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in 2010 with funding from
Brigiiam Young University
http://www.archive.org/details/revuegyptologi14pari
REVUE ÉGYPTOLOGIQUE
PUBLIÉE PAR
M. EUGÈNE REVILLOUT
AVEC LA COLLABORATION DE
:\rM. AMÉLINEAU, BIGOT, BISSON DE LA ROQUE,
DELAPORTE, GIRON, MALLET, PATURET,
ABBÉ SAINT PAUL GIRARD
QUATORZIÈ]\IE VOLUME
LABOBEMUS !
PARIS
ERNEST LEROUX, EDITEUR,
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
LËCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES. KTC
28, RUE BONAPARTE, 28
1914.
VIENNE. — TrP. ADOLPHE HOLZHAUSEN,
IMPRIMEUR DE LA COIIR I. * R ET DE L'UNIVERSITÉ.
TABLE DES MATIÈRES.
Numéros I — II.
Page
Le Kouii. Dialogues l)llil<)^^(ll)lli(|lR■s (suite) (EroÈNE Kevillout) 1
Textes coptes, extraits de la correspomlance de S' Pésunthius, évoque de coptos et de plusieurs docu-
ments analogues (juridicpies ou éconouiiinies) (suite) (Eugène Revillout) 22
Papyrus magique de liOndres et de Leide (suite) (Ei;oène Kevillout) 33
Notes A et B 37
Textes démotiques d'époque pt<>lémaï(|ue et romaine transcrits en hiéroglj-plies (Eugène Kevillout) . 39
Contrats démotiques archaïques du Musée Kylands (Eugène Kevillout) 69
Les vignettes du jiapyrus Khind n" 1 (le Prof. E. Kevillout) 77
Mémoire sur la vocalisation hébraïque (Eugène Kevillout) 82
Un contrat d'aliénation d'une maison par voie d'échange sous l'ancien empire égyptien (Eugène Ke-
villout) 87
Deux contrats démotiques arcliaùpies (Eugène Kevillout) 92
Bibliographie 92
Numéro III.
La grammaire copte, publiée dans les origines hiéroglyphiiiues et démotiques (Eugène Kevillout) . . 93
La bibliothèque du Sérapéum d'Alexandrie (Eugène Kevillout) 101
Le syllabaire démotique (le Professeur D'' Eugène Kevillout) 112
Le iiapynis médical copte de Meschaïch (Fr. A. Deider 0. P.) 117
Première partie. Caractère généraux du papyrus 119
Livres et revues (Eugène Kevillout) 121
Nl'MÉItO IV.
Mémoire sur la vocalisation hébraïiine (suite) (Eugène Kevillout) 127
La grammaire copte étudiée dans ses origines hiéroglyphiipies et démotiques (suite) (Euègnk Kevillout) 133
Sur un cas d'inceste imputé au roi Snel'rou (Henri Sottas) l.">0
Chronologie des rois de l'éi)oiiue archaïque. Étude sur les divers systèmes proiiosés (suite) (E. Ahèlinkau) 153
REVUE ÉGYPTOLOGIQUE
PUBLIÉE PAR
M. EUGÈNK REVILLOUT.
AVEC LA COLLABOKATIOX DE
MM. AMÉLINEAU, BIGOT, BISSON DE LA ROQUE, DELAPORTE, GIRON,
MALLET, PATDRET, ABBÉ SAINT PAUL GIRARD.
EKNKST LEROUX, ÉDITEUR
LIBBAIRE DK LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE, DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, ETC. ETC.
28, KUE BONAPARTE. 28, A PARIS.
XIV Volume. N°^ I-U. ] 1912."
La BEVUE EGYPTOLOGIQUE parait loua les troh moit par numéro» de »ix feuillet au moins, avec
planches, fac-similé etc. — Aucun tiuméro ne se vend séparément.
l'rijc de fabonnrmrnt annuel : fnris 30 fr. — Dèparletnenis 31 fr. — Ètrangrr 3'i fr.
Sommaire : Le Kouti. Dialogues philosophiques (suite), transcrits et traduits par Erf;i ne Revillolt. — Textes copte?, extraits
de la correspondance de S' résunthius, évoque de coptes et de plusieurs documents analogues (iuridiqaes ou écono-
miques) (suite), par ErGKNE Rkvilloct. — i'apyrus magique de Londres et de Leide (suite), par KiutKE Revilloci.
— Notes A et B. — Textes liémotiques d'époque ptolémaïque et romaine transcrits en hiéroglyphes, par El'Gé.ne
Revillout. — Contrats démotiques archaïques du Mus<'!e Kylands, par Ecgése Revilloct. — Les vignettes du
papyrus Rhiad n" 1, par le Prof. E. Revilloct. — Mémoire sur la vocalisation hébraïque, par EfcÉXE Revilloct. —
Un contrat d'aliénation d'une maison par voie d'échange sous l'ancien empire égyptien, par EcQÉNE Revilloct. —
Deux contrats démotiques archaïques, par Ecoi.sE Revilloct. — Bibliographie. — Quatre planches pbutotypiques.
AVIS.
Le texte que je vais tradiiiiT est de telle nature que je m'excuse d'avance de le publier ici i» e.Ttenso
pour les seuls savants que la luvthologie antique intéresse.
K. H.
LK KUUFL
dialogues philosophiques.
trassckits et traduits par
Eugène Kevillout.
tSuito.)
§ C. Ironies mythologiques de la chatte éthiopienne sur le chacal singe paraissant vouloir la séduire.
A. Le Koufi amant divin.
Vlll. is. Ejf-ce c|U(' c'est ton action île faire imprégnation,' afin que je suspemle'
\ 111. 19. pour toi ru'uf' (l'ovaire) de .Sekiiemt' : car c'est le niaitro" des dieu.x ipii fait être le
liquide (eré.atcur) des os." Tu
Vlll. 18.
Vlll. 111.
(2
«tèles biUnguos. > imCi. ' HivC.
1
Eugène Revillout.
VIIl. 20. Cdurs' vers la constoUatidii diviiu'.' car tu es le maître des veilles.' Jloi, je suis celle-là
(Sekhenit). Ma main
VIII, 21. est étendue. Je mettrai mes fr'"'f'c'*<* derrière t(ii pour l'amener, car ainsi, ce qu'elle dira
(ma main), tu le feras.
VIIl. 22. 0 l'unique dieu îtinus'. Que cela soitl On dit de toi : «le maître des taureaux.'' pour faire
recevoir le iihallus aux vulves >."
VIII. 23. Moi,' je suis la vulve, qui reçoit le phallus, la mère, (pii fait {sic) vivre le Dieu, le ventre,'
(pn est invoiiué'
VIIl, 24. par" les compagnons" devant'* et derrière," à savoir'^ (pour) la cliute'^ de la femme
qui veut '" enfanter,^' Invoque
VIII, 20. A.
D
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VIIl. 21. '^[](e(
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VIIl, 22.
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VIII, 23.
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™--k^-r^-î2i:^-^ii^p:«^™a-
A.
D D ii^
' OTpujC. Le détcrminatif co = ^/C = .^^
Voir ce mot Rev. XIII, p, 25, 1. 2 et note 2. La constellation des dieux, c'est le panthéon égyptien.
W
■" <oiy.
Pour cette particule voir la chronique dcmotique et mon
" nèkOOT.
" ace.
1 A'
" Le verbe mer vouloir (ou aimer) prend toujours dans le Konfi le déterminatif de l'urœus.
^' Mec, Mice enfanter s'applique aussi jusqu'en copte à la génération masculine. Ceci a été un des sujets de discussion entre
Cliabas et Gréhaut. '\>pc'4 .MICI l'enfanteur signifie le père.
Le Koufi. 3
VIII, 25. Bast,' celui ([«'on amf'iio avant la conoeption,* pour qu'ils enfantent' (sic) dan» le si-jour
oii leur nirre les a amenés
VllI, 26. encore.* C'est la déesse de la chair,'' (pii est la <livinit(' (prou invinpiera, (elle cpoc,)°
pour la faire toud)er' (la femme),
VIII, 27. pour (pi'elle (se) fasse être un niaitre par devant et par derrière* dans la j)e/( /i€f (ilerriére
devant),' en sorte (pi'on dise cela comme nom à la part réser\ée,'° qui est dans
VIII, 28. les temples" d'Éj?ypte. C'est le niystf-rc" de la déesse, celui-là encore!
— Elle dit : Je suis
VIII, 29. celle-là (cette déesse) en sa main à lui!
B. La peinture de l'image de Bast.
— C'est-1;\ la peinture" (pi'on explique" ain.-ji sur le ventre de Bast.
^■'"■-'■^imtm'7¥\-^-?'7¥-
'^■kriSà^'^
VIII, 27. M Q.
VIII. 29. \q. — .■.•|, Û (2'^.=^1
if^rzmr.
' Le (léterrainatif du feu est BoOTOnt intercalé avant le ~ au nom de Dast - la Vénus égyptienne, la déesse chatte, forme
adoucie do la déesse lionne •«;fem( ou textt, conf. Koufi, VI, 7. > â^ ^^ wu, OTCO- • Voir une des notes précédentes.
' A. OU, 3 '^ ? '" '■' "■'' "''• ""-' 0 <? 1 "'''° *'''l *'^-
» Koufl XI, 4. Conf. o^â/ll '" '^"' "''''"'' °" céleste, qui est adjurée comme une divinité, Koufl IX, 83. Ici le signe \
intervient deux fois : d'abord commo syllabiiue ab avec le complément phonétiquo b, puis commo détcrminatif du mot An on ahl ehoir,
cette fois un peu déformé. D.-in8 le facsimile viennent enfin les détorminatifs des déesses, le I et l'œuf et le jj.
' ^^ = To. ' ç^Ci FD 0 0 A. " T^H n«.20ip.
» Le mot ^^ 9 ^ ou ^'^ Q ^ est une variante ■'>' D X ^ C""'"- '*'"'. *•■ «»'• «»iKn«nt un réduit
mystérieui et sacré (voir Lcvi). En définitive, on fait jouer ainsi i V , simple lettre complémenUire du syllabique pth, un rôle qu'il n'a
pas. Il n'en est pas moins vrai que dans les temples de basse époque une des salles était en l'honneur de l'accoucbemcnt de la déesse.
"I oo ou TO. part qu'on emploie sans cesse dans les contrats de partage démoliqnes, a ici le détcrminatif du bois se rapportant
à un saccllum ou cliapcllo. <■ piie est traduit par lEpov dans les décreU trilingues.
I, I ^ I n'— ^^' ïg\ niyslèro. " ] O modeler, figurer comme |T| I lliluel lOï, lï!i, Naville, LiUnie de
soleil 2.3 Conf. "l [ipl f'c. IV, ta et '.H, IG. j" trelare, macinare; Levi : «pondre» et engins colorants. * ^\A
I rEI I OOO —>—:^ii
expliquer, énoncer.
1*
Eugène Revillout.
VIII. 30. Elle est (cette peinture) en face de vautour' sur scm ventre: en face de sistre îi tête de
taureau* sur son derrière que sou aile'
VIII, 31. couvre {?).■* Il indicjue (l'auteur) le vautour fenullc pour la mère, qui donne la vie. Il
indique le sistre à tête de ta\ireau
VIII, 32. en ce qui touche la vulve, qui reçoit le pliallus. Il a iilacé ces choses sur l'ima-fe' (de
Bast), afin de pacifier* la déesse par là en prenant ainsi ;
VIII, 33. Toi, tu es la dame qui (hmne la vie aux uiiMes et aux femelles.'
C. La fiancée du lioti hos.
VIII, 34. Les divines puissances' (mt pris* la main de la princesse,
IX. 1. qui est dans la maison royale.'" i)arcc que la vulve de la jouvencelle, de la nl^re qui donne
la vie, celle-là! on la fera se tenir debout
vin.3o..(l(l^^e — ^g(][l^^^.e^P^(l(l^^^?^^(j{l
I I I
-"-PT^q^'i:
I nOTpi. a On le nomme souvent sistre à tête de vache on d'Hathor. Mais ici l'intention du taureau mâle est évidente.
3 TtY^. 4 Sfi parait le factitif de fi porter. Mais le sens paraît être celui que nous indiquons. Voir les Isis dont les ailes
sont ramenés sur le devant des jambes
* Voir dans le numéro précédent notre étude sur Kosette. Ainsi que l'a dit Bmgsch, s€-/em signifie image et le sens de sistre
est douteux, en dépit du déterminatif. ^ Factitif de Q€pl ' ^ (Q",
ï Cette dernière phrase résume et explique ce qui précède. Voir dans le précédent numéro les explications des phylactères d'or,
c'est-à-dire des signes hiéroglyphiques entourant l'image et le nom du roi et traduits ensuite. Les femelles sont représentées par le
vautour femelle, signifiant »mère<, qui donne vie par son ventre à ses enfants. Les mâles par le sistre à tête de taureau (et non d'Hathor)
êtss r= ac5 = ^ ou ^ . « Setna 73, poème 246. ' ssli.
' Le gronpc ( 1 ^ •?■ | 0 J montre qu'à la I. 2 il faut lire ( ^^^ ^ "f J P ]'
Le Koufi.
IX, 2. (lev.int le roi. Tout voisin.' on offet, pst le lion hos.* ^rand de puis.sancc. lils <le Bast.
Il ;i (lit
IX. 3. ciKdrc ; Dan.-* ma iiiai.-ioii royale ipiils lassent .se présenter^ .se.s (ils; car le.s iliviues \>\m-
sances ont pri.s
IX, 4. en* main la déesse et l'ont plaeée dans m.a maison royale pour le lion Jws. fils de Hast;
IX, 5. car il est roi sur les divines puissanee.s. Il est derrière moi pour se faire craindre."* — Or il est
IX, 6. derrière toi aussi.
D. Le Koufi, chasseur céleste.
— Elle" dit encore :
Tu es archer' (chasseur de bête) par son (sic) carquois," car tu es comme Sothis'
IX, 7. pour créer" les choses ipie nous créons. Moi, je .suis le vautour (femelle)
O. <2 o
■='•— ''«:i^:â^^-p^1^-l™w-]31^^fp=-
?fl^^■
Voir «fil. XIII, p. 16, note 4
I ..^^- ou lion fascinateur, conf. t. XIII, p. 7, note i
Voir litv. cg., XI, partie autoi;rapiiiée (quelques sjllabiqne!!), conf. litv., XIII, p. S2, note
(quelques sjllabiqnes), conf. Rtt
is lo moyen empire jusqu'au tcm
le Leido.
Une marque do renToi se réfère ici i one note du bai do la colonne, portant : | | | | o j vw^A^ @l ~^ u 11 ^\ 1) r
s parle la chatte». Cette not« e>t curieuse. Hais nous r" '-■-- '- ■-— '- • ■
mot signifie «tireur de béto f^>, Toir ansii poème sat
« &^ TOOT- yer toot est un titre depuis lo moyen empire jusqu'au temps des décrets trilinf^ues. 11 note certains agents du roi
vsoua sa main<. ■ Cil&T voir Pap. moral de Leido.
• I
(J (I i-tsi «Pour la 7" fois parle la chatte». Cette not« est curieuse. Hais nous n'en pouronscoiistater la juttess», le coin in o licorne M^n
manuscrit nous manquant.
' Conf IX, 1.1. Le mot signifie «tireur de 1>ét« tç>, Toir aussi poème satyiiquo et Rrv. tg., XI «Quelques sjllablques».
' niTC Y . ' Voir la décret de Cuopo «t pins loin Koufi IX, 10. D'après cea diTera textes, Sothis pré.iidait i l'année
par son loTcr, appelé lever sothiaque, et réglait ainsi l'année dito sothiaque. Notre texte (loco citato) assimile Sothis à Ncith «la mère
du soleil >, qu'ailleurs (VI, 31 pt suiv ) l'autour avait assimilée à l'abeille.
-3E— '^'-
Eugène Revillodt.
IX. 8. recevant ' le liâtoii' des iihallus queli-omjites de la ville; car le vauteur accueille, avant mêuie
que les mâles' ne la suiiplient.
— C'est Neitli,* qui sera
IX, 9. ce qu'elle a été. sans que soit celui (jui l.i fera (chaufjer). Le sort de l'année' est venu :
celui qu'elle amène (Xeith) elle-même — qui est aussi
IX. 10. Suthis. celle-hM — pour qu'on fasse toute chose selon le (sort tixé) pour cette année encore.
On ne vient que pour accomplir l'année*
IX, 11. écrite. Un vautour femelle est celle qui a puissance sur elle. C'est elle (la femelle symbo-
lisée par le vautour), qui fait être le ciel, celle-là!
IX, 12. C'est la déesse présente, qui a fait être quiconcpie' est sur le monde, celle-là! Tous' (tous
les êtres) sortent' d'elle.
IX, 13. Il (le destin shai) désire'" faire resplendir" la déesse dans le mystère," pour modeler"
l'année. C'est une chasseresse,"
■X..3. (=)q.=-^-r3Mii:â5i5!"'^^]|-t
^^-^^-io^T — ^i
' UJtan ^\\\ . ' ijjc xct. ' OOOTTT. ' Konfi VII, U. ■ Voir Canope.
" L'année écrite, l'année prévue par le destin. Cette expression fait songer air, 't c'était écrit» maktub des Musulmans.
' niJ*. Conf. Rev. XllI, p. 3, note 3. • TKpOTS". ' <::^> neipe. '° Conf. Koufl XVIII, 13 et passim.
„ Q
■ Conf. VIII, 2!l. " Conf. VUI, 2d. " Conf. IX, 6 ^
Le Koufi. 7
IX, 14. tirant' une fl(Vlii'.' celle-là. Va près d'elle! — Il (le destin) lui a donné un are' pour le
ciel.* Les flèches sont
IX, 15. ses étoiles,' celles-là! Car dans la science sacrée de l'année, après" KiOii,' (le ciel J^\\
créateur et administrateur,) se joignent à lui
IX. U). les premiers nés de Kebi" encore. Tu feras un (tu t'y conl'ondra.s). ainsi cpie les étoiles
sans repos (les planettes) et
IX, 17. les étoiles sans mouvement (les étoiles fixes),» qui sont près du disipic" du soleil ailé"
accueillant ses enfants (de Kebi), ceux-l;i.
IX, 18. Moi. je suis l'aiç^le" femelle qui sort de là, disant au soleil à savoir : Tu fera.s un. ainsi
IX. 15. Ts, U«|i|H]l]e* 1^ iil^?f°'^°^|j^°'o' ^=.11(1'^*
s
,, , ,.^ .>^t-Liec
IX. 17. -K O IX
.1
i¥ITâM^:P
f) R <â DJX a o
' llciR . • cfOTe. • niTC Y, conf. VIII, 2U (leçon do K. fautive). • TUC
* CIOTT. " MitiicOk. * l'O ciel ^ Il est au fûminio, c'est uno déesse en hiéroglyphes et en démotiqao.
* Avec le ronvoràcmont qnc permet le nom divin Kebi, il faut lire tan ma Ktbi «les prooiiers nés de Kebi», conf. U|«hMlce,
U|«wC031lT .1 ■ I ' J \rf 'l'oii est Tenn le nom de 2Ia^r7;ptç. Sayeper est on des titres d'Amen. Voir aussi pour ces expressions le mythe
de Noith. ' l'os doux groupes d'&strcs sont appelés en hiéroglyphes : l» M Jir-* ^^^ fi\A ^ les sans repos,
f\ ® — n-^ n y A ® — <»— gv. -r^
2° y I 'vJL-l ^ les sans mouvement. Le démotique a changé M en Q '^\ ^Ç^> U|HM l'ctil
*" (J O. t'."' 1" disque a le déteruiinatif abusif du hois à cause de l'instrument (J ^^-^,
ni, ■> «kAcoM, Avec l'article masculin, ce mot est devenu le nom do St. Pachome. On le trouve
q
sans cosso d'aillours dans les tahiai d'époriuo romaino dvmotiqncst et bilinf^oes.
Eugène Revillout.
IX. 19. (lu'.'» ses nautoiiniers.' Il n'y a pas de dieu ijui te (résiste). Il faut que je consente" à
venir te ])rier' on que tu viennes prier devant moi.
E. Sekhemt, reine du monde.
IX. 20. On dit que l'enfantement du monde est à ma charge, h moi la femme uni(|ue.'' qui soit au
monde. Je suis celle-là! On ne dit pas qu'enfantement est demandé pour autre
IX, 21. en dehors de moi. Lorsque le seig:neur m'a amené sur les suprêmes sommets, il me tit dame
du monde entier encore. Ces choses turent.
IX, 22. Le monde est devant moi comme une boîte, ^ car tous les mondes devant moi sont de la façon"
IX, 23. d'un nid' qui tourne." N'as-tu pas' connu les choses qui sont écrites'" sur moi par la
main" du maître'* de la science?
IX, 24. Il n'a cessé" de rendre témoignage" des choses qui sont sur le monde'^ à mon sujet.'"
Il a même fait connaître ma fureur,"
IX, IP.
^e'
IX, 20. -^^
<-a2--
IX,21. ^l|t| ^ q^^^
./v<=.n©
IX, 22.
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IX. 23.
-=<^c^He'
® . iè ^
I?,
IX, 24.
e
1^.
(S =
e
:]»1'
* Voir Canope pour le mot khennu — périple. Les nautonniers du soleil, bien connus, s'écrivent avec la même racine.
^ Voir Kev. ég., XIII, p. 11, note 4. ^ Voir Canope dont une des versions rend AilOii par tenu et l'autre par tehh
(tcoÊO^). Voir Rev. ég., VI, p. 72, XIII, p. 15, note 1. Dans le sens interroger (otno) de tenu, conf. Bev., XIII, p. 4, note 5.
« 0^^*^^^T. s Le mot aft «boîte, caisse» est constant. Voir les contrats, le règlement des envacbytes, Bbind, etc.
^ jA.nç.J\\.OT. Ce mot se retrouve
CCOllT.
" RtÙTe
,-mot : il n
(=3)
n
s cesse dans les décrets trilingues et les contrats.
A. '' jL "° CSHOTS-t.
3 ® U
*est pas écarté OirtI, mot fréquent dans les contrats,
OI n«-0. ^"^ Sor mon lien. Mail est au féminii
.>^SAi] nTOOT.
ime dans Canope, etc.
, doublon de nAVOk. ^
. ' Le KouFr. 9
IX, 25. lorsque mon cœur est enflammé.' (lisant aussi la terminaison'' (de cette colère) que vou.s eu
avez faite, mes enfants!
F. La chatte n'est justiciable de personne.
IX, 26. La chatte (ou la lionne) ne vient pas pour pièce' ou action judiciaire en justice* contre le
lézard^ (ou le ver de terre). La reine du lézard e.st
IX, 27. la chatte, celle qui, en qualité de g-rande reine, agit, c'est celle-là qui le juge aussi. La
reine vous écarte" dehors
IX. 28. du lieu, et cela par suite de l'adjuration' de la chatte, à savoir ; Adjurée soit aussi la
chair" céleste.
IX, 29. Les titres judiciaires de la chatte ne cessent^ point.
§ 7. L'intervention du Koufi.
A. Son effroi.
IX, 29. Le petit chacal-singe'" porta ses regards"
■0
I I 1 2i' Ê I £=■ <:^ © I I I T A
\y'
IX, 28.
1 Savoai. ' . ' Eema, pièce on action judiciaire. Voir les contrats, etc. et Revue, XIII, p. 17,
note 2 à propos de Koufi, VI, 11.
« iipi, oin, V I ^•' I est, dans le rituel bilingue de Pamout et les arrangements judiciaires, le mot qui désigne la justice et
les juges. >| "^ n%\]=^'^^ Jvn^OTTC. ' .^ A^' a" ^^' ' ''"''^'
• e,q (| (3 2<^=^ (^, cf. Koufi, XI, 4. » a>3£.n. ■" ^ ^X ««'«e, XIII, p. 26, note 13 et U.
10
Eugène Revillout.
IX, 30. sur l;i chatte étliiopiemic.
Le cœur de celle-ci était troublé,' sa face triste,^ elle se tenait debout'
IX, 31. sur ses griffes'' (plantés) dans les grains^ du sol.^ Elle passa un moment,' trébuchante,*
IX, 32. triste,' comme"' désirauf quelque chose, étant comme celle qui médite'* une parole,
IX, 33. car, tandis qu'elle était debout, ses yeux pleuraient" ardents," et assombris,'^ comme le ciel'*
X, 1. orageux."
B. Il prend la parole pour faire l'éloffe de la chatte.
X, 1. Il prononça" lui-même"' ses petits™ remèdes-' du cœur.-^ Lui dit donc
X, 2. le petit chacal Kouli : Qu'as-tu? Ta face''' s'est assombrie!^' Tes yeux semldablcraent'^
IX. 30.
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IX, 33. ^ •=
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'?ji- -VKm,
Voir plus haut.
" Conf. AV.00 ardero V\ °=\)/l W/i. SIII, 7. Conf. Ç,
Conf. SpûJOK".
Il PML. XXIX, 12 et passim.
^^,
=' "^CkSpi ne^ç^pG. " ç^HT ^=^ tÇ^ ^.
oo op^^.
' Ce mot, avec ce sens Lien déterminé, est répété plusieurs fois dans le Koufi et semble devoir se comparer à ~|~^' indiquant
la ressemblance, la similitude.
.-P^,<na
Le Koufi.
11
X, 3. sont enflammés!' Reine, enfantant les Pharaons! Mère sacrée, dont les Pharaons sortent tous! Heine,
X. 4. que l'on réveille" clans la plénitude' de la nuit!* Reine, que l'on priera^
X, 5. au moment" de la paix' du sol! Reine, h qui l'on fait une barque"
X. 6. pour la réjouir' ainsi! Reine, produisant les chantres'" qui frappent leurs tambourins," pincent"'
X, 7. leurs harpes " semblablement pour son culte." Tes joueurs de cithare '^ touchent leur instrument.'"
X, 8. Il n'y a point d'inconvenance" (ou de fausse note) dans leurs mains. Tes marins aussi (sont
fous).'" Tes joueurs de cithare chantent vers toi.
X, 3. — 1|]
A ^ 4^
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III
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X, 8. ^ ^ '^-^ â) ^=^ ^^ 0}'^
i> ^ i w I I I si' I I I rm ;
'^l-kii^-^lî^^-^if,
'^■•]
,-aa>\\ -®a>^
Koufl, XII, 18, conf. ~.Juo étincelle, Eeme IV, 85.
ra
.=->^2^!3 barqne et plénitude "hn Petibast j- 30, Q 26. On peut donc aussi traduire «en ta larque
^ = ^^ , C'est de cette ligature que sont
30 «prier» du copte.
ra ,R,^ -i
pendant la nuit >.
■des antres docuineiits : ertaho ~ 4-oo «piier» du copte
petites bubasties étaient des fêtes ou périples en barque fort gaies et un peu pins, dont nous ont parlé les Grecs à propos de Bubastis
' sheri «réjouir» est un jen de mot rapproché de shtr «barque». La suite du texte nous décrit ces réjouissances.
10 ^û)C «chanter». Voir ce mot pour les chants et les chantres dans le décret de Canope.
" t. Iv © V^ gratter.
venues les formes ^ =: c2^ de Rosette et 2 = ^^
, désigne en hiéroglyplies une barque. Les grandes et les
KAVKM KOTRAV.
ÊOIIII.
" UJOIOTUJI culte? ujOTUJOîT louange?
I' . I' Ml 1^. ^ il ^ Prisse, Vm, 16; X, 15; Koufi, VI, 31. Corriger Revue, XIII, 20 «petites incon-
Tenances» et supprimer MCUJivU. " /\ ^Ç\ -gTS» >--3Mi Zl V\ <0 ^> <-i=3j VQi.
2*
12 Eugène Revillout.
X, 9. Les sons de tes joueurs de tambours' ue vont pas en é(iuivaleuce^ de tes odistes."
C. Le Koufi. devient satijrique.
X, 10. Dévorent* tes rayons'^ quand ils sortent* (ou resplendissent) dans la rue.' Font peur*
X, 11. tes inondations^ et tes sécheresses'" : semblablement, elles consument" toutes," blessant"
X, 12. en tes domaines, '* les regards. '^ Elles vont sur les misérables, '" comme
X, 13. sur les rois d'Egypte . . . (tous te) servent. Ton souffle,"
X, 14. comme la rosée'' du soir, vient semblablement à celui qui l'invoque,"
X, 15. comme à celui qui le repousse.'" La
I i I I -vw^ O
I SS I
' "^'Ônl, conf. I tambour. = rû'^s^' '^'m.*^®' ' '"''^^^' oij-eAoTj-cA.6.
•> J AA/vN^A 11 AAAAAA înondatioD. On sait que Sekhemt a détroit dans un délnge de sang les hommes pêcheurs.
ïo Ij (^ m ujoOTe, etc. Les ardeurs destructives de Sekhemt (incarnant l'action souvent destructive du soleil, comme Bast
son action bienfaisante) sont bien connus. Là, l'inondation et la sécheresse a une autre acception.
" ^ ^\ c QA. '^ TiipoT. " U](dne a ^^^i etc.
" Antre forme de / | mc^ , lieu '^ njkT f^ .^©-. " J'ai restitué d'après XVIII, 12 et passim.
" iiiqe. " ei6jTe. " touj. " çûjoti.
Le Koufi.
13
X, 16. devant toi. comme les mangeurs d'heures' devant Sothis dans la panégyrie de . . .
X, 17. La nuif semblablement ils regardent devant toi
X. 18.^ comme l'Éthiopien de . . . (aspire à) la nourriture ....
X. 19. seml)lablement bavardent^ de tes heures" (de grâce) (ô Vénus), tes convives qui supplient"
en pensant
X, 20. que c'est le temps' de la nourriture
X, 21. Tes convives parcourent les rues. Ils sortent de leur séjour. '
X, 22. Leurs petits jeunes gens' sont fous'" (de toi). Ils se tournent" vers ta
o • .s
X, 17.
X, 18.
so
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X, 19.
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X, 20.
I© l(20 — -
X, 21.
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'^'^2- ^ri v,r,i-^^^"^
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^ O Ï6S mangeurs d'heure — ceux qu'on appelle aussi les prêtres de l'henre, c'est-à-dire les prêtres
désignés pour un service liturgique momentané. ^ Ctop^ç^.
= Ici le signe X/' , correspondant an X hiéroglyphique, est placé au-dcîsus de mket « comme i> en guise de renvoi à une note
placée en dessous de la colo
nte du teste portant
(kit'et)
Variante : «comme l'éthiopien de hehtt, comme le convive? (affamé), suppliant à la pensée qu'est venu le temps de manger . . .» 1
faut remarquer que, dans le texte plus étendu du haut, apiès le mot akes «éthiopien», la copie du Musée de Leide porte le © hiérO'
glyphique et celle de Krall h A
' KivCReC bavarder.
» J'avais lu d'abord V^
' viHM. SeXujHpi.
Kak «manger» est synonyme de < — > ^\ ôpe nourriture.
= OTHOT heure. " Ttph = TtoÊoe. ' I © I (S O COTCOT moment.
1 OTECTûm séjour, use/ V\ [A ® u |_ _J a le même sens.
14 Eugène Revillout.
X, 23. place." Leurs yeux^ vont^ à toi. Leurs rey'ards iixeut* ta face connue
X, 24. la vue de l'éclat du soleil.^ .... leurs effort.9 serablablement. Ils se réjouissent/
X, 25. eu entendant' tes demandes.* Tes hommes^ faits dans tes terres'" en plein jour" racontent"
X, 26. tes paroles (ou tes aventures'") h leurs petits.'* et dans la nuit'^ ils répondent'" :\ tes dires
(ou chants)."
X, 26. Les petits et les grands'" semblablcment prient" vers toi.
D. Les désordres, causés par Sekhemt Bast en Hgijpte.
X, 27. Les décrets «" des rois 2'
X, 28. du monde et des grands semblablemeut, en te persécutant,"^ n'ont pu"' empêcher"* la
négation''^
-2^
X,.. ()«|^=^<=>8Vi:kM'1^ = I±°°=|55!
.3— l^im^r^;
I I i;
X, 27.
III
(3 j^ V<-=-^ ' ^^ ^111
TCSiîEl;
l±^-
vyine. ' x -i-s^^ ^_ n k^vo^ " Av.eepc. '■ cncsii.
" ^=5nS- " UjAhX. ■' ^^ A'I^"^" " Voir IX, 1 et 2 l'opposition entre suleii et jjtroa
et les fo™es arc.ai„.es ae ...a. ^^ ^ ^, ^%^, _^é 1 (^e.) " '^l ^ ) ^ ^^.
ïs UJTCM. La nouvelle copie de Krall, qui nous a fourai de bonnes leçons poar cette colonne S du Koufi, nous en fournit ici
une mauvaise : hicm, qui n'offre aucun sens. J'ai gardé la lecture du fac-similé de Leide.
Le Koufi.
15
X, 29. de faire ravage' Sa force^ sur lo momie est grande depuis l'élan^ que tu as pris (fait) en
Egypte.* Elle va (son train) °
X, 30. la joie," ainsi que la gloutonnerie' et l'ivrognerie.* Ils n'ont pu' faire se cacher*" la luxure."
Tu sais" cela.
X, 31. Fait allégresse" devant toi'* le pays. Fait sa joie du cœur'= dans la violence'" et
X, 32. la mauvaise" lutte'" l'Égyiite entière" avec ses grands''"
X, 33. et ses petits." La fête" va à la perdition''" à la maison"* d'ivresse-"
X, 29.
X, 30.
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X, 31. <=> <g>- liM. -Sa. -ga^e -Sa.
X, 32. [j©^£^vv^Iâî^
-^
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' S^ (I <:Z> '(5^ àms le bilingne de Pamont, conf. XI, 15.
^ MtlTll»NUJTG ^ ^^ . conf. Koufi V, 2i, Eevui, XIII, 13, note G. ^ nO"rOI. * KH.V.e.
s «kqujc nevq. « Koufi XI, 2; XII, 2.
ï am, ainsi écrit =^ — 1 U v^ £YA ^^^^ Pamont. Le signe domotique représente une des formes hiératiques <
m seule (voir le pap. gnost.J.
" '^ VO 'Vç.e P"^""^ 193. ' il 1» -^oftin.
f tù tlù)lK. forme graphique fréquente dans le Ko
UjAOTrXô.! XI, 2. " =^
'- cOOTll, conf. XII,
OHi composé avec 'Q «devant ta face».
ï^ Mût-à-mot ; «fait bon cœur», expression égyptienne fréquente, pour marquer la joie.
'« Voir Eosette et Koufi III, 2; XII, 33, conf. U'OOMe. ■' Êtoconc. n UJ<?HHn.
OTpOT dans le sens de fête. Voir Setnu.
" fj ^\ ^ ■'feb-i homme qui faiblit, Dict. inédit de M. de Rougé
2' "yOÊj voir plus haut.
16
Eugène Revillout.
XI, 1. (lu dieu Tum.' le dévoreur.- Ils s'en vont' avec toi tous se cacher* en Égy]ite.
XI, 2. Ils font joie= en Bast dans le pays des joncs,* allégresse' dans les terres cultivées,'
XI, 3. plaisanterie' parmi" les Éthiopiens. Madame. Le pays du midi" (Kema) lutte"
XI, 4. à tes pieds." Tes pajs font jour heureux" avec leurs chairs'^ par impudicité.'"
XI, 5. Leurs mâles" chez eux courbent'" leurs femmes belles'* dans la rue-" sans-' rire."
XI, 1. ' [|;jint^±f=
XL 2. û(S-:s=-| \\[U\
'ë^
A I I I 11
.âa>(2-Êas
■^"W<i^¥f,:i— j
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^^H^\\^^T\bniK
XL 4. -^
^©'^'fl^^'kfl'^"T''^'l:^rDGiJ.^ ^ ^|)(âj
1(3 I J) ^Z" ° O©-^'
, fl JW^ 2 mat'am, participe de (6-**-=^ dévorer, Konfî, IT, 7; XVHI, 13; X, 10 et passim.
OtûH est la leçon de Krall. Leide avait hotef = hotep. Pour Çû>n conf. S, 30.
• ivTuje luooï-.
s Conf. X, 30: XII, 2.
' «jA.OTr\iwi, conf. X, 31.
18, note 10, à propos de Konfi, M., 22
U \\l J*^""- ^^ P^y^ ^^^ joncs désigne ici Bnbasti:
£::i \, conf. XII, 23. Pour le déterminatif ressemblant ici
» I ft II 11 » \\ nA est ponr I fl ^ . conf. XVin, 26. Ne pas confondre avec U ft |J H
parole, Koafi, V, 12 ; XI, 10 ; Xll, 10, mot qu'on rencontre aussi sans cesse dans Setna ot tous les documents démotiques.
^^ Koufl, m, 32; XIII, 12; XTIII, 7. " J-" '--
» ra (3 0
C&SCI,
OTTt
oipe^T. " ■ " lil t) I
de OHT itOtJpÊ cœur joyeux, conf. Koufi, X, 31.
" iv'4 [] (3 »:— , conf. Konfi, VIIl, 26; IX, 2
■= Vr n D Kouâ, vm, 13.
OOOT It0'4pe, conf. Setna, p. 3, 3S, 39, U3"de ma première édition, synonyme
3ip
^''' C(OU|. conf. Poème, p. 201 et suiv.
Konfi, IX, 10; X, 21. =' nOTÊUJ. " CWÊe. Koufi, XIV, 10; XV, 28; XVIII, a.
Le Koufi.
17
XI, 6. Tu tournes (ô Baat Aphrodite) ta face' vers eux. Tu fais comme' l'inondation' qui afflue*
dans les terres^
XI, 7. sèches,^ en répandant' les eaux" sur elles. Ouvre' toujours!
E. Hymne à la femme.
XI, 7. Plus d(mce" est la poussière"
XI, 8. de tes pieds '^ (ô femme) que la poussière des portes'' des trompeurs" de votre peuple'^
XI, 9. d'Egypte'" (c'est-à-dire des temples d'Egypte)." Douce, ô toi, dont la face est puissante,"
est l'odeur" de ton palais""
XI, 6. H Ê
# e
.Sa>l
XI, 7. îtTtT g g 0 ^
.^OU® V-^o
XI. 8.
c-a I
^yP'
XI, 9.
S'=^rii
' OT^G evacnare.
/iaOaTcep de Kosette
'à 9
UJOOye 1)12 /H Koufi, X, 11; XY, 9; XVIII, 25, 3a.
<gL. "amnir
■ MOOT. ' OTTÛll
'" nOTM. i ^5C\ I ^' I Konfl, IV, 26; V, 17 et XI. 9, 12, IC. Conf. Eevue, XIII, note 2.
" UJOCIUJ, conf. Koufl, X, 7; XII, 21. '^ pevT 'î ^ *? Knnfi, XI, 4 et passim. " po .
" 03C.I ^^. h ^S^ 0 0 '^ "^^^- " ^'^ ^"^ "*"■ ( Vir r~lT I ''^' traduit par AAOS dans Eosette, Chr. dém
c>[t, I. 17. '^ KHMG. i' Pour îiCk, piéf. adjectivale voir Revue, XIII, 29, note 2 et pour IIOTM voir une des notes précé-
dantes. 18 rt.ô,U)Te, conf. XII, 25. Ici, d'après la copie de Leide qui est la meilleure, il y a un signe de plus que dans XII, 25
le signe ^j^r^ se rapportait à l'ancienne prononciation de ^ ^^ ^ û. " c^", CTOI ! Q^ Koufi, VI, 3, 33; VllI, 17
^° A^turat «palais» est un mot composé du masculin, en dépit de sa désinence féminine
3
18 Eugène Revillout.
XI. 10. dans lequel l'halence' de ta bouche* répand" — (telle r(ue) le pays de l'an (ou des
tteurs) —
XI. 11. l'odeur du parfum as. Ta salive* est un miel.^ Les eaux'"' de ta bouche
XI. 12. ont la suavité du fruit de la vigne.' Elle est plus douce — iju'un jardin* planté' et
XI. 13. verdoyant,'" produisant" tous les bons arbres." Les ouvertures" de tes yeux
XI, 14. sont lin ciel," resplendissant'^ sans aucun mauvais nuage (V). Meilleur" est
XL 10. <=> ASC J2ai ra <<^ P^ <==> I ? ^ -11- ^^-^ne^^-^^^—dsUU A
ra^!|i^<=r>ieo^
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■-.'■ ;KP°j^^™;KWt:,i^-=°é^T-^P5^'
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XI, 12.
(3
X,. „. ^=^=1 =>flpfe^x^e;~.;(_)f "Yârr-H
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""''''■ ^\n ,-^^q|'h<=-^-^©-^< _i^, , .
^^Kzll-
* n«i.(rcc T-r ^è\ j"^^- ^ efilto. Conf. Konfi, VI, 31; VII, 6, 8, 13, 15, 16, 24, 26 (ïoir le précédent numéro de
la Revue); c'est la bonne leçon de Leide. » MOOTS" npo. ' (TWM [ j V\ "^X V\ l_ _).
" Le signe qui suit S est douteux dans Leide. Dans Krall il est remplacé par 0; arbre se dit bien tyHlt en copte. Mais
rortbograpbe démotique bien connue est différente.
<^:,, D ^ ?
" OTton -^"^^^ "innnir. '■ TI\e , '* Uot composé dont le premier élément est A Ci et dont le deaxièms
parait leAcA ou I^A. On a en copte les composés O^IieAeA, TCRI*.A, conf. VIII, 2, Revue, IV, 77, note 1.
'^ t»ù.noTr. '« MHit.
Le Koufi.
19
XI, 15. le séjour' devant- toi que le rassasiement" après la faim/ la force' après l'oppression,
un enfant^
XI, 16. après les douleurs de l'eutantenient.'
F. Discours direct à la chatte éthiopienne. — Les excuses de la peur.
XI, 16. Douce* est ta parole.^ Elle est tranquille'" pour toute bonne vérité."
XI, 17. La mer,'^ après un retard,'" s'est apjiaisée'* (sans doute).
— Mais ton regard'^
XI, 18. que tu portes sur moi est celui du sacrificateur'" sur la bête" attachée'" devant lui.
Je suis
XI, 19. comme l'oie" plantée'" (eu quelque sorte) sur ses grandes^' ailes et silencieuse. *'■'
é,:k°é^°¥^1r"':k-é
XI, 16. ^x D I
XI, 16.
(S <=>
III I lii 1 1 I 1
XI, 17.
(3=^-^ A O
l^^^s'^
XI, 18.
XI, 19.
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l(â®#
:]^
^=;>~.^^5-,
K%m'
w
J*.TO. = cei ' [q1 a[) Konfi, IT, 25; VIII, 1. ' ÇOHEH , ÇRO 9 ,t— -^ ^ Koufi, IV, S5.
at z^
OD-û> germe.
' ff] ' êîl &3^ ^ "%^' ' Ç.°^*- ' O'incj.SC.I. Pour 1 = /I\
préformante abstractive (on la retrouve sans cesse dans le Koufi, conf. XI, 17). Pour CJvix.i voir la note de SI, 3.
XIII, 3. " 3£.ekMH tranquillitas maris. " ritt'3 = Œ'touj''"- ^"'^ Koufi, VIII, 7, Revue, XIII, p. 21!, note 18 et 83, note 1.
u ^ ^^^ = ^_
«' Koufi, XVI, 2, Revue, II, pi. 24. " Ctonç H • " _ D '
Conf. XI, 12. " MC^c 8 ^ t^é^. " TWAi pjo.
3*
■^^ç^^. Ici le "^'ï^..... est à la fois sous sa forme démotique et sous sa forme biéroglyphii
pHT
20
Eugène Revillout.
XI, 20. Tu te tiens debout' sur tes griffes' (me) fixant, eomme le vautour^ lixe sa priiie."
XI, 21. Madame, tu ordonneras'î pour moi un adoucissement" à ton co-ur. 'l'n es une couronne"
sur ma tête. C'est la
XI, 22. vérité. Eeçois^-moi au monde après la mort,' à la lumitre" après les ondjres." Pourquoi'*
XI, 23. ta face. Madame." roulerait '*-elle la Mort? Pourquoi tes larmes ?'=^ La lumière'"
XI, 24. de ton œil de flamme est sur moi comme une étoile" qui darde." Est-ce qu'il y a une parole
XI, 25. que tu as entendue" et pour laquelle ton cieur se soit enflammée?"" Il faut me la dire.
Ne la cache*' pas. .T'en ferai
XI, 20.
(2 Q
XI. 21.
i
^ liQ.
^^—^^>%.l^
XI, 22. I
>]e^
-^^"ï-
XT,23. @ç=|^|°;|j=.(|e<-^=^()l)e«||^(la =
'il-^%.^Tft-
XI. 24.
© ±
XI, 2.5.
f
!\i
> evO^epevT
A
eiË
e.
' «loirpi
• Poème, p. 137. Chronique Itev., II, I, pi. 5 et Revue, IV, 78.
pi. lit, col. 1", 1. 1. <■ 8 „ ,
va H A C^
^-.--.Si.
rhresl., 25-34, Revue ég., II, pi. 159, note 3 et II, III,
II
''' piJAC
Konfl, XI, 6, 17.
fopi^.Ai3;S6-l'^ connaître les manquements de faire lamière du soleil et de la lune
" ClOli- [l(l[j(3^. ■• *^^^ '
(1 voir Konfi, III, 13. =' ç^wn avec le ^\ de l'impératif négatif, conf. Konfl, XII, 30.
■^Xl
COTE resplendir. " CtOTJA..
'Jl
non second mémoire sur les Blemmyes, pi. 14 et pi. 1 portant le bilingue V \î^ O ■cS>- ] ^ -,(7\
Le Koufi.
21
XI. 26. son explication' devant toi. J'en donnerai la solution" en ta présence. Je me tiendrai
debout devant toi (comme un accusé ou comme une victime).
XI. 27. Gloire' à toi! Tes liens* sont sur mes pieds.^ Ta couronne" (la couronne des animaux
sacritiés) est sur ma^ tête."
XI. 28. Ton glaive' — couteau" daeier" — qu'on le place" sur ma tête.'° qui trébuche."
XI, 29. Que les anhélations'^ de ta bouche'^ soient derrière moi. volant" avec moi. Que viennent "* à moi
XI. 30. les souffles brûlants" de tes lèvres," consumant'* l'erreur-' par le feu.*' Je suis
XI. 26. ^^*=^.
'W-
XI. 27.
à'^l=
îs^l^U^Y^
--LHm
XI. 28. -Çv n © o
.]^ ^ --•-.■ ^^[j^D^^.
•'^-k^é^^-^^^^'î-^'r'
XI. 30. ;|,q(l^-^raji[j'
k?
©I
G =
D
.„o^ O i^-
manière d*eUe. ' hott*^ i=i
C!2Cb>i . conf. ocbyos., XI
'' Hiqe ^o, K '* pu). " qa)\.
antograpbiqnes des tomes XI et XII de ma Herue. Le dêterminatif |y
eA.oû)Ê
X
eooT
1M4
Koafi, SVIU, 83.
I" ffopTE. " A.&in
" UJCO-.JT, Koafi, XVIII, 23; IX, SI: XI, 30.
<V3^. Pour ce verbe fréquent en démotiqae toît les partif
n trouve ici dans le Eoufî comme pour le verbe mer « vot
loir, etc., est
Koufi, X, 10.
'.J, 3£.0-^. 2£.e-.J k \\ " ~ 1/1 ■' iiJ<»*'-i'5' trébucher.
cnOTOx
TI.P"^
22 Eugène Revillout.
XI, 31. plein de crainte' Je suis devant toi comme l'animal destiné an sacrifice- dans la {frande
salle du temple' devant* toi. pour dire^ une parole
XI. 32. méprisée.'
— Et cependant le poisson ramé' (objet d'horreur povir les Égyptiens, comme le porc pour les
juifs), je ne l'ai pas mangé.* Pourquoi'' donc me faire du noir'^'"
XII, 1. C'est-à-dire que la fange," je ne l'ai pas amenée. Pourquoi donc en avoir crainte, ô véné-
rable 'I
(La suite prochainement.) *
■ OOTC Konfi, IV. 9; X, 10; XII, 1. > \\ ^^- ' V * ' **''^°'
s ^°°^ 2tai. '■ CtùUjq. Poème 230. ' pj\MI, it., 120 du Rituel. Conf, Btouc, IV, p. SI, note.
^ &. \\ ®
p -J U ^\K oTùirt Kouti, VII, 11. ' La particule interrogative M c^uj quoi? paraît ici avec le sens de pourquoi
en conjonction avec epoq, etc "■ K».Ke V ^ i=^='- " ^.Oioe = S I ffj.
TEXTES COPTES
EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE DE S'^ PÉSUNTHIUS ÉVÊQUE DE COPTOS ET
DE PLUSIEURS DOCUMENTS ANALOGUES (JURIDIQUES OU ÉCONOMIQUES).
PAK
Eugène Revillout.
(Suite.)
N° 66.
ic nc^yc cne'^AvepiT ueiûiT
i^ MiOK e>.3*.puvc iiepe-.j mm».ihottc eT'^topei
pitoÊc 6-^coiM c-^ujine Mne3(;c çn ot mê qpa^nij'e'
' Ce nom se retrouve dans un autre texte :
■^ «>noR qpakUT^c e^pi TitOd' nekP».nH
eico&'i CJUJ'"^ cujûjne notoÊ av. . . .
eTerjctone ct(\.hti epo nTe
«Moi, Frange, j'écris pour saluer ma sœur Euléti. Aie la charité, si tu as de l'ouvrage pour toi. de . . .»
Textes coptes.
23
'^■lyine on cni«.cort ou-ativi OJW. nacoeic
TKpoir eT ocvÇTHR coit . y^
Lettre de politesse.
« J. C. Moi, Azarias, le pécheur, écrivant pour saluer son cher père, aimant Dieu christo-
»phore en vérité, Frange. Je salue aussi mon frère Phébamon et tous les frères qui sont
»près de toi. Salut dans le seigneur, mou cher frère.»
N° 67.
■^ evnou e>.'5&pia.e iiujii
pe iiKTppiKOc npAvpft.
M&OT CTCÇèvi nievKUÊ
nujHpe itDs.MiiH'\ HMO
no;>(;oe ace enei'A-H «kUni
^e 11MM&.Ï exp^^îta) en
neR Mepoc iteiûio^e tcc
(ç)j«.ene nn;)(^ooc Tenoir
ÇM. Tiou-ûju) AinnoD"
Te '^■o nçeTOiMOc erp^
pç(oû eatti (fs.'x.n) r&.t<v
t^pOtlHCIC llTIip
çûj6 epoq itTnH
ye eOT
TCÊpica)'j(;H D..e aiu
iic;av.ot!-ç^ cm. HROiticon
«kH-ûj nc^HMOciOrt nTtiTA.
».q MU nenepHTT *.ir(o (t)
010 tiTiinwuj-j e-îtton ewn
CMll TeiOOMO'\l'H'U\ JH.Il
ueuepuos- iienirpoTiH
AtvoR A.5s,pievc MU I*.
Rtofi TllCTOI^e iMtOR
3s>AT!-ei2>. ncieAev^^/ mm
ono5(;oc AieoiM Teieni
TpoHH «Tiia'iac ncoTT
T'OIS- «ÔJMTT HTpOMne
TpiTHC inS^IR/
Location.
«Moi, Azarias, fils de Cyriaque, l'habitant de Eamaou, écrivant à Jacob, le fils de
» Daniel, le moine, à savoir : Attendu que tu es convenu avec moi que j'ensemencerais tes
» parts de champs, à savoir 80 %ous, maintenant, par la volonté de Dieu, je suis prêt à faire
«l'affaire sans mépris (des conventions). Que nous fassions cela au compte à demi pour
» chacun. Que les charges et toutes les dépenses soient acquittées en commun. L'impôt, que
»nous le donnions ensemble, et que le foin (ou le produit) nous le partageons entre nous.
»Nous avons établi cette reconnaissance mutuelle pour le confiemeut. Moi, Azarias, et (moi)
» Jacob, nous souscrivons.
«Moi, David, cet infime moine, j'ai écrit ce confiemeut de ma main le 5 de Thot de
■«•l'année de la 3" indiction. »
dkllOR eiC&R
nuje iti(ocH<^
no^eRÎVe eqcçA.i
itiyeiteTcaM niye
nem&iiiivc npMiisce
M.e ace retu nçevcMOc
ÇM. noirtouj MnnoiTTe nT&
"^^ OAVC Q>.6 K2C.6C eneitoçe
N° 68.
Hd.R IH>3t<o' TAIMi^Oc' HTik
llA.ir' MOOH- IliVR A.TrtO llTôw"^
RE ^TOou- npToÊ ncoTO ne^K
on çn Tepo.Mne <knoR
eic&R TeCTex^i eTeiÉAate <vnOK
ivqn«kpe>RevA.ei moi «.ictoç^ vei
ÉlVate nT«v3'i3c. coitscotot Mecopei
(iknou) nikU-A.oc nAAuje^ne
atûj seminare.
M&ç^i possessio.
en = nik = nHoir introducere Nombres. XIV, 3.
24
Eugène Reyillout.
Location.
«Moi, Isaac, fils de Joseph de Thecle, écrivant à Siiénétom, fils d Anauias, l'habitant
»de Djème, à savoir : je suis prêt à te donner les 40 aroures et demie, pour que tu ense-
'«mences cette possession. Que je t'amène l'eau et que je te donne 4 artabes de froment
«cette année.i Moi, Isaac, je souscris cette tessère. Moi — il m'a pris et j'ai écrit cette
»tessère de ma main le 20 de Mésoré — moi, Paul, le lachaue. »
N" 69.
THpc cncç^M n
ujeiieTiù.vv nekpev
■^■ncniTpenc nj^H
ETpcR-^' nenjivcpoc cêoA.
(nAVH)T «ooAon/ it«>ii
(itPTjkiwc) en2>.HMOCiOrt ace
(.v\.nen)&iiTiAcre r&r
(&non) ttb^r/ THpc
3Iandat.
«Nous, toute la cohorte (ta^ic = t&rcic), nous t'écrivons, à toi, Shéuétom, l'agent?
«Nous te contions le soin de vendre notre part des fruits du champs, afin d'eu recevoir
«10 holocots pour nous et afin de donner cela pour l'impôt. Nous n'y faisons aucune oppo-
»sition, nous, la cnliorte entière.»
MtOR IT£(op(l^lOC)
nuji «evn'^pejvc n
neRtoc npAV. OTdvci
c'.jcçAi nigeneTMAV.
nuji nMi«,ni*,c ne^pe».
rxe "y^^petocTi iidkR
noTTepAiHCioit n
no3"Ê •^o no^cTe.<.ioc
nTA.Ti'4 H4>R Ort njv
<onc !inc«(Te) Re^i têr^v
THC insi-/ .Nin Te-jj.vH
N° 70.
ce n&T AevikT nA.T
Aft.&iï- newJw.t|>(ifeo)o'\i«k
&.tiOR vempi^ioc TicTOi
•>^c CTefiAotc erpekt^
■^ivûi'^>i RC le ino^l
A.noR nCTpc nnev
TCpAlOTTC
a. ï?c(op
x'ioc nekpevRei.Ac(i)
n.w.01 &ICÇ&I TcûAatc M&pTTpw
Créance.
«Moi, Georges, fils d'André de Pékos, l'habitant de l'oasis, écrivant à Sbénétom, le fils
«d'Ananias, l'agent, à savoir : je suis débiteur envers toi d'un termésion d'or. Je suis prêt à
ïte le donner en Payni de la 15" indiction avec ses intérêts, sans aucune indécision. Moi,
«Georges, je souscris à cette tessère, le 25^ Paophi de cette 15" indiction. Moi, Pierre, fils
«de Patermoute, Georges m'a prié et j'ai écrit comme témoin.»
N° 71.
•^^ ujopn Mcn ■\'U}me cpOR ikpi nn«k
TunoOT nKOTi R^iwpMOTc'' iti^n
Mit nCKCoc itHpn enuj& nekn& oje
ntTtoj*. 3te eic ÇHHne &.q^(ûii
cooTK nA.Hit &nicOT ni^ci epHC
itTUTAMOR cnciuj&stc n&ii«L<«
RivicùC Aoinon Ainp&McAei
0T3£.ekI 0A\. nSCOeiC h iSl'Ii\ Tpicwc
ccTHpoc II ^encTtoM
nci cAik^diCTOC
^ C'est moins une location du terrain qu'une locafio operarum de l'ouvrier, chargé de le cultiver,
puisque c'est lui qu'on paie.
^ ©i\p.i.vOTC = TçopMÊC Voir Steindorf, Zeiischrift, XXX. Band pour tout ceci.
Textes coptes. 25
«D'abord je te salue. Aie la bonté d'envoyer le peu de victuailles et le vase de viu
«pour la fête de l'apa Shénétôm, car voici qu'elle approche. Entiu envoie ces choses et viens
»au midi, afin que nous t'avertissions de cette affaire nécessairement. Ne sois pas négligent,
s Salut daus le Seigneur. Sainte Trinité. Sévère II Shénétôm, ce tout petit.»
N" 72.
en onoMis.Ti toit iKvTpoc u&i tots- ttiot
Re^i Ai^iOTS" ime ei^p&'^H mh nev" t^ mes. ©.
&nou MHtiik nujii i(o&nnHC çn epA\.onT erco^i MiiTOnoc
eTOTAAÊ nOA.^ioc r\>oifi»..\v(oii mutoott dchmê ç^itoottht
th cOTS-poTC MU ma.««&ioc neqoiKOitOMOC este TieniTpcne
itHTn eneiûioc eTMnpHC npiMOOn- «{^i eTnnac. iicton hmcvr/
n'n».o«.ioc ROCMev npMTnoTlic cpAvonT n&i tvTev npMTnoAic cpMOivT
Tûjpi'jc MMOq enTOnoc CTOiriki\Ê MnjiiiiTCHOirc n».nocToAoc
nTnoA.ic epjA.oitT «LC2>.OKei hhth utootthttii nomoitOMOC
Avnç&i^ioc t^oifiikJ*.ûjn TjvpeTnociTq itTOOTq niipj,v.TnoAic
çiknop/ iiTCTnTikJkq enTOnoc eTOis-ik&Ê micneiOTe
nivnocToAoc iiepMonT neTn».To'\MA. elloA.q efcoA. eqo
HujMMO ennOTTTe oicoii Ain nenepHn-
CTTtoprsi nuTii iviCMii ni^^oipi&CTiuoii tictoi^^. cpo-j
Fidéicommis pour restitution}
«Au nom du Père, du Fils et du S' Esprit. Écrit le 3" du mois de Payni de la
ï>9^ indiction.
«Moi, Mena, le tils de Jean d'Hermouthis, écrivant au lieu saint de S' Phébamon de
»la montagne de Djème par vos mains à vous, Syrus et Matthieu, ses économes, à savoir :
»je vous confie le champ qui est au midi de la prise d'eau, domaine que nous a laissé le
»bienheureux Ignace Cosme, l'habitant de la ville d'Hermouthis, lequel domaine les gens de
sla ville d'Hermouthis ont donné au lieu saint des 12 apôtres de la ville d'Hermouthis. Il
«vous convient, à vous les économes de S* Phébamon, de recevoir ceci de la main des gens
»d'Hermouthis, comme apographe, pour le remettre au lieu saint de nos pères les apôtres
» d'Hermouthis. Celui qui osera détruire ceci est un étranger à Dieu à jamais. Ceci est sur
»nous (mutuellement) avec nos compagnons. Pour votre garantie, j'ai fait cette donation et
»je l'ai souscrite.»
W 7.3.
n^OTcn ninevçoi ace nTcnoT cve epojTit
nTûiTit neinpoeiCToe MnOA.t"ioc «.ii*.
<i^oifijkMcon Mov««>coc >\\\ coTpoc eTÊTn
nikUjcune eTernueXeirc mj\oot o». noir (.
Cl Mn noTTCOir nfinne Mn noi!-R*.pnoc
ç^miTTHU-Tn Mn ncTnHT AinnccoTn ç^ti
' On peut considérer aussi cet acte comme un mandat pour une cession de droits contestés portant
sur une terra derelieta.
4
26 Eugène Eevillout.
j«.nT2t06ic rtijA. itTccnOTiKon htê nnoMoe
Dec nue A.ika>ir npioMe ç&. n«>iû>T oir(a^t) çis. Tôk
M.(a eqenËD<e nM.M&K ^e^pooT u]& eiteç
ôkTûj neT.it&ToAM&. cqciitere itwAiHTtv
çj^pooir cqniiujûjnc ctjo hujmaio eneicoT
M.n nujHpe Avn nenii». eTOTrev.;kÊ A.A\ek
CTTiiivujtûne ^e>. oèkiÊec m'^cvpioc evnew
<5>oiÊivMcon «jcv cueç^ ncneo^ oe^Mnit
enei ROxp^tOAi *>icAv.n nci3>.û>pievCTi
ROti eqopsc eqs'MO'OAV ç^n m». niM. eTHi^ej*.
t^ikiti^e MMOrj iio^HTq ncoiratnOTn iiTiiço
AvoAo^ei loc npcoK/
evitoH, etc.
Donation de trois aroures.
«... Voici que uons donnons trois aroures parmi celles de notre domaine. Voici qu'à
«partir de cet instant, elles sont à vous. C'est vous, les prélats de S' Phébamon, Matthieu
»et Syrus, qui serez en ordonnant tant pour leurs .... que pour leurs palmiers et leurs
» fruits. Tout cela est pour vous et pour ceux qui viendront après vous en toute seigneurie
» despotique conformément aux lois. Qu'aucun homme, soit représentant mon père, soit repré-
»sentant ma mère, ne puisse entrer en procès avec toi, pour elles, jamais. Celui qui osera
«entrer en procès avec vous sera étranger au Père, au Fils, au S' Esprit. Ces gens là resteront
»sous l'ombre de S' Phébamon à jamais. Amen.
«Comme garantie j'ai établi cette donation, solide et puissante en tout lieu où on la
» montrera. Qu'on m'interroge, nous confesserons (la vérité) conformément à ce qui se trouve
«plus haut.»
N° 74.
iv loijvntiHC ei it&i eqDtWAiMOc ste htjvrti oiicotto
Mit ç^nitoT eiioirq ne cêoX ^(^(opic :x.ik&ioii
TiûipR no.» cnnoiTTe neTCOou-n 3£.e eiTAOTS-o jne
eiieicooTTii ace qwercAe' ujekiuj&.TU ewooir
eiTKHÊ Aomoii cto" neTtiT&q cpoq
ccooTTti «kirûj MnpTi A.oiirc niwq
OTj'îx.e MnpH&ivq eCToq' epoi eujtone
RpXpt'^ nTevyT^C" <^T'<» ikAve^ÇTe nnep<OM(e)
up epHC 2.*- itepK>Ai(e) To'ine AineT «tj^tt efTi
Lettre d'un juge.
«Jean est venu à me dire que tu as vendu, sans droit, des froments et des orges lui
«appartenant. Je te jure de par Dieu qui sait que je dis la vérité; si je sais (si j'apprends)
«qu'il entre en procès (avec toi), je t'exige ces choses au double. Enfin, rends lui ce qui
«est à lui honnêtement et ne lui cherche pas querelle. Ne le laisse pas retourner vers moi,
' MÊTeAe de (lE-cepj^ojjLai, jjieteXeu3ojj.«i.
2 CTO = T&CTO, sens transitif.
' CTO, sens réfléclii «se retourner vers moi».
Textes coptes. 27
»si tu tiens à la vie. Retieus ('en les payant) les gens (qui ont à se plaindre) et fais dans
î'ie midi la recherche pour les gens de ce qui est à eux. Donue-le leur.»
N° 75.
if> na.nnou'Tooc ncTcoiki .«.'^eAcôeoc
ace -^pujnHpe mavor etûe itenpoc'^opA
nTevTTevCk.T- ctootr oith neKpiM<\ ner
MOOTT njvï eTepe nnoTTe ni^Kpene m.
AiOR CTÊHTOT o-5-.«.onon DteTÉc ncnpoc'^opck
UTikHp JkTpOOTUJ epOOT evAX*. CTÊe TARE
mutçAAo iiJkTo'OM iiTA Tccoe^K eÊeio
n^Hit TinOTTe neTnjvRpme nT&.v^HTc
j\iv T.KVHTC nnenpoct^opey. hmm*.r &-rto
neciiHirc on. nnptoMe utor cooto e
çOTn &KÊCOR èwRR«.i>.-r eTnc>.TCoOTn
Oèk OTHp ««^Aii^ric nA.Hu cic nnoTTc
n*v.Me>.R n».pjvR*.Aei nitos'pûJMe ntrei
epHC ni^qi iieCRHT-e nnpcoMC htù.-!- ç^m.
nekM& niTÉtoR oit eçHT
..4 ïi revers.
T^ T&jkC M'^eAo«eoc M.n evinw 3£.(dpe ç^ith n&im
OT©oc neXik^iciCTOC OTacjvi ^n to'om ivreTpidkC
ÊTOTe^ivÈ
Lettre sur les fondations funéraires.
«Paphnuce est celui qui écrit à Pliilothée, à savoir : .Je suis dans la stupéfaction à
»ton sujet relativement aux offrandes qui t'ont été remises eu vue du jugement des morts.
«Dieu te jugera toi-même pour cela, non seulement à cause des offrandes pour lesquelles tu
»as manqué de soin, mais encore à cause de mou état de vieillard sans force qui touche
!>à sa fin. Enfin, Dieu décidera entre moi, ainsi que les offrandes, d'une part, et toi d'autre
»part. Les richesses des hommes, tu les as accumulées et ensuite tu t'en es allé, laissant
» ces gens dans combien de peines. Enfin, voici que Dieu est avec toi. Prie les grands hommes
»(les gens du conseil municipal, les principales). Viens donc dans le midi et n'oublie pas
»de rapporter les richesses des hommes qui étaient chez moi. Puis va-t-en au nord encore
»(si tu veux). Remis à Philothée et à l'apa Djoré par Paphnuce, ce tout petit. Salut dans
ïla force de la Trinité sainte.»'
Au sujet des prières funéraires, dont il est question dans cette lettre, je citerai cette
inscription que j'ai oubliée de reproduire dans mon travail épigraphique à ce sujet.
IH «.ï^iek) TpiCkC (M.n)M.&K&piOC CCTHpOC
(attrco eo)p&i MneiM& acmtok m.moc
(itnecR)TrnûiMA mtja.». (itc)oir i^ MnefiOT
(R&pi«.) evo-ûi Tujeepe (•^)&.Mett(o» . . . (ujAhA.)
' Évidemmeut Paplmuce comptait accumplir les services des fond.ations pieuses négligées par Philotée.
4*
28 Eugène Revillout.
nOM.i&. Mil n(cT) Ct\pjkf*,uoc tAs^
OT«kikfe THpOT «kMHlt
«Sainte triuité. Ils ont déposé les restes de la bienheureuse Ajho, fille du bienheureuse
■ Sévère. Elle s'est reposée le 17 du mois de Phaménoth. Priez pour que Dieu la rende
«digne de recevoir l'héritage avec tous les saints, Amen. Fiatl De Dioclétien l'an 662, des
«Sarrasins an 334 (an 946 de l'ère chrétienne).»
N" 76.
ujopn Aieit -^-uji epe ««.uîHpe m^
ne exeTiiMnTCon oti o^iwq ikirto eujco
cTn&no-rc nacocic ne j^TexiiXo ctcth
erjeCMOTP cpMTii ntûtone oi n3V*kKH
evpinn& nTCTÏt-\- a^^^e «.pinit*. htcth
nROTÏ iiDcûiMe Tirnoo^q n&n o-rac&i
nTô.n CTepe n.wep oja ii3£.(oei)c t«.«>c niten
oc Âv\\'«>'\THpioii Aicp*>Te ncOK nnp
çiOKoq n<»eoD^ mcots-chc Mit -i^
<opoc ate nqac a-tê êik/ . . .
ooc 2£.e
Texte d'une lettre j)our réclamer un livre.
«Avant tout, je salue ta bonne fraternité. Le Seigneur te bénira. Ayez la bonté de
adonner le petit livre de nous (sur lequel il y a une partie du psautier) à Théodore, car
»il a dit : mon fils en prendra quelque chose. Si donc vous avez fini de le transporter sur
«plaquettes, ayez la bonté de nous l'envoyer. Salut dans le Seigneur. Remis à nos chers
> frères le prêtre Moïse et Psaté (par) Victor.»
N" 76*''.
R(o HA.I eûoA. 2c.e e>.i-\'ç^ice n
hth «kXAe». iiTûiTit neneioxe .\pi
Tewr^nH eRUiMiCTS-nevce npêkCTe en
Êi nuevpTe erutot cçottu it&n
ekWek &pinn& on npit TCOTpe n
ujoiÊ' cçoirn utootr tipujûjfi
neieiOTC^ tvTJvTCtoRn ' oi ncacco
coMe njvrt. MU hï CTpjk uj^"^ estui
' coTpe nujtaÊ grattoir — de cou-pe aiguillon et de ujwê mutare, permutare.
2 eioirc = lûjc légèreté (ihc festinare, ccie aiidax, cca.iûiot levés, veloces), «wCai levis fieri. levi-
ta, = is n-^.
,m I A
' cojRn = ca>2s.n.
Textes coptes. 29
Autre lettre relative aux copies de manuscrits.
«Pardonuez-moi, car je sontfre pour vous de la peine que je vous donne. Mais vous
»êtes nos pères. Ayez la charité, si vous vous réunissez demain pour le Synaxis, de nous
» apporter les papiers, mais soyez assez bon pour apporter aussi le grattoir eu votre main,
»atin que vous puissiez changer (corriger) les légèretés qui ont pu rester dans les livres
»tant pour nous que pour la maison de Sirra. Priez pour moi eu charité.»
N° 77.
po ccvi-^ ooMT 11^.11 oe».
(eic) ^6 (6)Skqig».3£.c avmoc poq A.iiOTtoujÊ .\upTO
ace CKEipe ti«.eT(«>.R).\;kTr 11&.1 fiç^ oce oi5'!î^e (mô.)iitr çcoè
ify.Mme nitOTTe ot mu n(eipMMe akci eoT(-)TOOT ccot
«.ujOîT ».it npb>.Kve OTT&uj ei ei ujjvtiç^e epoc 11
OTT Alt «> nei^Hue £i eq tou
2e.(dM.M0c &.HU)(opuj n«k
Réclamation contre un chantage.
«... Voici la manière dont il a parlé : les choses que tu as faites à mon égard, Dieu
»ne les aime pas, les hommes ne les aiment pas.^ Ce misérable est venu dire : tu m'as
»ruiué. Je t'ai donné de l'argent pour cette chose et ensuite tu as répondu avec serment :-
»Je n'ai pas affaire avec cet homme. Puis tu es allé vers une montagne éloignée. Si je la
» trouve, tu es (un homme mort).»
N° 78.
«kipiynHpe J.vncinos'
llUJTOpTp O^^ôH AvneTitp
nej.in«j& omXoc hottemot ev&c {sic)
ça. npekii A\.ne3(;c maAictc. cnco
oirn ste tctumotp mmhuc
TÊTItnMT OWTTHTTn rtEllMe
pjkTÊ ttciiHTr enttoir npa^uje HT&.q
T*.q eitetieiOTe «ne..iiocToA.oc os.6 &Trp iiej.\.
nu)A ncoujoir c^cm Tip<>.n Mnc;)cc r«^i
T?«.p ^iTii OèkO n^Ai^nc cmvjk êoir
eçoirn CTMnTcpo nMnHTC. 0.TI0
(av-hc 0Tî-)(j'(i)3tfi MneiiÉioc ne cite
«TIOR eÇOTtl cp
Lettre pour encourager les chrétiens à souffrir persécution.
«Je m'étonne de ce grand trouble avant même que vous ne soyez devenus dignes de
» souffrir la mort pour le nom du Christ — surtout alors que nous savons que nous mourons
» chaque jour. Vous avez vu, vous aussi, mes chers frères, la grande joie qu'il (le Christ) a
«donnée à nos pères les apôtres d'être dignes d'être méprisés pour le nom du Christ. En
» effet, c'est par beaucoup de souffrances que nous arriverons au royaume des cieux. Et ce
' C'est le contraire de la vieille formule hiéroglyphique, employée sous la XII= dynastie, etc. ; «J'ai
fait ce qu'aiment les dieux et ce qu'aiment les hommes.»
2 ARTtoûç^ désigne la prière qui accompagnait les serments.
30
Eugène Revillout.
m'est pas là un amoindrissemeut de notre vie, ni une honte. Ayez donc soin de vous affer-
unir dans . . »
N" 79.
Cwpinn& n.vv
Md>n «OTacajft).v\.c nrn
oum CTCRRAHCiik ace
jA.nen^e cou-on Tnçe(T)q
eiTE &.n& iepHj«.ie^c
H neCTi3(;epoit atc n
TOOOT ETc Mneno
A. ..
ujOT 2.. AttiHiV on
Mncnoujq •^
OTatiVi UjAh\ £3CtOÏ
e>..\ve,«>©ivioc atoo
OT nc'^ujHpc
oe uooAinT
Demande de livres d'Église.
«Faites nous la chanté d'un Hvre, pour que nous le lisions à l'église, car nous n'en
«•avons pas trouvé. Nous demandons, soit l'apa Jérémias, soit l'apa Ézéchiel, soit le Stichéron,
«•parce que, ceux-là, nous ne les avons pas lus. Daniel aussi, nous ne l'avons pas lu. Salut!
•Prie pour moi'.
«Matthieu a envoyé son fils pour l'argent.»
N° 80.
iiiCTETre ne^i 3ce if^Ao
Ait eiujiite nc& neR».ti».i'
Mit TeRRikTekCTikCIC
eTHikHOTTC Mn ■©£ ET
ROnç^ MMOC OM nnoTTE
Mnenewir CTeujjs.Ki'ine
MncRoirac.&.i uje^ip^e
ococ eiuô>.T!- cpoq
TnnooTJ" neRMii»! ,
niki nTOOTC} na.£iit
nnp Ti^i^c niojCH'.^
ç^iTn lojoeknnHC
OT2C».! OM nacocic
Lettre de politesse.
«Crois-moi, je ne cesse de demander ta satisfaction, ta bonne situation et de m'infor-
»mer de la manière dont tu vis en Dieu. Au moment où je constate (je trouve) ton salut,
^c'est comme si je te voyais face à face. Enfin, envoie-nous des nouvelles de ta satisfaction
«par Abner. Remis à Joseph par Jean. Salut dans le seigneur.»
qos'q n.ne'-5URjk neac^q
OS.C n».«>HT cen.».qi hter
■\\.'t3(;h «tootr çk tci
OTV^H ncnT&RCÊTÛJ
TOT a^c oetiROOTE iiCT«ew
N° 81.
(a^^cooiro^) coto eçoim . . .
(ôv^Rtll) MnÇHRE 6Ê0A
«kW«> nTikqacooc (atc \)
niKOTFtaM. nTikCm htù.
CTTÇ^p&ne CTÊe Te'^MttT
nonHpoc «k nnOTTE aciTOT
Fragment pieux sur un mauvais riche.
«Il a amassé des froments. Il a laissé le pauvre dehors. Mais il a dit : je mangerai,
«•je boirai, je me réjouirai. A cause de sa méchanceté. Dieu l'a dépouillé de ses biens. Il
»lui a dit : insensé, on te prendra ton âme cette nuit. Les choses que tu as préparés,
» d'autres les prendront »
• &ite,i veut (lire beauté, p*.n.eki plaeere, et c'est de ce sens qu'est tiré le neRe.na,i de notre texte.
Textes coptes. 31
N" 82.
\ on np&it cnnoTTE «ujopn .snoK. too expA. oev.peo Tiveipe iinpocee ercH
nROAVOTTC eici^A.1 unckcon ÊiKwp ocê ç^ cnï3(;*.pTeii epe çcitKecnHOTr m.
M.n çûiû Mn onc thi iieAv.\R &.« çre Aa. npOTreono». isp AiiiTpe etk iijwi ne
A.Tr n^tmepçcofi neçooip «moc cï».ei e &nOK. n*.con icooe^nHC nifoT iinTO
ÊoX nMOR on A*.t nacinocoû a.iti Mn ott tio nMnxpe
TCiiOTC nçjsXoRoai^n eiojpK. cnnoiTTe e^noit. nj^con lepeMi&c ».M0Tuev ti nMnTp(e)
ne«.nTMupj^Ttop M.n neujîVHA. nTnc>,<» ^noK n».eon «kÇ^s.tj'opevpi tio nMnrpc
Ç0A.1KH rteRAHc(eiek) Mn noTrac.».! neiei e^nou ne>.con d.njvHipe MHnfk ikicça.
OTe eT^^p3(;H eatton kcvtcv Rçepoc niM i nT*.2ii<r •\'o njw.nTpe
Règlement de compte.
«Au nom de Dieu d'abord. Moi, Thoukomous, j'écris à mou frère Victor : Je u'ai au-
»cune affaire, ui aucun compte avec toi pour aucun travail aujourd'hui; je n'entreprendrai
»avec toi aucun travail; j'ai donné 12 holokot. Je jure par Dieu tout puissant et les prières
»de l'église catholique et le salut de nos pères qui dominent sur nous, selon le temps, que
»je garderai ce serment, et que je ferai comme il est écrit sur ce papier. Des frères
«témoignent qui sont : Moi, mon frère, Jean, père de la montagne, je suis témoin; moi,
»mon frère, Jérémie Amouna, je suis témoin; moi, mon frère, Ahajorari, je suis témoin; moi,
j>mon frère, Apakiré, j'ai écrit de ma main et je suis témoin.»
N° 83.
ujc ... ICO nujHpe (MnMivu/)
KTCpMektlOC Mn «HTTOTTOOTI- TUjecpC AVJvlV, ÇHAViM
Ain CTn».^&nH ujnpe MnA».ekH/ ice>.&ii eTeqAi.&«>(ir)
tim».r/ TCûine e^noii THpn enitn enR«i.CTpon n3s.H(Me)
nnOAioc «TnoAic epMonT cnxi Aiiuicwc n(oir)
çirnoppe^f^e-rc CTpcqo^Tnoi?pjw'|>e oevpon Avn ocn
Mnxpe nek^ioniCTOC nevï cTnCk M^>.pTIpI56 epoc
çi^pon eneiCTi^t'pô.'^on MMepiCMOC .... na^i^A-ircic
n&.Tn&pekÈo. maic^ &Ta> n«.pinvp&.c&Aeis-c mmoc
«ÊoTV. (M)iin(ea>)c encç^i M.nencon cTe'5>&.noc
nujHpc M.nM.t^Kl ^repjAivnoc npjiineiR^CTpon
nOTTtoT 2e.e eneia^H ^nena^r-e Mn ncnepHir
nnjvç^pti ROM«c na^ioiR/ crue nnï MnenMft.R
neitoT repA«.ôknoe n&i (er oi) nç^ip urAûjA. i^q
ReXeire (e)^ennoa' nujnpe nxe nR&.CTpon
no^tj eatton &irnoT2£. RAnpoc eç^p&i *< neRAH(poc)
61 eç^p&i £3t(oR uTOR CTe'^&noc ^RTèkOo ncinno
cion nxMHTC ctç^i nvopT &rta.oo nc^iMoipi*.
iiTacHpe rtTnc M.n nTeT«>pTon juncinnoeion
n*H 3£.in Av.nçto'^ e(T) epKC j^ttûi npek(t}T)ooT nTstHpc
ET nxne mmoc me. nçoï MMoq
Avn nTfopT u)tone nROinon n&i ne nMcpoc
MM£< nxck CTe<^i>.noc nencon T&çotj nçou-ii
32 Eugène Revillout, Textes coptes.
MiienMikB/ neuDT repj\»>noc oco epoR TA.pR
U)ù>nE CRO Mnscoeic atiit TenoT uj&. eiicç^
oibxoR Avn nCRujHpe Mit neRR^Hpoc
noTt Bivipw (n)eTn«.ci cdoK cpOR eueo^ cixe
&non eif^e ivcnM.Hpe ne(T)cnevt"e iid>R (oevçrn)
Aev&Ts- nc^ou-ci*». qo nujMMO eneitoT mu
nujHpe Mît nenne«. ewrw hcjti m.kt nçoAoR/
MnpoCTiMOn nTejOTCi*. muhcwc u'4ei
eçoTTU nqçûm eneiMepicMoc enei ...
T . . . q tjtûpac. f^a'M.a'OM. mm«^ itiAi CTiiev
eM<i|>&ni3e MMOq nçiiTq iiceatiiOTn. nTiiçOMoAoï^ei
■\- «lAOk ccnoTTOioc neieA«k3(;ic nft.p2(;HnpecÊ/
•\- *.noR THTTOTOciT atepe hocm«>i TiCTe^^e
■\- «.noR MiiTpe
&nost ^"cojpï^cioc nujHpe ROCMik •\'0 MMnTpe
Au revers.
, . . i^h\o itncT
\&.fieCT&T(oc) MnoonTcj
ujojnc riRO
«. . . Fils du bienheureux Germain et TLytourou, fille du bieuheureux Hima et Cunagapé,
>fils du bienheureux Isaac et dont la mère est Tsone, nous tous appartenant au castrum de
ïDjême, nome de la ville d'Ermont, ayant pris un scribe pour écrire pour nous et des
» témoins digues de foi, pour témoigner à cet acte de partage et de transaction inviolable
»et inébranlable, nous écrivons à notre frère Etienne, fils du bienheureux Germain, habitant
»du même Castrum. Après un procès qui eut lieu entre nous devant Cornes, administrateur
»en sujet de la maison de notre bienheureux père Germain, maison située dans le carrefour
»de Coulol, il ordonna à des grands fils du Castrum de nous la partager. Ils jetèrent le
»sort et le sort vint sur toi, Etienne. Tu as obtenu le synposium (= la chambre) du milieu
»qui est sur le paUer, tu as obtenu moitié du grenier supériem- et le quart du synposiou
"de devant depuis la poutre du midi et le quart du grenier, qui est au-dessus; et que la
«cour (qui y conduit) et le palier soient communs. Telle est la part de lieu qu'Etienne,
» notre frère, prend dans (sic) notre bienheureux père Germain; contente-toi d'en être maître
» maintenant et à jamais. C'est pour toi (<=i=> @ ç, ^^z^^j et tes fils et tes héritiers en tout
temps. Celui, qui te cherchera querelle jamais, soit nous, soit nos fils, et t'intentera procès
> devant aucune puissance, est étranger au Père, au Fils et au S' Esprit et qu'il donne dix
sholocot d'amende à l'autorité. Après cela qu'il vienne, qu'il approche de ce partage ....
» solide et vénérable dans tous les lieux où on le montrera. Qu'on nous interroge, nous
«répondrons. Moi, Sénoutios, ce petit archiprêtre. Moi, Theytouhou, fille de Hémai,
»je souscris, etc.»
(La suite prochainement.)
Papyrus magique de Londres et de Leide. 33
PAPYRUS MAGiaUK DE LONDRES ET DE LEIDE.
PAE
Eugène Revillout.
(Suite.)
IV, 1. Une puiss.inte furmule d'iuvocation p.ir laquelle le ffrand dieu Imoutli interroge sa réunion
d'esprits, pendant que tu apportes une table de bois d'olivier
IV, 2. prenant quatre pieds, sur laquelle aucun homme du monde ne s'est assis jamais, et que tu
la places, pure, h ta'yolonté, voulant
IV, 3. faire une divine venue (divination) en vérité, s.ans mensonge. On me l'a apportée étant de
telle manière. Tu places la table dans un lieu pur,
TPAHECEN
\C3
IV, 1. Ou seSem set II Y^ °i ^^ 9^1) ^^^'^ ("" '''' •''ioiité après coup entre lignes <s>- I.
Mais je crois qu'il s'agit du verbe ujine interroger, dont j'ai tant parlé précédemment, et non de la
particule UJ*>«); 'neter aa Imouth jtefs suh iiiy, (coioiro \A); xen (ujjkn); anik \ f\\; ou tekes (tekes est tra-
duit parTPAnEZA- C'est le sens table ou tablette, que nous trouvons dans la chronique démotique, etc.);
nëen ( a () «Jh«i); nt'it (atociT),
IV, 2. auft'i (eqati); rattut (pJvT); 4 t; eben {[\(§. J |; rem nib (p<0Me him); njito (neko); hems-Tc
(ç^cMCi, ÇMOOC. Le k final, qui encadre le mot, est explétii:); hi{a)tthif (o^iwTq ^ ^v ^ '? '^"^^li
eneh (ciieo); mtukxa (T 'èx OC'^)' ^fi^^ (eqoiPHfc); etekabs I't^ 1 SAi le ' ^ t est le sufiise de
régime, qui forme, comme le suffixe de régime '^'~- = q. beaucoup de substantifs dérivés d'im verbe).
IV, 3. ear neter i ( ■*• A, qui parfois est prononcé i dans les bilingues, est la forme idéographique
VA
des verbes de marche. Ici, le mot composé neter i est déterminé par le rouleau, parce qu'il s'agit de la
divination magique, conf. VIII, 12 et XXVII, 32); namf (MAioq); nt'et ma (atinMc); nuS (on-euj); t'etnat'
(3!Miid.Dc.i); t'iuisu (2e.i); pat pefsmot (cmot); eark/a (X*")- Le texte porte ptéke (pour tekes); xen (Sen);
oiiut (le mot ut est en hiératique, conf. Y V\o[|[| c~zi); efub (eqoTHÊ).
34 Eugène Revillodt,
IV, 4. au milieu du lieu, proche de t.i tête. Tu la couvres d'un voile de la tête aux jiieds. Tu
places briques
IV, 5. quatre sous le pied de la table par devant, chacune étant à la partie supérieure de l'autre;
un réchaud d'argile sera devant. Tu y mets du charbon
IV, 6. de bois d'olivier. Tu y places de la graisse d'oie, pilée avec encens et albâtre sacré. Tu en
fais une pilule,
I K^ -^
— -> [■ •, AAAAAft . f-n7 ftAAAAA | r\ y r-i? ^ •> ♦» ftAAA^vs
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XHNArPlOY
o "1-M £\ o a Q (2■
IV, 4. nemta (avhtê ^\ ''"'^JS | |); wjP'no (nM«^ ^ I ); ef/enau I y&î A ^<o", Sêht); et'at'k
(acwat); mtukhebs (ç^to&c x H 2); nuatSenntot (ujenTûj); nt'at'f (acto, atûiat); eratf {i>&t Jj^lî
wîiJtfc /a (x*» T "^i ); 'c& (TûiÊe c-"='^ i il.
/ ili
IV, h. 4 t /er I s&); rattuf (p^^t); nptekes nahraf (iiekÇ^pôkq) ; antauat (oirew); niarat (pe); ^irj
ntauat namu eotm (oirn); «a( ;ttMi 1 |ll, ^^ lAli "^"" ( ' ' 1**°); nahraf (n&ç^p^q);
mtuktit ("X )', t'abaut (atefic).
IV, 6. nSenn (igHn); ut'it (dcoeit); eros (epoc); mtuktit {'\); at l 0 wt, to-o-); nseraut (mot
hiér.atique, transcrit de [1 Vi^^); efwcf 1 "^ "T" nois-T moudre, "l [Jw moudre ou écraser les
couleurs); hi {<i}); xel (ujhTV.); hi (^i); kes (nom hiéroglyphique bien connu de l'.albâtre); mtukaru (.<S3~ i
S écrit <:::> lou — L ce qui n'est p.as rare); nhennt I ■wwv. i
Papyrus magique de Londres et de Leide. 35
IV. 7. mets eu ime sur le réchaud, et places le reste à ton lion plaisir. Lia sur lui cette invocation
en langue étrangère. Dis les paroles et couche toi.
IV. 8. sans parler à homme quelconque du monde. Dors jusqu'à ce que tu voies le dieu, étant à la
façon d'un prêtre, vêtu de byssus et portant poulaine à son pied.
IV. 9. Je t'invoque toi, qui es placé dans les ténèbres invisibles, au milieu
IV, 10. des grands dieux, puissant et recevant les rayons
IV, 11. solaires et envoyant la déesse lumineuse Néboutosaleth.
IV, 12. le grand dieu Barzan boubarzan narzazouzan Barzabouzath.
IV, 13. le soleil : Envoie moi dans cette nuit ton archange
IV. 14. Zebourthaimée. Parle pour la vérité véritablement sans mensonge.
IV, 15. d'mie manière non douteuse, sur cette affaire. Je t'exorcise par celui qui est assis, revêtu
t-Pk:-.^WH'^.^ï^~ii=i'
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o afi f" — - D e
e
IV. 9. EnEIKAAOYMAI CE TON EN TCJU AOPATOJ CKOTEI KAGH/MENON KAI ANA
MECON
IV, 10. ONTA TU)N METAAOJN GEOUN AYNONTA KAI HAPAAAMBANONTA TAC HAIAKAC
IV. 11. AKTEINAC KAI ANAREMPONTA THN <t>AEC4>OPON GEAN NEBOYTO C OYAAEG
IV. 12. GEON METAN BAPZAN BOYBAPZAN NAPZAZOYZAN BAPZABOYZAG
IV, 13. HAION ANAHEMTON MOI EN TH NYKTI TAYTH TON APXArrEAON COY
IV. 14. ZEBOYPGAYNHN • XPHMATICON ER AAHGEIAC AAHGœC AYEYAOUC AN
IV. 1.5. AMct>IAOru)C nEPI TOY AE PPATMATOC OTI EEOPKIZU) CE KATA TOY EN TH
IV. 7. miuTitit (nTER-^); oxiat epa/ \ Y nA.uj): mtiikya {'xa) T ^^\ j; pse}} (ceeiie); etékabs
(voir plus haut); mtukas | IJ ûjuj); puiaS (touj); nt'et I QA iaev.!x.c); smer (u]MAv.(â
ÎJÎ iij^rwi'^yir); «'"O/" (cpoq); i'ei (2e.<o); t'etu I Ur^s M^ UJ4.3C6); mtuHetnu {nnOT M ©.^B-i;
mtS (ou-eaj "^sx. Dans le papynis magique, '^5^. se fait comme ■ voir à la ligne suivante); nsat'i
(Côk3£.l).
IV. 8. ubau (oirfee); rem (ptoMe); neht (itiM); npto (■ ... • -o-o): mtuliketnu («rot): nak (n^kR ^^;
Xan (voir la note annexe A à la tin de cet article); naulc (na^T f^ — ■ .^&-|: epneter (nOTTi); efenpsmot
(cqMncMOT); nou ub (noip otphê); eft'iSes (^^^P ati avec le signe des étoffes); nsens (ujcnc); eft'i (îxli);
Sau (ce mot signifie nez et s'applique ici à la chaussure à la poulaine des prêtres égyptiens, avec une
pointe ou nez très avançant); erattuf (p«^t).
36 EuGÈKE Revillout.
IV. 16. d'une chlamyde de feu, .sur la tète d'argent (?) de l'aga-
IV. 17. thddénion. le tout puissant démon à quatre faces sublimes.
IV. 18. Ténébreux conducteur d'âme ('/) Phox, ne refuse pas de m'écouter, mais envoie
IV, 19. vite cette nuit l'autorité {?) du dieu. Dire trois fois,
IV, 20. jusqu'à ce qu'il fasse conversation devant toi bouche à bouche, en vérité, pour toutes les
interrogations que tu désires. Il s'en vient encore,
IV, 21. quand tu places une tablette d'invocation d'heure (d'horoscope) sur la première bri(iue et
que tu mets les étoiles sur elle. Que tu écrives ton invocation sur un livre neuf,
IV, 22. (pie tu le places sur la tablette jusqu'à ce qu'il fasse venir tes étoiles à toi. arrivant sehm
ton invocation
IV, 16. HYPINH XAAMYAI KAGHMENOY EHI THC AP(rY)ipEAC KE4'AAHC TOY AfA
IV, 17. eOY AAIMONOC nANTOKPATOPO C TETPAROCCOnOY AAIMONOC YYI-
CTOY CKO
IV, 18. TIOY KAI YYX(ArC0rOY)2 4'a)Z MH MOY HAPAKCYCHC AAAA ENAREMYON
IV, 19. TAXOC TH NYKTI TAYTH Eni(TEAEIAN)^ GEOY TOYTO EIHAC f
iv,2o. '^ ^^'^-^p|(je.^=^^^''^(]©-e^^;==«'---'Y"?'^-=^^^ll^-^-
'^.::35^w^|^o^Po/l\ra Jl A'^(|(2^'^:3^Y'=^=^'^'=^fl®'^^^^^^'
,^^^
IV, 20. ;^aMMi/' &t'e (cô.2«.i); oiCbék (oTÛe); nrof (poq); oube (oirfic); rok (poR); nt'etmat (natiiiAie) ;
xer [3^ *«>.); heb (çiou-e); auutkahf Itt; 1 5()); aufhi aufi (voir la note annexe A); naf (ita^q); an
(on ;^).
IV, 21. ;fa(i ark hi oiqnuaks (niius^j) ; nas (ûjuj); unnutu (oirnoir); hi {qi); tateb (voir plus haut);
uat mtuk hi (ç^i Ç 8 , ^ ,|: nasiou (ciois-); hiattuf (ç_iû>Tq); mluksax (cSa.i); pekas (muj); ut ( ] <=«^ IJ
eout'ama (cou-atûioiAie) ; nnmai ( ^ voir Rosette).
IV, 22. miukUf (oi Y fi 3 j; hi {qy ^); ppinaks (nin&g); /anhcf (uiikitTeq. voir la note annexe B);
tit ("V j; an {Rev. XI, 192—198); nek siou (ciot); nàk\ auut'a y^ \ Al; /<"'■ (S^^); pekaSut
■ Restitution Kenyon. Le texte porte : APOYPEAC.
» Restitution Kenyon. Le teste porte : YYXAOYPEOY.
' Le texte porte : E H ITA . . . Al H N.
Notes A et B. 37
IV, 23. (Formule) éprouvée pour faire sortir les ombres (des morts) : œuf de faucon, et myrrhe, une
mesure. Place cela sur ton œil, jusqu'à ce que tu fasses sortir les ombres.
IV, 25. Autre encore : tête et sang de huppe, mets-le au feu et fais en remède de lumière un collyre
pour ton œil. jusqu'à ce que tu les voies encore.
IV, 24. — ^i'm '^^^^'^ii ^^^^ ^/^^ ^®^^nyâ
O (S-
IV, 23. nut'a (^ | AJ; X'b (Shiêi); eft'ont {^om); suhe (coir^e); w (/wvaaa); id (êhs"?); hi (oi
copulatif); yel (iy*kA); x^ (îH' T ^\ |! ''* ("V)! cmatuh ( ^^ P); na/»/' (MMoq); xctntuf (uje^nTeq);
!k .cSs'; 0/ \<2>- /
IV, 24. ket (ke); iep (t&r); ah (otoç^); smo/" (cnoq); nkoukouifetl) (ROTKOTt^eii.T); tuxet I |JI|;
mtukaru (ep); wrere I 1; uin /ft (o-a-oem); smei (cthm. I v\ ^|; ariMfc (eipe); namf
{}\i\ot\)- xan (ujevii); nmjmi (««k-r) ; eroou (cpooir).
3^ofe additionnelle A.
Dès le commencement de mes études démotiques, en publiant les décrets de Rosette, de Canope et
les premiers contrats du Louvre, de Berlin, etc., j'avais hésité pour la transcription de (j dans le sens
verbal. J'avais vu ; 1° que l; remplace \ dans le décret de Canope pour addere et dans des mots tels
que î l b = g "~'>^~^ i i choachyte dans les contrats, etc. ; 2° que partout, comme préposition, comme
copulative, etc. il correspond à 9 = ç^i; 3° qu'en copte, dans le sens verbal, ç^i a pleinement remplacé
Ç xiL même dans des mots composés tels que ç^itot = § Qi P '' ®*'°' *^®'* m'avait amené tout
naturellement à transcrire zili par ^i jhoot et mui par ç «^^/saa^ en voyant là im changement phonétique
(d'ailleurs incontestable) entre la langue ancienne et la langue modenie, ' et en pensant que ce changement
s'était fait en démotique.
Depuis et récemment encore j'ai eu des hésitations à cause des transformations que me fournissaient,
de leur côté, les contrats archaïques. Sous Bocchoris, Shabaka, Tahraka, les Psammétiques et jusqu'au com-
mencement du règne d'Amasis (an 12), ^ aaaa^/» i r choachyte .s'est écrit Tî_^.li ou ~]T9,\A,^ ou dans
deux contrats de l'an 3 et de l'an 19 d'Amasis li'-f . Mais dans des contrats de l'an 16 et de l'an 17
d'Amasis, il s'écrivait aussi 12.1», et cette orthographe l'emporta à la fin de ce règne, comme sous Darius,
Artaxercès, les Ptolémées, etc. De son côté, la préposition 9 s'écrivait [3,^ avant de s'écrire Jj, et les
' Ç^I et OTWÇ^ se sont partagées les anciennes acceptions de ^. Ç^l en a pris pins de moitié en copte. Voir le dictionnaire
de Peyron.
2 Conf. les formes j î et Ç etc. de Y en hiératique. •
3 Conf. J3 — Ç, Lévi, sign. hier., No. 55, 9—12.
38 Eugène Revillout.
deux orthographes furent parallèles sous Darius et Artaxercès ilans des contrats où on écrivait ~\i.[} pour
choachyte (an 26 et 36 Darius, an 35 Art., etc.).
J'en avais conclu (|ue (j était une des tonnes grai)liiques de Y. et j'avais transcrit en conséquence
le mot choachyte.
Mais il est également très possible qu'im changement phonéticpie ait été en train de se produire
st>us Amasis dans la prononciation entre itah devenu hi. comme her était devenu hi. Quant à l'échange
graphique de (j et de |3 = Ç. même dans un seul texte, il n'a rien d'étonnant, surtout quand il s'agit
de mots composés différents. On pourrait citer des milliers d'exemples analogues.
J'en reviens donc à ma première idée : la transformation de X aaaaa^ i i en oi m.oot en démotique,
A /vww\
aussi bien qu'en copte. Ce qui m'a surtout décidé, c'est l'étude de plus en plus attentive des papyrus
gnostico-magiques. entreprise par moi depuis tant d'années.
Dans ces documents. Jt a partout remplacé p. soit comme verbe, soit comme préposition, et par
suite comme auxiliaire verbal (soit, ajoutons-le, comme copulative). Or, comme formative de temps, c'est
Q. qui est toujours et partout employé, et non J. Bien connu est le temps en (1 (3 K.=.^ ^ ^ vj\ v
auflii sotem. Erman. dans son excellente grammaire du nouvel égyjrtien. a relevé aussi les tonnes
^ j^ ^K\ ^^~^. Jloi-même. en démotique, j'ai relevé les formes fré(pientes : 1" [1 (2 'l^;.— i^ .^ ^^\ J
^^■' ^ "^^^ J ^ û ^ "^^^ ^ P "^^ ^ '^^^ 0 <S -^ — ^ (Chronique démotique) ;
2° la fome in%-erse #(|©}^^^^| Ex.. ^ (1 © '^^^ ? [| *^ Koufi XIV. 25. ^ (| © K.=^ | .2a> l '^ i?
upiiiiée^qa^pditlil^ii'
ibid. XIV. 23. etc.;' 3° la forme simplifiée '@.U(J ^Jll^^ UlLlU .=i^ £ïï) ^l-^=:^ = 'V»^ VVl\^
^^^^^i::^ Pamont: ^ <=> t] 0 <=> 1 Corpus, t. II. pi. 4. 1. 4. l'oiir la fonue ^ O [1, ^ *^^— la plus
fréquente de toutes en démotique. voir Inscriptions de Nubie et papiers du Sérapéum. Les formes com-
posées h (E ><-=^ ^1\q. ''^■=— ^^ A (IV. 20) et (| (E -;z^ ^ho. ^^ ^ ° ^^^^ (VI. 6). etc. de notre
papyrus sont de même nature, et il est impossible d'y transfonner Ç en ç . comme certains le font.
Reste le [j ou i verbal, que décidément je crois devoir transcrire aussi 'Q dans le sens du o^i copte.
ayant remplacé j dans des phrases telles que celle-ci V\ v xi ^ !=<-«=>— # A^ 0(1(1 DD •-='■^^1
etc. J'ai transcrit en conséquence avec cette homoplionie moderne entre '9 = ç^i préposition et ■& = 0^1 verbe,
d'autant plus que l'allitération de ces deux mots dans les mêmes phrases est constante.
Dans le démotique moderne, rien n'oblige donc d'admettre pour ç un autre correspondant que
■vj = 'yr. sur lequel voir Eevue cg.. XI, p. 190, XII. 169.
Ce n'est pas un mince avantage.
JVote annexe B.
J'ai signalé dans une mite un peu trop écourtée du tome précédent de la Eevjie ég . p. 153 il 162
les divers sens de la particule démotiqne ^ = ^&n. Mais il en est un que j'avais omis dans ime
trop grande hâte, et que j'ai signalé dans ce numéro, p. 21, à propos d'im passage du Koufi VII. 9. por-
^ ' n U a ?; etc. «Le lait qui fait nourriture à la bouche jus(ju'à ce qu'elle enfante des dents, etc.» Je
1 Bmgscb, Gr. dém., p. 187, § 37y, avait signalé aussi cette forme dans le papyrns gnostique de Leide, en voyant dans 'Q
précédant [j (^ '<.-» une esclamation ha.
Textes démotiques, etc. 39
notais alors que dans le Koufi ^ *l=^. remplaçait T(TU ^ ^\ *<-=^ ly&nTca basé sur
y CT = «Ji^. qui nulle part n'apparaît dans ce manuscrit.
Cette transformation s'expli(|ue par le sens temporal do gl\ uj&it «quand» quuvi quando, dont
j'ai donné tant d'exemples dans le Kouti même, aussi l)icn ijuc dans le papj'rus gnostique. Jlais il faut
remarquer en outre que le papyrus gnostique possède la forme MltT "c? V\ ^c^^ ujù.nT£tj, ce qui ne
® o
l'empêche pas de remployer iiarallèlement avec *L<=^- dans cette mémo signification. La sismification
1.1 «/WVAA (3
® /^ ,
«jusqu'à ce que» avait été constatée pour QA, même par Maspero, Etudes, pp. 30, 35, etc., à côté
de la signification Q7\ ujAit quand {ibid.). qu'il empruntait à Brdgsch (Gr. dém., 183, § 362). Je les
ai toujours aussi admises l'une et l'autre dans ce papyrus gnostique. et j'avais oublié de le dire dans la
note précitée. Le dialecte du papyrus gnostique est un dialecte usé. qui a puisé à des formes dialec-
tales fort diverses. En copte, nous avons parallèlement ujiktiTe (Thébain) et ujatc (Alexandrin). Or,
TtT(î o v\ = uj&.nTe est celle de Petibast (Q 12, 18, W 4, 10) et J^T J g iyA.Te la forme employée
dans le papyrus moral de Leide XIX. 2, XXXI, 12, aussi bien que dans le Corjms, t. II, pi. 2, 1. 22,
tandis que le Koufi. nous l'avons vu. a\'ait ^J] , tiré de ujah et non de ui«k.
TEXTES DÉMOTiaUES
D'ÉPOQUE PTOLÉMAÎQUE ET ROMAINE TRANSCRITS EN HIÉROGLYPHES.
PAE
Eugène Revillout.
I. l'entes et ffayes.
Un des plus curieux textes de cette série est une vente bilingue de l'an 11 de Jésus-Christ, dont
nous possédons plusieurs exemplaires et plusieurs traductions.
Selon la vieille coutume égyjjtienne et en vertu de la loi du pays, cette vente avait nécessité deux
contrats écrits à cette époque sur une seule feuille de papyrus : l'écrit pour argent, constatant le paiement
intégral, et l'écrit de cession, abandonnant la jouissance. Sur deux des exemplaires différents, que nous
possédons, on avait ^joint aux textes égyptiens des traductions grecques fort intéressantes. Sur un autre,
le papyrus CCLXII du British Muséum, publiée à la planche 8 des photographies du tome II du cata-
logue, par les soins de mon ami Kenton, on n'a donné qu'une analyse grecque des deux textes pris en-
semble (voir p. 177 du volume de textes grecs transcrits), analyse dont j'ai eu l'occasion de parler moi-
même dans mon Précis"de droit égyptien.
Aujourd'hui nous nous referrons ici au texte démotique, tel qu'il a été photographié par le British
Muséum, et qui est d'ailleurs, sauf quelques passages mieux conservés ou quelques variantes, identique
aux autres exemplaires. Pour le grec du texte du British Muséum nous nous bornerons à renvoyer à la
publication de Kenyon. Mais il nous paraît bon de reproduire une traduction grecque complète, encore
inédite. "^ de l'écrit pour argent.
. n n , t/<? A ^ ©V 1 n A r .nn^<=^^ -) ^ Q q » ^=^ cr^ n n
<:""~-m-%^-^m--GMTiM:im"<:^
■K-i^-^'^s^^'^^n
Avec variantes tirées d'autres copies.
40
EïïGÈNE ReVILLOUT.
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o '^ o,
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i — 0 a
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il
,«^
1=3)^(5:
«L'an 31 de la puissance' de César, fils du dieu, Atliyr 24. dit le erpa. fils de erpa. prophète, fils
de prophète, Chérémon, fils de Héroides, dont la mère est Tasi, au maître du fleuve. " intendant des réser-
voirs" et de la barque sekti* du dieu Xefersati.= Satabous. fils d'Héréius, le petit, dont la mère est Sata-
' ndkMô^QTe. ^ *, V Q 1 [ écrit ici ) t et. transcrit, nous le verrons, rtSo ant.
» A^TWAA transcrit ot;i dans le mot composé çeajjt = y J i \r i [J \\ i r.
* I 3 ^îCH-^, . transcrit ocy^Toç dans le mot composé çtOÉyerou = ^ ' ~ -J M Z5 ^^ v>r^/^ -TV. Le ^
J^ = yc. * Le dieu Nefer sutî 1 r ^ -i \ (^ JH — rtipo^aatig est en parallélisme avec no/re tum.
Textes démotiques, etc. 41
bous ; tu as donné et mon cœur en est satisfait, ' l'argent qui est le prix de ma maison bâtie,' couverte'
complète de portes et de fenêtres* du haut en bas, et de son nesi (ou nçovrjaiov^), qui est au nord, et de son
atrium' et de ses terrains nus (oirpeo = ipUoironot), placés au sud, et de tout ce qui en dépend' dans le
bourg de Sebek neb paiu, le dieu grand, dans la partie d'Héraelide du nome d'Arsinoë, selon les mesures"
existantes. Les voisins sont : au sud, le périmètre' du bourg; au nord, la m,aison d'Horns, fils d'Horus;
à l'orient et à l'occident, les rues royales. Ces choses sont à toi à partir de ce jour. Point à en connaître
(on a y rien pouvoir) homme quelconque du monde. Moi-même seul, qui l'écarterai'" de toi. Depuis ce
jour, celui qui viendra à toi, je le ferai s'éloigner de force. Que je te garantisse ce bien, par tout écrit
tout contrat, toute parole au monde, même celle de frère, soeur, fils, fille, homme quelconque du monde, "
A toi les écrits quelconques, que l'on a faits sur lui antérieurement, les écrits que l'on a faits h mon père
et ma mère, et les écrits quelconques, dont je justifierai. Le serment, l'établissement sur pieds, qu'il soit à
faire, je le ferai.
La femme Temsah, tille do , , . Chèrcmon, dont la mère est Tmessotem, sa femme, dit : J'ai écrit
toutes les paroles ci-dessus. Mon cœur en est satisfait.»
Voici maintenant la traduction grecque :
AvTiyQaipov AiyvnTiag nQaattaç iXXtjViari /ui&yjçfiev/uevrjg xara ro Svvarov. erovs tvoç xai Tiaaaça-
xoarov Trjç xgairjaKos Katactgog vtov &cov a^vQ ïcS Xiyei i^uvsi&rjç oçnsci ix ognaii; nQotfirjTrjç ix nQo(py]Tov
Xxtiç£/u.wv HçoiiSov firjTQoç Qaaenoç ve^oani Qiarji çiaeytrov v£(poçaaTiL . . . 2:aTtt^ovTi Eqiiuiç vcwtcqov
/UTjTçoç SaxafiovToç nineixas fii açyvçiaii rjjt Tifj.i]i rrjç vnctQXOvatjç fioi oixiag (mxoâofirificvijg (GTiyaafisvjjg
Ti&VQW/u.(vr]Ç Xtt9u)i aviui xai tov ix Boçqu raVT>]g nçovjjaiov xai ai>ov xai xiav ty votov ipiXaiv Toniav
xut Ttoi' avvxvçovTtov TiKi'TMi' (v xuiui] oov/ov vrjoov coxpoTiatov &iov fieyaXov rr;? HiqaxXtiSov /uSQi-âo;
TOV AçaivoiTov vofjiov ini xoig ovai jusiçoig naai rarovig votov niQt/utTQov xai/Lcrjg. Boçça îigov row îïçov
otxia Xi^oç xai ami\XitaTOV çvfiai, ^aiyiXixat aa Ss iotiv ano r;;? atj/niçov rjfiiQaç ini tov anavTa xQOt'OV.
Jusqu'ici la version est purement et simplement textuelle. Mais en cet endroit on constate en dé-
motique l'omission d'une phrase du formulaire de l'écrit pour argent. Cette phrase aurait dû être ;
^ .^3^ û © '^^ ^^ t^ © ^^ ■=# ? "
^^^l|[]|i©Of^^| — rs|n — I ?
«J'ai reçu le prix en argent de ta main. 11 est complet sans aucun reliquat. Je n'ai plus aucune parole
à te faire en leur nom. » Cette phrase ''^ est visée en grec jusque dans l'analyse du papyrus du British
Muséum, qui cependant s'inspire d'un autre formulaire : xac an^x^ (var. anix^/uev) tt^v awxext^QVM^^vijv
Tifirjv (var. ntfirjv naaav £x 7iXy]Qovç) naçaxQJi^ct âta /iqoç £| otxov xat- ^e^aiaxTu) (var. ^s^accûao^uev) naar)
fie^aiaiaet {ano r7}ç £viaT(aT7]ç 7)U(Qaç) ini tov anavxa xQovov. Là s'arrête l'analyse du corps du contrat.
Mais dans les copies de l'antigraphe développé, les formules juridiques sont traduites, bien qu'écourtées
' Môk'y, 'TJi.vek'T satisfaire. C'est pourquoi dans le tiliogne Berger on lit an^lv6oy.^aaz ,U6 avec le sens «tu m'as satisfait»
(comme le verbe sans ano) et ici ntntty.a; ^tc «tu m'as séduit ou corrompu par l'argent, qui est le pris, etc.» ^ k6>t.
' ^6>ÛC. ■* eq-AVOT^ ïiCÊG lyotriyT — toutes ces expressions indiquent que la maison est en bon état du haut en bas.
^ Le mot 7ioov»;Otov, ainsi que l'a fort bien dit Kenyon, se trouve dan.s plusieurs contrats : une fois réuni par y.ai à Trvoyoç
une autre fois encore par xai à v>]oiç^ désignant une petite île. On n'est pas encore bien fixé sur sa signification. Mais notre texte
démotique, qui le transcrit nesi (rt;ai;), aidera peut-être dans cette recherche, surtout quand on se rappelle que tous ces textes se rap-
portent à rîle de Sebek neb pai. Peut-être s'agit-il d'une sorte de jetée, servant de port aux propriétés et jointe parfois par un port à
une sorte de petite île factice, ainsi reliée à la grande.
6 L'Atrium est rendu en démotique par kuper. Conf. KHIie et le mot hiérogl. kep (Lévi, VI, 81).
^ QÛ5TU conjnngere, conjungi. ^ [ I r ^«^ i = UJI mesure, mesurer, mesureur. Dans le bilingue Berger il s'applique
à un géomètre; dans les prêts du blé à l'action du mesurage, etc. Il est ici suivi du mot ^CùTïX conjungere ■
' TlAVGO la plénitude, le périmètre. w Ainsi que je l'ai établi dans mon édition du papyrus moral de Leide et que le
démontrent d'ailleurs les contrats trilingues, ar sa^i «faire coup» veut dire aussi «se rendre maître» d'une chose or d'un peuple.
On pourrait donc traduire aussi ; à moi seul, je m'en rendrai maître de la chose en dehors de toi, c'est-à-dire sans ton intervention, pour
te la rendre. Ce serait à cela que se rapporterait une des traductions grecques tav de tiç aniXô^t] ij ivxaXèOi anoatijOat loiz lôtoi:;
cevï]Z(o/uaoi, etc. " Cette incise n'est pas ordinaire dans ce formulaire.
^ Elle est omise par scrupule textuel dans l'antigraphe que je crois choisi définitivement.
42
Eugène Revillout.
et glosées' ; xai ovx iiecrrai uoi ovâ aXXuii ovâtvi xi^çtiinir avraiv nXyji' aov ano Tr/Ç arjueçov r,uiQu; mi
rov un XQOvov tav Si riç nitX9rit ini ai ntçi avitav txrijCTOj avjov ajto aov iTiavccyxov imiixitç {fnilixrjç)
xai jii^ttitoaio aoi avia ano avyyçaipwr naamv xai avvaXi.ayfiaTioi' navTiov xai nai'ioç tiSovç tav il aStXifuç
7] aâeXifTj 7j vioç r] dvyarriQ rj . . . xa& olov aai âi naiv ai yiyovviai xaz avjiov avyyçatpai naaai xai ai
yiycvrjuevai /uoi xar avriov avyyçaipai xai ac ytyovviai Toii narçi xai Tije fi^Tçi fiov xar avrav avyyçatpat
naaai xai avvaXay/naTa iiavta ff iûv neçtyiivirai fioi âixaiov anavTuiv sav âi T(ç' c^oçxoç tj . . . oçxoç
TiQoxltjâ-rjt oiart avvxiXt{aia9^ai mçi (ov avraiv) yioirjau) . . .
Voici maintenant l'adhésion de la femme du vendeur : j-rr?; iiQica Zov/ov To/uaaig narçog tuvii9ov
Xaigyiuovoç /utjtqoç Tau(a9aavT^ioi i] tovtov yvi't] Xiyovaa yoaiftiv xai noiiiv xara nav zo nQoyiyça/x-
fievov xai. ntinta/uai.
Entin, nous avons en démotique et en grec un paragraphe, émanant cette fois de l'acheteur :"
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(p.
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«A écrit Satabous. tils d'Héréius, le petit, dont la mère est Satabus : j'ai reçu cette maison ci-dessus
de la main de Xairémon. fils d'Héroides. dont la mère est Tasi. prophète de Sebek, qui. dans la ville de
l'île de Sebek neb pai. le dieu grand, a fait à moi la garantie selon toutes les paroles inscrites ci-dessus.
^^axa^ovç Equioç vioitiqov arjToos XatajiovTog ijyoçaaa ttjv oixiuv naça XaiQ}]jUovoç rov HqcoiSov
/j,rjTQoç OttOiToç TtQotpriTov ^ov^ov iv xui/xri ZoxvoTcaiov VTjaov xai Tofiaatroç yvvatxoç xai (ii^aioi jJ,oi xara
Ta nçoyiyQtt^utva navra.
Nous aurions maintenant à examiner pourquoi on a fait ces traductions grecques diverses. Aurait-on
trouvé l'analyse à la grecque du papyrus du British Muséum insuffisante et les juges auxquels le procès
postérieur fut déféré, auraient-ils voulu se rendre compte autant que possible des mots non traduits?
Plusieurs essais se seraient ainsi succédé avant d'en arriver à l'antigraphe choisi, et que nous croyons
être celui que nous donnons dans le texte de cet article.
De ce contrat romain nous rapproche im autre de même période. Ici, au lieu d'une maneipation
d'immeubles, il s'agit d'une maneipation de biens meubles, ou comme diront les Coptes, se mouvant eux-
mêmes. En cela, elle est comparable à la maneipation de la moitié d'une vache, dont nous avons traité à
propos de nos textes archa'iques. Le bœuf était chez les Romains un bien, pour lequel la maneipation
était permise. En était-il de même pour l'âne'? 'N'otons que la maneipation faisait suite ici à une prise de
gage (voir le texte aux planches).
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ij7.(uuorat xai ano ^ijuoctiïov navttav xat tdtotiy.(av xat naoE/nv . . .
• Var. : eav (ït rt; aot . . . a ïj Ê;Ti(îet|tç TrçozAfj^fjt, etc.
Peut-être, pour écarter VeT^cepiio pecuniae non numeratae. En effet, no
■tXSt] 1} evy.aX^at] anoatrioai
1 pins haut qu'on avait omis en démotiqne la
phrase relative au paiement i
reliquat. L'acheteur se prévalait, lui, de la ^t^aiwoii promise.
Textes démotiques, etc.
43
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«L'an 14, 15 Choiak, de César Autocrator Auguste Pépéripentis (?), fils d'Antiochus. dit à l'iiomme
du sanctuaire de Jlemphis, Kesii, ' fils de âetouba, dont la mère est Hormacliis niehi : tu as donné, et mon
cœur en est satisfait, l'argent qui est le prix de mon âne Kesi, '■ qui sert en gage dans ta main. J'ai reçu
son prix en argent de ta main, mon cœur en est satisfait, sans aucun reliquat de chose quelconque au
inonde. Je n'ai plus aucune parole à te faire en son nom depuis le jour ci-dessus. Point à en connaître
(ou à le pouvoir) homme quelconque du monde. C'est moi seul qui le repousserai de toi . . .»
Dans le cas actuel, l'âne avait été acheté par celui qui l'avait en gage, ou plutôt, avec les intérêts,
la créance, motif du gage, avait forcé le règlement par aliénation. Un autre document, daté cette fois
d'Évergète II, nous offre pour une ânesse et sa fille une autre solution. C'est celui qui avait opéré la
pignoris capio, qui est désintéressé et obligé de rendre son gage. Des cassures verticales du papyrus nous
ont enlevé le protocole et les rapports nominaux des parties, comme ensuite elles ont déplacé d'autres
lignes. Nous savons seulement que l'une des parties était le tarieheute de Djême Amenhotep, fils d'Hor et
de Chaboura, dont nous avons en grande partie les papiers grecs et démotiques. Voici le texte du contrat
tel que nous l'avons rétabli (voir le démotique aux planches).
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44
Eugène Revillout.
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«.Je t'ai donné mon ânesse Untpiu et la petite ânesse qui est à ses pieds (la suit) et les enfants
qu'elles enfanteront, lesquelles j'ai saisies en gage ' devant Psethot, fils de Pétinofie hotep, Pameti. fils
de Xeshet. Héiéius. fils d'Imhotep, Héréius, fils d'Antimakos, les 4, en l'an 52, Payni 20, lesquelles aussi
tu avais reçues pour argent de Pséamen. fils de Tliot setem, le porteur de papiers sacrés, habitant d'Her-
monthis en l'an 51 des rois h vie éternelle, nos seigneurs. Ton ânesse Untpiu, tu me l'avais donnée, ayant
(une petite ftnesse) à ses pieds. Tu m'avais donné acte sur elle en l'an 52, Payni. A toi tes ânesses Untpiu
et la petite ânesse qui est à ses pieds, et les enfants qu'elles enfanteront. J'ai reçu le pris en argent de
ta main. Il est complet sans aucun reliquat. Selon toute parole (ou en toute chose), je suis content. Mon
cœur est satisfait. Si je m'écarte, pour ne pas te faire selon toute parole ci-dessus, je te donnerai 3000 argentei
ou 10 talents.* Tu m'obligeras .à te les céder en outre (les ânesses), comme ce qui est ci-dessus. Celui,
qui viendra à cause d'elles, je le ferai s'éloigner. Que je te les garantisse par tout acte, toute parole au
monde, en tout temps, sans aucune opposition.
«Néchytes, fils de Pabi, a écrit pour lui en l'an 52, le 20 Epiphi. »
De ces textes nous en rapprocherons un qui se trouve photographié parmi les papyrus Keinach —
papyrus fort mal traduits par un de mes anciens élèves (en dehors de ce que lui avaient appris mes for-
midaires). et que nous reprendrons tous dans l'article actuel. Ce texte, daté de l'an 9 de Ptolémée Alexandre,
répondant à l'an 12 de Cléopâtre et photographié pi. XV. porte :
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quatre témoins et s'
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) = Cop^sc, 0)p^2£.ep claudere, conclitsum tenere. C'est la prise en gage, la pîgnoris capio , opérée devant
: d'une reconnaissance écrite.
rwr\ '^-- talent. Nous en avons plusieurs.
Textes démotiques, etc. 45
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(.ne)
I ^^ïii=ir .
«Dit le grec parmi les jeunes gens du bourg de Taaxarato, CoUuthe, fils de Ptoléraée, au jeune
homme, qui à la suite de Théophile,* du bourg de N . . . n awuat Plênis', surnommé Paurtab*
(Dionysios), fils de Kephalos ; Tu as donné, et mon cœur en est satisfait, l'argent, qui est le prix de
ma vache-génisse^ noire'', dont le pied' se tient debout (est solide), forte' à supporter', exempte'" de
lourdeur." Elle est à toi la vache celle-là et les enfants qu'elle enfantera depuis le jour ci-dessus." Je te
l'ai donnée pour argent. J'ai reçu son prix de ta main. Il est complet sans aucun reliquat. Celui qui
viendra à toi à ce sujet, je l'éloignerai de toi. Si je ne l'éloigné pas, je te donnerai 375 argentei dans les
5 jours. Je donnerai aussi 375 argentei pour la couronne (?) " des rois toujours vivants. A écrit Thot-
pneter, le scribe du greffe " du sanctuaire.»
/- t/3 xai & &ii>0VT x£
avaytyçaj . . iv xiofir]
Ta^OfiTOiUov'^ Sia
tvâvfij
II, Locations.
Tout en renvoyant à notre article sur les locations de diverses sortes, paru dans ma Bévue, III, 111,
il nous paraît bon, pour préciser certains points, de donner la transcription hiéroglyphique de celles de
ces locations qui concernent la culture.
Commençons par celle de Berlin que j'ai successivement étudiée dans ma Nouvelle Chréstomaihie
démotique, p. 13. et dans ma leçon sur la location, Sev. III, p. 129 et pi. 2, après un nouvel examen de
l'original. La photographie a été publiée, pi. 30, de la grande publication de Berlin. Mais il faut remarquer
que dans l'intervalle le texte avait beaucoup souffert et avait perdu des mots et même des membres de
phrase entiers. Nous nous bornerons au corps même de l'acte de l'an 51 (et non 52 connue une surchange
du protocole le ferait croire) du règne d'Évergète II :
1 Ici on trouve, dans le dialecte du nord, une ligature surtout thébaine, du moins dans certaines formules.
2 Le même personnage a été du corps de cavalerie : 1" deDémétrius, 2° d'Apollophane et d'Échakon, 3° de Tryphon et d'Apollonius.
^ Le nom égyptien de Dionysios est nAd^ln. «l'acier». Quant au bourg originaire de ce personnage, il est appelé ici le quartier
de N(ic)on. On ne le connaissait pas d'après les papyrus grecs.
* Urtab, cœur immobile, est un surnom bien connu d'Osiris, lequel Osiris était assimilé à Bacchus par les Égyptiens. Pa-urtab
traduisait donc très bien Dionysios.
5 Voir ma traduction-transcription du papyrus d'Artaxercès dans le numéro précédent. Le signe SC^ e^t le dernier de <|| —
M X ^C^ . On y a joint la peau de bête, puis une autre forme hiératique de S^^ et le (. Voir aussi le même document pour behes
génisse. •■' Kame. ' Le teste porte un signe dont la lecture lot «main» est bien connue.
' ® ^s û nivujTe. ' TtûOirtt §«>. '° oiroat. " ç^pHiye, ç^pooiruj.
" Voir, dans mes papyrus archaïques, la vente de la moitié d'une vache.
" Le texte après kerer porte un m et le ^^>-,, que l'on ajoute parfois au mot uXoM couronne. Il faut noter que dans tous
les papyrus démotiques et grecs contemporains on a «sacrifices», en démotique J^ 1 il ffAlA. à, propos de l'amende aux rois.
N> , Dans un papyrus d'Épiphane, ce mot désigne le scribe du greffe.
1* Ce mot, non lu par Reinach, nous donne la transcription du bourg mentionné dans le texte démotique et qui, bien entendu,
n'avait pas été lu non plus.
19
46
Eugène Revillout.
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' Certains actes thébains anciens décomposent cette ligature en lenrs deux éléments. Dans les contrats mempbitiques, le même
formulaire porte / °'=^- H fi»nt donc renoncer à voir ici le nid >2Z^ se lisant aussi meh.
Textes démotiques, etc.
47
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«Dit l'homme de travail de Djéme, Efanx, fils de Pamont, dont la mère est Thathot, dit au pasto-
phore d'Amon api de l'occident de Thèbes, Hor, fils de Hor, dont la mère est Tsetpoer : Tu m'as loué'
tes 4 aroures et leur grandissement de mesurage (possible), dont est le champ de tel endroit mesurant
54 aroures avec grandissement (possible) de mesurage. Ce terrain est sur le neterhotep d'Amon et le
domaine d'Amon api. Les voisins du champ entier sont, au sud : le terrain de Kha et de Pétosor. au nord
le champ d'Eréius, fils de Pséchons et de ses compagnons, ainsi que l'eau (le canal) de Nicandros, à
l'orient et à l'occident le chemin du roi. Tels sont les voisins du champ entier. Que je laboure tes
4 aroures ci-dessus qui sont en lui avec l'eau de l'an 51 à l'an 52. Que je solde les bœufs, les blés,
tous les instruments de culture, les produits'' du ~ww;-° Q*^^ ^'^^ agent dise le lo avec moi. Que je solde
leurs impôts à la porte (au Brjaaupo;) du roi, selon ce qui est sur les écrits du roi, que le roi a écrits à
leur sujet. Que je fasse faire leurs rachats,^ pour satisfaire à tes obligations. Que je fasse éloigner le roi
l)ar eux. Que je donne en la main de ton agent le surplus^ du rachat de ton champ par (au moyen de)
2 artabes" en grandes mesures Çbescha?), '/a en artabes, 2 pour rachat (paiement) du champ, selon
' Dans nos papyrus archaïques otï a vu que le nom de la location active et passive était sut'a, factitif de vN ^^ i — ' — i
placer en ordre. C'est ce qni est devenu êet à l'époque récente. Ajoutons que l'orthographe fréquente ^^ ""] fait penser à f fy ^ sut'a.
funérair
* Il (C^:^) I I employé d'ordinaire dans le
des champs». Voir Lévi.
3 J'ai depuis longtemps établi que le mot démotique avait tous les sen:
8*^ forme de sem, soit qu'il faille voir dans le trait qui surmonte s un simple
Dpla
(E(
■ ooo
«produits
~NAAA UJCOM, soit qu'il faille voir dans ïieâem une
nnement, comme pour |_ _j et bien d'antres mots
démotiques. Voir mon dictionnaire et mes vieilles notes de cours.
* C€T pretio redimere. Voir les bilingues et les triHognes. Ce mot vise le rachat en paiement des taxes en argent.
* OOirO surplus. C'est le /aiz actuel, c'est-à-dire ce qui reste après le paiement des taxes.
^ Voir plas loin mon commentaire.
19*
48 Eugène Revillout.
i^ne ton agent mesure cela avec moi en froment pur, sans mélange' ou produit^ de déchet, selon la mesure'
(le 29 chénices, portées, payées en ta maison de Djême. au tenue de l'an 52. 30® jour du p"- mois de sa.
Ce que je ne donnerai pas ainsi, que je te le donne avec son hémiolion le mois qui après le mois nommé, de
force, sans délai. Le droit de la location ci-dessus est sur ma tête et celle de mes enfants. Totalité de biens
qui est à moi ou de ceux que je ferai être, est en garantie de toute parole ci-dessus jusqu'à ce que j'agisse
conformément à ces choses. Que j'établisse tes 4 aroures ci-dessus (et leur graudissement de mesurage
possible) devant toi, pour que tu les loues à l'homme auquel tu voudras les louer. L'homme de nous, qui
s'écartera pour ne pas faire selon toutes les paroles ci-dessus, donnera 1500 argentei. 4 talents. 1500 argentei
encore à l'équivalence* de 24 pour 2 Katis (d'argent). On l'obligera à faire selon elles de Un-Q.e, sans délai,
sans opposition. »
La question métrologique m'a longtemps l)eaucoup embarassé pour ce papyrus. Dans le passage
relatif au blé du fermage, s'agissait-il dans la 2* mention du calcul ordinaire par moitié accompagnant
celui de la mesure deux fois répété? É\'idemment non; car il aurait fallu l'unité simplement à côté du
2 S'agissait-il d'une autre mesure et (pielle était cette mesure? Pour résoudre cette question, il me
fallut revenir sur la mesure qui l'accompagnait. Après avoir identifié ' ' S* à artabe dans notre document
même et dans les prêts de blé (voir ma Nouvelle Chrestomathie démotique, p. 158 et passim), j'avais
* 1 K (ctoOTO) Lévi, 133, joindre, additionner. Ce mot se trouve aussi bien pour l'huile dans le prêt du Vatican, que pour
le blé dans tous les prêts de blé et les locations.
* Le mot aeth représente ^ÇX . )\ -r^ (Br. sup. 1169) rebut, ce qui pousse de côté le rebut du blé.
Il se trouve partout dans les locations et les prêts de blé. Dans une pension alimentaire faite à une mère (Revue, III, 111, pi. 7), le fils
dit que dans les mauvaises années, elle viendra vivre et manger avec lui les blés de rebut sefh.
3 Kus = 3CHC, voir mes Mélanges de Métrologie, signifie un vase en général, comme Madja. Dans nn tesson Jcus et madja dé-
signent des mesures déterminées.
4 Un texte publié dans cette Revue, VII, 33 («Planchettes bilingues»), transcrit . . . "^ *1 R&nOAV ... La valeur % ynuvi
est par ce teste et par bien d'autres rendue incontestable pour le polyphone XiL (var. '\/ , , hier, p^) que dans les documents moné-
taires j'ai, de tout temps, traduit par «à l'équivalence de», et qui comme verbe M ^\ signifie conjungere, ou, comme le dit
Lévi , congiungere , unire, reunire , etc., conf. UJtOrtÊ. Il s'agit donc certainement d'une équivalence monétaire. J'ai , depuis
longtemps , démontré que jusqu'en démotiquo la principale des unités de compte monétaires (unités toutes identifiées par moi
et prouvées depuis par les bilingues, tant pour l'argent que pour le cuivre) était Vouten'argenteua, dont le nom était sous-
entendu, quand on n'avait que des chiiFres dans les comptes, et dont le prototype, toujours exact, était le poids Harris, depuis
longtemps évalué par Chabas, et dont j'ai retrouvé depuis des doublons. Son dixième, comme l'a montré également Chabas , d'après les
poids monnaies, était le kati, également bien connu en démotique dans les calculs des monnaies divisionnaires ou dans d'autres ana-
logues à celui-ci. Ces katis sont toujours dans ces derniers au nombre de 2 pour 24 unités (argentei-outen decui'ie). Il s'agit donc d'une
proportion légale entre la monnaie de cuivre dont on spécifie souvent la nature par le mot Ay = _P_ airain, précédant le mot
/num ou parfois le remplaçant, et l'indication parallèle des katis d'argent I <nz> M I I 1 '^P*'' rapport à 2 katis». Cette proportion de
120 à 1 était la base sur laquelle on s'appuya, quand on établit le double étalon monétaire sous Philopator, je l'ai établi depuis longtemps,
au lieu d'employer, comme autrefois, à la grecque, exclusivement le cuivre à des monnaies divisionnaires de la drachme, telles que le calque,
etc. En cela d'ailleurs, il faut le reconnaître, on se rattachait : 1*^ à d'anciennes traditions égyptiennes, qui avaient fait autrefois employer
le cuivre même pour des grosses sommes; 2'' à d'autres traditions également égyptiennes, qui avaient établi des proportions de valeur
entre les divers métaux monétaires, traditions que j'ai fait connaître à l'aide de poids monnaies dans mon travail sur un bilingue du
temps de Philopator — bien que l'isonomie de poids n'ait pas été alors adoptée. D'après le système de Philopator et la proportion légale
entre le cuivre et l'argent isonomes, l'obole d'argent devint l'argenteus-outen de cuivre. La question d'isonomie de poids entre les deux
métaux est d'ailleurs absolument tranchée par ce fait, prouvé par tous les bilingues et reconnu par Retnach lui-même (p.3S), que les
dracbmes sont calculées en égyptien en cuivre par tehen (ou outen), valant 20 drachmes. Or, Vouten ou teben est un poids monnaie bien
connu, qui pèse 20 drachmes d'argent antiques, je l'ai démontré aussi depuis longtemps, et qui constitue, en effet, une des plus fré-
quentes monnaies de cuivre de l'époque lagide. On s'étonne donc de voir Reinacb, immédiatement après son aveu sur le teben ou outen
valant 20 drachmes, ajouter : «Nous n'examinerons pas ici la question du poids de métal que représentait la drachme et le talent de
cuivre. Dans l'état actuel des documents, elle nous semble insoluble » A peine avons-nous besoin d'ajouter que c'est d'après cette iso-
nomie de poids et la proportion de I à 120 entre le cuivre et l'argent seulement que Icati peut, dans la monnaie de cuivre, être considéré
comme une obole, puisqu'en réalité il désigne un poids de 2U dracbmes d'argent. Il est donc absurde de partir de cette idée du kati avec
la valeur d'une obole d'argent en monnaie de cuivre, pour y voir ensuite une obole de cuivre, avec je ne sais quel calcul et quelle pro-
portion fantaisistes. En réalité, le monnayage de l'étalon de cuivre a été calculé sur le monnayage de l'étalon d'argent avec une pro-
portion légale de valeur, comme on a calculé en France le monnayage de papier des assignats sur le monnayage d'argent. En France,
cette valeur des assignats était obligatoire, ce qui ne l'empêcha pas de diminuer d'abord considérablement, pour ensuite disparaître. En
Egypte, assez tôt au moins, elle ne l'était pas. Les sommes spécifiées en argent n'étant pas obligatoirement payables en cuivre, il en
résulta que si, sous Philopator, nous le verrons, le cours commercial s'écarta peu du cours légal, il n'en fut pas de même sous ses
successeurs. Dans la suite on tripla ou même on quadrupla la proportion de 1 à Il'O, pour avoir de l'argent contre du cuivre, et en fait
les deux étalons devinrent complètement indépendants l'un de l'autre. L'économiste Say l'a dit depuis longtemps, il en est toujours
ainsi pour les cours factices de monnaies autres que celles qui réposent sur les métaux vraiment précieux. La proportion légale de 1 à 120
fut ainsi réduite à n'être plus qu'une formule officielle notariale.
Textes démotiques, etc. 49
ensuite assimilé, d'après les estimations pécuniaires, le °f' ou 'U' au cor de 5 artabes, mesure qui a
certainement existé en Egypte et dont nous avons le nom dans les papyrus grecs. J'étais parti, je le
répète, des estimations connues alors, de l'artabe en monnaies de cuivre. Mais on en a trouvé de beau-
coup plus fortes, s'élevant de 250 drachmes h 870 drachmes et même, exceptionellement, à 1800 drachmes.
Avec ces données, la mesure artabe '•>(', évaluée dans le papyrus démotique de Leide à 1000 drachmes de
cuivre, n'a rien d'impossible. Nous assimilons donc maintenant cjjîi ou (]c.3 à «-ri Y des'' papyrus mem-
phitiques, à V des contrats de mariage" et à J/, ^? | de Rosette, c'est-à-dire à l'artabe de 6 sa, double de
l'apet-épha ou pi dont la mesure étalon était celle de l'Anubéium.
Or, cet apet-épha est lui-même le quart du jj d'après les comptes de Médinet abu et le "jp ou
Tif I xar. 20" du [ grand hel'. ou est la moitié de la mesure ■^Szq d'après les comptes des papyrus
de Kahun et du papyrus mathématiqiie, comprenant :
1° le heket de 100 petites mesures,
2° le V2 de 50,
3° le ','4 de 25,
4" le cïSzQ besha? se marquant par grandes unités, de 10 (dixième du heket),
5° le -fj-, moitié du ■^S=o, de 20,
6" la petite unité, ordinairement figurée par des pomts.
C'est le -CV valant 4 ape 1 1\ /"^ ou [1 ..•■'^ | qui est devenue la base du système sémitico-
égyptien, auquel est venu se joindre le double ape f)u artabe (voir ma Bévue, t. II). Cette artabe est
d'après Rosette (voir plus haut) et le papyrus Passalacqua (voir mes Mélanges, p. 58) évaluée à 6 sa, puis-
que Vape l'était à 3. Jlais on n'y comprenait vulgairement que 29 chénices,* comme l'a montré Saluzzi,
cité par Reinach, p. 37. C'était l'artabe ordinaire. On a aussi ime artabe royale que l'on estime à environ
un quart en plus et une artabe ou Medimné que notre papyrus Passalacqua estime à un tiers en plus
(9 sa au lieu de 6 sa).
Ceci posé, on peut se demander, si pour la 2' mesure de notre papyrus on partait du calcul par
moitié de 2 artabes, moitié estimée, bien entendu, en mie autre mesure, ce qui donnerait '/j "jj" /ar ou
arku, on si l'on assimilait les 2 mesures entières à une grande mesure, ce qui donnerait Va "=^2=3 (besha)^.
• Souvent '5 Y, mesure a, est très nettement lu par un a, comme dans Rosette (voir le prêt de blé de Berlin, la distinguant
n ou *J?^ froment, sur lequel voir mes Mélanges, p 59). Parfois on écrit | 1 O mesure de su (cOTO) froment, ce qui revient au même.
3 Voir Revue, UI, 111 mon article sur les prêts de blé. 11 est facile de voir que y ou V représente le biératiqne V Lévi,
sig. hiérat., n° 2Gô, équivalant à o""^- ^ Voir ma Nouvelle chrest., p. 2, 5, etc.
* Mesuré tantôt d*après le vase kos (voir Mélange, p. 84) d'airain, signalé par moi d'après le n° 9083 du Louvre, tantôt d'après
la TTioï^/a dont on 3'était servi {Mélanges, p. 85), tantôt d'après le pi ou ajie de l'Anubéium {ihid., p, 88), que j'ai comparé comme étalon
au fie-tQor s^a/otvt/iov .2" aQanto^ (ibid., p. S5).
^ S'il faut en croire h un autre tesson dont nous reproduirons aux planches la copie, tesson partant du calcul par moitié, le i ^'~' ^^
aurait lui-même son double parmi les mesures démotiques de cette époque :
Tn-='4-^\W'^^-%.'^^É-^<'iT;:
-j^-^-^^^^^^M^y;,
^15^1)
^ii'^K^THw:'i^M<n^^^^
M<\'
«X apporté Hétar, fils d'Héripka, à Ârès, fils d'Héréius, le marchand de légumes verts, dans le compte de la location quMIs
ont faite sur nne condée d'aronres (de jardin), situé sur Féaibast dans le neter hotep du sanctuaire : huile de tekem (on ricin).
50
Eugène Revillout.
Je penche, je l'avoue, vers la première hypothèse, d'autant plus que dans le papyrus Mayer, la forme
hiératique H- de "( ]" se rapproche beaucoup de kj qu'on a dans notre papyrus démotique. Pour la
sigle de la demi-mesure du papyrus Passalacqua voir mes Mélanges, p, 11,
Ajoutons qu'un nouveau bilingue a confinné mes nouvelles (ou très anciennes) conclusions, comme,
d'ailleurs, un autre bilingue, depuis longtemps signalé par moi, le tesson, n» 12618 de Londres. En eSet,
"1 = 1), égale certainement "^' pour aptaj3y], bien que cette mesure répétée soit simplement écrite CD,
mesure a. Transcrivons le texte démotique que nous donnerons encore aux planches de ce numéro.
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c^îM^Si 1 iSr^
ii<=
Il II
■=01111
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il;
ju^mu.
^loyevrjç anoXoyoç "*" (açrafSccç) naaaQuçj ■^ S L x^ xaïaaçoç iniicp i.
«A apporté Lysimaque, tils d'Apel (sic), à la porte (au Grjaxjpo;) du roi pour la parole ilu roi' en
l'an 24 de César, épiphi : artabes 4, moitié 2, artabes 4, je le répète; ces choses sont prises en com])te.
Écrit l'an 24 de César, épiphi 5, A écrit Panofré, fils de Pséamen (Diogène), à la porte sacrée.
« (En grec) Dif)gène sitologue 4 artabes : 4 artabes l'an 24 de César, épiphi 5. »
igle (..vww) 10, en /.-otw
pète. Ceci est pris en compte. Ecrit Tan 2, le 13 CLoiak. A écrit Nespmete, fils d'imonth.:
,rtabes de seiff
mat'a 24, dont la moitié est 12, 24, je le
est pris en compte. Écrit Tan
prouvé dans mes Mélanges qae le mat^a (qu'on peut comparer à la mesure
1 tena)y ], en artabes de seigle, 16, je le
;^°)
était pris, soit c
mesure en général, soit comme nom d'une mesure particulière. Il paraît qu'il en était "de" même pour le kos.
Notons au sujet de ce tesson que les reçus de ce genre consécutifs à une location se comptent par centaines. J
ment un ici qui a l'avantage
donner en démotique le noi
I (S c^=f=, 5 û (] ^ o ra
citerai seule-
du chénice, cette mesure, dont il entrait 29 dans l'artabe ordinaire :
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{sic)
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Oo'Y^ I ntl <S'
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«Ont apporté Héréius et Hési^ fils d'Héréios, poar la part de moitié de la location qu'ils ont faite sur mon oureh de jardin :
21 argentei chénices (^ô^niocH) de dattes, IV2 en des 2 artabes de céréales que tu m'as apportées antérieurement, et dont je t'ai donné
décharge. Écrit l'an 2, le 3 Mésoré. A écrit Téos, fils d'imoutli. »
^ Nous avons aussi de très nombreux reçus faits à la porte du roi au Siiaavoog^ à propos de locations. Nous ne citerons que
celui-ci, parce qu'il mentionne la taxe de 1 pour 100, perçue pour frais de bureau en dehors du principal :
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Textes démotiques, etc.
51
Une terre de P Siito^ n'avait jamais été encore cultivée.
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«A apporté Callipos, pour la location qu'il a faite
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' la moitié des blés de la part des semailles
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I I l) do son pè:
Âdja, ûls d*Âm-UD, dont Horpxrat, fils d'Adja, a reçu son antre part de moitié, pour satisfaire la porte (le -d^rjoafooç) : artabes 15, dont
la moitié est TVa artabes, 15, je le répète, (à payer) par argentei, 25, par chaque (artabe), ce qui fait 825 argentei ; avayQCKpi] royale
{suten s/ai), 8 katis (16 drachmes) et un quart {un triobole). Ces choses reçues au compte. Écrit l'an 36, le 13 de Thot (suit une longue
liste de souscriptions, brisée, sur deux colonnes),»
^ Je viens de vérifier mes copies primitives, qui nous donnent la même leçon qu'un antre document, dont nous reparlerons plus
loin, c'est-à-dire T/a^1" = *"":■. » |\ L_ _J, Pour le texte voir Revue^ III, p. 130 et pi. 3.
52
Eugène Revillout.
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«Dit le paraschiste-tericheute de la nécropole de Djême, Amenhotep, fils d'Hor, mère TSaboura à
Catiqiie, cavalier Kémiros, fils d'Héraclide : Tu m'as loué ton terrain de terre vide (et inculte) l°^^^^lj) et
l'area' qui fait à lui . . . de terre vide et les dépendances' qui s'y trouvent, le tout situé sur le neter hotep
' TQsLHpe arta grange (?). Ce mot dans les contrats coptes se dit aussi dn grenier, qui est an-dessns de la maison TatecpG
HTnt w.nC*.llltl0CI0lt, etc., hier
-r>^
aire à battre le blé, plate-forme.
' Les cboses qni s'y réunissent /nu
Textes démotiques, etc. 53
d'Ainon dans la partie marécageuse ' du nord de Thèbes. En voici les voisins : au sud, le terrain et Varea
d'AppoUonius, lils d'Amon; au nord, le terrain et Varea d'Hermias à l'orient, la porte des maisons
occidentales; à l'occident, ton lavoir. Que je sois commandant^ sur le terrain de terre vide et sur Varea de
terre vide ci-dessus, depuis l'an 52 Thot à l'achons en neuf mois. Que j'y fasse le transport' des eaux.
Que je fasse Que je le Que je fasse des canaux de dérivation
des eaux.* Que je le pioche^. Que je fournisse les bêtes de somme (les grains, les instruments de culture,
les produits de l'impôt). Que ton agent dise le lo avec moi. (Que je solde leurs impositions à la porte au
Bijuaupoç du roi, selon ce qui est porté sur les écrits du roi qu'il a écrits sur eux, au nom) du terrain de
terre vide et de Varea ci-dessus. Que je donne (leurs redevances, leur paiement, pour satisfaire à tes
obligations. Que je tasse éloigner le roi) de toi par ces choses. Que je donne, en la main de ton agent,
au nom du gage et de la location du terrain de terre vide et de Varea de terre vide ci-dessus, 17 artalies,
leur moitié S'/z' 17 artabes, je le répète, en blé (pur), sans mélange, sans produit de mauvaise qualité,
à la mesure de 29 chénices, pesées, portées, payées en la main de ton agent, dans ta maison de
Thèbes, sans frais, ni dépense" de rien au monde, au terme de l'an 23 Pharniouthi-pachons. Le blé de
ces artabes, si je ne le donne pas, que je donne l'hémiolion en plus le mois qui après le mois nommé, de
force, sans délai. Je ne puis te dire : Je t'ai donné blé, dédommagement quelconque du monde, sans
rachat établi. Je ne puis prendre blé, bien quelconque au monde sur le terrain ci-dessus, sans avoir soldé
ce qui est écrit ci-dessus. Il n'y a pas de la part du qui sera Que
j'établisse devant toi le terrain et l'area ci-dessus, pour que tu les loues à l'homme auquel tu voudras
les louer. Le droit de l'écrit ei-dessus est sur ma tête et celle de mes enfants. Tous mes biens présents
et à venir sont en garantie de toute parole ci-dessus. »
Un troisième acte est calculé comme métayage et non cimnne fermage. Au lieu d'un chiffre fixe, il
s'agit d'une part proportionelle dans le rendement. Je l'ai également publiée dans le même article III. 111
p. 131 et pi. 3 — 4. Il est daté de 9 Thot de l'an 5 de Philométor. Voici la transcription hiéroglyphique
du contrat lui-même, qui nous paraît également intéressante pour la oom])araison des textes que nous
donnerons ensuite :
iii--eiikvn^rïi;;;;i-
^<=>ij^v=„==dii— ~aei'-j=,
' C'est en des sens attribues à A ^\ j-^NJ ^à=^ (Ohibas, Voyage, v. 102). D'autres ont voulu y Toir un terrain sec et
aride. Mais le contexte montre plus loin, qu'il s'agit en effet d'un terrain pour lequel les eani trop abondantes devaient être aménagées.
' j ^ . ' ^x7 " — ix\ signifie surtout transporter par eau et non transporter les eaux. La dérivation est curieuse.
' UJC^O aquas in rivulos derivare (voir Peyron). ' [1 (j h^^ voir Levi.
« Conf. Chr. dém.,p. 115 T (J -X.') C \ \ ^y/i ^O | | >? 'iZ- La première de ces expressions est traduite (Joaanj par Eosctte-
Dans les contrats de blé grecs, elle a pour équivalent sv icîioiç: arrjJw^uaot. Doit-on la rattacher à f[] \\ v\ A CH A monter,
entrer opposé à <I^> î La 2° expression paraît synonyme et je la compare à |~[] V\ V\ qui signifie aussi monter et entrer.
Ce sont les frais supplémentaires.
54
Eugène Revillout.
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i ^ U i^/ y] *+* *~^-/^A-' 1 T incise que porte toutes mes vieilles copit
Butler 529 et qui a été oubliée dans ma copie assez imparfaite de Revue, III, 111.
bien que la photographie du papyrus
Textes démotiques, etc. 55
«Dit le pastophoro d'Amonde Djeme Xesnoushmiin ... au prêtre gardien de' la maison des actes et de
toutes les paroles de Pahotepnhu npkak' qui sur la montagne de Djême, intendant des domaines du
basilico grammate Amenhotep. fils d'Hui, le dieu grand, Anienliotep. fils d'Hor, dont la mère est Neschonsu :
Tu m'as loué ta part du bon terrain de Paliotei)nliu du neter hotep d'Amon, sur l'occident du
domaine de Thot qui inscrit à Djeme, k l'occident du nom Pathyrite, sur le coté sud du bien nommé et
que la part d' Anienliotep, fils de Thot, touche. Les voisins : au sud, le terrain du neter hotep, devant le
basilico grammate Amenhotep, fils de Hui; au nord, le terrain de Thot nommé, qui est pour Horsiési, fils
d'Hor, et toi; à l'orient, le terrain de Pachonsu qui pour Panofré (et) Xnuin Xonsu, ses fils; à l'occident.
le chemin d'Amon de Djeme. Total des voisins du champ de hote}y ci-dessus tous. Je t'ai fait location de tes
champs de hotep fonnant en lui le bien (en question). Que je fasse la hiérodulie du champs ci-dessus. Que
je fasse tous le travail de culture. Que j'y mette le grain. Que tu dises le lo de culture ci-dessus en dehors de
moi depuis le temps où nous sommes. En l'an 5 le 3° ou le 4° mois de Per (Phaménoth pharmouthi), que je
donne en la main de ton agent, au nom du gage de ton champ ci-dessus, sur totalité des productions qui
sera sur la part de champs ci-dessus, que je te donne, dis-je, le 5' qui sera en lui, pour que tu écartes le
roi et le dieu de ton champ ci-dessus, sans que je puisse rien prendre des productions de ton champ ci-
dessus, sans t'avoir payé ton cinquième et cela au terme de l'an 5, 4' mois de Per (Pharmouthi), jour 3C<=.
Je ne puis te fixer autre temps, autre jour après le temps et le jour ci-dessus. Je ne puis te dire : «je t'ai
donné auparavant argent, blé, quoique ce soit au monde, là dédans, sans rachat' établi. Je ne puis dire :
Je t'ai fait le droit de l'écrit ci-dessus. L'écrit ci-dessus est sur ma tète et sur celle de mes enfants. A
partir du temps de l'an 5, 1" mois de shmu (Pachons) étant (échu), que j'abandonne tes champs ci-dessus
devant toi, pour que tu les loues à qui tu voudras les louer. Je ne puis dire : cette location passe à l'année
(suivante), afin que je fasse conformément en tout temps." Totalité des biens qui sont h moi et de ceux que
je ferai être, est en garantie de toute parole ci-dessus jusque j'agisse en conformité. Ton agent prend puis-
sance pour toute parole qu'il dira avec moi au nom des paroles ci-dessus. Que je les accomplisse, à sa
volonté, sans aucune opposition. »
Rapprochons maintemant de ces actes ceux dont JIr. Rbinach a puliliées les photographies.
L'acte donné pi. X. et ilaté de l'an 7 Fa.yn\ 8 de la reine Cléopâtre et de son fils Soter II, porte :
^- te(P4)'i'i4J.^"^i- (k^q^P^l
' Voir sur ce sanctuaire de Qak et la fondation d'Âmenhotep, fils de Hai la pi. XXIX des «Inscriptions in the demotic and hieratic
character de Birch, si longuement étudié par moi ailleurs». Eotep nhou np Icak signifie «l'offrande journalière du temple Kak».
' Voir, pour cette question du rachat de créances, le teite publié par moi. Rsvue égypt., III, 111, p. 132 et pi. 4.
* L'interdiction de la réconduction tacite est ici des plus formelles. Tous les baux de culture ne durent qu'un an, même quand
deux ans. La durée ordinaire est de 9 mois jusqu'à Pachons (après la récolte). En ce cas elle commen-
ée, en Thot. Si elle commençait immédiatement après la récolte de l'année précédente, en Payni, elle
n'était que de 12 mois, ainsi que je l'ai dit. Cette règle existait dans les locations du temps d'Amasis.
^ille et de biens d'autres natures pouvaient être de plusieurs années.
20*
les 12 ou 11 moi
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Les locations de
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56
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Textes démotiques, etc. 57
«Dit Andron. fils de Ptoleinée, au zupio; Plain que l'on nomme Paurtab (Dionysios), tils de Kepha-
las, l'habitant de Hakar, du nome d'Héracléopolis :
«Tu m'as loué tes 2 aroures Que je cultive tes deux aroures depuis l'an 7
Pagni jusqu'à l'an 8 Pachous, c'est-à-dire pendant douze mois des deux années, à l'aide de l'eau de l'an 7,
se terminant en l'an 8. Que je les laboure' avec mes bœufs, mes gens, mes instruments de culture, mes
blés de semence. Que je fasse (fournisse) le service (ou le travail)^ de culture quelconque, les grains de
leur tribut (ujuja.). Que je prenne tout ce qui se trouvera en elles. Que je te donne 100 artabes, leur
prix' (ce qu'on en prend), 50 à ta disposition pour leur tribut de moitié' sur elles, mesurées en l'an 8
le l"' du 2» mois de Smu (papii) à ta mesure apet,^ en froment, en grains purs, sans mélange, payés au
port du Tehen," sans frais ni dépense de totalité de chose au monde. Le paiement de l'amende' de culture
qui sera, je le donnerai sur leur jjroduit. L'exécution forcée' des paroles quelconques du roi, tu me la
feras écarter. Ce que je ne donnerai pas dans les blés ci-dessus en l'an 8 PajTii, comme il est écrit ci-
dessus, je te le paierai par 150 argentei, dont la moitié est 75, 150 argentei, je le répète, (eu airain) avec
l'équivalence de 24 pour 2 Katis, par artabe, le mois suivant, de force, sans délai. Je ne puis te dire :
je t'ai donné du blé sans rachat établi. Je ne puis te dire : cette location passe à l'année ° que j'ai
encore à mon nom. La totalité des biens qui sont à moi et de ceux que je ferai être est en garantie du
droit de la location ci-dessus. Si '" je laisse les champs ci-dessus pour ne point les labourer, pour ne point
faire le service jusqu'à la fin'' de l'an 8, je te donnerai 3000 argentei, ce qui fait 10 Kerker (talents) en
airain de 24 pour 2 Katis, dans le mois nommé, de force, s.ans délai. Tu m'obligeras à faire en outre
selon toutes les paroles ci-dessus. »
A écrit Horphof, fils d'Horpaèsé qui écrit au nom des prêtres de Thot des 5 classes
avâç(ov UroXffiaiov fiifitaOuiuat xai Tioirjaa) xccOoti nçoysyçaTtrai
iTovç Ç navvi rj tv x<" TrjVii '^ tov Mtax'
Nous possédons dans la pi. XIV de Reinach un acte daté de l'an 12, qui fait an 9 de Cléopâtre et
de Ptolemée Alexandre, acte malheuresement très fragmenté. Le locateur est ici Plein, dit Paurtab ou
Dionysios, dont les noms se voient encore dans l'entête de l'acte, comme dans l'adhésion grecque. Le nom
de l'autre partie, Petosor fils de Petosor, se trouve indiqué dans ime adhésion démotique, car il nous est im-
possible de lire, dans l'état de mutilation du protocole, les indications assez compliquées qui occupent
les quatre lignes suivant le nom de Plein-Dionysios. Vient ensuite le commencement de l'acte lui-même :
U)1K-
■ U
(âi
(EU
i. 1 \^ I o
' Toas les mots qui suivent ont été précisés par moi depuis longtemps dans ma Revue, dans mes leçons, dans mon syllabaire,
dans mon dictionnaire ou dans mes livres — tels qae — pour le mot -x semence» dans mon papyrus moral de Leide, XXIV, 25, XXV, 3,
p. 25G— 257. La paléographie du signe est identique.
2 ^1 a, je l'ai prouvé depois des années, la double lecture \^ ap et R ses. C'est ici le second qu'il faut choisir d'après les
compléments et déterminât if s. ^ Ujcon. ■' O'OC.
AD
5 M Oine ou épba, en babylonien ^n. Cette mesure garde ce nom dans les prêts de blé de la basse époque, portant
<:il> W 'P-. □ IJ jj , On ajoute à Mempbïs que ce pi étalon est celui de l'Anubélura.
(• C'est le nom du Sérapéum de Memphis, ainsi que je l'ai démontré le premier d'après Pamont et les contrats du Sérapéum.
Brugsch, dans son Dictionnaire géographique, p. 958, s'en est emparé. Tehen était aussi le nom du Sérapéum de la région dont nous
nous occupons.
' no£tI faute, punition de la faute. Voir les locations du temps d'Âmasis, publiées dans le dernier volume parmi mes actes
archaïques. ^ ;^I neyonc, prendre de force, qui signifie aussi violence : c'est l'exécution forcé pour les amendes.
^ Interdiction de la réconduction tacite. ^° Interdiction de l'abandon de la culture avant sa tin normale.
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58
Eugène Revillout.
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«Tu m'as luné tes coudées d'aroures de jardin ; ... Que je dorme
totalité ton tribut (hoti) à la porte du roi (au Orjcia'jocî)
(faire) donner à toi la part de moitié du hoti qui sur
l'herbage dans les 5 jours. Que tu fasse éloigner l'exécution forcée des paroles du roi h la porte
(le 6ï]!jaupo;) pour ces choses au sujet de ton jardin ci-dessus
Que je te satisfasse du neSem (de la récolte) du jardin ci-dessus par la pou.sse de l'année XII qui fait
an IX. Ce que je ne te donnerai pas dans les récoltes du jardin qui écrit ci-dessus (avec) la pousse de
l'an 11 qui est redue, je te donnerai son prix, en calculant <à raison de outen 75 d'airain de 24 pour
2 Katis par artabe le mois suivant de l'amiée nommée. Que je donne cela cette année. Je ne puis
Textes démotiques, etc. 59
dire : je t'ai donné du blé pour elles sans rachat (écrit). Je ne puis dire ; cette location passe l'année.
Il y a quelque chose à mon nom. Mais si je laisse les terrains ci-dessus devant toi pour ne pas (m'en
occuper avant la lin de l'année), si je ne fais pas le travail, si je ne les cultive pas, si je ne fais pas à
toi tout ce qui est écrit ci-dessus dans les temps ci-dessus, je te donnerai 1500 argentei, en Kerker
(t.alents) 5, en airain de 24 pour 2 Katis, dans le mois nommé, de force, sans délai. Tu m'obligeras, de
plus, à faire comme il est écrit ci-dessus.
«Petosor, fils de Petosor, celui qui dit à Plein, écrit ci-dessus : tu m'as loué le champ ci-dessus,
c'est-à-dire la pousse de l'année XII pour une année. Que je te donne 10 artabes de blé, dont la moitié
est 5, 10 artabes de blé, je le répète, pour ton tribut (ujmm) de l'année nommée. »
jâiovvawç ivâoxa) xaOïoç nQoxinai
tTOVç ii3 xai 0 6(ooVT la €v xm ryjvit Tov fio^- ctvayiyQ. âia &io}i'Oi.
Il est dommage que nous n'ayt)ns pas le commencement de l'acte. Il nous parait cependant pro-
bable que le hoti, qui pèse sur le jardin, n'est pas le hoti qui, dans Rosette, vient à côté de Skar, pour
exprimer les vectigalia. J'y vois plutôt la forme du gage, dont j'ai parlé si souvent dans mes ouvrages et
dans mes cours, et que j'ai nommée alors antichrèse in sohitum, parceque la «puissance» qui était ainsi
conférée sur mi bien permettait à celui auquel on la confiait de se faire payer luie créance sur les produits.
Nous en avons donné des exemples et dans nos contrats archaïques du temps d'Amasis' (l'acte de hoti
est alors parallèle à un acte de location fait au nom du frère du débiteur), et par un acte moderne, le
célèbre pap3'rus Maleolm du British Muséum.
Xous allons donner un extrait des textes de ce très long papyrus.
Mais auparavant il nous faut faire remarquer, qu'ici l'espèce juridique n'est pas la même. Le
hoti appartenait au fisc, qui, ne voulant pas cultiver lui-même le jardin en question et, ayant donné au
jiropriétaire un délai avant la licitation définitive, lui avait permis de louer lui-même pour opérer le paie-
ment que devait couvrir le hoti. Le but est donc de payer la dette de l'année précédente, ainsi que l'im-
pôt de l'année, et cela dans le délai de l'année du bail; car on interdit encore, comme d'ordinaire, la
reconduction tacite. Pour cela il faut que le propriétaire aide le locataire et il s'engage en effet à la fin
de payer pour sa part dix artabes de blé pour le tribut, artabes qui devaient constituer la moite du
prix du hoti, d'après un passage fragmenté antérieur.
Venons en maintenant au texte du papyrus Maleolm, visé par nous dans notre travail sur la location
(Revue III) et qui a été ensuite étudié plus en détail, mais sans la transcription hiéroglyphique ni le fae-
simile démotique (pour lequel nous renvoyons maintenant h la partie autographique de ce numéro), dans
un article paru dans les Proceedings de la Société d'archéologie biblique de Londres (juin 1887).
Nous ne donnerons pas ici la totalité de ce papyrus, très long, daté du 10 Paophi de l'an 39
d'Evergète II et adressé à une femme, dont le nom a disparu dans une des lacunes générales du commence-
ment des lignes, par l'archentaphiaste ( |cC\)) Petosor, fils d'Horuer, dont la mère est Chemati, locateur
qui prend la parole au lieu de locataire, parcequ'il le fait pour payer une dette. Le corjis de l'acte com-
mence par les mots :
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<t Je t'ai loué la part des ^/g du 8", ce qui fait le 12« des créances (sanx) de Kloudj. fils de T'itaaummou
et les ^/a du 8°, ce qui fait le 12' des créances de T'itaaoummou, fils de Kloudj, etc.»
L'énumération de ces créances hériditaires ou san/ se prolonge, toujours avec la même proportion;
car il s'agit des obligations perpétuelles que contractaient les familles pour les liturgies de leurs défunts
* Voir i?er«e ègypt., XII.
60
Eugène Revillodt.
entre les mains des arehentaphiastes successifs ici nommés, dont Petosor avait hérité dans la proportion
du 12", représentant le nombre des enfants cohéritiers, d'abord .au nombre de trois, puis, à une autre
génération, au nombre de 8. Après cela vient l'énumération 1» des liturgies, immeubles funéraires servant
aux tombes et aux liturgies et consistant en 1^ avec chapelles, jardins plantés d'arbres etc., dont
les divers voisins sont énumérés avec soin, et étaient sur la nécropole de Memphis; 2° d'autres immeubles
consistant en maisons et en terrains nus situés dans le quartier de tehni d'Anchto ou Serapéum, c'est-à-dire
dans la ville même. Enfin, après l'énumération des biens loués jiar lui, Petosor, fils d'Horuer continue en
ces termes :
(L. 15)
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62 Eugène Revillout.
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(L. 15) «Mes ])arts de tout ce qui est écrit ci-dessus, comme il est écrit ci-dessus, jinrts. dont la
description est ci-dessus, sont pour toi et tes gens, selon les parts ci-dessus,
(1. 16) (ainsi que) les liturgies^ et les revenus' quelconques qui en seront produits : totalité de biens
que l'on recevra pour elle,^ totalité qui sera pour elle, totalité qui viendra en leur nom, totalité de ce
qu'on donnera en leur nom par jour quelconque, par mois quelconque, comme redevaik-es de taricheute ou
de choacliyte Ces redevances de taricli eûtes depuis l'an 39, Paophi 10, jusqu'à la fin
de trois ans. 36 mois, trois ans. je le répète, sont pour toi et ton mari pour payer la somme
(1. 17) que tu as consenti à me fournir depuis l'an 27, P' Thot des rois toujours vivants jusqu'à
l'an 35. 30 Mésoré, pendant neuf ans. 109 mois, neuf ans, je le répète, tu m'as donné aussi 400 argentei
en statères 2000, 400 argentei. je le répète, en airain à l'équivalence de 24 (argenteus de cuivre pour)
deux katis (d'argent). Leur hoti (l'exercice des droits d'antichrèse qui te sont donnés constituent un tribut
ou revenu annuel) par payement journalier, fait 133 argentei plus trois katis (didrachmes) et un tiers
(quatre oboles) en airain, à l'équivalence de 24 pour deux katis par an pendant trois ans, pendant lesquels
tu as le souche (ou la créance), etc.,
(1. 18) pour compléter les 400 argentei en airain à l'équivalence de 24 pour deux katis que tu m'as
donnés ci-dessus. Je les ai reçus de ta main sans aucun reli(iuat et mon cœur en est satisfait. Celui qui
viendra t' inquiéter à cause dû hoti des trois ans ci-dessus
(1. 19) et du hoti des autres années, étant pour toi et Téos. tils de Téos, ton mari ci-dessus, pour
ce que tu m'as donné ainsi qu'à Horuer, mon père, pendant 16 ans, je l'éloignerai de toi dans les cinq
jours du mois en question, de force, sans délai. Tu établiras devant moi (tu me rendras) les parts de tout
ce qui est marqué ci-dessus, en sorte de ne plus être sur elles, de ne plus faire office de taricheute dans
les temps ci-dessus (au bout des trois ans) et tu m'abandonneras le hoti
(1. 20) dans les temps ci-dessus, de force, sans délai. Si j'enlève mes parts de tout ce qui est marqué
ci-dessus loin de toi et de tes gens (de ta possession ou de la leur) ou que quiconque au monde les enlève
loin de toi et de tes gens, en mon nom, dans les temps ci-dessus (avant la fin du délai de trois ans) je te
donnerai trois mille argentei, leur moitié est 1500, 3000 argentei, je le répète, en airain dont l'équiva-
leur est de 24 pour deux katis, dans les cinq jours du mois ci-dessus, de force, sans délai. Mais si tu ne
t'en vas pas hors de mes parts de tout ce qui est ci-dessus selon l'écrit ci-dessus, dans les temps ci-dessus,
ainsi que tes gens, et si tu ne les établis pas devant moi (si tu ne m'en rends pas la possession)
(1. 21) . . . quand les trois années ci-dessus se seront accomplies, c'est-à-dire au terme des temps
ci-dessus, tu me donneras 5000 argentei . . . 5000 argentei, je le répète, en airain à l'équivalence de 24
pour deux katis. dans les 10 jours après les temps ci-dessus, et tu les abandonneras (les parts ci-dessus)
avec leurs (fruits) et les placeras devant moi, en outre, dans le mois en question, de force, sans délai. Je
ne puis dire : j'ai bâti, j'ai couvert, j'ai fait changement* quelconque au monde sur mes parts de totalité
ci-dessus, selon ce qui écrit ci-dessus, dans les tenqjs ci-dessus. Je ne puis dire : j'ai affaire quelconque
au monde avec toi en leur nom.
(1. 22) (En ce cas) tous tes biens présents et à venir seront en garantie. Mon agent prendra puissance
pour toute parole qu'il dira avec toi en dehors du hoti que tu auras à me rendre ou de tout enlèvement
fait à mon préjudice. A toi à me faire recevoir ces choses de force, sans délai.
> Pour ce mot Toif les bilingues et en particulier Chrest. rfe'm., p. 68, 72, 73, 74.
* Voir le bilingue Berger qui traduit ce mot par "ca TCpoîjTnTcrovTa. p. 35 et 37 M , ^'^ , signifie d'une façon générale les biens.
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les possessions.
' Voir aussi le bilingue Berger qui traduit Ta Tcpoasjojisva.
" Conf. Xouv. Chrest., p. 110.
Textes démotiques, etc.
63
«De mon côté je ne puis établir mes parts ci-dessus pour personne (pielconque au monde intervenante.
Je ne puis les vendre pour argent à une autre personne qui m'en donnerait (le prix). C'est moi que suis
obligée d'accomplir l'écrit ci-dessus et le droit en résultant et d'agir selon toutes les paroles ci-dessus.»'
Cet acte a été enregistré en grec le 18 Paophi de l'an 39 au greffe de l'Anubéium de Memphis.
Il a reçu de plus en démotique une adhésion écrite de la partie qui s'obligeait. Cette adhésion très
fragmentée portait
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«L'an 39, Paophi 10, du roi Ptolémée Évergète, Pétiosor, fils de Horuer, celui qui dit à je
t'abandonne le hoti de mes parts . . . pour toute année pendant trois ans, 39 mois, trois ans, je le répète.
Mon cœur est satisfait, etc.»
On voit que le hoti était la chose principale dans cet acte commençant par les mots : «je t'ai
loué». Ce mot hoti {oio^) qui désigne parfois la puissance pratique exercée toujours par le roi sur tous
les biens fonds, c'est-à-dire le vectigal, indique ici la puissance pratique (la possession) exercée pendant
un temps sur les biens du débiteur, comme ailleurs il indi(iue la puissance exercée sur sa personne et
sur ses actes par l'agent, représentant le créancier, et ailleurs encore la puissance ç^rop ou la nécessité (?)
que la loi impose, ou même, dans les papyrus moraux, la puissance çrop que l'homme exerce sur ses
propres actes, c'est-à-dire le libre arbitre. Contractuellement, la puissance accordée par une partie à une
autre partie ou à ses agents était naturellement limitée par la loi. Aussi le hoti — antichrèse gage — ne pou-
vait, ainsi que nous l'avons constaté dans nos papj'rus archaïques, être exercé que pendant un an sur les
terrains cultivés, c'est-à-dire devait être maintenu dans les limites de la location elle-même. Au contraire,
quand les biens étaient d'autre nature, cette limitation disparaissait. La auvypatpr) était vraiment z'jfia selon
la teneur des contrats grecs d'Egypte. Nous venons de le voir pour les biens funéraires. Nous le voyons
aussi pour les terrains nus de ville, ainsi que nous l'avons établi dans notre leçon sur la location du
tome III de la Bévue égyptologique. Qu'on me ])ermette de citer ici l'acte en question, avant de passer
à une location de bête de somme, dont le terme n'était pas davantage tixé par la loi.
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«Dit l'homme cavalier inscrit à Djême Chous Thot, tils de Peterus. dont la mère est Tamin au
taricheute paraschiste' de la nécropole de Djême, Amenhotep, tils d'Hor, mère Tsaboura : tu m'as loué ton
^ Pour le mot /erTiet, parascbiste, voir mon article paru dans la Zeitichrift arec les fanérailles sur une famille de paraschistes,
de taricheutes thébains, etc. Le mot u( Sr C3 A désignait leur fonction spéciale de tarichcotes on ensevelissenr.
Textes démotiques, etc.
65
oureh^ de maison (iiXoTo^to;) dans le quartier sud de Djême, à l'intérieur de l'enceinte de Djême, dont les
voisins sont : au sud l'enceinte de l'entrée de Djême, au nord les oureh de maison de ta chonsu que la
rue du roi en sépare, à l'orient la mur de à l'occident les oureh ou terrains nus de Manti. Que je
sois me tenant . . . sur ton oitrth de maison ci-dessus depuis l'an 52, 1" du mois de Mechir, jusqu'à la tin
de cinq ans, 60 mois . . ., cinq ans, je le répète. Que ton agent dise son lo' avec moi. Que je donne en
la main de ton agent au nom du fermage' de V oureh de maison ci-dessus par an trois argentei en sekels
statères 15, trois argentei, je le répète, à l'équivalence de 24 pour deux katis par année quelconque des temps
ci-dessus. L'argent de ces choses, si je ne le donne pas par année quelconque que je te verse pour les
argentei 5 katis par argenteus le mois après, le mois nommé de force, sans délai, on prendra à la fin des
temps ci-dessus les caisses, les arbres, que je placerai sur Voureh de maisons ci-dessus. Le droit de l'écrit
ci-dessus e.st sur ma tête et sur celle de mes enfants. La totalité des biens qui m'appartiennent et de ceux
que je ferai être, est en garantie de toute parole ci-dessus, jusqu'à ce que je fasse selon elles. Quand
sera le terme des cinq ans ci-dessus, que je laisse ton oureh de maison ci-dessus devant toi, pour que tu
le loues à l'homme auquel tu voudras le louer. Je ne puis dire : ma location passe (à une autre) année,
afin que je fasse selon elle en tout temps. L'homme de nous qui s'écartera pour ne pas faire selon
toute parole ci-dessus donnera argentei 600 en kerker (talents) deux, en argentei, 600, je le répète, à l'équi-
valence de 24 pour deux katis. On l'obligera pour le faire faire selon toute parole ci-dessus encore. Ton
agent est celui qui prend puissance pour toute parole qu'il dira avec moi au nom de toutes les paroles ci-
dessus. Que je les accomplisse à sa parole en tout temps, de force, sans délai, sans opposition. A écrit
Osoroer, fils de Colluthe, le commis de Colluthe. fils de Pabi, qui écrit au nom des prêtres des cinq
classes d'Amonrasouter et des dieux qui reposent avec lui.»''
Venons en maitenant à la location de bestiaux dont j'ai parlé précédemment et dont la photographie
a été publiée pi. XII de Eeiach. Cet acte est daté de l'an 10 de Cléopâtre et de son fils Ptolemée
Alexandre 29 Athj'r .... Il porte :
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' Oureh, traduit par iliXoç TOTCOç dans beaucoup de tillngues Nouv. Chrest. 61, Droysen 37, etc., répond à oirpCÇ^ area. C'est
proprement un terrain de ville à bâtir, tandis que le |3 §uto désigne un terrain de campagne non cultivé par un motif quelconque,
bien que touchant parfois à un endroit habité.
I J'ai comparé souvent ce mot à ÎVo
s
J\ abandonner, céder. Ce serait la cession de la
Conf. «que tu dise;
jouissance temporaire, faite
le îo de la maison à l'homme
par le propriétaire au locataire, c'est-à-dire la déclaration du bail fait à l'administrât
du hei avec moi au nom des argentei que tu m'as donnés taricheutes», pi. 2, n° é.
^ Le mot vyK&p, location, est sans cesse employé dans les actes coptes du cartulaire de Djéme. Conf. uj^Hp. Dans Rosette
ce mot est associé à hoti pour rendre jipoaoooi Y.yX (popoXoyiai.
* Nous possédons aussi un fragment de fermage analog::e aux précédents sous le n** 41 dans la publication du Musée de Manchester.
66 Eugène Revillout.
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«Dit le xupio; Plein, fils de Kephalos. surnommé Paurtab (Dionysios). dont la mère est Tsetabhi, au
cavalier Dionysios. fils d'Asclépiade) : tu m'as loué ta paire de bœufs noirs qui a enfanté et leurs veaux
((ui sont à leurs pieds. Cette paire de bœufs est en. ma main, à ta disposition, pour faire le ser\-ice des
champs de la portion de terre depuis l'an 12 Athyr jusqu'au 30 Payni. Que je te garantisse les choses de
nourriture. Que je te donne (de plus) mesures de froment 10. dont la moitié est cinq. 10 en tout, pour leur
hoti (vectigal ou ici prix de location) en l'an 10 Payni. k la mesure' d'airain des mesures de froment, en
blé,* en grains' purs sans son,* payés au port de Tehni (ou du Sérapeum). Si je ne les paie pas en l'an 10
Payni, comme ce qui est écrit ci-dessus, je te domierai son prix par (h raison de) 150 argeutei, dont la
moitié est 75, 150 argentei, je le répète, eu airain à l'équivalence de 24 pour deux katis, par artabe. le
mois qui après cela, de force, sans délai. Que je solde (rende) tes bœufs écrits ci-dessus, avec leure veaux
qui à leurs pieds, à ton étable de l'île de Nes^enhet ou Nes/anat,* en l'an 10, 18 Epiphi, exemptes de tare
quelconque. Si je ne les solde pas, comme il est écrit ci-dessus, je te donnerai argentei 1500. en kerker
(talents) cinq, en argentei 1500, je le répète, en airain de 24 pour deux kati. le mois nommé, de force, sans
délai. Tous mes biens présents et à venir sont en garantie . . . Que j'agisse selon toute parole ci-dessus.
L'écrit ci-dessus est en ta main. A écrit Petihapi, fils d'Horphof, qui écrit au nom des prêtres de Thot.»
Avant de passer à un autre chapitre en abandonnant la location, il nous semble bon de donner en
appendice, une pièce concernant une terre de Suto. comme la location que nous avons étudiée plus haut,
p. 151 et suiv. Il s'agit d'un papyrus que j'ai étudié à Bruxelles dans ma mission de 1878 et .souvent cité
dans mon cours de droit égyptien. Il appartenait à un illustre amateur qui l'avait prêté au Jlusée. d'ai)rès
acKC. ^ bah ou îiah X 0 traduit xupov dans les trilingues.
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nin grâce : l'île de ses grâces (de la déesse) irait assez bit
Textes démotiques, etc.
67
ce que m"a dit le conservateur, quanti, quelque temps après, sur ma demande il m'a envoyé les photogra-
phies de tous les papyrus démotiques de son Musée. Ce n" 6 actuel portait alors le n" 2, tandis que d'autres
pièces relatives à la même famille de Panas (les n»' 2 et 3 actuels) portaient le n" 1 et que le n» 7 actuel
portait le n" 3. En tête d'une récente publication ayant pour titre : «les papyrus démotiques du Musée
du centenaire». M. Capabt nous dit, au contraire, que le n° 6 a été acquis par lui à Thèbes en décembre
1905 (ce qui s'explique par une vente antérieure faite par le propriétaire réel), tandis que les n»' 2. 3 et 7
faisaient partie de la collection de Mkester de Ravestein, qui en fit don aux Jlusées roj'aux en 188-1. Le
papyrus en question ne pouvant s'expliquer à l'aide de mes formules déjà publiés comme tous ceux dont
s'occupe un de mes anciens élèves qui rédigeait les notices, celui-ci a été obligé de renoncer à en faire
une traduction ou même une analyse quelconque. 11 se borne à donner la photographie et à répéter les
iiulications de provenance de M. Capart. En réalité, il s'agit d'un serment, bien que le mot désignant
ce serment ait disparu dans une lacune : et ce serment a\'ait ])(iur but de réclamer une hérédité. Le voici :
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1" 1. L'an ... le mois de . . . du roi Ptolémée (Philadelphe). fils de Ptolemée (étant Metela. tille
de Xi .... os eanéphore devant Arsinoé Philadelphe. Dit la femme Tsetmin. fille de P?t'ether dont la
mère est Tsetamen
2' 1. (devant Amon Maut et Chons. Adjuré soit Amon Maut) et Chons de Djura' ; Pamin. tiJs di'
Panas, a pris notre hérédité'' de force' (par violence), laquelle avait tirée Prus. fils de Panas, notre père,
de la terre vide et inutile.* en y plantant* des arbres.^
3' 1. . . . (Les voisins en sont : à son sud) ... le grand . . . qui en est séparé par le chemin;" à
son nord la boutique de vin' de Pséèse, fils de Pamin, qui est là pour ses fils; à son occident
4= 1 (tels sont les voisins du lieu) entier que Rous, fils de Panas, notre père, a tirée de la
terre inutile et déserte. Pamin. fils de Panas, mère Xelu. qui a pris notre bien par violence, n'a pas
5° 1 Pamin, fils de Panas, n'a rien à nous réclamer sur cela de par la location' que ... et
dont il a pris copie'" en sa main contre nous. Point il établira" ces choses là
6' 1 (n'ont rien à prouver) les liturgies'" de versements de pesi" contre notre hérédité ci-
dessus. Nous sommes venus pour le (démontrer) et il nous a frappés '* (ou fait frapper!. Nous avons payé
' Voir pour cette localité le roman de Petibast. ' ^3^ V !i^^" "(rina-onc. ' l^ ^ '^
a cette signification bien étable de terre vide et aride, qui ne se calcule pas dans la mesure des terres. Voir Lévi. Ces terres étaient
traitées comme la terre derelicla de Tempire romain et appartenaient à celui qui les utilisait
' TT ^è\ Tto<re plantare. ' ujHn. Y A. ' MtoiT, MOeiT. • '^-ja 1 Ah-
Z5 .^^ û wLaY '^'^ 1^-ZI1 <=> vfc^
Dans le mot composé le premier déterminatif est supprimé et le second remplacé par le signe de la joie ^â>~j-
' Voir plus haut et Revue égiipt., III, 111 nos actes de location.
— •* — -^ — H — ri V~~)
■•> /w^AA ^"^ Q [J . u C«.llie, CMOllT.
lî Ce mot se trouve sans cesse dans les ventes de liturgies faites par des choachytes. En grec même les liturgies désignaient
certains impôts sacrés, aussi bien que les revenus tirés par les intermédiaires de ces droits sacrés.
" Les mots, pfsi ou /)e/su, désignent certain impôt sacré, constituant un droit du vingtième dans le papyrus mathématique comme
dans un curieux teste démotique. Voir mes Mélanges, p. 38 et p. 51. Ce pesi ou droit du vingtième était exigible sur les revenus de
toute terre devenue cultivée. »* Ce mot 1 ® *^^îy' ^'"^^ écrit, se trouve sans cesse dans tous les contrats.
Contrats démotiques archaïques, etc. 69
l'amende ' de 5 argeiitei. 20 sekels. 5 argentei en tout au nom [7« 1.] (de la réclamation que nous avons
faite pour notre hérédité) ci-dessus ; notre hérédité qu'a créé- notre père! Pamin. tils de Panas, n'a rien
(à prétendre) de ces choses! Xotre hérédité ci-dessus, qu'on nous la rende!
Au revers. 16 témoins garantissent l'exactitude de cette réclamation, de même qu'ils auraient té-
moigné à une vente. (Voir mes livres : «Propriété», p. 254 et «Précis», p. 1504 pour ce texte corrigé ici.
D'après photographie.)
NOTA. — La suite de l'article «Textes démotiques», livré en sa totalité depuis plus de trois ans
à l'imprimerie et déjà imprimé jusqu'ici pour le tome précédent dès cette époque, article dont l'apparition,
ainsi que celle de la Bévue, a été arrêtée par des retards dont nous ne sommes pas responsables, cette
suite, dis-je, paraîtra dans un volume autographié. On y trouvera d'ailleurs le démotique en face de sa
transcription hiéroglyphique avec des notes. Cette publication suivra immédiatement celle des textes
égvptiens archa'i'ques (voir plus loin à la fin de l'article suivant).
CONTRATS DÉMOTIQUES ARCHAÏQUES DU MUSÉE RYLANDS.
PAR
Eugène Revillout.
Le Jlusée Rylands de Manchester vient de publier les photographies de contrats dé-
motiques de diverses périodes.
Parmi ces contrats s'en trouvent beaucoup d'époque ptoléma'ique, et qui ne font que
reproduire — sauf les personnes et les chiffres — les formulaires que j'ai expliqués depuis
longtemps. Je crois donc inutile d'en parler ici.
D'un tout autre intérêt sont certains contrats démotiques archa'iques^ dont les repro-
ductions photographiques nous donnent le texte exact.
Disons-le cependant, la plupart peuvent tout simplement se traduire aussi à l'aide des
formulaires de cette période que nous avons expliqués et commentés.
Tels sont les actes de mancipation de bœufs ou de nexi. Mais ils renferment des élé-
ments juridiques ou philologiques dignes d'attention. Nous les signalerons en notes ou dans
le commentaire en publiant la traduction des textes, textes dont, sauf exceptions pour cer-
tains passages, nous croyons superflus de donner ici une transcription hiéroglyphique déjà
faite ailleurs. Pour les ventes de bœufs ou de vaches, nous nous bornerons à renvoyer aux
deux actes publiés dans la Revue, sous le titre : <i Quelques textes démotiques archaïques
expliqués à mon cours», tome XII, p. 74, 86 et 87; pour les mancipations d'ingénus à
ceux que nous avons publiés dans le même volume p. 72 — 73, 94 et 95, ainsi qu'à deux
autres documents relatifs à un nexus qui sont datés de Darius, traduits dans notre «Précis»,
etc. et que nous avons désignés depuis longtemps à un de nos élèves, M. Bessière, qui eu
a fait préparer les photographies comme annexes à sa thèse.
1 OC€ unîUfa se trouve anssi fréqoemment dans les contrats.
- Le mot me«e7î s'emploie d'ordinaire pour la fabrication de certains objets.
' Pour le commentaire juridique des contrats démotiqnes archaïques du Musée Kylands, comme d'aileurs de tous les autres con-
trats démotiques arcbaîques, voir mon ouvrage intitulé : cLes origines ég.vptiennes do droit civil romain», qni paraît en ce moment même
à la librairie Geuthner. Voir particulièrement p. 17 et sniv., ce que je dis des actes de Psammétique, trouvés à Elbibeh, p. 33 et sniv.,
ce que je dis de l'origine et du développement historique du droit relatif aux nexi.
10
70 Eugène Eevillout.
Commençons par une vente de vache (Rylands YIII) :
«An 8, Tbot, du roi Ahmès — à qui vie! santé! force!
«Ptahéfanx, tîls de Petu-Ptab. dont la mère est Tabasti, dit au sut'a het atef Patuèsé,
fils de Nessamto, dont la mère est Asuèse : Tu as donné, et mon cœur en est satisfait,
l'argent de cette vache rouge de labour, nommé Ut'abok. Elle est à toi cette vache, ainsi
que tout veau qu'elle enfantera depuis l'an 8, Thot, ci dessus, jusqu'à jamais. N'a point à
pouvoir homme quelconque du monde la faire écarter de toi depuis homme quelconque du
monde ou moi-même seniblablement. Celui qui viendra à tui à cause d'elle pour la prendre,
en disant : «ce n'est point ta vache, celle-là», c'est moi qui ferai faire sa condamnation^
en ta faveur. Si je ne fais pas faire sa condamnation en ta faveur, je te donnerai une
vache de sa sorte. Si je ne te donne pas une vache de sa sorte, je te donnerai un argen-
teus '/j et un kati.^ Elle sera pourtant à toi, celle-là,^ en dehors de tout veau qu'elle en-
fantera. Ton (agent) prendra puissance pour ces choses. Que je les fasse à ton égard.»
«P. S. Si on la prend* et que je donne un veau pur(?) à sa place,^ je te donnerai un
veau de sa sorte. Si on la prend et que je donne une génisse pour elle, je te donnerai une
génisse de sa sorte. Si on la prend et que je donne un taureau mâle pour elle que je
donne un taureau mâle de sa sorte, sans alléguer acte quelconque.»
Venons-en maintenant à l'atfaire concernant un nexus dont nous avons parlé précé-
demment et qui est comparable à l'affaire du nexus Psenamenapi. Celui-ci est vendu, en
l'an 3 de Darius, par son créancier Ahmès avec des formules comparables à celles d'une
vente de bœuf et avec l'amende du double en argent, si l'on ne fait pas éloigner les tiers
évicteurs, puis est revendu, en l'an 6 de Darius, par l'acheteur Horus, mais cette fois avec
une formule attestant que le nexus ne pourra murmurer contre la faction d'esclave ci-
dessus; ce qui est attesté par le nexus lui-même, qui, à la tin de l'acte, déclare être dehors
des liens de l'esclavage par le cens, mais n'en consentir pas moins expressément à cette
aliénation.
'Venons-en maintenant à toute l'histoire très analogue du nexus d'Elbibeh en renvoyant
d'ordinaire pour les transcriptions aux textes analogues cités par nous et à notre publication
des contrats démotiques archaïques.
En note, nous indiquerons celles des formules qui ne sont plus les mêmes.
Commençons par un acte de l'an 2 d'Amasis (n" V), dont l'entête seul diffère des man-
cipations ordinaires d'ingénus et spécialement de celle de la coemptio, h laquelle elle est
identique pour tout le reste.
non <:::=» ^ " '•"^■^-^ rn \ n 'w.aaa ^ yipr-n- ^ o 'wwxa yp, n /w^'.'.a
'(I U © Q a^t i\(§. rxiiiS .etc. Ce sens particulier de
1 ^ — ^ 1 v= — D o ^ — n ry y ^:^;« 1 . '•' . Q ^ — 0 rij u ^ ^
[jpl il désignant, d'une façon générale, toute pièce écrite (C'habas), est prouvé par des passages pa-
rallèles des actes du temps de Psammétique de la même lu'ovcnanec (Elbibeh). A'oir plus loin.
' L'amende du double (dupH). spécifiée déjà dans les ventes de vaches publiées par nous.
■* En justice, c'est-à-dire si on l'attriliue au tiers évieteur.
Contrats démotiques archaïques, etc. 71
«An 2/2° mois de Shmu du roi Ahmès — à qui vie! santé I force!
«Le pêcheur! Atuciions, fils de Héribast, dont la mère est Kbausuèsé, dit au sut' a het
atef Nessamto, fils de Pétuèsé : Moi, je suis ton esclave" à jamais à cause de la guérison
que tu as faite en l'an 2, alors que j'étais sur le point de mourir. Je^ ne puis murmurer
ou réclamer. Je te donne (je te fais) jusqu'à argent quelconque, blé quelconque et mes en-
fants que j'ai enfantés et ceux qu'ils m'enfanteront, et la totalité des biens que je possède
et de ceux que je ferai être, et les vêtements qui sont sur mou dos, depuis l'an 2, 2^ mois
de Shmu, à jamais. L'homme qui viendra à toi à cause de moi, pour dire : «Ce n'est pas
à toi ton esclave, celui-là,» tout homme du monde te donnera argent quelconque, blé quel-
conque qui plairont à ton cœur, et je serai tien comme esclave à jamais.»
Cette déclaration, bien qu'authentifiée par le notaire et les témoins réglementaires, ne
parut pas cependant suffisamment légale. Il était à craindre, en eifet, qu'on veuille faire
valoir Yexceptio peciiniae non niimeratae, et qu'un vindex libertatis, s'intéressaut, par exemple,
aux fils de ce veuf ou voulant protéger ce veuf lui-même contre un entraînement passager,
ne réussit à faire valoir auprès des juges cette considération que la guérison par soins médi-
caux n'était pas une raison suffisante pour un acte aussi important. La vente pour argent
était, au contraire, très protégée par le nouveau code et, pour surcroît de précaution, on la fit
par une personne interposée, qui revendit à son tour le nexus ti qui il s'était déjà donné (n° III).
«An 2, 2"= mois de Shmu, du roi Ahmès. Le pêcheur Atuchons, fils d'Héribast, mère
Kbausuèsé, dit na sudja het atef, 1" prophète biérogrammate Djebastesan^, fils d'Hor : Tu
m'as donné — et mon cœur en est satisfait — mon argent pour faire à toi service. Je suis
ton esclave à jamais. Je ne puis murmurer ou réclamer. Je te donnerai aussi jusqu'à argent
quelconque, blé quelconque, et mes enfants que j'ai enfantés et ceux qu'ils m'enfanteront, et
totalité de biens (jui seront à nous et que nous ferons être, et les vêtements qui sont sur
notre dos. Personne au monde ne peut nous écarter de toi depuis l'an 2, 2<' mois de Shmn
ci-dessus, à jamais.»
Un second acte (n° IV) était ainsi conçu : «An 2, 2" mois du roi Ahmès, à qui vie!
sauté! force! Le sut' a het atef, 1" prophète biérogrammate Djebastesan/, fils d'Hor, dit au
' Ç 9 s; 0 ^^ ^ Stl i Hl' "^^ '""* V ''"'^^ ^^ (oTTOOi piscator) est traduit p.ir aXieuç
dans le bilingue Berger, p. 3.5. Ici. le poisson — figuré par un trait oblique (voir Levi, Segni hier. 244, 6)
et qui est devenu en démotique une des formes du déterminatif du mal — ressemble beaucoup au trait
oblique, avec ou sans point, traduisant pef. Le même signe dans les autres contrats de notre nexus rend
seul le mot ouahe pêcheur.
(1 <S*=^ ^^- ^® mot< — m D w w> c&.em CKini est traduit p.ar archiatre dans une inscription bilingue du
Caire. C'est le titre que portait l'auteur de la statue naophore du Vatican.
U ^ (1 ?^ 0 '^ Sfi' '-'®* variantes des copies d'un de nos contrats d'Elhibeh montrent que
nemmhu s'échangeait avec (1 1\ 0 "^ SA V^^ ï'ous trouvons également dans la vente par coemptio et dans
celle du nexus, qui est datée de l'an 6 de Darius. Conf. (1 |k 11 07\ murmurer (Levi pap, Berlin 1, 141) et
/] P\ X v\ ^h '^^^ .avoir du dégoût, de l'aversion (3" sens de Levi).
10*
72 Eugène Eevillout.
sut'a het atef Nessamto, fils de Pétuèsé : (Je t'abandonne) le contrat de servitude que m'a
fait le pêcheur Atuchous, fils d'Héribast (dont la mère est Khausuèsé. Il est ton esclave).
Je ne puis l'écarter. Je ne puis apporter le contrat ancien (en disant : «ce n'est pas ton
esclave»), afin que je l'emmène au nom du contrat de servitude que je t'ai donné. L'homme
qui l'enlèvera ... te donnera 20 argentei et 5 katis. Sera à toi ton esclave encore.»
Au coniniencenieut de l'année suivante, le nextts se trouva délivré de sa servitude
par le cens quinquennal,' mais, par un sentiment que j'ai visé plus haut, il voulut encore,
pour mieux payer sa guérison, contracter un nouvel engagement. Il recommença donc une
mancipation (n" VI), sans en spécifier les garanties extraordinaires d'amende facultative, ga-
ranties qui, étant fixées par la loi, n'avaient pas à être visées par les parties pour avoir leur
plein effet, à moins de conventions limitatives contraires, comme dans le dernier papyrus.
«L'an 3, Thot (!"' mois de Sha) du roi Ahmès — à qui vie! santé', force!
«Le pécheur Atuchous, fils d'Héribast, dont la mère est Khausuèsé, dit au sut'a het
atef Nessamto, fils de Pétuèsé, dont la mère est Taaarua : Tu as donné — et ton cœur
en est satisfait — mon argent pour faire à toi service. Moi, je suis ton esclave à jamais.
Je ne puis murmurer ou réclamer. Je donnerai à toi jusqu'à argent quelconque, blé quel-
conque, totalité de biens au monde, et mes ennints que j'ai enfantés et ceux qu'ils m'enfan-
teront, et les vêtements qui sont sur notre dos, et totalité de ce qui est à nous et de ce que
nous ferons être, depuis l'an 3, Thot ci-dessus, en année quelconque, à jamais.»
Au cens suivant, c'est-à-dire cinq ans après, au mois de Thot de l'an 8, le nexus se
trouva libre de nouveau et il accepta cette liberté en dépit de la formule «esclave à jamais»,
qui n'est que de style littéraire. Notre nexus avait été dégagé de ses liens au mois de
Thot (1" mois de Sha) de l'an 8. Mais il avait toujours les meilleures relations avec son
ancien maître. Aussi ne faut-il pas nous étonner si, quatre mois après sa libération, il fait
en sa faveur un nouvel acte, avec effets rétroactifs à partir du 5 de Thot de l'an 8. C'est
la reconnaissance d'une créance dont le terme annuel devra être le 5 de Thot de l'an 9.
Cette créance a une garantie très singulière. Le débiteur déclare que, s'il murmurait ensuite
ou protestait contre cet acte, par cet acte présent il déclare qu'il abandonne tous ses
biens et ses enfants eux-mêmes à son créancier. La formule, ici conditionnelle, est, sauf ce
point, identique à la seconde formule des actes de mancipation des nexi, celle où ils assu-
' Nos documents relatifs à ce nexus indiquent deux renouvellements du cens quinquennal, tous
deux séparés, en effet, par un délai de 5 ans, en l'an 3 et en l'an 8. A propos du cens, il faut remarquer
qu'au moins en qualité de jubilé quinquennal analogue, sauf la durée, à celui des Hébreux, il avait été
d'abord établi par Amasis au mois de Thot de l'an 3. c'est-à-dire l'année même ou un peu plus tard (le
2" mois de la 3° tétraménie), Amasis vainquit pour la 2" fois, prit de nouveau et fit condamner à mort
par son assemblée nationale le roi Apriès, dont il partageait depuis trois ans le pouvoir (voir mon «Précis»,
p. 344 et suiv. et surtout p. 1469 et suiv.). Le jubilé tombait de nouveau l'an 8 et il devait tomber encore
l'an 13. Mais nous avons la certitude qu'il n'en fut pas ainsi. Peut-être par une nouvelle décision de la
première assemblée d' Amasis, le cens, définitivement établi, avec tous les effets qu'il eut plus tard dans la
loi des XII tables à Rome, avait été réglementé sur un autre comput. celui qui était basé sur le com-
mencement du règne d' Amasis ; 1. 5, 10, 15, 20, etc. C'est ce que nous constatons dans l'acte de coemptio.
Notons, d'ailleurs, qu'un semblable comput, basé sur son propre règne, fut ensuite adopté par Cambyse,
l'ennemi mortel d'Amasis. Ce comput fut suivi d'abord par Darius, qui finit par l'abandonner pour en re-
venir au comput d'Amasis (voir «Précis», p. 501 et 502).
Contrats démotiqdes archaïques, etc.
73
raient aux créanciers leurs biens ou leui'S enfants, outre leur propre personne. Ici, cette per-
sonne seule est exceptée pour le cas précité (pap. n° VIII).
«An 8, 4^ mois de Sha, du roi Ahmès — à qui vie! santé! force!
«Le serviteur! pêcheur Atuchons, fils d'Héribast, dont la mère est Khasuèsé, dit au
sut' a het atef Nessamto, fils de Petuèsé, mère Tasettna : Est- à toi ))our moi encore de
l'an 8, Thot (1" mois de Shd), jour 5°, cà l'an 9, Thot, jour 5, une créance de 100 teben
étant l'argent du scribe, administrateur de la terre à blé, et que tu m'as donnés. Ces cent
argentei sont mes obligations à jamais. Si je fais un murmure, je donnerai encore le paie-
ment d'argent quelconque, blé quelconque, totalité de biens au monde et mes enfants que
j'ai enfantés et ceux qu'ils enfanteront, depuis l'an 8, Thot ci-dessus, en année quelconque,
pour mes obligations à jamais.»
Venons-en maintenant à d'autres textes appartenant également au Musée Rylands de
Manchester et provenant, comme les précédents, des fouilles opérées par M. Grenfell à El-
' Le mot serviteur «bok» est ici pris dans le même sens que dans un acte daté du même règne oii
15 serviteurs de cette espèce louent des champs à des prophètes (voir «Contrats archaïques», p. 292 et suiv.).
Ici le mot serviteur n'est qu'une expression de politesse sans plus d'importance que dans la finale des
lettres de mon enfance : «je suis. Monsieur, votre très humble serviteur». Il se comprend d'ailleurs
lorsqu'il s'adresse à un noble prêtre.
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Donnons ici l'explication de quelques mots :
1° Le mot (1 ^K\ c^ Y) rappelle immédiatement [1 V\ H^^: désignant un genre particulier de
coiffure royale. Je crois qu'il s'agit ici simplement d'ime orthographe abusive (entraînée par le voisinage
du mot en- question), orthographe employée pour le mot \\\\\ 2J) ou (Tl P r»ipn = A^Hce '■usura-i, sans cesse
employé en démotique pour prêt à intérêt et pour intérêt, et qu'on retrouve avec le premier de ces sens
dans l'inscription hiéroglyphique de l'égyptienne déclarant qu'elle n'a jamais prêté à intérêt.
2° tjpi Z; M (J \> '"^ . Pour ces mots, désignant, sous Amasis. le percepteur de l'impôt foncier, voir les
reçus de ce genre, publiés pi. U, 12 et 13 de mon Corpus papyrorum; et pour lorthographe et la paléo-
graphie exacte du mot ^ [1 [1 '5> la location, publiée dans le même Corpus, pi. XVI, 1. 3.
3° La sigle de ^^. ici employée, sert de variante à fw^ argenteus, Chrest. 241, 2. La vraie lec-
ture est c:^> J ^^3, <:^î> J ^^ = s=5 11 "^^çg^ f.veau» (conf. têhh). identique à la monnaie î:'2n
«veau» des pap. égypto-aram. {Bev. XIII. p. 158 et suiv. et Contrats archaïques 258. 364, 388).
4° Le mot pesi, remplaçant l'hiératique pefsu du pap. math., désigne un impôt proportionnel sur les
terres sacrées ou ime obligation sacrée relative à ces terres. Voir mes «Mélanges», p. 47 et suiv.
74 Eugène Revillout.
hibeh, l'ancieuue Teudjuï, située dans le 18'^ nome de la Basse-Egypte, un peu en dessous
de Cynopolis et d'Oxyrinque. Tandis que sous le code universel d'Amasis les contrats,
venant de là, sont identiques à ceux qui viennent de Thèbes, du temps de Psammétiku,
par exemple, il en est tout autrement. Tcudjaï, dont il est question dans la stèle de Piankhi
relative aux luttes de ce roi éthiopien avec Tafnekht, le père de Boechoris, conserva ou
rétablit à cette époque des usages juridiques complètement contraires à ceux de Thèbes et
qui — sauf les copies des actes par un certain nombre de témoins, empruntées au code
éthiopien de Shabaku — se rattachaient directement au code primitif de Boechoris, tel que
nous le voyons pratiqué sous son règne. Ajoutons que, sur certains points, ils se rapprochent
également d'usages adoptés plus tard par Amasis dans .sa réaction contre les institutions
éthiopiennes. Pour tout ceci je ne puis que renvoyer à un travail que je viens d'achever et
que j'ai ciié plus haut en note (voir p. 69).
Bornons-nous ici à la reproduction des deux textes en question, datés de Psammétiku.
Le premier en date (le n° 1) est ainsi conçu :
«L'an 21, 2« mois de la tétraménie Sha du Pharaon Psammétiliu — à lui vie! santé",
force I
«Le divin père Hor, lils de Pmau, dit au divin père Xessanito, fils de Pétuèsé :
«Je t'ai donné ma dignité de prêtre d'Hormachis avec ma part comme atennu («vi-
caire remplaçant» — du grand prêtre?) et ma part de sciibe des requêtes de l'intendant de
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Contrats démotiques archaïques, etc. 75
la maison des comptes. A toi ces choses avec leurs revenus (Jiotepu), ainsi que celles qui
s'y joindront dans le sanctuaire, la cnmpague, la ville et toute place dépendant du temple
d'Amon du Tcbnet (Sérapéum)^ de Teudjaï; soit étoffes, soit encens, huiles, pains, viandes
de bœuts, chairs d'oies, vin, bière, luminaire, herbages, lait, totalité de biens au monde se
rapportant à ces offices.
«Tu as donnés — et mon cœur en est satisfait — l'arg-eut des trois parts ci-dessus.
«Point à pouvoir fils, frères, hommes quelconque du monde ou moi-même les faire
écarter de toi depuis l'an 21 du roi Psammétiku, à qui vie', santé! force! jusqu'à année
quelconque.
«Depuis mes enfants, mes fi-ères ou homme quelconque du monde, l'homme qui viendra
vers toi (pour t'inquiéter), à propos de ces parts ci-dessus, c'est moi qui ferai faire sa con-
damnation en ta faveur dans les tribunaux" quelconques du monde, ainsi que fils ou frères
(me représentant) et cela jusqu'au montant d'argeut quelconque, blé quelconque, totalité de
choses au monde qui plairont à ton cœur. Seront à toi ces parts ci-dessus en outre à
jamais.
«L'homme qui viendra à toi pour te prendre à l'assemblée (tonot)^ des juges {naapiu)*
au nom de ces parts ci-dessus, il ne pourra dire d'amener des témoins ou d'apporter des
©i(SA<=>-^^^(J(â^^^:^
J 5J &r ^ D 1 1 III I ~wv.A ai/ m I <=> A/ww, T
ll-ifri?^T~^-P^-T^^T11'
' Voir sur la question des Tehent ou Sérapées la dernière note de mon mémoire snr les diverses
promulgations du décret de Rosette {Journal asiatique 1910. p. 280). Ce mot Tehent a été pour la première
fois traduit par Sérapéum. par moi, dans les contrats démotiques memphites. Brugsch, Dict. géogr., p. 958,
s'est emparé de cette découverte. Tous les Sérapées portaient ce nom : et l'enceinte (coÊ-^-) du Tehent
contenait toujours im grand nomlire de temples particuliers, comme, à Jlempliis. bien des maisons parti-
culières.
- Le mot l-enheti (par l'angle) signitie un conseil, une assemblée quelconque. Il est employé ponr
les conseils des temples (Hapidjéfa), pour les conseils du roi et particulièrement pour les conseils de justice
(Horemheb). On le trouve réuni à Tut ur pour désigner les tribimaux dans l'adoption par mancipation de
l'an 32 d'Amasis {Rei\. XII, p. 95).
' Le mot tut (tots-<ot) désigne les assemblées. C'est le mot dont on se sert pour les conciles dans
les décrets trilingues. Ainsi que je l'ai dit dans la note précédente, ce mot est employé pour la grande
assemblée (tut ur) de justice, kenbeti, dans un contrat de l'an 32 d'Amasis.
' Naapiu signifie «juges» dans les textes religieux et dans les contrats démotiques où la même
racine désigne aussi l'action de faire justice. Nous avons aussi des transactions devant les juges 'Ç. v\
76 EtJGÈNE Revillout.
écrits en dehors de la ville. Le témoin pour cela, c'est le serment par Amou et par le roi
— à qui vie! santé! forcel On ne peut dire de mensonge sur les paroles ci-dessus. On n'en
peut écarter un mot!»
L'autre contrat ( n° 2) est ainsi conçu : '
«L'an 21, 3* mois de la tétraménie de sJia du Pharaon Psamniétiku — à qui vie!
santé! force!
«Les prêtres, les prophètes, les pères divins du temple d'Amon du Sérapéum de la
ville de Teudjaï disent au divin père Nessamto, fils de Pétuèsé et au divin père Maéroou,
fils de Pétuèsé et au divin père Paibas, tils de Pétuèsé :
«Nous vous donnons cette maison du sanctuaire du temple d'Amon du Sérapéum, dont
au sud est le temple de Maut; au nord le bureau de perception (pakhent); à l'occident la
tour de Cho'iak; à l'orient les maisons du temple d'Amon du Sérapéum.
^ hh ^^^^ ^ qui font justice .<s=- %■ û û '^^^ ^ =1 Thèbes. Le lieu de justice porte le
même nom et il en est de même des juges des morts dans le bilingue de Pamont. Les renvois sont trop
nombreux i)our être tous donnés ici.
on I I 1"^
lï'fl^i
III
f^"^
Q ^ w^vv 1 I I I A U 4 Ci 1 2i' 1 _Hiï^ I
Les vignettes du paptkus Rhind n" 1. 77
«Qu'elle soit votre maison, celle-là. Point à pouvoir homme quelconque du monde la
faire écarter loin de vous. L'homme qui viendra vers vous (pour vous inquiéter), à cause
d'elle, eu disant : «ce n'est pas votre maison, celle-là», vous donnera argent quelconque,
blé quelconque, qui plairont à votre cœur. Sera à vous votre maison encore à jamais.
«L'homme, qui viendra pour vous prendre à l'assemblée des juges au nom de cette
maison du sanctuaire ci-dessus, n'aura point à dire : «Amenez des témoins, apportez des
écrits en dehors de la ville.» Le témoin de ces choses, c'est le serment par Amon et par
le roi. Nous ne pouvons dire mensonge sur paroles quelconques ci-dessus. Nous ne pouvons
en écarter un mot! »
Les textes démotiques des contrats précédents, comme ceux des contrats démotiques
archaïques contemporains ou antérieurs de provenance thébaine, sont donnés en mot à mot
et rapprochés de leurs transcription!?, avec notes diverses, dans la publication qui a pour titre :
«Les contrats égyptiens archaïques, démotiques et araméens.»
Premier volume : Contrats démotiques.
1" fascicule. — Première race éthiopienne.
2^ fascicule. — Seconde race éthiopienne.
3^ fascicule. — Amasis et son fils.
4' fascicule. — Les Persans.
Le premier et le second fascicule sont déjà en vente au pris de 8 frs. chaque; le
troisième fascicule au prix de 14 frc. Le quatrième paraîtra eu même temps que ce
numéro. Mon syllabaire paraître immédiatement après le 4° fascicule démotique et avant le
second volume consacré aux contrats araméens.
S'adresser à M. Revillout, 128, rue du Bac, Paris, ou en librairie à M. Champion, 5, Quai
Malaquais, à M. Geuthner, 13, rue Jacob et à M. Harrassowitz, 14, QuerstraBe, à Leipzig.
LES VIGNETTES DU PAPYRUS RHIND N° 1.
LE Peof. E. Revillout.
Je prépare en ce moment pour la Eevue égyptologique une édition des papyrus bilingues
Rhind; car celle de Brugsch est aussi incomplète et inexacte que celle de Birch et cela
même sur les points les plus importants des textes.^
C'est d'ailleurs aux fac-similés fort bons de Birch (et que je donnerai colonne par
colonne avec les transcriptions et traductions) qu'il faut toujours se référer d'autant plus que
' Je citerai ce qui concerne les génies funéraires on Mesuhor dans le passage (RI. D 2 — 9 et suiv.
= RI. H 2. 8 et suiv.) : «J'ai sauvé tes membres en qualité d'Anubis en sa forme de paracliiste (xerheb :
le hiératique porte de taricheute uiti). J'ai fait la route à tes humeurs vers la mer. J'ai transformé en
fange fertilisatrice le liquide de lOsiris : Le poumon se réjouit quand on l'emporte dans la salle sih. L'or-
gane viril se réjouit quand on lécarte de ses maux. Le foie se réjouit parce qu'est venu l'écartement
de la jalousie : Les grandes entrailles se réjouissent parce que le salut est venu pour la purification.» Le
hiératique porte : «J'ai fait le chemin à ton liquide vers la mer et le vent (en le poussant vers le large)
transforma ce liquide en fange fertilisatrice. Amset se réjouit dans l'embaumement. Hapi se réjouit dans
11
Eugène Revillout.
les vignettes négligées par Brdgsch permettent seules de bien comprendre les chapitres*
auxquels elles se réfèrent. C'est justement de ces vignettes que je veux entretenir au-
jourd'hui nos lecteurs, et cela, disons-le, à un point de vue autre et tout spécial.
Ce point de vue me paraît intéressant, car il touche à l'histoire de l'art ou plutôt des
artistes en Egypte.
En ce qui concerne les vignettes, elles étaient exécutées d'après les ordres du scribe
qui écrivait le papyrus. Ce scribe, le plus souvent, ne savait ni peindre, ni dessiner. Il avait
donc recours à un de ces j ^^\ Mû ou artistes,- qui avaient pris cette spécialité, souvent
quelque peu aristocratique; et il arrivait parfois que celui-ci, personnage distingue, tenait peu
de compte des indications du scribe.
C'est ce qui arriva pour le painrus Eliind n° 1.
Ce papyrus concernait d'ailleurs un artiste dont l'auteur des vignettes était peut-être
le parent ou l'ami.
Sauf, dont on rédigeait le rituel funéraire, était le tils d'un grand personnage, pro-
phète de Montra, seigneur d'Anuu Kema, (Annu du sud ou Hermouthis,) archonte ou maire
de sa ville et général des troupes de Calasirites du même lieu, personnage nommé Menkara.
De tous ces honneurs, ordinairement héréditaires, même avec la formalité oiseuse d'une élec-
tion,^ Sauf avait fait ti. Il avait préféré* vivre de ses rentes. On ne lui donne plus que la
l'écartenient de ses mau.';. Tiauuiautf est en allégresse, parce qii'est venu l'écartement du mesn ou gesen.
Kehbsennuf pousse des arcs de joie depuis qu'il est surti dans le (ou du) lieu de i)uritieation.i> Notons que
l'assimilation de chacun des Mesuhor avec chacun des organes, sur lesquels ils veillaient dans les Canopes.
est toute différente de celle (ju'avait dite Pierhet dans son dictionnaire d'archéologie égyptienne, d'après
des analyses soigneusement faites des résidus des Canopes. C'est à croire qu'on avait changé les couvercles
surmontés des têtes de ses génies. Il suppose : Amset = l'estomac et les gros intestins: Hapi = les petits
intestins; Tiaumautf = le poumon et le cœur; Kebhsennuf = le foie et le vésicule biliaire. Notons que
dans Rhind le cœur n'est pas gardé par les génies dans les Canopes. Daprès El, D 2, 7 = RI, H 2, 7
le cœur était changé en épervier comme Vàme en phénix. Parmi les passages importants, non compris,
signalons aussi RI, D 3. 7 = RI. H 3. 7 et suiv., sur l'opération de l'embaumement et de l'enveloppement
de l)andelettes (le premier appelé d'ordinaire kesas = samto et le second men/ ou ieh). Outre le bitume
cuit et la hcst ou iist dont on oint le corps, ou y voit figurer pour l'embaumement 7 ingrédients différents :
1° le liitume («>MpHçe) de Syrie ou Mennini: 2° la résine neter sonter. ap))elé en hiératique perta neteru;
3° le iirt l-ip] V\ '=^^^^ N \&^ ■' I ! «appelé en hiératii(ue «parfum d'orient»: 4° l'huile sif (dans les deux
textes): 5° l'onguent coon ou en hiératique ant pour tes cliairs: 6' la graisse de bœuf (dans les deux
textes); 7° le teénien, appelé en hiérati(iue «eau pour la inirifieation de la bouche».
1 Je signalerai la troisième page RI. D 3 = RI. H 3. qui. dans les indications fournies d'abord
pour les vignettes à l'artiste comme dans le double texte du chapitre, faisait participer à l'embaume-
ment les dieux suivants : Anubis (sous une double forme), Isis et Horus — eu dehors de la déesse Ament,
qui dirigeait le départ du mort sur le lac. L'artiste a malheureusement négligé cet arrangement.
^ Les textes égyptiens nous font voir groupes sous ce terme générique, les architectes, les sculp-
teurs, les peintres, etc.. aussi bien que ces littérateurs dont le travail était un art. d'après les mentions
répétées du jiapyrus Prisse.
^ '\'oir dans ma Bévue égyptologique mon ancien article sur cUn prophète d'Auguste et sa famille»,
rédigé d'après des stèles du British Muséum, complètement effacées maintenant par l'humidité et dont le
texte démotique nous a été heureusement conservé par Yolng (Hierogl.). La stèle hiéroglyphique du chef
de cette famille, mieux conservée, a été successivement l'objet des travaux de mon vieil ami Birch, de
JIaspero et de moi-même.
•* 11 est vrai de dire que son frère aîné, dont il avait épousé la fille, fut le complet successeur de
leur père commun Menkara.
Les vignettes du papyrus Rhind n° 1. 79
qualité d'artiste au point de vue fivil, et au point de vue militaire il se contenta d'être
simple cavalier dans rancienue milice de son père. Il atteignit presque l'âge de 60 ans et
mourut Tau 21 d'Auguste, le 10 Épiphi, après avoir joui de la vie sans cesser jamais d'être
un très honnête homme, fort attaché à sa religion, ainsi qu'aux principes de la morale
égyptienne toute de charité.
Aussi en dit-ou (RI, DI. 3 et suiv. = RI, III, 3 et suiv. i : xOn le fit grandir en
jouissances et dans les biens quelconques que son cœur aimait. Grande fut aussi sa louange
dans le cœur de ses frères et leur amour pénétra dans ses chairs (à ce point qu')il faisait
bon (^sic) tout ce qu'ils disaient. Il fit être fils, fille, pour être après lui. Il passa 59 années.
Il alla dans la 60" par 7 mois et 14 jours, mangeant et buvant, ayant abondance de biens
et de parfums d'Arabie à tout moment, sans avoir souci de ce qui est mauvais eu son cœur,
célébrant les fêtes des dieux depuis sou jour de naissance jusqu'à la fiu de la durée de vie
que Thot lui avait écrite sur son horoscope.»
Et ailleurs (RI, D 4, 6 et suiv. = RI, H 4, 7 et suiv.) : «Pendant que tu étais sur
la terre, plein de tous les biens que ton cœur aimait, il n'y eut pas de ]iauvre en ta pré-
sence. Tu n'as jamais fait le mal dans ta durée de vie. Tu es devenu vieux sur terre et
ta maison était (toujours) ouverte, sans que journellement on y ait dit des riens. Tu as
marché vers la bonne demeure, lorsque les années qu'avait écrites Thot pour toi ont été
passées. Les bonnes actions qui furent de toi sur terre, on a fait pour toi leur récompense
dans la région d'Atum.^
Nous ne savons pas, si Sauf fit partager ses goûts artistiques à son fils et si celui-ci
fut le collaborateur du scribe du papyrus. En tout cas, le dessinateur se comporte très
librement, je l'ai dit. avec celui qui avait cru devoir lui donner ses ordres.
La première page du papyrus a perdu, par suite de déchirures, les indications fournies
par le scribe.
La vignette représente le mort, couché sur une table avec l'œil ut'a, symbole du salut
sur la poitrine et les quatre génies funéraires en l'air au-dessus de lui. D'un côté se trouve
Thot portant un rouleau écrit dans la main et de l'autre Anubis, couronné de Pschent.
La seconde page ne porte en haut de l'encadrement qu'un seul mot ousahui «momi-
fication».
La vignette représente la momie de Sauf, couchée sur le lit funèbre. De chaque côté
de lui on voit Anubis (H"") sous une double forme, celle de y^erheb (B) ou parachiste (ainsi
que je l'ai prouvé, d'après les bilingues démotico-grecs, dans un de mes articles de la Zeit-
schrift sur une famille de paraehistes ou taricheutes thébains) et celle de uiti ou de tari-
cheute, ensevelisseur, ainsi que le prouvent les deux versions de notre papyrus Rhind dans
la page même dont il s'agit et qui décrit les rites (RI, H 2, 3 et RI, H 2, 9; conf. RI,
m 3, 9).i
' Notons que dans le démotique du papyrus bilingue n° 1 on emploie /erheb dans les deux cas.
comme le titre le plus ordinairement à cette époque dans les bilingues démotico-grecs, parce que le même
homme cumulait les deiuK fonctions. Dans le papyrus Rliind n° 2. il n'en est pas de même. Le uiti est
distingué du /erheb. même en démotique.
11*
80 Eugène Revillout.
Jusqu'ici il n'y a pas de désaccord apparent eutre le scribe et l'artiste. Mais il ireu
est plus de même dans les pages suivantes :
Dans la troisième page, une partie des indications, fournies jiar le scribe en haut de
l'encadrement, a disparu dans deux brisures du papyrus. Mais nous pouvons à peu près
les restituer, d'une part, d'après les restes et, d'une autre part, d'après le texte même de la
page. On devait avoir d'abord : «Déesse Ament (faisant traverser au mort) un bassin.»
Puis plus loin : lUne image (d'Isis, une image d'Horus), deux images d'Anubis pour leur
action de faire ensevelissement.» Or, la vignette ne représente plus que la barque du
mort, flottant sur un bassin avec la légende \ i (pour | ^ai 1 ^ ^^ ^ d'une
écriture hiératique maigre et fort diiférente de celle du scribe, avec, d'un côte, la déesse Ament
et, d'un antre côté, la déesse Isis. On a supprimé les deux ligures d'Anubis et celle d'Horus,
qui dans le texte jouent un rôle très important pour le détail de l'ensevelissmeut.
En liant de l'encadrement de la quatrième page, le scribe avait indiqué «une image
d'Anubis saisissant l'artiste Sauf»; et plus loin : «images d'Osiris, d'Isis et de Nepbthys».
C'était, en effet, un tableau simplifié de la psycbostasie qu'il s'agissait de faire, sans le pèse-
ment de l'âme, l'enregistrement de Thot, etc. ; car le texte décrivait les bonnes actions du
mort et les récompenses qu'il en reçut dans l'autre vie. Cela a paru insuffisant à l'artiste,
qui, au lieu de supprimer des figures, en a ajouté une. Il a représenté Anubis saisissant, dans
son rôle d'Hermès, conducteur des âmes, la momie debout, pour la présenter à Osiris assis.
Mais derrière Osiris ri'^ o '^ r-y^^^:^^ a ^î=^ '^ [\y;vr) il a ajouté Thot, couronné du
disque et des cornes, debout, la main en l'air, avec la légende ,^'=^^ l). ^^ / ft r^^^^
devant Isis n et Nephthys X\ dans la même attitude.
La cinquième page portait le sommaire : «Image de l'artiste Sauf»; plus : «Images
d'Osiris, d'Isis et de Nephthys». A ce tableau trop simple, l'artiste en a substitué un
beaucoup plus compliqué, une momie debout avec l'inscription ^^^^ a;^ k,=^ ^3i est figuré
devant Anubis debout, écartant les bras et tenant dans chacune de ses mains un haut sceptre,
aussi grand que lui et représentant le I surmonté de la tête humaine de profil. Une légende
démotique, d'une écriture autre que celle du scribe, porte : «Anubis en uit ou ensevelisseur»,
ce qui, chose très intéressante, est assimilé ici à q ^ ^= ^ '] ^ Anubis en reti (autre
nom du uit). Derrière Osiris est le phénix, ou oiseau hennu, sur un arbre et, plus loin encore,
Usins debout jj^f^f^^-
Au-dessus de l'encadrement de la 6° planche, le scribe avait écrit deux figures de
Hor-nsep purifiant l'artiste Sauf devant «Osiris, Isis et Nephthys». La vignette représente
deux figures à têtes de chacal, comme Anubis, au-dessus de l'une desquelles l'artiste a écrit
en démotique : Horus, Thot. Elles versent l'eau purificatrice sur la tête de la momie en
présence d'Osiris rjjj.-lsis jj et Ne{)hthys T] .
Les vignettes de la septième page devaient avoir pour sujet : «Une image d'Anubis
saisissant l'artiste Sauf, (avec une) image de Thot devant lui, en présence d'Osiris, d'Isis et
Les vignettes du papyeus Rhind n° 1.
de Nephthys». L'artiste a conçu un sujet tout différent. Anubis est représenté en chacal,
couclié sur le signe ' ^ , avec, en démotique, d'une écriture iine, les mots : «Les trois dieux
qui veillent sur l'Osiris» et en hiéroglyphico-hiératique ] | ] "tI -^5-1] S Ao\ dont le sens
est identique. Plus loin, se trouve une femme debout, portant la main à ses yeux, avec la
légende : «La déesse qui pleure». Enfin, de l'autre côté de la momie, on voit une tête
humaine, coiffée des deux plumes et des cornes, qui est placée sur le signe tat, comme dans
les cercueils, avec la légende rj'S'vr:7U.
Eu haut de la huitième page, le scribe avait écrit :
1° sur une première ligne : «les quatre mesuhor purifiant»;
2° sur une seconde ligne : «le livre de sinsin dans la main de Thot; — image d'Auubis
avec le salut de l'artiste Sauf — Osiris, Isis et Nephtbys.»
Au lieu de cela, l'artiste a figuré : 1° la momie entre Isis et Nephthys, qui le sai-
sissent; 2° les quatre génies funéraires adorant Osiris seul.
Thot avec son livre, Anubis avec le salut de Sauf manquent.
Les pages 9 et 10 devaient avoir pour vignettes des sujets absolument parallèles.
La page 9 devait représenter d'après les ordres du scribe : «les quatre images de ^mî».
La page 10 : «les quatre images de princesses».
La vignette de la page 10 a seule conservé une trace de ses deux sujets dans sa
première moitié. On y voit, en effet, deux hommes debout avec le sceptre uns (remplaçant
les quatre x^i et deux femmes avec le sceptre ï remplaçant les quatre arpit ou princesses.
Voyons maintenant ce que l'artiste a substitué aux dessins rêvés par le scribe. Au-
dessus de l'encadrement, à côté des mots : «les quatre yuh, il a écrit d'une fine écriture
fort différente, je le répète, d'une part : «image de l'artiste» et d'une autre part : «Osiris,
Isis, neb (sic)». Il avait voulu écrire d'abord nebhat, Nephthys. Mais il avait vu que dans
une moitié de son dessin il n'avait représenté qu'Osiris assis, ayant Isis debout derrière lui
et devant lui la momie. Il s'est donc arrêté après neh.
L'autre moitié du même tableau représente deux lits funèbres. Sur l'un, la momie est
couchée sur le dos, avec un bras faisant angle sur son ventre et la légende (écrite dans
l'encadrement) : «Les neuf dieux régents de l'Amenti font l'action sexama.^ Sur l'autre, la
momie est couchée sur la poitrine, bien que les biens soient représentés dans l'autre sens.
La légende porte : «Les neuf dieux eu . . . l'Osiris font l'action sexama.'^ L'action sexania
est sans doute une sorte d'incubation magique.
La dixième page, dont la vignette devait être consacrée aux quatre princesses, portait,
nous l'avons dit, d'un côté, deux ;(wi et deux arpit seulement, de l'autre côté, le mort, sorti
de ses bandelettes, par suite sans doute de l'action sexama, était amené par Thot et par
une déesse dont le symbole de tête a disparu, mais qui est peut-être Sawek, la déesse de
la science, devant Osiris, Isis et Nephthys. L'action sexama paraît être, en effet, parallèle
à l'ouverture des yeux, de la bouche, du nez, etc. et à la fortification des membres,
pour permettre à l'âme de paraître dans le ciel, dont il est question dans cette page et
qu'opèrent les neuf grands dieux Ea, Atum, au, Tafnut, Nut, Osiris, Isis, Nephthys, Horus
et Hathor, ainsi que neuf autres petits dieux, qui ne sont autres que les astres. Sur
82 Eugène Revillout.
ces points, doue, l'artiste s'est inspiré autant et plus du texte que le scribe dans ses projets
de vignette. Notons cependant que les quatre x^i et les quatre or^n'i de ces derniers projets
étaient les yu des bienheureux, dieux mâles et femelles, dont parlait aussi le texte de la
page 9 de sou début (RI, D XVIII, 2 = RI, H XVIII, 2). Dans la vignette actuelle, les
esprits bienheureux, ;^wi et arpit, suivent le mort, libre de ses liens et se rendant devant Osiris.
Dans la 11' page on lisait au-dessus de l'encadrement : «Une boîte qui (contient) une
princesse (Arpit) Nut», puis plus loin : «une âme, une princesse», puis enfin : sune table
d'offrande devant Osiris».
La vignette représente, en effet, une caisse, dans laquelle la déesse Nut tend les bras
à la petite momie de Sauf qui vient la rejoindre. Sur cette caisse voltige l'oiseau bi, figu-
rant l'âme. Le tout est placé devant une table d'offrandes, chargée de provisions dont Thot
écrit l'inventaire sur ses registres et derrière laquelle on voit Osiris assis, ainsi qu'Isis et
Nephthys debout. Ceci se réfère au texte des premières lignes de cette page, partant de la
table d'offrandes, préparée pour Osiris et de la caisse dans laquelle est renfermée la princesse
(arpit) Nut et où Sauf vient la rejoindre.*
La princesse en question pourrait bien être en réalité Tanuat, la femme de Sauf, qui
était aussi sa nièce, dont nous avons le rituel dans le papyrus Rhind n" 2. En effet. Sauf
fut tellement regretté par sa femme qu'elle alla le rejoindre le mois suivant, avant la fin
des rites sacrés qui accompagnaient les funérailles de son époux. Sauf mourut le 10 Epiphi,
de l'an 21 d'Auguste; et sa femme, qu'on mit dans la même tombe, le 28 Mésoré de la
même année. Elle avait environ six ans de moins que son oncle et mari.
Dans les fac-similés qui accompagneront mes transcriptions et mes traductions des deux
textes du papyrus Rhind, on se rendra compte du détail de tous les textes et vignettes que
je ne fais ici que signaler.
MÉMOIRE SUR LA VOCALISATION HÉBRAÏQUE.
PAU
Eugène Revillout.^
CHAPITRE DES ASPIREES.
Obligé d'isoler et d'achever à la hâte, pour fournir un spécimen, au moins un fragment
d'un travail, dont toutes les parties se rattachent les unes aux autres, se prouvent les unes
par les autres, et qui m'a demandé et me demande encore trop de recherches et trop de
prudence dans les déductions pour être rédigé au courant de la plume, j'ai dû choisir un
chapitre qui par lui-même présentât un petit ensemble, le chapitre des aspirées.
' L'artiste a seulement ioint à ce qui était prévu une image d'Anubis, couché entre le sceptre Y
et l'insigne d'Abydos, avec la légende : «Anubis est à la tête d'Osiris». Le chacal est, en effet, à la tête
de la caisse, renfenuant Nut et la momie.
' Voir le premier chapitre ou introduction générale de ce mémoire dans le précédent numéro de la
Revue égyptologique. XIII, II, p. 137 à 158.
Mémoire sue la vocalisation hébraïque. 83
Il eut été certainement plus satisfaisant et plus complet si j'avais pu le développer
en son lieu; mais, bien qu'écourté, il renfermera abrégé un échantillon de mes notes, et
prouvera, je l'espère, que j'ai voulu faire une étude sérieuse, me gardant d'émettre, comme
Kabinowitch par exemple, des règles nouvelles et des théories absolues qu'un examen appro-
fondi des textes bibliques ne justifie pas.
Ayant si peu de temps devant moi, je dois me borner aujourd'hui à présenter un
résumé succinct des résultats auxquels m'ont conduit mes recherches sur les aspirées, et,
comme exemples, quelques-uns des chiffres qui se rapportent à ces recherches; mais je me
réserve de donner des détails plus circonstanciés dans la rédaction définitive de mon mémoire.
Suivant le principe général que je développe longuement dans une autre partie de ce
mémoire, je considère les aspirées comme constituant une série et non point seulement un
groupe. Chacune de ces quatre consonnes devait, dans le système hébraïque, posséder des
propriétés qui lui soient communes avec les jilus proches de la même série, et cependant
s'en distinguer par des caractères spéciaux.
Je m'en suis assuré du fait par la même méthode qui m'a servi pour l'étude des autres
séries que j'ai passées en revue : consonnes muettes, semi-voj^elles, voyelles, schevas, da-
gueschs et signes toniques. C'est-à-dire que j'ai dépouillé les textes bibliques successivement
pour chacune de ces lettres, sans me lasser de revoir les mêmes livres.
On arrive aussi à bien constater la situation qu'accepte chaque caractère graphique et
chaque signe par rapport aux autres : en d'autres termes, toutes les influences qu'il peut
exercer ou recevoir, son rôle et sa nature intime.
J'ai dû le dire et le répéter souvent dans le cours de ce mémoire, on n'a pas assez
remarqué que le système, sur lequel repose toute l'euphonie hébra'i'que, procède toujours par
séries et par nuances à peine accusées, jamais par brusques séparations et par catégories
nettement limitées. Chaque série se rattache aux voisines par des intermédiaires qui tiennent
également des unes et des autres.
Entre les consonnes ordinaires et les aspirées se trouve le resch, lettre mixte. Comme
les consonnes ordinaires, il peut porter le seheva simple mobile, mais déjà, plus facilement
qu'elles, il admet le seheva composé propre aux aspirées (ex. : H'I'IS Genèse 5, 30; ''SD'nsri
Genèse 27, 19; 'ï]"'"l."i>< Genèse 27, 29; ''35"13 Genèse 27, 38, etc. J'ai compté dans la Genèse
juste autant de schevas composés sous le resch que sous toutes les autres consonnes non
gutturales prises ensembles). D'une autre part, comme les aspirées, il ne porte pas le da-
guesch fort; et comme elles, mais moins souvent qu'elles, il peut modifier la voyelle qui le
précède.'
Pour établir la transition entre la série des aspirées et celle des consonnes muettes,
moitié des aspirées, deux sur quatre, deviennent muettes dans certains cas. Nous voyons
ailleurs comment les muettes sont reliées aux lettres de prolongafiou et de support, semi-
voyelles, qui elles-mêmes conduisent aux voyelles par des transitions presque insensibles.
' Ajoutons que le resch, comme consonne ordinaire, appartient à la série des liquides b, "t, 3, qui,
comme le montre Oésénius, se changent parfois en voyelle m = li'H. s'ajoute aux racines 0 D 1 3 de
.Q Q 2 scidit, à la fin des mots, sert avec h, 3 et parfois un B formatif à constituer des doiMets d'une
mince racine : ^;:, b.p, Dp abscidit de U ou 113, etc., etc.
84 Eugène Revillout.
Il n'existe donc pas de démarcation bien tranchée entre les séries dont se compose
le système bébreu, pas plus qu'on n'en trouve entre celles dont se compose le monde vivant.
Mais, comme dans l'étude des animaux et des végétaux, on est obligé de constituer certains
groupements artificiels dont les limites sont arbitraires, de même dans l'étude de l'hébreu
il est bon d'étudier ensemble les signes graphiques dont les propriétés les plus fondamen-
tales paraissent analogues. Ainsi ferons-nous pour les aspirées.
Ce qui distingue plus particulièrement les aspirées prises en bloc, ce sont précisé-
ment les caractères qui leur sont communs, dans une certaine proportion, avec le resch.
Elles ne peuvent pas être dagueschées; du moins, on ne trouve de dagueseh que très
exceptionnellement dans l'aleph, comme dans le rescL. Mais ici déjà se manifeste une pre-
mière différence entre ces lettres. Il n'y a pas lieu de reconnaître pour l'aleph, comme pour
le hé et le bheth, et plus spécialement peut-être encore pour l'aïu, ainsi que nous le mon-
trerons contrairement aux doctrines courantes, un redoublement sans dagueseh, ou, suivant
les termes de grammaire, un dagueseh occulte, implicite, délitescent.
En fait de schevas, les quatre aspirées aiment sous elles les schevas composés toujours
mobiles, et avant elles, comme nous l'a appris le savant professeur de la Sorbonne, M. Barges,
elles transforment dans la prononciation en véritables brévissimes les schevas simples mo-
biles immédiatement précédents. Les plus anciens grammairiens rabbiniques disent formelle-
ment qu'il faut prononcer les schevas simples qui précèdent la gutturale avec le sou affaibli
de la voyelle que porte cette gutturale : p1S"l, prononcez : rououben; "ïïnx?, prononcez :
kàhahad, etc. Si l'aspirée porte elle-même une brévissime, deux brévissimes ne pouvant pas
se suivre, le scheva mobile qui précède cette aspirée se transforme en la voyelle brève dont
il aurait emprunté le son d'après cette règle.
Les aspirées acceptent sous elles le scheva simple quiescent, mais à ce point de vue
elles diffèrent notablement les uns des autres.
Sous le hheth, le scheva simple est encore fréquent; moins sous l'a'in; infiniment moins
sous l'aleph et sous le hé (sauf dans le verbe ^^'^, qui est de toutes manières exceptionnel).
Par exemple, dans la Genèse, après un pathah ou un ségol, les deux voyelles qui
entrent dans les schevas composés les plus fréquents, on trouve : 1° Sous le hheth 72 schevas
simples contre 152 schevas composés (sans compter les schevas simples qui suivent un
kamets, ou un kebuts, ou un hirik, comme dans les mots : JinjîiS Genèse 3, 19; nSH"! Genèse
6, 15, etc.). 2° Sous l'a'in 40 scheva simples, 362 schevas composés. 3° Sous le hé, aucun
scheva simple et 29 schevas composés. 4° Sous l'aleph un seul scheva simple (IDSII Genèse
46, 23) pour 133 schevas composés. Il faut pourtant dire que sous l'aleph, alors qu'il ne
porte ni voyelle, ni scheva, et qu'il semble muet, on doit parfois admettre un scheva im-
plicite dans les circonstances où l'aleph aurait pu porter un scheva simple : c'est-à-dire ex-
clusivement après la suppression d'un scheva composé dont la voyelle composante se retrou-
vait immédiatement avant l'aleph (exemple : ■ "'JlsS pour 'ynsS, transformé en "'nsS par
la présence du scheva composé Genèse 32, 5 et passim).
Ce sont là des remarques qui n'avaient point encore été laites, à ce que je crois,
et qui sont importantes pour bien mettre en lumière la vraie nature de chacune des
aspirées.
Mémoiee sue la vocalisation hébeaïque. 85
En effet, le scheva quiescent sert à fermer une syllabe dans le corps des mots. Après
un pathah particulièrement toute consonne non gutturale (sauf l'iod et le nun dans des cir-
constances que nous spécifierons ailleurs), si elle n'est pas daguescbée, doit porter forcément
ce genre de scheva pour que le pathah subsiste. A ce point de vue donc, le hheth et l'aïn
se rapprochent bien plus des consonnes ordinaires que les deux autres aspirées, puisqu'ils
ferment bien plus souvent la sjdiabe dans le corps des mots.
A la fin des mots les différences sont tellement marquées qu'elles ne pouvaient échapper
à personne. En effet, le hheth et l'aïn ferment alors toujours la syllabe; et d'une autre part,
l'aleph ne la ferme presque jamais, sinon jamais; le hé la ferme rarement; seulement lorsqu'il
est muni d'un point spécial qui ressemble au dagueseh et qu'on nomme mappik.
Tout en fermant la syllabe finale comme une consonne ordinaire, le hheth et l'aïn
n'en jouent pas moins le rôle d'aspirée en ce qui concerne la vocalisation de cette syllabe.
On peut même dire que nulle part ailleurs leur influence, à titre d'aspirées, n'est plus évi-
dente. Si la forme ordinaire, le type, n'amenait pas dans cette syllabe finale, soit un pathah,
soit un kamets, la gutturale y appelle un pathah; et alors de deux choses l'une : ou bien
la voyelle disparaît pour laisser la place à ce pathah, ou bien celui-ci se prononce dans une
même émission vocale après la voyelle primitive, avant la gutturale sous laquelle il se place.
On le nomme alors pathah furtif
Que le pathah furtif, bien que situé sous l'aspirée, n'empêche pas la syllabe finale d'être
fermée, on en acquiert la preuve d'après les règles ordinaires en s' assurant que cette syllabe
dans un mot, qui porte un accent ministre, n'empêche pas la lettre initiale du mot suivant
de prendre un dagueseh faible, si c'est une des lettres begadkephat. On constate de même
que le hé portant un mappik ferme également la syllabe. Mais si, comme consonne, à ce
point de vue, le hé mappiké se rapproche du hheth et de l'aïn, il s'en isole par ses pré-
férences pour le kamets.
Par exemple, dans la genèse, sur 191 mots qui se terminaient par un hé, muni d'un
mappik, cent quatre-vingt-dix fois la dernière syllabe avait pour voyelle un kamets; une fois
seulement un pathah {TlhFi] Genèse 47, 13); une seule fois elle ne présentait de pathah
furtif. De même dans le lévitique, le hé final était muni de mappik cent vingt-sept fois;
cent vingt-sept fois il était précédé de kamets; nous n'avons pas vu un seul pathah, soit
avant lui, soit dessous lui.
Cette statistique n'est point oieuse; car elle fait voir que le hé, portant un mappik,
se distingue très nettement par ses affinités du hheth et de l'aïn dont on le rapprochait.
Avant le hheth et l'aïn, en effet, le kamets est une exception; le pathah, la règle. Dans le
lévitique, avant l'aïn final, en laissant de côté 24 pathahs furtifs, on trouve cent dix-neuf
pathahs pour sept kamets, et les proportions sont semblables, soit dans la genèse avant l'aïn,
soit dans ces deux livres avant le hheth.
Ou peut donc maintenant juger combien peu est fondée l'ingénieuse théorie que Gé-
sÉNros avait émise à propos de quatre verbes qui se terminent par un hé, muni d'un map-
pik. Ces quatre verbes sont les suivants : naS élever, nÇS désirer, nîJ briller, rl^H ad-
mirer. Ils se conjuguent comme les verbes qui se terminent par un hheth, tandis que tous
86 Eugène Revillout.
les autres verbes, qui se terminent par un hé et qui forment une classe très nombreuse en
hébreu, ne portent pas de niappik et se conjuguent d'une manière très différente.
Gésénius, ne connaissant pas l'influence réelle du mappik, croyait que le hé mappiké
devait être assimilé au hheth, qu'il devait, comme lui, attirer daus la syllabe qu'il fermait
un pathab, furtif ou non furtif II était naturel alors de supposer que les véritables lamed-hé,
ceux qui avaient eu dès l'origine un hé pour troisième radicale, avaient dû faire valoir cette
lettre autant que possible, et par conséquent la munir de ce mappik, pour lui donner toute
la puissance des gutturales les moins débiles. Le hé qui termine les autres verbes pouvait
être, pour quelques-uns, considéré, comme résultant de la transformation, soit d'un iod, soit
d'un vaf; et ceux qui, comme nns manquer de force, nn5 guérir, etc., ayant les mêmes
lettres en arabe, se trouvaient échapper à cette explication, ils avaient dû, suivant Gésénius,
suivre l'exemple des précédents, bien que leur hé fut vraiment radical.
Il nous semble que maintenant on doit admettre le contraire, jmisque le hé mappiké
n'est pas réellement l'équivalent du hheth. Ce qui s'est écarté du type régulier, ce n'est pas
la foule des verbes dont la troisième radicale est quiescente; ce sont seulement les quatre
verbes qui se terminent par un hé mappiké. On les a munis d'un mappik, parce que c'était
le seul moyen de masquer un peu la distance qui les séparait des lamed-hheth; puis on les
a conjugués sur le modèle des lamed-hheth, comme on conjuguait certains lamed-hé sur le
modèle des lamedaleph, et d'autre part certains lamed-aleph sur le modèle des lamed-hé.
Ces permutations de formes sont fréquentes en hébreu ou l'on se préoccupe de trouver tou-
jours des transitions entre classes voisines.
Nous venons d'établir que les aspirées ne se comportent pas toutes de même lursqu' étant
quiescentes, elles ferment la syllabe; nous devons ajouter que les deux, le hé et l'aleph,
qui peuvent être quiescentes sans fermer une syllabe, conservent encore quelque chose de
la nature lorsqu'elles sont muettes, et peuvent même alors influencer, chacune à sa manière,
les voyelles précédentes.
Nous traiterons ce sujet avec plus de détails daus le chapitre des muettes; mais dès
à présent il est bon de faire comprendre notre pensée par un exemple.
A la fin des mots, le hé muet possède encore en cette qualité une certaine prédilection
pour le kamets (dans la Genèse, sur deux mille trente-deux bés muets finaux, treize cent
quarante-huit, deux sur trois, se trouvent à la suite de kamets; dans le lévitique la propor-
tion est encore plus forte; elle atteint presque trois sur quatre : neuf cents dix-neuf sur
treize cents quarante-sept). Malgré cela, le hé muet ne paraît pas changer les conditions
dans lesquelles le kametz se trouvait s'il terminait le mot.
Ainsi lorsqu'un mot est uni par un makkaph à un mot précédent dont la dernière con-
sonne porte un kamets, il prend dans sa première consonne un daguesch de redoublement;
comme nous le verrons dans une autre partie de ce mémoire (S3"ri"''ty]^'l Genèse 40, 14, etc.),
de même lorsque le premier mot est terminé par un hé muet précédé d'un kamets, le mot
suivant qui lui est uni par un makkaph prend d'ordinaire dans sa première lettre un
daguesch de redoublement. Ainsi, daus la Genèse, sur dix-huit exemples de mots unis par
un makkaph et dont le second commence par une consonne susceptible de recevoir un da-
guesch, le premier se terminant par un hé muet précédé d'un kamets, quatorze fois nous
I
UX CONTRAT d'aliénation, ETC.
avons trouvé le dagnesch de redoublement; quatre fois seulement il manquait. D'autres
statistiques nous prouvent que cette proportion n'est point exagérée. Lorsque l'union se fait,
non plus par un makkapb, mais simplement par un accent ministre, on constate souvent la
présence du même dagnesch.
L'aleph muet, au contraire, n'exerce évidemment aucune attraction sur le kamets.
Dans la Genèse, sur huit cent quinze alephs muets à la fin des mots, deux cent trente-deux
seulement, un peu plus du quart, se trouvent précédés d'un kamets. Mais qu'ils soient unis
aux mots suivants par des makkaphs ou des accents ministres, jamais ceux-ci ne prennent
dans la lettre initiale un dagnesch de redoublement. On pourrait donc se demander si l'aleph
muet, qui joue un rôle si important par rapport au kamets. ferme la syllabe après lui:
mais il n'en est rien: car après cet aleph on ne trouve pas plus de dagnesch faible dans
les lettres begad-kephat que de dagnesch fort dans les autres.
En résumé, l'aleph final ne ferme jamais alors la syllabe; c'est donc bien une lettre
muette, comme le hé final; mais ces deux aspirées, bien qu'également muettes, ne sauraient
être assimilées en aucune manière. Jusque dans ce rôle etfacé chacune conserve sa nature
intime et son influence. ^ • i •
(L.! suite proeuainement.)
UN CONTRAT D'ALTENATION
D'UNE
MAISON PAR VOIE D'ÉCHANGE SOUS L'ANCIEN EMPIRE ÉGYPTIEN
PAR
E. Revillout.
Je veux seulement dire deux mots d'une découverte importante qui vient d'être faite.
Il s'agit d'une inscription de l'ancien empire que M. le professeur Sethe a communiquée le
4 novembre dernier à l'Académie de Saxe, et qu'il vient de pubUer ces jours-ci avec photo-
graphie dans les comptes-rendus de cette Académie. Je dois dire que ma traduction diffère
entièrement de la sienne. Il s'agit, à mon avis, d'une transaction tout-à-fait analogue à celle
dont nous avons de si nombreux exemples à l'époque éthiopienne et en conséquence du code
de Shabaka, c'est-à-dire d'un échange de biens immobiliers. L'acquéreur voulant faire une
fondation funéraire et construire dans ce but une de ces maisons avec jardin, dont nous
avons tant de représentations graphiques, s'est adressé pour cela à un scribe, qui a joué, à
son égard, le rôle de vendeur, en même temps que d'entrepreneur et d'architecte. Le fonds
vendu d'un terrain destiné tant à la maison qu'au jardin lui a été payé par des vergers
d'une étendue déterminée, ainsi que la construction même de la maison. Nous eu donnerons
plus loin le détail dans notre traduction. D'une autre part, l'auteur de la fondation a rempli
la main de trois prêtres funéraires ou hoiilca, c'est-à-dire leur a fourni les fonds nécessaires
pour couvrir les dépenses journalières de la fondation. '\^oici la traduction annoncée :
:Un tel» (il ne nous reste que des traces du nom) a dit : j'ai acquis cette maison, en
«équivalence (échange\ du scribe Tenta. Je lui ai donné dix vergers — contrat pour contrat
» — devant le bureau de l'enregistrement de la pyramide de Khufu.
12*
Eugène Revillout.
(Détail :)
1° .4 perches de terre (achetées par) 3 vergers pour la coustruction eu pierre.
2° «c4 vergers pour la toiture en berceau eu bois ash.
3° «2 perches de terre (achetées par) 3 vergers pour la plantation de sycomore.
«Des témoins nombreux ont témoigné.
«Est satisfait Tenta de toutes les choses de ce contrat.
«Il dit (l'acquéreur- fondateur) :
«Par la vie du roil J'ai fait être la Justice pour te satisfaire à ce sujet (ô Tenta), et
»pour faire être tout le contrat de cette maison. Je t'ai soldé cette rétribution là, et, pour
sfaire être un revenu à la demeure funéraire, j'ai rempli la main du houJia Ina, du honka
ïSebna et du honlca Hornankh.»
Voici maintenant le texte et les commentaires philologiques indispensables; car les com-
mentaires juridiques, je les donne dans mon nouveau livre de droit égyptien que je' publie
en ce moment à la libraire Geuthner.
(1^
cr-a D
(2)
(3)
(4)
W
(5)
(6)
k^
(V
•A
(14) (15) (16)
(9) (10)
(12)
(C3IZI1
ra
11
(17)
(18)
(20) (21)
^(Z)MA+>
(19)
D
(22) (23)
ii")
(24)
(25) (26)
.°^
(27)
(28)
P^,
i^-f
(1) Cette expression (correspondant à eme apporter) est celle qui, dans les textes hiéro-
glyphiques et démotiques (dans ceux-ci soit sous la forme j\ , soit sous la forme
désigne les acquisitions, à quelque mode qu'elles appartiennent.
Un conteat d'aliénation, etc. 89
(2) Cette expression, qu'on trouve dans les décrets trilingues pour rendre l'équivalence
donnée par les dieux aux vertus et aux bienfaits des rois, sert dans le langage juridique,
hiéroglyphique et démotique pour l'équivalence en nature de terres : l'échange. Dans les actes
réglés par le code de Shabaku asii «équivalence» est toujours eu parallélisme avec tei «ré-
tributionï^, que nous trouverons plus loin dans notre acte, mais qui sert aussi dans les actes
dépendant du code d'Amasis et dans ceux du code classique à rendre les rétributions en
argent.
(3) Cette expression , précédant le nom du vendeur, nous permet de mieux com-
prendre uue phrase de l'inscription d'Amteu, que j'ai traduite dans mon mémoire, intitulé :
«nouvelle étude juridique économique sur les inscriptions dAmten et les origines du droit
égyptiens^, publiée dans le Journal asiatique. Cette ])hrase (p. 34 de mon tirage à part)
porte Jj ^^ <=> ^33 ^ "^ 1 ^^'^^ ^ Si ^ *^ * acquit, en équi-
valence, 200 aroures de terre cultivable, de gens nombreux». signifie très souvent avec
et une phrase précédente j] <=> 1 ^^-^ 8 y^^ ^^ ^ j| ^ '"' «Il acquit en vertu d'un
décret royal 4 aroures des serviteurs et toutes choses» nous avait fait pencher vers cette
interprétation, ilais dans ce premier texte il s'agissait d'une maison donnée à Amten par le
roi avec les serviteurs nécessaires, etc.
(4) A , 1 ^ sont des synonymes bien connus du verbe donner.
'■ ^ ii ' i D -= D " (S
(5) qA, équivaut à TtTtî A, BMq'^, désignant, soit uue vigne, soit, comme l'a
très bien dit M. Maspero dans le Journal asiatique, un verger.
(6) Ainsi qu'on le voit par l'inscription d'Hapidjéfa et bien d'autres textes Q ou
^\ Q (Dnnj; dont le sens égyptien primitif est sceau, cachet, désigne aussi ce qui a été
cacheté et spécialement un contrat. L'expression «conti-at pour contrat» est remarquable.
Dans le droit égyptien de toute époque, les contrats étaient toujours unilatéraux et il fallait
autant de contrats que d'obligations distinctes ou parallèles. Il y avait donc un contrat de
vente du terrain à bâtir, etc., lait par le scribe Tenta, et un contrat, fait par l'autre partie,
pour les vergers cédés. Nous n'avons ici qu'une analyse monumentale de la négociatiou,
relative à la maison construite. Mais cette analyse porte plus loin que des témoins nombreux
avaient sigué sur les originaux et que le vendeur s'y était déclaré satisfait. Notons le
signe ^^^^ qui se joint pour la seconde fois au mot Q , eu guise de complément pho-
nétique. Le fagot se lisait aussi -/at.
(7) I (er^î£^) ©, que nous avons traduit bureau d'enregistrement — bureau devant lequel
la négociation avait été faite — est un mot composé du détermiuatif des lieux ®, suivant
la racine ï que Levy dans son dictionnaire a donné sous la forme i *^ , et qui
signifie, soit calculer, soit spécialment sous la forme <=> | ^^^^-^ enregistrer. L'expression
^^^1=3), copte MTo «devant», qui précède, est trop connue pour avoir besoin d'être commentée.
(8) ijwU et i A «4 jierches de terre et 2 perches de terre» se décomposent facile-
ment en : 1° sdb signifiant une perche dans toutes les acceptions de ce mot et 2° =^?^
90 Eugène Revillout.
to terre. Les perches de terre constituent, comme chez nous avant la révolution, une ex-
pression métrologique bien connue et sur laquelle j'ai beaucoup insisté dans mon mémoire
sur un papyrus bilingue du temps de Pbilopator, publié dans les Proceedings de la société
d'archéologie biblique. La perche se nommait aussi ^^^^ : et de là était venue la mesure
hiéroglyphique de terrain, appelée ^^'^i '^^^^ cesse employée en démotique dans
l'expression composée meh xet «coudée de perche, coudée prise sur la perche ou coudée carrée»,
taudis que la mesure, appelé meh aten «coudée de la division» et qui était également nommée
t.t;/uç dans les bilingues, comprenait cent coudées carrées. Cela est prouvé par les contrats
portant les deux mensurations et dont les terrains sont calculés par les coudées de côté,
aussi bien que par les coudées de superficie. On avait mis deux perches, théoriquement
longues de cent coudées, sur les deux côtés de l'aroure; et la coudée de la division avait tou-
jours théoriquement la longueur d'une de ces perches avec, à côté d'elle, 99 perches sem-
blables. La coudée de perche, elle, était un centième de cette coudée de la division, grande
mesure de.s terrains de ville, tandis que la perche elle-même, ainsi mise sur une si grande
longueur, succédait à l'ancien seteb ou x^i, qui, en carré, faisait cent coudées de superficie.
(9) Mil KcoT construire, construction, ce mot est bien connu à toutes les périodes de
la langue égyptienne. On se rappelle ces mots de l'inscription d'Amten (voir p. 35 de mon
mémoire déjà cité : œ-j f^ 1 fl] E ] <i^ Y^j^^ T «Maison, longue de 200 cou-
dées, large de 200 coudées, bâtie, plantée de très bons arbres.» Cela faisait 4 aroures, voir
plus haut).
= H ma wne pierre.
(10) (|
(11) Le mot '•^^ F=^ est déterminé ici par le plafond recourbé et désigne la voûte
en berceau en voûte. Déterminé par le lit, il signifie aussi berceau et lit. Voir Levy.
(12) Le bois af) a été assimilé tantôt au cèdre, tantôt à l'acacia. Loret y voit
l'acacia nilotica.
(13) Le mot p , n ou i— i^O, copte «oirç^e, désigne le sycomore. Ici, il s'agit d'une
plantation de sycomores.
(14) Les deux doigts en l'air |] constituent le geste des témoins attestant leur pré-
sence. Ils servent de déterminatif au mot q IjgA (Mc«pe) «témoin, témoigner» et s'em-
ploient seuls pour rendre ce syllabique métré, comme d'ailleurs (cela a été noté par Lbvi
dans sou dictionnaire) pour rendre ||qa= ||g7j = «.ottê appeler).
(15) <^4v as = enô.5H"°^ ^^'6" le n*. adjectival démotico-copte. Ce mot est fréquent.
J'ai cité plus haut, à propos de l'inscription d'Amten, les j, ^^^yf yf^^^? gens nom-
breux, qui lui ont cédé des terrains par équivalence. Ici, ce sont les témoins qui étaient nombreux.
(16) ' ^^ ont témoigné, voir note 14.
(17) (=Ti) Il 0 a été satisfait Tenta. Le mot se rattache à (=ù)]]| être juste,
être d'accord, être satisfait, -V-^^^^-V en copte. Dans les contrats démotiques de toute période,
relatifs à des aliénations ou à des reçus, on trouve cette expression ''=ïii (lO QA ■=^ "^ m"^ 0 ^ )
mon cœur est satisfait. L'expression est donc parfaitement à sa place ici.
Ux CONTRAT d'aliénation, ETC. 91
(18) -\[- ET^ contrat, voù Revue, VlII. p. 173 et suiv.; IX, p. 65 et suiv., p. 171 et
suiv., etc. Comparez, daus le Mastaba 78, la phrase : —.-l. a ^~^A^» 1x7^. | a~>a/va ^^^^ a ci
<=> =^5:^ 1\ Il '-'•^ ""-^ ^ <^H ^^^ Je ne leur ai pas donné puissance de donner
en équivalence par ampa à personne.
(19) Pronom démonstratif d'un fréquent usage.
(20) i^"f" Adjuré soit le roi'. Cette formule de serment, employé dans le contrat de
coemptio et dans une multitude d'autres, est exti'êmement fréquente même dans les compo-
sitions littéraires, comme les dialogues philosophiques du chacal Kouti et de la chatte éthio-
pienne. On la trouve aussi dans les procès hiératiques, particulièrement dans ceux relatifs
aux violations de sépulture. Voir mon livre sur les actions.
(21) Ti un faire être ^ établir <=|=> est un homophone de ^^ = oth.
(22) Il a signifié à la fois la vérité et la justice (voir mou mémoire sur Tidéalisme
chez les Egyptiensi.
(23j ^-o-^ = ^bi-rn a, entre autre sen.s, celui de contenter, satisfaire, comme Ta noté
Levy; çtûTn signifie conjungere, reconciliare, conciliare, copulare, uuio, etc.
(24) A = Ttoûjfie solder. Ce mot est en parallélisme avec ^Sî >J>) équivalence, dans
les actes de l'époque éthiopienne. Voir note 2.
(25) I Jj tdeb (eonf. otûjté effundere, transferre, translatio i. Ce mot est très fréquent dans
les mastabas de cette époque pour désigner les revenus. Je citerai le mastaba n° 300, portant :
Apport de piryru • offrandes funéraires) du trésorier du Pharaon Persen, pour revenus en
pain liet, en pain pesen, en huile sef, arrivant du sanctuaire de Ptahressaf pour la divine mère
Xeferhoteps, chaque jour, en perpétuelle offrande. Il a donné pour piryru dans le temps de Sahura.
De même dans l'inscription de Nekan/ du temps de Menkara :
Quand toute chose entre au sanctuaire, moi, prêtre, je suis sur toute chose de revenu
entrant au sanctuaire.
(26) ~L , qui est employé souvent pour toute une nécropole et pour la région où les
morts arrivent, désigne ici le seul tombeau, c'est-à-dire la maison funéraire en question où
devaient êti-e faites les offrandes funéraires par les trois prêtres de Ka.
(27) X '?^ °=^ = Ç.\ X =«=^ = Aveo remplir. Il .s'emploie en démotique pour les
quittances. Celuf qui a reçu l'argent en est rempli pour ainsi dire. Il s'emploie aussi, comme
dans notre second exemple, pour désigner l'action de remplir la main, c'est-à-dire de munir
de fonds certaines pei"sonnes.
(28) Xous croyons inutile d'insister sur cette fonction de prêtre funéraire, prêtre de Ka,
que tous les égyptologues connaissent. Les prêtres de Ka ont été remplacés pratiquement
92 Eugène Revillout. Deux contrats démotiques archaïques.
par les choachytes. Mais ils sont encore mentionnés en démotique dans un acte, daté d'Arta-
xercès. Le prêtre de Ka a alors son choachyte qui immole pour lui les vietimes funéraires, etc.
DEUX CONTRATS DEMOTIQUES ARCHAÏQUES.
PAR
Eugène Revillout.
Nous donnons, comme planches de ce numéro, quatre photographies se rapportant à deux
contrats du British Muséum dont nous avons fait les mots-à-mots p. 624 et suiv. et 644 et
suivantes de nos «Contrats égyptiens archaïques, démotiques et araméens», dont le premier
volume (celui qui est consacré aux «Contrats démotiques-archaïques») vient d'être achevé.
L'un de ces contrats (dont nous avons souvent parlé dans nos livres de droit) est fort
intéressant par sa double date; l'an 25 d'un roi éthiopien, régnant alors à Thébes et corres-
pondant à l'an 5 du roi Amyrtée (Amenher), dont nous connaissons déjà l'orthographe
égyptienne par la chronique démotique et qui luttait également avec les Persans d'Arta-
xercès dans la Basse Égj'pte. On sait par Hérodote qu'Amyrtée fut battu et son allié fut
sans doute aussi poursuivi et battu par les Persans, puisqu'un peu plus tard, dans les papyrus
égypto-araméens d'Éléphantine, la cour de justice, qui siégeait alors à Syène et était présidé
par le général des troupes persanes, portait encore le nom de cour de Noph ou de Napata,
mot qui dans Isaïe désigne la capitale des princes éthiopiens. Ce contrat est fort intéressant
au point de vue du droit, car il date la première réforme du droit égyptien par les rois
révoltés contre les Perses (voir p. 56 et suiv. de mon ouvrage sur les origines égyptiennes
du droit civil romain). Il est non moins intéressant par une foule de détails historico-éco-
nomiques qu'il contient; je citerai la mention : 1° d'un égyptien, prêtre du feu (comme les
mages persans); 2" d'un château d'eau, placé dans la montagne pour régler l'aménagement
de l'eau du canal de l'occident à Thébes, etc.
L'autre contrat est daté d'Apriès. C'est la seule constitution dotale immobilière que
nous connaissons ^ et cela pour un contrat dont les effets pratiques avaient été retardés
d'un an vu l'âge de la jeune tilie. Si au bout d'un an le beau-père ne livre pas les 40 aroures
promises, c'est le tiers de tous ses biens meubles ou immeubles qu'il devra livrer. Ajoutons
que la jeune femme mourut jeune, sans enfants, car, en l'an 3 d'Amasis, son époux se fait
encore maintenir par un oncle, en dépit des droits de la famille, dans la possession des
40 aroures en question, sous prétexte d'un suten ti hotep, fait au dieu Montemuas.
Bibliographie. — Signalons trois nouveaux livres sur la religion égyptienne par MM. Virey et Amé-
LiiJEAU et par mon ami. le Professeur Erman de Berlin, auquel nous devons aussi trois lectures à l'Académie
de Berlin, intitulées : 1"^ Ein Denknial memphitischer Théologie; 2'= Denksteine aus der theb.anischeii Gniber-
stadt: 3« HjTnnen an das Diadem der Pliaraonen (à comparer avec un des odes de Salomon. tirés du recueil
copte de la Pistis Sophia, odes dont M. Eesdkl Harkis a publié la totalité d'après une version syriaque).
Le Professeur Sbthe nous a aussi envoyé un curieux contrat de vente d'immeubles, remontant à l'ancien
empire, dont nous parlerons plus en détails juridiquement à la fin de notre dernier volume de droit qui va
paraître à la librairie GEnxHMER et dont nous avons domié plus haut l'étude philologique. Nous ne dirons
rien sur la dernière publication relative à un nouvel exemplaire du décret de Rosette, faite par un auteur
que nous avons cité sans cesse ici et qui a trouvé le moyen de citer tout le monde, excepté nous, pour
un sujet si souvent (et dernièrement encore dans le Journal asiatique) traité par nous en détails.
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REYUE ÉGYPTOLOGIQUE
PUBLIÉE PAR
M. EUGÈNE REVILLOUT.
AVEC LA COLLABOEATIOX DE
MM, AMÉLINEAU, BIGOT, BISSON DE LA ROQUE, P, DEIBER, DELAPORTE,
GIRON, GUÉRIN, MALLET, PATDRET, ABBÉ SAINT PAUL GIRARD.
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
LIBBAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE, DE LÉCOLE DES LANGUES OKIEXTALES VIVANTES, ETC. ETC.
2S. KUE BOSAPAETE, 28, A PAEB.
XIV^ Volume. N° lil. 1912.
La EEVUE EGYPTOLOGIQUE parmi tous les trois mois par numéros de six feuilles axi moins, avec
planches, fac-similé etc. — Aucun numéro ne se vend séparément.
Frix de l'abonnement annuel : Paris 30 fr. — Départements 31 fr. — Etranger 32 fr.
Sommaire : La grammaire copte, étudiée dans ses origines hiéroglyphiques et démctiques, par EuGÈSE Kevillout. — La bi-
bliothèque du Sérapéum d'Alexandrie, par Ecgèke Revillodt. — Le syllabaire démotique, par le Professeur,
D' EcGÈSE Revilloct. — Le papyms médical copte de Meschaïch, par Fr. A. Deibek 0. P. — Livres et revues
par EcGÈ.SE Revillout.
LA GRAMMAIRE COPTE
ÉTUDIÉE DANS SES ORIGINES HIÉROGLYPHIQUES ET DÉMOTIQUES.
PAR
Eugène Revillout.
I. GENERALITES.
Le copte est un dérivé de Tancien égyptien ou plutôt c'est la forme chrétienne et
moderne de laneien égyptien. Il se rapproche surtout du démotique, mais avec Tintroduc-
tion nouvelle de beaucoup de mots grecs, tandis que ces mots étaient très rares en démotique.
Ce n'est pas, comme en démotique, parce qu'on n'aurait pu les rendre en égyptien, qu'ils
furent admis, mais par une sorte délégance. Le grec était, ou avait été, la langue sacrée
des Chrétiens. On procéda donc à son égard comme ou procéda plus tard en persan et en
turc pour l'arabe, langue sacrée des Musulmans à laquelle on pouvait emprunter, ad libitum,
des mots qu'on aurait parfaitement pu rendre soit en persan, soit en turc. Ce serait donc
une besogne parfaitement oiseuse que de rechercher les mots grecs employés en copte.
Tous les verbes et tous les substantifs y ont droit de cité. De plus, certaines particules
jouissent d'un privilège analogue, soit dans tous les dialectes, soit dans lun d'entre eux. Il
faut noter, de plus, que lun des dialectes, le thébain, conjugue directement à l'égyptienne
les radicaux verbaux grecs grossis d'un e final (.si fréquemment employé dans le même dia-
lecte pour les racines égyptiennes), avec les règles de contraction grecque, tandis qu'un autre
(lalexandrin, autrefois appelé mempbitique; prend linfinitif grec quil fait précéder du verbe
faire, comme on procède en turc en cas pareil, et que ce verbe faire (ep) est conjugué à
l'égyptienne. Grâce à cet usage, nous possédons ainsi dans ce dialecte copte la forme pri-
94 Eugène Revillout.
mitive en sstv des verbes en om, qui a toujours disparu en grec et que M. Egger pen-
sait n'avoir jamais existé. Notons qu'un troisième dialecte, dont la provenance n'est pas
encore connue et que nous nommerons le dialecte X, combine les deux procédés, c'est-à-dire
le thème verbal thébain avec le verbe auxiliaire ep.
Quant aux substantifs et aux adjectifs, on en prenait généralement en copte le nomi-
natif singulier (le nominatif singulier masculin, s'il s'agissait d'un adjectif) et on le déclinait,
s'il y avait lieu, à l'aide des particules coptes. Certaines locutions étaient seules exceptées.
Il faut noter aussi que dans l'état construit, soit d'un substantif et d'un adjectif, soit de deux
substantifs intimement reliés entre eux, le premier, adjectif ou substantif (n&.T?A.«oe nptoMc
ou nptoMe 'iïe.i'iv^oc), se déclinait seul et que le second était relié à lui par un n de relation.
Cette règle existait déjà en démotique, d'ailleurs. L'introduction du grec n'y a donc rien
changé. Il va sans dire que la langue chrétienne écrite des coptes a été longtemps parallèle
à la langue des païens, qu'on écrivait encore dans les anciens caractères, et particulièrement
en démotique. Les païens, en effet, n'ont complètement disparu de l'Egypte qu'après l'inva-
sion musulmane, ainsi que nous le montrerons ailleurs.
IL ALPHABET.
§ 1" Transcriptions diverses.
La grosse masse de l'alphabet copte est emprunté à l'alphabet grec par la raison que
nous avons expliquée dans le paragraphe précédent, à propos des mots grecs introduits en
copte. Il ne faut, en effet, jamais oublier que le copte est l'égyptien des chrétiens et que
le christianisme est venu, dans la vallée du Nil, par des missionnaires parlant grec. Ce ne
furent pourtant pas les chrétiens qui eurent l'initiative première de transcrire l'égyptien en
caractères grecs. Même en laissant de côté les noms propres et les termes juridiques égyp-
tiens, tels que ctupiuai;, venant du copte ujTwpi, ^ etc., qui, bien antérieurement au christia-
nisme, sous les Lagides, étaient sans cesse transcrits en grec, les phrases égyptiennes furent
transcrites en grec par les magiciens et les gnostiques dans des incantations ou des for-
mules pieuses, et cela à une époque qui, bien que romaine, a précédé la constitution défi-
nitive de l'alphabet copte par les chrétiens. Naturellement, dès cette période, il fallut com-
pléter les lettres coptes spéciales par d'autres lettres destinées à rendre d'une façon adéquate
les sons propres à l'égyptien, lettres empruntées au déniotique.
A ce point de vue, il y eut plusieurs essais successifs ou parallèles dans plusieurs
classes distinctes de documents.
Nous citerons d'abord certains papyrus magico-gnostiques, écrits généralement en grec
et qui dans quelques pages nous donnent des formules égyptiennes. Tous ces papyrus ont
été publiés par moi dans mes «Mélanges» de 1875.^
' Le uj est ici transcrit en grec par un siyma. Il en est de même dans les noms propres ptolé-
maïques des bilingues, qui ont recours à des semblables approximations pour dc, q, etc. Voir plus loin.
"^ Mélanges d'épigrapliie et de linguistique égyptienne dans les «Mélanges d'archéologie» de Wieveg,
publiés par de Rougé .avec le concours officiel de MM. Lenohmant, Maspero, Pierhet, Kevillout, tome III,
p. 36 et suiv. et planches.
La grammaire copte. 95
A. L'un d'eux qui se trouve au British Muséum et que Goodwin avait sigaalé, étudié
et commenté, mais sans en donner ni texte continu, ni fac-similé, contient :
1° La lettre démotique y, pour équivalent du *^-=^ hiéroglyphique et du q copte (/
ou w).
2° La lettre démotique h. ou -b, pour équivalent du J hiéroglyphique et du a copte
{x ou hh).
3° La lettre démotique 3. , pour équivalent du <>= hiéroglyphique, homophone de 9,
et du 2. copte (h).
4" La lettre démotique ;_, pour équivalent du i hiéroglyphique et du ^c copte {dj).
5° La lettre démotique 2?, pour équivalent du TtT»T hiéroglyphique et du va copte.
6° La lettre démotique ©, pour équivalent du © hiéroglj^phique (x ou Jch).
Dans la Zeitschrift de Lepsius (1868, p. 18), Goodwin a donné sur ce papyrus des
transcriptions coptes et des commentaires assez étendus, pour que je croie suffisant de ren-
voyer ici à sou travail, à mon fac-similé et à mes résumés philologiques.
B. Le papyrus de la Bibliothèque nationale, contenant, entre autres choses, les odes or-
phiques de Miller (dont Wessely a donné le texte grec complet et dont j'ai publié la partie
égyptienne, pour la première fois) nous fournit :
1° La lettre démotique ", pour équivalent du ^^^=^ hiéroglyphique et du q copte. ^
2" La lettre démotique J-, pour équivalent du | hiéroglyphique et du =«- copte.^
3° La lettre L qui paraît un o Qi)^ comparable (?) au fi hiéroglyphique, au"! démotique
et au o copte. On ne le trouve que dans un mot plusieurs fois répété, le mot neUi ou ncLce
(neç^ei).3 Mais sa forme est identique à l'une de celles qui traduit le J- démotique et le |
hiéroglyphique dans le papyrus bilingue de Leide.
4° La lettre démotique ?., que nous avons notée pour le papyrus de Londres comme
équivalent de »^= et de ç. (/»), devient dans celui de Paris t (f ""'^'' '^"P^ sur la terre
entière) et se rapproche ainsi singulièrement de la forme copte o .
5° La lettre démotique i,. tirée de la ligature ® et qui en démotique est une lettre
simple (rôle que conservera, dans notre papyrus, son correspondant), devient 3, analogue sauf
la queue au "^ du démotique et du papyrus de Londres, équivalant à Itlu et à yj {sh). Il
faut remarquer, en effet, que cette forme 3 a, dans le papyrus de Paris, la valeur constante
Ml ou X-*
' Ai&pe'' TûjAVfc; OTcoTfc; ni©àkfc; mmo''; ÉcXy efcopis; CfcTi \\&.t,, etc.
' neUi n^oioiTT, etc. J'.ii aussi songé à un syllabique ; le syllabique 1 ou F, déni. J_. qui se
trouve justement en hiéroglyphes d.ms le mot r-i H -^3- "f^^s'- -'^^''''s '' 8<"^^'* singulier qu'on ait
admis un syllabique panui ces lettres de transcription destinées à compléter l'alphabet grec. Ce qui est
certain, c'est que je ne trouve pas l'origine graphique prob.able de L, représentant un simple h.
■* ezOTS-n = eSOTn; x*. = **.; 5C11 = *en; cmnz = ctonS. etc.
13*
96
Eugène Revillout.
6° La lettre démotique s, qui paraît encore un ® (x), comme dans le papyrus de
Londres, bien que remplaçant généralement le «j ' dans le papyrus de Paris, qui n'en a
pas d'autres et dejenant souvent aussi un f^ copte, lettre dont la valeur primitive n'est pas
bien déterminée et qui, dans la lexicographie, correspond d'ordinaire en hiéroglyphique au
S (g), en démotique au 1<, en n_ et en sémitique au guimel.
Pour faire mieux comprendre, que, par des mots isolés, les équivalences que nous avons
indiquées pour les lettres de notre papyrus, nous croyons bon de donner ici un des deux
textes suivis avec les équivalences et les traductions. Voici, par exemple, une incantation
aux dieux pour les sommer de répondre aux interrogations qu'on leur fait, incantation très
analogue à celles que nous avons en si grand nombre dans le papyrus magique démotico-
grec de Londres-Leide :
OTtoTi' OTVcipe ncpo hth niiiiÊ utk.\hcc ncT nnpHC iiTiii ctJ_i
Avance Osiris, roi du Tiau, seigneur de la tombe, qui est au midi , eTl' ■fe'i *i"^
(OTtoTÊ) (nOTpo) ®n) (iiHÊ) (nTK*.ice) (ncT nnpHc) . . . (ct)
OTto ncÊiùT ncT^jv 3'^*-^ nnoTÊc nncpo ctê neqcoOT
interroges les mois, qui es sous labri? du palmier du roi, lequel palmier est sa gloire
(3£.I0TÛ>) (ôkfiOT)
(ner) (a*.
J '(j) (""""Po)
(CTï)
(ne-jcoou-)
par le parfum. Avance Altabot, amène Sabaôth, à moi, à l'intérieur. Avance Althonai,
ujhAcm (otû>t6) (&nO (n&i) (e;*OTn) (otmtê)
le grand en force, amené Michel à moi, à l'intérieur, le chef des anges étant devant
OOTO (*•«') («*•') (eSOTit) is'ft.'^H) (evoi) (htcm)
IinOTTTC CTÛlTfc
««.nOTÉ npcM
„3^ne
TÊiM
de 11 re'-*'ion
de Dieu; transportes-toi Anubis, l'habitant , ' none ^^ Khanéis. Isis, la porteuse
nno-s-Tc) (ou-(oTÈl (mioth) (npM)
(nTtouj)
(hce)
tû>(o)t OTTTûiOTr nTcp -zoiOT nT&^nOT I ner len
de montagne parmi eux, que tu fasses parfums de Ta/nui celui qui dans
(tooit) (oiTTtoOTl nxep ujoot ... (nsT Sen)
TH M.\pc'4 Tojnfc nCT3En ii».Hp Avp OT TOiXe nceï e30Tit
le Tiau, qu'il se lève, celui qui est dans l'air, liez une échelle et qu'ils viennent à l'intérieur
(@ n) (Ma^peq Tùinq) (ncTAen) . . . Mp ots- tAû> nce ci cSoirre
net J_i OTTO» na.!
pour me répondre.
(nce 3£.i OTs-M n«ki)
' Exemples : Oe cn©oi ^= jijc eniyo)! ; (3e>.iiTec i = ui^ttTec i (voir semblable forme 2li.1^ =
ujikUTec dans le Koiifi) ; t& (ôepi hci = t«> lyepi hci; eojurc = ujomtc; ea^ipe = ujiMpe; A.«>ou-<5 = Â
\*kOT<& pooTiy; <5oï eTne = ytoï cxne; to<3 == touj, etc.
' (SAioT = (tAûjt: eooj*.6; Stoq = s'caÊ; (Soomê; Sec; nooSe = nto<re, etc.
' Jlot qui sans le trait des abbréviations me paraîtrait être **pr^ «une.
I
La grammaire copte. 97
Daus le grand papyrus magico-gnostique de Londres et de Leide, ainsi que dans un
papyrus de Paris, etc., ce n'est pas à un texte égyptien, transcrit en grec, que nous avons
affaire, mais à un texte démotique. Seulement, il est bilingue, c'est-à-dire que certaines for-
mules en sont transcrites entre lignes en écriture grecque, complétée par des lettres dé-
motiques ou des signes de convention d'autre nature, pour rendre certains sons que les ca-
ractères grecs ne pouvaient rendre ou rendaient mal et incomplètement. Nous signa-
lerons :
1° Le caractère 4 = ®, transcrivant «s ou ® (11, 18) pour ly : Iweu = n^wï,
copte iiujûji.
2° Le caractère © (celui que nous venons de rencontrer dans l'équivalence précédente)
gardant encore la valeur primitive. Ex. : zA^cSf' = ©«^xe 1 '*^'i oc^-zicV
3° Le caractère s» = Mil ayant, comme en démotique, la valeur u). Je citerai
cet exemple dans lequel le texte démotique portait l'autre ja ; a = r~n-i : jxt^wr =
4° Le " = '^^ = q. Ex. : C''/~^^0/~^ = opiioTûip»'.^
5° Le J- = i = 3«-. Ex. : fC w)-^ = Tcu;_ioTr.
6° Le i = T = s ou aspirée forte. Ex. : f/icjSr^aj = ^Mevisp,!'
7° Le / = ra = •^. (h). Ex. : |9/4i_C) = i.-:L-.,)\l («^OC")-*
8° La lettre P. = ^=^ || = o). Ex. : "szT = «?£t. (Le | est employé pour
l'homophone ?, comme ailleurs pour l'homophone HD dans 1i.2-|.? = />ccu-,)
Notons que dans ce papyrus, ainsi que je l'ai expliqué dans mes «Mélanges» de 1875 :
1° La lettre grecque Y, portant comme initiale en grec l'esprit rude, est donné aussi
dans nos transcriptions du démotique comme équivalent du Jiori (a ou ?. = 9^ == h).
2° La lettre ^, représentant en démotique et en hiéroglyphes l'épine dorsale et se
prononçant, soit wt (ancien at), soit oi (ç^iûixq = ç^itotoq)^ sert à rendre Vaïn sémitique. En
effet, cette lettre existait dans l'ancien égyptien sous la forme ^ — d ou c (dém. : i ou o),
mais avait beaucoup perdu de son son guttural et a complètement disparu en copte.
Parmi les très nombreux exemples^ de ces lettres de transcriptions je citerai seule-
ment fjSy)-i—(,^.OA» = e.i^(t6.-f\y%.T.
Notons que dans cet exemple et dans beaucoup d'autres on remarque aussi la lettre
de transcription -O-, équivalant au qoppa (q disparu dans l'alphabet grec récent et qui existait
' Ici, comme dans deux autres exemples cités à la pi. 10 de mes «Mélanges», 3» = JjTtT = ïB
s'échange avec A = C3s:d = uj. Dans d'autres cas, le caractère est le même dans le texte et sa transcrip-
tion. Ex. ; ^^_^,:h'ii I <}-\. = ûa.pe3&K.
' Voir aussi : ^dj = nxii^y.
^ A^Ai-W^iiwii-h = h}- cick\>ô; ^^l^iiii] = na.cL'Si^T. Ces deux exemples prouvent que L
était le correspondant de J_ dans la transcription grecque des mots égyptiens. Nous avons vu plus haut
que, dans le papyrus grec de la bibliothèque nationale, le même signe avait un tout autre usage dans les
transcriptions de ce document.
* Conf . /)>_i)2j y = Ai\i\i_,i, i}^^0) -Uii 1)2 = ««.o^t^TÊ, etc.
^ Voir, pour la première, les exemples cités dans le § 3 de la reproduction des lettres égyptiennes
dans les transcriptions du papyrus de Leide (pi. 10 de mes «Mélanges» de 1875) et, pour la seconde, les
exemples cités dans le § 5, ibidem, pi. 11.
98 Eugène Revillout.
aussi en égyptien sous la forme hiéroglyphique a et la forme démotique i_, mais qui est
définitivement tombé eu copte). Ce signe hiéroglyphico-démotique f> se lisait qa en démotique,
ainsi que le prouvent les compléments phonétiques de ce S3i]abique.i
Notons d'ailleurs que l'ancien qoppa, l'ancien a on q hiéroglyphique, a été aussi directe
ment transcrit par un signe différent et bien connu en démotique, soit dans notre papyrus
qui l'écrit i_, ex. : Mi— ^= i—ois-ï (en copte hoti), soit dans une autre classe de docu-
ments dont il nous faut dire ici quelques mots.
En effet, ce ne sont pas seulement les magiciens et les gnostiques qui ont eu l'idée
de transcrire l'égyptien avec un alphabet formé en partie de lettres grecques et en partie
de lettres démotiques. D'autres ont recouru au même procédé simplement dans un but civil,
si je puis mexprimer ainsi.
Les taricheutes et les choachytes avaient soin des morts et les envoyaient, souvent
à de grandes distances, dans leurs pays d'origine. Il fallait pour cela des lettres de voiture
ou au moins des étiquettes permettant de distinguer les défunts les uns des autres. Ce
sont les tablai. Les unes étaient écrites en démotique; d'autres en grec; d'autres même
étaient bilingues, comme les anciens papyrus bilingues de la période lagide, où les notaires,
pour les noms propres des parties et des témoins, etc., avaient été obligés aussi d'user d'une
transcription grecque. Il est vrai qu'à cette époque, relativement antique, on ne s'était servi
pour cela que de lettres grecques, donnant, je l'ai dit plus haut, une simple approximation,
souvent même contraire à la phonétique égyptienne.
C'est ainsi que le o avait servi à la fois : 1° à rendre une lettre double Tj = ^^5^ 8
ou /Vj = /9^rQ, selon l'esprit de la phonétique égyptienne et surtout thébaine, conservé
jusqu'en copte sahidique, dans lequel 9 ne sert qu'à cet usage pour rendre le n, suivi d'un 9
fcomme «^ que to^ etc.), ex. : fij- lufoi^^i? = cïvsjsfiiûi; et ff/i'T'j = çaTp-^;; 2° à
rendre, contrairement à cette phonétique, un ^^-^^ = f = % soit directement ^©fcj''» =
Eswvj/o:, soit dans le syllabique î = ir;_ = noqpc (ex. : ft'J--ë = ovvwçp'.ç), sylla-
bique qui prend, dans certains bilingues, une forme contracte fa-lîLpj-lu (petinofré hotep)
= Trs-cevcçoj-TjÇ.
C'est ainsi que A ^ J_ = =£. est transcrit directement par le sigma, ex. : |»M;J_/i.
(t it oi atiaccoi) = cicoic.
C'est ainsi que le 2? = TtîtT = «1 était tTauscrit également par le sigma. Ex. : J-cjSjÎ?;?
= THirCIC, "éljSS^'^ = CiLjCIlHpiC.
C'est ainsi que l'aspirée forte & = ® ou * = ® était transcrite par le •/ grec, soit
directement (voir l'exemple précédent et u^/fsïl a-/ amen eroou = x'-**-"«'P«''"c); soit dans
les syllabiques fjii'j&l any.py.rat = x*^"0XP«''^"<^) 0-?lu = neTex^ncic, 0_?^'j = \yeitx"""^'*^)
ffjln^l'j peti ney.t = na.ncx'^Tuc.
Il en était de même du syllabique J /a = i = s, devenu une simple aspirée forte.
Ex. : rj-?|/-bj = nxopx'""*^"^-
1 c/Ai = /I -O- n^g^ provisions (hier. 1 M. Voir le papyrus moral de Leide, expliqué par moi
dans le Journal asiatique.
La grammaire copte. 99
Quaut à l'aspirée douce ^ = T, ?. = ^=3 et Rj = ',, elle n'était génévaleaieut
pas rendue du tout, étant réduite à n'être eu grec qu'un esprit. Cependant on en trouve
la trace, nous l'avons dit, dans certains '^, résultant de nXç/ comme peut-être daus certains
«■, résultant- de tXç.. Généralement, cependant le <» répondait à un t simple en démotique.
Les exemples de ces règles de transcription, bien grecques d'esprit, sont innombrables
à l'époque lagide.
Sous les Romains, les populations s'étaient plus fondues. On ne pouvait plus dire,
comme du temps d'Hérodote, que jamais une égyptienne ne baisait un grec. On se com-
prenait mieux mutuellement et ou devint souvent plus exigeant pour la phonétique du pays.
Les anciennes habitudes grecques persistèrent pour quelques-uns des scribes, mais pour
d'autres, qui n'étaient souvent grecs que d'apparence, il sembla nécessaire de faire du nou-
veau et de se rapprocher davantage de la langue originale. Cette tendance des ensevelisseurs
étaient d'ailleurs celles des -rédacteurs de papyrus à la même période.
Dans les tablai bilingues et même dans celles qui paraissaient uniquement grecques,
souvent les lettres grecques étaient mêlées à des lettres démotiques pour les sons qui n'étaient
jias représentés par l'alphabet grec actuel — et cela à propos de simples noms propres.
On y voit :
1° Le h ou Jwri (1) sous sa double forme démotique ordinaire pour le nom propre
îji)w-|- 4Au?^ = TpoAv ncv \6eiT, qui unc fois est transcrit ) ^ m et une fois par ?. =
2° Le u) (sh) copte, rendu par 3' = Ttî^T dans le mot démotique, transcrit Avep27ioc, etc.
Ces transcriptions eu signes démotiques sont parallèles à d'autres transcriptions en ca-
ractères grecs, dont quelques-unes sont fort curieuses.
Je citerai le |, que M. de Eouqé a démontré correspondre au tsadé daus les transcrip-
tions égyptiennes des noms hébra'i'ques. Or, ce | , qui, en démotique s'écrit il-, est transcrit
Tc dans le bilingue, J.^y--fi^±Lli-^ (= 1^ | "^^^ '^ [^|(^û) = nTc^pnec. Ailleurs, la
même lettre est transcrite, soit c, soit t et dans les bilingues, précédemment cités, elle est
reproduite au milieu de lettres grecques.
Ailleurs, le «^ ^ "^^'^ = % que nous avons vu reproduit de même au milieu de lettres
grecques, est transcrit par o, comme dans les contrats bilingues de l'époque ptoléma'ïque.
Est-ce par suite d'une tradition se rattachant aux habitudes grecques et à la phonétique
grecque, faisant du s une lettre simple, un n adouci, influé souvent par le voisinage? Est-
ce — dans nos planchettes du moins — affaire dialectale égyptienne, se rattachant au dia-
lecte qu'on appelait autrefois memphitique et que j'appelle alexandrin, qui considérait à la
grecque et comme lettre simple cette lettre ?'? C'est une question sur laquelle nous revien-
drons.
' Les noms, commençant p.-ir AK ^=> i^?"'''> ^o"* transcrit <(ipi en g-rec.
- Ou qu'on croyait résulter MO'nmO )^2J = .\ndHiiiûm. Ici, il est vrai, le n précédant adoucit le t
pour les grecs, bien que non transcrit en égyptien.
100 Eugène Revillout.
Parfois aussi, les planchettes touchent à une autre question, très délicate, celle de l'ori-
gine de la lettre copte <f, dont nous avons déjà dit plus haut quelques mots.
Au point de vue graphique, il est certain que le a- copte représente la lettre démotique
<5, c'est-à-dire un ® hiéroglyphique.
Au point de vue lexicographique des racines égyptiennes et coptes, il est non moins
certain — nous l'avons dit — que le s" copte répond toujours ou presque toujours à une
toute autre lettre : la lettre ffi ou 2^ ou «<_ en démotique, qui appartient, non à la gamme
des aspirées fortes, comme le ®, mais à celle des h ou p. Je sais bien qu'entre ces deux
séries il y a parfois des échanges. Mais ils sont très rares : et on ne voit pas bien d'où vient
l'assimilation d'une lettre provenant du ®, avec une lettre provenant du ffl- Un échange
de ZS = "^ avec ^ est tout aussi rare. On le remarque cependant dans une de nos plan-
chettes (R 471). Le nom propre r''^N_'J-l? répond, en effet, en hiéroglyphes à \^'^'^^^
Q v\ [1 (3 .-^.^ «la fille du jardinier» et il est transcrit ce«ni_e.iMioc. Ici, i_ = ^ rem-
place ?^ ou ^^ = S- Mais il y a une cause. En démotique récent, comme en copte, le mot
jardin (copte <ra>M) s'écrivait avec wv = ffl = <f , tandis qu'eu hiéroglyphes il s'écrivait par
LJ ^ ^ = p ou qoppa (| ) ^i. y)''^ '-"-')• 1'*'"'' ^^^'^ n^ simplifie pas beaucoup la question
du CT" copte, qui, notons-le, dans les documents de basse époque, s'échange parfois avec kappa,
mais à peu près jamais avec une aspirée forte ou douce. Il s'échange au contraire sans
cesse en copte avec -^^ ce qui est tout aussi étrange, si, selon l'opinion ordinaire,* on fait
du o" un u ou un r et du | = ;_ ^ o«. un tsadé primitif, transcrit encore tc, c ou t dans
les premiers siècles de l'ère chrétienne et qui dans l'ancienne lexicographie hiéroglyphique
s'échange avec un < (<=> = s — > = c^2=). Nous reviendrons aussi plus loin sur ces faits et
sur les hypothèses qui semblent pouvoir les expliquer.
En ce moment eu voilà assez pour les transcriptions eu caractères démotiques, mêlés aux
caractères grecs, transcriptions antérieures à la constitution définitive de l'alphabet copte.
Cette constitution eut, du reste, plusieurs phases et plusieurs origines distinctes. Pour
expliquer notre pensée à cet égard, il faut que nous disions, dès à présent, quelques mots
de la question des dialectes, dont la place est logiquement ailleurs et que nous avons traité
plus en détails dans le chapitre approprié. Si nous en parlons déjà ici, c'est que les dialectes
constituent des séries parallèles aux séries de manuscrits à transcriptions que nous venons
de traiter.
Les unes et les autres nous font assister à la pluralité des efforts, à peu près contem-
porains, devant donner naissance aux alphabets coptes, qui s'unifièrent à peu près à une
époque secondaire.
(La suite prochainement.)
' Dans le papyrus de Paris, où <Z> répond tantôt au uj, tantôt au a" copte, nous trouvons un échange
de ce e avec dc. ; cSen. pour caccn. Or le 0£ est ici la forme primitive.
' On transcrit d'ordinaire S — * P**"" 0- Or, le gamma existe en copte, mais e.xclusivement pour
les mots grecs et pour mr = nu. Il faut donc croire que, si J^ ^= <f représente un g, ce n'est pas le
gamma grec, mais plutôt le guitnel i sémitique, dont le gamma tient pourtant la place dans l'alphabet.
Nous reviendrons là-dessus.
La bibliothèque du Sérapéum d' Alexandrie. 101
LA BIBLIOTHÈQUE DU SÉRAPÉUM D'ALEXANDRIE.
PAR
Eugène Revillout.
Dans le chapitre 6 de mou roman cQuis est Deus», à propos dune scène relative aux
prophéties que le chrétien Phibfhor fit au juif Gamaliel au Sérapéum même, je m'exprime
ainsi au sujet de ce sanctuaire :
«C'était une des merveilles de la splendide ville d Alexandrie que ce temple, bâti par
Ptolémée, fils de Lagus, à la place d'une ancienne chapelle de la triade d'Osiris, Isis et
Horus II l'avait dédié au dieu de Sinope Sérapis, amené du Pont par ses ordres, et qui avait
été assimilé dès lors au dieu égyptien Osorapis, que les Grecs confondirent, comme Plutarque,
avec Osiris, en lui donnant Isis pour épouse. Au fond, il n y avait aucun rapport entre Osor-
hapi ou Apis mort ^ et le dieu sinopique Sérapis, ayant un boisseau sur la tête et une lance
' Le bœuf Apis de ilempbis et le Itœuf Muévis d'Héliopolis devenaient des Osiris après leur mort.
comme l'homme, justifié lui-même, et pourtant Apis était à Jlemphis une. seconde vie. une incarnation de
Ptah, le dieu suprême. Ajoutons que, conmie aux autres morts humains, ou offrait à Osorhapi des bœufs
en sacrifice et que les proscynèmes sutentihotep faisaient mention de ces offrandes, qui n'étaient certaine-
ment pas destinées à la nourriture du bœuf Apis dans la vie d'outre-tombe. Il en était de ces dons en
pains, vins, oies, bœufs, etc.. comme des pains de propitiation des Hébreux, qui. on l'a remarqué depuis
longtemps, ont beaucoup imité les rites des égyiitiens, même pour la liarque sacrée et portative des divi-
nités devenant l'arche d'alliance, pour les coutumes et les onctions sacerdotales ou les sacrifices, holocaustes,
libations, ablutions, etc.
Puisque nous parlons du .Sérapéum d'Alexandrie, nous devons noter que c'est lui qui a donné en
grec le nom de Sérapéum. jusque dans les décrets trilingues, au temple d'Apis, même à Jlemphis. oii le
Sérapis sinopique était inconnu. Ainsi (jue je l'ai démontré dans une note annexée à mon mémoire sur les
diverses promulgations du décret de Rosette [Journal asiatique, mars-a^-ril 1910, p. 280). le nom égyptien
du Sérapéum vrai de Memiiliis était «sanctuaire (Il ^1 d'installation d'Apis \-ivant» — l'AIIEIOX du
texte grec parallèle, rendu en démotique par «demeure (ast) d'Apis». Le Sérapéum memphite des papyrus
grecs des reclus et des jumelles, c'est-à-dire le botirg. décrit par Brcnet de Presle dans son «Sérapéum»,
comprenait l'a2ieium (l'ast d'Apis), les temples annexes de l'Anuljéium. de l'Astartéium. etc.. ainsi que les
rues, maisons, boutiques, auberges, bureaux administratifs et juridiques en dépendant et que concernent
un grand nombre de contrats et autres papyrus démotiques, récits de rêves faits dans le sanctuaire, etc.,
était appelé en démotique pa ast hapi <:le bourg d'Osorhapis et en grec le Sérapéum. Il était enfermé
dans une enceinte {sobt). analogue à celle qui entourait autrefois le quartier rései"vé de .S' Gemiain-des-Prés.
jouissant, comme lui, d'un certain droit d'asyle. et portait, comme d'ailleurs tons les autres sérapées. ainsi
que je l'ai démontré de])uis longtemps Chrest.. p. 398 et que l'a dit ensuite Briosch. Dict. géogr.. p. 958.
le nom de Tehen. Panni les très nombreux Sérapées de ce genre, répandus sur l'Egypte entière dans,
à peu près, tous les nomes, à l'imitation de Memphis. dont c'était le culte principal depuis le plus ancien
empire, comme l'a dit d'ailleurs Manéthon et que l'attestent les monuments, je citerai celui d'Elhil)èh ou
le Tehen de Teudjaï. dont nous possédons im nouveau cartulaire. Un contrat de l'an 21 de Psammétique,
que nous avons transcrit et traduit dans le dernier numéro, nous montre ainsi, sous le nom de Tehen ou
de Sérapéum. un ensemble fort analogue à celui que nous montrent, à Memphis. les papyrus grecs et les
contrats démotiques du Sérai^éum. sous le même nom en égyjjtien. Les prêtres-prophètes et pères divins
du temple d'Amon de ce Tehen ou Sérapéum de Teudj.aï y cèdent à un divin-père «cette place du sanctuaire
du temijle d'Amon du Tehen qui a : h son sud. le temple de ^laut, à son nord, le bureau de perception du
temple, à son occident, la tour de choiak, à son orient, les maisons du temple d'Amon du Tehen». Le
temple de Maut était ici. comme le tem])le d'Amon. une dépendance du Sérapéum ou Tehen de Teudjaï
dont le dieu principal était Hor ou Horseli. seigneur il'Héracléoi)olis — comme le temple dlmhotep se Ptah.
par exemple, était une dépendance du Sérapéum ou Tehen de Jlemphis. dont le dieu iirincipal était Ptah.
Dans un contrat memphite, parlant d'une maison de 70 coudées, du sud au nord, sur 45 coudées, de l'ouest
à l'est, maison sise dans le Sérapéum ou Tehen de la terre de vie, à la porte de l'enceinte de ce Sérapéum
14
102 Eugène Revillout.
à la luaiu. Cette assimilation, consacrée par tous les bilingues, n'en était pas moins devenue
un des dogmes de la religion égyptogreeque, même à Memphis, où la tradition primitive de
ou Telien. sur le bord sud du dromos d'Imhotep se Ptah. le dieu grand, (c'est-à-dire de l'Asclépéium, dont
parlent aussi les papyrus grecs du Sérapéuni), Telien est le synonyme de Paosor Ha))i. le Ijourg d'Osor
Hapi qui désigne le Sérapéum dans d'autres papyrus démotiques de même provenance, à ijropos de maisons
sises, soit sur le dromos iirincipal du Paosor Hapi, au nord du dit Sérapéum, soit à l'ouest du pylône du
paosorhapi ou bord sud du dromos d'Osor Hapi sur le boulevard (voir Chrest. dém., p. .598. 406; Rev. égypt.,
II. pi. 92, etc.). C'est toute une ville spéciale, fort importante à, Memphis, que ce Tehen ou paosorhapi :
et la ^-ille sacrée qui y correspond à Teudjaï n'est pas nié])risalde non plus.
Nous a\'ons vu qu'on y comptait à Teudjaï un temjjle d'Amon et un temple de Jlaut. 11 eu était
certainement ainsi pour le Sérapéuni de JIem])his. d'oii vient, d'après le ^'endeur. une magnifique statue de
bronze de Petiauieu, que j'ai achetée pour le Jlusce du Louvre et dont les légendes mettent sur le même
pied Ptah et Amon, ainsi que Maut, l'épouse d'Amon et la grande amante de Ptah. C'était là une suite
des conquêtes des djuasties amoniennes, bientôt accompagnées de réactions violentes. La statue dont nous
venons de parler était, je l'ai démontré, du tem])S de Seti J"': Un peu plus tard, Pianklii nous dit que
Memphis ne connaît pas la religion d'Amon. Cette religion, il l'imposa de nouveau, ainsi que ses successeurs
de la dynastie amonienne : et les rancunes de Memphis contre Amon n'en apparaissent pas moins plus tard
dans bien des monuments, dont le dernier en date est le roman du Setme Xaémnas du temps de Claude.
Le cartulaire du Sérapéuni de Teudjaï nous fait assister à de semblables luttes dans cette localité. Ces
luttes, je les ai traduites p. 406 et suivantes de mes «contrats archaïques égyptiens démotiques et araméens».
Nous )' voyons d'abord un haut personnage administratif qui, abusant de sa situation comme gouverneur,
y usurpe à lui seul le sacerdoce d'Amon et se fait en cette qualité céder par les prêtres le cinquième des
revenus totaux du Sérapéum, c'est-à-dire 20 hotep sur 100. Puis plus tard une réaction se produit. Le
grand-prêtre d'Héracléopolis. dont dépendait le Sérapéum de Teudjaï, profite de l'absence du titulaire,
descendant de ce haut fonctionnaire, lequel accompagnait le roi Psainmétique II dans une campagne mal-
heureuse en Syrie, pour envoyer, comme nouveau prêtre d'Amon, son fils, en faisant distribuer aux cinq tribus
sacrées les liotep, leur appartenant en réalité. De là, mi procès qu'on devait juger par \' actio-sacramenti
et que de mauvais conseils, donnés à l'intéressé, empêchèrent d'aboutir. Celui-ci a bien soin de noter que
tout le mal doit être attribué au prêtre de Sebek, devenu grand-prêtre d'Horshéfi à Héracléopolis et contre
lequel le sacerdoce d'Amon de Thèbes (près duquel l'ancien prêtre d'Amon était venu en suppliant) était
tout prêt à employer sa haute influence. En somme, le culte d'Amon était bien considéré comme un intrus
dans le Sérapéum de Teudjaï et, sans oser l'expulser tout-à-fait, on avait voulu en réduire le plus possible
linfiuence.
Parmi les autres Sérapées connus, nous citerons celui de Chénoboscion (ujenecHT), d'oii S' Pachôme
ne sortit que quand les chrétiens le baptisèrent de force, en lâchant l'Apis dans la cami)agne, et celui bien
plus célèbre de Canope, cité par Hérodote comme jouissant du privilège de rendre leur liberté aux esclaves
trop violentés et qui, du temps de Théophile, fut violemment enlevé à ses anciens habitants et livré à des
moines «accomplissant ainsi, selon Eunape, la prophétie d'Antonm disant que les temples seraient changés
en tombeaux». Eunape nous décrit très poétiquement la vie de ces reclus, aussi expulsés, du Sérapéum
lie Canope, analogues à Ptolémée, fils de Glaucias, et aux autres rechis du Sérapéum de Memphis à une
époque de beaucoup antérieure :
«Antonin . . . étant allé se fixer près de l'embouchure canopique du Nil, se donna tout entier à ceux
qui, dans ce lieux, cherchaient la perfection. La plus saine jeunesse, celle qui désirait les choses spirituelles
et les divines inspirations de la sagesse, accourait près de lui. Le lieu saint était plein de jeunes néopliites
dans le sacerdoce. Quant à lui, tout en enseignant qu'il n'était qu'un homme vivant au milieu d'autres
hommes, il prédisait ouvertement à ceux qui l'entouraient, qu'après lui ce lieu saint n'existerait plus, que
même les temples si grands et si saints de Sérapis retourneraient à l'obscinité, au chaos, et que tout ce qu'il
y avait de plus beau sur la terre serait ainsi livré à de fabuleuses et incroyables ténèbres. Le temps
prouva tout cela et justifia l'oracle. Cependant Antonin s'adonnait et s'appliquait de plus en plus au culte
des dieux et aux sacrés mystères. Bientôt, il en arriva à une étroite affinité avec le divin. Il méprisa le
corps et ce qui en dépend, donna congé à ses vaines jouissances et régla toute sa vie sur une sagesse
inconnue à la plupart des hommes . . . Tous ceux qui venaient étudier à Alexandrie arrivaient près de lui
... et quand on avait été admis à une entrevue, ceux qui lui soumettaient des problèmes philosophiques,
étaient aussitôt et abondamment remplis de la doctrine platonicienne. Quant à ceux, qui lui posaient
quelques questions sur des choses plus divines, ils ne trouvaient plus qu'une statue. Antonin ne leur répon-
dait pas un mot, mais il levait les yeux, les tenait fixés vers le ciel et demeurait immobile comme privé
des sens et de la parole.»
La bibliothèque bu Sérapéum d'Alexandrie. 103
l'adoration au bœuf Apis avait été soigneuisement couservée comme culte local. Mais cà Ale-
xandrie, c'était la forme grecque, avec la statue rapportée de Sinope, faisant pendant à une
Isis très différente d'aspect de la véritable Isis égyptienne, qui l'emportait.
«Le sanctuaire, qui leur était consacré, était tout ruisselant d'or d'après les contempo-
rains. «C'est, nous dit encore Euffin, un lieu élevé, non par la nature, mais par la main de
ïl'homme. Il est, pour ainsi dire, suspendu en l'air. Ce vaste bâtiment est carré et suspendu
»sur des voûtes, depuis le rez-de-chaussée jusqu'à ce qu'on soit arrivé au plain pied du temple,
«auquel on monte par plus de cent degrés. Ces voûtes sout partagées en plusieurs apparte-
»ments qui servent à différents ministères secrets.»
«Ils constituaient spécialement, comme dans nos théâtres actuels, les caves des machinistes;
car les mathématiciens d'Alexandrie nous ont appris que les temples, et spécialement celui-ci,
étaient très machinés, de manière à permettre aux dieux de faire entendre leur voix, d'agiter
les bras et la tête, comme, à Thèbes, la statue d'Amou, dans les interrogations, dont nous
possédons les comptes-rendus, ou même, au besoin, d'apparaître sous une forme très humaine
et très vivante, s'il faut en croire les récits des destructeurs de notre Sérapéum, etc. Il paraît
d'ailleurs encore, d'après les mathématiciens, que les ressorts, servant ta tous ces prodiges,
étaient en bronze aciéré (ainsi que certaines lames retrouvées par Mariette) et non, comme
en Gaule, en fer aciéré.
«Au-dessus des voûtes, continue Ruftin, sont de grandes salles pour conférences, des
bibliothèques et la maison où demeurent ceux qui out la garde du temple et ceux qui vivent
dans la chasteté. En dedans régnent des portiques, espèces de cloîtres, autour de ce bâtiment
carré. C'est au milieu de ce cloître qu'avait été élevé le temple de Sérapis, orné de colonnes,
avec des murs de marbre. Ajoutons que, selon l'habitude égyptienne, facile à constater dans
les autres sanctuaires encore subsistants, la bibliothèque, dont le catalogue est souvent en
partie du moins gravé sur les murs, faisait partie du temple. Outre le fonds ancien, elle
«La chronique patriarcale copte parle de la feniieture du Sérapéum de Cauope, prédite, d'après les
probabilités, par Antonin, en même temps que de la fermeture du Sérapéum d'Alexandrie, dont elle attribue
la première idée à Atlianase, du temps de l'empereur Jovien, et qui fut suivie de sa destruction opérée
par Théophile, un de ses notaires, devenu son sucecesseur du temps de l'empereur Théodose. «Dans la
maladie dont il devait mourir, il disait : si j'ai quelque crédit et quelque assurance devant le Christ Dieu,
je ne cesserai de me prosterner aux pieds du Sauveur jusqu'à ce qu'il envoie fermer la porte de Sérapis
(du Sérapéum d'Alexandrie).» Le clergé d'Alexandrie témoigne qu'avant que sept jours se fussent écoulés
depuis sa iîn. Jovien envoya fermer la porte de ce temple d'idoles . . . Théophile s'assit sur le trône
d'Alexandrie : et sa puissance s'étendit beaucoup devant Dieu et les hommes. Théophile, lui, envoya aussi à
Jérusalem. Il y prit des moines et les envoya à Canope, parce que les idolâtres sortirent de ce lieu oii
ils faisaient leur culte. Mais les moines de Jérusalem ne purent y tenir, à cause de la violence des démons.
Ils s'en allèrent, parce qu'ils ne purent tenter d'y accomplir leurs pratiques ascétiques. Théophile envoya
dans la Théliaïde d'Égyjjte, vers les monastères de l'apa Pachôme. Il y prit des ascètes éprouvés. Ceux-ci
donc, par la force de leur vie religieuse et par leurs prières persistantes, chassèrent les démons et ils tirent
de Canope un lieu d'habitation pour ceux qui le \'oulurent.i>
Nous n'insisterons pas sur la destruction du Sérapéum d'Alexandrie par Théophile que les historiens
ecclésiastiques grecs nous ont fait connaître, ainsi que les conversions qui eurent lieu alors à l'occasion
des croix symboles de vie (la croix ansée) qu'on trouva dans les inscriptions du temple. Les documents
contemporains, dont aucun bien entendu ne parle de la destruction des livres, abondent de renseignements
à ce sujet.
Pour terminer ce que nous avons à dire des Sérapées. ajoutons seulement que la tombe des Apis,
par exemple celle de Memphis, découverte par Mariette, ne doit pas été confondue avec le Sérapéum
proprement dit.
14*
104 Eugène Revillout.
comprenait ici les deux cent mille volumes de celle de Pergame, dont Jlarc Antoine fit dou
à Cléopâtre.
«Au moment où Gamaliel arrivait près du principal propylée ou hait, c'était de cette
biljliotbèque que descendait le biéroj;rammate Pbibfhor, le précepteur du fils de TAugustal,
revêtu de la longue robe blanche plissée et tuyautée à manches bouiïantes et qu'il savait
de bonne source être prêtre chrétien, bien que généralement on le crut encore pieux adorateur
d'Osiris. C'était d'ailleurs un lettré, un poète, que tout le monde laissait vaquer tranquillement
— et cela autrefois au temple d'Isis de Rome et à ceux des différents chefs-lieux de pro-
vince, comme maintenant au Sérapéum d'Alexandrie — à ses chères études et à ses rêves.
«Mon frère, lui dit, en l'abordant, Gamaliel, savez-vous vraiment ce qui se passe? Vos
relations dans le palais et dans le temple doivent vous le permettre.»
— Le poète ne l'entendit pas. II était absorbé par une de ses visions et disait à mi-voix :
«L'artisan d'iniquité reste stupéfait devant la mort, qui est un prodige pour lui.
«Il est parvenu à la demeure oii la destinée vent qu'il arrive.
ill était venu à une famille, en établissant les frères en inimitié.
«Il était parvenu à une ville, eu y établissant les gens sensuels au pouvoir.
«Il était parvenu aux temples, en y établissant les gens sans vergogne en puissance.
«Il était parvenu vers l'impie, en donnant la crainte à un autre qu'à lui.
«Il était parvenu vers l'homme sage, en lui préférant le méchant ou l'homme sans
vergogne.
« — Mais il n'y a plus dans cette maison de rétributinn-là de connaissance des juges,
pour opprimer l'homme sage.
«Il n'y a plus de repoussement de l'expulsé sans fortune.
«Il n'y a plus d'établissement d'hypothèque : et le maître de l'hypothèque, l'usurier, est
en réprobation.
«Il n'y a plus de souci pour le juste ou de trouble au temps de repos de Dieu.»
— Un silence se fit. Le poète sembla se réveiller peu à peu et il reconnut Gamaliel,
auquel il présenta ses hommages.
— De qui donc parliez-vous tout-à l'heure? Quel est l'artisan d'iniquité?
— Et qui donc serait-ce, sinon le maître de céans, Tibère Alexandre?
— Mais jusqu'à présent, ici du moins, il n'a pas paru si tyrannique.
— Il le sera. La voix l'a dit : et elle ne trompe personne.
— Et quel est le jour du repos de Dieu?
— C'est pour le juste, pour le persécuté, la mort.
— Vous avez raison. Mais permettez-moi de vous répéter la question que vous n'avez
pas entendue tout-à-l'heure. Où va-t-il votre artisan d'iniquité et que prétend-til faire?
— Combler la mesure. Verser le sang de ses administrés — persécuteurs et persécutés
— et préparer pour la meule le froment des élus. Payens, chrétiens ou juifs, tous passeront
par les tourments qu'il prépare.
— Payens? . . .
— Mais ne savez-vous donc pas que ce sont eux qui partiront d'abord? Il va là bas,
comme pour les défendre. Mais, en réalité, il se prépare à abattre à Thèbes leur sacerdoce,
La bibliothèque du Séeapéum d'Alexandrie. 105
en prenant pour prétexte une calomnie. On le sait bien ici — (et Phibfhor montrait le temple).
— Les prêtres sont fort émus. Mais ce n'est qu'un incident passager. Leur heure n'est pas
encore venue, cette heure dont j'ai dit :
«Que soit détruit le grand temple, à cause de ses grands qui ne sont pas d'accord.
«Ne pas laisser passer la fange de celui qui vient comme son délégué ...»
— Gamaliel l'interrompit alors. — C'est vous, poète, qui avez dit cela : ce que Pétros répète
sans cesse. Savez- vous comment il veut pratiquer votre maxime?
— L'insensé! N'ai-je pas dit aussi :
«Le temple sans paix, ses dieux l'ont déserté.
«Pour faire une chapelle à Dieu, à cause de son esprit (l'esprit de paix).
«Pour faire louer la conduite de l'homme sage, à cause de la paix.
«Pour faire les épines douces dans la vie, à cause de la douceur.
«Celui qui durcit son âme, celui-là s'amènera une mort eiféminée . . .
«C'est Dieu qui donne la paix : et la douleur est dans ses desseins providentiels.
«La destinée et la fortune qui viennent, c'est Dieu qui les fait venir.»
«Autre chose est de prévoir les châtiments de Dieu, autre chose est de vouloir s'en faire
l'instrument eu pratiquant le mal.
Il s'arrêta un instant. Sa figure se contracta. Ses yeux se dilatèrent et brillèrent. Il
regarda le ciel, puis le Sérapéum et s'écria :
«Évêque! Évêque! Que fais-tu? Tu détruis et tu brûles. Toi, un prêtre de Dieu, dont le
nom signifie amour! ^ Laisse à César la responsabilité de ses actes. Il persécute les payens
comme autrefois les chrétiens. C'est, dans les arrêts du destin, le retour des choses d'ici bas.
Mais toi? . . .»
J'avais écrit depuis assez longtemps cette page,^ quand j'ai reçu tout récemment du
Père Chautard, procureur des missions africaines à Rome, un mémoire inédit fort intéressant,
et qui est consacré justement à la destruction du Sérapéum par Théophile et à celle de la
bibliothèque de ce Sérapéum qu'on prétend en être une suite nécessaire. J'aurais très volon-
tiers publié ce mémoire, si l'auteur n'avait tenu à le voir paraître en entier cette année,
malgré son étendue, et si les engagements, pris pour ce tome de la Revue, ne m'avaient
empêché de le satisfaire. A défaut de cela et avec l'assentiment de l'auteur, je tiens à en
dire ici quelques mots.
C'est, à vrai dire, un article de polémique (genre que je n'aime pas à introduire dans
la Bévue). Mais cette polémique n'a rien de personnel. L'auteur a pour son contradicteur la
plus grande estime : et c'est contre ses idées ou plutôt contre ses préjugés qu'il lutte.
Le contradicteur est, du reste, un homme de grande valeur. Ce n'est autre que M. Alfred
Butler, auteur de l'ouvrage «The arab conquest of Egypt» Oxford 1902, auquel nous devons
tant de recherches et tant de trouvailles intéressantes. Parmi ses trouvailles, nous citerons
' Théophile. Notons que j'ai .acheté pour le Musée du Louvre un grand papyrus grec en volume
que ma brusque mise à la retraite m'a empêché de publier et qui est un huig traité, fort peu charitable,
sur la charité, dont le patriarclie Théophile était l'auteur : on le voit par les noms de ses correspondants
habituels, autant que par le ton et le style.
^ Moins les notes bien entendu.
106 Eugène Revillout.
son assimilation du Makaukas des chroniqueurs arabes avec le patriarche et augustal Cyrus
— assimilation ressortant d'ailleurs de la publication faite par Zotemberg, dans les «notices
et exti'aits des manuscrits», de la traduction éthiopienne du chroniqueur copte, Jean de Nikion,
qui attribue à Cyrus le caucasien, tout ce que les arabes attribuent à j\[akaukas. C'est la
base principale sur laquelle M. Butler dans sa belle étude sur la conquête arabe de l'Egypte.
Malgré ses fructueuses recherches, d'ailleurs, M. Butler est loin d'avoir tout dit. Un de ces
jours, je reviendrai moi-même sur ce sujet avec de nouveaux documents et de nouvelles con-
clusions philologiques et historiques. Aujourd'hui, je dois en rester au cadre limité, fixé par
le Père Chautard lui-même.
Par suite de causes que je n'ai pas à connaître ni à apprécier, M. Butler a contre
les chrétiens — au moins les chrétiens des premiers siècles — de grands préjugés, je l'ai
déjcà indiqué plus haut. Par une méthode, qui n'est pas exempte de partialité, il innocente,
par défaut de preuves sérieuses, dit-il, les arabes d'Amrou de la destruction de la Bibliothèque
d'Alexandrie que la tradition lui attribue, pour charger de cette destruction les chrétiens,
compagnons de Théophile : et cela avec bien moins de preuves. C'est là ce que le Père
Chautard n'a pas de peine à démontrer.
L'état de la question se résume ainsi.
Les deux bibhothèques les plus célèbres d'Alexaudrie étaient :
1° La grande bibliothèque, fondée par Alexandre le Grand, et que César détruisit in-
volontairement en mettant le feu à la flotte, alors qu'il était assiégé dans le Bruchion par
les partisans du jeune Ptolémée (ainsi qu'il le raconte lui-même).
2" La bibliothèque du Sérapéum, existant dans ce temple depuis sa construction par
le premier Ptolémée, et à laquelle Cléopâtre joignit la bibliothèque de Pergame, qui lui avait
été attribuée par Antoine, et dont il s'agit de spécifier les destructeurs.
A propos, de l'incendie de la première, Paul Orose a écrit un passage sur lequel on a
beaucoup disserté et qui est le point de départ de l'opinion de ceux qui, comme Gibbon
dans l'avant-dernier siècle et dans celui-ci, M. Butler, veulent attribuer la destruction de la
seconde à Théophile. Donnons ici ce passage, tel que le Père Chautard l'a reproduit :
Texte latin d' Orose.''- Traduction française par Gorini.
«In ipso proelio regia classis forte sub- Pendant le combat, César fit incendier la
ducta jubetur incendi. Ea flamma cum partem flotte royale, roulée sur le rivage. La flamme
quoque urbis invasisset, quadringenta millia i ayant gagné une partie de la ville, consuma
librorum, proximis forte aedibus condita, ex- ; 400.000 volumes qui se trouvaient par hasard
ussit : singulare profecto mouimentum studii , dans les édifices voisins : témoignage certes
curaeque majorum, qui tôt tautaque illustrium ! bien étonnant des goûts studieux et de la per-
' Traduction Bdtler. — ''Dnring the combat, orders were given to fire the royal fleet. which hap-
peiied to be drawii on shore. The conflagration spread to part of the city. and burned 400.000 books,
■nhich were stored in a building which happened to be contiguous. So perished that man'cllous record
of the literary activity of our forefathers. who liad made this vast and spleudid collection of works of
genius. On this point. hoAve\-er true it may be that at the présent day there are einpty bookshelves in
soine of the temples. — (I myself hâve seen them) and that thèse slielves -were emptied and the books
La bibliothèque du Sérapéum d'Alexandrie.
107
ingeniorum opéra congesserant. Unde quam-
libet hodieque in templis exstent, quae et nos
vidimus, armaria librorum; quibus direptis,
exinanita ea a nostris hominibus, nostris tem-
poribus memoreut, qiiod quidem verum est;
tamen honestius creditur alios libros fuisse
quaesitos, qui pristinas studiorum curas aemu-
larentur. quam et aliam uilam tune fuisse bi-
bliothecam, quae extra quadringenta millia
librorum fuisse, ac per hoc evasisse credatur.»
Orose, hist. VI. XV.
sévérance des anciens, qui avaient réuni en
si grand nombre de si remarquables ouvrages
des plus nobles esprits! C'est pour cela que
maintenant encore et de toutes parts, comme
nous l'avons vu nous-mêmes, il existe dans
les temples, des armoires à livres, dont la
dévastation rappelle de nos jours que tout
cela a été anéanti par les nôtres, ce qui est
vrai. Toutefois il est j^lus raisonnable de croire
qu'afiu d'égaler les anciens dans leur zèle pour
les études, on chercha d'autres livres, que d'ad-
mettre l'existence d'une seconde bibliothèque
séparée des 400.000 volumes et préservée par
cet éloignement.
Gorini I, p. 84.
Le Père Chautard ajoute :
«Il est possible qu'un lecteur distrait, entrevoj'ant que l'historien espagnol a raconté
l'incendie d'une bibliothèque en l'attribuant aux gens de son parti «nostris hominibus», con-
clue sans plus de scrupule et de recherche qu'il est question de l'expédition de Théophile
contre le Sérapéum. Non, Orose ne parle pas de ses correligionnaires chrétiens, mais des
soldats de l'empire romain dont sou pays faisait partie. Et jiourquoi n'appellerait-il pas les
soldats de César nos gens, nos hommes, lui, qui un peu plus loin à propos de Rome et de
ce dictateur, dit notre Borne : «Nostra autem Roma Caesare occiso, quanta de cineribus ejus
agmina armata parturiit». Jamais il n'a désigné les chrétiens par les mots : nostri homines.
Ce membre de phrase ne présente donc aucune difficulté. Orose, dans le texte que nous
étudions, n'est encore arrivé dans son histoire qu'au temps de César. Or, nous le demandons,
s'il avait voulu narrer un fait d'une époque postérieure de plusieurs siècles et avertir que les
acteurs de ce second fait étaient chrétiens, est-il vraisemblable qu'il se fût abstenu du mot
propre ou d'une périphrase intelligible? Est-il admissible que, si dans le récit d'une dévasta-
tion par les soldats payens de César, il avait voulu intercaler le souvenir d'une seconde
dévastation par la cohorte chrétienne de Théophile, cet écrivain n'eût pas évité la confusion
des scènes et des acteurs en appelant les uns et les autres par leurs noms, au lieu d'employer
des expressions aussi vagues que celles dont il s'est servi : «nostri homines»? Si l'on ne
savait d'avance qu'en 389, les chrétiens détruisirent le sanctuaire de Sérapis, jamais l'on
n'aurait soupçonné dans les lignes d'Orose sur César une allusion à un événement postérieur.
C'est une allusion que nous y mettons, mais que nous n'y trouvons pas . . .
«Orose n'impute donc pas aux chrétiens la destruction des livres du Sérapéum.
destroyed by oiir owii people hi oiir own time (whicli is the faet); still tlie fairer opinion is tliat, sub-
sequently to the conflagration, otlier collection liad been formed to vie with tlie ancicnt love of literature,
and not that there originally existed any second library, whicli was separated from the 400.000 volumes
and owed its préservation to the fact of its separateness.» (Butler, Tlie arab conqiiest of Egypt, p. 420.)
108 Eugène Revillout.
«Si les cbrétieus détruisirent cette ])il)liotlièque, d'où vient que, parmi les auteurs an-
ciens qui nous montrent la statue de Sérapis, mise en pièces, et son temple ruiné, nul n'a
montré les livres déchirés ou brûlés? D'où vient que nul écrivain ecclésiastique^ n'a vanté
ce zèle bibliophobe et que nul payeu ne l'a maudit? Pourtant Libanias et Eunape, chez les
payens. Butin, Socrate, Sozomène, Théodoret, chez les chrétiens, n'ont pas été avares de
détails, les uns dans leurs plaintes, les autres dans leurs chants de triomphe, sur la chute
du vieux Temple Alexandrin.»
Le Père Chautard a eu la patience de compter et d'énumérer les cinquante et un écri-
vains profanes des IV'' et V"* siècles ne parlant pas de la disparition ou de la destruction
par les chrétiens de la Bibliothèque du Sérapéum et des soixante et quatre écrivains ecclé-
siastiques de la même période qui n'en parlent pas davantage. Parmi ces écrivains chrétiens
nous signalerons, par exemple, l'évêque platonicien Synésius, disciple de la célèbre philosophe
payenue Hypathie dans ses cours de l'Université d'Alexandrie, et qui a tant regretté son
assassinat, causé par les tumultes populaires qu'avait excités S' Cyrille, le neveu de Théophile.
Comme tant d'autres et comme les savants Théophile et Cyrille eux-mêmes, il aimait trop
la science, pour qu'une telle destruction des livres, si elle se fut produite, ne l'eût pas in-
digné. A plus forte raison et malgré le peu de tolérence de quelques-uns pour les personnes,
ne peut-on accuser aucun de ces illustres Pères de l'Église d'avoir provoqué un tel forfait,
d'ailleurs si inutile, pour la cause qu'ils représentaient. M. Butler a cependant un autre argu-
ment pour sa thèse que le passage d'Orose, cité plus haut. La bibliothèque du Sérapéum a
dû être détruite par quelqu'un. Si ce n'est pas par Théophile, ce serait donc, suivant l'opinion
commune, par Amrou, le conquérant musulman de l'Egypte. Il en est accusé, il est vrai,
par les historiens arabes. Mais le plus ancien des chroniqueurs, qui aient parlé de la cou-
quête de l'Egypte, Jean de Nikiou, n'eu parle pas dans la version éthiopienne que Zotembbrg
en a publiée. J'ai sous les yeux cet ouvrage, dont le Père Chautard n'a parlé que de seconde
main, comme d'ailleurs des écrivains arabes, que je possède également, liais cette documen-
tation plus nourrie ne m'empêche pas d'adhérer à ses conclusions qui sont conformes à la
tradition générale ci-dessus visée.
Je dois même ajouter quelques observations complémentaires.
En ce qui touche Jean de Nikiou,^ il n'y a pas seulement à arguer, comme on l'a fait,
des lacunes qui se sont produites dans le texte de ce livre et qui ont été remarquées par son
éditeur lui-même. En somme, ce chroniqueur n'a pas du tout voulu faire (p. 572 à 578 des
Extraits) un récit détaillé de l'occupation d'Alexandrie par Amrou. Il a voulu décrire, et il l'a
fait à merveille, avec un sentiment d'impartialité très louable pour un adversaire religieux, le
récit de ce que fit le patriarche chalcédonien Cyrus (surnommé Makaukas par les arabes),
quand l'empereur le renvoya en Egypte comme préfet augustal, en lui donnant la mission
de faire la paix avec les arabes. Il a peint l'enthousiasme universel qui accueillit son arrivée,
les démarches couronnées de succès, semblait-il, qu'il fit auprès d'Amrou, le traité qui s'en
suivit : et le manque de foi complet du général arabe, manquant à tous les engagements qu'il
' Enfin, Hist. eccl., liv. II, c. XXII, etc.; Socrate, Hist. eccl., liv. Y, c. XVI; Sozomène, Hist. eccl.,
liv. IX, c. XV; Théodoret, Hist. eccl., liv. V, c. XXII; Nicéphore. Hist. eccl., liv. XII. c. XXV— XXVI.
' .le.nn de Xikiou écrivait environ 40 .ins .ins après roceupation d'Alexandrie et la mort de Cyrus.
La bibliothèque du Sékapéum d'Alexandrie. 109
avait pris lors de la capitulation. Il nous le peiut ensuite mourant de douleur : et c'est tout.
Il n'avait pas à entrer, là du moins, dans les excès commis par les musulmans et qu'il vise
d'une façon globale. Il laisse ce soin à d'autres contemporains, qu'out ensuite reproduits, soit
le chroniqueur Abulfaradj, particulièrement eu ce qui concerne la destruction de la bibliothèque
d'Alexandrie, soit le chroniqueur des patriarches monophysites Sévère d'Ashmoun, qui nous
dit que, quand Amrou prit possession d'Alexandrie, en l'an 360 de Dioclétien, il eu détruisit
les murs et en brûla les églises, y compris l'église cathédrale de S' Marc, les monastères et
beaucoup d'édifices. C'est pourtant à ce moment — celui-là même de la mort du patriote
Cyrus' — que, selon le récit de l'histoire, il envoya cette lettre à toutes les provinces d'Egypte :
«Protection et sécurité est accordée au lieu où est Benjamin, le patriarche des chrétiens coptes,
et paix de la part de Dieu. Laissez-le, en tranquillité et sécurité, administrer les affaires de
l'Église et le gouvernement de sa nation.» Ce Benjamin, jusque là persécuté par les ortho-
doxes, s'était déjà réfugié près d'Amrou quand il s'était emparé de la forteresse de Babylone,
c'est-à-dire de ce qui devint le Caire, oii Benjamin établit son siège patriarcal. Celui-ci ne
put, après la reddition d'Alexandrie, s'y installer que nominalement et officiellement au milieu
des églises détruites et dans un lieu encore tout plein du souvenir de sou adversaire. Bien
ne le rattachait plus à cette vieille colonie grecque, où les patriarches avaient eu jusque là
une liturgie exclusivement grecque, qu'il fit alors traduire, eu copte, dans le dialecte spécial
des égyptiens habitant le quartier de Eacoti,^ à Alexandrie, la grande ville, l'ancien siège
de ses prédécesseurs.
' C'est lui qui, en qualité d'Augustal, paraît avoir (jrgauisé la résistance contre les Arabes en Thé-
baïde, résistance qui dura six ans au moins d'après la correspondance du patrice Abraham avec S' Pésun-
thius, évêque de Coptes, que j'ai publiée p. 136 et suivantes du tome IX de la Sevue égyptologique, p. 140
et suiv. Nous avons publié aussi une lettre que le même patrice Abraham écrit à sa seigneurie illustrissime,
l'évêque préfet augustal, au sujet de l'établissement des impôts dont il l'avait aussi chargé en même temps
qu'il était chargé de la direction de la guerre dans ce pays. Le titre de patrice que porte Abraham, titre
recherché des rois barbares, même des rois francs, était une haute faveur, obtenue poiu- lui par Cyrus,
de la cour de Constantinople. La situation n'en était pas moins des plus pénibles, en même temps que très
périlleuse. Sans cesse, Abraham avait k s'excuser près de l'évêque monophysite Pésunthius des réquisi-
tions de bestiaux, etc. qu'il était obligé de faire, même dans les monastères : «Il ne faut pas trop exciter
ma nature ... Le seigneur le sait, lui dit-il, je veux la paix. Mais tu as été déçu à notre sujet. Tu sais
qu'ils ont pris le peuple, ces étrangers armés, et cela depuis six ans. Mais qu'il en soit ce qui plaît à Dieu !
Nous prions donc l'esprit de Dieu qui habite eu vous : Ne nous souvenez pas de nos iniquités antérieures,
mais ayez la bonté de conférer et de vous entendre avec nous depuis ce jour. Peut-être qu'un gouverne-
ment et qu'une paix pourra en résulter. Le seigneur le sait : voilà ciiui ans que vous passez sans pénétrer
notre affaire. Faites qu'une paix solide soit établie (entre les chrétiens), car si vous le recherchez par l'in-
teiTuédiaire d'Abraham, le patrice, vous trouverez qui a commencé.»
^ C'est ce qu'on nommait autrefois le memphitique. Mais le cartulaire de S' Jérémie de Memphis,
que j'ai publié, prouve que le copte de i\Iemphis était le thébain. Ce qui est vrai, c'est que les livres de
la liturgie patriarcale furent écrits, depuis Benjamin, à Memphis. c'est-à-dire au Caire, oii Benjamin établit
définitivement le siège patriarcal copte. Notons-le d'ailleurs, les premiers manuscrits datés, que nous possé-
dons dans le dialecte alexandrm, transporté à Memphis, sont tous postérieurs à cette époque; car le copte
n'était à Alexandrie, ville essentiellement grecque, qu'une sorte de patois pour les gens du peuple et les
commerçants égyptiens : et nullement encore une langue littéraire. C'est pourtant à ce dialecte que S' Mesrob,
débarquant à Alexandrie pour aller voir le patriarche de sa communion, avait emprunté, dans le 5= siècle,
les six lettres propres à l'égyptien qu'il introduisit dans son alphabet arménien définitif, quand on renonça
dans ce pays aux cunéiformes païens, comme on avait renoncé en Egypte au démotique pa'i'en. Parmi ces
six lettres copto-arméniennes se trouve le S = (dém. is) qui n'existe dans aucun autre dialecte copte. J'ai
d'ailleurs démontré dans mes cours que l'uniipie dialecte, parlé dans tout le cours du Nil depuis Philée
15
110 Eugène Revillout.
On comprend, d'après ce que nous venons de dire, pourquoi Jean de Xikiou, s'oecupant
exclusivement de Cyrus dans le chapitre que nous venons d'analyser, n'a pas parlé de la
destruction du Sérapéum d'Alexandrie. Il serait absurde de tirer de son silence une con-
clusion négative contre cette tradition universelle et constante. Rien n'empêche d'ailleurs
d'admettre qu'il eu ait parlé lui-même ailleurs dans un des passages qui ne nous sont pas
parvenus. Et s'il ne l'a pas fait, d'autres contemporains ont dû le faire, je le répète, car c'est
d'après leurs écrits qu'Abd-al-latif en parle comme d'une chose connue de tous, 51. Butler
le reconnaît, — et connue, bien avant le récit détaillé Abulfaradj -' sur cet événement raconté,
aussi par Abulféda^ et par Makrizi^ et j)ar un anonyme, cité par de Sacy.
C'est, eu effet, à de Sacy qu'il faut toujours recourir pour cette question, qu'il a mer-
veilleusement éclairée dans les notes de son Abd-al-latif. II a prouvé que l'ordre d'Omar, donné
à Amrou au sujet de la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie, résultait d'une politique
générale, également pratiquée eu Perse, où il prescrivit semblable destruction des livres.
Omar sentait, en efï'et, que la science serait le principal obstacle pour la propagation, par la
violence, des rêves et des idées de Mahomet, dont chacune des sourates était alors confiée à
la mémoire d'un ou plusieurs gardiens. S'il tit écrire ces sourates, jusqu'alors verbales, il
tait important, au contraire, de détruire les livres religieux et autres des peuples brutale-
ment soumis à son cimeterre.
De Sacy, entre autres mille renseignements précieux à ce sujet, démontre aussi que
le Sérapéum — dont la bibliothèque n'avait pas été détruite par Théophile — subsistait
encore au moment de la conquête d'Amrou et qu'il a été décrit très tardivement par plu-
sieurs écrivains arabes. En effet, ceux qui ont lu la description que j'ai donnée plus haut du
Sérapéum dans mon roman, description basée sur celle de Euffin, etc., ont remarqué que
la chapelle de Sérapis, dont la destruction systématique par Théophile nous a été soigneuse-
ment décrite, était située dans la cour, fermée par une sorte de cloître, fermée par des
bâtiments contenant la bibliothèque, les salles d'étude et les logements des savants. Tout
cela avait été soigneusement conservé lors la démolition de la chapelle de Sérapis, ordonnée par
Théophile, tout cela est encore décrit postérieurement par le rhéteur Aphtonius dont de Sacy a
jusquaux embouchures, était le théliaiii — eu basse Égyjrte, aussi bien que dans le Saïd — les inscriptions
le prouvent. Il en était différemment à Alexandrie, placé sur le côté. (On disait : sortir d'Égyjite pour aller
h Raeoti.) Il en était différemment aussi pour le dialecte qu'on a appelé improprement Akhmimique,
parce que les manuscrits en ont été trouvés dans la bibliothèque du monastère d'Aldimim, patrie du grand
Senuti. qui a toujours écrit en thébain. Ce dialecte, très différent du thébain et qiii contient aussi une
lettre spéciale, l'aspirée forte ^, tirée du i démotique, doit être recherché soit du côté de la Mer Rouge,
soit dans les Oasis.
1 Ainsi que l'a noté très bien le P. Chautard, Abd-al-latif, médecin et historien arabe, né à Baddad, ,
vivait de 1161 à 1231. Notons que M. Bltler cite toujours une édition anglaise de préférence à celle de
notre grand de Sacy aux notes, duquel il a fait cependant de larges emprunts.
" «Aboulfaradj, fils d'un médecin chrétien et chrétien lui-même, naquit en 1226 à Malaka, ville
d'Annénie et mourut évêque d'Alep» (ibid.).
" «Né à Damas en 1273, mort en 1331» (ibid.).
* «Né au Caire en 1365» {ibid.). — J'ai tenu même pour les indications \nilgaires à montrer le soin
du P. Chautard dans son travail. Il parle aussi d'un auteur introuvable, signalé par 31. de Vai-lzant dans
son itinéraire descriptif de l'orient et dont les indications ne sont pas faites pour inspirer confiance. Le
P. Chautard a écrit à son éditeur, mais en vain, pour avoir des renseignements complémentaires.
La bibliothèque du Sérapéum d'Alexandrie. 111
reproduit et traduit le texte.* Tout cela fut même conservé après la destruction des livres
qu'Amrou lit brûler dans les appareils de chauffage des bains publics.
Je renvoie ceux que la question de la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie in-
téresse au travail du Père Chautard, que celui ci compte bientôt publier en entier.
> «Quand ou eutre dans l'axpojtoÀ'.;. on trouve un emplacement, borné par quatre côtés égaux, en
sorte que la figure de cet édifice est celle d'un moule à faire des briques (c'est-à-dire d'un carré long).
Au milieu est une cour, environnée de colonnes et à cette cour succèdent des portiques; les portiques aussi
sont divisés par des colonnes d'une même proportion . . . Chaque portique se termine à l'angle ou aboutit
un autre portique et il y a une colonne double qui appartient en même temps à l'un et à l'autre portique,
étant la dernière d'un portique et la première d'un autre. En dedans des portiques, on a construit des
cabinets, les uns, qui servent à renfermer des livres, sont ouverts à tous ceux qui veulent s'appliquer à
l'étude de la philosophie et offrent à toute la ville un moyen facile d'acquérir la sagesse; les autres avaient
été consacrés au culte des anciennes divinités. Ces portiques ont un toit, orné de dorures et les chapitaux
des colonnes sont en cuivre doré. La cour est décorée d'embellissements de différentes sortes; chaque
partie a les siens; il y a un endroit où l'on voit les combats de Persée. Au milieu de la cour s'élève une
colonne d'une grandeur extraordinaire et qui sert à faire connaître cet emplacement; car quand on arrive
on ne saurait pas où on va, si cette colonne ne ser\-ait comme de signe pour reconnaître les chemin».
Elle fait reconnaître l'acropole tant sur terre que sur mer. Sur le chapiteau de la colonne sont placés tout
autour les éléments de tout ce (jiù existe.»
C'est à propos de cette colonne et de celles qui l'entouraient, toutes décrites, avec de nombreux
détails, par différents auteurs musulmans, antérieurs d'un ou cleux siècles à Al>d-al-latif et dont de Sacy
reproduit les témoignage p. 231 et suivantes de son ouvrage, (pie p. 182—183 Abd-al-latif lui-même s'ex-
prime ainsi :
«J'ai vu à Alexandrie la colonne, nommée Amoud-al-saiva7-i (la colonne des piliers). Elle est de
granit rouge, tiquetée, qui est d'une extrême sûreté. Cette colonne est d'une grosseur et d'une hauteur sur-
prenante; je n'aurais pas de peine à croire qu'elle a soixante-dix coudées de haut, son diamètre est de cinq
coudées; elle est élevée sur une base très grande et proportiomiée à ses dimensions. Sur le sommet de
cette colonne est un grand chapiteau, qui n'a être ainsi placé avec une juste précision, sans une profonde
connaissance de la mécanique et de l'art d'élever de grands poids et une extrême habileté dans la géométrie
pratique. Un homme, digne de foi, m'a assuré avoir mesuré la périphérie de cette colonne et l'avoir trouvée
de soixante-quinze empans de la grande mesure.
«J'ai vu aussi sur les bords de la mer, du côté oii elle avoisine les murailles de la ville, plus de
quatre cents colonnes. l)risées en deux ou trois parties, dont la pierre était pareille à celle dont est faite
la colonne des piliers et qui paraissaient être à celle-ci dans la jiroportion d'un tiers ou d'un quart. Tous
les habitants d'Alexandrie, sans exception, assurent que ces colonnes étaient dressées autour de la colonne
des piliers; mais qu'mi gouverneur d'Alexandrie, nommé Karadja, qui commandait dans cette ville pour
Youssouf, iils d'Ayyoub (Saladin), jugea, à propos de renverser ces colonnes, de les briser et de les jeter
sur le bord de la mer, sous le prétexte de rompre l'effort des flots et de mettre ainsi les murailles de la
ville à l'abri de leur violence ou d'empêcher les vaisseaux ennemis de mouiller contre les murs. C'était agir
en enfant ou en homme qui ne sait pas distinguer le bien du mal. J'ai vu pareillement autour de la colonne
des piliers, des restes assez considérables de ces colonnes, les uns entiers, les autres brisés. On pouvait
juger encore par ces restes que ces colonnes avaient été couvertes par un toit qu'elles soutenaient. Au-
dessus de la eolonue des piliers est une coupole, supjjortée yiar cette colonne. Je pense que cet édifice
était le portique où siégeait Aristote et après lui ses disciples; et que c'était l'Académie ({ue fit construire
Alexandre quand il bâti cette \ille et oii était placée la bibliothèque que brûla Amrou lien Alas avec la
permission d'Omar.»
112 Eugène Revillout.
LE SYLLABAIRE DEMOTIQUE.
PAR
Le Professeur D"^ Eugène Revillout.
Pendant toute ma \ie scientifique je me suis occupé (lu syllabaire tlémotique, mais surtout à deux
périodes spéciales :
1° Lors de la fondation faite par moi de l'École du Louvre' à laquelle mon ami, M. de Ronchaud,
directeur des Musées Nationaux, fit donner enfin son existence officielle.
2° Peu de temps avant et peu de temps après ma mise à la retraite en pleine activité intellectuelle.'
Pendant la première année de l'existence officielle de l'École je consacrai l'un de mes trois cours, celui de
ilémotique, au sj'llabaire. Après cela, trois de mes élèves, JIM. JIallet, Berger et Compagnon, qui furent
successivement mes répétiteurs pour le démotique, tandis que mon élève M. Paturet joiiait ce rôle pour
le droit égyptien, se chargèrent de continuer cet enseignement pour les nouveaux d'un auditoire alors très
nombreux.' Moi, je m'étais fait une règle de ne jamais me répéter et de traiter toujours des questions nou-
velles en droit et des textes nouveaux en philologie. M. Berger, professeur agrégé de l'université, entreprit
même avec mon assentiment la publication de mon syllabaire dont il commença l'autographie, mais que
ses nombreuses occupations l'empêchèrent d'achever.
C'est cette première étude des caractères du démotique classique dont Berger avait entrepris la pid)li-
cation que je vais donner d'abord maintenant avant d'entreprendre, également par voie d'autographie,
la publication complète du syllabaire, tel que je l'ai rêvé ces années dernières.
Celui-là, c'est le syllabaire démotique historique contenant toutes les formes relevées dans les contrats
archaïques que je viens de publier, avec les origines hiératiques de chacune et les transformations qu'elles
subirent dans les diverses périodes secondaires.
Mon ouvrage se composera ainsi de trois parties ou de trois fascicules :
1" L'alphabet, provisoirement rangé d'après la parenté phonétique des lettres, mais aboutissant à
des conclusions qui me permettront d'établir un nouveau classement historique des signes pour l'égyptien,
le démotique et le copte, parallèle à l'alphabet de l'hébreu, du phénicien, du grec et du latin, dont l'origine
a été fort bien précisée par JI. de Rougé avec quelques lacimes et quelques erreurs de doctrines. On y
trouvera toutes les preuves de lecture, les transcriptions sémitiques, et pour le démotique les transcriptions
grecques et hiéroglyijhiques des sons et articulations.*
2° Le syllabaire démotique de la période classique mis en ordre d'après ce nouveau classement et
contenant aussi les preuves de lecture.
S" Le syllabaire général proprement dit s'appliquant aux périodes archaïques comme aux époi[ues
plus modernes. J'y suivrai l'ordre ordinaire des syllabaires hiéroglyphiques d'après la nature des objets
figurés d'oii le hiératique et le démotique ont été tirés. Je me contenterai de celui de Levi qui est en tête
de son dictionnaire et entre les mains de tous.
Sous les numéros en chiffres arabes se rapportant aux caractères hiéroglyphiques du dit syllabaire
dont j'ai retrouvé jusqu'ici les équivalences en démotique — caractères hiéroglyphiques, qui joueront pour
moi le rôle des clefs dans la lexicographie chinoise, se trouveront donc rangés les caractères démotiques.
M.ais ceux-ci, sous chacune de ces clefs, auront des numéros spéciaux en chiffres romains se référant aux
principaux types et dont la série sera également continuée.
En ce qui concerne les renvois, je me référerai par des lettres aux différentes périodes ou écoles
graphiques.
1 MM. les Professeurs Schîaparelli, Krall, etc. furent, avec d'antres, mes élèves au Louvre avant la reconnaissance officielle
de l'École.
' Lors de cette brusqu:> mise en retraite, causée par des jalousies scientifiques, on n'avait pas voulu tenir compte pour ma pen-
sion d'un de mes cours, à moi confiés par arrêté ministériel, cours toujours professé par moi. Mais le Conseil d'État vient, dans sa séance
du 24 juillet 1912, de condamner sur ce point l'administration, de révoquer le décret présidentiel du 23 juillet 1909 et de me donner raison.
' Une douzaine d'élèves au moins pour le démotique et une cinquantaine pour le droit égyptien.
* Ce fascicule paraîtra en même temps que ce numéro de la Revue ègtjpiologique (SIV, JII). On le trouvera chez les mêmes dépo-
sitaires que mes Contrats égyptiens archa'lques.
Le syllabaire démotique. 113
La i)remière période grapliique, la plus archaïque, comprenant Bocchoris et les éthiopiens de la
branche aînée ou de la branche cadette, portera la lettre A.
La seconde, comprenant Amasis et les Persans, la lettre B.
Tous les documents de ce genre, jusqu'ici connus, se trouvent dans mon livre «Contrats égyptiens
archaïques démotiques et araméens».
Des renvois très détaillés seront faits ainsi par exemple : A 16, 3 voudra dire : contrats 1" période,
p. 16, 1. 3 de mon livre ; B 256, 5 indiquera la seconde, p. 256, 1. 5 du même livre.
Après la lettre B, la lettre C désignera d'une façon globale et sans renvois détaillés les contrats
de la famille d'Alexandre et des Ptolémées.
La lettre D, les contrats d'époque romaine.
Les lettres suivantes se référeront aux principaux livres démotiques :
Les lettres B R aiu\ papyrus bilingues Rliind.
Les lettres B P au bilingue de Pamont.
Les lettres S X A à Setna.
Les lettres S X B à Setmé.
La lettre K au Kouii.
Les lettres P M L au papyrus moral de Leide.
La lettre P à Petubast.
La lettre G aux papyrus gnostiques.
Les lettres B V aux pap)Tus hiératico-démotiques de Vienne.
La lettre V aux Varia.
Eniin les lettres syll avec le numéro du fascicule aux deux premières iiarties du syllaliaire dont les
pages seront également indiquées.
Quelques remarques préliminaires nous semblent utiles à communiquer aux lecteurs attentifs.
A noter un groupe très important des signes démotiques archaïques dont l'origine se réfère non au
hiératique immédiatement antérieur ou contemporain, mais au hiératique des premières d3Tiasties, tel qu'il
a été classé par Môlleb dont la paléographie hiératique sera sans cesse visée par nous à côté de celle de
SiMÉoN Levi. Ce fait est parallèle à celui que nous avons indiqué pour les grammaires égyptiennes. La
philologie, comme la nature, ne procède pas per saltum. Or, citons un seul exemple qui tourmentait autrefois
mon ami Eeman. Il me disait : «Comment se fait-il que vous ayez en démotique, comme plus tard en
copte, l'optatif en mai ou mare, qui, après avoir existé dans les anciennes périodes, n'existe plus en
nouvel égyptien?» Or, il se trouve que certains dialectes démotiques n'ont pas plus cet optatif qu'ils
remplacent par mtufar, que le prétendu nouvel égyptien, et que d'autres dialectes démotiques joignent à
mtufar un autre temps différent de sens en minarf, tandis que d'autres possèdent maarf ou maref'ar. En un
mot, le démotique a été multiple, comme le nouvel égjijtien, et il faut se résigner à admettre que nous ne possé-
dons pas toujours toutes leurs formes contemporaines. II en a été de même pour la paléographie égyptienne.
Ainsi qu'on a pu le voir à la fin de trois de mes fascicules des contrats démotiques archaïques.
la cursive démoticpie a, comme cursive, entraîné une polyphonie apparente de signes très différents dans
l'origine — polyphonie que sont encore venus compliquer les lettres doul)les relativement rares en hiéra-
tique et d'un usage beaucoup plus étendu dans le démotique surtout récent. Une autre polyphonie résulte
et a toujours résulté des changements que la langue parlée, se modifiant sans cesse, introduisit peu à peu
dans la langue écrite. Il en est ainsi du syllaljique aa. qui reçut les prononciations les plus diverses selon
les mots ainsi écrits. Il en est ainsi également du mot ejnSesma qui se prononça aussi mate dans certains
dialectes, etc.
Nous reparlerons dans la suite de toutes ces choses.
Pour le moment inserons ici au sujet de la lecture du démotique quelques mots qui étaient destinés
à servir de préface au travail malheureusement incomplet de M. Berger (travail que j'ai dû refondre et
mettre tout à fait .à jour dans la première partie de mon syllabaire actuel).
114 Eugène Revillout.
Transcrijjtions (issiirant ht lecture des signes déntotiques.
Des transcriptions grecques viennent donner à la lecture du démotique un caractère de certitude qui
manquait .à la lecture des signes hiéroglyphiques et c'est ce qu'a fort bien mis en lumière Eeuvens dans
sa publication du papyrus bilingue de Leide. Deux autres papyrus,' dont l'un a été publié par Jl. Maspero
et dont l'autre, celui de Londres, est maintenant publié par M. Revillout dans la Eeviie égyptologiqiie et
appartient sans doute au même manuscrit que celui de Leide, dont il nous donnerait le titre, sont venus
apporter de nouvelles transcriptions. Ces transcriptions démotico-grecques ont d'ailleurs éclairé pour la lecture
de leurs correspondants hiéroglyphiques ou hiératiques quand le papyrus bilingue n'en donnait pas la lec-
ture directe comme de ff 9 t&t, etc. Je citerai le signe — i — = «-=>, auquel JI. de Eougé a donné avec
raison la lecture aa (et non a, comme on le fait parfois fautivement maintenant), parce que le papyrus
bilingue transcrit ~^ tooi et que, d'une autre part, son complément phonétique C) = t7 = .^^ — n est partout
transcrit ew. Le signe <> — " ^= V dans les transcriptions sémitiques, ainsi que l'a très bien aussi démontré
M. DE lîouGÉ, et dans l'alphabet sémitico-grec, le J? est devenu un o. On comprend donc à merveille comment
l'aïn, qui chez les arabes est considéré comme une consonne très gutturale, a pu, redoublé surtout, être
transcrit ma» : mais ce n'en est pas moins, dans l'origine, une simple voyelle, dont la parenté avec l'aleph ou
comme point-voyelle, le pathah hébreu est évidente.^ Mais dans toutes les langues qui ont vécu longtemps
— même l'anglais — les voyelles écrites sont souvent prononcées plus tard d'une autre manière, ou, si l'on
se sert du language des sémitisants, elles sont mues d'une autre manière. Le papjTus à transcription de
Leide nous en fournit de bons exemples. Ainsi en est-il par exemple du syllabitiue — I — = o= aa, dont
nous venons de parler. Ce syllaliique aa était primitivement employé isolément poiir plusieurs mots distincts.
1» Le mot "^^^ aa qui signifie «grand» (ïn-a.».-tj) et dont la transcription démotique ~+~ sert, comme
souvent, à rendre dans le jjapyrus bilingue les lettres mû), oo ou m des mots grecs.
2° Le mut ^^S^ aa signifiant «âne> et qui en copte est devenu iio. Ce mot, transcrit en démotique
;^, est lu également ito dans le pai)yrus bilingue et sert même à transcrire le nom nim, prononcé ito
par les gnostiques, etc.
3° Le mot x*^ aat, signifiant «lin» et qui est devenu en copte ei&.A.ir. transcrit en démotique vi,
est lu ei dans le papyrus bilingue.
C'est le même principe du changement de prononciation dans la langue jiarlée qui a amené la poly-
phonie de beaucoup de syllabiques en hiéroglyphes même et qui dans le démotique a été parfois appliqué
à des mots entiers, c'est-à-dire à un ensemble de plusieurs caractères. Je citerai le mot ^ 5 P *"' *^'' '""
signifiant d'abord «en ordre vrai», puis très bien, beaucoup, etc. Ce mot ^^ P se trouve sous cette forme
dans la version hiéroglyphique du décret de Rosette et dans la version démotique, sous sa transcription
Wi. Mais dans la langue parlée, il s'était dès l'époque ptolémaïque prononcé M«..Te, parce que dans la
langue parlée, conservée par le copte, cette signification se rendait par mj^tb, cmô^tc valde, multum, etc.
Aussi trouvons-nous le même groupe démotique employé dans un contrat de Leide de cette époque pour
désigner (ici avec les affixes de la 2° personne) le mot *v.«kTc possidere. Il ne faut donc pas nous étonner
de voir ce mot, dont les principaux signes primitifs deviennent muets, recevoir à l'époque romaine le com-
plément phonétique ^ = 'fVa = [Ici et oD (syllabique transcrit Tto ailleurs par notre papyrus) ou bien encore
le complément plionétii]ue r-K = 7" J, que notre papj-rus bilingue transcrit tctt ou tktt ailleurs, parce que
lèvent, .symbolisé par la voile, se disait tht en copte (en hiéroglyphes ^^(gX^n^ ^°^ |i__i j. Le mot
Svj devient aussi, soit ^^v), soit ^>Kv3, mate dans le sens précité valde, multum, très bien.
Par les exemples que nous venons de citer et auxquels on pourrait joindre bien d'autres, on a pu voir
que les transcriptions sont au moins aussi importantes que les compléments phonétiques pour la lecture de
l'égyptien, car les compléments phonétiques sont susceptibles de changer eux-mêmes de prononciation dans
la langue parlée, avec ou sans l'addition de nouveaux signes.
On a pu devenir aussi quels secours ces transcriptions du démotique eu grec ont pu apporter à la
lecture des hiéroglyphes eux-mêmes, et effectivement je pourrais en donner beaucoup d'exemples. Mais,
1 Mentionnons aussi un fragment acquis pour le Musée du Lonvre par M. Revillout.
^ Dans un article, publié p. 134 et suivantes du tome XIII de la Revue igijpioloqique , j'ai démontré que le patiiah n'était que le
point-voyelle de l'antique voyelle écrite ahi)h, comme le kamets n'était que le point-voyelle de l'ancienne voyelle écrite atn (E. R.).
Le syllabaire démotique.
115
bien entendu. parallMement la comparaison des mots hiéroglyijhiques et démotifiues viennent aussi éclairer ces
derniers. Les bilingues ou trilingues de sens, tels que les décrets ptolémaïques. les papyrus bilingues Rhind^
nous donnant le texte dans plusieurs versions parallèles dune langue dont le fond et l'origine est identique
parfois même le mot employé, sont aussi d'un fréquent secours.
Il ne faut pas oublier non plus les papyrus démotiques dont pour les noms propres nous trouvons les
transcriptions grecques dans des textes parallèles. De ceux-l.i, M. Revillodt s'est largement servi dans le
rétablissement, fait par lui. de la transcription et de la traduction de la langue démotique, voie, dans la-
quelle YouMG, DE Rougk' et Brccsch étaient entrés partiellement les premiers.
Dans les pages qui suivent, nous utiliserons d'abord, en partie du moins, ces diverses sources pour
l'histoire des transcriptions, puis nous examinerons rapidement les valeurs des lettres et des syllabiques
démotiques, même non transcrits en grec, valeurs que JI. Revillout est parvenu à spécifier et dont, pour la
plupart. BRrcscH n'avait pas la plus légère idée dans sa grammaire démotique. Dans cet ouvrage, tout
entier à refaire, les bé^nies sont innombrables. Mais avant de commencer le chapitre des transcriptions, il
faut que nous fassions quelques obsenations prémonitoires.
Les lettres voyelles dans l'alphabet hébréo-phénico-grec (lettres voyelles correspondant en hé1>reu. dans
a suite, à certains points-voyelles spéciaux, qui leur ont succédé, en quelque sorte, au point de vue phoné-
tique) paraissent avoir en leurs correspondants exacts dans la langue hiérogliQ)hique.
L'aleph répond au h et au ^.
Le iod au (jO et au w.
Le vav au %, au '2 et parfois au .Cl.
Le aïn au ^ — d ou ^ et. comme point-voyelle, au lamets, qui est tantôt un a. tantôt un o. et qui
dans l'origine graphique est l'origine de l'omicron.
Là s'arrête l'échelle primitive. Mais lora de la fonnation de l'alphabet phénieo-grec, le ~ hé, qui était
primitivement une aspirée douce, analogue au ITl et au | hiéroglyphique, est devenu un e, l'epsilon, tandis
que l'aspirée dure, le kliét n, répondant au ® et au i hiéroglyphique, est devenue un T,-ai, rôle que ces deux
lettres ne paraissent pas avoir eu déjà dans la vieille langue égyptienne. Mais, à la basse époque, en Égvpte
même, ces sons étaient devenus indispensables. Aussi leur a-t-on créé des correspondants dans les papyrus à
transcriptions. Comme en hélireu également, on a trouvé à l'a'in v= — d (kamets comme point-voyelle) un son
guttural mitoyen, vocalement entre l'a et l'o. Mais on a voulu mieux spécifier encore que les massorètes des
distinctions qui paraissaient nécessaires, ainsi que M. Revillout l'a spécifié depuis longtemps dans les «Mélanges
d'archéologie égyjjtienne». Le <^3 ^ ^ = -= — n restera un a; mais s'il est redoublé, par exemple dans la pro-
nonciation du syllabique ^i^j aa = o , il deviendra ûi&i et oo. Le caractère ~S~ servii-a donc à rendre
ce son. D'une autre part, — de même que dans la Massore, on avait le kamets (ancien a'i'n) ayant parfois le
son 0 à côté du holam (venant primitivement du vav) l'ayant toujours, — dans les papyrus à transcriptions,
pour rendre les variantes de ce son o, on aura, à côté du ~J~, le '^, autrefois syllabique at ou déter-
minatif de l'épine dorsale et parfois des herbes.
De même, pour rendi'e les sons h et c (alors confondu, tandis que. dans le 8' et le 9* siècle, dans la
prononciation grecque, le j)-a passera au son du iota).' pour rendre, dis-je, le h et le e. on aura 1 1. Ordi-
nairement aussi /. = <:::=■ passera au son e, comme la préposition <:^> est elle-même devenue un e en
copte. Il faut noter pourtant que cet / = c est moins franc que e, et que les transcriptions le rendent
parfois par &.
Toutes ces lettres voyelles sont employées dans la transcription démotique des mots grecs, comme
d'autres caractères d'origine démotique sont employés dans les transcriptions grecques des mots égyptiens.
1° Soit, pour rendre des sons, ayant appartenu autrefois à la langue grecque, et qui en sont tombées de
ceux qu'avait identifiéa
a dans les noms propres
' M. Berger a pnblié, comme thèse à l'École du Louvre, un corieni bilingne de ce Renre (analogn
Yonng) on que j'avais publiés, moi-même, joignant aux avantages du bilingue de sens, ceux du bilingue de
transcrits en grec.
' C'est de Rongé qui, daua une lettre publiée par la Revue ègyptologique. a remis Brugsch dans cette bonne voie. Dans ses pre-
miers travaux, Brugïch avait suivi le mauvais sentier, suivi par 51. de Saulcy — en dépit de quelques découvertes benreoses, telles que
celle qui a fait voir à ce dernier la presse des hommes de la marine dans nn texte de Rosette que les traducteurs grecs voulurent inter-
préter d'une toute antre manière.
' Il ne l'avait pas quand Aristophane faisait dire aux moutons ÊH ÊH. Le È aussi n'était pas alors un r, mais il avait son son
érasmien.
116 Eugène Revillout. Le syllabaire démotique.
l'alphabet, comme le qoppa, à une époque où les égyptiens, qui le laissèrent plus tard aussi tomber en copte,
tenaient encore à les conserver bien distincts dans les transcriptions du démotique. 2° Soit, pour rendre
des sons absolument étrangers à la langue grecque, et dont les figurations ont été empruntées ensuite par
les Arméuiens. M. Revillout a bien développé tous ces points dans les Jlélanges d'areliéologie égyptienne
eu faisant remarquer que ce procédé a été appliqué aussi dans les jjreiuiers essais des inventeurs de l'alphabet
copte, c'est-à-dire par les sorciers, dont les transcriptions d'incantations égyptiennes en caractères grecs nous
sont parvenus. Souvent, ils semblent avoir hésité, du reste, entre plusieurs caractères empruntés au démo-
tique et qu'ils ont employés parallèlement. Pour le hori, par exemple, on a eu les différentes formes du
h doux et l'on trouve même en outre, dans les papyrus démotiques à transcriptions, le V ypsilon grec, ser-
vant aussi à rendre le h. sans doute parce que cette lettre initiale a ordinairement en grec l'esprit rude.
Revenons-en à l'échelle de nos voyelles égyjjtienues en démotique. Généralement, alors le •^■^ —
i — S cède la place au ^, si fréquent avec cette valeur dans les textes hiéroglyphiques de basse époque.
Le i = -= — " est pourtant bien lohi d'avoir disparu de la langue. Dans nos papyrus à transcriptions eux-
mêmes on trouve des mots, tels que ^»].^i — ^"j6 (atinoati en copte), ï,4u, etc. Mais aucune transcription
grecque ne nous en est donnée (pas plus que dans les noms propres des contrats bilingues ptolémaïques).
Les seules transcriptions que nous possédions pour ce caractère S se trouvent dans les équivalences
données par nos papyrus gnostiques pour certains mots transcrits en hiératique et en démotique. Mais le
•-, = -= — D hiératique a en démotique l'équivalence C) = '^ 2_i^.iM5f5i.ib = rni^nocj; it):t;m2ii;t>
= fooviii/iii) (aimer le grand soleil). Parmi les noms divins, sans cesse mentionnés, on aura aussi en
hiératique le nom de mm sous la forme •Ï,i:;(7\x-,1<1 = i&^jo et en démotique sous les formes rô/><i"i
== I cyD uj et rs>o tj 1)1 = c <\v o- Parmi les mots hiératiques contenant le •^> — " et très fréquents dans nos papyrus
à transcriptions, nous citerons aussi '^fef = cc\)i (c'est littéralement satialcs |( >=. — " ^^^ Wl) ^^
. e que nous avons
•^1ii$ t,iij-> ^ ivfip&ce.^ (littéralement airasatiaks ^ — n j | Jj" , V])' *-"^
dit pour le -= — <^, doit se dire aussi pour [1. Nous avons le correspondant démotique dans bien des
mots des papyrus gnostiques eux-mêmes ^1 , (I , Vil = M =0=, etc. Mais, par mi liasard iden-
tique, jamais ce correspondant démoti(iue n'est transcrit eu grec, ' et cela aussi bien dans les papyrus
gnostiques que dans les noms propres des contrats bilingues. Au contraire, la forme hiératique, même
transcrite en grecque, se trouve souvent, soit dans les mots écrits purement en hiératico-hiéroghi)liique ^ p ^ p
= «^OTT, ^—(■ = ù.MOT!-it, soit dans les mots hybrides liiératico-démotiques iir/j| = j^pm.''
Eu définitive, et ce sera notre conclusion avant d'en arriver au détail de preuves, les voyelles transcrites
dans nos papyrus gnostico-magiques ont une échelle différente de celle des voyelles hiérogljT)hique8 primi-
tives. Aussi intervertirons-nous ici leur ordre.
Nous commencerons par la voyelle la plus sourde, l'aïn -=. — <^, dont nous étudierons ensuite les diverses
transformations dans nos papyrus à transcriptions. Nous continuerons par l'aleph û ou ^ et les transfor-
mations de l'un de ses dérivés aboutissant au son e, que l'on rendait aussi par une diphtongue et par une
ancienne consonne. Nous passerons ensidte au iod vrai, au vav et aux divers signes rendant les sons ou et
0. Par le ou, nous abordons les consonnes proprement dites, à cause des parentés du ou et du 6, et nous
terminerons par les transcriptions des autres consonues et de quelques syllabiques.'
'Dans Cl/fj^l 1(1 l\ ccr><::;s>), transcrit )^i(j.vap«u;, l'initiale (I est négligée.
3 Le signe [1 redoublé est nn t et le M H est transcrit ; it en démotiqae. Mais on tronve la transcription de la forme hiératique
dans les mots suivants ttiic = *^pOirei; v^^P/^' avec le signe du duel 3^^3^**. avec Ê = ^s — forme rare.
^ Ce plan a été modifié par nous, comme nous l'avons dit plus haut.
I
Le papyrus médical copte de Meschaïch. 117
LK PAPYLîUS MÉDICAL COPTE M MESCHAÏCH.
PAR
Fr. a. Deibbr 0. p.
PKEFACE.
M. Urbain Boueiant, directeur de l'Institut français d'archéologie orientale, avait fait l'acquisition, il
y a une quinzaine d'années, du papyrus qui fait l'objet de ce volume. Il se préparait à livrer ce document
à la publication, lorsque subitement il fut terrassé par le mal qui devait l'emporter et priver la science
égyptologique d'une collaboration très active. Sa famille avait songé mener ce travail à bonne fin. Déjà
on en avait annoncé la publication dans le Recueil de travaux.' Des circonstances particulières n'ayant pas
permis de réaliser ce désir, on m'a communiqué les éléments de ce papyrus et les quelques notes de M. Ur-
bain BouRiANT, en me priant d'en tirer parti.
Le papyrus original est demeuré h l'Institut français d'archét)logie orientale, au Caire, aussi me suis-je
empressé d'avertir M. Chassinat, le directeur actuel, au sujet des papiers (jui m'étaient remis et de m'entendre
avec lui.
M. Urbain Bouriant avait déjà commencé à reconstituer l'alphabet cryptographique en usage dans
ce texte, et qui était sans doute destiné à dérouter le public dans la lecture et la connaissance des recettes
médicales dont il est question. Puis il avait établi un essai de traduction allant jusqu'à la formule 71, y
laissant un certain nombre de lacimes par suite de l'incertitude oii il se trouvait au sujet du sens et de
l'interiirétation de certains mots que ses recherches subséquentes devaient fixer. Enfin, quelques notes
destinées à la confection de l'index, prises de Dioscoride, d'Oribase, d'Avicenne et de Daoud el-Antaki.
C"est sur ces bases que j'ai commencé mon étude et ce sont ces premiers jalons indicateurs qui ont
été mes premiers guides dans mes recherches. Comme on le verra par le texte lui-même, elles ont dû être
assez longues et assez minutieuses. Le point de vue grammatical n'offre pour ainsi dire pas de difficulté,
car il ne s'agit dans toutes ces formules que de simples énuniérations de produits médicamenteux et phar-
niaceuti(|ues; mais il a fallu au point de vue lexicographique étudier presque chaque mot, pour en déter-
miner le sens exact à l'aide soit des papyrus médicaux de l'ancienne Ég}q)te, soit des médecins grecs et
arabes ou des auteurs anciens d'histoire naturelle, et i)our ainsi dire faire un dictionnaire des nombreux
termes spéciaux usités dans ce papyrus.
Voici donc l'indication bibliographi(]ue des ouvrages ipie j'ai consultés à cet effet :
Papi/rus Ehers, das hernietische Buch iiber die Arsneimittel der ulten Àgypter. 2 vol. in-fol. Leipzig. En-
gelman, 1872.
H. JoACHiM. Papyrus Ebers, das àlleste Buch iiber Heilkundc ans dem Âgyptischen zum ersienmal vollstàndig
iibersetzt. 1 vol. in-S", Berlin, 1890.
Geo. Reisner. The Hearst 3Iedical Papyrus, Hieratic text in 17 fac-similé plates, in collotype tvith intro-
duction and Vocabulary. 1 vol. in-fol., Hinrichs, Leipzig, 1905.
Victor Lohet. La flore pharaonique d'après les docicments hiéroglyphiques et les spécimens découverts dans
les tombes. 1 vol. in-8", 2" édition, Leroux, Paris, 1892. — liecueil de travaux relatifs à la philologie
et à l'archéologie égyptienne et assyrienne, in-S", Paris, Bouillon, 1870—1907. — Zeitschrift fur àgyp-
tische Sprache und Altertuttiskunde, in-4", Leipzig, 1863—1907.
HippocRATE DE Ces, 460—372 av. J.-C, œuvres, édit. Kuhn, 1825—1827 et Littré, 1839—1861; 7 vol. in-8°,
Ballière, Paris.
Aristote, le Philosophe de Stagire, 384—322 av. J.-C, œuvres, 4 vol. in-4°, édit. Firmin Didot, Paris.
DiosconiDK d'Anazarba, 50 ans apr. J.-C, De materia medica libri quinque, édit. Curt. Sprenoel, coUect.
Kuehniana, 2 vol. in-8'', Lipsiae, 1829.
Galien de Pergame, 23—79 apr. J.-C, œuvres, édit. Bussemaker et Dakemberg, 1851 — 1876. 6 vol. in-8'', Bal-
lière, Paris.
' Nouvelle série, t. X, fasc. I, p. 23, Notice sur Urbain Bouriant. 1904.
16
118 Fr. a. Deiber 0. P.
I'line l'Ancien. 79 apr. J.-C. Naturalis historia, recognovit atiiue indicibua instruxit Ludovicus Jainis, 3 vol.
in-16. Lipsiae, Teubner, 1870.
lîuFus d'Ephèse, 110 apr. J.-C, œuvres, publii'es par Dakemiierg et E. Rielle, imprimerie nationale, l vul.
in-8°, Paris, 1879.
OaiBASE, 360 apr. J.-C, œuvres, édit. BussEMAKEn et Daremberg. 1851 — 1872, 6 vol. in-8°, Ballière. Paris.
Alexandre de Thalles, VP siècle, apr. J.-C, De arte medica. édit. Andernach, Bâle, 1556.
Aelics d'Amida en Mésopotamie, VP siècle, apr. J.-C, œuvres, édit. Herbenstreit. 1757.
Paul d'Egine, VIP siècle, apr. J.-C, translated from the GreeJc with a commentary . . . by FRA^•CIs Adams.
3 vol. in-8°, SïDENHAM society. London. 1844.
Avicenne, philosophe et médecin arabe, 980 — 1037, apr. J.-C, Canonis medicinae. 1 vol. in-4"'. Roniae. iu
typograpbia medicea 1593 et traduction latine. Venise, 1608.
Abu Mansur Muwaffak Ali Karawi. médecin persan, X' siècle, apr. J.-C. Die Pharmakologischen Grund-
sàtze. herausgegeben von Prof. D' R. Robert, 1 vol. in-8°, Halle a. S., Tausch und Gross, 1893.
Alkaliouet (Schifrab eddin Ahmed), médecin du Caire, né à Calioub, mort en 1659. Le livre des flambeaux
resplendissants au sujet de la médecine humaine: mssc. de la Bibliothèque nationale, publié jiar le
D"' Sanguinetti sous le titre : Quelques chapitres de médecine et de thérapeutique arabe, 1 vol. in-r2.
imprimerie impériale. Pari.i. 1866.
Abderrezzaq (Ibn Mohammed al-Djafain), médecin algérien. XVIIP siècle, apr. J.-C, Révélation des énigmes
dans l'exposition des drogues et des plantes (Kashef erroumoug . . . etc.). traduit par le D' Leclerc.
C'est un traité liasé sur les œmTes d' Avicenne. d'Ibn Beithar et de Daoud el-Antaki. J.-B. Baillikre. Paris. 1874.
Avec leur secours, j'ai essayé de donner un texte et une traducticjn aussi exactes que possible. Ce
devait être ma seule et unique préoccupation. Sans doute, il suffit d'être quelque peu érudit et quelque
peu versé dans l'étude de l'anticpiité. pour sentir l'importance historique de ce papyrus au point de vue
thérapeutique. Il touche aux usages médicaux des anciens coptes, à leurs connaissances en botanique, en
minéralogie, en anatomie. en physiologie, et il y aurait, certes, de ce côté, une étude intéressante et un
commentaire sérieux à faire. Déjà nous avions le papyrus Ebers et le papyrus médical de Berlin, qui nous
renseignent sur l'état de la médecine aux temps de la civilisation pharaonique; enfin, le papjTus médical
de Hearst, découvert récemment. Notre texte à son tour nous apprend quelque chose des idées et des con-
naissances des coptes sur les maladies et les soins à leur donner. C'est, en efïet. le premier texte d'une
telle importance qui nous parvient en cette langue.
Zoëga, dans son catalogue des manuscrits coptes de la bibliothèque Borgia.' a fait connaître quatre
pages d'un traité de ce genre. Il contient quarante-cinq recettes contre les maladies de la peau, gale et
démangeaison. Deux traductions ont été faites, l'une par Champollion lui-même,' l'autre par Dulaurier.'
En 1886, M. U. Bouriant fut assez heureux pour rencontrer un autre fragment médical en copte thébain.
C'est une feuille de parchemin simple mesurant environ 15 c. de haut sur 12 c. de large, qui formait les
liages 214—215 du manuscrit, ayant vingt-cinq lignes chacune, d'une petite écriture inégale. Les quelques
recettes qu'elles contiennent sont destinées à guérir les maladies du sein, douleur et inflammation, pénurie
du lait. «J'ignore, dit M. Bouriant. d'oîi provient le fragment de la Bibliothèque Borgia, mais celui que j'ai
retrouvé à Akhmim appartenait au Deir-el-Abiad (couvent blanc), construit près de Sohag, sous le vocable
d'Amba Shenoudah. A en juger d'après l'écriture, ce n'est pas \m morceau du monument d'oii ont été
arrachées les quatre pages publiées par Zoëga. Cela n'a rien de surprenant: chaque couvent devait posséder
au moins un exemplaire de ce codex.»*
Notre présent iiapjTus est donc de beaucoup le jilus volumineux et il peut être considéré à différents
points de ^•ue, selon (^u'il touche à la médecine ou à une branche quelconque de l'histoire naturelle. Une
semblable étude excéderait le cadre d'une publication qui doit se borner à la philologie et ;i l'intelligence
du texte.
La division de cet ouvrage est très simple :
1° Dans ime première partie j'examine les caractères généraux du papyrus.
1 Catalogns codicnm copticornm, p. 626 et s.
' PnbUé par Ephrcm Poitevin, Revut archéologique, 11*^ année.
' Journal asiatique, 1S41.
« Académie des Inscriptions et BeUes-Lettres, 1887. Séance du 12 août, communication, n" VI, p. 379.
Le papyrus médical copte de Meschaïch. 119
2" Je (loiinr ensuite le texte et la traduction dont j'ai numéroté les formules, afin de faciliter les
recherches.
3» Vient enfin l'index, qui forme comme le dictionnaire explicatif du papyrus.
J'ai évité la plupart des notes longues et surchargées au bas des pages du texte ou de la traduction;
je n'ai laissé subsister que ce qui m'a paru absolument indispensable en même tem))s que la lecture correcte
des mots et signes cryptographiques; chacun des renseignements utiles ou nécessaires se trouvant au mot
correspondant de l'index.
Le Caire, 7 mars 1909.
F. A. Dkiher 0. P.
PREMIERE PARTIE.
CARACTÈRES OÉNÉRAUX DU PAPYRUS.
§ I. Description du manuscrit.
Le papyrus médical copte de Mescha'i'ch, nom sous lecjuel je désignerai désormais le présent docu-
ment, a été acheté par M. Urbain Souriant dans la localité de ce nom. Elle se trouve au sud de Guirgueh,
sur la rive Est du Nil, dans la région de l'Aulad Jahjia. à peu près vis-à-vis Abydos, à l'cmijlacement de
l'ancienne Lépidotonpolis.'
Ce papyrus se compose de six feuillets, écrits au recto et dont on voit des fac-similés dans les
planches hors texte. Ils sont de différentes longueurs et mesurent de 40 à 55 cent, de long sur environ
30 cent, de large; chacune de ces pages contenant un nombre variable de lignes, par exemple : feuillet 1.
45 1., feuillet III, 79 1.
L'écriture est régulière et bien lisible; elle est parfois resserrée et rapetissée, comme pour gagner
de la place, ainsi feuillet III vers le milieu, pour reprendre son allure régulière vers la fin. Elle se distingue
de celle des deux exemplaires cités plus haut," celui de Zoëga et la feuille d'Akhmim; et d'ailleurs, les
caractères crvptographiques de notre texte, qui font défaut dans les deux autres, montrent bien que nos
feuillets ne se rattachent aucunement à ceux-là, mais appartenaient à un volume différent. Ils contiennent
une suite de recettes médicales .au nombre de 201, concernant toutes sortes de maladies. Chacune de ces
formules est reportée à la ligne et commence en général par les signes ^. Elle se termine par @; quelque-
fois le dernier mot est écrit en retour au-dessus de l'avant-dernier, afin de ne point perdre une ligne, ]>ar
exemple: feuil, III, form. 66; feuil. Y, form. 90, etc.; on encore une formule très courte, comme feuille V,
form. 117, commencée sur la même ligne que la fin de la précédente, pour s'achever elle-même en retour,
au-dessus, entre les deux fins de ligne et en écriture plus petite. Enfin, la formule est achevée par sou
signe ordinaire Q et par son sens; feuille V, form. 137. On semble cependant avoir oiddié quelque chose
et on y ajoute quelques mots.
De ci, de là. ou rencontre quelques signes, sortes de fioriture; form. 13 et 14 .^; form. 17 5; form. 22
@ > S- Seraient-ce des signes alchimiques qui se rapporteraient par conséquent au caractère cryptogr.aphique
du papyrus? Il est difficile de le dire.
Le tout est bien conservé, comme on peut le voir par les planches. Il n'y a pas de titre, sauf feuille II,
oii, avant la formide 35, on indi(iue que l'on va traiter des remèdes pour les mahadies de l'estomac. Cepen-
dant il n'y en a pas long. Sans .aucune indication, on passe de nouveau, form, 44 et suivantes, aux recettes
pour iiurg.atifs, pour mal.adie de l'intestin, de l'œil, etc.
La feuille I a le plus souffert. Elle est déchirée dans sa partie supérieure; il y manque environ
20 cent, pour être de même longueur que les autres. Les premières formules par lesquelles elle commence,
1, 2, 3, 4 sont inachevées par suite de la brisure du papyrus. Dans les formules 5, 7, 11, 18, 14 il manque
un, deux ou trois mots; feuillet III, form, 71, les trois premiers mots ont disparu, parce qu'en dépli.ant le
papyrus, celui-ci s'est un peu effrité, mais ils ont pu être cepend.ant relevés. Enfin, le dernier mot de la
' On j voit encore aujourd'hui les restes d'un temple de Eamsès II, restauré par Minéphtah, et, dans la montagne
des tombeaux creusés dans le roc dont le principal est celui d'un grand prêtre de This Enher-Mosé du temps de Jlinéphtah.
* Préface, p. 2.
16*
120 Fr. a. Deiber 0. P.
fonn. 161. feuille V, est à moitié disparu. Il iic-ut être complété sans aucuue diffioulté, il se trouve une autre
fois dans la même formule.
§ II. Caractère crtptographique.
Mais si l'ensemble extérieur du manuscrit se jjrésente sous un aspect des plus satisfaisants et paraît
dune lecture facile de prime abord, il en est autrement quand on l'examine avec attention. Dès les pre-
mières lignes nous rencontrons des signes inconnus ((ui nous arrêtent. Ce sont des mots entiers, écrits de
cette façon, par ex. form. 2 : Xhiii=; d'autres avec une, deux ou trois lettres ciiangées, par ex. form. 2 ;
ittoï/WV; enfin des mots qui sont correctement écrits avec les lettres coptes, par ex. form. 24 : «oocÊto et
(jui cependant n'ont aucun sens et ne correspondent à aucune racine. Bientôt l'on acquiert la con\iction
<pie l'on se trouve en présence d'un texte cryptograpliiqite. que ceux-là seuls (pii en iiossédaient la clef,
les initiés pouvaient lire et interpréter. La première recherche donc qui s'impose, est de débrouiller l'alpha-
bet bizarre employé à chaque ligne du manuscrit, de le reconstituer, d'en trouver la wileur et de rendre
au texte sa véritable physionomie.
M. Urbain Bouriant avait été frajipé par certains groiqies de mots se répétant a^•ec des variantes,
et qui l'ont mis sur la trace du déchiffrement. C'est par ex. form. 96. RHue no^o. et form. 97 et 98. khiuic
iîpip; form. 85, 6AAe nû)7V^j= et form. 126, êhAA. ncoo-roe.
En comparant ces groupes qui probablement .sont équivalents, on obtient ; nO||o = npip, soit : o=p
et ,1 = 1. _
n(oA(!/^r = ricooT^e, soit : w = c. 'A. = o, -^ = ott, ^ ^ o^ et = = e. De même form. 80. je
srouve n6iiin= no^o (jui fait penser à rhue nojo et à RHnne npip; n6iim= équivaudrait donc à RHime,
toit : n = R, 6 = «.'"="; 1''^ lettre n n'est pas changée et = = t. ce que nous avons déjà constaté,
auparavant.
Avec cet alphabet rudimentaire appliqué à d'autres groupes, on arrive à retrouver d'autres lettres
et à obtenir d'autres mots jusqu'à ce qu'enfin la certitude absolue s'en suive.
Ainsi, form. 10. "^U^-, nous connaissons déjà les lettres qui é(iui\-alent à coi . . . c. reste 5. (pii cor-
respond évidemment à m. et nous avons : (a))%= = coi«.c.
De même, form. 8. ARi^Ttiii fournit r = n et le mot onion.
form. 7. irôouAû» j u- = x " X&pRoe.
form. 79, ^««(o » « = & » Av^«.ce.
form. 142, ir«V!Sr6to , \^r = t » X-^P"^"*-
form. 184, iiiS^ggx""^"^ * 3=-'*, X = ^-" = " • "^Ç. *i-vvpcHuH.
form. 144. g^cp ;> & = «. c = <o, p = p :. M«K«p.
etc , de sorte qu'on peut reconstituer l'alphabet C(m]i)let.
Alphabet régulier : «v Ê t" a. c ■; H <» 1 R A. av n 2 °
Alphabet CRTPTor.RAPHiQi'E : ® h (3) (e) = (p) ê & ^ 11 o 3 ni, h (av.) X
Alphabet régulier ; npcT-r'\>x'*\'" ujcjo^ato-
Alphabet crtptographique : r o, p co ijf x (S,) t" ('r) c ^ x I if
Les lettres f, 5, t^ et oc ne se retrouvent pas dans les groupes écrits en caractères cryptograijliiqties.
Il est facile, en examinant ce tableau, de voir le procédé qui a ser^•i à composer un ))areil crypto-
graphe. Les combinaisons n'ont pas dû être bien pénibles. Les vingt-quatre lettres grecques ont été séparées
en trois sections de huit lettres chacune, chaque section étant représentée par les mêmes lettres écrites en
sens inverse.
\re groupe :«wÉ!T"î^e 5H-»
La lettre a>- qui représente la lettre e a été remplacée pour des raisons inconnues i)ar le signe S.
sauf une fois form. 74.
2" groupe ; 1 r \ ai n 5 o h
^, a" n o 2 "> " *^ ^ "^
La lettre 1 a été mise à part et représentée par un signe particulier ) ; on trou\"e aussi form. 160. s".
Les sept autres lettres ont suivi la marche ordinaire, mais la lettre it étant représentée par n lui-même,
on a choisi pour dérouter le lecteur un signe spécial m pour le figurer; on trouve encore form. 184 h
pour n; quelquefois même n est resté comme form. 63.
Livres et revues. 121
3* g^roupe : p c t t *5) ^C ''l' "
'^ ^' ce 'î* ''" ■'' "^
La lettre p. détachée elle-même aussi du groupe, est figurée par le caractère °p: les sept autres
suivent la loi indicjuée plus haut, excepté t^. qui est remplacé par <S3.
Quant aux lettres d'origine égyptienne, on leur a donné pour équivalent des signes quelconques naji-
partenant à aucun alphaliet
uj q O Dt s"
/)i\ ^ ( if (La suite iirochaiuement.)
LIVRKS ET KEYUES.
Monsieur le Professeur Ermax de Munster (Westphalie) m'écrit ; «Je vous adresse un tirage à part
relatif à Vhypotheca romaine, dont vous vous êtes si souvent occupé et dont la critique (ou l'hypercritique)
moderne voudrait faire une invention byzantine. queTrihonien seulement aurait prêtée aux juristes classiques.»
Le travail est intitulé : «PigniLS hyiiothecave». reproduisant ainsi, jusijue dans l'en-tète. le parallé-
lisme constant établi par les juristes romains entre le pignus latin et l'hypothèque grecque.
Pour l'hyi)othèque grecque. •Jizoïjr^/.r,, devenue romaine par une assimilation savante. M. Ebuas rap-
pelle d'abord les témoignages de C'icéron. Horace, Pétrone. Martial, Pline. Tertidlien. les discu-ssions de
Ser\-iu8 et de Labeo. la formula serviana, devenue formula hj-pothecaria, et les innombrables témoignages
des pandectes et des codes. Il met bien en himière les témoignages de Gains, qui, à propos de l'édit pro-
vincial 9 P (16, 1), 13, § 1, parle de la formula quasi ser\-iana quae et hypothecaria vocatur, de C'icéron
(ad fam. 13, 56, 2) se serrant du mot jTioSr/.rj et des jurisconsultes dont la liste est très longue et qui ne
peuvent avoir été tous interpolés : nous en avons la preuve positive pour quelques-uns. Je renvoie pour
tonte cette discussion, très riche et très savante, au travail même de notre savant collègue. Mais il me
semble bon d'ajouter, en mon propre nom. quelques réflexions qui me paraissent utiles et que j'ai immé-
diatement envoyées à mon excellent ami.
c Je viens de lire avec grand intérêt votre beau travail pigmts hypotheca ce dont le titre même, tiré
des vieux testes, me paraît très bien résumer la question.
Le pignus. dont le nom est emprunté au prêt sur gage des objets mobiliers, a concentré en lui tous
les gages, même celui (jue les Grecs nommaient hypothèque. Mais, pour les immeubles, les Romains ne
connurent d'abord que la fiducie.
Dans le code d'Amasis. imité par les auteurs de la loi des XII tables (je le démontre encore dans
mon dernier livre), les Égyptiens avaient aussi la fiducie, se rattachant aux différents usages égypto-romains.
usages semblables dans les deux droits. Mais en Egypte, antérieurement au code d'Araasi.s. à l'époque
éthiopienne, par exemple, le gage prenait (par suite des influences assyriennes, subies par Bocehoris) une
autre fonue : celle de l'antichrèse babylonienne, d'oii est sorti en Chaldée même le maslcanu, pris {sahtum)
ou non pris, c'est-à-dire le gage livré ou non. C'est le via-skanu. qui a été le père de l'hypothèque grecque
et qui a été imité aussi par les Égyjjtiens de l'époque classique,' lui donnant le nom autrefois générique
d'aouo ou de puissance acquise et en faisant l'équivalence de la -sï:i; /.xlx-ip tv. o'./.r;ç ou de l'exécution
parée. Cette exécution parée en droit gréco-macédonien remplaçait, en effet, \ ■J-^'ir;/.T^ d'autres droits grecs
et pouvait, par conséquent, à l'époque ptoléma'ique être considérée, au moins au point de vue pratique,
pour les macédoniens d'Egypte, comme une sorte de synon^-me de \aouo du droit des égyptiens de race,
bien que se rattachant à une autre origine dont nous aurons à parler.
Mais primitivement, je le répète. les Égyptiens n'avaient connu que l'antichrèse et. un peu plus tard,
que la fiducie, reposant d'ailleurs, comme l'antichrèse, sur une jouissance temporaire, donnée sous forme de
vente dans la fiducie et sous fonne de prêt dans l'antichrèse. En arriver de là à un droit abstrait à l'hy-
pothèque vraie ou au matlianu, c'était un progrès, dû. je le dis encore, à l'esprit commercial des baby-
' Pent-être est-ce, grâce à l'influence des Athéniens, qui vinrent aider les rois réroUés égyptiens contre les Perses, qn'il faut
«ttribner l'origine de cette nonTellc conception de l'uouo-hTpotièqne. Les Athéniens connaissaient ens, l'r.-îoSrjjtr;, imité de l'ancien
majtona : et c'est précisément sons les rois égyptiens, révoltés contre les Perses et aidés par les générani Athéniens, qne fat rédigé le
noDTeaa code égyptien de l'époqoe classique. Malhenreusement, les contrats originaux nous manquent pour cette période.
122 Eugène Revillout.
Ioniens, progrès que n'ont connu ou du moins iiratiqué les Ejjrjjtiens et les Romains qu'à nue époque
tardive.
l.es grecs ou du moins certains grecs visés par Gains, à propos de ledit provincial, avaient hérité
1 livpothèque' (encore nommée avec ce sens par Démosthène et Aristote-) de l'époque de l'hégémonie orien-
tale, alors qu'ils portaient les longues robes décrites par Pausanias. Cela ne veut certe pas dire qu'il
faille pousser l'hypercritique jusqu'à faire, comme vous le dites, de l'hypothèque romaine une invention
byzantine, prêtée par Tribonien aux jurisconsultes classiques. C'est beaucoup plus tôt qu'on a assimilé
Ihvpothèque au pignus. devenu une chose toute autre que la vieille fiducie romaine — chose que les
romains avaient trouvée, non seulement sous le nom d'hypothèque en Attique, etc.. mais sous d'autres
noms dans l'Egypte saisie par Auguste et dans les provinces orientales. Les gouverneurs romains avaient
nécessairement du la connaître : et d'abord, après les édits provinciaux des gouverneurs, les prêteurs péré-
grins, puis les prêteurs urbains l'introduisirent dans le droit à Rome même, par des assimilations savantes.
On ne saurait donc accuser Tribonien d'une falsification universelle de tous les textes, non seulement cités
par lui dans le Digeste, mais encore existant à l'état séparé dans d'autres documents. L'hypercritique, dont
quelques adeptes .allaient récemment aussi jusqu'à nier l'authenticité de la loi des XII tables, est donc
absolument dans l'erreur, erreur facile à constater, des deux parts, dans l'ensemble des documents contem-
])i>rains.
Kncore un mot.
J'ai parlé tout à l'heure de la Jifïji; xïOa^rsp v/. èizr,;. qui. dans les contrats du droit gréco-macédonien
d'Egypte, correspondait à Vaouo. hypothèque égyptienne. J'ai depuis longtemps fait remarquer que cette
itpi;i; sortait elle-même de la pignoris capio, résenée dans les droits égyptien et romain archa'iques à
certaines actions religieuses, on de l'État, et dont j'ai donné plusieurs exemples dans mon nouveau livre
(le droit comparé.
Ce livre, publié par la librairie Geuthneb. est intitulé' : Les origines égyptiennes du droit civil
romain. Xouvelle étude, faite d'après les textes hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques, rapprochés de
ceux des Assyro-chaldéens et des Hébreux, avec un premier supplément sur les contrats égypto-araméens
d'Éléphantine, un index alphabétique des questions juridiques, économicjues et historiques, un index alpha-
bétique des noms propres et des addenda et des errata (concernant surtout les contrats égyptiens de l'an-
cien empire, tirés des mastabas et des autres documents de même période).* Dans le volume lui-même on
trouve les textes et les commentaires juridiques des contrats démotiques relatifs aux premières formes du
droit sous le régime du code de Bocchoris. Les actions de la loi usitées en Egypte après la loi des XII
tables y occupent une large place, comme les contrats de mancipation, pour changer l'état des biens,
l'état des personnes et garantir les obligations. Les textes eux-mêmes des «contrats archa'iques égyptiens,,
démotiques et araniéens» sont étudiés philologiquement et en mot à mot dans ime publication parallèle.
En ce qui concerne les actions de la loi, ce dernier livre contient le compte rendu détaillé d'une actio
sacranienti, qui, du temps d'Apriès. est tout à fait parallèle de Vaciio sacramenii. datée des Ramessides, dont
j'avais depuis longtemps publié le texte dans les Proceedings de la Société d'archéologie biblique et le
commentaire dans ma Eevue égyptologique et dans mon Précis de droit égyptien. Dans mon nouveau livre
juridiipie je n'avais pu en dire que quelques mots. Je rappellerai à mes lecteurs qu'ils trouveront les con-
trats démotiques archaïques au prix de 46 fr. aux librairies Leroux. Geuthner et Hakrassowits et les ori-
gines égyptiennes du droit civil romain au prix de 10 fr. à la librairie Geuthner.
Chez MM. Leroux, GErtHNER et Hakrassowits ils trouveront aussi, au prix de 25 fr., le 1" fascicule
de mon syllabaire démotique, dont le 2° fascicide va bientôt paraître.
Excusons-nous d'avoir pris tant de place pour nos propres publications et passons maintenant aux
livres que nous avons reçus depuis peu et dont malheureusement nous devrons remettre une partie à un
])rochain numéro de la Bévue à cause des développements qu'ils comportent.
Dans une bibliographie fort écourtée du dernier numéro de la Renie, sans vouloir alors appuyer
là-dessus, nous avons mentionné un no\iveau décret, frère de celui de Rosette, et qui a été publié bien
i 'Voir ce que dit Eiman (p 5} à propos de l'inscription grecgne de Temnos.
' Voir les textes cités par le Tbésaarus.
' 'Voir Taimable et savant compte rendu qu'en a fait le professeur Rudolf Leonharii de Breslau dans la Deutsche Literaturzeitung
1912, n» 29.
* J'ai l'intention de publier sous peu en mot à mot la totalité de ces textes juridiques hiéroglyphiques.
Livres et revues. 123
singulièrement de toutes les manières. Xous ne nommerons pas même aujourd'hui l'auteur de cette publi-
cation, pas plus qu'il ne nous a nommé nous-mêmes, alors qu'il citait tout ceux, qui, plus ou moins mal.
ont parlé de Rosette. Mais nous devons insister un peu sur le texte que nous étudierons bientôt plus en
détail. Nos lecteurs et nos élèves se rappellent ; 1" que dans notre Chrestomathie démotiqiie nous avons
publié les trois versions du décret de Rosette en mot à mot avec, dans la préface, un mémoire sur les
décrets de Rosette et de Canope, celle-là éclairée par la comparaison de contrats démotiques des rois ré-
voltés de Thébaïde, qui nous faisaient mieux comprendre toute cette période historique; 2" qu'à bien des
reprises nous sommes revenus pour de nouvelles constatations sur ce sujet, tant dans la Revue archéolo-
gique que dans la Revue égyptologique, dans les Proceedings et dans nos cours où nous avons expliqué le
décret de Xaucratis dès son apparition, comme de nouveau, il y a peu d'années; 3° que dernièrement encore
nous avons consacré aux versions de Rosette et aux diverses promulgations de ce décret deux longs tra-
vaux publiés par la Revue égyptologique et par le Journal asiatique. Eh bien, ces travaux ont été continués
par le nouveau texte, qui fixe à l'an 20 l'expédition d'Epiphane et de ses généraux contre les derniers
révoltés, comme nous l'avions fait nous-mêmes, et qui, rédigé à Memphis pour Diospolis parva, le même
jour du même mois de la même année (23«) que le décret trouvé à Naucratis et destiné à cette ville et
d'une façon foncièrement parallèle avec deux autres décrets également rédigés à Memphis, et dont l'un de
l'an 21 était destiné à Philée et à la Thébaïde, tandis que l'autre de l'an 9 avait en vue Lycopolis et sa
reddition au roi. Dans le Journal asiatique nous avions montré que le prétoire sacerdotal fonctionnait sous
ce règne dans la capitale religieuse de Memphis. selon une même procédure relativement aux diverses pro-
vinces. Cette procédure n'avait rien de hatif. C'est en l'an 19 qu'avait été réglé le sort de Philée. et le
décret de Philée est de l'an 21. C'est en l'an 20 qu'a eu lieu la soumission des dernière révoltés ; et les
décrets de Naucratis de Diospolis parva, etc. furent rédigés à Memphis en l'an 23. Je dis : etc. En effet,
il existe d'autres décrets ou des fragments d'autres décrets du même genre. Nous aurons à en reparler.
Nous avons mentionné aussi à la fin du dernier numéro, dans la bibliographie fort écourtée dont
nous avons parlé tout à l'heure, plusieurs travaux de notre ami, le Professeur Erman de Berlin. Mais nous
avions réservé un livre de lui. qui demandait une plus ample notice.
Il s'agit d'une publication fort intéressante dont Ebman m'a envoyé la seconde édition peu après le
moment où je recevais du traducteur français, M. Vidal, la première, je veux parler de «la religion égyp-
tiennes, publication des «Musées royaux de Berlin». Bien entendu, la seconde édition est beaucoup plus
riche que la première, tant en renseignements qu'en représentations figurées, presque toutes tirées du Musée
de Berlin. Ce recueil de documents mythologiques est indispensable à tous les travailleurs. On regrette
seulement qu'on n'ait pas utilisé ceux, si abondants et si précieux du Louvre, ainsi que ceux du British
Muséum, si largement collectionnés surtout pour mon ami Birch, ceux des Musées d'Italie, etc.
L'auteur étudie successivement : 1° la foi aux dieux à l'époque ancienne et dans le nouvel empire;
2" les croyances relatives aux morts dans les temps les plus reculés, ainsi que la condition des morts au
temps ancien et dans le nouvel empire; 3° la magie; 4° la religion dans les temps postérieurs; .5° la religion
égyptienne dans les pays voisins; 6° l'Egypte au temps des Grecs; 1" la religion égyptienne en Europe.
Les vignettes les mieux choisies, les plus originales et les plus parlantes illustrent sans cesse le
texte (en dehors de celle du titre, un peu singulière et qui représente l'aigle impérial prussien avec le signe
oudja sur la poitrine).
La seule critique qu'on puisse adresser à l'auteur s'applique également à Brugscu et à tous ceux
(jui se sont occupés de mythologie égyptienne. Tous se sont fait des systèmes, fort divers, mais reposant
toujours sur une religion unique commune à toute l'Egypte, et pouvant seulement, comme Ermax l'admet,
se modifier dans la suite des temps. En somme, la religion différait autant selon les lieux que selon les
temps : je dirai même : parfois selon les personnes. C'est ainsi que, dans l'ancien empire, il y avait des
monothéistes et non énothéistes. puis tels que Ptahhotep, l'auteur du plus ancien livre du monde, et les ré-
dacteurs des inscriptions de plusieurs mastabas de même période, en même temps que des payens vénérant
Hathor ou d'autres dieux. Plus tard. Pianchi nous dit que les Memphites ne connaissaient pas la religion
d'Amon. Autre était, en effet, la religion d'Amon et la religion de Ptah.' La religion de Neith de Sais
> Cette lutte pasîionnée entre la religion memphite de Ptili et la religion thébaine d'Amon (qni sons les rois tliébains s'était
introdnite de force à Memphis même, ainsi que le prouve une bien intéressante statue de bronze, aclietée par moi pour le Louvre) se
remarque encore dans un roman démotique, écrit sons l'empereur Clau'lc et qui, comme le roman ptolémaîquc dit de Setna, a pour héros
124 Eugène Revillout.
était à la basse époque encore plus différente des autres, etc., etc. Les influences exercées par les
mystères locaux et par les traditions des sacerdoces particuliers étaient considérables. Le plus habituelle-
uient. on avait la triade et son développement, le plérôme de 9, trois fois trois, le chiffre sacré par excel-
lence. Mais à Sais, la mère divine du soleil. Xeith, paraissait seule, et ailleurs au chiffre 9 se substituait
le chiffre 8, incamé pour le dieu Eschnum et comprenant foncièrement 4 éons de ténèbres et 4 éons
de lumière, s'eugendrant l'un l'autre et faisant tout sortir du chaos et de la nuit, comme l'a développé
Brucsch. a ces systèmes anciens des écoles théologiques égyptiennes se rattachèrent les divers gnosti-
cisnies. et particulièrement celui de Valentin. dont TertuUieu a pu dire avec raison qu'il sortait tout entier
des tenqjles d'Égjiite. En Egypte on peut tout retrouver : 1° monothéisme pur; 2» monothéisme reposant
sur un dieu unique se développant lui-même en triade et en ennéade, et restant toujours le père des Dieux
et le créateur de tout, système que les hj^mnes nous montrent identique sous des noms différents dans
bien des sanctuaires; 3° panthéisme théiste, si je puis m'exprimer ainsi, déifiant réellement les forces na-
turelles; 4° panthéisme athée, ne vénérant plus de personnalités divines, même sous les noms divins;
5° naturalisme, ne cherchant rien an delà, pas même une tliéorie d'ensemble; 6" fétichisme abject, surtout
dans les masses populaires, ne distinguant pas le symbole sous l'animal et sous la plante; 7° religiosité
vague, cherchant, au contraire, le divin, au lieu du dieu, et reposant surtout sur la conscience et l'aspira-
tion naturelle ii l'homme vers l'infini. Eemarquons, du reste, que les cadres des systèmes devinrent à la
basse époque extrêmement larges. Après la conquête grecque, ils pennirent les assimilations les plus
bizarres (reposant d'ordinaire sur une assonance ou sur un rôle très sommairement compris) entre les dieux
égyptiens et les dieux grecs : Ptah devint ainsi Htpaiffîoç. Ne'i'th devint Athéné en écriture boustrophédon, tandis
qu'Amou, le grand dieu, qui avait présidé le panthéon égyptien sous les dynasties amoniennes, devint
Zeus ou Jupiter, sa femme Jlaut, Héra, ou Junon, son fils Clions, Hercule ou Hpaz),»]ç. le dieu de Sinope,
Sérapis Osorhapi, cest-à-dire l'Apis mort, etc. qui n'en fut pas moins considéré comme le véritable
Osiris, qu'il remplaça au point de vue grec, le mari d'Isis et le père d'Horus. Par une largeur d'idées
encore plus grande, le plérôme (ou plénitude du divin) s'élargit de plus en plus, et. soit chez les magiciens,
soit chez les gnostiques, il laissa entrer Jéhovah. Adona'i Sabaoth, devenu l'intime d'Anubis, les archanges
et les patriarches, à côté de dieux appartenant soit au padanisme local, soit à d'autres. Origène même
admettait tout cela, comme Valentin. dans son singulier christianisme et il croyait à la puissance des incan-
tations, s'adressant soit aux anges des planettes. soit aux patriarches dont il prou^'ait ainsi l'existence, soit
à des dieux cachés sous les dbrasax et ayant appartenu à d'antiques générations et à d'antiques tradi-
tions de peuples inconnus. En somme, nous ne connaissons assez bien que : 1° la religion amonienne fort
intéressante et à laquelle, autant qu'à celles de la Basse Egypte. Platon pendant son séjour eu Egypte,
parait avoir emprunté plusieurs de ses idées, 2° la religion funéraire se rattachant au mythe d'Osiris, cet
être bon, martyr du bien et juge des morts qui, elle, était devenue générale en Egypte.
Les idées de résurrection, de punition des méchants, de récompense des bons, jugés d'après leurs
mérites, remontent très haut en Égyiite et se rattachent, peut-être, à des traditions patriarcales, comme le
monothéisme primitif dont nous avons parlé.
le tatzm on granâ prêtre mempbîte Ehaemnas, fils de Sesostris. Nouveau St. Joseph, Ehaemuas est alors devenu le père putatif ou nour-
ricier d'une incarnation divine — ici d'Osiris. 11 devient le disciple de son fils, qui, après lui avoir fait faire dans les enfers un voyage
analogue à celui du Tasse et lai avoir raontré, par un vivant commentaire de la parabole de Lazare et du mauvais riche, les misérahles
glorifiés dans l'autre vie, tandis que les richards égoïstes y sont punis, en vient à lui apprendre bien d'autres secrets, se rattachant davan-
tage aux traditions égyptiennes provinciales.
Tout est faux, bien entendu, dans le cadre historique, imaginé ici par l'auteur de basse époque. Il se figure alors Ramsès II—
Sesostris dans la situation politique qu'ont eu en Egypte certains roitelets des dynasties qui ont succédé aux Shéshonkides, Sesostris ne
possède pas ainsi l'Ethiopie, qui appartient alors à un empereur amonien, dont le roi d'Egypte doit subir l'hégémonie, comme Tafoekht,
par rapport à Pianlihi. Or, Justement vient d'arriver à Memphis un ambassadeur de l'empereur d'Ethiopie. Il apporte un message scellé
et dont il exige la lecture sans briser les cachets. Si les savants d'Egypte ne peuvent y arriver, il emportera en Ethiopie la honte de
l'Egypte.
Ramsès II est frappé de stupeur, ainsi que toute sa cour. Il fait comparaître le grand prêtre Khaemuas, toujours célèbre par sa
connaissance des sciences occultes. Celui-ci prend un délai et s'en retourne chez lui, où il se précipite sur son lit poar se livrer à un
profond désespoir. Sa femme s'inquiète. Puis son fils intervient et finit par lui arracher son secret. II se charge lui de répondre à
l'éthiopien et il lit le papyrus, sans l'ouvrir, devant le roi et toute sa conr. L'éthiopien lui-même est obligé de reconnaître qu'il a bien lu.
Or, ce qu'il lit, ce sont les luttes éternelles du dieu thébain et éthiopien Amon et du dieu memphite Ptah, représentés dans l'aiitiquité
déjà, d'un côté, par l'empereur, le a/iur, d'Ethiopie, souverain de l'Egypte comme de l'Ethiopie, et, d'un autre côté, par le petit Pharaon,
son vassal. Par des sortilèges le premier fait rouer le second de coups de bâton — là s'arrêtait le document éthiopien — mais l'enfant
divin montre ensuite que la réciproque eut lieu et que l'Ethiopie eut sa part de honte. Nous donnerons bientôt cet intéressant document
avec le commentaire approprié. Au point de vue mythologique il est d'un très grand intérêt, comme au point de vue philologique.
LiVEES ET REVUES. 125
Ce ne sont pas 'es questions de sépulture, différentes dans les époques les plus anciennes, qui peuvent
nous indiquer soit des différences foncières de convictions, soit des questions de race : pas plus en Égj-pte
que dans notre occident, bien que se rapijortant, reconnaissons-le, à des rites religieux dissenililal)les. A
Rome des compatriotes employaient, selon les gentes, tous les rites funèbres connus.
Pour moi, je ne crois pas, non plus, comme mon ami Lohet, que l'idée même de dieu n'est venue
que tard, symbolisée par l'usage de la hampe du signum, portant le symbole de totem, d'une tribu divi-
nisée ensuite. Je crois que l'idée divine est très vieille en Egypte, comme aussi l'idée de cette immortalité
du /chou, du vous bienheureux qu'on retrouve dans les mastabas du vieil empire. Peut-être cela remonte-t-il
jusqu'au temps antique dont parle Ptahhotep dans sa préface, alors que la divinité conversait avec l'honnne.
Le paganisme, entraîné surtout par le culte de la femme divinisée ou des symboles funéraires, tels
que celui du chacal Anubis, ne serait qu'une défonnation postérieure, comme l'enseigne la Bible. Cette
opinion n'est nullement contraire à tous les faits allégués, par exemple à celui d'enseignes de tribus, tels
que l'épervier, etc. Seulement, disons-le à Loret, réper\-ier sacré et divin, est seulement nommé Horus.
tandis que le nom de bek est celui de l'épervier vulgaire. Quant à la raison qui faisait jn-endre l'épervier
comme symbole solaire, tout le monde la comprend pour cet oiseau, qui est censé contempler le soleil, et
lorsque la tribu l'ayant pour symbole l'emporta, ce symbole devint aussi royal.
Revenons-en au livre d'ERMAN, qui nous donne très Itien tout le matériel des images et des noms
divins, bien que ces noms, ces dieux, toujours conservés, aient souvent caché bien des idées différentes,
selon les temps et les lieux. Pour tout cela, pour les doctrines et leurs transformations locales ou tempo-
relles, il y a encore pour nous bien des choses inconnues ou mystérieuses. Dans ces conditions une
méthode nouvelle s'impose, la même que celle qu'ERMAN a inaugurée pour les diverses grammaires égyp-
tiennes. Au lieu de confondre, comme ses prédécesseurs et beaucoup de ses successeurs, sous le nom de
grammaire égyptien tous les paradigmes des divers lieux et des di\-erses époques, il a fait sa grammaire
admirable du «nouvel égyptien», sa grammaire antique du papyrus Westcar, etc. Là est la vérité. Il
faut procéder là par périodes et, j'insiste sur ce point, non seulement par périodes, mais par régions, par
lieux, ainsi que je l'ai démontré cette année dans mon cours de philologie de l'Institut catholique de Paris,
en traitant des diverses origines de la grammaire copte, etc. Erman, je l'ai raconté, me demandait lui-
même autrefois : Comment se fait-il que vous ayez en démotique le temps en vtai comme aux anciennes
époques, tandis que dans le nouvel égyptien il n'existait pas? La même question pouvait se poser d'ailleurs
pour l'optatif copte en Mikpeq ou mai arf. Elle est facile à résoudre par les questions dialectales; et nous
l'avons dit plus haut : nombreux sont les problèmes de ce genre : et cela aussi bien en mythologie (pi'en
grammaire. Il faut savoir restreindre son cadre et y pratiquer des dépouillements complets — unique
clef pour découvrir la vérité.
A peu près en même temps que le travail mythologique (I'Erman, j'en ai reçu deux autres sur le
même sujet, un de mon ancien élève, M. Vikey, qui contient les idées exposées par lui à l'Institut catho-
lique, l'autre de M. Amélineau. Je ne retrouve pas sous la main le livre de M. Viret, dont je parlerai par
conséquent plus tard. Quant à celui de M. Amélineau, il est trop touffu et de tendances trop opposées aux
miennes, pour que j'en entreprenne en ce moment l'analyse. Je crois plus pratique de le laisser parler
lui-même (p. 11 de son introduction) ;
«Il m'a semblé nécessaire, avant tout de délimiter autant que possible le champ des investigations
que nous pouvons faire dans l'étude de la religion égyptienne, d'étudier d'abord ce que les Égyptiens
entendaient par ce mot Dieu, qui, chez nous, s'applique à un être immatériel, doué de toutes les perfections
que nous avons pu imaginer et cela à un degré inlini, tandis que chez les Égyptiens il s'appliquait à des
êtres parfaitement matériels, ne différant aucunement des hommes ou même des animaux et qui. peu à peu.
à mesure que la civilisation progressait, se sont vu attribuer toutes les qualités morales, tous les attributs
infinis dont nous dotons aujourd'hui la divinité. C'est cette étude du sens attribué par les égyptiens au
mot Bieu^ qui fait l'unité de mon livre : il n'est pas un seul chapitre de cet ouvrage dont toutes les
idées ne C(mvergent vers le sens attribué à ce mot. quoique l'étude de ce sens ne vienne qu'au 4= chapitre.^'
ï Les chapitres de l'ouvrage, après rintroduction, sont ; Chapitre I*^*", De la méthode à suivre dans l'étude de la religion égyp-
tienne; chapitre II, Origine des Égyptiens; chapitre III, Le totémisme en Egypte; chapitre IV, Ce qu'était le dieu T en Egypte; Clia-
pitre V, Du composé humain et du sort que lai réservaient les anciens Égyptiens dans la seconde vie; chapitre YI, Observations sur la
du monde fanéraire. — Conclusions.
126 Eugène Revillout. Livres et revues.
On verra dans le long travail philosophique sur «l'idéalisme chez les Égyptiens», que je publierai
dans cette Semé même, combien je diffère d'avis avec M. Amélineau; et sur le totémisme et sur l'idée, et le
mot même de Dieu, et sur tout l'ensemble de son travail, dont je ne parlerai jjlus du reste — quoiqu'en
estimant beaucoup la science de l'auteur — car les discussions ne servent à rien; et il est plus profitable
(le suivre chacun sa voie.
Nous avons également reçu :
1° Le premier fascicule du tome I^' des œuvres de Schenoudi, texte copte et traduction française,
par 51. Amélineau (in-4o, Ernest Leroux). Nous avons à l'étudier plus en détail.
2° L'Egypte à petites journées. — Le Caire d'autrefois — par M. Rhoné. Cette nouvelle édition (in-4°)
est ornée des dessins inédits de Paci. Chardin C, Mauss A, Dauzats A, Baudrt, Bourgoin, etc. et de
lielles photographies. Elle est fort soignée au point de vue artistique — surtout arabe. Les détails rétro-
spectifs qu'elle nous donne sur l'ancien Musée de Boulaq et les fouilles du Sérapémn par notre vieil ami
Mariette, sont intéressants. Elle est en vente à la Société générale d'éditions. 20, rue des Petits champs
et chez Jouve. 15. rue Racine.
3° Plusieurs brochures égyptologiques du D'' Rodolfo del Castillo y C^uartiellers de l'Académie
historique de Madrid : A) la oftalmologia en tiempo de los Romanos; B) la niedicatio oleosa en tiempo
de los Faraones, el aceite de ricino; C) momiiicacion y erabalsamento en tiempo de los Faraones; D) la
Esterilizacion de las aguas del Nilo en el siglo XL
4" Nouvelles maximes en démotique appartenant au papyrus moral de Leide, lecture, faite à l'Aca-
démie des inscriptions, par notre élève Noël Giron.
5* Le grec Alexandrin, par notre ami, le D"^ Apostolides.
6" Un tirage à part : Ex serto Naberico a philologis batavis collecto. Il s'agit du volume rédigé
en l'honneur du vénérable J\I. Naber, père. L'extrait en question, «ex jure attico», a pour auteur notre cher
ami .1. C. Naber, fils, l'émineiit professeur de droit romain de l'L'niversité d'Utreeht, qui y montre sa per-
spicacité habituelle.
7° Ricerche sui Tolemei eupatore et Tolemei filopatore, nota di Luioi Pareti.
8° Un tirage à part de la Wiener Zeitschrift fur die Kunde des Morgenlandes, intitulé ; «Bemerkungen
zii Papyrus G des Fundes von Assuan, von L. Freund.
9" Les tapisseries d'Antinoe au Musée d'Orléans, par L. Baillet.
10° Questions de grammaire, par Eugène Devand.
11» Étude sur quelques monuments égyi^tiens du Musée archéologique de Cannes, par Alfred Dubenge.
12° Des monuments et de l'histoire des 11^ et III" dynasties ég3'ptiennes, gros volume de plus de
500 pages, par M. Raymond Weil. Jl. Wf.il, avec des idées souvent différentes de celles de M. Amélineau,
y étudie les nouveaux monuments, datés ou non datés, trouvés dans les fouilles d'Abydos, etc., aussi bien
que ceux des trois premières dynasties dans les documents ultérieurs. Il étudie aussi les édifices et termine
par une synthèse historique et tles conclusions. On sait que M. Weil est le seul français qui fasse actuelle-
ment des fouilles en Egypte, parallèles à celles des Allemands et des Anglais. Il est aidé dans ces fouilles
jiar notre collaborateur et ancien élève, M. Bisson de la Roque, auquel nous souhaitons, ainsi qu'à M. Weil,
beaucoup de succès.
13° Nous avons reçu enfin des Musées de Manchester, Angleterre, et de Toledo (États unis) diverses
publications de textes; de son fils, une vie de notre maître Emmanuel de Rougé et, à la dernière heure,
sous le titre : «Zur agyptischen AVortforschung II — III», ime de ces bonnes études philologiques dont notre
ami. le Professeur A. Erman, est coutuniier.
L'Éditeur Ernest Leroux, Propriétaire-Gérant.
REVUE ÉOYPTOLOGIQUE
PUBLIÉE PAR
M. EUGÈNE REYILLOUT.
AVEC LA COLLABORATION DE
MM. AMÉLINEAU, BIGOT, BISSON DE LA EOQUE, P. DEIBER, DELAPOETE,
GIKON, GUÉEIN, MALLE T, PATURET, ABBÉ SAINT PAUL GIEAED.
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
LIBKAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE, DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, ETC. EÏC
38, RUE BÛSAPAKTE, 2S, A PARIS.
XIV^ Volume. N° IV. 1913.
La REVUE EGYPTOLOGIQUE paraît tous les trois mois par numéros de six feuilles au moins, avec
planches, fac-similé etc, • — Aucun numéro ne se vend séparément.
Frix de l'abonnement annuel : Paris 30 fr. — I>épartements 31 fr* — Étranger 3'J fv.
Sommaire. : Mémoire sur la vocalisation hébraïque, par Ecgkne Revillout. — La grammaire copte étudiée dans ses origines
hiéroglyphiques et démotiques, par Eugkne Revillout. -r- Sur un cas d'inceste imputé au roi Snefru, par Henri
SûTTAS. — Chronologie des rois de l'époque archaïque. Etude sur les divers systèmes proposés, par E. Amélineau.
MÉMOIEE SUR LA VOCALISATION HÉBRAÏQUE.
PAR
Eugène Revillout.
iSuite.)
Il nous reste mainteuant à étudier les quatres aspirées, non plus lorsqu'elles sout
quiesceutes, mais lorsqu'elles sont mues par des voyelles. Nous nous appliquerons à faire
ressortir les nuances qui les distinguent alors les unes des autres, nuances qui jusqu'ici
passaient inaperçues.
Pour bien comprendre l'influence que les diverses aspirées peuvent exercer sur les
voyelles, il faut avoir une idée juste de ces voyelles et de la place que chacune d'elles peut
occuper dans la syllabe. Nous allons rappeler d'une façon sommaire ce qu'il y a plus indis-
pensable pour l'inte.lligeuce de ce chapitre dans les notions que nous avons données précé-
demment sur ce sujet.
Elles aussi, les voyelles composent une série pour ainsi dire ininterrompue depuis la
plus essentiellement brève, le patbah, jusqu'à la plus essentiellement longue, le holam. Quand
on dit qu'en hébreu, la brève doit nécessairement faire partie d'une syllabe fermée, c'est-à-
dire nécessairement être suivie d'une consonne terminale dépourvue de voyelle, ou d'un
t acheva quiescent ou d'un daguesch (sauf bien entendu si elle subit l'influence d'une aspirée),
cette règle si générale ne s'applique en réalité dans sa rigueur qu'au seul pathah.
Le ségol soutenu par un accent tonique peut prendre place avant une consonne ordi-
naire, mue par une voyelle; et quant au kametz, au kibbutz, à l'hirik, au sujet desquels notre
manière de voir s'éloigne notablement des doctrines courantes, il nous suftit pour le moment
128 Eugène Revillodt.
de rappeler que, d'après ces doctrines même, le kamets, l'hirlk, le kibbuts, s'ils sont souvent
brefs, peuvent être longs, c'est-à-dire qu'ils peuvent écbapper à l'application de la règle et
se trouver dans une syllabe ouverte avec ou sans accent tonique.
Si l'on veut donc apprécier l'influence que les gutturales peuvent exercer sur les voyelles,
qui exigeraient certaines conditions pour subsister avant les consonues ordinaires, le mieux
est encore de porter toute son attention sur le patbah et sur le ségol.
A ce point de vue, les quatre aspirées, quand elles sont mues par des voyelles, se
classent autrement que quiescentes. Très près de l'aleph se range l'a'in, puis le bé et le blietb.
1" L'alepb, non qniescent, pour soutenir le patbab qui le précède, a besoin d'être mû
par un scbeva-patbab, et de même, pour soutenir le ségol, il a besoin d'être mû par un scbeva-
ségol. Par exemple, sur trentre-trois alephs non quiescents précédés de ségols, tant dans le
Lévitique que dans la Geuèse, il n'en est pas un qui ne porte un scbeva-ségol; sur cent
soixante et un alepbs non quiesceuts précédés de pathabs dans ces deux livres (dont cent
quatre dans la Genèse), on n'en trouve que deux qui ne soient pas mus par un scbeva-
patbab; et encore ces deux exceptions tiennent-elles à la présence d'un mot qui fuit excep-
tion à toutes les règles; le préfixe interrogatif H (nûSH Genèse 42, 16; F]S_n Genèse 18, 23).
Pour ne pas confondre ce préfixe avec l'article H, qui a la même prononciation, la
même situation, la même consonne, alors qu'on lui donne le patbab, on lui refuse le dagucscb,
qui en devrait être la conséquence, et le kamets de compen.sation lorsque le daguescb est
impossible. C'est ainsi que souvent en bébreu ou individualise deux mots dont les consonnes
sont les mêmes, en les ponctuant dift'éremment, et parfois l'un d'eux coutre toutes les
règles.
Cette préoccupation de le distinguer de l'article a fait donner à l'affixe ,1 interrogatif
une constitution des plus anormales. Ou le trouve uue fois isolé dans le Deutérouome, du
moins suivant l'édition d'Atbias, conforme au texte des Soréens (nirTS H Deutéronome 32,6).
Dans ce cas le bé porte un mappik et le patbab doit par conséquence se prononcer avant
l'aspiration, comme le fait un patbab furtif après une voyelle longue à la fin des mots. Il
n'est rien de plus irrégulier d'après les principes généraux de vocalisation bébraïque, et il
ne faut pas s'étonner après cela de voir le même mot conserver son patbab quand il devrait
le perdre.
Sauf donc, quand il est précédé de cet n interrogatif, l'alepb non quiescent ne supporte
pas avant lui de patbab, s'il n'est mû par un scbeva-patbab; de ségol, s'il n'e.st mû par un
scbeva-ségol. Cette remarque réduit à rien l'influence de l'alepb en tant que gutturale pou-
vant soutenir le patbab ou le ségol dans des conditions exceptiounelles. En effet, l'attraction
des scbevas composés pour les voyelles similaires est telle qu'ils soutiennent ces voyelles
avant des consonnes ordinaires non daguescbées, lorsqu'ils se trouvent mouvoir de telles con-
sonnes (ex. : !in3£';?srn. Juges 16, 16; ni"i2n Genèse 27, 38, etc.). C'est donc d'une manière
très indirecte que l'alepb influe sur le patbab ou le ségol qui le précède; comme aspirée, il
prend un scbeva composé; mais c'est ce seheva composé qui supporte seul avant lui uue
voyelle similaire. Il semblerait même, en ce qui toucbe particulièrement le ségol, qu'avant
l'alepb, l'accent tonique ne suffit plus pour soutenir cette voyelle, comme il suffit avant les
consonnes non gutturales.
MÉMOIRE SUR LA VOCALISATION HÉBRAÏQUE. 129
Nou8 donnerons dans le chapitre correspondant de notre mémoire le tableau des formes
bibliques, soit régulières, soit irrég-ulières, de tous les verbes dont l'aleph est première, ou
seconde, ou troisième radicale. Ce tableau, trop considérable pour pouvoir trouver place ici,
conduit en somme aux mêmes conclusions que nos premières statistiques.
Pour le moment bornons-nous à dire que dans les formes daguescbées, piel, puai, bith-
pael, jamais le patbab ne persiste avnnt l'aleph, lorsque celui-ci ne porte pas un patbab com-
posé (par exemple il persiste dans les mots : IJXÎSn Isaï 1, 20; 13SSS^ Jérémie 25, 28; f:^'^
Isaï 33,20 et passim; bien que le plus souvent il s'allonge en kamets, même avant un alepb
portant un scheva-pathah, exemples : 13Stî2'1 Zacbarie 7, 11; D^SSip Psaume 50, 18; l'i'sarni;
^h^'^], etc.).
En effet, pour pouvoir subsister sans scheva-pathah avant l'aleph, le patbab aurait exigé
au moins un daguescb implicite, et nous avons vu précédemment que l'aleph n'a jamais de
daguesch implicite. Ce daguescb répond à un redoublement de la consonne qu'il affecte, et
le son de l'aleph étant à peine sensible, si tant est même qu'il soit sensible, n'est pas
susceptible d'être prolongé par redoublement, comme le son du bhetb, gutturale dure, de
l'aïn, gutturale profonde, ou même du bé, aspiration, qui de très faible peut devenir forte
eu certains cas. Si l'aleph peut porter un scbeva quiescent, implicite ou non, c'est que ce
scheva ferme la syllabe, même avec la moindre aspiration, le moindre ))rolongement vocal,
un simple hiatus.
Ce n'est donc pas en y cherchant un daguescb occulte qu'il faut expliquer la présence
fréquente de l'hirik et du kibbuts dans les piels 'et les puais des verbes, qui ont un alepb
pour deuxième radicale. L'hirik et le kibbuts peuvent alors persister, malgré l'absence de tout
daguesch, parce que l'hirik et le kibbutz sont, comme nous l'avons dit ailleurs, des voyelles
mixtes, tenant de la brève et de la longue. La seule brève proprement dite est le patbab
dont se rapproche le ségol; et ni le ségol, ni le pathah ne sont soutenus par l'alcpb.
2" Non loin de l'aleph vient l'a'in. L'aïn peut d'abord, comme l'alepb, et comme
d'ailleurs toute autre consonne, gutturale ou non gutturale, soutenir avant lui une voyelle
similaire au scheva composé qu'il porte. Mais là ne se borne pas son rôle. Quand la voyelle
qui le précède est affectée d'accent tonique ou de métbeg, il peut soutenir en elle par sa
présence une voyelle similaire à celle qui le meut : un patbab, s'il porte un pathah, un ségol,
s'il porte un ségol.
Tant dans la genèse que dans le lévitique nous trouvons quatre cent trente-un a'ins,
mus par des schevas-pathahs et précédés de pathahs (trois cent quarante-deux dans la Genèse,
quatre-vingt-neuf dans le Lévitique) ; vingt-neuf sont mus par des ségols et précédés de
schevasségols; mais en outre cent quatre-vingt-quatre (dont cent quarante dans la Genèse),
portant des pathahs, sont précédés de pathahs, soutenus par des accents toniques ou des mé-
thegs, et deux autres, mus par des ségols, sont précédés de ségols, également soutenus par
des accents toniques.
On voit que l'a'in n'a pas encore une grande attraction pour le ségol, bien qu'il le
supporte avant lui dans certains cas où un scbeva-ségol n'est pas sous lui. Nous venons de
voir un de ces cas, celui d'un a'in, mû par un ségol; il en est un autre assez fréquent, celui
d'un aïn, mû par un kamets et précédé de l'article H ou, ce qui revient au même, d'une
130 Eugène Revillout.
préposition renfermant l'article. Ceci est un trait de ressemblance qui rapproche l'aïn du
bbetb et du bé; car avant ces deux gutturales, quand elles sont mues par un kamets, l'ar-
ticle prend pour voyelle un ségol; tandis qu'il n'en reçoit jamais avant l'aleph.
Ce n'est pas, du reste, le point de contact le plus important de l'a'in avec le hheth et
avec le hé. Comme ces gutturales, plus encore peut-être, l'a'in est susceptible de redupli-
cation, par un daguescb implicite, dans les conjugaisons normalement daguescbées : dans le
pie], le puai et l'ithpael des verbes. Par le moyen de ce daguescb occulte, il peut alors,
mais alors seulement, soutenir un patbah, qui le précède dans une syllabe dépourvue d'accent
tonique et de raétheg, et sans lui-même porter un patbab (exemples : "IJ??' I Rois, 14, 10;
ns?:n Job 13, 11; D^nri Psaume 107, 18; Deutéronome 23,8; "TiSy} Éxode 14,27, etc.).
Il ne faudrait pas oublier que l'a'in n'agit point alors en tant que gutturale; il est da-
guesché par le type et, comme consonne daguescbée, ferme la syllabe précédente. En dehors
de ces cas bien déterminés, et en écartant comme toujours le préfixe H interrogatif, pour
que le pathah puisse subsister avant l'a'in, il est nécessaire que les conditions indiquées plus
haut se trouvent réunies, tant en ce qui touche la voyelle ou semi-voyelle, portée par l'a'in,
qu'en ce qui concerne le métheg ou l'accent tonique.
3° Le hé, qui vient après l'a'in, possède, en sa qualité d'aspirée, une influence bien
plus marquée sur la voyelle que le précède. Il peut encore, comme l'a'in, se trouver entre
deux patbabs dont, le plus souvent, le premier est soutenu alors par un accent tonique ou
par un métheg (dans la Genèse et le Lévitique réunis, sur dix-neuf pathahs précédant des hés
que meuvent des pathahs, dix-sept se trouvent accompagnés d'accents toniques et deux de
méthegs). Mais en outre, le bé peut parfaitement soutenir un patbab avant lui, lorsqu'il porte
une autre voj'elle. Tant dans la Genèse que dans le Lévitique, vingt-quatre fois les hés pré-
cédés de pathahs portent des tsérés, seize fois des schouronks, sept fois des bolams, sept fois
des biriks. Il soutient donc cinquante-quatre fois le patbab dans des conditions où ne le sou-
tiendrait pas l'a'in. Ajoutons que l'accent tonique ni le métheg ne sont plus nécessaires dans
la syllabe qui contient un pathah, suivi d'un hé, lorsque cette aspirée est mue par une longue;
autre dififérence essentielle avec l'a'in. Enfin, la proportion des schevas composés servant à
soutenir les voyelles similaires est infiniment moindre pour le bé. Dans la Genèse et le
Lévitique pris ensemble, le nombre des scbevas-patbahs, précédés de pathahs, n'est que de
quatre-vingt-neuf sous le hé; tandis que sous l'a'in il est de quatre cent trente-un. De même
sous le hé on ne trouve pas un scheva-ségol, précédé de ségol, on en compte neuf
sous l'a'in.
Lorsqu'un ségol précède un hé, le hé,, le jdus souvent, est mû par un kamets. Nous
avons vu que le kamets ne figurait pas au nombre des voyelles, qui peuvent mouvoir le
hé, lorsqu'il suit un pathah. Et déjà, en traitant de l'a'in, nous avons vu que quelquefois le
kamets, mouvant cette aspirée, attire avant elle un ségol. Ce qui, pour l'ain, était encore
exceptionnel, est devenu très fréquent pour le hé. Dans la Genèse cinquante-un ségols et
cinquante-six dans le Lévitique précèdent des hés, mus par des kamets. De ces ségols, quatre-
vingt-onze ont un iod muet, qui les sépare d'un hé final; neuf sont immédiatement suivis
de ce hé final, mû par un kamets; six se trouvent au commencement ou dans le corps
des mots.
MÉMOIRE SUR LA VOCALISATION HÉBRAÏQUE. 131
Comme le bé final, mû par un kamets, est un affixe, on pourrait croire que le ségol
que le précède tient à des causes exceptionnelles, indépendantes de l'influence de la voyelle
combinée à celle de la gutturale. Mais nous trouverons la même conjonction, au moins aussi
fréquente, en étudiant le bbetb qui ne peut jamais être affixe.
Le pathab ne s'allonge généralement pas avant le bé dans les conjugaisons daguescbées
des verbes qui ont le hé pour deuxième radicale. Nous n'avons trouvé dans toute la bible
qu'une seule exception à cette règle, et encore est-ce dans un livre dont la vocalisation est
souvent fautive, ayant été pointée tardivement avec peu de soin : le livre d'Esdras. Ajou-
tons que le mot en question (nniSH Esdras 6, 20), pointé d'un kamets sous le teth dans
l'édition de Van der Hooght, revue par Judah d'Alleman, est cité par Buxtorp comme
portant un pathab dans ce passage même; et très certainement il en porte un dans la Genèse
Oinfâni Genèse 35, 2).
Cette conservation «du pathab fait une nouvelle différence entre le hé etl'aïu; car, dans
les conjugaisons daguescbées, Tain soutient bien plus rarement le patbab qu'il ne le laisse
allonger en kamets (exemples : ^p^h Isaï 6, 13; S]5?DÛ Isaï 10, 33; "ijjri'i'^l Daniel 11, 40;
DJJSnril Daniel 2, 1; pjj^û Eois II, 2, 12; Ip^l Jérémie 11, 16; rym Psaume 106, 40, etc.).
C'est qu'en effet l'aïn, pour soutenir le patbab sans être mû par le pathab ou par le scbeva
composé correspondant, exige absolument un daguesch implicite, tandis que le hé, comme
nous l'avons vu, soutient le patbab par lui-même, sans qu'il soit besoin de daguesch occulte,
alors qu'il est mû par un tséré ou par toute autre longue, le kamets excepté. Le patbab n'est
même pas toujours accompagné d'un accent tonique ou d'un métheg quand il précède un
hé, mû par une longue.
Ajoutons que l'aïn, de même que l'aleph, ainsi que nous l'avons dit plus haut, laisse
parfois allonger le pathab dans les conjugaisons daguescbées, alors qu'il pourrait le soutenir,
étant mû par un scbeva- pathab (l^y'iTI P.?aume 83,4; Vwyjn»! lob 5, 25) : nouvelle ressem-
blance entre les deux gutturales que nous avons étudiées les premières; nouvelle différence
avec les deux autres. Le bé et le bbetb (sauf le cas douteux cité plus haut) ne permettent
jamais l'allongement du patbab, faute de daguesch, lorsqu'ils sont mus par un scbeva-patbah.
Rappelons que le bé soutient le ségol seulement alors qu'il est mû par un kamets;
tant dans la Genèse que dans le Lévitique on ne trouve pas un seul ségol avant un bé por-
tant, soit un scbeva ségol, soit un ségol.
4° Le bbetb est la plus forte et la plus puissante des gutturales. Il réunit toutes les
propriétés actives de toutes les autres.
En ce qui touche le ségol : comme l'aleph et l'aïn il le soutient, quand il est mû par
un scheva-ségol (seize fois dans la Genèse et le Lévitique); comme l'aïn, et plus souvent, il
soutient le ségol dans une syllabe, munie d'accent tonique ou de métheg, alors qu'il est mû
par un ségol (trente fois dans la Genèse et le Lévitique réunis). Enfin comme l'aïn et le hé,
plus fréquemment encore que ce dernier, il soutient le ségol, alors qu'il est mû par un
kamets (cent dix-neuf fois dans la Genèse et le Lévitique).
En ce qui touche le pathab : comme l'aleph, l'a'in et le hé, il le soutient, alors qu'il
est mû par un scheva-patah (deux cent neuf fois, tant dans la Genèse que dans le Lévitique);
comme l'aïn et le hé, il soutient le patbab, qui le précède dans une syllabe tonique, alors
132 Eugène Revillout. Mémoire sur la vocalisation hébraïque.
qu'il est mû par un patbah fceut dix-huit fois, taut dans la Genèse que dans le Lévitique);
mais, en outre, à la différence de l'un et de l'autre, quand il est mû par uu pathali, il sou-
tient également le pathali, qui précède dans une syllabe non tonique (tant dans la Genèse
que dans le Lévitique, le hheth, portant un pathah, soutient cinquante-quatre fois le pathah,
qui précède sans accent tonique ui métheg).
Enfin comme le hé, plus fréquemment que lui, il soutient le pathah, alors qu'il est mû
par une voyelle dissemblable, holam, tséré, schourouk, kibbuts, hirik (tant dans la Genèse
que dans le Lévitique, le hheth, précédé du pathah, est mû trente-sept fois par tséré, trente-
trois fois par un holam, dix fois par un schourouk, dix fois par un hirik, deux fois par un
kibbuts).
Dans les conjugaisons dagueschées des verbes nombreux dont le hheth est seconde
radicale, nous n'avons trouvé que deux fois le pathah s'allongeaut avant lui en kamets ('pnjl
Genèse 8, 10; ''riyn"irin"DS lob 9, 30). Dans le dernier exemple le hheth est mû par un
pathah; quand au premier, il ne peut compter, car l'allongement du pathah en kamets est
causé par la suppression d'un iod radical qu'il rappelle; le mot complet serait hn''''], comme
le fait remarquer Buxtorf.
Nous avons montré dans ce chapitre que les aspirées forment une série, dont l'aleph
d'une part, et d'autre part le hheth forment les deux extrémités. L'aleph est à peine une
gutturale, à peine une consonne; comme nous le verrous à propos des muettes, il peut être
tellement nul qu'il se trouve entre deux consonnes dans une syllabe fermée, ou que sans
voyelles, inaperçu, il se glisse, muet, entre deux syllabes fermées consécutives.
Le hheth, au contraire, est toujours consonne, toujours gutturale. Quand il est quiescent,
il ferme la syllabe, et à la fin des mots, il appelle le plus souvent un pathah furtif ou nou
furtif, sauf quand un kamets le précède. Quiescent ou non, il attire et soutient le pathah,
par lui-même, indépendamment de toute influence d'accent tonique ou de voyelle; il soutient
aussi le ségol, mais dans des cas déterminés.
L'aïu et le hé, intermédiaires entre l'aleph et le hheth, tienuent à la fois de l'un et
de l'autre.
Comme l'aleph, bien que d'une façon moins générale, le hé peut être muet, mais par
sou action sur le pathah il se rapproche plutôt du hheth. Il soutient plus difficilement le
ségol, que l'un et que l'autre, quand il n'est pas mû par un kamets. Et il a ceci de parti-
culier qu'il est, à peu près dans tous les cas, précédé de kamets, lorsqu'il ferme exception-
nellement la syllabe à la fin des mots, étant fortifié par un mappik.
L'aïn quiescent, comme le hheth, ferme la syllabe, mais on a pu voir qu'à d'autres
points de vue il se rapproche des aspirées moins fortes.
Nous ne voulons pas nous étendre plus longuement sur ce sujet, de peur de choquer
plus encore en soutenant toujours des opinions contraires aux opinions reçues; et nous
prions ceux qui nous lisent de ne pas juger trop sévèrement, avant tout examen, cette
témérité. Nous n'avons pas cherché l'originalité; elle nous est venue naturellement par une
étude plus approfondie des textes bibliques.
La grammaire copte. 133
LA GRAMMAIRE COPTE
ÉTUDIÉE DANS SES ORIGINES HIÉROGLYPHIQUES ET DÉMOTIQUES.
l'AK
Eugène Revillout.
(Suite.)
En effet, l'iiistoire de l'alphabet copte, comme celle de lalpliabet arménien après
l'abandon des cunéiformes païens, a eu des aspects très variés se rattachant à des origines
locales diverses.
Puisque nous venons de parler de l'alphabet arménien, nous devons dire qu'il nous
fournit un jalon précieux pour la question qui nous occupe.
En effet, quand, après bien des essais successifs, S' Mesrob lui fournit dans le courant du
cinquième siècle sa forme définitive, il s'en alla chercher en Egypte plusieurs éléments, c'est-à-
dire justement les articulations étrangères au grec et semblables en égyptien et en arménien.
C'est là une remarque que j'ai faite dans mes «Mélanges» de 1873,* et qui est ici de la plus
grande importance.
Pourquoi S' Mesrob alla-t-il chercher ses inspirations dernières chez les coptes? — Par
une raison bien simple : c'est que l'église arménienne a toujours été en rapports étroits avec
l'église égyptienne d'Alexandrie, dont elle s'inspira — et du temps de S' Athanase et du
temps de S' Cyrille et du temps de Dioscore dont elle suivit le schisme. Elle eut donc
toujours un rôle analogue à celui de l'église éthiopienne — sans dépendre directement comme
celle-ci du même patriarcat.^
Dans les lettres que S' Mesrob emprunta aux coptes — très certainement à Alexandrie
où il débarqua — on distingue :
r Le '/, identique au q copte et représentant également un v dur ou aspiré.
2° Le a", identique au 2«. copte et qui se prononce dj, comme le susdit 2c à cette
époque.
3" Le ^, identique au « copte et qui se lit h aspiré ou dur.^
' Voir aussi mon article paru dans le numéro de décembre 1903 de la société d'archéologie biblique
de Londres, p. 865.
* Par voisinage elle se rattacherait plutôt à celui d'Antioohe, dont les tendances doctrinales étaient
toutes contraires, et du temps des ariens et du temps des nestoriens et du temps de Dioscore.
» Les deux lettres arméniennes t {cin) et 7^ [scia), qui traduisent le ch français et le sh anglais,
semblent à première vue se rattacher, soit au ^ = T(T(Ti soit au 4 = ®, que nous trouvons, soit en
démotique, soit dans les documents proto-coptes, c'est-à-dire de l'égyptien transcrit en grec. Mais la seconde
seulement de ces formes se retrouve dans le troisième dialecte avec une valeur que nous verrons être
toute différente de la valeur arménienne en question. La chuintante est partout alors en copte le vj, dont
l'origine graphique est toute différente, S' Mesrob, se serait-il livré à Alexandrie à des recherches d'éru-
dition pure? C'est possible; mais c'est douteux. Il a dû emprunter ailleurs ou imaginer les lettres en
question, peut-être parce qu'alors le son du jh lui semblait trop différent du son des lettres arméniennes
qu'il voulait traduire dans l'écriture.
On sait qu'en démotique Ttîtî s'écrivait 3, ou %,, et que cette dernière forme est l'origine du uj
copte. C'est d'ailleurs, semble-t-il, la plus primitive, bien que ce ne soit pas celle qu'aient d'abord adopté
les auteurs de nos papyrus, à transcriptions.
134 Eugène Revillout.
Or, il faut remarquer que cette lettre répoudant au T hiéroglyphique et au h dé-
motique (homophone de ©), que nous avons trouvé dans nos papyrus à transcriptions, ne
se rencontre jamais en thébain et dans les dialectes analogues les plus anciennement écrits
dans les manuscrits que nous possédons et dont beaucoup sont antérieurs à S' Mesrob ou
contemporains. En thébain on n'a conservé qu'une seule aspirée, l'aspirée douce, provenant
de ?. ou *== ^ fi et répoudant au hori (o ). Les inscriptions et les textes, même prove-
nant de la Basse Egypte, des environs de Memphis ou de Memphis même, ou, pour mieux
dire, de tout le cours du Nil depuis le haut jusqu'en bas, n'ont que cette lettre jusqu'à la
conquête musulmane. C'est seulement après cette conquête, lorsque les patriarches mouo-
phj^sites ont quitté Alexandrie pour venir s'établir au Caire ou Babylone, c'est-à-dire à l'an-
cienne Memphis, que l'on constate, dans cette Memphis, un nouveau dialecte, autrefois appelé
memphitique, nom auquel on a été obligé de renoncer depuis ma découverte et ma publi-
cation partielle du cartulaire de S' Jérémie de Memphis, écrit en thébain; dialecte que nous
nommerons dorénavant alexandrin.
Jusque-là, la langue de la liturgie patriarcale était le grec et les patriarches — y com-
pris Dioscore — ne savaient souvent pas le copte. La seule liturgie, écrite en copte, était
celle de la Haute Egypte, dont les évêques ne connaissaient même pas le grec et elle était
eu thébain. Quand, après les capitulations, favorables aux coptes monophysites, leurs pa-
triarches renoncèrent à Alexandrie, où siégeait encore le chalcédonien et qui était restée eu
rapports constants avec la chalcédonieune Byzauce, pour venir séjourner dans le centre même
du nouveau gouvernement, ils jugèrent opportun d'abandonner aussi la liturgie grecque et
de la faire traduire eu copte. Or, ce copte fut naturellement celui qu'ils avaient entendu
parler à Alexandrie dont ils sortaient par les commerçants, etc.^ Ce dialecte, jusquelà
uniquement civil, devint donc la langue sacrée des patriarches, le nouveau memphitique,
c'est à-dire l'ancien alexandrin, auquel, dès le b" siècle. S' Jlesrob, en débarquant, avait em-
prunté les lettres égyptiennes qu'il introduisit dans l'alphabet arménien.
Le dialecte alexandrin, en usage dans une région tout-à-fait à part, était fort diiierent
pour la phonétique, etc., du dialecte, qui, avec quelques légères distinctions, se parlait sur
le cours ordinaire du Nil depuis le haut jusqu'en bas. Les coptes, ne disaient ils pas : « sortir
d'Egypte, pour aller à Racoti»? Ce dialecte avait conservé les aspirées dures qu'avaient
abandonnées par simplification les auteurs de l'alphabet copte chrétien du cours du Nil. Il
avait conservé aussi certaines expressions païennes systématiquement délaissées par les très
chrétiens thébains — fort ennemis des païens sous tous les aspects. Je citerai l'expression
neb ^^z^ ws = 1 /( = «seigneur^', qu'on rencontrait sans cesse dans les hymnes païens et
que les chrétiens thébains supprimèrent partout, en la remplaçant par l'expression tes
"i W> élevé, 3C-06IC, venant de atici dotninus (y.up'.sc). Tes siguifiant altissimus, s'échange
ainsi dans les textes bibliques avec dominiis ("'ns ou y.upts;). 11 en prit l'acception spéciale.
En alexandrin, le mot miÊ subsista, au contraire, toujours et il se retrouve dans tous les
' Voir pour toute cette question historique, du transfert du patriarche copte d'Alexandrie à Babylone
(vieux Caire), un article que j'ai pul)lié dans la Revue l'Intermédiaire des curieux, tome LXI, p. 395 à 402.
La grammaire copte. 135
textes liturgiq.ues ou bibliques du nouveau dialecte patriarcal. Les exemples de ce genre
sont très nombreux.
L'aspirée dure i = * (T = i), proscrite par les thébains/ qui voloutairemeut la
confondirent avec l'aspirée douce h (o = ^ = <= == |\ aspirée dure, qui, dans tous les
dialectes démotiques même contemporains du copte, est soigneusement conservée, eut donc
droit de cité dans l'alexandrin, devenu au 7<= siècle de notre ère la langue sacrée patriarcale.
En ce qui concerne la phonétique proprement dite, il faut faire une remarque très
importante (et tout-iï-fnit parallèle à ce que nous venons de dire eu dernier lieu), à propos
d'un autre dialecte, certainement aussi localisé dans une région étrangère au cours ordinaire
du Nil, c'est-à-dire soit sur les bords de la mer rouge, soit aux oasis (puisque le Faium
avait un dialecte analogue pour la phonétique au tbébaiu). Ce troisième dialecte, récemment
découvert et qu'où a fort mal à propos appelé akhmimique,^ possède lui aussi une aspirée
dure d'un caractère très particulier. C'est le O ou o, provenant de ^ ^ '^ et qui, sous sa
forme vraie G> ou sous une forme légèrement adultérée, dont g^ pourrait bien être aussi
une résultante pour la partie supérieure du signe tout au moins, a été souvent employé —
nous l'avons vu — par les gnostiques magiciens, etc. dans les alphabets précurseurs de l'al-
phabet copte. Cette lettre a été considérée par Bouriant et ses disciples allemands comme
intermédiaire entre le a et le uj. C'est exact, nous le verrons, si on ne s'inspire que de cer-
taines comparaisons lexicographiques uniquement coptes. C'est entièrement faux, nous le
verrons aussi, si on veut remonter aux origines non seulement graphiques, mais encore pho-
nétiques. Or, le phonétisme d'un nouveau dialecte ne peut pas se juger par le phonétisme
des dialectes voisins, mais par le sien propre : la seule comparaison de l'alexandrin et du
thébain suffit d'ailleurs pour le prouver, non seulement pour le a et le ç^, mais pour le -x.
et le tr s'échangeant dialectalement en alexandrin en dépit d'origines assurément fort diverses,
etc. Eien ne prouve par conséquent que dans le dialecte x, con.sidéré en lui-même, le g^ =
G> ^ ®, c'est-à-dire toujours l'aspirée forte g^ — et cela jusque dans ses origines — nous
allons le démontrer tout àl'heure — ait eu la moindre parenté avec le «y, qui existe paral-
lèlement dans le même dialecte et ne s'échange jamais avec lui.
Je sais bien ce qu'on va m'objecter. En hiéroglyphes même, ® (M) s'échange souvent
(peut-être parfois dialectalement) avec izso. J'ajouterai même que la gamme de ces échanges
' Je ne sais pas trop bien, je l'avoue, la cause de cette proscription. Faut-il la cliercher clans une
sorte de scission entre la langue écrite de ces régions et la langue parlée, scission que les chrétiens auraient
voulu consacrer dans leur écriture propre? C'est bien douteux. J'y verrais plutôt une rage de la simpli-
fication, poussée beaucoup trop loin chez des réformateurs, que hantaient malgré tout la phonétique grecque,
car l'alexandrin est généralement plus doux ou, si l'on veut, moins rude que le tliébain. Je donnerai pour
preuve la coutume alexandrine d'adoucir, à la grecque, dans certaines circonstances le n et le t en 9 (/")
et 0 (le dernier avec le son du th anglais), tandis qu'en thébain 9 et 0 ne sont jamais que des lettres
doubles = no et to, c'est-à-dire un n ou un t, suivi d'une aspiration. J'ai grande tendance à croire
qu'en thébain le o avait une double prononciation, forte ou dure, selon l'origine, prononciation que l'usage
faisait connaître, ainsi que peut-être certaines règles spéciales de phonétisme, ignorées de nous.
2 Ce nom lui a été donné, parce que les manuscrits qui s'y réfèrent ont été découverts par Bou-
iiiANT, etc. â Akhmim dans l'ancien monastère du prophète âenuti, l'illustre orateur, dont toutes les œuvres
sont en thébain, ainsi d'ailleurs qu'une multitude de manuscrits du même monastère. Par la même raison
on pourrait dire que la langue générale de sa cité était le syriaque, parce qu'on y a trouvé beaucoup de
manuscrits syriaques, apportés par certains moines syriens d'origine.
136 Eugène Revillout.
est encore agrandie en démotique. Menx y est sans cesse écrit mens; x^m, Scm, etc. Ce
n'est pas tout. Nous avons nous-même démontré plus liant que Cô, forme démotique de ®, ne
servait pas à l'aspirée dure dans le manuscrit de Paris (contenant la transcription grecque
d'un texte égj^ptien avec plusieurs lettres surajoutées), mais servait, au contraire, toujours
pour le uj (qui n'a pas pour le traduire d'autre caractère) et pour le <y copte (ancien ffl =
..^i_ = g) D'une autre part, s des textes démotiques semble souvent s'être transformé en ui
dans les textes coptes — ce qui est cause de ma transcription primitive de <3 en \\ sî«.*
Mais le <& démotique se rattache toujours à un ® primitif, comme ^ dans le dialecte x.
Celui-ci se comporte à ce point de vue comme le T ;ja = i primitif, devenu .J = a en
alexandrin et dont l'origine n'a pas plus de rapports avec le ^ coexistant que les échanges
intra dialectaux.
D'ailleurs, en cette matière surtout comparaison n'est pas raison. La vérité ne nous est
fournie philologiquement que par la méthode du dépouillement complet, s'appliquant »eule-
ment au dialecte qu'on étudie. Nous allons donc achever notre démonstration sur le g = %
en examinant successivement tous les exemples qu'on a allégués pour une opinion opposée
et même tous les exemples lexicographiques y relatifs.
Commençons par donner ceux qui ont été cités par Bouriant, pour établir l'assimilation
entre le g^ et le ja, qui, nous l'avons dit, existent parallèlement dans ce même dialecte.
Nous indiquerons chaque fois entre parenthèses, précédée de la lettre R, notre réponse oji,
pour mieux dire, nos renvois aux formes primitives se référant à l'aspirée dure. La lettre H
indiquera les mots hiéroglyphiques et la lettre D les mots démotiques transcrits en hiéro-
glyphes.
Hi'vie A.
1° B eg= ev«, quoi (E, H () ® , D (j ® et (j®).
2° B egT = cujT pendre (R, H '^"^^^ I> "fl^l]-^)-
3» B Mig^e = Mi«ie combat (R, H ^I^ll]^- tfeî'^flfl)'
4» B n&gr = nevUiT dur (R, H © ^^ o, D \\.
5° B oiTûige = oTTOJujc vouloir (R, H %T ^, >>I ?^^ chercher).
6" B oTj-oe = oTs-ujH nuit (R, H , ,|.
7° B nevgp = npui étendre (R, H ® i>|.
' Nous avons vu que tl.ans le papyrus bilingue de Londres Leide i. sert à noter le passage du ® —
s ou UJ. Exemple; 1)w(ôj = n^toï (copte nujtoi)- En démotique ®^C\ '^^^ s'écrit co_i3(3, puis cf_i)i
(copte ujhm), n Y s'écrit l2_/(3. puis li^/ï- Dans le dialecte x on trouve aussi çhm (ujhm),
g&pn (= ujopn), etc. Mais cela n'infirme en rien notre thèse, nous le verrons plus loin. D'ailleurs en
di'motique atissi il y eut plusieurs dialectes et les valeurs adoucies ou durcies pouvaient souvent être chose
ili.alectale, même dans l'échelle des aspirées fortes.
La GRAimAIEE COPTE. 137
8" B o& et oeve = ujev fêle (R, H s , D s J}).
9' B c&oÊe ou CAO-^e =-. c.xujÊe, cewm-i 7 (R H fl "^ ' ' ' '\
I ^. — Ml/'
10-' B ^ev = uie. orieut (R, H S V
11» B o&io = lyoc.uj poussière (R, H ®%?"^. Le mot s'écrit aussi '^^^^^S^'i
Jf à 00 ,, aooo/'
12» B oe.A = ujo\ dent (R, D ©.Ss&l (?).
13» B 0».AIT = UJO.MT 3 (R, H f^^ - ).
14» B oa-pn = ujopn premier iR, H <:3>(7, D l^\
^ D i ^ a 21'/
15» B o*.T = ujoT dur (R, H ^-^^^^^^ a =^ ««'Vy^)
Ifi» B oÊHp = ujûHp compagnon (R, D ® <^s [1 •<s>- -i?) j.
17» B OHM = «JH.VV petit iR, H © Jn^^^, D ^ J^^^, ®^^^).
18» B otonc = ujwne être (R, H ^<=>, ^, D 'w).
19° B eoûjne = eiywne si (R, H <=>'^, D <=> ^ et (1 S ^^=^ ^V
20° B o remplace va devant les racines verbales (en d'autres termes remplace le po-
tentiel cuj) (R, H D '© = , voir les exemples de la clémentine comme ceux de
Bouriant).
Nota. Deux seuls des exemples qui sont aussi allégués par Bodriaxt ne s'expliquent
jusqu'ici pas bien par l'aspirée forte. Ce sont : 1° c&o = cuuj mépriser (D .-^-^^^y
Quant au D "^^^ ^^ = cwuj-^, il pourrait s'expliquer par une métathèse de
"^X^ écarter, combattre, repousser. 2° 00 = ujm sable, dont je ne connais jusqu'ici que
les correspondants H °q, D TtTtT ^ pied. 3» oe ^ uie, dont il ne donne aucun renvoi et
qui est toujours écrit uje dans la clémentine '-^ ¥\_^- Quant à Me^oe ^ Avoouje marcher,
il ne se trouve parmi les manuscrits de Bouriant que Ex. IV, 19 et ]\Iaccb. VI, 7, tandis
que dans Ex. II, 5 et dans la clémentine ou trouve toujours sous une autre orthographe
dont nous reparlerons. Il nous reste à parler de l'équivalence gù.poTj-Mcicc = uja.TAviei, mais
c'est moins une équivalence qu'une traduction. La préformante uj& du temps d'habitude se
trouve sans cesse en démotique spécialement dans le poème satyrique. La préformante 0B>p
représente au contraire la préformante x^^ o" U "^^^ aryer ou [1 <=> signitiaut
«quand».
Venons eu maintenant à la seconde série de Bouria>'t, à la série B, assimilant o à *
eu alexandrin (appelé alors memphitique) et à §^ en thébain.
138 Eugène Revillout.
Série B.
r H «ew^T = 'î>^*T = neoT tomber (H, H ° ^^^, D dT)^-
■>" B C.SO =- cevs = c^o écrire (\\, H fft, pî'^'^ )•
3° B Teo =- oco* = Two mêler, troubler (R, H i — r TtoTtoo = 1)
*^ troubler, révolutiouner).
4" B oiiig^ ^ 0)11* =; (oiio vivre (R, H ■¥■ , D a-¥-®|.
5° B g^iv = *ev =--= oi\ devant (R, H m, D m).
6° B g^ive = *<.c = ç^.xe dernier (R, H 1%^^^^» D î^^^)'
T B ç^coTÊe = *63Te6 = o<otê tuer (K, H ^ J ^, D ^ J ' ^^ ^' ^ J ' ')•
8° B g^ice = sici = oice peiner (R, H '"'^ '^, 1) I toi û 0 ^)-
9° B g^i» = *en = ç^ii dans (R, H et D ^ cr^).
10° B ivopHi = £*pcvi = copcvi (R, H <=> T <=> [1 (1 c:~a en l)as).
11° B gpujipe = scAiHipi = opuiipe jeune homme (R, D T -®2> 2?) X^^ ^'U x^^X^'^'h
l)uisque dans les planchettes biling:ues S) est lu cHpi).
12° opivir ^ spcDOT = opooT voix (R, H vï' ^ ï ' 9())*
Voici maintenant la 3*^ série de Bodriant d'après laquelle o = o ,
Série a
1° B o c = oc modus (R. S'agit il de y, prononcé comme ®k=> ^e, ou de qui a son-
vent le sens de manière).
2° B olvoe\ = ^v.o«>A (R, D ® ^v "^ ? .Ê^ â, voir plutôt T-2a. f) VS^ ou yelyeri,
gjAg^eA. «puer» a souvent le double sens de puer en latin).
3" B g^ii&n = çton approcher (R, H at> a, S ^)'
4° B oeie = oc. = oe tomber (R Î^QQ^i I^^^)'
Nota. BouRiANT cite aussi : 1" mô-iç^e = avoioc, dont nous n'avons trouvé jusqu'ici que
le correspondant démotique vK l] (] fU "^^ QA. 2° atjvo = 3too, dont nous n'avons trouvé
jusqu'ici que les correspondants démotiques A <^= (1 © QA et ci=^^=(|^i^. 3° ç^nnHn- =
ç^rtKOTs-, dont il ignore, lui-même, la signification. 4° g^ei = oi sur, dans, pour lequel il ne
donne aucun renvoi, mais cite seulement l'exemple ç^itç^i ««eqa-iafi. = ^itoh imeqenat. Mais
SLi est partout ailleurs dans la clémentine, etc. écrit ç^i = @, comme en thébain.
mentionnons encore une quatrième catégorie dans laquelle deux exemples de o = o-
sont apportés par Bouriant et un de ç^ ^ =£.. Pour ce dernier mot Tgno, fréquent aussi
dans la clémentine, notre explication est toute autre. Nous l'avons déjà donnée à nos élèves
I
La grammaire copte. 139
avant la découverte du dialecte x. En effet, si tçtio = ^cno c'est, parce que acno, soit dans
le sens d'enfanter, soit dans le sens de gagner répond en démotique à -b^ == W
«faire être». Eestent Toie = To-e^ie' blâmer (?) et oot == s-w, pour lequel on ne nous donne
aucun renvoi.
Dans la clémentine nous trouvons (outie les exemples déjà cités) pour la série A :
r ^Ho. = «,„.. = U.HO.. = II \^^\% K^T' ^ y\\^ '''''^■
2° ç^MT = «jooT = ^ ^^ o°o = J"^ ^^"^ ancien, parfois.
3" ^&pg^pe = vHopvap = 1) cr^ I ^^ démolir.
4° o&6.pe = uj^ivp = uî*'P ^ D ® 'j <=> ^^ï^ ^^ = © ^ <rs> [| (2 ^^ = ® ^^^<:=-
'■^^r. ^^ frapper.
6° oe = u|e = yjM = () bois.
7° ^i := uji = D t 0 [1 ^-"^ g7\, II t'^ — 0 mesure.
8° g(oî\. = oojA = D ®_2a»^ jiiller, voler.
9° g_e?v. = ui&A = H ® c°oî Oûoo' D ®-Sis>° myrrhe, encens (Ail'iavo;).
10" ^nc == cujtonc = <::z> M (voir plus haut).
ir eioc = lyi = H " °^^j D """""(jllltn (voir plus haut).
12° pûjoe = ptoiye = H ^ j , D , il.
13" e„oe = CHU,. = H pj.-., D fjl\^ •'""P-
14° OTTfoco = OTWwc = H vN A.
15° cûfig. = «oiiv« = D "^^ ® ^. "^"^ <=. ^ «"^^'i^i'-
16° grevpTpe = «jTOpTp = «j«>opTep = H q '^^^.
170 ^çç^T- ^ ^y^ç^T ^ H ^^, D ® lû"^^ ennemi, d'où vient vy^'-i^ delinquere,
D Jmî^ ^^^ et ^o?^.
Nota. Les seuls mots encore douteux sont :
1° g^evo = la'vo, dont je ne connais encore que l'équivalent démotique ]££^(l ""ll^-
2° 2c.A.gc!e.eg^ = (Totijcj'eiH = acoujateiy. 3° nwco = noiujc?
1 Le mot démotiqwe, jusqu'ici connu, est /j|;_ = «rjvio, 3£.mwou- |^^^^- ^^''''* s'agit-il bien
de cette racine et non de
140 Eugène Eevillout.
La série M est ainsi représentée :
i OevT^T = SOTieT = ÇOTOT = U 1 "^ , =: H A.
li" oHÉsc ^ *HÛc = OHfie = H 0 j P (1 , D T '(^f [q1 (1 .
3" OOTOTR ^ SOJU == OtOWK = H ^ [>=3, D T Z) <2 .
-^-n i i III
4" oAAo = SeXAo = D t .Sa^ S) ^^", COllf. oX et Ç^-v^gA.
5° M\jvg^ = mAa* = mA^o == d Ix _2a> I ^^>-.^ et 1;\ 1 _2a O e I
It^;
7° ope = *pe = ç^pe = H (S), D T <=:=>^^
8° o^poTto = SepoTOT = o^poiro = D | (2 57\
9° opûe = ^cpeÈ = ç^pû = D T ■:^=> ^^^ Q]\ =
10° &)CQ = iae£ = wco = \\ \\®^^'~'.
®
1 1 o " " '
1 1 TUgO = T<Mt*0 = T&U^O = -f"
12° o&OTe = S*.TeH = o^TC = D Si'
13° 3Ca30Me = (TOjSCJiV = fXtOOAV.
14° oe = Se = ç^e = . Ex. : ^v ^^:z^ de toute manière, V\ ^,-»-^
alio modo.
La série C (de g = o ) comprend :
1° oETHo-r = ocvTHT = o^\THOT = H ^^ | -O-i teuipéte (mot-iimot avec veut).
Le vent iî-i est prononcé tht dans nos biling'ues démotiques, comme en copte.
2 g^i = sh = ç^i =1 H ?) L* ? venter.
3° acigpiv = atiç^pe^. (Eu coptc OU a deux mots de diverses origines s'écrivant 3c.iop&..)
L'un est basé sur op». face I ^ (^ ) et signifie acceptio personarum; l'autre est basé sur
çpo, = shcoo-t = (2 ï QA ^oix et signifie prendre voix, prendre parole ou élever la voix.
Des confusions ont souvent été faites. Ainsi l'éditeur de la clémentine, tout en traduisant
«converser» cs.iç^^ dans XI, 17, ne le rattache pas moins dans sou lexique à ç^p«w face. Bou-
RiANT a procédé de même pour opni = spHi qu'il rattache à ope^ face, tandis que, nous
l'avons vu, il faut le rattacher au démotique /Xwjh = J <=■ [1 (1 c-a en bas, opposé à
]0 == F==q her en haut (particule qui s'est aussi fondue dans eçpiM en thébain).
La clémentine nous donne aussi divers mots nouveaux dont il est difficile souvent de
voir ou de préciser l'origine. Je citerai : 1° enug^ cendres; 2° ^grn vers, contre (= ffl — ?);
3° oiio'^iq?; 4° §&Te arracher (= *ft.T, *i excoriare); 5° omTe camper; 6° oexÊe = Taçv) (de
La grammaire copte. 141
,^ JL_; *"Tefi tuer dans le sens passif?); 7" o^o chemin de T ^^^î^ qvii a le même
C^^Jl'.
sens; 8° ofieon aire (mot composé peut-être de IJo'^ pièce de terre et "''^ ^v terrain nu).
Mais tout ceci est encore bien problématique. Ce que nous pouvons conclure avec cer-
titude de notre examen général, c'est que g^ dans le dialecte x représente une aspirée dure
et rien autre chose, en dépit de quelques très rares exceptions ajjparentes qui s^expliciueront
avec le temps.
Dans le dialecte x, le o, le uj et le =£. ont leur valeur ordinaire dans les autres dialectes.
Il en est de même du tf copte avec, parfois, mais rarement, l'équivalence «.. Ex. : s-odAdc
pour RtoXoc, (TOTT pour rois-.
En démotique, le G>, reju-ésentant encore toujours ®, ne s'échange au contraire qu'avec
A ou 5 ^ uj ou avec i, lettre double primitive i 1 qui semble y avoir pris une valeur
intermédiaire adoucie curieuse, comme le syllabique primitif T ^a ^ * (1^^ X^ "^" ^'''0
a pris une valeur accentuée déterminée dans l'échelle du ©. Le fait de lettres doubles,
s'acceutuaut aussi avec une valeur sjilabique ou alplialétique spéciale, n'est pas rare en
égyptien. Ex. : nt = ^, ti = ^i, etc. En démotique, ces faits sont fréquents et ont laissé
leurs traces jusqu'en copte. Évidemment, s de l'alexandrin est en parallélisme absolu comme
aspirée dure avec §^ du dialecte x. Mais il ne serait pas impossible que dialectalement il y
ait eu une nuance de prononciation se rattachant à l'origine même de ces lettres. L'unité
n'en resterait pas moins intacte dans la diversité. Dans tous les cas maintenant il nous est
impossible d'apprécier nettement ces différences dans la prononciation antique. Etudions
à présent l'alphabet copte entier.
§ 2 Origines de l'alphahet copte.
Les origines de l'alphabet copte se rattachent en très grande partie à celles de l'al-
phabet gréco-phénicien, qui, selon E. de Rougé et Lenormant, sortirait lui-même d'Egypte
et en partie aussi, par emprunt direct, aux écritures les plus récentes de cette même Egypte.
A.
Nous n'entrerons pas aujourd'hui dans la discussion ou la défense du système de
E. DE RouGÉ qu'où a récemment attaqué dans notre société asiatique.
En tout cas, les principes qui ont présidé à la genèse de ces alphabets paraissent bien
analogues. Selon la théorie de Champollion, qui repose sur des arguments qu'on peut même
maintenant considérer comme sérieux, les lettres égyptiennes sont hiéroglyphiquement figurées
par des objets dont l'initiale phonétique représentait la lettre eu question, comme l'aigle
axom figurant la lettre a, etc. Or, en phénicien, c'est la même chose, Gésénius dans son
dictionnaire et l'abbé Barges dans un travail inédit insistent beaucoup sur ce fait qui n'est
pas si contradictoire qu'il le paraît au premier coup d'œil avec le système de E. de Rougé.
En effet, les caractères hiératiques ne rappellent que de très loin souvent la forme hiéro-
glyphique originelle. Ce qui primitivement était un aigle, peut donc, après la transformation
du hiéroglyphique en hiératique et du hiératique dans le nouveau dérivé phénicien, passer
142 Eugène Eevillout.
pour un bœuf (alepb) ou plutôt pour uue tête de bœuf. Par le même procédé, le b (beth)
figurait primitivement une maison, analogue au plan de maison hiératique fl (se lisant en
égyptien jw et non ha); le g un chameau (guimel), inconnu alors dans la vallée du Nil;
le d un battant de porte {daleth), battant de porte auquel l'hymiarique a conservé sa forme
hiéroglyphique égyptienne, mais qui se lisait a en égyptien ... et ainsi de suite.
Notons que parfois une rencontre singulière donne en phénicien le même nom au hiéro-
glyphe signifié qu'en égyptien.
Je citerai le 3 ou caph (kappa), traduisant le creux de la niaiu et qui en égyptien se
lit iS=i avec cette valeur et pour ce k i"^::^^ = D = k).
D . . ' .
Je citerai aussi le tn, qui se nomme en hébréo-phénicien mim (masse d'eau), mot devenu
mu eu grec et représentant |\ *^aa/^v.a mu = a^oo^ eau en égyptien. Les anciennes formes
graphiques sémitiques représentent bien cet amas d'eau. Mais eu égyptien l'image du m
était celle du hibou.
Quant au n, appelé nun en hébréo-phéuicieu et nu eu grec, son nom paraît se référer
au O et au mot w>a«a qui tantôt se lisait mm (nou-n abyssus) et tantôt nu. Mais en
phénicien, la forme se rapproche de celle du poisson (nun).
Je citerai aussi le p ou ^j/i (phe) dont la forme en samaritain et en hébreu carré est
presque identique à la forme du •c::>| ro hiératique. Phé signifie bouche en hébréo-phénicien
et <=> I ro à la même signification en égyptien.
Il est vrai que S phe peut venir aussi graphiquement du hiératique de op. Ou aurait
d'autant plus de tendance à l'admettre que la bouche ro <=> \ , augmentée d'un trait, figu-
rant en phénicien une sorte de cou ] a été prise pour uue tête (resli). Les Grecs semblent
avoir conservé le nom égyptien ro pour le po ou r.
La question du nom des lettres, comparée à celle de leur place dans les divers alpha-
bets et de leur valeur numérale, est d'ailleurs fort intéressante et mériterait un travail appro-
fondi spécial. Donnons seulement ici quelques exemples :
1° Le n he hébreu représente Ve (epsilon) dans l'échelle des voyelles grecques et latines,
toujours avec la valeur numérale 5 et le /* (m) doux en égyptien, « H Ae (voici), dit Barges,
main ouverte montrant un objet rapproché (en phénicien)», comme fD^, dont le sens est
identique, Levy l'a remarqué, à celui de la particule sémitique. Barges lui-même assimile H
à rn, dont la forme est identique eu syriaque.
2" Le vav 1 correspond en grec au / = ç digamma ou épiséma = C copte (ayant
également la valeur numérale 6) et au F latin. Eu égyptien, il devait correspondre au '^^■^
hiéroglyphique, au v démotique et au q copte, lettre qui dans l'alphabet copte a remplacé
comme chiffre le qoppa p, ayant certaine parenté graphique, avec la valeur 90, et qui dans
l'alphabet se place au 2« rang parmi les lettres égyptiennes d'origine, de suite après le uj.
Le nom du vav, signifiant clou eu hébreu, peut être rapproché de fau = vau, fai = vai,
qui est le nom d'un serpent et dont l'initiale est '^^ . En copte, le nom de la lettre est
aussi fai.
3° L'aspirée forte n h'et devint en grec par le fait de Simonide une simple voyelle,
la voyelle r-.oi, toujours avec la valeur 8, en même temps que l'aspirée douce H devenait
La grammaire copte. 143
en grec l'epsilon (e). Eu latin, elle devint l'aspirée douce H et elle resta en égyptien l'aspirée
dure T. La figure et le nom du n"n yet se rapporte à une haie, un enclos, une muraille.
Dans l'égyptien moderne, la lettre double ï = yet servait, nous l'avons vu, pour l'aspirée
forte. Mais ce nom ne peut remonter au temps présumé de la constitution de l'alpbabet
phénicien. Dans le sens de clôture du n'H sémitique, on peut seulement citer dès ce moment
Q yet clore et Q cr^ lieu clos.
4° Le ÎD teth, lettre simple ayant la valeur 9, céda eu grec la place au Or,Ta, lettre
double ou aspirée, introduite, dit-on, dans l'alphabet cadméen par Paiamède, du temps de
la guerre de Troie, en même temps que la lettre 9, autre lettre double ou aspirée. Il règne
cependant une certaine incertitude pour l'échelle du daleth (^delta), du teth et du tau. Les
ég3'ptologues, pour la plupart, voient maintenant un d dans c:s> «la main», se lisant toi.
Mais le nom même de lot se rapproche de teth (thêta), qui en sémite représente un serpent
intortillé. Quand au D (signe poteau, croix), il est probablement identique au -s grec (t)
et au ^ t hiéroglyphique, qu'on retrouve dans . ^ . to terre.
5° Le sigma (Barges l'a bien vu) représente évidemment le samech D hébreu.^ Dans
l'alphabet gréco-copte moderne, le samech est remplacé par la lettre double ; (devenu x eu
latin), qui conserve sa valeur de 60. De son côté, le. sigma (venu du samech) remplace
lui-même dans l'ordre alphabétique, avec la valeur 200, le iT, non encore dédoublé- en
sin et en sin. Ce double déplacement fut opéré lors de la guerre de Troie par Paiamède —
on ne sait pour quelle cause — quand il inventa le li et le ï; et transforma le teth en Ori-a
avec une nouvelle valeur. Plus tard, dans un système de raccordement des divers alphabets
dialectaux, joint à de nouvelles additions alphabétiques, on introduisit le aav dorien (dont
Hérodote nous montre la prononciation semblable à celle du '■!! sin ou à celle du ttftT
hiéroglyphique, 2? et ■& démotique) — après le to valant 300, l'upsilon valant 400, le si
500, le yj. 600, le 'i: 700 et l'oméga bOO — avec la valeur 900, que conserva toujours le lav
{sin) ou ca;j.7:;, même quand il cessa d'être en usage comme lettre. Ce système de raccorde-
ment est dû sans doute à Simonide, qui inventa le (ii et l'oméga en même temps qu'il trans-
formait, en le laissant à son ancienne place, le teth en 6ï;-3!, dont on lui attribue l'invention;
car l'alphabet de Paiamède devait s'arrêter au /;.
En ce qui concerne les valeurs numérales, remarquons quelles sont identiques jusqu'au
p inclusivement dans les anciens alphabets. Depuis le tsadé, qui a en hébreu la valeur 90,
il n'en est plus de même. Cette lettre n'a aucun correspondant grec ou latin. Le o[of, qui
suit (qoppa grec), toujours représenté par g en latiu, n'a plus que la valeur numérale 90
en grec au lieu de la valeur 100, qu'elle avait avant la suppression du tsadé hébreu. Le
' Il comparait mieux D samech à la forme cursive a du signe grec.
' On aurait pu penser à la lettre dédoublée sin, si elle avait déjà existé. Mais Barges dit fort bien :
«L'alphabet hébreu se composait comme celui des autres peuples sémitiques de 22 lettres. Tel est le
nombre que l'on trouve dans les psaumes dits alphabétiques, particulièrement dans le 119', dans le dernier
chapitre des Proverbes et le premier des lamentations. Mais depuis que l'on a introduit le système des
points voyelles et des points diacritiques, l'on a divisé, le signe r, en deux lettres t? et t\ ce qui fait
que l'on doit compter aujourd'hui 23. Il en est de même de l'alphabet arabe qui compte aujourd'liui
28 lettres n'en ayant eu primitivement que 22.» Ajoutons que l'étude de l'alphabet arabe est également
fort intéressant.
19
144 Eugène Revillout.
resh ou ro vaudra donc 100 en grec et 200 eu bébreu. Le siu 300 en bébreu et le sigma
200 eu grec; le tau 400 en bébreu et le -z 300 eu grec. A la tin de l'alpbabet sémite
modifié, comme nous l'avons dit, par eux, les Grecs ont ajouté l'upsilon (u) par dédouble-
ment de l'ancien vav avec la valeur 400 (eu latin u ou i'); le o, lettre double ou aspirée,
avec la valeur 500; le ■/, autre lettre double ou aspirée (dont les Grecs ont fait souvent la
transcription du h'et ou yet), avec la valeur 600; le à, lettre double, avec la valeur 700; la
lettre double w (oméga, grand o), basé sur o (omikrou, petit o), avec la valeur 800; et le
sampi ^, ancien san ou shin, déplacé avec la valeur 900. Il faut remarquer que, par une
rencontre singulière, dans l'alphabet copte le ja scei (sh) remplace le san ou sampi qui avait
autrefois la même valeur et qu'où lit suivre des lettres empruntées également par les Coptes
à l'ancien égyptien. Nous tâcherons de les remettre plus loiu à leurs places primitives.
B.
Au moment où les auteurs des tablai funéraires, d'une part, et les gnostiques magi-
ciens, d'autre part, ont voulu transcrire certains mots ou certaines formules égyptiennes en
caractères grecs, l'alphabet grec avait déjà perdu ou transformé plusieurs des lettres qu'il
avait empruntées à lalphabet phénicien. Parmi ces lettres, il faut compter, nous l'avons dit
déjà eu partie :
1° L'épiséma ou digamma, correspondant au vav hébreu et au F latin, qui ne gardait
plus que sa valeur numérale.
2" L'aspirée dure h'et ou yd, devenue une simple voyelle r,-oi.
3° L'aspirée douce he, devenue un s epsilon.
4° Le thet, lettre simple, qui céda sa place au f)r,-x, lettre double ou aspirée, introduite
par Palamède eu même temps que le ç, autre lettre double ou aspirée.
5° Le samech, lettre simple, remplacée à sa place dans l'alphabet par la lettre double
ç. En réalité, nous avons vu que ce samech était le sigma, qui était venu se substituer plus
loin au w*.
6° Le ain >, qui, au lieu de son son guttural de consonne, était devenu la voyelle o
dont il affectait déjà la forme en phénicien.
7" Le tsadé, disparu en grec sans laisser de trace.
8° Le qof ou qopim, disparu également sauf sa valeur numérale.
9° Le shin 'C, qui n'avait plus d'emploi dans le grec ordinaire, mais qui remplaçait
l'ancien cav des Doriens selon Hérodote, et qui numéralement avait été conservé dans le
signe aa[ji.7:i ^ valant 900.
Par suite de ces suppressions et de ces transformations, ou n'admit plus comme cad-
méennes, c'est-à-dire comme apportées de Phénicie par Cadmus ou l'ancien, que les 16 lettres
qui n'avaient pas été changées en grec : et encore n'y comprit-on pas le zêta qui, au fond,
représeutait bien exactement le za'ïn, dont il tenait la place numérale et dont on attribua
l'introduction à Simonide 650 ans après la guerre de Troie, ainsi que celle du nta ou Tâiet,
transformé de l'oméga (grand o ou o double) et de la lettre double psi ('i).
Au fond, d'ailleurs, il est très possible que, dans le dialecte représenté par l'alphabet
cadméen, ou ait fiiit un choix d'abord très limité dans les lettres phéniciennes, tandis que
\
La grammaire copte. 145
dans d'autres le choix ait été plus éteudu et se soit appliqué à la fois au samedi = cifjj.a
et au shin = ex/, au coph et au caph, etc. Nous constatons plus tard en copte des choix
parallèles, analogues, divers et plus ou moins reclus lors de la constitution dialectale des
alphabets : tbébain, alexandrin et x. Quant aux réformateurs grecs, dont on nous parle, leur
rôle semble s'être borné : 1° à l'introduction (dans certains dialectes qui ne les comportait
pas d'abord) de certaines lettres adoucies, telles que le Oï;Ta, le •(;-« et le zaïn, dont l'origine
graphique et les noms furent également empruntées au vav, fond phénicien, mais avec une
valeur transformée; 2° à la constitution de certaines lettres doubles.
Quoiqu'il en soit, taudis que ces réformes se faisaient chez les grecs, elles avaient
leur contre-coup chez les latins, se rattachant, tout le monde le sait, aux Doriens, qui paraissent
avoir eu l'alphabet le plus riche. Les latins perdirent cependant le ca'/ dorien ou shin, mais
ils conservèrent avec soin et à leur place dans l'alphabet phénico-grec : 1° le vav ou di-
gamma, devenu la lettre F; 2° le Met, devenu une aspirée douce, le ho, au lieu d'être une
aspirée forte, comme chez les phéniciens, ou une voyelle {r,xa), comme chez les grecs; 3° le
qoph ou qoppa, resté le q.
Comme les grecs plaçant à la fin de l'alphabet après le to l'upsilon u, sorti par dé-
doul)lement de l'ancien vav, le phi ç, le /t, le psi à, l'oméga et le sampi (900), les latins
avaient mis à la fin de leur alphabet comme correspondant et dédoublement de l'upsilon
le u et le v, et comme correspondant non du ■/ sans doute, bien qu'il en ait emprunté la
forme et la place, mais du Ç le x. L'y grec, simple prononciation plus moderne de l'upsilon,
et le zed, représentant le zêta ou le zaïn, repoussé d'accord des premiers inventeurs, sont
les derniers emprunts au vieux fond. Le x doit être, en effet, le plus ancien dans l'alphabet,
puisque chez les grecs le ; remontait à Palamède du temps de la guerre de Troie et qu'il
a pris le rang et la valeur numérale du samech. Quant à la substitution du x au -/_, elle ne
doit pas plus étonner que la substitution nouvelle du c au gamma, alors que le vieux g latin
avait remplacé le zêta. Nous savons, en effet, par les auteurs que le c n'est dans l'alphabet
latin qu'une introduction récente et qu'autrefois c'est par Je que s'écrivaient tous les mots
qui le comportent maintenant. L'histoire de l'alphabet latin, sur laquelle je ne puis en ce
moment insister, est tout aussi compliquée que celle de l'alphabet grec. Souvent on s'étonne
de l'ingéniosité des réformateurs, soit pour se rapprocher d'un vieux classement qu'on aurait
cru oublié, soit pour rejeter à la tin par ordre chronologique les nouveaux emprunts à l'an-
cien fonds.
Tel était l'état des choses quaud on voulut employer l'alphabet grec pour l'égyptien.
Mais l'égyptien avait jusque là beaucoup mieux conservé que le grec, si ce n'est au
point de vue de la forme, du moins au point de vue des sons, les articulations et voyelles
de l'ancien alphabet sémitique ou plutôt phénicien, car les chaldéo-babyloniens avaient dès
longtemps perdu l'ancienne valeur dure de l'a'iu.
En égyptien, le guimel correspondait à l'ancienne époque dans les transcriptions au ffl,
comme le vav au -^^ , l'a'in au .= — d, le tsadé au I, le qoph ou qoppa au ^, toujours distinct
du ^C3^ ou kappa, le ti' sin au sai îtTtT et peut-être le daleth au c=s:>. Ce dernier point
reste pour moi douteux, je l'ai dit; car <=^> pourrait tout aussi bien correspondre à l'ancien
19*
148 Eugène Revillout.
graphique correspoiulaute à ffl (démotique al_), ou alla chercher uue forme, tirée du ® ou
lih — c'est-à-dire <f, qui en démotique avait encore la valeur précitée; on la choisit peut-
être pour cette nouvelle valeur, parce que dans certains documents (par exemple le papyrus
de la Bibliothèque nationale, contenant en caractères grecs, etc. des transcriptions ég3'ptiennes)
il était devenu l'équivalent, tantôt du Q C"" copte), tantôt du Î)T)T (ui copte), peut-être aussi
à cause des parentés modernes de a- et de a, à côté des échanges de <f et de rst.
Quant au gamma, il n'intervint plus eu copte que dans les mots grecs ou parfois après
n dans n^ = nu. La scission s'était donc faite complète entre l'ancien et le nouveau gitimel.
Revenons-en au tsadé ou L dont nous l'avons rapproché à cause de certaines trans-
it
formations phonétiques, nous avons dit qu'en copte il était devenu un jr tschin sous sa
forme se, empruntée au démotique }-. liais à l'époque intermédiaire de la formation du
nouvel alphabet, employé par les tablai et les coupérations magiques, le | ou U- avait
encore son ancien son ts. Je vous ai cité sa transcription tc dans un de nos bilingues. Sou-
vent aussi on hésitait dans les transcriptions entre le t et le c,i au lieu d'écrire l'un et l'autre.
Les transcriptions de ce genre sont très nombreuses. Souvent enfin pour plus de simplicité
on reproduisait la lettre démotique dans un mot dont les autres éléments étaient écrits en
caractères grecs; ou bien, dans le papyrus bilingue de Leide notamment, on lui donnait
dans le texte grec la forme d'un angle sans boucle L, alors que dans le domotique il était
écrit Ij-. Ex. : «j^cL'^jît = C:.'^|.J_</»hj, sLeici'^« = {'-T'^m<vni\l-h. Un autre procédé,
rendant à accentuer, au contraire, le nœud ou la boucle, consista plus tard dans une rectifi-
cation toute différente, c'est-à-dire à attribuer au ot, sauf la base, la forme du •/ grec. C'est
semblablement que <3 devint g^ dans le dialecte x, en faisant porter le diacritisme du retour
d'une ligne médiane sur le o pour l'aspirée forte, au lieu de retourner pour ainsi dire la
lettre 5, comme nous le voyons pour la même articulation dans les transcriptions du papyrus
grec de la Bibliothèque nationale.
En ce qui touche l'aspirée forte sus visée, le li'et %, transcrite G>, et parfois, soit ô =
T .soit i = en démotique, elle est sans cesse reproduite dans nos tablai et dans nos
textes magiques. Mais cette aspirée dure a complètement disparu du copte thébain. Elle ne
se retrouve que dans deux autres dialectes : 1° le dialecte autrefois appelé memphitique
parce qu'il était le dialecte introduit par le patriarche Benjamin dans sa liturgie, quand il
la traduisit du grec après la conquête musulmane et qu'il fixa sa résidence à Babylone
Les lettres égyptiennes sont ainsi sép.irées des antres. Le ac. est rapproché du ■^•, peut-être par un sou-
venir inconscient de son ancienne valeur de tsadé. La prononciation ghima qu'attribue Peydon au <f serait
un souvenir de l'.ancien ghimel.
' Le tsadé est devenu le sad des arabes.
La grammaire copte. 149
(nouvelle Mempliis ou vieux Caire), mais qui, avant cette période, je l'ai déjà dit plus haut,
n'était pas usité dans cette région — je l'ai démontré par le cartulaire de S' Jérémie de
Memphis. C'était, je l'ai démontré aussi, le dialecte des commerçants d'Alexandrie, ancienne
résidence du patriarche et la lettre «î ou *, tirée de J = i», fut justement empruntée à
Alexandrie au 5^' siècle par S' Mesrob pour l'alphabet arménien, ainsi que les autres lettres
coptes rendant des articulations arméniennes; 2° dans le dialecte nouvellement découvert et
qu'on a appelé à tort akhmimique, parce que les manuscrits en ont été trouvé dans le
monastère du thébain èenuti à Akhniim ou ujmiu. J'ai prouvé également que ce dialecte
devait être cherché, soit du côté des oasis, soit du côté de la mer rouge; car sur tout le
cours ordinaire du Nil, du haut en bas, on parlait thébain. Je remarquerai de plus que le
® . .
§ = <3 = , particulier à ce dialecte, nous atteste par son emploi (non seulement parallèle
au s, mais aussi souvent parallèle dans les autres dialectes, soit au uj, soit au ç^) que l'aspirée
dure originelle des hiéroglyphes avait été là beaucoup mieux conservée que même dans
l'Alexandrin.
Quant aux lettres doubles %, ^, «, -ij, elles ne sont dans nos manuscrits gnostico-
magiques à transcriptions grecques, comme eu copte thébain, que des lettres doubles. En
dehors des mots grecs, le li' est toujours jiour ^s = ne, le 5 pour lis ou kc, ^ pour fh =
itç^, le «► pour tli = r^. Dans certaines tablai, au contraire, nous avons pour '^-'^ = *- = q
parfois la transcription r^, etc. C'est donc une question dialectale et nous voyons, ainsi que
l'alexandrin, qui, dans certaines conditions phonétiques, substitue l'article tj» (forme adoucie
attirée par certaines lettres) à l'article n, comme l'article «► à l'article t, cédait à des in-
fluences locales et non pas seulement à des transformations dues au temps, puisque les trans-
criptions des tablai sont antérieures aux textes thébains coptes.^
Nous ne mentionnerons que pour mémoire la lettre "V qu'on peut considérer comme
une lettre double, formée de t et de i superposés et qu'on peut aussi considérer comme une
dérivation du démotique -^ = . Elle est souvent prononcée 2^1 ou tsi dans les transcrip-
tions des tablai qui donnent parfois une valeur analogue au «^ prononcé, se lisant d'une façon
adoucie ts ou th. Dans les bilingues magiques -^ a seul la valeur 2-1. En démotique on peut
peut-être croii-e que cette valeur est cause du i, écrit tw, qu'on trouve pour -/, suivi des
affixes et qui n'existe pas devant un autre régime ou un second verbe. Mais en thébain, la
forme T&«vq suppose seulement une prononciation antérieure taiaf.
Nous avons dit aussi que dans les bilingues magiques : 1° le upsilon u, initial, sert à
rendre le h (aussi bien que u u), parce que le u initial porte généralement l'esprit rude en
grec; 2" que = = 2V sert à rendre le son co, <uoi dans les transcriptions démo-
tiques du grec, alors qu'il s'agissait primitivement du aïn j;, ^ — n redoublé.
Notons à ce point de vue que dans les mêmes textes \'aïn, devenu aussi parfois 10 eu
grec, est rendu par les transcriptions grecques ou démotiques indifféremment par un signe,
' II est vrai que sous les Ptolémées des bilingues thébains admettaient le q> adouci tout à fait à
la grecque. Mais c'était dans des textes grecs oii l'on cliercliait une équivalence souvent peu adéquate des
noms égyptiens et non des transcriptions prétendant s'inspirer de la phonétique égyptienne et destinées
souvent aux égyptiens néophytes de certaines sectes.
146 Eugène Revillout.
teih, alors que le tetb ne s'était pas encore transformé en Or,Ta, lettre double ou aspirée.
Ce qui est certain, c'est qu'il différait du q thau ou to. Ce qui est non moins certain, c'est
que le delta n'intervient en copte que pour les mots grecs. En démotique, le cisixi et le o
s'étaient unifiés déjà en une seule lettre.
Quant au lie sémitique, aspirée faible, qui n'était pas devenu en égyjitien la voyelle e
(ou epsilon), il s'écrivait [u ou ft et à la basse époque ^=^. La voyelle i était jusque dans
les formes récentes de l'alpbabet le résultat de la diphtongue au d'après les transcriptions.
Il résultait parfois aussi d'un affaiblissement de la cousonne <rr> er qui s'échangeait sans
cesse à toutes les époques avec la diphtongue [1 (2 au. Il faut remarcjucr, en effet — je l'ai
établi dans une série d'articles publiée dans les recueils de la société d'archéologie biblique
de Londres — que les seules voyelles connues autrefois des égyptiens étaient celles que
possédaient seules primitivement les sémites, c'est à-dire le a, le m et le i. J'ajouterai que
ces seules voyelles, conservées par les chaldéens comme par les arabes, étaient en Egypte
et dans les pays sémites figurées primitivement par des lettres, au lieu de l'être comme plus
tard chez les derniers par des motions, c'est-à-dire par des petits signes écrite au-dessus ou
au-dessous de la lettre ou aussi attachées à elle, comme les éthiopiens le tirent pour l'ancien
alphabet sabéen. Ces voyelles, écrites d'une façon intermittente, si je puis m'exprimer ainsi,
et la plupart du temps omises graphiquement, étaient : chez les égyptiens ^^ ou (1 = a,
Vi ou (3 = M, M (|, w = i; chez les sémites s = a, l = t<. ' = i- Les deux dernières
jouaient aussi le rôle de semi-voyelles, comme notre v et notre y. La première devint finale-
ment muette et toutes purent être mues, c'est-à-dire recevoir les points voyelles dont nous
parlions tout-à l'heure. Les savants sémitisants en ont donc fait des consonnes : ce qui est
faux. Quant à la gutturale i? = .^^ — d, c'était réellement une consonne aussi forte que l'aspirée
du h' et, bien que sa forme phénicienne en ait été empruntée par les grecs pour rendre leur
voyelle s, de même qu'ils avaient emprunté le h ou aspirée douce pour rendre le t et le
h'et lui-même pour rendre le -r^za. Nous avons vu à quels artifices on eut recours en Egypte
pour pouvoir transcrire le £. Quant au o, même à la plus basse époque, il ne fut pas fourni
directement par l'aïn. Les papyrus bilingues gnostico-magiques ont recours, nous le verrons,
un redoublement de cette lettre syllabique , en démotique 2*7 aa, pour obtenir un c
ou un œ.
Les massorètes, au contraire, ne se sont pas bornés aux trois voyelles sémitiques fon-
damentales. En ponctuant le texte hébreu de la Bible, ils ont inventé une multitude de
petits signes qui nous offrent une échelle très complète des voyelles occidentales depuis les
plus accentuées jusqu'à \e muet (sclieva). On a le tsérê ou e long, le ségol ou e muet, le
holam ou o, etc. à côté de l'a, de Yi et de I'm. Cela leur a permis en s'appuyant sur une
grammaire de plus en plus compliquée d'après ces bases de fixer définitivement la traduction
de la loi et des prophètes, comme le firent plus tard les premiers Califes pour le Coran.
Les syriens, par deux procédés graphiques, ont imité, comme plus tard les éthiopiens, le
système de vocalisation des Jlassorètes avec cette différence que, si le leur semble avoir
vécu réellement, celui des rabbins est beaucoup plus savant. Là, les voyelles y sont en
parallélisme avec un ensemble très compliqué de daguesch, d'accents toniques ou de ponctuation,
I
La grammaire copte. 147
vraie notation musicale, etc. J'en parle avec d'autant plus d'admiration que vers la fin de
l'empire je me suis livré à leur étude et qu'après le dépouillement complet de tous les signes,
de tous les mots, de toutes les formes grammaticales, de toutes les phrases de la Bible,
après avoir pesé les syllabes fermées ou ouvertes, permettant ou ne permettant pas certaines
voyelles dans certaines conditions, j'ai formulé leurs règles phonétiques oubliées des modernes
dans un mémoire encore inédit, dont Barges traitait les conclusions de véritables décou-
vertes. Cela ne m'empêche pas de préférer encore, au moins au point de vue de l'esprit
sémitique, aux points voyelles des hébreux, ceux beaucoup plus simples des arabes, s'appli-
quant seulement aux trois sons initiaux comme les syllabiques chaldéens et couvrant égale-
ment une grammaire très riche et pour les déclinaisons — inconnues ailleurs — et pour les
conjugaisons avec temps subordonnés, etc.
D'ailleurs, je dois dire que rien de tout cela n'a existé en égyptien — comparable
phonétiquement à un hébreu sans points avec des lettres figurant des voyelles, qui ont pu
être mues à leur tour, comme les voyelles écrites des anglais, mais qui sont beaucoup moins
fréquentes. Il faut remarquer, du reste, qu'un système massorétique aurait été utile, ne fut-
ce que pour nous permettre de distinguer les verbes passifs, la vocalisation, la motion distin-
guant, comme chez les sémites, des verbes actifs, les transitifs, etc.
Ajoutons que le copte pour ces choses a été inspiré par les vieilles traditions égyptiennes
et sémitiques. Les lettres voyelles écrites y sont fort rares, les schevas très abondants et
la vocalisation sous-entendue évidente.
Continuons maintenant l'étude des consonnes que cette longue parenthèse nous a fait
interrompre.
Au moment précis où l'on voulut se servir de l'alphabet grec pour l'égyptien, on y
joignit, nous l'avons dit, plusieurs lettres, tirées du démotique pour combler les lacunes.
La première à laquelle on dut songer fut le ]j]jj, traduisant le V sémitique, et dont
la forme démotique 2? fut admise dans les transcriptions* jusqu'à ce que les coptes y
substituent la forme démotique plus primitive 'fe, devenue uj.
Le gamma ne correspondait plus complètement alors au guimel et à l'égyptieu S,
voisiu des Je, et le tsadé sémitique lui-même, c'est-à-dire le |j égyptien (oc copte) usurpait
parfois la valeur que les sémites modernes attribuaient à l'ancien guimel, devenu le dschim
j.-:^ arabe, dont le son, dans certaines provinces du moins, est dj. De son côté, l'ancien
guimel, que les coptes nomment tschima,^ avait passé dans une échelle voisine des chuin-
tantes sans perdre le souvenir de son origine voisine du k, puisqu'il s'échange sans cesse
dans certains dialectes coptes avec =£.. On le transporta donc, nous l'avons dit, à la fin de
l'alphabet copte à la suite du shin ou shai et après l'ancien vav, devenu q, l'aspirée dure,
devenue s en alexandrin (et ç^ dans le dialecte x), l'aspirée douce, devenue ç^ et le =£. ou
giangia.^ Mais par une singulière anomalie, au lieu de lui attribuer en copte une forme
' A côté de la forme p.arallèle x, venant de cisezi.
= C'est le son donné d'après les coptes par Devéria imur a-lAv^v par Peïron, prononcé (jhima.
" Il existe aussi un autre ordre pour l'alphabet copte antique, ordre (jui nous a été transmis par
des planchettes des tessons et des papyrus. Dans des alphabets sur tesson de provenance thébaine
(n° 27414 et 31663 du British Muséum) er précède, au contraire, le =;£. Lun est ainsi disposé ;
150 Henri Sottas.
adopté à cet usage, le ^ ou e/;i«e dorsale, ayant autrefois la valeur '~^— at et qui, avec
sa valeur primitive d'épine dorsale, est devenu en copte «ot eu alexandrin et coto en thébain :
oiujT-^ = oicoM-^ = ''ji^-jrx$- Il est vrai qu'il s'agissait de noms gnostiques n'ayant par
eux-mêmes aucune signification : je renvoie pour les exemples à mes Mélanges de 1873.
Le qof existait aussi, nous l'avons dit, à l'époque de ces textes. Tantôt on l'intercalait
avec sa forme démotique dans les transcriptions grecques, tantôt on lui donnait l'équivalence
•Tj- beaucoup plus exacte que l'équivalence "^ = y ou w". Le -fV se trouve, en effet,
souvent avec un complément phonétique dans le papyrus moral de Leide pour rendre
[ 1 1 (^3). Dans le Kouti il semble, au contraire, s'être prononcé ^zz::;* et l'équivalence avec
le kappa est fréquente dans les bilingues gnostiques. En effet, le qo2)h tendait de plus en
plus à disparaître, bien que les puristes le notassent encore.
Toutes ces distinctions ont d'ailleurs définitivement disparu dans l'alphabet copte.
Résumons maintenant dans un tableau les données principales que nous avons recueillies
pour les alphabets égyptiens, grecs, latins et coptes.
(Le reste manque.)
SUR TN CAS D'INCESTE IMPUTÉ AU ROI SNEFRU.
PAK
Henei Sottas.
Dans un récent article, intitulé : ^Das Fehlen des Begriffs der Blutschande bei den alten
Agyptern,:»^ M. le Professeur Sethe revient sur la traduction, fournie par lui l'année précé-
dente,^ de deux lignes de généalogie tirées du tombeau de H'^f-Snfrw :^ «iLe roi Snefru, sa
fille aînée de son sein Xfrt-Klw, leur* fils Nfr-2I\H, son fils H'f-Snfnc.-^
Des protestations s'étant élevées contre la notation d'inceste impliquée par ces mots au
compte du roi Snefru et de sa fille, M. Sethe s'est efforcé de justifier son interprétation par
des arguments dont le plus fort est que Nfr-MVt porterait le titre de 1 ^^' ^^ ^"^ '^
souverain qui lui aurait ainsi donné le jour ne pourrait être autre que Snefru.
Tout cela est très ingénieusement déduit; on ne peut rien dire là contre. J'imagine
cependant qu'un certain nombre de lecteurs du premier article de M, Sethe n'ont pas été
tentés de s'étonner outre-mesure, simplement parce qu'ils se sont crus autorisés par leurs
souvenirs à ne pas prendre le mot si «fils», au pied de la lettre et qu'ils ont vu dans Nfr-Ml't
le fils de yfrt-Klw et le petit-fils de Snfriv. Ainsi, bien qu'on doive lire su et non s, il
n'y aurait rien à modifier à l'interprétation donnée jadis de cette généalogie par M. Erman
dans son Agypten (p. 227), où elle vient d ailleurs à la suite du développement (p. 22-i sq.)
sur l'héritage transmis du grand-père à la fille, puis au petit-fils.
A. Z.. L. 57—60.
A. Z.. XLIX, 97 sqq.
L. B., II. 16.
«Ihr (beider Sohn.»
Sur un cas d'inceste imputé au roi Snefru. 151
La question du sens un peu flottant à attribuer au mot «fils» n'est pas nouvelle et
M. DE BissiNG s'est récemment 1 attaché à prouver que les termes désignant les deg-rés de
parenté ont parfois un caractère vague susceptible d'entraîner bien des erreurs.^
Peut-être 51. Sethe, tout en faisant droit aux remarques de M. de Bissing, n'a-t-il
pas cru devoir y souscrire pour l'époque reculée où nous entraîne le texte de Gizeh. C'est ce
qui m'engage à reprendre la question et à citer, en remontant le cours du temps, les quelques
exemples qui me sont présents à la mémoire.
Un texte du tombeau de Wsr-Hlt à Cheikh abd el-Gurna/ datant de Séti I", fournit
la généalogie suivante: 2^"~|®|^tû^tl^=^g'^'^^"|î|— (]
Sans même suivre M. Legrain dans ses très habiles considérations généalogiques, ten-
dant à prouver que Wsr-Hlt n'était même pas le propre fils de Hlpw-Snb (pas plus que
de Jj-m-litp ou de nnéw-m[hb]),* mais avait vécu environ deux cents ans après lui, il paraît
impossible de découvrir, pour la constitution de la famille égyptienne, une tolérance qui per-
mette de prendre au pied de la lettre la généalogie ci-dessus.
Si nous passons au Moyeu Empire, nous lisons dans la célèbre stèle-limite de Senwsert III :^
Q ^ ^^=^ -wNAw )[^ «Or donc celui de mes tils qui affermira cette frontière qu'a constituée
ma Jlajesté, c'est que ce sera mon fils, né de moi (litt. enfanté pour moi).» Il est bien
évident que Senwsert III ne vise pas ici qu'une seule génération, mais toute sa descendance.
Tout cela n'a rien que de très counu, mais il est intéressant de poursuivre le phéno-
mène jusqu'à l'Ancien Empire. M. Setiie^ a publié après M. Frasera une inscription du
célèbre tombeau de Tehneb, ainsi libellée :
' Beciteil, XXVIII, 6-7.
' M. DE BissiHG 8'appuie surtout sur l'iuscriiition de Jles, dont le.? commeutateur.s, M. Mouet d'abord,
puis M. Ctardinee, ont signalé la généalogie embrouillée. On peut invoquer en outre, sans prétendi-e épuiser
les exemples : 1° l'expression sln ht-f pour laquelle je renvoie à ce qu'est dit plus loin à propos de si
néwt H ht-f; 2° le sens collectif «descendance» applicable à s 5 notamment dans la stèle d'Athènes publiée
par W. Spiegelberg [Rectieil, XXV, 190 sqq.) : | ^^ ^ =<-:^ <=> n '^ ^ «^^w
^^ VO\ /^,v^^ ; g» l'espressiou si mr-f ou sl-f mr-f qui constitue, comme on sait, un véritable titre,
souvent porté par d'autres personnages (|ue le propre tils du défunt. Un cas particulièrement typique est
celui d'une stèle de la XII^ dynastie du Musée Guimet (A. Moret, Catalogue, p. 9— 11 et pi. IV, 5) : \\ '•'^"^
^^ J^^ I I «~ ^^ U ^vvAA is.^ /v,^^^ ^?\ K^=^ , etc. Ainsi le texte dit très nettement que le si mrf
est ici le ne^■eu du défunt (plutôt que le cousin, comme le veut M. Moret, car l'expression sn-f n mt-f
rignifie, non le frère de sa mère, mais son frère par sa mère. Cf. A. H. GJardiner, Admonitions, 44). —
Sur «père» pour «frère aîné- à l'époque grecque, cf. Witkowski, Epist. priv.^, p. 74 (p. e. influences grecques).
" Publié par R. Mond, Annales du Service, VI, 65 sqq. et commenté par G. Legrain, ib. VIII, 258 aq.
* Restitution de Legrain.
= L. D., II, 136 h.
'"' Urkunden I, 32. ' AnHales du Service III, 123 sq.
20
152 Henri Sottas.
r^]^i^4rt^h-
j>
N-Kl-'nh «geehrt vom groBen Gotte».
M. Fraser traduit : «Sa fille et sou fils lui ont fait cela conformément à son (his)
attachement envers lui.» M. Sethe a jugé, je pense, qu'il y aurait infraction aux usages à
nommer la fille avant le fils' et il interprète : «sa fille et son gendre (?).» Or, si l'on s'en
tient ici aussi à la lettre du texte, on doit admettre qu'il n'y eut ([u'un seul dédicant, comme
il n'y a qu'un seul sujet au verbe irj- et que le genre en est masculin. Car enfin il est dit :
«conformément à son (f) attachement envers lui.y>
Dans l'expression "^^^ ^^ le rapport de coordination n'est pas tel que l'ont admis
les précédents iuterprétateurs. Ce n'est pas : .«a fille et son fils (ou son gendre), mais il faut
voir ici la forme d'énumération généalogique^ que M. Sethe a étudiée en l'appuyant pré-
cisément de l'exemple tiré du tombeau de H''f-Snfrw en litige.*
La particularité intéressante est qu'au lieu d'avoir slt-f, sl-é, on ait slt-f, sl-f; ce qui
implique que le personnage visé se trouve vis-à-vis de Nk-^nh dans le rapport familial
d'un si. D'où deux hypothèses possibles:
1° SI est pris dans son sens littéral et il s'agit du fils que Nk-'^nh a eu de sa propre
fille. Dans ce cas la thèse de M. Sethe serait confirmée et au delà puisque l'usage criminel
qu'il tolère à la rigueur chez les rois se trouverait étendu aux simples particuliers.
2° Le sens de si est élargi comme aux époques postérieures et nous nous trouvons en
présence de Nk-^h, sa fille X, son (his, sein) [petit]-fils Y. Dans ce cas l'exemple utilisé par
M. Sethe perd toute valeur, car, si au tombeau de Tehneh un petit-fils se trouve vis-à-vis
de son grand-père dans le rapport de parenté défini par le mot si, rien d'étonnant à ce
que chez Wf-Snfrw, la famille étant supposée constituée de la même manière, père, fille,
petit-fils, on ait dit de ce dernier : i-leur fils».
De ces deux solutions la seconde me paraît sensiblement plus acceptable. En tête de
notre inscription l'épouse légitime Hkn est citée immédiatement après le chef de famille.
Partout ailleurs dans le tombeau'' elle est représentée à côté de son époux et il semble bien
qu'elle occupe auprès de lui une place sans partage. Admettre que la fille qu'elle a eue de
NJc-'nk la remplace parfois en son lit nous entraînerait tout de même un peu loin.
^ Cet ordre pourrait dans une certaine mesure se justifier par la correspondance avec celui des sta-
tues et des noms qui les surmontent.
' Il est à peine besoin de taire observer que je ne m'appuie nullement ici sur la forme h- nf qui est,
non pas sdmnf. mais le verbe suivi du régime indirect.
' A moins qu'il ne s'agisse d'un génitif précédant son antécédent, comme il est de mode au Moyen
Empire : de A le iils B. pour : B, fils de A. Ici : de sa fille son fils pour : son fils de sa fille. Quel que
soit le rapport exact des termes les conséquences sont les mêmes.
* Les noms et titres n'ont pas été inscrits ici puisqu'ils se trouvent déj.à au dessus des statues
dans l'ordre correspondant.
^ Consulter la publication de Fraser.
Sue un cas d'inceste imputé au eoi Snefru. 153
Eeste le titre de 1 ^^> porté par Nfr-Ml^t et invoqué par M. Sethe à l'appui de
sa thèse. Je ne crois pas qu'il puisse fournir un argument définitif. Encore cette fois je sup-
pose que M. Sethe ne s'est pas cru autorisé à élargir le sens de cette appellation pour l'époque
Memphite. Si, comme précédemment, nous remontons dans le temps, nous nous trouvons en
présence de faits de nature à lever, en partie au moins, les scnipules de cette ordre. Chacun
sait qu'au Nouvel Empire on ne doit pas attribuer une valem* littérale à des titres comme :
«fils royal de Kus»; «fils royal d'El-Kab^'; «fils royal de Ramsès»-; «premier fils royal
d'Amon».' Ce sont là des titres complexes dont certains éléments peuvent avoir vu leur signi-
fication première s'altérer. Mais sous la XVIII'' dynastie on trouve l'expression 'fils du roi»
suivi de l'épithète «véritable».* Et dès le Moyen Empire, <fils de roi» tout court est un titre
porté par des individus qui ne sont même pas de race royale.^
Là s'arrêtent les références positives que je puis donner; mais l'expression si nsict n hi-f
n'est-elle pas là pour nous avertir que déjà sous l'Ancien Empire il y avait des «fils de roi>
authentiques et d'autres qui l'étaient moins? Etant donné que l'argumentation présentée ci-
dessus relativement au mot «fils» en général peut être étendue à la famille royale, on ad-
mettra volontiers que dans certaines conditions le petit-fils du roi ait pu porter le titre discuté.
Pour conclure, sans opposer formellement la négation à l'affinnation, je crois prématuré
d'admettre que l'Egypte ait connu et reconnu cette forme d'union, criminelle à nos yeux.
Il n'est pas question de faire intervenir la notion d'inceste, qui n'est pas innée chez les
groupements primitifs." Constatons simplement que, si les allusions aux mariages entre
frère et sœur ne sont pas rares dans les textes égyptiens, le fait relevé par M. Sethe
resterait isolé. En effet, des deux exemples que l'on a cités'' de semblables unions, l'un
n'a jamais été admis sans conteste et l'autre a perdu tout crédit.**
Août 1913.
CHRONOLOGIE DES EOIS DE L'ÉPOOrE ARCHAÏQUE.
ÉTUDK Sl'R LES DI\'T:RS SYSTÈMES PROPOSÉS.
PAE
E. Amélineau.
(Snite.)
D'ailleurs ces personnages sont accompagnés de charges différentes, si les hiéroglyphes
expriment bien la charge dont ils étaient revêtus, et souvent une charge est exprimée,
comme par exemple au bouchon 153 de M. Pétrie, où on lit ^_^ f P^''^ 1 IZJ ®' ^^'' ^^ '^^^'
nier mot est le nom d'un pain, comme le montre le déterminatif, comme le 154 où il y a
' Annales du Service. X. 193.
' Maspero. Histoire. IL 761 ; Guide du Visiteur. 385.
' P. Lacac. Stèles du Nouvel Empire, p. 82.
* Sethe. Urkunden. IV. 1067.
' Annales du Service. XI. 170.
■^ Ed. Metef. Histoire de l'Antiquité, trad. franc., I, 33.
■ Maspero. Histoire. I. 50; II. 424.
« Ermax. Agypten. 22]. S: À. Z.. XXX^■. 24.
154 E. Amélineau.
(f «i±ti> ^ ] flf; 6*c. Le second fonctionnaire que cite M. Sethe 1 ^°1 Y I I "'^ 1^^^
de titre de fonction dans le seul exenaple cité sous le roi Djer, et il s'écrit I ^^ | y j sans indi-
cation de la moindre lacune pour le signe | qui devrait être fermé et qui est ouvert; sous
le roi Serpent, au n° 12 de M. Petrik, ce groupe est fait de façon fort différente :
ri LiJ V 0 0 0 6t je serais tenté de voir dans la première partie le nom de la charge et dans
la seconde le nom; mais, là encore, il y a différence de style, et par conséquent d'obiatenr;
de même au numéro 7 qui a une toute autre apparence et aux 6 et 7 où le signe troisième
est fait très distinctement W, ce qui ne peut aucunement se lire y, et il est suivi ou pré-
cédé des mêmes signes (]( ) J!K' et du nom du vignoble. Toutes ces différences indiquent dans
d'autres oblateurs ayant les mêmes charges sans doute, et peut-être des noms divers. Le
culte ancestral vient encore ici expliquer ce qui semble inexplicable au premier abord. Par
conséquent il ne faut pas trop s'appuyer sur des ressemblances aussi dissemblables pour en
tirer d'aussi grosses conclusions. De même c'est un peu se moquer de ses lecteurs d'assurer
que la place de plusieurs rois est telle et telle, parce que des bouchons fragmentaires ont
été trouvées dans deux tombes aussi rapprochées que celles du roi Den et du roi Serpent puis-
qu'il n'y avait pas plus de 45 mètres de distance entre les deux et qu'après les boule-
versements qui n'ont pas été faits seulement par mes ouvriers, mais encore par les spoliateurs
du VP siècle, on ne peut être certain de rien à ce sujet, ainsi que je l'ai dit si souvent.
De plus je comprendrais encore qu'on s'appuyât sur les fragments de bouchons, si ces frag-
ments s'étaient trouvés en grand nombre mélangés les uns aux autres et qu'il y eût eu
comme un échange entre les deux tombes; mais cet échange se borne à un bouchon qui s'est
trouvé à la fois dans le tombeau du roi Serpent et le tombeau de Den, qui ne porte pas
de nom royaD et dont par conséquent on ne peut arguer en faveur du roi Serpent, et
quant au second c'est notre connais.sance de tout à l'heure, c'est-à-dire un bouchon qui ne
porte pas non plus de nom royal, qui témoigne seulement qu'on a fait acte du culte funé-
raire dans la tombe du roi Bjer, et que celui qui fit cet acte était différent du précédent^.
Cette minutieuse investigation prouve aussi que M. Sbthb connaît l'art de tirer plusieurs
arguments d'une même source. Si j'en viens maintenant à l'examen de la forme des
signes \ ), ^ — n et c^:^ qui ont tous les trois les doigts de la main allongés, je vois
tout d'abord que des différences notables se peuvent observer entre ces divers signes. A la
planche V du second volume de M. Pétrie, je vois une ville dont le nom est écrit ~g ,
et aux numéros 13 et 14 je vois aussi mention du roi prétendu ^^ , mais rien ne m'as-
sure que ces deux fragments ont été trouvés dans la tombe d'Osiris, et si je cherche à savoir
d'où ils peuvent provenir, je suis obligé de dire qu'après avoir aussi minutieusement exa-
miné cette tombe que je le pouvais faire, je la fis remplir par les débris de la série sud des
tombes avoisinantes. Par conséquent la provenance ne peut pas être certaine, pas plus d'ail-
leurs que la provenance des objets que j'ai moi même trouvés en de semblaldes circonstances,
' C'est le numéro 10 de la planche XIX, tome I des Boyàl tombs of the first dynasty.
^ C'est le numéro 123 de la ))1. XVI, du tome second de M. Pétrie.
Chronologie des eois de l'époque archaïque. 155
puisque la place preniièie de ces petits objets avait été changée par les apoliateuis du
VP siècle. A la planche XII, le n" 3 nous montre une main du |_J les doigts étendus, mais
non de la même manière, car les doigts sont arrangés en forme d'arc de cercle, tandis que
sur les monuments dont je viens de parler une chose frappe d'abord, à savoir la longueur
énorme du pouce et sa forme réversible. Au numéro III de la planche XV, la main n'a
plus que trois doigts, tandis qu'à la planche XIX du tome F'', n" 9, 10, le fragment de bou-
chon qui a été trouvé à la fois dans le tombeau du roi Serpent et dans celui de Den nous
montre deux mains avec trois doigts et deux avec quatre. Par conséquent la forme des -.^ o,
des [ j et des ^=^> avec doigts étendus n'est pas caractéristique des tombes de Djer et du
roi Serpent. Elle se retrouve au bouchon 132 lequel est attribué à Merueit avec trois doigts,
sur le bouchou 28 avec quatre doigts pour écrire le nom de ^^, au bouchon 46 avec trois
doigts pour écrire également le nom de ^^; si elle ne se retrouve pas sur les bouchons
à'Adârep, de Mersehha, de Qâ et de Eliâ-sekhemoui, c'est sans doute que ces bouchons n'ont
pas eu l'occasion de l'employer; mais elle reparaît sur les bouchons de Peràbsen dans #■— n -w|
du bouchon 190. Alors? Il ressort très clairement de ce petit tableau que les observations
de M. Sethb sont controversées, que par conséquent les raisons sur lesquelles il s'appuyait pour
faire entrer le roi Serpent dans la I'*^^ dynastie n'existent pas et que ce roi doit être rayé de
cette dynastie, parce qu'il n'y a pas plus de raison de l'identifier avec Ata qu'avec Attha.
IX. Le roi Merneit ^. Après M. Naville, ^ M. Sethb rejette ce roi tout comme je
l'ai rejeté moi-même. M. Sethe trouve qu'il a une tombe extraordinaire, ce qui est fort
vrai, et il en prend occasion pour dire que c'était une reine, et je l'ai dit aussi en même temps
que lui^; mais je ne le suivrai pas jusqu'à dire que cette reine avait apporté à son époux
le droit au trône qu il n'avait pas^. C'est une pure fantaisie que sans doute les théories de
M. Pétrie lui ont suggérée et que rien ne l'autorisait à émettre, puisque rien ne lui en appor-
tait la moindre preuve. Toutefois en admettant que le nom de Merneit puisse être un nom
de femme, je ne puis m'empêcher de penser au nom à'Ouhamer qui s'est trouvé écrit sans
aucun signe de royauté sur la grande tablette et qu'en raisonnant ainsi que nous le faisons,
MM. Sethe, Naville et moi, on serait conduit à l'éliminer de la liste des rois, quand cepen-
dant c'est bien certainement un roi. Je ne regarde pas en effet l'orthographe de M. Sethe
comme exacte ^ ; jamais sur les fragments il n'y a de ^ du féminin, et sur la stèle de
ce nom le signe ^^^t. a bien son complément <=>, qui est brisé, mais qui peut parfaite-
ment encore se différencier du c^ à cause de la longueur du signe''.
Si je voulais aller au foud de la pensée de M. Sethe, peut-être trouverais-je que la
grande raison qui l'a porté à éliminer Merneit, c'est qu'il ne savait qu'en faire: il a besoin
' Naville, Les plus anciens monuments égyptiens, II, p. 8 du tirage à part.
' E. Amélineau, Nouvelles fouilles d'Abydos, IV, p. 680.
' KuRT Sethe, Eeitrâge zur àltesten Geschichte Âgyptens, p. 29.
* M. Sethe dit que ce i^ se retrouve sur deux fragments de vases publiés par M. Petrik à la pi. V
de son premier volume n° 3 et 7. Au numéro 3 le signe n'est pas fermé et il est trop grand pour un c,,
il est fait ainsi '^j au n° 7, il n'est pas complet et peut être toute autre chose. M. Sethe dit en outre qu'aux
numéros 1 et 2, le signe a disparu dans une cassure, c'est inexact; il y a parfaitement la place iionr le
mettre et il n'y est pas; à la pi. V. du tome II, n" 6 il n'y est pas également.
156 E. Amélineau.
en eiFet de cette élimiuation pour pouvoir placer les rois qui vont suivre; si Merneit était
sorti vainqueur de l'examen, la théorie de M. Sbthe eu eut été vaincue et tuée en nais-
sant : il fallait donc à tout prix la sauvegarder. Quant à l'appellation de Den l" donné à
Merneit par M. Pétrie, c'est de la pure fantaisie sur laquelle il vaut mieux ne pas insister.
X. Le roi Den ^^^^ que M. Sethe appelle Oudimou, peut-être avec raison. Il
identiiie ce roi avec le roi nommé f^^^^ pour f trtt Tmr J de la liste d'Abydos et f ]
de Papyrus de Turin. Il justifie cette identification par la présence des deux noms: 1° sur
un sceau de ce roi; 2° sur d'autres sceaux; 3» sur les tablettes officielles et comniémora-
tives des hauts faits de ce roi. Examinons donc les monuments sur lesquels s'appuie M. Sethe.
Le bouchon auquel il fait allusion a été publié aux numéros 5 et 6 de la planche VII,
second volume de M. Pétrie; malheureusement l'impression ou la publication est loin d'être
nette. Voici la description qu'en donne M. Pétrie : «Le dessin en son entier semble être:
1° le nom de | j de Den avec l'épervier en dessus; 2» le roi debout; 3" une inscription
em se ab nehti, ^x l'O ^='^^) ■i" Den ayant pris un crocodile à l'hameçon,
le tire de l'eau et se prépare à le percer de son harpon; 5° le nom personnel du roi Setoui
ou Semti; 6° Den luttant avec un hippopotame.» M. Pétrie dit ensuite qu'une petite partie
de ce sceau avait été trouvée l'année précédente et que ce fut la première preuve que Den
s'était appelé Setoui.^ J'avoue que je n'ai pas d'aussi bons yeux que M. Pétrie et que
n'ayant pas vu l'original, je ne puis voir que l'animal contre lequel lutte Den soit un hippo-
potame, que cet hippopotame soit tiré hors de l'eau au moyeu d'un hameçon; je vois seule-
ment qu'après un personnage en avant et en arrière duquel sont les signes f^^"^ , il y a un
autre personnage luttant contre un animal, que ce personnage est suivi de l'épervier debout
sur le rectangle de la maison où est inscrit le nom ^^ et que derrière ce nom est le roi,
coiffé de la couronne blanche, un bâton à la main droite et une autre arme à la main
gauche, et derrière lui vient l'inscription que j'ai signalé. Il semble donc que le roi con-
temple un autre personnage luttant contre un animal quelconque, car évidemment il ne peut
se contempler lui-même luttant contre une bête quelconque, et comme les signes r^^^^
se trouvent en avant de ce personnage, on peut supposer que c'est le nom de ce person-
nage tout aussi bien, et à meilleur compte, que celui du roi. Du reste, sur un monument
autrement soigné, le n° 7 de la même planche, l'épervier est debout sur la maison, son nom
écrit ^"^^ — ce qui montre encore que le <z^> se faisait ainsi sous ce roi, et non pas seule-
ment sous les deux rois Djer et Serpent — et devant se voient les signes f^^, c'est-à-dire
seulement Set et non plus Setoui. Si l'on veut bien observer le relief puissant avec lequel
se détachent les signes, surtout l'animal qui marche le long d'une branche, ou d'un bâton
recourbé, la façon dont sont faites les portes de la maison, on sera convaincu que l'auteur y
a apporté une application aussi considérable que son talent et que ce n'est pas sur un pa-
reil monument qu'on doit chercher une faute. Par conséquent, je fais conclure que ces mo-
numents ne prouvent en rien que le roi Den serait appelé Setoui ni même Semti. Par
' Fl. Pétrie, The royal tomhs of the first dynasti/, II, p. 25, col. 4.
Chronologie des eois de l'époque archaïque. 157
contre je ne saurais voir non plus dans ces signes la mention des peuples étrangers dont
a parlé M. Na ville.'
M. Sethe dit encore que sur les sceaux 151 et 152 de M. Pétrie, le roi Den est aussi
nommé Seioui ou comme il dit : Hesehti.^ Je ne sais pas où il a vu que le n» 152 con-
tenait la mention Q:£^ : elle n'y est pas. Elle existe au contraire parfaitement sur le 151
deux fois : de la seconde on ne voit que les signes f^^; de la première on voit seulement
les deux signes ^^, et en dessus de ces signes sont deux ^c:. qui étaient eux-mêmes sur-
montés d'un autre signe dont on ne voit plus que l'extrémité supérieure. Selon la coutume
ordinaire en ces bouchons, coutume que connaît fort bien M. Sethe et à laquelle il a fait
allusion plusieurs fois dans son œuvre, c'est le nom de l'oblateur qui doit se trouver
après le nom du roi, ou le nom de l'oblation. Il ne saurait donc s'agir du nom propre
du roi.
Restent les tablettes commémoratives des actions célèbres du roi Den. M. Sethe ren-
voie à la planche XI, 4, du 2" volume de M. Pétrie, à la planche XIV et à la planche XV,
11"= 16 et 18. Examinons. Tout d'abord, au u° 4 de la planche XI, je ne trouve rien,^ mais
bien au n° 14 je vois les deux signes que M. Pétrie a interprétés ^^ : ce monument avec
le n° 16 de la planche XV, ne comptent donc que pour un. A la planche XIV, c'est au
n" 9 que se trouvent les signes r^^'^ en arrière d'une enseigne où l'on voit un chacal de-
bout et en avant d'un roi qui semble armé en guerre. Et c'est tout : il n'y a ni le nom de
Ben, ni quelque indice que ce soit qu'il s'agit de lui : on a seulement trouvé ce fragment
de tablette dans le tombeau de Den et cela suffit pour faire connaître à M. Sethe que Den
s'appelait Setoui. Il a vraiment le don de seconde vue. Reste la grande tablette représentée
au n° 14 de la planche XI et reproduite, interprétée par M. Pétrie, au n° 16 de la planche XV.
Cette tablette est d'autant plus intéressante que l'oblateur était le chancelier du nord Hemaka,
que par conséquent je ne puis pas mettre en avant le nom de l'oblateur. Les signes ^^
se trouvent seuls après un signe O incertain et sont suivis de quelques autres signes in-
distincts; mais si l'on observe, comme je l'ai fait remarquer, la direction de ces signes ou
des oiseaux, on remarque que les deux signes ^^ doivent se lire avant les autres et là
encore il n'y a pas possibilité de lire le nom du roi, car le nom de Den ne se trouve que
dans la seconde partie de la tablette. S'il suffisait que les trois signes Q£i£j, ou le
seul, se trouvassent dans une inscription avec le nom d'un roi, je pourrais prouver tout
aussi bien que M. Sethe, que Ramsès II s'appelait Setoui. Que reste-t-il donc des preuves
de M. Sethe? Rien : elles se sont toutes évanouies; alors pourquoi avoir dit que «la po-
sition de ces deux noms l'un près de l'autre rendait l'assimilation de Den avec Hesepti
assurée».*
^ E. Na VILLE, Les plus anciens monuments égyptiens, II, p. 7 du tirage à part.
^ Je ne sais sur quoi se fonde M. Sethe pour cette lecture.
" Le lecteur verra au n» 5 de la pi. XI, aux W' 12 et 13 de la pi. XIV, que le <=^^ du nom de Den
est aussi fait avec les doigts écartés; de même dans la tablette de Mersekher, pi. XVII, n° 26.
■■ KtiRT Sethe. Beitrâge sur àltesten Geschichte Âgyptens, p. 29. Voici ses paroles : Dièse Gleichsetzung
ist gesichert durch das Nebeneinaudervorkommen beider Namen etc.
158 E. Amélineau.
XI. Le roi Adârep, ^^, = , ou Azab, que M. Sethe appelle and-ih. M. Sethe iden-
tifie ce roi avec Merbapa. Cette identification lui semble assurée par la présence de ces
deux noms qui se suivent sur un sceau, et cette preuve prend une nouvelle force de la
confirmation que lui apporte la présence simultanée des deux noms sur les monuments du
roi précédent. L'identification du roi '■^^l v avec le f ^^ "^ J des listes plus tardives est
as.surée par l'orthographe du nom : ""^^l = , D étant le même signe dans l'un et l'autre
cas, ^^ = xy. C'est, conclut M. Sethe, le fondement certain et incontestable pour toute l'his-
toire la plus ancienne.^ Je ne suis pas de son avis. Le sceau auquel fait allusion M. Sethe
est le 57=^ de M. Pétrie : c'est celui que j'ai décrit ailleurs : d'abord l'épervier debout sur
la maison dans lequel est écrit =, , puis le nom de Merbapa précédé du titre de 4>^ ^'^^ ^^t
et je dois dire que ce sceau a été trouvé à la fois dans la tombe d'Adârep ou Asab et
dans celle de l'épervier Qâ. Encore ici, c'est la même situation que pour De» : suffit-il que
deux noms soient sur un même fragment pour qu'où doive en faire les noms différents d'un
même personnage? Ce que j'ai dit pour Den montre bien que cela ne suffit pas, et de fait
il y a ici une explication très simple : c'est de faire du roi Jlerbapa l'oblateur et nous nous
trouvons dans les cas précédents : le nom de l'épervier à qui l'un offre quelque chose, le
nom de celui qui offre. Ici l'oblateur était le roi de la Haute et Basse Egypte Merbapa et
celui à qui l'on offre l'épervier Adâre^h Si, en effet, celui à qui l'on fait offrande était
répervier-roi Adârep-Merhai^a,, comment se fait-il que ce bouchon contienne un texte unique,
comment se fait-il que, si l'on a voulu désigner le roi par tous ses titres, on ne l'ait pas
nommé en toutes lettres sur les autres bouchons '? Nous pouvons donc nous regarder comme
autorisés à séparer les deux rois : l'épervier Adârep d'un côté, le roi de la Haute et Basse
Egypte Merbapa d'un autre, celui à qui l'on fait offrande d'abord, celui qui oifre ensuite.
Les trois sceaux suivants, à savoir 58, 59 et 60 sont une confirmation de cette manière de
voir, car tous les trois contiennent d'abord le nom de l'oblateur, le nom de la chambre où
se fait l'oblation et le nom de l'offrande; le nom de l'oblateur est le roi de la Haute et
Basse Egypte Merbapa; le nom de la chambre où se fait l'oblation est : la chambre Seul
est l'épervier, le roi de la Haute et Basse Egypte Merbapa, parce que la chambre était
remplie des offrandes de ce roi; le nom de l'oiïrande était : ^jF X . Si l'on objectait que le
mot J désigne la tombe, je dirais qu'au n" 60, le mot J est employé pour le roi, et
aussi pour la chambre kî^î?, ggg , chambre où de plus l'on enfermait la viande de porc.
Ces preuves prennent encore une plus grande consistance du fait que le roi ""^rxi a son
nom sur des fragments et que le nom est précédé du titre de 4=^i ou du titre ^^, ou
des deux ensemble. Or le titre Ji>^ est traduit d'ordinaire par les deux Dieux, ou par
le double Horus, et par là on entend Horus et Set. Les diverses traductions que je viens
de citer sont justes; mais elles out besoin de quelque explication. Si l'épervier debout sur
un support a été choisi par les scribes de cette époque pour signifier l'idée de dieu, c'est
' KuRT Sethe, Beiirdge zur àltesten Geschichte Àgyptens. p. 24.
Chronologie des rois de l'époque archaïque. 169
que le dieu protecteur de la tribu était ce même épervier, car tous les conquérants de l'E-
gypte étaient des éperviers. Or Merbapa est un nom d'épervier-roi; il n'a donc pas besoin
d'un autre nom d'épervier et par conséquent Adârep qui est aussi un nom d'épervier ne
peut être assimilé à l'épervier Merlapa. Je trouve la preuve qu'il en est ainsi sur un frag-
ment de vase publié par M. Petkie dans son premier volume, pi. V, n" 51. Le nom d'éper-
vier & Adârep ou Azdb est suivi du nom de Seioui. S'il suffisait de la présence de deux
noms sur un même morceau pour les identifier l'un avec l'autre, c'est bien ici le cas ou
jamais, d'autant plus que les deux noms ont été tracés à l'encre et sont bien de la même
encre et de la même main et que le nom d'épervier précède, comme ce doit être, le nom
de royauté. J'y re\iendrai d'ailleurs au numéro suivant et ferai ressortir davantage cet argu-
ment. Je dois dire en terminant que je ne peux m'empêcher de conserver quelques doutes
sur l'assimilation de ""^^l^ ;ivec le roi dont le nom est écrit [^-—^ g j sur la table d'Aby-
dos, r^^ *n '1 s"i' celle de Saqqarah et f ^^ i .1^1 *^^' papyrus de Turin. Les signes
ne sont pas dans le même ordre, et cependant cet ordre est très rarement cbangé dans les
noms de roi, tandis qu'ici il est constant, de sorte qu'il faudrait lire Merpaha. Je serais
complètement rassuré si l'on trouvait un monument où le rang des signes serait respecté et
si j'admets cependant que c'est bien le même roi, c'est un peu avec le cœur gros.
Xn. Le roi Mersekhu. ^v? I «*-=• d'après j\I. Sethe qui lit : SemerJchet. J'ai toujours
dit que l'on ne savait pas quel était le signe qui commençait ce nom, par conséquent qu'on
ne pouvait le lire. Si je prends, en effet, l'objet qui a été le plus soigné de sa tombe,
c'est-à-dire la stèle du roi qui est au musée du Caire, je vois que ce signe est spécial
chez M. DE Morgan 1, et M. de Morgan est un dessinateur autrement habile que tous
les Pétrie et sous-Petrie du monde : d'ailleurs j'en ai fait prendre la photographie et cette
photographie donne raison à ce dessin. Il n'est pas plus certain que le troisième signe soit
le »-=', c'est-à-dire ce qu'on nomme le ventre, et par conséquent puisse se lire Khet.
Les raisons pour lesquelles l'épervier Merselcha est identifié avec le roi Semenpetah
par M. Sethe sont les suivantes : 1° il a été trouvé un sceau sur lequel le nom d'épervier
se trouve à côté du nom propre du roi précédé du titre ^£, et cette identification des
deux noms est rendue vraisemblable par le sceau où le nom du roi Merbapa est renfermé
dans le signe J, sceau que je viens d'expliquer plus haut; 2" une tablette de commé-
moration officielle des actes du roi comprend les deux noms rassemblés. Examinons. Pour
la première raison, je vois que le sceau 79 de M. Pétrie, auquel fait allusion et renvoie
M. Sethe, donne d'abord le nom d'épervier, puis un nom de roi écrit dans une chambre
, ensuite le nom de la substance offerte, ici des grains de la maison royale ^__[ ^J.
Où est le nom de l'oblateur en tout cela? Il est précisément dans la chambre du
roi dont le nom se lit Semenpetah. Le sceau 79 nous présente une inscription analogue
à celle-ci et M. Sethe s'est bien donné garde d'en parler, car il aurait fait crouler son
système. En effet, ce bouchon donne d'abord le nom de l'épervier Mersekha, puis ensuite
' J. DE Morgan, Recherches sur les origines de l'Egypte, II, p. 232, iig. 380.
160 E. Amélineatj,
le nom d'uu roi
le 74. Veut-ou un
chambre , je le
vier, puis ensuite
m
, et ce roi est autre que Semenpetali. Il eu était de même pour
exemple que c'est ainsi qu'il faut interpréter le nom de la
trouve au bouchon 77 (pii nous montre d'abord le nom d'éper-
le nom de l'offrande écrit C^fiÇ^E^ ll|l et le nom de loffrande
est répété ensuite sous cette autre forme: ^1 a \, c'est-à-dire : dans la chambre des deux Ap,
et le détermiuatif des trois jarres coiffées et scellées nous montre que vraisemblablement il
s'agissait d'offrandes liquides ou solides qui étaient logées dans la chambre connue sous le
nom des deux Ap.
Si je passe maintenant à la tablette commémorative des exploits royaux, je vois bien
que cette tablette a été sculptée au nom du roi Semenpetah, mais non qu'elle a rapport au
roi Mersékha, car le nom d'épervier est absent et nous n'avons d'autre garant qu'il s'agisse
de cet épervier que le fait suivant : cette tablette a été trouvée dans la tombe de MerseJcha.
Ainsi M. Pétrie et après lui M. Sethe s'appuient sur cette seule circonstance fortuite pour
étayer une aussi grasse conclusion, après tous les remaniements qu'ont subis ces tombes.
C'est, je crois, faire œuvre de légèreté. Comment ce seul monument pourrait-il fournir la
plus petite preuve que le roi Semenpetah doive être assimilé au roi Mersékha lorsqu'il ne
contient que le nom de Semenpetah? Il me semble, et je crois que mes lecteurs penseront
avec moi, qu'il n'a aucune voix au chapitre.
Mais il y a une bonne preuve que le roi Merselcha ne peut aucunement être identifié
avec Semenpetah ; la voici. M. Naville a démontré tout d'abord ^ que le nom d'épervier est
toujours le même que le titre de vautour-urœus, qu'il appelle nom de nchti; je l'ai aussi
démontré en amplifiant grandement ses preuves,^ et il reste acquis que toujours le titre
d'épervier et le titre de vautour-ura;'us ont été suivis du même nom jusqu'à la XIP dynastie,
où, sous le quatrième roi Ousortesen II, s'opère un changement radical. 11 va sans dire que
M. Sethe ne parle pas de cette règle absolue; mais peut-êti-e a-t-il eu eu vue de la com-
battre quand il a écrit que le roi Fepi I" avait pour nom de vautour-nraîus Merikhet, quand
son nom d'épervier était meri-taoui.^ Mais en écrivant cela, M. Sethe a omis de dire qu'une
seule fois, sur les rochers de Hammamat, ce nom Merikhet a remplacé le nom Meritaoui,
qui se trouve seul ou réuni avec le nom propre de royauté Pepi.* Il y a là comme une
tendance : M. Sethe a signalé ce nom comme s'il était général et connu de tous, et il s'est
bien gardé de réfuter autrement l'opinion de M. Naville qu'il connaissait afin de ne pas
s'exposer à une contre-réfutation qui eut vraiment été trop facile. La chose est donc bien
établie : d'après ce que nous connaissons, toujours — sauf une fois où le graveur peu habile
ou s'étant trop hâté a dû commettre une méprise, les autres faits le prouvent — le même
nom suit les deux titres d'Épervier et de Vautour-Uranxs. Ur que voyons-nous ici? Le
roi Semenpetah a ce nom après le titre de vautour-urœus, après même les deux titres de
roseau-abeille et de vautour-uraîus. Qu'en conclure, sinon que son nom d'épervier ne pouvait-
' E. Naville, Les plus anciens monuments éguptiens, II, p. 6 de tirajje à part.
' E. Amélineau, Nouvelles fouilles d'Abj/dos. IV, p. 639 sq.; et Journal Asiatique, mars-avril 1906.
° Sethe, Beitrâye sur âltesten Geschichte Àgyptens, p. 41.
* Lepsius, Konigsbuch, 25 a, 25 d, 25 g. — Bkugsch et Bouriant, Livre des rois. p. 9.
Chronologie des rois de l'époque archaïque. 161
pas être Mersekha? Ce n'est pas parce que le titre de vautonr-uranis est seul qu'il doit em-
porter un autre titre que lorsqu'il est réuni à celui d'épervier. Le nom de Mersekha ne peut
donc aucunement être assimilé à celui de Semenpetah : la preuve est faite. La preuve est
faite aussi que les noms des rois de la première dynastie sont des noms d'épervier, de vau-
tour-uraîus et de roseau-abeille tout à la fois : ainsi Menés, Ata, Teta, Merbapa, Semenpetah
sont des noms d'épervier; les rois n'en avaient pas d'autre à cette époque, et comme ces
noms d'épervier diffèrent du tout au tout des noms des éperviers d'Abydos, on ne peut plus
songer à les identitier l'un avec l'autre. Je dois dire aussi en finissant que l'hiéroglyphe qui
écrit le nom de ce roi n diffère sensiblement de celui qu'emploie la table d'Abydos pour
écrire le nom de Semempsès "m et que peut-être l'identification n'est pas certaine.
XIIL Le roi Qâ . Il est aussi probable que le nom de ce roi devait se lire autre-
ment, mais je laisse le nom sous lequel il est connu. M. Sethe le nomme de leur nom de
royauté Senmou et dit que les deux noms se rencontrent sur plusieurs tablettes officielles
que j'ai déjà signalées plus haut. Le fait est vrai, mais la conclusion est fausse. Le nom
de l'épervier Qâ est écrit : ^^^ , ou ^P , ou encore ^^ mR, > comme il a un
nom de vautour-urœus et que ce nom est ,^ il ne peut eu avoir un autre Sen-mou, car
ce nom est tout différent de Qâ, et la règle d'accord avec le fait exige que ce nom soit Qâ.
Comme le nom Sen-mou est bien le titre de vautour-urœus, il faut en conclure qu'il s'agit
d'un autre roi, ce qui n'est pas fait pour nous étonner. Cette première conclusion une fois
admise, l'assimilation de Sen-mou avec le dernier roi de la première dynastie tombe à plat.
Quant à l'origine de la méprise, pendant que JI. Pétrie assure qu'ail semble possible qu'un
signe sen 11 avec une base très large, comme sur une stèle pi. XXXIV, 13, ait été pris par
un scribe d'époque plus récente pour le vase Icabh lO, et le signe «awws, n, pour le déter-
minatif de l'eau »,^ M. Sethe préfère la voir dans la forme que le bras ^ — d a dans deux
fragments où il semble fait ^ J, et qui aurait donné lieu à la lecture zlj que plus tard
on aurait écrit ^ | § jv-' Je les mettrai d'accord en disant que le roi Qebeh ne pouvait tirer
son origine ni de l'une, ni de l'autre de ces deux méprises.
J'en ai fini avec les identifications de la I'** dynastie. On a vu que les raisons de
M. Sethk, pour être présentées d'une façon autrement scientifique que les dires de M. Pétrie,
n'en sont pas plus solides, qu'elles se sont écroulées au premier examen, et je pourrais pro-
longer cette démonstration, car j'en ai les éléments, sans apporter plus de lumière. Je passe
donc à la IP dynastie.
'■ Je dois faire observer que le nom de ce roi d'après la stèle qui est au musée du Caire s'écrit
avec la main aux doigts étendus : on peut voir ainsi quelle confiance méritent les assertions de M. Sethe
qui veut faire de ce signe le propre des rois Djer et Serpent.
2 Fl. Pktrie, The royal tovihs of tlie first dynasty, I, p. 27, 2= col.
^ KuRT Sethe, Beitrfhje zur àltesfen GescMchte Açiyptens, p. 27. M. Sethe en pensant ainsi rendrait compte
de la possibilité de l'écriture aJ, mais non pas de l'écriture zlj | oii un nouvel élément s'ajoute aux deux
autres. On ne peut dire ici que la lettre | soit amené par zjj, il faut une seconde erreur de plus à l'ac-
tif du scribe, et j'admire combien on est facile sur ce chapitre pour les pauvres scribes égyptiens, parce qu'on
est aussi facile pour les théories qu'on forme sans base solide.
21*
162 E. Amélineau.
XIV, XV, XVI. Les trois rois Uoteiy-seldiemoui, Ra-nth et Ncteren : ^ .-o— ? ?,
yv , *^^^ 1 : 51. Sethe lit ce dernier Neterniou. Ce sont ces trois noms, je le rappelle,
(jui sont inscrits sur l'épaule de la statue n" 1 du musée du Caire, et ce sont aussi les deux
prenùers que M. Maspero et M. Barsanti ont trouvés sur les sceaux rencontrés près de la
pyramide d'Ouuas. Il est bien probable qu'ils doivent se suivre sur la liste chronologique
de ces rois. M. Sethe l'admet ici parce que les noms de ces trois rois ayant été trouvés dans le
tombeau de Perabsen, ils doivent avoir précédé Perahsen, ce qui n'est pas une preuve convain-
cante. C'est affaire à lui; moi, je continue de croire qu'une pareille méthode viole le bon
sens. Je les ai aussi trouvés dans la tombe de Set et Horus, ou de Kliâselchemoià; ils n'ont
donc pas aussi pour lui existé nécessairement avant Kâsehhemoui, car il n'admet pas que
la loi de M. Pétrie soit une loi inviolable. Je suis heureux de me rencontrer avec lui; mais
mon bonheur ne doit pas être de longue durée, car je ne saurais admettre un seul instant
que «cependant l'identification de Pétrie pour ces rois jieut être juste».* Elle est complète-
ment fausse. D'abord le nom du premier de ces rois, nom d'épervier, s'est trouvé être le
même sur les fragments de Saqqarah que le nom de vautoururîeus; la conséquence est que
ce nom n'a plus la possibilité d'avoir un second nom d'épervier, puisqu'il en a déjà un. Il
en est de même du troisième, s'il s'agit bien de lui, dont le nom de ] w^n^a est précédé des
titres ^\^, ^£ et suivi d'un autre signe : | .^^. Mais la question est de savoir .si nous
avons dans ce dernier exemple ] %^ le nom de ce roi ou un roi nouveau. M. Sethe
penche pour l'affirmation qu'il s'agit du même roi et alors le signe '^—^ serait un détermi-
uatif de l'eau, ce qui serait un exemple unique; je pencherais plutôt pour un roi nouveau.
Quoiqu'il en soit, à plus forte raison si ce n'est pas un seul et unique roi, il faut conclure
(ju'il ne peut être identifié au roi Binothris, le deuxième roi de la deuxième dynastie, puisque
son nom de vautour-urieus est bien | .^ En outre, le fragment que je viens de citer, lequel
a été trouvé dans le tombeau de Perabsen, portait le nom de ce roi et il a été effacé par
Nouteren, en écrivant un | au lieu de c-=) et en effaçant le ^, mais il a laissé la lettre I
qu'on voit fort bien encore. C'est une preuve que Perabsen vivait avant Neteren et par con-
séquent avant Hotep-Sekhemoui et Ea-neb, car ce serait trop demander à un roi d'effacer
lui-même sou nom sur un des vases qui lui étaient dédiés pour écrire le nom d'un de ses
prédécesseurs.
XVII. Le roi Perabsen. 'kJ = I . M. Pétrie, nous l'avons vu, identifie ce roi avec
l'épervier Sékhem-db, ^^ | <0', et M. Sethe tient cette identification pour bonne. Or, d'après
la règle que j'ai dite avoir été indiquée par M. Naville et que j'ai contribué à établir après
lui, le nom d'épervier de ce roi, s'il est Seliliem-ab, doit se retrouver après le titre de vautour-
uriBus, et nous avons au contraire : f^ ^£ ^ I j i' "'y ^ ^^^^ aucun moyen de l'iden-
titier avec SeMem-ab. Le fragment que j'ai indiqué plus haut portait, en effet, les titres de
roseau-abeille et vautour-urajus, suivi du nom de Perabsen. Il se trouve aussi sur le n" 190
' .Sethe, Beitnige zur ciltesten Geschichte Àgyptens, p. 36.
- Fl. Pétrie, The royal tombs of the first di/nasty, II, pi. VIII, 12.
Chronologie des eois de l'époque archaïque. 163
de la planche XXII sans autre titre que ^1^, ce qui est très précieux eu ce que ce titre
est le titre royal par excelleuce et que le uom qui suit ce titre est le même que le nom
qui est enfermé dans la maison rectangulaire, laquelle est surmontée de l'animal typlionien
au lieu de l'épervier pour une raison que je m'etïbrcerai d'expliquer plus loin. Mais il y a
encore i)eaucoup mieux; sur la stèle de Scheri, trouvée par Maeiette et déposée au Musée
du Caire, le nom de Perahsen est écrit dans l'enroulement elliptique, nommé cartouche, essen-
tiellement réservé aux rois et aux reines ayant régné effectivement, les reines ayant obtenu
cet honneur qu'à la XVIP dynastie. Scheri qui était de la III" dynastie, qui était prêtre
de Perahsen en même temps que de Sent, devait savoir à quoi s'en tenir, aussi bien que
MM. Pétrie et Sethe qui sont du XX"* siècle; par conséquent ma contiance va vers lui avant
d'aller h eux. Je ne dois pas laisser passer sans protester la plaisante manière dont M. Sethe
explique comment Perahsen qu'il identitie avec Ouadjnès In a pu devenir ce dernier
nom. D'abord la syllabe 1 1 ^^ww- a pu par interversion devenir n , et | a pu provenir de
^ , parce que les scribes avaient une grande liberté pour placer les signes. C'est pour-
quoi sans doute les noms des rois, qui ont été trouvés à des centaines d'exemplaires, ont
toujours la même orthographe.
XVIII. Le roi Khâ-sekhem, ^. q |. M. Sethe n'admet pas que ce soit un roi, pas
plus qu'il n'admet la théorie de M. Naville qui fait de ce nom le uom que porta tout d'abord
le roi Khâ-scJchem (jui, après avoir vaincu la Basse Egypte, changea sou nom en celui de
Ehâ-sclchemoui est ajjparu le double maUre, au lieu de «est apparu le maître». Pour ce
dernier cas, je suis de sou avis, mais non pas pour le premier. Je crois fermement que
Khâ-selchem est un nom de roi par lui-même, se suffisant à lui-même et pas besoin n'est
d'aller chercher le mot besch J pour en faire son nom propre, d'après ce que j'ai dit plus
haut et pour le ranger dans la IIP' dynastie, comme le fait M. Sethe. Quant à son identi-
fication avec le roi Sethenes 0 , elle n'est pas possible et me voici de nouveau d'accord
avec JI. Sethe.
XIX. Le roi Kara f\_\ o\ Ce nom n'appartient ni aux fouilles d'Abydos, ni à celles
de Neggadeh, ni même à celles de Hiéracônpolis : il a été trouvé par M. Safce à El-kab,
en face de Hiéracônpolis et M. Pétrie !'a admis parce qu'il sonne à peu près comme le
/aipr;; de Manéthon. Les deux autorités sont plus que minces, car si le mot yaiçrtç représen-
tait un roi, ce serait sans doute Q o et non |_Jo; de plus, ce mot se trouve par de cor-
respondant dans les noms égyptiens. Je le rejette donc aussi, à l'exemple de M. Sethe.
XX. Le roi Khâ-sclûiemoui ^'V1q||^^=^=,^. M. Sethe éprouve d'abord
le besoin de changer ={}= en +, am en oun. De plus, il fait de la dernière partie de ce nom,
à savoir ^ ^ ,-q-^ le nom propre du roi. Or, si l'on s'en rapporte aux sceaux qui
nous ont conservé cette inscription, nous voyous que si l'on trouve bien seulement dans le
rectangle surmonté de l'épervier et de l'animal typhouien q | ^, Khâ-seMemoui, on trouve
tout aussi bien la formule entière: q|^ J^ Jè^ r^ ^^, car même en la photographie
164 E. Amélineau.
de M. QuiBELL prise sur le iiinminient il n'y a pas moyen de taire le changement que \ou-
drait voir etiectuer M. Sethe. Il y a bien 4" et non pas ~. Mais ici encore la règ:le qui a
été établie plus haut, à savoir que le nom d'épervier est le même que le nom de vautour-
uranis trouve son application, car on trouve aussi : 4=^ J^£ Q y 7 ^ ^ -Tr"*— ' ^^^' ^^""
séquent il n'y a nul doute à avoir. Mais le nom, est-il un nom de roi ou est-il une péri-
phrase pour désigner le tombeau de Set et Horus? Je suis bien tenté de croire qu'il peut
s'appliquer aux deux; d'abord un roi, puis plus anciennement à Set et Horus. Le roi, loin
d'être placé à la tin de la I^ dynastie et de pouvoir être identifié avec le roi | | S^ l] Q,
le premier roi de la IIP dynastie, appartient sans nul doute aux dynasties préménites, car
j'ai trouvé dans sa tombe d'abord les trois rois dont le nom est inscrit sur l'épaule de la
statue n° 1 du musée du Caire et ensuite le nom de l'épervier Adârep ou Azab, et il en
faut bien tenir compte,' qu'on le veuiille ou non. Par conséquent le roi Khâ-sékhemoui, si
c'est sa tombe qui est à Om el-Ga'ab, ce que je ne crois pas, a précédé dans la royauté
les rois Hotep sekhemoui, Ba-neh et Nderen, même le roi Adârep, puisque j'ai trouvé ce nom
au fond d'une chambre. C'est ici le lieu de mentionner le nom de la reine Hapenmâl que
j'ai trouvé dans le tombeau de Kliâ-sékliemoui et à propos duquel on a fait tant de bruit.
Ce nom, a-t-on dit, est le nom d'une reine qui a été mère du roi Snefrou. Je pourrais le
contester, car, si je vois bien que cette reine a été mère de l'enfant royal, je ne vois au-
cunement que cet enfant royal soit Snefrou. ilais, si je l'admets pour un moment, cette reine
qu'est-elle allée faire à Om el-Ga'ab'? Elle est allée faire acte du culte ancestral. On est
bien obligé de l'admettre. Alors qui pourrait soutenir un seul instant qu'elle l'a fait pour
un roi de la II" dynastie, mais qu'elle ne l'aurait pas fait pour un roi de la première, pour
un roi préménite ? Je voudrais bien le savoir. D'ailleurs qui peut prétendre que ce nom n'a
pas été porté avant la IIP dynastie? J'ajouterai que dans les sceaux de cette reine il y a
personne. Je ne suivrai pas M. Sethe dans l'examen des noms d'épervier de quelques-uns
des rois de la IIP dynastie : cela sort de mon sujet qui finit à Menés. Je ne veux plus
que lui exprimer mon refus de le suivre en pensant que le nom de l'épervier Kheper, qui
se trouve mentionné dans les Denhnàler de Lepsius, est le nom d'épervier du roi Dadafra,
comme il le dit.^ J'ai eu l'occasion d'étudier ce nom à propos du Cidte des rois préhistoriques
d'Abydos sous l'Ancien Empire égyptien; et je n'ai pu y voir que le nom d'un roi-éper-
vier qui se serait appelé Kheper, c'est-à-dire : le scarabée. Je ne sais où M. Sethe a pris
le renseignement qu'il donne, car il ne l'indique pas; ce que je sais, c'est que je ne l'ai
ti-ouvé ni dans Mariette, ni dans les deux planches de Lepsius où est mentionné le "^m
et que tous les noms de lieux mentionnés dans le tombeau de Samuofer avec nom de roi
sont au nom de Khoufou, et que ce Samnofer était porte-crâne, attaché à la maison de
l'épervier Kheper.
' Je dois faire obsen-er ici que JI. Sethe n'a tenu nul compte de mon second volume sur les Nou-
velles fouilles d'Abydos : je lui fais observer, sans acrimonie aucune, qu'il s'est ainsi privé des moyens
de parvenir à la lumière. Je suis bien loin de lui reprocher ce manque d'infonnation. mais je veux lui
faire remarquer que mes observations valent autant que celles de M. Pétrie et qu'un auteur ipii se res-
pecte ne doit pas se montrer partial à ce point. Il n'y aura vraiment rien gag:né.
' Sethe. Beitrnge zur àltesten Geschichte Agyptens. p. 39.
Chronologie des rois de l'époque archaïque. 165
Ayant achevé l'examen des systèmes de JIM. Pétrie et Sethe, auxquels j'ai joint au-
tant que cela m'a semblé nécessaire ceux de JBI. JIaspero et Naville, il me faut dire ({uel
est le mien, car ce n'est pas tout de faire œuvre de démolisseur, il faut s'efforcer de re-
construire après avoir démoli, et je ne suis pas homme h fuir les responsabilités qui m'in-
combent. J'ai été le premier et à peu près le seul à soutenir dès l'abord que la civilisation
si étonnante que j'avais tout à coup rencontrée dans les tombes dOm elGa'ab était une
civilisation préhistorique, celle qu'avaient régie les rois Mânes de Manéthou et l'examen que
je viens de faire des théories de mes adversaires n'est pas fait pour me faire abandonner
ma manière de voir. Aussi au lieu de m'y prendre comme mes devanciers, de vouloir faire
entrer de force certains des rois sortis au jour dans la première et la seconde dynasties où
ils ne ])euvent le foire, je vais employer une autre méthode.
Dans un autre ouvrage en cours d'impression, j'ai admis et, je crois, prouvé que
l'Egypte avait été conquise par une race provenant de 1 intérieur de l'Afrique, ayant descendu
le Nil peu à peu à des époques inconnues, eu des étapes successives plus ou moins longues,
s'étant arrêtée eu des lieux que nous ne pouvons encore soupçonner parce que nous ne
connaissons à peu près rien sur les pays qu'elle traversa, dont cependant nous pouvons
saisir la première, ou la seconde, ou même la troisième étape en Egypte, à savoir l'établisse-
ment à Hiéraeônpolis, comme l'ont surabondamment démontré les belles fouilles et les heureuses
découvertes de M. Quibell. 11 est indéniaple que la civilisation qui régnait à Hiéraeônpolis
est de nature à soutenir cette théorie. L'examen des tablettes attribuées à Narmer nous
montre tout d'abord que les tribus envahissant l'Egypte provenaient de l'Afrique centrale,
puisqu'elles connaissaient des animaux propres à l'Afrique, notamment la girafe, et peut être
cette girafe à cinq cornes, que Sir Harry Johnston a trouvée encore vivante dans l'Ouganda,
fait capital qui est appelé à exercer une grande influence sur la direction future de nos
études. Comme cet animal par ses habitudes ne pouvait pas vivre en Nubie qui a toujours
été un pays pauvre et désolé, parce que la Nubie ne consista au fond que dans les deux
berges sablonneuses du Nil, plus au moins étendues, mais dont la plus grande largeur
n'excède pas 500 mètres, il n'aurait jamais pu trouver sur un terrain aussi pauvre les
moyens de subsister. 11 faut donc de toute nécessité remonter jusqu'à l'endroit où, au sor-
tir de cet affreux désert, la vallée du Nil s'élargit soudain, parce que le fleuve n'est plus
serré par les deux chaînes de montagnes entre lesquelles il va couler jusqu'à son entrée
dans l'oasis égyptienne. Et ce n'est pas seulement la girafe à trois ou cinq cornes que l'on
trouve sur la tablette de Narmer et sur d'autres monuments en petite quantité, c'est aussi
la nombreuse tribu des diverses antilopes, dont quelques-unes nous étaient complètement in-
connues, et létaient aussi aux Égyptiens de plus Ancien Empire. Par conséquent pour la
dessiner et la graver avec cette sûreté qui nous la fait encore reconnaître au XX" siècle
après Jésus Christ, à une distance de neuf ou dix milles ans environ, il fallait que ceux
qui en gravèrent limage l'eussent encore assez présente à l'esprit pour ne pas se tromper, et
cela fait elle disparaît pour ne plus reparaître que vers la XVIIP dynastie, si je ne me
trompe. 1 Par conséquent, je puis en toute sûreté partir de cette base pour étayer ma chro-
' Dans le tombeau de Reldimara en particulier. Cf. Vihky. Tombeau de FeMmara, pi. VL dans le
V« \-ol. des Mémoires de la Mission du Caire.
166 E. Amélineau.
nologie. D'ua autre côté, si je regarde la forme des tombes, je vois qu'à Hiéracônpolis ces
tombes ont la forme ronde en même temps que la forme elliptitiue et que ces deux formes
ont donné lieu aux hiéroglyphes qui servent à écrire le nom de cette station, à savoir © et
cTD, ainsi que je l'ai fait observer mes Prolégomènes à l'étude de la mythologie égyptienne; je
vois aussi que le premier de ces signes indique une construction ronde comme celles des
cases des indigènes dans l'Afrique centrale, et que le second n'est sans doute qu'une évo-
lution de la première forme. C'était évidemment dans de semblables cases qu'habitaient les
Eperviers qui s'installèrent en Egypte et qui durent s'arrêter à Hiéracônpolis parce que
l'Egypte était déjà peuplée par une race qui était sans doute autochtone : c'est vraisemblable-
ment cette race qui fut représentée alors et plus tard par le pluvier, ce que nous nommons
l'oiseau rekhit, et c'est pour cela qu'on voit ces oiseaux pendus par le cou sur l'un des
monuments d'Hiéracônpolis, comme à travers tout l'empire égyptien on les trouvera à la
base des colonnes tendant leurs pattes et les mains dont on les a doués en signe d'adoration,
de respect et de crainte, ce qui est tout un. Les résultats auxquels semblent parvenus les
savants qui étudient la population de l'Egypte à cette haute époque sont en faveur de
cette théorie, puisqu'ils admettent avoir découvert au moins deux races distinctes parmi les
crânes soumis à leur examen. Le fait eu outre que sur les masses d'armes décorées d'Hiéra-
cônpolis on voit d'un côté seulement quatre noms désignés par leur étendard, puis, ensuite
sur une autre de plus nombreux représentés aussi par leurs enseignes, semble bien montrer
que la conquête de l'Egypte par les nouveaux arrivants se fit par étapes successives comme leur
arrivée et leur installation dans la vallée du Nil. Enfin le fait indéniable que les Eperviers
de Nekhen désignés sous le nom à' Amer de Nekhen et représentés les plus souvent par des
Eperviers, le titre qu'on leur donne de 1 ij ^ v ffl ' c'est-à-dire de roseaux ou rois au
Midi, en face des abeilles du nord qui habitent Pa au Bouto \^. ■=■ ^ ^ '] T V ' ^'^^^'
à-dire les rois de la Basse Egypte, désignés aussi sous le nom d'âmes de Bouto, c'est-à-dire
les anciens rois qui régirent la Basse Egypte, montre bien que primitivement l'Egypte était
partagée comme elle l'a toujours été en deux parties, et le roi qui fit bâtir Memphis, c'est-à-
dire Athotis, selon Manéthon, à la T" dynastie, choisit une position intermédiaire entre le
sud extrême et le nord extrême de l'Egypte. Et peut-être cette ville même a-t-elle une ori-
gine encore plus lointaine, comme semble le prouver les découvertes de MM. Barsauti et
Maspero sous la pyramide d'Ounas?
Je placerai donc à l'une des extrémités de l'échelle chronologique des rois égyptiens
les rois d'Hiéracônpolis, non pas que je crois que ce soient les premiers chefs qui enva-
hirent l'Egypte, mais je crois que ce sont les premiers que nous connaissons historiquement.
Ces premiers rois, nous ne les connaissons même pas et ils sont encore à trouver, parce que
je ne peux croire que les monuments si parfaits trouvés à Hiéracônpolis soient les œuvres
de ces premiers rois : ils sont seulement, à mon avis, les œuvres de leurs successeurs. Au
nombre de ces successeurs, je mettrais d'abord le roi Scorpion et après un intervalle assez
considérable le roi Narmer, le l'oi Kha-sehhem et enfin le roi trop célèbre KhaseJchemoui,
non pas que je veuille affirmer que ce roi ait eu son tombeau à Hiéracônpolis plutôt
qu'ailleurs.
Chronologie des rois de l'époque archaïque. 167
Après les rois d'Hiéracônpolis vieudrait le roi de Neggadeh qui fat probablement
Ahâ. Après Abâ le roi Djer qui est l'un des rois d'Abydos et dont le nom se trouve après
celui d'Ahâ sur le sceau à trois noms provenant de la tombe d'Osiris, puis après le roi Djer,
le roi Mou. Après celui-ci je placerai le roi Ka, le roi Perahsen et les autres rois, dont les
noms ont été trouvés à Om el-Ga'ab en tenant compte de leur distance du tombeau d'Osiris
et des circonstances indéniables et inattaquables des positions de leurs tombes respectives et
des objets rencontrés au fond des tombes et non pas à la surface. Les trois rois de la sta-
tue numéro I"' du musée du Caire viendraient eu dernier lieu, ou tout au moins en arrière
des rois d'Om el-Ga'ab. Si quelque confrère trouvait extraordinaire que je ne puisse donner
une place plus certaine, je pourrais encore établir la chronologie à peu près assurée du roi
Serpent, du roi Den, iVAdârep, de Mersekha et de Qâ. Quant aux autres, je ne puis m'em-
pêcher de penser que toute tentative faite à présent pour leur assurer un rang- chronologique
est une tentative prématurée et condamnée à un insuccès certain : le temps n'est pas encore
venu de cette chronologie et il faut que de nouvelles découvertes nullement improbables vien-
nent nous apporter de nouvelles données. Si l'on acceptait l'ordre que je viens d indiquer
et qui me semble et le seul logique jusqu'à l'épervier A]iâ, et le plus probable pour les rois
d'Abydos, j'estime que ce ne serait pas un mince résultat. Si l'on objectait en outre que les
inscriptions elles-mêmes parlent de conquêtes faites sur les peuples du nord, je répondrais
que J'expressiou nord est une expression très élastique, se déplaçant selon le besoin et que,
comme je l'ai dit, même dans l'extrême sud, le village le plus au sud a toujours un village
voisin qui est situé à son nord. Les Égyptiens en s'orientant vers le Sud ont voulu
par cet acte rendre un hommage de respect à la partie de l'Afrique dont ils étaient venus
et cet hommage s'est perpétué à travers les siècles, alors même qu'ils en avaient perdu le
sens originel. C'est tout ce qu'il me semble possible d'affirmer en tenant compte des règles
de la plus élémentaire prudence en un sujet aussi difiicile.
Le lecteur aura vu que, dans la précédente chronologie, j'ai soigneusement évité la
question des dynasties divines; mais je veux avant de terminer cette étude lui dire que je
n'ai pas abandonné une seule de mes vues. Tout d'abord pour le tombeau d'Osiris, je crois
toujours, et j'en suis certain, avoir trouvé à Om el-Ga'ab, non pas le tombeau dans lequel
fut enterré Osiris tout entier, mais l'un des tombeaux dans lesquels ou croyait en Egypte
posséder l'une quelconque des parties du corps divin. A Om el-Ga'ab, c'était la tête qui était
gardée, ainsi que la tradition tout entière de l'Egypte l'attestait et l'atteste encore. J'ai cité
dans le quatrième volume des Nouvelles fouilles d'Abydos les textes qui le prouvaient; je n'y
reviendrai donc pas; mais j'en ai trouvé un nouveau dans le Dictionnaire Géographique de
Henri Brdgsch et, pour en avoir le cœur jiet, je me suis adressé à l'homme que je regarde
comme le plus compétent en démotique, JI. Revillout, qui a bien voulu me transcrire le
texte du papyrus de Leyde et il y est parfaitement question de la tête d'Osiris que l'on
conservait en Abydos. Voici le texte : «Il glorifie Osiris, le roi du monde des profondeurs,
le maître de l'ensevelissement, celui dont la tête est dans la ville de TJiinis, son pied étant
dans la ville de Syèue, celui qui est plein de sollicitude pour la ville d'Abydos, etc.»^ Le
'■ Brugsch, Dict. Géogr. p. 280 pour le texte et 281 pour-l.i traduction.
168 E. Amélineau.
texte que M. Kevillout a bieu voulu transcrire pour moi est le suivant : ^^ 0 >)" SI)
^(j(|®()^2ii^L! flT"®^ o ^5Pf y^®, etc.Ml n'y apasàtergi-
verser, Osiris est bien appelé celui dont la tête est à Thinis, celui qui prend plaisir à Aby-
dos (osLi op«w hcêcotI. De plus dans la liste des reliques d'Osiris, H. Brugsch met pour le nome
abydénieu le texte tel qu'il l'a lu encore sur les murailles d'Edfou, texte qui a sans doute
disparu à l'heure actuelle puisqu'on n'eu trouve pas trace dans la publication qui a été faite
du grand texte géographique de ce temple dans les Mémoires de la Blission française au
Caire,^ à savoir: H w^-xR T© )«*— =" |: c'est-à-dire: le nome de ">6>, (Tbinite) dont la
métropole est Abydos t'apporte la tête du Dieu.' Il uy a donc nulle ditticulté à avoir, car le
signe -ya-. est employé pour écrire la ville d'Abydos et il représente, comme je l'ai dit, la
jarre dans laquelle on mettait primitivement le cadavre ou plutôt le squelette,* et même, dans
le texte, l'enseigne du nome Tbinite est la tête d'Osiris sur un pavois.^ Si j'avais malheureuse-
ment négligé de faire le procès verbal de la découverte du crâne que j'ai rencontré dans
le tombeau d'Osiris, je le répète, quels cris n'eût-on pas poussés! je l'ai fait, on a poussé
des cris en sens contraire, on a crié à mon absurde naïveté : serait-ce donc que j'ai bien
tenu la conduite que j'avais à tenir?
Ou a d'autre part voulu expliquer que les habitants d'Abydos avaient choisi un tom-
beau — le tombeau du roi Djer, eu l'espèce — pour en faire le théâtre du culte osirien
dans la nécropole d'Abydos : je n'en sais rien pour ma part, pas plus que ne le savait
M. Maspero quand il a émis cette hypothèse,'' pas plus qu'il ne le sait aujourd'hui; mais ce
que je sais, c'est que jamais on n'a trouvé dans un tombeau un monument apporté d'ailleurs,
un monument se rapportant directement au culte d'Osiris, à savoir le lit sur lequel il est
représenté et dont un moulage existe au musée Guimet. Quand ou aura cité un autre exemple
semblablement probant, c'est-à-dire d'un mort qui usurpe après sa mort le tombeau d'un roi
qui ne devait exister que longtemps après lui, alors il sera temps de s'apprêter à la discus-
sion : jusqu'à ce tour, je reste en possession de mon droit à affirmer que j'ai bien réelle-
ment découvert le tombeau d'Osiris à Abydos.
M. Petkie, il est vrai, pense que le tombeau que j'ai découvert à Abydos est celui du
roi Djer que l'on avait choisi pour être le lieu officiel du culte d'Osiris mort, car le temple
' Lettre de mai 1906. sans autre date plus précise. Je dois dire ici (|u'auparavaut j'avais fait trans-
crire le même passage du papyrus de Leide par un des mes élèves, ]\I. Noël Giron, et c'est après avoir vu
que sur sa copie il s'agissait bien de la tête d'Osiris, que je me suis adressé à M. Eevillout dont l'autorité
est si grande. M. Noël Giron ira loin, s'il continue d'étudier sérieusement.
^ Tome X, p. 339.
" Brugsch, Dictionnaire Géographique, supplément, p. 1359. DiJuncHEN de même a aussi publié le
texte d'Edfou dans les Geographische Inschriften. pi. LXI; J. de Eougé de même. Notices et inscriptions
recueillies à Edfou, pi. CXXXIX. mais le passage relatif an VIII» nome est détruit.
* E. Amélineau, Nouvelles fouilles d'Abydos, IV: cf. Sphinx, V, p. 240 sq.
'■ Brugsch, Dict. Géograph., suppl., p. 1375.
" Compites rendus des séances de l'Académie de I. et E., L.. mai 1898.
Chronologie des rois de l'époque archaïque. 169
d'Osii-is sis au village actuel d'El-Kherbeb, un peu au nord-ouest, suffisait au culte d'Osi-
ris-Dieu, et il croit pouvoir assigner l'époque à laquelle eut lieu ce changemeut ou plutôt cet
établissement d'un lieu de pèlerinage ayant pour but d'honorer Osiris : il fixe la XVIIP dy-
nastie; pour un peu il dirait sous quel roi se produisit ce phénomène religieux, mais il
hésite entre plusieurs rois. Cependaut il serait bien étonnant que si une telle crise de mysti-
cisme religieux se fût produit à cette époque, elle n'eût pas laissé de traces par un monu-
ment quelconque. Or, personne n'a trouvé ce monument : on en a au contraire trouvé d'autres
plus anciens, comme cette table d'offrandes du nom d'Ousortesen I" en l'honneur de son
grand père Mentouhotep, le dernier roi de la XP dynastie, lequel n'était comme jusqu'cà mes
fouilles que par son prénom Sônekhkara. Mais il existe dans les musées bien d'autres monu-
ments, publiés ou encore inédits, qui prouvent d'une manière indubitablement péremptoire que
le culte d'Osiris existait dès la XIP dynastie et qu'il était reconnu de toute l'Egypte, puisque
les rois de cette dynastie envoyaient leurs grands officiers pour mettre tout en ordre et
assister aux cérémonies reproduisant trait pour trait les différentes phases de la passion
d'Osiris, absolument comme on reproduisait au moyen âge les traits divers de la passion du
Christ dans des cérémonies dont le dernier écho nous est parvenu dans les Mystères du
théâtre. Or, en 1906, M. Schafer du musée de Berlin a publié une étude sur une stèle de
ce musée et il a intitulé cette étude : ^Les mystères d'Osiris à Abydos sous le roi Sesos-
tris III,' d'après la stèle du grand maître du trésor Ai-kha-nofret.»^ Dans cette étude que je
connais seulement depuis quelques mois, M. Schafer admet parfaitement que c'est le tombeau
d'Osiris qui a été trouvé a Om el-Ga'ab, quoiqu'il partage cet honneur entre JI. Pétrie et
moi, et cela m'est assez indifférent, car tout le monde sait que lorsqu'une chose est une fois
découverte on ne peut plus la découvrir, et c'est bien moi qui ai découvert ce tombeau.
Il semble repousser de plus la théorie de M. Pétrie dans une phrase quelque peu obscure :
«On put bien découvrir un beau jour que la sépulture ruinée d'un roi oublié depuis long-
temps était le tombeau d'Osiris, mais il est impossible de penser que, lorsqu'eut lieu cette
découverte, déjà en quelque sorte un autre endroit de la même nécropole situé tout auprès
aurait joué le même rôle dans le culte, des siècles durant. Si donc nous trouvons dans notre
iuscription, au Moyen Empire, mention du tombeau d'Osiris en Abydos, nous ne pouvons le
chercher qu'au même endroit où il se trouve quatre cents ans plus tard, c'est-à-dire dans le
tombeau de Djtr à Om el-Ga'ab.»^ M. Schafer admet donc que le tombeau d'Osiris se trou-
vait dès la XIP dynastie dans la tombe du roi Bjer, roi oublié depuis longtemps, ajoute-t-il.
Je serai bon prince et me contenterai pour le moment de sa déclaration : il lui restera à
expliquer comment il regarde comme probable que la substitution de la tombe d'Osiris à celle
de Bjer ait pu se faire à la XIP dynastie : dans une pareille question, plus on se rapprochera
de l'époque archa'fque, plus une semblable substitution se prouvera difficile à admettre, car
plus elle sei-a opposée un sentiment vif et profond qui s'attachait au Culte des Ancêtres.
Dans la stèle du musée de Berlin, Aikheruofret raconte qu'il fut envoyé par le roi
Ousortesen III pour inspecter les œuvres d'art se rapportant au culte d'Osiris à Abydos.
' C'est aussi que les égyptologues allemands, et d'autres, désignent les Ousortesen.
- H. Schafer, Die 2Iijsterien des Osiris in Abydos tenter Kônig Sesostris III.
^ H. Schafer, Die Mysterien des Osiris in Abydos, p. 29.
22*
170 E. Amélineau.
Après les avoir mises ou trouvées en bon état, il raconte ainsi la part qu'il fut aux fêtes
d'Osiris qui eurent lieu cette année, laquelle fut sans doute la 19'^ du règne de ce roi: «Je
réglai les préparatifs de la sortie d'Apouaïtou,^ lorsqu'il alla pour aider son iière; j écartai de
la barque Neschemt les étrangers renversés; je mis à terre les ennemis d'Osiris. Je réglai
la grande sortie du Dieu et le suivis en sa marche. Je lis s'avancer la barque divine,^ et
Thot (dirigeait'?) le cours de la procession. Je munis d'un reposoir la barque du maître
d'Abydos celle qui paraît en vérité; je solidifiai ses belles couronnes, afin qu'il se rendit
dans le territoire de Peqer. Je disposai les chemins du Dieu vers son tombeau dans Peqer;
je vengeai Ounnofer dans ce jour du grand combat; je renversai tous ses ennemis sur (l'eau?)
de Nedit.»^ Et alors au milieu des acclamations la barque sacrée revint prendre sa place
dans le temple d'Osiris à Abydos, jusqu'à la prochaine fête.* Je crois qu'il serait difficile de
demander un texte plus clair. On part du temple, on se dirige vers le tombeau d'Osiris si-
tué dans un endroit qui s'apelle Peqer; puis, les cérémonies achevées, on repart de Peqer
et l'on revient au temple d'Osiris. Il n'y a pas possibilité d'être plus clair et par conséquent
toutes les objections, qu'on m'avait soulevées comme à plaisir, tombent devant ce texte si
clair : le célèbre escalier d'Osiris existe bien à Peqer, puisque son tombeau y était aussi ;
cet escalier ne se trouvait donc pas dans le temple d'Osiris à Kom-es-Soultau, comme on
l'avait prétendu. Il ne reste plus qu'à indiquer d'après les textes égyptiens où était situé ce
Peqer.
M. Maspero eu a très bien indiqué l'emplacement dans la note suivante : «Le Ro-
Peqaït, ou Eo-Peqarit, était situé dans VOuou Peqaït ou Peqarit, situé lui-même à l'occident
d'Abydos. Le nom signitie littéralement Bouche de la fente, et désigne la fente, la fissure,
par laquelle le soleil descendait dans le monde de la nuit.»^ On ne saurait mieux dire, à
l'exception que cette fente conduit, non pas dans l'autre monde ou le royaume de la nuit,
mais à l'oasis d'El-Khargeh, et cela aujourd'hui comme autrefois. Elle est située presque
en face du tombeau d'Osiris, un peu au sud-ouest, et elle est faite d'une véritable fente qui
s'est produite à cet endroit dans la montagne libyque et qui permet d'escalader commodé-
ment le haut plateau par lequel on se rend à l'oasis d'El-Kargeh. Qu'il y ait dans l'année
un jour où le soleil semble disparaître derrière cette fente, cela se peut: mais ce n'est pas
pendant les mois de l'hiver où il se couche plus au nord. Le mot ^ "^"^ désignait donc
toute la plaine dans laquelle se trouvait la nécropole d'Om elGa'ab. On s'3^ rendait du temple
d'Osiris en suivant le cours du torrent que forment les eaux après un fort orage en descen-
dant vers la plaine; c'est à l'endroit où il fallait quitter ce lit des eaux que l'on avait bâti
une petite chapelle qui servait de reposoir, et qui existait dès le temps de Eamsès II, et
sans doute bien auparavant : c'est ce que Mariette appelait le petit temple de l'ouest. On
se dirigeait alors en traversant le lit desséché des eaux, en montant à gauche de la pre-
mière butte, et l'on suivait aussi la gauche du premier plateau jusqu'au delà de la quatrième
' C'est le nom du chacal ouvrant les chemins, c'est-à-dire guidant.
- Il s'agit de la barque que les prêtres portaient sur leurs épaules, ciminie l'arohe d'alliance <les Israélites.
' Lac mythologique qui joue un rôle considérable dans les textes des Pyramides.
■* ScHAFER, loc. cit. p. 20— 30.
^ Maspero. Etudes de mythologie et d'archéologie cgi/ptienne, I. p. 14. note 1.
Cheonologie des rois de l'époque archaïque. 171
butte sons laquelle était le tombeau d'Osiris et où l'on trouvait la plate-forme en terre qui
permettait d'arriver au tombeau et d'exécuter les diverses cérémonies des mystères d'Osiris.
Ces cérémonies devaient se célébrer au mois de Koiakh, comme dans toute l'Egypte. Ce
n'est pas ici le lien de dire tout au long ce qu'était le tombeau d'Osiris; je le ferai sans
doute quelque jour, puisque je me trouve jeté presque malgré moi dans ce difticile sujet:
il me faut seulement essayer de pousser plus loin ma démonstration et de montrer que ce
tombeau existait dès l'Ancien Empire et même dès les temps préhistoriques. Quand les Égyp-
tiens veulent parler des temps les plus éloignés, ceux dont ils ne savent rien, ils emploient
une expression bien connue : © ®, c'est-à-dire : '-la première fois», au premier temps, au
temps le plus ancien avant lequel il n'y en avait pas d'antre et qui était le premier. Or.
sur une statue de notre musée du Louvre, cotée A. 66, un grand prêtre d'Osiris à Abydos,
nommé Ounnofer, dit en parlant de lui-même et de son rôle dans les mvstères de son Dieu :
^^^ -c,;^ c'est-à-dire : «J'ai apporté les couronnes des morts, j'en ai orné le Dieu: j'ai
prononcé les litanies de louanges à Hoijeqert, son lieu brillant de la première fois. L'ex
pression " g. veut dire : depuis le commencement en général, depuis la première fois.-
11 n'y a donc pas à en douter, le tombeau d'Osiris existait à Peqert depuis si longtemps
que le temps où il avait été construit apparaissait aux Egyptiens eux-mêmes, comme le com-
mencement de toutes choses. Et maintenant je le demande, que peuvent contre ces textes
les pauvres petites affirmations de M. Pétrie? Je pourrais triompher ici et demander qui de
nous avait raison : je n'en ferai rien, je laisserai à mes lecteurs le soin de tirer eux-mêmes
les conclusions qui doivent être tirées de ce qui précède, et j'arrêterai ce que j'ai à dire à
propos du tombeau d'Osiris, non pas que je n'aie plus rien à dire, plus de textes à citer,
mais parce que je juge en avoir cité assez désormais et que ceux qui me restent nie seront
utiles au moment voulu.
Il me reste encore à parler de Set et de Horus. Sur ce sujet je serai très bref Je
n'ai aucun texte nouveau à citer et jusqu'ici l'on n'a pas répondu à ceux que j'ai cités. Je
continue toujours de croire que le tombeau des deux Dieux Khasekhemoni est bien le tom-
beau de Set et Horus; la position particulière de leur tombe commune et de celle de
Perabsm qui ne sont ni l'une ni l'autre entourées de la suite de leurs officiers royaux, me
paraît avoir été motivée. Ce motif, je le trouve dans la légende et le rôle ([u'attribue cette
légende aux princes de la suite de Set. Mais je suis le premier à dire qu'oxrtre les textes
que j'ai cités dans mon IV'= volume des Nouvelles fouilles d'Abydos, je ne peux aujourd'hui
eu apporter aucun autre. Peut-être le pourrai je nu jour, ou peut-être apportera-t-on aux dé-
bats des preuves qui modifieront mes vues; mais jusqu'ici je dois dii-e que ces preuves n'ont
pas été apportées. La jiréseuce des deux animaux symboliques sur le haut du rectangle et
le nombre inusité de ceux qui habitaient la tombe, nombre que les fouilles ont démontré
être de deux, restent toujours les plus fermes appuis de ma théorie.
Châteauduu, novembre 1907
' Cf. De Rougé. Kotices des monuments exposés dans la galerie égyptienne du musée du Louvre. A 66.
' Brcgsch. Dictionnaire hiérogli/phiqtie. p. 1200.
172 E. Amélineau. Chronologie des rois de l'époque archaïque.
J^ota. — Je dois ajouter ici quelques mots d'explication sur la date tardive à laquelle
paraît cette tin d'étude. Le manuscrit tout entier en fut remis à E. Kbvillout en l'année
1907, comme le prouve la date de la première partie. Cette première partie parut avant le
livre auquel je fais allusion, à savoir mes Prolégomènes qui virent le jour en 1908. E. Re-
viLLODT m'avait bien promis de le faire paraître tout de suite; il est mort avant d'avoir
tenir sa promesse, quoique sept ans se soient écoulés depuis qu'il l'avait faite. Ces obser-
vations expliqueront au lecteur comment il se fait que je n'ai pas cité des travaux parus
depuis la date de 1907. Je n'ai pas varié dans mes opinions depuis i]ue j'ai écrit l'article
précédent; le retard mis à l'apparition de ces opinions n'a même fait subir aucun préjudice,
je crois, à leur expression. Je suis même arrivé à trouver des textes que je pul)lierai ailleurs,
lesquels démontrent que pour le tombeau de Set et Horus, de même que pour le tombeau
d'Osiris, je suis dans la vraie tradition de l'Egypte, qu'on en pense ce qu'on voudra. Et
maintenant je m'excuse près de mes lecteurs d'avoir retenu si longtemps leur attention et
je m'en excuse en disant que pareille chose ne m'arrivera plus : je n'écrirai plus dans cette
Revue et mon nom disparaîtra de la couverture.
Châteaudun, 9 janvier 1914.
L'impression de ce fascicule a été retardée par la mort de 51. Eugène Revillout, dont
les derniers articles insérés ici resteront malheureusement incomplets. Une notice sur le
savant, qui a donné à cette Revue tant de son labeur et de son érudition, paraîtra dans le
prochain numéro. La Revue Êgyptologique continuera sa publication sous la direction de
JL A. MoRET, professeur à l'École des Hautes Études, conservateur du Musée Guimet à Paris.
E. L.
L'Éditeur Ernest Lekodx, Propriétaire-Gérant.
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