier. 

164 —  Cento  epigranftni ,  etc.  — Cent  eprigrammes  d'^/j- 
towePERLi.  Milan,  iSaS;  Pogliani.  In-8°. 

Depuis  quelque  terns,  divers  Italiens  ont  voulu  briller  dans 
ce  genre  qui  est  jilus  difficile  qu'il  ne  le  parait.  Ceux  qui  s'y 
sont  distingues  jusqu'ici,  sont  D'  EIci  el  Zeflrino,  etc.  Souvent 
les  poeles  de  ce  genre  s'efforcent  d'etre  ])iquans,  et  ils  font 
senlir  plutot  leurs  efforts  que  ieur  causlicite.  Quelquefois  il  ar- 
rive aussi  fjue,  croyant  dire  une  cliose  neuve  et  ingenieuse  ,  il 
nous  donnent  une  ])cnsee  puerile  ou  vulgaire.  Nous  trouvons 
des  exemples  de  ces  deux  defauts  dans  les  epigraninies  de 
M.  Perli. 

165.  — *  Opuscoli,  etc.  — Opuscules  de  J.-B.  Vermiglioli, 
avec  un  recueil  de  lettres  inedites  de  piusieurs  savan.»  Italiens, 
morts  dans  le  xix"'  siecle.  Perouse,  iSaS  ;  Bartelli  et  Constan- 
tini.  2  vol.  in-8° 

M.  Vermiglioli,  I'un  des  plus  celebres  antiquaires  de  I'ltalie, 
espere,  en  publiant  ces  opuscules,  prouver  que  des  produc- 
tions si  icgeres  en  apparence  renferment  quelquefois  d'iinpor- 
tans  niateriaux.  Cetle  esperance  nous  parait  bien  fondee  , 
d'apres  la  lecture  de  ces  deux  volumes,  oil  I'auteur  traiie  des 
sujets  plus  ou  moins  curieux  ,  dont  aucun  ecrivain  ne  s'etait 
encore  occupe.  Le  tome  i'''^conlient :  1°  une  ancienne  ins- 
cription italienne ,  que  Ton  conserve  dans  le  musee  Oddi  de 
Perouse;  a"  une  coupe  {patera  )  etrusque,  appelee  autrefois 


ITALIE.  —  PAYS-BAS.  429 

tniroir  mystique;  3°  des  observations  sur  les  orij^ines  de  Pe- 
roase;  4°  I'eloge  histoiique  de  Ballhazar  Ansidei,  bibliolhe- 
caire  de  la  Valicane  au  xvie  siecle;  5"  uii  extrait  de  I'histoire 
de  I'cglise  de  Saint-Paul,  ecrite,  avant  la  destruction  de  ce 
monument,  par  Nicolas  Nicolai  ;  6"  I'explicatlon  d'un  an- 
cien  cachet  de  Rartheiemy  Erinanno  degli  Ermanni.  On 
trouve  dans  le  second  volume  :  1°  ia  description  de  la  descentc 
de  la  croix  ,  de  Frederic  Barocci,  en  prose  par  M.  Vermiglioli 
et  en  otlave  rime  par  le  professeur  Mezzanotle ,  conuu  deja 
par  sa  traduction  en  vers  de  Pindare;  2°  une  inscriplion  ine- 
dite  sur  marbre  qui  fait  connaitre  un  nouveau  Municipium 
dans  I'Ombrie;  3°  un  singulier  bas-relief  en  platre,  avec  une 
tete  de  Meduse,  que  Ton  veit  dans  le  cabinet  d'antiquites  de 
Perouse  ;  [^°  une  medaille  inedite  de  Sparte ,  du  m^me  cabinet; 
5"  I'cIoge  d'Ignace  Danti,  cosmographe  de  Cosme  F"^,  etma- 
thematicien  de  Gregoire  XIII.  Quelques  planches  sont  jointes 
al'ouvrage;  la  plus  reinarquable  est  celle  de  la  Descente  de 
croix.  Quant  aux  lettres,  elles  conliennent  peu  de  choses  inte- 
ressantes;  mais  elles  ont  ete  ecrites  par  des  hommes  recom- 
mandables,  tels  que  Cajetan  Marini,  Louis  Lanzi,  Mariolti  et 
le  cardinal  Borgia,  qui  souvent  y  rendent  justice  au  merile  de 
M.  Vermiglioli.  F.  Salfi. 

PATS-BAS. 

166.  —  *  Geographice  antiquce  compendium ,  etc.  —  Abreg^ 
dela  geographic  ancienne;  par  i^.-^.  Bosse.  Deuxieme  edition. 
Leyde,  1826;  A.  et  J.  Honkoopo  In-8°de  i53  pages,  avec  une 
carte. 

II  y  a  quinzc  ans  que  M.  Bosse,  a  I'lnsfigatlon  du  ceiebre 
Wyltcnbach,  enlreprlt,a  Leyde,  Tenseignement  de  I'histoire 
et  la  geographic.  II  lul  manqiiait  un  livrc  elcmentaire  qui  put 
servir  de  guide  a  ses  eleves.  On  se  servait  generalement  d'un 
manucl  geograj>hique  imprime  a  Gouda.  M.  Bosse  fut  prie  d'en 
donner  une  nouvelle  edition;  mais  il  y  Irouva  tanl  de  fautes, 
qu'il  composa  i;n  autre  ouvrage.  II  a  suivi  de  preference  Cclla- 
vius,  sans  negligercepcndant  Danville,  Mannert  etDornseiffen, 
Get  abrege,  par  demandes  et  par  rcponses ,  parait  avoir  tout 
ce  qu'il  faut  pour  devenir  classique.  De  Reiffenbero. 

167.  Prima  elementa  logices ,  etc.  —  Premiers  eleniens  de 
la  Logique,  d'apres  les  institutions  logiques  de  M. /.  Denzin- 
ger;  par  le  meme  auteur.  Liege,  1826,  C.  A.  Bassompierre. 
In- 8°  de  72  pages. 

Les  Institutions  logiques  de  M.  Deflzinger  sont  en  trois  vo- 


Oo  LivRES  Strangers. 

liimes.  U  a  scnli  le  besoin  de  resserrci-  cet  oiivrage;  et  d'en 
composer  uiie  espece  de  catechisme,  comnie  I'a  fait  M.  Sat 
pour  son  Traite  d'econoinie  politique.  A  I'exemple  de  cet  crri- 
vain  ,  il  a  adople  la  forme  par  deinandes  et  par  reponses.  Cet 
abrege  est  substantiel ,  clair  ,  mclhodiqne.  M.  Denzinger  re- 
connait  aussi  dans  I'aine  une  faculty  primitive  ou  fondamen- 
lalc,  dont  les  autres  ne  sent  que  des  modifications  :  ce  n'estni 
le  sentiment ,  iii  I'entendement,  ni  i'atter.lion  placee  par  M.  La- 
romiguiere  a  la  tete  de  son  sysleme  ;  mais  la  conscience  pure 
ou  a  priori  qu'il  faut  bien  se  garder  de  confondre  avec  la 
conscience  empirique.  Partantdela,  il  dccouvre,  dans  I'homme, 
puissance  intelligente,  servie  par  un  corps  organise,  trois 
facultes  :  la  representation ,  la  sensibilite  el  le  cles'ir.  Les  deve- 
loppemeiis  de  cetle  doctrnie  se  trouvent  dans  les  Imtitutions 
logiques.  Nous  remarquerons  seulcment  que  ces  facultes  ne 
semblent  pas  disposees  dans  leur  ordrc  analytique,  et  qu'on  se 
figure  mal  in  faculte  d'obtenir  des  representations,  avant  la 
sensibilite  qui ,  dans  tous  les  cas  ,  est  mise  en  jeu  la  pre- 
miere. 

168.  Oratio  H.  G,  Tydeman ,  etc.  —  Discours  prononce  le 
9  fevrier  1825,  a  I'universite  de  Leyde,  par  M.  ie  professeur 
en  droit  H.  G.  Tyueman,  sur  la  iiecessite  d'enseigner  dans  les 
nniversites  des  Pays-Bas ,  la  science  politique.  Leyde,  1825, 
in- 4°. 

Ce  discours  academique  a  ete  prononce ,  a  I'occasion  du 
jubile  de  l'uni\ersite  de  Leyde.  Dans  un  moment  aussi  .<o- 
lennel ,  il  etait  beau  d'entendre  un  professeur  dire  a  une  jeu- 
nesse  studieuse  :  «  Et  qui  sommesnous  ,  nous  autres  Beiges? 
Unpeuple  libre,  qui,  pour  prix  delaliberte  que  nous  adonnee 
ce  Guillaume ,  fondateur  de  noire  universite ,  pour  prix  des 
innombrables  ^ertus  des  Nassau,  qui  en  font  nos  defenseurs 
naturels,  avons  defere  la  couroiine  au  prince  d'Orange ,  en 
vertu  d'une  Cliarte  approuvee  et  juree  par  le  roi,  etc. «  Voila 
ce  qu'il  serait  defendu  a  MM.  Guizot  et  Daunou  de  rappeler 
en  chaire,  et  ce  (|ue  les  ministres  du  roi  des  Pays-Bas  ne 
craignent  pas  de  proclamer  hautement.     De  Reiffenberg. 

169. —  Opinions  cnoncees  par  M.  Donker  Curtius  van 
TiENHovEN  ,  depute  de  la  Hollande  aux  Etats-Gei:craux,  lors 
de  la  discussion  sur  le  projet  de  Code  de  commerce.  Dor- 
drecht, 1826.  In-8°  de  124  p. 

L'auteur,  un  des  jurisconsultes  praliciens  les  plus  distingucs 
de  la  Hollande,  a  dcveloppe  ici  ses  opinions  sur  ies  difft'rens 
litres  du  projel  de  Code  de  commerce  maintenant  adopte  par 
la  legislature  de  notre  royaume.  II  est  a  esjierer  que  les  opi- 


PAYS-B4S.  li^i 

uions  des  differens  dejiutes  qui  ont  pris  part  a  la  discussion 
seront  reunies,  pour  foriiier  une  collection  de  motifs,  de  dis- 
cours,  de  rapports,  et  d'opinions,  seinblable  a  ceile  qui  a  etc 
publiee  en  France  pour  le  Code  civil.  X. 

170.  IVote  de  M.  Ic  comte  de  Mier,  envoye  extraordinaire 
el  niinistre  plenipotentiaire  de  S.  M.  I.  et  R.  cour  des  Pays- 
Bas,  et  Reponse  de  S.  Exc.  M.  le  baron  Verstolk.  de  Soe- 
LEN  ,  ministre  des  affaires  etrangeres  de  S.  M.  le  roi  des 
Pays  Has.  Bruxelles  ,  1 82G  ;  in-8°  de  60  p. 

L'objet  principal  de  cette  discussion  est  la  navigation  du 
Rhin,mais  ils'y  rattacliait  une  imposante  question,  celle  de  I'o- 
rigine  dela  monarchieactuelle  desPays-Bas.  La  dignite  des  ex- 
pressions, la  liberalite  desprincipes,  toutfait  dela  derniere  de 
ces  pieces un des monumens  diplomatiques  les  plusremarquables 
de  I'epoque.  M.  le  comte  de  Blier  s'etait  laisse  aller  a  dire  que 
les  allies  avaient  transmis  a  la  maison  d'Orange  la  souverainete 
sur  lesPays-Bas;  le  ministre  beige  repond  en  ces  termes  :  «Le 
Roi  a  pris  connaissance  des  iignes  qui  viennent  d'etre  citees, 
avecautantd'etonnement  que  de  regret.  Profondement  affectee 
de  les  voir  emanees  d'un  cabinet  dont  la  politique  s'est  trou- 
vee  si  habituellement  en  harmonic  avec  ceile  de  I'ancienne 
republique  et  du  royaume  actuel ,  S.  M.  vient  d'enjoindre 
tres-expressement  au  soussigne  de  protester  contre  une  asser- 
tion a  la  fois  derogatoire  a  la  dignite  de  sa  couronne  ,  et  a 
I'independanee  des  anciennes  Provinces-Unics  des  Pays-Bas, 
et  opposee  au  droit  des  gens  et  public  de  I'Europe,  au  cours 
des  evenemens,  ainsi  qu'au  principe  de  la  legitimite  ,  dans  son 
application  aux  dynasties  el  aux  etats ,  base  fondamentale  de 
la  reconstruction  en  i8i3  ,  1814  et  i8i5  du  systeme  politique 
europeen Cette  souverainete,  le  Roi  la  doit,  a;)res  la  Pro- 
vidence ,  au  sang  verse  par  ses  ancetres  pour  la  patrie,ala 
gloire  qu'elle  a  acquise,  et  au  bien-etre  dont  elle  a  joui  sous 
leurs  auspices ,  aux  rapports  intimes  elablis  dans  le  cours  des 
siecles  entre  eux  et  la  nation  ;  aux  anciens  droits  de  sa  maison , 
et  a  laconfiance  ainsi  qu'au  choix  spontane  d'un  peuple  libre! 

De  Reiffenberg. 

171. — Lofred  op  Godfried  vmi  Bouillon.  —  Eloge  de  Godc- 
froy  de  Bouillon.  Gand  ,  1826.  In  -8°  de  x  et  iSg  p. 

La  Societe  de  litlerature  nationale ,  etablie  h  Gand ,  avail  mis 
au  concours  I'cloge  de  Godefroy  de  Bouillon  pour  le  prix 
de  i824'  Aucun  memoire  ne  fut  envoye.  M.  Schrant,  profes- 
seur  de  litteratnre  nationale  a  I'Universite  de  Gand,  entreprit 
alors  de  trailer  ce  sujet  dans  un  discours  qu'il  a  fait  iinprimer 
el  que  nous  annoncons.  Get  ouvrage  a  droit  a  tous  nos  eloges , 


i,^1     LIVRES  ETRANGERS.— LIVRES  FRATVCAIS. 

tant  pour  le  merite  du  style  que  pour  rerudilion  historique 
dont  I'auteur  fait  preuve. 

172.  —  Jnnales  Acaclemice  Rheno-Trajcctince ,  ann.  iSaiJ- 
1825. — Arinales  derAcadeinie  d'Utreclit.  Utrecht,  1826.  In-8°. 

Dans  loutes  les  Uiiiversltcs  des  Pays-Bas,  il  existe  tine 
grande  salle  ou  se  font  les  promotions  soiennelfes  ,  les  discours 
d'entree  des  professeiirs,  etc.  L.t  salle  d'Utrecht  venait  d'etre 
restauree :  M.  le  rccteur  Heringa  ,  le  premier  qui  ait  ete  appele 
a  y  jiarjer  en  public  depuis  ecs  reparations,  choisit  jiour  snjel 
de  son  discours ,  les  evenemens  qui  ont  cu  lieu  auparavant 
dans  le  local  me  me.  C'est  la  salle  ou  autrefois  les  etats  de  la 
province d'Ulrcclil  ont  tenu leurs  seances,  ou  I'union  d'Utrecht, 
base  de  notre  ancienne  constitution  politique  fut  conclue,  etc. 
Les  notes  dont  I'auteur  a  cnrichi  son  discours  contiennent 
beaucoup  de  renseignemens  iraportans  sur  I'histolre  de  la 
province  et  sur  celle  de  la  ville  d'Utrecht.  Le  meme  volume 
contient,  outre  unc  reponse  a  une  question  de  Iheologie,  un 
menioire  sur  les  droits  dc  succession  ab  inteslat  et  testamen- 
taire  dont  jouissaient  les  femmes  romaines.  X. 

173.  • — *  Monsieur  V aim  ore ,  ou  le  Maire  de  village;  par 
Fred.  RouvEROY,  avec  cetle  epigraphe  :  7/// /«/?  aimer  les 
champs , fait  aimer  la  vertu.  Liege,  1826;  Latour.  In- 18  de  iv 
et  220  pages,  avec  figures. 

Dans  un  cadre  ingenieux  et  soiis  les  formes  les  plus  atta- 
chantes,  M.  Rouveroy  nous  retrace  les  principaux  devoirs  de 
la  vie  sociale.  Je  connais  peu  de  livres  plus  agreables  et  plus 
subslanliels.  L'auteur  y  donne ,  sans  que  peut-elre  il  s'en  dojite 
lui-menie  ,  des  trailcs  d'induslrie  agricole  ,  d'economie  domes- 
tique  et  d'education  :  ses  precej)les,  toujours  clairs  et  precis, 
se  gravent  dans  la  memoire  avec  d'autant  plus  de  facilile  qu'ils 
se  trouvent  pour  ainsi  dire,  mis  en  action.  On  s'iraagine  avoir 
les  objets  sous  les  yeus;  c'est  une  galerie  de  tableaux  varies 
avec  un  ordre  admirable.  La  librairie  francalse  ne  tardera  pas 
sans  doute  a  s'enrichir  de  cet  estimable  ouvj-age  d'un  des  litte- 
rateurs les  plus  distingucs  de  la  Belgique.  Puisse-t-il  devenir 
bientot  le  ma««e/ des  peres  de  famille  el  des  inslituteurs! 

Stassart. 

LIVRES  FRANCAIS.' 

Sciences  physiques  et  naturelles. 

174-  —  L'entomologie  ou  I'Histoire  naturelle  des  insectes 
enseignee  en  iSlecons,  ouvrage  contenant  les  principes  ele- 
mentaires  de  cetle  science  d'apres  la  melhode  de  classification 


LIVRES  FRANCAIS.— SCIENCES  PHYSIQUES.    433 

de  Geoffrey,  etc.;   par  R.-A.   E.  Paris,  1826;  Aucher-Iiloy. 
In-i2  de  ij  et  4^7  pages,  et  ix  planches;  prix,  7  fr. 

II  est  sans  doiite  penible  de  ne  pouvoir  toujours  annoncer 
avee  des  eloges  les  oiivrages  qui  nous  sont  adresses;  mais  nous 
devons  avant  tout  la  verite  a  nos  lecteurs.  L'enlomologie  etant 
aujourd'liui  une  science  immense,  comme  on  peut  en  juger  par 
notre  article insere  dans  ce  recueil  (voy.  Rev.Enc.^  t.xx.x,  p.  742) 
sur  I'excellent  Species  public  par  M.  le  comte  Dejean  ;  la  vie 
d'un  bomme  suffirait  a  peine  pour  y  devenir  Labile;  comment 
peut-on  pretendre  I'enseigner  en  quinze  lecons?  Quinze  lecons 
nesuffiraientpas  a  I'espritle  plus  penetrant  pour  se  faire  mcme 
une  idee  juste  des  principes  et  des  lois  qui  regissent  i'entonio- 
logie.  D'ailleurs  en  lisant  sur  Ic  litre  de  I'ouvrage  que  I'auteur 
anonyme  s'en  tient  a  la  methode  de  Geoffroy,  on  j)eut  juger 
combien  son  petit  livre  est  en  arriere  de  la  science.  Geoffroy 
fit,  dans  son  lems,  un  ouvrage  estime  sur  ies  insectesdes  envi- 
rons de  Paris.  Aujourd'hui,  ce  qn'II  appelait  des  insectes  forme 
un  embrancheraent,  et  presque  le  tiers  du  rcgne  animal  divis6 
en  plusieiirs  classes  dont  chacune  a  sa  terminologie  et  son  bis- 
loire  a  part :  un  pretendu  traile  d'entomologie  ou  les  araignecs 
sont  encore  comprises,  n'est  ])oint  au  niveau  des  connaissan- 
ces  actuellcs  sur  cette  partie.  Les  tableaux  analytiques  et  les 
figures  jiaraissent  etre  copies  dans  le  recueil  des  travaux  de 
M.  Dumeiil,  inseres  dans  le  grand  dictionnairedeM.  Levrault, 
traite  tres-recommandable  sans  doute,  mais  qui  commence 
lui-meme  a  devenir  insufSsant.  Un  bon  abrege  d'enlomolowie 
pour  les  gens  du  monde  est  done  encore  un  ouvriige  a  faire  • 
nous  engageo.ns  la  personne  qui  voudra  I'entreprendre,  a  ne 
pas  puiser  uniquement  dans  I'ancien  Geoffroy  et  dans  I'ency- 
clopediemethodique,  et  surtouta  ne  pas  proraettre  qu'il  ensei- 
gnera  une  aussi  vaste  partie  de  I'histoire  naturelie  en  i5  lecons. 
Ce  serait  penser  qu'il  ne  s'en  est  point  forme  une  idee  juste. 

G. 

175.  —  *  Resume  complet  de  botanique ;  par  M.  J. -P.  La- 
MOUROUx.  T.  P'',  formant  la  16""=  livraison  de  V Encyclopedic 
portative.  Paris,  1826;  aux  bureaux  de  TEncyclopedie  porta- 
tive, rue  du  Jardinet  St-Andre-des-Arcs,  n°  8.  In-32  de  vm 
et  375  pages,  avec  des  planches ;  prix  ,  3  fr.  5o  c.  el  3  fr.  80  c. 
par  la  poste. 

U Introduction  historique ,  placeo  en  tete  de  I'ouvrage,  donne 
une  idee  exacte  et  tres-claire  de  la  marrhe  de  la  hotanique  j>ro- 
prement  dite  ,  de  cette  branche  de  la  science  qiu  a  pour  but 
de  distinguer  les  especes  par  leurs  caracteres  exterieurs ,  et  de  les 
coordonner  ensuite  en  genres,  en  Jamilles ,  et  en  classes, 
T.  XXXI.  —  Joiit  i8a6.  a8 


434  LIVRES  FRA.NCAIS. 

d'apres  les  rapports  de  ces  caractercs.  Mais  quant  a  I'^tat  ac- 
tuel  de  la  physiologic  vcgetale ,  elle  laisse  quelque  chose  a 
desirer.  Serait-ce  a  cause  du  pcu  de  progres  qu'a  fait  celte 
parlie  de  la  science? 

Tout  I'article  relalif  aux  notions  preliminaires  merite  d'etre 
reinarque.  La  description  de  la  giroflce ,  et  \>\us  loin  celje  de 
la  tulipe ,  joignent  a  I'exactitude  du  langage  technique,  I'ele- 
gance  des  formes  litteraires.  De  la,  passant  aux  I'apports  de  la 
botanique  avec  les  aulres  sciences  naturelles,  I'auteur  donne 
un  tableau  comparatif  des  de-ux  rcgnes  organique  et  inorgani- 
que.  Ce  tableau  ne  laisse  rien  a  desirer.  Examinant  ensuite  les 
differences  apparentes  des  deux  rcgnes,  et  s'arrclant  sur  les 
caracteres  des  vegetaux  ,  il  enunicre  les  rapports  sous  lesquels 
on  pcut  les  considerer;  ce  (jui  le  conduit  a  otablir  la  division 
de  la  botanique  en  plnsieurs  branches  exposees  dans  un  ta- 
bleau. 

Nous  ne  suivrons  pas  M.  Lamouroux  dans  la  description  des 
organes  et  de  leurs  modifications;  nous  ferons  seulemcnt  ob- 
server qu'il  a  su  enrlchir  de  haules  considerations  philosophi- 
tjues  cette  partie  de  la  science  que  la  multiplicile  des  termes 
techniques  avail  tonjours  rendue  aride. 

On  saura  gre  a  I'auteur  d'avoir  decrit,  dans  un  chapitre  a 
part ,  les  organes  des  vegelaux  appeles  imparfails ,  tels  que  les 
lichens ,  les  fougeres,  les  mousses,  les  algues,  etc.;  ce  comple- 
ment manqua-it  jusqu'ici  dans  presque  tous  les  ouvrages  ele- 
mentaires, 

La  taxonomonie  ou  tlieorie  des  classijications  n'esl  pas  la 
partie  la  moins  iiiteressante  de  I'ouvrage.  Quelques  idees 
sur  la  necessite  des  raelhodes  de  classificalion  ;  une  definition 
claire  et  concise  des  melhodes  naturelles  et  des  raethodes  arti- 
ficielles;  un  expose  de  la  marchede  I'esprit  huniain  pour  arriver 
a  la  classification  la  plus  naturelle ,  marche  rendue  plus  sensi- 
ble par  des  exemples,  donnent  aux  derniers  chapilres  un  ca- 
ractere  vraiment  original.  Nous  aurions  pourtant  desire  y 
trouver  plus  de  develai*peniens  dans  I'expose  de  la  methode  de 
Tournefort,  du  systeme  de  Linne ,  et  de  la  methode  de  Jussieu. 

Un  chapitre  supplemcntaire  sur  les  herbiers  et  sur  la  ma- 
niere  de  dessecher  et  de  conserver  les  plantes  tcimine  ce  pre- 
mier volume. 

Le  second  volume  Iraitera  de  la  physique  vegetate,  qui 
embrassc  la  physiologic  ainsi  que  la  pathologie  des  plantes  ,  et 
la  geographic  botanique.  Toute  la  partie  physiologique  el  pa- 
thologique ,  et  une  jiortion  de  la  geographic  botanique  ,  seront 
traitees  par  M.  Baillt  de  Merlikux..  Enfin,  deux  au'res  vo- 


SCIENCES    PHYSIQUES.  435 

himes,  contenant  la  phito graphic ,  o«  histoire  naturclle  ties 
plantcs ,  et  la  synonymie  des  meilleurs  auteurs,  compl^teront 
I'ouvrage. 

M.  le  docteur  Lamouroux,  frere  du  celebre  naturaliste  a  la 
memoire  duquel  la  Revue  a  paye  un  juste  tribut  de  regrets, 
(voy.  Rev.  Erie,  t.  xsv,  p.  866)  porte  un  nom  cher  aux  sciences : 
le  livre  que  nous  venons  d'annoncer,  et  de  nombreux  succes 
obtenus  dans  la  carriere  medicale,  allestent  qu'il  est  digne  de 
le  porter.  C.  P. 

176.  —  *  Guide  de  Vamateur  de  champignons ,  ou  Precis  de 
I'histoire  des  champignons  alimentaires  ,veneneuxet  employes 
dans  les  arts,  qui  croissent  sur  le  sol  de  la  France;  par  jP.-5. 
CoRDiER,  D.  M.  Paris,  1826;  Bossange  pere.  In- 18  de  35o  pa- 
ges avec  II  planches  lithographiees  et  coloriees;  prix,  5  fr. 

Ce  petit  traite  est  un  resume  assez  bien  fait  de  tout  ce  qui  a 
ete  ecrlt  sur  les  champignons  mangeables  de  nos  climals.  Le 
botaniste  n'y  trouvera  cependant  rien  de  neuf;  dej)iiis  vingt 
ans,  M.  Persoonnous  a  dit  tout  cela  sous  diverses  formes,  scien- 
liGques  ou  lilteraires;  car  les  libraires  ont  trouve  le  moyen 
d'engager  M.  Persoon  lui-meme,  auteur  circonspect  et  laconi- 
que,  a  faire  un  livre  fleuri  sur  les  champignons.  Sous  le  rapport 
de  la  science,  le  Guide'de  T amateur  de  champignons  en  est 
encore  a  I'epoquc  ou  Linne  pubila  son  Species ,  et  ou  Buliard 
nous  donnait  les  descriptions  de  ces  productions  singulieres 
qu'on  renfermait  alors  dans  une  dizaine  de  genres.  Mais  I'ou- 
■vrage  dont  il  est  question  pent  etre  utile  a  d'aiitres  egards.  II 
apprendra  a  distinguer  les  champignons  veneneux  des  cham- 
pignons innocens  ou  formant  un  bon  aliment,  et  il  indique 
meme  d'ou  viennent  ies  meilleures  truffes.  Pour  le  mettre  au 
niveau  des  connaissances  actuelles ,  ce  qui  n'eut  pas  eu  d'incon- 
veniens,  attendu  que  les  gastronomes  menie  sentent  aujour- 
d'hui  la  nccessite  de  ne  pas  demeurer  slationnaires  dans  les 
parties  de  la  science  qui  alimentent  I'art  culinaire,  I'auteur 
aurait  pu  consul fer  les  excellens  articles  dc  wiycologie  dont 
lejeune  et  savant  AdoJphe  Brongniart  enrichit  noire  diction- 
naire  classique  d'histoire  nalurelle.  S'il  dome  jamais  une  se- 
conde  edition,  nousl'invitons  a  puiser  a  cette  source. 

B.  DE  Saint-Vincent. 

177.  —  *  Manuel  de  physique  amusante ,  ouNouvelles  Re- 
creations physiques  ;  contenant  une  suite  d'experlences  cu- 
rieuses,instructives  et  d'une  execution  facile,  ainsi  quediverses 
applications  aux  arts  eta  I'induslrie  :  suivi  d'un  Vocabulaire 
de  physique ;  par  M.  Julia-Fontenelle.  Paris,  i826;Roret. 
In- 1 8  de  387  pages,  avec  des  figures ;  prix  ,  3  fr. 


436  LI V RES  FRANCAIS. 

Depiiis  que  I'espi  it  d'observafioii  a  servi  de  guide  aux  sa- 
vans,  ils  sc  sont  empresses  de  recueillir  tout  ce  qui  ponvaitles 
eclairer;  ils  ont  senti  qii'un  fait  qui,  au  premier  coup  d'ceil , 
semble  n'oft'rir  aucun  inleret  ,  ou  c|u'iin  simple  amusement 
peut  elre  la  source  des  plus  iniporlantes  decouverles.  Aussi, 
pourles  vrais  observaleurs  ,  i'expcrience  est  la  ricnionsliation 
des  d(imonstralioiis,  jjarce  que  c'est  elle  qui  a  ouvert  la  porle 
a  lant  de  veritcs  :  c'est  aussi  ce  qu'ont  demontre  les  progres  de 
la  physique  et  de  la  cliimie. 

Les  aniusonens  pliysiques,  chimiques  et  matliematiques  ne 
sont  plus  un  siuiple  objet  de  curiosice ;  I'explication  des  phe- 
iiomcnes  qu'ils  preseiiteiit  se  rattaclie  aux  tlieories  les  ])lus  ele- 
vees  :  c'est  ce  qu'a  fort  bien  senti  M.  Julia- Fontenelle.  Avant 
lui ,  Ozannin  et  G'wjo^  avaient  public  chacun  un  ouvrage  dont 
les  amusemens  niathcmaliques  et  la  raagie  blanche  faisaient  la 
base  principale.  Dejjuis  I'epoque  de  leur  ])ublication,  le  calo- 
rique  et  la  lumiere  ont  ele  mieux  etucUes;  I'identite  du  fluide 
eleclrique  et  da  fluide  magnelique  a  ele  reconnue  ;  la  decom- 
position de  r.'iir  et  de  I'eau  a  eu  lieu  ;  un  grand  nombre  de  gaz 
et  de  sels  ont  cle  decouverts,  et  la  connaissance  des  reactifs  a 
piis  des  accioissemens  imraenses ;  ces  deux  ouvrages  ne  sont 
done  plus  au  niveau  dela  science.  C'est  pour  remj)lircettelacune 
que  M.  Julia  Fontenelle  a  public I'ouvrage que  nous  annoncons. 
II  I'a  divise  en  deux  grandes  sections :  la  premiere  comprend 
les  corps  imjionderables  ;  et  la  seconde,les  corps  ponderables. 
En  relracant  les  proprietes  de  chacun  de  ces  corps  ,  I'auteur 
indique  les  divers  amusemens  physiques  auxquels  ils  donnent 
lieu ,  et  il  les  fait  suivre  des  explications  lirees  des  decouverles " 
les  plus  modernes.  C'est  aiiisi  qu'il  divise  en  autant  de  classes 
\t  calori(|ue  ,  la  lumiere,  Teleclricite ,  I'aimant,  les  metaux  , 
i'air,  I'eau,  les  sels,  le  phosphore,  les  reactifs,  les  encres  dc 
sympathie,  etc. — A  la  fin  de  son  ouvrage,  I'auteur  a  place  un 
petit  vocabuhiire  de  physique  propre  a  en  faciliter  la  lecture. 

Ce  petit  trailc  peut  etre  tres-utile  aux  artistes  et  aux  ou- 
vriers  :  en  effet,  par  le  desir  seul  d'y  trouvcr  matiere  a  leur 
amusement  et  a  leur  dclassement,  ils  y  rencontreront  les  cl^- 
mens  de  la  science  qui  leur  donreront  I'envie  de  I'etudier,  et 
les  connaissances  f(u'ils  y  puiseront  tourneront  ,  sans  aucun 
doute,  au  profit  de  I'industrie. 

L.-SiB.  Le  IVormand,  professeur  de  tecJtnologie. 

178.  —  *  Projet  d'une  correspondaiice  a  ctablir pour  I'avan- 
cement  de  la  metcorologie.  Nevers,  1826;  imprimerie  dc  Le- 
fevre-Lejeune.  In-8°  d'une  feuille. 

L'auteur  du  projet  et  de  la  brochure  qui  Texpose  est  M.  Mo- 


SCIENCES  PHYSIQUES.  437 

RiN,  ingcnieiir  des  ponts  el  chaussees,  membi'e  de  la  Societe 
de  geographic,  zele  pour  la  propagation  des  connaissances 
utiles,  comme  le  sont  en  general  les  anciens  cleves  de  recole 
polytechnique.  En  racditant  sur  les  fails  mcteorologicjues  bien 
constates,  non-seuleinent  dans  nos  cllraats,  mais  sur  loule  la 
terre,  M.  Morin  a  concu  la  possibilite  de  les  coordonner,  d'eri 
former  un  systeme,  une  tlieorie  qui  put  servir  a  expliquer,  et 
peut-etre  a  prevoir  les  modifications  de  I'alinosphere.  II  n'a  pu 
donner  que  Tanalyse  de  celte  tlieorie  ,  telle  que  ses  medilations 
la  Iiii  ont  presentee;  il  fallait  un  volume  pour  la  d('velopper 
completement.  Nous  n'enlreprendrons  pas  de  la  rednire  a  une 
expression  encore  plus  abregee,  au  risque  de  lamutiler,  oii 
de  la  rendre  inintelligible;  c'est  dans  cette  brochure  qu'il  faut 
en  prendre  une  idee  exacte  et  suffisante.  L'auteur  y  a  compris 
tous  les  meleores,  sans  en  excepter  les  aurores  boreales.  Pour 
la  verifier  ou  la  modifier  d'apres  les  faits,  M.  Morin  fait  un 
appel  aux  observateurs  de  tous  les  i)ays,  et  demande  uiie  cor- 
respondance  qui  deviendraitcertainement  tres-utile.  II  indique 
les  lieux  ou  il  est  a  desirer  que  les  observations  soient  faites  , 
et  il  les  classe  en  ralson  des  communications  qu'il  a  recues , 
de  celles  qu'il  espere  obtenir,  de  celles  meme  qu'il  n'a  pas  en- 
core le  moyen  d'etablir.  Au  moment  ou  son  ecrit  fut  publie, 
il  pouvait  compter  sur  des  correspondans  francais  a  Vernon  , 
Paris,  Strasbourg,  Saumur  ,  Nevers,  St-Etienne,  le  Puv,  Va- 
lence, Sisteron,  Toulon.  L'AlIemagne  n'avalt  encore  offert  que 
Munich  et  Freyberg;  Drontheim  et  Stockholm  representaient 
la  Norvege  et  la  Suede;  Genes  represenlait  (onte  I'ltalie,  et 
le  Senegal  toute  rAfriejue.  Un  grand  nombre  de  villes  de 
France,  d'Angleterre,  d'Allemagne  et  de  toute  I'Europe  lui 
donnaient  des  esperances.  Celles  avec  lesquelles  il  n'avait  en- 
core entame  aucunc  relation  sont  en  assez  grand  nombre,  et 
tres-im])orfanles  par  leur  position  et  par  les  faits  que  Ton  peut 
y  observer  :  au  midi  de  la  France,  il  s'agirait  de  multiplier  les 
observations  sur  les  coles  de  la  Mediterrance.  En  Italic,  Flo- 
rence et  Naples  n'ont  rien  promis;  en  Rtissio,  Archangel, 
Saratof  et  Odessa  sont  des  lieux  tres-favorables  pour  des  obser- 
vations sans  lesquelles  on  ne  peut  eclaircir  plusieurs  plienome- 
nes  atmospheriques  en  Europe.  L'Espagne  presque  tout  en- 
tierene  contribuerait  point  jusqu'a  nouvelordrea  ce  contingent 
scientifique.  L'Asie,  I'Amcrique  et  la  Polynesie  devraient  aussi 
fournir  a  ce  depot  commun  des  malieres  qu'il  s'agit  d'elaborer 
pour  I'utilite  commune.  Nous  esperons  que  les  correspondans 
de  la  Revue  Encyclopedique  voudront  bien  seconder  les  loua- 
bles  efforts  de  M.  Morin.  Les  documens  qui  lui  seraient  adres- 


438  LIVRES  FRANCAIS. 

ses  peuvenl  elre  envoycs  a  notre  bureau  central,  rue  d'Enfer 
Saint-Michel ,  n"  18;  a  M.  Carilian  -  Goeury,  libraire,  quai 
des  Auguslins,  n°  ^i ,  ou  a  M.  Morin  lui-meme,  a  Nevers. 

F. 
179.  —  *  Clinique  medicale,  011  Choix  d'observations  re- 
cueillies  a  la  cliiilque  de  M.  Lerminier,  niedecin  de  I'hopital 
de  la  Cliarilo ,  et  publiees  sons  ses  yeux  par  G.  Andrai,  fils, 
agrege  a  la  Facultc  de  medecine  de  Paris ,  etc.  Troisicme  par- 
tie :  maladies  de  poilrine.  Paris,  182G  j  Gabon.  In-8°  de  588 
pages;  prix,  7  fr. 

Les  deux  premiers  volumes  de  cef  ouvrage  ont  deja  recu 
I'approbation  de  tous  les  medecins  instruits  ;  celui-ci  merite  un 
accueil  aussi  favorable  :  on  y  retrouve  la  merae  sagesse  dans  la 
discussion  ct  cetespritd'analyse  qui  assignea  chaquesymptome 
le  degre  d'itnportance  convenable,  et  qui  discerne,  au  milieu 
d'une  confusion  apparente,  la  lesion  principaled'ou  derive  un 
long  encliainement  d'alterations  secondaires.  Les  deux  tiers  de 
ce  volume  sent  consacres  a  I'etude  des  tubercules  et  de  la 
phtlusie  j)ulnionaire ;  le  reste  traile  des  affections  du  coeur. 
Des  observations  recueillies  avec  soin,  choisies  avec  habilete, 
rapprochees  avec  ait,  eclairent  le  diagnostic  etmellent  ameme 
de  faire ,  sur  Tissue  probable  des  maladies,  ces  predictions  si 
importanles  aux  yeux  des  anciens,  mais  qui  chez  eux  etaient 
plutot  le  resultat  d'une  sorte  d'instinct  miir!  par  I'experience 
que  d'une  science  veritable,  lelles  qu'elles  peuvent  I'etre  au- 
jourd'hui.  Pourquoi  faut-il  que,  malgre  les  connaissances  po- 
sitives que  nous  devons  aux  travaux  des  modernes  anatomistes, 
malgre  les  moyens  d'investigation  que  nous  possedons  et  qui 
nous  font  lire,  pour  ainsi  dire  ,  au  travers  des  organes,  ce 
pronostic  soit  si  souvent  defavorable  et  notre  art  tant  de 
fois  rcdait  a  I'impuissance?  Cette  reflexion  s'applique  surtout 
'aux  maladies  traitees  dans  ce  volume.  Aussi,  a  peine  y  est  -  ii 
question  du  traitement  qu'elles  reclament :  I'auteur,  les  regar- 
dant commc  au  -dessus  de  toute  ressource,  semble  se  borner 
a  des  moyens  palliatifs  diriges  seulement  contre  les  symplomcs 
les  plus  incommodes.  Est-ce  decouragement  fondc  sur  I'inutilite 
des  tentatives?  Est-ce  que  ,  ne  rccevant  le  plus  souvent  dans 
les  hopitaux  que  des  sujets  parvenus  a  un  degre  avance  de  ma- 
ladie,  il  n'y  aurait  plus  aucune  chance  en  leur  faveur  ?  Rials, 
si,lorsc[ue  les  tubercules  existent  dans  le  poumon ,  ils  resistent 
a  nos  moyens  de  guerison  ,  ne  peut-on  detruire  les  causes  qui 
les  engendrent  et  s'opposer  a  leur  formation  ?  La  se  rattache 
la  question  obscure  ,  mais  pleine  d'interet  de  leur  origine,  qui 
occupe  et  divise  les  pafhologistes.  M.  Andral  les  regarde  comme 


SCIENCES  PHYSIQUES.  439 

le  j)roduit  d'une  secretion  morbide  qui  s'oi)ere  le  plus  souvent 
dans  les  vesicules  bronchiques  eiles-inemes.  II  estassez  connu, 
du  reste ,  que  toute  inflammation  ne  les  developpe  pas ;  et  de 
deux  choscs  I'une,  ou  bien  ils  doivent  naissance  a  nne  irrita- 
tion dune  nature  pariiculiere,  on  bien  il  cxiste  une  predispo- 
sition qui,  sous  I'influence  de  causes  diverses  jjliis  011  moins 
Icgeres,  d'lin  simple  rliume,  d'une  congestion  pulmonaire  peu 
intense,  donne  lieu  a  lenr  ap])aritinn.  Sans  avoir  nettenient 
etabli  celte  distinction,  M.  Andral  admet  celie  falale  predispo- 
sition conime  cause  premiere  de  la  plitliisie;  et,  a  notre  avis  , 
la  discussion  et  la  precision  de  ce  fait  serait  d'une  haute  im- 
portance. Si  cette  ])redisposition  ,  d'ailleurs  depuislong  -  tems 
reconnue  ,  ctait  enfin  eludlee  comme  elle  meritede  I'etre,  avec 
le  soin  qu'on  apporte  maintenant  aux  reclierches  delicates  de 
I'analomie  patho'ogique ,  si  elle  avait  des  signes  certains,  ap- 
preciables,  si  on  avait  determine  en  quoi  elle  consiste,  quelle 
modification  de  I'organe  pulmonaire  la  constitue,  alors  elle 
pourrait  ^ire  attaquee  par  toules  les  ressources  de  I'hygiene  et 
de  la  tlierapeutique,  et  peut-etre  on  parviendrait  a  tarir  une 
source  effrayante  de  depopulation  (i),  tandis  qu'actuellement 
on  est  reduit  a  combattre  des  causes  occasionnelles,  sans  cesse 
renaissantes,  souvent  impossibles  a  ecarter,  ou  a  gemir  sur  le 
sort  des  individus  en  qui  on  a  reconnu  I'existence  des  tuber- 
cules.  RiGOLLOT  ,  fils  ,  n.  si. 

180.  — *  Cliniqne  de  la  maladie  syphilitique ,  par  M.  N.  De- 
VEROIE,  docleur  en  medecine  et  en  cliirurgie,  des  facultes  de 
Paris  et  de  Goeltingue ,  cldrurgien-major  demonstrateur  a  I'ho  - 
pital  du  Val-de-Grace;  avec  atlas  calorie ,  representant  tousled 
symplomes  dessines  et  graves  d'apres  nature  et  la  belle  col- 
lection de  pieces  modelees  en  cire,  de  M.  Ddpont  aine ,  natu- 
raliste.  Paris,  1826;  F.  M.  Maurice,  librairc.  IP  livraison 
in- 4°  avec  planches.  Chaque  livraison  ,  composee  de  3  feuilles 
de  texfeetde  cinq  gravures,  coulc  8fr.  ( Voy.  Rev.  Enc.  ,t.xiiii; 
mai  1826;  p.  374  ). 

Cette  IP  livraison  contient,  avec  cinq  nouvellcs  gravures, 
la  fin  du  chapiire  concernant  I'origine  de  la  syphilis.  II  serait 
difficile  de  ne  pas  se  rendre  aux  nombreuses  preuves  que 
M.  Devergie  accumiile  et  qu'il  a  puisees  aux  sources  les  plus 
respectables  i)our  resoudre  enfin  cette  question.  Non-seulement 
il  prouve  que  le  nouveau  continent  n'est  point  la  mere-patrie 


(i).  Les  phthisiqnes  foniient  le  tiers  des  malades  recns  dans  les  hopi- 
laux  de  Paris. 


4/iO  LIVRES  KRANC/VIS. 

de  la  maladic  vcnerienne ,  opinion  deja  adoptee  par  los  iiie- 
decins  instruits  de  ce  siecle;  mais  il  demontre  qu'elle  etait 
counue  des  anciens,  el  il  refute  les  erreurs  propagces  par  les  m^- 
decins  du  luoyen  age.  II  ajoulc  de  nouveaux  faits  a  ecus  qu'il 
a  judicieuseinciit  ein|)riintt5s  a  ["erudit  Sprengel,  a  son  savant 
ci>nteini)orain  !e  docXcvir  Jourdan  ,  et  aux  medccins  etrangers 
niodernes  qui  ont  tcrit  sur  la  meme  raaladie.  Les  gravures, 
ires-soignees  ,  non-seuiement  sous  le  rapport  du  coioris  ,  mais 
sous  celui  des  syinptomes ,  donnent  un  nouveflu  merite  a  cet 
ouvrage.  J. 

i8i.  —  *  Rapport  presente  au  Mlnislre  de  finterieur  par 
H  Academic  rojale  de  medecine  sur  les  vaccinations  pratiquees 
en  France  pendant  I'annec  i824.  Paris,  mars  1826.  Inipri- 
merie  royale.  In-8°  de  91  p. 

Ce  rapport,  lu  a  1' Academic  de  medecine  dans  sa  seance  du 
20  septerabre  1825,  a  occupe  a  cette  epoque  les  differens 
jonrnaux ;  ils  ont  fait  remarquer  le  juste  tribut  d'eloges  donnc 
a  M.  le  due  dela  Rocliefoucauld-Liancourt,  qui  le  premier  a 
importe  en  France  la  precieuse  decouverte  de  Jenner  et 
fonde  avec  Thouret  I'ancien  comite  de  vaccine  dont  les  Ira- 
vaux  et  le  zele  ont  cte  si  utiles.  Tous  les  faits  et  les  observations 
qtie  renferrae  ce  rapport  soiit  de  nature  a  accroitre  la  con- 
fiance  que  doit  inspirer  la  vaccine  a  toutes  les  personnes 
qu'une  injuste  prevention  ou  d'absiirdes  prejuges  n'nvenglent 
pas.  On  a  reproche  aux  rapporteurs  de  n'y  avoir  pas  discute 
la  nature  des  eruptions  plus  ou  moins  analogues  a  la  variole 
qui  se  sont  montrees,  en  iSaS,  a  Paris  et  dans  une  partie  de 
la  France,  sur  des  indi  vidus  vaccinos.  lis  ont  repondu  que  c'etail 
poureux  I'objetd'un  travail  particulier,  etrangerau  but  du  rap- 
port actuel  relatifseulement  a  1 824,  et  qui  sera  bientol  soumis  a 
la  discussion  de  TAcaderaie  de  medecine.  11  resulte  du  tableau 
pret-snte  au  ministre  (|ue  438,537  vaccinations  ont  ete  prati- 
quees en  France,  en  1824.  Ce  nombre  depasse  de  49)943  celles 
qui  furent  faites  en  1828.  Nous  observerons  qu'il  est  a  notre 
connaissance  que  bien  des  vaccinal  ions  n'ont  pas  ete  mentionnees 
parl'Acadeniie  de  medecine,  par  suite  de  la  negligence  desvac- 
cinateurs  ou  des  antorites  locales;  et  cependant  nicmeen  tenant 
compte  de  ce  qui  a  ete  oniis,  le  total  des  vaccinations  n'egale 
pas  la  nioiti(i  du  nombre  des  naissances,  nombre  dont  il  fau- 
drait  se  rajiprocher  ])onr  preserver  efficaccment  la  France  des 
atteintes  dela  pelite  verole.  Ne  doit-on  pas  regretler  que,  pour 
atteindre  un  but  aussi  utile,  radministration  ail  cru  suflisante 
I'allocalion  d'une  raodique  somme  de  34, 000  fr.  ?]Ne  peut-on 
pas  altribuer  a  cette  parcimonie  I'etai  de  languour  ou  se  trouve 


SCIENCES  PHYSIQUES.  /i4i 

presque  partout  le  service  de  la  vaccine?  Outre  quatre-vingt- 
dix-huitmedaillesd'argent  decerneesaux  personnes  quiontmis 
le  plus  de  zele  a  propager  ia  vaccine,  un  premier  prix  de  la  valeur 
de  iSoofi'.  a  elepartageentre  MM.  BLANCHARD,officier  desante 
a  Baud  (  Morbihan  ),  et  Nollet,  officier  de  sante  a  Nancy 
( Meurthe)  et  quatre  medailles  d'or  ont  ete  accordees  a  MM.  La- 
BOSQCE »  medecin  a  Agen(Lotet  Garonne),  Benoit,  officier 
de  sante  a  Grenoble  ( Isere  } ,  Girard  ,  officier  de  sante  a  Saint- 
£tienne  (Loire  ),  etCAVENNE,  chirurgien  a  Laon  (  Aisne). 

R.  fils,  D.  M. 

182.  —  Expose  par  ordre  alphabetique  des  cures  operees  en 
France  par  le  magnetisme  animal ,  depuis  Mesmer  jusqu  a  nos 
jours  [  1774-1826);  ouvrage  ou  Ton  a  reuni  les  attestations  de 
plus  de  200  medccins,  tantmagnetiseurs  que  temoins  ,  ou  gue- 
ris  par  le  magnetisme;  suivi  d'un  Catalogue  complet  des  ou- 
trages francais  qui  ont  ete  publies  pour  ,  sur  ou  contre  le 
magnetisme;  par  M.  S.,  I'un  des  membres  fondateurs  de  la 
Societe  du  magnetistne  de  Paris.  Paris-  1826;  J.  -  G.  Dentu. 
2  vol.  in  -  8°  de  xli-6i2  et  543  pages;  prix,  i5  fr.  et  19  fr. 
par  la  poste. 

Mesmer  ,  a  son  arrivee  k  Paris,  annonca  sa  decouverte 
comme  un  moyen  de  guerison  universel.  Cette  assertion  ne 
tarda  pas  a  etre  vivement  contestce  :  on  cita  un  grand  nonibre 
d'exemples  dans  lesqnols  le  magnetisme  avail  ^chouc,  ou  n'a- 
vait  fait  que  pallier  le  mal  momentanement,  et,  combattant 
une  exageration  par  une  autre  exageration  ,  on  prononca  que 
le  nouvel  agent  prctendu  ne  produisait  aucun  effet,  n'avait 
aucune  existence. 

Le  terns  est  vonu  de  reduire  ces  exagerations  contradictoires; 
cin(|uante  annees  d'observations  et  d'experiences  ,  pendant  les- 
quelles  on  a  public  des  centaines  de  volumes,  remplis  par  des 
relations  detaillees  de  traitemens  magnetiques,  peuvcnt  eniln 
permettre  de  se  former  une  opinion.  Quand  une  science  n'est 
pas  assez  avancce  pour  que,  de  la  nature  connue  de  I'agent  on 
puisse  deriver  avec  certitude  les  effets  qu'il  produira ,  le  seul 
moyen  de  faire  des  progres  est  de  conslaler  eropiriquement  les 
faits ,  en  laissant  au  tems  a  faire  sortir  des  fails  la  theorie  la 
plus  naturelle.  C'est  ce  qu'a  senii  I'auteur  de  I'ouvrage  que 
nous  annoncons;  il  a  rassemble  daus  un  seul  ouvrage ,  etd'a- 
pres  Tordre  aiphabetiqne,  les  effets  curatifs  du  magnetisme  qui 
lui  ont  paru  bien  constates.  En  parcourant  ce  vaste  repertoire, 
ou.  la  plupart  des  traitemens  sont  determines  ou  du  moins  cer- 
tifies par  des  medecins  recomniandables,  on  est  portc  a  croire 
que  le  magnetisme,  dans  les  maladies  qui  ne  sonl  pas  incura- 


1,1,1  LIVRES  FRANCAIS. 

bles,  peut  quclquefois  elre  utile,  et  que,  s'iJ  ne  gu^rit  pa» 
toujours  radicalement,  du  moins  il  soulage  dans  un  j,'rand 
nombre  de  cas.  La  multiplicite  des  excmples  cites,  dans  i'ou- 
vrage  que  nous  annoncons,  de  traiteinens  de  rhumatisuies,  de 
paralysies,  d'epilepsies,  etc.  ,  tendent  a  prnuvcr  que  ce  nou- 
\eau  genre  de  reinede  exerce  surtoul  son  empire  sur  Ics  mala- 
dies nerveuses;  ce  qui  serait  d'autant  plus  a  desirer  qne  ces 
maladies  font  le  desespoir  de  la  mcdecine  ordinaire. 

Malheureusemcut  ,  lorsque  les  rcssources  de  la  veritable 
science  sont  insuttisantcs,  le  cliarlalanisme  vient  se  presenter 
avec  audace ,  et  reusslt  quelquefois,  surtout  quand  il  s'agit 
d'exercer  son  pouvoir  sur  I'imagination.  Les  adversaires  du 
magnelisme  prelendent  que  les  cures  dont  il  se  vante  sont  de 
cenonibre.  Quant  a  nous,  nousdoutons  encore,  nous  ne  serons 
disposes  a  croire  que  lorsqu'un  plus  grand  nombre  de  juges 
couipelens  auront  jirononce.  Bouillet. 

i83.  —  *  Recueil  de probleines  amusans  et  instructlfs ,  avec 
les  demonstrations  laisonnees  et  I'application  des  regies  de 
I'arillimelique  a  leurs  solutions,  ou  cours  complet  d'analyse 
arithmetique ,  efc.;par/.-/.  Grkmiihet.  Troisietne  edition. 
1^  panic  contenant  les  solutions.  Paris,  1826;  Crette,  rue 
St-Martin,  n"  98;  in-S'^  de  /(Oo  pages;  prix,  6  IV. 

L'auteur  a  divise  son  travail  en  deux  volumes;  le  pre- 
mier contient  I'enonce  des  problemes,lc  deuxieme  en  donne 
les  solutions.  Nous  avons  deja  annonce  la  publication  de  la 
premiere  partie  :  la  seconde  renferme  les  raisonneniens  pro- 
pres  a  conduire  aux  resultals  demandes,  Comme  ces  deux 
parties  se  vendent  separement  et  que  Tune  est  plus  specia- 
lement  destinee  a  etre  mise  cnlre  les  mains  des  I'leves  , 
la  deuxieme  edition  s'en  est  plus  promptement  ecoulee  que 
celle  de  I'autre;  et  comme  M.  Grcmillict  a  considerablement 
accru  ,  dans  la  troisieme  edition  ,  le  nombre  des  proble- 
raes,  il  s'est  trouve  oblige  d'augmenter  les  exemplaires  qui 
rcstent  de  la  deuxieme  partie  des  solutions  de  ces  nouvelles 
questions,  portees  maintenant  au  nombre  de  i320,  au  lieu  de 
717  seulemenl.  Cest  I'ensemble  de  ces  deux  volumes  qui  com- 
pose la  troisieme  edition  qTie  nous  annoncons.  Nous  ne  rcpro- 
duirons  pas  ici  les  justes  eloges  que  nous  avons  falts  de  cet 
interessant  travail,  qui  sera  tres-utile  aux  personncs  qui  vcu- 
lent  se  perfectionner  dans  la  sciences  des  calcuis  :  les  mailres, 
aussi  bien  que  les  disciples,  y  trouveront  des  sujcts  d'etudes 
fort  inlercRsans.  Francoetir. 

i8/(.  —  Lecons  nouvelles  d'astronomie,  recueillies  aux  cours 
publics  par  un  ancien  elcve  de  I'Ecole  poly  technique.    Paris , 


SCIENCES  PHYSIQUES.  /,43 

1826  ;  Baudouin.  In-8"  de  208  p.  avec  cinq  planches ;  prix,  5  fr. 

L'amoiir  des  sciences ,  devcnu,  chaque  jour  plus  vif  dans 
toutes  les  classes  de  la  socicte,  a  fait  multiplier  leslivresqui 
en  exposeniles  eleraens.  L'Angletene  etla  France  ont  vu  viaitre 
chez  elles  una  infinite  d'onvrages  de  ce  genre ,  et  ces  deux  na- 
tions se  les  sont  reciproquement  empruntes.  Pour  ne  parler 
que  de  rastronomie ,  Y Exposition  du  sysleme  du  monde  de 
M.  de  La  Place  et  VUranographie  de  M.  Fraiicoeur  ont  ete  inises 
plus  d'une  fois  a  contribution  par  des  corapilateurs  anglais;  el 
dememe,  plusieurs  parties  de  traites  anglais  ont  ete  repro- 
duites  dans  notre  langue,  telles  que  les  theories  d'Herscliel  , 
etjusqu'aii  medium  gazeux  du  reveur  Philips.  Paimi  leso|)us- 
cules  originaux  publics  en  France  pour  les  gens  du  monde  , 
nous  avons  vu ,  en  peu  d'annees ,  paraitre  des  resumes,  des 
manuels,  et  des  lettres  sur  I'astronomie.  Quelques  -  unes  de 
ces  compositions,  rccues  avec  faveur  par  le  public,  ont  ob- 
tenu  les  honneurs  de  la  reimpression. 

Voici  maintenant  des  Lecoris  nouvelles d'astionomie,  annon- 
cees  comme  recueillies  aux  cours  publics  des  professeurs  de  la 
capitale.  On  pourrait  se  demandersi,  apresle  grand  nonibre 
de  publications  analogues,  celle-ci  ctait "encore  utile.  Nous  de- 
vons  lepondre  qu'effectivement  ces  Lecons  presenterit  quel- 
ques apercus  nouveaux  ;  et  sous  ce  rapport,  il  faut  les  recom- 
mander  aux  amateurs  :  une  courte  analyse  en  fera  juger. 

Les  Lecons  nouvelles  sont  en  prose,  il  y  en  a  treize.  La 
premiere  offre  une  histoire  tres-abregee  de  I'astronomie.  On 
trouve ,  dans  la  seconde,  les  mouvemensapparens  des  corps  ce- 
lestes; dans  la  3^ ,  les  mouvemens  reels,  la  forme  et  la  gran- 
deur de  la  terre;  dans  les  4<=,  5*=,  6'=et  7*',  le  systeme  solaire,  ses 
planetes,  leurs  satellites  et  les  cometes  ;  dans  la  8%  les  etoiles 
fixes;  dans  la  ge,  lesmarees;  dans  les  loe  et  11^,  quelques 
nouveaux  details  sur  la  lune  ;  enfin,  dans  la  i2«,  les  eclipses,  et 
dans  la  i3'',  le  calendrier. 

Ce  sont  des  resuliats  astronomiques,  plutot  que  la  maniere 
de  les  obtenir,  par  la  raison  fort  juste  que  I'anteur  n'ccrit 
point  pour  les  savans.  II  n'est  question  ni  de  formules,  ni  de 
demonstrations;  mais  on  donne  simplement  des  indications 
sommaires,  qui  peuvent  inspirer  aux  gens  du  monde  Ten  vie  de 
penetrcrplus  avant  dans  la  science  avec  le  secours  d'aulres  ou- 
vrages.  Par  exemple,  on  connaiirait  bien  mal  I'histoire  de  I'as- 
tronomie ,  si  on  ne  la  lisait  que  dans  la  premiere  de  ces  Lecons; 
on  y  decouvre  des  erreurs  qui  ne  sauraient  elre  sans  doute  at- 
tribuees  qu'a  I'auditeur  des  cours  auqnel  on  doit  ces  lecons. 
II  avance  ,  pages  3  et  6  ,  que  Copernic  ne  crea  point,  qu'il  ne 
fit  que  renouveler  le  sysleme  qui  porte  son  nom.  Mais  les  con- 


4/,/,  LIVRES  FRANCAIS. 

jectures  des  anclens  n'etaient  pas  un  systeme  ;  an  contiaire, 
I'Aichiincde  allemand  fiit  inventeur  et,  en  merae  tems  legisla- 
teur;  il  apparut  sur  I'horizon  scientlfique  pour  eclairer  son 
siocle  et  pour  commander  une  reforme  necessaire.  Ptolcriiee 
n'est  ])oint  regarde  comma  le  premier  des  astronomes ,  ainsi 
qu'on  I'avance  page  5;  il  n'a  point  assez  fait  pourmeriler  ce 
nom;  il  rassembla  en  corps  d'ouvrage,  sous  le  titre  d'Jlina- 
geste,  title  donne  par  les  Arabes,  les  doctrines,  les  opinions 
et  les  travaux  de  ses  devanciers  ;  mais  il  ne  decouvrit  person- 
nellement  prcsque  rien.  Hipparque  serait  plus  digne  de  la  pree- 
minence a  cet  egard,  s'il  s'agissait  d'en  accorder  une;  nous  lui 
sommes  redevables  du  i*'' catalogue  d'etoiles,  auquel  Ptolemee 
n'ajouta  (jue  deux  astres  nouveaux.  II  n'est  point  vrai,  non 
plus,  que  Copernic  ait  ele  persecute  par  ses  contemporains, 
puisque  la  crainte  de  I'etre  le  deiermina  a  ne  publier  son  sys- 
teme ciu'ii  la  (in  de  sa  carriere,  et  puisqu'il  raourut  en  rece- 
vant  le  i*''  exemplaire  de  son  livre.  Enfin  ,  le  syslemc  de  Ty- 
cho-Brahe  n'eut  de  soutiens  que  les  pretres  et  le  peuple;  mais 
ses  disci]iles,  et  notamment  Kepler,  le  combaltirent  franche- 
cliement.  Alors  qu'on  vent  resumer  I'hisloire  d'une  science,  il 
importe  de  ne  laisser  a  ses  lecteurs  que  des  notions  exactes. 
Par  une  raison  d'equite,  I'auteur  n'aurait  pas  du  egalement 
omeltre  les  travaux  des  astronomes  et  des  geometres  francais 
qui  ont  les  premiers  mesurcia  grandeur  du  globe  terrestre.  Les 
tentatives  de  Picard  meritaient  d'etre  citees  avant  celles  de 
Norwood.  Un  lort  plus  grand  de  I'auteur  des  Lecons  est  de  re- 
peler ,  page  76,  que  la  lune  a  une  atmosphere  ,  ce  (jue  les 
astronomes  les  plus  eclaires  nient  formellcraent ;  sans  doiile  il 
n'etait  pas  responsable  des  opinions  des  professenrs  qu'li  a 
cntendus,  mais  nous  doutons  que  celle-la  ait  cte  soutenue  an 
cours  de  M.  Arago.  La  lecon  des  marees  est  incomplete  ;  car 
elle  ne  parle  pas  des  marees  moyennes  et  a  longues  periodes  , 
et  on  y  effleure  a  peine  le  sujet  si  curieux  des  marees  aeriennes. 
Enfin,  I'expiication  de  I'aberration  de  la  lumiere  n'a  point  paru 
assez  claire,  et  la  description  relative  a  une  eclipse  totale  de 
soleil  est  par  trop  vague  et  trop  insignifiante. 

Mais,  en  terminant,  nous  ne  donnerons  que  des  eloges  a  la 
lecon  sur  Ic  systeme  solaire  ,  aux  tables  sur  les  planetes,  aux 
details  sur  les  nebuieuses,  et  au  chapitre  sur  la  lune  d'au- 
tomne.  Albeut-Montemont. 

i85.  —  *  Le  Mecamcicn  anglais,  ou  Description  raisonnee 
de  toutes  les  machines  raecaniques,  decouvertes  nouvelies,  in- 
ventions et  perfectionnemens  appliques  jusqu'a  ce  jour  aux 
manufactures  etaux  artsindustriels  ;  mis  en  ordre  pour  servir 
de  manual  pratique  aux  mecaniciens  ,  artisans,  entrepreneurs , 


SCIENCES  PHYSIQLES.  445 

etc.;  par  Nicholson,  ingenieur  civil.  Traduit  de  I'anglais  sur 
la  derniere  edition  ;  revu  et  corrige  par  M.  *  *  *  ^  ingenieur, 
avec  cent,  planclies  gravees  par  Lallemand.  Paris,  1827  ;  Fan- 
tin  ;  Bocca.    4  vol.  in-8°  ;  prix ,  40  fr. ,   et  46  fr.  par  la  poste. 

li'industrie  a  fait  d'imnienses  progres  depuis  undemi-siecle, 
et  les  nations  qui  s'occupent  le  plus  des  perfeclionnemens  dont 
elle  a  ete  et  dont  elle  est  tons  les  jours  susceptible  ,  ont  senti 
qu'il  elait  impossible,  sans  se  nuire  reciproquement ,  de  sou- 
lenir  plus  long  -  tenis  cet  esprit  de  jalousie  qui  leur  faisait 
tenir  cachees  les  ameliorations  que  les  uns  et  les  autres  de- 
couvraient  assezsonvent  dans  les  precedes,  dans  les  machines, 
dans  les  manipulations  que  le  genie  des  artistes  eraploie  pour 
perfectionner  leurs  produits. 

La  France  a  ouvert  ce  concours  })hilantropique;  et  deja,  en 
1818,  le  savant  ingenieur  M.  Borgms  concut  et  executa  ,  en 
trois  ans ,  son  Iraite  complet  de  mecanique  appliquee  aux  arts , 
en  8  gros  vol.  in-4°,  accompagnes  d'une  quantite  prodigieuse 
de  figures.  (Voy.  Ref.  enc.  ,  t.  x,  p.  299,  et  t.  xr,  p.  42) 
II  serait  a  desirer  que  cet  auleur  ajoutat  a  cet  ouvrage  impor- 
tant,  un  su^iplernent  dans  lequel  il  consignerait  toutes  lesd^- 
couvertes  faites  depnis  cette  epoque. 

Les  Anglais  ,  nos  voisins  et  nos  emules,  ont  senti  I'avantage 
d'une  publication  serablable.  L'ingenieur  Nicholson,  I'un  des 
savans  anglais  ,  le  plus  propre  peut-etre  a  decrire  avec  neltete 
et  simplicite  les  arts  industriels  ,  a  rempli  cette  tache.  Cet  ou- 
vrage n'aurait  besoin  que  de  quelques  details  thcoriques  et 
historiques  gur  chaque  objet  dont  il  traite ,  pour  former  un 
cours  conaplet  de  technologic,  s'il  cut  traite  de  toutes  les 
branches  de  cette  science;  mais  il  s'est  borne  a  la  mecanique, 
comme  I'indlque  son  titre. 

Nous  ne  pouvons  donner  unc  analyse  plus  instructive  de 
I'ouvrage  dont  nous  nous  occupons  ,  qu'en  en  transcrivant 
une  partie  des  tables. 

Tome  I.  —  De  Taction  des  forces.  —  Du  frotteinent.  —  Puis- 
sances mecaniques.  — Le  levier.  —  La  roue  et  I'axe.  —  Poulie. 
—  Plan  incline. — Cordes. — Vis.  ■ —  Centre  de  gravite.  —  Com- 
binaison  des  puissances  mecaniques.  —  Construction  des  mou- 
lins,  —  Dents  des  roues.  —  Des  assemblages.  —  Des  differens 
engrenages.  —  De  la  maniere  de  regulariser  le  mouvement 
des  machines.  —  Observations  generales.  —  De  la  force  ani- 
male.  —  Table  comj)arative  des  forces  mecaniques. 

Des  moulins  a  eau.  —  Roues  mues  en  dessous.  —  Pioues 
du  puits  de  Lambert.  —  Roues  mues  en  dessus.  —  Roues 
mues   en  dessus   sans  arbres ,  dites   de    Burns...   —   Moulin 


446  LITRES  FRANC^AIS. 

du  doclenr  Bacher.  — Moulin  a  mar^e...  —  Sur  retablissement 
des  canaux  et  des  digues.  —  Canal  avec  flolterin  pour  regler 
la  sortie  de  I'eau.  —  Canal  employe  par  M.  Smeaton ,  pour 
conduire  I'eau  sur  les  roues.  —  Rogulateur  d'ecluse.  —  Regies 
pour  la  construction  des  roues  de  moulins  a  eau  niues  en  des- 
sous  ,  donnces  par  M.  Fergusson.  —  Idem,  par  le  docteur 
£reivster.  —  Liste  d'ouvrages  sur  le  mccanisme  des  moulins. 

Moulins  a  vent. . .  —  Methode  pour  placer  et  retirer  les 
Toilcs  pendant  que  les  ailes  sont  en  mouvement.  —  Voiles 
pour  les  moulins  a  vent  verticaux.  —  Methode  de  Cubitt,  pour 
rendreuniforme  le  mouvemer-t  des  voiles  des  moulins  a  vent... 

—  Des  moulins  a  ailes  horizonlales.  —  Moulins  a  farine.  —  Des 
meules  de  moulin.  —  Tables  de  Fenwick. —  Moulin  a  blutoir 
a  bras  ,  dit  de  menage.  —  Moulin  a  bras.  —  Moulin  a  pied.  — 
Moulin  a  petrir. 

Des  machines  a  vapeiir.  —  Appareils  inventes  par  Savery  ; 

—  par  TSewcomen;  par  fVatt',  par  Hornblower  \  par  fVoolf... 

—  Machine  a  haute  pression.  —  Observation  sur  le  travail 
des  machines  a  vapeur  de  Cornouailles.  — Vide  de  Brown,  ou 
machine  pneumatique. 

Tome  II. — De  la  resistance  desmateriaux.  Machines  hydrnu- 
liques. — Ponipes. — Pompes  a  incendie  — Du  eric. — Des  grues. 

—  Des  presses.  —  Presse  a  cidre.  —  A.  papier.  —  A  empiler. — 
A  eau.  —  A  im])rimer.  —  Pour  les  billets  de  banque.  —  Son- 
nettes  ou  machines  a  enforcer  les  pilots.  —  Machine  a  allescr. 

—  Machine  a  couper  les  fih  de  metaux.  —  Machine  a  diviser 
de  Ram.sden.  — •  Tours  et  appareils  a  tourner. —  Des  usines  a 
fer.  —  Fabrique  d'acier.  —  Des  fileries  et  trefileries.  —  Fon- 
derie  de  plomb.  —  Fabrique  de  papier.  —  Manufacture  de 
coton.  —  Filature  de  laine.  —  Longues  laines.  —  Courtes 
laines. 

Tome  III.  —  Manufacture  de  soie.  —  Manufacture  de  fil 
de  lin.  —  Tissage.  —  Corderies. —  Moulins  a  scies.  — Moulin 
a  tan.  —  Moulin  a  huile.  —  Moulin  a  couleur  et  a  indigo. — 
Polerie.  —  Horlogerie.  —  Horloges.  —  Montres.  —  Chrono- 
metrcs.  —  Echappenient.  —  Pendules.  —  Balimens.  —  Des 
mortiers.  —  Briques.  —  De  la  maconnerie.  —  Emploi  des 
briqiies  dans  la  construction. —  Charjjenterie.  — •  Metmiserie. 

Tome  IV. — Badigeonnage.  — Toilure  el  ardoises.  —  Plom- 
berie.  — Des  vitriers,  —  Peintures  en  batiniens.  —  Des  che- 
mins  de  fer  et  des  machines  locomotrices.  —  Appendix. 
Geometrie.  — Mesurcs  de  supcrficic.  —  Methode  pour  trouver 
I'aire  et  le  volume  des  solidcs.  —  Recetles  utiles.  Ce  dernier 
article,  qui  comprend  160  pages,  contient  une  quantttc  con- 


SCIENCES  PHYSIQUES.  /,47 

siderable  de  recettes,   dont  la  plupart  n'etaient  pas  connues 
en  France. 

Les  cent  planches  renferment  six  cent  cinquante  -  deux  fi- 
gures tres-intelllgibles. 

Si  le  traducteur  de  cet  ouvrage  avnit  ete  plus  verse  qu'il  ne 
le  parait  dans  la  mecanique ,  il  ne  se  serait  pas  astreint ,  conime 
il  I'a  fait,  a  traduire  lilteralement  I'original.  Chaque  langue  a 
son  cractere  particulier.  Telle  tournure  de  phrase  bonne  et 
intelligible  dans  la  langue  anglaise,  est  impropre  ct  obscure 
dans  notre  langue.  Lorsqu'on  traduit  un  ouvrage  d'arl  d'une 
langue  dans  une  autre,  on  dolt  d'abord  se  penetrer  de  son 
sujet ,  I'ctudier  pour  le  bien  comprendre,  et  ensuite  le  decrire, 
sans  presque  se  servir  du  langage  de  I'auteur.  II  faut  surtout 
etre  bien  fainilier  avec  les  mots  techniques  ,  pour  ne  pas  s'ex- 
poser  a  prendre  le  change  ;  car  alors  on  devient  ininlelligible 
pour  des  lecteurs  qui  ne  sont  pas  bien  verses  dans  la  meca- 
nique. A  qi'.elques  imperfections  pres ,  qu'on  pent  reprocher 
a  I'auteur  de  cette  traduction,  ce  traite  renferme  une  grande 
quantite  de  choses  pcu  connues  en  France  ,  et  sous  ce  rap- 
port il  pent  elre  tres-ulile  aux  mccaniciens  eta  ceiix  qui  s'oc- 
cupent  des  arts  industriels. 

L.  Seb.  Lenormand  ,  prof,  de  technologie. 

186.  —  *  Les  Amusemens  de  la  campagne,  contenant  1°  la 
descri])tion  de  tons  les  jeux  (jui  peuvcntajouter  a  I'agrement 
des  jardins,  servir  dans  les  fetes  de  famille  et  de  village ,  et  re- 
pandre  la  joie  dans  les  fetes  publiqucs  ;  1°  I'histoire  naturelle, 
les  soins  qu'exige  la  voliere,  I'art  d'empaiiler  les  animaux  ,  le 
jardinage,  la  peche,  les  diverses  chasses  ,  la  navigation  d'a- 
grement ;  des  recreations  de  physique,  des  notions  de  geome- 
tric pratique  ,  d'astronomie,  degnomonique;  des  principes  de 
gymnastique  amusante  ,  d'equitation,de  natation  ,  de  patinage; 
des  lecons  sur  les  arts  de  la  menuiserie ,  du  tour ,  du  dessin  , 
de  la  perspective  ;  des  recetles  agreables  a  connaitre,  etc.,  etc.; 
et  generalement  tout  ce  qui  peut  contribuer  a  charmer  les  loi- 
sirs  de  ceiix  qui  habitent  la  campagne  :  recueillis  par  pUisieurs 
amaieurs,  et  publics  par  M.-A.-PauUn  Desormeaux.  Paris  , 
1826;  A.udot,  rue  des  Macons-Sorbonne ,  n*^  11.  4  vol.  in-12 
de  plus  de  Boo  pages  chacun  ^  avec  40  planches  gravees; 
prix,  12  fr. 

187.  —  La  Peche  a  la  ligne ,  cxtraite  des  Amusemens  de  la 
campagne.  Paris,  1826;  le  meme.  In-12  de  216  pages,  avec 
figures  gravees  ;  prix  ,  3  fr. 

Nousfaisons  des  a  present  a  nos  lecteurs  une  invitation  f[He 
I'auteur  leur  a  faite  quelque  part  dans  I'ouvrage,  c'est  de  vou- 


448  LIVRES  FRANQAIS. 

loirluifaire  I'cmarquer  les  omissions  qu'il  a  pu  coramettrein- 
volontairement.  II  accueillera  tons  les  avisavec  reconnaissance, 
en  rendant  a  chacun  I'lionneur  qui  lui  appartiendra ,  lorsqnc 
la  defense  de  faire  connaitrc  le  nom  ne  suivra  pas  I'obligeante 
communication  quilni  aura  ete  faite.  Si  la  correspondance  que 
I'auteuf  sollicite  est  aussiabondante  et  aussi  produclivequ'elle 
pourrait  I'etrc,  ce  nc  sera  pas  des  supplemens  k  cet  ouvrage  , 
qui  lui  seront  fournis,  niais  des  materiaux  pour  une  bibliotlic- 
que.  Que  ne  comprend  point  ce  titrc  :  les  Amusemens  de  la 
campagn^  ?  Le  sejour  des  cbamps  a  le  secret,  pour  ceux  qui 
savenl  en  goiiter  les  charmes,  de  converlir  en  occupations 
agreables,  en  delassemens,  ce  qui  dans  les  villes  porte  a  bon 
droit  le  nom  de  travaux.  Et  sans  cliercher  ailleurs  que  dans 
les  \ieux.  livres  ,  que  de  richesses  a  exploiter,  dont  les  lieureux 
campagnards  d'aujourd'hui  ont  perdu  la  trace !  Dufouilloux 
fournirait  une  cliasse  au  blaireau,  dont  Tusage  est  tout- a  -fait 
perdu,  meme  dans  nos  provinces  de  I'ouest;  et  pourtant ,  c'e- 
tait  un  passe-tems  fort  agreable  que  ces  grandes  reunions  de 
chasseurs,  ce  concours  de  charrettes ,  Acjillettes,  ces  enormes 
provisions  de  bons  harnais  de  gueule,  comme  jambons,  pou- 
lardes,  etc.  ;  ces  faisceaux  de  pelles,  de  pics  et  de  ploches  ,  le 
tout  pour  prendre  par  iriines  et  contremines  un  blaireau  dont 
la  peau  fournirait  des  baudriers  oux  aj-balestriers  de  Gascogne. 
MraeOysille  enseignerait  aussi,  par  I'organe  de  !a  reine  de  Na- 
varre, d'autres  manieres  agreables  de  passer  Ic  tems  ,  dans  les 
cas  les  plus  desesperes.  On  remonterait  jusqu'a  Horace,  qui 
goulait  si  bien  les  delices  de  la  campagne ;  et  pour  peu  que 
Ion  voulut  compulser  les  auteurs  grecs,  Xenophon  apporte- 
rait  aussi  son  Iribut.  II  ne  faut  done  pas  s'attendre  que  ces 
quatre  petits  volumes,  publics  par  M.  Desormeaux  ,  contien- 
dront  tout  ce  que  le  titre  comporte  :  les  redacteurs  ont  du  se 
borner  a  ce  qui  leur  a  paru  convenir  le  mieux  aux  gouts  ac- 
tuels,  et  au  plus  grand  nombre  de  ceux  pour  lesquels  cet  ou- 
vrage est  compose.  En  effet ,  dans  le  premier  volume,  la  basse- 
cour  n'obtient  que  38  pages  ,  et  le  jardinage  rccreatif,  70  p. 
Le  premier  jiaragraphe  aurait  pu  offrir  a  la  curiosilc  qui  est 
sans  contredit  un  amusement,  une  multitude  d'objetsnouveaux 
et  dignes  de  nous  occuper  plus  serieusernent  que  le  titre  de  cet 
ouvrage  ne  semble  I'annoncer.  Plusieurs  espcces  d'oiseaux 
manquent  encore  a  I'ornement  de  nos  basses-cours  :  la  belle 
espece  de  sarcelles  que  les  dames  cliinoiscs  se  plaiseiit  a  elever 
n'est  peut-etre  pas  encore  en  Europe;  Yagonti  ct  Vagfimi  de 
Cayenne  n'y  sont  point  encore  naturalises  (  Voy.  le  Diction- 
naire  classique  d'Histoire  naturelle  ,  par  MM.  Bory  de  Saint- 


SCIENCES  PHYSIQUES.  /,/,(, 

Vincent,  elc.  etc.  T.  P'' ,  p.  i'')5  ).  Si  r.ous  passons  a  i'autrc  pa- 
ragraphe,  la  grande  variete  ,  la  licbe  nomenclature  des  objets 
qu'il  prc^senle  pent  d(5guiser  quelque  terns  nne  discltc  Hop 
reelle  :  on  peut  se  croire  dans  Tabondance,  quand  on  possede 
plus  que  le  necessaire,  et  que  Ton  n'a  pas  eu  sous  les  yeux 
les  tresors  de  la  veiilable  ricliesse.  Mais  ,  qnand  on  pent 
jonir  de  plusieurs  miliiers  de  planies  d'agreinent ,  est-il  pos- 
sible de  se  borner  a  cinquanle  on  soixante,  a  un  cent  ?  Mais 
pressons-noiis,  car  rous  avons  a  paiier  de  quatre  volumes  ; 
apies  If.jarclin  rechcatif,  un  conte  holanique  amene  beaucoup 
de  details  siir  celte  aimablc  science.  Le  langage  desjleurs  est 
I'objet  d'un  cliapitre  parliculicr.  Ce  sujet ,  qui  appartient  a  la 
■vill<^  coinme  a  la  campagne,  est  place  convenablcmenl  dans  un 
ouvrage  lei  que  celui-ci.  Ce  n'est  pas  chez.  les  Orientaux  qu'il 
faut  aller  clierclier  des  modeles  et  de  veiitables  ressources  pour 
la  poesie,  quoiqne  leur  imagination  vagabonde  nous  plaise 
souvent  par  la  singularite  deses  inouvemeiis  et  Toclat  des  cou-' 
leurs  dont  elie  se  pare.  Au  resle,  le  laugagc  desjleurs  a  tout 
au  moins  le  mcrite  des  rebus,  charades,  logogryphes  et  au- 
tres  jeux  Ires  -  innocens  ,  et  nous  ne  devons  pas  oublier  qu'il 
est  question  ^'ainusemens. 

Uequitation ,  sur  loquelle  on  tron\e  ici  nne  notice  fort 
courle,  et  ])ourtant  satisfaisanle,  ne  donne  lieu  a  aucune  oIj- 
servation.  Mais  la  chasse  aux  pieges  !  II  n'est  pas  une  de  iios 
provinces  qui  n'ait  a  faire  conaaitre  de  nouveaux  stratagemes 
de  guerre  contre  les  nialheureux  habitans  desbois  ,  deshaies, 
des  champs,  de  I'air,  de  la  terre  et  des  eaux.  Ici,  I'editeuraura 
certainemeut  d'amples  additions  a  faire  a  la  seconde  edition  de 
son  livre.  II  en  sera  peut-^tre  de  menie  de  la  chasse  au  fusil, 
qui  commence  le  second  volume.  Quant  a  ]z  p^che  a  la  Ugne 
et  autres  peches  qui  n'ejtigent  pas  un  grand  ap])areil,  la  nia- 
ticre  est  Iraitce  ex professo  ;  c'est  a  bou  droit  qu'elle  a  recu  le 
privilege  de  former  un  ouvrage  3  part. 

La  voliere  est  un  amusement  contre  lequel  il  faudrait  faire 
entendre  les  reclamations  du  bon  gout.  Un  pays  orne  de 
bosquets,  de  vergers,  de  beaux  jardins  d'ornement  et  de  fo- 
rets ,  n'est-il  pas  une  immense  voliere.^  Apres  avoir  In  la  des- 
cription de  la  voliere  do  Jidie  d'Efange  ,  peut-on  se  plaire  a 
lenir  en  cajitivitc  cespetits  chantres  cpii  ne  valent  jamais,  dans 
les  prisons  de  I'homme,  ce  qTi'ils  deviennent  par  laseule  direc- 
tion de  la  nature?  Quant  aux  aheilles  et  aux  vers-a-soie ,  qu'on 
s"en  amuse,  rien  de  plus  convenable.  Les  plaisirs  simples  que 
jirocurent  ccs  occupations  champetics  ne  sont  pas  perdus  pour 
rinstrnction  ;  ils  cxerrent  utilemeni  I'esprit  d'observation  ,  <;t 
T.  XXXI. —  Aoiit  i8a6.  ay 


/j5o  LIVRF:S  FRANflAIS. 

ilseiitrciiennent  riiahitucie  de  rordre ,  lorsqu'on  s'y  adonne 
avec  uii  jieu  tie  zele. 

Le  troisieme  volume  a  pour  objet  d'ebauclier  a  l.i  campagne 
des  naturalisles;  soil :  des  georaetres,  des  aslronomes  ,  des 
])1iysiciens;  ceci  est  plus  difficile  et  moins  amiisant.  Si  I'edi- 
leur  manijuc  de  jilace  pour  de  nouveaiix  jeux  clianipctres,  il 
pourra  congedier  sans  regret  les  notions  de  gcoinctrie ,  d'a*- 
tronomie ,  de  gnomonique  et  meme  Ae perspective  ,  etc. ,  inais  il 
laissera  ,  dans  ce  troisieme  volume  ,  la  conrie  nolice  (|ue  Ton  y 
trouve  sur  la  natation,  les  details  sur  I'art  du  tour  et  sur  quel- 
ques  autres  arts  auxquels  une  habitation  chanip^tre  senible 
inviler  ceux  qui  ne  manquent  ni  de  saute,  ni  de  loisir. 

Dans  le  qiiatrieme  volume,  I'auteur  commence  en  savant  et 
finit  de  meme  :  mais ,  entre  ces  deux  extrernites  devolues  a  la 
science  ,  les  jeux  trouvent  a  se  placer,  et  ils  arriventen  foule. 
Toutefois,  qu'on  n'imagine  point  que  des  reflexions  profondes 
lie  viennent  de  tems  en  tems  se  meler  aux  descriptions  d'amu- 
semens;  le  preceple  de  BoiJeau  est  observe ,  ce  qui  est  d'un 
lieureux  augure  pour  le  succes  de  I'ouvrage. 

Nous  avons  parle  de  science  au  commencement  et  a  la  fin  de 
ce  volume.  Que  les  amis  des  plaisirs  champelres  ne  s'en  ef- 
fraient  point ;  le  mot  est  beaucoiip  plus  grave  que  la  chose.  Ils 
reconnaitront  bien.t6t  que  cette  pretendue  science  n'est  qu'un 
jeu.  En  somme  ,  cet  ouvrage  alteindra  son  but  et  il  y  a  lout  lieu 
de  croire  que  sa  destinee  sera  de  grossir  avec  le  tems.  Le 
gout  de  la  campagne  nous  viendra  de  plus  en  plus  ;  celui  des 
amusemens  ne  passera  point:  tot  ou  tard,  ce  livre  deviendra 
d'une  utilite  generale,et  cette  epoquedenotre  existence  comme 
nation,  si  elle  n'est  pas  la  plus  brillante,  ne  sera  certainement 
pas  la  moins  heureuse.  F. 

1 88.  —  *  Relation  du  voyage  du  capitaine  Guedon  a  la  baie 
de  Baffin  sur  le  batiment  baleinier  le  Groenlandais ,  pendant 
I'annee  i8a5;  par  M.  Nell  de  Breaute.  (Extrait  des  ^w/z^/cj 
maritiines. )  Paris,  1826 ;  imprimerie  royale.  In-8°de  22  pages, 
avec  une  carte. 

Ce  voyage  revele  aux  pecheurs  francais  de  nouvelles  ri- 
chesses  dans  les  mers  polaires,  et  leur  fait  voir  que,  pour  les 
aller  exploiter  ,  il  ne  faut  ni  des  vaisseaux  tres-fins  voiliers,  ni 
des  marins  etrangers.  Parti  du  port  de  Dieppe  ,  le  6  mars  1825, 
il  se  trouva,  vers  la  fin  d'avril,  sur  les  cotes  du  Groenland. 
Deux  Eskimaux  les  visiterent  a  bord;  «  M.  Guedon  eut  de  I'un 
d'eux,  pour  une  bouteille  d'eau-de-vie,  un  raodele  de  leur 
canot  equlpe  et  arme.  Les  proportions  y  sont  aussi  exacte— 
ment  observees  que  dans  les  raodeles  de  vaisseaux  executes  par 


SCIENCES  PHYSIQUES.  /,5v 

nos  ingenieurs.  I-e  plus  jeunc  dc  ces  Eskimaux  efait  presque  un 
hoinine  civilise  ;  il  avail  demeure  dans  I'etjiblissement  danois  de 
I'lle  de  Disco,  et  savait  lire  et  eorire.  Le  capitaine  lui  presenla 
son  journal  et  une  plume;  il  ccrivit  aussitot  son  age,  son  nom, 
celui  de  sa  fenime,  et  la  date  de  sa  visite.  Nous  avons  vu  cette 
ecriture:  elle  est  giande,  blen  formee,  et  personne  ne  la  croi- 
rait  d'un  habitant  du  Greenland.  » 

Le  baliment  etait,  dans  les  premiers  jours  du  mois  demai, 
en  vue  de  I'ile  de  Disco.  Un  certain  nombre  d'Eskiraaux  etaient 
venus  a  bord  avec  leurs  femmes,  pour  faire  des  eolianges.  A  la 
fin  du  jour ,  I'equipagc  dansa  avec  les  femmes,  aux  accords  d'un 
raauvais  violon  dont  jouait  assez  adroitement  un  des  naturels. 
C'etait ,  sans  aucun  doute  ,  le  premier  bal  donne  dans  ces  pa- 
rages ,  sur  le  pont  d'un  vaisseau  francais,  aux  sons  de  la  mu - 
sique  d'un  menetrier  eskimaux.  Ue  capitaine  Guedon  alia,  avec 
lechef  de  peche  anglais,  faire  une  visile  aii  resident  du  comptoir 
danois  de  I'ile  de  Disco  :  ils  lui  porterenl  un  present  de  pommes 
de  terre  et  de  prunes;  on  les  recul  tres-bien.  La  niaison  est 
batie  en  bois,  et  habitee  par  Irois  hommes  et  deux  femmes. 
Le  clief  du  comptoir,  qu'on  appelle  aussi  Monsieur  le  gouver- 
neur ,  revint  a  bord  du  GroenUtnclais  Si^ec  les  officiers ,  a  chaciin 
desquels  il  fit  donner  un  Iraineau  allele  de  huit  chiens,  j)our 
gagner  la  poinle  ou  Ton  avail  laisse  la  chaloupo ;  le  sien  en  avait 
douze.  Cette  course  d'un  genre  nouveau  pour  nos  voyageurs 
les  amiisa  singulierement.  Le  gouverneur  resta  une  partie  de  la 
nnit  a  bord,  il  parla  un  peu  francais,  causa  de  Paris,  de  nos 
modes,  et  finit  jjar  chanter  /e/«we.f,  voulez-vous  eprouver  , 
croyant  faire  une  chose  agreable  pour  ses  holes.  Effectivement, 
retat-major  cprouva  un  grand  plaisir  a  entendre  nne  chanson 
francaise  aumilieu  de  I'affreuse  solitude  de  ces  inimenses  champs 
de  glace. 

La  peche  ne  devint  fructucuse  qu'au  nord  de  I'ile  de  Disco  , 
enlre  le  cap  Searlc,  par  67''  40'  et  le  detroit  de  Lancastrc, 
par  74".  Neuf  baleines  furent  prises  en  fori  peu  de  lems.  M.  de 
Breaule  indique,  d'apres  les  observations  du  capitain-e  Parry 
et  celles  de  M.  Guedon .  ce  qui  peul  assurer  le  sucecs  des  balei- 
niers  francais  dans  ces  parages.  II  s'altaclie  a  combattre  ce  pre- 
juge  decourageant  pour  noire  marine ,  que  les  seals  Anglais 
saventnavigueretpecher.  II  rappelle  ,  a  ce  sujet,  la  conversation 
d'un  capitaine  francais,  M.  de  Roquefeuil,  avec  un  capitaine 
anglais,  M.  Nye,  a  la  cote  du  nord-ouest  de  I'Amcrique. "  Le 
capitaine  Nye  ne  pouvait  pas  croire  qu'uu  navire  francais, 
sans  pratique,  put  se  irouver  dans  le  canal  de  Lynn,  la  partie 
la  plus  dangereuse  de  cette  cote...  Vous  efes  venu  sans  doute 


452  LIVRES  FRANCA^IS. 

aniorieurenicnt  dans  ces  parnges  sur  nos  batimcns?  —  Non  , 

capitainc.  —  Mais  vous  avez  quelque  officier  qui  les  connait. 

—  AiiCun.  —  Comment  faites-vous   done?  —  Et  vous-m^me? 

—  Moi!  j'ai  fait  tiois  voyages  a  la  cole,  avant  de  commander 
comme  officiei'.  —  Un  de  •vcs  conipatriotes  a  ( onimence  le  pre- 
mier cette navigation  sans  guide;  je  fais  comme  lui.  »  F. 

189. —  Voyage  a  IMcroe ,  au  flcuvc  Blanc  ^  an  dclh  de 
Fdzogl,  dans  le  midl  du  rojauine  de  Senna r,  a  Sioitah  et 
dans  rinq  autres  oasis,  fait  pendant  les  annecs  18 19,  1820, 
1821  et  1822,  p.ir  M.  Frederic  Cailliauh,  de  Nantes;  accoin- 
pagiie  de  caries  gcographiques,  (ie  planches  represcntanl  les 
monumens  de  res  contrees ,  avec  les  details  relalit's  a  i'etat 
nioderne  et  a  i'liistoire  nalnrelle  ,  dedie  au  Roi.  Paris  ,  J82G. 
De  I'imprlmerie  royale;  Debure  freres;  Tilliard.  2  vol.  in-8°, 
avec  un  atlas  et  la  description  des  planches;  jirix ,  20  fr. 

Ce  voyage,  dans  lequel  M.  Catlliaud  fut  pourvu  de  bons 
instrumens,  et  accompagne  par  M.  Letorzes,  habilue  a  ob- 
server, et  a  caiculer  les  observations,  nous  a  fait  connaitre  dans 
I'inlerieur  de  I'Afrique  un  ])ays  tout  nonveaii,  sur  une  lon- 
gueur deplus  de  200  lienes,  et  jusqu'au  10"  degre  de  latitude 
nord.  U  est  maintenant  hors  de  doute  (pie  le  Nil ,  doiit  Bruce 
crnt  avoir  decouvert  les  sources  en  Abyssinie,  et  que  les  Por- 
iiigais  avaient  reconnu  et  dccrit  dans  le  xvi'  siecle,  n'est 
qii'un  affluent  du  Nil  veritable  dont  la  source  doit  etre  beau- 
coup  plus  rapproohee  de  I'equateur. 

On  doit  aussi  a  M.  Cailliaud  la  d6couverte  de  la  ville  de 
Meroe,  dont  il  a  retrouve  les  ruines  dans  le  Delia  forme  par 
le  Bahr-el- Abriel ,  et  le  Bahr-el-Azraq  (le  tleuve  Blanc  et  le 
fleuve  Bleu),  precisement  au  lien  ou  D'Anville  les  avail  pla- 
cees,  d'apres  les  temoignages  des  autcurs  anciens. 

Des  allees  de  sphinx  et  de  lions,  des  pylones  et  des  temples 
dans  le  style  egyptien,  des  forels  de  pyi  amides,  une  vaste  en- 
ceinte en  briqnes  crues,  y  deposcnt  en  faveur  de  I'exislence 
d'une  grande  capitale,  el  petivent  servir  fi  eclaircir  cetle  grande 
quesiiou  encore  indccise  :  «  La  civilisation  est-elle  arrivee 
d'Elhiopie  en  Egyplo  en  descendant  le  Nil,  on  bien  a-t-elle 
rcmonte  d'Egypte  en  Nubie,  en  suivant  le  cours  du  fleuve  ? 

Un  grand  nombre  de  positions  delerininces  par  des  obser- 
vations astronomiques  ou  par  le  chronoraelre,  quelques  hau- 
teurs baroinetriqiies  (car  les  instrumens  se  sont  casscs  dans  ie 
vovnge  au\  oasis),  quelques  animaux  et  vcgelaux  curieux  , 
mais  en  Irop  pent  nombre,  des  niineraux  et  des  descriptions 
exacies  de  la  composition  geologiquc  du  sol  sont  les  fruits  de 


SCIENCES  PHYSIQUES.  — SCIENCES  MORALES.  455 
ce  voyage,  dont  la  relation  estd'un  style  simple,  sans  emphase, 
et  porte  le  caractere  de  la  veracite. 

Ce  voyage  a  etc  entiepris  pendant  I'expedilion  que  les  deux 
flls  du  pacha  d'Egypte,  Isiaael  el  Ibrahim,  dirigerent  conlie 
la  Nubie. 

C'cst  ure  singularlte  quiappartient  au  siecle  ou  nous  vivons, 
qu'une  expedition  armee,  entreprise  et  dirigee  par  des  Turcs 
barbares,  dans  le  seul  but  de'  faire  la  chasse  aux  ncgres ,  et  de 
se  procurer  par  la  guerre  des  milliers  d'esclaves,  destines  a 
former  une  armee  reguliere  et  a  cimenter  le  despotisme  du 
paclia  Mohammed,  ait  produit  des  resultats  si  importanspour 
la  geographic  et  pour  les  sciences  en  general. 

Un  Francais  courageux  et  eclaire  a  surmontc  tous  les  obs- 
tacles pour  s'y  joindre.  L'espoir  de  trouver  dans  la  Nubie  des 
mines  d'or  a  rendu  necessaires  les  talens  du  mineralogiste  que 
I'on  eut  ineprisc,  sans  cela ,  comme  un  Cojfre  cl  un  infuiele. 
Plus  d'une  fois  on  eut  recours  a  ses  connaissances  pour  deter- 
miner la  position  de  I'armee,  tracer  la  carte  dn  pays,  et  choisir 
rempiacement  d'un  camp.  Ces  motifs  expliquent  la  protection 
constante  dont  notre  voyageur  a  joui  aupres  des  chefs  dc 
I'arniee  lurque. 

En  resume,  ce  voyage  contient  beaucoup  de  faits  nouveaux 
et  d'observalions  interessanles  sur  les  mceurs,  les  usages,  les 
habitudes  des  peuplades  arabes  ou  ncgres  de  ces  pays  pen 
connus.  II  sera  recherche  de  tous  les  hommes  qui  aiment  a 
s'instruire  et  qui  veulent  trouver  dans  la  leclure  d'un  livre 
autre  chose  qu'un  delassement  frivole. 

Bureau  de  la  Malle  ,  memhre  de  Vlnstitut. 

Sciences  religieiises ,  morales  ,  poUtiques  et  historiques. 

igo.  —  *  Troisieinc  lettre  a  M.  le  baron  d'EcK.STEiN  sur  les 
dangers  de  son  cathoUcisme  indo-chretien ,  sur  le  culte  et  les 
mysteres  naturels  ,  adoptes  ,  sanctifies  par  la  religion  veritable 
et  sur  (|uelques  moyens  de  rapprocher  la  philosophic  de  la 
religion  et  les  culles  chretiens  du  catholicisme  romain ;  par 
M.  N.  M.  Paris,  1826.,  les  marchands  de  nouveautes.  In-8" 
de  120  pages.  [Voy.  les  articles  sur  les  deux  lettres  qui  ont 
precede  celles-cl,  Rev.  Enc.  T.  xxx,  p.  494-)  Prix,   i  fr.  5o  c. 

Cette  troisierne  lettre  est  remartjuable ,  par  la  science,  )a 
dialccti(]ue  el  le  talent  de  I'auteur;  mais,  plus  etendue  que  les 
deux  premieres,  eile  eslaussi  plus  riche  en  developpemens,  en 
trails  vifs,  en  citations  piquantes ,  en  applications  ^  plus  ou 
moins  exactes  ,  mais  toujours  d'un  grand  iutcret.  Nous  regret- 


454  LIVRES  FRANCAIS. 

tons  de  ne  pouvoir  nous  expliquer  ici  que  tres-brievenient  sur  lea 
Irois  objets  qui  sent  annonces  dansle  titre. — Dessa  premiere 
page  ,  Tauteurse  declare  catholique;  il  s'appuie  eii  raeme  teins 
d'une  metaphysique  -vague,  peu  necessaire,  meme  nebuleuse, 
et  generalement  ctrangere  aux  docteurs  du  catliolicisme.  11 
insiste  sur  radmission  d'un  christianisrne  naturel,  produit  de 
nos  seules  facultes  naturelles;  il  vent  qu'on  rapporte  a  des  reve- 
lations les  sciences  et  les  arts,  conime  cet  illnstre  ecrivain  de 
nos  jours  ,  qui ,  declarant  acquiescer  ii  la  revelation  de  Moise 
eta  celle  de  J.-C.,appelleen  naeme  tems  revele  tout  ce  qui  est 
bon  et  beau  ,  tout  ce  qui  est  juste  et  \irai ;  il  fait  consistcr  son 
chrislianisme  surnaturel  en  un  choir  cle  sentimens  marque  d'un 
sceau  celeste,  ce  qui  est  bien  indefini.  Enfin  ,  il  prend  pour 
egide  celte  assertion  de  M.  de  Chateaubriand,  assertion  pour 
le  moins  tres -equivoque,  theologiquement  fautive,  et  plus 
conlrariec  que  favorisee  par  I'Histoire  :  «  plus  on  approf'ondit 
le  chrislianisme  ,  plus  on  reraarque  qu'il  n'est  que  le  develop- 
pement  et  le  resultat  necessaire  de  la  vieillesse  de  la  societe.  « 

Notre  auteur  jiroteste  de  \a  purcte  cle  ses  intentions.  J'y  croi* 
viveraent,  conipletement;  je  lui  ai  voue,je  lui  conserve  toule 
I'estinie,  toutel'amitie  dont  je  suis  capable;  et,  lorsque,  dans 
cette  annonce,  j'ose  ddsirer  de  sa  part  une  doctrine,  ou  des 
paroles  quiparaissent  niieux  en  accord  avec  la  verite,  je  crois 
etre  impartial ,  exact ,  et  me  conformer  du  moins  a  cette  sincc- 
rite,  a  cette  franchise,  que,  d'apres  son  noble  caractere,  il  a 
bien  voulu  me  demander,  me  prescrire  lui-meme. 

Avec  son  christianisme  naturel ,  on  pourrait  s'etonner  qu'il 
combatte  le  prelendu  catliolicisme,  tanlot  traditionnel ,  et 
tanlot  d'inspiration  speciale  ,  en  un  mot ,  le  calholicisme  indo- 
chretien  de  M.  le  baron  d'Eckstein.  M.  N.  M.  le  rejette  comme 
darfgereux  ou  Vrai  christianisme ,  et  comme  allegue  ])our 
asservir  les  peuples  aux  rois,  et  les  rois  avec  les  peuples  au 
Pontife  de  Rome.  Mais,  puisqu'il  le  rejette,  pourquoi  mettre 
tant  de  soin ,  tanl  d'appareil  a  le  corroborer  dans  celte  troi- 
sieroe  lettre ;  et  pourquoi  appelle-t-il  a  son  aide,  en  cette  singu- 
liere  entreprise,  on  ne  sait  quel  fantome  de  christianisme 
egyptien  ,  chinois ,  japonais ,  etc.?  pourquoi  le  fait-il  sans 
opposer  a  ces  testes  ('^u'il  semblerait  accumuler  pour  aider  son 
adversaire),  les  critiques  dont  ils  sont  fort  susceptiblcs,  ou  en 
eux-memes,  oudans  leur  application  ?  It  se  borne  a  dire  qu'on 
peut  les  expUquer  de  cinq  manieres ,  dont  trois  se  concilieraient 
avec  le  pretendu  christianisme  naturel  et  anierieur  a  I'ere 
chrctienne.  —  On  trouve ,  il  est  vrai,  dans  toute  Tanliquitt 
payenne,  on  apercoit  encore  aujourd'hui  choz  les  idolatres .. 


SCIENCES  MORALES.  455 

ties  croyances,  des  usages  que  les  docteurs  chretlens  consi- 
derent  conime  des  resles  plus  oil  moins  defigures  de  la  science 
religieuse  et  de  la  vie  palrinrchale.  II  est  vrai  qu'on  y  trouve 
eriges  en  revelations  ,  en  religions  ,  des  pratiques  impures  , 
des  iniquites ,  des  cruautes  incroyables ,  et  pourlant  bien 
prouvees.  Mais,  dans  tons  ces  exemples  si  tristes,  dans  ces 
aberrations ,  en  partie  si  horribles ,  il  n'est  rien  que  le  scul  vrai 
chrislianisme,  le  christianisme  surnaturel  ne  condamne  ,  et  ne 
])roliibe  severement,  rien  qui  ne  serve  a  relever  son  excellence  , 
rien  qui  puisse  le  convaincre  de  mensonge  ni  de  souillures 
inlrinseques. — En  coinbattant  le  servilisme  systeinalique  de 
M.  d'Eckstein  ,  I'autcur  a  rencontre  dans  son  chemin  M.  Lau- 
rentie,  conseiller  de  I'Universite,  et  auteur  d'une  Introduction 
a  la  Philosophie,  livre  qui  semble  ecrit  en  faveur  de  tousles 
despotismes.  M.  N.  M.  en  fait  une  censure  vigoureuse  et  bien 
fondee.  La  seconde  partie  de  sa  troisleme  lettre  concerne  des 
etemens  des  mysteres ,  des  symboles  naturels  adoptes ,  nous 
dit-on,  sanctifies  par  la  religion  veritable  on  chrclienne.  Ces 
eiemens,  ces  mysteres  ,  ces  symboles,  sont  indiques  ,  divises  , 
subdivises  et  commentes  dans  trois  tableaux  synoptiques.  Vient 
ensuite  la  reduction  de  touies  les  heresies  et  du  catholicisme  ,  a 
deux  chrislianisnr.es,  I'un  symboliquc  y  et  le  second  reuliste 
I'un  qui  prend  rembleme  a  la  leltre,  I'antre  qui  le  prend  au 
sens  figure  ;  les  deux  sont  pretendus  egalement  naturels  jiar  des 
protestans  modernes;  et  c'est  du  catholicisme  reuni  a  toiites 
les  heresies  passees,  presentes  et  futures  que  noire  auteur  ecrit. 
Voilh  un  assez  beau  catholicisme.  Chacun  est  libre,  sans  doute 
de  penser  et  d'ecrire  ainsi;  libre  naturellenient ,  et  conslilu- 
tionnellement,  et  suivant  toute  legislation  qui  admet  la  tole- 
rance evangelique;  maisil  n'est  pas  de  doctrine  moins  catho- 
lique.  jNous  croyons  voir,  dans  cctte  partie  de  I'ouvrage , 
comme  dans  la  premiere  ,  des  faits  nia!  ajjprecies,  un  lan^age 
par  fois  obscur  et  pea  coherent,  une  hypothese  dont  I'imagina- 
tion  fait  les  frais  et  dont  le  style  fait  le  merite.  II  faudrait 
plusieurs  volumes,  pour  bien  refuter  ces  idees.  Mais  nous 
dirons :  montrez-nous  en  un  loin  de  la  terre  avant  J.-C  et  hors 
la  bible ,  un  seul  sysleme  de  religion  et  de  morale  naturelle  qui 
soil  raisonnable.  Si  Ton  ne  peut  pas  rindi(|uer,  les  catholiques 
sont  dis])enscs  apparemment  d'apprccier  en  detail  les  trois 
tableaux,  et  de  debrouiller  ce  uouveau  labyrinlhe  de  meta- 
pliysique  et  de  citations,  oil  le  christianisme  surnaturel,  soit 
reforme  ,  soit  calholique  ,  se  trouve  envcloppe  dans  cclte  troi- 
sieme  lettre. — II  est  vrai  qu'on  peut  y  lire,  p.  73  :  «  Osons  etre. 
bommcs  tl  chreliens;  osons  etre  des  liommcs,  pour  etre  miens 


.',56  LIVRES  FRANCAIS. 

cliii'tiens.  Assuiant  uiie  source  natnrellc  aux  clenicns  iJe  iiotre 
culte,  infiiino-je  ainsi  les  nioypns  ile  crt-ilibilile  que  doniiem,  a 
la  n-i-elaliori ,  awx  iniraclc.f ,  aux  prophetir.s ,  d'irrefragables 
moriuiiicns  hisloriques  P  »  S'aulorisani  ensuile  de  I'exemple  de 
Leibiiilz  ineme,  notre  auteur  ])l,ice  dans  regliso  romaine  le 
centre  des  croyances  nccessaires  au  boiiheur,  et  il  en  prend 
occasion  de  donner  a  la  cour  de  Rome  dos  avis  malheureu- 
sement  juslifies  par  les  faits  historiques ,  et  par  ce  ([ui  arrive 
sons  nos  yeux.  II  averlit ,  qu'altacher  roninijioteiice  teinpo- 
rolle  ,  et  njcme  roiniiipolence  spiriluelle  an  chef  visible  de 
I'eglise,  taxer  les  peches ,  autoriser  des  procedures  crirninelles 
Ct  des  supplices  pour  des  opinions,  approuver  les  massacres, 
nutremenl  les  riffueurs  .uiltiiaires  ,  comme  disent  les  ultrainon- 
tains  de  France,  c'est  une  impiete  monstrueuse.W  insiste  pOur 
(jue  le  Pontife  condamne  enfiii  ces  horribles  crimes  publics  ; 
il  deniande  de  revenir  a  ranti(|ulte  par  nne  modilicalion  de  la 
discipline  moderne  et  arbilraire.  II  vent  meme  qu'on  renonce 
aux  legendes  ridicules  ou  odleuses;il  anrnit  pu  ajouter,  aux 
levees  d'argent,  pour  dis[)enses  ,  ];our  bulles  et  indults  aux 
excoiuiuunications  anti-canoniques  ou  injustes  ou  perlurba- 
Irices,  et  aux  dangereux  privileges  des  exemptions  de  I'ordi- 
naire,eti.  Lanjuinais,  memhre  de  I'lnstitut. 

1  <) I .  —  *  Apliorisir.ata  oppoaita  apliorismalibtis  ,  etc.  — 
Apiiorisiiies  op[)Oses  aux  aphorismes  conire  les  quatre  articles 
de  la  declaration  de  1682.  Monlpellier,  1826;  Paris,  Moutar- 
dier.  In-8". 

M.  I'abbede  La  Mennais,  vonlant  propager  dans  les&eminai- 
resles  faussesetpernicieusesdoct)inesultraniontaines,les  a  re- 
digees  en  roauvais  latin  ,  en  theses  des  nouvelles  hautds  etudes, 
sousletitred  y^/><i^omv«rt;rt.  Denxecclesiastiquesfrancaisont  aus- 
sitot  pare  le  coup  :  M.  I'abbe  de  La  Bouderie  ,  par  des  contre- 
aphorismes,  rediges  aussi  en  latin  scoJaslique  ,  imprimes  a  Pa- 
ris; et  M.  I'abbe  Flottes,  professeur  a  Montpellier,  par  des 
aphorismes  ecrits  dans  un  lalin  pur ,  et  tel  qu'on  peut  I'attendre 
aujourd'hiii  d'lin  ami  de  la  plus  belle  litterature  latine.  II  serait 
bon  que  ces  contre-aphorismes  dc  Paris  et  ceux  de  Montpellier 
fussent  communiques  a  tous  nos  eveques  ,  et  repandns  dans  lous 
le»  scminaires  de  France.  li  faudrait  sans  doute  aussi  qu'en 
France  h:  theoKigie,  comuieles  autres  sciences,  fut  enseigneeen 
fran9ais,  comnieclle  le  fiita  Rome,  en  latin;  a  Constantinople  en 
grec;  en  armenien ,  dans  I'Armonie,  etc.  Mais  ce  n'est  pas  la  faute 
de  nos  <leux  iheologiens  gallicans,  si  Ton  a,  depuis  quelques 
annees,retabli  dans  nos  ecoles  ce  latin  corrompu  ,  si  commode, 
si  agreable  aux  )gnorans,  aux  .sophistes,  aux  gens  de  mauvais 


SCIENCES  MORALES.  /,57 

gout,  et  surtout  aux  partisans  de  I'obscurantisine,  et  de  I'en- 
seiyneiiieiit  retrograde.  L. 

IQ2.  —  Les  Droits  des  femmes  et  I' Injustice  des  hotnmes  ; 
par  Mistiiss  Godwin;  ouvrage  traduit  librement  deTanglais, 
sur  la  huitieine  edition  ;  augmente  d'lm  apologue  :  V Instruction 
sert  aux  Jemmes  a  trouver  des  maris;  ])ar  M.  Cesar  Garde- 
ton,  auleur  du  Dictionnaire  dela  beaute.  Paris,  1826  ;  Hivert, 
rue  des  Matburius-Saint- Jacques,  n"  18.  In  -  18;  prix ,  1  fr. 
aS  c. ,  ct  1  fr.  5o  c.  par  la  poste. 

Voila  bien  le  plus  revolutionnaire  de  tous  les  livres!  II  ne 
s'agit  rien  nioiris  que  des  griefs  de  la  nioilie  de  I'espece  hu- 
inaine,  qui,  inalgre  tous  les  progres  de  la  civilisation  ,  toutes 
les  constitutions  et  toutes  les  chartes,  est  encore  exclue  des  fonc- 
tions  publiques,  des  droits  poUiiques  et  civils,  souvent  meme 
de  celui  d'admiiiistrer  ses  propres  affaires.  Cette  classe  oppri- 
mee  a  trouve  dans  Mistriss  Godwin  un  defenseur  eloquent  , 
passionne ,  voire  meme  un  peu  seditieux.  II  me  suffira  ,  pour 
faire  connaiire  la  tendance  de  son  ouvrage,  de  citer  le  som- 
maire  de  quelques-uns  de  ses  cbapilres  :  Si  les  hornmes  sont 
plus  propres  que  les  femmes  pour  gouverner.  Si  les  Jemmes  sont 
propres ,  ou  /ton,  a  remplir  les  charges  publiques.  Si  les  femmes 
sont  uaturellement  propres  aux  emploi^  mililaires ,  ou  «o«.  Si 
j'ajoute  (]ue  toutes  ces  questions  sont  resolues  par  I'aureiir  a 
I'avantage  de  son  sexe,  les  hommes  vont  crier:  A  I'esprit  de 
parti  !Queserait-ce,  s'ils  voyaient  avec  quelle fureur,  avec  quelle 
irreverence  elle  les  altaque?  Je  connais  plus  d'uii  niari ,  nieme 
liberal,  qui  ,  pour  ce  cas  parliculier,  implorerait  la  censure. 
Voila  done  les  femmes  ])lacees  parmi  nous  dans  les  tribunaux  , 
dans  les  chambres,  a  I'armee.  Que  de  distractions  pour  ces 
pauvres  juges  !  Quel  enfer  pour  cbteiiir  la  cloture  !  A  i'armee, 
c'est  bien  uue  autre  affaire,  et  je  tremble  pour  la  discipline. 
Vous  verrez  qu'une  fois  ces  dames  admises  au  partage  de  I'au- 
torite  ,  il  faudra  la  leur  ceder  tout  enliere.  Et,  quant  au  pou- 
•voirreel,  nous  pourrions  bien  ne  pas  y  perdre.  Toutefois ,  je 
ne  vois  guere  qu'une  insurrection  qui  puisse  les  amener  \k. 
Mais  Mistriss  Godwin  n'est  point  pour  ces  moyens  violens. 
Contente  d'avoir  revendique  en  faveur  de  son  sexe  une  sorte 
<le  droit  honorifique ,  elle  lui  conseille  de  ne  point  se  revolter; 
elle  consent  a  ce  que  les  choses  restent  dans  Tctal  ou  elles  sont; 
elle  se  borne  a  demandei  ,  pour  le  moment ,  et  sa  deraande  est 
raisonnable  et  fondee,  que  les  femmes  recoivent  une  educa- 
tion plus  solide ,  qui  Icur  ouvre  I'acces  des  sciences  et  les  de-- 
goute  des  frivolites,  objet  de  ncs  incpris.  Conclusion  quej'a- 


458  LIVRES  FRANCAIS. 

dople  volontiers,  mais  que  j'aurais  voulu  trouver  a  la  suite 

d'un  ouvrage  qui  merilat  un  examen  plus  s^rieux.  Ch. 

193.  —  *  Esprit  et  conferences  des  his  d'interet  general, 
qui  ont  ete  vendues  depuis  la  resiauration  ,  ou  qui  seront  ven- 
dues a  I'm'enir;  ])ar  MM.  Tajan  ,  auteur  du  Memorial  de  juris- 
prudence ,  A.  Gaze,  et  C.  Messine,  avocats  a  la  Cour  roynle 
de  Toulouse.  Toulouse,  1826;  Devers;  Paris,  Antoine  Ba- 
voux  ,  libraiie,  rue  Git-le-CfKur,  n°  /,.  Se  vend  par  livraisons 
de  200  pages ,  in-8°  ,  au  prix  de  2  fr.  5o  c. 

On  ne  peut  bien  apprecicr  les  lois,  si  i'on  se  borne  a  en  ctu.- 
dier  le  texte ;  il  faul  encore  se  penetrer  de  I'esprit  qui  a  pre- 
side a  leur  redaction,  et  explorer  les  circonstances  au  milieu 
dcsquelies  elles  sont  nces.  Les  discussions  qui  les  ont  preparees , 
jetent  sur  leurs  dispositions  une  lumiere  propre  a  nous  eclairer 
sur  leur  objet;  et  I'histoire  des  cveneinens,  qui  se  rattache  a 
celle  de  la  legislalion,  n'esl  pas  nioins  necessaire  a  connaitre 
pour  nous  en  donner  la  jKirfaite  intelligence. 

Ce  travail  n'est  pas  toujours  facile;  on  n'a  pas  tonjours  le 
terns  de  compulser  les  volumineux  recueils  ou  sont  consignes 
les  debats  parlementaires:  c'cst  done  un  service  eminent,  rendu 
a  toutes  les  classes  de  lecteurs  et  aux  jurisconsiiltes  particu- 
lierement,  que  celui  qui  nous  en  presente  un  ensemble  tout 
elabore  dans  nn  petit  nonibre  de  pages. 

La  collection  (jue  nous  annoncons  offre  ce  precleux  avan- 
tage.  On  y  trouve  exposees  en  substance,  et  classees  suivant 
I'ordre  qui  a  cie  observe  dans  les  discussions,  les  opinions 
pour  et  contre  emises  par  les  differens  orateurs  qui  ont  ete  en- 
tendus.  Les  fragmens  les  plus  imporlans  de  leurs  discours  y 
sont  habilement  coordoiinos;  et  de  maniere  a  ce  que,  reunis, 
ils  ne  font  qu"un  seul  tout  sans  incoherence.  Le  resume  forme 
de  ces  fragmens  est  precede  de  I'expose  succinct  des  diverses  pro- 
positions qui  ont  ete  debaltues.  Ainsi  a  I'occasion  du  projet  de 
loi  avorte  sur  le  droit  d'  ainesse ,  les  auleurs  durecueilindiquent 
sonimairement  les  differens  jjoints  de  vuesous  lesquels  ce  j)ro- 
jet  fut  envisage.  «  L'ensemble  des  discours,  dlsent-ils,  n'eit 
que  le  developpement  des  propositions  suivantes  :  i"  la  loi 
presentee  est  contraire  au  droit  naturel ;  2°  elle  est  immorale ; 
3"  elle  porte  atteinte  aux  priiicipes  consacres  par  la  cliai  te 
conslilutionnelle;  1°  elle  est  intempcstive,  et  se  trouve  en  op- 
position avec  les  principes  du  gouvernement  representatif; 
5°  elle  est  funeste  a  la  rlchesse  publique  et  a  la  prosperite  de 
letat;  6°  elle  est  capileuse,  contradicloire ,  d'une  execution 
difficile  ,ctc....  »  lis  en  usent  de  menie  a  I'egard  de  la  loi  sur  les 
substitutions. 


SCIENCES  MORALES.  459 

A  I'occasion  de  cclle  qui  est  relative  a  rindemnile  a  accorder 
aux  colons  de  vSaint-Domingue ,  ils  font  connaitre  en  ces  terines 
la  serieuse  controverse  a  laquelle  elle  donna  lieu :  «Les  orateurs 
qui  I'onl  atlaquee,  y  lisons-nous  ,  ont  souteriu,  1"  que  le  roi 
de  France  ne  pouvait  pas ,  sans  le  consentement  des  Chainbres, 
accorder  aux  habitans  de  Saint-Dominguel'einancipation  ,  I'in- 
dependance  qu'ils  sollicitaient;  a°  que  cette  einancipalion ,  cette 
concession'd'independance  etaient  contraires  a  I'interet  public* 

Le  resume  des  dcbals  y  est  precede  du  teste  des  projets  de 
loi.s;  d'un  precis  historique  bien  fait,  et  qu'on  lira  avec  interet , 
de  la  legislation  ancienne  et  nouvelle  sur  les  matieres  qui  font 
I'objet  des  lois  proposees;  de  I'expose  des  motifs,  qui  ont  de- 
termine le  gouvernement  a  presenter  le  projet;  du  rapport  fait 
auxChambresau  nom  dela  commission chargee  d'en  fairel'exa- 
men ;  et  des  amendemens  que  la  commission  a  juge  a  propos 
d'y  apporter:  il  est  terminejjar  le  texte  dela  loi,  telle  qu'elle  a 
ete  adoptee. 

Le  nom  de  M.  Taj'an,  en  tele  de  ceux  des  collaborateursde 
ce  recucil,  est  une  garanlie  du  soin  qui  sera  apporte  a  I'execu- 
tion  de  I'entreprise.  Ce  jurisconsiilte  ,  anleur  du  Memorial  de 
j urisprudence  des  Coiirs  royales  du  midi  de  la  France  qui  se 
public  a  Toulouse,  jouit  dans  cette  ville  d'une  consideration 
meritee.  II  s'est  acquis  une  reputation  ctendue  par  ses  ouvra- 
ges  ,  et  notammcnt  par  le  plaidoyer  eloquent  qu'il  prononca 
dans  le  celebre /;rac(?^  Fualdes  (1). 

La  collection  entiere  embrassera  :  1"  les  sessions  legislatives 
depuis  I'annee  181/1  jusqua  I'annee  1S1S  exciusivement;  2°  la 
.session  de  iSaS;  3°  cellc  de  1826;  elle  sera  continuee  pour  les 
sessionssubuequentes.  Lesdeux  premieres  livraisons,  qui  sont  en 
vente,  comprennent  une  partie  de  la  session  de  1826.  On  peut 
s'abonner  pour  chacune  des  Irois  collections  separement. 

Crivelli,  avocat. 

194.  —  *  PoTHiER  analyse  dans  ses  rapports  avec  le  code 
civil,  et  mis  en  ordre  sous  chacun  des  ai  tides  de  ce  code;  ou 
les  Legislations  ancienne  el  moderne  comparees ;  par  j^/.Tenet, 
avocat  a  la  Cour  royale  dc  Paris.  Paris,  1826;  I'auleur,  rue 
Saint- Andre-des  Arcs ,  n°  5i.  Alex.  Gobelet,  libraire,  rue 
Soufflot  n°  /,.  In-8°  de  700  pages;  prix ,  9  fr.  et  1 1  fr.  40  c-. 
par  la  poste. 

La  legislation  n'eiant  qu'un  moyen  d'assurer  I'interet  ge- 
neral ,  on  concoit  qu'elle  j)eut  varier  ,  en  meme  tems  que  cet 

(i)  Cet  ouvrage  se  vend  anssi  chez  Antoine  BavoDx,  libraire ,  rae 
Git-le-Coenv,  n"  4-  Prix,  3  fr.  ,  et  4  fr.  5o  c.  par  la  posle. 


46o  LIVRES  J'RANCAl.S. 

intert't  varie;  toutefois,  il  est  dcs  elumens  sans  lcsc|uels  wnc 
societe  ne  pourrait  subsister  el  qui  doivent  en  consequence  so 
retrouver  dans  les  lots  de  tous  les  peuples :  telle  est,  i)ar 
exemple  ,  la  proprieiej  tels  sont  le  mariage,  I'aiitorite  patcr- 
relle ,  etc...  De  la  viennent,  avec  les  differences  qui  scparent 
les  codes  des  nations  ,  les  noinbreuses  ressemblances  qui  les 
rapprochent.  Aiiisi,  une  legislation  est  rarement  oviginale  : 
Rome  emi)runle  a  la  Groce ;  I'ancicnne  France  emprunte  a 
Rome ;  et  la  I'rance  nouvelle  a  I'ancienne  France.  Rien  u'est 
done  plus  curieux  et  a  la  fois  plus  utile  (jue  de  comparer  les 
copies  avec  les  modeles ,  et  d'opposer  les  vieilles  raaximes  a 
celles  qui  les  ont  remplacees.  C'est  un  moyen  de  niieux  faire 
comprendre  les  traditions  et  les  innovations. 

M.  Fenet  vienl  de  nous  rendre  ce  service  pour  notre  code 
civil,  dans  ses  rapports  avec  Pothier  ,  qui  pourrait  plus  que 
tout  autre  en  revendiquer  la  redaction.  Souvent  I'article  est 
pris,  pour  ainsi  dire  ,  textuellement  dans  les  traites  du  juris- 
consulte  d'Orleans.  L'auteur  nous  indique  alors  le  numero  du 
paragraphe  oil  nous  le  retrouverons  avec  de  sages  commen- 
taires.  Lorsqu'il  y  a  difference  ou  contrariete  entre  les  deux 
textes  ,  une  annotation  abregee,  niais  claire  ,  nous  fait  saisir  , 
d'un  coup  d'ceil  les  points  de  dissemblance ,  et  nous  met  a  menie 
de  juger  les  progres  de  la  legislation.  Nous  trouvons,  sous  ce 
rap{)ort,  un  contraste  piquant  entre  les  regies  anciennes  et 
nouvelles  de  succession.  Quelquefois  aussi  nous  avons  occasion 
de  regretter  quelques  sages  mesures  oubliees  ou  meconnucs 
par  le  nouveau  legislateur.  Ainsi ,  apres  I'article  23,  concu  en 
ces  termes  :  «  La  condamnation  a  la  mort  naturelle  eraportera  la 
mort  civile;  »  nous  voyonsque  I'ancien  droitajoutait : "  amoins 
qu'elle  ne  soit  prononcee  par  un  conscil  de  gnerre.  »  Et  nous 
nous  etonnons  avec  justice  que  des  deux  epoques  la  notre  soit 
ici  la  plus  rigoureuse.  11  faut  y  reconnaitre  rinfluence  de  I'es- 
prit  militaire  qui  presidait  au  gouvernement,  lors  de  la  redac- 
tion de  nos  codes. 

Ces  rapprocheraens ,  qui  peuvent  donner  mallere  a  des  nom- 
breuxapercus  philosophiques,  sont  aussi  fort  ut  lies  poureclaircir 
le  texte  meme  de  ia  loi.  Les  redacteurs  ,  imbus  de  la  legislation 
ancienne,  en  ont  employe  les  termes  dans  le  sens  qu'ils  avaient 
alors,  et  qu'ils  peuvent  ne  ])lus  avoir  aujonrd'liiii;  d'autres 
fois,  ils  ont  pris  des  mesures  qui  reglent  des  points  douteux 
de  I'ancien  droit,  et  qui,  pour  etre  bien  comprises,  ont  be- 
soin  d'etre  rapprochees  des  elemens  de  la  question.  Soll^  ent 
enfin  ,  faisant  allusion  a  des  coutunies  qu'ils  voulaienl  delruire, 
ils  ont  ccrit  des  dispositions  qui  paraissent  tout-a-fait  oiseuscs  , 


1 


SCIENCES  MORALES.  46r 

si  I'on  ne  connait  pas  I'abus  qu'ils  ont  voiilu  reprimer.  Par 
exemple,  apres  le  premier  alinea  de  I'artide  733,  ainsi  concu  : 
a  Toute  succession  echue  a  des  ascendans  ou  a  des  collateraux, 
se  divise  en  deux  parts  egales ;  Tune  pour  les  parens  de  la  ligne 
pa!ernelle ,  I'autre  pour  les  parens  de  la  ligne  maternelle;  « 
les  redacteurs  ajoutent: «  Les  parens  uterins  ou  consanguins  ne 
sont  pas  esclus  par  les  germains.  «  II  est  evident  que  eel  alinea 
etait  contenu  dans  le  premier  et  qu'il  fait  pleonasme;  inais  les 
redacteurs  onl  ete  entraines  a  I'ecrire ,  parce  qu'ils  repondaient 
ainsi  a  la  coutume  de  I'ancien  droit  qui  donnait  tous  les  meubles 
etious  les  accpietsaux  germains,  a  I'exclusion  de  tons  les  autresj 
coulume  que  nous  trouvons  transcrite  sous  I'article  733  dans 
I'ouvrage  de  M.  Fenet,  et  qui  nous  fait  coniprendre  pour  quoi 
le  l^gislateur,  ajires  avoir  expose  sa  \olonle  d'une  maniere 
imj)licite  ,  a  cru  devoir  I'exprimer  encore  explicitement. 

Ces  observations  nous  paraissent  suffire  pour  faire  con- 
naitre  I'utilite  de  I'ouvrage  que  nous  annoncons.  Les  etudians 
y  Irouveront  I'indicalion  des  sources  oii  ils  doivent  puiser  de< 
eclaircissemens ;  el  les  horames  instruits,  un  memorial  qui  leur 
rappelera  en  peu  de  mots  ce  qu'ils  savent,  et  leur  epargnera  de 
nouvelles  recherches.  Adolphe  Garnier. 

igS.^ — *  Collection  complete  des  lois  ,  decrets ,  ordonnances , 
regleinens  et  avis  du  Conseil  d^etat ,  de  1788  a  1824  inclusi- 
venient;  par/.-j5.  Duverger,  avocat.  T.  XIII.  Paris,  1826; 
Guyot  et  Scribe,  edileurs.  In-8°  de  543  pages;  prix  de  chaque 
voiume,  7  fr.  5o  c.  el  9  fr.  par  la  posle.  (Voy.  Ra,-.  Enc,  t.  xxix, 
p.  526.) 

Ce  Ireizieme  volume  de  Timporlante  collection  de  lois  de 
MM.  Guyot  et  Scribe,  part  de  fructidor  an  ix,  et  s'elend  jus- 
qu'au  meme  mois  de  I'an  x;  c'est-a-dire  ,  qu'il  conlient  les  lois, 
rcglemens  et  arrelcs  <jui  ont  ete  promulgues  pendant  une 
annee  cntiere.  M.  Dnvcrgery  n  joint  des  notes  aussijudicieuses 
que  celles  dont  il  a  enrichi  les  precedens  volumes.  Les  editeurs 
publient  aussi ,  avec  cette  livraison,  le  2*^  n°  de  1826.  Ainsi ,  les 
souscripteurs  auront  I'avantage  de  n'etre  pas  prives  pluslong- 
tems  des  lois  et  des  ordonnances  qui  ont  ete  rendues  I'annee 
derniere.  Nous  rappeierons  que  cette  edition  offre  le  double 
merile  de  I'economie  dans  le  prix  et  dans  la  place  qu'elle  doit 
occuper  dans  les  bibliotbeques;  cette  derniere  circonstance 
n'est  pas  indifferenle ,  dans  un  leins  ou  les  livres  se  multi- 
plient  avec  une  si  incroyable  rapidite.  A.  T. 

196. — *  Traite  des  interets  ou  Commentaire  des  articles 
ii5,  II 54,  ii55,  1 905,  1906,  1907 ,  1908  et  2089  du  Code 
civil,  precede  d'une  preface  touchant  la  raatiere  des  inlerels 


46a  LIVRES  FRA-NCMS. 

et  coiilrats  usuraires  ,  et  les  vucs  du  Code  civil  sur  cette  matiere 
par  M.  CoTELLE  ,  professeur  a  la  faniilte  de  Droit  de  Pari?. 
Paris,  1826;  Janet  et  Cotelle.  In-ia  de  192  pages;  f»rix,  2  fr. 
Le  savant  juiisconsulte,  auteur  de  ce  traite,  n'est  pas  de 
I'avisdequelquescasuistes  (jui  reprouvent  et  condamnent  toute 
perception  d'interet  sur  iin  capital;  mals  il  n'est  pas  non  plus 
])artisan  de  la  liberie  des  stipulations  sur  I'interet  de  I'argent : 
il  s'ecarte  en  ce  point  des  opinions  des  plus  hablles  cconomistes 
inodernes,  qui  ont  deinontre  jusqu'a  I'evidence  que  la  mon- 
naie,  etant  une  raai'chandise  de  meme  nature  que  toutes  les 
autres,  doit  etre  donnee  el  prise  a  loyer,a  un  laux  dont  I'e- 
levation  variera  suivant  les  besoins ,  les  convenances  et  les  ris- 
ques  des  preteurs  et  des  emprunteurs. «  La  niarchandise ,  dit-i], 
n"  12,  c'est  ce  qui  a  un  prix,  et  le  prix  n'est  que  I'argent... 
L'argent  n'est  pas  ,  plus  qu'autre  chose,  le  signe  de  soi  meme, 
et  il  ne  peut  pas  former  son  propre  prix.  »  Cette  erreur  est 
grave;  I'argent  n'est  qu'un  iutermediaire  des  echanges,  et  le 
prix  d'une  marcliandise  pourrait  etre  stipule  en  loiiie  espece 
de  produit,  anssl  bien  qii'en  nionnaie.  Du  moment  ou  I'argent 
cesserait  d'avoir  intrinsequement  une  valeur  reelie,  il  cesserait 
d'etre  accueilli  comme  signe  des  echanges  et  comme  marchaii- 
dise  iutermediaire  ,  pour  etre  reduil  au  meme  rang  que  le  pa- 
pier-monnaie ,  qui ,  sans  valeur  par  lui-meme  ,  ne  vaut  que  par 
le  credit  qui  s'y  attache.  Les  moralistes  qui,  comme  M.  Coielle, 
s'effraient  des  consequences  de  I'usure,  melent  a  la  ((uestion 
du  pret  a  interet  la  reprobation  de  plusieurs  deiits  cjue  les 
lois  peuvenl  alteindre ,  tels  que  les  abus  des  besoins  dim  mi- 
neur,  el  quelquefois  meme  les  escroqucries;  mais  la  possibilite 
que  des  delits  soient  commls  par  suite  de  la  liberie  dans  la 
fixation  du  loyer  de  Targent,  n'est  pas  un  motif  suffisant  pour 
entraver  les  speculations  particulieres  et  pour  niveler  sous  un 
meme  tarif  des  operations  contractees  au  milieu  de  circons- 
tances  inegales.  Les  emprunteurs  souffrcnt  plus  que  personne 
de  ces  rigueurs  de  la  loi,  parce  que  les  usuriers  se  font  payer 
des  primes  d'indemnile ,  en  compensation  des  risques  auxquels 
les  poursuites  les  exposent.  Tout  en  ne  partageant  pas  ['opi- 
nion de  M.  Cotelle  sur  le  prlncipe  qui  luisert  de  point  de  depart, 
:  nous  conviendrous  neannioins  queson  traile  renfernie  un  grand 
nombre  de  vues  utiles  et  de  recherches  interessantes.  Les  huit 
articles  du  Code  civil  menlionnes  dans  le  litre  de  I'ouvrage 
y  sont  discutes  a  fond,  et  examines  dans  toutes  leurs  conse- 
quences avec  une  grande  sagacite.  C.    R.,  avocat. 

197.  —  Bases fondamentnles  de  C economie politique  ,  d'apres 
la  nature  des  choses ;  par  P.-L,-F.-G.  de  Cazaux,  avcc  celte 


SCIENCES  MORALES.  463 

t|)i£;ia|)he  liree  de  Bossuet : «  J-a  vraie  fin  de  la  politique  est  de 
lendre  la  vie  commode  et  les  peuples  heureux.  »  Paris  ,  1826; 
M'"«Huzard.  ln-8°  de  220  pages;  I)rix  ,  4  fr. 

M.  de  Cazaiix  est  iin  ecrivain  renipli  de  bonnes  intentions; 
il  ne  faut ,  pour  en  etre  convaincu  ,  que  lire  I'l'pigraphe  de  son 
livre  ;  malheureusement  il  faut  quelque  chose  de  plus  que  des 
intentions  pour  faire  un  bon  ouvrage. 

L'auteur  doule,  d'abord,  si  depuis  les  terns  anciens  jusqu'au 
tcras  present,  il  a  ete  decouvert  une  seule  verite  en  economic 
politique  :  d'ou  il  suit  qu'il  considere  tons  les  ccrils  relatifs  a 
celte  science  ,  qui  ont  ete  publics  depuis  un  siecle  au  moins  , 
ou  comme  des  tissus  d'erreurs,  ou  comme  devaines  amplifica- 
tions. 

M.  de  Cazaux  a  une  foi  pleine  et  entiere  dans  la  balance  du 
commerce ;  c'est  pour  iui  I'armet  de  Mambrin.  Qui  pourrait 
avoir  la pensee  dele  lui  enlever?  Ce.serait  une  tentative  super- 
flue;  et,  si  elle  reussissait,  elle  lui  ferait  tant  de  peine!  qu'on 
en  juge  par  celte  exclamation  que  lui  arrachent  les  doctrines 
des  economistes  :  «  Quoi!...  lis  ont  prononce  que  la  balance  du 
commerce  est  un  vain  mot,  une  absurdite  surannee,  souverai- 
ncnient  ridicule  ,  etc. ,  etc.  En  vorite,  nous  ne  revenons  pas  de 
i'etonnement  que  cela  nous  cause  !  » 

L'amour  de  la  balance  du  commerce  ne  va  point  sans  les 
prohibitions,  ou  sans  des  droits  de  douanes  qui  en  liennent 
lieu.  Aussi,  M.  de  Cazaux  prechcrail-il  volontiers  une  croisade 
contre  la  liberte  du  commerce.  Quel  danger  pour  letat,  si 
chacun  avait  la  faciilte  d'echanger  sa  pro{)riete  contre  une 
autre  proprlete  qui  lui  paraitrait  preferable  !  N'esl-il  pas  ciair 
que,  si  chacun  faisait  bieu  ses  affaires,  lout  le  monde  serait 
ruine?  Quoi!  cet  horame  qui  dcmeure  en  deca  du  Pihin,  offre 
de  me  donner  pour  dix  francs  une  marchandise  de  mauvaise 
qualite;  etl'onme  permettrait  d'acheter  une  marchandise  d'unc 
qualite  supcrieure  d'un  homme  qui  demeure  au  dela  du  Rhin, 
et  qui  veut  me  la  donner  a  un  prix  moins  cleve  !  Ce  serait  vrai- 
reentun  scandale.  Nesuis-jepas  tenu  en  conscience  de  donner  la 
preference  a  celui  qui  a  sur  son  concurrent  I'avantage  inesti- 
mable d'etre  soumis  au  meme  prefet  que  inoi ,  d'etre  surveiile 
par  la  meme  police,  d'etre  ranconne  par  le  meme  percepteur , 
d'etre  emprisonne  par  les  memes  gendarmes? 

Les  Anglais  etablissent  chez  eux  la  liberie  de  commerce ; 
mais,  prenons-y  garde  ,•  c'est  un  piege  qu'ils  nous  tendent; 
M.  de  Cazaux  nous  en  avertit.  Ces  marchands  anglais  sont  si 
perfides,  qu'ils  seraient  capables  de  nous  detei'miner  a  leur 
aeheler  des  marchandises  que  nous   trouverions  agreables , 


464  LIVRES  FRANCAIS. 

commodes  et  peu  chores !  Aussi ,  nos  ministres  et  nos  doiianiers 
nousmeltronlal'abri  de  ce  danger;  et,  si  M.  Huskisson  vcnait 
encore  demander  quelque  changcment  a  nos  taiifs,  nous  lui 
rcpondrions,  en  lui  enroyaiitles  bases fondamentules  dc  I'cco- 
nomie politique ,  qui  sont  ct  seroiit  encore  long-tenis  ignorees 
dans  son  pays  et  dans  beaucoup  d'autres. 

A  ramour  de  la  balance  du  coniineice  et  des  proliibitions  , 
M.  Cazaux  joint  I'aversion  des  machines;  non  sans  douie  (ju'il 
les  proscrive  toules  indistinctement.  Je  ne  trouve  pas  c[n'il  ait 
condamne  la  plume  au  moyen  de  lafiuelleii  a  ecrit  son  livre, 
ni  le  canif  avec  lequel  il  I'a  tai^lee,  ni  I'enclume  ,  le  marteau  , 
et  la  lime  qu<  ont  servi  a  faire  le  canif;  ni  Ics  macliines  avec 
lesquelles  on  a  produit  le  papier  snr  lequel  il  a  ecrit;  ni  les 
p/'cssos  avec  lesquelles  I'imprimeura  multiplie  les  copies  de  son 
ouvrage,  ni  les  machines  avec  lesquelles  celles-la  ont  ete  faites. 
C'est  grace  a  ces  machines  que  nous  avons  pour  cinquante 
sous  tin  livre  que  nous  ne  pourrions  avoir ,  a  moins  de  le  payer 
deux  ou  trois  mille  francs ,  si  M.  de  Cazaux  avail  ete  oblige  de 
I'ecrire  sur  du  papyrus,  ou  sur  des  tablettes  couvertes  en  cire; 
encore  eut-il  fallii  quelques  grossieres  machines  jiour  nous 
procurer  celte  jouissance.  II  doit  done  nous  pardoiiner,  si  les 
machines  ne  nous  inspirent  pas  la  mtme  aversion  qu  a  lui.  II 
n'en  est  qu'une  qu'il  ne  condamne  pas ,  quant  a  present  :  c'est 
la  charrue.  Mais  son  tour  viendra  ;  rapportcns-nous  en  a  M.  de 
Cazaux  -.pour  le  moment,  dit-il ,  ilfaut  continuer  a  employer 
toules  les  machines  quifacilitent  la  multiplication  des produits , 
elemens  de  Vaisance.  Lorsque  nous  auroussuppriine  la  charrue, 
nous  sup])riroerons  la  bt^che,  et  nous  serons  arrives  au  dernier 
terme  de  la  perfection,  quarid  nous  serons  reduits  a  gratter 
la  terre  avec  les  mains ,  et  a  dechirer  notre  proie  avec  les  dents. 

J'aurais  voulu  trouver  dans  I'ouvrage  de  M.  de  Cazaux  quel- 
que pensee  originale  ,  quelque  idee  utile  qui  n'eiit  pas  ete  ex- 
])rimee  avant  lui.  Mais  j'ai  vainement  cherchd  :  tout  ce  qu'il  a 
dil  a  etc  dit  par  d'aulres  et  mieux.  II  se  plaint  que  le  grec  et  le 
latin  fassent  le  fond  de  renseigt^ement :  il  parait  regrelterle 
tems  ou  Ie»  femmes  passaient  leurs  journees  a  tricoter,  et  ou 
les  princesses  allaient  laver  leur  lingea  la  fonlaine.  Nous  soni- 
mes  loin  de  cette  heureuse  sim]ilicitt',  et  j'ai  bien  peur  que 
nous  n'y  retournions  pas  delong-leins.  On  assurequ"aux  E'ats- 
Unls  d'Amerique,  le  prusident ,  qunnd  la  saison  est  venue,  va 
faire  ses  foins,  et  visiter  ses  chauijis  toul  cnmme  iViait  tin  autre 
citoyen.  Cette  siin[)licite  vant  bien  cclle  que  desire  ISl.  dc 
Cazaux.  Nous  potirrious  nous  en  contcntcr ,  diit-elle  nous  con- 
damner  a  tolcrer  ia  charrue.  Charles  Comtf.. 


SCIENCES  MORALES.  465 

J  98.  —Mchnolres  sitries  causes  qui produisent  la  stagnation 

etle  decroissemcnt  du  commerce  en  France,  et  qui  tendent  a 

ancantir  I'industrie  commciciale;    iiiOYcn    simple  de  lesfaiie 

cesser ;  par  M.  N.-F.  Canard  ,  aTiteur  des  Principes  d'econo- 

mie politique,  ouvragequi  a  remportele  prix  a  I'Institut.  Paris 

1826;  Delaunay.  In-S"  de  48  pages;  prix,  i  fr.  5o  c.  ' 

L'auteur  s'attache  a  prouver  que  uotre  commerce  et  notre 

iiulustne   out  commence  a  decroitre,  prccisemenf   depuis  le 

traite  de  commerce  avec  les  Etats-Uiiis  d'Amerique,  et  surtout 

depuis  Ic  iraiie  rocemmcni  conclu  avec  TAngleterre;  il  dcmon- 

Ue  que  ces  deux  traites,  sans  doute  par  rinadvertar.ee  de  nos 

mmistres,  sent  enticrement  a  I'avanlaoe  des  Americains  et  des 

Anglais;  il  appme  cette  asseriion  par  des  fails   constates  dans 

un  rapport  fait  a  I'lnslilnt  parM.  Ch.  Dupin.  «  De  1820  a  1825 

le  tonnage  des  navires  francais  sortis  de  nos  ports  a  diminue  de 

soixante  mxlie  tonneanx  sur  irois  cent  mille  neuf;  le  tonnace 

des  navncs  etrangers s'est  accru  de  gS  mille  sur  irois  cent  onzc 

JDUIe;  I  induslne  francaise  qui  exportait  pour  39?,  millions  de 

iranes  de  sosprodults,  en  1820,  n-cn  a  plusexpoite,  en  ,82^ 

(  epoque  du  traite  conclu  avec  Ics  Etats-Unis  d'Anu'rique  ) 

que  pour  227  millions;  par  consequent,  dans  sa  concnrrencc 

avec  Jes  mduslries  rivales ,  Irois  ans  out  suffi  pour   lui  faire 

perdre  63  millions  de  francs  sur  ^92  millions,  tandis  que    dans 

ie  meme  intervalle  de  terns ,  les  cxporlations  britnni.iques  se 

sent  accrues  au  dela  de  toute  expression.  « 

M.  Canard  ajoute  :  c<Le  dernier  coup  a  cicporte  au  commerce 
de  i^ ranee  par  1  ordonnance  royale  du  8  fevricr  dernier  sur  les 
douanes,  qui  statue  qua  dater  du  5  avril,  les  vaisseaux  fran- 
cais qm  a  leur  depart  des  ports  de  France  ne  payaient  aucun 
droit  de  tonnage,  en  paieraient  un  de  S48  fr.  par  ton.ieau  >• 
Auxd.scours  prononces  dans  la  chambie  des  deputes  conlre 
cette  ordonnance  par  M.  Casmiir  Perier,  M.  le  Ministre  des 
finances  a  repondu  «  que  c'etaitnne  condition  du  traite,  qu'il 
"  y  av^ait  pas  charge  nonvelle ,  mais  un  veritable  degrevemenf 
qu  enhn  il  n'y  avait  pas  accroissement  d'imjiot;  et  que  c'estlk 
meme  chose  de  mettre  des  impSts  sur  les  exportations  ou  sur  le, 
importations.  » 

Quoique  Tautenr  de  cette  broclmrc  metle  en  avant  des  prin- 
cipes qu.  seraient  contestes  par  plusieurs  de  nos  plus  savans 

7ZT""\r  '^f  '""\r".'''  -''  'l^q-'^"-  vnes  bonnes 
et  utiles  qn  elle  renf.rn.e.  II  signale  un  abus  grave  qui  consiste 
a  tenir  secrets,  sous  noire  regime  representatif ,  !«  traites  de 
commerce  qui  etaient  soigueusement  publics,  dansl'ancien  re- 
gime, par  letlres  patentes,  verifieos  dans  les  parlemens. 
T.  xxxi, —  Jout  1826.        s  3o 


466  I.IVIir.S  1'RA.NCAIS. 

Unns  lino  note  j)lacpe  a  la  fin  de  I'onvragc,  M.  ("ananl  fait 
nne  riiliqin-  ilcs  notions  sur  la  balance  du  commerce  enscignccs 
par  M.  Say.  P.  E.  Lanjuinais, 

ic)().  —  *  Dixcour.i  prononcc  a  la  dtutxieine  seance  du  conseil 
de  perfcctionnctncnl  de  I'ecole  sprcialc  dc  commerce  et  d'in- 
diistric ,  sous  la  prcsiileiice  lic  M.  J.  Lafitte  ,  en  I'absence  de 
M.  Chaptaly  jiair  de  Trance;  inenibre  do  I'liistilut,  le  i5  juillet 
1826.  Paris,  i8a6;  Renard.  Iti-8°de8o  pages;  prix,   i  fr.  5o  0. 

Les  ecoles  de  commerce  sont  dcs  inslilntions  indisj)eii- 
sables  dans  iin  ])ays  ou  les  liommes  livres  a  I'industrie  for- 
ujciit  an  moins  iin  tiers  de  la  poi)idatiori.  Line  nation  ainsi 
compnsce  doilsonlir  vivement  les  besoins  d'lioinnies  inslruils 
qui,  sachant  allier  la  tlieorie  a  la  pratique,  piiissent  introduire 
de  nouveanx  peifeclionncmens  dans  la  science  du  commerce 
et  dans  la  carrlcre  de  I'industrie.  Los  connaissances  cxii;ees 
d'un  ru'gociatit  eclaire  s'etendeiit  ,  a  uie.sure  (]ue  les  produils 
de  I'activite  liuniaiiic  se  niultiplienl  cl  (jue  de  nouvcllcs  cou- 
trces  oflVeut  leur  contingent  aux  transactions  conimercialrs. 
Cepeiidant,  la  plupart  de  nos  grandes  villcs  atleiident  encore 
des  etablisscrnens  de  ce  genre.  L'clite  du  liaut  commerce  de  la 
capilale  se  fait  un  devoir  d'assister  aux  seances  publiques  »!e 
Tocole  speciale  de  Paris,  et  de  concourir  jiar  sa  pr(''sence  i 
I'eclat  de  ses  solenniles.  Nous  n'erilierons  ici  dans  aucun  de- 
tail sur  les  discours  fori  reinarcpiables  prononces  a  la  seance 
de  cette  annee  par  MM.  Lafitte  ,  Ch.  Dupin,  Blanqui  ,  etc. 
Nos  lecteiirs  les  contiaisscnl  deja  par  le  comple  leiulu  de  cette 
seance  (  voy.  ci-dessus ,  p.  266  ).  Ad.  Gonuinet. 

200.  —  *  De  I'oiistocrtitie  consich'ree  dans  ses  rapports  aiwc 
les  prof^res  de  la  civdisation;  par  M.  H.  Passv.  Pans,  i82(). 
In-S"  de  17  feuilles.  Adolphe  Bossange;  prix,  5  fr. 

L'anteur  consldere  surlout  les  institutions  arisfocraliqnes 
en  elles-niemes,  et  dans  leuis  effels  relalifs  aux  divers  de^res 
de  civilisation.  Sans  citer,a  I'egard  tlu  mode  de  preeminence 
legislative,  les  lois  expresses  des  difft'rens  etals,  ce  qu'excluait 
iaconcision  dont  il  a  sei:ti  le  prix,  il  s'esl  attaclie  a  poser  les 
priiicipps  d'apres  lesquels  on  pent  ajiprecicr  ces  lois,  et  en  jire- 
voir  les  effels.  Neanmoins,  pour  rendre  plus  sensible  cette 
theoiie,  si  ce  mot  convient  a  un  ensemble  de  conserpiences 
nalurelles  ei  difficiles  a  conle^ter,  jioui  la  confirnier  jiar  des 
exemplcs,  M.  Passy  en  clioislt  pros  de  nous,  en  France,  en 
An"!elerre ,  et  dans  d'autres  etals  de  I'Europe.  S'il  s'occn|)e  peu 
des  anciens  on  des  peuples  eloignes,  on  voit  pourtant  ou'il  ne 
les  avail  pas  oubli'.^  dans  ses  reclierches,  mais  qu'il  s'est  moins 
jMOjiose  dc  faire   un   traile  savant,  quedereunir  et  de  coor- 


SCIENCES  MORAJ.ES.  .',67 

(lonner  des  observations  d'aiie  utilili;  plus  direcle.  D'ailleuis, 
coniine  il  leremarqiie  tros-jiistrmpnr,la  manierf  democraliqu*^ 
en  fiiielque  sorte,  ou  plus  oligareliique,  ciont  tou!e  la  classe 
piivilec;it.'e  disfiibue  enlre  ses  inembres  les  hicns  <t  les  dioits, 
ii'a  point  d'importance  loeile  dai.s  kslleux  ou  rcnlli're  servi- 
tude est  ie  partage  du  jjlus  grand  noiiibre  des  bomnics. 

L'arisloeratie  naturelle  se  coinj)()se  des  jiersonnages  qu'ele- 
vent  individueilemcrit  an  dessiis  du  vulgaire,  ou  des  talens 
einineris  et  de  grands  services  rendnsii  la  jtatrie,  ou  ineine  i:ne 
Industrie  \aste  ou  lieureiise,  ainsi  que  les  antrcs  dons  dc  la 
fortune.  M.  Passy  deniande  si  ces  librcs  dislinctions  suffisent 
aujourd'liijt  en  Euroj)e,  ou  s'il  faut  de  plus  former  et  main- 
tenir,aux  depens  de  la  eorniriunaule,  uiie  aristocratic  faclice 
fjui  a  etc  preconisre  quehpiefois  asspz  int.enuiTient ,  coniniC 
dans  ce  tcxte  hindon:  L'esclave  no  doit  ricn  avoir  qui  ne  soit 
a  la  disposition  de  ses  mailres ;  I'aisance  de  Tcsclave  affligc  Ie 
bralime.  Tel  est,  selon  IM.  Passy,  riinique  probleme;  il  pense 
que  celte  aristoeraiie  qu'il  nomme  factice  a  pu  presenter  des 
avanlages,  on  que  du  moins  i)  a  fallu  la  subir  dans  I'enfance 
dessocietrs,  mais  que  ces  resullals  changent  avec  les  progres 
de  la  rivilisation.  L«'s  convenances,  ajou(e-t-il,  les  exigences 
des  siecles  d'activiti'  ou  dc  lumicres  siipposent  des  formes  j)lus 
favorables  a  i'egalite  des  droits,  el  <>  un  regime  sous  Icquel,  au- 
cune  portion  de  la  rommunaule  n'etant  avantagee  (  d'une  ma- 
niere  lixe  )  au  prejudice  du  grand  nombre,  les  distinctions  de 
rang  et  d'opulence  deviennent  Ie  parlage  des  plus  habiies,  des 
plus  prudens,  des  plus  heureux.  »  En  dormant  les  moyens 
d'echapper  a  la  servitude  primitive,  I'exercice  de  I'industrie  en 
lout  genre  excite  la  juste  ])retention  de  disputer,  dans  Ie  con- 
cours  general,  lesbiens  et  les  Iionneurs. 

La  richesse  excessive  du  ])etit  nombre,  a  dit  un  publiciste 
anglais,  n'etjiiivaut  jias  quant  a  la  regularite  de  la  consomma- 
lion,  a  la  lichcsse  plus  modi(pie  du  grand  nombre.  Ce  n'est  pas 
ie  seul  inconvenient  d'une  extreme  inegalite;  M.  Passy  Ie  moiitre 
par  I'elat  menic  de  I'Anglelerre  ([ui,  malgre  les  ressources  d'un 
commerce  dont  la  prosperite  cs!  un  fait  unic]ue  siir  Ie  globe, 
renferme  plus  d'un  million  de  families  privees  de  tout  ter 
ritoirc,  et  auxqrelies  ne  suffit  ])as  une  aunioiie  de  deux  cent 
cinf|uanle  millions,  parce  que  des  lois  particulieres  out  insen- 
siblemenl  depouille  les  masses  au  profit  du  ])Ctit  nombre.  Pour 
diminuer  ces  maux,  11  imporle  dc  reconnailre  les  rapports  ne- 
cessaires  «  qui  lient  avec  I'etat  m.oral  des  soeietcs,  leur  etat 
ceonomique  et  inteliectuel;..  il  n'est  rien  de  ce  qui  cor.tribue 
au  bien-etre  physique  el  aux  progres  de  rintelligeiice  qui  ne 


468  LIVRES  FRANCAIS. 

tende  aussi  h  ennoblir  le  caractere  dcs  masses.  »  Qiianl  A  la 
question,  agitee  tant  dc  fois,  dc  In  grande  et  de  la  pelite  pro- 
piiele,  I'auleur  lie  rexamine  ])as  ex|)resst''nient ,  bien  qu'elle 
rcntre  dans  son  objet ;  il  nc  la  rcgarde,  avec  raison ,  cjiie  coinme 
une  application  particuliere  de  ses  princij)es.  «  Comroe  toules 
Ic  industries  ,  dit-il,  ragricnllure  piosjicre  sous  dcs  lois  favo- 
rables  a  la  surele  des  bicns  et  des  personnes,au  Iibic  einploi 
des  ....  facultes ;  die  doiieiit  sous  ces  lois  iniques  el  restriclives 
qui  teudent  a  inainteiiir  les  classes  iiiferieuics  dansrigiioiance 
ou  la  pauvretc.  »  S. 

201.  —  Appcl  nil  hnn  sens  dc  certnines  heresies  pnliliques  et. 
Jlnancieres  des  plus  piriilcieuses ,  ou  opinion  dun  vieux  roya- 

lisle  sur  quelques  questions  a  I'ordre  du  jonr  ,  cxiraites  d'nn 
ouviage  consacte  a  la  reslauration  des  finances  cspagnoles, 
adressu  par  I'auteur  a  Sa  Majeste  Catholicjuo.  Paris,  1826; 
Tronve.  In-S"  de  871  p. ;  prix,  6  fi-.  et  7  fr.  aS  c.  par  la  poste. 

«  La  societe  est  Isiuibeeen  pourriture  ;  uo\re  chiwievcrheuse 
n'est  cnlrc  les  mains  des  partisans  du  modLTanlisme  ijue  le  vain 
objel  d'un  bavarda£>e  assonrdissant ,  etc.  ,  etc.  »  Telles  soni  les 
pretendues  verilc;s  que  proclanie  I'auteur  anoriynie  de  cet  ou- 
vrage.  II  se  jilaiiU  avec  aniertunie  de  Tindejiendance  des  o])i- 
nions,  qui  se  manifeste  heureuseinent  de  toules  parts;  el  lui- 
inemeil  n'est  de  I'avii;  de  [icrsonne.  II  a  la  publicitc  en  liorreur 
et  nous  apprenons,  dans  sa  preface,  que,  depuis  Irenle-cinq 
ans,  il  milite  ])ar  ccrit  pour  soutenir  ses  doctrines  parliculie- 
res  :  il  tonne  contre  le  par-lage  dc  notre  terns,  sans  prendre 
garde  (]u'il  parle  aussi  f'ott  longuement  sur  toules  sortes  de  su- 
jets.  Coninie  bcaucoup  d'autres,il  est  done  anime  a  son  insu 
dc  ce  inoiistrueux  esprit  du  Steele  qu'ii  ne  nianque  pas  d'o])po- 
sera  V  esprit  des  siecles.  Celteanlitliese,  sur  la([uelle  il  s'appe- 
santila  ])laisir,  nousi)araii  peurcflccliic.  Clia(|uesiecle  produit 
des  opinions  qui  lul  sonl  jnopres,  et  dont  !a  ])lace  est  assignee 
dans  1.1  chaine  des  teins  jiour  lier  entre  elles  les  generations 
conseculives.  Aux  modifications  inevitables  dans  Tordre  social 
coires|>ondent  des  niodi(icalions  analogues  dans  les  idees  com- 
munes (pii  gouveruent  le  nionde.  Tout,  dans  la  nature,  est 
<5galemei!t  soumis  a  la  loi  de  mouveinc iit  et  de  continuite. 

Ce  livre  parait  ecrit  avec  des  intentions  trcs-pures;  mais,  a 
part  quelques  conseiis  utiles  an  loi  d'Esjiagne  ,  il  est ,  selon 
nous,  reiapli  d'errems  en  econoniie  polilicjue  ainsi  qu'en  lua- 
liere  de  iinance,  et  de  jugcrnens  qui  sonl  en  desharmonie  com- 
plete avec  I'ctat  acluei  des  clioses.  Jd.   GoNDINfT. 

202.  —  *  Denonciation  aux  Cours  royales  ,  relatiyp.tnent  an 
sjstevie  relif^ieitx  et  politique  signale  duns  le  inemoire  a  con- 


SCIENCES  MORA.LES.  46^ 

suiter;  prccedee  do  nouvel/es  ohservatioiis  sur  ce  systeine  et  sur 
lesapolo|;ics  (jii'on  en  a  rrccmmeni  [)iiblices;  parM.  le  comie  de 
MoNTLosiER.  Paris,  1826;  Ambroisc  Diipont  el  con,]),  librai- 
res ,  rue  Vivienne,  n°  16;  Baudouin.  Iii-S*^  d'cnviron  400  pa- 
ges ;  prix  ,  7  fr.  5()  c. 

Dansson  altaclicment  sincere  a  la  religion,  au  trotic,  a  la 
societe,  M.  de  Monilosicr  voit  entourer  do  perils  ces  objels  v(5- 
iieies  de  ses  plus  chercs  affections.  Emn  jiisqn'aii  fond  de  ses 
enlraillcs,  comnie  s'il  apeicevait  soiidaineraent  sa  fnniille  en- 
lacee  de  serpens,  il  jette  un  cri  d'nlarme;  et  ce  cri  est  deja  un 
secours,  un  acte  de  courage.  Pour  ne  point  frai)per  ce  qii'il 
aJme,  ce  qu'il  respecte,  ct  n'alteiiidre  que  ce  qn'il  rcdoule,il 
appellea  son  aide  les  lumicres  du  passe  et  du  present ;  ils'eclaire 
du  flambeau  de  I'liisioire,  et  invoque  rinslruclion  et  I'expe- 
rience  du  barreau  francais.  C'est  la  moiiarchie  avec  la  cliarte, 
c'esl  la  religion  avec  les  liberies  gallicanes  dont  il  se  monire 
le  defenscur  inlrepide  autant  qu'eclairc.  La  cliarite  semble 
venir  en  lui  au  secours  de  la  foi;  il  laisse  bien  sensibicment 
apercevoir  le  desir  de  preserver  d'eux-memes  ceux  qu'il  alta- 
que;  il  reconnait  ceux  qui  le  mc'connaisscnt ;  il  pardonne  a 
ceux  qui  I'offensent.  Ses  adversaires  s'enveloppent  de  nuagcs 
pour  echapper  a  ses  coups;  il  ne  s'entoure  que  de  luniieres 
pour  les  conibattre.  A  Texeniple  de  Saint-Louis  et  de  nos  plus 
grands  rois,  il  croil.  que  I'on  pent,  que  Ton  doit  attaquer  les 
pretentions  sans  cesse  rcnaissantes  du  saint  -  siege  ,  parce 
qu'elles  sontde  leur  nature  sans  cesse  envahissantes,  et  qu'elles 
ont  toiijours  cjuelque  chose  d'lioslile ,  nieme  pendant  la  paix, 
ainsi  f[u'il  resulte  de  ses  protocoles  et  de  ses  formnles  de  clian- 
cellerie,  dans  les  moindres  actes  comme  dans  les  ])lus  impor- 
tans,  forinules  qui  necessitent  un  continuel  renouvellement  de 
reserves  et  de  stipulations  defensives;  a  I'exeraple  de  saint 
Charles  Borromee,  I'illustre  archeveque  de  Milan  ,  il  rroit  qiic 
Ton  peut  etre  chrelien,  et  mcme  saint,  sans  aimer  les  jesiiites; 
(jue  le  cliristianismc  a  tout  a  perdre  et  rien  a  gagner  a  leur 
admission.  Les  lettres  de  ce  venerable  prelat  en  font  foi  malgro 
la  moderation  de  ses  expressions:  on  voit  assez  claircment  tout 
ce  qu'il  a  eu  a  souffrir  des  excesdes  jesuitesde  Milan;  on  voit 
qu'il  a  eu  besoin  de  toule  sa  patience  de  saint  pour  Icnr  tenir 
tete.  II  n'est  pas  inutile  derappeler  ces  leltres,  soit  a  cause  du 
noni  de  leur  aiiteur  qui  estune  aalorite  dans  la  maliere,  soil 
parce  que  I'esprit  d'intrigueet  detracasserie  de  la  compagniede 
.Irsiis  y  cat  fidelement  signalec  (  Voy.  Rev  Enc,  t.  xxt:,  p.  /|<)7'. 

Quand  la  milice  de  Loyola  s'est  vue  en  nnrnbre,  (]nand  cllc- 
s'esx  crue  en  force,  ellc  a  avouo,    declare  son  existence;  elie 


470  LIVRES  ^RAN(;AIS. 

s'est  nominee,  croyant  sans  doute  trouver  dans  son  noiii  une 
arme  de  plus,  nu  avoir  |>ioclialnenieiit  un  arrjiiinent  deinoius 
conire  elle,  iiuousse  (|n'il  scrait  deja  pur  I'liabitude  on  par 
I'usage.  Toute  celte  inilice  a  einployc  coiilre  M.  dc  MontlosLer 
les  arnies  qui  liii  soni  f'amilierts;  les  sopliismes,  les  saicasmes 
ne  lui  ont  pas  >'tc  epargnes,  les  lieux  coinmnns  ont  elii  proiU- 
gucs  ;  indcpendammeiit  des  attaques  quoiidierines,  oil  plus 
d'une  fois  les  borucs  de  la  bieriseance  ont  ele  fraricliics,  on  a 
vu  paiaitre  contie  le  gcnereiix  ecrivain  ([ue  tout  le  luoiide  lit, 
de  p  relent!  lies  reiul  a  I  ions  qu'on  nc  lit  j)as.  On  eut  dt'sire  avoir 
pour  arbitres,  pour  jnges  dans  celte  granile  lulte  les  anciens 
parleniens,  si  deja  noire  niagislrature  n'a^ait  donne  d'liono- 
rabies  preuves  de  ses  disposilions  a  veiller  an  mainlien  de  nos 
vieilles  rnaximes  et  de  nos  lois  fondaincnlalcs.  Le  depot  de  nos 
liberies  civiles  et  religietises  ne  saurait  pericliter  en  des  mains 
aussi  fermes  qu'habiles. 

Dans  son  nonvcl  ecrit,  de  IVl.  Montlosier  repond  a  cc  qu'il  y  a 
de  plus  specieux  dans  les  raoycns  de  sesadversaires;  il  en  prend 
occasion  de  niieux  develo])per  les  fails  qn'il  denonce,  et  de 
niieux  signaler  les  perils  inuninens  qui  ont  provoque  son  zele. 
II  es(iuisse  rai)idinient  noire  histoire  religiense  depuis  la  res- 
lauia'ion,  il  decrit  les  aberrations  dii  jiarti  josuile  et  dii  parti 
ullramontain  qn'il  a  tort  de  distinguer;  au\  fails  qu'il  expose 
il  joint  les  preuves  a  I'appui  et  termine  son  ecrit  par  une  de- 
noncialion  en  ibrme,  adressee  a  31.  ic  premier  president  de  la 
Cour  royalc  de  Paris.  C'est  dans  I'ouvrage  nieme  (ju'il  faut  lire 
celte  piece  importante,  et  lous  les  developpemens  luniinenx 
qui  la  precedent  et  la  niotivent,  et  les  pieces  justificatives  qui 
I'accompagnenl.  Lorsqu'U  s'agit  d'intchets  aussi  graves,  tous 
les  regards  sonl  fixes  sur  la  magistrature  francaise,  toules  les 
esperances  se  confient  dans  sa  noble  independance,  tous  les 
voeux  secondent  I'ecrivain  conragcux  et  desinteresse  qui  prend 
avee  autant  de  talent  que  de  zele  la  defense  de  nos  liberies 
religieuses,  civiles  et  politiques.  E. 

2o3.  —  *  Consultation  adressee  a  In  Cour  royale ,  [JOur 
M.  le  comic  de  Montlosier,  avec  celte  epigraphe  :  Nunquam 
tantuin  riialuin  in  republicn  fuit ,  nee  ad  plures ,  nee  ad plura 
pertinens.  Tite-Liv.  Lib.  xxxix.  Paris,  1826;  Ambroise 
Duponl.  In-8°  ;  prix  6  fr. 

II  elait  reserve  sans  doute  au  barreau  de  Paris  de  repondre 
le.  premier  a  I'appcl  de  M.  de  Monllosier,  el  de  diriger  sa  mar- 
che  dans  le  temple  de  la  jus'.ice  :  une  premiere  consulialion  , 
porlanl  la  dale  du  mois  d'avril  dernier,  el  revetue  des  signa- 
tures de  MM.  Dupin  ,  Me.riUiou ,  Berville  ,  Cofjinieres  ct  De- 


SCIENCES    MORALES.  471 

vaux,  vient  d'etre  suivie  d'un  plus  aiii]ile  travail,  trace  sans 
doule  sur  una  pins  grande  eclietle.  C'est  de  cette  derniere  pro- 
duction que  nous  allons  rendre  compte. 

Lesf]uatre  grands  griefs  y  sont  rappeles,  analyses  ,  examines. 
Le  conseil  par  consequent,  traile  d'abord  des  congregations, 
selon  fjue  les  det'init  M.  de  Monllnsicr,  reunions  qui  ont  pour 
objet  apparent  des  exeicicesde  piete,  ou  quelque  fin  ])ieuse; 
niais  qui  ,  iiees  par  !e  menie  e>prit  et  sous  une  direction 
centrale  ,  tendent ,  a  raison  d'engagemens  divers  ,  de  pro- 
messes,  de  serniens  ou  de  voeux,  a  se  composer  dans  I'etat 
une  influence  pnrticuliere,  au  raoyeri  de  laquelie  elles  es[)tTent 
mailriser  I'adminisliation,  ie  niinistere  et  le  gouvernement.  Le 
danger  de  ])areillcs  associations  ne  saurait  eire  conteste;  le 
devoir  des  magistrals  est  done  d'en  reclierclier  i'origine,  d'en 
nieltre  a  nu  les  clemens,  d'en  dejouer  les  ressorts ,  d'en  pro- 
curer la  dissolution;  a  celte  fin,  le  conseil  cite  et  accuinulc 
toutes  les  lois  anclennes,  et  lonles  les  lois  nouvelles;  il  n'omet 
pas  les  opinions  des  jurisconsultes  ,  ies  ordonnances,  les  edils 
et  les  arrets  rendus  dans  la  n)aliere  viennent  aussi  corroborer 
son  avis.  L'opiiiion  de  M.  Billecocq  est  rappelee  d'autant  pins 
a  propos  que  cet  estimable  avocat  I'avait  publiee,  avanl  les 
deux  derniers  ecrils  de  M.  Montiosier.  Le  conseil  a  Iris-bien 
pose  les  princijies  quirrgissent  I'espece.  I's  sont,  en  meme  terns, 
ceux  de  I'ordre,  de  la  tranquiliiie,  de  la  liberte  elle-meme  ; 
s'il  en  elait  aulremenf,  de  perpetutUes  maciiiriaticns  pour- 
raiefit  eire  praiiquees  et  mises  en  oeuvre  au  sein  de  i'etat  et 
compromettre  son  existence. 

Les  armes  par  lesqiielles  le  conseil  repousse  I'admission  des 
jesnites  sont  plus  fortes  et  plus  piiissantes  encore.  A  ce  litie; 
la  bulle  de  Clement  XIV  devait  figurer  en  premiere  ligne, 
donnee  a  Home,  le  xi  jnillet  1773,  cette  bulle  est  fondeesur 
ce  motif  principal ,  "  qn'il  est  a  peu  ])res  impossible  que  cette 
socicle  subsistant ,  I'egli  e  put  jouir  d'uiie  paix  veritable  et  per- 
luanente.  »  Ensniteles  edits  rendus  par  LouisXV,par  LouisXVI, 
et  enregistres  nu  parienient ;  le  premier  est  cite  en  entier.  Cette 
legislation  est  complel<?e  par  I'assemblee  constitnante  q»jl  abn 
lit  les  viKUX  perpeluels.  En  1804,  les  j(''suites  ayanl  clif  rclie  a 
se  re])roduire  sons  les  rioms  dcguisos  d^ii  peres  tic  la  foi ,  de 
paccanaristes,  etc.,  un  dccret  special  ordonna  de  les  dissoiidre. 
Les  jesnites  ont  done  conlie  eux  la  generalite  des  lois  qui  ont 
aboli  tons  les  ordres,  loules  les  congregations,  cl  la  specia- 
lite  des  arrets  et  des  edits  qui  les  conecrnent  nominalivement 

En  conibaltant  avec  V!.  de  Montiosier,  les  congregations  et 
ies  jesuites  ,  les  auteurs  tic  la  con^sidlation  croient  devoir  moirs 


r\->.  MVRliS  FRANCVIS. 

'nsisler  sur  le  Iroisieine  chef  (I'ncciisation,  iion  qu'ils  en  mc- 
connaissent  rimpoiiancc,  nmis  ils  ont  voulii  eviler  Icschicants 
ou  les  (lifficulti's  lie  competence.  Le  qnaJrieme  chef,  qnoique 
f^rave,  ni;  leur  a  point  pnrii  donnfr  assez  dc  prise  a  {'action 
jtidiciairc  qui  ne  ])cut  s'exercer  que  sur  dcs  fails.  Cettc  piece 
imporlanteest  rcvctiiedesplusjlionorab'.es  signatures, en  letedcs 
quelloson  u'esf  point etonne  dc  voir  figKi'orcclie  de  M.  Dupin.  I. 
204. — -*  Resume'  de  rHistoire  iiniverscUe.  Dcuxicme  parlie, 
contcnant  le  tableau  rapide  des  eveneinens  et  des  revolutions 
(jui  se  sont  succede  cliez  les  diffcrens  T)cuples,  depuis  leur 
origine  jusqu'a  ce  jour;  par  MM.  /''.  dc  r.uoTONNE  et  Jtl.  Lau- 
GiER.  Paris,  iSa'i  ;  an  bureau  de  f  Enryclopedie  pnrtathte  , 
rue  du  Jardinct.  In  -  "ii  de  840  pages;  [)rix,  3  fr.  5o  c.  et  3  fr. 
80  c.  jiar  la  pos.le. 

L'editeur  prevoit  que  I'on  sera  surpiis  de  voir  paraitre  nnc 
histoirc  universclle  en   ii;i  volnrne  in  -  32.  En  effet,   reduirc 
I'histoirc  du  nionde  a  (]uclques  feuilles  in-32,  c'est  fairc  plus 
(juc  rappelisser  un  grand    tableau  de  Veronese  a    nne  n)inia- 
lure  d'wn   denii-pouce  de   baut.  U  est  evident  que  ,  dans  un 
cadre  aussi   resscrre  ,  on  ne  pcul  indiquer  que  quelqucs  eve- 
nemens  principally;  c'est  ce  qu'ont  fait  les  aisteurs  du  petit 
Resume  de  VHistoire  universelle.  Ils  comiuencent  ]iar  les  terns 
fabuleux;  puis,  ils  passent  aux  terns  beroiqucs  de  la  Grece  et 
a  I'Histoire  Romaine  qui  est  entrecoupee  \>ar  celle  d' Alexandre. 
Arrives  aux  eiiipereiirs  Romaiiis,  ils  retracent  les  invasions  des 
Barbares  et  la  fondalion  de  I'emijire  des  Francs.  Les  derniers 
chapitrcs    sont    intitules  :  Terns   de    Charlemagjie ,   terns   dcs 
Croisades  ,  terns  de  Francois  I"'  et  de  C/iarles  -  Quint ,  terns  de 
Louis  XI f^;  cnt]t\,  terns    de  la    Repuhlirjue,  de  I' Empire  et  de 
la   restauratiun   en  France.   Le    recit ,   rapide   el  serre,  n'cst 
point  enibarrasse  par  des  plirases  ou  par  des  reflexions  super- 
flues.  Si  les  auteurs  se  sont  arretes  plus  long-tems  sur  les  eve- 
neniens  relatifsa  la  France  que  sur  ceux  des  autres  pays,  c'est 
sans    doute  parce  qu'ils  destinaient  leur  oiivrage  principaie- 
ment  aux  Franeais.  Le  coup  d'ltil  qu'ils  jettent  sur  i'ensemblc 
de  I'histoire,   qneUjue   ra|iitle  (|u'il  soil,  ne    laisse  pas  d'etre 
instruclif ;  riiomme  le  plus  verse  dans  les  details  a  quelqnefois 
besoin  de  resuraer  les  gcneralites.  Les  deux  auteurs  avaient 
fait  preccdcr  celte  deuxieme  partie  d'uue  especc  d'introduc- 
tion  a  I'etude  de  I'histoire,  qui  forme  un  petit  volume  a  part , 
divise  en  trois   sections  :  de  la  inanierc  d'ecrire  I'histoire,  de 
ses  sources  et  de  son  esprit.  lis  enlrent  dans  le  domaine  de  la 
liltcraturc,  an  sujet  de  la  composition  et  des  differens  genres 
d'ouvrages  historique';.  lis  divisent  lea  sources  de  i'histoirr ,. 


SCIENCES  MORALES.  /,73 

Pii  SOURCES  traditionnrlles ,  inoniunen talcs  et  errites.  Sous  le 
litre  dJEsprit  de  V Histoire ,  ils  jcttent  un  coup  d'oeil  rapide  et 
philosophique  sur  les  princip.tux  peii]>les  ancient  et  modcrncs, 
el  sur  les  jjrands  eveneraens  qui  ont  chani^e  la  face  des  clioses. 
Le  cadre  etail  trop  petit  pour  perniettre  de  faire  des  citations; 
iiiais  on  trouveala  fin,  conime  dans  tous  les  volumes  de  cette 
in\cTessnnlG Encyclopedic porlativcu  I'indication  des  principaux 
ouvrages  relatifs  n  la  matierc  qui  s'y  trouve  traitt^e.  La  suc- 
cession assez  rapide  des  volumes  de  cetle  collection  semble 
indiquer  que  le  public  a  goute  son  plan,  et  qu'il  reconnait 
des  avantages  reels  a  cette  Encyclopedic  de  poche ,  qui  du  reste 
est   trcs-bien  impriniee.  D — c. 

2o5.  —  *  Tdbleau  historique  de  la  Grece  ancienne  et  mo- 
deine ,  par  M.  Bues.  Paris,  1826.  Louis  Janet,  2  vol.  in-i8, 
avec  trois  cartes  gcngrapltiqttes  ;  prix,  8  fr. 

En  vain  les  erudits,  et  tous  ies  depreciateurs  plus  ou  moins 
sinccres  de  ces  mclhodes  liouvelles,  j)ar  Icsquelies  on  essaie 
de  repandre  I'instruclion  dans  toutes  les  classes,  ont  reclame 
et  meme  doclaine  contre  les  resumes  ;  ce  genre  d'ouvrages  est 
plus  que  jamais  en  faveur  aupres  du  jiublic.  Est-ce  un  mal  ? 
Le  blame  dont  on  les  poursuit  est-il  fonde  ?  Sans  doule,  la 
lecture  d'un  abrege  quelconque  serait  peu  profitable  pour 
tout  lecteur  absolument  etranger  a  la  matiere  du  livre;  elle 
ne  laisserait  dans  son  esprit  que  des  traces  legeres  qui  bientot 
s'effaceraient  pour  toujours;  mais  ,  pour  peu  qu'il  ait  quclques 
notions  ,  meme  vagues  ,  sur  le  sujet  de  I'ouvrage  ,  cette  lec- 
ture les  etendra  ,  les  classera  avec  plus  d'ordre  dans  sa  me- 
moire  ,  les  y  gravera  avec  jilus  de  fixite.  Done,  a  notre  avis, 
les  resumes,  s'ils  sont  peu  utiles  au  lecteur  tout-a-fait  igno- 
rant ,  ne  sont  pas  sans  avantage  pour  le  demi-savant,  ou,  si 
I'on  vcut ,  pour  I'liomme  du  monde  qui  se  coMfenle  de  recueil- 
lir,  daus  les  sciences  physiques,  les  principes  le  plus  genera- 
lement  admis  ,  et  dans  les  sciences  historiques  ,  les  faits  les 
plus  iniportans ,  ceux  qui  ont  influe  sur  la  destinee  des  na- 
tions. 

Mais,  ]iOur  obtonir  de  tels  resultats,  les  resumes  ne  doivent 
pas  etre  I'ouvrage  do  quelque  ecliappe  «ie  college  qui  ne  prend 
d'autre  peine  (|uc  d'extraire  ,  ou  meme  simplement  de  reco- 
pier  les  cahiers  qu'il  ecrivait  nagucre  sou<i  la  dicfee  de  son 
professeur.  La  composition  en  est  plus  difficile  qu'on  nepense; 
elle  deniande  de  I'art,  du  gout,  et  plus  de  science  qu'on  n'en 
doit  faire  para  lire. 

C'est  te  qu'a  (res-biei:  setiti  M.  Bres ,  auleur  deja  connu 
dans  le  monde  lith'-rairo ,  par  des  poemes  tres-piquans  et  par 


474  LIYBES  FRANCAIS. 

diverses  productions  d'un  genre  plus  grave,  qui  lui  ont  tv6- 
rlt>'?  I'estirne  et  !es  sulfrages  du  public.  Son  ouvrage  sur  la 
Giece  est  plus  (|u'un  simple  resume  de  rhisloire  de  ce  pays  : 
aussi ,  I'a-t-il  appele  avec  raison  Tableau  historique. 

L'abbi;  Barlliclemi  ,  dans  son  admirable  introduction  au 
f'oyaf^e  d' Anacliarsis,  avail  peint ,  a  grands  traits  ,  une  partie 
coubiderable  de  riiistoiie  ancienne  de  la  Groce.  C'est  le  nio- 
dc.'e  i|ue  ine  semble  avoir  ciioisl  M.  Bies;  el,  en  cela,  il  a  fait 
preuve  de  gout. 

Cel  auteur  n'a  pas  cle  cpouvante  de  la  multitude  des  objets 
qui  devaicnt  conij)oser  son  tableau  :  on  diroit  mtme  qu'il  s'e.st 
])lu  a  en  agrandir  le  cadre.  II  y  a  fair  entrer  non-seidement  la 
Grece  proprement  dite,  mais  la  Grece  d'Asie,  la  Sicile  et 
loule  la  partie  de  I'ltalie  qu'on  appelait  la  grande  Grcre. 

La  Grece  des  lemps  fnbuleux  et  heroiques ;  la  Grece  sous 
des  Rois ;  les  nombreuses  republiques  cj[ui  remplacerent  les 
gouvernemens  monarthiques  ,  quand  les  peuples  furent  plus 
eclaircs;  leurs  rivalites,  leurs  guerres;  les  conquetes  d' Alexan- 
dre, celles  des  Romains;les  malheurs  de  ces  belies  conlrees 
dans  le  moyen  age;  renvahissement  des  Turcs ;  les  tentalivcs 
des  Grecs  pour  secouer  le  joug  ottoman;  lels  sont  les  grands 
spectacles  que  M.  Bres  fait  passer  raj)iden)ent  sous  nos  yeux, 
et ,  ce  dont  il  faut  surtout  le  feliciter,  avec  ordre,  sans 
confusion.  Chaque  peiiode  historique  a  sa  nuance  ,  la  couleur 
qui  la  distingue;  les  grands  personnages  dans  tons  les  genres 
qu'elle  a  produils  ,  y  apparaissent  avec  les  caracteres,  et 
presquc  les  formes  qu'on  leur  doniie  ou  qu'on  se  jtlait  a 
leur  supposer. 

Dans  uri  pays  comme  la  Grece  ,  I'liisloire  litteraire  et  I'his- 
tolre  des  arts  sont  inlimement  lii'es  a  I'Listoii  e  politique  :  lous 
les  poeles,  les  liisloriens,  les  philosojilies  ,  les  artistes  celebres 
qu'a  produils  cette  contree,  dcpuis  les  plus  anciens  tenis  jus- 
qu'a  nos  jours,  viennent  s'offrir  ,  les  uns  api'cs  les  autrcs, 
aux  pinceaux  de  M.  Brcs  ;  et,  a  sa  maniere  de  les  peindre, 
on  juge  qu'il  les  a  etudies  et  apprecies.  Je  me  peimettrai  une 
ou  deux  observalinns. 

J'aurais  desire  que,  dans  le  tableau  des  temps  mytholo- 
giques,  M.  Bres  eut  cite  plus  souverit  les  explications  c|ue  les 
erudits  ont  essayc  de  donner  de  fjits  evidemmeni  fabuleux , 
inuis  qui  cachent  des  verltes.  En  esquissant  les  aventures  de 
Mcdee,  il  dit,  par  exemple  :  «  Elle  fit  mourlr  par  des  moyens 
intonnus  jusqu'idors  ,  Creuse,  filie  du  roi  lie  Corintlie... ,  tt 
se  fit,  dil-on  ,  porter  a  Ailienes  par  des  dragons  ailes.  »  Peut- 
etre  fallail-il  indiquer  ici  ce  que  les  historieus  et  les  enidits 


SCIENCES  MORALES.  47? 

eiitendent  par  ces  dnii^ons  ailes.  L'abbc  Bannier  ilit  un  mot 
lie  leurs  conjectures,  clans  ses  rotes  sur  le  vii''  livre  des  Me- 
tamotphoses  d'Ovide. 

Voici  une  obseivaiion  plus  iniportante.  M,  Bres,  a  la  page 
5o  du  tome  1*^'',  somble  regarder  Vasseinblee  ties  amphiclyona 
tomiue  nil  coiiscil  general,  dans  l((|ue!  etaient  representes  par 
des  deputes  les  peuples  ou  jdusieurs  peuples  de  la  Grece,  et  ou 
se  traitaient  les  affaires  [)olitiques  les  plus  impoitantes.  11  dlt 
meme  a  ce  sujet  :  Si  les  Etats-Unis  d'Arnerique  u'avaient  point 
nn  president;  si  les  cantons  suisses  n'etaieni  jias  regis  par  un 
landainman  ,  I'organisalion  politiqvie  de  ces  conlrees  offrirait 
une  analogic  complete  avec  celle  des  villes  ampliictyonitjues.  « 
Je  crois  que  c'est  la  une  errenr  a  la(]uelle  ont  pu  donner  lieu 
qnelques  phrases  de  I'abbe  Bartlieleini  ,  cjui  peint  sous  de 
trop  brillantes  couleuis  le  conseil  des  amphictyons.  La  su- 
perstition I'avait  instilue  ;  et  il  ne  s'occupait  gueie,  comrae 
le  pense  De  Paw,  que  de  matieres  relatives  a  la  religion.  On 
lui  souinit  bien  quelquefois  des  questions  politir|ues ;  mais  11 
n'avait  qu'une  puissance  morale,  pour  ainsi  dire,  sur  les 
jieuples  de  la  Grece.  Ce  n'etail  point  un  de  ces  corps  politiques 
qui  peuvent  rendre  des  decrets,  et  ont  loute  I'autorile,  tons 
les  moyens  necessaires  pour  les  faire  executer.  Oh!  si  tous 
les  etats  de  la  Grece  avaieiit  eu  des  representans  dans  une 
grande  assemblee  vraiinent  nalionale  ,  ou  se  seraient  decidees 
les  questions  d'interet  general  pour  la  confederation  ,  et  ipii 
eut  ete  investie  d'immenses  pouvoirs  ,  les  rivaliles  entre  les 
republiques  grecques  ,  fcaiises  de  tous  leui's  malheurs  ,  auraient 
ete  comprimees ;  la  Grece  cut  forme  un  faisceau  compacte  , 
indestritclible  que  ne  seraient  jamais  parvenus  a  rompre  ni 
les  rois  de  Macedoine,  ni  les  empereurs  roniains.  Nous  aurions 
peut-etre  encore  aujourd'hui  les  Etats-JJnis  de  la  Grece ;  et 
j)eul-etre  le  monde  entier  aurait-il  subi  une  autre  destinee. 
La  ]iartie  de  I'ouvrage  de  M.  Bres,  consacree  a  Ihistoire 
des  evenemens  contemporains,  est  d'une  e.xtreme  brievete : 
I'auteur  s'arrete  au  massacre  du  palriarche  grec  a  Constan- 
tinople. Voici  comme  il  motive  son  silence  sur  les  evenemens 
tres-remarquables  qui  ont  succede  :  «  Contemporains  de  ces 
evenemens,  nous  devons  attendre  ,  pour  en  ecrire  I'hisloire  , 
que  la  providence  leur  ait  donne  une  fin  conforme  a  ses  de- 
crets. Chretiens ,  nous  faisons  des  voeiix  pour  la  prosperile 
de  nos  freres ;  amis  des  arts  ,  des  lettres  et  des  sciences  ,  nous 
souhaitons  une  patrie  aux  malheureux  desceudans  des  niaitres 
danstouies  les  facuites  de  I'esprit ;  hommes  ,  nous  desirons  de 


f,-;(i  LIVRE8  1RANCA.IS. 

voir  cesser  Ics  massacres  et  Iriompher  I'liumanit '•.  ■>  Tels  soiit 
lies  sentimetis  qui  dominent  dans  tout  I'ouvragc. 

Si  lous  Ics  resume's  elaient  ecrils  avec  autani  de  soin  et  dc 
pliilosophic ,  et  par  des  autcnrs  aussi  mailres  de  leurs  sujeis, 
la  collection  de  ces  sortes  d'ouvrages ,  quelque  volumineuse 
qu'elle  fut,  ineriterait  une  place  distinguce  dans  toutes  les 
bibiiotheques.  Amaurj  Duval,  wembrc  de  I'lnsdtut. 

206.  —  *  Resume  de  I'hisloire  roinaine  ,   depuis    Romulus 

jusqu'a  Constantin ,  suivi  d'lin  tableau  de  la   decadence  et  de 

la    cliule  de  Tempire  romain;   ])ar  yl.  Roche.  Paris,  1826; 

Mansut  fils,  edifcnr,  rtie  de  I'P^cole  de  Medecine,  \\°  4-  In-18 

de  3oo  pages;  prix,  2  fr.  5o  c. 

Les  auleurs  de  la  nombreuse  Collection  des  resumes  histori- 
ques  semblaier.t  avoir  oublie  d'y  placer  I'hisfoire  ancienne. 
Peut-etre  av;iieiit-ils  juge  que  I'ljistoire  roniaine  et  I'liisloiro 
grecque,  si  riches  en  details  interessans  et  en  traits  sublimes, 
etaient  moins  j)ropres  que  I'histoire  niotlerne  a  etre  reduitcs 
en  abreges.  Cependant,  unepareille  omission  laissait  une  \aste 
lacune  dans  cette  petite  bibliotheque  populaire.  M.  Roche  a 
entrepris  de  la  remplir  en  partie,  en  publiant  un  Resume  de 
I'histoire  romaine ,  depuis  la  Jondation  de  Rome  jusqua  Cons- 
tantin. II  a  diviso  son  ouvrage  en  six  epoques  principalcs.  Dans 
beaucoup  d'endroils,  la  rapidite  de  la  narration  ne  laisse  rien 
a  d^sirer.  Mais  I'auleur  decrit ,  avec  une  ])rofusion  de  details 
qu'on  ne  s'attendrait  guere  a  rencontrer  dans  un  abrege  aussi 
succinct,  les  guerres  dc  Rome  avec  les  nations  environnantes, 
et  les  querelles  du  scnat  et  du  peuple.  Eu  revanche,  il  consa- 
cre  a  peine  Irois  pages  au  regne  d'Augusle,  et  ne  dit  pas  un 
mot  de  la  littcrature  latine  dont  les  progres  clans  cc  siecle  ont 
eu  de  si  imj>ortans  resultals.  On  trouve,  a  la  fin  de  la  sixieme 
epoque,  un  tableau  assez  bien  trace  de  la  chute  du  ])olytheisme ; 
mais  ceiui  de  la  decadence  de  I'empire  est  d'une  concision  por- 
tee  jusqu'a  I'exces  :  il  renferme  dans  six  i)ages  I'espace  dc 
1 1 00  ans.  II  est  terminc  par  le  noble  vani  qne  forme  I'auteur 
de  voir  enfin  les  rois  chrctiens  deiivrer  les  Grccs  d'une  trop 
longue  servitude.  Le  style  rachete,  ])ar  lane  clarle  conlinne, 
ce  qui  pourrait  lui  manquer  sous  d'autres  rapports.  On  regret- 
tera  peut-eire  <}iie  I'auteur  ait  etc  trop  ('coiiome  de  ces  re- 
flexions coiiites  et  profondes  qui  donnent  lant  de  prix  a  I'oii- 
vrage  de  Montesquieu  ,  quoique  depourvu  de  t'aits  historiques. 
NeanmoinSj  nous  ne  doutons  pas  que  le  public  ne  s'empresse 
de  joindre  ce  nouveau  resume  a  ceux  de  MM.  Felix  liodin  , 
Coquerel,   Lami ,    Rnhbc ,   Schejfer ^  L.    Thiesse,    etc.,    cl  des 


SCIENCES  MORALES.  477 

nutres ^crivains  qui  onl  contiibue  au  succes  de  celle  iinpoilante 
collection.  B. 

207.  —  *  Histoire  de  France,  abregce ,  critique  et  philoso- 
phique ,  a  I'lisage  des  gens  du  monde;  parPiCAULT  -  Lebrun; 
avec  cette  cpigraphe  :  Z«  verite  ,  toute  la  verite,  rien  que  la 
verite.  T.  V.  Paris,  186;  Barba.  In-8°  de  vi  et  544  pages; 
prix  ,  8  francs  (  ^oj". ,  pour  les  premiers  volumes,  iJec.  Enc, 
t.  XXI,  p.  188,  t.  XXIII,  p.  355,  t.  XXIV,  p.  461  ). 

Nons  avons  doja  recominande  les  premiers  volumes  de  cet 
ouvrage  a  I'attention  de  nos  lecteurs..  l^e  tome  cinquieme,  que 
nous  avons  sous  les  ycux,  comprend  I'liistoire  de  Charles-le- 
Sagc ,  auqiiol  M.  Pigaiilt-Lebriin  voudrait  avec  raison  que  Ton 
donnat  seulemenl  le  tilre  de  prudent;  celle  de  Charles  -  I'ln- 
sense,  queia  precipitation  ])opulaire  a  gratifie  nial  a  propos  du 
nom  de  hien-ainic  dont  la  posterile  a  fait  justice  ;  enfin  ,  celle 
de  Charlexle-Victorieu.T ,  a  qui  Ton  jicul  laisser  ce  nom;  card 
ne  rappclle  jias  autre  chose  que  la  clrconstance  heureuse  qui 
I'a  rendu  niailrc  du  royaume. 

II  est  assez  inutile  de  rappeler  ici  ce  qui  fail  la  mailere  de 
chacun  de  ces  regnes  :  la  pacification  presque  generale  de  la 
France  sous  Cliarles-le-Sage,  I'influence  Ircs-reiiiarquable  de 
ce  monarque  sur  tons  les  lieux  soumis  a  sa  domination  et  sur 
les  princes  contemporains;  le  boidieur  tlont  jouirenl  en  general 
ses  etats,  sa  moderation  et  sa  boii'e,  qui  ne  se  demenlirent 
presque  jamais;  enfin,  la  double  faute  qu'il  fit,  d'abord  a  I'e- 
gard  de  la  Bretagne  qu'il  voulut,  malgre  le  voeu  de  ses  Labi- 
tans,  soumettre  a  sa  domination,  ol  ensuite,  a  I'egard  de  la 
France  enticre  qu'il  envelopjia  insensiblenient  dans  les  filets 
d'un  despotisme  absolu  dont  les  Francais  devaient  plus  tai'd 
cprouver  les  funestes  consequences  :  sous  Charles  I'lnscnse  , 
les  premiers  effets  de  ce  despotisme  qui  livra  a  des  princes 
ambitieux  et  sanguinaires  la  puissance  piesque  illiuiitee  d'un 
roi  dont  I'enfance  devait  peser  quarante-denx  ans  sur  sou 
inalheureux  royaume  :  les  infames  concussions  des  dues  de 
Berry,  de  Bourgogne  et  d'Oileans;  la  mort  Iragique  de  celui- 
ci,  assassine  par  son  oncle;  la  misere  d'un  i>eu[)Ie  que  les 
exactions  forcaient  de  se  soulever,  et  qu'on  deciniait  ensuite, 
quand  des  promesses,  violees  presque  aiissilot  que  failes  , 
ra\aient  fait  rentrer  dans  I'obeissance;  Taffreuso  solitude  du 
roi  que  ses  parens  laissaicnt  au  soin  de  (|uelqnes  douiesliques , 
que  sa  femme  luorae  ( Isabelle  de  Baviei'e)  abandonnait  pour 
vivre  scandalensemeni  avec  son  beau-frere  ,  le  due  d'Orleans; 
les  calainites  ainent'es  sur  notrc  jiatrie  par  la  folic  du  roi  ; 
Tambition  demesurce  des  princes  et  des  grands;  la  hideuse 


4-S  LIVRES  FRANCAIS. 

felonie  de  celle  Isabelle  qui,  traliissant  a  la  fois  son  luari  et 
son  ills,  et  cliercliant  a  les  faire  pcrir,  s'unissait  aux  ennemis 
de  sa  famille  et  de  la  paliie  ,  appelait  les  Anjjlais  en  Fiance, 
soiiriait  anx  laches  flatlcurs  qui  irouvaient  une  vols  jjotir  ap- 
plaudirau  dechireiTicnl  de  leur  j^ays;  etifin,  la  niorl  solltairp 
de  Charles  qui,  pour  le  bieii  de  soti  peiiple,  n'aiiralt  jainais  dii 
naitre  :  sous  Charles-le-Victorieux  ,  les  siicces  de  nos  arinees  , 
le  cour.tpie  renaissant  de  ties  guerriois,  et  ati-dessus  d'eiix  les 
hauls  fails  de  Jeanne  d'A.rc,  qui  apparut  comnie  iin  aslie  con- 
solatenr;  la  condamnalion  et  le  suppjico  de  cetle  brave  et 
illustre  fille ;  regoisme  du  roi  qui  I'avait  lachement  abandon- 
nee;  enfin  ,  la  ])acificalion  du  royaume,  et  I'esperance  tiop 
souvent  trompee  d'un  bonheur  ]);iyo  ])ar  tant  de  sang  et  de 
larnies:  voila  ce  que  M.  Pigaiilt-Lebrun  a  ])eint  avec  nne 
grande  rapldite  et  une  rare  cnergie.  Son  style,  s'il  n'est  pas 
toujours  aussi  elegant,  aiissi  harmonieiix  C|iic  celui  de  Vertot 
et  de  Saint-Real,  est  en  general  ferme  ,  sententieux  et  grave  , 
sauf  quelques  plaisanteries  que  lui  arrache  le  mepris  qu'il  ne 
])ciit  conlenir  pour  les  jiersonnagos  dorit  il  rapporte  les  ac- 
tions.—  II  dqilore  suitout  le  supplice  affreux  de  Jeanne  d'Arc 
avec  une  sensibilite  et  une  indignation  qui  seront  pariagees  par 
tous  les  lecteurs  ,  jdus  facilemeiit,  je  pense,  que  I'ojjinion  (]iril 
emet  sur  cetle  heronie,  qu'elle  elait  douee  de  eetie  secomle  vuf 
des  Ecossais  que  Walter-Scott  nous  a  si  bien  fait  connaitre.  II 
renvoie,  pour  s'expliquer  sur  ce  sujet  avec  plus  de  details,  a 
ce  qu'il  dira  du  regne  de  l.ouis  XVI,  sur  ie(|uei  il  existe  en 
effet  plusieurs  predictions,  el  une  entre  autres  de  Cazolfe,  qui 
ne  peut  nianquer  d'etonncr  ceux  qui  y  croTent,  mais  (pii  ne 
touchera  guere  ceux  qui  la  regarden>  comma  faite  apres  coup, 
ou  comme  tres-embellie  par  Laharpe. 

MaiSjCe  qui  interessera  beaucoiip  plus  (pie  ces  cioyancesmys- 
terieuses  et  mesnieiiques,  ce  sont  les  observations  placees  jjar 
I'auteur  a  la  fin  de  chaque  regne,  oii  il  traite  rapidement  du 
gouvernement,  des  finances  ,  de  I'universite,  de  la  bibliolheque 
duroi,  des  beaux-arts,  des  cosiunies,  des  dignites,  dos  jiivcii- 
lions  et  des  usages  de  i'epoque. 

II  est  en  linissant,  bon  de  prevenir,  nos  lecleurs  (]ue  les 
Charles  dont  les  regnes  remplissent  ce  volume,  y  sont  jilaces 
sous  les  nombrcs  VI,  VII,  VIII,  taiidis  que  j)artout  aillcurs 
on  les  trouvc  conune  les  V^,  VI*  et  \1V  du  nom  :  il  est  facile 
de  voir  (pi'un  onbii,  ou  peul-elre  quelque  raison  qui  a  echappe 
a  la  *agacile  de  nos  hisloriens,  a  fail  niellre  <le  cote  Chnrics-le- 
GAOsdeiueiiieqtielesannalistes  anglaisn'oiit  ]ias  comptc  les  trois 
Edouurds  saxi  us.  R7.  Pigaull-I.obrnn  avojdn  reparer  I'crrcur  : 


SCIENCES  MORALES.  47!) 

il  a  evidemment  rai*on  en  ))rlnci])e;  mais  il  en  resultera  Tin 
inconvenient,  c'est  (]u'il  sera  force  de  donner  nn  dementia 
toufcs  les  iiiedailles  et  a  loutes  les  monnaies,  et  que  pour  eire 
consequent ,  il  Ini  fandra  noinmer  noire  roi  acluel ,  Cliarles  XI, 
en  depit  de  ses  notes  formels  et  de  I'oplninn  generale.      B.  J. 

208. — *  Hisloire  des  revolutions  de  In  ville  et  du  royaume  de 
Na/jles.  Paris,  1826.  Sautelet.  1  ■vol.  in  8°;  prix,  16  fr. 

C'est  une  reimpression  de  I'onvraf^e  du  comte  de  Modene, 
ptiblie  ponr  la  premiere  fois  en  166G  el  16G7,  et  dont  la  se- 
conde  edition  ])arut  I'annee  soivante  (  1668.)  Celle  hisloire  qni 
comprend  un  espace  d'environ  dix  niois,  raconte  en  detail  la 
revolution  qui  cominenca  par  le  soidevement  qii'excita  Masa- 
niello,  en  jnillet  1647  ,  et  qui  finit  par  la  souinission  de  Naples 
aux  forces  espagnoles,  en  avril  1648.  I.e  comte  de  Modene, 
apres  avoir  ete  page  de  Monsieur,  frcre  de  Louis  XIII,  s'at- 
laclia  a  la  fortune  du  due  de  Guise,  son  j)arent ,  qui  joua  un 
role  assez  considerable  dans  la  revolution  napolitaine,  et  dont 
il  fut  le  mestre  de  carap  general.  Cet  ouvrage,  compose  par  un 
liomnie  quia  pris  une  part  active  anx  evenemens  qu'il  raconte, 
est  I'un  des  plus  interessans  qu'on  ait  ecrits  sur  cette  revolu- 
tion singuliere,  ou  I'on  vil  un  niarchand  de  poisson,  age  de 
24  ans,  ])erdu  jusqu'aiors  dans  les  derriieres  classes  du  peuple, 
apparaitre  tout  a  coup  comme  un  colosse  de  puissance,  au 
milieu  d'une  vasle  population  ,  dont  il  fut  I'arbitre  des  le  pre- 
mier jour,  Nu-pieds,  vetu  senlement  d'une  chemise  et  d'un 
calccon  de  toile,  coiffe  du  bonnet  des  pechcurs,  il  faisait  un 
geste  ,  et  plus  de  cent  mille  hommes  olicissaient  avec  respect  et 
enthousiasme.  Ce  regne  ,  qui  dura  neuf  jours,  fut  termine  ])ar 
un  assassinat.  — II  serail  hors  de  propos  de  donner  ici  I'analyse 
d'une  production  connue  depuis  plus  d'un  siecle  et  demi.  Nous 
nous  bornerons  a  rappeler  au  lecteur  que  les  fails  y  sont  pre- 
sentes  avec  exactitude,  et  que  le  style  est  ]ilein  de  vivacite  et 
de  mouvement.  Nous  pourrions  blamer  quelques  longueurs , 
quelqties  details  oiseux  ,  si  nous  ne  considerions  ce  livre ,  moins 
comme  une  histolre  que  cornme  des  memoiT-es  traces  par  un 
temoin  ocuiaire  :  sons  ce  rapport,  il  inerite  d'etre  place  dans 
la  collection  des  ouvrages  de  ce  genre;  il  etait  devenu  rare  ,  et 
Ton  doit  savoir  gre  au  savant  edileur  de  I'avoir  reimprime.  II  y 
a  joint  une  notice  tres-curieuse  des  ouvrages  relalifs  a  la  re- 
volution deMasanicllo  et  nn  mcmoire,  jusqu'a  present  inedit  , 
sur  la  ncgociation  pai'  JaqneUe  le  baron  de  Modene  obtint  la 
restitution  de  Verceil ,  en  i6j8.  Q;;ant  a  la  i^e'nealogie  de  la 
maison  de  Raiinond-Tvlodene ,  qui  occupe  60  pages  du  premier 


48o  LIVRES  FRANC AIS. 

volume,  nouscroyoiisqu'ellc  ne  pout  iiilcrcsserquelcsmeinbri'S 
lie  cetlc  famillc.  M.  A. 

9,09. —  *  Manuel  Jilstori<] lie  da  dcpartetnent  de  t  Aisne  ^ 
par  J.  1'".  L.  Dkvisme.  Laon ,  i82(),  Leblan -Cuurtois;  Paris, 
Dclalain.  In-8°  de  ])res  de  5oo  pages  ;  piix,  8  fr. 

«  II  n'csl  jias  seulemenl  curieux  ,  il  esl  souvent  utile  el 
qiiclqnc'fois  iiecessaire  de  connailre  les  raoiiuniens  liistoriqucs 
d'lin  pa\s.  L'liomme  studieux  y  veiifie  Ics  fails,  les  families  y 
retlierciieiit  leurs  litres ;  les  comniiinnes  s'y  instruisent  de 
leuis  droits...  Le  departement  de  I'Aisne  est  une  terre  eiiii- 
uemineiit  hislorique.  C'est  la  que  Cesar  jirelude  a  la  coriquete 
des  Gaules  par  la  defalle  des  Beiges.  C'est  la  qu'est  le  ber- 
ceau  de  la  monardiin  francaise;  la  qu'une  revolution  iiu'mo- 
rable  fait  passer  le  sceptre  a  la  dynaslie  regnante;  la  aussi 
que  sa  roslaiiralion  est  prc{>aree  par  un  dvenement  decisif. 
L'une  de  ces  villes  a  etc  plusieurs  fois  la  capLtale  d'un  royaume 
(jui  portait  son  noni.  Ufic  autre  a  cic  ,  pendant  quatre- 
\ingls  ans,  le  siege  de  toule  la  nionarchie.  On  rencontre 
partout  ,  snr  son  territoire,  des  lieux  illustros  par  le  sejour 
dcs  rois ,  par  des  batailles  sangianies  ,  ])ar  des  sieges  meur- 
triers  ,  par  des  monuniens  logislatifs  ,  par  de  celebres  traites 
diploiiiatitiues.  Lesintt^ets  les  jilus  gra\es  y  ont  etc  disciJtc.s 
dans  nonibre  de  concilcs  el  d'assemblces  nationales.  L'eglise  y 
a  vu  naitre  deux  ordres  religieux  qui  ont  etendu  partout  leurs 
rameanx.  NuUe  j)art  encore  la  feodalite  n'a  brilli'  de  plus 
d'eclat.  Quels  soni  ,  en  effel  ,  les  grands  feudalaires  qui 
ecli]>sent  les  conitcs  de  Vermandois  ,  de  Rouci  ,  de  Soissons , 
les  sires  de  Cout:i ,  les  dues  de  Guise  ?  et  quel  sang  j)lus  au- 
giiste  que  ceiui  des  princes  qui  tiiirent  leur  coar  dans  les  niurs 
de  Saint-Qnentin  ,  de  Braine  ,  de  Soissons  ,  de  la  Fere  et  de 
Ciiateau-Tliierry  ?  A  rote  de  cette  gloirc  sotivent  falale  au 
jieuplc,  s'eltne  une  institution  tutelaire  qui  lui  rend  ses  droits 
nalurels.  Les  communes  prennent  naissance  a  Saint-Qucniin  , 
a  Vervins  ,  a  Laon.  Ce  signal  des  affrancliissemens  est  eniendii 
partout,  et  la  France  a  un  tiers-etat.  » 

On  voit  que  M.  Devisme  ,  assocle  correspondant  de  la 
Societe  royale  des  Antiquaires  de  France,  et  anteur  d'line 
bonne  Histoire  dc  Laon  ,  etait  appele  a  composer  le  Manuel 
historiquede I'Aisne.  La  chronologieen  esl  faite  avec  un  grand 
soin  ;  elle  est  suivie  de  la  galerie  bistorique  de  cinq  a  six  cents 
bommes  qui  out  laisse  un  nom  sur  les  bords  de  I'Aisne.  On 
sail  que  ce  ]iays  a  jirnduit,  dans  Racine  et  La  Fontaine,  "deux 
des  hiiit  grands  pceie^  doni  la  I'ranee  s'honore.  »  Nous  avons 


SCIENCES  MORALES.  48i 

lu  avec  plaibir  rarticle  qui  concerne  le  general  distingue  ,  I'ora- 
teur  illustre  (Foy)  ,  objei  des  regrets  sincercs  de  tous  ses  con- 
citoyens. 

n  Sa  perle  laisse  la  Irtbune  veuve  da  plus  eloquent  defen- 
seur  des  libertes  publiques.  Quelle  preuve  plus  solennelle  et 
plus  loucliante  des  regrets  de  la  France  entiere ,  que  ce 
concours  inoui  de  toiites  les  classes  des  liabitans  de  la  capi- 
tate qui  lionora  ses  obseques  ;  que  celte  souscriplion  ,  sans 
exemple  cliez  nous,  qui  a  pour  but  de  dedommager  ses  en- 
fans  de  la  niodicite  du  patrimoine  dont  I'accroissement  ne 
I'occupa  ])oinl !  Sa  carriere  fut ,  a  la  verile,  trop  courte  pour 
nous!  Qu'y  manque-t-il  cependant  pour  qu'elle  ait  ete  com- 
plete ?  La  inorta  attendu  pour  le  frapper,  qu'il  fut  a  I'apogee 
de  la  gloire  a  laquelle  11  bornait  le  prix  de  ses  travaux.  >> 

L— E. 

2IO.  • —  *  Histoire  critique  du  passage  des  Alpes  pai-  Annibal, 
dans  laquelle  on  determine  la  route  qu'il  suivit  depuis  lesfron- 
tieres  d'Espagne  jusqu'a  Turin;  par  feu  J.-L.  Larauza,  ancien 
mailre  de  conferences  a  I'Ecole  norraale.  Paris,  1826;  Dondey- 
Dupre.  In-S"  de  222  pages,  avec  une  carte  ;  prix,  1  fr.  5o  c. 

La  question  qui  fait  le  sujet  de  ce  memoire  n'est  pas  nou- 
velle.  II  en  est  peu  (lui  aient  ete  aussi  soiivent  debatlues.  Avant 
que  M.  Larauza  entreprit  de  determiner  ,  d'apres  les  temoi- 
gnages  des  historiens,  et  I'inspection  attentive  des  b'eux  ,  par 
quelle  route  Anuibal  penetra  en  Italic,  cette  difficulte  histo- 
riqueavait  excite  la  curiosile  eteserce  la  critique  d'un  grand 
nombre  de  savans  dont  11  serait  trop  long  de  donner  ici  la  liste, 
mais  dont  on  trouvera  les  divers  systemes  exposes  et  discutes 
dans  I'ouvrage  que  nous  annoncons.  La  solution  de  M.  La- 
rauza se  distingue  de  celles  qui  I'ont  precedee  par  un  caractere 
particulier.  Elle  coneilie  les  relations  de  Polybe  et  de  Tite- 
Live  que  Ton  n'avait  pujusqu'ici  accorder  ensemble.  Ce  resnl- 
tat  sutfirail  seul  pour  lui  donner  gain  de  cause,  s'il  n'avait 
d'ailleurs  appuyc  son  opinion  d'un  grand  nombre  de  preuves. 
a  I'evidence  desquelles  on  ne  pent  guere  se  refuser.  Son  itlne- 
raire  repond  a  toutes  les  indications  des  deux  historiens ,  a  lous 
les  accidens  que  retracent  leurs  rcciis  ;  enfin ,  a  la  nature  et  a  la 
configuration  des  lieux  que  ,  dansplusieurs  voyages  successifs, 
M.  Larauza  a  curieusement  etudies.  On  trouverait  difficlle- 
ment  une  critique  plus  consciencleuse ,  plus  d'exactitude  et 
plus  de  sagacite.  Loin  d'eluder  ou  de  trancher  superficielle- 
ment  les  difficultes  dii  probleme,  I'auteur  les  recherche  et  les 
epuise  toutes;  et,  si  Ton  pouvait  lui  reprocher  quelque  chose, 
cfi serait  de  irop  prodiguer  les  moyens  de  convpincTe.  La  sa- 
T.  XXXI.  —  Aoui  1826.  ,  3 1 


48a  LIVRES  FRANCAIS. 

vaijte  discussion  <les  textes  anciens,  la  determination  precise 
deslieux  et  des  distances,  I'eAamcn  d'un  assez  grand  nombre 
de  questions  geograpliiques  ct  archeologi(|nef  impnrtantes,  le 
merite  d'une  exposition  ciaire  et  rapide ,  d'un  style  pur,  ele- 
gant, ct  qui  s'aninie  toiites  les  fois  que  lesujetle  permet  ,  re- 
coinniandent  ce  travail  auqucl  s'.ittache  d'ailleurs  uti  interet 
bien  douloureux.  C'cst  la  premiere  et  dcrniere  jjroduction 
d'un  ecrivain  qu'une  inort  prcmatnroe  a  receinment  enleve  aux 
leltres  et  a  la  science  qu'ii  eut  cultivees  avec  gioire,  a  I'instruc- 
tion  publiqiie  a  qui,  jeune  encore,  il  avail  rendu  de  longs  et 
d'importans  services,  a  la  religion  et  a  la  patrie  pour  lesquelles 
il  professait  le  plus  saint  devounient;  enfin,  a  ramitic  qui  ne 
se  consolera  point  d'liiie  telle  perte.  Un  de  ceux  qu'elle  a  du 
le  plus  ])rofondenicnt  affecter ,  s'est  charge  du  tiistesoindc 
publier  cet  ouvrage,  etde  reiulre  a  son  auteiir  rhommagedu  u 
ses  lalens  et  a  ses  .vertus.  Les  pages  qu'il  lui  a  cunsacrees  rap- 
pellent  d'une  nianicre  toucliante  tout  ce  que  ses  amis  esti- 
maient  et  cherissaient  en  lui.  lis  y  reconnaitront  I'image  de  celui 
qu'ils  regrettent  et  I'expression  de  ieurproprc  douleur.  Nous 
donnerons  sur  M.  Laranza  quelques  details  dont  le  grand 
nombre  de  notices  necrologitpies  inserecs  depuis  quelques 
raois  dans  notre  Revue  a  jusc|u'ici  relarde  I'inserlion.  (  Voyez 
ci  -  aprcs,  a  la  fin  de  notre  section  des  Nouvelles  I'artlcle 
Necrologie  )  H.  P. 

211.  —  *  Biographic  universelle  et  portatii'e  des  contempo' 
rains,  ou  Dictionnaire  kistoriqiie des  hommes  celebres  deloutes 
les  nations,  inorts  et  vivans;  par  une  Sociele  de puhlicistes ,(fe 
legislateurs ,  d'/ioinmes  de  lettres  ,  d' artistes ,  de  militaires  et 
d'anciens  rnagistrats;  iin  scul  volume  in-8°  ,  orne  de  35o  por- 
traits. 4^,  5"^,  G*"  et  7"^  livraisons.  Paris,  1826;  au  bureau  de  la 
Biographic,  rue  Saint-.Vndrc-des-Arcs  ,  n°  65  ;  prix  de  la  )i- 
vraison,  2  fr.  fio  c.  (  Foy.  ci-dessus,  page  200  ). 

Nous  avons  deja  signale  I'apparition  de  cet  ouvrage  que 
nous  rcgardons  comme  le  plus  consciencieusement  fait  entre 
les  compositions  du  meme  genre.  Les  auteurs  et  les  cditeurs  , 
fideles  a  leurs  engagemeiis,  font  jiaraiire  leurs  livraisons  avec 
ime  prompte  exactitude.  Leur  impartiali'e  est  toujours  assez 
remarquable.  Cependant ,  ils  nous  p^raissent  avoir  ote  plus 
que  severes,  ou  plutol  Icgers,  au  sjjet  de  Tun  des  persou- 
nages  de  la  serie  BAR.  Pourquoi,  dans  un  monument  histo* 
rique,  juger  les  hommes  qui  se  sont  trouves  jetes  dans  les 
tems  les  plus  difficiles  ile  nos  troubles  civils ,  d'apres  des  on 
dit,  el  reproduire  a  tout  piopos  sur  leur  compte  des  phrases 
usees  qui  ne  tiendraient  pas  derant  le  moindrc  examen.  II  est 


SCIENCES  MORALES.  48!^ 

convenu,  en  parlant  de  la  personne  en  faveur  de  laquelle  nous 
auronsiin  jour  le  courage  de  reclamei' ,  dc  I'accuser  de  pcur, 
parce  qu'elle  etait  veritableraent  moderee,  et  qu'elle  ne  voulut 
p.is  s'associer  a  certaines  conspirations  m;il  concncs  ;  deratla- 
cher  son  noin  par  le  mot  baroque  de  Carmagrio/es  aux  rap- 
])orts  brillans  et  splrituels  qu'il  faisalt  surles  succcs  herculcens 
des  armees  d'alors;  enlin,  de  lui  pieter  un  propos,  alroce 
sans  doule  ,  mais  qui  ne  lul  appartient  poir.t ,  C|ui  fut  prononce 
pour  la  premiere  fois  par  les  royalistes,  dans  les  anciens  trou- 
bles de  I'Ecosse,  et  qui  fut  repeto  ,  soit  par  les  Jeffries  des  rois 
d'Anglclcne  ,  soit  par  cpielques  farieu'i  de  nos  jours  qui 
croynicnt  servir  le  inonanjue  legitime,  en  faisaiit  un  axiome 
de  cette  infcrnale  verite.  L'homme  eloquent  el  cclnire  qui  pu- 
blla  le  Point  diijour,  modcle  dimpailialiie  et  de  raison,  qui 
le  premier  defendit  la  liberie  de  la  prcsse;  qui  fit  accorder  une 
pension  par  la  it'publique  a  la  veuve  de  J.  J.  Rousseau;  qui 
demanda  remancijiation  desliommes  de  couleur  ;  ot  fjui  ,  dans 
la  Cliambrc  des  cent  jours,  on  sa  moderation  se  fit  remarquer, 
vota  constammcnt  pour  que  les  representans  dti  peiiple  eussent 
leur  part  d'initiaiivc  dans  la  proposition  des  lois,meritc  qu'on 
ne  reproduise  pas  sur  son  compte  une  de  ces  dcnomliiations 
odieuses  ,  que  les  diffamatcurs  de  la  revolution  aiment  a  pro- 
diguer  a  lous  ceux  qui  ont  servi  la  cause  de  la  liberie.  Nous 
eussions  desire  que  les  rJdacteurs  ajoutassent  a  I'arlicle  que 
noussignalons,  cetie  phrase  qu'on  trouve  dans  celui  ileBeau- 
marchais  :  «  Peu  d'liommes  ont  ele  plus  calomnies  que  lui ; 
mais  il  est  vrai  de  dire  qu'il  a  valu  mieux  que  sa  reputation.  i> 
—  L'article  qui  concerne  la  fameuse  prostituee  Dubarry  est 
ecrit  avec  beaiiconp  de  moderation  ct  doit  etre  cite  comma 
tres-remarquable.  B. 

212.  —  Dc  Vinjluence  clesfemmessurln  Utleraturefrancaise, 
comtne  protcctriccs  des  lettres ,  ct  cornme  auteurs;  ou  Precis 
de  thisloiredesfemmesfraucaisesles plu-scelebres ;  parM""^  de 
Genlis.  Paris  ,  1826;  Lecointe  et  Durey.  2  vol.  in-  12; 
prix ,  5  fr. 

Nous  nous  bornerons  a  annoncer  cette  reimpression  d'un 
ouvrage  (niblie  et  juge  depuis  long-tems,  et  a  la(Juelle  ilnous 
semblequel'aulcurestetrangere.  SiM'^'^deGenliseutdonneelle- 
memecetle  piiblication  nouvelle,  clle  cut  sans  doute  com[)lL'te 
son  ouvrage,  en  y  njoutant  des  notices  sur  plusieurs  feiiimes 
celebres,  mortes  depuis  la  publication  de  la  premiere  edition  , 
notamment  M""'  de  Siael;  et  elle  cut  aussi  certainementraodi- 
fie  quelques-uns  de  ses  jugera^'ns ,  qui  lui  ont  jadis  attire  le 


48/,  LIVRES  FRA.NCAIS. 

ju^tc  leproclie  d'une  excessive  sevcrite,  pour  ne  pas  dire  plus. 

M.  A. 

21 3.  — *  Mcmoires  de  M.  rfe  Falkenskiold,  ojficier  gene- 
ral oil  sen-ice  de  S.  M.  le  roi  de  Daneinark  ,  a  l'e//oque  du  mi- 
nistere  et  de  la  catastrophe  du  comte  r/c  Struensee;  precedes 
d'line  Notice  stir  la  vie  de  I'auteitr;  par  M.  Phil.  Secretan  ,  et 
publics  aprcs  la  mort  de  ce  dernier.  Paris,  1826.  In  -  8°  de 
XXIV  el  4/i7  p^K^*-  Treultel  el  Wiiriz  ;  prix ,  7  fr. 

II  nous  est  daiitaiit  plus  atifrcable  d'annoncer  la  publication 
de  ces  interessaas  ineiiioirci,  qu'ils  justifient  piusiours  asser- 
tions, que  nous  avons  piecedeinment  emises,  et  qu'ils  prou- 
vent  rexactilude  de  ([iiel((ues  anecdotes  que  nous  avons  ra- 
contees,  a  I'occasion  d'lin  autre  ouvrage,  m{[\\x\v :  Histoire 
de  Chretien  Vll;  par  M.  J.  -  K.  Host.  On  aurait  tort  d'ele- 
ver  des  doutes  sur  la  fidelite  des  recils  de  notre  auleur  , 
quoiqu'il  se  soil  trouve  implique  dansla  calastroplie  du  cointe 
de  Strucnsec.  Lc  fait  est  quM  n'y  a  eic  iinpliquc,  ainsi  que 
Ic  comte  de  Brandt,  qu'en  qualilo  d'and  de  Struenstie  :  M.  de 
Falkeiiskiold  eut  cependant  Tavaiitag-e  de  se  tirer  de  I'af- 
faire  plus  lieureusenient  (pie  BI.  de  Brandt.  II  en  fat  quilte 
i)Our  une  detention  de  qualre  ans  dans  la  forteresse  de  Munk- 
holm ,  en  Norvege  ,  en  vertu  d'une  lettre  de  cachet ,  et  non 
d'une  condamnation  en  regie,  tandis  que  le  comte  de  Brandt 
fut  execute  a  mort  avec  Struensce  ,  afin  que  ce  dernier  eut  un 
compagnoii  de  voyage,  consnie  le  disait  alors  une  chanson  po- 
pulaire  tres-repandue.  Au  reste  ,  depuis  plus  de  quarante  ans  , 
celte  scene  sanglante  a  etc  appreciee  en  Danemark  a  sa  juste 
valeiir;  et,  si  Ton  convient  que  Struensee  n'etail  pas  entiere- 
ment  innocent,  du  moins  on  reconnail  getieraleinent  qu'il  n'e- 
taitcoupable  que  de  cette  espece  de  delits,  qui  sont  commis 
tous  les  jours  inq)unemenl  par  d'aulres  ministres,  favoris  des 
rois.  Devenu  puissant,  il  eiit  la  fniblcsse  de  croire  que  sa  puis- 
sance n'aurait  jamais  de  bornes.  Favor!  da  roi,  il  conlracta 
une  partie  des  vices  de  cetlesorte  d'liomines  :  il  aurait  cu  leur 
sort,  celui  d'etre  renvoye  avec  des  honneurs  et  des  richesses, 
s'il  avait  nppartenu  a  la  caste  de  la  haute  noblesse;  mais  il  n'e- 
tait  que  mcdecin;  il  avait  voulu  alleger  le  joug  oppressif  sous 
Icquel  rinsoleiice  des  nobles  et  des  ci-devant  laquais  accablait 
les  autres  classes  de  citoyens;  des  lors,  il  dut  perir.  Notre 
auteiir  lui  donne,  a  ce  sujet,  un  cioge  mcrite,  lorsqu'il  dit 
(page  i36):  «  Siruensee  ne  fut  pas  sans  doule  cxciiipt  d'er- 
reiirs;  mais  il  chercha  sincerement  a  procurer  le  bien  de  I'etaf, 
et  pbisieurs  de  ses  rcformes  doivent  honorer  son  administra- 
tion, et  lui  assurer  la  reconnaissance  de  son  pays,  v 


SCIENCES  MORALES.  485 

Nous  voudrions  faire  ici  le  recensement  des  fautcs  dont  on 
accuse  Siruensee,  ainsi  que  dcs  excellentes  institutions  qui  lui 
sont  dues;  mals,  cominc  ce  recensement  serait  trop  long, 
nous  renvoynns  nos  lecteurs  aux  patjes  i34-i/(G  de  ces  me- 
moires;  ils  jugeront  facilement  combien  scs  errcurs  elaient  pcu 
nombreuses  ,  si  on  les  compare  avec  le  £;iaii(i  iiombre  desame- 
lioralions  (lu'il  eut  le  boiilienr  d'introduire  dans  I'administra- 
tion  dii  pays,  ainsi  que  (le  ceiles  qn'il  avait  projetces ,  ct  qui 
avaient  recu  un  coniinenrement  d'execution.  Quant  aux  pre- 
tendties  liaisons  d'intiinile  avec  la  reine  Caioline-Mathilde  , 
dont  Slrnensee  fut  jjubliqufinent  accuse,  M.  de  Falkenskiold 
cherclie  a  juslifier  les  deux  parlies,  et  nous  aimons  a  croire 
qu'il  n'y  a  pas  irop  mal  reussi.  Qiioi  qu'ii  en  soit ,  comme,  dans 
de  paretics  affaires ,  les  preuves  materiellesmanquent  presque 
toujours,  nous  ne  nous  permettrons  pas  d'emettre  une  opi- 
nion j)ositive  sur  ce  sujet.  Seulenienf ,  et  pour  faire  connailre 
I'esprit  qui  aniniait  la  commission  char^'ce  d'interrogcr  et  de 
juger  celte  nia'heiireuse  reine  et  ses  co -accuses  ,  nous  ne  pou- 
vons  nousemfieclier  de  rei)r()duirc  ici  une  anecdote  (jue  nous 
avoiis  (lejii  ci'ee  ,  et  nous  emprunlerons  les  juopres  paroles  de 
M.de  Falkenskiold.  «  Le  conseiller  Sc/uir/r,  dit-il  ,  jiage  233  , 
])resi(lait  la  commission  cliargce  d'interroger  la  reine  an  cha- 
teau de  Cronborg,  ou  elie  etait  enfermee.  Ccfte  princesse  Te 
recut  d'abord  avec  hauteur,  et  temoigna  beauconj)  d'indigna- 
tion,  quand  il  lui  j)arla  de  ses  liaisons  avec  Struensee.  Alors, 
Schack  lui  fit  Icciure  de  la  declaration  que  Struensee  avait 
faite,  et  il  obscrva  que  cet  accuse  subirait  un  supplice  tres- 
cruel ,  si  la  declaration  etait  fausse.  La  reine  examina  un  ins- 
tant cette  declaration;  puis,  rt'flechissant  sur  cet  ificidcnt  inat- 
tenilu:  «  Quoi!  dit-elle  aSchack,  ])ensez-vousque,  sijeconlirme 
cetle  declaration,  jc  siiuverais  la  vie  a  ce  malheureux  ?  »  Schack 
repondit  par  une  inclination  profon^le.  La  reine  prit  la  j)lumc, 
signa  la  premiere  syllabe  de  son  iiom  et  s'evanouit.  Schaik 
acheva  la  signature. » 

En  ce  qui  concerne  personnellenient  M.  de  Falkenskiold  , 
nous  avons  deja  dit  qu'il  subit  un  emprisonneinent  de  qiiatre 
ans;  il  fut  ensuite  mis  en  liberie  a  des  conditions,  dont  voici 
lesprincipales  :  i°qu'ilsereudrait  immediatement ,  et  par  mer, 
en  Provence  ou  en  Languedoc,  pour  y  etablir  sa  residence; 
2°  qu'il  s'engagerait  a  ne  jamais  revenir  en  Daneraark,  et  a  ne 
point  quitter  le  pays  qu'd  aurait  clioisi  pour  sa  residence,  sans 
la  permission  du  roi ;  3°  qu'il  u'entreiait  au  service  d'aucunc 
puissance  eli'angere,  et  qu'il  n'agirait  ni  n'ecrirait  in  aucune 
maniere  contre  le  roi  cuconire  la  faniille  royalc. 

« 


486  LIVRES  FRANCAIS. 

Ala  fin  de  I'aii  1787  ,  lorsque  la  {;;uerre  ilait  sur  le  point 
d'eclater  cnfre  le  Uanemaiketla  S'lcde,  M.  de  I'alkenskiold, 
donl  les  talensmilitaires  avaientele  bien  apprecics,  fut  rappcle 
dans  sa  patrie.  Le  dOcrcl  d'exil  poite  contre  lui  f'ut  annule,  et 
il  revint,  au  iiiois  do  mars  1788,  a  Copenhague,  oil  I'aiiteurde 
cetaiiicle  se  rappelle  fort  bien  de  I'avoir  rencontre  deux  on 
trois  fois.  CepenJant,  cctte  guerre  ayanl  eu  unc  fin  aussi  su- 
bite  que  son  commencement  avaitele  imprevu,  M.  de  Faikens- 
kiold  quitta  une  seconde  fois  sa  ])atrie  pour  aller  s'etablira 
Lausanne,  oil  il  est  niort  le  3o  sept(;nibre  1820 ,  honore  de 
I'amitie  et  de  I'estinie  de  tous  les  homines  dont  il  se  trouvait 
entoure,  et  a  I'age  de  82  ans  el  quelciucs  niois- 

Ces  uu'nioirrssont  suivis  d'lin  autre  mcmoire  sur  i'etat  mili- 
taire  du  royaurae  de  Dauemark,  ecrJ!,  a  ce  qu'on  voit  claire- 
ment,  il  y  a  plus  de  t  rente  ans.  Aussi ,  bcaucoup  de  vices  de  son 
organisation  ,  que  I'aulenr  y  rcleve  ,  ont  disparn  avec  le  lems; 
il  en  reste  neaninoins  un  bon  nombre,  que  probablement  I'ave- 
nir  fera  disparnitre.  Parmiccs  \ice5,  M.  de  Falkenskiold  compte 
avec  raison  !e  nombre  prodigieux  de  iroupes  de  terre  ,  que  le 
Danemark  entrctenait  alorsen  terns  de  paix  ,  et  qui  eiait  loul- 
a-fail  hors  de  proportion  avec  les  ressources  du  pays.  Les  ca- 
dres etaient  alors  de  soisante-six  niille  liommes,  ct  il  prouve 
la  verite  de  ses  assertions  par  ce  (;ui  nrriva  en  1762,  lorsque 
les  menaces  de  I'enipereur  Pierre  III  obligerent  le  roi  de  Da- 
nemark  de  mettre  en  activiie  une  armee  de  vingt-cinq  mille 
hommes.  Get  armement,  pour  leqnel  le  Dancmark  dut  con- 
Iracter  une  dette  de  cjuarante-deux  millions  de  livres  sans  par- 
ler  des  ressources  ordlnaires  du  Iresor,  fut  bicniot  reduit  a 
vingt  mille  hommes,  parce  que  I'armee  manquait  de  tout; 
cependani,  eile  ne  fut  que  six  mois  sue  le  pied  de  guerre,  et 
n'eut  aucun  ennemi  a  combattre.  Aussi  dit  -  il  avec  raison 
(page  3i8) :  «  S'il  est  vrai ,  comme  I'liistoire  le  dernontre,  que, 
depuis  pres  de  deux  siocles ,  les  troupes  de  terie  du  Dane- 
mark  ont  presquc  lotijonrs  ele  bat  lues  par  celles  de  Suede  ,  il 
faut  recnnnaitre  qu'independamment  du  courage  des  deux 
peuples ,  il  y  a  dans  le  gouverneinent  danois  quelque  chose 
qui  conlrarie  les  disposiiions  natioiiales ,  et  que  ce  vice  intc- 
riciir  a  produit  cette  suite  coniinue  de  re\ers,  dont  le  tableau 
est  si  affligeant  i)Our  tout  vrai  Danois.  « 

Nous  ne  savons  pas  exactement  jusqu'a  quel  point,  dansces 
derniers  tems,  on  a  porte  la  diminution  du  nombre  des  trou- 
pes de  terre;  mais  il  est  certain  qu'encore  aujourd'hui ,  lout 
Comme  alors,  I'arraee  de  terre  est  hors  de  toute  proj;ortion 
avec  la  population  et  les  ressources  du  royaume,  et  qu'elle  ne 


SCIENCES  MORALES.  487 

doil  son  developpeinent  monstriieux  qu'aux  privations  que  i'on 
fait  subir  a  la  marine  inilitaire  daooise;  et  ceijendanl ,  la  ma- 
rine est  la  veritable  arnie  defensive  de  la  nation.  Pour  se  con- 
vaincre  de  la  vtrite  de  cetle  assertion  ,  il  snffu  de  jeler  un  coup 
d'ceil  siir  une  carte  geographique.  Ajoulons  un  fait,  ijui  est  a 
la  coniiaissance  de  tout  le  nionde,  et  que  nous  aiinons  a  con- 
fii  mer  jiar  une  citation  extraile  des  nienioires  de  M.  de  Falkens- 
kiold."  Par  un  contraste  frappant,  dit-il,  page  ^72  ,  tandis  que 
raimee  de  terre  du  Daneniark  n'a  eprouve  que  des  revers,  son 
armee  de  mer  s'est  signalee  par  des  exploits  brlllans ,  et  a  con- 
serve une  superiorite  bien  decidee  surles  flottessuedoises. » 

M.  de  Falkenskiold,  ayant  servi  avec  une  grande  distinction 
dans  I'armpe  russe  ,  i>endant  la  guerre  de  1 769  et  1 770  contrc 
la  Porte  otloinane,  avail  ccrit  des  Considerations  sur  ces  deux 
campagnes  des  Ritsses  centre  les  Turcs  ,  que  I't'diteur  a  mises 
en  tele  des  autres  inenioires.  Comma  I'auleur  y  a  caracterise 
plusieurs  hommes  distingues  ,  avec  lesquels  il  a  en  des  rela- 
tions ,  nous  croyons  faire  plaisir  a  nos  lecleurs ,  en  copiant  ce 
qu'il  dit ,  page  34  ,  sur  le  celebre  comte  deRomanzoJf:  «  C'e- 
tait  un  homnie  de  beaucouj)  d'esjirit  naiurel ,  mais  de  pcu 
d'instruction  ;  entete  dans  ses  opinions  ,  fort  porle  a  la  jalou- 
sie ,  incertain  et  indetermine  dans  les  ordres  qu'il  doniiait,  par 
crainte  de  se  comprometlre.  Son  secrelaire  disait  naivenient: 
«  II  m'a  si  fort  accoutume  a  tcrire  d'une  maniere  equivoque  et 
vague  ,  que  mes  parens  ne  peuvenl  dccouvrir  ,  dans  les  lettres 
queje  Icur  ecris,  si  je  me  parte  bien  ou  mal.  » 

Le  deposiiaire  de  ces  uiemoires,  M.  Secretan,  vice-presi- 
dent de  la  Cour  des  appels  supre.-nes  du  canton  do  Vaud,  etant 
in6rt  avant  leur  publication,  elle  a  etc  soignee  par  un  ano- 
nyme,  auquel  ont  cchappe  deux  erreurs ,  certainement  tres- 
excusables  de  la  part  d'un  etranger  qui  neconnait  ])as  bien  le 
Danemark.  Dans  sa  courte  preface,  il  donne  d'abord  a  M.  de 
Falkenskiold  le  litre  de  comte  qu'il  n'a  jamais  eu;  ensuite , 
page  IX,  il  fait  du  principal  raoteur  de  la  conspiration  conire 
Struensee,  de  M.  Guldberg  ,  unchapelain  qui  devint  })lus  tard 
premier  ministre.  I\I.  Guldberg  est  en  effet  devcnu  ])remier 
ministre  ;  mais  il  n'a  jamais  ete  ecclesiastique.  Voici  ce  que  dit 
(  page  i55  )  sur  son  compte  I'auleur  des  mcmoires  ,  et  ce  quia 
pn  induire  eu  erreur  notre  anonyme  :  «  Guldberg,  fils  d'un 
meunier,  ayant  ete  destine  a  I'etat  ecclesiastique ,  s'appiiqua 
•Tahordaux  etudes  rtlatives  a  sa  vocation,  et  se  fit  connaitre 
par  des  ouvrages  de  theologie.  La  faveur  de  quelques  personnes 
considerables  lui  fit  confier  I'educalion  du  prince  Frederic,  et 
lui  donna  I'occasiou  de  s'insinuer  aupres  de  la  reine  douairiere 


488  LIVRES  FRirVCAIS. 

Julie- Marie ,  doiit  il  gagiia  la  contiance.  GuKlberg  couvrait 
d'un  e.iti'rieur pieiix ,  el  du  larigaf:c  d'ttn  humble  prelrr  une 
ambition  profonde.  Du  sein  de  son  obscurile  niodeste,  ilepiait 
le  moment  favorable  jioiir  employer  Rant/ati  ct  son  p.irli  au 
projet  quil  mcditait  de  niettreles  renes  de  I'etat  dansles  faibles 
mains  du  prince  Frederic  et  de  Julie-Marie,  d'oii  il  les  ferait 
aiscment  passer  dans  les  siennes.  i'  Que  ce  portrait  soil  vrai  on 
faux,  e'est  ce  que  nous  ne  voulons  pas  examiner.  FeuM.  Gnld- 
Lerg  a  sans  doute  eu  des  torts;  m.sis  on  ne  doit  pas  oublier 
que,  pendant  son  minislere  ,  il  a  constammcnt  p.rote^:;e  les 
hommes  de  lettres,  et  qu"il  a  puissammenl  contribiie  aux  pro- 
gres  des  bonnes  etudes  en  Danemark.  Cependant ,  la  verit6 
nous  oblige  d'ajouter  ici  ce  que  dit  I'autcur  des  mcmoires 
(page  20J  ),  en  commeniant  un  des  chefs  d'accusation  de 
'Slruensee,  celui  d'afoir  congeJie ,  sa.-is  /brine  de  proces ,  et 
sans  en  rejorer  a  la  justice ,  un  s:randnombre  d' employes  : 
■v  Obscrvons,  dit-il,  que  les  memes  hommes  qui  imputent  ce 
grief  a  Slruensee,  out  depouille  ainsi  de  lenrs  emplois  ceux 
qui  leur  deplaisaient ,  et  meme  leur  ont  ravi  la  liberie  et  leurs 
biens.  Ce  que  j'al  eprouve  personnellement,  me  met  certes  eu 
i^tatdcn  juger. u 

II  y  a  une  autre  erreur,  qui  appartient  sans  doute  a  I'auteur 
des  memoires  lui-nieme.  C'est  lorsqu'aux  pages  ao5  et  aSi  il 
parle  d"un  chateau  de  Gripshohn ,  <[\u  est  un  chateau  des  rois 
de  Suede.  II  faut  lire  Hirschholm.  II  n'est  pas  etonnant  qu'un 
vieillard,  eloigne  de  sa  patrie  depuis  un  demi-sicc'.e,  ait  pu 
confondre  ces  deux  noras.  Mais  une  erreur,  qui  n'est  pas  a  lui, 
etdont  nous  ne  pouvons  accuser  (jue  ie  prote,  est  celle  de  la 
page  i3a,  repetce  plus  de  trente  lois,  oil  il  est  parie  d'un 
M.  de  Stolh.  Aucun  personnage  de  ce  nom  n'a  jamais  existeen 
Danemark.  II  faut  lire  :  le  Comte  de  Hold.  D'autres  noms 
propres  sont aussi  mal  orthographies;  mais,  commeilsappar- 
tiennenta  des  indlvidus  pcu  coniius  et  peu  importans,  il  n'est 
pas  necessaire  d'en  indiqucr  la  veritable  orthographe. 

Les  memoires  de  M.  de  Falkenskiold  seront  lus  avec  un  vif 
interet  :  ils  se  distinguent  par  une  grande  et  severe  impar- 
tialite.  Heibkrg.  ^ 

21 4-  —  *  Memoires  reltUi/s  a  la  fu  mi  He  royale  de  trance  ,  ■ 
pendant  la  rei-olution  ;  accompagnes  d'anecdotes  inconnues  et  • 
aulhentiques  sur  les  princes  contemporains  et  autres  jierson- 
nages  celebres  de  cette  epoque;  publics  pour  la  premiere  fois 
d'apres  le  Journal  ,  les  lettres  et  les  entreiiens  de  la  princesse 
de  Lamballe,  par  une  dame  de  qualile  altachec  au  service 
confidentielde cette  infortunee princesse.  Paris,  1826  ;  Treuttel 


SCIENCES  MORALES.  489 

et  Wurtz,  rue  de  Bourbon,  n°  17;  Strasbourg,  m^nie  niaisoii 
dc  commerce.  2  ■vol.  in-8"  ,  avec  le  portrait  de  la  princessc  et 
le  chiffre  de  la  correspondance  secrete  de  Maile- Antoinette ; 
prix,  i5  fr. 

Apr6g  tant  de  memoires  sur  la  revolution  ,  en  voici  de  nou- 
•veaux  qui  contiennent  encore  plusieurs  faits  inconnus,  ct 
meme  qiielques  revelations  imporlantes.  En  general ,  on  les 
lira  avec  intcret;  luais  on  aurait  tort  de  les  lire  sans  defiance. 
Ce  n'est  pas  que  je  ]irefende  nier  raulhenticite  du  Journal  de 
la  prince?se.  Qiiclqiies  feuilles  publicjues  avateut  cleve  des 
doutes  sur  ce  jjoint;  d'autres  avaient  meuie  fait  plus;  et  le 
voile  de  I'anonyine  dont  s'enveloppait  I'editenr  semblait  don- 
ner  du  poids  a  leurs  assertions.  Mainlenant ,  on  sait  que  cet 
editeur  est  M™'=  la  marquise  de  Govion-Broglio-Solari.  Eile  vient 
de  se  nommer  ,  et,  dans  une  letlre  imprimee  ,  apres  avoir  pro- 
voque  ses  accusaleurs  a  se  nommer  a  leur  tour,  ellc  lianscrit 
le  serment  qu'elle  avait  deja  preie,  I'annce  derniere  devant  le 
lord-maire  de  Londres,  pour  attester  que  son  livre  n'etail,  dans 
tout  ce  qui  jiortait  le  litie  de  Journal  de  la  princesseclc Lam- 
balls,  qu'unetraduction  fldeledes  notes  ecrites  en  italien,  qui  lui 
furent  coniiecs  ])ar  la  princesse  elle-meme,  en  1792.  Je  ne 
sache  pas  qu'on  ait  repondu  a  celte  letlre,  et  il  faut  convcnir 
que  i'on  ne  peut  guere  demander  de  plj;s  grandcs  sureles,  a 
moins  d'exiger  la  representation  du  manuscrit  original  auto- 
graplie,  chose  a  laquelle  il  scrait  peul-ctie  ulile  de  sounieltre 
en  general  loutcs  les  personnes  qui  publient  des  onvrages  de 
ce  genre  ,  mais  dont  on  a  dispense  tant  d'editeurs.  Aussi ,  quasid 
j'ai  pp.rle  de  defiance  ,  ai-je  \oulu  dire  seulement  que  la  posi- 
tion de  la  princesse  ,  ses  affections,  son  entourage  ,  avaient  du 
souvent  la  tromper  sur  les  lionimes  et  sur  les  evenemens.  Pour 
n'en  ciler  que  deux  exemi)les,  qui  ponrra  croire  mainlenant 
que  les  empereurs  .loseph  II  et  Leopold  aient  ete  fmpoisonn(5s 
par  des  agens  de  I'assemblee  nationale,  et  que,  dans  un  comile 
secret,  la  meme  assemblee  ait  decide  de  faire  perir  de  la  meme 
maniere  Louis  XVI  et  toute  sa  famillc?  Ce  sont  de  ces  ciioses 
qui  peuvent  se  tramer  dans  un  conseil  compose  de  cinq  ou 
six  individus,  mais  C|ui  ne  s'agitent  jamais  dans  les  assemblees 
des  representans  d'une  nation  ,  pas  plus  en  comite  secret  qu'en 
seance  ])ublique.  Le  poison  n'est  pas  I'armc  des  peuples. 

Pour  que  la  princesse  de  Lamballe  ait  pu  ajoulcr  foi  a  des 
bruits  si  absurdes  ,  il  a  fallu  que  ses  ressenlimens  fissent  etran- 
gement  violence  a  sa  raison  qui,  sur  d'autres  objels,  parait 
souvent  droite  et  eclairee.  Je  citerai,  pour  appuyer  cet  eloge  , 
les  regrets  qu'elle  eprouvait  dc  i'imprudente  demande  d'lm 


Ago  LIVRES  FRANCAIS. 

jecours  ^iranger.  «  PlAl  a  Dieti,  disait-elle  a  la  iiiaii|uise  dc 
Solari ,  plul  a  Dieif  qu'on  n'eut  jamais  provoque  I'inlervention 
c'trungeie !  Oli !  pour(iuoi  la  Reiiie  a-i  cllo  refuse  deinecroire!... 
Jamais  Ics  armc'-cs  ne  soumellront  les  nations,  une  nation  sur- 
tout  exaltee  ])a!'  la  conqucte  n'-cente  de  son  indcpendance  el 
de  sa  libeite,  apres  avoir  subi  le  joiig  d'un  gouvernement 
faiblc  et  corrompu.  • 

Conime  le  journal  de  la  princcsse  offrait  de  grandes  lacunes , 
I'editeur  a  conii)Ose,  pour  )es  remplir,  un  certain  nombre  de 
chapitres.  Ceile  partie  de  I'ouvrage  n'est  pas  la  moins  inte- 
ressante.  On  y  remarqiiera  j)tincipalement  des  details  sur  la 
corres[)ondance  de  la  reine  axec  les  princes  etraiif;ers,  ct  suif 
des  plans  soumisa  Louis  XVI  par  lefameux  Burke.  Get  hoinme, 
a  qui  Ton  a  voiilu  faire  la  reputation  d'un  politique,  proposail 
an  roi  de  singuiiers  moyens  de  saint.  Le  principal  consistait 
a  lever,  pour  le  conipte  du  gouvernement  fran^ais,  soixante 
inille  soldats  irlandais,  charges  de  venir  successivement,  par 
tiers,  remplacer  en  France  les  troupes  nationales  qu'on  aurait 
envoyecs  dans  les  colonies.  Presse  de  finir,  j'ajouterai  seule- 
ment  que  M""' de  Solari  etend  son  recit  jnsqu'a  la  mort  de  la 
]irincesse  Elisabeth  ,  et  reniplit  ainsi  tout  ce  que  proinet  le 
titre  de  son  livre  qui  ne  ])ent  manquer  d'avoir  du  succes.  Z. 

2 1 5. —  Souvenirs  et  melanges  litteraires ,  politiqiies  et  bio- 
graphiques ;  par  M.-L.  de  Rochefort.  Paris,  1826;  Bossange 
pere,  Bossange  freres.  2  vol.  in-S"  de  xiv  ,  46/1  et  5  ,  448  et 
5  pages;  prix ,  14  fr.  et  17  fr.  par  la  poste. 

Tout  se  trouve  melange  dans  ces  d?ux  volumes  :  anecdotes 
politiqucs  el  lilteraires,  epigrammes  et  madriganx  ,  feuillelons 
moraux  ,  caiembouis,  notices  biographiques ,  etc.;  et  I'ou 
doit  bien  s'altendre  a  rencontrer,  dans  cet  assemblage  confus 
demateriaux(  rudis  indigestaque  moles  ),  beaucoup  de  clioses 
vieillies  on  insignifianles  et  peu  dignes  de  paraitre  au  grand 
jour. 

L'au'eur  recneillait  ses  souvenirs,  de  1796  a  i8r>5,  tour  ^ 
tour  sous  le  dircctoire,  sous  le  consnlat  et  sous  I'empire.  Aussi, 
les  peisonnages  et  les  evenemens  de  la  revolution  sontils  ex- 
poses a  ses  jugemcns,  on  plulot  a  ses  critiques,  souvenl  in- 
justcs,  pariiales,  passionnees.  M.  de  RocheCort,  si  toulefois 
I'auteur  n'a  ]>as  cache  son  veritable  nom ,  appartient  a  cette 
classe  d'homities  qui  n'ont  vu  .  dans  noire  grande  commotion 
polili(]ue,  suite  nccessaire  de  la  inarcbe  progeessi\e  de  la  civi- 
lisalion,  quune  rebellion  sanglante.  qu'une  imitation  terrible 
et  bnrlesque  a  la  fois  de  la  Ligue  et  de  la  Fronde.  11  nepargne 
ni  les  declamations,  ni  les  plaisanteries  contre  la  liberie,  I'ega- 


SCIENCES  MORALES.  A91 

liio,  les  philosophes  et  les  sans-culoltes ,  conire  les  demagogues 
decarrefoursetles  Iribuuaiix  revolutionnaires.  Fermant  lesyeux 
Mjr  les  iinmensesbienfaiis  ([ue  la  France  doit  au  nouvel  ordre  de 
clioses,  il  rie  cesse  de  ciier  la  Concierii;erie,  le  Temjile,  les  Sep- 
tenibi'iseurs,  la  Guillolineet  laTerreur;  il  secroit  bon  Francais, 
lorsque  acciieiUant  avec  avidite  toutes  les  calomnies  qu'inventa 
I'esprit  de  parii,  il  a  pu  ajouter  un  crime  a  la  liste  de  ceux 
que  riiibtoirea  lieja  consacies.  Et  cependant,  ces  crimes  appar- 
tiennent  a  lous  les  terns;  ils  ont  sigiiale  toutes  les  lutles  po- 
piiiaires,  dont  ils  sonl  les  inevitables  resultats;  et ,  sans  re- 
monler  a  des  tems  Ires-recules  ,  nos  annales  nous  f'ournissent 
des  forfatts  aussi  atroces,  sons  Louis  XI,  sons  Charles  IX  et 
sous  les  rois  leurs  sTiccesseurs. 

Ce  qui  distingue  la  rcvoliilion  francaise  de  la  plupart  des 
revolutions  ])aliliques,  c'est  le  but  de  legeneration  et  d'anje- 
Jioration  vers  leiiuei  aspU-ail  dans  I'origine  toule  la  nation  :  ce 
sont  les  juincipes  <]ue  cette  revolution  a  propages,  les  abus  en- 
jacines  qu'elle  a  detruits ,  les  institutions  (ju'elle  aelablies; 
fnfin  les  vertus  et  les  lalens  qu'elle  a  reveilles  chez  des  hora- 
mes  condamnes  sans  elle  a  Tinaclionel  a  i'obscurite.  On  pour- 
rait,  en  elfet,  ©iposer  avccavantage  mix  compilations  perfides 
oil  Ton  se  plait  a  enumerer  des  fautes,  des  erreurs  et  des 
forfails  ,  une  galerie  de  belles  actions,  de  devoumens  heroi- 
ques,  dont  le  spectacle  serait  consolant  ])our  Fhiimanite,  et 
honorable  pour  la  patrie. 

Nous  pourrions,  en  onposant  a  M.  de  Rochefort  le  revers 
de  la  medaille  qu'il  nous  prescnte ,  liii  proiiver  que  les  amis 
de  la  liberie  ne  furent  point  tous  des  hoiiiiries  de  sang,  et  que 
beaiicoup  d'hommes  sanguinaires  et  couveits  ile  crimes  furent 
de  boiis  et  ardens  royalistes.  Nous  lui  piouverions  aussi  que, 
dans  Tun  et  I'autre  parti,  se  manifestcrent  des  caracteres  ele- 
ves  et  de  sublimes  vertus.  Cette  demonstration  I'engagerail  sans 
doute  a  retranther  de  son  ouvrage  certaines  epigrammes,  dont 
rinteution  seule  est  mechante,  entre  aiitres  des  vers  atiribues 
a  Deliile  el  d'aulres  d'un  certain  M.  Dropecq,  011  le  frere 
d'armes,  I'ami  de  AVasliington  est  compare  a  Cromwell  et  k 
Marat  I 

Chose  etrange!  I'auleur  f|ui  a  recueilli  avecun  soin  scrupu- 
leux  les  anecdotes  souvent  calomnieuses,  les  epigrammes  du 
moment,  dirigees  conire  les  liommes  de  la  revolution,  parait 
n'avoir  jamais  entendu  jiarler  des  reprciailles  de  la  Vendee, 
des  socieles  de  Jesus  et  du  Soleil ;  il  ne  trouve  aucune  occasion 
de  signaler  les  crimes  du  parti  aristocratique  et  de  verser  sur 
lui  les  traits  d'une  vertueuse  indignation  ,  ou  ceux  d'unc  mor- 


/.ga  LIVRES  FRANCA-IS. 

daiite  satire.  N'l.ublions  pas,  cependant,  qu'il  a  eu  la  bonne 
foi  d'exlraire  des  ia[)ports  de  la  ])olice  pour  les  anneesi76'i, 
1764,  etc.,  un  certain  nombre  d'histoires  scandaleuses ,  qui 
ne  font  guere  honneur  a  I'ancien  regime,  niais  qui,  vu  leur 
dale,  ne  peuvent  coinpronioitre  en  ricn  la  noblesse  conlera- 
poraine. 

Si  nous  passons  a  la  parlic  litleraire  de  ccs  souvenirs  ,  nous 
y  trouverons  encore  bieii  des  traces  do  I'esprit  de  jiarli.  Voici 
un  jugenient  sur  I'anleur  de  Tibi'ie  et  de  YEpi'tre  sur  la  calonf 
nie ,  qui  n'csl  point  de  M.  de  Rocliefort,  niais  auqiiel  il  ne 
rouglt  pas  de  donner  son  assentiment.  «  Point  de  genie,  peu 
d'esprit,  de  la  faclure,  de  la  mi'nioi;e,  un  long  exeicice.  » 
Suivent,  dispersc^es  dans  le  conrs  des  deux  volumes,  quelqnes 
cenlaines  de  vers,  dlctes  a  la  mediocrite  \iAT  I'envie  et  par  les 
Laines  ])olili(iues;  mais  la  lionle  et  le  ridicule  ,  loin  d'atteindre 
jusqira  Clienier,  retombent  lout  cntiers  sur  les  auteurs  obscurs 
de  ccs  diatribes  riinccs.  Delille  ,  Parny ,  Lpgouve,  Boufflers, 
Desmotitiers,  Tlieveneau,  voire  nicnie  Lebrnn,  auquel  on  re- 
proche  neanmoins  des  odes  inj nines  contre  les  rot's,  sonttraites 
avec  moins  de  defaveur.  Des  jiioductions  peu  connues  de  ces 
poetes,  quelqnes  details  interessaiis  sur  leurs  ])ersonnes,  et  iin 
petit  nombre  d'anecdotes  neuvcs,  et  qui  paraisscnt  averees, 
formenl  la  parlie  saine  de  ce  recueil.  Nous  I'avons  Ine  avec  in- 
tcret  et  nous  la  recommandons  avec  le  nicme  plaisir  tpie  nous 
aurions  eu  a  louer  tout  I'ouvrage,  si  Ic  choix  de  I'autenr  avail 
ele  plus  consciencieux  et  plus  severe;  s'il  avait  eu  la  prudence 
de  ne  pas  adopter  avenglumcnt  et  de  ne  ]ioint  reproduire  de 
tristes  et  odieuses  caloninies;  s'il  n'avait  pasafficlic  des  opinions 
polili(iucs  exagcrccs  ct  intolcrantes  qui  ne  peuvent  qu'cloigner 
un  grand  nombre  de  lecteurs;  s'il  avait  conseriti  a  laisser  dans 
I'oubli  certains  vers,  donl  lout  le  merile  est  d'etre  nes  au  sein 
de  sa  coterie;  enfin ,  s!il  avait  pu  se  rcsoudre  a  parler  moins 
souvent  de  sa  personne,  et  a  I'aire  un  usage  moins  frequent 
des  dernieres  bribes  de  son  portefeuille.  IN*. 

a  1 6.  —  *  Notice  sur  la  vie  de  M.  le  due  de  Montmorency  ; 
par  M.  Vetillart,  vice-president  de  la  Societe  royale  d'agri- 
culture  du  Mans,  etc.  Le  Mans,  i8'26;  imprimerie  de  Mon- 
noyer.  In-8°  de  19  pages. 

Feu  M.  de  Montmorency  ctait  proprieiaire  du  clialeau  de 
Bonnutable,  depariement  de  la  Sarilie;  c'cst  ce  qui  juslifie  le 
tribut  d'eloges  et  de  regrets  qui  lui  a  ele  paye  spccialement 
dans  cette  contree.  On  jugera  de  I'esprit  et  peut-etrc  aussi  du 
style  de  Torateur  par  la  phrase  suivante  ,  qui  fait  allusion  aux 
elections  :  «  l.e  deparlement  de  la  Sarll.e,  grace  aux  Montmo- 


SCIENCES  MORALES.  —  LITTERATURE.        /igS 

reiicy,  grace  aux  Breteuil ,  rcprit  son  rang  debou  departement 
(p.  4).  »  Ces  mots  renferment  une  insinuation  injurieuse  pour 
deux  grands  citoyens  que  le  departement  de  la  Sarllie  a  comp- 
les pendant  quelques  annees  ,  au  nombre  de  ses  deputes,  et  en 
meme  terns,  une  approbation  assez  formelle,  des  inanoeiivres 
coupables  et  fletiies  aujourd'iini  par  tous  les  partis,  a  l"aide 
dest|uelles  on  n'a  que  trop  reiissi  a  coini)rimer  en  France  la 
liberte  des  elections.  De  la  naitraient  facilement  des  reflexions 
ameres  que  nous  siipprimons,  pour  ne  pas  nous  engager  dans 
une  poiemiqneliorsdeslimites  et  des  proportions  del'opuscule, 
qui  aurait  du  n'etre  rempli  que  de  paroles  d'union  et  de  j)aix, 
pour  etre  digne  de  celiii  dont  on  a  voulu  lionorer  la  memoire. 

X. 
LiU'-raturc. 

217.  —  *  Atlas  historique  et  chronologique  des  litteratures 
anciennes  et  modernes  ,  des  sciences  et  des  beaux  -  arts  , 
d'aprcs  la  inethode  et  sur  le  plan  de  I'atlas  de  A. -A.  Lesage, 
(comte  de  Las-Cases )  ,  et  propre  a  former  le  complement  de 
cet  ouvrage  ,  par  A.  Jarry  de  Mangy.  Deuxicnie  livraison. 
Paris,  182S.  J.  Renouard.  Un  caliier  grand  in-foi.  contenant 
deux  tablea!ix.  Prix  de  chaque  livraison  de  deux  tableaux 
pour  les  souscripteurs ,  8  fr.  L'ouvrage  entier  se  composera 
de  25  tableaux  an  plus. 

Nous  avons  annonce  deja  la  premiere  livraison  de  cet  titile 
atlas,  (]ui  contenait  le  tableau  historique  ct  clironologique  de 
I'Academie  francaise  et  de  rAcadumie  des  inscriptions  el  belles- 
lettres.  (Voy.  Rei'.  eric,  t.  xxix,p.  S/jS).  Nouslrouvons  dans  cette 
livraison  une  rnappemonde  des  langues,  ou  tableau  general 
des  langues  anciennes  el  modernes,  ct  un  tableau  historique 
et  chronologique  de  la  litteraturc  romaine  ou  laiine.        J. 

218.  —  Essai  sur  les  mojens  de  J'acUlter  V elude  du  grec  et 
du  latin,  d'apres  un  |)roce(!e  iiouveau;  par  le  baron  N.  Fri- 
RiON  ,  lieutenant  -  general.  Paris,  1826;  Anselin  et  Pochard. 
In-8"  de  ij  et  /jo  pages;  prix  ,  1  fr. 

M.  Frlrion  avail  I'lntenlion  de  se  consacrer  a  I'educatiou  de 
ses  enfans  ,  el  d'appliquer  a  lour  instruction  une  methode  donl 
il  croit  devoir  fjiirt'  partau  public.  Son  proccde  n'a,  selon  nous, 
rien  de  Ires-nouveau  :  t'est  la  mi'tliode  de  I'abbe  Gauthier, 
dont  I'un  des  a^aniages  ,  dans  la  traduction  interlinoaire,  con- 
sisle  a  etablir  une  disposition  des  lignes  telle  C{ue  les  mots  ranges 
de  gauche  a  droile,  dans  I'ordre  de  la  phrase  latine,  i)uissent 
de  haul  en  bas  ^tre  Ins  dans  I'ordre  analytique  de  la  langue 
francaise. 


igl,  LIVRES  FRANCAIS. 

M.  Tririoii  jnopose,  en  ouire,  des  cahiers  d'analyse  grani- 
maticalc  et  de  traduction.  Ces  divcrscs  formaliles,  ct  cctic 
tenue  de  caliicrs  ne  soni  pas  non  [ilus  uno  rliose  nouvelle, 
mais  nn  nioyen  de  ctinstatcr  Ics  Ir,.vaiix  de  I'elove  et  iin  gage 
de  ses  ])rof;i-es.  Usi  resle  ,  les  diiruulti's  que  I'eiifant  irouve 
dans  I'etude  des  niols  isolcs,  declim's  ct  eonibinrs,  nous  sem- 
blrni  toujonrs  subsi.ter  dans  leur  enlier  et  aitendre  pour  dis- 
parnilte,  d'lieiinuses  innovations  dans  renseignenient  eleinen- 
taire.  B.  J. 

219.- — *  Dibliothequc  lalinc-francaise ,  ou  collection  des 
classiqucsla'ins,  avec  la  triiduclion  en  regard.  Troisieme  livrai- 
son  :  Les  Icltres  de  Pline  le  jeune ,  ImdiiiU'S  par  de  Sacy, 
nouvelle  ccUlion  levuc  el  coirigce  par  Jules  Pierrot.  T.  I'''^ 
in-8"  de  l^GG  p.iges.  Quatrieme  livraison  :  Satires  dc  Juvenal, 
tradniies  jiar  /.  Dusaulx  ,  nouvelle  edition  revue  et  corrigee 
par  Jules  Piehrot.  T.  II,  in-8°  de  386  pages.  Paris,  1826; 
C.-L.-F.  Panckoucke,  editcnr  ,  nre  des  Poitcvins,  n°  1 4.  Prix 
de  chatjue  volume,  7  fr. 

Nous  avons  apprrcie  d(''ja  le  merite  du  j)reniier  volume  de 
la  Iradnction  des  satires  de  Juvenal  [  voy,  Rev.  Enc. ,  t.  xsx, 
p.  199  \  Nous  ne  jjourrions  qu'adiesser  les  jneir.es  eloges  a 
M.Pierrot  p')!ir  ce second  voltime,  ou  S'.-  rcproduisent  la  nieme 
erudition  et  le  ineme  talent.  Les  hiiinanistes  doiycr.i  egaleinent 
bien  accueillir  la  traduction  de  Pline  le  jeune ,  revue  et  corri- 
gee  ])ar  le  savant  professenr,  et  sur  laqiielie  nous  reviendrons 
qiiand  die  aura  paru  tout  cntierc.  B — u. 

220.  —  *  OEuvres  completes  de  Michel  L'Hospital,  chance- 
lier  de  France,  ornces  de  portraits  el  de  vues  dessines  et  gra- 
ves par  A.  TARniKU,  et  preci'dees  d'un.  Essai  sur  sa  7He  et  ses 
ouvrages  ,  par  P.-J.-S.  Dufey,  avocat.  T.  III.  Paris,  1826 
A.  Boulland;  F.  Didot.  In- 8°  de  627  jiages;  pri.x  ,  9  fr. 

221. — *  OEuvres  incdites  de  Michel  L'Hospital,  chancelier 
de  France,  ovuies  At  portraits  et  de  vues  dessines  et  graves 
])ar  A.  Tardieu,  s-uivies  d'un  Tableau  de  la  legislation  fran- 
caise  au  seizieme  siecle  ,  et  accompagiiees  de  notes  historiques , 
par  P. -/.-.S".  Dufey,  avocat.  Paris,  1825-1826;  A.  Boulland; 
F.  Didot.  2  vol.  in-8^*.  de  vii-/,o6,  et  377  ;  l^ix  ,  18  fr. 

Celui  de  rjos  col!aborateurs(  M.  Dupin  aine),  qui  a  deja 
consacre  qutltpies  pages  a  Tesamfn  des  ceuvres  de  Tiiluslre 
chancelier  ( voy. /lei'.  Enc,  !.  .\xv,  p. 632),  s'occupera  inee.sam- 
inent  de  I'analyse  de  ces  derniers  vohiuies  ,  que  recominandent 
a  la  fois  el  rimportance  des  mnticres  <jui  s'y  iroin  ent  traitees, 
et  les  ^minerites  f[n3!il(''s  de  leur  auteur.  J. 

222.  — '  Classique<:  francais,  ou  Bibliollieqne  po;  lalive  de 


LITTER  ATURE.  4y5 

ramatciir,  composee  des  chefs-d'oeuvre,  en  prose  et  en  vers,  de» 
meiileiirs  auieurs  ,  cent  volumes  in -"^2.  —  GEui'res  pnsthurnes 
rfeDucis,  forinant  la  27^  livmison  (1).  Paris,  1826  ;  L.  Debure, 
libraiie-edilenr  J  I'ue  de  Bussy,  n°  3o.  2  .vol.,  ensemble  de 
cxxxii-5i9  pages;  ))iix  ,  5  fr.  ei  5  fr.  60  c. 

Ces  OEiivres posthumes de  Ducis  se  coinj)osent  de  deux  tra- 
gedies, Amelisc  et  Fcedor  et  ff^ladimir ,  la  premiere  et  la 
dernierc  qu'iiait  donnees  au  ibealie,  de  (\nQ\(iues  poesies ,  de 
Jrrigmcns ,  de  son  Discours  de  reception  a  I'Acndeinie  fian- 
caise ,  el  de  qualre-viiigt-tieize  lettres  exlraites  de  sa  corres- 
pondance.  Los  deux  iragcdies  ne  peuvetit  rien  ajouter  a  la  re- 
putation de  Taiileur  d'//ir//«/e/,-  elles  aiinoncent  I'aurore  et  la 
decadence  d'un  des  plus  beaux  talens  qui  aient  honore  notre 
scene  nioderne,  et  le  raoiiidre  diifaul  de  la  derniere  est  de  pre- 
senter ,  dans  un  siijet  russe,  des  iioms  qui  jiour  la  pluparl  n'ont 
jamais  apparlenu  a  ia  Riissle.  Kn  revanche,  les  poesies,  a  bicn 
pevi  d'exct'ptlons  pies,  sont  dignes  de  leur  anteur,qui  brilia 
davantage  pai'  la  fraiicliise  et  l'ti[ierj;ie  de  son  style  ([ue  par  sa 
purete.  Nous  avon-.  surtout  remarque  V Epitre  h  Thomas ,  de 
I'Acadeinie  francaise,  avec  lequel  Ducis  fut  lie  d'line  ainitie 
qui  les  honora  tons  deux,  et  qu'il  est  trop  rare  de  voir  exisler 
entre  des  hoinmes  de  lettres.  On  sail  que  Ducis  occupa  le 
fauteuil  de  Voltaire  a  rAcadeiiiie.  On  a  pretendu  pendant 
long-teras  que  son  discours  de  reception  etail  I'ouvrage  d'une 
amilie  discrete  elzelee;  la  inaniiie  do  Thomas,  qui  se  fait  sentir 
dans  plusieurs  parties  de  ce  discours,  et  la  defiatice  generale 
ou  Ton  etail  a  I'egard  dii  talent  de  Ducis  pour  la  prose,  purent 
bien  faire  naitre  dos  doute*;  mais  ils  doivent  se  dissiper  au- 
jourd'hui.  Ou  a  retrouve  le  maiuiscrii  origizial  de  ce  dis- 
cours (2),  ccrit  en  enticr  de  !a  main  de  son  auleur,  avec  les 
notes  de  Thomas,  que  Ducis  avail  consulte.  «  Les  notes  de  Tho- 
mas, dit  M.  Campenon ,  sont  d'uue  excessive  brievele.  On  lit 
en  marge,  a  huit  ou  dix  reprises,  ces  mots  ecrils  de  sa  main: 


(i)  Nous  avons  rommls  une  erreur  dans  I'ordre  des  liTralsons,  en 
annoncant,  il  y  a  trois  mois  (  voy.  cahier  d'avril  1826,  t.  xxx ,  p.  201), 
qnelqnes  nouveanx  volumes  de  celte  jolie  collection.  Les  fi  volumes 
de  la  Nuiivelle  Helohe  eu  forment  les  24°  et  25°  livraisons;  les  OEnvres 
de  Grksset  et  les  deux  poemes  de  la  Religion  et  de  la  Grace,  par  Louis 
Kacine,  la  26"^.  Nous  annoncons  aujourd'hut  la  27*;  les  28*  et  296  li- 
vraisons, qui  oat  paru  et  que  nous  examinerons  ince.ssamraent,  se  com- 
posent  des  (Xuvres  de  Gilbert  et  de  Saint-Lambert,  des  Conies  rf'Hi- 
MiLTON  et  des  Memoires  du  chevalier  de  Graminont ,  par  le  meme. 

(2)  Ce  raanuscrit  appartient  a  M.  Georges  Ducis,  son  neveu. 


496  LIVRES  FRANCAIS. 

supprimer,  abreger.  Le  pocle,  docile  a  ce  conseil,  a  pas*«i  un 
trail  dc  plume  sur  tous  les  niorceaux  dont  son  ami  lui  avail de- 
mande  le  retranchemertt,  et,  par  nne  deference,  poussec  Imp 
loin,  poul-etre,  il  a  presque  toujours  retranclic  ce  qu'on  lui 
consi'illait  seuleincnt  d'abrcger.  »  Les  suppressions  faites  dans 
ce  di.icours,  dont  I'excessive  longueur  eiait  le  defaut  capi- 
tal, out  porte  quelquefois  du  reste  sur  des  passages  regrelta- 
bles;  telles  sotit  suriout  les  observations  aussi  justes  qu'inge- 
nieuses  sur  lei  causes  ([ui  ont  euipeclie  Voltaire  dc  reussir  au 
thealre,  comme  poete  comicpie.  »  Elles  proavent  avec  quelle 
justesse  de  vue,  le  poete  avail  su  observer  et  di'-meler  les 
nuances,  trop  souvent  mcconnues,  qui  distinguent  les  differens 
genres  de  gaitd-  :  celle  qui  fait  sourire  noire  malignlte  dans  la 
satire  ou  repij^ramme;  celle  qui,  dans  la  socicte,  amuse  notre 
esprit  ou  salisfait  noire  gout;  celle  enfin  qui ,  sur  la  scene,  par 
une  lieureuse  opposition  d'inierels,  de  caracleres  ou  de  si- 
tuations, excite  en  nous  ce  rire  nalurel  et  franc,  dont  il  est 
impossible  de  se  dtifendreaux  comedies  de  Moliere.  » 

Apres  ce  fragment ,  qui  est  un  excellent  morceau  de  critique 
littcraire  et  que  tous  nos  jeunes  jjofetes  comiques  devraient 
appiendre  par  coeur ,  ce  que  nousavons  trouve  de  plus  lemar- 
quable  dans  ces deux  volumes  des  oeuvres  postliumesde  Ducis, 
ce  sont  ses  lellres,  que  nous  devons  aux  soins  de  M.  Campe- 
non,  auteurd'unewof/ceun  peu  longue,  mais  ires-interessante 
sur  ce  poete  ottogcnaiie  qui  fut  son  ami ,  et  dans  laquelle  il  a 
peul-elre  eu  la  faiblesse  de  se  montrer  un  peu  trop.  Ces  leltres 
seules  pouveraient  que  la  prose  n'etail  pas  elrangere  au  talent 
de  Ducis;  elies  nous  semblent  meme,  en  general,  ecrites  avec 
j)lus  de  correction  que  ses  vers.  Mais,  ce  qui  les  rend  le  plus 
dignes  d'attention,  c'esl  le  caraclerc  de  noblesse,  d'indepen- 
dance  et  en  meme  terns  de  bonhomie  qu'clles  signalent  dans 
leur  auteur;  c'est  son  amour  et  son  devoument  pour  sa  mere, 
])our  sa  famille  et  pour  ses  amis;  c'est  son  altaehement  si  pur 
et  si  fidele  a  la  cause  des  princes  qui  I'avaient  honore  de  leurs 
bonles,  et  qui  le  porta  consiaminenta  refuser  toutesles  faveurs 
(|ue  lui  offrirenl  tour  a  lour  la  republiqne  et  I'cmpirc.  11  faut 
lire  (p.  i65)  sa  leltre  a  M.  Pare,  rninislre  de  Tinterieur  sous 
la  Convention  ,  lequel  venalt  de  lui  annoncer  sa  nomination  i 
la  place  de  conservaleur  de  la  Bibliotlieqiie  nationale,  celle  oil 
il  rercercie  M.Lacepede,  grand  chancelier  de  la  Legion-d  hon- 
neur,  qui  luiannoncaii  sa  nomination  comme  membre  de  cette 
legion  (  p.  201  ),  celle  qu'il  adressait  a  M.  Odogarthy  de  la 
Tour  (p.  a6i  )  pour  refuser  I'honneur  qu'on  voulait  lui  faire, 
en  lepoitant  en  tete  de  la  lisle  des  concurrens  aux  prix  decen- 


LITT^RATURE.  497 

naux;  enfin,  dans  la  notice  (  p.  lvih),  le  rmt  de  deux  con- 
versations qu'il  eut  a  Malmaison  avec  le  premier  consul,  c|ui 
vouliit  plus  tard  le  porter  au  Senat,  pour  avoir  la  mesure  de 
toute  la  dignite  que  peuvent  donner  les  ietlres.  C'est  ainsi  que 
le  vrai  talent  echappe  aux  obsessions  du  pouvoir,  qui  est  ob- 
sede  a  son  tour  par  I'intrigue  et  la  rnediocrite,  dont  il  finit 
presque  toujours  par  s'entourer.  Une  letlre  ecrlte  ])ar  Duels  , 
a  son  ami  Vallier ,  au  plus  fort  de  la  terreur  revolutionuaire, 
prouve  de  quelle  energie  son  ame  elait  douee,  et  Ton  tesse, 
en  comparant  sa  vie  et  ses  ouvrages,  de  s'etonner  de  celte 
alliance  dc  Shakespeare  avec  La  Fontaine,  qu'il  reunit  tous 
deux  dans  son  cuite.  II  s'appropria  le  genie  du  premier  et  eut 
toute  la  philosophic  du  second.  II  fut  heureux  dans  la  pau- 
vrete,  a  laquelle  iln'echappa  qu'au  retour  du  Roi,  et  put  dire 
avec  raison  :  ( 1. 11 ,  p.  56. ) 

Cest  un  Tceu;  j'y  serai  fidele. 
Oui,  tant  que  Dien  me  souliendra, 
Jamais  For  ne  me  seduira. 
Donx  serment,  je  te  renouvelle  ! 
J«;  plaindrai  blen  qui  me  plaindra. 

2a3. —  OEuvres  completes  de  G.  Lecoxjvk.  T.  I*"".  Paris, 
1826;  L.  Janet,  i  vol.  in-8°  de  vix-475  pages,  imprime  par 
.1.  Didot  et  orne  de  1  gravures;  prix ,  8  Ir.  II  y  aura  un  2°  vo- 
lume pour  les  oeuvres  connues  de  I'auteur,  et  un  3°  pour  ses 
OEuvres  posthumes ;  ce  dernier,  pris  scparement,  se  vendra 
J  fr.  ,  avec  le  portrait  de  Legouve. 

Un  norabre  considerable  d'exemplaires  du  Merite  des  femmes 
et  de  plusieurs  autres  poemes  charmans  de  Legouve;  tels  que 
les  Soui'enirs,  la  Sepulture ,  la  Melancolie ,  repartis  en  France  , 
dans  les  formats  in-12,  in-i8  et  in-Sa,  n'ont  pu  satisfaire  la 
curiosite  pnblique,  excitee  par  le  charrae  que  I'auteur  a  repandu 
sur  toutes  ses  productions.  Dans  un  moment  oii  les  classiques 
semblent  occupesa  inventorier  nos  richesses  lilleraires,  comme 
si  nous  avions  a  craindre  une  invasion  de  la  part  de  nouveaux 
Barbares,  ce  poete  aime  des  femmes  merite  de  prendre  une 
place  distinguee  dans  nos  bibliotheques,  en  paraissant  avec  tous 
ses  litres  a  notre  eslime.  Un  ami  de  Legouve,  M.  Bouilly, 
s'est  charge  de  les  rassembler  et  de  nous  les  offrir  en  trois  vo- 
lumes in-8°,  decores  de  tous  les  accessoires  qui  font  rarement 
passer  un  mauvais  ouvrage,  mais  que  I'on  airae  a  rencontrer 
dans  I'edition  soignee  d'un  bon  auteur. 

Celle  que  nous  annoncons  s'ouvre  par  le  theatre  de  Lcgouv^; 
T.  XXXI. —  Aodt  i8-i6.  32 


iiij6  LITRES  FRANCAIS. 

ce  llieatre,  compose  de  cinq  tragedies  qui  ont  ^te  representees 
avec  pins  ou  iiioins  de  sutccs,  n'avait  pas  encore  ele  reuiii  en 
corjjs  d'oiivrage.  II  comj)rcnd  la  Mart  d'Abel,  Lpickaris  et 
Neron ,  Quinliis  Fabiiis  ,  Etc'ocle  et  la  Mart  de  Henri  IV ;  une 
Preface  de  I'anieiir  a  la  premiere  de  ces  pieces  ,  une  A])ostr6plie 
en  vers  a  la  Liberte,  qui  precede  la  seconde,  une  Drdicace  de 
la  troisieine  a  M.  Ducis,  ini  AverlisseniciU  jionr  la  qualricme 
et  iin  Avant-propos  pour  la  cinquieme  ,  qui  est  suivic  d'obser- 
valions  lastoriques  sur  la  inert  de  Henii  IV,  conipletent  ce 
volume. 

La  nouveaute  du  stijet  que  I'autcur  a  essaye  de  trailer  dans 
la  jiremiere  deces])ieces,  et  qui  est  expose  dans  sou  epigraphe  : 
primi  parenles,  prirnn  mors ,  primus  luctus ,  Textreme  simpli- 
cite  du  plan  qu'il  a  suivi  et  I't^leganle  purete  de  sa  diction  ont 
soulenu  cet  ouvrage  au  theatre,  et  le  font  apprecier  encore 
mieux  a  la  lecture.  Le  Neron  de  Legonve  parvenu  au  dernier 
degre  de  scek'ratesse,  et  se  frappaiit  d'une  main  tremblante 
pour  eviter  I'affiont  de  se  voir  trainer  vivant  aux  gemonies, 
etait  moins  draniatique  peut-efre  que  le  Neron  nnissant  de  Ra- 
,  cine  .  partage  enire  le  crime  et  la  verlu.  Toutefois  ,  cette  nou- 
velle  trageilie  est  venue  ajouler  a  la  gloire  de  son  nuteur  ,  mais 
nous  adoplons  I'avis  de  quehiues  criliques  jiidicieux,  qui  au- 
raient  desire  voir  Seneque  jouer  un  role  dans  cet  ouvrage  a  la 
place  <lu  poete  Lucain,  que  I'auteur  a  peinl  avec  verite,  mais 
dont  le  personnage  doit  paraitre  un  ])eu  froid  dans  une  trage- 
die.  Si  les  deux  pieces  de  Quintus  Fahius  et  ^Eteocle  n'ont  pas 
eu  le  ineme  succcs  que  les  precc^dentes,   il  faut  surtoiit  s'cn 
prendre  aux  sujels,  qui  ciaient  I'un  et  Tautre  trop  eloignes  de 
nos   moeurs :  cette  austerile  de  la  discipline  dans  les  arniees 
romaines  doit  nous  paraitre  trop  exagcree,  a  nous  qui  la  faisons 
reposcr  sur  Tordre  et  la  raison ,  sans  y  meler  de  vaines  su- 
perstitions, lelles  (jue  le  respect  pour  les  aruspices;  et  les  mal- 
heurs  d  OEdipe  et  de  sa  famille  etaient  trop  uses  au  tlicaire, 
pour  que  Legouve  put  se  flalier  de  nous  inleiesser  a  une  action 
plus    terrible    que    drairaliqne,    enlreprise    nu    Ra-'ine    avait 
cchoue  lui-.menie.  Quant  a   la  Mort  de  Henri  IF ,  on  sail  que 
Legouve  a  ele  blame  d'avoir  iinjilique  troj)  legerement  dans 
I'assassinat  commis  par  Ravaillac  sur  la  personne  de  ce  roi,  le 
due  d  Epernon,  la  courd'Espagne  et  la  reine  nieme  Marie  de 
Mcdicis.  ('eite  opinion  peut  cei)endant  eire  souteuue  jusqu'a 
un  eerl;iin  point,  el  I'auleur  d'un  poeme  inoderne  sur  la  mort 
de  Henri  IV  ,  M.  Paillet  de  Plouibieres  ( voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxir , 
p.  199I,  la  partage.  Ce  n'est  done  pas  la  le  plus  grand  repro- 
clie  que  nous  ferons  a  Legouve;  on  n'exige  pas  d'un  pocle  la 


LITTERATURE.  499 

vdrite  et  I'imparlialite  d'uu  historien ,  et  nous  ne  penserlons 
pas  a  disputer  avec  I'auteur  sur  le  plus  ou  le  moins  de  part  que 
ses  personnages  ont  pu  prendre  a  I'attentat  qui  priva  la  France 
d'un  aussi  bon  roi,  si  Taction  et  ses  developpemens  etaient  plus 
dramatiques.  La  jalousie  de  la  reine  n'est  pas  assez  raolivee 
pour  la  porter  a  consentir  au  crime  que  fait  froidement  execu- 
ter  d'Epernon,  et  ce  dernier  n'est  qn'un  intrigant  vulgaire, 
qui  ne  saurait  exciter  cet  inleret  dont  on  ne  peut  se  defendre 
pour  un  Brutus.  D'Epernon  se  cache,  et  paie  des  assassins.  C6 
n'est  d'ailleurs  ni  pour  la  religion,  ni  pour  la  liberte  qu'il 
conspire;  ce  n'est  que  pour  devenir  le  favori  d'une  regente  : 
Brutus  immole  a  sa  patrie  les  affections  les  plus  cheres;  et , 
loin  de  se  cacher  au  moment  de  I'esecution ,  c'est  lui  qui  porta 
les  premiers  coups  a  celui  qu'il  regarde  comme  le  tyran  deson 
pays.  Cette  difference  de  position,  plus  encore  que  la  diffe- 
rence de  talens,  explique  le  sort  conlraire  des  deux  tragedies 
de  Voltaire  et  de  Legouve.  Ajoutons  que  la  bonhomie  et  la 
gaite  du  caractere  de  Henri  IV,  trop  connues  et  trop  gravees 
dans  noire  souvenir  pour  etrealterees  sur  la  scene,  elaient  un 
obstacle  de  plus  au  succes  de  I'ouviage  de  ce  dernier,  et  con- 
cliions  en  reconimandant  a  nos  jeunes  auteurs  le  choix  deleurs 
sujets,  dont  dependent  plus  souvent  qu'on  ne  croit  le  bon- 
heur  et  la  reputation  d'un  auteur.  Legouve  lui-meme  en  offre 
un  exen)[)le  dans  son  ])oerae  du  Merite  desfernines,  sur  lequel 
est  principalement  basee  sa  gloire  lilteraire  et  que  nous  retrou- 
verons  avec  plaisir  dans  le  prochain  volume  que  nous  aurons 
a  examiner.  E.  Hereau. 

224-  —  *  OEuvres  completes  de  M.  le  vicomte  de  Chateau- 
briand, Pair  de  France,  merabre  de  1' Academic  francaise; 
ornees  dun  portrait  d'apres  Girodet,  premiere  et  deuxieme 
livraisons.  Paris,  1826;  Ladvocat.  4  volumes  in-8°,  imprimes 
sur  carre  fin  des  Vogcs;  prix,  7  fr.  5o  c.  le  volume  et  9  fr. 
par  la  poste.  L'ouvrage  aura  de  25  a  27  volumes. 

La  premiere  livraison  se  compose  des  tomes  VIII  et  XVI;  ce 
dernier  contient  un  avertissement  de  I'auteur  sur  Vcdition  des 
oeuvres  completes  ;  une  preface  generate ;  une  preface  d'Jtala 
et  de  Rene  (edition  in-12  de  i8o5),  ces  deux  outrages  suivis 
des  y4 ventures  du  dernier  /Ibencerage,  des  notes  et  des  critiques 
sur  Atala. —  Le  lome  VIII  est  le  P'"  volume  de  Vllineraire  de 
Paris  a  Jerusalem. — Les  tomes  XI  et  XXI  forment  la  deuxieme 
livraison;  I'un  est  le  I*'  volume  du  Genie  du  Christianisme ; 
I'autre  comprend ,  sous  le  litre  de  melanges  litteraires,  des 
articles  insercs  dans  divers  journaux  par  I'auteur  sur  les 
ouvrages  suivans  :  de  V Angleterre  et  des  anglais  ;  Essai  sur  la 


5oo  LIVRKS  FRANCAIS. 

lit lerciture  /inf;laise  :Yo\ir\^;  Shakespeare;  Bcatlic;  Voyages  Ae 
Mackenzie;  la  Lrgislntion  Primitn'c ;  Ic  Priutcms  d un proscrit ; 
V  Histoire  dc  la  vie  tie  Jrsiis-Christ ;  les  OEuvrcs  de  Roll  in  ;  Ics 
Essai.i  de  morale  es  de  politique  ;  les  Meriioires  de  Louis  XI  f; 
des  Letlres  et  des  gens  de  Lettres ;  le  Voyage  en  Espagne  de 
M.  DeLaborde;  les  Annnles  litteraires  de  M.  Dussawlt ;  la  Vie 
de  Malesherbcs ,  ])ar  M.  Bois^y-d'Anglas;  Panorama  de  Jeru- 
salem; le  Voyage  au  Levant,  par  M.  de  i'orbin;  quelques  ou- 
trages historiques  el  litteraires ,  quelques  romans  ;  un  Voyage 
(le  M.de  Hnniboldt;  Histoire  des  dues  deBourgogne ;  Histoire 
des  Croisades,  par  M.  Micliiiud. 

Bien  que  la  plu])art  des  ouvrnf^es  de  M.  de  Clialeaiibriand 
aieiil  deja  etc  appiecics  par  la  critique,  et  (lue  ropinion  pnbli- 
<|ue  soit  generalement  fixce  sur  le  talent  de  cet  ecrivain,  iiean- 
inoins,  le  rang  elevc  qii'il  occupe  dans  la  litlerature  et  dans  la 
polilique  nous  a  paru  cxiger  un  examon  approfondi  et  impar- 
tial de  ses  oeuvres  dont  la  Revue  Encyclopedique  n'avait  pas 
encore  cu  I'occasion  de  rendre  coiupte.  En  consequence,  a 
mesure  que  les  livraisons  en  seront  publiees,  elles  fourniront, 
pour  notre  section  des  analyses,  le  snjet  d'une  serie  d'articles 
il^tailk'S,  dans  lesquels,  apres  avoir  apprccie  le  merite  litle- 
raire  de  M.de  Chateaubriand,  nous  examinerons  I'influence 
(ju'il  a  exercee.  © 

225.  —  *  L' Espagne  pottique;  choix  de  poesies  castillanes 
tlepuis  Charles-Quint  jusqu'a  nos  jours ,  mises  en  vers  francais , 
avec  une  dissertation  couiparee  snr  la  langue  et  la  versification 
fspagnoles;  une  introduction  en  vers  et  des  articles  biogra- 
))hiques ,  historiques  et  litteraires,  par  Don  Juan  Maria 
IMaury,  ouvrage  orne  de  plusieurs  portraits.  Tome  P"'.  Paris, 
ICS26;  Mongie  aine.  In-8"  de  viii  et  4/1O  pages;  prix,  7  fr.  5o  c. 

Grace  au  litterateur  etranger,  verse  dans  les  langues  fran- 
caise  et  espagnoie  et  dans  la  poesie  des  deux  nations  , 
auquel  nous  devons  I'ouvrage  que  nous  aniioncons,  les 
muses  castillanes  seront  desormais  appreciees  en  deca  des 
Fvreni'es.  II  anivera  ,  pour  la  poesie,  ce  qui  est  arrive  au 
siijet  de  I'ecole  de  peinlure  espagnoie.  Pen  de  personnes  sa- 
vaicnt,  it  y  a  un  derni-siecle ,  qu'il  y  eut  des  tableaux  admi- 
rables  t'aits  par  des  peintres  esjjagnols.  INIurillo,  Alonzo  Cano, 
Ribera,  et  tant  d'autres,  n'ont  commence  que  depuis  peu  a 
fixer  chez  nous  I'aiteniion  des  amateurs.  lis  semblait  que  les 
beaux  arts  ne  juissent  avoir  cte  cullives  avec  fruit  dans  un  pays 
oil  I'elranger  effraye  ne  voyait  (jue  I'liorrible  inquisition; 
mais  on  decouvre,  chaque  jour,  que,  malgrc  I'institiilion  bar- 
bare  qui  a  travail !o  j>endant  des  siecles  a  ctouffer  les  facultes 


LITTERATURE.  5oi 

iiilellecluelles  des  Espagnols ,  le  genie  ardent  ct  vigoiireiix 
de  ce  peuple  a  produit ,  dans  les  lettres  comrae  dans  les  arls, 
des  beautes  de  Tordre  le  plus  eieve. 

M.  Maury  a  pensc  que  la  lilteratuie  francaise  gagnerait 
autant  que  la  lltterature  espagnole  a  la  traduction  des  poeics 
castillans  en  francaisj  il  en  est  de  la  lilterature,  coratne  dii 
commerce  :  tous  deux  vivent  d'echanges.  On  rend  a  la  fois 
service  a  la  nation  cliez  laquelle  on  naturalise  les  ccri- 
vains  clrangers,  et  aux  ecrivains  que  Ton  fait  parlor  dans  une 
autre  langue  que  la  leur.  Toutefois,  on  pourra  s'etonner  de 
I'aiidaced'untraducleur  qui  fait  parlerdespoetes  dans  une langiie 
qui  n'est  pas  la  slenne.  Sans  doule,  M.  Maury  eut  cnlrepris  une 
lache  plus  facile,  s'il  eut  traduit  en  prose  :  mais  il  a  cfu  vrai- 
si-mblablement ,  comme  I'auteur  de  cet  article,  que  la  pocsic 
ptut  seule  rcndre  la  poesic.  11  a  meme  aspire  a  iniiler  les 
I  liyilimes  des  poetes  qu'il  a  traduits.  Un  talent  analogue  a  sun 
enireprise  en  a  souvent  justifie  la  liardiesse.  M.  Maury  dedie 
.son  travail  a  deux  poetes  espagnols,  amis  de  sa  jeunesse:  Don 
Manuel  Quintana  et  Don  Juan  B.  Arriaza  ,  rivaux  a  p!u.i 
d'un  litre,  trop  souvent,  aujourd'hui  encore,  places  par  la 
politique  dans  les  positions  les  plus  opposees :  leur  rival  et  It  ui- 
ancien  ami  a  lire  de  toutes  ces  circonstances  des  tableaux  d'un 
artifice  heurcux ,  qui  donnent  une  sorte  d'intcrt't  public  aux 
rai>ports  privt's  de  I'ecrivain. 

Chacun  des  poetes  castillans  adrais  dans  la  collection  de 
M.  Maury,  est  d'abord  I'objet  d'une  notice  biographique  et 
litleraire.  Ces  articles  sont  ecrits  avec  beaucoup  de  charme  et 
1  cniplis  de  details  curieux.  'L'Espagne  poetique  commence  avec 
le  seizieme  siecle:  elle  est  partagee  en  deux  divisions;  la  pre- 
miere, qui  romonte  en  deca  de  I'annee  1600,  est  occupee  par 
Garciiaso ,  Ste.-Tlierese,  le  P.  Louis  de  Leon,  Herrera,  Or- 
vantes  et  Gongora.  La  seconde  division,  embiassant  les  deux 
tiers  du  dix-seplieme  siecle  ,  renferme  Lope  de  Vega  ,  les  deux 
Argensola,  Quevedo,  Rioja  el  Villegas.  L'inlroduction  ,  con- 
sacree  aux  terns  anterieurs,  traite  du  poenie  dont  !e  Cid  eil  le 
heros,  des  j)oetesHispano-Arabes,  deBerceo,  de  Loi'enzo  ,  du 
roi  AlphonseX  ,  de  Tarchipretre  d'Hita,  de  Jean  de  Mcna  ,  de 
Villena  et  de  Santiilane,  de  Manrique,  enlin  ,  de  Boscan  et  de 
Mendoze. 

Les  bornes  de  cet  article  ne  nous  pennetlent  pas  d'offrir  des 
passages  des  traductions  de  M.  Maury;  nous  renvoyons  le 
lecteui'  a  I'ouvrage;  et ,  malgre  quelques  laches  et  quelques 
negligences,  il  sera  surpris  agrenblement  de  la  facilite  avec  la- 
quelle la  poesie  fran^aise  vienl  so  pietera  des  imitations  de  la. 
poesic  castil'ane. 


5oa  UVRES   FRANCAIS. 

Nousdevons  faire  une  mention  spcciale  de  Vavant-propos  , 
dissertation  spirituelle  et  savanle  sur  les  langucs  vulgaires , 
d^rivees  de  la  langue  latine,  et  sur  les  versifications  modernes.  11 
serait  a  desirer  que  I'auteur  voulut  developper  dans  un  ouvrage 
special  les  idees,  dont  il  a  seulenient  depose  le  germe  dans 
cclui-ci,  sur  la  versification  des  anciens. 

Muriel. 

226.  — -  Le  Siege  de  Paris ,  tragcdie  en  cinq  actes,  par  M.  le 
vicomte  d'Arlincourt;  representee  potiria  premiere  foissur 
le  Theatre-Francais,  le  8  avril  1826.  Paris,  i826;Leroux  ct 
Constant-Chantpie,  editeurs;  Betliet  aine,  au  Palais  -  Royal. 
In-8°  de  xiv  et  1 1 5  pages ;  prix ,  4  fr. 

Nous  avons  dit  notre  pensee  sur  cet  ouvrage,  alV'-poque  de 
la  representation  [Yoy.  Rev.  Enc,  t.  xxx,  p.  268).  On  y  a 
joint,  en  rimpriniant,  un  Avant-propos  de  I'editeur ,  ou  Ton 
dit :  «  Aucune  tragedie  ne  fut  attaquee  a  une  premiere  repre- 
sentation avee  plus  de  rage  et  de  deinence  que  le  Siege  de  Pa- 
ris ;  et  pourtant,  aucune  tragedie  ne  fut  plus  applaudie  aux 
representations  suivantes.  «  Et  un  peu  plus  bas  :  «  Toutes  les 
feuilles  publiques,  h  I'exception  de  trois  ou  quatre,  se  sont 
dechainees  avcc  fureur  contre  le  Siege  de  Paris ;  on  s'est  in- 
digne,  dans  le  monde ,  depuis  le  brillant  succes  de  la  piece,  de 
leurs  inconcevables  articles.  «  Cede  rage,  cette  indignation  , 
ce  brillant  succes  sont  autant  de  choses  dont  nous  ne  nous 
sommes  point  apercus  ;  la  piece  est  morte  paisiblement ,  apres 
neuf  ou  dix  representations;  c'est  ce  qu'il  y  a  de  ])lus  posilif 
dans  son histoiie.L'editeur  est  probablemeut  un  amiiutime  dti 
poete ;  un  entbouslasme  un  peu  plus  calme  eut  luieux  servi  les 
inspirations  de  son  zele;  le  public  scdefie  d'uneamitie  si  pas- 
«ionnce ; 

Miens    vandrait  un  sage  ennfmi.  M.  A. 

227.  —  Poesies  de  M.  le  corate  Anatole  de  Montesqdiou. 
Deuxieme  edition,  augment^e  d'un  quatrieme  livre.  Paris, 
1826  ;  Ladvocat.  In-i  2  de  2  60  pages  ;  prix,  3  fr.  5o  c. 

Autrefois,  quelquespetitsvcrs,  un  madrigal,  un  impromptu, 
un  bouquet  ;i  Chloris,  suffisaient  pour  faire  la  reputation  d'un 
poete.  Que  les  terns  sont  changes!  Aujourd'hui,  le  public,  tout 
entier  aux  combinaisons  fiiiancieres,  aux  grands  debals  de  la 
politique  ,  jctte  un  coup-d'oc;il  dedaigneux  sur  les  produc- 
tions litteraires  :  les  elegies,  les  odes  ,  les  iragedies  ,  les  come- 
dies meme  en  cinq  actes  et  en  vers ,  jusqu'a  dcs  poemes  epiques, 
tout  passe  inapercu. 

M.  de  Montesquiou  se  presente  avcc  un  volume  compose 
d'epitres  ,  de  contes  et  de  fables.  Co  bngage  est  un  peu  legcr 


LITTliRATURE.  So-^ 

aux  ycux  d'un  siecle  serieux  comme  le  noire  ;  inais  ne  paraitra 
pas^sans  interet,  si  Ton  se  souvient  ijue  deux  on  Irois  idylles 
ont  acquis  a  M""-  Deslioulieres  des  litres  a  riminortalite  ,  et 
que,  pour  avoir  raconte  les  fails  et  Ics  gestes  de  Ronge-inaille, 
deRominagrobis ,  de  Jcannot  lapin,  celui  qu'pn  appelait  le 
Bonkomrhe ,  futaussi  surnomme  Y Inimitable. 

La  muse  de  M.  de  Montesquiou  est  une  muse  agreable  et 
sans  pretention.  En  general  ,  ses  poesies  respiront  une  morale 
douce,  et  annoncent  un  esprit  d'lin  commerce  aimable.  La 
simplicilc,  I'elegance  et  une  grande  facilite  sont  les  qualiles 
dislinclivcs  du  style  de  I'auteur.  Jc  dirai  seulement,  pourfaire 
la  part  de  la  criiique,  qu'on  est  fache  quelqnefois  de  voir  celle 
facilite  serapprocher  un  peu  de  la  negligence.  — La  piece  du 
Petit  Savoyard  vair'ixc  d'etre  remarquee  j^armi  les  conies;  et 
parmi  les  fables,  eeile  qui  est  inlitulee  :  les  Poissons.  Je  cede 
au  plaisir  de  la  citer  en  entier  : 

Sar  le  sein  azure  d'une  eaa  calme  et  profomle  , 
Je  vols  avec  chagrin  le  liege  du  pechear 
Quelques  instans  fremii-  et  se  plonger  dans  I'onde  : 

C'est  un  indice  de  malheiir! 
t'liyez,  petils  poissons!...  ce  piege  seducleur 

A  I'art  cruel  de  vous  atteindre. 

Mais,  qaand  vous  v^us  laisscz  cbarraei', 

Quand  vous  ne  poiivez  vous  coulraiudre, 

Helas  !  j'ai  le  droit  de  vons  plaindre  , 

Et  non  celui  de  vons  blanier. 

Les  succes  de  la  troniperie 

Souf  frequeos  aussi  parini  nous; 

Et  rentrainemeni  est  s!  doux, 

Qu'avec  un  peu  de  ihiilerio 

On  me  pteadrait  lout  ccmme  \  uus. 

L'auteur  nous  aiinonce  qu'il  a  entrepris  el  doja  fort  avancu 
la  traduction  en  veri  de  tonics  les  poesies  ilaliennes  de  Pe- 
trarque.  A  en  jiigcr  par  les  trols  sonnets  qu'il  a  in  eres  dans 
le  volume  que  j'ai  sons  les  yeux  ,  il  me  senible  que  M.  de  Mon- 
tesquiou ferait  bien  de  se  rapproclicr  davantagedu  lexleita- 
lien.  C'esl  un  conseil  que  je  hasarde,  tout  en  rcconnaissant 
combicn  il  est  difficile  de  faire  passer  dans  noire  langue  les 
beautes  de  Potrarque.  Louis  Crivklli. 

228.  —  Voyage  dans  les  Hautes-Pyrcnees ,  par  le  comte  de 
Marcellus,  pair  de  France,  dedie  a  S.  A.  R.  Mg""  le  Due  de 
Bordeaux.  Paris,  1826;  Firmin  Didof.  In  -  18  de  180  pages; 
prix  ,  3  fr.  5o  c. 

M.  de  Marcellus  nous  prcvient  qu'on  ebercherait    en   vain 


5o4  LIVRES  FRA-INCAIS. 

dunsce  Voyage  de  nouveaux  details  de  geograpLie  et  d'his- 
toire  ,  de  nouvelles  observations  de  geologic  ,  de  rain^ralogie, 
ou  de  botanique.  Son  but  a  ete  uniquement  de  rctracer  les 
impressions  dont  le  spectacle  des  racrveilles  de  la  nature  a 
frappe  son  kme.  M.  de  Marcellus  est  plein  de  la  lecture  des 
anciens.  Sa  prose  est  elegante  et  parfois  pittoresque;  ses  vers 
ne  manquent  ni  de  doucenr,  ni  d'harmonie.  Mais  toujours  des 
niontagnes,  des  \allees,  des  torrens,  des  cascades,  et  puis  des 
cascades,  des  torrens,  des  vallees  et  des  niontagnes !  II  faii- 
drait  un  talent  bien  plus  robuste  et  plus  original  que  le  sien 
pour  nous  faire  supporter  la  monotonie  de  ces  eternelles 
descriptions.  Chose  singuliere!  le  plus  chretien  de  nos  oraleurs 
est  Ifi  plus  payen  de  nos  poetes.  Ce  sont  toujours  chez  lui  les 
Nymphcs,  les  Naiades,  Flore,  Pomone,  Ceres,  voire  iiieme 
Cupidoi).  Voila  d'etranges  personnagcs  a  meltre  a  cote  de  la 
Fierge-mereetde  YHominr-Diru.l,3i  mytliologie  est  sans  doute 
la  plus poetique  de  toutes  les  croyances;  inais  elle  est  usee,  el!e 
est  morte,  et  la  poesie  ne  peut  se  nourrir  (|ue  de  croyances 
vivantes.  Des  qu'on  voit  apparaitre  aujonrd'hni  dans  des  vers 
quelques-unes  de  ces  divinites  de  la  fable,  on  sent  que  Ic  poete 
a  puise  ses  inspirations  dans  le  souvenir  de  ses  classes,  plus 
que  dans  ses  propres  impressions,  et  un  froid  glacial  saisit  le 
lecteur.  Cn. 

2 ay.  —  Le  Budget  d'ltn  sous- lieutenant  en  re/brrne,  par  ^. 
Roy,  officier  reforme.  Dieppe,  1826;  Marais  fils.  In-S"  de 
22  p.;  prix  ,  I  fr.  5o  c. 

On  remarque,  dans  cclle  legere  jiroduction,  ut;c  poesie 
facile  et  correcte,  qnelques  plaisanteries  de  bon  goiit,et  d'ho- 
norables  sentimens  exprimes  avec  verve. 

Trois  cent  clnqiiante  francs  sont  tonte  ma  fortune. 

—  Quoi!  point  d'autre  resscnrce  ?— He!  nion  dieu  !  non;  aacuiw. 

J'ai  voula  in  employer,  niais  j'ai  peida  mes  p.Ts; 

Toujours  en  tenis  de  paix  on  n'a  tjne  trop  de  Lras; 

Et  du  sollicileur  quand  je  n'ai  pas  Faudace, 

Comment  puis-je  esperer  d'obtenir  une  place.' 

Apres  avoir  fait  an  public  ce  premier  aven,  I'anteur  dclibere 
sur  les  ressources  qui  peiivent  lui  resler  pour  vivre ,  outre  cette 
inodique  solde  de  reforme.  Se  fcra-l-il  labonreur  ? 

Pour  mon  mailre  et  pour  mol  ce  serait  un  tourment , 
Je  ne  distingae  pas  le  seigle  du  fronicnt. 

Le  souvenir  de  Cincinnatus  senible  un  instant  le  ranimer;  H 
fait  grand  cas  d'un  exemple  aussi  beau.  ' 


LITTltRATURE.  5o5 

Oul,  mais  Cincmnatus  etait  proprietaire ; 
C'elait  a  sou  profit  qa'il  labourait  la  terre ; 
Tandis  que  je  n'ai  pas,  et  voila  mon  chagrin, 
Sai'  la  face  da  globe  un  pouce  de  terrain. 
Croyez-vons  pour  cela  qne  je  doive  me  pendre? 

Non.  «  Son  ame  a  pour  soutien  I'Auteur  de  la  naliiro;  »  il  se 
resigne,cn  attendant  de  melUeurs  jours,  a  son  existence  pre- 
sente,  qu'il  nous  peint,  dans  un  tableau  piquant,  comme  le 
parfait  niodele  d'une  vie  sevcreinent  ecoriomique  ,  et  cependant 
agreable.  II  ajoute  a  celte  description  pleine  de  variete  une 
pensee  gt3nereuse,  ou  respire  I'ame  d'un  soldat  palriote  : 

J'ai  Lien  qnelqoes  regrets,  lorsque  parfbis  je  pense 
A  des  terns  plus  heureux  ,  a  mon  ancienue  aisanct; 
Puisque  j'ai  fait  la  faule  ,  il  me  faut  I'expier  ; 
Oublions  qu'autrefois  je  me  vis  officicr; 
Mais  je  n'en  perdrai  pas  assez  bien  la  memoire 
Pour  etre  jamais  sonrd  a  la  voix  de  la  gloire  ; 
Si  la  France  le  veut,  elle  u'a  qu'a  parler, 
Le  reste  de  mon  sang  est  tout  pret  a  conler. 

B— u. 

23o.  —  Satire  Menippee.  —  Paris,  1826;  Touquet.  In-  Sa 
de  128  pages  ;  prix  ,  60  c. 

Lorsqu'au  dire  de  Lucicn  (  Dialogue  des  Marts,  Diogene  et 
Pollux),  le  philosophe  Menippe  riail  si  fort,  dans  Athcnesou 
a  Corintlie,  des  vaines  arguties  dc  sopbistes  qui  disputaient 
serieusement  sur  des  rlens,  il  ne  se  doutait  pas  qu'un  jour  , 
chezlesGrecs  etchez  nous,  sonnom  deviendrait  celui  deces sa- 
tires vigoureuses  ou  la  verlu  et  la  justice  se  vengent  par  le  ri- 
dicule des  vaines  pretentions  et  de  I'orgtieil  du  crime  trioni- 
phant.  Tel  devait  etre  ,  tel  a  ele  le  sort  de  la  satire  Menippee  : 
des  pensces hardies,  voilecs  sons  un  stvle  toujours  plaisant,  des 
ironies  mordantes  ;  des  uaivetes  plus  sanglantes  encore,  voila 
ce  qui  en  a  fait  le  raerite  et  la  reputation  :  elle  a  leve  ce  voile  de 
respect  et  de  superstition  qui  couvrait  I'ambiiion  des  chefs  de 
la  Ligue;  elle  a  livre  au  ridicule,  elle  a  convert  dc  honte  et  de 
mepris  ceux  qui  se  metlaicnt  a  la  solde  de  I'Espagnol ,  et  ven- 
daient  leur  pays  a  I'etranger  :  par  la  ,  elle  a  peul  -  etre  ,  aiiisi 
qu'on  i'a  dit  plusieurs  fois,  ete  aussi  utile  a  Henri  IV' ,  que  les 
combats  les  plus  sanglans. 

On  a  reuni,  sous  le  norn  de  satire  Menippee,  en  deux  ou 
trois  volumes  in  8°  plusieurs  des  pamphlets  que  les  j  oyalistes 
firenl  paraitre  a  cette  epoque.  Les  editeurs  actuels  n'ont  pris 
que   ce  qu'il  y  avait  de  plus  interessant ,   savoir  I'excellente 


5o6  LIVRES  IRANCAIS. 

critique  dc  la  vertu  du  Catholicon ,  el  I'liisloire  de  la  lenue  iles 
tHais  dc  la  Ligne  ou  Ton  romarque  les  di.^cours  de  M.  le  lirii- 
lenaiit  ( Ic  ducde  Mayenne),  du  cardinal  de  Prilleve,  de  M.  De 
Lyon,  de  M.  le  recteur  Rose,  du  sieur  Uieiife  de  Pierrefond, 
pour  la  noblesse  francaise,  et  de  M.  d'Aubray,  pour  le  liers- 
ctat.  Get  orateur  est  le  seul  ([ui  s'altacbe  dans  son  discours  a  la 
JMstice  et  an  blcn  penoral,  tandis  que  tons  les  aiitres  ne  se  sont 
occupcs  que  de  leurs  priviici^es  ou  de  leurs  inleiets  personnels  : 
Texpression  dn  droit  et  <lu  patriotisme  se  trouvait  naturelle- 
ment  dans  lA  bouclie  d'nn  reprcsentant  du  jieuple. 

La  satire  Menippee  forme  I'nn  des  premiers  volumes  d'une 
bibliothenue  populaire  qui  dolt  etrepubilee  dans  !c  meine  for- 
mat, et  a  ties-bas  prix  :  nous  csoyons  que  cetleentrcpiise  pent 
devenir  fortavantagense.  Nous  souhaltonssurtout  que  les  edi- 
teursnese  bornentpasa  I'imiiression  d'ouvrages  nouveaux  on 
;i  celle  de  la  satire  Menippee  :  mais  qu'i's  remettent  en  luiniere 
qnelques  ouvrages  dignes  d'etre  connus,  comme  ies  Lttlres 
d hommes  ohscurs  ,  le  Cymbalum  mundi ,  les  A\'cnUires  du  ba- 
ron de  Fceneste ,  etc.  La  raison  a  toujours  trouvc  en  France 
d'eloquens  inlerpretps,  lorsqu'elle  les  a  choisis  dans  ce  tiers- 
ctat  que  les  deux  ordres  privilcgies  affectaient  de  mepriser  ,  et 
surtout  lorsquelesevcnemens  ou  la  position  des  auteurs  leuront 
laisse  une liberie  sans  laquclle  on  ne  peut  rienfairede  bon.  B.  J. 
2^1.  —  *  Sainte  -  Ferine.  Souvenirs  contemporains  ,  par 
M.  Valery.  Paris,  i8a6,  Ponlhieu.  In- 12  de  aSo  pages; 
prix,  4  fr. 

L'auteur  de  celte  Nouvelle  s'est  fait  connattre  fort  avanta- 
geusement,  en  1823,  par  *de3  ZiV:/^/^?  morales,  politiques  et 
litteraires,  dont  nons  avons  rendu  nn  compte  assez  6lendu. 
(Voy.  Re^:  Eur.  tome  \xiii,  pages  100-109.)  Le  merite  d'une 
obset  valion  delicate  et  juste ,  d'une  expression  elegante  et  inge- 
nieuse,  qui  nous  avait  paru  marqner  celte  premiere  produc- 
tion ,  se  retrouve  ici ,  sous  les  formes  moins  graves  d'une 
fiction  romanesque.  Une  fable  d'une  simp'.icite  touclianle  y 
sert  de  cadre  au  tableau  de  la  sociele  francaise,  et  meme  des 
socieies  t-trangeres,  pendant  la  seconde  moitio  du  dernier 
siecle  et  le  commencement  du  noire.  C'est  une  cpoijue  feconde 
pour  le  moraliste  ,  et  M.  Valery  en  a  rassemblc,  avec  beauconp 
d'art  et  de  gout,  les  principaux  caracteres.  On  liii  a  reproche 
d'avoir  donne  a  certaines  remarques  une  gencialiie  qui  leur  ote 
queique  chose  de  leur  juslessc.  Peut-etre,  en  effet,  est  -  il  per- 
mis  de  iror.ver  Irop  absolns  et  trop  severes  quelqnes-uns  des 
jugemens  qu'ii  porte  sur  les  travers  de  nos  voisins.  Et  toutefois, 
il  est  facile  de  s'apercevoir  qu'il  a  cherch^  a  les  adoucir  par 


LITTERATURE— BEAUX-ARTS.  S07 

des  restrictions ,  a  emousser  en  quelqne  sorte  le  trait  salirique, 
avant  de  le  lalsser  parlir;  la  juslice,  rimparlialile  sont  des 
qualites  qu'on  ne  saurait  liii  refuser.  II  est  du  petit  nombre  de 
ces  csprits ,  amoureux  du  vrai  ci  de  I'honnete ,  qui  les  clierchent 
et  les  decou-vrent  sous  leurs  formes  diverses ,  sans  se  laisser 
preocuper  de  tons  les  prejugcs  de  sectes  et  de  partis.  Au«si ,  ses 
affections  personnelles ,  qu'il  ne  deguise  point,  ruisent  bien 
rareraenta  la  verite  de  sps  apercus.  11  inele  avec  discernement 
I'eloge  etle  blame,  anssi  eloigne  de  la  fadeur  du  panegyrique 
que  de  ramertume  de  I'epigrarame.  Celte  moderation  de  vues  et 
de  pensees  est  habilement  rclevee  par  le  mouvement  rapide  ,  la 
vivacile  piquanle  du  style.  M.  Valery  connait  I'art  de  dire  beau- 
coup  en  peu  de  mots ,  et  de  laisser  entendre  a  son  Iccteur  plus 
encore  qu'il  ne  lui  dit.  Les  mots,  chose  rare  de  notre  tems , 
sont  employes  par  lui  dans  leur  veritable  acceplion  et  selon  les 
regies  de  I'analogie  ;  le  tour  est  hardi  et  anime ,  sans  etre 
barbare;  les  images  et  les  comparaisons  ont  de  la  nouveaute 
sans  bizarrerie.il  y  apcud'evenemensdans  cettenouvelle  ;rau- 
teur  apparfient  a  la  classe  de  ces  conteurs  moralistes  ,  qui  font 
plutot  I'histoire  des  mouvemens  interieurs  de  I'arae  que  de  la 
vie  exlerieure  du  monde.  Sainte-Perine ,  sous  ce  rapport,  se 
rapproclie  beaucoup  des  ingenieuses  compositions  de  I'auteur 
A  Edouanl  et  A'Ourika.  La  placer  en  si  bonne  compagnie,  c'est 
assez  dire  I'estirae  que  nous  en  fesons,et  nous  ainions  a  finir 
par  cet  eloge  auquel  nous  ne  pourrions  guere  ajouter.     H.  P. 

Beaux-  Arts. 

232. — *  Etudes  sur  le  beau  dans  les  arts  ;  par  Joseph  Droz  , 
del' Academic  {ranci'MC.  Seconde  edition  .Varis ,  1826;  Rcnouard. 
In-8°  de  235  pages ;  prix ,  4  fr.  5o  c.  et  5  fr.  5o  c,  par  la  poste. 

Cette  seconde  edition  attestele  succts  des  etudes  de  M.  Droz. 
Nous  rappelonsce  litre,  parce  qu'il  caracterise  autant  de  jus- 
tesse  d'esprit,  que  de  modestie  dans  I'auteur.  II  est  raoins 
difficile  en  effet  de  reconnaitre  le  beau  en  I'eiudiant,  qued'eu 
donner  une  definition  salisfaisante.  -<  La  plupartde  nos  expres- 
sions, dit  M.  Droz,  ressemblent  a  ces  rouleaux  de  monnaie 
quicirculent  sans  etre  jamais  comptcs. «  On  a  cependant  vonlu 
souvent  e valuer  la  beaute,  mais  y  a-t-on  rcussi,  et  I'a-t-on 
mieux  definie  que  la  grace  ?  L'une  et  I'aulre  s'expliquont  mieux 
par  leurs  effets  que  par  leurs  causes,  et  le  pliilosoplie  qui  veut 
definir  le  beau  ressemble  beaucoup  a  I'enfant  qui  effeuille  la 
rose.  La  grace,  c'est  ce  quicharme;  le  beau,  c'est  ce  qui  excite 
I'admiration,  ce  qui  nous  ravit  par  le  sentiment  dc  la  perfec- 
tion. Nous  n'en  saurons  jamais  da  vantage  ;  nous  pourrons  seu~ 


5o8  LIVRES  FRANCAIS. 

lemeut  etuilirr ,  comme  I'a  fait  M.  Droz,  les  condilions  aux- 
quelles  notre  ame  eprouve  I'admiration,  le  sentiment  de  la 
perfection.  Nous  apprendrons  avec  lui  que  ces  impressions 
reunies  de  la  grandeur,  de  I'ordre,  de  rharmonie,  que  louies 
cellcs  (jiii  (.'levent  Tame,  ratlendrissprit,  I'e.xahent,  produisent 
en  nous  le  sentiment  du  beau  ,  d'oi'i  il  rosulte,  coiiinie  le  dit 
encore  tres-bien  M.  Droz,  que  <.  lu  beaute  jiar  excellence,  est 
celle  de  la  verlu.  »  Nous  ne  dirons  ccpendant  pas  avecun  ecri- 
vain  tres-recomniandable,  <iue  beau  soit  synonyme  d'uti^e. 
11  entend,  ;\  la  verite,  en  definitive,  par  utile,  ce  qui  est  con- 
forme  a  la  convenance  generale  ilesetres,  ou  a  I'ordre  universe]. 
Mais  le  mo  t/////e,  dans  son  accept  ion  fjenerale  que  n  I  >usnesaiirions 
changer,  emjjorte  I'idee  de  persounalite  ,  d'egoisme,  et  dans  ce 
sens,  il  est  ;)recisement  I'opposo  de  beau.  Les  observations 
ingenieuscs  et  sonvent  plausibles  dont  le  meme  auleur  s'esi 
etaye  pour  decrediler  Vidcal  ne  nous  out  pas  non  (ilus  con- 
vaincus.  Ces  observations  tres-judicieuses,  tant  c|ti'clles  ont 
pour  but  et  pour  effel  de  jelcr  le  ridicule  sur  I'abus  de  \' ideal, 
nous  semblent  depasser  le  but,  lorsqu'elles  frapfient  Videnl 
meme.  11  y  a  en  nous  quelqiie  chose  qui  proteste  conire  lous 
les  raisonnemens,  et  notre  ame,  trop  souvent  nial  a  i'aise  dans 
cemonde,  a  le  sentiment  vague,  si  Tonveut,  niais  reel,  li'tin 
ordre  et  d'une  beauie  superieurs  a  ce  que  nous  voyons.  Ce 
sentiment  est  iiccessaire  a  I'artiste  pour  produire  le  beau  dans 
sa  perfection.  De  la,  le  pouvoir  de  la  miisique  sur  ceux  qui 
sont  susceptibles  de  I'eprouver.  On  s'estbeaucoup  moque  de  la 
nielancolie  du  nord ,  et  rien  de  plus  ridicule  assurement  que  la 
pretention  a  la  melancolie.  C'est  cependant  un  sentiment  na- 
turel,  et  qui  serait  a  [)eu  pres  inexplicable,  si  Ton  rejeiait  le 
besoin  et  le  pressentiment  de  qucltpie  chose  de  mieux  que  ce 
que  nous  possedons. 

Ces  idees  que  nous  avons  relrouvees  en  partledans  recritdc 
M.  Droz,  nous  ramenent  a  lui.  Son  livre  plait  et  eclaiie,  parce 
qu'il  revele  une  ame  elevee  et  douce,  un  goiitpur,  bcaucoiip 
de  sagaclte,  et  que  I'auteur  appuyant  ses  conseils  d'henreux 
exemples,  sail  donner  de  la  couleur  el  de  la  vie  a  son  style 
toujours  noble  et  elegant  avec  simplicite.  V. 

233.  —  *  La  Chine;  m(Kurs  .,  usages,  costumes,  arts  et 
metiers  ,  peines  civiles  et  militaires ,  ceremonies  religieuses , 
rnonuinens  et  passages,  A' apres  les  dessins  originaux  du  P.  Cas- 
tiglione  ,  du  peintre  chinois  Pu  -  Qua  ,  de  W.  Ale.randre  , 
Chambers,  Dudley,  etc.;  par  MM.  Deveria  ,  Regnikr  , 
.ScHAAL,  ScHMiT  ,  ViDAi. ,  ctc. ,  avec  dcs  Notices  crplicativcs 
ct  une   introduction ,  preseiiiant  I'etal  actuel  de  I'empire  clii- 


BEAUX-ARTS.  509 

nois  ,  sa  statistique  ,  son  ftouTcrnenient ,  ses  instllutions,  les 
cultcs  qu'il  admet  011  tolere,  et  les  grands  chanjreniens  poli- 
tiques  qii'il  a  subis  jusqu'a  ce  jour;  par  D.  B***  de  Mal- 
piKRE.  Sixieme  livraison.  Paris,  1826;  I'editeur,  rue  Saint- 
Denis ,  n°  188,  tin  caliier  grand  in  -  4**.  Prix  de  chaque 
livraison,  i5  fr. ;  par  souscriplion  ,  la  fr.  (Voy.  Rev.  Enc, 
t.  XXX,  p.  827.) 

En  rendant  compte  de  ce  bel  onvrage,  nous  n'.ivons  point 
a  entretenir  nos  leclcurs  de  I'antiquite  de  I'einpire  chinois, 
iii  a  romparer  la  morale  sublime  de  ses  phllosophes  avec  celle 
des  pliilosophes  des  aulres  nations.  Nousn'essaierons  ]jas,non 
I)ltiS,  d'apprccier  par  quels  moyens  cct  empire  s'est  constam- 
menl  soiilenu  au  memo  degro  de  splendeur  et  d'eclat ;  comment 
il  a  pu  soumettre  a  ses  lois  et  a  ses  usages  les  nations  barbares 
qui  ont  si  souvent  envalii  ses  provinces.  C'est  a  M.  de  Malpiere 
qu'il  appartient  de  fiiire  ressorlir  et  de  developper  ces  con- 
sideralions.  Les  parties  de  son  travail  qui  ont  deja  paru  nous 
prouvent  qu'il  s'en  acquille  avec  talent. 

L'ouvrage  que  nous  avons  sous  les  yeiix  est  jdcin  de  do- 
cumens  rares  et  curieux ,  de  renseignemens  choisis  avec  gout 
et  heureusement  varies.  Le  plan  adopte  par  I'edileiir  raerite 
des  eloges.  En  nous  inlroduisant  dans  les  paiais  des  empereurs 
et  dans  riiumble  atelier  de  I'artlsaii,  il  reunit  a  I'agrement  de 
riiisfoire  I'attrait  seduisant  des  voyages.  Tour  a  tour ,  en  effet , 
le  Iccleur  s'arrete  aupres  d'une  fenime  thinoise  qiii  tient  son 
enfant  dans  ses  bras  ;  il  accompagne  la  gondole  de  ce  man- 
darin en  voyage;  il  assiste  au  saciifice  qu'offre  ce  jeune  bonze 
a  ses  idoles ,  et  observe  curicusement  les  luses,  les  fourberics 
de  ce  preire  de  Fo  qui  exploitc  la  superslilion  populaire ; 
marin,  il  s'abandonne  snr  ce  bateau  leger  qui  descend  le 
cours  du  grand  flcuve;  soldat,  il  can)[)e  avec  un  officier  du 
corps  des  archers,  et,  fatigue  d'un  long  voyage  avec  un  cour- 
rier  tarlare,  il  va  se  reposer  sous  le  loit  Jiospitalier  d'une 
jnlic  maison  ruslique.  Discijjle  des  prelres  de  Fo ,  il  se  rend 
a  la  pagode  pour  y  deposer  son  offrande.  Arrive  a  Yang-Fou, 
il  suit  son  guide  cliez  un  libraire;  I'accompagne  dans  Fatclier 
d'une  jolie  brodeuse  qui  travaille  a  son  metier;  il  prend  avec 
lui  le  plaisir  d'une  peche  au  cormoran.  La  variete  infinie  des 
scenes  de  la  vie  domestique  que  cet  ouvrage  reproduit  ne 
permet  d'en  citer  qu'un  tres- petit  nombre.  II  suffit  de  dire 
que  tout  est  rendu  avec  verite  dans  cette  collection  jirecieuse, 
que  les  dessins  sont  pleins  de  vigueur  et  d'expression ;  que 
les  couleurs  les  plus  pures  et  les  plus  heureusement  diver- 
sifiees  lesaniraent  et  scmblent  leur  prefer  un  nouveau  charrae. 


5io  LIVRES  FRANCAIS. 

une  nouvetle  \ie.  Nousle  rcp^tons,  I'auteiir  nous  fait  voyager 
aveclui;  et ,  si  noiis  cprouvons  encore  qtielque  embarras ,  si 
Ics  tableaux  ne  nous  instruiscnt  pas  suffisammerit ,  la  lecture 
des  notices  qui  Ics  accompagnent  vient  eclaircir  nus  doutes 
el  nous  iiiitiir  aux  arts,  aux  coutunies ,  anx  nioeurs  du  peuple 
chiiiois.  IVous  savons  a  qiioi  allribiier  I'clat  dc  stiipcur  et 
d'ignorance  dans  lequel  vcgetc  auiourd'liui  cetle  nation  dont 
les  cominencemens  sont  presque  fabuleux. 

M.  de  Malpiere  eleve  ,  dans  son  ouvr.ige,  un  monument 
anx  arts;  11  ai)i)articnt  a  ceux  qui  les  cultivent  et  (\u[  les  aiment 
d'cncouragcr  ses  efforts.  —  La  sixieme  livrnison  qui  vienl  de 
paraitre ,  et  (jui  comprend  la  Balelicre ,  le  Murchand  de 
pipes,  les  Equilibristcs ,  le  Maljciitcur  cnchaine  a  une  tige  de 
fer ,  des  Chiiiois  riverains,  et  un  joli  jjaysage  reprt-sentant 
une  fumille  dc  pecheurs ,  achevent  «le  pronver  que  I'editenr 
n'cpargne  ni  soins  ,  ni  dcpenses  ,  pour  reiidre  son  travail  aussi 
parfait  que  possible.  Z. 

234. — *  Les  Roses  ;  Y'^T  P. -J.  Redoute,  avec  le  texte,  par 
C.-A.  Thory.  3i""=,3i.™''et33'"''  livraisons.Paris,  1826;  Panc- 
koucke,  tditeur.  3  cabiers  in-8**,  conlenant  cbacun  (|uatre 
jilantlics  coloriees;  prix  de  la  livraison  ou  du  cabier,  3  fr,  5o  c. 
(  Voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxx ,  p.  829.  ) 

235.  —  *  Cefit  grai'ures  pour  les  eeuvres  de  Voltaire ,  conve- 
nables  a  toutes  les  editions  in-8°  ct  in-12,  publiees  par  M.  Le 
Cerf,  d'a[(resles  dessins  de  MM.  Ueveria  et  Chasse^at.  16"' 
et  i-™^  livraisons.  Paris,  1826;  Panckoucke.  2  cabiers  in-S"  , 
contenant  cbacun  quatreplancbes.  Prix  de  la  livraison,  a  f.  5oc. 
(Voy.  /?ei'.  Enc,  t.  xxx,  p.  829. ) 

Ces  deux  livraisons  conliennent  trois  gravures  pour  la  Pu- 
celle ,  deux  pour  Zndig^  une  ]K)ur  Zaire  ,  une  pour  la  Hen- 
riade,  une  pour  le  Temple  de  lag  hire. 

236.  —  *  Collecdon  des  portraits  historiques  de  M.  le  baron 
Gerard,  premier  jieintre  du  roi,  graves  a  I'eau-forte  par 
M.  P.  Adam;  preci-dt'e  d'unc  Notice  sur  le  portrait  historique. 
Paris,  1826.  Urbain  Canel.  L'ouvrage  se  composera  de  douze 
livraisons  coniposces  cbacune  de  six  plancbes  tirces  sur  jiapier 
de  Cbine;  el  de  six  feuilles  sur  lesquelles  sont  indiqnes  le  nom 
du  personnages  represente,  et  le  litre  qu'il  portaitau  moment 
ou  son  portrait  a  etc  fait.  II  a  dejii  paru  trois  livraisons.  Prix 
de  cbar|ue  livraison,  aS  fr. 

J'ai  annonce  cet  ouvrage,  a  Toccasion  des  deux  premieres 
livraisons  (  voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxx ,  p.  828  ) ;  la  troisieme  qui  ne 
s'est  pas  fail  attendre,  contient ,  comme  les  deux  precedcntes, 


BEAUX- ARTS.  5ii 

d«5  noms  hislorlqncs  qui  sc  llenl  aux  evencmens  de  xix*"  siecle. 
Enexainin:int  cliaque  portrait,  I'un  upres  I'autre,  on  croitpar- 
courir  snccessivemenl  i)Iusieurs  cliapilres  de  I'liistoire  tie 
France;  (ians  le  nombre,  il  lmi  est  qui  ra])pe!leni  des  evi'iiemens 
douiourciix  ;  inais,  loin  de  les  redouter,  on  recheiclie  les  emo- 
tions de  cette  nature.  Le  succes  de  Toiivrage  de  M.  de  Segur, 
sur  la  dcsastieiise  campagne  de  Russie,  en  est  une  preuve. 
Considerce  sous  le  rajiport  de  I'ai  I,  eel  le  galerie  n'est  pas  moins 
interessanle;  on  y  \oit  un  bomine  de  genie,  renfermo,  par 
son  sujet  dans  dcs  liniilcs  eiroites,  lutter  conlre  ces  obstacles 
avec  un  talent  et  une  grace  qui  out  rcpanilu  ses  ouvrages  et 
sa  reputation  dans  toute  rEurojic.  La  collection,  gravee  par 
M.  P.  Adam,  destince  a  reproduire  ladisposition  et  lecaraclere 
particulier  dcs  portraits  qui  la  composent,  a  oblenu  et  conti- 
nuera  d'obtenir  le  succes  (jue  mcrite  ie  talent  de  I'un  des  plus 
grands  ])ein!res  que  la  F.ance  ait  produits.  P.  A. 

237.  —  *  Edifices  de  Rome  moderne,  dessines  et  publics  par 
L.  Le  Tarouilly,  arcliitecte.  3™*,  4™"  et  5""'=  livraisons.  Paris, 
1825 ;  Tauteur,  rue  Richelieu,  n°  49-  L'ouvrage  aura  i4li- 
vraisons  environ,  in  -  fi)lio  atiantique,  cliacun  de  6feuil!es  gra- 
vees  au  trait.  Prix, a  Paris  par  livraison  sur  colombier  fin  d'Au  ■ 
vergne,  6  fr. ,  sur  colombier  vclin,  12  fr.  (  Voy.  Rev.  Enc.  , 
I.  XXIX,  p.  85o  ). 

Les  livraisons  que  nous  annoncous  ne  se  sont  pas  fait  alten- 
dre;  elles  ont  succeile  iminedialeinent  aux  deux  premieres: 
voici  quelqiics  details  sur  leur  connposition  : 

3™'  Livraison.  Plans,  elevations,  coupes  et  details  d'une  raai- 
son  situee  -via  del  Governo  veccliio,  des  jiaiais  Niccolini,  Vc- 
rospi,  del  Bufalo,  du  petit  palais,  Piazza  di  campo  Marzo,  et 
vue  du  vesiibute;  plan  de  deux  maisons  via  delie  cinque  Lune 
et  Piazza  Madama. 

4'"^  Livraison.  Details  de  la  porte  d'entree  du  palais  del  Go- 
vernalore  ,  des  palais  Patrizi  et  Tomati;  coupe  sur  la  petite 
cour  du  palais  Palrizi;  elevation  et  details  de  la  partie  construite 
du  palais  Capraiiica  ;  plans,  elevations,  coupes  du  palais  Pa- 
trizi, siiue  pres  de  Teglise  S.  Catarina  de'  Funari;  elevation 
d'un  palais  j)res  la  Piozza  dtUa  Face;  plan  d'une  niaison  pre* 
leglise  Santa  -  Maria  della  Pace  et  vue  du  vesiibule  ;  plans  de 
deux  maisons  via  Uell'orso  ct  via  delle  Quatire  Fontane. 

5°><'  Livraison.  Plan,  elevation  et  detail  de  la  chapelle  S.  Gio- 
vanni in  Oieo,  situee  pres  la  porte  Latine;  elevation  du  petit 
palais  Spada  ;  plan,  elevation  et  coupe  de  I'eglise  S.  M.  de 
Monti  et  college  de  Neofite ;  elevation  du  palais  Muti  Papaz- 
zussi;  plan  et  coupes  du  palais  della  Consulta  ,  aujourd'hui  ca- 


5ia  LIVRES  FRANC AK. 

sernc  des  gardes  nobles  et  plan  des  souterrains  ;  vue  de  la  cour 
de  ce  palnis. 

Ces  livraisons  sont  gravoes  an  trait  avec  iine  rare  perfection  , 
ot  nons  devons  ajouler  que  ce  luerite  d'exccuiion  se  fait  g6ne- 
ralcmeiit  jemarquer  dans  toiites  les  planches  qui  ont  ete  pu- 
bliees  jusqu'a  present.  Confiee  aux  meilleurs  artistes  en  ce 
genre  et  constainment  surveillce  par  M.  LeTarouilly,  !a  gra- 
vure  ne  pent  manquer  par  son  ensemble  d'obtenir  rassenliraent 
des  arcliilectes  ,  des  eieves,  des  constrncteurs  et  des  amis  des 
arts  anxquels  I'ouvrage  est  plus  parliculiorement  destine. 

L.  S.  M. 

Memoires  et  Rapports  de  Societcs  savantes  et  cVutilite 
puhlique. 

238.  —  *  Memoires  et  dissertations  sur  les  antiquites  nalio- 
nales  et  etrar?geres ,  publics  par  la  Societe  royale  des  antiquaires 
de  France.  T.  VI  et  VII.  Paris,  1826;  J.  Smith,  imj)rimeur- 
libraire,  rue  Montmorency,  n"  16,  et  au  bureau  de  I'almanacli 
ducommerte,  rue  .I.-,F.  Rousseau,  n°  20;  prix  ,  iG  fr.  et  20  fr. 
par  la  poste. 

UAcadeinie  celtique  avait  public  cinq  volumes;  heritiere  de 
ses  travaux  dont  eile  a  beaucoup  etendu  le  cercle,  et  pour 
Icsquels  elle  nous  parait  suivre  une  meilleure  direction,  la  So- 
cicte  royale  des  antiquaires  de  France ,  dont  la  collection  se 
composait  deja  d'uu  pareil  nombre  de  volumes,  vient  de  met- 
Ire  au  jour  les  tomes  vi  et  vii  de  ses  memoires.  On  y  Irouve 
decrits  des  monnmens  en  lout  genre  ,  des  inscri;)tions,  des 
medailles ,  des  usages,  des  dialectes,  des  traditions.  I>a,  vien- 
dront  piiiser  les  ecrivains  qui  voudront  remplir  quelques-unes 
des  lacunes  qui  existent  dans  I'lnsloire  des  evenemens  et  des 
arts  de  la  Gaule  et  de  la  France  jusqu'au  xvi^  siecle  inclusi- 
venient. 

Le  tome  vi  est  consacre  a  des  dissertations  sur  les  langues 
et  sur  les  patois,  lant  du  royaume  que  des  aufres  pays.  II 
commence  par  une  notice  de  M.  CiRBiiio  sur  la  Grammaire 
de  Denis  de  Thrace ,  et  par  rouvrage(  en  grec,  en  armenien  et 
en  francais)  de  ce  savant  philologue  qui  florissait,  il  y  a  deux 
mille  ans.  On  doit  a  M.  I'abbe  LAiiOUDERiE  le  livre  de  Ruth  en 
hebreu  et  en  patois  auvergnat,  ainsi  que  laparabolc  de  I'enfaut 
prodigue  dans  ce  dialecle  et  en  syriaque.  RI.  Bert.iat  Saint- 
Prix  enlretlent  ses  lecteurs  de  I'enjploi  de  la  laiigue  laline  dans 
les  actes  anciens,  et  de  sa  prohibition  au  xvie  giecle;  M.  de 
Gervillf.  ,  des  anciens  noms  de  lleux  en  Normandie;  M.  Jait- 
jiKRT  DE  Passa  ,  des  recherci.es  bistoriqucs  sur  la  langue  cata- 


MEMOIRES  ET  RAPPORTS.  5i5 

lane ;  cet  auteur  donne  le  Roussillon  pour  palrie  au  poete 
Guillatime  de  Cabeslaiiig,  tandls  que,  d';ipres  Boccace,  Nos- 
tiadamus,  Crescimbeni  Mannis,  etc.  M.  Ladoucette ,  dans  son 
Troubadour ,  I'afail  naitre  en  Provence.  Le  volume  est termine 
par  la  parabole  de  I'enfant  prodigue,  traduite  en  86  patois;  ce 
travail  a  ele  snivipar  M.  Coquebert  de  Montbret;  nous  au- 
rions  desire  qu'il  y  joignit  la  carte  oh  il  a  divise  la  France, 
suivant  les  divers  dialectes  que  Ton  y  parle.  Dans  le  tome  vii , 
le  raerae  M.  de  Montbret  a  traite  de  la  religion  des  liabitans  de 
la  Grande-Bretagne  et  de  ses  rapports  avec  celle  des  Gaulois; 
M.  Van  Alpen  ,  d'Hercule  Saxanus  et  Magusanus  ;  M.  Girault, 
des  monumens  celtiques  de  la  Coted'Or;  M.  Hennequin,  des 
fouilles  d'une  voie  romaine  aupres  de  Metz;  M.  de  Gerville, 
des  camps  remains  de  la  Manche;  M.  Beaulieu,  du  camp  re- 
main, dit  la  cite  d'Jfrique ,  aupres  de  Nancy;  M.  Caix,  du 
pays  des  Gabaii ;  M.  Drojat  ,  de  Cerebelliaca ,  dans  ia  Drome ; 
M.  SAiNT-AMANDj.de  Cassignolius.  en  Aquitaine.  MM.  Lemais- 
tre,  Morelot,  Lejeune  ,  Boujon,  Penchaud ,  Vtran  ,  Teissier , 
Thibault  ont  decrit  des  objets  d'antiquiles ,  decouverts  dans 
I'Aisne,  la  Cote-d'Or,  la  Meurthe  ,  le  Puy-de  Dome,  les  Bou- 
ches-du-Rhone,   la  Charente ,  la    Moselle  et  I'Yonne. 

Le  monument  antique,  connu  sous  le  nom  de  mnrbre  de 
Thorigny ,  et  qui  vient  originairement  de  Vieux  (  Viducasses ) , 
est  maintenant  a  Saint-Lo,  chez  M.  Clement,  raaire  de  cette 
vilie,  qui  le  destine  a  la  maison  commune  :  I'abbe  Lebeuf  n'en 
avaitpas  scrupuleusem.ent  donne  I'inscription;  M.  Ladoucette, 
ayant  vu  le  monument ,  a  envoye  a  M.  Clement  le  procede  dont 
M.  Jaubert  de  Passa  s'etail  servi  en  Espagne  et  qui  nous  a  pro- 
cure avec  la  plus  grande  esactitude^eyrtc-f//rt//e  de  la  fameuse 
inscription  de  Thorigny ,  sur  laquelle  on  trouve  un  rapport 
de  M.  BoiLEAU  DK  Maulaville.  M.  Artaud,  conservateur  du 
musee  des  antiquites  a  Lyon,  nous  fait  connaitre  la  lettre  de 
Sextus-Fadius  ,  gravee  sur  un  monument  existant  a  Narbonne; 
M.  Drojat,  un  cippe  a  Taurobole,  qu'il  a  examine  a  Die. 
Nous  nous  plaisons  aussi  a  citer  M.  Ddlaure  ,  pour  son  rapport 
sur  la  notice  de  M.  Jouannet ,  relative  a  I'eglise  de  sainte  Croix  a 
Bordeaux;  M.  Depping,  pour  ses  recherches  sur  le  culle  de 
St-Arras  et  sur  les  Cahursins  ou  Coarslns  du  moyen  age; 
M.  Berriat  Saint-Prix  ,  pour  celles  qui  ont  eu  pour  objet  une 
r^ponse  attribueea  Sully ;  etM.  de  Montbret,  pour  I'estrait  de 
I'inventaire  du  cardinal  Mazarin,  quoique  ces  deux  dernlers 
ouvrages  aient  depasse  les  limites  du  xvi"  siecle,  que  la  So- 
ciete  des  antiquaires  semblait  s'etre  Imposees.  La  Societe  royale 
a  perdu  dans  MM.  Langles  et  Babbie  du  Bocage  ,  deux  de  ses 
T.  XXXI.  — ^oz<V  1826.  33 


5i4  LIVRES  FRANQAIS. 

membres  les  plus  distingues;  on  lit  avec  plaisir  Teloge  de  ees 
deux  savanspar  MM.  Aucuis  et  Bottin.  [P^oy.  aussi  les  notices 
qui  lour  out  rte  consacroes  dans  la  Revue  Encyclopi'diqitc ,  dont 
ils  ^taicnt  collaboraleurs  ,  t.  xx\iii ,  p. 35/|,  ett.  xxix,p.  906). 
Nous  aurions  dii  comuiencer  par  le  rapport  de  M.  Bottin,  se- 
cretaire. 11  aiteste  Le  zele  et  les  liiraieres  de  son  autciii-;  et  con- 
tribue  a  donner  une  liautc  idee  de  la  varieie,  de  riinportance 
des  etudes  et  des  travaux  de  TAcademie.  La  publieation  des 
volumes  dont  nous  rendons  compte,  ne  peut  qu'accroiire  la 
juste  reputation  dont  la  Socicte  royale  des  anliquaires  jouit  en 
France  et  dans  tous  les  pays  etrangers.  L — e. 

Outrages  periodcques. 

aSo.  — *  Journal  clinique.  Recueil  d* observations  sur  les  dij- 
formites  dont  le  corps  huinain  est  susceptible  h  toutes  les  epo- 
quesdelavie  (premiere  partie),  et  sur  la  uiecanique  et  les 
instruinens  employes  par  la  chirnrf,'ic  (  scconde  parlie) ;  avec 
figures;  par  C.  A.  Maisonaee,  D.  M.  Paris  ,  1826.  Chez  I'au- 
teur,  maiion  du  traitement  de  di verses  difformites  et  de  para- 
lysies,  rue  de  Clievrouse,  n"  4»  pres  le  boulevard  du  Mont 
Parnasse;  Bet-het  jeune,  place  de  I'ccole  de  Mcdecine.  —  Ce 
journal  ])arait  quatre  foisparan,  en  Janvier,  avril,  juillet  et 
oclobre.  Prix  de  I'abonnement  pour  I'annee,   12  f'r. 

L'etablissement  forme  par  M.  Maisonabe  pour  corriger  plu- 
sieui's  difformites  du  corps,  n'est  pas  une  irinovalion  dans  Part 
de  la  cbirurgie  :  la  Suisse,  I'llalic  et  Paris  meme  ont  deja  vu 
d'heureux  essais  de  ces  nioyens  de  lejiarer  les  aberrations  de 
la  nature.  Mais  un  seid  ctablissement  ne  suffit  point;  les  inte- 
rets  de  I'liumanile  exigent  que  M.  Maisonabe  puisse  avoir 
beaucoup  d'imitateurs,  qii€  son  experience  soitulile,  meme  a 
ceux  cpii  ne  peuvent  recevoir  ni  scs  soins,  ni  ses  conseils.  Un 
cours  special  sur  les  a])plications  de  Part  auquel  il  s'est  con- 
sacre,  repand  deja  autour  de  lui  les  fruits  de  cette  experience, 
et  forme  ses  collaborateurs,  non-seulenient  pour  la  cajjilale, 
mais  pour  une  partie  de  la  France.  Afin  d'etendre  encore  cette 
bienfalsante  propagation  de  luniieres  et  de  secours,  le  profes- 
seur  s'est  decide  a  publier,  sous  la  forme  d'un  jonrnal,  tout  ce 
qu'il  enseignc  dans  son  cours,  les  observaiions  qu'il  fail  succes- 
sivement  sur  le  ujeme  objet,  et  les  docuniens  (]ui  lui  sont 
cnvoyes  par  les  niedecins  et  les  chirurgiens  qui  venlent  bien 
seconder  ses  louables  travaux.  Quatre  numeros  ont  deja  paru; 
le  redacteur  ne  s'attache  point  a  etablir  une  sorte  dVqnilibre 
eBtr^  les  deux  divisions  de  son  travail;  ce  qui,  en  effet ,  ne 


OUVRAGES  PERIODIQUES.  5i5 

pourralt  «jtre  maintenu  qu'aux  depens  de  I'une  ou  de  I'aulre  , 
siiivant  I'abondance  ou  la  rarele  des  observations,  des  docu- 
mens,  des  decouveites  et  des  inventions.  D'ailleuis,  la  seconde 
partie  (  celle  de  la  mecanique  el  des  instrumens  de  chirurgie ) 
est  principalement  eclaircie  par  les  planches  ,  et  pent  ^tre  Irai- 
tee  avec  plus  de  concision.  La  premiere  difformite  dont  M  Mai- 
sonabe  s'est  occupe  est  la  courbure  de  la  colonne  vertebrale: 
il  expose  ce  que  Ton  a  tente  jusqu'a  present  pour  la  redresser; 
il  passe  ensuite  a  I'explication  des  moyeus  qu'il  eniploie  lui- 
nieme,   et  qui  lui  ont  le  mieux  rcussi. 

liG pied  hot  est  un  autre  vice  de  conformation  qui  pent, 
dans  beancoup  de  cas,  etre  corrige  ])ar  un  cbirnrgien  liabile. 
Le  quatrieme  numero  du  Journal  cUnique  contient  beaucoup 
de  faits  sur  cet  objet,  dont  I'utilite  n'est  peut-elre  pas  moin- 
dre  que  le  redressement  de  la  colonne  vertebrale.  Pour  cette 
derniere  operation,  M.  Maisonabe  ne  cite  aucun  homine  qui 
s'y  soit  souniis  ,  en  sorte  qu'il  n'a  traite  que  des  fcmnies  j)lus 
ou  moins  agees.  Mais  ses  experiences,  quoique  tres-nom- 
brenses,  peuvent-elles  etre  regardees  comme  completes ,  tant 
qu'il  n'aura  pas  opere  sur  les  deux  sexes?  esl-il  bien  certain 
que  Vextensibillte  est  la  meme  dans  I'un  et  dans  I'autre? 

liCs  instrumens  decritsjusqu'ici  par  M.  Maisonabe  sont  ceux 
dentil  se  sert  dans  son  etablissement,  et  ceux  que  Ton  em- 
ploie,  soit  pour  extraire  les  pierres  de  la  vessle,  soit  pour  les  y 
briser.  La  description  des  ressources  deju  imtnenses  et  toujours 
croissantes  de  I'art  est  sans  doute  tres-rassurante  :  raais  elle  est 
necessairement  accompagnee  de  details  penibles  sur  les  infir- 
mites  liumaines.  De  quelque  nature  que  soient  les  niaux  qui 
nous  affligent,  s'il  etait  un  art  de  les  eloigner,  de  les  rendre 
cxtremement  rares,  il  faudrait  le  cultiver  avec  plus  de  soin 
encore  que  celui  de  guerir  ces  maux  quand  ils  sont  venns. 

Esprrons  que  les  travaux  de  M.  Maisonabe  obtiendront  lout 
le  succes  que  racritent  les  talens  et  le  zele  de  cet  ami  de  I'huma- 
nite ,  que  son  cotirs  et  son  journal  etendront  au  loin  et  con- 
serveront  pour  I'avenir  ses  yues  bienfaisanles  et  les  fruits  de 
ses  observations.  F. 

240.  —  *  L'Herm'^-s ,  journal  du  Magnetisme  animal,  par 
^xuc  societe  de  mcdecins  de  la  faculte  de  Paris,  Paris,  1826. 
M™«  Levi,  libraire  ,  quai  des  Auguslins;  n°  25.  Ce  jourrval 
parait  tous  les  mois,  par  cahier  de  deux  a  trois  feuilles  in-S""; 
prlx  ,  12  fr.  pour  I'annee. 

La  doctrine  du  magnetisme  animal ,  apres  avoir  ete  Tobjet  de 
discussions  locg'ies  et  animees  ,  lorsqu'elle  fut  introduite  en 


5i6  LIVRES  KRAKCAIS. 

France  par  Mesiner,  en  1778,  avait  ^1^  n«gligee  et  presque 
oubliee  pendant  notre  revolution.  Le  calme  dont  a  joui  notre 
pays  ,  dans  les  piemieies  annees  dc  Tcmpire  ,  ayaut  permis  de 
repreudre  avec  une  nouvelle  ardetir  I'elude  des  sciences,  on 
recoRimenca  a  s'occuper  du  niagnetisme  ,  qui  s'etait,  pour  ainsi 
dire,  rcfugie  dans  les  pays  etrangers.  —  L.'Histoire  critique  du 
Magnelisme  animal,  publiee  a  cette  cpoque  par  M.  Deleuze, 
propagea  rajiidement  la  pratique  de  ce  nouveau  moyen  de 
s'uerir.  Les  partisans  de  cette  decouverte  desiiant  etablir  entre 
eux  un  moyen  de  communication  ,  trois  ecrits  periodiques  : 
les  Annales  du  magnetisme  animal,  la  Bibliotheque  mngnetique, 
et\es  Archives  du  magnetisme  ,  furent  ])ublics  depuis  i8i4jus- 
qu'en  182/4,  sous  les  auspices  de  MM.  de  Puysegur,  Deleuze,  etc. 

Aujourd'hui  que  les  phenomenes  du  niagnetisme  ,  long-tems 
neglige"' par  les  savans,  sont  devenus,  dans  I'  Academic  royalcde 
medccine  jl'objet  d'une  discussion  publique,  6t  que  cette  societe 
a  nomme,  le  1%  fevrier  dernier,  une  commission  chargee  d'exa- 
miner  la  nature  de  I'agent  magnetique  ,  il  ctalt  convenable  que 
cette  bianche  des  sciences  physiologiques  eut  de  nouveau  un 
organe  quirendit  compte  des  observations  auxquelles  elle  doit 
donner  lieu.  Tel  est  le  but  qiie  se  proposent  les  redacteurs  de 
V Hermes.  Considerant  les  discussions  de  1' Academic  de  medecine 
comme  formantune  nouvelle  ere  dans  I'etudedu  niagnetisme,  ils 
les  ont  prises  pour  point  de  depart;  ils  annoncent ,  dans  leur  in- 
troduction, qu'ils  suivront  pour  regie  invaiiable  cette  exactitude 
dans  les  observations,  celte  impartialite  dans  les  jugemens,  qui 
forment  le  caractere  de  I'epoque  scientifique  actuelle.  lis  tache- 
ront  de  faire  connaitre  I'histoire  de  la  decouverte  de  Mesmer, 
d'en  esposer  I'utilite  therapeutique  et  les  dangers,  de  rendre 
compte  des  progres  qu'elle  pent  faire  ,  d'analyser  les  ouvrages 
publics  sur  cette  matiere ,  et  de  consigner  tous  les  faits  interes- 
sans  qui  s'y  rapporleiit. 

Les  cinq  numeros  de  ce  journal,  qui  ontdeja  paru  depnis  Ic 
mois  de  mars,  renferment  un  grand  nombre  de  documens  cu- 
rieux.  Nous  y  avons  distingue  une  analyse  tres-etendue  des  dis- 
cours  prononces  a  1' Academic  de  medecine,  dans  les  mois 
d'octobre  ,  de  novembre  et  de  decembre  iSaS  ,  Janvier  et 
fevrier  i8?.6  ,  pour  ou  contre  la  proposition  d'un  nouvel  exa- 
men  du  magnetisme  animal,  par  MM.  Orfila  ,  Marc,  hard, 
Guersent,  Magendie  ,  Georget ,  Case,  Laennec,  Recamier, 
Double  etc.;  le  rapport  fait  sur  cette  question  par  M.  Husson, 
■vice-president  de  I'Academie ,  etl'eloquente  replique  adressee 
par  ce  savant  medecin  aux  adversaires  de  I'examen  ;  un  article 
8ur  les  rapports  du  magnetisme,  avec  les  diff^rentes  branches 


OUVRAGES  PliRIODIQUES.  5 17 

des  connalssances  humaines,  qui  suppose  uiie  elendue  de  vues 
irop  rare  dans  ceux  qui  s'occupent  du  raagnctisme;  une  critique 
de  I'ouvrage  de  M.  le  D'  Bertrand ,  par  M.  Deleuze ,  aussi 
reniarquable  par  lelegance  du  style  que  par  la  solid  ite  du  rai- 
sonnesiient;  nous  y  avons  lu ,  surtout  avec  plaisir,  des  fails 
constates  et  publiquement  certifies  par  des  hommes,  tels  que 
MM.  Ampere  ,  Adelon  ,  Ribes ,  Las  Cases  ,  etc. 

Si  les  redacteurs  de  YHermes  continuant  a  reniplir  avec  le 
uieme  zele  et  la  meme  sagesse  la  taclie  qu'ils  se  sont  j)rescrite  , 
nous  csperons  qu'ils  parviendront  bientot  a  fixer  eiifin  I'opi- 
nion  des  savans,  si  long-iems  incertaine  sur  la  question  du 
inaguetisme  animal.  Bouillet. 

1[^l.  —  Le  Phare  du  Havre,  journal  du  commerce  et  de 
I'industrie.  Feuille  quotidienne.  Le  Havre ,  1826.  In-folio.  On 
s'abonne,  au  Havre,  cliez  Alyhonse  Lemale,  rue  des  Drapiers; 
a  Paris,  chez  Sautelet.  Prix,  5o  fr.  par  an;  aS  fr.  jjour  six 
mois;  i3  fr.  pour  trois.  On  ajoute  6  fr.  par  an,  pour  les  frais 
de  port  par  la  j)oste. 

Ce  nouveau  journal  ne  se  borne  point  a  une  correspondance 
commerciale  et  a  des  nouvelles  de  mer  et  de  commerce.  11  com- 
prend  aussi  des  articles,  specialement  sur  la  canalisation  de  la 
Seine,  ou  sont  discutees  avec  etendue  et  maturite  des  questions 
d'une  haute  importance  pour  nos  ports  de  mer  et  pour  notre 
prosperite  inlerieure.  —  Un  tableau  du  mouvement  des  ports  , 
en  France  et  dans  les  pays  elrangers,  des  arrivages  et  ira  por- 
talions  et  des  departs,  occupe  la  quatrieme  et  derniere  page 
de  chacun  des  nuraeros.  J. 

242.  —  Bulletin  des  capitalistes ,  des  speculateurs  et  des  ren- 
tiers. On  s'abonne,  a  Paris,  rue  Neuve-Saint-Marc ,  n°  4- 
Prix,  7  fr.  pour  un  mois;  18  fr.  pour  trois  mois;  35  fr.  pour 
six  mois;  69  fr.  pour  I'annce. 

CeMe  nouvelle  feuille,  destinee  specialement  a  faire  connaitre 
lesentreprisesfinancieres,  agricoles  ouindustriellesquise  font  en 
France,  apour  butde  servir  a  fixer  C  opinion  sur  le  degre  d'utilite 
publique  ouprivee,  sur  la  bonne  ou  mauvaise  administration, 
et  sur  les  garanties  reelles  oujictives ,  que  presente  chacune  de 
ces  entreprises.  Plusieurs  elablissemens  utiles,  et  diverses  en- 
treprises  sont  effectivement  annonces  et  examines  dans  les 
numeros  que  nous  avons  sous  les  yeux.  Si  la  sagesse  et  I'im- 
partialite  president  toujours  aux  observations  des  redacteurs , 
nul  doute  que  leur  journal  ne  puisse  etre  reellement  utile.  II 
renferme  aussi  des  renseignemens  sur  la  situation  de  la  Caisse 
d'amortissement  et  de  la  Banque  de  France,  avec  des  nouvelles 
de  I'interieur  et  de  I'etranger.  Chaque  numero  est  termine  par 


5i8  LIVRES  FRANCAIS. 

des  aiinonres  et  des  avis  ,  qui  inteiesscnt  le  commerce  el  I'in- 
duslrie.  —  On  doit  y  ti  Oliver  enfin  !e  cours  des  actions  qui  ne 
sont  point  colces  a  la  Bourse.  A.  de  V. 

243. — *  La  Psyche ,  clioixde  pieces  en  vers  et  en  prose,  dcdii 
aux  dames.  Paris,  Mars,  Avril,  Mai  et  Juin  1826.  Au  bureau 
du  journal,  cLez  M.  Benard,  rue  du  Bouloy,  n"  8.  k  cahiers 
in- 18,  de  8  fcuilles  et  deinie  chacun ,  avec  \igneitcs.  Prix  dc 
I'abonnement  pour  troisinois,  8  fr.  5o  c,  ponrGmois,  16  fr., 
pour  un  an  ,  3o  fr. 

Voici  un  recueil  qui  raanquait  a  notre  lilterature.  Depuis 
quelques  annces,  le  nombre  des  journaux  consacres  a  la  critique 
s'est  accru ,  en  raison  inverse  des  progres  obtenus  dans  cet  art 
si  difficile,  et  tout  a  la  foissi  ingrat,  circonstances  qui  peuvent 
fort  bien  s'espliquer  I'une  par  I'autre.  II  devail  paraitre  eton- 
nant  que  personne  n'eut  songe  a  recueillir  sous  une  forme 
periodique  les  meilleures  productions  de  nos  poetes  modernes, 
pous  nous  les  offrir  dans  ieur  nouveaute  et ,  pour  ainsi  dire, 
brulantes  encore  du  feu  de  I'inspiration.  Cette  entreprise,  com- 
mencee  par  M.  Benard,  il  y  a  cinq  mois,  se  poursuit  avec 
succes,  et  deja  nous  possedons  quatre  cahiers  de  ce  recueil, 
que  les  Muses  ont  avoue  et  que  les  Giaces  ont  pris  sous  Ieur 
protection.  Les  noms  desauteurs  donl  les  productions  figurent 
avec  lionneur  da-ns  ces  quatro  livraisons,  doivent  paraitre  un 
sur  garant  du  succes.  Cependant,  les  lecteurs  ne  se  laisseront 
pas  imposer  par  la  reputation  que  quelques-uns  d'entre  eux  ont 
meritee;  quelquefois  ils  s'arreteront  a  des  noms  molns  connus  et 
qui,  n'ayantpas  encore  acquis  le  privilege  de  faire  tout  admirer, 
sont  tenus  de  faire  un  pen  plus  de  frais  pour  plaire  au  public. 
A  ceux-la  seuls  aussi  la  critique  peutetre  de  quelque  utilite,  et 
nous  nous  reservons  de  Ieur  offrir  plus  tard  nos  conseils  et  nos 
encouragemens,  Aujourd'bui,nous  noiis  adresserons  seulement 
a  I'editeur,  que  nous  engagerons  a  sacrifier  davantage  a  la  nou- 
veaute, en  rassemblant  le  plus  de  pieces  inedites  qu'il  lui  sera 
possible;  il  ne  faut  pas  qu'il  emprunte  rien  aux  autres  recueils; 
il  faut,  au  contraire,  que  le  sien  devienne  une  mine  fcconde 
pour  ceux  qui  paralssent  au  commencement  de  cliaquc  annee, 
et  qui  ne  veulent  pas  devoir  uniquement  Icurs  succes  au  choix 
deleursgravureset  au  luxe  dela1yi)ograplue.Mais  il  ne  doit  pas 
neanmoinsadmettreindistinctement  tout  ce  qui  lui  paraiiranou- 
veau ;  il  est  de  ces  nouveautes  litteraires  que  le  gout  reprouve  et 
qu'il  doit  severement  ecarter.  Tels  sont  les  morceaux  qui  ont 
pour  litre:  I'Espagnolet  son  chien,  fragment  en  prose  par  M. 
O.  B...  (mars,  p.  91)  et  lejeu  de  cache-cache,  nouvelle  de  M.Am  and 
GuiLLAUME.  II  ne  doit  pas  perdre  de  vue  qu'au  merite  de  satis- 


LivRES  Strangers  imprimis  en  France.  519 

faire  I'orellle  et  I'esprit  par  des  sons  habilement  combines,  et 
par  des  images  vraies  et  ingenieuses,  la  poesie  doit  joindre  celui 
(ie  parler  a  la  raison  et  au  cceur,  en  exercant  sur  tous  deux  une 
lieureuse  influence.  Des  tableaux  pareils  a  cenx  que  nous  venous 
(le  citer  ne  sont  propres  qu'a  produire  uu  effet  entieiement 
oppose  a  ce  noble  but.  E.  Hereau. 

Livres  en  langues  etrangeres,  imprimes  en  France. 

244.  —  *  Deutsches  Lescbuch,  etc.  —  Lccons  de  litterature 
allemande  :  Nouveau  choix  de  morceaux  en  prose  et  en  vers , 
extraits  des  meilieurs  auteurs  allemands;  a  I'usage  des  ccoles  de 
France,  et  des  personnes  qui  ctudient  la  langue  allemande; 
par  C.-F.  Ermeler.  Paris,  1826;  Baudry.  In-12  de  viii  et 
376  pages ;  prix  ,  4  fr. 

Avec  des  extraits  bien  choisis  de  Lessing,  de  Herder,  de 
Gessner,  de  Muller ,  de  d'ArclienhoIz ,  de  Klopstock,  de  Bur- 
ger, de  Schiller,  de  Goethe,  de  Wieland  et  des  autres  maitres 
dela  litterature  allematide,  M.  Ermeler  est  parvenu  a  compo- 
ser un  recueil  dont  la  lecture  ne  sera  pas  moins  atlrayaiife 
qu'inslructive.  Ceux  qui  I'aiiront  etudie  avec  soin,  et  qui  se 
seront  habitues  ainsi  aux  differentes  formes  de  style  auxquelles 
la  langue  allemande  a  ete  soumise,  parviendront  facilement  a 
bien  apprecier  les  details  des  belles  compositions  que  TAllema- 
giie  doit  a  ses  poetes,  a  ^s  historiens  et  a  ses  philosophes. 
Nous  ne  pouvons  que  recommander  cet  utile  ouvrage  aux 
maitres  et  aux  eleves.  J- 

245 *  /  Lusiadi,  etc.  — La  Lusiade  du  Camoens,  tradnile 

en  octave  r/wrt,  par  A.  Briccolani.  Paris,  1826;  J.  Didotj 
le  traducteur,  rue  des  Poltevins,  n°  5.  In-24  ;  prix,  5  fr. 

La  traduction  de  ce  poeme  par  M.  Millie  dont  les  lettres  ont 
a  deplorer  la  perte  rccente,  a  dii  en  faiie  connaitre  tout  le 
mcriteaux  liuerateurs  francais.  ( Voy.  Rev.  Enc,  t.xxvi  p.  4i6-) 
Je  puis  done  ,  sans  m'elendre  sur  I'cloge  de  I'ouvrage  origi/ial, 
rappeler  seulement  qu'nn  poete  italien,  Charles  Nicolas  Pacgi, 
qui  vivait  au  milieu  du  xvii^  siecle ,  avait  dtja  lento  de  s'ap- 
l)roprler  le  chef-d'oeuvre  de  la  poesie  portugaise  par  une  ver- 
sion qu'il  en  donna  sous  le  litre  de  la  Lusiada.  Mais  cet  essai 
ne  fut  pas  heureux  et  tomb:i  promptement  dans  I'oubli.  M.  Bric- 
colani n'a  point  a  craindre  le  iiieme  sort  pour  le  travail  qui! 
vlent  de  publler. 

II  a  suivi  le  teste  de  Souza:sa  version  est  partout  fldeie:  il 
s'attache  trop  souvent  peut-etre  a  traduire  stance  par  stance; 
mais  il  cherche  egaieoient  h  rendre  I'energie  ct  la  vivacite  du 


520    LIVRES  ETRANGERS  IMPRIMPIS  EN  FRANCE. 

l>oete  ,  et  il  y  reussit  presque  toujours.  Enfin,  I'llalie  peut  se 
flatter  d'avoir,  dans  cet  oiivrage,  une  estimable  traduction  du 
Camoens. 

La  belle  edition  qu'en  a  faite  M.  J.  Didot  inerite  des  eloges; 
elle  est  entierement  conforme,  pour  le  caractere,  le  format  et 
le  papier,  a  I'edition  portugaisc,  publiee  a  Paris,  en  i8a'3  , 
par  J.  P.  Aillaud.  F.  S. 

2/|6.  —  *  Select  britisk  Novels ,  etc.  — Chois  de  remans  an- 
glais, publics  jiar  M.  J.-JV.  Lake.  Premiere  llvraison  conte- 
iiant :  la  legende  de  Montrose,  ( I'Officier  de  fortune),  par 
hir  IValter  Scott,  Bart.  Paris,  1826.  Firmin  Didot.  2  vol. 
in-32  de  xLWi-201 ,  et  224  pages  ;  prix  dii  volume,  H  fr.  5o  c. 

II  faut  que  la  connaissance  et  le  gout  de  la  langue  et  de  la 
litterature  anglaises  se  soient  bien  repandus  en  France,  de- 
puis  plusieurs  annees  :  aujourd'hui,  Londres  et  Edimbourg  ne 
voient  eclore  aucune  nouvelle  production  de  Scott ,  de  Moore, 
on  de  Icursemules,  quinesoitaussitot  offerte  au  public  parisien, 
noa  plus  seulement  dans  une  traduction  inforrae ,  mais  encore 
dans  Tine  edition  en  langue  origlnale,  presque  aussi  correcte  et 
plus  economiquc,  que  celle  des  Constable  ou  des  Murray.  Sans 
doute,  les  speculateurs  coraptentbeaucoup,  pour  le  debit  de  leurs 
livres,  sur  les  nombreux  visiteurs  anglais,  que  raraenite  des 
mceurs  francaises,  la  douceur  du  climat,  et  d'autres  causes  en- 
core attirent  a  Paris  et  dans  nos  belles  campagnes ;  mais  ils 
ont  a  repondre  aussi  a  d'autres  demandt's  ,  a  d'autres  besoins. 
Si  la  foule  lit  aujourd'hui  les  traductions  qui  ne  sortaient  point 
autrefois  d'une  certaine  sphere ,  du  moins  il  est  un  bon  nom- 
bre  d'hommes  qui,  profitant  d'une  instruction  plus  etendue  et 
plus  liberale ,  vont  chercher  a  la  source  les  productions  du 
genie,  avant  que  le  penible  travail  des  interpretes  les  ait  re- 
froidies  et  decolorees.  C'est  done  avec  de  nombreuscs  chances 
de  succes  que  Ton  entreprend  de  publier  les  chefs-d'oeuvre  de 
Swift,  de  Foe,  de  Fielding,  de  Smolett,  de  Richardson,  de 
miss  Burney,  et  de  Scott.  Cette  collection,  imprimce  avec 
beaucoup  de  gout  et  d'elegance ,  ne  deparera  aucune  biblio- 
theque ,  et  I'on  peut  lui  promettre  une  place  assuree  dans 
celles  des  amateurs  de  la  belle  litterature  anglaise. 

Outre  les  auteurs  que  nous  venons  de  ciler,  les  editeurs  se 
decideront  sans  doute  a  publier  les  cliarmans  ouvrages  de 
Sterne ,  de  Mackenzie ,  de  Goldsmith ,  ces  romans  moraux  ou 
miss  Edgeworth  a  continue  pour  un  age  plus  avance  les  excel- 
lentes  lecons  qu'elle  avail  d'abord  presentees  a  I'enfance,  et 
quelques  ouvrages  plus  modernes  que  I'Angleterre  et  la  France 
ont  accueillis  avec  un  egal  empressement.  A — e. 


IV.  NOUVELLES  SCIENTIFIQUES 

ET   LITTERAIRES. 


AMERIQUE  SEPTENTRIONALE. 

New-Yohk.  —  Bateaux  a  vapeur.  —  Jamais  les  cominuni- 
cations  entre  celle  ville  et  les  etats  voisins  n'ont  cte  aussi  ac- 
tives que  de  nos  jours  :  il  y  a  mainlenaiit  c[ua'tre  lignes  dis- 
tinctes  de  bateaux  a  vapeur,  de  New-York  a  Philadelphie; 
14  batimens  du  menie  genre  sont  eA  activite  sur  rHudson  ,  ou 
Riviere  dunord.  D'autres  fiaquebots  font  le  service  pour  Flas- 
liing,  Sawpits,  Bridgeport ,  New-Haven  ,  Hartford,  Norwich, 
New-London,  et  Providence.  Tous  ces  bateaux,  au  nombre 
de3o,  partent  regulierement  de  New-York  pour  leiir  desti- 
nation respective,  et  sont  employes.principalement  au  trans- 
port des  passagers.  II  serait  difficile,  et  pcut-etre  impossible 
de  determiner  le  nombre  des  voyageurs  qui  s'y  embarquent  ; 
mais  il  doit  etre  tres-grand;  car  il  parait  qu'il  s'accroit  aussi 
proraptement  que  les  paqnebots  a  vapeur  se  multiplient.  La 
rapidite  des  passages  est  d'ailleurs  prodigieuse.  Les  voyageurs, 
partis  de  Philadelphie  a  6  heures  du  matin  ,  vont  dejeiiner  le 
jour  suivant  a  Albany ,  parcourant  ainsi  une  distance  de  cent 
lienes.  M. 

I'Tecrologie. — John  Adams. — Jefferson. — Ces  deux  grands 
citoyens  que  la  republique  des  Etats-Unis  a  perdus  le  meme 
jour,  occupent  dans  I'histoire  une  place  si  eminente,  et  sont  si 
bien  connus  comme  hommes  publics,  qu'il  ne  reste  plus  qu'a 
les  peindre  dans  la  vie  privee.  Cette  tache  si  douce  a  remplir, 
et  si  utile  pour  I'instruction  morale  des  peuples  ,  la  Jlerue 
encyclopecUque  ne  la  negligera  point;  mais  il  faut  du  terns 
pour  I'accomplir.  Nous  nous  attacherons  a  recueillir  les  faits 
avec  une  scrupuleuse  exactitude  ;  oar  ce  n'est  pas  un  monument 
de  flatterie  qu'il  faut  eiever  a  des  hommes  aussi  veneres.  En 
parlant  de  vies  dignes  de  servir  de  modeles,  on  manquerait 
aux  bienseances,  si  Ton  cessait  un  seul  moment  d'etre  simple, 
vrai,  exempt  de  toute  passion  et  meme  de  I'enthousiasme  de  la 
vertu. 

Le  jour  de  la  mort  de  ces  deux  grands  hommes  fut  preci- 
sement  le  cinquantieme  anniversaire  de  I'independance  a  la  • 


521  AM^RIQUE  CENTRALE.— ANTILLES. 

■qnelle  ils  avnient  si  pnissnmnieiit  concotiru  el  dont  ractejiorle 
leurs  si^'natui-es.  John  Adams  affaibli  p.ir  son  grand  Jit^c 
(ga  ans)  cntendit  le  brnlt  des  rejouissances  publiques,  et  il  en 
demanda  la  cause  ;  et  des  qu'il  I'eul  connue  :  voila  un  bien  beau 
joui-,  dil-il,  ct  i!  expira.  JtKi  krson  ,  nialade  depuis  long-lems  , 
iieforinait  qu'un  vicn,  cehii  de  vivre  jusqu'au  4  juillct,  jour  de 
ranniversaire,  et  il  en  etait  bien  pres  lorsqu'il  exprirnait  ce 
desir,  qui  fut  cxaucc.  F. 

AMERIQUE  CENTRALE. 

Guatemala. —  Climat. —  Commerce.  —  line  leltre  adiessee 
a  la  Gazette  dv  Baltimore ,  par  un  jeune  Ainericain  voyageant 
sur  les  cotes  de  cetle  conlrce  dans  I'Ocean  Pacifique  ,  donne 
Jes  di'tails  suivans  sur  I'ctat  des  ports,  la  salubrite,  et  le  cota- 
merce  de  cette  parlie  du  pays  —  A  Realejo  ,  I'extcrieur  des 
hobitans  indicpie  assez  I'insalubrite  du  lieu.  Le  brick,  le  Junius  , 
dans  un  sejour  d'environ  deux  semaines,  y  a  perdu  Iroishoin- 
mes  et  a  eu  tout  son  equipage  et  ses  officiers  nialades.  San- 
Carlos  est  de  pen  d'iniportance.  Au  port  de  Libertad,  leniouil- 
lage  est  mauvais,  et  il  faut  transporter  les  niarchandises  a  dos 
de  mulct,  a  la  ville,  a  une  distance  de  sept  licues.  L'endroit 
passe  pour  etre  sain.  Les  taxes  sont  moderees  ,  et  on  ne  paie 
pas  de  droit  d'ancrage.  Le  jeune  voyageur  atlribiie  a  juste  titre 
la  pauvreic  ct  I'ignoraiice  du  peuple  a  I'ancienne  administra- 
tion espagnole.  Le  gouvernemeut  actnel  emploie  tous  les 
inoyens  convenables  pour  encourager  I'industrie  etpour  atti- 
rer  les  capitaux  etrangers.  —  Les  habilans  de  ces  cotes  parais- 
sent  prcfcrer  les  niarchandises  de  fabrique  americaine  ,  aux 
produits  anglais.  T,es  farines  de  I'Amerique  y  trouvent  un  mar- 
cbe  a  la  verile  fres-iiniite  ;  elles  s'y  vendenl  a  Ires-liaut  prix. 
Le  tenitoirc  aux  environs  de  Realejo  donne  plusieurs  rccollcs 
par  an  ,  et  produit  abondanimment  quelques  articles  de  snL- 
sistance,  qui  ne  demandent  que  des  consummateurs.  Avec  de 
pelits  caj)itaux,  on  ferail  faire  de  rapides  j)rogres  au  commeicc 
de  cette  cote.  Le  prix  de  la  raain-d'ceuvie  y  est  toiijours  tres- 
bas.  A  Lecn  et  aux  environs,  la  journee  d'un  ouvriern'est  que 
de  2  a  3  reaux.  Mais  ,  du  mois  d'aout  au  raois  de  septembre  , 
les  pluies  qui  font  deborder  les  rivieres  ,  rendent  le  jiays  insa- 
lubre.  Les  maladies  ont  ett§ ,  I'anneederniere,  plus  nonibrenses 
que  de  coulurae,  dans  la  province  de  Leon;  la  pluj)art  dea 
etrangers  y  ont  ete  altaquesde  fievres  intermitlentes.  La  pro- 
vince de  Saii-Sahador  exporte  beaucoup  de  sucre  et  d'indigo; 
c  est  la  i  ariie  du  pays  la  plus  commercante.  A.  V. 


I 


523 
ANTILLES. 

Haiti.  —  Emprunt,  commerce.  —  Au  moment  oil  ce  nouvel 
lilat  preiid  son  rang  parmi  les  peoples  libres  et  gouverncs  avec 
sagesse ,  il  est  important  do  bien  constater  sa  situation  acluelle , 
ind^pendammentde  la  ronte  qu'il  a  suivie  pour  arriver  a  cette 
situation  qu'il  faut  dosormais  regarder  comme  son  point  de 
depart ,  et  non  comme  le  but  auquel  il  devait  se  fixer.  Greve, 
l)endant  cinq  ans,  d'une  contribution  extraordinaire  de  Irente 
millions  ,  il  ne  peut  la  payer  que  sur  les  produils  de  son  terri- 
toire ;  d'un  autre  cole,  sa  population,  d'environ  un  million 
dhabitans,  qui  n'est  pas  a  beaucoup  pres  le  dixitnie  de  ce 
qu'elle  doit  nalurellement  devenir,  ne  suffit  point  a  Tetendue 
des  cultures  dont  I'excedanl  fournirait  a  I'exportation  une  va- 
leur  de  3o, 000,000  de  francs.  11  est  done  contraint  a  suivre 
I'exemple  des  antres  nations;  il  entre  dans  la  voie  perilleuse 
des  emprunis.  Mais,  peut-il  satisfaire  aux  conditions  qu'exige 
tout  credit?  Son  etat  politique  est-il  parfaitement  stable?  Ses 
ressources  presentes,  et  surtout  celles  de  I'avenir  peuvent-elles 
rassurer  ses  creanciers ,  et  lui  procurer  un  emprunt  qui  ne  soil 
pas  trop  onereux?  Des  commissaires  viennent  d'etre  envoyes 
en  France  pour  cet  objet  qui  est  de  la  plus  haute  importance 
pour  la  republique  liaitienne.  II  devient  done  tres-ulile  de  re- 
cueillir  sur  cette  ile  des  documens  authentiques  et  dignes  de 
confiance.  II  est  incontestable  que,  lorsque  tout  le  territolre 
sera  mis  en  valeur,  et  cullive  avec  intelligence,  le  seul  impot 
foncier  pourra  fournir  plus  que  la  sixieme  partie  des  impots 
que  la  France  paie  aujourd'liui.  II  suffit,  pour  s'en  cor vaincre, 
d'evaluer,  d'apres  la  carte,  I'etendue  des  terres  cultivables  , 
en  comparant  le  sol  d'Haiti  a  celui  de  I'un  de  nos  departemens 
cadastres,  et  en  tenant  comple  de  la  valeur  respective  des 
produits.  D'un  autre  cote,  si  une  partie  des  lerres  encore  in- 
cultes  est  vendue  au  profit  de  I'otat  ,  et  si  Ton  veut  tirer 
parti  du  territoire,  tel  qu'il  est,  on  y  trouvera  certainement 
une  hypotheque  plus  que  suffisante  pour  un  emprunt ;  peu 
de  nations  en  Europe  sont  en  etat  d'offrir  a  Ipurs  creanciers 
des  garanties  aussi  reelles.  Une  autre  source  de  revenus  dont 
il  ne  parait  pas  qu'on  ait  f;ut  usage  jusqu'a  present,  ce  sont 
ies  richesses  minfhales  de  I'ile  :  elles  eurent  autrefois  beaucoup 
de  reputation  ;  et ,  quoiqu'elles  ne  puissent  etre  comparees  aux 
produits  de  la  culture,  elles  ont  sans  doute  une  valeur  qui  ne 
sera  pas  negligee.  Aujourd'liui  que  la  question  politique  rela- 
tive a  I'ancienne  Saint-Domingue  est  irrevocablement  decidee, 
les  rechercljes  et  les  ecrits  sur  cette  ile  doivent  changer  d'objel: 


524  AMERIQUE  CENTRALE. 

il  s'agit  de  la  coiisiderer  par  rapport  a  la  culiure,  au  com- 
merce, a  I'indiistrie,  aux  finances,  landis  que  les  chefs  qui  la 
gouvernent  s'otcnpcronl  dc  radministralion  interieure ,  avec 
les  connaisnnces  locales  el  Jes  lecons  de  I'experience.  Les  rela- 
tions comnierciales  avec  ce  jiays  et  les  moyens  de  credit  que 
son  goiivcrnement  pent  se  procurer  ne  inerilent  pas  moins 
notre  attention  que  celle  des  Hnitiens  eux-memes  ;  c'est  done 
vers  ces  objets  qu'il  fant  dirigcr  les  auteurs  de  staiistiques. 
Dans  les  questions  qni  seront  agitees  en  Euroiie,  enire  la 
France  et  Haiti,  il  est  a  desirer  que  Ton  ait  de  part  et  d'aulre 
des  informations  exactes,  et  que  le  parti  que  Von  prendra 
soit  conforme  a  I'equite,  c'est-a-dire,  a  I'interet  des  deux 
nations.  (  Foy.  ci-apres,  pag.  5Gi.) 

— Port-au-Prince. — 1%  juin  1826. —  Enseignemenl  mutuel 
et  enseignemenl  industriel.  —  Notre  gouverneraent  ne  restera 
pas  en  arriere  des  autres  gouvernemens  pour  favoriser  la  pro- 
pagation des  nouvelles  methodes  qui  contribuent  d'une  ma- 
nicre  si  efficace  aux  progres  de  la  civilisation.  Dans  noire  heu- 
reuse  palrie,  I'cducation  et  I'instruction  ne  sont  point  livrees 
a  la  surveillance  des  prelres.  Le  fanatisme  est  inconnu.  Notre 
clerge,  respectable  par  scs  vertus,  reste  modestcment  dans  les 
sublimes  fonctions  qui  lui  sont  atlrlbuees. 

—  Legislation.  ■ —  Code  civil.  —  Introduction  du  jury. —  No- 
tre corps  Icglslatif,  compose  Ansenat  et  de  la  chambre  des 
communes  ,  vient  de  dccreter  un  code  civil,  entiercment  cai- 
que siir  le  code  civil  de  France,  sauf  quelques  modifications 
relatives  a  nos  localites. — L'institution  du  jury  pour  les  causes 
criminelles  vient  aussi  d'etre  consacree  par  la  loi. — On  s'occupe 
de  rediger  un  Code  penal  et  un  Code  de  procedure  qui  seront 
termines  et  publies  d'ici  a  peu  de  terns. 

— Finances. — Imp6t  extraordinaire. — Une  lol  nouvelle  eta- 
blit  Tin  impot  extraordinaire,  annuel  de  trois  millions  de 
gourdes  (quinze  millions  de  francs)  pendant  dix  ans,  pour 
I'acquittement  de  I'emprunt  de  cent  cinquante  millions  de 
francs,  contractes  en  France,  qui  est  A^cXave  dette  nationale. 

—  Mines.  ■ — Une  compagnie  anglaise  s'est  chargee  de  I'ex- 
ploitation  des  mines  d'or  et  d'argent  de  la  partie  orienlale  de 
1  lie.  EUe  a  obtenu ,  pour  cette  exploitation ,  un  privilege  dont 
la  duree  est  de  quinze  annees.  D'autres  mines  de  cuivre,  de 
fer,  de  houille,  existent  sur  plusieurs  points  et  seront  successi- 
vement  esploitees.  S. 

AMERIQUE  MERIDIONALE. 

CoLOMBiE.  —  Liberte  dc  la  navigation  par  la  vapeur.  —  Un 


AMERIQUE  MtRIDIONALE.  SaS 

avis  de  M.  E.  Barry  ,  agent  de  la  Colonihie  pour  les  interets 
du  commerce,  avis  insen';  dans  la  feuille  deNew  -York  (  Daily- 
advertiser)  dii  9  juin  i8a6,  annonce  que,  par  decret  dii  con- 
gres  coiombien ,  tout  privilege  exclusif  cesse  pour  la  naviga- 
tion par  la  vapeur  sur  les  cotes  et  les  fleuves  de  la  republique, 
et  (jue  cette  navigation  est  desormais  livree  a  la  concurrence 
des  entreprises  particulieres.  On  avait  accorde  un  privilege  au 
colonel  Hamilton  pour  la  navigation  par  la  vapeur  sur  I'Ore- 
noque  et  ses  branches.  Les  conditions  attacliees  a  ce  nio- 
nopole  n'ayant  jias  ete  remplies  par  le  concessionnaire,  le  fou- 
vernement  lui  a  retire  le  privilege  ,  etce  fleuve  raagnillqueest 
ouvert  a  tous  ceux  qui  voudront  y  introduirelenouveaumode 
de  navigation.  A.  de  V. 

Bresil. —  Traite  des  negres. — L'infame  trafic  des  esclavcs 
africains  fait  au  Bresil  des  progrcs  effrayans.  M.  D'Jndrada  , 
dans  son  mcinoire  de  1823  ,  evalue  a  quarante  mille  le  nombre 
de  ceux  qui  entrent  annuellement  dans  ce  pays.  Ce  nombre 
s'est  beaucoup  accru  depuis,  et  ce  n'est  pas  sans  un  profond 
regret  que  nous  avons  trouve  dans  les  registres  du  port  de  Rio- 
Janeiro  les  preuves  d'un  fait  aussi  affligeant.  Void  le  resultat 
d'un  seul  mois. 

Bdumens  qui  one  apporle  des  esclaves.         Nombre  d'escl.     Marts. 
Mars   a3.  La  galtre  le  Qiialre  Avril ,  de  Mozambique.      807  jo 

Id.   de  Fernambouc.  loG  >• 

Id.  La  goclelte  Cutia,  du  Bengale. 
27.   Le  brick  le  Grand  Rocker,  d'Angole. 
Avril.     5.  Id.  I'Esperance ,  du  Bengale. 
8.   Id.le  Trajan,  id. 
a4.   La  galere  la  Nouvelle  'vengeance. 
».   Id.  I'Invincible. 
».  Le  brick  la  Nouvelle  Saintc-Rosc,  de  Cabinde. 

Morts  pendant  la  traversee. 
Debarques  a  Rio-Janeiro. 

Ainsi,  voiladu  i?>  mars  au  24  avril  de  cette  annee,  dans  le 
rourt  espace  d'un  seul  mois  ,  4)034  negres  embarques  pour 
Rio-Janeiro  ,  sur  lesquels  364  sont  morts  dans  la  traversee. 
Restent  3,670,  arrives  vivansaleur  destination.  Les  arrivages 
ont  ete  plus  nombreux  encore  dans  le  mois  de  Janvier,  puis'- 
que  douze  batimens,  entres  dans  le  meme  port  du  4  au  3o, 
ont  debarque  5,672.  esclaves.  Portant  a  une  somme  egale  le 
norabre  de  ceux  qui  ont  ete  re^us  dans  les  autres  ports  prin- 


35c, 

39 

483 

84 

43i 

68 

445 

i3 

555 

90 

475 

5o 

•_i'L_ 

» 

4,o34 

364 

364 

3,670  ne 

gres. 

5a6  AMERIQUE  MERIDIONALE.— ASIE. 

cipaux  du  Bresil,  nous  trouvcrons  que,  dans  I'espace  de  trois 
aiis,  Ic  trafic  de  chair  Immaine  s'y  est  augmente  du  double. 
Ces  infortunees  viclimes  africaines,  depuis  le  moment  oil  elles 
toinbent  dans  les  mains  de  leurs  atroces  persecuteurs,  jiisqii'a 
celui  ou  elles  touchent  la  tone  d'exil ,  se  voient  decimoes  par  la 
luort,  durantune  traverseequi  n'est  qu'une  longue  suite  de  pri- 
vations el  demiseres.  Lesloisciviles  qui  aulorisent  ces  crimes,  dit 
M.  D'Andrada,  nesont  pas  seulement  responsabIes<le  tomes  les 
calamites  que  souffre  cette  portion  de  notre  espece,  mals  aussi  de 
tousles  attentats,  de  tous  les  meurtres  que  commetlent  les  es- 
claves,  et  de  tous  les  crimes  que  doit  enfanter  encore,  d'ici  a 
pen  d'annces,  le  d^sespoir  de  cetle  multitude  d'homraes  de- 
grades et  ])ousscs  a  la  revoke  par  I'injustice  et  par  Toppression 
et  la  tyrannic.  Ce  trafic  lionteux,  tout-  a  -  fait  indigne  d'un 
peuple  Chretien,  d'un  peuple  libre,  blesse,  a  la  fois,  la  religion, 
la  raison,  I'humanite  ,  les  vrais  interels  du  commerce  et  de  la 
politique.  11  faut  que  les  Irgislateurs  du  Bresil  fassent  enfin 
disparaitre  cette  couluine  baibarc  qui  deshonore  lenr  nation. 
«  Sortez  enfin,  leur  dit  M.  D'Andrada,  dusommeil  lethargique 
qui  vous  enchaJne.  Vous  ne  pouvez  ignorer  que  I'agriculture, 
ni  aucune  Industrie  ncsauraient  prosperer  abandonnees  a  des 
esclaves  grossiers  et  vicieux.  L'experience  et  la  raison  nous 
montrent  que  I'aisance  et  le  bien-etre  sont  les  fruits  de  la  li- 
berie et  de  la  justice  et  non  de  I'esclavage  et  dela  corruption. 
Si  le  mal  existe,  ne  I'agravez  pas,  en  augmentant  chatjue  jour 
le  nombre  de  vos  ennemis  doraestifjues,  d'esclaves  qui  n'ont 
lien  a  perdre  et  qui  auraient  tout  a  esperer  dans  une  insur- 
rection contre  leurs  oppresseurs.  » 

L'injnstice  a  la  fin  produit  rindependance.  D. 

ASIE. 

Inue  Britannique.  —  Progres  de  I'eclucation  publique.  — 
Quels  que  soient  les  abus  trop  reels  que  Ton  a  signales  dans 
raduiinistralion  delaCompagule  anglaise  dansl'Inde  {yoy.Rcv. 
Enc,  t.  XXX,  p.  3/(4),  on  peut  esperer  que,  mieux  eclalree  sur 
ses  devoirs  et  sur  ses  veritables  interets,  la  nation  anglaise  re- 
pandra  dans  TOrienl  les  m^mes  bienfaits  que  liii  doivent  quel- 
ques  autres  contrees.  Elle  detruira  les  superstitions  barbares,  et 
fera  triomplierles  lumieres  et  la  civilisation  dans  ces  pays  dont 
lespeupleslanguissent,  depuis  taut  de  siecles,  dans  une  immo- 
bilil6  qui  excluait  tout  espoir  d'araelioration.  Par  les  soins  du 
gouvernement  et  par  les  fondalions  de  simples  particulicrs  , 


ASIE.  —  AFRIQllE.  Sa? 

uiie  multitude  d'etablissemens  ont  ele  crees,  dans  ces  dernieres 
annees,  pour  donner  quelqne  instruction  aux  diverses  classes 
de  la  population  indlenne.  ,Aux  quatre  colleges  de  Benares, 
Agra,   Nuddeah  et  Tirlioot ,  on  vient  d'en  ajouter   un  plus 
vaste,  dot(';  de  80,000  francs  de  rente,  et  dans  lequel  on  en- 
seigiie   la  languc  sanscrite  et    la  Hlteratiire  brahminique.  Un 
coinitc  d'instruction  publique  a   ete  institue  a  Calcutta,   pour 
former  et  encourager  Ics  ecoles  primaires  et  secondaires  ,  qui 
ae  niulli[)lient  d'une  manicre  elonnaiite.  On  compte  3ooo  In- 
dous  et  Mahometans  dans  celles  qu'a  fondiics  M.  May,  ministre 
dissident,  yjlein  de  zele  et  de  piete,  et  qui  a  reussi,  nialgr^ 
I'exiguiie  de  ses  ressources  pecuniaires ,  a  creer  3G  eiablisse- 
mens;  on  compte  4000  enfans  dans  les  ecoles  de  la  Societe  des 
inissionnairesde  Calcutta;  ily  a  2800  garcons  indigenes,  instruits 
aux  dppens  de  la  Societe  des  ecoles  de  la  meme  villr;  et  400  jeu- 
nes  fillessont  eleveesgraiuitenient  dansune  institution  speciale. 
AScrampore.  5oo  ccollers  recoivent  une  instruction  etendue, 
appropriee  a  leursbesoins  ,  des  missionnaires  dissidens  qui  ad- 
mellenf  sans  distinct  ion  les  Indous,  les  Musul  mans  etlesmembres 
desdifferentessectes  clireliennes.il  serait  troplong  d'enumerer 
ici  tous  les  ctablissemens  de  ce  geni'e,  fondes  recemment  dans 
I'lndeBi  itannique;  mais  nous  devons  faire  unemcntion  particu- 
llerederassociationformec  a  Calcutta  pour  procurer  au  public 
gratuilenient ,  011   a  tres-bon  inarche  ,    des   livres   utiles  aux 
ecoles  et  aiix  etablissemens  scientifiques.  Cette  excellente  insti- 
tution adeja  dislribue  10/4,000  exemplaires,  dont8,55i  en  an- 
glais, 9,/|8i  en  snglais-asiatique ,  6,538  en  indoustani,  7,961 
en  persan,  3oo  en  arabe,  3Ao  en  Sanscrit,  et  plus  de  70,000 
en  bengal!  et  dans  les  autres  dialectes  indiens.  Puissent  les  pro- 
raoteiirs  de  ces  bienfaits  en  trouver  la  digne  recompense  dans 
I'esiime  j)ublique,  et  dans  le  sentiment  delicieux  d'avoir  rendu 
de  tels  services  a  I'liumanite!  A.  Moreau  de  Jonn£S. 

AFRIQUE. 

Sief.ra-Leone.  —  Voyage  a  Vinterieur  de  C Afrique  —  La 
gazette  de  Sierra-Leone  annonce  I'arrivee  dans  cette  colonie 
du  batiment  anglais  le  Brazen  ,  et  son  depart  j)our  le  golfe  dc 
Guince.  Le  capitaine  Clapperton  ,  qui  est  a  borrl  dc  ce  batiment 
avec  trois  autres  voyageurs  appeles  a  seconder  sa  mission,  doit 
etre  debarque  sur  la  cote  de  Biaffra,  afin  de  se  rendre  a  Sac- 
catou,  residence  du  sultan  Bello,  dont  on  espere  que  la  puis- 
sance favorisera  I'etablissement  de  communications  commer- 
ciaIes,avecl'Afriquecentrale.L'opinionducapilaine  Clapperton, 
appuyee  sur  les  renseigaemeiis  qu'il  a  recueiilis  dans  son  der- 


528  AFRIQUE. 

nier  voyage,  est  f|iic  le  Niger  ou  Joiiba,  qui  ])asse  a  tres-ped 
de  distance  de  Saccatou,  a  ses  emboucluires  dans  le  golfe  de 
Guinee  ,  et  forme  le  Rio-Lagos  et  Ics  autres  fleuves  voisins.  On 
suppose  que  Ics  cataractes  de  Yourie  sont  le  seui  obstacle  qui 
inlerronipe  la  navigation  lluviale  enlre  Benin  et  le  pays  des 
Fouiahs;  et  I'on  se  llatte  de  Tespoir  de  faire  parcourir  par  un 
navire  a  vapeur,  cat  ospace  immense  qui  embrasse  une  region 
nouvelle  pour  les  Europeens.  On  vante  beaucoup  la  bcciute  et 
la  quantitc  des  pro(iuits,  donnes  dans  les  pays  environnans  , 
par  le  cotonnier  et  Tindigotier;  et  Ton  imagine  pouvoir  vi- 
siter Ics  mines  d'or,  qui  fournissent  aux  liabitans  de  Saccatou 
et  de  Tombouctou  ce  pr«5cieux  metal ,  qui  y  est  apporte  de 
I'occident  et  du  sud-ouest.  II  semble  certain  que  I'identitc  du 
Lagos  et  du  Niger  est  connue,  depuis  fort  long-tems  ,  des  Por- 
tugais  qui  en  ont  fait  un  mystere,  afin  d'oloigner  de  leurs  eta- 
blissemens  de  la  Guinee  les  auties  peuples  commercans  de 
I'Europe.  On  n'est  pas  sans  quelques  inquietudes  sur  les  diffi- 
cultes  que  cette  rivalite  peut  faire  naitre  sur  le  chemin  des 
intrepides  explorateursde  I'Afrique  ccntrale.  — Des  nouvelles 
postt^rieures  ont  fait  connaitre  que  I'insalubrite  du  pays  ou 
sont  debarc|ucs  les  voyageurs,  a  deja  fait  succomber  le  capi- 
laine  Pearce  et  le  docleur  Moxrisson.  Le  capitaine  Clapperton, 
apres  avoir  ete  atteint  de  la  maladie  qui  leur  a  donn^  la  mort, 
a  quittela  ville  de  Djennah,  se  diiigeant  a  travers  les  monta- 
gnes  de  Kong,  sur  Katongo,  on  il  esperait  arriver  en  une 
douzaine  de  jours.  Les  defiles  oil  il  voyageait  sont  a  plus  de 
800  metres  au  dessus  du  niveau  de  la  mer;  et  quoicjue  sous 
le  huitiemc  parallele,  il  n'eprouvait  qu'une  chaleur  de  3i  a 
32  degres  centigrade,  c'est-a-dire  semblable  a  celle  que  nous 
avons  eue  a  Paris,  dans  les  derniers  jours  dejuiliet;  mais  dans 
la  plaine,  le  thermometre  se  tenait  au  36"  ou  meme  au  87, 
29**  de  Reaumur.  11  parait  qu'un  marcliand  anglais,  norame 
Houston,  a  rendu  aux  voyageurs  les  services  les  plus  signales , 
tant  parson  devoument  et  son  activile  ,  que  par  son  influence 
personnelle  sur  les  chefs  de  cette  partie  de  I'Afrique. 

M.  de  J. 
N.  B.  Pendant  que  M.  Clapperton  continue  avec  tant  de 
courage  et  de  perseverance  son  penible  voyage,  un  de  ses  cora- 
pagnons ,  M.  Dickson,  penetre  dans  I'interieur  de  I'Afrique  par 
le  Dahomey  et  sous  la  protection  du  roi  de  ce  pays,  qui  lui  a 
fait  I'accueil  le  plus  brillant;  et  le  major  Laing,  deja  connu 
par  une  precedente  enlreprise  ,  s'approche  de  Tombouctou,  et 
annonce,  dans  une  lettre  dateed'Ensala,  du  4  decerabre  1825, 
qu'il  a  deja  reuni  d'importans  renseignemenssur  la  geographic 
de  I'Afrique.  J. 


AFRIQUE.  5-29 

tciPTK.  —  Extrait  d'une  lettre  ecrite  d' Alexandrie ,  par  un 
voyageur  /'rancfiis.  (  i^'' jiiillet   1826.)  —  Reflexions  sur  le.i 
relations  de  la  France  avec  une paYtie  du  Levant ,  et  sur  V envoi 
de  quarnnle  jcnncs  egyptiens  it  Paris  ,  pour  y  etre  eleves  sous  la 
direction  de  pliisieurs  savans  francais.  (  Voy.  Rev.  Enc.  t.  xxx, 
{).    577.  )  —  L'etabiissenient   des  Anglais  a  Maite   ayant  ete 
occasionc  par  les  premiers  changeinens  operes  dans  celte  ile, 
et  par  I'invasion   de  I'Egyple  en  1798,   on  a  souvent  allrlbue 
a  ces  derniers  cvcneniens  la   diminution  du  commerce  de  la 
France  aveo  le  Levant.  La  prevention  seule  a  empeclie  de  sen- 
tir  (|u'un  changemeiit  sifuneste  tenait  surtouta  des  causes  plus 
genoi'ales  ,   et  qu'apres  une  guerre  de  vingt  ans,   ou ,  inalgie 
des  joprnees  gloricnses  dans  nos  annales,  la  marine  anglaise, 
deja   puissanle   auparavant,  s'etait  enricliie   des    pertes    de  la 
notre  ,  il  elait  impossible  que  le  jiavillon  britannique  ne  prit 
pas  de  I'asccndant  sur  la  Mcditerranee.  En  s'emparant  de  Gi- 
braltar, la  Grande-Bretagne  a\ait  commence  a  se  nieltre  ea 
possession  des  compioirs  du  Levant.  Tandis  qu'elle  entretenait 
des  relations  actives  dans  tous  ces  ports,  que  faisait  lu  France? 
Elle  en  dcsappreiiait  les  routes,  et  abaniionnait  successive- 
mcnt  les  avaiitagcs  de  ses' anciennes  relations;   elle  se  laissait 
remplacer  par  des  Italiens,  ou  memepar  des  Auiricliiens.  Noa- 
sciilement ,  nos  fabriques  du  midi  njanqnaieiit  de  debouches; 
mais  rinf'eriorile  de  leurs  prodiiiis  en  detraisait  la  reputation. 
A  I'cpoque  de  la  paix,  au  lien  de  s'occuper  a  reparer  le  mal, 
on  iaissa  croitre  encore  le  credit  de  I'elranger  dans  ces  pa- 
rages. Pour  rendre  de  I'activite  a  noire  commerce,   autrefois 
siflorissant,  avec  Alcxandrle,  il  n'a  pas  failu  moins  que  la  pre- 
dileclion  que  montrait  pour  la  France  5Iohammed-Aly.  Cetait 
une  consequence  de  son  projet  de  rugeucrer  cesvieux  rivages, 
en    y  ramcnant   I'esprit  d'ordre ,   et  quehpie    chose    de    celte 
impiihion  du  genie  moderne,  qui  spmblait  avoir  remonti^  le 
Nil ,  a  la  suite  des  vainqueurs  des  jiyramides.  ConsiJerc  comme 
admir:istraleur  de  I'Egypte  ,  comme  protettcur  du  commerce, 
Mohammed-Aly  n'est  ]>lus  ,  en  quelquc  soric,  Icmeme  homme 
qui,  par  des  vues  ambitieuses  et  d'ailieurs  impoiitif]ues,  mals 
surtout  contraires  aux  vues  genernles  de  la  civilisation  euro- 
peenne,   a  pre^endu  s'asservir  la  Morec,  au  nom  de  la  Porte, 
en  remeltant  sous  le  joug  toutc  la  Gr^ce.  II  ne  I'avait  pas  ineme 
atiaquee,  lorsqu'il  se  plut  a  favoriscr  nos  commercans,  et  a 
mettre  a  profit,  sous  ce  rapport,  tant  de  souvenirs  honorabies 
laisses  dans  le  pays  par  notre  armee  vingt  ans  auparavant.  Des 
reflexions  plus  mures  persuadcront  sans  doute  a  cet  homme 
T.  XXXI.  —  Aout  1826.  34 


Sao  AFRIQUE. 

fail  pour  saisir  la  vt-iitt' ,  que  I'ligypte,  la  Nubie  et  une  paiiie 
lie  I'Aiabie  liii  suffiiaient,  que  la  est  sa  vraie  force,  et  que  ce 
serait  assez  pour  sa  gloire  (ie  s'y  niontrer  actif  et  huniain  , 
prudent  ou  etlaire. 

Propager  les  lumiores  sous  le  clel  meme  dc  I'Afrique ,  ce  sera 
scrvir  indircciement,  mais  sous  des  rapports  essenticls,  la  cause 
des  Grecs.  Delivr^s  enfin  d'une  agression  ])our  laquelle  le  Pa- 
cha d'Egyi)te  doit  etre  las  dc  cousumer  ses  forces,  et  d'etre 
rinstrument  d'line  lyrannie  odieuse,  ils  ne  pourront  qu'ap- 
plaudir  enx-inemes  a  ce  qn'il  y  a  des  a  present  de  plus  genc- 
reux  ,  ou  de  plus  sage  ,  dans  ses  vues  en  faveur  d'un  peuple 
livre  si  long-tems  a  la  stupiditd  des  beys,  et  a  la  rapacite  des 
raamelouks.  Deja  les  Grecs  domicilies  en  Egyple  y  jouissentde 
beauconp  de  securite.  Dans  les  iles  de  Chypre  el  de  Candie , 
la  moderation  des  troupes  de  Mohammed-Aly  ne  permet  pas 
de  regarder  Icur  chef  comme  I'ennemi  personnel  des  chreticns. 
II  est,  au  contraire  ,  le  premier  musulman  peut  etre  qui ,  sen- 
tant  bien  ce  qui  manque  en  general  au  mouvement  des  es- 
prits  dans  Tislaniisme,  ait  songe  a  faire  passer  chez  les  Chre- 
tiens meme  un  certain  nombre  de  jeunes  g^ns ,  ])our  qu'ils 
fussent  instruits  dans  les  sciences  de  I'Europe.  Ce  ne  sont  ])as 
ces  eleves  qui  ,  a  leur  retour  dans  les  villes  de  I'Egypte  , 
s'arnieront  contre  la  Grece  ;  si  on  voulait  ieur  inspircr  de 
serablables  sentimens,  on  ne  les  fcr.iit  ]>oint  passer  en  France, 
ou  les  resolutions  lieroiiques  des  Grecs  ont  excite  un  iute- 
ret  si  vif  et  si  profond.  Nous  pouvons  espcrer,  au  contraire, 
que  nos  diverses  communications  avec  I'Egypte  haieront  le 
moment  d'une  pais  indispensable  aux  horitiers  des  vertus  poli- 
tiques  d'Aratuset  dePhilopoemen,  poiirarhever,  avec  I'ajiplau- 
disseraent  d'une  parlie  du  monde,  le  grand  ouvrage  de  leur 
regeneration. 

On  ne  saurfit  approuver  indistincteinent  loutes  les  mesures 
que  jieut  prendre  un  |)acha  dans  les  pays  sur  lesquels  il  appe- 
santit  son  bras,  tutelaire  a  d'autres  egards  ;  niais,  enfin  ,  Mo- 
hamined-Aly  desire  (jue  tons  les  arts  coiicourent  a  I'ameliora- 
tion  du  sort  des  Egyptiens,  et  il  s'efforce  de  naturaliser  paimi 
eux  la  civilisation  dont  les  premiers  germes  ont  ele  inlroduils 
par  Taimee  dEgypte,  ou  par  les  savans  qui  I'acc  jmpagnaient , 
sur  une  terre  illustree  vingt  siecles  avant  les  progrcs  de  I'Euro- 
pe. II  creuse  des  canaux  ,  il  les  alimente  au  moyen  de  nos  ma- 
chines, il  ouvre  et  pianle  des  routes,  il  ameliore  ragriculiure, 
et  il  acclimate  des  vegotaux  elrangers.  Abjurant  le  fatalisme , 
doctrine  ,  pour  ainsi  dire  ,  asiatique,  il  (^tablit  des  lazarets,  il 


AFRIQUE.  53 1 

accueillela  vaccine;  il  creedes  bibliotheques,  des  imprlineries, 
des  telcgraphes.  II  a  chasse  les  Bedouins ,  et  cette  cavalerie 
nrabe  qui  meltait  les  provinces  a  contribution.  Tandis  qu'une 
partie  de  I'Europe  repousse  encore  la  machine  a  vapcur,  elle  a 
recu  le  droit  de  cite  en  Egyj)te :  on  j  fait  jilus,  on  y  inslitue 
des  ecoles  publiques.  Deux  colleges ,  ou  rcducation  est  gra- 
tuite  ,  sont  com])oses  de  Grecs  ,  de  Syriens,  d'Arabes,  d'Ar- 
nieniens;  et  on  a  vu  le  pacha  indeinuiser  les  parens  des  eleves 
pour  les  determiner  a  souffrir  qu'on  donnat  de  I'instruction  ^ 
lenrs  fils.  Une  sorte  de  lycee  est  ouvert  pour  douze' cents  jeunes 
gens  ;  et  deja  plus  de  sept  cents  y  etaient  reunis  ,  I'annee  der- 
nierc.  On  y  enseigne  plusieurs  langues  \ivantes,  ainsi  que 
I'anatoraie,  la  medecine,  le  dessin  et  les  elemens  de  la  geo- 
nietrie.  Des  ouvrages  francais ,  anglais  el  italiens  y  son!  traduits 
en  arabe  et  en  lure,  et  on  les  imprime  dans  I'etablisseinent 
racme. 

C'csl  le  resultat  de  ces  premiers  essals  d'lnstniclion  qui  a 
determine  Mohammed-Aly  a  envoyer  en  France  une  quaran- 
taine  de  jeunes  Egyptiens,  pour  y  recevoir  une  education  plus 
elendue.  Son  desir  est  que  «  ces  jeunes  gens ,  a  leur  tour,  soient 
en  etat  de  communiquer  les  connaissances  qu'ils  auront  ac- 
quises,  el  dc  propager  dans  tout  le  pays  I'instruction  et  la 
civilisation.  »  En  peu  d'annees,  ces  jeunes  gens  auront  d^- 
pouille,  pour  ainsi  dire,  I'homme  barbare  ;  ils  transmettront 
a  leurs  compatriotes  des  idees  de  justice,  des  principes  d'hu- 
manitc  ou  dephilantropie,  desmaximes  de  cette  morale  univer- 
selle  que  seconde  partout  I'education  bien  dirigee.  lis  auront  vu 
dans  I'histoire  (juelsfurent  et  leurs  ancetres,  et  ces  memesGrecs 
dont  les  descendans  paraissent  aujourd'hui  sacrifies  aux  com- 
blnaisons  accidentelles  d'une  froide  politique;  enfin,  ilssauront 
ce  que  peuvent ,  pour  la  prospcrite  d'une  nation  ,  I'agriculture  j 
I'indnstrie  et  le  commerce  proteges  jiar  les  lois.  Sans  doiite  ,  ces 
idees  s'arcorderonl  difficilement  dans  leur  esprit  avee  plusieurs 
consequences  du  systeme  qui  est  encore  suivi  en  Egypte  ;  mais 
le  terns  achevera  de  le  modifier.  II  arrivera,  par  la  seule  force 
des  choses,  que  des  liommes,  sortis  de  cette  institution  nor- 
male  egyplienne  ,  se  placeront  a  la  lete  de  rinslruction  publi- 
que  sur  lesbords  du  Nil;  et ,  menie  apres  avoir  consolide  ses 
pi'opres  institutions ,  la  Grece  pourra  recevoir  un  grand  avan- 
lage  de  cette  atleinle  poitee  au  fanalisrae,  comme  a  I'esprit 
d'incrtie  des  vulgaires  disciples  du  Coran 


53a 


EUROPE. 
ILKS  BRITANNIQUES. 

—  Tableau  des  dcrnicrs  emprunts  Journis  par  les  capita- 
listes  anglais,  a  Lonclrcx,  indiqitant  Ic.  prix  des  achats  et 
le  cours  actuel  de  ces  foruh. 


!^ 

1 

liMTRUNTEURS. 

CAriTAr, 

RECU. 

"  s 

MOriTANT. 

rERTt. 

E51^RD^TE. 

—  5 

1.  St, 

1.  St. 



1.  St. 

1.   St. 

Cl'csil 

3,20     ,000 

80 

2,56o,ooo 

5o 

1 ,6on,ooo 

c|6o,ooo 

Biictios- Ayres.  . 

1,000,000 

85 

85o,ooo 

49 

4<;io,ooo 

■360,000 

Cliili. 

1,200,000 

70 

840,000 

33 

3;|6,ooo 

444,000 

Colouibie 

2,000,OPO 

84 

i,63o,ooo 

26 

620,000 

1,160,000 

Cr)lombie(i824). 

4,760,000 

88i 

4,2q3,75o 

28 

i,33o,ooo 

2,873,750 

Daneinavk  .... 

3,5oo,ooo 

7^ 

2,625,000 

54 

i,Sqo,ooo 

735,000 

Giccc 

800,000 

5c) 

472,000 

10 

80,000 

392,000 

Giccc  (1824).  .  . 

2,000,000 

5(>i 

i,t3o,ooo 

1 1 

220,000 

qi  0,000 

Mfxique 

3,200,000 

58 

1,856,000 

38 

1,216,000 

640,000 

Mexique  (1S25). 

3,200,000 

90 

2,880,000 

45 

1,440,000 

1,440,000 

Naples 

2,5oO,OO0 

<)''\ 

2,3l2,500 

70 

1,750,000 

■      562, 5oo 

I'prou 

88 

396,000 

23 

joJ,5oo 

202, 5oo 

Perou(.824).  .  • 

700,000 

82 

615.000 

22 

i65,oon 

450,000 

Espwgne 

10,000,000 

56 

5,6co,ooo 

7 

700,000 

4,900,000 

Espagne  (1823). 

12,000,000 

3o 

3,600,000 

4 

480,000 

3,120.000 

TOTII,  EN  L.  ST. 

5o  550.000 

3<,62o,25o 

i2,38o,5oo 

19,239.750 

En  PRiNcs. 

i,263,'7io,ooo 

790,5o6.25o 

3oc),5i2,5oo 

480,993,760 

Ainsi,  rAnfrletcrre  a  perdn  siir  ccs  diffcrcns  emprunls  la 
somme  enorinc  de  19,9.89,750  liv.  slerl-,  ou  ;'(8o,g93,75o  fr., 
c"cst-a-dire  ,  environ  61  pour  cent. 

[E jr. trait  du  Timf.s,  juillct  182G.) 

w.  D.  R.  —  Qiioiqiiccetie  iiolice  passe  en  Angleterre  pour  un 
document  assez  exact,  die  n'obtiendra  point  en  Fiance  le 
meme  degrc  d'attcraion  e'  ile  confiancc.  Qiiel((ues-nns  de  nos 
concitoyens,  bons  juges  en  ces  malieres,  ;)e!)seiit  qu'il  faiit  mo- 
dilicr  pinsieurs  ariicles;  ot  d'ailktiis,  on  ne  voit  fignrer  sur  ce 
tableau  ni  la  France,  ni  I'AulrJche  ,  ni  la  Russia,  ni  la  Prusse, 
nienfin  le  Portugal.  L'Esi.agne,  le  Uanemark  et  Naples  sont 
les  sculset;ils  europoens  (pie  Ton  y  voie  ,  el  nc  sont  ceitaincr 
ment  pas  l^vS  seuls  debiteurs  de  la  Grande-Bretagnc. 

ManchestV.r.  —  Sccoursdonnes  aux  ouvriers  re.sles  sans  pain 
par  la  stagnation  du  commerce. —  Celte  annee  qui  a  commence 


ILES  BRITANNIQTJES.  53^ 

sous  les  auspices  les  plus  deplorables  pour  I'exploilalion 
des  rnanufaclures  en  Angleterre  ,  iie  laisse  pas  encore  pre- 
voir  le  terme  des  maux  cpii  affligent  cclte  classe  immense 
d'oiivriers  renvoyi'S  des  ateliers.  C'est  a  Manchester  ,  que 
Von-  peut  rctjarder  comme  la  premiere  ville  iTianufacIuriere 
de  la  Grando-Bretagne,  que  la  trise  acluelle  s'est  manifestee 
avcc  le  plus  de  violence.  Le  mal  qui  avait  loujours  rte 
en  croissant  depuis  le  mois  de  Janvier  ,  devint  alaimant  , 
vers  la  fin  de  mars  ;  des  lors  ,  nne  pliilaniropie  active 
lie  cessa  d'offrir  des  secours  aux  milliers  d'inforlunes  qui  sc 
trouvaient  livrcs  aux  angoisscs  de  la  misere.  L(  s  citoyens  vin- 
rent  a  I'envi  deposer  leurs  offrandes.  Les  sousc.iptions  ct  les 
dons  ii'etaient  po-Int  regies  sur  la  fortune  dc  ceux  qui  don- 
naient,  et  la  generosite  n"avait  aucun  besoin  d'etre  excitco  par 
I'exemple.  Sans  compter  les  pauvres  nourris  habilnellernent 
dans  les  etablis5eniens  (!e  charite ,  lenombre  des  indigens,  re- 
durts  a  cet  elat  par  les  circoiistanccs,  s't'leve  aujoiird'hiii,  pour 
Manchester  ct  Salford  (1)58  65, 000  indlvidus  qui,  depuis  trois 
mois,  sont  alimentcs  par  des  fonds  extraordinaires  coniies  aux 
comites  de  bientalsance.  La  soilicitude  des  citoyens  respecta- 
bles qui  comjiosent  ces  comites  nc  se  borne  pas  a  dislribuer 
indislinclement  des  secours:  elle  s'attaclie  a  verifier  dansl'inle- 
rieur  des  families  la  realite  des  besoitis.  Deux  comites  se  parta- 
gent  les  solns,  que  reclame  la  repailillon  de  ces  secours ;  I'lm 
est  cliarge  de  la  reception  des  fonds,  de  rexamen  a  domicile 
de  la  position  des  necessiteux,  de  la  distribution  des  cartes  de 
chante  et  du  visa  de  ces  cartes,  au  moment  de  la  livraison  des 
vivres.  L'autre  coinitc  s'occupe  de  I'achat  des  de.nrces.  Chacpie 
carte  coute  a  la  caisse  de  secours  18  pences  par  semaine,  et 
vaul  3  slieliings  pour  celni  qui  la  presente  a  la  distribution, 
piiisqu'cn  proportion  de  la  valeur  de  sa  car!e,  il  recoil  des  vi- 
vres au  prix  auquel  ils  ont  etc  achetcs  en  grande  quanlite.  Au 
jour  indique,  le  portcur  vient  niontrer  sa  carte  au  bureau  de 
secours  de  son  cparlier,  ou  elle  est  revelue  d'un  vifii;  puis,  elle 
lui  est  rendue,  avec  trois  bons  de  la  valeur  de  six  pence  tha- 
cun,  et  portant  I'un,  nne  llvre  de  lard  sale,  I'antie  dtux  livres 
et  demie  dc  farlne,  etie  troisieme,  vingt  li\res  de  jiommcs  dc 
terre,  ou  une  certaine  mesnre  de  pois.  Les  magasins  do  ces 
differentes  especesde  co'.nestibles  sont  situes  tous  les  deux  au- 


(i)  Salford  forme  une  ville  partlcnliere ,   independante  de  I'adminis- 
tralion  de  Manchester;  tuais  elle  nVst  separee  de  cette  derniere  que  par  la, 
riviere  d'Airwell. 


534  ,  EUROPE. 

pres  du  bureau  des  bons.  On  peut  facileinent  juger,  d'apresces 
donnees,  quelle  somme  enorme  a  deja  tile  employee  aa  soula- 
gement  des  pauvres  oiivriers,  et  quels  sacrifices  exigeront  en- 
core les  riouveaux  besoins  ([ui  se  d(5clarent  chaque  jour.  Ce 
tableau  de  la  misere,  quoique  deja  tres-affligeant  anjourd'hui, 
deviendrait  desesperant,  si,  d'icia  I'entree  de  I'hiver,  un  nou- 
vel  elan  n'etail  donne  aux  vastes  operalions  commerciales  de 
ce  pays.  •  D.  Albert. 

Publication  des  livres  sacres  et  historiques  dc  Ceylan.  —  Sir 
Alexandre  Johnston  ,  qui  a  rempli  a  Ceylan  les  fonctions  de 
premier  jiige,  ctque  sesconnaissances  ont  porte  a  lavice-presi- 
dence  de  la  Societe  Asiatique  de  Londres ,  tend  anjourd'hui 
a  I'erudition  un  service  non  moins  signale,  que  celui  dont  la 
civilisation  lui  etait  deja  redevable  parretablissement  du  jury 
dans  cette  grande  colonic  angiaise  ,  (  voy.  t^-  dessus ,  p.  5  ). 
II  a  remis  a  M.  Upham  les  livres  sacres  et  historiques  de  cette 
ile,  traduits  en  anglais  du  Pali.  Un  prosjieclus,  public  jjarce 
dernier,  et  que  nous  avons  sous  les  yeux ,  en  annonce  la  publi- 
cation par  souscription,  en  deux  beaux  volumes  in  -  8°.  Sir 
Alexandre  Johnston  a  surveille  lui-meme  cette  traduction  faile 
sur  le  Pali,  et  il  aensa  possession  le  manuscrit  chingulais.  Cette 
edition  comprendra  : 

Le  Maha-Vami;  ou  la  doctrine ^  la  race  et  la  genealogie  de 
Bouddha  ; 

Le  Rcija-Vall  ;  ou  la  serie  des  rois  ; 

Le  Rhja  -  Ratnacari ,  ou  la  Mine  precieuse,  ou  I' Ocean  des 
rois. 

On  sait  que  I'ilc  de  Ceylan  a  toujours  etc  reverc^e  par  les 
sectateursde  Bouddha,  comme  la  patrie  et  le  sejour  de  Guad- 
ma,  leur  divinite  supreme.  Tous  les  pays  des  regions  indo- 
chinoises  la  reconnaissent  comine  la  source  primitive  de  leurs 
lois  et  de  leur  doctrine.  Mindesagee-Praw  ,  predecesseur  lie 
I'empereur  actuel  des  Birmans,  envoya  a  deux  reprises,  a  Cey- 
lan, des  pretres  instruits ,  afin  de  s'y  procurer  des  copies 
exactes  des  livres  sacres  qu'il  jugeait  necessaires  pour  raniener 
le  culte  Birman  a  sa  simplicite  primitive.  La  doctrine  du  Boud- 
dliisme ,  dans  sapurele,sc  retrouve  coinpleteraent  dans  la 
traduction  du  Maha-Vansi. 

Les  deux  livres  Palis  de  I'histoire  chingulaise,  le  Raja-Vali , 
et  le  Raja  -  Ratnacari  nc  sont  pas  moins  iraportans,  comrae 
contenant  beaucoup  de  documens  historiques  origiuaux  que 
I  on  ne  pourrait  puiser  a  aucune  autre  source. 

En  se  procurant  ces  livres  precieux,  sir  Alexandre  Johnston 
a  fait  preuve  de  son  zeie  pour  les  progies  de  nos  connaissances. 


ILES  BRITANNIQUES.  535 

II  s'est  montre  le  digne  ernnle  du  celebre  fVilliam  Jones,  don t 
les  travaux  out  si  puissamment  excite  I'esprit  d'examen  el  dc 
recherclies  dans  les  mines  si  riches,  et  que  Ton  n'avait  point 
encore  exploiteos,  des  ouvrages  palls  et  sanscrits. 

Les  progres  et  les  deconvcrtes  de  I'Eiirope  dans  la  littera- 
ture  orientalc  out  prouve  I'itlenlite  parfaile  des  divinites  clas- 
siques  de  la  Grece  ct  de  Rome,  ct  de  celles  de  I'lnde.  Les 
iidmiraleurs  des  brillantes  fictions  de  I'antiquite  doiveni  desor- 
mais  en  cliercher  I'origine  siirles  rives  de  I'lndus  et  du  Gange. 

Les  livies  sacres  et  I'histoire  de  Ceylan  n'ont  pas  seulement 
une  grande  importance  classlque  et  litleraire;  on  doit  les  con- 
siderer  encore,  entre  les  mains  des  Anglais,  comme  un  puis- 
sant moyen  d'obtenir  sur  les  liabitans  de  rimmense  contree 
soumise  a  leur  domination  ,  une  influence  toujours  croissanle. 
Des  millions  de  leurs  sujets  dans  I'lnde  suivent  le  culte  de  Bra- 
ma.  Leurs  ■victoires  sur  les  Birmans  ont  range  sous  leurs  lois 
des  provinces  qui  professent  celui  deBouddha.  Les  dcuxcultes, 
quoique  tout-a-fait  distincts,  se  touclient  par  beaucoup  de 
points.  Les  sectes  diverses  de  I'lnde  oftVerit  loules  les  grada- 
tions du  polylheisme,  depuis  les  rites  barbares  de  la  vie  sau- 
vage,  les  sacrifices  humains  ,  I'adoralion  du  chien  et  du  tigre, 
jus((u'aux  prcceptes  plus  doux  du  Bouddliisuie.  Sa  doctrine  la 
la  plus  pure,  offerte  en  exemple  aux  Indous  dans  les  livres  sa- 
cres qui  la  rcnf'erment,  peut  devenir  le  premier  instrument  do 
leur  civilisation ,  le  premier  moyen  d'introduire  chez  eux  un 
meilleur  systeme  social. 

Un  Essaisur  le  Pali,  public  a  Paris,  conlient  un  extraitdu 
Raja-Vali,  dont  I'objet  est  d'etablir  les  eres  du  Bouddhisme. 
On  peut  csperer  que  d'aufres  parlies  des  livres  hisloriques 
scrviront  aussi  a  etendre  nos  connaissances  sur  les  grands  em- 
pires de  rindus  et  du  Gange,  et  sur  les  croyances  pi  imitives  du 
genre  humain. 

Tels  sont  les  motifs  que  fait  valoir  I'editeur  en  faveur  des 
livres  sacres  et  de  I'histoire  de  Ceylan,  II  y  joindra  un  Essai sur 
le  Bouddhisme,  avec  des  notes  liistoriques  et  lilteraires.  Celte 
publication  ne  i)eut  manquer  d'etre  accueillie  generalemenl  par 
tous  ceux  qui  s'lnteressent  aux  progres  des  lumieres. 

Le  prix  de  la  souscriplion  est  de  i  1.  st  lo  sh.,  payables  en 
recevant  I'ouvrage.  On  souscrit  chez  les  principaux  libraires 
de  Londres,  et  ;\  Paris,  chez  Doiidev-Du[)re,  Renouard,  eic. 

A.  de  V. 

Necrologie. — Weber  'J2h(irles-Mane  dc),  inorl  a  Londi  <  s, 
le  5  jiiin  1826,  naquit  a  Eulin,  petite  ville  du  Holstein.  Des 
son  enfanro,  il  manifcjla  le  gorit  le  plu'i  \  if  poin' les  beaux- 


536  EUROPE. 

arts,  et  surlont  pour  la  niusiqiie  et  la  peinture.  Le  pere  cic 
Weber,  loin  d'opposer  lies  obstacles  a  la  noble  passion  de  son 
ills,  le  condiiisit  a  Hidbouigliausen  ci  lui  donna  pour  maitrede 
piano  Heiischel ,  habile  instruuienliste  sons  lecpiel  il  fit  dts  pro- 
gros  ra[)idc's  ;  place  des  lors  par  son  talent  d'execution  ;iu  rang 
des  bons  ])ianistes  de  I'Opoq'ie,  il  fnt  cnsuite  confie  a  Michel 
Haydn  qui  pouvait  Lien  egaler  son  fnre  Joseph  en  .science, 
niais  qui  elait  loin  de  ])osscder  conimc  lui  cetle  biillante 
imagination  ,  I'aine  de  toule  production  des  arts.  Weber, 
qui  se  sentait  sans  ccsse  tourmcnie  par  ses  idecs ,  ne  put  se 
plier  a  I'espril  sec  et  melliodique  d'un  tel  inailre  ;  il  ne  tira 
point  de  i)rofit  de  ses  instriiclions.  En  1798,  il  pidilia  son  pre- 
mier ouvrage.  Six  Fugues  a  qualre  parlies ;  tons  les  composi- 
teurs s'accorderent  a  vanter  la  jjurete  et  la  correction  de  son. 
style.  II  se  rendit  ensuite  a  Munich,  pour  y  prendre  des  lecons 
de  cliaut,  exeinj)le  que  tout  comi)oslicur  dcvrait  iiniter,  siir- 
tout  en  France.  Ce  fiit  Valesi  Cjui  lui  ensei!j;na  cetle  parlie  si  es- 
sentielle  de  la  niusique.  Entin  ,  il  terniina  son  education  mu- 
sicale  sous  Kalcher,  et  les  lecons  de  ce  niailre  furent  cclles  dont 
il  profita  le  plus  II  coinposa  sous  ses  yeux  divers  ouvrages  pour 
I'eglise,  le  theatre  et  la  chanihre.  En  1800,  parut  son  opera 
de  JVeinshcrg  qui  obtint  un  grand  succes  sur  les  theatres  de 
Dresde,  de  Prague,  de  Berlin  et  de  Saint-Petersboiirg.  11  avait 
alors  (jualorze  ans.  Cctle  prodiiclioii  lui  sembla  dans  la  suite 
indigne  de  lui,  paice  qu'elle  n'offrait  que  dcssaillies  quia  ses 
yeux  ne  jiouvaient  constituer  un  bon  ouvrage:  plus  tard  il  en 
publia  une  ediiion  r.ouvelic,  enliprement  refondue. 

Tout-a-coup,  un  article  du  Journal  de  musique  remue 
toutes  les  idtes  de  AVeber;  il  i/uagine  de  rernellre  en  vogue 
plusieurs  instrumens  abandonnes  et  d'a]i]>eler  a  son  secours 
toutes  les  formes  serrees  et  vigourcuscs  de  I'ancien  conlre- 
point,  sans  pourfant  cesser  d'etre  exjiressif  et  dramalique  : 
il  esjicrait  tii-er  de  cetle  combinaison  des  etfets  nouveaux  et 
piltoresques,  ct  c'est  dans  ce  systeme  (jii'il  coniposa  Pierre 
Schmoll.  Cette  tentative  n'eut  aueun  succes;  mais  les  eludes 
auxquelles  1  auleur  avait  etc  force  de  s'appliquer  pour  ecrire 
cet  ouvrage  lui  furent  dans  la  suite  d'une  grande  utilile  :  il 
re  s'avisa  plus  de  prt'iendre  tirer  de  I'oubli  des  insl rumens 
tombes  en  desuelude,  et  dont  I'usage  est,  en  general,  peu 
regrettable;  mais  il  parvint  a  se  rendre  maitre  absolu  de  son 
orchestre,  a  en  fondre  habilement  toutes  les  parties  el  a 
tircr  des  vieilles  formes  du  contrepoint  des  idees  tout-a-fait 
nouvelles  et  remplies  de  la  plus  piquante  originaliio. 

Weber  voyagea  eusuile  jusijn'a  I'age  de  i8  ans  et  parcouiut 


ILES  BRlTANiMQLES.  5^7 

divcrses  contr^es  de  rAUemagne  formant  des  collections  d'ou- 
viages  theoriques  et  ])ratiqijes,  reciieillant  les  conversations 
des  savans  et  des  lioiumes  de  gout ,  el  rysseniblant  de  toutes 
[•arts  les  inatcriaux  d'uii  grand  ouvrage  qu'il  nieditait  encore, 
loc.qne  la  niort  est  venue  le  frap[)fr.  La  fortune  de  son  pere 
lui  donnant  uiie  existence  lieureuse  et  independante  ,  il  put 
s'adonner  pendant  deux  annees  constculivesal'etnde  desijrands 
niaitres.  II  etait  a  Vieniie  et  piofitait  des  conseils  du  celebre 
abl)e  Vogler,  lorsqu'il  fnt  appele  a  la  dlrectinn  du  theatre  de 
Bresiau.  Arrive  dans  cette  vilie,  il  y  forma  un  orchestre  nou- 
%'eau  ,  et  a])prit  par  divers  e.'sais  a  connaitre  parfaitement  les 
resultats  divers  des  voix  et  des  inslrumeris ,  soit  reunis,  soit 
separes.  Bicntot  il  se  fatigua  des  soins  d'aiiininistration  aux- 
quels  I'astreignait  sa  jdace  et  accepta  la  proposition  qui  lui 
fut  faite  ])ar  le  prince  Eugene  de  Wnrtemberg  de  venir  s'ela- 
blir  a  Carisruhe.  Dans  ceite  ville,  il  I'crivit  divers  morceaux  de 
muslque  instrtimentale  et  nne  cantate  qui  oblintun  trcs-grand 
succes.  Weber  repnt,  quelque  tems  ajires ,  le  cours  de  scs 
voyages  et  composa  ,  pendant  son  sejour  a  Vienne,  son  opera 
d'  Jhoul  Hassan  sous  les  yeiix  de  I'abbr^  Vogler. 

El)  i8i3,  on  ie  nomma  directeur  de  TOpcra  de  Prague;  ils'y 
coridulsit  conime  a  Bresiau  et  le  public  applaiuiit  .i  toutes  ses 
refonnes.  Enfin  ,  il  prit,  en  1816  ,  la  resolution  de  quitter  tout 
eniploi  qui  pourrait  le  distr.dre  de  la  coinposilion.  Mais  de 
tons  cotes  on  lui  fesail  les  offres  les  jdus  scduisantes ,  il  finit  par 
ceder  au  rol  de  Saxe  qui  le  nomma  son  maitre  de  cliapcUe;  il 
vint  done  a  Drcsde  oil  il  fonda  nn  theatre  d'opera  allemand. 
Ce  fut  dans  cette  capitale  qu'il  composa  deux  messes ,  plusieurs 
cantates  de  circonstances  et  son  Fieyschulz ,  connu  en  France 
sons  le  titre  de  Robin  des  hois.  Ce  grand  compositeur  sernble 
avoir  reiini  toutes  les  puissances  de  son  esprit  pour  cet  admi- 
rable ouvrage.  Avec  quel  talent  sa  bouillante  imagination  sait 
eviter  les  ecarts,  comme  il  narait  tout-a-coup  maitrise  par  les 
regies,  au  moment  ou  Ton  croit  (|u'il  va  les  violer.  Quelle  diffe- 
rence enire  eeltc  ctonnante  production  et  celles  qui  inondent 
anjourd'hui  la  scene  et  n'offrent  que  des  fragmens  de  melodic 
sans  suite  et  sans  ensemble,  aiixquels  se  trouve  accolee  une  har- 
monic plaie  et  mestpiine.  La  point  de  ces  pretendus  ornemens 
au  moyen  desqnels  on  croit  deguiser  la  jjauvrete  du  fond  et 
qui  sont  Je  lout  point  semblables  a  ces  vers  a  ef/i-t  qui  ,  dans  la 
poesie,  frappent  les  geus  superficiels,  bien  qu'ils  ne  presentent 
(jue  des  pensees  vides  ou  rebatlues.  Et  ijue  Ton  ne  pense  pas 
que  c'est  seuleinent  rimagination  ([ui  aninie  Weber;  ceux  qui 
ont  travaille  la  composition  s'apercoivcnt   facilcment,  en  etu- 


538  EUROPE. 

tliant  ses  i)ailitioiii;  que  soiiveiit  ses  plus  heureuses  inspira- 
tions sont  le  resultat  des  combinaisons  liarmoniqiies  que  lui 
fournissait  la  science  appiofondie  du  contrepoini,  science 
traitoc  aujourd'liui  avcc  une  cxtri^me  legerete  et  sans  laqueile 
cepcndanL  un  compositeur  u'obiieiidra  jamais  des  succes  du- 
rables. 

Enrianthe ,  opera  que  Weber composa  depuisle  Freyschutz, 
obtint  un  succes  uieritc  a  plusieurs  cgards,  puisqu'il  renferme 
|)lusicurs  niorceaux  du  premier  ordrc.  Nc'aniHoins ,  ii  est  fort 
inferieur  au  precedent;  son  caractere  est  en  general  lugubre 
et  pea  aniiuc.  Cel  ouviage  ful  le  dernier  que  I'anteur  ecrivit 
dans  sa  pati  ie  :  il  se  rendil  a  LonJres  pour  y  composer  I'opcra 
d' Oberon  ,  ou  Ic  roi  des  nains ,  et  conduisil  I'orcheslre  a  la  pre- 
miere reprcscntalion  ,  qui  eut  lieu,  le  12  avril  dernier,  sur  le 
theatre  de  Covent- Garden.  Les  papiers  anglais  ont  beaucoup 
vanle  celte  production,  qui  ne  tardera  pas  a  etre  connue  en 
France  ( I ). 

L'atmospliere  de  I'Angleterre  ne  pouvait  etre  favorable  k 
Weber,  attaque  depuis  long-teras  d'une  affection  pulmonaire. 
Le  mauvais  elat  de  sa  sanlci  ne  lui  permit  point  de  frequenter 
la  societe  de  Londres;  ses  amis  ne  tarderent  pas  a  reraarquer 
en  lui  un  grand  changement  d'humeur  :  il  temoignait  sans  cesse 
le  desir  de  reiourner  dans  son  pays;  et,  lorsqu'on  I'exliortait 
a  ne  point  precipiter  son  depart,  il  tombait  dans  une  extreme 
tristesse.  Toutefois,  les  raedecins  ne  jugeaient  pas  qu'il  dut 
etre  si  promplement  moissonne;  et ,  la  veille  meme  de  sa  mort, 
le  danger  ne  leur  paraissait  pas  imminent.  Weber  n'avail  point 
perdu  Tappet  il,  un  de  sescorapatriote  soupaavec  lui,  le  4  juin  , 
et  le  (]uiita  vers  onze  heures  ,  le  laissant  dans  un  etat  calme  en 
apparence.  Le  lenderaain,  a  7  heures  du  matin,  il  avail  cesse 
d'exister.  II  ciait  dans  sa  quarantieme  anisee.  Ses  funeradles 
onl  ele  celebrees  avec  la  plus  grande  pompe  a  I'cglise  catholi- 
que  de  Londres;  tons  les  musiciens  qui  se  trouvaienl  dans 
celte  capitale  se  sont  fait  un  honneurde  concourir  a  I'execution 
du  Requiem  de  Mozarl  et  de  donncr  ce  dernier  temoignage 
d'interet  el  d'admiralion  a  la  meraoire  du  celebre  auteur  du 
Freyschutz. 

Weber  n'etait  pas  seulement  un  grand  compositeur,  il  avail 
une  vaste  instruction  ,  ccrivail  tres-puremenlsa  langue  el  par- 


(i)  Deja  I'liQ  de  iios  plus  habiles  profesieurs  de  harpe,IVI.  Stockuau- 
srN ,  u  public  le  premier  iicte  6'Oberon ,  arrange  pour  harpe  et  piano  : 
cette  prodaction ,  doiit  le  siiccts  u'esi  paj  doiilenx,  se  frouve  chez  I'au- 
Jeiir,  rue  dii  Paradis-Polssnnniere  ,  n^   iS. 


RUSSIE.  539 

lait  lesautres  avec  assez  de  correction.  11  contesia  rinvenlion 
de  la  Uthofirapl.ie  a  M.  Senefelder,  et  fit ,  a  cctle  occasion  ,  plu- 
sieurs  experiences  qu'il  ne  tarda  pas  i  abandoinier  ,  pnrce  que 
ces  operations  iui  semblaient  loules  materielles  ct  peu  dignes 
d'occuper  son  active  imagination. 

Weber  est  ai.tcur  de  plusieurs  poesies  repandues  dans  ditte- 
rens  recueils.  II  laisse  im  nianuscrit  intitule  :  la  Fied'unjeune 
artiste  11  parait  qu'll  a  renferme  dans  ce  cadre  diverses  aven- 
tures  de  sa  jeunesse  et  porte  des  jugemcns  sur  les  pnncipaux 
compositeurs  qu'il  a  connus  J-  Ad.ukn-Lafasge. 

P.USSIE. 

Traduction  des  ecrivains  grecs.  —  Malgre  quelques  impor- 
tations de  la  Muse  romanlique  en  Russie,  nous  voyons  avec 
plaisir  nu'on  s'y  occupe  encore  de  I'ctude  des  classiqnes.  Les 
Feuilles  bibliographiques  ]mbliees  a  Saint  -  Petersbourg  par 
M.  KoEPPEN ,  font  mention  ,  dans  lenr  mimero  du  23  aout 
1825,  des  travanx  de  M.  Martinof  your  naturaliser les  ecri- 
vains  grecs  dans  sa  patrie.  Void  la  li>re  de  ceux  qu'd  a  deja 
publics  :  1°  les  Fables  d'Esope;  2°  les  Hymfies  de  Callimaque, 
avec  des  observations;  3°  cinq  tragedies  de  Sophocle  (OEdipe- 
Roi,  Antigone,  les  Trachiniennes,  Ajax  fnrieux,  et  Plnloc- 
tete  );  et  4°  dlx  -  buit  chants  de  VJliade,  avec  une  notice 
sur  Homere  et  des  observations,  formont  trois  volumes.  En 
ce  moment,  on  imprime  un  4'=  volume  d'Homere,  et  YElectrf! 
de  Sophocle.  En  outre,  I'auteur  promet  de  donner ,  dansle 
cours  des  a.mees  1826  a  1828  , 1'Odjssee  d'Homere  ,  les  OEu- 
vres  de  Pindare,  VHisloirc  d'Herodote,  le  Traite  du  Sublime 
de  Longin  ,  et  les  Odes  d'Anacreon. 

M.  Martinof  s'etait  deja  fait  connaitre  depuis  long-lems  ,  en 
Russie,  par  la  publication  de  plusieurs  journaux  ,  entre  autres 
les  Muses,  le  Courrier  du  Nord  el  le  Lycee  ;  par  des  traduc- 
tions du  francais  et  par  des  ccrits  originaux  sur  la  botanique. 

E.  H. 
Odessa.  —  Monument  consacre  au  due  de  Richelieu.  —  Voici 
des  details  sur  le  monument  qu'on  eleve  dans  cette  ville  au  feu 
due  de  Richelieu,  et  qui  avait  obtenu  I'approbation  de  I'empe- 
reur  Alexandre. 

La  statue,  qui  doit  etre  placc-e  au  centre  du  boulevard 
neuf,  sur  I'esolanade  qui  domine  le  port,  rcpresente  M.  de 
Richelieu  en  costume  antique,  avec  une  couronne  civique  sur 
la  lele ,  el  tenant  un  rouleau  dans  la  main  gauche;  dc  la  droite, 
il  monlrele  poi  I  d'Odessa  ,  commeun  de  ses  plus  grands  turw 


54o  EUROPE. 

dc<jloire,  et  semble  indiqiiera  la  Russie,  par  ses  regards  four- 
litis  vers  le  nord  ,  la  source  de  richesse  el  de  prosperiie  qu'il  a 
ouverte  a  cet  empire.  Les  Irols  bas-reliefs  roprc'sentent  I'agri- 
cultnrc,  le  coininerce  et  la  justice.  L'inscription  en  langiie 
russe,  porte  ce  qui  suit :  «  A  la  memoire  (C Emmanuel ,  due  de 
Ric/ieiieu ,  qui,  depuix  iSo"}  j'usqu'en  i8i/(,  a  gouverne  la^ 
Nouvellc-Russie ,  et  qui  a  pose  les  fondcmens  de  laprospcrite  de 
la  ville  d' Odessa ;  les  hahitans  reconnaissans ,  de  toutes  les 
conditions  tanl  de  eetie  villc  que  des  gouvernemens  de  Calheri- 
noslavle ,  de  Cherson  et  de  Tauiide ,  out  elcve  ce  monument,  I' an 
i%i6,sous  I'administration  du  comte  Voronzof,gomcrneur- 
general  de  la  Nouvelle  Ilussie.  » 

Le  pii'deslal  seia  execute  en  granll  rose,  tire  des  rochers 
qui  bordcnt  le  Boug,  dans  les  environs  de  la  -ville  de  Vosne- 
zensk.  Les  qnatre  blocs  qui  le  composcront  scront  inccisam- 
nient  transportos  de  Vosnczensk  a  Odessa. 

Cl.aciin,  selon  scsmpycns,  a  voulii  contribuer  a  ce  monu- 
ment. Nous  citerons  memo  les  hordes  de  Nogais,  etablis  par 
M  le  due  de  Richelieu,  il  y  a  dix-huit  ans  sur  les  bords  de  la 
Molotchnaya  ( gouvernement  de  Tauride  )  qui ,  malgre  les  de- 
sastres  qu'ils  out  eprouves  dans  ces  dernieres  annees  par  la  se- 
cheresse,  les  sauterelles  et  la  stagnation  du  commerce,  ont 
envoye  leur  contribution  pour  la  construction  du  monument 
eleve  a  la  memoire  de  Icur  bienfaiteur.  Y. 

NORVEGE. 

Christiania.  —  Unifersice.  —  L'universile  de  cette  ville 
compte  aujourd'hui  deux  professeurs  j)nur  la  theologie ,  \u\ 
■ponv  \n  Jurisprudence ,  tpialre  de  7«rV/ec««e.  Deux  professeurs 
y  enseignent  les  langues  latine  et  grecque  ;  un  troisieme,  les 
langues  orienlales.  \J hisloire ,  les  mathcinatiques ,  ]ap//ysique 
et  la  chimie ,  Yhistoire  naturelle,  la  hotanique ,  la  tnineralogie , 
Vastronomie  el  la  philosophie  sent  professees  par  differens  mai- 
tres;  et  Ton  pent  y  ajiprendre  en  outre  les  langues  allemande  , 
francaise ,  ariglaise  et  italienne.  On  s'elonne  avec  raison  de 
voir  qu'il  n'y  a  qu'un  seul  professeur  de  jiirisj)rudence  ;  ce  qui 
evidemment  ne  siifiit  point.  La  philosophie  semble  aussi  ^tre 
un  peu  negligee.  Ne  pourrait-on  pas  desircr  encore  qu'il  y  eut 
un  professeur  A'economie politique ,  et  qu'il  ne  ful  pas  permis 
aux  professeurs  de  I'universite  de  cnmuler  d'autres  fonctions 
publiques,  qui  les  empechent  de  remplii'  leurs  devoirs  les  plus 
imjiortans. 

La  meme   universite  a  celcbre,  depuis  quehiue  terns,  deux 


ALLEMAGNE.  641 

f^tes  publiqiies : la  premiere,  ie  10  novembre  i8'i5,  en  coni-^ 
memorationtle  la  reformation  de  Lutiier;  la  seconde,  le  26  fe- 
vrier  iiSaG,  anniversaire  de  la  naissance  dii  roi  actuel.  Aces 
occasions,  M.  Buggk,  professour  delangue  laline,  a  public  deux 
programmes d'invitation,  doni  le  premier  tiaite  de  I'cspiit  dans 
lequel  un  vrai  liitlicrien  doit,  lire  lessaintes  Ecrilures;  I'autre  a 
pour  sujet  les  diffiirens  litres  d'honncur  que  le  scnat  de  Piome 
a  decerrcs  autrefois  a  plusieurs  grands  liommes  de  la  repiibli- 
que  et  de  rempire,  tels  que  ceux  d'lrnpcrator,  Ac  Princeps  Au- 
gustus, et  celui  de  Pere  dc  la patrie ,  accordc  d'abord  a  Caniille, 
plus  lard  a  Ciceron,  et  11  (jiielques  autres  boinmes  uioiiis  di- 
gnes  de  cette  distinction.  L'auteur  du  programme  demnnde 
que  le  meme  litre  soil  decerne  a  S.  M.  Charles  -  Jean,  Roi  dc 
Suede  et  de  Nor\egc.  Heiberg. 

ALLEMAGNE. 

Prusse.  —  KoENiGSBERG.  —  Socictc p'lur  V amelioration  dcs 
jeunes  criminels.  —  La  fondation  dc  celte  societe  est  due  a  la 
philantropie  ardente  et  eciairce  d'un  jeune  liomme  que  nous 
avoiis  vu  a  Paris,  il  y  a  un  an  :  RL  Edouard- David  Fried- 
lander,  neveu  d'un  medecin-philosojilie  du  meme  nom ,  dont 
les  recherches  snr  I'education  d-.;»  enfans  et  sur  la  morlalite 
sont  bien  connues.  En  quitlant  Paris  ,  M.  Friedlander  se  ren- 
dit  a  Londres,  oil  il  fut  aecueilli  pyr  M^l.  Buxton ,  Gurnej, 
Cunningham  ,  JHoare,  et  la  celebro  el  admirable  rnadame  Frj  , 
qui,  comme  on  le  sait  ,  ont  veritablement  provoque  les  der- 
nieres  ameliorations  introduilcs  dans  les  prisons  de  I'Angle- 
terre.  A  Paris,  il  avait  aussi  connu  ijutlques  amis  zebis  du 
bien  qui  ae  sont  niiienient  occii]k;s  du  meme  objet. 

De  refour  dans  sa  patrie,  M.  Friedlaru'er  a  voidu  luifaire 
partagiT  les  bienfaits  des  utiles  institutions  qu'il  avait  appris 
a  connaitre.  'Non-seulement ,  il  a  determine  la  creation  de  la 
societe  que  nous  annoiicons,  mais  encore  il  a  fait  ouvrir, 
sons  son  inspection,  un  asile  ou ,  le  27  juiliet  de  celle  annee, 
dix  enfans  diriges  par  un  maitre  habile  et  doux  ,  donnaient 
deja  des  prcuves  fju'ils  abandonnaient  la  \oie  du  vice  pour 
entrer  dans  celle  de  la  verfu. 

Les  aulorites  de  Ivoenigsberg  ])rennent ,  ainsi  que  tousles 
ciioyens,  un  vif  inleret  a  cet  etablissement.  Enfin,  le  regle- 
raent  de  ia  maison,  ou  i'on  on.piera  bientoi  \;n  jilus  grand 
nombre  d'enfans ,  et  les  stainis  de  la  societe  sont  maintenant 
soumis  au  Roi  de  Prusse;  et  »i  nous  en  croyons  notre  corres- 
pondant,  on  altend  de  Sa  Majesle  d'autres  avantages  qu'une 


54«  EUROPE. 

simple  sanction,  qui  seiile  cependant  conlribucrait  an  succes 

lie  I'entrepiise  de  M.  Filedlnnder.  V. 

Hallk. —  Littcrature  orientale.  —  PuBlicatlon prochaine.  — 
Depnislong-tcmsles amateurs  de  litteratmearabe  demandaient 
avec  instance  une  edition  complete  de  V Anthblogic ,  appelee 
Hnmasa.  Us  n'en  avaicnt  a  leur  disposilion  que  ce  que  Schiil- 
len  en  a  donne  dans  la  grammaire  arabe  d'Erpenius.  Dans 
un  prospectus  francais  ])iiblie  a  Bonn  ,  M.  Treytag  vient  de 
developper  Ic  projel  qn'il  a  concu ,  de  salisfaire  au  voeu  des 
connaisseurs.  Le  public  et  le  gouvernement  fnvoriseront  sans 
doiile  une  enlreprise  anssi  penible  et  aiissi  dispendieuse,  qui, 
selon  la  remarqiie  dii  celebre  Gesenius  dans  la  Gazette  de 
Halle,  porte  sa  garantie  dans  le  nom  meme  de  son  autenr. 
II  donnera  le  texte  arabe,  et  le  commentaire  de  Tebrizi  ;  le 
texte  sera  imprime  avec  les  voyelles  :  le  tout  formera  de  90  a 
100  feuilles  in -74",  qui  ])araitront  en  six  livraisons  ,  et  coule- 
ronl  chacune  10  fr.  L'impression  sera  commencec  des  que  le 
nombre  des  soiiscriptenrs  sera  suflisant  pour  couvrir  les  frais. 
Sile  succes  de  Touvrage  repond  a  ce  qu'on  a  droit  d'en  atten- 
dre,  M.  Freylag  y  joindra  une  traduction  latine  et  un  com- 
mentaire SUCclliCl.  P.  DE  G. 

SUISSE. 

ExTR  \iT  crime  Lettre.  —  Coire  ,  i  o  aoilt  1826. —  Coup-d'ceil 
sur  I'elat  actual  du  canton  des  Grisons.  — Vous  avez  visile  les 
Grisons,  il  y  a  vingt-cinq  ans;  si  j'avais  le  meme  avantage,  je 
pourrais,  en  rapprocliant  les  progres  effectifs  de  la  civilisation 
des  causes  qui  les  ont  ralentis  oufavorises,  rendre  beauconp 
pins  instructive  I'excursion  que  je  fais  aujourd'hui  dans  leur 
pays.  Quoique  cet  intcrct  maiKjue  a  ines  remarques,  il  est  en- 
core ciirieux  d'observer  les  vieiiles  mceurs,  deja  ebranlecs  par 
le  contact  de  la  revolution  francaise,  en  presence  des  interets 
nouveaux  qui  les  modifient  rapidement. 

S'il  faut  en  croire  de  vieiiles  traditions ,  les  Grisons ,  sortis 
iibres  de  leur  lutle  avec  rAuIriche  ,  n'ont  point  encore  repare, 
depuis  pres  de  4oq  ans,  les  nianx  que  leur  avait  fails  celtc 
()uissance.  La  population  du  j>.iys ,  qui  est  a  peine  de  90,000 
ames,  a,  disent-ils,  etc  double  de  ce  nombre,  et  c'est  sur  les 
tombeaux  de  leurs  peres,  sur  les  mines  de  leurs  chauroieres  , 
que  leurs  ancetres  ont  conquis  la  liberie.  On  concoit  ,  surtout 
loisqu'on  vient  de  visiter  le  royaunie  lombard-venitif^n,  qu'un 
amour  i).'issionn(''  de  I'independance  ail  survecu  a  celte  lulte 
glorieuse,  el  (jue  cette  independance  ait  long-Iems  ete  le  but 
unique  et  la  base  de  tonle  I'organisalion  sociale  du  pays.  Si  les 


SUISSE.  543 

hommes  du  teins  jadis  tevenaient  aujourd'hui,  ils  s'indigne- 
raient  sans  doute  de  voir  les  Grisons  aplaiiir  eux-memes  le 
renipart  naturel  des  Alpes,  provoquer  rexploitalion  des  mines 
oil  Ton  ne  voyait  autiefois  qu'im  appiitpour  la  cupiditede  1  e- 
Iranger,  renoncer  a  I'anticjiie  pauvrete  et  preparer,  dans  les 
besoios  qu'ils  se  crecnt,  des  moyensd'action  a  la  tyrannic.  Mais 
les  terns  sont  changes;  la  gueire  est  devenue  une  Industrie 
meurtriere  qui  exige  d'enormes  capilaux ;  la  seule  bravoure  ne 
sufiit  plus.  Les  Grisons,  quoi  qu'ds  fissrnt,  ne  sauraient  au- 
jourd'hvii  repousser  seuJs  I'invasion  d'une  grande  puissance; 
Jes  garanties  de  leur  independance  cnt  cliang^  de  nature;  elles 
se  trouvent  acluelleinent  dans  les  jalousies  des  rois  f{ui  voient 
de  mauvais  ceil  les  agrandissemens  de  leurs  voisiiis,  dans  leur 
reunion  a  la  Suisse ,  dans  le  besoin  de  repos  de  I'Europe  ,  et 
surtout  dans  I'esprit  des  peoples:  tous  les  hommes  eclaires  de 
I'Europe ,  tons  les  amis  du  bonheur  et  de  la  liberie  des  nations 
sont  aujourd  hui  compatriotes,  quelle  que  soit  leur  langue  ; 
celte  sainte  alliance  au  berceau  s'affennit  autant  par  les  obs- 
tacles que  par  les  succes  ,  et  les  gouvernemens  en  subissent 
nialgre  eux  I'influence. 

Tranquillcs  siir  leur  existence  politique,  les  Grisons  se  li- 
vrent  aujourd'hui  avec  securite  a  ramelioration  de  leur  pays, 
et  elle  niaichera  d'autant  plus  rapidement  ,  qu'une  grande 
amelioration  morale  s'est  inlroduite  dans  leur  democratic,  de- 
puis  que  la  Valteline  a  cesse  d'etre  leur  sujette.  L'exercice  du 
pouvoir  corrompt  I'homme,  a  dit  Washington;  la  chose  est 
surtout  vraie ,  quand  Ic  pouvoir  est  exerce  colleclivement  et 
sans  responsabilite.  Les  Grisons,  ayant  toujours  eu  le  bon  sens 
de  n'attacher  que  de  tres  faibles  emoluniens  a  leurs  niagistra- 
tures,  les  ambitions  des  prctendans  aux  fonclions  publiques  se 
tournaient  nalurellemeiit  vers  les  bailliages  de  la  Valteline  : 
celte  ])rovince  ,  tres  -  mal  et  Ires  -  despotiquenient  admi- 
nistree  ,  payait,  comme  de  raison  ,  de  Ires-forts  appoiiitemens 
a  ses  baillis.  Les  nominations  etaient  failes  par  les  communes 
de  la  Ligue  Grise,  et  c'etait  par  l-js  moyens  de  corruption 
grossiers  qui  conviennenl  a  une  democratie  ignorante,  que 
s'obtenaient  les  suffrages;  les  depenses  des  elections  faisalent 
passer  une  partie  des  benefices  du  bailliage  cntre  les  mains,  ou 
plulot ,  dans  le  gosier  des  electeurs  ;  ia  paresse  ,  I'ivrognerie, 
ia  demoralisation  qu'alimentaient  les  depouilles  de  la  Valte- 
line, piinissaient  ses  souverains  de  leur  injustice  et  de  leur 
durete. 

L'affranchi^sen^cnl   de  la  Valteline  a  cte  I'un  des  resultats 
des  victoires  des  armees  francaises  en  Suisse  et  en  Italic;  elle 


544  EUROPE. 

est  depuis  tombt'e  sons  un  autre  joug;  qu'elle  ne  le  rejiroche 
pas  a  la  France!  les  fruits  tres-r'''els  de  cetle  separation  sont 
aujourd'liul  recueillis  par  les  Gi  isons  qui,  m.ilgre  les  jicrtes  de 
fortune  que  cit  evenemcnt  a  eausees  a  quelriues  families,  en 
eompreiincnt  tout  I'avautage.  La  ('(UTuplion  politi(|ue  s'eteint, 
faute  d'aliincnl;  le  premier  uiaf;islrat  de  la  republique  n'a 
qii'un  traiteineut  d'envirou  a,aoo  fr.  de  noire  monnaie:;  la  cu- 
pidile  s'est  cloignec  des  emplois ;  le  jiatrioli-ime  et  les  liunie- 
res  presrnlent  seuis  des  caudidals  au  i)eu])le;  les  citoyens, 
degages  de  I'euibarras  ct  des  vices  qu'cngoiidie  la  domination , 
sont  tout  cnticrs  aux  veiitablcs  interets  du  pays. 

Deja  la  contree  a  chaug^  d'asiu'cl  a  plusieiirs  egards;  na- 
gueres,  elle  etait  a  jieu  pros  iriaccessible;  on  y  arrive  nujour- 
d'hui,  de  Zurich  et  de  .Suint-Gall ,  par  des  routes  passables,  et. 
le  canton  en  a  fait  d'excellentcs  de  Coire  a  Bellinzona  et  a 
Chiavenna,  par  le  Saint-Dernardin  et  le  Splugen.  I^a  ])rcmiere, 
dont  la  seconde  est  un  embrancliement ,  a  128,000  metres 
(  32  lieues  )  de  longueur;  le  col  des  Alpes  qu'elle  traverse  est 
au  niveau  de  celul  du  IMont-Cenis,  ct  les  obst.TcIes  a  franchir 
etaient  a  peu  pros  les  memes  des  deux  cotes.  Comme  le  canton 
des  Orisons  n'a  ]ioint  ces  administrations  qui  paralysent  sou- 
vent  les  entreprises  d'utilite  publique,  ces  Sa  lieues  de  route 
ont  ete  exccutccs  en  irois  ans.  On  a  jete  sur  le  Rhin  ,  a  Rei- 
chenau,un  ponten  bois  d'une  seuiearche  de  G8  metres  d'ouvcr- 
ture;  les  plus  grandes  difllcultes  nyant  ete  franeliies  ou  evitees 
avec  une  sagacile  el  une  ccononiie  adiuirables,  la  route  parait 
ctre  revenue  a  environ  10  fr.  par  metre  couranl..  Cette  route 
donne  passage  a  une  immense  quantite  de  marcliandises  de 
ritalie,  de  soies  surlout,  qui  se  rendcnt,  en  Al!en)agne,  en 
France  et  en  Anglelerre  :  ninis,dans  ce  bien  meine  se  trouve  un 
des  nonibreux  abus  Cjui  liennenl  a  rancienneignorance,  et  dont 
le  tenis  fera  justice;  la  route  est  engrande  ])ailie  I'ouvrage  des 
communes  ;  elles  ont  voulu  reparlir  enti  c  elles  les  beneiiccs  du 
transit;  et,  pour  y  parvenir,  on  a  ordonne  un  dechargement 
force  a  Coire,  ou  les  habhans  des  communes  environnantes 
chargent  a  toiu'  derole  :les  voituriers  perdcni  un  tPiv.s  enorme 
a  atlendre  Icur  tour,  et  il  en  resulle  une  augmentation  de  frnis 
extremcment  favorable  aux  aulrcs  voies  de  transports  qui  peu- 
vent  se  trouver  en  concurrence  avec  celle-ci.  Je  cite  ce  fail, 
comme  indiquant  le  point  d'avanccment  de  la  science  econo- 
mique  dans  le  lieu  dont  je  vous  ecris;  il  prouvc  une  autre 
chose,  c'est  le  peu  de  prix  qu'on  y  attache  au  tems  ,  negligence 
qui  Concorde  toujours  avec  le  defaut  d'induslric  et  le  mauvais 
etat  de  I'agriculture. 


SUISSE.  545 

La  circulation  active  qui  s'etablit  aujoiird'liui  an  iniiieu  des 
(l!isons])re[)ai-e  ])eut-elre  la  ilestruction  du  |)liis grand  obstacle 
tju'y  epiouve  la  niarche  de  la  civilisation  ,  je  veux  parler  d'une 
independance  des  communes  qui  va  jusqucs  a  I'intolerance  el 
I'isolement.  L'independance  est  I'ame  de  I'esprit  municipal; 
mats  ce  pouvoir  doit  eire  circonscrit  dans  les  limites  ou  il  peu  t 
operer  le  bien ;  et  I'rin  des  priucipaux  interels  de  la  commune 
est  d'etre  liospilaliere.  C'est  sans  doute  a  la  portion  de  souve- 
rainete  qui  repose  sur  la  tete  de  cliaque  Grison  cpi'est  due 
I'introdiiction  de  je  ne  sais  quelle  Icgitimile ,  qni  ne  veut  pas 
com  prendre  (lu'eile  ne  perdrait  pas  plus  au  partage  de  ses 
droit;;,  r;u'un  flambeau  ne  perd  sa  luniiere  lors  qu'on  y  allume  un 
autre  flambeau.  Le  droitmunicipal  est  confere  par  la  naissance, 
et  non  par  Thabitation  ou  la  propriete;  ainsi,  le  plus  grand 
jiroprii'taire  d'une  commune,  s'ii  n'en  est  pas  habitant  ne,  n'y 
cxerce  pas  plus  de  droits  que  I'etranger  qui  ne  fait  qu'y  pas- 
ser ;  et ,  comme  les  munici])alites  sont  beaucoup  jiliis  puissantes 
que  ne  I'exigerait  la  tranquillite  des  citoyens,  on  concolt  que 
les  capitaux  et  i'industrie  ne  reglent  jias  touta-fait  leur  marche 
sur  les  besoins  et  les  avantages  nalurels  qui  les  solliciient : 
c'est  peut-etre  pour  cela  que,  non  loin  de  terrains  qui  se 
paient  un  prix  exorbitant,  on  en  trouve  d'autres  quilanguis- 
sent  sans  culture;  au  dessous  de  Thusis,  et  vis-a-vis  Mayen- 
feld,  le  Rhin  a  devaste  d'immenses  ctendues  de  terrain  qu'un 
bon  sysleine  d'andignage  et  d'altcrissemcnt  pourrait  rendre  a 
leur  ancien  elat;  ces  grandos  operations  ne  sauraient  se  faire 
avec  les  capitaux  de  la  localite,  et  il  est  difficile  qy'il  s'on  pre- 
sente  d'autres,  lorsque  les  institutions  politiques  reduirnienta 
uneespeced'ilotisme  ,  jusquesaux  compairiotesqui  viendiaient 
conquerir  des  terres  sur  des  marais  et  des  tonens.  On  m'a 
assure ,  a  Thusis,  que  ce  travail  trouvait  un  autre  obstacle  dans 
la  crainte  qu'avaient  les  proprietaires  des  terrains  productifs 
d'une  concurrence  dans  la  vente  de  Jeurs  recoltes.  Je  venais  de 
■voir  les  beaux  travaux  de  la  f^ia  Mala,  et  je  n'ai  pu  croire  a 
un  egoisme  si  stupide.  Les  dissidences  religieuses  peuvent  etre 
aussipour  quelque chose  dans  cette intolerance  municipale  :le 
canton  est  en  partie  catbolieiue,  enpartie  reforme,  et  j'ai  cru  re- 
marquer ,  dans  quelques  paroisses  calholiques ,  que  la  residence 
d'un  protestant  y  serait  vue  de  fort  maiivais  ceil;  elles  sont 
souvent  desservies  par  des  capucins  italiens  qui  ont  phis  de 
zele  que  de  lumieres.  J'ai  entendu  assurer,  dans  une  de  ces 
paroisses,  qu'unemadonne  pleuraitpour  qu'on  lui  fit  une  riche 
chasse  et  qu'on  rebatit  sa  chapelle,  et  j'ai  craint  que  les  capu- 
cins ne  repugnassent  quelqnefois  a  montrer  au  peuple  m^me 
T.  XXXI.  —  Aout  1826.  35 


J  46  ];L:1\0I>1',. 

le  pen  (lu'ila  saveiil.  Lc  clerpti  catlu>li(|iio  ilos  (iiisoiis  a  cciien- 
daiit  tlevant  Ics  yciix  un  noble  exrninlc;  il  flevrail  se  souxenir 
que,  \)i>ritii  Ics  trois  forKuileiirs  de  ia  liberie  du  l)nys,  Otait  uii 
pretre,  I'nbbe  dc  Dissf.ntis,  et  se  demander  si  ce  Decius  oiire- 
tieii  t'erail  aujourd'hui  i)leiircr  des  raudonnes. 

Quoi  f|irjl  en  soit,  il  Tie  depend  maiiiieiianl  de  personne 
d'arrclei"  le  inouvcr.ient  d'amelioratiou  que  les  yeux  les  moins 
exerces  aperooivent  dans  le  eanton  des  Orisons,  il  sera  pnis- 
saminent  seconde  par  la  generalioii  qui  s'eleve  au  collef^e  can- 
tonaTde  Coire;de  bons  ciloycns,  coniprenant  bien  toiite  I'elen- 
due  de  leur  mission,  sont  a  la  tete  des  affaires,  el  Ton  trouve , 
dans  les  bonimes  les  plus  depourvns  d'inslructiori ,  re  bon  sens 
etcelle  confianee,  qui  sont  (ouiours  cliez  >in  peuple  le  resultat 
fl'une  loiigue  liabilude  de  la  liberie.  Avec  dc  pareilles  disposi- 
tions, tout  ce  qui  est  bon  et  raisonnabic  est  facile :  o'e.-t  ainsi 
fpi'en  mollis  d'une  annce  on  est  parvenu  it  f;eneraliser  dans  le 
](ays  rappljf;alion  de  la  -vaccine.  Quand  on  voudra  ,  il  suffira, 
cornme  dans  le  canton  de  Vaud,  de  trois  mois  |)our  y  nalura- 
liser  lc  sysleme  mi'lrique.  Telle  est  la  puissance  ties  gou\erne- 
mens  qui  n'ont  jamais  trompti  Ics  pen]iles,  on  plutot  lels  sont 
les  peuples  qui  savent  faire  rnarclier  leurs  gouvex'nemens  dans 
la  iigne  Sn  devoir.  /.-/.  1?. 

Fribourg. —  Societe philhcllenique.  —  Sans  autre  inlention 
(pie.ilc  lemplir  I'un  des  devoirs  les  jiius  esscnticls  du  (tiiri.s- 
tianisni?;',  pbisicurs  liabitans  de  Fribourg  oat  forme  dans  cetle 
vdle  line  ft-vwiiete  qui  se  cliarge  de  recevoir  les  dons  destines 
aux  Gi  ecs  ,  «\  de  les  lenr  faire  parvenir.  Parrai  les  fondalexirs 
tie  cette  Soci<;tii  se  frouvcnt  qiielques  -  uns  des  ciioyens  les 
plus  diitingues  du  canton  ,  parmi  lesrpiels  rions  cilerous  seu- 
lement  MiYI.  de  Vkrro  ,  Kueni.in  ,  Fegf.li  ,  Laniierset,  etc.; 
leurs  donsiront  grossir  les  gen(?reuses  offraniles  que  la  Suisse 
cliretieiuie  ,  libre  et  (3clairec,  consacreau  soulagemetit  des  mal- 
heurs  d'uiic  nation  (|ui  cDmhal  pour  sa  religion  ,  son  Indc- 
pyndancc  et  sa  civilisation.  .1. 

ITALIE. 

Milan.  —  Invention  des  bateaux  h  vapour.  — Une  let t re  de 
M.  de  Navarettf.  au  baron  de  Zicn,  dont  tous  les  jouniaux 
ont  inst-t'c  des  extraits ,  fail  renionter  jnstpi'an  sciiiemc  siecie 
une  invention  que  Ton  cioit  tuul-a-fait  nioderne;  on  y  lit  ce 
qui  suit :  — «  Des  bateatix  a  vapeur  fureni  jiroposes  a  Charles- 
Quint,  en  i5/|3,  par  un  cajiiiaine,  nomintj  Blasco  Loyola.  La 
])remiere  epreuvc  en  fut  faile  avcc  succes,  a  Barcelonne;  mais 
ties  envieux  et  des  detraclcnrs  vinrcnt  a  bout  de  faire  avorler 


ITALIF..  5/,  7 

celtc  enlrepiise,  qiioiqin;  I'inventeur  cut  rccu  dcs  teinoignages 
de  la  siitisfaclion  du  priiicf.  Par  la  suite,  les  gueires  dont  ce 
moriarquc  fiil  occiipe  firent  perdre  de  vue  la  decouverte  du 
Capitaine  de  Loyola.  Les  proces-verbaux  qui  coiistatent  celte 
decouverte  ;.oiit  <luposes  <iaiis  les  ar'chives  de  Sima/icas,  et  j'ai 
ciitre  les  mains  uiie  leialioii  detaillee  des  resullats  de  I'expe- 
riencu.  (  Extrait  du  recueii  inlitnie  :  AnnaU  universali di 

statistka  ,  imprime  a  Milan.  —  iS'j.6.) 

Ts'aplks.  —  Academic  royale  des  sciences.  —  Norninntions 
d'associes  etrangers. —  Necrologie  :  Piazzi. — Cette  academic 
vifnt  de  noininer  deux  assocics  correspondans  etrangers  : 
M.  le  niar(|uis  de  Fortia  ,  connu  par  plusieurs  ouvrages  sa- 
vaiis  ,  et  M.  Hachette,  ancieii  professeur  a  recole  Polytechni- 
que.  lis  avaienl  ete  proposi's  j)ar  le  c-'lebre  aslronome  Piazzi  , 
j)rt'sidenl  de  racndemie,  qui  vient  de  terminer  sa  carriere.  II  a 
ete  cnleve  ])ar  une  fluxion  de  poitrine,  le  a3  juillet  dernier, 
ai;<.''  de  80  aus.  C'est  une  perte  immense  pour  les  sciences,  ct 
doiit  tons  les  hommes  instruits  doivent  s'affliger;  on  dt'signe 
pour  son  sucoesseur  le  comteZuRLO,  ex-miiiistre  de  I'iiUerieur, 
«•!  lun  des  honiines  les  plus  majqunus  du  pays.  L'academie  des 
scierici's  e.st  uiie  branche  dela  Societe  royale bourbonienne'y&ox- 
boiilca  )  que  le  roi  Ferdi.naiid  inslitua  ,  peu  a]>res  sa  rentree 
a  Naples,  en  iSifj.  C'est  le  premier  coi'ps  savant  du  royaume; 
il  est  organise  a  I'instar  de  I'lnstitut  de  France^ct  jouit  des 
■intiiies  ])ierogalives.  Le  Roi  s'est  reserve  le  droit  d'approu- 
vcrdefinitiveinentle  choix  des  nouveaux  candidats.  Le  royaume 
<le'Naple>  possede  encore  deux  antressocietes  litteraires  sous  les 
tiires  d'liislitiit  d'encourageinent,  et  d'Acadernie  de  Pontanus 
(  Pontaniaiia  )^  niais  ce  ne  sont  que  dcs  inslltuls  secondaires. 
C'est  la  Snciele  Borhonica  qui  remplace  niaintenant  la  celebre 
Academic  d'Hercu/anurn,  fondee  ])ar  Charles  III  en  1755, 
( I  TAcadi'mie  des  sciences  ct  belles-lettres,  que  le  meme  roi 
jVrdinand  avail  creee  en  1780.  U. 

Necrologie. — Santarelui  [Jean  Antoine),  professenrpour 
la  taille  dcs  jjicrres  precieuses,  ne  dans  le  royaume  de  Naples, 
mart  a  Florence  au  niois  de  inai^ernier,  a  I'age  de  67  ans.  Cet 
arlisle  celebre  avait  ac(|uis  uiic  haute  reputalion  a  Pionie  avant 
qu'il  \int  s'etablir  a  Florence.  Son  sejour  dans  cette  vdle  lui 
procura  le  bonheur  doiit  il  efait  digne  par  s-^s  talens  et  par  ses 
qualites  ])ersonnelles.  Sa  carriere  fut  paisible;  il  fut  recherche 
avec  einpressement  par  les  gens  dc  bien,  les-savans  et  les  amis 
des  arts,  et  jamais  I'eii vie  ni  la  mechancetc  he  dirigerent  centre 
ini  aucun  des  traits  qu'elles  lancont  avec  tant  de  profusion;  c'est 
la  seule  martpie  d'estime  qu'il  ii'ait  pas  obtenue.  F. 


5/,8  KUROPE. 

I'AYS-BAS. 

Bruxelles.  —  Fondntion  dun  ohsen'atoirc  el  dun  jardin 
hotanique. — S.  M.  le  Pioi  ilesPays-Bas,(lont  la  munificence  ne 
cessed'encouragei'l'instruciion  publl(|ut;  ct  clierclic  a  multiplier 
les  monumcns  utiles,  vient  de  prendre  nn  nouvel  arreic  pour 
etablir  iirt  observatoiic  ii  l>iuxelies.  I.a  ri};eiice  de  la  villo,daiis 
la  vue  de  seconder  un  j)rojet  aiissi  honorable  dont  elle  doit 
recueiilir  les  jjrincipaux  fruits,  a  deuiando  a  i)rondre  part  aux 
(Vais  de  constructions  et  a  offert  un  terrain  dans  un  des  plus 
beaux  quartiers.  Le  soin  de  dresser  les  ])lans  a  I'ti-  conliea 
M.  A. QuETEi.ET,professenr  dc  mathematiques  et  d'astronon)lo 
aumusee,  qui  doit  s'entendre  pour  cet  objet  avec  M.  Walter  , 
inspecteur  general  de  I'instruction  publifjue.  —  On  s'occupe 
aussi  a  Bruxelles,  dans  ce  moment,  de  la  formation  d'un  vasle 
jardin  botanique,  d.estine  principalernent  a  favoriser  les  jjrogres 
de  rhorliculture.  L'acquisiliou  du  terrain  qui  se  trouve  dans  le 
voisinage  de  I'observatoire  projete,  s'est  faite  ])ar  des  actions 
dont  les  interels  seront  payes  au  moyen  de  i  2,000  florins  des 
Pavs-Bas(plus  de  26,000  francs)  qui  sont  assures  annuellenient 
a  I'etablissement  \>ar  le  gouvernement  el  la  ville  de  Bruxelles. 
On  cite  comme  un  des  principaux  actionnaires ,  M.  Dbapier, 
di'ja  fort  avantageuscment  connu  par  plusieurs  ouvrages  scien- 
tiliques. 

—  Formation  d'une  commission  de  sttitistique.  —  Sur  la  pro- 
position du  ministre  de  I'interieur,  le  Boi  vient  d'ordonner  la 
formation  d'une  commission  de  statistique  qui  publiera  perio- 
dlquement  tous  les  renseignemens  qui  pourronl  inleiesser  la 
science  ou  I'industrie.  Les  administrateurs  des  differentes 
branches  du  uiinistere  de  I'interieur  seront  de  droit  inerabies 
dc  celte  commission.  Celte  nouvelle  institution  no  reiidra  sans 
doute  pas  moins  de  services  que  les  precedenles  :  on  connait 
les  resultats  importans  qu'on  a  d^ja  letires  en  France  des  do- 
cnineus  cpie  public  annuellement  M.  Ic  prefet  de  la  Seine,  et 
qui  sont  coordonnes  par  des  personnes  anssi  instmites  qu'ac- 
tives.  (Voy.  les  comptes  rendus  des  Recherches  statistiques  sur 
le  departemeat  de  la  Seine  et  de  la  ville  de  Paris  ,  publics  par 
M.  de  Chabrol  ,  Bet'.  Enc. ,  t.  xx ,  p.  3So  ). 

Tournay.  —  Education  industritlle.  —  Notre  ville  doit  a 
una  administration  active  et  cclniree  I'avantage  de  voir  se 
developper  successivement  dsns  son  sein  les  germes  de  touics 
les  ameliorations  sociales  j)iojetecs  el  lavorisecs  par  le  jiou- 
vernement.  Peu  de  villcs   oflrcnt   nn  enscignement  primaire 


PAYS-BAS.  5/,  9 

jnieux  ciganise  et  inieux  ydapte  aux  besoins  de  I'artisan  et 
«lu  pauvre.  M.  Renard  ,  architecle  de  la  regeiice  ,  connu  par 
la  delicatesse  et  la  siirete  de  son  goiit,  et  I'etude  profonde 
t]u'il  a  faite  des  arts  du  dessin  ,  secondanl  a  cet  egard  les 
\'nes  eclairccs  de  M.  Lehon  ,  magislrat  qui ,  jeune  encore,  s'est 
deja  disliiigiie  dans  nos  sessions  legislatives,  vient  d'introduire 
dans  noire  acaddmie  de  deS'sin  et  dans  nos  ccoles  d'enseigne- 
mcnt  imiluel  des  cours  de  dessin  lineaire  ,  avec  de  noinbreux 
d(heIoppeinens  dont  I'idee  lui  appartient.  On  espere  que 
I'exenijjle  donnc  par  Tournay  trouvera  des  imitaleurs  empres- 
ses dans  la  piupart  de  nos  villes  mannfacturieres,  ou  la  con- 
naissance  dn  dessin  lineaire  doit  ])roduire  les  phis  heureux 
resultats.  On  espere  encore  (]nc  M.  Renard  livrera  an  public  , 
])ar  la  voie  de  la  iiihographie  ,  les  dessins  qui  servcnt  de  mo- 
dcles  a  ses  non)breux  cleves.  Q- 

Amsterdam.  —  Vne  Snricte Israelite  forince  dans  cette  ville 
pour  la  langue  et  la  Uttcralure  hebraiques ,  continue  ses  recher- 
clics  et  ses  publications  avec  perseverance  el  avec  succes.  Les 
dit'ferens  caliiers  qu'elle  a  fait  parailre  sont  remplis  de  poesies 
vX  de  dissertations  philosopliiques  qui  se  distinguent  par  la 
])urete  d'un  liebreu  correct  et  elegant,  el  par  une  profonde 
connaissance  des  antiquites  juives.  Les  caliiers  publics  sous  Ic 
litre  de  Peri-toele.i,  fruits  utiles ,  ne  sont  pas  nioins  recherclies 
jiar  les  amateurs  de  I'exegese  de  tous  les  cultes,  que  le  celebre 
journal  hebreu  c|ui  paraissait,  \ers  la  (in  du  siecle  dernier,  a 
Berlin,  sous  les  auspices  des  Moses  Mendelson.  Le  secretaire 
de  la  Societe,  M.  B.  Muder,  Iraducteur  jure,  est  en  nieme  tenis 
un  des  coUaborateurs  les  plus  actifs  de  ce  journal. 

Bruxelles.  —  Sncu'tepour  V encouragement  de  la  langue  hol- 
landaise. — On  a  forme,  depuis  quelques  annees,  dans  cette  ville 
une  Societe  lilleia  ire,  in  titulee  Concordia,  e\ii  laqueilelegouvei'- 
nemcnt  desPays-Bas  pi  end  un  interct  particulier  :  son  objetest 
do  favoiispr  dans  les  provinces  de  la  Belgique ,  et  surtout  a 
Bi  uxelles  memf  ,  la  pro]i3galion  de  la  langue  et  de  la  litterature 
liollandaiscs,  et  repuralioii  de  I'idioiue  du  i)ays,  \cjlainand, 
(juin'est  (]uc  le  liollaitdaij  slationnaire  defigure. — Cette  Societe 
coiii])osee  de  nieiubrcs  actifs  el  de  siniples  souscripteurs  nnia- 
lenrs,  lient  aussi  des  seances  jmbliqnes.  Dans  I'une  de  ces 
seances,  qui  a  eu  lieu  dernlerenicnt,  on  a  enleiidii  avec  inte- 
ret  une  dis^ei  talion  savanle  sur  les  myiiiologies  du  nord,  dont 
I'autenr,  M.  K.  Soinmcrluuishen  ,  s'etail  deja  fait  connaitrc  par 
d'utiles  travaux  publics  en  holiandais  et  en  francais,  et  par  un 
tableau  svncliroiiologiqiie  de  i'iiisioire    ancieni.e   et  moderne. 

M.  B. 


55o 

FRANCE. 

ItYOy  (R/idne).  —  ISavi^ddon  stir  la  Sadnc.  —  NouvcUi' 
entreprisc  cle  bateaux  a  vapeur,  a  roues  dc  cote  intcrieures. 
—  Ce  nouvel  elablissement  de  bateaux  a  vapcnr  est  annniicc 
pai"  \ Eclaireur  clu  Rhone  (i]  ,  a  qui  nous  en  euipriintoiis 
rindicalion  ,  coinme  devant  etre  realise  au  inoyeii  d'un  capital 
de  l\oo  actions  de  looo  fr.  chaciine,  et  dont  la  souscriplion 
est  OTiverle.  Ellc  est  fonnee  par  M.  Lasge ,  ancicn  ins]jecleur 
des  bateaux  u  vai)eur  sur  la  Saone,  <(ui  compte  trente  ans 
de  prali(|ue  dans  la  navigation  de  cette  riviere.  On  aunonce 
des  ameliorations  iinportantes  :  i°  dans  Ics  appai-eils  a  vapeur 
d'ou  resultent  pour  les  machines  beauconp  de  puissance,  de 
legcrete  ,  d'economie  dans  la  consornmaf.ion  dn  coinbustibie 
et  dans  les  reparations;  a"  dans  la  foiine  des  bateaux,  ce  C|ui 
les  rend  plus  lestes ,  plus  solides  et  tres-facilcs  a  gouverner, 
rend  iniijiles  les  engrenages,  les  arbres  de  couclic  etbeancoup 
d'autres  pieces  de  mecanique,  fait  cesser  tout  bruit  dcsagrcable 
pour  les  voyagcurs  ,  met  les  roues  a  aubes  a  I'abri  de  toutes 
avaries ,  et  diminue  le  tirant  d'eau,  de  manierc  a  ce  que  roa 
puisse  naviguer  par  les  plus  grandes  sccheresses.  L'examcn 
des  modeles  par  les  homines  de  I'art  leiir  ^  ete  ties-  favo- 
rable. I. 

Besancon  (  Doubs).  —  Anliquiles. —  Canal  dc  construclion 
romaine.  — On  a  d(5couvert  depnis  pe'i,  dans  ia  rue  du  Clia- 
teur,  niaison  Martin,  n''4j  ""  canal  de  construclion  roni;iine. 
La  hauteur  en  est  de  six  pieds ,  et  la  largeur  de  dix-neuf  ijon- 
ces.  On  conjecture  qu'il  foruiail  nne  espece  de  parallelograrnme 
reclangle  ou  carre  long.  Le  cote  le  plus  grand  a  vingt-sept 
pieds  de  longueur,  dans  la  direction  du  nord-estau  sud-onest; 
mais  on  n'a  pas  pu  mesurer  les  autres  cotes  avec  exactitude , 
a  cause  des  eboulemens.  Ce  canal ,  qui  passait  probableineni 
sous  un  edifice  au-juel  il  servait  d'egout ,  est  conslruit  enlierc- 
ment  en  pierres,  avec  beaucnup  de  soin  et  de  regnlarite,  mais 
sans  chaux  ni  morlier.  La  forme  et  le  genre  de  celte  construc- 
tion semblent  appartenir  au  bas-erapire  :  le  canal  est  si  bien 


(t)  Ce  journal,  consacre  au  commerce  ,  a  I'iDdnstrie  et  a  la  lillerature, 
et  remarqnalile  p.Tr  une  redactioQ  soii^ee  el  par  le  ehoix  et  la  variete 
des  snjets  qu'il  traite,  parait  a  Lyon  depuis  qnelqnes  niois.  II  vienl  de 
se  reunir  a  I'Ini/ependiinl ,  dont  il  conserve  le  tilre,  et  nierite  d'clrc  con- 
suite  par  tous  ceux  qr.i  veuleot  conaaiire  les  progres  de  Vinduslric  dans* 
la  seconde  ville  de  France  et  dans  les  departemens  qui  I'environnent. 


DEPARTEMENS.  55 1 

conserve  dans  les  parties  qui  subsisteiit  encore,  que  le  pm- 
]iriel;iii'e  actncl  a  ].u  !e  reiulre  a  son  ancicnne  deilinulion 
siuis  I'-lie  oblige  de  Ic  x'cparer.  [Petit  Album JrQnc-cointois.^ 
Dieppe  (Seine-Inferieure). — Antiquites.  —  Visile  de  S.  A.  R. 
yjiidtiDie. — Nous  avions  an  nonce  (voy.TJ^r.  Enc,  t.xxv,  p.86/|, 
mars  i  SaS)  les  tra  vaux  entrepris  au  camp  de  Cesar  on  citcdc  lime.\, 
\)'SL<:  M.  P.  Fkret,  poui"  la  docouverte  des  antii]iiir('s  gauloises  et 
roinaiaes  qiierenfermecet  oppidum  :  nous  nous  fai^oiisiin  devoir 
d'i:itbiniet'  nos  lecterns  que  le  vceu  que  nous  forniions  nlors  de 
v;iir  I'esprit  d'associalion  fouinir  aiix  uioyens  de  conliniier  ces 
JMiporfariies  reclierches,  s'est  realise.  Uii  adniinislraleur  eclaire  , 
M.  de  ViEi;  Castel,  a  son  arrivee  dans  cet  ariondissement , 
s'<'st  uiis  a  la  tete  d'uue  souscriplion  que  les  amis  des  sciences 
et  des  arts  n'ont  pas  larde  a  remplir.  On  a  repris  les  fouilles 
qui  etaient  suspendues;  elles  offrent  mainienant  des  mines 
rouiaines  que  Ton  suppose  ajipartenir  a  un  edifice  religieux  ou 
fiiiieraii'e ,  on  y  a  trouve  des  anneaux  en  verre ,  des  debris  de 
c;;s;|ues  et  d'agrafes,  des  inedailles  du  bas  et  du  liaut-einpire  , 
el  des  pieces  ccltitjues.  Ces  fouilles  viennent  d'etre  honorees  de 
la  visile  de  S.  A.  R.  Mauamf.;  M.  P.Feret  a  eu  I'lionncur  de 
liii  expliquer  le  resultat  de  ses  explorations.  S.  A!  R.  a  paru 
jtivndi  e  un  vif  interet  a  des  travaux  utiles  a  I'liistoire  du  l^ays, 
et  non  seulement  a  promis  de  les  encourager,  mais  encore 
vient  d'ordonner  a  ses  frais  de  nouvelles  fouilles  sur  divers 
points  intcressans,  aux  environs  de  Dieppe.  B.  G, 

Societes  savantes  ;  Etahlissemens  d'utilite puh/ique, 

LiANcouuT.  (  Oise. )  —  Ecole  dc  geometrie  et  de  mecanique 
industriflte. —  Le  venerable  ])hilanlrope  auquel  on  doil  ce 
couis  ,  si  bien  i-lace  dans  I'uri  des  cantons  les  plus  nianufac- 
iuriers  de  ia  France,  ne  s'est  pas  borne  a  ce  que  peut  faire 
un  fondateur  ;  il  y  a  joint  les  soins  eclaires  et  le  zele  d'un  ami 
lie  I'indusuie  ,  assislant  lui-meme  aux  lecons ,  encoura|^'eant  le 
prnfesseur  et  les  eleves  ,  et  applaudissant  aux  succes  dc  I'en- 
jeigncment.  Incessaniinent,  des  chefs  d'ateliers  d'urie  instruc- 
tion Ires-remarquable  pourront  diriger,  non-seuleinent  toutes 
les  fabrli]iics  des  cantotss  de  Liancourt  et  dc  Creil ,  niais  se 
repandre  dans  le  de[)arteinent  de  I'Oise,  et  y  faire  sentir  I'ulile 
influence  du  savoir  qu'ils  ont  acquis.  Ce  bienfait  ,  quoique 
ties-yrai>d  ,  n'est  ueul-etre  ])as  celui  dont  le  canton  de  Lian- 
court doive  etrc  le  plus  rcconnaissant ,  c'est  sur  les  lieux 
iiit'uK's  qn'il  fajit  voir   ce    (|ue  peuvent  pour  !e  bonlieur   dc^. 


55u  IR.VNCK. 

lioinmcs,  ie  boa  eiriploi  du  teins  et  des  riclicsses ,  ct  I'auloiltt: 
dc  1,1  sagesse  et  de  la  vcrtii. 

Nancy  (  Meurthe  ).  —  Sociele  des  amis  du  travaU.  — 
Stance  annuellc  du  \ly  mat  1826.  —  Le  but  primilif  de  celie 
association,  fondec  en  1825,  est  de  former  les  jeitnes  israe- 
lites  indigens  a  I'csercire  des  arts  et  metiers.  On  a  reuni 
a  cet  apprentissage  qui  lenr  assure  du  travail  ct  des  iiioyens 
d'existence,  les  bienfaits  de  rinstruction  morale  et  religieuse. 
La  Socicte  recouipcnse  par  des  prix  ceux  d'entre  eux  qui 
se  distinguent  par  la  meilleure  condulte.  E!le  pourvoit  a 
la  nourriture  ,  a  I'entretien  et  a  rhabillemcnt  des  ap])ren- 
tis;  «;uarante-einf|  sujets  out  etc  admis  dans  le  cours  de  I'an- 
nee.  La  Sociote  soulieut  les  npprentis  devenus  ouvriers  ,  pour- 
voit  aux  premiers  frais  de  leur  ctablissement ,  et  ilonne  des 
secours  a  ceux  qui  en  sont  juges  dignes.  La  rccette  et  la  dr- 
pense  se  sont  elevees  a  7,982  fr.,  saut'un  excedant  de  recetle  do 
3()  fr.  86  c.  Le  compte  rendu  par  M.  Aron,  avocat  a  la  cour 
royale  et  mcmhie  de  la  commission  adminislralive,  al'.este  le 
zcle  plillaiitropi([ue  et  eclalre  de  cette  utile  association.  Le 
rapport  imprlme  (Nancy,  182G.  In-8''  de  3G  pag.)  se  termine 
par  deux  listcs  assez  nombreuses  ,  et  qui  s'accroitront  encore  , 
desoustiripleurs  et  de  donateurs. — Puissent  des  institutions  du 
meme  genre  se  multiplier  dans  nos  departemens  !  car ,  tandis 
que  beaucoup  de  congregations  soi-disant  religieuses,  et  qui 
ne  sont  bion  souvent  ni  morales,  ni  socialcs,  se  retablissent 
ou  s'organisent  et  ramenent  a  leur  suite  le  liideux  cortege  des 
pauvrcg  et  des  mendians,  auxquels  on  donne  des  primes  d'en- 
cour^gementpar  d'imprudeutesaumones,  c'est  surtoutl'amour 
d«  travail,  germe  fecond  des  bonnes  habitudes  el  des  vertus, 
qu'il  faut  exciter  et  rccompeuser ,  pour  combattre  les  depio- 
rables  fleaux  que  nous  voyons  renaitrc.  I. 

PARIS. 

Institut.  —  Academic  des  sciences.  — ■  Mois  de  juili.et 
1826.  —  M.  Guillaume  Brandes  fait  liommage  de  son  ouvrage 
intitule  :  De  repcntinis  variationdms  impressione  almospherw 
ohservatis.  II  ecrita  1' Academic  pour  lui  exposer  i'objet  de  scs 
rccherclies  et  pour  demander  la  communication  des  documens 
que  Ton  jugerait  propres  a  ])erfeclionner  son  travail.  M.  Arago 
communique  a  ce  sujet  le  resuUat  de  diverses  observations 
relatives  a  de  grandes  observations  baroinetri(|ues.  —  L'Aca- 
dcraie  recoit  le  ineuioire  de  M.  le  professeiir  Simonof  ,  »  sur 
la  cauiC  dc  la   lif/rrcnvc  dc  tcmpcrnlurc  dans  les  deux  hemis- 


PARIS.  553 

p/ieres  clu  globe  tcrrestre ,  fondi'e  .iiir  ([uelqites  observations 
therinouielriques  faites  par  I'auteur  pendant  son  r>(>yage  an- 
tour  (la  inonde.  »  Casan,  iSaS.  —  M.  Arago  communique  jjIu- 
sieursresultats  de  ses  reclierches ,  fjui  out  principalement  poiu' 
objet  de  nouvelles  experiences  concernant  rinfinencc  des  sub- 
stances les  plus  diverscs  sur  les  mouvemens  de  Taiguillc  ai- 
raantee.  —  M.  Poisson  annonce  cpi'il  a  redigc  iin  memoire 
iheorique  sur  ce  genre  de  questions,  et  qu'il  le  remetira  dans 
la  seance  prochaine.  —  Le  minisire  de  rinterieur  fait  parvenir 
a  rAcaciemie  un  memoire  que  liii  a  adresse  le  ministie  des 
affaires  elrangercs,  et  qui  est  intitule  :  Memoire  sur  les  calculs 
des  mouvemens  de  coiretes,  par  Maurof,  conseiller  d'etat  de 
I'empereur  de  Russie  et  correspondant  de  I'Acadcinie  impe- 
riale  de  Saint-Petersbourg.  (MM.  Bouvard  et  Damoiseau, 
commissaires.  )  — Leministre  de  I'interieur  adresse  a  I'Acadc- 
mie  la  copie  dii  rapport  de  M.  le  prefet  des  Coles -du-N ord , 
concernant  une  secousse  de  tremblement  de  terre  ressentie  a 
Saint-Briejix. — M.  La  Billardiere  fait  un  rapport  verbal  au 
sujet  de  I'histoire  phiiosopliique,  litteraire,  economique  ,  des 
plantes  de  TEurope,  par  M.  Poirel. — Une  lettre  de  M.  d'AR- 
CET  refute  les  assertions  contenues  dans  la  lettre  pseudonyrae 
quia  ete  lue  a  la  dernlere  seance,  et  qui  avait  pour  objet  de 
reclamer  en  faveur  de  M.  Mascagni  la  priorite  de  quelques 
decouvertes  relatives  a  la  dissolution  des  calculs  urinaires  par 
le  moyen  des  bi-^carbonates  alcalins,  et  au  mode  d'action  de 
ces  substances  sur  I'nrine  et  sur  I'acide  produit  dans  I'estomac. 
M.  d'Arcet  prouve  que  I'auteur  de  la  lettre  n'etait  nullement 
fondc  a  reprocher  aux  cliimisles  francais  le  defaut  de  citation. 
II  presente,  a  ce  snjet,  deux  ecrits  qu'il  a  publics  depuis  long- 
tems  et  qui  sont  intitules  :  Premiere  note  pour  servir  h  I'histoire 
des  eaux  thermales  de  Vichy.  Note  sur  la  preparation  et  P usage 
des  pastilles  al /(alines  digestives  contenant  du  bi- carbonate  de 
sonde.  M.  Magendie  communique  des  remarques  entierement 
conformesa  celles  deM.  d'Arcet. — M.  Deshayes,  auleur  d'uu 
ouvrage  sur  les  coquilles  fossiles  des  environs  de  Paris ,  annonce 
que  des  circonstances  nialheureuses  I'obligent  d'en  suspendre 
la  publication.  11  espere  que  I'Academie  ajjpuiera  par  son  suf- 
frage In  demande  qu'il  se  propose  de  faire  a  ce  sujet  au  minis- 
tre  de  I'interieur. — •  M.  Berard  lit,  au  nom  de  M.  Balard  , 
pharmacien  et  preparateur  de  chimie  a  la  faculte  des  sciences 
de  Montpellier,  un  memoire  sur  une  substance  parliculiere 
contenue  dans  I'eau  de  mer,  et  qu'il  designe  sous  le  nom  dc 
niuride  [MM.  V'aunueiin,  Gay-I.ussac  et  Tlienard,  rommissai- 


^S'l  FRAiMCK. 

res). — M.  IIaspau,  <lo:)iie  lediiie  d'uii  iiieiiioirc  dont  ii  rU 
rauleiir,  sur  I'lionicino,  lci;lutenet  la  diflicriltc  d'isoler  Ics  dif- 
fi'jens  i)rinci|)es  licuit  sc  coinpose  ime  Caiine  par  les  j)roci'.l.  s 
en  },-rand,  siiivis  de  nolts  sur  la  stearine  ,  le  sagou  etsur  i'ador- 
ganihinc.  (BIM.  Dcyeux  ,  Tlienard  etMirbcl,  comiuissaiics.)— 
?.f.  HuzARD  est  rcelti  meinbre  de  la  commission  cenlralc  adini- 
iiislralive.— M.  Magendie  presente  mi  nieiiioire  de  M.  Hoiis- 
siT,  negociant  a  Bordeaux  ,  intiliilc  :  Observations  siir  le  mid 
com/nun  (MM.  Tcssier  et  Bosc,  coiniiiissaires). 

—  Du  lo. — Ufi  second  incii;oire  de  M.  de  Montlivaui.t 
siir  la  cosinnlogie  est  renvoye  a  I'examen  de  MM.  Arat;o  et 
Fiesnel.  — M.  Caucuv  prescnte  la  tvoisiemc  paitie  du  r  es'iaM" 
(les  lecons  qu'il  a  doniices  a  I'EcoIe  jiolytechnique.  — MM.  dv. 
Prouy,  de  Rossel  et  ^ingo  font  iin  rapijort  sur  la  sonde  marine 
presentee  a  TAcademie  par  M.  dc  Geandpre. — MM. Ampere 
et  Frf.snel  font  nn  rapport  sur  la  lettre  de  M.  Gaudix,  relative 
a  la  nature  du  calorique.  Voici  les  concJnsions.  «  L'hypotiiese 
e>;|)osee  i)ar  M.  Gaudin  ii'est  jias  nouvelle,  du  nioins  dans  sa 
partie  essenlielle,  ^avoir :  cpie  lo  calorique  est  le  produit  de 
la  reunion  des  deux  electricites.(  Elle  est  due  a  M.  Bcrzeliiis.) 
i.esraisonneraens  par  lesqncls  il  cherclie  a  prouver  rJdentit.; 
de  ce  compose  et  du  caiorique  ne  noiissembleni  pas  concluans, 
et  rexperience  qu'il  propose  est  inutile,  puisque  le  resuitat  eii 
e:t  coiiDu  d'avance,  el  qu'on  ne  peut  en  tirer  aucune  conse- 
quence positive  ,  ni  pour  ,  ni  cnntre  son  liypotbese.  {  Adopio. ) 
—  M.  PoissoN  lit  son  iupmoire  sur  la  llitorie  du  magnelisuie 
en  mouvement.  • — M.  Civiale  lit  une  note  5ur  les  peifiction- 
liemens  qu'il  a  apporles  a  ses  instruniens  lilhonlripleurs.  (MM. 
Chaussier,  Dumeril  et  Duiiuytren,  commissaires,  } 

—  Du  17.  —  Le  minialre  de  I'inlerieur  fait  parvenir  i;n 
fragment  d'acrolithe  tonibe  recemment  dans  les  environs  d'^ 
(.astres  (  Tarn).  Ce  fragment  sera  reinis  a  une  commissioji 
composie  de  MM.  Vntiquelin  et  Thenard,  et  Son  Excellence 
sera  price  de  procurer  tons  les  renseigneniens  qu'on  pourrait 
avoir  recueillis  au  sujet  de  cet  aerolitlie. —  M.  Amussat  declare 
l)ar  une  Ifttre,  ({ue  I'inslrument  presente  par  M.  Civicde  dan;. 
!a  derniere  ieance,  a  ete  construit  sur  le  meme  principe  que 
ceiui  dont  lui-meme  avait  donne  connaissance  a  plusieiirs  j)i  r- 
sonnes,  el  qu'i!  a  monlrc  notamment  a  !\1M.  Portal,  tlhauisier 
1 1  Mat;endie.  (Renvoye  a  la  commission  nonnnee  pour  le  me- 
moire  de  M.  Civiale.  )  —  M.  Chriitophe  dc  Suint-Jorre  de- 
jiiande  la  comnioricalion  des  doeiimcns  qui  auraienl  etc  cou- 
serves  dans  lej.  ardnves  ,  concernant  la  teinlnre  ecarlatc,  diio 


PAULS.  :>>-> 

julienne.  Ce  procede  a  etu  lobjet  d'ua  inlvilcge  accor.lj  ;)arh; 
roi  a  M.  Julikn  ,  inort  en  1763.  M.  de  Saint-Jorre,  son  ijarent, 
est  charge  de  rediger  nne  notice  hislorique  oil  il  desire  f'aiie 
mention  de  ces  documens,  s'ils  existent.  La  leltie  de  M.  dc 
Saiiit-.Iorre  sera  remise  an  secretariat,  el  il  sera  (ait  des  recher- 
ches  dans  les  archives.  —  M.  Mj-.irieux  rappelle  qu'a  la  seance 
du  27  fevrier,  en  presentant  de  nouveaux  inslrnmens,  il  a  an- 
noiice  diverses  modificalions  (lu'il  a  failcs  au  lilhoiiirip(eur, 
et  qn'il  a  fait  de|)uis  des  experiences  a  rHotel-Dieu,  en  pre- 
sence d'un  grand  nombre  de  personnes.  II  declare  que  i'instni- 
incnt  prcsente  rccemment  ])ar  M.  '  Ci\'iale  est  fonde  sur  le 
ineme  principe  et  est  le  nienie  instrument  que  le  sien.(Ren- 
voye  a  la  commission  nommee  pour  examiner  ies  travaux  tit^ 
iM.  iliviale.  )  —  M.Lavocat,  ancien  chef  de  bataiiion  du  genie, 
reitere  la  demande  qu'il  a  faite  de  divers  eclaircissemens  sni- 
I'emploi  des  roues  a  tympan.  (  M.  Navier,  con;missaire.  )  — 
M.  CoLLAUi)  deMautigny  depose  uii  paquetcachele. — M.  Ma- 
^endle  presente,  au  nom  de  M.  Amussat,  une  nouvelle  sonde , 
dite  ucoustique ,  qui  sert  a  reconnailre  par  I'effet  du  son  ia 
presence  des  ralculs  dans  la  vessie.(MM  Eoyer  et  Blagendif, 
commissaires. )  —  M.  de  Humboldt  communique  la  decouveiie 
faite  par  M.  Boussingault  du  veritable  giseinent  da  plaline. 
Ce  metal  n'avait  etc  troiive  jnsqu'ici  que  dans  des  terrainj 
d'alliivions  au  Choco ,  au  Bresil  el  a  I'Oiiral.  M.  Boussingauk 
a  decouvert  des  grains  arrondis  de  platine  melcs  a  des  grains 
arrondis  d'or  nalif ,  dans  la  gangue  des  filons  de  la  province 
d'Anlioquia.  Ces  iilons  traversent  une  formation  de  grunslein  , 
diorite,  et  syenite.  — JM.  Dupi.tit  Thouars  lit  la  premien; 
partie  d'un  memoire  intitule  :  Recherches  sur  les  parlies  qu'on 
doit  noinmer  organes  dans  les  vrffetaiia:.  —  M.  Prony  annonce. 
(lue  M.  dc  Grandpre  retire  son  nicmoire  sur  la  sonde  marine. 
En  consequence,  il  ne  sera  donne  aucune  suite  au  rapport 
propose  dans  la  derniere  seance.  MM. — Pra/ijet  Navif/font  vn 
rapport  surle  plan  d'un  moulin  a  air  presente  par  M.  Huygens 
DE  Beaitfond,  propriefaire  a  la  Martinique.  II  en  resulte  que 
cette  machine  ne  pent  etre  approuveepar  I'Academie.  (Adopte) 
—  M.  Paravey  lit  un  mcmoire  snr  I'origine  commune  des  chif- 
frcs  et  des  lettres  dont  les  differens  peuples  ont  fait  usage. 
(  MM.  Latreille  et  Ampere,  commissaires.  ) 

—  Du  24. — M.  Thlnard  rend  un  comple  verbal  de  roii- 
vrage  de  M.  Alibert  snr  les  eanx  minerales.  —  M.  Tiinoleon 
Taili.i.fer,  medecin,  adres'ie  un  memoire  snr  une  nouveilc 
meilioflc  pour  trailer  la  listnle  iacrymale.  (MM.  Boyer  et  Ma- 
jfendie,    commissaires.  _) — 'MM.  Girard,    Jrago  ,   Diilong   e^ 


556  FRANCF. 

Dupin  ionl  iin  rnppart  sur  la  proposition  faite  j)ar  M.  Prony  , 
el  londanle  a  faiic  adniellrc  deux  iioTivellcs  miifes  de  mesure. 
La  discussion  dii  rapport  est  renvoyte  a  Tune  des  seances  sui- 
vantes.  —  M.  Raymond,  horioger,  lit  un  inv5moire  intitule: 
Exposition  et  developpcment  d'un  nouveau  xjsterne  de  ha/an - 
ciersans  compensation  ,  applicable  nua:  horloges  ,  et  plus  pro- 
pre  a.  inssurer  le  terns  avec  iinijonnite.  (  MM.  Molard  et 
Malhicn,  conmiissaires. )  —  M.  Morf.au  de  Jonnes  lit  deux 
notes  :  i"^  Apereus  stalisticjnes  sur  I'etendue  et  la  valeur  du 
ooinnierce  de  colon,  de  l;i  fabrication  des  tissiis  de  ceKe  ina- 
tiere  et  de  Icur  consoinniaiion  aelueile  dans  les  piincipales 
contrees  de  I'Europe ;  2°  Tremblcment  de  terre  a  la  Martinique , 
dans  la  nuil  du  i*'''au  2  niai  dernier. 

—  Dii'ii.  —  M.  Saint- Andre,  professeur  de  therapeuliqne 
ct  de  matiere  medicale  a  I'Ecole  de  medecine  de  Toulouse  , 
adrcsse  ;i  I'Aeademie  un  meinoire  sur  de  nouveaux  produits 
des  analyses  de  plusieurs  quinquinas,  clioisis  ])armi  les  nieil- 
leure."  especes  officinales.  (MM.  Vauquelin  et  Thenard,  com- 
missaires.)  —  M.  Mop.eau  de  Jonnes  communique  divers  de- 
tails sur  I'irruption  recenie  de  ia  fievre  jaune  aux  Antilles,  et 
sur  la  topographie  medicale  des  villes  oil  celle  maladie  s'est 
dcclaree. —  31.  Perrin  adresse  un  memoire  concernant  I'e'm- 
ploi  d'un  nouveau  grapir.  d'abordage.  (  MM.  Rossel  et  Dupin, 
eommissaires. )  —  Le  menie  autcnr  jiresenle  un  manuscrit 
intitule  :  Vocahulnire  sie.<^anographique ,  on  Vartde  communi- 
quer  prompteinent  le  jour  ou  lanuit,a  des  distances  eloignees. 
(MM.  Matliieu  etFresnrl,  eommissaires.) — M.  Aeago  presente 
les  resultats  d'observalionn  ct  de  mesuics  barometriques  faitcs 
a  la  Chappelle,  par  M.  BREAT3Ti. ,  de  1819  a  1823.  Ces  notes, 
au  sujct  desquelles  M.  Arago  donne  divers  eclaircisseinens , 
contiennent  le  tableau  des  variations  diurnes  du  barometrc  ; 
eiles  indiquent  des  differences  remarquables,  a  raison  de  la 
diversite  des  hauteuis  et  des  situations.  Plusieurs  resullats  de 
ce  travail  de  M.  Breaute  concerne  !a  difference  de  niveau  enire 
Paris  et  la  mer;  les  meines  riotes  indicjuent  la  temperature 
moyenne  des  deux  principales  sources  qui  sortent  d'unc  cote 
elevee  sur  les  bord  de  la  valiee  d'Arques. —  MBI.  Jingo, 
Dulonget  Girard ,  rajjporlciirs ,  font  un  rapjiort  sur  le  me- 
moire de  M.  IFilliam  Rawson,  relatif  au  procede  dc  M.  Per- 
kins, ].our  former  dc  la  vapcur  d'eau  a  un  liant  degre  de 
tension,  et  jjoiw  a])])li(|ner  cette  vapeur  au  mouveinent  des 
machines.  «  II  aurait  ete  a  desirer,  dit  le  rapporteur,  fpic 
rautcur  ci\\  appnye  toutcs  ses  assertions  sur  des  experiences 


PARiS.  557 

aulhcnllques.  Les  seulcs  qu'il  produit  sont  celies  qui  ont  ete 
f'aifes  sur  le  fusil  a  vapcur  de  Perkins,  en  presense  dii  due  de 
Wellinf;ton  ct  d'un  coniilc  compose  d'ofiiciers  d'artillerie  et 
du  genie.  II  resulte  d'une  de  ses  experiences  qu'iine  balle  de 
plornb,  l.'incee  de  33  metres  de  distanee  par  un  fusil  ii  v.ipeur, 
perca  1 1  |)lanclies  de  hois  de  sapiii  tres-dur,  d'un  pouce  d'e- 
paisseur,  et  separees  d'un  ]>once  les  unes  des  amies.  M.  Raw- 
son  annonce  Tintention  de  inettre  incessamment  sous  les  yeux 
de  vos  couimissaires  un  appareil  semblable  a  celui  que  nous 
avons  decrit.  Jnsques-la,  vos  commissairesne  peuvent  (pj 'ex- 
primer  le  desir  de  voir  bienlot  les  nouvelles  experiences  dont 
la  machine  de  Perkins ,  introduite  en  France  ,  ne  peut  manquer 
de  devenir  I'objet,  eclaircir  I'importante  Iheorie  des  machines 
a  vapeur.  »  —  MM.  Tes.sier  et  Bosc  font  un  rapport  sur  un 
raemoire  de  M.  Housset  ,  de  Bordeaux  :  Observations  sur  le 
miel  cominun.  11  en  resulte  que  le  niemoire  de  M.  Housset 
oflre  de  bonnes  vues  ,  mais  nul  fait  nouveau,  nul  raisonne- 
nient  complet.  L' Academic  se  borne  a  le  remercier. — M.  Bosc 
fait  un  rapport  verbal  au  sujet  d'une  des  dernieros  iivraisons 
du  Iraite  des  arbres  fruitiers  de  Duhamel ,  imbiiees  par 
MM.  TuRpiN  et  PoiTEAU.  —  M.  Savary  lit  un  menioire  sur  les 
phenomenes  d'aimantation  produits  par  lescourans  eleclriques. 
(  MM.  Arago  ,  Ampere  et  Dulong,  commissaires.) 

A.   MiCHELOT. 

—  Academic  des  Inscriptions  et  Belles  -  Le  tires. —  Seance 
publique  du  vendredi  28  juillet  1826,  prcsidee  par  M.  Abel 
RiiMUSAT.  —  Ordre  des  lectures.  —  i"  Annonce  des  sujets 
de  prix  proposes  au  concours  pour  les  annees  1827  et  1828; 
2"  jugeiuent  des  memolres  envoyes  aux  deux  concours  ou- 
verts  pour  cette  annee,  et  proclamation  des  prix.  —  Le  sujet 
d'un  de  ces  prix,  remis  I'annee  derniere  au  concours,- et 
renvoye  a  celle-ci,  etait  «r/e  comparer  les  doctrines  des  di- 
verses  secies  Gnostiques  eldes  Ophites,  en  s'attachant  speciale- 
mcnt  h  leurs  caracteres  essentiels  ;  de  rechercher  les  origines 
de  ces  secies,  et  d'en  determiner,  autant  qu'on  le  pourrait , 
la  succession  ;  d' examiner  qu'elle  influence  elles  ont  pu  exercer 
sur  les  autres  sectcs  contemporaines ,  soit  religieuses ,  soil  phi- 
losophiques. 

Le  prix,  consistant  en  une  medaille  d'or  de  la  valeur  de 
quinze  cents  francs,  a  etc  adjugeau  memoire  enregistre  sons 
le  n"  3  ,  et  dont  I'auleur,  M.  Matter,  professeur  d'liistoire 
ecclesiastique  a  TAcademie  de  Strasbourg,  a  remporl^ ,  en 
1818,  le  prix  dont  le  sujet  etait  VHistoire  de  I'ecole  d'Alcxan- 


5  J  8  FRA^NCE. 

(/i-/c  f  rfrpiiii-  .scs  cotnmenf.cinens  juxquaux  premieres  nnnt'-eA 
flu  troiiienie  xi'ecle  tie  I'erc  rhretienne. 

Le  siijel  d'lin  autre  jirix  elait.  <le  rcchercher  quels  sont  en 
I'rnncr  ,  /I's prnri/ires  ,  viilrs ,  tcrres  et  chateaux  dont  Pliilippe- 
Jiigitste  (I  Jail  I'acqitisition  ,  et  comment  it  les  a  acquis,  soil 
par  voie  e/e  conqiiete  ,  soil  par  achat  ou  i'chart^e  ;  de  deter- 
miner, entre  ces  domaines  ,  quels  sont  ceux  dont  ila  dispose 
par  donation  ,  par  vente  ou  par  echa/ige  ,  et  ceux  qu'il  a  re- 
tenus  entre  ses  mains  et  renin's-  d  la  couronne. 

Le  prix  ,  consislant  en  ime  inoHailic  d'or  dc  la  \alcur  de 
qtjinze  cents  franrs  ,  a  ele  adjuj'e  au  inemoire  enrfjjisire  sous 
le  n"  a ,  et  dont  I'auteiir  est  M.  Cai'efiguk,  de  Marseille  , 
one  l'Aca(k^mie  coinonne  cetle  annce  pour  Fa  tro-sienic  fois. 

L'acadomie  renonvelle  rannnncc  qu'clle  fit,  I'annee  der- 
Tiiere,  du  siijet  de  ])rix  qu'clle  adjiigcra  dansla  seance  ])ublique 
(111  inois  do  juillet  1827.  Le  siijei  consiste  a  rechercher  quel  Jut 
I'etat  politique  des  cites  grecques  de  V Europe  ,  des  ilcs  et  de 
t  Asie  mineure,  depuis  le  cominenceinent  du  deuxieme  siecle 
avant  notre  ere ,  j'usqua  I'etahlisscment  de  f  empire  de  Cons- 
tantinople. 

Les  conciurons  devroiit  recnelllir  dans  les  ('crivainset  dans 
Irs  inonuincns  de  tout  genre,  tons  les  faits  ])roj)ies  a  faire 
connailie  soit  I'adininistration  inlerieure  de  ces  cites,  soil  leiirs 
lappnrls  entre  elies  et  avec  I'Empire. —  Le  prix  sera  une  mc- 
daille  d'or  de  la  valeur  de  (]uinze  cents  francs. 

Les  onvraj^es  envoyrs  au  concours  devront  eire  ecrils  en 
francais  on  en  latin  ,  et  ne  seront  rccus  que  jusqu'au  i^''  avril 
1827. 

L' Academic  projiose  ponr  snjet  d'un  aiilrc  prix,  qu'elle  ad- 
jiigera  dans  sa  seance  pnblique  du  mois  dc  juillet  i8a8  : 
Tracer  le  tableau  des  relations  cornmerciales  de  la  France  et 
et  des  divers  etats  de  V Europe  meridionale  ai'cc  la  Syrie 
et  ri^gypte,  depuis  la  decadence  de  la  puissance  des  Francs 
dons  la  Palestine ,  jusqu'au  milieu  du  scizicme  siecle  ;  deter- 
miner la  nature  et  ff'tendue  de  ces  relations  ;  fixer  la  date  de 
Cetahlissrment  des  consulats  en  Egyj'te  et  en  Syrie  ;  indiquer 
les  ejj'ets  que  produisirent  sur  le  commerce  de  la  France  el  dc 
r Europe  meridionale  avec  le  Levant ,  la  decouverte  du  passage 
par  le  cap  de  Bonne-Espcrance  ,  et  I'etablisscrnent  des  Por- 
tugais  dans  I'Jnde. — Le  prix  sera  unc  mcdaille  d'or  de  qninze 
cents  francs.  Les  ou\rages  envoycs  au  concours  devtont  etre 
ecrits  en  francais  ou  en  latin,  et  ne  seront  reciis  (jue  jusqu'au 
r'  avril  iSaS. 


PARIS.  5JC)r 

On  a  entendu  la  lecture  d'une  Notice  hUluritjuc  sur  la  vie 
I't  les  Otwroi^cs  de  M.  Barbie  du  Bocagc,  pnr  M.  Dacieh  ,  s(»- 
crclaire  perpetucl;  puis,  d'observations,  par  M.  Hase,  S'lr 
(les  aniiqiiitL'S  natioiiales  ot  dcs  inscrijitions  romairips  decou- 
verlcs  depuis  peu  dans  qiieiques  deparieinons  de  lii  France; 

—  d'uii  [Vlenioire  sur  la  restitution  du  tomijenu  de  Porseniia  . 
(i'ajires  la  debcription  de  Varrori,  par  I\I.  Quathkbif.ut-.  n;. 
Quincy;  —  eiifui ,  d'un  Memoire  tics-inieiesiant  dc  M.  Dl- 
KEAii  nii  LA  Malle  sur  les  produitsde  I'llalie  sous  la  duiaiiia- 
tion  romaine.  —  Le  tems  n'a  point  jiermis  d'enteudre  la  lec- 
ture d'un  Memoire  sur  !e  ]iort  Caipe,  par  M.  Gail.  B. 

Prix  proposes  </«.r  autt'ius  dcs  meilleurs  oui'iagcs  sur  diverses 
questions  d'litilite publiqnc.  — A  deux  reprises,  la  Ra-ue Ency- 
clopedique  avai;  propose  des  questions  d'lnteret  juiblic  et  as- 
sigiie  des  prix  pour  les  uienioire-i  dans  lesqneis  ccs  questions 
auraient  et(i  Iraitees  de  la  niauicre  la  plus  saiisfaisaute  et  la 
])ius  complete.  (Voy.  Rew  Enc,  I.  v,  p.  401  ,  el  t.  xix,  ]).  247). 

—  Le  meme  service  est  rendu  aujourd'liui  aux  sciences  mo- 
rales et  politiques  et  a  la  societc  par  plnsieurs  de  nos  citoyens 
les  plus  recominandables  qui  ontouvert  un  concours  annonce 
a  la  suite  du  jjrospectiis  de  V Enryciopedie  jjrogressii'e.  — 
M.  Teunalix  se  ])ro])(>se  de  faire  les  f'onds  A'nn pri.r  de  'i,oooJ'r. 
qui  sera  dccernc,  par  une  cominissiori  comjiosee  de  p.iirs  de 
I'rance,  de  deputes  ,  de  magistrals  ,  de  mauui'aclurlers  ,  a  lau- 
teur  du  uiellleur  memoire  sur  la  question  siii\anle:<(  Quels 
sont,  en  France  ,  les  obstacles  qui  s'opposen!  a  une  bonne 
legislation  sur  les  patentes  et  les  hrei'ets  d invention  pour  les 
decouvertes  industrielles  ?  Quels  sonl  les  meilleiirs  nioyens  a 
prendre  pour  ueulraliser  ou  faire  dispaiaiire  ces  obit.icle.s? 
Quelles  sonl  enfin  les  iiieiilefsrs  dispositions  a  etablir  pour 
former  surcetle  parlie  le  projet  de  l''gisiafion  lo  plus  complet 
•  l  le  plus  en  harnionie  avec  les  besoins  el  Icj  progrci  de  I'iti- 
dustrie  ?  » 

M.  Casirnir  Pep.ier  propose  nu  prix  de  3, 000  francs  (lui 
sera  aussi  decerne,  comme  tous  les  aulres  prix  du  meme  genre 
[)3r  une  commission  comjiosee  de  j:iges  com])et<'ns,  a  I'auteur 
<lu  meillcur  memoire  tjui  remplira  louies  les  conditions  du 
iirogramme  suivant  :  «  Quels  sont  eu  France  les  vices  et  ie> 
laciines  des  dispositions  legislatives  et  administraiives  concer- 
nnnt  le  pret  hjpothecaire  ?  Quels  sont  les  obstacles  qui  s'opjjo- 
sent  a  la  direction  des  capitaux  vers  cetle  nature  d'emploi  ? 
Quelles  seraieiit  les  ineilleurcs  dispositions  a  etablir  j^our  for- 
mer sur  cette  partle  le  projet  do  legislalion  le  plus  compkt  et 


5()0  I'RANCE. 

leplus  en  harmonic  avcc  Jes  bcsoins  du  (isc,  cetjx  dcs  eniprun- 
teur&,  et  !es  garanties  qu'ont  droit  d'cxiger  les  pieleurs  ?  >-  Les 
conciirrens  devront  surtout  examiner  les  questions  du  libre 
taux  de  I'interet,  de  la  transmission  des  contrats,  de  la  vente 
a  iiimerc,  de  I'expropriation  forcee,  etc.  » 

Vn  prix  de  2,000/rafics  sera  donnc  par  un  ANONYMEa  I'an- 
teur  qui  jeinplira  le  mieux  les  condirions  du  programme 
suivant  :  «  Determiner  parmi  les  modes  de  corislruction  des 
chemins  vicinaux ,  en  usage  dans  les  divers  I)ays  ,  quel  est 
celui  qui  presenle  le  phis  d'avanlages,  quant  a  I'eeonomie, 
a  ]a  promptitude,  a  la  facilito  de  construction  et  a  la  du- 
ree  ,  en  tenant  compie  du  clioix  possible  des  maleriaux  , 
suivant  la  nature  du  terrain  et  des  localites  en  France  ?  — Quel 
serait  le  meillear  mode  de  proc^der  pour  determiner  (juels  sent 
les  chemins  necessaires,  etreglerles  confliis  qui  pourraients'c- 
lever  sur  le  trace  et  la  direction  de  ccj  chemins?  Quelle  serait 
enfin  la  marche  a  suivre  ])Our  la  perception ,  ladministration 
et  I'cmploi  des  fonds  necessaires  a  ia  construction  et  a  I'entre- 
lien  des  chemins  vicinaux  ,  soit  que  cliaque  commune  aitseule 
a  supporter  les  depenses  de  ses  chemins  ,  soit  f|ue  les  frais  soient 
repartis  entre  les  interesses,  parliculicrs,  communes  et  depar- 
temens  ou  gouvernement ,  de  nuinicre  a  economiser  les  de- 
penses etles  retards  qu'entraine  toujours  une  comptabilile  trop 
compliqxiee  ?  «  —  Les  concurrens  devront  examiner  quelle  se- 
rait surtout  la  contribution  la  jilus  avantagcnse,  et  si  la  ])X"esta- 
tion  en  nature  ne  doit  pas  toujours  (}tre  le  rachat  volontaire  de 
la  prestation  en  argent. 

MM.  P.  mettent  au  concouis  le  sujel  suivant :  «  Les  diverses 
tenlatives  f'ailes  pour  comprimer  le  gaz  et  le  rendre  propre  a 
alimenler  les  larapcsporlatives,  ayant  eteinfniclueusesjusqu'a 
ce  moment;  d'autre  part,  les  lampes  dites  a  la  Carcel,  etant 
d'un  prix  troj)  cievejjour  elre  a  la  portee  des  fortunes  un  pen 
restreintes,  xinprix  de  2,000  francs  sera  donne  au  inodele  de 
lampes  qui,  pour  le  tems  le  plus  long  etavec  la  raoindre  quan- 
tite  d'huile,  produira  une  masse  de  lumiere  egale  a  cede  que 
donnent  les  lampes  dites  a  la  Carcel.  —  Le  modele  de  lampe 
presente  devra  etre  d'un  entrelienassez,  faciie'et  })resenter  assez 
d'economic  dans  les  prix  et  dans  I'usage  pour  convenir  au  plus 
])lus  grand  nombre  possible  deconsommateurs.  Les  concurrens 
devront  s'atlacher  a  cviter  lapromjJte  carbonisation  de  la  nie- 
che ,  et  a  rechercher  quelle  autre  substance  pourrait  etre  avAn- 
lageusement  substituee  au  coton ,  ou  quel  nouveau  procede  de 
fabrication  des  meches  pourrait  retarder  leplus  possible  cette 
carbonisation."  Les  concurrens  sontprevcnus  qu'a  meiite  egal, 


PARIS.  56 1 

le  modcle  qui  sera  dii  prix  le  plus  modifjue,  obtiendra  la  pre- 
ference. 

M.  G.  propose  nn prix  de  "i^ooofrancs  a  I'auteur  dumeilleur 
mcraoiresur  la  question  suivante  :  «  Quelserait  pour  la  France 
le  systeme  de  douanes  leplus  convenable  a  I'etat  du  commerce  , 
de  I' Industrie  et  de  I'ac^riculture  ;  et  la  meilleure  classiflcation  du 
tarif  pour  rendre  la  perception  des  droits  plus  facile  au  fisc  et 
nioins  onereuse  au  commerce?  —  Quelle  serait  la  marche  a 
suivre  pourarriver,  sans  secousse ,  au  systeme  indique  sans 
compi-otnetlre  I'e.xislence  des  etablissemens  crees  sur  la  foi  des 
reglemensactuels?  » — Lesconcurrens  devront  examiner  «quels 
sent  les  avantages  et  les  inconveniens  du  systeme  de  Braw- 
Bak,  et  des  primes  accordees  a  I'exportation  de  certains  pro- 
duits.  Si,  dans  I'elat  actuel,  les  droits  de  douane  doivent  etre 
seulement  nn  moyen  d'equilibre  et  une  prime  d'encouragement 
pour  certains  produits,  on  continuer  a  etre  en  meme  terns  I'une 
des  branches  les  plus importantes  des  revenusde  i'etat.  Enfin,  si 
le  principe  de  liberte  absoluedn  commerce,  proclarae  par  quel- 
ques  economistes ,  peut  etre  admissible ,  et  a  quelles  conditions 
politiques  et  fiscales ,  et  si  dans  ce  cas  I'abolition  ou  la  diminu- 
tion des  droits  sur  tous  ou  sur  certains  produits  pourrait  etre 
compensee  par  raccroissemeut  de  recette  ,  ou  par  la  creation 
d'autres  ressources  de  revenu  pour  le  tresor  publico 

\Jn prix  de  ^,000 Jrancs  sera  donne  par  un  anonyme  a  I'au- 
teur du  memoire  qui  expliqnera  le  raieuK  «  quelles  sont  le.s 
causes  de  la  crise  que  vient  d'eprouver  le  commerce ,  et  qui  s'est 
etendue  a  toutes  les  classes  de  la  societe  dans  les  divers  pays  ?» 
Quels  peuvent  etre  ses  rapports  generaux  avec  les  crises  qui 
ont  eu  lieu  a  d'autres  epoques  ?  —  «  Quels  seraient  enfin  les 
moyens  a  prendre  pour  en  neutraliser  les  effets  et  en  eviter  le 
retour?» 

Les  memoires ,  sans  nom  d'anteur ,  mais  avec  une  epigraphe, 
et  accompagnes  chacun  d'un  paquet  cacbete  dans  lequel  cette 
epigraphe  sera  reproduite  avec  le  nom  de  I'auteur,  seront  re- 
cus  jusqu'au  3o  juin  1827,  au  bureau  de  I'Encyclopedie  pro- 
gressive, rue  Chantereine  ,  n"  10. 

Emprunt  d' Haiti,  {voy.  ci-dessus,  pag.  523.)  —  (Paris, 
3 1  aodt) — Le  gouvernement  d'Haiti  vient  d'envoyer  en  France, 
par  la  Corvette  VHebe,  un  million  de  piastres,  ou  environ  cinq 
millions  de  francs.  Cette  circonstance  reporte  naturellement 
Vattention  sur  une  republique  si  interessante  depuis  plusieurs 
annees,  et  par  I'application  constante  de  ses  chefs,  le  concours 
d^voue  de  ses  citoyens  pour  etablir,  dans  toute  I'etendue  de 
T.  XXXI.  —  y^Ott^  1826.  36 


4(b  FRANCE. 

I'ile,  I'ordre  social ,  la  ri^gularite  administrative  ,  I'unit^  poli- 
tique, la  civilisation,  ct  par  le  resiillat  memo  qui,  I'annee  der- 
niere,  a  couronne  ses  efforts  gcncreux  et  unanimes,  en  lui 
donnanl  pour  prix  une  existence  politique  enire  les  nations, 
unc  ere  iiouvelle  d'iiidependancc,  un  brillant  avenirde  pros- 
perite. 

De  tous  cotes,  depuis  un  an.  Ton  entend  re])eter  cette 
question:  Les  Haitiens  paieront-ils  Ics  i5o, 000,000  dont  ils 
ont  contracte  I'obligation?  Le  terns  et  I'espace  nous  manquent 
nujourd'hui  pour  Iraiter  a  fond  ce  sujet,  et  pour  developper  quels 
trtjsors  cette  jeune  republiq'ue  pent  puiser  dans  son  epargne; 
quels  produits  clle  retire  de  ses  impots  ct  de  ses  douanes ;  qucHcs 
ressources  nouvelles  son  gouvernement  vient  de  creer,  en  fai- 
sant  commencer  I'exploitation  des  riches  mines  du  Cibao  ,  en 
appelant  ses  citoyens  a  concourir,  soit  par  des  dons  volontaires, 
soit  par  une  contribution  legale,  a  rallcgcment  des  charges  de 
la  patrie.  Nous  nous  contenterons  de  faire  observer  que  les  fonds 
qui  arrivent  sont  tires  du  sein  mcme  de  I'Etat,  et  que,  si  la 
somme  n'est  pas  assez  considerable  pour  etablir  evidemment  les 
moyens  de  payer,  du  moins  le  fait  seul  de  cet  envoi  prouve 
d'une  maniere  incontestable  la  bonne  foi  et  le  desir  de  s'ac- 
quitter. 

Ce  point  reconnu ,  on  ne  doit  point  perdre  de  vue  cepen- 
danl  que  le  gouvernement  Haitien  n'a  jamais  eu  I'intenlion 
d'extraire  du  pays,  en  cinq  ans,  la  somme  excessive  de  cent 
cinquante  millions,  et  qu'il  a  annonce,  des  le  princupe ,  sur 
I'invitation  et  avec  le  concours  du  gouvernement  francais,  la 
volonte  de  trouver  dans  un  emprunt  la  faculte  de  repartir  cetle 
enorme  obligation  sur  un  espace  de  tems  plus  etendu,  Et  en 
effet ,  si  les  puissances  les  j)lus  policees  et  les  plus  riches  font 
face  a  leurs  depenses  ex'.raordinaires  avec  le  secours  des  em- 
prunts,  c'est  un  devoir  plus  rigoureux  encore  d'y  avoir  recours 
pour  un  (5tal  qui  ne  fait  que  de  naitre  et  qui  a  besoin  de  toutes 
ses  ressources  pour  tirer  parti  de  sa  position  nouvelle.  Mais, 
d'un autre  cute,  la  crisefinanciereet  coramercialeouse  trouvent 
I'Europe ,  et  surtout  I'Angleterre  et  la  France ,  doivent  faire 
craindre  de  grands  obstacles  a  la  realisation  actuellc  d'un  em- 
prunt. Quelles  que  soient  les  garanties  offertes,  le  moment 
n'est  pas  favorable  pour  invoqucr  le  credit.  Les  horames 
eclnires  de  toutes  les  opinions  penseront  qu'il  est  de  I'interet, 
comme  de  la  dignie  de  la  France,  de  seconder  les  efforts  de  sa 
nouvelle  alliee,  dans  I'etat  de  malaise  general  qui  paralyse  le 
commerce  et  les  finances.  La  main  blanche  ne  se  sera  point 
jointe  a  la  main  de  couleur,  pour  chercher  k  I'entrainer  dans  un 


PARIS.  56?i 

abyme,  inais  pour  lui  donner  un  appui ,  comme  elle  lui  offre 
un  gage  de  bonne-foi  et  d'union.  B*. 

Reclamation. — L'cdlteur  du  Journal  des  sciences  miliiaires; 
journal  que  nous  avons  annonc^  avec  eloge,  comme  devant 
interesser  une  classe  nombreuse  de  lecteurs  (voy.  Rev.  Enc. 
1.  xxxx,  p.  220) ,  et  dont  nous  continuerons  afaire  quelquefois 
mention ,  se  plaint  que,  dans  un  article  sur  un  nouveau  recueil 
elabli  en  concurrence  du  sien,  noire  Revue  ait  laisse  ^chapper 
une  assertion  inexacte,  en  signalant  son  journal ,  sans  le  nom- 
mer,  comme  portant  sur  son  litre  les  noms  de  redacteurs  qui 
n'y  travalllent  point.  II  prouve,  par  une  Jongue  liste  de  ses 
collaborateurs  et  des  articles  qu'ils  lui  ont  fournis  et  qui  ont 
ete  publics ,  qu'en  effet  un  assez  grand  nombre  d'hommes  tres- 
honorables ,  dont  quelques-uns  sont  associes  aux  travaux  de 
la  Revue  Encyclopedique,  ont  pris  part  a  la  redaction  de  son 
journal.  Nous  retablissons  volontiers  la  \erite,  qui  s'est  trouvee 
alteree,  en  ce  qu'on  avait  trop  positivement  affirme  d'une  ma- 
niere  absolue  ce  qui  aurait  du  n'etre  dit  qu'avec  restriction. 


Theatres. — Odeon. — I"  representation  de  VAclrice  ou  les 
deux  portraits,  comcdie  en  un  acte  ct  en  vers,  par  MM.  Auer  et 
FoNTAN.  ( Samedi  29  juillet. )  —  Ernest,  jeune  peintre  distin- 
gue, fait  le  portrait  de  la  belle  Sophie,  qu'il  aime  avec  passion; 
un  doux  espoir  anime  son  talent ;  c'est  peut-etre  pour  lui-meme 
qu'il  travaille.  Cependant ,  un  rival  I'inquiete.  Lord  Dalton  a 
vu Sophie  au  theatre;  epris  de  ses  graces,  il  lui  fait  une  cour 
assidue ,  et  lui  aussi  se  flatte  que  le  portrait  lui  est  destine.  Son 
impertinente  confiance  desole  Ernest,  bien  plus  timide,  parcc 
qu'il  est  bien  plus  amoureux.  Le  gout  de  cet  autre  Lovelace 
pour  Sophie  n'est  en  effet  qu'un  caprice;  il  cherche  aupres 
d'elle quelque  distraction  a  des  querelles de  menage;  il  a  quitte 
Londres  et  sa  feinme ,  dans  un  moment  d'humeur.  Mais  une 
femme  delaissee  court  toujours  apres  son  mari;  c'est  la  regie 
au  theatre.  La  belle  lady  arrive  done,  elle  se  presente  chcz 
Ernest,  sous  prctexte  de  se  faire  peindre,  raais  en  effet  pour 
y  rencontrer  Sophie;  elle  recoil  de  la  jeune  actrice  des  conso- 
lations el  de  bons  conseils;  et  quand  son  volage  epoux  arrive, 
persuade  que  Sophie  va  combler  ses  voeux  en  lui  donnant  le 
portrait  apres  lequel  il  soupire ,  c'est  celui  de  lady  Dalton  qui 
lui  est  offert.  Cette  epouse  outragee  parait,  elle  acheve  la 
lecon  par  ses  reproches,  et  la  piece  finit  par  I'union  des  deux 
amans  et  par  la  reconciliation  des  deux  epoux.  Cette  csquisse 
legere  est  dessinee  avec  esprit;  de  jolies  scenes,  un  dialogue 


564  FRANCE. 

])iquant,  en  ont  assur6  le  siicces,  et  annoncent  chez  les  au- 
teurs  un  talent  iligne  d'oser  autre  chose.  Un  tableau  de 
moeurs  franchement  touclie  est  pr<5ferable  au  roinan  le  plus 
iiigenieux. 

—  Premiere  representation  du  Millionnaire  ,  com<^'die  en 
trois  actes  et  en  prose,  par  MM.  Martin  et  Mauie.(  Jeudi  !^ 
aout.  )  —  On  a  montre  bien  souvent  au  theatre  des  lioinines 
que  Ton  crolt  pauvres  ,  et  dont  la  richesse,  aussilut  qu'elle  est 
seulernentsoupconnee,  eveille  autour  d'eux  la  cu])idite,  ettous 
les  sentimens  les  plus  personnels  qui  se  cachent  dans  le  coeur 
humnin.  Ces  sorles  de  sujets  sont  feconiis  en  peripelies,  et 
ejj  situations  coniiques  ;  mais  la  donnee  est  un  peu  usee. 
Pour  la  rajeunir,  les  auteurs  dvi  Millionnaire  I'onJ  retoiirnee; 
ils  nous  ont  presente  un  hoinmearrivant  d'Ameriqne  plus  paii- 
vre  qu'il  n'y  etait  alle,  niais  auquel  on  suppose  de  grandes 
richesses ;  tous  ces  millions  dont  on  le  croit  possesseur ,  et 
qui  ne  sont  que  dans  la  tete  de  ses  parens  ,  lui  valent  les  atten- 
tions les  plus  empressees,  des  restitutions  sur  lesqnelles  il  ne 
comptait  }j;uere,  et  nieme  de  riches  cadeaux  qu'il  emploie  a 
doter  un  jeune  homme  aime  de  sa  niece,  mais  qu'on  ne  voulait 
pas  lui  laisser  epouser,  parce  qu'il  n'ctait  pas  assez  riche. 

Cette  conception  ressenible  beaucoup  a  celle  donj  elle  est  la 
contre-partie ,  et  les  situations  qu'elle  offre  n'ont  point  paru 
plus  nouvelles;  malheureusement,  le  dialogue  n'est  pas  assez 
piquant  ])our  faire  oublier  ce  qu'il  y  a  de  comraun  dans  I'inlri- 
gue.  La  piece  n'a  point  amuse  le  parterre;  et,  au  theatre  ,  des 
juges  qui  ne  rient  pas  sontseveres;  le  Millionnaire ,  fort  bien 
recu  par  ses  parens,  n'a  pas  obtenu  du  public  un  accueil  si 
favorable ;il  nefera  probablement  pas  unlongsejour  al'OdeoD, 
dont  11  n'enrichlra  pas  plus  le  caissier  qu'il  n'a  enrichi  sa  fa- 
milie.  M.  a. 

Beaux-arts. — Sculpture. — Lorsqu'en  1821  je  publiai  dans 
ce  recueil  (torn,  xi  p.  29)  une  dissertation  sur  I'es  sculptures  du 
Parthenon  qui  ornent  maintenant  le  Museum  Britannique ,  a 
I'occasion  des  copies  en  plalre  que  le  gouverncment  francais 
avail  fait  venir  de  Londres,  j'exprimai  le  voeu  que  ,  dans  I'in- 
teret  de  I'histoire  et  de  Toiude  de  I'art,  il  fiit  etabli  un  niusee 
special  de  platres  moules  sur  les  plus  belles  productions  de 
la  sculpture,  eparses  dans  les  diverses  collections  de  I'Eu- 
rope.  Ce  vceu  commence  a  se  realiser :  on  vient  de  reunir 
dans  une  salle  du  Louvre,  et  d'exposer  aux  regards  des  artistes 
et  des  connaisseurs,  une  assez  grande  quantite  de  platres  de 
cette  nature. 

Le  colosse  de  Montecavallo  est  I'un  des  morceaux  les  plus 


I 


PARIS.  565 

iinportans  et,  sans  contredit,  le  plus  considerable  de  celle 
collection.  Cette  figure,  d'environ  dix-hnit  pieds  de  li;iut,  est 
une  production  extremement  remarquable  de  I'art  statuaire; 
malheureuseraent,elleest  dansunespacetrop  etroit.  On  trouve, 
en  outre,  dans  celte  saile  ,  les  sculplnres  du  Parthenon  qui  ont 
donne  lieu  a  ma  dissertation  ci-dessus  rappelee,  et  les  bas-re- 
liefs du  meme  temple  represenfant  les  panatlienees,  fetes  insti- 
tueescn  Thonneurde  Minerve.Cfs bas-reliefs  ont  etc  moulcs  sur 
les  marbres  qui  faisaient  partie  de  la  collection  de  M.  de  Choi- 
seul ,  et  que  le  ministcre  de  la  maison  du  Roi  a  fait  acheter.  Les 
figures  du  fronton  du  grand  temple  d'Egine,  d^couvert  depuis 
un  petit  nombre  d'annees,  font  aussi  partie  de  cette  riouvelle 
collection,  ties  dernicres  sculptures  qui  remontent  a  la  plus 
liaute  antiqtiitti,  et  dont  lecaractere  particulier  est  maintenant 
designe  par  le  nom  de  scuplture  eginitique,  merite  d'exciter 
I'attention  des  artistes  et  des  archeologues.  J'ai  regrette  de 
ne  point  tronver  dans  cette  salle  les  figures  de  Kiobe  dont 
le  grand  due  de  Toscane  a  envoye  ,  il  y  a  deja  quelques 
annees,  des  platres  qui  sont  ensevells  a  I'Ecole  des  beaux-arts 
ou  ils  finirontpar  etre  detruits,  comme  ceux  que  Louis  XIV 
avail  fait  venir. 

II  faut  maintenant  accroitre  cetle  collection  le  plus  possible  ; 
inais,  ce  qui  est  surtout  aussi  pressant  qu'indispensable,  c'est 
que  le  colosse  de  Montecavallo  soit  mis  dans  une  salle  assez 
spacieuse  pour  que  i'on  puisse  en  bien  saisir  I'ensemble. 

—  Peinture.  —  Depuis  mon  dernier  article  sur  Y Exposition 
au profit  des  Grecs  {voy.  ci-dessus,  p.  278),  il  a  paru,  a  celte 
exposition,  rnais  seuleraent  pendant  quelques  jours,  un  tableau 
qui  a  vivement  excitti  I'attention  et  meme  la  curiosite  publiques. 
C'est  un  interieur  cV  app  art  erne  nt ,  orne  avec  beaucoup  de  gout, 
dans  lequel  unefemme  est  assise  surun  canape,  tenant  un  iivre 
a  la  main.  Elle  vient  d'interrorapre  sa  lecture  pour  tourner  ses 
yeux  vers  le  portrait  de  M'"^  deStael,  par  M.  Gerard.  En  consi- 
derant  ce  portrait,  sa  physionomie  a  pris  un  caractere  pensif , 
peut-etre  meme  un  peu  melancolique.  Celte  circonstance  parti- 
culiere,  la  beaute  de  la  femme  couch«''e  sur  le  canape  ,  ont  fait 
reconnaitre  une  dame  celebre  en  France,  et  meme  en  Euro})e, 
pour  les  graces  de  son  esprit,  les  charnies  de  sa  personne  et  la 
vive  affection  qui  I'unissait  a  M™'  de  Stael.ill  regne,  dans  cet  ou- 
vragc,  une  delicatesse  de  pinceau  extremement  reraarquable; 
les  accessoires  sont  rendus  avec  beaucoup  de  soin  ;  I'effet  ge- 
neral est  tres-bicn  entendu  et  tres-harmonieux  ;  enfin  ,  il  fait 
honneur  a  M.  Dejuinnf.  ,  qui  a  deja  pris  un  rang  honorable 
dans  notre  ecole  par  des  productions  importantes  ct  justemfn^ 


166  FRANCE. 

rcmarqudes.  On  dit  que  ce  tableau  est  destine  au  prince  Au- 
guste  de  Prussc. 

—  Lithographie. — Les  arts ,  comnie  la  po(5sie ,  vi^ent  d'erao- 
tion ;  quelle  source  plus  feconde  (jue  le  spectacle  de  cette  nation 
h^rok'que  qui  se  debat  contre  ses  feroces  oppresseurs  pour  re- 
co'.ivrrr  jine  liberie  qu'ils  auront  payee,  s'ils  I'obtiennent,  au 
prix  dc  tout  ce  que  les  liommes  ont  de  plus  cher. — La  lutle  des 
Grecs  contre  les  Turcs,  c'est-a-dire,  de  la  civilisation,  de  la 
religion,  de  la  liberie,  contre  la  barbaric,  I'ignorance  et  le 
despotisme,  est  le  drame  le  plus  horrible  et  le  plus  sanglant 
dont  I'humanitc  ait  eu  a  geinir  depuis  plusieurs  siecles. 

M.  Langlois  et  M.  H.  Vernet,  son  mailre,  ont  puise  dans 
les  scenes  que  produit  cette  lalte  deplorable,  les  sujets  de  trois 
tableaux  qui  vont  etre  successivement  reprcduits  par  la  litlio- 
graphie.  Le  premier  de  ces  artistes  a  reprcsenlc  la  mort  de 
Marc  Bolzaris  ,  et  la  prise  de  Missolonghi.  Le  sujet  choisi  par 
M.  H.  Vernet  lui  offre  les  moyens  de  developper  la  variete  et 
I'etendue  de  son  talent :  c'est  I'intrepide  Canaris  incendiant  la 
flotte  turqtte. 

M.  Maurin,  charge  de  lithographier  la  mort  de  Botzaris , 
a  terinine  sa  planche  qui  vient  d'etre  publiee.  Cette  lithographic 
eseculee  avec  beaucoup  de  verve ,  et  ou  Ton  remarque  beau- 
coup  d'habilele,  coute  12  fr.  sur  papier  de  Chine  ,  et  10  fr.  sur 
papier  blanc.  La  prise  de  Missolonghi  paraiira  dans  un  mois  , 
et  I'incendie  de  la  flotte  turque ,  peu  de  terns  apres.  Cette  belle 
suite  ne  peut  manquer  d'avoir  beaucoup  de  succes ;  il  ne  s'agit 
pas  la  des  Atrides ,  ou  des  aventurcs  de  quelque  heros  fabu- 
lens ,  mais  d'evenemens  qui  se  sont  passes  de  nos  jours  et 
dont  Ic  recit  fait  battre  le  cceur  de  tous  ceux  qui  n'ont  pas  re- 
nie  tout  sentiment  gcnereux. 

—  Tous  ceux  qui  se  sont  occupes  de  I'enseignement  sa- 
vent  combien  les  bons  livres  elementaires  sont  rares  :  il 
en  est  de  meme  du  dessin.  Les  maitres  ne  pouvant  faire  des 
modeles  pour  tous  leurs  eleves,  en  font  graver  ;  mais  les  procedes 
de  la  gravure  et  du  dessin  different  esscntieilement;  I'eleve 
se  donne  une  peine  inutile,  contracle  meme  souvent  de  mau- 
vaises  habitudes,  en  voulant  rendre  I'extreme  fini  et  la  regu- 
larite  des  travaux  de  la  gravure.  Ponr  remedier  a  cette  difficulte, 
deux  horames  de  beaucoup  de  talent,  MM.  Dejdinne  et  Cha- 
TiLLON  se  sont  propose  de  donner  une  suite  graduelle  et  com'^ 
plete  de  modeles  qu'ils  ont  empruntcs  a  I'antique,  a  Raphael, 
a  Girodet,  leur  luaitre ,  et  a  d'aulres  grands  artistes.  lis  ont 
employe  la  lithographic,  qui  n'est  elk-merae  qu'un  dessin  im- 
prime,  et,  consequemment ,  le  moyen  le  plus  propre  a  don- 


I 


PARIS.  567 

ner  une  idee  juste  du  dessin.  Voila  un  de  ces  ouvrages  dont 
le  succes  doit  etre  plus  solide  que  brill^nt;  mais  le  merite  en 
sera  appreciede  tous  ceux  qui  se  livrent  a  la  carriere  honora- 
ble et  difficile  de  reduction.  Deux  cahiers  ont  paru  et  coutent 
chacun  3  fr. ;  les  plancbes  se  vendent  isolement.  Paris,  chez 
Engelmann  ,  imprimeur-lilliographe,  editeur.  P.  A. 


Necrologie.  • —  Larauza.  [Jean-Louis).  —  Les  lettres  et 
I'instruclion  publiqiie  ont  fait  une  peite  fort  regrettable 
dans  la  personne  de  M.  Larauza  ,  docteur  es-letlres,  officier  de 
I'universite ,  ex-inailre  de  coiferences  a  I'ecole  normale  ,  bi- 
bliothecaire  de  la  faculle  de  iheologie  de  I'Academie  de  Paris. 
—  M.  Larauza  etail  ne  a  Paris,  le  8  mars  1793.  II  fit  au 
lycee  Napoleon  ,  aujourd'hui  le  college  royal  de  Henri  IV, 
d'excellentes  etudes ,  couronnecs  par  de  brillans  succes.  Son 
nora  ,  qui  retentissait  cliaque  annee  avec  eclat  dans  loutes  les 
solennites  acadcmique3,fut  bientot  inscrit  sur  la  liste  des  elevcs 
de  recole  normale.  Aprcs  y  avoir  acheve  le  cours  d'etudes 
prescrit  par  les  reglemens,  et  avoir  pris  le  grade  de  docteur-es- 
lettres,  11  professa,  pendant  quelques  anniies  ,  la  granimaire, 
les  liumanites ,  et  la  rhetorique  dans  les  colleges  de  Paris  et 
des  departcmens.  Enfin  ,  en  181 5,  son  inerite  qu'avaient  accru 
de  fbngs  et  patiens  travaux,  et  I'experiencc  de  Tenseignenient, 
altira  plus  particulierement  I'attention  des  chefs  de  I'univer- 
sile  ;  il  fut  juge  digne  de  professer  dans  retablissemeut  dont 
il  avait  etc  I'un  des  disciples  les  plus  dislingues  ,  et  fut  nomm^ 
maitre  de  conferences  a  I'ccole  normale.  II  remplit  les  fonc- 
tions  de  cette  nouvelle  ])lace  avec  beaucoup  de  zele  et  de  succes 
jusqu'au  moment  ou  fut  supprimee  sans  motifs  qu'on  osat 
avouer,  aver,  une  sorte  de  legerele  brntale,  cette  ecolc  utile  et 
raodeste  qui  sans  eclat  et  sans  bruit  avait,  dans  I'espace  de 
quelques  annees,  renouvele  noire  instruclion  publique.  M.  La- 
rauza conlribua  puissamment  a  cette  restauration  des  etudes 
par  scs  excellentes  lecons.  Charge  specialement  de  I'enseigne- 
ment  des  langties  anciennes  et  de  la  grammalre  generale ,  il 
y  porta  un  esprit  de  critique  fort  remarquable ,  et  Ton  doit 
vivement  desirer  ,  dans  I'inleret  de  la  science  cornme  dans 
celui  de  sa  rt'putation ,  que  les  ecrits  qu'il  a  laisscs  sur  ces 
lOatieres  soient  en  etat  d'etre  publics.  A  des  travaux  d'un 
genre  si  grave,  M.  Larauza  unissait  les  delassemens  que  donrse 
la  culture  des  arts.  II  ctudia  la  niusique,  et  particulierement 
la  composition  ,  avec  celte  ardeur  infaligable  ,  cette  sagacllc 
de  conception,  qui  eiaienl  les  traits  distinctifs  de  son  esprit; 
i!  y  Kt  en   peu   de  tems  assez  de  progres  jwur   qu'il  put  se 


568  FRANCE. 

flatter  de  resoudre  les  problemes  jusqua  ce  jour  insolubles  que 
presente  aux  recherches  de  la  critique  la  musique  des  anciens , 
et  pour  composer,  dans  le  style  de  Gluck  et  de  Mozart ,  des 
chants  d'un  caractere  gracieux  et  noble  ,  qu'on  doit  conser- 
ver  precieusementcomine  I'expression  la  plus  vivanto  qui  nous 
reste  aujourd'hui  de  son  ame.  Pousse  par  la  passion  des  arts, 
et  le  desir  d'en  admirer  les  raonumens ,  M.  Larauza  sut  meltre 
a  profit  les  loisirs  forces  que  lui  avail  faits  Tuniversite,  et  se 
rendit  en  Italie  ,  oil  I'aclive  curiosite  de  son  esprit,  avide 
d'emotions  et  de  connaissances ,  soutint  son  courage  contre 
les  difficultes  de  tous  genres  que  peut  rencontrer  sur  une  terre 
etrangere  un  voyageur  depourvu  tout  a  la  fois  de  sante  et  de 
fortune.  II  revint,  ivre  de  joie,  rapportant  de  cette  expedi- 
tion litteraire  ,  une  foule  d'observations  curieuses  qu'il  a  ne- 
glige malheureusement  de  rediger,  et  dont  sa  niodestie  nous 
a  prives ,  autant  que  sa  mort  inattendue.  Toutefois ,  il  s'est 
applique  a  trailer  une  question  qui  I'avait  vivement  preoc- 
cupe,  et  dont  il  est  a  croire  qu'il  a  enfin  trouve  la  solution, 
vainemenl  cherchee  par  un  grand  nonibre  d'hommes  habiles. 
(Voyez  ci-dessus ,  Bulletin  bibliographique ,  page  481.)  On 
sail  que  les  critiques  ne  sonl  pas  d'accord  sur  la  route  que 
suivit  Annibal  a  tracers  les  Alpes  pour  penetrer  en  Italie  ;  les 
divers  ouvrages  ou  cette  question  est  de'battue  ,  ne  paraissffient 
pas  a  M.  Larauza  I'avoir  suffisamment  eclaircie  ;  il  chercha  de 
nouvelles  lumieres  dans  un  examen  plus  allentif  des  documens 
que  nous  ont  latsses  les  anciens,  el  surtout  dans  I'inspection 
scrupuleuse  des  lieux.  II  a  consigne  le  fruit  de  ses  conscien- 
cieuses  et  perseverantes  recherches  dans  un  meraoire  remar- 
quable  tout  ensemble  par  la  science  et  la  penetration ,  et  qui 
doit  interesser  vivement  tous  ceux  qui  s'occuj)ent  de  la  con- 
naissance  des  antiquites  ;  ce  memoire  avail  deja  obtenu  le 
suffrage  d'un  assez  grand  nom-bre  de  savans,  et  allait  enfin 
6tre  lu  a  Y Acadernie  des  inscriptions  et  belles-lettres ,  et  at- 
tirer  ainsi  a  son  auteur  la  plus  glorieuse  recompense  de  ses 
peines  ,  lorsqu'une  maladie  subtle  et  terrible  I'a  enleve  en  quel- 
ques  jours  a  ses  etudes,  a  ses  succes,  a  ses  amis,  a  sa  famille.  II  est 
mort  le  29  septembre  dernier.  Le  soin  d'honorer  sa  memoire 
appartient  a  celui  de  ses  collegues  que  son  coeur  avail  plus 
particulierement  distingue,  et  qu'il  cherissait  comme  un  frere, 
(M.  ViGUiER ).  C'est  a  lui  de  mettre  au  jour  ces  travaux  que 
la  mort  a  interrompus,  et  qui  ne  seront  sans  doute  pas  perdus 
pour  la  science  qui  les  reclame  ;  c'est  a  Ini  de  rendre  hommage 
au  nom  des  amis  nombreux  de  M.  Larauza  ,  a  toutes  les  qualites 
a^mables,  a  toutes  les  vertus  qui  le  leur  rendaient  si  cher;  a  s^. 


PARIS.  569 

religion  austere  el  tendre  ;  a  son  ardenle  passion  poui"  le  beau 
et  le  vrai;  a  son  devouement  sincere  et  enlier  aux  devoirs  de  sa 
profession  et  aux  interets  de  ses  amis ;  au  cliarmede  son  com- 
merce si  facile  et  si  doux,a  torit  ce  qu'ils  n'oublieront  jamais  , 
etdont  le  souvenir  leur  sera  toujoursdoiiloureiix  etcher.  Deja  ils 
ont  trouve  d'eloquens  interpreles  de  lenrs  regrets  dans  I'au- 
teur  d'un  article  insere  dans  le  Globe  (n°  1 66,  /»  octobre  i  SaS),  et 
dans  celui  d'un  discours  funebre  prononce  avec  j^eine  ,  le  jour 
des  funcrailles  ,  au  milieu  des  sanglots  et  des  larmCs  de  I'au- 
diloire  et  de  I'orateur  (M.  Victor  Cocsix  ).  Celui  qui  ecrit 
cette  notice  ,  trop  longue  peul-etre  pour  le  recueil  qui  veut 
bien  I'admettre,  mais  trop  courte  pour  sa  juste  douleur, 
trouve  quelque  consolation  a  s'unir  a  eux  dans  un  si  trisle 
.  rainistere.  H.  P. 

—  Oberlin  [Jean  Frederic) ,  pasteur  a  Waldbach  (Ban  de  la 
Roche,  departement  du  Bas-Rhin  ),  mort  le  i*'' jnin  i82G,age 
de  86  ans.  —  Le  departement  du  Bas-Rliin  vient  de  jierdre 
un  de  ses  citoyens  les  plus  recommandables,  et  I'Eglise  pro- 
testante,  un  rare  modele  de  toutes  les  vertns  chretiennes.  Le 
respectable  pasteur  Oberlin  ,  frere  du  celebre  pliilologue  de 
ce  nom,  apres  avoir  exerce  pendant  cinquante-neuf  ans  les 
fonctions  pastorales  dans  un  pays  ou  I'influence  de  ses  vertns, 
de  sa  bienfaisante  activiie ,  de  ses  constans  efforts ,  de  ses  utiles 
travaux,  a  presque  cntierement  change  ,  par  les  plus  heureuses 
ameliorations,  I'ctat  de  Tagricnlture  ,  de  I'industrie,  etsurtout 
le  caractere  moral  et  la  condition  desliabitans,  a  succombe,  le 
premier  juin  dernier,  dans  la  86^  annee  de  son  age,  a  une 
maladie  douloureuse.  II  a  emporte  dans  la  tombe  les  regrets 
de  toutes  les  communes  circonvoisines ,  et  de  loute  la  popula- 
tion alsacienne,  sans  aucune  distinction  de  culte.  Nous  puisons 
dans  une  notice  qui  vient  d'etre  imprimee  a  Paris  ( Crapelet. 
In-4°  de  4  pas*^*)  quelques  particularites  sur  la  ])ersonne  de 
ce  venerable  ecclesiastique  et  sur  les  services  qui  ont  fait  si 
vivement  sentir  sa  j)erte,  et  qui  liii  assurent  une  place  hono- 
rable parmi  les  bienfaiteurs  de  I'humanite. 

Sur  la  limite  des  departemens  du  Bas-Rhin  et  des  Vosges  se 
trouve  un  territoire  nomme  le  Ban  de  la  Roche,  autrefois 
isole  et  a  demi  sauvage,  aujourd'hui  !'un  des  endroits  les  plus 
remarquables  par  Tinslruction,  I'industrie  et  la  moralite  des 
individus.  Entouree  de  roches  arides  et  sans  moyens  de  com- 
piunication,  cette  triste  contree  serait  sans  doute  restee  etran- 
gere  a  la  civilisation,  si  la  Providence  n'y  avail  successivenient 
appele  deux  respectables  pasteurs,  dont  le  dernier  surtout  a 


570  FRANCE. 

chang(5  en  quelque  sorte  la  nature  du  pays,  et  regendre  le  mo- 
ral de  scs  habilans. 

Le  pasteur  Oberlin ,  transporte  au  Ban  de  la  Roche,  vit  tout 
ce  qu'une  telle  mission  imposait  a  son  aclivite.  Mu  par  une 
piiite  vraiiuent  religieuse,  et  ])ar  un  zele  infatigable  pour  le 
bien  de  I'liuraanite ,  •Iconiprit  qu'il  ne  devait  pas  se  borner  a 
pourvoir  anx  besoins  Sjjirituels  de  ses  conciloyens,  mats  que, 
parlour  ou  il  y  avait  du  bien  a  faire,  il  en  devait  I'exemple. 
Le  pays  inanquait  de  communications  au-de/iors,  il  entreprit 
d'en  ^tablir  :  muni  d'instrumens  et  de  poudre,  il  se  met  a  la 
t^le  des  habitans  pour  faire  sauler  les  rocliesel  ouvrir  des  rou- 
tes; la  terre,  faute  d'eiigrais,  etait  en  grande  ])artie  inculle,  il 
la  fi'conde  par  des  moyens  arliflciels;  il  fait  venir  du  Nord  les 
semences  des  plantes  les  plus  appropriees  a  la  nature  du  ter- 
rain, on  encourage  la  culture;  et  bientot,  par  ses  soins,  les 
coteaux  arides  et  steriles  prennent  une  face  plus  riante  ,  et  four- 
nissent  non  seulement  aux  besoins  du  pays,  mais  encore  a  des 
esportations,  dont  les  jiroduits  servent  a  des  ameliorations 
nouvelles.  Toujours  occujx;  du  bien-etre  de  ses  paroissiens,  il 
pourvoit  aussi  a  leurs  besoins  en  cas  d'accidens  et  de  maladies; 
il  fait  apprendre  aux  uns  a  manier  la  lancette ;  a  d'aulres,  a 
exercer  I'etat  de  sage-femme  ;  et  lui-m^me  familiarise  avec  la 
connaissance  des  plantes  mcdiclnales,  II  compose,  a  I'usage  du 
])ays,  une  petite  pharmacie,  et  en  dirlge  gratuitement  I'emploi. 
Sa  sollicitude  pour  les  besoins  physiques  ne  ralentissait  en 
rien  le  zele  de  ce  digne  pasteur  pour  ranielioration  intellec- 
tuelle  et  morale  des  habitans,  et  surtout  pour  leur  education 
religieuse,  (ju'il  co-nsidcrait  comrae  le  premier  des  besoins. 
C'elait  dans  la  religion  qu'il  puisalt  ses  motifs  et  sa  force;  c'etait 
aussi  par  elle  et  pour  elle  qu'il  entendait  operer  le  bien.  II 
crea  des  t^coles  ou,  par  des  methodes  perfecliontiees  ,  I'enfance 
recut  les  premieres  instructions;  ou  I'adolescence,  imbue  des 
preceptesde  I'Evangile,  acquit  I'espril:  d'ordre,  I'amourdu  tra- 
vail et  le  gout  de  toutes  les  choses  honnetes  :  la  porte  du  pas- 
teur etait  ouverte  a  toutes  les  irifortunes  et  a  toutes  les  neces- 
sltes;  chacun  trouvait  chez  lui  les  secours  ,  les  consells,  I'appui 
et  les  consolations  dont  il  avait  besoin.  Lorsque  le  dimanche 
ses  paroissiens  se  reunissaient  dans  le  temple,  il  les  exhortait  ii 
la  praiitiue  des  vertus  domestiques  et  chr<5tlennes  dont  11  leur 
monlrait  a  la  fois  les  avantages  et  I'exemple;  el  quand  dans  la 
semaine  il  avait  ap})rls  que  quelqu'un  s'elait  ecarte  de  ia  bonne 
vole,  ou  s'etait  brouille  avec  un  parent,  un  ami,  un  voisin, 
il  savail  si  bien  le  ramener,  que  souvent,  apres  le  service  dl- 


PARIS.  571 

vin ,  le  paroissien  atteudait  le  pasteur,  le  remerciait  el  s'em- 
pressait  d'aller  reparer  la  faute  qu'il  avait  commlse.  Rareinent 
un  proces  s'engageait  entre  les  habitans  du  Ban  de  la  Roche; 
et  lorsqiie  le  digne  pasteur  ne  pouvait  parvenir  ii  concilier  les 
panics,  on  I'a  vu  plus  d'une  f'ois  payer  de  sa  propre  bourse 
la  somme,  objet  de  la  contestation  ,  pour  retablir  riiarmonie 
dans  les  families. 

Devenu  ainsi  le  bienfaiteur,  et,  pour  ainsi  dire,  I'ame  de 
cette  interessante  peuplade,  dont  la  renommee  avait  successi- 
vement  r.ttire  et  fixe  dans  le  pays  plusieurs  homines  de  bien  , 
jl  exercait  sur  elle  la  plus  heurcuse  influence.  Rapportant  tout 
k  Dieu,  el  se  confiant  en  sa  divine  providence,  Ic  pasteur 
Oberlin  ,  pere  de  plusieurs  enfans,  etait  le  promoleur  zele  de 
toutes  les  oeuvres  chretiennes;  malgre  la  modicite  de  ses  res- 
sources  ( son  traitement  naguere  encore  n'excedait  pas  1 000  fr.), 
il  savait  suffire  a  lout;  il  avait,  a  son  exemple,  fait  contracter 
a  ses  paroissiens  la  precieuse  habitude  de  raeltre  a  part,  cha- 
que  semaine  nne  jjortion  de  leurs  ejjargnes  pour  les  employer 
a  de  bonnes  oeuvres;  et  par  ce  nioyen  ils  se  trouverent  en 
etat  d'encourager ,  de  seconder,  de  soutenir  plusieurs  institu- 
tions failes  dans  le  veritable  esprit  de  I'Evangile. 

Tant  de  vertus  et  de  qualites  reunies  en  un  seul  homme  ne 
pouvaient  rester  long-tems  inconnues.  Plusieurs  Societes  phi- 
lantropiques  s'empresserent  de  le  nommer  membre  honoraire; 
notre  premiere  assemblee  nationale  declara  qu'il  avail  bien 
merite  de  la  patrie;  la  Societe  d'agriculture  du  departement 
de  la  Seine  lui  dccerna  plus  tard  une  medaille  d'or  ;  enfin, 
Louis  XVIII,  sur  le  rapport  du  miiiistre  de  I'interieur,  le  de- 
cora de  la  Legion  d'Honneur. 

Quelque  honorables  que  fassent,  pour  M.  Oberlin,  ces  te- 
moignagesd'intertit ;  quelque  flatteuse  qnefut  la  visite  de  beau- 
coup  d'etrangers  de  distinction,  qui  de  toutes  les  parties  de 
I'Europe  allaient  voir  le  Sage  du  Bandela  Roche,'\\  scmblait  ne 
mettre  de  prix  reel  qu'a  la  teudre  affection,  soil  de  cette  mul- 
titude d'eleves  dont  il  avait  eclaire  I'esprit  et  forme  le  coeur, 
soil  de  ses  nombreux  paroissiens,  qui  lui  devaient  la  civilisa- 
tion et  le  bien-etre.  Get  attachement,  qui  ne  s'est  jamais  de- 
menti, et  qui  survivra  long-tems  a  la  mort  de  leur  j)asteur ,  s'est 
manifeste  d'une  maniere  bien  touchanle  dans  la  ceremonie  de 
ses  funerailles.  Les  annales  de  1' Alsace  offrent  peu  d'exemples 
d'une  solennite  aussi  imposante,  relevee  par  le  concours  d'un 
nombre  immense  d'habitans  du  pays  et  des  dej)artemens  voi- 
sins  ;  tous  velus  d'habits  de  deuil ,  venant  dans  un  morne  si- 
lence contempler  une  dcrniere  fois  les  traits  de  leur  bienfaiteur, 


572  FRANCE. 

de  leur  i)ere(i),  dont  le  corps  etait  renferiiie  dans  nn  cerciieil 
a  vilrage,  que  I'ingenieuse  delicatessc  d'un  desparoissiensavait 
ainsi  dispose  a  cet  effet. 

Dans  la  vuc  dc  conserver  Ic  souvenir  de  ce  vdncrablc  pas- 
teur,  une  sousciiplion  a  etc  ouverte  pour  faire  dans  le  pays 
ineinc  qu'il  a  regenero,  une  Fondation  de  charite  qui  por- 
lerait  le  nom  d'OiiEULiN,  et  qui,  destinee  a  pourvoir  aux 
besoius  physiques  el  raoraux  des  habitans  du  Ban  de  la  Roche, 
pcrpc'tuerait  parmi  les  generations  futures  ['influence  de  ses 
bienfaits  et  I'exemple  de  ses  vertus. 

On  a  la  confiance  que  non-seulemcnt  les  liabitans  de  I'Alsace, 
si  long-lenis  tdmoins  de  son  zele  ,  mais  encore  lant  de  person- 
nes  de  I'interieur  de  la  France  et  des  pays  ttrangers  a  qui  le 
nom  du  pasteur  Oberlin ,  si  souvent  cite,  ne  saurait  ^tre  in- 
connu  ,  airaeront  a  honorer  sa  memoire  en  concourant  a  cette 
pieuse fondation, monument  vivant  de  sa  blenfaisance  eclairee, 
et  le  plus  approprie  aux  sentiinens  et  au  caraclere  de  ce  grand 
et  honorable  citoyen. 

On  souscfit :  a  Fouday  {^Ban  de  la  Rocfte),  deparlement  du 
Bas-Rhin,  cliez  MM.  Legrand,  pere  et  fils;  a  Paris,  a  Stras- 
bourg et  a  Londres ,  chez  M.  Treuttel  et  Wurtz. 

N.  B.  La  liste  de  MM.  les  Souscripleuro  sera  imprimee  et 
deposee  dans  les  archives  du  pays.  Y. 

—  Attumonelli  [Michel),  n.  m.,  membra  de  la  Societe  de 
medecine  et  de  la  Sociele  medicale  d'cniulation  de  Paris,  ne  a 
Andria  ,  dans  la  terre  de  Bari,  royaume  de  Naples,  en  1760  , 
mort  a  Paris  le  17  jnillet  1826.  — Le  savant  etranger,  dont 
nous  consacrons  ici  la  memoire,  s'est  ac(]uis  des  droits  au 
litre  de  Fraiicais  par  le  long  sejour  qu'il  a  fait  en  France,  et 
par  I'estime  que  lui  out  merilee  son  caraclere  et  ses  utiles  tra- 
vaux.  II  s'instruisit  dans  la  medecine,  des  sa  pins  tendrejeu- 
nesse,  a  I'ecole  des  cclebres  Ci/il'.o  et  Cotugno ,  professeurs  de 
celle  Universite  de  Naples  qui  a  ])roduit  tant  d'hommes  dis- 
tinu;nes.  Apres  avoir  continue  ses  etudes  sous  Vhenzio,  me- 
decin  de  la  reine,  il  passa  a  Salerne  oil  il  fut  recu  docteur  en 
philosojjhie  et  en  medecine;  de  retour  a  Naples,  il  y  remplaca, 
pendant  (juelque  terns,  le  D'  Villari,  professeur  de  clinique  a 
i'liospice  royal  des  Incurables.  Independamment  des  connais- 
sances  approfondies  qu'il  avait  acquises  dans  son  art  ,  plusieurs 
des  principales  branches  de  la  litteralure  ancienne,  la  theologie, 


(t)  Qualification  (]ui  lui  etait  donnee  par  tout  le  Ban  de  la  Roche  ,  soti,s 
le  nom  dc  Papa  Oberlin. 


PARIS.  573 

Ja  jiliysiquc,riiistoirenaturelIe,labotaniqneIuifurentfaniilieies. 
Ces  diverses  sciences  etaientsi bien  classees  dans  sa  meiiioire,  que 
I'on  ne  savait  si  Ton  devait  louer  davantafje  la  \ariete  de  ses 
connaissances,  ou  la  methode  avcc  laquelle  il  ies  avait  coordon- 
nees.  line  logique  saine  ,  uiie  critique  juste,  unc  perspicacile  non 
coiTimune  aplanissaient  pour  lui  Ies  difficultes  d'un  art  souvent 
conjectural,  et  dans  lequcl  on  est  si  souvetil  Ircmpe  jiar  I'ap- 
jiarence.  Ces  avantages  le  mirent  a  ineme  d'entreprendre  iin 
grand  nombre  de  cures  qui  etablircnt  de  bonne  henre  sa  repu- 
tation. Jeune  encore,  il  coinposa  I'ouvrage  intitule  :  Elemenx 
de  physiologic  rnedicale ,  ou  Physique  du  co7-ps  /iumain,imprimf- 
a  Naples  en  1787  et  1788,  travail  aussi  remarf[uable  par  I'cru- 
dition  avec  laquelle  la  matiere  y  est  traitee  ,  que  par  la  jus- 
tesse  des  vues  et  par  resj)rit  philosophique  de  I'auteur.  Les 
armeesfrancaisess'etant  retirees  de  la  vilie  do  Naples,  en  1799, 
Attumonelli,  qui  avait  traduit  la  Politique  de  la  France  rege- 
neree  de  Condorcet,  quitta  sa  patrie  a  laquelle  il  ditun  eternel 
adieu,  pour  venir  s'etablir  a  Paris.  On  peut  dire  que,  depuis 
cette  epoque,  une  nouvelle  existence  cornmenca  pour  lui.  A 
peine  arrive  dans  cette  ville,  en  1800,  le  liasard  lui  fit  con- 
nailre  MM.  Paulet  Tryaire  qui  fondaient  alors  le  vnste  etablis- 
semeut  de  bains  de  Tivoli ,  le  plus  considerable  qu'aient  possede 
et  que  posscdent  en  ce  genre  la  capitale  de  la  France  et  peut-etre 
I'Europe.  Attumonelli  ecrivit,  a  cette  occasion,  son  opuscule 
intitule  :  Memoire  sur  les  eaux  minerales  de  Naples  et  sur  les 
bains  de  vapeur ,  dans  leqxiel  il  Iraite  des  quatre  principales 
eaux  de  ce  pays  volcanique,  c'est-a-dire  des  eaux  sulfureuses, 
ferrugineuses,  alumineuses  et  alcalines.  li  n'est  pas  inutile 
d'ajouter  combien  la  inaison  de  Tivoli  a  du  a  cette  belle  pro- 
duction, etdequel  secours  Attumonelli  lui  a  toujours  ete  depuis. 
Un  homme  decemerite  ne  pouvaitresterlong-tems  ignore  dans 
une  ville,  centre  de  lumieres.  Attumonelli  s'y  fit  bientot  con- 
naitre  et  s'y  crea  une  brlllante  clientelle ,  dont  plusieurs  princes 
souverains  firent  partie,  independamment  d'un  grand  nombre 
de  personnes  distinguees.  Toutefois,  il  ne  se  contenta  point  de 
visiter  lesmalades,  de  frequenter  la  sociele  la  plus  choisie  ; 
son  erudition  lui  rendait  necessaire  une  grande  bibliotlieque  ; 
il  prit  soil!  de  reunir  une  collection  de  plus  de  trois  mille 
volumes.  Le  grand  ouvrage  sur  i'Egyple  ayant  paru,  il  senlit 
combien  racquisition  de  cet  immense  depot,  ou  Ton  a  reuni 
tout  ce  que  contient  de  plus  singulier  celle  antique  contree, 
etait  au-dessus  des  raoyens  pccuniaires  des  amateurs,  et 
surtout  des  gens  de  lettres  :  il  concut  le  plan  d'un  travail  qu'il 


574  FRANCE— PARIS. 

laisse  mallicureusemeiit  int-dit  ct  qu'il  a  destine  i  ^Ire  divis^ 
en  trois  ou  quaire  volumes.  Ce  n'est  cependant  pas  un  simple 
extrait  de  roiivrage  cite;  il  a  ajoute  beauconp  de  choses,  en 
partic  netives,  en  parlie  tirees  des  ouvrages  du  cardinal  Gae~ 
tano ,  dn  clianoine  Mazochi ,  de  I'abbe  Martorelli ,  de  Zoega, 
iVEnriius  Quirinus  Visconti ,  etc.  Ami  de  la  verite  ,  il  n'ctudiait 
que  pour  la  connailrc ;  aucune  j)reventton  ne  I'cgara  jamais 
dans  ses  rechcrches;  ancuu  sysleme  exclusif  en  medecine  ne 
commanda  jamais  a  ses  opinions.  Si  Ton  remarqua,  parfois, 
en  lui,  avec  deplaisir,  une  cerlaine  indecision,  on  doit  I'altri- 
bucr  plutot  a  son  esprit  medilatif  qu'a  une  sorte  d'indiff^- 
rence  pour  les  progres  de  la  science.  II  poussait  si  loin  la 
modestie,  qu'il  fallait  le  frequenter  long-tems,  avant  de  cora- 
prendrc  quelle  etait  I'etendue  de  ses  lumieres.  Ces  belles 
qualitcs  ont  trouve  leur  juste  recompense  dans  I'attachement 
de  totis  ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  de  le  connaitre ;  en  effet ,  il 
etait  difficile  de  le  voir  et  de  ne  pas  devenir  bientot  son  ami. 
Parmi  les  personnes  illustres  qui  I'honorerent  de  Icur  protec- 
tion ,  nous  citerons  M°"'  la  princesse  de  Wagrara  ,  qui  eut  pour 
Michel  Attumonelli  une  constante  bienveillance,  nous  oserons 
dire  ,  une  amitie  parliculiere.  Sigismond  Visconti. 


TABLE  DES  ARTICLES 

CONTENUS 

DANS  LE  QUATRE-VINGT-DOUZIEME  CAIIIER. 

J  OUT  1826. 


I.  MEMOIRES,  NOTICES  ET  MELANGES. 

I.  Notice  surles  Societes  savantes  des  Etats-Unis.  *.  aSg 

a.  Notice  sur  les  ouvrages  de  Jeremie  Bentham.  T.  198 

3.  Notice  sur  la  langue  des  sauvages  de  I'Amerique  du  Nord. 

IfJorenas.   3o8 

II.  ANALYSES  D'OUVRAGES. 

4.  Theorie  du  navire  ,  par  M.  le  marquis  de  Poterat.  Ferry.  820 

5.  Fragmens  philosophiques,  par  Victor  Cousin.  $  827 

6.  Education  domestique  ,  par  Mine  Guizot.  P.  B.  335 

7.  1°.  Histoire  de  Sardaigne,  par  M.  Mimaut. 

a*.  Voyage  en  Sardaigne,  par  M.  Albert  de  La  Marmora. 

Amauri  Duval.   34fi 

8.  Memoires  inedits  de  Mra^de  Genlis.  V.  L.  3fi3 

9.  Chefs-d'oeuvre  des  Theatres  etraugers.  I«r  article. 

Leon  Thiesse.  879 

III.  BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Annonces  de  ixQ  ouvrages  ,  francais  et  ctrangers. 

Amerique  septewtrionale.  —  Etats-Unis ,  2 394 

—  Mexiqiie,    i 399 

Edkope.  —  Grande-Bretagne ,  12  ,  dont  8  ouvrages  periodiques.  Ibid 

—  Riissie,  3 4o5 

—  Norvegc ,   1.  —  Danemark  ,4 4o9 

—  Allemagne,  5 412 

—  Suisse,    1 4^8 

—  Italie,  8 422 

—  Pays-Bas,  8 4^9 

France,  78,  savoir  :  Sciences  physiques  et  naturelles,  16 482 

—  Sciences  religieuses ,  morales  ,  politiques  et  historiques ,   27.  .   .  455 

—  Utterature,  i5 49^ 

—  Beaux- Arts,  6 607 

—  Meinoires  et  Rapports  de  societis  savantes,   i 5i2 

—  Ouvrages  periodiques  ,5 5i4 

—  Livres  en  langues  etrangeres ,  imprimis  en  Prance, 'i Sig 


^jd  TABLE    DES    ARTICLES 

IV.    NOUVELLES  SCIENTIFIQUES  ET  LITTERAIRES. 

Amerique  septentkiomale.  —  JiiaCs-U/iis  :  B^temix  a  vapeur  ; 

Necrologie  :  John  Adams;  Jefferson Sat 

Ameuique  centkale.  —  Cuaiemala  :  CWmat.;  commerce.  .  .  .  5a2 
Antilles. — Haiti :  Emprunt;  Commerce;  Enseignement  mutuel 

etenseignement  industriel;  Legislation  ,  code  civil,  iutroduc- 

tion  du  jury ;  Finances,  impot  extraordinaire;  Mines SaS 

Amerique  meriuionale.  —  Colombie  :  Liberte  de  la  navigation 

par  la  vapeur.  —  Z?r«;7  ;  Trnite  des  negres 524 

AsiE.  —  Inde  Britaniiiqiie  :  Progv(;s  de  I'education  publique.  .  .  5a6 
Afuique.  —  Siena-Leone  :  Voyage  dans  Tinterienr  de  I'Afrique. 

—  £^/ji;fe;Extrait  d'une  leltre  d'Alexandrie Say 

EUROPE. 

Iles  Britanntques. — -Tableau  des  derniers  emprunts  fuurnis 
par  les  capitalistes  anglais.  —  Manchester:  Secouis  donnes  aux 
ouvriers  indigens.  —  Publication  des  livres  sacres  et  histori- 
ques   de  Ceylan.  ■ — Necroioifie  :  Weber SSa 

RussiE.  — Traduction  des  ecrivains  grecs.  —  Odessa: Monument 
consacre  au  due  de  Richelieu SSg 

NoRviiGE. ^ — Ckrisiiania  :'Uniyershe 54o 

Alle.iiagne.  • —  Prusse;  Keenig^bei g :Soc'ii\.e  pour  I'amelioration 
des  jeuues  criminels.  —  y/rt//e:Litterature  orientale;  publica- 
tion prochaine S41 

Suisse.  —  Extrait  d'une  lettre  :  Coup-d'oeil  sur  I'etat  actual  du 
canton  des  Grisons.  —  i^/;6o«/-^;Societe  philhellenique.   .  .  .  54a 

Italie.  —  ,Wi7rtn  .•  Invention  .des  bateaux  a  vapeur.  —  i\'^a/'/«  ; 
Academie  royale  des  sciences.  JSicrologic  :  Piazzi ,  Santa- 
relli 546 

Pays-Bas.  —  Brtixclles  :  Fondation  d'un  observatoire  et  d'un 
jardin  botaniquc  ;  Formation  d'une  commission  de  statistique. 

—  7'o«A«ej:  Education  industrielle.  — ^'«ifc/i^rt/«.- Societe  Is- 
raelite. —  linixeltes  :  Societe    pour    I'encouragement   de   la 

Jangue    hoUandaise •  •  • 548 

France.  —  Lyon  .'Navigation  de  la  Saone.  —  Besancon  :  kati- 
quites.  —  D/fp/)e;  Antiquites  ;  yisite  de  S.  A.  R.  Madame. — 
Societes  savantes  :  Liancourt  :  Ecole  de  geometric  et  de  meca- 
nique  industrielle. — A'««cx  .-Societe  des  amis  du  travail.  .  .  55o 
Paris.  —  Institut:  Academie  des  sciences:  Seances  du  mois  de 
juillet.  Academie  des  inscriptions  :  Seance  publique  du 
28  juillet. — Prix  proposes  aux  melUeurs  ouvrages  sur  diverses 
questions  d'utilite  publique.  . —  Emprunt  d'Haiti.  —  Recla- 
mation.—  Theatres:  Odeon  ,  i''*  representation  de  VActrice, 
et  du  MilUonnaire ,  comedies. —  Beaux  -  Arts  :  Scuplture  ; 
Peinture;  Lithographic.  —  Necrologie;  LaraAza;  Oberlin  ; 
Attumonelli •  SSy 


('  '■/.. 


Avis   AbX    AMiTtUBS  HE    LA   LITTtlV  ATU  .'.K   ETRAKCEKK. 

On  peut  s'adresser  a  Paris ,  par  I'entreraise  du  Bobeau  cextbai.  ub 
LA  Rbvuk  EwcycLOPEDiQUK,  a  MM.  Treuttel  et  WiJRTZ,  rue  de 
Bourbon ,  n°  17,  qui  cnt  aussi  deux  maisous  de  librairie,  Tune  a  Stras- 
bourg ,  pour  rAllemagiie,  et  I'autre  a  Londres  ;  —  a  MM.  Arthu» 
Bebiramd,  rueHautel'euilie,  n°  a3; — Rekouard,  rue  deTournontn"  6; 
— Levrault,  rue  des  Fosses-M.-le-Prince,n°  3 1, el 4 Strasbourg; — Bos- 
SANGB/iere,  rue  Richelieu,  n"'6o;  et  a  Londres, pour  se  procurer  les 
divers  ouvrages  Strangers,  anglais,  allemands,  Italiens,  russcs,  polo- 
nais,  hollandais,  etc.,  ainsi  que  les autres  productions  de  la  litterature 
etrang^re.  Le  prix  de  ces  ouvrages  rendus  a  Paris  sera  celui  des  pays 
eti angers  ou  ils  se  publient,  augraente  de  10  pour  100,  pour  frais  de 
port,  droit  d'importation  et  de  commission,  etc.  — La  Direction  de  la 
Revue  Encjrclopediquevia  d'autre  but,  en  publiant  cet  avis,  que  de  faciliter, 
par  tous  les  moyens  qui  resuhent  de  ses  publications  mensuelles ,  les 
communications  scientifiques  et  litt6raires  entre  la  France  et  les  pays 
Strangers. 

AUX   academies  et    ADX  SOCIETES  SAVANTES  dc  tOUS  ICS  pOJS. 

Les  Academies  et  les  Soci]fcrES'SAVANTEs  et  d'utilite  pobi-iquh, 
francaises  et  etrang^res,  sont  invitees  a  faire  parvenir  exactement,//-a/)c 
de  port ,  au  Directeur  de  la  Revue  Encyciopediqae ,  les  comptes  rendus 
de  leurs  travaux  et  les  programmes  des  prix  qu'elles  proposent ,  afin 
que  la  Revue  puisse  les  faire  connaitre  le  plus  promptement  possible  a 
ses  lecteurs. 

AUX   EDITEDRS  d'oDVRAGES  ET  ADX   LIBRAIRBS. 

MM.  les  ^diteurs  d'ouvrages  p^riodiques ,  francais  et  etrangeis ,  qui 
desireraient  echanger  leurs  recueils  avec  le  notre,  peuvent  compter  sur 
le  bon  accueil  que  nous  ferons  a  leurs  propositions  d'^changes  ,  et  sur 
une  prompte  annonce  dans  la  Revue,  des  publications  de  ce  genre  el 
des  autres  ouvrages ,  nouvellemeot  publics,  qu'ils  nous  auront  adresscs. 


Aux    ESITBURS    DES    RECUEIX.S   FBRIODIQtJES    EH    AnGLEIERfiE. 

MM. les  Edlteurs  des  Recueils  periodiques publics  en  Angieterre  sent 
pries  de  faire  remettre  leurs  numeros  a  M.  Degeorge,  correspondantde 
ia  Revue Encyclopidique  a  Londres,  v°  38,  Norfolk-street,  Strand,  chez 
MM.  De  Crusj',  Cabet  et  Marbot,  maison  de  correspondance  et  de  com- 
mission ;  M.  Degeorge  leur  transmettra,  cliaque  mois ,  en  echange, 
les  cahiers  de  la  ^ecue  Encjyclopedique ,  pourlaquelle  on  peut  aussi  sous- 
crire  chez  lui ,  soit  pour  I'annee  courante,  soit  pour  se  procurer  les 
collections  des  annees  ant^rieures,  de  1819  a  i8i5  inclusivemeut. 


AUX  LIBRAIRBS   et    AUX  EDITEURS  s'oUVRAGES  eh  AI.I,EMAGIfF. 

M.  ZiRGis,  libraire  a  Leipzig,  est  charge  de  recevoir  et  de  nous  faire 
parvenir  tous  les  ouvrages  publics  en  AUemague ,  que  MM.  les  libraires, 
le»  editeurs  et  les  auteurs  desireront  faire  annonc«r  dans  la  Revue  Une)- 

rlopidiqiic. 


LiBUAiRES  r/tez  Icsquels  on  souscrit  dans  les  pays  ETRAHCEr.s. 

Aix-la-Ch/ipclle,  Laruelle  Cls. 
Jmsterdfiin,  G.  Dufuur;  —  Dc!a- 
cliaud 


I  C^-  •* 


iSI 


Londres,  Dulan  et  Compagnie  ;  — 
Treuttel  et  Wiirtz; — Bossauge. 
Madrid,  Denne-e; —  Perfcs. 
DJi/a/i,  Gie{jlei;— Visniara;  Kocca. 
Moscoii,  Gaiitler;—  Riss  j)i>i  c  el  (lis. 
Naples  ,    Borel  ;    —    Rlarotta    et 

Wanspaiidock. 
Neuchdtel  (Suisse),  Greslcr. 
.Vetv-1'o'A  (  Etats-Unis  ),  Berard 

ct  Moudon. 
Nonvelle -Orleans  ,     Joujdan  ;   — 

R-Oclie  ,  fi(  res. 
Palerme  (Sicile),  Pfidonne  et  Mu- 

ratori ;  —  Band"  (C!i.). 
Pclfrshourg,     S.iliil- Floj  ent ;    — 

Graefi';— Wcylit^r;— iHuchart. 
Stuttgart  ct  Tiibitti^en  ,  CoUd. 
Utrecht,  Van  Sclioonlioven. 
Todi ,  li.  Scalabrini. 
Turin ,  Bocca. 
f'arsoiie,    Glucksbcrg  ;     —    Zii- 

V ad sky. 
f'ieiitie  (  Autriclie  ) ,   Gerold  ;   — 
.Schauiuboure  ;  —  Schalbarhcr 


Jnvers  ,    Ancelle. 

yirait  (Suisse),  Sauerlander. 

Ilerlin,  Scldesinger. 

Heme,    Clias  ,    au    cabitiot    lliU'- 

raire  ;  —  Bourgdorl.  ■ 
lireslnu,  Tb.  Koii). 
/iriiueiles ,  Lecharliftr;  —  Denial. 
Ilriiges  ,  Bogaert ;  —  Uuraprtier. 
Fityreace,  Piatfi. 
F.'ibourg  (S:\h:>i')  ,  Aloisc  Eggen- 

doiTcr. 
Francfortsar-Mein  ,  Scliaeffcr  ;  — 

Brtianer. 
Caiid ,  Vandenkcrckoven  Eh. 
Gt-n^fe,  T.-J.  Paschoud;  —  Bar- 
bezat  et  Delarue. 
la  Htiye,  les  freres  Langenhuysen. 
£rtrtf«M7/c,  Eisclicr. 
/^ri/)s.'g-,Gi  icsliairnner;  —  G.Zlrgos. 
Lilji-e ,  Jalheau  jii-re. 
Lishctnnc  ,  Paul  Mai  tin. 

COLO^'IES. 
Gtiad'toupc  (roinie-a-Piuu),  Piolot  aF.ic. 
Ih-de-Frnuce  (Port-Louis),  E.  Burdet. 
V'-'.vjiy/if,  Thoiuicns,  Gaujoux. 

ON  SOUSCRIT  A   PARIS, 

Axi   BuKr.An   oe  K£n\ctiQ.j<,  hue    D'Enrim-SAiisT-MicHEr, ,  n"  i8, 
ou  doivent  ctre  envoyiis  j-.i^nncs  deport,  les  livros  ,  dessins  et  gra- 
viiies,  d  mt  on  desire  ranuouce,  et  les  Letlrps,  Meinoircs ,  Notires 
ou  Estraits  destines  a  £'tre  iiiseiies  dans  ce  Kecucil. 
CuEJiTKEurrEt  kt  Wiiaxz,  iue  de  Bonrlioij*^  n"  17; 
Ri.Y  i'tGrvviek,  quai  dts  Augusdns,  n«  55; 
Charles  Rixuet,  lihraire-comni'"  ,■  quai   des  Augustins  ,  w"  67  ; 
DoxnEY-DurKE,  rue    Saint-Louis,  11°   46,   an   i\Ta>nis;    it   me 

Richelieu,  n''  ^7; 
MoKC'iEaine,  hi.'ulevaid  Poissonniere,  n"  iS; 
Eymeky,  rue  Ma7.;irine,  n"  3o  ; 
Rohet  ,  rue  llautefeuille ,  n"  1  a  ; 
Bacheliek,  quai  des  Augustius.  n"  54  ; 

Lr.vRAULT,  rue  desFosses-M.-le-Prlnce,  n"  3i ,  et  a  Strasbourg  ; 
A.  Baudouin  ,  rue  de  Vaugirard,  n"  17  ;, 
Delaunay,  Pei-tcier,  Pomhieu,  au  Palais-Royal; 
Uhbaik  Cakel,  rue  Saint-Gcrmain-des-Pres  ,ii°9. 
A  i,A  Teste,  Cabiket  Litterathe,  tenu  par  M.  Gadiikh,  anciea 
inilitairc,  Galerie  de  Bois  ,  n"  197,  au  Palais-Royal. 
A'l'te.  Les  ouvrages  annonccs  daus  la  Revue  se  trouvrut  aussi  cliczRoaKT  ,  rue 
Hautcfcuille ,  u"  13. 


-i-r.  i.'iiirT.ii>.i  r.ir.  ui:  hh.acix, 


Tome  III-i8a6.  (  3i^  de  la  collection. ) 


93^  LI  VII A  ISO  JV. 


^^^K' 

'V^^ 


REVUE 

ENCYCLQfi^DIQUE 

ANALYSE  RaTSoNNEE       x^^. 

DES  PRODUGTION^^S  PLUS  REM ARQU ABLE 

DANS  LA  LITTI:RAT«H|^ES  SCIENCES  ET  LES  ARTS. 
1°  Pour  les  Sciences  phjrsiques^t  mathematiques  et  les  Arts  industriels: 
M>I.  AiipiRE, Ch.Dupik,  FocniER,GiRARD,NAviEB,de  I'liistitut;, Coqdkrel; 
Casaseca,  <le  Madrid;  Ferry,  Francoedr  ,  Ad.  GowniSET,  LeKormawu, 
profi'sieur  <le  technologic ;  A.  RIlcuici.OT,  de  Mohtgery  ,  Moread  de  Joknes, 
P0UH.1.ET,  T.  Richard  ,  Warden  ,  etc. 

2"  Pour  les  Sciences  natiircltes:  MM.  Geokfroy  Saikt-Hxi.Aire,  de  I'lnstitut; 
Bop.T  i>E  .Sat«t-Vikcent,  correspoiidaut  dc  I'lnstitut ,  V.  AoDonrn,  MATniEU 
BoKAFODs,  deTuriu;  Bp.ongniakt  fils,  DesmaRest  ,  FlOukems,  D.-M.  ; 
B.  Oaillom  ,  de  Ditppe;  V.  Jacquewomt;  etc.. 

3"  yourXei Sciences  medicales  :  MM.  Auelon,  BAi,i,T,DAMrROH  ,  G.-T.DoiN, 
Amedf.k  Ucpad,  Ksquirol,  Fossatj.Gasc,  A.GRiMAUD,d'Aug?rs  ;  Georgkt; 
KrK(  KHOFF,  d'Auvers;  Orfila;  R1G01.1.0T  fils,  d'Amiens. 

/)''  VouT  les  Sciences  pliilosoy/iiques  et  morales,  poUtiqiies ,  geographigues  et 
liistoi'iqiies .•tUM.  M.  A.  JuLLiRji,  de  Paiis,  Fondateur-l)ircct«ur  de  la  Revue 
EitcyclnpeJique;  Degkrakiio,  Ai.ES.  be  i.a  Borde,  Jomard  ,  Larjimnais,  de 
I'lnstitut;  Agobb,  Artacd,  M.  A VENEi.,  BARBrE  DD  Socage  fils,  Behjamin- 
(oKSTANT,  Chari.es  Comte,  Deppimg,  Adoipiie  Garhif-P,  Guigwiact, 
Gui/.oT,  A.  Jacbert,  Lafom  de  Ladebat,  Alex.  Lameth  ,  Lamjcinais  ills, 
P.  Lam  I ,  Lesueuk-Meri.ih,  Masmas,  A.  Metral;  Meyer,  d'Amiterdam ; 

DR  WORVIKS,    PaREKT-BEAI.,  EuSKBE    SAtVERTE,    J.-B.   SaY,    SlSMOWDE     DE 

Sis-MOSDi,  de  Gcoeve,  etc.  DrpiM  aine,  Bervim.e,  A.  Beugnot,  Bocchehe- 

LeFPR,  CRIVELT.t,DonBr.ET-DE-BoiSTHIBADI,T,    OuFAU  ,  DUFRAYEK  ,  DuVER- 

gier  ,  Ghadet,  CIi.  Ernooard,  Taillandier,  avocats,  etc. 

5*  Pour  la  Litterature Jrancaise  et  etrangere,  la  Dihtiographie ,  \' Archeologie 
c\\ci Beaux- Arts :TAyi.  AwDRiEtJX,  Amaury-Duvai.,  Bertox,  J.  Droz,  Ekieric 
David,  Lemercier  ,  Naudet,  de  SEGCR,de  riostitut;  M'oeL.-Str.  Bei.t.oc; 
MM.  Bariseab,  BiANCHi.M.  Berr,  J.-P.  Bres,  Felix  Bodin,  Borwoup  fits, 
Chauvet,  CBRifEDoi.i.E,  dc  Liege;  P. -A.  Coupis  ,  Fr.  Degeorge.Dumersan, 
Ed.  Gaottier  ,  Pa.  Golbery,  Heirerg,  Uekrichs,  E.  Hereau,  ACGtrsTE 
Jiii.i.r£N,fils;  Kalvos,  de  Zante;  Adrien-Lafasgb  ,  J.-V.  Leclerc,  Loeve- 
Veimars,  a.  Mahul,  Mauviel,  Mazois,  Albert-Montemokt,  Monnard, 
de  Lausaooe;  NicOLO-Poui-o,  C.  Pagasei.,H.  Patij.',  Pongirvii,i.e;Qoete- 
i.et,  dk  Reiffebbero,  de  Bruxelles  ;  Roli.e  ,  bihliothccaire  de  la  ville  de 
Paris;  de  Stassart,  Fk.  Sai.fi,  M.  Schinas  ;  ScBWEiGH.EnsER ,  de  Stras- 
bourg; Lech  Thiesse,P.  F.  Tissot,  Vernecii.,  Yillesave,  S.Viscowti,  etc. 

A  PARIS, 

AU  BUREAU  CENTRAL  DE  LA  REVUE  ENCYCLOPliDIQUE, 
Rue  d'Enfer-S.iint-Micliel ,  n°  18; 
ARTHUS  BERTRAND  ,  rue  Hautefeuille,  n»  ?3; 
Au  IVlusEB  ENGYCLOPEDtQUE,  CHEZ  BossASGE  p6re,rue  Richelieu, 
n"  60; 

Rehouahd,  rue  de  Tonrnon,  n"  6; 
.O'NDRES. —  Generai.  FoREiGM  A&eikcy   Office,  n"  38,  Norfolk- 
street, Strand;  THEtJTTEL  etWurtz;  Bossasge;  Dux.*c  etcomp- ; 
P.  Roi,AMOi,  n"  20,  Berners-street ,  Oxford-street. 

SEPTEMBRE  1826. 


AVIS  ESSENTIEL  AUX  SOUSCRIPTEURS. 


MM.  LES  sotrscRiPM^^  dont  Tabonnement  est  expire 
LE  3o  juiN  DERNiE^^Rnt  invites  a  le  faire  rbnod- 
VELER  iNCESSAMMENT,  poiiF  que  Ic  Service  des  envois 
n'eprouve  aucun  retard. 

CONDITIONS  DE  oBuSCRIPTTON. 

Depuis  le  moisde Janvier  iSrg,  il  parait,  par  ann^e,  douze  cahiers 
de  ce  Recueil ;  chaque  cahier  ,  public  le  3o  du  mois,  se  compose  d'en- 
viron  i4  feuilles  d'impression,  et  plus  souvent  de  ifi  ou  i8. 

On  souscrit  h  Paris,  au  Bureau  central  (fabonnement  et  d'expidition 
indiqu^  sur  le  litre. 

Prix  de  la  Souscription. 

k  Paris 46  fr.  pour  un  an ;  26  fr.  pour  six  mois. 

Dans  ies  departemens.  53  3o 

A  I'^tranger  ......  60  34 

La  difference  entre  le  prix  d'abonnement,  h  Paris,  dans  Ies  departe- 
mens et  dans  titranger,  devant  6tre  proporlionnelle  aux  frais  d'expe- 
dition  par  la  poste,  a  servi  de  base  a  lafixation  port^e  ci-dessus. 

A  ce  sujet,  la  Direction  de  la  Revue  Encjclopddiqiie  croit  devoir  faire 
observer  que ,  cette  base  ayant  ^te  calcul^e  d'apres  le  nombre  de  qua- 
torze  feuilles  promises  mensuellement  aux  abonnds,  Ies  frais  deport 
occasion's  par  raugmentation  successive  des  cahiers  sont  reste-s  enti^- 
rement  a  sa  charge. 

Le  montantde  la  souscription,  envoye  par  la  poste,  doit  5tre  adresse 
d'avance ,  FKAif  c  deport,  ainsi  que  la  correspondance,  an  Directeur 
de  la  Revue  Encyclopidiqiie,  rue  d' En fer-Saint- Michel ,  n°  18.  C'est  a  la 
mdme  adresse  qu'on  devra  envoyer  Ies  ouvrages  de  tous  genres  et  Ies 
gravures  qu'on  voudra  faire  aunoncer,  ainsi  que  Ies  articles  dont  on 
d'sirera  I'insertion. 

On  peut  aussi  souscrire  chez  Ies  Directeurs  des  postes  et  chez  lei 
principaux  libraires,  a  Paris,  dans  Ies  departemens  et  dans  Ies  pays 
etrangers. 

;  Trois  cahiers  ou  livraisons  forment  un  volume.  Chaque  volume  est 
lettnin6  par  une  Table  des  mati^res  alphabetique  et  analytique,  qui 
'claircit  et  facilite  Ies  recherches.  Cette  Table  est  toujours  jointe  au 
i"  cahier  du  volume  suivant,  a  I'exception  de  la  dernifere  Table  de 
lann'e,  qui  est  exp'diee  isol'ment  a  tous  ceux  qui  peuvent  y  avoir  droit. 

On  souscrit,  seulement  4  partir  de  deux  ^poques  ,  du  i"  Janvier  on 
du  j^fuillet  de  chaque  ann'e ,  pour  six  mois ,  ou  pour  un  an. 

On  trouve,  10  BnREi.u  centrii.,  Us  collections  des  annees  1819,  i8jo, 
i8a  r ,  i8aa ,  i8»3,  1824  et  iSaS,  au  prix  de  5o  francs  chacone. 


^ 


REVUE 

ENCYCLOPEDIQUE, 

ou 
ANALYSES  ET  ANNONCES  RAISONNEES 

DES   PRODUCTIONS    LES    PLUS   REMAKQUABLES 
l>AJyS  LA  LITTJERA.TUUF.,   LES   SCIENCES  ET   LES   ARTS. 


I.  MEMOIRES,  NOTICES, 

LETTRES  ET  MELANGES. 


NOTICE 

SUR  L' APPLICATION  DES  AEROSTATS 

A  DIVEKS  OBJETS    RELATIFS  AUX  SCIENCES   ET  AUX  SERVICES 
PUBLICS. 

L'iNVENTioN  i)Es  AEROSTATS  n'a  pas  cncorc  obtenu  le  rant; 
qu'elle  doit  occuper  un  jour  par.mi  les  dons  que  les  arts  ont 
recus  des  sciences.  Peu  s'en  faut  qu'on  ne  la  regarde  aujour- 
d'hui  avec  indifference,  comme  un  objet  de  curiosile  qu'il  faut 
reserver  pour  la  pompe  des  fetes,  ou  pour  d'autres  applica- 
tions tout-a-fait  etranyeres  aux  progres  des  connaissances.  Cettc 
opinion,  qui  s'litablit  inmnediatement  apres  les  premieres  expe- 
riences aerostatiques ,  n'etait  pas  celle  de  Franklin  .  de  Monge 
et  de  presque  tons  les  savans  du  premier  ordre  :  ce  n'etait  pas 
celle  de  l' Academic  des  sciences,  avant  que  cette  societe  fut 
dissoute,  au  milieu  des  crises  violentes  de  notre  revolution. 
C'esl  a  I'interct  (jue  prit  lAcademie  aux  nouvcaux  moyens 
T.  -wxi. —  Hcpteiuhic  1826.  i" 


573  IXOTICE 

irobscrvalious  et  de  docouvertcs  dont  rarrostalion  pouvait 
I'liiichir  Irs  sciences,  que  nous  sommes  ridevables  ilu  beau 
travail  tie  Muunier  sur  celte  matiere.  Quelques  annees  plus 
tart!  ,  ou  \  ii  painitre  les  aerostats  niilitaires,  et  ccs  postes 
eleves  qui  uiettaienl  a  Jecouvert  loutts  les  disposilions  de  I'eu- 
neuii,  qui  rcndaicnt  iiuitiles  tous  les  uiysteres  de  la  tactique, 
furen.t  confies  a  luie  troupe  organisee  pour  ce  nouveau  service. 
DaiiS  Ic  aieme  leuis ,  des  essais  de  ti'lcgraphie  acrostatique 
obtenaient  un  plein  succes.  L'art  qui  etait  snr  ie  point  de  rece- 
voir  de  grands  developpeineas  avant  la  revolution  et  dont  la 
France  )i'publicaiiic  avait  fait  d'heureuses  ai)plications,  fut 
neglige  sous  le  gouvei  neraentde  Bonaparte.  II  est  nieme  a  crain 
dre  (]u'on  tie  perde  la  connaissance  des  acquisiiions  que  cct  art 
avait  faites,  et  (pi'il  ne  faille  reinventer  nn  jour  beaucoup  de 
clioses  que  les  generations  precedentes  savaient  tres-bien.  Le 
meinoire  de  Meunier  sur  les  aerostats  n'est  pasimprime.  M.  ie 
colonel  CouTEi.LE,  ancien  commandant  des  aerostiers,  a  bien 
voulu  nous  communiqaer  ime  notice  sur  les  aerostats  niili- 
taires et  sur  I'usage  que  Ton  en  fit ;  nous  inserons  en  enlier 
cet  ecrit  que  plus  d'un  lecteur  trouvera  trop  court,  et  dont  il 
demauderait  volontiers  le  complement  a  I'aiiteur.  IVous  niet- 
trons  a  la  suite  une  analyse  dii  niemoire  de  Meunier,  et  quel- 
ques details  sur  les  essais  de  telegraphic  acrostatique.  Les  ini- 
litaires  desireraient  sans  doiite  iju'on  litw  cut  fail  counaitre 
I'orgauisation ,  le  service  et  les  niaiiojuvres  ties  aerostiers.  Es- 
perons  qu'un  ami  des  sciences  et  des  arts  prendra  soiu  de  ras- 
sembler  les  precieux  nialeriaii.x  d'un  ouviagesur  cet  art  dont 
on  ne  peut  nieconnaitre  I'origine  francaise,  et  qui,  jusqu'a 
present,  n'a  rien  recu  des  etrangers;  que  ces  mateiiaux  seront 
mis  en  ordre  et  completes,  autant  que  peuvent  le  permetire 
la  mobilite  des  circonstances  et  le  desordre  des  terns  ou  furent 
faites  les  principales  experiences  aerostatiqnes.  Un  lel  ouvrage 
ramenerait  pcut-ctre  ratleution  des  savans  sur  les  aerostats, 
consideres  comme  moyen  de  decouvertes.  L'appareil  dont 
M.  Oay-LusS4c  a  fait  une  si  heureuse  application  n'a  pas  ac- 
compli sa  destinee;  c'esl  des  sciences  qu'il  tire  son  origine,  et 


k 


V' 


SUR  L' APPLICATION  DES  AEROSTATS.         679 

les  creations  de  cette  nature,  sont  comme  les  sciences  menies, 
d'line  utilite  dural)le  ct  variee.  C'c.tt  I'enfant  qui.  vicnt de nai- 
ire ,  (iisait  Franklin,  ;\  I'apparition  ties  premiers  balions;  cet 
enfant  a  deja  pris  des  forces;  avant  de  juger  de  ce  que  Ton 
peut  en  esperer,  aidons  son  adolescence,  et  attendons  qu'il 
soil  tout-a-fail  devcioppe. 

SUR  LES  AEROSTATS  MiLlTAIRES. 

Premiere  eaperiencc  de  la  decomposition  de  I'eau   dans  de 
grands  appareils  pour  etahlir  un  aerostat  aux  arinees. 

Le  comito  de  saint  public  avalt  reuni  aupres  de  lui  une 
commission  dans  laqnelie  on  comptait  les  savans  Mojvoe,  Ber- 
THOLET,  FouRCROY,  GuY.TON ,  clc. ,  ttc.  II  J  flit  proposc  par 
Gnyton  de  fairc  servir  Tatroslat  aiix  arnjties ,  conime  nn  moyen 
d'observation.  Cette  proposition  fut  acccptee,  sous  la  condi- 
tion de  no  pas  emp^,oyer  I'acide  sulfnrique,  le  soufre  etantrare 
alors,  et  neccssairc  pour  la  fabrication  dela  poudre. 

La  commission  se  proposa  d'employer  la  decomposition  de 
I'eau  siir  le  fcr;  m;iis  celto  expciience,  faite  par  le  ceiebre  La- 
voisier, et  repctee  dans  nos  cabinets,  n'avait  pu  donner  que 
de  faiblcs  resultats.  Une  experience  en  grand  etait  necessaire; 
il  fallait  pouvoir  extraire  12  a  i5,ooo  pieds  cubes  de  gaz,  dans 
le  terns  le  pins  court,  imaginer  des  appareils,  etc.,  etc. 

J'avais  un  assezbcau  cabinet  de  physique:  j'y  avals  rassem- 
ble  les  meiilcurs  appasfilspour  les  experiences  sur  relectricile, 
la  lumiere  et  les  gaz.  Guyton  etait  venu  plusicurs  fois  chcz  moi 
faire  ses experiences.  Il  y  avait  conduit,  avec  le  doctciir  Cuaus- 
siKR  ,  I\I.  flc  VoLTA  ,  lorsqu'il  vint  a  Paris  communiquer  aux 
savans  sa  belle  experience  sur  la  detonalion  dii  gaz  liydrogene 
combine  avec  le  gaz  oxygene. 

Guyton  me  proposa  a  la  commission  pour  faire  le  premier 
essai  de  la  decomposition  de  I'oau  dans  de  grands  appareils. 
Je  fus  adresse  an  ministre  de  Tinterieur ,  charge  de  iournir  les 
fonds  pour  la  depense  du  materiel.  Honore  du  choix  d'une 
commission  aussi  dislinguee,  j'acceplai  celle  que  me  signa  le 


ri8o  IN'OTICE 

niiiiistrc,  sons  hi  condition  do  ne   reci-voii-  aiicnn  tiailcnicnt 
pour  luoi. 

Jc  fns  chiMi^e  ile  faire  reparcr  iin  aerostat  de  27  pieds  de 
diametre  (|ui  avail  ete  mis  a  la  disposition  du  ministre  (1) ,  de 
faiie  fain;  tons  !es  appareils,  et  de  choisir  nn  lieu  non  ferme 
et  conveiKible  ponr  celte  experience  ;je  m'etablis  dans  lejardin 
(li'S  Feiiillans. 

L'aerostat  etait  repare,  le  fourneaii  qui  renferniait  iin  tnyan 
de  fonte  renipli  de  fer  (2)  etait  coustrnit ,  les  caisses  et  les 
inyanx  etaient  disposes,  etj'etais  pret  a  metlre  le  feuaiifour- 
iicTii  :  je  desirais  avoir  des  teinoins. 

J'avais  connu  M.  Cokte  dans  les  coiirs  de  physique  de 
Charles  mon  ami,  dont  j'avais  ete  plusieiirs  fois  le  pievot^ 
i'allai  111!  proposer  de  venir  voir  rexpeiiencc,  j'in vital  ega- 
Iv^ment  ('hailes,  blen  dispose  a  recevoir  leurs  consells. 

L'e\perience  reiisslt;  je  retirai  environ  5oo  pieds  cubes  do 
j^az  (3).  Les  membres  de  la  commission,  qu^  avaient  snivi  cette 
operation,  furent  contens  du  resultat,  et  des  le  lendemain,  on 
nie  proposa  de  pai  tir  pour  ]WauLeu!j;c  et  d'aller  proposer  ati 
generalJourdan  I'emploi  d'un  aerostat  a  son  armee.  Je  partis; 
I'armee  etait  a  Beaumont,  a  six  lleucs,  au  dela  de  Maubeuge. 
L'ennemi,  a  inoins  d'une  lieue  ,  pouvait  attaquer  a  cbaque  ins- 
tant. Le  general  me  fit  cetle  observation,  qu'il  m'cngagea  de 
reporter  au  comite ;  j'arrivai  a  Paris ,  apres  avoir  employe  dc-n\ 
jours  et  demi  et  deux  nulls  a  cette  expedition  (/,). 

(c)  Le  ministre  mit  a  ma  disjiosition  la  sails  des  Marechaux  au\ 
1'ui'eries  pour  cette  reparatipn. 

(2)  Le  luy.iu  de  fonte  etait  de  trois  pieds  de  long  sur  (juiiize  pouces 
iiiterieurement  ,  rcmpli  de  cent  livres  de  rognuies  de  tole  et  de  co- 
peaux  de  fer  tournc. 

(3)  L'operatiou  dura  qiiatre  jours  et  trois  nuitsde  suite,  parce  qu'il 
fallut  rcniplacer  par  des  tuj  aux  de  cuivre  soudes  a  la  soudurc  forte  , 
eeiix  do  fer  blanc   proposes  par  Guyton  :  quoiqu'ils  fussent  plongcs       m 
dans  lean,  ils  se  dissoudaient  et  letain  coulait.  1 

(4)  Ell  arrivaiit  a  Beaumont,  couverl  de  boue  (j'avais  ete  oblige 
d'i.llei  deMauheiige  a  Beaumont  it  franc  etiier  par  des clieniius  epou- 


i 


SUR  L' APPLICATION  DES  AEROSTATS.        58 1 

La  commission  sciitit  ia  necessitu  de  faire  I'experieiice  cn- 
tiere  avcc  iin  aerostat  piopre  h  enlevcr  rlcux  personncs.  !(• 
ininistre  mit  a  ma  disposition  Ic  jardin  ct  le  petit  chateau  dc 
Meiidon. 

Co  nV-tait  pas  frop  de  dcnx  personncs  pour  la  composition 
d'un  fournean  dans  lequel  je  cms  necessairc  de  placer  sept 
tuyaiix  (i).  Il  fallait  en  outre  imaginer  des  appareils,  des  cu- 
ves  trausportahles  aux  arraees.  Je  proposal  a  la  commission  de 
m'associor  Conte  que  je  lui  avals  fait  connaitre  lors  de  nia 
premiere  experience.  Conte  consenlit  a  venir  m'aider;  mais  il 
nevoulut  aiicnne  commission,  ni  se  charger  d'aiicune  respon- 
sabiliteril  vint  s'etablir  avec  moi  a  Sleudon.  Nous  concumcs 
tout  ensemble,  et  je  reslai  seul  comptable ,  charge  des  details  et 
dc  la  correspondance  avec  la  commission. 

Tdfetes  les  difficultes  furent  levees,  le  fourneau  construit , 
les  sept  tuyaux  places  ainsi  que  les  appareils,  et  mon  premier 
aerostat  <le  27  jiieds  rempli.  J'envoyai  averlir  la  commission 
qui  vint  faire  faire  la  premiere  experience  d'une  ascension,  at; 
moyen  d'un  ballon  tenu  par  deux  cordes  (2). 

Pour  la  premiere  fois,  je  montai  Jans  la  nacelle;  ks  com- 
missaires  me  donnerent  une  suite  de  signaux  a  repeter  et  d'oL- 
servations  a  fiure.  Je  me  fis  successivement  elever  de  toiite  la 
longueur  des  cordes,  270  toises;  j'etais  aiors  a  35o  toises  cnvi 


vantables)  ,  je  trouvai  le  reprcsentanl  Duqncsnoy  a  table:  il  ne  le- 
coiinut  point  I'ordre  du  comile  de  salut  public  dont  j'etais  porteui  , 
encore  moins  I'aerostat  dont  on  lui  parlaif.  II  me  nienaca  de  me  faire 
fusilier  avant  de  m'entendre;  il  se  radoucit  et  finit  par  me  faire  des 
compliinens  sur  mon  devoument. 

(i)  On  remplissait  les  tuyaux,  conime  dans  la  premiere  expr 
rieiice ;  mais  il  fallait  les  fouler,  eii  battant  le  mouton  pour  leui'  en 
faire  contenir  chacuii  400  livres  ;  ils  avaient  8  pieds  de  long  ,  12  pou- 
ces  en  dedans  et  pesaient  vides  1600  livres. 

(5)C'est  par  erreur  que,  dans  plusieurs  dessins,  on  a  place  pin  ■ 
dc  deux  cordes ;  I'aerostat  etant  toujours  sous  le  vent,  deux  cdidcs 
srules  peuvent  tirer. 


58a  NOTICE 

ron  ail  dcSsus  clii  niveau  de  la  Seine.  Je  dislinijuais  avec  ina 
lunette  Ics  sept  coi\dcs  que  forme  la  Seine  jiis([tra  Menlan. 

J'otiidiai  les  moyens  d'obseiver,  dc  correspondre ,  au  snoyen 
de  sit;naii\  siispondus  a  la  nacelle  et  d'aiitres  que  Ton  etoiidait 
a  leric.  Apres  plusienrs  hemes  d'obscivation ,  jc  donnai  lo 
signal  de  nic  faire  desccndrc. 

l,a  commission  fut  satisfaite  de  ce  piea)ier  cssai,  dans  leqiiel 
cependant  je  ne  lui  dissiniulai  pas  les  diflicultes  d'observer 
pendant  une  oscillation  continnelle  et  un  balancement  plusou 
moins  grand,  suivant  la  force  du  vent.  Pen  de  jours  apres, 
je  recus  le  bievet  de  capitaine  commandant  les  aorostiers , 
attache  a  I'etat  major  general  dans  I'arme  de  I'artilleric  (i). 

Jc  recus  en  meme  terns  I'ordre  d'organiser  une  compagnie 
et  de  me  rendre  dans  le  plus  bref  delai  a  Maubeugc. 

Le  huitieme  jour,  je  partis,  emmenant  avec  moi  un  officicr, 
apres  avoir  dirige  quelques  soldats  sur  celte  place. 

Avant  mon  depart,  j'avais  engage  la  commission  a  demander 
au   ministre   une  commission  pour  Conte,  afin  qu'il  restat  a 
Meudon  pour  faire  disposer  et  m'envoyer  les  equipages  dont  , 
j'aurais  besoin. 

Arrive  a  Maubeuge,  mon  premier  soin  fut  de  choisir  un 
emplacement,  de  construire  mon  fourneau  (2)  et  de  faire  tou- 
les  les  dispositions,  en  attendant  I'arrivee  de  I'aerostat  et  des 
appareils  qui  avaient  servi  a  ma  premiere  experience  de  Meu- 
don (3). 

Pen  de  jours  apres  leur  arrivee,  je  pus  mettre  le  feu  au  four- 

eau ,  et  I'aerostat  fut  rempli  en  nioins  de  5o  heures.  Alors , 

(i)  J'etais  autorise  a  presenter  les  officiers,  qui  ctaient  confiruies 
par  le  gouvernemeiit ;  a  nommer  les  sou.s-officiers ,  et  je  pouvais  re- 
querir  dans  I'lnfanterie  les  soldats  ouvriers  que  je  croyais  utiles  a  mon 
travail. 

(2)  Outre  les  fondations  et  le  massif,  qui  etaient  eii  pierres  ,  j'em- 
ployai  environ  sept  milliers  de  briques. 

(3)  Les  difft'reus  corps  de  I'arnK^'e  ne  savaient  de  quel  ceil  regarder 
des  soldats  dont  Ic  service  leni  ('-tait  inconnu.  Le  general  commanda 


SUR  L'APPLICATION  DES  AEROSTATS.        58^ 

deux  fois  par  jotir,  p;ir  ortlre  tin  t^eneral  commaiulaiit,  je 
ui'elevais  a  une  pins  on  moins  graiule  ('levation  pour  observer 
les  Iravaiix  do  rennemi,  ses  positions,  ses  moiivemens  et  ses 
forces  (i). 

Lt'S  details  seraient  trop  loiii;s,  s'il  fallait  decrirc  tout  ce 
qu'il  en  coiite  de  peines,  de  fatigues  et  d'inquietndes  pour  coii- 
servei-  et  condnire  une  niacliine  aussi  fragile,  uii  globe  de  taf- 
fetas de  27  pieds,  un  autre  de  3o,  pour  contenii'  une  voile 
aussi  etendue,  lorsque  le  vent  est  fort,  et  lorsqn'il  suivient 
une  Icmpote. 

Je  ne  puis  qu'indiquer  les  difficultes  que  j'eprouvai  pour 
sorlir  d'une  place  de  guerre,  on  la  traverser:  |)asser  dans  les 
fosses , par  dessus  les rcmparts  et  les  portes ,  faiie  eiisuite  douze 
lieues  pour  arriver  devant  Cliarleroi  et  observer  la  place  as- 
siegee;  rester  deux  jours  apres  ueuf  heures  en  observation 
pendant  la  bataille  de  Fleurus. 

Je  me  contenterai  d'ex]ioser  les  avantages  et  les  inconve- 
niens  de  cet  cssai,  les  effets  que  I'aerostat  ni'a  paru  produire 
sur  les  deux  armees,  et  les  causes  qui  I'ont  fait  abandoiincr. 
Je  repeterais  egalement  une  partie  de  ce  que  je  viens  de  dire , 
si  je  donnais  les  details  de  ce  qu'il  ni'a  fallu  faire  pour  organise)- 
une  secoude  ccmpagnie  a  I'aruiee  du  Rliin,  apres  avoir  laisse 

une  sortie  contre  les  Autiichiens  retranches  a  iiiie  [)or(ee  de  canon 
de  la  place;  je  demandai  a  ^tre  employe  avec  ma  petite  troupe  :  deiix 
des  miens  furent  grievemeiit  blesses.  Nous  rentrSiiies  dans  hi  place 
au  rang  des  soldats  de  I'armee. 

(i)  Le  cinquieme  jour  j  une  pi6ce  de  17  ,  emhusquce  dans  un  ravin 
a  demi  portee  de  la  place,  tira  sur  "aerostat,  aussitot  qu'on  le  vit 
s'elever  ;  le  boulet  passa  au  dessus ;  un  second  coup  que  je  vovais, 
distlnctement  charger  et  tirer,  passa  si  pr^s  que  je  cms  I'aerostat 
perce  ;  au  troisienie  coup  le  boulet  passa  plus  bas.  Je  resfai  deux 
heures  en  observation;  lorsque  je  donnai  le  signal  dedescendre,  nies 
soldats  y  ruirent  une  telle  activite  que  la  piece  ue  put  tirer  que  deux 
coups;  les  bouieis  traversaieiit  la  place  et  tombaient  au  milieu  dii 
camp  retranche.  Le  lendeinain  ,  la  piece  e'ait  retiree. 


iS/i  NOTICE 

le  commandement  de  la  premiere  a  nion  lieutenant,  toujour? 
sous  raes  ordres  (i). 

Mais,  ce  qu'il  m'importe  d'ajouter ,  c'est  que  Conte  etait  dc- 
venu  men  ami,  que  sans  doute  il  aurait  reclame  ,  si  on  luieut 
attribue  la  premiere  operation  pour  remplir  un  aerostat  par 
la  decomposition  de  I'eau.  II  savait  trop  bien  que  je  I'avais  ap- 
pele,  que  je  lui  avais  fait  partager  tputesles  operations  a  Meu- 
don,  et  que  j'avais  seul  commande  et  dirige  les  operations  a 
I'armee,  oCi  il  failait  a  chaque  instant  inventer,  perfectionner, 
suivant  les  circonstances  (2),  et  qu'enfin  j'avais  seul  ete  choisi 

(i)  Je  fus  noninie  chef  de  batnillon  par  le  direcloire  executif. 

(2)  A  Maubeuge ,  pendant  que  je  remplissais  nion  aerostat ,  une 
indisposition  me  forca  de  me  reposer  quelques  lieures.  Un  des  offi- 
ciers  crut  avancer  I'operation  en  forcant  le  feu  :  deux  tuyaux  furent 
perces;  il  falltit  en  disposer  d'autres,  pendant  que  le  fourueau  refroi- 
dissait.  L'operation,  qui  devait  etre  terminee  dans  48  heures,  dura 
8  jours  et  7  nuits,sans  qu'il  me  fut  possible  de  prendre  aucun  repos. 
A  Borcette  pr^s  Aix-la-Chapelle  ,  les  briqises  qui  formaient  les  bou- 
ches  de  mon  fourneau  fondirent  et  obstruerent  les  deux  entrees  :  je 
fus  oblige  de  faire  des  briques  avec  moitie  d'argile  et  moitie  de  vieux 
creusets  reduiis  en  poudre  ;  apres  une  demi-cuisson  ,  je  refis  les  bou- 
ches  du  fourneau;  le  travail  ue  fut  suspendu  que  pendant  quelques 
heures  et  I'aerostat  fut  rempli  dans  Sa  heures.  Ma  compaguie  suffisait 
a  tout  le  travail ;  aucun  de  nous  n'avait  vu  faire  de  briques.  En  arri- 
vant  pres  de  Bruxelles ,  un  coup  de  vent  porta  I'aerostat  sur  mi 
eclat  de  bois  qui  le  fendit  :  une  petite  partie  du  gaz  s'echappa,  pendant 
qu'on  reparait  raerostat  endonimage  par  cet  accident.  J'avais  heu- 
reusement  dans  rnes  equipages  un  petit  tuv.iu;  j'entrai  dans  le  pare 
d'artillerie  ou  je  formal  une  enceinte  avec  une  simple  ficelle  qui  fut 
respectee  ;  j'etablis  un  petit  fourneau  au  moyen  duquel  je  remplacai 
le  gaz  perdu  :  nous  rejuignimes  Taimee  a  marche  forcee ,  le  qua- 
trifeme  jour 

N.  /I.  Je  cite  les  faits,  auxquels  j'eii  pourrais  ajouter  beauconp 
d'autres  pour  faire  voir  qu'un  officier  simplenient  charge  d'executer 
des  ordres  ne  peut  pas  conduire  un  aerostat ,  s"il  n'a  pas  des  connais- 
sances  physiques  et  mecaniqlies,  s'il  ne  peut  pas  donuer  lexemple 
d'un  travail  presque  continuel  ,  do  jour  et  de  nuit. 


SU.R  L'APPLICATION  DES  AEROSTATS.  585 
par  la  commission ,  et  commissioniie  par  les  minislres  pour  fairc 
en  grand  la  premiere  experience. 

Observation.  Je  ne  dirai  pas,  comnie  ceux  qui  louent  on 
qui  blament  avec  exageration  tout  ce  qui  est  nouveau,  que 
I'aerostat  a  fait  gagner  la  hataille  dc  Fleurns.  Tons  les  corps ;, 
danscette  journee  memorable,  ont  fait  leur  devoir. 

Ce  que  je  peux  as-surer ,  c'est  que  bieu  exercii  a  me  servir  <le 
ma  lunette,  raalgre  le  mouvement  d'oscillation  continu  et  de 
balancement  qui  est  en  raison  de  la  force  du  vent ,  je  distinguais 
les  corps  dinfanterie,  de  cavalerie  ,  les  pares  d'artillcrie,  leurs 
mouvcmens,et  en  general  les  masses;  que  je  voyais  parfaite- 
ment  devant  Maycnce  les  personnes  qui  marchaient  dans  les 
rues  et  sur  les  places. 

Je  dois  cependant  convenir  qu'il  est  difficile  de  vaincre,  dans 
le  premier  moment,  I'impression  que  fait  le  balancement  lors- 
que  le  vent  est  fort,  ainsi  que  le  bruit  que  fait  le  ballon, lors- 
que  le  coup  de  vent,  comprimaut  le  cote  qui  lui  est  oppose, 
forme  une  calotte  rentrante  qui,  en  se  retabiissant  par  I'elas- 
ticite  du  gaz,  chaque  fois  que  le  vent  cede,  fait  un  bruit  ou 
coup  de  fouet  qui  s'entend  dans  toute  I'armee. 

Les  officiers-gcneraux  et  tons  les  autres  dans  I'armee  enne- 
mie  ont  toujours  regarde  avec  admiration  et  jalousie  notre 
aerostat.  .I'en  ai  eu  la  preuve,  chaque  fois  que  je  me  suis  trouve 
avec  eux,  par  la  maniere  di^tinguee  avec  laquelle  j'en  ai  ete 
traite. 

Lorsqueje  m'elevai  devant  Mayence,  a  demi-portee  de  ca- 
non de  la  place  jj'etais  seul,  parce  que,  le  vent  etant  fort,  je 
voulais  lui  resister  davantage  avec  3oo  livrcs  environ  d'exces 
de  legerete.  Trois  bourrasques  successives  me  rabattirent  suc- 
cessivement  jusqu'a  terre,a  la  distance  de  la  longueur  descor- 
des  qui  me  retenaient,  i5o  toises;  !a  seconde  fois,  trois  des 
barreauxqui  soutenaient  le  fond  dc  la  nacelle  furent  brises. 

Chaque  fois  que  la  nacelle  avail  touche  la  terre,  I'aeroslat 
se  relevait  par  un  mouvement  acceh'ie,  avec  une  telle  vitesse 


586  NOTICE 

que  64  personnt's,  'ia  a  chaqiie  corde ,  ctaicnt  cntiainccs  i  une 
i,'ian(le  distance,  et  pliisieurs  restaient  suspendiK's(i). 

L'enuenii  iie  liia  point;  cinq  ofliciers,  au  coiilraire,  soiti- 
rentdela  place,  en  niontrant  un  pavilion  parlenicntaire.  Nos 
generaux  alierent  au  devant  d'eiix;  lorsqu'ils  se  rencontre- 
rent,  le  general  qui  coinmandait  dit  au  notre :  Monsieur  le 
general,  je  vous  prie  de  faire  descendre  ce  brave  officier;  le 
vent  va  le  faire  perir; ;  il  nefaul  jjas  qu'il  periase  par  un  acci- 
dent etranger  a  la  guerre  ;  c'est  inoi  qui  aifait  tirer  sur  lui  a 
Mauheuge.  Lorsque  le  calme  fut  retabli,  je  dounai  le  sij^nal 
de  descendre,  je  trouvai  ma  petite  troupe  et  \ph  soldats  auxi- 
liaires  pAles  et  consternes.  lis  n'avaient  pas  ete  comme  moi 
exposes  aux  regards  et  a  I'interet  de  plus  de  i5o,ooo  homines. 

Une  autre  fois ,  j'etais  devant  Manheim  sur  les  bords  du 
Rhin.  Le  general  qui  nous  commandait  ni'envoya  en  parlcmen- 
taire  sur  I'autre  rive.  Aussitot  que  les  ofliciers  autrichiens  ei:- 
rent  appris  que  je  commandais  I'aerostat,  lis  me  comblerent 
d'amities  et  mc  firent  mille  questions.  Un  officier  obsorva  que, 
si  les  cordes  cassaient ,  je  pourrais  tomber  dans  le  camp  en- 
nemi. 

Monsieur  C ingenieur  aerien  ,  rcpondil  un  officier  superieur , 
sei-ait  traitc  comme  un  officier  distingue.  C'est  moi ,  ajouta-t-il , 
en  m'adressant  la  parole,  qui  vous  ni  fait  remarquer  aa prince 
de  Cobourg  [dont j'e  su is  aide-de-camp)  a  la  bataille  de  Fleams. 
Il  me  temoigna  le  plus  grand  desir  de  connaitre  mes  opera- 
tions pour  remplir  I'aerostat;  je  lui  proniis  de  les  lui  faire  voir 
dans  le  plus  grand  detail ,  s'il  obtenait  I'autorisation  de  venir 
dans  noire  camp. 

Jelui  fis  observer  qu'on  nc  devait  pas  m'interdirc  la  vne  de 
la  place,  piiisqiie,  en  m'elevant  sur  I'autre  rive  je  plongerais 
dessus.  Le  lendcmain,  notre  general  recut  I'invitation  de  ni'y 
faire  passer;  mais  nous  fumes  obliges  de  partir. 

(i)Sij'avais  employe  uue  luacliine  qui  ni'avait  ele  envoyee  pour 
fixer  les  cordes  a  tevre,  le  Clet  aurait  ete  brise  si  les  cordes  n'avaient 
pas  casse  par  la  resistance. 


SUR  L'APPLICA.TION  DES  AEROSTATS.         587 

Generalemenl,  les  soldats  autrichiens,  qui  tous  voyaicnt  tin 
observateiir  dans  la  nacelle,  croyaicntne  poiivoir  faire  un  pas 
sans  etre  apcrcns.  De  notrecote,  ndtre  armee  voyait  I'aerostat 
avpc  plaisir.  Celte  arinc,  jusqu'aiors  inconiiiie,  leur  donnait 
de  la  gaietc  et  de  la  confiance;  souvent  dans  nos  inaiclies  pe- 
nibles,  des  soldats  de  troupes  Icgeres  apportaient  du  vin  a  ma 
troupe. 

On  se  battait  depuis  plus  de  dix  heures  a  la  bataille  de  Fleu- 
rus,  lorsque  le  general  Jourdan  me  donna  I'crdre  de  monter 
une  seconde  fois  pour  observer  notre  droite,  et  me  fit  donner 
une  note.  Un  corps  qui  avait  recu  I'ordre  de  se  porter  sur  un 
autre  point  par  le  plus  court  chemin ,  passa  sous  mes  cordes; 
les  soldats  disaient  qu'on  les  faisait  battre  en  retraite;  un 
d'eux  que  je  distinguai  parfaitcment  leur  dit :  Si  nous  hattions 
en  retraite ,  le  ballon  ne  seraitpas  la. 

II  est  terns  de  terminer  un  memoire  dtja  trop  long,  nialgre 
tout  ce  que  je  pourrais  y  ajouter.  Force  dc  m'occuper  unique- 
ment  de  cette  machine,  pendant  plus  de  trois  ans;  d'cprouver 
des  obstacles  et  de  vaincre  des  difficultes  que  I'onne  pent  point 
calculer  dans  le  cabinet,  je  crois  etre  fonde  a  regarder  la  di- 
rection des  aerostats  comme  etant  presque  impossible,  qiioiquc 
plusieurs  hommes  de  nicrite  soicnt  d'une  opinion  contraiie  a 
la  mienne;  Guyton  etait  de  ce  nomhre.  CouxELLr. 

Apres  cette  narration  interessante  a  tous  egards,  et  par  les 
faits  qu'elle  contient,  et  par  le  ton  de  veracite  du  narrateur, 
passons  a  une  autre  application  des  aerostats.  Celle  dont  nous 
allons  parler  ne  futque  projetee;  e!le  restera  dans  le  domaine 
des  sciences  mathematiqucs  et  physiques,  jusqu\^  ce  que  I'ex- 
perience  ait  confirme  les  resultats  du  calcul,  et  fait  voir  que 
I'enumeration  des  causes  est  esacte  ,  que  tons  les  effets  ont  ete 
prevus.  Elle  marque  le  point  de  depart  pour  les  I'ccherches 
ultericures;  on  y  trouvera  la  solution,  ou  I'une  des  solufious 
de  quelques  problemes  qui  n'ont  point  cesse  d'occuper  les  aen) 
nautes  auxquels  le  travail  de  Meunior  n'etait  pas  connii. 


588  NOTICE 

Memoirks  sun  les  aerostats,  par  Meunier,  ojjicierdu  gvnie , 
ineinbrc  de  l' Academic  dex  sciences. 

L'autoiir  de  cc  Mcnioirc  se  lit  ej^'alement  rcmanjiicr  dans  Ics 
scieuces,  dans  Ics  arts  et  dans  la  j^iicrrc.  Lcs  Alleniaiuls  sc  sou- 
vieiidront  long-tems  de  la  construction  rapide  des  fortifications 
de  Cassel,  operation  qu'il  dirii;ea,  de  la  defense  de  cette  tetc 
dc  pont  sans  laqiielle  Mayence  u'eiit  pn  soutenir  iin  siege  aussi 
long,  de  la  prise  de  la  redoute  de  Costheiin  ct  d'uue  multitnde 
de  faits  d'armes  on  ee  chef,  aussi  brave  qii'habile,  semblait 
etablir ,  contre  I'opinion  coratnune,  la  siiperiorite  de  la  defense 
sur  I'attaque  lorsqii'iin  boiilet  de  canon  fit  voir  que  cetle  su- 
jieriorite  ne  tenait  (ju'a  iin  seul  lionime.  Mais  c'est  du  savant 
et  nou  du  guerrier  tjue  nous  allons  nous  occnper. 

Dans  scs  recherches  sur  les  aerostats,  Meunier  ne  se  propo- 
sait  rien  nioins  que  de  faire  servir  ce  moyen  de  transport  a 
des  voyages  de  long  cours.  II  fallait  done  s'attendre  k  se  trou- 
ver  quelquefois  an  milieu  des  tempetes,  se  disposer  a  soutenir 
le  elioc  des  courans  divers  et  quel(|uefois  opposes  qui  agilent 
i'atmosphere  dans  les  couches  accessibles  aux  aerostats,  meltrc 
tout  I'appareil  a  I'abii  des  secousses  violeiites,  (juelle  qu'eii 
fut  la  cause  ;  la  necessite  desatterages  devait  etre  prevue,  aiusi 
que  leurs  dangeis;  i!  fallait  pouvoir  jeter  I'ancre  et  s'arreter  ; 
apareilicr,  s'elevcr  et  se  tenir  a  la  hauteur  que  Ton  jugeait  la 
plus  convonable;  se  mouvoir  dans  un  air  tranquille,  modifier 
sa  direction  et  sa  vitesse. 

Dun  autre  cote,  comme  aucune  des  enveloppes  dont  on  pout 
faire  les  aerostats  n'est  absolument  impermeable  a  I'hydrogene, 
il  etait  indispensable  de  trouver  un  moyen  de  conserver  ce  gaz, 
ou  d'en  reparer  la  perte.  Apres  avoir  trouve  des  reponses  sa- 
tisfaisantes  aux  questions  ainsi  posees,  il  leslaita  determiner 
la  forme  et  les  dimensions  d'lm  aerostat  capable  de  transpoi  tcr, 
outre  ses  agres ,  son  equipage  pour  Ics  niancenvres,  les  ob- 
servateurs  ot  Icnrs  instrumens,  et  une  quantile  de  piovisions 
proportionnec  a  la  durec  de  !a  plus  longue  navigalioii  (]ne  i'on 


SlIR   L'APPLICATION  Dl!:S  AEROSTATS.         58;) 

aiirait  a  f^iire  en  des  lieiix  qui  ne  pourraieiit  rien  foiirnir  mix 
voyai;enr.s.  Enfin,  il  fallait  faire  le  devis  de  la  construclion  de 
I'aerostat,  du  greement  et  de  tousles  ftais  de  rcutiepris^e  : 
voila  le  sommaire  de  ce  que  contient  le  Memoire  de  Meunier. 

L'habile  inecanicien  a  vaiiicu  presque  loules  les  difficultes 
du  sujet  qu'il  avail  a  trailer,  en  meltanl  une  seconde  enveloppe 
a  son  ballon,  Celle  addition  lui  procure  les  nooyens  de  resister 
aux  vents,  aiix  secousses,  aux  chocs  inevitables  dans  les  alte 
rages;  la  faculte  de  monter  el  de  descendre,  de  se  tenir  a  la 
hauteur  oii  il  veut  etre  ;  enfin,  il  evite  toutes  les  causes  de  perte 
du  gaz  hydrogene,ou  rend  leur  effet  si  pen  sensible  qu'ou 
peul  le  negliger  sans  inconvenient.  Voyons  comment  des  resul 
lats  aussi  imporlans ,  et  d'une  nature  aussi  diverse,  ])eiivenr 
tenir  a  une  seule  disposilion  de  I'ajjpareil. 

L'hydroyene  est  contenu  dans  un  ballon  de  laffetas  enduit 
tic  cdoutcliouc(  goinme  elaslique  ).  Cette  enveloppe  doit  etre 
aussi  legere  qu'il  est  possible,  plus  grande  que  le  volume  du 
g;iz  qu'elle  contient,  ensorle  qu'elle  ne  soil  jamais  tendue.  On 
la  nomme  enveloppe  impermeable ,  quoique  Ton  sarhe  bieu 
(ju'une  certaine  quantite  de  gaz  s'en  echapperait  conlinuelle- 
menl,  si  elle  etait  tendue  par  mi  flnide  comprime. 

La  seconde  enveloppe,  dite  deforce ,  pent  etre  de  toile  ,  et 
(I'autant  plus  epaisse  cpie  I'aerostat  est  plus  grand  ;  on  la  foriifie 
encore  a  I'exterieur  par  un  reseaii  de  cordes.  Elle  doit  etic 
impermeable  a  I'air  atinospherique  comprime  :  mais  oh  sait  que 
ce  Quide  est  plus  facile  a  contenir  que  I'hydrogene ,  et  qu'un 
enduit  qui  laisserait  tamiser  le  gaz  leger  pent  interdiie  le  pas- 
sage au  plus  pesant.  On  laissc  entre  les  deux  enveloppes  im 
assez  grand  espace  dont  nous  allons  expliijiier  I'usage. 

Un  luyau  de  me.-ne  lissu  que  Tenvcloppe  de  force  fait  com- 
muniquer  cette  enveloppe  avec  une  pompe  foulanle  etablie 
dans  la  gniidole.  On  pent,  au  moyen  de  cette  pompe,.  conden- 
ser I'air  entre  les  deux  enveloppes,  diminuer  le  volume  de 
I'hydrogene ,  et  augmenter  ninsi  la  pesanteur  specifique 
moyeune  du  fluide  contenu  dans  I'aerostat.  Coinme  I'envelopjH' 
est  disposee  pour  u'etre  presque  pas  extensible,  el  conime  ks 


Sgo  NOTICE 

cordos  dont  die  est  armce  a  rexterieur  ne  Itii  permettcnl  pas 
<le  changer  dc  forme,  on  pent  regardcr  le  volume  dc  raerosl;it 
conime  variant  Ircs-peu ,  tandis  que  son  poids  augmente  ou 
dimiiuic  en  raison  dela  pesanteiir  spccilique  moyenne  des  deux 
gaz  qu'il  contient.  Ces  gaz  s('pares  I'un  de  I'autie  par  I'envc- 
loppo  impermeable,  sont  conslammcnt  en  cijuilihrede  part  et 
d'antro  de  cette  envclopjie  qui,  n'elant  jamais  tcndue  et  ne  sup- 
portant  aucun  effort,  pent  etredu  tissu  le  plus  mince  etleplus 
ieger.  Ainsi,  lorsque  les  aeronautes  sont  a  une  grande  hauteur  , 
il  leur  suffit,  pour  descendre,  de  faire  agir  la  pompc  foulante  : 
to'.u  le  poids  de  I'air  atmospherique  qu'ils  inlroduisent  entre 
les  dt  iixenvcloppes  est  ajoule  a  celui  de  I'aerostat  qui  ne  pent 
plus  rosier  en  equilibrc  que  dans  nnc  conclie  plus  dense,  et 
par  consequent,  plus  basse. 

Ainsi,  la  conservation  du  gaz  estassuree.  On  est  dispense  de 
se  charger  de  lest,  qui  ne  pent  servir  qu'une  seule  fois,  qu'il 
A\ut  jeler  pour  selever,  et  qu'on  ne  retrouve  plus  pour  des- 
cendre.  Quand  on  vent  s'elevcr ,  il  sufiit  d'ouvrir  une  soupape , 
et  de  laisser  echapper  I'air  atmospherique  comprime  entre  les 
deux  enveloppes  :  pour  descendre,  ou  relabiit  la  compression 
de  1  air.  Lts  aeionautes  sont  mis  en  possession  de  toutes  les 
couches  de  I'air,  jusqu'a  cclle  ou  le  gaz  hydrogene  remplirait 
presque  toute  la  capacite  de  sa  mince  cnveloppe. 

II  faut  encore  un  mecanisme  pour  se  niouvoir  dans  im  air 

tranquille.  Meuniern'y  emploie  point  d'autre  force  molriccqne 

les  bras  de  Tcquipagc.  En  eff'et,  la  superiorite  d'un  autre  mo- 

teur  ne  pourrait  ctre  de  que'qiie  importance,  si  menie  elir 

n'etait  pas  tou!-;i-fait  illusoirc.  Ce  moteur  serait  un  iioids  de 

*  ...  . 

plus;  les  appi'ovisioiinemens   qu'il  exigerait    augmenteraient 

encore  le  surcroit  de  change  :  il  faudiaitun  plus  grand  aerostat 

et  un  equipage  plus  nombreux. 

Le  ehoix  du  moteur  etant  fixe,  la  nianiere  la  plus  avanla- 

geuse  de  I'employer  etait  deja  eonnue.  L'auteur  du  Memoire 

('•lablit  des  rames  inclinees  conune  les  ailes  d'lui  moulin  a  vent, 

et  fixi'es  a  un  axe  horizontal  que  I'equipage  fait   lourner.  Ce 

mecanisme  ne  j)rocurerait  qu'une  marche  tres-lentc  (vm  pen 


SUR  L'APPLICATION  DES  Af'ROSTATS.  Sgi 

plus  d'ane  lieue  h  riieure )  :  mais,  snivant  Mennier,  le  mou- 
veiTient  de  tianslalion  nc  devait  servir,  on  lo  combinant  avcc 
le  niouvement  ascensionel,  qu'a  cheiclier  dans  I'atmosphere 
iin  coiiranl  qui  portat  les  acronautes  vers  les  lieiix  oil  ils  voii- 
draient  se  rendre.  II  n'avait  pas  le  projet  de  les  condnire  a 
leiir  destination  par  la  seule  action  des  rames. 

On  volt  que  le  niachiniste  a  rempli  sa  lache;  ceile  du  geo- 
nietrc  va  conimencer.  II  s'agit  d'assigner  les  conditions  de  la 
stabilite  de  I'aerostat,  et  d'y  salisfaire;  de  donner  a  toutes  les 
parties  de  cette  grande  machine  des  formes  qui  opposent  au 
inouvenient  de  translation  le  moins  de  resistance  qu'il  serait 
possible,  sans  oublier  que  I'enveloppe  de  force  doit  etie  telle 
que  sa  capacite  ne  clianj',e  pas  sensiblement  par  Taction  de 
I'air  atmospherique  plus  on  moins  comprime  entre  les  deux 
cnveloppes.  On  jjense  bien  que  cette  partie  du  Memoire  n'est 
a  la  jiorlee  que  des  lectem's  familiarises  avec  les  hautes  ma- 
iticmatiques. 

MoKGE,  piofitant  du  nioyen  imagine  par  Mennier  pour 
monter  et  descendre  avec  une  asscz  grande  rapidite,  avait 
concn  la  possibilile  de  tirer  de  ce  mouvement  vertical  celui 
de  lianslation  horizontale.  Meunier  n'employait  qu'iui  seul 
aerostat  pour  transporter  tons  ses  voyageurs  :  Mongo  les 
repartissait  entre  vlngt-cinq  petits  ballons  auxquels  ils  con- 
servait  la  figure  sphcrique,  au  lieu  que  Meunier  alongeait  le 
sien  en  forme  d'ellypso'ide.  Monge  attachait  les  uns  aux  autres 
tons  ses  ballons,  en  sorte  qu'ils  formassent  nn  assemblage 
flexible  dans  tous  les  sens,  susceptible  d'etre  deveioppe  en 
li.;ne  droite,  courbe  en  arc  ile  cercle  dans  toute  sa  longueur, 
oil  sei-ilement  dnns  une  partie  ;  de  prendre,  avec  ces  conrbures, 
ou  ces  Ibrmes  rectilignes,  la  situation  horizontale,  on  differens 
degres  d'inclinaisou.  Ce  systenie  de  globes  montant  et  descen- 
dant alternativement  avec  la  vitesse  que  les  aeionautes  lui 
auraient  im|)rinii'e,  eut  imile  dans  I'air  le  ujouvemont  du  ser- 
pent dans  I'eau.  II  est  bien  a  regretter  que  I'illustre  geoaietre 
u'ait  pas  donne  suite  a  cette  premiere  conception,  et  qu'il  ne 
I'ait  pas  sonmi^'o  au  calcul. 


i()i  NOTICE 

Le  leste  du  Menioiic  dc  Meunier  est  consacre  aux  details 
d'execiuion  et  an  calcnl  des  depenscs,  niatieres  qui  n'excilent 
point  la  ciiriosite  du  lecteur,  et  qui  cependant  coutent  souvent 
a  I'auteur  plus  de  travail  que  tout  le  reste.  L'aerostat  propose 
par  Meunier  eut  ete  fort  chor,  sans  doule,  et  ne  le  serait  pas 
moins  aujourd'hui  :  niais,  pour  une  premiere  experience  en 
t;rand  ,  pour  I'application  d'nn  nouvel  art  h  des  recherches 
d'une  haute  importance,  on  pent,  comnie  on  I'a  dit  de  quel- 
ques  autres  depenses  dont  rutilile  pent  etre  contcstee,ypr/72e/- 
ies  yeux  et  ouvrir  la  bourse. 

L'interieur  de  I'Afrique  ne  pourrait-il  pas  etre  reconnu  par 
une  expedition  aerostatique  ?  Les  observateurs  qui  se  charge- 
raientde  resoudrece  grand  problemede  geographic  n'auraient 
plus  rien  a  craindre  des  pernicieuses  qualites  du  sol  et  du 
climat,  ni  de  la  ferocite  des  habitans  :  le  courage  et  le  talent 
n'iraient  plus  chercher,  en  pure  perte,  une  mort  presque  cer- 
taine  dans  ccs  regions  inaccessibles  aux  hommes  civilises.  Si 
le  projet  de  les  parcourir  en  ballon  n'cst  pas  tout-a-fail  impra- 
ticnble,  il  est  bien  digne  d'etre  discute  par  les  amis  des  sciences 
geographiqiies  :  et  pour  ne  rien  omettre  dans  cette  discussion, 
il  faiit  commencer  jiar  lire  le  Memoire  de  Meunier. 

Essais  de  telcgraphie  aerostatique. 

Les  orages  de  la  revolution  n'etaient  point  apaises ;  mais 
les  savans  n'etaient  pins  traines  a  I'echafaucl.  On  commencait 
a  respirer ;  une  esperance  encore  timide  laissait  entrevoir 
dans  I'avenir  le  terns  oil  la  France  serait  heureuse  et  libre; 
mais  il  fallait  conqnerir  la  liberie  :  I'Europe  armee  nous  la 
disputait.  Organiser  les  armees ,  pourvoir  a  leiirs  besoins, 
concerter  les  operations,  etablir  des  correspondances  sures 
et  rapides,  rechercher  avec  soin  tout  ce  qui  pouvait  con- 
tribuer  a  la  victoire  et  la  faire  fructifier,  occupait  alors 
la  pensee  de  tons  les  Francais.  Co  fut  a  celte  epoque  que 
Ton  proposa  des  lignes  telegraphiques  mobiles  dont  les  si- 
gaaux  ne  fussent  point  assiijetis  a  occnper  des  licux  de- 
signcs  par  le  relief  dti  terrain.  Les  aerostats  elaient  precise- 


SUR  L' APPLICATION  DES  AEROSTATS.        SgB 

merit  ce  qii'il  fallait  pour  clever  les  signaiix  a  une  hauteur 
suffisante,  pour  les  rendre  visibles  malgre  I'inferposition  des 
bois,  descoteauxetde  toutceqiii  intercepte  lavue  danslespays 
qui  ne  sout  pas  couverts  de  hautes  montagnes  :  niaisil  s'agis- 
sait  de  les  manoeuvrer  a  terre,  et  d'y  faire  toutes  les  observa- 
tions. Les  moyens  que  Ton  eniploya,  quoique  tres-siniples,ue 
sont  peut-ctre  pas  les  meillenrs  :  ils  out  rinconvenient  de  de- 
venir  impraticables  par  un  grand  vent,  et  il  suffit  que  I'un  des 
postes  soit  arrete  par  cette  cause  pour  que  toute  une  ligne 
telegraphique  soit  reduite  au  silence.  Un  telegraphe  etait 
compose  de  sept  cylindies  ou  tambours,  legers,  formes  d'une 
toile  noircie,  attaches  a  deux  cerceaux.  Leur  hauteur  etait  a 
peu  pres  d'uu  metre,  et  le  rayon,  de  trois  decimetres.  lis 
etaienl  suspendiis  a  une  tringle  de  bois,  de  sorte  que  les 
deux  cerceaux  fussent  raaintenus  dans  la  situation  horizontale, 
et,  par  consequent  I'axe  du  tambour  fut  vertical.  On  les 
tenait  ecartes  I'un  de  I'autre,  a  une  distance  de  cinq  a  six  deci- 
metres. Une  ficelle  correspondante  a  chaque  tambour  servait 
a  le  manoeuvrer,  c'est-u-dire ,  a  le  tenir  plus  haut  ou  phis  bas  , 
de  sorte  que  ceux  qui  etaientelevcs  Aissent  tous  sur  une  meme 
ligne  horizontale  ,  ainsi  que  ceux  que  Ton  tenait  abaisses.  La 
combinaison  dfs  places  occupees  par  les  fambou'rs  sur  ces 
deux  lignes  fournissait  plus  de  signaux  qu'on  ne  pouvait  en 
employer.  La  tringle  de  bois,  le  systeme  des  tambours  et  de 
leurs  ficelles,  et  les  cordes  pour  amarrer  le  telegraphe,  enfin 
le  poids  total  de  la  machine  etait  tenu  en  I'air  par  un  ballon 
qui  n'avait  guere  plus  de  seize  decimetres  de  rayon.  II  n'est 
pas  facile  d'iniaginer  un  appareil  phis  portalif. 

L'experience,  faite  entre  Dammartin  et  Meudon  ,  reussit 
tres-bien.  Des  phrases  assez  longues  furent  echangees,  a  peu 
pres  dans  le  meme  terns  que  par  les  autres  telegraphes.  Lorsque 
I'aerostation  sortira  de  I'oubli,  on  pensera  sans  doute  anssi 
que  la  telegraphic  aerostatique  pent  rendre  quelques  services , 
et  que  les  soins  qu'on  lui  aura  donnes  ne  seront  point 
perdus.  Ferry. 

T.  XXXI.  —  Septembre  1826.  38 


EXTRAITS 

dii  Rapport  cEisERAii  fait  au  Ministre  de  la  marine, 

SUR   LENSEIGNEMENT   DE    t,A    GEOMETKIE    ET  DE    LA   ME- 
CANIQUE   APPLIQUEES   AUX  ARTS,    par   M.    CJl.  DuPlN. 

II  est,  dans  la  geometric  ct  dans  la  niecaniqne,  certaincs 
verites  eleraentaires,  fecondes,  qui  sont  Ics  plus  simples  rap- 
ports des  dimensions,  des  mouvcmens  et  des  forces;  voil^  les 
connaissancesdont  il  importe  que  chacun  se  rendc  un  compte 
raisonnc.  Notre  repos,  notre  action  sur  ce  qui  nous  entonre, 
et  Taction  de  tons  les  objets  sur  notre  etre,  sontsoumisa  ces 
lois  de  I'etendue,  de  I'equilibre  et  du  mouvement.  Le  tems  s'e- 
coule,  en  mesurant  la  duree  de  ces  phenomenes  de  tous  les 
lieux  et  de  tous  les  momens,  suivant  des  loisqui  reglent  I'ordre 
physique  des  cffets  merae  que  nous  croyons  fortuits  et  sans 
harmonic,  dans  les  oeuvres  de  la  nature  et  dans  les  travaux  de 
nos  arts. 

Guidcr  le  travail  de  I'homme ,  pour  qu'il  soit  conduit  vers 
un  but  utile  et  certain  par  ces  rapports  que  la  science  revele  , 
voila  la  marchefructueuse;  et  j'ajouterais  :  voila  le  seul  moyen 
qui  puisse  convenir  aux  grands  progrcs  de  I'industrie.  Mais  il 
ne  suffit  pas  d'apercevoir  le  but  que  Ton  doit  desirer  d'attein- 
dre  ;  il  faut  s'assurer  qu'on  pent  en  effet  y  parvenir.  A  cet 
ci^ard ,  j'ai  trouve  des  doutes  cliez  les  savans  les  plus  illustres  , 
ct  chez  les  hommes  etrangers  a  toute  notion  mathematique  : 
chez  les  ims,  paixie  qu'ils  voyaient  les  sciences  avec  trop  de 
grandeur  pour  esperer  qu'on  put  en  rendre  les  principes  po- 
pulaires  et  les  notions  vulgaires  ;  chez  les  autres,  parce  qu'ils 
s'effrayaient,  sans  s'en  rendre  compte,  d'un  resultat  que  leur 
(rivolite  ne  pouvait  concevoir. 

Afiu  de  composer  un  cours  normal  qui  convienuc  aux  bc- 
soins  i\e  I'industrie,  j'ai  choisi,  dans  les  principes  et  dans  les 
melhodcs  de  la  geomettie  et  de  la  mecauique,  tout  ce  qui  m'a 
paru  susceptible  d'applications  frequentes  et  d'un  grand  interet 
pour  nos  arts  habituels  ct  pour  les  usages  dc  la  vie.  J'ai  rap- 


RAPPORT  SUR  L'ENSEIGNEMENT  INDUSTRIEL.  Siy'S 

jiroclie  ces  principes  de  leiirs  applications  varices,  et  surtout 
de  cellcs  qui  nous  sont  tellement  familieies,  que  nous  ne  les 
soupconuoris  point.  La  vaiiete  de  ces  applications,  I'utilite 
pal|)able  des  resultats,  ont  un  attrait  parliculier  qui  fait  dis- 
paraitre  raridile  des  conceptions  abstraites.  L'esprit  trouve  un 
plaisir  vif  et  toujours  nouveau  dans  cette  explication  des  ve- 
ritcs  par  les  faits,  et  des  faits  par  les  veriles;  dans  I'impor- 
tance  donnee  aux  pratiques  de  I'industrie,  par  les  principes 
niathematiques  qu'elies  renfermaient  a  notre  insu  ,  et  qu'on 
nous  revele  tout  a  coup;  enfin,  dans  cette  ulilite  qu'on  recon- 
nait  a  la  theorie,  lorsqu'elle  fournit  des  methodes  qui  font  ap- 
procher  du  but  plus  aisemcnt  que  la  simple  routine  n'aidait  a 
s'cn  ecarter.  — Ainsi,  les  applications  de  k  geometric  et  de  la 
mccanlque  sont  a  la  fois  rcndues  plus  varices  et  moinsarides: 
leur  etude  devient  commune  a  I'artiste  et  a  I'artisan. 

Un  jour  qui,  j'ose  I'espcrer  ,  touche  a  I'epoque  oii  nous  vi- 
vons,  un  jour  viendra  qu'anx  humanites,  qui  sont  la  base 
litlcraire  de  toute  education  libcrale,  on  joindra  I'etude  facile 
de  la  geometric  et  de  la  mecanique  appliquees  aux  arts.  Depnis 
que  I'industrie  a  recu  et  recoit  sans  cesse  les  bienfaits  de  ces 
deux  sciences,  depuis  que  cette  Industrie  est  un  puissant  ele- 
ment de  bien-etre  et  d'opulence  pour  les  particuliers,  de  cre- 
dit et  de  force  pour  les  gouvernemens,  de  prosperite  pour  les 
nations,  la  connaissance  des  moyens  generaux  de  I'industrie  et 
d'une  theorie  nouvelie  qui  la  conduit  surement  a  de  grands 
resultats,  ne  peut  plus  rester  indifferente  aux  citoyens  eclai- 
res;  elle  se  place  au  rang  des  notions  fondamentales  sur  les- 
quelles  I'homme  public  doit  asseoir  ses  principes,  ses  actes  el 
ses  dcsseins. 

Pour  exposer  avec  ordre  le  tableau  des  efforts  tentes  pour 
propager  le  nouvel  enseignenient,  et  des  resultats  obtenusjus- 
qu'a  ce  jour,  je  suivrai  le  littoral  de  la  mer,  en  commencant 
par  le  point  le  plus  septentrional  des  coles  de  I'Ocean.  Jc 
franchirai  les  Pyrenees  et  suivrai  le  littoral  de  la  Mediterranee, 
jusqu'aux  limites  du  territoire  fran^ais. 

Lc  premier  port  qui  s'offre  a  nous  est  celui  de  Dunherque  , 


5y6  RAPPORT 

le  se<il  ])oit  maritime  dn  (iepartcment  du  Nord  ,  I'un  des  pUi» 
riches,  des  plus  iictifs  et  des  plus  peuplcs  du  royaume.  Cetle 
ville  est  an  deboucbc  de  iiombreiix  canaux;  ellc  est  le  point 
oblige  par  lequel  s'exporte  une  gr.inile  cpiantitc  dc  produitsde 
la  culture  ct  de  I'indiistrie  de  I'anoienue  Flandre  francaise  :  en- 
fiii ,  c'est  par  Duukerque  que  sont  importes  dans  nos  departe- 
mens  septentrioiiaiix  bcaucoup  de  produits  exotiques  et  de 
denrees  coloniales.  En  y  propapeant  la  connaissance  raisonnee 
des  applications  de  la  gcomctrie  ct  de  la  niecanique,  on  trou- 
vera  les  moycns  de  perfectionner  les  constructions  navales  du 
commerce,  et  tons  les  arts  qui  se  rattaclient  a  rarmement,  a 
I'instaliation  ,  au  greement  des  navires;  la  structure  et  la  ma- 
noeuvre des  bateaux  employes  sur  les  cananx;  plusieurs  bran- 
ches d'industrie  pratiquees  avec  plus  ou  moinsde  succes  dans 
les  departemens  du  noid.  L'enseignement  est  confic  a  M.  Pe- 
tit-Genet ,  professeur  recommandabie  ,  plus  instruit  que  ne 
I'exigent  les  fonctions  dont  il  est  charge;  ses  coiinaissances 
litteraires  lui  donnent  le  moycn  de  presenter  ses  idees  avec  une 
clarte  rare,  et  d'ecrireavec  une  elegance  remarquable.  Quoique 
les  habitansde  Dunkerque  soient,  en  grandc  partie,  plus  fami- 
liers  avec  la  langue  flamande  qu'avec  la  langue  francaise,  le 
nouveau  cours  n'en  compte  pasmoius  80  auditeurs  qui  le  sui- 
vent  avec  une  assiduitc  tres-exemplairc. 

Le  port  de  Calais  est,  apres  Dunkerque  ,  le  premier  on  Ton 
troiive  im  professeur  d'hydrograpliie.  Un  enseignement  regn- 
lier  de  la  geometric  et  de  la  mecanique  en  faveur  de  I'indus- 
trie  est  particuUerement  bien  place  dans  cette  ville ,  lieu  de 
passage  d'un  grand  nombre  de  personnes  qui  viennent  dc  la 
Grande-Brctague,  ou  qui  s'y  rendent.  Des  difficulles  locales  y 
ontretarde  I'ouverture  ducouis,  malgre  le  zeie  el  I'activite  du 
conimissaire  de  la  marine.  Enlin,  cet  adminisrratcur  a  trlom- 
pVie  de  toutes  les  difficuites,  et  c'est  a  Uii  que  Ton  doit  surtout 
que  dc  plus  longs  retards  n'aient  pas  prive  la  ville  de  Calais 
du  nouvel  enseignemeiit.  Le  cours,  pi-ofcsse  par  M.  Legrand, 
comptait  jo  eleves,  des  I'origine;  il  en  compte  5o  aujourd'hui; 
il  en  comptera  100,  lorsque  rautorile  inunicipalo  ,  justement 


I 


SUR  L'ENSEIGNEMENT  INDUSTRIEL.  597 

penetree  de  riinportance  tl'iin  pareil  resultat  en  lavcur  de  Ca- 
lais, croira  devoir  preter  iin  local  suffisant. 

La  situation  de  Boulo^/w  donne  lien  anx  memes  considera- 
tions que  celle  de  Calais  :  en  raison  de  la  population  de  Bon- 
loi^ne,  double  de  celle  de  Calais,  les  consequences  du  nouvel 
enscii;ncmcnt  sont  encore  plus  iniportantes.  La  seule  difliculte 
(|u'on  eprouva  fut  de  trouver  un  local  asscz  spacieux  pour  le 
zele  professeur  M.  Legrix. 

On  ne  pent  guere  esperei'  que  la  petite  ville  de  Saint  -  fa~ 
lerj-sur-Soinine  presente  de  grands  resultals,  obtenns  |)ar  le 
nouvel  enseignement :  cepeudant,  c'est  un  des  lieux  oii  il  pro- 
met  de  porter  dlieiu^euxfiuits.  Lors(|u'oa  aura  terniine  les  tra- 
vaux  considerables  qui  doivent  ameliorer  I'ent.ree  en  mer  du 
canal  qui  forme  le  lit  de  la  Somme,  Saint-Valery  pourra  deve- 
lopper  son  Industrie  nautique,  et  le  faire  avec  d'autant  plus  de 
succes  que  sa  popidation  induslrieuse  possedera  plus  d'instruc- 
tion  reunie  a  I'experience  pratique. 

L'exeniple  donne  par  Dunkercjue,  Calais,  Boulogne  et  Saint- 
Valery  n'a  pas  etc  sans  fruit  pour  les  departeniens  du  Nord  , 
du  Pas-de-Calais  et  de  la  Somme.  Deja ,  dans  le  premier  de- 
parlement,  la  ville  deZ)o//flj  jouit  d'uncours  de  geometric  et  de 
mecaniquc  appUqaees  aux  arts.  L'autorite  niiinicipale  a  fonde 
cet  enseignement,  et  la  Soriete  d'emulatioa  de  Douay  ,  nuie 
par  un  noble  sentiment,  vient  de  voter  une  nfedaille  d'or  poui 
recompenser  le  ineilleur  artiste  qui  sera  forme  parcette  ecole. 
Esperous  qu'un  pareil  exemple  excitera  I'emulation  la  plus 
genereuse  entre  les  autorites  municipales  et  les  Sorietes  sa- 
vantes  du  departement  du  Nord,  pour  fonder  des  cours  qui 
seront  de  la  plus  haute  ntilile  a  Lille ,  a  Rcubaix,  a  Turcoing , 
a  Valenciennes  et  a  Camhrui. 

Le  conseil  municipal  (V Arras  n'a  point  voulu  (]ue  le  chef- 
lieu  du  Pas-de-Calais  restat  prive  d'un  moyen  d'instruetion  qui 
])roduit  les  phis  heureux  effets  dans  les  villes  secondaires  de 
Boulogne  et  de  Calais ;  ii  vient  de  voter  une  chaire  de  geome- 
tric et  de  mecanique  appliquees  aux  arts.  Enfin  ,  le  conseil  mu- 
nicipal d'Jiniens,  sur  I'invitation  motivee  de  la  chambre  du 


5.J8  RAPPORT 

commerce,  et  d'apres  nti  rapport  j)lein  de  sagessc,  redige  par 
ime  commission  speciale,  vicnt  d'arreter  que  le  chef  -  lieu  du 
departementdela  Sommejouiraaussi  du  nouvel  enseignement, 
auquel  on  joindra  celui  du  dcssin  lineaire.  On  dolt  esperer 
c[u  ydbbeville ,  riche,  popnleuse  et  manufacturiere  ,  imitera  cet 
exemple.  Ajoutons  quele  nouvel  enseignement  se  trouve  fonde 
dans  lesdepartemens  de  I'Aisne,  des  Ardennes,  de  la  Moselle, 
du  Haut  etdu  Bas-Rhin ,  a  Saint-Quentin,  a  Sedan  ,  a  Mezieres, 
a  Metz,  a  Colmnr ,  i  Mulhouse ,  a  Strasbourg. 

A  Dieppe,  I'autorite  munieipale  a  seconde  de  la  maniere  la 
plus  digne  d'eloges  I'empressement  de  Tautorite  maritime. 
D'un  coramun  accord,  le  sous-prefet,  le  maire  et  le  comniis- 
saire  des  classes  ontsalisfait  rapidement  a  toutes  Ics  demarches 
preliminaires  qu'il  fallait  faire  pour  I'ouverture  du  cours;  elle 
a  eu  lieu  le  23  octobre  iSaS.  Quoique  Ton  eut  a  vaincre 
beaucoup  de  prejuges  defavorables  ,  I'habile  professeur 
M.  BtouET  a  compte,  des  le  premier  moment ,  60  auditeurs  ; 
il  en  compte  aujourd'hui  71,  etcenombre  ne  pourra  qu'aug- 
menterparla  suite. 

Des  prejuges  plus  grands  encore  ,  secondes  par  une  apathie 
singuliere ,  avaient  cloigne  du  cours  les  ouvriers  de  Fecamp, 
Le  professeur  de  cette  ville  n'eut  d'abord  que  1  elcves;  il  leur 
continua  ses  lecons  avcc  une  perseverance  digne  des  plus 
grands  eloges.  Bicntot  apres  ,  il  vit  s'elever  a  10  le  nombre  de 
ses  auditeurs.  Lors  de  la  reprise  de  son  enseignement,  on  avail 
eu  le  tems  d'apprecier  les  connaissances  que  le  cours  doit  re- 
pandre  ;  le  professeur,  M.  Vasse,  ancien  eleve  del'Ecole  poly- 
technique,  eutjusqu'a  32  auditeurs. 

La  ville  du  Havre  nous  offre  un  lout  autre  spectacle.  Des 
que  Ton  y  connut  la  mcsure  generale  adoptee  pour  I'etablisse- 
ment  des  cours,  la  chambre  de  commerce  offrit  un  vaste  local, 
consacrea  ses  reunions.  Des  le  niois  d'octobre  iSaS,  M.  Ro- 
bert j  professeur  royal  d'hydrographie ,  put  y  faire  son  cours  : 
il  compta  ,  des  le  premier  moment,  i5o  auditeurs,  et  ce  nom- 
bre s'acciut  bientot  avec  rapidite.^Un  tel  resultat  est  d'autant 
plus  renin rquable,  qu'il  etait  moins  espcre.  Dansl'ete  de  1825, 


SUR   L'ENSEIGNEMENT  INDUSTRIEL.  Sgg 

ayant  eu  I'occasion  de  visiter  le  Havre,  et  de  pressentir  quel- 
ques-uns  des  habitans  les  pluseclaires  sur  le  succes  qu'on  pou- 
vait  attendre  du  nouvel  enseignement  dans  cette  ville,  je  n'a- 
vais  trouve  de  leur  part  qu'apprehensions  et  regrets  sur  ce 
qu'un  pareil  enseignement  leiu  seniblait  devoir  etre  pen  goute 
et  pen  suivi  par  les  hommes  de  la  classe  industricuse. 

La  capitale  du  departement  de  la  Seine-Inferieure,  si  favo- 
risee  par  sa  position  qui  I'a  vendue  Tune  des  villes  les  plus 
peuplees  et  les  plus  industrieiises  de  la  France,  ne  pouvait  ac- 
cueillir  avec  indifference  le  nouveau  moyen  de  prosperite  qui 
etait  offert  a  son  Industrie.  Le  conseil  nnunioipal  de  Rouen  s'cst 
empresse  de  voter  une  somnie  considerable  pour  dispo-er  un 
vaste  local  dans  lequel  seront  enseignees  les  sciences  appliquees 
^  I'industrie.  Ces  travaux  preparatoires  ont  ete  d'autant  plus 
longs  qu'ils  etaient  plus  considerables,  et  n'ontpermis  a  M.le 
professeur  Mabire  I'ouverture  du  cours  de  geometrie  et  de 
mecanique  appliquees  auxarts,  que  dans  le  commencement  du 
niois  d'avril.  L'exempie  du  chef-lieu  produira  les  plus  heu- 
reux  effets  dans  le  departement  et  dans  I'interieur  de  la  Nor- 
niandie.  Aux  portes  memes  de  Rouen  ,  les  villages  que  I'indus- 
trie a  transformes  en  cites,  dans  les  vallees  de  Darnetal,  de 
Deville  et  de  Bolbec,  voudront  jouir  d'un  avantage  possede 
par  des  villes  moins  opulentes  et  moins  industrieuses  ,  telles 
que  Fecamp  et  Saint-Valery-sur-Somme.  Les  fabricans  d'Ei- 
boeuf  ont  deja  fixe  leursidees  sur  les  moyens  d'etablir  un  cours 
dans  leur  ville. 

Le  nouvel  enseignement  s'est  propage  dans  le  departement 
de  rOise,  et  c'est  le  bourg  de  Liancourt  qui ,  par  le  bienfait 
d'lin  illustre  pair,  en  a  donne  le  premier exemple. 

Dans  le  departement  de  I'Eure,  les  habitans  de  Louviers  ont 
compris  que  la  nouvelle  institution  ajouterait  aux  moyens  de 
prosperite  de  leur  brillante  industrie.  Poni-Audemer  trouvera 
des  avantages  niaritinies  dans  un  pareil  etablissement.  Un  pro- 
fesseur ^Evreux  s'est  offert  pour  enseigner  gratuitement  dans 
ce  chef-lieu  du  departement,  et  M.  le  prefet  de  I'Eure  s'oc- 
cupe,  en  ce  moment  meme,  de  fonder  les  nouveaux  cours  dans 


6oo  RAPPORT 

ce  departcment,  I'un  des  plus  riches  de  Fiance ,  et  qui  possede 
quinze  cents  usines  ou  manufactures. 

Dans  le  departcment  du  Calvados,  la  ville  de  HonJIeur , 
dont  la  population  n'excede  pas  10,000  habitans  ,  compte  100 
personnes  qui  suivent  le  cours  de  M.  Pottier,  ct  qui  font,  par 
leurnombre  meme,  Telogc  de  leur  maitre.  La  ville  de  Caen  , 
chef-lieu  du  departcment  dont  Honfleur  n'est  que  le  chef-lieu 
de  canton,  est  loin  de  presenter  un  aussi  beau  resultat.  11  me 
serait  difficile  d'expliquer  completement  le  pcu  de  sncces  d'un 
cours  qui,  pour  prosperer ,  a  besoin  du  noble  encouragement 
des  classes  supericures  de  la  societe,  etde  la  bienveiilance  par- 
ticuliere  des  officiers  municipaux.  II  fan  I  attendre  beaucoup 
du  terns,  dans  les  lieux  ou  ce  nouvel  enseignement  n'est  pas 
encore  apprccie. 

Cherbourg,  chef  lieu  du  premier  arrondissement  maritime  , 
peut  retirer  un  grand  avantage  des  lecons  donnees  par  M.  Lr- 
MONNiER  aux  ouvriers  constructeurs  et  a  ceux  qui  praliquent 
d'autres  professions  marilimes.  Quoique  la  population  de  Cher- 
bourg ne  soil  guere  que  le  quart  de  celle  de  Caen,  cepcndant 
le  nombre  des  personnes  qui  y  suivent  le  nouveau  cours  est 
plus  grand  que  dans  la  capitale  du  Calvados.  C'estM.  le  major 
de  la  marine  royale  qui  a  preside  a  I'ouverture  de  ce  cours 
oCl,  dans  un  discours  sage  et  bienveillant,  il  a  invite  la  classe 
ouvriere  i  profiter  du  bienfait  quilui  est  offert. 

Granville ,  dans  le  departcment  de  la  Manche,  eprouve  en- 
core les  difficulles  qu'il  a  fallu  vaincre  dans  la  ville  de  Fecamp. 
Le  nombre  des  auditeurs  est  tres-peu  considerable;  mais  le 
professeur,  M.  Decrevoisier,  verra  qu'avec  de  la  Constance  et 
son  talent,  les  obstacles  disparaitront  par  degres,  surtout  avec 
le  concours  des  autorites  municipales  et  maritimes.  Jc  dois  dire 
aussi  que  I'obstacle  principal  qui  s'opposea  cette  instruction  , 
c'est  que  les  plus  simples  notions  de  lecture  et  d'ecriture  sont 
tres-peu  repandues  parmi  la  claisse  ouvriere.  L'autorito  muni- 
cipale  de  Granville  reconnaitra  I'importance  de  soigner  par- 
ticulierement ,  sous  ce  point  de  vue  ,  I'educalion  de  cette 
classe. 


SUR  L'ENSEIGNEMENT  INDUSTRIEL.  60 1 

Saint-Malo,  celcbre  par  ses  navigateurs  et  par  son  com- 
merce maritime,  est  Tune  des  premieres  villes  qui  aient  ap- 
precio  rimportance  du  iiouvel  enseignemorit  pour  les  progres 
de  I'industrie.  La  chambre  de  commerce  de  cette  ville,  non 
moins  eclairee  et  non  moins  bicnvcillanfe  que  celle  du  Havre  , 
s'est  fait  un  plaisir  d'offrir  le  local  de  ses  seances  pour  y  tenir 
le  nouveau  cours.  Une  maladie  grave  n'a  pas  permis  au  pro- 
fesseur,  M.  Michelle,  de  commencer  aussitot  qu'il  I'aurait 
desire;  mais,  sans  attendre  son  entier  retablissement,  ce  pro- 
fesseur  plein  de  zelc  s'est  empresse,  des  le  commencement  de 
cette  annee,  d'ouvrir  son  cours  auquel  ont  assiste  60  personnes 
adonnees  adifferentes  professions. 

La  population  de  Sainl-Brieux  a  etc  poussee  dans  la  voie  de 
Tinstruction  et  du  perfictionnement  par  les  autorites  civilcs  , 
maritimes  et  religieuscs,  qui  se  sont  reunies  avec  un  accord 
admirable  pour  obtenir  ce  resultat.  M.  le  prefct,  M.  le  maire 
et  M.  le  commissaire  de  la  marine  ont  pris  avec  empressement 
les  mesurcs  necessaires  poursubvenir  a  toutes  les  depenses  du 
nouvel  enseignement  qui  a  commence  le  16  octobre.  Dans 
ime  seance  d'ouverture,  lenue  le  dimanche,  au  sortir  des  ce- 
remonies religieuses,  M.  le  prefel  a  prononco  un  discours  plein 
de  vues  elevecs  et  genereuses,  pour  appeler  la  po[)ulalion  de 
son  departement  a  I'acquisition  des  connaissances  quipcuvent 
donner  une  impulsion  nouvelle  a  tons  les  arts  utiles  cultives 
dans  la  Bretagne.  Le  commissaire  de  ia  marine  a  pris  ensuite 
la  parole,  et  cette  seance  memorable,  honoree  par  la  pre- 
sence de  Ms"^  I'eveqne,  s'est  terminee  par  un  discours  plein  de 
couvenance  et  de  raison,  qu'aprononce  leprofesseur,  M.  Du- 
BDS  ,  ancien  eleve  de  I'Ecole  polytechnique.  60  auditeurs  sui- 
vent  le  cours.  Une  ecole  de  dessin  lineaire  va  terminer,  a  Saint- 
Brieux ,  I'cnseignement  industriel. 

A  Morlaijc,  le  professeur  d'hydrograpbie,  M.  Drkppe  ,  qui 
a  donne  a  la  marine  un  fils,  ingenieur  distingue,  a  fait  I'ouver- 
ture  de  son  cours  le  27  octobre.  Reduit  d'abord  a  20  audi- 
teurs, il  a  vu  leur  nombre  s'accroitre  successivement  jusqu'a 
45.  Cetaccroissement,  occasione  par  les  communications  per- 


6o2  RAPPORT 

sonnelles  des  premiers  auditeurs  avec  le  leste  de  la  classe  ou- 
vriere,  est  iin  losultat  d'estime  sentie,  accordee  par  degres  aiix 
connaissances  scientifiques  appliquees  aiix  besoins  des  arts. 

Si,  dans  la  ville  de  Brest,  I'autorite  municipale  avail  pu 
foiirnir  un  local  assez  spacieux,  I'enseiijnenjent  aurait  offert 
des  resultats  dignes  en  tout  des  talens  et  du  zele  du  savant  pro- 
fesseur,  M.  Porquet.  Le  loca|(  dont  la  marine  a  pu  disposer  ne 
contient  que  lOO  personnes;  et,  nieme  avant  I'ouverture  du 
cours,  i5o  s'ulaient  presentees  pour  suivre  les  lecons. 

Dans  la  ville  de  Quimpcr  un  premier  appel  avai't  ete  fait  a 
la  classe  iiidustrieuse,  et  personne  ne  s'etait  presenle  pour 
suivre  Ic  cours.  Les  autorites  ne  se  sont  pas  decouragees,  et 
3o  ouvriers  recoivent  aujourd'hui  les  lecons  du  profcsseur. 
Quelques  difficultes  pardculieres  ont  retarde  long-tems  I'ou- 
verture du  cours  dans  la  ville  de  Loricut;  on  ne  peul  encore 
faire  connaitre  aucun  resultat  relatif  a  ce  port. 

La  salle  fournie  par  la  mairie  de  Nantes  ne  pcut  contenir 
que  200  personnes ;  c'est  a  ce  nombre  que  s'est  reduit  I'audi- 
toire  de  M.  Caillet,  professeur  dont  le  zele  et  le  merite  sont 
dignes  des  plus  grands  eloges.  A  I'embouchure  de  la  Loire,  le 
nouvel  enseignement  est  etabli  dans  le  port  de  Paimboeuf. 
L'exgmple  des  villes  maritimes  de  Bretagne  a  porte  ses  fruits 
dari^^lacapitale  de  cetteancienne  province  :  un  eleve  de  I'Ecole 
normale,  professeur  de  mathcmatiques  au  college  de  Rennes  , 
s'est  offert  pour  enseigner  gratuitement  la  geometric  et  la  nie- 
canique  appliquees  aux  arts  ,  avec  I'approbation  de  I'Univer- 
site  et  I'autorisation  municipale.  II  a  commence  ,  des  le  mois 
de  Janvier  de  cette  annee,  un  cours  que  suivent  assiduement 
i5o  auditeurs. 

Arretons  un  instant  notre  attention  sur  les  resultats  tres-re- 
marquables  obtenus  dans  deux  des  principales  provinces  de 
I'ancienne  division  de  la  France.  Dans  la  Normandie,  celebre 
par  son  industrie  et  par  I'avancement  general  dela  civilisation, 
le  nombre  total  des  personnes  qui  suivent  les  nouveaux  cours, 
danshuit  villes  differentes ,  s'eleve  a  843.  En  Bretagne,  pour 
neuf  villes  ou  les  memes  cours  sont  etablis,  lo  nombre  des  au- 


SUR  L'ENSEIGNEMENT  INDUSTRIEL.  6o3 

diteurs  est  de  860.  Ainsi,  la  province  qu'on  aurait  pu  croire  la 
moins  propre  a  sentir  le  bienfait  des  iioiivellcs  connaissances  , 
et  qui  devait  presenter  le  moins  de  snjets  disposes  h  les  actjue- 
rir,  a  la  superiorite,  sous  ces  deux  points  de  vue.  Peut  -  etre 
doit-on  un  pareil  resultat  aux  scins  ^enereux  d'un  nouveau 
Vincentde-Paule,  dont  Taclive  charite  s'est  consacree  tout 
entiere  a  la  propagation  des  premieres  connaissances  de  I'en- 
jjeignement  populaire  en  Bretagne.  Ses  ecoles,  m'assure-t-on, 
suffisent  des  a  present  pour  etiseigner  ;i  82,000  enfans  la  lec- 
ture, I'ecriture  et  les  premieres  regies  du  calcul.  Je  ne  puis,  en 
passant,  m'empecher  de  rendrehommage  a  ce  zele  bienfaisant, 
et  je  forme  des  voeux  pour  qu'un  tel  exemple  ne  reste  pas  ste- 
rile dans  les  autres  parties  du  royaume. 

Aux  Sables  d'Olonne ,  seule  ville  maritime  que  la  Vendee 
possede,  le  profcssein-,  M.  Veillon,  a  commence,  en  donnant 
ses  lecons  a  un  seul  eleve,  et  ensuite  a  10  autres,  esperons  que 
ses  soins  ne  seront  point  sans  recompense.  Son  cours  seral'un 
des  premiers  et  des  plus  puissans  moyens  pour  tirer  de  I'en- 
fance  les  arts  utiles  dans  la  Vendee. 

A  La  Rochelle,  des  le  1"  juillet  1825,  M.  Guigon  de  Grand- 
VAL,  professeur  royal  d'hydrographie,  anime  par  le  plus  loua- 
ble  zele,  avait  ouvert  un  cours  de  geometric  appliquee  aux 
arts.  II  a  ete  seconde  dignemcnt  par  le  maire,  M.  Viault,  an- 
cien  eleve  de  I'Ecole  poly  technique. 

Nous  arrivons  a  Rochefori,  celui  de  nos  grands  ports  qui 
presente  dans  son  arsenal  les  machines  les  plus  completes  et 
les  plus  ingenieuses,  qui  ont  fait  la  reputation  d'un  savant 
ingenieur.  Tout  concourait,  dans  ce  port,  a  faire  sentir  I'im- 
portance  de  la  geometric  et  de  la  mecauique  appliquees  aux 
arts  :  aussi ,  I'enseignement  de  ces  connaissances  y  a  -  t-il  ob- 
tenu  un  succes  eclatant.  Des  le  premier  jour  ou  le  cours  fut 
annonce,  plus  de  200  auditeurs  se  firent  inscrire  :  la  grandeur 
du  local  put  seule  limiter  leur  nombre.  J'ajouterai  qu'un  tel 
succes  tientbeaucoup  aux  talens  du  professeur  M.  Lehuen. 

L'exemple  des  villes  de  Nantes,  de  La  Rochelle  et  de  Ro- 
chefort  a  decide  les  magistrals  de  Poitiers  el  Ap  Limoges  a  eta- 


Go/,  RAPPORT 

blir  !es  iioiiveaux  coins  dans  chaciine  de  ces  villes.  Celui  de 
Limoges  prospoie  dei)iiis  trois  inois ;  celui  dc  Poitiers  a  du  s'oii  - 
vriraii  mois  d'aviil.  Des  deinaiches  sont  faites  pour  procurer 
lememe  avantage  a  Niort ,  \ille  opulente  ct  industricuse. 

Libourne,  eu  egard  ineme  a  sa  population,  est  une  des  villes 
qui  presentent  les  rcsuUats  les  plus  remarquables.  Sur  une 
po[)ulation  de  8,000  ames,  plus  de  100  auditeurssuiveut  le  cours 
de  M.  BuRGADE,  ancicn  eleve  de  I'Ecole  poly  technique.  Cette 
affluence  doit  elre  attribuee,  non-seuleinent  au  zele  de  I'auto- 
rite  nuiuicipalc  et  au  talent  du  professeur,  uiais  aux.  bienfaits 
d'uu  noble  pair  qui  a  consacre  la  grande  autorite  dont  il  a  joui 
durant  quelques  aunees,  et  sa  fortune  privec,  pour  develop- 
per  avec  un  succes  extraordinaire  Tinstructiou  elcnientaire 
dans  la  ville  do  Libourne.  L'exemple  donne  par  cetle  ville 
fait  voir  combien  notre  populatiou  est  propre  aux  ('tudcs  les 
plus  serieuses  et  les  plus  utiles. 

Blaye  est  la  seule  ville  maritime  oil  les  officiers  muuicipaux 
aient  cru  devoir  prendre  tuie  deliberalion  aiin  de  declarer, 
par  anticipation,  I'inutilite  supposce  du  nouvcl  euseigncment. 
Eclaires  par  l'exemple  de  Libourne  ,  de  Bordeaux ,  de  Roche- 
fort,  ils  se  formeront  sans  doute  des  idees  plus  exactcs  des 
services  que  celte  instruction  peut  rendrc  ;\  I'induslrie  deleurs 
adminislres. 

Le  cours  de  Bordeaux ,  confie  au  savant  M.  Lancelin,  a 
commence,  dans  le  mois  de  Janvier  de  cette  anriee,  avec  un 
auditoire  d'environ  aSo  personnes;  c'est  toutce  que  pouvait 
contenir  le  local  affecte  a  cet  enseignement. 

Sur  rinvitation  bienveillante  de  M.  le  president  du  conseil 
des  ministres ,  Toulouse  s'occupe  des  moyens  d'etablir  un 
cours.  Celui  de  Montauhan  est  en  activite,  et  suivi  avec  suc- 
ces. Bordeaux,  Toulouse  et  3Iontauban  occupent  les  positions 
centrales  les  plus  importantes  dans  le  beau  bassin  de  la  Gi- 
ronde,  ou  des  cours  d'eau  si  nombreiix  arrivent  des  sommites 
des  Pyrenees,  des  Cevennes  et  des  montagnes  d'Auvergne.  Une 
etude  raisonnee  des  applications  de  la  geometric  et  de  la  nie- 
canique,  faite  dans  ces  trois  villes,  y  donnera  le  moyen  de  per- 


SUR  L'ENSEIGNEMENT  INDUSTRIEL.  6o5 

fectionner  la  confection  des  machines  hydraiiliques  et  des 
moiilins  de  toute  espece  (jui  devicndront  pour  une  foiile  dv 
vallees,  les  instrnmens  prodiicteiirs  d'une  opulence  inesperee. 
Dejii,  un  simple  oiivrier,  forme  par  le  nonvel  enseignement, 
vient  d'offrir  d'incienieuses  combinaisons  pour  procurer  des 
canx  a  la  vilie  de  Beziers ,  an  nioyen  d'une  macliine  a  vapeur 
qui  a  merite  I'approbation  de  savans  ingenicurs.  D'apres  la 
decision  du  conseil  general  des  pouts  et  chaussees  ,  ce  systeme 
sera  mis  incessamment  a  execution. 

A  Bayonne  ,  I'enseignement  conGe  a  M.  Paradis  compte 
70  auditeiirs  ;  et  ce  nombre  sera  trouve  tres-considerable,  si 
Ton  reilechitque  la  grande  majorile  des  habitans  de  celte  par- 
tie  du  royaume  connait  a  [)eine  quclques  mots  de  la  langue 
fraucaise,  A  Saint- Jean-dc-  Luz  ,  deux  petites  villes  voisines 
reunissent  leurs  habitans  industrieux  pour  suivre  Ic  nouveau 
cours.  Les  difficultes  de  la  langne  s'y  font  sentir  encore  plus 
qu'a  Bayonne. 

Passons  maintenant  aux  cotes  de  la  Meditorranee.  La  faible 
population  de  Collioure  ne  pcrmet  pas  d'en  esperer  de  grauds 
resuitats.  II  n'cn  est  pas  de  menie  de  Narbonrte  :  dans  cette 
ville  de  10,000  habitans,  100  personnes  siiivetitles  lecous  don- 
necs  avec  zele  par  M.  Esmieu.  Bienlot,  la  ville  de  ^ezJer^- jouira 
aussi  des  fruits  du  nouvel  enseignement  :  le  premier  magistral 
de  cette  ville  u  promis  de  s'en  occuper  avec  zele,  et  tout  fait 
presumer  que  ses  soins  nc  soront  pas  infruclueux. 

Le  port  d'Ji^r/e,  ou  professe  M.  Maihicu  Esmieu  est  en  pos- 
session du  meme  avantage.  A  Ce«e,  M.Sire  compte  106  eleves, 
de  toutes  les  classes  de  la  societe.  A  MoritpeUicr ,  un  ancieu 
officier  de  la  marine  francaise  s'est  offert  a  professer  gratnite- 
ment  la  geometric  et  la  mecanique  applicpiees  aux  arts.  Une 
commission  speciale,  nommee  par  le  conseil  de  la  ville,  s'oc- 
cupe  de  cette  proposition  ,  et  nous  apprenons  qu'elle  est  ac- 
ceptee.  A  Nimes,  la  cliambre  de  commerce,  le  prefet,  le  maire 
et  le  conseil  nmnicipal  sc  sonl  montres  unanimes  pour  fonder 
la  nouvelle  institution. 

C'est  seulement  au  niois  d'octobre  prochain,  que  le  cours  de 


6o6  RAPPORT 

geonietrio  et  ilu  mecanique  appliquees  aux  arts  doit  ctre  ouverl 
dans  la  ville  d'^rles. 

Nous  arrivons  a  Marseille,  qui  s'est  placee  au  premier  rang 
parmi  les  villes  manufaclurieres  de  la  France.  Toutes  les  auto- 
ritos  s'y  sont  reunies  pour  donnerau  professeurlcs  ninyens  do 
faire  ptosperer  le  nouvel  enseignement.  Ce  professeur  a  digne- 
nient  rcpondu  a  Icur  attentc  :  plusde  3oo  personnes  ont  assisto  a 
la  premiere  seance,  et  cenombre  s'est  bien to taccrujusqu'a  55o, 
le  plus  considerable  qu'aucun  professeur  des  villes  maritimes 
soit  parvenu  i  reunir;  le  prtfet  des  Bonches-dti-Rhone,  M.  df. 
ViLLENEtJVE,  a  preside  lui-niome  la  seance  d'ouverture,  et  a 
prouonce  un  discours  tres-propre  a  exciter  le  desir  d'acquerir 
les  connaissances  que  le  cours  va  repandre.  II  s'est  occupe  des 
moyens  d'etablir  de  pareils  cours  dans  les  autrcs  villes  de  son 
departement,  et  surtout  a  ^dix.  Dans  cette  dernierc  ville,  un 
ingenieur  de  la  marine,  ancien  eleve  de  I'Ecole  poly  technique, 
M.  DusiONTEiL  s'est  offert  a  professer  gratuitement ;  son  offre 
a  ete  accueillie,  et  je  ne  doute  point  que  son  enseignement 
n'obtienne  un  succes  tres-reniarquable.  Dans  la  petite  ville  de 
La  Ciotat ,  qui  ne  coinpte  pas  plus  de  5ooo  habitans,  plus  do 
loo  artisans  suivent  les  Iccons  du  zele  professeur,  M.  N\lis. 

Le  seul  grand  port  dont  je  n'aie  point  fait  mention  ,  est  ceUii 
de  Toulon.  C'etait  celui  doRt  on  pouvait  le  moins  esperer, 
parce  que ,  jusqu'a  ce  jour,  ses  habitans  ont  paru  peu  portes 
a  I'etudedes  sciences.  Les  rcsultats  ont  dementi  cette  prevision. 
M.  le  professeur  d'hydrographie  ayant  represente  que  ses  oc- 
cupations ne  lui  perniettraient  pas  de  faire  le  nouveau  cours, 
cette  honorable  mission  a  ete  conliee  a  M.  Barthelemy.  5oo 
personnes  dc  toutes  professions  suivent  assiduement  les  lecons 
decejeune  professeur  :  ce  sera  I'epoque  d'un  changement  total 
dans  les  habitudes  et  dans  les  connaissances  de  ia  classe  ou- 
vriere  de  Toulon.  Les  autorites  de  la  marine  ont  concouru 
avec  une  extreme  bif  nveillance  au  succes  de  I'institution,  non- 
seulement  a  Toulon  ,  mais  dans  tons  les  ports  de  la  Mediter- 
ranec. 

Les  deux  sculs  ports  de  Fiance  dont  il  me  rcste  a  parler, 


SUR  L'ENSEIGNEMENT  INDUSTRIEL.  G07 

sontceuxde  Saint-Tropez  et  A'Antibes.  Dans  le  premier,  M.  Ic 
professeur  Cornibert,  qui,  en  iSaS,  avail  donne  tous  ses 
soins  a  2  eleves  seulenaent,  en  a  compte  3o,  lorsqu'il  a  re- 
pris  son  cours,  au  prin terns  de  1826.  Dans  Ic  port  d'Antibes, 
I'enseignement,  confie  a  M.  Barbaut,  prospere  depuis  plu- 
sieurs  mois.  Enfiu,  le  cours  de  Bastia ,  fait  par  M.  Rizzo, 
produit  deju  d'excellens  effets,  et  Ton  a  lieu  d'esperer  que, 
I'annee  prochaine ,   Ajaccio  ne  restera  pas  en  arriere. 

Dans  cette  vaste  etcndue  de  coJes  que  nous  venons  de  par- 
courir,  on  remarque  avec  peine  qu'une  grande  partie  du  littoial 
est  habitee  par  une  population  qui n'a  point  encore  adopte  gene- 
ralement  la  langue  francaise  comme  langue  nationale.  II  est  a 
desirer  que  des  ecoles  elementaires,  sufSsamment  muUipliees, 
s'appliquenl  de  plus  en  plus  a  repandre  I'usage  de  notre langue, 
ainsi  que  la  lecture  et  I'ecriture.  Ces  connaissances  ont  besoin 
d'etre  plus  conimuues  qu'elles  ne  le  sont  aujourd'hui,  menne 
dans  les  provinces  que  Ton  regarde  conime  les  plus  avancees. 
En  suivant  le  littoral  de  la  France,  j'ai  parfois  jete  mes 
regards  vers  I'interieur  pour  y  montrer  le  nnuvel  enseigne- 
ment  propageant  ses  himiercs  jusqu'a  la  fronliere  de  Test  et 
jusqu'au  luidi.  J\'ignon,  Lyon ,  faience ,  Aurillac ,  Clermont, 
Gap,  Bourg,  j\anlua,  Salens  possedent  deja  les  nouveaux 
cours;  il  faut  en.  dire  autant  des  villes  de  Saint- £ tienne ,  de 
Nevers ,  de  Dijon  ,  d' Orleans,  etc.  Aujourd'hui  8000  artisans 
ou  chefs  d'ateliers  et  de  manufactures  suivent  avec  assiduite 
des  cours  gratuits  qui  leur  sont  offerts  dans  70  villes.  Tout  fait 
esperer  qu'avant  la  fin  de  I'annee  ,  le  nombre  de  ces  villes  de- 
passera  celui  de  100.  S.  E.  le  ministre  de  I'interieur  a  fait 
connaitre  a  tous  les  prefets  du  royaume  qu'il  approuvera  les 
depenses  votees  pour  le  nouvel  enseignement  par  les  conseils 
municipaux  des  villes  industrieuses.  De  loutes  parts,  les  auto- 
rites  locales  s'empressent  de  repondre  a  I'invitation  des  auto- 
rites  superieures.  Cet  admirable  concours  n'a  trouve  d'excep- 
tion  que  dans  une  ville  dont  je  m'abstiendrai  de  citer  le  nom. 
Je  suis  persuade  que  cette  exception  ne  durera  pas  long-tems 
dans  I'une  des  cites  les  plus  importantes  que  la  France  pos- 


6o8  RAPPORT  SUR  L'ENSEIGNEMENT  INDUSTRIEL. 

sede  sur  le  vcisant  des  Alpes,  dans  une  contree  riche  en 
cours  d'eau  que  la  mecaniqiie  peut  scule  donner  le  moyen 
de  rcndre  tios-utilcs. 

MoNSEiGNEUR  i.E  D.vuPHiN,  atniial  de  France,  a  pris  un 
intcret  special  a  ce  progrcs  intellectuel  des  contrces  mari- 
times;  il  a  recompense  par  son  noble  suffrage  les  efforts  tentes 
"pour  faire  naitre  et  developper  nn  lei  progres  que  Sa  Majcste 
elle-nieme  a  daigne  prescrire,  afin  d'accomplir  une  pensec 
niagnanime. 

NouvEAXJX  Principes  d'Economie  politique.  —  Jour 
qu'ils  peuvent  jeter  sur  la  crise  qu'eproave  aujour- 
dliui  V Anglcterre. 

Il  y  a  deja  sept  ans  que  je  publiai  mes  Nouveaux  Principes 
d'Economie  politique^  dont  je  prepare  aujourd'hui  une  edi- 
tion nouvelle,  considerablement  augmcntee  (i).  Je  ne  dis- 
sjmulerai  pas  que  cet  ouvrage  n'obtint  point  I'approbalion 
des  homines  qu'on  regarde  aujourd'hui,  avcc  raison,  commc 
ayant  fait  faire  les  progres  les  plus  signales  a  la  science. 
Je  dois  nienie  attribuer  a  leur  bionveillance  pt-rsonnelle 
les  menagemens  avec  lesquels  ils  combatlirent  mon  livre. 
Je  ne  m'etounai  point  de  n'a voir  pas  fait  une  impression  plus 
profonde.  Je  remeltais  en  doute  des  principes  (jue  Ton  regar- 
dait  conime  arreles;  j'ebranlais  une  science  qui  par  sa  simpli- 
cite ,  par  la  deduclion  claire  el  niethodique  de  ses  lois,  pa- 
vaissait  une  des  plus  nobles  creations  de  I'esprit  humain. 
J'attaquais  une  orthodoxie  enfm,  entreprise  dangereuse  en 
philosophic  comme  en  religion.  En  meme  terns,  j'avais  un 
desavantage  de  plus  :  je  nie  separais  des  amis  dont  je  partage 
les  opinions  politiques;  je  signalais  le  danger  des  innovations 
qu'ils  recommandent;  je  montrais  que  plusieurs  institutions 
qti'ils  ont  long- terns  attaquees  comme  des  abus,  avaient  eu 
des   consequences   bienfaisantes;  j'invoquais    enfiu ,  en   plus 

(i)  Ellep.iraitra ,  nv.Tiil  Li  fin  de  I'annee,  chez  Delaunay,  libraire, 
Palais-Royal  ,  en  ■>.  forts  volumes  in-S". 


NOUVEAUX  PRINCIPES  D'ECONOMIE  POLITIQ.  609 

d'une  occasion,  lintcrvenlion  du  pouvoir  social,  pour  regler 
les  progres  de  la  richesse,  au  lieu  de  reduire  Teconomie  poli- 
tique a  la  maxime  plus  simple  ,  et  eu  apparence  plus  liberale, 
de  laisser  faire  et  laisser  passer. 

Je  n'avais  aucun  lieu  de  me  plaindre,  j'attendis;  car  la  ve- 
rite  est  plus  forte  que  I'esprit  de  systeme.  Si  je  m'etais  trompe , 
la  suite  des  fails  ne  pouvait  manquer  de  me  le  reveler  :  si,  au 
contraire,  j'avais  decouvert  des  principes  nouveaux,  mais  qui , 
a  mes  yeux  meme,  commencaient  seidement  alors  a  acquerir 
de  I'importance,  les  faits  ue  tarderaient  pas  a  se  produire  a 
leur  appui;  et,  tout  en  respectant  I'autotite  des  pontifes  de  la 
science  ,  je  pourrais  dire,  conime  Galilee  :  eppur  si  muove. 

Sept  ans  se  sont  ecoules  ,  et  les  faits  me  paraissent  avoir 
victorieusement  combattu  pour  moi.  lis  ont  prouve ,  bien  mieux 
que  je  n'aurais  pu  faire,  que  les  savans  dont  je  m'etais  separe 
etaient  a  la  poursuitc  d'une  fausse  prosperite ;  que  leurs  theo- 
ries, la  ou  elles  etaient  mises  en  pratique,  pouvaient  bieu  ac- 
croitre  la  richesse  materielle,  mais  qu'elles  diminuaient  la 
masse  des  jouissances,  reservees  a  chaque  iudividu;  que,  si 
olles  tendaient  a  rendre  le  riche  plus  riche,  elles  rendaient 
aussi  le  pauvre  plus  pauvre,  plus  dependant  et  plus  de- 
pour  vu.  Des  crises  tout-a-fait  inatlendues  se  sont  succede 
dans  le  monde  commercial  :  les  progres  de  Tinduslrie  et  de 
I'opulence  n'ont  point  sauvo  les  industriels  qui  creaient  cette 
opulence,  de  souffrances  inouies  :  les  fails  n'ont  repondu,  ui 
a  I'attente  commune,  ni  aux  predictions  des  sages;  et,  malgre 
la  foi  implicite  que  les  disciples  en  economie  politique  accor- 
dent  aux  enseignemens  de  leurs  maitres  ,i]s  sont  contraints  de 
demaiider  ailleurs  des  explications  nouvelles,  pour  des  phe- 
nomenes  qui  s'eloiguent  si  fort  des  regies  qu'ils  croyaieut 
etablies. 

Parmi  ces  explications ,    celles    que    j'avais    dounees    par 

avance  se  sont  trouvees  parfaitement  conformes  aux  resultats. 

Peut-etre   faut-il  attribuer  a  celte  coincidence  I'ecoulcment 

plus  rapidc  de  nion  ouvrage  ,  et  la  demands  qui  m'a  ete  faite 

T.  xxxi.  —  Septetnbre  1826.  89 


6io  NOUVEAUX  PRINCIPF.S 

il'en  preparer  line  nouvelle  edition.  C'est  en  Angleterre  que  je 
me  suis  acquitte  de  cette  tache.  L' Angleterre  a  donne  nais- 
sance  aiix  plus  celebres  ecor.omisles ;  Icur  science  y  est  pro- 
fessee  aujourd'hui  memc  avec  un  redoublement  d'ardeur;  on 
y  a  vn  des  ministres  d'etat,  dejii  adeples  dans  la  doctrine  dc 
-la  fortune  publique,  suivre  Ics  cours  d'un  des  plus  habiles 
professeurs  d'economie  politique;  on  les  a  entendus  invoquer 
x;onstamaient  ses  principes  dans  le  parlement.  La  concurrence 
universelle,  ou  I'effort  pour  produire  tonjours  plus,  et  tou- 
jours  a  plus  bas  prix,  est  depuis  long-tcins  le  systeme  de 
I'Angleterre,  systeme  que  j'ai  altaque  comme  dangereux.  Ce 
svsteme  a  fait  faire  a  I'industrie  anglaise  des  pas  gigantesques ; 
mais  il  a  precipite,  a  deux  reprises,  les  nianufacturiers  dans 
une  detresse  effrayante.  C'est  en  presence  de  ces  convulsions 
de  la  richesse,  que  j'ai  cru  devoir  me  placer,  pour  revoir  mes 
raisonnemens  et  les  comparer  avec  les  faits. 

L'etude  que  j'ai  faite  de  I'Angleterre  m'a  confirme  dans  mes 
nouveaux principes  ;  j'ai  vu  dans  ce  pays  surprenant,  qui  sem- 
ble  subir  une  grandc  experience,  pour  rinsfrnclion  du  restc 
du  mondc,  la  production  angmenter,  tandis  que  leajouissances 
diminuent.  La  masse  de  la  nation  semble  y  onblier,  aussi  bien 
que  les  philosophes,  que  I'accroissement  des  richesses  nest 
pas  le  but  de  l\iconomie  politique,  mais  le  moyen  dont  elle 
dispose  pour  procurer  le  bonheur  de  tons.  Je  cherche  ce  bon- 
heur  dans  toiitcs  les  classes,  et  je  ne  sais  ou  le  trouver.  La 
haute  aristocratic  anglaise  est,  en  effet,  arrivee  a  un  degre 
de  richesse  et  de  luxe  qui  surpasse  tout  ce  qu'on  voit  chez 
toutes  les  autres  nations;  cependant,  elle  ne  jouit  point  elle- 
meme  d'une  opulence  qu'elle  semble  avoir  acquise  aux  depens 
des  autres  classes  :  la  securite  lui  manque ;  et  dans  chaque 
famillc,  la  privation  se  fait  senlir  a  un  plus  grand  nombre  d'in- 
dividus  que  I'abondancc.  Si  j'entie  dans  ces  maisons  dont  la 
splendeur  est  toute  royalc,  j'cntends  Icurs  chefs  affirmer  que, 
si  on  supprime  le  monopole  du  ble,  qu'ils  exercent  contre  leurs 
concitoyens,  leurs  fortunes  seront  aneanties;  car  leurs  terres 
qui  s'etendent  sur  des  provinces  entieres,  ne  paieront  plus  les 


D'ECONOMIE  POLITIQUE.  6ii 

frais  de  culture.  Autour  de  ces  chefs,  je  vois  uu  nombre  d'er- 
fans,  sans  exeniple  parlout  ailleurs,  dans  la  classe  aristocra- 
lique;  plusieuis  en  comptent  dix,  dotize,  quelquefois  davan- 
tage;  mais  tousles  fils  cadets,  toutesles  filles,sout  sacrifies  a 
la  vanite  de  I'aine;  leiir  partai;e  en  capital  n'equivaudra  pas 
a  une  annec  de  rente  de  leur  frere;  ils  devront  vieiilir  dans 
le  celibat,  et  leur  depcntiance,  a  la  fin  de  kur  vie,  leur  fait 
payer  bien  cher  le  luxe  de  leurs  premieres  annees. 

Au-dessous  de  cette  aristocratie  titree  et  non  titree,  je  vois 
le  commerce  occuper  un  rang  distingue ;  il  embrasse  le  monde 
entier  dans  ses  entreprises;  ses  agens  bravent  les  glaces  dcs 
deux  poles  et  les  ardeurs  de  I'equateur,  tandis  que  chaciin  dcs 
chefs  qui  se  rasseniblent  an  palais  du  change  pent  disposer 
de  millions.  En  meme  terns,  dans  toutes  les  rues  de  Londres, 
dans  celles  des  grandes  villes  d'Angleterrc,  les  magasins  eta- 
lent  des  marchandises  qui  suffiraient  a  la  consommation  de 
I'univers.  Mais  la  richesse  a-t-elle  assure  au  commercant  an- 
glais I'espece  de  bouhcur  qu'elle  est  propre  a  garanlir  ?  ]N"on  : 
dans  aucun  pays  les  faillites  nc  sont  aussi  frequentes.  Nulle 
part,  ces  fortunes  colossales,  qui  suflisaient  seules  a  remplir 
un  emprunt  public,  a  soutenir  un  empire  ou  une  republiqtie, 
ne  sontrenversees  avec  tant  de  rapidite.  Tous  se  plaignent  que 
les  affaires  sont  rares,  difficiles,  et  pen  lucratives.  A  peu  d'an- 
nees  d'intervalle,  deux  crises  terribles  ont  ruine  une  partie 
des  banquiers,  et  ont  etendu  la  desolation  sur  toutes  les  manu- 
factures anglaises.  Dans  le  meme  tcnis ,  une  autre  crise  a  ruine 
les  fermiers,  eta  fait  sentir  ses  contre-coups  au  commerce  de 
detail.  D'autre  part,  ce  commerce  ,  malgre  son  immense  eten- 
due,  a  cesse  d'appeler  a  lui  les  jeunes  gens  qui  cherchent  ime 
carriere  :  toutes  les  places  .sont  occupees ;  et  dans  les  rangs 
superieurs  de  la  sociele,  comme  dans  les  inferieurs,  le  plus 
grand  nombre  offre  en  vain  son  travail,  sans  pouvoir  obtenir 
de  salaire. 

Cette  opulence  nationale,  dont  les  pi'ogrcs  maferiels  frappcnt 
tous  les  yeux,  a-t-elle  enfin  tourne  a  I'avantage  du  pauvre  ?  Pas 
davantage.  Le  penple,  en  Angleterre,  est  en  meme  terns  prive 


(Ui  T^OrVEAUX  PRINCIPES  ' 

(•t  d'aisancr  dans  lo  moment  present,  ct  de  secuiiie  pour 
I'avenir.  II  n'y  a  pins  de  paysaus  dans  les  campagnes;  on  les 
a  forces  do  faire  place  a»ix  jonrnaliers.  II  n'y  a  presfpie  plus 
il'arlisans  dans  les  villes,  on  de  chefs  independans  dune  pelitf 
Industrie,  niais  seulcment  des  manufacluriers.  iSirifhistriel , 
pour  employer  im  mot  cp:e  ce  systeme  hii-menie  a  mis  a  la 
mode,  ne  sail  pins  ce  tpie  c'est  que  d'avoir  un  etat;  il  gagne 
spulement  un  salaire;  et,  comme  ce  salaire  ne  saurait  lui  suf- 
lire  egalcment  dans  toutes  les  saisons,  il  est  presque  chaqne 
aunee  rednit  i  dcmander  I'anmone  a  la  bourse  des  pauvres. 

Cette  nation  si  opulentc  a  Ironve  pins  ('conomique  de  vend  re 
lout  I'or  etl'artjent  qu'elle  possedait,  de  se  y^asser  de  niimc'raire, 
et  de  faire  toute  sa  circidalion  avec  da  papier;  elle  s'est  ainsi 
volontairement  privee  dii  plus  precieux  entre  les  avantages 
dii  ntuTieraire,  la  slabilile  de  son  prix.  Les  portenrs  de  billets 
de  banqiies  provinciales  eourent  chaque  jour  le  danger  d'etre 
ruiiies  par  les  faillites  freqiicntes,  et  en  qnelqne  sorfe  epidemi- 
ques  des  ba.iquiers;  ct  I'ctat  entier  est  expose  a  une  convul- 
sion dans  toutes  les  fortunes,  si  une  invasion  ou  une  revolu- 
tion ebranlait  le  credit  de  la  banque  nationale.  La  nation 
an^laise  a  frouve  plus  economique  de  renoncer  aiix  cultures 
qui  demandent  beaucoup  de  main-d'oeuvre,  et  elle  a  congedie 
la  moitie  des  cuUivafeurs  qui  babitaient  ses  champs;  elle  a 
trouve  pins  economique  de  remplacer  par  des  machines  a 
vapeur  les  mannfacturiers,  et  elle  a  congedie,  puis  repris,  puis 
congedic  de  nouveau  les  ouvriers  des  villes;  et  les  tisserands 
ccdant  la  place  aiix  power  looms  (metiers  mus  par  la  vapeur), 
snccombent  aujourd'hui  a  la  famine;  elle  a  trouve  plus  eco- 
nomique de  reduire  tons  les  ouvriers  au  salaire  le  plus  bas 
avec  lequel  ils  puissent  vivre;  et  les  ouvriers,  n'etant  plus  que 
proUtaires ,  n'ont  pas  craint  de  se  plonger  dans  une  niisere  plus 
profonde  encore,  en  elevant  des  families  toujours  pins  nom- 
breuses.  Elle  a  trouve  pins  economique  de  ne  nouf'rir  les 
Irlandais  que  dc  pommes  de  terre,  et  de  ne  les  habiller  que  de 
haillons;  et  aujourd'hui,  chaque  paquebot  Iiii  npporte  des 
legions  d'Irlandais,  qui,   fravaillanf  a  meilleur  maveho  qnelos 


D']i:CONOMIE  POLITIQUE.  6i3 

Anglais,  chassent  ceux-ci  detous  les  metiers.  Quels sont.  doutles 
fruits  de  cette  immense  richesse  accumiilee?  Wont  -  ils  ea  d'autre 
effet  que  de  faire  partager  les  soucis,  les  privations,  le  danger 
d'uno  mine  complete  a  toutes  les  classes?  L'Angleterre,  en 
oubliant  les  hommes  pour  les  choses,  n'a-t-elle  pas  sacrifie  la 
fin  aiix  moyens? 

L'exemple  de  I'Angleterre  est  d'autant  plus  frappant,  que 
c'est  une  nation  libre  ,  eclairee,  bien  gouvernee,  et  que  toutes 
ses  soiiffrances  procedent  uniquement  de  ce  qu'elle  a  suivi 
une  fausse  dirertion  economique.  Sans  doute,  I'etranger  est 
frappe  en  Angleterre  des  pretentions  arrogantes  de  I'aristo- 
cratie;  ct  I'accumulation  des  richesses  dans  les  memcs  mains 
tend  a  les  accroitre  sans  cesse;  dans  aucun  pays,  ccpendant, 
Tindependance  de  toutes  les  classes  de  la  nation  u'est  niieux 
garantie;  dans  aucim  pays,  le  pauvre,  a  cote  d'une  deference 
qui  nous  etonne,  ne  conserve  mieux,  au  fond  de  lame,  la 
conscience  de  sa  propre  dignitej  dans  aucun  pays,  le  senti- 
ment de  confiance  dans  la  loi ,  et  de  respect  pour  sou  autorite 
ue  penetre  davantage  toutes  les  classes;  dans  aucun  pays,  le 
sentiment  de  commiseration  n'est  plus  general,  on  les  riches  ne 
sont  plus  empresses  de  venir  au  secours  de  toutes  les  detressejj<: 
dans  aucun  pays,  I'opinion  publique  n'est  plus  puissante;  dans 
aucun,  le  ministere  n'est  plus  eclaire,  plus  determine  a  clier- 
clier  le  bien  general,  et  plus  habile  a  le  trouver.  Tant  de 
moyens,  taut  devertus  seraient-iis  done  inutilcs  aux  societes 
humaines?  Oui,  lorsqu'elles  ont  le  malheur  de  s'engager  dans 
une  fausse  direction.  L'Angleterre,  plus  eclairee,  plus  libre, 
plus  puissante  que  les  autres  nations,  n'en  est  arrivee  que 
plus  tot  au  but  qn'une  erreur  lui  faisait  poursuivre.  Sa  force 
vitale  et  les  lalens  de  ses  hommes  d'etat  I'aideront,  quand  eilc 
en  aura  la  ferme  volonte,  a  rentrer  plus  aisemcnt  qnune  autre 
nation  dans  la  bonne  voie;  mais  la  science  a  ses  piejuges,  los 
peuplcs  ont  leurs  habitudes;  et  anjourd'hui  memo,  dans  leur 
detresse,  les  Anglais  ne  prcnuent  encore  aiicune  mesure  qui 
ne  tende  a  I'aggraver. 

J'ai  cherche  a  etablir,  dans  le  livre  qu«  je  prescnterai  bieulot 


6i4  NOUVEA.L)X  PRINCIPES 

de  nonveau  an  public,  que,  ponr  que  les  richesses  contribuent 
au  bonlieur  dc  tons,  en  tant  qu'ellcs  sont  U;  signe  de  toutes  Ics 
jouissances  niatericlles  de  riiommc,  il  faut  que  leiir  accroisse- 
meiit  se  conforme  a  raccroissement  de  la  population ,  et  que 
leur  distribution  se  fasse,  parmi  cette  population,  dans  una 
proportion  qu'on  ne  pent  troublcr  sans  un  extreme  danger. 
Je  me  suis  jiropose  dc  faire  voir  qu'il  est  necessaire,  pour  Ic 
bonheur  de  tous,  que  le  revcnu  croisse  avcc  le  capital;  que  la 
popidation  ne  depasse  point  Ic  revenu  qui  doit  la  faire  vivre; 
que  la  consommation  croisse  avec  la  popuUition,  et  que  la 
reproduction  se  proportionne  egalcment,  et  au  capital  qui  la 
produit,  etila  population  qui  la  consomme.  Je  fais  voir  en 
meme  terns  que  chacun  de  ces  rapports  peut  ctre  trouble , 
independamment  des  aulres;  que  le  revenu  souvent  ne  croit 
point  en  proportion  du  capital;  que  la  population  peut  s'ac- 
croitrc,  sans  que  le  revenu  soit  augmente;  qu'une  population 
plus  nombreuse,  mais  plus  miserable,  peut  deraander  une 
moindre  consommation ;  que  la  reproduction  enfin  peut  se 
proportionner  aux  capitaux  qui  Vaclivent,  etnon  a  k  popula- 
tion qui  la  demande;  mais  que,  chaque  fois  que  I'un  ou  I'autre 
de  ces  rapports  est  trouble,  il  y  a  souffrance  pour  la  societe. 

C'est  sur  cette  proposition  que  sont  fondes  mcs  Noitveaux 
Principes ,  c'est  par  I'importance  que  je  lui  attribue  que  je 
differe  essentiellement  des  pliilosophes,  qui,  de  nos  jours,  ont 
professe  d'une  maniere  si  brillante  les  sciences  economiqucs , 
de  MM.  iSay,  Ricardo ,  Malthus  et  Macculloch.  Ceux-ci  me 
paraissent  avoir  constamment  fait  abstraction  des  obstacles 
qui  les  embarrassaient,  dans  renchaineraent  de  leurs  theo- 
remes,et  etre  arrives  i^i  des  conclusions  fausses,  pour  n'avoir 
point  distingue  ce  qui  leur  donnait  quelque  peine  a  distinguer. 

Tous  les  economistes  modernes,  en  effet,  ont  reconnu  que 
la  fortune  publique,  n'etant  que  I'agregation  des  fortunes  pri- 
vees,  naissait,  s'augmenlait,  se  distribuait,  se  detruisait,  par 
les  memes  procedes  que  celle  de  cliaque  particnlier.  Tous  sa- 
vaient  fortbieu  que,  dans  une  fortune  privee,  la  parlie  la  plus 
essenlielle  a  considcrer,  c'est  le  revenu  :  que  sur  le  revenu  doit 


D'ECONOMIE  POLITIQUE.  61 5 

se  rei^ler  la  consommation  ou  la  depense ,  sous  peine  de  de- 
tniire  le  capital.  Oependant,  cominedans  la  fortune  puMique, 
le  capital  de  I'un  devient  le  revcnu  de  I'autre ,  ils  out  cte  em- 
baFrasses  a  decider  ce  qui  ctait  capital,  ce  qui  etait  revenu  , 
et  ils  ont  trouve  plus  simple  de  retrancher  absolument  le  der- 
nier de  leurs  calcals. 

Ej:  nej;ligeant  une  qnanlite  aussi  essentielle  a  determiner, 
MM.  Say  et  Ricardo  sont  arrives  a  croire  que  la  consommaiion 
etait  une  puissance  illimifee,  ou  du  nioins  quelle  n'avait  point 
d'autres  borucs  que  celles  de  la  production  ,  tandis  qu'elle  est 
bornee  par  le  revenu.  Ils  ont  annonce  que  toute  richesse  pro- 
duite  Irouverait  toujours  des  consommateurs ,  et  ils  ont  en- 
couraj;e  les  producteurs  a  causer  cet  engorgement  des  marches 
qui  fait  aujourd'hui  la  detresse  du  monde  civilise,  tandis  qu'ils 
auraient  du  avertir  les  producteurs  qu'ils  ne  devaieut  compter 
que  sur  les  consommateurs  ayant  un  revenu ,  et  que  toute 
production  nouvelle  qui  ne  correspond  pas  a  un  revenu  nou- 
veau,  cause  la  detresse  de  quelqu'un.  D'apres  le  meme  ou- 
bli,  M.  Malthus,  tout  en  signalant  le  danger  d'un  accroisse- 
ment  desordonne  de  la  population ,  ne  lui  a  donne  de  limites 
que  dans  la  quantite  de  subsistances  que  la  terre  pent  produire, 
quantite  qui  sera  long-tems  encore  susceptible  de  s'accroi- 
tre  avec  une  extreme  rapidile,  tandis  que,  s'il  avait  pris 
en  consideration  le  revenu,  il  aurait  bientot  vu  que  c'est  la 
disproportion  entre  la  population  travaillante  et  son  revenu 
qui  cause  toutes  ses  souffrances.  M.  Macculloch,  dans  un  petit 
ccrit  destine  h  eclairer  le  peuple  sur  la  question  des  salaires, 
affirme  que  le  salaire  du  pauvre  se  proportionne  necessaire- 
raent  au  rapport  entre  la  population  et  le  capital  ;  tandis  que 
le  salaire  ,  consequence  de  la  quantite  de  travail  deman- 
dee  ,  doit  aussi  se  proportionner  a  la  consommation  , 
qui  se  proportionne  elle  -  meme  au  revenu.  Dans  le  memi* 
ecrit,  il  exhorte  le  pauvre  a  proportionner  I'accroisscment  de 
sa  famille  a  raccroissement  du  capital  national ,  quantite  dont 
U  lui  est  impossible  de  se  former  la  notion ,    meme  la  plus 


6ifi  NOUVEA.UX  PRINCIPES' 

confuse  ;  tandis  qu'il  aurait  pu  remarqiier  que  tout  liomme  , 
en  se  niariant,  ot  formant  une  famille,  est  toujouis  appele  a 
se  rejjlcr  sur  son  propre  rcvenu ;  d'ou  il  est  facile  de  con- 
clure  qu'il  suffit  a  la  nation  que  tons  les  lioninics  se  reglent 
sur  le  revenu  dc  tons,  et  qu'uue  nation  dans  laquclle  les  plus 
pauvies  aurout  quelque  chose,  ct  pounont  connaitie  le  revenu 
qu'ils  transmettront  a  Icurs  enfans ,  ne  courra  aucun  risque 
de  souffrir  d'un  accroisscmcnt  dcsordonne  de  la  population. 

Je  crois  done  devoir  reproduirc  avcc  confiance  mes  Nou- 
veaux  Principes  d'economie  politique^  noa  point  tels  qu  ils 
etaient ,  niais  tels  que  I'obseivalion  de  la  grande  lutte  entre 
tous  les  interets  des  peuples  industrienx  ni'a  mis  a  portce  de 
les  completer.  Leur  til  re  un  pen  vague  pourrail  laisser  suppo- 
ser  que  je  les  destinais  seulement  a  etre  un  nouvcau  manual 
des  rudimens  de  la  science.  Je  porte  plus  loin  mes  preten- 
tions. Je  crois  avoir  place  I'economie  politique  sur  une  base 
nouvelle ,  soil  par  la  determination  du  revenu  de  tous,  soit 
par  la  rechercTie  de  la  distribution  de  ce  revenu  qui  repand 
le  plus  de  bonhcur  sur  la  nation  ,  et  qui ,  par  consequent,  at- 
teint  le  mieuxle  but  de  la  science. 

D'autres  principes,  egalement  nouveaux,  mais  d'une  ap- 
plication moins  generale,  decoulent  encore  de  ceux  -  la. 
J'ai  raontre  que  la  i  ichesse  territoiiale  etait  d'autant  plus 
productive,  que  le  cultivateur  avait  une  plus  grande  part 
dans  la  propriete  du  sol ;  que  les  lois  destinees  a  conserver 
aux  anciennes  families  leurs  patrimoines  causaient  la  ruine 
de  ces  families  memes;  que  I'equilibre  entre  les  benefices  d'in- 
dustries  rivales,  sur  lequelles  economistes  modernes  ont  fonde 
leurs  calculs,  n'etait  jamais  atteint  que  par  la  destruction 
des  capitaux  fixes  ,  et  la  mortalite  des  ouvriers  engages  dans 
une  manufacture  perdante  :  que,  quoique  I'invention  des  ma- 
chines qui  accroissent  les  pouvoirs  de  I'homme  soit  un  bien- 
fait  pour  I'humanile,  la  distribution  injuste  que  nous  faisons 
de  leurs  benefices  les  change  en  fleaux  pour  les  pauvres  ;  que 
le  numeraire  metallique  d'une  nation  est,  entre  ses  depenses 


D'ECONOMIE  POLITIQUE.  617 

publiques ,  la  plus  utile,  entre  ses  magnificences,  la  plus  rai- 
sonnable  :  que  les  fonds  publics  ue  sonl  autre  chose  qu'un 
capital  imaginaire,  une  assii;nalion  sur  le  rcveiui  qui  naitra 
du  travail  et  de  I'industrie  :  que  les  limites  naturellcs  de  !a 
population  sent  toujours  respcctees  par  les  honimes  qui  ont 
quelque  chose  ,  et  toujours  dcpassees  par  les  homines  qui 
n'ont  rien.  Qu'on  ne  ra'accuse  done  point  d'avoir  voulu  fairc 
faire  des  pas  retrogrades  a  la  science;  c'est  plus  avaiit ,  au 
contraire,  et  siir  un  nouveau  terrain  que  je  I'ai  portee.  C'est 
la  que  je  demande  avec  instance  qu'on  veuille  bien  me  suivre, 
au  nom  de  ces  calamites  qui  affligeut  aujourd'hui  incme  un 
si  grand  nombre  de  nos  freres ,  et  que  la  science  ancienne  ne 
nous  enseigne  ni  a  comprendre  ni  a  prevenir. 

Les  critiques  auxquelles  la  j^remiere  edition  de  mes  Nou- 
veaux  Principes  ont  ete  en  butte  n'ont  pas  ete  perdues  pour 
nioi.  J'ai  refondu  presque  cntierement  cet  ouvrage.  Le  plus 
souvent ,  j'ai  cherche  a  eclaircir  ce  qui  pouvait  etre  demeure 
obscur,  en  fixant  I'attcntion  de  mes  lectcurs  sur  I'Angleterre.  Je 
voulais  montrer,  dans  la  crise  qu'ellc  eprouve,  etia  cause  de 
nos  souffrances  actuelles ,  d'apres  la  liaison  qui  existe  entre 
les  diverses  industries  de  tout  lunivcis,  et  1  histoire  de  notre 
propre  avenir ,  si  nous  continuous  a  agir  d'apres  les  prin- 
cipes qu'elle  a  suivis.  Mais  j'ai  aussi  quelquefois  montre  ma 
deference  aux  critiques  qui  m'ont  paru  justes ,  par  des  sup- 
pressions ou  des  changemens.  Cependant,  je  crois  devoir  re- 
clamcr  contre  la  maniere  si  souvent  legerc,  si  souvent  fausse, 
dont  un  ouvrage  sur  les  sciences  sociales  est  jugc  dans  le 
monde.  Le  probleme  qu'elles  presenlent  a  resoudreest  bienau- 
trement  complique  que  tons  ceux  qui  naissent  des  sciences  na- 
turellcs ,  et  en  meme  terns  il  s'adresse  au  coeur  aussi  bien  qu'a 
la  raison.  L'observaleur  est  appele  a  reconnaitre  des  souf- 
frances cruclles  ,  des  souffrances  injustes,qui  procedent  du 
fait  de  rhomme,  et  dont  I'homme  est  la  victime.  II  ne  saurait 
lesconsiderer  froidcment,  et  passei-  outre  sans  invoquer  quel- 
que renicde.  Ces  rcmedes  choqueiont  quelquefois  ou  les  sen- 


(5 1 8  NOUVEAUX  PRINCIPES  D'^CONOMIE  POLITIQ. 

limens,  on  Ics  prcjuges  des  lecfcurs;  ils  scront  quelquefois 
oil  siipcrfliis,  oil  iiiapplicables.  Ce  £ont  autant  d'erreurs  ,  sans 
doute ;  mais  ce  sont  des  errcurs  en  administration  ,  plutot 
qu'en  economic  politique.  L'autcur  on  le  lecteur  penvent  se 
mepreiidre  sur  I'application,  parce  que  toiitesles  circonstances 
qui  sont  Ics  bases  de  cette  application  ne  se  trouvent  point 
dans  le  livie.  L'enchainemcnt  des  principes  ne  saurait  toutcfois 
etre  ebranii-  par  qiielqnes  corollaires  livrcs  a  la  eontroverse , 
oil  a  la  malii^nite  nioqncuse.  Si  ses  principes  sont  vrais ,  s'ils 
sont  noiiveaux,  s'ils  sont  feconds,ils  auront, en  depit  de  quel- 
ques  errcurs,  reelics  ou  supposees,  fait  avancer  la  science 
sociale ,  la  plus  importante  entre  les  sciences ;  car  c'est  celle 
du  bonheur  de  rhomme. 

J.  C.  L.  DE  SiSMONDI. 


II.  ANALYSES  D'OUVRAGES. 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

DiAGRAMMES      CHIMIQUES  ,     Oil     RcCUCil    cle     36o   figUVeS 

(siir  112  plaiiclies)  qui  exphquent  succinctement  les 
experiences  par  Vindication  des  agens  et  des  produits, 
h  cote  de  Vappareil,,  et  qui  rendent  sensible  la  theorie 
des  phenomenes ^  en  representant  lejeu  des  attractions 
par  la  convergence  des  lignes  :  ouvrage  elementaire, 
aiiquel  on  a  ajoute,  pour  les  etrangers,  un  Essai  de 
nomenclature  chimique,  en  six  langues,  et  pour  les 
conimencans,  i"  un  Vocabulaire ,  contenant  I'etjmo- 
logie  et  la  definition  des  mots  techniques ^  2°  une  serie 
de  tableaux  synoptiques  qui  representent  la  prepara- 
tion et  Les  parties  proportionnelles  des  produits;  par 
M.  Decreaips  (i). 

L'espace  nous  a  manque  jusqu'ici  pour  rendre  un  compte  un 
peu  detaille  de  cet  ouvrage,  remar^uable  par  I'erudition  et 
le  zelc  de  I'auteur.  Nous  pensions  qu'une  notice  trop  courte 
ne  le  ferait  point  assez  connaitre;  que  les  fruits  de  plusieurs 
annees  de  travaux  assidus,  exposes  avec  une  methode  qui 
permeltait  de  les  resserrer  dans  un  espace  plus  limite  que  la 
grosseur  du  volume  ne  semble  I'annoncer,  n'en  etaient  pas 
moins  nombreux ,  moins  imporlans ,  ni  moins  dignes  d'etre 
passes  en  revue,  tant  dans  leur  ensemble  que  dans  les  prin- 
cipaux  groupes  qu'ils  composent.  Les  circonstances  ont  cons- 


■  (1)  Paris,   iSaS;  Carilian- Goeuri,  quai  des  Grands -Augustin*. 
Grand  in-4°  de  lay  psges  et  i  la  planches ;  prix  ,  3o  fr. 


6ao  SCIEINCES  PHYSIQUES. 

tainincMit  «;xii^i;  d'aiitres  insertions;  en  soite  tjue,  pour  iie  pus 
taider  plus  lonjj;  tenis  i  nicttrc  sous  les  yeux  do  nos  Icclfurs 
\ci  Duigrciiunii-s  chliniqucs  de  M.  Dicremps,  nous  soinmes 
reduils  a  ieur  consacrcr  on  article  beaucoup  nioins  etendu 
que  nous  ne  I'avions  projete. 

L'autcur  debute  par  un  abregc  de  nomenclature  chimique 
en  six  langues  (francais,  anglais,  italicii,  latin,  allcniaud  , 
espaj^Miol).  Ces  langues  sont  apparenunent  celles  des  auteurs 
d'ouvrages  sur  la  chimie ;  car  on  compte  un  plus  grand  nombre 
d'idionies  paries  par  ccux  qui  cultivent  la  science.  II  semblu 
queM.  Decromps  n'a  pasY-te  juste  envers  lesSuedois,  ct  qu'il 
se  niontre  fort  liberal  envers  les  Espagnols.  Quant  a  la  langue 
russe,  il  parait  <jue  lo  peuplc  qui  la  parle  n'a  pas  encore  le 
projet  de  remployer  a  cultiver  les  sciences.  Dans  tons  les  licux 
ou  sa  domination  s'est  etablic,  il  ne  s'est  ))as  cnntente  d'ap- 
prendre  la  langue  du  pays,  suivant  la  niaxime  de  Philotas  ; 
et  victoribus  ct  victis  externa  lingua  disccnda  est;  cliez  hii- 
nieme,  son  idiome  tombe  en  desuetude  parmi  les  houinies 
inslr  uits  et  s'altere  de  pins  en  plus,  faute  d'une  culture  dirigee 
jjar  le  gout  et  le  savoir. 

Le  vocabulaire  qui  contient  I'etymologie  et  la  definition  des 
mots  techniques  employes  en  chimie  est,  en  general,  assez  exact. 
Nous  n'anrons  garde  de  reproclur  a  I'auteur  quelques  incor- 
rections  sans  importance,  et  qui  ne  peuvent  tromper  les  lec- 
teurs.  Lorsqu'il  dit,  par  exemple,  que  le  cuivre,  en  s'unissant 
avec  I'acide  acelique,  forme  le  vert  de  gris,  on  sait  bien  que 
o'est  de  I'oxide  de  cuivre  qu'il  a  voulu  parler.  Quelques-uues 
de  ses  etymologies  pourraient  etre  contestees:  apres  avoir 
expose  sept  opinions  diffcrentes  sur  I'origine  du  mot  chimie  , 
il  ajoute  :  «  Ceux  qui  n'admettent  aucune  de  ces  etymologies 
peuvent  considerer  le  mot  chimie  comme  primilif,  et  par  hii- 
meme  insignifiant.  »  Cette  opinion,  ne  sera  pas  plus  adoptee 
que  les  etymologies  du  mot :  I'idee  d'une  science  ou  d'un  art 
est  tres-complexe ;  on  ne  sent  le  besoin  de  lui  donner  un  nom  , 
que  lorsqne  la  langue  est  formee,  qu'elie  a  ses  racines,  sa 
grammairc,  ses  lois  pour  la  composition  des  mots  nouveaux. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  fiir 

A  cetle  epoqup,  iine  langiie  ne  sanrait  admettre  des  mots  pri- 
mitifs;  etsi,  dans  ces  terns  modetnes,  on  a  senti  la  nccessite 
d'en  introduirc  dans  le  vocabulaire  des  sciences,  c'est  parte 
que  DOS  idiomes  dejii  suicomposis  n'offrent  aiicune  ressource 
pour  la  composition  des  ternies  propres  a  exprimer  certains 
systemes  d'idees.  A\i  reste,  une  bonne  definition  est  encore 
plus  instructive  que  la  discussion  la  plus  lumineuse  sur  I'ori- 
gine  d'un  mot.  Pour  definirlacliimie,M.  Decremps  a  recoiirs  a 
trois  anteurs,  Fourcroy,  Thomson  et  Blak.  On  oprouve  ici  les 
inconveniens  de  I'erudition  poussee  trop  loin;  car  le  resume 
des  trois  definitions  de  la  meme  science,  par  trois  professeurs 
du  premier  merite,  n'est  point  satisfaisant.  «Lachiniie,  dit 
M.  Decremps,  est  une  science  qui  nous  fait  connaitre  Taction 
moleculaire  et  reciproque  de  tous  les  corps,  qui  en  expliqueles 
divers  changemens  ,  et  qui  observe  les  effets  de  la  chaleur  et 
des  melanges  pour  en  decouvrir  les  lois  et  pour  perfeclionner 
les  arts  utiles.  »  Une  definition  bien  faite  est  plus  precise,  et 
assigne  en  moins  de  termes  le  caractere  distinctif  de  la  science 
dont  il  s'agit.  —  Le  mot  diagramme  devait  etre  expliquc  ici. 
«  Cost  un  assemblage  de  ligues  qui,  a  I'aide  de  qnelques  mots, 
designent  des  verites  qu'on  ne  ponrrait  exprimer  que  par  un 
long  discours.  n  Pour  rendre  cette  definition  plus  claire  et  plus 
complete,  I'aufeur  figure  I'exemple  suivant: 


Su 

Ifate 

de 

potasse. 

Potasse. 

'          Acide 

> 

Sulfate     1 

de    _     { 

sulfririque. 

1 

1  Carbonate 

J          de 

magnesie. 

V    M<igncsie. 

Acide 
carboniquc. 

1     potasse. 

I 

Carbonate  de  magnesie. 

«  Ce  diagramme  indique  :  i°  la  composition  de  4  sels  dont  les 
noms  sont  ecrits  en  dehors  de  la  figure,  et  vers  le  milieu  des 
accolades,  taudis  que  les  parties  composantes  occupent,  en 


6aa  SCIENCES  PHYSIQUES. 

dedans,  les  qiiatre  coins  :  il  signilie,  d'ailleurs,  que,  si  on  jetle 
dans  la  nieme  can  les  deux  sels  ocrits  a  droite  et  a  gauche,  il 
en  rc'sultcra  diux  autrcs  sels,  savoir;  du  sulfate  de  potasse 
qui  restant  dissous  occupe  la  |)arlie  supericure,  et  du  carbo- 
nate de  magnosic  qui  se  depose  an  fond  du  vase,  ainsi  que  le 
idesigne  son  nom  ecrit  au  bas  de  la  lignie.  »  L'auteur  cite  en- 
core plusienrs  autres  exempJes  tires  de  I'ouvrage  de  M.  Mac- 
KENSiE, intitule  :  Mille  experiences  chimiques ,  etc.  Si  Ton  pen- 
sait  que  des  notions  de  cette  nature  ne  peiivent  etre  exprimecs 
qu'en  prose ,  on  serait  desabuse  a  I'article  metal  de  ce  vocabu- 
laire,  ou  les  pesanteurs  specifiiques  des  mefaux  sont  le  sujet 
d'un  distique  latin  paraphrase  en  vers  francais.  11  n'y  est  point 
question  des  grandes  decouvertes  qui  ont  plus  que  double  le 
nombre  des  substances  metalliques;  a  I'exceplion  du  platine,  les 
nouveau-venus  n'obtiennent  pas  encore  Thonneur  d'etre  cele- 
bres  en  vers;  qu'ils  attcndcnt.  Les  Muses  inspirent  bien  rare- 
menl  les  poetes  sur  de  tcls  sujets,  et  les  auteurs  des  deux 
chefs-d'oeuvre  cites  par  M.  Decremps  auroiit  peu  d'iniita- 
teurs. 

Il  serait  tres-difficile,  et  necessairement  tres-long,  de  don- 
ner  a  uos  lecteurs  une  idee  complete  des  cent  douze  planches 
ou  l'auteur  a  represente  les  appareils  des  experiences,  le 
nombre  et  la  position  respective  des  matieres  employees,  I'or- 
dre  des  combinaisons  et  la  formation  du  nouveau  compose, 
Ou  le  resultat  de  la  decomposition.  La  nouvelle  scrie  de  dia- 
gram mes ,  qui  vient  ensiiite  et  qui  termine  I'ouvrage,  oppose 
encore  les  mcmes  obstacles  a  I'analyse  que  nous  aurions  voulu 
en  faire,  sans  le  secours  des  figures,  ou  meme  en  usantavec 
reserve  de  ce  moyen  de  nous  rendre  intelligibles.  Le  but  de 
l'auteur  a  ete  de  former  des  tahleaua:  synoptiques  de  la  prepa- 
ration et  de  la  composition  des  produits  chimiques  les  plus  in- 
teressans.  Ces  tableaux  sont  divises  en  sept  chapilres,  et  pre- 
sentcnt  les  faits  chimiques  rclatifs  :  i°  a  I'attraction  molecu- 
laire;  a°  au  calorique  ;  3°  aux  composes  gazeux  et  aux  corps 
simples  concrets,  non  metalliques;  /|°  aux  bases  salifiables ; 
5°  aux  acides,  6"  aux  mctaux;  7"  aux  corps  organiques.  En 


SCIENCES  PHYSIQUES.  6^3 

general ,  I'auteur  s'y  inontre  an  niveau  des  connaissances  ac- 
quises,  quoique  Ton  apercoive  de  terns  a  autre  qiielques  ves- 
tiges des  theories  abandonnces.  Le  premier  chapitre  commence 
par  ime  assertion  que  Ton  pent  contcster;  <-  il  est,  dit  M.  De- 
crcm[)s,  des  corps  qui  n'ont  entr'eux  aucime  affinilc  sensible; 
par  exemple,  I'huile  et  I'eaii.  >-  Cet  exemple  n'est  pas  heureuse- 
ment  choisi ;  car,  apres  avoir  agile  long-tems,  iin  melange 
d'huiie  et  d'eau ,  si  on  donne  a  ces  malieres  le  terns  de  se  se- 
parer  par  le  repos,  ni  I'une  ni  I'autre  ueseront  dans  le  meme 
etat  qu'avant  le  melange,  et  par  consequent,  elles  ont  agi  I'une 
sur  I'autre.  — Le  volume  est  termine  par  un  essai  d'application 
de  I'algebre  a  la  chimie,  et  par  des  observations,  en  espagnol 
et  en  francais,  sur  les  nombreux  services  que  cette  science  a 
rendus ,  et  sur  ceux  que  Ton  pent  en  esperer  encore.  Ce  que 
I'auteur  a  presentu  sous  la  forme  algebrique,  n'est  qu'un  calcul 
arithmetique;  mais  on  ne  pent  douter  que  la  recherche  des 
lois  de  I'altraction  moleculairo,  combinee  avecles  aulres  pro- 
prietes  des  corps,  n'cNige  I'application  de  Tanalyse  mathema- 
tiquc.  Peut-etre  meme,  cet  instrument  universcl  n'est-il  pas 
assez  perfcctionne  pour  nous  conduire  a  la  soluiion  des  pro- 
blemes  les  plus  importans,  en  physique  et  en  chimie. 

Nous  sommes  a  la  fm  du  livre,  et  cependant  notrc  article 
n'est  point  termine;  car  nous  n'avons  rien  dit  de  I'averlis- 
sement,  ni  de  I'epigraphe.  Les  lecteurs  qui  liraient  de  suite 
I'ouvrage,  sans  s'arreler  a  raverlissement,  comprendraient 
mal  leurs  interets;  car  ils  n'auraient  pas  sur  I'auteur  et  sur  sa 
mcthode  des  notions  qui  peuvent  repandrc  quelque  jour  sur 
certaines  explications  ou  doctrines  un  p«u  obscures  au  pre- 
mier coup-d'oeii ,  mais  qui  devienncnt  plus  claires,  lorsque 
leur  origine  est  conniie.  L'autear  nous  apprend  qu'avant  de 
publier  son  livre ,  il  avait  entendu  Fourcroj  et  Thenard  a 
Paris,  et  les  Majors  a  Genes,  BnignatelU  a  Pavie,  Dnndolosx 
Venise,  la  Chimie  des  dames  ;i  Milan,  Chaptal  dans  les  Ce- 
vennes,  Orfila  dans  les  Pyrenees,  Plench  a  Vienne,  Klap- 
/5ro/A  a  Berlin ,  ^'wrzpr  a  Marbourg,  Boerhaave  en  Hollande, 
Thomson ,  Parkes  a  Londres  :  k  Voiia  ,  dit-il ,  les  sources  purci 


6'ih  SCIENCES  PHYSIQUES. 

oCl  nous  avous  puise  IfS  verites  que  nous  publions  sous  une 
nouvollc  forme. »  Mais  la  chimie  nous  appiend  que  le  melange 
do  liqueurs  tres-limpides,  et  Ires-peu  differentes  Tune  dc  I'autre 
peut  etre  trouble,  jusqu'a  ce  qu'unc  combinaison  intime  dc 
tous  les  elemens  ait  etabli  I'hoaiogeneite  de  la  masse.  Si  la 
science  elait  parvenue  au  dernier  degre  de  sa  perfection,  elle 
serait  unc,  la  meme  dans  loutcs  les  tetes  etdans  tons  les  livres: 
en  de^ii  de  ce  dernier  tcrme,  il  existe  necessairement  quel- 
ques  legeres  dissemblances  entre  les  theories  admises  par  des 
savans  egalement  recommandables  par  leurs  travaux  el  ieurs 
ecrits.  Ces  nuances  d'opinions  ne  doivent  point  paraitre  dans 
un  livre,  si  ce  n'est  pour  les  discuter  et  pour  choisir  ;  et  en- 
core vaut-il  niieux,  si  le  livre  est  elementaire,  que  le  clioix 
soit  fait  d'avance ,  sans  que  le  lecteur  assiste  aux  debats.  — 
Des  considerations  tres-justes  sur  les  niethodes  d'exposilion 
qui  conviennent  le  niieux  aux  ouvrages  sur  la  chimie ,  et  des 
vers  anglais  et  francais,  terminent  cet  avertissement  tres-digne 
d'etre  lu. 

Enfiu  ,  nous  voici  a  I'epigraphc.  L'auteur  emprunte  a  Ho- 
race deux  vers  cites  frequemment,  et  que  M.  Daru  traduit 
ainsi  : 

Du  recit  le  plus  clair  on  est  moins  affect^ 
Que  d'un  tableau  fidcle ,  a  nos  yeux  presente. 

Horace  est  plus  exigeant  que  son  traducteur  :  ce  sont  les  per- 
sonnages  et  Taction  dramatique  qu'il  conseille  de  substituer 
aux  recits,  toiijours  un  peu  froids  sur  la  scene.  La  maxime  du 
legislateur  du  Parnasse  ,  comprise  dans  le  sens  deM.  Darn  ,  ne 
parait  pas  faite  pour  les  livres ;  car  auctm  de  ceux  ou  Ton  a 
tente  de  Tappliqucr  n'ajustifie  son  cpigraplie,  ni  sa  preface. 
Si  les  diagrammes  de  M.  Decremps  ont  quelque  utilite ,  ce  n'est 
■jpoivil  comme  tableaux ,  mais  comme  ecriturc  plus  rapide,  et 
se  pretant  micuxaux  mouvemens  en  sens  divers  de  la  pensee, 
aux  rapprochemens  plus  ou  moins  eloignes  entre  des  Jdees 
excitees  simuUanemcnt.  On  ne  peut  douter  que  cette  ecriture 
perfectionnt'c  ne  devienne  un  bon  instrument  des  sciences; 


SCIENCES  PHYSIQUES.  6^5 

Tntilite  des  tableaux  synoptiques  est  reconnuc ,  et  les  dia- 
grammes  sont  une  forme  particuliere  de  ces  tableaux ,  pour 
des  groupes  d'objets  moins  iiombreux,  et  consideres  sous  un 
point  de  vue  plus  special.  L'epigraphe  du  livre  ferait  perdre  de 
vue  la  nature  et  la  veritable  destination  de  ce  mode  d'expres- 
sion ;  on  croirait  leperfectionner  par  un  dessin  plus  correct ,  o»i 
par  uu  choix  de  figures  plus  analogues  a  la  chose  designee ; 
le  peintre  se  substituerait  au  chimiste,  tandis  que  la  science 
ne  peut  etre  perfectionnee  que  par  des  recherches  absolument 
etrangeres  aux  formes. 

Quelque  opinion  que  Ton  ait  de  la  melhode  de  M.  Decremps, 
et  quel  que  soit  I'usage  qu'on  en  fera,  son  livre  <doit  exciter  la 
curiosite,  et  merite  une  place  dans  les  bibliotheques.  L'erudi- 
tion  de  I'auteur  nous  rappelle  celle  du  chevalier  de  Jaucodrt, 
ooutinuateur  de  la  premiere  encyclopedic,  dont  il  a  fait  a  lui 
seul  plusieurs  volumes,  disciple  de  Boerhaave  dont  il  avait 
ecoute  et  transcrit  les  lemons  dans  de  volumineux  cahiers  dont 
il  ne  se  separa  jamais,  meme  apres  qu'ils  furent  devenus  illi- 
sibles,  a  la  suite  d'un  naufrage  oil  le  savant  et  ses  nianuscrits 
icoururent  les  plus  grands  dangers.  F. 


T,  XXXI.  —  Septernbre  1826.  Ao 


SCIENCES  MORALES  ET  POLITIQUES. 


Papers  relative  to  codification  and  pubmc  instruc- 
tion ,  including  correspondence  with  the  Rusxian 
Emperor,  and  divers  constituted  authorities  in  the 
American  United  States;  published  by  Jeremy  Ben- 
THAM  (i). 

Pieces  relatives  a  la  codification  (2)  et  a  l'instruc- 
TiON  publique,  comprenant  une  correspondance  avec 
VEmpereur  de  Russie,  et  diverses  autorites  constituees 
des  Etats-Unis  d'Amerique;  par  Jeremie  Bentham. 

(Voy.  ci-dessus,  p.  298  •Zo-j  :  Notice  sur  les  ouvrages  de  Bentham). 

De  tons  les  hommes  qui  de  nos  jours  se  sont  voues  a  I'otude 
exclusive  du  droit,  de  tous  cenx  qui  se  sont  occupes  de  re- 
formes  legislatives,  Bentham,  par  rimmensite  de  ses  travaux, 
par  le  degre  de  maturite  auque!  ses  conceptions  sont  parve- 
nues,  est  sans  contreditle  plusremarquable.  Des  I'annee  i8o2> 
ses  Traites  de  legislation  ,  et  q'uelqucs  annees  plus  tard  ,  sa 
Theorie  despeines  et  des  recompenses,  vinrent  reveler  au  monde 
savant  des  routes  jusqu'alors  inconnues  dans  la  science  du 
droit.  Ce  n'etait  plus  de  ces  laborieuses  compilations,  si  cou- 
teuses  i  leurs  auteurs  et  si  pen  profitables  a  I'humanite;  ce 
n'etait  plus  de  ces  conceptions  si  brillantes,  si  concluantes  en 
apparence  dans  les  hauteurs  de  la  speculation,  et  souvent  si 
vaines  dans  les   humbles  voics   de  la   pratique ;  c'etai^  unc 


(i)  Londres  ,  1817,  i  vol.  in-8". —  Ce  qui,  dans  ce  recueil,  con- 
cerne  I'instruction  publique,  n'y  tient  qu'une  tres-petite  place,  ct 
est  entitlement  etranger  a  la  codification ,  qui  fait  seule  I'objet  de  cet 
article. 

(2)  Reunion  en  un  corps  nietliodique  de  fonte  la  niaticre  legale. 


I 


SCIENCES  MORALES  ET  POLITIQUES.  627 
science  toute  noiivcUe,  toiite  complete,  ayant  sa  nomencla- 
ture et  ses  classifications  propres,  line  analyse  rigoureuse  et 
profonde ,  qui ,  faisant  marcher  de  front  la  theorie  et  I'applica- 
tion ,  donnait  en  qiielque  sorte  des  lois  en  meme  terns  qu'elle 
en  montrait  Ics  principes.  Le  premier  deces  deux  ouvrages  eut 
la  fortune  inoiiie  de  devenir  autorite,  presque  aussitot  qu'il 
parut,  et  de  valoir  a  sonauteur  le  privilege  de  voir  son  nom 
place  dans  les  productions  officielles  des  legislateurs  du  terns. 
Ce  fut,  comme  on  le  sait,  aux  travaux  d'un  autre  savant 
publiciste,  M.  Dumont  ,  de  Geneve  ,  que  la  science  fut  rede- 
vable  de  ces  deux  importans  ouvrages.  Bentham,  tout  entier 
au  soin  d'elever  un  corps  coniplet  de  droit,  semblait  voidoir 
ne  se  produire  lui-meme,  que  lorsqu'ilaurait  accompli  la  tache 
qu'il  s'etait  imposee.  Cinquante  ans  de  travail  et  de  meditation, 
un  esprit  vaste  et  perseverant  paraissent  avoir  enfin  triomphe 
d'uue  si  grande  entreprise;  Bentham  a  embrasse  le  champ  tout 
entier  de  la  legislation  ;  et  aujourd'hui  qu'il  s'en  croit  maitre  , 
il  offre  au  monde  civilise  le  resultat  de  ses  travaux:  il  lui  pro- 
pose de  substituer  des  lois  fondees  sur  leprincipe  de  I'utilite 
generale  ,  c'est-a-dire  ,  du  plus  grand  bonheur  pour  le  plus 
grand  nombre  des  membres  de  la  societe,  et  justifiees  dans 
toutes  leurs  dispositions  par  des  raisons  tirees  deceprincipe, 
a  des  lois  dictees  le  plus  souvent  par  des  interets  anti-sociaux, 
ou  par  des  volontes  aveugles.  II  propose  surtout  de  substi- 
tuer le  droit  ecrit  au  droit  non  ecrit,  une  legislation  fixe  et 
expresse,  qui  soit  a  la  portee  de  tout  le  monde,  a  des  tradi- 
tions, a  des  coutumesincertaines  et  variables,  livrees  al'inter- 
pretation  arbitraire  d'un  corps  special  d'inities.  Bentham  re- 
commande  enfin  avec  chaleur  la  codification  aux  peuples  et 
aux  gouvernemens. 

Le  systeme  de  la  codification  ,  qui  fait  I'objet  special  del'ou- 
vrage  ou  plutot  du  recueil  que  nous  annon^ons,  presente  une 
question  du  plus  hautinteret;  raais,  pour  bien  en  coniprendre. 
I'importance,  pour  en  apercevoir  toute  la  portee,  il  convieiit 
d'abord  de  se  remettre sous  les  yeux  les  divers  partis  qui  divi- 
sent  la  science  a  laquelle  cette  question  se  rattache,  et  pour 


6a8  SCIENCES  MORALES 

cela,  tie  perdre  do  vue  un  moment  Bcntliam  «t  la  codification 
elle-meme. 

L'ensemble  de  toiitcs  Ics  theories  siir  ic  droit,  de  tons  Ics 
systemcs  de  legislation,  a  etc  diviso,  dans  les  dcrniers  terns,  en 
deux  ecoles  principales  :  I'une  historique ,  I'antrc  non  hisio- 
rique  ,  ou pkilosophique.  J c  suivrai  d'abord  cette  division. 

UJ^cole  historique  s'est  elevee  en  Allemagne,  depuisla  re- 
volution fran9aise.  Elle  y  est  nee  de  deux  circonstances  princi- 
pales:  d'abord,  de  la  reaction  qui  se  developpa  generalcment, 
dans  le  cours  de  cette  cpoque,  contre  les  doctrines  pliiloso- 
phiquesdu  xvin*  siecle,  alors  discredilees  ])ar  les  exces  qu'on 
leur  attribiiait,  et  aussi  du  penchant  particulier  des  Allemands 
pour  les  etudes  historiques  et  philologiqucs. 

Cette  ecole,  deja  recommandable  par  ses  travaux,  dejaim- 
portante  par  I'influence  qu'elle  a  exercee  sur  beaucoup  d'es- 
prits  distingues,  n'est  encore  que  tres-peu  connue  en  Europe, 
et  ne  Test  presque  point  en  France;  d'abord,  elle  a  pris  pen 
de  soin  de  rcpandre  sa  doctrine;  puis,  ce  qu'elle  en  a  public 
n'a  pas  encore  ete  transporte  dans  notre  langue  (i). 

(i)Nous  devons  rappeler  ici  a  noslecteiirs  que  I'lincdes  produclions 
les  plus  importantes  de  I'ecole  historique  allemande,  VUistoire  du 
droit  roinain  pendant  le  mojen  age,  par  M.  de  Savigmy,  conseiller 
d'etat  et  professeur  a,  Berlin,  a  ete  traduite  en  francais,  et  doit  ^tre 
incessamraent  publiee.  Si  Ton  en  juge  par  des  fragmens  et  des  ex- 
traits  que  plusieurs  journaux,  specialement  la  Themis  out  donnes  de 
cet  ouvrage,  il  doit  joindre,  a  I'avantage  de  nous  bieii  faire  connaitre 
I'ecole  historique  d'Allemagne,  celui  dejeter  une  grande  luniiere  sur 
I'histoire,  I'organisation  politique  et  judiciaire  et  sur  le  syst^nie 
d'enseignement  suivi  pendant  le  inoyen  age  en  Europe,  et  surtout 
en  France. 

La  Themis  que  nous  venons  de  citer,  et  que  nous  recomiuandons 
avec  conGance  a  tous  ceux  qui  s'interessent  aux  progres  de  la  juris- 
prudence historique ,  contient  plusieurs  articles  iiistructifs  et  curieux 
sur  les  codes  qui  out  ete  recemment  publics ,  ou  que  Ton  prepare 
dans  les  divers  etats  de  I'Europe  et  de  I'Amerjque.  M.  Bx.osdeau  , 
professeur  a  I'tcole  de  droit,  a  Paris,  auteur  de  la  plupartde  ces  ar- 


ET  POLITIQUES.  629 

Le  droit,  selon  I'ecole  historique,  n'cst  point  une  science 
tibsoliie,  luiiverselle  ,  reposant  siir  des  bases  immtiables  :  il  est 
divers,  comme  les  sociclt^s,  et  variable  comme  elles. 

II  ne  pent  jamais  etre  I'effet  d'une  volonte  arbitraire.  II  nait 
avec  la  socictc  et  se  developpe  avec  elle,  insensiblement , 
comme  tons  ses  autres  produits,  et  simiiltanement  avec  eiix.  II 
n'a  point,  a  propremcnt  parier,  d'existence  independante  ,  et 
n'est,  dans  la  realite,  qu'une  des  nianieres  d'etre  de  tous  les 
faits  dout  la  societe  se  compose. 

Le  droit,  dont  le  developpement  se  confond  ainsi  avec  celui 
de  la  sociele  ,  est  le  seul  efficace  ,  le  seul  capable  de  produire 
de  bons  effets.  Toiite  legislation  apriori ,  toute  regie  arbitraire 
est  necessairement  impuissante  ou  fvmeste. 

La  marche  des  societesest  progressive  et  non  interrompiie ; 
mais  cette  marche  est  soumise  a  des  lois  de  gradation  rigou- 
reiises:  011  ne  pent  ni  la  suspendre,ni  la  precipiter. 

De  toutes  parts,  pourtant,  le  veritable  droit  social  est  obs- 
carci  par  les  iiombreux  essais  qui  ont  ete  faits  dans  I'un  ou 
lautre  sens;  c'est  par-la  que  se  sont  manifestees  toutes  les  er- 
reurs  sur  la  nature  des  societes,  et  sur  I'essence  du  droit.  Or  , 
s)  ces  essais  ont  etc  vains ,  quant  \  leur  objet  principal ,  ils 
n'ont  cependant  pas  ete  sans  effet  sur  le  sort  des  societes  :  ils 
n'ont  sans  doute  ni  arrete  ,  ni  accelere  leur  marche ;  mais,  par 
les  luttes  et  par  les  resistances  qu'ils  ont  developpees  dans  leur 
sein ,  ils  I'ont  embarrassee  et  ralentie.  Dans  cet  etat  de  choses, 
I'intervention  de  la  science  est  devenue  necessaire;  il  s'agit  de 
deliyrer  les  societes  de  toutes  ces  entraves,  et  de  les  rendre  a 
leur  propre  impulsion. 

Mais,  pour  demeler  dans  le  chaos  des  lois  et  de  la  jurispru- 
dence ,  ce  qui  apparticnt  au  developpement  social,  de  ce  qui 

tides,  s'est  fait  connaitre  depuis  long-tems  pax  des  tableaux  sjnop' 
tiqites  clii  droit  prive  dans  lesgnels  il  a  su  metlre  d  profit  les  ideas  de 
Benlham,  exposees  deja  dans  ses  ttaitis  de  legislaiion  civile  etpenale , 
mis  en  ordre  et  publics  en  franqais  par  M.  Dumomt,  d«  Cenive.  (  Voy, 
ci-dessus,  p.  3oy).  N.  d.  R. 


6:^0  SCIENCES  MORALES 

lui  est  etranger,il  faut  comiaitre,  d'abord  ,  I'etat  actuel,  la 
nature  intone des  societes.  Or,  cette  science  du  present  ne  peut 
s'acquerir  qu'a  une  condition  expresse,  la  science  du  passe. 

Une  societe  n'est  point  iin  produit  spontanc  :  quelle  que 
soit  cclle  que  Ton  imagine  ,  et  a  quelque  instant  qu'on  la 
prenne  ,  on  n'y  peut  voir  toujours  que  le  prolongenient,  que  le 
resultat  d'un  ordre  de  choses  antericur.  Pour  connaitre  I'etat 
actuel  d'une  nation ,  il  faut  done  d'abord  remonter  a  sa  source, 
s'einparer,  s'il  est  possible,  dc  scs  fails  primitifs,  les  suivre 
pas  ^  pas  dans  leurs  developpemens,  dans  Ics  modifications 
qu'ils  ont  subies  en  se  combinant  avec  des  faits  nouveaux ; 
parcourir  par  le  menie  procede  I'histoire  de  tous  les  peuples 
dont  I'existence  s'est  trouvee  melee  ou  associee  a  celle  de  celte 
nation,  ct  redescendre  ainsi  lentement  jusqu'au  fems  present. 
Tel  est  Timmense  travail  qu'il  faut  avoir  aclieve  a  I'egard  de 
chacune  des  societes  existantes,  pour  connaitre  leur  nature 
intime,  etpouretreen  etat  de  distinguer,  dans  I'ensenible  du 
droit  qui  les  regit ,  ce  qui  leur  est  propre  de  ce  qui  leur  a  ete 
impose. 

Le  resultat  de  cette  grande  conquete  sur  le  passe  se  reduif, 
pour  I'ecole  historique,  telle  quelle  est  nee  et  qu'elle  se  main- 
tient  en  AUemagne,  a  un  service  puremenl  negatif:  delivrecla 
societe  de  ses  entraves  et  la  rendre  a  elle-meme.  Pour  quel- 
ques-uns  des  disciples  de  cette  ecole ,  ce  resultat  semble  plus 
etendu  :  pour  eux,  le  developpement  du  droit  parait  se  con- 
fondre  un  pen  moins  avec  celui  de  la  societe ;  mais  j'indique 
ici  I'existence  d'une  modification,  pi ntot  que  je  n'en  fais  con- 
naitre la  nature.  La  seule  chose  importante  d'ailleurs  a  consta- 
ter  pour  le  sujet  qui  nous  occupe,  est  que  ,  dans  I'opinion  des 
fondateurs,  comme  dans  celle  des  disciples,  le  droit,  quel  que 
soit  d'ailleurs  le  mode  de  sa  formation ,  ne  doit  jamais  prendre 
I'initiative  sur  la  societe,  mais  la  reflechir. 

Sous  le  nom  d'ecole  non  historique  ou  philosopkique ,  on  a 
range  indistinctement  tons  les  systemes  de  droit,  etrangers  a 
celui  de  I'ecole  historique.  Ainsi,  Hohhex ,  Loche,Rousseau,Kant, 
Bentham,  etc.,  nialgre  la diversitede  leurs  systemes,  appartien- 


ET  POLITIQUES.  63 1 

draient  egalement  a  I't-cole  philosophique.  Mais,  on  voit  d'abord 
qu'une  pareille  ecole  ne  saurait  avoir  d'existence  reelle,  le  mot 
d'ecole  emportant  avcc  lui  I'idee  d'unite  de  doctrine  et  de 
methode,  etles  systemeswow  hisloriques  n'ay^inl  soiwent  d'au- 
tre  trait  de  ressemblauce  entre  eux  que  d'etre  egalement  des 
produits  de  I'esprit  humain.  Ceux  qui  les  ont  associes  ainsi , 
ont  cru  a  la  verite  decouvrir  entre  ces  systemes  un  caractere 
communpar  lequel  ils  differaient  essentiellement  de  I'ccole  his- 
toriqne,  savoir,  de  reposer  tous  sur  des  idees  speculatives 
tandis  que  cette  ecole  seule  procedait  par  I'observation;  mais 
il  est,  je  crois,  facale  de  demontrer  que  cette  difference,  qui 
parait  avoir  ete  consideree  comme  vieille  et  radicale  par  ceux 
qui  I'ont  etablie ,  n'est  en  effetqu'apparente. 

S'il  est  vrai  que  toutes  nos  idees  premieres ,  elemeutaires 
soient  en  nous  le  produit  de  notre  contact  avec  les  choses 
exterieures  ,  on  peut  dire  en  ce  sens  que  toutes  les  conceptions 
humaines  reposent  sur  une  meme  base,  I'observation;  mais  on 
n'indique  ici  que  leur  source  eloignee,  et  c'est  de  leur  source 
prochaine  qu'il  s'agit...  A  ce  titre  ,  I'observation  proprcment 
dite,  I'observation  pure,  disparait  pour  toutes  sans  exception. 

Aucun-systeme  ne  sort  immediateraent  de  I'inspection  d'un 
ou  de  plusieurs  faits ,  mais  bien  du  jugement  que  Ton  porte 
sur  ces  faits  et  des  rapports  que  Ton  etablit  entre  leurs  pro- 
prietes,  leur  tendance  et  les  proprietes  et  la  tendance  d'un 
autre  ordre  de  fails  quelconque.  Or,  juger,  etablir  des  rap- 
ports, est  une  operation  tout  arbitraire;  et  cette  operation, 
c'est  la  speculation.  Ainsi  definie,  la  speculation  se  presents 
comme  la  source  la  plus  prochaine  de  tous  les  systemes  hu- 
mains;  source  fort  incertaine ,  j'en  conviens,  mais  a  laquelle 
I'ecole  liistorique  se  flatterait  en  vain  d'avoir  echappe.  II  fau- 
drait,  pour  ccla,  que  les  jugemens  qu'elle  a  portes  sur  les  fails 
de  I'histoire,  fussent  necessaires  et  obligatoires  pour  tous  les 
esprits;  mais  I'experience  nous  prouve  le  contraire;  et,  tandis 
que  les  disciples  de  cette  ecole  voieut  dansl'homme  historique 
un  etre  absolument  variable,  dissemblable  a  kii-meme,  selon 
I'epoque  qui  le  p  roduit  ou  la  terre  qui  le  porte,  I'immutabiiit 


632  SCIENCES  MORA.LES 

du  mcme  homme,  son  identitL'  a  traversles  terns,  les  climatsel 
les  couturacs,  sont  encore  des  lioux  conimuns  pour  un  grand 
nombre  de  raoralistcs.  Je  n'ai  pas  la  pretention  de  prononcer 
sur  Ic  nierite  de  ces  differentcs  manieres  de  voir  :  Ic  seul  objet 
que  je  me  propose  ici,  est  de  montrer  que  tous  les  systemes 
imaginables  reposent  et  doivent  necessairement  reposer  sur 
des  vues  arbitpaires,  sur  la  speculation,  et  que  toute  classifica- 
tion enlre  eux,  fondee  sur  la  difference  des  actes  de  I'esprit 
dans  Icur  production,  est  eviderament  chinierique. 

La  plupart  des  sciences  sont  susceptibles  de  sc  diviser  par  sys- 
temes; toutes  celles  qui  se  trouvent  dans  ce  cas  doivent  I'etre, 
re  fut-ce  que  comme  un  moyen  de  classer  les  idees  nouvelles 
qui  naissent  successivement  dans  leur  sein,  et  d'apprecier  leur 
relation  avec  celles  qui  les  ont  precedees.  Mais,  pour  qu'unc 
pareille  division  presente  ce  genre  d'utilite,  il  faut  d'abord 
qu'elle  repose  sur  une  base  reelle,  et  ensuite  qu'elle  soit  com- 
plete. Or ,  celle  que  nous  examinons  ne  remplit  ni  Tune  ni 
Tautre  de  ces  conditions,  et  devient  par  cette  raison  a  peu  pres 
sans  objet.  Ainsi,  par  exemple  ,  en  suivant  les  donnees  qu'elle 
presente,  on  pent  bien  voir  d'abord ,  que  la  codification  doit 
etre  repoussee  par  I'ecole  historique;  mais,  dans  quel  rapport 
ce  systeme  se  trouve-t-il  h  I'egard  de  ce  qu'on  a  appele  I'ecole 
non  historique  ?  C'est  ce  dont  on  ne  pent  se  former  aucune  idee, 
parce  qu'il  n'y  a  li  qu'un  mot,  non  un  etre  reel,  defini  ou  sus- 
ceptible de  I'etre.  Il  faut  done  abandonner  h  la  fois  cette  divi- 
sion et  son  principe. 

Un  systeme  de  droit,  quel  qu'il  soit,  ne  pent  etre  qu'une 
consequence,  une  application  d'un  systeme  plus  etendu,  plus 
general :  c'est  dans  cet  ordre  d'idees  immcdiatement  superieur, 
et  qui,  malgre  la  diversite  qu'il  presente,  est  tout  entier  le 
produit  d'un  meme  precede  de  I'esprit,  qu'il  faut  chercher  la 
base  d'une  classification  du  droit.  En  suivant  cette  raethodc , 
pnpourrait  arriver,  je  crois,  h  le  diviser  comme  il  suit  : 

En  droit  absolu  ,  ou  invariable ; 
En  drou  rclatif ,  ou  variable. 


ET  POLITIQUES.  633 

All  droit  absolii  je  lattache  incUstinctement  Ions  les  syslemes 
qui  preiinent  leur  point  d'appui  sur  des  fails  consideres  comme 
priniordiaiix  et  invariables  :  tcls  sont  ceux  qui  se  fondent  on 
sur  des  croyances  rcligicuses ,  et  c'est  la  proprenient  le  droit 
divin;  ou  sur  des  relations  purementinttllectuelles  auxquelles 
on  suppose  une  existence  indepcndante  ct  absolue,  comme  la 
raison,\aL  justice,  etc.,  et  ce  sera  le  droit  mdtaphysique ;  ou 
enfin,  sur  les  proprietes  abstraites  et  invariables  de  la  nature 
humainc,  et  c'est  alorsle  droit  naturel. 

Au  droit  relatif  ou  variable  appartiendront  tons  les  systemes 
qui  ne  reconnaissent  ni  dans  rhomnie,  ni  hors  de  I'homme, 
aucune  de  ccs  donnees  primitives,  f^ssenticUes,  immuables, 
capables  a  la  fois  de  servir  de  base  a  la  legislation  et  de  lui 
communiquer  ces  divers  caracteres,  soit  que,  dans  ces  sys- 
temes, I'homme  se  presente  comme  un  resultat  toujours  certain 
de  la  volonte  actuelle  du  legislateur,  ou  qu'il  soit  considere 
comme  le  produit  necessaire  de  Taction  successive  et  fatale  de 
tons  les  faits  qui  I'ont  precede;  d'ou  naitront  deux  ecolcs  bien 
differentes  :  celle  du  droit  arhitraire  ou  Legal,  et  celle  du 
droit  historique. 

II  s'en  faut  de  beaucoup  que  ces  differens  systemes  soient 
aussi  distincts,  aussi  exclusifs  dans  I'application  que  dans  la 
theorie  :  Taction  simultanee  de  diverses  necessites  sociales, 
une  sorte  de  transaction  entre  la  raison,  le  sentiment  et  Tha- 
bitude,  les  confond  toujours  a  un  degre  ou  a  un  autre  dans  les 
institutions  des  peuples.  Un  systeme  de  droit  absolumcnt  pur, 
qjbsolument  isole,  n'a  pcut-ctre  jamais  ou  d'existence  que  dans 
les  speculations  de  la  science;  ce  que  Ton  peut  dire  des  conse- 
quences d'un  pareil  systeme  ne  saurait  done  aussi  se  verifier 
completement  que  dans  cette  region. 

Le  seul  usage  que  je  pretende  faire  de  la  classification  que 
je  hasarde  ici,  est  de  montrer  le  rapport  du  siijet  qui  nous  oc- 
cupe  avec  les  differens  ordrcs  d'idecs  qui  pcuvent  servir  de 
base  a  la  theorie  du  droit.  Or,  il  me  semblc  que,  dans  tons 
les  systemes  dc  droit  absolu,  la  codification ,  c'est-a-dirc ,  la 
reunion  en  un  corps  methodique  et  permanent  dc  toutes  les  re 


r)3/,  SCIENCES  MOPxALES 

gles  d'<iclio/i ,  se  prosento  daus  dcs  liniitcs  plus  ou  moins  res- 
serrees,  comme  iine  forme  necessaire,  tandis  que,  dans  les 
autres  systemcs,  an  contraire,  clle  ne  sc  presente  plus  que 
comme  vine  inconsequence  ,  une  veritable  contradiction. 

Tout  doit  flecliir  devant  im  principe  absolu :  cclui  qui  fait 
rcposer  le  droit  sur  unc  telle  base,  n'a  plus  ;\  s'occupcr  ni  de 
eiiconstauces  particulieres,  ni  d'accidens  possibles;  la  legisla- 
tion dolt  prendre  a  ses  yeux  le  caractere  d'inflexibilite,  d'uni- 
versalite  dn  principe  qui  la  domine.  Elle  doit  etre  fixe  et 
expresse:  la  matierequ'elle  embrasse  etant  necessaire,  la  filia- 
tion do  ses  parties,  leur  arrangement,  leur  distribution,  doivcnt 
I'ctre  aussi.  Un  esprit  rigoureux,  en  partant  d'un  tcl  principe, 
ne  pent  concevoir  la  legislation  que  comme  un  tout  indivi- 
sible, comme  I'osuvrs  d'un  scul  jet  et  sous  la  forme  d'un  code. 

Dans  les  divers  systemes  du  droit  relatifou  vaiiable,  i!  en 
doit  etre  tout  autrereent :  s'agit-il  de  I'ecole  historique  ?  L'homme 
et  ce  qui  I'entoure  changeant  ou  se  modifiantsans  cesse,  il  faut 
bien  que  le  droit  puisse  a  tout  moment  subir  des  variations 
analogues  ;  la  loi ,  dans  ce  systeme  ,  doit  etre  en  quelque  sorte, 
comme  son  objet,  le  produit  de  cliaque  jour;  il  n'y  a  point  la 
de  code  possible.  S'agit-il  du  droit  arbili'aire?  L'bomme  ici 
n'etant  plus  soiunis  a  I'empire  d'aiicune  loi  generalc,  et  pou- 
vant  a  tout  moment  recevoir  une  direction  nouvelle  au  gre  du 
legislateur,  et  selon  ses  vues  particulieres,  la  fixite  dans  les 
lois  ne  saurait  avoir  ni  motifs,  ni  garanties;  et  sans  fixite,  il  n'y 
a  point  de  code. 

Les  questions  que  presente  la  codification  ne  sont  done, 
sous  un  certain  point  de  vue,  que  celles-la  raeme  qui  se  troiP- 
vent  renfermees  dans  les  divers  principes  fondamentaux  de  la 
science  du  droit.  La  solution  des  unes  doit  done  entrainer  ne- 
cessairement  la  solution  des  autres.  Voila  ce  que  j'ai  cru  im- 
portant d'etablir.  J'arrive  maintcnant  aBentham. 

Dans  I'ensemblc  des  ouvrages  de  ce  savant  jurisconsulte  , 
dans  ses  divers  essais  de  legislation  pratique ,  on  ne  trouve 
pas  qu'il  ait  eu  en  vue  aucun  peup!e  en  particulier.  Son  sys- 
teme apparlient  done  au  droit  absolu  ;  et,  comme  il  repose 


ET  POLITIQUES.  6'i5 

tout  entier  siir  une  vue  abstraite  do  la  sensibilite  humai- 
ne,  c'est  particulieremcnt  a  I'ecole  dii  droit  naturel  qu'il  se 
rattache.  II  est  vrai  que ,  tout  en  avan^ant  que  la  sensibilite 
est  invariable  dans  son  essence,  il  admet  aussi  qlie  les  causes 
susceptibles  de  raffecter  peuvent  varier  et  varient  en  effet, 
selon  les  tems  et  selon  les  licux  ,  et  qu'en  consequence  il  re- 
commande  an  legislateur  d'etudier  les  circonstances  particu- 
lieres  a  chaque  peuple,^et  d'y  conformer  scslois,  en  quoi  il 
paraitrait  se  rapprocher  de  I'eeole  historique  ;  niais  il  est 
clair  que  ce  rapprochement  n'est  qu'apparent.  Dans  la  diver- 
site  des  traits  qui  distinguent  les  peuples  cntre  eux ,  cette 
derniere  ecole  voit  autant  de  differences  abcoliies  ;  Bentham 
n'y  voit.  que  des  formes  diverses  des  memes  proprieles  essen- 
tielles.  Aussi  admet-il  que  les  meilleures  lois  possibles  pour 
im  peuple  peuvent  toujours,  a  I'aide  de  certaines  modifica- 
tions dont  il  indique  les  regies,  s'adaptcr  utilement  aux  bcsoins 
de  queique  autre  peuple  que  ce  soil.  La  codification  est,  comnie 
on  voit,  la  consequence  naturelle  d'un  pareil  systeme. 

Ce  n'est  pas  seulement  de  cette  espece  de  codification  qui 
lient  a  la  nature  menie  du  principe  de  la  loi ,  que  Bentham  se 
declare  le  partisan;  mais  bien  encore  de  la  forme  de  la  c^pdi- 
fication  prise  en  clle-meme,  et  independamment  de  la  matiere 
quelle  embrasse.  Pour  le  comprendre  dans  cette  vue  abstraite 
dusujet,  il  ccnvient  d'abord  de  connaitrc  son  opinion  sur  le 
droit  non  codifie. 

Dans  ce  cas,  se  trouve  tout  systeme  de  legislation  for- 
me par  agregation ,  soit  qu'il  se  compose  de  lois  expresses , 
soil  qu'il  resulte  de  traditions  et  de  precedens,  comme  ce 
qu'on  appelle  la  loi  commune ,  le  droit  coutumier  ou  non 
ecrit. 

Les  parties  dont  se  compose  une  legislation  ainsi  formee, 
ayant  pxis  naissance  a  des  epoques  plus  ou  moins  eloignees 
entre  elles,  repondant  a  des  circonstances  ,  a  des  besoins  plus 
ou  moins  differens  ou  meme  opposes,  no  se  fondant  sur  aucune 
vue  generalc,  sans  prevoyance  possible  de  I'avenir,  sans  motif 
dcs'en  occuper;  en  supposantqu'elles  aient  ele  les  plus  conve- 


636  SCIENCES  MORALES 

iiablcs  pour  les  difforens  terns  oi\  ellcs  paruieiU ,  devraicnt 
c^lie,  par  cette  raisoii  ineine,  selon  Rcntham,  Ics  moins  appro- 
prices  aux  exigences  du  present.  Voil;\  done  tout  systeme  de 
droit  de  cette  nature,  condanine  a  priori^  quant  an  fond. 

Pour  qu'uneloi  soil  executee,  pour  que  ses  bienfaits  puLs- 
sent  etre  reclames,  ses  perils  cvites,  il  faut  qu'elle  soil  con- 
nue.  La  notoriete  est  done  la  premiere  condition  de  la  puis- 
sance de  la  loi ;  c'est  le  premier  interet  qui  resulte  de 
son  existence  pour  ceux  qu'elle  concerne.  Or,  c'est  de  sa 
forme  que  depend  absolument  sa  notoriete.  Tons  les  moyens 
exterieurs  de  publicite,  toules  les  formes  imaginables  de  pro- 
mulgation seront  k  peu  pres  sans  effet,  si,  par  sa  propre 
contexture,  par  sa  distribution,  la  loi  ne  se  prete  ellc-meme 
k  penetrer  dans  les  enlendemens.  Sous  ce  rapport  done  , 
toute  legislation  de  I'espece  de  cellc  dont  il  s'agit  est  encore, 
et  necessairement ,  vicieuse  dans  la  forme. 

Ici,  le  mal  consistc  d'abord  dans  I'immensitc  du  volume, 
inconvenient  necessaire  d'une  legislation  formee  sous  rempir'i! 
des  accidens,  et  ne  statuant  par  consequent  que  sur  d'etroites 
specialites ,  ou  meme  comme  la  loi  commune,  sur  des  cas 
lout-a-fait  particuliers.  Ilconsiste  encore  dans  ledefaut  d'har- 
nionic  entre  les  parties,  defaut  qui,  en  otanta  I'esprit  la  faculte 
de  les  remiir  sous  des  gencralites ,  les  rend  impropres  k  se 
graver  dans  la  niemoire. 

Ces  deux  obstacles  essentiels  ii  la  notoriete  se  trouvent  au 
plus  haul  degre  possible  dans  la  loi  commune  ou  non  ecrite , 
qui ,  par  son  mode  particulier  de  developpement ,  presente 
encore  les  inconveniens  les  plus  graves;  comme,  par  exemple, 
de  confondre  les  fonctions  judiciaires  et  legislatives,  et  de  la 
pire  de  toutes  les  manieres,puisqu'ici  le  juge  n'agissant  comme 
comme  legislateur  qu'a  I'oceasion  d'uu  cas  particulier,  et  en 
prononcanl  sur  ce  cas,  ne  rend  ])Our  cetlc  raison  que  des 
\ois  ex  post  -facto.  La  legislation  devient  alors  un  mensonge 
et  une  sanglante  ironic,  au  lieu  d'offrir  des  garanties  reelles. 
Car  leslois  ne  sont  plus  que  le  produit  des  caprices  arbitraircs 
des  administrateurs  ou  des  juges. 


ET  POLITIQUES.  G37 

ll  serait  inutile  dc  rcprotluire  en  detail  lous  los  reproclies 
que  fait  Bentham  au  droit  iion  ecrit.  II  sufiit  de  dire  qu'il  li- 
regarde  corome  I'un  des  plus  grands  fleaux  dont  les  peuples 
puissent  ctre  frappes;  toutc  securite  ,  selon  hii,  est  bannie  des 
lieux  oil  il  regne. 

Revenons  :  toute  legislation  formee  par  agregation  ,  ct  snr- 
tout  la  loi  commune,  ctant  essentiellenient  vicieuse  dans  Ic 
fond  ,  s'opposant  par  la  nature  necessaire  de  sa  forme  a  toute 
notoriele,  seul  adoucissenient  que  puissent  recevoir  les  vices 
do  ses  dispositions ,  ii  s'ensuit  que'  la  codification  prise  en 
elle-mome ,  independamnieut  de  la  valeur  intrinseque  des 
lois  quelle  pent  comprendre,  et  considerec  seulenient  comme 
moyen  de  notoricte,  est  encore  un  bienfait  partout  ou  elie  se 
substitue  a  un  tel  systeme  de  droit.  C'est  dans  ce  sens  que 
Bentham,  en  parlant  de  la  codification  francaise ,  ne  craint 
point  d'afiirmer  que  cctte  operation  ,  eut-elle  etc  aussi  mal 
executte  que  le  comportait  I'etat  de  la  societe,  serait  encore 
infiniment  preferable  au  chaos  qu'elle  a  remplace. 

Dans  cette  vue  abstraite  de  la  codification,  Bentham  ne  fait 
acception  d'aucun  mode  particulier.  On  doit  done  entendre 
ici  par  codificadcn  tout  ce  qui  pent  donner  a  la  maliere  legale 
d'un  pays  les  proprietes  exterieiires  d'un  corps,  un  commen- 
cement, une  fin  ,  des  contours  determines,  la  fixer  enfin  par 
des  expressions  precises  et  invariables,  fussent-elles  meme  mal 
choisies.  Il  n'y  a  rien,  sans  doute,  de  bien  rigoureusement  ap- 
preciable dans  une  forme  presentee  d'une  manieresi  generale  ; 
aussi ,  I'importance  que  Bentham  y  attache  est-elle  toute  rela- 
tive :  ce  dont  on  pent  juger  surtout  par  les  conditions  aux- 
quelles  il  la  soumet  dans  son  propre  systeme  dont  je  vais  es- 
sayer  de  donner  un  apercu. 

Entre  autres  qualites  ou  proprietes  que  Bentham  exige  dans 
un  corps  de  droit ,  il  insiste  sur  les  trois  suivantes  :  noloiiete 
ou  plutot  aptitude  a   la  notoriete  ;  integralitc ;  justification. 

De  V aptitude  des  lois  a  la  notoriete.  Tout  ici  depend  d'abord 
de  la  forme:  Bentham  ,  pour  lui  donner  cette  propriete,  in- 
dique  les  quatre  prindpes  de  division  suivans  : 


638  SCIENCES  MORALES 

i"  Dans  I't-nscmble  dii  corps  de  droit ,  distingiier  Ics  parties 
qui  iuteressent  egalement  tout  ie  moiide,  de  celles  qui  nc  con- 
cernent  que  ccrtaines  classes  ou  denominations  de  pcrsonnes 
deternainees.  Division  correspondante  :  Lois  cVinteret  nniver- 
sel ,  his d' in U'-ret  special ;  les  unes  formantle  code  general,  ks 
autres,  le  systeme  des  codes  particuliers. 

2"  Dans  le  code  general,  aussi  bien  que  dans  chaqiie  code 
))arliciilier ,  distinguer  ce,  qu'il  importe  a  chacun  d'avoir  sans 
cesse  present  a  I'esprit  de  ce  qui  pent  en  etre  eloigne  sans  in- 
convenient. Division  correspondan.te  :  Lois  d'interet  perma- 
nent, lois  d'interet  occasionet.  —  Une  loi  d'interet  occasionel 
estcelle  qui  s'applique  a  tel  ou  tel  accident,  qui  pent  survenir 
inopinement  et  qui  ne  laisse  point  de  terns  pour  I'exanien  de 
la  deliberation ;  comme  ,  par  exemple  ,  certaincs  attaques  en  - 
vers  Ja  personne  ou  la  propriete. 

3"  Dans  les  lois  d'interet  permanent,  distinguer  celles  qui 
s'appliquent  aux  cas  les  plus  graves  ,  et  dans  lesquels  de  plus 
grands  interets  peuvent  se  trouver  comproinis,  de  celles  qui 
n'ont  rapport  qu'a  des  faits  de  raoindre  imporlance.  Division 
correspondante  :  Z.o/i'  d'interet  majeur ,  lois  d'interet  secon- 
daire. 

4"  Distinguer,  dans  toute  espece  de  lois,  mais  principalc- 
ment  dans  celles  d'iateret  permanent ,  les  regies  ou  prescrip- 
tions ,  des  explications  ou  des  definitions  dont  elles  sont 
susceptibles.  Division  correspondante  :  Texte  principal,  ex- 
position. 

De  I'integralite  du  corps  de  droit.  Le  corps  de  droit  doit  em- 
brasser,  sans  exception,  toutes  les  regies  d'action  ;  il  doitpre- 
voir  tous  les  rapports ,  tons  les  cas  susceptibles  d'etre  souniis 
a  I'empirc  de  la  loi.  Toute  omission  en  ce  genre  suppose  un 
interet  sans  garantie  ,  et  laisse  une  porte  ouverte  k  I'arbi- 
traire.  Pour  faire  un  corps  de  droit  complet,  il  faut  done  avoir 
embrasse  le  champ  tout  entier  des  pensees  et  des  actions  hu- 
raaines. 

Pour  etre  com[)lel  ,  le  corps  <^le  droit  doit  non  -  seulement 
prevoir  tous  les  cas  ,  mais  encore  les  regler  definitivement,  et 


ET  POLITIQUES.      '  639 

nc  s'en  refcici-  sui  aucnn  point  a  des  lois  antc-iieiues  011  a  vo- 
iiir,  sous  peine  dc  rentrer  dans  la  confusion  et  dans  le  vague  , 
dans  I'infini,  dans  I'arbitraire,  et  de  peidre la  premiere  et  la 
plus  cssentielle  de  ses  proprietes ,  la  notorietc. 

Quelle  que  soit  la  source  d'ou  le  legislateur  tire  la  niaticre 
de  ses  lois  ,  que  ce  soil  de  la  loi  commune,  de  statuts  ,  de  son 
propre  fonds,  ou  de  ces  trois  sources  ensemble,  peu  importe: 
celte  maliere  doit  etre  line  pour  lui;  et  dans  la  forme  qu'il  lui 
donne  ,  il  ne  doit  etablir  ,  entre  ses  parties  ,  aucune  distinction 
tiree  de  leur  ori^ine. 

De  la  j ustijication  des  lois.  Pour  que  la  loi  produise  de  bons 
resultats,  il  ne  suffit  pas  qu'elle  soit  bonne  en  elle-meme,  c'est- 
adire  utile;  il  faut  encore  que  son  militc  soit  reconiiue ,  et 
pour  cela  qu'elle  soit  deinontrec.  Bentham  veut  done  que  la 
loi  soit  accompagnee  d'un  commentaire  i-aisonne,  dans  lequcl 
toutes  ses  dispositions  se  trouvent  justifieos  par  I'expose  des 
considerations  qui  ont  du  leur  donner  naissance  dans  I'csprit 
du  legislateur.  C'esl  ce  qu'il  appelle  la  matiere  rationnelle  de 
la  loi. 

Ce  commentaire,  devant ,  selon  Bentham,  se  composer  de 
considerations  puisees  dans  la  nature  meme  de  I'homme,  se 
trouverait  par  cette  raison,  et  au  moyen  d'une  harmonic  en 
quelque  sorte  preetablie,  a.  la  portee  de  tons  les  esprits;  par 
line  raison  toute  seniblable,  les  lois  qui  en  seraient  I'objct  de- 
vraient  facilemen''ty  penetrer  et  s'y  graver  a  sa  suite. 

L'obligalion  de  justifier  les  lois  par  des  raisons  servirait  a  la 
fois  de  guide,  de  barriere  et  d'appuiau  legislateur  :  de  guide  , 
pour  lui  montrer  le  droit  chemiu,  en  lui  supposant  de  bonnes 
intentions;  de  barrieres,  pour  I'empecher  d'eu  sortir,  en  lui 
en  supposant  de  mauvaises ;  et  enfin ,  d'appui  contre  I'opposi- 
tion  de  ses  constituans,  en  tant  que  Tignoranoe  en  serait  la 
source. 

Le  commentaire  des  lois  exercerait  sur  les  fonCtions  dnjuge 
exactement  la  meme  influence  que  I'obligafion  de  le  faire  et  de 
le  produire  exercerait  sur  celies  du  legislateur.  II  feraitcom- 
prendre  aux  fonctionuaires  de  tons  les  ordres  la  nature   et 


64o  SCIENCES  MORALES 

rimporlancc  dc  Iciirs  devoirs  ;  enfin  ,  il  pourrait  encore  servir 
lie  guide  aiix  citoyens,  dans  ceiix-la  niume  dc  leuis  rapports 
qui  nc  sent  plus  que  du  domaino  dc  la  morale  proprement  dite. 
11  fouruirait  un  moyen  d'interpretation  pour  Ics  lois,  dans  Ic 
cas  mcme  ou  leur  sens  serait  douteux  ou  obscnr. 

En  presentant  ces  divcrses  utilites  de  la  promulgation  des 
raisons  des  lois,  Bcntham  refute  les  opinions  qui  repoussent 
cet  appendice  comme  dangereux.  II  soutient  que  de  mauvaises 
raisons,  c'esl-a-dire,  des  raisons  sans  harmonic  avec  le  texte 
de  la  loi,  peuvent  seules  presenter  des  inconveniens.  Selonlui, 
le  refus  d'expliquer  et  de  justifier  les  lois  ne  pcut  provenir  que 
de  deux  causes  :  rignorance  et  la  mauvaise  foi.  Deja  il  avail 
dit,  dans  ses  traites  de  legislation  :  «  Celui  qui  se  sentirait  la 
force  de  fournir  cette  carriere  ,  ue  rcnoncerait  pas  a  la  parlie  la 
plus  flatteuse  de  son  emploi.  S'il  n'en  avait  pas  besoin  pour  sa- 
tisfaire  I'opinion  publique,  il  le  voudrait  pour  se  salisfaire  lui- 
meme.  Il  sentirait  qu'on  ne  peut  prendre  le  privilege  de  I'in- 
faillibilite  qu'au  moment  ou  Ton  renonce  a  celui  de  la  raison. 
Celai  qui  a  de  quoi  convaincre  les  hommes ,  les  traite  en 
hommes;  celui  qui  se  borne  a  commander,  avoue  I'impuissancc 
de  convaincre. » 

Mais,  siledefautde  justification  des  lois  a  souvent  pour  cause 
une  absence  correspondante  de  raison  dans  I'esprit  du  legi^la- 
teur,  plus  souvent  encore,  selon  Benthani,  ce  defaul  tienta  des 
considerations  particulicres  aux  interets  du  pouvoir,  qui ,  dans 
les  occasions  meme  ou  il  pourrait  avouer  les  motifs  de  sa  vo- 
lonte,  doit  toujours  etre  dispose  a  les  lenir  secrets;  soit  que, 
dans  un  cas^particulier,  il  veuille  eviter  de  se  tracer  des  liraites ; 
soit  qu'il  craigne  d'accoutumer  les  esprits  a  ces  sortes  de  justi- 
fications, de  mauiere  a  ne  plus  pouvoir  s'en  abstenir.  C'est  prin- 
cipalement  a  ces  causes  que  Bentham  attribue  I'absence  de 
raisons,  qu'il  signale  dans  les  Codes  Napoleon.  [V expose  dex 
motifs  ne  s'y  applique  point  en  particulier  aux  details  de 
chaquc  loi.)L'imporlancepriucipalc  des  trois  proprietesdontje 
viens  de  parlcr  scmble,  au  premier  aspect,  nc  porter  que  sur 
un  scul  et  niomc  objet,  savoir,  de  repandre  et  d'affermir  la 


ET  POLITIQUES.  641 

connaissance  des  lois :  c'est  aussi  la  pensee  qui  domine  dans  le 
recueil  que  j'ai  sous  les  yeux,  et  c'est  en  effet  celle  qui  devait 
y  domincr ,  en  raison  de  la  specialite  da  sujet  que  I'auteur  y 
traite;  mais  11  est  facile  de  s'apercevoir  que  ces  proprietes  n'in- 
teressent  pas  moins  I'essence  meme  de  la  loi  que  sa  forme, 
qu'elles  y  sont  intimcment  liees,  et  quepeut-elrc  ne  pourraient- 
elles  se  trouver  que  dans  un  code  dont  Bcntham  aurait  fourni 
la  matiere.  En  proposant  la  codification  avec  de  telles  condi- 
tions ,  ce  n'est  done  pas  seulement  une  forme  que  ce  savant 
legiste  propose,  mais  bien  aussi  ses  principes  de  legislation 
dans  toutes  leurs  consequences. 

Ds  tons  les  systemes  dc  droit  qui  ont  paru  denos  jours, 
celui  de  Bentham  et  celui  de  I'ecole  historique  me  paraissent 
etre  les  seuls  qui  raeritent  de  fixer  I'attention  des  bons  esprits. 
Parties  de  points  diametralement  opposes,  ces  deux  ecoles  ont 
constammcnt  marche  en  sens  contraire.  L'une  des  deux  est- 
elle  absolumcnt  dans  I'erreur  ?  se  sont-elles  partage  le  domaine 
de  la  verite,  et  sont-elles  par  consequent  susceptibles  de  se 
reunir?  existe-l-il  quelque  transaction  possible  entre  leurs  dif- 
ferentes  manieres  de  voir  sur  la  codification? 

Ee  tems  ne  me  parait  point  etre  venu  encore  de  resoudre  ces 
diverses  questions.  II  faut  d'abord  que  les  deux  ecoles  sortent 
de  I'isolement  ou  elles  sont  restees  jusqu'a  ce  moment  l'une  a 
I'egard  del'autre;  qu'elles  ne  dedaignent  point  de  s'attaquer 
directement ,  et  que  la  discussion  sur  la  matiere  qui  les  divise 
soit  dcvenue  aussi  generale  qu'elie  peut  I'ctre.  De  celte  lutte 
seule  peuvent  jaiilir  les  lumieres  qui  nous  manquent  encore 
pour  prononcer  entre  elles  en  connaissance  de  cause. 

Saint-Amand. 


T.  XXXI.  —  Seplembre  1826.  I\i 


LITIERATURE. 


MeMOIRES  INEDITS   DE  M""   LA  CoMTESSE  DE  GenLIS,  SUV 

le  dix-huitiemc  siecle  et  la  revolution  Jrancaise^  de- 
puis  ijoGjusqu'ci  no s  jours  (i). 

SECOND  ET  DEENIER  ARTICLE.  (  Foj.  Cl-dcSSUS,  p.  363-378.) 

En  lisant  les  deniiers  volumes  de  ces  Memoires  ,  j'ai  cent 
fois  maiidit  I'engagement  que  j'avais  pris  d'en  rendre  compte. 
Commenl,  en  effet,  concilier  les  egards  dus  an  sexe,a  I'age, 
au  talent,  ^  la  renommoe  de  rauteur,  avec  le  devoir  de 
s'elever  centre  des  mepiises  qui,  pouretre  involontaires,  n'en 
sont  pas  moins  des  calomnies  ?  Permis  a  madame  de  Genlis 
de  trouver  la  conversation  du  ci-devant  roi  Jerome  fort  ai- 
mable,  el  ceile  de  Fontanes  a  peu  pres  .sans  esprit.  EUe  peiit, 
si  ce  jeu  I'amuse,  pescr  dans  la  menie  balance,  et  le  ton  et 
les  manieres  de  tons  nos  contemporains.  Si  meme  elle  se  bor- 
nait  .i  donncr  son  opinion  sur  leur  carriere  politique,  on  se 
contentorait  de  wofe/- qu'a  ses  yeiix  I'antique  Alexandre  fut 
beaucoup  inoins  digne  du  nom  de  grand  qu' Alexandre  dc 
Russie.  Si  elle  se  oontentait  d'attaquer  sans  menagemens  leur 
renommee  et  leurs  titres  litteraires  ,  on  se  bornerait  a  repon- 
dre  que  I'Essai  sur  les  Moeurs  et  I'Esprit  des  nations  est 
pour  elle  vin  o\i\ra\^e  fort  plat ,  eiVEmile  «  un  livre  ennuyeux , 
en  general  mal  ecrit  (2) ».  Mais  si  madame  de  Geulis  renon- 

(i)  Paris,  liiaS.  Ladvocat  et  Baudouiii  frferes,  8  vol.in-8'';prix,(i4fr. 

(3)  »  C'est  un  Lien  mauvais  livre  en  tout  sens,  il  est  in(5nie  en  gene- 
ral inal  ecrit,  a  V exception  d'un  petit  nonibre  de  raorceaux.  ■>  II  eut, 
ce  semble,  ete  bon  de  mieux  ecrire  une  phrase  destinee  a  nou."! 
appreiiclre  cjue  VEmi/f  est  :nal  ecrit.    Rl"""  de  Geniis  ajoute,   t.  vr, 


LITTERATURE.  '  643 

velle ,  au  inoins  en  partie ,  I'execrable  accusation  qui  mit 
Chenicr  dans  la  tombe  ,  etqueses  ennemis  mdme  ont  dementie 
apres  sa  mort,  sera-1-il  encore  permis  de  se  tairo(T)?  Si 
qiielqtic  manvais  plaisant,  assez  effronte  pour  se  faire  un  jeu 
d'egarer  sa  confiance,  est  parvenu  ji  liii  pcindrc  Gingiiene 
(que  tres-evidemment  elle  n'a  point  connn),  sous  les  traits 
les  plus  opposes,  iton-senlement  a  la  verite,  inaisa  tonte  vrai- 
semblance;  si  dans  son  crreiir  elle  imprime  toute  cette  mys- 
tification,  ne  faudra-t-il  point  lui  appreudre  que  laiUeur  de 
VHistoire  litteraire  d'ltalie ,  ouvrage  dont  il  existe  deja  deux 
traductions  en  langne  italientie ,  nc  s'est  ^omljait  aider  dans 
ce  miserable  travail  (2"),  en  payant  a  bas  prix  des  manoeuvres 
qui  liii  fournissaient  des  extraits  tout  fails ,  etc.  Ginguene, 
sorti  sans  fortune  des  places  qui  auraient  pu  Tenrichir,  loin 
de  payer  le  travail  d'autrui,  avaitbesoin  de  son  travail  pour 
vivre  avec  dignite  et  indopendance.  II  n'avait ,  il  ne  vovilait 
avoir  ni  logemcnt  a  I'Arscna! ,  ni  pension  de  six  niille  francs 
sur  la  cassette  de  Tempcreur  ,  ni  mille  ecus  de  pension  sur  les 
budgets  de  Hollande.  II  n'avait  pas  meme  la  ressource  de 
vendre  assez  frequemment  ^d'opulens  amateurs  dejolis  petits 
recueils  de  dessins  ou  de  fleius  peintes.  Comment  aurait-il 
fait  pour  tcnir  a  sos  gnges  des  travailleurs  en  sous-ordre? 
on  ne  lui  a  jamais  vu  meme  un  secretaire.  Ses  grands  ou- 
vrages,  ses  Rappnrts  a  I'lnstitnt,  ses  articles  de  journaux 
arrivaient  tous  a  I'imprimeur,  ecrits  tout  entiers  de  sa  main. 
Enfin ,  comme  cet  aiiteur  qui  netait  ni  vcritablement  instruit, 
ni  laborieux ,  avail  contractu ,  dans  sa  jeunesse,  et  a  garde 
jusqu'a  sa  mort,  I'habitude  de  se  mettre  a  I'etnde,  ete  comme 

p.  164  :  «  Le  style  en  est  egaleraent  neglige,  incorrect  et  diffiis,  et  ciiun 
je  ne  coniiais  pas  de  livre  plus  ennuyeux.  »  En  verite,  c'est  fort 
plaisant. 

(i)  Voy.  Rev.  Enc.  ,  goe  livraison,  t.  xxx,  p.  8r6. 

(2)  Si  ce  travail  est  aussi  miserable  que  rEmile  est  ennuyevx  ,  il  ne 
faut  pas  s'etonner  que  les  meileiirs  jiiges  d'llalie  le  regardcnt  comme 
classiqiie. 


644  litti5:ra.ture. 

hivcr ,  des  cinq  heures  dn  matin ,  et  de  nc  quitter  Ic  travail 
qu'apres  cinq  heures  du  soir,  je  prie  niadame  de  Genlis  do 
croire  que  ce  n'etait  pas  preciscment  un  paresseux.  Je  la  pric 
de  croire  surtout  qu'un  homme  de  ce  caractere  n'a  point 
ameute  contre  elle  la  foule  Acs  folliculaires ,  dontil  n'a  jamais 
dispose.  . .  et,  pour  parler  U'autre  chose  ,  je  la  prie  de  croire 
aussi  que  Lebrun  n'a  po'uMproi'oque  la  profanation  des  tomhes 
royales,  en  179^,  par  la  publication  d'une  ode  qui  n'a  etc 
imprimt'c  qu'en  lygS  (i). 

Mais  pourquoi  multiplier  ces  remarques  ?  Relever  toutes 
les  imputations  dc  ce  genre  est  impossible;  Vespace  qui  ni'est 
accorde  n'y  suffirait  point.  En  relever  seulement  un  grand 
nombre  ,  seiait  me  donner  I'apparence  de  passer  condamna- 
tion  sur  les  aulres.  II  vaut  mieux  faire,  une  fois  pour  toutes, 
une  declaration  generale,  et  la  voici :  L'autcur  de  cet  article 
a  beauconp  vu  ,  beaucoup  connu  ,  plusieurs  de  nos  contom- 
porains  dont  les  portraits  viennent,  a  tour  de  role,  remplir 
les  pages  de  ces  Memoires.  La  plupart  lui  ont  paru  defigures 
et  meconnaissables.  On  pent  tenir  pour  non  avenus ,  juscju'a 
nouvel  examen,  \es jugetnens  de  I'auteur.  Mais,  si  Ton  veut 
absolument  en  faire  usage,  qu'on  les  prenne ,  corome  dit 
Montaigne,  a  contre-poil :  en  dcplacant  I'eloge  et  le  blame, 
on  pourra  se  tromper  encore  ;  mais ,  a  coup  sur,  on  s'eloignera 
moins  de  la  justice  et  de  la  veritc. 

Apres  cette  declaration  formelle,  et  que  je  regarde  comme 
raccom|)lissement  d'un  devoir,  je  reprends  I'analyse  de  I'ou- 
vrage. — Nous  nous  sonimes  arretes  a  la  fin  du  quatrieme  vo- 
lume.Lecinquiemecoumience  par  le  recit  du  sejourque  M™"  de 
Genlis  fit  a  Berlin,  dans  les  derniers  tems  du  Directoire.  Ce 
qu'on  y  trouve  de  plus  curieux,  c'est  la  representation  d'une 
tragedie  allemande,  racontee  avec  toute  la  grace,  tout  le  selct 
le  bon  gout  qui  distingiient  les  meilleures  narrations  de  I'au- 

( I )  M'ne  de  Genlis  n'est  pas  tres-forle  sur  la  chronologic.  Elle  place 
le  me^irlie  dti  due  d'Enghien  apres  la  bataillc  d'lena.  Ces  clioscs  la  ,  et 
de  plus  curieuseb  encore,  (ouimillciU  iLins  ses  Memoires. 


LITTER  A  TURE.  G45 

tear.  Je  mc  borne  a  rindiquer  (  page  10  ),  presse  que  je  suis 
d'arriver  a  des  choses  d'lm  autre  ordre.  M™'^  de  Genlis,qui 
connut  a  Berlin  le  general  Beurnonville ,  alors  ambassadeur 
de  la  republique  francaise  ,  lui  persuada  aisement  qi\'elie  n'a- 
sHiit  jamais  ete  emigre e ,  et  ob tint, par  son  entremise,  avec  uue 
egale  facilite,  la  permission  de  rentrer  en  France.  Ne  retrou- 
vant  a  Paris  aucune  fortune,  et  rediiite  a  vivre  de  son  travail, 
elle  eut  le  courage  d'ecrire  contre  la  philosophie  et  les  philo- 
sophes ,  quoiqu'elle  n'ignorat  point  que  le  Premier  Consul  eiit 
fait  une  visite  a  M""-'  Helvetius  ,  en  lui  disant  qu'il  avail  voulu 
voir  la  veuve  d'un  grand  hoinme.  M'""  de  Genlis  voudra  bien 
me  permettre  de  retablir  id  les  fails. 

Bonaparte,  tant  qu'il  ne  fiit  qu'officier  d'artillerie  et  jacobin, 
aima  beaucoup  certains  philosophes  dont  la  doctrine,  et  meme 
le  style,  lui  auraient  plu  beaucoup  moins,  s'il  avait  eu  plus  de 
gout  et  de  vraie  philosophie.  Ses  auteurs  de  predilection  en 
ce  genre  etaient  Raynal  et  Helvetius.  Parvenu  a  la  dictafure , 
sous  le  titre  de  consul,  il  conserva,  on  il  montra  des  vestiges 
de  ses  ci-devant  affections,  aussi  long  -  terns  qu'il  lui  parut 
utile  de  laisser  voir,  sous  la  toge  consulaire,  Ic  houtde  man- 
c/ie  de  la  carmagnole.  Mais,  des  lors,  il  y  avait  peu  de  courage 
a  s'elever  contre  Voltaire,  qu'il  n'avait  jamais  goute,  contre 
Rousseau,  dont  on  savait  qu'il  redoutait  lesfolics.  Les  hahiles, 
comme  dit  La  Bruyere,  ceux  qui  savaient  voir  et  prevoir, 
ceux  qui,  onze  ans  auparavant,  avaient  crie  les  premiers  a 
Varistocratel  et  cinq  ans  apres  ,  au  modere!  commencaieut,  de 
toutes  parts,  a  crier  au  philosophe  !  Ce  n'etait  plus  seulenient 
flatter  les  voeux  secrets  du  maitrc;  c'etait  deja  suivre  son 
exemple.  Cefutlui  qui  mitala  mode  la  plume  ehonteede  Geof- 
froi.  Avez-vouslu  le  Feuilleton?  demandait-il  asescourtisans, 
quilerapportaientaulibelliste.  Je  connais  unhommed'espritqui 
fit,  a  cette  epoque,  un  voyage  de  qualre-vingt-six  lieues  pour 
voir,  disait  -  il,  deuv  illustres ,  le  premier  consul  et  Geoffroi. 

Quand  le  consul  se  fut  elu  et  proclame  empereur,  quand  on 
lui  eut  fait  litiere  de  toutes  les  liberies  publiques,  de  tous  les 
sentimens  geuereux ,  on  s'empressa,  pour  lui  plairc,  de  Irai 


6,\6  LITTKRATURE. 

uer  dans  la  nicine  fiinye  lous  les  grands  hommes  du  siccle  der- 
nier (i).  On  ne  pardonua  pas  nienie  a  Montesqiiioii,  ca  favcnr 
de  ce  niai^nifique  et  faux  portrait  fie  Charlemagne,  dansle- 
quel  tons  les  grands  corps  de  I'etat  avaient  reconnu  son  legi- 
time keritier.lJn  jciine  honime  arrive  a  Paris,  dans  les  premiers 
jours  de  I'ernpirc.  En  repoussanl  avcc  degout  les  declama- 
tions frenetiques  de  qiielques  soi  -  dhant  p/iilosopkes ,  il  veut 
du  moins  consacrer  le  pen  de  forces  que  lui  donne  sa  jeunesse 
a  la  defense  ties  principes  sans  lesqnels  11  ne  saurait  y  avoir  ni 
dignlte  pour  les  nations,  nieine  an  sein  de  la  vicloire  ,  ni  gran- 
deur morale  pour  les  hommes,  raeme  an  faite  des  lionneurs. 
Un  vieillard,  quolque philosopAe ,  lui  dit  ccs  propres  paroles  : 
>t  C'est  vous  perdre!  vous  venez,  apres  la  bataille,  vous  cou- 
clier  parmi  les  morts.  »  —  «  Malta  renascentur  quce  jam  ce- 
ciderev  lui  repondit  lojeune  homme;  et  peut-etre  avait-il  rai- 
son  ;  mais  le  vicillard  avail  raison  aussi  :  car,  en  attendant, 
c'etait  bien  reellement  se  perdre  que  ilechoisir  une  telle  route. 
Du  moment  que  vous  y  aviez  fait  un  pas,  il  vous  fallait  renon- 
cer  a  tout,  excepte  aux  injustices  et  aux  injures  :  on  ,  si  des 
succes  d'un  certain  eclat  attiraientsur  vous  I'attenlion  ,  on  vous 
faisaitdesoffres  si  brillantes,  on  ouvraita  votre  amour-propre 
et  a  votre  ambition  de  si  vastes  perspectives,  que  vousnepou- 
vicz  plus  douter  de  la  condition  tacite  quis'y  trouvait  altachee. 
N'avait-on  pu  vaincre  vos  refus ;  on  lancait  d'abord  sur  vous 
la  meute  officielle  des  jotunalistes  a  gage,  et  votre  excommu- 
nication commencait.  Quant  a  ceux  qui ,  avec  leur  plume  ,  vou- 

(i)  Les  plus  mortals  ennemis  de  ces  pauvres  philosophes  ne  sauraient 
se  defendre  de  quelque  pitie,  en  reflt-chissant  aux  bizarreiies  que 
presente  leur  destinee,  dans  I'espace  d'un  demi-siecle.  On  a  vu  d'au- 
tres  grands  hommes  s'accoramoder  de  tous  les  regimes  :  pour  eux,  au-  J^ 
cun  regime  n'a  pu  les  souffrir.  Livres  avant  1789  aux  cacliots  de  la  iM 
Bastille ,  pendant  la  teireur,  au  bourreau ,  et  sous  I'empire,  a  Geoffroi, 
quel  est  nuiintenant  leur  sort,  et  quel  sera-t-il  ?  M">e  de  Genlis  parait 
avoir  la  conGance  que  le  moment  est  veiui  d'en  finir  avec  leurs  liorrt- 
bjes  doctrines. 


LITTfiRATURE.  647 

Wient/aire  leur  chemin  ,  tout  leur  devenait  facile  :  on  ne  lenr 
dcniandait  point  de  grands  frais  d'iniagination.  II  fallait  seule- 
ment  deux  clioses  :  ne  voir  dans  la  revolution  que  des  victoires 
et  des  crimes;  voir,  dans  la  philosophic,  toute  la  revolution, 
hormis  ses  victoires;  en  un  mot,  il  fallait  montrer  le  meme 
j^enre  de  courage  que  M""  de  Gcnlis. 

Du  reste,  il  ne  paraft  pas  que  cela  lui  ait  trop  mal  reussi.  A 
peine  de  retour  en  France,  elle  demaude  an  ministre  un  loge- 
ment :  on  lui  en  destine  un  fort  beau,  mais  elle  en  prefere  nn 
autre,  et  il  lui  est  accorde  de  la  meilleure  grace  du  moi^de. 
Elle  se  trouve  assez  de  credit  pour  rendre  un  grand  service  a 
M.  Fievee.  M.  Fievee ,  mis  en  prison  par  le  Consul  pour  une 
correspondance  politique  (i),  devient  le  correspondant poli- 
tique du  Consul.  Il  vent  lui  ecrire  que  M™!^  de  Genlis  n'a  rien 
retrouvc  en  France  ,  et  qu'elle  vit  absolument  de  son  travail. 
M°"  de  Genlis  s'oppose  a  une  demarche  qui  le  compromettra 
siirement.  II  ne  se  compromet  point ,  et  le  fruit  de  sa  demarche 
est  que  le  Premier  Consul  envoie  M.  de  Remusat,  prefet  du 
palais  (2),  dire  a  M™''  deGenlis,  enpropres  termes, «  qu'il  vient 
d'apprendre  sa  situation;  que  s'il  I'avait  sue,  a  son  arrivee  en 
France,  elle  n'y  seraityawa^j  restee  une  minute,  et  qu'il  lui 
fait  demander  ce  qui  peut  la  rendre  heureusc.  »  II  est  vrai  que 
M"'  de  Genlis  eut  la  generosite  de  repondre  qu'elle  ne  deman- 
dait  rien.  Mais  le  Consul ,  pins  genereux,  lui  donna,  ce  qu'elle 
n'eut  jamais  demande  ,  des  larmes,  qui  la  rendirent  fort  heu- 
reuse."  Marigne  pretend  que  je  vous  envoie  les  larmes  du  Pre- 
mier Consul ,  et  que  cela  vaut  mieux  qv,e  des  vers»,  ocrit  a 
jime  (jg  Genlis  une  de  ses  amies.  Voici  le  mot  de  I'enigme  :  le 
Consul  avait  lu  Madame  de  la  Valliere,  il  I'avait  lue  tout  d'un 
trait,  sans  pouvoir  la  quitter,  et  il  avait  ^^X^nvk -.c' est  un  fait 
positif.  Ce  suffrage  enchanta  M™'' de  Genlis  ,„/?e;-e  J'^POi>ya;V 


(i)  Avec  Louis  XYIII.  (  Kote  de  HI'"^  de  Genlis.  ) 

(2)  «  ....  Le  premier  consul  m'envoya  M.  de  Remusat ,  pre/et  du  palais  , 
ponr  me  dire  en  propres  termes  ,  que  le  premier  consul  veuait  d'ap- 
prendre, etc.  »  T.  V,  p.  134. 


64»  LITTERATURE. 

pleurer  le  plus  grand  capitaine  tie  son  siecle  :  et,  dans  ce  pre- 
mier enchantement  d'un  si  glorieux  s:tcces ,  elle  fit  un  im- 
promptu en  vers  qu'elle  envoya  sur-Io-champ,  et  dans  Icquel 
on  trouva  de  la  verve;  car  le  sentiment  ct  la  verite  en  donnent 
toujours. 

Quelque  tems  apres,  M.  de  la  Valette  fut  charge  de  lui  ap- 
prendre  que  le  Premier  Consul  ,  dcvenu  empereur,   desirait 
qu'elle  lui  ecrivit,  tous  les  quinze  jours ,  sur  la  politique,  les 
sciences ,  la  littcrature ,  la  morale ,  sur  tout  ce  qui  lui passerait 
par  la  tele.  Correspondant  politique,  comme  son  ami  M.  Fie- 
vee,  M""=  de  Genlis  eut  encore  le  courage  d'ecrire  a  Sa  Ma- 
jeste  contre  les  philosophes.  Mais ,  comme  elle  eut  egalement 
I'intrepidite  de  lui  dire  :  « I'cmpereur  confirme  bien  ccs  belles 
paroles  de  3Iassillon  ,  que  les  princes  sont  sur  la  terre  une  pro- 
vidence visible  ,  >>  la  punition  de  tant  d'audace  fut  une  pension 
sur  la  cassette.  Cette  pension ,  tres-graeieusement  annoncee, 
etaitdesix  mille  francs;  elle  venait  a  I'improviste,  comme  les 
larmes  du  Consul ;  et  M™''  de  Genlis  en  fut  presque  aussi  flat- 
tie, attendu  que /^  maximum  des  pensions  des  gens  de  lettres 
etait,   dit-clle  ,  de  quaire  mille  francs.  II  faut  qu'elle  tienne  un 
pen  a  cette  idee  de  maximum  :  elle  y  revient  cinq  ou  six  fois 
dans  le  cours  de  ses  Memoires;  elle  y  revient  encore  apres, 
dans  un  dialogue  entre  JfJ""  la   Comtesse  de  Choiseul  ( nee 
princesse  de  Beaufreniont ),  et  l'aiiteur[  tome  viii,  p.  i'25  ). 
«  Napoleon,  dit  M""' de  Genlis,  dans  ce  dialogue,  a  ete  mon 
bienfaiteur,  le  seul  que  j'aie  eu  parmi  les  souverainsj  et  desnn 
propre  raouvemcnt,  sans  la  moindre  soUicitation  de  ma  part. 
Depuisjje  ne  lui  ai  rien  demande  pour  moi,  mais  j'ai  obteuu 
pour  d'autres  une  infinite  de  graces...  »  La  Comtesse  lui  repond : 
«  Je  crois  que  vous  vous  exagerez  beaucoup  ce  pretendu  sujet 
de  reconnaissance;  il  faisait  des  pensions  a  tous  les  gens  de 
k'ltres  :  pouvait  -  il  se  dispenser  de  vous  en  donner  une  ?  »  Et 
M™"  de  Genlis  replique  :  «  I.e  maximum  de  ces  pensions  etait 
de  quatre  mille  francs;  il  m'eu  a  donne  six  mille.  >-  Au  hasard 
d'affaiblir  un  peu   une    reconnaissance  de    si  bon   gout  ,  il 
faut  bien  lui  dire  qu'elle  se  trompe,  et  que  tel  ecrivajn  don.t 


LITl'ERATURE.  64^ 

clle  parle  assez  mal,  Bernardin-de -Saint-Pierre  ,  par  exemple, 
avail,  comnae  elle,  et  avant  elle,  une  pension  de  six  mille  fr. 
L'hoinme  a  qui  nous  autres  Francais  avions  livre  nos  millions, 
ft  qui  savait  oi!i  en  prendre  d'autres,  se  montrait  fort  gene- 
reux  :  il  n'y  avail  pas  de  maximum  aux  faveurs  de  sa  cassette. 
La  Correspondance  de  M"«  de  Genlis ,  si  bien  venue  au 
Chateau ,  lui  fit  alors,  quoique  secrete,  un  nombre  considerable 
d'ennemis.  On  alia  jusqu'asupposer  qu'elle  n'amusail  I'empe- 
reur  qu'en  lui  disanl  du  mal  de  tout  le  monde.  Pour  confondre 
la  calomnie,  elle  imprime  aujoiird'hui  des  fragmens  de  ses 
lettres,  et  ces  fragmens  sont  decisifs  :  au  lieu  du  denigre- 
nient,  on  y  voit  partout  la  bienveiilance.  M.  Treneuil  est  un 
sujeti^i)  affectionne  et  un  vrai  poete;  M.  de  Bonald  a  un  esprit 
plfin  de  finesse,  et  un prodigieux  genie.  Si,  dans  un  endroit , 
M"*^  de  Genlis  ne  trouve  en  France  que  trois  hommes  dignes  de 
travailler  a  I'histoire  de  S.  M.  I.,  MM.  Dassault,  de  Bonald  cl 
Fievee  ;  dans  un  autre  passage,  en  revanche,  ellecompte  quinze 
ecrivains  par  qui  la  Utterature  francaise  tient  encore  le  premier 
rang  entre  toutes  celles  des  nations, civdisees  (2)  :  elle  nomnie, 
dans  le  nombre,  un  philosophe,  et  mcme  une  fcmme ;  elle 
nomme  aussi  des  liberaux,  qui  passent  pour  etre  bien  avec 
son  libraire,  et  ne  pas  manquer  de  credit  dans  lesjournaux, 
MM.  Etienne,  Jay ,  de  Barante.  Il  y  a  ici  une  difficulte.  La 
lettre  ful  ecrite  en  1806 ,  comme  nous  en  avertit  expressement 
uue  note  placee  au  bas  de  la  page.  Or,  en  1806,  M.  Etienne 

(i)  C'est  Mmede  Genlis  qui  souligne. 

(2)  Je  fais ,  autant  que  je  puis ,  grUce  a  M™"  de  Genlis  de  tous  les 
vivans  qu'elle  cite,  et  de  tous  ceux  qu'el'le  ne  cite  pas.  Mais,iine 
parler  que  des  ecrivains  mores  depnis  1806  ,  il  paraitra  singulier  que  , 
sur  cetle  liste  de  quinze  grands  hommes,  ni  Bernardin  de  Saint- 
Pierre,  ni  Parny,  nl  Duels,  ni  Cabanis  ,  ul  Ginguene,  niMillevoie, 
dcja  couronne  par  I'lnstilut,  n'aient  eu  I'honneur  de  trouver  place 
entre  Dussault  et  Treneuil.  II  est  vrai  que  Ducis  et  Ginguene  ,  par 
exemple,  ne  montraient  pas  a  cette  epoque  le  menie  genre  de  courage 
que  M'n«  de  Genlis. 


65o  LITTERATURE. 

n'avait  encore tloiuie  aucuiie  ties  pieces  qui  oitt  faitsa  ii'|juta- 
tion  :  M.  de  Barante,  alors  fort  jcune,  u'avait  absolument  rien 
public;  il  debuta,  deux  ou  trois  aiis  aijrcs,  par  un  Tableau 
littcraire  du  xviii"  siecle  qui  avail  concouru  sans  succes  pour 
le  jirix  de  I'lnstitut:  eufin,  le  debut  dc  M.  Jay  fut  un  ouvrage 
sur  le  ineme  sujct,  plus  heureux  que  celui  de  M.  de  Barante, 
inaisqui  ne  parut  qu'en  1810.  — Jusqu'ici,  on  trouvait  assez 
meriloire,  dans  ccux  qui  avaient  I'oreille  desrois,  de  desi- 
gner a  leur  bienveiliance  les  falens  aimes  du  public  ;  mais 
nomaier,  trois  ou  quatre  ans  d'avance,  ceux  qui  doivent  se 
faire  un  nora;  designer,  coinnie  etant  la  gloire  d'un  regne, 
des  ecrivains  qui  n'ont  encore  rien  ecrit,  c'est,  il  faut  en  con- 
venir,  un  procede  beaucoup  plus  genereux.  II  semble  toute- 
fois  difficile  de  juger  une  correspondance  sur  de  tels  echan- 
lillons ;  et  M""dc  Genlis,  toujoursX^i  polie  envers  sa  memoire, 
aurait  bien  quclqiiesreproches  a  meler  aux  complimens  qu'elle 
lui  fait. 

Tout  ce  qu'on  vient  de  lire  ici,  analyse  le  plus  brievement 
possible,  remplit  en  grande  particle  cinquieme  volume  deccs 
Meinoires ;  c'est  ce  que  les  quatre  derniers  in'ont  parusoutenir 
de  plus  iuteressant.  Je  ne  pousserai  pas  plus  loiu  cetle  analyse: 
quand  I'espace  me  le  permettrait,  le  lecteur  neniele  pardon- 
nerail  pas.S'il  y  a  deja  bien  des  choses  futiles  dans  les  conimen- 
cemens  de  Touvrage,  elles  se  pressent,  fourmillent  dans  la  se- 
conde  moitie.  Cela  va  quelquefois  au  point  de  passer  toute 
croyance.  En  voici  un  exemple  qui  rae  revient  sous  les  yeux  , 
pages  40,  4r  et  42  du  tome  viii.  M"'' de  Cell«s,  petite- 
fille  tie  M""'  de  Genlis  ,  va  partir  pour  I'llalie.  M"""  de  Genlis 
voudrait  bien  que  M""^  Gerard ,  aussi  sa  petite-fille,  fut  du 
voyage.  Mais  peut-cire  M""  Gerard  repugncrait-elle  a  con- 
fier ,  pour  sept  ou  liuit  mois,  h  une  bonne ,  deux  de  ses  cnfans 
en  bas  age.  Dans  ce  cas  ,  M"'°  de  Genlis  lui  offre  des'en  char- 
ger, ce  qui  lui  est  tres-possible,  «  restant ,  dit-elle,  a  Paris 
dans  un  logement  quelle  a  ancle  dans  I' exterieur  d'un  couvent, 
aux  dames  de  Saint-Michel ,  rue  Saint-J deque s ,  avec  un  beau 
j'ardin  sur  le  Luxembourg. »  Et  voila  ce  qui  fournit  deux  pages 


LITTERATURE.  65 1 

aux  Memoir es  sur  le  dix-huitieine  siecle  et  la  Revolution  fran- 
caise  ! 

Au  milieu  de  cespetits  details,  qu'oii  a  enrimpolitessed'ap- 
peler  du  commeiage,  il  arrive  quelquefois  a  M°°  de  Cenlis 
d'agiter  de  graves  questions ;  mais  sa  maiiiere  de  les  envisager 
et  de  les  resoudre  ne  parait  pas  de  nature  a  y  repandre  beau- 
coup  de  clarte.  Par  exemple,  elle  se  declare  ,  on  ne  pent  plus 
franchement,  pour  les  liberies  de  lEglise  gallicane ,  j)ar  res- 
pect pour  X inJallUbilile  des  papes,  inspires  par  V Esprit  Saint 
dans  toutes  les  chases  relatives  ei  la  religion  (i).  Ailleurs  ( tome 
VI ,  p.  36c  et  suivautes  )  elle  renouvelle  les  predictions  sur  la 
fin  du  monde,  et  voici  son  raisonnement :  Le  Crealeur  n'a  rien 
fait  en  vain;  ainsi  le  monde  nejinira,  que  lorsque  le  globe 
sera  connu...,  et  lorsque  Xhomme  aura  acquis  toutes  les  con- 
naissances  et  toute  I'ijidustrie  que  son  intelligence  et  I'expe- 
rience  peuvent  lui  donner.  Depuis  I'invention  de  rimprimerie  , 
il  avancea  pas  de  ge.^.nt...  Les  progres  de  la  navigation  ontfait 
faire  d'immenses  dccouvertes;  nous  avons  acquis  un  nombre 
prodigieux  de  plantes  nouvelles,  denictauxet  demi-metaux... 
II  reste  nioins  de  choses  a  decouvrir  qu'on  u'en  a  decouvert  et 
perfectionne  depuis  cent  ans...  Dans  un  siecle  et  dcmi  on  deux 
siecles  au  plus,  tout  sera  connu,  tout  sera  su. «  Quant  a  la  mo- 
I'ale,  elle  a  eu  le  dernier  degte  de  perfection,  quaiidl'Evangile 
a  ete  preche;  mais  les  vices  et  les  passions,  en  produisant  une 
corruption  presque  generale,  ont  rempli  I'Europe  d'erreurs  et 
de  principes  faux  et  contradictoires;  aujourd'hui,  tout  est  con- 
fondu  dans  la  morale,  et,  par  une  consequence  necessaire  , 
tout  le  sera  dans  les  gouvernemens;  un  desordre  universe! 
dans  ce  genre  sera  le  resultat  du  philosophisme.  Tour  ix  tour, 
ranarchie,  les  revolutions,  les  guerres  civiles  et  exterieures 
bouleverseront  I'Europe;  mais  les  monumens  des  arts  et  des 
sciences,  les  artistes  et  les  savans,  les  bibliolheques  immenses 

(i)  Ce!a  est  incroyable,  mais  on  peut  le  voii-,  t.  vii ,  ji.  i34  ,  i35 
et  i36.  Voila  de  quoi  refuter  le  poete  qui  s'etait  permis  de  faire  de- 
M^'de  Geiilis  une  ?Jcra  dc  rci/^isc. 


65*  LITTERATURE. 

ctablics  daus  toiUos  les  villcs,  coiiservcront  Ic  Jej)6t  des  con- 
iiaissances  hiimaines;  apres  avoir  soiiffert  tons  les  maux  qn'en- 
frainerU  dcs  passions  extravaL;aiites  et  Timpiele,  le  bien  naitra 
du  nial,  I'esprit  fatii^nc-  s'aucantira  dans  le  besoin  du  repos  ; 
on  piolitcra  enfin  dus  lecons  dc  I'experience  qn'on  a  jusqu'ici 
repoussecs;  on  reviendra  a  la  raison ,  a  la  religion  ;  on  rcnon- 
cera  a  de  fiinestes  prcjuges  qui  existent  depuis  si  long  -  tems  ; 
les  gouvernemens  n'auront  plus  Vodieuse  immoralite  d'elablir 
des  loteries,  et  d'inf;imes  impots  sur  les  maisons  de  jeu  ct  les 
lieux  de  debanche;  les  duels  et  les  guerres  offensives  feront 
horreur;  alors,  on  verra  reuaitre  le  plus  brillant  ;ige  d'or  :  ce 
sera  celui  d'uiie  ])arfaite  civilisation;  le  nionde  assez  vieuxpour 
se  coiivertir ,  sera  ainsi  prepare  a  rendre  le  compte  universe! ; 
c'est  a  cette  epoque  memorable  que,  toutes  les  destinees  de 
rhomme  etant  accomplies ,  toutes  ses  facultes  ayant  ete  mises 
en  oeuvre,  tous  les  tresors  de  la  nature  et  de  la  creation  etant 
connus,  le  terns  finira  et  se  perdra  dans  reternite.  Je  crois 
que  cinq  ou  six  cents  ans  suffisent  pour  operor  toutes  ces 
choses. » 

Nous  voila  bien  avertis  de  ne  pas  etendre  nos  esperances 
terrestres  au-delade  quelques  six  cents  ans.  II  reste  de  la  marge 
encore.  L'Eiirope  fut  pleine,  il  y  a  cinq  siecles,  de  gens  qui 
donnerent  leurs  bieiis  aux  moines,  adventante  mundi  vespero  : 
maintcnaiit,  ces  predictions  avaient  perdu  leur  credit.  Si  rien 
pouvait  le  leur  rendre ,  ce  serait  la  politesse  de  M""'  de  Genlis ; 
ou  n'a  jamais  annonce  le  JugementUniversel  avec  une  telle  obli- 
geance.  Nous  sommes  trop  savans  pour  que  le  monde  dure; 
voila  qui  est  bien  flatteur.  Nous  seron.t  raisonnables  elpieux; 
il  n'y  aura  plus  de  loteries,  plus  d'impots  sur  les  maisons  dejeu, 
plus  de  duels  et  plus  de  guerres;  doncle  monde  finira,  apres 
s'etre  convcrti  danssa  vielUesse.  Ceci,  quoique  edifiant,peut 
donncr  quelqnc  scrupule.  L'esprit  humain  est  en  marche,  nous 
le  savions ,  on  nous  I'avait  dit;  mais  ,  htlas !  ou  marche-t-il  ?  a  la 
destruction  de  I'univers.  Chaque  decouverte  que  nous  ferons 
sera  done  un  coup  mortel  portc  d'avance  a  notre  posterite,  dont 
elle  halira  fa  fin  procliaine.   C'est  ufic  idee  affligcante.  N'im- 


LITTER  ATURE.  (55? 

porte;  ils  seront  bien  heureux  ccux  qui  viendrout  dans  cet  age 
d'or  oi\  Ton  saura  tout!  3' avs'is  cm  jusqu'a  present  que  nous 
savions  si  peu  de  chose  I 

•  jvime  dg  Genlis  parait  bien  convaincue  de  la  certitude  de  sa 
prediction;  elle  y  revient,  deux  volumes  plus  loin  ,  avee  toute 
confiance:  mais  je  dois  a  la  verile  de  dire  que  c'est  la  seule 
prophetic  qu'on  trouve  dans  ses  Memoires.  Ce  qu'on  y  ren- 
contre le  plus  abondammcnt,  apres  toutefois  les  causcries  de 
societe,  de  famille,  on  moine  de  menage,  c'est  la  critique  des 
auteurs  et  celle  de  leurs  ecrits.  J'ai  fait  connailre,  a  mesure  que 
I'occasion  s'en  est  presentee,  un  assez  grand  nombre  de  ses 
jugemens;  et  je  m'empresse  d'avertir  que  ce  ne  sont  pas  les 
meilleurs  qu'on  put  tirer  de  son  livre.  Parmi  ceux  dent  je  n'ai 
point  parle,  plusieurs  sont  justes  ,  bien  penses,  exprimes  avee 
moderation  et  mesure  ;beaucoup  meparaissent  etre  absoiument 
tout  lecontraire;  quelqucs-uns  n'ont  pas  du  tout  le  mcritc  de 
la  nouveaute.  Telle  est ,  au  second  volume ,  une  critique  de 
Melanie ,  tres-ingenieuse,  tres-piquante,  mais  qui  frapperait 
davantage,  si  les  Memoires  de  Palissot  n'avaient  pas  devance 
ceuxde  M°"=de  Genlis.  Ce  qu'elle  dit,  ( t.  viii )  pour  justifier 
Caveirac,  indignement  accuse  d'avoir  fait  I'apologie  dela  Saint- 
Barthelemi,  est  aussi  tire  de  Palissot  (i),  qui  I'a  tire  dc  Saba- 
tier(2),  qui  I'avait  tire  de  Linguet  (3).  Sabatier  n'ajoute  rien  a 
Linguet;  mais  Palissot  ajoute  a  Sabatier  :  il  denonce  le  medecin 
Naude,  qui  ecrivait  sous  le  ministere  de  Mazarin,  commc  le 
veritable  apologiste  de  la  Saint-Barthelemi,  et  il  denonce  les 
philosophes  qui  n'ont  pas  denonce  Naude,  par  menagement, 
dit-il,  pour  cet  ecrivain  un  des  precursears  de  leurs  doctrines 
incendiaires  (4).  Or,  M^ede  Genlis  repcte  encore  tout  ccla.  Ce 

(l)  Tome  I'"''  des  Memoires  pour  servir  a  Vhistoire  Je  notre  litieratiire, 
et  t.  IV  de  la  Collection  des  ccuvres  de  Palissot. 

(a)  Les  trois  siecles  de  la  litteratiire  ,  tome  premier. 

(3)  Reponse  aiix  docteiirs  modernes. 

(4)  N'eft-il  pas  plus  simple  de  croire  que ,  s'il  n'ont  point  accuse 
Naude  ,  c'est  qu'ils  ne  I'ont  jamais  hi  ?  Le  veritable  litre  de  son  livre 
est  :  Considerations  politiqiies  stir  les  coups  d'etat. 


654  LITTERATURE. 

qu'on  lit  h  la  fin  de  son  livre,  siu-  les  lilogcs  publics  chez  les 
pcuples  clel'antiqiiite,  et  sih-  I'oraisoti  funebrc,  clans  nos  litte- 
ratures  niodernes  ,  n'cst  pas  moins  evidemment  un  extrait  fort 
superficiel  de  VEssac  sur  les  eloges ,  dont  quelqiies  pages  plus 
hauf,  elle  a  fort  maltraite  I'auteur  :  mieiix  aiirait  vaiu  le  citor. 

Eu  revaiiclie,  Mmcde  Genlis,  qui  aime  beaucoup  la  lecture, 
ne  lit  pas  un  livre  uouveau,  sans  en  tirerquelque  citation  dont 
elle  nous  gratifie.  Ici  nous  avons  trois  pages  d\me  petite  bro- 
chure de  M.  Ficvee,  ou  nnus  devons  admirer  une  grnnde  siipe- 
riorite  de  talent  et  d'e.iprit  (  tome  vi,  p.  SSg  et  suivantes)  :  li, 
onze  pages  d'une  Lettre  de  Galltts,  parM.  le  chevalier  d'Hcr- 
mensen ,  omTage  le  plus  rnonarchique  et  le  plus  catholique  qu'on 
puisse  lire,  ( t.  vii,  p.  ia4  ct  suiv. )  :  ailieurs,  8  ou  9  pages d'w/z 
petit  Hire  excellent,  les  Maxlmes  de  M.  de  Lingre  (  t.  vii, 
p.  1 53  ) :  puis ,  4  pages  d'un  article  insere  dans  le  Mercure 
royal,  par  M.  de  Verdolle  ( t.  vii,  p.  2o5 ) :  puis  encore  ,  6  pa- 
ges d'un  discours  prononce  par  M.  Boisbertrand  a  la  Societe 
des  Bonnes-Lettres,  et  imprime  dans  les  Annates  de  la  littera- 
ture  et  des  arts  (  t.  vii,  p.  217  ).  Le  volume  suivant  commence 
par  des  extraits  de  M.  Valery,  aufour  des  Etudes  morales,  po- 
litiques  et  littcraires  :  c'est  seulement  a  la  page  16  que  IVI'"'^  de 
Genlis  termine  a  regret  ses  citations  ;  et  a  la  page  4^,  on  lit : 
«  Mon  ami,  le  docteur  Alibert,  m'a  envoye  son  dernier  ou- 
vrage  qui  a  }^Q\.\r  Mre:  Physiologic  des  passions;...  et  voila 
encore  neuf  pages  de  faites  pour  les  Me  moires  sur  la  revolution 
et  le  i8«  siecle.  C'est  trailer  lestemcnt  le  public,  et  peut-otre 
ses  souscriptcurs. 

II  me  resterait  maintenant  a  considerer  I'ouvrage  dans  son 
ensemble,  s'il  y  avait  dans  cet  ouvrage  un  ensemble  et  un 
plan.  Malheureusement,  il  n'en  est  pas  ainsi.  M""^  de  Genlis 
Tavoue,  et  elle  s'en  felicite.  «  Souvent,  dit-elle  (i),  j'ecris  ces 
memoires  sans  aucun  ordre  et  sans  suite  methodique;  mais  il; 
n'en  plairont  (jue  mleux  aux  gens  qui  aiment  le  naturel  ct  la 
verite.  »  A  la  bonne  heure!  mais  je  dois  avertir  qn'au  milieu  do 

(r)T.  VI,  p.  61. 


LITTER  ATURE.  G55 

cedesordre,  des  redites  continiicUes,  dii  manque  de  dates  etde 
transitions,  il  est  bien  difficile  de  se  reconnaitre,  plus  difficile 
de  se  retrouver,  dans  les  zig-zag  perpetuels  de  cette  immense 
causerie  en  kuit  tomes  i/i-8'\ 

Le  style  est,  comme  tout  le  reste ,  fort  inegal.  Vous  rcncon- 
trez  des  pages  charmantes,  et  tres-purementecrites,  ou  le  gout 
le  plus  exigeant  ne  trouverait  a  rcprendre  qu'un  peu  d'unifor- 
mite,  et  n'aurait  a  desirer  qu'un  peu  plus  dc  feu  et  de  coloris. 
Vous  en  renconlrez  d'autres  ecrites  avec  une  negligence  incon- 
cevable,  et  on  les  fautes  merae  sont  frequentes.  Quand  on  a 
recu  publiquement  (i)  I'eloge  d'avoir  ntteint  le  plus  haul  degre 
de  la  perfection  du  style,  et  qu'on  ajoute  soi-meme,  que  cet 
eloge  n'a  pas  cte  conteste  (2) ;  quand  on  affiche  un  dedain  su- 
perbe  pour  rclocution  des  plus  grands  maitres  en  I'artde  bien 
dire;  quand  on  voit,  menie  dans  Rousseau,  beaucoup  de  fau- 
tes de  langnge  (3),  on  devrait  se  garder  d'ecrire  (4) :  «  Toutes 
les  precautions  qui  peuvenl  eviter  a  sa  veuve  les  desagremens 
des  scelies ,  etc. ;  »  car  eviter  est  im  verbe  actifh  un  seul  regime, 
et  eviter  a,  pour epargner a ,  est  nnejaute  positive  de  langage , 
quoiqu'en  dise  le  Dictionnaire  univcrsel  de  M.  Boiste.  II  fau- 
drait  eviter  avec  soin  les  expressions  tres-impropres;  nc  pas 
<lire  par  exemple,  la  memoire  d'une  femme  vivante,  au  lieu  de 
sa  renommee  ou  de  sa  reputation ,  et  surtout,  ne  pas  louer  le 
personnel  (  pour  la  personne  ,  la  figure ,  les  graces,  etc. ),  d'une 
jeune  demoiselle  k  marier,  comme  on  vante  dans  les  gazettes 
le  personnel  d'une  Administration.  Il  faudrait  enter  les  distrac- 
tions qui  ressembleut  trop  a  des  naivetes :  «  Nous  passdmes 
I'hiver  d'ensuite  dans  la  rue  du  faubourg  St-Honorc  oii  je  restai 
tout  rhiver.  »  T.  vi,  p.  127.  «  Ce  qu'ilj  a  de  certain ,  c'est  que 
cette  fourberie  cachait  certainement  un  complot  Ires-noir.  » 
T.  V,  p.  83.  «  J'ai  entendu  lire  a  Villiers  quelques  fragraens 

(i)  Dans  le  Journal  des  debate  ,  article  de  M.  Hoffmann. 

(2)  T.  VI  ,   p.  SIS. 

(3)T.  ler,  p.  399. 
(4)  T.  VIII,  p.  63. 


65f>  LITTERATURE. 

d'lin  poi-nie  en  vers.  »  T.  vi ,  p.  i33.  «  Le  merite  et  les  talens 
de  cetle  inslitutrice  merite nt ^  etc.,  »  mcme  volume,  p.  22. 
Quand  on  qualiGe  de  galimatias  et  de  barbouillage  les  fautes 
des  ecrivains  les  plus  chatios,  il  serait  prudent  de  ne  pas  se 
permettre  des  phrases  comme  celle-ci  : «  Mantes  dont  I'excel- 
lent  air,  la  tranquillite  parfaite,  et  les personnes  qui  m'entou- 
raient  convenaient  si  bien  a  mon  coeur.  «  T.  vii,  p.  359,  etc. 
On  feraitmeme  sagementde  ne  pas  tropmultiplier  les  construc- 
tions plus  qu'irrcyulieres  et  les  tours  aniphibologiques,  tels 
que  :  «  on  donna  promptement,  apres  la  premiere ,  une  seconde 
edition  de  Palmyre.  »  T.  vi ,  p.  33o  : «  Je  ne  le  connaissais  point 
du  tout  (M.  de  Chateaubriand)  lorsqu'tV  m'envoya,  quand  il 
parut,  le  Genie  du  Christianisme ,  etc.  »  T.  v,  p.  344-  "■  Son 
troisieme  article  (  de  M.  de  Ronald ),  est  une  belle  critique  de 
la  tragedie  des  Templiers,  la  seule  on  selon  moi,  il  y  ait  eu  a 
lafoisdujugementjde  I'csprit,  etd.  T.  v,  p.  166.  II  y  a  ici  un 
compliment;  mais  pour  qui?  II  faut,  avant  de  repondre,  oter 
I'eqnivoque  de  Tarticle  la  ;  car,  si  ce  doutcux  article  se  rapporte 
a  la  tragedie,  la  seule  oil  ily  ait  eu  a  lafois  du  jugement  et  de 
(esprit,  c'est  a  M.  Raynouard  que  remonte  la  louange;  et,  au 
contraire,  elle  retourne  a  M.  de  Bonald ,  si  Varticle  se  rapporte 
a  sa  critique,  la  seule  oil  il  y  ait  eu  tout  cela.  L'^quivoque, 
fort  legere,  est  purement  grammaticale,  j'en  conviens;  mais, 
par  cette  raison  meme,  il  etait  bon  de  la  relever.  Ces  obser- 
vations de  detail  que  nos  critiques  negligent,  je  ne  dirai  pas 
pourquoi,  pourraient  seules  conserver  au  moins  la  syutaxe 
.  d'une  langue  qui  se  corrompt  et  se  perd. 

Que  conclure  de  tout  ce  qui  precede  ?  Qu'il  ne  fautchercher , 
dans  le  dernier  ouvrage  de  M^-^  de  Genlis,  presque  rien  de  ce 
que  promet  son  litre,  et  que  cet  ouvrage,  on  plutot  ce  rccueil , 
fort  inegal,  est  surtoutdemesurementlong.  On  pourrait,  sur  los 
huitvolumes,  en  retrancher  a  pen  pres  six  :  ce  serait  sauver  les 
deux  autres;  car,  le  monde  diit-il  6nir,  comme  le  predit  i'au- 
teur ,  dans  quelque  cinq  ou  six  siecles  ,  je  craindrais  qu'il  n'eut 
encore  le  terns  d'onblier  une  grande  partie  de  ces  Memoires. 
Ce  qu'il  y  a  de  bien  certain,  c'est  qu'on  les  qnittera  sans  peine 


LITTERATURE.  GS? 

jioiir  rcliie,  oii  les  jolics  pieces  dii  Theatre  d'education,  on  la 
charmante  nouvelle  cle  Mademoiselle  de  Clermont ,  on  enfin 
Madame  de  La  Valliere  qui  lit  pleurer  le  Consul,  comme  il  I'ap- 
pritjui-memea  Fontanes,  qui  I'a  dit  a  M"'<'de  Bon,  quil'ecrivit 
a  M"«  de  Genlis.  V.  L. 


Chefs-d'OEuvre  des  Theatkes  etkangers,  allemand, 
anglais,  chinois,  danois^  espagnol,  hollandais ^  in- 
dien,  italien ,  polonais ,  portugais  ^  russe,  suedois,  etc.; 
traduits  en  francais  ^  par  ime  Sociele  de  gens  de 
left  res  (i). 

SECOND  ARTICLE. —  Theatre  francals. 
(Voy.  ci-dessus,  p.  Sjg-SgS.) 

Les  critiques  difficiles  qui,  apres  deux  siecles  de  gloire  lit- 
teraire,  se  sont  avises  de  contester  a  la  France  la  propriete 
de  son  theatre ,  out  oublie  que  cette  propriete  peut  s'acquerir 
de  deux  manieres,  et  que  le  choix  de  sujets  tires  de  I'histoire 
particuliere  d'un  peuple  ,  de  ses  traditions ,  de  ses  croyances , 
n'est  pas  le  seul  caracterc  auquel  on  puisse  reconnaitre  qu'un 
theatre  est  national.  Ce  qui  fait  qu'une  nation  est  elle-meme, 
qu'elle  se  detache  au  milieu  des  autres,  c'est  la  qualite  parti- 
culiere de  son  esprit,  sa  physionomie  m,orale,  son  gout, 
I'etendue  et  la  direction  de  ses  facultes  intellectnelles  :  voila 
proprement  cc  qui  constitue  un  peuple  considere  coninie  in- 
telligent et  civilise.  Si  le  thetUre  d'un  tel  peuple  porte  I'em- 
preintc  de  son  genie  ,  de  son  gout;  si,  conforme  a  ses  idees 
habituelles ,  il  est  dans  la  mesure  de  son  intelligence,  quelle 
que  soit  la  forme,  quels  que  soient  les  sujets  qu'il  affectionne, 
ce  theatre  sera  national ;   il  sera  la  propriete  de  la  nation , 

(i)  Paris,  iSao-iSaS;  Ladvocat,  libraire,  et  Thoisniei-Desplaces, 
i5  volumes  iii-8°;  prix,  i5o  fr. 

T.  xxxi. —  Seplemhre  1826.  42 


658  T^lTTtRiVTURE. 

parce  qu'il  aura  <'te  fait  pour  cllo,  parce  qu'il  lui  conviendra 
plus  qu't\  tout  autre,  parce  qu'il  sera  prccisemcut  lo  scul  qui 
puisse  lui  plaire  et  qu'elie  puissc  admettrc. 

L'objection  t'lrce  du  caraclere  imitalif  d'uue  litterature  ne 
m(;  touclio  cpie  faibleuient.  A  bien  c>;aniiner  les  choses,  tout, 
en  litterature,  tourne  daus  un  cercle  pcrpetuel  d'imitation.  Si 
les  premiers  poetes,  ecrivant  sans  niodeles,  n'ont  imite  que 
la  nature,  leurs  ouvrages  sont  devenus  des  objets  d'imitation 
pour  les  nations  qui  leur  ont  succede.  La  raison  en  est  simple. 
Outre  que  le  genie  s'electrise  par  le  contact  du  genie,  la  per- 
fection dans  les  arts  resulte  de  certaines  lois ,  de  certains 
precedes  ,  qui ,  une  fois  decouverts,  n'ont  pas  du  ensuite  etre 
negliges  ,  parce  qu'ils  etaient  I'expression  certaine  de  la 
verite.  II  en  est  d'ailleurs  de  la  litterature  comme  de  tonics 
les  connaissances  hnmaines ;  ce  sont  les  travaux  anterieurs 
qui  servent  de  flambeau  pour  des  investigations  nouvelles. 
Avant  de  s'ouvrir  une  route  non  encore  frayee,  le  genie  se 
fortifie  de  I'cxperience  des  devanciers  ;  et  Ton  pent  dire  avec 
exactitude  que  c'est  toujours  an  moyen  de  riiiiitation  que  Ton 
arrive  a  la  creation.  Pour  ne  parler  que  des  comj)Osilions  lit- 
teraires  ,  les  seules  dont  il  soit  question  dans  ce  mon)ent,  qui 
pent  douter  que  la  Jerusalem  delivrce ,  le  I'anidis  jcrdu,  les 
Lusiades ,  XEnfer ,  le  Roland  fuj-ieux ,  nous  d irons  meme  le 
Messie ,  ne  soient  des  emanations  plus  on  moins  eloignees 
I'e  Xlliade  et  de  XEneide?  Le  genie  le  plus  independant, 
meme  alors  qu'il  dedaigne  de  suivre  les  modelcs  ,  les  etudie 
encore;  et  c'est  en  interrogcant  leur  route  qu'il  apj)rend  a 
s'en  ecarter. 

Il  ne  faut  done  point  s'etonner  si  tous  les  theatres  modernes 
ont  plus  on  moins  emprunte  des  auciens;  les  poetes  qui  ont 
fonde  ces  theatres  pouvaieut-ils  empecher  qu'il  exislat  avant 
eux  de  nombreux  chefs-d'oeuvre  ,  que  ces  chefs-d'aMivre  scr- 
vi.ssent  de  base  a  Teducation  publique  et  privee  ?  de  ladmira- 
tipn  a  I'imitation ,  la  consequence  etait  inevitable.  Penetres  des 
ouvrages  antiques,  les  modernes  ont  du  se  modeler  siu-  eux. 
Mais  ceux  qui  possedent  veritablement  le   don  de   la  poesie. 


LITTER  ATURE.  fiStj 

ne  save  lit  pas  se  borner  a  des  copies  serviles;  ils  s'a[iproprieiU 
ce  qii'ils  imiteiit:  ils  creent  en  iriiitanl.  lis  font  plus  :  le  besoin 
<Ju  succes  les  asseivit  au  gout  du  peuple  pour  lequel  ils  ecrivent. 
Soius  Icur  plume,  les  cmprunts  a  I'anticpute  se  dcguisent,  se 
modifient;  combines  d'apres  une  nature  et  dcs  idees  diffe- 
rentfs  ,  d'apres  un  climat  et  des  mosurs  d'une  autre  especc, 
ils  perdent  insensibleinent  la  trace  de  leiir  origine.  L'iinitation, 
appropriee  au  gout  d'une  nation  nouvelle,  prend  bientot  tons 
les  caracteres  d'une  composition  originate  ;  c'est  ainsi  qu'une 
societe  nioderne  acquiert  avecle  teins  une  lilterature  vraiment 
nationale. 

Cet  expose  offre  I'histoiie  fidele  i\n  theatre  francais.  Sans 
doute,  ce  theatre  doitbeaucoup  a  la  Grecc,  bicn  qu'il  n'cn  tire 
pas  immediatement  son  origine;  mais  il  n'en  est,  en  aucune 
facoo  ,  la  servile  copie.  Successlvement  compose  d'imitalions, 
prises  tantot  chez  un  peuple ,  tantot  chez  un  autre ,  il  les  a 
combinees  avec  des  elemens  nationaux  ;  et  ces  imitations  ont 
insensiblement  obtenu  le  droit  d'asile.  La  France  a  possede 
un  theatre  national,  qui  est  non-seulement  le  meilleur,  mais, 
eu  egard  a  sou  es])rit  particulier ,  le  seul  qu'elle  put  avoir. 

Et  d'abord ,  pour  demontrer  Tevidence  de  cette  derniere 
proposition,  remonions  a  I'origine  de  ce  theatre;  essavons 
de  le  suivre  dans  sa  marche,  dans  ses  variations  successives , 
et  dans  ses  progres.  L'histoire  a  la  main  ,  exposons  naturel- 
lement  la  formation  du  theatre  francais.  Ce  sera  le  meil- 
leur et  peut-etre  I'uniqne  moyen  de  resoudre  les  questions 
que  Ton  souleve  depuis  quelques  annees. 

L'histoire  politique  et  l'histoire  litteraire  ont  entre  elles 
une  ttroite  liaison ,  et  Ton  voit  dans  les  annales  de  loutes 
les  nations  le  sort  et  la  direction  des  litteratures  dependre 
presque  entierement  des  evenemens  publics.  Les  croisades 
nous  avaient  donue  le  spectacle  des  my s teres ;  la  lutte 
sanglante  prolongee  depuis  Louis  XII  jusqu'a  Francois  I", 
entre  la  France  et  I'ltalie  ,  jeta  uos  premiers  ecrivains  dans 
I'imitation  des  poetes  italiens  ,  et  bientot  apres  dans  I'etude 
de  I'anliquite  ,  remise  eu  honneur  par  les  Medicis  ;  enfin,  les 


66o  LITTERATURE. 

i;uciics  cuntinnc!l;s,  livrt'os  contre  U-s  Rspni^nols  <U'[)iiir.  Irt 
formation  de  la  liguc  jnsqu'A  Henri  IV  ,  introdnisirent  on 
Franco  la  litrcralnre  es[)ai;nole. 

Ce  rapprocliomcnt  ontre  les  ovencmcns  politiqnes  dies  essais 
litteraliesexigeqnelquesdeveloppcmens.  Revennsdcscroisadc? 
avec  im  esprit  do  mysticitc ,  melc  dc  superstition  grossiere,  lea 
Francais  etaient  naturellement  prepares  an  spectacle  des  my.i- 
teres,  el  les  confreres  de  la  passion  qui  arriverent,  comme 
on  lesait,  dc  la  terre  sainte,  ponr  representer  leurs  pieuses 
momeries,  repondirent  a  un  des  besoins  de  I'epoqne.  Lorsqiie 
Charles  VIII  entreprit  ces  expeditions  d'ltalie,  qui  dcvaient  se 
prolonger  pendant  pres  d'lin  si^clc,  et  obtint  quelqnes  succes 
suivis  de  grands  revers,  iin  long  sejour  siir  cette  terre  classi 
que,  mela  la  population  francaise  avec  la  population  ilalienne; 
la  languc  de  Petrarque  devint  familiere  en  France;  les  pre- 
mieres compositions  dtmeliiteraturc  plus  avancee  que  la  noire, 
provoquerent  des  imitations;  et  ie  ileau  de  la  gnerre  ne  fut  pas 
sans  fruit  pour  lesprogres  de  I'intelligence.  Te!  fut  I'echange 
intellecluel  qui  s'etablit  entre  les  homnles  iusiruits  des  deux 
pays,  que  la  renaissance  des  letties,  sous  Leon  X,  se  propa- 
gea  rapidcment  en  France;  notre  litterature  a  cette  epoque 
snbit  une  premiere  modification ;  elle  devint  riniitation  com- 
binee  des  modeles  de  la  Grece  et  des  compositions  italiennes. 

L'alliance  de  Catherine  d(^  Med-cis  avec  Henri  II,  en  intro- 
dnisant  a  la  cour  de  France  une  fonle  de  seigneurs  et  de  poetes 
italiens,  favorisa  cette  direction  de  la  litterature  francaise. 
Mais  elle  devait  bientot  subir  une  modification  nonvelle,  et 
ce  furent  les  desordres  de  la  ligue,  soutenue  par  I'Kspagne, 
qui  lui  donnerentce  nouveau  caractere.  Alors, le  melange,  qui 
s'etait  jadis  opere  entre  les  populations  francaise  et  italienne, 
se  Jit  entre  les  Francais  et  les  Espagnols.  La  langue  de  Lope  de 
Vega  balan^a  parmi  nous  I'empirc  de  la  langue  de  Boccace. 
Nous  avions  eu  des  concetti,  des  pointes,  de  fades  jenx  de 
mots  ;  nous  les  echangeames  ponr  le  style  de  la  galanleric  mau- 
resque;  on  aima  les  rodomontades,  les  grands  coups  d'epce, 
les  mcrvcilles  de  la  chevalcrie;  la  scene,  partagec  jnsqu'alors 


I.ITTERATURE.  GGi 

eiitre  Ics  pastorales  italiennts,  ct  les  imitations  servilcs  du 
i^rec,  admit  Ics  intrigues  {.•onip!iqiu';es,  et  celtc  galarilcric, 
cette  ficrte  chcvaleresque,  qui  ferment  le  principal  trait  duca- 
ractere  espagnol.  Cette  seconde  revolution  dans  notre  litlera- 
ture  flit  plus  durable  que  la  premiere.  Soil  que  le  genie  des 
Espagnols  s'.iccordat  mieux  avec  le  noire  que  le  genie  des  Ita 
liens,  soil  toute  autre  cause,  la  litterature  francaisc  put  couti- 
nuer  a  se  modifier  d'apreslcs  niodeles  antiques;  mais  sa  direc- 
tion fut  desormais  fixee.  Le  theatre  francais  fiit  une  emanation 
du  theatre  espagnol,  approprie  a  notre  gout,  et  ramene  a  la 
vraisemblance  par  robscrvation  des  unites  grecques. 

Les  faits  viennent  h  I'appui  de  cet  expose.  Depuis  Jodelle 
(usqu'a  Carnier,  or  voit  notre  litterature,  fidele  a  I'impulsion 
du  siecle  de  Leon  X,  n'offrir  que  des  copies  du  grcc  et  de 
litalien.  Le  theatre  comique  naissant  est  envahi  par  des  bouf- 
fonneries,  melees  dc  quolibets  ,  ou  par  ccs  sortcs  de  pieces 
nommees  bergeries  ou  pastorales.  Tandis  que  Ronsard  et  ses 
imitateurs  derobent  aux  litteratures  grecque  et  latine  Icurs 
formes,  etjusqu'a  leurs  mots,  Jodelle,  Grevin  et  Garnier  cal- 
quent  leurs  tragedies  sur  la  tragedie  de  Sopliocle  et  de  Sene- 
que.  Sans  avoir  le  genie  du  premier,  ou  meme  le  talent  du 
second,  ilscomposenldes  drames  tailles  absoluincntsurlememe 
patron  ;  chacun  drs  actes  se  compose  d'un  monologue  et  dime 
scene;  lechoeur,  presque  toiijours  present,  occupe  ia  meme 
place  que  dans  Ics  ouvrages  antiques;  la  mesure  des  vers  varic 
sanscesse;  les  tragedies  sont  parsemees  de  stances  et  d'odes 
morales  et  philosophiques,  a  I'exemple  des  tragedies  grecques. 
Enfin  ,  le  sujet,  dune  simplicite  nue,  n'offre  ni  incideiis,  ni 
intrigue.  C'est  alors  qu'on  pent  dire  que  le  theatre  francais  est 
la  copie  servile  des  Grecs  et  des  Latins. 

Mais,  cette  simplicite  extreme,  cette  absence  d'effcts  do 
theatre,  d'incidens,  d'action,  ce  style  declamatoire,  celte 
ignorance  du  dialogue ,  n'etaient  point  conformcs  au  gout  d'lme 
nation  vive,  qui  aimc  le  mouvciuent,  dont  I'csprit  vent  eire 
occupe;  etle  genre  niis  en  credit  par  .lodellc  ne  dura  pas  phis 
que  cehii  de  Ronsard.   La  litleiaturc  coiumcn^ait  a  resscntir 


tiGa  LITT^RATURE. 

rinfliience  espagnole,  lorsque  Alexandre  Hardy  s'cmpara  dii 
theatre,  et  I'approvisioTina  pendant  longiics  anntes  de  ses  in- 
~noinbrables  pieces.  Si  ce  poete ,  aiissi  mediocre  que  fecond  , 
ignora  la  pUipart  des  secrets  de  I'art,  reveles  a  ses  siicces- 
seurs ,  11  n'en  niarqua  pas  moins  le  passage  de  I'imitalion 
grecqiie  a  I'imitation  espagnole ,  et  n'en  fut  pas  moins  le  pre- 
mier qui  donna  a  la  tragedic  la  forme  qu'cUe  devait  conserver, 
en  la  perfectionnant.  On  n'a  pas  assez  rcmarque  I'influence 
cxercee  par  cet  aiiteur,  dont  les  cuvrages  sont  la  transition 
naturellc  de  Gamier  a  Corneille.  Hardy,  connaissant  le  gout 
de  sa  nation  ,  introduisit  dans  ses  drames  de  I'intrigue,  du  dia- 
logue, quelquefois  mcme  des  caracteres;  s'il  ne  fit  pas  faicc 
a  I'art  des  progres  remarquables,  il  ouvrit  la  route;  et  c'est  la 
im  titre  de  gloire  tres-reel. 

Tristan  lui  emprunta  sa  Mariamne;  Rotrou,  Mairet  et  Du- 
rier  n'allerent  plus  loin  que  parce  qu'ils  s'intruisireni  a  son 
ecole.  Enfin,  Corneille  nous  apprend,  dans  I'examen  de  jl/e- 
U%e ,  qu'il  n'eut  d'abord  que  Hardy  pour  guide  :  si  ce  grand 
homme  cut  bicntot  laisse  dcrriere  lui  son  premier  modeie,  il 
ne  faut  pas  meconnaitre  toufefois  et  ce  qu'il  dut  a  la  lecture  de 
Hardy,  et  ce  que  son  genie  recueillit  ensuite  du  commerce  de 
I'Espagne.  Le  Cid  ,  emprunte  a  Guillen  de  Castro  ,  et  partout 
empreintdes  moeurs  clievaleresqnes  deslberiens,  determina  le 
gout  du  public  francais.  Le  sentiment  du  beau  se  developpa ; 
I'art  du  critique  suivit  immediatement  les  premiers  travaux  du 
genie.  L'Academie  francaise,  recemment  instituee,  veilla  au 
perfectionnement  de  la  langue;  de  nombreux  ecrits  repandi- 
rent  la  lumiere  sur  les  tenebres  qui  cnvironnaicnt  encore  le 
berceau  de  I'art  dramatique,  et  insensiblement,  les  imitations 
etrangeres  se  modilierent,  suivant  nos  moeurs  et  notre  genie 
particulier.  Une  etude  approfondie  des  anciens,  des  poetiques 
d'Aristote  etd'Horace,  revela  les  lois  immuables  de  Tintoret 
dramatique;  alors,  sans  revenir  ;\  de  simples  copies,  on  appli- 
qua  aux  formes  du  theatre  espagnol,  les  vrais  principes  de 
I'art;  on  recounut  les  nombreux  defautsde  Lope  de  Vega,  de 
Calderon ;  le  bon  sens  du  public  bannit  ces  defauts  de  notre 


LITTER  ATURE.  6C3 

scene,  qui  ne  conserva  de  ces  ecrivains  que  Icui  galanterie 
chevaleiesque,  alors  d'accord  avccnos  mceurs;  entrc  leurs  in- 
trigues obscures  et  compliquees  et  la  simplicite  grecqiie,  on 
i,'arda  iin  juste  milieu;  les  convenances  de  la  scene  fiirent  bien- 
tot  couuiics;  et,  apres  avoir  pris  des  iecons  au-deUi  des  Pyre- 
nees, ie  theatre  francais  eclipsa  bientot  ses  modeles.  La  tra- 
i^edic  nationale  etait  trouvec  ;  et  Corneilie,  grandi  par  I'etudc 
des  anciens,  avail  determine  Ie  caractere  de  ce  theatre,  en  le 
portant  au  plus  hant  terme  de  sa  gloire. 

La  tragedie  francaise  acquit,  sous  la  plume  de  Racine,  une 
nouvelle  perfection.  Done  plus  que  Corneilie,  dn  genie  qui 
acheve,  il  conniit  mieux  I'art  secret  de  la  fable  tragique,  et  la 
disposition  des  diverses  parties  dudrame.  Son  expression,  plus 
elegante,  fut  plus  vraie  et  plus  pure.  Familier  avec  les  anciens, 
il  leur  voua  une  espece  d^  culte,  mais  son  bon  sens  exquis  lui 
apprit  a  s'eloigner  des  imitations  serviles.  Ceux  qui  ont  pre- 
tendu  que  le  theatre  de  Racine  etait  I'iinage  iidele  du  theatre 
grec,  n'ont  jamais  pris  la  peine  de  rapprocher  ces  deux  thea- 
tres, lis  eussent  etc  frappes  des  enormes  differences  qui  existent 
entre  eux  :  lis  eussent  rcconnu  que  Racine,  meme  dans  les 
sujets  le  plus  evidemment  empruntes  aux  Grecs,  a  toujours 
renforce  I'intriguc  ,  etendu  Taction,  elargi  le  cercle  du  drame, 
multipliantles  personnages,  variant  les  caracteres,  appropriant 
tcUement  a  notre  gout  ses  emprunts  les  plus  reels,  que  sa  com- 
position est  devenlie  originalc. 

J'ai  raconte  I'histoire  de  la  tragedie  en  France  ;  et  ce  recit 
repond  suffisamment  aux  criliqucs  pen  instruiis  qui  nous  re- 
fusent  un  theatre  national.  On  vient  de  voir  comment  I'art 
s'est  forme  par  degres;  comment  le" genie  de  nos  poetes,  ins- 
pire par  ce  gout  sage,  cette  haute  raison,  et  surtout  ce  senti- 
mcns  exquis  des  convenances,  qui  caracterisent  la  nation 
francaise,  a  perfcctionne  ses  primitifs  el  grossiers  modeles.  II 
me  reste  a  indiquer  quelques  traits  particuliers,  quelques  ca- 
racteres  distinctifs  de  notre  scene,  qui  la  separent  uon-scide- 
mcnt  dn  theatre  grec ,  mais  de  lous  les  theatres  modernes 
])arce   qu'ils    appariienucnt  specialemeut  au   genie   de   notrt; 


664  LITTERATURE. 

nation.  Sans  parler  de  ramonr,  sentiment  prestjue  elranger 
aiix  pieces  antiques,  et  snr  lequcl  la  plupartdc  nos  pieces  sont 
fondees,  notre  theatre  sera  toujours  rcniarquable  par  I'oliser 
vation  la  plus  severe  el  la  plus  ctroite  dcs  convenances.  Celtc 
observation  est  due  au  tact  tout  particulier  d'un  peuple  qui, 
doue  d'une  rapidite  extreme  de  perception  ,  ne  supporte  rien 
dc  confus  et  d'equivoqiie.  Je  nc  crains  pas  de  dire  que  I'art 
dene  jamais  blesser  les  birnseances,  que  le  respect  du  public 
et  de  la  conscience  du  spcctateur ,  n'ont  ete  portes  nulle  part 
aussi  loin  qu'en  France  :  les  Grecs  eux  -  memes  nc  peuvent  cn- 
trer  sous  ce  rapport  en  coroparaison  avec  nous. 

Un  autre  caractere  de  notre  scene,  et  Ton  observera  que  je 
ne  parle  que  des  chefs-d'oeuvre,  seules  productions  qui  puis- 
scnt  servir  de  base  a  une  discussion,  c'cst  la  juste  proportion 
qui  repne  entre  les  parties  du  dranie.  Nulle  part  encore ,  on 
n'a  su  mieux  seborner,  qu'en  France;  cet  art  difficile  de  nc 
dire  rien  de  trop ,  de  tenir  le  milieu  entre  la  secheresse  et  les 
longueurs,  a  ete  particulierement  connu  de  nos  ecrivains ;  mais 
la  gloire  neleur  en  revient  pas  tout  entiere.  EUe  appartient  a  I'es- 
prit  meme  d'une  nation  vive,  quidevine  aisement,  qui  en  tend  a 
demi-mot,  qui  saisit  en  meme  terns  une  idee  et  toutes  scs  con- 
sequences. Feuilletez  les  drames  etrangers,  ceux  qu'on  nous 
vante  le  plus,  et  dites-nous  s'ils  ont  jamais  rien  offert  qui  ap- 
proche  de  ce  prodigieux  merite. 

Sans  parler  du  genre  admiratif,  cree  par  le  genie  de  Cor- 
neille,  et  qui  est  la  propriete  exclusive  de  notre  litterature, 
on  conviendra  ensuite  que ,  scule  entre  les  theatres  modernes, 
la  scene  francaise  fut  toujours  un  spectacle  de  gens  bien  oleves. 
On  n'y  souffre  que  difficilement  les  vices  bas,  et  les  moeurs 
corrompues  :  c'est  le  fondateur  de  notre  theatre,  c'est  Cor- 
neille  qui  lui  a  donnc  cette  sortc  de  pudeur  a  laquelle  il  est 
reste  fidelc,  et  qui  convenait  particulierement  a  des  spectateurs 
instruits  et  delicals.  Je  sais  qu'au  nombrc  des  perfections  dc 
Shakespeare,  scs  admiraleurs  complcul  cclle  d'etre  a  la  porfee 
des  gens  du  peuple,  el  de  plairc  a  un  partem;  rempli  d'oii- 
yricrs  et  dc  malclDls.  Je  convicns  encore  que  la  tragt^dic  n'ost 


LITTtRATURE.  665 

passpecialcmcnt  dcstinee  aux  savans;  cependant ,  ce  ne  scrait 
pas  saus  quelque  peine  que  I'on  verrait  ce  bel  ait  descendre  aii 
niveau  de  la  populace,  en  puisant  dans  les  tavcrnes  el  dans 
les  cchoppes  ses  scenes  et  ses  tableaux.  En  tout  etat  de  cause, 
on  nous  permettra  de  penser  que  Corncille,  en  mettant  I'ins- 
tiuction  a  cote  du  plaisir,  a  i-endu  h  I'art  le  plus  beau  service 
qu'il  ait  jamais  recu  du  genie. 

L'ordre,  I'observation  des  convenances,  la  juste  mesure  du 
drame,  et  la  dignite  des  tableaux,  forment  done  les  caracteres 
particuliers  de  la  scene  francaise.  Un  dernier  et  puissant  me- 
rite,  c'est  le  respect  le  plus  etroit  pour  la  vraisemblance.  On 
avu,  dans  I'article  precedent,  en  quoi  consiste  la  vraisem- 
blance dramatique.  Ajoulons  qu'entre  la  verite  reelle  et  la  ve- 
ritc;  theatrale  ,  il  existe  une  difference,  ordinairement  mecon- 
nue  des  critiques;  nos  voisins  ont  souvent  prefere  la  verite 
commime  ;  les  poetes  francais,  pins  lideles  au  but  de  I'art,  n'ont 
admis  que  la  verite  theatrale.  lis  ont  donne  de  I'ideal  aux  li- 
gures  ;  ils  ont  clioisi  leurs  tableaux.  Pour  revenir  a  la  vraisem- 
blance, aucune  nation  n'a  mieux  compris  que  la  France  la, 
necessite  de  proportionner  le  tableau  au  cadre  ,  et  de  n'intro- 
duire  sur  la  scene  que  ce  qu'elle  pent  contenir.  Le  theatre 
francais  n'admet  point  cettc  muUiplicitc  de  personnages  qui 
nous  choquc  dans  les  pieces  anglaises ;  il  ne  souffre  guerc 
rintroduction  de  roles  parasites  ;  il  ne  veut  point  que  des  per- 
sonnages incocnus  soient  jetes  a  I'improviste  dans  les  dernicrs 
actes  d'une  piece.  II  ne  tolere  pas  I'emploi  des  machines,  des 
effets  de  decoration,  distinguant  la  tragedie  de  I'opera,  et  per- 
suade que  de  beaux  vers  de  situation  ct  un  recit  eloquent  va- 
lent  mieux  que  toutes  les  combinaisons  du  machiniste. 

Le  bon  sens  de  la  nation  francaise  n'cciate  pas  moins  dans 
le  style  que  dans  la  combinaison  de  la  fable.  C'est  en  France 
surtout  que  Ton  conserve  precicusement  cet  axiome  :  le  style 
fait  vivre  les  oeuvres  du  genie;  et  que  Ion  fait  pcu  de  cas  du 
drame  !e  mieux  combine ,  s'il  est  mal  ecrit.  Quelques  personnes 
accusent  encore  la  langue  francaise  de  pauvrele  el  d'inconi- 
patibililc  avec  la  poesie.  Ccs  reproclics  ,  si  souvent  repctes., 


G66  LITT£RA.TLRE. 

n'ont  auciin  fondcniont;  disons  plus.  II  est  picsque  sans  exem- 
ple  qu'aucunc  lani,'ne  aitete  I'objet  d'aiUant  d'etiides,  air  snhi 
aiUant  d'experiences  que  la  lang;;e  fraiicaise.  Depuis  qu't-Ue 
est  sortie  do  rcn/aiice,  iin  corps  litterairc,  compose  en  parlie 
dcs  illustrations  de  chaque  epoque,  a  etc  commis  a  sa  garde. 
Des  grammairiens  habiles  I'ont  decomposee  ct  analysee  avcc 
soin;  des  criti(]ues  nombreux  ont  examine  son  genie  particii- 
lier  j  des  grands  ecrivains  I'ont  sanctionnee  par  lears  chefs- 
d'oeuvre.  La  langue  francaise  s'est  pliee  si  tous  les  tons,  a  tons 
les  styles:  si  quelques  auteurs  I'ont  trouvee  trop  methodique, 
d'une  allure  trop  simple,  ils  ont  oublie  que,  creee  pour  les 
Francais,  elle  devait  porlcr  I'cmpreinte  dc  I'esprit  national,  et 
repondre  a  I'inipaticnce  des  lecteurs,  par  la  clarte  et  la  rapidite 
naturelle  de  sa  marche. 

Lc  style  dramatique  n'a  pas  cte  moins  etudie  en  France  que 
tous  les  autres  styles,  et  le  genie  a  bientot  demele  son  vrai 
caractere.  Elegance,  noblesse  et  simplicite,  tels  ont  du  etreses 
divers  merites.  Des  speclateurs,  cnnemis  des  sentimens  faux, 
autantquc  des  idecs  vulgaires,  n'auraient  supporte  ni  un  style 
qui  se  fut  perdu  dans  les  nues,  ni  un  style  bas  et  rampant.  II 
a  fallu  prendre  le  milieu;  et  ce  que  Corneille  avait  admirable- 
menl  rencontre  dans  quelques  scenes,  devint,  avec  plus  d'ele- 
gance,  la  maniere  habituelle  de  Racine:  auteur  admirable  qui 
sut  toujours  proportionner  I'exprcssion  a  la  pensee;  portant 
la  sagesse/ la  plus  exqcise  dans  scs  hardiesses  les  plus  eton- 
nantes;  n'oubliant  jamais,  dans  ses  plus  beaux  developpemens 
poetiques,  qu'il  fait  parler  des  personnages,  et  que  son  pre- 
mier devoir  est  d'etre  naturel.  Jamais  ecrivain  ne  connut  mieux 
la  puissance  d'un  mot  mis  a  sa  place;  jamais  ecrivain  ne  comprit 
mieux  le  secret  de  la  simplicite  noble,  I'alliance  de  la  poesie 
et  de  la  verite. 

En  exposant  I'hisloire  et  les  principaux  merites  de  la  tra- 
gedie  francaise,  il  a  ete  loin  de  notre  pensee  de  preteudre 
quelle  soit  exempte  dc  defauts.  La  perfection  n'est  point  I'apa- 
nage  du  genie  de  rhomme.  Mais  ces  defauts ,  si  ameremefit 
reproches  au  theatre  frai.^ais,   sont  ceux  nieme  de  la  nation. 


LITTERATURE.  667 

II  ne  fant  pas  s'etonner  si  iine  scene  faite  pour  nous  poitenotre 
empreinte  fidele.  Le  drame  francais  etant  rcgulier  par  excel- 
lence, on  i'a  accuse  de  froidciir.  Renferme  par  I'observalion 
des  trois  unites  dans  les  bornes  d'une  exacte  vraisemblance, 
on  I'a  denonce  comme  faible,  commc  resserre  dans  des  pro- 
portions mesquines.  N'admettant  ni  le  faux  ni  I'exagere,  on  I'a 
prespnte  comine  allant  terre  a  teire,  comine  nianquant  d'ima- 
gination,  dc  genie.  Enfin,  conime  il  repousse  le  mysticisnie , 
les  sentimens  quintessencies,  le  spiritualisme  religieux,  on  a 
pretendu  que,  toujours  positif,  il  manquait  de  poesie  e't  d'ins- 
piration.  Ces  reproches,  fondes  ou  non  ,  il  faut  les  adresserau 
caracteie  francais,  plus  spirituel  qtie  passionne ,  preferant a 
tout  la  verite  et  I'ordre,  et  ne  sachant  pas  s'emouvoir,  si  sa 
raison  n'est  salisfaite.  Les  Francais  ne  sont  ni  mystiques ,  ni 
enthousiastes  religieux;  avant  de  corriger  leur  tragedie ,  il  fau- 
drait  commencer  par  changer  leur  nature. 

Mais,  on  reproche  a  quelques  tragedies  francaises  des  de- 
fauts  qui  tiennent  aux  epoques;  on  reproche  a  Corneille  des 
raisonnemens  alambiques,  a  Racine  une  galanterie  fade,  trop 
de  faiblesse  pom- les  moeurs  de  son  siecle,  et  a  Voltaire  I'abus 
des  sentences  philosophi(]ues.  En  convenant  que  ces  reproches 
sont  a  quelques  egards  fondes,  je  demanderai  qu'on  me  cite 
un  seul  ecrivain  qui  n'ait  pas  sacrifi'e  a  son  siecle?  Le  geant  de 
la  tragedie  anglaise,  Shakespeare  n'a-t-il  pas  subslitue  aux  in- 
trigues electorales  des  Romains  les  manoeuvres  de  la  cite  de 
Londres  ?  Le  mysticisme  qui  regne  dans  les  pieces  des  auteurs 
actuels  de  I'Allemagne,  n'est-il  pas  plutot  le  caraetere  de  I'e- 
poque,  que  celui  des  terns  dont  elles  reproduisent  I'image?  Dans 
tons  les  pays,  dans  tous  les  terns,  les  ecrivains  ont  sacrifie  et 
sacrifieront  a  leur  siecle,  parce  que  le  genie  a  besoin  de  parcoii- 
rir  une  route  semee  de  succes;  I'accnsation  dirigec  contre  notre 
theatre  atteint  tous  les  theatres  et  toutcs  les  litteratures. 

On  I'a  dit :  la  perfection  n'appariient  point  a  Thiimanite,  et 
notre  scene  cut  dans  tous  les  tenis  des  defauts  que  les  ages 
suivans  out  signales  et  qu'ils  ont  taclie  d'cviter.  Ainsi,  les  har- 
diesses  judicieuses  de  Voltaire  ont  elargi  le  cercle  de  I'art, 


668  LITTliRATlJllE. 

ttop  restrciut,  tlans  I'aijc  precedent ,  par  louservation  iij|,oii- 
reuse  ties  trois  unites.  Le  niome  eerivain  a  foi  lifle  le  double 
ressort  de  la  tcrreui  ot  de  la  pitie ,  affaiblis  par  les  succcsscurs 
dc  Racine;  il  a  donne  phis  de  vcrite  au  costunu',  ct  dc  dcve- 
loppenicns  aiix  passions.  On  avait  cpuisc  Ics  snjets  j^rccs  it 
romains;  des  poctes  dramatiqiics  ont  choisi  dcs  snjets  mo- 
dernes,  prouvant  que  nittre  Melpomene  n'etait  ennemic  d'an- 
cun  snjet,  ct  ne  s'etait  fcrme  aucnne  des  sources  do  rinterut. 
Enrichi  de  nouvelles  conqnetes,  notre  theatre  s'est  approprie 
successivement  toutes  les  beautes  el  range  res;  ue  les  modclanl 
pas,  comme  on  affecto  de  le  repeter,  sur  un  type  uniforme, 
mais  les  soumettant  au  goiit  particuiier  de  la  nation  (Vancaise. 
Le  cercle  de  ces  conqnetes  pent  s'etendrc  encore.  A  Dieune 
plaise  qu'une  admiration  intolerantc  pour  nos  grands  hommes 
nous  fasse  rcgarder  la  source  des  succes  comme  desormais  tarie ! 
raalheur  a  qui  prctendrait  assigner  une  borne  aux  efforts  du  ge- 
nie! nous  irons  plus  loin;  ehaque  siecle,  ayant  scs  idees,  ses 
moeurs,  sa  direction  particnlierc,  ouvre  des  routes  nouvelles 
aux  grands  ecrivains ,  et  I'art  dramatique  jicut  se  rajeunir , 
se  renouvcler  avec  les  generations.  La  galantoric  qui  donii- 
nait  le  siecle  de  Racine,  et  a  rintlneiicedelaquellcil  no  putscsous- 
traii-e ,  ne  serait  plus  un  moycn  de  succes ;  I'esprit  philosophique 
du  dix-huitieme  siecle  a  subi  de  notables  modifications,  depuis 
notre  memorable  revolution.  Les  formes  sentencieuscs  dc  Vol- 
taire auraient  aiijourd'hui  quclque  chose  de  suranne.  Mais,  dc 
ces  maximesisoIees,nousavons  passe  a  I'application;  nos  idees 
sont  devenues  plus  mures  et  plus  eclairees.  L'art  dramatique 
pent  trouver  une  nouvelle  source  d'instruction  et  d'effets  dans 
nos  habitudes  recentes,  dans  cetle  vie  nouvelle  qui  anime  la 
societe.  Aux  intrigues  des  cours,  il  pent  snbstituer  les  grands 
niouvemens  des  peu|ilcs;  aux  scenes  amoureuscs,  il  pent  faitx' 
succedcr  les  passions  populaircs,  les  guerres  intestines,  lo  ta 
bleau  des  discordes  publiques.  La  libcrte  peut  devenir  la  muse 
dramntiqne  dudix-nouvieme  siecle. 

Mais,  si  nosniocurs  ont  change,  si  dc  nouveaux  inli'iets,  des 
pcnsces  plus  utiles  s'emparcntde  noire  inleiligence.  le  gout  tic 


liiti!:rature.  GG9 

la  nation ,  sou  bon  sens,  n'ont  siibi  aucunc  alteration.  La  mode  , 
la  noiivcautc,  out  pii  S(Jcluire  qiielqnes  osprits  biases;  on  a  pu 
eprouvcr  un  niomeut  do  sniprise  ai^reable,  a  la  Icctiue  do  ces 
drames  monslrueux,  dans  lesquels  le  genie  allemand  se  livie  a 
tons  les  ecarts,  et  risque  toutcs  les  folies;  mais  la  masse  eclairee 
de  la  nation  est  restee  etraugere  a  ces  aberrations  dignes  de 
I'enfaucede  i'art.  En  permettantanxecrivainsde  puisera  toutes 
les  sources,  et  d'ouvrirdes  routes  nouvelles,  la  generation  pre- 
sente  leur  commande  de  respecter  les  lois  de  la  raison  ,  celles 
de  la  vraisemblance,  et  siirlout  ces  bienseances  dramatiques, 
sans  lesquelles  I'art  perd  sa  dignite,  et  renonce  a  ses  plus  no- 
bles nioyens  de  succes.  L.  Thiesse. 
(  La  suite  cm  prochain  cahier). 


Chansons  de  P. -J.  de  Berangeii  (i). 

second  et  dernier  article. 

(Voy.  Rev.  Enc,  t.  xxx ,  pag.  38 1 -385.) 

Le  legislatcur  du  Parnasse  francais  ,  Boileau,  a  dit ,  en 
parlant  de  la  poesje  lyrique  : 

Son  style  impetiieux  souvent  marche  ati  ha  sard ; 
Chez  elle  uu  be<iu  desordre  est  uii  ef/et  de  Van. 

J'en  demande  bien  pardon  a  Boileau ;  mais  je  ne  puis  ctre  de 
son  avissur  ce point.  Jenecomprcnds  en aucune  facon  comment 
un  desoidrc  pent  etre  beau ;  et,  loin  de  voir  dans  le  desordre 
un  ej/et  de  I'art,  je  n'y  vois  qu'un  effet  de  I'impuissance  de 
I'arliste.  L'ordre  n'est  pas  moins  necessaire  dans  ime  ode  que 
dans  imehistoire,  on  dans  un  discours;  seulement,  cet  ordre 

(i)Paris,  iSaS;  Baudouin  freres.  a  v.in-8";  prIx,  8  fr.' — Lesniemes 
libraiies  viennent  de  publier  una  jolie  edition  des  Chansons  de  Beran- 
geren  4  vol.  in-Sa  ,  qne  la  modicit^  du  prix  (6o  c.  cliaque  volume  ), 
I'elegance  de  rinipression  et  la  commodite  du  format  feront  reclier- 
cher  par  les  nombreux  amis  du  poete  national. 


G70  LITTER  ATURK. 

se  laissc  nioins  ap^'icevoir;  on  pliilot,  c'cst  un  ordr«;  d'unt- 
autre  nature.  Le  but  du  poeto  lyrique  n'est  pas  le  meme  que 
lo  but  do  lorateur  ou  del'liisiorien;  leursmoyens  doivent  done 
ctrc  dilfcrcns.  L'un  ne  veut  qu'eclaircr  rosi)rit;  I'autre  veut 
frapper  riniaginaliou  et  toucher  le  eccui- :  run  suivra  done, 
dans  le  developpenient  d'un  sujet,  la  marche  rationnelle  des 
ideas;  I'autre  suivra  Tordrc  des  ini])ressions  que  le  sujet  aura 
fait  naitre  dans  son  anie.  L'un  choisit  la  route  la  plus  directe  ; 
I'autre,  cellequi  prcseute  a  la  vne  les  plus  beaux  aspects.  Tous 
deux,  ccpendant,  obeissent  a  des  lois  creees  par  la  nature  et 
revelees  par  le  gout:  tous  deux  se  conduiscut  d'apres  line  lo- 
gique  egalement  sure  :  seiilement,  chez  le  premier  ,  c'est  la  lo- 
gique  de  I'intelligence;  clicz  le  second,  c'est  la  logique  du 
sentiment  et  de  I'imagination. 

Transporter  au  milieu  d'lme  belle  campagne  un  peintre,  un 
izeometre  ,  lous  deux  egalement  habiles  dans  leur  art.  Leurs 
procedes  seront-ils  semblables  ?  Non ,  sans  doute.  L'un  des  deux 
agira-t-il  done  au  hasard?  pas  davantage.  Chacun  procedera 
suivantles  lois  de  son  art:  tous  deux  serontdiversement  fuleles 
a  la  raison  et  a  la  ^erite.  Celni-ci  niesurera  methadiquenient 
les  dimensions,  nivelera  les  surfaces,  calculera  les  distances; 
vous  aurez  un  plan  rempli  d'exactitude  et  de  clarte  :  celui  -  la 
clioisira  le  point  de  vue  le  plus  frappant ,  rassemblcra  les  ae- 
cidens  les  plus  pittoresques,  opposera  heureusenient  I'ombre 
et  la  Inmicre;  vous  aurez  un  brillant  tableau  de  paysage.  Voila 
le  poete,  et  voila  le  prosateur. 

Chcrchons,  dans  les  ouvrages  de  M.  Beranger ,  quelques 
exemples  de  cette  maniere  de  composer  qui  distingue  le  poete, 
ctnous  reconnaitions  que,  si  la  marche  en  est  plus  hardie,  plus 
rapide,  plus  originalc  quecelle  d'un  ouvrage  purement  didac- 
tique,clle  est  loin  pourtant  d'etre  livree«w  hasard. 

Le  poete  veut  nous  montrer  le  fleau  de  la  barbaric  pret  a 
s'elancer  des  glacesduNord  sur  I'Europecivilisee.  S'il  ne  vou- 
lait  qn'indiquer  a  notre  raison  le  danger  qui  nous  menace,  il 
nous  peiudrait  le  midi  de  I'Europe,  affaibli  par  ses  discordes 
intestines;  Us  chefs  ties  nations,  uniquement  occupes  de  re- 


LITTERATURE.  671 

primer  chcz  les  pcnples  rfs|>rit  de  libertt",  inscnsibles  aiix 
perils  plus  reels  qui  nieiiacenl  a  la  fois  les  peiiples  et  les  rois; 
11  nous  presenterait ,  en  regard,  Ic  geant  du  Nord,  grandis- 
sanl.dc  jour  en  jour,  etendant  deja  sur  !e  Midi  son  bias  redou- 
table  :  il  exhorterait  les  nations  el  les  monarques  a  deposer 
leurs  vieilles  qnerelles,  a  s'linir  pour  conjurer  la  ruine  com- 
mune :  telle  est  la  marche  que  le  simple  apercu  du  sujet  peut 
suggerer  a  tout  le  monde.  Eile  est  irreprochable  aux  yeux  de 
la  raison;  niais  vous  n'y  rcconnaissez  point  la  main  du  poete. 
L'aiiteur  eiit-il  mcme  execute  uu  tel  plan  en  beaux  \  crs,il  n'au- 
rait  fait  encore  qu'une  ceuvre  de  prosateur.  Voulez-vous  main- 
nant  connaitre  comment  s'y  prend  un  poete?  Ecoutez  ces 
acccns  sauvages;  c'est  le  chant  du  Baibare,  qui,  des  bords  du 
Tana'is,  menace  cette  Europe,  qu'il  regarde  deja  comme  sa 
proie,  devore  en  esperance  nos  lichesses  et  les  fruits  de  notre 
industrie,  et,  s'enivrant  dtja  de  sang  et  de  carnage,  excite 
son  coiirsier,  feroce  comme  lui,  a  fouler  aux  pieds  les  lois, 
les  arts  et  la  civilisation  europeenne.  C'est  ainsi  qu'il  vous 
frappe  de  terreur ,  qu'il  vous  met  en  face  du  danger,  et  qu'il 
vous  force  a  le  contenipler  dans  tout  ce  qu'il  a  d'horrible. 

Meme  artifice  dans  Psara,  ou  le  Chant  de  vtctotre  des  Otto- 
mans. Ce  sont  des  hurlemens  de  fureur,  c'est  la  sanguinaire 
exultation  des  exterminaleurs  de  Chios  el  de  Psara,  rcproduils 
avec  la  plus  effrayante  energie.  Quel  dedain  dans  ce  refrain 
desBarbares,  que  rauteiir  nous  a  fait  entendre  six  fois  : 

Les  rois  chretieiis  nc  la  vengeront  pas! 

C'est  le  reproche  le  plus  terrible  peut-etre  qu'ait  fait  relenlir 
aToreilledes  puissans  de  la  terre  rhumanit*;  outragec. 

Mais  la  scene  a  change  :  nous  voici  dans  un  riant  paysage. 
Des  groupes  de  jeunes  garcons  et  de  jeunes  filies  folatrent  sui- 
le  gazon  avec  la  securite  de  I'innocence  :  tranquilles  sur  la  foi 
d'nn  ciel  pur,  i!s  dansent  gaiement  aux  chansons.  Cependant, 
dans  le  lointain ,  vous  entrevoyez  I'orage  qui  se  forme  et  les 
eclairs  qui  commcncent  a  sillnnner  la  nue.  Rien  de  plus  gra- 


672  MTTTfiRATDRE. 

cieux,  lion  ilo  plus  loucliant  que  cette  scene  allegoiiquc:  c'ost 

iin  tableau  du  Guide  on  de  I'Albane. 

Qiiclqncfois,  une  opposition  hafjilenient  amcnce  vient  ajou- 
ter  a  reffetde  la  composition.  Promenons-nous  un  instant  dans 
cette  campagnc,  eclairce  par  un  soleil  pnr  ct  doux  :  la,  desvil- 
lageois,  heureux  dans  leur  pauvrete,  dansent  au  son  dc  la 
musette.  Regardez  un  pen  plus  loin  :  quel  est  cc  pale  fantome 
qui  apparait  entreces  barrcaux,au  milieu  de  cent  ballebardcs  ? 
C'estle  vieux  tyran  de  Plessis  -  les  -  Tours,  qui  s'avance,  le 
chagrin  sur  le  front,  le  soupcon  et  I'effroi  dans  le  coeur.  II 
vient  essayer  de  sourire  aux  cbals  des  joyeux  paysans  :  mais 
leur  gaite  le  desespere  ;  ilfidt  avec  sonfavori.  Cette  peinture, 
cc  contraste,  ne  rappellent-ils  pas  le  fameux  tableau  du  Pou- 
sin,  avec  plusde  profondeur  encore  dans  la  pensee  et  une  plus 
haute  moralite  dans  la  le9on  ? 

Dans  Octane ,  M.  Beranger  a  fait  du  contraste  un  usage  ega- 
lenicntheureux.  Dejeunes  Romains,le  front  couronne  de  fleurs, 
chanteiit  leurs  plaisirs  et  appellenta  d'innocentes  voluptes  la 
])eaute  que  I'ambition  condamneasubir  les  caresses  de  Tibere. 
Dans  cette  piece,  M.  Beranger  a  su  entremeler  I'energie  de 
Juvenal  a  la  grace  d'Anacreon. 

C'etait  encore  up  sujet  eminemment  dramatique  que  celui 
du  Cinq  Mai.  Un  guerrier,  dont  la  main  puissante  ebranla  le 
monde,  expire  abandonne  sur  un  roc,  a  cinq  mille  lieues  de 
son  pays,  de  son  epouse  ct  de  son  fils.  Quoi  de  plus  touchant, 
quoi  dc  plus  profondenient  moral  que  cette  opposition  entre 
ce  qu'orit  de  plus  cblouissant  la  prosperite  et  le  genie,  et  cc 
que  I'adversite  a  de  plus  amer  !  L'ecueil  d'un  pared  sujet  etait 
la  declamation  ct  Tabus  des  lieux  communs.  Mais  ce  n'est  pas 
avec  M.  Beranger  qu'un  tel  abus  est  a  craindre.  Voici  le  drame 
qu'il  a  concu. 

Aprcs  la  double  invasion  denotre  territoire,  un  soldatfran- 
^ais  s'est  exile  dans  I'lnde.  Cinq  aus  ecoules,  il  cede  au  bcsoin 
de  revoir  son  pays.  II  monle  sur  un  navire  espagnol  et  reprend 
le  chemin  de  I'Europe.  Pendant  la  traversee,  il  sourit  d'a- 
vance  a  la  patrie  qu'il  va  revoir,  a  la  famille  qu'il  va  relrou-' 


LITTERATURE.  673 

ver,  an  tils  bien-aime  dont  la  main  fermera  ses  yeux.  Cepen- 
dant,  le  pilote  a  nomooe  Sainte-Helene  :  un  drapeau  noir  est 
suf  la  live.i.  A  cette  vue,  les  yeux  du  vieux  guerrier  se  rem- 
plissent  de  larmes,  et  d'une  voix  eteinte ,  il  repete  encore  ce 
refrain,  qui  renferme  le  siijet  tout  entier  : 

Pauvre  soldat,  je  reverrai  la  France  ; 
La  main  d'un  fils  me  fermera  les  yeux... 

Get  art  de  faire  ressortir  ,  sans  paraitre  y  songer,  et  par  la 
seule  maniere  de  disposer  son  tableau,  la  pensee  dominante 
d'un  sujet,  est  I'un  des  secrets  du  talent :  les  exemples  en  sont 
nombreux  chez  M.  Beranger. 

Si  les  bornes  de  cet  article  nouslepermettaient,  nous  nous 
ferions  un  grand  plaisir  d'analyser  aussi  quelques-unes  de  ses 
chansons  satyriques.  Ce  genre,  on  le  sait,  est  un  de  ceux 
dans  lesquels  excelle  notre  auteur.  Toutes  sont  etincelantes 
d'csprit  et  de  gaite;  plusieurs  sont  des  raodeles  de  composition 
poetique. 

On  peutreconnaxtre,  d'apres  tout  ce  que  nous  venonsdedire, 
que  parmi  les  qualites  qui  distinguent  le  talent  de  M.  Beran- 
ger, on  doit  surtout  compter  laraison  qui  preside  a  ses  con- 
ceptions lyriques  :  non  cette  raison  froide  et  methodique,  qui 
marclie  u  pas  comptes  et  ne  s'ecarte  jamais  de  la  ligne  droite  ; 
mais  cette  raison  creatrice  et  feconde  qui  discerne  le  vrai  et  le 
faux ,  qui  devine  les  convenances,  presse  les  effets,  dispose 
les  moyens,  et  revelc  secretement  an  talent  qu'elle  inspire  les 
formes  les  plus  heureuses  dont  sa  pensee  puisse  se  revetir. 
C'est  un  grand  exemple  offert  a  quelques-uns  de  nos  jeunes 
ecrivains  ,  qui,  sur  la  foi  du  vers  de  Boileau  ,  se  croient  trop 
souvent  dispenses  d'avoir  le  sens  commun  en  poesie,  et  sem- 
blent  chercher  le  desordre  avec  autant  de  soin  qu'il  en  faudrait 
raettre  a  I'eviter. 

II  nous  reste  a  parler  du  style  de  M.  Beranger.  Ce  n'est  pas 

la  partie  la  moins  brillante  de  ses  ouvrages.  On  y  trouve  reu- 

nis  la  correction  et  la  verve,  le  gout  et  I'imagination  ,  la  vi- 

gueur  et  la  grace;  point  de  maniere,  point  de  vague,  pOint  de 

T.  XXXI. — Septcmhre  i8a6.  43 


674  LITTI?RATURE. 

faux  brillans;  partout  une  expression  franche  ,  ferme,  heureu- 
sement  figuree.  A  ces  qualitos,  deja  si  rares,  M.  Beranger  joint 
line  qiialite  plus  rare  encore;  11  sail  varicr  son  style :  U  sait 
prendre  tous  les  tons ,  dcpiiis  la  gaite  bouffonnc  et  maligne  du 
Marquis  cle  Carabas  ou  de  la  Marquise  dc  Prctintaille ,  jns- 
qu'a  I'elevation  majcstueusc  des  Enfansdc  la  France  cX.  de  quel- 
ques  strophes  du  Dieu  des  bonnes  gens;  depuis  la  mollesse 
anacreontique  de  la  Bonne  Vieille  ^  de  VOrage ,  des  Deux 
Soeurs  de  charite,  jusqu'a  lapre  et  severe  cnergie  de  Psara  et 
du  Chant  du  Cosaque. 

C'est  surtoul  en  parlant  de  la  tyrannic  que  M.  Beranger  a 
porte  an  plus  haut  degre  leioquence  de  I'mdignalion.  On 
pourrait  dire  de  lui,  comme  de  Tacite  :  Quand  il peint  les  ty- 
rans ,  ils  sont  deja  punis.  Dans  Octavie ,  le  poetesemble  avoir 
emprunte  le  pinceau  de  Juvenal  pour  peindre  les  amovirs  lion- 
teux  de  Tibere.  Tout  ee  que  le  degout,  le  mepris  et  Tindigna- 
tion  reunis  peuvent  inspircr  d'amer  et  de  sanglant,  se  trouve 
dans  ses  vers  qui  paraissent  une  vengeance  terrible  dc  la  pos- 
terife. 

Au  milieu  de  nos  sinceres  eloges,  la  critique  ne  doit  pas 
perdre  ses  droits.  Nous  nereprocherons  point  a  M.  Beranger 
quelquesinadvertances  de  prosodie  eparses  dans  deux  volumes 
de  vers  excellens.  C'est  a  lui,  mieux  qu'a  nous,  dejuger,  par 
exemple,  s'il  n'y  a  pas  une  syllabe  de  trop  dans  ce  vers  : 

Aniions  soudain  deux  millions  de  soldats. 

II  y  aurait  de  l.i  pedantcrie  a  insister  sur  des  negligences  si  le- 
geres  et  si  faciles  a  faire  disparaitre.  Mais  nous  adresserons  a 
notre  poete  un  reproche  plus  grave.  La  clarte  est  le  premier 
merite  d'un  ouvrage  de  poesie,  et  siu'tout  de  poesie  lyriqiie ; 
et  le  style  de  M.  Beranger  manque  parfois  de  clarte.  A  force 
de  chercher  la  precision,  il  lui  arrive  dc  toniber  dans  I'obscu- 
rite  :  ses  vers,  si  fermes,  si  brillans  ,  ne  sont  pas  toujours 
exempts  de  quelque  contrainlc.  Ici,  c'est  une  metaphore  qui 
n'est  point  preparee,  et  qui  deconcerte  I'esprit  au  lieu  dele 
frapper  : 


J 


LITTfiRATURE.  675 

Si  le  Dieu  qui  vous  aime 
A  voulu  nous  punir, 
Pour  V0U5  sa  main  resseme 
Les  champs  de  Vavenir... 

La,c'estune  allusion  que  I'mtelligence  ne  pent  saisir,  sans 
un  retour  de  reflexion  : 

Trahi  deux  fois,  ce  grand  homme  a  su  vivre  : 
Mais  quels  serpens  enveloppent  ses  pas? 
De  tout  laurier  un  poison  est  Vessence. 

Ailleurs ,  c'est  une  pensee  qui ,  faute  de  developpement , 
semble  manquer  de  justesse: 

Vierges,  I'outrage  ajoute  a  vos  appas... 

Peut-etre,  SOUS  ce  rapport,  reste-t-il  un  progres  a  faire  h 
M.  Beranger.  Quel  que  soit,  au  reste,  le  merite  de  nos  observa- 
tions critiques ,  son  talent  n'en  reste  pas  moins  en  premiere 
ligne  parmi  les  talens  de  notre  epoquc.  Nous  dirons  plus :  nous 
pensonsqu'il  a,  surses  contemporains  les  plus  distingucs ,  I'a- 
yantage  de  posseder  un  talent  complet.  Plusieurs  de  nos  jeunes 
poetes  offrent  des  parties  aussi  brillantes;  mais  cet  ensemble 
de  qualites  diverses,  qui  seul  donne  aux  ouvrages  toute  leur 
perfection,  cet  accord  si  rare  de  Yinvention  qui  cree  ,  du  juge- 
ment  qui  choisit  et  dispose ,  de  V imagination  qui  colore,  et  du 
g^OMf  qui  epure  et  assortit  les  couleurs,  voila  ce  qui  leur  reste 
encore  a  acquerir;  voila  ce  que  nous  trouvons  chez  M.  Be- 
ranger. 

Berville. 


Til.  BULLETIN  BIBLIOGKAPHIQUE. 

LIVRES  ETRANGERS(i). 


AMERIQUE  SEPTENTRIONALE. 
ETATS-UNIS. 

247.  —  *  Sampson's  discourse,  and  correspondence  with 
various  learned  jurists,  etc. — Discours  de  Sampson  ,  et  corres- 
pondance  de  ce  jurisconsulte  avec  plusieurs  autres  savans,  au 
sujet  de  I'blstoire  des  lois  ;  essais,  traites  et  documens  sur  la 
meine  maliere,  recueillis  par  Pishey  Thompson.  Washington, 
1825.  In-8"  de  202  p. 

Ce  fut  en  1 823  que  M.  Sampson  prononca,  dans  une  seance  de 
la  Soclcte  liistorique  de  New-York,  le  discours  ini])rime  dans 
ce  recueil.  L'edileur  y  a  reuni  plusieurs  ocrits  relatifs  au  meme 
objet,  mais  entre  lesquels  II  n'existe  ])oint  d'autre  liaison  que 
celle  qui  pent  resulter  de  cetic  conforniite  dans  les  matieres 
'qu'ils  traitent.  Le  livre  est  dedle  aux  deux  chambres  du  19® 
congres,  cbargees,  dit  I'editenr,  de  defendre  les  interets , 
d'augmentcr  le  bien-etre  ,  de  pourvoir  aux  besoins  ,  de  remplir 
les  vosux  de  tout  le  peuple  de  I' Union.  Heiireux  le  pays  oil  les 
jurisconsultes  sont  cclaires  par  la  vraie  pliilosophie,  guides 
dans  leiirs  recherches  par  la  connnlssance  de  riiomme,  le  res- 
pect de  ses  droits,  le  dosir  de  !e  rendre  lieureux  sous  des  lois 
dignes  de  ce  nom !  C'est  aux  Elats-Unis  que  la  reforrae  des 
codes  eprouveralt  le  inoins  d'obstatles,  et  serait  plus  pres  de 
la  perfection ;  rien  n'cmpecherait  que  Ton  y  appliquat  toutes 
les  verites  connues.  Cepcndant,  ce  rie  sera  peut-etre  pasl'etat 
republicain  qui  prendra  I'iniliative  de  ce  grand  acte  de  raison; 
I'Angleterre  serable  disposee  a  le  devancer.  En  Amerique,  on 
ne  connait  encore  que  deux  Etats  dont  les  gouverneurs  aicnt 
propose  a  la  legislature  de  proceder  a  la  redaction  d'un  nou- 
veau  code  ;  et  jusqu'a  present,  on  ignore  si  cette  proposition 


(i)  Nous  iudiquons  par  un  asterisquc  (*)  ,  jilaoc  a  c6te  du  litre  de  cliaque 
onVTage,  ceux  des  livres  ctrangers  ou  francais  qui  paraitrout  digues  d'lioe  atten- 
tion particuliere  ,  et  nons  en  rendrons  quclqiiefois  compte  daus  la  section  des 
Analyses. 


I 


LivREs  Strangers.— ETATS-UNis.        677 

est  adoptee.  L'Angleterre  et  TAinerique  Iravaillent  en  ce  mo- 
ment pour  I'instruction  des  juiisconsultes  de  tons  les  pays ;  c'est 
dans  CCS  deux  contrees  que  la  science  fait  des  progres  reels,  et 
les  ouvrages  tels  que  celui  que  M.  Thompson  a  public,  s'ils  ne 
peuvent  conlribuer  beaucoup  a  ces  progres  hors  du  pays  ou  i!s 
furenl  ecrits ,  rOpandront  neaiimoins  quelques  luniieres  jusques 
dans  les  lieux  les  moins  disposes  a  se  laisser  cciaircr.      F. 

Ouvrages  periodiques. 

248.  — *  The  North  American  Rewiew ,  etc.  —  Revoe  Nord- 
Americaine,  n"  52.  Boston,  1826.  In-8°. 

Ce  cahier  de  la  Revue  Nord-Americaine  \ient  au  secours  de 
la  Revue  Encyclopediqne ,  et  trace  un  de  ces  tableaux  dont  nous 
nous  attachons  a  former  une  collection.  On  y  voil  avec  le  plus 
grand  interet  ce  que  les  Iravaux  des  savans  aniericains  ont 
ajoule  aux  sciences  naturelles.A  la  seance  du  mois  de  fevrier 
1826,  M.  James  Deray  en  a  fait  le  resume,  avec  beaucoup 
d'ordre  et  de  clarte  :  nous  mettrons  ce  resume  sous  les  yeux  de 
nos  lecteurs,  avec  des  observations  sur  les  travaux  correspoh- 
dans  de  nos  savans  eiiropeens.  Mais ,  nous  lisons ,  dans  le  meme 
article  de  la  Revue  Nord-Americaine,  quelques  particularites 
sur  la  situation  biblio^raphique  des  Elats-Unis ,  qui  meritent 
aussi  notre  attention.  ..  Un  des  grands  obstacles  au  progres  des 
sciences  dans  ce  pays,  c'est  qu'on  y  manque  de  livres,  de  ca- 
binets, et  en  general  de  moyens  matcriels  d'instruction.  New- 
York  ,  dont  la  population  est  de  170,000  habitans,  a  10 
bibhotheques  publlques  ou  I'on  couiple  4/',, 000  volumes;  pour 
line  population  de  70,000  habitans,  Baltimore  posscde  4  biblio- 
Iheques  et  3o,ooo  volumes;  Philadelphie  offre  a  ses  160,000 
citoyens  ly  bibliolheques  et  60,000  volumes;  Boston  en  a  i3 
et  55,000  volumes,  pour  60,000  habitans...  Mais  on  s'empresse 
de  loutes  parts  de  completer  les  moyens  d'instruction;  les 
bibliotheqiies  de  Boston  vont  recevoir  des  augmentations  con- 
siderables; les  collections  mineralogiques  s'aceroissent  egale- 
ment;  un  cabinet  d'anatomie  comjiaree  va  s'elever  a  portee 
des  autres  etablisserncns  j)our  les  sciences.  Parmi  les  institu- 
tions qui  les  propageront  avec  le  plus  de  succes,  VAlhenee  de 
cette  villa  est  sans  contredit  au  premier  rang.  Lorsque  ses 
administraleurs  auront  termine  I'execulion  des  j)rojels  ancles 
par  le  conseii,  la  bibliolheque  de  cet  etablisseinent  sera  la 
plus  riche  qu'il  y  ait  en  Amerique.  »  Une  seule  famiUe  ( celle  de 
MM.  Perkins  )  a  contribuc  de  36,ooo  dollars  (  180,000  fr.), 
pour  doter  celte  institution,  et  la  pourvoir  do  lout  ce  qui  pcut 


678  LivRES  Strangers. 

assurer  le  succes  de  I'enseignement.  Dans  un  pays  ou  le  zele 
dcs  citoyens  suffirait  i)Our  repandre  partout  les  lumicros  de 
I'instruction,  les  universites  paraissent  peu  necessaires  :  il  y  en 
a  une  poiirtant,  a  Boston;  elle  est  florissante,  et  ne  reste  en 
arriere  sur  aucune  des  parlies  de  I'enseignement  qui  lui  est 
confie.  La  science  pcnelre  partout;  toutes  les  voies  lui  sont 
ouvertes  el  personne  ne  sc  plaint  qu'elle  devienne  trop  com- 
mune. F. 

249. — Le  Propagateur ,  journal  Francais-Americain. — 
New- York,  1826.  Maiden  -  lane  ,  n**  20.  Ed.  Louvet,  edileur. 
In  -  4°  de  8  pages  ou  24  colonnes,  petit  texle,  parait  tous  les 
samedis.  Prix,  18  fr.  pour  six  raois;  32  fr.  pour  I'annee.  On 
souscrit  aussia  Paris,  cliez  Ponthieu,  libraire,  au  Palais-Royal. 
On  peut  s'adresser  pour  Ics  depots  d'ouvrages  francais  a  en- 
voyer  au  Propagateur ,  ou  pour  les  echanges  de  journaux 
francais  a  faire  avec  lui,  a  M.  Isidore  Lebrun,  rue  Coq  -  He- 
ron, n°  I  ,  a  Paris. 

Plusieurs  journaux  francais  avaient  etc  fondes  a  New -York 
et  a  Philadelphie;niais  ils  n'avaient  pu  se  soutenir  au-dela  du 
deuxieme  trimestre.  L'un  d'eux  paraissait,  en  1823  ,  sous  I'in- 
fluence  d'un  ambassadeur;  mais  ,  dans  i'Union ,  de  pareils 
moyens  de  succes  sont  repousses  par  Topinion.  La  raauvaise 
redaction  des  autres  a  sans  doute  cause  lour  chute  ,  que  Ton  a 
eu  tort  d'attribuer  a  I'indifference  des  Americains  pour  la  lan- 
gue  francaise. 

Les  Americains  savent  que  la  France  est,  pour  ainsi  dire, 
la  terre  classique  de  la  litterature  et  des  beaux-arts :  ils  sentent 
Ic  besoin  de  les  cultiver ;  et  cette  elude  va  etendre  et  fortifier 
les  relations  de  plus  en  plus  actives  que  les  deux  nations  en- 
tretiennent  par  le  commerce.  New-York  possede  ,  depuis  huit 
mois ,  un  opera  ilalien  que  dirige  avec  beaucoup  de  succes 
M.Garcia  :  cette  ville  jouit  aussi  de  rexpositiou  du  tableau 
du  sacre  de  Napoleon  par  Daviu  el  d'un  panorama  d'Alhenes. 
La  litterature  francaise  fait  une  partie  essentielledereducation 
de  la  jeunesse  americaine;  et  la  langue  francaise  qui  continue 
d'etre  celle  de  la  Louisiane  et  dn  Canada  ,  est  un  besoirl  dans 
les  ports  tels  que  New-York ,  Boston,  etc.  Aussi  le  francais 
est  la  langue  parlee  dans  I'ecole  de  haul  cnseignenient  que  di- 
rigent  les  freres  Pcngt)et,  a  Mont-Vernon,  a  quatre  milles  de 
New-York. 

Nous  avons  annoncti  dans  l'un  de  nos  derniers  caliiers(  voy. 
Rev.  Enc,  t  xxix,  p.  i33  )  un  nouveau  journal  francais  public  a 
New-York.  Plus  heureux  que  ses  devanciers,  le  Rcrciln  obtenu 
dcs  son  debtit  un  asscz  bon  nombrc  d'abonnes ,  qui  depuis  s'est 


liT  ATS -UNIS.  — CANADA.  679 

acciu.  Le  choix  des  articles  qu'il  a  einpruntes  aux  lecueils  et 
iiu\  jourtiaux  francais,  offrait  sans  douie  de  I'intert't  a  ses  lec- 
tetns ,  et  nous  ne  pounions  nous  pjalndre  qu'il  ait  mis  souvent 
nctre  Rei'ue  a  conliibulion,  s'il  avail  toujoiirs  avoue  les  ein- 
prunls  qu'il  lui  faisait.  Mais  le  Heveil  laissalt  desirer  un  meil- 
leur  plan,  un  arrangement  des  matieres  plus  melliodique, 
enfJn,  une  jilus  grande  variete.  L'editeur  M.  Edouard  Louvet  se 
propose  d'adopter  le  ])lan  que  lui  a  propose  son  correspondant 
M.  Isidore  Lebrun.  Le  n°  du  /J£''m/,du  2/|  juin  dernier, annonce 
quece  journal  va  prendre,  le  premier  juilief,  le  litre  de  Propaga- 
ieur,  et  qu'il  conlinuera  a  trailerde  la  litterature,  de  lapolilique, 
de  Virtflustrie ,  des  sciences  et  des  beaux-arts.  Mais  il  contien- 
dra,  en  outie,  des  extrails  des  jotirnaux  de  I'Union  en  parti- 
culier ,  el  de  I'Amerique  en  general.  On  ne  recoil  en  France 
et  en  Angleterre  qu'un  petit  nombre  de  ces  journaux,  les  plu^ 
estlmes,  il  esl  vrai;  mais  on  en  public  plus  de  einq  cents  dans 
les  Elats-Unis.  Le  Propagateur  fidele  a  son  li(re  de  francais- 
aincricain ,  saura  faire  ,  nous  I'esperons,  ui\  excellent  choix 
parmi  ces  feuilles  inconnnes  en  Europe.  II  nous  ])rocurera  ainsi 
des  details  inleressans  sur  les  moeurs  et  I'administration,  des 
renseigneniens  precieux  au  commerce  el  a  I'industrie ,  des  in- 
dications uliles  aux  sciences  el  aux  lellres  E.  N. 

CANADA. 

aSo.  ■ —  *  Jn  Essay  on  the  juridical  history  of  France ,  etc. — 
Essai  sur  I'histoire  de  la  jurisprudence  francaise  consideree 
par  rapport  aux  lois  de  la  province  de  Bas-Canada  ;  discours 
prononce  dans  Tassemblce  speciale  de  la  Societe  liltcraire  el 
historique  cle  Quebec,  le  3i  mai  iSa/i ,  par  M.-J.  Skwell,  pre- 
sident du  tribunal  du  Bas  Canada.  Quebec,  1824;  iini)rinierie 
de  Th.  Gary.  In- 8"  d'une  feuille. 

Le  premier  magistrat  d'une  province  autrefois  francaise,  et 
soumise  depuis  long-  toins  au  gouvernement  anglais,  croit 
devoir  puiser  dans  I'liistoire  de  notre  nation  une  con:ia:ssanoe 
plus  a|)i)rofondie  des  lois  qui  regissent  encore  les  peuples  de 
sa  juridictioii.il  remonte  a  I'origine  de  la  monarchic  francaise, 
el  suit  avecexacliliide  lesprogres  ou  les  diverses  modifications 
de  notre  jurisprudence,  en  Europe  et  dans  nos  colonies  en 
Americjue.  II  ne  se  borne  point  a  consulter  les  auleurs  fran- 
cais; il  conipare  ieurs  narrations  el  leurs  doctrines  a  celles  des 
historiens  et  des  jurisconsultes  anglais.  Apres  avoir  trace  les 
traits  principaux  del'imniense  variete  d'objels  renfermes  dans 
son  tableau,  M.  Sewell  passe  aux  moyens  de  rei)ainlrc  dans  le 
Bar.-Canada  plus  de  connaissanccs  des  lois,  en  rendani  cclle 


<>8o  LIVRES  fiTRANGERS. 

^lude  plus  facile.  «  L'experience  de  tous  les  pays  et  de  tousles 
terns  a  fait  voir  que  les  elemens  de  cetle  science  sont  inieux 
enseignes  dans  un  cours  public,  mieux  compriset  retenusplus 
siirement  qu'ils  ne  peuvent  I'etre  par  aucun  autre  nioyen.  Le 
professeur  guide  scs  elevcs  dans  des  recherches  toujours  ari- 
des,  souvent  embarrassantes  ;  11  abrege  leur  travail,  et  lerend 
plus  fructueux.  Ici ,  I'etude  des  lois  n'a  point  ces  ressources  et 
ces  encouragemens;  I'etudiant  travaille  seul,  se  dirige  au  ha- 
sard  dans  le  labyrinlhe  des  fails,  des  lois,  des  ordonnances; 
il  quitte  le  plus  tot  qu'ille  peut  ce  travail  rebutant,  et  n'acquiert 
point,  memepar  I'exercice  des  foncllonsjudiciaires,  I'instruc- 
lion  dont  il  devrait  etre  pourvu,  des  son  entree  au  baneau.  » 
L'orateur  propose  a  la  Socirte  litteraire  et  historiquc  d'etablir 
un  cours  public  pour  les  eludians  en  droit.  «  J'espere,  dlt-il  , 
que  sous  les  auspices  et  par  I'influence  de  la  Societe,  la  legis- 
lation ne  sera  pas  privee  plus  long-tenis  de  I'institution  qu'elle 
reclame ;  qu'elle  obtiendra  I'honneur  d'etre  enseignee  comme 
une  SCIENCE.  —  Et  cetle  science,  si  negligee  jusqu'a  present, 
est  une  des  plus  importantes  pour  le  bonlieur  des  horaraes  ,  et 
suivant  I'energique  expression  de  Burke,  malgre  tous  ses  de- 
fauts ,  ses  redondances  et  ses  erreurs ,  elle  est  le  compose  de  la 
raison  des  siecles  passes ,  la  plus  belle  oeuvre  de  I' intelligence 
hurnaine. » 

25i.  — La  liibliotkequecanadienne. Montreal,  iSotS;  impri- 
merie  du  journal,  rue  St-Lambert.  Ii)-8°  de  2  feuiJles.  Ce  jour- 
nal parait  une  fois  par  mois.  Prix,  4  piastres  par  an,  payables 
d'avancede  6  en  6  mois. 

Cette  publication,  dont  un  seul  numero  nous  est  parvenu  , 
(  celui  d'octobre  1825  )  nous  fait  retrouver  des  corapatriofes  : 
noire  langue ,  noire  litterature,  une  P'rance  ,  en  un  mot ,  trans- 
portee  en  Amerique,  et  qui  a  conserve  dans  le  Nouveau-Monde 
son  caractere  national.  Les  etrangers  en  pensent,  sans  doiitc , 
le  bien  et  le  uial  qu'ils  disent  des  Francais  d'Europe;  nos  cora- 
palrioles  americains  ne  sont  ni  plus  epargnes,  ni  moins  goutes 
que  nous-memes;  iis  subissent  notre  reputation;  mais  ils  ne 
ressentent  point  nos  calamites;  puissent-ils  en  etre  preserves 
a  jamais  !  leur  felicltesera  toujours  I'objet  de  nos  voeux,  etpour 
nous-m^mes  un  motif  de  consolation  et  d'esperauce.  Rien  ne 
peut  nous  etre  plus  agrcable  que  d'entrelenir  avec  les  Fran- 
cais d'Amcrique  une  correspondance  litteraire  :  ils  ont  tant  de 
chosesa  nous  apprendre  sur  leur  pays,  sur  ses  habitans,  an- 
ciens  et  nouveaux  ;  sur  les  progres  qu'ils  ont  fails ,  sur  les  cau- 
ses qui  ont  avance  ou  retarde  Tinslruction,  les  arts  et  les  autres 
elemens  dc  civilisation,  etc.  Cet  exchange  d'observations  et  de 


CANADA.  —  EUROPE.  —  GRArjDE  -  BRETAGNE.    68 1 

pensees  ,  Ires-profitable  pour  nous,  ne  sera  pas  non  plus  sans 
ulilite  pour  nos  ancieus  compatriotes  :  nous  serons  siiiceres 
avec  eux;  et  gardiens  fideles  du  dt-pot  de  noire  langue  com- 
mune, nous  veillerons  a  ce  qu'elle  ne  s'altere  point  en  Ameri- 
que,  afin  que  toutes  nos  ricliesses  Jntellectuelles  aient  conslam- 
inent  la  meme  valeur  dans  les  deux  mondes.  Nous  aurons  soin 
que  les  sciences  n'envolent  au-dela  de  Tocean  ,  que  lours  pro- 
ductions les  plus  precieuses,  que  les  sources  ou  la  jeunesse 
doit  puiser  soient  bien  indiquees  ,  et  que  Ton  ne  soit  point  ex- 
pose a  se  troinper  sur  le  choix  si  impoitanl  des  ouvrages  des- 
tines a  I'enseignement.  Dans  le  nuniero  de  \a.  Bibliothcque  cana- 
dienne  que  nous  avons  entre  les  mains,  noi:s  Irouvons  des 
observations  grammalicales  tres-jusles,  et  des  fautes  de  gram- 
maire;  nous  y  remarquors  que  sur  lesbords  du  fleuve  Saint- 
Laurent,  la  bolanique  en  est  encore  au  point  ou  Charlevoix 
I'avait  laissee  ;  que  I'instruclion  mineraloglque  n'y  a  pas  suivi 
la  marche  rapide  de  cette  science  en  Europe.  Nous  y  trouvons 
aussi  de  bons  vers,  des  narrations  agreables  ,  et  nous  ne  dou- 
tons  point  f|ue  ce  journal  ne  puisse  occu])er  quelque  jour  une 
place  distinguee  dans  noire  litleiature  qui  le  reclame  a  bon 
droit.  Que  les  rcdacteurs  s'atlaclient  surtout  a  la  correction  de 
la  langue;  que  les  descriptions  scientifiques  soient  au  niveau 
des  conuaissances  actuelles  ;  qu'un  goiit  severe  proscrive  tout 
ce  qui  est  use,  peu  digne  d'attention,  obscur,  vague,  vide 
de  pensees;  en  un  mot,  que  la  Biblintheque  canadienne  evite 
les  fautes  dans  lesquelles  tombent  chaque  jour  certains  journaux 
soi-disant  litleraires ,  ])ublies  a  Paris:  alors,  il  sera  bien  plus 
interessant  pour  nous  de  prendre  un  abonnement  a  Montreal 
que  dans  quelques  bureaux  de  notre  capitale.  Y. 

EUROPE. 

GRANDE-BRETAGNE. 

aSa.  —  Anti-Slavery  monthly  reporter.  —  Rapport  mensuel 
centre  I'esclavage.  N'"'  8-i3.  Londres,  1826.  Arcli.,  Cornhill. 
In-8<^  de  124  pages  (  7  j-196). 

253.  —  Report  of  the  debate.  —  Debats  qui  ont  eu  lieu  dans 
la  chambre  des  communes,  en  juin  i8i5,  sur  la  motion  du 
D''  LusHiNGTON,  concernant  la  deportation  de  MM.  Lecesne 
el  Escoffery  ,  de  la  Jamaique ,  I'un  et  I'autre  homines  de  cou- 
leur.  Londres  ,  1826.  In-8°  de  19  pages. 

Noas  avons  recu  de  Londres  la  siiite  de  i'ii^teressant  re- 
cueil,  destine  a  combattre  I'esclavage,  et  d'autres  ecrils  diri- 
ges  vers  le  meme   but,  tels  que  le  troisieme   rapport   de  la 


68a  LIVUES  ETRANGERS. 

Socicle  qui ,  par  la  mitigation  de  i'dclarage ,  en  prepare  C abo- 
lition tU-Jiniti\-e. 

Lc  rapport  de  la  discussion  a  la  cliainbre  iles  communes  sur 
la  jioiioncialion  faitc  par  le  docteiir  LushiriL'ton  conlre  I'acle 
arbitraire  par  lequel  deux  liomnies  de  coulcur  MM.  Lecesne 
el  Escoffcry  out  ('tc  deporfos  de  la  Jamaifpic,  nous  rapjielle 
les  hoircurs  contmises  a  la  Martinlfiiie  conlre  des  citoyeiis  de 
couleur  vexes,  lourmenlos,  dcportos,  doni  plusieurs  ont  suc- 
combti  sous  le  poids  des  persecutions;  car  la  tyrannic  a  par- 
lout  les  menies  caractercs.  Dans  Ics  details  de  cetle  discussion  , 
il  est  parle  d'un  Francais,  nonime  Villegraine,  qui  fut  coii- 
vaincu  de  fanx  tenioignage  conlre  les  deux  accuses. 

Le  gouvernemcnt  anglais  a  cru  devoir  etablir  dans  scs  pos- 
sessions lointaines  des  cvcriucs  anglicans,  entr'autres  a  la 
Jamaique  ct  aiix  Barbades.  Leurs  rapports  concernant  I'etal 
des  esdaves  el  les  nioyens  de  ranicliorer,  paraissenl  emprcints 
d'ignoraiice  et  de  prejuges  coloniaux.  Celui  de  ia  Jamaique 
croit  qu'un  moyen  prcalable  ])Our  repandre  (juehjues  connais- 
saiices  parnii  les  noirs  serait  d'etabllr  de  nouvelies  eglises; 
ce  qui  nmenerait  I'ctablissemcnt  d'ecoles  pour  les  instruire. 
On  lui  fait  observer  avec  raison  que,  depuis  cent  cinquante 
ans ,  il  y  a  des  eglises  a  la  Jaiiiaique,  el  que  Ton  n'y  a  jamais 
vu  une  seule  ecole  pour  les  enf'ans  noirs. 

La  tenacite  des  colons  est  presqu*  partout  la  meme  pour  le 
maintien  des  abus  et  des  horreurs  de  I'esclavage.  La  legislature  de 
la  Dominique  a  fall  tous  ses  efforts  pour  etablir  enlre  toutes  les 
lies  occidentales  une  confederation  ,  dont  le  but  ctait  de  main- 
tenir  I'usage  du  fouet  dans  toutc  sa  j)lenitude.  Quelques-unes, 
com})osant  avec  la  necessile  des  circonstances,  souscrivent  de 
mauvaibC  grace  a  un  petit  nombre  de  modifications  inefficaces. 
La  colonic  de  la  Trin'ulad  est  cellc  qui  justju'a  present  adojite- 
avec  francliise  les  mesures  preparatoires  pro])osees  par  le  gou- 
vernemcnt anglais.  Grace  a  I'ascendant  des  propiielaires  , 
pour  la  plupart  noirs  et  sang  meles  libres,  ils  obtiennent  une 
preponderance  qui  tempere  ou  neutralise  la  resistance  des 
colons  blancs. 

IJn  ouvrage  ircs-important,  parmi  ceux  qui  ont  paru  cette 
annee ,  est  une  edition  nouvelle  de  celui  qui  a  pour  litre  :  Les 
colonies  a  esdaves,  ou  peinture  de  I'esclavage  tracec  par  les 
colons  cux-mcines.  I,a  sont  groupes  leurs  aveux  forces  donl 
I'ensenible  foi  ine  \ii\  tableau  liidcux,  fonde  sur  les  leinoiguages 
irrt'cusablcs  (its  proprietaires. 

On  j)cul  tenir  pour  certain  que   la  mardie  progressive  des 


GRANDE -BRETAGNE.  583 

cveiiemens  ainenera  un  nouvel  oidre  de  choses  diins  Jes  pos- 
sessions anglaises  qui  contiennent  encore  83o  mille  osclaves. 
Le  zele  eciaire  et  courageux  des  oboliiionistes  ne  se  ralentira 
point.  Ceux  qui ,  dans  la  cliambre  des  communes,  avaient  de- 
fendu  la  cause  des  Africains,  ont  ete  la  plupart  reelus  dans 
les  elections  qui  viennent  d'avoir  lieu.  Ainsi  nous  pouvons 
esperer  que  la  cause  de  I'liumanite  triomphera.  —  Puisque  les 
blancs  repugnent  si  fort  a  faire  partager  aux  esclaves  le  bien- 
fait  de  la  legislation  anglaise,  un  moyen  infaillible  pour  ob- 
tenir  promptement  le  resultat  desire  "serait  de  souniettre  les 
blancs  au  regime  qui  pese  sur  les  esclaves.  Sans  blesser  la  cha- 
rite,  on  pourrait  desirer  que  Ton  en  fit  I'cssai.  G. 

254-  —  *  Diccionnario  de  Hacienda  para  el  uso  dela  supre- 
ma  direccion  de  eU.a.  —  Dictionnaire  des  Finances,  a  I'usage 
de  ceux  qui  sont  charges  de  leur  direction;  par  D.-Jose  Can- 
CA  Arguelles.  i",  i"  et  3'  cahiers.  Londres,  1826;  Calero. 
3  vol.  in-8°  de  80  pages  chaeun. 

255. —  *  Elementos  de  la  cienria  de  Hacienda.  — Eicmens 
de  la  science  des  Finances;  par  le  meme  auteur.  Londres, 
1825 ;  Calero.  In-8°  de  402  pages. 

Le  Dictionnaire  des  Finances,  premier  ouvrage  que  Ton  ait 
public  en  langue  espagnole  sur  ce  sujet,  est  de  la  plus  haute 
importance  pour  tous  ceux  (jui  s'occupent  d'une  maliere  aiissi 
inlimement  liee  au  bonheur  public.  La  science  des  finances  est 
enticremenl  developpee  dans  cet  ouvrage,  ou  les  explications 
les  plus  delaillees,  ainsi  qu'une  masse  de  faits  pen  connus,  ct 
de  renseignemens  precieux,  sont  presentcs  avcc  clarte  et  con- 
cision. 

Get  ouvrage  offre  a  ceux  qui  se  livrent  a  I'elude  de  cette 
partie  de  I'economie  publique  des  tableaux  des  revenus,  des 
depenses  et  des  dettes  de  toutes  les  nations  europcennes.  On  y 
voit  un  expose  des  ressources  extraordinaires  employees  par 
les  financiers  espagnols,  dans  les  cas  d'urgence.  En  un  mot, 
les  rapports  commerciaux  de  I'Espagne  avec  les  nutres  puis- 
sances, I'analyse  des  traites  de  commerce  qui  existent  entre 
elles,  la  slatistique  de  la  Peninsule  et  des  contrees  de  FAine- 
rique  qui  furentses  colonies,  sont  pre>entes  avec  une  giande 
exactitude  et  appuyos  dc  notes,  d'etats  et  de  memoires  qui 
n'ontpas  encore  etc  publics.  Parini  ces renseignemens  curieux, 
on  peutciter  le  tableau  suivant  des  tributs  que  le  dcy  d'Algcr 
se  croit  eu  droit  de  lever  annuellement  sur  ies  puissances  de 
TEurope;  ce  qui  n'est  pas  sans  inleiei  .ians  un  moment  oii  <e 


684  LIVRES  STRANGERS. 

forban  menace  I'Espagne  de  la  guerre  pour  lui  arracher  6  mil- 
lions de  reaux. 

Danemark 1,100,000  fr. 

Espagne i,aoo,ooo 

France 1,175,000 

Hollande 625,000 

Portugal 3,470,000 

Angleterre 900,000 

Prises  des  corsaires  algeriens.   .       600,000 
/         Bancous  des  captifs 90a, 5oo 

9,972,500 

Place  dans  les  postes  les  plus  eminens  en  Espagne,  I'auteur 
a  pujuger,  mieux  que  personne,  de  la  faclieuse  influence  que 
le  manque  de  donnees  et  de  connaissances  financieres  a  exercee 
sur  ses  compatrioles.  Penetre  de  cetle  verite,  et  cedant  aux 
instances  de  son  digne  ami,  D.  Vicente  Rocafcerte,  cLarge 
d'affaires  du  Mexique  a  Londres,  il  redigea  d'abord  \&%  Ele- 
TTiens  de  la  science  des  finances.  La  premiere  edition  de  cet 
ouvrage  ayant  ete  promptemenl  epuisee  ,  et  tres-bien  accueillie 
en  Ameriqijc,  I'aiitenr  pubiia  son  Dictionnaire,  etc.,  qu'il  avait 
compose  depuis  cpielqnes  annees,  au  fond  d'unc  prison  od  il 
etait  plonge,  pour  avoir  servi  sa  patrie. 

Cet  ouvrage  est  precieux ,  non-seulement  pour  les  liommes 
occupes  des  sciences  econoraiques,  raais  encore  pour  ceux  que 
le  choix  de  leurs  concitoyens  appelle  dans  les  assembles  na- 
tionaies;  il  doit  interesser  particulierement  les  Espagnols  et  les 
Amuricains,  et  iiierite  aussi  I'attention  des  etrangers.  Nous  re- 
commandons  viveinenl  les  deux  ouvrages  de  M.  Canga  Ar- 
guelles;  on  ne  saurait  trop  louer  la  noble  conduite  de  cet 
ecrivain  qui,  loin  d'etre  decourage  par  les  actes  d'oppression 
et  de  cruaute  doni  il  etait  victime,  n'a  cesse  de  travailier  pour 
le  bien  de  ses  coiiciloyens.  Exile  sur  un  sol  etranger  ,  il  a  con- 
tinue de  rendre  a  son  pavs  les  seuls  services  qui  fusscnt  en  son 
pouvoir,  en  lui  cousacrant,  dans  ces  deux  ouvrages,  le  fruit 
de  son  exjierience  et  le  Iribul  de  ses  lumiercs.  P.  M. 

Oui'ragcs  periodiques. 

—  256  *  The  Quarterly  Review.  —  La  Revue  trimestrielle  , 
N°  67.  Londres,  juin  1826;  John  Murray,  Albemarle-street. 
In-8"  de  3o4  pages  ;  prix  ,  6  shellings. 

L'un  des  redacteurs  de  cette  Revue  anglaise  a  eprouve  , 
durant  le  dernier  trimestre  ,  un  redoublement  de  fievre,ac- 


i 


GRANDE-BRETAGNE.  685 

compagne  du  plus  etrange  delire.  Qu'il  ait  ecrit  dans  ce 
tems  ou  la  maladie  doininait  sa  raison,  nn  article  aiissi  plein 
d'extravagance  que\72iitoire  de  V Industrie  anglaise,  et coup- 
d'ceil  stir  ses  produits ,  cela  peut  ctre;  mais ,  qu'une  telle 
production  ait  vu  le  jour;  que  des  hoinmes  raisonnables  et  de 
sang-froid  n'aient  pas  fait  entendre  conibien  il  est  indecent  de 
prodigucr  ainsi  le  plus  grossier  eiicens  a  sa  propre  nation , 
et  a  toutes  les  aufres  I'injure  et  le  mepris ;  c'est  ce  que  Ton  a 
]>eine  a  concevoir.  On  ne  croira  nuUe  part ,  meine  en  Angle- 
terre,  que  le  produit  des  fabriques  anglaises  surpasse  de  beau- 
coup  celui  du  travail  de  tous  les  autrespeuples  ,  ragriculture 
exceptee  ,  et  que  parmi  les  nations  les  plus  industrieuses  , 
il  n'en  est  aucune  qui  fabrique  ,  tant  pour  sa  consoinmation 
que  pour  son  commerce,  la  deux  centieine  partie  de  ce  que 
les  manufactures  de  la  Grande-Brelagne  versent  dans  le  com- 
merce exterieur  ,  etc.  Si ,  malheureusement  pour  I'Angleterre, 
I'auteur  de  I'article  n'a\ait  point  depasse  prodigieusement  les 
bornes  des  exagerations  permises ,  la  crise  qui  se  fait  sentir 
au  -  dela  de  la  Manche  scrait  le  commencement  de  la  plus 
funeste  et  de  la  plus  inevitable  catastrophe  :  la  Grande-Bre- 
tagne  devrait  se  hater  de  renoncer  a  ses  machines ,  fermer 
ses  ateliers  et  les  laisser  tomber  en  ruines  ,  comme  ses  ab- 
bayes.  Elle  ne  peut  se  dissimuler  que  des  industries  rivales  la 
menacent  de  toutes  parts;  que  chaque  peuple  aspire  apourvoir 
lui-meme  a  ses  besoins,  et  a  faire  circuler  au-dehors  quelques 
produits  de  ses  arts  perfeclionnes.  Le  terns  n'est  pas  loin  oil 
les  nations  qui  ne  sont  pas  sans  industrie  ne  demanderont 
plus  au  commerce  exterieur  autre  chose  que  des  niatieres 
premieres;  alors,  le  commerce  anglais,  restreint  aux  na- 
tions sans  arts  et  a  ses  propres  colonies,  sera  ce  qu'il  doit 
etre ,  ramene  au  seul  mode  d'existence  durable  sur  lequel  il 
puisse  compter. 

L'auleur  de  rarlicle  dont  nous  parlons  a  prodiguc  des 
chiff'res  que  personne  ne  verifiera ;  cette  logique  ne  fera 
point  disparaitre  I'absurdile  des  resuitats.  Il  n'est  pas  dif- 
ficile sur  le  choix  des  autorites ,  lorsqu'il  s'agit  de  vanter  sa 
nation  auxdepens  de  la  notre.  Ne  va-t-il  pas  jusqu'a  exhumer 
un  journal  dont  la  burlesque  apparilion  en  France  ne  fut 
qu  une  de  ccs  fausses  speculations  litleraires  ,  abandonnees 
apres  quelques  tentalives  infructueuses  ?  La  fin  de  I'article 
en  raontre  assez  I'esprit  et  la  tendance:  apres  avoir  expose 
les  avantages  de  I'induslrie  et  du  commerce,  I'auteur  ajoute  : 
n  Si  les  generations  futures  demandent  quelles  causes  erape- 
cherent  si  long-lems  d'etablir  entre  les  peuples  des  relations 


686  LIVRES  ETRANGERS. 

aussi  conformcs  a  rimmaiiitc  el  a  la  sagcsse ,  on  repondra 
que  CO  fill  la  Fhance,  avec  les  flots  dc  sang  de  sa  revolution 
et  I'intolorable  despotisnie  dc  la  gloire  :  si  I'on  vent  connaitre 
le  pays  qui  i'ut  la  source  de  scs  biens;  d'ou  ils  se  lepandirent 
parlout ,  I'histoire  dira  que  ce  fut  rANCLKXERRE.  »  F. 

W.  15.  Ces  accusations  reci])roqucs  ,  ces  rcciiminalions  de- 
plorables  et  iiiutiles,  ces  gernies  des  anciennes  inimities  natio- 
nales  ,  souveul  I'eproduits  et  raniniei  j)ar  des  plumes  empoi- 
sonnees,  devraient  enfin  faire  place  a  des  sentimens  plus  rai- 
sonnables  et  plus  jusles,  qui  resultcnt  nalurellement  d'une 
appreciation  exacle  des  interets  coinmuns  de  la  grande  famille 
liuraaine  a  laquelle  apparticnnent  tons  les  peuples  civilises. 
Non,les  malheurs  el  I'inferiorite  de  la  France  ne  seraienl  point 
un  avanlage  pour  I'Anglelerrf  ;  la  decadence  de  I'Angle- 
lerre  ne  serait  nullement  profitable  a  la  France.  Mais  la 
prosperile  crois^ante  de  chacun  de  ces  pays  est  necessaire 
a  celie  de  I'autre.  Un  elat  ne  s'enriclill  point  de  I'appauvris- 
semcnl  d'un  elal  voisin.  La  politique  comme  la  inorrde  privee 
devrail  enfin  adopter  franchemenl  celte  maxime  :  Fais  a  au- 
Irui  tout  le  bien  que  tu  voudrais  (ju'on  te  fit;  aime  ton  pro- 
chain  coainie  toi-mcme.  Les  prejuges  odieux,  les  maximes 
barbarcs,  les  prohibitions  absurdes ,  qui  constituent  la  poli- 
tique et  le  patriotisme  de  quelques  pretendus  hommcs  d'etat , 
meme  preuiiers  ininislres,  et  de  quelques  ccrivains  publics, 
qui  trahissent  ieur  noble  mission  ,  celie  d'cclairer,  de  rap- 
procher  les  nations,  de  faire  disparailre  les  barrieres  ou  les 
preventions  liaineuses  qui  les  divisent  ,  ne  sauraient  plus 
convenir  a  notre  elat  actuel  de  civilisation.  M.  A.  J. 

257.  — *  Ocios  de  Espanoles  erncgraclos  ,  etc.  —  Lolsirs  des 
Espagnols  emigres,  n"  7.[\.  Londres,  mars  1826  ;  Dulau  et  C®. 
ln-8°  de  six  feuilles  ;  prix,  3  sh. 

Ce  litre  bien  modesle  ne  repond  pas  au  merite  du  recueil 
qu'il  designe.  Qui  croirait,  en  effel ,  que  sous  cette  enseigne 
frivole,  sonttrailees  les  matieres  les  plus  importantes  en  poli- 
tique, en  legislation,  en  hisloire,  et  que  les  delassemens  de 
quelques  proscrils  soul  employes  a  faire  connaitre  aux  nations 
etrangeres  les  ricliesses  litteraires  de  Ieur  malheureux  pays. 

En  raconlant  ses  maux,  souvent  on  les  soulage. 

En  parlant  de  sa  palrie,  on  croit  pouvoir  oublicr  qu'on  en 
estprive.  En  rappelant  ce  qu'elle  a  ele,  ce  qu'ellc  est  digne 
d'etre  ,  on  se  console  de  I'abaissement  dans  lequel  elle  est  mo- 
raenlancment  tombee.  Ces  sentimens animent  lesredacleursdu 


GRANDE -BRETAGNE.  G87 

recucll  que  nous  annoncons.  Jetes  sur  une  terre  eUangere , 
sans  protecteurs  ,  sans  appui,ils  ont  scnii  le  besoin  de  s'entre- 
tenirde  leurs  dicux  domestitiiies.  Denonces  par  i'arislocralie 
dont  ils  ont  devoile  les  projets ,  caloranies  par  Ics  pretres  dont 
ils  ont  signale  Tintolerance  ,  poursuivis  ])ar  les  rois,  parce 
iju'ils  out  voulu  siibstliuer  le  pouvoir  constitutlonnel  au  pou- 
volr  ;!bsolu,ils  ont  cherche  a  repousser  les  accusations  injustes, 
niensongcres  et  fletrissantes  dont  on  s'efforcait  de  les  noircir. 
Amans  d'une  sage  liberie,  ils  ont  inontre  que  I'Espagne  serait 
capable  d'enjouir;  admirateurs  du  savoir  des  autres  peuples, 
ils  ont  prouve  que  leur  patrie  avait  aussi  ses  litres  littcraires  a 
offrir  a  radmiiation  de  I'Europe.  lis  ont  alteint  leur  but.  De- 
puis  ie  mois  d'avril  1824  i  ce  rccneil  defend  dignement  la  cause 
de  I'eniigration  espagnole,  et  il  expose  les  droits  de  la  Penin- 
su>j  a  la  consideration  du  uionde  savant.  On  y  traite  toutes  les 
matieres;  c'est  a  MM.  Canga  -  Auguell^s  et  Mendibil  ,  que 
Ton  doit  cette  serie  d'articlcs  dans  lesquels  sont  traites  avec 
autant  de  raison  que  d'iinpartialite  les  differens  evenemens  de 
rbistoire  des  derniores  aunees  de  la  monarchic  espagnole. 
M.  Vilianuevay  joint  de  savan'es  disctissions  sur  les  liberies 
de  I'eglise  de  ce  royaume.  Si  Ton  veut  lire  toute  la  partie  re- 
lative a  riiistoire  du  gouvernemcnt  constitutionnel  de  la  Pe- 
ninsule  ,  et  notamnicnt  cclte  reponse  energique  et  concluante 
adressee  a  la  Quarterly  Review ,  et  inseree  dans  les  Ocios , 
on  se  convaincra  cjne  la  masse  de  la  nation  espagnole  n'a 
point  meritc  les  maux  cju'elle  souffre.  Qu'on  suive  les  redac- 
teurs  des  Ocios  dans  leur  revue  de  la  litterature  moderne  do 
leur  pays,  et  Ton  resliluera  a  cette  contree  une  partie  de  la 
gloire  litteraire  quelle  possedait,  a  I'epoque  des  Cervantes  et 
des  Lope-Vega. 

Le  thoix  desmorceaux  inseres  dans  les  Ocios  est  gcnerale- 
ment  assez  bon.  Les  questions  d'histoire,  de  politique,  de  fi- 
nances sont  traitees  avec  savoir  et  profondeur.  On  desirerait 
pourtant  que,  dans  les  discussions  qui  inleressent  I'Amt^rique, 
les  rcdacleurs  ^ussent  oublier  qu'ils  sonl  espagnols  et  qTi'ils 
ont  regne  sur  le  sol  des  jeunes  rcpubliques  ainoricaines.  Les 
matieres  reiigieuses  sonl  traitees  dans  ce  recueii  avec  une 
grande erudition  ;  peut-etre  meme,rerudition  s'y  monlre-t-elle 
trop.  On  s'y  occupe  de  details  minutieux,  et  Ton  neglige,  pouc 
des  objcts  de  discipline,  Tetude  des  grandes  rcfomies  reii- 
gieuses que  deiuande  I'etat  actuel  de  la  civilisation.  En  gene- 
ral ,  les  article^  en  prose  sont  bien  ecrits  ;  mais  les  raorceaux 
de  poesie  paraisscnt  (juelquefois  d'une  extreme  faiblesse.  Nous 
avons  neanmolns  admire  dans  cc  caliicr  un  petit  poeme  inti- 


688  LIVRES  ETRANGERS. 

tul6  :  Ic's  Ridnes  de  Rome,  II  inanquail  a  ce  journal  un  peu  plus 
d'ordre  dans  ses  raatieres;  notre  Revue  lui  a  offert  le  modele 
d'lme  classification  naturelle  qu'il  a  siiivie  en  parlie,  et  dont 
sans  doiite  il  se  rapprochcra  davantage  encore.  Nous  avons 
remarque  dans  les  Ocios  trois  autres  articles  :  i°  nne  analyse 
de  riiisloire  dos  Arabes,  de  M.  Conde;  2°  des  observations 
sur  Ic  commerce  de  I'Angleterre;  3°  un  article  de  M.  Lanjui- 
nais,  sur  les  memoires  de  Scipion  de  Riccl,  article  extrait  de 
notre  Rci'ue  (  t.  xxix,  p.  280  ) ,  deja  tradiiit  en  anglais  dans  le 
Mercure  de  LondrOs,  et  reproduit  en  espagiiol  dans  les  Ocios, 
comme  tire  de  ce  dernierjournal  qui  se  I'etait  approprie,  sans 
citer  le  recuei!  auquel  il  I'avait  emprunte.  F.  D. 

Revue  sommaire  des  rccueils  pcriodiques  sur  les  sciences  ,  les 
lettres  et  les  arts,  publics  dans  la  Grande-Bretagne.  — 
Onzieme  article.  (  Voy.  Re^'.  Enc,  t.  xxvit,p.  767-770, 
t.  XXVIII,  p.  i49-i56,  799-80/1;  t.  XXIX,  p.  141-148, 
463 -468  et  747-7^6,  et  t.  XXX,  p.  121-126,.  4i9-424>  et 
ci-dessus  p.  i24-i3i ,  et  4o2-4o5.) 

Suite  des  journaux  hebdomauaires. 
Litterature. 

258. —  The  London  literary  Gazette.  —  La  Gazette  litteraire 
deLondres,  n°5oi.  Londres,  samedi  26  aout  1826;  W.  A. 
Scripps.  In-4°  de  16  pages,  impriraees  sur  trois  colonnes;  pris  , 
8  pence,  (  85  cenlinies  ). 

aSg.  —  The  literary  Chronicle.  —  La  Chronique  litteraire  , 
ii"38i.  Londres,  samedi  2  septembre  1826;  Davidson.  10-4° 
de  16  pages,  imprimces  surtrois  colonnes;  prix,  6  pence. 

260.  —  The  News  of  Literature  and  Fashion ,  Science  and 
Arts.  —  Nouvelles  de  la  liiterature ,  des  modes ,  des  sciences  et 
desarls.  N"  108.  Londres,  samedi  I'^'jnillet  1826;  J.  E.  Scott. 
In-8°  de  16 pages,  imprimees  sur  trois  colonnes  ;  prix  ,  6  pence. 

Ccs  trois  feuillesoccupent  un  rang  important-parnni  les  nom- 
breux  journaux  qui  sont  publies  a  Londres.  Elies  offrent  dans 
les  quarante-huit  colonnes,  imprimees  en  caracteres /^eW 
remain,  dont  se  compose  cliacun  de  leurs  nnmeros,  I'analyse 
ou  plutot  le  recensemcnl  de  tous  les  ouvrages  de  sciences,  de 
beaux  -  arts  et  de  litterature  qui  s'impriment  dans  les  trois 
royaumes  ,  el  Ton  pent  croire  que  la  vogue  et  la  cclebrile  s'ob- 
tiennent  par  elles,  bien  plus  encore  que  par  les  Magasinimen- 
suels  et  les  Revues  trimestriellcs.  On  s'accorde^  assez  gencrale- 
ment  sur  I'ulilitc  de  ccs  trois  feuiiles  liebdomadaires;  mais  ,  on 


GRANDE-BRETAGNE.  689 

«st  divise  d'opinlons  sur  leur  merite  respectif.  Si  Ton  eji  troit 
M.  MuDiE ,  rauteur  de  Babylon  the  Great  (  \oy.  Rev.  Enc, 
t.  xxvui ,  p.  458)  le  journal  intitule  :  The  News  of  literature 
andfashion  doit  etre  mis  au  ])remier  rang.  Suivanl  le  Philo- 
inatic  journal  (  n°  7,  p.  209  ) ,  la  Literary  Chronicle  a  droit  a 
tet  honneur  ,  que,  fiere  de  ses  cinq  a  six  mille  abonnes,  reven- 
dique  a  son  tour  la  Literary  Gazette. 

Ce  dernier  journal,  dont  M.  .Tourdan  est  I'editeur,  a  le  grand 
avanlage  d'annoncer  presque  toujours  le  premier  les  ouvrages 
nouveaux,  de  compter  au  nouibre  des  j)oetes  qui  enrichissent 
ses  pages,  la'jeune  et  charinante  miss  Landon,  et,  a  defaut 
d'une  grande  erudition,  de  clioisir  avec  discernement  et  d'of- 
frir  a  ses  iecteurs  les  meilleurs  morceaux  des  volumes  dont  il 
rend  com  pie. 

En  politique,  la  Literary  Gflze^^e  professe  le  torysrne ;  et 
c'est  en  jiartie  aux  attaques  qu'elle  dirige  contra  ies  idees  libe- 
lales  qu'elle  doit  ies  faveurs  de  I'aristocratie  anglaise  et  son  en- 
tree a  "Windsor  et  a  Cailton-House.  Sa  critique  est  parfois 
parliale  et  epigramraatique;  et  souvencl'envie  de  placer  un  bon 
mot,  ou  une  plaisanterie  mordante,  luifait  sacrifier  la  raison , 
la  justice  et  la  verite.  C'est  cetle  feuille  qui,  faisant  le  proces 
de  plusieurs  dictionnaires,  raiJla  longuement  notre  i?et'«e,  au 
sujet  de  I'orthographe  francaisedu  mot  wigh  ,  substituea  whig; 
c'est  elie  qui,  traduisant  avec  infidelite  unpassage  de  notre 
article  sur  le  dernier  poenie  du  docleur  Southey,  nous  preta 
des  bevues  dont  e!le-merae  fnt  obligee  de  recounaitre  ensuite 
la  non-existence;  c'est  elle,  enfin,  qui,  entre  beauconp  d'au- 
tres  forfanteries  de  cette  espece  ,  assurait  qu'ii  n'existait  aucune 
branche  des  connaissances  humaines  dans  laquelle  la  nation 
britannique  ne  piit  compter  quatre  savans  superieurs  a  tous 
ceux  dont  s'enorgueillil  la  France.  L'urbanite  et  la  modestie 
nesont  point  les  defauts  de  la  Gazette.  Le  Panoramic  Miscel- 
lany, n°  4>  F-  468,  a  repousse,  eii  la  decorant  de  nom  de  gas- 
connade  anglaise,  english  gasconnading ■,  ccWc  ■^xiWn\\on  de 
superiorite  scicnlitique  et  litleraire,  soutenue  par  un  des  re- 
dacleurs  de  la  Gazette ;  et  nous  pourrions  de  notre  cote,  apres 
avoir  donne  de  justes  eloges  a  quelques  portions  des  letlres  sur 
Paris,  inserees  dans  ses  dernicrs  numeros ,  y  relever  des  erreurs 
graves  dans  I'orthographe  denosnoms  franca  is,  etjce  qui  est  plus 
serieux,y  fairevoir,  ainsi  quel'a  dit  un  denos  coliaborateurs  en 
parlanld'un  autre  ouvrage,  "comment  certains  etrangers,substi- 
tuant  I'esprit  de  parti  a  I'esprit  d'observation ,  egares  par  des 
idees  fausses,  pardes  pre ven lions  deplorables,  font  usage  de  Thos- 
pitalite  qu'ils  recoivent  sur  le  sol  francais  pour  travestir  nos 
T.  xjixi.  —  Septemhrc  \'6i^.  l\l\ 


690  LivRES  Strangers. 

moeurs  et  pourcalomnier  a  I'aide  de  ficlions  plusou  moinsingc- 
nieuses  noire  c.'iractere  national...  >.  Mais,  nous  nevoulons point 
exercer  unccritiquc  severe  a  I'egard  de  la  Literary  Gazette;  nous 
ne  rechcrcherons  pointsilfsaccusationsdcpartialiieet  de  niau- 
\aise  foi  dirigces  contre  elle  par  quekjues  journaux  anglais,  sont 
ou  non  fondces.  Nous  avons  souvent  trouve  dans  cette  feuille 
d'excellens  articles  :  hi  poesie  en  est  oidinairenient  bonne;  les 
esquisses  dc  moeurs,  agreables  et  piquantes,  et  les  nouvelles 
scientifiques ,  exacles  et  instructivcs.  Nous  avons  reiuarque, 
parmi  les  nonibreux  niorceaux  instres  dans  ses  dcrniers  nu- 
nieros  ,  queiques  strophes  de  miss  Landon  d'une  poesie  admi- 
rable; des  esquisses  siir  la  pcinture  ,  attrlbuees  a  la  plume 
facile  de  M.  Pine  ;  la  description  d'un  nouvel  agent  locomo- 
teur  a  I'usage  des  voitures  et  des  charriots  ;  la  traduction  du 
memoire  de  noire  savant  collaborateur  M.  Euscbe  Salverte, 
sur  les  dragons  et  les  serpens  monstrucux  ( Voy.  Rev.  Enc. , 
t.  XXX  ,  p.  3oi  et  6^3)  ;  et  enfin  en  compensation  d'un  article 
louangeur  sur  I'incorrecte  et  mechante  traduction  ilalienne 
«  Passatempi  morali  » ,  une  analyse  savante  et  remarquable 
des  «  Considerations  sur  les  volcans  de  ScROPE.  » 

La  feuille  intitulee:  Literary  Chronicle,  est  la  rivale  et  I'an- 
tagoniste  de  la  Gazette  litteraire.  Son  prospectus  de  cette  an- 
nee  contenait  une  declaration  de  guerre  contre  ce  journal, 
qui  n'a  pas  cru  devoir  lui  repondre.  M.  Thomas  Ryerlet  , 
que  la  mort  vient  d'enlevera  sa  famille  et  aux  lettres,  fut  pen- 
dant long-tems  I'editeur  de  la  Chronique  dont  il  agrandit  le 
cadre  et  ameliora  la  redaction;  I'oditeur  actuel  parait  suivre 
les  errcmens  de  son  predecesseur  et  vouloir  ruaintenir  dans  la 
r<5daction  de  la  Literary  Chronicle  unejiiste  impartialite  el  un 
sage  esprit  de  libcralisme  et  de  tolerance.  Inferieure  a  la  Gazette 
sous  le  rapport  de  la  poesie,  la  Chroniquc\'Gm\)OVle&\ive\\e\)av 
la  justesse  de  sa  critique  et  la  bonne  foi  de  ses  jugemens.  Nous 
pourrions  lui  reprocher  I'iuserlion  d'une  apologie  de  I'ou- 
vrage  du  reverend  G.  Wright  contre  Tiustruclion  des  classes 
ouvrieres,  qui  est  en  opposition  avec  ses  idees  habituelles; 
raais  ces  contradictions  se  prcsentent  rarement,  etunegrande 
concordance  de  principes  existe  generalement  entre  les  diffe- 
rens  articles  dont  se  compose  la  Chronique  litteraire.  Comme 
la  gazette,  elle  contient  des  analyses  d'ouvrages,  des  esquisses 
de  mceurs,  des  poesies  fugitives,  et  des  nouvelles  scienlifiques 
et  litteraires.  Elle  offre  ,  en  outre ,  une  revue  sommaire  de  quel- 
ques-uus  des  principaux  journaux  et  recueils  periodiques  qui 
se  publient  en  Europe,  et  auxquels  elle  emprunte  souvent  des 
raorceaux  du  plus  grand  inter^t.  Nous  citerons  le  caractere  du 


GRANDE-BRETAGNE.  Gyi 

ministre  Canning  ,  extrait  du  fVeehiy  Timex ;  les  letlres  sur  les 
dernieres  (ilections  anglriises  traduilcs  du  Globe;  et  une  piece 
de  poesie,  ayant  pour  litre  :  Time's  Changes  tiree  du  Blach- 
n'ood's  magasine.  Parnii  les  analyses  inserees  dans  les  derniers 
numcros  dc  cette  meme  feulUe,  cellcs  de  VHistoire  de  la  repii- 
hlique  par  Godwin,  du  reman  Alia  giomata,  et  de  la  vie 
de  Benjamin  Franklin,  nons  ont  paru  digues  d'une  attention 
particuliere.  Le  coinjUe  rendu  de  la  derniere  exposition  des 
tableaux  de  I'Acadeniie  royale  de  pcinture  de  Londres  merite 
aussi  une  mention  honorable.  Nous  n'avions  trouve  dans  la 
plupart  des  journaux  anglais  que  des  eloges  prodigues  avec  une 
complaisance  banale  anx  artistes  en  reputation;  nous  avons 
remarque  ici  une'critique  cclairee  et  une  juste  distribution  de 
la  louange  el  du  blame. 

Pent-elre,  a  I'epoque  oil  M.  Mudie  publiait  sa  description 
de  Londres,  les  News  of  literature  and  fashion  merilaienl-ils 
les  eloges  que  cetecrivain  se  plaisait  a  leurdonner.  Nous  nous 
rappelons  avoir  lu  nous-memes,  dans  cette  feuille  des  articles 
spirituels  sur  les  moeurs  et  la  litterature  de  I'Angleterre,  et  sur 
(juelques  pcrsonnages  dignes  d'attenlion.  Les  aventures  du  ma- 
telol  Ben  Mizen,  raconic'-es  dans  ses  numeros  de  fevrier  et  de 
mars  i825,  n'avaient  rieu  de  comparable  [lOur  la  naivele  du 
style,  le  naturel  de  la  narration  et  riiUerot  dela  fable.  Les  no- 
tices sur  les  membies  du  jjarlement  anglais  annoncaient  un 
biographe  instruit  et  consciencieux ,  et  les  analyses  d'ouvrages 
indiquaienl  des  ecrivains  exerces  dans  I'art  de  la  critique.  Cette 
feuille  n'avait  point  adopte  le  plan  suivi  par  la  Gazette  et  la 
Chronique;  la  politique  speciale  ,  rejelee  par  celles-ci,  occupait 
cliez  clle  line  place  importante  et  les  esquisses  ile  moeurs,  qui 
ne  sont  qu'un  accessoire  cliez  les  deux  autres,  conslituaicnt 
rexcellcnce  des  Nouvelles  de  la  litterature  el  des  modes.  Redige 
dans  des  jirincipes  liberaux,  ce  journal,  dont  M.  Walkf.r  ctait 
I'edileui',  obtinl  d'abord  un  assez  grand  succes;  uiais,  ayant 
change  de  plan  et  de  principes,  il  ne  tarda  pas  a  tomber,  em- 
porlant  la  honte  d'avoir  sali  ses  colonncs  de  dcgoiitantes  dia- 
tribes conire  ies  callioliques  d'Irlande  et  d'avoir  terni  sa  repu- 
tation par  une  fouledeplagiats  \i\icv:iiie&.'L(i  Monthly  Magazine 
se  plaignait,  dans  son  caliier  de  jiiillet  dernier,  des  longs  ex- 
Iraits  que  les  journaux  hebdomadaires  empruntenl  p.uxouvrages 
dont  iis  rendenl  coinple,  ])orlant  ainsi  prejudice  aux  interets 
des  auteurs  dont  les  oeuvres,  copiees  par  ces  frelons,  restent 
sans  acheteurs  dans  les  magasins  des  libraires.  C'est  surtout 
aux  Noiifelles  de  la  litterature  et  des  modes  que  s'adressait  ce 
reproche.  Les  tribunauxfrancais  condamneraieut  certainement 


692  LIVRES  ETRANGERS. 

a  des  dominages  et  interets  Ic  joiirnal  qui,  au  lien  d'analyser, 
pillerait  iin  iivrc;  ici  la  feuille  que  nous  signalons,  a  rempii 
soixante-douzc  de  ses  colonncs  de  purs  exlrails,  sans  critique, 
sans  commentaires  et  sans  observations,  du  dernier  ouvrage 
de  Waller  Scott,  et  !es  tribunaux  sont  inipuissans  pour  repri- 
mer  une  telle  piraterie. 

Joiirnauxfranca'ts,  iinpriinvs  en  Aiigletcrre. 

a6i.  —  L'Echo  de  Paris.  Londres,  samedi  2/1  juin  1826. 
Brydges  street.  In-4"  d'une  1/2  feuille;  prix  ,  8  ])ence. 

262.  —  Le  Mercuie  de  Londies.  Londres  ,  juillet  1826. 
N°  17.  Maddox  street.  In-/,°  d'uue  i;2  feuille  ;  prix,  2  sh. 

263.  —  Le  Fiiret.  N"  21.  Londres,  samedi  26  aout  1826. 
N°  27.  Little  Mary  -  le  -  Bone  street.  In  ■  4°  d'une  i72feullle; 
prix,  I  sli. 

A  quelle  cause  attribuer  le  non  succes  des  iiouibreux  jour- 
naux  francals  publics  a  Londres  depuis  la  ])aix  ?  Est-ce  faute  de 
goiit  de  la  part  du  public,  ou  manque  de  talent  du  cole  des 
redacteurs?  La  lecture  des  trois  feuilles  annoncees  en  lete  de 
cet  article  rcpond  A  cette  question.  Elle  apprend  pourquoi , 
dans  une  ville  de  douze  cent  mille  anies,  ou  la  langue  fran- 
caise  fait  parlie  de  I'cducation  publique,  ou  la  litterature  fran- 
caise  est  I'objet  d'une  sorte  de  predilection,  ou  un  iheatre  pu- 
blic lui  est  consacre,  jjas  un  seul  des  Irente  ou  quarante  jour- 
naux  francais  publics  en  Anglelerre  depuis  six  ans,  n'a  obtenu 
au  dela  de  cinquante  abonnes  et  comptc  plus  d'une  iinnee 
d'existence  effective. 

Presque  tous  les  cditeurs  des  feuilles  francaises  ont  fre- 
quemment  oublie,  que  ce  cpii  conviendiait  au  public  de  Paris, 
peut  tres-bien  ne  pas  convenir  a  la  population  de  Londres. 
Les  principes  ,  les  nireurs,  les  idees  des  habitans  des  deux  ca- 
pltales ,  sont  loin  de  se  ressembler  en  tout ,  et  VEcho  de  Paris , 
pour  avoir  puise  trop  exclusivement  et  trop  au  liasard  dans 
les  chroniques  parisiennes  ,  est  torabc,  au  bout  de  quelques 
mois. 

Le  Mercure  de  Londres  a  dii  a  ces  memes. causes  et  a  d'autres 
encore  une  destineetoute  semblable.  Nouveau  Protee,  BI.  Cha- 
TELAiNessaya  toutes  les  formes  pour  reussir.  Son  journal  chan- 
gea  plusieurs  fois  de  tilres,  quitta  et  reprit  son  cpigraphe , 
parut  dans  tous  les  formats,  fut  public,  toutes  les  semaines; 
puis  tous  les  mois,  puis,  tous  les  dix  jours,  et  mourut  enfin  d'i- 
nanition  ,  au  commencement  de  I'ele  dernier. 

Le  Furet  ne  s'occupe  gucre  que  des  spectacles  et  des  modes. 


GRANDE-BRETAGNE.  —  RUSSIE.  GcyS 

Destine  aux  acleurs,  il  pouria  obtenir  quelques  succes,  s'ii 
a])porle  loujours  la  meine  impartialite  dans  ses  critl(]iies  et  le 
Hionie  goiii  dans  le  cholx  de  ses  esquisscs  de  moeurs.  Le  Meu- 
nier  de  Neinouts  et  M.  Bernard  sont  des  originaux  qui  font 
souj-ire  le  iecteur;  I'iiistoife  de  Korin  est  interessanle;  I e  dia- 
logue parisien  est  spiritiiel ;  mais  la  guinguette  nous  semble  un 
jieu  graveleiise  pour  le  public  anglais.  F.  D. 

RUSSIE. 

264.  —  *  Gossoudarslvenna'ia  vnechnaia  torgovlia  ,  etc.  — 
Le  commerce  exterieur  de  I'empire  en  1824,  considere  sous 
ses  differens  rapports.  Saint-Peteisbourg,  182C;  au  departe- 
raent  du  commerce  exterieur.  ln-8°;  ptix,  7  fr. 

La  statistique  s'enricliit  de  cette  publication,  destinee  a  ex- 
poser  la  marche  progressive  du  commerce  de  la  Russie  avec  les 
nations  exterieures.  Quoique  le  volume  que  nous  anuoncons 
s'occupe  seulement  de  I'annee  1824 1  dont  il  rappelle  la  legis- 
lation comraerciale  et  les  evenemens  ies  plus  remarquables,  dans 
leur  rapport  avec  le  commerce ,  son  contenu  est  neanmoins 
tres-important  et  ricLe  en  donnees  instruclives  et  interessantes. 
En  voici  les  principaux  chapitres  :  1°  balance  generaledu  com- 
merce exterieur  de  la  Russie;  2°  balance  commerciale,  avec 
J'indication  de  la  valeur  des  importations  et  exportations  et  des 
douanes  et  barrieres  ou  elles  ont  passe;  3°  tableau  general  des 
exportations;  4°  tableau  general  des  importations  ;  5"  produc- 
tions du  sol  russe  qui  entrent  dans  le  commerce,  douanes  par 
ou  on  les  exporte  ;  6°  marchandises  etrangeres,  lieux  de  leur 
importation;  7"  importations  et  exportations  d'or  et  d'argent, 
en  lingots  ou  monnoyes  en  cspeces  etrangeres;  8°  marchan- 
dises et  monnaies  confisquees;  9°  commerce  de  transit;  10°  ta- 
bleau du  commerce  de  la  Russie  avec  le  royaume  de  Pologne  ; 
11°  avec  le  grand  duche  de  Finlande  (  qui  forme,  comme  la 
Pologne  ,  un  pays  a  part,  ayant  ses  lois  et  ses  moeurs,  comme 
ila  ses  frontieresdislinctes);  12"  navigation  marcliande;  i3°  ta- 
ble des  prix  moyens  des  marchandises  russes  et  etrangeres; 
1 4°  fluctuations  du  cours  de  I'argent  et  du  change;  i5°  liste 
des  negocians  qui  font  le  commerce  avec  I'etranger. 

La  Gazette  alleinande  acadernique  de  Saint-Petersbourg  et 
la  Gazette  du  commerce  de  cette  ville  contiennent  souvent  des 
articles  reputes  officiels  sur  les  rcgleiuens  de  douanes  et  sur  le 
systeme  suivi  par  le  minlstre  des  finances.  Les  mesures  du  gou- 
vernement  ysont  justifiees  et  des  objections  suggerces  par  une 
connaissance  iniparfaite  des  rai)pnrts  locaux  et  des  circ.ons- 


694  LIVRES  ETRA.NGERS. 

tances  fortuites  y  sont  combat  lues  d'une  maniero  plus  ou  moiiis 
victorieuse. 

265.  —  *  Principesde  la  {^rammai.re  franrttise ,  mis  en  36  le- 
cons  ,  ct  a  I' usage  des  Russes ,  par  Ch.  dc  Saint-Hilaire  , 
ancien  offlcier  de  cavalerie,  conseiller  boiioraire,  etc.  Seconde 
edition,  revue  ,  corrigc'C  ct  considcrublesnenl  au2;mentee.  Saint- 
Petcrsbourg ,  1826;  Sleunine.  In-8"  de  173  pages;  prix, 
3  roubles.  (  Voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxviii ,  p.  808  I'annonce  de  la 
1''^  edition  ). 

La  Russie  est  la  lerre  classique  des  langues.  On  en  sail 
peut-^lre  plus  en  Allemagne;  mais  nulle  part  on  n'en  parle 
plus  qu'en  Russie  ,  et  surtout  dans  la  capilale  de  cet  immense 
empire.  En  province ,  j'ai  vu  des  enfans  de  douze  ans  posscdant 
deja  quatre  langues,  au  point  de  s'en  servir  indistinclement 
pour  exprJmer  toutes  leurs  idees;  a  Petersbourg ,  il  n'est  guere 
de  famille  aisce  ou  Ton  n'cniende  a  la  fois  parler  russe ,  fran- 
cais,  allemand ,  et  meme  anglais.  Quant  a  la  langue  francaise, 
il  est  reconnu  qu'on  la  parle  parfaitement  en  Russie,  tant  I'or- 
gane  des  Russes  est  flexible.  Outre  le  grand  nombre  de  gouver- 
nanles  et  de  precepleurs  francais  ou  suisses ,  rej)andus  sur 
tout  Ic  sol  de  I'empire,  ou  enseigne  le  francais  dans  la  plupart 
des  etablissenicns  publics;  on  fait  meme  en  francais  un  grand 
nombre  de  cours,  et  les  salons  ne  retentisscnt  jamais  que  de 
cette  langtie.  Nous  devons  cependant  observer  que  les  Russes, 
en  general,  n'evitent  pas  assez  les  expressions  \icieuses  ou  su- 
rannees.  lis  ont  adopte  un  grand  nombre  de  mots  qui  jamais 
n'ont  etc  francais ,  et  ils  en  ont  conserve  d'autres  auxquels  on 
a  renonce  en  France.    • 

Une  grammaire  francaise,  adaptee  aux  besoins  des  Russes  , 
n'est  done  point  une  chose  superflue(i),  el  son  auleur  est  d'au- 
tanlplus  sur  deseconcilier  leurs  suffrages  qu'il  a  trouve  le  secret 
de  dire  beaucoup  en  pcu  de  mots.  II  n'a  pas  suivi  la  methode 
ordinaire,  f|ui  consiste  a  faire  succeder  la  syntaxe  a  la  grammaire 
proprement  dite ;  il  les  a  fondues  habilemenl  I'une  dans  I'autre. 
II  aborde  toules  les  difficullcs  reelles;  mais,  pour  ne  pas  trop 
erabarrasser  sa  marche,  il  s'abstient  dc  trailer  des  locutions 
difficiles  dont  I'usgge  n'est  pas  frequent.  On  ne  irouvera,  dans 


(l)  II  ne  faut  pas  oublier  qu|il  en  existait  deja  pluiieurs  en  possession 
de  resliine  publique;  telles  sont  telles  de  Charpehtier,  de  Maudku  ,  de 
Hamoniere  et  de  Reiff.  (Voy.  Rev.  Enc,  t.  xx,  p.  587  ,  I'aunonce  de 
cette  dernieie. )  M.  Tappe  avalt  pnblie  la  sienne,  a  I'usage  des  Allemands  ; 
et  recemment ,  M.  Valerio  vient  d'en  falie  pai-aitre  ane  qui  sera  tres-utile 
anx  Italieos.  (Voy.  Rev.  Enc. ,  I.  xxix,  p.  469.)  N.  d.  R. 


RIJSSIE.— POLOGNE.  695 

son  ouvrau;e ,  aucune  nouvelle  donnee,  mais  uiie  marche  mc- 
Uiodi<]ue,  et  iine  exposition  claire  et  simple.  La  premiere  edi- 
tion, qui  a  jiaru  en  1822,  avail  oblenu  beaucoup  de  siicces  i 
celle-ci  est  plus  correcle,  et  I'ensemble  on  est  pbis  parfiiit.  On 
y  a  joint :  i"  un  petit  traite  des  sons  propres  et  accidenlels  des 
consonnes;  2"  un  arbre  figuratif  de  la  conjugaison  des  verbes 
reguliers;  3°  un  essai  d'analyse  logique;  4°  une  table  de  recti- 
fication des  locutions  vicieuses,  introduites  en  Russia  ,  soitpar 
des  personnes  qui  s'cxpriment  incorrectement,  soil  par  des 
traductions  trop  litterales  du  russe  en  francais;  5°  une  llste 
exacle  des  mots  ou  la  leltre  H  est  aspiree;  6°  un  vocabulaire 
des  horaonymes  et  des  homograplies,  expHques  en  francais  et 
Iraduits  en  russe,  dans  leurs  diffcrenies  accepiions.  L'auteur 
de  cet  ouvrage  s'occupe  pour  le  completer,  de  quelques  autres 
livres  elementnires  qui,  avec  celui-ci,  formeront  un  cours  de 
langue  francaise.  J.  H.  S. 

266. —  Theatre  d' Auguste  Yt^orz^fivv. ,  comprenant  les  pie- 
ces Ics  plus  recentes  de  cet  autenr,  Iradnit  de  I'alleniand  en 
russe,  par  M.  Fedor  Ettinger.  Saint-Petersbouig,  i825- 
1826.  In-12. 

Kotzebue  est  un  auteur  dramatique,  presqne  aussi  populaire 
en  Russie  qu'en  AUemagne;  pendant  long-tems,  ses  produc- 
tions out  figure  pour  moitie  dans  le  repertoire  des  deux  trou- 
pes russes  de  Saint-Petersbourg  et  de  Moscou.  lis  n'est  done 
])as  etonnant  qu'il  ait  eu  plusienrs  fois  les  honneurs  de  la  tra- 
duction. A  la  liste  assez  longue  des  ouvrages  de  ce  dramaturge 
allemand  que  la  litterature  russe  s'est  appropries,  M.  Sopikof, 
dans  son  Essai  de  biographic  russe  ,  t.  iii,  pag.  329,  ajoufe  la 
mention  d'une  traduction  complete  de  son  theatre,  publiee  a 
Moscou  pendant  les  annees  1802  a  1808,  en  20  vol.  in-12. 
S'il  faut  en  croire  les  journaux  russes,  et  surtout  le  Tvlrgra- 
phe  de  Moscou  (Moskovskoi  Telegraf),  la  nouvelle  traduction 
de  M.  Ettinger  que  nous  annoncons  ici ,  ct  dont  11  a  paru  deja 
cinq  volumes,  n'aurait  pas  toutes  les  qualites  desirables  pour 
faire  oublier  ceiles  qui  I'ont  precedee.  E.  H. 

POLOGNE. 

Revue  des  journaux  et  des  recueils  periodiques  qui  se  publient 
a  Varsovie ,  en  1826. 

Depuis  1819  ,  3  journaux  scienlifiqnes,  6  feuilles  politl(|ues 
liberales,  2  journaux  satiriques,  7  litteraires,  2  journaux  de 
dames,  i  feuille  litteraire  et  musicale,  i  journal  d'agricul- 
ture,et   i  journal  destine  aux  Israelites,  out  etc  forces  par 


696  LIVRES  ETRANGERS. 

diff^rens  motifs  a  ne  plus  paraitre  drms  la  seule  vi!Ie  de  V.'«r- 
sovie. 
Voicilesjournaux  queronpublieinaintenant  dans  eel te  ville. 

267.  —  Dziennifi  praw.- — Bulletin  des  lois.  In-8",  de  20  a  aS 
feiiilles. 

Le  litre  seul  iiidiquc  le  but  de  ce  journal  :  il  contient  les  lois 
adoptees  dans  les  dietes,  Ics  decrels  du  roi  et  de  son  lieutenant , 
relatifs  a  I'administi-aiion  generale  du  pays. 

268.  —  Rocznil,  /.roleivafdegn  TowarzyxUva  przyiaciol  nauh 
warszawsfciego  — Annnairc  de  la  Socicte  royalc philomatique  dc 
Varsovie.  II  en  parait,  tons  les  ans ,  i  v.  in  8"  de  20  a  25  feullles. 

11  se  compose  dc  disserlations  sur  les  sciences  et  les  arts, 
ecrites  par  les  nienibres  de  la  Societe.  Depuis  sa  f'ondalion  en 
1801 ,  il  en  a  paru  aS  volumes. 

269.  —  Pamientnik  umieientnosci  i  szlitk.  —  Memoires  sur 
les  sciences  et  les  arts.  II  en  parait,  tous  les  quatre  mois,  iin 
cahier  de  i5  a  20  feuilles  in-S". 

II  renferme  des  dissertations  sur  les  sciences  et  d'autres  ar- 
ticles scientifiques  ,  originaux,  ou  Iraduils.  Ce  recueil  est  re- 
dige  par  les  niembres  de  la  Soce'ele pour  les  livres  clcmcnlaires. 
270. —  *  Sylix'an  ,  dziennifc  lesny.  — Sylvan,  journal  d'eco- 
nomie  foresticre.  Ce  recueil  parait,  tous  les  trois  mois,  par 
cahlers  de  loa  i5  feuilles  in-8°  ,  avec  planclies. 

Sa  publication,  inlerrompue  pendant  quelque  terns,  a  de 
nouveau  repris  son  cours.  On  doit  au  soin  de  M.  le  comte  Louis 
Plater,  conseiller  d'etat,  remplacant  leministre  de  finances, 
I'etablissement  d'une  ccole  forestiere  en  Pologne ,  ou  une  ins- 
titution de  ce  genre  etait  surtout  necessaire.  Les  professeurs 
de  cette  ecole,  a  la  tete  desquels  se  trouve  le  meme  savant, 
sont  les  redacteurs  de  ce  journal. 

271.  —  Dzienni/i  JFarszawsli.  —  Journal  de  Varsovie, 
consacre  aux  sciences  et  aux  malieres  (|ui  concernent  particu- 
lierement  la  Pologne.  i  caliier  in-S"  de  8  a  10  feuilles,  par 
mois,  avec  des  planches. 

Avantla  publication  de  ce  recueil ,  il  en  existait  deja  plu- 
sieurs  a  Varsovie,  consacres  aux  sciences  exactes  et  aux  nou- 
velles  scientifiques  des  pays  etrangers.  L'editeur,  pour  arriver 
au  but  qu'il  s'etait  propose,  celui  de  repandre  dans  le  pays  les 
connaissances  utiles  ,  a  du  adopter  un  plan  tout  nouveau,  dont 
nous  allons  donner  une  esquisse.  Chaque  numero  doit  offrir 
au  moiiis  une  dissertation  sclentifi(]ue  originale.  Auciin  article 
tradnit,  qui  ne  concerne  pas  la  Pologne,  nc  pourra  e!re  insere 
dans  le  Journal  de  Varsovie  ;  il  en  sera  de  meme  des  critiques 
d'ouvrages  insignifians  ,  ct  des  debats  litt^raires  de  pen  d'inte- 


I 


POI;OGA^E.  fi;)7 

rel.  Le  journal  rerifermer.t  des analyses  raisoniuesdes  ouviages 
marquans,  qui  parailiont  dans  le  p'lys,  et  des  tableaux  do  sa 
slalislique  ;  tout  cequi  scraltaclie  a  sa  bibliograjiliie  ancieriiic; 
dos  poesies,  excej)!*?  des  jiieces  fugitives;  des  tiaduclions  d'ar- 
licks  publics  par  des  Polonais  en  langues  clrangeres,  et  d'ar- 
ficles  olrangers  concernant  la  Pologne.  Quelles  que  fussent  les 
difficidies  de  I'ext'cutioii  d'un  tel  plan  ,  le  rciiacteur  ,  a  I'aide  de 
quelques  savans,  est  parvenu  a  les  vaincre,  et  peut  sVpplaudir 
d'lu)  succes  toujours  croissant.  Cha(]ue  dissertation,  inseree 
dans  ce  recueil,  pouvant  etre  consideree  conime  un  oUvrage 
a  part,  il  n'est  pas  sans  inieret  d'en  citer  les  principales  : 
1°  quelle  influence  la  legislation  romaine  a-t-elle  pu  avoir  stir 
la  legislation  ])o!onaise  et  lilliuaiiienne  ?  pa;:  M.  Alexandre 
Mitzkp:vjtch  (  Michiewicz  ).  !i"  Une  autre  dissertation  de 
M.  Francois  Moge  (  Morze  ),  sur  le  menie  sujet.  L'une  et 
I'autre  sont  enrichies  de  notes  d'un  des  premiers  savans  ]ioIo- 
nais,  M.  Joachim  Lelevfel.  3"  Pourtjuoi  cludions-nous  le 
droit  romain?  par  M.  If!;nace  Matzieiovsri  (  il/rt«'e«on'^/7  ). 
4°  De  I'influence  des  mathomatiques  sur  le  perfcctionneinent 
de  riionime  ;  parM.  Joseph  Goi,ochovsr.i  (  GoUichows/d)  meni- 
bre  de  la  Societc  royale  philomaiique  ,  ci-devant  professeur  de 
])lulosophie  a  rnniversile  de  Wilna.  5°  Sur  les  inonnaies  an- 
ciennes,  deterrces  a  Tcliebougne  (  Trzebun  ) ,  village  sllue 
dans  le  palatinat  dePlolzk,par  M.  Joachim  I.elewf.l  ,  de  la 
merae  societe,  ci-devaut  professeur  d'histoiie  a  I'universite  de 
Wilna.  Get  ecrit  jettc  de  grandes  liimieres  surla  nuinismatique 
du  moyen  age  de  I'Alleinagne  ,  de  I'Angleterre,  de  la  Pologne 
et  de  la  Boheme.  6°  De  I'histoire ,  de  son  elendue ,  et  des  sciences 
qui  ont  quelque  rapport  avec  elle;  dissertation  erivoyee  au 
concours  pour  la  cliaire  d'histoire  a  I'liniversite  de  Wilna,  par 
le  meme.  7°  De  la  inaniere  d'enseigner  I'liistoire  dans  les  uni- 
versites,  par  le  meme ;  pouvant  servir  de  coinplenient  a  I'ecrit 
precedent.  8°  Sur  la  theorie  d'Adani  Smith,  dissertation  par 
M.  Jean  Dziekoonsri  [Dziehonsli).  g°  Projet  d'une  traduction 
francaise  du  Talmud,  avec  des  observations  sur  la  reforme  de 
juifs  en  Euro])e  ,  et  parliculieremenl  en  Pologne  (i)  ,  par 
I'abbe  Chiarini,  ])rofesseur  a  I'linivcrsile  royale  de  Varso- 
vie.  10°  De  I'esprit  de  la  poesie  classitiue,  par  M.  Maurice 
MoHNATZKi  (  Mochnac/ii)  ;  dissertation  iiiseree  sans  litre 
dans  le  cours  d'une  analyse  de  Touvrage  de  M.  Jean 
vSniadetzrj    ( Sniadechi ")    sur    les    deux     genres    de     poesie 


(t)  Voy.   Rev.  Enc.  ,  t.  xxx  ,  page  565.  Nous  inscrerons   procliainc- 
ment  an  article  plus  etendti  stir  cet  inleressant  ecrit.  N.  d.  R. 


Gg-S  LIVRES  STRANGERS. 

classi(iueet  rnniauti(|iic.  i  i°Desdialccles  slavonsetdela  langue 
xinscn'te  ,  par  M.  Aiiclie  KoLnARSRi  [Kuc/iars/,i).  12°  De  laso- 
c'ietc  secrete  des  chevaliers- Iczards  ( /jctvzc  iaszcziir/,oix'i)  de 
la  Prusse  polonaise  ,  pour  servir  a  I'liistoire  de  la  Pologne  du 
xve  siecle,  conlcnant  des  details  importans,  et  incorinus  jus- 
qualors,  siir  la  nouvelle  reunion  des  etats  prussicns  a  la  Po- 
logne,  en  i/|66;  dissertation  redig;eed'aj)res  i'ouvrage  allemand 
du  professeiir  P^oii^t ,  de  Koenigsberg,  et  enrichie  de  comple- 
inens  ,  par  M.  Michel  PonTCHACHicNSKi  i^  Podczaszynshi  ). 
i3°  Petite  chroniijiie  des  rapporis  diploniatiques  enire  la  Po- 
logne  et  I'Angletcrre,  par  un  (inonyme.  Ces  dissertations, 
et  plusieiirs  autrcs  articles,  parini  Icsquels  on  distingue  deux 
lettrcs,  une  du  feu  cointe  Joseph  Ossolignski  [  O.ssolifisAi) 
ecrite  au  prince  Adam  Tchartoryski  (^Czartorys/d.)  sur  I'his- 
toiie  de  la  litteratiire  polonaise  ;  une  autre  sur  la  ])OL\sie  na- 
tionale  des  ])eiiples  slavons,  adressee  au  directeur  dn  journal 
])ar  M.  Casimir  Buodzignsivi  [  Brodzins/d);  les  poesies  de  ce 
dernier;  celles  de  M.  Dohdan  Zalesri  ;  de  M.  Adam  Mitzke- 
vjTCH  [Micklewicz) ,  qu'on  place  au  nombre  des  illustres 
poetes  vivans,  elc.,  out  paru  dans  Ics  treize  caTiiersde  ce  journal, 
dont  les  iiublicalionsont  commence  en  juin  iSaSjSous  la  direc- 
tion deMM.  7^//r/^e/PoDTcnACHlGNSRI  et  Maurice  Mohnatzki; 
mais  ce  dernier  a,  depuis  cette  annee,  abandonne  I'entreprise. 

272.  —  Izys  polsha.  —  Isls  polonaise.  II  en  j)arait,  tous  les 
ruois,  un  cahier  de  8  a  10  fenilles,  in-S"  avecplanclies. 

Ce  recuei!  est  unlquement  consacre  aux  connaissances  utiles 
au  pavs  sons  le  rapport  de  I'industrie  et  de  ragricultnre.  II 
renferme  aussi  des  extraiis  des  journanx  anglais,  francais  et 
allemands,  concernant  les  inventions  nouvelles  ,  les  decouver- 
tes,  etc.  Ce  jotirnal  es!  d'une  grande  utilite  en  Pologne  ,  ou  les 
guerres  continuelles  pour  la  defense  du  pays  ne  perniettaient 
pas  aux  habitans  d'elever  des  fnbriques;  mais,  depuis  le  reta- 
blissement  du  royaume  en  i8i5,  I'industrie  a  fait  des  jirogres 
etonnans.  De  toute  part  s'elevent  des  manufactures ;  lesprojirie- 
taires  s^occujient  de  la  theorie  de  Teconomie  rurale,  et  com- 
mencent  a  se  servir  de  machines  pour  Tagricultiire  ;  les  forets 
sont  adminislrees  de  la  nieine  maniore  que  celles  des  autres 
pavs.  Les  expositions  des  produils  de  I'industrie  nationale ,  tpii 
ont  lieu  tous  les  deux  ans,  altestcnt  les  pas  qu'elie  a  fails.  Le 
fondateuret  le  premier  redacteur  de  ce  journal  etaitM.  Gracien 
KoRviNNE  (  Korwin  ).  Depuis  qu'il  est  raort,  son  collabora- 
teur,  M.  Antoine  Lelovski  s'occupe  seul  de  la  redaction. 

278. — Kozrywki  dladzieci. — Divertissemens  pour  les  enfans. 
Uncalilerin-S"  tous  les  mois,  compose  de  3  feuilies  avec  figures. 

Le  but  de   ce  recueil  est  moral  et  palriotique;  le  lecteur  y 


POLOGNE.  (hj^) 

Irouve  retracees  les  actions  dcs  jjrands  hoinmes  i|ui  se  sont 
illuslres  dans  les  conseils,  sur  le  charnp  d'honnenr,  ou  dans 
I'eglise  ,  et  qui  ont  donne  des  preuves  de  leur  altaclienient  pour 
la  patrie.  Ccs  notices  sont  ecrites  de  maniere  a  elre  faeilement 
corrtprises  des  enfans.  En  evoquani  les  ombres  de  ceux  qui  fu- 
rent  dans  leur  tenis  rornement  et  le  soutien  de  la  patrie,  en 
prescntaiit  pour  niodeles  les  vies  de  ces  Iiommes  vertueux , 
rempiies  d'actions  sublimes;  on  parvient  aisenient  a  former  la 
jeunesse,  a  lui  impriiner  le  gout  des  saines  etudes ;  a  lui  ensei- 
gner  de  bonne  heure  a  pratiqucr  la  vertu.  A  cha(|ue  biogra- 
phic est  joint  un  portrait ,  afiii  de  presenter  aux  jeunes  lectcurs 
les  trails  de  cliacun  des  personnages,  en  raeme  teins  que  leurs 
actions.  Pour  repaiuhede  la  variete  dans  ce  reciieil,  le  redac- 
teur  y  insere  de  tenis  en  terns  des  articles  sur  I'education,  des 
maximes  morales  tirecs  des  meilleurs  ecrivains  polonais  et  la- 
tins, et  a  la  fin  de  chaque  cahier,  de  pelites  histoires  luorales 
et  religieuses  a  ['usage  des  enfans,  de  maniere  que  les  per- 
sonnes  de  tout  age  se  plaisent  a  lire  ce  journal.  Les  parens  et 
les  instituteurs  irouvent,  dans  les  articles  concernant  I'educa- 
tion ,  des  conseils  tres-sages;  les  cceurs  des  jeunes  gens  se 
forment  par  le  recit  des  hauts-faits  de  leurs  ancelres;  les 
enfans  s'aniusent  a  cetle  lecture,  et  apprennent  de  bonne 
Leurc  a  aimer  la  vertu,  la  religion  et  la  patrie.  Honneur 
a  M'le  Clementine  Tagnsra  (  Ttin^ka)  jeune  Polonaise,  qui 
seule  redige  jjresque  tous  les  articles  de  cet  utile  journal.  Sa 
soeur ,  M™^  Marie  Hermann  dessine  de  su  main  toutes  les  litlio- 
graphies  qui  s'y  Irouvent  jointes.  Pour  se  rendre  utile  a  ses 
compatrioles,  M'le  Tagnska  iie  se  iaisse  effrayer  par  aucun  tra- 
vail. Souvent,  pour  trouver  la  biographic  d'honimes  qui  ont 
vecu  dans  les  premiers  terns  de  I'existence  de  la  Pologne,  ellc 
est  obligee  de  faire  des  recherches  dans  les  anciens  historiens  , 
qui  presque  tous  sont  ecrils  en  latin,  et  de  fouiller  dans  les 
\ieux  nianuscrits  :  elle  choisit  et  traduit  elle-meme  du  latin  des 
inaximes  morales  tirees  des  meilleurs  ecrivains  nationaux  du 
xvi^  siecle;  enfin,  elle  entreprend  des  travaux  au  dessus  de 
son  age  et  de  son  sexc ;  elle  merite  non-seulement  la  reconnais- 
sance de  la  generation  qui  s'eleve,  mais  encore  Testiniede  tous 
les  hommes  sensibles  et  vertueux.  Elle  a  public,  il  y  a  quel- 
ques  annees,  un  excellent  ouvrage  pour  reducation  des  demoi- 
selles ,  intitule  :  Pamiontka  po  dobrvy  matce  (  Souvenirs  d'une 
bonne  mere  );  t)uis ,  un  autre  d'un  cgal  nierilc,  inlilule  :  Ame- 
lia matho  (  Amelie  mere  )  ,  qui  fait  suite  au  precedent,  et  divers 
ecrils  du  nieme  genre.  Les  sentimens  patriotiques,  les  pensees 
morales  et  religieuses,  que  I'dd  puise  dans  ces  ouvragcs ,  en 


700  LIVRES  ETRANGERS. 

font  nil  trcsor  pn'-cieux  pour  chaque  famillo,  et  pour  tontes  les 
niaisons  d'educalion.  Nous  aiiuons  a  payt^r  ici  a  M""-'  Tagn!.ka  le 
tribut  de  la  f;ralitride  de  tous  les  Polonais. 

27/1. —  Polnisclw  Miscetleit.  —  Vari(5tcs  polonaises;  jour- 
nal inensuel  de  6  a  8  feuilics  in -8°;  spcctalenieni  consacro  a  la 
littcraliire  polonaise. 

Le  prospeclus  de  ce  rectieil  a  etc  pulilie  il  y  a  deux  mois; 
raais  aucun  nuniero  ne  nous  est  encore  parvenu.  II  doit  ])araitre 
en  languc  allemande,  et  contiendra  des  exiraits  d'ouvrap;es  et 
de  joiirnatix  polonais.  Les  compalrioles  de  redileur  I'approu- 
veront  sans  doulc,  dans  rinteret  de  leur  propie  gioire,  d'avoir 
senii  que,  pour  I'aire  connaitre  a  I'Enrope  savante  I'etat  des 
sciences  et  des  lettres  en  Pologne,  un  journal  de  ce  genre  de- 
venatt  indisi^ensable.  La  langue  polonaise  est  Tune  de  celles 
(pi'on  etudie  le  moins  dans  I'Europe ;  et,  par  celte  raison,  sa 
belie  litlerainre  rcste  inconnue.  M.  le  baron  Drack  doit  s'oc- 
cuper  de  la  redaction  de  ce  journal. 

275.  —  Bihlioteha  polska  ,  etc. —  Bibliotheque  polonaise, 
journal  consacre  aux  arts,  aux  sciences,  a  la  lltteralure,  a 
I'histoire,  etc. ,  etc.  Deux  numcros  in-8°  par  mois,  de  3  feuilles 
chacun. 

Une  societii  de  plusieurs  jeunes  litterateurs  se  forma,  en 
1825,  pour  publier  ce  journal;  a  leur  tetese  trouvait  M.  Fran- 
cois-SalezeT)MovLo\Sf^i ,  connu  par  ses  traductions  de  VAndio- 
/rtO(7«e  de  Racine,  de  Marius  a  Minturnes,  de  plusieurs  co- 
medies de  Moliere  et  de  beaucoup  de  pieces  fugitives.  Mais, 
tous  ces  jeunes  gens  abandonncrent  bientot  M.  Dniohovski; 
les  uns,  parce  que  d'autres  occupations  ne  leur  permettaient 
plus  de  cooperer  an  journal;  les  aulres,  parce  que  des  affaires 
imprevues  les  forcaient  de  quitter  Varsovie.  Tout  le  poids  de 
la  redaction  tombant  sur  M.  Dniohovski,  il  se  vit,  des  le 
commencement,  oblige  de  changer  le  plan  de  I'ouvrage,  en 
conservanl  cependant  le  litre  priinitif.  II  en  resulta  (jue  le 
contenu  ne  repondait  plus  an  tilie;  le  cadre  du  journal  elait 
d'ailleufs  beaucoup  Iroj)  resserre  pour  toutes  les  matieres  qu'il 
devait  einbrasser.  Le  redacteur  se  borna  done  a  inserer  des 
discussions  litteraires,  des  extrails  de  nouveaux  ouvrages  (\u\ 
paraissaient  en  Pologne,  de  \a  Revue  Encjclopedique ,  de  la 
Bibliotheque  Universelle  et  de  quelques  journaux  publics  en 
France;  des  exiraits  de  romans ,  de  voyages,  et  d'ouvrages 
philosophiques;  entre  autres,  de  ceux  de  MM.  Droz  et  Dege- 
rando,  du  llvre  dc  M""=Remusat  sur  I'educalion  ;  de  morceaux 
extraitsdela  Force commerciale  de  V Angleterre ,  parM.  Ch.Du- 
pin,  traduitspar  M.  Emimmuel  Gmicrsberg  ,  qui  se  propose 


POLOGNE.  701 

lie  piiblier  incessaniinent  la  traduction  complete  de  cet  impor- 
tant ouvrage.  Ncanmoins,  M.  Dniohovski  merite  beaucoup 
(i'eloges;  non-seulejnent,  ii  redige  seul  tout  le  journal ,  mais 
encore  il  traduit  lui-meme  presque  lous  les  articles ,  tires  des 
ouvrages  francais. 

276. — Rozmaitosci  wnrszawshi.e.  —  Varieles  de  Varsovie; 
grand  in-4°,  une  fois  par  semaine.  i  a  2  fc^uilies. 

Ce  journal,  dedie  en  partie  au  beau  sexe,  contient  des  nou- 
velles,  des  poesies,  etc.,  et  c|uelques  docuuiens  scientifiques. 
Jl  est  redige  par  M.  Francois  Gjimala  (  Grzyinala),  ci-devant 
rudacteur  de  la  Sibylle  des  bonis  de  la  Fistule ,  recueil  politique 
ct  liberal. 

277.  —  Dziennik  woiewodztwa  Mazowiechiego.  —  Journal 
du  palatinat  de  Maso\ie;  in-4°.  2  feuilles. 

11  parait  chaque  semaine,  et  contient  (ies  annonces,  des  or- 
donnances,  des  actes  officiels,  etc. 

278. —  fP'arschauer  abendblatt.  — La  feuille  du  soir  de  Var- 
sovie; en  langue  allemande  ;  in-4°,  publiee  deux  fois  par 
semaine. 

Ce  journal  est  a  I'usage  des  classes  inferieures  du  peuple 
allemand  qui  habite  la  Pologne.  Le  nombre  des  Allrmands  s'ac- 
croit  tous  Ies  jours  davantage  dans  ces  classes,  Ics  ciloyens 
protegeant  beaucoup  Ies  fabricans  et  ies  ouvriers  etrangers. 

279.  —  Gazeta  horrespondenta  ,  etc.  —  Gazelle  du  corres- 
pondant  de  Varsovie  et  des  pays  elrangers;  in-/,",  parait  qua- 
tre  fois  par  semaine 

280.  —  Gazeta  JVarszawsha. —  Gazette  de  Varsovie;  in-4*', 
quatre  fois  par  semaine. 

281.  —  Monitor  JFarszawshi.  —  Moniteur  de  Varsovie; 
quatre  fois  par  semaine,  grand  in-folio  ,  avec  des  supplemens. 

282.  —  Kurjer  fVarszawski.  —  Courrier  de  Varsovie;  petit 
in-4°.  Journal  quolidien. 

283.  —  Gazeta  Polska.  —  Gazette  de  la  Pologne;  in-folio. 
Journal  quotidien. 

Nouveau  journal  dontnous  ne  connaissons  queletilre. 
Ces  cinq  feuilles  sent  consacrees  aux  nouvelles  politiques  et 
lilteraires. 

284.  —  Lutnia.  —  Le  Luth ,  journal  musical ;  recuei!  de  mor- 
ceaux  de  musique ,  public  trois  fois  par  raois. 

285.  —  Ceres,  dziennik  rolniczy.  —  Ceres,  journal  d'agri- 
culture. 

On"le  doit  a  feu  Stanislas  Stachitz  (Staszic),  ministre  dotat, 
londateur  de  beaucoup  d'elablissemens  utiles  en  Pologne ,  d'une 
academic  des  mines  a  Keltze  (  Kielce),  et  d'uu  institul  agro- 


702  LIVRES  ETR ANGERS. 

nonnquc  a  IMaricmoiit ,  dans  I'encoiDtc  tie  Vaiso\io.  Le  direc- 
tciir  dc  ce  derniti'  c'lnblisseinenl,  M.  Ii.att  i)iil)lie  re  journal, 
(|ui  parait  par  caliier  dc  lo  a  i5  feiii'.Ies  in-S"  ,  a  dcs  epotjues 
indeteEminees.  M.  P. 

NORVEGE. 

286. —  *  Fre(h'richs.sU'cn. — La  Forteresse  de  Frederlchss- 
toen,  pendant  le  siege,  en  1814.  Rapport  officiel ,  augmcnte 
de  quelques  details  liistoriques;  par  un  mililaire  norvegicn. 
Chrisliania  ,   iSafi.  In- 8". 

La  ville  de  Fredericlishald  ,  en  Norvegc,  sitnee  snr  I'exlrenic 
frontiere  dii  pays,  du  cote  de  la  Suede,  est  defendue  par  une 
forteresse,  appelee  Frederichssteen.  C'est  au  pied  de  celte  for- 
teresse (|ue  fut  lue,  en  171S,  le  roi  de  Suede  Charles  XIL  En 
i8i/i ,  elle  soutint  un  IjosTibardement  de  cjuinze  jours,  et  re- 
ieta  cinq  sommatlons  consecutiyes,  dont  la  derniere,  ainsi  que 
nous  le  lisons  a  la  page  4o  tie  ce  rapport  officiel,  etait  conciie 
en  termes  que  nous  croyons  peu  usites  parmi  les  ])euples 
civilises,  puisqu'elle  dit  exj)resseinent  que,  dans  le  cas  oil  la 
place  lie  se  rend  rait  pas  iinmediatetncnt  ^  son  commandant  se- 
rait  PEwnu  ,  lorsque  plus  tard  elle  aitralt  ele  prise  ,  soitde  vive 
force ,  soil  par  ///^c  capitulation  quelconquk.  Telle  etait  nt^an- 
moins  la  fermete  du  brave  commandant  et  de  tous  ses  snbor- 
donncs,  que  le  parlementaire  fut  renvoye  avee  nn  refiis  forinel, 
et  il  est  probable  que  la  place  eutresisle  encore  long-tcms ,  si 
line  depeolie,  signee  de  la  propre  main  du  prince  Chretien-Fre- 
deric ,  gouverneur,  et  pendant  quelques  iiiois  roi  dcNorvcge, 
n'eut  ordonne  }a  reddition  de  la  place ,  el  sa  remise  aux  troupes 
suedoises.  Ces  troupes  y  furent  introduites  pendant  la  nuit, 
parce  qu'on  craignait  la  fnreiir  de  la  garnison,  qui  etait  tres- 
decidec  a  se  dcfendre  jusqu'a  la  derniere  extremite.  —  Nous 
ainions  a  pouvoir  ajouter ,  cequihonore  le  roi  actuel  de  Suede 
e)  de  Norvege ,  que,  sans  craindre  son  luecontentement,  un 
oflicier  norvegien  a  pu  llvrer  ce  rapport  au  pTdilicpar  la  voic 
de  rimpression.  Ala  verile,  la  publication  cstanonyme;  luais 
son  auleur  ne  peut  rcster  inconnu,  j;uisqu'il  appartenail  a  la 
garnison,  et  que  son  rapport  est  officiel.  Ce  fait  prouvc  evi- 
demraent  que  la  presse  est  encore  assez  libre  en  Norvege. 
Puisse  le  jiays  ne  jamais  perdre  ce  palladium  de  sa  iiberte  ! 

Heiberg. 

DANEMARK. 

287. —  *  Folkets  Opljsning,  etc.  —  L'inslruction  du  peu- 
nle,  salulaire  au  prince;  discours  jirononcc  en  latin,  dans 


DANEMARK.  7o3 

I'universil^  de  CojiejiliJiguc,  a  ranniversaire  de  ia  naissance 
de  S.  M.  le  loldc  Daneiiiark;  par  M.  11.  C.  Oirsted,  profes- 
seur  a  I'liniversito,  etc.  Copenhague,ii]ar8  1826.  In-4°  de  i  2  p. 

Ce  discours  doit  exciter  iin  grand  interef,  autant  par  les 
principes  (jui  s'y  Irouvent  professes,  que  par  le  110m  et  I'au- 
torite  lilteraire  de  son  aiileur.  M.  Oersted  trace  d'abord  iin 
tableau  du  bonJieur  dont  jouit  Ic  Dancinark  ,  sorjs  le  sage  gou- 
veriierocnt  de  Frederic  VI.  Puis,  apres  avoir  di'peint  ces  I'au- 
teurs  de  I'lgnorauce  qui  senibleut  relever  la  tete  dans  plusieurs 
pays,  et  qui  nc  sont  pas  nvoins  enneniis  des  jirincos  que  des 
peuples,  il  montre  que  rinstruction  populaire  est,  sous  beau- 
coup  de  rapports,  aussi  avanlageuse  au  gouverneinent  qu'a  la 
nation  clle-meme.  «  On  a  prctendu ,  dil-il,  que  les  hommes 
dont  resj)rit  etait  Inculte  ,  devaient,  etre  en  general  plus  intre- 
pides;  mais,  ce  qui  fit  quelquefois  triompher  les  peuples  bar- 
bares  dans  lenrs  guerres  eontreles  nations  civilisees,  ce  fut  la 
depravation  de  la  civilisation  meme.  Un  faux  savoir  passait 
pour  une  science  reelle;  et ,  ce  qui  est  le  signe  iiifalilible  de  cet 
etat  de  degradation,  le  uiepris  de  la  nioralite  s'appelait  inde- 
pendance  des  ]irejuges.  Ce  u'est  que  par  un  abus  des  mots, 
qu'on  donne  a  cet  etal  le  nom  de  civilisation  :  la  lumiere  y  est 
eteinte  ;  la  raison  y  est  degenoree  en  folic.  » 

II  fait  observer  que  les  enneniis  du  perfectionneirsent  uni- 
verse! voudraient  nous  reporter  au  luoyen  age,  et  qu'ils  le  j)re- 
sentent  sans  cesse  comme  un  terns  plusheurcux  que  le  notre,  en 
s'appuyant  surtout  des  descriptions  des  poetes  :  «  mais,  dil-il,  il 
estde  la  nature  dela  poesie  desepreter  aux  illusions  et  d'etre  in- 
terpretee  faussement  paries  fanatiques.  EUe  pare  de  fleurs  cliaque 
age  de  la  race  liuniaine  :  dans  I'ignorance,  la  poesie  volt  la  simple 
innocence;  dans  la  fermentation  sauvage  des  esprits,  elle  admire 
la  vigneurde  I'lieroisme  ;  et  dans  la  barbaric  raffineedu  moyen 
age,  ellcse  plait  a  trouver  une  douce  alliance  entre  I'amour  et 
la  vertuguerriere.  Les  poetes  nous  fourniraient  fncilcment  une 
peinture  seduisante  de  cliaque  siecle;  on  pourrait  nieme  com- 
poser un  brillant  tableau  ,  en  reunissant  les  plus  belles  actions 
du  moyen  age.  Cependant,  si  nous  ecoulons  les  lecons  de 
I'histoire,  oserons-nous  dire  que  c'etait  le  terns  heureux  des 
rois,  lorsque  Tempereur  Henri  IV  jiresentait  I'etrier  ausairit- 
pere,  lorsque  I'empereur  Frederic  II  etait  persecute  a  Rome  , 
ou  lorsque  le  dernier  rejeton  de  sa  famille  portait  sa  tete  suv 
I'echafaud.  « 

Apres  avoir  refule  les  principales  objections  des  adveisaires 
du  perfeclionnenient  des  peuples,  conire  Fulilile  de  I'instruc- 
tion  generale,M.  Oersted  montre  la  vanite  de  leiirs  tentatives. 


7o4  LITRES  ETRANGERS. 

en  proiivant  que  le  diisir  de  s'iiistruire  esl  inherent  a  iiotrc 
espece.  •>  La  socieie  est  assujelie  coinrae  la  nature  a  des  lois 
fixes.  ]l  esl  vrai  que  chaqne  membre  de  la  societe  jouit  d'une 
force  qui  siibsisic  ])ar  elle-meiiie;  niais  I'actlvite  de  cette  force 
individuelie  depenti  felienienl  des  lois  generales ,  qn'nne  ten- 
tative de  I'individu,  si  ello  est  dirigee  contre  les  lois  univer- 
selles,  deviendra  tout-a-fait  nulle...  Legcnie  humain  asjiire  a  un 
ordre  social,  regie  par  la  raison;des  lors,  cliaquehoinme,  j)orle 
vers  ce  but,  aspire  a  se  perfectionncr.  Vouloir  agir  contre celte 
tendar.ce  des  esprits  ,  c'est  voulnir  changer  la  nature  des  cho- 
ses.  On  pourrait  satis  doute,  a  I'aide  d'une  machine,  prescrirc 
a  I'eau  d'une  soTirce  de  monier,  au  lieu  de  chercher  le  point  le 
plusbas;  ma  is,  si  ronessayait  de  del  oiirner  les  fleuves  vers  leurs 
sources,  on  ne  le  pouirait.  II  en  est  de  meme  de  la  niarche  de 
I'esprit  humain.  Yous  pouriez  I'arreter  ca  et  la  pendant  quel- 
ques  jours  ;  mais  qui  oserait  se  croirc  assez  fort  pour  encliainer 
chez  tous  les  peuples  ce  desir  d'avancer  ?  Combien  d'injustices 
et  de  violences  ne  f.iudrait-iJ  ])as  coinmettre  jiour  approcher 
de  ce  resultat ,  ct  a  ciiielle  ex])losion  des  forces  coniraires  ne 
serait-on  pas  ex[)ose?...  Pourquoi  enfin  arreter  ce  progres  du 
peuple?  Est-ce  pour  cvitcr  quelques  abus?  Mais  rinstruction 
a-t-elle  ete  plus  sujette  a  Tabus  que  le  pouvoir  lui-mtine?  Et 
pourlant  nous  jugerions  insense  celui  ([ui  conseillerait  de  re- 
noncer  a  tout  gouvernement.  L'instrucilon  vousest-elleodieuse, 
parce  qu'elle  semble  s'opposer  a  vosinleiels  personnels?  Peut- 
etre  n'avourez-vous  ])as  un  tel  motif;  niais  j'osc  dire  que  cette 
crainte  n'est  qu'imaginaire.  II  est  viai,  la  distance  (jui  vous 
separait  dn  peuple  diminue;  uiais  ce  rapprochement  ameneune 
confiance  recijjroque ,  sans  laquelle  il  n'y  aurait.  que  desordre 
et  anarchic:  en  couipensation  de  vos  pi-elendues  perles,  vous 
obtenez  la  securite.  » 

Ces  courts  extraits  du  discours  de  M.  Oersted  suffiront  pour 
en  jndiquer  I'esprit.  On  aime  a  connailre  la  luaniere  depeiiser 
d'un  savant  ceiebre,  qui  a  contribuo  i)ar  de  beaux  et  utiles  tra- 
vauxaux  progres  des  counaissanceshumaines.  Sans  doute  aussi, 
il  pent  paraitre  curieux  de  comparer  les  opinions,  professees 
hauienicnt  en  Daneniark,  et  sous  les  auspices  d'un  gouverne- 
ment sage  et  bienfaisant,  avee  les  diatribes  furibondes  que  se 
permettent  dans  certains  pays ,  ies  organes  du  parti  qui ,  selon 
I'expression  d'un  poete  spirituel, 

Au  chai'  de  la  raisou  s'.TUele  par  dcrricre. 


DANEMARK.  -oS 

a88.  —  *  Margaretlia,  Dronning,  etc.  —  MargiiPiite,  reine 
de  Danemark,  de  Norvege  et  de  Suede;  par  M.  C.-F.  Wich- 
MAKN.  Copenhaguc,  182^.  In  •  8"  de  xii  et  167  j)ages,  a\ec 
\e portrait  de  la  reine. 

La  reine  Margueriie  figure  avec  beaucoup  d'eclatsur  la  iiste 
des  femmes  qui  ont  gouverne  de  vastes  cfats.  Ses  talens  dislin- 
gues  ,  sa  grande  liabilele  politique ,  et  la  finesse  de  son  tact  en 
diplomatie  lui  avaient  acquis  le  surnom  de  Semiramis  dii  Norch 
elle  I'a  garde  jusqu'a  ce  que,  quatre  sieclrs  plus  fard,  il  fut 
Iransfere  a  une  irapcratrice  qui  le  meritait  d'axitant  mieux  que 
possedant  les  memes  qualiles  ,  elle  ressemblait  encore  a  la  reine 
de  rOrient,  sous  des  rapports  moins  honorables.  C'estla  reine 
Marguerite  qui,  nee  en  i353  ,  et  morle  en  1412,  sut  reunir 
par  des  negocialions,  les  frois  royaumes  du  IVord.  Cette  reu- 
nion ne  dura  que  depuis  1 897  jusqu'a  i  Saa ,  epoque  a  laquelle 
la  Suede,  seseparant  des  deux  autres  royaumes,  elut  pour  son 
roi  le  celebre  Gustave  Vasa.  L'auteur  de  Touvrage  que  nous 
annoncons  a  traile  son  sujet  avec  talent;  il  raconteles  evene- 
mens  avec  precision  et  clarle,  etnous  ne  trouvons  auciindelail 
qui  paraisse  inutile.  II  a  ete  moins  heureTix ,  a  notre  avis ,  dans 
son  introduction,  qui  expose  la  situation  du  Danemark  et  de 
la  Norvege,  depuis  les  terns  les  plus  anciens  jusqu'a  I'avene- 
mentde  Marguerite.  Celte  introduction  comprend  64  pages  en 
pctits  caracteres,  et  forme,  par  consequent,  presque  la  moitie 
de  I'ouvrage  entier.  La  lecture  en  est  fatigante,  ce  ((ui  provieut 
en  partie  de  la  longueur  des  periodes.  On  serait  portca  croire 
qu'elle  n'est  pas  du  meme  auteur  que  le  reste  de  I'ouvrage. 

289.  —  *  Om  Kong  Har aid  Klahsdaab.  —  Sur  le  bapt^me 
du  roi  Harald,  surnomme  Klak,  et  sur  I'origine  duchristia- 
niiime  en  Danemark.  Cojjenhague,  1826.  In -8°  de  99  pages. 

En  826  ,  sur  I'invitation  du  roi  de  France  ,  Louis  -le-  Pieux , 
])lus  connu  sous  le  nom  de  Debonnaire ,  Harald,  surnomme 
Klah ,  roi  de  Danemark,  ou  plutot  de  Jutland,  accor.ipagne  de 
la  reine  ,  de  toute  sa  famille  etd'une  suite  nombreuse  ,  se  ren- 
dit  a  Ingelheim,  j)res  de  Mayence,  pour  abjurer  le  paganisme, 
embrasser  la  religion  chretienne  et  se  faire  bapliser.  Cette  cc- 
remonie  cut  lieu  dans  les  premiers  joi:rs  rlu  mois  de  juin  de  la 
meme  annee.  Ainti,  mille  ans  se  sont  ecoules  depuis  I'intru- 
duction  du  cliristianisme  en  Danemark.  En  commemoration 
d'un  evenement  d'une  si  haute  importance,  le  roi  actuel  de 
Danemark  a  ordonne  la  cek-bratiop  d'un  jubile,  quia  dii  avoir 
lieu  dans  toules  les  eglises  de  son  royaume,  le  14  mai  dernier, 
jour  de  la  Pentecote.  S.  M.  a  voulu,  en  outre^  qu'a  cette  oc- 
casion il  fut  public,  pour  rinstructiou  du  peuple  danois,  un 

T.  XXXI.  —  Septernbre  1826.  45 


7o6  LIVRES  ETRANGERS. 

rccitdetoiitesles  circonstances  qui  ontciiquelque  rapport  avec 
cet  evcneinent  memorable,  et  que  ce  r<5cit  fut  redige  de  ma  ■ 
niere  a  etre  a  la  portee  de  toiites  les  classes  de  la  societe.  Telle 
est  I'origine  de  I'opuscule  que  nous  annoncons,  et  dont  I'au- 
teiir,  qui  toutcfois  a  garde  ranonyme,  est  le  savant  M.  Mun- 
TER  ,  evet|ue  de  Selande.  Un  expose  de  I'elat  religieux  el  moral 
du  royaume  de  Danemark,  au  commencement  du  ix*  siccle, 
sert  d'lntroduction  a  son  ouvrage  ,  ou  Ton  trouve  ensuite  la 
description  de  toutes  les  ceremonies  quiaccorapagnerent  i'acte 
solennel,  objet  de  ses  recherches.  L'exactitiide  du  recit  et  de 
ses  details  nous  est  garantie  par  la  grande  erudition  de  I'au- 
teur.  On  trouve  intercalee  dans  cet  ouvrage  une  traduction  en 
vers  d'un  poeine  A'Ernoldus  Nigellius ,  en  vers  elegiaques  la- 
tins. EUe  est  due  a  M.  Rahber,  dont  le  gout  et  les  taiens  sont 
trop  connus  pour  qu'il  soit  necessaire  d'en  faire  I'eloge.  M.  Rah- 
bek  a  cru  devoir  viser  plutot  a  I'exactitude  lilterale  qu'a  I'ele- 
gance  du  style,  de  sorte  qu'on  ne  trouve  pas  dans  son  travail 
toute  la  purete  que  Ton  est  accouturae  a  rencontrer  dans  ses 
nombreuses  productions.  Enfm,  le  livre  est  termine  parqualre 
psaumes  destines  a  etre  chantes  dans  cette  occasion  solennelle. 
ils  ont  pour  auteurs  MM.  Ingemann  et  Schmidt  ,  tous  deux 
poetes  tres-distingues ,  et  un  anonyme.  Heiberg. 

ALLEMAGNE. 

290.  —  *  Symholce  ad  carcerum  disciplinain,  etc.  — Vues 
sur  le  regime  des  prisons.  —  Dissertation  qui  sera  soutenue 
publlquement  dans  I'Acadcmie  Albertine ,  le  i5  juillet  1826, 
pour  obtenir  la  permission  de  donner  des  lecons  publiques  , 
par  Eberh.-Bav.  Friedlander,  docteur  en  philosophic  (sui- 
vent  les  noms  du  repondant  et  des  opposans).  Koenigsberg, 
1826.  In-4°  de  47  pages. 

Avant  de  parler  du  merite  de  cette  dissertation  ,  nous  in- 
vitons  nos  lecteurs  francais  a  s'arreter  un  moment  sur  le  litre. 
Plusieurs  y  apprendront  avec  surprise  ce  que  c'est  qu'une 
universite.  C'est  d'une  these  qu'il  s'agit,  et  d'une  these  latine 
sur  quelques  idees  toutes  vivantes  ,  toutes  jeunes,  de  la  phi- 
lanlropie  moderne.  Une  these  latine,  soutenue  dans  les  formes 
de  I'ecole,  peut  done  aujourd'hui  encore  signifier  quelque 
chose ,  repondre  a  la  pensee  du  siecle  et  contribuer  a  ses 
progres  !  Dans  les  murs  de  cette  Sorbonne,  chef- lieu  de 
notre  Academic  parisienne ,  cela  ferait  surement  crier  au 
miracle,    ou  bien  au   scandale ;  el   c'est   pourtant   ce  qu'on 


ALLEMAGNE.  707 

trouve  tout  simple  dans  les  universites  de  rAUemagne.  Chez 
nous,  uu  piofesseur  qui  s'etendrait  un  peu  sur  les  doctrines 
contempoiaines  ,  en  niatiere  de  philosophic  et  d'ordre  public, 
se  ferait  suspendre  de  ses  fonctions;  nous  en  connaissons 
deux  ou  trois  exemples  singuiierenient  approprles  h  la  matiere : 
et  voila  un  savant  qui,  pour  se  faire  autoriser  a  donner  des 
iet'ons  piibliques  a  I'universlte  de  Koenigsberg,  pro  venid  le- 
gend i ,  figure,  suivant  I'usage  etabli  au-dela  du  Rhin  ,  dans 
un  acte  public  dont  il  va  prendre  le  texte  chez  les  societes 
philantropiques  qu'il  a  frequentees  dans  ses  voyages.  C'est 
que,  chez  nous,  il  n'y  2  plus  des  long-teras  d'universites, 
et  que  la  elles  vivent  encore  dans  toute  leur  force ,  raalgre 
quelques  alleinles  qui  leur  out  ete  porlees  depuis  quelques 
annees.  La,  coinme  dans  les  i5^et  16^  siecles,  les  universites 
sont  au  niveau  ou  plutot  a  la  tete  des  travaux  contemporains. 
La,  I'enseigneaient  superieur  se  censure  lui-meme,  et  se  di- 
rigc  s(ir  tons  les  points  oil  I'appelle  le  besoin  des  esprits. 
Tontes  les  idces  susceptibles  de  produire  une  doctrine  vont 
se  fondre  et  s'eprouver  avec  la  masse  des  etudes  ;  elles  y 
prennent  aussitot  une  forme  scientifique,  favorable  a  la  dis- 
cussion et  a  I'examen.  En  raison  de  leur  importance,  la  con- 
currence et  la  contradiction  s'etablissent  librement.  Les  condi- 
tions, actes  i)ublics ,  et  aulres  formalites  universitaires  ne 
sont  (jue  des  garanlies  prealables  contre  I'ignorance  ou  I'in- 
capacite  des  personnes;  elles  n'imposent  jamais  ni  doctrines 
speciales,  ni  limites  a  Tenseignement.  Sans  cela,  tout  y  perirait: 
la  routine  mettrait  en  fuite  les  talens ,  les  lumicres ,  I'emula- 
f  ion.  C'est  ce  qui  est  arrive  ailleurs  par  diverses  causes.  Mais 
venons  a  la  dissertation   de  M.  le  docteur  Friedlandcr. 

Ce  travail  est  le  resultat  d'un  scjour  de  I'auteur  a  Paris  et 
a  Lotidres  ,  pendant  lequel  il  a  visile  plus  particulierement  les 
lieux  de  detenlion,  et  s'est  lie  avec  les  liommes  les  plus  verses 
dans  la  theorie  et  dans  l:i  pratique  des  moyens  propres  a  les 
ameliorer.  Apres  une  courte  preface,  viennent  i^quinze  pro- 
positions posees  et  succlnctement  developpees,  sur  les  distinc- 
tions de  caraciere  ,  d'age  ,  de  sexe  a  faire  entre  les  detenus 
pour  les  separerconvenablement;  sur  le  genre  d'occupations  , 
d'enseignement  ,  de  consolations  qu'il  faut  leur  donner;  enfin, 
sur  les  personnes  et  les  associations  destinees  a  les  surveiller; 
2°  une  comparaison  rapide  de  la  legislation  prussienne  sur 
cet  objet  avec  celle  de  I'Angletcrre ;  3**  I'esquisse  d'un  reple- 
ment  a  faire  pour  la  classification,  I'inspection  et  I'instruction 
ou  I'education  des  detenus;  4"  ^^  description  d'un  plan  de 
prison  donne  en  Angleterre,  par  G.  Ainslie,  et  adopte  par 


7o8  LIVRES  ETRANGERS. 

la  Societe  de  Lomlrcs  pour  I'arjielioration  du  sort  des  prison- 
iiiers :  on  y  a  joint  nne  planche  lilliograpliiee  ;  5"  cnfin  ,  une 
lisle  clironologique  des  y)rincipaux  onvrages  jiublies  depuis 
cinquante  ans  sur  la  matiere,  par  les  Anglais. 

On  voit  que  Tanteur  a  moins  cherche  roriginalilc  que  I'uti- 
lite;  ce  qui  prouve  qii'il  est  aniine  d'uti  dcsir  sincere  d'intro- 
duire  dans  son  pays  des  reformes  utiles  di''j;\  essayees,  ou 
du  moins  deja  approuvees  ailleurs.  A  la  suite  des  regies  gc- 
nerales,  qu'il  etablit  avec  bcauconp  de  solidite,  sans  pi-etendrc, 
comme  il  cut  pu  le  vouloir,  les  faire  deriver  d'une  theoiic 
absfraite  de  la  morale  ot  des  droits  sociaux  ,  il  s'applique 
surtout  a  distinguer  Ic.s  divers  genres  de  prisons  et  les  divers 
ordres  de  prisonniers  qui  leiir  conviennent,  avec  des  subdivi- 
sions dans  cliacun  de  cos  ordres.  Toules  ces  distinctions  sont 
assez  nombreuses;  nous  eussions  desire  que  rauieur  qui  -voii- 
draitles  appliquerac/jwiyHe/Torwc^,  lint  compte  de  Timmense 
difference  qui  existe  entreles])rovincesallemandesoii  les  crimes 
sont  rares  dans  une  population  assez  egalemeut  repartie  sur  Ic 
terriloire  ,  ot  les  deux  cayiitales  qui  lui  ont  suggere  ses  idees.  11 
senible  que  ces  ni,nsses  cojossales,  comme  de  veritables  anoma- 
lies de  la  civilisation ,  exigent  une  economie  morale  et  politique 
toute  parlicnliere.  Yoici,  du  reste ,  les  six  especes  de  prisons 
qui  doivent  etre  separees ,  et  que  le  plan  de  G.  Ainslie  pre- 
senle  avec  celte  condition,  sous  Tine  fornie  simple  et  inge- 
nieuse  :  i'*  Cuxtodice  (Haftgefsengnisse)  ,  m.■^i^ons  d'arrot  pour 
s'assurer  des  prevenus.  Les  jirisonniers  doivent  y  ctrc  occupes 
autant  que  possible,  maisa  leur  gre ;  ils  doivent  y  conservcr  , 
aulant  que  possible,  les  habitudes  de  leur  rang  dans  la  so- 
ciete.—  oP  Career  (  Gefncngniss  ) ,  prison  des  condamnes  a  un 
an  au  plus  de  detention  ,  et  dont  le  delit  ne  suppose  pas  une 
perversity  decidee.  La  privation  de  liborte  doit  etre  leur  seul 
cbatiment.  Occupations  et  habitudes  ,  comme  ci-dcssus. — •'^" 
Erga.stitla  (  Zuchthjeuser  ],  maisons  de  correction.  Coupables 
encore  jeuTies  ,  deja  entres  dans  la  voie  du  desordre.  Peines 
en  deca  d'une  annee.  Travail  imjvose  ,  niais  non  trop  rigou- 
reux.  L'esprit  de  douceur  doit  prevaloir.  —  l^^  Pcenitentiaria 
(Slrafgefrengnisse  ).  C'est  le  Carcere  duro  des  Italiens.  Crimes 
supposant  une  perversite  habituelie.  Travaux  forces.  Espe- 
rance  d'etre  recommandes  a  la  clemence  du  prince  pour  ceux 
qui  se  conduisent  bien.  —  5°  Vincida  (  Festungen  }.  Prison 
plus  dure  d'un  degre  que  la  prcceclente  pour  les  criminels 
desesperes  ,  dont  la  peine  s'etend  au  -  dcln  de  dix  annees. 
Travaux  rigonrenx.  Extreme  severile,  sans  renoncer  jiourtant 
a  Ja  charite  et  a  la  clemence.  —  6°  Carceres  correctionis  (  Uos- 


4 


\LLEMAGNE.  709 

serungshxuser).  Prisons  pour  la  reforine  des  vagaboiuls  et  des 
ineiidians  niiisibles  a  la  socieK'! ,  sans  specification  d'tiiicuii 
crime  ni  delit.  Severite  relacliee  progressivenienl  jiisqu'a  ce 
que  Ics  detenus  soient  en  etat  d'etre  rendus  a  la  liberte.  Les 
sous-divisions,  dans  la  cloture  de  ces  six  ordres  de  prison- 
niers  ,  doivent  etre  deterniiiiees  par  le  sexe  ,  I'ai^c  ,  le  degre 
d'educalion  ,  les  dispositions  morales ,  et  la  conduite  journa- 
liere. 

On  s'apercoit  aisement  que  I'auteur  n'a  pu  suffire  dans  un 
espace  aussi  limile  a  toutes  les  parlies  de  sou  sujet,  Celles 
qui  sont  traitees  dans  sa  dissertation  meritent  loute  I'attention 
des  bons  esprits  et  des  amis  de  rhumaniie.  Les  developpe- 
niens  que  I'auteur  a  du  donner  de  vivo  voix  ,  dans  la  dis- 
cussion publique  qu'il  a  soutenue  ,  lui  ont  sans  doule  permis 
de  completer  plusieurs  apercus  iniportans  qu'il  se  conleiite 
d'indiquer  rapidement  au  passage.  Nous  lie  doutons  pas  qu'il 
n'ait  tronve  une  premiere  recompense  de  son  utile  travail 
dans  les  applaudissemens  de  ses  collogues  et  de  ses  compa- 
triotes;  nous  lui  en  souhaitons  une  autre  encore  :  celle  de 
voir  ses  vues  bienfaisantes  realisees  autant  que  possible  par 
le  zele  des  citoyens  et  la  sagesse  du  gouvernement  ( Voy.  ci- 
dessus  ,  p.  541  )-  V. 

291.  —  *  Ueher  gelehrte  Schulen. —  Sur  les  ecoles  savantes, 
surtout  par  rapport  a  la  Baviere;  par  Frederic  Thiersch.  Mu- 
nich, 1826. 

Quoique  rUaiversite  de  France,  tidcle  auxvieilles  routines, 
n'ait  guere  I'habitude  de  s'inforiner  des  ameliorations  que  Ton 
introduit  ailleurs  dans  I'enseignement  public,  nous  croyons 
devoir  appeler  son  attention  sur  cet  ecrit  d'un  habile  profes- 
seur  bavarois.  En  Baviere,  Ton  ne  croitpas,  comnie  a  la  Sor- 
bonne,  qn'il  n'y  ait  rien  a  ameiiorer  dans  I'instruction  des 
colleges  :  le  roi  actuel  a  demande  un  ])lan  d'etudes  conformes 
aux  besoins  et  a  I'esprit  du  siecle.  M.  Thiersch  jelte  un  coup- 
d'oeil  sur  I'histoire  de  rinstruclion  en  Baviere;  il  fait  connaitre 
les  vices  des  anclennes  methodes ,  les  tatonnemens  et  les  er- 
reurs  de  I'ancien  gouvernement;  il  traite  ensuite  du  but  des 
ecoles  savantes,  dti  corps  enseignant,  de  I'instruction  religieuse 
et  classique,  de  I'enseignement  de  I'allemand  et  des  mathema- 
tiqiies,  de  la  discipline  des  ecoles,  etc.  D'autres  professeurs 
feront  peut-etre,  a  son  exemple,  connaitre  leurs  vues  et  les 
resultats  de  leur  experience,  et  aideront  le  gouvernement  ba- 
varois a  dresser  un  bon  plan  d'etudes  pour  les  colleges  qui  , 
dan«  plusieurs  pays,  laissent  encore beaucoup  i  desirer.  D — c. 
292.  —  *  Meine  Lehensschichsale  als  Vorslehtr  mciner  Erzie 


710  LivRES  Strangers. 

hungsinstitute.  — tvenemens  de  ma  vie  cotnmc  chef  des  insti- 
tutions d'education  a  Bouri^doif  ct  Yverdun;  ])ar  Pkstalozzi. 
Leipaig,  1826;  Fleischer.  In  8"  de  aSr  paj^cs. 

Apres  les  eloges  nombreiix  et  meiiti's  qu'ontobtenushi  me- 
thode  d'cducation  du  celebre  Pestalozzi,  et  les  etablissemens 
fondes  par  ce  venerable  philantrope  (i);  apres  tous  les  on - 
vrages  el  les  discours  publics  i)ar  Peslalozzi  menie  et  par  ses 
coliaborateurs,  on  sera  sans  doute  surpris  de  Tapparition  de 
cetle  espcce  de  confession  publique  par  laquellc  le  vieillard ,  au 
ternae  de  sa  carriere,  et  sur  les  debris  de  ses  etablissemens, 
avoue  Ires  ingcnument  qu'il  s'est  trompe,  et  qu'il  a  accu- 
mule  faute  sur  faute.  En  effct,  le  genie  inventif,  I'imagination 
active  ,  la  bonhomie  et  toute  la  maniere  d'etre  de  Pestalozzi  le 
rendaienl  incapable  de  diriger  et  de  surveiller  i'administraiion 
el  reconomie  d'une  grande  maison;et  comme  il  avait ,  sous  ce 
rapport,  tres-mal  place  sa  confiance,  il  a  ete  souvent  trompe, 
et  les  etablissemens  ont  succombe,  par  des  causes  tout-a-fait 
independantes  de  la  bonte  de  la  methode  que  Ton  aurait  du 
y  pratiquer  avec  perseverance,  et  dans  I'esprit  du  foiidateur. 

A  Tepoque  de  la  revolution  francaise  qui  araena  celle  de 
la  Suisse,  lorsque  resaltation  des  esprits  faisait  juger  facile 
I'execution  des  conceptions  les  plus  grandps  ,  des  projets 
les  plus  vastes  et  les  plus  extraordinaires  ,  Pestalozzi  ,  en- 
traine  comme  d'autres  amis  du  bien,  porta  ses  vues  sur  la 
reforme  totaie  de  I'education.  Seconde  par  des  hommes  gcne- 
reux  qui  partageaient  son  enthousiasme,  et  par  un  jmblic 
bienveillant  qui  encourageait  les  tentatives  d'ameliorations  en 
tout  genre ,  le  reformateur  Suisse  fonda  une  institution  qui  fut 
bientot  citee  comme  un  modcle ,  et  ou  les  parliculiers,  ainsi 
quelesgouvernemens,  vinrent  ou  envoyerent  puiser  des  lecons. 
Pestalozzi  crut  lui-meme  de  bonne  foi  au  plein  succes  de  son 
entreprise  philantropique.  En  effet,  tout  alia  d'abord  au  gre 
de  ses  voeux;  les  enfans  etonuaient  par  leurs  progres;les  pa- 
rens elaient  satisfaits,  les  etrangers  enchantes :  Pestalozzi  qui 


(i)  Les  personnes  qni  voudraient  etudier  la  methode  de  Pestalozzi, 
ponnont  consalter  I'ouvrage  de  M.  Tllarc-Antoine  Jcllien,  intitule  : 
Esprit  de  la  methode  d' education  de  Pestalozzi,  avec  un  Pidcis  sur 
I'institut  d'education  d'Yverdun.MWan,  1812.  2  vol.  in-S".  —  II  n'eu 
reste  plus  que  20  exemplaires ,  au  bureau  de  la  Revue  Encyclopcdique : 
Tedltion  est  epnisee.  Le  metne  onvrage  a  ele  jnge  par  le  departement  de 
I'instractiou  publique  en  Prasse  le  traite  le  plus  coioplet  sur  la  metbode 
de  Pestalozzi;  et  S.  M.  le  Roi  de  Prusse  avail  envoye,  par  ce  motif, 
ep  (  8 1 3 ,  une  loedaille  d'or  a  I'auteur. 


ALLEMAGNE.  711 

avail  rcellement  des  viies  admirables  sur  I'educafion ,  etait  porte 
aux  nues  dans  loute  I'Europe.  Cependant,  reiicliantement 
cessa  bientot,  au  inoins  dans  rinteiieiir  des  etablisseniens.  Pes- 
lalozzi ,  aiissi  faible  que  bon ,  elait  incapable  de  diriger  une 
grande  entre[iri5e;  il  lui  manquait  meme  I'instruction  neces- 
saire  pour  guider  ses  collaborateurs  :  ses  elabllsseinens ,  en 
apparence  si  prosperes,  furent  dechires  par  la  discorde  et  par 
I'anarchie  qu'il  ne  sut  ni  prevenir,  ni  reprimer;  quelquesniai- 
tres ,  en  s'eloignant  de  lui ,  porterent  les  premiers  a  la  connais- 
sance  du  public  ces  dissenlions  intestines ;  et  aujourd'hui ,  Pes- 
talozzi  confirme,  par  la  franchise  de  ses  aveux  ,  tons  les  bruits 
qui  ont  couru  a  eel  egard.  On  voit,  dans  ses  confessions, 
riionune  de  bien  qui  n'hesite  point  a  s'accuser  de  ses  faiblesses, 
et  a  convenir  qu'il  n'a  pas  ete  capable  de  realiser  les  reves  de 
son  enthousiasme.  Sans  le  concours  et  la  noble  perseverance  de 
quelques  amis  devoues,  tout  I'edifice  se  seraitccroule  long-tems 
avant  I'epoque  qui  vit  en  effet  sa  chute  definitive.  Le  desordre 
de  sa  maison  fut  lel  que  Peslalozzi  faillit  perdre  la  tete.  II  fait  a 
ce  sujet  des  revelations  singulieres  ,  et  qui  prouvent  jusqu'a 
quel  point  ce  faible  et  bon  vieillard  elait  facile  a  tromper  et  a 
conduire. 

'<  J'entrai ,  dit  Peslalozzi,  dans  une  espece  de  fureur  qui 
allail  eclater  en  rage,  et  par  laquelle  je  courais  risque  de  per- 
dre entierernentlaraison  et  detomberdans  une  apathiefuneste. 
Un  ami  devoue  me  sauva  de  ce  malheur  avec  le  meme  calme 
et  la  meme  energie  qu'il  deploya  pour  tout  ce  qui  me  concer- 
nait.  Des  le  leiidcmain  du  jour  oii  le  dechirement  de  raon  ame 
sVtait  manifesle  d'une  maniere  si  terrible,  il  me  conduisit  sur 
le  Jura  dont  les  fraiches  collines  agirent  avec  une  rapidite  in- 
concevable  sur  raes  nerfs  ,  et  j)roduisirenl  sur  moi  I'effet  le  plus 
salulaire  en  faisant  disparaiire  le  danger  d'une  alienation  com- 
plete; cependant  il  me  resta  un  grand  abattement,  joint  a  une 
vive  inquietude,  et  un  profond  decoiiragement ,  suite  ordinaire 
d'un  commenceuient  de  desespoir...  Je  me  sentais  sur  la  mon- 
tagne,  comnie  ecliappe  aux  lourmens  de  I'enfer,  et  j'eprouvais 
une  felicite  ineffable.  Je  ne  voulus  point  retourner  chez  moi.; 
pendant  quelques  semaines,  je  ne  voulus  pas  meme  entendre 
parler  de  ma  maison.  Tous  les  snirs,  un  de  mes  anciens  eleves  , 
devenu  chef  de  mon  instilul,  a})res  avoir  rerapli  sa  tciche  a 
Yveidun  ,  venait  nie  voir, passait  la  nuit  avec  moi,  et  cherchait 
a  me  distraire;  le  Icndemain  malin,  il  retournait  a  I'elabiisse- 
ment.  »  Un  jjareil  elal  de  choses  ne  pouvait  rester  long-lems 
cache;  retablissemenl  d'Yverdun  cessa  d'exister;  et  Peslalozzi, 
detrompe  de  ses  illusions ,  a  la  fin  de  ses  jours,  ou  plulot  egare 
par  son  imagination  aussi  prompte  a  lui  exagerer  le  mal  que 


712  LI V  RES  Strangers. 

!e  bien,  iic  troiive  de  consolations  que  dans  le  sentiment  intime 
d'avoir  tonjourseu  les  intentions  les  pluspures.  Celte  idee  et  ia 
veneration  (|ue  liii  ont  vonoe  tant  d'honitnes  respectables,  doi- 
vent  le  soutenirdans  son  n)alhenr;cl  en  avonant  ses  fautes,  i! 
s'honore  par  sa  candenr  menie.  Les  causes  do  la  decadence  de 
I'inslitut  d'educalion  d'Yverdiin  seront  peui-etre  unjour  expo- 
s6es  et  developpccs  par  un  homme  qui  a  visite  I'instilution  dans 
le  tenisdesa  prosperitc  et  a  I'epoque  de  sa  rulne,  et  qui,  elran- 
ger  par  sa  position  a  Tinslitntion  elle-meme  et  aux  petltes 
passions,  anx  disscntions  interieiires  qui  ont  amene  sa  cliute, 
pourra  dire  loute  la  veritc  snr  les  homines  el  sur  lesclioses, 
et  nionlrer  comment  Pestalozzi  anrait  pu  conseiver  son  ou- 
trage ,  et  comment  les  torts  graves  de  ceux  qui  I'cnvironnaient, 
et  qui  ont  abuse  trop  souvent  de  sa  confianee  et  de  son  carac- 
tere  bun  jusqu'a  la  faiblesse,  n'ont  rien  de  commun  ayec  les 
excellens  principes  qui  consiiluent  sa  melhode.  Celte  methode  , 
bien  comprise  et  bien  appliquee  par  des  inslituteurs  dignes  de 
leur  noble  profession ,  et  dans  uiie  maison  adniinistree  avec 
une  fermete  melee  de  douceur ,  avec  oidre  et  economie ,  aurait 
produit,  en  t'aveur  dcs  enfans,  eta  la  satisfaction  de  leurs 
parens  ,  les  bons  resultats  du  developpemenl  harmonique  et 
simultane  des  facultes  physiques,  morales,  inlellectuelles  et 
sociales  des  enfans,  tel  que  se  I'c^tait  propose  Pestalozzi.  Vou- 
loir  et  concevoir  le  bien  est  une  chose  facile;  executer  avec 
sagesse  et  avec  succes  les  ineilleures  concejjlions,  est  iine  lache 
qui  presente  toujours  de  grandes  difficulles.     D — o.  J — n. 

293.  —  Serbische  Hochzeitslieder. — Chansons  nuptiaies  des 
Serviens  ,  traduitcs  en  vers  allemands  et  precedces  d'une  in- 
troduction ;  par  jE'z/g<?/2e  Wessely.  Pesth,  1826. 

ag/,. —  Nekolihe  Piesntze. — Chansons  serviennes,  en  partie 
recueillies,  en  partie  traduites  ou  composees  par  S.  M***.  Leip- 
zig, 1826. In-i2. 

On  s'est  pris  en  AUemagne  d'une  belle  passion  pour  la  lit- 
t^rature  poetique  des  Serviens,  quel'on  connait  seulement  de- 
puis  quelques  annces.  Un  Servien  ,  nomme  Stefamowitch, 
publia  le  recueil  des  chansons  de  toute  espece  qui  sont  dans  la 
bouche  du  peuple  en  Servie.  Ce  recueil  a  fait  fortune  en  AUe- 
magne :  on  I'a  traduit,  on  I'a  comblc  d'cloges,  on  I'a  present^, 
presqtie  comme  une  nouveile  source  de  richesses  poctiques.  II 
est  pourtant  de  fait  f|ue  les  chansons  sei-viennes  sont  generale- 
menl  ])auvres  de  poesie  et  d'invention.  Souvent  eltes  se  redui- 
sent  a  de  simples  pensees,  a  des  reflexions  communes,  a  des 
allusions  aux  occupaiions  et  aux  evenemens  vulgaires  de  la 
vie.  II  y  en  a  que  les  femmes  chanlent  en  filant ,  et  qu'elles  cora- 
posent  elles-memes,  en  vaquant  a  leurs  Iravaux.  Les  chansons 


ALLEMAGNE.  71? 

d'ainour  nesontguere  plus  remarquables.  li  n'y  a  que  les  ciiau- 
sotis  lieroiques  qui ,  conservant  rempreiiUe  du  caiactere  belli- 
queux  de  la  nation,  ou  se  rapporlant  a  (]es  evenemens  liisto- 
riqnes,  pit-senlent  un  interet  particulier.  On  cite  iin  rapsode 
aveugle,  noramc  Phii-ippe,  qui  itnprovisait  des  clianls  guer- 
riers ,  meme  de  ])lusieuis  centaines  de  \ers.  I'  se  ])eut,  an 
reste,  que  cette  poesie  servienne  gagne  dans  la  langue  origi- 
nale,  par  la  naivetu  on  roriginalite  de  I'expression ;  mais  tou- 
jours  est-il  vrai  que,  dans  les  traductions  al'.emandes,  elle  o 
tres-peu  de  coulcur  e!  tie  traits  piquans. 

II  fa  ntdi  re  aussi  que  jusqu'a])t'esenl  toil  tes  les  poesies  quel'on  a 
recueilliesetaien I  rouvraged'honmiesillcltrcs.  Les  compositions 
des  hoinmesd'un  esprit  cuitivecommencentseulement a  paraitre. 
Les  Ne/iOli/,e  Piesnize  appartiennent  a  cette  derniere  classe  : 
leur  auteur,  ne  a  Sarailia,  s'appelie  Sitneon  Milutinowitch. 
On  a  publie  aussi  cette  annee,  en  Aulriche,  un  almanacli  ser- 
vien  ,  sous  le  titre  de  Daniza,  ou  V Etoilc  du  matin  :  il  conlient 
plusieurs  morceaux  en  prose  et  des  poesies  popniaircs.  L'edi- 
leur  ou  peut-ctre  I'auteur  de  cet  alinanach  est  le  nteine  Jf^ouli 
Stkfanowirch  KaradI'ITCH  qui  a  le  raerile  d'avoir  jjublie  le 
premier  recueil  de  ])oesies  de  sa  nation,  et  d'avoir  atlire  ainsi 
I'aitention  de  I'Europe  sur  les  essais  poetiques  d'un  peuple  qui 
est  subjugunpar  le  despotisme,  comme  les  Grecs,  etquipeut- 
etre  s'aifranchira  un  jour,  comme  ceux-ci. 

295.  — Irischc  EIJ'enmarcke?j .  —  Conies  des  fees  irlandais  ; 
traduits  par  les  freres  Grimm.  Leipzig,  1826.  In-S*^. 

Les  traditions  populaires  pcuvent  servir  a  faire  conuaitre  le 
genie,  les  niceurs,  les  superstitions,  les  prejuges  d'un  peuple; 
il  n'est  done  pas  inutile  de  les  recueillir.  Cest  ce  qu'on  a  fait 
pour  rirlande,  dans  un  ouvrage  public  a  Londres  en  ibaS. 
11  vient  d'etre  traduit  en  aliemand  par  les  freres  Grimm,  au- 
teurs  d'un  recueil  semblable  de  contes  populaires  allemands. 
lis  I'ont  fait  preceder  d'une  introduction  sur  les  fees,  quel'on 
appelle  Elfes  dans  le  Nord,  ^Elfen  dans  I'anglo-saxon,  Alfar 
en  islandais ,  Elfar  en  suedois  et  Ehc  en  danois.  En  Irlande  , 
on  se  represente  les  Eifes  comme  un  petit  peuple  de  nains , 
d'ordinaire  assez  paisibles,  dont  le  corps  est  transparent,  ae- 
rien  et  d'une  beautc  parfaite.  Dans  les  belles  nuits  d'ete,  ils 
forment  des  rondes  dans  les  campagnes  solitaires;  car  ils  ai- 
nient  passionnunient  la  danse  et  la  musique.  On  leur  attribue 
encore  Thabiiude  de  voler  les  enfaus  et  d'y  substituer  des 
inonsties.  D'apres  cette  tradition  irlandaise,  les  Elfes  sont  des 
anges  dechus  qui,  demeurant  entre  le  ciel  et  I'enfer,  vivent 
dans  I'incertilude  penible  dn  sort  qui  leur  est  reserve  au  juge- 


71  4  LIVRES  ETRA.NGER.S. 

nieiit  dernier.  En  Ecosse,  on  suppose  IcsElfos  trcs-linbilcs  dans 
Ics  arts  in6cani(|iies  et  surfoul  dans  I'art  d'enlever  des  enfans 
et  nieine  de  grandes  personnes.  lis  se  plaisent,  dit-on  ,  a  alti- 
ler  les  etres  huniaiiis  dans  lenrs  rondes.  Walter  Scott ,  dans 
les  notes  de  ses  poesies,  et  Grant  Stewart  ,A7i\\^  son  ouvrage 
sur  les  supcj-stitions  populaires  des  viontagnards  ccossuis  , 
(  Edimboiiig,  1823),  ont  donne  des  details  interessans  sur  ces 
contes  des  montagnes. 

On  trouve,  dans  I'inlroduction  des  freres  Orimin  ,  des  rap- 
l)rocheniens  ciirieiix  entre  les  superstitions  des  divers  pays  dii 
Nofd;  vieuncnt  eiisuite  vingl-sept  contes  irlandnis,  ou  ces  su- 
perstitions sosit  niises  enactions.  II  y  en  a  ((uel(]ucs-uns  donl 
le  personnnge  |)riiicipal  est  la  Phouha  :  sous  ce  nom,  les  Ir- 
landais  el  les  Ecossais  se  figiircnl  nn  etre  inysterieiix  donl  on 
se  sonvient  couime  d'un  reve  pcnible,  on  d'un  cancliemar,  et 
<iui,  s'atlachanta  I'liomme  sous  la  forme  d'un  cheval  noir  ,  ou 
d'une  chauve-souris,  I'entraine  par  nionts  et  par  vaux ,  par- 
dessus  les  abimes,  el  ineme  jusrjues  dans  la  lune.  D — o. 

296.  — *  Hcbraische  Gramniatick  ,  etc.  — Gramraaire  he- 
braique;  par  Guillaitine  Gesenius,  professeur  de  theologie. 
Halle,  1826;  Paris,  Dondey-Duj^re.  In-8°  de  260  pages. 

La  iangue  liebraique,  langue  de  i'ancien  Testament,  et  la  plus 
ancienne  qui  nous  soil  connue,  langue  niorle  dejiuis  vingt  sie- 
cles,  clail  projireinenl  I'idiome  du  pays  de  Canaan  ,  c'cst-a- 
dirCjdela  Palestine,  et  j)robablenient  de  loute  la  Plienicie. 
C'etait  un  simple  dialecte  d'une  autre  langue  commune  autre- 
fois a  la  Syrie,  a  la  Mesopolaniie  ,  a  la  Chaldcie,  a  I'Arabie  et  a 
I'ElIiiopie.  Les  cliretiens  de  I'Euiope  ne  I'unt  guere  etudiee, 
avant  le  xvie  siecle;  cl ,  a  vrai  dire,ils  n'en  ont  pu  avoir  unc 
connaissance  approforidie,  f|ue  depuis  environ  centans,  c'est- 
a-dire,  dejiuis  (ju'ils  I'ont  degagee  des  leveries  rabbiniqucs  , 
depuis  qu'ils  I'ont  coniparee  a  ce  que  Ton  peut  savoir  de  tons 
ses  dialectescollateraux  ,  etexpliquee  specialement  d'apres  I'a- 
rabe.  II  faut  le  recounaitre ,  c'est  aux  Allemands  que  sont  dus 
les  derniers  et  les  plus  utiles  travaux  sur  cette  branclie  irnpor- 
tanle  de  la  philologie.  L'ecrivain  qui  de  nos  jours  s'y  applique 
le  plus  profoiidemenl  et  avec  le  plus  de  succes  est  s»ins  contre- 
dit  M.  le  professeur  Gesenius,  a  qui  Ton  doit,  1°  la  Gram- 
maire,  sujet  decetlc  annonce  ,  et  qui  est  arrivee  a  sa  /iiiitirnie 
edition,  sans  compter  les  traductions  deja  ])ubliL-es  en  plusicurs 
langues  vivantes ;  2°  an  Exanien  critique  de  I'idiome  hebreu  , 
el  des  dialecles  hebra'iques  (Leipzig,  1817.  In-8"  j  ;  3"  unc 
Histoire  de  la  langue  et  de  I'ecrilure  des  Hebrenx  (  Leii)zig, 
i8j5.  In-8°)j  /(°un  tres-docte  Commentaire  surle  lexte  ori- 


SUISSE.  71 5 

ginal  d'Isaie  (  Leipzig  ,  1821.  In-8"  )  ;  5*^  uii  Dictionnaire  Iie- 
breu,  chaldeen  el  allemand,  dont  la  Iroisienie  edition  va  pa- 
railre  en  1827  (2  vol.  in  -  4°  );  enfin  ,  divers  aulres  ouvxagts 
moins  considerables  mais  dans  le  nicinc  genre.  Voila  des  sujets 
d'etudes  beaucoup  trop  negliges  en  France  par  nos  jeuiies 
theologicas.  Lakjuinais  ,  de  I'lnstitul. 

SUISSE. 

207.  —  *  Manuel  militaire  pour  V instruction  des  ojficiers 
suisscs  de  toutes  arrnes ,  on  Essai  d'un  systeme  de  defense 
de  la  conjedcration  helvetique  :  avec  une  petite  carte  dc  hi 
Suisse  ,  et  qnatre  ])Ians  sur  les  mouvemens  des  troupes  et  les 
manoeuvres  de  combat;  traihiit  de  Tallemand,  sur  la  seconde 
edition,  et  sous  les  yeux  de  I'auteur  ,  par  F.  Kuenlin.  Bale, 
1826.  Paris  ,  Anselin  et  Pochard.  In-S'*  de  496  pages. 

L'auteur  de  I'ouvrage  traduit  par  M.  Ruenlin  est  M.  le 
lieutenant-colonel  WiELAivn,  de  Tetat-major  federal.  I, 'impor- 
tance ,  I'etendue  et  la  iiouveaute  du  sujet  qn'il  a  ti-aite  ,  nous 
im[)osent  i'obligalion  d'en  rendre  un  compie  assez  developpe, 
pour  que  I'ot)  puisse  apprecier  un  aussi  grand  travail ,  jnger 
de  ce  qu'il  offre  aiix  meditations  des  railitaires  ,  des  hoiumcs 
d'efat  et  des  peuples.  L'auteur  dedie  son  livre  aux  Suisses. 
Voici  comment  ii  termine  celte  epitre  qui  sert  de  preface,  oii 
les  plus  nobles  pensees  sont  exprimees  avec  la  simplicite  de 
la  raison. 

«  Magistrals  ,  ])eres  de  la  patrie  !  vaillans  frcres  d'armes  ! 
el  vous  tons  ,  Suisses  libres ,  habltans  des  Alpes  et  du  Jur.i  , 
des  rives  du  Rhin  ,  du  Leman  et  de  I'Aar !  groupons-nous 
autour  de  la  banniere  fcderale ,  afin  que  nos  vingt-deux  can- 
tons ferment  une  nation  ,  unie  de  coeur  et  d'affection  ,  el  dis- 
linguee  autant  par  ses  institutions  sociales  ,  que  pai-  la  bonne 
organisation  de  tous  ses  elemens  de  resistance.  Que  cliacun 
de  -vous  apporte  le  contingent  de  ses  lumieres  et  de  sa  bonne 
volonte  ,  pour  Taccomplissement  de  celte  ceuvre  ])atriotique  ; 
que,  d'une  extremite  dn  territoiie  3  I'autre,  toutes  les  voix 
se  retinissent  jjour  rcpeler  ,  et  giavcr  dans  tous  les  coeurs  cot 
axiome  :  L'ordre ,  la  discipline  et  le  devoilinenl  des  confe- 
deres ,  diriges  avec  ensemble  et  sngesse  ,  peuvent  seuls  assurer 
le  repos  ,  la  paix ,  I'honneur  el  Cindependance  de  tous.n 

Sil  est  encore  en  Europe  un  jjenple  ((ui  puisse  offrir  au 
Nouveau  -  Monde  des  exemples  et  de  i'inslruclion  ,  c'est  la 
nation  Suisse.  Ii  parail  qu'aux  Etats-Unis  ,  le  travail  de  Tor- 
ganisalion   des  milices  avance   lenteractif  et  avec  d'extremcs 


71  (>  LIVRES  1i:TRANGERS. 

difficnltes.  Quelle  cjiie  soit  ileSnilivemenl  I'organisation  de 
Itiir  force  publiqiie,  il  y  a  cerlainement  dans  le  Manuel  de 
RI.  VVielaiid  pea  de  tlioses  a  changer  pour  I'approprier  a  cetle 
organisrition.  C'est  encore  pour  notis  un  motil"  de  nous  eui- 
presser  de  faire  connaitre  cet  ouvrage  dans  tons  les  lieux  ou 
la  Revue  encyclopcdique  pent  avertir  les  lioiiimcs  studieux  , 
les  amis  de   leur  ]>atrie   ot  de   riiuinanilo.  F. 

298.  —  Beaux  Jours  et  Mclnnmlie  ;  nniivelles  ecossaises; 
par  Artliur  Austin;  ouvrage  traduit  dc  Tanglais.  Geneve, 
1S26;  Pasciioud.  Paris,  le  meme.  2  vol.  ia-ia  de  164  et 
iSy  pages;  prix  ,  6  fr. 

(let  ouvrage  a  obtenii  quehjue  succes  en  Anglelerre.  C'csl 
uiie  galerie  de  tableaux  ,  enipruiiles  a  la  vie  commune,  et  eni- 
bellis  des  couleurs  que  leur  pretc  une  imagination  vive  et  sou- 
vent  cmpreinte  demelancolie.  La  scene  est  toujours  enEcosse; 
le  plus  souvent,  dans  an  village,  au  milieu  d'une  campagne 
pittores(|i3e.  Les  personnages,  choisis  dans  des  classes  diffe- 
rentes,  se  ressemblent  presque  tons  par  leurs  sentimens  mo- 
raux  et  religieux ,  par  leur  pieuse  rcsig£ialion  aux  decrets  de 
la  providence.  L'auteur  parait  se  complaire  aux  recils  desmal- 
iieurs  qui  accablent  I'liumanite;  niais  sa  Iristesse  n'a  rien  de 
sauvage ;  elle  porte  un  caractere  tout  particulier  de  douceur. 

Le  Iraduc'eur  anonyme  a  parfaitement  reussi  a  reproduire 
le  coloris  de  I'original  :  on  voit  qu'il  a  consacre  a  son  travail 
ces  soins  consciencienx  et  cette  application  severe,  dont  se  dis- 
pensent  trop  souvent  les  inlerpretes  des  ecrivains  etrangers.  Si 
ses  Nouvelles  ne  sont  ])ns  bien  accueillies  en  France,  M.  Aus- 
tin ne  devra  pas  s'en  prendre  a  son  traducteur,  comme  pour- 
rait  le  faire  plus  d'un  poete  ou  d'un  romancier  anglais.  Quant 
a  nous  ,  nous  les  avons  lues  avec  plaisir  et  nous  aimons  acroire 
que  le  grand  nombre  des  lecteurs  les  accueillera  avec  empres- 
sement.  A — e. 

ITALIE. 

293,  —  *  Orazione  per  Vesequie  anniversarie  de'benefattori 
della  casa  di  ricovero  c  d'industria  in  Padova.  —  Discours 
])our  les  obseques  anniversaires  des  bienfaiteurs  de  la  maison 
de  refuge  et  d'induslrie  a  Padoue,  par  Joseph  Bakbieri.  Pa- 
doue  ,  1826  ;  Crescini.  In-8°. 

Ce  titre  seul  fait  honneur  a  M.  Barbieri  qui  a  consacre  sou 
eloquence  a  unsujctsiiinportant.il  a  fait,  dit-on  une  telle  im- 
pression sur  ses  r.ombreux  auditeurs  ,  que  tous  out  contribuc 
plus  ou  moins,  par  des  dons  volontaires  aux  frais  de  I'utablis- 
senient  en  favcur   duquel  il   voulait  reveiiler  I'inleret  public. 


ITALIE.  717 

Get  exemplc  devrait  encourager  nne  foule  d'omteurs  ,  a  la  fois 
sacres  etsteriles,  a  Irailer  des  siijels  scmlilablcs,  ct  a  employer 
cette  eloquence  qui  touclie  ])lus  le  coeur  que  I'esprlt. 

3oo.  —  Alcimi  ritratti  di  donne  illustrl  venezione ,  etc.  — 
Quelques  portraits  de  feminescelebres  de  Vciiise,  jjublics  par 
Barthelemy  Gamba.  Venise  ,  1S26  ;  impriiuerie  Horjopoli. 
In-8". 

Ce  recueil  contient  12  portraits  de  dames,  remarquables  par 
leurs  talens  ou  par  leurs  aventures  :  Isotia  Nogarola  ,  de  Ve- 
roiie,  qui  fut  adn)iree  par  Bessarion;  Cassandre  ,  Venitienne, 
cel«bree  par  le  Politien  ;  Irene  de  Spilinbergo,  du  FrioTil,  eleve 
du  Titien  et  qu'admira  Le  Tasse;  Gaspara  Slampa  dont  les 
vers  et  les  amours  font  encore  verser  des  larmes;  Ferouica- 
Franco ,  Modestade  Pozzo ,  Marietta  Tcutorrctto  ,  routes  trois 
de  Venise;  JxnbeUa  Jndreini,  de  Padoue,  qui  brilla  dans  les 
academies  ,  par  ses  vers  ,  et  stir  les  theatres  de  France  et  d'lta- 
lie,  par  sa  declamation;  Hctene  Cornaro  Piscop/a  ,  aussi  de 
I'adoue;  enfin,  Rosalba  Carrierc,  Louise  Bergalli  Gozzi  et 
Eiiiahcth  Caminer-Turra ,  Venitiennes,  qui  ont  fleuiidans  le 
siecle  dernier.  La  plupart  de  ces  gravnrcs  ont  eie  exccutees 
avec  talent  d'apies  des  portraits  fails  ])ar  des  peinties  conlem- 
porains.  Elles  font  lionncur  an  gorit  generalement  connu  de 
M.  Gamba.  Que  nos  Italiennes  d'aujourd'liui  cl.erelienla  meri- 
ler  de  semblables  liommages. 

!^oi. — *  Sopra  il  teatro  tragico  itnliano  considerazioni,  etc. — 
Considerations  sur  le  tlicaire  tragiqne  italien  ,  par  G.  U.  Pa- 
GANi  Cesa.  Florence,  iSaS;  Magheri.In-8°. 

L'auteur  commence  son  ouvrage  par  une  leltre  adressce  a 
Charles  Goldoni;  et  il  estslngulier  qu'en  se  montrant  fort  de- 
goute  de  ce  bas-monde,qu'il  trouve  rerapli  de  vices  honleux, 
il  ait  eu  la  patience  de  s'occuper  serieusement  du  theatre.  Pre- 
venu  en  faveur  des  classiques  ,  il  regarde  les  nouvelles  pieces 
dramatiques  comme  scandaleuses  ,  et  destinees  a  detruire  le 
gout.  Voulant  en  meme  terns  conserver  ou  retablir  Tordre 
dans  le  theatre,  il  expose  ses  opinions  qui  nous  semblent  i)ar- 
fois  aussi  etranges  fjue  plusieurs  de  celles  (ju'il  a  I'inlention 
de  combattre.  Sa  disseitalion  est  divisee  en  deux  parties.  Dans 
la  premiere  ,  il  examine  si  i'ltalie  est  vraiment  inferieure  , 
comme  on  I'a  dit,  aux  autres  rations,  dans  le  genre  tra- 
gique  ;  et  il  passe  en  revue  les  nations  anciennes  etmndernes 
qui  se  sont  distinguees  dans  la  meme  carriere.  A  la  fin  de 
cette  premiere  partie,  I'auieur  change  de  ton,  et  jji'cnd  le 
style  familier  du  dialogue,  ce  qu'il  repete  encore  ailleurs , 
et  ce  qui  paraitrait  convenir   mieux  a   un  romantique    qu'a 


7i8  LIVRES  ETRANGERS. 

un  classique.  —-Dans  la  seconde  partie,  I'auteur  se  propose 
d'exaininer  si  le  drame  puremei)t  Hagique  est  arrive  ,  en 
Italic,  a  un  certain  degrd  do  perfection.  II  nous  entrctient, 
a  ])ropos  de  cette  question  ,  de  I'illusion  iheatrale,  (les  uni- 
tes dramatiques  ,  du  roniantisme  de  quelques  especes  de  tra- 
gedies ,  des  confidens,  du  style,  des  decorations,  de  la  ver- 
sificalion  ,  etc.  En  Irailant  chacun  de  ces  sujets,  il  ne  manque 
pas  de  nous  informer  d(i  caractcre  et  du  nierite  iilti-raire  de 
plnsieurs  poctes  de  ce  genre,  italiens  et  eirangers.  Souvent 
il  les  compare  on  Ics  apiirecie  ,  et  q»iek|uef()is  d'une  n)aniere 
qui  ne  pent  satisfaireni  les  uns  ni  les  autres.  La  versification 
de  Victor  Alficii  ne  lui  plait  pas;  il  admire  celle  de  Metas- 
tase ,  et  cette  0])inion  nous  seinble  seule  prouver  la  maniere 
de  senlir  et  de  pcnser  de  I'auteur.  II  admire  aussi  la  versifi- 
cation de  Charles  Dottori  dans  son  Jrislodeme  ,  Iragedie  pu- 
bliee  en  1657.  ^"  trouve,  a  la  fin  de  ce  traite ,  divers 
exemples  de  style  tragifiue,  tires  du  Mahomet  el  de  la  Se- 
mtrainis  de  Voltaire,  traduilspar  Cesarotti,  et  du  Polybete 
du  jfune  Forciroli.  Certes ,  cette  dernierc  tragcdie  ne  manque 
])as  de  merite;  mais  rauieur  ra])prouve  surtout,  parce  qu'il 
la  trouve,  quant  a  la  versification  ,  plus  eonformc  a  la  maniere 
de  Dottori,  de  Cesarotti,  et  particulicrement  de  Melastase. 
M.  Pagani  Cesa  fait  cclatcr  sou  indignation  contre  tout  ce 
qui  tient  au  roniantisme.  Les  theories  de  M.  Schlegel ,  malgre 
le  langage  imjiosanl  dont  dies  sont  revetues,  lui  seniblent 
des  bizarreries  ;  il  tourne  en  ridicule  les  di  ames  romantiqnes , 
et  les  journalistes  qui  s'cfforcent  de  les  accrcditer.  Enfin  ,  il 
traite  de  charlatans  les  roniantiques  et  ceiix  (]ui  les  favo- 
risetit;  ce  c|ui  passe  les  bornes  d'une  critique  lilteraire  judi- 
cieuse  et  imparliale.  Nous  nous  contentons  d'indiqner  les 
opinions  de  I'auteur  ,  d'autant  plus  qu'elles  ont  ete  longuement 
disculees  daus  trois  articles  inseres  dans  V Anthologie  tie  Flo- 
rence (N°*  62  ,  63  et  64).  Ces  trois  articles  torment  une  espece 
de  tiaite  abregc,  mais  interessant,  de  ce  que  le  systeme  ro- 
manii([ue  contient  de  relatif  a  la  poesie  draraatique.  L'auteur 
exjjose  avec  art  ,  el  quelqnefois  developpe  avec  chaleur  ce 
qu'onl  dit  de  nieilleur  les  apotres  les  plus  zelos  de  ce  systeme. 
Ncn-sculement  il  fait  valoir  I'importance  de  leurs  raisons;  il 
seml'lc  en  insposer  par  le  nonibre  et  I'aiitorite  de  leurs  noms. 
Bien  que  nous  n'adojuions  pas  toutes  ces  maxinies,no\is  aimons 
a  louer  la  maniere  decente  et  vraiment  philnsopliique  dont  il 
defend  sa  cause.  Quand  meme  on  ne  trouverait  d'autre  merite 
dans  I'ouvrage  de  M.  Pagani  Cesa  ,  on  ne  peut  lui  contesler 
celui  d'avoir  fait  naitre  ces  trois  articles  de  I'Anthologie  de 


ITALIE.  719 

Florence  ,  que  pouiTont  utilement  consulter  ceux  qui  aiinent 
ce  genre   de  discussions. 

302.  —  II  Clotaldo ,  poema ,  etc.  —  Le  Clotalde,   poeme, 
par  Louis  Career.  Padoue  ,    1826;  Minerva.  In-4''. 

C'est  une  epopee  romanesque  en  trois  chants  ,  et  ce  que  les 
Italiens  appellent  poemecto.  Le  jeune  auteiir  s'est  livre  aux 
exacerations  inisanthropiques  de  Byron,  et  au  niysticisrae  de 
M.  Lamartine.  Clotalde  est  d'abord  emprisonnc ,  et ,  malgre 
sa  delivrance  ,  il  reste  misanthrope,  et  croit  que  le  mysti- 
cisme  est  I'objet  le  plus  important  de  la  poesie  moderne. 
Nous  signalons  celte  doctrine,  pnrce  que  le  jeune  auteur 
qu'elle  a  seduit  possede  plusieurs  taleiis,  dont  il  pourra  faire 
un  lieureux  usage  ,  s'il  consulte  plutot  ses  propres  inspi- 
rations que  les  raaximes  specieuses  et  vagues  de  ces  rheto- 
riciens  qui  aspirent  a  une  espece  de  merite  nouveau  dont  !a 
definition  est  encore  altendue.  Ces  vers  ne  manquent  point 
d'harmonie  ni  de  sensibilite.  Qu'il  tache  d'etre  ilalien  et  de 
s'attacher  aux  sujets  que  reclame  son  siecle  ;  il  trouvera  dans 
son  pays,  s'il  en  abesoln,  des  exemples  d'un  gout  plus  sur 
que  ceux  qu'on  va  chercher  dans  les  ecoles  du  Nord. 

303.  —  *  De  monumend ,  etc.  —  Les  monumens;  ])oeme, 
d'.^/^g'e/o  MoccHETTi.  Panne,  iSaS;  Bodoni.  In-4°  figure. 

L'autear  eleve  trois  monumens  poeliquesa  la  mcmoire  du 
savant  ZoHW  Bella,  son  precepteur,  du  celebre  Antoine  Ca- 
nova,  et  de  Picrre-le-  Grand,  coiisidere  comme  le  fondateur  de 
la  civilisation  de  la  nation  russe.  I!  est  toujours  honorable  pour 
le  poete  de  corisacrer  son  talent  a  chanter  les  horauies  dont  on 
ne  pent  plus  recevoir  aucune  recompense.  Mocchetti  serable 
un  peu  trop  s'eloigner  de  son  sujet,  surtout  dans  sa  premiere 
composilion,  destince  au  tombeau  desou  maiire  ;  on  est  expose 
a  Toubiier  en  visitant  plusieurs  autres  monumens.  Depuis  quel- 
({iie  terns,  les  Ilaliens  semblent  cultiver  avec  predileclion  ce 
genre  de  poesie  sepulcrale.  i\I.  Hippolyte  Pindeinonte ,  poete 
remarquable  par  ses  talens  et  scs  vertus,  donna  le  signal,  et 
])ublia  ses  Sepolchri.  M.  Foscolo  suivit  heureusement  son  exem- 
ple ;  M.  Torti,  eleve  de  I'ecole  de  Parini ,  qu'il  semble  vou- 
loir  abandonner,  suivit  lours  traces.  (  Voy.  Rev.  Enc,  t.  xxxi , 
p.  7^7  ).  On  pent  citer  comme  poesie  du  meiue  genre  ,  //  colpo 
di  martello  del  campanile  di  San  Marco ,  le  coup  de  maiteau 
du  clocher  de  Saint-Marc  a  Venise. 

3o4. —  *  L'ulii'o  di  Roernia ,  terzine  ,  etc.  — L'Olivier  de 
Boheme  ,  tercets  de  Cec//w  De  Luna-Folliero.  Naples,  iSaS; 
Marotta  et  Vanspandoch.  In-8°. 

Cette  dame  poete  s'etait  deja  fait  connaitre  par  ses  Rimes, 


7^0  LITRES  ETR ANGERS. 

publiiies  en  i8a3.  Nous  signalons  ces  vers  parmi  beaucoup 
il'autrcs  poesies  fugilives,  parce  qu'ils  sont  I'ouvrage  d'iine 
persoiinc  distingiiee,  opouse,  fille  et  mere,  ct  parce  quils  ex- 
prinu'nt  les  all'ections  los  ])lus  temlres  et  les  i)Ius  vraies.  Pour 
bien  comprendrc  srs  Tercets,  il  faut  connailrc  les  circonstances 
qui  en  ont  fonrni  le  siijet.  Noire  savant  litterateur,  M.  Charles 
PouGENs,  ayant  cormii  les  exceJlentes  qualites  de  cttte  dame 
et  s'etant  lie  avec  elle  ])ar  les  noeuds  d'une  estinie  et  d'nne 
amilie  rcciproqiies ,  a  vouhi  consacrer,  par  une  sorte  dc  mo- 
nument celte  affection,  e^alement  clicre  aux  deux  ames  gene- 
reuses  qui  i'eprouvaient,  et  il  a  plante  ,  en  I'lionneur  de  son 
aimable  nnise,  dans  son  jarilin  de  la  vallce  de  Vauxbuin,  pres 
Soissoas,  un  olivier  de  Bolieme,  et  a  cote  un  lierre  de  Grece, 
comme  les  symboles  les  plus  convenables  de  leurs  sentiniens 
rnuluels.  C'est  a  I'ombredeces  deuxjeunes  plantes  que  celte 
muse  chante  et  consacre  ses  souvenirs  et  sesesperances. 

3o5.  — Una  stale  a  T'aresc  c  ne'  dintorni ,  leltcre ad Erminia. 
— Un  ete  a  Varese  et  dans  ses  environs,  letires  adressees  a  Er- 
minie.  Lugano,  iSaS;  Vanelli  et  comp.  In  32. 

C'est  le  premier  ouvrage  que  public  le  jeune  Dandolo,  pour 
prouver  qu'ilclierclie  a  profiter  des  lecons  deson  jiere.  Varese 
presente  des  objets  dignes  d'altention;  et  quoiqiie  plusieurs 
ecrivains  se  soicnt  attaches  a  ics  peindre,  cetle  maliere  est  loin 
d'etre  epuisce.  Erminie,  a  qui  ces  lettres  s'adressent,  parait  de 
terns  en  terns  distraire  I'auteur.  Cen'estpas  que  nous  proscri- 
vionsl'amour  danscc  genre  d'ecrits;  nous  aurions  meme  desire 
qu'il  se  trouvat  exprime  dans  ceslettres  avec  un  peu  plus  de  force 
et  de  verite.  Cette  remarque  ne  blessera  point  ce  jeune  et  esti- 
mable ecrivain  ;  il  preferera  les  critiques  dont  il  peat  profiter  , 
adeseloges  qui  endormiraient  sa  vigilance.  Al'agedeaS  ans, 
il  est  <loue  de  qualites  recomiuandaliles  qui  font  esperer  de  lui 
des  productions  encore  plus  importantes.  II  a  lu  de  bons  au- 
teurs ;  il  a  fait,  dans  ses  voyages,  des  observations  utiles,  et 
il  se  niontre  anime  du  noble  sentiment  deja  gloire  litteraire  : 
nous  pourrions  le  prouver  en  cilant  de  nombreux  passages  dc 
ses le; Ires. 

3oG.  • —  *  Discorso  preliminare  all'  architettura  di  Vitruvio  , 
iUustrata,etc. — Discours  preliminaire  pour  le  traite  d'architec- 
ture  de  "Viiruve ,  eclairci  par  Jean  Poleni  et  Simon  Stratico. 
Udine  ,  iSaS  ;  Matteuzzi.  In-S". 

On  connaissait  deja  sur  I'ouvrage  classiquc  de  Vitruve  les 
travaux  des  deux  Italiens,  les  marquis  Galiani  et  Poleni.  Le 
celebrc  profcsseur  Stratico  a  sans  doute  ajoute  aux  reraarques 
de  Poleni ,  comtne  celui  ci  a  celles  de  Galiani.  On  attend  main- 


ITALIE.  721 

tenant  cetouvrage  avec  impatience.  II  est  precede  Ju  discours 
preliminaire  (lue  nous  annoncons,  ct  qui  appartient  a  M.  Qui- 
ricQ  Viviani,  Comnie  il  i'a  ecril  en  italieti,  le  professeur  Pierre 
Peruzzi  i'a  irnduit  en  latin  poi'.r  les  etrangers.  On  y  Irouvera 
tout  ce  qui  regarde  la  biographic  des  deux  savans,  Polcni  et 
Stratico.  On  peut  reraarquer  que  Stratico  etson  biographe  ne 
sont  pas  prevenus  en  faveur  de  I'architecture  golhique.  On 
I'avait  dcpreciee;  mals  est  ce  une  raison  pour  I'exalter  immo- 
derement.  Un  esprit  judicieux  evile  ces  exces  :  le  vrai  beau  et 
le  sublime  se  font  admirer,  sans  qu'il  soil  besoin  de  tant  d'ef- 
forts  pour  en  reveler  le  merite.  F.  S. 

807.  —  *  Intorno  varj  anlic/ii  monumenti  scoperti  in  Brescia 
Dissertazione ,  etc.  —  Dissertation  sur  plusieurs  monumens 
decouverts  a  Brescia  par  M.  Jean  Labds.  —  Relation  du  pro- 
fesseur Rodolphe  Vantim  sur  le  meme  sujet;  et  Essais  sur 
quelques  fouiiles  qui  ont  eu  lieu  a  Brescia,  par  M.  Louis 
Basiletti.  Publication  de  V Alhenee  de  Brescia.  Brescia  ,  i  SaS ; 
Nicolas  Beftoni.  10-4"  de  i43  p.  avec  4  planches. 

M.  Clement  Delorme  ,  Lyonnais  et  ancien  fonctionnalre  en 
Italie,  ou  il  a  laisse  des  souvenirs  tres-honorables,  s'est  oc- 
cupe,  dans  un  voyage  qu'il  vient  de  faire  a  Brescia,  de  se 
"procurer  I'ouvrage  que  nous  annoncons,  afin  de  I'offrir  au 
Musee  de  Lyon,  sa  patrie.  —  Cet  ouvrage  n'ayant  cte  tire  qu'a 
cent  exemplaires,  tous  deslines  a  des  souscripteurs,  il  n'ctait 
pas  facile  d'en  faire  I'acquisilion ;  et  le  zele  cclaire  de  M.  De- 
lorme en  est  d'autant  plus  digne  d'eloges. 

En  1822,  en  posant  les  fondemens  d'une  maison  a  Brescia, 
on  trouva,  dans  la  direction  de  Test  a  I'ouest,  divers  fragmens 
de  monumens:  des  pierres,  des  chapiteaux  el  des  ornemens 
d'architecture  romalne.  L'administration  municipalc,  jalouse  de 
conserver  les  souvenirs  d'une  ville  antique  ,  invita  M.  Rodolphe 
Vantini  a  recueillir  parmi  ces  debris  lout  ce  qui  pouvait  inte- 
resser  les  arts  et  les  sciences.  Non-seulenient,  M.  Vanlini  s'est 
acquitte  de  cette  commission  avec  zele,  mais  il  a  public  a  ce 
sujet  une  relaiion,  sur  laciuelle  nons  croyons  devoir  inserer 
ici  I'opinion  de  M.  Visconti,  architecte  a  Paris.  «  En  lisant, 
dit-il,  la  Dissertation  de  M.  Vantini,  on  y  reconnait  une  grande 
sagacile  dans  les  observations  et  une  instruction  solide.  Ses 
remarques  sur  le  chapiteau  antique  de  I'ordre  ionien  trouve 
dans  les  fouiiles  faites  a  Brescia,  sont  d'une  grande  finesse;  il 
observe  que  ce  chapiteau  est  le  seul  qui  ait  les  (juatre  volutes 
augulaires  sans  coussinet ;  en  effet ,  parmi  ceux  (jue  Stuart  a 
donnes  dans  les  antiquites  d'Alhenes  il  n'y  en  a  pas  un  seul 
pareil  a  celui  dont  parle  M.  Vantini.  Les  Grecs  ont  bien  donne 

T.  xjtxi.  —  Septembre  1826.  46 


722  LIVRES  I^TRANGERS. 

des  formes  diffirontes  aux  cJiapitcatix  places  aux  angles  de 
Irnrs  temples  et  a  ceiix  qui  f'aisaient  face  an  porliijiie;  niai.i 
ils  n'ont  fait  ce  cliangeinent  qu'en  snpprimant  le  eoiissinet  a  la 
face  latcrale  de  la  colonne,  de  iiianiere  que  les  faces  internes 
du  portique  ont  deux  coussinels  (|ni  se  louclient.  M.  Vanlini 
peut  donner  le  chapiteau  qu'il  jjublie  conitne  nn  exemple  des 
anciens,  non  pas  toutefois  du  terns  des  Grecs ,  mais  du  lems 
des  Remains;  il  est  d'une  assez  belle  forme;  nous  devons 
remercier  le  savant  7)rofesseur  de  I'avoir  mis  au  jour.  »  Telle 
est  roj)inion  de  M.  Visconti. 

En  poursnivant  les  fouilles,  on  trouva  ,  au  milieu  des  debris 
meles  de  quelques  couches  de  cliarbon,  des  fleches  et  d'aulres 
armes  et  equipemens  niilitaires,  ainsi  que  des  ossemens  hu- 
mains.  De  tous  ces  indices,  on  peul  deduire,  suivant  M.  Basi- 
LETTi ,  que  I'incendie  et  les  desastres  de  la  guerre  ont  sans 
doute  contribue  a  la  destruction  des  monumens  dont  on  a 
retrouve  les  resles. 

Ces  travaux  etant  suivis  avec  ce  zele  qui  caract^rise  les  habi- 
tans  d'une  ville  fiere  de  son  antiqtiite  (i),  on  decouvrit  les 
restes  d'un  temple  d'Hercule,  ceux  d'un  theatre  d'une  belle 
forme,  ceux  d'un  «5.difice  que  Ton  croit  avoir  ete  une  curie, 
et  le  pilastre  d'un  temple.  Le  fronlispice  du  temple  est  sou- 
tenu  ]iar  huit  colonnes ,  qui  sent  en  fiartie  sur  pied ;  on  attribue 
leur  depl.icementauntremblement  de  terre;  ellesdebordent  de 
trois  et  de  six  pouces.  Le  peristyle  est  pave  en  marbre  d'orient , 
et  I'entree  principale  est  precedoe  de  tres-beanx  escalicrs.  Ces 
monumens  out  ete  constriiils  en  marbre  indif;ene.  On  troiive 
dans  les  fortifications,  et  dans  les  edifices  publics  de  Brescia, 
des  pierres  qui  indlquent  qu'ils  ont  ete  batis  en  partie  avec 
des  debris  de  ces  monumens.  En  considerant  I'ordre  d'archi- 
tecture  des  masses  encore  exlstantes,  on  le  trouve  depouillc 
de  ces  ornemens  surcharges,  en  jisage  dans  les  tems  posl^- 
rieurs  aux  regnes  de  Trajan  et  des  Antonins;  ce  qui  condui* 
M.  Basilelli  h  penser  qu'ils  ont  die  construits  sous  ces  empe- 


(i)  On  pretend  que  Brescia  fnt  batie  par  Brennus,  cbef  des  Gaulois. 
Elle  passe  pour  etre  plus  ancienne  qne  Vcrone.  Quelques  ecrivaius  ve- 
ronals Ini  ont  dispute  cet  avantage  :  les  auteurs  bresciaus  s'appuient  sur 
ce  vers  de  Catnlle  : 

Brixia  ,  f^eronw  maler  umata  mea. 

Au  reste,  cette  ville  est  reconnue  pour  etre,  apres  Rome,  celle  qui  est 
la  pins  rithe  en  inscriptions  qui  attestent  I'antiqnite  ile  son  origino  et 
son  aucieonp  celc-brite.  N.  d.  K. 


ITALIE.  ■^aS 

tcui'S.  Quelques  parlies  d'ordre  corinthien  sont  tres-remar- 
quables.  Le  temple  d'Hercule  etait  pave  en  marbre  blanc,  et 
lesmiirs  avaient  des  revetemens  en  marbre  precieiix,  de  cou- 
leur  jaune  et  rouge,  en  granit,  en  porphyre  et  en  marbre 
jasp6. 

Le  meme  auleur,  M.  Basiletti,  attribue  les  premieres  devas- 
tations des  monumens  qui  ornaient  I'antique  Brescia  h  la  pre- 
miere irruption  des  peuples  du  Nord ,  vers  le  iv<=  siecle  de  I'ere 
vulgaire. 

On  a  trouve,  dans  les  fouilles  qui  ont  ete  faites,  diverscs 
inscriptions  et  des  morceaux  d'une  statue  en  marbre  blanc 
oriental.  Cette  statue  d'un  jeune  homrae  d'environ  20  ans  ,  et 
celle  d'une  femme,  etaient  I'une  et  I'antre  d'un  travail  achevc. 

Les  monnaies  qui  ont  ete  recueillies  sont  en  bronze  et  en 
argent;  les  plus  anciennes  apparliennent  aux  regnes  des  em- 
pereurs  Severe,  Gordien  et  Constance,  et  les  autres  sont  de 
I'ere  romaine,  de  900  a  1400. 

On  a  egalement  decouvert  a  Brescia,  dans  la  maison  du 
comte  Arsenio  d'EMiGi.i,  une  pierre,  en  mosaique  antique, 
d'un  travail  exquis.  L'administration  municipale  a  voulu  la 
faire  enlever  a  ses  frais  pour  en  d^corer  un  nouveau  niusee 
dont  Tetabiissement  est  vivement  desire. 

La  dissertation  de  M.  Labus  est  riche  d'une  erudition  qui  ne 
parait  pas  toujours  necessaire  a  I'intelligence  du  sujet.  Au  reste, 
cet  auteur,  tres-verse  dans  la  numisniatique  et  I'archeologie  ,  a 
tire  un  bon  parti  d'une  inscription  retrouvee  a  Brescia,  pour 
appeler  de  nouveau  I'attention  et  I'interet  des  antiquaires  sur 
le  theatre  que  Ton  a  decouvert,  il  y  a  pen  d'annees.     Debt. 

OuvT-ages  p^riodiques. 

'io8.  —  *  Annali  universali  di  tecnologia ,  etc.  —  Annales 
universelles  de  tcchnologie  ,  d'agriculture,  d'economie  rurale 
et  domestiqueel  d'arts  et  metiers. — Premier  volume.  —  Cahier 
dejuillet.  Milan,  1826.  Cliez  les  edileurs  At^  Annales  Ae  me- 
decine^l^e  statistique. — Ces  Annales'^iTAitront  tous  lesmois; 
chaque  cahier  sera  de  6  feuiUes  au  moins  ;  trois  cahiers  com- 
poseront  un  volume.  Prix  de  I'abonnement ,  18  Icvres  par  an  , 
payables  d'avance  par  trimestre.  Les  abonnes,  qui  prendront 
en  meme  terns  les  Annales  de  statistique  etcellesde  technologie , 
ne  paieront  que  82  Ih'res  pour  les  deux  abonnemens  reunis. 

Aunombre  des  redacteursde  ce nouveau  journal,  oncompte 
M.  LoMENi ,  savant  agronorae,  M.  le  comte  Bossi,  et  plusieurs 


724  LIVRES  ETRANGERS. 

ecrivains  qui  servent,  en  Italic  ,  la  cause  desletires  et  de  I'in- 
struction  piibliquc. 

L'apparilion  de  ce  nouveau  recueil  est  tine  bonne  nouvelle 
pour  ritalie.  On  sent  dans  ce  pays  ,  aussi  bien  que  dans  le  reste 
de  I'Europe,  combien  il  est  dangereux  pour  una  nation  de  ne 
pas  suivre  les  progres  de  I'industrie ,  ct  quels  immenses  avan- 
tages  sont  assures  aux  etats  qui  devancenl  les  aiitres  dans  cette 
noble  carriere.  II  est  terns  que  rinstruction  dont  I'industrie  a 
besoin,  penetre  partont,  et  que  tous  les  nioyens  dela  repandre 
soient  mis  en  usage.  L'Angletcrre  abonde  en  ouvrages  perio- 
diques  consacres  aux  arts  ;  I'industrieuse  Allemagne  n'en  a 
|>eut-etre  pas  moins,  quoique  leur  influence  soit  inoins  sen- 
sible; la  France  \ienl  ensuite,  et  n'a  pas  encore  donne  ace 
moyen  d'enseignement  industriel  I'elendue  et  I'importance 
qu'il  devrait  avoir.  Puisque  I'ltalie  se  dispose  a  I'employer 
aussi  pour  developper  les  iranienses  ressources  qui  sont  a  la 
disposition  des  arts,  dans  cetle  belle contree,  on  pent  espcrer 
que  les  jours  de  prosperite  de  son  commerce  reparaitront , 
que  ses  manufactures  relrouveront  leur  ancienne  celebrite,  et 
qu'une  louabie  concurrence  va  s'etablir  entre  les  principales 
nations  de  I'Europe ,  non  pour  des  interets  politiques,  mais 
pour  le  bien  general,  pour  le  bonheur  de  I'humanite. 

Le  premier  cahier  du  nouveau  journal  industriel  commence 
par  des  Fues  generates  sut-  la  technologic.  L'auteur  de  cet  ecrit, 
M.  le  comteBossi,  a  rassemble  dans  quelques  pages  beaucoup 
de  fails,  d'idees,  d'instruction.  Ses  definitions  sont  exacles,  il 
expose  avec  fidelity  I'histoire  des  sciences  et  des  arts  donl  il 
parle;  il  se  montre  parfaitement  au  courant  de  ce  que  Ton  a 
ecrit,  en  France  et  en  Angletei're,  sur  les  sujets  qu'il  traite. 
Avec  I'esprit  d'ordre  et  d'analyse  dont  M.  Bossi  fait  preuve 
dans  cet  ecrit ,  un  tel  coUaborateur  est  une  acquisition  pre- 
cieuse  pour  le  nouveau  journal. 

Une  analyse  des  memoires  de  M.  Bonafous  sur  I'education 
des  vers-a-soie ;  une  notice  sur  la  fabrication  du  papier, 
par  les  Cbinois;  une  autre  sur  les  diligences  a  vapeur ,  de 
MM.  BuRSTALL  et  Hill  ;  un  grand  nombre  d'indications  de 
procedes  nouveaux,  dont  plusicurs  sont  juges  avec  discerne- 
ment  et  reduits  a  leur  juste  valeur  :  tout  ce  qui  compose  ce 
premier  cahier  fait  augurer  favorablement  de  ceux  qui  le  sui- 
vront.  Les  redacteurs  s'attacheront  sans  doute  a  reunir  des  ar- 
ticles originaux ,  et  s'abstiendront ,  aulant  qu'ils  le  pourront, 
defaire  desemprimts  auxautresjournaux.  Dans  la  fouledespu- 
blicationsperiodiqiicsde  tous  les  payset  surtoutes  les  malieres, 


k 


ITALIE.— PAYS-BAS.  725 

les  seuls  articles  originaux ,  separes  de  tout  le  reste,  sont  loute 
la  subs'.ance  reellement  contenuedans  plusieurs  milliers  de  vo- 
lumes, et  n'en  rempliraient  peut-etre  pas  nnecinquantaine.  F. 

PAYS-BAS. 

309.  —  Leere  der  Scheikunde  ,  etc.  —  Theorie  de  la  chimie, 
concernant  principalementles  proprietes  et  les  proportions  des 
principes  constituans  des  corps;  par  M.  Overduin,  pharma- 
cien.  Breda,  i8a6;  imprimeriede  Slerk.  In-8°de  vii-aBg  pages. 

L'auteur  de  celivreest  avantageusementconnu  en  Hollande 
par  ses  Iravaux  chimiques,  specialement  par  son  elaine  (huile 
epuree),  dont  les  horlogers  se  servent  avec  succes.  Cet  ou- 
vrage,  au  niveau  des  progres  que  la  chimie  a  faitsdansces 
derniers  tems  ,  est  un  abrege  qui  se  recommande  surtout  a 
ceux  qui  veulent  avoir  des  notions  somraaires  sur  I'ensemble 
des  connaissances  chimiques. 

3 10.  —  Dissertatio  medica  de  opio ,  etc.  —  Dissertation  me- 
dicaie  surTopium  ;  par  G.-J.  Mulder.  Utrecht,  iSiS;  impri- 
merie  d'Aliheer.  In-8°  de  iiS  pages. 

Parmi  le  grand  nombre  de  substances  medicamenteuses  du 
regne  vegetal  .qui  onl  etc  soumises  a  I'investigalion  deschi- 
mistes  modernes,  I'opium,  en  raison  de  £on  ufilite  en  raede- 
cine,  devait  attirer  surtout  leur  attention.  La  dissertation  de 
M.  Mulder  offre  un  resume  interessant  des  divers  Iravaux 
dissemines  sur  I'analyse  de  ce  medicament ;  les  effets  de  To- 
pium  et  de  ses  principes  sur  ['economic  animale  sont  tres-bien 
exposes  et  comparativement  determines;  et  apres  avoir  trait^ 
son  sujet  sous  les  rapports  pliysiologique  et  pathologique , 
M.  Mulder  donne  quelques  corollaires  pratiques. 

3 1 1 . — Dissertatio  medica  de  macroglossa  ,  scu  Itrtguce  enor- 
mitate.  —  Dissertation  medicale  sur  la  grosseur  de  la  langue  ; 
par /?.-F.  Van  Doeveren.  Leyde,  1824;  Imprimerie  de  Ha- 
zenberg.  In-8°de  106  pages,  avec  deux  planches. 

Cette  dissertation  est  etrite  par  un  jeune  medecin,  fort  ins- 
truit.  Nousregrettons  de  neTavoir  pas  annoncee  plus  tot.  L'au- 
teury  areuniplusieurs  cascurieux  de  grosseur  extraordinaire 
de  la  langue;  il  examine  avec  beaucoup  de  methode  et  en  de- 
tail la  nature,  les  causes  et  les  symptomes  du  mal  qui  fait  le 
sujet  de  sa  brochure ;  et  le  traitement  qu'il  indique  est  tres- 
rationnelet  appuye  sur  I'experience  de  praticiens  justemeift 
celebres.  De  Rircrhoff. 

3 1 2.  *  Abrege  de  Vhistoire  du  duche  de  Brabant,  du  marqui- 
sat  d'Jnvers  et  de  la  seigneurie  de  Malines,  par  demandes  et 


726  LIVRES  £TRA.NGERS. 

par  rcponsos;  par  M.  Dewez.  Bruxelles,  iSaS;  veuve  Stapleaux 
In-i2  de  iv-i42p,  avec  Ja  traduction  hollandaise  en  regard. 
Si  la  forme  du  dialogue  parait  pen  convenablc  ])our  les 
grandes  compositions  historiques,  elle  peut  neaninoius  etre 
utile  dans  Ics  livres  elcmentaires,  et  nous  ne  blamerons  pas 
M.  Dewez  d'avoir,  a  cet  egard ,  suivi  I'exemple  du  judicieux 
Fleury.  Cet  ^brege  n'ajouier a  rien  sansdoute  a  la  reputation 
de  I'auleur  ;  mais  11  est  unenouvelle  preuve  desonpatriotisme 
et  de  la  constante  sollicitude  avec  laqueile  il  s'attache  a  faci- 
liter  I'etudede  I'histoire  beige.  Peu  d'liomines  ont  rerapli  d'une 
manierc  plus  honorable  que  M.  Dewez  leurlaborieuse  carriere. 
La  seconde  edition  de  son  grand  ouvrage  sur  la  Belgique  lui 
donnera  bienlotde  nouveaux  droits  a  la  reconnaissance  de  ses 
concitoyens.  Stassart. 

Outrages  periodiques. 

3 1 3.  —  Journal  d' agriculture ,  d'economie  rurale  et  des  ma- 
nufactures du  royaume  des  Pays-Bas.  Bruxelles,  juin  1826; 
auBureau  dujournal,  Montagne  des  Aveugles,  i\°  886.  In-8". 
(Voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxx,  p.  460  ). 

Ce  cahier  renferme  un  extrait  d'un  memoire  tres  -  inte- 
ressant  d'un  cultivateur  anglais,  M.  Boys,  sur  I'education 
des  moiitons  de  la  fameuse  race  de  Southdown.  Des  animaux 
de  cette  race  parviennent,  a  20  raois,  au  poids  de  i6o  a  170 
livres.  Sous  ic  rapport  de  la  qualito  prolifique,  elle  n'a  point 
d'egale',  car,  dans  les  grands  troupeaux  de  M.  le  due  de  Bed- 
ford et  de  M.  John  Ellmann,  le  rapport  du  norabre  des  nais- 
sances  d'agneaux  a  eelui  des  brebis  portieres  est  comme  3  :  2. 

V.J. 

3 14. — *  Tydschrift  voor-genees-heel-verlos-en-scheikundige 
fVetenschappen.  —  Recueil  periodique  consacre  aux  sciences 
medicales,  et  publie  par  la  Societe  de  medecine  de  Hoorn.  Am- 
sterdam ,  1826;  imprimerie  de  Vink.  In-8°. 

La  Societe  de  medecine  de  Hoorn  ne  fait  pas  comme  tant 
d'autres  Compagnies  savantes,  dont  les  travaux  qb  consistent 
qu'a  delivrer  des  diplomes  et  a  flatter  I'ambition  de  quelques 
particuliers ;  elle  travaille  avec  zele  pour  se  rendre  utile.  Le 
recueil  que  nous  annoncons  en  fait  foi.  II  est  redige  par 
MM.  KuYS,  Rynders,  Swaan,  Jorritsma  et  Van  Marken,  el 
se  publie  depuis  1828.  La  Sociel^  promet  de  continuer  a  en 
faire  paraitre,  cliaque  annee,  deux  ou  trois  cahiers.  Cbacun 
de  ceux  qui  ont  paru  est  de  neuf  a  dix  feuilles  d'impression. 

Cc  recueil  est  divise  en  trois  sections.  La  premiere  est  con- 


LIVRES  ]£TRANGERS.— LIVRES  FRANCAIS.     727 

sacrtie  aux  analyses  d'ouvrages  nouveaux ;  la  seconde  lenfenne 
des  iiiemoires  originaux  et  des  observations  sur  I'art  degnerir, 
fournis  par  les  niembres  de  la  Socicte,  et  la  Iroisieme  se  com- 
pose d'exiraits  traduits  des  ouvrages  de  medecine  les  plus  re- 
marqiiables  publics  en  langnes  etrangeres.  Dans  le  dernier 
cahier  qui  vient  de  paraitre ,  nous  avons  remarque  des  notices 
sur  les  traductions  lioUandaises  del'y^natoinie  generate  de  Bi- 
ihat  et  de  la  Nosographie  chirurgicale  dc  Lassus.  A.-pxks>  I'an- 
iionce  de  plusieurs  traductions  et  de  livres  nouveaux  ,  on  lit 
une  jjartie  d'un  apercu  historique  de  M.  le  docieurMENSERT, 
oculistediiroi,  sur  les  maladies  des  yeux  observeesdanslesPays- 
Bas  ;  ensuiie,  diverses  observations  medicales  et  chirurgicales, 
recueillies  par  MM.  Landsrroon,  Nottelman,  Rynders  et 
JoRRiTSMA,  ainsi  que  des  extraits  traduits  avec  des  notes,  par 
MM.  Svt^AAN  et  JoRRiTSJi A,  du  mcmoire  de  M.  Ually  sur  I'usage 
therapeutique  de  I'acelate  de  morphine,  De  Rirckhoff. 

LIVRES  FRANCAIS. 

Sciences  physiques  et  naturelles. 

3 15. —  *j4rt  de  cultiverla  vigne  et  defaire  du  hon  vin  inalgre 
le  climat  et  C intemperie  des  saisons ;  suivi  des  moyens  :  1"  de 
faire  avec  le  vin  de  la  basse  Bourgogne,  du  Cher,  de  Tou- 
raine,  etc. ,  des  vinsde  St-Gilles,  de  Roussillon,  de  Bordeaux; 
1°  decomposer,  avec  les  vins  de  ces  derniers  pays,  du  vin  de 
premiere  qualile  de  Bourgogne  et  de  Bordeaux;  3°  de  fabri- 
quer  les  vins  de  liqueur,  les  caux -de-vie,  les  vlnaigres  ;  /("  de 
retirer  la  potasse  des  prodnits  de  la  vigne;  par  M.  Salmon, 
chimiste  et  marchand  de  vin  en  gros.  Paris,  1826.  In-12  de 
270  jiages  et  2  planches  ;  prix,  3  fr.  et  4  ft"-  ^5  c.  par  la  poste. 

3 16.  —  *  Manuel  du  Bouuier ,  ou  Traite  dela  medecine  pra- 
tique des  betes  a  comes ,  ouvrage  utile  a  ceux  qui  veulent  cle- 
ver les  animaux,  les  dresser  au  travail  et  leur  conserver  la 
sante;  par  /cye/?/^  Robinet,  artisle  velerinaire;  e'</iV«'o«  aug- 
mentee  da  notes  traduites  de  I'anglaispar  M.  HuzARD^/.y.  Paris, 
1826;  M™*^  Huzard,  rue  de  I'Eperon,  n"  7.  2  vol.  in-12, 
388 — 340  pages;  prix  ,  6  fr.  et  7  fr.  5o  c.  ])ar  la  poste. 

Le  premier  de  ces  deux  oavrages  sera  lu  d'abord  avec  un 
peu  de  mefiance;  I'auteur  promet  beaucoup  :  on  craindra  qu'd 
ne  reste  au  dessous  de  ce  qit'il  annonce.  Mais,  a  raesure  qu'on 
III  son  petit  livre,  la  confiance  revient.  On  n'y  trotive  pas,  il. 
est  vrai,  toutce  que  contiennent  les  nombreux  ouvrages  sur, 
la  culture  de    la  vigne  et  la  fabrication  da  vin:raais  il  etait 


7^8  LIVRES  FRANCAIS. 

difficile  de  renfermer  plus  d'inslruction  sous  un  aussi  petit 
volume.  Neanmoins ,  en  nous  rcvelant  les  secrets  des  niarchands 
de  vin  ,  ii  ne  parviendra  point  a  nous  inspirer  plus  de  confiance : 
on  redoutera  peut-^tre  que  la  chimie  ne  s'empare  un  peu  trop 
de  nos  caves  et  de  nos  tonneaux  ,  et  que  le  savoir  des  niar- 
chands ne  soil  beaiicoui)  i)Ius  profitable  pour  eux-memes  que 
pour  leurs  chalans.  Au  reste ,  les  melanges  indiquds  par  M.  Sal- 
mon ne  peuvent  jamais  etre  nuisibles  a  la  sante ;  et ,  si  le  gout 
n'a  pas  a  se  plaindrc  ,  personne  ne  reclamera  centre  raj)plica- 
tion  de  ses  preceptes.  II  indique  avec  soin  les  melanges  reelle- 
ment  dangereux,  et  les  moyens  de  les  reconnaitre.  Les  culti- 
vateurs  et  les  proprietaires  peuvent  le  prendre  pour  guide , 
aussi  bien  que  les  marcliands;  les  simples  consommateurs  se 
trouveront  bien  aussi  delo  consulter  de  tems  en  tems. 

Le  Manuel  du  houvier ,  par  M.  Robinet  se  presente  dans 
cclte  edition,  avec  d'imporlaiites  augmentations.  C'est  princi- 
palement  en  Amerique  que  M.  Huzard  les  a  cliercbees,  hommage 
honorable  pour  les  sciences  agronomi<jues  du  Nouveau-Monde. 
En  lisant  cat  ouvrage,  on  est  effraye  du  nombre  des  maladies 
qui  attaquent  ceux  de  nos  animaux  domestiques  auxquels  on 
ne  refusera  certainenient  pas  le  second  rang ,  en  laissant  le 
premier  aux  chevaux.  On  ne  pent  douter  qu'une  partie  de  ces 
raaux  ne  soicnt  les  resultats  de  la  doraeslicite  :  heureusement, 
I'art  de  les  prevenir  fait  des  progres  sensibles,  et  met  a  profit 
les  connaissances  acquises  par  I'art  de  les  gucrir.  Un  extrait 
d'un  raemoire  de  M.  Josiah  Quincy  sur  la  lenue  des  bestiaux 
a  I'etable  merlte  d'autant  plus  d'attention  ,  que  le  regime  con- 
seille  par  I'agronome  americain  est  plus  oppose  aux  habitudes 
des  ferniiers  francais.  Suivant  une  experience  de  M.  Quincy , 
17  acres  peuvent  nourrir'a  I'etable  aulant  de  bestiaux  que 
5o  acres  employees  a  la  maniere  ordinaire.  Un  autre  emprunt 
que  M.  Huzard  a  fait  aux  agronoraes  des  Etats-Unis,  est  un 
extrait  d'un  memoire  de  M.  Ci.ine  sur  \a  forme  des  animaux, 
relativement  a  t amelioration  des  races.  Les  observations  de 
i'auteur  sont  tres-remarquables.  <' La  tete,  dit-il,  doit  etre 
petite;  cette  condition  rend  la  naissance  facile.  La  petitesse  de 
cette  partie  apporte  d'autres  avantages ,  et  indique  generale- 
nient  une  bonne  race...  Les  cornes  ne  sont  d'aucun  usage  a  nos 
animaux  domestiques  :  il  n'est  pas  difficile  de  creer  des  races, 
sans  cornes;  les  nourrisseurs  de  gros  betail  et  des  betes  a  laine 
ne  se  doutent  pas  des  pertes  qu'ils  en  eprouvent,  non  parce 
que  ces  animaux  ontces  defenses,  mais  parce  qu'ils  ont  beau- 
coup  plus  d'os  au  crane  pour  les  supporter,  et  ensuite,  une 
quantit(5   proportionnelle  de  maliere  gelatineuse  presque  de 


SCIENCES  PHYSIQUES.  729 

nulle  valcur ,  et  de  parties  musculaires  qui ,  dans  la  region  du 
coujsont  de  moindrequalite.»  Beaucoup  d'aulres  observations, 
et  des  faits  importans  sont  exposes  dans  cet  extrait.  M.  Ciine 
rapportedesexemplesdesraauvaiseffets  diicroisementdes  races, 
dans  lesquelles  on  n'a  pas  consulte  ce  qu'exigent  la  naissance 
des  animaux  de  race  croisee,  leur  nourriture  et  le  regime  qui 
leur  convient.  II  parait  que  les  meprises  des  speculaieurs,  et 
meme  des  administrateurs  de  haras  ont  souvent  compromis  les 
races  que  Ton  pretendait  perfectionner  :  a  Londres,  en  Nor- 
mandie  et  aux  Indes,  les  memes  erreurs  ont  ete  suivies  des 
meraes  consequences ,  jusqu'a  ce  qu'on  ait  abandonne  ces  ten- 
tatives  contraires  anx  lois  de  la  nature. 

La  nouvelle  edition  de  ce  manuel  doit  compter  sur  un  accueil 
favorable  :  les  editeurs  n'ont  rien  neglige  pour  la  rendre  digne 
des  suffrages  du  public.  F. 

317.  —  *  Des  For^ts  c?d  la  France  ,  considerees  dans  leur 
rapport  avec  la  marine  tnilitaire,  a  I'occasion  du  projet  de 
Code forestier ,  par  M.Bonard,  ingenieur  de  la  marine,  an- 
cien  directeur  du  service  forestier  maritime  des  bassins  de  la 
Saone  et  du  Rhone,  etc.  Paris,  1826.  M"*  Huzard.  In-8°  de 
219  pages;  prix,  3  fr.  et  4  fr.  par  la  poste. 

Pour  elever  la  science  forestiere ,  en  ce  qui  concerne  I'ar- 
chilecture  nautique,  au  niveau  des  lumieres  de  notre  terns, 
le  probleme  a  resoudre  est  celui-ci  :  Trouver  le  mode  d'ame- 
nagemenf  qui  doit  faire  produire  a  une  superficie  determinde 
le  plus  grand  nombre  possible  d'arbres  doues  de  proportions 
superieures.  Mais  la  solution  de  ce  probleme,  ne  serait  en- 
core qu'une  vaine  theorie  ,  si  Ton  ne  s'occupait  en  meme  terns 
d'introduire  I'esprit  de  suite  et  de  duree  dans  une  adminis- 
tration deslinee  a  suivre  une  ligne  immuable  a  travers  les  fluc- 
tuations politiques,  et  malgre  la  raobilite  de  noire  civilisation. 
M.  Bonard ,  fort  de  spn  experience  el  de  I'exemple  de  nos 
voisins  d'outre-Rbin ,  si  habiles  dans  la  regie  des  bois,  sou- 
tenu  de  I'assentimcnt  unanime  des  ingenieurs  de  la  marine 
attaches  a  ce  service ,  appuye  sur  les  savantes  previsions  des 
Buffon  et  des  Duhamel ,  nous  propose  ,  dans  ce  but ,  un 
systeme  complet,  qu'il  regarde  comme  le  senl  propre  a  retirer 
nos  forets  de  I'etat  de  degradation  ou  elles  sont  aujourd'hul, 
et  qui  finirait  par  leur  aneanlissement  total ,  si  le  gouverne- 
menl  ne  s'empressait  d'y  apporter  un  remede  efficace  par  des 
lois  conservatrices.  Au  lieu  du  mode  de  pleines  fulaies  qui  tire 
son  origine  de  Topuience  des  forets  du  moyen  age,  et  dont  il 
fait  ressortir  les  inconveniens;  au  lieu  de  I'emploi  moins  ancien 
des  futaies  sur  taillis  qu'il  condamne  ^galement,  il  veul  qu'on: 


73o  LIVRES  FRANCAIS. 

suive  avec  quelques  modific.itlons,  la  mefhode  allemande  qui 
consiste  a  cantonner  les  futaies  navales  sur  des  terrains  de 
choix  ,  exclusivement  consacres  a  cette  cidture ,  et  k  gouverner 
lenr  developpement  par  le  precede  inoderne  des  eclaircies  et  / 
du  recensement  natural.  Dans  son  plan  ,  ces  eclaircies  s'effec- 
tiieraient ,  tous  les  viugt  ans,  de  sorle  que  cliaque  hectare 
donnerait  huit  produits,  dans  le  cours  de  cent  soixante  annees, 
terme  ordinaire  de  la  croissance  des  chenes.  Le  premier  lot  a 
couper  serait  age  de  vingt  ans  ;  le  second  ,  de  quarante;  et 
ainsi  de  suite.  On  reserverait  les  quatre  inille  cinq  cents  tiges 
les  plus  belles  de  I'age  de  quarante  ans;  a  soixante  ans  ,  elles 
ne  seraient  qu'au  nonibre  de  quinze  cents;  il  n'en  rcsterait 
enfin  que  cent  cinquante  au  dernier  pcriode.  Pendant  long- 
tems ,  on  maintiendiail  ainsi  I'etat  serre,  le  seul  propre  a 
donner  aux  arbres  un  grand  elancement. 

II  rejetle  le  martelage  et  toutes  les  servitudes  imposees , 
dans  I'inleret  de  la  marine  ,  aux  proprietes  forestieres  des 
particuliers,  de  meme  qu'a  celles  des  communes  (|u'il  leiir  as- 
simile ,  a  cause  des  exigences  de  I'esprit  de  localile.  D'apres 
ses  calculs,  que  nous  regrettons  de  ne  pouvoir  donner  ici  , 
le  sol  de  la  France  suffirait  abondanimcnt  a  toutes  les  con- 
sommations  si  Ton  ensemencait  (avec  tros-peu  de  frais),  une 
partle  des  landes  de  Bretagne  ,  et  surtout  celles  de  Bordeaux , 
oil  Ton  a  remarque  tout  recemment  des  exemples  nombreux 
d'une  halivite  extraordinaire  pour  les  chenes  et  pour  d'aulres 
especes  de  choix.  Feu  Bremontier  avail  deja  fait  cette  ob- 
servation ,  il  y  a  une  vinglaine  d'anuees  ;  le  ])reraier  il 
signala  ce  fait  important  dans  ses  memoires  sur  les  plantations 
des  dunes,  qui  furent  inserces  plus  tard  parmi  ceux  que  public 
annuellement  la  Societe  d' agriculture. 

Longuement  medite,  le  plan  de  M.  Bonard  offre  peu  de 
prises  K  la  critique.  On  peut  cepend.-nt  lui  reprocher  d'etre 
trop  systemalique:  pourquoi  renoncer,  par  exemple,  au  tribut 
quepeuvent  offrir  a  rapprovisionnement  maritime  les  forels 
communales  ,  lorsquc  nous  n'avons  rien  pour  le  remplacer  ? 
Sorames-nous  asscz  riches  en  ce  genre  pour  negliger  ainsi 
des  ressources  naturelles  dont  on  peut  long-temps  encore  tirer 
un  parti  avantageux  ?  Dans  quelques  bois  communaux,  notam- 
mentsurlesversansdesPyreneeSjl'onvoitunemultituded'arbres 
raagnifiques  etaler  aux  regards  du  voyageur  la  superbe  vegeta- 
tion de  leurs  formes  colossales.  Tributaires  de  I'etranger  pour 
une  partie  considerable  de  nos  approvisionneniens,  nous  avons 
importe,  pendant  1824,  en  bois  de  construction  et  merrains, 
pour  la  somme  de  20,000,000  fr. ,  tandis  que  nos  exportiilions. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  7^1 

en  \ins  n'ont  ete  que  de  64,000,000  ;  c'est-a-dire  un  peu  phis 
du  triple.  Cetle  insuffisance  commence  a  sefaire  sentir  partout 
en  Europe  ,  et  nos  volsins  vont  chercher  des  mats  jusque  dans 
la  Nouvelle-Hollande.  Que  sera-ce,  quand  dans  le  cours  des 
siecles  fulurs  ,  tons  les  peuples  tant  de  I'ancien  que  des  deux 
nouveaux  conlinens,  porteront  dans  les  relations  maritimes, 
les  prodnits  innombrables  d'une  activite  universelle.  Alors , 
de  toute  necessite  ,  le  fer  remplacera  le  bois  dans  la  construc- 
tion des  navires,  comme  il  I'a  fait  pour  tant  d'autres  usages 
de  la  vie.  M.  Bonnard  s'efforce  d'en  demontrer  rimpossibiiitc; 
mais  nous  ne  sommes  nnllement  convaincus  par  ses  raison- 
nemens.  Deja  nous  voyons  naviguer  sur  la  Seine  des  bateaux 
a  vapeur  en  fer,  offrant  de  belles  dimensions  ,  et ,  s'il  faut  en 
croire  les  feuilles  publiques  ,  I'Angleterre  commence  a  em- 
ployer ce  metal  dans  la  mature  de  ses  gros  vaisseaux. 

j4cl.    GoNniNET. 

3 18.  — *  Ristoire  mcdicale  des  marais ,  et  traite  des  fievres 
inter mittentes  causees  par  les  emanations  des  eaux  stas;nanles ; 
par  /.  -  B.  MoNFALcoN,  D.  M.  Seconde  edition,  entierement 
refondue,  corrigee  et  augmentee.  Paris,  1826;  Bechet  jeune. 
In-8°  de  SaS  pages;  prix,  7  fr.  5o  c. 

Quoique  nous  ayons  deja  parle  de  la  premiere  ddition  de  cet 
Guvrage  (  Yoj.  Ref.  Enc. ,  t.  xxiv,  p.  606  ),  nous reviendrons 
encore  sur  celle-ci,  pour  I'utilite  de  nos  lecteurs.  Nous  compa- 
rerons  I'une  a  I'autre  les  deux  editions,  afin  d' observer  I'ordre 
et  le  developpement  des  pensees  de  I'auteur,  les  progres  des 
sciences  medicales  et  ceux  de  I'art  de  faire  des  livres,  progres 
qui  devraient  etre  toujours  sensibles,  dans  de  nouvelles  edi- 
tions. Mais  cet  exaraen  atlentif  que  nous  devons  nous  imposer 
exige  un  terns  qui  n'est  pas  toujours  a  notre  disposition  :  il 
faudx'a  done ,  malgre  nous ,  remeltre  a  un  autre  cahier  le  compte 
que  nous  aurions  voulu  rendre  des  a  present  de  la  nouvelle 
forme  sous  laquelle  M.  Monfalcon  nous  prcsente  son  important 
ouvrage. 

319.  —  Manuel  de  medecine  etde  chirurgie  domestiques , 
contenant  un  choix  des  moyens  les  plus  simples  et  les  plus 
efficaces  pour  la  guerison  des  maladies  internes  et  externes  qui 
affligent  le  corps  humain ;  avec  la  maniere  de  les  administi-er 
soi-mdrae,  et  le  regime  a  observer  dans  les  diverses  incommo- 
dites  qui  surviennent  dans  le  cours  ordinaire  de  la  vie  ;  par  /. 
MoRiN,  D.  M.  P.  Deuxieme  edition  ,  entierement  refondue  et 
considerablement  augmentee.  Paris,  i826;Roret.  In  -  18  de 
482  pages ;  prix  ,  3  fr.  5o  c. 

3 20.  —  Traite  pratique  sur  la  colique  metalliquc ,    c.onnuc 


73a  LIVRES  FRANCAIS. 

vulgairementsous  le  noin  de colique  des peintres ,  on  exposition 
de  la  melhode  anliphlogistique  appliquec  k  cette  maladie  et 
employee  avecsucces  dans  les  hopitaux  de  Paris;  par  Benjamin 
Palais,  D.  M.  P.  Paris,  iSaS;  Mequignon  Tuine.  In  -  8°  de 
1 36  pages;  prix,  i  fr.  5o  c. 

On  tiouve,  dans  cette  brochure,  douze  observations  de 
colique  metaliiqne  dont  ctaienl  surtoutatteints  des  ouvriersde 
la  manufacture  de  ceruse  de  Clichy,  savoir  neuf  traites  a 
I'hospice  Beaujon  par  M.  le  D''  Rcnaudin ,  et  trois  autres  a 
rH6tcl-Dieu,par  M.  Hu.ison.  Tous  ont  cte  gueris  tres-promp- 
tement  par  des  applicalions  de  sangsues  sur  Tabdonien  et  par 
des  moyens  adoucissans.  Ces  observations  sont  tres  -  interes- 
santes  et  de  nature  a  ebranler  la  confiance  c[u'ins[iire  a  la  plu- 
part  des  medecins  le  traitement ,  dit  de  la  Charito  ,  et  (pu  con- 
siste  a  administrer  les  vomitifs  ,  Ics  purgalifs  el  les  opiaces.  A 
la  verite,  ce  dernier  mode  de  traitement,  depuis  forllong-tems 
en  usage,  a  plusieurs  fois  rcsiste  a  de  pareilles  attaques;  des 
praticiens  celebres  ont  essayeenvain  de  lui  substituer  la  me- 
thode  antiplilogistique.  Pense-t-on  qu'il  suffise  de  remplacer  la 
saignee  qu'ils  proposaient  par  des  sangsues  pour  operer  enfin 
cette  reforme?  —  De  ce  que  le  traitement  antii>lilogislique  a 
reussi ,  M.  Palais  conclutque  la  maladie  consiste  dans  une  in- 
flammation de  la  membrane  muqueuse  des  inleslins.  II  nous 
semble  que  ,  pour  adopter  cette  opinion,  il  faudrait  qu'elle  fut 
appuyee  sur  d'autres  preuves,  et  surtout  sur  des  preuves  plus 
directes ,  puisqu'on  a  plusieurs  fois  trouve  cette  membrane  in- 
lacte  sur  des  sujets  qu'une  violente  attaque  de  colique  metal- 
lique  avail  emportes.  Rigollot,  fiis,  d.  m. 

321.  —  *  De  I'emploi  des  chlorures  d' oxide  de  sodium  et  de 
chaux  ;  par  A.-G.  Labarraque,  pharmacien  de  Paris,  membra 
de  r Academic  royale  de  medecine,  etc.  Paris,  iSiS;  I'auteur, 
rue  Saint-Wartin,  n°  6g.  M"«  Huzard  ,  rue  de  I'Eperon-Saint- 
Andre,  n°  7.In-8°  de  48  pages;  prix,  i  fr. 

L'efficacite  du  chlore  el  de  ses  combinaisons  pour  dcsinfecter 
et  preserver  des  miasmes  dangereux  n'estjjlus  contesteeaujour- 
d'hui :  I'experience  aprononce;  ics  Societessavantcs  et  tousles 
medecins,  auxquels  la  chimie  n'est  pas  etrangcre  ,  sont  d'ac- 
cord  sur  ce  point.  II  ne  s'agissait  plus  que  de  preparer  conve- 
nablement  et  avec  economic,  ces  puissans  moyens  hygie- 
niques,  et  d'en  diriger  I'emploi:  c'est  ce  qn'a  fait  M.  Labar- 
raque. D'honorables  suffrages  et  des  prix  academiques  ne  sont 
pas  la  recompense  laplusprecieusede  ses  travaux  :  il  en  trouve 
une  plus  grande  encore  dans  le  sentiment  du  bien  qu'il  a  fait, 
dans  les  services  qu'il  a  rendus  a  I'humanite.  Pour  bien  appre- 


SCIENCES  PHYSIQUES.  735 

cier  de  pareils  services,  il  suffit  d'avoir  le  courage  de  lire  les 
tri.stes  details  des  cures  operees  par  les  chlorures  de  soude  et 
de  chaux,d'arreter  quelquesinstans  son  imagination siir  le  re- 
butant  spectacle  des  contagions,  des  ulceres,  de  ce  que  les  ma- 
ladies et  la  mort  ont  de  plus  hideux.  La  brochure  deM.  La- 
barraque  etonnera  peut-etre  meme  quelques  medecins  et  leur 
offrira  des  ressources  dans  plusieurs  cas  oii  ils  n'auraient  plus 
rien  espere,  ni  de  I'art,  ni  de  la  nature.  L'auteurnous  promet 
un  ouvrage  plus  etendu  dontil  ne  public  en  ce  moment  qu'un 
extrait,  ct  dans  lequel  il  chcrchera  «  a  demontier  les  causes  et 
les  phenomenes  de  la  putrefaction  des  matieres  aniinales,sui- 
vis  de  la  maniere  d'arreler,  dans  diverses  circonstances ,  ce 
mouvement  desorganisateur. » 

Les  lecteurs  qui  redoutent  les  impressions  douloureuses  , 
meme  lorsqu'il  s'agit  d'acquerir  une  instruction  d'une  haute 
importance,  pourront  lire  avec  interet,  a  la  fin  de  cette  bro- 
chure, le  recit  de  quelques  fails  remarquables  qui  eurentlieu, 
en  1825,  Jors  du  curage  de  I'egout  Amelot.  Un  ouvrier  fut 
rendu  a  la  vie,  apres  48  heures  d'asphyxie.  Les  etranges  cir- 
constances de  cet  accident,  etles  effetspresquemiraculeux  des 
chlorures  paraitraient  incroyables  dans  un  ouvrage  d'imagi- 
nation;  mais  ici,  tout  se  passe  sous  les  yeux  des  hommes  les 
plus  eclaires,  sous  la  surveillance  des  autorites  publiques  :  on 
ne  pent  meconnaitre  la  verite;  ellesemanifeste  par  tout  cequi 
la  caracterise,  et  surlout,  par  le  bien  dent  elle  est  une  inta- 
rissable  source.  Y. 

323.  —  Rapport  general  sur  les  travaux  du  Conseil  de  salu- 
brite  de  Nantes,  depuis  le  4  mars  1817,  jusqu'au  3i  decem- 
bre  1825.  Nantes,  1826;  Mellinet  Malassis.  In-8°  de  38  p. 

Ce  rapport  contient  I'historique  des  travaux  du  Conseil  de 
salubrite  de  Nantes ,  dont  I'utile  intervention  s'est  principa- 
lement  elendue  sur  la  police  sanilaire  des  fabriques  ,  des 
constructions  nouvelles,  des  abattoirs,  de  I'ecoulement  d'eaux 
stagnantes,  des  fumigations  pres  des  marais ,  etc.  II  serait  a 
desirer  que  toutes  les  villes  de  province  fondassent  un  conseil 
de  ce  genre  compose  principalement  des  medecins  et  des  phar- 
maciens  du  lieu.  Celui-ci  doit  son  existence  a  M.  Louis  de 
Saint- AiGNAN,  alors  maire  de  Nantes,  depuis  prefet  des 
Cotes  du-Nord,  et  qui  plus  tard  aux  honneurs  de  sa  place 
prelera  I'honneur  de  voter  selon  sa  conscience  :  noble  exemple 
qui  devrait  etre  erige  en  dogme  politique  au  sein  de  tous 
les  partis.  Jd.  Gondinet. 

323. —  Theorie  complete  de  V  Arithmetique ,  a  I'usage  des^ 


734  LIVRES  FRANCA-IS. 

personnes  qui  se  preparent  a  subir  des  exaraens.  Paris,  1826^ 
Didot.  In-S"  dc  i52  p.;  prix,  3  I'r.  75  c. 

Les  definitions,  la  numeration,  I'nddition,  la  soustraction  , 
la  multiplication  des  nombrcs  entiers  et  des  deciinales,  les 
equations,  la  division,  la  regie  des  signes,  les  monomes,  poly- 
nonies,  et  les  quatrc  regies  sur  ces  quantites;  les  fractions 
ordinaires,  pcriodiques;  les  norabres  com]>lexes,  le  systeme 
metriqne,  les  carres  et  les  cubes,  les  proportions  et  les  regies 
qui  en  dependent,  suivies  de  la  raelhode  pour  resoudre  les 
equations  du  1"  degre;  les  progressions,  logaritlimes  et  com- 
plemens  :  telles  sontles  principales  divisions  de  ce  livre,  et  tel 
est  I'ordre  que  I'autenr  a  pref'ere.  II  s'etait  projjose  «  de  pre- 
senter I'arithraetique  degagee  des  cas  particuliers  qui  en  voilent 
souvent  I'esprit,  et  de  faciliter  clans  son  exposition  les  per- 
sonnes qui  se  preparent  a  subir  des  examens  ».  Pour  parvenir 
a  ce  but,  il  a  rejete  tons  les  exemples.  Les  quatre  regies  fon- 
danientales  sur  les  entiers,  les  fractions,  les  nombres  com- 
plexes, quelqaes  operations  d'un  ordre  plus  eleve ,  n'en 
presentent  aucun,  de  sortc  que  I'eleve,  apres  avoir  fait  d'assez 
grands  efforts  pour  comprendre  une  methode  de  calcul,  ne 
pourra  I'appliquer  qu'en  se  proposant  des  questions  dont  il 
lui  sera  presque  impossible  de  verifier  les  resultats.  L'auteur, 
«  qui  a  forme  de  norabreux  cleves,  »  n'a-t-il  pas  eu  I'occasion  de 
remarquer  que  c'est  seulement  par  des  applications  noni- 
breuses  qu'on  se  rend  mailre  des  theories;  les  precedes  sont 
des  machines  qu'il  faut  faire  jouer  pour  les  comprendre.  Du 
reste,  cet  ouvrage  ne  renferme  que  les  methodes  et  les  de- 
monstrations qu'on  retrouve  dans  tous  les  Iraites  d'arithme* 
tique;  il  n'en  dlffere  que  par  son  tilre  de  Theorie  complete, 
par  des  definitions  souvent  peu  exactes,  et  en  ce  qu'on  y  a 
seme  les  notions  les  plus  elementaires  de  I'algebre. 

T.  Richard. 

324.  —  Solution  geometrique  et  rigoureuse  du  fameux pro- 
hleme  de  la  quadrature  du  cercle ;  par  Malacarnb,  Italien. 
Paris,  1826;  Bachelier.  In- 8"  de  24  pages  et  1  planche;  prix  , 
I  fr.  5o  c. 

L'auteur  de  cette  brochure  a  depose  chez  M.  Bachelier  la 
somrae  de  3oofr.  pour  celui qui,  avant  le  3i  octobre  prochain, 
lui  aura  dtniontre  qu'il  est  dans  Terreur  ;  il  exige  que  la  refu- 
tation soil  signee  par  deux  membres  de  I'Academie  des  scien- 
ces, classe  de  mathematiques ,  etpar  deux  professeurs  de  I'E- 
colepolytechniriuc.  11  est  sans  doute  inutile  d'ajouter  qu'aucun 
des  ju^cs  compelens  aiixquels  nous  avons  communique  cette 
prelendue  solution  ne  I'a  trouvee  satisfaisante.  I. 


SCIENCES  PHYSIQUES.  7  35 

'iaS. —  Ddveloppement  d'une pensee  de  D'Alembert^  etc.; 
par  M.  Gaudin(  Voy.  Rd'.  Enc,  t.  xxvi.  Mai  iSaS.  p.  AgS  ). 
Paris,  1826;  Bachelier.  In-8°. 

L'ouviage  de  M.  Gaudin  est  maintenarit  accompagne  d'une 
note  relative  a  I'article  de  notre  Revue  signe  F. ,  oil  j'ai  fait 
quelques  observations  sur  la  manieredeconcevoir  etd'exposer 
la  iheorie  des  quantites  negatives.  M.  Gaudin  attribuant ,  par 
erreur,  cet  article  a  M.  Francoeur,  adressa  sa  reponse  a  notre 
savant  coliaborateur;  et  cette  meprise  a  donne  lieu ,  entre  le 
professeur  de  Paris  et  celui  de  Nantes,  a  une  correspondance 
que  j'aurais  voulu  leur  epargner.  Depuis,  M.  Gaudin  m'a  fait 
remettre  de  nouvelles  explications  sur  I'iinportante  question 
des  quantites  negatives  :  je  me  serais  enipresse  de  les  inserer 
dans  la  Revue ,  si  le  but  de  ce  recueil  et  la  forme  de  sa  redac- 
tion I'eussentpermis.  Apres  avoir  medileces  explications,  ainsi 
que  celles  de  la  note  imprimee,  je  n'ai  point  change  d'avis  , 
quant  aufond  de  la  question,  et  je  ne  doute  point  que  M.  Gau- 
din ne  finisse  aussi  par  adopter  mon  opinion.  —  Le  ton  de  la 
noteXinise  voir  un  peude  ressentiment ;  il  y  en  a  aussi  dans  les 
dernieres  explications  de  M.  Gaudin.  Mais  les  juges  impartiaux 
ne  trouveront,  dans  la  note  imprimee,  rien  qui  puisseobli- 
gerl'autcur  a  faire  aucune  reparation  a  qui  que  ce  soit. 

Ferry. 
326.  —  *  De  la  tenue  des  litres  en  partie  double  ;  Traite 
elcmentaire  a  I'usage  des  jeunes  gens  qui  se  destinent  au  com- 
merce; par  Jacquet,  negociant,  avec  cette  epigraphe;  fli»M- 
reux  celui  qui  peul  etre  utile!  Paris ,  1826;  Brissot  -  Thivars. 
In- 1 2  de  IV  et  87  pages;  prix,  2  fr. 

Le  choix  de  son  epigraphe  indique  assez  dans  quel  but 
M.  Jacquet  a  corajjose  son  ouvrage,  et  nous  pouvons  assurer 
qu'il  I'a  completeraent  atteint.  II  a  su  presenter,  d'une  maniere 
claire  et  precise,  les  princlpes  elementaires  de  la  tenue  des 
livres  ,  ot  initier  ses  lecteurs  ,  par  de  norabreux  exemples,  a 
presquetouteslesapplications  que  lapratiquepeutaniener.  Son 
ouvrage  i)eut  tenir  lieu  de  guide  dans  I'art  assez  simple,  raais 
tres-utilo,  qu'il  enseigne,  etnous  le  recommandons  aux  jeunes 
gens  (jui  desirent  consacrer  quelques  instans  a  cette  etude.  J. 

327.  —  *  Nouvelles  experiences  d'artillerle  faltes  pendant  les 
annces  1787,  1788,  1789  et  1791,  oix  Ton  determine  la  force 
de  la  poudre,  la  vitesse  initiale  des  boulels  de  canons,  les  portees 
des  pieces  a  differeutes  elevations ,  la  resistance  que  I'air  op- 
pose au  mouveinentdes  projectiles,  les  effets  desdifferentes  lon- 
gueurs des  pieees,  des  differentes  charges  de  poudre,  etc.,  par 
C/iarles  Hutton  ,  incmbre  de  la  Societe  royate  de  Londres,  etc. ; 


736  LIVRES  FRANCAIS. 

traduit  de  I'anglais  par  O.  Terquem,  professeur  de  mathema- 
tiques  aux  ecoles  royales  d'artillerie,  etc.  Secondeparlie.  Paris, 
i8a6.  Bachelier  ;  Anselin  et  Pocliard.  In  -  4°  de  23o  p.,  avec 
deux  planches  gravces ;  prix  ,  i  o  fr. 

M.  Terquem  rcgarde  I'ouvrage  qu'll  a  fradiiit  comme  la 
seconde  partie  des  oeuvres  de  Hntton  sur  I'artillerie,  donl 
M.  de  Villantroys  a  traduil  la  premitrc  parlie  ,  en  1802.  L'ou- 
vrage  original,  public  a  Londres  en  3  volumes,  est  divise  en 
38  traitcs.  Le  premier  volume  et  la  plus  grande  partie  du 
second  rcnferment  33  de  ces  divisions,  on  sujets  divers;  les 
cinq  suivantes  sont  consacrees  a  I'arlillerte.  M.  de  Villantroys 
n'a  point  termine  la  traduction  du  34'';  il  a  omis  les  details 
d'experiences  donl  le  professeur  anglais  a  docrit  avec  beaucoup 
d'exactilude  loutes  les  circonstances.  M.  Terquem  a  pense  (|ue 
cette  exactitude  et  ces  details  dont  I'observateur  avail  du  tenir 
compte  meriiaient  aussi  d'etre  mis  sous  les  yeus  des  lecleurs  : 
ila  termine  la  traduction  du  34"  Iraile,  et  en  y  joigiiant  les 
Irois  suivans,  il  presente  I'ensemble  le  plus  com|)let  d'expe- 
riences balistiqiies  que  Ton  ait  publie  jusqu'a  present,  et  les 
metliodes  de  calcul  que  I'auteur  en  a  deduites.  «  Tout  ce  que 
I'arlilleur  peut  desirer  que  la  science  lui  fournisse  pour  prati- 
quer  avec  succes  son  art ;  tous  les  problemes  les  plus  iniportans 
de  la  balistique  pratique  sont  resolus  d'unc  maniere  satisfai- 
sante  pour  les  besoins  du  service,  dans  le  37^^  traitc  auquel 
Hutton  a  donne  le  titre  de  Theorie  et  pratique  de  V  artillerie .  « 
Cet  eloge  est  peut-etre  exagere;  et,  si  les  melhodes  de  calcul 
applicables  aux  projectiles  de  I'artillerie  ne  convenaient  pas 
egalement  bien  a  tous  les  mouvemens  des  corps  dans  I'atmo- 
sphere,  on  n'aurait  pas  le  droit  de  les  rcgarder  comme  une 
theorie.  S'il  n'est  question  que  de  la  mesure  de  precision  dont 
la  pratique  peul  se  contenter,  il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'on 
I'obtiendrait  par  des  moyens  encore  plus  faciles  et  plus  courts 
queceux  de  M.  Hutton  :  la  theorie  eprouve  encore  d'immenses 
besoins,  et  ses  applications  ne  sont  pas  arrivces  au  dernier  de- 
gre  de  perfection. 

Le  traducteur  a  conserve  les  raesures  anglaises,  sans  les  con- 
vertir  en  mesures  nalionales,  parce  qu'il  ne  s'agil,  comme  il  le 
remarque,  que  de  rapport  entre  des  resultats,  et  non  de  gran- 
deurs absolues.  Cependant,  la  coniiaissance  de  ces  grandeurs 
eut  pu  servir  quelquefois,  et  les  rapports  auraient  et^  dcduifs 
aussi  facilement  des  mesures  converties  que  de  celles  de  I'auteur 
anglais. 

Le  35*  traite  est  la  description  d'une  eprouvelte  tres-com- 
naode,  et  dont  les  resultats  sont  plus  reguliers  et  plus  certains 
que  ceux  des  pelils  niortiers  qui  servent  au  menie  usage.  Le 


SCIENCES  PHYSIQUES.  7X7 

36°  traite  a  pour  objet  la  determination  de  la  resistance  de 
Vair ,  au  moyen  d'uH  j?iouveinent  de  rotation.  Ces  series  d'ex- 
periences  laisseront  toujours  bejiucou])  a  desirer.  Loin  de  sini- 
plifier  la  quesllon,  coiume  il  le  faudrail  pour  mesurer  separe- 
ment  rinfluence  de  cliacune  des  caiises  qui  concourent  a  la 
production  de  I'effet,  on  y  introduil  une  circonslance  nouvelle, 
une  forme  determinee  de  inoiiveraerit,  et  I'agitatiou  de  I'air 
dent  I'effet,  quoique  tros-faible  sans  douie,  est  copendant  reel; 
I'exactitude  du  calcul  demanderaa  que  I'ou  en  lint  cuuiple. 

Le  37^  traite  est  le  plus  approprie  aux  besoins  des  officiers 
d'artilleiie,  et  par  ce  motif,  on  regrettera  que  la  traduction  ait 
conserve  les  niesures  anglaises;  ce  cjui  rend  raoins  commode 
toute  application  des  formules  aux  mesures  francaiscs.  On  ne 
pent  doulcr  que  I'original  anglais  ne  convienne  mieux  aux 
officiers  d'artillerie  d'Angleterre ,  que  la  traduction  ne  peut 
convenir  a  nos  artilieurs.  L'ouvrage  de  Hutton  deviendrait 
beaucoup  plus  utile,  si  on  lui  faisait  subir  une  1  efonte  gcnerale; 
les  reductions  de  mesures,  les  corrections  neccssaiies,  une 
meilleure  disposition  des  niatetiaux  rendraient  le  livre  plus 
facile  a  lire  :  il  serait  phis  court ,  quoique  tout  aussi  plein  de 
choscs  ;  on  n'y  conserverait  que  ce  qui  est  reeliement  instructif. 
Au  resfe,  le  cou?s  de  balistique ,  (jue  M.  Terquem  doit  publier, 
ne  laissera  cerlainement  rien  a  cbercher  dans  les  ouvrages  qui 
ont  paru  jusqu'a  present  sur  le  meuie  sujet :  il  les  remplacera 
tous  pour  les  applications.  F. 

328.  —  Manuel  pratique  de  t  art  dude graisseur ,  ou  instruc- 
tion sur  les  moyens  faciles  d'enlever  soi-meme  toutes  soitesde 
taches.  Troisierne  edition  ,xe\ue  ^corr'ia^eid  et  considerablement 
augmentee,  et  suivie  d'un  Appendicc  renfermant  :  1°  une  ins- 
trucli(in  sur  la  preparation  et  I'emploi  du  lac-lahe  et  du  lac-dye  ; 
2°  des  observations  sur  le  hablali  ou  tannin  oriental ;  par 
L.-Seh.  Le  Normand  ,  professeur  de  technologic.  Paris  ,  1826  ; 
Bachelier.  In- 12  ;  prix  ,  3  fr. ,  et  4  fr.  par  la  poste. 

Cet  ouvrage  doit  etre  distingue  parnii  les  innombrables 
Manuels  que  Ton  public  dejjuis  quelque  tcms.  Celui-ci ,  du 
moins  ,  remplit  bien  sa  destination  ;  il  donne  au  lecleur  alten- 
tif  les  corinaissances  que  son  litre  j)roinet.  Trop  souvent,  les 
manuels  sont  plutot  fails  pour  le  libraire  que  pour  le  public; 
on  veut  piquer  la  curiosite;  on  annouce  des  instiuctions  nou- 
velles;  et  ou  livre  a  I'acheteur,  bientol  desabuse ,  un  exirait 
pur  et  siniple  d'anciens  ouvrages.  D'autres  fois,r£ncyclopedie 
fait  a  elle  seule  tous  les  frais  de  la  composition  d'un  manuel , 
rajeuni  ])ar  son  tltre  ctpar  une  ou  deux  planches  au  trait.  Tel 
n'est  point  l'ouvrage  de  M.  Le  Normand.  Le  noni  de  I'auteur, 

T.  xxM.  —  Septewbre  1826.  -I? 


73«  MVRES  FRANCAIS. 

deux  editions  lipiiisccs  ,  des  aiignicnlations  utiles,  tout  semble 

jui'sager  a  cette  troisieine  edition  iiu  smcccs  inerile.  OE. 

329.  —  *  Secrets  tie  lu  cliasseaux  oiscuux ,  contenanl  la  ina- 
nicre  de  fabriqucr  les  (ilets,  ies  divers  pieges  ,  ajipeanx,  etc.  ; 
riiistoire  naturelle  des  oiscaiix  qui  so  trouvent  en  France,  I'art 
de  les  clever,  de  les  soigner  ,  de  les  gucrir,  et  la  meilleiire 
inaniere  de  les  emi)aillcr  ;  ouvrage  orne  de  8  planches  lenfer- 
manl  plus  de  80  hgnres  ;  par  M.  G.  .  . ,  amateur.  Paris,  1826. 
Raynal,  rue  Pavce  Saint- Andre-des-Arcs,  n"  i3.  In  -  i'2  de 
328  pages;  prix,  3  fr.  5o  c. 

Nous  n'avons  pas  eu  I'occasion  de  comparer  ce  ])etit  ouvrage 
a  X Aviceptolo^ie  Jrancahe ,  et  aux  autrcs  ecrits  sur  le  m^ine 
sujet  :  nous  ne  pouvons  savoir  s'il  coutient  quelques  dccou- 
vertes  modernes  dans  I'art  de  depeupler  nos  forets  et  nos  bos- 
quets de  leurs  plus  aimables  Jiabitans.  Quoi  qu'ilensoit,on  n'y 
trouvera  que  trop  de  pieges,  d'appeaux,  de  filets,  etc. ,  et  de 
plus,  la  fabrication  de  tons  ces  instruinens  de  dommage.  L'au- 
teur  a  diviseson  travail  en  quatre  parties  ou  livres,  dontle  pre- 
mier seulenient  est  consacre  a  la  cliasse  aux  oiseaux  ;  le  second 
tralte  de  I'art  de  les  conserver,  c'est-a-dire,  de  les  empailler. 
Le  Iroisieme  enseigne  des  secrets  plus  miserlcordieux ,  au 
inoins  en  apparence;  c'est  lamaniered'e'/ecfr  les  oiseaux,  c'est- 
a-dire  de  les  priver  de  leur  liberte,  et  de  les  soumettre  a  nos 
caprices.  Enfin  ,  le  quatrieme  donne  des  notices  abregecs  sur 
les  oiseaux  de  la  France.  On  voit  que  I'auteur  a  mis  a  profit 
toules  ses  pages,  et  que  son  petit  volume  ne  contiendrail  pas 
autant  de  cboses  interessantes,  s'il  I'avait  rempli  de  details  su- 
perflus,  de  discussions  oiseuses.  On  y  decouvrira  sans  doute 
quelques  omissions;  car  il  est  bien  difficile  que  ces  sortes 
d'ouvrages  soient  complels  :  les  Provencaux  remarqueront 
qu'il  n'y  est  pas  c|uestion  de  la  cliasse  appelee  tesc;  ailleurs, 
on  y  cherchera  vaincment  la  description  de  quelque  chasse  con- 
finee  dans  un  canton  ,  el  que  tout  le  reste  de  la  France  ignore. 
Ces  lacunes  sont  tres-excusables,  et  n'empcclient  point  que 
I'ouvrage  n'attcigna  son  but,  qu'il  ne  soit  tres-bien  place 
dans  une  bibliotliequc  de  campagne,  et  meme  de  ville. 

330.  —  *  Dictionnaire  geographique  unlversel,  contenant  la 
description  detous  les  lieux  du  globe,  interessans  sous  le  rap- 
port de  la  geographic  physique  et  politique,  de  I'histoire  ,  de 
la  statistique,  du  commerce,  de  I'industrie,  etc. ,  i)ar  une  .S^o- 
ciete  de  geographes.  Tome  III.  Premiere  partie.  CHIO  -  DIN  A. 
Paris,  1826;  J.Kilian;Ch.  Picquet.  In-8°  de  392  pages;  prix 
du  volume,  i/, fr.  (V. /lec.  Enc,  t.xxvii,p.  49,  et  t.xxix,p.  5 12). 

Cet  utile  dictionnaire,  rcdige  toujours  avec  les  memessoins, 


SCIENCES    PHYSIQUES.  739 

repond  k  I'alteiite  du  juiblic  et  continue  a  nieriter  les  eloges 
que  nous  avons  donnes  anx  volumes  precedens.  Dans  celui  qui 
vient  de  jiarailrc,  nous  avons  surtoul  reinarque  Jes  articles 
suivans  :  Cotornbte ,  Constantinople  ,  Cosaques ,  Cuba,  Dane- 
mark^  Danube  ,  Darfour ,  Deux-Siciles ,  etc. ,  etc. 

33 1.  —  *  Nouvel  Atlas  du  loyaume  de  France  :  Cartes  des 
qtiatre-vingt  -  six  dcpartemens  et  des  colonies  francaises.  Cha- 
que  carte  est  accompagnee  d'un  tableau  stalistique  el  histo- 
rique;  par  MM.  A.-M.  Perrot  et /.  A-UPIck;  public  par  Z. 
DupRAT  -  DovERGER.  27^ — 3i^  livraisons.  Paris ,  1826;  I'edi- 
teur,  rue  des  Fosses-Saint-Germain-des-Pres,  n°  i3.  5  cabiers 
in-folio  oblong  ;  prix  de  I'Atlas  complet,  contenant  98  cartes 
et  110  tableaux,  210  fiancs;  cliaque carte se  vend  separement, 
a  fr.  jcelle  de  Corse  excej)tce  qui  coute  3  fr. 

Ces  cintj  livraisons  rcnferment  les  cartes  et  les  tableaux  des 
departemens  At  Seine-et-Oise ,  des  Cotcs-du-JVord,  du  Cantal, 
du  Puj-de-  Dofne,  de  la  Gironde ,  de  la  Haute-  Garonne,  de 
VHeitiult  et  de  la  Corse ;  une  belle  carte  de  la  France  actuelle  , 
"et  celles  de  la  Gaule  et  de  la  France  ancienne,  divisee  en  32 
gouverneniens.  Les  cartes  des  colonies  francaises ,  parmi  les- 
quelles  on  a  compris  Haiti  (  dont  la  carte  a  dejaparu  j,  vien- 
dront  bientot  completer  cet  important  Alias  dont  nous  avons 
deja  piusieurs  fois  signale  rulillte  et  rexcellcnte  execution. 
(  Voy.  Rev.  Enc,  t.  sxviii,  p.  532).  J. 

32.  —  Carte  generale  de  la  Grece ,  ou  Turquie  d' Europe  ; 
partie  meridionule ;  presentani,  d'apres  les  meilleures  cartes  et 
les  documens  les  plus  recens,  les  divisions,  fant  de  celte  partie 
de  Terapire  ottoman  cjue  de  la  Grece  ancienne  et  moderne. 
Strasbourg  et  Paris,  1826;  Levraull.  1  feuille  de  2  pieds  8  p.  , 
s?ir  I  pied  10  pouces:  prix  ,  3  fr. 

Cetle  carte,  purement  de  circonstante,  qui  n'a  pas  ete  faite 
pour  les  savans,  peut  neanmoins  servir  a  la  lecture  des  jour- 
iiaux.  EUe  est  sans  noni  d'auteur  ;  sa  partie  materielle  n'a  pas 
ele  tres-soignee  :  nous  devons  en  etre  d'autant  plus  etonnes, 
que,  des  1823,  il  est  sorti  de  la  lilhograpliie  de  M.  Levrauit  , 
ie  jilan  rediiit  de  Strasbourg  par  M.  Ch.  Rothe,  qui  etaitlres- 
remarqiiable  par  sa  belle  et  harmonieuse  execution. 

L.  S.  M. 

333. —  *  Voyage  dans  la  Russie  ineridionale  et  par  ticuliere- 
ment  dans  les  provinces  situees  au  dela  du  Caucase ;  fait  depuis 
1820,  jusqu'en  1824,  par  le  cbevalier  Gamba,  consul  du  Roi 
a  Tiflis.  Paris,  1826;  Trouve.  2  vol.  in-8°  de  lx — 444  >  et  480 
jiages  a\ec  quatre  cartes  geographiques ,  et  nn  atlas  contenant 


740  J.IVRES  FRAiNClIS. 

des  c.irtes  ,  des  pians,  des  drssiiis  de  [laysages  et  de  costumes  ; 
piix  ,  18  fr. ,  et  60  fr.  avec  I'atlas. 

En  attendant  que  nous  puissions  donner  I'analyse  do  cet 
important  onvrage,  public  iini(jncment  dans  I'iiilcrcl  dn  com- 
merce ct  des  manuCactiues  ,  nons  nc  ]K)uvons  assez  appelcr 
I'atten'.ion  snr  riiitrodiiclion  plact'c  en  lefedii  premier  volume. 
Celte  introduction  coniprend,  dans  60  jiages  trcs-snbstan- 
tielles,  beaucoup  de  tails  insiruclifs.  L'aulonr  y  dcvcloj)pe  avec 
clartii  ies  progres  successifs  de  la  ])uissaiice  de  rAngletcrre, 
ses  envaliiasemcns,  scs  concpieles  ,  et  clierche  a  ])roiivcr  qn'clle 
a  seule  dciruit  I'ccjnilibrc  de  I'Europe,  en  s'emjiarant  de  la 
domi:)ation  maritime  ct  en  cteuJant  son  commerce  a  riulini. 
II  indique  ensuite  an  continent  Ics  moycns  de  remedier  a  cet 
etat  de  choses,  en  adoplant  un  systcmc  ile  doiianes  })lus  I.irgc, 
mieux  appropiic  a  notre  epoque,  et  en  liant  I'Asie  a  I'Europe 
par  la  nier  Noire. 

«  Sices  nniivelles  communications,  dil  I'auteur,  etaient  fa- 
cililccs  par  le  coui-s  dn  Danube,  si  Ics  projcts  de  canaux  inte- 
rieurs  pour  la  France  ctrAllemngcie  recevaicnt  lenr  excculion, 
alors  Ies  soies  ecrnes  du  Gliilan  ct  Ies  colons  do  I'Armenie, 
cmbarqncsal'emboucliure  du  Danube,  arriveraient  sur  Ies  me- 
mes  bateaux,  d'abord  au  Rhin  juscju'a  Strasbourg,  qui  devlen- 
drait  un  immense  entrejjot  general;  puis,  de  ceSte  ville,  Ies 
raarchandises  scraient  distribuees  en  Hollande,  en  descendant 
le  Rliin;  eiles  se  rendraient  dans  la  Mcdilerranee  ])ar  lo  canal 
qui  doit  joindre  le  Doubs ,  la  Saone  ct  le  Rhone,  et  dans 
rOcean,  par  le  canal  qu'on  a  le  projet  d'etablir  entrela  Marne 
et  le  Rhin,  en  partant  de  Saint-Dizier.  Ainsi,  co!te  grande 
pensee  de  Lo:tis  XIV,  (|ui  dctermina  la  jonclion  de  I'Ocean  et 
de  la  Meditenance,  ajipliquce  a  unc  plus  grande  ochelie,  reu- 
niralt,  par  des  couimunications  fluviales,  la  mer  Noire,  celle 
du  Nord,  la  Mediterrance  et  I'Occan.  Alors  on  opposerait 
i'accord  de  I'Europe  ct  de  I'Asie  a  cettc  association  colossale 
qui  unit  le  liouveau-Monde  lout  eniier  a  I'Angletcrre  el  aux 
Elats-Unis;  une  navigation  flu\iale  et  des  transports  interieurs, 
a  la  domiualion  maritime;  Ies  relations  libres  des  jjcuplcs  du 
Continent,  au  iuono[)ole  exerce  par  I'Angletcrre;  la  culture 
des  denrees  colonialcs  dans  I'Asie  mineure,  en  Armenie,  sur 
Ies  bords  de  la  mer  Noire,  a  la  culture  de  ces  memes  denrees 
en  Amerique  et  dans  I'lnde. 

«  Mais ,  la  Turquie  n'est  pas  la  seule  contree  (jui  soit  appelee 
a  voir  cesser  la  bai'baric  qui  la  couvre;  I'Asie  occidentale  tout 
enliere  depuis  I'Indus  jus([u'a  la  Mediterrance,  lend  egalement 


SCIENCES  PHYSIQUES.  741 

versl'Eiirope  des  mains  suppliautes,et  liii  dcmande  uri  ctatde 
tranqulllite  et  une  eliiicelle  de  sa  civilisation.  » 

Nous  boriieronsici  notre  citation,  ct  nous  renvoyons  a  I'ou- 
vrage  memc  pour  le  tableau  de  I'Asie  occideiitale ,  depuis  I'ln- 
dus  jusqu'a  la  MoJitcrrancc.  On  doit  savolr  gre  au  consul  d» 
Pioi  a  Tiflis,  a  une  opoque  ou  les  esporances  que  Ton  ;ivait 
concues  sur  I'Amerique  sTKTifiionale  sent  rnouienlnnement 
dccues ,  d'avoir  fixe  I'attenlion  du  commerce  et  des  gouverne- 
mens  de  I'Europe  vers  une  ])arlie  du  inonde  ( I'Asie  occiden- 
tale,  de  i'lndus  a  la  Mediterranee  ),  doiit  la  jiopulnilon  de 
pres  de  /i8, 000, 000  d'liabitans  ,  assurerail  aux  produils  de 
I'industrie  europeenne  iin  immense  deboucho,  le  jour  ou  elle 
cesserail  d'etre  sourai.'e  a  des  gou\ernemens  arbitraires. 

A. 

33/(.  —  *  Voyage  de  deux  Anglais  dans  le  Perigord ,  fait  en 
iSaSet  traduit  sur  leur  journal  manusorit.  Perigueux,  1626; 
Dupontpcre  et  fils.  In-18,  de  107  pages. 

Cet  opuscule,  extiait  de  \' Annuaire  de  la  Dordognc  pour 
1826,  est  inteiessant  et  agreable  a  lire.  L'un  des  deux  vova- 
geurs,  M.  Hastings,  est  un  de  ces  anglais  a  qui  un  patrio- 
tisme  exagore  fait  regarder  comnie  r.(5cessairement  inferieur 
tout  ce  qui  n'a])pai  ticut  pas  a  la  Grande-Bietagne.  L'autre, 
qui  est  I'auleur  anonyme  de  cetle  relation,  paiait  anime  de 
senlimensplns  pliilosopliicpies;  il  immole  (juelquefoisavecbeau- 
coup  de  grace  I'orgueil  briianniriuc  de  son  conipagnon  de 
voyage.  La  geologic,  la  mineralogie  ,  les  aniiquites  ,  les  arts, 
I'induslrie,  I'agricullure,  les  mceurs  des  liabitans  ,  sont  lour  a 
lour  I'objet  de  leurs  observations.  Nous  leur  emprunterons  les 
details  suivans  sur  la  verrerie  duLardin,  diiigeepar  M.  Bkakd, 
homme  aussi  distingue  commc pliilantrope  que  comnie  savant, 
et  qui,  suivant  M.  Hastings,  merileiait  d'etre  anglais:-.  Les 
ateliers  du  Lardin  occupent  au  inoins  200  honimes.  En  iSaS  , 
le  directeur  fonda  une  caisse  de  secoitrs ,  destinee  a  subvenir 
aux  frais  d'un  nicdecin,  d'un  chiiurgien,  d'un  pliarmacien  , 
et  a  aider  les  ouvriers  qui  ])0urraient  avoir  des  besoins. 
Les  fontls  de  la  caisse  se  coraposent  d'nne  journee  de  rclcnue 
par  mois  sur  le  salnire  de  cbaque  ouvrier  et  du  raontant  des 
ameiides  iniposees.  II  dolt  tonjours  rester  200  francs  en  caisse; 
sur  I'excedant  se  font  des  prets  a  cinq  pour  cent ,  iiileret  dent 
la  caisse  ^irollte.  Au  niois  do  Janvier  dernier,  le  restant  en 
caisse  a  perinis  de  mettre  a  execution  une  autre  niesure  salu- 
taiie  ,  qui  a  deja  |)roduil  un  effet  tres-sensible  sur  le  moral  des 
ouvriers:  c'est  retablisscment  d'une  eco/c  lancastrienne ,  dont 
les  cours  ont  lieu,  tous  les  dimanches  de  midi  a  deux  heures. 


742  LIVRES  FRANCAIS. 

Tout  Tatelier  est  term  d'y  assister;  nul  n'est  exempt.  Si  quel- 
qu'un  s'absente  ,  il  encourt  une  legere  amende  qui  vient  aiig- 
menter  la  masse.  Toutes  les  classes  sc  font  dans  la  cour  de  l.» 
verrerie ,  espace  assez  vaste  j.oiir  avoir  pu  y  peindrc  Ires  en 
grand  sur  lesmurs,  d'un  cote,  les  tableanx  qu'exigcnt  le  sylla- 
baire  et  la  lecture;  de  I'autre ,  cenx  que  deraande  j'etnde  ele- 
mentaire  de  la  geomctrie  pratique.  Les  elcves  en  etat  de  lire 
couramment  passeni  de  la  cour  dans  une  salle  oil  ils  trouvent 
les  ardoises  ,  les  crayons  ct  les  fables  necessaires  pour  ecrirc. 
Hastings  et  nioi,  nous  avons  assiste  aiix  cours  de  I'ccole  de 
Lardin...  Notre  presence  n'embarrassa  nullement  les  elevcs; 
chaque  groupe,  les  yeux  fixes  sur  sou  tableau,  n'etait  attentif 
qn'a  la  voix  et  a  la  baguette  de  son  nioniteur.  Ce  moniteur  a 
quelqtiefois  son  perc  dans  le  groupe  ;  tnais  il  n'en  rcsulte  au- 
cun  inconvenient  :  I'un  ne  s'enorgueillit  point  de  son  savoir 
d'hier;  I'autre  ne  rougit  pas  d'ignorer  ce  qu'on  ne  lui  avail 
point  appris.  Loin  de  nuire  au  respect  filial  eta  la  douce  union 
des  families,  I'uii  des  premiers  resultats  de  Tecole  a  cte  de  res- 
serrer  ces  liens  sacres. »  Ch. 

Sciences  religieuses ,  morales ,  politiques  et  historiques. 

335.  —  *  Pdbliotheque  choisie  des  Peres  de  I'Eglise  grecque 
et  latine,  ou  Cours  d'eloquence  sacree ,  par  Marie  N.  S.  Guil- 
LON,  professeur  d'eloquence  sacree  dans  la  Faculte  de  theologie 
de  Paris,  etc.  ;  Troisieme  pnrtie,  suite  des  Peres  dogrnatiques , 
tomes  XIII®  et  xiv<^.  Paris,  1826;  Mcquignon-Havard.  In-8°  de 
625  et  645  p.;  prlx  du  vol.  6  fr.  (Voy.  Rei\  Enc,  t.  xxx  p.  761). 

Ainsi  se  continue  vivement,  et  avec  iin  succes  bien  soutenu, 
I'une  de  110$  plus  utiles  collections  relatives  a  la  religion  ca- 
tholique.  La  distinction  des  peres  dogrnatiques  semble  ici  peu 
necessaire;  il  nous  suffit  de  le  dire  en  passant.  Cette  livraison  ne 
contient  que  des  traductions  et  des  analyses  tiroes  des  OEuvres 
de  Saint-Chrysoslome ;  elle  estenrichie,  comme  les  precedentes, 
de  notes  du  nouvel  cdileur  et  de  citations  des  meillenrs  sermo- 
naires  et  autres  ecrivains  francais,  qui  out  traite  les  memes 
.sujets  que  I'antique  orateur,  ou  qui  ont  profile  de  ses  idees. 
Le  tome  xiii  est  precede  d'un  discours  sur  la  necessite  de  la 
revelation  divine  et  sur  les  traits  qui  la  caracterisent.  L. 

336. — *  Veritc  du  christianisme ,  prouvee  par  la  nature 
menie  de  cette  religion  ,  et  par  le  fait  de  son  etablissenicnt  ; 
par /.-j5.  Sumner  ,  niinistre  de  la  religion  anglicane;  traduit 
de  I'anglais  par  le  vicomte  P.-E.  Lanjuinais.  Paris,  1826; 
Baudouin  freres. In-S*^  de  xiv  et  de  33 1   pages;  prix,  6  fi. 


SCIENCES  MORALES.  743 

M.  Lanjuinais])erc  a  annonce,dansla  Recue  Encyclopedique 
[  Voy.  t.  XXIV ,  p.  701  ) ,  restiiD.ible  ouvrage  de  M.  Sumner,  et 
a  rendu  justice  a  la  niethode  facile,  a  la  clarle,  a  la  precision, 
a  I'elegante  sirn])!icite  de  ce  moderne  apologisle  <lii  christia- 
nisme.  M.  Lanjuinais  fils ,  en  faisant  jouir  de  cet  ouvrage  Ics 
leclcurs  francais,  contribiie  a  repandrc  des  idees  utiles  ,  Ires- 
judicieiisement  exprimecs.  —  Nous  vivons  dans  un  lems  ou 
les  sentimens  religienx  sont  en  honneur.  L'incredulile  nio- 
queuse  est  tout-a-fait  pasSee  de  mode;  el  les  honimes  dont 
I'opinion  est  de  quelqiie  poids  savcnl  aujourd'hui,  lorsqu'iis 
concoivent  des  doutes  sur  les  dogmes  religieux  ,  qu'il  y  aurait 
I'inconvenance  la  plus  folle  et  la  plus  generalement  sentic,  a 
s'expriraer  avec  le  ton  de  la  Icgereie  ou  du  dedain  ,  sur  les 
plus  h?u(s  objels  de  meditations  qui  puisscnt  occuper  la  pen- 
see.  Le  scepticisme  qui  nie  foute  existence  d'une  verite,  est 
abandonne  aux  esprits  superficiels  et  eiroits;  on  sait  le  dis- 
tinguer  de  ce  scepticisme  qneleur  qui,  doulant  a  la  maniere 
de  Descartes,  croit  a  la  verite  et  la  cherche,  meme  lorsqu'il 
ne  peut  pas  se  rendre  compte  du  point  precis  oii  il  la  trouvera. 
Le  livre  de  M.  Sumner  est  de  nature  a  produire  une  vive 
impression  sur  les  esprits  qui  douteni  de  bonne  foi.  «  Tout 
Chretien,  dit-il  en  termmant  sa  preface,  est  exliorie  dans 
I'Ecriture  a  savotr  pourguoi  il  croit ;  on  doit  esperer  que  ceux 
qui  refusent  ouretardent  leur  adhesion  connaisscnt  les  motifs 
qui  les empechent  de croire ,  ct  c'est  pourquoi  j'ai  entiepris  de 
rendre  nies  raisonnemens  fels  qu'ils  puissent  faire  impression 
et  sur  le  fidcle  et  sur  I'incredule.  »  L'autcur  insisle  jirincipale- 
ment  sur  I'originalite  du  cbristianisme,  et  sur  limpossibiiite 
de  n'y  voir  qu'nn  produit  humain  ,  resultant  du  perfeclion- 
nement  successif  de  la  masse  gcneraie  des  cqnnaissances.  C'est 
la,  en  effet,  la  plus  grave  de  toutes  les  questions;  elleestsur- 
tout  du  domaine  de  I'histoire.  L'auteur  et  le  traducteur  ,  par- 
faitement  d'accord  sur  chacun  des  points  priiicipaux  ,  se  trou- 
vent  quelquefois  en  disseuliuient  sur  des  details  qui  interessent 
le  catholicisme  ;  mais  ces  cas  sont  peu  nombreux,  parce  que 
M.  Sumner  a  soigneusement  evite  tout  ce  qui  serait  de  pure 
cantroverse.  La  traduction  de  M.  Lanjuinais  fi!s  ne])eut  nian- 
quer  de  lui  faire  beaucoup  d'honneur;  le  choix  meme  du 
livre  qu'il  a  entrepris  de  reprodiiire  en  francais,  montre  qu'il 
consacre  les  annecs  de  sa  jeuiiesse  a  des  i-tudes  sericuses  et 
fortes.  II  fait  bien  de  s'exercer  ainsi  a  porter  dignement  I'ho- 
norable  fardeau  d'un  nom   tel    f[ue    le  sien. 

Ch.  Renouard,  Avocat. 
337.  —  *  Elemens  de  pncuinntologie,  ou  anatomie  des  sub- 


744  LIVRES  FRANC AIS. 

stances  spirituelles ,  par  Antoine  Lkroux,  g.  a.  b.  n.  T.  I*"^. 
Paris,  1825  ;  Treuttel  et  V/urtz;  Rcnou;ird.  In-8"  de  370  pa- 
ges; prix,  7  fr. 

M.  Leroux  a  divisii  son  ouvrage  en  deux  parties  :  la  premiere 
a  pour  objet  les  connaissances  physiques  necessaircs  au  deve- 
loppement  de  la  theorie  des  etres  intelk'ctiiels ;  elle  comprend 
quatre  livres.  La  seconde,  bcaucoiip  plus  otcndue,  quoiiiii'elle 
ne  soit  coinpos^e  que  de  trois  livres,  est  le  dL'velo[)jH>nient  de 
la  pneuinatologie  propremenl  dile.  Le  ])reniier  livre  seulement 
a  pu  tronver  place  dans  ce  volume,  a  la  suite  de  la  parlie  phy- 
sique :  nous  ignorons  si  le  second  volume  est  public  ,  et  s'il 
complelera  la  science  nouvelle ,  car  M.  Leroux  ne  marche  pas 
sur  les  traces  de  ses  predecesseurs;  il  ne  s'est  pas  mis  non  plus 
tout-a-fait  a  la  portee  des  lecteurs  vulgaires,  tels  que  nous; 
mais  il  n'etait  peut-etre  pas  possible  de  repandre  plus  de  lumie- 
res  sur  lessujets  qu'il  a  traites..  En  effel,  dans  ce  premier  livre 
intitule  :  Premier  dei-e/.oppernent  de  la  pneumatnlogic  ,  I'auteur 
commence  par  demontrer  I' existence  d'un  Dieu.  Dans  un second 
chapitre,  il  examine  :  «  1°  quelle  serait  la  creat-ion  si  ce  Bieu 
avail  tout  organise  sans  idees  preexistantcs ,  et  par  quelles 
operations  mathematiqnes  il  aurait  j)roduit  les  elemens  et  les 
Ames;  a°  ce  que  serait  la  creation,  si  ce  Dien  avait  tout  orga- 
Hise  sur  les  plans  d'idc'es  innees;  3°  quelle  seraii  enfin  une  crea- 
tion eternelle  dans  un  Dieu  depositaire  de  toute  chose.  Le  troi- 
sieme  chapitre  traite  des  trois  ages  de  I'etcrnite ,  pour  decouvrir 
quel  etait  I'etat  des  choses  dans  le  terns  passe,  quel  il  est  dans 
le  tems  present,  quel  il  sera  dans  le  terns  futur.  Enfin,  dans 
Ic  quatrierae  chapitre,  on  examine  quel  est  le  raecanisme  qui 
cntretient  la  succession  des  etres  sur  les  srirfaccs  habitables.  » 

Ce  dernier  chapitre  paraissant  moins  inaccessible  que  les 
autres  ou  noire  intelligence  n'a  pu  se  faire  jour,  nous  nous 
felicitions  de  comprendre  le  commencement ,  etmeme  le  milieu; 
mais  la  fin  nous  a  rappele  dureraent  notre  incapacite,  il  a  falla 
la  reconnaitre  ,  et  fermer  le  livre  avec  confusion.  Mais  pou- 
vions-nous  ignorer  que  ce  livre  n'est  pas  fait  pour  nous?  Dans 
une  tres -breve  dedicace,  I'auteur  indique  et  choisit  ses  lec- 
teurs. 

«  C'est  a  toi,  peuple  mysterieux  ,  reste  im])osanl  d'une 
institution  sublime;  c'est  a  vous  philosophes  de  toutes  lessectes 
qui  recherchez  la  verity,  que  je  dedie  ces  elemens.  Mes  voeux 
seront  remplis,  si  ce  flambeau  pent  salisfaire  vos  desirs ,  et 
vous  procurer  la  paix  interieure,  la  liberie  de  pensee  el  Passu- 
ranee  future  que  je  doisa  sa  lumiere.  » 

Une  pre/ace,   suivie  d'un    avant-propos ,    donne  une  idee 


SCIENCES  MORALES.  ih^^ 

soromaire  de  I'ouvrage,  et  mettra  les  leclcurs  en  otaldc  juger 
s'ils  peuvent  aborder  les  difficiiltes  du  sujel.  L'avanl-piopos 
precede  d'un  sominaire  suivant  I'usage  de  I'aiiteiir  pour  toules 
les  divisions  de  son  livre,  traile  de  I'origine  de  la  maconnerie 
ancienne ,  ou  societe  esotcrique ,  de  I'Drigine  de  la  maconnerie 
moderne,  et  de  celle  des  convents ;  il  indicjue  le  but  que  doit 
se  proposer  la  n>aconnerie  de  ce  siecle.  «  Aujonrd'hui  que  les 
nations  de  I'Europe  pnssedent  dans  leurs  classes  intermediaires 
tons  les  arts  et  toutes  les  sciences  qui  peuvent  faiio  fleurlr  la 
socicte;  (pie  les  croyances  religieuses  ,  sepaiees  de  I'ancien 
tronc  de  la  maconnerie  ,  fornient  des  corps  puissans;  que  I'ad- 
ministi-alion  et  la  justice  sont  conliees  a  des  officiers  civils; 
que  I'exercice  du  commandenient  repose  dans  les  mains  des 
chefs  de  nation;  la  maconnerie  ne  doit  plus  avoir  d'autre  but 
que  de  pcrfeclionner  les  liorames  qui  la  cultivent  en  dcvelop- 
pant  leurs  verlus,  et  d'eclairer  I'humanite  entiere  en  decou- 
vrant  les  veritcs  surnaturelles  dont  la  societe  en  general  ne 
pourrait  s'occuper.  D'apres  cela,  toute  socleie  dont  les  travaux 
auront  un  autre  objet,  cessera,  quoiqu'elle  en  conserve  les 
formes,  d'appartenir  a  la  maconnerie  de  ce  siecle.  »  F. 

338.  — *  Cornf/agnie  de  colonisation  gencrale  a  la  jtijanne 
francaise  ,  etc.;  par  M.  de  Caze  (de  Provence).  Paris,  1826; 
Demon ville,  rue  Christine,  n"  2.  In-S'^  de  6  feuilles  d'impres- 
sion ,  et  prospecius  in-4'*. 

Les  etrangers  ont  souvent  rcproche  a  la  France  de  ne  tlrer 
qti'un  mediocre  avantage  de  la  pluparl  de  ses  colonies  ;  mais, 
sans  doule,  iln'en  sera  pas  de  meme  a  I'avenlr  :  I'espritde suite, 
dans  des  entreprises  utiles ,  parait  inseparable  du  caractere  plus 
grave  des  generations  qui  s'habiluent  a  I'ordre  constitutionncl. 
En  Amerique,  la  Giiyanne  presqiie  seule  reste  anx  F'ran- 
cais ;  mais  elle  est  tres  -  fertile  et  riche  en  metaux.  Celle 
contree  equatoriale,  que  des  travaux  bien  diriges  rendraient 
salubre  en  peu  de  tems,  realiserait  les  avanlages  que  promet- 
taient  le  Canada  et  la  Louisiane,  et  meme  ceux  qu'offrait  Saint- 
Domingue.  Le  projet  de  M.  de  Caze  pour  I'assainissement ,  le 
defrichemenl  et  I'enticre  exploitation  d'une  surface  d'environ 
18,000  lieucs  carrces,  des  deux  coles  de  I'Oyapoc ,  semble 
digne  de  toute  raltention  du  gouvernement ,  et  on  assure  qu'il 
a  deja  etc  \n\s  serieusement  enconsideratir)n.Ces  18,000  lieues 
carrees,  formant  la  plus  grande  partie  de  la  Guyanne  fran- 
caise, seront  reparties  en  6  series  de  6,000  actions  chacune  , 
parce  que  les  diverses  parties  de  celle  vaste  operation  ne  peu- 
vent etre  effectuees  que  successivement :  chaque  action  rend 
proprietairede  9,600  hectares.  Leconseil  d'administration  sera 


746  LIVRES  FRANCAIS. 

compose  de  quinze  membres  rcstant  en  France;  vingt  -cinq 
autres  actionnaires  fonneront  a  la  Guyanne,  iin  conseil  gene- 
ral d'agriculiure.  —  Les  sousciiptions  des  actionnaires  seront 
eniegistrces,  par  ordre  de  date,  cliez  M.  Beiseon,  notaire,  a 
Paris,  rue  du  Bouloy ,  n"  12.  S. 

339.  —  Obsc/vations  Itors  tie  saisoit.  Paris ,  iSafi;  Delaunay. 
In-S"  de  38  pages;  prix,  2  fr. 

Cette  brochure  renferme ,  sous  la  forme  d'arlicles  rcglemen- 
taires,  quelques  vues  de  detail  jjropres  a  perfcctionner  le  sys- 
tenie  d'cducalion,  tel  qu'il  est  adopte  en  France.  L'auteur  de- 
sirerait  plusieurs  classes  d'agriges;  il  propose  aussi  de  iiouvelles 
conditions  a  remplir  par  les  jiersonnes  qui  se  consacrent  a 
I'enseigncment;  mais,  du  point  de  vue  ou  il  s'est  place,  com- 
ment pouvoir  einbrasser,  dans  leur  ensemble,  les  changemens 
que  reclame  I'instruction  publique  pour  se  mettre  en  harmonie 
avec  une  civilisation  progressive?  II  ne  parait  pas  avoir  en- 
trevu  le  besoin  de  commencer  des  I'enfance  a  donner  aux 
jeunes  gens  des  notions  applicables  a  I'usage  de  la  vie,  selon 
les  diverses  fonctions  qu'ils  sont  destines  a  remplir  au  sein  de 
la  socictc.  Peut-etre  trouve-t-il  fori  bonne  !a  methode  actuelle 
qui  fait  Jeter  dans  lememe  moule,  jusqu'a  I'age  de  dix-lmit  ans, 
tonte  la  jeuncsse  du  royaume,  comme  si  les  litterateurs  et  les 
savans  de  profession, les  ingenieurs  et  les  artistes,  les  industriels 
et  les  avocals,  les  negocians  et  les  administrateurs,  devaient 
exercer  au  men»c  degre  ractivite  de  leur  esprit  sur  I'art  d'ecrire 
et  de  parler.  Ad.  Gondinet. 

340.  —  Le  Jesuitisme  devoile ,  par  M.  I'abbe  Henri  Le 
Maire.  Paris,  1826;  Ponthieu.  In-8°  de  141  pages;  prix,  3  fr. 

Get  ouvragc  est  dedie  au  clerge  de  France,  et  il  est  digne 
de  cetle  dedicace  par  les  nobles  et  religicux  sentimens  que  l'au- 
teur y  developpe,  en  I'^sumant  avec  eloquence  les  perpetuels 
griefs  des  citoyens  contre  les  corrupleurs  de  la  morale  et  de  la 
religion ,  contre  les  ennemis  de  la  paix  ,  contre  les  perseculeurs 
de  toutes  les  libertes  piibliques  et  privees.  L. 

341. — *  Consttllation  ,  nijesuidqiic,  ni gallic ane  ,  nifeodale, 
en  reponse  a  la  Consultation  de  M"  DupiN.  Paris,  1826; 
Ambr.  I)upon^.   In-8";  prix,  2  fr.  5o  c. 

Lorsque.  dans  une  discussion  d'interet  general  qtii  tient  a  la 
fois  a  ce  qu'il  y  a  de  jilus  inlime  en  notre  nature  et  de  plus 
sacre  d'une  jiait.  et  (|ui  ,  de  I'autre  ,  s'adresse  a  toutes  nos 
affections  domesllques  et  sociales,  cliacnu  prend  parti,  sui- 
vant  ses  lumieres,  ses  pvevisions  ,  les  donnccs  de  son  expe- 
rience, ou,  cequi  arrive  trop  sou  vent,  suivaut  les  suggestions 
de  I'ambition  ou  de  la   peur  ,  il  se  forme  ordinairement  deux 


SCIENCES  MORALES.  747 

opinions  principales  placees  comme  deux  annces  cri  presence, 
se  livrant  de  freqiientes  attaques  et  meltanl  en  ojuvre  tons  les 
moyens  de  se  n.'cnager  la  victoire.  C'est  ce  que  Ton  a  vu  toutes 
les  fois  que  des  objels  graves  ont  etc  par  le  cours  naturel  des 
evenemens,  ou  par  les  progres  de  I'esprit  humain  ,  soumis  a 
•  'attention  pubUque ;  il  ne  jjouvait  en  elrc  autrement,  dans 
Texamen  des  grandes  questions  soulevees  jiar  M.  de  Montlosier. 
Cet  exainen  remet  chaque  jour  I'opinion  en  possession  de  tous 
les  documens  qui  peuvent  ainener  une  solution.  Celte  solution 
ne  peut  etre  ni  eloii^nee,  ni  douteuse,  si  ce  sont  les  documens 
historiqnes  qui  prevalenr,  ainsi  que  les  anciennes  et  impres- 
criptibles  maximes  de  I'etat. 

Ces  maximes  sont  destinees  a  proteger  la  religion  de  I'ctat, 
telle  que  la  Charte  lareccniiait.  Ellese  trouve  ainsi  preservee 
des  pretentions  envaliissantes  d'un  gouvcrnement  etranger. 
Ces. maximes  sont  la  base  de  ce  que  la  magistrature  francaise 
a  de  tout  terns  rnaintenu,  de  ce  que  les  Francals  catholiques 
ont  respecte  et  cheri  sous  le  nom  de  liberies  gallicanes.  Nul 
ii'elait  admis  a  prendre  en  France  ses  grades  dans  les  anciennes 
facultes  de  droit,  sans  preter  serraenl  de  defendre  ces  liberies 
precieuses,  sorte  d'enseigne  nationale,  sous  laquelle  il  fallait 
se  ranger  et  au  besoin  combattre  ,  moven  indispensable  pour  se 
reconnaitre,  signe  de  ralliement  necessaire  pour  la  defense 
commune.  L'honorable  bonne  foi  inlierente  au  caractere  fran- 
cais  semble  faire  un  devoir  d'en  donner  I'empreinte  a  toutes 
les  opinions,  meme  religieuses,  que  Ton  professe.  Toutes  les 
considerations  viennent  done,  dans  une  matiere  aussi  grave, 
coufirraer  I'autorite  du  ])asse ,  et  nous  donner  lieu  d'csperer 
quo  la  France  ne  sera  pas  reduite  a  avoir  les  jesuites  de  plus  et 
les  liberies  gallicanes  de  mciris. 

Lorsque  I'opinion  est  ainsi  partagee  ,  lorsque  ce  partage  plus 
ou  moins  actif  et  passionne  rcssenible  a  un  veritable  t'tat  de 
guerre,  quel  ecrivain  raisonable,  ayant  I'honneur  d'etre  Fran- 
cais,  peut  renier  son  pays,  et  renoncer  a  le  nommer,  ainsi 
qu  il  est  d'usage ,  en  reponse  au  cri  de  qui  vive?  De  quel  pays 
etes-vous  done,  si  vous  n'etes  pas  Francais?  C'est  la  question 
que  Ton  scrait  tente  de  faire  aux  auteurs  de  la  Consultation 
que  Ton  prcsente  comme  n'elant  ni  jesuitique ,  ni  galllcaiie ,  ni 
feodale.  Nous  ne  voyons  pas  comment  on  peut  renoncer  a  des 
doctrines  nationales,  gage  d'independance,  sans  embras.ser 
des  doctrines  etrangeres,  moyen  d'asservissenient,  ou  leur 
ouvrir  iniprudumment  toutes  les  porles  qui  devralenl  trouver 
dans  cLaque  citoyen  une  sentinelle  vigilante.  Renoncer  aux 
liberies  gallicanes,  nous  parafl  une  desertion;  preclier  leur 


748  LIVRES  FRANC AIS. 

renvcrsemenl  dans  Ics  ecolcs  ,  nous  parait  embaucliage;  c'est 
recrulcr  pour  un  gouverneinent  eiranger.  C'est  ce  (|ue  I'etat 
lie  peut  perinetlre  dans  renseignemeiit  public  qn'il  survei'.le 
et  dont  souvent  il  fait  les  frais.  Honneur  aux  mngistrats  qui 
ont  solennellement  rappelc  ces  niaxiines  tutt-laires! 

Si  Ton  en  croyait  les  auteurs  de  la  Consultalion  qui  se  dit 
non  jt5suitique,  il  ne  faudrait  ni  lois,  ni  ordonnaiices  pour 
autoriser  des  clabiissemens  religieux.  La  France  pourrait  se 
couvrir  de  monastcies,  sans  que  !e  gouverneinent  put  y  meltre 
obstacle.  Lc  deplorable  sort  de  I'Kspagne,  ou  il  ii'y  a  de  floris- 
sant  que  les  moincs,  serait  reserve  a  notre  belle  patric.  La 
seule  conviction  que  nous  laisse  cette  production,  c'est  qu'elle 
est  completement,  anii-gallicane,  aussi  etrangere  a  toule  con- 
naissance  du  passe,  qu'a  toule  prevoyance  de  I'avenir.     11. 

342.  —  Dc  la  Direction  generale  ties  siihsislances  militaires, 
sous  te  rninistcre  de  M.  le  marechal  due  de  1>ellune,  par  p.  le 
general  Andreossy  ,  ex-direcfeur-gcncral  des  subsistances  mi- 
litaires. Paris,  iSa.ij  ;  Trouve.  In-8"  de  i32  p. ;  prix ,  2  fr.  5o  c. 

343.  —  Meinoire  de  M.  le  general  Andreossy  snr  ce  qui 
concerne  les  marches  Ouvjard.  Paris,  1826.  Finn  in  Didot. 
In-8°  de  122  pages;  prix,  1  fr.  5o  c. 

Dans  ces  deux  uiemoires,  M.  le  general  Andreossy  cherclie 
a  disculper  I'administralion  des  subsistances  militaires  qu'd  di- 
rigeait,  en  1823,  des  accusations  de  negligence  ou  d'imperilie 
auxquelles  elle  avait  ele  en  bntte,  lors  de  la  discussion  au  sein 
des  chambres,  a  I'oceasion  des  marches  oiiereux  de  Bayonne. 
Les  documens  nombreux  dont  il  appuie  cette  defense  et  (ju'il 
empruute  a  diverses  comptabililes  jettent  bcaucoup  de  luiiiiere 
sur  ces  transactions  surprenantes  qui  lestent  encore  enve- 
loppees  de  iiuages.  On  est  surtont  frappe  de  ce  fait  inateriel, 
que  M.  Ouvrard  n'a  pti  nourrir  I'armee,  iininedialeuient  apres 
le  passage  de  la  Bidassoa  et  pendant  les  premiers  niois  de  son 
sejour  en  Espagne ,  fju'au  moyen  des  subsislances  accuinulees 
dans  les  magasins  des  lo*'  et  11'  divisions  militaires  par  cette 
administration  lant  critiquee.  Elle  avail  verse,  au  dela  des  Py- 
renees,  des  vivres  pour  107,000  homines,  effectif  de  I'armee, 
pendant  cent  dix-sept  jours;  pour  32, 000  tlicvaux  pendant 
quaraiite-quatre  jours,  sans  coaster  d'immen«es  a])provision- 
nemens  restant  en  roagasin.  On.  ne  manquera  pas  de  remaiquer 
aussi ,  precisement  au  milieu  des  embarras  de  I'enlree  en  cam- 
pagne,  I'drrivee  Inopinee  de  M.  Ouvrard  au  quartier-genoral, 
ou  il  s'elait  fait  preceder  j)ar  quelques-uns  de  ses  agens. 

Aj).   GoNDlNET. 

344- — I^"  Mylhologic  cmnparrc  avec  I'histoire;  par  M.  Fabbe 


SCIENCES  MORALES.  7/,g 

i>E  Tressan.  Omrage  adoptc  par  le  Conseil  de  rUniversite 
pour  servir  a  renseigncment  dans  !es  colleges  et  dans  les  tcoles 
secondaircs.  Huitieme  edition.  Paris,  1826;  Dufour  et  Edmond 
d'Ocagne;  Amslerdam,  cliez  les  niemes  2  vol.  in- 12,  ornes  de 
\6 planches  eu  taille  douce,  dansle  gout  antique,  reprcsentant 
7.5  sujets.  Prix,  6  fr. 

Le  Conseil  de  I'Universite,  en  piacant  cet  ouvrage  au  noin- 
bre  de  ceux  que  !cs  professeurs  doivent  employer  pour  I'ins- 
truttion  dans  nos  ecoles ,  a  du  nccessairement  assurer  son  succes, 
q;ie  sept  editions  consecutives  ne  jierinetlent  point  de  rt'voquer 
en  donte.  I>'utililc  de  I'ouvrage  a  merite  tout  a  la  fois  la  faveur 
dont  il  a  etc  I'objet  de  la  part  de  riJiuversite,  el  le  succes  qu'il 
a  obtenu  dans  le  monde.  ■<  On  ne  jieut  voyager  utilenient,  dit 
I'anteiir  dans  son  avanl-propos,  apprecier  les  chefs-d'ceuvre  des 
arts  et  lire  avec  fruit  les  ouvrages  des  poeles  ,  et  siirtout  des  aii- 
teurs  anciens  ,  sans  avoir  des  notions  gt'nerales  sur  la  mytlioio- 
gie.  i>  Mais  I'elude  des  faits  qu'off're  cette  science  pouvait  etre 
dangereuse  pour  la  jeunesse,  presentee  sans  aucune  prepara- 
tion ,  et  telle  que  nous  la  connaissons ;  M.  I'abbe  de  Tressan  a 
eu  riieureuse  idee  d'expliquer  par  I'hisloire  les  fables  qu'elle  a 
consacrees,  et  de  nionlrer  I'intenlion  souvent  morale  ,  toujours 
ingenieuse  ,  qui  a  guide  les  anciens  dans  ccs  creations  du  genie 
et  de  I'iuiagination.  II  en  a  pris  occasion  de  remonter  a  I'origine 
de  ridolalrie,  dentil  tiace  une  histoire  conforme  au  caractere 
dont  il  estrevelu,  el  au  but  qu'il  devait  riecesfairement  se  pro- 
])Oser  enecrivantpourl'instructionpublique.  II  a  du  consiilter 
pour  son  travail  tons  les  auteurs  quiavaient  ecrit  avant  lui  snr 
le  menie  sujet;  mais  ii  avoue  et  Ton  voit  aiscment  que  I'abbe 
Bannier  a  ele  son  principal  guide. 

Le  Dictionnaire  de  lajahle,  par  Chompre,  enriclii  des  re- 
clierclies  savantes  de  M.  Millin,  est  indispensable  dans  les 
grandes  bibliolheques.  On  peut  consulter  cgalemcnt  avec  fiuit 
le  Dictionnaire  de  mythologie  iiniversclle ,  redigc  par  M.  Noel; 
mais  nous  jiensons  (]ue  I'ouvrage  de  I'abbe  Tressan  convient 
sujtout  a  la  jeunesse  de  nos  ecoles.  E.  .H 

34 '). — *  Clas\iqties  de  I'histoire  ,  premiere  parlie,  conienant : 
Discours  stir  f  Histoire  unii'erselle  ;  Histoire  des  Revolutions  Ro- 
inaines  ;  Considerations  sur  les  causes  de  la  Grandeur  et  de  la 
Decadence  des  Roinains.  Paris,  1 826 ;  Anselin  et  Pochard.  In-8" 
de  562  pages,  imprimees  sur  deux  colonnes,  prix,  12  fr. 

Ce  volume  est  destine  aux  bibliotheques  regimentaires,  aux 
officiers  et  aux  voyageurs,  a  tous  ceux  enfin  qui  rechercherit 
les  editions  compactes.  Nous  en  avons  annonce  la  premiere 
livraison  (Voy.  Rev.  Enc,  t.  xxx,  p.  191).  Celles  qui  ont  suivi 


7  5o  LIVRES  FRANCAIS. 

n'ont  pas  etc  imprimecs  avec  nioins  de  soin  ni  d'elegance  ;  aussi 
celle  collection  ne  peut-elle  manqner  d'etre  recherchee.     J. 

3/|6.  —  *  Histoire  generalc  ,  physique  et  civile  de  I' Europe , 
depuis  les  derniercs  annees  dii  rinqiiieinc  sieclc  jusque  vers  le 
milieu  du  dix-liuitieme;  par  M.  de  Lacepede.  Troisieme  et 
qiiatrienie  livralsons  :  t.  v,  vi ,  vii  et  vin.  Paris,  1826;  Maine 
et  Delaunay- Vallce,  cditeurs,  rue  Gueni'gaud ,  n°  26;  prix 
de  cliaque  Jivraison  ,  14  Ir.  ( Voy.  Rev.  Eiic,  t.  xxx,  p.  5o7.) 

Plus  les  livralsons  de  cc  bel  ouvrage  se  muUiplient,  plus 
on  y  admire  le  talent  qui  presenic  avec  tant  de  concision  , 
<i'ensemble,  d'intcret  et  de  rapiditc,  le  vaste  tableau  des  eve- 
neniens  qui  marquerent  les  diverses  epoques  qu'il  decrit.  Tou- 
jours  la  haine  du  despotisms  ,  I'liorreur  des  crimes,  et  I'araour 
des  vertus  dictent  a  I'auteur  d'eloquentes  accusations  contre 
les  souveraius,  les  pontiles  etles  peuples  qui  oublient  leurs  de- 
voirs; partont  il  recomniande  cette  religion  de  Jesus  qui  repand 
les  luniieres,  avance  la  civilisation,  adoucit  les  moeurs;  dans 
toutes  les  occasions,  il  fait  sentir  aux  mailres  des  empires,  ({ue 
les  peuples  ont  des  droits  aussi  inviolables  que  les  leurs,  et 
(]u'ils  repondront  devant  Dieu  de  tout  le  mal  qu'ils  auront  fait 
aux  hommes. 

Ici ,  il  nous  montre  « les  croises  partis  uniquement  de  leur 
patrie  pour  arracher  aux  Sarrasins  la  Palestine,  la  Syrie,  la 
Natolie,  le  nord  de  I'Afrlquc,  et  n'ayant  attelnt  leur  but  qu'eu 
partie,  rapporter  dans  I'Europe  occldentale  des  idees,  des 
habitudes,  des  souvenirs,  des  arts,  des  besoins,  des  liaisons 
commerciales,  dans  lesquels  il  est  impossible  de  ne  jias  voir  le 
veritable  commencement  de  la  renaissance  des  lumieres,  de 
raffaiblissement  du  sysierae  feodal,  de  I'accroissement  de  I'au- 
torite  proteclrice  des  monarques,  de  la  regularite  de  I'admi- 
nistralion  generale,  des  garanties  dcnaees  aux  faibles,  de  la 
reconnaissance  de  quelqnes  droits  des  ])euples ,  d'heureux  pro- 
gres  de  la  civilisation  ,  ct  combine  tons  ces  nobles  effets  de 
communications  plus  intimes,  et  plus  souvent  renouvelees, 
devaient  s'accroitre  et  s'embellir,  a  mesure  que  les  peuples 
pouvaient  secouer  les  chaines  sous  lesquelles  ils  gemissaient.» 

La,il  rend  hommage  a  cette  institution  dont  les  anciens 
n'avaient  eu  aucune  idee,  «  a  cette  chevalerie,  qui,  destinee  a 
produire  tant  de  hants  fails  et  a  inspirer  tant  de  grandeur 
d'ame,  devoiie  le  courage,  le  genie,  les  affections,  la  vie  en- 
tiere  aux  objefs  les  plus  dignes  de  nos  hommages,  a  Dieu  ,  a 
la  patrie,  a  la  beaute;  rend  inviolable  la  foi  donnee,  epure  le 
sentiment,  eniioblit  meme  la  gloire,  inspire  un  noble  caraclcre 
que  les  siecles  ne  jjeuvent  effacer,  prescnte  le  beau  ideal  des 
moeurs  europcenncs.  Elle  aurait  repare  tons  les  maux  de  la 


SCIENCES  MORALES.  75i 

barbaric,  si  elie  avail  reuni  I'eclat  des  luniieres  a  celuides  ar- 
mes  et  des  vertus.  » 

Ailleiirs ,  apres  avoir  raconte  d'affreux  assassinals  commis 
siir  les  personiies  de  plusieurs  mauvais  princes,  qui  s'litaient 
rapidement  succede  sur  le  tione  de  Damas,  il  s'ccrie  :  «  lior- 
ribles  preuves  de  cette  verite  terrible  ,  proclamee  par  tous  les 
siedes  et  dans  tous  les  pays,  que  les  lois  seules  peuvent  ga- 
rantir  la  vie  des  princes,  coinine  les  droits  des  peuples  ,  et  que 
la  puissance  absolue  n'est  que  le  signal  eclatant,  inais  funebre, 
du  plus  grand  des  dangers.  Le  fer  des  assassins  termine  presque 
toujours  la  vie  des  despotcs.  « 

Plus  loin,  il  peinlce  Cid  devant  lequel  Ireinblaient  les  Sar- 
railns  ,  que  le  sultan  de  Perse,  frappe  de  sa  renommee,  avail 
envoye  feliciter  sur  ses  merveilleux  exploits,  el  qui  meurt  cou- 
vert  de  gloire  a  I'age  de  60  ans,  et  il  ajoute  :  «  C'est  un  grand 
spectacle  que  celui  de  cette  veuve  si  faraeuse,  sortant  de  la 
ville  qu'elle  a  defendue  avec  tanl  d'eclat,  traversant  tristemenl 
les  montagnes,  suivie  des  chevaliers  de  don  Rodrigue,  de 
I'eveque  don  Jerome,  du  gouverneur  Alvar  Fonnoz,  de  plu- 
sieurs  autres  chretiens,  conduisant  leligieusement  les  restes 
sacres  du  Cid ,  qu'elle  va  deposer  sur  un  magnifique  mausolee , 
dans  le  monaslcre  de  St-Pierre  de  Condagno,  et  les  peuples 
accourant  en  foule,  Ijordent  la  route  que  suit  Chimene  ,  deplo- 
ranl  la  perle  de  leur  sauveur  et  f'aisanl  des  vneux  pour  sa  dignc 
compagne.  L'adniiration  publique  rcunit  les  noms  du  Cid  et 
de  Cliimene  :  le  genie  de  Corneille  devait  le  preserver  a  jamais 
de  I'oubli.  » 

Henri  II,  roi  d'Angleterre,  etait  depuis  long-tems  infirme; 
mais,  lorsque,  apres  le  traite  d'Azay  ,  il  rappelle  tous  les  mal- 
heurs  qui  ont  assailli  sa  vie,  que  toutes  les  revoltes  de  ses  en- 
fans  seretracent  avec  force  a  samemoire, qu'il  se  voit  dependant 
pour  ainsi  dire,  d'un  Ills  rebelle  ,  depouilie  de  ses  droits,  prive 
de  sa  ]juissance,  abandonne  menie  par  ce  Jean  qu'il  avail  tant 
clieri;  errant,  fugitif,  presque  suppliant  dans  ses  propres 
etals,  condamne  a  trainer  une  vieillesse  infortunee,  il  ne  peut 
resister  an  chagrin  qui  I'accable,  la  fievre  le  saisit ,  on  le  trans- 
porte  a  Chinon.  A  peine  deux  jours  sont-i!s  ecoules,  tfu'il  suc- 
coinbe  a  sa  douleur  morteile.  Geoffroy  qu'il  avail  eii  de  la  belle 
Rosemonde ,  ne  Tavait  pas  quitte.  II  fail  porter  les  restes  de  son 
pere  qu'il  regrelte  a  I'abbaye  de  Fontevraull  dont  Henri  II 
avail  fait  batir  le  monaslere,  et  oil  ce  monaiqiie  avail  desire 
d'etre  enterre.  «  Et  voyez  comme  la  nature  et  les  lois  vont  elre 
vengees,  dit  I'auleur ;  on  expose  dans  I'eglise  le  corps  de  Henri, 
le  respect  et  la  tendresse   filiale  I'avaienl  revetn  des  habits 


75a  LIVRES  FRANCAIS. 

royaiix.  Le  visage  du  mallieureux  loi  ctait  decouveit;  on  venait 
en  fodle  le  contempler  ct  prier  autour  de  son  lit  funebre.  Ri- 
chard arrive;  il  veut  peiietrer  dans  le  (emplc,  ii  liosite;  il  enlre 
coranie  pousse  par  une  main  invisible;  il  voit  le  pere  dont  sa 
conduite  vient  d'abreger  les  jours;  il  voit  le  roi  centre  lequel 
il  a  ose  lever  un  etendard  coupable  :  une  sccrele  horreiir  le  rend 
immobile. Par  un  de  ceshasards  t(ue  Ton  so  plait  a  rei;arder  coninie 
le  signe  de  la  colere  celeste,  dcs  goutles  dc  sang  tonibcnt  de 
la  bouche  livide  el  enlrouverte  du  cadavrc  :  les  assisiaus  sent 
frappes  de  terreur.  Le  reniordss'empare  de  Richard;  il  tombe 
au  pied  du  cercucil  de  son  pere;  il  nc  pent  s'cn  eloigner,  il 
assiste  aux  funorailles,  dans  I'attitude  du  repcntir  etd'un  som- 
bre desespolr.  » 

Dansun  ouvrage  aussibien  concu,aussi  bien  compose,  aussi 
bien  ecrit,  tout  rcsjiiie  la  religion  la  plus  vraie,  la  morale  la 
plus  pure,  la  politique  la  plus  saiue;  on  ne  pourrait  faire 
aucune  citation  qui  ne  vint  a  raj)pui  de  cc  jugement.  D'A — c. 

3.I7.  —  *  Considerations  sur  les  causes  de  la  grandeur  ei  de 
la  decadence  de  la  monarchie  espagnole;  par  M.  SEMPEaE. 
Paris,  1826; Reriouard.  2  vol.  in-i2;prix,  8  fr. 

M.  Senipere  e.^t  un  magistral  espagnol,  avantageusement 
connu  i)ar  de  nombreuses  productions  sur  I'LCoiJomie  publique, 
sur  I'histoire  et  sur  la  legislation  de  son  pays.  Peu  d'ecrivains 
espagnols  ont  montrc  de  nos  jours  un  zele  plus  ardent  pour  la 
propagation  des  lumieres.  Dcja,  sous  le  regne  de  Charles  III, 
ii  avait  obtenu  la  protection  du  premier  ministre,  le  comie  de 
Florldabianca  ,  p;ir  un  travail  sur  les  lois  somptiiaires,  qni  mi''- 
rita  ranprobation  de  cet  homine  d'etat  eclaire,  et  dans  leqiiel 
il  dcfendait  des  principes  econoniic|ues  favorables  a  la  liberte 
et  a  I'accroissement  de  I'induslrie  nalionale.  11  fut  recompense 
de  cet  ouvrage  par  la  place  de  procureur  du  roi  a  la  cour  royale 
de  Grenade.  Ce  tut  luiqui  proposa  le  premier  au  gouvernement 
Ja  vente  des  immeubles  possedes  par  les  confreries,  par  les  cha- 
pellenies,  el  aulres  cori)oralioris  ecclesiasllques  ,  comme  un  ex- 
pedient aussi  profitable  pour  le  tresor  qu'avantageux  pour  I'a- 
griculture;  projet  dont  on  scniit  bientot  la  convcnance,  et  (]ui 
produisit,  cii  effet,  des  soinmes  considerables  a  I'elal,  en  meme 
leins  (ju'il  mulliplia  le  nombre  des  propfrietaires  interesses  a 
I'exploitalion  ngricole  des  pro]!rIetes  riegligtes  on  nial  cultivees 
JHsque-la.  II  eiit  etc  a  dcsirer  que  rexecution  de  cette  mesure 
eut  etc  concue  sur  une  echelle  plus  ctendue  :  mais  {'adminis- 
tration, codaut  a  des  craintes  plus  ou  moiiis  reflechies,  n'osa 
])as  latter  contre  les  obstacles  qu'elle  prevoyait ,  ct  elle  lenta 
seulement  un  premier  essai;  dans  I'iutenlion  de  preluder  a  des 


SCIENCES  MORALES.  753 

mesures  plus  imporlantes  et  a  des  ameliorations  essentielles. 
Quoi  qu'il  en  soit,ce  futM.  Serapere  cjni  suggera  ce  projel  au 
gouvernemeul,  et  qui  lui  piesenta  d'auires  vues  d'une  incon- 
testable utilile,  en  s'occupant  en  nieine  teins  de  plusicnrs  ou- 
\rages  destines  a  eclairer  ses  compatiiotes.  La  Bibliotheque 
econornique  espagnole  ,  la  Dissertation  sur  les  majorats ,  la  Bi- 
bliolheque  des  ineilleurs  ecrivains  espagnols ,  le  Rcgne  de  Char- 
les III ,  sent  au  nombre  des  productions  de  M.  Sempere.  Plus 
tard ,  il  a  publie  VHistoire  des  Cortes  et  VHisloire  du  Droit  es- 
pagnol.  Tous  ces  divers  ouviages  ont  ete  publies  en  espagnol 
excepte  V Histoire  des  Cortes  que  I'auteur  fit  paraitre  en  f'ran- 
cais,  a  Bordeaux,  en  i8i5. 

Le  mome  esprit  d'invesiigation,  la  meine  ardeur  pour  les 
rccheiches  historiques  qui  distinguent  les  autres  ouvi-ages  de 
M.  Senipcie,  se  font  reniarquerdans  cclui  que  nous  annoncoiis 
aujoiird'Lui.  II  y  entreprcnd,  en  homme  parfaitement  instruit 
de  I'histoire  de  son  pays,  de  jiarcourir  les  differens  ages  de  la 
raonarchie  espagnole,  depuis  le  tenis  des  Visigoths  jusqu'a  nos 
jours,  pour  peindre  avec  justcsse  !es  lois,  les  institutions,  les 
mceurs,  qui  ont  le  plus  conlribue  ,  soil  a  sa  grandeur,  soit  a  son 
abaissenient  :  il  trace,  dans  un  exj)ose  soiumaire,  les  divers 
principes  qui  ont  dirige  les  gouvernemens  de  la  Pcninsule  pen- 
dant un  grand  nouibre  de  siecles  ,  et  les  idi'-es  qui  y  ont  niai- 
trise  les  csprits  de  toutes  les  classes  de  la  societe.  Des  faits  cu- 
rieux,  pen  connus,  puises  dans  des  auleurs  anciens,  ou  dans 
des  docuniens  inedits,  jettent  un  nouveau  jour  sur  jilusieurs 
poinis  de  I'blsloire,  en  meme  tous  qu'ils  ajouient  au  luerite  de 
I'ouvrage. 

II  n'est  pas  besoin  de  dire  que  cet  examen  pbilosopliique  de 
I'bistoire  du  peuple  espagnol  offre  un  grand  interct  :  on  sait 
qu'aucune  autre  nation ,  parini  celles  de  I'Europe ,  ne  ])resente 
un  melange  plus  singulier  de  sagesse  et  d'aberralions,  de  vertus 
et  de  faiiatismc,  de  gloire  et  d'abaiisemcnt  que  la  nation  espa- 
gnole :  circonstancoqui  rend  I'etude  de  son  histoire  plus  digne 
de  I'observateur  eclaire,  puisqu'eile  fournlt  une  matiere  abon- 
danlea  de  hautes  considerations  poliliques,  et  deslecons  salu- 
taires  pour  les  gouvernemens  et  pour  les  peuples. 

L'ouvrage  est  divise  en  trois  parties.  La  premiere  commence 
a  la  monarchic  des  Visigoths  et  finlt  au  regne  de  Philippe  II: 
dans  la  seconde,  i'auteur  examine  les  rcgnes  de  Philippe  III, 
de  Philii>pe  IV  et  de  Charles  II;  la  troisieme  comprend  I'ave- 
nement  de  la  dynastie  des  Bourbons  et  les  regnes  de  ses  diffe- 
rens nionarijues. 

Nous  ne  pouvons  mieux  falre  connaitre  la   nianiere  dont 
T.  XXXI. — Septeinbre  182G.  48 


754  LTVRES  FRANCAIS. 

I'auteur  a  lraiti5  son  sujet,  qu'en  cLtant  les  articles  suivans  de 
la  Table  <les  maticrcs,  placce  a  la  itte  du  premier  volume.  — 
Chcip.  .l'f'7Zdela  premiere  parlie  :  I'ctal  pitoyable  de  In  Cas- 
lille,  loisque  Ferdinand  et  Isabelle  comraenccrent  a  regner; 
sage  politique  inise  en  usage  jKUir  trari(piilliscr  le  royaume, 
aballre  rorgucil  des  grands  et  afferniir  la  inonareliie:  creation 
de  la  Santa-Hermaiidad ;  dtinolilion  des  cliaieaiix  et  des  for- 
teresses  des  grands  seigneurs;  revocation  de  beaucoup  de  do- 
nations des  biens  de  la  couronne;  suppression  du  dioit  an- 
clennement  accorde  aux  grands  de  souserire  Ics  diplomas 
royaux ;  nouveaii  reglemcnt  du  conseil  et  de  la  magislralure; 
protection  accordee  aux  sciences  et  aux  arts;  reflexions  sur  les 
causes  qui  pousserent  les  rois  catlioliques  a  crcer  I'inquisition 
et  a  exiler  les  Tuifs;  coup-d'ceil  sur  les  clivers  elats  de  prospe- 
rile  et  de  mallieur  des  Juifs  en  Espagne. 

Cliopitre  I"'  de  la  deuxicme  pa? tie  :  Decadence  de  la  monar- 
chic espagnole  au  xviie  siccle  ;  mulliplicalion  excessive  des 
couvens,  chapellenies  et  autres  oeuvres  pieuses,  sous  le  regne 
de  Pliilipi)e  III;  augmentation  de  la  corruption  des  mceurs 
dans  ce  mt*me  terns;  ])aix  avec  les  Hollandais;  expulsion  des 
Mauresques  de  Grenade;  dommagcs  que  ieur  causa  leur  jiros- 
cription;  rapport  du  conseil  de  Castille  sur  les  lualheurs  que 
souffrail  la  monarcliie  esj)agno]e,  et  sur  les  remcdes  qii'on  y 
pouvait  apporter. 

M.  Sempere  se  plait  a  faire  remarquer  les  ameliorations  que 
I'Espagne  a  cprouvees  soiis  les  rois  de  la  dynastie  des  Bour- 
bons; et  parmi  les  reformcs  de  plusieurs  abus,  il  cile  avec 
complaisance  les  actes  par  lesquels  la  nation  et  le  gouverne- 
inent  se  sont  affrancliis  successivement  de  la  dependance  de  la 
cour  de  Rome.  II  y  a  lieu,  en  effVt,  de  se  feliclier  de  celte  po- 
liti(pie  eclairee,  si  en  rapport  avec  les  interels  nationaux  :  car, 
tel  etait  rasservissement  produit  par  plusieurs  sieelcs  d"abus, 
que  ni  les  reclamations  energirjues  faites  de  terns  a  autre  par  le 
conseil  de  Castille,  ni  les  petitions  des  Cortes  relatives  a  la  ne- 
cessite  d'introduire  des  refornies  dans  le  clergc  ,  ni  les  de- 
marches faites  ])ar  le  gouvernement  espagnol  lui-uieme  dansle 
but  de  s'emanciper  de  la  tutelle  sous  laquelle  il  elait  tonu  pax* 
la  cour  de  Rome,  n'avaient  produit  aucun  resulfal  favorable. 
L'enseignement  de  la  jurisprudence  ullramontaine  dans  les 
universlles ,  et,  par  consequent,  le  mauvais  esprit  dos  juges 
avail  paralyse  lous  ses  efforts,  jusqu'a  ce  que  la  dynastie  ac- 
tuelle,  sortant  d'une  nation  eclairee  et  active,  affaiblit  la  pre- 
ponderance deRome  jiar  les  mesures  salutaires  qu'eile  adopta;  ce 
qui  avail  contribue  a  regenerer  la  monarchic  espagnole,  en  la 


SCIENCES  MORALES.  755 

relevant  du  lionteux  abaissement  dans  lequel  elle  ^tait  lombee 
sous  Charles  II,  et  en  lui  rendant  une  nonvelle  vigueur.  Espe- 
rons  qu'en  suivant  un  plan  d'amcliorations  devenucs  neces- 
saires ,  les  rois  de  celte  dynastie  parviendront  a  relever  I'Es- 
pagne  a  un  certain  degre  de  splendeur.  II  est  permis  de  faire 
des  voeux  en  faveur  d'lin  peupie  si  digne  d'etre  heureux, 
et  appele  par  sa  position  geographique  el  par  les  nombreux 
elenjens  de  prosperite  que  la  nature  lui  a  prodignes,  a  partici- 
pcr  a  tons  les  bienfaits  d'une  civilisation  avancee.  Honneur 
aux  ecrivaius  qui  cherclient  a  I'eclairer  ;  car,  c'est  en  dissipant 
les  tenebres  de  I'ignorance  qu'on  prepare  le  bonheur  d'un 
peupie.  M. 

348.  — *  Resume  de  I'histoire  de  la  Revolution  francaise  i 
parM.  Leon  Thiessl.  Paris,  1826;  Lecointe  et  Durey.  In-i8 
de  490  pages ;  prix  ,  3  fr.  5o  c.  et  4  'i'-  ^5  c. 

Deux  ecueils  sont  egalement  a  redouter  dans  la  composition 
d'un  resume  histori(|ue,  L'ecrivain  qui  se  propose  de  reunir 
dans  un  merae  t;ibleau  les  traits  les  plus  saillans  d'une  epoque 
memorable,  doit  se  premunir  avec  unsoin  extreme  contrela 
seclieresie  et  le  decousu  de  la  narration  :  il  s'exposerait,  par  le 
defaut  d'ordre  et  par  I'absence  des  considerations  generales 
dont  I'objet  est  de  ramener  a  leurs  causes  communes  tons  les 
eifets  semblables  ,  a  n'offrir  au  lecteurquedes  elemens  divers, 
sans  lien  commun ,  et  son  livre  se  reduiralt  a  une  aride  no- 
menclalure  de  fails.  II  ne  doit  pas  suivre  non  plus  une  marclie 
trop  pliilosophique  ;  I'histoire  vit  de  portraits  animes ,  de  pein- 
tures  varices,  de  couleurs  locales,  de  lous  ces  ornemens  en- 
fin  dont  Fimagiiiation  se  ])lait  a  embcllir  le  recit  des  grands 
evenemens :  trop  de  sobriete  en  ce  genre  seiait  encore  un  de- 
faut. M.  Leon  Thiesse  nous  jiarait  avoir  evitc-  ce  double  dan- 
ger avec  un  cgal  bonheur;  mais  une  seduction  a  laquelle  il  n'a 
pas  su  toujours  reslster,  c'est  I'entrainement  cause  par  la  preoc- 
cu])alion  des  inleretsdumomcnt.  L'historien,  charge  de  trans- 
mettre  le  depot  sacre  de  la  verile,  ne  saurait  assez  fixer  ses 
regards  sur  la  posterite,  toujours  imparlialedans  sesjugemens. 
II  faut  dire  aussi  que  ce  commerce  journalier  du  narrateur 
avec  les  acteurs  principaux  d'un  drame  aussi  anime  que  celui 
qu'il  met  sous  nos  yeux  doit  rendie  bien  difficile,  ])our  ne  pas 
dire ,  impossible  a  rcmplir  Ic  devoir  de  ne  prendre  parti  dans 
aucune  des  armees  qui  se  Irouvent  en  presence.  Mais  ,  s'il  ne 
se  met  pas  lui-merae  a  la  ])lace  de  ses  personnages  pour  les  ap- 
precicr;  s'il  ne  se  penetre  pas  de  leurs  interets  divers  ,  des 
maximes  qui  les  gouverncnt,  des  preventions,  des  prejugcs  , 
des  causes  morales  si  mullipliees  qui  delerminent  les  actes  et  les 
jugemens  des  hommes ,  involontairement  il  nous  les  montrera 


k 


756  LIVRES  FRANCAIS. 

differens  de  ce  qu'ils  etaicnt  en  realite.  S'il  ne  se  porlc  pas  en 
meme  terns  sur  im  plan  asscz  eleve  pour  observer,  sans  en 
Ctre  atteint ,  les  niouvctnens  des  {laitis  et  les  influences  secretes 
qui  les  font  agir,  son  coup-d'a'il  sera  nioins  siir  et  ses  opi- 
nions raoins  libres.  On  voit,  dans  le  livie  de  M.  Leon  Tliiesse, 
qu'il  a  boirenr  dii  crime,  sous  quelque  couleiir  (ju'il  se  pro- 
duise;  on  reconnait  qu'il  est  done  d'uii  cneur  droit ;  mais  son 
imagination  prevenue  n'est  pas  toujours  soumise  a  la  fioide 
raison. 

Une  autre  observation  critique  que  nous  basarderons  avec  la 
meme  reserve,  c'est  que  notre  bistorim  senible  parfois  consi- 
derer  la  revolution  comnie  un  fdit  prcsquc  indopendant,  sans 
filiation  avec  ceux  qui  le  precedent,  et  qu'il  lui  rapporte  unl- 
qucment  les  mocurset  Ici  oi)inlonsde  notre cpoque,  ceux  ineme 
des  tems  a  venir.  La  Revolution  n'a  ete  (^ue  la  cause  occasio- 
nelle  des  changemens  qui  se  sont  operes  dans  Tortlre  social ; 
elle  n'a  fait  que  precipiter  une  di'composition  f[ui  devait  sans 
elle  ,  dans  un  intervalle  de  tems  un  pen  \i\us  long  il  est  vrai , 
necessairement  s'effectuer.  Cette  effroyable  conimolioii  a  mis 
en  evidence  les  forces  poliliqiies  qui  depuis  long-terns  som- 
meillaient  au  sein  de  la  societe  et  qui  n'oltcndaieiit  pour  se 
montrer  au  grand  jour  ([ue  rcllncelle  cioctrique.  Elle  fut  le 
dernier  acte  d'un  combat  sourd  et  continuel ,  (pioique  souvent 
inapercu,  entre  les  divers  oidres  de  I'ctat.  A  partir  du  xvi'"^ 
siecle,  et  surtoiit  des  gucrres  de  religion  pendant  lesqu^llcs  les 
villes  prirent  une  atlitude  indci>endanle,  le  ticrs-utat  inarcbait 
d'un  mouvement  accelere  a  la  conquele  definitive  du  pouvoir 
social  el  tendait  par  la  force  des  cboses  vers  son  enlier  deve- 
loppement;  la  noblesse,  agissant  aussi  en  cela  conformoinent 
a  la  nature  iiumaine,  devait,  dans  son  inloret,  s'efforcer  de 
conserver  ses  antiques  prerogatives.  Deja  sous  Louis  XV,  les 
superiorites  de  fait  que  donnaitla  fortune  et  lessuperiorifes  de 
droit  fondees  sur  d'anciens  tit  res,  les  puissances  inlellecluelles 
et  les  grandeurs  scigneuriales  sebelirtaient  sur  les  memes  routes 
et  se  froissaiont  dejour  en  jour  davantagc.  II  existait  de  meme 
dans  le  nionde  spirituel  un  etat  permanent  d'liostilite  entre  le 
clerge  et  les  classes  lettrees.  On  pouvait  jin'^voir  le  moment  ou 
I'influence  jirogressive  de  rojjinion  nalionalerenversera't  tous 
les  obstacles  et  briserait  toutes  les  forces  qui  lui  etaient  con- 
traires.  La  Revolution,  en  proclamant  cette  grandc  victoire, 
a  fait  reconnaitre  par  ses  borribles  decbiremens  I'encrgie  ct  la 
profondeur  des  sentimcnspolitiques  qui  s'titaicnt  formes  pen- 
dant Irois  cents  ans  de  guerre  ouverte  ou  catbee  ;  elle  n'est 
done  pas  un  principe,  mais  une  consequence;  elle  n'est  pas  une 


SCIENCES  MORALES.  767 

cause ,  mais  un  effet.  L'etat  social  dans  lequel  nons  sorames 
n'est  pas  seulemeiit  sa  suite  immediate  ,  comme  on  pourrail  le 
croire  en  lisant  M.  Leon  Thiesse;  mais  le  lesultal  nccessaire 
de  ces  lois  cnccre  inconnues  qui,  etabllssant  les  rapjiorls  de 
dependance  des  pjencrations  successives,  doivent  se  dcrouler 
dans  un  ordre  melliodique  comme  celies  qui  embrassenl  tout 
le  monde  materiel  danslenr  (ilernel  developpement. 

Sans  nous  aneter  a  cjuelques  erreurs  de  fait  qui  ont  pu 
echap|)er  a  I'auteur,  nous  rendrons  volontiers  hoiDmage  a  la 
precision,  a  la  rapiditc  de  sadiclion,  toujours  elegante  et  na- 
turelle,  et  qui  ajoute  beaucoup  a  I'interet  de  son  livre. 

Acl.  GoNmjJET. 

349.  —  Tableaux  chronologiques  et  biogrciphiques ,  avec  des 
developperaens  Iiistoriques  pour  servir  a  I'liistoire  de  France; 
par  H.  Vallee  ;  dedles  a  S.  A. R.  le  due  de  Bordeaux.  Paris, 
1825  ;  I'auteur,  rue  Bonne  Nouvelle,  n''  i.  In-8°  de  2/,o  pages. 

Pour  faire  connaitre  cet  ouvrage  avec  plus  de  detail ,  nous 
attendrons  (jue  toutes  les  livraisons  aient  paru.  Aujourd'hui, 
nous  eiiexposerons  sculementleplan. — Les  tableaux  seront  au 
nombre  de  cent  quinzc,  repartis  en  sept  series.  La  premiere, 
composee  de  1  tableaux, comprendra  :  i^tout  ce  qui  a  rapport 
aux  Francais  en  general,  a  leurs  moeurs,  a  leur  territoire,  a 
!eur  gouvernement ,  etc.;  1°  tout  ce  qui  ticnt  au  cierge  de 
France. — La  seconde  scriefera  connaitre  avccquelques  details, 
dans  5  tableaux  :  1°  nos  rois ;  2°  leurs  femmes;  3°  leurs  en- 
fans  legitimes;  4°  leurs  mailresses;  5"  leurs  enfans  naturels. 
(Ces  denx  derniers  articles  nemi'tltaient  pas,  selon  nous,  un  litre 
distinct  et  separe.  )  —  La  troisieme  serie  iraitera  ,  dans  26  ta- 
bleaux, des  grands  officiersde  la  couronne. — La  quatrieme,  eu 
2 1  tableaux,  donnern  la  chronologic  des  princes,  et  des  seigneurs 
possesseurs  de  grands  fiefs,  jusqu'a  leur  reunion  au  domaine 
royal.  —  La  cinquieme  serie  fournira  sur  lous  les  princes  con- 
tenipcrains  des  renseigneinens  liisloriques.  —  La  sixieme  est 
consacree  aux  homines  celebres  dans  tous  les  genres.  —  La 
seplieme  et  dernicre  contiendra  une  indication  des  evcnemens 
remarquablcs  arrives  dans  chaquercgne. — Cc  livre,  s'il  donne 
lout  ce  qu'il  promet,  doit  faciliter  beaucoup  les  recherches  his- 
toriques.  Les  cinq  livraisons  qui  ont  ete  publiees  font  heureu- 
sement  prejuger  du  reste  de  I'ouvrage.  B.  J, 

35o. — *  Atlas  conslitittionnel,  ou  Tableaux  chronologiques  , 
genealogiques  et  biographiques  de  la  monarcliie  representa- 
tive en  France,  depnis  le  retour  des  Bourbons,  sur  le  plan  de 
I'Atlas  de  Lesage  (comte  de  Las  Cases) ,  par  A. -J.  de  Manct, 


T^S  LIVRES  FRANCMS. 

auieur  de  I'Atlas  des  litteratures,  des  sciences  et  des beaux-arts- 
Deuxieine  livraison.  Paris,  1826;  M"""  de  Brevillc,  rue  de 
rOdoon,  n°  32.  Un  caliicr  in-fol.  contcnatit  un  tableau;  prix 
de  la  livraison  ,  4  fr.  (Voy.  ci-dessus,  p.  181). 

M.  de  Mancy,  apres  nous  avoir  presente  dans  un  tableau 
synopticjue  les  constitutions  des  divers  etats,  en  les  disposant 
de  maniere  a  ce  qu'elles  pussent  etre  facilenient  rapprochees 
et  coiuparees  ,  nous  donne  aujourd'hui  le  Tableau  genealogique 
et  historique  des  princes  et  rois  de  la  maison  de  Bourbon  ;  I'his- 
toire  de  leurs  ministres ,  etc.  Ce  travail  est  fait  avec  le  meme  soin 
auquel  nous  ont  habitues  les  premiers  tableaux  de  M.de  Mancy.  I. 

35i.  —  *  Dictionnairc  historique  et  descriptif  des  nionumens 
religieux ,  cii'ils  et  militalres  de  la  ville  de  Paris ,  oil  Ton  trouve 
I'indication  des  objets  d'arts  qu'ils  renferment,  avec  des  remar- 
ques  sur  les  enrbellissemens  faits  ou  projetes;  dedie  a  M.  de 
Chabrolde  Volvic,  conseiller  d'etat,  pref'et  du  departeuient  de 
la  Seine,  etc.;  par  B.  de  Roquefort,  des  Societes  royales  de 
Gcetlingue  ,  des  antiquaires  de  France,  etc.  Paris,  1826; 
Ferra  jeune,  libraire ,  rue  des  Grands- Augustins ,  n°  23.  In-8"  ; 
prix ,  8  fr. 

Les  livres  sur  Paris  sont  fort  aombreux,  ct  repondent,  par 
ce  cote  dumoins,  au  legitime  empressement  qu'ont  les  natio- 
naux  et  les  otrangers  de  connailre  en  detail  une  ville  qui  est 
devenue,  en  quelque  sorte,  la  capitale  du  raonde  civilise.  Mais 
la  ndcessite  de  meltre  ces  livres  a  la  portee  de  tout  le  monde, 
n'a  pas  toujours  permis  a  leurs  a'uteurs,  d'y  renferraer  tout  ce 
qui  peut  interesser  les  lecteurs  jaloux  de  savoir  non-seulement 
I'epoque  et  I'origine  d'un  monument,  d'lin  etablissement  j)u- 
blic,  mais  encore  les  faits  princi])aux  de  I'liistoire  de  celte  ville 
celebre,  de  ses  fortunes  diverses,  et  des  variations  de  son  en- 
ceinte ,  qui,  d'une  petite  bourgade  assise  sur  une  ile  pen  elen- 
due,  en  ont  fait  I'une  des  plus  grandes  cites  du  monde.  C'est 
ce  que  M.  Roquefort  s'est  propose  dans  I'ouvrage  que  nous 
annoncons  ;  et  peu  de  personnes  etaient  aussi  bien  preparees 
que  lui  pour  une  semblable  entreprise.  Ses  travaux  sur  le 
moyen  ^ge  lui  ont  souvent  fait  rencontrer  des  notions  sur 
Paris  dans  ses  nombreuses  reclierches;  il  les  a  niises  a  profit 
dans  le  Dictionnairc  historique  et  descriptif  qui  vient  de  pa- 
raitre;  et  ce  n'est  qu'apres  avoir  etudie  tous  les  ouvrages  rela- 
tifs  a  I'etat  de  cette  ville ,  qu'il  a  compose  le  sien.  II  cite ,  comme 
la  plus  ancienne  bistoire  speciale  de  Paris,  connue  par  Tim- 
pression  ,  Lajleur  des  antiquites  de  cette  noble  et  Iriomphante 
cite,  publiee  par  le  libraire  Gilles  Corrozet,  en  i532,  et  depuis  , 
cet  historiagraphe  a  eu  beaucoup  d'imitateurs.  On  peut  croirc 


SCIENCES  MORALES.  759 

cependant  qu'avant  Corrozet,  rimprimerie  avair  produit  d'au- 
Ires  guides  de  Tetranger  dans  Paiis,  et  je  connais  uii  petit  livre 
de  24  j)ages  in-4°  ,  intitule  :  Les  rues  et  les  cglises  de  Paris  , 
avec  la  despencc  qui  se  fait  par  chascun  jour ,  et  que  je  crois 
^tre  sorti  des  presses  de  Pierre  Caron,  iuiprimeur  a  Paris,  de 
1489  a  1494.  Cost  la  ,  sans  conliedit ,  la  plus  ancienne  topo- 
graphic et  slalistique  des  consoninialions  de  Paris;  an  xv"  sie- 
cle  ,  on  ne  pensait  pas  Irop  a  recueillir  ces  donnees  adminis- 
tratives  ^  ct  cet  cuvrage  des  premiers  terns  de  rimprimerie 
n'est  indique  dansaucune  bibliographic.  Je  ne  pense  pas,  tou- 
tefois,  qu'il  puisse  etre  d'un  grand  secours  ])our  les  recherches 
comparatives  que  le  zcle  et  les  lumieres  de  M.  le  prcfet  de 
Paris  dirigcnt  avec  une  si  louable  perseverance;  et  ce  n'est  qu'a 
propos  de  I'ouvrage  de  Corrozet,  en  i532,  que  je  cite  cette 
description  qui  le  preceda  de  40  ans  au  moins.  II  y  a  bien  loin 
de  ces  essais  informes,  a  I'etenduc  des  lecherches  de  M.  de 
Ro([uefort.  Distribue  dans  Tordre  alphabclique  des  nialieres, 
son  ouvrage  presente,  sous  le  mot  generique ,  tous  les  elablis- 
seniens  analogues,  \esfontaines,  les  eglises,  les  hospices,  etc.  et 
sous  ces  mots  generaux  ,  leur  situation,  leur  elendue,  les  ins- 
criptions et  les  objets  d'art  qui  les  decorent ,  leurs  auteurs,  etc. 
A  propos  de  qucKjues  -  uns  de  ces  etablisscmens  ,  Tauteur 
expose  les  vues  de  radininistration  publique,  en  loue  franche- 
nient  lesheureux  resultats;  puis,  ilajoute  des  observations  ou 
des  consei's,  pulses  (iansTexamen  de  I'elat  des  choses,  ou  les 
projets  proposes  par  des  hommes  qui  font  autorite  sur  ces 
inntieres  dlvcrses.  On  trouve  done  ici :  1"  I'histoire  de  chaque 
etablissemenl;  2°  I'exposc  de  son  ulilile ,  quanta  roinement 
de  la  ville  ou  aux  besoins  de  ses  habitans;  3°  des  vuos  nou- 
velles  qui  tendeuta  les  ameliorer  encore.  II  serait  difficile  d'en 
extrairc  qnelrjues  citations,  I'etendue  des  articles  les  jilus  im- 
porlans  ne  le  pcrmcttrail  pas.  Nous  croyons  recouimander  suf- 
fisainment  cette  noiivelle  production  d'un  de  nos  plus  laborieux 
ecrivains  ,  en  lu  signalant  comme  Jitile  a  la  fois  aux  citoycus 
de  Paris,  aux  eirangers  qui  visitent  cette  ville,  et  a  I'adnii- 
nistraiion  (jui  appeile  loutes  les  lumieres  a  concourir  a  I'ac- 
complissement  de  ses  vues  d'anieliorafion.  C.  F. 

352.  —  Atlas  de  I'Hisloire  physique  ,  cit'ile  et  morale  de 
Paris,  parDuLAURE.  Paris,  1826;  Baudouin  freres;  prix,  5  fr. 

Les  j)lans  destines  a  rintelligeiice  de  VH;sloere  de  Paris 
avaient  ete  places,  dans  la  jiremiere  edition  ,  en  tete  mt-me  des 
volumes  auxquels  lis  appartenaient.  Les  eJiteurs  ont  cru  de- 
voir, pour  ceile  que  nous  annoncons,  les  reunir  tons  en  un 
seal  Adas  separe.  C''t  atlas  offre  au  lecteur  le  double  avantage 


760  LIVRES  FRANC AIS. 

de  poiivoir  mettre  constammcnt  sous  ses  yetix  le  plan  qui  sc 
rapporte  a  )a  periode  dont  il  s'occupe,  et  de  n'elre  pas  oblige 
de  recourir  souvcnt  aux  divers  volumes  dont  se  compose  I'ou- 
Trage. 

Le  1*"^  plan,  Paris  sous  la  domination  romaine ,  reprcsente 
cetle  ville  alors  contenue  dans  I'ile  de  la  Cile,  les  niomimcns 
et  etablisseniens  situi's  au  nord  et  an  sud,  et  les  routes  et 
clieiniiis  qui  venaient  y  nboTilir.  II  facilite  la  lecture  des  (''vene- 
mens  arrives  depuis  la  fondalion  de  Paris,  jnsqu'a  la  fin  de  la 
domination  des  Remains.  —  Le  2°  plan  ,  Paris  sous  le  regne 
de  Philippe-  Auffuste ,  prcsenle  les  agrandissemens  de  cette 
ville  ,  dopuis  la  fin  de  la  domination  des  R.oinains  jusqu'a  I'an- 
nee  1 223.  On  y  voit  la  trace  de  la  seconde  et  de  la  troisieme  en- 
ceintes qui  joignirent  a  Tile  de  la  Cite  une  parlie  du  terriloire 
voisin,  siiue  sur  les  deux  rives  de  la  Seine,  et  les  premiers  eta- 
blisseniens civils  et  religieux  fondc;s  pendant  cette  periode. — 
Le  3^  plan  ,  Paris  sous  le  regne  de  Francois  1" ,  conlient  I'ac- 
croissement  de  la  ville  ,  les  nombrcuses  rues  tracecs,  et  les  ba- 
timens  construits  dej)uis  la  fin  du  regne  de  Pliilippe-Auguste, 
jusqu'a  la  (in  de  celui  de  Francois  I*'",  On  y  trouve  le  mur  de 
cloture  oleve  dans  la  partie  septeulrionale,  et  les  diverses  con- 
structions faitcs  liors  de  la  ville,  et  qui  formaient  les  premiers 
faubourg's.  —  Le  4'  plan  ,  Paris  sous  le  regne  de  Louis  XIII , 
offre  I'etat  de  la  ville  a  la  fin  de  la  domination  de  ce  jjrince. — 
Le  5°  plan  presente  Paris  dans  son  etat  actuel.  Pour  lui  donner 
toute  ruliiite  possible,  on  a  joint  a  ce  plan  un  tableau  ou  no- 
menclature, par  oidre  alphabelique  ,  contenant  toules  les  rues, 
tons  les  (juais,  boulevards  ,  places ,  passages ,  etc.,  ainsi  que 
tons  les  etablissernens  civils,  religieux  et  militaires;  monu- 
mens  el;  administrations  existans  a  Paris,  avec  des  renvois  au 
])lan.  A  la  suite  de  cette  nomenclature  ,  on  trouvcra  la  com- 
position du  gouvernement ,  les  attributions  de  chaque  minis- 
terc,  les  administrations  et  les  etablissernens  qui  en  dependent, 
les  jours  d'aiidlences  des  ministres  ,  d'enlrees  dans  les  bureaux 
et  dans  tous  les  ctablissemcns  publics,  etc. 

On  voit  que  les  cditeurs  de  VHistoire  de  Paris  n'ont  rien  ne- 
glige pour  t|ue  cet  Atlas  repondit,  en  exactitude  et  en  utilite , 
au  reste  de  I'ouvrage,  auquel  fontjointcs  d'ailleurs,a  la  place 
respective  qu'elles  doivent  occuj)er  dans  cliaque  volume,  de» 
planches,  tres  bien  executres,  representant  !es  principaux  mo- 
numens  et  edifices  de  Paris.  Celles  de  I'Atlas  ne  soni  j)as  moins 
salisfaisantes  ,  et  ajoufent  encore  au  merite  et  au  j)rix  d'un  ou- 
vrage  qui  devient  indispensable  dans  une  bibliothecpie. 

E.  H. 


SCIENCES  MORALES.  7^1 

353. — *  Dictionnaire  historique,  ou  Biographic  unlverselle 
classique;  par  le  general  Beatjvais,  auteur  des  Victoire.s  et 
Conquetes,et  par  uue  Societe  de  gens  de  lettres;  en  un  seul 
■volume;  revue  pour  la  partie  bibUographic|ue  par  M.  ^.  -  ^. 
Barbier,  aulcur  du  Dictionnaire  des  Anonyuies ,  et  par  M.  L. 
Baebier  flls  aiiie,  eniploye  aux  bibliollieques  ])articulieres  dii 
Roi.  Quatrieme  livraison.  Paris,  1826;  Cli.  Gosselin,  libraire  , 
■rue  Saint  -Germain  -des-Pres,  n"  9.  In- 8"  de  3o4  pages;  prix 
de  chaque  livraison,  6fr.,  et  sur  papier  vclin  saline,  8  fr. 
(Voy.  Rev.  Enc. ,  t.  xxx  ,  p.  193.) 

Get  important  ouvrage  csl  deja  parvenu  a  sa  4"  livraison  :  id 
lettre  G  est  commencee.  Sa  forme  compacte,  la  sagcsse  et  les 
soins  qui  president  a  sa  redaction ,  sont  des  avantages  que  les 
lecteurs  saiiront  npprccier.  lis  le  trouveront  complet,  sans 
omission  ni  lacune,  depr.is  la  plus  hanle  antiquite  jusqu'a  nos 
jours,  mais  dcgage  de  loute  superfluile.  Aux  articles  consacres 
aux  homines  dont  le  nom  est  conserve  par  I'histoire ,  on  a  cru 
devoir  en  ajoiiter  qui  retracent  la  vie  des  peuples,  des  societes 
poliliques  et  religieiises  ,  des  institutions;  on  n'a  pas  neglige 
non  plus  lert'cit  des  fails  memorables  quicaracterisent  le  mieux 
les  hommes  et  les  nations.  — Un  simple  tableau  des  prineipaux 
articles  contenus  dans  cette  livraison  fera  connaitre  suffisam- 
ment  la  maniere  dont  son  cadre  est  rempli;  les  noms  des 
divers  redacteurs  sont  connus  par  des  travaux  anterieurs  qui 
offrent  rtne  sure  garantie  en  faveur  de  la  nouvelle  entreprisea 
laquelle  il.i  prennent  part;  enfin,  nous  observerons  qne  cetle 
livraison  coniient  plus  de  deux  cents  articles  qu'on  cliercherait 
en  vain  dans  les  autresbiographies  completes  pjibliees  juscju'a  ce 
jour.  — Prineipaux  articles  de  cette  4^  livraisons  :  Par  M.  le  ge- 
neral Beauvats,  qui  revoit  soigneusementl'ensemble  du  travad  : 
Djengujz-  Khan  ,  Djczzar  {^  Ahmed)  ,  le  cardinal  Dtiprat, 
Erasme  ,  le  general  Foj ,  etc. ;  par  M.  P.  de  Chamrobert,  as- 
socie  a  M.  le  general  Beauvais  pour  le  travail  de  revision  : 
Dnmouriez  ,  Duval  (I'abbe  Legrix) ,  la  reine  Elisabeth  d'An- 
gleterre,  le  chev.  Folard,  etc. ;  par  M.  Louis  Barrier  :  Antoine 
et  Pierre  Ea/jre,  etc.;  par  M.  Amar  :  Esope,  Eschjle,  Euri- 
pide  ,  Fracostor;  par  M.  Duviquet  :  Z'w.wwMf ,  Foutanes,  les 
Freron;  par  M.  Boujleet  :  Saint  Dominique ;  par  M.  Clair: 
Dumouli?i ,  Ferrieres ,  etc.;  par  RI.  Pichot  :  Fox,'  etc.;  par 
M.  B.  Maurice  :  Dryden  ,  Duguesclin  ,  Franklin,  etc.;  par 
M.  Angelis  :  Ferdinand  111  ( I'archiduc  ) ,  M"""  Floridia  ;  par 
M.  Septavaux  :  Escoiquitz ,  Fouche;  par  M.  Soulice  :  I'abbe 
Edgeworth,  Fenelon. — Partie  historique  :  Les  articles  Ecosse , 
Espagne,  Etats-Unis,  France,  dus  a  M.  de  Calonne;  Egjpte^ 


76i  LIVRES  FRANCA.IS.     - 

de  M.  B.  Maurice;    Flandrc ,  FranrJ'ortsur-le-Mein ,  Ics  ba- 
taiiles  lie  Flettrus,  Fronde ,  etc.,  par  M.  de  Ciiamrobkrt.      E. 

354.  —  *  Repertoire  universel ,  historique ,  biogropliique  des 
J'einrnes  celcbres ,  rnortcs  ou  vivantes ,  etc.  ;  ]r.\r  uiie  Societe  de 
gens  lie  lettres ,  auteius  du  Dictionnaire  universel.  1""^ ,  3""^  et 
l^me  livraisons.  Paris,  1826.  Acliilie  Uesaiiges  In-8°;  prix  de 
la  livraison  ,  4  fr.  5o  c.  et  pour  les  sotiscripteurs  ,  4  f'"-  (  Voy. 
Ret'.  Enc. ,  t.  xxxi ,  p.  201  ). 

Pariiii  tous  les  noms  qui  ont  pris  place  dans  cette  galerie,  il 
en  est  quckjues-uns  de  fort  obsciirs  ;  il  en  est  d'autrcs  desti- 
nes a  ne  point  jierir,  et  cette  proiongation  de  la  menioire  de 
quelqiies  nonis  proprcs ,  que  notre  orgueil  decore  du  nom 
d'tm/nortalite,  est  lantot  la  recompense  du  nierile  el  de  la  ver- 
tu ,  tantot  le  chatiment  des  vices  et  du  crime.  —  Entre  aiilres 
personnages  f'anieux  ,  on  y  remarque  June  de  Boulen  ,  loTir  a 
tour  mailresse,  femme  et  victime  de  Henri  VIII;  Catherine  de 
Medicis  AanlXdi  niemoiro  reste  cliargee  du  crime  de  la  Saint- 
Bartheleiny;  CatJicrine  1 ,  cpouse  de  Pierre-le-Grand  ;  Cathe- 
rine //dont  J'histoire  of'fre  de  belles  pages,  niais  plus  d'une 
taclie  ineffacabie;  Christine  de  Suede ,  beaucoup  trop  reicbree 
pour  une  abdicalion  a  laquelle  la  pliilosopliie-eul  peu  depart  ; 
ia  comtesse  Dubarry,  ]a  soule  femme  peiil-etre ,  qui,  durant 
nos  troubles  revolutionnaires  mourut  sans  courage  ,  comn^esi 
Ic  courage  dans  oe  moment  supreme  elait  une  de[«niere  gloire 
reservee  a  la  vertu ;  la  marquise  Du  Dejfant ,  non  moiris  spiri- 
tuelle  qu'egoiste;  M""  Dufresnoy  dont  les  Muses  francaises 
pleurent  la  perte  rccenle;  enfin  ,  M"""  Elisabeth  de  France  , 
Elisabeth  d'yJngleterre ,  le  chevalier  ou  la  clievaliere  dCEon,  la 
comtcsse  de  La  Fayette  ,  Gabrielle  cVEntrees,  M"""  de  Genlis  , 
M""*  Geoff ria  ,  etc. ,  etc. 

Nous  conseillons  aux  redacteurs  du  Repertoire  d'elaguer  les 
details  inutiles;  I'ouvragey  gagiiera  beaucoup:  il  faut  savoir  a 
propos,  disait  Champfort,  s'enric/ur  de  ses  pcrtes.  Nous  leur 
recommandons  egalement  de  surveiHer  le  style  de  tous  leurs 
articles  avec  une  attention  rigoureuse-  Bien  qu'une  notice  bio - 
grapliique  ne  soit  pas  un  morceau  d'eloquence,  et  doive  sur~ 
lout  eviler  les  formes  oralolres,  neanmoins  ce  genre  a  ses  con- 
ditions indispensables  :  la  premiere  est  une  elegante  et  noble 
sim])licile.  C.  P. 

355.  —  Notice  Historique  sur  Michel  Patras  de  Campaigno  , 
dit  le  chevalier  Noir,  seneclial  et  gouverneur  du  Boulonnais , 
luc  a  la  Si'-ance  ])i:bliqiie  de  la  Societe  d'agriculture  ,  du  com- 
merce et  des  arts  dc  Boulogne-sur-Mer ,  le  10  octobrc  it<a5, 
parM.  y^Mr.MARMiN,  I'un  desesmembres  residans.  Boulogne, 


SCIENCES  MORALES.  763 

1826;  smprimerie  de  Le  Roy-Berger.  In-8"  de  25  pages,  avec 
un  portrait. 

Le  chevalier  Noir  combattit  et  niourut  pour  Henri  IV;  il  se 
distingua  parmi  celte  foule  de  braves  qui  suivaient  les  eten- 
dards  de  ce  heros;  niais  ses  exploits  ne  parurent  ])oinl,  siir  uii 
grand  theatre;  aussi  son  noin  n'a-l-il  pas  ele  consacre  par  I'his- 
toire.  C'cst  un  de  ses  coaipatriotes  ,  qui,  s'adressant  aux  habi- 
tans  des  lieux  tcmoins  de  sa  vaillance,  vient  enfin  de  'ui  clever 
le  monument  auquel  il  avail  droit :  ses  fails  d'annes  sent  retra- 
ces par  M.  Marmiii ,  avec  des  details  qu'on  lira  sans  doule  avec 
interet.  J. 

356.  —  Conspiration  de  llussie. —  Rapport  de  la  commission 
d'enqttete  de  Saint-Peiersbourg ,  a  S.  M.  1  'empereur  Nicolas  /<''■ , 
sur  les  societes  secretes  decouvertes  en  Russie,  ct  ])rcvenues  de 
conspiration  contre  I'etat,  sur  leur  origine,  leur  uiarche,  les 
devcloppemens  successifs  de  leurs  plans,  ledegre  de  participa- 
tion de  leurs  principaux  menibres  a  leurs  projets  et  a  leurs  en- 
treprises,  ainsi  que  sur  les  actes  iiidlvidiiels  de  chacun  d'eux 
et  sur  ses  intentions  avcrees,  Paris,  1826;  Ponthieu.  In-8°  de 
144  P<''ges;  prix ,  3  fr.  5o  c. 

II  resuke  dece  rapport  que  depuis  1816,  ilse  forma  en  Rus- 
sie plnsieurs  societes  secretes  dont  le  but  elait  de  modifier  le 
syslemede  gouvernemcnt;  des  hommes  ile  tousles  raugs  etaient 
engages  dans  ces  societes,  et  la  plupart  appartennient  aux  ar- 
mees  qui  venaient  de  faire  les  campagnes  de  i8i3,  1814  et 
i8i5.  II  faudrait  ne  pas  connaiire  la  maiche  de  I'esprit  humain 
pour  s'elonner  que  des  hommes  qui  avaienl  ti:>ut  recemment 
traverse  I'Europe  civilisee ,  (.jui  revenaient  Iriomphans  d'une 
guerre  dont  le  succes  n'elait  du  qu'aux  sentiuiens  de  liberte 
exaltes  a  desscin  par  les  rois  coalises  contre  la  France,  fusseiit 
renlres  au  sein  d'un  pays  gouverne  despoliquement  sans  y  ap- 
porter  quelques  idces  nouvelles,  quelques  desirs  d'ameliora- 
tion.  L'empereur  vVlexaiidre  lui-meme  avait  bien  coinpris  ce 
resultat  des  dernieres  guerres,  lorsqu'en  181S  il  parlait  haute- 
ment  a  la  diele  de  Pologue  de  ses  idees  liberales ,  et  promettait 
avecsolennilu  des  changemens  dans  la  forme  du  gouvernemenl 
de  Russie.  On  parvinl  bleiitot  a  detourner  ce  jjrince  de  la  mar- 
che  eclairee  cju'il  voulait  sulvre,  et  aucune  modification  ne  fut 
apportee  dans  un  despolisme,  qui  eul  agi  plus  prudenimeiit 
])eut-etre  en  faisant  de  lui-meme  quelques  concessions  au  pro- 
gres  des  lumieres.  La  commission  a  employe  environ  six  mois 
a  lecueillir  ses  renseignemens;  instituiJe  par  decret  du  17  de- 
cembre  1825  ,  elle  a  fait  son  rapport  le  3o  mai  1826;  etle  lea- 
demain  121  individus  furent  traduils  devant  la  haute  cour  cri-< 


764  LITRES  FRANCOIS. 

ininelle ,  ctablie  par  ordic  supreme.  L'enquete  classe  ces 
iiidividus  en  trois  sociotes,  raffiiiation  du  nord,  Taffiliation  dii 
midi,  et  les  Slavons  lemiis.  On  voit  ([ue  de  vagues  projets  de 
refornie  occiipaicnt  ccs  diverscs  societes,  mass  il  ne  pnrait  pqs 
qu'aiicun  planlYit  definitiveinent  arrete.  On  connait  maintcnant 
la  sentence  de  la  Haute-Cour ,  nous  ne  devons  point  nous  en 
occuper  ici :  la  brochure  (]ue  nous  annoncons  ne  conlient  que 
les  travaux  de  la  commission  d'enquete.  M.  A. 

Lilteralurc. 

357.  —  Grammaire  classiqne.  de  la  langiie  francaise ,  par 
Francois /?/.f,  dit  Alexandre.  Quatrie me  edition.  Paris,  i8'i6. 
Brunot-Labbe.  In-  12  de  144  pages;  jjrix  ,  1  fr.  aS  c. 

Get  ouvrage  est  precede  d'une  preface  entiercuient  composee 
des  eloges  dont  il  a  ete  I'objet  dans  ies  journaux.  Maigre  ses 
iiombreiises  approbations  ,  nous  exprimerons  franchement  no- 
tre  pensee.  La  graniaiaiie  de  M,  Francois  est  conime  celle  de 
Lhomond,  bonne  lout  au  plus  pour  reux  qui  out  envie  d'ap- 
prendre  leur  Jangue  de  memoire,  mais  incapable  d'atleindre 
aux  resultats  bien  plus  avantageux  de  la  grammaire  generale. 

II  est  cloniiant  qu'apres  Dumarsnin  et  Beauzee.,  MM.  de  Sacy 
ex.  Biirnoiif,  Blignieres  e\  Destutl-Tracy ,  on  relonibe  toujours 
dans  les  vieilles  errenrs,  et  que  le  public  prefere  souvent  des 
metliodes  roulinieres  a  des  ouvragcs  qui,  ainsi  que  la  Gram- 
ma  ire  generale  enaction  de  madame  Ortavie  de  Monglave, 
(  voy.  Re\<.  Enc.,  torn,  xxvii ,  p.  23o)  reunissent  I'cxactitude 
des  definitions  a  la  fecondlte  des  principes.  B.  J. 

358. — *  Grammaire  analylique ,  ou  Elemcns  de  grammaire 
generale  appliques  a  la  langue  Jrancaise .,  a  I'usage  des  elevcs; 
par  31.  Letkrrier,  chef  d'inslitution.  Paris,  1826;  I'auteur  , 
rue  du  Val-de-Grace,  n°  1.  Delalain.  In-ia  de  5  feuilles;  prix, 
1  fr.  25  c. 

Nous  ne  laisserons  pas  echapper  roccasion  d'annoncer  au  mi- 
lieu du  grand  nombre  de  grammaires  dont  nous  sommes  inon- 
des  ,  une  mc'tliode  vcritablement  eli'mentaire  et  cependant 
analytique  et  raisonnee.  Aussi  n'a-t-elle  pas  ete  faite  avec  pre- 
cipitation. M.  Leierrier  la  destinait  aux  cnfans  qui,  dans  son 
institution  ,  comnienrent  I'ctude  de  leur  langue  :  il  a  du  en 
ecarler  loules  les  ilifficulles  iniitiles;  mais,  en  meme  leuis, 
apres  les  louabies  efforts  qu'il  a  fails  pour  bannir  la  routine  de 
I'enseignement ,  on  etait  en  droit  d'exiger  de  Ini  des  divisions 
exactes  ,  des  definitions  justes,  des  piincipes  clairs  :  I'examen 
lapide  de  son  ouvrage  va  prouver  qu'il  a  satisfalt  a  ces  concH- 
tions. 


LITTfiRATURE.  765 

II  definit  la  grammaire ,  la  science  des  cHemens  et  des  pro- 
cedes  de  langage.  Ces  clcmens  sont  d'une  part  Ics  voix  ,  les  ar- 
ticulations, Ics  syllabes,  que  nous  representons  paries  lettres, 
et  qui  sont  coninie  la  partie  niatiirielle  des  langues.  L'auteur 
iudiquc  soniniairemenl  les  ra])ports  ger)eraux  que  I'observa- 
tion  a  fait  saisir  entre  eux  et  qui  sont  d'une  grande  utilite  dans 
I'ctude  des  langues  comnarees.  Viennent  ensuite  les  mots  qui, 
consideres  isoleoient ,  se  groupent  en  huit  classes ,  dont  les  ca- 
racteies  distinctifs  sont  resumes  en  liuit  lignes  a  la  fin  dii  cha- 
pitre.  Un  autre  cliapitre,  fort  court,  sur  IVlymologie,  donne 
les  notions  indispensables  a  I'enfant  qui  reflediit.  Enfin  quei- 
qucs  pages  consacrces  aux  mots  que  I'usage  a  ccarlcs  de  la  classe 
a  laquelle  ils  devaient  appartenir ,  termine  et  complete  la  pre- 
miere partie. 

Les  trois  dernieres  traiient  des procedes  du  langage ,  ou  des 
lois  auxquelles  les  mots  sont  assujelis  pour  exprimer  nos  pen- 
sees.  L'auteur  s'occupe  d'abord  des  terminaisons  et  des  formes 
des  mots  :  c'est  ce  queDumarsais  nommailavecraisonles  preli- 
minaires  de  la  syntaxe ;  et,  la  seulenient  ,  il  fait  connaiire  les 
nombres  et  les  genres  dans  les  noms ,  les  adjeclifs  ct  les  pro- 
noms;  et  dans  les  verbes,  les  terns,  Ics  persoiines,  lesmodes  et 
les  conjugaisons.  Ces  formes  une  fois  bien  determinccs  ,  il  cta- 
blit,  dans  sa  troisieme  partie,  les  principes  de  syntaxe  que  Ton 
retrouve  dans  toutes  les  langues,  et  qui  forment  par  consequent 
la  syntaxe  gcnerale.  11  y  traite  succinctement,  mais  d'une  ma- 
niere  complete  ,  i°  de  la  proposiiion  el  de  ses  cspeces  ;  2°  de  la 
construction  qu'il  distingue  avec  Beauzee  en  analytique  el 
usuelle;  3°  de  reraploi  des  formes  des  mots,  cc  qui  conslitue  la 
syntaxe  proprement  dite. 

La  qualrieme  partie  n'est  que  I'application  des  jjrincipes  de 
la  syntaxe  generale  a  la  langue  francaise.  Ici  se  trouvent  ex- 
poses d'une  manierc  loute  neuve,  ]\lus  rapide  et  bien  plus  com- 
plete que  dans  les  autres  grammaires,  ces  regies  des  parlicipes 
entre  autres  qui  font  le  desespoir  de  nos  enfans. 

Resumons- nous.  C'est  d'apres  les  grammairiens  les  plus 
estimes,  Dumarsais,  Beauzee,  Condiltac ,  MM.  Lemare  et 
Destutt-Tracy ,  que  M.  Leterrier  a  clabli  presque  loules  ses 
definitions,  presque  tons  ses  piincipes.  L'habitude  qu'il  a  de 
I'enseignement  elemenlaire  I'a  conduit  a  les  appioprier  a  I'in- 
telligence  des  plus  petits  enfans.  An  reste,  telle  est  la  generalite 
de  ses  principes  ,  qu'ils  s'appliquent  avec  une  cgale  facilite  a 
toutes  les  langues;  et  deja  M.  Leterrier  nous  fait  savoir  dans  sa 
preface,  qu'il  iravaille  a  une  grammaire  laline  qui  n'aura  pas 
au-dela  d'une  soixantaine  de  pages.  II  ne  nous  reste  done  plus 


766  LIVRES  FRANCAIS. 

a  ce  siijet  qti'iin  vceu  a  former,  c'est  que  cette  grammaire, 
adoptee  par  I'universite,  contiibue,  avec  rexcellente  metliode 
de  M.  le  recleur  Ordinaire ,  a  introduire  le  raisonnement  et 
I'analyse  dans  les  dernicres  classes.  D — v.. 

359.  —  *  Diitionnaire  iinii'crsel  dcs  synonynies  de  la  larigue 
francaise ;  par  M.  Koinvilliers.  Nom'elle  edition.  Paris,  1826. 
Delalain.  In-8°  de  l.  ,  et  890  pages;  prix,  9  fr. 

M.  BoinvilliiM's  est  un  de  ces  lioinmes  si  dignes  d'esllme  et 
d'encoiii-iigemens ,  et  soiivcnt  si  peu  a])[irocics,  qui  sacrifient 
ranibition  de  se  dislingutT  ])ar  des  ])roduclions  brillantcs  an 
dcsir  ]))iis  lionorabie  de  servir  reellement  le  public  par  des 
Iravaux  utiles.  La  liste  des  ouvrages  did:icti(jues  qu'il  a  oom- 
j>oses,  ou  dont  il  a  diiige  la  publicalion,  n'ajoutcrait  ricn  a  sa 
reputatiou  :  je  me  liate  d'ari  iver  an  iiouveau  livre  que  j'an- 
nonce,  iine  de  ses  enirenrises  les  jilus  imporlantcs.  Ce  n'cst  pas 
une  idee  neuve  de  reunir  en  un  seulrecucil  tous  les  synnnymes 
deja  coniius  de  la  langue  francaise.  Un  premier  diclionnaire 
de  ce  genre,  apres  avoir  eu  deux  editions,  a  cie  augmenle  et 
jiei'fectioiine  sous  tous  les  rapports,  par  M.  Guizot,  dont  le 
noni  inspire  une  confiance  nieritce.  Je  puis  citcr  encore  la  sy- 
nonymic J  ranraiae  de  M.  PiESTRE,  imprimee  a  Lyon  en  1810. 
Ces  jniblicalions,  qui  tonics  ont  rcussi,  prouvent  combien  I'uli- 
llto  de  I'eliiile  des  synonynies  est  gcneralement  senile.  Je  ne 
pretends  ]io;nt  assigner  le  merite  resjicclif  des  differens  edi- 
teurs  ou  des  leforuiatears  d'un  ouvrage  dont  le  fonds  est  em- 
prunte  tout  entier  a  Gira]d ,  a  Beauzee,  a  Roubatul^  a  ])lusieurs 
aulres  habiles  synonymistcs.  Teiiu  le  dernier,  cclaiie  par  ses 
j)redecessenis,  M.  Boinvilliers  devait  essentiellement  s'efforcer 
de  les  surpasser  en  quelque  chose,  de  presenter  quelfiues  amd- 
lioraiions  nouvelles  :  je  \ais  me  borner  a  inditjucr  comment  il 
a  satisfait  a  celtc  necessite  do  sa  position.  II  a  place  en  lete  de 
son  volume  \e&  prefaces  de  Girard,  de  Beauzee  et  de  Ronbaud 
(sauf  des  suppressions  dans  cette  derniere  qui  etait  diffuse); 
et  il  a  eu  raisou  ,  je  crois  ^ of jrir  au public  ,  comme  il  ie  dit  lui- 
nieme,  des  Avant-propos  qui  renj'crment  des  refexions  pleines 
de  JNSlesse  et  de  solidite.  Sous  le  tilre  modeste  A''Ji'ertissement 
de  f  Editeur,  il  presente  ens'iiiteime  judicieuse  appreciatiou  des 
trois  ])rincipaux  auleurs  de  synonymcs,  et  un  extrait  des  ob- 
jen'<7;/o/?,9  lumineuses  de  Ronbaud  sur  la  formation  des  mots, 
sur  la  valeur  de  leurs  inilinles  etsurlajorcede  leurs  desinences. 
Son  Diclionnaire  contient  2/)  articles  fie  plus  que  le  plus  complet 
des  recueils  anlerieurs;  et  ces  articles  ne  sont  pas  au  nombre 
des  nioiiis  curieux  (par  exempie  :  abonnc ,  souscripteur; — sens, 
acception,  etc. ).  Comme  MM.  Guizot  et  Piestrc,  M.  Boinvilliers 


UTTERATURE.  767 

a  donne  une  noiivelle  rcdaclioii  a  un  assez  grand  nombre  des 
articles  anciens ;  je  laisse  a  jugcr  aux  lecteurs  s'ils  ont  perdu  ou 
gugne  sous  sa  plume.  Mais  la  plus  remarquable,  a  mon  avis, 
des  amulioialions  qui  lui  sont  dues,  consisle  dons  le  soin  qu'il 
a  pris  de  consigner  dans  ses  notes  substantielles  Vetjniologie  de 
lods  les  inotssynonymes  corapris  dans  son  diclionnaire,  et  celle 
de  certains  mots  peu  iisites  qui  so  trouvent  dans  jilusieurs  arti- 
cles. Ainsi,  tout  en  reproduisant,  comme  ses  devanciers,  les 
nombreux  articles  de  Iloubaud,  debarrasses  des  lon£;ueurs,  des 
erreurs,  des  obscurites  metaj)hysiques  dans  lesquelles  cet  au- 
tcur  se  iaissait  souvent  entrainer  par  son  gout  predominant 
et  par  rimitalion  dangerense  de  Court  de  Gebclin  ,  ]\I.  Eoin- 
\iiliers  a  su  conserver  et  meme  etendre  le  i)recieux  avanlage 
des  etymologies.  Si  qiielques  assertions  basardees  ou  fautives 
se  sont  glissees  parnii  une  quantite  de  notes  si  considerable, 
on  ne  saurait  lui  en  I'aire  un  crime,  et  jc  m'enipiesse  d'as- 
surer  en  llnissant  que  des  tacbes  legercs  et  peu  iiombreuses 
n'empeclient  ])oint  le  nouvcau  diclionnaire  que  nous  annon- 
cons  de  meriter  d'etre  bien  accueilii  par  les  bons  cloves 
et  par  toutes  les  pcrsonncs  qui  portent  dans  le  discours  ccrit 
ou  pailc  ce  sc/upule  sur  le  choix  des  mots  recommnndes  par 
rillnstre  Biiffon.  A.  D.  Louemand. 

060, — Elemens  de  rhetorique  francaise  ,  par  M.  Filon  , 
professeur  au  college  royal  de  Bourbon.  Paris,  1826;  Bredif. 
In-i2  de  IV  et,3iSlJ.;  prix  ,  3  fr.  5o  c.  et  4  fr.  aS  c.  par  la  postc. 

L'autenr  annonce,  dans  sa  preface,  que  son  outrage  n'est 
point  compose  sur  le  plan  ordinaire  des  traite's  de  rhetorique , 
dont  I'ohjet  special  est  de  preparer  des  sujets  pour  le  harreau , 
les  tribunes  politiques  ou  la  chnire  (ivangelique.  Je  ne  sais 
comment  sont  fails  les  trailes  de  rhetorique  dont  parle  Tau- 
teur,  mals  tous  ccux  que  j'ai  -vus  traitent  exactement,  comme 
le  sien  :  1°  de  I'invention  avee  toutes  ses  dej)endances,  les 
mceurs ,  les  lienx  communs  et  rargiimentation  ;  1°  de  la  dispo- 
sition ct  des  parties  du  discours;  3°  de  I'elocution,  ce  qui 
comiircnd  les  pensees,  les  genres  ,  les  qiialites  du  style  et  toutes 
les  figures  de  pensees  et  de  mots,  entre  Jesquels  meme  on  etablit 
souvent  un  ordre  plus  rigoureux  que  celui  cju'adopte  I'auteur. 

II  est  vrai  qu'il  s'occupe  avcc  detail  des  prccej)les  de  la  nar- 
ration el  de  la  dissertation  ,  qu'il  en  donne  des  exemjjles  assez 
longs,  et  que  ses  trerite  dernieres  pages  sont  consacrees  au 
style  epistolaire  et  a  I'art  de  la  conversation :  mais  il  n'en  a  pas 
moins  fait,  comme  tout  le  nionde,  un  livre  pour  les  orateurs, 
les  avocats  et  les  predicateurs.  11  paiait  d'autant  plus  blamable 
en  cela  qu'il  releve  lui  -  meme  ce  defaut  capital  de  toutes  nos 


768  LIVRES  FRANCAIS. 

classes  de  rhetorique;  tandis  qu'on  peut,  sans  irop  piesunier 
de  la  bonhomie  de  beaucouj)  de  nos  rlietcurs,  douter  ciii'aucun 
d'enx  comjirennecoinbien  son  ouviaf^c  doit  etre  inutile.  Noire 
autcnr  tiaite,  dans  son  introduction,  de  roiigine  et  des 
progrcs  du  langage  et  de  I'ecriture  ,  jmis ,  de  la  granmiaire 
generale  et  de  la  grammaiie  francaise.  II  serail  difficile  de 
rien  troiiver  de  plus  liasarde  que  ie  jncmier  chapiire,  et  de 
plus  incomplet  (jue  les  deux  dcrnieis.  D'ailleurs  ,  ces  connais- 
sanccsappat  tiennent  specialemetil  a  la  giamniaiie;  et,  avant 
de  s'occupcr  de  la  rhetorique,  il  faut  les  posseder,  ou  du  inoins 
lacherdc  les  acqui'rir.  Mais,  dans  le  premier  cas,  rintroduclion 
de  M.  Filon  est  superfine;  dans  le  second,  die  est  insuffisante  : 
dans  I'un  el  I'aulre  ,  elle  n'a  rien  d'utile. 

36r  —  Annules  des  concours gcnrraitx.  —  Malieres  des  com- 
positions de  rheiorique.  Paris,  1826;  Bred  if.  ln-8°de  128  ]).; 
prix ,  6  fr. 

Ce  recueil  comprend,  comme  I'indique  son  tilre,  les  ma- 
ticres  des  compositions  de  discours  latins,  de  discours  fran- 
cais  et  de  vers  latins  donnees  aux  concours  des  colleges  de 
Paris,  dcpuis  le  relablisseracnt  des  lycees  par  Bonaparte  ,  ct 
dies  sont  precedt'es  des  malieres  de  qudques  compositions 
antcrieures  a  la  revolution. 

Les  honimes  qui  raisonnent,  et  qui  ne  croient  pas  qu'un 
iragnifique  appareil  oude  nombreux  applaudissemens,  souvent 
surpris  et  usurpes ,  soient  une  preuve  ceitaine  de  la  bonte 
d'uii  systenie,  tiouveront,  dans  ce  livre,  de  nouvdies  amies 
conire  I'etiide  de  la  rhetorique,  et  snrtout  conire  la  maniere 
de  I'enseigner.  Ouvrons  le  livre  :  nous  trouvons  a  la  page  53  : 
//  (Gernianicus)  deciira  le  spectacle  que  ces  lieux  leur  (a  ses 
soldats)  pi I'Stntent ;  id,  etc...  la,  etc...  C'est  sur  cet  ici  eK.  sur 
ce  la  (]ue  les  concnrrens  doivent  exercer  Icur  faconde.  A  la 
phrase  la  jilus  ronflanle,  a  la  peiiode  la  mieux  arrondie ,  le 
pri.v  appartiendra  sans  coutesle.  Fous  verrtz  la  place  qii... 
Encore  un  noiiveau  point  d'orgite  :  honneur  a  ceux  qui  le 
broderont  le  mieux.  Le  tribunal  barhare  d'oii  Icferoce  Armi- 
nius...  Songez  que  depuis  long-tems...  C'est  sur  ces  miserables 
bouts-rimes  qu'on  fait  jialir  notre  jeunesse.  L'eleve  est  oblige, 
non-seulcnient  de  penser  comme  ses  maitres,  eut-il  des  idee.s 
cent  fuis  meilleures ,  et  de  suivre  I'ordre  trace  par  eux,  lors 
meme  que  la  nature  de  son  esprit  lui  en  ferait  choisir  un 
autre;  mais  i!  est  reduit  a  emi)loyer  leurs  lournures,  leurs 
expressions ,  leurs  phrases,  quelque  vicieuses  qu'dles  ])uissent 
^Ire.  O  iini:atores  ! 

362.  —  Resume  de  I'histoire  dela  litterature  allemande  ;  par 


LITTER  ATURE.  769 

-/^.  LoivE-VEiMARs.  Paris,  1826;  Louis  Janet.  In-8"  de  vm  et 
^176  pages;  prix,  3  fr. 

M.  Loeve-Veimars  prend  la  liUeralureallemande  depuisson 
oiigine,  rt  la  conduit  jusqu'a  nosjours.  II  a  divise  I'espace  de 
terns  qu'ftlle  comprend  en  cinq  pcriodes.  La  premiere  s'ctend 
riepuis  les  tliants  popiilaires  les  })!us  rcciiles  ,  jusqu'a  la  fin  du 
xiii"""  siecle;  ia  seconde  ,  jus(|u'au  cominencenienr  dii  xvii"""  ; 
les  trois  dernieres  sont  consacrces  aux  annees  fjuise  sont  ecou- 
lees  depuis  ce  moment  jusqu'a  nous.  Dans  celte  revue  rapide  , 
M.  Loeve-\  eiinars  a  tacl-e  de  n'oniettre  aiicun  fait  imporlant 
dans  I'hisloire  des  letlres  ;  il  a  voulii  tout  indiquer;  raais  ces 
indicationssont  loin  d'etre  sufr«antes  pour  celni  fjui  ne  connuit 
pas  la  litierature  allemande.  Sana  douie,  les  lecteurs  recber- 
cheront  de  preference  les  niorceaux  (jue  I'aulcur  a  traduits  des 
ecrivains  allemands  ;  nous  aurions  souhaite  qu'il  eut  multiplie 
davaiitage  ce  moyen  d'instruclion ,  et  qu'il  ne  se  fut  pas  con- 
tenle  d'expriiner  son  admiration  ])our  Klopstock ,  Goethe, 
Schiller  ^  Burger,  dont  il  ne  cite  auciin  ])assage  quipuisse  faire 
apprecier  lajnstesse  de  son  opinion.  L'aversion  de  M.  Loeve- 
Veimais  conlre  tout  ce  qni  ])orlc  le  nom  de  regies  litleraires 
est  assez  connne  par  de  precedens  ouvrages ,  pour  nous  dispen- 
ser de  dire  quel  est  son  enlhousiasme  pour  la  poesie  nationale 
allemande.  Au  reste  ,  les  critiques  francais  auront  beau  jeu 
avec  lui,  puisqu'il  est  le  ])remier  a  convenir  (  p.  38^  ]  ijue  les 
meilleuies  tragedies  du  nellleur  poete  de  TAllemagne  soul  a 
])eine  dramalicjues.  —  Quoi  qu'il  ensoit,  ce  resume  de  I'his- 
toire  de  la  litterature  allemande  nous  semble  propre  a  en  re- 
pandre  le  gout  en  France  :  la  rapidite  et  I'eiegance  du  style, 
ainsi  que  les  connaissances  de  I'auteur  procureront  sans  doute 
Leaucoup  de  lecteurs  a  son  ouvrage.  B.  J. 

363.  —  Lecons  de  litterature  chretienne  ,  ou  choix  de  prose 
et  de  vers  sur  la  religion  et  la  morale,  extraits  des  meiileurs 
aulenrs  francais  morts  et  vivans  :  ouvrage  classique  a  I'usage 
des  serainaires,  des  colleges  cl  des  maisons  d'education.  Paris 
i8a6;   Beauce  -  Rusand.   2  vol.  in  -  8°  d'environ   Coo    pages. 

La  labie  de  ce  recueil  r.-.])proche  des  norns  qui  n'onl  guere 
couiume  de  s'associer:  MlM.  de  la  Mennais,  de  Maislre  et  Bo- 
nald  y  figurent  a  chaque  instant  a  cole  de  Pascal ,  A'Jhbadie, 
de  Rousseau  el  de  Voltaire.  Toutefois,  I'udileur  s'etant  gene- 
raicmcnt  abstcnu  de  toucher  aux  matieres  qui  ont  reveille  de 
no>  jouri  les  controvcrses  religieuses,  on  concoit  (ju'll  ail  pu 
faire  d'lieureux  eniprunts  a  des  ecrivains  dont  les  opinions 
sont  si  divergenles.  II  se  justifie  d'ailleurs  de  ceux  qu'il  a  fails 
T.  XXXI. —  Septcmbre  1826.  4y 


770  LIVRES  FRANCAIS. 

aux  philosophes  en  se  conipaiant  aux  Hebreux,  «  lorsque,  par 
nil  innocent  larcin,  Lis  (]($lou!nercnt,  pour  cons;icrer  au  cnlte 
du  vraiDieu,  les  vases  d'or  de  I'Egyple  idnlatre.  »  Cost  done 
encore  ici  une  fraude  picuse.  Celle-ci  du  inoins  sert  a  I'avanlagc 
du  lecteur.  Outre  les  noms  doja  cites  ,  ceux  de  Bossuet ,  Saurin, 
Bourdaloue ,  Diderot,  Mascaron,  d'  Alcmhert ,  Fcnelon,Necl(er, 
Massillon ,  Thomas,  Flechier ,  Bernardin  de  Saint-Pierre , 
Poulle ,  Laccpetle  ,  Chiiteauhriund ,  Rnynal,  Bujfon,  garnn- 
tissent,  pour  le  volume  de  prose,  Tine  collection  de  modeles 
de  style.  Le  volume  de  vers  coniient  le  poeme  de  la  Religion , 
les  tragedies  de  Polyeucte,d'Eslher  et  d'Athalie,  et  un  choix  de 
morceaux  dramatiques  et  lyriques  emprunies  a  differens  poetes. 
Nous  citerons  ,  parini  les  vivans  ,  MM.  Delavigne ,  Lamartine  , 
Parseval  de  Grandmaison  ,  Lemercier ,  Andrieux ,  Campenon, 
Mil"  Delphine  Gay ,  etc.  De  pareils  noms  acheveront  de  recom- 
mandcr  ce  recueil.  Ch, 

36/(.  —  *  Collection  des  auteurs  classiques  latins,  avec  la  tra- 
duction francaise  en  regard;  publiee  par  une  Societe  de  Pro- 
fesseurs  ,  et  dirigee  par  M.  Jmedee  Pommier  ,  horame  de 
lettres.  Edition  in-12,  orneedes  portraits  des  auteurs  d'apres 
I'anlique.  —  Cotnmentaires  de  Cesar ,  Iraduits  par  M.  de  Tou- 
LONGEON.  T.  Iletlll. Paris,  1826;  Verdiere, quaides  Augustins, 
n°  a5.  2  vol.  in-i2  sur  papier  iin  satine,  f'ormant  ensemble 
714  P'j  prix,  3  fr.  le  volume. 

En  annoncant  le  1^'' volume  de  la  traduction,  de  M.  de  Tou- 
longeon  ( Voy.  Rev.  Enc,  t.  xxix ,  p.  549 ),  nous  avons  dit  que 
ce  qui  la  caracterisalt,  c'etait  sa  fidelile,  sa  correciion  et  sur- 
tout  la  clarte  avec  laquelle  sonl  rendus  les  details  relatifs  a  I'art 
militaire.  Le  2®etle3*  volumes  merItentiesmeineseloge5,elnous 
paraissent  assurer  le  succes  de  I'ouvrage.  La  correction  du  texte 
latin,  la  beaule  du  ])apier  ct  de  rim|)ression  doivent  encore  y 
contribuer,  et  faire  rechercher  une  collection  qu'il  serait  diffi- 
cile de  donner  a  un  prix  moins  eleve.  Nous  esperons  que 
M  V^erdiere  donnera  suite  a  son  utile  entreprise ,  et  que  la  pu- 
blication d'une  nouvelle  livraison  n'eprouvera  point  de  retard. 

A.  M— T. 

365.  —  *  Classiques  francais ,  ou  Bibliotheque  portative  de 
I'amateur  en  cent  volumes.  Vingt-huitieme  livraison  ,  composee 
des  OEuvres  de  Saint- I,ai\ibert  e^  r/e  Gilbert.  Paris,  1826; 
L.  Debure.  2  vol.  in-32,  avec  un  portrait  chacun;  prix,  3  fr. 
le  volume  (voy.  ci-dessus,  p.  A94*  I'annonce  dela  precedente 
livraison  ). 

L'edileur  de  la  collection  des  Classiques /rancais  a  rcuni , 
dans  cette  livraison  ,  deux  poetes  distingues  I'un  et  I'autre , 


LITTER  ATURE.  771 

mais  dont  le  sort  fut  bien  different.  Le  piemier,  Saint-Lam- 
bert ,  ne  d'une  famille  noble,  rival  heiireux  en  amour  des  deux 
plus  grands  ccrivaiiis  dii  xviii^  siecle,  Voltaire  el  J. -J.  Rous- 
seau (i),  eull'amitic  des  princes  et  des  philosophes  de  ce  grand 
siecle,  et  \it  son  ])oeine  des  Sai.ton.t  luiouvrir,  en  1770,  les 
portes  de  I'Acadeinie  francaise.  Le  second  ,  Gilbert  ,  dut  le 
jour  a  de  pauvres  cultivateurs,  qui  s'epuiserent  pour  lui  don- 
ner  une  education  dont  il  leur  fit  par  ia  suite  un  sujet  amer  de 
reproches  ,  vecut  pauvi-e,  egaleinent  repousse  des  philosophes 
et  des  puissans  de  la  terre,  vit  ses  oeuvres  denigrees  par  I'envie, 
ignora  prescpae  les  consolalions  de  I'amour  et  de  I'amitie,  et 
inourul  a  I'hopital,  dans  toute  la  force  de  I'age  et  du'genle, 
atteint  d'un  raal  ou  ses  malheurs  peut-etre  eurent  plus  de  part 
encore  que  I'accident  aucjuel  on  I'atlrlbua  (2).  Sans  doute  cette 
difference  dc  fortune  est  due,  en  grande  parlie,  a  la  difference 
de  leurs  caracteres;  niais  le  hasard,  qui  joue  un  si  grand  role 
dans  leschoses  d'ici-bas,  y  fut  aussi  pourbeaucoup.  Saint-Lam- 
bert etalt  un  liouime  du  monde,  qui  avait  toutes  les  qualites 
necessaires  pour  y  reussir ;  Gilbert,  ne  avec  un  caractere 
sombre  et  indepeniiant,  \it  augmenter  ces  dispositions  par  les 
injustices  reelles  dont  il  eut  a  se  plaindre,  a  son  debut  dans  la 
carriere  lilteraire.  Deslors,  son  sort  fut  decide;  il  prit  le  parti 
de  se  Jeter  dans  la  satire,  vers  laquelle  d'ailleurs  seinblail  le 
porter  le  genre  de  son  talent.  Peut-etre  I'aniraosite  qui  est 
resultee  contre  lui  de  la  rigueur  de  ses  jugemens,  n'est-elle  pas 
encore  bien  eteinte  aujourd'hui.  La  Harpe,  qu'il  avait  d'autant 
plus  offense,  que  ses  coups  avaient  quelquefois  portc  juste, 
affectant  une  fausse  pitic  pour  le  sort  malheureux  de  Gilbert, 
a  pu  continuer  ale  trailer  comme  un  ecolier,  dans  I'apprecia- 
tion  qu'ila  faite  deses  ceuvres ;  mais  on  ne  concoit  pas  que  Che- 
nier ,  dont  le  gout  etait  si  sur ,  I'ait ,  en  quelque  sorte,  passe  sous 
silence  dans  son  Tableau  de  la  litterature  francaise ,  oil  il  se 
borne  a  dire,  en  parlant  des  poesies  lyriques  de  Gilbert, 
(.\\\eUes  qffrent  quelques  traits  eleves  ?  Et  lui  aussi,  Chenier, 
eut  a  se  plaindre  des  hommcs  de  son  siecle,  lui  aussi  toiirna  ses 
esprils  vers  la  satire;  mais,  dans  ce  genre,  Gilbert  avait  me- 
rile  d'etre  son  inaitre ,  et  il  eut  ete  juste  a  la  fois  et  noble  de 


(i)  On  sail  que  Saint-Lambert  fat  aime  tour  a  tour  de  M'""  Duchate- 
let,  qui  vecnt  iutiraement  avec  Voltaire,  et  de  M™«  d'Houdetot,  dans  le 
coeiu"  de  laquelle  J. -J.  Rousseau  teuta  vaineraent  de  le  supplanter. 

(2)  Une  chute  de  cheval  que  Gilbert  avait  faite,  ea  galoppant  sur  les 
boulevards  avec  deux  jeanes  Anglais  ses  eleves,  avait  oblige  de  Ini  faire 
I'operation  du  trepan. 


772  LIVRES  FRANCAIS. 

I'avoiier.  Mais  peut-elrc  Clicnier,  disciple  distinguii  des  ])\n- 
losophcs  du  dix-huiliemo  siecle,  ne  poav.-iit  pardoni:er  a  Gilberl 
ses  atl;i<iues  contre  eux.  C'es!  la,  en  eff'et,  que  sonl  tons  Ics 
torts  de.  CO  dcrniei-;  il  ii'cut  ])as  tin  confondre  le  jjhilosophisme 
avec  la  pbilosophie,  et  accuser  celle-ci  de  tous  Ics  inai:x  que 
.  ses  proceptes,  an  contraire,  appreniicnt  a  eviter.  De  tous  terns 
il  V  enl  des  liomines  qui  tirent  alms  de  lout  ,  et  nous  avons 
encore  aujourd'hui  de  ccs  faux  sages  pour  lesquels  la  i)hiloso- 
phie  n'est  qu'uu  masque  et  un  nioycn  de  parvenir  a  des  (ins 
iviiscrables  ou  honteiises.  L'ame  de  Gilbert  etaii  faite  jiour 
coini)rcndre  et  pour  aimer  la  vraie  pliilosopiiie,  (pii  u'est  autre 
cliose  que  I'auiour  de  la  veriu  et  de  la  liberte.  11  I'a  prouve  en 
tontiaiit  avec  ciiergie  conti-e  les  nireurs  de  son  sicde;  m.iis  ees 
moeurs  n'ctaiciit  pas  celles  des  philosophcs,  auxqiseis,  dans  son 
ressenlinieiit,  il  f'eignait  de  Jes  altribucr.  Oteicelle  apidicalion 
de  ses  satires,  elles  rcsteront  des  modelei  de  courage  et  de  ve- 
rite,  aussi  bien  que  de  poesie. 

Le  volume  que  M.  Debuie  a  consacre  a  ce  poete  mallieu- 
reux ,  dans  sa  jolie  collection,  conliecl  loutes  ses  auvres, 
c'est-a  dire,  ses  deux  satires  (  le  Dix^-huitivme  Steele  et  Mon 
apologie) ,  ses  odes ,  ses  heroules,  ses  poesies  divcrses,  ses  imita- 
tions de  la  mart  d'Abel ,  de  Gessner  ,  YEloge  de  Leopold  /'■'"  , 
une  Diatribe  sur  les  prix  academiqiies  et  le  Carnaval  des  au- 
teujs ,  mauvaise  satire  en  prose,  que  Ton  a  sans  doute  attri- 
buee  a  tort  a  Gilbert,  niais  qui  prouverait ,  si  nialheureiise- 
inent  elle  etait  de  Isii ,  jusfju'a  quel  point  I'esprit  de  ve:igeance 
pent  egarer  le  meilleur  jugement,  el  rabaisser  meine  le  talent 
le  plus  distingue. 

Quant  a  Saint-Lambert,  le  vohraie  qu'on  nous  offreconlient 
ses  poesies  fug^itii'es,  parmi  lescpielles  il  y  en  a  de  diannanles, 
qui  sont  dans  la  mcmoire  des  gens,  de  gout,  et  son  poeme  des 
Saisons ,  beaiicoup  trop  lone  de  son  terns,  surtout  par  La  Harpe 
et  par  Voltaire,  inais  qui  est  reste,  aveo  ceux  de  Deiille  ,  un 
modele  duns  le  genre  descriplif,  si  toutefois  eette  poesie  de 
details,  qui  neglige  le  plus  bel  (cuvre  de  la  creation  ,  pour  s'at- 
tacher  a  ses  accebsoires,  merltc  d'etre  propose  comnie  sujet 
d'etiides  speeialos  a  nosjeu!;es  poeles.  Saitii-Lambert  avail  pu- 
blle  en  outre  des  conies  en  prose,  qui  sont  pen  cstinies,  iles 
fables  orientales  ,  dont  la  i)recision  fait  le  princi|)al  mc'rite,  un 
Essai  sur  la  vie  et  les  onvrages  d'Helvetius ,  un  Essai  sur  le 
luxe  ,  une  comedie-ballet,  iutitulee  :  Les  Fe'lcs  de  l' amour  et  de 
I'hyrnen  ,  des  Mernoires  sur  la  vie  de  Dolingbrohe ,  et  enfin  un 
long  Iraite  piiilosophiquc,  sous  le  litre  de  Ctitechismc. 

E.  Hereau. 


LITTER  ATURE.  77^ 

3o6. — *  OEuvn-s  choisies  d' Ei-aristc  Parny;  precedies  d'une 
nolice  sur  sii  vie  ct  ses  otn'i-ns^es.  Paris ,  i  826;  Paris  el  Werclie- 
rii),  editeiirs  ,  rue  de  Riclielipu  ,  n"  87.  I11-8";  prix  ,  8  fr. 

Depnis  (juc  ic  public  accneille,  pour  iiinsi  dire,  indislincte- 
ment  Icsbons  ttles  manvais  vers,  cljacpjcjour  voif  eclore  nuel- 
qiio  i!Oiive:iu  jjoele,  don!  les  i)roductions  i)!us  ou  moins  bizar- 
rt's  iiionacent  de  lout  coiifondrc,  el  dfs  journalistes  benevoles 
ap[)laudisscnt  au  trioraphe  du  mauvaij  gout.  Nous  aimoiis  a 
voir  les  efforts  de  fmelqnes-nns  dc  110s  jeunes  poeles  pour  se 
sousiiitire  an  joug  d'nnc  imitation  servile  :  qu'ils  travaillent 
d'apres  leurs  j)ro[)res  idees,  qu'ils  ijiventent  des  sujels  confor- 
mes  aux  gouts  et  aux  usages  de  leur  palrie  ;  ir.ais  qu'ils  crai- 
gncnt  de  j)rendre  la  bizarrcrie  pour  I'originali'.e,  I'obscurite 
pour  la  j)rofoiule;)r  ,  ct  les  cearts  d'u!)C  \erve  dcrcglee  pour  les 
subliines  inspirations  du   gonie. 

C'est  pour  seconder  !e  ze!e  des  critiqiies  oclaires  (|ue  des  edi- 
tenrs,  jjartisans  des  saincs  doctrines  lilleraires,  tiitilti[)lieiit  les 
rein;pressions  de  nos  poeles  classiques  les  phis  di^tingu^s.  Au 
nombre  dc  ces  deruiers  ,  on  ne  peul  s'e  dispenser  de  citcr  Parr»y  , 
doiit  on  \ient  de  pubiier  les  oeuvres  choisies.  Ses  poesies  ele- 
giaques,  snrlout,  sulfiraient  pour  ctablir  sa  reputation.  Ainant 
])assionnc,  poetc  aimable  et  gracieux ,  Ic  clianlre  d'Elconore 
f'era  tdujonrs  lesdelices  des  feuimes  etdesjeiincs  gens;  I'homme 
d'un  age  niiir  le  lira  avec  inleret,  et  le  \ieil!ard,  dcsencLante 
des  ruves  dc  la  vie,  se  sentira  encore  emu,  en  parccui'ant  ces 
])ages  brulantes,  oil  son  aiue  est  enipreinte. 

Parity  cut  une  existence  aventurense  ,  comme  celle  de  tous 
les  lioniuics  de  genie.  (  Voy.  Pid'.  Enc,  t.  iii,  p.  558,  une 
notice  sur  Parny.  )  II  expia  sa  gloire  par  les  orages  de  sa  vie. 
Jouet  des  illusions  de  son  cceur,  victime  d'une  passion  malheu- 
rense,  il  est  toujours  poete,  soit  que,  sepaie  de  I'objet  de  ses 
vceiix ,  il  confie  aux  sons  de  sa  lyre  les  regrets  et  la  nielancolie 
de  I'aniour,  soit  qu'il  en  cclebre  !es  plaisirs  ct  le  bonheur.  On 
ne  lit  point  le  eliantre  d'Elconore,  sans  aimer  le  peintre  qui 
nous  a  trace  d'aussi  gracieuses  images  :  digne  rival  dc  Tibulle  , 
il  fall  viveineiit  senlir  tous  les  tourinens  de  la  crainte,  del'ab- 
senceou  dc  I'abandor:.  Uii  poete  ,jeunecoinnie  lui,  et  son  rival 
dc  gloire,  Berlin  s'cfforca  vainement  d'obienir  les  meines  succes 
que  soil  ami.  II  avail  peut-cire  plus  d'espiit;  inais  celui-ci  avail 
plus  de  vrai  talent.  Ses  elegi.'ts  iuspirent  cetle  tristesse  qui  plait, 
qui  dispose  I'ame  a  s'i'panchcr ,  et  la  rend  meilleure  en  la  ren- 
daril  jjliis  teno'rc.  Juguste  Amic. 

367.  —  OEui-res  de  J.  -  F.  Ducis.  Nouvelle  edition.  T.  II  et 
III.  Paris,  i8a6;  A.Nepveii.  2  vo'.  in-S"  de  471  et  5o6  pages; 


774  LIVRES  FRANCAIS. 

prix  du  volume  ,  r>  fr.  sur  cavalier  violin.  (  Voy.  Rev  Enc.  , 
f.  XXX,  p.  2o3  ). 

Ces  deux  volumes  terminent  la  belle  iMlition  dcs  ceuvrcs 
completes  de  Ducis,  dans  lesquelles  se  trouve  coinpris  un  vo- 
lume d'oeuvies  poslhumes.  Le  tome  II  contieiit  les  tra^redics 
Ae  Macbeth,  de  Jean-suns-Tcrre,  A' Othello ,A' Ahufar,  d'OJS- 
dipc  h  Colonne,  et  le  pelit  poeme  intitule  :  le  Banquet  del'a- 
milie.  Dans  le  dernier  volume  soiit  reunies  plusieurs  epilres  et 
phisieurs  pieces  fugitives,  ainsi  que  des  letires  dc  Ducis  et  de 
Thomas.  Nous  ne  ncgllgerons  pas  cette  occasion  de  paver  au 
genie  d'un  poete  iliustre  I'hommage  qui  liii  est  du  ,  et  nous 
consacrerons  aux  oeuvres  de  Ducis  un  examcn  dctaille  dans 
notre  section  des  analyses. 

368.  —  OEitvres  completes  de  M.  le  vicomte  dc  Chatkao- 
BRiAND,  pair  de  France,  membre  de  1' Academic  francaise. 
3'  livraison ,  compos<5e  des  tomes  \"  et  IX^.  Paris,  1826. 
Ladvocat,  editeur.  2  vol.  d'environ  /joo  p.  chacui) ;  prix  de  la 
livraison,  i5  fr. ,et  18  fr.  par laposte.  (Voy.  ci-dessus,  p.  499.) 

L'editeur  des  OEuvres  de  I\I.  de  Chateaubriand  continue  de 
remplir  ses  engagemens  avec  une  louable  exactitude.  La  livrai- 
son que  nous  annoncons  excitera  vivenient  la  ciiriosite  pu- 
blique.  Le  tome  I'^''  contient  le  i"''  livre  de  YEssai  historique , 
politique  et  moral  sur  les  resolutions  anciennes  et  modernes , 
considerees  dans  leurs  rapports  arcc  la  revolution  francaise , 
precede  d'un  avertissement  de  I'auteur ,  d'une  preface  nouvelle 
relative  a  cet  ouvrage ,  d'un  avis  et  d'une  notice  publics  a 
Londres  lors  de  la  premiere  edition  qui  en  fut  faite.  Cet  ccrit 
est  celebre  en  France  sans  y  etre  connu.  II  a  souvent  fourni 
aux  adversaires  de  I'auteiir  des  moyens  de  combattre  ses  opi- 
nions posterieures  et  de  le  mettre  en  contradiction  avec  lui- 
meme.  Mais  celte  polcmique  n'en  avait  mis  au  jour  que  quelques 
passages,  et  peu  de  gens  avaient  eu  la  facilite  de  lire  I'ouvrage 
entier.  II  parait  aujourd'hui ,  accompagne  de  notes  ou  I'au- 
teur s'est  refute  lui-meme  sans  aucun  menagement.  Nous  en 
rendrons  un  compte  detaille  a  noa  lecteurs,  des  qu'il  aura  ete 
completement  public.  Le  tome  IX ,  cotnpris  dans  cette  3'^  livrai- 
son, contient  les  trois  dernieres  parties  dc  I'ilineraire  de  Paris 
a  Jerusalem.  0. 

36g.  — *  Dialogues  du  Tasse,  traduits  par  /.  -  f^.  Pf.ries; 
traducteur  des  oeuvres  completes  de  Macbiavel.  Paris,  1826; 
C.-L.P.  Panckoucke.  In-32  de  x  et  214  jiages;  prix,  3  fr. 

Ces  dialogues  traduits  en  francais  pour  la  premiere  fois,  et 
non  pas  inedits,  comme  I'annoncc  l'editeur,  n'eiaient  pas  tous 
deux  egalement  dignes  de  figurer  dans  la  collection  des  classi- 


LITTER  ATU  RE.  775 

ques  que  publle  M,  Panckoucke.  Dans  le  premier  qui  a  pour 
sujet  VAmitie,  le  Tasse  a  disseque  ce  sentiment  avec  toute  la 
sublilitc  de  la  pliilosophie  scolasllque  ,  qui  elait  en  si  grand 
honneiii"  du  ferns  de  ce  poete.  Les  raisonneniens  qu'il  ])rete  a 
ses  inferlocuteurs  sont  presque  toujours  faux  ou  inintelligi- 
bles.  Cet  ouvrage  porte  des  marques  trop  visibles  de  la  situation 
d'esprit  oii  etait  i'auteur  quand  il  I'a  compose.  Nous  pensons 
qu'il  eut  ete  facile  de  faire  un  meilleur  clioix  parmi  ses  ouvra- 
ges  en  prose.  Le  second  dialogue  intitule /e  Pere  defamille,  est 
bien  superieur  an  premier.  Le  Tasse  s'y  est  mis  lui-meme  en 
scene  dans  une  exposition  pleine  d'interet.  Elle  a  fourni  a 
M.  Tilery  le  cadre  d'un  discours  qui  reroporta  ,  il  y  a  quelques 
annees,  le  prix  d'eloquence  decerne  par  I'Academie  francaise. 
Ce  dialogue  du  Tasse  contient  sur  les  devoirs  du  pere  de  fa- 
miile  et  sur  Tadministralion  domestique  un  grand  nombre  de 
preceptes  judicieux,  exprimes  dans  un  style  plcin  de  graviie  , 
de  douceur  et  d'onction.  Nous  regrettons  que  I'edileur  n'ait 
pas  cru  devoir  placer  le  texte  en  regard  de  la  traduction.  La 
prose  du  Tasse  est  fort  elegante  ,  et  il  eut  cte  agreable  pour  le 
lecteur  de  pouvoir  en  juger  par  ce  morceau.  N'ayant  pas  le 
texte  sous  les  yeux,  je  ne  puis  apprecier  d'une  inaniere  exacte 
le  merite  de  la  version  dc  M.  Peries.  Mais  le  talent  dont  il  a  fait 
preuve  dans  sa  traduction  de  Machiavel ,  offre  au  public  une 
garantie  suffisanle.  Ch. 

370.  —  Lettres  sur  la  Suisse  et  le  pays  des  Grisons ,  par 
L.  A.  DE  Chapuys-Monslaville.  Paris ,  18265  Delaforest.  In-S" 
prix ,  3  fr.  5o  c. 

M,  de  Chapnys  declare,  dans  sa  preface,  qu'il  aimait  une 
jeune  personne  dont  la  main  lui  etait  promise ;  mais  son  ma- 
riage  ne  pouvait  avoir  lieu  avant  un  evenement  subordonne  a 
des  chances  incertaines ;  tourme.nte par  son  amour ,  il  s'est  mis 
a  parcourir  la  Suisse  ,  pour  tncher  d'adoucir  unpeu  les  rigueurs 
d'une  longue  attente;  a  son  retour  ,  il  fallait  attendre  encore  , 
et  le  besoin  de  distraction  lui  a  fait  prendre  la  plume  ;  il  ne 
dit  pas  ce  qui  I'a  decide  a  faire  itnprimer.  Tout  entier  a  son 
amour  ,  I'auteur  estropie  les  trois  quarts  des  noms  qu'il  cite; 
il  fait  de  VAlhula,  riviere,  une  monlagne,  et  ainsi  du  reste. 
Aussi,nous  recommanderons  son  ouvrage  aux  araessensibles, 
plutot  qu'aux  lecteurs  qui  cherchent  dans  un  voyage  des 
observations  neuvcs  et  des  renseignemens  exacts.  E. 

371.  —  *  La  Saint- Barthelemy  ,  drame  en  plusieurs  scenes; 
par  Charles  ^'Outbepont.  Paris,  1826;  Firniin  Didot.  In-S" 
de  167  pages;  prix,  3  fr. 

La  verite  historique,  apres   etre   rentree   dans  I'histoire, 


776  LIVRES  FKANCAIS. 

qu'avait  loiiij-leins  alteiee  I'esprit  do  systeine,  ne  tardera  pas, 
on  doit  le  croire ,  a  se  nioiitrer  sur  la  scene,  ou  la  rappclle  le 
va^u  du  public,  mais  dont  I'ccai-tent  encore  les  precaiilioiis 
d'une  polilique  cralntive,  el  Ics  scrupules  d'line  pocliqtic  non 
inoin.s  tiniiiie.  An  milieu  de  ce  niouvemcnt  dcs  es])rils,  (jui  jire- 
pare  une  reforme  ihrairale,  il  est  naturel  (ju'll  paraisse  des 
oiivras;es,  lels  que  celui -ci ,  moitio  dramcs,  inoitie  liistoires , 
ou  les  fails  soiciit  pn'seiites,  coiniiie  ils  se  sont  jjassi's,  sansces 
metamorphoses  que  kur  font  subir  nos  regies  de  convention  et 
les  mcnai;emcns  de  notie  censure.  Dans  uii  livre  du  moins, 
O'n  ochaj)pe  aux  conseils  et  aux  defenses  du  poiivoii-,  a  la  criti- 
que loiitiniere  des  coulisses,  des  fcuilletons  et  du  parterre; 
on  est  libre  de  ne  prendre  conscil  que  de  sa  conscience,  dc  sa 
raison  ,  de  son  talent,  de  son  snjet,les  seuls  guides  qui  puis- 
sent  conduire  I'ecrivain  au  naturel,  a  i'original,  an  nouveau. 
II  serait  injuste  de  ne  jias  rappeler  (pie  plusieurs  de  nos  iioetes 
dramatiques  onl  essaye  de  faire  eiitrtr  I'art  dans  cettc  voie,  ou 
il  doit  inevitabienicnt  s'engaijer  un  peu  plus  tot  ou  uri  peu  plus 
tard  :  MM.  Lerncrc.ier ,  Alexundre  Duval ^  Lebrun ,  e^c.,auront 
la  gloire  d'avoir  prepare  pai-  dlieureuses  tentatives  la  revolu- 
tion liiternire  qui  s'aT)])rocbe  ;  el  a  leurs  noms  s'associeront  ceux 
d'ecrlv;iii)s  nioins  celebies,  aux  productions  desquels  on!  man- 
que la  pubiicile  et  I'eclat  de  la  scene,  mais  qui  n'en  anront  pas 
nioins  contribue  a  changer,  par  la  hardiesse  de  leurs  exemples, 
quelque  chose  a  nos  anciennes  theories.  II  y  a  fpielques  annces 
que,  dans  un  livre  trop  peu  connu,  feu  le  comte  J.  R.  de 
Gain-Moiitagnac  mit  foi  t  liabilement  en  scene  le  proces  de 
(Jharles  I'^''  et  I'abdic.-.lion  de  Charles- Quint.  Nousavonseu, 
I'annec  derniere,  les  iiigenienses  comedies  de  moeurs  qu'nn  de 
nos])lus  jeunes  auteurs  a  produites  ,  sous  le  nom  de  I'espagnole 
Clara  Gaziii.  On  parlait  beaucoup,  cet  hiver,  de  deux  ouvra- 
ges  du  meiue  genre  oil  la  chevalcrie  des  cjoisades,  et  la  revo- 
lution de  Saitit-Domingue  sont  representees  avee  beaucoup 
d'esprit  et  de  -verite.  Tout  roceniment  ,  on  nous  a  dotine  le  ta- 
bleau aiiime'  et  vivant  de  la  journee  des  barricades  (  voy.  Rev. 
Enc,  t.  XXX,  p.  526  ):  et  voici  fpie  M.  d'Outrepont  entrenrend 
de  rendre  au  naturel  la  Saint- Barthcicmy.  Peut-elre  n'a-l-il  pas 
asscz  profitede  i'avaniage  qu'il  avail  d'etre  debarrasse  des  genes 
de  notre  scene  ,  et  de  la  pompe  de  notre  versification  Le  souve- 
nir de  I'alexandrin  tragique  se  fail  unpen  trop  seniir  danssa 
prose;  il  prtte  ases  personnages  un  langage  trop  soleunel  et  trop 
apprete  ;  el ,  pour  faire  loule  la  ])art  de  la  critiipie,  on  pent  re- 
procherasa  ti ici ion  des  formes  trop modernes.  Mais,  3  cesdefau Is 
pres,  ce  drameoffre  une  lecture  inleressante.  Le  sujet ,  I'uii  des 


LITTERATURE.  77-7 

plus  uses  «le  noire  blstoire  ,esl  raje,uni  par  la  veritii  de  la  pein- 
ture;  Ics  Iraits  du  tableau  soiitbien  clioisis,  bien  rapjiroches.  II  y 
a  de  I'eiisenible  et  de  la  vaeiete  dans  cetle  oeuvre  iiouvclle,  et 
nous  y  retrouvons  ies  divers  inerites  que  nous  avons  cu  dernie- 
lenient  occasion  de  louer  dans  Ies  Dialogues  des  morts  public's 
]iar  le  meme  auteur  (voy. Tfrj'.  Enc,  t.  sxx,  p.  fi^.S).      H.  P. 

372.  —  *  UJgiolage  on  le  Metier  a  la  mode,  comedie  en 
cinq  actes  et  en  prose  ,  |)ar  MM.  Picarh  el  Empis  ,  icpresenlee 
pour  la  premiere  fois  au  theatre  Francais  par  Ies  comedieiis  or- 
dinaires  du  Roi ,  le  25  juillet  1826.  Paris,  1826.  Bechet  aine, 
au  Palais-Royal.  In-b°  tie  108  p.iges;  prix,  /|  fr.,  et  4  fr.  5o  c. 

Nous  avons  rendu  complc  de  cetle  jolie  comedie  a  I'epoque 
de  la  I'epresenlation  (voy.  ci-dessus,  pag.  269  ) ;  elle  obtiendra 
sans  doule  a  la  lecture  le  succes  ([u'elle  a  conslamment  au 
theatre. 

37^5.  —  *  Romans  hi.storiques  de  C.  F.  Van  der  Vklde,  tra- 
diiits  de  I'allemand,  el  precedes  de  notices ,  par  A.  Loeve-Wei- 
MARS.  Premiere  llvraison  coniprenant  :  Les  Patricicns ,  i  vol.; 
Ies  Anabaptlstes ,  i  vol.;  Anvcd  GyUenstierna  ,  2  vol.  Paris, 
1S26.  J.  Renouard;  Gosselln.  4  vol.  in-12  ,  de  aSo  a  3oo  pages 
chaeun  ;  prix,  lif'r.  L'ouvrageentiersecom[)Osera  de  20  vol. 

Avec  les  histoires  ou  les  rois  et  leurs  cours  obienaient  seuls 
I'attention  des  iiarrateiirs,  nous  avons  eu  lesromans  qui  ne  met- 
taient  en  scene  (jue  les  souverains  et  lenr  galanles  intrigues,  les 
grands  honimes  et  leurs  faiblesses.  De  nos  jours  quelques  histo- 
rieiis  ont  ose  nous  jiresenter  dans  leurs  reeils  le  peuple  etson  in- 
fluence sur  les  evenemeiis;  iions  avons  vu  fii;urer  dans  les  ro- 
inans  historiques,  non  plus  des  heros  ,  reduils  a  joiier  le  role 
banal  d'amant  jiassionne,  mais  des  personnages  d'imagination  , 
choisis  dans  toutes  les  classes,  in)bus,des  prejugos  et  professant 
les  opinions  de  leur  teir.s,  et  peints  avec  les  passions  et  sous  le 
costume  de  chaque  epeque  et  de  cliaque  classe.  Walter  Scott  et 
Cooper,  tons  deux  remarquables  par  la  vivacite  de  leurs  pein- 
tures,  par  la  vcrile  originale  des  caractcres  qu'ils  ont  crees ,  jjar 
I'art  admirable  avec  lequel  ils  savent  ncus  rendre  presentes  les 
situations  les  plus  interessantes  et  les  plus  varices,  ont  fait 
triompher  le  genre  nonveau  qu'une  vogue  vrniment  populairc 
a  venge  des  atlaques  de  certains  critiques,  injustes  et  e.xclusifs. 
En  France,  31.  de  Sismondi  n'a  point  obtenu  des  succes  aussi  ecla- 
tans  que  ses  rivaux  de  I'Ecosse  et  de  I'Amerique  :  luais,  sous  des 
fornaes  peul-etre  moins  brillantes  et  moins  dramaliques  ,  et  sans 
eveiller  un  interet  aussi  vifqne  ses  devaticiers,  il  ale  ])remicr  im- 
prime  au  genre  dont  Walter  Scolt  est  le  createiir  ,  une  direction 
toute  p}!ilosoi)liique  :  nourri  de  I'etude  approfondie  des  sources 


7  78  LIVRES  FRAN^AIS. 

historiques,  habitue  ii  considerer  les  cveneincns  cl  Ics  hommes 
avec  une  hauteur  de  vues  et  d'idces  peu  coniniuRes,  il  a  fail  du 
romaii  ranxiliaire  et  le  complement  de  I'histoire.  II  n'a  choisi 
dans  les  terns  anciens  que  les  trails  caniCtcTistiques  et  sail- 
lans,  et  les  prcsenlant  avec  les  details  ct  sous  les  couleurs  que 
proscrivaient  desouvrages  plus  serieux  et  d'un  plan  plus  citendu, 
il  en  a  fait  jaillir  des  lecons  d'une  haute  importance.  Blalheu- 
reiisement,  et  au  grand  regret  de  tous  ceux  qui  out  lu  Julia 
Severn ,  M.  de  Sismondi  n'a  peint  encore  qu'uue  epoque. 

Waller  Scott,  Cooper,  el  M.  de  Sismondi,  ont  dii  trouver  des 
iraitnteurs  :  I'AUemagne  a  eu  Van  der  Velde,  qui  est  moi  t  il  y  a 
peu  d'annees(  voy.  Rev.  Enc.^  t.  xxiii,  ]).  75o  j,  et  la  Suisse  a 
applaudi  aux  productions  de  Zschokke  ,  I'un  de  ses  ecri vains  les 
plus  lionorables  et  les  jilus  dislingues.  Les  romnns  de  oe  dernier 
ne  sont  point  connus  en  France  ;  ceux  de  Van  der  Velde  ne  I'e- 
taient,  avant  I'entreprise  de  M.  Loeve-AVeimais,  que  par  d'in- 
formes  traductions.  Aujourd'hui,  ils  vont  enfin  obtenir  la  part 
qu'ils  meritentdans  la  f'aveur  du  public,  graces  a  I'l'legante  fi- 
delite  du  travail  de  cet  ccrivain  ,  et  a  la  connaissance  appro- 
fondie  de  la  langue  et  de  I'histoire  de  I'Allemagne,  qui  lui  out 
permis  de  nous  rendre  intelligiblcs  beaucoup  de  choses  etran- 
geres  a  nos  mceurs  et  a  nos  eludes. 

La  livraison  que  nous  annoncons  contient  trois  romans  :  Les 
patricicns  sont  une  histoire  du  seizieme  siecle  :  Taction  se  passe 
dans  les  annees  i568  et  suivantes,  a  Schweidnilz,  en  Silesie  ; 
cette  ville  jouissait  de  nombreux  privileges,  et  les  jiatriciens  y 
exercaient  nn  pouvoir  presque  sans  bornes.  La  lutte  de  cclte 
aristocratic  bourgeoise,  ficie  de  scs  richesses,  de  son  influence, 
et  portant  a  la  noblesse  une  haine  profonde,  contrel'aristocratie 
feodale,  toujours  pleine  de  niepris  pour  la  roture  ,  et  irritee  de 
la  voir  ecliajjper  a  sa  puissance,  est  retraceepa^  Van  der  Velde 
dans  Tune  de  ses  circonslances  ics  ]ilusfeinarquablcs,  Frasnie 
Freund,  bourgmestre  de  SchweidniSz ,  vieiilard  cnergique  et 
opiniatre,  Franz  Freund,  son  fils,  homme  emporle  et  dissolu  et 
rhypocriteCliristophe,  autre  fils  d'Erasme,  sont  les  chefs  du  pa 
triciat :  parmi  les  nobles,  se  trouvent  le  sage  Tausiloif  et  plu- 
sieurs  chevaliers  jeunes  ct  eniporlcs,  qui  ne  se  plaiscnt  cju'aux 
rixes  et  aux  combats.  Le  peuplc  est  represente  par  !e  dizenier 
Onoplirius  Goldmann,  qui  perit  victime  des  querelles  de  ses 
oppresseurs.  La  jjlupart  de  ces  caractcrcs  sont  a  peine  esquisscs  : 
plusieurs  scenes  cependant  sont  peintes  avec  vigueur;  mais  I'in- 
trigue  est  languissante ,  ettrop  souvent  I'interet  est  detoiirni-  de 
son  principal  ol)jet.  En  un  mot ,  c'est  une  ebauche  dont  quelqucs 
parties  sout  finies  avec  beaucoup  de  soin  et  de  talent;  mais  on 


LlTTfiRATURE.  7  79 

Ton  regrette  d'autant  plus  de  trouver  de  nombieuses  lacunes. 

L'annee  i534  et  la  ville  de  Munster  virent  une  revolulion 
not!  moms  etonnante  que  celle  de  Rome,  lorsque  Rienzi  pre- 
tendit  faire  revivre  les  siecles  du  foriini  et  des  tribuns,  et  celle 
de  Naples,  ou  le  pecheur  Masaniello  cxerca  pendant  neuf  jours 
le  pouvoir  supreme.  Les  Anabaptistes ,  en  precliant  la  reforme 
rellgieuse  ,  deiuandalenl  aussi  une  reforinc  poIiti(|ue  :  zeles 
apotres  du  second  baptcme,  ils  devinrent  de  furieux  demago- 
gues; puis,  toujours  tideles  aux  extravagans  cansei's  du  fana- 
tisine,  ils  oleverent  dans  Munster  au  rang  de  souverain  absolu 
le  plus  habile  et  le  plus  corrompu  de  leurs  predicalcurs.  Van 
der  Velde,  en  racontant  les  folies  ,  les  execs  et  les  crimes  des 
anabaptistes,  s'est  servi  de  quelques  personnages  de  son  in- 
vention ;  niais,  a  cela  pres  ,  son  roman  n'est  guere  autre  chose 
([ue  I'histoire  de  la  revolution  de  Miinster. 

Arwed Gyllenslierna  nous  Iransporte  en  Suede  el  en  Laponie, 
dans  le  camp  de  Charles  XII,  devant  Frederiksliall ,  au  Ritter- 
holm,  maison  royale  a  Stockholm,  et  sur  les  bords  del'Umea. 
L'auteur  nous  fait  assister  a  la  mort  de  Charles  XII,  au  proces 
el  a  I'executionde  son  niinistrc  le  baron  de  Goertz;  jmis  aban- 
donnaut  les  donnees  historiques,  il  fait  paraitre  sur  la  scene 
I'ecossais  Mac-Donalbein,  qui  sous  le  nom  de  ISahdoch  Le 
Noir,  et  a  la  tete  d'une  bande  de  brigands,  a  repandu  I'effroi 
dans  toute  la  Laponie.  Dans  ce  roman,  l'auteur  a  donne  plus 
de  developpemens  a  sonrecit  ;mais  il  y  a  moins  d'originalite  et 
de  couleur  locale  que  dans  les  patriciens ,  le  meilleur  a  notre 
avis  de  ces  trois  ouvragcs.  A. 

374.  —  Robert  de  France  ou  V Excommunication  ,  par 
M""'  J.  GoTTis.  Paris,  iSaS,  J.  G.  Dentu.  4  vol.  in- 12; 
prix,  10  fr. 

«  Robert,  dcja  forme  au  gouvernement  qu'il  avail;  partage 
avec  son  pere ,  eut  beaucoup  plus  d'lnquletudes  a  essuyer  de 
la  cour  de  Rome  qu'il  n'en  eprouva  de  la  France.  Son  niariage 
avec  Berthe ,  fille  de  Conrad  ,  roi  de  Bnurgogrie  ,  lui  attira  une 
persecution  sans  cxemple.  li  etait  piirent  au  /("^  degre  de  cetle 
princesse;  il  avait  tenu  sur  les  fonds  de  bapteme  u-ii  de  ses  en- 
fans  du  premier  lit.  Plusieurs  cveques,  consulles  sur  ce  double 
empechement,  donnerent  eux-memes  la  dispense,  ouaulorise- 
rent  le  niariage;  mais  le  pape  Gregoire  V^  se  crut  en  droit  de 
troublerle  royaume  pour  une  affaire  qui  ne  devait  occasioner 
aucun  eclat.  Il  ordonna,  dans  un  concile  d'eveques  ilaliens,  que 
le  roi  quiltat  incessammcnt  son  epouse ;  que  I'uii  et  I'autrefis- 
sent  sept  ans  de  penitence;  que  I'archeveque  qui  les  avait  raa- 
ries  et  tous  les  eveqiies  qui  avaient  consenti  au  mariage  fussent 


78o  LIVRES  FRANCA  IS. 

suspendiis  de  I'usage  dcs  s.Tcremeiis  juscju'a  ce  qii'ils  eiissent  fait 
en  pers')nnc  satisf'aclion  ,t!i  souvcrain  \iQntifc,.->:  [  I^/rwenx  dc 
I'Histoire  dc  France ,  par  Mii.i.ot.  )  Tel  est  le  sujet  qu'a  traitti 
dans  Touvrage  que  nous  anuoncons  iiru;  feinme  de  leltres, 
connne  drja  par  plusienrs  roinans  liislnriqucs,  dont  quelqtu'S- 
uns  ont  obtenu  du  succes  (i).  Fidele  a  I'liistoire,  elle  a  peint 
des  coiilenrs  les  plus  \  raies  rexcommunication  de  Robert  el  les 
suites  funestes  qu'cllo  entraina;  son  denounieiit  mC'ine  est  con- 
forme  aiix  souvenirs  dc  celte  ejioque.  La  seule  licence  qu'elle 
ait  prise  est  la  supi)osiiion  d'un  inariage  secret  entre  Robert 
de  France  et  Agnis  de  I'landrc;  encore  Mizorai,  et  ajires  lui 
d'autres  auteursont-ils  assure  qu'il  fut  mai  i-ja  Lutgardf ,  veiivc 
du  coni'ede  Flandre,  avant  d'tnouser  Ber  tlie.  D'ancienncs  chio- 
iii(|ues  discnt  anssi  que  Robert  fit  la  guerre  a  son  pere;  a  la 
veiite  ,  Velly  ni  Mezerai  ii'en  parlent  poini;  niaiscesdeux  cir- 
cons!ai)ce5  admises  par  I'auieur  ajoulcnt  trop  d'inlcrel  a  son 
ouvrage  pour  que  la  critique  ait  a  lui  demander  des  prenvcs 
bici)  rigonreuses  de  leur  aulhcnlicite  :  i!  suffil  (pic  la  vraisein- 
blance  soil  conservee;  et  c'esl  ce  qu'on  ne  pourrait  lui  contes- 
ter  sans  injustice.  Un  reproclie  que  nous  f'erons  a  M""  Gutiis , 
c'est  d'avoir  essaye ,  dans  qaelque's  endroits  de  son  livre,  de 
prendre  un  ton  qui  contra.ste  avec  la  simplicile  ordinaire  de 
son  slyle.  II  ri'est  pas  d'ailleurs  exeinjit  d'incorrcctions,  ct 
nous  y  avons  rcrnarqiit;  plnsieurs  faules  qu'il  serait  ifaslidieux 
d'ennnierer;  nous  ne  signalerons  ici  que  I'eniploi  du  mot  en 
imposer  pour  imposer,  que  nous  avons  note  plusicurs  fois , 
faute  presque  aussi  commune  chez  les  ecrivains  modernes  que 
cclle  de  I'adverbe  d'ordre  r/e  .<■«/;<?  employe  pour  Tadverbe  de 
tems  tout  de  suite,  sur-le-charjip ,  a  laquelle  des  academiciens 
meine  ne  peuvent  deja  pli;s  so  soiistraire  (2].  E.  H. 

■575.  —  Brochures  in-'i'i.  Troisieme  edition.  Paris,  12  aout 
1826  ;  Touquet.  In-32  de  64  pages  ;  prix  ,  5o  c. 

876  —  Petit  Code  de  morale  a  I'usage  de  toutcs  les  classes 


(i)  Marie  de  Vahnont ,  i  vol.  —  Francois  !<■';  2  vol.  —  Lejeiine  Loy.'  , 
prince  des  Francs,  4  vol.  —  Ermaiice  de  lieaiifremont,  2  vol. —  La 
Jeiine  Fitle  ,  ou  Malheur  et  f'ertii,  2  vol. — ■  CfUherine  /'*,  imperatrice 
de  Riissie,  5  vol.  — Marie  de  Cleves .  3  vol.  —  Jeanne  d'.4rc,  4  vol. 
(  Voy.  Rev.  Enc.,  t.  xiii ,  p.  6S0.)  —  LAbbaye  de  Sainte-Croix  ,  011  Ita- 
degonde  ,  reine  de  France,  5  vol.  —  La  Tour  de  Bramafan ,  ou  le  Cri  de 
la  f aim,  3  vol.  —  Conies  ci  ma  petite  niece  ,  1  vol.  in- 1 8  ,  2°  edition. 

(a)  Voy.  le  Prog  mnme  de  V Academic  des  Jeiix  floraux  pour  le  con- 
oours  de  1827  ,  p.  2. 


LITTER  ATURE.  781 

de  la  societe  ,  ou  Choix  de pensees  ,  maxinies  et  rtjlcxions,  etc. 
Paris,  182G;  Acliille  Desauges.Iii-Si  ile  /(4i  pages;  prix,  76  c. 

Le  j)rcmier  de  ces  o[)nscules  con:ient  une  courle  apologie 
des  publications  in-3'2,  atlaquees  si  lidiculfuient  ])ar  (juelques 
journaux;  car  ce  n'est  point  le  forinat  d'un  otivrage,  c'est 
i'ouvrage  meiiie  ciu'il  s'agit  d'exaniiner.  Puis  vient  lii  lisle  detail- 
Itie  de  tous  les  ouvrages  qui  ont  j^aiu  dans  ce  format,  depiiis  la 
Charte  constUittionnelle ,  a  5  centimes,  iinprimee  en  1820  et 
le  Tartiife ,  a  25  centimes,  qui  se  repand"A*,  au  uiois  de  Janvier 
dernier,  et  qui  donna  I't'veil  a  tous  les  entrepreneurs  des  spi-- 
culations  acttielles  du  nieme  genre. 

Ou  cniinierc  dans  cc  catalogue  24^  editions  econoniiqurs  , 
qui,  a  Irois  ou  quatre  prcs,  sont  tonles  de  ce'teannec.  Quel- 
ques-unes  se  rattaclient  a  des  collections  plus  ou  uioins  eten- 
dues,  plus  ou  inoins  utiles  :  la  Biblioiht'que populaire ,  publiee 
parM.  Touquet  (  voy.  ci-dessus,  p.  i(;i);les  Annales  mi- 
litaires  (voy.  Rev.  Enc,  t.  xxx,  p.  787)  ;  deux  BiHiotheques 
cconoiniques ,  et  une  Uchliot/iegue  encyciopediquc  ;  une  Biblio- 
th';que  d' ouvrages  curicux ;  le  Petit  Voltaire  constitution nel;  le 
Repertoire  poj)ulaire  de  M.  Desauges.  Nous  avons  coinpte  8 
ouvrages  relatifs  a  la  Grece;  14  snr  le  droit  d'ainesse,  et  envi- 
ron 54  centre  les  jesuites  el  les  congiegations.  Si  Ton  calcnle, 
d'ajires  la  niodicile  des  frais  d'impressiun  el  du  prix  de  vente, 
la  quantite  d'exemplaires  que  les  libraircs  ont  du  debiter ,  on 
croira  sans  peine  que  cette  multitude  innombrable  de  pam- 
lihlcts  a  j)u  cxcrcer  quelque  influence  sur  I'opinlon  pnblique , 
du  moins  dans  I'enceirUe  de  Paris,  ou  ils  ont  ete  jilus  parti- 
ctilierement  repandus.  Aussi,  les  memes  bomnies  qui  se  plai- 
gnent  sans  cesse,  de  la  presse  et  de  ses  jirelendues  licences, 
ont-ils  reproduit  centre  le  formal  en  vogue  les  diatribes  furi- 
hondes,  qu'ils  avaienl  deja  niises  en  usage  contre  i'iuvention 
de  I'imprimerie ,  contre  les  ecoles  d'enseignement  mutuel  et 
populalrc,  en  un  mot  contre  toutcs  les  institutions  qui  tendent  a 
proj)ager  les  lumieres,  et  jiar  conse(juent  a  ouvrir  les  yeux  des 
nations  sur  les  veritables  abus,  sur  ceux  dont  out  long-terns 
profile ,  et  dont  voudraient  proliter  elernellement  ces  enneniis 
de  toute  amelioration. 

Mallieurcusement,  certaines  publications  ont  paru  fournir 
des  pretexlcs  ]>lausibles  a  ces  niaises  et  fouguciises  accusations  : 
maifi  les  Biographies  ,  productions  scandaleuses  et  criminelles, 
quand  elles  vinrent  s'acharner  aux  liommes  vivans  et  mcnie  a 
lenr  existence  prlvee  ,  ont  etejugees  par  I'opinion  jiublique  et 
par  les  tribunaux  ;  et  d'ailleurs,  le  mal  ici  pese  bien  peu  au- 
pres  du  bien.  II  a  paru  32  de  ces  biographies  in-32,oiiles 
faommos  de  [iresque  toutes  les  classes  sont  passes  en  revue,  le 


7 82  .  LITRES  FRANCAIS. 

plus  souveiii  par  dcs  libellisles  ignorans,  qui  ne  connaissent 
ceux  doiit  ils  jiigenl  les  opinions,  les  lalens  et  monie  la  vicpri- 
voe  ,  que  d'aiJies  les  coramcragesou  les  panipliiets  !os  plus  uses 
et  les  plus  (liscredites. 

Nons  pouvons  ajouter  maintenant  au  catalogue  pnblie  par 
M.  Toucjuct,  le  Code,  tie  morale,  dont  nous  donnons  ici  le 
tilrc  :  c'est  uu  recueil  de  jiensees  empruntees  aux  pliiloso])hes 
de  lous  les  leius,  de  tous  les  pays,  et  qui  nierite  d'etre  bien 
accueilli.  A. 

Beaux-  Arts. 

377.  —  *  Melanges  siir  les  heaiix-arts ^  par  M.  Ponce,  Paris, 
189.6;  Leblanc,rue  de  Fursteniberg,  n''  8.  In-8°. 

M.  Ponce,  auc]uel  on  esL  redcvabie  de  plusieurs  articles  inte- 
ressans,  inseres  dans  la  Liogropltie  uiin'crselle  publice  jiar 
M.  Mic/iaiid ,  a  reuiii,  dans  le  volume  que  j'annonce,  des  dis- 
sertations ou  il  examine  les  arts  ,  soit  dans  leurs  caracleres  liis- 
toriques  et  generaux,  soit  sous  des  points  de  vue  particuliers  et 
spcciaux.  L'essai  j'w/-  fetal  des  arts  chez  les  Grccs ;  la  disserta- 
tion sur  le  beau  ideal;  celle  sur  le  degre  de  perfection  de  la 
peinture  dcs  onciens ,  nie  seniblent  a])parlonir  a  la  premiere  de 
ces  deux  classes.  Ses  reflexions  sur  le  nu  et  ie  costume  en  sculp- 
ture;  sur  la  manierc  d'eludier  ledessin;  les  observations  gene- 
rales  sur  les  plafonds  peinis  ;  les  letlres  sur  la  gravure ,  compo- 
sentla  secondecategor!e.Enfin,dansplusieurscliapitresrauteur 
cherclie  a  determiner  quelle  est  I'indnence  des  climais,  des 
inoeurs  et  des  gonveinemens  sur  rarchitecture  ;  quelle  fut  I'in- 
fluence  de  la  peinture  chez  les  anciens  peuples,  et  quelle  est 
I'analogie  qui  existe  entre  les  sciences,  les  lettres  et  les  arts. 
Le  volume  est  termine  par  j)lusieurs  notices  biographiques 
et  d'autrcs  opiisc(des. 

Dans  nn  cadre  aussi  vaste,  M.  Ponce  devait  rencontrer 
quelqiies  ccrivains  qui  ont  traite  les  memes  sujets;  ainsi,  par 
exemple,  M  Eineric  David  a  public  deux  ouvrages  extreme- 
ment  remarquables  :  I'un  sur  la  gravure,  et  I'autre  sur  la  sculp- 
ture chez  les  anciens;  M.  Coussin,  architecte  de  beaucoup  de 
talent  et  tres-instruit  dans  la  partic  liistorique  de  son  art, 
semble  avoir  epuise  le  snjet  dans  un  traite,  enriclii  de  planches, 
intitule  :  du  Genie  de  I'arcliitecture ,  qui  a  deja  ele  annonce  dans 
la  Revue,  et  dont  je  me  propose  de  rendre  compte  prochair.e- 
ment  d'une  maniere  parliculiere.  M.  Ponce  ne  s'est  pas  attache 
a  examiner  les  oj)lnions  de  ses  prcdecesseurs;  il  expose  les 
siennes,et  les  appuie  de  I'autorite  des  historiens ;  le  seul  ecri- 
vain  systemalique  qu'il  cite  ,  c'est  Paw  :  je  crois  qu'il  ne  faut 


BEAUX-ARTS.  783 

le  consulter  qu'avec  une  extreme  mefiance,  parce  que  ,  en  ge- 
neral ,  il  violente  les  fails  pour  les  soiimettre  aux  systemes  qn'U 
voulait  etublir.  An  resle,  M.  Ponce  ecrit  en  liomme  qui  salt 
beaucouj)  et  quia  egalenient  beaucoup  medite;  ses  principales 
(Ussertalions  proiivent  une  inslruclion  aussi  variee  qu'etendue, 
et  je  ue  doute  pas  que  tons  ceux  c]ui  les  etudieroct  avee  soin, 
n'en  recueilieiitdu  fruit.  Je  ne  parlage  pas  cej)endant  toutesses 
opinions  ,  et  je  crois  que ,  dans  quehjues  circonstances  ,  j'aurai 
pour  mol  les  artistes.  Ainsi ,  dans  ses  reflexions  sur  le  nu  et  le 
costume  en  sculpture  il  dit  :  «  Un  artiste  charge,  pour  un  mo- 
nument public,  de  I'execution  de  la  statue  d'un  homme  eleve 
eu  dignite,  nepeut  se  permettre,  sans blesser  les  convenances, 
de  faire  usage  du  nu,  ni  d'un  costume  etranger  a  cette  di- 
gnite.  » 

Je  ferai  remarquera  M.  Ponce  que,  dans  une  statue  raonu- 
mentale,  on  doit  considcrer  deux  clioses  :  la  convenance  his- 
torique  et  les  conditions  ,  ou  ,  pour  mieux  dire ,  les  moyens  de 
I'art  que  Ton  emploie;  or  la  sculpture  n'a  d'auire  ressource 
que  la  forme  ;  si,  done,  le  sculpteur  ne  pcut  s'ccarter  en  rien 
de  la  verile  du  costume,  I'art  disparait;  car  avec  des  costumes 
te!s  que  les  notres,  par  exemple,  la  sculpture,  je  dirai  raeme 
la  peinture,  sent  obligees  de  renoncer  aux  conditions  les  plus 
importantes  de  I'art.  Ici  je  pourrais  invoqucr  Lessing,  et  citer 
pnrmi  les  productions  recentes,  la  statue  de  Louis  XIV  de 
M.  Bosio ,  celle  de  Bontliamp  de  M.  David  et  tant  d'aulres.  Je 
ne  pretends  pas  dire,  loutefois,  que  la  convenance  historif|ue, 
sous  le  rap])ort  du  costume  doive  eire  tout  a-fait  ccarlce;  mais 
il  est  impossible  (lu'eile  soit  observee,  telle  que  M.  Ponce  le 
prescrit,  c'est-a-dire,  dans  toute  sa  rigucur :  c'est  ici  le  cas  de 
dire  avec  Horace  :  est  modus  in  rebus...  Au  reste  tous  ceux  qui 
cultivent  les  arts  savent  quellcs  entraves  cette  vcrite  des  costu- 
mes modernes  fait  naitre,  et  c'est  pour  y  ecliapper  que  les 
peinlres  et  les  sculpteurs  vont  toujours  puiser  leurs  inspira- 
tions dans  cclteriantc  mytliologie  ou  la  beautedes  formes  pent 
eIre  doveloppee  sans  coutraiiite,  ainsi  que  dans  les  epoques 
historiques  oil  les  costumes  avaient  un  caractere  pittoresque. 

Dans  son  essai  sur  I'etat  des  arts  chez  les  Grccs,  M.  Ponce 
indique,  comme  une  des  causes  du  degre  de  perfection  auquel 
ils  sont  parvenus,  la  faculle,  que  les  moeurs  oft'raient  aux  ar- 
tistes, de  contempler  habituellement  la  nature  dans  tous  ses 
developpemens.  Rien  n'est  plus  juste.  «  La  belle  Phryne  ,ajoute- 
t-il,  se  baignait  en  presence  des  Grecs  ravis  d'admiration  a  la 
vue  des  cliarmes  qu'eile  offrait  a  leurs  yeux.  A  cette  epoque  les 
plus  belles  filles  d' Agrigente  furent  offertes  a  Zeuxis ,  pour  lui 


784  LI V RES    FRANCAIS. 

sen'ir  fie  modelcs  pour  son  tallcnu  d' Helene.  i<  Ce  (k'liiier  fait 
nous  est  certifie  par  Pline  et  par  Cic(^ron;  mais  leiirs  lecits  dif- 
ferent. Celui  dc  M.  Ponce  est  confornie  a  ce  qui  nous  a  cle 
transmis  par  Pline  :  c'est  (lone  par  erreiir  qn'i!  a  cile  Ciceion. 
Ce  dernier  ecrivain  pretend  que  cc  fut  jiend.int  son  sejour  chez 
les  Crotoniates ,  que  Zouxis  oblint  la  faculte  de  ciioisircinq  des 
plus  belles  de  leurs  (llles  auxqueiles  il  cniprunta  ce  que  cha- 
cune  d'clles  avail  de  plus  parfait  pour  composer  son  Helene. 
C'est  la  version  que  Bellori  a  adoptee  dans  son  histoire  <les 
peintres  les  plus  celcbres  de  I'anliquite.  Girodet,  qui  senible 
avoir  epuise  toutes  les  so.irces,  a  pris  dans  ce  recit  le  sujct 
d'une  composition  qu'il  a  trait^e  avec  sa  superiorile  acooutu- 
uice,et  ciuej'ai  le  bonhcur  de  posseder. 

M.  Ponce  nie  pardonnera  ,  j'cspere  ,  cette  derniere  critique 
qu'il  pourrait  a  juste  litre,  trouver  niin-atieiise,  mais  qui,d'un 
autre  cote  ,  li:i  prouvera  le  soin  avec  lequel  j'ai  lu  le  livre  qu'il 
vient  dc  publier.  P.  A. 

378  —  *  Souvenirs  du  Musee  des  inonumens francais  :  collec- 
tion de  l\0  dessins  perspectifs  graves  au  trait ,  reprosentant  les 
principanx  aspects  sous  lesquels  on  a  pn  considerer  tons  los 
monumens  ic'.inis  dans  ce  musee,  de^sines  par  M.  J.-E.  Bikt  , 
et  graves  par  MM.  NoKM\Nn  pire  et  fils,  avec  un  texie  expli- 
catif ,  par  M.  J.-P.  Bres.  Dixiejue  et  derniere  livraison.  Paris, 
1816;  I'auteur,  rue  Grange-aux-Belles ,  n°  i3.  (  Voy.  Rev. 
Enc,  \.  xxviii,  p.  586.) 

En  changeant  nos  institutions  et  nos  nnfcurs,  la  revolution 
devait  opt^rer  sur  la  surface  du  sol  francais  un  bouleversement 
general.  L'abolition  des  ordres  1  eligieux  livra  leurs  nombreux 
domaines  et  leurs  demenres  splendidcs  a  des  proprielaires  de 
toutes  les  classes;  la  halne  et  le  mepris  qu'inspiraient  des  pre- 
tres  inlolerani  et  corrompus  ayant  amene  momentanement  la 
chute  du  culte  catliolique  ,  les  riches  egliscs  qui  lui  avaient  etc 
consacrees,  furent  abandon. lees  a  Ions  les  usages  de  la  vie  pu- 
blique  on  prlvee.  Ces  niaiions  de  plaisance  ,  oil  la  licence  et  la 
prodigalile  des  cours  avaient  air.asse  tons  les  ornemens  da 
luxe  et  des  arts,  et  les  chateaux  t-leves  du  ten;s  de  la  fcodalitc 
furent  compris  dans  les  terribles  ])ersecu!ions  que  leurs  nobles 
possesseurs  s'elaicnt  atlirces.  Que  devinrent  alors  toutes  les 
richesscs  ,  tons  les  monumens  rasscinbles  pendant  des  siecles 
dans  ces  ctllfices  privilegies?  Ici,  le  fanalisine  les  condarnna  a 
la  deslruclioa  ;  dans  d'autres  lieux,  I'indiiference  les  laissa  dans 
I'oubli  et  daiis  I'abandon;  inais,  sur  (juelqucs  points,  il  se 
irouva  des  amis  des  arts,  capables  de  le:;  apprecier,  et  qui  su- 
rent  les  conserver  pour  des  jours  plus  lieureux.  Parmi  ces 
liommes  eclain's  1:11  surtout    s'est  accpiis  des   droits  a  Testime 


BEAUX-ARTS.  785 

et  k  la  reconnaissance  nationales.  M.  Alexandre  Lenoir  ,  fon- 
dateur  et  conservateur  du  mus^e  des  monumens  francais,  ou- 
vrit  un  asile  aux  nombreux  chefs-d'oeuvre  que  la  revolution 
avait  cpargnes.  Sous  les  auspices  dii  gouvernement ,  et  grace 
au  zele  et  a  I'habile  direction  de  ce  savant  antiquaire,  ce 
musee  devint  bientot  un  des  etablissemens  les  plus  curieux  de 
I'Europe.  II  occupait ,  a  Paris,  I'aricien  convent  des  Petits-Au- 
gustins,  ou  se  trouve  aujourd'hui  I'ecole  des  beaux-arts  ;  il  se 
composait  de  onze  salles  ou  gaicries,  de  deux  cours  et  d'un 
jardin  auquel  On  avait  donnelenomd'Elysee.  Une  distribution 
ingenieuse  avait reuni  dans  urnneme local  toules les  productions 
d'un  memesiecle;  en  parcouiantainsiles  differentes gaicries,  on 
avait  sous  les  yeux  une  histoire  vivante  de  I'origine  ,  des  pro- 
gres  et  des  perfectionnemens  successifs  des  arts  du  dessin,  dans 
un  pays  ou  ils  out  brille  du  plus  vif  eclat. 

Aujourd'hui,  ce  inagnifique  monument  n'existe  plus.  Sa 
destruction  progressive  par  divetses  decisions  ministerielles 
qui  lui  enlevaient  ses  plus  precieux  ornemens  pour  les  rendre 
3  leiir  ancien  etat  d'isolement,  6tait  inevitable,  dans  un  tems 
ou  Ton  se  pique  de  restituer  a  chacun  tout  ce  qui  lui  ajiparle- 
nait  jadis ,  a  bon  droit ,  ou  autrement.  M.  Biet  a  forme  le  projet 
de  perpetuer  le  souvenir  de  ce  bel  etablissement ;  grace  a  son 
ouvrage,  I'instruclion  que  Ton  allaif  autrefois  chercher  au 
miisee  des  monumens  francais  ne  sera  pas  entierement  perdue. 

Les  dessins  ont  ^te  reproduits  avec  une  exactitude  et  un 
soln  scrupuleux  par  MM.  Normand  pere  et  fils.  Dans  la  der- 
niere  livraison  (jue  nous  annoncors  ,  se  trouve  le  discours  pre- 
liminaire,  dii  a  la  plume  elegante  de  M.  Bres ,  et  ou  cet  ecri- 
vain ,  en  tracant  rapidement  I'hisloire  des  arts  du  dessin  chez 
les  Francais,  a  signale  avec  beaucoup  de  jtistesse  et  de  preci- 
sion ,  les  caracteres  distinctifs  des  principales  cpoques.         A. 

879.  —  *  Les  Amours  des  Dieux ,  recueil  de  compositions 
dessinees  par  Girodet,  et  lithographiees  par  MM.  Aubry-le- 
CoMTK,  Chatillon,  CouNis,  Coupin  de  Lacouprie,  Dassy  , 
Dejuine,  Delorme,  Lancrenon  ,  MoNANTEriL  et  Pannetier, 
ses  eleves;  avec  un  texte  explicatif  redige  par  M.  P.- A.  Coupin. 
3*  et  4'=  livraisons.  Paris,  1826  ;  G.  Engelmann  ,  editeur,  rue 
Louis-le-Grand,  n°  27.2  cah.  gr.  in-  tol.  Prix  de  Touvrage  en- 
tier,  120   fr.  avant   la  lettre,  et  80  fr.  avec  la  lettre. 

Ces  deux  livraisons  terminent  la  publication  de  I'ouvrage 
de  Girodet,  intitule  :  les  Amours  des  Dieux  ,  et  completent  cet 
interessant  recueil.  L'ouvrage  comprend  ainsi  seize  planches. 
Nous  avons  rendu  compte  precedemment  des  huit  premieres  : 
celles  de  la  troisieme  et  de  la  quatrieme  livraison  r.e  sont  ni 
T.  XXXI. — Septetnbre  1826.  5o 


786  LIVRES  FRANCA^IS. 

nioins  pooliques  dans  la  composition,  ni  raoins  belles  d;ins  le 
style,  ni  raoins  remaiquables  quant  au  merite  de  la  lithogra- 
pliic.  Les  siijets  sont  Jupiter  et  Calisto  ,  Hermaphrodite  e(  Sal- 
rnacis ,  Cephale  et  VJurore,  Jupiter  et  Seinele ,  XErebe  ct  la 
Nuit ,  Apollon  et  Daphne ,  Jupiter  ot  Junoii ,  Mars  et  Venus.  La 
mythologie  sembie  ctre  relement  nalnrel  du  genie  de  Girodet. 
Ses  crayons  avaient  ete  formes  pour  jicindrc  les  dieux.  Inge- 
nieux  dans  ses  inventions,  noble  et  decent  dans  I'enlacement 
de  ses  groupes,  gracieux  et  fin  dans  son  style,  il  penetre  dans 
lapensce  despoetosanciens,  s'approprie  leurs  plus  riantes  ima- 
ges, et  ajoute  a  tant  de  bcaiites  une  foule  de  beautes  nouvelles, 
produit  de  son  imagination  et  toiijours  d'accord  avec  le  snjet. 

C'est  ainsi  (|ue  dans  les  amours  de  Jupiter  el  de  Semele , 
tandis  que  la  princesse,  deja  mere  de  Bacchus,  cache  son  visage 
pour  se  derober  aux  feux  qui  vont  la  devorer ,  le  pere  des 
dieus  modere  I'eclat  de  la  lumiere  qui  I'environne ,  et  repousse 
trislement  son  aigle,  embleme  de  I'ardeur  des  carreaux  celestes. 
C'est  ainsi  que  dans  les  amours  de  I'Erebe  et  de  la  Nuit,  les 
deux  amans  sont  endormis,  et  appuyes  si  etroitenient  I'un 
contre  I'autre  qu'on  volt  a  peine  une  partie  de  leur  \isage. 
C'es.t  ainsi ,  encore ,  que  dans  les  amours  de  Jupiter  et  de  Junon 
sur  le  mont  Ida,  I'artificieuse  deesse ,  en  tenant  son  epoux 
embrasse,  regarde  s'il  sommeiile,  et  parait  voir  avec  joie  que 
sa  ruse  a  reussi. 

Ces  traits  n'ont  point,  echappe  a  I'auteur  du  texte  qui  accom- 
pagne  les  gravures;  il  les  releve  en  pen  de  mots  et  avec  preci- 
sion. Digue  de  I'arliste  dont  il  decrit  I'ouvragc,  en  ce  qu'il  en 
apjirecie  dignement  le  raerite,  M.  P. -A.  Coupin  ne  Test  pas 
raoins  par  la  tournure  spiritnelle  de  ses  descriptions.  Dans  un 
avant-propos  succinct  comme  tout  le  resle  de  son  travail,  il  loue 
a  la  fois  Ovide  ct  Girodet,  en  montrant  les  beautes  qu'ils  sem- 
blent  se  prelcr  I'un  a  I'autre.  «  L'imagination  de  Girodet,  nous 
dit-il,  ne  le  cede  en  rien  a  celle  d'Ovide;  il  a  remplacc  la  poesie 
du  langage  par  I'heureuse  disposition  des  figures,  I'elcvation 
des  formes,  la  richesse  des  accessoires.  Partout  se  decele  un 
gout  aussi  sur  que  delicat;  et  jusque  dans  ses  attributs  qu'il 
voulait  representer ,  on  retrouve  un  genie  createur  alors  m^nie 
qu'il  iraite.  » 

Nous  avons  parle  precedemment  du  merite  des  lithographies 
et  de  rhonorable  reunion  des  eleves  de  Girodet,  qui  se  sont 
associes  pour  pubtier  cet  ouvrage  de  leur  niaitre.  Leurs  noms 
honorent  tons  I'atelier  d'ou  ils  sout  sortis.  Cette  suite  de  com- 
positions, ainsi  que  celles  des  sujets  A'Anacreon  et  des  scenes 
jirincipales   de  VEneide    (  voy.  Rev.  Enc. ,   t.    xxx ,  p.  386  ), 


BEAUX-ARTS.  787 

forniera  un  des  plus  beaux  titres  de  gloire  de  Girodet,  et  con- 
tribuera  sans  donte  jusque  dans  la  posterite  a  la  juste  cel^brite 
de  I'ecole  fVancaise.  Emeric  David. 

38o.  —  *  La  Chine ;  maeiirs,  usages ,  costumes ,  arts  et  me- 
tiers,  etc. ,  etc. ,  d'apres  les  dessins  originaux  dn  P.  Cnstiglione y 
du  peintre  chinois  Pu  Qua,  de  fV.  Alexandre ^  Chambers , 
Dudley,  etc.;  par  MM.  Deveria,  Recnier,  Schaal  ,  Schmit, 
ViDAL,  etc.;  avec  des  notices  explicatives  et  une  introduction ^ 
presentant  I'etat  actuel  de  I'empire  chinois  ,  sa  sfatistique,  son 
gouvnrnement ,  ses  institutions ,  etc. ;  par  D.  B***  de  Maipiere. 
Septieine  livraison.  Paris,  1826;  I'editeur ,  rue  Saint-Denis, 
n°  i83.  Un  cahier  gr.  in-4°;  prix  de  chaque  livraison,  i5  fr. ; 
par  souscription  ,  12  fr.  (  Voy.  ci-dessus  p.  5o8. ) 

Cette  livraison  contient  le  musicien  ambulant;  lapeine  du 
tcha  y  que  Ics  Portugais  ont  appelee  la  cangue ;  une  jeune 
femme  roulant  des feuilles  de  the  ;  une  chaise  a  porteurs ,  dont 
I'elegance  ferait  lionte  aux  notres;  un  fantassin  arrne  de  son 
arquebuse  a  meche ,  et  une  pompe  funebre.  Cette  entreprise  se 
poursuit  avec  une  perseviTance  qui  en  assure  le  succes.  Nous 
ne  pourrions  que  rcpeler  les  eloges  que  nous  avons  cru  devoir 
faire  des  lithographies  et  du  texte.  T. 

38 1. —  Le  Proprietaire-Archilecte ,  ouvrage  utile  aux  archi- 
tectes ,  aux  entrepreneurs,  et  principalement  aux  personnes  qui 
veulent  diriger  elles-meines  leurs  ouvriers  :  dessine  et  rcdige 
par  6^/-/:'rt//2  ViTRY,  architecte;  1''=  livraison.  Paris,  1826;  Audof. 
Un  cahier  in-4°  de  24  p.  et  de  28  planches  tres-bien  gravees; 
prix  ,  8  fr. 

Une  grande  partie  de  nos  provinces  manque  d'archilectes , 
et  la  construction  des  maisons  particulieres  confiee  a  d'io-no- 
rans  ouvriers  est  cgalement  mauvaise  sous  le  raj)port  de  la 
distribution  interieure,  de  la  decoration  archilectonique  et 
metne  d'une  solidite  bien  entendue.  Un  ouvrage  qui  presen- 
terait  une  collection  de  projets  adaptes  a  nos  usages  les  plus 
ordinaires  et  qui  traiterait  de  leur  construction,  serait  d'une 
grande  utilite  et  obtiendrait  un  succes  merite  ,  si  I'auteur 
avait  soin  de  ne  donner  que  des  plans  simples,  d'une  execution 
facile,  d'cviter  lescolonnes,  les  portiques,  d'employer  peu  de 
moulures  dans  les  elevations,  enfm  de  s'attacher  a  plaire  uni- 
queraent  par  la  beaute  des  proportions.  M.  Vitry  a  suivi  une 
marche  diametralement  opposee  a  celle  que  nous  venons  d'in- 
diquer;  il  a  recherche  les  formes  hizarres  dans  les  plans,  les 
denlicules,  les  corniches  ornees  dans  les  elevations,  et  il  a  de- 
ployc  un  grand  luxe  de  colonnes. 

Son  ouvrage  pourrait  cependant,  tel  qu'il  a  ete  concu,  etre 


788  LIVRES  FRANCAIS. 

mile  aux  architectcs  s'il  prt'sentait  qnelques  nioiifs  nouveaux, 
ou  qnelques  projets  bien  ctueHcs  :  niallieureiisernent,  M.  Vitry 
jiarail  ignorei"  les  premiers  principes  de  rarcliitccluie;  les 
])r()(ils,  donl  il  donne  dcs  details,  en  scraient  una  preu%e  suf- 
fisanic  :  ils  sont  presijue  tons  beaucoiip  trop  niaigres  et  scraient 
d'line  execution  hicn  difficile.  Pour  incttrc  une  science  ow  un 
art  a  la  porlee  d'un  grand  iioinbre  de  personncs,  il  fant  en 
posseder  ])arlaitemenl  tous  les  secrets,  tons  les  cR-mens  ;  il  f'aut 
savoir  ch.*isir  avec  discernemenl  les  notions  les  jjIus  essentielles, 
les  I'aits  les  inieiix  avcrcs  :  c'est  en  rcinplissanl  ccs  conditions 
qu'on  pent  parvenir  a  faire  un  bon  fivre.  L.  R. 

382.  —  *  Catalogue  raison/ic  et  hlstoriqiie  rles  auliquilcx 
decouvertes  en  Egypte ■,  par  M.  Joseph  Passalacqua  ,  de 
Trieste,  orne  de  deux  planches.  Paris,  i8i6.  In  -  8^;  piix,  6  (r. 
—  Se  vend  a  la  galciie  d'AiUic|uites  egyptiennes  ,  ouveite  tous 
les  jours  passage  Vivienne,  n"  Sa ,  an  preuiier,  de  10  a 
5  lieures  et  dcmie ,  el:  le  soir  de  7  a  lohcurcs. 

Ce  catalogue  raisonne  se  trouve  divisy  en  trois  jiarties 
essentiellement  distinctcs  : 

1°  Le  catalogue  proprement  dit,  ou  les  antiquites  de  la 
collection  de  M.  Passalacqna  se  trouvent  divisees  d'aprcs  iine 
classification  niethodique  des  monuraens,  selon  leur  desti- 
nation primitive,  en  ohjets  de  e.ulte  ;  —  d'usage  de  la  vie 
civile;  — funeraires  ;  —  melanges  ;—^  tn{\n  la  derniere  sec- 
tion est  consacree  a  t ensemble  des  ohjets  d'un  chambre  sepul- 
crale  d'un  grand- pre tre  egyptien  ,  decouverte  dans  son  parfait 
etat  d'inlegrite. 

2°  Une  foule  de  notes  et  d'observations  historiqnes  faites 
dans  les  tombeaux  et  durant  ses  fouilles  ,  par  M.  Passa- 
lacqua  ,  qui  indiquent  reniplacemeiit  jadis  destine  dans  les 
tonibes  et  sur  les  momies  ,  par  les  Egyptiens  mcmes  ,  a  cliaque 
serie  d'objels  d'antiquites  ;  notes  qui  jious  devoilcnt  une  quun- 
tile  d'usages  funeraires  de  cet  ancien  peuple,  et  dont  nous 
n'avions  aucune  transcription.  M.  Passalacqua  decrit  ensuite 
tout  ce  qu'il  a  \tn  observer  de  plus  inlcrcssant  ot  d'inconnu 
a  I'egard  des  attitudes  ,  enveloppes  et  cercueils  des  differcnies 
momies  egyptiennes  et  grecqries  ,  donnant  une  notion  gene- 
rale  des  Necropolis  de  I'Egypte  et  de  leurs  souterrains,  ipi'il 
divise  en  tombeaux  des  rois  ,  en  tombeaux  des  families,  en 
tombeaux  publics,  et  en  tombeaux  les  plus  simples  jadis 
creuscs  dans  Ic  sable  ,  la  terre  et  les  debris  de  ])ierres.  II 
lermineces  relations  tout- a-fait  noiivelles  ,  par  le  recit  d'un 
evdneiueiit  affreux  ,  qui  malheurensenient  lui  est  arrive  aux 
fouilles  de  Thebes,  el  qu'il  a  joiYlt  a  ses  notes  ,  dans  le  seul 


<« 


BEAUX-ARTS.  — MfiM.  ET  RAPPORTS.  789 

but  de  servir  d'exeniple  aux  exj)lorateurs ,  qui  apies  lui  scront 
dans  le  cas  d'cntrepiendre  des  fouilles  d'antiquiles  en  Egypte. 

3°  Des  disserlalioas  scieiitifiques  d»  plus  haut  interet  , 
redigees  sur  plusieuis  branches  de  la  Colieclion  de  M.  Pas- 
salacqiia  ,  par  des  savans  Iix-s-distingues  ,  savoir  :  par  MM.  A. 
Brongitiart,  pour  la  minernlogie  ;  C.  Knuth  ,  pour  la  bo- 
tanique ;  Gloffroy  Saint -Hilaire  ,  Latreille  ,  Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire  ,  pour  la  zoologie  ;  Vauqup-lin  , 
Darcet  ,  Julia,  Fontenelle  ,  pour  la  c/iimie ;  Jomard  , 
Merimee  ,  pour  la  technologie  industriellc  ;  Letronne  et 
PiEYNATjD,  ]iour  la  traduction  d' inscriptions  et  de  'nanuscrits 
grecs  ou  arabes  ;  de  Verneuil  et  Delattre  ,  pour  la  theorie 
des  embaumcmeRs ;  et  Ch ampollion  FiOEAC,pour  Wircheo- 
logie  et  la  chronologie. 

Ce  court  apercu  suffira,  nous  Fesperons,  pour  doniier  urie 
juste  idee  d'nn  ouvrage  qui  doit  interesser  toules  les  personnes 
quiontvisile  ei  qui  visiteront  la  Collection  de  M.  Passalacqiia, 
ainsi  que  les  savans  ,  les  artistes  et  les  amateurs  qni  sent  ja- 
loux  de  connaitre  I'hisloire  des  moeurs  ,  de  la  science,  des 
arts  et  des  superstitions  du  premier  peuple  civilise  dela  haute 
anticjuite.  E. 

Memoircs  et  Rapports  de  Societes  savantes  et  d'utilite 
pitblique. 

383.  —  Socieles  des  lettres  ,  sciences  et  arts  ,et  d' agriculture 
de  Melz.  iSaS — 182G.  Melz,  1826;  Laniort,  ;mprimeur  de 
la  Societe.  In-8'^. 

La  Socieic  des  lettres ,  sciences  et  arts  et  d'agriculture  de 
Melz,  dont  I'existence  date  de  sept  annees ,  public  la  vii"^  li- 
■vraison  de  ses  travaux.  TVous  avons  lu  avec  interet  le  discours 
de  M.  Bergery  ,  president;  le  compte  rendu  par  M.  Renault, 
secretaire  ;  les  rapports  de  M.  Thiel  sur  le  concours  lltteraire; 
de  M.  MuNiF,R ,  sur  celui  des  cliarrues;  de  M.  Anspach  sur 
les  prodiiits  de  Tindustrle  deparlcinentale.  Nous-iucines  nous 
avons  ele  lemoins  de  I'exposition  ,  la  seconde  de  ce  genre  dans 
le  deparlement  de  !a  ^^:oselle.  On  y  distinguait  plus  paiticu- 
lierement  les  produits  chimiques  de  MM.  Bouvier-Dumolard 
et  Kesslcr,  les  brodcries  de  M.  Chedeaux  ,  le.«  crislaux  des  ver- 
reries  de  Saint-Louis  et  de  Meisental  ,  la  faience  a  couvcrte 
meiallique  de  Sarreguemines,  Irs  fers  et  la  fonte  dc  Hayange 
et  de  Moyeuvre,des  usincs  de  Falk,  de  Remeldorf,  la  quiucad- 
leiie  de  MM.  Mathieu  el  Somhorn.  Plusieui-s  objels  on!  frappe 
raltention,comn)eannoncant  de  grands  progres  dans  la  fabrica- 


790  LIVRES  FRANCAIS. 

lion ,  tels  que  les  cuirs  de  M.  Gillard,  les  draps  de  MM.  Hirsche 
et  Collin-Comble.  MM.  Marechnl,  Labrouc  et  qnelqucs  au- 
tres  onl  expose  des  tableaux  qui  ne  sunt  jias  sans  inerile.  I-a 
Soeiete  academiqiie  a  provoque  I'exposition  Iricnnale  des  pro- 
duits  de  I'induslrle;  eliey  decotne  des  inedailles,  dans  sa seance 
publique;  elie  donneia,  en  1827,  des  prix  aux  meilleurs  nie- 
inoires  sur  les  questions suivantes  :  i**  Diitsrininer  le  courbeque 
forme  une  eau  cournrtte  en  amont  d'un  barrage.  1°  Quel  est  le 
Sfsteine  ct etudes  publiques  le  plus  propre  a  rendre  la  France 
riche  etpuissante.  La  Soeiete  a  propose,  en  outre,  au  recher- 
ches  des  homines  instroits  et  observateurs,  pliisienrs  sujels, 
d'un  intcret  particulier  au  departement ,  svir  la  litteralure, 
Tarchoologie ,  rhistoire,  la  geologic,  la  topographie  ,  la  sta- 
tistiqne,  ragriculture,  rindustrie ,  le  commerce;  ceux  qui 
auront  envoye  des  memoires  satisfaisans,  recevront  des  mi- 
dailles  d'encourageraent ,  ou  le  litre  d'associc  correspondant. 
C'est  en  suivant  une  si  bonne  direction  que  la  soeiete  de  Melz 
aura  bien  merite  de  ses  compatriotes,  et  iju'elle  sera  cilee 
comme  modele.  L — t. 

Outrages  periodiques^ 

384.  — *  Bibliotkeque  physico-economique ,  instructwe  et 
atnusante,  ou  recueil  periodique  de  tout  ce  que  I'agricnltnre, 
les  arts  et  les  sciences  qui  s'y  rapportent  offrent  de  plus  inte- 
ressant,  etc.;  redige  par  Arsene  Tuiebaud  de  Bernkaud, 
secretaire  perpetuelde  la  Soeiete  linneenne  de  Paris,  etc.  T.xx. 
Paris,  1826;  Arthus  Bertrand,  rue  Hautefeuille  n°  23.  Tous 
les  mois  un  caliier  in-12;  prix  pour  I'annee,  12  fr. 

Le  redacteur  de  cet  ouvrage  periodique  recommande  les 
paragreles  avec  tout  le  zele  de  la  conviction.  11  a  pour  ces  ap- 
pareils  un  enthousiasme  qui  semble  exceder  celui  qu'une  per- 
suasion ordinaire  peut  inspirer;  dans  I'ardeur  de  sa  foi,  il  se 
ftche  contre  les  incredules.  Cependant,  il  faudra  bien  qu'il 
s'accoutume  a  la  contrariete  que  ce  choc  d'opinions  lui  fait 
eprouver;  car  la  question  n'est  rien  molns  que  rtsolue,  el  le 
meilleur  conseil  que  Ton  puisse  donner  aux  cultivateurs,  c'cst 
d'attendre  le  resultat  d'experiences  failes  avec  soin  par  des 
hommes  habiles  et  qui  n'aient  point  a  soutenir  une  opinion 
formee  d'avance.  .Tusqu'a  present,  il  fautle  dire,  dans  tout  ce 
que  Ton  a  ecrit  en  faveur  des  paragreles,  on  ii'a  Irouve  que  des 
applications  hasardees  d'une  theorie  mal  comprise,  et  les  fails 
cites  a  I'appui  n'avaient  nidlement  les  caracteres  des  experiences 
bien  failes.  On  a  beau  deciamer  conire  la  science  et  contre  les 


OUVRAGES  PlfcRIODIQUES.  79 1 

savans presomptueiix ;  la  science  ne  merite  peut-eire  jamais  plus 
d'eloges  etde  reconnaissance  que  lorsqu'elle  oppose  la  rigueur 
de  ses  iiiethodes  Pt  la  force  dcs  connaissances  acquises  a  unc 
certaine  andace  de  conjectures  et  d'asserlions  qui  ne  manque 
jamais  de  partisans  et  d'ajjpuis  ,  parce  (ju'elle  entraine  I'iniagi- 
nalion  et  seduit  par  sespromesses.  L'inventenr  des  paragreles 
rappeilerapeut-^tre,  ]}0ur  notre  terns,  I'aventure  dupereLana, 
inventeur  des  aerostats,  comme  Ton  sait :  en  effet ,  I'art  que  ce 
jesuite  crut  avoir  invente  fut  trouve,  long-tems  apres,  par 
d'aulres  nioyens,  et  avecle  secours  d'une  science  plus  avancce. 
Le  probleme  des  ])aragreles  est  plus  important  a  resoudre  que 
celui  de  la  navigation  aerienne  :  mais  pour  arriver  a  une  bonne 
solution,  il  nous  fatidrait  des  connaissances  meteorologiques 
plus  completes;  il  faudrait  micux  savoir  comment  la  grele  se 
forme,  a  quelle  hauteur  sesgrains sent  agglomer^setconsolides. 
Quoi  que  puisse  dire  le  redacteur  de  la  Bihliothcque physico- 
economique ,  les  services  rendus  par  les  Societes  d' assurances 
contre  la  grele  sent  connus  et  calculables  :  I'effet  preservatif 
des  paragreles  est  encore  douteux.  Quoique  les  plus  habiles 
physiciens  de  I'Europe  espriment  leurs  doules  sur  la  realile  de 
celte  decouverte,  cliacun  est  libre,  neanraoins,  de  croirepour 
son  propre  compte,  et  de  faire  dans  ses  domaines,  soit  en 
paille,  soit  en  fil  metallique,  autant  d'appareils  qu'il  le  veut; 
inais  ne  serait-il  pas  convenable  de  s'abstenir  de  tout  prosely- 
tisnie,  surtout  dans  les  ouvrages  pcriodiques?  Jusqu'a  present, 
cette  maxime  a  ete  suivie  par  la  Revue  Encyclopediquc ,  pour 
tout  ce  qui  est  de  quelque  importance ;  nous  abandonnons  d'ail- 
leurs  a  I'anarchie  des  opinions  les  sujels  sur  lesquels  on  peut 
soutenir  sans  inconvenient  le  j)our  et  le  contre. 

Tandis  que  nous  sommes  disposes  a  une  critique  un  peu 
severe,  retablissons  dans  la  bonne  reputation  qu'il  merite  le 
Ban  de  la  Roche ,  ce  canton  des  Vosges  oil  les  voyageurs  n'iront 
malheureusement  plus  visiter  le  digne  pasteur  Oberlin.  (Voy. 
ci-dessus,  p.  56() ).  Get  homme  venerable  fut ,  pendant  un  de- 
mi-siecle,  le  bienfaiteur  des  liabitans  d'une  valleemontagneuse, 
sterile  ,  sans  industrie.  Mais  pourquoi  comparer  I'hiver  de  cette 
region  a  celui  de  la  Siberie  ?  A  qui  persuadera-t-on  qu'un  sol 
qui  n'exclut  pas  les  arbres  fruitiers  ,  et  dont  I'elevationau-des- 
sus  du  niveau  de  la  mer  n'excede  pas  beaucoap  celle  de  Geneve, 
soit  comparable  a  celui  de  Tobolsk  ou  de  Berezovv'k?  La  poesie 
meme  n'autorise  point  de  pareilles  fictions;  le  panegyriste  mal 
avise  qui  a  foiirni  cetlo  notice  n'a  pas  une  idee  juste  des  fleurs 
qui  meritent  d'orner  le  tombeau  d'un  homme  vertueux. 

385. — *  Journal  de  la  Societe  d' emulation  des  Fosges ,  seant 


792  LIVRES  FRANCAIS. 

a  Epinal.  Epinal,  1826  ;  Gerard,  imprimeur  de  la  pr<?fecturc. 
In-8°  de  3  fcnilles  ou  48  pages  par  trimestre;  prix.  6  fr.  pour 
I'ann^e. 

Ce  rccueil  tn'meslriel  n'est  encore  qu'a  son  d(^but,  et  con- 
tient  deja  des  notices  interessantes,  des  materiaux  qui  seront 
rais  enoeuvre  avec  confiance.  Si  les  redacteiirs  out  soin  den'ad- 
ineitre  que  ce  qui  merite  quelque  attention  et  pcut  accroitre 
les  connaissances  utiles,  ils  auront  bien  inerile,  iion-seulemcut 
(le  leiirs  concitoyens.maisde  la  grande  socielehuinaine,  de  tous 
ceiix  qui  cultivent  les  sciences  et  les  arts,  ou  qui  en  profitent. 

Dansle  troisieme  numei'o  (i"  Irimeslre  de  1826),  on  trouve 
nn  rapport  sur  les  paraffreles  fait  a  la  Societe  d'einulalion,  le 
8  mars,  par  M.  Parisot,  secretaire  perpetuel  de  la  Societe. 
Apres  avoir  recueilli  les  observations  que  Ton  dit  avoir  etc 
faites  en  Italic  ,  en  Savoie  et  dans  quelques  lieux  de  la  France, 
Ic  rapporteur  essaie  de  les  rattacher  a  la  theorie  de  la  forma- 
tion de  la  giele  :  luals  eette  llicorie,  telle  qu'il  I'expose,  n'est 
pas  complete,  et  ne  comprend  ]ias  meme  les  cas  les  plus  ordi- 
naires,  ceux  ou  des  gouttes  de  pluie  out  ete  gelees  dans  I'air  , 
non  par  le  froid  atniospherique,  mais  i)ar  I'effet  de  I'evapora- 
tion.  Ce  mode  de  formation  des  gouttes  congelees  est  si  con- 
forme  a  I'enserable  des  faits  physiques  ,  et  si  universellement 
reconnu,  qn'on  est  surpris  que  M.  Parisot  ue  voie  dans  la  grele 
qu'unphenomene  clectrique,  et  se  llvre  aussi  facilement  a  I'illu- 
sion  des  paratonnerres,  <ii\s paragreles.  II  est  bien  remarquable 
qu'aucune  des  eicperiences  que  Ton  cite  ne  puisse  inspirer  quel- 
que confiance;  que  I'on  n'y  reconnaisse  point  I'oeuvre  d'observa- 
teurs  instruits.  Dans  cet  etat  des  choses ,  on  doute  ,  on  n'admet 
point,  mais  on  laisse  faire  ;  c'est  le  parti  qu'ont  pris  les  princi- 
pales  Societes  savantes.  L'invention  des  paragreles  paraitfon- 
dee  sur  une  fausse  physique  :  pour  que  ces  appareils  prodnisis- 
scnt  I'effet  qu'on  leur  atlribue,  il  faudrait  que  Taction  des  poin- 
tes  ne  se  bornat  pas  a  Telectricite,  qu'elle  s'etendit  aux  effets 
j'urement  raecaniques;  qu'elle  put  arreter  dans  sa  chute  un 
coips  (|ui  tombe,  ou  lui  faire  perdre  sa  solidite,  afin  qu'il  ne 
puisse  nuire  par  son  choc.  M.  Parisot  s'est  postc  sur  un  terrain 
fort  difficile  a  defendre.  Quant  a  I'instruclion  pratique  par  la- 
tpielleil  termine  son  rapport,  il  serait  certainement  preferable 
k  lous  egards  de  recommander  uu  autre  preservatif  centre  les 
desastres  de  la  grele,  un  moyen  cprouve  dont  la  Suisse  nous  a 
donn^  I'exemple  :  c'est  une  Societe  d' assurance  mutuellc  contre 
la  grele.  F. 

H85.  —  Lc  Producteur ,  journal  philosophique  de  I' Industrie, 
des  sciences  et  des  beaux-arts.  Paris,   1826;  Bossange  pere. 


OUVRAGES  P^RIODIQUES.  79H 

Tous  les  mois,  un  cahier  in-8^ ;  prix  ,   So    fr.    jiour  Tann^e* 
(  Voy.  Hev.  Enc,  t.  xxx  ,  p.  543.— Mai  i8a6  ). 

Quoique  nous  ayons  deja  parle  de  cet  ouvrage  p6riodiqiie, 
Dous  croyons  devoir  appeler  de  noiiveaurattention  de  ros  lec- 
teurs  sur  le  but  qu'il  veut  atleindre,  sur  la  direction  que  sui- 
Tent  ses  redacteurs  et  dans  laqiielle  ilsannoncent  la  resolution 
de  se  maintenir.  Celtc  direction  est  connue  anjoiird'hui  jiarun 
nombie  suffisant  d'articles  sur  les  diverses  attributions  du 
journal:  jiisqua  ce  moment,  ni  le  prospectus,  ni  le  titre  n'a- 
vaient  pu  I'indiquer  avec  assez  de  precision  pour  que  I'ons'at- 
tendit  a  voir  decider,  dans  un  sens  determine,  les  questions 
d'econoraie  publique  traitees  dans  le  Produrteur.  Comme  le 
mot  philosophie  est  devenu  parfaiteinent  obscur,  on  ne  voit 
pas  clairement  ce  que  pent  etxe  un  journal  ph.ilosoph.ique, 
raeme  a  I'aide  de  ce  qui  precede  et  de  ce  qui  suit;  or,  il  est 
d'expericpce  que  les  journaux  sont  plus  tideles  a  lenr  titre  qu'a 
leur  prospectus.  On  Toit  inaintenant  que  I'intention  des  redac- 
teurs decc  journal  est  d'etablir  quelques  principes  fondaraen- 
Jaux  de  la  science  sociale  ,  de  les  rappeler  sans  cesse  a  Tatten- 
tion  des  gouvernans.  ce  qui  est  a  jieu  pres  inutile  ,  des  philo- 
fo/j^ey,  desccrivains,  de  tous  les  bommes  capables  de  mediter, 
ce  qui  est  d'une  utilita  reelle.  Le  spectacle  de  I'esprit  humain 
cherchant  la  verite,  et  la  trouvant,  malgre  les  obstacles  qw'on 
liii  oppose ,  malgre  les  fausses  routes  qii'on  veut  lui  faire 
prendre  eties  entraves  dont  on  I'embarrasie,  n'est  pas  moins 
digne  des  regards  de  la  Divinite  que  cehii  de  I'horarae  de  bien 
aux  prises  avec  le  malheur.  Les  verites  dont  le  Producteur 
s'occupe  avec  un  zele  tres-digne  d'eloges,  qu'il  voudrait  mettre 
hors  de  doute  etrendre  applicables  a  notre  etat  social,  exerce- 
raient  en  effet  uue  puissante  influence  sur  le  bonheur  de  I'es- 
pece  humaine:  elies  cbangeraient,  et  araelioreralent  sensible- 
raent  le  sort  du  plus  grand  nombre  ,  banniraient  des  prejnges 
inveteres,  redresseraient  les  opinions,  corrigeraient  les  jnoeurs. 
Mais,  plus  ces  resultats  sont  importans  et  desirables,  plus  on 
est  interessc  a  ne  pas  se  meprendre  sur  les  moyens  de  les  ame- 
ner.  Nous  pechons  quelquefois  par  un  exces  de  confiance  dans 
nos  meikodesderaisonnement,  quoique  nous  nepuissionsigno- 
rer  que  ces  methodes  peuvent  nous  cgarer,  et  que  leurs  opera- 
tions ont  besoin  d'etre  soumises  a  un  controle  severe,  a  une 
verification  qui  precede  par  une  autre  voie.  Le  pas  le  plus  im- 
portant que  la  raison  humaine  ait  fail  dans  la  science  des  me- 
thodes, depnis  Descartes,  c'est  d  avoir  sournis  les  probabiiites 
aucalcul.  dans  les  cas  ou  les  eiemens  de  la  question  sont  sus- 
ceptibles  de  mesure  ;  et  lorsque  le  calcul  ne  peut  etre  applique  ^ 


79/.  LIVRES  FRANflAIS. 

de  cl;isser,  d'apres  uiie  analyse  assez  cxacte,  les  opinions  ])lus 
ou  nioins  probables  sur  les  sujels  qui  peuvenl  en  atlinellie  plii- 
sieurs.  Hois  du  trcs  petit  noinbre  de  verites  dont  I'evidencc 
est  senile  el  reconnue  par  tout  le  monde,  tout  notre  savoir  n'est 
compose  que  d'opinioiis  probables  sur  les  clioses  et  sur  leurs 
rapports  entre  elles  et  avec  nous;  et  malheureusement,  il 
semble  que  le  degrc  de  probabilile  s'affaiblisse  ,  a  niesure  (|ue 
le  sujct  dont  on  s'occupe  est  plus  grave  el  plus  digne  de  iios 
reclierches.  La  science  sociale ,  si  eliactait  faite,  serait  la  pre- 
miere de  toutes  et  la  plus  iniportanle  par  ses  applications  ; 
nous  ne  pouvons  endoutcr.  Mais  cette  science  repose  sur  une 
autre  dont  elle  n'est  tpi'une  application,  c'est  la  science  de 
I'homme  :  et  Oil  en  somnies-nous ,  dans  la  connaissance  de  notre 
etre  ?  Avons-nous  terniine  nos  observations,  dispose  les  don- 
nees  jiour  en  apercevoir  les  rapports,  les  lois  ,  la  ibeorie  ?  Si 
nous  laissons  en  arriere  toutes  ces  recberclies,  et  si,  trop  inipa- 
tiens  d'ari  iver  au  but ,  nous  adoptons  pour  llieorie  un  systenie 
tres-plausible,  mais  qui  ne  pent  etre  demontre  ;  si  nousraison- 
nons  constanimenl  d;ins  noire  bypotliese,  combaltant  ce  qui  la 
contrarie,  et  recevanl  avec  emprcssement  ce  quiliii  est  favo- 
rable; a  moins  que  nous  n'ayons  devirie  la  verite,  nous  nous 
melirons  dans  I'lnipossibilite  d'arriver  jnsqu'a  elle,  et  nous 
I'empechcronsde  venir  jusqu'a  noxis.  Que  lesdogmes  politiques, 
moraux,  etc.,  s'etablissent  apres  les  observations  les  plus  exac- 
tes  etles  plus  comjiletes ;  mais  qu'lls  ne  les  precedent  point :  si 
nous  soHJines  encore  dans  le  terns  des  observations,  gardons- 
nous  de  dogmatiser.  On  pourrait  reprocher  au  Proclucteur  une 
inflexibilite  de  doctrines  dont  il  est  Lien  difficile  de  se  preser- 
ver, lorsqu'on  est  intimement  coiivaincu,  mais  qui  nuil  a  I'ini- 
pression  que  Ton  pourrait  faire  sur  les  esj)rits  qui  ne  partagent 
point  encore  cette  conviction.  On  voudrait  non-seulement  )e 
trouver,  mais  le  croire  tonjours  dispose  a  recounaitre  le  vrai  , 
des  qu'il  se  prcsenlera ;  et  cette  disposition  est  ([uelque  chose 
de  plus  qu'une  intention  droite,pure,  gf5nereuse  ;  elle  consiste 
aussi  dans  rapprecialionexaclc  du  degre  de  certitude  des  opi- 
nions, el  de  la  distance  qui  les  separe  de  I'evidence,  sans  la- 
qucUe  une  verite  ne  peul  etreadmise  comuie  principe.  Le  P/o- 
ducteur  pent  gagner  beaucoup  ,  operer  })lus  de  conversions, 
obtenir  sur  ro[)iiiion  publique  un  ascendant  plus  salutaire,si , 
quittant  la  tribune  pour  seconfondre  dans  la  foule  de  ceux  (jui 
chercbent  la  verite,  il  s'attache  a  diriger  les  observaleurs,  a 
remettre  sur  la  voie  ceux  qui  pourraient  s'egarer,  a  recueillir 
et  a  coordonner  les  decouvertes,  afin  qu'elles  soient  mise.s  a 
leur  place  dans  i'edifice  de  la  science.  II  peut  rendre  de  trcs- 


OUVRAGES  PfiRIODIQUES.  79^ 

graiuls  services.  Ses  redacteurs  ont  fait  preuve  dc  falent  ,  de 
droiture,  de  tout  ce  qui  peut  assurer  leur  succes  dans  la  belie 
carriere  oil  ils  sent  entres  ;  pour  que  ieursinlentions  ne  soient 
pas  fromjjces,  qu'ils  exaininent  avec  une  attention  nouvelle  ce 
qu'est  la  science  dont  ils  s'occupent,  ce  que  nous  sommes,  et 
comment  il  est  possible  de  nous  instruire.  Independammentde 
la  part  que  I'aniour-propre  se  reserve  dans  le  succes  d'une  en- 
treprise  litteraire  ,  il  s'agit  ici  de  mener  a  bien  une  entreprise 
consacree  a  I'instruclion  des  homraes  :  tout  louable  moyen  de 
reussir  merite  qu'on  le  recherche  et  qu'on  rem[)loie  ;  lout  ob- 
stacle doit  etre  comb^ttu;  et  I'un  de  ces  obstacles  serait  une 
trop  grande  inflexibllite  de  doctrines. 

Entre  la  litterature,  on  quelques-unes  de  ses  branches,  et 
Ics  beaux  arts,  I'analogie  de  pensees,  de  preceptes  et  d'influence 
est  si  grande,  que  le  Producteur  rnt  peut  guere  se  dispenser 
d'agrandir  son  cadre.  La  poesie  ,  les  chants  nalionaux ,  les 
croyances  mythologiques  ( il  en  reste  plus  qu'on  nopense), 
en  un  mot,  tout  ce  qui  modifie  ]esproducUo>is  intellectuelles  , 
lui  ajipartient  de  droit,  et  I'usage  qu'il  en  fera  ne  peut  que 
contribuer  a  repandre  I'ouvrage  ,  et  par  consequent,  a  le  reu- 
dre  plus  utile.  R. 

382.  —  *  Journal  des  misxions  evangeliques.  Premiere  annee. 
W  I.Paris,  1826;  H.  Servicr,  rue  de  I'Oratoire,  n"  6..  In-8" 
de  96  pages.  Ce  journal  parait,  tous  les  trimestres  par  livrai- 
sons  d'environ  six  feuilles;  et,  si  le  nonibre  des  souscriptcurs 
le  permet,  il  sera  accompagne  de  cartes  geograjjliiques  et  erne 
de  gravures.  Prix  de  I'abonnement,  8  fr.  pour  la  France,  tVanc 
de  ])ort ;  10  fr.  pour  I'AUeraagne,  franc  de  port;  8  fr.  pour  la 
Suisse,  franc  de  port  jusqu'a  la  frouliere;  10  fr.  pour  les  Pavs- 
Bas. 

Ce  journal,  public  par  la  Societe  des  jnissions  de  Paris  ,  est 
destine  a  faire  connaitre  les  travaux  des  serviteurs  du  Christ 
qui  propagent  son  cvangile  parmi  les  peuples  non  Chretiens  , 
et  les  succes  qu'obliennent  leurs  pieux  efforts.  11  comprend  les 
divisions  suivantes  :  i°  souvenirs  des  missions  ancieunes;  2°  mis- 
sions evangeliques  ,  ou  journal  proprernent  dii ;  3°  Sociele  des 
missions  evangeliques  de  Paris;  4°  varietes;  5**  nouvellcs  re- 
centes.  Le  premier  numero,  que  nous  avons  sous  les  yeux, 
commence  par  une  introduction  dans  laquelle  les  rcdacteiirs 
exposent  leurs  principes  en  matiere  religieuse ,  les  motifs  qui 
les  ont  determines  a  prendre  la  plume ,  et  le  plan  qu'ils  se  pro  - 
posent  de  suivre. 'I  Nous  mettrons  a  contribution,  disent-ils  , 
pour  les  faits  que  nous  devons  publier,  les  rapports  et  la  cor- 
respondance  de  toutes  les  Societes,  et  nous  presenterons  les 


796  LIVRES  FRANCAIS. 

mt-comptes  et  les  niaijvais  sncccs  apparens  des  ouvricrs  cvan- 
j^oliqnes,  avec  la  meinc  fidc'litc  que  Icurs  triomplips  et  Iciirs 
prosperites.  Ce  n'est  ni  pour  servir  I'inlrret  tl'une  secte  reli- 
gieuse ,  ni  ])our  flatter  un  orf;'jeil  purciiient  hiimaiii ,  que  nous 
conimencons  cc  recucil ,  mais  ])Oiir  nieltre  en  evidence  la  na- 
ture et  les  effeis  de  I'Evangile,  dont  Ics  conqHctes  doivent 
s'etendre  «  d'une  jner  a  I'aiitre,  et  aux  exlremitcs  de  la  terre.  » 
On  reniarque,  parmi  les  nombreux  articles  qui  suivent  celte 
introduction,  un  Precia  hislorique sur lapropogntion  du  chrls- 
liaiiismejusqu'fi  In  fin  du  xviti'  xiecle  ;  et  unc  preiniore  partie 
d'une  Notice  nhrcgce  sur  I'originc  el  les  progres  des  missions 
principales.  Les  deux  seclions  '\\\\\\.xi\ii^%:  Missions  es'angcli- 
ques  et  iiarietes  Te.n{c\men\  une  foule  de  traits  curieux  ,  de  de- 
tails inl<  ressans ,  et  de  renseigneniens  jirecieux  pour  I'hisloirc. 

B. 

Livres  en  langues  etrangeres,  imprirnes  en  France. 

388. — La  Venida  del  Mesias ,  etc. — La  Venue  du  Messie  en 
gloire  et  en  majestc;  par  Juan  Josafat  Ben  Ezra,  edition  revue 
ct  augmentee  de  notes  )>ar  M.  P.  de  Chabirobert.  Paris,  iSaS; 
Parmentier.  5  vol.- 12  d'environ  3oo  pages  chaciin;  prix  ,  ^5  if. 

389.  —  *  Miscelanea  de  economia  pofitica  y  moral,  etc. 
—  Melanges  d'economie  politique  et  de  morale,  extraits  des 
OEuvres  de  Benjamin  Franklin,  et  precedes  d'une  notice 
sur  sa  vie;  iraduits  du  fraiicais  par  R.  Mangino,  Mexicain,  et 
dedies  a  ses  conciloyens.  Paris,  iSaS;  Bossange.  1  vol.  in-i8; 
prix  ,  8  fr. 

Cetle  ti-aduclion,  que  nous  fnisons  connaitre  tarl^ ,  j)arce 
(iu'elle  ne  nous  etait  pas  encore  parvenne,  a  ete  faite  sur  les 
Melanges  de  Franhlin  ,  jiublirs  en  i8'24  par  M.  Ch.  Re- 
NouARD,run  de  nos  .collaboraleurs  (  Voyez  Revue  Encyclo- 
pedique ,  t.  xxiv,  p.  447.  )  —  Nous  avons  remarque  avec 
etoniieinent  que  le  nom  de  Tediieur  francais  n'est  mentionne 
nulle  part,  pas  mcme  a  la  suite  de  la  vie  de  Franklin,  dont  il 
est  I'auteur,  et  qui  occupe  G4  pages  dans  la  traduction  espa- 
gnole.  Toutes  les  notes  sont  egalrmcnt  cojiiees,  avccune  grandc 
exactitude,  el  meme  avec  une  sorse  de  serviUtc.  Ainsi,  dans  la 
citation  d'un  cliapitre  de  In  Bil)lc ,  Tedilmr  avait  dit  en  note  : 
«  On  a  suivi  ici,  pour  le  texte,  la  traduction  franeaise  de  Le 
Maistre  de  Sacy;  »  le  traducteur  espagnol  a  reprodiiit  fidele- 
ment  celte  note  qui  Tigure  assez  singulieremeni;  an  bas  d'un 
texte  f]ui  n'esi  ])oint  en  langue  franeaise.  C'est  pousscr  trop 
loin  la  fidelite  de  la  traduction.  II  fani,  au  reste,  se  feliciler  de 
cctfc  propagation  d'un  des  recueils  les  plus  jjropres  a  inspirer 


LITRES  ETR ANGERS  IMP  RIMlllS  EN  FRANCE.  797 
le  gout  de  la  vciluet  ramour  du  travail,  sous  des  formes 
pleines  d'enjouement ,  de  finesse  et  de  grace,  el  qui  sera  pro- 
bableinent  acciieilli  avecfavenr  dans  les  divers  ctats  dt-  TAmd- 
rique  dii  Sud.  L'edidon  francaise  vient  d'etre  epiiisee;  nous 
rendrons  couipte  incessamment  de  la  seconde  cdilion  qui  est 
considcrablement  amelioree.  C. 

3(^0  —  *  Grammaire  italienne ,  elementaire  et  raisonnee,  pre- 
cedee  d'un  traite  de  la  prononciatioii  toscane,  suivie  d'un  re- 
cueil  d'itaiianisines  et  d'un  travail  nouveau  sur  le  retranche- 
luont  dans  les  mots;  par  D.  Martelli  de  Sienne.  Paris,  1826; 
J.  M.  Eberhart.  In-S^jprix,  5  Ir. 

L'auteur  de  cette  nouvelle  grammaire  italienne  s'est  tenu  en 
garde  a  la  fois  centre  la  sechere^se  de  la  methode  de  Vergani, 
et  coulre  le  prolixe  etalage  des  theories  de  qtielques  autres 
grammairiens.  Dans  les  regies  qti'il  propose,  il  a  rtjete  lout  ce 
qui  lui  paraissait  arbitraire  ,  pour  ne  s'appuyer  que  sur  des 
prin-cipes  incontestablcs  et  sur  I'autorile  des  ecrivains  vrai- 
ment  classiques.  Nous  avons  trouve  pleines  de  justesse  ses  ob- 
servations sur  les  pronouis  et  les  adjectifs,  et  speciulement  sur 
les  comparatiCs  ,  les  diminutifs ,  les  augmeiitatifs  et  I'article.  On 
re  pcTit  qu'approuver  aussi  ce  qu'il  dit  conccrnant  le  particine 
et  le  gerondif.  Nous  remarquons  avec  plaisir  le  ton  modeste  de 
sesleconsj  il  senible  parloul  preferer  I'instruction  de  ses  eleves 
a  sa  propre  gloire.  Quoique  les  mellleurs  gramuiairiens  aienl 
indiciue  les  mots  susceplibles  de  quelques  retranchemens,  I'an- 
teur  a  pris  la  peine  de  presenter  tons  les  cas  dans  lesquels  le 
retrancliement  peut  avoir  lieu.  Quant  a  la  prononciation 
M.  Martelli  est  tie  Sienne;  ce  litre  lui  suffit  pour  obtenir  toute 
confiance  dans  cette  partie  de  I'enseigDeraent  de  sa  langue. 

F.  S. 

391.  —  *  Nouveau  diclionnaire  francais-espagnol  et  espa- 
gnol-franQuis,  avec  la  nouvelle  orlhographe  de  I'Acadcmie 
Espagnole,  redigc  d'apres  Gattel  ,  Capinany,  Nunez,  De- 
TABOADA,  BoiSTE,  Laveaux  ;  suivi  d'un  Diclionnaire  geographi- 
que ,  etabli  d'apres  l.i  division  acluelle  du  globe;  par  Don  Do- 
mingo Gian  Thapany  ;  et  pour  la  partie  francaise,  par  A.  de 
Rosily;  revu  par  C/i.  Nodier.  Paris,  1826;  A.  Thoisnier-Des- 
])laces,  lue  de  Seine,  n"  29.  2  vol.  in-8^  de  852  et  1275  pa^es; 
piix  ,  3o  fr. 

Ce  diclionnaire  se  recommande  par  le  soiu  avec  leque!  il  est 
redige,  par  rindication  des  auteurs  que  Ton  a  mis  a  contri- 
bution, par  le  nom  d'un  litterateur  etranger  digne  d'estime, 
M.  Trapany  ,  et  par  la  cooperation  d'un  des  bibliothecaires  de 
la  capilale  qui  s'est  place  au  rang  de  nos  ecrivains  les  pins  la- 
borieux.  Cet  ouvrage  devient  surtout  precieux  et  necessaire 


798    LITRES  ETRANGERS  IMPRIMES  EN  FRANCE, 
pour  los  nouvcaux  Etats  inil<5pendans  de  rAmerique  du  Sud,  ct 
pour  tons  Ics  Europeens  qui  vont  tenter  la  fortune  dans  ces 
loiniaines  conln'es  sous  les  auspices  dc  Ja  Jiberte.  J. 

3g2. —  *  Colk'cliu/i  tlesclassiqiies  latins,  a.  Tusage  des  classes 
elementaircs  et  de  grammairc ,  avec  les  sij^nes  de  quantiieet 
riiidlcaiion  des  mots  composes,  precedes  de  quelques  remar- 
ques  sur  la  prosodie  et  sur  les  prr-posileo/if: ,  considcr«5es  sous 
le  rapjioVt  -de  la  coniposilion  des  mots;  edition  publiee  par 
Mfll.  Leroy  el  Prieur,  piofesseurs  au  college  royal  de  Saint- 
Lonis.  Epitome  historicestirrce  et  Cornelius  Nepos.  Paris,  i8a6; 
Lassimc  ,  nre  de  A  angirard  ,  n"  Go.  2  vol.  in  -  18;  prixde  I'E- 
pitome,  75  c.  ;  du  Cornelius,  i  fr. 

Les  ediliens  des  classiques  latins,  qu'on  a  mises  jusqu'a  pre- 
sent dans  les  mains  des  eieves,  presententdes  inconveniensplus 
ou  mollis  graves  ,  contre  lestpiels  les  professeurs  et  les  chefs 
des  etablissenicns  d'inslruclion  out  fait  dejusles,  niais  de  vaines 
rcclamalions.  Dans  les  unes,  le  te.xte  fourmille  de  fautes  ;  dans 
les  aulrcs,  I'lniprcssion,  le  papier  et  le  format  sont  egalement 
desa^reables;  dans  toiites,  on  trouvedes  details  contraires  aux 
bonnes  niocurs  el  c|ui  mettent  le  professeur  dans  une  ])osition 
faclicuse,  soil  qu'il  cherche  pcniblement  a  en  doguiser  le  sens  , 
soil  qu'cn  les  evitant ,  il  excite  ,  malgre  lui,  chez  les  eieves  , 
une  curiiftsite  que  cenx  -  ci  finlssent  par  iFalisfaire.  —  En  pu- 
bliant  In  Collection  que  nous  annoncons,  MM.  Leroy  et  Prieur 
ont  pour  but,  non-seulement  de  remedier  aux  ineonveniens 
dent  je  viens  de  parler  ,  mais,  encore  de  soulager  les  professeurs 
et  d'aider  les  eieves  dans  leurs  travaux  :  pour  y  parvenir  ,  ils 
ont  marque  In  quantite  de  loutcs  les  syllabes  qu  ils  regardent 
comme  essentielles;  ils  ont  distingue,  dans  chaque  mot  com- 
pose,  par  un  caraclere  different,  le  radical,  du  mot  qui  s'y 
trouve  joint.  Par  ces  moycns ,  dontle  second  apparlienl  entie- 
reraenl  aux  editeurs,  les  eieves  s'accoutumeront ,  des  leurs  pre- 
miers essais  de  traduction,  a  prononcer  les  mots  latins, sui- 
\ant  les  regies  de  la  prosodie,  et  ils  auront  le  grand  avantage 
d'etre  familiarises  avec  la  quantite,  lorsqu'ils  s'occuperont  de 
versification ;  de  jilus,  ils  s'liabitueront  de  bonne  heure  a  distin- 
giier  les  radicaux  des  mots  auxiliaires,  a  se  rendre  compte  du 
sens  propre  de  cliacun,  et  de  la  modification  qu'il  apporte  dans 
le  sens  general  du  mot  compose,  connalssances  absolument  ne- 
cessaires  pour  bicn  Iraduire,  et  qui  cependant  nianquent  a  la 
plupart  des  eieves. 

.I'ai  sous  les  yeux  V Epitome  historice  sacrce  e\.  le  Cornelius; 
j'ai  parcouru  uuegtaude  partie  des  texles,  sans  y  renconlrerde 
fames;  le  papier  est  beau,  Timpresslon  nctfe  et  agreable  a 
I'oeil.  Les  auteurs  ont  supprime  avecsoin  ,  dans  ce  Cornelius  , 


LIVRES  ETRANGERS  IMPRIMIS  EN  FRANCE.    799 

tout  ce  que  la  morale  repiouve.  La  quanllte  m'a  pani  notee 
avec  une  grande  pxaclitude;  mais  il  est  beaucouji  de  syllabes  , 
les  finales,  par  exemplc,  sur  lesquelles  j'aurais  desire  la  trou- 
ver.  Si  MM.  Leroy  et  Prieur  ciaignaient  de  trop  multiplier  les 
sigiies  il  fallait,  ce  me  semble  ,  qn'ils  comprissent  dans  les  Re- 
warqiie.i  sur  la  prosodic,  placees  en  tete  de  chaque  auteur,  tou- 
les  les  regies  dont  I'cle-veaura  besoin  poursnppleer  aux  signes. 
Les  Remarque.i  sur  la  prosocUe  sont  siiivies  A'Obsen'ations  tres- 
iililes  .vf//-  les  prepositions  et  sur  le  role  qu'clles  jouent  dans  la 
composition  des  mots.  Les  editcurs  ont  joint  au  teste  les  notes 
ticcessaires  pour  en  facililcr  la  complete  intelligence.  —  De- 
mandee  depuis  long-tems,  executee  par  deux  professeurs  d'un 
zele  et  d'un  talent  eprouves,  confiee  a  un  libraire  actif  et  con- 
sriencieux  ,  la  Collection  des  classiques  ne  peut  manquer  d'ob- 
tenir  un  succes  honorable  pour  ceux  qui  I'ont  entreprise. 

A.    MlCHELOT. 

393. — *  La  Grecia  supplice;  canzone. — LaGrece  suppliante, 
ode  de  M.  Buttura.  Paris,   1826  ;  Jules  Didot,  aine.  In-18. 

3g4. —  *  LaCadutadi  Missolorigi ,  etc. — La  Chute  de  JMis- 
solongi  ;  ode  de  M.  Ange  Brofferio.  Paris,  1826  ;  Firmiri 
Didot.  In-8°. 

Ces  deux  odes  prouvent  les  nobles  scnlimens  dont  les  Ita- 
liens  sont  animes  pour  la  cause  des  Grecs.  M.  Buttura,  tres- 
connu  par  ses  poesies  lyrlques  ,  annonce  le  sujet  de  son  ode 
par  cette  epigraphe,  qu'il  a  tiree  des  Supplians  d'Eschyle  : 
«  Grand  Dieii !  n'attendez  pas  pour  avoir  pitiu  de  nous  qu'il 
ne  sait  plus  Icms  de  nous  secourir.  «  II  voit  avec  surprise 
que,  pendant  qu'un  peuple  chrctien,  a  qui  nous  devons  les 
premiers  prcgres  des  lumieres  et  des  arts,  fait  des  efforts 
magnaninics  pour  briser  ses  chaines ;  le  noble  Anglais,  le 
gencreux  Francais  etlebon  Allemand  demourent  en  quelque 
sorte  Iranquilles  teraoins  de  ce  spectacle  d'horreur.  II  fremit 
d'apprendre  que  les  vierges  de  Sparte  et  les  cnfans  d'Argos 
sont  traines  par  les  navires  des  calholiques  pour  etre  livres  a 
la  brutallte  du  feroce  Mnsulman.  II  regarde  comme  conpables 
du  racme  crime  ceux  qui  le  tolerent  ,  et  ceux  qui  le  favo- 
risent  ;  et  pendant  qu'il  renouvelle  ses  reproches  ,  il  met  sa 
confiance  dans  la  verite  qui  descendra  du  ciel ,  pour  elairer 
les  peuples  et  leurs  princes  sur  leiirs  devoirs  et  sur  leurs 
vrais  interets.  II  ne  cesse  de  poursuivre  ce  raonsire  ,  qui 
a  jusqu'ici  usurpe  le  nom  de  raison  d'Etat ;  il  prie  cnfin 
la  verite  de  faire  ])enctrer  une  fois  son  flambeau ,  dans  le 
conseil  des  rois.  —  Le  jeune  M.  Brofferio  ,  anime  du  meme 
sentiment,   adresse  ses  vers  au  venerable   philhellene  Alex, 


8oo   LIVRES  fiTRANGERS  PUBLICS  EN  FRANCE. 

Lameth,  I'un  dcs  membres  les  jdus  actifs  du  comile  grec  de 
Paris.  II  semble  parlager  cette  noble  j)assion  qui  a  prcduit 
lant  de  vertus  tliez  les  anciens  Grecs  et  que  Ton  voit  revivre 
dans  leurs  dcsceiidans.  II  croit  apercevoir  de  noiiveanx  Tli<S- 
inistocles  el  de  nouveaux  Lconidas.  Mais,  voyant  tanl  d'ef- 
forts  g^ncreux  paralyses  par  le  ilonibre  des  eiuieiiiis  et  par 
la  cooperation  de  cena  qui  devraient  au  conlraire  i)roteger 
les  Grecs,  il  invoque  la  malediction  du  ciel  contre  ces  Chre- 
tiens qui  ont  vendii  leurs  bias  aux  interels  de  Mahomet  , 
pour  contribuer  a  !a  destruction  de  leurs  fi  eres.  F.  S. 

SgS.  —  *  Z«r/  Elegici'n  ilber  und  nach  Mlssolonghl '  s  Ftdl. 
—  Deux  elegies  composees  avant  et  apres  la  cliule  de  Misso- 
longhi;  offerles  gratuitcment  aux  amis  des  Grecs  avee  cede 
note  :  Ce  que  V on  seralt parte  a  offrir  volontaircment  en  pai- 
nient  de  cette  production  doit  etre  apporte  dans  les  caisses  de  se- 
cours  et  d'assistancepour  etre  employe  au  secours  des  rnalheureux 
Grecs.  Paris,  i8a6;  de  I'lmp.  de  Smith.  In-8*^  d'unedemi-feuille. 

Un  Alsacien  qui  hablte  Paris  et  fjui  culiive  avcc  un  egal 
succes  I'eloqucnce  francaise  dans  I'exercice  d'edifiantes  fonc- 
tions  religieuses  et  la  pocsie  allemande,  dont  il  consacre  encore 
les  accens  a  la  philantropie  et  a  la  verlu,  a  compose,  il  y  a 
quelqiie  tcnis  des  stances  elcgiaques  surla  mort  du  genera!  Foy, 
(voy.  Rev.  Enc,  t.  xxix,  j).  565)  Aujourd'hui  le  meme  ecrivain, 
en  voyant  I'aifreux  abandon  de  I'heroique  Missolonghi  par 
les  etats  chretiens,  en  assistant  pour  ainsi  dire  a  la  chute  et  a 
la  destruction  de  celte  ville  infortunce,  ne  pent  relenir  son  in- 
dignation et  sa  donleur;lalyre  quiavaitcelebre  la  perte  precoce 
d'un  illustre  et  eloquent  defenseur  derhnnianite  nedevait  j)oint 
restermuette  surune  des  plusrevoitanteseldes  plus  deplorables 
catastrophes  qui  I'ait  affligee  depuis  long-tenis  Comme  la  pre- 
miere des  productions  du  poe'te  alleniand,  celle-ci  tfst  pleine 
de  sentiment,  d'iniagination,  de  force  et  d'harmonle.  La  courte 
citation  par  laquelle  nous  terminerons  cet  article  perraettra 
d'en  juger  :  «  Quand  pour  la  justice  et  pour  la  liberie  un  peu- 
ple  se  reveille,  la  tyrannic  peut  I'egorger  ,  mais  elle  ne  pent 
i'enchainer  davantage.  Noble  peuple  d'Helenie,  tes  destinees 
s'accompliront  :  au  milieu  des  dangers  et  des  hasards  de  la 
guerre  sacree,  tu  sauras  reconquerir  ton  antique  honncur,  et, 
soutenu  par  le  dieu  de  lavevite,  obteniravec  la  victoire  la  li- 
berie et  la  paix  Courage  et  esperancc!  Les  regards  altentifs  , 
les  voeux  et  les  esperances  despeuplcs  de  la  terret'accompagne- 
ront ,  et  pour  ihacun  de  tes  lieros  qui  succombe  croit  ici-  bas 
deja  une  palnie  d'iminortalite.  >>  M.  B. 


IV.  NOUVELLES  SCIEN TIFIQUES 

ET   LITTERAIllES. 


AMERIQUE  SEPTEIYTRIONALE. 

£tats-Unis.  —  New-Harmony.  — Societe  cooperative. — 
Extraitd'une  lettre  adressee  par  un  genereux  philantrope,/otc- 
daleur  de  beaucoup  d'ccole»  et  d'dtablissernens  de  bienfaisance 
et  d'utilite,  au  Directeur  de  la  Revue  encyclopediciue,  en  date  dn 
lijuilletiSuQ.  (Voy.  Rev.  enc.,\.  xxvi,  p.  27o,et  t.  xxvii,  p.  886, 
les  details  anterieurs  siir  I'etablissenieiit  de  NewHarraony. ) 
—  Monsieur  et  ami,  je  suis  restc  cbez  moi  pendant  pres  d'une 
annee,  et  j'ai  fait  quelques  pas  de  plus  dans  mes  recherches 
sur  I'ediicalion.  J'al  vu  avec  une  vive  satisfaction  les  succes 
que  M™e  Fretageot  a  obtenus  dans  rinstruction  des  jeunes 
filles ,  d'apres  le  systeme  de  Pestalozzi;  M.  Phiquepal  a  recu 
aiissi  beaucoup  d'encouragemens  pendant  le  peu  de  teins  qu'il 
est  reste  dans  le  voisinage  de  I'ecole  de  celte  dame.  (Voy.  Rev. 
Enc,  t.  xxviii,  p.  938.)  Quand  M.  Robert  Owen  forma  son 
ctablissement  a  New-Harmony,  M""  Fretageot  et  M.  Phi- 
QDEPAL  abandonnerent  leur  entreprise  qui  etait  avantageuse  , 
pour  enseigner  a  New- Harmony,  ne  recevant  en  echange  que 
leur  nourriture  et  leur  habillement,  selon  le  systerDe  de  la  So- 
ciete cooperative ,  et  satisfaits  dccontribuer  a  une  aussi  grande 
amelioration. — Nous  avons  tons  passe  les  cinq  derniersmols  a 
New-Harmony,  et  nous  y  avons  elabli  une  ecole  d'apres  le 
meme  systeme.  Nous  -avons  achele  de  M.  Owen  les  batimens 
dont  voici  le  detail :  7  grandes  maisons  en  briques ,  de  60  sur 
40  pieds  chacune,  pour  cequitient  a  la  nourriture  des  enfiins  ; 
8  ou  10  maisons  plus  petites  en  briques,  pour  les  professeurs 
qui  sont  maries,  etc.;  10  ou  12  maisons  en  bois,  a  I'usage 
des  artistes  attaches  aux  ecoles  ;  1  vastcs  granges  et  ecuries 
pour  Vecole  experimentale  des  fermiers ;  une  grande  eglise  , 
changee  en  atelier  pour  I'instruction  des  garcons  dans  les  arts 
utiles;  une  salle  pour  servir  de  Musee,  pour  les  cours  et  les 
lectures,  les  concerts,  les  conversations,  les  esercices  et  les  re- 
creations.— On  aurait  assez  de  pbce  pour  800  ou  1000  enfans ; 
il  n'y  en  a  encore  que  3  ou  4oo,  classes  comme  il  suit :  100  ,  de 
T.  XXXI. —  Septembre  1826.  5i 


8oa  AMfiRIQUE  SEPTENTRIONALE. 

I'ai^e  (\e  deux  a  cinq  ans  ,  sous  la  direction  do  M'"*  Fr(5tagent ; 
1 80  a  200,  de  cinq  a  douze  ans  ,  a  I'ecolc  de  M.  Naff,  assislc 
par  ses  quatrc  filles  el  son  fils,  tons  les  cinq  elcves  de  Pestalozzi ; 
80  dans  Tcglise  ,  sons  M.  Pliiquepal ,  qui  leur  enseigne  Ics  arts 
utiles,  les  raalliematiques  ,   etc. 

On  est  fonde  a  croire  que  toutes  les  ecoles  seront  bientot 
pleines  ,  tant  a  cause  du  bon  jnarclie  (  100  dollars  on  5oo  fr. 
par  an,  pour  I'iiabillement,  la  nourrilnre  et  I'instniction  ) 
qn'a  cause  de  la  solidito  des  connaissances  qn'on  y  acrjuiert. 
MM.  Thomas  Say  ,  Troost  el  Lemur  juofessent  riiistolre  na- 
lurelle  ,  la  cliiniie  et  le  dessin  ,  etc.  etc.  M.  Say  arinlrntion  de 
publier  son  bel  ouvrage  siir  I'entomologie  ,avccdrs  planches 
coloriees.  On  a  demandc  a  Paris  el  a  Londres  tons  les  mafe- 
riaux  ni'cessaires.  Les  detix  fils  de  M.  Owen ,  la  faniille  de 
M.  Applegatli  sont  deja  a  I'ecole  ,  et  nous  altendons  d'Angle- 
terre  des  homines  du  premier  talent,  tons  partisans  du  sys- 
teme.  — La  communaute  a  achete  de  M.  Owen  900  acres  de 
bonnes  terres  pour  les  ccoles  experimentales  des  feimiers, 
ou  des  garcons  de  lout  age  apprendront  ct  niettront  en  pra- 
tique les  meilleures  inethodes  d'agrieullure.  Coux  que  dirige 
M.  Pliiquepal  onl  produit  dans  les  six  premieres  semaines  , 
une  valeur  de  900  dollars  (  5, 000  fr. );  ce  qui  fait  espcrer 
que  les  enfans  se  soutiendiont  d'enx-iuemes  par  un  travail 
de  qnelques   heurcs  par  jour. 

Tout  ce  que  la  coniniunaute  avait  aclietc  de  M.  Owen 
pouvait  etre  evaluc  a  5o  on  60,000  dollars;  je  I'ai  mise  en 
etat  de  les  payer  comptant.  J'ai  saisi  I'occasion  de  depeiiscr 
mon  argent,  avant  de  niourir ,  en  contribuant  anx  progres 
d'un  systcme  que  j'ai  tonjours  regarde  commc  le  ])liis  grand 
blen  que  nies  concitoyens  puissent  oblenir.  Si  je  nVusse  {)oint 
adopte  ce  sysleme  ,  j'aurais  laissc  passer  ina  fortune  en 
d'autres  mains,  sans  avoir  etc  tcnioin  des  heiireux  resultafs 
de  I'usage  que  j'en  ai  fait.  M.  Owen  a  ctabli  sur  sa  ])ro- 
priete  trois  societi's  d'agriculture  et  de  mecanique  ;  il  esperc 
en  avoir  dix  ou  douze  autres  avant  peu  de  terns.  Le  sysleme 
se  repand  de  jour  en  jour.  Cette  egalite  parftiite  offre  un 
charme  qui  contrcbalance  toutes  les  idees  de  fortune  el  d'ani- 
bition  ,et  la  sini]>le  pensce  de  travaiiler  pour  sa  nonrriture 
rend  chacun  des  membres  de  notre  grande  faniille  cooperative 
plus  henrcux  que  la  soif  ardente  et  la  perspective  souvent 
tronipeuse  da  gain   dans  la  vieille  societe.  M. 

■ —  PmLAnELi'HjE.  —  Recherches  philologiques.  —  Le 
gouvernenicnt  des  Elals  -  Unis  a  donne  des  ordres  pour 
recueillir  des  vocabulaires  de  toutes  les  langues  des  tribus  sau- 


J 


AMfiRIQUE  SEPTENTRIONALE.  80^ 

vages  de  ces  contrees.  On  y  joindra  des  coujugaisons  de 
verbes  et  des  phrases  choisies  (Sestinees  a  faire  connaitre  ]es 
formes  grammaticales  des  difiierens  idioiues.  Cette  idee  a  ete 
suggeree  par  M.  Albert  Gallatin  ,  acluellement  ministre  des 
Etats-Unis  a  Loiidies.  D. 

Canada. — Mont-Real,  4  juilLet  1826. — -Extra'U  d'une  lettre 
adres.sce,par unvoyageur,a, M.  Juli.ien, cleParis. — Je  viens  de 
parcouiir  le  Bas-Canada,  pour  obseiver  I'l-tat  ])rese)it  de  cette 
colonic  encore  francaise,  sotis  bien  des  rapports.  Ma  rapide 
excursion  ne  m'a  penuis  de  faire  qne  des  observations  super- 
ficielles  ;  je  vous  offVe  cependant  quelques  details. 

La  po[)ulation  du  Bas-Canada,  qui,  lors  de  la  conqnete  , 
n'elait  que  de  60  a  80,000  anies,  s'eleve  aujourd'hui  a  pres 
d'un  dcini-inillion.  Sur  ce  nombre  d'babitans, /|2o,ooo  environ 
sent  d'origine  francaise ;  le  reste  est  d'origine  britannioue. 
La  langue  francaise  est  parlee  presque  excliisiveraenl  dans  les 
canipagnes  ,  exeepte  dans  quelques  ctablissemens  qui  sont  en- 
ticrement  anglais,  et  qu'on  appelle  les  Townships.  Dans  les 
villes,  les  deux  langues  sont  usitees  ;  inais  ordinairement 
chacun  ne  parle  que  la  sienne.  Cependant  les  personnes  ins- 
trultes   et    nieme   des  enfans  parlent  les  deux   langues. 

La  population  de  Mont-Real ,  et  celle  de  Quebec  sont  3 
pen  pres  egales.  Cliacune  de  ces  villes  reaferme  de  9.2  a  23, 000 
arnes.  La  population  de  tout  le  i)ays  augmente  rapidenient, 
surtout  par  les  raoyens  naturels  :  il  n'est  pas  rare  de  voir  10 
et  12  enfans  dans  une  famille. 

Avant  la  revolution  francaise,  le  penple  du  Canada  etait 
en  general  plonge  dans  I'ignorance,  d'ou  le  gouvernement 
ne  cherchait  pas  a  le  tirer.  L'influetice  de  cette  revolution  a 
considorablement  change  I'elat  des  clioses  a  cet  egard  :  elle  a 
fait  refluer  dans  ce  pays  un  grand  nombre  de  pretres  pros- 
crits  ,  surtout  de  la  congregation  de  Saint-Snlpice,  parmi 
lesquels  on  remarquait  des  hommes  dun  grand  nierite.  lis 
ont  etc  places  dans  les  seniinaires  et  dans  les  colleges  des  villes 
ou  ils  oat  donne,  a  la  jeuiiesse  des  classes  superieures,une  ins- 
truction telle  qu'on  aurail  jiu  la  reccvoir  autrefois  en  France. 
Cette  education  a  forme  des  liommes  qui  se  dislinguent  main- 
tenant  dariS  les  places  que  les  colons  peuvent  occuper  ,  et  sur- 
tout an  barrean.  On  remariiue  M.  Papineau  ,  orateur  de  la 
chainbre-basse  du  parlement  colonial,  et  M.  Viger  ,  membre 
de  ce  corps  legislatif  et  avocat  :  tous  deux  resident  a  Mont- 
Real.  An  barreau  de  Quebec,  M.  Vallieres  de  Saint-Real, 
conselliei-  liu  Roi  (^King's  counsel ),  brilie  par  son  eloquence; 
M.  Plamonden,  ^l  plusieurs  autres  qui  plaident  aupies  de  lui. 


8o4  AMERIQUE  SEPTENTRIONALE.— ANTIIXES. 
font  voir  que  Ics  Fiancais  n'ont  pas  degt'iiere  dans  ce  pays. 
On  pliiide  iiidifferernment  dans  les  deux  liingiies.  —  Les  bi- 
blioiheqiies  dcs  avocats  canadiens  sont  bicn  fournies ,  aiusl 
que  les  bouliques  des  libraires.  Je  demaiidai  chez  un  libraiie 
a  Mont-  Real,  les  Tropes  de  Dumarsais,  et  la  Grarnmairc 
generate  de  Sacy  ;  ces  deux  ouvrages  me  furent  ])resentes 
sur  -  le  -  champ.  On  imprime  dans  la  meme  ville  un  journal 
lilteraire  fiancais  ,  in  titule  :  la  Bibliotheque  canadienne  (  Voy. 
ci-desssus  ,  page  680).  La  Revue  encyclopedique  n'elait  pas  en- 
core parvenue  a  Mont-Real;  je  I'y  ai  fait  connaJtre. 

Le  gouverneur  des  provinces  anglaises  de  TAmeriquc  du 
nord,  loid  Dalhousie,  d'une  ancienne  maison  ecossaise,  a 
des  principes  liberaux.  II  a  recemment  ciabli  a  Quebec  une 
sociiite  liticraire  ct  historique ,  qui  doit  s'occuper  aussi  de  la 
philosophic,  et ,  quoiqu'il  ne  soit  pas  tres-riche,  il  I'a  dotee 
d'un  revenu  de  cent  lonis  par  an  ,  de  sa  propre  fortune.  Cc 
trait  suffit  pour  le  caracteriser.  ^ 

Le  Canada  est  pauvre  en  general ,  et  il  y  a  une  gratide  ega- 
lite  dans  les  fortunes,  a  Texception  de  quelques  seigneurs, 
qui  profitent  encore  de  I'ancienne  coutume  feodale.  lis  ont 
des  lots  et  ventes  de  8  pour  cent  a  chaque  imitation  ,  dcs  cor- 
vees ,  des  moulins  banaux  ,  etc.  e!c.  Cependant  le  Canadian 
prefere  ce  regime  a  celui  des  lois  de  la  Graiide-Bretagne.  II 
lie  veut  pas,  non  j)liis,  se  meler  avec  la  poj)ulaiiou  an- 
glaise.  Les  classes  inferieurcs  dii  Canada  sont  toujonrs  igno- 
rantes;  pen  d'iiidividus  savent  lire  et  ccrire  ;  inais  le  gouver- 
ment  vient  de  pourvoir  a  I'elablissement  d'ecoles  primaires 
dans  toutes  les  paroisses:  d'ici  a  i5  ou  ao  ans ,  on  en  verra 
les  fruits.  D. 

ANTILLES. 


Irruption  de  la  fievre  jaune. —  Cette  redoutable  contagion 
a  paru  a  la  Basse-Terre  de  la  Guadeloupe,  desles  |iremiers  jours 
du  printems,  apres  plusieurs  raois  dune  temperature  exfraor- 
dinairement  froide ,  et  avant  que  la  chaleur  fiit  tres-forte.  EUe 
a  fait  perir  plusieurs  personnes  le  quatrienie  joiir  de  I'inva- 
slon  ,  et  le  douzieme  seulemcnt  apres  leur  arrivee  dansl'ile; 
elle  n'a  pas  meme  epargne  quelques-uns  de  ceux  qui  seni- 
blaient  devoir  elre  accilmales  par  un  sejour  de  quelques  annces 
nux  Antilles.  La  ville  ou  elle  exerce  ainsi  ses  ravages  est  assise 
sitrdes  rochersvolcaniqueSjloinde  tout  marccage  etde  ce  qu'on 
&  Hesigne  sous  le  nom  de  foyer  d'infection.  Un  mois  apres  son 


ANTILLES. —AMliRIQUE  MERIDIONALE.       8o5 

apparition,  ellen'avait  point  encore  gagne  la  ville  de  la  Pointe 
a  Pitre,  cpii,  selon  I'idee  qu'on  s'est  faite  des  causes  de  la  ma- 
ladie,  scniblerait  devoir  y  ctre  bien  autrement  exposiie  ([ue  la 
Basse-Terre,  puisqu'elle  est  environnee  de  paletuviers  dont 
I'ombrage  epais  couvre  une  vase  noire,  profonde  et  fetidc. 

La  Martinique  vient  d'offrir  le  meme  phenoniene  de  I'exis- 
tence  de  la  fievrejaune  dans  la  ville  la  plus  saliibre,  tandisque 
celle  oil  I'air  est  impur  en  est  exernpte.  Le  25  juin  dernlei ,  la 
iiialadie  ti'avait  point  encore  gagne  la  ville  du  Fort-Royal, 
(jui  est  cependant  siluee  autour  du  bassin  du  careenage,  signale 
conime  ayant  donne  naissance  au  meme  fleau,  en  1690;  et 
preciseinent  au  contraire  ,  le  port  de  Saint-Pierre  ,  qui  n'est 
soumis  a  I'influence  d'aucune  cause  locale  d'insalubrite  ^  en  a 
ete  infecte,  quinze  jours  avant.  Un  batiment  de  guerre,  qu'on 
assure  y  avoir  introduit  la  contagion,  a  recu  ordre  de  mettre 
a  la  mer  sur-le-champ,  sans  doute  afin  d'arreler  les  effets  de 
la  maladie  ,  qui  lui  avait  deja  fait  perdre  un  oflicier  et  plusieurs 
matelots.  II  est  presque  superflu  de  remarquer  que  cette  me- 
sure  sanitaire  n'est  fondee  sur  aucune  idee  reflechie,  et  que  la 
plus  triste  experience  en  a  souvent  montre  le  danger.  II  est 
bien  a  regrctler  que  I'elude  des  moyens  qui  peuvent  arreter 
ce  fleau  ne  fasse  aucun  progres ;  et  que  chaque  irruption  trouve 
sans  defense ,  aujourd'hui,  commeily  a  cent  ans,  les  personnes 
que  leur  devoir  ou  leur  destinee  exposent  a  I'atteinte  meur- 
triere  de  la  contagion.  A.  Moreau  de  Jonnes. 

AMERIQUE  MtRIDIONALE. 

Buenos- Ayres. — Imtrucdon  publique. — Par  un  decret  du  3 
mai  1826,  le  gouvernement  de  celte  republique  a  ordonne  I'eta- 
blissement  immediat  d'uneuniversite  naiionale  ouseront  ensei- 
gnees  les  lettres  et  les  sciences.  Les  etudes  preparaioires  com- 
prendronl :  le  latin  et  le  grec;  la  philosophic;  I'ari'.hraetique,  la 
geometric etl'algebre;  la  physique  expcrimentale.  II  y  aiira  des 
chaires  d'economie  politique,  de  droit  public  et  ecclesiastique.La 
Factilte  de  medecine  sera  composee  de  quatre  professeurs;  pour 
I'analomie  et  la  physiologic;  pour  la  pathologic  et  la  clinique 
chirurgicale;  pour  la  medecine  legale;  pour  la  matiere  medi- 
cale  et  la  pharmacie.  Le  cours  d'economie  politique  sera  de 
2  ans  ;  celui  de  droit  public  et  ecclesiastique,  d'une  annce  ,  et 
celui  de  medecine ;  dc  4  ans.  Les  principaux  professeurs  sont 
deja  nommes.  Par  deux  autres  decrels  du  meme  mois,  on  a 
form6  un  corps  d'ingenieurs-architectcs  et  d'iog^nieurs  des 
ponts-et-chaussees. 


8o6   AM^RIQUE  M^RIDIONALE.  —  AUSTRALASIE. 

BuENOS-AYRF.s.  —  Monumeiit  national.  —  Le  congrcs  de 
celte  republique  a  decid(5  qu'il  serait  ^levc  sur  la  place  de  la 
Victoire  un  monument  a  la  moinoire  des  atiteurs  de  la  glo- 
rieuso  revolution  da  a5  mai  1810,  premiers  fondatcuts  de 
I'indepcr.dance  nationale.  Ce  monument  consisleia  en  line 
niagnifique  fontaine ,  stir  la  base  de  laqueile  sera  gravee  cetle 
inscription  :  La  Repuhlique  argentine ,  aux  auteurs  de  la  re- 
roliition  Ju  25  rnai   18 lo.  F.  D« 

AUSTRALASIE. 

Nouvkllk-Gallks  meridionale.  —  Progres  de  la  civilisa- 
tion.—  Nous  ])uisons,  dans  Ic  Heraut  de  I' Orient  ( Voy.  Rev. 
Enc. ,  t.  XXX,  p.  34/1. )  et  dans  la  Revue  britannique ,  qui  nc 
cite  point  ses  autori!«(?s  ,  les  renseigncniens  suivans  :  ils  ])er- 
meltront  d'apprecier,  sous  divers  rapporis,  les  progres  dc  la 
civilisation  dans  nn  pays,  devenu  digne  de  I'atlention  des 
amis  des  lumieres  el  de  I'humanite.  —  A  peine  trenle  ans  se 
sent  ecoules  depuis  le  preirier  etablissement  d'nne  colonic 
anglaise  surj  cos  plages  lointaincs;  et  deja  tous  les  arts  de  la 
civilisation  europeenne  y  sont  naturalises.  Sydney,  la  capitale 
de  la  colonic,  et  les  vllles  principales  oni  vn  s'elever  dans  Icur 
sein  des  edifices  publics;  des  ponls  ont  «5te  constriiits;  des 
I'outes  ont  etetracees,  et  des  comintjnications  plus  faciles"  ont 
favorisi^  et  siiniule  les  efforts  de  I'indnslrie  naissanfc.  Qnand 
ces  travaux  furent  termlnes ,  on  pu!  disposer  d'un  grand 
nombre  de  prisonniers  pour  la  culture  des  terrcs  qui  bientot 
fournircnt  a  I'exp.ortation  nne  quantite  considerable  de  grains. 
I,es  plantations  de  sucre  etablics  au  port  Macquarie  sont  trcs- 
fiorissantes.  Non  loin  de  la  riviere  de  Brisban"  el  de  Morcton- 
Bay,  se  trouvcnl  des  plaincs  favorables  a  la  culture  de  la  canne 
a  Sucre,  d.u  cafe,  du  coton,  etc.;  les  vins  et  les  fruits  de  la 
Nouvelle-  Galles  ont  deja  acquis  de  la  renommee  ;  et  procurent 
un  revenu  considerable;  lestroupeaux  couvrent  des  padirages 
immenses  et  donnent  une  laine  d'une  qualite  supcrieure; 
enfin ,  on  est  parvenu  a  fabriquer  avec  le  coton  sauvage 
iasctepias  cyriacus)  une  etoffe,  cpii  tient  a  la  fois  de  la  soie  et 
de  la  balisie,  et  dont  on  a  expoi  te,  en  i8a5  ,  une  grande  quan  - 
tite  pour  les  marches  de  I'lle-dc-Fiance ,  dn  Caj),  et  nierne  du 
Bresii.  Rien  ne  reste  slationnairc.  Les  progres  que  Ton  fait  tous 
les  jours  engagent  a  de  nouveaux  efforts,  et  ils  auront  des  re- 
sultals  plus  brillans  encore.  —  D'un  autre  cote,  la  moralite  des 
habitans  p.irait  avoir  subi  un  pcrfectionnement  ren:aiqnable; 
et,  si  Ton  en  juge  d'aprcs  les  rapports  de  la  i)olice  el  des  cours 


AUp'RALASIE.  —  ASIE.  807 

de  justice,  cetle  terre  d'exil  n'est  pas  le  theatre  de  crimes  plus 
noiubreux ,  que  bien  d'autres  pays ,  en  a])pareDce  plus  civi- 
lises. Mais  il  existe,  parmi  cette  population,  composec  d'ele- 
mens  lielei'ogenes,  de  graiids  dissenlimens  religieux.  Les 
mcthodistes  ,  les  unit.iires  ,  Ics  anabaptistes  ,  el  cinquante  autres 
sectes  redanient  des  temples  parliculicrs. — Un  ecclesiastique, 
professeur  d'humanites  et  de  niatheniatiques  a  Sydney,  M.  Lau- 
rence Halloran,  vicnt  de  publier  sous  ce  litre  :  Proposition 
de  fonder  a  Sydney  une  ecole  publique  et  gratuite  de  gran'- 
maire  [Proposals  for  the  foundation  and  support  of  a  public 
free  grammar  schuol],  une  brochure  dont  ies  vues  nous 
semblent  dirigees  vers  i'utiiite  publique.  II  propose,  e.nire 
autres  choses,  d'olablir,  dans  son  ecole  degrammaire,  un  exa- 
men  qui  aurait  pour  resultat,  chaque  annee,  I'envoi  de  trois 
cleves,  aux  frais  de  I'ecole,  a  Oxford  et  a  Cambridge  :  apres 
avoir  recu  I'ordination,  ils  reviendraient  remplir  dans  leur  jjays 
les  fonctioiis  dn  miiilstere  evangelique. — II  resulte  de  ces  fails 
Cfu'une  nouvelle  contree  est  soumise  a  Taction  bienfaisante 
de  notre  civilisation,  au  milieu  de  mejs  presque  inconnues  et 
dans  des  parages  ou  Ton  ne  soupconnait  mcnie  pas ,  il  y  a  deux 
siecles,  I'existence  d'une  terre  habitable.  De  nouvelles  decou- 
vertes  sembifnt  proinettre  encore  une  plus  grande  exiension  a 
la  colonic  de  la  Nouvelle-  Galles  meridionale;  MM.  Howell  ct 
Hume  ont  parcouru  ie  vaste  Jjays  situe  entre  le  lac  Georges 
ef  le  Western-Port;  ils  ont  reconnu  que  les  lerres  de  cetle 
partie  du  coiititienl;  de  la  Nouveile-Hollande,  loin  d'etre  stc- 
riles  comme  on  I'avait  suppose,  ])euvent  devcnir  d'une  grande 
fertilite,  et  que,  si  I'on  Irojivalt  un  moyen  de  communi- 
caiion  enire  ces  plaines  et  la  colonic,  elles  deviendraient 
pour  celle-ci  une  nouvelle  source  de  richcsses.  Ce  n'est  point 
le  gouvernement  anglais  qui  negligera  de  pareils  inoyens  de 
prosperite  pour  un    pays   soumis  a  sa   puissance. 

A— E. 

ASIE. 

Sumatra.  —  Crocodile  apprivoise.  —  M.  Anderson  ,  charge  , 
en  1823,  d'une  mission  relative  au  commerce  dans  I'ile  de 
Sumatra  ,  vit ,  pies  de  I'cmbouchure  d'une  riviere  de  cette  ile, 
un  crocodile  que  les  pecheurs  avaient  ajjprivoise.  Get  animal 
elait  de  la  plus  grande  laille,  ile  plus  de  six  metres  de  longueur. 
Son  dos  cpii  s'elevalt  un  peu  au-dessiis  de  I'eau ,  ressemblait  a 
uii  rocher.  II  etait  devenu  sedentaire,  et  ne  s'eloignait  point 
des  iiabilations  des  pecheurs  qui  pourvoyaient  largement  a  sa 
nourritrire,  en  lui   abandonnant  les  debris  des  gros  poissons 


8o8  ASIE.  —  AFRIQUE. 

qu'ils  preiiaient  et  prdparaicnt  en  les  decoupanl.  Le  crocodile 
lie  inanquait  jamais  de  venir  a  leur  appel,  pour  prendre  ses 
repas,  se  laissait  toucher  partont,  souffrait  meme  (|ue  Ton 
jouat  avec  sa  formidable  tete.  Lorsque  M.  Anderson  le  vit 
approcher  de  sa  clialoupe,  il  voulut  inettre  en  siirete  plusieurs 
objets  dont  lis  craignait  que  I'animal  ne  fit  sa  ])roie  :  niais  les 
pecheurs  le  rassurerent,  et  lis  attesterent  qu'il  ne  leur  prenait 
jamais  rien,  et  se  contentait  de  ce  qu'on  lui  jetair.  II  ne  per- 
mettait  point  que  d'autres  crocodiles  frequenlassent  le  lieu 
dont  il  avait  pris  possession ,  et  soutenait  par  la  force  les 
droits  qu'il  s'ctait  altribues.  Les  qualites  extraordinaires  de 
cet  individu  lui  avaient  attire  la  veneration  des  superstitieux 
Malais.  II  serait  a  desirer  que  les  observateurs  etablis  dans  les 
Indes  orientales  ne  leperdissent  pas  de  vue  :  les  faits  de  cette 
nature  sont  rares ;  on  ne  peut  les  produire  a  volonte;  ce  sont 
des  hasards  qu'il  faut  saisir,  et  qui  peuvent  conduire  a  quel- 
ques  decouvertes.  Ainsi,  par  excmple,  le  crocodile  apprivoisd 
de  Sumatra,  si  Ton  continuait  a  I'observer,  nous  apprendrail 
quelque  chose  de  plus  sur  la  duree  de  la  vie  de  ces  grands 
reptiles.  (  Quarterly  Review. ) 

AFRIQUE. 

Voyages scientifiqucs. — Arrcveedu majorl^MixG  a  Tomhouctou. 
{Voy.  ci-dessus,  p.  SaS.)  —  On  arecuau bureau  des  colonies  (a 
Londres)  des  depeclies  de  M.  Warrington,  consul  d'Angleterre  ^ 
Tripoli;  elles  sont  dalees  du  i8  juin  dernier,  et  ellesannoncent 
I'arrivcedel'intrepide  major  Laing  an  point  central  du  commerce 
inlerieurdel'Afrique,  alavillede  Z'owzioMc/ow.Ladale  de  sonar- 
rivee  n'estpas  precisec;  raais,  d'apres  I'epoque  a  laquelleila  quit- 
te  Twat ,  il  est  probable  qu'elle  a  eu  lieu ,  vers  le  commencement 
de  fevrier.  La  premiere  caravaiie  qui  viendra  de  Tombouctou 
a  Tri[>oli,  donnera  des  nouvellesulterieures  dela  direction  que 
le  major  Laing  aura  prise,  S'il  n'e[)rouve  nucnn  retard  en  descen- 
dant le  Niger,  nous  entendrons  bientot  parler  de  son  retour  en 
Angleterre :  il  est  heureusement  faux  que  la  caravane ,  avec  la- 
quelle  il  voyageait,  se  soit  dispersce,  apresavoirquitteTveat.  Ac- 
couturae  au  climat  africain,  et  arrive  aTombouctou,  ao  commen- 
cement de  la  belle  saison,le  major  Laing  est,  selon  nous,  hors  de 
tout  danger.  Le  courant  du  Niger  le  transportera  rapidement 
a  I'ocean  Atlantique,  et  il  n'anra  a  traverser  que  des  pays  ou 
le  nom  seul  de  la  Grande-Bretagne  lui  servira  de  garantie. 
Deux  voyageurs  anglais  se  trouvent  dans  ce  moment  dans  le 
coeur  dc  I'Afrique  (  Voy.  ci-dessus,  p.  527),  et  y  sont  par- 


AFRIQUE.  —  EUROPE.  ILES   BRITANNIQUES.     809 

venus  par  deux  points  opposes  :  c'est  ainsi  que  de  grands  et 
d'importans  projets  se  realisent,  quand  I'execulion  en  est  con- 
fiee  a  des  honimes  judicieux  et  instruits.  On  n'a  recu  aucune 
uouvelle  de  Claiterton,  depuis  celles  quiannoncaient  sonar- 
rivee  a  Sockatoo ;  mais  le  vaisseau  de  guerre  la  Depeche ,  venant 
de  la  baie  de  Benin,  en  a  apporte  qui,  hien  qu'anterieures  a 
cet  evenement,  sent  importantes  ,  en  ce  qu'elles  font  connaitre  • 
la  route  suivie  par  Clapperton  ,  ct  sa  marche  sur  Sockatoo. 
Le  7  mars,  il  etait  a  Kalangah,  capitale  de  Yarba  ou  Yarriba, 
pays  conrigu  a  Nyffe;  il  se  disposait  a  partir  pour  Kiama,  et 
dela  pour  Wanva  et  Youri,  distant  de  l\  jours  de  marche  de 
Wanva.  II  doit  ainsi  passer  dans  I'endroit  ou  perit  I'infortune 
voyageur  Mungo-Park. 

( Extrait  de  \' Oriental  Herald.  Sep.  1826. )     C.  D. 

EUROPE. 

ILES  BRITANNIQUES. 

LoNDRKS. — Ecoles primaircs.  — Extrait  d'une  leltre.  —  J'ai 
visite  les  ecoles  de  Londres  :  en  general  je  les  ai  trouvees  au 
dessous  de  I'idee  queje  m'en  etais  forraee  d'apres  quelques  ar- 
ticles du  Journal  d education.  Souvent  elles  sonl  bruyantes,  et 
les  verges  n'ont  point  encore  disparu.  Les  mailres  de  village, 
qui  acconipagnent  leurs  eleves  a  I'eglise,  ont  a  la  main  une  lon- 
gue  baguette,  et,  raeme  pendant  roffice,  le  moindre  desordre 
est  severement  puni. 

UEcole  normale  [British  School') ,  etablle  en  1817,  dans  un 
batiraent  special ,  comptait,  il  y  a  nn  mois,  5oo  garcons  sous 
Ja  direction  d'un  seul  maitre,  nssiste  de  quelques  jeunes  gens 
qui  se  deslinent  a  I'enseignement.  Des  missionaires  y  viennent 
chaque  jour  litudier  la  methode  pour  la  porter  ensuite  dans  des 
contrces  loinlaines.  Quoi  que  celte  ecole  soil  fort  bien  tenue ;  je 
dois  cependant  observer  que  je  n'y  ai  point  remarquu  cet  or- 
dre  admirable,  ce  parfait  ensemble  dont  nos  journaux  ont  tant 
parle.  En  France,  noire  extreme  politesse  et  le  desir  de  bannir 
un  etroit  esprit  de  patriotisme,  nous  portent  souvent  a  ne  pas 
assez  apprecier  ce  que  nous  possedons,  et  a  accorder  a  nos  voi- 
sins  une  preference  qui  n'est  jias  toujours  meritee.  Je  connais 
les  ecoles  de  Paris;  et  il  y  a  peu  d'annees  j'ai  eu  I'occasion  d'as- 
sister  aux  exercices  de  quelques  ecoles  departementales  qui  re- 
sistaient  encore  a  I'orage;  je  puis  affirmer,  sans  la  moindre 
prevention  nationale,  qu'elles  pouvaient  avantageusement  sou- 
tenir  la  comparaison  avec  les  ecoles  anglaises.  Celte  superiorile 
qui,  en  ma  presence,  a  ete  reconnue  par  des  etrangers,  doit  dtre 


8io  EUROPE. 

attribni'c  atix  obstacles  qui  sesont  opposes  a  rintrodiiction  dcs 
methodcs  dc  Bell  et  de  I^nncastcr.  Lesattacpiesdont  elles  ont  etc 
I'objetont  force  a  prevenir  los  objections,  en  faisant  ecarieravec 
plus  de  soin  tout  ce  <]ui  pouvait  donner  naissnnce  uux  abus.  De 
leur  cote,  les  maitres  se  voyaiit  entoiires  de  visileurs  dont  les 
dispositions  pouvaietit  n'etre  pas  bicnveiliantcs,  et  toujours  en 
■bultc  atix  petiles  intrij^iies  et  a  la  nicdisanee,  no  laissaient  p:is 
rallentir  leur  zele,  qui,  d'aillem-s  reccvait  une  honorable  re- 
compense dans  les  eloges  de  la  Socieic  d' education.  G. 

—  Socicte  des  ecolcs  pour  la  Grande  -  Brctagne  et  Vetran- 
ger. —  Appcl  fait  au  public  en  fa\<eur  des  Grecs.  Get  ap])el , 
impiime  a  Londres  en  ^rec  et  en  francais,  a  pour  btit  d'ex- 
citer  le  zele  des  Pliilliellenes  de  tousles  pays,  et  de  les  engager 
a  concourir  aux  effortsde  la  Societe  anglaise  des  ecoles ,  afui 
d'operer  la  regeneration  morale  du  pcnple  grec.  Ce  penple, 
si  etonnant  parson  intelligence  comme  parson  courage,  et  que 
rendent  iiiteressanl  ses  niallieurs  ainsi  que  sagloire,  porle  en- 
core neanmoins  les  sligmates  de  ses  fers ,  et  de  la  barbare  igno- 
rance a  laquellele  condamnaient  ses  oppresseui'S.  C'est  a  ['edu- 
cation qii'il  est  reserve  d'effacer  les  traces  d'une  longuc  ser- 
vitude. Deja  depuis  i?>i'\  ,  plnsieurs  jeunes  Grecs  ont  recu  a 
Londres,  dans  I'ecole  centrale,  Tinslruclion  necessairc  soit  pour 
propager  I'enseignement  a  leur  retour  dans  leiir  patrie,  soit 
])our  y  remplirdiverses  fonctions.  La  Societe  britanniqnesepro- 
pose  surtout  I'etablissemenf ,  sur  plusieiirs  points  de  I'Hellade, 
d'ecoles  dirlgees  d'a[)res  le  systeme  anglais.  Dans  ce  dessein  la 
Societea  fait  iinprinier,  tant  sous  la  foraie  delivres  qu'en  fcuilles 
scparees,  les  lecons  en  usage  dans  ses  ecoles  centrales;  mais 
pour  accroiire  ses  ressources  trop  limitees,  elle  invoque  le  zele 
des  amis  des  (irecs,  de  la  religion  et  dcs  Inmieres.  On  sent  que 
I'instruction  des  m.iitres  et  des  inaitresses  d'ecoles,  les  frais  de 
leur  passage  en  Angleterre  et  de  leur  retour  en  Grece,  enfin 
['impression  des  iivres  elementaires  destines  aux  ecoles,  exi- 
gent des  fonds  considerables.  Les  comniunlcations  du  comite 
avec  les  deputes  grecs  a  Londi'es,  et  avec  le  gouvernement  grec, 
I'ont  eonvaincu  des  va'ux  des  Hellenes  pour  une  cooperation 
active  a  ces  projets  bienfaisans.  A.  deY. 

—  Etahlixxement  d' un  Musee  national. — Le  nombre  toujonrs 
plus  considerable  de  ceux  qui  se  consacrenl  aux  arts  du  dessin, 
est  justifie  y)ar  les  besoins  nouveaiix  de  ces  arts,  qui  n'avaient 
gueres  autrefois  d'autre  destination  que  d'orner  les  palais  des 
rois.  Des  peuples  fpii  demeuraient  presquo  etrangers  a  Tamour 
des  arts  ,  en  apprecienl  mainlenantles  chefs-d'oeuvre.  II  est  pen 
de  voyagenrs  russes  qui  ne  reniportent  dans  leur  patrie  dcs  ta- 


ILES  BRITANNIQUES.— RUSSIE.  81 1 

bleaux  de  I'ecole  francaise.  Les  riches  ])atriclens  de  la  Grande- 
Brelagne  se  sont  apercu  que  )e  luxe  d'une  galerie  de  peinture 
etail  Ic  seul  qui  manqiial  a  leurs  delicienses  resiliences.  Le  gou- 
vernement  anglais,  altentif  aux  progres  de  la  civilisation  et  du 
gout ,  a  ouvcrt  aux  artistes  do  I'Europe  une  sorte  de  debouchc 
nouveau.  Abandonnant  en  cela  les  habitudes  du  pnritanisme, 
il  a  ordonne  I'elablisscmerit  d'un  Musce  national,  et  il  a  fait  I'a- 
chat  de  la  belle  collection  d'Angerslein.  On  vient  d'y  ajouter 
des  tableaux  des  plus  grands  niaitres  :  une  Sainte-Faniille,  du 
Corregc ,  achelee  91,200  fr. ;  une  apparition  du  Christ  a  saint 
Pierre,  apresle  crucifiement ,  par  Annibal  Carrathe  ;  Bacchus 
et  Ariane,  par  Tilien;  un  paysage  de  Rubens;  un  paysan  es- 
pagnol ,  ]iar  Murillo  ;  une  scene  de  Bacchantes,  par  Le  Poussin, 
etc.,  etc.  Les soinnies  considerables  dont  ce  gouvernement  veut 
disposer  pour  accroitre  cette  galerie  ,  ne  tarderont  ])as  a  y  ras- 
seinbler  ce  qu'il  y  a  en  Europe  de  bons  tableaux  disponibles, 
et  il  y  a  lieu  d'esperer  que  I'ecole  contemporainey  sera  admise 
apres  ce  qu'on  aura  pu  se  procurer  des  chefs-d'oeuvre  du  dernier 
siecle.  A.  Morkau  de  Jonnes. 

RUSSIE. 

Academic  de  Saint-Petersbotjeg.  —  Cette  Societe  ,  malgre 
les  pertes  recentes  et  cnielles  qu'eile  a  faitcs  ( voy.  T.  xxx  , 
p.  558  ),  cornnte  encore  un  grand  nombre  de  raembres  distin- 
gues  dans  son  sein.  Son  i)resident,  M.  Ouvarof  ,  s'est  fait  con - 
naitre  par  des  travaux  interessans  sur  la  litlerature  et  Vanti- 
quite  des  Grecs.  M.  Fr-ehn  est  considere  comme  un  orientaliste 
du  premier  ordre  et  comme  un  nuinismate  d'une  haute  distinc- 
tion ;  tout  le  monde  connait  les  services  qu'il  a  rendus  a  i'etude 
des  manuscrlts  et  des  monnaies  qui  nous  sont  venus  de  I'Orient. 
Les  travaux  de  M.  Storch  sur  Vcconomie  politique ,  et  spe- 
cialement  sur  les  finances,  sur  la  situation  de  la  Russie  pendant 
le  regne  d'Alexandre,  sur  la  ville  de  Saint-Petersbourg  et  sur 
ses  environs,  etc.,  ne  sont  pas  inconnus  en  France.  M.  Kjjhler  , 
conservateur  de  I'Erraitage,  se  distingue  par  ses  profondes 
connaissances  en  nurnisnuitique  e.tex\  archeologie.  EiM.Krug 
a  contribue,  par  ses  laborieuses  rccherches,  a  debrouiller 
I'ancienne  histoire  des  Rnsses.  M.  Gr.efr  est  un  helleniste  dis- 
tingue :  on  regrette  qu'il  n'ait  pas  a  TUniversite  les  moyens 
convenables  pour  tirer  parti  de  ses  vastes  connaissances.  Ces 
savans  et  plusieursautresacademlcienssontd'origineallemande, 
inais  I'Academie  coinpte  aussi  parmi  ses  membres  plusieurs 
savans  nationaux.  Elle  lient  une  seance  le  lundi  de  chaque  se- 


8ia  •  EUROPE. 

maine  et  ses  membres  y  font  tour  a  tour  des  lectures,  lis  sent 
charges  quelquefois  de  resoudre  des  questions  que  le  Minislere 
lenr  propose;  ils  veillent  aussi  aux  eludes  des  c-leves  dont  I'edu- 
cation  est  coiifice  a  rAcademie,  elparmi  iesquels  ellese  recrute 
en  partie.  Comme  on  le  voit,  I'organisalionde  cetinstitutscien- 
tifique  et  tres-differcnte  de  celle  des  autres  corps  litlcraires  de 
I'Europe. 

DoRPAT.  - — Encouragetnens  accordes  aux  sciences.  — L'em- 
pereur  de  Russie  vicnt  d'accorder  a  M.  Parrot,  conseiller 
d'etat  professeur  a  I'universlte  de  Dorpat  et  jihysicien  tres-dis- 
lingue ,  une  pension  de  5,ooo  roubles ,  a  I'occasion  de  sa  relraite 
comme  professeur  emerite.  II  est  autorise  a  faire  usage  du  ca- 
binet de  physique  qui  jusqu'ici  avait  ete  confie  a  sa  direction, 
et  a  reglcr  I'emploi  de  la  moitiedes  somnies  assignees  pour  ce 
cabinet.  Sur  la  proposition  du  comte  de  Lieven,  curateur  des 
etablissemcns  litteraires  du  district  de  Dorpat,  rempereur  a 
aussi  accorde  a  M.  Engelhaudt  6,000  roubles  et  a  M.  Lede- 
BOUR  10,000  ponr  entreprendre  des  voyages  mineralogiques  et 
botaniques  dans I'interieur del'empire  de  Russie :  cesdeus savans 
sont  professeurs  dans  la  meme  universite.        J.-H.  S — r. 

NORV^GE. 

Christiama.  —  Phenomene  vegetal. — Le  pisang  [Mus apa- 
rarUsinca)  est  aujourd'hui  (aS  decembre  iSaS)  en  pleine  florai- 
sondans  lejardin  debotaniquede  I'liniversite  de  cette  capitale. 
C'est  la  premiere  fois  que  ce  phenomene  a  lieu  en  Norvege. 

Christiansand. —  Societe  biblique.  —  Fondee  le  3i  octobre 
1824,  cette  societe  comple  aujourd'hui  lyi  membres,  sans 
comprendre  les  fondaleurs.  Elie  a  dcja  pris  des  mesures  pour 
<]ue  la  Bible  entiere,  et  pour  qu'en  particuller,  le  nouveau  Tes- 
tament juiissent  etre  vendus  a  des  prix  tres-raoderes. 

Necrologie.  —  Arentz  —  La  -ville  de  Bergen  vient  de  perdre 
un  de  ses  citoyens  les  plus  savans  et  les  plus  dlstingues.  M.  Fre- 
deric Chretien  Holberg  Arentz,  petit-neveu  du  celebre  Hol- 
herg,  estmort,  a  lage  de  pres  de  90  ans,  le  3i  decembre  1825. 
M.  Arentz  a  profess^  pendant  64  ans  a  I'ecole  publique,  ou 
au  college  royal  de  la  ville  de  Bergen,  dont ii  a  ete  le  recteur  de- 
puis  1781.  Plusieurs  de  ses  eleves  ont  fait  homienr  a  leur  pro- 
fesseur et  a  leur  patrie.  Cree  chevalier  de  I'ordre  de  Danebrog 
en  1810,  M.  Arentz  a  laiss6  plusieurs  ouvrages,  et  des  ni^- 
moires  interessans.  Heiberg. 

ALLEMAGNE. 

Dresde.  p—  Societe  pour  la  propagation  des  sciences  natu- 


ALLEMAGNE.  81 3 

relies  et  medicales.  —  La  fondation  de  cetle  Soci^te  date  deji 
de  plusieurs  annees  :  elle  est  due  aux  professeurs  de  VAcade- 
rnie  de  chirurgie  et  de  medecine  etablie  a  Dresde.  Reunis  a 
plusieurs  autres  raedecins  ou  amis  des  sciences  nalurelles ,  ces 
savans  se  proposerent  de  seconder  dans  leur  patrie  les  progres 
de  la  branche  des  corinaissances  humaines  a  iaquelle  ils  consa- 
craient  leurs  etudes.  Leur  but  etait  de  s'aider  mutuellement 
dans  leurs  recherches  et  dans  leurs  travaux  respectifs,  d'en- 
treprender  en  conimun  des  ouvrages  qui  demanderaient  un 
concours  plus  elendu  de  soins  et  de  lumieres,  et  parliculieie- 
raent  d'etudier  d'une  maniere  approfondie  les  produclions 
natiirelles  de  la  Saxe.  Si  !'on  en  juge  par  les  110ms  bicn  connus 
etparles  talens  deja  eprouvts  de  plusieurs  de  scs  membres,  celle 
societe  doit  atteindre  son  but.  Quelques  etrangers  ont  ete  ap- 
peles  a  en  faire  partie ,  soit  coraine  membres  correspondans , 
et  afin  de  lui  communiquer  les  resultats  les  plus  curieux  et  les 
plus  importans  de  leurs  observations,  soit  comme  membres 
honoraires.  Ces  derniers  ne  sent  point  comme  les  premiers, 
engages  a  correspondre  regulicrement  avec  la  societe,  ils  sem- 
blent  plutot  destines  a  etablir  entre  elle  et  les  institutions  scien- 
tifiques  des  pays  etrangers,  une  sorte  de  confraternite  que  la 
poursuite  commune  d'un  meme  but  d'ulilite  generale  ne  peut 
manquer  d'affermir,  meme  chez  les  nations  les  plus  etrangeres 
les  unes  aux  autres  par  leurs  moeurs  et  leur  civilisation. 

—  Nomination  academique.  —  Cette  societe  vient  d'en- 
voyer  avec  une  leltre  de  son  secretaire  M.  de  Carus  ,  en  date 
de  Dresde,  du  28  juin  dernier,  et  par  les  soins  d'un  de  ses 
membres,  M.  IV.-G.  Lohrmann,  in^ecteur  du  cadastre  du 
royaume  de  Saxe ,  un  diplome  de  incmbre  d'honneur  a  M.  Marc 
Antoine  Jullien,  de  Paris ,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  esti- 
mes  traduits  du  francais  en  allemand  :  Essai  general  d' educa- 
tion; Esprit  de  la  methode  d'education  de  Pestalozzi;  Essai 
sur  I'emploi  du  terns,  et  livrets  pratiques  d'eniploi  du  terns 
(Agenda  general  et  Biomelre );  Notice historiquecthiograpJiique 
sur  le  general  Kosciuszho  ;  Esquisse  d'un  essai  sur  la  philoso- 
phie  des  sciences,  etc.,  comme  un  temoignnge  de  I'interet 
quelle  porte  a  la  Revue  Encyclopedique  el  a  son  fondateur, 
et  de  I'iraportance  qu'elle  attache  a  ce  recuell  qui  etablit  un 
moyen  central  de  corrcspondance  entre  les  savans  et  les  amis 
des  sciences  de  lous  les  pays.  N. 

ViENNE. —  Theatres.  —  On  a  joue  surle  Leopoldstadt  Thea- 
tre une  piece  doiit  la  music[uc  est  due  au  maitre  de  chapelle 
Gl.eser.  Elle  est  inlitulee  le  Diamant  du  roi  des  esprits  et  tiree 
de  la  mine  inepuisable  des  Millc  et  une  nuits.  Les  journaux  out 


8i4  EUROPE. 

fait  un  m.igni(i(iue  eloge  tie  celte  composition  niusicale  et  out 
critkinc  tres-vivement  le  poeine  :  si  nous  le  jugeons  par  plu- 
sicurs  des  ouvrages  alleiT.ands  en  ce  genre,  nous  serons  assez 
disposes  a  nous  ranger  a  I'avis  du  public  viennois.  On  rt  com- 
pare la  niusique  du  Diatnant,  par  rapport  an  poeme ,  a  Vlliude 
(i'Honiere  impriniee  sur  niauvais  papier.  Celte  comparaisou 
nous  pronve  que,  tout  en  critiquanl  les  poeines  de  Icurs  opera  , 
les  Alleniands  y  altachent  bien  peu  d'iniportance. 

Un  autre  ouvrage,  dont  la  inusique  a  fail  moins  de  bruit 
que  cello  du  Dininnnt,  niais  dont  les  paroles  ne  valent  pas 
mteux,a  paru,  sur  le  nieme  theatre,  sous  le  tilic  du  Tcufelsstein 
in  Mcedli^cn:  la  nuisique  est  de  M.  Wknzf.l  Mulleu,  mailre 
de  chapelle. 

Mi'^DoTTi,  eleve  de  I'ecole  francaise  de  M.  Choron  dans  le 
terns  ou  celte  inslilution  etait  destinee  a  former  des  sujets  ])Our 
les  theatres  lyriques,  a  obtenu  un  tres-grand  succes  dans  le 
role  de    Turicrede  qu'elie  avail  choisi  pour  son  debul. 

Berlin.  —  Thcdlres.  —  Lorsqu'il  fut  question  de  rcpre- 
senter  a  Pariset  dans  los  aulres  villes  de  France  des  opera  pa- 
rodies sur  la  niusique  des  pieces  etrangeres,  cerlaines  gens 
crurcnt  les  theatres  lyriques  francals  perdus,  si  Ton  y  naturali- 
sait  des  coinjiositions  ecrites  en  Alleinagne  ou  en  Italie.  Un 
amour-]iro])re  nalionai  si  deplace  etr.it  assurement  bien  peu 
honorable  pour  nos  coinpositeurs ,  puisqu'il  semblait  les  sup- 
poser  incapablcs  de  soulenir  une  lulte  avec  ceux  des  autres 
pays.  Les  homines  qui  ])rofessaienl  une  telle  opinion  ignoraient 
sans  doute  que,  depuis  fori  long-tenis,  nos  meilleurs  operas 
etaient  traduits  et  joues  avec  succes  en  Allemagnc  et  en  Atigle- 
terre.  Tout  ri'ceninienl  encore  Euphrosine  et  Coradin  de 
Mehul  et  le  Macon  de  IM.  Auber  out  etc  accueillis  avec  une 
grande  faveur  sur  le  Koenigliches  Theater  de  Berlir;.  La  Dame 
blanche ,  derniere  yjroduclion  de  M.  Boieldieu  uioi^itee  sous  les 
yeux  et  par  les  soins  de  M.  Spontini,  obtient  dans  celte  ville 
la  meme  vogue  qua  Paris.  J.  A.  L. 

SUISSE. 

Geneve.  — Societe  cantonale  de  physique  et  d'kistoire  na- 
turcU.e. — Parmi  les  institutions  qui  contribuent  a  propager 
en  Suisse  I'etude  de  la  nature,  aucune  n'a  rendu  plus  de  ser- 
vices a  la  science  rpie  \a.Socicte  de  physique  et  d'histoire  nntu- 
re//e.  Fondee  en  1786,  par  des  honiraespleins  de  zeleet  d'amour 
du  bien,  MM.  Deluc  ,  Sennebier  ,  J  urine  ,  Tingry ,  Tollot . 
NecJicr.   Odier,  Micheli,  Pictet{  Marc),  Huber{  Francois), 


SUISSE.  8i5 

Voucher,  Colladon  et  Gosse ,  e)Ie  se  d6ve!oppa  sons  les  aus- 
pices des  Bonnet  ftX.  des  Saussure,  qui  vivaient  encore  a  cette 
epoque.  Des  niemoires  du  plus  grand  inleret,et  ]>idjlics  dans 
les  divers jouriiaux  scieiitifiques,  attestaient  racliviledcs  rnem- 
bres  de  cetle  societe.  Dans  le  pelit  jardin  de  botaniqueanpi-es 
de  Saint-Leger,  plusieurs  colleciior.s  de  j)ioduits  uaturels  se 
forinerent,  et  des  observations  raeteoioloi^icines  fureni  recueil- 
lies.  Malbeiireusement ,  les  circonstanccs  ])olitiquts  qui  ai^i- 
taient  alors  I'Europe  interrompirent  ces  travaus.  Sous  le  goii- 
vernement  imperial,  plusieurs  causes  rendirent  difficiles  et 
rares  les  communicalions  de  la  societe.  C'esl  alors  cjue  (]uel- 
ques  uierabres  formerent  une  nouvelle  reunion  ,  sous  le  litre 
de  Societe  ties  natuiallstes.  Enfin,  une  nouvelle  ere  conimenca. 
La  Societe  de  physique  et  d'histoire  naturelle  prit  plus  d'ex- 
tension  ,  \A\xs  de  fixite;  elle  s'adjoignit  de  nouvenux  niembres, 
et  elle  adopta  de  nouveaux  leglemens.  En  i8i5  ,  elle  devint  le 
noyau  de  la  Societe  Helvetique  (voy.  Rei'.  Enc. ,  t.  xxix,  p.  S79); 
ses  divers  raembres  ont  contribue  a  la  creation  de  plusieurs  eta- 
blisseniens  utiles,  du  nouveau  jardin  de  botaiiique  ,  du  musee 
d'histoire  naturelle,  du  cabinet  de  physique  et  du  laboratoire 
de  chimie.  Le  gout  des  sciences  naturelles  est  deveuu,  pour  ainsi 
dire,  populaire  dans  notre  ville.  La  publication  des  meinoires 
dela  Societe,  depuis  1821,  n'apw  qu'ajouteralaconfiance  qu'elle 
inspirait.  Elle  se  compose  de  membres  ordinaires  residans,  dont 
le  nombre  est  limite  (  ils  sont  37),  el  d'un  uoinbre  indctcr- 
mine  de  raembres  honoraires ,  ( ils  sont  aujourd'hui  63).  Le  se- 
cretaire est  annuel,  mais  reeligible.  Les  seances  ont  lieu  deux 
fois  par  mois;  elles  sont  alternativement  partlctilleres  aux 
membres  residans,  ou  generales  et  communes  aux  elrangers 
qui  y  sont  introduils  par  les  membres  ordinaires.  Les  fouds 
de  la  societe  se  composent  de  contributions  annuelles  que  four- 
nit  chaque  membre.  {  Journal  de  Geneve.  ) 

Arau.  —  Enseignement  industrlel.  —  Deux  cltoyens  de 
I'Argovie,  convatncus  par  le  sijili[)le  bon  sens  et  par  I'expe- 
rieuce  des  pays  florissans  que  rien  ne  contribue  plus  a  perfec- 
tionner  les  arts  et  metiers  et  a  les  faire  honorer  qu'une  ecole 
industrielle,  viennent  de  jeter  les  fond«niens  d'une  institution 
de  ce  genre  pour  la  ville  d'Arau.  II  y  a  peu  de  semaines, 
M.  Charles  Heuose  ,  d'Arau  ,  a  donne  a  sa  ville  natale  une 
somme  de  25, 000  fr.  de  Suisse  pour  la  fondaiion  d'une  ecole 
industrielle.  Un  autre  bourgeois  de  la  merae  ville,  M.  le  colonel 
HuNziKER,  membre  da  conseil  municipal,  qui  avait  concu  la 
meme  idee,  a  joint  a  ce  don  une  seconde  somme  de  25,ooo  fr. 
Les  deux  fondateurs  ont  stipule  forraellement  que  I'institution 


8i6  EUROPE. 

demeureraitexclusivementet  pour  loujours  consacree  a  former 
de  jeunes  artisans,  sans  pouvoir  jamais  ctre  detournee  de  ce 
but.  A  cet  effet  i!s  ont  plac(5  leur  fondatlon  sous  la  surveillance 
de  I'autorite  municipale.  La  bourgeoisie  d'Arau,  louchee  de  la 
generoiite  de  sesdeux  concitoyens,  a  appris  avec  plaisir  que  le 
conseil  municipal  s'etait  fait  aupres  d'eux  I'organe  de  la  re- 
connaissance publique.  Le  aS  aout  a  neuf  heures  du  soir,  tous 
les  artisans  d'Arau  se  rassemblerent  sur  les  remparts ,  aux  por- 
tes  de  la  vilie  et  parcoururent  les  rues  avec  ordre  et  en  silence , 
a  la  lumiere  dcs  flambeaux  ;  a  leur  tete  on  voyait  des  transpa- 
rens  representant  des  attributs  de  tous  les  metiers.  Le  cortege 
se  rendit  devant  les  demeures  des  deux  citoycns  pliilantropes 
dont  les  maisons  furent  ornees  de  fleurs,  au  son  d'une  niusique 
harmonieuse.  (  Nouvelliste  Faudois. ) 

ITALIE. 

Naples.  —  Statistique. — Mouvernent  de  la  population  dans 
ce  rojaume  de  Naples ,  en  1824 ,  et  comparaison  de  cette  annec 
avec  les  deux  annees  precedentes. 


PROVINCES. 


Naples  i?P''.'''" 

'         j  Province.   .    .    . 

Terre  de  labour 

„  .     .         ,1  cilerienre.  . 
PriQcipautes  {    ... 

'^  \  ulterieure.  . 

Basillcate . 

Capitanate 

Terre  tie  Barri 

Terre  d'Otranle 

( cilerienre.    .   .    . 
Calabres  jnlterienre,   1°. 
I  olterieure,  2°. 

Comte  de  Molise 

cllei'ieure.     .    . 

Abrazzes  \  ulterieare,    1°. 

ulterieure ,  1°. 

ToTAUX  ,  ea  1824. 
en  1823. 
en  1822. 


IfAISSANCES. 


1 5,046 
14,212 

23,168 
16,917 

53,992 
20,978 
r  34,54 
i8,936 
15,763 
15,717 

9,38  t 
12,966 
14,187 
10,908 
io,o38 

9)667 


235,010 
221,993 
2 1 8,52  5 


12,598 
8,124 

18,570 
9.776 
9,558 

i3,i66 
9)457 

11,520 

io,4i5 
9,750 
6,353 
10,284 
12,636 
8,836 
6,578 
6,012 


i63,432 
i85,3i5 
i5o,i34 


2,968 
2,620 
4,432 
2,860 
2,587 
3,8i6 
2,289 
3,144 
2,824 
2,5i3 
1,936 

2,969 
2,63o 

2,177 
1,507 
1,533 


42,8o5 
48,432 
47,490 


ITALIE.  817 

D'ou  il  resulte  que  les  rapports  des  naissances,  des  morts   et 
des  mariages  a  la  population  totale  sont  dans  I'ordre  qui  suit: 

1822  1:24  —  i:35  —  i:in 
r8a3  i : 24  —  i : 33  —  i :^io 
1824      1:23  —  1:27  —  I  :  127 

[Annali  universali  di  Statistica ,  t.  ix. ) 

Milan.  —  Academce  des  beaux-arts.  —  Exposition  des  ou- 
trages couronnes  au  concours  de  1 826. — L' Acadcmie  des  beaux- 
arts  de  Milan  a  distribue,  dans  le  niois  tie  juillet  dernier,  les 
prix  qu'elle  deccrne  a  ceux  de  ses  eleves  dont  les  ouvrages  ont 
obtenu  la  palme,  dans  le  concours  ouvert  a  la  fin  de  I'annce 
scolastique.  La  ceremonie  a  eu  lieu  sous  les  auspices  de  M.  le 
comte  Castiglioni,  president  de  TA-Cadcrnie.  Nous  ne  nous 
arreterons  pas  sur  les  details  d'une  solennite  semblable  a  toutes 
cellesqui  ont  lememebut;  nous  preferons  mettresouslcsyeux 
de  nos  lecteurs  une  analyse  fidide  des  qualites  et  des  defauts 
qui  ont  etc  generalement  remarqucs  dans  les  ouvrages  couron- 
nes :  c'est  le  moyen  de  donner  une  idee  de  I'etat  present  des 
arts  dans  la  Lombardie. 

L'Acadeinie  disirlbue  tous  les  ans  six  prix  run  depeinture  , 
un  de  sculpture,  un  de  gravure,  deux  de  dessin  et  mw  d'archi- 
tecture.  —  Peinture.  —  Le  prix  depeinture  a  ete  reinportepar 
M.  Sigismond  Nappi,  de  Milan.  Le  sujelmis  au  concours  elait 
le  depart  de  Rcgulus.  —  La  peinture  est  aujourd'hui  cultivee 
sanssucces  a  Milan.  Les  ouvrages  couronnes  dansces  dix  der- 
nieres  annees  et  que  Ton  voit  exposes  dans  une  des  salles  du 
palais  de  Brera ,  niontrent  que  les  juges  sont  reduils  a  encou- 
rager  les  plus  faibles  esperances.  Bossi  par  ses  lecons,  Appiani 
par  ses  exemples,   ont  cherchc  a  transporter  dans  leur  patrie 
la  grande  revolution   que,  chez  nous,  David  a  fait  subir  aux 
arts  du  dessin;  mais  ils  n'ont  pas  etc  compris.  Leurs  eleves, 
ne  pouvanl  atteindre  aux  beautes  de  I'Ecole  francaise,  en  ont 
maladroitement  choisi  les  defauts.  Des  artistes,  qui  oni  sous  les 
yeux  les  chefs-d'oeuvre  de  Luini ,  tant  d'ouvrages  du  grand 
Leonard,   de  Ferrari  et  de  tous  les  niaitres  de  I'Ecole  lom- 
barde,  si  savans  dans  I'art  de  donner  aux  figures  I'expression 
la  i)lus  \raie  et  la  plus  belle,  ces  artistes  peignent  avec  une 
secheresse  et  une  roideur  que  Ton  ne  pent  imaginer.  Malgre  le 
succes  de  M.  Nappi ,  je  me  trouve  force  de  le  coniprendre  dans 
cette  critique.  .Son  dessin  est  sage,  et  I'architecture  de  son  ta- 
bleau fort  belle;  mais  ses  tigures  n'or.t  qu'une  expression  fai- 
ble,  ou  pins  souyent  outree,  ce  qui  n'est  guere  meilleur.  Quant 
T.  XXXI.  —  Septembre  1826.  Sa 


8i8  EUROPE. 

a  son  coloris,  il  est  d'line  faiblesse  extreme;  il  y  a  cepeiidanl 
a  rAcademie  des  beaux  -  arts  un  piofesseur  de  coloris.  ,1 'en- 
gage M.  Nappi  a  joindre  aux  lecons  de  ce  savant  I'ctude  assi- 
diie  des  t&bleanx  du  Tlticn  qui  abondent  a  Milan.  Ccmaitie 
pourra  lui  appremlre  a  ctre  grand  sans  affectation,  vrai  s.ins 
bassesse,  et  surtout  a  ordonncr  vin  tableau,  chose  si  difficile  ! 
—  Sculpture.  —  Le  sujet  mis  au  concours  etait  uu  b.is-rclief  a 
la  raemoire  de  Canova.  A  Milan,  la  jicinture  et  la  sculpture, 
quoique  soeurs,  ne  sent  ])oinl  iinies  :  cllcs  suivent  des  routes 
lout  opposees.  Qiiand  on  consldere  ies  ouvrages  des  Pacetti , 
des  Monti,  des  Marches  I ,  des  Pizzi,  des  ^Icgui.stc ,  on  dirait 
que  Canova  est  encore  la,  qu'ii  anime  ses  elevcs,  qu'il  suit 
leur  niarche  d'un  ceil  severe  :  aucnn  d'eux  ne  sVcarie  de  ses 
principcs,  ils  travaiilent  sous  I'inspiration  de  son  beau  genie. 
Je  ne  connais  pas  M.  Jntonio  Labus  de  Brescia ,  dont  I'ou- 
vrage  a  obtenu  la  couronne  ;  mais  ,  ouje  me  lromi)e  fort ,  ou 
en  travaillant,  il  a  eu  sans  cesse  prcseiis  a  resjuit  Ics  moyens 
par  lescpiels  le  grand  liomme  qu'il  clait  a|)pelL'  a  celebrer,  est 
parvenu  lui-mume  a  cetle  gloire  quele  lems  ne  fera  (ju'accroi- 
tre.  Le  bas-relief  que  j'examine  est  admirable.  Les  figures  sont 
nobles  et  bien  placecs,  le  travail  est  a  la  fois  ferme  et  gracieux: 
I'etuile  ne  se  voit  pns  ,  le  cceur  dirigealt  le  cisean.  Canova  est 
rcpresente  rendant  le  dernier  soupir;  il  est  eteiidu  sur  son  lit 
de  mort.  La  religion,  les  arts,  I'aiuour  ineme,  rcntourcnl  et 
le  soutienncnt.  Chaque  attitude  indique  une  noble  douleur  ; 
celle  de  Canova  annonce  i'approclie  de  la  mort ,  mais  d'une 
mortcahne,  douce,  sans  agitation.  Unc  statue  du  Tibre,  placee 
a  rextremite  du  bas-relief,  rappeile  les  lieux  que  Canova  s'est 
plu  a  enrichir  de  ses  chefs-d'oeuvre.  M.  Labus  et  celul  de  ses 
concurrens  qui  a  oblenu  I'accessit,  out  cru  pouvoir  introduire 
dans  leurs  bas-reliefs  !a  rej)rescntaiion  du  celebre  groupe  des 
trois  Graces  de  Canova;  cettemanlcre  d'indiquer  les  divinites 
auxquelles  ce  grand  artiste  n'a  cesse  de  sacrifier,  ct  de  rappeler 
en  meme  terns  un  de  ses  plus  dolicieux  ouvrages,  est  sansdoute 
tres-spiriluelle;  cependant  je  demanderai  jusqu'a  quel  point  le 
gciit  ])eut  approuvef  la  representation  d'objets  sculptcs  dans 
les  ouvrages  de  sculptuie.  L'artiste  n'ayant  que  les  memes 
moyens  pour  figurer  la  nature  animee,  et  celle  qui  ne  Test 
pas,  ne  pent  rnarqner  de  diffe-rence  entre  ces  deux  choses  si 
pen  semblables  :  ce  melange  doit  enfanler  la  confusion.  Tout 
ce  que  les  grands  raaitres  ont  ose  faire  a  ete  de  placer  dans 
leurs  bas-reliefs  des  morceaux  d'architccture;  encore  en  sont- 
ils  tres-sobrcs ,  comme   on  peut  s'en  assurer  en  examinant  les 


ITALIE.  8i(j 

bas-reliefs  de  ThorvaUhen  et  de  Canova.  CeUe  criiique  pen  im- 
portanle  n'affaiblira  pas,  je  I'espere,  la  lumle  idee  <jue  jecher- 
che  a  donner  de  I'ceiivre  de  M.  Labm.  Si  cet  artiste  est  encore 
a  Milan  range  pariiii  les  elevcs  ,  il  serait  place ,  ii  Paris,  aupres 
des  miiities,  lionneur  fpi'il  obliendia  promplenieiit  dans  sa  pa- 
trie  ,  sil  reste  fidcie  aux  grands  principes. —  Grature.  —  L'A- 
cadt'mie  avail  dein;mde  aux  eleves  de  graver  I'oiiviage  d'un 
bon  inaifre.  'ill.  Philippe  Caporali,  de  Cremone  ,  a  oblenu  le 
prix  ;  il  a  grave  un  peiit  lab!e-au  dii  Poiissin  qui  represeiite  des 
Amours.  I^es  dimensions  des  gravures  destinees  a  un  concours 
sotit  trop  falbles  pour  qn'on  jjuisse  y  prendre  une  juste  idee 
d'un  talent  'p'.i ,  plus  a  I'aise,  aurait  fait  niieux.  Toutefois  la 
gravure  du  laureat  est  bonne,  el  annonce  de  la  facilite.  On  n'y 
reconnait  pas  la  force  du  buriu  alleinand;  mais  il  y  a  de  la 
grace,  comme  chez  tons  les  graveurs  ilaliens.  — Dessin  de  fi- 
gure. —  Le  siijet  du  concours  etait  le  jugement  de  Salomon.  Le 
prix  a  ete  remporte  par  M.  Mussini  de  Florence;  le  dessin  de 
cet  eleve  est  fort  beau,  mais  faible  de  composition.  Au  reste, 
Milan  abonde  en  excellens  dessinateurs  ,  et,  sans  sorlir  du 
palais  de  Brera,  on  trouve  des  dcssins  superieurs  a  celui  de 
M.  Mussini.  —  Dessin  tVornemcnt.  —  Le  sujei  rtait  un  calice 
avec  sa  patene  et  un  ciboire.  A  Milan  on  ne  pense  pas ,  comme 
a  Paris,  qu'il  convienne  de  laisser  sans  direction,  san-,  con- 
seils,  sans  bons  exeniples,  les  artistes  occupos  de  ciselu/e  et 
d'orfevrerie.  Parmi  nous  ces  gens  ne  sont  que  des  ouvriers ;  a 
Milan,  et  dans  toute  I'ltalie  ,  ce  sont  des  artistes  Ires-considt'- 
res  ,  f[ui  se  rappellenl  que  Cellini  vecut  dans  Tintiinite  des  plus 
fameux  pcintres  ct  sculpteurs  de  son  tenis,  marcha  leur  egal , 
et,  comme  eux,  futflatteou  encourage  par  les  souverains.  Un 
prix  est  done  donne  tous  les  ans  au  dessin  d'ornement.  Celte 
fois  ila  ete  decerne  a  M.  Joseph  Pagani  de  Mi-an.  Le  dessin  du 
calice  est  d'une  grande  purete;  les  details  en  sont  excjuis.  La 
boi  dure  du  vase  represente  tin  portement  tie  croix  ,  qui  a  lui 
seul  est  un  tableau  tout  entier.  Avec  un  parcil  raodele  ,  le  inoio- 
dre  orfevre  pourrait  executcr  wn  niorceau  precieiix.  En  France  , 
ou  le  commerce  des  bronzes  e^-l  si  important,  un  concours  an- 
nuel pour  le  dessin  d'ornentent  rendrait  un  grand  service  a 
rindusdie.  Oes  dessinateurs  se  forineraient  ])Ource  genre  spe- 
cial, ct  le  mnuvais  gout,  qui  menace  tonjours  les  ouvrages 
d'orfevrerie  ou  de  ciselure,  serait  facileuient  contenu. —  Ar- 
chitecture.— L'/Vcademie  avait  deinandi;  le  plan  d'un  lycee  dans 
unecapitale.  i\I.  Ferdinand  Qkv^osvsi,  de  MacagnoSuperiore, 
a  ete  couronne ;  son  travail  est  beau.  Peut-etre  en  Irouvera-t-  on 
la  conception  trop  vaste;  mais  il  faut  se  rappcler  que  les  con- 


Rao  EUROPE. 

coiirs  irarchiteclurc  ont  moins  pour  but  d'obtenir  un  projcr 
reelleinent executable,  que  do  doiiner  aux  elcves  une occasion 
de  devt'lopper  totites  letirs  idt'cs. 

Tel  est  le  resultat  du  conconrs  ouverl  cetle  annee  par  I'A- 
radeiTiie  des  beaux-arts  de  Milan.  On  voitqiie,la  peinture  cx- 
replee,tous  les  arts  dont  le  dcssin  est  la  base  ont  trouve  des 
inierpretesremplis  de  talens,  et  qui  tousdonncut  phis  que  des 
esperances:  on  pent  done  en  concUire  que  I'Ecole  milanaise,  sur- 
tout  pour  la  sculpture,  est  dans  une  situation  florissante.  A.  B — t. 

Turin.  —  Necrologie.  —  Testa  [Felice).  —  M.  Testa, 
habile  sculpieur,  niort  dans  un  age  pen  avance  a  Turin,  lieu 
de  sa  naissancc,  avail  remporle  un  prix  de  j)einture ,  et  conti- 
nuait  a  se  perfectionner,  a  Rome ,  dans  I'art  dp  Raphael ,  lors- 
que  le  gout  de  la  sculpture  reniporta.  Ses  ouvrages  originaux 
les  plus  estimes  des  artistes  sont  un  Perxee ,  une  Led  a  et  ua 
Cupidon.  II  executa  a  Cagliari  le  toinbeau  du  comte  de  Mau- 
rienne,  et  a  Sassari,  celui  du  due  de  Montferrat.  On  pense  (jue 
le  chagrin  a  beaucnup  abrege  sa  cnrriere.  Ses  talens  ne  le  con- 
duisirent  point  a  la  fortune;  le  seul  heritage  qu'il  ait  laisse  a 
ses  fiUes  est  une  excellente  education ,  Tamour  de  la  vertu  et 
I'exemple  de  sa  vie.  Tout  enticr  a  son  art  et  aux  soins  domes- 
tiques  ,  il  abandonnail  tout  le  reste,  comme  peu  digne  de  son 
attention.  II  travaillait  au  mausoiee  du  roi  Charles  Emmanuel , 
lorsque  la  mort  est  venue  le  fiapper.  Y. 

TURQUIE. 

Mathematiques. —  Trisection  de  Vangle,  par  Seid  Husseiw 
Massdariedschisade  (fils  du  rcceveur  du  peage).  —  II  a  paru, 
i  Constantinople,  une  petite  brochure  extremeinent  remar- 
quable,  er;  ce  qu'elle  peut  donner  une  juste  idee  des  progres 
ties  etudes  mathematiques  cliez  les  Turcs.  L'auteur  de  cet  ccrit 
ne  pretend  a  rieu  moins  qu'a  la  gloire  d'avoir  Irouvc  la  de- 
monstration, jusqu'a  present  inutilement  cherchee  i)ar  lesgeo- 
metres,  de  la  trisection  de  Tangle.  On  n'ay)prendra  j)oint  s.nns 
quelque  elonnement,  non  pas  t|ue  Seid  Hussein  ail  fait  prendre 
le  change  au  sultan,  mais  qu'il  ait  pit  s'abuser  luinieine,  et 
«urprendre  les  suffrages  de  tons  les  profcsseurs  et  adjoints  de 
TAcademie.  Hussein  rappelle  que  dans  la  grande  Encyclo])('dio, 
Ic  probleine  de  la  trisection  de  Tangle  a  ete  declare  insoluble, 
puis  il  continue  en  cc-s  termes  : 

'1  Louange,  et  encore  une  fois  louange !  par  la  grace  de 
Dieii... ,  par  les  miracles  du  prophele,  iiotre  seigneur  et  sau- 
vciir  des  deux  mondes,  et  par  la  force  du  bonbeur  fleurissant, 


TURQUIE.  —  PAYS-BAS.  82 1 

et  I'iiifluence  du  fruit  de  justice  du  moiiarque  ornant  actuelle- 
meiit  le  Irone,  comblant  de  felicite  le  monde  place  sous  sa 
garde...,  extirpateur  des  inechans  qui  se  revoltent  contre  lui ; 
conservateur  de  la  plus  vraie  de  toutes  les  religions.  .:  le  plus 
faible,  le  plus  debile...  de  ses  serviteurs,  Massdariedschisade 
Seid  Hussein,  premier  adjoint  a  rAcadeniie  imperiale  du  genie, 
a,  le  i3^ jourdu  mois  schaaban  de  I'annee  1237,  heureusement 
trouve  la  demonstration  de  la  trisection  de  I'angle  el  de  Tare 
<|ui  en  est  la  mesure ,  laquelle  demonslralion  avail  ele  dcpuis 
3o  ans  jugee  introuvable  par  les  geometres...  Ma  plus  liumble 
esperance  est  qu'il  plaira  a  la  haute  et  juste  vo!on!e  de  sa  ma- 
jeste  de  faire  inserer  la  relation  de  cet  evenement  dans  les 
annales  de  I'Empire...,  jiour  que  les  geometres  de  I'Europe  ne 
puissenl  s'approprier  celte  invention,  etc.  «  [Correspondance 
matheinatique  et  physique  de  MW.  Garnier  et  Quetelet.  ) 

PAYS-BAS. 

Bruxelles. — Academic  royale  des  Sciences  et  Belles- Lettres. 
— Sur  onze  questions  mises  auconcours  par  la  classe  dChistoire, 
une  seule  relative  aux  chani^emens  sur  la  cote  d'  A  rivers  a  Bou  ■ 
logne ,  a  ele  resolue  d'une  nianicre  salisfaisante  [)ar  M.  Bel- 
PAiRE  d'Ostende,  auquel  la  medaille  d'or  a  ele  decernee.  La 
classe  des  sciences  t\u\&s&\{  propose  sc})t  questions,  a  .'iccorde 
deux  medailies  d'argent :  I'nne  a  M.  Hensmans,  deLouvain,  au- 
teur  d'un  memoire  sur  Xcfuinier  animal;  la  seconde  a  M  Tim- 
MERMANS,  de  Gand,  qui  avail  envoye  un  memoire  sur  la  lioi- 
.sieme  question  {le  mouvernent  cPune  bulle  d'air  qui  s'eleve  dans 
un  liquide).  —  L' Academic  a  propose,  pour  les  coucours  de 
1827  el  de  1828,  diverses  questions  parmi  lesquelles  nous  ne 
cilerons  (|ue  celles  dont  I'interet  nous  a  paru  le  plus  general. 
— Classe  dhistoire  :  pour  1827.  — 1°  Quels  sont  les  services 
rendus  a  la  langue  el  a  la  litterature  grecque  par  les  savans  du. 
royaurne  des  Pays-Bas,  soil  par  la  composition  d' ouvragev  di- 
dactiques ,  soit par  la  publication  ,  la  revision  ,  la  critique  et  la 
traduction  des  auteurs  grecs? — 2°  Les  Beiges  eiaienl  issus  en 
pariie  des  Gerniains,  en  parlie  des  Gaulois.  Les  Francs,  peu- 
ples  formes  de  la  reunion  de  plusieurs  nations  germaniques  du 
nord,  sont  venus  repeupler  la  Belgique  dans  les  iv".et  v^  siecles. 
Les  Beiges  ont  long-tems  conserve  les  moeurs,  les  usages,  les 
arts  el  les  institutions  de  leurs  ancetres.  L'Academie  demande  : 
Quels  sont  dans  les  terns  posterieurs  les  principaux  traits  de 
ressemblance ,  d'identite  ou  d'analogie  que  I'on  retrouve  ,  soit 
dans  I'kistoire,  soit  dans  les  usages,  les  ceremonies,  les  amuse-: 


822  EUROPE. 

mens  et  les  fetes ,  soil  dons  les  lois ,  les  capitulaires ,  lex  concites 
et  les principales  coutumes  des  provinces  ineridionales  avec  ces 
anciermcs  pratiques  ou  habitudes? — 3°.  i"  Quels  droits  et pre- 
rogeitiies  les  rois  de  France  de  la  premiere  race  ont-  ils  exerces 
surla  nomination  des  eveques  de  leur  rojaume ,  et  notamment 
dans  les  trois provinces  de  la  Qaule-lielgiqvc  ,  connues  pendant 
la  domination  romaine  sous  les  noms  de  \  ''•=  et  i"  Beli;it|ue  et  de 
2'' Gcriii.aniqUe  ,  t/ont  les  metropoles  etaient  Treves,  Reims  et 
Cologne  ?  2°  Quels  sonl  les  droits  et  prerogatives  que  les  rois  de 
France  et  les  empereurs  d'Allemagne  ont  exerces  sur  la  nomi- 
nation des  evequcs  dans  les  trois  memes  provinces  sous  la  i"  dy- 
nastie  des  rois  de  France?  V^  A  queltitrc  ces  souverains  exer- 
caient-ils  ces  droits  ?  Etait-ce  de  leur  chef,  comine  souverains 
et  protecteurs  de  I'eglise ,  ou  etait-ce  par  suite  d'une  convention  ? 
4"  Comment  et  par  qui  les  eveques  et  les  metropolitains  de  ces 
trois  provinces  recevaienl~ils  la  confirmation  canonique  et'Ja 
coniecration  pendant  les  deux  epoques  sus-mentionnces  ? 

Pour  1828  :  Quelle  a  ete  I' influence  de  la  legislation  civile 
francaise  sur  -cede  des  Pays-Bas  espagnols  depuis  le  commence- 
ment du  seizieme  siecle  jusqti'h  la  fin  du  dix-septieme ,  ce  qui 
comprend  toute  Vepoque  de  la  domination  des  rois  d'Espagne  et 
des  archiducs  Albert  et  Tsabelle  ?  En  d'autifs  termes  :  Quels 
sont  les  changemens  et  les  ameliorations  npportes  a  la  legisla- 
tion des  Pays  Bas  espagnols  en  matiere  civile  dans  les  edits  et 
j.'lacards  generaux ,  et  qui  ont  e/e  empruntes  ou  imites  des  lois  et 
ordonnances generales  publiees  en  France?  L'Academie  desire 
quo  Ton  transcrive  les  textes  des  deux  legislations,  ct  qne  Ton 
indique  les  differences  des  dispositions  des  placards  belgiques 
qi:i  n'oiil  ete  qu'iniitees  des  lois  francaises. 

CUsse  des  sciences  :  pour  1827. —  1"  Quelle  est  la  theorie 
quiexpliquede  lamaniere  la  plus  satisfaisante  les  phenomenes 
diversque  presentet  aiguille  aimantee? — 2"  Assigner  la  forme  et 
toules  les  circonstances  du  mouvement  d'une  bulle  iC  air  de  gran- 
deur finie  qui  s'eleve  dans  un  liquide,  dont  la  densite  est  sup- 
posee  unlforme. — 3°  Quelle  relation  doit-il  y  avoir  entre  dix 
points  de  I'espace  pour  que  ces  dtx  points  appartiennent  a  une 
surface  du  second  ordre  ,  ou  entre  dix  plans ,  pour  que  ces  dix 
plans  soient  tangens  h  une  me'me  surface  tie  cet  ordre? — 4°  Exa- 
miner ,  d'une  maniere  approfondie ,  les  differentes  especes  de 
societes  d' assurance  sur  la  vie  ;  etablir  ,  d'aprcs  des  principes 
mathemaliques ,  quelle  est  cede  qui  presente  h  la  fois  le  plus 
■  d'avantnge  aux assures  et  aux  assureurs. —  5°  Determiner  toutes 
les  circonstances  du  mouvement  iffiniment  petit  d' un  systeme 
quelconque  Uneaire  ,  flexible ,  elastique  ou  non ,  autour  de  sa 


PA.YS-BAS.  —  FRANCE.  8  2  3 

position  cTequiUbre  ,  en  ayant  egard  a  la  resistance  d'unjluide 
elastique  arnhiant. 

Pour  1828  :  On  suppose  que  la  surface  de  cheque  aiie  cTun 
inoulin  rnu  par  la  force  du  vent  est  encendree  par  une  ligne 
droite  mobile  qui  s\ip pule  toujours ,  d' une  part ,  a  angles  droits 
sur  une  droite  fixe  donnee  de  position  ,  ct  de  V autre ^  sur  une 
courbe  plane  donlle  plan  est  parallele  a  la  droite  fixe.  On  de- 
mande  quelle  doit  etre  la  courbe  directricc  pour  que  C impulsion 
du  courant  d' air  sur  les  ailes  du  moulin  produise  le  maximum 
d'effet. 

Le  prix  de  chacune  de  ces  questions  sera  une  medaille  d'or 
du  poids  de  trente  ducats.  Les  n)eiiioires,  ecrits  lisiblement  en 
latin,  f'rancais,  hollantlais  on  flamand  ,  seront  adresscs,  franc 
de  port,  avantle  i"fevrier  1827,  a  M.  Detvez,  secretaire  per- 
petuel. 

FRANCE. 

MoNTiGJJAC  (  Dordogne).  —  Canaux  de  la  Correze  et  de  la 
Vezere.  —  Le  ministre  de  I'interieur  ayanl  mis  en  adjudica- 
tion, le  7  inr-s  1825,  les  iravaux  des  canaux  de  la  Correze  et 
de  la  Vezere,  M.  Eugene  Menil,  ancien  cleve  de  I'EcoIe  poly- 
tecliniquc,  etc.,  a  etc  declare  adjudicalaire  de  ces  canaux  et 
concessionnaire  a  perpetuite  des  droits  de  peage.  Ces  (ravaus 
consistent  :  1°  dans  I'ouverture  d'un  canal  lateral  a  la  Correze  , 
depuis  la  ville  de  Brives  jusqu'a  reraboucliure  de  la  Correze 
dans  la  Vezere;  2°  dans  la  canalisation  de  celte  derniere,  de- 
puis sa  jonclion  avec  le  canal  jusqu'a  son  embouchure  dans 
la  Dordogne  Le  but  de  Tenireprise  est  d'etablir  une  commu- 
nication entre  Test  et  le  sud-ouest  de  la  France.  Cette  ligne  de 
navigation  doil  surtoiit  facililer  les  relations  commerciales 
entre  deux  des  plus  iraportantes  ])laces  du  royaume  ,  Lyon  el 
Bordeaux.  Depourvus  jusqu'ici  de  nioyens  econonii(|ues  de 
transport,  les  departemens  de  la  Correze,  du  Cantal,  du  Puy- 
de-D6me,  de  la  Creuze  et  de  la  Dordogne  se  voyaient  prives 
de  presque  toute  industrie  ,  et  forces  de  laisser  inactives,  dans 
le  sein  de  la  terre,  leurs  immenses  richesses  minerales. 

La  longueur  reunie  du  canal  lateral  et  de  la  canalisation  de 
la  Vezere,  est  de  20  lieues.  La  pente  totale  des  deux  rivieres  , 
depuis  Brives  jusqu'a  la  Dordogne,  sera  racheteepar  Soecluses, 
de  2  m.  de  chute  environ.  Dans  I'etatactuel  des  choses  le  mou- 
vement  commercial ,  sur  la  ligne  de  cette  navigation,  est  evalue 
a  120  injlle  tonneaus.  D'apres  le  tarif,  le  merae  que  celui  du 


824  FRANCE. 

canal  du  midi,  le  reveiiu  net  s'elcvera  a  470,000  fr.  Le  capital 
social  ctant  de  7,25o,ooo  fr.,  on  voit  (luc  le  dividendc  h.  distri- 
buer  anx  actioi)iiairc3  sera  de  6  et  7  pour  100.  Ces  revcnus 
augmenteront  considerablemcnt  par  I'exploitalion  des  mines 
de  houille,  de  ])lomb  et  de  cuivre,  qui  se  trouvent  dans  le 
bassin  de  la  Vezere. 

Le  lu  juillel  iSaG,  on  a  pose  la  premiere  pierre  de  I'dcluse 
de  Montignac.  line  f'oule  considi  rable  couviail  les  jolis  rivages 
de  la  Vezere,  et  paraissail  lieureuse  d'acqucrir  la  certitude  de 
raccomplissenienld'une  cntreprise  qui  doit  avoir  unesigrande 
influence  snr  ses  deslinees.  Cinq  ecluses  sont  dejii  fondces; 
plusieurs  ponts  se  construisent;  partoiit  les  cheniins  de  liallage 
s'etablissent,  et  tout  fait  esperer  qu'a  la  fin  de  cetle  campagne, 
la  navigation  aura  lieu  jusqu'a  Terrasson,  i5  lieues  au-dessus 
de  remboucliure  de  la  ^'ezere.  C.-J.  Hknry. 

CuAEiENTON  (^Sei'/ie). —  Forges  et  Fonderies. —  Nos  lecteurs  ne 
serontpas  faciics  de  trouvcrici  quelqiiesmotssurlebel  etablis- 
seraent  de  M  M.  Manhy,  fFihon  et  Regnier,  et  d'apprendre  que, 
dans  un  petit  village  aupres  de  Paris,  il  existe  une  ecole  nor- 
male  d'imluslKie  faile  ])our  repandre,  de  lacapitale  jusqu'aux 
extremilc.s  dcs  ])rovinres,  queiques-uns  des  inoyens  d'execu- 
tion  qui  conconrenl  a  la  prosj)erilc  de  la  Grande-Bretagne. 

Cet  utile  etablissement  comjjle  dejacinq  annees  d'exisience  , 
et  tout  seiiible  lui  prometire  une  longue  diiree.  II  a  conside- 
labiement  auginente  la  population  de  Charenton  :  cinq  cents 
ouvriers  y  sont  encore  occupes ,  inalgre  la  stagnation  des  af- 
faires. Cinq  matliines  a  vaj)eur,  donl  les  forces  reunies  corres- 
pondent a  celles  de  114  cfjevaux,  font  mouvoir  les  innombra- 
bles  rouages  des  mecaniques  qui  garnissent  ces  vasles  ateliers  , 
<iu  Ton  fabrique  d'autres  machines  a  vapeur,  qui,  elles-memes, 
ironi ,  sur  tons  les  points  de  la  France,  animer  les  metiers, 
faire  tourner  les  moulins,  et  remplacer  en  tous  lieux  avec  eco- 
nomic de  tenis  el  de  depenses  la  force  dcs  chevaux  ,  ainsi 
que  celle  des  courans  d'eau  et  d'air.  Des  les  premiers  ])as  que 
Ton  fait  dans  letablissement ,  I'uiil  decouvre  de  toutes  parts 
d'enormes  blocs  de  metal  anxquels  le  moule  a  donne  les  formes 
les  plus  exactes  el  les  plus  varices.  Dernierement  plus  decent 
jeunes  gens  de  I'Ecole  polyteclinlque  assistant  dans  ce  lieu  a 
une  solennite  des  arts,  on  y  a  coule  en  leur  presence,  et  d'jin 
seul  jet,  un  arbre  de  vingl-neuf  ]iieds  de  longueur  sur  trois 
de  diametre,  du  poids  de  12,000  kilog. 

A  la  grande  forge,  une  machine  a  vapeur  de  la  force  de 
60  chevaux  ,  et  donl  la  puissance  est  encore  accrue  par   uu 


DEPARTEMENS.  82'; 

volant  en  fonte  d'une  dimension  gigantesc[ue  tournant  avec 
une  rapidite  vraiment  effrayante,  donne,  d'une  partle  nionve- 
nient  a  un  martinet  dii  polds  de  i5oo  kilog.  sous  lequel  des 
blocs  de  fer  bouillanf  viennent  recevoir  une  premiere  forme, 
ct  de  I'autre  fait  touiner  de  nombreux  cyiindres  enire  lesquels 
]e  fer  s'etire,  s'equarrit ,  s'arrondit  ou  s'ainiiiciten  lole  laminee. 
La  tcrre  qui  tremble  sous  ies  pieHs,  I'air  embraso,  le  roule- 
inent  des  engrenages,  Ies  coups  reiteres  du  mailcau  ,  la  vuc  de 
ces  liommes  demi-nus  rougis  ou  noircis  i)ar  ces  feux  elincellans 
de  tous  coles  a  travers  I'epaisse  fumee  dont  I'air  est  obscurci, 
ce  soin  continuel  que  le  si)ectateur  doit  prendre  de  veiller  a  sa 
surete,  tout  concourt  a  rcaliser  dans  ces  lieux  cet  enfer  ou  cet 
TLlna  que  I'imagination  des  poetes  avail  enfante. 

Plus  loin,  a  la  forge  d'alfinage,  un  autre  moleur  met  en 
jnouvement  un  martinet  du  poids  de  3, 000  kilog.,  sous  Ies 
coups  duquel  le  fer  s'allonge ,  se  polit  et  prend  des  formes  aussi 
])ures  que  celles  que  la  lime  ou  le  burin  pourraient  produiie. 
Dans  I'atelier  des  lourneurs,  un  seul  arbre  horizontal,  separant 
en  deux  pailics  egales  dans  le  sens  de  sa  longueur  une  salle 
inunense,  met  en  mouvernent  a  droite  et  a  gauche  un  grand 
nombre  de  tours  de  toule  espece.  Ici  sont  Ies  alezoirs,  la  Ies 
tours  a  dresser  des  cyiindres,  de  ce  cote  Ies  machines  a  forer, 
de  cet  autre  Ies  meules  d'affutage.  Les  cisailles  enormes  se 
croisent  par  un  mouvernent  continnel,  elles  coupent  a  vide  en 
attendant  qu'on  leur  aj)porte  le  fer  qu'elles  tranchent  avec  une 
elonnante  facilite  ,  el  sans  que  leur  mouvernent  habituel  en  soit 
ralienti.  Tout  marche  corame  par  encliantement ,  le  moteur 
univcrsel  est  cache  ;  il  semble  que  la  vie  anime  ces  blocs  de 
fonte,  ils  j.araissent  accomplir  d'eux-memes  les  fonctions  et  les 
moiivemens  qiu  leur  sont  ])ropres. 

Nous  n'avons  ni  I'intention,  ni  le  pouvoir  de  rapporler  ici 
lout  ce  c|ue  la  fonderie  de  MM.  Manby  et  de  scs  honorables 
associes  renferrae  de  curieus  et  d'ulile.  Divers  journaux,  ainsi 
que  les  bulletins  de  la  Sociele  d'encouragement  en  ont  deja 
entrelenu  le  public,  et  d'ailleurs  il  faudrail  consacrer  a  ce  recit 
un  grand  nombre  de  pages,  ])our  peu  qn'on  voulut  entrer 
dans  les  details.  Ce  (|ue  nous  venous  de  dire  pourra  donner 
du  moins  une  iilce  de  I'importance  d'un  etablisseracnt  dans 
le(|uel  on  consume  par  jour  un  bateau  de  charbon  de  lerre, 
et  ou  la  suspension  du  feu,  le  dimanche,  occasionne  une 
perte   de  5oo  fr.  M. 

^E.vsB.s.(  Il/e-et-Filaine).  —  Extrait  d'une  lettre  adressee 
au  Directeur  de  la  Revue  Encyclopcdique  ,  en  date  du  aS  aout 
1826.  —  Statistique  morale  du  pays,  —  Quoique  la  classe  des 


8i6  FRANCE. 

{^ens  instruits  ilans  notre  ville  soil  coin[)osee  presque  exclusi- 
vement  d'hommes  de  loi,  qui  jtianquent  en  general  dc  loisir 
pour  s'occiiper  avec  attention  des  progres  des  sciences  et  des 
ails,  vous  avez  ici  ncanmoins  nn  peril  nombre  d'aj)i)reciateurs 
de  votre  ulile  cnlreprise,  qui  n'est  i)as  seulenient  scienlifique  et 
litteraire,  inais  dont  Ic  principal  avanlage  est  de  former  un  lien 
nouveau  eulre  les  jieuples  ,  et  particulierement ,  dans  la  France, 
onlre  les  lioninies  eclaires  et  amis  du  bien  ,  epars  dans  nos  dif- 
ferens  tloparlemens ,  tt  de  contribuer  efllcacen.ent  a  rendre 
impossible  tout  iixouvement  retrograde  dans  la  civilisation. 

La  ville  de  Rennes  est  entree  plus  tard  que  beaucoup  d'autres 
dans  la  carriere  des  ameliorations;  et,  quoicju'elle  soit  res'ee 
long-iems  en  arricre,  ses  progrcs  n'en  sont  pas  moins  sensibles. 
11  y  a  quinze  ans,  elle  comptait  dans  son  sein  une  foule  de  prole- 
taires  qui  scml)laienl  se  complaire  dans  leurmisere  ,  dans  ['igno- 
rance et  dans  I'ivrognerie.  Les  niarcliands,  confines  dans  des 
boutiques  obsciiieset  mal  propres,  profitaient  de  la  rarete  des 
communications,  pourvendrea  un  pri\  excessif  des  marclian- 
dises  de  mauvaise  cjiiaiite.  On  ne  comptait  dans  cette  ville  que 
deux  ou  trois  manufactures,  tout-a-fait  an  ieri'es  dansleurs  [iro- 
cedes.  Depuis,  les  bienfaits  inappreciabl«;s  de  la  paix  se  sont 
fait  sentir.  Des  nsines  importantes  se  sont  etablies.  Le  travail 
a  mis  fin  a  la  mibcre  de.s  basses  classes  :  on  ne  voit  plus,  a  beau- 
coup  pres  ,  autanl  de  gens  couverls  de  haillons.  Le  nombre  des 
habitans  a  augmeute;  les  boulii]ues.  sont  aussi  bien  decorees 
(jue  celles  des  grandes  villes;  des  fortunes  se  sont  faitcs  dans  le 
commerce  ,  et  lui  out  donne  plus  d'influence  et  de  considcra- 
lion.  Une  cliambre  de  commerce  vient  d'etre  creee  ct  reniplit 
sa  laclie  avec  zcle.  Les  registres  de  renregislrenieut  font  foi 
que  les  acquisitions  en  irameubles  failes  par  les  negocians  s'ele- 
vent  chaque  annee  a  des  sommes  considerables.  Des  construc- 
tions faites  avec  elegance  s'lilevent  dans  plusieurs  quarliers. 
Les  Iiabitans  voient  se  realiser  dans  le  sein  de  leur  cite  des 
projels  qu'ils  etaient  habitues  a  regarder  des  leur  enfance 
comme  des  chiiueres. 

L'instruclion  serait  necessaire  pour  devolojiper  ces  germcs 
de  firosperite;  mais, j'avoue  a  regret  que,  dans  aucuue  autre 
ville  de  France,  il  n'existe  pent-etre  aulant  d'ignorance.  Des 
ecoles  lancasterlennes  avaienl  ete  fondees  ,  en  18176!  en  1818: 
des  nioyens  de  toute  espece  ont  ete  employes  pour  les  faire 
tomber.  Le  respectable  recteur  de  rAcademie  qui  les  prote- 
geait,a  ete  mis  a  la  retraite.  L'universile  depuis  ne  s'est  oc- 
cupee  qu'a  deiruire  les  etablissemens  qui  devaient  faire  son 
ajipui,  et  qu'ii  favoriser  ceux  qui  lui  prcparent  une  guerre 


DEPARTEMENS.  827 

moi  telle.  Des  lefus  de  sacreinens,  la  crainle  de  perdre  des 
pratiques,  ont  delerniine  les  artisans  a  retirer  leurs  onfans  de 
ces  ecoles.  Une  seule  siibsiste  encore  de  nom;  mais  le  maitre 
n'a  pu  la  maintenir  qu'en  se  soumettant  a  changer  eniieremeni 
le  precede  d'inslriiction.  II  recoit  dans  son  ecole  lous  les  enfans 
des  gens  aises;  les  enfans  des  artisans  sont  instruits  par  les 
freres  des  ecoles  chietiennes,  autrement  dits  ignorantin:, 
Vous  savez  que  leur  methode  consiste  a  comprimer  tout  essor 
de  rintelligence  ;  qu'ils  onl  recours  a  des  luethodes  vicieuses, 
et  qi 'ils  font  fuire  des  lectures  ennuyeuses,  pour  que  les  en- 
fans contractent  une  repugnance  incurable  pour  toute  espece 
d'application. 

Les  etudes  du  college  royal  son!  encore  bonnes  ;  mais  on  y 
fatigue  les  jeunes  gens  par  la  multiplicite  des  exercices  reli- 
gieus.  La  piete  est  devenue  le  premier  litre  pour  les  reconi- 
])enses,  de  sorte  qu'on  prepare  des  conquetes  a  I'liypocrisie 
d;ujs  i'age  meme  de  la  candeur.  Deux  prix  ct  quatre  accessits 
ont  ete  distribues,  cette  annee,  dans  chacune  des  cinq  plus 
hautcs  classes  :  ce  sont  ceux  de  dissertation  religieuse.  Nul  doute 
que  ceux  qui  les  ont  oblenus  ne  se  soient  menage  pour  Tavenir 
de  grandes  cliances  de  ftiveur. 

Un  hoinme  d'un  grand  talent,  M.  Legrand  ,  a  ouvert  un 
cours  d' applicudon  des  sciences  naturelles  aux  arts  mecaniques. 
(  Voy.  ci-dessus,  p.  602  ).  Soixante  a  quatre-vingts  eleves  ont 
suivi  ses  lecons  avec  une  application  digne  du  zele  du  profes- 
seur.  J'ai  eu  le  plaisir  d'etre  temoin  de  I'iuteret  mele  de  sur- 
prise avec  le(|uel  ses  demonstrations  elaicnt  ecoutees.  En  rele- 
vant, a  leurs  yeux  i'importance  de  leurs  professions  ,  nul  doute 
qu'on  ne  les  dispose  a  devenir  plus  hommes  de  bien  et  meilleurs 
citoyens.  L'annee  prochaine,  des  niedailles  seroal  distribuces 
pour  exciter  de  plus  en  plus  une  louable  emulation.      T — c. 

Societes  savantes ;  Etablissernens  d' utilite publique. 

Chalons  (Marne).  —  Societe  cC Agriculture ,  commerce, 
sciences  et  arts.  —  Prix  proposes.  —  Dans  sa  seance  publique 
du  28  aout  liernier ,  presidee  par  M.  le  due  de  Doudeauville  , 
cette  Societe ,  apres  avoir  entendu  diverses  lectures  faites  par 
plusieiirs  de  ses  merabres ,  a  decerne  des  niedailles  d'encou- 
ragenient ,  1°  a  M.  Povillon-Pierard,  membre  associe  cor- 
respondaiit,  a  Reims,  auteur  de  la  statisticjue  de  Brimonl  ; 
2°  a  M  Remv  ,  docteur  en  niedecine  ,  membre  associe  cor- 
respondant ,  a  Chatillon-sur-Marne ,  pour  les  vaccinations 
nombreuses  qn'il  a  operees.  —  La  societe  rappelle  qu'elle  de- 


8a8  FRANCE. 

cernera  dans  sa  seance  publique  du  mots  d'aout  1827  une 
medaille  d'or  dc  la  valeiir  de  3oo  fr.  au  meillpur  memoire 
siir  cette  question  :  Demontrer  In  siiperiorite  de  la  morale  dc 
t Evangile  sur  la  tnorale  des  philosophes  ancien.t  el  rnodernes  ; 
et  dans  sa  seance  publique  de  1828 ,  une  medaille  de  la  nieme 
valeur  au  meilleur  niemoire  sur  ce  sujet  :  Quelle  doit  ctre  ,  en 
France,  I'influence  du  gouvernemcni  representatif  sur  la  litteni- 
ture  ?  —  La  Societe  mel  au  concours  jioiu'  1827  et  les  annees 
suivantes,  une  Biographie  des  Hotnmes  celAbres  nes  dans  le 
departemenl  de  la  Marne ,  on  qui  s'y  sont  distinguvs  ,  i°  dans 
le  ministere  des  differens  cultes  ;  2°  la  magistralure  ,  le  bar- 
reau  et  V administration  civile;  iJ^  I'etal  milttaire  ;  4°  les 
sciences  et  les  belles  -  leltres  ;  5°  le  commerce  et  I'at^ricul- 
titre  ;  6°  les  beaux  -  arts  et  les  arts  industriels.  —  Pour  I'an- 
nee  1827  ,  elle  dernande  la  Biographie  des  lioinraes  celcbres 
nts  dans  le  departement  de  la  Marne,  ou  qui  s'y  sont  distin- 
gnes  dans  les  beaux-arts  et  les  arts  industriels.  —  Pdut  I'annee 
1828,  elle  dernande  la  Biographic  des  hornmes  cclcbres  nes 
dans  le  departement,  ou  qui  s'y  sont  distingues  dans  le  mi- 
nistere des  differens  cultes.  Le  prix  de  chaque  division  sei'a 
une  medaille  d'or  de  200  francs.  —  La  Societe  declare  que  les 
hommes  vivans  ne  y)euvent  faire  ])artie  de  cette  Biographie. 
—  Des  medailles  d'encouragenicnt  sont  offertes  ,  comme  les 
annees  precedenles,  1°  a  I'auteur  de  la  meilleure  Statislique 
d'un  canton  du  departement  de  la  Marne  ;  2°  au  medecin  ou 
chirurgien  de  ce  departement  qui  aura  vaccine  le  ])lus  grand 
iionibre  dc  sujets  pendant  I'annee  1827.  - —  Les  memoires 
doivent  elre  adresses,  franc  de  port,  avant  le  1^''  juillet  ,  a 
M.  le  docteur  Pkin,  secretaire  de  la  Societe. 

Marseille  (  Bouches-du-Rhone).  —  Bains  de  mer.  —  Un 
etablissement  qui  merlte  d'obtenir  tous  les  suffrages,  se  forme 
en  ce  moment  dans  notre  ville  par  les  soins  et  aux  frais  de 
M.  GiRAUDY  DE  BouYON,  D.  M. ,  auqucl  le  gouvernement  a 
fait  la  concession  d'un  emplacement.  Ce  sont  des  Bains  de 
mer  d'line  utilite  non  moins  grande  que  ceux  de  Dieppe, 
et  qui  atteindront  bientot  au  degre  de  renommee  de  ceux-ci. 
lis  sont  situes  sur  la  ]>lage  d'Arene  ,  a  un  quart  de  lieue  de 
Marseille,  et  ils  occupent  une  superficie  de  plus  de  six  cents 
metres.  Chac|ue  bain  ,  chaud  ou  froid  a  volonle,  forme  un 
petit  salou  separe.  Les  eaux  sont  claires  et  limpides;  elles 
sont  tres-cliaudes  en  ete  ,  les  bassins  etant  sables  a  trois  pieds 
de  profondeur. 

Cel  etablissement  renferme  des  bains  de  vapeur ,  de  sable 


I 


DEPATITEMENS.  —  PARIS.  829 

sature  de  sel  marin  a  36  degres  de  chaleur ,  pour  les  rhu- 
inalismes,   la  paralysle,  etc. 

Atltour  dc  remplncement  sont  des  maisons  de  campagne 
fort  agreables,  des  reslaurans,  des  maisons  garnies,  et  le  Chd- 
tenu-Vert ,  ou  Ton  trouve  le  logement  et  )a  table  ,  et  qui  est 
a  Marseille  ce  qu'est  a  Paris  le  Rocher  de  Cancale. 

La  beaute  du  site,  la  protection  des  auloritc's  locales  et  dii 
gouvernement ,  les  soins  nombreux  et  Ics  talens  de  M.  le  doc- 
teur  Giraudy  de  Bouyon  font  esperer  que  cet  elablisseirent 
acqiierra  bientot  la  renommee  et  le  succes  auxquels  il  a  droit 
de  prctendro.  Marids-Gimon. 

PARIS. 

Institut.  —  Academic  des  sciences.  —  Seance  du  7  aoiit 
1826. —  M.  Lafitte  presente  un  memoire  sur  une  nouvelle 
maniere  d'eniployer  le  grapin  en  usage  snr  les  \aisseaux.  Ren- 
voye  a  la  commission  chargce  d'examiner  un  grapin  propose 
dans  I'une  des  dernieres  seances. — On  adresse  un  memoire,  en 
italien,  par  M.  Seraphin  Belli,  professeur  de  matliemaliques 
a  Pise,  intitule  :  Exposition  de  quelques  principes  sur  la  solu- 
tion generate  des  equations  des  degres  superieurs  au  premier. 
(MM.  Ampere  et  Cauchy,  comrnissaire?.)  —  L'Acadcniie  ])ro- 
cedc  a  Selection  d'un  membre  de  la  section  de  chimie,  en  rcm- 
placement  de  M.  Proust  ,  decede.  Sur  47  votans,  M.  Chevreul 
obtient  Sg  voix,  et  il  est  proclame.  Ses  concurrens  ont  oblenu  , 
savoir,  M.  Clement,  6;  MM.  Pelletier  et  Laugier,  cliacun 
une  voix.  —  M.  Coriolis  lit  un  memoire  sur  une  nouvelle  de- 
nomination et  sur  une  nouvelle  unite  a  intsoduire  dans  la  Uy- 
naniiqiie.  (MM.  De  Laplace,  Fourier  et  Navier,  commissaires.) 
—  M.  Dupuytren  communique  des  observations  sur  le  tralle- 
nient  du  cancer  de  la  machoire  inferieure  ,  par  I'amputation  de 
cet  OS.  II  presente  trois  individus  Iraitos  par  cette  methode  et 
qui  sont  dans  un  etat  de  sante  parfaite;  d'autres  ,  en  plus  grand 
iiombre,  sont  rcp.nndus  dans  les  jirovinces.  Les  suites  de  I'ampu- 
tation  de  la  machoire  sont,  non-seulement  beaiicoup  moins 
graves,  mais  encore  beaucoup  moins  longues  qu'on  pourrait 
le  penser.  La  peau  est  cicatrisee  en  quelques  jours;  et  pour  la 
reunion  des  7)arties  de  I'os,  il  faut  tout  au  plus  3o  jours.  — 
M.  Arago  fait  un  rapport  verbal  sur  I'ouvrage  dc  Mariani  , 
relaiif  a  I'eleclricite  dynamiqiie. 

—  Du  ili  aout. —  On  renvoie  h  MM.  Dumeril  et  Boyer 
I'examen  d'un  onvrage  de  M.  Balme  ,  medecin  a  Lyon, 
intitnie  :  Observations  et  reflexions  sur  les  causes,  les  syrnploines 


83o  FRANCE. 

et  le  traitcment de  la  contagion  dans  diffcrentes  maladies,  ct 
spt'cialement  dans  la  peste  d' orient  et  la  fiwre  jaune.  —  Le  iiii- 
nistre  de  la  marine  atiresse  un  iTiPinoite  contenant  des  obser- 
vations zoologiques,  falles  dans  le  detroit  do  Gibrallar,  par 
MM.  QuoY  et  Gatmard,  naluralistes  de  I'expedition  de  M.  A' Ur- 
cillc.  (^  MM.  Cuvier  ct  la  Treille,  rapporteurs.  )  —  M.  le  Presi- 
dent annonce  que  MM.  de  la  Place,  Fourier  et  Navier  se  reu- 
niront  a  la  commission  ([ui  continuera  a  discuter,  sons  diffcrens 
points  de  vne,  les  propositions  de  M.  de  Pront,  relaiivea  a 
I'etablissenient  de  deux  iiouvelles  unites  de  mesnrc. — M.Blain- 
ville  coninnnii(]ne  I'exlrait  d'une  leltie  de  MM.  Quoy  et  Cay- 
MARD  ,  lie  I'expcdition  de  I' Astrolabe ,  sue  diiferens  points 
d'hisloire  natiirelle,  et  entre  auires  sur  la  circidation  dans  les 
hiphores.  —  M.  Pouzin  est  noramo  candidat  pour  la  place  de 
])rofesscur  de  pliarmacie,  vacante  a  I'ecole  de  Monipellier. — 
M.  le  docleur  Bordot  donne  lecture  d'une  note  relative  a  un 
Chinois  vivant,  age  de  1%  ans,  el  qui  ])orte  sur  la  paitie  ante- 
rieure  de  la  poilrine  un  fcetus  accpliale  ;  la  figure,  modelce  et 
coloriee,  est  mise  sous  les  yeux  de  I'Acadi'mie.  (MM.  Dumeril 
et  Geoffioy-Saint- Hilaire,  commissaires.  ^ — MM.  Vaiiquelin  , 
Thenard  et  Gay-Liissac  font  un  rapport  sur  un  memoire  de 
M.  Balard  ,  qui  a  pour  objet  Ip  description  d'une  nouvelle 
substance  qn'il  a  trouvce  dans  les  eauxde  la  mer.  M.  Balardavait 
donne  a  cetie  substance  le  nom  de  rnuride;  avec  son  consente- 
nient,  les  commissalres  I'ont  remplace  par  celui  de  hrome  (mau- 
vaise  odeur).  Le  brome  est  liquide  jusqn'a  18°  au-dessous  de 
Zero.  En  masse,  sa  couleiir  est  d'nn  rouge-briin  fence;  en 
couche  mince,  d'un  rouge  liyacinthe.  Lacouleurdesa  vapeur  est 
semblable  a  cellede  I'acide  nitreux  ;  sa  densiteest  d'environ  3. 
II  est  (res  \oIatil,  et  bout  a  /17";  son  odeur,  tres  forte,  res- 
scmble  a  celle  du  chlore;  ii  detruit  les  coulenrs  a  la  maniere 
de  cette  substance.  II  se  dissout  dans  I'eau,  I'alcool  et  I'eliier. 
Le  chlore  est  plus  puissant  que  lui;  mais ,  a  son  lour,  il  Test  plus 
que  I'iode  ;  ce  (jui  pent  faire  penser  que  le  brome  est  un  com- 
])ose  de  cldore  et  d'iode,  comme  I'affinite  qu'ii  a  avec  ces  deux 
corps  pouri'alt  le  faire  soiqiconuer.  Si  Ton  veui  se  former  une 
idee  exacte  des  proprietes  du  brome,  c'csl  au  chlore  i\xy'\\  faiit 
le  comparer.  Avec  I'hydrogene  il  forme  un  hydracide,  I'acide 
hydrohromi(|ue;  avec  I'oxigene,  I'acide  btomicpie  dont  les  sels 
ont  la  })lus  giande  analogic  avec  les  chlorates.  Avec  le  gaz  liy- 
drogene  percarbone,  il  produit  un  liquide  oieagincux,  d'une 
odeur  cthorec  lies- suave.  Le  poids  de  son  alome  est  9,328,  en 
prenanl  celui  de  I'oxigene  pour  unite.  IW.  Balard  avail  envoye 
de  pelits  echanlillons  de  brome  et  de  quehjues-unes  de  ses 


PARIS.  83i 

combinaisons,  sur  lesquelles  les  conimissaiies  ont  fait  dos  ex- 
piriences  ;  lis  ont  meme  obtenu  dn  brome  en  trailant  de  I'eau 
de  mer  j)ar  le  procetle  de  M.  Balard.  Lois  meme  qn'on  ])ar- 
■viendrait  a  dcmoritrer  (juc  le  brome  n'esi  pss  nn  corps  simple, 
sa  decoiiverte  n'en  serait  pns  moins  ties  importanle  pour  la 
cliimie  ,  et  ires-honorable  j)Our  M.  Balard.  «  Nous  pcrisons,  dit 
en  lerminant  le  rapporteur,  que  ce  jeune  cliimiste  est  tout-a- 
fait  digue  des  enconragcmens  de  rAcademie,  et  nous  propo- 
sonsd'insererson  memoiredans  le  renieil  des  savans  etrangers.u 
(  Approuve. )  —  M  Hcron-de-VUlefosse  fait  nn  ra;)port  verbal 
sur  I'ouvrage  de  M.  Karsten  ,  intitule :  Recherches  sur  lex  sub- 
stances charbonneuses  du  refine  mineral,  et particulierement  sur 
la  composition  des  houilles  dans  les  mines  de  la  monarchic prus' 
sienne. 

—  Du  21  aoiit.  — M.  Navier  lit  des  experiences  sur  la  resis- 
tance que  presentent  diverses  substances',  leiles  que  !c  fer,  le 
cuivre ,  le  plomb ,  etc. ,  a  la  rupture  causee  par  nn  effet  de  ten- 
sion.—  M.  Bouvard  communique  des  observations  faites  par 
M.  Gambart,  a  Marseille,  et  par  M.  Pons  ,  a  Lucques,  sur  une 
nouvelJe  comete  decomerle  dans  la  constellation  de  TEridan. 
Get  astre  est  tres-petit  et  sans  queue,  et  la  lumiere  de  la  liine 
en  affaiblit  lellenienl  IV-clat ,  que  MM.  Gambart  ot  Pons  out  en 
beaucoup  de  peine  a  I'obscrver.  — ■  MM.  Geoffrey  Snint-Hi- 
laire  et  Blainville  font  un  raj^port  sur  le  memoire  ile  M  Surum, 
relatif  aux  foetus  accphales.  Suivant  M.  Surum  ,  les  organes 
d'un  animal  ont  deux  dogres  de  <7italite,  I'un  ipii  leur  est  pro- 
pre ,  I'autre  qui  est  du  a  I'influence  des  nerfs.  La  circulation 
sanguineverseabondammontleprincipe  vital  sur  tous  les  points 
du  reservoir  nerveux.  II  est  separe  des  inolecules  mntei  ieiles 
du  sang,  ou  il  est  en  grande  projtortion.  Un  corps  peut  done 
se  developper,  s'animaliser  et  vivre  sans  nerfs,  lorstpi'il  est  en 
rapport  avec  quelque  partie  du  systeme  sanguin.  Chaque  nerf 
existe  par  lui-ineme  et  a  une  action  independante ;  il  doit  le 
complement  de  la  vilalite  et  de  sa  puissance  a  sa  communica- 
tion avec  les  centies  nerveux,  avec  vine  sorte  de  reservoir  ge- 
nera! ;  d'ou  il  suit  que  ,  jilus  le  systeme  nervcnx  est  complique, 
plus  Taction  parliculiere  de  chaque  nerf  est  forte.  Par  contre, 
si  le  systeme  nerveux  est  incomplet,  il  pourra  bien  servir  a 
entretenir  une  vie  obscure  et  bornee,  mais  non  une  existence 
elevee.  D'apres  cela  ,  M.  Surum  conceit ,  dit-il,  comment  un 
animal  eieve  pent  vivre  a  I'elat  de  foetus,  sans  cerveau  et  sans 
moelle  epiniere,  parce  que  sa  vie  est  alors  bornee  a  des  fonc- 
tions  pen  nombreuses  et  pen  developpces.  Mais  eeia  ne  sera 
plus  possible  lorsqu'il  aura  besoin  de  fonclions  plus  clevees. 


«3a  FRANCE. 

Cependant  I'anteur  adinet  le  besoiii  absolu  dc  I'influencc  ner- 
veuse,  mediate  ou  immediate,  dans  toutesles  fonctions,  nieine 
dans  la  nutrition.  Les  commissaires  ne  donnent  aucune  con- 
clusion sur  un  ir.ivail  qui  parait  faire  partie  d'un  ouvrage  de 
pliysiolop;Iepatliolnc;iqueqii'iIs  neconnaissent  pas.  (Approuve.) 
—  M.  CoLLADON  lit  un  intMnoire  sur  la  devialion  de  raiguiilc 
aiinantee,  par  le  courantd'une  machine  eiectrique  el  de  I'elec- 
tricite  des  linages. ( HI M.  Ampere,  Fourier  etDulong,  commis- 
saires.") —  M.  Becqiierel  lit  un  menioire  sur  les  decomposi- 
tions chimiques  operees  avec  des  forces  <51eclriques  a  trcs-pelites 
tensions.  (MM.  An)pere  etDulong,  commissaires. ) — M.  Dunoiv 
lit  un  memoire  sur  la  sortie  du  cordon  ombilical,  aii-devant  de 
la  tete  du  fcefus.  (MM.  Royer  et  Pelleian,  commissaires.) 

—  Du  18  aoili.  —  MM.  Vernet  et  Gauvrin  ))rient  I'Aca- 
demie  de  votiloir  bien  designer  des  commissaires  pour  assister 
a  I'essai  d'un  sysleme  de  vaporisation  ])ar  injection.  (MM.  Na- 
■vier  et  Prony  sont  nommes  a  cet  effet. )  —  M.  Moreau  de 
JoNNES  lit  un  memoire  intitule  :  Apercu  statistique  sur  la  quan- 
tite  de  cereales  enlreposee  mainlencmt  en  Europe.  —  M.  Ic 
D''  AunouARi)  donne  communication  de  deux  pieces  de  corres- 
pondance  relatives  a  la  fievre  jaune.  —  An  nom  d'une  com- 
mission, M.  Dexfontaines  lit  un  rapport  sur  le  memoire  dc 
M.  TuRPiN,  intitule:  Observations  sur  quclques  vegetaux  mi- 
croscopiques  et  sur  le  role  que  leurs  analogues  jouent  dans  la 
formation  et  I'accroissement  du  lissu  cellulalre.  L'auteur  s'est 
propose  de  faire  connaitre  le  vegetal  le  plus  simple,  celui  qui 
forme  le  premier  degre  visible  de  I'organisation  v^gulale.  11 
avait  CPU  d'abord  que  c'etait  les  monitia ,  qui  ne  sont  com- 
poses que  de  pelites  vosicules  unies  les  unes  aux  autres  sur  une 
raeme  ligne  ;  mais ,  ayant  ensuite  observe  ces  raemes  vesicules 
entierement  isolees ,  il  les  a  regardees  corame  les  premiers 
elemens  de  la  vegetation.  Si  Ton  suspend  dans  une  serre  chaude 
dcsinorceaux  de  verre,  ils  sont  bientot  converts  de  petits  vege- 
taux. En  les  examinant  avec  le  microscope,  on  voit  que  ce 
sont  des  globules  lulsans,  diaphanes,  vcsiculeux,  immobiles, 
de  grosseurs  differentes  ,  isoies  ou  reunis  en  groupes,  fixes  par 
un  point  au  corps  sur  lequel  ils  naissent.  L'auteur  substitue  le 
nom  de  globuline  a  ceux  de  byssus  et  de  lepra  qu'on  leur  avait 
donnes  jirecedemment.  Oelte  substance,  le  plus  ordinairement 
verte,  offre  aussi  d'autres  couleurs ,  telles  (pie  le  ])ourpre  ,  le 
jaune,  le  noir.  La  globuline  est,  selon  M.  Turpin,  le  i"  degre 
visible  du  regne  vegetal,  et  n'a  jamais  presente  a  l'auteur  aucun 
signe  d'animalite.  L'odeur  qu'elle  repand  est  celle  de  la  moisis- 
sure.  C'est  une  espece  bien  distincte,  qui  ne  devienl  jamais  ni 


PARIS.  83'. 

une  trernelle ,  ni  line  mousse,  et  qii'on  doit  bien  se  garder  de 
coiifuiidre  a\  cc  la  matiere  verlc  des  eaux  crouiiissantes  et  des 
infusions  de  \iaiules  el  de  vegetaux,  rn.'itiere  (jui  n'esi  qii'un 
ainas  de  peiiis  aiiiniaux.  La  giobiiline  n'est  pas  iion  plus  une 
production  sponfanee,  puisqu'elle  se  reproduit  par  d'antics 
pelits  globules ,  iies  de  ses  parois  interieures.  Si  I'on  observe 
le  genre  connu  srtus  le  nom  de  lepra,  on  voit  ([ue  les  vcsicule's, 
elemens  de  la  globuline ,  au  lieu  d'etre  solitaires,  sont  reunies 
])ar  une  substance  fibreuse,  tres  deliee,  qui  leur  sert  de  base, 
ce  qu'il  nomnie  globuline  enchainee ;  c'est  le  a°  degre  de  la 
vegetation.  De  ce  i"  degre,  on  arrive  au  3°  qui  est  le  ti.'.su 
cellulaire ,  oil  Ton  reconnait  tonjours  la  globuline ,  mais  sans  un 
appareil  plus  complii|ue.  EUe  peut  se  dilater  par  la  clialeur 
el  par  I'liumidite;  quel(|uefois  elle  s'allonge  et  forme  un  tube 
dans  I'liiterieur  duquel  naissent  d'autres  vesicules.  Cette  modi- 
fication do  la  globuline  conduit  a  ces  vegetaux  fdamenteux 
qu'on  nomine  conferves ,  et  qui  ne  sont  que  de  la  globuline 
proiongee  en  tubes.  La  globuline  des  conferves  nait  de  leurs 
parois  interieures ;  elle  a  des  formes  et  des  coulenrs  tres-varices. 
Plusieiirs  conferves  simples  soudees  lateralement  formentune 
lame  membraneuse  ou  uh'u ;  enfin,  plusieurs  de  ces  lames 
applii(u^es  les  unes  sur  les  autres  forment  Ic  lissu  cellulaire ,  des 
differentes  raodificalions  duquel  rosul'.enl  les  formes  si  nom- 
breiises  et  si  varices  des  vegetaux.  SuivaiU  M.  Turpin  ,  les  cou- 
leurs  des  vegetaux  sont  dues  a  la  globuline,  leintcdes  memes 
couleurs.  Nous  ne  pousserons  pas  plus  loin  cette  analyse,  qui 
suflit  pour  faire  connaitre  I'importance  des  observations  nii- 
croscopicpies  de  I'auteur.  Son  travail  a  paru  a  I'Academie  Ires- 
digne  d'eloges  ,  et  sera  iiisere  dans  le  recueil  des  savans  etran- 
gers.  —  M.  RoBiNOT-DESvoiny  presente  un  ouvrage  nianuscrit 
sur  le  genie  mouclie  de  Linne ,  dont  il  fait  une  famiile,  sous 
le  nom  de  myodaires.  ( MJL  Dumeril  ,  Latreille  et  Blainville, 
coraraissnires.)  —  MM.  Mirbel  eX.  Fresnel,  font  un  rapport  sur 
line  lettre  de  M.  Sollier,  dans  laquelle  il  ])rop<)se  d'essayer 
I'attiou  des  rayons  colorues  de  la  lumiere  soiaire  sur  les  fleurs 
incolores,  ct  d'employer  des  conducteurs  clectriques  pour  la 
correspondance  telegrapliitpic.  M.  Fresnel  fait  connaitre  que 
celte  letlre  ne  contient  ]>as  les  descriptions  iiecessaires,  pour 
que  la  commission  puisse  exprimer  son  avis  sur  les  vues  de 
I'auleur.  ( Adopie.  ) — M.  Gco/froy  Saint-Hilaire,  au  nom  d'une 
conunlssinn  ,  lit  un  rapport  sur  une  monstruoslte  singuliere  , 
doiit  le  modele  a  cle  apporte  de  la  CLine,  et  qui  a  ete  pre- 
sente a  I'Academie  par  M.  le  D""  Borclot.  II  existe,  en  Chine, 
un  homrae  qui ,  en  Janvier  1826,  avail  21  ans,  et  qu'on  inon- 

T.  XXXI.  —  Septembre  i8a6.  53 


834  FRANCE. 

trait  de  province  en  province  ,  parce  qu'il  portait  attache  a 
la  poitriiie  uu  foelus  accphale.  11  etait  arrive  depuis  Iroi* 
ans  a  Macao,  d'oii  il  passa  a  Canton;  deux  luedecins  an- 
glais, MM.  Pearson  el  Livingston ,  alors  a  Canton,  employe- 
rent  deux  jours  a  en  fairc  I'examen,  ct  le  premier  consigna  le 
rcsidlat  de  cet  examen  dans  une  notice  qui  fut  envoyee  en 
Angleterre.  On  fit  du  jenue  homme  un  modele  haul  de  i/j 
]jouces,  avec  dela  pale  de  riz,  que  Ton  coloria  avec  beaucoup 
de  soin.  II  parait  que  Ton  a  specule  a  Canton  sur  celle  inons- 
truosite.  On  y  a  mulliplie  les  exemplaires  de  la  figure  et  de  la 
notice  ,et  trois,  a  la  connaissance  des  comniissaires ,  sont  ar- 
rives a  Paris,  par  la  Thetis  ^  fregate  conimaudce  par  M.  de 
Bougainville;  de  sorte  que  les  cominissaires  ont  eu  tous  les 
renseignemens  qui  peuvent  constater  I'exactilude  des  fails; 
exactitude  confirnit'e  d'ailleurs  par  la  description  de  viugt 
monstruosiics  a  peu  pres  semblables.  Le  jeune  Chinois  dont  il 
est  question  n'a  rien  de  parliculier  dans  sa  conslitution ;  il  a 
le  meme  teint  que  ses  comjjatriotes;  il  n'tst  ni  tres-inaigrc,  iii 
tres-gras;  on  remarque  seulemenl  que  les  parlies  de  la  gene- 
ration sont  peu  developpees.  Le  fcctus  est  adherent  nu  sternum , 
depuis  la  4*  cote  jusqu'a  la  8'.  On  remarque,  dans  cette  den- 
due,  une  saillie  osseuse  qui  parait  simuler  la  tele  du  foetus, 
peut-etre  seulement  une  partie  de  I'occijjital  et  des  lemporaux. 
Le  foetus  ayant  ete  palpe,  on  s'est  assure  (ju'il  est  prive  des 
vertebres  dorsales  et  lombaires;  il  possede  les  cervicales.  II 
rcsulte  de  cette  disposition  qu'on  pouvait  a  volonte,  et  sans 
causer  de  douleur  au  jeune  Chinois,  ployer  le  foetus  par  le 
milieu  du  corps,  le  rctourner  a  sens  dessus  clessoits,  et  rauiener 
les  parties  anterieurcs  pour  les  placer  sous  les  \eux  du  specla- 
teur.  Dans  I'etat  ordinaire,  les  deux  sujets  sont  places  ventre 
contre  ventre.  Nous  ue  suivrons  pas  le  savant  rapporteur  dans 
les  details  anatomiques  que  sa  science  et  son  erudition  lui  ont 
fournis.  lis  ont  pour  but  de  relever  quelques  erreurs  de 
M.  Pearson,  et  de  deraonlrer  que  la  monstruosite  du  Chinois 
n'est  point  parfaitemcnt  identique  avec  cellcs  du  m^nie  genre 
decriles  jusf|u'ici,  et  que,  sousce  dernier  rapport,  M.le  docteur 
Bordot  merite  d'auiant  mieux  les  reaiercimens  de  I'AcadeiBie 
poursoninteressantecomniunication.(Approuvi'.)  A.MicHELOT. 
—  Jcademiefiuncaise. — Seance  publique  annueUe  du  %[> 
aodt  i8'^6.  —  Distribution  des  prix  d' eloquence  etde  poesie ,  el 
des  prix  fondes  par  M.  de  Monlhyon.  — Puisquelcs  anciens 
usages  continuent ,  meme  lorsqn'il  ne  reste  plus  de  uiolifs  pour 
les  maintenir,  sinon,  commedit  Montaigne,  leur  barbe chenuc 
€t  leurs  rides  ^  le  panegyrique  de  Saint-Louis  a  etc  prononcc  , 


PARIS.  835 

cette  annee,  devant  quelques  membres  de  I'Academie  francaise. 
II  parait  que  I'eliquette  ne  ])erniet  pas  de  con6er  a  un  acade- 
niicien  cette  oeuvie  jjurement  oratoire,  qui  ne  peut  avoir,  dans 
aucun  cas,  I'utilile  d'un  sermon  sur  la  morale  ;  c'esl  un  luxe  de 
la  chaire  evangi-lique,  dont  elle  ne  recoit  aucun  eclat,  et  qui  a 
raeme  le  grave  inconvenient  de  la  souraeltre  aux  criliques  du 
gout,  de  confondre  ses  oraieurs  dans  la  I'oule,  etdeleurini- 
poscr  des  lois  qui  ne  devraient  pas  (^frefailes  pour  eux.  Cette 
ann^e  ,  un  jeune  pretre,  M.  Cabanes  a  ete  ciiarge  de  faire  le 
cent  cinquantieme  paiiegyrique  du  saint  roi :  il  s'en  est  acf|uitle 
de  son  raieux;  si  les  auditeurs  n'ont  pas  ete  satisfails,  ce  n'est 
pas  a  I'oraieur  qu'ils  doivent  s'en  prendre,  luais  a  ceux  qui 
Tent  choisi.  Quelques  critiques,  disposes  a  I'indulgence ,  ont 
apercu  dans  son  discours  les  germes  d'un  talent  remarquable 
que  le  tems  pourra  develo;)per  et  luurir  :  maisce  talent  jiarait 
mieux  convenir  a  la  tril)une  ([u'a  la  chaire ,  aux  choses  profanes 
qu'a  celles  de  la  religion.  L'cloquence  sacree  se  distingue  sur- 
tout  par  une  moderation  pleiue  de  dignite,  par  une  action 
douce ,  continue ,  qui  peneire  sans  efforts  a  travers  les  obstacles 
que  lui  oppose  I'imperfeciioji  de  la  nature  huuiaine,  et  laisse 
dans  I'ame  des  impressions  salutaires  et  durables. 

I/Academie  avail  a  decerner,  dans  sa  seance  publique,  le 
prix  d'eloquence  et  celui  de  poesie.  —  Pour  \e  prix  cf  eloquence, 
le  sujet  juis  au  concours  etait  Veloge  de  Bossuet :  i\  couxtnaXx. 
aux  circonstances  presentes;  et,  si  c'est  par  ce  motif  que  I'A- 
cademie I'avait  choisi ,  nous  devons  Ten  reinercier.  Mais  ,  pour 
_le  ti'aiter  convenablemeut ,  il  ne  fallait  rien  nioins  que  la  ma- 
turitc  d'un  esprit  observaleur.  Les  jeunes  talens  se  trouvaieat 
hoi's  d'etat  d'enlrer  en  lice  ;  les  talens  eprouves  ne  recherchent 
plus  les  couronnes  acadcmiques  :  le  prix  n'a  pas  ete  decerne. 

Le  prix  de  poesie  etait  promis  ,  depuis  deux  ans  ,  a  la 
meilleure  piece  de  vers  sur  les  legs  et  les fondations  de  M.de 
Monlhyon.  Celle  de  M.  Alfred  de  Wailly,  professeur  au  college 
do  Henri  IV,  a  ete  conronnee.  Les  concurrens  etaient  nom- 
breux;  un  accessit  decerne  au  nuniero  i5,  la  meulion  hono- 
rable des  nuuieros  29,  4,  i3  et  28  attestent  que  nos  poetes 
sont  ins])ires  par  la  reconnaissance ,  et  s'empressent  de  cel6- 
brer  les  bienfaits. 

L'expose  des  motifs  qui  ont  determine  I'Academie  a  decer- 
ner, cette  annee,  plus  de  prix  a  la  vertu  ,  ne  pouvait  etre 
ecoute  sans  un  vif  intcret.  Douze  recompenses  out  et(^  distri- 
buees ,  dans  I'ordre  suivant : 

1°  4,000  fr.  a  M"«  CeVe^^/weDETRiMONT,  demeurant  a  Mou- 
chy,  arrondissemeut  de  Dieppe,  Seine-Inferieure.  Cette  de- 


8^6  FRANCE. 

moisolle  a  prodlgue  ses  soins  a  iine  famillc  entiere ,  aftaquce 
(In  typlius.  —  9.°  3,000  fr.  a  Marie  Brun,  nee  a  Monfapny, 
canton  et  arrondisscraent  de  Loulians,  Snoiie-ct-Loire.  Elle  a 
servi  et  soiilagt- ,  j)fndant  treiite  ans,  sesinailres  toinbes  dans 
rindif;oiice.  —  3"  Medaille  de  2,000  fr.  a  Catherine  Gautier 
eta  Jean-Nicolas  Rol  ,  son  epoux  ,  demeurant  a  Damas  -aux- 
Bois ,  aiTOndissement  d'EpInal;ils  se  sont  devours,  comme 
Marie  Brun  ,  pour  leurs  maitrcs  qui  sans  doute  etaient  dignes 
de  tels  servitcurs.  —  4°  Medaille  de  a, 000  fr.  a  Dominique 
McssET  eta  Anne  Delcuos,  son  cpouse,  a  Chateau  -.  Salins, 
departeraent  de  la  Meiirlhe.  —  5°  Medaille  de  1,000  fr.  ^ 
M""  Dklcros,  ouvriere  en  robes,  A  Paris.  —  6"  Medaille 
de  1,000  fr.  a  M""^  Louise  Coindre  ,  couluriere ,  a  Paris. 
—  7"  Medaille  de  1000  francs  a  M.  Moreau,  a  la  Cha- 
pelle  -  Saint  -  Mesmin  ,  departement  du  Loiret.  • — 8°  Deux 
medailles,  ile  760  fr.  chacime,  aux  demoiselles  Rotjii.le,  a 
Paris,  rue  Pierre  -  Satraziii,  n"  4.  —  9"  Une  medaille  de 
600  fr.  a  Jeanne  Modnicot  ,  femme  Pierrette  ,  a  Noye,  can- 
ton (leLembeye,  depaitcment  des  Basses-Pyrenees. — 10°  Me- 
daille de  5o()  fr.  a  Marie-Elisabeth  Austebberthe,  veuve 
TROTTiER,a  Paris,  rue  Saint- Jacques,  n"  332. —  ii**  Medaille 
de  5oo  fr.  a  Anne  Couard  ,  veuve  Youf,  a  Paris,  rue  du  Dra- 
£fon  ,  n°  3.  —  12°  Enfln,  une  medaille  d'or,  du  7Tiodiile  de 
I'Institut,  a  Etienne  Lucas  ,  fils  du  garde  champetre  de  Serqui- 
gny  ,  deparlenienl  de  I'Eure. 

Les  actes  de  vertu  (]ui  ont  merite  ces  recompenses  sont  des 
secours  offcrls  a  I'inforlune  par  la  panvrete  ,  I'adojjiion  d'en- 
fans  abandot)nes,  une  vie  lout  entiere  consacree  a  une  coura- 
geiise  bienfaisance,  des  viclimes  arrachees  a  la  mort ,  au  peril 
de  la  vie. 

On  demandcra  pourquoi  les  classes  aisees  ne  pataissent  point 
dans  ces  fetes  consacrcesa'la  vertu,  sice  n'est  pour  en  reliaus- 
ser  la  pompe?  Pourquoi  des  conronnes  ne  leur  sont  pas  decer- 
nees?  Le  fondateur  ne  s'est  pas  occupe  d'elles;  il  pensait  ap- 
paremment  que  les  riches  n'ont  pas  besoin  d'etrie  extites  a  la 
bienfaisance. 

II  resfaii  a  dcrerner  le  jirix  destine  a  I'ouvrage  le  plus  utile 
aux  nioeiirs.  L'Acadeniie  a  pcnse  qu'aucune  des  jirodiiciions 
lltleraires  de  cette  annee  ne  incritait  tine  distinction  de  cet 
ordre  ;  mais  que  Irois  petits  onvrages  avaient  approche  du  but. 
Des  medailles  ont  ele  distiibuecs  entre  trois  ccrivains  :  M.  de 
JussiEU,  auteur  de  Pierre  Gibernc  ;  M""^  Panier  qui  nous  a 
donne  VEcriva in  public,  el  M.  Bouili.y,  aulcur  des  Contes 
offcrls  aux  enfuns  de  Fiance.  Le  public  a  regrelte  que  Ton  n'ait 


PARIS.  837 

point  fait  connaitie  les  iiioiifs  de  cede  d^'cision  ;  il  est  a  crain- 
dre  qu'il  ne  la  conQrme  point.  A  I'avenir,  on  devra  s'attendre 
que  I'yVcademie  ct  I'opiniou  publitjue  suivront  des  directions 
differenles  et  ne  se  reDContreront  point.  Commc  le  corps  litte- 
raire  parair  soigner  assez  peu  ies  inteiets  de  ia  iitterature,  le 
public  se  charge  d'y  suppleer  ,  autant  qu'il  le  peut;  et  bieniot, 
son  influence  doniinera  seule,  et  fera  scniir  peut-etre  riniili- 
litc  de  TAcadt-mie.  Le  genereux  M.  de  Montliyon  n'a  pas  pie- 
vu  cette  revolution  dans  nosmoeurs  publiques;  anjourd'hui,  ses 
intentions  bienfaisanfes  sont  mal  comprises,  et  ses  fondritions 
ne  seront  pas  aussi  profitablcs  qu'il  I'csperait.  Depuis  que  I'A- 
cademie  francaise  a  cesse  d'etre  environnee  de  ia  consideration 
pubiiquejclle  ne  pcut  plus  etre  I'organe  de  jugemens  aussi 
graves,  aussi  soleniiels  que  ceux  qui  decerneiit  les  prix  dc  ver- 
tus  etd'utilite  morale. 

M.  de  Cfssac,  presidant  I'Acadeniie  en  I'absence  de  Ms''  I'ar- 
cheveque  de  Paris  a  tennini'-  la  seanre  par  I'inauguralion  du 
bnste  de  M""'  Elisabeth ,  place  en  face  du  bureau  du  Direcleur. 
Cast  un  des  legs  fails  a  I' Academic  ,  par  M,  de  Monthyon.  «  Le 
courage  railitaire,  a  dit  M.  le  chancclier  ,  est  recompensi'?  au 
nom  lie  Saint-Louis,  les  signes  de  I'honneur  sont  donnus  au 
nom  de  Henri  IV ,  et  desormais  ,  la  veriu  sera  recoropensce  au 
nom  de  M"'«  Elisabeth. »  <# 

L'Academie  propose  pour  le  prix  de  poesie  qui  sera  deccrne 
en. 1827,  I'affranchissement  des  Grecs.  Elle  annotice  qn'elle 
proposera  ,  pour  le  prix  de  prose  a  decerner  en  1828,  un  dis- 
cours  sur  la  marche  et  ies  progres  de  la  langue  et  de  la  liite- 
ralurefrancaises  depuis  ie  commencement  du  xvi'^sieclejusqu'eii 
1610.  '  Y. 

— Academic  des  Beaux- Arts.  — Nominalion  de  M.  David, 
sculpteur.  —  L'Acailemie  ,'dans  sa  seance  du  5  aonf,  a  nommc 
a  la  jilace  vacanle  par  la  mort  ile  IM.  Stouf,  sfaluaire,  M.  Da- 
vid, jeune  sculpteur,  dont  les  premiers  ouvragcs,  \es  statues 
colossnles  du  grand  Conde ,  dc  Racine,  de  Fenelon  et  de 
Bonchamp  ,  ces  deux  dernieres  accompagnccs  de  bas-reliefs, 
donnent  la  plus  haute  idee  de  son  talent,  el  les  esperances 
les  iiiieux  fondees  qu'il  souliendra  digiicnient  dans  les  arts 
le  beau  nom  qu'il  porte,  ct  qu'un  nouvcaii  David  ajoutera 
encore  a  la  gloire  francaise.  M.  David  est  charge  d'executor  la 
statue  du  general  Foy  ,  et  quatre  bas-reliefs,  representant 
les  e|)Oques  les  jjIus  remarquables  dc  la  vie  de  ce  grand  ciloyen, 
pour  le  monument  consacrc  .n  sa  njiiuuire  par  la  reconnais- 
sance naliona!c  (  Voy.  Rd'.  eric,  t.  xxx,  ]).  58o  )  ;  enfin  , 
on  lui  de\ra  bieiitot  deux  bi.stcs  en  mnrbre  ,  I'un  du  celebre 


838  FRANCE. 

publiciste  et  philanlrope  Bent/iam ;  \'k\u\re ,  du  general  La~ 
fayette ,  c'galeraent  clier  a  la  France  el  a  l'Amerir|uc.  On  aiine 
a  voir  tour  a  tour  le  cisean  ,  le  burin  et  Ic  pinceau  employes 
par  des  mains  li.ibiles  a  conserver  Ics  traits  des  homraes  dis- 
tingues  et  utiles  ,  on  a  transmetlre  aux  siecles  a  venir  les  ac- 
tions d'heroisme   et  de  \crtu  qui  honorent  I'humanite. 

M.  A.  J. 

Academie  royale  de  medecine.  —  Resume  des  deliberations 
relatives  aii  magnetisrne  animal,  dans  les  seances du  i3  dccem- 
bre  1825  ,  du  10  et  du  24  Janvier ,  et  du  \l\fevrler  1826.  — 
Mf.smer,  nalif  de  Vienne,  enlreprit ,  en  1772  ,  de  trailer  les 
mnladies  par  nn  agent  qu'il  disait  avoir  decouvert,  et  qu'il  ap- 
pelait  jnagnetisrne  animal.  Selon  lui,  cet  agent  etait  tin  Jluide 
nniversel  dont  chac|uc  ctre  avait  sa  ])ortion.  Ce  fliiide,  mu  par 
la  voloiite,  pouvait  se  porter  ainsi  d'lin  corjjs  siir  un  autre. 
ToMte  maladie  eiait  occasionee  par  un  defaut  d'<5quiiibre  de  cc 
fluide  ,  et  en  !e  meltant  enaction,  une  aiiire  personne  pouvait 
giierir  le  malade.  Telle  est  la  base  du  systcme  de  Mesmer ;  il 
se  donna  pour  en  etre  I'inventenr,  (juoique  cetle  theorie  se 
reirouvedans  les  ecrlts  de  Van  Heimont,  de  Maxwell,  de  divers 
pliilosophes  et  nicdecins  du  xvi'  siecle.  Mesmer  obtenait  des 
resullats,  il  gucrissait  des  malades;  son  sysleme  fut  vivement 
Vbtlaque  et  defendu. 

En  1784  ,  1<'  roi  nomma  treize  commissaires  pour  examiner 
la  th''orie  ct  lei  precedes  de  Mesmer;  ils  etaient  pris  dans  la 
Faculto  de  Paris,  dans  TAcadenue  des  sciences,  dans  la  Sociele 
royaSe  de  miviecine,  et  on  comptait  parmieux  Franklin  ^  La- 
voisier,  deJusiieu  et  Bailly.  Ce  dernier  fit,  au  nom  dela  com- 
mission, un  rapport  dans  leque! ,  rejetantla  iheorie  du  fluide, 
ilreconnut  I'existenee  de  violcns  e/J'ets ,  dus  ci  I'attouchetnent, 
it  t imagination  ,  ci  C imitation.  De  Jussieu,  dans  un  rapport 
parliculier  ,  rejelant  egalement  la  iheorie,  n'apercut  dans-les 
elfets  que  remission  de  la  chnleur  animale ,  soitpar  le  frotte- 
ment,  soit par  le  contact,  et  plus  rarcment  par  un  simple  rap- 
prochement ii  quelque  distance  :  \\  dcmanda  que  ceux  qui  con- 
tinuaient  le  traitement  magnetique,  fjssent  connaitre  leurs 
decouverles  et  leiirs  observations. 

Le  rapport  de  Bailly  et  les  eveneniens  de  la  revolution  firent 
negliger  les  traiteinens  magiieli(jues.  Plus  tard,  I'observation  du 
soinnambiiiisnie,  qui  avait  ete  ignore  de  Mesmer,  a  I'epoque 
de  Texamen  de  la  commission,  et  plusieurs  ouvrages,  surtout 
ceux  de  MM.  de  Puysegur  et  Z>e/^wze  reporterent  I'at  ten  lion 
sur  ce  snjet.  La  prati(|ue  et  laNtheorie  meme  changerent;  des 
Ciperiences  faites  a  I'Hotel-Dien,  par  le  doctenr  Dupotet ,  en 


PARIS.  859 

1820,  rendirent  assidus  a  I'observalion  dcs  fails  beaucoup  de 
jeunes  niedecins.  Une  lettre  de  M.  le  docteur  Foissac  a  J'Aca- 
demiede  medecine,  au  moisd'aoiit  iSaS,  annoricaitdes  fgcultes 
surpienantes  reconnues  dans  Jes  somnambules,  et  provoqnait 
I'exarnen  du  magnetisme  animal,  ainsi  que  la  nomination  de 
commissaires  pour  suivre  les  experiences.  M.  Adelon  fit  part 
de  ces  propositions  a  ['Academic,  et  elles  y  furent  le  sujet 
d'une  discussion.  Les  uns  allej^uaient  qu'il  etait  naturel  dexa- 
miner;  les  antics  pretendaient  que  le  magnetisme  animal  elait 
inort  et  enterre  depuis  long-tems,  Cesderniers  ne  remartjuaient 
peut-etre  pas  que  la  lettre  de  M.  Foissnc  ne  faisait  guore  men- 
tion que  du  somnambulisme  et  de  quelques  unes  de  ses  famil- 
ies,  tandis  que,  dans  le  fameux  rapport  de  Bailly,  qui,  selon 
eux ,  avail  tue  le  magnetisme,  il  n'avait  etc  nullemcnt  question 
du  somnambulisme  alors  inconnti.  Le  president,  M.  Double ^ 
concilia  les  differens  avis,  en  pvoposant  de  nommer  une  com- 
mission cliargee  de  faire  un  rapport  sur  cede  question,  s'il 
convenatt  que  I' Academie  s'occupcft  du  magnetisme  animal.  La 
proposition  adoptee,  MM.  Adelon ,  Pariset ,  Marc  ,  Russon  , 
Burdin  furent  nommes  commissaire? ;  etle  i3  decembre  1825, 
M.  Husson  fit  le  rapjiort.  Bien  (ju'on  ait  prononce  ,  y  cst-il  dit, 
sur  le  magnetisme,  en  1784,  ccn'est  point  une  raison  pour  ne 
pas  ordonner  un  nouvel  examen ,  en  siipposant  meme  que  le 
premier  ait  tte  convenablement  fait.  En  medecine,  comme 
dans  les  autres  sciences ,  de  nouvelies  lumieres  ont  sonvent  fail 
naitre  de  nouvelies  doctrines.  Depuis  Mesmer,  la  theorie  elles 
procedes  du  magnetisme  sont  changes  ,  et  les  effets  oblenus 
sent  differens;  un  nouveau  phenomene ,  le  somnambulisme, 
s'esl  manifesie  ;  enfin,  dans  jjr^'sque  tout  le  nord  de  I'Europe, 
le  magnetisme  est  exerce  par  des  hommes  f  ut  habiles  et  tres- 
peu  crcdules,  et,  si  Tuiilile  n'en  est  pas  generalement  reconnue, 
du  moins  la  realite  n'en  est  pas  raise  en  doute.  En  France,  les 
docteurs  Georget,  Uertrand ,  Rostan ,  Gersent,  et  plusdevingt 
autres  out  signe  les  proces-verbaux  des  experiences  de  I'Holel- 
Dieu,  en  1820;  et  a  leur  suffrage  s'est  joint  celui  de  MM.  De~ 
leuze  et  de  Puysegur ,  et  d'autres  personnes  distinguees;  si 
d'ailleurs  on  considerait  le  magnetisme  comme  un  rcmcde  se- 
cret, il  serait  du  devoir  de  I'Academie  de  I'examiner  pour  en 
prevenir  les  abus  :  daiiscet  etal  de  choses,  le  rapporteur  con- 
clut  a  ce  que  la  section  de  V Academie  charge  une  commission 
speciale  de  s'occuper  de  I'etude  du  magnetisme  animal. 

Ce  rapport  fut  accueilli  tres-favorablemeni  par  la  majorite 
de  I'Academie,  et  la  discussion  s'ouvrit  sur  les  conclusions  qu'il 
renfermait. 


84o  FRANCE. 

Dans  les  seances  du  lo  et  du  24  Janvier,  et  du  14  fevrier  ^ 
la  pliipartdes  niembres  presens  ont  In  surcet  objet  des  discnu''s 
prepares  avee  soin.  Les  nns  altaquaicnt  le  i7iagnetisme  ave^ 
violence,  ou  avee  I'arme  du  ridicule  si  puissontc  ])arnii  nousj 
les  autrcs  le  def'endaient  avee  une  ciiconspection  et  un  sce|)ti_ 
cisme  philosojdiiques,  ou  iis  lapportaient  des  faits  observe^ 
par  eux-meines.  Parmi  les  opi)osans,  on  remar(|ua  surlout 
le  savant  docteur  Double ,  doni  le  discours  fut  un  des  plus  spr_ 
rituels  et  mcrue  des  mieux  raisonnes;  niais  les  partisans  du 
m'agnetisme  regretlerent  de  le  voir  rappeler  avee  tant  d'art 
des  passages  Ironques,  dont  la  citation  plus  exacte  n'eut  pas 
reinpli  son  objet.  Ne  pouvant  nffrir  ici,  faute  d'espace,  I'ana- 
lyse  de  chasjue  discours,  nous  n'en  donnerons  que  la  sub- 
stance. 

Les  advcrsaires  du  magnelisine  s'attacherent  ponr  la  plnpart 
a  prouver  qu'il  n'elait  qu'un  effet  de  rimaginalion  ,  ou  me/ne 
une  jonglerie  exposant  aux  plus  graves  inconveniens.  Recon- 
naitre  ces  dangers  ,  quelle  qu'en  fut  d'ailleurs  la  cause,  c'^tait 
adniettre  implicltement  la  realitc  du  raagnetisme.  Vpici  leurs 
principales  objections  :  i"  le  magnetisme  animal  a  cte  bien 
juge  et  bien  observe,  en  1784;  Railly  et  Thouret  en  ont  fait 
justice.  2°  Depuis  celte  cpoque,  le  fond  dela  chose  est  lememe , 
les  mots  seals  sont  changes.  3°  Le  succcs  du  magnetisme  en 
AUemagne  et  dans  le  nord  ne  decide  rien,  ces  pays  etant  le 
berceau  de  foutcs  les  reveries  philosophiques  et  scienlifiques. 
4"  Le  magnetisme  doit  etre  considere  et  juge  comme  un  remede 
secret,  sans  (|u'il  soil  besoin  de  nommer  a  cet  effet  une  com- 
mission qui  ne  pourrait  jamais  s'occuper  avee  succes  des  expe- 
riences demandees  par  les  magnetiseurs,  et  qui,  par  le  seul  fait 
de  sa  formation,  exposerait  I'Academie  i>  la  risee  de  I'Europe. 
5°  Le  uiagnelistiie  n'etant  que  Tattraclion  naturelie  des  sexes, 
enlraine  et  entrainera  de  grands  abus.  6"  Ceux  qui  s'en  occu- 
pent  sont  des  ignorans  ou  des  charlatans  qui  ne  meritent  aucune 
attention.  7°  Les  faculles  attributes  aux  somnambules,  et  les 
faits  rajtporlcs  paries  magnetiseurs,  sont  faux,  puis(]u'ils  se- 
raient  iniraculeux.  8"  La  foi  declaree  necessaire  pour  pouvoir 
magnetiser  et  eire  magnetise,  est  une  condition  qui  choque  la 
raison.  9°  Le  fluide  magnetique  ne  pouvant  tomber  sons  les 
sens,  il  est  diflicile  de  le  croire  existant.  10°  Si  le  magnetisme 
avait  des  fondemens  reels ,  il  serait  d'usage  depuis  long-iems. 

Les  partisans  du  magnetisme  repondirent  :  le  magnetisme  a 
ete  fort  nial  observe  par  les  commissaires  nomrnes  en  1784  : 
ils  n'ont  point  rempli  les  cimditions  proposees;  et  souvent, 
lorsqu'on  ne  les  remplit  ])as,  on  peul  manquer  meme  une  ex- 


PARIS.  841 

pcricnce  facile.  D'ailleurs,  ils  n"ont  j)oiiH  nio  I'exislence  des 
ejj'ets;  le  rapport  dit  texluellement. «  ...on  ne  peul  s'empecher 
de  reconnoitre  a  ces  ejjets  constans  une  grande  puissance  qui 
agite  les  mahidcs,  les  ninitrise  ,  et  dont  cflui  qui  magnetise 
seinble  etre  le  depositaire.  »  Depuis  I'/S/j ,  le  miigneiismea  gagne 
dans  Topinion  ,  el  il  s'appuie  aujonrd'hui  sur  une  masse  de 
fails  dilliciles  a  levoqiicr  en  doute.  Depuis  Mesmer,  non-seu- 
Icmeni  les  mots  out  change,  mais  encore  hi  tlieorie,  la  pratique 
et  les  rosullats;  c'est  dej)uis  cetle  epO(|iie  (|iie  le  somnambu- 
lisine,  le  plus  clonnanl  clfct  du  magnelisnie,  a  ele  deiouvert 
et  observe.  On  ne  jjeut  dire  sans  injustice  (]ue  I'Alleniagne  et  les 
pays  du  nord  soient  le  berceau  de  toutes  les  reveries,  qtie 
Kepler,  Euler,  Leibnitz  ,  BoHrhaave  et  l.inl  d'aiitres  n'aicnt  ete 
que  des  reveurs.  Apiess'eire  declare  conire  le  magneUsme,  le 
ceiebre  Htifcland ,  se  rendant  a  I'evidence ,  I'a  pratique.  Des 
savans  et  des  niedecins, exempts  de  fol  entbousiasme,  s'y  sont 
attaches  vers  le  Nord,  et  J'Acaderaie  des  sciences  de  Berlin  , 
une  des  plus  distinguees  dans  le  monde  savant,  a  mis  la  ques- 
tion dii  magnetisnie  au  conconrs,  en  1820.  En  Prusse  et  en 
Russie,  des  ordonnances  ont  attribue  aus  seuls  medecins  la 
pratique  du  magnetisme,  et  en  Danemaik,  on  re  s'en  est  pas 
occupe  moins  serieusement,  puisqu'on  y  exige  la  surveillance 
d'un  medecin  resjionsable.  Le  magnetisnie  ne  pent  etre  consi- 
dere  comme  un  remede  secret;  on  salt  que  ceux  qui  lerejeltent 
reprochent  principaleraent  aux  magnctiseurs  nla  manie  de  vou- 
loir  convaincre,  en  promenant  parlout  leurs  miracles.  «  A  la 
vcrite,  une  commission  offrirait  peu  de  chances  de  succes,  si 
elle  agissait  en  masse;  mais,  si  on  la  composair  de  dix  ou  douze 
membres  charges  d'observer.  rhacun  de  son  cote,  pendant  un 
terns,  avant  de  faire  son  rapport,  cemode  pourrait  amencr  des 
resultats  satisfaisans.  Une  recherche  philoso[>liique  n'ex|)ose 
jamais  qu'a  la  risee  des  ignorans.  Le  premier  qui  .n  parte  des 
aerolithes,  il  y  a  environ  4o  ans,  a  excite  le  rire  dans  lontes 
les  classes  de  la  societe.  Cepondant  les  analyses  de  Lavoisier , 
et  les  recherches  de  I'illuslre  Laplace  ont  bientot  change 
I'opinion.  Sans  dotite,  le  magnetisme  pcut  occasionner  des 
abus;  mais  le  remede  le  plus  salulaire,  ctant  mat  adminisire, 
pent  aussi  devenir  pernicieux,  et  les  corps  savans  dont  I'ojjinion 
fait  autorite  dans  la  societe  auraient  des  reproches  a  se  faire, 
s'ils  refusaient  d'examiner  les  procedes  du  magnetisme,  afin 
d'en  ecarter  les  dangers.  Tousles  jours,  un  medecin  pcnelreplus 
avant  dans  les  secrets  des  malades  et  les  approche  de  plus  pres 
que  ne  le  font  les  magnctiseurs,  sans  <\ue  Ton  en  eiit  conclu  la 
r.ecessite  de  proscrire  la  mi'decine.  Presrjue  iiiconnii    dans  la 


84a  FRANCE. 

classe  ignorante  ,  le  magmHisme  n'est  soutenu  que  par  les 
ouvrages  et  par  la  pratique  de  medecins ,  de  naturalistes  , 
de  savans  dont  phisieurs  soiit  trcs-recommandables;  il  compte 
assez  d'aniis  sur  tous  les  points  de  I'Europc  ,  et  meme  en 
Anjiiriqiic  ct  en  Asie  ,  pour  qu'il  soil  diflicile  de  supposer 
que  des  homines  si  differens  eniro  eiix  a  d'autrcs  egards, 
s'entendciU  afin  de  iromper  le  genre  linmain.  Si  meme  tous 
les  jiersonnages  attaclins  an  magneiisme  avaient  le  cervean 
exaild ,  il  faudrait  du  moins  supposer  a  cette  nouvelle  secte 
un  genre  d'illuminisnie,  curieux  a  examiner.  Mais  ces  prelen- 
tendns  scctaires  ou  ces  imy)osteiirs  ne  cachenl  point  leurs  iiiys- 
tercs  ou  leurs  artifices ;  ils  disenl  a  chaciin  :  «  nous  n'avons 
point  de  secret;  faites  commc  nons,  et  vous  obliendrez  los 
menies  effets.  »  Ils  sont  convaincus,  ]iarce  que,  en  pratiquant, 
ils  ont  vu ,  tandis  que,  parmi  leurs  adversaires,  on  en  trouve 
bien  pen  qui  aient  vcdu  voir,  et  qui  aient  essavti  ics  expe- 
riences de  la  nianiere  convenable.  Si  (pielque  magnetiseur  , 
nouveliement  converti,  a  parlc  avecenthousiasnie  des  effets  sur- 
prenans  (pi'il  a  prodnits,  ceux  (|ui  ont  beaucoup  pratiques  sont 
plus  froids;  ils  n'apercoivent  point  de  miracles,  niaisseulement 
de  nouveanx  phenoinenes  dignes  d'examen :  so'is  ce  ])oint  de 
vue,  la  plupart  des  experiences  de  physique  paraitraient  aussi 
merveilleuses.  Quanta  une  certaine  foi,  elle  est  demandee, 
non  pas  cnmme  indispensable,  surtout  dans  la  personoe  ma- 
gnetisee  ,  ma-is  comme  ayant  de  I'influence  sur  la  volonte, 
parce  qu'il  est  bien  different  d'agir  avec  la  conviction  d'un 
succes  Immediat ,  ou  sans  cette  conviction.  D'a<ulies  fluidcs 
dont  Texislence  n'est  pas  contcstce,  tel  que  celui  an  rnoyen 
duquel  on  charge  la  matiere  electrique,  ne  frappent  pas  plus 
les  sens  que  le  fluide  magnetique  animal,  el  n'ont  egalement 
que  des  effets  particuliers.  L'aciion  magnctique  d'un  etre  sur 
un  autre  ne  doit  pas  plus  etonner  que  celle  des  poissons  elec- 
triques,  et  que  les  effets  de  la  pile  galvaniquc.  La  plupart  des 
decuuveries  utiles  a  rinimanlte  ne  dalent  point  des  premiers 
tems;  de  nos  jours,  il  a  falln  se  resoudre  a  reconnaitrel'effi- 
cacite  de  la  vaccine,  la  circulation  du  sang,  Ja  theorie  de  I'ori- 
gine  des  nerfs,  et  tous  les  nvsultats  d'expt'-riences  chimiques, 
astronomi(p!es  et  physiques  i|ui  avaient  d'abord  ete  mal  ac- 
cueillies.  Une  jcunesse  studieuse  pent  adniettre  ce  que  repous- 
sent  les  preventions  d'un  autre  age;  enfin  il  est  digne  d'un 
vrai  savant  d'a])prendre  ce  qu'd  ne  savait  pas. 

Le  1  /«  a vrd  ( 1 826 )  M.  Hiisson  ,  rapporteur  de  la  commission, 
soulint  ses  opinions  precedentes  dans  un  discours  Ires-etendu, 
cliefd'oeuvre  de  clarte  et  de   raisonnement :  il  persista  dans 


J 


PARIS.  84'^ 

scs  premieres  conclusions.  La  section  de  1' Academic  vola  par 
la  voiedu  scrutin.  Sur  60  inembres  presens,  35  voterent  dans 
le  sens  du  rapport  et  la  section  decida  qii'il  serait  nomme  une 
commission  speciale ,  pour  s'occuper  de  L' elude  etde  Cesamen 
du  magnetisme  animal,  [y  o^j .  ci-dessus,  p.  5i5,  I'annonce 
d'un  journal,  r/i'e/-//ze.f,  consacre  au  magnetisme  animal.)  E.  I,. 

Institution  royale  desjeunes  avcugles.  —  La  distribution  so- 
lennelle  des  prix  dans  cet  interessant  etablissement,  le  jeudi  3 1 
aout,  avait  attire  un  grand  concours  de  spectateurs.  la  seance 
etait  presidee  par  M.  Lafon  de  Ladebat,  un  des  administra- 
l€iirs  de  Tinstitution.  Dans  im  discours  vraiment  paternel ,  ce 
respectable  philantrope,  ([ue  nous  nous  honorons  de  compter 
au  nombre  de  nos  collaborateurs  ,  a  paye  un  juste  tribut  d'e- 
logc  aux  enfans  qu'il  venait  de  couronner;  ainsi  qu'a  MM.  Pi- 
QuiER,  directeur  et  premier  instituteur  de  I'etablissement,  et 
DuFAU,  deuxieme  instituteur  et  I'un  de  nos  collaborateurs,  en- 
fin  a  M""' de  Landresse  ,  institutrice  desjeunes  lilies.  A  celte 
seance  assistaient  j)Iusieiirs  de  nos  professeurs  de  musique  les 
plus  distingues,  tels  que  MM.  Dauprat ,  Berhiguicr ^  etc.  qui 
donnent  des  soiiis  habituels  a  ces  jeunes  gens  avec  le  plus  noble 
desinteressement.  U. 

Industrie.  —  Perfectionnement  de  la  trempe  des  rasoirs. 
—  Un  de  nos  plus  habiles  coiitelieis  ,  M.  Viilenave  est 
parvenu  a  donner  une  trempe  nouvelle  aux  rasoirs.  Celte 
trempe  est  d'uiie  telle  force  qu'elle  fait  eclater  une  partie  des 
lames  qu'on  lui  soumet.  II  en  resnlte  que  celles  qui  resistenta 
celte  epreuve  font  des  rasoirs  excellens,  et  dont  la  superiorite 
sur  ce  qui  s'est  fabrique  de  niieux  en  ce  genre,  soit  en  Angle- 
terre ,  soit  en  France ,  ne  tardera  pas  a  etre  generaleraent  re- 
connue.  C'est  une  decouverte  d'nne  tres-liaute  importance  pour 
noire  Industrie.  La  fabrique  de  M.  Viilenave  est  e'.ablie,  place 
des  Italiens,  n°  5,  M 


Theatres. —  Theatre-Francois.  —  Premiere  representation 
du  Duel ,  ou  Dix  ans  de  trap ,  comedie  enun  acte  et  en  prose, 
par  M.  Leon  Hai.evy.  (Mardi  29  aout.)  —  La  baronne  Hor- 
tense  a  trente  ans,mais  elle  est  encore  jolie  ,  et  elle  a  rendu 
tl'importans  services  a  son  petit  cousin  Gustave.  Cehii  -  ci  a 
vingt  ans  a  peine  ,  il  est  bien  reconnaissant ,  il  se  croit  amou- 
reux,  et  il  a  prcmis  a  Hortense  del'eponser.  Cependant  cette 
disproportion  d'age  inquiele  la  baronne,  et  son  inquietude 
redouble  lorsqu'elle  s'apercoit  que  Gnstave  est  fort  occupe  de 
Delphine,  fille  du  general  Maurice,  qui  est  venu  pnr.ser  quel- 


8/,4  FRANCE. 

ques  joiii-s  au  chateau.  Ce  Maurice  est  beau  frere  d'Hortense; 
elle  lui  explique  le  souci  ou  la  met  ce  projet  d'une  nouvcUe 
imioti ;  et  lul  se  charge  de  deviner  le  secret  du  jeime  homme. 
II  spmble  qii'il  pourrait  le  lui  demandcr  tout  naturellement, 
mais  ce  n'eut  guere  ete  la  peine  de  faire  une  coraedie.  Maurice 
y  met  plus  de  facon  ;  il  eugage  uue  querelle  avec  Gustave  ,  et 
il  le  pousse  tellement,  que  le  jeune  hoinine  est  force  d'ac- 
ceplerle  duel  qu'il  lui  propose;  c'estpourle  geniralune  preuve 
que  la  baronne  est  aiint-c  de  Gustave.  Hortcnse  ,  qui  doutc  en- 
core ,  menage  a  son  cousin  un  tete  a  tete  avec  Del|)hine.  Si  ce 
rendez-vous  lui  fait  onblier  I'autre,  ilsera  evident  que  ce  n'est 
pas  elle  qu'on  aime.  Voila  en  effet  ce  qui  arrive.  Gustave  ne 
songe  il  la  partie  d'honneur  que  lui  a  proposee  le  general  que 
long  terns  apres  que  riieure est  ecoulee  ;  maisils'en  dedommage 
en  tirant  le  pistolet  avec  un  colonel  anioureux  de  Delphine, 
et  avec  lequel  il  devait  se  rencontrer  ce  meme  jour.  Au  bruit 
du  coup  de  feu  ,  Delphine  s'evanouit ,  de  sorte  que  ,  grace  a 
la  ruse  du  general  ,  il  ne  manque  rien  a  la  conviction  de  la 
consciencieuse  baronne  ;  elle  sait  que  Gustave  ne  I'aime  pas,  et 
que  de  plus  il  est  aime  de  Delphine.  Tout  cela  n'est  ui  bicn 
neuf,  ni  bien  ralsonnable;  niais,  il  y  a  une  ou  deux  scenes  adroi- 
teraent  conduites  ;  le  dialogue  est  spiriluel,  mais  quelquefois 
pretentieux.  M.  LeonHalevy  a  fait  une  traduction  d'Horace  oii 
Ton  a  remarque  du  talent  pour  la  poesie ;  on  regrette  qu'il 
n'ait  pas  versifie  sa  piece  ;  ou  plutot  il  faut  regretter  qu'un 
jeune  honirae  qui  annonce  du  talent  commence  sa  carriere 
dramatique  par  une  esquisse  de  boudoir  ,  ou  la  peinture  des 
moeurs  est  completenient  oubliee.  I!  serait  facheux  que  le 
succes  de  cet  ouvrage  engageat  I'auteur  a  rester  dans  la  mau- 
vaise  route   ou  il  debute. 

—  Theatre  de  VOdeon. — V  representation  de  Baudouin,em- 
pereitr,  trag^dieen  3actes,  parM.LEMKRCiKR.  (Mercredigaout). 
— La  prise  de  Constantinople  par  les  Croiseset  I'avenement  de 
Baudouin  avaient  deja  fourni  le  sujet  d'une  Iragedie  represen- 
tee au  meme  theatre,  il  y  a  cin(|  annees.  L'auteur  avait  pris 
son  action  dans  les  sanglans  demeles  qui  precederent  la  chute 
de  I'empire  grec,  et  la  prise  de  Constantinople  etait  un  des 
incidens  de  sa  piece.  M.  Lemercier  supj)ose  que  Constanti- 
nople est  soumise  ,  et  les  vainqueurs  s'occupent  paisibie- 
raent  deliii  donner  un  niaitre.  Douze  electeurs  sont  assembles; 
les  candidals  entre  Ies(]uels  »e  ])artagent  les  voix,  sont  au 
norabre  de  iruis  :  ie  doge  de  Venise  ,  Dandolo;  Baudouin, 
conile  de  Flandre  ;  et  le  due  de  Montferraf.  Baudouin, iininie 


PARIS.  845 

fie  I'esprit  ties  crolsades,  aimerait  inieux  disputer  les  palmes 
suinles  sons  les  inurs  de  Jerusalem,  ()ue  briguer  une  couronne 
a  Crinstantinople,  et  il  verrait  le  sceptre  avec  indifference,  si 
i'ambition  dont  sa  jeune  epouse  est  devoree  re  le  contraignait 
a  disputer  cette  pourpte  sanglante.  En  s'unissanl  a  Marie  de 
Cliaiupapjne,  niece  de  Pliilippe-Auguste,  Baiidouin  lui  a  jure 
que  le  premier  fruit  de  leuis  amours  porterait  la  courojine,  et 
le  moment  est  venu  de  saiisfaire  a  son  imprudente  promessect 
de  complaire  a  une  femme  qu'il  adore. — •  Dandolo  ,  vieux  , 
aveugie,  nourri  d'aillcnrs  dans  les  sentimens  republicains,  de- 
daigne  le  trone ,  et  il  consacre  tonle  son  iiifluence  a  obtenir 
I'clection  de  Baudouin;  le  due  de  Moulferrat  est  done  le  seul 
rival  que  celui-ci  ail  a  craindre.  Ce  persounagene  parait  point; 
et,  (|uoique  ses  chances  pour  arriver  au  trone  ne  sembleht 
pas  bien  redoulables  pour  Baudouin,  Marie  en  est  tellemebt 
cffrayee  qu'elle  paie  un  assassin  pour  I'effacer  de  la  liste  des 
candidats ;  et,  en  meme  terns,  elle  rcpand  i'or  dans  I'armee 
des  Croises ,  afin  de  concilier  tous  les  voeux  a  son  epoiix.  Ces 
manoeuvres  devoilees  compromettent  un  instant  I'clection  de 
Baudouin  ;  raais  les  efforts  de  Dandolo  trioraplient ,  et  le 
comie  de  Flandre  est  elti ;  un  festin  som[)tueux  suit  cetle  elec- 
tion;  I'assassin  qui  a  vendu  Ic  sang  de  Motitferrat,  mais  qui 
n'a  point  consomme  son  crime,  s'assicii  a  la  table  imj)criale 
et  vei'se  du  poison  dans  la  coupe  de  Marie,  qui  e^ipire  au  mi- 
lieu de  la  ceremonie  du  couronnemcnt.  On  voit  que ,  dans  un 
evcnement  si  simplcment  arrange,  et  parmi  des  personnages 
dont  un  seul  est  anime  de  passions  -vives,  i!  ctait  difficile  de 
tiouver  les  elemens  d'un  diame  ;  M.  Lemercier  I'a  bien  semi, 
el  il  a  imagine  dejeterau  milieu  de  son  action  un  ])ersonnage 
donl  la  seule  presence  y  repandit  le  mouvemcnt  et  la  terreur. 
Une  femme,  veuve  d'un  jirince  croise,  qui  n'est  plus  connue 
que  sous  le  nom  d'Atbanasie,  consume  sa  jeunesse  dans  les 
austeritesde  la  penitence  ;  retiree  sur  la  colonnede  Theodose, 
elle  y  entrelient  commerce  avec  le  ciel,  elle  se  croit  inspiree  , 
et  Byzance  la  revere  cosnme  une  sainte.  Ce  mysterieux  per- 
sonnage  apparait  dans  Ic  palais  du  comic  de  Flandre  ,  et  s'ef- 
force  de  le  delourner  de  scs  projets  ambitieux ,  en  lui  declarant 
que  le  jour  ou  la  couronne  sera  placce  sur  la  tete  de  Marie,cette 
princesse  infortunce  descendra  dans  la  tombe.  Cette  effrayanle 
revelation  inquicte  I'amour  de  Baudouin  ,  sans  moderer  I'am- 
bition de  Marie  ;  mais,  an  moment  oil  Teleclion  du  comte  de 
Flanilre  est  connue,  et  parmi  les  transports  dejoie  auxquels  Se 
livre  la  nouvelle  imperatrice,  Athauasie  apparait  une  seconde 
foiset  lui  repete  ^elle-memesessinistres  predictions.  Si  vous  ne 


846  FRANCE. 

m'ecoulez  pas,  lui  dit-clle,  vous  me  icvcrrez  encore  uiie  fois) 
niais  ce  ne  sera  que  jiour  consolei'  vos  derniers  inoinens.  Kn 
effet,  lorsque ,  pics  de  inonler  sur  Ic  tione,  Marie  pale  ct 
faible  sent  les  |)rcralers  ravages  du  poison  ,  la  troisieme  apj)a- 
1  itioii  de  la  falale  inspiree  jette  dans  i'ame  de  Marie  et  de  ceux 
qui  renviroiincnl  un  prof'ond  sentiment  d'ellroi. 

Ce  persoiinage  est  one  de  ces  creations  originales  auxquelles 
se  plait  M.  Lemercier,  et  dont  on  trouvc  des  exem|)les  dans 
presqiie  toiitcs  ses  compositions.  Son  Alhanasle  est  bicii  une 
figure  de  cette  epoquc  d'illuinination  devote  et  d'exallatiou 
theologique;  et  nous  croyons  qu'elle  aurait  fait  une  im])res- 
sion  veritablement  tragiqne  dans  une  action  plus  attachante. 
Mais  on  ne  s'interesse  pas  plus  a  Baudouin,  qui  se  laiise  fairc 
empereur  par  faiblesse ,  qti'aux  trames  et  au  triomphe  de  Ma- 
rie ;  de  sorte  que  les  terreurs  repanduespar  I'inspiree,  et  qui 
sont  ici  le  seul  obstacle  ausucces  de  Taction,  perdent  tout  leiir 
effet,  comnie  ressort  dramaiique.  Pent  -  etre  aussi  eut  -  il  ete 
necessaire,  pour  donner  plus  de  creance  aux  predlclions  d'A- 
tlianasie,  de  re])andre  sur  toutle  sujet  une  teinte  plus  jjronon- 
cee  do  sentiment  religieux  et  de  la  ferveur  mystique  qui  re- 
gnaient  alors. 

Cette  iragedie  offre  des  morceaux  d'eclat,  et  jilus  d'un  trait 
qui  decclcnt  la  main  du  maiire  ,  mais  roffel  general  n'en  est 
jioint  salisfaisant.  Nous  regretlons  (]Ti"uiie  conception  ()ui,  nous 
le  repetons,  est  dignc  du  genie  de  M.  Lemercier,  et  ])our  la- 
quelle  sans  doiite  il  a  compose  la  ]Hece  ,  n'ait  j)as  etc  placee  de 
maniere  a  produire  tout  I'effet  f|u'on  en  pouvait  attei'dre. 

Odcon.  —  Premiere  representation  de  VEcole  des  Veuves  , 
drame  en  trois  actes  ct  en  vers;  par  M.  Gustavc-  Fabien 
PiLLET.  (Mardi  ag  aout. )  —  Tandis  f|ue  I'auteur  du  Duel 
donnait  aux  tiemmes  de  moyen  age  une  lecon  sur  le  Theatre- 
Francais  ,  i'auteur  de  I'Jicole  des  Fcuves  leur  rendait  le  meme 
service  a  TOdeon.  Mais  M.  Gustave-Fabien  Pillet  est  entre 
bien  plus  francbement  dans  son  sujet;  son  lieroine  ne  connait 
loutes  les  consequences  de  son  imprudence  ,  que  lorsqu'elie 
est  it  reparable  ;  il  en  resuUe  que  la  piece  presente  une  lecon 
j)lus  vive,  mais  aussi  que  le  denoument  est  impossible,  ou 
du  moins  qu'il  ne  saurait  satisfaire  le  spectateur. 

jvime  Belval ,  veuve  d'un  riche  negociant,  s'est  remariee  a 
un  jeune  homme  de  af)  ans ,  quoiqu'clle  en  cut  alors  35  , 
et  qu'elle  fut  mere  de  deux  enfans  presque  d'age  k  se  marier 
eux-memes.  II  n'y  a  guere  que  cinq  ans  qu'elle  a  fait  cette 
folic  ,  et  dcja  son  mari  a  dissipe  une  partie  de    sa   fortune. 


PARIS.  847 

Kpris  d'une  feininesans  honneur  et  sans  nioeurs,  sur  le  coiupte 
de  laquelle  11  est  dans  le  plus  complet  aveuglemenl;  lie  avec 
un  Kiauvais  sujel  nomine  Saint-PIiai',  qui  encourage  des  de- 
sordres  dont  il  profile  ;  conipielenient  brouilie  avec  les  enfans 
de  sa  feinine ,  Belval  abreuve  de  chagrins  celle  qui  I'a  mis 
dans  une  position  brillante  ,  en  I'unissant  a  son  sort.  Toujours 
douce  et  bonne,  M.""=  Belval  se  piaiiit  avec  tendiesse,  (juand 
elle  aurait  droll  de  gronder;  niais  rien  ne  pent  raniencr  son 
ej)oux  ,  qui  ce  jour  mcme  est  sur  le  point  de  laire  une  nou- 
velle  extravagance.  Belval  est  informe  que  Jenny,  sa  maiiresse, 
est  viveinent  pressee  par  ses  creanclers  pour  une  soninie  de 
vingl  roille  francs  ;  s'il  la  ])reiid  dans  sa  caisse  ,  1!  se  met  hois 
d'elat  de  jiayer  des  billets  dont  Techeance  est  arrivee;  I'em- 
j)ranler  ii'est  ])as  sans  inconvenient  pour  un  credit  deja 
cbranle.  Dans  cet  embarras,  Sainl-Phar  lui  offre  un  secours 
dont  11  ne  saurait  user  sans  s'avilir  ;  un  porle-feuille  appar- 
tenant  a  M"""^  Belval ,  se  trouve  dans  un  secretaire  ouvert  j 
Saint  -  Phar  s'en  saisit  et  presse  Belval  d'y  prendre  Ja 
sornnie  dont  Jenny  a  besoin ;  mais  lui  rctour  vers  I'honneur 
Tempeche  de  succomber  a  cetle  teutation,  et  il  est  bienlot 
rendu  cntierement  a  lui-nieme,  en  vcyant  au  tribunal ,  ou 
sou  beau-fils  I'a  conduit ,  une  i'emme  et  son  complice  con- 
damnes  pour  escro(}uerie.  On  deviiie  que  c'est  Jenny  el  Saint- 
Phar.  Belval  oblient  facilemeut  son  pardon  ;  inais  ,  inalgui  ses 
protestations ,  ou  prevoit  trop  bien  que  ce  u'esl  pas  la  deraiere 
fois  qu'il  en  aura  besoin.  Aussi ,  comine  nous  ra\ons  dit , 
le  denoiiment  ne  satisfait  pas.  II  eut  ele  ]ilus  vrai  et  plus 
moral,  dans  le  sens  draniatique  ,  que  la  piece  se  terminal  par 
une  rupture  complete  entre  les  deux  epoux  ;  mais  ce  denoii- 
ment eut  jete  encore  plus  de  tristesse  dans  I'ouvrage  ,  et  I'un 
des  reproches  que  nous  semble  raeriter  I'auteur  ,  c'est  preci- 
sement  de  n'avoir  pas  cherche  a  presenter  son  sujet  sous  des 
formes  comiques.  Quand  Moliere  a  voulu  mettre  au  tlieatre 
les  tristes  suites  d'une  alliance  inconsideree  ,  il  a  fait  Georges 
Dandin.  On  repelera  peut-etre  que  la  piece  n'est  pas  morale  ; 
il  nous  semble  qu'on  se  meprend  sur  ce  point.  11 1'aiit  faire  at- 
tention quece  n'est  pas  I'epouse  que  le  poetea  voulu  irtslruire  ; 
c'est  au  mari  qu'il  s'adresse ,  et  Ton  doil  bien  csnvenir  que 
])Our  celui  -  ci  la  lecon  est  aussi  eloiiuenle  qu'elle  puisse  I'elre, 
et  le  drame  le  plus  lugubre  cut  cte  bien  nioins  ])ersuasif.  Au 
reste,  ce  que  nous  demandous  ici  ne  pent  pas  etre  !e  coup 
d'essai  d'un  jeune  horame,  et  Ton  dit  que  M.  G.  Fabien  Pillet 
est  tres-jeune.  Sa  piece  n'offre  point  de  situations  bien  neuves , 
mais  elle  est  sagemenl  conduite;  il  y  a  pcu  d'originalite  dans. 


8^8  FRANCE. 

les  caracteres,  mals  ils  sont  naturcls  ;  enfin ,  le  style  n'est  pas 
brillaiu,  mais  il  ne  manque  ni  d'elegance,  ni  de  faciliti?;  en 
un  mot,  ce  di'bnt  donne  des  esp^rances ,  et  le  public  a  mis 
de  la  justice  et  de  la  bienveillance  dans  I'accueil  qu'il  a  fait 
a  celte  Ecole  des  veuves.  M.  A. 

Beaux -AKTs.  —  Antiquites  mexicaines.  —  Un  araericain , 
M.  Latour-Allard,  a  recueilli  a  Mexico,  et  vient  d'apporlcr 
a  Paris  une  rollection  d'antiquites,  aussi  curieuses  qu'impor- 
tantes  pour  Phisloire  de  I'art.  En  i8o5,  le  gouvernemeut  esjia- 
gnol  chargea  M.  Dupaix  de  rechercher  tous  les  monumens 
racxicains  aiilerieurs  a  Tinvasion  des  espagnols,  et  de  les  faire 
connaitrepar  des  dessins  et  des  descriptions.  Une  cirronstance 
fort  extraordinaire  avait,  surtout,  f;iit  naitre  cetle  dt'termina- 
tion  :  des  chasseurs  avaieiit  trouvc  dans  leurs  courses,  loin  de 
lout  lieu  liabiie,  une  ville  immense,  sur  Pexistence  de  laquelle 
les  habitaris  n'avaient  aucune  notion.  Leur  rocil  avait  d'a- 
bord  paru  fabuleiix;  uiais,  de  nouveaux  temoignages  I'ayant 
confirme,  il  n'avait  plus  etc  possible  de  douter  de  la  verite  de 
leur  dc'couverie.  Celte  ville  etait-elle  inconnue  des  indigenes 
au  moment  de  la  conquete?  ou,  par  suite  du  seniiment  religieux 
qui  les  avaient  engages  a  derober  le  plus  possible  aux  Espa- 
gnols leurs  edifices  religieux  ,  celte  ville,  consacne  a  cefte  epo- 
que  a  un  ciilte  parliculier,  aurait-elle  fini  par  demeurer  in- 
conniie  aus  descendans  des  vaincus?  Telles  sont  les  questions 
qui  s'elevent  et  dont  la  solution  est  entouree  de  diffi(  ultcs.  En 
effer,  il  senible  impossible  qu'unc  ville  enlieie,  d'line  etendue 
de  deux  lieues  et  demie ,  de  Test  a  I'oucst,  fut  exclusivcmcnt 
consacree  a  un  culte  queiconque;  mais  alors  on  pent  demander 
])ar  quel  evenemeiit  cette  ville  avait  ele  si  completenient  aban- 
<lonnee,  et  depiiis  quel  tems  ?  Ce  ne  peut  etre  le  resultat  d'une 
revolution  jiliysique,  car  les  edifices  sont  encore  debout,  et 
])onrraient  etre  ,  pour  la  plupart,liabites.  On  voit  que  I'histoire 
■de  cetle  ville,  dont  M.  de  Hinnboldl  n'a  dii  que  quelques  mots, 
est  enveloppte  d'un  voile  qu'il  n'est  pas  facile  de  sonlever. 

M.  Dupaix  ,  dans  trois  expeditions  successives  ,  ou  il  elait  ac- 
compagne  d'un  dessinateur  et  d'une  ccorte  suTfisante,  explora 
done  !e  Mexi()ue  dans  loutes  les  directions.  Ce  fut  dans  la  der- 
niere  <pi'il  parvini  a  la  \ille  recemment  dixouverie,  sitiu^e  a  en- 
viron 80  lieues  de  Ciudad-Reai,  dans  la  province  de  Las  Chiapas, 
panic  meridionaie  du  Mexique,  consequcmmcnt  sur  les  limites 
de  Guatemala.  Celte  ville  a  recu  le  nora  de  Palenqui-Viejo,  ou 
Vieux-Palenqui ,  parce  que  le  village  iiulicn  le  plus  voisin  s'ap- 
pelle  Palenqui.  M.  Dupaix  etant  mort  pen  apres  avoir  renipli 
sa  mission,  et  les  evencmens  politiqucs  ayant  rompii  les  liens 


PARIS.  849 

qui  at!achaient  le  Mexique  a  rEs5);ii;ne,  le  dcssinateur  cnit 
])Ouvoir  disposer  du  resultat  des  travaux  auxquels  i[  avait  si 
puissammeiit  concouru.  Ce  sont  done  les  dessins,  au  nombre 
de  cent-vingt,  et  les  monumens  de  loutes  sortes,  fruits  de  ces 
tiois  expeditions,  que  M.  Laf.our-AHard  a  aequis  de  lui  et  qu'il 
s'est  empresse  d'apporter  en  France,  dans  I'espjirancc  que  le 
merite  de  cette  collection  y  serait  micus  apprecie  que  partoiit 
ailleurs  et  que  le  gouvernenient  en  ferait  I'acquisition.  Cette 
espiirance  semble  devoir  se  realiser  :  deja  !e  ministere  de  la 
raaison  du  Roi  a  envoye  des  personnes  fort  eclairees  en  faire 
I'examen,  et  je  ne  doute  pas  qu'elles  n'aient  reconnu  que  cette 
colleclion  forme  une  page,  je  dirai  plus ,  un  chapitre  ires  inte- 
ressant,  non-seuleraent  de  I'histoire  de  Tart,  mais  encore  de 
I'esprit  huinain. 

Parini  les  sculptures  qui  ornent  les  edifices  de  Palenqui-Viejo, 
il  en  est  une  qui  est  bien  de  nature  a  faire  naitre  les  plus  serieuses 
reflexions.  C'est  une  eroix  de  forme  latine,  absolument  sembla- 
ble  a  celles  qui  sont  usitees  dans  les  eglises  catholiques.  Cette 
croix  repose  sur  une  espece  de  coeur;  une  feinme  richement 
vetue  tient  sur  ses  bras  un  enfant  qu'elle  semble  presenter  ii  un 
])ersonnage  convert  d'habits  sacerdotaux  et  place  vis-a-vis  d'elle 
Je  I'autre  cote  de  la  croix.  Ces  deux  figures  sont  de  grandeur 
gigantesque  etd'un  caractere  de  physiopomie  tout-a-fait  diffe- 
rent de  celui  des  peuples  indigenes  qui  occupent  aujourd'hui  les 
niemes  contrees.  En  general  on  peut  reconnaitre  les  figures  de 
Palenqui  a  I'enorme  proportion  du  nez. 

Au  nombre  des  ornemens  liieroglyphiques  qui  enlourent 
cette  croix,  on  trouve  un  t  tres  bien  forme ,  et  celte  ciicons- 
tance  devient  d'autant  plus  remarquable  que  les  mexicains  ont 
donne  le  nom  de  Teocalli ,  qui  veul  dire  maison  de  Dieu  ,  a  des 
edifices  consacres  a  leurs  divinites;  or  si  Ton  songe  aumotTheos, 
©saf,  qui  veut  dire  Dieu,  sans  vouloir  etablir  des  rapprochemens 
f]ue  rien  ne  semblerait  pouvoir  justifier  quant  a  present ,  il  pa- 
raitra  fort  elrange  de  trouver  le  mot  Teo  dans  la  langue  mexi- 
raine  avec  la  signification  de  Dieu.  Du  reste  i!  semble  evident 
que  le  r  esrl'iniiiale  du  mot  Teo,  et  qu'ainsi  la  croix  etait  ega- 
lemenl  chez  eux  un  symbole  sacre. 

Ces  edifices  dont  je  viens  de  parler,  les  Teocalli,  sont  batis 
sur  des  montagues  artificielles ,  dont  I'existence  est  bien  re- 
marquable dans  un  pays  aussi  montagneux  que  le  Mexique. 
IV'est-on  pas  des  lors  fonde  a  croire  qu'elles  ne  pouvaient  avoir 
ipi'un  but  religieux.  Quelques-unes  de  ces  montagnes  sont 
revetues  de  briques;  en  general  elles  sont  construites  par  assises 
de  8  ri  10  pieds,  en  retraite  Tunc  sur  I'autre;  un  grand  escalier 

r.  xwi.  ■^- Septembre  1826.  54 


»W  FRANCE. 

s'l'teve  jmsfiu'au  aommet :  c'est  par  la  que  Ton  jotait  les  corps 
(Jes  vietimes  hunialnes  sacriflees  aux  dieux  que  Ton  y  adorait. 
II  me  spiait  impossible  d'enuinerer  lout  co  que  cette  collec- 
tion contien't  de  reniarqnable  ;  M.  de  Humboldt  a  deja  fait 
c«nnaitre,  dairs  uri  ouvrage  (jui  a  escilo  raduiiration  de  I'En- 
rope  savante ,  un  grand  iiombre  do  nionuniens  T^iexicains,  de 
diverses  nattircs;  on  a  iJublit-  e;i  Angleterre,  il  y  a  quelques 
annt'es,  une  parlie  des  edifices  de  Palenqui,  norarninent  la 
croix  dont  j'ai  paile  :  la  colleclion  de  >I.  Latour-AUard  con- 
tieiit  tout  ce  qui  est  deja  connu,  ce  qui  peut  servir  a  constater 
rautlienticite  du  lesle,  et  :inv*  foule  d'autres  objels,  lels  que, 
Tine  slarne  de  prelresse  aztique,  des  instrumens  de  musicjue  et 
de  sacrifices ,  des  serpens  scnlptes,  en  granit  (on  voit  sortir  de 
la  gueule  de  I'un  de  ces  .iniinaux,  une  lete  de  femme);  unc 
tete  de  leort  en  pierre  volcanique  dite  tezoncle;  une  statue  en 
pierre  verte ,  ligneuse,  brillante  et  sonorc.  On  sait  que  I'abbe 
Chappe  rapporte  dans  son  voyage  a  la  Californie  une  lettre 
d'un  genlillioinine  mextcain  ,  adressee  a  I'Academie  des  sciences 
de  Paris,  dans  laquelle  ce  gcnlilliomme  parie  d'une  pierre 
cloche.  Cette  statue  est-elle  de  celte  nature,  et  cette  pierre 
a-t-elle  qtielqiie  analogic  avec  le  marbre  sonore  de  !a  Chine? 
C'est  ce  que  je  laisse  a  decider  aux  savans. 

Sans  doute  les  formes  de  ces  statues,  statuettes,  serpens, 
chapiteaux  et  autres  objets ,  sont  loin  d'etre  agreabies  :  niais 
on  a  bien  donnel'entree  duLouvre  aux  antiquites  egypfiennes. 
Les  antiqulles  niexicaines  appariiennent  a  nn  jieuple  moiiis 
avance  dans  la  civilisation;  mais  enfin  c'est  i'histoire  de  I'art 
cliez  nn  peuple  dont  nous  soniines  loin  de  connaitre  I'origine 
d'one  maniere  certaine.  Les  rapprochemens  que  Ton  peut 
faire  enlre  plusieurs  de  ces  monumens  et  ceux  de  I'Egypte 
et  de  rinds,  pourront  servir  un  jour,  a  decouvrir  quelle  rela- 
tion il  a  pu  exisler  entre  ces  dlverses  parties  du  monde,  ei  il 
est  dij^ne  du  gonvernen^ent  frnncais  d'en  fournir  les  moyens 
aux  savans  qui  s'occupent  de  ces  recherches. 

Je  fixe  encore  rattenfiou'  des  cnrienx  sur  un  volume  compose 
de  12  feuiUes  de  grand  papier  Magiiay,  revetues  3'anciennes 
peinturci  niexicaines  symboliques,  ou  I'on  trouve  des  figures 
humaine*  en  action,  des  animaux ,  des  fleuves,  etc.  C'est  evi- 
demment,  un  monument  liistorlque  donl  le  sav.'mt  Boturini , 
mentionne  si  souvent  par  M.  de  Humboldt,  a  donne  une  expli- 
cation par  des  notes  ecrifes  sur  le  mannscrit  ni^me,  en  langue 
aztique. 

II  exisle  a  I'Universite  de  Mexico  une  statue  extremement 
remarquable,  et  une  pierre  circulaire  anciennemen?  consacrce 


PARIS.  85» 

aux  sacrifices.  Celte  pierie  est  eiitiereinenl  revetue  de  scul[*- 
tures.  Leon  de  Gama  a  public  Texplication  el  la  descripiion 
de  la  statue,  a  Mfexico,  en  1792,  et  c'est  un  Hes  njonnniens 
que  M.  de  Humboldt  ait  fait,  le  premier,  connaitre  en  Eu- 
rope. Ce  dernier  savant  a  egalentent  donne  deux  des  gro7ij<es 
sculptes  aulour  de  la  pierre  aux  sacrifices.  Les  dessins  de 
M.  Latour-Allard  comprennent  la  tolalite  de  ces  sculptures 
qui  se  con)])osent  de  (juinze  groupes  de  deux  figures.  Dans 
lous  ces  gronpes  le  Mexicain  est  reprrsentt-  sous  le  raeme 
aspect  et  avec  les  memes  caracteres  •,  c'est  loujours  un  vain- 
«|ueur  ;  le  second  pcisonnage  ,  au  coiitraire,  est  loujonrs 
divcrsifie  et  toujours  vaincu  :  ainsi  le  sens  probable  de  ces 
bas-reliefs,  c'est  que  la  nation  mexicaine  avait  vaincn  quinze 
nations  diffcrentes. 

Je  le  repete,  la  collection  de  M.  Latour-Allard  est  du  \)\\\^ 
grand  interet.  Je  puis  invoquera  rapi)ui  de  nion  opinion  lelle 
d'un  savant  dont  le  nom  fait  autorite.  M.  de  Humboldi , 
dans  une  leltre  adressee  recemment  a  M.  Latour-Allard,  <ii't  : 
n  C'est  la  collection  la  plus  complete  qu'on  ait  fait  en  re 
genre  et  qui  se  lie  a  I'idee  si  henreusemcnt  concue  de  suivre  les 
progres  cles  arts  chez  des  peuples  a  demi  barbares.  11  serai't 
digne  de  la  munificence  d'un  monarqne  de  faire  deposer  les 
dessins  de  M.  Dupaix  ,  dont  j'ai  reconnu  la  scrupuleuae  exacti- 
tude, dans  une  grande  bibliotlieque  ;  la  naive  simplicite  de  ces 
dessins  meme,  atteste  la  veracife  du  temoignage.  >> 

—  Diorama.  —  Fue  du  -village  cVTJnterseen ,  par  M.  Da- 
GUERRE. — Je  conseillc  a  tons  ccux  ([ui  ne  tonnaissent  pas'Ja 
Suisse  d'aller  voir  ce  tableau  ;  je  puis  leur  assurer  qu'il  ieur  en 
donnera  une  idee  fideie.  J'ai  cru  que  j'avais  quitie  Paris  et  que 
je  me  retrouvaisau  milieu  de  ces  inontagsies  couvertes  de  neig«* 
eternelles  oil  la  lumiere  se  joue  de  milie  mani«res  differenl'es. 
Ce  sort  bien  'la  ces  uiaisons  dc  bois  couvcrtes  de  g'lands  toils, 
dont  le  caraclere  se  marie  si  bien  avec  les  'lieux  qui  les  envi- 
ronnent.  IVI.  Daguerre  a  clioisi  le  moroenl  du  janr  qnc  Virgilc 
a  decrit,  d'nne  inaniere  a  la  fois  si  pitloresque  et  si  jmeliffive  , 
dans  ce  vers  : 

Majoresqiie  cadtiHt  nhis  de  mo/itibns  tunb/v. 

L'ajr  ciicule  partout,  rillusion  est  paifaile;  et  ,  pour  ccTlefois, 
je  n'ai  que  iles  I'-'loges  a  -doiin^r.  P-  -'^■ 


Necuoloo !i  .  —  Yi'csMnric- Gubtii-l-Pirire  Lecnul,  Iuhvom 
de   Sai^t  -  llAori-iv  ,    colore  -  an^iral,    officii':  de    ii:   Lt^ri'^n 


85  a  FRANCE. 

d'honneur  et  chevalier  de  Saint-Louis,  iie  en  1766,  d'une 
famille  dislinguce  de  la  Bretagne ,  niort  a  Calais  ,  le  5  sep- 
teiiibre  1826,  au  moment  oil  il  se  rcndait  en  Angleicrrt' , 
d'aprcs  I'invitalion  d'une  societe  de  ca[)italistes,  pour  nietlre 
a  execution  son  grand  et  utile  projet  de  Telegraphic  unirer- 
selle  de  terre  et  de  mer,  de  jour  et  de  riuit,  ( Voy.  Rev.  Enc., 
t.  IX,  pag.  214  ,    et  t.  xxviii ,  pag.  942. ) 

M.  do  Saint-Haouen  ,  apres  avoir  fait  de  tres-bonnes  etudes 
dans  le  college  de  Quiniper,  entra,  fort  jeune  encore  ,  au  ser- 
vice de  la  marine  pour  lequel  il  avait  une  vocation  prononcee. 
II  debuta  par  plusieurs  cainpagnes  dans  les  deux  Ameriques 
et  dans  les  mers  de  I'lnde  ,  et  fut  nomme  enseigne  de  vais- 
seau.  Sa  bonne  conduite  et  ses  talens  le  firent  parvenir  do 
grade  en  grade  jusqu'a  celui  de  chef  de  division  des  armees 
uavales  :  il  n'obtint  cependant  ce  grade  qu'en  1796,  apres 
avoir  ele  prive  de  la  liberte  dans  les  jours  les  plus  orageux 
de  la  revolution.  L'epoque  du  9  thermidor  le  fit  sortir  de  la 
prison  de  I'Abbaye  ,  ou  il  etait  renferme. 

Ce  fut  dans  I'an  viii  [  1800),  qu'ctant  chef  d'etat-major  de 
I'amiral  Latouche-Treville,  il  fit  les  premiers  essais  d'un  nou- 
veau  systemc  de  signaux  dont  il  s'occupait  deja  depuis  loug- 
tems.  Le  succes  couronna  ses  travaux  ,  que  les  missions  impor- 
tantes  qu'il  eut  a  remplir  alors,  le  force-rent  d'interronipre : 
mais  il  eut  la  satisfaction  d'obtenir  I'approbatlon  d'uue  com- 
mission de  I'institut,  chargee  d'examiner  son  invention,  etqui 
en  fit  un  rapport  trcs-avantageiix.  Son  zele  et  son  activite  bien 
connus  le  firenl  nomnier  chef  militaire  au  port  de  Boulogne,  lors 
de  la  grande  expedition  qui  fut  projetee  contre  I'Angleterre. 
Entre  autres  souvenirs  des  services  importans  qu'il  rondit 
dans  ce  nouveau  poste ,  nous  citerons  I'ordre  du  jour  de  la 
flotille ,  en  date  du  7  vendemiaire  an  xii ,  ou  Ton  fait  une 
mention  tres-honorable  de  la  manoeuvre  brillante  et  bardie 
par  laquelle  il  sut  reunir  les  divisions  de  Dunkerque  et  de 
Calais  a  I'armce  navale  combinee  dans  le  port  de  Boulogne. 
Apres  un  combat  opiniatre ,  il  forca  a  la  retraite  les  Anglais 
qui  lui  etaient  fort  superieurs  en  nombre  et  en  force. 

L'annee  suivante ,  il  trouva  I'occaslon  de  signaler  de  nouveau 
son  intrepidite,  lorsque  les  Anglais  dirigerent  contre  la  flotille 
des  briilots  incendiaires.  Son  attaque  impclueuse  les  forca  a 
se  retirer  ,  ct  leur  fit  eprouver  de  graodes  pertes. 

Un  long  sejour  a  Boulogne  lui  permit  de  s'occuper  de  son 
invention  t(51egraphique  qu'il  perfeclionna  par  de  nouveaux 
essais. 

Deux  ans  avant  la  rentrce  du  Hoi  en  France  ,  on  lui  confia 


PAULS.  853 

par  interim  le  poste  <Ie  prefet  maritime  du  preiuier  arron- 
dissement  :  Boulogne  ,  C;ilais  ,  Dunkeique  el  Ostemle.  II  y  fiit 
bienlot  iioniine  definitivement  et  cliarge  par  le  ininislere  de 
la  marine  de  remplir  la  mission  d'aller  a  Harlwell  pre- 
senler  a  S.  M.  Louis  XVIII  les  hommages  de  la  marine  fran- 
caise.  li  passa  en  France  avec  ce  prince  qu'il  eut  le  boiilieur 
de  posseder  cliez  liii ,  pendant  le  si-jour  qu'il  fit  a  Boulogne  : 
une  si  beureuse  circonstance  jjai'aissait  jiromettre  a  M.  de 
Saint-Haouen  et  a  sa  faraille  Tavenir  le  plus  brillant.  Pendant 
les  cent  jours,  il  se  retira  avec  ses  enfans  dans  une  cam- 
pagne  de  Norraandie  ,  oii  il  prolita  de  ses  loisirs  pour  s'oc- 
cuper  excliisivement  de  I'extension  et  des  perfectionnrmeus 
dont  son  nouveau  systerae  de  signaux  clait  susceptible. 

Les  eveneinens  qui  succederent  I'ayant  rappele  au  secvice 
du  Roi ,  il  fut  promu  au  grade  de  conire-amiral  et  nomaie 
major-general  au  port  de  Brest.  II  aurait  pu  dans  celte  place 
rendre  encore  a  son  pays  les  services  les  ])lus  signales,  lors- 
qu'en  1817,  i!  fut  mis  a  la  retraile. 

Livre  des  lors  a  des  loisirs  forces,  il  chercha  dans  ses  an- 
ciens  projeis  un  aliment  a  son  activite  naturelle.  A  la  suite 
de  plusieurs  experiences  iju'il  fit  a  Paris ,  il  proposa  au  gou- 
vernemont  pour  la  correspondance  cntre  les  batimens  et  les 
coles,  ou  de  navire  anavire,  une  telegrapbie  de  nuit  et  do 
jour,  qui  put  servir  aussi  a  la  communication  entre  les  divers 
points  imporlans  de  I'inlerieur  ,  et  dont  les  avantages  fussent 
communs  a  tons  les  peuples,  malgre  la  difference  des  langues. 

Des  experiences,  repetees  au  Havre  d'apres  I'ordre  du  gou- 
vernement  et  sous  les  yeux  d'une  commission  !:orunice  a  cet 
effet,  eurent  le  plus  brillant  succes;  et  le  20  mars  1821,  une 
decision  du  conseil  des  ministres,  presidce  par  S.  IM.,  fit  con- 
naitreaM.  de  Saint-Haouen,  qu'une  ligne  telegraphique  serait 
etablie ,  d'apres  son  sysleme ,  entre  Paris  et  Bordeaux.  On  s'oc- 
cupa  d'abord  de  I'espace  compris  entre  Paris  et  Orleans  :  de 
nombreux  essais  eurent  lieu  pendant  plusieurs  mois  devant 
plusieurs  savans,  militaiies  et  luarins,  et  obtinrent  I'appro- 
bation  de  Ms^  le  due  d'Angouleme  et  de  son  auguste  pere.  La 
guerre  d'Espagne  vint  interrompre  les  Iravaux,  mais  amena  une 
nouvelle  application  de  la  decouverte  de  M.  de  Saint-Haouen. 
Une  brigade  telegraphique  fut  formee  a  la  suite  du  quarlier 
general  du  prince  generalissiuie ,  ei  rendit  quelques  services 
dans  le  cours  de  la  campagne. 

M.  de  Saint-Haouen  entrevoyait  principalement  dans  son 
systeme  les  services  qu'il  pouvait  rendre  a  I'humanite  en  dimi- 
nuant  le  nombre  des  iiaufroges.  II  s'occupait  en  coiiscq-irnce 


854  FRANCE.— PARIS. 

d'un  plan  d'etablissement  ieli>gra])liique  dfs  plus  vastes ;  niais 
niio  nialadit',  rapi(5e  dniis.ses  jjrogrcs,  rerilt'\a  iiri'matiirement 
:i  une  faniille  nombreuse  et  a  des  an)is  doiU  il  ('lait  tendiement 
cheii. 

Le  lelc'^raphf  dont  M.  de  Saiin-Haoiion  a  etti  rinventenr ,  est 
le  premier  dont  on  se  solt  scrvi  la  nuit.  L'usai;e  en  est  si  econo- 
niifjue,  que  cliacun  de  ses  faiiaiix,  dont  la  luniicre,  selon  sa  dis- 
tribution, egalc  colle  de  i5  a  120  bougies,  ne  consume  qiie 
pour  5  centimes  d'huile  par  lieiir<-.  Le  langage  en  est  anssi  sim- 
ple qi!o  la  com])osition.  Sur  les  tules  il  aui'ait  I'avantage  de  faire 
connaitre  pendant  la  nuit  aux  lavigateurs  ic  point  prc^cis  ou  ils 
56  Irouvent :  cbaque  poste  tclegi  aphique  aui  ail  nn  numero  par- 
licuUcr,  vu  de  jour  <  t  de  miit,  et  qui  poumul  elre  iiu)i(|U(i  sur 
Ic'S  Carles  ui.irines.  Y. 

— CHEVARn,mort  a  Chartros  leg  mai  i826,arage  de78ans. 
—  D'abord  notaire,  31.  Chevard  (iut  a  la  confiancequ'ilinsjura 
d'etre  nomtne  deux  fois  maire  de  Chartres;  en  quittant  le  no- 
taiiat,  il  devint  conseiller  de  jjrefecture,  puis  inspecteur  des 
])risons  et  mcmbrede  la  Socie^te  d' agriculture.  La  statislique  du 
ddpartemenl  d'Eure-et-Loir,  Tindustrie  agricole  dela  Beauce, 
1  archenlogie,  les  monumens  celtiques  devinrent  tour  a  lour 
les  objels  de  ses  recherches.  Comme  M.  Bcl/ier-Ducftesnay , 
notre  com]>atriote,  il  dirigea  ses  etudes  sur  I'liistoire  dn  pays 
chartrain.Riche  du  travail  de  Souchet ,  M.  Clievard  pubiia  en 
I'aii  X  son  Histoire  de  Chartres  et  de  I'ancien  pays  chtirlrain 
(2  vol.  in-8°),  ouvrage  plein  d'inlerct,  oil  la  critique  ponrrait 
trouver  a  dire  sur  la  chronologic  suivie  f)ar  I'aufeur  ,  partie  sur 
laquelic  les  savans  sont  loin  d'etre  d'accord.  De])uis  on  a 
remarquc,  dans  differens  annuaires  du  drparlement  et  drrnie- 
remcnt  dans  le  n°  4  du  Cours  d'agriculinre  de  M.  Forestter,  des 
disseriations  dues  aux  veilles  de  M.  Chevjird.  Cet  esceller.l  ci- 
toyen  a  bien  fourni  sa  carriire  :  son  desir  fut  d'etre  ulile,  el  la 
reconnaissance  de  ses  concitoycns  rccompensa  ses  gencreux 
efforls.  DoCBLET  de  Boisthibault. 


TABLE  DES  ARTICLES 

CONTENUS 

DANSLE  QUATRE-VINGT-TREIZIE\IE  CAHIER. 

SEPTEMBRE  1826. 


I.  MEMOIRES,  NOTICES  ET  MELANGES. 

I.  Notice  sur  rapplicatiou  des  aerostcats.  Fenr-   5jj 

■>..  Rapport  sur  I'enseignement  iiidustriel.  Ch.  Dupin.  5g4 

3.  Nouveaux  principes  d'economie  politique. 

J.-C.-L.  de  Sismondi.   608 

II.  ANALYSES  D'OUVRAGES. 

4.  Diagrammes  chimiques,  par  M.  Decremps.  F.  629 

5.  Pieces  relatives  a  la  codification  ,  par  Jereruie  Beatham , 

(  Guvrage  anglais  ).  Saint-Amand.  626 

6.  Memoires  inedits  de  M^^e  de  Genlis  ;  deuxlenie  et  dernier 
article.  V.    L.  643 

7.  Chefs-d'oeuvre   des  theatres    etrangers;    deuxifeme  article. 

Leon  Thicsse.  6^7 

8.  Chansons  de  P.- J.  de  Beranger ;  deuxieme  et  dernier  article. 

Bcrvillc.  66g 

III.  BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Annonces  de  i49  outrages  ,  francais  et  etrangers. 

Ameriqtje  septentrionale.  —  Etats-Uiiis ,  3  ,  dont  2  ouv.  per.  676 

—  Canada  ,  2  ,  dont  r    ouvr.Tge  periodique 679 

Europe.  —  Gran de-Bretagne ,  12  ,  dout  8  ouvrages  periodiques.   681 

—  Russie,  3 fi83 

—  Pologne ,   19  ouvrages  periodiques  publics  a  Varsovie.   .   .   .   695 

—  Norvesc,    1. — Danemark  ,3 702 

—  AUemagne,   7 706 

—  Suisse,     2 716 

—  Italie,  10,  dont  I  ouvrage  periodique "^16 

—  Pajs-Bas,  6,   dont  2  oavrages  periodiques 72$ 

France,  81,  savoir  :  Sciences  physiques  et  natureUes ,  20 727 

—  Sciences  religieuses ,  morales  ,  liistorlques  et  policiqnes ,    22.   .    .    742 

—  Lilterature,  20 7(14 

—  Deaux-  Arts  ,  6 782 

—  Uleinoires  et  Rapports  de  societes  savantes,  1 789 

—  Ouvrages  periodiques  ,4 79" 

—  Livres  enla'igues  etrnngeres  ,  imprimes  en  Prance,  i 796 


856 


TABLE    DKS    ARTICLES 


IV.    NOUVELLES  SCIENTIFIQUES  ET  LITTERA.IRES. 

AmeriQUE  SEPTENTRIONALE.  —  Elats-Uiiis.  Ncw- Harmony  :  So- 
ciete  coopt'Tative.  PhilacMphic  :  Recherches  pliilologiques.  — 
C(t««(/rt  :  Extrait  cl'iine  leiire  sur  la  situation  cle  ce  pays.  .  .  .   8oi 

Antilles.  —  Irruption  de  la  fic'-vrejaune 8o4 

Amebique  bier iuion ale. — Diienos-Ayres :\n%XT\\c\.\on  publique; 

Monument  national 8o5 

Austral  vsiE.  —  Nouvclle-Galles  mcridionale  :  Progres  de  la  civi- 
lisation  806 

AsiE.  ^  Az/naf/n  ;  Ciocodile  npprivoiso 807 

Afbique.  —  Voyages  scieutiiiques 868 

EUROPE. 

Iles  Br.iTANKiQuiis. — -  Lo?idres  :  Ucoles  primaires.  Societe  des 
ecoles:  Appel  fait  au  public  en  faveur  des  Grecs.  Etablisse- 
ment  d'un  musee  national 809 

RussiE.  —  Academie  de  Saint-Petersbourg.  —  Dorpat :  Encoura- 
gemens  accordes  aux  sciences 8ii 

Norvege.  —  Chiistiania  :  Phenomene  vegetal. —  Christiansand  : 
Societe  biblique. —  Necrologie  :  Arentz 8ia 

Allemagke.  —  Dresde  :  Societe  pour  la  propagation  des  sciences 
naturelles  ;  nomination  academique.  —  Fienne :  TlieAtres.  — 
A'cr/in  ;  Theatres Ibid. 

Suisse. —  Ge«ei'e  ;  Societe  cantonale  de  physique  et  d'liistoire 
naturelle.  —  y^rwH  ;  Eiiseignement  industriel 8r4 

Italie. — Naples  :  Mouvement  de  la  population  dans  le  royaume 
de  Naples,  en  1824.  —  l\lilan  :  Academie  des  beaux-arts  ;  ex- 
position des  ouvrages  couronnes  au  concours  de  1826. — 
T'Hri/i  ;  Necrclogie  :  Testa 8i6 

TuRQiriE.  —  Mathcmatiques  :  Pretendue  solution  du  probleme 
de  la  Irisection  de  Tangle 820 

Pays-Bas.  —  Driixelles  :  Academie  royale  des  sciences  et  belles- 
Ifttrcs;  prix   proposes  pour  1827  et  1S28 ■    •    •   821 

France.  —  Martignac  :  Canaux  de  la  Correze  et  de  la  Vezcrc.  — 
Charentoii  :  Forges  et  Fonderies.  —  Rennes  :  Statistique  morale 
du  pays.  Socictes  savantes  et  etablissemens  d'utilite  publique  : 
Chalons  (JMarne)  :  Prix  proposes  par  la  Societe  d'agriculture  , 
commerce,  sciences  et  arts.  j1/«rj<?j7/e  .- Bnins  de  raer SaS 

Paris.  —  Instkut.  Academie  des  sciences  :  Seances  du  raois 
d'aout.  Academie  francaise  :  seance  publique  du  25  aoiit. 
Academie  des  beaux-arts.  —  Academic  de  medecine.  —  Insti- 
tution des  jeunes  aveugles.  —  Industrie  :  perfectionnement 
de  la  trempedes  rasoirs.  —  Theatres.  Theatre  fran^ais  :  Pre- 
mi^re  representation  du  Duel  ,  comedie.  Odeon  :  Premieres 
representations  de  Baudouin  ,  tragedie,  et  de  I'Ecole  des  Veu- 
ves ,  drame.  —  lleanx-arls  :  Antiquites  mexicaines  ;  Diorama. 
—  Necrolofrif  :  Saint-Haoueii ;  Chevard 8^9 


TABLE 

ANALYTIQUE  ET  ALPHABETIQUE 

DES  MATIERES 

DU  TRENTE-UNIEME  VOLUME 

DE  LA  REVUE  ENGYGLOPEDIQUE. 

JuiLI-ET,    AOUT,  SePTEMBRE   1 826    (*). 


On  a  reuni  ani  quatre  mots  indicatils  dcs  quatre  grandes  divisions  de 
ce  Recuell : 

I.  MEMOIRES  ,  NOTICES  P:T  MELA.NGES; 

II.  ANALYSES  ET  EXTRAITS  D'OUVRAGES  CHOISIS; 

III.  BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE ; 

rv.  NOUVELLES  SCIENTIFIQUES  ET  LITTERAIRES ; 
Le  detail  et  le  renvoi  dej  articles  qui  s'y  rapporteut;  puis,  on  a  caracterise  ces 
articles,  a  la  suite  du  nora  de  leurs  autturs,  par  Tune  dcs  qiiatre  abreviations 
ci-apres  :  M.  (memoires  et  notices)  ;  A.  (analyses)  ;  B.  (bulletin  eielio- 
graphique);  N.  (nouvelles  scientifiques  et  litteraires).  La  designa- 
tion C,  apres  les  noms  propres,  iudique  les  coUaborateurs  de  la  Revue,  lorsqu'il 
s'agit  des  articles  qu'ils  out  fournis. 

Au  lieu  de  comprendre  sous  la  denomination  generale  sciences  et  arts 
(comine  dans  nos  quaire  tables  des  matieres  de  I'aunee  1819),  I'indication  des 
differentes  sciences  dont  traite  ce  volume,  on  a  cru  devoir,  pour  rendre  les  re- 
clierclics  plus  facilcs,  et  pour  mieux  caracteriser  le  eut  pliilosopliique  de  la 
Revue  Encjrclopediqne ,  ouvrir  un  compte  partieulier  ct  special,  en  lettres  ca- 
pitales,  non-seuleineut  a  chacunc  des  branches  dcs  conuaissances  bumaines , 
AGRICULTURE,  ANATOMIE,  ctc. ;  a  cliacun  des  elemens  essenticls  de  la  civili- 
sation et  des  moyeus  priucipaux  de  comnmuicalion  entre  les  homaies  ;  acade- 
mies  et  societes    SAVANTES  ;     DICTIONNAIRES  ;    ENSEIGKEMENT    MDTUEL  ; 

INSTRUCTION  ruBLiQUE;  jouRNAux;  THEATRES  ,  etc. ;  niais  cucore  a  cbacuD 
des  pays  dont  il  est  fait  mention  dans  ce  R.ecueil :  de  mauiere  qu'on  puisse  rap- 
procher  ct  comparer  tour  a  tour,  soit  I'elat  des  sciences  et  des  elemens  df  la 
civilisation  dans  chaqite  pays ,  soit  les  nations  elles-memes ,  sous  les  differens 
rapports  sous  lesquels  on  a  eu  occasion  de  les  considerer. 


Academies,  ^oy.  Societes. 
Accouchement.  Foy.  Manuel  d'ob- 
stetrique. 


Actrice  (L'j  ,  ou  les  deux  por- 
traits ,  comedie  en  vers  ,  par 
Ader  et  Fontan ,  563. 


(*)  On  souscrit,  pour  ce  Recueil  scientifique  et  litteraire,  dont  il 
parait  un  caliier  dc  quatorze  fciuUes  d'inipressiou ,  tous  les  inois,  au  Bureau 
CENTRAL  d'abohnement,  rue  d' Enfcr-Saint-Michel ,  n"  i8;  chez  Arthus 
Bertrand,  rue  HautefeuiUe,  u**  28,  et  chez  Renouard,  rue  deTournon,  n"  6. 
Prix  de  la  souscription  :  a  Paris,  46  fr.  pour  un  an:  dans  les  departcmens, 
53  fr. ;  60  fr.  dans  I'etranger. 

T.  XXXI.  55 


85f^ 


TABIE    ANAI.YTIQtJF. 


Adam  (P.)  ,  graveur.  Collection 
fles  portraits  hlstoriques  de 
Gerard,   5io. 

Adams  (John).  Vox-  Necrologie. 

Ader.  yoy.  Actricc. 

AniWiNisiR.vxiow  ,  5  ,  loy  ,  182  , 
189,  253. 

MILITAIRE,  186  ,  748. 

Adrien-Lafasge  (J.)»  ^-  —  N' > 
278,   539. 

Aerostats  (Notice  sur  I'appli- 
cation  des)  a  divers  ohjets  re- 
latifs  aux  sciences  et  anx  ser- 
vices publics ,  M. ,  577. 

—  (Sur  les)  militaires  ,  579. 

—  (Memoircs  sur  les),  par  Meu- 
nier,  588. 

Affranchissenient  et  colonisation 
des  esclaves  dans  I'etat  de  New- 
York,  235. 

Afrique  ,  a37,  45a.  527,  808. 

Agiotage  (L')  ,  ou  le  metier  a  la 
mode  ,  comedie  en  prose  ,  par 
Picard  et  Erapis  ,  269,  777. 

Agriculture,  726,  727,  790. 
Voy.  aiissi  EcoNOMiE  rurale. 

Air  atmospherique  (Dissertation 
sur  1')  ,  etc.  ,  par  J.  R.  L.  de 
Kirckhoff,  traduite  en  hol- 
landais ,  par  Swaan  et  Jor- 
ritsma  ,  i52. 

Alais,  ou  la  Vierge  de  Tenedos  , 
par  M"""  Adele  Damiuois  ,  2i4- 

Albert  (D.),C.  —  N.,  241  ,534. 

Albert-Montemont ,  C.  —  B.  444- 

Albert!  de  Villanova.  Voj.  Dic- 
tionnaire  univcrsel. 

Algebre  ,  442.  735. 

Alhoy.    yoy:  Promenades  poeti- 

ques. 
Alibert.  Precis  historique  sur  les 

eaux  minerales  ,  etc. ,  i5. 
Allemagne,    i36,    a44»    4" » 

541 t  706  ,  812. 
Almanak  ten  Diensten  der  Zeelieden , 

i53. 
Amerique  ,  aaS. 

CENTRALE  ,  i36  ,    522. 

—  MERIDIOKALE,  236,  5a4,  8o5. 


SEPTENTRIONAEK,     IO9,     a35  , 

394  ,  Sal  ,  (177,  801. 

Amic  (Auguste),  C.  —  B.  ,  773. 

Amours  (Les)  des  Dieux  ,  recueil 
lithographic  d'apr^s  les  dessins 
de  Girodct ,  785. 

Amussat.  L'Academie  des  sciences 
de  Paris  lui  decerne  un  prIx  , 
259. 

Amusemens  ( Les )  de  la  cam- 
pagne ,  par  A.  Paulin  Desor- 
meaux,  447- 

Analyses  (IL)  ,  d'ouvrages  an- 
glais :  Pieces  relatives  a  la  co- 
dification ,  etc.  ,  par  Jeromie 
Benlham  {Saint-Ainand) ,  626. 

—  d'ouviages/raHca/5  ;  Essai  sur 
les  crj'ptogames  des  ecorces 
exotiques  officinales,  par  A. 
L.  F^e  {liory  de  Saim-Vincent), 
47.  —  Geometric  et  mecanique 
des  arts  et  metiers  et  des  beaux- 
arts  ,  par  Charles  Dupin  {Ferry), 
52.  —  Theorie  du  Beau  et  du 
Sublime ,  etc. ,  par  Massias 
{A.  Gamier),  65.  —  Traite  de 
legislation  ,  par  Charles  Comte 
(£.  C.  F.),  73.  —  Histoire  des 
expeditions  des  Normands  ,  et 
de  leur  etablissement  en  France 
au  dixi^me  siecle  ,  par  G.  B. 
Depping  (/.  C.  L.  de  Sismondi), 
91.  —  OEuvres  completes  de 
J.  J.  Rousseau ,  en  un  seul 
volume  [M.  A.  JuUien)  ,  102.  — 
Theorie  du  navire  ,  par  de  Po- 
terat  {Perry) ,  320.  —  Fragmens 
philosophiqiies  ,  par  Victor 
Cousin  (*)  ,  327.  —  j^xlucation 
domestique ,  par  M"'  Guizot 
{P.  B.)  ,  335.  —  Histoire  de 
Sardaigne, par  Mimaut ;  voyage 
en  Sardaigne  ,  par  Albert  de  la 
Marmora  {Amaury  Duval) ,  346. 
—  Memoires  inedits  de  M'""'  de 
Genlis  {V.  L.),  363,  642.  — 
Chefs  -  d'oeuvre  des  theatres 
etrangers  (icon  Thiesse)  ,  Syg  , 
557.  —  Diagrammes  chimi- 
ques ,  par  Decremps  (F.) ,  619. 


DKS    MATliRES 

—  Chansons  de  P.  J.  de  Be- 

ranger  {BerviUe),  66i). 
Aaatomie,   i65. 
Ancelot.  roj:  Pharamond. 
Andral  (G.)  ,  fils.    Foy.  Clinique 

raedicale. 
Audreossy  (lieutenant  -  general). 

Memoire    sur    les   depressions 

de  la  surface  du  globe ,  etc.  , 

164. 
—  De  la  direction  generale  des 

subsistances  militaires  sous  le 
ministdre  du  due  de  Bellune  , 


—  Memoire  sur  ce  qui  concerne 
les  marches  Oavrard,  748. 

^ngeloni  {  L.  ).  Delia  forza  nelle 
cose  polidche,  116. 

Angleterhe.  Voj.  Granpe-Bre- 

TAGKE. 

Annales  acadetnice  Rheno-Trajec- 
tin<e ,  432. 

Annales  des  concours  generaux. 
Matieres  des  compositions  de 
rhetorique  ,  768. 

Annee  (L')  francaise,  ou  Memo- 
rial politique  ,  scientifique  et 
litteraire,  194. 

Anthropologic  (Priacipes  d'),  ou 
les  lois  de  la  nature  consi- 
derees  dans  Ihomme  ,  par  de 
Joannis  ,   178. 

Anthologie  arabe ,  appelee  Ila- 
naasa  ,  publiee  a  Bonn,  par  le 
professeur  Fieytag  ,  542. 

Antilles  ,  236  ,  523  ,  804. 

Ajttiquites  ,  i52  ,  248,  512, 
55o , 55i ,  721 , 788. 

—  decouvertes  en  Egypte.  T'oy. 
Catalogue. 

—  Mexicaines  ,  recueillies  et  ap- 
portees  a  Paris  ,  par  Latour- 
Allard,   S48. 

Antommarchi  (F.).  Planches  ana- 
tomiques  du  corps  humain  , 
publiees  par  C.  de  Lasteyrie  , 
i65. 

AphoTismata  opposite!  aphon'sina- 
tibtis  ,  etc.  ,  456. 


859 
Apologues   (Recueil  d')  en  qua- 
trains, par  M.  J.  D. ,  1 33. 
Appel  an  bon  sens   de  certaines 

heresies    politiques    et    finan- 

cit-res  ,  468. 
—  fait  au  public  de  la  Grande- 

Bretagae  en  faveur  des  Grecs  , 

8x0. 
Arc  d'Auguste  a  Rimini,  ray:  Bri- 

ghenti. 
Archeologie  ,   428,    564.    fox. 

aussi  AnTiQuiiis. 
Architecture,   129,  174,317, 

219  ,  5n  ,  720,  787,  819. 
Arentz  (F.  C.  Holberg).  foj.  Ne- 

CROLOGIK. 

Argiieltes  {J.  Canga).  Dicc'wnario 
de  Hacienda,  etc.  ,  683. 

—  Elementos  de  la  ciencia  de  Ua- 
eienda ,  683. 

Aristocratic  (De  1'),  considerde 
dans  ses  rapports  avec  les  pro- 
grcs  de  la  civilisation  ,  par 
H.  Passy,  466. 

Arithmetique  (Theorie  com- 
plete de  1')  ,  733. 

—  for.  Berthevin. 
Arlincourt  (  V.  d' ).  Le  si^ge  de 

Paris  ,  tragedie  ,  5o2. 
Art  militaike  ,  224,  715,735. 

—  yeterinaire,  727. 
ARTiLLERiE(Experiencesd').  ;^'oj. 

Hutton. 

Arts  indlstkiels  ,  257,  444, 
737,  843^  foy.  aussi  Industrie, 
et  Enseignehieht  industriel. 

AsiE  ,  ii3  ,   237,  526,  807. 

Assemblees  nationales  (Des)  en 
France  ,  depuis  letablissenient 
de  la  nionarchie,  jusqu'en  1 6 14, 
par  le  president  Henrion  dc 
Pansey,  181. 

AsiRoTvoaiiE ,  i53  ,  260,  261, 
442  ,   548. 

—  foy.  Lecons. 

Ati,as  constitutionnel,  ou  Ta- 
bleaux chronologiques ,  ge- 
nealogiques  et  bibliographi- 
ques,  pour  servir  a  I'liisioire 
de    la   monarchie   repr^senta- 


86o  TABLE    ANA 

live  en  France  ,  etc. ,  par  A.  J. 

de  Mancy,  i8i ,  ySy. 
Atlas  historique  et  chronologique 

des   litteratures    anciennes    et 

modernes  ,  etc. ,  par  Jarry  de 

Mancy,  493. 
— (Nouvel)duroyaumedeFrance, 

par  A.  M.  Perrot  et  J.  Aupick , 

7^9- 
—  de  I'histoire  physique  ,  civile 

et  morale  de  Paris,  par  Du- 

laure ,  759. 
Attumonelli  (Michel).    Voy.  Ne- 

CBOLOGIE. 

Auber.  Voy.  Macon. 

Auger.  Voy.   Nominatiojvs  aca- 

DEMIQUES. 

Aupick    ( J. ).     Voy.    Atlas     du 

royaume  de  France. 
Austin    ( Arthur  ).     Voy.    Beaux 

Jours. 

AUSTRALASIE  ,    8o6. 

Autoriteroyale.  Fq/.  D'Aubuisson 

de  Voisins. 
Aventure    (  L'  )   dans    les   mon- 

tagnes  ,  opera  comique  norve- 

gien  ,  par  H.  A.  Bierregaard  , 

409. 
Aytoun  (James).  Voy.  Morceaux 

choisis. 


B 


Bailly.  Voy.  Manuel  de  physique. 
Bains    de    mer,    etablis   a   Mar^ 

seilie,  828. 
Ballades    et    chants    populaires 

anglais,  234- 
Balochi.  Voy.  Viaggio. 
Bapt<^Miie  (Sur  le)  du  roi  Harald  , 

surnomme  Klak  ,  7o5. 
Barbier  d'Aucourt.  Voy.  Onguent. 
Barb'teri.     Orazione    per    tesegiiie 

anniversarie  de  benefattori  clella 

casa  di ricofcro  in  Padova  ,  716. 
Bartheleniy.    Voy.    Bibliotlieque 

allemande. 
Basevi.    Degli    "fjici    del   medico  , 

453. 


1.YTIQUE 

—  Del  magnetiimo  animale  ,  424- 
Basiletti  (Louis).  Sur   les  monu- 

mens    decouverts    a    Brescia  , 
7ar. 
Bateaux  a  vapeuk.  Voy.  Inven- 
tion. 

—  a  roues   de  cote  iuterieures  , 
55o. 

Baudouin  ,  empereur,  tragedie  , 

par  N.  Lemercier,  844- 
Beauvais   (General).    Voy.   Dic- 

tionnaire  historique. 
Beaux- ARTS,  iSa , i55, 278, 4 '7' 

5o7,  554,782,810,  817,  848. 
Beaux  jours  et  melancolie  ,  nou- 

velles  ecossaises  ,    par  Arthur 

Austin  ,  716. 
Belle-au-bois-dorniant  (la)  ,  opera 

par    Planard  ,    musique ,    par 

Caraffa  ,  273. 
Belles-lettres.  Voy.  Littera- 

ture. 
Belloc  (M""=  Louise  Swanton-)  , 

C.   —   Les   articles  signes  L. 

Sw.  B. 
Bellune  (Due  de).  Voy.  Memoire. 
—  Voy.  Andreossy. 
Ben  Ezra.  La  Venida  del  Messcas  , 

796- 
Bentham  (Jeremie).   Notice  sur 

ses  ouvrages  ,  M. ,  298. 
Papers  relative  to   codification 

and  public  instruction ,  etc.  ,  A.  , 

626. 
Beranger  (P.  J.  de).  Voj.  Chan- 
sons. 
Berghaus  {H.  B.).  Kane  -von  Jfrika, 

i36. 
Bernede  (Charles).  Voy.  Posies.  ^ 
Berlheviu.     Elemens    d'arithme- 

tique   complementaire ,   171. 
Berton.    Voy.    Pharamond. 
Berville.C— A.  ,  (369. 
Beugnot  (Am^dee).  Poy.  Palladio. 
Bibliographie,  109  ,  i55  ,  i56, 

298,  394, 677. 
Bibliomappe,    ou  Livre-cartes  ; 

lecons  m^thodiques  de  geogra- 

phie  et  de  chronologie  ,  175. 
Bibhotheqxje.   Voy.   Catalogue. 


UES    MATltRES. 


—  allemande  ,  publiee  par  Bar- 
thelemy  et  Silhcrmann  ,  23 1. 

—  choisie  des  peres  de  I'eglise , 
grecque  et  laline  ,  par  Marie 
N.  S.  Guillon  ,  ^4^. 

—  populaire,  191. 

—  latine-fraucaise ,  494- 

—  portative  de  Tamateur,  494  , 
770. 

Bierregaard  (H.  A.)  Fjeldevcntyret , 

409. 
Biet  (J.  E.)  ^o_>-.  Souvenirs. 
Bignan  (A.)  ,  C— N. ,  286. 

BlOGIlAPHIE  ,  118  ,  201,  202  ,  2o3, 

/m,  43i,  492,  7o5,  709,717, 
757,  762. 

—  imiverselle  et  portative  des 
contemporains  ,  en  un  seul 
volume  ,   200  ,   4^u. 

—  uuiverselle ,  classique.  ^oj. 
Dictionnaire  historique. 

Blangini.  yoy.  Projet  de  pifece. 

Blume  (D.  M.).  I'ragmens  pour  la 
composition  de  la  Flore  de 
rinde  ueerlandaise ,  ii3. 

Boieldieu.   /^oj.  Phararaond. 

—  ^oj:  Dame  Blanche. 
Bollinger.  For.  No-"\iinations  aca- 

DEMIQUES. 

Bonard.  Foy.  Forets  de  la  France. 
Boniface  (Alex.).    Foy.    Langue 

anglaise. 
Bonne  ville  (La),  ou  le  maire  et 

le  jesuite ,  par  Isidore  Lebrun , 

2l3. 

Bonstelten    (Cli.  Victor   de).   La 

Scandinavie  et  les  Alpes,  i4fi. 
Borelli  (Hippolyte).  Analyses  des 

fondeniens  de  la  niatiere  mcdi- 

cale  ,  etc. ,  422. 
Bory-de-Saiiit-Vincent ,  C. — A. , 

47.  —  B. ,  207,  435. 

—  Foj.  Dictionnaire  classique 
d'histoire  naturelle. 

—  De  la  matiere,  i58. 

Basse  (F.  A.).   Geographice  anti- 
ques compendium  ,  429. 
BoTANiQUE,  47,  ii3,  148,  l63, 

399, 435,548,812. 


861 

—  (Resume  complet  de),  par  J. 
P.  Lamouroux ,  433. 

Botaniste  (Le)  italien  ,  ou  Discus- 
sions sur  la  Flore  italienne  ,  de 
Joseph  Moretti  ,  148. 

Bouillet  (J.  B.).  For.  Montagne 
de  la  Boulade. 

Bouillet ,  C. — B.  ,  442  ,517. 

Bourgeois  (Le)  de  Reims  ,  opera- 
comique  ,  musique  ,  par  Fetis, 
275. 

Bouton  ,  peintre.  Le  Cloitre  de 
S.-Wandrille,  tableau  du  Dio- 
rama de  Paris ,  280. 

Borne  Water  {The)  ,  by  the  O'Hara 
fainilj;  122. 

Breaute  (Nell  de).  Relation  du 
voyage  du  capitaine  Guedon  a 
la  baie  de  Baffin  ,  45o. 

Bredin.   Fay.  Nominatioks  aca- 

UEMIQUES. 

Bres.    Foj.    Tableau   historique. 

—  Foj.  Souvenirs. 
Brescia.  Foy.  Discours. 
Bkesil,  236  ,  525. 

Briccolani  {A.).  I.  Lusiadi,   etc.  , 

5ig. 
Briffaut.   Foy.  Nomijtatioks  aca. 

demiques. 
Brighenti,{M.).  Illtistrazione  deW 

Arco  d' Augusta  in  Rimini  ,  i52. 
Brochures  in-32  ,  780. 
Brofferio  {A.).  La  Caduta  di  Mis- 

solongi,  799. 

—  Un  Sogno  della  -vita  ed  il  La- 
mento  di  Dante,  i5o. 

Brotonne    (F.   de).  P'oy,  Histoire 

universelle. 
Budget  (Le)  d'un  sous-lieutenant 

en  reforme  ,  par  A.  Roy,  5o4. 
Buenos-Ayres  ,  8o5. 
Bulletin   BiBLtOGRAPBtQCE   (III)  : 

AUemagne,     i36,   4^* »    709- 

—  Canada  ,  679.  —  Dane- 
mark  ,  i35  ,  4'o,  702.  — 
Etats  -  Unis  ,    109  ,   394  ,  676. 

—  France  ,  157,  432  ,  727.  — 
Grande-Bretagne  ,  ii4»  399, 
681.  —  Indes  orientales  ,  ii3. 


86a 


TABLE    ANALYTIQUE 


Italic,  147,  432.  716.  — Mexi- 
que,  399.  ■ —  Norvege  ,  409, 
702.  Pays-Bas,  iSa,  429,  725.  — 
Pologne,  Cnj5.  —  Russia  ,  i3  i , 
4o5,  693.  —  Suisse  ,  146,  418, 
7x5. 

Burns.  J-'oy.  Morceaux  clioisis. 

Biisching.  Grabmal  des  Herzogs 
Heinrich  des  f'ierlen  ,  ^ly . 

Buttura.  For.  Grecia. 


Cailliaud  (Fred.),  ^o/.  Voyage  a 

Meroe. 
Canada,   679. 

—  Extrait  d'une  lettre  sur  la  si- 
tuation de  ce  pays,  8o3. 

Canai.  de  construction  romaine  , 
decouvert  a  Besancon,  55o. 

Canard  (N.  F.).  Memoires  sur  les 
causes  qui  produisentla  stagna- 
tion et  le  dccroissement  du 
commerce  en  France,  465- 

Canaux  de  la  Correze,  et  de  la 
Vezere  ,  SaS. 

Cantate  sur  la  destruction  de 
Missolonghi ,  par  Ph.  L.  i54. 

Cap  de  Bonne-Esperance  ,  237. 

Gapitaine  Belronde(le),  opera-co- 
mique,  par  Picard,  musique 
par  Cremont ,  274. 

Cappefigue,  de  Marseille.  L'Aca- 
detnie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  de  Paris ,  lui  decerne 
une  mcdaille  d'or,  558. 

Caraffa.  Voj.  Belle  au  bois  dor- 
mant. 

Carove.  Ueher  die  alleinseligitta- 
ckende  Khc/ie  ,  r38. 

Carrer  (£.).  //  Clotaldo,poema,  719. 

Carte  d'Afrique,  projetee  et  des- 
sinee  par  Henri  Bergbaus,  i36. 

—  generale  de  la  Grice  ,  739. 
Catalogue   de    la   bibliotheque 

teylerienne  ,  a  Harlem,   i55. 

—  de  manuscrits  orientaux  ,  qui 
existent ,  mais  que  Ton  n'a  pas 
encore  pu  decouvrir  ,  246. 


—  des  antiquiios  d^couvertes  en 
Egypte  ,  par  Josejib  Passa- 
lacqua  ,  ^88. 

Catecismas  de  cienciasy  arles  ,  1 1 4> 
Cathedrales  francaises,  dessinees 

et  lithograpliiees  par  Cbapuy, 

avec  un  texte  bistorique,  par 

Jolimont  ,  et  publiees  par  En- 

gelmann  ,219. 
Catruffo.  y.  Voyage  de  cour. 
Cazaux  (P.  L.'F.'^G.  de).   Voy. 

Economie  politique. 
Caze  (A.).  Voy.  Lois  d'inter^t. 
Caze  (De).  Voy,  Compagnie. 
Censure    (Procedes    de   la )   en 

Espagne ,  252. 
Cent  epigrammes  d'Antoine  Perli , 

428. 
Ceylan  ,  5  ,  238  ,  534. 
Chalas    (Prosper).  Voj.    Histoire 

des  conspirations  des  jesuites^ 
Champignons  (Guide    de  I'ama- 

teur  de),  etc.,  par  F.  S.  Cor- 

dier,  435. 
Chamrobert   (P.  de).   La  Venue 

du  Messie,  etc.,  par  Juan  Jo- 

sapliat  Ben  Ezra  ,  79(1. 
Chansons  nnptiales  des  Serviens, 

traduites  en   vers   allemands  , 

par  Eugene  Wessely,  712. 

—  serviennes ,  en  partie  re- 
ciieillies ,  en  partie  traduites 
en  alleraand  ,  par  S.  M***, 
71a. 

—  de  P.  J.  de  Beranger,  A.  , 
669. 

Chant  ,221. 

Chant  a  Bolivar  sur  la  bataille  de 
Junin  ,  par  J.  J.  Olmedo  ,  4oo. 
Chapuy.  Foy.  Palladio. 

—  Vof.  Cathedrales  francaises. 
Chapuys-lMonslaville  (L.  A.  de). 
•    Lettres  sur  la  Suisse,  etc.,  775. 
Chasse  (Secrets  de  la)  aux  oiseaux, 

par  G... ,  738. 
Chateaubriand  (V.  de).  OEuvres 

completes  ,  499  >  774- 
Chatillon  Modcles  lithographies, 

566. 


nES    MA 

Chefs-d'ceuvre  des  theatres  etran- 
gers  ,  A. ,  379 ,  657. 

Chevard.  Voy.  Neckologie. 

Childe  Harold  ,  aux  ruines  de 
Rome  ,  imitation  dii  poeme  de 
lord  Byron  ,  par  Aristide  Tar- 
ry, 211. 

Chimie  ,  619. 

—  (Theorie  de  la) ,  par  Over- 
duin  ,  725. 

Chine  (  La  ).  Mceurs  ,  usages  , 
costumes  ,  etc. ,  recueil  de  li- 
thographies ,  public  par  D. 
B**'de  RIalpiere,  Sog  ,  787. 

Chirurgie  ,      25g.      yoy.     aussi 

SciEMCES    MEDICALES. 

Chlore.  Voy.  Labarraque. 

Chkomologie  ,   175,  757. 

Ciceron(La  Republique  de).  Nou- 
velle  edition  de  G.  H.  Moser, 
a-vec  des  notes  ,  par  Creutzer, 
144. 

Cimarosa.  ^oy.  Comedie. 

Civiale.  L'Academie  des  Sciences 
de  Paris  lui  decerne  un  pri.t;  , 
259. 

Claprerton  (Le  capitaine).Voy age 
a  I'intej-ieur  de  I'Afrique  ,527. 

Classiques  grecs.  Collection  com- 
plete publiee  en  Italic,  par 
Joseph  Pomba,  260. 

—  francais.  Edition  de  Debure  , 
494,^  770. 

—  de  I'histoire  ,  749. 

—  latins ,  770. 
Clinique    medicale    de    I'Hotel- 

Dieu  de  Rouen  ,  par  Hellis  , 
170. 

,   ou  Choix  d'observations 

recueillies  a  la  clinique  de 
M.  Lerminier,  et  publiees  par 
G.  Andral  fils,  438. 

—  de  la  maladie  .sypliilitique  , 
par  N.  Devergie,  439. 

Cloet.  Handboek  voor  Staatsmannen, 

etc. ,  1 54. 
Clotalde.  Foy.  Carrer. 
Cobbett  (William).  Voy.  Histoire 

de  la  reforme  protestanie. 


TiiKES.  853 

Cochenille.  On  cherche  a  I'accli- 
mater  en  Espagne  ,  25 1: 

Codes  des  peines  ,  etc.  ,  par 
Charles  -  Salomon  Zacharije  , 
4ia. 

Codification   (Pieces   relatives  a 
la) ,  et  a  I'instruclion  publique, 
etc.  ,   par  Jeremie   Bentham 
A.  ,  626. 

Cohen  (Jean).  Voj.  Tableau  de  la 
Grece. 

Colique  metalllque  (Traite  pra- 
tique sur  la) ,  par  B.  Pallas , 
73i._ 

Collection    complete     des    lois 
decrets  ,    ordonnances,    etc. 
de    1788    a    1824  ,    par  J.    b! 
Duverger,  461. 

—  des  auteurs  classiques  latins  , 
avec  la  traduction  francaise , 
publiee  par  A.  Pommier,  '770. 

—  des  classiques  latins,  a  I'usage 
des  classes  elementaires  ,  etc., 
par  Leroy  et  Prieur,  798. 

CoLOMBiE,  524. 

Comedie    (La)   a  la  Campagne  , 

opera  ,  musique  de  Cimarosa  , 

277. 

Commerce,  43o,  465,466,5x7, 

522,    523  ,    735. 

—  ( Du )  de  rOrient  ,  avec  la 
Russie  et  la  Scandinavie  au 
moyen  age  ,  par  Jean  Lassen- 
Rasmussen,  i36. 

—  (Le)  exterieur  de  I'empire  de 
Russie  ,  etc.,  693. 

—  de  la  France  en  1824.  Foj. 
Tableau  statistique. 

Commission  (  Formation  d'une  ) 
de  statistique  pour  les  Pays- 
Bas,  548. 

Compagnie  de  Colon'.sation  ge- 
nerate de  la  Guyane  francaise, 
etc. ,  par  de  Caze  ,  745. 

Comte  (Charles).  Traite  de  legis- 
lation, etc. ,  A.  ,  73. 

—  C— B.  ,  464. 
Concert  execute  a  Amsterdam , 

au  profit  des  Grecs  ,  253. 


864  TABLJJ    AN 

Conseil  dc  falubrite  de  Nantes. 

Voy.  Rnpport  gencial. 
Considerations  sur  les  causes  de 

la  grandeur  et  de  la  decadence 

de  la  monarchic  espagnole,  par 

Senipere,  731. 
Conspiration  de  Russia.  Rapport 

de  la  commission  d'enquete  de 

Saint  -  Pttersbourg   a   I'empe- 

reur  Nicolas  1'^"',  768. 
Consultation  ;idressee  a  la  cour 

royale,  pour  M.  le  comte  de 

Montlosier,  47(1. 

—  ni  jesuitique  ,  ni  gallicane  ,  ui 
feodale  ,  en  reponse  a  la  Con- 
sultation de  M*^  Dupin  ,  74^. 

CoMTEs  de  la   famille  O'Hara  , 

132. 

—  de  fees  irlandais  ,  traduits  en 
allemand,  par  les  fr^res  Grimm, 

—  de  Xavier  Scrofani,  i5r. 
Cordier(F.S.)  Voy.  Champignons. 
Cortambert  (E.).  Voy.  Geographic 

universelle. 
Cotelle.  Traite  des  interdts,  461. 
Courtin.   Voy,  Encyclopedic  mo- 

derne. 
Cousin  (Victor).  Voy.  Fragmens 

philosophiques. 
Coutelle  ,  C.-M.  ,  587. 
Cremont.    Voy.    Capitaine    Bel- 

ronde. 
Creutzer.  Voy.  CiceroD. 
Crillon.  Voy.  Vie. 
Crivelli ,    avocat ,  C. — B. ,  i85  , 

459. 

—  (Louis)  ,  C— B. ,  5o3. 
Crociato  {11)  in  Egitto ,  opera  ,  per 

Meyer-Ben;  274. 
Crocodile  apprivois^,  807. 
CroiseesimpenetrablesaTeauplu' 

viale.  Voy.  Saint-Amand. 
Crusolle-Lami ,  C— B. ,  181. 
Cryptoganies  (Essai  sur  les)  des 

6corces  exotiques  officinales  , 

par  A.  L.  A.  Fee ,  A. ,  47- 

—  Voy.  Planles. 
CuLTE.  Voy.  Theoiogie. 
Curtius  (P.).  Voy.  Villanueva. 


ALYTIQUt 


D 


Daguerre,  peintie.  Vue  du  village 
d'Unterseen  ,  tableau  du  Dio- 
rama de  Paris,  85i. 

Daligny.  Voy.  Legislation  penale. 

Dame  (La)  Blanche,  opcra-co- 
mique  ,  par  Scribe  ,  musique 
par  Boieldieu  ,  276. 

—  (La)  du  Lac,  opera-comique  , 
par  d'Epagny,  musique  par 
Rossini  ,  278. 

Daminois    ( M^e    Adele  ).     Voy. 

Alais. 
Danemark,    i35  ,    410,    484, 

702. 
Dante  revendicato  ,  427. 

—  Voy.  Brofferio. 

Dassy.  Lithographic  d'aprfes  un 
dessin  de  Girodet ,  282. 

D'Aubuisson  de  Voisins.  Conside- 
rations sur  I'autorite  royale  et 
sur  radministration  locale  , 
182. 

David  ,  peintre.  Voy.  Laugier. 

David,   sculpteur.  To;-.  Nomika- 

TIONS  ACADKMIQUES. 

Dcbats  qui  out  eu  lieu  dans  la 
chambie  des  comnuines ,  au 
sujet  de  I'exportation  de  deux 
hahitans  de  la  Jamaiqiie  ,  681. 

Deby,  C— B. ,  723. 

Decuuvertes ,  444- 

Decremps.  Voy.  Diagrammes  chi- 
niiques. 

Degeorge  (P.),  C— B.  ,  ri6  . 
i3i  ,  et  les  articles  signes  F.  D. 

Dejuinne ,  peinlre.  Tableau  re- 
prepentant  un  interieur  d'ap- 
partement ,   565. 

—  Modcles  lithographies  ,  566. 
Delaije  (J.  A.),  ^oy.  Grece. 
Delavigne (Germain).  Foj-. Macon. 
Deleau.  L'Academie  des  sciences 

de  Paris  lui  decerne  un  prix , 
260. 
Delle   Chiaje   (E.).    Memorie  sulla 
storia    e  notomia    degli  animali 
scnza  vertebre ,   147. 


Denouciation  aux  couis  royalcs  , 
relativement  au  sjsteine  reli- 
gieux  et  politique,  signale  dans 
le  memoire  a  consulter,  par  le 
comte  de  Montlosier,  4'>S. 

Denzinger  (J.).  Prima  elsmenta 
logices  ,  429. 

Depping  (  G.  B.  ).  Histoire  des 
expeditions  maritimes  des  Nor- 
mands  ,  A.  ,  91. 

Depressions  de  la  surface  du 
globe,   f'oy.  Andreossy. 

Desmazieres  (J.  B.  H.  J.)  f^'oy. 
Plaiites  cryptoganies. 

Desmoulins  (A.).  Histoire  nata- 
relle  des  races  humaiiies  du 
nord-est  de  I'Europe,  de  I'Asie 
boreale  et  orientale ,  et  de 
I'Afrique  australe  ,  etc.  ,    160. 

Desormeaux  (A.  Paulin  ).  Fq>-. 
Amusemens. 

— •  Voj.  P^che. 

Dessin  ,  173  ,  566  ,  819. 

—  LiNEAiRE  ,  introduit  dans  I'A- 
cadcniie  et  les  ccoles  d'eii- 
seigneinent  mutuel  de  Tournay, 
548. 

Determinisme  (Le) ,  ou  Hume  op- 
pose a  Kant ,  par  F.  G.  Hovitz , 
410. 

Devergie  (N.).  Voj.  Clinique. 

Deveze-de-Chabiiol.  yoy.  Mon- 
tagne  de  la  Boulade. 

Devisnie  (J.  F.  L.).  yoj-.  Manuel 
historique. 

Devoirs  (Des)  du  mt^decin  ,  par 
le  docteur  Basevi ,  4^3. 

Dewez  Abrege  de  I'Histoire  du 
duche  de  Brabant,  etc.,  725. 

Diagnostic  ( Traite  elenientaire 
de)  ,  de  prouostic  ,  d'indica- 
tions  therapeutiques,  etc.,  par 
Rostan,  166. 

Diagrammes  cbimiques ,  ou  Re- 
cueil  de  36o  figures  qui  eipli- 
quent  les  experiences  par  Fin- 
dication  des  agens  et  des  pro- 
duits ,  etc.  ,  par  Decremps  , 
A.  ,  619. 

T.  XXXI. 


DES  MATIERES.  865 

Dialogues  du  Tasse  ,  traduits  par 

J.  V.  Peries  ,  774. 
Diamant  (Le)  du  roi  des  esprits, 

opera   allemand ,   musique  de 

Ghcser.  81 3. 
DiCTioNNiiRE    universel    de    la 

langue     italienne,    dc    I'abbc 

Alberti  de  Villauova,  426. 

—  espagnol,  par  D.  G.  Trapany, 

797- 

—  universel  des  synonymes  de  la 
langue  francaise ,  par  Boin- 
villiers  ,  766. 

—  geographique  universel ,  par 
une  Societe  de  eeographes  , 
738. 

—  historique  des  bomnies  cele- 
bres  de  toutes  les  nations  , 
morts  et  vivans  ,  en  un  seul 
volume,  200 ,  482. 

—  liistoriqiie  ,  ou  Biographic 
universelle  classique  ,  par  le 
general  Beauvais  ,  en  un  seul 
volume,  761. 

—  historique  et  descriplif  des 
monumens  de  Paris,  pai  B.  de 
Roquefort ,  768. 

—  classique  d'histoire  naturelle, 
etc.  ,  dirige  par  ISory  de  Saint- 
Vincent,  157. 

—  des  sciences  ,  des  lettres  et  des 
arts,  par  Conrtin  ,  207. 

—  des  finances,  par  don  Jose 
Canga  Arguelles  ,  683. 

—  feodal ,   192. 
DioKAMA  de  Paris  ,  280,  8ji. 
DiPLOMATiE,  43 1. 
DiscorsopreliminareuW  architettttia 

di  fitruvio  ,  etc. ,  720. 
Discours  prononce  a  I'ouverture 
de  I'Athenpe  de  New-York,  par 
H.  Wheaton,  394- 

—  prononce  a  I'Universite  de 
Lcyde  ,  par  H.  G.  Tydeman  , 
43o. 

—  prononce  a  la  deuxieme  seance 
du  conseil  de  perfectioniiement 
de  I'ecole  speciale  de  com- 
merce, par  J.  Lautte  ,  466. 

—  pour   les    obseques    anniver- 
56 


S66  TAHI.K    ANALYTIQUK 

saires  des  bienfaiteurs  de  la 
maison  de  lefuge  a  Padoue  , 
par  Joseph  Barbieri ,  716. 

—  sur  rhistoiie  de  Brescia  ,  par 
Joseph  Nicolini,  148. 

Dmitricf  Jpologui  ,   1 3 3 . 

Documeiis  relatifs  a  I'etat  present 
de  la  Grece  ,229. 

Doin(G.  T.),  C— M.,  1 5. 

Don  Alonzo ,  Histoire  contem- 
porainc  ,  par  Srdvaiidy;  tra- 
duction allemande ,  4''i- 

Don  Sanche  ,  opera-feeiie  ,  par 
le  jeune  Litz  ,  274. 

Don  tier  Cut  till  s  van  Tienhoven.  Voj'. 
OpinionF. 

Doublet  de  Boisthibault ,  C.  — N., 
854- 

Doyle  (G.).  ^''o/. 'Villanueva. 

Droit  ,    626.    foy.   aitssi    Jubis- 

PRUDEKCE. 

I'UBLIC  ,    190. 

— •  (Le)  de  succession ,  considere 

dans  son  developpement   chez 

tous  les  peuples,  par  E.  Gans, 

1 40. 
Droz  (Joseph),  foj.  Etudes. 
Ducloz  (M°"^).  f^oy.  Epoux. 
Duel  de  deux  Soulioies  ,  25 1. 

—  (Le)  ,  ou  Dix  ans  de  trop  , 
comcdie  en  prose  ,  par  Leon 
Halevy,  843. 

Dufey  (P.  J.  S.).  roy.  L'Hospital. 
Duges'Ant.).  I'oj.  Manuel  d'obs- 

tetrique. 
Dnlaure.  Vx>r.  Atlas. 
Dumersan  ,  C. — B.  ,  221. 
Duj)in  ,    avocat.    Voy.   Cousulta- 

tif)n. 
Dupin  (B.  Charles),   foy.   Geo- 

metrie. 

—  Voy.  Rapport  general. 
Dureau  de  la  Malle  ,  de  I'lnstitut, 

C.— B.  ,  453. 
Duval  (Aniaury)  de   I'lnstitut, 

C.— A. ,  34fi.  —  B.,  476. 
Duverger(J.  B.).  Voy.  Collection 

complete  des  lois. 


E 


Eckhard.  Foy.  Question  d'etat. 
Eckstein  (B.  d').  Voy.  Lettre. 
EcoLE     d'enseignemcnt     mutuel 

nouvellemeut   fondee   au  Bre- 

sil ,  23(i. 

—  normale  de  Londres,  809. 

—  pour  les  sourds-rauets  a  Yver- 
dun ,  246- 

—  industrielle  ,  nouvellement 
fondee   a  Aran  ,  8i5. 

—  d'aits  et  metiers  ,  ditc  de  La 
BJartiniire  ,  etablie  i  Lvon  , 
222. 

—  de  geometric  et  de  mccanique, 
nouvellement  fondee  a  Lian- 
court ,  departemeiit  de  I'Oise, 
55i. 

—  speciale  de  commerce  et  d'in- 
dustrie,  fondee  a  Paris,  4^''- 

— -  ( L')  des  Veuves,  drame  en 
vers,  par  Gustave  Fabien  Pil- 
let,  846. 

IicoLEs  prima  ires    de  Londres  , 

.,  809- 

Ecoles  savantes  (Sur  les)  ,  sur- 
tout  par  rapport  a  la  Baviere  , 
par  Frederic  Thiersch  ,  709. 

EcOKOMIEDOMESTIQUE,  I72,  447> 

737. 
POLITIQUE  ,  I  5  ,   I  54  ,   1  87,  465, 

796. 

—  (Bases  fondamentales  de  1'), 
d'apr^s  la  nature  des  choses , 
par  P.  L.  F.  G.  de  Cazaux  , 
462. 

—  (Nouveaux  principes  ).  Jour 
qu'ils  peuvent  jeter  sur  la  crise 
qn'eprouve  oujourd'hui  I'An- 
gleterre  ,  M. ,  608. 

—  KURALE  ,   25l  ,  447>  726. 

EcossE,  239.  Voy.  anssiGtikTSOv.- 

Bretagnb. 
Edifices  de  Fiomc  nioderne  ,  des- 

sines  et  publics  par  L.  Le  Ta- 

rouilly,  5i  i. 
Education  ,  235  ,  23g  ,  746- 

—  domestique  ,   ou    Lettres    de 


DES    MATIERES 

fauiille   sur    rcdiuation ,    par 
M'nc  Guizot,  A.,  335. 

—  jiublique.  Ses  piogres  dans 
riiule  britannique  ,  626. 

E\ux  iniM5RAi.Es  (Quelques  ob- 
servations sur  les),  M. ,  i5. 

Eglise  (De  1')  qui  seule  pretend 
que  liors  d'elle ,  il  n"v  a  point 

,  de  salut,  parCarove,  i38. 

Egypte  ,  287,  529. 

Elegien  (Ztvey)  iiber  und  nach  Mis- 
solonghis  Fall,  800. 

Ellis'  {IV.).  Narrative  of  a  tour 
through  Hawaii ,  etc,  ,  l44. 

Eloge  historique  de  M.  VoutY  c'e 
la  Tour,  etc. ,  par  Honore  To- 
rombert  ,  2o3. 

—  de  Godefroy  de  Bouillon  ,  43i. 
Eloquence, 2o3, 43o,  43i,  702, 

716. 

—  SACREE,  742. 

Em^ric  -  David  ,     de     i'lnstitut  , 

C— B.  ,  787. 
Emerson  (J.).  Foj.  Tableau  de  la 

Gr^ce. 
Empvs.  For.  Agiotage. 
Emprunt  de  la  ropublique  d'Ha'i'ti, 

523,  524,  5Gr. 
Emprunts  (Tableau  des  derniers'' 

fournis   par  les   capitalistcs   a 

Londres ,  532. 
Encouragemeus      accordes     aux 

sciences     par    I'empereur    de 

Russia  ,  8 1 2. 
Encyclopedic  modenie ,  ou  Die- 

tionualre  abrege  des  sciences  , 

etc.,  par  Courtin,  207. 
Enfans  (Les)  de  Maitre  Pierre  , 

opera-comique  ,  par  deKock, 

musique  par  Kreube  ,  275. 
Engelmann.      roy.     Cathedrales 

franca  ises. 
Enseigjtement  industrikl,  52, 

5a4  ,  548,  55i ,  552  ,  594  ,  8i5. 

MUTUEI,   ,    236  ,    524. 

Entomologie  (U)  ,  ou  i'Histoire 
naturelle  des  insectes  enseignoe 
en  :5  lecons,  par  R.  A.  E.,  4^2. 

Epoux  (Les)  nialheureux ,   ou  le 


I  par 


M" 


867 
Du- 


voyage  a  Moscou 
cloz  ,  ai5. 

Erdiuann     [J.    /•'.).    Beytriige   zur 

Keiintniss  des  Jnnern  Russlands  , 

i38. 
Ermder^C.  F.).  Deutsches  Lesebuch, 

5  I.J. 
EscL,vv.\GE     (  Rapport    niensuel 

contre  1') ,   681. 
EspAGHE  ,  25i  ,  752. 

—  (L')  jioctique  ,  choix  de  poesies 
castillanes  ,  par  dou  Juan 
Maria   Maury,  5oo. 

Etablissemens  indusiriels  fond^s 

en  Egypte  par  ordre  du  jiacha 

Mohamed-Ali ,   337. 
Et\ts-Unis,    loy,    235,    894, 

Sai  ,  G76  ,  801. 
Ete(Un)  a  Varese  et  ses  environs, 

lettres  adiessees    a    Erminie  , 

720. 

ETBJfOGltAPHIK  ,     114. 

Etienne  (L.).  C— B.,  142. 
Ettinger  (Fedor).  Foy.  Kotzebue. 
Elude  du  grec  et  du  latin.  Foy. 

Fririon. 
Etudes  sur  le  beau  dans  les  arts  , 

par  Joseph  Droz,  507. 
Eustot/tii  archiepiscopi  Thessaloni^ 

censis    commenlarii    ad    Homeri 

Odysseain  ,    i43. 
Eveuemens  de  ma   vie ,    comme 

chef  des  institutions  d'educa- 

tion  a  Bourgdorf  et  Yverdun  , 

par  Pestalozzi  ,  709. 
Everett  (A.  H.).   Nouvelles  idees 

sur    la    population ;    ouvrage 

traduit  de  1' anglais ,  par  C.  J. 

Ferry,  187. 
Expedition  (Nouvelle)  maritime 

du    capitaine   Parry,   au  pole 

arctique  ,  239. 
Exposition    des    ouvrages    cou- 

ronues     par     I'Academie    des 

beaiix-arts  de  Milan,  817. 

—  de  tableaux  a  Paris  ,  au  profit 
des  Grecs,  278  ,  565. 

Expositions  publiques  de  fieurs 
et  de  plantes  a  Harlein  et  a 
Utrecht ,  a5a. 


8es 


Fahri  (  E.  ).  Tragedie,  I  5  t . 

Falkenskiold  (De).  f'oj.  Se- 
cretaii. 

Faiisse.(La)  Croisade,  opera-co- 
iniqiie,  275. 

Foe  (A.  L.  A.),  f.  Cryptognmes. 

Femmes  c.-'lebres  (Quf-lques  por- 
traits de  )  de  Veii'se  ,  par  Bar- 
thelemy  Ganiba  ,  717. 

—  f'^oy.  Repertoire  uiiiversel. 

—  fraricaises  les  plus  celebres. 
^•'or.  Genlis  (  M''»=  de). 

Fenet(A. ).  Voy.  Poihier. 
Ferry,  C.  —  M.,  693.  —  A. ,  52  , 

39.0.  —  B.,   209,    735.  —  N. , 

a68, 

—  Vojr.  Everett. 
Fetis.  Voy.  Bourgeois. 

I'i^vre  jaune  (Irruption  de  la)  aux 

Antilles ,  804. 
Filon.    Elemeiis    de    rhetorique 

fraccaise ,  767- 
FiNAKCEs,  528,524,  532,  SGr. 

—  (Elemens  de  la  science  des), 
par  D.  Jose  Canga  Arguelles, 
683. 

—  Voy.  Dictionnaire. 

Fleurs    (  Culture   des )    dans   les 

Pays-Bas,  252. 
Flore  de  1  Inde  iieerlandaise.  Voy. 

Blume. 
Fontan.  foy.  .Actrice. 
Force  (  De  la)  en  politique,  par 

Louis  Aiigeloui ,  n6. 
FoRETs  (Des)  de  la  France,  con- 

siderees  dans  leur  rapport  avec 

la  marine  militaire ,   par  Bo- 

nard,  729. 
Forges  et  fonderies  de  Chareuton, 

prcs  Paris,  824- 
Fortia    (  De  ).      Foy,     Nomina- 

TIOKS   ACAUEMIQUES. 

Fossati,  C. — B. ,  4^3,  ^ifi. 
Fouilles  entreprises  au  camp  de 

Cesar,  pres  de  Dieppe,  55i. 
.i^qui  ont  eu  lieu  a  Brescia  ,  721. 


Fragmens  philoso])liiques ,  par 
Victor  Cousin,  A.,  327. 

Fkaach  ,  157,  a53,  43a,  477,  55o, 
727,  739,  757,  823. 

Francois  £ils,  dit  Alexandre.  Voy. 
Grammaire  classique. 

Fraiicocur,  C. — B.  ,  17a,  44a- 

Fredericlisstecn  (  La  forteresse 
de),  pendant  le  siege,  en  1814. 
Biipport  olliciel  ,  702. 

(•"reytag.  f'oy.  Anthologie. 

I'riecllander  (  £.  D.).  Syinbolae' ad 
caiceiiii'i  JiscipUnam  ,  etc.,  706. 

Fririon  (  B.  N.)  ,  lieutenant-gene- 
ral. Essai  ."iur  les  moyens  de  fa- 
ciliter  I'etude  du  grec  et  du  la- 
tin, 493. 

Froids  extraordinaires  a  la  Mar- 
tinique ,  23fi, 


Gamba.  Voyage  dans  la  Russie 

meridionale ,  789. 
Gamba  (B.).  Alcuiii  riiratd  di  donne 

illuuri  Tci/eziane  ,717. 
Cans  {£.).  Das  Erbrecht  in  wellges- 

chichtUcher  Enlivic/ieliing ,  140. 
Gardeton  (Cesar).   F<y.  Godwin. 
Gernier  (Adolpbe)  ,  C. — A.  ,  65. 

—  B.,  461. 
Gaston    de    Blondeville  ,    ou    la 

Cour  de  Henri  III  a  Ardenne , 

par  Anne  Radcliffe,  400. 
Gaudin.     Developpement     d'line 

pensee  de  d'AIembert,  etc.,  735. 
Gendrin  (A.  N.).  Histoire  anato- 

mique  des  inflammations,  168. 
Genlis  (l\I"ie  de).  P^oj.  Memoires 

iiiedits. 

—  Precis  de  I'histoire  des  femmes 
francaises  les  plus  celebres , 
483.' 

Geoffroy-Saint-Hilaire  ( Isidore). 

Considerations  sur  les  niammi- 

fercs  ,  162. 
Geographie,    i36,    i38 ,    175, 

177,  738,  739. 

—  universelle  ,  par  E.  Cortam- 
bert ,  176. 


UES    MATIERES. 


8(j 


—  ancienne  ( Abrege  de  lit),  par 
F.  A.  Bosse,  429. 

Geologie, 164 .  i65. 
Geometrie  ,  594,  734- 

—  et  mecanique  des  arts  et  me- 
liers  et  des  beaux-arts,  par  le 
baron  Charles  Dupiri ,  A.,  52. 

Georget,  C— B.,  ifi8. 
Georgique  (La)  des  fleurs,  poeme 

d'Ange  Ricci ,  149. 
Gerard,  yoy.  Adam. 
Gesseniiis    (  JVithelin  ).    Hebraische 

Grammatick  ,  7 1 4^ 
Gessner.  foy.  OEuvres. 
Gilbert.  Poy.  OEuvres. 
Girardin    (  Stanislas  ).    Opinion 

centre  le  projet  de  loi  destine  a 

retablir  les  substitutions,  191. 
Girodet.  yoy.  Amours. 

—  yoy.  Dassy. 

Glaeser,  compositeur  allemand. 
^oy.  Diamant. 

Godwin  (M'le).  Les  Droits  des 
femmes  et  rinjustice  des  hom- 
mes;  ouvrage  traduit  de  I'an- 
glais  par  Cesar  Gardeton,  457. 

Goethe   ( B.   de).    f'oy.  Nomima- 

TIONS  ACADEIWIQUES. 

Golberv  (P.  de),  C  — B. ,  146, 

418.' 
Gondinet  (  A.) ,  C— B. ,  466,  468, 

73i  ,  733,  746,  748  ,  757. 
(iossoudarstvenna'ia  "vnechiiaia  lor- 

govlia ,  etc. ,  6g3. 
Gottis  (Mmc  A.),  yoy.  Robert  de 

France. 
Gramsiaire,  aSa. 

—  anglaise  de  Lindley  Murray, 
233. 

—  francaise  (  Principes  de  la  )  ,  a 
I'usage  des  Russes,  par  Ch.  de 
Saint-Hilaire,  694. 

—  classiquede  la  langue  francaise, 
par  Francois  fils,  dit  Alexan- 
dre, 764. 

—  pratique  de  la  langue  francaise, 
par  J.  Rowbotham.  lar. 

—  analytique  ,  ouElemens  de 
grammaire  generale  appliques 


a  la  langue  francaise,  par  Le- 
terrier,  764- 

—  hebraique  ,  par  Guillaume 
Gessenius,  714- 

—  italieiiuc  ,    par    D.    Martelli , 

797- 
Gkvnde-Bretagne  ,    1 14,    23y, 

399,  532  ,  68i ,  809. 
GitivuEEs  ,281,  5o8,  5 10,  5ri , 

784,  819. 

—  (Cent)  pour  les  ceuvres  de  Vol- 
taire, publiees  par  Le  Cerf, 
5ro. 

Gkece,  i54,  197, 198,  199, 329, 
aSi,  253,  739,  799,  810. 

—  (La ).,  srene  lyrique  ,  musique 
de  J.  A.  Delaire,  221. 

—  foy.  Tableau. 

Grecia  {La)  siippUce ,  canzone,  per 
Bti'.ttira,  799. 

Gregoire.  Le  gouvernenient  de 
Guatemala  ordonne  de  traduire 
en  langue  natlonale  son  ou- 
vrage sur  les  libertes  de  I'eglise 
gallicane,  236. 

GremiUiet  (J.  J.)  Voy.  Probl^mes. 

Grimm  {Gebrildcr).  Irische  Elfen- 
iniirchen  ,713. 

Grisons.  Coup  d'oeil  sur  I'etat  ac- 
tuel  de  ce  canton,  542. 

GaOENLAND  ,    45o. 

Grosseur  de  la  langue  (Disserta- 
tion medicale  sur  la),  par  H. 
F.  Van  Doeveren  ,  725. 

Guatemala,  236. 

—  particnlarites  y  relatives,  Saa. 
Guedon  (Capit.).  f  oy.  Breaute. 
GuYAWE ,  745. 

Guillon  (Marie  N.  S.).  For.  Bi- 

bliotheque  des  peres  de  I'eglise. 

Guiraud.  Vor.  NoMrwATiojis  aca- 

DEMIQUES. 

—  Voj.  Pliararaond. 

Guizot  (Mine),  yoy.  Eiiucation 
domestique. 

H 

Hachette.  Voy.  Nomikations  aca- 

DEMIQtlES. 


8- 


H  v'iri ,  SaS,  56 1. 

—  Diverscs  particuliai-ltes  y  rela- 
tives, 5a3. 

Ilalevy  (Leon),  l^oj:  Duel. 
Heiberg,  C. — B. ,  i3(),  410,  4ti, 

4i2 ,  488,  702 ,  'yo6.  —  N.,  541, 

812. 
Hellis.  T'-'oj.  Clinique  medicile. 
Hcnrion  de  Pensey.  f^oj.  Assem- 

blees  nationales. 
Henry  ( C.J.  ),C.—N.,  824. 
Hereau(E.),  C— B.,  iio,ai3, 

499>  5i9,  77a,  et  les  articles 

signes  e.  h. 
Heurteloup.      L' Academic      des 

sciences  de  Paris  lui  decerne 

un  prix,  259. 
HisToiRE,  148,   I94i   196,  198, 

2o3,  2o4,  2o5,  206,  244)  363, 

399,  473,  480,434,  488,  490, 

558,  70a,  705,  749)  75a,  757, 

758,  759,  763. 

—  universelle  (  Resume  de  1'  )  , 
par  F.  de  Brotonue  et  A.  Lau- 
gier,  472. 

—  romaine  (Resume  de  1')  depuis 
Romulus  jusqu'a  Coustantin  , 
par  A.  Roche,  476- 

—  critique  du  passage  des  Alpes 
par  Annihal ,  par  feu  J.  L.  La- 
rauza  ,  481. 

—  generale,  physique  et  civile  de 
I'Europe ,  etc. ,  par  de  Lace- 
pede,  750. 

■ —  de  la  reforme  protestante  en 
Aiigleterre  et  en  Irlande ,  par 
William  Cobbett,  193. 

—  de  Pierre-le-Grand,  191. 

—  de  la  ville  de  Hanieln ,  par  F. 
Sprenger,  142. 

—  de  Sardaigne,  ou  la  Sardaigne 
ancienne  et  moderne ,  par  Mi- 
maut ,  A.,  346. 

—  des* revolutions  de  la  ville  et 
du  royaume  de  Naples,  479. 

—  ( Abregc  de  1' )  du  duche  de 
Brabant ,  etc.,  par  Dewez,  725. 

—  de  France  abregee ,  par  Pi- 
gault-Lebrun ,  477- 

—  des  expeditions  maritimes  des 


TABLE    ANALYTIQUE 

Norniand 


et  de  leur  etablis- 
sement  en  France,  etc.,  par 
G.  B.  Dcpping,  A.,  91. 

—  de  Henri  IV,  19a. 

—  des  conspirations  des  jesuites 
contre  la  maison  de  Bourbon 
en  France,  par  Eugene  deMon- 
giave  et  Prosper  Chalas  ,  192. 

—  ( Resume  de  T  )  de  la  revolution 
francaise ,  par  Leon  Thiesse , 
755. 

—  des  lois,  628,  678,  679. 

—  1.ITTERAIRE,  483. 

—  ( Resume  de  1')  de  la  litteratui-e 
allemande,  par  A.  Lofeve-Vei- 
mars,  768. 

—  (Resume  de  1')  de  la  littera- 
ture  italienne,  par  F.  Said, 
209. 

HATURELLK,     l47,     l57,     l58, 

ifia,  432. 

—  dc's  races  humaines  du  nord- 
est  de  I'Europe,  etc.,  par  A. 
Desmoulins,  160. 

Hom^re.  Foj.  Eustathe. 
Hospice  nouvellement  fonde  dans 

le  Connecticut,  235. 
Hovilz    (  F.    G.  ).    Determinismen  , 

etc.,  410. 

—  Ultimatum  ,  etc. ,  4io. 

Hume.  Voy.  Determinisme. 

Hutton  (Charles).  Nouvelles  ex- 
periences d'artillerie,  etc.,  tra- 
duites  de  I'anglais  par  O.  Ter- 
quem,  735. 

Huzard  fils.  ^0^.  Robinet. 

HYDhOXECHNIE,  55o,   828. 


I 


He  de  la  Camargue.  ( Boucbes  du 
Rhone. )  Assainissement  et  fer- 
tilisation de  cette  ile,  253. 

Indes  ohientales ,  ii3,  287, 
526. 

Industrie,  i55,  287,  517,  559, 
792,824. 

Inflammations,  yoj.  Gendrin. 

Influence  (De  1')  des  femmes  sur 


DES    M4T1ERES. 


la  litt^rature   francaise  ,   etc. , 
par  M-ne  de  Genlis  ,'  483. 
Institut  royal  de  France.  Voyez 

SOCIETES. 

—  pour  les  sourds-muets  des  clas- 
ses indigentes  a  Manchester , 
240. 

Institution  royale  des  jeunes  aveu- 

gles  de  Paris,  843. 
Instruction  element  aire,  ii4, 

236. 

—  poptfLAiRE  dans  la  Haute- 
Ecosse,  23g. 

—  puBLiQUE,   709,   8o5.    Voyez 

nilSsi    ECO  LES  ,     enseignement 
et  UNIVERSITES. 

—  dans  I'etat  de  Massacliussetts, 
235. 

—  a  Buenos-Ayres ,  8o5. 

—  (L')  du  peuple,  salutaire  au 
prince ,  discours  prononce  en 
latin  par  H.  C.  Oersted,  702. 

—  RELi&iEusE.  Vo)'.  Levade. 
Invention  des  bateaux  a  vapeur, 

546. 
Isanibert.  Vo/.  Manuel  du  publi- 

ciste. 
Italie,  147,  2495  422,  546,  716, 

816. 


Jacquet.  De  la  tenue  des  livres  en 

partie  double ,  735. 
Jardin    botanique    nouvellemenl 

forme  a  Bruxelles,  548. 
Jardinage,  aSa,  435. 
Jarry  de  Mancy  (  A.  ).  Voj-.  Atlas 

historique. 
Jasikof.  Recueil  des  voyages  chez 

les  Tatars ,  etc.,  i32. 
Jefferson.  Voy.  Necrologie. 
Jesoitisme ,  192,  211,  2i3,  468, 

470- 
—  ( Le )  devoile ,  par  I'abbe  Henri 

Le  Maire,  746. 
Joannis.  Voj:  Anlhropologie. 
Jolimont  (J.  de).  V.  Cathedrales 

francaises. 


871 

Jorritsnia.  Voy:  Air  atmospheri- 
que. 

JOURNAUX  et  RECUEILS  PEP.IODI- 

QUES  publics  en  Angleterre :  Re- 
vue sonimaire  des  recueils  pe- 
riodiqucs.  Jouruaux  hebdoma- 
daires,  124,  4o2  ,  688.  —  Jnii- 
i/ciferj-  month!/  reporter,  a  Lon- 
dres  ,  68 1.  —  T/ie  Quarterly 
Review,  a  Loudres  ,  684.  — 
Ocios  de  Espanolcs  emigrados ,  a 
Londres  ,  686.  —  Literary  ga- 
zette ,  a  Londres  ,  689.  —  Lite- 
rary-chronicle, a  Londres,  6go. 
. — •  News  of  literaine  and  fas- 
hion ,  a  Londres! ,  691.  —  Jour- 
iiaux  francais  imprimcs  en  An- 
gleterre, 692. 

—  publics  en  Canada  :  la  Biblio- 
theque  canadienne,  a  Montreal^ 
680. 

—  publics  aux  Etats-Unis  :  The 
north-am ej-ican  medical  and  sur- 
gical journal ,  a  Philadelp'iie, 
lit.  —  The  north  american  Re- 
view ,  a  Boston ,  677.  —  Le 
Propagateur,  journal  franqais- 
americaiu ,  a  New- York  ,  678. 

—  publics  en  France  :  Le  Specta- 
teur  militaire,  a  Paris,  224. — 
Revue  americaine  ,  journal 
mensuel ,  a  Paris,  225.  —  La 
France  cbretienne ,  a  Paris  , 
227.  —  Docuniens  relatifs  a  I'e- 
tat present  de  la  Grece,  a  Pa- 
ris, 229.  —  Bibllotbeque  alle- 
mande,  a  Strasbourg,  2jr. — 
Journ.il  cliiiique,  a  Paris,  5i4. 

—  L'Hermes  ,  journal  du  ma- 
gnetisnie  animal,  a  Paris,  5i5. 

—  Le  Phare  du  Havre,  au  Ha- 
vre ,  517.  —  Bulletin  des  capi- 
talistes,  des  speculateurs  et  des 
rentiers,  a  Paris,  5i7.  —  La 
Psyche ,  choix  de  pieces  en 
vers  et  en  prose,  a  Paris ,  5 18. 

—  Bibliotheque  pliysico-econo- 
mique,  a  Paris,  790.  —  Jour- 
nal de  la  Societe  d'cmulation 
des  Vosges,  a  Epinal  ,791-  — 


Le  Pioducteiir,  79J.  —  Journal 
des  missions  evangeliques ,  795. 

—  publics  en  Italie  :  Annali  uni- 
versali  dli  tecnologia  ,  a  Milan, 
723. 

—  publics  dans  les  Pajs-Bas  :  An- 
nalcs  universelles  de  I'indus- 
trie,  etc.,  a  Bruxelles,  i55.  — 
Revue  bibliographique  des 
Pajs-Bas,  etc.,  l5(i.  —  Journal 
d'agricuiture  ,  etc.  ,  a  Bruxel- 
les ,  72G.  —  Tydschrift  voor  ge- 
neeskiindige  If'etenschappen  ,  a 
Amsterdam  ,  72(1. 

—  publics  en  Pologne  :  Revue  des 
journaux  et  des  recueils  perio- 
diqucs  qui  se  publient  a  Varso- 
vie .  695. 

—  publics  eu  Russie  :  Journal  de 
la.  Societe  iniperiale  philantro- 
pique  de  Saint  -  Petei  sbourg  , 
i34. 

Julia-FoHtenel'le  ,  C. — B.,  171. 

—  Foy.  Manuel  de  physique  amu- 
sante. 

Jullien  (M.  A.),  fondateur-di- 
reclcur  de  la  Revue  enciclopedt- 
qiie,  C- — A.,  loa,  et  les  articles 
signes  M.  A.  J. 

—  Voy.  Nominations  academi- 

QUES. 

Jullien,  marcband  de  vins.  Voj. 
Manuel  du  sommelier. 

JURISPKUDENCE  ,    I  4o  ,    I  84,    4o3, 

470- 

—  francaise  (Essai  sur  I'liistoire 
de  la),  etc.,  par  J.  Sewell , 
679.  ^ 

Jury  (Sur  I'etablissement  du )  a 
I'ile  de  Ceylan,  M.,  5. 

—  Resultat  de  cet  etablissement, 
238. 

K 

Kalaidovitcb.  Foy.  Nominations 

ACADEMIQUES. 

Kant.  toy.  Delerminisme. 
Karamzine  (Nicolas),  f^oy.  Ne- 

CllOLOGIE. 


TABLE    ANALYTIQDE 

Kiesling  (Th^ophile).  roy.  Tzet- 

zf-s. 
KircAho//(J.  R.  L.  de).  Verhatide- 

ling    over    de    danipkringsliicht  , 

l52. 

f^Oy.     No.MINATIONS     ACADAMI- 

QUES. 

—  C, — B.,  ii4,  725,  727. 
Kock  (De).  f^oy.  Enfans. 
Kotzebue  (Aug.  de).  Theatre  tra- 

duit  en  russe,  par  Fedor  Eltin- 

ger ,  695. 
Kreube.  Foy.  Enfans. 
Kreut/er.  yoy:  Pharamond. 
Kuenlin  (F.)  ^oj.  Manuel  mili- 

taire. 


Labarraque  (A.  G.  ).  De  I'emploi 
des  chlorures  d'oxide  de  so- 
dium et  de  chaux  ,  732. 

Labus  (Jean).  Dissertation  sur 
plusieurs  monumens  decou- 
verts  a  Brescia  ,721. 

Lacepede  ( C.  de).  For.  Histoire 
generale. 

Lafitte  (  J.  ).  Fuj.  Discours. 

La  Goy  (R.  de).  Foj-.  Medailles 
antiques. 

Laing  (Major),  voyageur  daus 
I'interieur  de  I'Afrique,  arrive 
a  Tombouctou ,  808. 

Lake  (y.  JV.).  Select  british  Aovels, 
520. 

Lamballe  (  Princesse  de).  For. 
Memoires. 

Lamouroux  (J.  P. )  Foy.  Bota- 
nique. 

Langlois,  peintre.  Deux  tableaux 
representant  la  mart  de  Marc 
Botzaris ,  et  la  prise  de  Misso- 
longhi ,  b()6. 

Langue  anglaise  (  Elemens  de 
la  )  ,  par  Sirct.  Nouvelle  edi- 
tion publiee  parAlex.  Boniface, 

232. 

—  espagnole.  Fay.  Trapany. 

—  francaise.  Foj:  Grammaire 
classique. 


/-'oy.  Gramma  ire  anal-ytique. 

Voy.  Dictionnaireuniversel. 

Voy:  Saint-Hilaire. 

Voy.  Rowbotham. 

—  hebra'ique    I'oy.  Gessenius. 

—  liotliindaise  ,  549- 

—  italienne.  Voy.  IMartelli. 
Voy.  Diclionnaire. 

—  des  sauvages  de  TAmerique 
duNord,  l\i.,  3o8. 

—  des  tribus  sauvages  des  Etats- 
Unis.  Le  gouveriiement  doniie 
des  ordres  pour  en  recueillir 
des  vocabulaires ,  802. 

Lanjuinais,  de  I'liistitut ,  C.-B. 
i4o,  4^6,  7i5. 

—  (P.  E.),  C.-E.  466. 

—  Voy.  Sumner. 
Lapin  (Le)  blanc,  opera -comique, 

375. 
Larauza  ( J.  L. ).    Voy.   Histoire 
critique. 

—  Voy.  Necrologie. 
Lassen-Rasmtissen  {J.)  De   Orien- 

tis  cominerciu  cum  RtiSiia  et  Scan- 
dinavia ,  medio  CEvo  ,  i36. 

Lasteyrie  (C.  de).  Voy.  Antom- 
marchi. 

Latour- Allard.  Voy.  Antiqultes 
mexicaines. 

Laugier.  Leonidas  aux  Thermo- 
pyles,  gravure  d'apres  le  ta- 
bleau de  David,  281. 

Laugier  (A.  ).  f'q/.  Histoire  uni- 
verselle. 

Laureal.  Voy.  Louis  XII. 

Lebrun  (Isidore).  V.  Bonne  Ville. 

Le  Cerf.  Voy.  Gravures. 

Lecons  de  litteriiture  alleraande, 
par  C.  F.  Ermeler,  619. 

—  de    litterature    chretienne  , 

7^9- 

—  nouvelles  d'Astronomie,  par  un 
ancien  eleve  de  I'Ecole  poly- 
technique,  442. 

Legislation,  5,  i85,  191,  235, 
396,  /\i2,  43o,  458,  459,  461, 
524.  559,  626,  679. 

—  (Traite  de),  etc.,  par  Charles 
Comte,  A.,  73. 


I)F.S    MATIERFS.  >S7,1 

—  penale  (Essai  sur  Ics  principps 
de  la),  en  matiere  de  tentative 
de  crime  et  de  delit ,  par  Da- 
ligny,   1 85. 

Legonve  (  G.  )  ,  OEuvrcs  com- 
pletes, 497- 

Le  Maire  (  I'abbe  Henri).  Vo;,. 
Jtsuitisnie  devoile. 

I-emercier  (N).  /'or.  Baudouin. 

Leniantey(P.E.).r.  NiicROLOGtE. 

Le  Normand  (  L.  Scb.  )  ,  C.-B. 
436.  447- 

—  Manuel  pratique  de  Tart  dii 
degraisseur,  737. 

Leopardi.  Canzorii,  1 4 9. 
Lerminier.  V.  Clinlque  medicale. 
Leroux.  (Ant.).  V.  Pneumatologie. 
Leroy  (James).    L'acadcinie  des 

sciences  de  Paris  lui  decerne  un 

prix,  259. 
Leroy.  Voy.  Collection  des  clas- 

siques  latins. 
LeRoy.  f o).  Origine  desmaladies. 
LeTarouilly.  /^.Edifices de  Rome. 
Leterrier.  Voy.  Grammaire  ana- 

lytiqiie. 
Lettre  (Extrait  d'une),  ecrite  d'A- 

lexandrie  ,    par    un    voyageur 

francais,  529. 

—  (Extrait  d'une),  du  Caire,  542. 

—  (  Troisifenie  ),  a  M.  le  baron 
d'Eckstein,  sur  les  dangers  de 
son  catholicisme  indo-chretien, 
etc.,  par  N.  M.,  453. 

Lettres  sur  la  Grece ,  notes  et 
chants  populaires,  exiraits  du 
portefeuilledu  colonel  Voulier, 
19S. 

—  sur  la  Suisse  et  le  pays  des 
Grisons,  par  L.  A.  de  Chapuys- 
Monslaville,  775. 

—  inedit^s  de  M""-'  de  Maintenon 
et  de  M'Me  la  piincesse  des  Ur- 
sins,  204. 

-^  d'un  oflicier  de  la  marine 
russe,  etc  ,  ^oS. 

Levade  (A.).  Reflexions  sur  I'in- 
struction  religieuse,  sur  les  tem- 
ples, etc  ,  4'8. 

Lexarza  (Jean).  Voy.  Llave. 

57 


"74  TABLE    ANaLYTIQUE 

L'Hospital    (  Micliel ).    OEiivres 

completes  publiees  par  P.  J.  S. 

Dufty,  /,g4. 
—  OKuvres  inedites  publiees  par 

le  m(?me,  494 
Liberie  des  cultes.  I'oy.  Portalis. 
Liberies    de    I'eglisc    gallicane , 

ig2,  236. 
LiiiKAiRiE,  aSo,  268. 
Libre  nrbitre  (Considerations  sur 

le),  de  rbonime,  etc.,  par  A  .S. 

Oersted,  410. 
LlTHOGRAPHIE,     i65,     2ig,    j8i, 

566,  785,  787. 
LiTTEBATuiiK    nllemaiidc ,    209, 

aSi,  5i(j,  6g5,  768,  777,  800, 

8 1 3, — Ancienneciassique,  i43, 

144,  a5o,  Syg,  49^,494,  539, 

77t>  »   798.  —  Anglaise  ,    122  , 

210,234,  400,  520,  684.  688, 

716. —  Arabe  ,  542.  —  Belge- 

Francaise,  i54,  4>»-- — Cana- 

dienne  ,    680.  —  Chingulaise  , 

534.  —  Danoisc,  /\n .  —  Es;>a- 

guole,  4oo>  5oo,  586. — Des 

Elats-Unis,  677,  678.— Fraii- 

caise,  102,  200,  2ir,  212,  214, 

ai5,  216,  258,  261,  266,  d63, 

4i6,  483,  494)  497>  499,  5o2, 

5o3,  5o4,  5o5,  5o6,  5(8,  563, 

564,  642,  657,  669,  692,  769, 

770,  773,  774,  775,  777.  779, 

780,  843,  S44,   846.  —  Hebiai 

que,  549.  —  Hollandaise,  i54, 

43i.  —  Llar.daise,  713.  —  Ita- 

lienne,    149,    i5o,    j5i,    209, 

427,  428,  Dr9,  717,  719,720, 

774,  799. —  Noi  vcgieniie,  4o9- 

—  Polonaise,    6g5.  —  Portii- 
gaise,  5rg.  —  Russe,  i33,  406. 

—  Servienne,  71  2. 
Llave  (G.  de  la)  et  Jean  Lexarza. 

DcscriptioDs  de  vegetaux  uou- 

veaux,  399. 
Lo6ve-Veimars  (  A. ).  Resume  de 

I'Histoire  de  la  litterature  alle- 

mande,  768. 
—  J'oy.  Romans  bistoriques. 
LoGiQUE  (Premiers  elemens  de 

la),  par  G.  Denzinger,  439. 


Lois  d'interdt  g^n<<ral  (  Esprit  et 
conferences  des),  qui  ont  ete 
rendues  depiiis  la  re^tauration, 
etc.;  par  T.ijan,  A.  Gaze  et  C. 
IMessine,  458. 

Loisiis  (Les  )  d'un  habitant  de  la 
campagne  ;  poesies  du  paysan 
lusse  Fedor  Slaipouchekine  , 
406.    ^ 

Louis  XII,  opera,  par  Saint- 
Geoi'ge  et  Laureal,  ouvrage  pa- 
rotiie  sur  la  musique  de  Mozart, 
277. 

Lourniand  (A.  D.).  C.— B.  767. 

Lucenay  (J.  de),  C. — B.  417. 

l.una-FoUiero  (  Cecilia  de  ).  L'ulivo 
di  Doeinia  ,  leizine,  7  ig. 

Lusiade  (La)  du  Camoens,  tra- 
duite  en  octave  rima,  par  A. 
Briccolaui,  5ig, 

Lycee  d'bistoiie  naturelle  de 
"^ New- York,  235. 

M 


Macon  (Le)  ,  opera -comique,  par 
Scribe  et  Germain  Delavigne  , 
musique  par  Auber,  274. 

Magnexisme  antmal  (L'Hermes, 
ou  Journal  du)  ,  5i5. 

—  (Du)  ,  etc. ,  par  le  docteur  Ba- 
sevi ,  4'-4- 

—  (Expose  des  cures  operees  en 
France  par  le)  ,  etc.,  par  S.  , 
44/. 

—  Resiuiie  des  deliberations  y  re- 
latives de  TAcademie  royale  de 
medecine  de  Paris,  838. 

Maintenon  (M""?  de).  Voj.  Lettres 

inedites. 
Maisonabe   (C.  A.).  Journal  cii- 

uiquc.   Recueil    d'observations 

sur   les   difformites   du    corps 

bumain,  5i4. 
Malacarne.  Solution  geometrique 

et  rigoureuse  du  fameux  pro- 

bleine    de    la    quadrature    du 

ccrcle,  734. 
Malbeurs    (Les)   de   la  Gr^ce, 

scene  lyrique  ,  par  Ph.  L.,  i54. 


DES     MXTlfcaES. 


Malpel.   Traite   plemeulaiie    ilcs 

successions  nb  irilesiat ,    184. 
Mal|ji^ie    (D.    B"**     de).     /  oj . 

Chine. 
Mammiferes.  foy.  Geoffrey  Saint- 

Hilaire. 
Mancy  (A.  J.   de  ).    Foj-.   Alias 

coiistitutionnel. 
Mangino  (/i.).  Miscelanea  deeco/io- 

mia  polidca  jr  moral ,  796. 
ItJann:  (  P.  ).  Del  trattaine.nto  degli 

anne^^ati ,  4"-»5. 
Manuel     dii    j>ubliclste    et    de 

riioiume  d'etat,  par  Isambert, 

190. 

—  de  mcdecine  et  de  chirurgie 
domestique  ,  par  J.  Morin  , 
73'.      _    _ 

—  d'obstetrique,  ou  Precis  de  la 
science  desaccouchemens, etc., 
par  Ant.  Diiges  ,   169. 

—  de  physique  arausante  ,  etc.  , 
par  Juiia-Fontenelle,  435. 

—  de  physique ,  ou  Elemens 
abreges  de  celte  science  ,  par 
Bailly,  172. 

—  de  perspective,  du  dessina- 
teur  et  du  peintre  ,  par  A.  D. 
Vergnaud,  172. 

• —  du  pecheur  francais  ,  par  Pes- 
son-Maison-Neuve  ,  172. 

—  du  soramelier,  etc.  ,  par  Jul- 
lien,  uiarch.ind  de  vin  ,  172. 

—  mililaire  ])our  I'instruction 
des  ofliciers  suisses  ,  etc. ,  par 
F.  Kuenlin  ,   715. 

—  de  I'adniinistrateur  ,  du  nia- 
nufacturier  et  du  iirgociaut , 
par  de  Cioet ,  traduit  en  hol- 
landais  ,  par  P.  Van  Grit- 
huizeu  ,    1 54. 

—  du  bouvier  ,  par  J.  Robinet , 
727. 

—  du  degraisseur ,  par  Le  Nor- 
niand  ,   787. 

—  historique  du  departement  de 
I'Aisne,  par  J.  F.  L.  Devisme, 
480. 

Manufactubf.s,  726. 
Marais.  foj-.  Moufalcon. 


875 

Jlarcellus  (C.  de).  Voyage  dan* 
les  Kautcs-Pyieiiees  ,  5ol. 

Marcbangy.  Voj.  Tristan. 

.Mai  guerite  ,  rcine  dc  Danemark  , 
dc  Norvege  et  de  Suede  ,  par 
C.  F.  Wichmann  ,  703. 

Marie.   Voy.  Millioiniaire. 

Making,  79.9. 

Marius-Giinon,  C. — N.,  829. 

Maimin  (Alex.).  Notice  histo- 
rique sur  Michel  Patras  de 
Campaigno,   76a. 

Marmora  ( Albert  de  la ).  Vo}-. 
Voyage  en  Sardaigne. 

Martelli  (  D.  ).  Gramrna.ire  ita- 
lienne,  797. 

Martin.  Voy.  Milllonnaire. 

Maktinique,   236. 

Martinof.  Traduction  des  ecri- 
vains  grecs  en  langue  russe  , 
539. 

Massias.  Voy.  Theorie. 

Mathematiques  ,171,  260,  442, 
733 ,  734,  735,  820. 

Mati^re  (De  la),  par  le  colonel 
Bory-de-Saint-Viucent,  i58. 

—  uiedicale.  y^y.  Borelli. 

Malter,  professeur  a  I'Academie 
de  Strasbourg.  I/Academie  des 
inscriptions  et  i)elles-lettres  de 
Paris  lui  decerne  une  me- 
daille  d'or,  557. 

Maurin.  Lilhogra[)hie  de  la  mort 
de  Botzaris  ,  d'apres  le  ta- 
bleau de  Langlois,   5fiO'. 

Maury  (D.  J.  M.).  Voy,  Espagne. 

Mecanicien  (Le)  anglais  ,  ou  Des- 
cription de  toutes  les  ma- 
chines mecaniques  appliquees 
aux  arts  industriels  ,  par  Ni- 
cholson ,  traduit  de  I'anglais  , 
444- 

Mecanique,  62  ,  afii  ,  444;  594. 

Mcdailles  antiques  (Essai  sur  les) 
de  Cuijobellnus,  etc.  ,  par  Ro- 
ger de  La  Gov,  aao. 

Meuecike.  foj-.  Sciences  me- 
dicares. 

Melanges  sur  les  beaux-aits  ,  par 
Ponce,  782, 


S~6  TAHLK     AN 

Mely-Janiii.  Foy.  Projet  de  pif-ce. 

MiiMoiRE  pour  M.  le  niareolial 
(Victor)  due  de  Ci'Uune  ,  sur 
les  marcbi's  Ouvrard,  206. 

—  dn  gencial  Andreossy,  sur  ce 
qui  concerne  les  marches  Ou- 
vrard ,  748. 

IMfiMoiRES  ,  Notices,  Lettkes 
EX  Melvnges  (I.)  :  De  I'eta- 
hlissement  du  Jury  a  i'ile  de 
Ceylan  ,  5.  —  Quelques  gt'-iie- 
ralites  sur  les  eaux  miuerales 
{Doin),  i5.  —  Tableau  statis- 
tique  du  commerce  de  la  France, 
eu  1824  {tloreaii  de  Jonnes)  , 
27.  —  Notice  sur  les  societes 
savantes  des  Ltats-Unis  (il>) , 
289.  —  Notice  sur  les  ouvrages 
de  Jeremie  Bentliam  (T.),  298. 
—  Notice  sur  la  langue  des 
sauvagesde  rAmeriquednuord 
{^Morenas)  ,  3o8.  —  Notice  sur 
I'iipplication  des  aerostats 
{Ferry),  $77.  —  Rapport  sur 
I'enseignement  industriel  (^Ch. 
Diipin),  594.  —  Nouveaux  prin- 
cipes  d'economie  politique  (J. 
C.  L.  de  Sismond'i)  ^  608. 

- —  ET  Rapports  de  Societes  sa- 
vantes et  d'utilite  publique  en 
France,  222,  5 12,  789. 

Memoires  de  la  cour  de  Henri 
VIII  ,  par  M»'e  Thompson  , 
399. 

—  de  M.  de  Falkenskiold  ,  484. 

—  sur  la  guerre  de  1809 ,  en 
AUemagne ,  etc.  ,  par  le  ge- 
neral Pelet,   196. 

—  lelatifs  a  la  familie  royaic  de 
France,  pendant  la  revolution, 
publics  d'njires  le  journal  de  la 
princesse  de  Lamballe  ,  488. 

—  inedits  de  M">e  de  Genlls , 
A.  ,  3fi3  ,   64». 

—  sur  riiistoire  et  ranaloniie  des 
autmaux  sans  vertfebres  du 
royaume  de  Naples  ,  par  E. 
Delle  Clilaje,  i47- 

,\Ierville.  Foy.  Voyage  de  cour. 


ALVriyUE 

Mesnard  (J.   B.).    Voy.  Morceanx 

ciioisis. 
Messine  (C).  yoy.  Lois  d'interel 

general. 
Metapiiysique,  178  ,  4'o. 
Meteobologie  ,   i53,436. 

—  P'oy.  Projet. 
Meunier.  ^oy.  Aerostats. 
Mexique  ,  399. 
Meyer-Berr.  foy.  Crociato. 
Michelot   (A.)  ,'  C  — B.  ,  799.  — 

N.,  2(i5,  557,  834. 
3Iillionnaire  (Le),    conuklie  en 

prose  ,  par  Martin  et  Marie  , 

5fi4. 
Mimaut.    ^oy.   Histoire   de   Sar- 

daigne. 
miicelanea.   Voy.    Mangiiio. 
Missions,  795. 
Missolonghi.  Foy.  Cantate. 
—r  yoy.  Van  dam-Van-Isselt. 

—  yoy.  Brofferio. 

—  P'oy.  Etegien. 

—  n'est  plus.  Appel  aux  amis  des 
Grecs,  par  Caniille  Paganel , 

199- 

Mocbetti  (Angelo).  Foy.  Monu- 
mens, 

Moafalcon  (J.  B.).  Histoire  me- 
dicale  des  marais  ,  etc.  ,  731. 

Monglave  (Eugene  de).  yoy.  His- 
toire des  conspirations  des  je- 
suites. 

Monnaie  polonaise.  EUe  doit  con- 
server  tuujours  I'effigie  de  I'em- 
pereur  Alexandre  ,  244- 

Monsieur  Valmore  ,  ou  le  Maire 
de  village ,  par  Fred.  Rou- 
veroy,    4^2. 

Montagne  de  la  Boulade  (Essai 
geologique  sur  la) ,  pres  d'ls- 
soire  ,  par  Deveze-de-Cbabrlol 
et  J.  B.  Bouillet,  i65. 

Montesquiou  (  G.  Anatole  de  ). 
Poesies  ,   5o2. 

Montlosier  (C.  de).  Voy.  Denon- 
ciation. 

—  yoy.  Consultation. 
Montnunency  (Due  de).  y»y.  \c- 

tillart. 


DKS    MATIEHES. 


877 


Moiiunieus  (Les)  ,   poeme   d'An- 

gelo  Mochetti  ,  719. 
Monument  erige  a  Buenos-Ayres, 

a   la  m^moire  des  auteurs  de 

la  revolution  du  aS  mai  18  to, 

806. 

—  eleve  dans  la  ville  d'Odessa, 
au  feu  due  de  Richelieu,  539- 

Mora  (J.   J.  de),  C— N. .  aSa. 

—  B. ,  400. 
Morale,  780.  ^oy.  attssi  Sciences 

MOHALES. 

Morceaux  choisis  de  Burns,  tra- 

duits  par  James  Aytoun  et  J.  B. 

Mesnard,  210. 
Moreau  de  Jonnes  (A.)  ,  C. — M. , 

27.  — B.,i65.  —  N.,  527,805. 

811. 
Morenas  (J.),  f^oy.  Notice  sur  la 

langue  des  sauvages. 
Moretli.  11  Botanico  italiano  ,  etc.  , 

i48. 
Morin  (J.).  Fof.  Manuel  de  me- 

decine. 
Moser  {G.  H.).  M.  TuUii  Ciceronis 

de  Repiiblica  libri  ,  etc.  ,  l44- 
Mulder  (G.  Z.).  Dissertatio  medica 

de  opio  ,    725. 
Muller  (Wenzel)  ,  compositeur 

allemand.   Voy.  Tenfelsstein. 
Munter.    Om    Kong  Harald  Klaks 

daah  ,   yoS. 
Muriel,  C— B.,  5o2. 
Murray  [Lindley).  English  grammar, 

a33. 
MusEE    nouvellement    fonde    au 

cap  de  Bonne-Esperance,  237. 

—  (Etablissement  d'un)  national 
a  Iiondres  ,  810. 

Museum  criticum  ,  ou  Reclierches 
classiques  a  I'usage  de  I'Uni- 
versite  de  Cambridge,  399. 

MusiQDE ,  420. 

M YTHOLOGiE  (La)  comparec  avec 
I'histoire  ,  par  I'abbe  de  Tres- 
san ,  748. 


N 


Naples  ,  479- 


Napoleon    Bonaparte     est-il    ne 

fraiicais  ,   2o5. 
Navigation  ,  257,  3ao  ,  4o5. 

—  sur  la  Saone ,  55o. 

PAR  LA  vapeuk,  54fi,  55o. 

entre  New-York  ct  les  etats 

voisiiis  ,   521. 

est  rendue  libre  sur  les  cotes 

et  les  fleuves  de  la  republique 
de  Colombie,  524. 

dans  les  Pays  Bas,  25a. 

NeckoloGIE.  Kicolas  Karamzine  , 
historiographe  de  I'empire  de 
Russie  ,  242. —  Jolin  AJums  et 
Jefferson ,  tous  deux  successi- 
vement  piesidens  de  la  repu- 
blique des  pjlats-Unls ,  521. — 
Pierre  Ed'xiard  Lemontey,  mem- 
bre  de  I'lnstitut  de  France  , 
282. —  Charles  Marie  de  JVeber^ 
compositeur  allemand,  a  Lou- 
dres  ,  535.  —  Le  celebre  asfro- 
norae   Piazzi ,   a  Naples,   547- 

—  Le  professeur  Jean  Antoine 
SantareUi ,  a  Florence,  547-  — 
Jean  Louis  Larauza ,  bibliotlie- 
caire  de  la  faculte  de  theologie 
de  TAcademie  de  Paris,    567. 

—  Jean  Frederic  Oberlin  ,  pas- 
teur  a  Waldbacli ,  departement 
du  Bas-Rhin .  569.  —  Michel 
Attumonelli ,  docteur  en  mede- 
cine  ,  a  Paris  ,  572.  —  Frederic 
Chretien  Uolberg  Arentz  ,  philo- 
logue  ,  a  Bergen  ,  812.  —  Fe- 
lice Testa  ,  sculpteur,  a  Turin  , 
820.  —  Le  contre-amiral  Yves 
Marie  Gabriel  Pierre  Lecoat , 
baron  de  Saint- Uaouen  ,  a  Ca- 
lais ,  852.  —  Chevard  ,  auteur 
de  plusieurs  ecrits  bistoriques, 
a  Chartres  ,  854- 

Ne/iolihe  Piesnize  ,  71a. 
Nicolini.  Delia    storia   llresciana  , 

etc.  ,    148. 
Noces  (Les)  de  Gamache  ,  opera- 

comique,  277. 
Nominations   academiques.    Le 

baron  de  Goethe  ,  et  J.  R.  L.  de 

Kirckiwff,  membres  correspon- 


878  TABLE    AN 

dans  (111  lycee  d'histoire  natu- 
relle  de  New-York  ,  235.  —  l.e 
general  Van  den  llosch ;  Van 
Alphen  ,  de  la  Haye ;  de  Scassart, 
de  Namur  ;  le  recteur  Swaan, 
de  Hoorn  ;  Van  Grithiiizen  , 
d'Utreclit  ;  et  le  docteur  BOl' 
linger  de  Munich ,  membres 
etrangers  de  la  Societc  des 
sciences  et  arts  de  Batavia  , 
238.  —  Kalaidovitch  ,  membre 
correspondant  de  I'Academie 
des  sciences  de  Petersbourg  , 
242.  —  Ilredin ,  membre  de 
I'Academie  des  sciences  de 
Lyon  ,  258.  —  Biiffaul  et 
Guiraud  ,  membres  de  I'Aca- 
demie francaise,  265.  —  Auger, 
secretaire  perpetuel  de  I'Aca- 
demie francaise ,  266.  —  Le 
marquis  de  Foriia ,  et  le  pro- 
fesseur  llncheUe  ,  associes  cor- 
i'espondans  etrangers  de  I'Aca- 
demie des  sciences  de  Naples, 
547.  —  Marc-Antoine  JuUien  , 
de  Paris  ,  membre  d'honneur 
de  la  Societe  pour  la  propaga- 
tion des  sciences  naturelles  de 
Dresde  ,  812.  —  David ,  sculp- 
leur ,  membre  de  I'Academie 
des  beaux-arts  de  Paris  ,  837. 
Normand  pere  et  ills  ,  graveurs. 
Voy.  Souvenirs. 

NORVEGE,    409,   540,   702,   812. 

Note  diplomatique  de  M.  le  comte 
de  Mier,  ministre  plenipoten- 
tiaire  d'Autriclie,  pres  la  cour 
des  Pays-Bas,  43 1. 

Notice  sur  les  societes  savantes 
des  Etats-Unis  de  I'Amerique 
du  nord, M.  ,  289. 

—  sur  les  ouvrages  de  Jereniie 
Bcntbam  ,  M.,  298. 

—  sur  la  laugue  des  sauvages  de 
I'Amerique  du  nord  ,  par  J.  Mo- 
renas  ,  M.  ,   3o8. 

—  sur  la  Societe  belvetique  de 
musique  ,  420. 

NonvEi,LE  Galles  meridiow  ajle  , 
806. 


ALYTIQUE 
NOUVF.LLES        SCIENTIF[QUKS       ET 

LiTTihiAiiiEs  (IV.)  :  Afiique, 
237,  527,  808.  —  AUemagne  , 
244  ,  541,  812.  —  Amerique 
ceiitrale,  236  ,  522.  — Ameri- 
que moridionale ,  236,  524. 
8o5.  —  Amerique  septentrio- 
nale  ,  235,  621,  8oi.  —  An- 
tilles ,  a36  ,  523  ,  804.  —  Asie, 
237,  526  ,  807.  —  Australasie  , 
8o5.  —  Bresil ,  236  ,  525.  — 
Buenos-Ayres,  8o5.  — Canada, 
8o3,  —  Cap  de  Bonne-Espe- 
rance  ,  237.  ■ — •  Ceylan  ,  238. 

—  Colombie  ,  524-  —  Egyple  , 
237,  529.  —  Espagne  ,  25 1.  — 
Etats-Unis  ,  235  ,  52i  ,  801.  — 
France,  253,  55o ,  823.  — 
Grande-Bretagne,  239,  532  , 
809.  —  Grece,  25i.  —  Guate- 
mala, 236 ,  522.  —  Haiti,  523. 

—  Indes  orientales  ,  237,  526. 

—  Italic,  249,  546  ,  816.  — 
Martinique,  236.  — Norvege, 
540,  812.  —  Nouvelle  Galles 
meridionale  ,  806.  —  Paris , 
258  ,  552  ,  829.  —  Pays-Bas , 
252,  548,  821.  —  Poiogne  , 
2  44-  —  Russie,  241  ,  539,  811. 

—  Sierra  Leone,  527.  —  Suisse, 
246,  542  ,  8i4-  —  Sumatra  , 
807.  —  Turquie  ,  820. 

Not'ortim  I'egetabiliiim  descripliunes, 

etc.  ,   399. 
Noyes  (Du  traitement  des)  ,  etc.  , 

par  Pierre  Manni  ,425. 
NuMissLATiQUE,  210. 

o 

Oberlin  (Jean  Frederic).  Voy.  Nk- 

CROLOGIK. 

Observations  liors  de  saison  ,  746. 
Observatoire,  nouvellement  fonde 

a  Bruxelles ,   548. 
Odes  de  Jacques  Leopardi  ,  149. 
Oersted  {A.  S.).  Forstatte  /letrngc- 

ninger,  410. 
—  (//.  C).  Folkcts  Oplysning  ,  etc. , 

702. 


OEuvRES  de  Jean  Racine,  en  un 
seul  volume ,  209. 

—  de   Gessner,  209. 

—  de  Gilbert  ,  770. 
— ■  de  Saint-Lambert ,  770. 

—  de  Ducis ,  773. 

—  CHoisiKs  d'Evariste  Parny,773. 

—  COMPLETES  de  Palladio  ,217. 
de  J.  J.   Rousseau ,  en  un 

seul  volume,    A.  ,    102. 

de  Legouve  ,  497- 

de  Ciiateaubriand  ,    499  > 

774- 
de  Michel  L'Hospital,  494- 

—  ISEDITES  du  meme  ,  494- 

—  posTHUMLS  de  Ducis  ,  495. 
Olivier  (L')  de  Boh(5me  ,  tercets 

de  Cecilia  de  Luna-FoUiero  , 

719- 
Olmedo  {3 .  J.'),  Canto  a  Bolivar, etc., 

400. 
Onguenl  pour  la  brulure  ,  poeme 

par  Barbier  d'Aucourt ,  2ri. 
Opinions    enoiicees   par  Donker 

Curtius  vanTienhoven,  depute 

de  la  HoUande  ,  sur  le  projet 

de  Code  de  commerce,  43o. 
Opium  (Dissertation  medicale  sur 

1')  ,   par  G.  L.  IMulder,  725. 
Opuscules  de  J.  B.  Vermiglioli  , 

42S. 
Origine  des  maladies  (Reflexions 

sur  1),  et  leurs  remedes  speci- 

fiques     modifies      d'apres      la 

theorie  du  docteurLeRoy,  i48. 
Othello,  opera  de  Rossini,   277. 
Otco  (C).  Phraenologien  ,  i35. 
Outrepont  (Charles  d').  La  Saint- 

Barthelemy,  775. 
Ouvrard.  Fnr-  Memoire. 
Ofcrduin.    Leere    der  Scheihiinde  , 

725. 


Paganel    (Camille'l.    J^oj.   Misso- 

longhi. 
Pagani  Cesa  {G.  li.).  Sopra  il  teairo 

tragico   italiaiio    considerazioni  , 

1^7- 


DES    MATI^RES.  87^ 

Palladio.  (iEuvres  completes,  pu- 
bliees  par  Chapuy  et  Beugnot , 
217. 

Pallas  (Benjamin).  Voy.  Colique 
metallique. 

Paris,  268,  552,  758,  759, 
829. 

Parny  (Evariste).  Voy.  OEuvres 
choisies. 

Parry  (capitaine).  Voy.  Expedi- 
tion. 

Passalacqua  (Joseph).  Voy.  Cata- 
logue. 

Passy  (H.).  Voy.  Aristocratie. 

Putras  de  Campaigno.  Voy.  Mar- 
min. 

Pays-Bas,  i52,  252,  429,548, 
725  ,  821. 

Pecchio  (C).  Voy.  Tableau  de  la 
Grece. 

Peche,   172. 

—  (La)  a  la  ligne  ,  par  A.  Paulin 
Desormeaux  ,  447- 

—  de  la  baleiue,  45o. 
Peintuke  ,  278  ,  280 ,  565  ,817, 

85t. 
Pelel  (General).    Voy.   Memoires 

sur  la  guerre  de  1809. 
Pcries  (J.  V.).  Voy.  Dialogues. 
Perli  {A.).  Cento  eplgrammi  ,  428. 
Perrot  (A.   M.).    P'oy.  Atlas  du 

royaume  de  France. 
Pesson-Maison-Neuve.  Voy,  Ma- 
nuel du  p^cheur. 
Peslalozzi.    IHeine   Ldbensschichsale 

ah   Vorstelier  meiner  Erziehungs- 

ins  tit  lite  ,  709. 
Petit  Code  de  morale  h  I'usage  de 

toutes  les  classes  de  la  societe  , 

780. 
Pharamond  ,  op^ra  ,  par  Ancelot, 

Guiraud  et  Souniet ,  musique 

par  Bo'ieldieu,  Berton  et  Kreut- 

zer,  273. 
Phenomene  vegetal,  812. 

PuiLOlOGIE,  143,    i44j    25o,  3o8, 

399'  417,  494,  77O'  798- 
Philosophie  ,    55  ,    i4'i  ,    i58  , 

327. 
Phrenologie    (La),    d'apres  le 


8Su 


sjstt^mede  MM.  Gall  et  Spurz- 
heiin  ,  par  C.  Otto  ,    l35. 

PhTSIOLOGIE         EXPERIMEKTALK  , 

a6o. 
Physique  ,  iSa  ,  17a  ,  260 ,  435. 
Piazzi.  f''oy.  Neckologik 
Picard.  Foj-.  Agiotage. 

—  T'oy.  Capitaine  Lt'lroiule. 
Pierrot   (Jules).    Les   lettres   de 

Pliiie  le  jeune,   traduites  par 
de  Sacy,  494- 

—  Satiies  de  Juvenal,  traduites 
par  J.  Diisaulx,  494- 

Pigault-Lebiun.  Foy.  Histoire  de 

France. 
Pillet  (G.   F.).    Voj:  Ecole    des 

yeuves. 
Pisma  inorsharo  ofuzera,  etc.  ,  4o5. 
Planard.  Foj-.  Belle-au-bois-Dor- 

mant. 
Plantes  cryptogames  du  iiord  de 

la  France  ,  par  J.  B.  H.  J.  Des- 

mazi^res,  i(i3. 
Pkeumatologie  (Elemens  de) , 

ou    Anatomie  des    substances 

spirituelles ,  par    Antoine   Le- 

roux  ,   743. 
PoEsiE  ,   149  >    i5o,   i54,  aii» 

aia  ,  a34 .  2fif>  >  4oo  ,  4o6  ,  4^8, 

5oo,5o4,5i8,  519,669,712, 

7'9.  77^'  799  >  800. 

DKAMATIQUE  ,   l5l   ,  269  ,  272, 

373  ,  274,  275  ,  276  ,  377,  278  , 

379,  409  )  4'  I »  5o2  ,  563,  564, 
657,695,  717,775,  777,  8i3, 
843,844,  846. 
Poesies  d' Alexandre  Pouchekine, 
406. 

—  du    comte  Anatole  de   Mon- 
tesquieu ,  5o2. 

Poleni  (Jean),  f'oj.  Vitruvc. 
Politique  ,  1 16  ,  i8i  ,  182  ,  191 , 
404  ,  43o ,  457,  466  ,  468  ,  470. 

POLOGNE  ,    244  ,  695. 

Pomba  (Joseph).  Foy.  Cla.<;siques 

grecs. 
Pouimier  (  Amedee  ).    Collection 

des  auleurs  classiques  latins  , 

770. 
Ponre.  Foj^.  Melanges. 


TABLE     AXALTTIQUK 

PONTS  ET  CHAUSSEES  ,    l3l  ,    56o. 

Ponts  en  chaines  (  Description 
des  ) ,  executes  a  Saint-Peters- 
bourg,  parG.de  Traitteur,  i3  i. 

Popular  Uallads  and  Songs  ,  from 
tradil  on  manuscripts  and  scarce 
editions  ,  a 3 4. 

Population.  Foy.  Everett. 

—  ( Mouvement  de  la  )  dans  le 
royaume  de  Naples,  8i(;. 

Portalis  (Auguste).  Mciiioire  en 
faveur  de  la  liberie  des  cultes, 
177. 

Postes  (Des)  en  general  ,  et  par- 
ticulifeiement  en  France  ,  j)ar 
Charles  Bernede  ,  189. 

Poterat  (M.  de).  Theorie  du  na- 
vire  ,  A.  ,  32o. 

Pothier  analyse  dans  ses  rapports 
avec  le  Code  civil,  etc.,  par 
A.  Fenet  ,  459. 

Pouchekine  (Alexandre.  )  Fay. 
Poesies. 

Preciosa  ,  drama  coupe  par  des 
choeurs  ,  musique  de  Weber, 
278. 

Prieur.  Fof.  Collection  des  clas- 
siques latins. 

Prisons  (  Vues  sur  le  regime 
des),  par  E.  D.  Friedlander, 
706. 

Pkix  decernes  ,  par  la  Societe 
des  arts  et  des  sciences  d'U- 
trecht ,  2.')2.  —  par  TAcadcmie 
des  sciences  de  Paris  ,  aSS.  — 

—  par  I'Academie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  de  Paris  , 
557.  —  par  rAcadeniie  des 
beaux-arls  de  Milan,  817.  — 
par  I'Academie  royale  des 
sciences  de  Bruxelles,  821.  — 
par  la  Societe  d'agricultuic  de 
Ch^lons-sur-Marne,  827. —  par 
I'Academie  francaise,   834- 

Prix  proposes  ,  par  la  Soriet6 
des  arts  et  des  sciences  d'U- 
trecht  ,  253.  —  par  I'Academie 
des  sciences  de  Borrleaux  ,  256. 

—  par  I'Academie  des  sciences 
dc  Paris  ,  a6o.   —  par   I'Aca- 


DES    MATliRES. 


88 1 


demle  francalse  ,  a6(i.  —  par 
I'Academie  des  inscriptions  et 
Iielles-lettres  de  Paris  ,  558.  — 
parplusieurs  citoyens  de  Paris, 
55g.  —  par  I'Academie  royale 
des  sciences  de  Bruxelies  ,821. 

—  par  la  Societe  d'agriculture 
de   Chalons-sui'-Marue,    827. 

—  par  rAcademie  fiancaise ; 
837. 

Probl^mes  (Recueil  de)  amusans 

et  instructifs  ,  par  J.  J.  Gre- 

mlUiet ,   4.42- 
Productions    de  la   presse   fraii- 

caise ,   pendant  le  premier  se- 

mestre  de  la  preseute  annee, 

268. 
Progres  de  la  civilisation  dans  la 

Nouvelle-Galles    raeridionale, 

806. 
Projet   d'une    correspondance  a 

etablir  pour  I'avancement  de 

la  meteorologie  ,  486. 
—  (Le)  de  piece ,  opera-comique , 

par  Mely-Janin  ,  musique  par 

Blangini,  276. 
Promenades   poetiques   dans   les 

hospices  et  hopitaux  de  Paris  , 

par  Alhoy, 212. 
Proprietaire-architecte  (Le),  ou- 

vrage  dessine  et  redigc  par  Ur- 

bain  Vitry,  787. 
Publication  des  livres  sacres  et 

historiques  de  Ceylan  ,  534- 


Quadrature  du  cercle.  Voy.  Ma- 
lacarne. 

Question  d'etat  civil  et  liistorique: 
Napoleon  Bonaparte,  iest  -  il 
ne  francais?  par  Eckhard,  2o5. 

Quetelet  (A.)  ,  C— B. ,  i54. 

u 

Racine  (Jean).  Voy.  QEuvres. 
Raddiffe  (Anne).  Voy.  Gaston  de 
Blondeville. 


Rapport  general  fait  au  Minlstre 
de  la  marine  ,  sur  I'enseigne- 
ment  de  la  geoni«trIe  et  de  la 
mecaniqueappllqueesaux  arts, 
par  Ch.  Dupin,  M.  5g4. 

—  sur  les  travaux  du  consell  de 
salubrlte  de  Nantes,  733. 

Recherches  philologlques,  802. 

Redoute  (P.  J.).  Foy.  Roses. 

Reformation,  igB. 

Reiffenberg  (De),  C— B.  429, 
43o,  /,3i. 

Reinhold  {Ernest).  Karl  Leonhard 
Reuiholds  Leben  und  Uterarisches 
Wirken,  414. 

Religleuse  (La)  d'Arrouca,  216. 

Religion,  Voy.  Theologie. 

Rennes.  Extralt  d'une  lettre  sur 
la  .statlstique  morale  du  pays, 
825. 

Renouard  (Ch.),  C— B.,  743. 

Repertoire  universel ,  historique, 
biographique  des  femmes  ce- 
lebres,  morles  ou  vivantes,  etc., 
201,  762, 

Report  from  the  commissioners  ap- 
pointed to  revise  the  statute  laws 
of  the  stale  of  New-York^  3()fi. 

—  of  the  committee  on  laws,  etc. 
109. 

Resumes  d'histoire.  Voy.  le  mot 

HiSTOIBE. 

Revolution  P'rancaise,  48S  , 
755. 

Revue  sommaire  des  recueils  pe- 
rlodlques  publics  dans  la 
Grande  -  Bretagne.  9«  io«  et 
ii<^  articles,  124,  4^2,  688. 

—  des  journaux  et  des  recueils 
periodiques  qui  se  publient  a 
Varsovie,  695. 

—  des  theatres  lyriqaes  de  Paris 
pendant  I'annee  derniere,  272. 

FiHEroRlQUE  francalse.  Voy.  Fi- 
lon. 

—  (Matieres  des  compositions  de), 

—  militaire  ,  hasce  sur  les  e!e- 
mens  generauxde  lalitterature, 
etc.,  par  J.  Tolmatchef,  i32. 

58 


gC}2  TABLE    ANA 

Ricci  (J.)-   La    Georglca  de  fiori  , 

poeina,  i49t 
Richard  (T.t.C.—B.,  734. 
Kichelieu  (Feu  le  due  de).  Vox, 

Monutneat. 
RigoUot  fils,   C— B.   180,  439, 

Robert  de  France  011  rExcomnni- 
iilcatioii,  par  M'n"  A.  Gottis, 

779" 
Rohinet   (  Joseph  ).   Manuel    du 

bouvier,  public  par  Hazard 
fils,  737. 
Rochefort  (L.  de),  roy.  Souve- 
nirs. 
RoMAKS,  122,  i5i,  212,  21^, 
214,  2i5,  216,  4t>o,  416,  432, 
5o6,  713,779.  , 

_  anglais  (Choix  de),  publies  a 

Paris  par  J.  W.  Lake. 

_  historiques  de  C.  F.  Van  der 

Velde,  traduits  de  I'alleniand 

par  A  Loeve  -  Weimars  ,  777, 

Roquefort  (B.de).  yof.  DicUon- 

iiaire  historique. 
Roses   (  Les  ),  par  P.  J.  Redoute, 
avecletixte,  parC.  A.  Thory, 
5 10. 
Rossini.  Voj.  Viaggio. 

Voy.  O I  hello. 

Voy.  Darhe  du  Lac. 

Rostan.  Cours  de  niedecine  cli- 

uique,  ififi. 
Rousseau  (J.J.)^  ^"f-   OEuvres 
completes.  ,,    ,.  , 

Rouveroy  (Fred.).  Foj.  M.  Val- 

more. 

Iiuwbotkam{J .)  A  practical  srnmmm 

of  the  freiwh  language,  X2l. 
Roy  (A.),  ^oj.  Budget. 

RussiE,  i3i,  24t,4o5,  539,  6y3, 

ySf)  7fi3,  8rf. 
_  (Description  de  I'lnteneur  de 

la),parJ.T,Erdnianu,  i33. 


Saint-Aniand.  IMoyen  de  rendre 
les  croisees  absolunieut,  iinpe- 
uetrables  a  I'cau  pluviale,  174 


LYTIQUF, 

Saint-Amand,   C. — A.  (S-iC^. 

—  Rarthelemy  (La)  drawe,  par 
Cliarles  d'Ontrei)ont,  775. 

George.  y^oY.  Liiuis  XII. 

—  Ilaouen  ( Y.  M.  G.  P.  Lecoat 
de).  ^<'j.  Nkckclocie. 

—  Hilalre  (  Ch.  de).  Grammaiie 
frav.caise,  (194. 

—  Lambert.  OEuvres,  770. 
Sainte-Perine.  Souvenirs  contem- 

poraliis,par  Valery,  5o(i. 
Salfi(F.).  C— B.  148,  429- 
Salmon.  Art  de  cuUiver  la  vigne 

ft  de   faire  du   bon  vin,   etc., 

727- 
Salvandy  (  Dc).  Don  A.oi/zo,  oder 

Spanioii,  ^iQ>. 
Sampsons  discourse  and  conespoti- 

dence  with  vaiioits  learned  jurists, 

etc. ,  published  by  G.  Thompson, 

676. 
Sandwich  (Iles),  ti4- 
Santarelli  (J.  A.).  Voy.  Necrolo- 

GIE. 

Sakte  puni-iQiiE,  733. 

SAlinAI&KE,,34'>- 

Satire  iMenippee,  5o5^ 

Scaadiisavie.  ^.y.  Bonstetten. 

Schrant.  Lofred  ap  Godfrtcd  van 
Uouilloii  ,  43i- 

Sciences  niEnicALES,  11 1,  i^o, 
i35.  148,  ififi,  «(i8,  i69'  ^7"' 
259,  42J,  4''>3,  424  425,  43s, 
439,  440,  4i'.  5i4,  5i5,  725, 
yais,  73i,  732,  804. 

-  MOKALES  ET  1>0I.ITIQUES.  55, 
177,   327,402,   453,626.   742. 

WVUTIQUKS,    l53. 

I'HYSIIJUES,   47,   1S7,    320,432, 

577,  fiig,  727. 

_    IlEI-'.GIEllSES.     r.    ThEGXOGIK. 

Scribe.  Voy.  Macon. 

Voy.  Dame  Blanche. 

Scrofani.  Novelle,  l5l.' 
•Scui-PxuuE,  564,  8i8- 
Secours  donues  par  Ics  luibitans 

dj  Manchester    aux    ouvners 

j-esics  sans  pain,  532. 
Secretan   (  Phil.  ).    Memoires   de 


DF.3    MaTIERES. 


M.    de  Falkenskiold  ,  officier- 

general   danols  ,  a  I'epoqiie  de 

la   catastrojjhe    du    comte    de 

Struensee,  484- 
Senipere.       Considerations     siir 

les  causes  de  la  grandeur  et  de 

la  decadence  de  la  monarcbie 

espagnole,  75a. 
Sewel's  Essay  on  the  juridical  his- 

ioTj  of  France,  (179. 
Siege  (Le)  de  Paris,  tragedie,  par 

le  vicomte  d'Arlincourt,  5o2. 
Sierra  Leone,  527. 
Silbermann  (G.).  Vojy.  Ijibliotlie- 

que  allemande. 
Sismondi  (J.  C.  L.  de),  C— M. 

608. — A.  91. 
Slaipoiichekine,  Dassoiigui  sellsAavo 

gitela,  406. 

—  L'Academie  imperiale   russe 
■  decerne  a  ce  paysan  poete  line 

medaille  en  or,  4o8. 

SOCIETES    SAVAKTES    ET    D'tlTIilTE 

puci.ioun. 

—  aux  Etats  -  Unis  d'AmeriqiTe  : 
Lycee  d'histoire  naturelle  de 
New-York,  235.  —  Notice  sur 
les  socieles  savantes  des  Etats- 
Unis,  au  nombiede  vingt-neuf, 
289.  — •  Societe  cooperative  de 
New-Harmony,  801. 

—  aux  lades  orieiilales  :  Societe 
des  sciences,  et  arts  de  Batavia, 

—  en  Jngieterre  :  Societe  des 
ecoles  pour  la  Grande-Bretagne 
et  I'ctranger,  810. 

'—  en  liiissie  :  Societe  imperiale 
pbilantropiqiie  de  Saint  -  Pe- 
tersboiirg  ,  i34.  —  Academic 
des  sciences  de  Saint-Peteis- 
bonrg,  241,  8rl. 

—  en  Z)^Hc/narA;  Societe  biblJque 
de  Christiansand,  812.  •" 

—  en  A Hemagn  e  :  SocieXc  royale 
des  sciences  de  Goettingue, 
244- — ^Societe  pour  I'ameliora- 
tion  des  jeunes  criminels  de 
Roenigsberg  ,  54r.  —  Societe 
pour  la  propagation  des  scien- 


883 

ces  natureiles  et  mcdicales  de 
Dresde,  812. 

—  en  ^h/^/p  ;  Societe  d'antiquai- 
res  de  Fribourg,  248. — Societe 
lielvetique  de  musique,  420.  — 
Societe  pliilbellenique  de  Fri- 
bourg, 546 — Societe  cantonale 
de  physique  et  d'iiistoire  natu- 
relle de  Geneve,  814. 

—  en  Lalie :  Academie  royale  des 
sciences  de  Naples, .')47.- — Acade- 
mie des  beaux-arts  de  Mi  Ian, 8 17. 

—  dans  les  Pajs-Bas  :  Societe 
des  arts  et  des  sciences  d'U- 
trecht ,  252.  ■ —  Societe  Israelite 
d'Amsterdam  ,  549.  —  Societe 
nouvellement  forniee  a  Bruxel- 
les  pour  I'encouragement  de  la 
langue  bcllandaise,  549. — Aca- 
demic royale  des  sciences  et 
belles-lettres  de  Bruxelles,  821. 

—  en  France  (  dans  les  departe- 
niens  )  :  Academie  royale  des 
sciences  ,  belles-lettres  et  arts 
deLyon,  222,  258.  —  Academie 
des  sciences,  belles-lettres  et 
arts  de  Bordeaux  ,  256.  —  So- 
ciete des  amis  du  travail  de 
Nancy,  SSa.  —  Societe  des  let- 
tres,  sciences  et  arts  de  Meiz, 
789. — Societe  d'emulation  des 

"Vosges,  791. — Societe  d'agri- 
culture,  etc.,  de  Chalons,  827. 

—  (a  Paris)  :  Institut  royal.  Aca- 
demic des  sciences,  258,  552, 
827.  —  Academie  francaise  , 
365,  834. — Academie  des  ins- 
ciiptions  et  belles-lettres,  557. 
• — Academie  des  Beaux-Arts, 
837.— Academie  royale  de  nie- 
decine,  838. — Societe  royale 
des  antiquaires  de  France,  5 12. 

Societe  (Projet  de)  pour  Tamelio- 

ration  des  animaux    domesti- 

ques,  267. 
Songe  (  Uu  )  songe  de  la  vie  et  la 

Lamentation    du    Dante ,    par 

Ange  Broffeiio,  i5o. 
Soumet.  f'oy.  Pharamond. 
SouKDS-r.T  MUETS,  24o.  a46. 


88  A 


TABLE    ANALYTIQUE 


Souvenirs  du  Musee  des  momi- 
iiiens  francais  ;  collection  do 
40  dessins  de  J.  E.  Biet ,  gra- 
ves par  Nonnand  pere  et  Ills, 
publics  par  J.  P.  Bifes,  784. 
—  et  melanges  litteraires,  par 

C    L.  deRochetbrt,  490. 

Sprengcr  {F.).  Geschichte  der  Stadt 
Haineln,  i^-x. 

Stagnation  (Sur  la)  etle  decroisse- 
uient  du  commerce  en  France  , 
par  N.  F.  Canard,  4^5. 

Stassart(De).  f'oj.  Nojiinatioms 
academiques. 

—  C— B.  432,  726. 
State  {Una)  a  Varese,  etc. ,  720. 
SxATiSTiQUE,  27,  177,   23g,    247, 

2rsi,548,  693,  81(1,825. 

Siikhotvorenia    Alexandra  Poitche- 

kina,  4ofi. 
Stratico  (Simon),  Fof.  Titruve. 
Struensee  (C).  Voj.  Secretan. 
Substitutions,  ^'q/.  Oirardin. 
Successions  ab  intestat.  Voy.  Mal- 

pel. 
Suenon,  surnomme  Grathe  ,  roi  de 

Danemark,  tragedieen  vers  da- 

nois.  ^ix. 
Suisse,  146,  246,  418,  542,  715, 

775,814. 
■ —   foy.  Lettres. 
Sumatra,  807. 
Sumner  (J.  B.  ).  Vcrite  du  cbris- 

tianisnie,  prouvee  par  la  nntuie 

rn^me  de  cette  religion,  etc., 

traduit  de  I'anglais,  par  P.  E. 

Lanjuinais,  742. 
Svvaan.  For.  Air  atmospherique. 

Foy,    NoMIBTATIONS    ACADEMI- 

QUES. 

Syphilis.  Foy.  Clinique. 


Tableau  statislique  du  commerce 


—  liistoriquedelaGrtjceancienne 
et  nioderne,  par  Bres,  473. 

Tableaux  clironologiques  et  bio- 
graphiques  pour  servir  a  I'his- 
toire  de  France,  par  H.  Vallee, 

757- 
Tajan.  /^'oj.Lois  d'infer^t  general. 
Tales  of  lite  O' Hara  family ,  122. 
Tarbe  des  Sablons.  Des  modes  ac- 

tuels   de   remplacement   et   de 

rengagement,  etc.,  186. 
Tarry    (  Aristide  ).    Voy.    Chllde 

Harold. 
Technologie,  52,  127,  723.  Foy. 

aussi  :  Industrie  et  Aets  indus- 

TRIELS. 

Telegrapiiie,  852. 

—  (Essais  de)  aerostatique,  Sga. 
Tenue  des  livres.  For.  Jacquet. 
Terquem  (O.).  Foy.  Hutton. 
Testa  (Felice).  P'oy.  Necrologie. 
Teiifelsstein  {Dor')  in    Maedligen  , 

Oper,Hlusick  von  JFenzel  MuUer, 
814. 
Theatre  (Considerations  sur  le) 
tragique  italien ,  par  G.  U.  Pa- 
gan! Cesa  ,717. 

—  de  Kotzebue  ,  6g5. 
Theatres   de  Paris,   2^9,    27a » 

563,  843.  — De  Yieniie,  b'i3. 
—  De  Berlin,  814. 

—  (Chefs-d'oeuvre  des)  etrangers, 
A.,  379, 657. 

Theologie,  Beeigion,  Cuete, 
etc.,  117,  i38,  177,  227,  418, 
453,  45fi,  468,  742,  769. 

Theorie  du  beau  et  du  sublime, 
etc. ,  par  le  baron  Massias,  A., 
65. 

—  du  navire,  par  le  marquis  de 
Poterat ,  A.,  3  20. 

Thiersch  {Friedriili).  Uelier gelehite 
•hulen,  etc.,  709. 
esse  (Leon),   C— A. ,   379, 
fi57. 
de  la  France  ,\>n  1824,  M.,  27.    —  Resume  de  I'histoire  de  la  re- 


—  de  la  Grece  en  1825  ,  ou  Recit 
des  voyages  de  J.  Emerson  et 
du  comte  Peccliio,  traduit  do 
I'anglais  par  J.  Cohen,  iy(). 


volution  francaise,  755. 
Thompson  {Mr^  A.T.).  Memoirs  of 
the  court  of  Henry  the  Eighth , 
399- 


DES     MATlillES. 

Thompson  (P.  ).  Voy,  Sampson. 
Thory  (G.  A.).  Voj.  Redoute. 
Tolinatchef.  Folennoic  krasnoretchie, 

osnovannoic  na  obchikh  natchd- 

lahh  sloi'esuosti ,  iSa. 
Tombeau  dii  due  Henri  IV  a  Bres- 

lau  ,  par  Busehing,  417- 
Torombert  (  Honore).  foj.  Eloge 

liistorique. 
Traductions   en    aUemand  :   du 

francais,  4i6 ;    de    I'anglais  , 

7i3  ;  du  servien,  712. 

—  en  espngnol  :  du  francais,  79(1. 
■ —  ea  franeais  :  de   rallemand  , 

209)   777;   ^^  I'anglais,   187, 

193,  196,  210,  211,  444»  457, 

716,  727,  735  ,  741 )  742  ;  du 
chingulais ,  534;  del'espagnol, 
5oo ;  de  I'italien  ,  774 ;  du  latin, 
494 5  770;  de  toutes  les  langues 
cultivees  ,  379. 

—  ea  hollandais  /du  francais,  132, 
154. 

—  en  italien  :  du  portugais  ,  5  19. 

—  en  ritsse  :  de  I'allemand,  696  ; 
du  grec,  539. 

Tragedies  d'lidouard  de  Fabri , 

de  Cesene,  i5i. 
Traite  DES  MEGRES  au  Bresil  , 

525. 
Traite  des  iuterets,  par  Cotelle, 

461. 
Traitteur    (G.   de ).   Description 

des  ponts  en  chaines  executes  a 

Saint-Petersbourg ,  etc.,  i3i. 
Trapany  (Don  Domingo  Gian). 

Nouveau     dictionnairc     espa- 

^  gno>  .  797- 
Tremblenient    de   terre   dans   la 

Martinique,  a 36. 
Trempe   des  rasoirs    perfection- 
nee,  843. 
Tressan  (  L'abbe  de).  Fojez  jVIy- 

thologie. 
Trisectioii   de  Tangle ,   par  Seid 

Hussein   Massdariedschisade  , 

820. 
Tristan  le  voyageur,  ou  la  France 

au  XIV  siecle ,  par  de  Mar- 

changy,  a  12. 


885 

TORQUIK,    820. 

Tydeman  (H.  G.).  'foj.  Discours. 
Tzetzac  (  Joannis).  Uistoriarwn  -va- 

riarttin  chiliades  ,  Ed.  Theophilus 

Kieslingius ,  417. 

u 

Ultimatum  ,  ou  Mon  dernier  mot 
sur  le  Determiiiisme ,  etc. ,  par 
F.  G.  Hovitz  ,  4ro. 

Ukiversites  :  d'Utrecht ,  432.  — 
de  Christiania,  54®. —  de  Dor- 
pat,  812, 

Ursins  ( M">«  la  princesse  des). 
Voy.  Lettres  inedites. 


Vaccinations  (Rapport  snr  les) 

pratiquees  en  France  pendant 

I'annee  1824,  44o. 
Vacciwe  (Propagation  de  la)  en 

Savoie  et  a  Raguse,  249,  44o. 
Valery.  Voj.  Sainte-Perine. 
Vallce  ( H.)  yoj.  Tableaux  cliro- 

nologiques. 
Van  Alphen.  Voy,  Nominations 

ACADEBIIQUES. 

Van  den  Bosch.  F.  Nominations 

ACADEMIQUES. 

Van  dam    van    Jsselt,  Missolonghi , 

i54. 
Van  Doet'eren  (H.  F.).  Dissenatio 

medicalls  de  macroglossa  ,  725. 
Van  Grithuisen  (P.)  Vo^.  Manuel 

de  I'administrateur. 
—  Voy.  Nominations  academi- 

QUES. 

Van  der  Velde  (C.  F.).  Voy.  Ro- 
mans bistoriques. 

Vantini  (Rodolphe).  Sur  les  mo- 
numens  dccouverts  a  Brescia, 
721. 

Vergnaud  (A.  D.).  Voj.  Manuel 
de  perspective. 

Verite  du  christianisme.  Vo^ez 
Sumner. 

Vermiglioli.   Opuscoli ,  428. 

Veruet  (  Horace).  Tableau  repre- 


88G  TABLE    ANALYTIQU 

sentant  TiDtrepide  Canaris  in- 

cendwiit  la  flotte  turque,  5'i6. 
Vers  a  soie  de  la  Chine  intioduits 

en  Espagne,  aSi. 
Visconti  (  Sigismond  )  ,   C. — N.  , 

5-4. 
Vetillart.   Notice   siir  la   vie   de 

M.   le  duo  de  Jlontmorency , 

492. 
T'ici(gio  (//)  a  licims,  opera,  per 

flalochi  e  Rossini,  "iy^. 
Vie  de  Louis  de  Berton  de  Crillon 

des  Balbes,  surnomme  Ic  brave 

Crillon ,  ao2. 

—  et  travaux  litteraires  de  Char- 
les Leonard  Reinhold,  4i4- 

Vigne  (Art  de  cultiver  la),  par 
Salmon ,  727. 

Villanueva  (J.  L.).  Meprises  des 
trcs-ieverends  P.  Curtius  et  G. 
Dovle  conceniant  le  serment 
que  les  eveques  d'lrlande  pre- 
tent  au  ponlife  remain,  117. 

—  Observations  sur  les  reponses 
du  tres-reverend  G.  Dojle , 
117. 

—  (  Vie  litteraire  de  don  Joa- 
chim), etc.,  ecrite  par  lui- 
meme,  iiS. 

Vitruve    (Discoiirs    preliminaire 

pour    le    traite    d'architecture 

de),  eclairci  par  Jean  Poleni 

et  Simon  Statico,  720. 
Vitry  (Urhin).  T'^oy.  Proprictaire- 

architecle. 
Voutier  (Colonel).  T\r.  Lettres 

sur  la  Gri'ce. 
Voufy  de  la  Tour.  f^oj.  £loge  his- 

torique. 
Vovage  (  Le)  de  cour  ,  opera-co- 

liiique,  par  Merville,  luusique 

par  Catruffo  ,  276. 

VoYAGKS  : 

—  Du  cnpitaineClapperton  a  I'in- 
trrieur  de  I'Afriqiie,  027. 

—  Du  major Laingdansl'interieur 
de  rAtriqiie,  808. 


E    DES    MATIKBES. 

—  h  Mero^,  au  fleuve  Blanc,  dans 
le  midi  du  royaume  de  SennSr, 
etc.,  par  Frederic  Cailliaud, 
452. 

—  a  Hawaii  ou  Owhyhee  ,  par 
W.  Ellis,  114. 

—  du  capitaine  Parry,  au  pule 
arctique  ,   a3g, 

—  du  capitaine  Guedon ,  a  la 
haie  deBaflin,  45o. 

—  dans  la  Russle  meridionale  , 
par  Gamba  ,  739. 

—  en  Sardaigne  ,  de  1819  a  1825, 
par  Albert  de  la  Marmora  ,  A. , 
346. 

—  en  Grece,  de  J.  Emerson  ,  et 
du  conite  Pecchio  ,  196. 

—  dans  les  Hautes-Pyrenees  ,  par 
le  comte  de  Marceilus  ,  5o3. 

—  de  deux  Anglais  dans  le  Peri- 
gord  ,  741. 

—  (Recueil  de)  chez  les  Tatars  et 
autres  peupies  de  I'Orient,  dans 
les  i3^,  i4'  et  1 5°  siecles  ,  par 
Jasikof,  i3a. 

Wailly  (Alfred  de).  L'Academie 
francaise  conronne  sa  piece  de 
vers  sur  Jes  legs  de  M.  de  Mou- 
thyon  ,   835. 

Weber  (C.  M.  de).  roj.  Necro- 

I.OGIE. 

—  f^oj.  Preciosa.' 

JFcssely  (  Eiigen  ).  Scrbische  Uoch- 
zeitslieder,  'jxi. 

JVheaton's  {Henry)  Address  pro- 
voiinced  at  the  opening  of  the 
Aevy-1'or/t  Alhena'iim  ,    3g4. 

Wichniann  (C.  F. ).  r'or.  Mar- 
guerite. 


Zachnria;  {C.  S.).  Sirafgesetzduch, 

4l2 


FIK    DE  LA  TABLE  D  CI  TOME  XXXI. 


r.RRATA   DU  TOME  XXXI. 

Cahier  de  svil.'LE.t.  Page  lO,  lij.  i3  et  suivantes,  jarement  el  pres- 
qiie  jamais  ,  a  moins  de  circoiistauces  extraordinaires  ,  il  est  pcnnis  aVo- 
vocat  fiscal ,  etc.  ,  lisez  :  presqne  jamais  ,  a  moins  de  circonstances  ex- 
traordinaires ,  il  n' est permis  ,  etc,  ;  p.  2  5,1.  12,  pour  leur  eviler ,  lisez  : 
pour  teiir  epargner;  p.  66  ,  1.  28  ,  Cecils,  lisez;  lelles;  p.  g3  ,  1.  3o, 
itn  boil  ouvrage.  lisez  :  tin  bon  oiwrage  ;  — •  p.  gS  ,1.  2  et  3 ,  dinger ,  lisez  : 
designer;  p.  iS^,  1.6,  net  i^,J'aii  Grithiiize/i,  Visez:  f'aiiGriethuizen  ; 
ibid. ,  1.  7  ^Iter  ,  lisez  :  /.  Atthcer;  p.  189  ,  lignc  derniere  ,  les  sciences 
de  la  i>ie  sociale ,  lisez  :  les  scenes  de  la  vie  sociale  ;  p.  igo,  1.  17, 
plus  abondante ,  lisez  :  plus  uboiidantes  ;  p.  206  ,  1.  22  ,  A.  M.  ,  lisez  : 
M.  A.;   p.  aSa,  ligne  derniere,  de  Fkemejvs,  lisez  de  Fremery. 

Cahier  d'xovs.  Page3i7,  1.  20,  idieines  ,  lisez  ;  idiomes ;  p.  365, 
1.  3o  et  3i  ,  le  le  cattchisirie ,  lisez  :  le  \;atechisine  ;  p.  367, 1.  3i  ,  oil  le 
sujet ,  lisez  :  ou  le  siijet;  p.  368  ,1.  10,  c'elait  alors  qiiil  etaiit  aimable , 
lisez  :  c'etait  alors  qu'il  etait  aimable  ;  p.  370 ,  1.  29  ,  Ze^  graces  ,  lisez  : 
les  graces ;  p.  4oo,  1.  lo,  Dieu  sail ,  lisez  :  Dieu  suit;  p.  4o5  ,  1.  21  , 
iMorsAaro  ,\ise'i  :  ilorskavo  ;  p.  4o6,  1.  6,  Stihhotrorenia  ,  lisez  :  Sti- 
khotvoreiiia  ;  p.  409,  1.  20,  Nuri'ege,  lisez  :  Norvege  ;  p.  4i3,  1-  10, 
etaient ,  lisez  ;  etaienl ;  p.  43l,  1.6,  coitr  des  Pays-Das,  lisez:  pres 
fa  cour  etc.;  p.  464,  1.  16,  c' est  grace  ,  lisez  :  c'est  grace;  p.  466, 
1,  12  ,  les  besoms  ,  lisez  ;  h  besoin  ;  p.  470  ,  1.  10,  on  eiit  desire  ,  lisez  : 
on  eutdesire ;  p.  497  .  i-  -ifi,  3/K  ,  lisez  :  yfr.  ;  p.  535,  1.  2,  par  en 
has  ,  Eulin,  lisez  :  Rutin;  p.  538  ,  1.  i,  ses  partitions  ;  lisez  :  ses  par- 
titions ,  — ibid.,  1.  28,  compatiiote  ,  lisez  :  compatriotes. 

Cnhicr  de  septembre.  Page  65o  ,  lig.  ao  ,,  soutenir,  lisez  :  contenir; 
p.  656,  1.  3o,  on  ,  lisez  :  ou  ;  p.  668  ,  I.  23  ,  a  subi ,  lisez  :  a  suhi  , 
p.  677,1.  9,  rcwiew  ,  \\SQZ  :  review  ;  p.  695,  supprimez  la  virgule 
apres  le  mot  dramatique ;  p.  702,  I.  lo  ,  Norvege ,  lisez  :  ISorvege ; 
p.  713,  1.  25  ,  contes  des  fees ,  lisez  :  conies  defies;  p.  747  ,  1.  33  , 
raisonable ,  lisez  :  raiionitable  ;  p.  771  ,  derniere  ligne  du  teste,  il  eut , 
lisez  :  (7  cut  ;  p.  775,  1.  25,  I'article  qui  commence  ici  est  numerote 
par  erreur  270  ,  au  lieu  de  370  ;  p.  778,  1.  3 ,  par  en  Las  ,  I'interct , 
lisez  :  Vinteret;  p.  811,  1.  22  et  23,  c'est  a  tort  qu'un  a  renvoye  ici 
au  torn.  x,\xi  de  la  Revue  Encyclopcdi<iue ;  .la  perte  fdite  par  I'Acade- 
niie  de  Saint-Petersbourg  dai;s  la  personne  de  trois  de  ses  membres 
le?  plus  distingucs  ,  MM.  Schubert ,  Fuss  et  Roumanzot'  est  I'objet 
d'un  articTe  uecrologique ,  qui  aurait  dii  jireceder  I'insertion  de 
cehil-ci  ,  et  qui ,  par  errt,ur,  n'a  trouve  place  que  dans  notre  cahier 
^octobre  ,  torn,  xxxii ,  p.  220  ;  p.  848  ,  1.  3  et  /\,  par  en  has,  Palen- 
qui ,  lisez  :  Palenque  ;  p.  85o,  1.  T2  ,  aztique ,  lisez:  azleque;  ibid.  , 
1,  3o,  HJagunj- ,  lisez  :  Blaguej. 


2  FEB.95 


LA  LEGISLATION 

CIVILE,    COMMERCIALE  ET  CRIMINELLE 

DE  LA  FRANCE, 

ou 

COMMENTAIRE  ET  COMPLfiMENT  DES  CODES  FRANCAIS, 

TIRES,    savoir: 

Le  Commentaire  ,  de  la  conference  avec  le  teste  des  Codes  ,  et ,  entre  eux ,  des 
Proces-verbaux  en  partie  inedits  du  Conseil  d'Etat  qui  contiennent  la  dis- 
cussion duCoDE  Civil;  des  Proces-verbaux  entieremerit inedits de]a.  discus- 
sion du  Code  de  Commerce  ,  du  Code  de  PnocEDnRE,  du  Code  d'Instruction 
CRIMINELLE  et  du  CoDE  Penal  ;  dcs  observations  ,  egalement  inedites  ,  de  la 
section  de  legislation  du  Tribunat  sur  les  projets  des  trois  premiers  Codes  , 
ct  de  celles  des  commissions  du  Corps  Legislatif  sur  les  deux  dcrniers  •  en- 
fin  ,  des  Exposes  de  motifs  ,  Rapports  et  Discours  fails  ou  prononces  ,  taut 
dans  TAssemblee  generate  du  Tribunat,  que  devant  le  Corps  Legislatif; 

F.e  GoMTLEMENT  ,  dcs  lois  anterieures  auxquelles  les  Codes  se  referent;  des 
lois  poslerieures  qui  les  etendent ,  les  niodifient;  des  discussions  dont  ces 
lois  sont  le  resultat;  des  Ordounances ,  Decrets  ,  Avis  du  Conseil,  ct 
autres  Actes  du  pouvoir  executif  et  regleineutaire  destines  a  en  procurer 
I'execution. 

Le  tout  precede  de  Prolegomenes,  ou  Ton  expose,  dans  une  premiere 
partie ,  le  mode  de  porter  la  loi  qui  etoit  en  usage  lors  de  la  confection 
des  Codes  ,  et  quels  travaux  preparatoires  il  a  produils ;  oil ,  dans  une 
seconde  ,  on  trace  I'Histoire  generale  de  chaque  Code. 

Par  M.  le  Baron  LOCRE, 

Vncien  Secretaire  general  du  Conseil  d'Ktat,  Avocat  a  la  Cour  Royale  de  Paris,  Officier 
de  la  Legion  d'Honneiir  ,  auteur  de  V Esprit  du  Code  Civil,  de  Y Esprit  du  Code  de  Com- 
merce,  de  V Esprit  du  Code  de  Procedure  civile ,  etc.,  etc. 

20  a  24  volumes  in-S", 

dont  d parol tra  an  mains  un  'volume  tons  les  niois ,  a  datcv  dit  \-^  octohre  1826. 


^^tofpcchts. 


Le  livrc  que  nous  annoncons,  et  dont  nous  sommesles  editeiirs, 
contient  tout  a  la  fois  le  Comnientaire  et  le  Complement  (les  Codes 
francais. 

Le  commentaire  e?>t  incontestablement  le  plus  sur  de  tous,  puis- 
qu'il  est  fait  par  le  Legislateur  lui-meme  :  son  autorite  n'est  done 


( ^ ) 

pas  inferieure  a  celle  de  la  loi ,  de  laquelie  il  revele  I'esprit  et  la 
veritable  intention. 

Le  complementn  est  que  I'execution  de  I'ordonnance  du  1 7  juillet 
1 816',  qui  veut  que  les  lois  accessoires  soient  placees  a  la  suite 
des  Codes. 

Si  le  nom  sous  lequel  paroit  un  ouvrage  entierement  compose 
d'elemens  officials,  pouvoit  ajouter  quelque  chose  a  son  merite, 
il  en  est  peu  qui  se  recommanderoient  plus  que  celui-ci  a  I'atten- 
tion  publique. 

II  se  compose  en  grande  parlie  des  propres  travaux  de  M.  le 
baron  Locre ;  c'est-a-dire  des  discussions  du  Conseil  d'Etat,  que 
les  devoirs  de  sa  charge  I'obligeoit  de  recueillir  et  de  rediger.  La 
revision  qu'ont  faite  de  leurs  opinions  les  membres  qui  ont  parle , 
garantit  la  fidelite  de  ces  actes.  Les  arrete's  du  Conseil ,  lequel 
pendant  le  cours  de  la  discussion  s'est  plus  dune  fois  repose  sur 
eux  du  soin  d'empecher  qu'on  ne  saisit  mal  le  sens  de  la  loi ,  et 
les  arretes  du  Gouvernement  leur  ont  imprime  le  cachet  de  I'au- 
theiiticite. 

Beaucoup  de  monumens  de  la  jurisprudence  attesteroient ,  au 
besoin ,  leur  autorite  officielle.  Mais  ilsuffira  de  rappeler  le  celebre 
arret  rendu  le  i'^'^  fevrier  1819  par  la  premiere  Cour  du  royaume, 
par  la  Cour  de  Cassation ,  sur  i'une  des  plus  importantes  questions 
que  le  regime  dotal  puisse  faire  naitre.  On  y  dit :  Attendu  qu'il 
REStJLTE  DES  PuocES-VERBAtix  DD  CoDE  CiviL  que  les  aiiteurs  de  ce 
Code  ont  voulu  maintenir  le  regime  dotal  tel  gull  existoit  dans  les 
pays  de  droit  ecrit,  saiif  les  modifications  qiCils  out  formellemcnt 
eccprimees  y  etquils  n'ont  nullement  deroge  a  la  prohibition  qui  etoit 
faite  d  la  femnic  mariee  sous  le  regime  dotal,  d^aliener ,  par  des 
obligations  ou  autrement ,  sa  dot  mobiliere;....  et  cette  consideration 
est  devenue  le  motif  determinant  de  I'arret. 

Le  public  verra  sans  doute  avec  plaisir  paroitre  au  grand  jour 
ces  proces-verbaux  du  Conseil  d'Etat  qu'il  a  tant  d'interet  a  con- 
noitre.  Ceux  du  Code  Civil  n'ont  ete  publics  qu'en  parlie,  et  la 
partie  qui  manque  n'est  assurement  pas  la  moins  interessante  sous 
plus  d'un  rapport.  Ceux  des  autres  Codes  sont  entierement  inedits. 
Et  quand,  aux  lumieres  que  donnent  les  proces-verbaux  du  Con- 
seil ,  viendront  se  reunir  celles  qui  jaillissent  des  autres  travaux 
proparatoires ,  il  ne  sera  plus  possible  de  se  tromper  sur  I'esprit 
de  la  loi. 

Voila  les  elemens  dxx  conimentaire :  reste  a  dire  de  quelle  maniere 
lis  sont  employes. 

Rien  nest  morcele ,  tout  est  entier ;  et  neannioins,  par  lui 
procede  tres  ingenieux,  M.  Locre  place  dans  la  main  de  son  ler- 
leur  un  fil  qui  lui  sert  a  se  rctroiiver  dans  ce  vaste  dedalc. 


(3) 

Ce  procede  conslste  dans  deux  operations: 

L'auteur,  disciple  at  grand  admirateur  de  Domat,  fait ,  a  son 
exemple,  preceder  les  divers  travaux  preparatoires,  de  sommaires 
analytiques  qui  en  contiennent  la  substance  et  en  font  saisir  le 
plan  lorsqu'on  veut  les  lire  de  suite,  et  retrouver  facilement  les 
details  lorsqu'on  ne  veut  les  interroger  que  sur  quelque  point 
particulier.  A  chaque  article ,  ou  plutot  a  chaque  disposition  d'un 
article ,  sont  attachees  des  notes ,  egalement  analytiques  et  rai- 
sonnees,  oii  Ton  fait  ressortir  les  doutes  et  les  questions  qui  nais- 
sent  de  la  disposition ,  les  explications  et  les  developpeniens  dont 
la  disposition  peut  avoir  besoin ,  et  qui  renvoient  par  des  chif fres 
correspondans  a  ceux  du  sommaire,  precisement  aux  passages  ou 
les  solutions  et  les  eclaircissemens  se  trouvent.  A  ce  moyen , 
M.  Locre  concilie  deux  avantages  qui ,  au  premier  aspect ,  semblent 
s'exclure  mutuellement :  d'un  cote,  il  conserve  le  drame  des  dis- 
cussions, drame  des  plus  interessans ,  meme  pour  Thomnie  du 
monde ,  et  il  laisse  egalement  subsister  dans  leur  entier  les 
exposes  de  motifs,  les  rapports  ,  les  discours,  dont  plusieurs  sont 
des  modeles  de  raisonnement,  de  methode,  d'eloquence  ,  ce 
qui  facilite  les  etudes  suivies ;  d'autre  part ,  il  dispense  de  lon- 
gues  et  laborieuses  recherches  les  personnes  qui  n'ont  besoin  de 
connoitre  que  I'esprit  et  la  portee  d'une  seule  disposition  :  sous 
ce  second  rapport,  son  livre  devient  un  commode  repertoire. 

Des  notices  historiques  dun  grand  interet  sont  placees  a  la  tete 
de  chacune  des  lois  dont  la  reunion  forme  chaque  Code. 

A  regard  du  complement ,  il  est  forme  par  I'addition  et  la  con- 
ference des  lois  anterieures  auxquelles  il  se  refere  ;  par  celles  des 
lois  posterieures  ou  des  actes  legislatifs  qui  etendent ,  deve- 
loppent,  interpretent ,  modifient  ou  abrogent  quelqu'une  de  leurs 
dispositions ,  et  qui ,  par  cette  raison  ,  en  sont  les  unes  et  les  autres 
des  parties  integrantes  ;  enfin  ,  par  le  rapprochement  des  ordon- 
nances ,  des  decrets  et  des  autres  actes  du  Gouvernement  destines  a 
fixer  I'execution  des  articles  qui  necessitent  des  reglemens. 

M.  Locre  se  trouvoit  naturellement  appele  a  ce  dernier  travail. 
II  avoit,  en  1816,  prepare ,  par  les  ordres  et  sous  la  direction  de 
Monseigneur  le  Chancelier  de  France ,  les  nouvelles  editions  des 
Codes  que  prescrivoit  I'ordonnance  du  17  juillet,  et  a  la  suite 
desquelles  la  meme  ordonnance  vouloit  qu'on  reunit  les  lois 
accessoires.  II  eut  ete  egalement  charge  de  preparer  cette  addition 
aux  Codes,  si  les  circonstances  avoient  permis  de  s'en  occuper. 

Mais  ce  n'est  pas  en  compilateur  qu'il  I'execute  aujourd'hui^ 
ce  n'est  pas  une  simple  collection  qu'il  offre  au  public  :  il  com- 
mente ,  il  explique  les  lois  additionnelles  par  les  discussions  dont 


(  4  ) 
elles  sont  le  pioduit ;  savoir  :  les  lols  anterieures  a  la  Charte ,  par 
celles  qui  ont  eii  lieu  clans  le  sein  des  autorites,  alors  investies 
(le  la  puissance  legislative  ;  les  lols  posterieures  ,  par  les  discus- 
sions dans  les  deux  Chambres. 

Les  Prolegomenes,  qui  precedent  I'ouvrage,  en  donnent  en 
quelque  sorte  la  clef,  en  rappelant  la  nianiere,  qui  n'est  plus 
universellement  connue  ,  dont,  sous  le  consulat  et  sous  le  regime 
imperial ,  on  procedoit  a  la  formation  de  la  loi ,  ct  qu'il  est  abso- 
lument  necessaire  de  connoitre  pour  etudier  avec  fruit  les  ele- 
niens  du  commentaire ,  pour  eviter  ou  pour  conibattre  I'abus 
qu'il  est  possible  d'en  faire  dans  la  pratique.  Les  Prolegomenes 
retracent  ensuite  Ihistoire  ralsonnee  et  tres  piquante  de  chaque 
Code.  On  rencontre  la  des  anecdotes  et  des  details  qu'on  ignore, 
ct  qui  cependant  sont  tres  instructifs  et  tres  curieux. 

Au  reste ,  M.  Locre  a  lui-meme  rendu  compte  de  son  ouvrage 
dans  I'ecrit  par  lequel  il  le  commence  ,  etauquelil  donne  le  titre 
de :  Idte  de  ce  Lwre{i).  C'est  de  la  que  nous  avons  extrait  le  pen 
que  nous  venous  d'en  dire. 

Treuttel  et  Wi;RTz. 

(i)  Nons  en  avons  fait  tirei'  separement  iin  petit  nonibre  d'exetnplaircs  pour  les  per- 
sonncs  qui  voudiont  2)rendie  une  connoissance  plus  parfaite  de  rouviage. 


L'ouvrage  sus-menlionne  formera  -20  n  24  volumes  in-8.  de  5oo  a  Coo  pngcs 
fVimpression  ,  caraclere  tieuf ,  interlignc. 

Sa  publication  ,  deja  annoncee  par  uii  premier  Prospectus,  a  ete  retardee 
par  une  maladie  grave  survenue  a  I'auteur ,  et  qui  a  dure  plus  tie  liuit  mois  : 
au  relour  de  la  sanlc,  il  a  entierement  revu  son  travail,  qui,  aujourd'hui 
lermine  ,  paroilra  sans  interruption. 

A  dater  du  i"  octobre  1826  ,  il  en  sera  pubiie  tons  les  mois  au  moins  un 
volume,  dont  le  prix  est  fixe  a  7  fr.  pour  MM  les  Souscripteurs ,  et  a  g  fr. 
pour  les  personnes  qui  u'auroient  pas  souscrit  d'ici  au  5i  decembre  1826, 
cpoquc  invariabicmcut  fixee  pour  la  cloture  de  la  souscription. 

Lc  seul  engagement  qu'on  prend  en  souscrivant,  est  de  payer  d'avance  le 
dernier  volume  de  I'ouvrage ,  et  de  retirer  les  autres  volumes  au  fur  et  a 
niesure  qu'ils  paroitronl. 

On  souscrit^  A  PARIS, 

Cbez  Treuttkl  et  WiiRTz,  libraires ,  rue  de  Bourbon,  n°  17; 
A  STRASBOURG  et  a  LONDRES  ,  meme  Maison  de  commerce. 

On  pent  cgaleincnt  s'adrcsser  a  toutcs  les  bonnes  maisons  de  Librairie 
(lc  In  Frnnce  et  des  pays  etrangcrs. 


; 


KE    L'iMrRIMERIE    DE    CRArELET, 


Avis  aux  amateurs  db  la  litteraturb  ^trangere. 

On  peut  s'adresser  k  Paris,  par  rentrcmise  du  Bureau  cewtrai.  djs 
LA  Rbyue  EifCYCLOPEDiQUE,  a  MM.  Treuttel  et  Wurtz,  rue  de 
Bourbon ,  n"  17,  qui  ont  aussi  deux  maisons  de  Ubrairie,  Tune  k  Stras- 
bourg, pour  rAllemagne,  et  I'autre  a  Londres  ;  —  a  MM.  Arthus 
BERTKAKn,  rueHauteleuille,  n"  a3; — Renouaru,  ruedeTournoii,n''6; 
— Levhaui,t,  rue  des  Fosses-M.-le-Prince,n°  3i,et4 Strasbourg; — Bos- 
s.KVGU  fere ,  rue  Kichelieu,  11°  60;  et  a  Londres, pour  se  procurer  les 
divers  outrages  Strangers,  anglais,  allemands,  italiens,  russes,  polo- 
iiais,  hollandais,  etc.,  ainsi  que  les  autres  productions  de  la  litt^rature 
etrangdre.  Le  prix  de  ces  ouvrages  rendus  a  Paris  sera  celui  des  pays 
etrangers  ou  ils  se  publient,  augraente  de  10  pour  lOO,  pour  frais  de 
port,  droit  d'importation  et  de  commission,  etc.  — La  Direction  de  la 
RevueEficyclopediqueviA  d'autre  but,  en  publiant  cet  avis,  que  de  faciliter, 
-par  tous  les  moyens  qui  resultent  de  ses  publications  mensuelles,  les 
communications  scientifiques  et  litteraires  entre  la  France  et  les  pays 
etrangers. 

Aux  academies  et  aux  sociETES  SAVAHTES  dc  tous  les  poys. 

Les  Academies  et  les  Societes  savahtes  et  d'otiiite  publiqu*, 
francaises  et  etrang^res,  sent  invitees  a  faire  parvenir  exactement,//anc 
de  port  ^  au  Directeur  de  la  Revue  Encyclopediqae ,  les  comptes  rendus 
de  leurs  travaux  et  les  programmes  des  prix  qu'elles  proposent ,  afin 
que  la  Revue  puisse  les  faire  connaitre  le  plus  promptement  possible  a 
ses  lecteurs. 

AOX  EDITEURS  d'oDVRAGES  ET  AUX  LIBRAIRES. 

MM.  les  editeurs  d'ouvrnges  p^riodiques,  fran^ais  et  ^trangeis,  qui 
desireraient  echanger  leurs  recueils  avec  le  notre,  peuvent  compter  stir 
le  bon  accueil  que  nous  ferons  a  leurs  propositions  d'^changes ,  et  sur 
une  prompte  annonce  dans  la  Revue,  des  publications  de  ce  genre  et 
des  autres  ouvrages ,  nouvellemeut  publics,  qu'ils  nous  auront  adrespc.'. 

Aux    EDITEURS    DBS    RECUEIIS   PBHIODIQUES   EH    AMGLETERRB. 

MM.  les  lilditeurs  des  Recueils  periodiques  publics  en  Angieterre  sont 
pri^s  de  faire  remettre  leurs  numiros  k  M.  Degeorge,  correspondantde 
In  Revue  Encxclopedigue  a  houdres,  s"  38,  Norfolk-street,  Strand,  chez 
MM.  De  Crusy,  Cabet  et  Marbot,  maison  de  correspondance  et  de  com- 
mission ;  M.  Degeorge  leur  transmettra,  chaque  inois ,  en  ccliange, 
les  cahiers  de  la  Revue  Encyclopidique ,  pour  laquelle  on  peut  aussi  sous- 
crire  chez  lui ,  soit  pour  I'ann^e  courante,  soit  pour  se  procurer  les 
collections  des  anneesant^rieures,  de  1819^  i8i5  inclusivemewt. 

Aux  LIBRAIRES  ET    AUX  EDITEURS  d'oUVRAGES  ES  ALLBMAGKE. 

M.  ZiRGis,  libraire  a  Leipzig,  estcharg^  de  recevoir  et  de  nous  faire 
parvenir  tous  les  ouvrages  publics  en  AUemagne ,  que  MM.  les  libraires, 
les  Editeurs  et  les  auteurs  desireront  faire  annoncer  dans  la  Revue  Encj- 
elopidique. 


LiBnAiBES  chez  lesquels  on  souscrit  dans  les  pats  iTRANCKUs. 


Aix^ia-ChapeUe,  Laruelle  fils. 
/Imsterdam,  G.  Dufour;  —  Dela- 

chaud. 
Anvers ,    Ancelle. 
Aran  (Suisse),  Sauerlander. 
Berlin,  Schlesinger. 
Berne,   CiJas ,    au   cabinet  litt^- 

raire ;  —  Bourgdorfer. 
Breslaii,  Th.  Korn. 
Bntxelles,  Lecharlier;  —  Demat. 
Bruges  ,  Bogaert;  —  Unmorlier. 
Florence,  Piatti. 
Fribourg  (Soisse) ,  Aloise  Eggen- 

dorfer.  .  • 

Francfori-sur-Mein  ,  Schaeffer  ;  — 

Bronner. 
Gand,  Varidgnli^rtkoveu  fils. 
Genive,  J.-J.  Paschoud  ;  —  Bar- 
bezatetDelarue. 
La  Haye,  les  frercs  Langenliuysen. 
Z<r/(^«««e  ,  Fischer* 
/^i/jz/g-.GriesbaHifnerj  — G.ZJTgfes. 


Londres,  Dulau  et  Compagnie;  — 
Treuttel  etWiirtz; — Bussauge. 
Madrid ,  Den  nee;  —  Perfes. 
Milan,  Gieglcr; — Vismara;Bo,cca. 
A/bico«,  Gautier; — Riss  p^reet  tils. 
Naples ,    Borel  ;    —    Marotta   et 

Wanspandock. 
Neiichdtel  (Suisse),  Grester. 
New-Yorlc  (  Elats-Uais  ),  Berartl 

et  Moudon. 
Nottvelle  r  Orleans  ,    Jourdan  •,  — 

Roche ,  freres. 
Palerme  (Sicile),  Pedonne  et  Mii- 

ratori ;  —  Boeiif  (Ch). 
Petersbourg ,     Saiul  -  Floi  enl ;     — 

Graeff; -Weyher;— f  luch.iri. 
Stuttgart  et  Tubingen  ,  Col  la. 
Utrecht,  Van  Schoonhoven. 
Todi ,  B.  Scalabrlni. 
Turin ,  Bocca. 
Varsovie ,    Glucksberg  ;     —    Z.i- 

vadsky. 
Vienne  (  Autriche),  Gerold;— - 
.Schanmhourg ;  —  Schalbachcf. 


Liege ,  Jalheau  pferd. 
Lisbonne ,  Paul  Martin. 

COLONIES. 
Guadeloupe  (Pointe-a-Pitrc),  Piolet  aine. 
Ile-de-France  (Port-Louis)  ,  E.  Burdet. 
Martinique ,  Thounens ,  Gaujoux. 

ON  SOUSCRIT  A   PARIS, 

At(  Bdre\u   re  REDS.CTION,  BtiE    d'Ehfer-Saint-Michel  ,  Jl"  l8, 
oil  doivent  itre  envoyes,  francs  de  port,  les  livres ,  dessins  et  gra- 
vurcs  ,  dont  on  desire  I'annonce,  et  les  Lettres ,  Memoires  ,  Notices 
ou  Extrails  destines  a  ^tre  inscres  dans  ce  Hecueii. 
Chez  TnEUxxEi.  et  Wiirtz  ,  rue  de  Bourbon  ,  p"  17; 
Rry  bi  Gravier  ,  quai  des  Auguslins,  n"  55; 
Chnrles  Recurt,  libraire-comoi"  ,   quai  des  Augnstins,  n"  5"; 
Dohdey-Ddphk,  rue   Saint-Loijifi,  n"  46, /au  Marais ;   et  rue 

Richelieu,  n°  67;  ,       .,  .  ••    ■,,,    - 

MoKGiEaine,  boulevard  Poissqnpitre,  n°  18; 
Eymery,  rue  Mazarine,  n"  3o; 
■RoREX,  rue  Hautefcuille,  n"  19; 
BiCHEJLiER,  quai  des  Augustins,  n"  54  ; 

LEVK.K.CLT,  rue  des  Fosses-M.-le-Prince ,  n"  3i ,  el  a  Strasbourg ; 
A.  BiUDOUiN,  rue  de  Vaugtrard,n'' 17; 
Deladnay,  PELicrER,PoNTHiEu,  au  Paiais-Royal; 
Urbun  Canri.,  rueSaint-Germain-deS'Pies  ,n°9. 
A  LA  Temte,  Cabiket  Littrrammb.,  tenu  par  M.  Gautteji,  ancien 
inilitaire,  Galerie  de  Bois ,  n"  197,  au  Palais-Ruyal. 
/Vi-te.  Les  ouvragcs  amioiices  daus  la  Revte  se  tronvcjit  anssi  cbczRoRET,  rue 
BaQtcfcnille,  u' 


-HE  1,'lMrntMEBIF.  DE  RlONOtJX, 

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