Skip to main content

Full text of "Revue Égyptologique"

See other formats


«^:a^.-z!iv 


%<rî'i^^  ^r« 


:^>5^' 


V'*'. 


-ïi^v 


^.^ 


-"^ 


.^^^<. 


r-. 


M' 


^Ir 


À  »  Jk 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2010  with  funding  from 
Brigiiam  Young  University 


http://www.archive.org/details/revuegyptologi14pari 


REVUE  ÉGYPTOLOGIQUE 

PUBLIÉE  PAR 

M.  EUGÈNE  REVILLOUT 

AVEC  LA  COLLABORATION  DE 

:\rM.  AMÉLINEAU,    BIGOT,    BISSON  DE  LA  ROQUE, 

DELAPORTE,  GIRON,  MALLET,  PATURET, 

ABBÉ  SAINT  PAUL  GIRARD 


QUATORZIÈ]\IE  VOLUME 


LABOBEMUS  ! 


PARIS 

ERNEST  LEROUX,  EDITEUR, 

LIBRAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ASIATIQUE 
LËCOLE  DES  LANGUES  ORIENTALES  VIVANTES.   KTC 
28,  RUE  BONAPARTE,  28 

1914. 


VIENNE.  —  TrP.  ADOLPHE  HOLZHAUSEN, 

IMPRIMEUR  DE  LA  COIIR  I.  *  R    ET  DE  L'UNIVERSITÉ. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Numéros  I — II. 

Page 

Le  Kouii.  Dialogues  l)llil<)^^(ll)lli(|lR■s  (suite)  (EroÈNE  Kevillout) 1 

Textes  coptes,  extraits  de  la  correspomlance  de  S'  Pésunthius,  évoque  de  coptos  et  de  plusieurs  docu- 
ments analogues  (juridicpies  ou  éconouiiinies)  (suite)  (Eugène  Revillout)     22 

Papyrus  magique  de  liOndres  et  de  Leide  (suite)  (Ei;oène  Kevillout)     33 

Notes  A  et  B 37 

Textes  démotiques  d'époque  pt<>lémaï(|ue  et  romaine  transcrits  en  hiéroglj-plies  (Eugène  Kevillout)   .  39 

Contrats  démotiques  archaïques  du  Musée  Kylands  (Eugène  Kevillout) 69 

Les  vignettes  du  jiapyrus  Khind  n"  1  (le  Prof.  E.  Kevillout) 77 

Mémoire  sur  la  vocalisation  hébraïque  (Eugène  Kevillout) 82 

Un  contrat  d'aliénation  d'une  maison  par  voie   d'échange   sous  l'ancien  empire  égyptien  (Eugène  Ke- 
villout)    87 

Deux  contrats  démotiques  arcliaùpies  (Eugène  Kevillout) 92 

Bibliographie 92 


Numéro  III. 

La  grammaire  copte,  publiée  dans  les  origines  hiéroglyphiiiues  et  démotiques  (Eugène  Kevillout)  .  .  93 

La  bibliothèque  du  Sérapéum  d'Alexandrie  (Eugène  Kevillout) 101 

Le  syllabaire  démotique  (le  Professeur  D''  Eugène  Kevillout) 112 

Le  iiapynis  médical  copte  de  Meschaïch  (Fr.  A.  Deider  0.  P.) 117 

Première  partie.   Caractère  généraux  du  papyrus      119 

Livres  et  revues  (Eugène  Kevillout) 121 


Nl'MÉItO    IV. 

Mémoire  sur  la  vocalisation  hébraïiine  (suite)  (Eugène  Kevillout) 127 

La  grammaire  copte  étudiée  dans  ses  origines  hiéroglyphiipies  et  démotiques  (suite)  (Euègnk  Kevillout)  133 

Sur  un  cas  d'inceste  imputé  au  roi  Snel'rou  (Henri  Sottas) l.">0 

Chronologie  des  rois  de  l'éi)oiiue  archaïque.  Étude  sur  les  divers  systèmes  proiiosés  (suite)  (E.  Ahèlinkau)  153 


REVUE  ÉGYPTOLOGIQUE 

PUBLIÉE   PAR 

M.  EUGÈNK  REVILLOUT. 

AVEC  LA  COLLABOKATIOX  DE 

MM.  AMÉLINEAU,   BIGOT,  BISSON  DE  LA  ROQUE,  DELAPORTE,  GIRON, 
MALLET,  PATDRET,  ABBÉ  SAINT  PAUL  GIRARD. 

EKNKST  LEROUX,  ÉDITEUR 

LIBBAIRE  DK  LA  SOCIÉTÉ  ASIATIQUE,  DE  L'ÉCOLE  DES  LANGUES  ORIENTALES  VIVANTES,  ETC.  ETC. 

28,  KUE  BONAPARTE.  28,  A  PARIS. 

XIV  Volume.  N°^  I-U.  ]  1912." 

La  BEVUE  EGYPTOLOGIQUE  parait  loua  les  troh  moit  par  numéro»  de   »ix  feuillet  au   moins,  avec 

planches,  fac-similé  etc.  —  Aucun  tiuméro  ne  se  vend  séparément. 

l'rijc  de  fabonnrmrnt  annuel  :  fnris  30  fr.  —  Dèparletnenis  31  fr.  —  Ètrangrr  3'i  fr. 


Sommaire  :  Le  Kouti.  Dialogues  philosophiques  (suite),  transcrits  et  traduits  par  Erf;i  ne  Revillolt.  —  Textes  copte?,  extraits 
de  la  correspondance  de  S' résunthius,  évoque  de  coptes  et  de  plusieurs  documents  analogues  (iuridiqaes  ou  écono- 
miques) (suite),  par  ErGKNE  Rkvilloct.  —  i'apyrus  magique  de  Londres  et  de  Leide  (suite),  par  KiutKE  Revilloci. 
—  Notes  A  et  B.  —  Textes  liémotiques  d'époque  ptolémaïque  et  romaine  transcrits  en  hiéroglyphes,  par  El'Gé.ne 
Revillout.  —  Contrats  démotiques  archaïques  du  Mus<'!e  Kylands,  par  Ecgése  Revilloct.  —  Les  vignettes  du 
papyrus  Rhiad  n"  1,  par  le  Prof.  E.  Revilloct.  —  Mémoire  sur  la  vocalisation  hébraïque,  par  EfcÉXE  Revilloct.  — 
Un  contrat  d'aliénation  d'une  maison  par  voie  d'échange  sous  l'ancien  empire  égyptien,  par  EcQÉNE  Revilloct.  — 
Deux  contrats  démotiques  archaïques,  par  Ecoi.sE  Revilloct.  —  Bibliographie.  —  Quatre  planches  pbutotypiques. 


AVIS. 
Le  texte  que  je  vais  tradiiiiT  est  de  telle  nature  que  je  m'excuse  d'avance  de  le  publier  ici  i»  e.Ttenso 
pour  les  seuls  savants  que  la  luvthologie  antique  intéresse. 

K.  H. 

LK  KUUFL 

dialogues  philosophiques. 

trassckits  et  traduits  par 
Eugène  Kevillout. 

tSuito.) 

§  C.  Ironies  mythologiques  de  la  chatte  éthiopienne  sur  le  chacal  singe  paraissant  vouloir  la  séduire. 

A.  Le  Koufi  amant  divin. 
Vlll.  is.  Ejf-ce  c|U('  c'est  ton  action  île  faire  imprégnation,'  afin  que  je  suspemle' 
\  111.  19.  pour  toi   ru'uf'  (l'ovaire)  de   .Sekiiemt'  :  car  c'est  le  niaitro"  des  dieu.x   ipii   fait  être  le 
liquide  (eré.atcur)  des  os."  Tu 


Vlll.  18. 
Vlll.  111. 


(2 


«tèles  biUnguos.  >  imCi.  '    HivC. 


1 


Eugène  Revillout. 


VIIl.  20.  Cdurs'  vers  la  constoUatidii  diviiu'.'  car  tu  es  le  maître  des  veilles.'  Jloi,  je  suis  celle-là 
(Sekhenit).    Ma  main 

VIII,  21.  est  étendue.  Je  mettrai  mes  fr'"'f'c'*<*  derrière  t(ii  pour  l'amener,  car  ainsi,  ce  qu'elle  dira 
(ma  main),  tu  le  feras. 

VIIl.  22.  0  l'unique  dieu  îtinus'.  Que  cela  soitl  On  dit  de  toi  :  «le  maître  des  taureaux.''  pour  faire 
recevoir  le  iihallus  aux  vulves >." 

VIII.  23.  Moi,'  je  suis  la  vulve,  qui  reçoit  le  phallus,  la  mère,  (pii  fait  {sic)  vivre  le  Dieu,  le  ventre,' 
(pn  est  invoiiué' 

VIIl,  24.  par"  les  compagnons"  devant'*  et  derrière,"  à  savoir'^  (pour)  la  cliute'^  de  la  femme 
qui  veut  '"  enfanter,^'  Invoque 


VIII,  20.  A. 

D 


mes' 


■Tli 


VIIl.  21.  '^[](e( 


0^' 


i 


^v 


VIIl,  22. 


ei 


"Ul- 


'^1 


VIII,  23. 


c?e 


>*i^TP°f-^l 


en© 


™--k^-r^-î2i:^-^ii^p:«^™a- 


A. 


D    D  ii^ 

'  OTpujC.  Le  détcrminatif  co     =    ^/C    =  .^^ 


Voir  ce  mot  Rev.  XIII,  p,  25,  1.  2  et  note  2.  La  constellation  des  dieux,  c'est  le  panthéon  égyptien. 


W 


■"  <oiy. 


Pour  cette    particule   voir  la  chronique   dcmotique    et  mon 
"    nèkOOT. 


"  ace. 


1  A' 


"  Le  verbe  mer  vouloir  (ou  aimer)  prend  toujours  dans  le  Konfi  le  déterminatif  de  l'urœus. 

^'  Mec,  Mice  enfanter  s'applique  aussi  jusqu'en  copte  à  la  génération  masculine.  Ceci  a  été  un  des  sujets  de  discussion  entre 
Cliabas  et  Gréhaut.    '\>pc'4  .MICI  l'enfanteur  signifie  le  père. 


Le  Koufi.  3 

VIII,  25.  Bast,'  celui  ([«'on  amf'iio  avant  la  conoeption,*  pour  qu'ils  enfantent'  (sic)  dan»  le  si-jour 
oii  leur  nirre  les  a  amenés 

VllI,  26.  encore.*  C'est  la  déesse  de  la  chair,''  (pii  est  la  <livinit('  (prou  invinpiera,  (elle  cpoc,)° 
pour  la  faire  toud)er'  (la  femme), 

VIII,  27.  pour  (pi'elle  (se)  fasse  être  un  niaitre  par  devant  et  par  derrière*  dans  la  j)e/( /i€f  (ilerriére 
devant),'  en  sorte  (pi'on  dise  cela  comme  nom  à  la  part  réser\ée,'°  qui  est  dans 

VIII,  28.  les  temples"  d'Éj?ypte.    C'est  le  niystf-rc"  de  la  déesse,  celui-là  encore! 

—  Elle  dit  :  Je  suis 

VIII,  29.  celle-là  (cette  déesse)  en  sa  main  à  lui! 

B.  La  peinture  de  l'image  de  Bast. 

—  C'est-1;\  la  peinture"  (pi'on  explique"  ain.-ji  sur  le  ventre  de  Bast. 


^■'"■-'■^imtm'7¥\-^-?'7¥- 


'^■kriSà^'^ 


VIII,  27.   M  Q. 

VIII.  29.    \q.  — .■.•|,   Û  (2'^.=^1 


if^rzmr. 


'  Le  (léterrainatif  du  feu  est  BoOTOnt  intercalé  avant  le  ~  au  nom  de  Dast  -  la  Vénus  égyptienne,  la  déesse  chatte,  forme 
adoucie  do  la  déesse  lionne  •«;fem(  ou  textt,  conf.  Koufi,  VI,  7.  >  â^  ^^  wu,  OTCO-  •  Voir  une  des  notes  précédentes. 

'  A.   OU,    3    '^    ?    '"  '■'   "■''  "''•  ""-'  0      <?     1    "'''°   *'''l   *'^- 

»  Koufl  XI,  4.  Conf.  o^â/ll  '"  '^"'  "''''"''  °"  céleste,  qui  est  adjurée  comme  une  divinité,  Koufl  IX,  83.  Ici  le  signe  \ 
intervient  deux  fois  :  d'abord  commo  syllabiiue  ab  avec  le  complément  phonétiquo  b,  puis  commo  détcrminatif  du  mot  An  on  ahl  ehoir, 
cette  fois  un  peu  déformé.    D.-in8  le  facsimile  viennent  enfin  les  détorminatifs  des  déesses,  le  I  et  l'œuf  et  le  jj. 

'  ^^  =  To.  '  ç^Ci    FD  0  0  A.  "   T^H  n«.20ip. 

»  Le  mot       ^^  9  ^  ou       ^'^  Q      ^      est  une  variante  ■'>'    D  X  ^   C""'"-  '*'"'.  *•■  «»'•  «»iKn«nt  un  réduit 

mystérieui  et  sacré  (voir  Lcvi).  En  définitive,  on  fait  jouer  ainsi  i  V  ,  simple  lettre  complémenUire  du  syllabique  pth,  un  rôle  qu'il  n'a 
pas.    Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  dans  les  temples  de  basse  époque  une  des  salles  était  en  l'honneur  de  l'accoucbemcnt  de  la  déesse. 

"I  oo  ou  TO.  part  qu'on  emploie  sans  cesse  dans  les  contrats  de  partage  démoliqnes,  a  ici  le  détcrminatif  du  bois  se  rapportant 
à  un  saccllum  ou  cliapcllo.  <■  piie  est  traduit  par  lEpov  dans  les  décreU  trilingues. 

I,  I    ^    I     n'— ^^'  ïg\      niyslèro.  "      ]    O    modeler,  figurer   comme  |T|    I  lliluel  lOï,  lï!i,  Naville,  LiUnie  de 

soleil  2.3    Conf.  "l     [ipl  f'c.  IV,  ta  et  '.H,  IG.     j"  trelare,  macinare;  Levi  :  «pondre»  et  engins  colorants.  *  ^\A 

I    rEI  I   OOO  —>—:^ii 

expliquer,  énoncer. 

1* 


Eugène  Revillout. 


VIII.  30.  Elle  est  (cette  peinture)  en  face  de  vautour'  sur  scm  ventre:  en  face  de  sistre  îi  tête  de 
taureau*  sur  son  derrière  que  sou  aile' 

VIII,  31.  couvre {?).■*  Il  indicjue  (l'auteur)  le  vautour  fenullc  pour  la  mère,  qui  donne  la  vie.  Il 
indique  le  sistre  à  tête  de  ta\ireau 

VIII,  32.  en  ce  qui  touche  la  vulve,  qui  reçoit  le  pliallus.  Il  a  iilacé  ces  choses  sur  l'ima-fe'  (de 
Bast),  afin  de  pacifier*  la  déesse  par  là  en  prenant  ainsi  ; 

VIII,  33.  Toi,  tu  es  la  dame  qui  (hmne  la  vie  aux  uiiMes  et  aux  femelles.' 

C.  La  fiancée  du  lioti  hos. 

VIII,  34.  Les  divines  puissances'  (mt  pris*  la  main  de  la  princesse, 

IX.  1.  qui  est  dans  la  maison  royale.'"  i)arcc  que  la  vulve  de  la  jouvencelle,  de  la  nl^re  qui  donne 
la  vie,  celle-là!  on  la  fera  se  tenir  debout 

vin.3o..(l(l^^e  — ^g(][l^^^.e^P^(l(l^^^?^^(j{l 

I     I     I 


-"-PT^q^'i: 


I  nOTpi.  a  On  le  nomme  souvent  sistre  à  tête  de  vache  on  d'Hathor.  Mais  ici  l'intention  du  taureau  mâle  est  évidente. 

3  TtY^.  4  Sfi  parait  le  factitif  de  fi  porter.  Mais  le  sens  paraît  être  celui  que  nous  indiquons.  Voir  les  Isis  dont  les  ailes 

sont  ramenés  sur  le  devant  des  jambes 

*  Voir  dans  le  numéro  précédent  notre  étude  sur  Kosette.    Ainsi  que  l'a  dit  Bmgsch,  s€-/em  signifie  image  et  le  sens  de  sistre 

est  douteux,  en  dépit  du  déterminatif.  ^  Factitif  de  Q€pl       '  ^     (Q", 

ï  Cette  dernière  phrase  résume  et  explique  ce  qui  précède.  Voir  dans  le  précédent  numéro  les  explications  des  phylactères  d'or, 
c'est-à-dire  des  signes  hiéroglyphiques  entourant  l'image  et  le  nom  du  roi  et  traduits  ensuite.  Les  femelles  sont  représentées  par  le 
vautour  femelle,  signifiant  »mère<,  qui  donne  vie  par  son  ventre  à  ses  enfants.  Les  mâles  par  le  sistre  à  tête  de  taureau  (et  non  d'Hathor) 

êtss  r=  ac5  =  ^  ou  ^  .  «  Setna  73,  poème  246.  '  ssli. 


'  Le  gronpc  (  1  ^  •?■  |  0  J  montre  qu'à  la  I.  2  il  faut  lire  (    ^^^  ^  "f  J  P  ]' 


Le  Koufi. 


IX,  2.  (lev.int   le   roi.     Tout   voisin.'   on   offet,   pst    le  lion  hos.*  ^rand    de    puis.sancc.    lils  <le  Bast. 
Il  ;i   (lit 

IX.  3.  ciKdrc  ;  Dan.-*   ma   iiiai.-ioii   royale   ipiils   lassent   .se  présenter^  .se.s   (ils;   car   le.s   iliviues   \>\m- 
sances  ont  pri.s 

IX,  4.  en*  main  la  déesse  et  l'ont  plaeée  dans  m.a  maison  royale  pour  le  lion  Jws.  fils  de  Hast; 

IX,  5.  car  il  est  roi  sur  les  divines  puissanee.s.  Il  est  derrière  moi  pour  se  faire  craindre."*  —  Or  il  est 

IX,  6.  derrière  toi  aussi. 

D.  Le  Koufi,  chasseur  céleste. 

—  Elle"  dit  encore  : 

Tu  es  archer'  (chasseur  de  bête)  par  son  (sic)  carquois,"  car  tu  es  comme  Sothis' 

IX,  7.  pour  créer"  les  choses  ipie  nous  créons.    Moi,  je  .suis  le  vautour  (femelle) 


O.  <2   o 


■='•— ''«:i^:â^^-p^1^-l™w-]31^^fp=- 


?fl^^■ 


Voir  «fil.  XIII,  p.  16,  note  4 

I  ..^^-  ou  lion  fascinateur,  conf.  t.  XIII,  p.  7,  note  i 
Voir  litv.  cg.,  XI,  partie  autoi;rapiiiée  (quelques  sjllabiqne!!),  conf.  litv.,  XIII,  p.  S2,  note 


(quelques  sjllabiqnes),  conf.  Rtt 
is  lo  moyen  empire  jusqu'au  tcm 
le  Leido. 

Une  marque  do  renToi  se  réfère  ici  i  one  note  du  bai  do  la  colonne,  portant  :   |  |  |  |  o  j  vw^A^  @l     ~^  u     11  ^\     1)  r 

s  parle  la  chatte».  Cette  not«  e>t  curieuse.  Hais  nous  r" '-■--  '-  ■-— '-  •   ■ 

mot  signifie  «tireur  de  béto  f^>,  Toir  ansii  poème  sat 


«  &^  TOOT-  yer  toot  est  un  titre  depuis  lo  moyen  empire  jusqu'au  temps  des  décrets  trilinf^ues.    11  note  certains  agents  du  roi 
vsoua  sa  main<.  ■  Cil&T  voir  Pap.  moral  de  Leido. 

•  I 
(J  (I  i-tsi   «Pour  la  7"  fois  parle  la  chatte».  Cette  not«  est  curieuse.  Hais  nous  n'en  pouronscoiistater  la  juttess»,  le  coin  in  o  licorne  M^n 
manuscrit  nous  manquant. 

'  Conf  IX,  1.1.  Le  mot  signifie  «tireur  de  1>ét«  tç>,  Toir  aussi  poème  satyiiquo  et  Rrv.  tg.,  XI  «Quelques  sjllablques». 

'  niTC         Y .  '  Voir  la  décret  de  Cuopo  «t  pins  loin  Koufi  IX,  10.  D'après  cea  diTera  textes,  Sothis  pré.iidait  i  l'année 

par  son  loTcr,  appelé  lever  sothiaque,  et  réglait  ainsi  l'année  dito  sothiaque.     Notre  texte  (loco  citato)  assimile  Sothis  à  Ncith  «la  mère 
du  soleil  >,  qu'ailleurs  (VI,  31  pt  suiv  )  l'autour  avait  assimilée  à  l'abeille. 

-3E— '^'- 


Eugène  Revillodt. 


IX.  8.  recevant  '  le  liâtoii'  des  iihallus  queli-omjites  de  la  ville;  car  le  vauteur  accueille,  avant  mêuie 
que  les  mâles'  ne  la  suiiplient. 

—  C'est  Neitli,*  qui  sera 

IX,  9.  ce  qu'elle  a  été.  sans  que  soit  celui  (jui  l.i  fera  (chaufjer).  Le  sort  de  l'année'  est  venu  : 
celui  qu'elle  amène  (Xeith)  elle-même  —  qui  est  aussi 

IX.  10.  Suthis.  celle-hM  —  pour  qu'on  fasse  toute  chose  selon  le  (sort  tixé)  pour  cette  année  encore. 
On  ne  vient  que  pour  accomplir  l'année* 

IX,  11.  écrite.  Un  vautour  femelle  est  celle  qui  a  puissance  sur  elle.  C'est  elle  (la  femelle  symbo- 
lisée par  le  vautour),  qui  fait  être  le  ciel,  celle-là! 

IX,  12.  C'est  la  déesse  présente,  qui  a  fait  être  quiconcpie'  est  sur  le  monde,  celle-là!  Tous'  (tous 
les  êtres)  sortent'  d'elle. 

IX,  13.  Il  (le  destin  shai)  désire'"  faire  resplendir"  la  déesse  dans  le  mystère,"  pour  modeler" 
l'année.   C'est  une  chasseresse," 


■X..3.  (=)q.=-^-r3Mii:â5i5!"'^^]|-t 


^^-^^-io^T  —  ^i 


'  UJtan    ^\\\  .  '  ijjc  xct.  '   OOOTTT.  '  Konfi  VII,  U.  ■  Voir  Canope. 

"  L'année  écrite,  l'année  prévue  par  le  destin.    Cette  expression  fait  songer  air,  't c'était  écrit»  maktub  des  Musulmans. 

'  niJ*.  Conf.  Rev.  XllI,  p.  3,  note  3.  •  TKpOTS".  '  <::^>  neipe.  '°  Conf.  Koufl  XVIII,  13  et  passim. 


„    Q 


■  Conf.  VIII,  2!l.  "  Conf.  VUI,  2d.  "  Conf.  IX,  6    ^ 


Le  Koufi.  7 

IX,  14.  tirant'  une  fl(Vlii'.'  celle-là.  Va  près  d'elle!  —  Il  (le  destin)  lui  a  donné  un  are'  pour  le 
ciel.*    Les  flèches  sont 

IX,  15.  ses  étoiles,'  celles-là!  Car  dans  la  science  sacrée  de  l'année,  après"  KiOii,'  (le  ciel    J^\\ 

créateur  et  administrateur,)  se  joignent  à  lui 

IX.  U).  les  premiers  nés  de  Kebi"  encore.  Tu  feras  un  (tu  t'y  conl'ondra.s).  ainsi  cpie  les  étoiles 
sans  repos  (les  planettes)  et 

IX,  17.  les  étoiles  sans  mouvement  (les  étoiles  fixes),»  qui  sont  près  du  disipic"  du  soleil  ailé" 
accueillant  ses  enfants  (de  Kebi),  ceux-l;i. 

IX,  18.  Moi.  je  suis  l'aiç^le"  femelle  qui  sort  de  là,   disant  au  soleil   à  savoir  :  Tu   fera.s   un.   ainsi 


IX.  15.  Ts,   U«|i|H]l]e*  1^  iil^?f°'^°^|j^°'o'  ^=.11(1'^* 


s 


,,  ,  ,.^    .>^t-Liec 


IX.  17.     -K     O   IX 


.1 

i¥ITâM^:P 


f)     R    <â  DJX  a  o 

'    llciR  .  •  cfOTe.  •    niTC         Y,   conf.  VIII,  2U  (leçon  do  K.  fautive).  •  TUC    

*  CIOTT.  "  MitiicOk.  *  l'O  ciel   ^    Il  est  au  fûminio,  c'est  uno  déesse  en  hiéroglyphes  et  en  démotiqao. 

*  Avec  le  ronvoràcmont  qnc  permet  le  nom  divin  Kebi,  il  faut  lire  tan  ma  Ktbi  «les  prooiiers  nés  de  Kebi»,  conf.  U|«hMlce, 
U|«wC031lT  .1  ■  I  '  J  \rf  'l'oii  est  Tenn  le  nom  de  2Ia^r7;ptç.  Sayeper  est  on  des  titres  d'Amen.  Voir  aussi  pour  ces  expressions  le  mythe 
de  Noith.  '  l'os  doux  groupes  d'&strcs  sont  appelés  en  hiéroglyphes  :  l»  M  Jir-*  ^^^  fi\A  ^   les  sans  repos, 

f\  ®  — n-^  n  y  A  ®  — <»—       gv.  -r^ 

2°    y   I  'vJL-l  ^   les  sans  mouvement.    Le  démotique  a  changé  M   en   Q  '^\     ^Ç^>    U|HM   l'ctil 

*"  (J  O.    t'."'  1"  disque  a  le  déteruiinatif  abusif  du  hois  à  cause  de  l'instrument  (J  ^^-^, 

ni,  ■>  «kAcoM,   Avec  l'article  masculin,  ce  mot  est  devenu  le  nom  do  St.  Pachome.     On  le  trouve 


q 

sans  cosso  d'aillours  dans  les  tahiai  d'époriuo  romaino  dvmotiqncst  et  bilinf^oes. 


Eugène  Revillout. 


IX.  19.  (lu'.'»  ses  nautoiiniers.'  Il  n'y  a  pas  de  dieu  ijui  te  (résiste).  Il  faut  que  je  consente"  à 
venir  te  ])rier'  on  que  tu  viennes  prier  devant  moi. 

E.  Sekhemt,  reine  du  monde. 

IX.  20.  On  dit  que  l'enfantement  du  monde  est  à  ma  charge,  h  moi  la  femme  uni(|ue.''  qui  soit  au 
monde.  Je  suis  celle-là!  On  ne  dit  pas  qu'enfantement  est  demandé  pour  autre 

IX,  21.  en  dehors  de  moi.  Lorsque  le  seig:neur  m'a  amené  sur  les  suprêmes  sommets,  il  me  tit  dame 
du  monde  entier  encore.    Ces  choses  turent. 

IX,  22.  Le  monde  est  devant  moi  comme  une  boîte,  ^  car  tous  les  mondes  devant  moi  sont  de  la  façon" 

IX,  23.  d'un  nid'  qui  tourne."  N'as-tu  pas'  connu  les  choses  qui  sont  écrites'"  sur  moi  par  la 
main"  du  maître'*  de  la  science? 

IX,  24.  Il  n'a  cessé"  de  rendre  témoignage"  des  choses  qui  sont  sur  le  monde'^  à  mon  sujet.'" 
Il  a  même  fait  connaître  ma  fureur," 


IX,  IP. 


^e' 


IX,  20.    -^^ 


<-a2-- 


IX,21.    ^l|t|     ^     q^^^ 


./v<=.n© 


IX,  22. 


mr^x 


,-0(2^^ 


IX.  23. 


-=<^c^He' 


®  .    iè  ^ 


I?, 


IX,  24. 


e 


1^. 


(S  = 


e 


:]»1' 


*  Voir  Canope  pour  le  mot  khennu  —  périple.  Les  nautonniers  du  soleil,  bien  connus,  s'écrivent  avec  la  même  racine. 
^  Voir  Kev.  ég.,  XIII,  p.  11,  note  4.  ^  Voir  Canope   dont  une  des  versions  rend  AilOii  par  tenu  et  l'autre  par  tehh 

(tcoÊO^).  Voir  Rev.  ég.,  VI,  p.  72,  XIII,  p.  15,  note  1.  Dans  le  sens  interroger  (otno)  de  tenu,  conf.  Bev.,  XIII,  p.  4,  note  5. 
«  0^^*^^^T.  s  Le  mot  aft  «boîte,  caisse»  est  constant.  Voir  les  contrats,  le  règlement  des  envacbytes,  Bbind,  etc. 

^  jA.nç.J\\.OT.  Ce  mot  se  retrouve 


CCOllT. 


"    RtÙTe 

,-mot  :  il  n 


(=3) 


n 


s  cesse  dans  les  décrets  trilingues  et  les  contrats. 

A.  ''  jL  "°   CSHOTS-t. 

3  ®     U 

*est  pas  écarté  OirtI,  mot  fréquent  dans  les  contrats, 

OI  n«-0.  ^"^  Sor  mon  lien.  Mail  est  au  féminii 


.>^SAi]   nTOOT. 
ime  dans  Canope,  etc. 
,  doublon  de  nAVOk.  ^ 


.   '  Le  KouFr.  9 

IX,  25.  lorsque  mon  cœur  est  enflammé.'  (lisant  aussi  la  terminaison''  (de  cette  colère)  que  vou.s  eu 
avez  faite,  mes  enfants! 

F.  La  chatte  n'est  justiciable  de  personne. 

IX,  26.  La  chatte  (ou  la  lionne)  ne  vient  pas  pour  pièce'  ou  action  judiciaire  en  justice*  contre  le 
lézard^  (ou  le  ver  de  terre).    La  reine  du  lézard  e.st 

IX,  27.  la  chatte,  celle  qui,  en  qualité  de  g-rande  reine,  agit,  c'est  celle-là  qui  le  juge  aussi.  La 
reine  vous  écarte"  dehors 

IX.  28.  du  lieu,  et  cela  par  suite  de  l'adjuration'  de  la  chatte,  à  savoir  ;  Adjurée  soit  aussi  la 
chair"  céleste. 

IX,  29.  Les  titres  judiciaires  de  la  chatte  ne  cessent^  point. 

§  7.  L'intervention  du  Koufi. 

A.  Son  effroi. 
IX,  29.  Le  petit  chacal-singe'"  porta  ses  regards" 


■0 


I    I    1 2i'  Ê I      £=■     <:^       ©  I    I    I T  A 


\y' 


IX,  28. 


1  Savoai.  '  .  '  Eema,  pièce  on  action  judiciaire.  Voir  les  contrats,  etc.  et  Revue,  XIII,  p.  17, 

note  2  à  propos  de  Koufi,  VI,  11. 

«  iipi,  oin,    V  I    ^•'   I  est,  dans  le  rituel  bilingue   de  Pamout  et  les  arrangements  judiciaires,  le  mot  qui  désigne  la  justice  et 

les  juges.  >|    "^    n%\]=^'^^   Jvn^OTTC.  '   .^     A^'       a"  ^^'  '   ''"''^' 

•   e,q    (|  (3  2<^=^  (^,  cf.  Koufi,  XI,  4.  »  a>3£.n.  ■"      ^     ^X   ««'«e,    XIII,  p.  26,  note  13  et  U. 


10 


Eugène  Revillout. 


IX,  30.  sur  l;i  chatte  étliiopiemic. 

Le  cœur  de  celle-ci  était  troublé,'  sa  face  triste,^  elle  se  tenait  debout' 

IX,  31.  sur  ses  griffes''  (plantés)  dans  les  grains^  du  sol.^    Elle  passa  un  moment,'  trébuchante,* 

IX,  32.  triste,'  comme"'  désirauf  quelque  chose,  étant  comme  celle  qui  médite'*  une  parole, 

IX,  33.  car,  tandis  qu'elle  était  debout,  ses  yeux  pleuraient"  ardents,"  et  assombris,'^  comme  le  ciel'* 

X,  1.  orageux." 

B.  Il  prend  la  parole  pour  faire  l'éloffe  de  la  chatte. 

X,  1.  Il  prononça"  lui-même"'  ses  petits™  remèdes-'  du  cœur.-^     Lui  dit  donc 

X,  2.  le  petit  chacal  Kouli  :  Qu'as-tu?  Ta  face'''  s'est  assombrie!^'    Tes  yeux  semldablcraent'^ 


IX.  30. 


i:^ 


[Jv] 


.^^ 


(^\^^^^p^<=^^  ^  [1 


¥: 


---T^-pflyi^T-ï' 


C-I]1-<C2=- 


IX,  33.    ^  •= 


o   r  © 

X.  2, 


i:^' 


Ê  Q 


C  I  .^3-  O 


®  ®  ■; 0 

ooTTn.  '  OTnoTT.  '  u}&.qT.  '  (okm.. 


'?ji-  -VKm, 


Voir  plus  haut. 


"   Conf.    AV.00    ardero  V\     °=\)/l   W/i.  SIII,  7.   Conf.    Ç, 


Conf.  SpûJOK". 


Il    PML.  XXIX,  12  et  passim. 


^^, 


='  "^CkSpi  ne^ç^pG.  "  ç^HT  ^=^  tÇ^  ^. 


oo  op^^. 


'  Ce  mot,  avec  ce  sens  Lien  déterminé,  est  répété  plusieurs  fois  dans  le  Koufi  et  semble  devoir  se  comparer  à    ~|~^'  indiquant 
la  ressemblance,  la  similitude. 


.-P^,<na 


Le  Koufi. 


11 


X,  3.  sont  enflammés!'  Reine,  enfantant  les  Pharaons!  Mère  sacrée,  dont  les  Pharaons  sortent  tous!  Heine, 
X.  4.  que  l'on  réveille"  clans  la  plénitude'  de  la  nuit!*  Reine,  que  l'on  priera^ 
X,  5.  au  moment"  de  la  paix'  du  sol!     Reine,  h  qui  l'on  fait  une  barque" 

X.  6.  pour  la  réjouir'  ainsi!  Reine,  produisant  les  chantres'"  qui  frappent  leurs  tambourins,"  pincent"' 
X,  7.  leurs  harpes  "  semblablement  pour  son  culte."  Tes  joueurs  de  cithare  '^  touchent  leur  instrument.'" 
X,  8.  Il  n'y  a  point  d'inconvenance"  (ou  de  fausse  note)  dans  leurs  mains.    Tes  marins  aussi  (sont 
fous).'"   Tes  joueurs  de  cithare  chantent  vers  toi. 


X,  3.  —  1|] 
A       ^     4^ 


,  j£a>  ^,  _2a,  ^  ^  O  I  o 


n  nïl  m  _ûh^      Q     f^  n  n^ 


1^!^^  m  ^"^^^^^^^^  "^-^^^"^        %^8U(So 


i^^  ra  ^mAS 


r^ —  n  I  j^3>- 


x,6.^pra<-^|)flJ=^^o|i'^f| 


o-^^i^^^«-> 


f,^^^o„,'^kri 


III 


kk^ 


X,  8.     ^     ^  '^-^  â)  ^=^  ^^  0}'^ 
i>     ^   i         w     I    I    I  si'  I  I  I  rm  ; 


'^l-kii^-^lî^^-^if, 


'^■•] 


,-aa>\\ -®a>^ 


Koufl,  XII,  18,  conf.   ~.Juo  étincelle,  Eeme  IV,  85. 


ra 


.=->^2^!3   barqne    et  plénitude  "hn  Petibast  j-  30,   Q  26.     On  peut  donc  aussi  traduire  «en  ta  larque 

^    =      ^^    ,   C'est  de  cette  ligature  que  sont 
30  «prier»  du  copte. 

ra  ,R,^  -i 


pendant  la  nuit  >. 

■des  antres  docuineiits  :  ertaho  ~  4-oo  «piier»  du  copte 

petites  bubasties  étaient  des  fêtes  ou  périples   en  barque  fort  gaies  et  un  peu  pins,  dont  nous  ont  parlé  les  Grecs  à  propos  de  Bubastis 
'  sheri  «réjouir»  est  un  jen  de  mot  rapproché  de  shtr  «barque».  La  suite  du  texte  nous  décrit  ces  réjouissances. 
10  ^û)C  «chanter».  Voir  ce  mot  pour  les  chants  et  les  chantres  dans  le  décret  de  Canope. 

"  t.   Iv   ©  V^   gratter. 


venues  les  formes      ^  =:       c2^      de  Rosette  et  2   =      ^^ 
,   désigne  en  hiéroglyplies  une  barque.     Les  grandes  et  les 


KAVKM     KOTRAV. 


ÊOIIII. 


"    UJOIOTUJI    culte?    ujOTUJOîT    louange? 


I'  .  I'   Ml    1^. ^  il  ^  Prisse,  Vm,  16;  X,  15;  Koufi,  VI,  31.     Corriger  Revue,   XIII,  20  «petites  incon- 

Tenances»  et  supprimer  MCUJivU.  "   /\  ^Ç\  -gTS»  >--3Mi    Zl  V\  <0  ^>  <-i=3j  VQi. 

2* 


12  Eugène  Revillout. 


X,  9.  Les  sons  de  tes  joueurs  de  tambours'  ue  vont  pas  en  é(iuivaleuce^  de  tes  odistes." 

C.  Le  Koufi.  devient  satijrique. 

X,  10.  Dévorent*  tes  rayons'^  quand  ils  sortent*  (ou  resplendissent)  dans  la  rue.'    Font  peur* 

X,  11.  tes  inondations^  et  tes  sécheresses'"  :  semblablement,  elles  consument"  toutes,"  blessant" 

X,  12.  en  tes  domaines,  '*  les  regards.  '^  Elles  vont  sur  les  misérables,  '"  comme 

X,  13.  sur  les  rois  d'Egypte  .  .  .  (tous  te)  servent.    Ton  souffle," 

X,  14.  comme  la  rosée''  du  soir,  vient  semblablement  à  celui  qui  l'invoque," 

X,  15.  comme  à  celui  qui  le  repousse.'"    La 


I  i        I     I    -vw^       O 


I    SS    I 


'  "^'Ônl,  conf.    I  tambour.  =  rû'^s^'  '^'m.*^®'  '  '"''^^^'  oij-eAoTj-cA.6. 


•>  J  AA/vN^A  11  AAAAAA    înondatioD.  On  sait  que  Sekhemt  a  détroit  dans  un  délnge  de  sang  les  hommes  pêcheurs. 

ïo  Ij  (^  m    ujoOTe,  etc.    Les  ardeurs  destructives  de  Sekhemt  (incarnant  l'action  souvent  destructive  du  soleil,   comme  Bast 
son  action  bienfaisante)  sont  bien  connus.    Là,  l'inondation  et  la  sécheresse  a  une  autre  acception. 
"        ^  ^\  c  QA.  '^  TiipoT.  "  U](dne       a     ^^^i  etc. 

"  Antre  forme  de  /  |  mc^  ,  lieu  '^   njkT  f^ .^©-.  "  J'ai  restitué  d'après  XVIII,  12  et  passim. 

"  iiiqe.  "  ei6jTe.  "  touj.  "  çûjoti. 


Le  Koufi. 


13 


X,  16.  devant  toi.  comme  les  mangeurs  d'heures'  devant  Sothis  dans  la  panégyrie  de  .  .  . 

X,  17.  La  nuif  semblablement  ils  regardent  devant  toi 

X.  18.^  comme  l'Éthiopien  de  .  .  .  (aspire  à)  la  nourriture  .... 

X.  19.  seml)lablement  bavardent^  de  tes  heures"  (de  grâce)  (ô  Vénus),   tes  convives  qui  supplient" 
en  pensant 

X,  20.  que  c'est  le  temps'  de  la  nourriture 

X,  21.  Tes  convives  parcourent  les  rues.     Ils  sortent  de  leur  séjour.  ' 

X,  22.  Leurs  petits  jeunes  gens'  sont  fous'"  (de  toi).     Ils  se  tournent"  vers  ta 

o  •  .s 


X,  17. 


X,  18. 


so 


I  tA^- 


X,  19. 


e^. 


^n(so 


X,  20. 


I©   l(20 — - 


X,  21. 


(3q 


<*=^t 


(Y^^)^\^^'^^* 


^^"^ 


'^'^2-  ^ri  v,r,i-^^^"^ 


'É^^h^i' 


=^- 


W-i")' 


I   l       w 


\^ 


(a  o 


h 


â.^. 


^  O    Ï6S   mangeurs  d'heure  —  ceux   qu'on    appelle   aussi    les  prêtres  de   l'henre,    c'est-à-dire  les  prêtres 
désignés  pour  un  service  liturgique  momentané.  ^  Ctop^ç^. 

=  Ici  le  signe  X/' ,  correspondant  an  X  hiéroglyphique,  est  placé  au-dcîsus  de  mket  «  comme  i>    en  guise  de  renvoi   à  une  note 


placée  en  dessous  de  la  colo 


nte  du  teste  portant 


(kit'et) 


Variante  :  «comme  l'éthiopien  de  hehtt,   comme  le  convive?  (affamé),   suppliant  à  la  pensée  qu'est  venu  le  temps  de  manger  .  .  .»    1 
faut  remarquer  que,  dans  le  texte  plus  étendu  du  haut,   apiès  le  mot  akes  «éthiopien»,  la  copie  du  Musée  de  Leide  porte  le  ©  hiérO' 


glyphique  et  celle  de  Krall  h  A 
'  KivCReC  bavarder. 
»  J'avais  lu  d'abord    V^ 

'  viHM.  SeXujHpi. 


Kak  «manger»  est  synonyme  de       < — >  ^\  ôpe  nourriture. 

=  OTHOT  heure.  "  Ttph  =  TtoÊoe.  '     I  ©    I  (S  O  COTCOT  moment. 

1  OTECTûm  séjour,   use/    V\  [A  ®  u  |_   _J  a  le  même  sens. 


14  Eugène  Revillout. 


X,  23.  place."    Leurs  yeux^  vont^  à  toi.     Leurs  rey'ards  iixeut*  ta  face  connue 
X,  24.  la  vue  de  l'éclat  du  soleil.^    ....   leurs  effort.9  serablablement.     Ils  se  réjouissent/ 
X,  25.  eu  entendant'  tes  demandes.*  Tes  hommes^  faits  dans  tes  terres'"  en  plein  jour"  racontent" 
X,  26.  tes  paroles  (ou  tes  aventures'")  h  leurs  petits.'*  et  dans  la  nuit'^  ils  répondent'"  :\  tes  dires 
(ou  chants)." 

X,  26.  Les  petits  et  les  grands'"  semblablcment  prient"  vers  toi. 

D.  Les  désordres,  causés  par  Sekhemt  Bast  en  Hgijpte. 

X,  27.  Les  décrets  «"  des  rois  2' 

X,  28.  du   monde   et   des  grands  semblablemeut,  en  te  persécutant,"^    n'ont  pu"'   empêcher"*  la 
négation''^ 


-2^ 


X,..  ()«|^=^<=>8Vi:kM'1^  =  I±°°=|55! 


.3— l^im^r^; 


I   I   i; 


X,  27. 


III 


(3  j^    V<-=-^    '    ^^    ^111 


TCSiîEl; 


l±^- 


vyine.  '  x  -i-s^^  ^_  n  k^vo^  "  Av.eepc.  '■  cncsii. 


"    ^=5nS-  "    UjAhX.  ■'   ^^     A'I^"^"  "    Voir  IX,  1  et  2  l'opposition  entre  suleii  et  jjtroa 

et  les  fo™es  arc.ai„.es  ae  ...a.  ^^  ^  ^,  ^%^,  _^é  1  (^e.)  "   '^l  ^  )  ^  ^^. 

ïs  UJTCM.  La  nouvelle  copie  de  Krall,  qui  nous  a  fourai  de  bonnes  leçons  poar  cette  colonne  S  du  Koufi,    nous  en  fournit  ici 
une  mauvaise  :  hicm,  qui  n'offre  aucun  sens.    J'ai  gardé  la  lecture  du  fac-similé  de  Leide. 


Le  Koufi. 


15 


X,  29.  de  faire  ravage'  Sa  force^  sur  lo  momie  est  grande  depuis  l'élan^  que  tu  as  pris  (fait)  en 
Egypte.*   Elle  va  (son  train)  ° 

X,  30.  la  joie,"  ainsi  que  la  gloutonnerie'  et  l'ivrognerie.*  Ils  n'ont  pu'  faire  se  cacher*"  la  luxure." 
Tu  sais"  cela. 

X,  31.  Fait  allégresse"  devant  toi'*  le  pays.    Fait  sa  joie  du  cœur'=  dans  la  violence'"  et 

X,  32.  la  mauvaise"  lutte'"  l'Égyiite  entière"  avec  ses  grands''" 

X,  33.  et  ses  petits."    La  fête"  va  à  la  perdition''"  à  la  maison"*  d'ivresse-" 


X,  29. 


X,  30. 


r"^"^- 


A 


:\\      AS 


rai 


I  I  I 


{T-y 


^f 


^i 


=■  I 


So  1© 


D  U  U  D  v\ 


X,  31.   <=>  <g>- liM.  -Sa.  -ga^e  -Sa. 

X,  32.    [j©^£^vv^Iâî^ 


-^ 


ra 


'    S^  (I  <:Z>  '(5^    àms  le  bilingne  de  Pamont,  conf.  XI,  15. 


^  MtlTll»NUJTG   ^  ^^  .  conf.  Koufi  V,  2i,  Eevui,  XIII,  13,  note  G.  ^   nO"rOI.  *    KH.V.e. 

s  «kqujc  nevq.  «  Koufi  XI,  2;  XII,  2. 

ï  am,  ainsi  écrit  =^  — 1  U   v^    £YA  ^^^^  Pamont.    Le  signe  domotique  représente  une  des  formes  hiératiques  < 
m  seule  (voir  le  pap.  gnost.J. 
"  '^  VO  'Vç.e  P"^""^  193.  '  il  1»  -^oftin. 


f       tù   tlù)lK.   forme  graphique  fréquente  dans  le  Ko 

UjAOTrXô.!    XI,  2.  "    =^ 


'-  cOOTll,  conf.  XII, 


OHi  composé  avec  'Q  «devant  ta  face». 

ï^  Mût-à-mot  ;  «fait  bon  cœur»,  expression  égyptienne  fréquente,  pour  marquer  la  joie. 

'«  Voir  Eosette  et  Koufi  III,  2;  XII,  33,  conf.  U'OOMe.  ■'  Êtoconc.  n  UJ<?HHn. 


OTpOT  dans  le  sens  de  fête.  Voir  Setnu. 


"    fj  ^\  ^  ■'feb-i    homme  qui  faiblit,  Dict.  inédit  de  M.  de  Rougé 

2'    "yOÊj  voir  plus  haut. 


16 


Eugène  Revillout. 


XI,  1.  (lu  dieu  Tum.'  le  dévoreur.-  Ils  s'en  vont'  avec  toi  tous  se  cacher*  en  Égy]ite. 
XI,  2.  Ils  font  joie=  en  Bast  dans  le  pays  des  joncs,*  allégresse'  dans  les  terres  cultivées,' 
XI,  3.  plaisanterie'  parmi"  les  Éthiopiens.  Madame.    Le  pays  du  midi"  (Kema)  lutte" 
XI,  4.  à  tes  pieds."    Tes  pajs  font  jour  heureux"  avec  leurs  chairs'^  par  impudicité.'" 
XI,  5.  Leurs  mâles"  chez  eux  courbent'"  leurs  femmes  belles'*  dans  la  rue-"  sans-'  rire." 


XI,  1.  ' [|;jint^±f= 

XL  2.   û(S-:s=-|  \\[U\ 


'ë^ 


A  I  I    I    11 


.âa>(2-Êas 


■^"W<i^¥f,:i— j 


,.s^ 


^"'Iv 


^^^^^  ■ 


^^H^\\^^T\bniK 


XL  4.    -^ 


^©'^'fl^^'kfl'^"T''^'l:^rDGiJ.^  ^  ^|)(âj 


1(3  I    J)  ^Z"       °  O©-^' 


,    fl  JW^  2  mat'am,  participe  de  (6-**-=^  dévorer,  Konfî,  IT,  7;  XVHI,  13;  X,  10  et  passim. 

OtûH  est  la  leçon  de  Krall.  Leide  avait  hotef  =  hotep.    Pour  Çû>n  conf.  S,  30. 


•  ivTuje  luooï-. 


s  Conf.  X,  30:  XII,  2. 

'  «jA.OTr\iwi,  conf.  X,  31. 
18,  note  10,  à  propos  de  Konfi,  M.,  22 


U  \\l      J*^""-    ^^  P^y^  ^^^  joncs  désigne  ici  Bnbasti: 

£::i  \,  conf.  XII,  23.  Pour  le  déterminatif  ressemblant  ici 


»     I  ft  II  11  »  \\  nA   est  ponr     I  fl   ^  .  conf.  XVin,  26.  Ne  pas  confondre  avec  U  ft    |J  H 

parole,  Koafi,  V,  12  ;  XI,  10  ;  Xll,  10,  mot  qu'on  rencontre  aussi  sans  cesse  dans  Setna  ot  tous  les  documents  démotiques. 
^^  Koufl,  m,  32;  XIII,   12;  XTIII,  7.  "    J-" '-- 

»       ra     (3  0 


C&SCI, 


OTTt 

oipe^T.  "      ■  "    lil  t)  I 

de  OHT   itOtJpÊ  cœur  joyeux,  conf.  Koufi,  X,  31. 

"    iv'4    []  (3  »:—     ,  conf.  Konfi,  VIIl,  26;  IX,  2 


■=    Vr  n D  Kouâ,  vm,  13. 

OOOT    It0'4pe,   conf.  Setna,  p.  3,  3S,  39,  U3"de  ma  première  édition,  synonyme 


3ip 


^'''    C(OU|.   conf.  Poème,  p.  201  et  suiv. 
Konfi,  IX,  10;  X,  21.  ='    nOTÊUJ.  "    CWÊe.  Koufi,  XIV,  10;  XV,  28;  XVIII,  a. 


Le  Koufi. 


17 


XI,  6.  Tu  tournes  (ô  Baat  Aphrodite)  ta  face'  vers  eux.    Tu  fais  comme'  l'inondation'  qui  afflue* 
dans  les  terres^ 

XI,  7.  sèches,^  en  répandant'  les  eaux"  sur  elles.  Ouvre'  toujours! 

E.  Hymne  à  la  femme. 
XI,  7.  Plus  d(mce"  est  la  poussière" 

XI,  8.  de  tes  pieds '^  (ô  femme)  que  la  poussière  des  portes''  des  trompeurs"  de  votre  peuple'^ 
XI,  9.  d'Egypte'"  (c'est-à-dire  des  temples  d'Egypte)."    Douce,  ô  toi,  dont  la  face  est  puissante," 
est  l'odeur"  de  ton  palais"" 


XI,  6.    H  Ê 


#  e 


.Sa>l 


XI,  7.  îtTtT  g  g  0  ^ 


.^OU®  V-^o 


XI.  8. 


c-a  I 


^yP' 


XI,  9. 


S'=^rii 


'   OT^G  evacnare. 


/iaOaTcep   de  Kosette 
'à     9 


UJOOye    1)12 /H    Koufi,  X,  11;  XY,  9;  XVIII,  25,  3a. 

<gL.  "amnir 


■     MOOT.  '     OTTÛll 

'"   nOTM.    i   ^5C\    I    ^'    I    Konfl,  IV,  26;  V,  17  et  XI.  9,  12,  IC.  Conf.  Eevue,  XIII,  note  2. 

"    UJOCIUJ,    conf.  Koufl,  X,  7;  XII,  21.  '^  pevT  'î  ^  *?    Knnfi,  XI,  4  et  passim.  "  po     . 

"   03C.I     ^^.      h    ^S^  0  0  '^  "^^^-  "  ^'^  ^"^  "*"■  (  Vir  r~lT  I  ''^'  traduit  par  AAOS    dans  Eosette,  Chr.  dém 

c>[t,  I.  17.  '^  KHMG.  i'  Pour  îiCk,   piéf.  adjectivale  voir  Revue,  XIII,  29,  note  2  et  pour  IIOTM  voir  une  des  notes  précé- 

dantes. 18  rt.ô,U)Te,  conf.  XII,  25.    Ici,  d'après  la  copie  de  Leide  qui  est  la  meilleure,  il  y  a  un  signe  de  plus  que  dans  XII,  25 

le  signe  ^j^r^  se  rapportait  à  l'ancienne  prononciation  de    ^    ^^  ^ û.  "   c^",   CTOI      !       Q^  Koufi,  VI,  3,  33;  VllI,  17 

^°  A^turat  «palais»  est  un  mot  composé  du  masculin,  en  dépit  de  sa  désinence  féminine 

3 


18  Eugène  Revillout. 


XI.  10.    dans    lequel    l'halence'    de    ta    bouche*    répand"   —  (telle    r(ue)    le    pays   de   l'an    (ou  des 
tteurs)  — 

XI.  11.  l'odeur  du  parfum  as.  Ta  salive*  est  un  miel.^  Les  eaux'"'  de  ta  bouche 

XI.  12.  ont  la  suavité  du  fruit  de  la  vigne.'  Elle  est  plus  douce  —  iju'un  jardin*  planté'  et 

XI.  13.  verdoyant,'"  produisant"  tous  les  bons  arbres."  Les  ouvertures"  de  tes  yeux 

XI,  14.  sont  lin  ciel,"  resplendissant'^  sans  aucun  mauvais  nuage  (V).   Meilleur"  est 


XL  10.  <=>  ASC J2ai  ra  <<^  P^ <==> I ? ^  -11-  ^^-^ne^^-^^^—dsUU  A 


ra^!|i^<=r>ieo^ 


,^0 


■-.'■  ;KP°j^^™;KWt:,i^-=°é^T-^P5^' 


Q  I 


XI,  12. 


(3 


X,.  „.  ^=^=1  =>flpfe^x^e;~.;(_)f  "Yârr-H 


I    ""^     OO  ©' 


a       s\        nnï  _        _    .*.  t^  j   ^^r:±^  ^  j 


""''''■  ^\n  ,-^^q|'h<=-^-^©-^<     _i^,  ,  . 


^^Kzll- 


*    n«i.(rcc    T-r  ^è\     j"^^-  ^   efilto.  Conf.  Konfi,  VI,  31;  VII,  6,  8,  13,  15,  16,  24,  26  (ïoir  le  précédent  numéro  de 

la  Revue);  c'est  la  bonne  leçon  de  Leide.  »  MOOTS"   npo.  '   (TWM   [      j  V\    "^X     V\  l_    _). 

"  Le  signe  qui  suit  S  est  douteux  dans  Leide.    Dans   Krall  il  est    remplacé   par  0;   arbre  se  dit  bien  tyHlt  en  copte.    Mais 

rortbograpbe  démotique  bien  connue  est  différente. 

<^:,, D     ^  ? 

"  OTton   -^"^^^  "innnir.  '■  TI\e  ,  '*  Uot  composé  dont  le  premier  élément  est    A  Ci  et  dont  le  deaxièms 

parait  leAcA  ou  I^A.  On  a  en  copte  les  composés  O^IieAeA,   TCRI*.A,  conf.  VIII,  2,  Revue,  IV,  77,  note  1. 
'^  t»ù.noTr.  '«  MHit. 


Le  Koufi. 


19 


XI,  15.   le  séjour'   devant-    toi   que  le   rassasiement"  après  la  faim/  la  force'  après  l'oppression, 
un  enfant^ 

XI,  16.  après  les  douleurs  de  l'eutantenient.' 

F.  Discours  direct  à  la  chatte  éthiopienne.  —  Les  excuses  de  la  peur. 
XI,  16.  Douce*  est  ta  parole.^  Elle  est  tranquille'"  pour  toute  bonne  vérité." 
XI,  17.  La  mer,'^  après  un  retard,'"  s'est  apjiaisée'*  (sans  doute). 
—  Mais  ton  regard'^ 

XI,  18.   que  tu  portes  sur  moi   est  celui   du  sacrificateur'"    sur    la  bête"    attachée'"    devant    lui. 
Je  suis 

XI,  19.  comme  l'oie"  plantée'"  (eu  quelque  sorte)  sur  ses  grandes^'  ailes  et  silencieuse. *'■' 


é,:k°é^°¥^1r"':k-é 


XI,  16.    ^x    D I 


XI,  16. 


(S  <=> 


III  I  lii  1  1  I    1 


XI,  17. 


(3=^-^    A    O 


l^^^s'^ 


XI,  18. 


XI,  19. 


i 


l(â®# 


:]^ 


^=;>~.^^5-, 


K%m' 


w 


J*.TO.  =  cei      '  [q1  a[)  Konfi,  IT,  25;  VIII,  1.  '   ÇOHEH  ,   ÇRO    9  ,t— -^  ^  Koufi,  IV,  S5. 


at  z^ 


OD-û>  germe. 


'  ff]    '  êîl  &3^  ^  "%^'  '  Ç.°^*-  '  O'incj.SC.I.   Pour   1  =   /I\ 

préformante  abstractive  (on  la  retrouve  sans  cesse  dans  le  Koufi,  conf.  XI,  17).  Pour  CJvix.i  voir  la  note  de  SI,  3. 

XIII,  3.  "  3£.ekMH  tranquillitas  maris.  "  ritt'3  =  Œ'touj''"-   ^"'^  Koufi,  VIII,  7,  Revue,  XIII,  p.  21!,  note  18  et  83,  note  1. 

u   ^  ^^^    =    ^_ 

«'  Koufi,  XVI,  2,  Revue,  II,  pi.  24.  "  Ctonç  H  •  "       _    D  ' 

Conf.  XI,  12.  "  MC^c       8   ^  t^é^.  "  TWAi  pjo. 

3* 


■^^ç^^.    Ici  le  "^'ï^.....  est  à  la  fois  sous  sa  forme  démotique  et  sous  sa  forme  biéroglyphii 

pHT 


20 


Eugène  Revillout. 


XI,  20.  Tu  te  tiens  debout'  sur  tes  griffes'  (me)  fixant,  eomme  le  vautour^  lixe  sa  priiie." 

XI,  21.   Madame,   tu  ordonneras'î  pour  moi   un  adoucissement"  à  ton   co-ur.     'l'n  es  une  couronne" 

sur  ma  tête.   C'est  la 

XI,  22.  vérité.   Eeçois^-moi  au  monde  après  la  mort,'  à  la  lumitre"  après  les  ondjres."    Pourquoi'* 
XI,  23.  ta  face.  Madame."  roulerait '*-elle  la  Mort?  Pourquoi  tes  larmes ?'=^  La  lumière'" 
XI,  24.  de  ton  œil  de  flamme  est  sur  moi  comme  une  étoile"  qui  darde."  Est-ce  qu'il  y  a  une  parole 
XI,  25.  que  tu  as  entendue"  et  pour  laquelle  ton   cieur  se  soit  enflammée?""    Il  faut  me  la  dire. 

Ne  la  cache*'  pas.    .T'en  ferai 


XI,  20. 


(2  Q 


XI.  21. 


i 


^  liQ. 


^^—^^>%.l^ 


XI,  22.    I 


>]e^ 


-^^"ï- 


XT,23.  @ç=|^|°;|j=.(|e<-^=^()l)e«||^(la  = 


'il-^%.^Tft- 


XI.  24. 


©  ± 


XI,  2.5. 


f 


!\i 


>  evO^epevT 


A 


eiË 


e. 


'  «loirpi 


•  Poème,  p.  137.  Chronique  Itev.,  II,  I,  pi.  5  et  Revue,  IV,  78. 

pi.  lit,  col.  1",  1.  1.                  <■  8       „      , 

va H  A     C^ 


^-.--.Si. 


rhresl.,  25-34,  Revue  ég.,  II,  pi.  159,  note  3  et  II,  III, 


II 


'''    piJAC 


Konfl,  XI,  6,  17. 


fopi^.Ai3;S6-l'^   connaître  les  manquements  de  faire  lamière  du  soleil  et  de  la  lune 
"    ClOli-    [l(l[j(3^.  ■•    *^^^    ' 

(1      voir  Konfi,  III,  13.  ='   ç^wn   avec  le    ^\      de  l'impératif  négatif,  conf.  Konfl,  XII,  30. 


■^Xl 


COTE   resplendir.     "   CtOTJA.. 


'Jl 


non  second    mémoire    sur    les    Blemmyes,    pi.  14  et  pi.   1    portant   le   bilingue  V  \î^    O    ■cS>-         ]       ^    -,(7\ 


Le  Koufi. 


21 


XI.  26.   son  explication'   devant  toi.    J'en  donnerai  la  solution"   en  ta  présence.     Je  me  tiendrai 

debout  devant  toi  (comme  un  accusé  ou  comme  une  victime). 

XI.  27.  Gloire'  à  toi!    Tes  liens*  sont  sur  mes  pieds.^    Ta   couronne"  (la   couronne  des   animaux 

sacritiés)  est  sur  ma^  tête." 

XI.  28.  Ton  glaive'  —  couteau"  daeier"  —  qu'on  le  place"  sur  ma  tête.'°  qui  trébuche." 

XI,  29.  Que  les  anhélations'^  de  ta  bouche'^  soient  derrière  moi.  volant"  avec  moi.  Que  viennent  "*  à  moi 

XI.  30.  les  souffles  brûlants"  de  tes  lèvres,"  consumant'*  l'erreur-'  par  le  feu.*'    Je  suis 


XI.  26.  ^^*=^. 


'W- 


XI.  27. 


à'^l= 


îs^l^U^Y^ 


--LHm 


XI.  28.    -Çv    n  ©  o 


.]^  ^  --•-.■  ^^[j^D^^. 


•'^-k^é^^-^^^^'î-^'r' 


XI. 30.  ;|,q(l^-^raji[j' 


k? 


©I 


G      = 


D 


.„o^     O     i^- 


manière  d*eUe.  '  hott*^      i=i 

C!2Cb>i .   conf.  ocbyos.,   XI 
''  Hiqe  ^o,  K  '*  pu).  "  qa)\. 

antograpbiqnes  des  tomes  XI  et  XII  de  ma  Herue.  Le  dêterminatif  |y 

eA.oû)Ê 


X 


eooT 


1M4 


Koafi,  SVIU,  83. 

I"  ffopTE.  "  A.&in 

"   UJCO-.JT,   Koafi,  XVIII,  23;  IX,  SI:  XI,  30. 

<V3^.    Pour  ce  verbe  fréquent  en  démotiqae  toît  les  partif 

n  trouve  ici  dans  le  Eoufî  comme  pour  le  verbe  mer  «  vot 


loir,  etc.,  est 


Koufi,  X,  10. 


'.J,   3£.0-^.  2£.e-.J    k    \\  "  ~      1/1  ■'   iiJ<»*'-i'5'  trébucher. 


cnOTOx 


TI.P"^ 


22  Eugène  Revillout. 


XI,  31.  plein  de  crainte'    Je  suis  devant   toi  comme  l'animal  destiné  an  sacrifice-   dans  la  {frande 
salle  du  temple'  devant*  toi.  pour  dire^  une  parole 

XI.  32.  méprisée.' 

—  Et   cependant  le  poisson   ramé'    (objet  d'horreur   povir  les  Égyptiens,   comme   le  porc  pour  les 
juifs),  je  ne  l'ai  pas  mangé.*   Pourquoi''  donc  me  faire  du  noir'^'" 

XII,  1.  C'est-à-dire  que  la  fange,"  je  ne  l'ai  pas  amenée.    Pourquoi  donc  en  avoir  crainte,  ô  véné- 
rable 'I 

(La  suite  prochainement.)  * 


■  OOTC    Konfi,  IV.  9;  X,  10;  XII,  1.  >  \\  ^^-  '      V  *  '   **''^°' 

s     ^°°^    2tai.  '■  CtùUjq.    Poème  230.  '   pj\MI,  it.,  120  du  Rituel.  Conf,  Btouc,  IV,  p.  SI,  note. 

^     &.  \\      ® 

p  -J  U  ^\K    oTùirt  Kouti,  VII,  11.  '  La  particule  interrogative  M  c^uj   quoi?  paraît  ici  avec  le  sens  de  pourquoi 

en  conjonction  avec  epoq,  etc  "■   K».Ke  V ^  i=^='-  "  ^.Oioe  =    S     I  ffj. 


TEXTES  COPTES 

EXTRAITS    DE   LA    CORRESPONDANCE  DE   S'^  PÉSUNTHIUS   ÉVÊQUE    DE    COPTOS    ET 
DE  PLUSIEURS  DOCUMENTS  ANALOGUES  (JURIDIQUES  OU  ÉCONOMIQUES). 

PAK 

Eugène  Revillout. 

(Suite.) 

N°  66. 

ic  nc^yc  cne'^AvepiT  ueiûiT 

i^  MiOK  e>.3*.puvc  iiepe-.j  mm».ihottc  eT'^topei 

pitoÊc  6-^coiM  c-^ujine  Mne3(;c  çn  ot  mê  qpa^nij'e' 


'  Ce  nom  se  retrouve  dans  un  autre  texte  : 

■^  «>noR  qpakUT^c  e^pi  TitOd'  nekP».nH 

eico&'i  CJUJ'"^  cujûjne  notoÊ  av.   .  .  . 

eTerjctone  ct(\.hti  epo   nTe 

«Moi,  Frange,  j'écris  pour  saluer  ma  sœur  Euléti.  Aie  la  charité,  si  tu  as  de  l'ouvrage  pour  toi.  de  .  .  .» 


Textes  coptes. 


23 


'^■lyine  on  cni«.cort  ou-ativi   OJW.  nacoeic 

TKpoir  eT   ocvÇTHR  coit  .  y^ 

Lettre  de  politesse. 
«  J.  C.  Moi,  Azarias,  le  pécheur,  écrivant  pour  saluer  son  cher  père,  aimant  Dieu  christo- 
»phore  en  vérité,  Frange.   Je  salue  aussi  mon  frère  Phébamon   et  tous  les  frères  qui  sont 
»près  de  toi.  Salut  dans  le  seigneur,  mou  cher  frère.» 

N°  67. 


■^  evnou   e>.'5&pia.e  iiujii 
pe  iiKTppiKOc  npAvpft. 
M&OT  CTCÇèvi   nievKUÊ 
nujHpe  itDs.MiiH'\  HMO 
no;>(;oe  ace  enei'A-H   «kUni 
^e  11MM&.Ï  exp^^îta)  en 
neR  Mepoc  iteiûio^e  tcc 
(ç)j«.ene  nn;)(^ooc  Tenoir 
ÇM.  Tiou-ûju)  AinnoD" 
Te  '^■o  nçeTOiMOc  erp^ 
pç(oû  eatti  (fs.'x.n)  r&.t<v 

t^pOtlHCIC    llTIip 

çûj6  epoq  itTnH 
ye  eOT 

TCÊpica)'j(;H  D..e  aiu 


iic;av.ot!-ç^  cm.  HROiticon 
«kH-ûj  nc^HMOciOrt  nTtiTA. 
».q  MU  nenepHTT  *.ir(o  (t) 
010  tiTiinwuj-j  e-îtton  ewn 

CMll    TeiOOMO'\l'H'U\    JH.Il 

ueuepuos-  iienirpoTiH 
AtvoR    A.5s,pievc  MU  I*. 

Rtofi    TllCTOI^e    iMtOR 

3s>AT!-ei2>.  ncieAev^^/  mm 
ono5(;oc  AieoiM  Teieni 
TpoHH   «Tiia'iac  ncoTT 

T'OIS-    «ÔJMTT    HTpOMne 
TpiTHC    inS^IR/ 


Location. 

«Moi,  Azarias,  fils  de  Cyriaque,  l'habitant  de  Eamaou,  écrivant  à  Jacob,  le  fils  de 
»  Daniel,  le  moine,  à  savoir  :  Attendu  que  tu  es  convenu  avec  moi  que  j'ensemencerais  tes 
»  parts  de  champs,  à  savoir  80  %ous,  maintenant,  par  la  volonté  de  Dieu,  je  suis  prêt  à  faire 
«l'affaire  sans  mépris  (des  conventions).  Que  nous  fassions  cela  au  compte  à  demi  pour 
»  chacun.  Que  les  charges  et  toutes  les  dépenses  soient  acquittées  en  commun.  L'impôt,  que 
»nous  le  donnions  ensemble,  et  que  le  foin  (ou  le  produit)  nous  le  partageons  entre  nous. 
»Nous  avons  établi  cette  reconnaissance  mutuelle  pour  le  confiemeut.  Moi,  Azarias,  et  (moi) 
»  Jacob,  nous  souscrivons. 

«Moi,  David,  cet  infime  moine,  j'ai  écrit  ce  confiemeut  de  ma  main  le  5  de  Thot  de 
■«•l'année  de  la  3"  indiction.  » 


dkllOR    eiC&R 

nuje  iti(ocH<^ 
no^eRÎVe  eqcçA.i 
itiyeiteTcaM  niye 
nem&iiiivc  npMiisce 
M.e  ace  retu  nçevcMOc 
ÇM.  noirtouj  MnnoiTTe  nT& 
"^^  OAVC  Q>.6  K2C.6C  eneitoçe 


N°  68. 

Hd.R    IH>3t<o'    TAIMi^Oc'    HTik 

llA.ir'    MOOH-    IliVR    A.TrtO    llTôw"^ 

RE  ^TOou-  npToÊ  ncoTO  ne^K 

on  çn  Tepo.Mne  <knoR 

eic&R  TeCTex^i   eTeiÉAate  <vnOK 

ivqn«kpe>RevA.ei   moi   «.ictoç^  vei 

ÉlVate  nT«v3'i3c.    coitscotot    Mecopei 

(iknou)  nikU-A.oc  nAAuje^ne 


atûj  seminare. 


M&ç^i  possessio. 


en  =  nik  =  nHoir  introducere  Nombres.  XIV,  3. 


24 


Eugène  Reyillout. 


Location. 
«Moi,  Isaac,  fils  de  Joseph  de  Thecle,  écrivant  à  Siiénétom,  fils  d  Anauias,  l'habitant 
»de  Djème,  à  savoir  :  je  suis  prêt  à  te  donner  les  40  aroures  et  demie,  pour  que  tu  ense- 
'«mences  cette  possession.  Que  je  t'amène  l'eau  et  que  je  te  donne  4  artabes  de  froment 
«cette  année.i  Moi,  Isaac,  je  souscris  cette  tessère.  Moi  —  il  m'a  pris  et  j'ai  écrit  cette 
»tessère  de  ma  main  le  20  de  Mésoré  —  moi,  Paul,  le  lachaue.  » 


N"  69. 


THpc  cncç^M   n 
ujeiieTiù.vv  nekpev 
■^■ncniTpenc   nj^H 
ETpcR-^'  nenjivcpoc  cêoA. 


(nAVH)T  «ooAon/  it«>ii 
(itPTjkiwc)  en2>.HMOCiOrt  ace 
(.v\.nen)&iiTiAcre  r&r 
(&non)  ttb^r/  THpc 


3Iandat. 
«Nous,  toute  la  cohorte  (ta^ic  =  t&rcic),  nous  t'écrivons,  à  toi,  Shéuétom,  l'agent? 
«Nous  te  contions  le  soin  de  vendre  notre  part  des  fruits  du  champs,  afin  d'eu  recevoir 
«10  holocots  pour  nous  et  afin  de  donner  cela  pour  l'impôt.  Nous  n'y  faisons  aucune  oppo- 
»sition,  nous,  la  cnliorte  entière.» 


MtOR    IT£(op(l^lOC) 

nuji   «evn'^pejvc  n 
neRtoc   npAV.  OTdvci 
c'.jcçAi   nigeneTMAV. 
nuji   nMi«,ni*,c  ne^pe». 
rxe  "y^^petocTi   iidkR 
noTTepAiHCioit  n 
no3"Ê  •^o  no^cTe.<.ioc 
nTA.Ti'4  H4>R  Ort  njv 
<onc  !inc«(Te)  Re^i  têr^v 
THC   insi-/  .Nin  Te-jj.vH 


N°  70. 

ce   n&T  AevikT   nA.T 
Aft.&iï-   newJw.t|>(ifeo)o'\i«k 
&.tiOR  vempi^ioc  TicTOi 
•>^c  CTefiAotc  erpekt^ 
■^ivûi'^>i   RC  le  ino^l 
A.noR  nCTpc  nnev 

TCpAlOTTC 

a.  ï?c(op 

x'ioc  nekpevRei.Ac(i) 

n.w.01    &ICÇ&I   TcûAatc  M&pTTpw 


Créance. 
«Moi,  Georges,  fils  d'André  de  Pékos,  l'habitant  de  l'oasis,  écrivant  à  Sbénétom,  le  fils 
«d'Ananias,  l'agent,  à  savoir  :  je  suis  débiteur  envers  toi  d'un  termésion  d'or.  Je  suis  prêt  à 
ïte  le  donner  en  Payni  de  la  15"  indiction  avec  ses  intérêts,  sans  aucune  indécision.  Moi, 
«Georges,  je  souscris  à  cette  tessère,  le  25^  Paophi  de  cette  15"  indiction.  Moi,  Pierre,  fils 
«de  Patermoute,  Georges  m'a  prié  et  j'ai  écrit  comme  témoin.» 


N°  71. 


•^^  ujopn  Mcn  ■\'U}me  cpOR  ikpi  nn«k 
TunoOT   nKOTi  R^iwpMOTc''  iti^n 
Mit  nCKCoc  itHpn  enuj&  nekn&  oje 
ntTtoj*.  3te  eic  ÇHHne  &.q^(ûii 
cooTK  nA.Hit  &nicOT  ni^ci  epHC 


itTUTAMOR  cnciuj&stc  n&ii«L<« 
RivicùC  Aoinon  Ainp&McAei 

0T3£.ekI    0A\.    nSCOeiC    h    iSl'Ii\    Tpicwc 

ccTHpoc  II   ^encTtoM 

nci  cAik^diCTOC 


^  C'est  moins   une   location  du  terrain   qu'une  locafio  operarum  de   l'ouvrier,   chargé  de  le  cultiver, 
puisque  c'est  lui  qu'on  paie. 

^  ©i\p.i.vOTC  =  TçopMÊC    Voir  Steindorf,  Zeiischrift,  XXX.  Band  pour  tout  ceci. 


Textes  coptes.  25 


«D'abord  je  te  salue.  Aie  la  bonté  d'envoyer  le  peu  de  victuailles  et  le  vase  de  viu 
«pour  la  fête  de  l'apa  Shénétôm,  car  voici  qu'elle  approche.  Entiu  envoie  ces  choses  et  viens 
»au  midi,  afin  que  nous  t'avertissions  de  cette  affaire  nécessairement.  Ne  sois  pas  négligent, 
s  Salut  daus  le  Seigneur.  Sainte  Trinité.  Sévère  II  Shénétôm,  ce  tout  petit.» 

N"  72. 

en  onoMis.Ti  toit  iKvTpoc  u&i  tots-  ttiot 
Re^i  Ai^iOTS"  ime  ei^p&'^H  mh   nev"    t^  mes.  ©. 
&nou  MHtiik  nujii  i(o&nnHC  çn  epA\.onT  erco^i  MiiTOnoc 
eTOTAAÊ  nOA.^ioc  r\>oifi»..\v(oii  mutoott  dchmê  ç^itoottht 
th  cOTS-poTC  MU  ma.««&ioc  neqoiKOitOMOC  este  TieniTpcne 
itHTn  eneiûioc  eTMnpHC  npiMOOn-  «{^i   eTnnac.  iicton  hmcvr/ 
n'n».o«.ioc  ROCMev  npMTnoTlic  cpAvonT  n&i  tvTev  npMTnoAic  cpMOivT 
Tûjpi'jc  MMOq  enTOnoc  CTOiriki\Ê  MnjiiiiTCHOirc  n».nocToAoc 
nTnoA.ic  epjA.oitT  «LC2>.OKei  hhth  utootthttii  nomoitOMOC 
Avnç&i^ioc  t^oifiikJ*.ûjn  TjvpeTnociTq  itTOOTq  niipj,v.TnoAic 
çiknop/  iiTCTnTikJkq  enTOnoc  eTOis-ik&Ê  micneiOTe 
nivnocToAoc  iiepMonT  neTn».To'\MA.  elloA.q  efcoA.  eqo 

HujMMO  ennOTTTe  oicoii  Ain  nenepHn- 
CTTtoprsi  nuTii  iviCMii  ni^^oipi&CTiuoii  tictoi^^.  cpo-j 

Fidéicommis  pour  restitution} 

«Au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  S'  Esprit.  Écrit  le  3"  du  mois  de  Payni  de  la 
ï>9^  indiction. 

«Moi,  Mena,  le  tils  de  Jean  d'Hermouthis,  écrivant  au  lieu  saint  de  S'  Phébamon  de 

»la  montagne  de  Djème  par  vos  mains  à  vous,  Syrus  et  Matthieu,  ses  économes,  à  savoir  : 

»je  vous  confie  le  champ  qui  est  au  midi  de  la  prise  d'eau,  domaine  que  nous  a  laissé  le 

»bienheureux  Ignace  Cosme,  l'habitant  de  la  ville  d'Hermouthis,  lequel  domaine  les  gens  de 

sla  ville  d'Hermouthis  ont  donné  au  lieu  saint  des  12  apôtres  de  la  ville  d'Hermouthis.    Il 

«vous  convient,  à  vous  les  économes  de  S*  Phébamon,  de  recevoir  ceci  de  la  main  des  gens 

»d'Hermouthis,   comme  apographe,  pour  le  remettre  au  lieu  saint  de  nos  pères  les  apôtres 

»  d'Hermouthis.  Celui  qui  osera  détruire  ceci  est  un  étranger  à  Dieu  à  jamais.  Ceci  est  sur 

»nous  (mutuellement)  avec  nos  compagnons.  Pour  votre  garantie,  j'ai  fait  cette  donation  et 

»je  l'ai  souscrite.» 

W  7.3. 


n^OTcn  ninevçoi   ace  nTcnoT  cve  epojTit 
nTûiTit  neinpoeiCToe  MnOA.t"ioc  «.ii*. 
<i^oifijkMcon  Mov««>coc  >\\\  coTpoc  eTÊTn 
nikUjcune  eTernueXeirc  mj\oot  o».  noir  (. 
Cl  Mn  noTTCOir  nfinne  Mn  noi!-R*.pnoc 
ç^miTTHU-Tn  Mn  ncTnHT   AinnccoTn  ç^ti 


'  On  peut  considérer  aussi  cet  acte  comme  un  mandat  pour  une  cession  de  droits  contestés  portant 
sur  une  terra  derelieta. 

4 


26  Eugène  Eevillout. 


j«.nT2t06ic  rtijA.  itTccnOTiKon  htê  nnoMoe 

Dec  nue  A.ika>ir  npioMe  ç&.  n«>iû>T  oir(a^t)  çis.  Tôk 

M.(a  eqenËD<e  nM.M&K  ^e^pooT  u]&  eiteç 

ôkTûj  neT.it&ToAM&.  cqciitere  itwAiHTtv 

çj^pooir  cqniiujûjnc  ctjo  hujmaio  eneicoT 

M.n  nujHpe  Avn  nenii».  eTOTrev.;kÊ  A.A\ek 

CTTiiivujtûne  ^e>.  oèkiÊec  m'^cvpioc  evnew 

<5>oiÊivMcon  «jcv  cueç^  ncneo^  oe^Mnit 

enei  ROxp^tOAi  *>icAv.n  nci3>.û>pievCTi 

ROti  eqopsc  eqs'MO'OAV  ç^n  m».  niM.  eTHi^ej*. 

t^ikiti^e  MMOrj  iio^HTq  ncoiratnOTn  iiTiiço 

AvoAo^ei  loc  npcoK/ 

evitoH,  etc. 

Donation  de  trois  aroures. 

«...  Voici  que  uons  donnons  trois  aroures  parmi  celles  de  notre  domaine.  Voici  qu'à 
«partir  de  cet  instant,  elles  sont  à  vous.  C'est  vous,  les  prélats  de  S'  Phébamon,  Matthieu 
»et  Syrus,  qui  serez  en  ordonnant  tant  pour  leurs  ....  que  pour  leurs  palmiers  et  leurs 
»  fruits.  Tout  cela  est  pour  vous  et  pour  ceux  qui  viendront  après  vous  en  toute  seigneurie 
»  despotique  conformément  aux  lois.  Qu'aucun  homme,  soit  représentant  mon  père,  soit  repré- 
»sentant  ma  mère,  ne  puisse  entrer  en  procès  avec  toi,  pour  elles,  jamais.  Celui  qui  osera 
«entrer  en  procès  avec  vous  sera  étranger  au  Père,  au  Fils,  au  S'  Esprit.  Ces  gens  là  resteront 
»sous  l'ombre  de  S'  Phébamon  à  jamais.  Amen. 

«Comme  garantie  j'ai  établi  cette  donation,  solide  et  puissante  en  tout  lieu  où  on  la 
»  montrera.  Qu'on  m'interroge,  nous  confesserons  (la  vérité)  conformément  à  ce  qui  se  trouve 
«plus  haut.» 

N°  74. 

iv  loijvntiHC   ei    it&i  eqDtWAiMOc   ste   htjvrti  oiicotto 
Mit  ç^nitoT  eiioirq  ne  cêoX  ^(^(opic  :x.ik&ioii 
TiûipR  no.»  cnnoiTTe  neTCOou-n  3£.e  eiTAOTS-o  jne 
eiieicooTTii  ace  qwercAe'  ujekiuj&.TU  ewooir 
eiTKHÊ  Aomoii  cto"  neTtiT&q  cpoq 
ccooTTti   «kirûj  MnpTi  A.oiirc  niwq 
OTj'îx.e  MnpH&ivq  eCToq'  epoi   eujtone 
RpXpt'^   nTevyT^C"   <^T'<»   ikAve^ÇTe    nnep<OM(e) 
up  epHC  2.*-  itepK>Ai(e)  To'ine  AineT  «tj^tt  efTi 

Lettre  d'un  juge. 

«Jean  est  venu  à  me  dire  que  tu  as  vendu,  sans  droit,  des  froments  et  des  orges  lui 

«appartenant.  Je  te  jure  de  par  Dieu  qui  sait  que  je  dis  la  vérité;  si  je  sais  (si  j'apprends) 

«qu'il  entre  en  procès  (avec  toi),  je  t'exige  ces  choses  au  double.     Enfin,  rends  lui  ce  qui 

«est  à  lui  honnêtement  et  ne  lui  cherche  pas  querelle.  Ne  le  laisse  pas  retourner  vers  moi, 

'  MÊTeAe  de  (lE-cepj^ojjLai,  jjieteXeu3ojj.«i. 

2  CTO  =  T&CTO,  sens  transitif. 

'  CTO,  sens  réfléclii  «se  retourner  vers  moi». 


Textes  coptes.  27 


»si  tu  tiens  à  la  vie.  Retieus  ('en  les  payant)  les  gens  (qui  ont  à  se  plaindre)  et  fais  dans 
î'ie  midi  la  recherche  pour  les  gens  de  ce  qui  est  à  eux.  Donue-le  leur.» 

N°  75. 

if>  na.nnou'Tooc  ncTcoiki  .«.'^eAcôeoc 
ace  -^pujnHpe  mavor  etûe  itenpoc'^opA 
nTevTTevCk.T-  ctootr  oith  neKpiM<\  ner 
MOOTT  njvï  eTepe  nnoTTe  ni^Kpene  m. 
AiOR  CTÊHTOT  o-5-.«.onon  DteTÉc  ncnpoc'^opck 

UTikHp     JkTpOOTUJ     epOOT    evAX*.    CTÊe    TARE 

mutçAAo  iiJkTo'OM  iiTA  Tccoe^K  eÊeio 
n^Hit  TinOTTe  neTnjvRpme  nT&.v^HTc 
j\iv  T.KVHTC  nnenpoct^opey.   hmm*.r   &-rto 
neciiHirc  on.  nnptoMe  utor  cooto  e 
çOTn  &KÊCOR  èwRR«.i>.-r   eTnc>.TCoOTn 
Oèk  OTHp  ««^Aii^ric  nA.Hu  cic  nnoTTc 
n*v.Me>.R  n».pjvR*.Aei  nitos'pûJMe  ntrei 
epHC  ni^qi  iieCRHT-e  nnpcoMC  htù.-!-  ç^m. 
nekM&  niTÉtoR  oit  eçHT 

..4  ïi  revers. 
T^  T&jkC  M'^eAo«eoc  M.n  evinw  3£.(dpe  ç^ith  n&im 
OT©oc  neXik^iciCTOC  OTacjvi   ^n  to'om  ivreTpidkC 

ÊTOTe^ivÈ 

Lettre  sur  les  fondations  funéraires. 

«Paphnuce  est  celui  qui  écrit  à  Pliilothée,  à  savoir  :  .Je  suis  dans  la  stupéfaction  à 
»ton  sujet  relativement  aux  offrandes  qui  t'ont  été  remises  eu  vue  du  jugement  des  morts. 
«Dieu  te  jugera  toi-même  pour  cela,  non  seulement  à  cause  des  offrandes  pour  lesquelles  tu 
»as  manqué  de  soin,  mais  encore  à  cause  de  mou  état  de  vieillard  sans  force  qui  touche 
!>à  sa  fin.  Enfin,  Dieu  décidera  entre  moi,  ainsi  que  les  offrandes,  d'une  part,  et  toi  d'autre 
»part.  Les  richesses  des  hommes,  tu  les  as  accumulées  et  ensuite  tu  t'en  es  allé,  laissant 
»  ces  gens  dans  combien  de  peines.  Enfin,  voici  que  Dieu  est  avec  toi.  Prie  les  grands  hommes 
»(les  gens  du  conseil  municipal,  les  principales).  Viens  donc  dans  le  midi  et  n'oublie  pas 
»de  rapporter  les  richesses  des  hommes  qui  étaient  chez  moi.  Puis  va-t-en  au  nord  encore 
»(si  tu  veux).  Remis  à  Philothée  et  à  l'apa  Djoré  par  Paphnuce,  ce  tout  petit.  Salut  dans 
ïla  force  de  la  Trinité  sainte.»' 

Au  sujet  des  prières  funéraires,  dont  il  est  question  dans  cette  lettre,  je  citerai  cette 
inscription  que  j'ai  oubliée  de  reproduire  dans  mon  travail  épigraphique  à  ce  sujet. 

IH    «.ï^iek)    TpiCkC  (M.n)M.&K&piOC    CCTHpOC 

(attrco  eo)p&i  MneiM&  acmtok  m.moc 

(itnecR)TrnûiMA  mtja.».  (itc)oir    i^   MnefiOT 

(R&pi«.)  evo-ûi  Tujeepe  (•^)&.Mett(o»  .  .  .  (ujAhA.) 


'  Évidemmeut  Paplmuce  comptait  accumplir  les  services  des  fond.ations  pieuses  négligées  par  Philotée. 

4* 


28  Eugène  Revillout. 


nOM.i&.  Mil  n(cT)  Ct\pjkf*,uoc  tAs^ 

OT«kikfe    THpOT    «kMHlt 

«Sainte  triuité.  Ils  ont  déposé  les  restes  de  la  bienheureuse  Ajho,  fille  du  bienheureuse 
■  Sévère.  Elle  s'est  reposée  le  17  du  mois  de  Phaménoth.  Priez  pour  que  Dieu  la  rende 
«digne  de  recevoir  l'héritage  avec  tous  les  saints,  Amen.  Fiatl  De  Dioclétien  l'an  662,  des 
«Sarrasins  an  334  (an  946  de  l'ère  chrétienne).» 

N"  76. 

ujopn  Aieit  -^-uji  epe  ««.uîHpe  m^ 

ne  exeTiiMnTCon  oti   o^iwq  ikirto  eujco 

cTn&no-rc  nacocic  ne  j^TexiiXo  ctcth 

erjeCMOTP  cpMTii  ntûtone  oi  n3V*kKH 

evpinn&  nTCTÏt-\-  a^^^e  «.pinit*.  htcth 

nROTÏ  iiDcûiMe  Tirnoo^q  n&n  o-rac&i 

nTô.n  CTepe  n.wep  oja  ii3£.(oei)c  t«.«>c  niten 

oc  Âv\\'«>'\THpioii  Aicp*>Te  ncOK  nnp 

çiOKoq  n<»eoD^  mcots-chc  Mit  -i^ 

<opoc  ate  nqac  a-tê  êik/  .  .  . 
ooc  2£.e 

Texte  d'une  lettre  j)our  réclamer  un  livre. 
«Avant  tout,  je  salue  ta  bonne  fraternité.  Le  Seigneur  te  bénira.  Ayez  la  bonté  de 
adonner  le  petit  livre  de  nous  (sur  lequel  il  y  a  une  partie  du  psautier)  à  Théodore,  car 
»il  a  dit  :  mon  fils  en  prendra  quelque  chose.  Si  donc  vous  avez  fini  de  le  transporter  sur 
«plaquettes,  ayez  la  bonté  de  nous  l'envoyer.  Salut  dans  le  Seigneur.  Remis  à  nos  chers 
>  frères  le  prêtre  Moïse  et  Psaté  (par)  Victor.» 

N"  76*''. 

R(o  HA.I   eûoA.  2c.e  e>.i-\'ç^ice  n 
hth  «kXAe».  iiTûiTit  neneioxe  .\pi 
Tewr^nH  eRUiMiCTS-nevce  npêkCTe  en 
Êi   nuevpTe  erutot  cçottu  it&n 
ekWek  &pinn&  on  npit  TCOTpe  n 
ujoiÊ'  cçoirn  utootr  tipujûjfi 
neieiOTC^  tvTJvTCtoRn  '  oi   ncacco 
coMe  njvrt.  MU  hï  CTpjk  uj^"^  estui 

'  coTpe  nujtaÊ  grattoir  —  de  cou-pe  aiguillon  et  de  ujwê  mutare,  permutare. 

2  eioirc  =  lûjc  légèreté  (ihc  festinare,  ccie  aiidax,  cca.iûiot  levés,  veloces),  «wCai  levis  fieri.  levi- 

ta,  =  is  n-^. 

,m  I      A 
'  cojRn  =  ca>2s.n. 


Textes  coptes.  29 


Autre  lettre  relative  aux  copies  de  manuscrits. 
«Pardonuez-moi,  car  je  sontfre  pour  vous  de  la  peine  que  je  vous  donne.  Mais  vous 
»êtes  nos  pères.  Ayez  la  charité,  si  vous  vous  réunissez  demain  pour  le  Synaxis,  de  nous 
»  apporter  les  papiers,  mais  soyez  assez  bon  pour  apporter  aussi  le  grattoir  eu  votre  main, 
»atin  que  vous  puissiez  changer  (corriger)  les  légèretés  qui  ont  pu  rester  dans  les  livres 
»tant  pour  nous  que  pour  la  maison  de  Sirra.  Priez  pour  moi  eu  charité.» 

N°  77. 

po  ccvi-^  ooMT  11^.11  oe». 

(eic)  ^6  (6)Skqig».3£.c  avmoc  poq  A.iiOTtoujÊ  .\upTO 

ace  CKEipe  ti«.eT(«>.R).\;kTr  11&.1  fiç^  oce  oi5'!î^e  (mô.)iitr  çcoè 

ify.Mme  nitOTTe  ot  mu  n(eipMMe  akci   eoT(-)TOOT  ccot 

«.ujOîT  ».it  npb>.Kve  OTT&uj  ei   ei   ujjvtiç^e  epoc  11 

OTT  Alt  «>  nei^Hue  £i   eq  tou 

2e.(dM.M0c  &.HU)(opuj  n«k 

Réclamation  contre  un  chantage. 

«...  Voici  la  manière  dont  il  a  parlé  :  les  choses  que  tu  as  faites  à  mon  égard,  Dieu 

»ne  les  aime  pas,  les  hommes  ne  les  aiment  pas.^    Ce  misérable  est  venu  dire  :  tu  m'as 

»ruiué.  Je  t'ai  donné  de  l'argent  pour  cette  chose  et  ensuite  tu  as  répondu  avec  serment  :- 

»Je  n'ai  pas  affaire  avec  cet  homme.  Puis  tu  es  allé  vers  une  montagne  éloignée.   Si  je  la 

»  trouve,  tu  es  (un  homme  mort).» 

N°  78. 

«kipiynHpe  J.vncinos' 
llUJTOpTp    O^^ôH    AvneTitp 
nej.in«j&  omXoc  hottemot  ev&c  {sic) 
ça.  npekii  A\.ne3(;c  maAictc.  cnco 
oirn  ste  tctumotp  mmhuc 

TÊTItnMT    OWTTHTTn    rtEllMe 

pjkTÊ  ttciiHTr  enttoir  npa^uje  HT&.q 

T*.q  eitetieiOTe  «ne..iiocToA.oc  os.6  &Trp  iiej.\. 

nu)A  ncoujoir  c^cm  Tip<>.n  Mnc;)cc  r«^i 

T?«.p  ^iTii  OèkO  n^Ai^nc  cmvjk  êoir 

eçoirn  CTMnTcpo  nMnHTC.  0.TI0 

(av-hc  0Tî-)(j'(i)3tfi  MneiiÉioc  ne  cite 

«TIOR    eÇOTtl    cp 

Lettre  pour  encourager  les  chrétiens  à  souffrir  persécution. 
«Je  m'étonne  de  ce  grand  trouble  avant  même  que  vous  ne  soyez  devenus  dignes  de 
»  souffrir  la  mort  pour  le  nom  du  Christ  —  surtout  alors  que  nous  savons  que  nous  mourons 
»  chaque  jour.  Vous  avez  vu,  vous  aussi,  mes  chers  frères,  la  grande  joie  qu'il  (le  Christ)  a 
«donnée  à  nos  pères  les  apôtres  d'être  dignes  d'être  méprisés  pour  le  nom  du  Christ.  En 
»  effet,  c'est  par  beaucoup  de  souffrances  que  nous  arriverons  au  royaume  des  cieux.    Et  ce 

'  C'est  le  contraire  de  la  vieille  formule  hiéroglyphique,  employée  sous  la  XII=  dynastie,  etc.  ;  «J'ai 
fait  ce  qu'aiment  les  dieux  et  ce  qu'aiment  les  hommes.» 

2  ARTtoûç^  désigne  la  prière  qui  accompagnait  les  serments. 


30 


Eugène  Revillout. 


m'est  pas  là  un  amoindrissemeut  de  notre  vie,  ni  une  honte.  Ayez  donc  soin  de  vous  affer- 

unir  dans  .  .    » 

N"  79. 


Cwpinn&  n.vv 
Md>n  «OTacajft).v\.c  nrn 
oum  CTCRRAHCiik  ace 
jA.nen^e  cou-on  Tnçe(T)q 
eiTE  &.n&   iepHj«.ie^c 

H  neCTi3(;epoit  atc  n 


TOOOT   ETc  Mneno 

A.  .. 

ujOT  2..    AttiHiV  on 

Mncnoujq  •^ 

OTatiVi     UjAh\    £3CtOÏ 

e>..\ve,«>©ivioc  atoo 
OT  nc'^ujHpc 
oe  uooAinT 


Demande  de  livres  d'Église. 

«Faites  nous  la  chanté  d'un  Hvre,  pour  que  nous  le  lisions  à  l'église,  car  nous  n'en 
«•avons  pas  trouvé.  Nous  demandons,  soit  l'apa  Jérémias,  soit  l'apa  Ézéchiel,  soit  le  Stichéron, 
«•parce  que,  ceux-là,  nous  ne  les  avons  pas  lus.  Daniel  aussi,  nous  ne  l'avons  pas  lu.  Salut! 
•Prie  pour  moi'. 

«Matthieu  a  envoyé  son  fils  pour  l'argent.» 


N°  80. 


iiiCTETre  ne^i   3ce  if^Ao 
Ait  eiujiite  nc&  neR».ti».i' 

Mit    TeRRikTekCTikCIC 
eTHikHOTTC    Mn    ■©£    ET 

ROnç^  MMOC  OM   nnoTTE 
Mnenewir  CTeujjs.Ki'ine 
MncRoirac.&.i   uje^ip^e 


ococ  eiuô>.T!-  cpoq 

TnnooTJ"  neRMii»!       , 
niki  nTOOTC}  na.£iit 
nnp  Ti^i^c  niojCH'.^ 
ç^iTn  lojoeknnHC 
OT2C».!   OM  nacocic 


Lettre  de  politesse. 
«Crois-moi,  je  ne  cesse  de  demander  ta  satisfaction,  ta  bonne  situation  et  de  m'infor- 
»mer  de  la  manière  dont  tu  vis  en  Dieu.   Au  moment  où  je  constate  (je  trouve)  ton  salut, 
^c'est  comme  si  je  te  voyais  face  à  face.  Enfin,  envoie-nous  des  nouvelles  de  ta  satisfaction 
«par  Abner.  Remis  à  Joseph  par  Jean.  Salut  dans  le  seigneur.» 


qos'q  n.ne'-5URjk  neac^q 
OS.C  n».«>HT  cen.».qi  hter 
■\\.'t3(;h  «tootr  çk  tci 

OTV^H    ncnT&RCÊTÛJ 

TOT  a^c  oetiROOTE  iiCT«ew 


N°  81. 

(a^^cooiro^)  coto  eçoim   .  .  . 

(ôv^Rtll)    MnÇHRE    6Ê0A 

«kW«>  nTikqacooc  (atc  \) 

niKOTFtaM.  nTikCm  htù. 

CTTÇ^p&ne  CTÊe  Te'^MttT 

nonHpoc  «k  nnOTTE  aciTOT 

Fragment  pieux  sur  un  mauvais  riche. 
«Il  a  amassé  des  froments.   Il  a  laissé  le  pauvre  dehors.    Mais  il  a  dit  :  je  mangerai, 
«•je  boirai,  je  me  réjouirai.   A  cause  de  sa  méchanceté.  Dieu  l'a  dépouillé  de  ses  biens.    Il 
»lui  a  dit  :  insensé,  on  te  prendra  ton  âme  cette  nuit.     Les  choses   que  tu  as  préparés, 
»  d'autres  les  prendront » 


•  &ite,i  veut  (lire  beauté,   p*.n.eki  plaeere,  et  c'est  de  ce  sens  qu'est  tiré  le  neRe.na,i  de  notre  texte. 


Textes  coptes.  31 


N"  82. 

\  on  np&it  cnnoTTE  «ujopn  .snoK.  too  expA.  oev.peo  Tiveipe  iinpocee  ercH 

nROAVOTTC  eici^A.1  unckcon  ÊiKwp  ocê  ç^  cnï3(;*.pTeii  epe  çcitKecnHOTr  m. 

M.n  çûiû  Mn  onc  thi  iieAv.\R  &.«  çre  Aa.  npOTreono».  isp  AiiiTpe  etk  iijwi  ne 

A.Tr  n^tmepçcofi  neçooip  «moc  cï».ei  e  &nOK.  n*.con  icooe^nHC  nifoT  iinTO 

ÊoX  nMOR  on  A*.t  nacinocoû  a.iti  Mn  ott  tio  nMnxpe 

TCiiOTC  nçjsXoRoai^n  eiojpK.  cnnoiTTe  e^noit.  nj^con  lepeMi&c  ».M0Tuev  ti  nMnTp(e) 

ne«.nTMupj^Ttop  M.n  neujîVHA.  nTnc>,<»  ^noK  n».eon  «kÇ^s.tj'opevpi  tio  nMnrpc 

Ç0A.1KH  rteRAHc(eiek)  Mn  noTrac.».!  neiei  e^nou  ne>.con  d.njvHipe  MHnfk  ikicça. 

OTe  eT^^p3(;H  eatton  kcvtcv  Rçepoc  niM  i  nT*.2ii<r  •\'o  njw.nTpe 

Règlement  de  compte. 

«Au  nom  de  Dieu  d'abord.  Moi,  Thoukomous,  j'écris  à  mou  frère  Victor  :  Je  u'ai  au- 
»cune  affaire,  ui  aucun  compte  avec  toi  pour  aucun  travail  aujourd'hui;  je  n'entreprendrai 
»avec  toi  aucun  travail;  j'ai  donné  12  holokot.  Je  jure  par  Dieu  tout  puissant  et  les  prières 
»de  l'église  catholique  et  le  salut  de  nos  pères  qui  dominent  sur  nous,  selon  le  temps,  que 
»je  garderai  ce  serment,  et  que  je  ferai  comme  il  est  écrit  sur  ce  papier.  Des  frères 
«témoignent  qui  sont  :  Moi,  mon  frère,  Jean,  père  de  la  montagne,  je  suis  témoin;  moi, 
»mon  frère,  Jérémie  Amouna,  je  suis  témoin;  moi,  mon  frère,  Ahajorari,  je  suis  témoin;  moi, 
j>mon  frère,  Apakiré,  j'ai  écrit  de  ma  main  et  je  suis  témoin.» 

N°  83. 

ujc  ...  ICO  nujHpe  (MnMivu/) 

KTCpMektlOC    Mn    «HTTOTTOOTI-    TUjecpC    AVJvlV,    ÇHAViM 

Ain  CTn».^&nH  ujnpe  MnA».ekH/    ice>.&ii  eTeqAi.&«>(ir) 
tim».r/   TCûine  e^noii  THpn  enitn  enR«i.CTpon  n3s.H(Me) 
nnOAioc  «TnoAic  epMonT  cnxi  Aiiuicwc  n(oir) 
çirnoppe^f^e-rc  CTpcqo^Tnoi?pjw'|>e  oevpon  Avn  ocn 
Mnxpe  nek^ioniCTOC  nevï  cTnCk  M^>.pTIpI56  epoc 
çi^pon  eneiCTi^t'pô.'^on  MMepiCMOC  ....  na^i^A-ircic 
n&.Tn&pekÈo.  maic^  &Ta>  n«.pinvp&.c&Aeis-c  mmoc 
«ÊoTV.  (M)iin(ea>)c  encç^i  M.nencon  cTe'5>&.noc 
nujHpc  M.nM.t^Kl   ^repjAivnoc  npjiineiR^CTpon 
nOTTtoT  2e.e  eneia^H  ^nena^r-e  Mn  ncnepHir 
nnjvç^pti  ROM«c  na^ioiR/    crue  nnï  MnenMft.R 
neitoT  repA«.ôknoe  n&i  (er  oi)  nç^ip  urAûjA.  i^q 
ReXeire  (e)^ennoa'  nujnpe  nxe  nR&.CTpon 
no^tj  eatton  &irnoT2£.  RAnpoc  eç^p&i  *<  neRAH(poc) 
61  eç^p&i   £3t(oR  uTOR  CTe'^&noc  ^RTèkOo  ncinno 
cion  nxMHTC  ctç^i  nvopT  &rta.oo  nc^iMoipi*. 
iiTacHpe  rtTnc  M.n  nTeT«>pTon  juncinnoeion 
n*H  3£.in  Av.nçto'^   e(T)    epKC  j^ttûi  npek(t}T)ooT  nTstHpc 

ET  nxne  mmoc  me.  nçoï MMoq 

Avn  nTfopT  u)tone  nROinon  n&i  ne  nMcpoc 
MM£<  nxck  CTe<^i>.noc  nencon  T&çotj  nçou-ii 


32  Eugène  Revillout,  Textes  coptes. 

MiienMikB/  neuDT  repj\»>noc  oco         epoR  TA.pR 
U)ù>nE  CRO  Mnscoeic  atiit  TenoT  uj&.  eiicç^ 
oibxoR  Avn  nCRujHpe  Mit  neRR^Hpoc 
noTt  Bivipw  (n)eTn«.ci   cdoK  cpOR  eueo^  cixe 
&non  eif^e  ivcnM.Hpe  ne(T)cnevt"e  iid>R  (oevçrn) 
Aev&Ts-  nc^ou-ci*».  qo  nujMMO  eneitoT  mu 
nujHpe  Mît  nenne«.  ewrw  hcjti  m.kt  nçoAoR/ 
MnpoCTiMOn  nTejOTCi*.  muhcwc  u'4ei 
eçoTTU  nqçûm  eneiMepicMoc  enei  ... 
T  .  .  .  q  tjtûpac.  f^a'M.a'OM.  mm«^  itiAi  CTiiev 
eM<i|>&ni3e  MMOq  nçiiTq  iiceatiiOTn.  nTiiçOMoAoï^ei 
■\-  «lAOk  ccnoTTOioc  neieA«k3(;ic  nft.p2(;HnpecÊ/ 

•\-  *.noR  THTTOTOciT  atepe  hocm«>i  TiCTe^^e 

■\-  «.noR  MiiTpe 

&nost  ^"cojpï^cioc  nujHpe  ROCMik  •\'0  MMnTpe 

Au  revers. 
,  .  .  i^h\o  itncT 

\&.fieCT&T(oc)         MnoonTcj 
ujojnc  riRO 

«. .  .  Fils  du  bienheureux  Germain  et  TLytourou,  fille  du  bieuheureux  Hima  et  Cunagapé, 

>fils  du  bienheureux  Isaac  et  dont  la  mère  est  Tsone,  nous  tous  appartenant  au  castrum  de 

ïDjême,   nome   de   la  ville  d'Ermont,  ayant   pris   un  scribe   pour   écrire  pour   nous   et   des 

»  témoins  digues  de  foi,  pour  témoigner  à  cet  acte  de  partage  et  de  transaction  inviolable 

»et  inébranlable,  nous  écrivons  à  notre  frère  Etienne,  fils  du  bienheureux  Germain,  habitant 

»du  même  Castrum.   Après  un  procès  qui  eut  lieu  entre  nous  devant  Cornes,  administrateur 

»en  sujet  de  la  maison  de  notre  bienheureux  père  Germain,  maison  située  dans  le  carrefour 

»de  Coulol,  il  ordonna  à  des  grands  fils  du  Castrum  de  nous  la  partager.     Ils  jetèrent  le 

»sort  et  le  sort  vint  sur  toi,  Etienne.   Tu  as  obtenu  le  synposium  (=  la  chambre)  du  milieu 

»qui  est  sur  le  paUer,  tu  as  obtenu  moitié  du  grenier  supériem-  et  le  quart  du  synposiou 

"de  devant  depuis  la  poutre  du  midi  et  le  quart  du  grenier,  qui  est  au-dessus;   et  que  la 

«cour  (qui  y  conduit)  et  le  palier  soient  communs.     Telle   est   la  part  de   lieu  qu'Etienne, 

»  notre  frère,  prend  dans  (sic)  notre  bienheureux  père  Germain;  contente-toi  d'en  être  maître 

»  maintenant  et  à  jamais.  C'est  pour  toi  (<=i=>  @    ç,   ^^z^^j  et  tes  fils  et  tes  héritiers  en  tout 

temps.  Celui,  qui  te  cherchera  querelle  jamais,  soit  nous,  soit  nos  fils,  et  t'intentera  procès 

> devant  aucune  puissance,  est  étranger  au  Père,  au  Fils  et  au  S'  Esprit  et  qu'il  donne  dix 

sholocot  d'amende  à  l'autorité.    Après  cela  qu'il  vienne,  qu'il  approche  de  ce  partage  .... 

»  solide  et  vénérable    dans  tous  les  lieux  où  on  le   montrera.    Qu'on   nous  interroge,   nous 

«répondrons.    Moi,  Sénoutios,  ce  petit archiprêtre.  Moi,  Theytouhou,  fille  de  Hémai, 

»je  souscris,  etc.» 

(La  suite  prochainement.) 


Papyrus  magique  de  Londres  et  de  Leide.  33 

PAPYRUS  MAGiaUK  DE  LONDRES  ET  DE  LEIDE. 

PAE 

Eugène  Revillout. 

(Suite.) 

IV,  1.  Une  puiss.inte  furmule  d'iuvocation  p.ir  laquelle  le  ffrand  dieu  Imoutli  interroge  sa  réunion 
d'esprits,  pendant  que  tu  apportes  une  table  de  bois  d'olivier 

IV,  2.  prenant  quatre  pieds,  sur  laquelle  aucun  homme  du  monde  ne  s'est  assis  jamais,  et  que  tu 
la  places,  pure,  h  ta'yolonté,  voulant 

IV,  3.  faire  une  divine  venue  (divination)  en  vérité,  s.ans  mensonge.  On  me  l'a  apportée  étant  de 
telle  manière.  Tu  places  la  table  dans  un  lieu  pur, 

TPAHECEN 


\C3 


IV,  1.   Ou  seSem  set  II  Y^ °i   ^^  9^1)  ^^^'^  (""  ''''  •''ioiité  après  coup  entre  lignes  <s>-   I. 

Mais  je  crois  qu'il  s'agit  du  verbe  ujine  interroger,  dont  j'ai  tant  parlé  précédemment,  et  non  de  la 
particule  UJ*>«);  'neter  aa  Imouth  jtefs  suh  iiiy,  (coioiro  \A);  xen  (ujjkn);  anik  \  f\\;  ou  tekes  (tekes  est  tra- 
duit parTPAnEZA-  C'est  le  sens  table  ou  tablette,  que  nous  trouvons  dans  la  chronique  démotique,  etc.); 
nëen  (     a     ()  «Jh«i);  nt'it  (atociT), 

IV,  2.  auft'i  (eqati);  rattut  (pJvT);  4  t;  eben  {[\(§.  J  |;  rem  nib  (p<0Me  him);  njito  (neko);  hems-Tc 
(ç^cMCi,  ÇMOOC.  Le  k  final,  qui  encadre  le  mot,  est  explétii:);  hi{a)tthif  (o^iwTq  ^  ^v  ^  '?  '^"^^li 
eneh  (ciieo);    mtukxa    (T  'èx  OC'^)'   ^fi^^  (eqoiPHfc);    etekabs    I't^  1  SAi  le    '  ^  t  est  le  sufiise  de 

régime,   qui  forme,   comme  le  suffixe   de  régime  '^'~-     =  q.   beaucoup  de  substantifs  dérivés  d'im  verbe). 

IV,  3.  ear  neter  i  (    ■*•     A,  qui  parfois  est  prononcé  i  dans  les  bilingues,  est  la  forme  idéographique 
VA 
des  verbes  de  marche.  Ici,  le  mot  composé  neter  i  est  déterminé  par  le  rouleau,  parce  qu'il  s'agit  de  la 

divination  magique,  conf.  VIII,  12  et  XXVII,  32);  namf  (MAioq);   nt'et  ma  (atinMc);  nuS  (on-euj);  t'etnat' 

(3!Miid.Dc.i);  t'iuisu  (2e.i);  pat  pefsmot  (cmot);   eark/a   (X*")-   Le  texte  porte  ptéke  (pour  tekes);  xen  (Sen); 

oiiut  (le  mot  ut  est  en  hiératique,  conf.  Y  V\o[|[|  c~zi);  efub  (eqoTHÊ). 


34  Eugène  Revillodt, 


IV,  4.  au  milieu  du  lieu,  proche  de  t.i  tête.  Tu  la  couvres  d'un  voile  de  la  tête  aux  jiieds.  Tu 
places  briques 

IV,  5.  quatre  sous  le  pied  de  la  table  par  devant,  chacune  étant  à  la  partie  supérieure  de  l'autre; 
un  réchaud  d'argile  sera  devant.  Tu  y  mets  du  charbon 

IV,  6.  de  bois  d'olivier.  Tu  y  places  de  la  graisse  d'oie,  pilée  avec  encens  et  albâtre  sacré.  Tu  en 
fais  une  pilule, 


I  K^  -^ 


— ->  [■ •,    AAAAAft      .  f-n7        ftAAAAA     |      r\  y  r-i?       ^  •>  ♦» ftAAA^vs 


-.«— !i:î-~i(l« 


:Q 


XHNArPlOY 


o      "1-M  £\  o  a      Q  (2■ 


IV,  4.   nemta  (avhtê    ^\  ''"'^JS  |  |);   wjP'no  (nM«^  ^       I  );   ef/enau    I  y&î  A    ^<o",    Sêht);    et'at'k 

(acwat);  mtukhebs  (ç^to&c  x       H  2);  nuatSenntot  (ujenTûj);  nt'at'f  (acto,  atûiat);  eratf  {i>&t  Jj^lî 

wîiJtfc  /a  (x*»  T  "^i  );  'c&  (TûiÊe  c-"='^      i        il. 

/    ili 
IV,  h.  4  t  /er  I  s&);  rattuf  (p^^t);  nptekes  nahraf  (iiekÇ^pôkq)  ;  antauat  (oirew);  niarat  (pe);  ^irj 

ntauat  namu  eotm  (oirn);    «a(  ;ttMi  1      |ll,     ^^      lAli    "^""   (   '      '  1**°);    nahraf   (n&ç^p^q); 
mtuktit  ("X           )',  t'abaut  (atefic). 

IV,  6.  nSenn  (igHn);  ut'it  (dcoeit);    eros  (epoc);    mtuktit  {'\);   at  l  0  wt,  to-o-);   nseraut  (mot 

hiér.atique,  transcrit  de            [1  Vi^^);    efwcf  1  "^  "T"  nois-T  moudre,  "l  [Jw  moudre  ou  écraser  les 

couleurs);  hi  {<i});  xel  (ujhTV.);  hi  (^i);  kes  (nom  hiéroglyphique  bien  connu  de  l'.albâtre);  mtukaru  (.<S3~  i 
S  écrit  <:::>  lou     —    L  ce  qui  n'est  p.as  rare);  nhennt  I       ■wwv.  i 


Papyrus  magique  de  Londres  et  de  Leide.  35 

IV.  7.  mets  eu  ime  sur  le  réchaud,  et  places  le  reste  à  ton  lion  plaisir.  Lia  sur  lui  cette  invocation 
en  langue  étrangère.  Dis  les  paroles  et  couche  toi. 

IV.  8.  sans  parler  à  homme  quelconque  du  monde.  Dors  jusqu'à  ce  que  tu  voies  le  dieu,  étant  à  la 
façon  d'un  prêtre,  vêtu  de  byssus  et  portant  poulaine  à  son  pied. 

IV.  9.  Je  t'invoque  toi,  qui  es  placé  dans  les  ténèbres  invisibles,  au  milieu 

IV,  10.  des  grands  dieux,  puissant  et  recevant  les  rayons 

IV,  11.  solaires  et  envoyant  la  déesse  lumineuse  Néboutosaleth. 

IV,  12.  le  grand  dieu  Barzan  boubarzan  narzazouzan  Barzabouzath. 

IV,  13.  le  soleil  :  Envoie  moi  dans  cette  nuit  ton  archange 

IV.  14.  Zebourthaimée.  Parle  pour  la  vérité  véritablement  sans  mensonge. 

IV,  15.  d'mie  manière  non  douteuse,  sur  cette  affaire.  Je  t'exorcise  par  celui  qui  est  assis,  revêtu 


t-Pk:-.^WH'^.^ï^~ii=i' 


>=^ 


,e^i'^^ 


o  afi  f" — -  D  e 


e 


IV.  9.    EnEIKAAOYMAI     CE    TON     EN    TCJU    AOPATOJ     CKOTEI     KAGH/MENON     KAI     ANA 
MECON 

IV,  10.  ONTA  TU)N  METAAOJN  GEOUN  AYNONTA  KAI  HAPAAAMBANONTA  TAC   HAIAKAC 
IV.  11.   AKTEINAC    KAI    ANAREMPONTA   THN    <t>AEC4>OPON    GEAN    NEBOYTO  C  OYAAEG 
IV.  12.   GEON   METAN    BAPZAN    BOYBAPZAN    NAPZAZOYZAN    BAPZABOYZAG 
IV,  13.    HAION    ANAHEMTON    MOI    EN   TH    NYKTI    TAYTH    TON    APXArrEAON    COY 
IV.  14.    ZEBOYPGAYNHN  •  XPHMATICON    ER    AAHGEIAC    AAHGœC    AYEYAOUC    AN 
IV.  1.5.    AMct>IAOru)C  nEPI  TOY  AE  PPATMATOC  OTI  EEOPKIZU)    CE    KATA   TOY  EN  TH 


IV.  7.  miuTitit  (nTER-^);  oxiat  epa/  \  Y  nA.uj):  mtiikya  {'xa)  T  ^^\  j;  pse}}  (ceeiie);  etékabs 

(voir    plus    haut);    mtukas   |  IJ    ûjuj);    puiaS    (touj);    nt'et    I  QA    iaev.!x.c);    smer    (u]MAv.(â 

ÎJÎ    iij^rwi'^yir);    «'"O/"  (cpoq);  i'ei  (2e.<o);    t'etu    I  Ur^s  M^    UJ4.3C6);    mtuHetnu  {nnOT    M  ©.^B-i; 

mtS  (ou-eaj   "^sx.    Dans  le  papynis  magique,    '^5^.   se  fait  comme     ■   voir  à  la   ligne  suivante);  nsat'i 

(Côk3£.l). 

IV.  8.  ubau  (oirfee);  rem  (ptoMe);  neht  (itiM);  npto  (■  ...  •  -o-o):  mtuliketnu  («rot):  nak  (n^kR  ^^; 
Xan  (voir  la  note  annexe  A  à  la  tin  de  cet  article);  naulc  (na^T  f^ — ■  .^&-|:  epneter  (nOTTi);  efenpsmot 
(cqMncMOT);  nou  ub  (noip  otphê);  eft'iSes  (^^^P  ati  avec  le  signe  des  étoffes);  nsens  (ujcnc);  eft'i  (îxli); 
Sau  (ce  mot  signifie  nez  et  s'applique  ici  à  la  chaussure  à  la  poulaine  des  prêtres  égyptiens,  avec  une 
pointe  ou  nez  très  avançant);  erattuf  (p«^t). 


36  EuGÈKE  Revillout. 


IV.  16.  d'une  chlamyde  de  feu,   .sur  la  tète  d'argent  (?)   de  l'aga- 

IV.  17.  thddénion.  le  tout  puissant  démon  à  quatre  faces  sublimes. 

IV.  18.  Ténébreux  conducteur  d'âme  ('/)  Phox,  ne  refuse  pas  de  m'écouter,  mais  envoie 

IV,  19.  vite  cette  nuit  l'autorité  {?)  du  dieu.  Dire  trois  fois, 

IV,  20.  jusqu'à  ce  qu'il  fasse  conversation  devant  toi  bouche  à  bouche,  en  vérité,  pour  toutes  les 
interrogations  que  tu  désires.  Il  s'en  vient  encore, 

IV,  21.  quand  tu  places  une  tablette  d'invocation  d'heure  (d'horoscope)  sur  la  première  bri(iue  et 
que  tu  mets  les  étoiles  sur  elle.  Que  tu  écrives  ton  invocation  sur  un  livre  neuf, 

IV,  22.  (pie  tu  le  places  sur  la  tablette  jusqu'à  ce  qu'il  fasse  venir  tes  étoiles  à  toi.  arrivant  sehm 
ton  invocation 

IV,  16.    HYPINH    XAAMYAI    KAGHMENOY    EHI    THC    AP(rY)ipEAC    KE4'AAHC    TOY   AfA 
IV,  17.   eOY     AAIMONOC      nANTOKPATOPO  C     TETPAROCCOnOY     AAIMONOC      YYI- 
CTOY   CKO 

IV,  18.   TIOY    KAI    YYX(ArC0rOY)2    4'a)Z    MH    MOY    HAPAKCYCHC    AAAA    ENAREMYON 
IV,  19.   TAXOC    TH    NYKTI    TAYTH    Eni(TEAEIAN)^   GEOY   TOYTO    EIHAC    f 

iv,2o.    '^  ^^'^-^p|(je.^=^^^''^(]©-e^^;==«'---'Y"?'^-=^^^ll^-^- 


'^.::35^w^|^o^Po/l\ra Jl  A'^(|(2^'^:3^Y'=^=^'^'=^fl®'^^^^^^' 


,^^^ 


IV,  20.  ;^aMMi/'  &t'e  (cô.2«.i);  oiCbék  (oTÛe);  nrof  (poq);  oube  (oirfic);  rok  (poR);  nt'etmat  (natiiiAie)  ; 
xer  [3^  *«>.);  heb  (çiou-e);  auutkahf  Itt;  1  5());  aufhi  aufi  (voir  la  note  annexe  A);  naf  (ita^q);  an 
(on  ;^). 

IV,  21.  ;fa(i  ark  hi  oiqnuaks  (niius^j)  ;  nas  (ûjuj);  unnutu  (oirnoir);  hi  {qi);  tateb  (voir  plus  haut); 
uat  mtuk  hi  (ç^i  Ç  8  ,  ^  ,|:  nasiou  (ciois-);  hiattuf  (ç_iû>Tq);  mluksax  (cSa.i);  pekas  (muj);  ut  (  ]  <=«^  IJ 
eout'ama  (cou-atûioiAie)  ;  nnmai  ( ^  voir  Rosette). 

IV,  22.  miukUf  (oi  Y  fi  3  j;  hi  {qy   ^);  ppinaks  (nin&g);  /anhcf  (uiikitTeq.  voir  la  note  annexe  B); 

tit  ("V  j;    an    {Rev.    XI,   192—198);    nek    siou    (ciot);    nàk\    auut'a    y^  \  Al;  /<"'■  (S^^);  pekaSut 

■  Restitution  Kenyon.  Le  texte  porte  :  APOYPEAC. 

»  Restitution  Kenyon.  Le  teste  porte  :  YYXAOYPEOY. 

'  Le  texte  porte  :  E  H  ITA  .  .  .  Al  H  N. 


Notes  A  et  B.  37 


IV,  23.  (Formule)  éprouvée  pour  faire  sortir  les  ombres  (des  morts)  :  œuf  de  faucon,  et  myrrhe,  une 
mesure.  Place  cela  sur  ton  œil,  jusqu'à  ce  que  tu  fasses  sortir  les  ombres. 

IV,  25.  Autre  encore  :  tête  et  sang  de  huppe,  mets-le  au  feu  et  fais  en  remède  de  lumière  un  collyre 
pour  ton  œil.  jusqu'à  ce  que  tu  les  voies  encore. 

IV,  24.  — ^i'm '^^^^'^ii  ^^^^  ^/^^  ^®^^nyâ 


O    (S- 


IV,  23.  nut'a  (^  |  AJ;  X'b  (Shiêi);  eft'ont  {^om);  suhe  (coir^e);   w  (/wvaaa);   id  (êhs"?);   hi  (oi 

copulatif);  yel  (iy*kA);  x^  (îH'   T  ^\  |!  ''*  ("V)!  cmatuh  (  ^^  P);  na/»/'  (MMoq);  xctntuf  (uje^nTeq); 

!k  .cSs'; 0/  \<2>-     / 

IV,  24.  ket  (ke);  iep  (t&r);  ah  (otoç^);   smo/"  (cnoq);   nkoukouifetl)  (ROTKOTt^eii.T);    tuxet  I     |JI|; 
mtukaru  (ep);   wrere  I  1;    uin  /ft    (o-a-oem);    smei    (cthm.     I   v\  ^|;    ariMfc    (eipe);    namf 

{}\i\ot\)-  xan  (ujevii);  nmjmi  (««k-r)  ;  eroou  (cpooir). 


3^ofe  additionnelle  A. 

Dès  le  commencement  de  mes  études  démotiques,  en  publiant  les  décrets  de  Rosette,  de  Canope  et 
les  premiers  contrats  du  Louvre,  de  Berlin,  etc.,  j'avais  hésité  pour  la  transcription  de  (j  dans  le  sens 
verbal.  J'avais  vu  ;  1°  que  l;  remplace  \  dans  le  décret  de  Canope  pour  addere  et  dans  des  mots  tels 

que   î  l  b  =    g  "~'>^~^  i      i  choachyte  dans  les  contrats,  etc.  ;  2°  que  partout,  comme  préposition,  comme 

copulative,  etc.  il  correspond  à  9  =  ç^i;   3°  qu'en  copte,  dans  le  sens  verbal,  ç^i  a  pleinement  remplacé 

Ç  xiL  même  dans  des  mots  composés  tels  que  ç^itot  =    §  Qi     P     ''   ®*'°'    *^®'*  m'avait  amené   tout 

naturellement  à  transcrire  zili  par  ^i  jhoot  et  mui  par    ç  «^^/saa^  en  voyant  là  im  changement  phonétique 

(d'ailleurs  incontestable)  entre  la  langue  ancienne  et  la  langue  modenie,  '  et  en  pensant  que  ce  changement 
s'était  fait  en  démotique. 

Depuis  et  récemment  encore  j'ai  eu  des  hésitations  à  cause  des  transformations  que  me  fournissaient, 
de  leur  côté,  les  contrats  archaïques.  Sous  Bocchoris,  Shabaka,  Tahraka,  les  Psammétiques  et  jusqu'au  com- 
mencement du  règne  d'Amasis  (an  12),  ^  aaaa^/»  i r  choachyte  .s'est  écrit  Tî_^.li  ou  ~]T9,\A,^  ou  dans 

deux  contrats  de  l'an  3  et  de  l'an  19  d'Amasis  li'-f .  Mais  dans  des  contrats  de  l'an  16  et  de  l'an  17 
d'Amasis,  il  s'écrivait  aussi  12.1»,  et  cette  orthographe  l'emporta  à  la  fin  de  ce  règne,  comme  sous  Darius, 
Artaxercès,  les  Ptolémées,  etc.  De  son  côté,  la  préposition  9  s'écrivait  [3,^  avant  de  s'écrire    Jj,    et  les 

'  Ç^I  et  OTWÇ^  se  sont  partagées  les  anciennes  acceptions  de  ^.  Ç^l  en  a  pris  pins  de  moitié  en  copte.  Voir  le  dictionnaire 
de  Peyron. 

2  Conf.  les  formes  j      î  et  Ç     etc.  de  Y  en  hiératique.  • 

3  Conf.    J3    —  Ç,  Lévi,  sign.  hier.,  No.  55,  9—12. 


38  Eugène  Revillout. 


deux  orthographes  furent  parallèles  sous  Darius  et  Artaxercès  ilans  des  contrats  où  on  écrivait  ~\i.[}  pour 
choachyte  (an  26  et  36  Darius,  an  35  Art.,  etc.). 

J'en  avais  conclu  (|ue  (j  était  une  des  tonnes  grai)liiques  de  Y.  et  j'avais  transcrit  en  conséquence 
le  mot  choachyte. 

Mais  il  est  également  très  possible  qu'im  changement  phonéticpie  ait  été  en  train  de  se  produire 
st>us  Amasis  dans  la  prononciation  entre  itah  devenu  hi.  comme  her  était  devenu  hi.  Quant  à  l'échange 
graphique  de  (j  et  de  |3  =  Ç.  même  dans  un  seul  texte,  il  n'a  rien  d'étonnant,  surtout  quand  il  s'agit 
de  mots  composés  différents.  On  pourrait  citer  des  milliers  d'exemples  analogues. 

J'en  reviens  donc  à  ma  première  idée  :  la  transformation  de    X  aaaaa^  i      i   en  oi  m.oot  en  démotique, 

A  /vww\ 

aussi  bien  qu'en  copte.  Ce  qui  m'a  surtout  décidé,  c'est  l'étude  de  plus  en  plus  attentive  des  papyrus 
gnostico-magiques.  entreprise  par  moi  depuis  tant  d'années. 

Dans  ces  documents.  Jt  a  partout  remplacé  p.  soit  comme  verbe,  soit  comme  préposition,  et  par 
suite  comme  auxiliaire  verbal  (soit,  ajoutons-le,  comme  copulative).  Or,  comme  formative  de  temps,  c'est 

Q.  qui   est  toujours  et  partout  employé,   et  non    J.    Bien  connu   est  le  temps  en   (1  (3  K.=.^  ^  ^  vj\    v 

auflii   sotem.    Erman.    dans    son    excellente   grammaire    du    nouvel    égyjrtien.    a    relevé    aussi    les    tonnes 

^  j^  ^K\  ^^~^.  Jloi-même.  en  démotique,  j'ai  relevé  les  formes  fré(pientes  :  1"  [1  (2 'l^;.— i^  .^  ^^\  J 
^^■'  ^  "^^^  J  ^  û  ^  "^^^  ^  P  "^^  ^  '^^^  0  <S  -^ —  ^  (Chronique  démotique)  ; 


2°  la  fome  in%-erse   #(|©}^^^^|  Ex..    ^  (1  © '^^^  ?  [|  *^  Koufi  XIV.  25.  ^  (|  ©  K.=^  |  .2a>  l '^  i? 

upiiiiée^qa^pditlil^ii' 


ibid.  XIV.  23.  etc.;'  3°  la  forme  simplifiée  '@.U(J    ^Jll^^    UlLlU  .=i^  £ïï)  ^l-^=:^  =  'V»^  VVl\^ 

^^^^^i::^  Pamont:   ^  <=>  t]  0     <=>  1  Corpus,  t.  II.  pi.  4.  1.  4.  l'oiir  la  fonue  ^  O  [1,  ^  *^^—  la  plus 

fréquente  de  toutes  en  démotique.  voir  Inscriptions  de  Nubie  et   papiers  du  Sérapéum.    Les  formes  com- 
posées h  (E  ><-=^  ^1\q.  ''^■=—  ^^  A  (IV.  20)  et  (|  (E     -;z^  ^ho.     ^^  ^      °  ^^^^  (VI.  6).  etc.  de  notre 

papyrus  sont  de  même  nature,  et  il  est  impossible  d'y  transfonner  Ç  en    ç  .  comme  certains  le  font. 

Reste  le   [j  ou  i  verbal,  que  décidément  je  crois  devoir  transcrire  aussi  'Q  dans  le  sens  du  o^i  copte. 

ayant  remplacé    j    dans  des  phrases  telles  que  celle-ci    V\        v xi  ^  !=<-«=>—  #  A^  0(1(1  DD  •-='■^^1 

etc.  J'ai  transcrit  en  conséquence  avec  cette  homoplionie  moderne  entre  '9  =  ç^i  préposition  et  ■&  =  0^1  verbe, 
d'autant  plus  que  l'allitération  de  ces  deux  mots  dans  les  mêmes  phrases  est  constante. 

Dans  le   démotique  moderne,   rien  n'oblige  donc  d'admettre  pour    ç     un   autre    correspondant  que 
■vj  =  'yr.  sur  lequel  voir  Eevue  cg..  XI,  p.  190,  XII.  169. 
Ce  n'est  pas  un  mince  avantage. 

JVote  annexe  B. 

J'ai  signalé  dans  une  mite  un  peu  trop  écourtée  du  tome  précédent  de  la  Eevjie  ég .  p.  153  il  162 
les  divers  sens  de  la  particule  démotiqne  ^  =  ^&n.  Mais  il  en  est  un  que  j'avais  omis  dans  ime 

trop  grande  hâte,  et  que  j'ai  signalé  dans  ce  numéro,  p.  21,  à  propos  d'im  passage  du  Koufi  VII.  9.  por- 

^       '  n  U  a  ?;  etc.   «Le  lait  qui  fait  nourriture  à  la  bouche  jus(ju'à  ce  qu'elle  enfante  des  dents,  etc.»   Je 

1  Bmgscb,    Gr.  dém.,   p.  187,   §  37y,   avait  signalé   aussi  cette  forme  dans   le   papyrns  gnostique   de  Leide,   en  voyant   dans  'Q 
précédant  [j  (^  '<.-»       une  esclamation  ha. 


Textes  démotiques,  etc.  39 


notais   alors   que    dans    le    Koufi  ^       *l=^.    remplaçait    T(TU  ^  ^\         *<-=^    ly&nTca     basé    sur 

y  CT  =  «Ji^.  qui  nulle  part  n'apparaît  dans  ce  manuscrit. 

Cette  transformation  s'expli(|ue  par  le  sens  temporal  do  gl\  uj&it  «quand»  quuvi  quando,  dont 

j'ai  donné  tant  d'exemples  dans  le  Kouti  même,   aussi  l)icn  ijuc   dans  le   papj'rus  gnostique.    Jlais  il  faut 

remarquer  en  outre  que  le  papyrus  gnostique  possède  la  forme    MltT  "c?  V\         ^c^^  ujù.nT£tj,   ce  qui  ne 

®    o 
l'empêche  pas  de  remployer  iiarallèlement  avec  *L<=^-  dans  cette  mémo  signification.  La  sismification 

1.1  «/WVAA  (3 

®     /^  , 

«jusqu'à  ce  que»  avait  été  constatée   pour  QA,  même  par  Maspero,  Etudes,  pp.  30,  35,  etc.,   à  côté 

de  la  signification  Q7\  ujAit  quand  {ibid.).  qu'il  empruntait  à  Brdgsch   (Gr.  dém.,  183,  §  362).    Je  les 

ai  toujours  aussi  admises  l'une  et  l'autre  dans  ce  papyrus  gnostique.  et  j'avais  oublié  de  le  dire  dans  la 
note  précitée.  Le  dialecte  du  papyrus  gnostique  est  un  dialecte  usé.  qui  a  puisé  à  des  formes  dialec- 
tales fort  diverses.    En  copte,  nous  avons  parallèlement   ujiktiTe   (Thébain)    et   ujatc   (Alexandrin).    Or, 

TtT(î  o  v\         =  uj&.nTe  est  celle  de  Petibast  (Q  12,  18,  W  4,  10)  et  J^T J  g      iyA.Te   la  forme  employée 

dans  le  papyrus  moral   de  Leide  XIX.  2,   XXXI,  12,  aussi  bien  que  dans   le  Corjms,  t.  II,   pi.  2,   1.  22, 

tandis  que  le  Koufi.  nous  l'avons  vu.  a\'ait  ^J]     ,   tiré  de  ujah  et  non  de  ui«k. 


TEXTES  DÉMOTiaUES 

D'ÉPOQUE    PTOLÉMAÎQUE    ET    ROMAINE    TRANSCRITS    EN    HIÉROGLYPHES. 

PAE 

Eugène  Revillout. 

I.    l'entes    et   ffayes. 

Un  des  plus  curieux  textes  de  cette  série  est  une  vente  bilingue  de  l'an  11  de  Jésus-Christ,  dont 
nous  possédons  plusieurs  exemplaires  et  plusieurs  traductions. 

Selon  la  vieille  coutume  égyjjtienne  et  en  vertu  de  la  loi  du  pays,  cette  vente  avait  nécessité  deux 
contrats  écrits  à  cette  époque  sur  une  seule  feuille  de  papyrus  :  l'écrit  pour  argent,  constatant  le  paiement 
intégral,  et  l'écrit  de  cession,  abandonnant  la  jouissance.  Sur  deux  des  exemplaires  différents,  que  nous 
possédons,  on  avait  ^joint  aux  textes  égyptiens  des  traductions  grecques  fort  intéressantes.  Sur  un  autre, 
le  papyrus  CCLXII  du  British  Muséum,  publiée  à  la  planche  8  des  photographies  du  tome  II  du  cata- 
logue, par  les  soins  de  mon  ami  Kenton,  on  n'a  donné  qu'une  analyse  grecque  des  deux  textes  pris  en- 
semble (voir  p.  177  du  volume  de  textes  grecs  transcrits),  analyse  dont  j'ai  eu  l'occasion  de  parler  moi- 
même  dans  mon  Précis"de  droit  égyptien. 

Aujourd'hui  nous  nous  referrons  ici  au  texte  démotique,  tel  qu'il  a  été  photographié  par  le  British 
Muséum,  et  qui  est  d'ailleurs,  sauf  quelques  passages  mieux  conservés  ou  quelques  variantes,  identique 
aux  autres  exemplaires.  Pour  le  grec  du  texte  du  British  Muséum  nous  nous  bornerons  à  renvoyer  à  la 
publication  de  Kenyon.  Mais  il  nous  paraît  bon  de  reproduire  une  traduction  grecque  complète,  encore 
inédite.  "^  de  l'écrit  pour  argent. 

.  n  n  ,         t/<?  A  ^  ©V    1  n  A         r  .nn^<=^^  -)  ^  Q  q  »  ^=^  cr^     n  n 


<:""~-m-%^-^m--GMTiM:im"<:^ 


■K-i^-^'^s^^'^^n 


Avec  variantes  tirées  d'autres  copies. 


40 


EïïGÈNE   ReVILLOUT. 


ra 


o  '^  o, 


l©D 


(S.  I 


i — 0  a 


°^ 


s^^  o   nn  c-a 


Ci       Cl    Q   D 


:iaT---(^— ^]. 


■^(15^^^®! 


(3=<^:^n]UUDi 


£3      £2i 


:ss?; 


iP-Pîlk 


^^^i]iP#^-,?,#y— â^ 


il 


,«^ 


1=3)^(5: 


«L'an  31  de  la  puissance'  de  César,  fils  du  dieu,  Atliyr  24.  dit  le  erpa.  fils  de  erpa.  prophète,  fils 
de  prophète,  Chérémon,  fils  de  Héroides,  dont  la  mère  est  Tasi,  au  maître  du  fleuve.  "  intendant  des  réser- 
voirs" et  de  la  barque  sekti*  du  dieu  Xefersati.=  Satabous.  fils  d'Héréius,  le  petit,  dont  la  mère  est  Sata- 


'  ndkMô^QTe.  ^   *, V  Q  1        [      écrit  ici  )        t    et.  transcrit,  nous  le  verrons,  rtSo  ant. 

»  A^TWAA     transcrit  ot;i  dans   le   mot  composé    çeajjt  =  y        J  i    \r  i  [J  \\  i        r. 

*      I    3  ^îCH-^,  .    transcrit   ocy^Toç  dans  le  mot  composé    çtOÉyerou  =  ^  '  ~  -J  M  Z5  ^^  v>r^/^  -TV.    Le  ^ 

J^  =  yc.  *   Le  dieu  Nefer  sutî    1  r    ^  -i    \  (^       JH    —    rtipo^aatig  est  en  parallélisme  avec  no/re  tum. 


Textes  démotiques,  etc.  41 


bous  ;  tu  as  donné  et  mon  cœur  en  est  satisfait, '  l'argent  qui  est  le  prix  de  ma  maison  bâtie,'  couverte' 
complète  de  portes  et  de  fenêtres*  du  haut  en  bas,  et  de  son  nesi  (ou  nçovrjaiov^),  qui  est  au  nord,  et  de  son 
atrium'  et  de  ses  terrains  nus  (oirpeo  =  ipUoironot),  placés  au  sud,  et  de  tout  ce  qui  en  dépend'  dans  le 
bourg  de  Sebek  neb  paiu,  le  dieu  grand,  dans  la  partie  d'Héraelide  du  nome  d'Arsinoë,  selon  les  mesures" 
existantes.  Les  voisins  sont  :  au  sud,  le  périmètre'  du  bourg;  au  nord,  la  m,aison  d'Horns,  fils  d'Horus; 
à  l'orient  et  à  l'occident,  les  rues  royales.  Ces  choses  sont  à  toi  à  partir  de  ce  jour.  Point  à  en  connaître 
(on  a  y  rien  pouvoir)  homme  quelconque  du  monde.  Moi-même  seul,  qui  l'écarterai'"  de  toi.  Depuis  ce 
jour,  celui  qui  viendra  à  toi,  je  le  ferai  s'éloigner  de  force.  Que  je  te  garantisse  ce  bien,  par  tout  écrit 
tout  contrat,  toute  parole  au  monde,  même  celle  de  frère,  soeur,  fils,  fille,  homme  quelconque  du  monde,  " 
A  toi  les  écrits  quelconques,  que  l'on  a  faits  sur  lui  antérieurement,  les  écrits  que  l'on  a  faits  h  mon  père 
et  ma  mère,  et  les  écrits  quelconques,  dont  je  justifierai.  Le  serment,  l'établissement  sur  pieds,  qu'il  soit  à 
faire,  je  le  ferai. 

La  femme  Temsah,  tille  do  ,  ,  .  Chèrcmon,  dont  la  mère  est  Tmessotem,  sa  femme,  dit  :  J'ai  écrit 
toutes  les  paroles  ci-dessus.  Mon  cœur  en  est  satisfait.» 

Voici  maintenant  la  traduction  grecque  : 

AvTiyQaipov  AiyvnTiag  nQaattaç  iXXtjViari  /ui&yjçfiev/uevrjg  xara  ro  Svvarov.  erovs  tvoç  xai  Tiaaaça- 
xoarov  Trjç  xgairjaKos  Katactgog  vtov  &cov  a^vQ  ïcS  Xiyei  i^uvsi&rjç  oçnsci  ix  ognaii;  nQotfirjTrjç  ix  nQo(py]Tov 
Xxtiç£/u.wv  HçoiiSov  firjTQoç  Qaaenoç  ve^oani  Qiarji  çiaeytrov  v£(poçaaTiL  .  .  .  2:aTtt^ovTi  Eqiiuiç  vcwtcqov 
/UTjTçoç  SaxafiovToç  nineixas  fii  açyvçiaii  rjjt  Tifj.i]i  rrjç  vnctQXOvatjç  fioi  oixiag  (mxoâofirificvijg  (GTiyaafisvjjg 
Ti&VQW/u.(vr]Ç  Xtt9u)i  aviui  xai  tov  ix  Boçqu  raVT>]g  nçovjjaiov  xai  ai&gtov  xai  xiav  ty  votov  ipiXaiv  Toniav 
xut  Ttoi'  avvxvçovTtov  TiKi'TMi'  (v  xuiui]  oov/ov  vrjoov  coxpoTiatov  &iov  fieyaXov  rr;?  HiqaxXtiSov  /uSQi-âo; 
TOV  AçaivoiTov  vofjiov  ini  xoig  ovai  jusiçoig  naai  rarovig  votov  niQt/utTQov  xai/Lcrjg.  Boçça  îigov  row  îïçov 
otxia  Xi^oç  xai  ami\XitaTOV  çvfiai,  ^aiyiXixat  aa  Ss  iotiv   ano  r;;?  atj/niçov  rjfiiQaç  ini  tov  anavTa  xQOt'OV. 

Jusqu'ici  la  version  est  purement  et  simplement  textuelle.  Mais  en  cet  endroit  on  constate  en  dé- 
motique  l'omission   d'une   phrase   du   formulaire   de  l'écrit  pour   argent.    Cette   phrase   aurait   dû   être  ; 


^  .^3^  û  © '^^  ^^  t^  ©  ^^  ■=#  ?  " 


^^^l|[]|i©Of^^|  —  rs|n  —    I    ? 


«J'ai  reçu  le  prix  en  argent  de  ta  main.  11  est  complet  sans  aucun  reliquat.  Je  n'ai  plus  aucune  parole 
à  te  faire  en  leur  nom.  »  Cette  phrase  ''^  est  visée  en  grec  jusque  dans  l'analyse  du  papyrus  du  British 
Muséum,  qui  cependant  s'inspire  d'un  autre  formulaire  :  xac  an^x^  (var.  anix^/uev)  tt^v  awxext^QVM^^vijv 
Tifirjv  (var.  ntfirjv  naaav  £x  7iXy]Qovç)  naçaxQJi^ct  âta  /iqoç  £|  otxov  xat-  ^e^aiaxTu)  (var.  ^s^accûao^uev)  naar) 
fie^aiaiaet  {ano  r7}ç  £viaT(aT7]ç  7)U(Qaç)  ini  tov  anavxa  xQovov.  Là  s'arrête  l'analyse  du  corps  du  contrat. 
Mais  dans  les  copies  de  l'antigraphe  développé,   les  formules  juridiques  sont  traduites,   bien  qu'écourtées 


'  Môk'y,  'TJi.vek'T  satisfaire.  C'est  pourquoi  dans  le  tiliogne  Berger  on  lit  an^lv6oy.^aaz  ,U6  avec  le  sens  «tu  m'as  satisfait» 
(comme  le  verbe  sans  ano)  et  ici  ntntty.a;  ^tc  «tu  m'as  séduit  ou  corrompu  par  l'argent,  qui  est  le  pris,  etc.»  ^  k6>t. 

'   ^6>ÛC.  ■*   eq-AVOT^  ïiCÊG  lyotriyT  —  toutes  ces  expressions  indiquent  que  la  maison  est  en  bon  état  du  haut  en  bas. 

^  Le  mot  7ioov»;Otov,  ainsi  que  l'a  fort  bien  dit  Kenyon,  se  trouve  dan.s  plusieurs  contrats  :  une  fois  réuni  par  y.ai  à  Trvoyoç 
une  autre  fois  encore  par  xai  à  v>]oiç^  désignant  une  petite  île.  On  n'est  pas  encore  bien  fixé  sur  sa  signification.  Mais  notre  texte 
démotique,  qui  le  transcrit  nesi  (rt;ai;),  aidera  peut-être  dans  cette  recherche,  surtout  quand  on  se  rappelle  que  tous  ces  textes  se  rap- 
portent à  rîle  de  Sebek  neb  pai.  Peut-être  s'agit-il  d'une  sorte  de  jetée,  servant  de  port  aux  propriétés  et  jointe  parfois  par  un  port  à 
une  sorte  de  petite  île  factice,  ainsi  reliée  à  la  grande. 

6  L'Atrium  est  rendu  en  démotique  par  kuper.  Conf.  KHIie  et  le  mot  hiérogl.  kep  (Lévi,  VI,  81). 

^  QÛ5TU  conjnngere,  conjungi.  ^        [    I    r  ^«^   i    =    UJI  mesure,  mesurer,  mesureur.  Dans  le  bilingue  Berger  il  s'applique 


à  un  géomètre;  dans  les  prêts  du  blé  à  l'action  du  mesurage,  etc.  Il  est  ici  suivi  du  mot  ^CùTïX  conjungere  ■ 

'  TlAVGO  la  plénitude,  le  périmètre.  w  Ainsi  que  je  l'ai  établi  dans  mon  édition  du  papyrus  moral  de  Leide  et  que  le 

démontrent  d'ailleurs   les   contrats   trilingues,   ar  sa^i  «faire  coup»   veut  dire  aussi   «se  rendre   maître»  d'une  chose   or  d'un   peuple. 

On  pourrait  donc  traduire  aussi  ;  à  moi  seul,  je  m'en  rendrai  maître  de  la  chose  en  dehors  de  toi,   c'est-à-dire  sans  ton  intervention,  pour 

te  la  rendre.   Ce  serait  à  cela  que  se  rapporterait  une  des  traductions  grecques   tav  de   tiç  aniXô^t]   ij  ivxaXèOi  anoatijOat  loiz  lôtoi:; 

cevï]Z(o/uaoi,  etc.  "  Cette  incise  n'est  pas  ordinaire  dans  ce  formulaire. 

^  Elle  est  omise  par  scrupule  textuel  dans  l'antigraphe  que  je  crois  choisi  définitivement. 


42 


Eugène  Revillout. 


et  glosées'  ;  xai  ovx  iiecrrai  uoi  ovâ  aXXuii  ovâtvi  xi^çtiinir  avraiv  nXyji'  aov  ano  Tr/Ç  arjueçov  r,uiQu;  mi 
rov  un  XQOvov  tav  Si  riç  nitX9rit  ini  ai  ntçi  avitav  txrijCTOj  avjov  ajto  aov  iTiavccyxov  imiixitç  {fnilixrjç) 
xai  jii^ttitoaio  aoi  avia  ano  avyyçaipwr  naamv  xai  avvaXi.ayfiaTioi'  navTiov  xai  nai'ioç  tiSovç  tav  il  aStXifuç 
7]  aâeXifTj  7j  vioç  r]  dvyarriQ  rj  .  .  .  xa&  olov  aai  âi  naiv  ai  yiyovviai  xaz  avjiov  avyyçatpai  naaai  xai  ai 
yiycvrjuevai  /uoi  xar  avriov  avyyçaipai  xai  ac  ytyovviai  Toii  narçi  xai  Tije  fi^Tçi  fiov  xar  avrav  avyyçatpat 
naaai  xai  avvaXay/naTa  iiavta  ff  iûv  neçtyiivirai  fioi  âixaiov  anavTuiv  sav  âi  T(ç'  c^oçxoç  tj  .  .  .  oçxoç 
TiQoxltjâ-rjt  oiart  avvxiXt{aia9^ai  mçi  (ov  avraiv)  yioirjau)  .  .  . 

Voici  maintenant  l'adhésion  de  la  femme  du  vendeur  :  j-rr?;  iiQica  Zov/ov  To/uaaig  narçog  tuvii9ov 
Xaigyiuovoç  /utjtqoç  Tau(a9aavT^ioi  i]  tovtov  yvi't]  Xiyovaa  yoaiftiv  xai  noiiiv  xara  nav  zo  nQoyiyça/x- 
fievov  xai.  ntinta/uai. 

Entin,  nous  avons  en  démotique  et  en  grec  un  paragraphe,  émanant  cette  fois  de  l'acheteur  :" 


°^ 


M^') 


Q  ra 


^^M' 


'oraU©< 


(p. 


,^^ 


«A  écrit  Satabous.  tils  d'Héréius,  le  petit,  dont  la  mère  est  Satabus  :  j'ai  reçu  cette  maison  ci-dessus 
de  la  main  de  Xairémon.  fils  d'Héroides.  dont  la  mère  est  Tasi.  prophète  de  Sebek,  qui.  dans  la  ville  de 
l'île  de  Sebek  neb  pai.  le  dieu  grand,  a  fait  à  moi  la  garantie  selon  toutes  les  paroles  inscrites  ci-dessus. 

^^axa^ovç  Equioç  vioitiqov  arjToos  XatajiovTog  ijyoçaaa  ttjv  oixiuv  naça  XaiQ}]jUovoç  rov  HqcoiSov 
/j,rjTQoç  OttOiToç  TtQotpriTov  ^ov^ov  iv  xui/xri  ZoxvoTcaiov  VTjaov  xai  Tofiaatroç  yvvatxoç  xai  (ii^aioi  jJ,oi  xara 
Ta  nçoyiyQtt^utva  navra. 

Nous  aurions  maintenant  à  examiner  pourquoi  on  a  fait  ces  traductions  grecques  diverses.  Aurait-on 
trouvé  l'analyse  à  la  grecque  du  papyrus  du  British  Muséum  insuffisante  et  les  juges  auxquels  le  procès 
postérieur  fut  déféré,  auraient-ils  voulu  se  rendre  compte  autant  que  possible  des  mots  non  traduits? 
Plusieurs  essais  se  seraient  ainsi  succédé  avant  d'en  arriver  à  l'antigraphe  choisi,  et  que  nous  croyons 
être  celui  que  nous  donnons  dans  le  texte  de  cet  article. 

De  ce  contrat  romain  nous  rapproche  im  autre  de  même  période.  Ici,  au  lieu  d'une  maneipation 
d'immeubles,  il  s'agit  d'une  maneipation  de  biens  meubles,  ou  comme  diront  les  Coptes,  se  mouvant  eux- 
mêmes.  En  cela,  elle  est  comparable  à  la  maneipation  de  la  moitié  d'une  vache,  dont  nous  avons  traité  à 
propos  de  nos  textes  archa'iques.  Le  bœuf  était  chez  les  Romains  un  bien,  pour  lequel  la  maneipation 
était  permise.  En  était-il  de  même  pour  l'âne'?  'N'otons  que  la  maneipation  faisait  suite  ici  à  une  prise  de 
gage  (voir  le  texte  aux  planches). 


Z,,    ^^^TjTiTQeo  1,1,1 .4 


^j 


.  cAa 


I© 


Li  té  [^ 


r^^^^ 


ij7.(uuorat  xai  ano  ^ijuoctiïov  navttav  xat  tdtotiy.(av  xat  naoE/nv  .  .  . 
•  Var.  :  eav  (ït  rt;  aot  .  .  .  a  ïj  Ê;Ti(îet|tç  TrçozAfj^fjt,  etc. 
Peut-être,  pour  écarter  VeT^cepiio  pecuniae  non  numeratae.  En  effet,  no 


■tXSt]  1}  evy.aX^at]  anoatrioai 


1  pins  haut  qu'on  avait  omis  en  démotiqne  la 


phrase  relative  au  paiement  i 


reliquat.  L'acheteur  se  prévalait,  lui,  de  la  ^t^aiwoii  promise. 


Textes  démotiques,  etc. 


43 


#'«r 


l(SDi 


f?, 


I'       u)      V  I    v^    I 


leo 


!■ 


«L'an  14,  15  Choiak,  de  César  Autocrator  Auguste  Pépéripentis  (?),  fils  d'Antiochus.  dit  à  l'iiomme 
du  sanctuaire  de  Jlemphis,  Kesii,  '  fils  de  âetouba,  dont  la  mère  est  Hormacliis  niehi  :  tu  as  donné,  et  mon 
cœur  en  est  satisfait,  l'argent  qui  est  le  prix  de  mon  âne  Kesi,  '■  qui  sert  en  gage  dans  ta  main.  J'ai  reçu 
son  prix  en  argent  de  ta  main,  mon  cœur  en  est  satisfait,  sans  aucun  reliquat  de  chose  quelconque  au 
inonde.  Je  n'ai  plus  aucune  parole  à  te  faire  en  son  nom  depuis  le  jour  ci-dessus.  Point  à  en  connaître 
(ou  à  le  pouvoir)  homme  quelconque  du  monde.  C'est  moi  seul  qui  le  repousserai  de  toi  .  .  .» 

Dans  le  cas  actuel,  l'âne  avait  été  acheté  par  celui  qui  l'avait  en  gage,  ou  plutôt,  avec  les  intérêts, 
la  créance,  motif  du  gage,  avait  forcé  le  règlement  par  aliénation.  Un  autre  document,  daté  cette  fois 
d'Évergète  II,  nous  offre  pour  une  ânesse  et  sa  fille  une  autre  solution.  C'est  celui  qui  avait  opéré  la 
pignoris  capio,  qui  est  désintéressé  et  obligé  de  rendre  son  gage.  Des  cassures  verticales  du  papyrus  nous 
ont  enlevé  le  protocole  et  les  rapports  nominaux  des  parties,  comme  ensuite  elles  ont  déplacé  d'autres 
lignes.  Nous  savons  seulement  que  l'une  des  parties  était  le  tarieheute  de  Djême  Amenhotep,  fils  d'Hor  et 
de  Chaboura,  dont  nous  avons  en  grande  partie  les  papiers  grecs  et  démotiques.  Voici  le  texte  du  contrat 
tel  que  nous  l'avons  rétabli  (voir  le  démotique  aux  planches). 


(3  1  l-^z;;*  m.i=TB 


■C     (S 


ra 


^J^o 


ra 


fflfé' 


\f"^^ 


ollUoi 


^^T(^)' 


s'=xD 


(21 


I    ^s 


Le  signe  "^Ç 


^' 


44 


Eugène  Revillout. 


(=©  I 


q.=^^-#^=qq|^^iiiq^q 


-^ 


^Jnnr 


n. . 


(¥m 


■"dû 


^nnn 
onnii 


,wwv^  o 

I    I    I  JX^XÏS;      n 


«.Je  t'ai  donné  mon  ânesse  Untpiu  et  la  petite  ânesse  qui  est  à  ses  pieds  (la  suit)  et  les  enfants 
qu'elles  enfanteront,  lesquelles  j'ai  saisies  en  gage '  devant  Psethot,  fils  de  Pétinofie  hotep,  Pameti.  fils 
de  Xeshet.  Héiéius.  fils  d'Imhotep,  Héréius,  fils  d'Antimakos,  les  4,  en  l'an  52,  Payni  20,  lesquelles  aussi 
tu  avais  reçues  pour  argent  de  Pséamen.  fils  de  Tliot  setem,  le  porteur  de  papiers  sacrés,  habitant  d'Her- 
monthis  en  l'an  51  des  rois  h  vie  éternelle,  nos  seigneurs.  Ton  ânesse  Untpiu,  tu  me  l'avais  donnée,  ayant 
(une  petite  ftnesse)  à  ses  pieds.  Tu  m'avais  donné  acte  sur  elle  en  l'an  52,  Payni.  A  toi  tes  ânesses  Untpiu 
et  la  petite  ânesse  qui  est  à  ses  pieds,  et  les  enfants  qu'elles  enfanteront.  J'ai  reçu  le  pris  en  argent  de 
ta  main.  Il  est  complet  sans  aucun  reliquat.  Selon  toute  parole  (ou  en  toute  chose),  je  suis  content.  Mon 
cœur  est  satisfait.  Si  je  m'écarte,  pour  ne  pas  te  faire  selon  toute  parole  ci-dessus,  je  te  donnerai  3000  argentei 
ou  10  talents.*  Tu  m'obligeras  .à  te  les  céder  en  outre  (les  ânesses),  comme  ce  qui  est  ci-dessus.  Celui, 
qui  viendra  à  cause  d'elles,  je  le  ferai  s'éloigner.  Que  je  te  les  garantisse  par  tout  acte,  toute  parole  au 
monde,  en  tout  temps,  sans  aucune  opposition. 

«Néchytes,  fils  de  Pabi,  a  écrit  pour  lui  en  l'an  52,  le  20  Epiphi. » 

De  ces  textes  nous  en  rapprocherons  un  qui  se  trouve  photographié  parmi  les  papyrus  Keinach  — 
papyrus  fort  mal  traduits  par  un  de  mes  anciens  élèves  (en  dehors  de  ce  que  lui  avaient  appris  mes  for- 
midaires).  et  que  nous  reprendrons  tous  dans  l'article  actuel.  Ce  texte,  daté  de  l'an  9  de  Ptolémée  Alexandre, 
répondant  à  l'an  12  de  Cléopâtre  et  photographié  pi.  XV.  porte  : 


(â®  ■ 


©^zi_2ae 


0© 


Si 


|S^  A^OI 


quatre  témoins  et  s' 
2  Sigle  da 


)    =    Cop^sc,  0)p^2£.ep  claudere,   conclitsum  tenere.    C'est  la  prise  en   gage,   la  pîgnoris  capio ,   opérée  devant 
:  d'une  reconnaissance  écrite. 

rwr\  '^--  talent.  Nous  en  avons  plusieurs. 


Textes  démotiques,  etc.  45 


i^=*Ty-#^:^^Tk--^^ilil 


;(3 


(.ne) 


I  ^^ïii=ir  . 


«Dit  le  grec  parmi  les  jeunes  gens  du  bourg  de  Taaxarato,  CoUuthe,  fils  de  Ptoléraée,  au  jeune 
homme,  qui  à  la  suite  de  Théophile,*  du  bourg  de  N  .  .  .  n  awuat  Plênis',  surnommé  Paurtab* 
(Dionysios),  fils  de  Kephalos  ;  Tu  as  donné,  et  mon  cœur  en  est  satisfait,  l'argent,  qui  est  le  prix  de 
ma  vache-génisse^  noire'',  dont  le  pied'  se  tient  debout  (est  solide),  forte'  à  supporter',  exempte'"  de 
lourdeur."  Elle  est  à  toi  la  vache  celle-là  et  les  enfants  qu'elle  enfantera  depuis  le  jour  ci-dessus."  Je  te 
l'ai  donnée  pour  argent.  J'ai  reçu  son  prix  de  ta  main.  Il  est  complet  sans  aucun  reliquat.  Celui  qui 
viendra  à  toi  à  ce  sujet,  je  l'éloignerai  de  toi.  Si  je  ne  l'éloigné  pas,  je  te  donnerai  375  argentei  dans  les 
5  jours.  Je  donnerai  aussi  375  argentei  pour  la  couronne  (?)  "  des  rois  toujours  vivants.  A  écrit  Thot- 
pneter,  le  scribe  du  greffe  "  du  sanctuaire.» 

/-   t/3  xai  &  &ii>0VT  x£ 
avaytyçaj   .  .  iv  xiofir] 
Ta^OfiTOiUov'^  Sia 
tvâvfij 

II,  Locations. 

Tout  en  renvoyant  à  notre  article  sur  les  locations  de  diverses  sortes,  paru  dans  ma  Bévue,  III,  111, 
il  nous  paraît  bon,  pour  préciser  certains  points,  de  donner  la  transcription  hiéroglyphique  de  celles  de 
ces  locations  qui  concernent  la  culture. 

Commençons  par  celle  de  Berlin  que  j'ai  successivement  étudiée  dans  ma  Nouvelle  Chréstomaihie 
démotique,  p.  13.  et  dans  ma  leçon  sur  la  location,  Sev.  III,  p.  129  et  pi.  2,  après  un  nouvel  examen  de 
l'original.  La  photographie  a  été  publiée,  pi.  30,  de  la  grande  publication  de  Berlin.  Mais  il  faut  remarquer 
que  dans  l'intervalle  le  texte  avait  beaucoup  souffert  et  avait  perdu  des  mots  et  même  des  membres  de 
phrase  entiers.  Nous  nous  bornerons  au  corps  même  de  l'acte  de  l'an  51  (et  non  52  connue  une  surchange 
du  protocole  le  ferait  croire)  du  règne  d'Évergète  II  : 


1  Ici  on  trouve,  dans  le  dialecte  du  nord,  une  ligature  surtout  thébaine,  du  moins  dans  certaines  formules. 

2  Le  même  personnage  a  été  du  corps  de  cavalerie  :  1"  deDémétrius,  2°  d'Apollophane  et  d'Échakon,  3°  de  Tryphon  et  d'Apollonius. 
^  Le  nom  égyptien  de  Dionysios  est  nAd^ln.  «l'acier».  Quant  au  bourg  originaire  de  ce  personnage,  il  est  appelé  ici  le  quartier 

de  N(ic)on.   On  ne  le  connaissait  pas  d'après  les  papyrus  grecs. 

*  Urtab,  cœur  immobile,  est  un  surnom  bien  connu  d'Osiris,   lequel  Osiris  était  assimilé   à  Bacchus  par  les  Égyptiens.    Pa-urtab 
traduisait  donc  très  bien  Dionysios. 

5  Voir  ma  traduction-transcription  du  papyrus  d'Artaxercès  dans  le  numéro  précédent.    Le  signe  SC^  e^t  le  dernier  de  <||   — 

M  X  ^C^  .    On  y  a  joint  la  peau  de  bête,  puis  une  autre  forme  hiératique  de  S^^  et  le  (.    Voir  aussi  le  même  document  pour  behes 
génisse.  •■'  Kame.  '  Le  teste  porte  un  signe  dont  la  lecture  lot  «main»  est  bien  connue. 

'  ®   ^s û  nivujTe.  '  TtûOirtt  §«>.  '°  oiroat.  "  ç^pHiye,  ç^pooiruj. 

"  Voir,  dans  mes  papyrus  archaïques,  la  vente  de  la  moitié  d'une  vache. 

"  Le  texte  après  kerer  porte  un  m  et  le  ^^>-,,   que  l'on  ajoute  parfois   au  mot  uXoM  couronne.   Il  faut  noter  que  dans  tous 

les   papyrus  démotiques  et  grecs   contemporains  on   a  «sacrifices»,  en  démotique  J^  1  il    ffAlA.  à,  propos  de  l'amende  aux  rois. 


N> ,     Dans  un  papyrus  d'Épiphane,  ce  mot  désigne  le  scribe  du  greffe. 


1*  Ce   mot,   non  lu  par  Reinach,   nous   donne  la  transcription   du  bourg  mentionné  dans  le  texte  démotique  et  qui,  bien  entendu, 
n'avait  pas  été  lu  non  plus. 

19 


46 


Eugène  Revillout. 


-^ 


''M 


;t 


D  I 


r^""^ 


nnii  .mX 


r*^^^ 


|<2ic7(2 


7^ 


ra 


I  ( — ) 


I        I 

e  I  -çr  I 

I        I 


o  n  n  -i— 0 


ifj^e 


A 


f 


I  JSs^êH    <=. 


n  Mil  SJr  I 


'  Certains  actes  thébains  anciens  décomposent  cette  ligature  en  lenrs  deux  éléments.    Dans  les  contrats  mempbitiques,  le  même 
formulaire  porte  /  °'=^-  H  fi»nt  donc  renoncer  à  voir  ici  le  nid  >2Z^  se  lisant  aussi  meh. 


Textes  démotiques,  etc. 


47 


nn  II     I     ix^        ^ 


(2    -i    U©l 


m  D: 


^^m~\^-K'x^i 


>  (?  I  ^^  s 


1     A    (Si 


I  I  •^ 


II 


(5 


'isl 


lej  ^©1 


;jn=ir 


^ 


k^^' 


I  o  c^  I 

I  ©1 


I    I    I    o 


^:--^îie--5:;-=inq^jké 


.(S| 


«Dit  l'homme  de  travail  de  Djéme,  Efanx,  fils  de  Pamont,  dont  la  mère  est  Thathot,  dit  au  pasto- 
phore  d'Amon  api  de  l'occident  de  Thèbes,  Hor,  fils  de  Hor,  dont  la  mère  est  Tsetpoer  :  Tu  m'as  loué' 
tes  4  aroures  et  leur  grandissement  de  mesurage  (possible),  dont  est  le  champ  de  tel  endroit  mesurant 
54  aroures  avec  grandissement  (possible)  de  mesurage.  Ce  terrain  est  sur  le  neterhotep  d'Amon  et  le 
domaine  d'Amon  api.  Les  voisins  du  champ  entier  sont,  au  sud  :  le  terrain  de  Kha  et  de  Pétosor.  au  nord 
le  champ  d'Eréius,  fils  de  Pséchons  et  de  ses  compagnons,  ainsi  que  l'eau  (le  canal)  de  Nicandros,  à 
l'orient  et  à  l'occident  le  chemin  du  roi.  Tels  sont  les  voisins  du  champ  entier.  Que  je  laboure  tes 
4  aroures  ci-dessus  qui  sont  en  lui  avec  l'eau  de  l'an  51  à  l'an  52.  Que  je  solde  les  bœufs,  les  blés, 
tous  les  instruments  de  culture,  les  produits''  du  ~ww;-°  Q*^^  ^'^^  agent  dise  le  lo  avec  moi.  Que  je  solde 
leurs  impôts  à  la  porte  (au  Brjaaupo;)  du  roi,  selon  ce  qui  est  sur  les  écrits  du  roi,  que  le  roi  a  écrits  à 
leur  sujet.  Que  je  fasse  faire  leurs  rachats,^  pour  satisfaire  à  tes  obligations.  Que  je  fasse  éloigner  le  roi 
l)ar  eux.  Que  je  donne  en  la  main  de  ton  agent  le  surplus^  du  rachat  de  ton  champ  par  (au  moyen  de) 
2  artabes"  en  grandes  mesures  Çbescha?),  '/a  en  artabes,  2  pour  rachat  (paiement)  du  champ,  selon 


'  Dans  nos  papyrus  archaïques  otï  a  vu  que  le  nom  de  la   location  active   et  passive  était  sut'a,   factitif  de     vN    ^^  i — ' — i 
placer  en  ordre.   C'est  ce  qni  est  devenu  êet  à  l'époque  récente.  Ajoutons  que  l'orthographe  fréquente    ^^  ""]  fait  penser  à  f  fy  ^  sut'a. 


funérair 


*  Il  (C^:^)  I        I      employé  d'ordinaire  dans  le 

des  champs».  Voir  Lévi. 

3  J'ai  depuis  longtemps  établi  que  le  mot  démotique  avait  tous  les  sen: 
8*^  forme  de  sem,   soit  qu'il  faille  voir  dans   le  trait  qui  surmonte  s  un  simple 


Dpla 


(E( 


■  ooo 


«produits 


~NAAA    UJCOM,    soit  qu'il  faille  voir  dans  ïieâem  une 
nnement,  comme  pour    |_    _j  et  bien  d'antres  mots 
démotiques.  Voir  mon  dictionnaire  et  mes  vieilles  notes  de  cours. 

*  C€T  pretio  redimere.  Voir  les  bilingues  et  les  triHognes.  Ce  mot  vise  le  rachat  en  paiement  des  taxes  en  argent. 

*  OOirO  surplus.  C'est  le  /aiz  actuel,  c'est-à-dire  ce  qui  reste  après  le  paiement  des  taxes. 
^  Voir  plas  loin  mon  commentaire. 

19* 


48  Eugène  Revillout. 


i^ne  ton  agent  mesure  cela  avec  moi  en  froment  pur,  sans  mélange'  ou  produit^  de  déchet,  selon  la  mesure' 
(le  29  chénices,  portées,  payées  en  ta  maison  de  Djême.  au  tenue  de  l'an  52.  30®  jour  du  p"-  mois  de  sa. 
Ce  que  je  ne  donnerai  pas  ainsi,  que  je  te  le  donne  avec  son  hémiolion  le  mois  qui  après  le  mois  nommé,  de 
force,  sans  délai.  Le  droit  de  la  location  ci-dessus  est  sur  ma  tête  et  celle  de  mes  enfants.  Totalité  de  biens 
qui  est  à  moi  ou  de  ceux  que  je  ferai  être,  est  en  garantie  de  toute  parole  ci-dessus  jusqu'à  ce  que  j'agisse 
conformément  à  ces  choses.  Que  j'établisse  tes  4  aroures  ci-dessus  (et  leur  graudissement  de  mesurage 
possible)  devant  toi,  pour  que  tu  les  loues  à  l'homme  auquel  tu  voudras  les  louer.  L'homme  de  nous,  qui 
s'écartera  pour  ne  pas  faire  selon  toutes  les  paroles  ci-dessus,  donnera  1500  argentei.  4  talents.  1500  argentei 
encore  à  l'équivalence*  de  24  pour  2  Katis  (d'argent).  On  l'obligera  à  faire  selon  elles  de  Un-Q.e,  sans  délai, 
sans  opposition.  » 

La  question  métrologique  m'a  longtemps  l)eaucoup  embarassé  pour  ce  papyrus.  Dans  le  passage 
relatif  au  blé  du  fermage,  s'agissait-il  dans  la  2*  mention  du  calcul  ordinaire  par  moitié  accompagnant 
celui  de  la  mesure  deux  fois  répété?    É\'idemment  non;   car  il  aurait  fallu  l'unité  simplement  à  côté  du 

2 S'agissait-il  d'une  autre  mesure   et  (pielle  était  cette  mesure?    Pour  résoudre  cette  question,  il  me 

fallut  revenir  sur  la  mesure  qui  l'accompagnait.  Après  avoir  identifié  '  '  S*  à  artabe  dans  notre  document 
même    et   dans    les  prêts    de    blé  (voir   ma   Nouvelle   Chrestomathie  démotique,  p.  158   et  passim),  j'avais 

*  1  K  (ctoOTO)  Lévi,  133,  joindre,  additionner.  Ce  mot  se  trouve  aussi  bien  pour  l'huile  dans  le  prêt  du  Vatican,  que  pour 
le  blé  dans  tous  les  prêts  de  blé  et  les  locations. 

*  Le  mot  aeth  représente  ^ÇX  .  )\   -r^         (Br.  sup.  1169)  rebut,   ce  qui  pousse  de  côté   le  rebut  du  blé. 

Il  se  trouve  partout  dans  les  locations  et  les  prêts  de  blé.  Dans  une  pension  alimentaire  faite  à  une  mère  (Revue,  III,  111,  pi.  7),  le  fils 
dit  que  dans  les  mauvaises  années,  elle  viendra  vivre  et  manger  avec  lui  les  blés  de  rebut  sefh. 

3  Kus  =  3CHC,  voir  mes  Mélanges  de  Métrologie,  signifie  un  vase  en  général,  comme  Madja.  Dans  nn  tesson  Jcus  et  madja  dé- 
signent des  mesures  déterminées. 

4  Un  texte  publié  dans  cette  Revue,  VII,  33  («Planchettes  bilingues»),  transcrit  .  .  .  "^  *1  R&nOAV  ...  La  valeur  %  ynuvi 
est  par  ce  teste  et  par  bien  d'autres  rendue  incontestable  pour  le  polyphone  XiL  (var.  '\/ ,  ,  hier,  p^)  que  dans  les  documents  moné- 
taires j'ai,   de  tout  temps,   traduit    par    «à    l'équivalence  de»,    et    qui    comme    verbe    M  ^\     signifie  conjungere,   ou,   comme  le  dit 

Lévi ,  congiungere ,  unire,  reunire ,  etc.,  conf.  UJtOrtÊ.  Il  s'agit  donc  certainement  d'une  équivalence  monétaire.  J'ai ,  depuis 
longtemps ,  démontré  que  jusqu'en  démotiquo  la  principale  des  unités  de  compte  monétaires  (unités  toutes  identifiées  par  moi 
et  prouvées  depuis  par  les  bilingues,  tant  pour  l'argent  que  pour  le  cuivre)  était  Vouten'argenteua,  dont  le  nom  était  sous- 
entendu,  quand  on  n'avait  que  des  chiiFres  dans  les  comptes,  et  dont  le  prototype,  toujours  exact,  était  le  poids  Harris,  depuis 
longtemps  évalué  par  Chabas,  et  dont  j'ai  retrouvé  depuis  des  doublons.  Son  dixième,  comme  l'a  montré  également  Chabas ,  d'après  les 
poids  monnaies,  était  le  kati,  également  bien  connu  en  démotique  dans  les  calculs  des  monnaies  divisionnaires  ou  dans  d'autres  ana- 
logues à  celui-ci.  Ces  katis  sont  toujours  dans  ces  derniers  au  nombre  de  2  pour  24  unités  (argentei-outen  decui'ie).  Il  s'agit  donc  d'une 

proportion  légale  entre  la  monnaie  de  cuivre  dont  on  spécifie   souvent  la  nature  par  le  mot     Ay  =        _P_    airain,  précédant  le  mot 

/num  ou  parfois  le  remplaçant,  et  l'indication  parallèle  des  katis  d'argent   I  <nz>  M  I  I  1  '^P*''  rapport  à  2  katis».    Cette  proportion  de 

120  à  1  était  la  base  sur  laquelle  on  s'appuya,  quand  on  établit  le  double  étalon  monétaire  sous  Philopator,  je  l'ai  établi  depuis  longtemps, 
au  lieu  d'employer,  comme  autrefois,  à  la  grecque,  exclusivement  le  cuivre  à  des  monnaies  divisionnaires  de  la  drachme,  telles  que  le  calque, 
etc.  En  cela  d'ailleurs,  il  faut  le  reconnaître,  on  se  rattachait  :  1*^  à  d'anciennes  traditions  égyptiennes,  qui  avaient  fait  autrefois  employer 
le  cuivre  même  pour  des  grosses  sommes;  2''  à  d'autres  traditions  également  égyptiennes,  qui  avaient  établi  des  proportions  de  valeur 
entre  les  divers  métaux  monétaires,  traditions  que  j'ai  fait  connaître  à  l'aide  de  poids  monnaies  dans  mon  travail  sur  un  bilingue  du 
temps  de  Philopator  —  bien  que  l'isonomie  de  poids  n'ait  pas  été  alors  adoptée.  D'après  le  système  de  Philopator  et  la  proportion  légale 
entre  le  cuivre  et  l'argent  isonomes,  l'obole  d'argent  devint  l'argenteus-outen  de  cuivre.  La  question  d'isonomie  de  poids  entre  les  deux 
métaux  est  d'ailleurs  absolument  tranchée  par  ce  fait,  prouvé  par  tous  les  bilingues  et  reconnu  par  Retnach  lui-même  (p.3S),  que  les 
dracbmes  sont  calculées  en  égyptien  en  cuivre  par  tehen  (ou  outen),  valant  20  drachmes.  Or,  Vouten  ou  teben  est  un  poids  monnaie  bien 
connu,  qui  pèse  20  drachmes  d'argent  antiques,  je  l'ai  démontré  aussi  depuis  longtemps,  et  qui  constitue,  en  effet,  une  des  plus  fré- 
quentes monnaies  de  cuivre  de  l'époque  lagide.  On  s'étonne  donc  de  voir  Reinacb,  immédiatement  après  son  aveu  sur  le  teben  ou  outen 
valant  20  drachmes,  ajouter  :  «Nous  n'examinerons  pas  ici  la  question  du  poids  de  métal  que  représentait  la  drachme  et  le  talent  de 
cuivre.  Dans  l'état  actuel  des  documents,  elle  nous  semble  insoluble  »  A  peine  avons-nous  besoin  d'ajouter  que  c'est  d'après  cette  iso- 
nomie  de  poids  et  la  proportion  de  I  à  120  entre  le  cuivre  et  l'argent  seulement  que  Icati  peut,  dans  la  monnaie  de  cuivre,  être  considéré 
comme  une  obole,  puisqu'en  réalité  il  désigne  un  poids  de  2U  dracbmes  d'argent.  Il  est  donc  absurde  de  partir  de  cette  idée  du  kati  avec 
la  valeur  d'une  obole  d'argent  en  monnaie  de  cuivre,  pour  y  voir  ensuite  une  obole  de  cuivre,  avec  je  ne  sais  quel  calcul  et  quelle  pro- 
portion fantaisistes.  En  réalité,  le  monnayage  de  l'étalon  de  cuivre  a  été  calculé  sur  le  monnayage  de  l'étalon  d'argent  avec  une  pro- 
portion légale  de  valeur,  comme  on  a  calculé  en  France  le  monnayage  de  papier  des  assignats  sur  le  monnayage  d'argent.  En  France, 
cette  valeur  des  assignats  était  obligatoire,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  diminuer  d'abord  considérablement,  pour  ensuite  disparaître.  En 
Egypte,  assez  tôt  au  moins,  elle  ne  l'était  pas.  Les  sommes  spécifiées  en  argent  n'étant  pas  obligatoirement  payables  en  cuivre,  il  en 
résulta  que  si,  sous  Philopator,  nous  le  verrons,  le  cours  commercial  s'écarta  peu  du  cours  légal,  il  n'en  fut  pas  de  même  sous  ses 
successeurs.  Dans  la  suite  on  tripla  ou  même  on  quadrupla  la  proportion  de  1  à  Il'O,  pour  avoir  de  l'argent  contre  du  cuivre,  et  en  fait 
les  deux  étalons  devinrent  complètement  indépendants  l'un  de  l'autre.  L'économiste  Say  l'a  dit  depuis  longtemps,  il  en  est  toujours 
ainsi  pour  les  cours  factices  de  monnaies  autres  que  celles  qui  réposent  sur  les  métaux  vraiment  précieux.  La  proportion  légale  de  1  à  120 
fut  ainsi  réduite  à  n'être  plus  qu'une  formule  officielle  notariale. 


Textes  démotiques,  etc.  49 


ensuite  assimilé,  d'après  les  estimations  pécuniaires,  le  °f'  ou  'U'  au  cor  de  5  artabes,  mesure  qui  a 
certainement  existé  en  Egypte  et  dont  nous  avons  le  nom  dans  les  papyrus  grecs.  J'étais  parti,  je  le 
répète,  des  estimations  connues  alors,  de  l'artabe  en  monnaies  de  cuivre.  Mais  on  en  a  trouvé  de  beau- 
coup plus  fortes,  s'élevant  de  250  drachmes  h  870  drachmes  et  même,  exceptionellement,  à  1800  drachmes. 
Avec  ces  données,  la  mesure  artabe  '•>(',  évaluée  dans  le  papyrus  démotique  de  Leide  à  1000  drachmes  de 
cuivre,  n'a  rien  d'impossible.  Nous  assimilons  donc  maintenant  cjjîi  ou  (]c.3  à  «-ri  Y  des''  papyrus  mem- 
phitiques,  à  V  des  contrats  de  mariage"  et  à  J/,  ^?  |  de  Rosette,  c'est-à-dire  à  l'artabe  de  6  sa,  double  de 
l'apet-épha  ou  pi  dont  la  mesure  étalon  était  celle  de  l'Anubéium. 

Or,  cet  apet-épha  est  lui-même  le  quart  du  jj  d'après  les  comptes  de  Médinet  abu  et  le   "jp  ou 

Tif  I  xar.  20"  du      [      grand  hel'.  ou  est  la  moitié  de  la  mesure  ■^Szq  d'après    les  comptes  des  papyrus 
de  Kahun   et  du  papyrus  mathématiqiie,  comprenant  : 
1°  le  heket  de  100  petites  mesures, 
2°  le  V2  de  50, 
3°  le  ','4  de  25, 
4"  le  cïSzQ  besha?  se  marquant  par  grandes  unités,  de  10  (dixième  du  heket), 

5°  le  -fj-,  moitié  du  ■^S=o,  de  20, 

6"  la  petite  unité,  ordinairement  figurée  par  des  pomts. 

C'est  le  -CV  valant  4  ape  1 1\      /"^      ou  [1      ..•■'^  |  qui  est  devenue  la  base  du  système   sémitico- 

égyptien,  auquel  est  venu  se  joindre  le  double  ape  f)u  artabe  (voir  ma  Bévue,  t.  II).  Cette  artabe  est 
d'après  Rosette  (voir  plus  haut)  et  le  papyrus  Passalacqua  (voir  mes  Mélanges,  p.  58)  évaluée  à  6  sa,  puis- 
que Vape  l'était  à  3.  Jlais  on  n'y  comprenait  vulgairement  que  29  chénices,*  comme  l'a  montré  Saluzzi, 
cité  par  Reinach,  p.  37.  C'était  l'artabe  ordinaire.  On  a  aussi  ime  artabe  royale  que  l'on  estime  à  environ 
un  quart  en  plus  et  une  artabe  ou  Medimné  que  notre  papyrus  Passalacqua  estime  à  un  tiers  en  plus 
(9  sa  au  lieu  de  6  sa). 

Ceci  posé,  on  peut  se  demander,  si  pour  la  2'  mesure  de  notre  papyrus  on  partait  du  calcul  par 
moitié  de  2  artabes,  moitié  estimée,  bien  entendu,  en  mie  autre  mesure,  ce  qui  donnerait  '/j  "jj"  /ar  ou 
arku,  on  si  l'on  assimilait  les  2  mesures  entières  à  une  grande  mesure,  ce  qui  donnerait  Va  "=^2=3  (besha)^. 


•  Souvent  '5  Y,  mesure  a,  est  très  nettement  lu  par  un  a,  comme  dans  Rosette  (voir  le  prêt  de  blé  de  Berlin,  la  distinguant 
n   ou  *J?^  froment,  sur  lequel  voir  mes  Mélanges,  p   59).  Parfois  on  écrit  |    1  O  mesure  de  su  (cOTO)  froment,  ce  qui  revient  au  même. 

3  Voir  Revue,  UI,  111  mon  article  sur  les  prêts  de  blé.  11  est  facile  de  voir  que  y  ou  V  représente  le  biératiqne  V  Lévi, 
sig.  hiérat.,  n°  2Gô,  équivalant  à    o""^-  ^  Voir  ma  Nouvelle  chrest.,  p.  2,  5,  etc. 

*  Mesuré  tantôt  d*après  le  vase  kos  (voir  Mélange,  p.  84)  d'airain,  signalé  par  moi  d'après  le  n°  9083  du  Louvre,  tantôt  d'après 
la  TTioï^/a  dont  on  3'était  servi  {Mélanges,  p.  85),  tantôt  d'après  le  pi  ou  ajie  de  l'Anubéium  {ihid.,  p,  88),  que  j'ai  comparé  comme  étalon 
au  fie-tQor  s^a/otvt/iov  .2"  aQanto^  (ibid.,  p.  S5). 

^  S'il  faut  en  croire  h  un  autre  tesson  dont  nous  reproduirons  aux  planches  la  copie,  tesson  partant  du  calcul  par  moitié,  le  i  ^'~'  ^^ 
aurait  lui-même  son  double  parmi  les  mesures  démotiques  de  cette  époque  : 


Tn-='4-^\W'^^-%.'^^É-^<'iT;: 


-j^-^-^^^^^^M^y;, 


^15^1) 


^ii'^K^THw:'i^M<n^^^^ 


M<\' 


«X  apporté  Hétar,  fils  d'Héripka,  à  Ârès,   fils  d'Héréius,  le  marchand  de  légumes  verts,  dans  le  compte  de  la  location  quMIs 
ont  faite    sur   nne    condée  d'aronres  (de  jardin),  situé  sur    Féaibast  dans  le  neter  hotep  du  sanctuaire  :  huile  de  tekem   (on  ricin). 


50 


Eugène  Revillout. 


Je  penche,  je  l'avoue,  vers  la  première  hypothèse,  d'autant  plus  que  dans  le  papyrus  Mayer,  la  forme 
hiératique  H-  de  "(  ]"  se  rapproche  beaucoup  de  kj  qu'on  a  dans  notre  papyrus  démotique.  Pour  la 
sigle  de  la  demi-mesure  du  papyrus  Passalacqua  voir  mes  Mélanges,  p,  11, 

Ajoutons  qu'un  nouveau  bilingue  a  confinné  mes  nouvelles  (ou  très  anciennes)  conclusions,  comme, 
d'ailleurs,  un  autre  bilingue,  depuis  longtemps  signalé  par  moi,  le  tesson,  n»  12618  de  Londres.  En  eSet, 
"1  =  1),  égale  certainement  "^'  pour  aptaj3y],  bien  que  cette  mesure  répétée  soit  simplement  écrite  CD, 
mesure  a.  Transcrivons  le  texte  démotique  que  nous  donnerons  encore  aux  planches  de  ce  numéro. 


<G=<1 


:4©[è' 


■Q3]^ii 


':^nilll 

on  III 


c^îM^Si  1  iSr^ 


ii<= 
Il   II 


■=01111 

on  m 


il; 


ju^mu. 


^loyevrjç  anoXoyoç   "*"  (açrafSccç)  naaaQuçj  ■^    S  L  x^  xaïaaçoç  iniicp   i. 

«A  apporté  Lysimaque,  tils  d'Apel  (sic),  à  la  porte  (au  Grjaxjpo;)  du  roi  pour  la  parole  ilu  roi'  en 
l'an  24  de  César,  épiphi  :  artabes  4,  moitié  2,  artabes  4,  je  le  répète;  ces  choses  sont  prises  en  com])te. 
Écrit  l'an  24  de  César,  épiphi  5,   A  écrit  Panofré,  fils  de  Pséamen  (Diogène),  à  la  porte  sacrée. 

«  (En  grec)  Dif)gène  sitologue  4   artabes  :  4  artabes  l'an  24  de  César,  épiphi  5.  » 


igle  (..vww)     10,  en  /.-otw 
pète.  Ceci  est  pris  en  compte.  Ecrit  Tan  2,  le  13  CLoiak.  A  écrit  Nespmete,  fils  d'imonth.: 


,rtabes  de  seiff 


mat'a  24,  dont  la  moitié  est  12,  24,  je  le 
est  pris  en  compte.  Écrit  Tan 
prouvé  dans  mes  Mélanges  qae  le  mat^a  (qu'on  peut  comparer  à  la  mesure 


1  tena)y  ],  en  artabes  de  seigle,  16,  je  le 


;^°) 


était  pris,  soit  c 
mesure  en  général,  soit  comme  nom  d'une  mesure  particulière.  Il  paraît  qu'il  en  était  "de"  même  pour  le  kos. 

Notons  au  sujet  de  ce  tesson  que  les  reçus  de  ce  genre  consécutifs  à  une  location  se  comptent  par  centaines.  J 


ment  un  ici   qui  a  l'avantage 


donner  en  démotique  le  noi 

I  (S  c^=f=,  5  û  (]  ^  o  ra 


citerai  seule- 
du  chénice,  cette  mesure,  dont  il  entrait  29  dans  l'artabe  ordinaire  : 


K^' 


ei 


iUi 


fà^-f 


o^i  I  I  I 


{sic) 


a 


Oo'Y^   I   ntl  <S' 


-Ç-. 


«Ont  apporté  Héréius  et  Hési^  fils  d'Héréios,  poar  la  part  de  moitié  de  la  location  qu'ils  ont  faite  sur  mon  oureh  de  jardin  : 
21  argentei  chénices  (^ô^niocH)  de  dattes,  IV2  en  des  2  artabes  de  céréales  que  tu  m'as  apportées  antérieurement,  et  dont  je  t'ai  donné 
décharge.   Écrit  l'an  2,  le  3  Mésoré.  A  écrit  Téos,  fils  d'imoutli.  » 

^  Nous  avons  aussi  de  très  nombreux  reçus  faits  à  la  porte  du  roi  au  Siiaavoog^  à  propos  de  locations.  Nous  ne  citerons  que 
celui-ci,  parce  qu'il  mentionne  la  taxe  de  1  pour  100,  perçue  pour  frais  de  bureau  en  dehors  du  principal  : 


<e=^ . 


,-âa> 


[[|-2kD©(Q]' 


K^' 


D 


le 


■iK.=Tmm]°™^lii 


^^' 


'K^ 


■r 


Textes  démotiques,  etc. 


51 


Une  terre  de   P        Siito^  n'avait  jamais  été  encore  cultivée. 


/I\  <=!=>  ^E?  *^  (S  , 


r^/^ 


:i< 


Itli^ 


ra 


§^?T\cr^l4t  1^=^ 


-CS>-     ,<A     I 


0  V^°^\> 


Q  (3 


\>^^i55=f     cr^ 


onn  II     I    '*=^^=^ 


O    III  J^  (g 


,:flis™ 


0311 


:fl^!-=-rfiiŒa]-î% 


nie 


I    n 


y--e   I 


1 1 

III 

c^ 

.^ 

nn  n 

/            ri 

C7n 

A 

III 

1 1 

II 

V^/A 

nn  II 

"4^ 


(5(2©s  mil 
eees  n  1 1 


«A  apporté  Callipos,  pour  la  location   qu'il  a  faite 


^n  n  '^=^»**     n 

^„iii   ,   Mu®,,, 

'  la  moitié  des  blés  de  la  part  des  semailles 


/C3dlQ 


I  I  l)  do  son  pè: 


Âdja,  ûls  d*Âm-UD,  dont  Horpxrat,  fils  d'Adja,  a  reçu  son  antre  part  de  moitié,  pour  satisfaire  la  porte  (le  -d^rjoafooç)  :  artabes  15,  dont 
la  moitié  est  TVa  artabes,  15,  je  le  répète,  (à  payer)  par  argentei,  25,  par  chaque  (artabe),  ce  qui  fait  825  argentei  ;  avayQCKpi]  royale 
{suten  s/ai),  8  katis  (16  drachmes)  et  un  quart  {un  triobole).  Ces  choses  reçues  au  compte.  Écrit  l'an  36,  le  13  de  Thot  (suit  une  longue 
liste  de  souscriptions,  brisée,  sur  deux  colonnes),» 

^  Je  viens  de  vérifier  mes  copies  primitives,  qui  nous  donnent  la  même  leçon  qu'un  antre  document,  dont  nous  reparlerons  plus 
loin,  c'est-à-dire  T/a^1"  =  *"":■.  »  |\  L_   _J,  Pour  le  texte  voir  Revue^  III,  p.  130  et  pi.  3. 


52 


Eugène  Revillout. 


'kî' 


l^i^i 


III  ^i      ir-vn    o    lin 


zlCSl^. 


)iik; 


r 


n  lin  iJi  I 


iiii  I  1 1 


-SsÈt 


'ï^ 


')1-i. 


(' 


^5?^ 


Vf 


w^^- 


h)\-M.. 


n 


|(s^(ou[lc.^)J^raDi 


©1 


^  ft  A®-^ 


(3 1 


«Dit  le  paraschiste-tericheute  de  la  nécropole  de  Djême,  Amenhotep,  fils  d'Hor,  mère  TSaboura  à 
Catiqiie,  cavalier  Kémiros,  fils  d'Héraclide  :  Tu  m'as  loué  ton  terrain  de  terre  vide  (et  inculte)  l°^^^^lj)  et 
l'area'  qui  fait  à  lui  .  .  .  de  terre  vide  et  les  dépendances'  qui  s'y  trouvent,  le  tout  situé  sur  le  neter  hotep 

'  TQsLHpe  arta  grange  (?).   Ce  mot  dans  les  contrats  coptes  se  dit  aussi  dn  grenier,  qui  est  an-dessns  de  la  maison  TatecpG 


HTnt   w.nC*.llltl0CI0lt,    etc.,  hier 


-r>^ 


aire  à  battre  le  blé,  plate-forme. 


'  Les  cboses  qni  s'y  réunissent  /nu 


Textes  démotiques,  etc.  53 


d'Ainon  dans  la  partie  marécageuse  '  du  nord  de  Thèbes.  En  voici  les  voisins  :  au  sud,  le  terrain  et  Varea 

d'AppoUonius,  lils  d'Amon;  au  nord,  le  terrain  et  Varea  d'Hermias à  l'orient,  la  porte  des  maisons 

occidentales;  à  l'occident,  ton  lavoir.  Que  je  sois  commandant^  sur  le  terrain  de  terre  vide  et  sur  Varea  de 
terre  vide  ci-dessus,  depuis  l'an  52  Thot  à  l'achons  en  neuf  mois.   Que  j'y  fasse  le  transport'  des  eaux. 

Que  je  fasse Que  je  le Que  je  fasse  des  canaux  de  dérivation 

des  eaux.*  Que  je  le  pioche^.  Que  je  fournisse  les  bêtes  de  somme  (les  grains,  les  instruments  de  culture, 
les  produits  de  l'impôt).  Que  ton  agent  dise  le  lo  avec  moi.  (Que  je  solde  leurs  impositions  à  la  porte  au 
Bijuaupoç  du  roi,  selon  ce  qui  est  porté  sur  les  écrits  du  roi  qu'il  a  écrits  sur  eux,  au  nom)  du  terrain  de 
terre  vide  et  de  Varea  ci-dessus.  Que  je  donne  (leurs  redevances,  leur  paiement,  pour  satisfaire  à  tes 
obligations.  Que  je  tasse  éloigner  le  roi)  de  toi  par  ces  choses.  Que  je  donne,  en  la  main  de  ton  agent, 
au  nom  du  gage  et  de  la  location  du  terrain  de  terre  vide  et  de  Varea  de  terre  vide  ci-dessus,  17  artalies, 
leur  moitié  S'/z'  17  artabes,  je  le  répète,  en  blé  (pur),  sans  mélange,  sans  produit  de  mauvaise  qualité, 
à  la  mesure  de  29  chénices,  pesées,  portées,  payées  en  la  main  de  ton  agent,  dans  ta  maison  de 
Thèbes,  sans  frais,  ni  dépense"  de  rien  au  monde,  au  terme  de  l'an  23  Pharniouthi-pachons.  Le  blé  de 
ces  artabes,  si  je  ne  le  donne  pas,  que  je  donne  l'hémiolion  en  plus  le  mois  qui  après  le  mois  nommé,  de 
force,  sans  délai.  Je  ne  puis  te  dire  :  Je  t'ai  donné  blé,  dédommagement  quelconque  du  monde,  sans 
rachat  établi.  Je  ne  puis  prendre  blé,  bien  quelconque  au  monde  sur  le  terrain  ci-dessus,  sans  avoir  soldé 

ce  qui   est  écrit  ci-dessus.    Il  n'y  a  pas de  la  part  du qui  sera Que 

j'établisse  devant  toi  le  terrain  et  l'area  ci-dessus,  pour  que  tu  les  loues  à  l'homme  auquel  tu  voudras 
les  louer.  Le  droit  de  l'écrit  ei-dessus  est  sur  ma  tête  et  celle  de  mes  enfants.  Tous  mes  biens  présents 
et  à  venir  sont  en  garantie  de  toute  parole  ci-dessus.  » 

Un  troisième  acte  est  calculé  comme  métayage  et  non  cimnne  fermage.  Au  lieu  d'un  chiffre  fixe,  il 
s'agit  d'une  part  proportionelle  dans  le  rendement.  Je  l'ai  également  publiée  dans  le  même  article  III.  111 
p.  131  et  pi.  3 — 4.  Il  est  daté  de  9  Thot  de  l'an  5  de  Philométor.  Voici  la  transcription  hiéroglyphique 
du  contrat  lui-même,  qui  nous  paraît  également  intéressante  pour  la  oom])araison  des  textes  que  nous 
donnerons  ensuite  : 

iii--eiikvn^rïi;;;;i- 


^<=>ij^v=„==dii— ~aei'-j=, 


'  C'est  en  des  sens  attribues   à    A    ^\  j-^NJ  ^à=^    (Ohibas,  Voyage,   v.  102).    D'autres  ont  voulu  y  Toir  un   terrain  sec   et 

aride.  Mais  le  contexte  montre  plus  loin,  qu'il  s'agit  en  effet  d'un  terrain  pour  lequel  les  eani  trop  abondantes  devaient  être  aménagées. 

'    j  ^   .  '    ^x7  " — ix\  signifie  surtout  transporter  par  eau  et  non  transporter  les  eaux.  La  dérivation  est  curieuse. 

'   UJC^O    aquas  in  rivulos  derivare  (voir  Peyron).  '  [1  (j  h^^   voir  Levi. 

«  Conf.  Chr.  dém.,p.  115  T  (J  -X.')  C  \  \  ^y/i  ^O  |  |  >?  'iZ-  La  première  de  ces  expressions  est  traduite  (Joaanj  par  Eosctte- 
Dans  les  contrats  de  blé  grecs,  elle  a  pour  équivalent  sv  icîioiç:  arrjJw^uaot.  Doit-on  la  rattacher  à  f[]  \\  v\  A  CH  A  monter, 
entrer  opposé  à  <I^>  î  La  2°  expression  paraît  synonyme  et  je  la  compare  à  |~[]  V\      V\  qui  signifie  aussi  monter  et  entrer. 

Ce  sont  les  frais  supplémentaires. 


54 


Eugène  Revillout. 


Ci         <::i         Q      I  .Blv^  Q         Q       1  W 


A<==>^ 


O    <=>     1     I    I    iW  I       Q  I    I    I    o 


I  I    o    JS%(S 


I      Q 


Q    g 


^5P 


J  û^l 


I  1  Ki^raoc 

b    I   I 


o  II    I  I  1  I     G 


'^O©  -J   (js 


loraoi 


rao 


J   ûei 


®    -^.l  Q. 


'^ 


-<s-i}  <$. 


raai 


o  II       I 


,(S    ^ 


flfl' 


:iP^° 


f=': 


i   ^  U  i^/  y]  *+*  *~^-/^A-'  1  T  incise   que  porte  toutes    mes   vieilles  copit 
Butler  529  et  qui  a  été  oubliée  dans  ma  copie  assez  imparfaite  de  Revue,  III,  111. 


bien   que   la   photographie  du  papyrus 


Textes  démotiques,  etc.  55 


«Dit  le  pastophoro  d'Amonde  Djeme  Xesnoushmiin  ...  au  prêtre  gardien  de' la  maison  des  actes  et  de 
toutes  les  paroles  de  Pahotepnhu  npkak'  qui  sur  la  montagne  de  Djême,  intendant  des  domaines  du 
basilico  grammate  Amenhotep.  fils  d'Hui,  le  dieu  grand,  Anienliotep.  fils  d'Hor,  dont  la  mère  est  Neschonsu  : 

Tu  m'as  loué  ta  part  du  bon  terrain  de  Paliotei)nliu  du  neter  hotep  d'Amon,  sur  l'occident  du 
domaine  de  Thot  qui  inscrit  à  Djeme,  k  l'occident  du  nom  Pathyrite,  sur  le  coté  sud  du  bien  nommé  et 
que  la  part  d' Anienliotep,  fils  de  Thot,  touche.  Les  voisins  :  au  sud,  le  terrain  du  neter  hotep,  devant  le 
basilico  grammate  Amenhotep,  fils  de  Hui;  au  nord,  le  terrain  de  Thot  nommé,  qui  est  pour  Horsiési,  fils 
d'Hor,  et  toi;  à  l'orient,  le  terrain  de  Pachonsu  qui  pour  Panofré  (et)  Xnuin  Xonsu,  ses  fils;  à  l'occident. 
le  chemin  d'Amon  de  Djeme.  Total  des  voisins  du  champ  de  hote}y  ci-dessus  tous.  Je  t'ai  fait  location  de  tes 
champs  de  hotep  fonnant  en  lui  le  bien  (en  question).  Que  je  fasse  la  hiérodulie  du  champs  ci-dessus.  Que 
je  fasse  tous  le  travail  de  culture.  Que  j'y  mette  le  grain.  Que  tu  dises  le  lo  de  culture  ci-dessus  en  dehors  de 
moi  depuis  le  temps  où  nous  sommes.  En  l'an  5  le  3°  ou  le  4°  mois  de  Per  (Phaménoth  pharmouthi),  que  je 
donne  en  la  main  de  ton  agent,  au  nom  du  gage  de  ton  champ  ci-dessus,  sur  totalité  des  productions  qui 
sera  sur  la  part  de  champs  ci-dessus,  que  je  te  donne,  dis-je,  le  5'  qui  sera  en  lui,  pour  que  tu  écartes  le 
roi  et  le  dieu  de  ton  champ  ci-dessus,  sans  que  je  puisse  rien  prendre  des  productions  de  ton  champ  ci- 
dessus,  sans  t'avoir  payé  ton  cinquième  et  cela  au  terme  de  l'an  5,  4'  mois  de  Per  (Pharmouthi),  jour  3C<=. 
Je  ne  puis  te  fixer  autre  temps,  autre  jour  après  le  temps  et  le  jour  ci-dessus.  Je  ne  puis  te  dire  :  «je  t'ai 
donné  auparavant  argent,  blé,  quoique  ce  soit  au  monde,  là  dédans,  sans  rachat'  établi.  Je  ne  puis  dire  : 
Je  t'ai  fait  le  droit  de  l'écrit  ci-dessus.  L'écrit  ci-dessus  est  sur  ma  tète  et  sur  celle  de  mes  enfants.  A 
partir  du  temps  de  l'an  5,  1"  mois  de  shmu  (Pachons)  étant  (échu),  que  j'abandonne  tes  champs  ci-dessus 
devant  toi,  pour  que  tu  les  loues  à  qui  tu  voudras  les  louer.  Je  ne  puis  dire  :  cette  location  passe  à  l'année 
(suivante),  afin  que  je  fasse  conformément  en  tout  temps."  Totalité  des  biens  qui  sont  h  moi  et  de  ceux  que 
je  ferai  être,  est  en  garantie  de  toute  parole  ci-dessus  jusque  j'agisse  en  conformité.  Ton  agent  prend  puis- 
sance pour  toute  parole  qu'il  dira  avec  moi  au  nom  des  paroles  ci-dessus.  Que  je  les  accomplisse,  à  sa 
volonté,  sans  aucune  opposition.  » 

Rapprochons  maintemant  de  ces  actes  ceux  dont  JIr.  Rbinach  a  puliliées  les  photographies. 

L'acte  donné  pi.  X.  et  ilaté  de  l'an  7  Fa.yn\  8  de  la  reine  Cléopâtre  et  de  son  fils  Soter  II,  porte  : 

^- te(P4)'i'i4J.^"^i- (k^q^P^l 

'  Voir  sur  ce  sanctuaire  de  Qak  et  la  fondation  d'Âmenhotep,  fils  de  Hai  la  pi.  XXIX  des  «Inscriptions  in  the  demotic  and  hieratic 
character  de  Birch,  si  longuement  étudié  par  moi  ailleurs».  Eotep  nhou  np  Icak  signifie  «l'offrande  journalière  du  temple  Kak». 
'  Voir,  pour  cette  question  du  rachat  de  créances,  le  teite  publié  par  moi.  Rsvue  égypt.,  III,  111,  p.  132  et  pi.  4. 
*  L'interdiction  de  la  réconduction   tacite  est  ici  des  plus  formelles.  Tous  les  baux  de  culture  ne  durent  qu'un  an,   même  quand 
deux  ans.    La  durée  ordinaire  est  de  9  mois  jusqu'à  Pachons  (après  la  récolte).  En  ce  cas  elle  commen- 
ée,   en  Thot.    Si  elle  commençait  immédiatement  après  la  récolte  de  l'année  précédente,   en  Payni,   elle 
n'était  que  de  12  mois,  ainsi  que  je  l'ai  dit.    Cette  règle  existait  dans   les  locations  du  temps  d'Amasis. 
^ille  et  de  biens  d'autres  natures  pouvaient  être  de  plusieurs  années. 

20* 


les   12  ou  11  moi 

s  portent  su 

çait  le  premier  r 

nois   de  l'an 

portait  sur  deui 

ans,   tout  e; 

Les  locations  de 

terrains  de 

56 


Eugène  Revillodt. 


-ç-  Il 
■^11 


r  ^  1 1 1 1 -^^^  I— n— I  r 

loin    II    xa^  I 

'iiii 


Ci  III  l'^^ 

OUI  I    i 


'©=-^'"'^0  11^ — ] 
;  O  / 


Ci  III I      a      c.  n  fi     m\ 
Glll|-k(2')l'4l 


©111   I   I  ■ 


AScaOe 


m^--\i.:^^7:r'h-m-\'T^^--\:> 


^^i^h.-^ 


s 


iC^' 


I  G 


c^llll 


I       I  Ollll         II     SS 


\-or-H^:w\CC±WiM^{h-^)^\. 


ra 


o©^t~_  rat^rri^  ra  t^  iJ©  A 


1; 


4 


iUel 


II- ,i°°z::°'r^']^-^'l 


nn  nnn,n,_o    ^nn       ocniu,, 

nn  nnn       T      nn        ^  n  M 


^o<>'>''D     1(3  1 


?  J  ûel 


'^     D 


Q  lin 


A 


©1 


:"-io°o::H' 


o  Mil 

)     Q     Pjx.  —A—  [^^^^^  1  ^S>- 


é 


Ci  ^1^:71 


Textes  démotiques,  etc.  57 


«Dit  Andron.  fils  de  Ptoleinée,  au  zupio;  Plain  que  l'on  nomme  Paurtab  (Dionysios),  tils  de  Kepha- 
las,  l'habitant   de  Hakar,  du  nome  d'Héracléopolis  : 

«Tu  m'as  loué  tes  2  aroures Que  je  cultive  tes  deux  aroures  depuis  l'an  7 

Pagni  jusqu'à  l'an  8  Pachous,  c'est-à-dire  pendant  douze  mois  des  deux  années,  à  l'aide  de  l'eau  de  l'an  7, 
se  terminant  en  l'an  8.  Que  je  les  laboure'  avec  mes  bœufs,  mes  gens,  mes  instruments  de  culture,  mes 
blés  de  semence.  Que  je  fasse  (fournisse)  le  service  (ou  le  travail)^  de  culture  quelconque,  les  grains  de 
leur  tribut  (ujuja.).  Que  je  prenne  tout  ce  qui  se  trouvera  en  elles.  Que  je  te  donne  100  artabes,  leur 
prix'  (ce  qu'on  en  prend),  50  à  ta  disposition  pour  leur  tribut  de  moitié'  sur  elles,  mesurées  en  l'an  8 
le  l"'  du  2»  mois  de  Smu  (papii)  à  ta  mesure  apet,^  en  froment,  en  grains  purs,  sans  mélange,  payés  au 
port  du  Tehen,"  sans  frais  ni  dépense  de  totalité  de  chose  au  monde.  Le  paiement  de  l'amende'  de  culture 
qui  sera,  je  le  donnerai  sur  leur  jjroduit.  L'exécution  forcée'  des  paroles  quelconques  du  roi,  tu  me  la 
feras  écarter.  Ce  que  je  ne  donnerai  pas  dans  les  blés  ci-dessus  en  l'an  8  PajTii,  comme  il  est  écrit  ci- 
dessus,  je  te  le  paierai  par  150  argentei,  dont  la  moitié  est  75,  150  argentei,  je  le  répète,  (eu  airain)  avec 
l'équivalence  de  24  pour  2  Katis,  par  artabe,  le  mois  suivant,  de  force,  sans  délai.  Je  ne  puis  te  dire  : 
je  t'ai  donné  du  blé  sans  rachat  établi.  Je  ne  puis  te  dire  :  cette  location  passe  à  l'année °  que  j'ai 
encore  à  mon  nom.  La  totalité  des  biens  qui  sont  à  moi  et  de  ceux  que  je  ferai  être  est  en  garantie  du 
droit  de  la  location  ci-dessus.  Si  '"  je  laisse  les  champs  ci-dessus  pour  ne  point  les  labourer,  pour  ne  point 
faire  le  service  jusqu'à  la  fin''  de  l'an  8,  je  te  donnerai  3000  argentei,  ce  qui  fait  10  Kerker  (talents)  en 
airain  de  24  pour  2  Katis,  dans  le  mois  nommé,  de  force,  s.ans  délai.  Tu  m'obligeras  à  faire  en  outre 
selon  toutes  les  paroles  ci-dessus.  » 

A  écrit  Horphof,  fils  d'Horpaèsé  qui  écrit  au  nom  des  prêtres  de  Thot  des  5  classes 
avâç(ov  UroXffiaiov  fiifitaOuiuat  xai  Tioirjaa)  xccOoti  nçoysyçaTtrai 
iTovç  Ç  navvi  rj  tv  x<"   TrjVii  '^  tov  Mtax' 

Nous  possédons  dans  la  pi.  XIV  de  Reinach  un  acte  daté  de  l'an  12,  qui  fait  an  9  de  Cléopâtre  et 
de  Ptolemée  Alexandre,  acte  malheuresement  très  fragmenté.  Le  locateur  est  ici  Plein,  dit  Paurtab  ou 
Dionysios,  dont  les  noms  se  voient  encore  dans  l'entête  de  l'acte,  comme  dans  l'adhésion  grecque.  Le  nom 
de  l'autre  partie,  Petosor  fils  de  Petosor,  se  trouve  indiqué  dans  ime  adhésion  démotique,  car  il  nous  est  im- 
possible de  lire,  dans  l'état  de  mutilation  du  protocole,  les  indications  assez  compliquées  qui  occupent 
les  quatre  lignes  suivant  le  nom  de  Plein-Dionysios.  Vient  ensuite  le  commencement  de  l'acte  lui-même  : 


U)1K- 


■  U 


(âi 


(EU 


i.  1    \^    I     o 


'  Toas  les  mots  qui  suivent  ont  été  précisés  par  moi  depuis  longtemps  dans  ma  Revue,  dans  mes  leçons,  dans  mon  syllabaire, 
dans  mon  dictionnaire  ou  dans  mes  livres  —  tels  qae  —  pour  le  mot  -x semence»  dans  mon  papyrus  moral  de  Leide,  XXIV,  25,  XXV,  3, 
p.  25G— 257.  La  paléographie  du  signe  est  identique. 

2  ^1  a,  je  l'ai  prouvé  depois  des  années,  la  double  lecture  \^  ap  et  R  ses.  C'est  ici  le  second  qu'il  faut  choisir  d'après  les 
compléments  et  déterminât  if  s.  ^  Ujcon.  ■'  O'OC. 

AD 

5    M         Oine   ou  épba,  en   babylonien  ^n.     Cette  mesure  garde    ce   nom  dans   les   prêts   de   blé   de  la   basse   époque,  portant 

<:il>  W  'P-.     □  IJ  jj  ,      On  ajoute  à  Mempbïs  que  ce  pi  étalon  est  celui  de  l'Anubélura. 

(•  C'est  le  nom  du  Sérapéum  de  Memphis,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  le  premier  d'après  Pamont  et  les  contrats  du  Sérapéum. 
Brugsch,  dans  son  Dictionnaire  géographique,  p.  958,  s'en  est  emparé.  Tehen  était  aussi  le  nom  du  Sérapéum  de  la  région  dont  nous 
nous  occupons. 

'  no£tI    faute,  punition  de  la  faute.   Voir  les  locations  du  temps  d'Âmasis,  publiées  dans  le  dernier  volume   parmi   mes  actes 

archaïques.  ^  ;^I   neyonc,   prendre  de  force,  qui  signifie  aussi  violence  :  c'est  l'exécution  forcé  pour  les  amendes. 

^  Interdiction  de  la  réconduction  tacite.  ^°  Interdiction  de  l'abandon  de  la  culture  avant  sa  tin  normale. 

I    1    I     X 
"  fccn  terminer.  '*  Trjvu-  fj  -/mi  ^xtuotoç  Pap.  gr.  Reinach,  ÏX,  12;  XIV,  14. 


58 


Eugène  Revillout. 


Xf  ^rao 


me.    ^ 

Il  .M^.^ 


'.-^lytUêid^M^ 


I  O   Ci      Q  I 


o  I  I  I 

1 1 1 
0  111 


.^;^u 


nnn  n  _|  o  nn 


1 1  <=>  #  ^""'^  I  <S.  I 


ff:. 


(Pi)°- 


;jiE3r 


:  (2(5  ■ 


Il    ^^iiiir 


\^^  5^P 


D     I  O 


;°f=iii^J-i 


n    I  o 


k^# 


spEzir 


ISÏ")' 


J. 


r'^"^- 


,é 


-2^ 


1(3   fl' 


.  1  I    O   <::i  n       I   ( 


„.^^""D  n  A  ' 


^ 


n 


o. 


«Tu  m'as  luné  tes coudées  d'aroures  de  jardin ;  ...   Que  je  dorme 

totalité ton  tribut  (hoti)  à  la  porte  du  roi   (au  Orjcia'jocî) 

(faire)   donner  à  toi  la  part  de  moitié  du  hoti  qui  sur 

l'herbage  dans  les  5  jours.    Que  tu  fasse  éloigner  l'exécution  forcée  des  paroles  du  roi  h la  porte 

(le  6ï]!jaupo;)  pour  ces  choses  au  sujet  de  ton  jardin  ci-dessus 

Que  je  te  satisfasse  du  neSem  (de  la  récolte)  du  jardin  ci-dessus  par  la  pou.sse  de  l'année  XII  qui  fait 
an  IX.  Ce  que  je  ne  te  donnerai  pas  dans  les  récoltes  du  jardin  qui  écrit  ci-dessus  (avec)  la  pousse  de 
l'an  11  qui  est  redue,  je  te  donnerai  son  prix,  en  calculant  <à  raison  de  outen  75  d'airain  de  24  pour 
2  Katis   par  artabe   le  mois   suivant  de  l'amiée   nommée.    Que  je   donne   cela  cette  année.    Je  ne  puis 


Textes  démotiques,  etc.  59 


dire  :  je  t'ai  donné  du  blé  pour  elles  sans  rachat  (écrit).  Je  ne  puis  dire  ;  cette  location  passe  l'année. 
Il  y  a  quelque  chose  à  mon  nom.  Mais  si  je  laisse  les  terrains  ci-dessus  devant  toi  pour  ne  pas  (m'en 
occuper  avant  la  lin  de  l'année),  si  je  ne  fais  pas  le  travail,  si  je  ne  les  cultive  pas,  si  je  ne  fais  pas  à 
toi  tout  ce  qui  est  écrit  ci-dessus  dans  les  temps  ci-dessus,  je  te  donnerai  1500  argentei,  en  Kerker 
(t.alents)  5,  en  airain  de  24  pour  2  Katis,  dans  le  mois  nommé,  de  force,  sans  délai.  Tu  m'obligeras,  de 
plus,  à  faire  comme  il  est  écrit  ci-dessus. 

«Petosor,  fils  de  Petosor,  celui  qui  dit  à  Plein,  écrit  ci-dessus  :  tu  m'as  loué  le  champ  ci-dessus, 
c'est-à-dire  la  pousse  de  l'année  XII  pour  une  année.  Que  je  te  donne  10  artabes  de  blé,  dont  la  moitié 
est  5,  10  artabes  de  blé,  je  le  répète,   pour  ton  tribut  (ujmm)  de  l'année   nommée.  » 

jâiovvawç  ivâoxa)  xaOïoç  nQoxinai 

tTOVç  ii3  xai  0  6(ooVT  la  €v  xm  ryjvit  Tov  fio^-  ctvayiyQ.  âia   &io}i'Oi. 

Il  est  dommage  que  nous  n'ayt)ns  pas  le  commencement  de  l'acte.  Il  nous  parait  cependant  pro- 
bable que  le  hoti,  qui  pèse  sur  le  jardin,  n'est  pas  le  hoti  qui,  dans  Rosette,  vient  à  côté  de  Skar,  pour 
exprimer  les  vectigalia.  J'y  vois  plutôt  la  forme  du  gage,  dont  j'ai  parlé  si  souvent  dans  mes  ouvrages  et 
dans  mes  cours,  et  que  j'ai  nommée  alors  antichrèse  in  sohitum,  parceque  la  «puissance»  qui  était  ainsi 
conférée  sur  mi  bien  permettait  à  celui  auquel  on  la  confiait  de  se  faire  payer  luie  créance  sur  les  produits. 
Nous  en  avons  donné  des  exemples  et  dans  nos  contrats  archaïques  du  temps  d'Amasis'  (l'acte  de  hoti 
est  alors  parallèle  à  un  acte  de  location  fait  au  nom  du  frère  du  débiteur),  et  par  un  acte  moderne,  le 
célèbre  pap3'rus  Maleolm   du  British  Muséum. 

Xous  allons  donner  un  extrait  des  textes  de  ce  très  long  papyrus. 

Mais  auparavant  il  nous  faut  faire  remarquer,  qu'ici  l'espèce  juridique  n'est  pas  la  même.  Le 
hoti  appartenait  au  fisc,  qui,  ne  voulant  pas  cultiver  lui-même  le  jardin  en  question  et,  ayant  donné  au 
jiropriétaire  un  délai  avant  la  licitation  définitive,  lui  avait  permis  de  louer  lui-même  pour  opérer  le  paie- 
ment que  devait  couvrir  le  hoti.  Le  but  est  donc  de  payer  la  dette  de  l'année  précédente,  ainsi  que  l'im- 
pôt de  l'année,  et  cela  dans  le  délai  de  l'année  du  bail;  car  on  interdit  encore,  comme  d'ordinaire,  la 
reconduction  tacite.  Pour  cela  il  faut  que  le  propriétaire  aide  le  locataire  et  il  s'engage  en  effet  à  la  fin 
de  payer  pour  sa  part  dix  artabes  de  blé  pour  le  tribut,  artabes  qui  devaient  constituer  la  moite  du 
prix  du  hoti,  d'après  un  passage  fragmenté  antérieur. 

Venons  en  maintenant  au  texte  du  papyrus  Maleolm,  visé  par  nous  dans  notre  travail  sur  la  location 
(Revue  III)  et  qui  a  été  ensuite  étudié  plus  en  détail,  mais  sans  la  transcription  hiéroglyphique  ni  le  fae- 
simile  démotique  (pour  lequel  nous  renvoyons  maintenant  h  la  partie  autographique  de  ce  numéro),  dans 
un  article  paru  dans  les  Proceedings  de  la  Société  d'archéologie  biblique  de  Londres  (juin  1887). 

Nous  ne  donnerons  pas  ici  la  totalité  de  ce  papyrus,  très  long,  daté  du  10  Paophi  de  l'an  39 
d'Evergète  II  et  adressé  à  une  femme,  dont  le  nom  a  disparu  dans  une  des  lacunes  générales  du  commence- 
ment des  lignes,  par  l'archentaphiaste  (  |cC\))  Petosor,  fils  d'Horuer,  dont  la  mère  est  Chemati,  locateur 
qui  prend  la  parole  au  lieu  de  locataire,  parcequ'il  le  fait  pour  payer  une  dette.  Le  corjis  de  l'acte  com- 
mence par  les  mots  : 


Ê 


<t  Je  t'ai  loué  la  part  des  ^/g  du  8",  ce  qui  fait  le  12«  des  créances  (sanx)  de  Kloudj.  fils  de  T'itaaummou 
et  les  ^/a  du  8°,  ce  qui  fait  le  12'  des  créances  de  T'itaaoummou,  fils  de  Kloudj,  etc.» 

L'énumération  de  ces  créances  hériditaires  ou  san/  se  prolonge,  toujours  avec  la  même  proportion; 
car  il  s'agit  des  obligations  perpétuelles  que  contractaient  les  familles  pour  les  liturgies  de  leurs  défunts 

*  Voir  i?er«e  ègypt.,  XII. 


60 


Eugène  Revillodt. 


entre  les  mains  des  arehentaphiastes  successifs  ici  nommés,  dont  Petosor  avait  hérité  dans  la  proportion 
du  12",  représentant  le  nombre  des  enfants  cohéritiers,  d'abord  .au  nombre  de  trois,  puis,  à  une  autre 
génération,  au  nombre  de  8.  Après  cela  vient  l'énumération  1»  des  liturgies,  immeubles  funéraires  servant 

aux  tombes  et  aux  liturgies  et  consistant  en  1^ avec  chapelles,  jardins  plantés  d'arbres  etc.,  dont 

les  divers  voisins  sont  énumérés  avec  soin,  et  étaient  sur  la  nécropole  de  Memphis;  2°  d'autres  immeubles 
consistant  en  maisons  et  en  terrains  nus  situés  dans  le  quartier  de  tehni  d'Anchto  ou  Serapéum,  c'est-à-dire 
dans  la  ville  même.  Enfin,  après  l'énumération  des  biens  loués  jiar  lui,  Petosor,  fils  d'Horuer  continue  en 
ces  termes  : 


(L.  15) 


Icâîv:,! 


'ai^QHer 


\(3^] 


•fv^  I 


\<S.\  "^  I 


(Si 


(El 


O  Ci 


(âilJUA. 


£i  Q  O 


^, 


(1-  16) 


\<S.\ 


(âi 


lara 


Q       O       Q 


D      I  O 


1(^1  fl\oW# 


D      I  O 


-^^^n  n 
o   n'ù',' 


( 


01111"^ 

n  m     I 


=:;>  f  Q  1 1 1     '^^^     1 1 1  >ci=>  foin  û — D 

dIgiii        o       III     a     loin  (2 


't>-U'oZi" 


Q.\ 


(3(3   Hû 
'(3(3   I     ^ 


,/I\GI  -<2>  I 


Il  ffl 


etc (1.18) <=>z=~^r5i|np?ir".".\|ii 


'(S© 


«"^ù) U(S  £iA I 


(S: 


A<=>'^o 


a    I  o 


'0(3  ^^(1(3, 


ra 


ù D 


D     1  o      o 


Textes  démotiques,  etc. 


61 


^\:irM^ 


1*5^. 


I  I  I 


n 


1^^"^ 


A 


il: 


(Soet]i]^-^i  <=>a 


■  1^"^^^ 


■©Q  [I  e 


loi 


to°or"||fi^c^raG 


I  i  I 


£2i  C=i 


(TH 


>=gfx^ 


.°^l 


^""kl^^l 


i^(2 


■^K^jAÊçâ 


l\<^]^ 


.  (1.  21)  .  .  . 


^iQnH— 4ii3î^"ra0in|.^r 


SI 


III 


G  (3(3(3 
4     (3(3     ^ 


Ol 


(â^e 


'^ 


IV 


e^ 


■N^  I 


rai 


\  o\    ^ 


Ci  £^ 


^  =5^  <=>  (?)  I  '^^^  Si)  '   •  •   •   ('•  22) 


j  ûe, 


Q  Q 


lU© 


c? 


A    m.        I    c> 


62  Eugène  Revillout. 


J   ûd 


OJ^   Q  V^C 


(L.  15)  «Mes  ])arts  de  tout  ce  qui  est  écrit  ci-dessus,  comme  il  est  écrit  ci-dessus,  jinrts.  dont  la 
description  est  ci-dessus,  sont  pour  toi  et  tes  gens,  selon  les  parts  ci-dessus, 

(1.  16)  (ainsi  que)  les  liturgies^  et  les  revenus'  quelconques  qui  en  seront  produits  :  totalité  de  biens 
que  l'on  recevra  pour  elle,^  totalité  qui  sera  pour  elle,  totalité  qui  viendra  en  leur  nom,  totalité  de  ce 
qu'on  donnera  en  leur  nom  par  jour  quelconque,  par  mois  quelconque,  comme  redevaik-es  de  taricheute  ou 

de  choacliyte Ces  redevances  de  taricli eûtes  depuis  l'an  39,  Paophi   10,  jusqu'à  la   fin 

de  trois  ans.  36  mois,   trois  ans.  je  le  répète,  sont  pour  toi  et  ton  mari  pour  payer  la  somme 

(1.  17)  que  tu  as  consenti  à  me  fournir  depuis  l'an  27,  P'  Thot  des  rois  toujours  vivants  jusqu'à 
l'an  35.  30  Mésoré,  pendant  neuf  ans.  109  mois,  neuf  ans,  je  le  répète,  tu  m'as  donné  aussi  400  argentei 
en  statères  2000,  400  argentei.  je  le  répète,  en  airain  à  l'équivalence  de  24  (argenteus  de  cuivre  pour) 
deux  katis  (d'argent).  Leur  hoti  (l'exercice  des  droits  d'antichrèse  qui  te  sont  donnés  constituent  un  tribut 
ou  revenu  annuel)  par  payement  journalier,  fait  133  argentei  plus  trois  katis  (didrachmes)  et  un  tiers 
(quatre  oboles)  en  airain,  à  l'équivalence  de  24  pour  deux  katis  par  an  pendant  trois  ans,  pendant  lesquels 
tu  as  le  souche  (ou  la  créance),  etc., 

(1.  18)  pour  compléter  les  400  argentei  en  airain  à  l'équivalence  de  24  pour  deux  katis  que  tu  m'as 
donnés  ci-dessus.  Je  les  ai  reçus  de  ta  main  sans  aucun  reli(iuat  et  mon  cœur  en  est  satisfait.  Celui  qui 
viendra  t' inquiéter  à  cause  dû  hoti  des  trois  ans  ci-dessus 

(1.  19)  et  du  hoti  des  autres  années,  étant  pour  toi  et  Téos.  tils  de  Téos,  ton  mari  ci-dessus,  pour 
ce  que  tu  m'as  donné  ainsi  qu'à  Horuer,  mon  père,  pendant  16  ans,  je  l'éloignerai  de  toi  dans  les  cinq 
jours  du  mois  en  question,  de  force,  sans  délai.  Tu  établiras  devant  moi  (tu  me  rendras)  les  parts  de  tout 
ce  qui  est  marqué  ci-dessus,  en  sorte  de  ne  plus  être  sur  elles,  de  ne  plus  faire  office  de  taricheute  dans 
les  temps  ci-dessus  (au  bout  des  trois  ans)  et  tu  m'abandonneras  le  hoti 

(1.  20)  dans  les  temps  ci-dessus,  de  force,  sans  délai.  Si  j'enlève  mes  parts  de  tout  ce  qui  est  marqué 
ci-dessus  loin  de  toi  et  de  tes  gens  (de  ta  possession  ou  de  la  leur)  ou  que  quiconque  au  monde  les  enlève 
loin  de  toi  et  de  tes  gens,  en  mon  nom,  dans  les  temps  ci-dessus  (avant  la  fin  du  délai  de  trois  ans)  je  te 
donnerai  trois  mille  argentei,  leur  moitié  est  1500,  3000  argentei,  je  le  répète,  en  airain  dont  l'équiva- 
leur  est  de  24  pour  deux  katis,  dans  les  cinq  jours  du  mois  ci-dessus,  de  force,  sans  délai.  Mais  si  tu  ne 
t'en  vas  pas  hors  de  mes  parts  de  tout  ce  qui  est  ci-dessus  selon  l'écrit  ci-dessus,  dans  les  temps  ci-dessus, 
ainsi  que  tes  gens,  et  si  tu  ne  les  établis  pas  devant  moi  (si  tu  ne  m'en  rends  pas  la  possession) 

(1.  21)  .  .  .  quand  les  trois  années  ci-dessus  se  seront  accomplies,  c'est-à-dire  au  terme  des  temps 
ci-dessus,  tu  me  donneras  5000  argentei  .  .  .  5000  argentei,  je  le  répète,  en  airain  à  l'équivalence  de  24 
pour  deux  katis.  dans  les  10  jours  après  les  temps  ci-dessus,  et  tu  les  abandonneras  (les  parts  ci-dessus) 
avec  leurs  (fruits)  et  les  placeras  devant  moi,  en  outre,  dans  le  mois  en  question,  de  force,  sans  délai.  Je 
ne  puis  dire  :  j'ai  bâti,  j'ai  couvert,  j'ai  fait  changement*  quelconque  au  monde  sur  mes  parts  de  totalité 
ci-dessus,  selon  ce  qui  écrit  ci-dessus,  dans  les  tenqjs  ci-dessus.  Je  ne  puis  dire  :  j'ai  affaire  quelconque 
au  monde  avec  toi  en  leur  nom. 

(1.  22)  (En  ce  cas)  tous  tes  biens  présents  et  à  venir  seront  en  garantie.  Mon  agent  prendra  puissance 
pour  toute  parole  qu'il  dira  avec  toi  en  dehors  du  hoti  que  tu  auras  à  me  rendre  ou  de  tout  enlèvement 
fait  à  mon  préjudice.  A  toi  à  me  faire  recevoir  ces  choses  de  force,  sans  délai. 

>  Pour  ce  mot  Toif  les  bilingues  et  en  particulier  Chrest.  rfe'm.,  p.  68,  72,  73,  74. 

*  Voir  le  bilingue  Berger  qui  traduit  ce  mot  par  "ca  TCpoîjTnTcrovTa.   p.  35  et  37  M  ,    ^'^    ,   signifie  d'une  façon  générale  les  biens. 

Il     1     I 
les  possessions. 

'  Voir  aussi  le  bilingue  Berger  qui  traduit  Ta  Tcpoasjojisva. 
"  Conf.  Xouv.  Chrest.,  p.  110. 


Textes  démotiques,  etc. 


63 


«De  mon  côté  je  ne  puis  établir  mes  parts  ci-dessus  pour  personne  (pielconque  au  monde  intervenante. 
Je  ne  puis  les  vendre  pour  argent  à  une  autre  personne  qui  m'en  donnerait  (le  prix).  C'est  moi  que  suis 
obligée  d'accomplir  l'écrit  ci-dessus  et  le  droit  en  résultant  et  d'agir  selon  toutes  les  paroles  ci-dessus.»' 

Cet  acte  a  été  enregistré  en  grec  le  18  Paophi  de  l'an  39  au  greffe  de  l'Anubéium  de  Memphis. 

Il  a  reçu  de  plus  en  démotique  une  adhésion  écrite  de  la  partie  qui  s'obligeait.  Cette  adhésion  très 


fragmentée  portait 


O  n    I I  I      II 


Q  ÎKJ  I 


)• 


(S 


«^ 


n  1 1 1 
m  1 1 1 
n  I M 


o 


«L'an  39,  Paophi  10,  du  roi  Ptolémée  Évergète,  Pétiosor,  fils  de  Horuer,  celui  qui  dit  à je 

t'abandonne  le  hoti  de  mes  parts  .  .  .  pour  toute  année  pendant  trois  ans,  39  mois,  trois  ans,  je  le  répète. 
Mon  cœur  est  satisfait,  etc.» 

On  voit  que  le  hoti  était  la  chose  principale  dans  cet  acte  commençant  par  les  mots  :  «je  t'ai 
loué».  Ce  mot  hoti  {oio^)  qui  désigne  parfois  la  puissance  pratique  exercée  toujours  par  le  roi  sur  tous 
les  biens  fonds,  c'est-à-dire  le  vectigal,  indique  ici  la  puissance  pratique  (la  possession)  exercée  pendant 
un  temps  sur  les  biens  du  débiteur,  comme  ailleurs  il  indi(iue  la  puissance  exercée  sur  sa  personne  et 
sur  ses  actes  par  l'agent,  représentant  le  créancier,  et  ailleurs  encore  la  puissance  ç^rop  ou  la  nécessité  (?) 
que  la  loi  impose,  ou  même,  dans  les  papyrus  moraux,  la  puissance  çrop  que  l'homme  exerce  sur  ses 
propres  actes,  c'est-à-dire  le  libre  arbitre.  Contractuellement,  la  puissance  accordée  par  une  partie  à  une 
autre  partie  ou  à  ses  agents  était  naturellement  limitée  par  la  loi.  Aussi  le  hoti  —  antichrèse  gage  —  ne  pou- 
vait, ainsi  que  nous  l'avons  constaté  dans  nos  papj'rus  archaïques,  être  exercé  que  pendant  un  an  sur  les 
terrains  cultivés,  c'est-à-dire  devait  être  maintenu  dans  les  limites  de  la  location  elle-même.  Au  contraire, 
quand  les  biens  étaient  d'autre  nature,  cette  limitation  disparaissait.  La  auvypatpr)  était  vraiment  z'jfia  selon 
la  teneur  des  contrats  grecs  d'Egypte.  Nous  venons  de  le  voir  pour  les  biens  funéraires.  Nous  le  voyons 
aussi  pour  les  terrains  nus  de  ville,  ainsi  que  nous  l'avons  établi  dans  notre  leçon  sur  la  location  du 
tome  III  de  la  Bévue  égyptologique.  Qu'on  me  ])ermette  de  citer  ici  l'acte  en  question,  avant  de  passer 
à  une  location  de  bête  de  somme,  dont  le  terme  n'était  pas  davantage  tixé  par  la  loi. 


©  = 


-]TI 


^37 


hlAt^hKLt^ 


1*^"^ , 


0  G 


(PiHï^a^ 


,©0(3 


raOOovfiii 


-(D-ne< 


='==N 


'\1U¥K: 


(Ll|]i-<^]-ltJ°, 


I  G  n  n 


Il    1 1 


o  I 


S[; 


',V 


L'acte  a  été  écrit  à  Memphis  par  le  notaire  Harmacbis,  lils  d'Ho 


64 


Eugène  Revillout. 


nnn 
nnn 


I  0 


□    lo'lll'^k^ 


-£a.e, 


n  n 

Mil 


D    1  o    ^ 


I  o 


o  I    Q 


I  ji  1 1 
I  ni 


■^^lûel^Qc 


Q  |C2< 


^    I  n  ©  □  I 


IjUiixij 


o  I     Ci 


M^ 


k^2>-/^rnDi' 


>(ë.\ 


a^sv^i 


eUU  - 


,sflev^4,' 


(; 


II 

Q      I  O    Q      <= 


•  S^î-, 


^-Ji-^f:k 


— Ç—    Cl 


D      I  0_^^(s 


1^^ 


O       Ci 


'  ^3 -Sa  <2  A  WiQ , 


©£©■ 


\ûA'ZM]mi\¥'^T'mi\'~:fo'\-^-m 


1 1 1 


«Dit  l'homme  cavalier  inscrit  à  Djême  Chous  Thot,  tils  de  Peterus.  dont  la  mère  est  Tamin  au 
taricheute  paraschiste'  de  la  nécropole  de  Djême,  Amenhotep,  tils  d'Hor,  mère  Tsaboura  :  tu  m'as  loué  ton 

^  Pour  le  mot  /erTiet,  parascbiste,  voir  mon  article  paru  dans  la  Zeitichrift  arec  les  fanérailles  sur  une  famille  de  paraschistes, 
de  taricheutes  thébains,  etc.  Le  mot  u(   Sr  C3  A  désignait  leur  fonction  spéciale  de  tarichcotes  on  ensevelissenr. 


Textes  démotiques,  etc. 


65 


oureh^  de  maison  (iiXoTo^to;)  dans  le  quartier  sud  de  Djême,  à  l'intérieur  de  l'enceinte  de  Djême,  dont  les 
voisins  sont  :  au  sud  l'enceinte  de  l'entrée  de  Djême,  au  nord  les  oureh  de  maison  de  ta  chonsu  que  la 

rue  du  roi  en  sépare,  à  l'orient  la  mur  de à  l'occident  les  oureh  ou  terrains  nus  de  Manti.  Que  je 

sois  me  tenant  .  .  .  sur  ton  oitrth  de  maison  ci-dessus  depuis  l'an  52,  1"  du  mois  de  Mechir,  jusqu'à  la  tin 
de  cinq  ans,  60  mois  .  .  .,  cinq  ans,  je  le  répète.  Que  ton  agent  dise  son  lo'  avec  moi.  Que  je  donne  en 
la  main  de  ton  agent  au  nom  du  fermage'  de  V oureh  de  maison  ci-dessus  par  an  trois  argentei  en  sekels 
statères  15,  trois  argentei,  je  le  répète,  à  l'équivalence  de  24  pour  deux  katis  par  année  quelconque  des  temps 
ci-dessus.  L'argent  de  ces  choses,  si  je  ne  le  donne  pas  par  année  quelconque  que  je  te  verse  pour  les 
argentei  5  katis  par  argenteus  le  mois  après,  le  mois  nommé  de  force,  sans  délai,  on  prendra  à  la  fin  des 
temps  ci-dessus  les  caisses,  les  arbres,  que  je  placerai  sur  Voureh  de  maisons  ci-dessus.  Le  droit  de  l'écrit 
ci-dessus  e.st  sur  ma  tête  et  sur  celle  de  mes  enfants.  La  totalité  des  biens  qui  m'appartiennent  et  de  ceux 
que  je  ferai  être,  est  en  garantie  de  toute  parole  ci-dessus,  jusqu'à  ce  que  je  fasse  selon  elles.  Quand 
sera  le  terme  des  cinq  ans  ci-dessus,  que  je  laisse  ton  oureh  de  maison  ci-dessus  devant  toi,  pour  que  tu 
le  loues  à  l'homme  auquel  tu  voudras  le  louer.  Je  ne  puis  dire  :  ma  location  passe  (à  une  autre)  année, 
afin  que  je  fasse  selon  elle  en  tout  temps.  L'homme  de  nous  qui  s'écartera  pour  ne  pas  faire  selon 
toute  parole  ci-dessus  donnera  argentei  600  en  kerker  (talents)  deux,  en  argentei,  600,  je  le  répète,  à  l'équi- 
valence de  24  pour  deux  katis.  On  l'obligera  pour  le  faire  faire  selon  toute  parole  ci-dessus  encore.  Ton 
agent  est  celui  qui  prend  puissance  pour  toute  parole  qu'il  dira  avec  moi  au  nom  de  toutes  les  paroles  ci- 
dessus.  Que  je  les  accomplisse  à  sa  parole  en  tout  temps,  de  force,  sans  délai,  sans  opposition.  A  écrit 
Osoroer,  fils  de  Colluthe,  le  commis  de  Colluthe.  fils  de  Pabi,  qui  écrit  au  nom  des  prêtres  des  cinq 
classes  d'Amonrasouter  et  des  dieux  qui  reposent  avec  lui.»'' 

Venons  en  maitenant  à  la  location  de  bestiaux  dont  j'ai  parlé  précédemment  et  dont  la  photographie 
a  été  publiée  pi.  XII  de  Eeiach.  Cet  acte  est  daté  de  l'an  10  de  Cléopâtre  et  de  son  fils  Ptolemée 
Alexandre  29  Athj'r  ....  Il  porte  : 


-S^  (5 


rA-^^'àn^r^^n^ 


I    _^   (S 


'"="k^i^' 


A.u.q.u^^^ 


I  O  Qi    I    I 


o<=>raor 


-D  l(3n< 


>-^^-ii]^^-îf::Ts-^-é-thî%.^îj, 


'  Oureh,  traduit  par  iliXoç  TOTCOç  dans  beaucoup  de  tillngues  Nouv.  Chrest.  61,  Droysen  37,  etc.,  répond  à  oirpCÇ^  area.  C'est 
proprement  un  terrain  de  ville  à  bâtir,  tandis  que  le  |3  §uto  désigne  un  terrain  de  campagne  non  cultivé  par  un  motif  quelconque, 
bien  que  touchant  parfois  à  un  endroit  habité. 


I  J'ai  comparé  souvent  ce  mot  à  ÎVo 


s 


J\    abandonner,  céder.     Ce   serait  la  cession   de   la 
Conf.  «que  tu  dise; 


jouissance  temporaire,  faite 
le  îo  de  la  maison  à  l'homme 


par  le  propriétaire  au  locataire,  c'est-à-dire  la  déclaration  du  bail  fait  à  l'administrât 
du  hei  avec  moi  au  nom  des  argentei  que  tu  m'as  donnés  taricheutes»,  pi.  2,  n°  é. 

^  Le  mot  vyK&p,  location,  est  sans  cesse  employé  dans  les  actes  coptes  du  cartulaire  de  Djéme.    Conf.  uj^Hp.    Dans  Rosette 
ce  mot  est  associé  à  hoti  pour  rendre  jipoaoooi  Y.yX  (popoXoyiai. 

*  Nous  possédons  aussi  un  fragment  de  fermage  analog::e  aux  précédents  sous  le  n**  41  dans  la  publication  du  Musée  de  Manchester. 


66  Eugène  Revillout. 


o     ^     ^  l^(s44S^=  k    o  V-r-]   o    ^1  —  ;^©t|e^--f^o 


«Dit  le  xupio;  Plein,  fils  de  Kephalos.  surnommé  Paurtab  (Dionysios).  dont  la  mère  est  Tsetabhi,  au 
cavalier  Dionysios.  fils  d'Asclépiade)  :  tu  m'as  loué  ta  paire  de  bœufs  noirs  qui  a  enfanté  et  leurs  veaux 
((ui  sont  à  leurs  pieds.  Cette  paire  de  bœufs  est  en. ma  main,  à  ta  disposition,  pour  faire  le  ser\-ice  des 
champs  de  la  portion  de  terre  depuis  l'an  12  Athyr  jusqu'au  30  Payni.  Que  je  te  garantisse  les  choses  de 
nourriture.  Que  je  te  donne  (de  plus)  mesures  de  froment  10.  dont  la  moitié  est  cinq.  10  en  tout,  pour  leur 
hoti  (vectigal  ou  ici  prix  de  location)  en  l'an  10  Payni.  k  la  mesure'  d'airain  des  mesures  de  froment,  en 
blé,*  en  grains'  purs  sans  son,*  payés  au  port  de  Tehni  (ou  du  Sérapeum).  Si  je  ne  les  paie  pas  en  l'an  10 
Payni,  comme  ce  qui  est  écrit  ci-dessus,  je  te  domierai  son  prix  par  (h  raison  de)  150  argeutei,  dont  la 
moitié  est  75,  150  argentei,  je  le  répète,  eu  airain  à  l'équivalence  de  24  pour  deux  katis,  par  artabe.  le 
mois  qui  après  cela,  de  force,  sans  délai.  Que  je  solde  (rende)  tes  bœufs  écrits  ci-dessus,  avec  leure  veaux 
qui  à  leurs  pieds,  à  ton  étable  de  l'île  de  Nes^enhet  ou  Nes/anat,*  en  l'an  10,  18  Epiphi,  exemptes  de  tare 
quelconque.  Si  je  ne  les  solde  pas,  comme  il  est  écrit  ci-dessus,  je  te  donnerai  argentei  1500.  en  kerker 
(talents)  cinq,  en  argentei  1500,  je  le  répète,  en  airain  de  24  pour  deux  kati.  le  mois  nommé,  de  force,  sans 
délai.  Tous  mes  biens  présents  et  à  venir  sont  en  garantie  .  .  .  Que  j'agisse  selon  toute  parole  ci-dessus. 
L'écrit  ci-dessus  est  en  ta  main.   A  écrit  Petihapi,  fils  d'Horphof,  qui  écrit  au  nom  des  prêtres  de  Thot.» 

Avant  de  passer  à  un  autre  chapitre  en  abandonnant  la  location,  il  nous  semble  bon  de  donner  en 
appendice,  une  pièce  concernant  une  terre  de  Suto.  comme  la  location  que  nous  avons  étudiée  plus  haut, 
p.  151  et  suiv.  Il  s'agit  d'un  papyrus  que  j'ai  étudié  à  Bruxelles  dans  ma  mission  de  1878  et  .souvent  cité 
dans  mon  cours  de  droit  égyptien.  Il  appartenait  à  un  illustre  amateur  qui  l'avait  prêté  au  Jlusée.  d'ai)rès 

acKC.  ^  bah  ou  îiah    X    0  traduit  xupov  dans  les  trilingues. 

^^  A  A  OOO 

■  Conf.  CCO,   Cû>0. 


°i    lii  n««.tî>pi   gra 

o'   000  OOO 


nin   grâce  :  l'île  de  ses  grâces  (de  la  déesse)  irait  assez  bit 


Textes  démotiques,  etc. 


67 


ce  que  m"a  dit  le  conservateur,  quanti,  quelque  temps  après,  sur  ma  demande  il  m'a  envoyé  les  photogra- 
phies de  tous  les  papyrus  démotiques  de  son  Musée.  Ce  n"  6  actuel  portait  alors  le  n"  2,  tandis  que  d'autres 
pièces  relatives  à  la  même  famille  de  Panas  (les  n»'  2  et  3  actuels)  portaient  le  n"  1  et  que  le  n»  7  actuel 
portait  le  n"  3.  En  tête  d'une  récente  publication  ayant  pour  titre  :  «les  papyrus  démotiques  du  Musée 
du  centenaire».  M.  Capabt  nous  dit,  au  contraire,  que  le  n°  6  a  été  acquis  par  lui  à  Thèbes  en  décembre 
1905  (ce  qui  s'explique  par  une  vente  antérieure  faite  par  le  propriétaire  réel),  tandis  que  les  n»'  2.  3  et  7 
faisaient  partie  de  la  collection  de  Mkester  de  Ravestein,  qui  en  fit  don  aux  Jlusées  roj'aux  en  188-1.  Le 
papyrus  en  question  ne  pouvant  s'expliquer  à  l'aide  de  mes  formules  déjà  publiés  comme  tous  ceux  dont 
s'occupe  un  de  mes  anciens  élèves  qui  rédigeait  les  notices,  celui-ci  a  été  obligé  de  renoncer  à  en  faire 
une  traduction  ou  même  une  analyse  quelconque.  11  se  borne  à  donner  la  photographie  et  à  répéter  les 
iiulications  de  provenance  de  M.  Capart.  En  réalité,  il  s'agit  d'un  serment,  bien  que  le  mot  désignant 
ce  serment  ait  disparu  dans  une  lacune  :  et  ce  serment  a\'ait  ])(iur  but  de  réclamer  une  hérédité.   Le  voici  : 


¥X  ^^3^ 


2=  1 


<èo^o^  ^=^"4^o 


'.^"é^ 


S5P 


<2,   ,   ,^^ 


I    I    I  ^ï^-^ÏI  (S  A 


S"  1. 


rao^!^n©= 


i---) 


<^^  ^ 


''^l^^i^^®^'^'^]®^^    "^     ^^^ ^^^ i=zft-©o^^,^(J(2 


i\. 


tJ-ls-^flTfl' 


~^r 


'-' (^r™ 


à  m 


■  0.1 


i^<^ 


^©^         ^^ 


68  Eugène  Revillout. 


.&£.  (B. 


Ivi 


I    r    I 


.^ 


An  A       II         A/vww  iiV' 


•  -Sa 

(2^/7^  lÈ^      "  '^  " //Oî^  JÈ^  Jg&  ^  J^  ±     S 


1"  1.  L'an  ...  le  mois  de  .  .  .  du  roi  Ptolémée  (Philadelphe).  fils  de  Ptolemée  (étant  Metela.  tille 
de  Xi  ....  os  eanéphore  devant  Arsinoé  Philadelphe.  Dit  la  femme  Tsetmin.  fille  de  P?t'ether  dont  la 
mère  est  Tsetamen 

2'  1.  (devant  Amon  Maut  et  Chons.  Adjuré  soit  Amon  Maut)  et  Chons  de  Djura'  ;  Pamin.  tiJs  di' 
Panas,  a  pris  notre  hérédité''  de  force'  (par  violence),  laquelle  avait  tirée  Prus.  fils  de  Panas,  notre  père, 
de  la  terre  vide  et  inutile.*  en  y  plantant*  des  arbres.^ 

3'  1.  .  .  .  (Les  voisins  en  sont  :  à  son  sud)  ...  le  grand  .  .  .  qui  en  est  séparé  par  le  chemin;"  à 
son  nord  la  boutique  de  vin'  de  Pséèse,  fils  de  Pamin,  qui  est  là  pour  ses  fils;  à  son  occident 

4=  1 (tels  sont  les  voisins  du  lieu)  entier  que  Rous,  fils  de  Panas,   notre  père,  a  tirée  de  la 

terre  inutile  et  déserte.  Pamin.  fils  de  Panas,  mère  Xelu.  qui  a  pris  notre  bien  par  violence,  n'a  pas 

5°  1 Pamin,  fils  de  Panas,  n'a  rien  à  nous  réclamer  sur  cela  de  par  la  location'  que  ...  et 

dont  il  a  pris  copie'"  en  sa  main  contre  nous.  Point  il  établira"  ces  choses  là 

6'  1 (n'ont  rien  à  prouver)  les  liturgies'"  de  versements  de  pesi"  contre  notre  hérédité  ci- 
dessus.  Nous  sommes  venus  pour  le  (démontrer)  et  il  nous  a  frappés  '*  (ou  fait  frapper!.  Nous  avons  payé 

'  Voir  pour  cette  localité  le  roman  de  Petibast.  '  ^3^    V  !i^^"  "(rina-onc.  '    l^     ^  '^ 

a  cette  signification  bien  étable  de  terre  vide   et  aride,   qui  ne  se  calcule  pas  dans  la  mesure  des  terres.    Voir  Lévi.     Ces  terres  étaient 
traitées  comme  la  terre  derelicla  de  Tempire  romain  et  appartenaient  à  celui  qui  les  utilisait 

'      TT     ^è\  Tto<re  plantare.  '  ujHn.      Y    A.         '   MtoiT,  MOeiT.         •  '^-ja  1  Ah- 

Z5     .^^ û  wLaY  '^'^  1^-ZI1  <=>  vfc^ 

Dans  le  mot  composé  le  premier  déterminatif  est  supprimé  et  le  second  remplacé  par  le  signe  de  la  joie  ^â>~j- 

'  Voir  plus  haut  et  Revue  égiipt.,  III,  111  nos  actes  de  location. 

— •* —  -^       — H —       ri  V~~) 
■•>  /w^AA  ^"^  Q  [J  .  u    C«.llie,    CMOllT. 

lî  Ce  mot  se  trouve  sans  cesse  dans  les  ventes  de  liturgies  faites  par  des  choachytes.  En  grec  même  les  liturgies  désignaient 
certains  impôts  sacrés,  aussi  bien  que  les  revenus  tirés  par  les  intermédiaires  de  ces  droits  sacrés. 

"  Les  mots,  pfsi  ou /)e/su,  désignent  certain  impôt  sacré,  constituant  un  droit  du  vingtième  dans  le  papyrus  mathématique  comme 
dans  un  curieux  teste  démotique.    Voir  mes  Mélanges,   p.  38  et  p.  51.     Ce  pesi  ou   droit  du   vingtième  était  exigible  sur  les  revenus  de 

toute  terre  devenue  cultivée.  »*  Ce  mot     1  ®  *^^îy'  ^'"^^  écrit,  se  trouve  sans  cesse  dans  tous  les  contrats. 


Contrats  démotiques  archaïques,  etc.  69 

l'amende  '  de  5  argeiitei.  20  sekels.  5  argentei  en  tout  au  nom  [7«  1.]  (de  la  réclamation  que  nous  avons 
faite  pour  notre  hérédité)  ci-dessus  ;  notre  hérédité  qu'a  créé-  notre  père!  Pamin.  tils  de  Panas,  n'a  rien 
(à  prétendre)   de  ces  choses!     Xotre  hérédité  ci-dessus,  qu'on  nous  la  rende! 

Au  revers.  16  témoins  garantissent  l'exactitude  de  cette  réclamation,  de  même  qu'ils  auraient  té- 
moigné à  une  vente.  (Voir  mes  livres  :  «Propriété»,  p.  254  et  «Précis»,  p.  1504  pour  ce  texte  corrigé  ici. 
D'après  photographie.) 

NOTA.  —  La  suite  de  l'article  «Textes  démotiques»,  livré  en  sa  totalité  depuis  plus  de  trois  ans 
à  l'imprimerie  et  déjà  imprimé  jusqu'ici  pour  le  tome  précédent  dès  cette  époque,  article  dont  l'apparition, 
ainsi  que  celle  de  la  Bévue,  a  été  arrêtée  par  des  retards  dont  nous  ne  sommes  pas  responsables,  cette 
suite,  dis-je,  paraîtra  dans  un  volume  autographié.  On  y  trouvera  d'ailleurs  le  démotique  en  face  de  sa 
transcription  hiéroglyphique  avec  des  notes.  Cette  publication  suivra  immédiatement  celle  des  textes 
égvptiens  archa'i'ques  (voir  plus  loin  à  la  fin  de  l'article  suivant). 


CONTRATS  DÉMOTIQUES  ARCHAÏQUES   DU  MUSÉE  RYLANDS. 

PAR 

Eugène  Revillout. 

Le  Jlusée  Rylands  de  Manchester  vient  de  publier  les  photographies  de  contrats  dé- 
motiques de  diverses  périodes. 

Parmi  ces  contrats  s'en  trouvent  beaucoup  d'époque  ptoléma'ique,  et  qui  ne  font  que 
reproduire  —  sauf  les  personnes  et  les  chiffres  —  les  formulaires  que  j'ai  expliqués  depuis 
longtemps.  Je  crois  donc  inutile  d'en  parler  ici. 

D'un  tout  autre  intérêt  sont  certains  contrats  démotiques  archa'iques^  dont  les  repro- 
ductions photographiques  nous  donnent  le  texte  exact. 

Disons-le  cependant,  la  plupart  peuvent  tout  simplement  se  traduire  aussi  à  l'aide  des 
formulaires  de  cette  période  que  nous  avons  expliqués  et  commentés. 

Tels  sont  les  actes  de  mancipation  de  bœufs  ou  de  nexi.  Mais  ils  renferment  des  élé- 
ments juridiques  ou  philologiques  dignes  d'attention.  Nous  les  signalerons  en  notes  ou  dans 
le  commentaire  en  publiant  la  traduction  des  textes,  textes  dont,  sauf  exceptions  pour  cer- 
tains passages,  nous  croyons  superflus  de  donner  ici  une  transcription  hiéroglyphique  déjà 
faite  ailleurs.  Pour  les  ventes  de  bœufs  ou  de  vaches,  nous  nous  bornerons  à  renvoyer  aux 
deux  actes  publiés  dans  la  Revue,  sous  le  titre  :  <i  Quelques  textes  démotiques  archaïques 
expliqués  à  mon  cours»,  tome  XII,  p.  74,  86  et  87;  pour  les  mancipations  d'ingénus  à 
ceux  que  nous  avons  publiés  dans  le  même  volume  p.  72 — 73,  94  et  95,  ainsi  qu'à  deux 
autres  documents  relatifs  à  un  nexus  qui  sont  datés  de  Darius,  traduits  dans  notre  «Précis», 
etc.  et  que  nous  avons  désignés  depuis  longtemps  à  un  de  nos  élèves,  M.  Bessière,  qui  eu 
a  fait  préparer  les  photographies  comme  annexes  à  sa  thèse. 


1  OC€  unîUfa  se  trouve  anssi  fréqoemment  dans  les  contrats. 

-  Le  mot  me«e7î  s'emploie  d'ordinaire  pour  la  fabrication  de  certains  objets. 

'  Pour  le  commentaire  juridique  des  contrats  démotiqnes  archaïques  du  Musée  Kylands,  comme  d'aileurs  de  tous  les  autres  con- 
trats démotiques  arcbaîques,  voir  mon  ouvrage  intitulé  :  cLes  origines  ég.vptiennes  do  droit  civil  romain»,  qni  paraît  en  ce  moment  même 
à  la  librairie  Geuthner.  Voir  particulièrement  p.  17  et  sniv.,  ce  que  je  dis  des  actes  de  Psammétique,  trouvés  à  Elbibeh,  p.  33  et  sniv., 
ce  que  je  dis  de  l'origine  et  du  développement  historique  du  droit  relatif  aux  nexi. 

10 


70  Eugène  Eevillout. 


Commençons  par  une  vente  de  vache  (Rylands  YIII)  : 

«An  8,  Tbot,  du  roi  Ahmès  —  à  qui  vie!  santé!  force! 

«Ptahéfanx,  tîls  de  Petu-Ptab.  dont  la  mère  est  Tabasti,  dit  au  sut'a  het  atef  Patuèsé, 
fils  de  Nessamto,  dont  la  mère  est  Asuèse  :  Tu  as  donné,  et  mon  cœur  en  est  satisfait, 
l'argent  de  cette  vache  rouge  de  labour,  nommé  Ut'abok.  Elle  est  à  toi  cette  vache,  ainsi 
que  tout  veau  qu'elle  enfantera  depuis  l'an  8,  Thot,  ci  dessus,  jusqu'à  jamais.  N'a  point  à 
pouvoir  homme  quelconque  du  monde  la  faire  écarter  de  toi  depuis  homme  quelconque  du 
monde  ou  moi-même  seniblablement.  Celui  qui  viendra  à  tui  à  cause  d'elle  pour  la  prendre, 
en  disant  :  «ce  n'est  point  ta  vache,  celle-là»,  c'est  moi  qui  ferai  faire  sa  condamnation^ 
en  ta  faveur.  Si  je  ne  fais  pas  faire  sa  condamnation  en  ta  faveur,  je  te  donnerai  une 
vache  de  sa  sorte.  Si  je  ne  te  donne  pas  une  vache  de  sa  sorte,  je  te  donnerai  un  argen- 
teus  '/j  et  un  kati.^  Elle  sera  pourtant  à  toi,  celle-là,^  en  dehors  de  tout  veau  qu'elle  en- 
fantera.   Ton  (agent)  prendra  puissance  pour  ces  choses.  Que  je  les  fasse  à  ton  égard.» 

«P.  S.  Si  on  la  prend*  et  que  je  donne  un  veau  pur(?)  à  sa  place,^  je  te  donnerai  un 
veau  de  sa  sorte.  Si  on  la  prend  et  que  je  donne  une  génisse  pour  elle,  je  te  donnerai  une 
génisse  de  sa  sorte.  Si  on  la  prend  et  que  je  donne  un  taureau  mâle  pour  elle  que  je 
donne  un  taureau  mâle  de  sa  sorte,  sans  alléguer  acte  quelconque.» 

Venons-en  maintenant  à  l'atfaire  concernant  un  nexus  dont  nous  avons  parlé  précé- 
demment et  qui  est  comparable  à  l'affaire  du  nexus  Psenamenapi.  Celui-ci  est  vendu,  en 
l'an  3  de  Darius,  par  son  créancier  Ahmès  avec  des  formules  comparables  à  celles  d'une 
vente  de  bœuf  et  avec  l'amende  du  double  en  argent,  si  l'on  ne  fait  pas  éloigner  les  tiers 
évicteurs,  puis  est  revendu,  en  l'an  6  de  Darius,  par  l'acheteur  Horus,  mais  cette  fois  avec 
une  formule  attestant  que  le  nexus  ne  pourra  murmurer  contre  la  faction  d'esclave  ci- 
dessus;  ce  qui  est  attesté  par  le  nexus  lui-même,  qui,  à  la  tin  de  l'acte,  déclare  être  dehors 
des  liens  de  l'esclavage  par  le  cens,  mais  n'en  consentir  pas  moins  expressément  à  cette 
aliénation. 

'Venons-en  maintenant  à  toute  l'histoire  très  analogue  du  nexus  d'Elbibeh  en  renvoyant 
d'ordinaire  pour  les  transcriptions  aux  textes  analogues  cités  par  nous  et  à  notre  publication 
des  contrats  démotiques  archaïques. 

En  note,  nous  indiquerons   celles   des  formules  qui  ne  sont  plus  les  mêmes. 

Commençons  par  un  acte  de  l'an  2  d'Amasis  (n"  V),  dont  l'entête  seul  diffère  des  man- 
cipations  ordinaires  d'ingénus  et  spécialement  de  celle  de  la  coemptio,  h  laquelle  elle  est 
identique  pour  tout  le  reste. 

non      <:::=»  ^      "  '•"^■^-^  rn  \  n  'w.aaa  ^      yipr-n-  ^ o  'wwxa  yp,   n  /w^'.'.a 

'(I  U  ©    Q  a^t  i\(§.  rxiiiS  .etc.    Ce  sens  particulier  de 

1  ^ — ^  1    v= — D  o   ^ — n  ry  y  ^:^;«  1    .  '•'  .  Q  ^ — 0  rij  u  ^ ^ 

[jpl  il  désignant,  d'une  façon  générale,  toute  pièce  écrite  (C'habas),  est  prouvé  par  des  passages  pa- 
rallèles des  actes  du  temps  de  Psammétique  de  la  même  lu'ovcnanec  (Elbibeh).    A'oir  plus  loin. 

'  L'amende  du  double  (dupH).  spécifiée  déjà  dans  les  ventes  de  vaches  publiées  par  nous. 
■*  En  justice,  c'est-à-dire  si  on  l'attriliue  au  tiers  évieteur. 


Contrats  démotiques  archaïques,  etc.  71 

«An  2/2°  mois  de  Shmu  du  roi  Ahmès  —  à  qui  vie!  santé I  force! 

«Le  pêcheur!  Atuciions,  fils  de  Héribast,  dont  la  mère  est  Kbausuèsé,  dit  au  sut' a  het 
atef  Nessamto,  fils  de  Pétuèsé  :  Moi,  je  suis  ton  esclave"  à  jamais  à  cause  de  la  guérison 
que  tu  as  faite  en  l'an  2,  alors  que  j'étais  sur  le  point  de  mourir.  Je^  ne  puis  murmurer 
ou  réclamer.  Je  te  donne  (je  te  fais)  jusqu'à  argent  quelconque,  blé  quelconque  et  mes  en- 
fants que  j'ai  enfantés  et  ceux  qu'ils  m'enfanteront,  et  la  totalité  des  biens  que  je  possède 
et  de  ceux  que  je  ferai  être,  et  les  vêtements  qui  sont  sur  mou  dos,  depuis  l'an  2,  2^  mois 
de  Shmu,  à  jamais.  L'homme  qui  viendra  à  toi  à  cause  de  moi,  pour  dire  :  «Ce  n'est  pas 
à  toi  ton  esclave,  celui-là,»  tout  homme  du  monde  te  donnera  argent  quelconque,  blé  quel- 
conque qui  plairont  à  ton  cœur,  et  je  serai  tien  comme  esclave  à  jamais.» 

Cette  déclaration,  bien  qu'authentifiée  par  le  notaire  et  les  témoins  réglementaires,  ne 
parut  pas  cependant  suffisamment  légale.  Il  était  à  craindre,  en  eifet,  qu'on  veuille  faire 
valoir  Yexceptio  peciiniae  non  niimeratae,  et  qu'un  vindex  libertatis,  s'intéressaut,  par  exemple, 
aux  fils  de  ce  veuf  ou  voulant  protéger  ce  veuf  lui-même  contre  un  entraînement  passager, 
ne  réussit  à  faire  valoir  auprès  des  juges  cette  considération  que  la  guérison  par  soins  médi- 
caux n'était  pas  une  raison  suffisante  pour  un  acte  aussi  important.  La  vente  pour  argent 
était,  au  contraire,  très  protégée  par  le  nouveau  code  et,  pour  surcroît  de  précaution,  on  la  fit 
par  une  personne  interposée,  qui  revendit  à  son  tour  le  nexus  ti  qui  il  s'était  déjà  donné  (n°  III). 

«An  2,  2"=  mois  de  Shmu,  du  roi  Ahmès.  Le  pêcheur  Atuchons,  fils  d'Héribast,  mère 
Kbausuèsé,  dit  na  sudja  het  atef,  1"  prophète  biérogrammate  Djebastesan^,  fils  d'Hor  :  Tu 
m'as  donné  —  et  mon  cœur  en  est  satisfait  —  mon  argent  pour  faire  à  toi  service.  Je  suis 
ton  esclave  à  jamais.  Je  ne  puis  murmurer  ou  réclamer.  Je  te  donnerai  aussi  jusqu'à  argent 
quelconque,  blé  quelconque,  et  mes  enfants  que  j'ai  enfantés  et  ceux  qu'ils  m'enfanteront,  et 
totalité  de  biens  (jui  seront  à  nous  et  que  nous  ferons  être,  et  les  vêtements  qui  sont  sur 
notre  dos.  Personne  au  monde  ne  peut  nous  écarter  de  toi  depuis  l'an  2,  2<'  mois  de  Shmn 
ci-dessus,  à  jamais.» 

Un  second  acte  (n°  IV)  était  ainsi  conçu  :  «An  2,  2"  mois  du  roi  Ahmès,  à  qui  vie! 
sauté!  force!    Le  sut' a  het  atef,  1"  prophète  biérogrammate  Djebastesan/,  fils  d'Hor,  dit  au 

'    Ç  9  s; 0  ^^  ^  Stl  i  Hl'  "^^  '""*    V  ''"'^^  ^^  (oTTOOi  piscator)  est  traduit  p.ir  aXieuç 

dans  le  bilingue  Berger,  p.  3.5.  Ici.  le  poisson  —  figuré  par  un  trait  oblique  (voir  Levi,  Segni  hier.  244,  6) 
et  qui  est  devenu  en  démotique  une  des  formes  du  déterminatif  du  mal  —  ressemble  beaucoup  au  trait 
oblique,  avec  ou  sans  point,  traduisant  pef.  Le  même  signe  dans  les  autres  contrats  de  notre  nexus  rend 
seul  le  mot  ouahe  pêcheur. 

(1  <S*=^  ^^-  ^®  mot< — m  D  w  w>  c&.em  CKini  est  traduit  p.ar  archiatre  dans  une  inscription  bilingue  du 
Caire.     C'est  le  titre  que  portait  l'auteur  de  la  statue  naophore  du  Vatican. 

U  ^  (1  ?^    0  '^  Sfi'  '-'®*  variantes  des  copies  d'un  de  nos  contrats  d'Elhibeh  montrent  que 

nemmhu  s'échangeait  avec  (1 1\  0  "^  SA  V^^  ï'ous  trouvons  également  dans  la  vente  par  coemptio  et  dans 
celle  du  nexus,  qui  est  datée  de  l'an  6  de  Darius.  Conf.  (1  |k  11  07\  murmurer  (Levi  pap,  Berlin  1,  141)  et 
/]  P\    X    v\  ^h  '^^^  .avoir  du  dégoût,  de  l'aversion  (3"  sens  de  Levi). 

10* 


72  Eugène  Eevillout. 


sut'a  het  atef  Nessamto,  fils  de  Pétuèsé  :  (Je  t'abandonne)  le  contrat  de  servitude  que  m'a 
fait  le  pêcheur  Atuchous,  fils  d'Héribast  (dont  la  mère  est  Khausuèsé.  Il  est  ton  esclave). 
Je  ne  puis  l'écarter.  Je  ne  puis  apporter  le  contrat  ancien  (en  disant  :  «ce  n'est  pas  ton 
esclave»),  afin  que  je  l'emmène  au  nom  du  contrat  de  servitude  que  je  t'ai  donné.  L'homme 
qui  l'enlèvera  ...  te  donnera  20  argentei  et  5  katis.  Sera  à  toi  ton  esclave  encore.» 

Au  coniniencenieut  de  l'année  suivante,  le  nextts  se  trouva  délivré  de  sa  servitude 
par  le  cens  quinquennal,'  mais,  par  un  sentiment  que  j'ai  visé  plus  haut,  il  voulut  encore, 
pour  mieux  payer  sa  guérison,  contracter  un  nouvel  engagement.  Il  recommença  donc  une 
mancipation  (n"  VI),  sans  en  spécifier  les  garanties  extraordinaires  d'amende  facultative,  ga- 
ranties qui,  étant  fixées  par  la  loi,  n'avaient  pas  à  être  visées  par  les  parties  pour  avoir  leur 
plein  effet,   à  moins  de  conventions  limitatives  contraires,   comme  dans  le  dernier  papyrus. 

«L'an  3,  Thot  (!"'  mois  de  Sha)  du  roi  Ahmès  —  à  qui  vie!  santé',  force! 

«Le  pécheur  Atuchous,  fils  d'Héribast,  dont  la  mère  est  Khausuèsé,  dit  au  sut'a  het 
atef  Nessamto,  fils  de  Pétuèsé,  dont  la  mère  est  Taaarua  :  Tu  as  donné  —  et  ton  cœur 
en  est  satisfait  —  mon  argent  pour  faire  à  toi  service.  Moi,  je  suis  ton  esclave  à  jamais. 
Je  ne  puis  murmurer  ou  réclamer.  Je  donnerai  à  toi  jusqu'à  argent  quelconque,  blé  quel- 
conque, totalité  de  biens  au  monde,  et  mes  ennints  que  j'ai  enfantés  et  ceux  qu'ils  m'enfan- 
teront, et  les  vêtements  qui  sont  sur  notre  dos,  et  totalité  de  ce  qui  est  à  nous  et  de  ce  que 
nous  ferons  être,  depuis  l'an  3,  Thot  ci-dessus,  en  année  quelconque,  à  jamais.» 

Au  cens  suivant,  c'est-à-dire  cinq  ans  après,  au  mois  de  Thot  de  l'an  8,  le  nexus  se 
trouva  libre  de  nouveau  et  il  accepta  cette  liberté  en  dépit  de  la  formule  «esclave  à  jamais», 
qui  n'est  que  de  style  littéraire.  Notre  nexus  avait  été  dégagé  de  ses  liens  au  mois  de 
Thot  (1"  mois  de  Sha)  de  l'an  8.  Mais  il  avait  toujours  les  meilleures  relations  avec  son 
ancien  maître.  Aussi  ne  faut-il  pas  nous  étonner  si,  quatre  mois  après  sa  libération,  il  fait 
en  sa  faveur  un  nouvel  acte,  avec  effets  rétroactifs  à  partir  du  5  de  Thot  de  l'an  8.  C'est 
la  reconnaissance  d'une  créance  dont  le  terme  annuel  devra  être  le  5  de  Thot  de  l'an  9. 
Cette  créance  a  une  garantie  très  singulière.  Le  débiteur  déclare  que,  s'il  murmurait  ensuite 
ou  protestait  contre  cet  acte,  par  cet  acte  présent  il  déclare  qu'il  abandonne  tous  ses 
biens  et  ses  enfants  eux-mêmes  à  son  créancier.  La  formule,  ici  conditionnelle,  est,  sauf  ce 
point,  identique  à  la  seconde  formule  des  actes  de  mancipation  des  nexi,   celle  où  ils  assu- 


'  Nos  documents  relatifs  à  ce  nexus  indiquent  deux  renouvellements  du  cens  quinquennal,  tous 
deux  séparés,  en  effet,  par  un  délai  de  5  ans,  en  l'an  3  et  en  l'an  8.  A  propos  du  cens,  il  faut  remarquer 
qu'au  moins  en  qualité  de  jubilé  quinquennal  analogue,  sauf  la  durée,  à  celui  des  Hébreux,  il  avait  été 
d'abord  établi  par  Amasis  au  mois  de  Thot  de  l'an  3.  c'est-à-dire  l'année  même  ou  un  peu  plus  tard  (le 
2"  mois  de  la  3°  tétraménie),  Amasis  vainquit  pour  la  2"  fois,  prit  de  nouveau  et  fit  condamner  à  mort 
par  son  assemblée  nationale  le  roi  Apriès,  dont  il  partageait  depuis  trois  ans  le  pouvoir  (voir  mon  «Précis», 
p.  344  et  suiv.  et  surtout  p.  1469  et  suiv.).  Le  jubilé  tombait  de  nouveau  l'an  8  et  il  devait  tomber  encore 
l'an  13.  Mais  nous  avons  la  certitude  qu'il  n'en  fut  pas  ainsi.  Peut-être  par  une  nouvelle  décision  de  la 
première  assemblée  d' Amasis,  le  cens,  définitivement  établi,  avec  tous  les  effets  qu'il  eut  plus  tard  dans  la 
loi  des  XII  tables  à  Rome,  avait  été  réglementé  sur  un  autre  comput.  celui  qui  était  basé  sur  le  com- 
mencement du  règne  d' Amasis  ;  1.  5,  10,  15,  20,  etc.  C'est  ce  que  nous  constatons  dans  l'acte  de  coemptio. 
Notons,  d'ailleurs,  qu'un  semblable  comput,  basé  sur  son  propre  règne,  fut  ensuite  adopté  par  Cambyse, 
l'ennemi  mortel  d'Amasis.  Ce  comput  fut  suivi  d'abord  par  Darius,  qui  finit  par  l'abandonner  pour  en  re- 
venir au  comput  d'Amasis  (voir  «Précis»,  p.  501  et  502). 


Contrats  démotiqdes  archaïques,  etc. 


73 


raient  aux  créanciers  leurs  biens  ou  leui'S  enfants,  outre  leur  propre  personne.  Ici,  cette  per- 
sonne seule  est  exceptée  pour  le  cas  précité  (pap.  n°  VIII). 

«An  8,  4^  mois  de  Sha,  du  roi  Ahmès  —  à  qui  vie!  santé!  force! 

«Le  serviteur!  pêcheur  Atuchons,  fils  d'Héribast,  dont  la  mère  est  Khasuèsé,  dit  au 
sut' a  het  atef  Nessamto,  fils  de  Petuèsé,  mère  Tasettna  :  Est-  à  toi  ))our  moi  encore  de 
l'an  8,  Thot  (1"  mois  de  Shd),  jour  5°,  cà  l'an  9,  Thot,  jour  5,  une  créance  de  100  teben 
étant  l'argent  du  scribe,  administrateur  de  la  terre  à  blé,  et  que  tu  m'as  donnés.  Ces  cent 
argentei  sont  mes  obligations  à  jamais.  Si  je  fais  un  murmure,  je  donnerai  encore  le  paie- 
ment d'argent  quelconque,  blé  quelconque,  totalité  de  biens  au  monde  et  mes  enfants  que 
j'ai  enfantés  et  ceux  qu'ils  enfanteront,  depuis  l'an  8,  Thot  ci-dessus,  en  année  quelconque, 
pour  mes  obligations  à  jamais.» 

Venons-en  maintenant  à  d'autres  textes  appartenant  également  au  Musée  Rylands  de 
Manchester  et  provenant,  comme  les  précédents,  des  fouilles  opérées  par  M.  Grenfell  à  El- 


'  Le  mot  serviteur  «bok»  est  ici  pris  dans  le  même  sens  que  dans  un  acte  daté  du  même  règne  oii 
15  serviteurs  de  cette  espèce  louent  des  champs  à  des  prophètes  (voir  «Contrats  archaïques»,  p.  292  et  suiv.). 
Ici  le  mot  serviteur  n'est  qu'une  expression  de  politesse  sans  plus  d'importance  que  dans  la  finale  des 
lettres  de  mon  enfance  :  «je  suis.  Monsieur,  votre  très  humble  serviteur».  Il  se  comprend  d'ailleurs 
lorsqu'il  s'adresse  à  un  noble  prêtre. 

Ollll      I 

■Il      b  o  o 


/v 


oo 


1 1 1 


oo 


.^ 


l© 


r^^i(4')-r^i 


D 


>¥T^%^f 


û  INI 
O  llll 


S 


(3  0, 


ll|l 


zv 


[T^  I 


...Ù 


Donnons  ici  l'explication  de  quelques  mots  : 

1°  Le  mot    (1  ^K\    c^  Y)   rappelle   immédiatement   [1  V\    H^^:   désignant    un    genre  particulier    de 

coiffure  royale.   Je  crois  qu'il  s'agit  ici  simplement  d'ime  orthographe  abusive  (entraînée  par  le  voisinage 

du  mot  en-  question),  orthographe  employée  pour  le  mot  \\\\\  2J)  ou  (Tl  P  r»ipn  =  A^Hce  '■usura-i,  sans  cesse 

employé  en  démotique  pour  prêt  à  intérêt   et  pour  intérêt,   et  qu'on  retrouve  avec  le  premier  de  ces  sens 
dans  l'inscription  hiéroglyphique  de  l'égyptienne  déclarant  qu'elle  n'a  jamais  prêté  à  intérêt. 

2°  tjpi  Z;  M  (J  \>  '"^  .  Pour  ces  mots,  désignant,  sous  Amasis.  le  percepteur  de  l'impôt  foncier,  voir  les 
reçus  de  ce  genre,  publiés  pi.  U,  12  et  13  de  mon  Corpus  papyrorum;  et  pour  lorthographe  et  la  paléo- 
graphie exacte  du  mot  ^  [1  [1  '5>   la  location,  publiée  dans  le  même  Corpus,  pi.  XVI,  1.  3. 

3°  La  sigle  de  ^^.  ici  employée,  sert  de  variante  à  fw^  argenteus,  Chrest.  241,  2.  La  vraie  lec- 
ture est  c:^>  J  ^^3,  <:^î>  J    ^^  =  s=5  11  "^^çg^  f.veau»  (conf.  têhh).    identique  à  la  monnaie  î:'2n 

«veau»  des  pap.  égypto-aram.  {Bev.  XIII.  p.  158  et  suiv.  et  Contrats  archaïques  258.  364,  388). 

4°  Le  mot  pesi,  remplaçant  l'hiératique  pefsu  du  pap.  math.,  désigne  un  impôt  proportionnel  sur  les 
terres  sacrées  ou  ime  obligation  sacrée  relative  à  ces  terres.    Voir  mes  «Mélanges»,  p.  47  et  suiv. 


74  Eugène  Revillout. 


hibeh,  l'ancieuue  Teudjuï,  située  dans  le  18'^  nome  de  la  Basse-Egypte,  un  peu  en  dessous 
de  Cynopolis  et  d'Oxyrinque.  Tandis  que  sous  le  code  universel  d'Amasis  les  contrats, 
venant  de  là,  sont  identiques  à  ceux  qui  viennent  de  Thèbes,  du  temps  de  Psammétiku, 
par  exemple,  il  en  est  tout  autrement.  Tcudjaï,  dont  il  est  question  dans  la  stèle  de  Piankhi 
relative  aux  luttes  de  ce  roi  éthiopien  avec  Tafnekht,  le  père  de  Boechoris,  conserva  ou 
rétablit  à  cette  époque  des  usages  juridiques  complètement  contraires  à  ceux  de  Thèbes  et 
qui  —  sauf  les  copies  des  actes  par  un  certain  nombre  de  témoins,  empruntées  au  code 
éthiopien  de  Shabaku  —  se  rattachaient  directement  au  code  primitif  de  Boechoris,  tel  que 
nous  le  voyons  pratiqué  sous  son  règne.  Ajoutons  que,  sur  certains  points,  ils  se  rapprochent 
également  d'usages  adoptés  plus  tard  par  Amasis  dans  .sa  réaction  contre  les  institutions 
éthiopiennes.  Pour  tout  ceci  je  ne  puis  que  renvoyer  à  un  travail  que  je  viens  d'achever  et 
que  j'ai  ciié  plus  haut  en  note  (voir  p.  69). 

Bornons-nous  ici  à  la  reproduction  des  deux  textes  en  question,  datés  de  Psammétiku. 
Le  premier  en  date  (le  n°  1)  est  ainsi  conçu  : 

«L'an  21,  2«  mois  de  la  tétraménie  Sha  du  Pharaon  Psammétiliu  —  à  lui  vie!  santé", 
force  I 

«Le  divin  père  Hor,  lils  de  Pmau,  dit  au  divin  père  Xessanito,  fils  de  Pétuèsé  : 

«Je  t'ai  donné  ma  dignité  de  prêtre  d'Hormachis  avec  ma  part  comme  atennu  («vi- 
caire remplaçant»  —  du  grand  prêtre?)  et  ma  part  de  sciibe  des  requêtes  de  l'intendant  de 


on'    Il 


Pxar        (3 


Ci  W 


I   J":^  Q  I    I    I , 


Q    w    1       I 


.(5      I  ir^  I 


^        I    i    I 


c::i  Ci 


Contrats  démotiques  archaïques,  etc.  75 

la  maison  des  comptes.  A  toi  ces  choses  avec  leurs  revenus  (Jiotepu),  ainsi  que  celles  qui 
s'y  joindront  dans  le  sanctuaire,  la  cnmpague,  la  ville  et  toute  place  dépendant  du  temple 
d'Amon  du  Tcbnet  (Sérapéum)^  de  Teudjaï;  soit  étoffes,  soit  encens,  huiles,  pains,  viandes 
de  bœuts,  chairs  d'oies,  vin,  bière,  luminaire,  herbages,  lait,  totalité  de  biens  au  monde  se 
rapportant  à  ces  offices. 

«Tu  as  donnés  —  et  mon  cœur  en  est  satisfait  —  l'arg-eut  des  trois  parts  ci-dessus. 

«Point  à  pouvoir  fils,  frères,  hommes  quelconque  du  monde  ou  moi-même  les  faire 
écarter  de  toi  depuis  l'an  21  du  roi  Psammétiku,  à  qui  vie',  santé!  force!  jusqu'à  année 
quelconque. 

«Depuis  mes  enfants,  mes  fi-ères  ou  homme  quelconque  du  monde,  l'homme  qui  viendra 
vers  toi  (pour  t'inquiéter),  à  propos  de  ces  parts  ci-dessus,  c'est  moi  qui  ferai  faire  sa  con- 
damnation en  ta  faveur  dans  les  tribunaux"  quelconques  du  monde,  ainsi  que  fils  ou  frères 
(me  représentant)  et  cela  jusqu'au  montant  d'argeut  quelconque,  blé  quelconque,  totalité  de 
choses  au  monde  qui  plairont  à  ton  cœur.  Seront  à  toi  ces  parts  ci-dessus  en  outre  à 
jamais. 

«L'homme  qui  viendra  à  toi  pour  te  prendre  à  l'assemblée  (tonot)^  des  juges  {naapiu)* 
au  nom  de  ces  parts  ci-dessus,  il   ne  pourra  dire  d'amener  des  témoins  ou  d'apporter  des 


©i(SA<=>-^^^(J(â^^^:^ 


J   5J  &r  ^   D  1  1     III    I        ~wv.A  ai/        m  I    <=>         A/ww,  T 


ll-ifri?^T~^-P^-T^^T11' 


'  Voir  sur  la  question  des  Tehent  ou  Sérapées  la  dernière  note  de  mon  mémoire  snr  les  diverses 
promulgations  du  décret  de  Rosette  {Journal  asiatique  1910.  p.  280).  Ce  mot  Tehent  a  été  pour  la  première 
fois  traduit  par  Sérapéum.  par  moi,  dans  les  contrats  démotiques  memphites.  Brugsch,  Dict.  géogr.,  p.  958, 
s'est  emparé  de  cette  découverte.  Tous  les  Sérapées  portaient  ce  nom  :  et  l'enceinte  (coÊ-^-)  du  Tehent 
contenait  toujours  im  grand  nomlire  de  temples  particuliers,  comme,  à  Jlempliis.  bien  des  maisons  parti- 
culières. 

-  Le  mot  l-enheti  (par  l'angle)  signitie  un  conseil,  une  assemblée  quelconque.  Il  est  employé  ponr 
les  conseils  des  temples  (Hapidjéfa),  pour  les  conseils  du  roi  et  particulièrement  pour  les  conseils  de  justice 
(Horemheb).  On  le  trouve  réuni  à  Tut  ur  pour  désigner  les  tribimaux  dans  l'adoption  par  mancipation  de 
l'an  32  d'Amasis  {Rei\.  XII,  p.  95). 

'  Le  mot  tut  (tots-<ot)  désigne  les  assemblées.  C'est  le  mot  dont  on  se  sert  pour  les  conciles  dans 
les  décrets  trilingues.  Ainsi  que  je  l'ai  dit  dans  la  note  précédente,  ce  mot  est  employé  pour  la  grande 
assemblée  (tut  ur)  de  justice,  kenbeti,  dans  un  contrat  de  l'an  32  d'Amasis. 

'  Naapiu  signifie   «juges»  dans  les  textes  religieux  et  dans  les  contrats  démotiques  où  la  même 

racine  désigne  aussi  l'action  de  faire  justice.  Nous  avons  aussi  des  transactions  devant  les  juges    'Ç.     v\ 


76  EtJGÈNE  Revillout. 


écrits  en  dehors  de  la  ville.  Le  témoin  pour  cela,  c'est  le  serment  par  Amou  et  par  le  roi 
—  à  qui  vie!  santé!  forcel  On  ne  peut  dire  de  mensonge  sur  les  paroles  ci-dessus.  On  n'en 
peut  écarter  un  mot!» 

L'autre  contrat  (  n°  2)  est  ainsi  conçu  :  ' 

«L'an  21,  3*  mois  de  la  tétraménie  de  sJia  du  Pharaon  Psamniétiku  —  à  qui  vie! 
santé!  force! 

«Les  prêtres,  les  prophètes,  les  pères  divins  du  temple  d'Amon  du  Sérapéum  de  la 
ville  de  Teudjaï  disent  au  divin  père  Nessamto,  fils  de  Pétuèsé  et  au  divin  père  Maéroou, 
fils  de  Pétuèsé  et  au  divin  père  Paibas,  tils  de  Pétuèsé  : 

«Nous  vous  donnons  cette  maison  du  sanctuaire  du  temple  d'Amon  du  Sérapéum,  dont 
au  sud  est  le  temple  de  Maut;  au  nord  le  bureau  de  perception  (pakhent);  à  l'occident  la 
tour  de  Cho'iak;  à  l'orient  les  maisons  du  temple  d'Amon  du  Sérapéum. 

^  hh  ^^^^  ^  qui  font  justice  .<s=-  %■        û  û  '^^^  ^  =1  Thèbes.    Le  lieu  de  justice  porte  le 

même  nom  et  il  en  est  de  même  des  juges  des  morts  dans  le  bilingue  de  Pamont.  Les  renvois  sont  trop 
nombreux  i)our  être  tous  donnés  ici. 


on  I  I  1"^ 


lï'fl^i 


III 


f^"^ 


Q      ^  w^vv  1     I   I   I    A    U  4  Ci     1 2i'  1  _Hiï^    I 


Les  vignettes  du  paptkus  Rhind  n"  1.  77 

«Qu'elle  soit  votre  maison,  celle-là.  Point  à  pouvoir  homme  quelconque  du  monde  la 
faire  écarter  loin  de  vous.  L'homme  qui  viendra  vers  vous  (pour  vous  inquiéter),  à  cause 
d'elle,  eu  disant  :  «ce  n'est  pas  votre  maison,  celle-là»,  vous  donnera  argent  quelconque, 
blé  quelconque,  qui  plairont  à  votre  cœur.  Sera  à  vous  votre  maison  encore  à  jamais. 

«L'homme,  qui  viendra  pour  vous  prendre  à  l'assemblée  des  juges  au  nom  de  cette 
maison  du  sanctuaire  ci-dessus,  n'aura  point  à  dire  :  «Amenez  des  témoins,  apportez  des 
écrits  en  dehors  de  la  ville.»  Le  témoin  de  ces  choses,  c'est  le  serment  par  Amon  et  par 
le  roi.  Nous  ne  pouvons  dire  mensonge  sur  paroles  quelconques  ci-dessus.  Nous  ne  pouvons 
en  écarter  un  mot!  » 

Les  textes  démotiques  des  contrats  précédents,  comme  ceux  des  contrats  démotiques 
archaïques  contemporains  ou  antérieurs  de  provenance  thébaine,  sont  donnés  en  mot  à  mot 
et  rapprochés  de  leurs  transcription!?,  avec  notes  diverses,  dans  la  publication  qui  a  pour  titre  : 

«Les  contrats  égyptiens  archaïques,  démotiques  et  araméens.» 

Premier  volume  :  Contrats  démotiques. 

1"  fascicule.  —  Première  race  éthiopienne. 

2^  fascicule.  —  Seconde  race  éthiopienne. 

3^  fascicule.  —  Amasis  et  son  fils. 

4'  fascicule.  —  Les  Persans. 

Le  premier  et  le  second  fascicule  sont  déjà  en  vente  au  pris  de  8  frs.  chaque;  le 
troisième  fascicule  au  prix  de  14  frc.  Le  quatrième  paraîtra  eu  même  temps  que  ce 
numéro.  Mon  syllabaire  paraître  immédiatement  après  le  4°  fascicule  démotique  et  avant  le 
second  volume  consacré  aux  contrats  araméens. 

S'adresser  à  M.  Revillout,  128,  rue  du  Bac,  Paris,  ou  en  librairie  à  M.  Champion,  5,  Quai 
Malaquais,  à  M.  Geuthner,  13,  rue  Jacob  et  à  M.  Harrassowitz,  14,  QuerstraBe,  à  Leipzig. 


LES  VIGNETTES  DU  PAPYRUS  RHIND  N°  1. 


LE  Peof.  E.  Revillout. 

Je  prépare  en  ce  moment  pour  la  Eevue  égyptologique  une  édition  des  papyrus  bilingues 
Rhind;  car  celle  de  Brugsch  est  aussi  incomplète  et  inexacte  que  celle  de  Birch  et  cela 
même  sur  les  points  les  plus  importants  des  textes.^ 

C'est  d'ailleurs  aux  fac-similés  fort  bons  de  Birch  (et  que  je  donnerai  colonne  par 
colonne  avec  les  transcriptions  et  traductions)  qu'il  faut  toujours  se  référer  d'autant  plus  que 

'  Je  citerai  ce  qui  concerne  les  génies  funéraires  on  Mesuhor  dans  le  passage  (RI.  D  2 — 9  et  suiv. 
=  RI.  H  2.  8  et  suiv.)  :  «J'ai  sauvé  tes  membres  en  qualité  d'Anubis  en  sa  forme  de  paracliiste  (xerheb  : 
le  hiératique  porte  de  taricheute  uiti).  J'ai  fait  la  route  à  tes  humeurs  vers  la  mer.  J'ai  transformé  en 
fange  fertilisatrice  le  liquide  de  lOsiris  :  Le  poumon  se  réjouit  quand  on  l'emporte  dans  la  salle  sih.  L'or- 
gane viril  se  réjouit  quand  on  lécarte  de  ses  maux.  Le  foie  se  réjouit  parce  qu'est  venu  l'écartement 
de  la  jalousie  :  Les  grandes  entrailles  se  réjouissent  parce  que  le  salut  est  venu  pour  la  purification.»  Le 
hiératique  porte  :  «J'ai  fait  le  chemin  à  ton  liquide  vers  la  mer  et  le  vent  (en  le  poussant  vers  le  large) 
transforma  ce  liquide  en  fange  fertilisatrice.  Amset  se  réjouit  dans  l'embaumement.  Hapi  se  réjouit  dans 

11 


Eugène  Revillout. 


les  vignettes  négligées  par  Brdgsch  permettent  seules  de  bien  comprendre  les  chapitres* 
auxquels  elles  se  réfèrent.  C'est  justement  de  ces  vignettes  que  je  veux  entretenir  au- 
jourd'hui nos  lecteurs,  et  cela,  disons-le,  à  un  point  de  vue  autre  et  tout  spécial. 

Ce  point  de  vue  me  paraît  intéressant,  car  il  touche  à  l'histoire  de  l'art  ou  plutôt  des 
artistes  en  Egypte. 

En  ce  qui  concerne  les  vignettes,  elles  étaient  exécutées  d'après  les  ordres  du  scribe 
qui  écrivait  le  papyrus.  Ce  scribe,  le  plus  souvent,  ne  savait  ni  peindre,  ni  dessiner.  Il  avait 
donc  recours  à  un  de  ces  j  ^^\  Mû  ou  artistes,-  qui  avaient  pris  cette  spécialité,  souvent 
quelque  peu  aristocratique;  et  il  arrivait  parfois  que  celui-ci,  personnage  distingue,  tenait  peu 
de  compte  des  indications  du  scribe. 

C'est  ce  qui  arriva  pour  le  painrus  Eliind  n°  1. 

Ce  papyrus  concernait  d'ailleurs  un  artiste  dont  l'auteur  des  vignettes  était  peut-être 
le  parent  ou  l'ami. 

Sauf,  dont  on  rédigeait  le  rituel  funéraire,  était  le  tils  d'un  grand  personnage,  pro- 
phète de  Montra,  seigneur  d'Anuu  Kema,  (Annu  du  sud  ou  Hermouthis,)  archonte  ou  maire 
de  sa  ville  et  général  des  troupes  de  Calasirites  du  même  lieu,  personnage  nommé  Menkara. 
De  tous  ces  honneurs,  ordinairement  héréditaires,  même  avec  la  formalité  oiseuse  d'une  élec- 
tion,^ Sauf  avait  fait  ti.  Il  avait  préféré*  vivre  de  ses  rentes.  On  ne  lui  donne  plus  que  la 


l'écartenient  de  ses  mau.';.  Tiauuiautf  est  en  allégresse,  parce  qii'est  venu  l'écartement  du  mesn  ou  gesen. 
Kehbsennuf  pousse  des  arcs  de  joie  depuis  qu'il  est  surti  dans  le  (ou  du)  lieu  de  i)uritieation.i>  Notons  que 
l'assimilation  de  chacun  des  Mesuhor  avec  chacun  des  organes,  sur  lesquels  ils  veillaient  dans  les  Canopes. 
est  toute  différente  de  celle  (ju'avait  dite  Pierhet  dans  son  dictionnaire  d'archéologie  égyptienne,  d'après 
des  analyses  soigneusement  faites  des  résidus  des  Canopes.  C'est  à  croire  qu'on  avait  changé  les  couvercles 
surmontés  des  têtes  de  ses  génies.  Il  suppose  :  Amset  =  l'estomac  et  les  gros  intestins:  Hapi  =  les  petits 
intestins;  Tiaumautf  =  le  poumon  et  le  cœur;  Kebhsennuf  =  le  foie  et  le  vésicule  biliaire.  Notons  que 
dans  Rhind  le  cœur  n'est  pas  gardé  par  les  génies  dans  les  Canopes.  Daprès  El,  D  2,  7  =  RI,  H  2,  7 
le  cœur  était  changé  en  épervier  comme  Vàme  en  phénix.  Parmi  les  passages  importants,  non  compris, 
signalons  aussi  RI,  D  3.  7  =  RI.  H  3.  7  et  suiv.,  sur  l'opération  de  l'embaumement  et  de  l'enveloppement 
de  l)andelettes  (le  premier  appelé  d'ordinaire  kesas  =  samto  et  le  second  men/  ou  ieh).  Outre  le  bitume 
cuit  et  la  hcst  ou  iist  dont  on  oint  le  corps,  ou  y  voit  figurer  pour  l'embaumement  7  ingrédients  différents  : 
1°  le  liitume  («>MpHçe)  de  Syrie  ou  Mennini:  2°  la  résine  neter  sonter.  ap))elé  en  hiératique  perta  neteru; 

3°  le  iirt  l-ip]  V\ '=^^^^  N  \&^  ■' I !  «appelé  en  hiératii(ue   «parfum   d'orient»:    4°  l'huile  sif  (dans  les  deux 

textes):  5°  l'onguent  coon  ou  en  hiératique  ant  pour  tes  cliairs:  6'  la  graisse  de  bœuf  (dans  les  deux 
textes);  7°  le  teénien,  appelé  en  hiérati(iue  «eau  pour  la  inirifieation  de  la  bouche». 

1  Je  signalerai  la  troisième  page  RI.  D  3  =  RI.  H  3.  qui.  dans  les  indications  fournies  d'abord 
pour  les  vignettes  à  l'artiste  comme  dans  le  double  texte  du  chapitre,  faisait  participer  à  l'embaume- 
ment les  dieux  suivants  :  Anubis  (sous  une  double  forme),  Isis  et  Horus  —  eu  dehors  de  la  déesse  Ament, 
qui  dirigeait  le  départ  du  mort  sur  le  lac.  L'artiste  a  malheureusement  négligé  cet  arrangement. 

^  Les  textes  égyptiens  nous  font  voir  groupes  sous  ce  terme  générique,  les  architectes,  les  sculp- 
teurs, les  peintres,  etc..  aussi  bien  que  ces  littérateurs  dont  le  travail  était  un  art.  d'après  les  mentions 
répétées  du  jiapyrus  Prisse. 

^  '\'oir  dans  ma  Bévue  égyptologique  mon  ancien  article  sur  cUn  prophète  d'Auguste  et  sa  famille», 
rédigé  d'après  des  stèles  du  British  Muséum,  complètement  effacées  maintenant  par  l'humidité  et  dont  le 
texte  démotique  nous  a  été  heureusement  conservé  par  Yolng  (Hierogl.).  La  stèle  hiéroglyphique  du  chef 
de  cette  famille,  mieux  conservée,  a  été  successivement  l'objet  des  travaux  de  mon  vieil  ami  Birch,  de 
JIaspero  et  de  moi-même. 

•*  11  est  vrai  de  dire  que  son  frère  aîné,  dont  il  avait  épousé  la  fille,  fut  le  complet  successeur  de 
leur  père  commun  Menkara. 


Les  vignettes  du  papyrus  Rhind  n°  1.  79 

qualité  d'artiste  au  point  de  vue  fivil,  et  au  point  de  vue  militaire  il  se  contenta  d'être 
simple  cavalier  dans  rancienue  milice  de  son  père.  Il  atteignit  presque  l'âge  de  60  ans  et 
mourut  Tau  21  d'Auguste,  le  10  Épiphi,  après  avoir  joui  de  la  vie  sans  cesser  jamais  d'être 
un  très  honnête  homme,  fort  attaché  à  sa  religion,  ainsi  qu'aux  principes  de  la  morale 
égyptienne  toute  de  charité. 

Aussi  en  dit-ou  (RI,  DI.  3  et  suiv.  =  RI,  III,  3  et  suiv.  i  :  xOn  le  fit  grandir  en 
jouissances  et  dans  les  biens  quelconques  que  son  cœur  aimait.  Grande  fut  aussi  sa  louange 
dans  le  cœur  de  ses  frères  et  leur  amour  pénétra  dans  ses  chairs  (à  ce  point  qu')il  faisait 
bon  (^sic)  tout  ce  qu'ils  disaient.  Il  fit  être  fils,  fille,  pour  être  après  lui.  Il  passa  59  années. 
Il  alla  dans  la  60"  par  7  mois  et  14  jours,  mangeant  et  buvant,  ayant  abondance  de  biens 
et  de  parfums  d'Arabie  à  tout  moment,  sans  avoir  souci  de  ce  qui  est  mauvais  eu  son  cœur, 
célébrant  les  fêtes  des  dieux  depuis  sou  jour  de  naissance  jusqu'à  la  fiu  de  la  durée  de  vie 
que  Thot  lui  avait  écrite  sur  son  horoscope.» 

Et  ailleurs  (RI,  D  4,  6  et  suiv.  =  RI,  H  4,  7  et  suiv.)  :  «Pendant  que  tu  étais  sur 
la  terre,  plein  de  tous  les  biens  que  ton  cœur  aimait,  il  n'y  eut  pas  de  ]iauvre  en  ta  pré- 
sence. Tu  n'as  jamais  fait  le  mal  dans  ta  durée  de  vie.  Tu  es  devenu  vieux  sur  terre  et 
ta  maison  était  (toujours)  ouverte,  sans  que  journellement  on  y  ait  dit  des  riens.  Tu  as 
marché  vers  la  bonne  demeure,  lorsque  les  années  qu'avait  écrites  Thot  pour  toi  ont  été 
passées.  Les  bonnes  actions  qui  furent  de  toi  sur  terre,  on  a  fait  pour  toi  leur  récompense 
dans  la  région  d'Atum.^ 

Nous  ne  savons  pas,  si  Sauf  fit  partager  ses  goûts  artistiques  à  son  fils  et  si  celui-ci 
fut  le  collaborateur  du  scribe  du  papyrus.  En  tout  cas,  le  dessinateur  se  comporte  très 
librement,  je  l'ai  dit.  avec  celui  qui  avait  cru  devoir  lui  donner  ses  ordres. 

La  première  page  du  papyrus  a  perdu,  par  suite  de  déchirures,  les  indications  fournies 
par  le  scribe. 

La  vignette  représente  le  mort,  couché  sur  une  table  avec  l'œil  ut'a,  symbole  du  salut 
sur  la  poitrine  et  les  quatre  génies  funéraires  en  l'air  au-dessus  de  lui.  D'un  côté  se  trouve 
Thot  portant  un  rouleau  écrit  dans  la  main  et  de  l'autre  Anubis,  couronné  de  Pschent. 

La  seconde  page  ne  porte  en  haut  de  l'encadrement  qu'un  seul  mot  ousahui  «momi- 
fication». 

La  vignette  représente  la  momie  de  Sauf,  couchée  sur  le  lit  funèbre.  De  chaque  côté 
de  lui  on  voit  Anubis  (H"")  sous  une  double  forme,  celle  de  y^erheb  (B)  ou  parachiste  (ainsi 
que  je  l'ai  prouvé,  d'après  les  bilingues  démotico-grecs,  dans  un  de  mes  articles  de  la  Zeit- 
schrift  sur  une  famille  de  paraehistes  ou  taricheutes  thébains)  et  celle  de  uiti  ou  de  tari- 
cheute,  ensevelisseur,  ainsi  que  le  prouvent  les  deux  versions  de  notre  papyrus  Rhind  dans 
la  page  même  dont  il  s'agit  et  qui  décrit  les  rites  (RI,  H  2,  3  et  RI,  H  2,  9;  conf.  RI, 
m  3,  9).i 


'  Notons  que  dans  le  démotique  du  papyrus  bilingue  n°  1  on  emploie  /erheb  dans  les  deux  cas. 
comme  le  titre  le  plus  ordinairement  à  cette  époque  dans  les  bilingues  démotico-grecs,  parce  que  le  même 
homme  cumulait  les  deiuK  fonctions.  Dans  le  papyrus  Rliind  n°  2.  il  n'en  est  pas  de  même.  Le  uiti  est 
distingué  du  /erheb.  même  en  démotique. 

11* 


80  Eugène  Revillout. 


Jusqu'ici  il  n'y  a  pas  de  désaccord  apparent  eutre  le  scribe  et  l'artiste.  Mais  il  ireu 
est  plus  de  même  dans  les  pages  suivantes  : 

Dans  la  troisième  page,  une  partie  des  indications,  fournies  jiar  le  scribe  en  haut  de 
l'encadrement,  a  disparu  dans  deux  brisures  du  papyrus.  Mais  nous  pouvons  à  peu  près 
les  restituer,  d'une  part,  d'après  les  restes  et,  d'une  autre  part,  d'après  le  texte  même  de  la 
page.  On  devait  avoir  d'abord  :  «Déesse  Ament  (faisant  traverser  au  mort)  un  bassin.» 
Puis  plus  loin  :  lUne  image  (d'Isis,  une  image  d'Horus),  deux  images  d'Anubis  pour  leur 
action   de   faire   ensevelissement.»     Or,   la  vignette   ne   représente    plus    que   la   barque   du 

mort,  flottant  sur  un  bassin  avec  la  légende  \  i  (pour  |  ^ai  1  ^  ^^  ^  d'une 

écriture  hiératique  maigre  et  fort  diiférente  de  celle  du  scribe,  avec,  d'un  côte,  la  déesse  Ament 
et,  d'un  antre  côté,  la  déesse  Isis.  On  a  supprimé  les  deux  ligures  d'Anubis  et  celle  d'Horus, 
qui  dans  le  texte  jouent  un  rôle  très  important  pour  le  détail  de  l'ensevelissmeut. 

En  liant  de  l'encadrement  de  la  quatrième  page,  le  scribe  avait  indiqué  «une  image 
d'Anubis  saisissant  l'artiste  Sauf»;  et  plus  loin  :  «images  d'Osiris,  d'Isis  et  de  Nepbthys». 
C'était,  en  effet,  un  tableau  simplifié  de  la  psycbostasie  qu'il  s'agissait  de  faire,  sans  le  pèse- 
ment  de  l'âme,  l'enregistrement  de  Thot,  etc.  ;  car  le  texte  décrivait  les  bonnes  actions  du 
mort  et  les  récompenses  qu'il  en  reçut  dans  l'autre  vie.  Cela  a  paru  insuffisant  à  l'artiste, 
qui,  au  lieu  de  supprimer  des  figures,  en  a  ajouté  une.  Il  a  représenté  Anubis  saisissant,  dans 
son  rôle  d'Hermès,  conducteur  des  âmes,  la  momie  debout,  pour  la  présenter  à  Osiris  assis. 

Mais   derrière   Osiris    ri'^      o  '^  r-y^^^:^^  a ^î=^ '^ [\y;vr)    il   a   ajouté  Thot,  couronné  du 

disque  et  des  cornes,  debout,  la  main  en  l'air,  avec  la  légende  ,^'=^^  l).  ^^  / ft     r^^^^ 

devant  Isis    n      et  Nephthys  X\      dans  la  même  attitude. 

La  cinquième  page  portait  le  sommaire  :  «Image  de  l'artiste  Sauf»;  plus  :  «Images 
d'Osiris,   d'Isis   et   de   Nephthys».     A   ce   tableau  trop   simple,  l'artiste   en   a  substitué   un 

beaucoup  plus  compliqué,  une  momie  debout  avec  l'inscription  ^^^^  a;^  k,=^  ^3i  est  figuré 
devant  Anubis  debout,  écartant  les  bras  et  tenant  dans  chacune  de  ses  mains  un  haut  sceptre, 
aussi  grand  que  lui  et  représentant  le  I  surmonté  de  la  tête  humaine  de  profil.  Une  légende 
démotique,  d'une  écriture  autre  que  celle  du  scribe,  porte  :  «Anubis  en  uit  ou  ensevelisseur», 
ce  qui,  chose  très  intéressante,  est  assimilé  ici  à  q  ^  ^=  ^  ']  ^  Anubis  en  reti  (autre 
nom  du  uit).  Derrière  Osiris  est  le  phénix,  ou  oiseau  hennu,  sur  un  arbre  et,  plus  loin  encore, 
Usins  debout   jj^f^f^^- 

Au-dessus  de  l'encadrement  de  la  6°  planche,  le  scribe  avait  écrit  deux  figures  de 
Hor-nsep  purifiant  l'artiste  Sauf  devant  «Osiris,  Isis  et  Nephthys».  La  vignette  représente 
deux  figures  à  têtes  de  chacal,  comme  Anubis,  au-dessus  de  l'une  desquelles  l'artiste  a  écrit 
en  démotique  :  Horus,  Thot.  Elles  versent  l'eau  purificatrice  sur  la  tête  de  la  momie  en 
présence  d'Osiris    rjjj.-lsis  jj      et  Ne{)hthys  T]    . 

Les  vignettes  de  la  septième  page  devaient  avoir  pour  sujet  :  «Une  image  d'Anubis 
saisissant  l'artiste  Sauf,   (avec  une)  image  de  Thot  devant  lui,  en  présence  d'Osiris,  d'Isis  et 


Les  vignettes  du  papyeus  Rhind  n°  1. 


de  Nephthys».  L'artiste  a  conçu  un  sujet  tout  différent.  Anubis  est  représenté  en  chacal, 
couclié  sur  le  signe  '  ^  ,  avec,  en  démotique,  d'une  écriture  iine,  les  mots  :  «Les  trois  dieux 
qui  veillent  sur  l'Osiris»  et  en  hiéroglyphico-hiératique  ]  |  ]  "tI  -^5-1]  S  Ao\  dont  le  sens 
est  identique.  Plus  loin,  se  trouve  une  femme  debout,  portant  la  main  à  ses  yeux,  avec  la 
légende  :  «La  déesse  qui  pleure».  Enfin,  de  l'autre  côté  de  la  momie,  on  voit  une  tête 
humaine,  coiffée  des  deux  plumes  et  des  cornes,  qui  est  placée  sur  le  signe  tat,  comme  dans 
les  cercueils,  avec  la  légende    rj'S'vr:7U. 

Eu  haut  de  la  huitième  page,  le  scribe  avait  écrit  : 

1°  sur  une  première  ligne  :  «les  quatre  mesuhor  purifiant»; 

2°  sur  une  seconde  ligne  :  «le  livre  de  sinsin  dans  la  main  de  Thot;  —  image  d'Auubis 
avec  le  salut  de  l'artiste  Sauf  —  Osiris,  Isis  et  Nephtbys.» 

Au  lieu  de  cela,  l'artiste  a  figuré  :  1°  la  momie  entre  Isis  et  Nephthys,  qui  le  sai- 
sissent; 2°  les  quatre  génies  funéraires  adorant  Osiris  seul. 

Thot  avec  son  livre,  Anubis  avec  le  salut  de  Sauf  manquent. 

Les  pages  9  et  10  devaient  avoir  pour  vignettes  des  sujets  absolument  parallèles. 

La  page  9  devait  représenter  d'après  les  ordres  du  scribe  :  «les  quatre  images  de  ^mî». 
La  page  10  :   «les  quatre  images  de  princesses». 

La  vignette  de  la  page  10  a  seule  conservé  une  trace  de  ses  deux  sujets  dans  sa 
première  moitié.  On  y  voit,  en  effet,  deux  hommes  debout  avec  le  sceptre  uns  (remplaçant 
les  quatre  x^i  et  deux  femmes  avec  le  sceptre  ï  remplaçant  les  quatre  arpit  ou  princesses. 

Voyons  maintenant  ce  que  l'artiste  a  substitué  aux  dessins  rêvés  par  le  scribe.  Au- 
dessus  de  l'encadrement,  à  côté  des  mots  :  «les  quatre  yuh,  il  a  écrit  d'une  fine  écriture 
fort  différente,  je  le  répète,  d'une  part  :  «image  de  l'artiste»  et  d'une  autre  part  :  «Osiris, 
Isis,  neb  (sic)».  Il  avait  voulu  écrire  d'abord  nebhat,  Nephthys.  Mais  il  avait  vu  que  dans 
une  moitié  de  son  dessin  il  n'avait  représenté  qu'Osiris  assis,  ayant  Isis  debout  derrière  lui 
et  devant  lui  la  momie.  Il  s'est  donc  arrêté  après  neh. 

L'autre  moitié  du  même  tableau  représente  deux  lits  funèbres.  Sur  l'un,  la  momie  est 
couchée  sur  le  dos,  avec  un  bras  faisant  angle  sur  son  ventre  et  la  légende  (écrite  dans 
l'encadrement)  :  «Les  neuf  dieux  régents  de  l'Amenti  font  l'action  sexama.^  Sur  l'autre,  la 
momie  est  couchée  sur  la  poitrine,  bien  que  les  biens  soient  représentés  dans  l'autre  sens. 
La  légende  porte  :  «Les  neuf  dieux  eu  .  .  .  l'Osiris  font  l'action  sexama.'^  L'action  sexania 
est  sans  doute  une  sorte  d'incubation  magique. 

La  dixième  page,  dont  la  vignette  devait  être  consacrée  aux  quatre  princesses,  portait, 
nous  l'avons  dit,  d'un  côté,  deux  ;(wi  et  deux  arpit  seulement,  de  l'autre  côté,  le  mort,  sorti 
de  ses  bandelettes,  par  suite  sans  doute  de  l'action  sexama,  était  amené  par  Thot  et  par 
une  déesse  dont  le  symbole  de  tête  a  disparu,  mais  qui  est  peut-être  Sawek,  la  déesse  de 
la  science,  devant  Osiris,  Isis  et  Nephthys.  L'action  sexama  paraît  être,  en  effet,  parallèle 
à  l'ouverture  des  yeux,  de  la  bouche,  du  nez,  etc.  et  à  la  fortification  des  membres, 
pour  permettre  à  l'âme  de  paraître  dans  le  ciel,  dont  il  est  question  dans  cette  page  et 
qu'opèrent  les  neuf  grands  dieux  Ea,  Atum,  au,  Tafnut,  Nut,  Osiris,  Isis,  Nephthys,  Horus 
et  Hathor,   ainsi   que   neuf  autres   petits   dieux,    qui  ne  sont  autres  que  les   astres.     Sur 


82  Eugène  Revillout. 


ces  points,  doue,  l'artiste  s'est  inspiré  autant  et  plus  du  texte  que  le  scribe  dans  ses  projets 
de  vignette.  Notons  cependant  que  les  quatre  x^i  et  les  quatre  or^n'i  de  ces  derniers  projets 
étaient  les  yu  des  bienheureux,  dieux  mâles  et  femelles,  dont  parlait  aussi  le  texte  de  la 
page  9  de  sou  début  (RI,  D  XVIII,  2  =  RI,  H  XVIII,  2).  Dans  la  vignette  actuelle,  les 
esprits  bienheureux,  ;^wi  et  arpit,  suivent  le  mort,  libre  de  ses  liens  et  se  rendant  devant  Osiris. 

Dans  la  11' page  on  lisait  au-dessus  de  l'encadrement  :  «Une  boîte  qui  (contient)  une 
princesse  (Arpit)  Nut»,  puis  plus  loin  :  «une  âme,  une  princesse»,  puis  enfin  :  sune  table 
d'offrande  devant  Osiris». 

La  vignette  représente,  en  effet,  une  caisse,  dans  laquelle  la  déesse  Nut  tend  les  bras 
à  la  petite  momie  de  Sauf  qui  vient  la  rejoindre.  Sur  cette  caisse  voltige  l'oiseau  bi,  figu- 
rant l'âme.  Le  tout  est  placé  devant  une  table  d'offrandes,  chargée  de  provisions  dont  Thot 
écrit  l'inventaire  sur  ses  registres  et  derrière  laquelle  on  voit  Osiris  assis,  ainsi  qu'Isis  et 
Nephthys  debout.  Ceci  se  réfère  au  texte  des  premières  lignes  de  cette  page,  partant  de  la 
table  d'offrandes,  préparée  pour  Osiris  et  de  la  caisse  dans  laquelle  est  renfermée  la  princesse 
(arpit)  Nut  et  où  Sauf  vient  la  rejoindre.* 

La  princesse  en  question  pourrait  bien  être  en  réalité  Tanuat,  la  femme  de  Sauf,  qui 
était  aussi  sa  nièce,  dont  nous  avons  le  rituel  dans  le  papyrus  Rhind  n"  2.  En  effet.  Sauf 
fut  tellement  regretté  par  sa  femme  qu'elle  alla  le  rejoindre  le  mois  suivant,  avant  la  fin 
des  rites  sacrés  qui  accompagnaient  les  funérailles  de  son  époux.  Sauf  mourut  le  10  Epiphi, 
de  l'an  21  d'Auguste;  et  sa  femme,  qu'on  mit  dans  la  même  tombe,  le  28  Mésoré  de  la 
même  année.  Elle  avait  environ  six  ans  de  moins  que  son  oncle  et  mari. 

Dans  les  fac-similés  qui  accompagneront  mes  transcriptions  et  mes  traductions  des  deux 
textes  du  papyrus  Rhind,  on  se  rendra  compte  du  détail  de  tous  les  textes  et  vignettes  que 
je  ne  fais  ici  que  signaler. 


MÉMOIRE  SUR  LA  VOCALISATION  HÉBRAÏQUE. 

PAU 

Eugène  Revillout.^ 


CHAPITRE  DES  ASPIREES. 

Obligé  d'isoler  et  d'achever  à  la  hâte,  pour  fournir  un  spécimen,  au  moins  un  fragment 
d'un  travail,  dont  toutes  les  parties  se  rattachent  les  unes  aux  autres,  se  prouvent  les  unes 
par  les  autres,  et  qui  m'a  demandé  et  me  demande  encore  trop  de  recherches  et  trop  de 
prudence  dans  les  déductions  pour  être  rédigé  au  courant  de  la  plume,  j'ai  dû  choisir  un 
chapitre  qui  par  lui-même  présentât  un  petit  ensemble,  le  chapitre  des  aspirées. 

'  L'artiste  a  seulement  ioint  à  ce  qui  était  prévu  une  image  d'Anubis,  couché  entre  le  sceptre  Y 
et  l'insigne  d'Abydos,  avec  la  légende  :  «Anubis  est  à  la  tête  d'Osiris».  Le  chacal  est,  en  effet,  à  la  tête 
de  la  caisse,  renfenuant  Nut  et  la  momie. 

'  Voir  le  premier  chapitre  ou  introduction  générale  de  ce  mémoire  dans  le  précédent  numéro  de  la 
Revue  égyptologique.  XIII,  II,  p.  137  à  158. 


Mémoire  sue  la  vocalisation  hébraïque.  83 

Il  eut  été  certainement  plus  satisfaisant  et  plus  complet  si  j'avais  pu  le  développer 
en  son  lieu;  mais,  bien  qu'écourté,  il  renfermera  abrégé  un  échantillon  de  mes  notes,  et 
prouvera,  je  l'espère,  que  j'ai  voulu  faire  une  étude  sérieuse,  me  gardant  d'émettre,  comme 
Kabinowitch  par  exemple,  des  règles  nouvelles  et  des  théories  absolues  qu'un  examen  appro- 
fondi des  textes  bibliques  ne  justifie  pas. 

Ayant  si  peu  de  temps  devant  moi,  je  dois  me  borner  aujourd'hui  à  présenter  un 
résumé  succinct  des  résultats  auxquels  m'ont  conduit  mes  recherches  sur  les  aspirées,  et, 
comme  exemples,  quelques-uns  des  chiffres  qui  se  rapportent  à  ces  recherches;  mais  je  me 
réserve  de  donner  des  détails  plus  circonstanciés  dans  la  rédaction  définitive  de  mon  mémoire. 

Suivant  le  principe  général  que  je  développe  longuement  dans  une  autre  partie  de  ce 
mémoire,  je  considère  les  aspirées  comme  constituant  une  série  et  non  point  seulement  un 
groupe.  Chacune  de  ces  quatre  consonnes  devait,  dans  le  système  hébraïque,  posséder  des 
propriétés  qui  lui  soient  communes  avec  les  jilus  proches  de  la  même  série,  et  cependant 
s'en  distinguer  par  des  caractères  spéciaux. 

Je  m'en  suis  assuré  du  fait  par  la  même  méthode  qui  m'a  servi  pour  l'étude  des  autres 
séries  que  j'ai  passées  en  revue  :  consonnes  muettes,  semi-voj^elles,  voyelles,  schevas,  da- 
gueschs  et  signes  toniques.  C'est-à-dire  que  j'ai  dépouillé  les  textes  bibliques  successivement 
pour  chacune  de  ces  lettres,  sans  me  lasser  de  revoir  les  mêmes  livres. 

On  arrive  aussi  à  bien  constater  la  situation  qu'accepte  chaque  caractère  graphique  et 
chaque  signe  par  rapport  aux  autres  :  en  d'autres  termes,  toutes  les  influences  qu'il  peut 
exercer  ou  recevoir,  son  rôle  et  sa  nature  intime. 

J'ai  dû  le  dire  et  le  répéter  souvent  dans  le  cours  de  ce  mémoire,  on  n'a  pas  assez 
remarqué  que  le  système,  sur  lequel  repose  toute  l'euphonie  hébra'i'que,  procède  toujours  par 
séries  et  par  nuances  à  peine  accusées,  jamais  par  brusques  séparations  et  par  catégories 
nettement  limitées.  Chaque  série  se  rattache  aux  voisines  par  des  intermédiaires  qui  tiennent 
également  des  unes  et  des  autres. 

Entre  les  consonnes  ordinaires  et  les  aspirées  se  trouve  le  resch,  lettre  mixte.  Comme 
les  consonnes  ordinaires,  il  peut  porter  le  seheva  simple  mobile,  mais  déjà,  plus  facilement 
qu'elles,  il  admet  le  seheva  composé  propre  aux  aspirées  (ex.  :  H'I'IS  Genèse  5,  30;  ''SD'nsri 
Genèse  27,  19;  'ï]"'"l."i><  Genèse  27,  29;  ''35"13  Genèse  27,  38,  etc.  J'ai  compté  dans  la  Genèse 
juste  autant  de  schevas  composés  sous  le  resch  que  sous  toutes  les  autres  consonnes  non 
gutturales  prises  ensembles).  D'une  autre  part,  comme  les  aspirées,  il  ne  porte  pas  le  da- 
guesch  fort;  et  comme  elles,  mais  moins  souvent  qu'elles,  il  peut  modifier  la  voyelle  qui  le 
précède.' 

Pour  établir  la  transition  entre  la  série  des  aspirées  et  celle  des  consonnes  muettes, 
moitié  des  aspirées,  deux  sur  quatre,  deviennent  muettes  dans  certains  cas.  Nous  voyons 
ailleurs  comment  les  muettes  sont  reliées  aux  lettres  de  prolongafiou  et  de  support,  semi- 
voyelles,   qui  elles-mêmes  conduisent  aux  voyelles  par  des  transitions  presque  insensibles. 


'  Ajoutons  que  le  resch,  comme  consonne  ordinaire,  appartient  à  la  série  des  liquides  b,  "t,  3,  qui, 
comme  le  montre  Oésénius,  se  changent  parfois  en  voyelle  m  =  li'H.  s'ajoute  aux  racines  0  D  1 3  de 
.Q  Q  2  scidit,  à  la  fin  des  mots,  sert  avec  h,  3  et  parfois  un  B  formatif  à  constituer  des  doiMets  d'une 
mince  racine  :  ^;:,  b.p,  Dp  abscidit  de  U  ou  113,  etc.,  etc. 


84  Eugène  Revillout. 


Il  n'existe  donc  pas  de  démarcation  bien  tranchée  entre  les  séries  dont  se  compose 
le  système  bébreu,  pas  plus  qu'on  n'en  trouve  entre  celles  dont  se  compose  le  monde  vivant. 
Mais,  comme  dans  l'étude  des  animaux  et  des  végétaux,  on  est  obligé  de  constituer  certains 
groupements  artificiels  dont  les  limites  sont  arbitraires,  de  même  dans  l'étude  de  l'hébreu 
il  est  bon  d'étudier  ensemble  les  signes  graphiques  dont  les  propriétés  les  plus  fondamen- 
tales paraissent  analogues.  Ainsi  ferons-nous  pour  les  aspirées. 

Ce  qui  distingue  plus  particulièrement  les  aspirées  prises  en  bloc,  ce  sont  précisé- 
ment les  caractères  qui  leur  sont  communs,  dans  une  certaine  proportion,  avec  le  resch. 

Elles  ne  peuvent  pas  être  dagueschées;  du  moins,  on  ne  trouve  de  dagueseh  que  très 
exceptionnellement  dans  l'aleph,  comme  dans  le  rescL.  Mais  ici  déjà  se  manifeste  une  pre- 
mière différence  entre  ces  lettres.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  reconnaître  pour  l'aleph,  comme  pour 
le  hé  et  le  bheth,  et  plus  spécialement  peut-être  encore  pour  l'aïu,  ainsi  que  nous  le  mon- 
trerons contrairement  aux  doctrines  courantes,  un  redoublement  sans  dagueseh,  ou,  suivant 
les  termes  de  grammaire,  un  dagueseh  occulte,  implicite,  délitescent. 

En  fait  de  schevas,  les  quatre  aspirées  aiment  sous  elles  les  schevas  composés  toujours 
mobiles,  et  avant  elles,  comme  nous  l'a  appris  le  savant  professeur  de  la  Sorbonne,  M.  Barges, 
elles  transforment  dans  la  prononciation  en  véritables  brévissimes  les  schevas  simples  mo- 
biles immédiatement  précédents.  Les  plus  anciens  grammairiens  rabbiniques  disent  formelle- 
ment qu'il  faut  prononcer  les  schevas  simples  qui  précèdent  la  gutturale  avec  le  sou  affaibli 
de  la  voyelle  que  porte  cette  gutturale  :  p1S"l,  prononcez  :  rououben;  "ïïnx?,  prononcez  : 
kàhahad,  etc.  Si  l'aspirée  porte  elle-même  une  brévissime,  deux  brévissimes  ne  pouvant  pas 
se  suivre,  le  scheva  mobile  qui  précède  cette  aspirée  se  transforme  en  la  voyelle  brève  dont 
il  aurait  emprunté  le  son  d'après  cette  règle. 

Les  aspirées  acceptent  sous  elles  le  scheva  simple  quiescent,  mais  à  ce  point  de  vue 
elles  diffèrent  notablement  les  uns  des  autres. 

Sous  le  hheth,  le  scheva  simple  est  encore  fréquent;  moins  sous  l'a'in;  infiniment  moins 
sous  l'aleph  et  sous  le  hé  (sauf  dans  le  verbe  ^^'^,  qui  est  de  toutes  manières  exceptionnel). 

Par  exemple,  dans  la  Genèse,  après  un  pathah  ou  un  ségol,  les  deux  voyelles  qui 
entrent  dans  les  schevas  composés  les  plus  fréquents,  on  trouve  :  1°  Sous  le  hheth  72  schevas 
simples  contre  152  schevas  composés  (sans  compter  les  schevas  simples  qui  suivent  un 
kamets,  ou  un  kebuts,  ou  un  hirik,  comme  dans  les  mots  :  JinjîiS  Genèse  3,  19;  nSH"!  Genèse 
6,  15,  etc.).  2°  Sous  l'a'in  40  scheva  simples,  362  schevas  composés.  3°  Sous  le  hé,  aucun 
scheva  simple  et  29  schevas  composés.  4°  Sous  l'aleph  un  seul  scheva  simple  (IDSII  Genèse 
46,  23)  pour  133  schevas  composés.  Il  faut  pourtant  dire  que  sous  l'aleph,  alors  qu'il  ne 
porte  ni  voyelle,  ni  scheva,  et  qu'il  semble  muet,  on  doit  parfois  admettre  un  scheva  im- 
plicite dans  les  circonstances  où  l'aleph  aurait  pu  porter  un  scheva  simple  :  c'est-à-dire  ex- 
clusivement après  la  suppression  d'un  scheva  composé  dont  la  voyelle  composante  se  retrou- 
vait immédiatement  avant  l'aleph  (exemple  :  ■  "'JlsS  pour  'ynsS,  transformé  en  "'nsS  par 
la  présence  du  scheva  composé  Genèse  32,  5  et  passim). 

Ce  sont  là  des  remarques  qui  n'avaient  point  encore  été  laites,  à  ce  que  je  crois, 
et  qui  sont  importantes  pour  bien  mettre  en  lumière  la  vraie  nature  de  chacune  des 
aspirées. 


Mémoiee  sue  la  vocalisation  hébeaïque.  85 

En  effet,  le  scheva  quiescent  sert  à  fermer  une  syllabe  dans  le  corps  des  mots.  Après 
un  pathah  particulièrement  toute  consonne  non  gutturale  (sauf  l'iod  et  le  nun  dans  des  cir- 
constances que  nous  spécifierons  ailleurs),  si  elle  n'est  pas  daguescbée,  doit  porter  forcément 
ce  genre  de  scheva  pour  que  le  pathah  subsiste.  A  ce  point  de  vue  donc,  le  hheth  et  l'aïn 
se  rapprochent  bien  plus  des  consonnes  ordinaires  que  les  deux  autres  aspirées,  puisqu'ils 
ferment  bien  plus  souvent  la  sjdiabe  dans  le  corps  des  mots. 

A  la  fin  des  mots  les  différences  sont  tellement  marquées  qu'elles  ne  pouvaient  échapper 
à  personne.  En  effet,  le  hheth  et  l'aïn  ferment  alors  toujours  la  syllabe;  et  d'une  autre  part, 
l'aleph  ne  la  ferme  presque  jamais,  sinon  jamais;  le  hé  la  ferme  rarement;  seulement  lorsqu'il 
est  muni  d'un  point  spécial  qui  ressemble  au  dagueseh  et  qu'on  nomme  mappik. 

Tout  en  fermant  la  syllabe  finale  comme  une  consonne  ordinaire,  le  hheth  et  l'aïn 
n'en  jouent  pas  moins  le  rôle  d'aspirée  en  ce  qui  concerne  la  vocalisation  de  cette  syllabe. 
On  peut  même  dire  que  nulle  part  ailleurs  leur  influence,  à  titre  d'aspirées,  n'est  plus  évi- 
dente. Si  la  forme  ordinaire,  le  type,  n'amenait  pas  dans  cette  syllabe  finale,  soit  un  pathah, 
soit  un  kamets,  la  gutturale  y  appelle  un  pathah;  et  alors  de  deux  choses  l'une  :  ou  bien 
la  voyelle  disparaît  pour  laisser  la  place  à  ce  pathah,  ou  bien  celui-ci  se  prononce  dans  une 
même  émission  vocale  après  la  voyelle  primitive,  avant  la  gutturale  sous  laquelle  il  se  place. 
On  le  nomme  alors  pathah  furtif 

Que  le  pathah  furtif,  bien  que  situé  sous  l'aspirée,  n'empêche  pas  la  syllabe  finale  d'être 
fermée,  on  en  acquiert  la  preuve  d'après  les  règles  ordinaires  en  s' assurant  que  cette  syllabe 
dans  un  mot,  qui  porte  un  accent  ministre,  n'empêche  pas  la  lettre  initiale  du  mot  suivant 
de  prendre  un  dagueseh  faible,  si  c'est  une  des  lettres  begadkephat.  On  constate  de  même 
que  le  hé  portant  un  mappik  ferme  également  la  syllabe.  Mais  si,  comme  consonne,  à  ce 
point  de  vue,  le  hé  mappiké  se  rapproche  du  hheth  et  de  l'aïn,  il  s'en  isole  par  ses  pré- 
férences pour  le  kamets. 

Par  exemple,  dans  la  genèse,  sur  191  mots  qui  se  terminaient  par  un  hé,  muni  d'un 
mappik,  cent  quatre-vingt-dix  fois  la  dernière  syllabe  avait  pour  voyelle  un  kamets;  une  fois 
seulement  un  pathah  {TlhFi]  Genèse  47,  13);  une  seule  fois  elle  ne  présentait  de  pathah 
furtif.  De  même  dans  le  lévitique,  le  hé  final  était  muni  de  mappik  cent  vingt-sept  fois; 
cent  vingt-sept  fois  il  était  précédé  de  kamets;  nous  n'avons  pas  vu  un  seul  pathah,  soit 
avant  lui,  soit  dessous  lui. 

Cette  statistique  n'est  point  oieuse;  car  elle  fait  voir  que  le  hé,  portant  un  mappik, 
se  distingue  très  nettement  par  ses  affinités  du  hheth  et  de  l'aïn  dont  on  le  rapprochait. 
Avant  le  hheth  et  l'aïn,  en  effet,  le  kamets  est  une  exception;  le  pathah,  la  règle.  Dans  le 
lévitique,  avant  l'aïn  final,  en  laissant  de  côté  24  pathahs  furtifs,  on  trouve  cent  dix-neuf 
pathahs  pour  sept  kamets,  et  les  proportions  sont  semblables,  soit  dans  la  genèse  avant  l'aïn, 
soit  dans  ces  deux  livres  avant  le  hheth. 

Ou  peut  donc  maintenant  juger  combien  peu  est  fondée  l'ingénieuse  théorie  que  Gé- 
sÉNros  avait  émise  à  propos  de  quatre  verbes  qui  se  terminent  par  un  hé,  muni  d'un  map- 
pik. Ces  quatre  verbes  sont  les  suivants  :  naS  élever,  nÇS  désirer,  nîJ  briller,  rl^H  ad- 
mirer.   Ils  se  conjuguent  comme  les  verbes  qui  se  terminent  par  un  hheth,  tandis  que  tous 


86  Eugène  Revillout. 


les  autres  verbes,  qui  se  terminent  par  un  hé  et  qui  forment  une  classe  très  nombreuse  en 
hébreu,  ne  portent  pas  de  niappik  et  se  conjuguent  d'une  manière  très  différente. 

Gésénius,  ne  connaissant  pas  l'influence  réelle  du  mappik,  croyait  que  le  hé  mappiké 
devait  être  assimilé  au  hheth,  qu'il  devait,  comme  lui,  attirer  daus  la  syllabe  qu'il  fermait 
un  pathab,  furtif  ou  non  furtif  II  était  naturel  alors  de  supposer  que  les  véritables  lamed-hé, 
ceux  qui  avaient  eu  dès  l'origine  un  hé  pour  troisième  radicale,  avaient  dû  faire  valoir  cette 
lettre  autant  que  possible,  et  par  conséquent  la  munir  de  ce  mappik,  pour  lui  donner  toute 
la  puissance  des  gutturales  les  moins  débiles.  Le  hé  qui  termine  les  autres  verbes  pouvait 
être,  pour  quelques-uns,  considéré,  comme  résultant  de  la  transformation,  soit  d'un  iod,  soit 
d'un  vaf;  et  ceux  qui,  comme  nns  manquer  de  force,  nn5  guérir,  etc.,  ayant  les  mêmes 
lettres  en  arabe,  se  trouvaient  échapper  à  cette  explication,  ils  avaient  dû,  suivant  Gésénius, 
suivre  l'exemple  des  précédents,  bien  que  leur  hé  fut  vraiment  radical. 

Il  nous  semble  que  maintenant  on  doit  admettre  le  contraire,  jmisque  le  hé  mappiké 
n'est  pas  réellement  l'équivalent  du  hheth.  Ce  qui  s'est  écarté  du  type  régulier,  ce  n'est  pas 
la  foule  des  verbes  dont  la  troisième  radicale  est  quiescente;  ce  sont  seulement  les  quatre 
verbes  qui  se  terminent  par  un  hé  mappiké.  On  les  a  munis  d'un  mappik,  parce  que  c'était 
le  seul  moyen  de  masquer  un  peu  la  distance  qui  les  séparait  des  lamed-hheth;  puis  on  les 
a  conjugués  sur  le  modèle  des  lamed-hheth,  comme  on  conjuguait  certains  lamed-hé  sur  le 
modèle  des  lamedaleph,  et  d'autre  part  certains  lamed-aleph  sur  le  modèle  des  lamed-hé. 
Ces  permutations  de  formes  sont  fréquentes  en  hébreu  ou  l'on  se  préoccupe  de  trouver  tou- 
jours des  transitions  entre  classes  voisines. 

Nous  venons  d'établir  que  les  aspirées  ne  se  comportent  pas  toutes  de  même  lursqu' étant 
quiescentes,  elles  ferment  la  syllabe;  nous  devons  ajouter  que  les  deux,  le  hé  et  l'aleph, 
qui  peuvent  être  quiescentes  sans  fermer  une  syllabe,  conservent  encore  quelque  chose  de 
la  nature  lorsqu'elles  sont  muettes,  et  peuvent  même  alors  influencer,  chacune  à  sa  manière, 
les  voyelles  précédentes. 

Nous  traiterons  ce  sujet  avec  plus  de  détails  daus  le  chapitre  des  muettes;  mais  dès 
à  présent  il  est  bon  de  faire  comprendre  notre  pensée  par  un  exemple. 

A  la  fin  des  mots,  le  hé  muet  possède  encore  en  cette  qualité  une  certaine  prédilection 
pour  le  kamets  (dans  la  Genèse,  sur  deux  mille  trente-deux  bés  muets  finaux,  treize  cent 
quarante-huit,  deux  sur  trois,  se  trouvent  à  la  suite  de  kamets;  dans  le  lévitique  la  propor- 
tion est  encore  plus  forte;  elle  atteint  presque  trois  sur  quatre  :  neuf  cents  dix-neuf  sur 
treize  cents  quarante-sept).  Malgré  cela,  le  hé  muet  ne  paraît  pas  changer  les  conditions 
dans  lesquelles  le  kametz  se  trouvait  s'il  terminait  le  mot. 

Ainsi  lorsqu'un  mot  est  uni  par  un  makkaph  à  un  mot  précédent  dont  la  dernière  con- 
sonne porte  un  kamets,  il  prend  dans  sa  première  consonne  un  daguesch  de  redoublement; 
comme  nous  le  verrons  dans  une  autre  partie  de  ce  mémoire  (S3"ri"''ty]^'l  Genèse  40,  14,  etc.), 
de  même  lorsque  le  premier  mot  est  terminé  par  un  hé  muet  précédé  d'un  kamets,  le  mot 
suivant  qui  lui  est  uni  par  un  makkaph  prend  d'ordinaire  dans  sa  première  lettre  un 
daguesch  de  redoublement.  Ainsi,  daus  la  Genèse,  sur  dix-huit  exemples  de  mots  unis  par 
un  makkaph  et  dont  le  second  commence  par  une  consonne  susceptible  de  recevoir  un  da- 
guesch,  le  premier  se  terminant  par  un  hé  muet  précédé  d'un  kamets,   quatorze  fois  nous 


I 


UX    CONTRAT    d'aliénation,    ETC. 


avons  trouvé  le  dagnesch  de  redoublement;  quatre  fois  seulement  il  manquait.  D'autres 
statistiques  nous  prouvent  que  cette  proportion  n'est  point  exagérée.  Lorsque  l'union  se  fait, 
non  plus  par  un  makkapb,  mais  simplement  par  un  accent  ministre,  on  constate  souvent  la 
présence  du  même  dagnesch. 

L'aleph  muet,  au  contraire,  n'exerce  évidemment  aucune  attraction  sur  le  kamets. 
Dans  la  Genèse,  sur  huit  cent  quinze  alephs  muets  à  la  fin  des  mots,  deux  cent  trente-deux 
seulement,  un  peu  plus  du  quart,  se  trouvent  précédés  d'un  kamets.  Mais  qu'ils  soient  unis 
aux  mots  suivants  par  des  makkaphs  ou  des  accents  ministres,  jamais  ceux-ci  ne  prennent 
dans  la  lettre  initiale  un  dagnesch  de  redoublement.  On  pourrait  donc  se  demander  si  l'aleph 
muet,  qui  joue  un  rôle  si  important  par  rapport  au  kamets.  ferme  la  syllabe  après  lui: 
mais  il  n'en  est  rien:  car  après  cet  aleph  on  ne  trouve  pas  plus  de  dagnesch  faible  dans 
les  lettres  begad-kephat  que  de  dagnesch  fort  dans  les  autres. 

En  résumé,   l'aleph   final  ne   ferme  jamais  alors  la  syllabe;   c'est  donc  bien  une  lettre 

muette,  comme  le  hé  final;  mais  ces  deux  aspirées,  bien  qu'également  muettes,  ne  sauraient 

être  assimilées  en  aucune  manière.    Jusque  dans  ce  rôle  etfacé  chacune  conserve  sa  nature 

intime  et  son  influence.  ^        •  i   • 

(L.!  suite  proeuainement.) 


UN  CONTRAT  D'ALTENATION 

D'UNE 

MAISON  PAR  VOIE  D'ÉCHANGE  SOUS  L'ANCIEN  EMPIRE  ÉGYPTIEN 

PAR 

E.  Revillout. 

Je  veux  seulement  dire  deux  mots  d'une  découverte  importante  qui  vient  d'être  faite. 
Il  s'agit  d'une  inscription  de  l'ancien  empire  que  M.  le  professeur  Sethe  a  communiquée  le 
4  novembre  dernier  à  l'Académie  de  Saxe,  et  qu'il  vient  de  pubUer  ces  jours-ci  avec  photo- 
graphie dans  les  comptes-rendus  de  cette  Académie.  Je  dois  dire  que  ma  traduction  diffère 
entièrement  de  la  sienne.  Il  s'agit,  à  mon  avis,  d'une  transaction  tout-à-fait  analogue  à  celle 
dont  nous  avons  de  si  nombreux  exemples  à  l'époque  éthiopienne  et  en  conséquence  du  code 
de  Shabaka,  c'est-à-dire  d'un  échange  de  biens  immobiliers.  L'acquéreur  voulant  faire  une 
fondation  funéraire  et  construire  dans  ce  but  une  de  ces  maisons  avec  jardin,  dont  nous 
avons  tant  de  représentations  graphiques,  s'est  adressé  pour  cela  à  un  scribe,  qui  a  joué,  à 
son  égard,  le  rôle  de  vendeur,  en  même  temps  que  d'entrepreneur  et  d'architecte.  Le  fonds 
vendu  d'un  terrain  destiné  tant  à  la  maison  qu'au  jardin  lui  a  été  payé  par  des  vergers 
d'une  étendue  déterminée,  ainsi  que  la  construction  même  de  la  maison.  Nous  eu  donnerons 
plus  loin  le  détail  dans  notre  traduction.  D'une  autre  part,  l'auteur  de  la  fondation  a  rempli 
la  main  de  trois  prêtres  funéraires  ou  hoiilca,  c'est-à-dire  leur  a  fourni  les  fonds  nécessaires 
pour  couvrir  les  dépenses  journalières  de  la  fondation.  '\^oici  la  traduction  annoncée  : 

:Un  tel»  (il  ne  nous  reste  que  des  traces  du  nom)  a  dit  :  j'ai  acquis  cette  maison,  en 

«équivalence  (échange\  du  scribe  Tenta.  Je  lui  ai  donné  dix  vergers  —  contrat  pour  contrat 

» —  devant  le  bureau  de  l'enregistrement  de  la  pyramide  de  Khufu. 

12* 


Eugène  Revillout. 


(Détail  :) 

1°    .4  perches  de  terre  (achetées  par)  3  vergers  pour  la  coustruction  eu  pierre. 

2°  «c4  vergers  pour  la  toiture  en  berceau  eu  bois  ash. 

3°  «2  perches  de  terre  (achetées  par)  3  vergers  pour  la  plantation  de  sycomore. 

«Des  témoins  nombreux  ont  témoigné. 

«Est  satisfait  Tenta  de  toutes  les  choses  de  ce  contrat. 

«Il  dit  (l'acquéreur- fondateur)  : 

«Par  la  vie  du  roil  J'ai  fait  être  la  Justice  pour  te  satisfaire  à  ce  sujet  (ô  Tenta),  et 
»pour  faire  être  tout  le  contrat  de  cette  maison.  Je  t'ai  soldé  cette  rétribution  là,  et,  pour 
sfaire  être  un  revenu  à  la  demeure  funéraire,  j'ai  rempli  la  main  du  houJia  Ina,  du  honka 
ïSebna  et  du  honlca  Hornankh.» 

Voici  maintenant  le  texte  et  les  commentaires  philologiques  indispensables;  car  les  com- 
mentaires juridiques,  je  les  donne  dans  mon  nouveau  livre  de  droit  égyptien  que  je'  publie 
en  ce  moment  à  la  libraire  Geuthner. 


(1^ 


cr-a    D 


(2) 


(3) 


(4) 


W 


(5) 


(6) 


k^ 


(V 


•A 


(14)     (15)     (16) 


(9)       (10) 


(12) 
(C3IZI1 


ra 


11 


(17) 


(18) 
(20)         (21) 

^(Z)MA+> 


(19) 
D 


(22)         (23) 


ii") 


(24) 


(25)      (26) 


.°^ 


(27) 


(28) 


P^, 


i^-f 


(1)  Cette  expression  (correspondant  à  eme  apporter)  est  celle  qui,  dans  les  textes  hiéro- 


glyphiques   et  démotiques   (dans   ceux-ci  soit  sous   la  forme  j\  ,  soit  sous  la  forme 


désigne  les  acquisitions,  à  quelque  mode  qu'elles  appartiennent. 


Un  conteat  d'aliénation,  etc.  89 

(2)  Cette  expression,  qu'on  trouve  dans  les  décrets  trilingues  pour  rendre  l'équivalence 
donnée  par  les  dieux  aux  vertus  et  aux  bienfaits  des  rois,  sert  dans  le  langage  juridique, 
hiéroglyphique  et  démotique  pour  l'équivalence  en  nature  de  terres  :  l'échange.  Dans  les  actes 
réglés  par  le  code  de  Shabaku  asii  «équivalence»  est  toujours  eu  parallélisme  avec  tei  «ré- 
tributionï^,  que  nous  trouverons  plus  loin  dans  notre  acte,  mais  qui  sert  aussi  dans  les  actes 
dépendant  du  code  d'Amasis  et  dans  ceux  du  code  classique  à  rendre  les  rétributions  en 
argent. 

(3)  Cette  expression  ,  précédant  le  nom  du  vendeur,  nous  permet  de  mieux  com- 
prendre uue  phrase  de  l'inscription  d'Amteu,  que  j'ai  traduite  dans  mon  mémoire,  intitulé  : 
«nouvelle  étude  juridique  économique  sur  les  inscriptions  dAmten  et  les  origines  du  droit 
égyptiens^,  publiée  dans  le  Journal  asiatique.  Cette  ])hrase  (p.  34  de  mon  tirage  à  part) 
porte  Jj  ^^  <=>  ^33  ^  "^  1  ^^'^^  ^  Si  ^  *^  *  acquit,  en  équi- 
valence,  200  aroures  de  terre  cultivable,  de  gens  nombreux».  signifie  très  souvent  avec 

et  une  phrase  précédente  j]  <=>  1  ^^-^  8  y^^  ^^  ^  j|  ^  '"'  «Il  acquit  en  vertu  d'un 
décret  royal  4  aroures  des  serviteurs  et  toutes  choses»  nous  avait  fait  pencher  vers  cette 
interprétation,  ilais  dans  ce  premier  texte  il  s'agissait  d'une  maison  donnée  à  Amten  par  le 
roi  avec  les  serviteurs  nécessaires,  etc. 

(4)  A    ,  1     ^     sont  des  synonymes  bien  connus  du  verbe  donner. 

'■    ^        ii     '    i D      -= D  "  (S 

(5)  qA,  équivaut  à  TtTtî  A,  BMq'^,  désignant,  soit  uue  vigne,  soit,  comme  l'a 
très  bien  dit  M.  Maspero  dans  le  Journal  asiatique,  un  verger. 

(6)  Ainsi   qu'on   le  voit   par  l'inscription  d'Hapidjéfa   et  bien  d'autres  textes      Q  ou 
^\  Q    (Dnnj;  dont  le  sens  égyptien  primitif  est  sceau,  cachet,  désigne  aussi  ce  qui  a  été 

cacheté  et  spécialement  un  contrat.  L'expression  «conti-at  pour  contrat»  est  remarquable. 
Dans  le  droit  égyptien  de  toute  époque,  les  contrats  étaient  toujours  unilatéraux  et  il  fallait 
autant  de  contrats  que  d'obligations  distinctes  ou  parallèles.  Il  y  avait  donc  un  contrat  de 
vente  du  terrain  à  bâtir,  etc.,  lait  par  le  scribe  Tenta,  et  un  contrat,  fait  par  l'autre  partie, 
pour  les  vergers  cédés.  Nous  n'avons  ici  qu'une  analyse  monumentale  de  la  négociatiou, 
relative  à  la  maison  construite.  Mais  cette  analyse  porte  plus  loin  que  des  témoins  nombreux 
avaient  sigué  sur  les  originaux  et  que  le  vendeur  s'y  était  déclaré  satisfait.  Notons  le 
signe  ^^^^  qui  se  joint  pour  la  seconde  fois  au  mot  Q  ,  eu  guise  de  complément  pho- 
nétique. Le  fagot  se  lisait  aussi  -/at. 

(7)  I  (er^î£^)  ©,  que  nous  avons  traduit  bureau  d'enregistrement  —  bureau  devant  lequel 
la  négociation  avait  été  faite  —  est  un  mot  composé  du  détermiuatif  des  lieux  ®,  suivant 
la  racine  ï  que  Levy  dans  son  dictionnaire  a  donné  sous  la  forme  i  *^  ,  et  qui 
signifie,  soit  calculer,  soit  spécialment  sous  la  forme  <=>  |  ^^^^-^  enregistrer.  L'expression 
^^^1=3),  copte  MTo  «devant»,  qui  précède,  est  trop  connue  pour  avoir  besoin  d'être  commentée. 

(8)  ijwU  et  i  A  «4  jierches  de  terre  et  2  perches  de  terre»  se  décomposent  facile- 
ment en  :  1°       sdb  signifiant  une  perche  dans  toutes  les  acceptions  de  ce  mot  et  2°  =^?^ 


90  Eugène  Revillout. 


to  terre.  Les  perches  de  terre  constituent,  comme  chez  nous  avant  la  révolution,  une  ex- 
pression métrologique  bien  connue  et  sur  laquelle  j'ai  beaucoup  insisté  dans  mon  mémoire 
sur  un  papyrus  bilingue  du  temps  de  Pbilopator,  publié  dans  les  Proceedings  de  la  société 
d'archéologie  biblique.  La  perche  se  nommait  aussi  ^^^^  :  et  de  là  était  venue  la  mesure 

hiéroglyphique   de   terrain,    appelée  ^^'^i    '^^^^   cesse   employée    en   démotique    dans 

l'expression  composée  meh  xet  «coudée  de  perche,  coudée  prise  sur  la  perche  ou  coudée  carrée», 
taudis  que  la  mesure,  appelé  meh  aten  «coudée  de  la  division»  et  qui  était  également  nommée 
t.t;/uç  dans  les  bilingues,  comprenait  cent  coudées  carrées.  Cela  est  prouvé  par  les  contrats 
portant  les  deux  mensurations  et  dont  les  terrains  sont  calculés  par  les  coudées  de  côté, 
aussi  bien  que  par  les  coudées  de  superficie.  On  avait  mis  deux  perches,  théoriquement 
longues  de  cent  coudées,  sur  les  deux  côtés  de  l'aroure;  et  la  coudée  de  la  division  avait  tou- 
jours théoriquement  la  longueur  d'une  de  ces  perches  avec,  à  côté  d'elle,  99  perches  sem- 
blables. La  coudée  de  perche,  elle,  était  un  centième  de  cette  coudée  de  la  division,  grande 
mesure  de.s  terrains  de  ville,  tandis  que  la  perche  elle-même,  ainsi  mise  sur  une  si  grande 
longueur,  succédait  à  l'ancien  seteb  ou  x^i,  qui,  en  carré,  faisait  cent  coudées  de  superficie. 
(9)  Mil  KcoT  construire,  construction,  ce  mot  est  bien  connu  à  toutes  les  périodes  de 
la  langue  égyptienne.  On  se  rappelle  ces  mots  de  l'inscription  d'Amten  (voir  p.  35  de  mon 
mémoire  déjà  cité  :    œ-j  f^  1  fl]  E  ]  <i^  Y^j^^  T    «Maison,  longue  de  200  cou- 

dées, large  de  200  coudées,  bâtie,  plantée  de  très  bons  arbres.»  Cela  faisait  4  aroures,  voir 
plus  haut). 

=  H  ma  wne   pierre. 


(10)  (| 


(11)  Le  mot  '•^^  F=^  est  déterminé  ici  par  le  plafond  recourbé  et  désigne  la  voûte 
en  berceau  en  voûte.    Déterminé  par  le  lit,  il  signifie  aussi  berceau  et  lit.    Voir  Levy. 

(12)  Le  bois  af)  a  été  assimilé  tantôt  au  cèdre,  tantôt  à  l'acacia.  Loret  y  voit 
l'acacia  nilotica. 

(13)  Le  mot  p ,  n  ou  i— i^O,  copte  «oirç^e,  désigne  le  sycomore.  Ici,  il  s'agit  d'une 
plantation  de  sycomores. 

(14)  Les  deux  doigts  en  l'air  |]  constituent  le  geste  des  témoins  attestant  leur  pré- 
sence. Ils  servent  de  déterminatif  au  mot  q  IjgA  (Mc«pe)  «témoin,  témoigner»  et  s'em- 
ploient seuls  pour  rendre  ce  syllabique  métré,  comme  d'ailleurs  (cela  a  été  noté  par  Lbvi 
dans  sou  dictionnaire)  pour  rendre    ||qa=  ||g7j  =  «.ottê  appeler). 

(15)  <^4v  as  =  enô.5H"°^  ^^'6"  le  n*.  adjectival  démotico-copte.  Ce  mot  est  fréquent. 
J'ai  cité  plus  haut,  à  propos  de  l'inscription  d'Amten,  les  j,  ^^^yf  yf^^^?  gens  nom- 
breux, qui  lui  ont  cédé  des  terrains  par  équivalence.  Ici,  ce  sont  les  témoins  qui  étaient  nombreux. 

(16)  '  ^^  ont  témoigné,  voir  note  14. 

(17)  (=Ti)  Il  0  a  été  satisfait  Tenta.  Le  mot  se  rattache  à  (=ù)]]|  être  juste, 
être  d'accord,  être  satisfait,  -V-^^^^-V  en  copte.  Dans  les  contrats  démotiques  de  toute  période, 
relatifs  à  des  aliénations  ou  à  des  reçus,  on  trouve  cette  expression  ''=ïii  (lO  QA  ■=^  "^  m"^  0  ^  ) 
mon  cœur  est  satisfait.    L'expression  est  donc  parfaitement  à  sa  place  ici. 


Ux   CONTRAT   d'aliénation,    ETC.  91 

(18)  -\[-  ET^  contrat,  voù  Revue,  VlII.  p.  173  et  suiv.;  IX,  p.  65  et  suiv.,  p.  171  et 
suiv.,  etc.  Comparez,  daus  le  Mastaba  78,  la  phrase  :   —.-l.     a    ^~^A^»  1x7^.     |  a~>a/va  ^^^^    a    ci 

<=>  =^5:^  1\    Il    '-'•^  ""-^  ^  <^H  ^^^  Je  ne  leur  ai  pas  donné  puissance  de  donner 

en  équivalence  par  ampa  à  personne. 

(19)  Pronom  démonstratif  d'un  fréquent  usage. 

(20)  i^"f"  Adjuré  soit  le  roi'.  Cette  formule  de  serment,  employé  dans  le  contrat  de 
coemptio  et  dans  une  multitude  d'autres,  est  exti'êmement  fréquente  même  dans  les  compo- 
sitions littéraires,  comme  les  dialogues  philosophiques  du  chacal  Kouti  et  de  la  chatte  éthio- 
pienne. On  la  trouve  aussi  dans  les  procès  hiératiques,  particulièrement  dans  ceux  relatifs 
aux  violations  de  sépulture.  Voir  mon  livre  sur  les  actions. 

(21)  Ti  un  faire  être  ^  établir  <=|=>  est  un  homophone  de  ^^  =  oth. 

(22)  Il  a  signifié  à  la  fois  la  vérité  et  la  justice  (voir  mou  mémoire  sur  Tidéalisme 
chez  les  Egyptiensi. 

(23j  ^-o-^  =  ^bi-rn  a,  entre  autre  sen.s,  celui  de  contenter,  satisfaire,  comme  Ta  noté 
Levy;  çtûTn  signifie  conjungere,  reconciliare,  conciliare,  copulare,  uuio,  etc. 

(24)  A  =  Ttoûjfie  solder.  Ce  mot  est  en  parallélisme  avec  ^Sî  >J>)  équivalence,  dans 
les  actes  de  l'époque  éthiopienne.  Voir  note  2. 

(25)  I  Jj  tdeb  (eonf.  otûjté  effundere,  transferre,  translatio  i.  Ce  mot  est  très  fréquent  dans 
les  mastabas  de  cette  époque  pour  désigner  les  revenus.  Je  citerai  le  mastaba  n°  300,  portant  : 

Apport  de  piryru  •  offrandes  funéraires)  du  trésorier  du  Pharaon  Persen,  pour  revenus  en 
pain  liet,  en  pain  pesen,  en  huile  sef,  arrivant  du  sanctuaire  de  Ptahressaf  pour  la  divine  mère 
Xeferhoteps,  chaque  jour,  en  perpétuelle  offrande.  Il  a  donné  pour  piryru  dans  le  temps  de  Sahura. 

De  même  dans  l'inscription  de  Nekan/  du  temps  de  Menkara  : 

Quand  toute  chose  entre  au  sanctuaire,  moi,  prêtre,  je  suis  sur  toute  chose  de  revenu 
entrant  au  sanctuaire. 

(26)  ~L ,  qui  est  employé  souvent  pour  toute  une  nécropole  et  pour  la  région  où  les 
morts  arrivent,  désigne  ici  le  seul  tombeau,  c'est-à-dire  la  maison  funéraire  en  question  où 
devaient  êti-e  faites  les  offrandes  funéraires  par  les  trois  prêtres  de  Ka. 

(27)  X  '?^  °=^  =  Ç.\  X  =«=^  =  Aveo  remplir.  Il  .s'emploie  en  démotique  pour  les 
quittances.  Celuf  qui  a  reçu  l'argent  en  est  rempli  pour  ainsi  dire.  Il  s'emploie  aussi,  comme 
dans  notre  second  exemple,  pour  désigner  l'action  de  remplir  la  main,  c'est-à-dire  de  munir 
de  fonds  certaines  pei"sonnes. 

(28)  Xous  croyons  inutile  d'insister  sur  cette  fonction  de  prêtre  funéraire,  prêtre  de  Ka, 
que  tous  les  égyptologues  connaissent.     Les  prêtres  de  Ka  ont  été  remplacés  pratiquement 


92     Eugène  Revillout.  Deux  contrats  démotiques  archaïques. 

par  les  choachytes.  Mais  ils  sont  encore  mentionnés  en  démotique  dans  un  acte,  daté  d'Arta- 
xercès.  Le  prêtre  de  Ka  a  alors  son  choachyte  qui  immole  pour  lui  les  vietimes  funéraires,  etc. 


DEUX  CONTRATS  DEMOTIQUES  ARCHAÏQUES. 

PAR 

Eugène  Revillout. 

Nous  donnons,  comme  planches  de  ce  numéro,  quatre  photographies  se  rapportant  à  deux 
contrats  du  British  Muséum  dont  nous  avons  fait  les  mots-à-mots  p.  624  et  suiv.  et  644  et 
suivantes  de  nos  «Contrats  égyptiens  archaïques,  démotiques  et  araméens»,  dont  le  premier 
volume  (celui  qui  est  consacré  aux  «Contrats  démotiques-archaïques»)  vient  d'être  achevé. 

L'un  de  ces  contrats  (dont  nous  avons  souvent  parlé  dans  nos  livres  de  droit)  est  fort 
intéressant  par  sa  double  date;  l'an  25  d'un  roi  éthiopien,  régnant  alors  à  Thébes  et  corres- 
pondant à  l'an  5  du  roi  Amyrtée  (Amenher),  dont  nous  connaissons  déjà  l'orthographe 
égyptienne  par  la  chronique  démotique  et  qui  luttait  également  avec  les  Persans  d'Arta- 
xercès  dans  la  Basse  Égj'pte.  On  sait  par  Hérodote  qu'Amyrtée  fut  battu  et  son  allié  fut 
sans  doute  aussi  poursuivi  et  battu  par  les  Persans,  puisqu'un  peu  plus  tard,  dans  les  papyrus 
égypto-araméens  d'Éléphantine,  la  cour  de  justice,  qui  siégeait  alors  à  Syène  et  était  présidé 
par  le  général  des  troupes  persanes,  portait  encore  le  nom  de  cour  de  Noph  ou  de  Napata, 
mot  qui  dans  Isaïe  désigne  la  capitale  des  princes  éthiopiens.  Ce  contrat  est  fort  intéressant 
au  point  de  vue  du  droit,  car  il  date  la  première  réforme  du  droit  égyptien  par  les  rois 
révoltés  contre  les  Perses  (voir  p.  56  et  suiv.  de  mon  ouvrage  sur  les  origines  égyptiennes 
du  droit  civil  romain).  Il  est  non  moins  intéressant  par  une  foule  de  détails  historico-éco- 
nomiques  qu'il  contient;  je  citerai  la  mention  :  1°  d'un  égyptien,  prêtre  du  feu  (comme  les 
mages  persans);  2"  d'un  château  d'eau,  placé  dans  la  montagne  pour  régler  l'aménagement 
de  l'eau  du  canal  de  l'occident  à  Thébes,  etc. 

L'autre  contrat  est  daté  d'Apriès.  C'est  la  seule  constitution  dotale  immobilière  que 
nous  connaissons  ^  et  cela  pour  un  contrat  dont  les  effets  pratiques  avaient  été  retardés 
d'un  an  vu  l'âge  de  la  jeune  tilie.  Si  au  bout  d'un  an  le  beau-père  ne  livre  pas  les  40  aroures 
promises,  c'est  le  tiers  de  tous  ses  biens  meubles  ou  immeubles  qu'il  devra  livrer.  Ajoutons 
que  la  jeune  femme  mourut  jeune,  sans  enfants,  car,  en  l'an  3  d'Amasis,  son  époux  se  fait 
encore  maintenir  par  un  oncle,  en  dépit  des  droits  de  la  famille,  dans  la  possession  des 
40  aroures  en  question,  sous  prétexte  d'un  suten  ti  hotep,  fait  au  dieu  Montemuas. 

Bibliographie.  —  Signalons  trois  nouveaux  livres  sur  la  religion  égyptienne  par  MM.  Virey  et  Amé- 
LiiJEAU  et  par  mon  ami.  le  Professeur  Erman  de  Berlin,  auquel  nous  devons  aussi  trois  lectures  à  l'Académie 
de  Berlin,  intitulées  :  1"^  Ein  Denknial  memphitischer  Théologie;  2'=  Denksteine  aus  der  theb.anischeii  Gniber- 
stadt:  3«  HjTnnen  an  das  Diadem  der  Pliaraonen  (à  comparer  avec  un  des  odes  de  Salomon.  tirés  du  recueil 
copte  de  la  Pistis  Sophia,  odes  dont  M.  Eesdkl  Harkis  a  publié  la  totalité  d'après  une  version  syriaque). 
Le  Professeur  Sbthe  nous  a  aussi  envoyé  un  curieux  contrat  de  vente  d'immeubles,  remontant  à  l'ancien 
empire,  dont  nous  parlerons  plus  en  détails  juridiquement  à  la  fin  de  notre  dernier  volume  de  droit  qui  va 
paraître  à  la  librairie  GEnxHMER  et  dont  nous  avons  domié  plus  haut  l'étude  philologique.  Nous  ne  dirons 
rien  sur  la  dernière  publication  relative  à  un  nouvel  exemplaire  du  décret  de  Rosette,  faite  par  un  auteur 
que  nous  avons  cité  sans  cesse  ici  et  qui  a  trouvé  le  moyen  de  citer  tout  le  monde,  excepté  nous,  pour 
un  sujet  si  souvent  (et  dernièrement  encore  dans  le  Journal  asiatique)  traité  par  nous  en  détails. 


iW 


'-û*';^i 


^A:¥  :'!  ï  i 


B'  4 


stif;: 


Pl.   I. 


V'^*, 


mm^^: 


:-rk 


j,'v"-i.<?^t^T?f^^ 


■;;o^' ;■% ^"*r-  ,:f-^^;'-':Ahld.f'-i:w.:     • 

wÉlÉililstÉ 


:|i-=;^ 


Pl.  I\ 


REYUE  ÉGYPTOLOGIQUE 

PUBLIÉE   PAR 

M.  EUGÈNE  REVILLOUT. 

AVEC  LA  COLLABOEATIOX  DE 

MM,  AMÉLINEAU,   BIGOT,  BISSON  DE  LA  ROQUE,  P,  DEIBER,  DELAPORTE, 
GIRON,  GUÉRIN,   MALLET,  PATDRET,  ABBÉ  SAINT  PAUL  GIRARD. 

ERNEST  LEROUX,  ÉDITEUR 

LIBBAIRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  ASIATIQUE,  DE  LÉCOLE  DES  LANGUES  OKIEXTALES  VIVANTES,  ETC.  ETC. 

2S.  KUE  BOSAPAETE,  28,  A  PAEB. 

XIV^  Volume.  N°  lil.  1912. 

La  EEVUE  EGYPTOLOGIQUE  parmi   tous  les  trois  mois  par  numéros  de  six  feuilles  axi   moins,  avec 

planches,  fac-similé  etc.  —  Aucun  numéro  ne  se  vend  séparément. 

Frix  de  l'abonnement  annuel  :  Paris  30  fr.  —  Départements  31  fr.  —  Etranger  32  fr. 

Sommaire  :  La  grammaire  copte,  étudiée  dans  ses  origines  hiéroglyphiques  et  démctiques,  par  EuGÈSE  Kevillout.  —  La  bi- 
bliothèque du  Sérapéum  d'Alexandrie,  par  Ecgèke  Revillodt.  —  Le  syllabaire  démotique,  par  le  Professeur, 
D'  EcGÈSE  Revilloct.  —  Le  papyms  médical  copte  de  Meschaïch,  par  Fr.  A.  Deibek  0.  P.  —  Livres  et  revues 
par  EcGÈ.SE  Revillout. 


LA  GRAMMAIRE  COPTE 

ÉTUDIÉE  DANS  SES  ORIGINES  HIÉROGLYPHIQUES  ET  DÉMOTIQUES. 

PAR 

Eugène  Revillout. 


I.     GENERALITES. 

Le  copte  est  un  dérivé  de  Tancien  égyptien  ou  plutôt  c'est  la  forme  chrétienne  et 
moderne  de  laneien  égyptien.  Il  se  rapproche  surtout  du  démotique,  mais  avec  Tintroduc- 
tion  nouvelle  de  beaucoup  de  mots  grecs,  tandis  que  ces  mots  étaient  très  rares  en  démotique. 
Ce  n'est  pas,  comme  en  démotique,  parce  qu'on  n'aurait  pu  les  rendre  en  égyptien,  qu'ils 
furent  admis,  mais  par  une  sorte  délégance.  Le  grec  était,  ou  avait  été,  la  langue  sacrée 
des  Chrétiens.  On  procéda  donc  à  son  égard  comme  ou  procéda  plus  tard  en  persan  et  en 
turc  pour  l'arabe,  langue  sacrée  des  Musulmans  à  laquelle  on  pouvait  emprunter,  ad  libitum, 
des  mots  qu'on  aurait  parfaitement  pu  rendre  soit  en  persan,  soit  en  turc.  Ce  serait  donc 
une  besogne  parfaitement  oiseuse  que  de  rechercher  les  mots  grecs  employés  en  copte. 
Tous  les  verbes  et  tous  les  substantifs  y  ont  droit  de  cité.  De  plus,  certaines  particules 
jouissent  d'un  privilège  analogue,  soit  dans  tous  les  dialectes,  soit  dans  lun  d'entre  eux.  Il 
faut  noter,  de  plus,  que  lun  des  dialectes,  le  thébain,  conjugue  directement  à  l'égyptienne 
les  radicaux  verbaux  grecs  grossis  d'un  e  final  (.si  fréquemment  employé  dans  le  même  dia- 
lecte pour  les  racines  égyptiennes),  avec  les  règles  de  contraction  grecque,  tandis  qu'un  autre 
(lalexandrin,  autrefois  appelé  mempbitique;  prend  linfinitif  grec  quil  fait  précéder  du  verbe 
faire,  comme  on  procède  en  turc  en  cas  pareil,  et  que  ce  verbe  faire  (ep)  est  conjugué  à 
l'égyptienne.    Grâce  à  cet  usage,  nous  possédons  ainsi  dans  ce  dialecte  copte  la  forme  pri- 


94  Eugène  Revillout. 


mitive  en  sstv  des  verbes  en  om,  qui  a  toujours  disparu  en  grec  et  que  M.  Egger  pen- 
sait n'avoir  jamais  existé.  Notons  qu'un  troisième  dialecte,  dont  la  provenance  n'est  pas 
encore  connue  et  que  nous  nommerons  le  dialecte  X,  combine  les  deux  procédés,  c'est-à-dire 
le  thème  verbal  thébain  avec  le  verbe  auxiliaire  ep. 

Quant  aux  substantifs  et  aux  adjectifs,  on  en  prenait  généralement  en  copte  le  nomi- 
natif singulier  (le  nominatif  singulier  masculin,  s'il  s'agissait  d'un  adjectif)  et  on  le  déclinait, 
s'il  y  avait  lieu,  à  l'aide  des  particules  coptes.  Certaines  locutions  étaient  seules  exceptées. 
Il  faut  noter  aussi  que  dans  l'état  construit,  soit  d'un  substantif  et  d'un  adjectif,  soit  de  deux 
substantifs  intimement  reliés  entre  eux,  le  premier,  adjectif  ou  substantif  (n&.T?A.«oe  nptoMc 
ou  nptoMe  'iïe.i'iv^oc),  se  déclinait  seul  et  que  le  second  était  relié  à  lui  par  un  n  de  relation. 
Cette  règle  existait  déjà  en  démotique,  d'ailleurs.  L'introduction  du  grec  n'y  a  donc  rien 
changé.  Il  va  sans  dire  que  la  langue  chrétienne  écrite  des  coptes  a  été  longtemps  parallèle 
à  la  langue  des  païens,  qu'on  écrivait  encore  dans  les  anciens  caractères,  et  particulièrement 
en  démotique.  Les  païens,  en  effet,  n'ont  complètement  disparu  de  l'Egypte  qu'après  l'inva- 
sion musulmane,  ainsi  que  nous  le  montrerons  ailleurs. 

IL    ALPHABET. 

§  1"  Transcriptions    diverses. 

La  grosse  masse  de  l'alphabet  copte  est  emprunté  à  l'alphabet  grec  par  la  raison  que 
nous  avons  expliquée  dans  le  paragraphe  précédent,  à  propos  des  mots  grecs  introduits  en 
copte.  Il  ne  faut,  en  effet,  jamais  oublier  que  le  copte  est  l'égyptien  des  chrétiens  et  que 
le  christianisme  est  venu,  dans  la  vallée  du  Nil,  par  des  missionnaires  parlant  grec.  Ce  ne 
furent  pourtant  pas  les  chrétiens  qui  eurent  l'initiative  première  de  transcrire  l'égyptien  en 
caractères  grecs.  Même  en  laissant  de  côté  les  noms  propres  et  les  termes  juridiques  égyp- 
tiens, tels  que  ctupiuai;,  venant  du  copte  ujTwpi,  ^  etc.,  qui,  bien  antérieurement  au  christia- 
nisme, sous  les  Lagides,  étaient  sans  cesse  transcrits  en  grec,  les  phrases  égyptiennes  furent 
transcrites  en  grec  par  les  magiciens  et  les  gnostiques  dans  des  incantations  ou  des  for- 
mules pieuses,  et  cela  à  une  époque  qui,  bien  que  romaine,  a  précédé  la  constitution  défi- 
nitive de  l'alphabet  copte  par  les  chrétiens.  Naturellement,  dès  cette  période,  il  fallut  com- 
pléter les  lettres  coptes  spéciales  par  d'autres  lettres  destinées  à  rendre  d'une  façon  adéquate 
les  sons  propres  à  l'égyptien,  lettres  empruntées  au  déniotique. 

A  ce  point  de  vue,  il  y  eut  plusieurs  essais  successifs  ou  parallèles  dans  plusieurs 
classes  distinctes  de  documents. 

Nous  citerons  d'abord  certains  papyrus  magico-gnostiques,  écrits  généralement  en  grec 
et  qui  dans  quelques  pages  nous  donnent  des  formules  égyptiennes.  Tous  ces  papyrus  ont 
été  publiés  par  moi  dans  mes  «Mélanges»  de  1875.^ 


'  Le  uj  est  ici  transcrit  en  grec  par  un  siyma.  Il  en  est  de  même  dans  les  noms  propres  ptolé- 
maïques  des  bilingues,   qui  ont  recours  à  des  semblables  approximations  pour  dc,  q,  etc.    Voir  plus  loin. 

"^  Mélanges  d'épigrapliie  et  de  linguistique  égyptienne  dans  les  «Mélanges  d'archéologie»  de  Wieveg, 
publiés  par  de  Rougé  .avec  le  concours  officiel  de  MM.  Lenohmant,  Maspero,  Pierhet,  Kevillout,  tome  III, 
p.  36  et  suiv.  et  planches. 


La  grammaire  copte.  95 


A.  L'un  d'eux  qui  se  trouve  au  British  Muséum  et  que  Goodwin  avait  sigaalé,  étudié 
et  commenté,  mais  sans  en  donner  ni  texte  continu,  ni  fac-similé,  contient  : 

1°  La  lettre  démotique  y,  pour  équivalent  du  *^-=^  hiéroglyphique  et  du  q  copte  (/ 
ou  w). 

2°  La  lettre  démotique  h.  ou  -b,  pour  équivalent  du  J  hiéroglyphique  et  du  a  copte 
{x  ou  hh). 

3°  La  lettre  démotique  3. ,  pour  équivalent  du  <>=  hiéroglyphique,  homophone  de  9, 
et  du  2.  copte  (h). 

4"  La  lettre  démotique  ;_,  pour  équivalent  du   i    hiéroglyphique  et  du  ^c  copte  {dj). 

5°  La  lettre  démotique  2?,  pour  équivalent  du  TtT»T  hiéroglyphique  et  du  va  copte. 

6°  La  lettre  démotique  ©,  pour  équivalent  du  ©  hiéroglj^phique  (x  ou  Jch). 

Dans  la  Zeitschrift  de  Lepsius  (1868,  p.  18),  Goodwin  a  donné  sur  ce  papyrus  des 
transcriptions  coptes  et  des  commentaires  assez  étendus,  pour  que  je  croie  suffisant  de  ren- 
voyer ici  à  sou  travail,  à  mon  fac-similé  et  à  mes  résumés  philologiques. 

B.  Le  papyrus  de  la  Bibliothèque  nationale,  contenant,  entre  autres  choses,  les  odes  or- 
phiques de  Miller  (dont  Wessely  a  donné  le  texte  grec  complet  et  dont  j'ai  publié  la  partie 
égyptienne,  pour  la  première  fois)  nous  fournit  : 

1°  La  lettre  démotique  ",  pour  équivalent  du  ^^^=^  hiéroglyphique  et  du  q  copte.  ^ 
2"  La  lettre  démotique  J-,  pour  équivalent  du  |  hiéroglyphique  et  du  =«-  copte.^ 

3°  La  lettre  L  qui  paraît  un  o  Qi)^  comparable  (?)  au  fi  hiéroglyphique,  au"!  démotique 
et  au  o  copte.  On  ne  le  trouve  que  dans  un  mot  plusieurs  fois  répété,  le  mot  neUi  ou  ncLce 
(neç^ei).3  Mais  sa  forme  est  identique  à  l'une  de  celles  qui  traduit  le  J-  démotique  et  le  | 
hiéroglyphique  dans  le  papyrus  bilingue  de  Leide. 

4°  La  lettre  démotique  ?.,  que  nous  avons  notée  pour  le  papyrus  de  Londres  comme 
équivalent  de  »^=  et  de  ç.  (/»),  devient  dans  celui  de  Paris  t  (f  ""'^''  '^"P^  sur  la  terre 
entière)  et  se  rapproche  ainsi  singulièrement  de  la  forme  copte  o . 

5°  La  lettre  démotique  i,.  tirée  de  la  ligature  ®  et  qui  en  démotique  est  une  lettre 
simple  (rôle  que  conservera,  dans  notre  papyrus,  son  correspondant),  devient  3,  analogue  sauf 
la  queue  au  "^  du  démotique  et  du  papyrus  de  Londres,  équivalant  à  Itlu  et  à  yj  {sh).  Il 
faut  remarquer,  en  effet,  que  cette  forme  3  a,  dans  le  papyrus  de  Paris,  la  valeur  constante 
Ml  ou  X-* 


'  Ai&pe''  TûjAVfc;  OTcoTfc;  ni©àkfc;  mmo'';  ÉcXy  efcopis;  CfcTi  \\&.t,,  etc. 

'  neUi  n^oioiTT,  etc.  J'.ii  aussi  songé  à  un  syllabique  ;  le  syllabique  1  ou  F,  déni.  J_.  qui  se 
trouve  justement  en  hiéroglyphes  d.ms  le  mot  r-i  H  -^3-  "f^^s'-  -'^^''''s  ''  8<"^^'*  singulier  qu'on  ait 
admis  un  syllabique  panui  ces  lettres  de  transcription  destinées  à  compléter  l'alphabet  grec.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  que  je  ne  trouve  pas  l'origine  graphique  prob.able  de  L,  représentant  un  simple  h. 

■*  ezOTS-n  =  eSOTn;  x*.  =  **.;   5C11  =  *en;  cmnz  =  ctonS.  etc. 

13* 


96 


Eugène  Revillout. 


6°  La  lettre  démotique  s,  qui  paraît  encore  un  ®  (x),  comme  dans  le  papyrus  de 
Londres,  bien  que  remplaçant  généralement  le  «j  '  dans  le  papyrus  de  Paris,  qui  n'en  a 
pas  d'autres  et  dejenant  souvent  aussi  un  f^  copte,  lettre  dont  la  valeur  primitive  n'est  pas 
bien  déterminée  et  qui,  dans  la  lexicographie,  correspond  d'ordinaire  en  hiéroglyphique  au 
S  (g),  en  démotique  au  1<,  en  n_  et  en  sémitique  au  guimel. 

Pour  faire  mieux  comprendre,  que,  par  des  mots  isolés,  les  équivalences  que  nous  avons 
indiquées  pour  les  lettres  de  notre  papyrus,  nous  croyons  bon  de  donner  ici  un  des  deux 
textes  suivis  avec  les  équivalences  et  les  traductions.  Voici,  par  exemple,  une  incantation 
aux  dieux  pour  les  sommer  de  répondre  aux  interrogations  qu'on  leur  fait,  incantation  très 
analogue  à  celles  que  nous  avons  en  si  grand  nombre  dans  le  papyrus  magique  démotico- 
grec  de  Londres-Leide  : 

OTtoTi'     OTVcipe       ncpo  hth  niiiiÊ  utk.\hcc  ncT  nnpHC  iiTiii  ctJ_i 

Avance  Osiris,  roi  du  Tiau,  seigneur  de  la  tombe,  qui  est  au  midi    ,  eTl'  ■fe'i  *i"^ 

(OTtoTÊ)  (nOTpo)  ®n)       (iiHÊ)  (nTK*.ice)  (ncT  nnpHc)  .  .  .  (ct) 


OTto  ncÊiùT  ncT^jv     3'^*-^  nnoTÊc  nncpo  ctê  neqcoOT 

interroges   les  mois,      qui  es  sous  labri?     du  palmier     du  roi,     lequel  palmier  est     sa  gloire 


(3£.I0TÛ>)  (ôkfiOT) 


(ner)  (a*. 


J       '(j)      (""""Po) 


(CTï) 


(ne-jcoou-) 


par  le  parfum.     Avance     Altabot,  amène    Sabaôth,    à  moi,    à  l'intérieur.    Avance    Althonai, 

ujhAcm  (otû>t6)  (&nO  (n&i)  (e;*OTn)  (otmtê) 

le  grand    en  force,    amené    Michel     à  moi,    à  l'intérieur,    le  chef   des  anges    étant    devant 
OOTO  (*•«')  («*•')  (eSOTit)  is'ft.'^H)  (evoi)      (htcm) 


IinOTTTC  CTÛlTfc 


««.nOTÉ  npcM 


„3^ne 


TÊiM 


de  11  re'-*'ion 
de  Dieu;  transportes-toi  Anubis,     l'habitant         ,  '  none        ^^  Khanéis.     Isis,     la  porteuse 


nno-s-Tc)         (ou-(oTÈl  (mioth)  (npM) 


(nTtouj) 


(hce) 


tû>(o)t  OTTTûiOTr  nTcp  -zoiOT  nT&^nOT I        ner   len 

de  montagne    parmi  eux,     que  tu  fasses    parfums    de  Ta/nui celui  qui  dans 

(tooit)  (oiTTtoOTl  nxep  ujoot  ...  (nsT  Sen) 

TH  M.\pc'4  Tojnfc  nCT3En  ii».Hp     Avp       OT  TOiXe  nceï  e30Tit 

le  Tiau,   qu'il  se  lève,  celui  qui  est  dans  l'air,    liez   une  échelle   et  qu'ils  viennent   à  l'intérieur 
(@  n)    (Ma^peq  Tùinq)  (ncTAen)  .  .  .      Mp        ots-  tAû>  nce  ci  cSoirre 

net  J_i   OTTO»  na.! 

pour  me  répondre. 

(nce  3£.i  OTs-M  n«ki) 

'  Exemples  :  Oe  cn©oi  ^=  jijc  eniyo)!  ;  (3e>.iiTec   i  =  ui^ttTec   i   (voir  semblable  forme  2li.1^  = 
ujikUTec  dans  le  Koiifi)  ;  t&  (ôepi  hci  =  t«>  lyepi   hci;  eojurc  =  ujomtc;  ea^ipe  =  ujiMpe;  A.«>ou-<5  =     Â 
\*kOT<&  pooTiy;  <5oï  eTne  =  ytoï  cxne;  to<3  ==  touj,  etc. 

'  (SAioT  =  (tAûjt:  eooj*.6;  Stoq  =  s'caÊ;  (Soomê;  Sec;  nooSe  =  nto<re,  etc. 

'  Jlot  qui  sans  le  trait  des  abbréviations  me  paraîtrait  être  **pr^  «une. 


I 


La  grammaire  copte.  97 


Daus  le  grand  papyrus  magico-gnostique  de  Londres  et  de  Leide,  ainsi  que  dans  un 
papyrus  de  Paris,  etc.,  ce  n'est  pas  à  un  texte  égyptien,  transcrit  en  grec,  que  nous  avons 
affaire,  mais  à  un  texte  démotique.  Seulement,  il  est  bilingue,  c'est-à-dire  que  certaines  for- 
mules en  sont  transcrites  entre  lignes  en  écriture  grecque,  complétée  par  des  lettres  dé- 
motiques ou  des  signes  de  convention  d'autre  nature,  pour  rendre  certains  sons  que  les  ca- 
ractères grecs  ne  pouvaient  rendre  ou  rendaient  mal  et  incomplètement.  Nous  signa- 
lerons : 

1°  Le  caractère  4  =  ®,  transcrivant  «s  ou  ®  (11,  18)  pour  ly  :  Iweu  =  n^wï, 
copte  iiujûji. 

2°  Le  caractère  ©  (celui  que  nous  venons  de  rencontrer  dans  l'équivalence  précédente) 
gardant  encore  la  valeur  primitive.   Ex.  :  zA^cSf'  =  ©«^xe  1     '*^'i oc^-zicV 

3°  Le  caractère  s»  =  Mil  ayant,  comme  en  démotique,  la  valeur  u).  Je  citerai 
cet  exemple   dans    lequel    le   texte    démotique   portait  l'autre    ja    ;    a  =  r~n-i  :    jxt^wr   = 

4°  Le   "  =  '^^     =  q.  Ex.  :  C''/~^^0/~^  =  opiioTûip»'.^ 
5°  Le  J-  =   i   =  3«-.  Ex.  :  fC  w)-^  =  Tcu;_ioTr. 

6°  Le  i  =  T  =  s  ou  aspirée  forte.  Ex.  :  f/icjSr^aj  =  ^Mevisp,!' 

7°  Le  /  =  ra  =  •^.  (h).  Ex.  :   |9/4i_C)  =  i.-:L-.,)\l  («^OC")-* 

8°  La  lettre  P.  =  ^=^  ||  =  o).  Ex.  :  "szT  =  «?£t.  (Le  |  est  employé  pour 
l'homophone  ?,  comme  ailleurs  pour  l'homophone  HD  dans  1i.2-|.?  =  />ccu-,) 

Notons  que  dans  ce  papyrus,  ainsi  que  je  l'ai  expliqué  dans  mes  «Mélanges»  de  1875  : 

1°  La  lettre  grecque  Y,  portant  comme  initiale  en  grec  l'esprit  rude,  est  donné  aussi 
dans  nos  transcriptions  du  démotique  comme  équivalent  du  Jiori  (a  ou  ?.  =  9^  ==  h). 

2°  La  lettre  ^,  représentant  en  démotique  et  en  hiéroglyphes  l'épine  dorsale  et  se 
prononçant,  soit  wt  (ancien  at),  soit  oi  (ç^iûixq  =  ç^itotoq)^  sert  à  rendre  Vaïn  sémitique.  En 
effet,  cette  lettre  existait  dans  l'ancien  égyptien  sous  la  forme  ^ — d  ou  c  (dém.  :  i  ou  o), 
mais  avait  beaucoup  perdu  de  son  son  guttural  et  a  complètement  disparu  en  copte. 

Parmi  les  très  nombreux  exemples^  de  ces  lettres  de  transcriptions  je  citerai  seule- 
ment fjSy)-i—(,^.OA»  =  e.i^(t6.-f\y%.T. 

Notons  que  dans  cet  exemple  et  dans  beaucoup  d'autres  on  remarque  aussi  la  lettre 
de  transcription  -O-,  équivalant  au  qoppa  (q  disparu  dans  l'alphabet  grec  récent  et  qui  existait 

'  Ici,  comme  dans  deux  autres  exemples  cités  à  la  pi.  10  de  mes  «Mélanges»,  3»  =  JjTtT  =  ïB 
s'échange  avec  A  =  C3s:d  =  uj.  Dans  d'autres  cas,  le  caractère  est  le  même  dans  le  texte  et  sa  transcrip- 
tion.    Ex.  ;  ^^_^,:h'ii I <}-\.  =  ûa.pe3&K. 

'  Voir  aussi  :    ^dj  =  nxii^y. 

^  A^Ai-W^iiwii-h  =  h}-  cick\>ô;  ^^l^iiii]  =  na.cL'Si^T.  Ces  deux  exemples  prouvent  que  L 
était  le  correspondant  de  J_  dans  la  transcription  grecque  des  mots  égyptiens.  Nous  avons  vu  plus  haut 
que,  dans  le  papyrus  grec  de  la  bibliothèque  nationale,  le  même  signe  avait  un  tout  autre  usage  dans  les 
transcriptions  de  ce  document. 

*  Conf .    /)>_i)2j y  =  Ai\i\i_,i,  i}^^0)  -Uii  1)2  =  ««.o^t^TÊ,  etc. 

^  Voir,  pour  la  première,  les  exemples  cités  dans  le  §  3  de  la  reproduction  des  lettres  égyptiennes 
dans  les  transcriptions  du  papyrus  de  Leide  (pi.  10  de  mes  «Mélanges»  de  1875)  et,  pour  la  seconde,  les 
exemples  cités  dans  le  §  5,  ibidem,  pi.  11. 


98  Eugène  Revillout. 


aussi  en  égyptien  sous  la  forme  hiéroglyphique  a  et  la  forme  démotique  i_,  mais  qui  est 
définitivement  tombé  eu  copte).  Ce  signe  hiéroglyphico-démotique  f>  se  lisait  qa  en  démotique, 
ainsi  que  le  prouvent  les  compléments  phonétiques  de  ce  S3i]abique.i 

Notons  d'ailleurs  que  l'ancien  qoppa,  l'ancien  a  on  q  hiéroglyphique,  a  été  aussi  directe 
ment  transcrit  par  un  signe  différent  et  bien  connu  en  démotique,  soit  dans  notre  papyrus 
qui  l'écrit  i_,  ex.  :  Mi—  ^=  i—ois-ï  (en  copte  hoti),  soit  dans  une  autre  classe  de  docu- 
ments dont  il  nous  faut  dire  ici  quelques  mots. 

En  effet,  ce  ne  sont  pas  seulement  les  magiciens  et  les  gnostiques  qui  ont  eu  l'idée 
de  transcrire  l'égyptien  avec  un  alphabet  formé  en  partie  de  lettres  grecques  et  en  partie 
de  lettres  démotiques.  D'autres  ont  recouru  au  même  procédé  simplement  dans  un  but  civil, 
si  je  puis  mexprimer  ainsi. 

Les  taricheutes  et  les  choachytes  avaient  soin  des  morts  et  les  envoyaient,  souvent 
à  de  grandes  distances,  dans  leurs  pays  d'origine.  Il  fallait  pour  cela  des  lettres  de  voiture 
ou  au  moins  des  étiquettes  permettant  de  distinguer  les  défunts  les  uns  des  autres.  Ce 
sont  les  tablai.  Les  unes  étaient  écrites  en  démotique;  d'autres  en  grec;  d'autres  même 
étaient  bilingues,  comme  les  anciens  papyrus  bilingues  de  la  période  lagide,  où  les  notaires, 
pour  les  noms  propres  des  parties  et  des  témoins,  etc.,  avaient  été  obligés  aussi  d'user  d'une 
transcription  grecque.  Il  est  vrai  qu'à  cette  époque,  relativement  antique,  on  ne  s'était  servi 
pour  cela  que  de  lettres  grecques,  donnant,  je  l'ai  dit  plus  haut,  une  simple  approximation, 
souvent  même  contraire  à  la  phonétique  égyptienne. 

C'est  ainsi  que  le  o  avait  servi  à  la  fois  :  1°  à  rendre  une  lettre  double  Tj  =  ^^5^  8 
ou  /Vj  =  /9^rQ,  selon  l'esprit  de  la  phonétique  égyptienne  et  surtout  thébaine,  conservé 
jusqu'en  copte  sahidique,  dans  lequel  9  ne  sert  qu'à  cet  usage  pour  rendre  le  n,  suivi  d'un  9 
fcomme  «^  que  to^  etc.),  ex.  :  fij-  lufoi^^i?  =  cïvsjsfiiûi;  et  ff/i'T'j  =  çaTp-^;;  2°  à 
rendre,  contrairement  à  cette  phonétique,  un  ^^-^^  =  f  =  %  soit  directement  ^©fcj''»  = 
Eswvj/o:,  soit  dans  le  syllabique  î  =  ir;_  =  noqpc    (ex.  :   ft'J--ë  =  ovvwçp'.ç),   sylla- 

bique  qui  prend,  dans  certains  bilingues,  une  forme  contracte  fa-lîLpj-lu  (petinofré  hotep) 
=  Trs-cevcçoj-TjÇ. 

C'est  ainsi  que  A  ^  J_  =  =£.  est  transcrit  directement  par  le  sigma,  ex.  :  |»M;J_/i. 
(t  it  oi  atiaccoi)   =  cicoic. 

C'est  ainsi  que  le  2?  =  TtîtT  =  «1  était  tTauscrit  également  par  le  sigma.  Ex.  :  J-cjSjÎ?;? 

=    THirCIC,     "éljSS^'^    =    CiLjCIlHpiC. 

C'est  ainsi  que  l'aspirée  forte  &  =  ®  ou  *  =  ®  était  transcrite  par  le  •/  grec,  soit 
directement  (voir  l'exemple  précédent  et  u^/fsïl  a-/  amen  eroou  =  x'-**-"«'P«''"c);  soit  dans 
les  syllabiques  fjii'j&l  any.py.rat  =  x*^"0XP«''^"<^)  0-?lu  =  neTex^ncic,  0_?^'j  =  \yeitx"""^'*^) 
ffjln^l'j  peti  ney.t  =  na.ncx'^Tuc. 

Il  en  était  de  même  du  syllabique  J  /a  =  i  =  s,  devenu  une  simple  aspirée  forte. 
Ex.  :  rj-?|/-bj  =  nxopx'""*^"^- 

1  c/Ai =  /I  -O-  n^g^  provisions  (hier.    1     M.    Voir  le  papyrus  moral  de  Leide,  expliqué  par  moi 

dans  le  Journal  asiatique. 


La  grammaire  copte.  99 


Quaut  à  l'aspirée  douce  ^  =  T,  ?.  =  ^=3  et  Rj  =  ',,  elle  n'était  génévaleaieut 
pas  rendue  du  tout,  étant  réduite  à  n'être  eu  grec  qu'un  esprit.  Cependant  on  en  trouve 
la  trace,  nous  l'avons  dit,  dans  certains  '^,  résultant  de  nXç/  comme  peut-être  daus  certains 
«■,  résultant-  de  tXç..  Généralement,  cependant  le  <»  répondait  à  un  t  simple  en  démotique. 

Les  exemples  de  ces  règles  de  transcription,  bien  grecques  d'esprit,  sont  innombrables 
à  l'époque  lagide. 

Sous  les  Romains,  les  populations  s'étaient  plus  fondues.  On  ne  pouvait  plus  dire, 
comme  du  temps  d'Hérodote,  que  jamais  une  égyptienne  ne  baisait  un  grec.  On  se  com- 
prenait mieux  mutuellement  et  ou  devint  souvent  plus  exigeant  pour  la  phonétique  du  pays. 

Les  anciennes  habitudes  grecques  persistèrent  pour  quelques-uns  des  scribes,  mais  pour 
d'autres,  qui  n'étaient  souvent  grecs  que  d'apparence,  il  sembla  nécessaire  de  faire  du  nou- 
veau et  de  se  rapprocher  davantage  de  la  langue  originale.  Cette  tendance  des  ensevelisseurs 
étaient  d'ailleurs  celles  des -rédacteurs  de  papyrus  à  la  même  période. 

Dans  les  tablai  bilingues  et  même  dans  celles  qui  paraissaient  uniquement  grecques, 
souvent  les  lettres  grecques  étaient  mêlées  à  des  lettres  démotiques  pour  les  sons  qui  n'étaient 
jias  représentés  par  l'alphabet  grec  actuel  —  et  cela  à  propos  de  simples  noms  propres. 
On  y  voit  : 

1°  Le  h  ou  Jwri  (1)  sous  sa  double  forme  démotique  ordinaire  pour  le  nom  propre 
îji)w-|- 4Au?^  =  TpoAv  ncv  \6eiT,   qui  unc  fois  est  transcrit    )  ^  m  et  une  fois  par  ?.   = 

2°  Le  u)  (sh)  copte,  rendu  par  3'  =  Ttî^T  dans  le  mot  démotique,  transcrit  Avep27ioc,  etc. 

Ces  transcriptions  eu  signes  démotiques  sont  parallèles  à  d'autres  transcriptions  en  ca- 
ractères grecs,  dont  quelques-unes  sont  fort  curieuses. 

Je  citerai  le  |,  que  M.  de  Eouqé  a  démontré  correspondre  au  tsadé  daus  les  transcrip- 
tions égyptiennes  des  noms  hébra'i'ques.  Or,  ce  | ,  qui,  en  démotique  s'écrit  il-,  est  transcrit 
Tc  dans  le  bilingue,  J.^y--fi^±Lli-^  (=  1^  |  "^^^  '^  [^|(^û)  =  nTc^pnec.  Ailleurs,  la 
même  lettre  est  transcrite,  soit  c,  soit  t  et  dans  les  bilingues,  précédemment  cités,  elle  est 
reproduite  au  milieu  de  lettres  grecques. 

Ailleurs,  le  «^  ^  "^^'^  =  %  que  nous  avons  vu  reproduit  de  même  au  milieu  de  lettres 
grecques,  est  transcrit  par  o,  comme  dans  les  contrats  bilingues  de  l'époque  ptoléma'ïque. 
Est-ce  par  suite  d'une  tradition  se  rattachant  aux  habitudes  grecques  et  à  la  phonétique 
grecque,  faisant  du  s  une  lettre  simple,  un  n  adouci,  influé  souvent  par  le  voisinage?  Est- 
ce  —  dans  nos  planchettes  du  moins  —  affaire  dialectale  égyptienne,  se  rattachant  au  dia- 
lecte qu'on  appelait  autrefois  memphitique  et  que  j'appelle  alexandrin,  qui  considérait  à  la 
grecque  et  comme  lettre  simple  cette  lettre  ?'?  C'est  une  question  sur  laquelle  nous  revien- 
drons. 


'  Les  noms,  commençant  p.-ir  AK  ^=>  i^?"'''>  ^o"*  transcrit  <(ipi  en  g-rec. 

-  Ou  qu'on  croyait  résulter   MO'nmO  )^2J  =  .\ndHiiiûm.  Ici,  il  est  vrai,  le  n  précédant  adoucit  le  t 
pour  les  grecs,  bien  que  non  transcrit  en  égyptien. 


100  Eugène  Revillout. 


Parfois  aussi,  les  planchettes  touchent  à  une  autre  question,  très  délicate,  celle  de  l'ori- 
gine de  la  lettre  copte  <f,  dont  nous  avons  déjà  dit  plus  haut  quelques  mots. 

Au  point  de  vue  graphique,  il  est  certain  que  le  a-  copte  représente  la  lettre  démotique 
<5,  c'est-à-dire  un  ®  hiéroglyphique. 

Au  point  de  vue  lexicographique  des  racines  égyptiennes  et  coptes,  il  est  non  moins 
certain  —  nous  l'avons  dit  —  que  le  s"  copte  répond  toujours  ou  presque  toujours  à  une 
toute  autre  lettre  :  la  lettre  ffi  ou  2^  ou  «<_  en  démotique,  qui  appartient,  non  à  la  gamme 
des  aspirées  fortes,  comme  le  ®,  mais  à  celle  des  h  ou  p.  Je  sais  bien  qu'entre  ces  deux 
séries  il  y  a  parfois  des  échanges.  Mais  ils  sont  très  rares  :  et  on  ne  voit  pas  bien  d'où  vient 
l'assimilation  d'une  lettre  provenant  du  ®,  avec  une  lettre  provenant  du  ffl-  Un  échange 
de  ZS  =  "^  avec  ^  est  tout  aussi  rare.  On  le  remarque  cependant  dans  une  de  nos  plan- 
chettes (R  471).  Le  nom  propre  r''^N_'J-l?  répond,  en  effet,  en  hiéroglyphes  à  \^'^'^^^ 
Q  v\  [1  (3  .-^.^  «la  fille  du  jardinier»  et  il  est  transcrit  ce«ni_e.iMioc.  Ici,  i_  =  ^  rem- 
place ?^  ou  ^^  =  S-  Mais  il  y  a  une  cause.  En  démotique  récent,  comme  en  copte,  le  mot 
jardin  (copte  <ra>M)  s'écrivait  avec  wv  =  ffl  =  <f ,  tandis  qu'eu  hiéroglyphes  il  s'écrivait  par 

LJ  ^  ^  =  p  ou  qoppa  (| )  ^i.    y)''^  '-"-')•  1'*'"''  ^^^'^  n^  simplifie  pas  beaucoup  la  question 

du  CT"  copte,  qui,  notons-le,  dans  les  documents  de  basse  époque,  s'échange  parfois  avec  kappa, 
mais  à  peu  près  jamais  avec  une  aspirée  forte  ou  douce.  Il  s'échange  au  contraire  sans 
cesse  en  copte  avec  -^^  ce  qui  est  tout  aussi  étrange,  si,  selon  l'opinion  ordinaire,*  on  fait 
du  o"  un  u  ou  un  r  et  du  |  =  ;_  ^  o«.  un  tsadé  primitif,  transcrit  encore  tc,  c  ou  t  dans 
les  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne  et  qui  dans  l'ancienne  lexicographie  hiéroglyphique 
s'échange  avec  un  <  (<=>  =  s — >  =  c^2=).  Nous  reviendrons  aussi  plus  loin  sur  ces  faits  et 
sur  les  hypothèses  qui  semblent  pouvoir  les  expliquer. 

En  ce  moment  eu  voilà  assez  pour  les  transcriptions  eu  caractères  démotiques,  mêlés  aux 
caractères  grecs,  transcriptions  antérieures  à  la  constitution  définitive  de  l'alphabet  copte. 

Cette  constitution  eut,  du  reste,  plusieurs  phases  et  plusieurs  origines  distinctes.  Pour 
expliquer  notre  pensée  à  cet  égard,  il  faut  que  nous  disions,  dès  à  présent,  quelques  mots 
de  la  question  des  dialectes,  dont  la  place  est  logiquement  ailleurs  et  que  nous  avons  traité 
plus  en  détails  dans  le  chapitre  approprié.  Si  nous  en  parlons  déjà  ici,  c'est  que  les  dialectes 
constituent  des  séries  parallèles  aux  séries  de  manuscrits  à  transcriptions  que  nous  venons 
de  traiter. 

Les  unes  et  les  autres  nous  font  assister  à  la  pluralité  des  efforts,  à  peu  près  contem- 
porains,  devant  donner  naissance  aux  alphabets  coptes,   qui  s'unifièrent   à  peu  près  à  une 

époque  secondaire. 

(La  suite  prochainement.) 


'  Dans  le  papyrus  de  Paris,  où  <Z>  répond  tantôt  au  uj,  tantôt  au  a"  copte,  nous  trouvons  un  échange 
de  ce  e  avec  dc.  ;  cSen.  pour  caccn.  Or  le  0£  est  ici  la  forme  primitive. 

'  On  transcrit  d'ordinaire  S  —  *  P**""  0-  Or,  le  gamma  existe  en  copte,  mais  e.xclusivement  pour 
les  mots  grecs  et  pour  mr  =  nu.  Il  faut  donc  croire  que,  si  J^  ^=  <f  représente  un  g,  ce  n'est  pas  le 
gamma  grec,  mais  plutôt  le  guitnel  i  sémitique,  dont  le  gamma  tient  pourtant  la  place  dans  l'alphabet. 
Nous  reviendrons  là-dessus. 


La  bibliothèque  du  Sérapéum  d' Alexandrie.  101 

LA  BIBLIOTHÈQUE  DU  SÉRAPÉUM  D'ALEXANDRIE. 

PAR 

Eugène  Revillout. 

Dans  le  chapitre  6  de  mou  roman  cQuis  est  Deus»,  à  propos  dune  scène  relative  aux 
prophéties  que  le  chrétien  Phibfhor  fit  au  juif  Gamaliel  au  Sérapéum  même,  je  m'exprime 
ainsi  au  sujet  de  ce  sanctuaire  : 

«C'était  une  des  merveilles  de  la  splendide  ville  d  Alexandrie  que  ce  temple,  bâti  par 
Ptolémée,  fils  de  Lagus,  à  la  place  d'une  ancienne  chapelle  de  la  triade  d'Osiris,  Isis  et 
Horus  II  l'avait  dédié  au  dieu  de  Sinope  Sérapis,  amené  du  Pont  par  ses  ordres,  et  qui  avait 
été  assimilé  dès  lors  au  dieu  égyptien  Osorapis,  que  les  Grecs  confondirent,  comme  Plutarque, 
avec  Osiris,  en  lui  donnant  Isis  pour  épouse.  Au  fond,  il  n  y  avait  aucun  rapport  entre  Osor- 
hapi  ou  Apis  mort  ^  et  le  dieu  sinopique  Sérapis,  ayant  un  boisseau  sur  la  tête  et  une  lance 

'  Le  bœuf  Apis  de  ilempbis  et  le  Itœuf  Muévis  d'Héliopolis  devenaient  des  Osiris  après  leur  mort. 
comme  l'homme,  justifié  lui-même,  et  pourtant  Apis  était  à  Jlemphis  une. seconde  vie.  une  incarnation  de 
Ptah,  le  dieu  suprême.  Ajoutons  que,  conmie  aux  autres  morts  humains,  ou  offrait  à  Osorhapi  des  bœufs 
en  sacrifice  et  que  les  proscynèmes  sutentihotep  faisaient  mention  de  ces  offrandes,  qui  n'étaient  certaine- 
ment pas  destinées  à  la  nourriture  du  bœuf  Apis  dans  la  vie  d'outre-tombe.  Il  en  était  de  ces  dons  en 
pains,  vins,  oies,  bœufs,  etc..  comme  des  pains  de  propitiation  des  Hébreux,  qui.  on  l'a  remarqué  depuis 
longtemps,  ont  beaucoup  imité  les  rites  des  égyiitiens,  même  pour  la  liarque  sacrée  et  portative  des  divi- 
nités devenant  l'arche  d'alliance,  pour  les  coutumes  et  les  onctions  sacerdotales  ou  les  sacrifices,  holocaustes, 
libations,  ablutions,  etc. 

Puisque  nous  parlons  du  .Sérapéum  d'Alexandrie,  nous  devons  noter  que  c'est  lui  qui  a  donné  en 
grec  le  nom  de  Sérapéum.  jusque  dans  les  décrets  trilingues,  au  temple  d'Apis,  même  à  Jlemphis.  oii  le 
Sérapis  sinopique  était  inconnu.  Ainsi  (jue  je  l'ai  démontré  dans  une  note  annexée  à  mon  mémoire  sur  les 
diverses  promulgations  du  décret  de  Rosette  [Journal  asiatique,  mars-a^-ril  1910,  p.  280).   le  nom  égyptien 

du  Sérapéum  vrai   de  Memiiliis  était   «sanctuaire  (Il ^1   d'installation  d'Apis  \-ivant»   —  l'AIIEIOX  du 

texte  grec  parallèle,  rendu  en  démotique  par  «demeure  (ast)  d'Apis».  Le  Sérapéum  memphite  des  papyrus 
grecs  des  reclus  et  des  jumelles,  c'est-à-dire  le  botirg.  décrit  par  Brcnet  de  Presle  dans  son  «Sérapéum», 
comprenait  l'a2ieium  (l'ast  d'Apis),  les  temples  annexes  de  l'Anuljéium.  de  l'Astartéium.  etc..  ainsi  que  les 
rues,  maisons,  boutiques,  auberges,  bureaux  administratifs  et  juridiques  en  dépendant  et  que  concernent 
un  grand  nombre  de  contrats  et  autres  papyrus  démotiques,  récits  de  rêves  faits  dans  le  sanctuaire,  etc., 
était  appelé  en  démotique  pa  ast  hapi  <:le  bourg  d'Osorhapis  et  en  grec  le  Sérapéum.  Il  était  enfermé 
dans  une  enceinte  {sobt).  analogue  à  celle  qui  entourait  autrefois  le  quartier  rései"vé  de  .S'  Gemiain-des-Prés. 
jouissant,  comme  lui,  d'un  certain  droit  d'asyle.  et  portait,  comme  d'ailleurs  tons  les  autres  sérapées.  ainsi 
que  je  l'ai  démontré  de])uis  longtemps  Chrest..  p.  398  et  que  l'a  dit  ensuite  Briosch.  Dict.  géogr..  p.  958. 
le  nom  de  Tehen.  Panni  les  très  nombreux  Sérapées  de  ce  genre,  répandus  sur  l'Egypte  entière  dans, 
à  peu  près,  tous  les  nomes,  à  l'imitation  de  Memphis.  dont  c'était  le  culte  principal  depuis  le  plus  ancien 
empire,  comme  l'a  dit  d'ailleurs  Manéthon  et  que  l'attestent  les  monuments,  je  citerai  celui  d'Elhil)èh  ou 
le  Tehen  de  Teudjaï.  dont  nous  possédons  im  nouveau  cartulaire.  Un  contrat  de  l'an  21  de  Psammétique, 
que  nous  avons  transcrit  et  traduit  dans  le  dernier  numéro,  nous  montre  ainsi,  sous  le  nom  de  Tehen  ou 
de  Sérapéum.  un  ensemble  fort  analogue  à  celui  que  nous  montrent,  à  Memphis.  les  papyrus  grecs  et  les 
contrats  démotiques  du  Sérai^éum.  sous  le  même  nom  en  égyjjtien.  Les  prêtres-prophètes  et  pères  divins 
du  temple  d'Amon  de  ce  Tehen  ou  Sérapéum  de  Teudj.aï  y  cèdent  à  un  divin-père  «cette  place  du  sanctuaire 
du  temijle  d'Amon  du  Tehen  qui  a  :  h  son  sud.  le  temple  de  ^laut,  à  son  nord,  le  bureau  de  perception  du 
temple,  à  son  occident,  la  tour  de  choiak,  à  son  orient,  les  maisons  du  temple  d'Amon  du  Tehen».  Le 
temple  de  Maut  était  ici.  comme  le  tem])le  d'Amon.  une  dépendance  du  Sérapéum  ou  Tehen  de  Teudjaï 
dont  le  dieu  principal  était  Hor  ou  Horseli.  seigneur  il'Héracléoi)olis  —  comme  le  temple  dlmhotep  se  Ptah. 
par  exemple,  était  une  dépendance  du  Sérapéum  ou  Tehen  de  Jlemphis.  dont  le  dieu  iirincipal  était  Ptah. 
Dans  un  contrat  memphite,  parlant  d'une  maison  de  70  coudées,  du  sud  au  nord,  sur  45  coudées,  de  l'ouest 
à  l'est,  maison  sise  dans  le  Sérapéum  ou  Tehen  de  la  terre  de  vie,  à  la  porte  de  l'enceinte  de  ce  Sérapéum 

14 


102  Eugène  Revillout. 


à  la  luaiu.  Cette  assimilation,  consacrée  par  tous  les  bilingues,  n'en  était  pas  moins  devenue 
un  des  dogmes  de  la  religion  égyptogreeque,  même  à  Memphis,  où  la  tradition  primitive  de 

ou  Telien.  sur  le  bord  sud  du  dromos  d'Imhotep  se  Ptah.  le  dieu  grand,  (c'est-à-dire  de  l'Asclépéium,  dont 
parlent  aussi  les  papyrus  grecs  du  Sérapéuni),  Telien  est  le  synonyme  de  Paosor  Ha))i.  le  Ijourg  d'Osor 
Hapi  qui  désigne  le  Sérapéum  dans  d'autres  papyrus  démotiques  de  même  provenance,  à  ijropos  de  maisons 
sises,  soit  sur  le  dromos  iirincipal  du  Paosor  Hapi,  au  nord  du  dit  Sérapéum,  soit  à  l'ouest  du  pylône  du 
paosorhapi  ou  bord  sud  du  dromos  d'Osor  Hapi  sur  le  boulevard  (voir  Chrest.  dém.,  p.  .598.  406;  Rev.  égypt., 
II.  pi.  92,  etc.).  C'est  toute  une  ville  spéciale,  fort  importante  à,  Memphis,  que  ce  Tehen  ou  paosorhapi  : 
et  la  ^-ille  sacrée  qui  y  correspond  à  Teudjaï  n'est  pas  nié])risalde  non  plus. 

Nous  a\'ons  vu  qu'on  y  comptait  à  Teudjaï  un  temjjle  d'Amon  et  un  temple  de  Jlaut.  11  eu  était 
certainement  ainsi  pour  le  Sérapéuni  de  JIem])his.  d'oii  vient,  d'après  le  ^'endeur.  une  magnifique  statue  de 
bronze  de  Petiauieu,  que  j'ai  achetée  pour  le  Jlusce  du  Louvre  et  dont  les  légendes  mettent  sur  le  même 
pied  Ptah  et  Amon,  ainsi  que  Maut,  l'épouse  d'Amon  et  la  grande  amante  de  Ptah.  C'était  là  une  suite 
des  conquêtes  des  djuasties  amoniennes,  bientôt  accompagnées  de  réactions  violentes.  La  statue  dont  nous 
venons  de  parler  était,  je  l'ai  démontré,  du  tem])S  de  Seti  J"':  Un  peu  plus  tard,  Pianklii  nous  dit  que 
Memphis  ne  connaît  pas  la  religion  d'Amon.  Cette  religion,  il  l'imposa  de  nouveau,  ainsi  que  ses  successeurs 
de  la  dynastie  amonienne  :  et  les  rancunes  de  Memphis  contre  Amon  n'en  apparaissent  pas  moins  plus  tard 
dans  bien  des  monuments,  dont  le  dernier  en  date  est  le  roman  du  Setme  Xaémnas  du  temps  de  Claude. 
Le  cartulaire  du  Sérapéuni  de  Teudjaï  nous  fait  assister  à  de  semblables  luttes  dans  cette  localité.  Ces 
luttes,  je  les  ai  traduites  p.  406  et  suivantes  de  mes  «contrats  archaïques  égyptiens  démotiques  et  araméens». 
Nous  )'  voyons  d'abord  un  haut  personnage  administratif  qui,  abusant  de  sa  situation  comme  gouverneur, 
y  usurpe  à  lui  seul  le  sacerdoce  d'Amon  et  se  fait  en  cette  qualité  céder  par  les  prêtres  le  cinquième  des 
revenus  totaux  du  Sérapéum,  c'est-à-dire  20  hotep  sur  100.  Puis  plus  tard  une  réaction  se  produit.  Le 
grand-prêtre  d'Héracléopolis.  dont  dépendait  le  Sérapéum  de  Teudjaï,  profite  de  l'absence  du  titulaire, 
descendant  de  ce  haut  fonctionnaire,  lequel  accompagnait  le  roi  Psainmétique  II  dans  une  campagne  mal- 
heureuse en  Syrie,  pour  envoyer,  comme  nouveau  prêtre  d'Amon,  son  fils,  en  faisant  distribuer  aux  cinq  tribus 
sacrées  les  liotep,  leur  appartenant  en  réalité.  De  là,  mi  procès  qu'on  devait  juger  par  \' actio-sacramenti 
et  que  de  mauvais  conseils,  donnés  à  l'intéressé,  empêchèrent  d'aboutir.  Celui-ci  a  bien  soin  de  noter  que 
tout  le  mal  doit  être  attribué  au  prêtre  de  Sebek,  devenu  grand-prêtre  d'Horshéfi  à  Héracléopolis  et  contre 
lequel  le  sacerdoce  d'Amon  de  Thèbes  (près  duquel  l'ancien  prêtre  d'Amon  était  venu  en  suppliant)  était 
tout  prêt  à  employer  sa  haute  influence.  En  somme,  le  culte  d'Amon  était  bien  considéré  comme  un  intrus 
dans  le  Sérapéum  de  Teudjaï  et,  sans  oser  l'expulser  tout-à-fait,  on  avait  voulu  en  réduire  le  plus  possible 
linfiuence. 

Parmi  les  autres  Sérapées  connus,  nous  citerons  celui  de  Chénoboscion  (ujenecHT),  d'oii  S'  Pachôme 
ne  sortit  que  quand  les  chrétiens  le  baptisèrent  de  force,  en  lâchant  l'Apis  dans  la  cami)agne,  et  celui  bien 
plus  célèbre  de  Canope,  cité  par  Hérodote  comme  jouissant  du  privilège  de  rendre  leur  liberté  aux  esclaves 
trop  violentés  et  qui,  du  temps  de  Théophile,  fut  violemment  enlevé  à  ses  anciens  habitants  et  livré  à  des 
moines  «accomplissant  ainsi,  selon  Eunape,  la  prophétie  d'Antonm  disant  que  les  temples  seraient  changés 
en  tombeaux».  Eunape  nous  décrit  très  poétiquement  la  vie  de  ces  reclus,  aussi  expulsés,  du  Sérapéum 
lie  Canope,  analogues  à  Ptolémée,  fils  de  Glaucias,  et  aux  autres  rechis  du  Sérapéum  de  Memphis  à  une 
époque  de  beaucoup  antérieure  : 

«Antonin  .  .  .  étant  allé  se  fixer  près  de  l'embouchure  canopique  du  Nil,  se  donna  tout  entier  à  ceux 
qui,  dans  ce  lieux,  cherchaient  la  perfection.  La  plus  saine  jeunesse,  celle  qui  désirait  les  choses  spirituelles 
et  les  divines  inspirations  de  la  sagesse,  accourait  près  de  lui.  Le  lieu  saint  était  plein  de  jeunes  néopliites 
dans  le  sacerdoce.  Quant  à  lui,  tout  en  enseignant  qu'il  n'était  qu'un  homme  vivant  au  milieu  d'autres 
hommes,  il  prédisait  ouvertement  à  ceux  qui  l'entouraient,  qu'après  lui  ce  lieu  saint  n'existerait  plus,  que 
même  les  temples  si  grands  et  si  saints  de  Sérapis  retourneraient  à  l'obscinité,  au  chaos,  et  que  tout  ce  qu'il 
y  avait  de  plus  beau  sur  la  terre  serait  ainsi  livré  à  de  fabuleuses  et  incroyables  ténèbres.  Le  temps 
prouva  tout  cela  et  justifia  l'oracle.  Cependant  Antonin  s'adonnait  et  s'appliquait  de  plus  en  plus  au  culte 
des  dieux  et  aux  sacrés  mystères.  Bientôt,  il  en  arriva  à  une  étroite  affinité  avec  le  divin.  Il  méprisa  le 
corps  et  ce  qui  en  dépend,  donna  congé  à  ses  vaines  jouissances  et  régla  toute  sa  vie  sur  une  sagesse 
inconnue  à  la  plupart  des  hommes  .  .  .  Tous  ceux  qui  venaient  étudier  à  Alexandrie  arrivaient  près  de  lui 
...  et  quand  on  avait  été  admis  à  une  entrevue,  ceux  qui  lui  soumettaient  des  problèmes  philosophiques, 
étaient  aussitôt  et  abondamment  remplis  de  la  doctrine  platonicienne.  Quant  à  ceux,  qui  lui  posaient 
quelques  questions  sur  des  choses  plus  divines,  ils  ne  trouvaient  plus  qu'une  statue.  Antonin  ne  leur  répon- 
dait pas  un  mot,  mais  il  levait  les  yeux,  les  tenait  fixés  vers  le  ciel  et  demeurait  immobile  comme  privé 
des  sens  et  de  la  parole.» 


La  bibliothèque  bu  Sérapéum  d'Alexandrie.  103 

l'adoration  au  bœuf  Apis  avait  été  soigneuisement  couservée  comme  culte  local.  Mais  cà  Ale- 
xandrie, c'était  la  forme  grecque,  avec  la  statue  rapportée  de  Sinope,  faisant  pendant  à  une 
Isis  très  différente  d'aspect  de  la  véritable  Isis  égyptienne,  qui  l'emportait. 

«Le  sanctuaire,  qui  leur  était  consacré,  était  tout  ruisselant  d'or  d'après  les  contempo- 
rains. «C'est,  nous  dit  encore  Euffin,  un  lieu  élevé,  non  par  la  nature,  mais  par  la  main  de 
ïl'homme.  Il  est,  pour  ainsi  dire,  suspendu  en  l'air.  Ce  vaste  bâtiment  est  carré  et  suspendu 
»sur  des  voûtes,  depuis  le  rez-de-chaussée  jusqu'à  ce  qu'on  soit  arrivé  au  plain  pied  du  temple, 
«auquel  on  monte  par  plus  de  cent  degrés.  Ces  voûtes  sout  partagées  en  plusieurs  apparte- 
»ments  qui  servent  à  différents  ministères  secrets.» 

«Ils  constituaient  spécialement,  comme  dans  nos  théâtres  actuels,  les  caves  des  machinistes; 
car  les  mathématiciens  d'Alexandrie  nous  ont  appris  que  les  temples,  et  spécialement  celui-ci, 
étaient  très  machinés,  de  manière  à  permettre  aux  dieux  de  faire  entendre  leur  voix,  d'agiter 
les  bras  et  la  tête,  comme,  à  Thèbes,  la  statue  d'Amou,  dans  les  interrogations,  dont  nous 
possédons  les  comptes-rendus,  ou  même,  au  besoin,  d'apparaître  sous  une  forme  très  humaine 
et  très  vivante,  s'il  faut  en  croire  les  récits  des  destructeurs  de  notre  Sérapéum,  etc.  Il  paraît 
d'ailleurs  encore,  d'après  les  mathématiciens,  que  les  ressorts,  servant  ta  tous  ces  prodiges, 
étaient  en  bronze  aciéré  (ainsi  que  certaines  lames  retrouvées  par  Mariette)  et  non,  comme 
en  Gaule,  en  fer  aciéré. 

«Au-dessus  des  voûtes,  continue  Ruftin,  sont  de  grandes  salles  pour  conférences,  des 
bibliothèques  et  la  maison  où  demeurent  ceux  qui  out  la  garde  du  temple  et  ceux  qui  vivent 
dans  la  chasteté.  En  dedans  régnent  des  portiques,  espèces  de  cloîtres,  autour  de  ce  bâtiment 
carré.  C'est  au  milieu  de  ce  cloître  qu'avait  été  élevé  le  temple  de  Sérapis,  orné  de  colonnes, 
avec  des  murs  de  marbre.  Ajoutons  que,  selon  l'habitude  égyptienne,  facile  à  constater  dans 
les  autres  sanctuaires  encore  subsistants,  la  bibliothèque,  dont  le  catalogue  est  souvent  en 
partie  du  moins  gravé  sur  les  murs,  faisait  partie  du  temple.     Outre  le  fonds  ancien,   elle 

«La  chronique  patriarcale  copte  parle  de  la  feniieture  du  Sérapéum  de  Cauope,  prédite,  d'après  les 
probabilités,  par  Antonin,  en  même  temps  que  de  la  fermeture  du  Sérapéum  d'Alexandrie,  dont  elle  attribue 
la  première  idée  à  Atlianase,  du  temps  de  l'empereur  Jovien,  et  qui  fut  suivie  de  sa  destruction  opérée 
par  Théophile,  un  de  ses  notaires,  devenu  son  sucecesseur  du  temps  de  l'empereur  Théodose.  «Dans  la 
maladie  dont  il  devait  mourir,  il  disait  :  si  j'ai  quelque  crédit  et  quelque  assurance  devant  le  Christ  Dieu, 
je  ne  cesserai  de  me  prosterner  aux  pieds  du  Sauveur  jusqu'à  ce  qu'il  envoie  fermer  la  porte  de  Sérapis 
(du  Sérapéum  d'Alexandrie).»  Le  clergé  d'Alexandrie  témoigne  qu'avant  que  sept  jours  se  fussent  écoulés 
depuis  sa  iîn.  Jovien  envoya  fermer  la  porte  de  ce  temple  d'idoles  .  .  .  Théophile  s'assit  sur  le  trône 
d'Alexandrie  :  et  sa  puissance  s'étendit  beaucoup  devant  Dieu  et  les  hommes.  Théophile,  lui,  envoya  aussi  à 
Jérusalem.  Il  y  prit  des  moines  et  les  envoya  à  Canope,  parce  que  les  idolâtres  sortirent  de  ce  lieu  oii 
ils  faisaient  leur  culte.  Mais  les  moines  de  Jérusalem  ne  purent  y  tenir,  à  cause  de  la  violence  des  démons. 
Ils  s'en  allèrent,  parce  qu'ils  ne  purent  tenter  d'y  accomplir  leurs  pratiques  ascétiques.  Théophile  envoya 
dans  la  Théliaïde  d'Égyjjte,  vers  les  monastères  de  l'apa  Pachôme.  Il  y  prit  des  ascètes  éprouvés.  Ceux-ci 
donc,  par  la  force  de  leur  vie  religieuse  et  par  leurs  prières  persistantes,  chassèrent  les  démons  et  ils  tirent 
de  Canope  un  lieu  d'habitation  pour  ceux  qui  le  \'oulurent.i> 

Nous  n'insisterons  pas  sur  la  destruction  du  Sérapéum  d'Alexandrie  par  Théophile  que  les  historiens 
ecclésiastiques  grecs  nous  ont  fait  connaître,  ainsi  que  les  conversions  qui  eurent  lieu  alors  à  l'occasion 
des  croix  symboles  de  vie  (la  croix  ansée)  qu'on  trouva  dans  les  inscriptions  du  temple.  Les  documents 
contemporains,  dont  aucun  bien  entendu  ne  parle  de  la  destruction  des  livres,  abondent  de  renseignements 
à  ce  sujet. 

Pour  terminer  ce  que  nous  avons  à  dire  des  Sérapées.  ajoutons  seulement  que  la  tombe  des  Apis, 
par  exemple  celle  de  Memphis,  découverte  par  Mariette,  ne  doit  pas  été  confondue  avec  le  Sérapéum 
proprement  dit. 

14* 


104  Eugène  Revillout. 


comprenait  ici  les  deux  cent  mille  volumes  de  celle  de  Pergame,  dont  Jlarc  Antoine  fit  dou 
à  Cléopâtre. 

«Au  moment  où  Gamaliel  arrivait  près  du  principal  propylée  ou  hait,  c'était  de  cette 
biljliotbèque  que  descendait  le  biéroj;rammate  Pbibfhor,  le  précepteur  du  fils  de  TAugustal, 
revêtu  de  la  longue  robe  blanche  plissée  et  tuyautée  à  manches  bouiïantes  et  qu'il  savait 
de  bonne  source  être  prêtre  chrétien,  bien  que  généralement  on  le  crut  encore  pieux  adorateur 
d'Osiris.  C'était  d'ailleurs  un  lettré,  un  poète,  que  tout  le  monde  laissait  vaquer  tranquillement 

—  et  cela  autrefois  au  temple  d'Isis  de  Rome   et  à  ceux  des  différents  chefs-lieux  de  pro- 
vince, comme  maintenant  au  Sérapéum  d'Alexandrie  —  à  ses  chères  études  et  à  ses  rêves. 

«Mon  frère,  lui  dit,  en  l'abordant,  Gamaliel,  savez-vous  vraiment  ce  qui  se  passe?  Vos 
relations  dans  le  palais  et  dans  le  temple  doivent  vous  le  permettre.» 

—  Le  poète  ne  l'entendit  pas.  II  était  absorbé  par  une  de  ses  visions  et  disait  à  mi-voix  : 
«L'artisan  d'iniquité  reste  stupéfait  devant  la  mort,  qui  est  un  prodige  pour  lui. 

«Il  est  parvenu  à  la  demeure  oii  la  destinée  vent  qu'il  arrive. 

ill  était  venu  à  une  famille,  en  établissant  les  frères  en  inimitié. 

«Il  était  parvenu  à  une  ville,  eu  y  établissant  les  gens  sensuels  au  pouvoir. 

«Il  était  parvenu  aux  temples,  en  y  établissant  les  gens  sans  vergogne  en  puissance. 

«Il  était  parvenu  vers  l'impie,  en  donnant  la  crainte  à  un  autre  qu'à  lui. 

«Il  était  parvenu  vers  l'homme  sage,  en  lui  préférant  le  méchant  ou  l'homme  sans 
vergogne. 

« —  Mais  il  n'y  a  plus  dans  cette  maison  de  rétributinn-là  de  connaissance  des  juges, 
pour  opprimer  l'homme  sage. 

«Il  n'y  a  plus  de  repoussement  de  l'expulsé  sans  fortune. 

«Il  n'y  a  plus  d'établissement  d'hypothèque  :  et  le  maître  de  l'hypothèque,  l'usurier,  est 
en  réprobation. 

«Il  n'y  a  plus  de  souci  pour  le  juste  ou  de  trouble  au  temps  de  repos  de  Dieu.» 

—  Un  silence  se  fit.  Le  poète  sembla  se  réveiller  peu  à  peu  et  il  reconnut  Gamaliel, 
auquel  il  présenta  ses  hommages. 

—  De  qui  donc  parliez-vous  tout-à  l'heure?  Quel  est  l'artisan  d'iniquité? 

—  Et  qui  donc  serait-ce,  sinon  le  maître  de  céans,  Tibère  Alexandre? 

—  Mais  jusqu'à  présent,  ici  du  moins,  il  n'a  pas  paru  si  tyrannique. 

—  Il  le  sera.  La  voix  l'a  dit  :  et  elle  ne  trompe  personne. 

—  Et  quel  est  le  jour  du  repos  de  Dieu? 

—  C'est  pour  le  juste,  pour  le  persécuté,  la  mort. 

—  Vous  avez  raison.  Mais  permettez-moi  de  vous  répéter  la  question  que  vous  n'avez 
pas  entendue  tout-à-l'heure.  Où  va-t-il  votre  artisan  d'iniquité  et  que  prétend-til  faire? 

—  Combler  la  mesure.  Verser  le  sang  de  ses  administrés  —  persécuteurs  et  persécutés 

—  et  préparer  pour  la  meule  le  froment  des  élus.  Payens,  chrétiens  ou  juifs,  tous  passeront 
par  les  tourments  qu'il  prépare. 

—  Payens?  .  .  . 

—  Mais  ne  savez-vous  donc  pas  que  ce  sont  eux  qui  partiront  d'abord?  Il  va  là  bas, 
comme  pour  les  défendre.  Mais,  en  réalité,  il  se  prépare  à  abattre  à  Thèbes  leur  sacerdoce, 


La  bibliothèque  du  Séeapéum  d'Alexandrie.  105 

en  prenant  pour  prétexte  une  calomnie.  On  le  sait  bien  ici  —  (et  Phibfhor  montrait  le  temple). 
—  Les  prêtres  sont  fort  émus.  Mais  ce  n'est  qu'un  incident  passager.  Leur  heure  n'est  pas 
encore  venue,  cette  heure  dont  j'ai  dit  : 

«Que   soit  détruit  le  grand  temple,   à  cause  de  ses  grands  qui  ne  sont  pas  d'accord. 

«Ne  pas  laisser  passer  la  fange  de  celui  qui  vient  comme  son  délégué  ...» 

—  Gamaliel  l'interrompit  alors.  —  C'est  vous,  poète,  qui  avez  dit  cela  :  ce  que  Pétros  répète 
sans  cesse.    Savez- vous  comment  il  veut  pratiquer  votre  maxime? 

—  L'insensé!  N'ai-je  pas  dit  aussi  : 

«Le  temple  sans  paix,  ses  dieux  l'ont  déserté. 

«Pour  faire  une  chapelle  à  Dieu,  à  cause  de  son  esprit  (l'esprit  de  paix). 

«Pour  faire  louer  la  conduite  de  l'homme  sage,  à  cause  de  la  paix. 

«Pour  faire  les  épines  douces  dans  la  vie,  à  cause  de  la  douceur. 

«Celui  qui  durcit  son  âme,  celui-là  s'amènera  une  mort  eiféminée  .  .  . 

«C'est  Dieu  qui  donne  la  paix  :  et  la  douleur  est  dans  ses  desseins  providentiels. 

«La  destinée  et  la  fortune  qui  viennent,  c'est  Dieu  qui  les  fait  venir.» 

«Autre  chose  est  de  prévoir  les  châtiments  de  Dieu,  autre  chose  est  de  vouloir  s'en  faire 
l'instrument  eu  pratiquant  le  mal. 

Il  s'arrêta  un  instant.  Sa  figure  se  contracta.  Ses  yeux  se  dilatèrent  et  brillèrent.  Il 
regarda  le  ciel,  puis  le  Sérapéum  et  s'écria  : 

«Évêque!  Évêque!  Que  fais-tu?  Tu  détruis  et  tu  brûles.  Toi,  un  prêtre  de  Dieu,  dont  le 
nom  signifie  amour! ^  Laisse  à  César  la  responsabilité  de  ses  actes.  Il  persécute  les  payens 
comme  autrefois  les  chrétiens.  C'est,  dans  les  arrêts  du  destin,  le  retour  des  choses  d'ici  bas. 
Mais  toi?  .  .  .» 

J'avais  écrit  depuis  assez  longtemps  cette  page,^  quand  j'ai  reçu  tout  récemment  du 
Père  Chautard,  procureur  des  missions  africaines  à  Rome,  un  mémoire  inédit  fort  intéressant, 
et  qui  est  consacré  justement  à  la  destruction  du  Sérapéum  par  Théophile  et  à  celle  de  la 
bibliothèque  de  ce  Sérapéum  qu'on  prétend  en  être  une  suite  nécessaire.  J'aurais  très  volon- 
tiers publié  ce  mémoire,  si  l'auteur  n'avait  tenu  à  le  voir  paraître  en  entier  cette  année, 
malgré  son  étendue,  et  si  les  engagements,  pris  pour  ce  tome  de  la  Revue,  ne  m'avaient 
empêché  de  le  satisfaire.  A  défaut  de  cela  et  avec  l'assentiment  de  l'auteur,  je  tiens  à  en 
dire  ici  quelques  mots. 

C'est,  à  vrai  dire,  un  article  de  polémique  (genre  que  je  n'aime  pas  à  introduire  dans 
la  Bévue).  Mais  cette  polémique  n'a  rien  de  personnel.  L'auteur  a  pour  son  contradicteur  la 
plus  grande  estime  :  et  c'est  contre  ses  idées  ou  plutôt  contre  ses  préjugés  qu'il  lutte. 

Le  contradicteur  est,  du  reste,  un  homme  de  grande  valeur.  Ce  n'est  autre  que  M.  Alfred 
Butler,  auteur  de  l'ouvrage  «The  arab  conquest  of  Egypt»  Oxford  1902,  auquel  nous  devons 
tant  de  recherches  et  tant  de  trouvailles  intéressantes.    Parmi  ses  trouvailles,  nous  citerons 


'  Théophile.  Notons  que  j'ai  .acheté  pour  le  Musée  du  Louvre  un  grand  papyrus  grec  en  volume 
que  ma  brusque  mise  à  la  retraite  m'a  empêché  de  publier  et  qui  est  un  huig  traité,  fort  peu  charitable, 
sur  la  charité,  dont  le  patriarclie  Théophile  était  l'auteur  :  on  le  voit  par  les  noms  de  ses  correspondants 
habituels,  autant  que  par  le  ton  et  le  style. 

^  Moins  les  notes  bien  entendu. 


106  Eugène  Revillout. 


son  assimilation  du  Makaukas  des  chroniqueurs  arabes  avec  le  patriarche  et  augustal  Cyrus 
—  assimilation  ressortant  d'ailleurs  de  la  publication  faite  par  Zotemberg,  dans  les  «notices 
et  exti'aits  des  manuscrits»,  de  la  traduction  éthiopienne  du  chroniqueur  copte,  Jean  de  Nikion, 
qui  attribue  à  Cyrus  le  caucasien,  tout  ce  que  les  arabes  attribuent  à  j\[akaukas.  C'est  la 
base  principale  sur  laquelle  M.  Butler  dans  sa  belle  étude  sur  la  conquête  arabe  de  l'Egypte. 
Malgré  ses  fructueuses  recherches,  d'ailleurs,  M.  Butler  est  loin  d'avoir  tout  dit.  Un  de  ces 
jours,  je  reviendrai  moi-même  sur  ce  sujet  avec  de  nouveaux  documents  et  de  nouvelles  con- 
clusions philologiques  et  historiques.  Aujourd'hui,  je  dois  en  rester  au  cadre  limité,  fixé  par 
le  Père  Chautard  lui-même. 

Par  suite  de  causes  que  je  n'ai  pas  à  connaître  ni  à  apprécier,  M.  Butler  a  contre 
les  chrétiens  —  au  moins  les  chrétiens  des  premiers  siècles  —  de  grands  préjugés,  je  l'ai 
déjcà  indiqué  plus  haut.  Par  une  méthode,  qui  n'est  pas  exempte  de  partialité,  il  innocente, 
par  défaut  de  preuves  sérieuses,  dit-il,  les  arabes  d'Amrou  de  la  destruction  de  la  Bibliothèque 
d'Alexandrie  que  la  tradition  lui  attribue,  pour  charger  de  cette  destruction  les  chrétiens, 
compagnons  de  Théophile  :  et  cela  avec  bien  moins  de  preuves.  C'est  là  ce  que  le  Père 
Chautard  n'a  pas  de  peine  à  démontrer. 

L'état  de  la  question  se  résume  ainsi. 

Les  deux  bibhothèques  les  plus  célèbres  d'Alexaudrie  étaient  : 

1°  La  grande  bibliothèque,  fondée  par  Alexandre  le  Grand,  et  que  César  détruisit  in- 
volontairement en  mettant  le  feu  à  la  flotte,  alors  qu'il  était  assiégé  dans  le  Bruchion  par 
les  partisans  du  jeune  Ptolémée  (ainsi  qu'il  le  raconte  lui-même). 

2"  La  bibliothèque  du  Sérapéum,  existant  dans  ce  temple  depuis  sa  construction  par 
le  premier  Ptolémée,  et  à  laquelle  Cléopâtre  joignit  la  bibliothèque  de  Pergame,  qui  lui  avait 
été  attribuée  par  Antoine,  et  dont  il  s'agit  de  spécifier  les  destructeurs. 

A  propos,  de  l'incendie  de  la  première,  Paul  Orose  a  écrit  un  passage  sur  lequel  on  a 
beaucoup  disserté  et  qui  est  le  point  de  départ  de  l'opinion  de  ceux  qui,  comme  Gibbon 
dans  l'avant-dernier  siècle  et  dans  celui-ci,  M.  Butler,  veulent  attribuer  la  destruction  de  la 
seconde  à  Théophile.  Donnons  ici  ce  passage,  tel  que  le  Père  Chautard  l'a  reproduit  : 

Texte  latin  d' Orose.''-  Traduction  française  par  Gorini. 

«In   ipso   proelio   regia   classis  forte  sub-  Pendant  le  combat,  César  fit  incendier  la 

ducta  jubetur  incendi.  Ea  flamma  cum  partem  flotte  royale,  roulée  sur  le  rivage.  La  flamme 

quoque  urbis  invasisset,   quadringenta  millia  i  ayant  gagné  une  partie  de  la  ville,  consuma 

librorum,  proximis  forte  aedibus  condita,  ex-  ;  400.000  volumes  qui  se  trouvaient  par  hasard 

ussit  :  singulare  profecto  mouimentum  studii  ,  dans  les  édifices  voisins  :  témoignage  certes 

curaeque  majorum,  qui  tôt  tautaque  illustrium  !  bien  étonnant  des  goûts  studieux  et  de  la  per- 


'  Traduction  Bdtler.  —  ''Dnring  the  combat,  orders  were  given  to  fire  the  royal  fleet.  which  hap- 
peiied  to  be  drawii  on  shore.  The  conflagration  spread  to  part  of  the  city.  and  burned  400.000  books, 
■nhich  were  stored  in  a  building  which  happened  to  be  contiguous.  So  perished  that  man'cllous  record 
of  the  literary  activity  of  our  forefathers.  who  liad  made  this  vast  and  spleudid  collection  of  works  of 
genius.  On  this  point.  hoAve\-er  true  it  may  be  that  at  the  présent  day  there  are  einpty  bookshelves  in 
soine  of  the  temples.  —  (I  myself  hâve  seen  them)  and  that  thèse  slielves  -were  emptied  and  the  books 


La  bibliothèque  du  Sérapéum  d'Alexandrie. 


107 


ingeniorum  opéra  congesserant.  Unde  quam- 
libet  hodieque  in  templis  exstent,  quae  et  nos 
vidimus,  armaria  librorum;  quibus  direptis, 
exinanita  ea  a  nostris  hominibus,  nostris  tem- 
poribus  memoreut,  qiiod  quidem  verum  est; 
tamen  honestius  creditur  alios  libros  fuisse 
quaesitos,  qui  pristinas  studiorum  curas  aemu- 
larentur.  quam  et  aliam  uilam  tune  fuisse  bi- 
bliothecam,  quae  extra  quadringenta  millia 
librorum  fuisse,  ac  per  hoc  evasisse  credatur.» 
Orose,  hist.  VI.  XV. 


sévérance  des  anciens,  qui  avaient  réuni  en 
si  grand  nombre  de  si  remarquables  ouvrages 
des  plus  nobles  esprits!  C'est  pour  cela  que 
maintenant  encore  et  de  toutes  parts,  comme 
nous  l'avons  vu  nous-mêmes,  il  existe  dans 
les  temples,  des  armoires  à  livres,  dont  la 
dévastation  rappelle  de  nos  jours  que  tout 
cela  a  été  anéanti  par  les  nôtres,  ce  qui  est 
vrai.  Toutefois  il  est  j^lus  raisonnable  de  croire 
qu'afiu  d'égaler  les  anciens  dans  leur  zèle  pour 
les  études,  on  chercha  d'autres  livres,  que  d'ad- 
mettre l'existence  d'une  seconde  bibliothèque 
séparée  des  400.000  volumes  et  préservée  par 
cet  éloignement. 

Gorini  I,  p.  84. 
Le  Père  Chautard  ajoute  : 

«Il  est  possible  qu'un  lecteur  distrait,  entrevoj'ant  que  l'historien  espagnol  a  raconté 
l'incendie  d'une  bibliothèque  en  l'attribuant  aux  gens  de  son  parti  «nostris  hominibus»,  con- 
clue sans  plus  de  scrupule  et  de  recherche  qu'il  est  question  de  l'expédition  de  Théophile 
contre  le  Sérapéum.  Non,  Orose  ne  parle  pas  de  ses  correligionnaires  chrétiens,  mais  des 
soldats  de  l'empire  romain  dont  sou  pays  faisait  partie.  Et  jiourquoi  n'appellerait-il  pas  les 
soldats  de  César  nos  gens,  nos  hommes,  lui,  qui  un  peu  plus  loin  à  propos  de  Rome  et  de 
ce  dictateur,  dit  notre  Borne  :  «Nostra  autem  Roma  Caesare  occiso,  quanta  de  cineribus  ejus 
agmina  armata  parturiit».  Jamais  il  n'a  désigné  les  chrétiens  par  les  mots  :  nostri  homines. 
Ce  membre  de  phrase  ne  présente  donc  aucune  difficulté.  Orose,  dans  le  texte  que  nous 
étudions,  n'est  encore  arrivé  dans  son  histoire  qu'au  temps  de  César.  Or,  nous  le  demandons, 
s'il  avait  voulu  narrer  un  fait  d'une  époque  postérieure  de  plusieurs  siècles  et  avertir  que  les 
acteurs  de  ce  second  fait  étaient  chrétiens,  est-il  vraisemblable  qu'il  se  fût  abstenu  du  mot 
propre  ou  d'une  périphrase  intelligible?  Est-il  admissible  que,  si  dans  le  récit  d'une  dévasta- 
tion par  les  soldats  payens  de  César,  il  avait  voulu  intercaler  le  souvenir  d'une  seconde 
dévastation  par  la  cohorte  chrétienne  de  Théophile,  cet  écrivain  n'eût  pas  évité  la  confusion 
des  scènes  et  des  acteurs  en  appelant  les  uns  et  les  autres  par  leurs  noms,  au  lieu  d'employer 
des  expressions  aussi  vagues  que  celles  dont  il  s'est  servi  :  «nostri  homines»?  Si  l'on  ne 
savait  d'avance  qu'en  389,  les  chrétiens  détruisirent  le  sanctuaire  de  Sérapis,  jamais  l'on 
n'aurait  soupçonné  dans  les  lignes  d'Orose  sur  César  une  allusion  à  un  événement  postérieur. 
C'est  une  allusion  que  nous  y  mettons,  mais  que  nous  n'y  trouvons  pas  .  .  . 

«Orose  n'impute  donc  pas  aux  chrétiens  la  destruction  des  livres  du  Sérapéum. 


destroyed  by  oiir  owii  people  hi  oiir  own  time  (whicli  is  the  faet);  still  tlie  fairer  opinion  is  tliat,  sub- 
sequently  to  the  conflagration,  otlier  collection  liad  been  formed  to  vie  with  tlie  ancicnt  love  of  literature, 
and  not  that  there  originally  existed  any  second  library,  whicli  was  separated  from  the  400.000  volumes 
and  owed  its  préservation  to  the  fact  of  its  separateness.»     (Butler,  Tlie  arab  conqiiest  of  Egypt,  p.  420.) 


108  Eugène  Revillout. 


«Si  les  cbrétieus  détruisirent  cette  ])il)liotlièque,  d'où  vient  que,  parmi  les  auteurs  an- 
ciens qui  nous  montrent  la  statue  de  Sérapis,  mise  en  pièces,  et  son  temple  ruiné,  nul  n'a 
montré  les  livres  déchirés  ou  brûlés?  D'où  vient  que  nul  écrivain  ecclésiastique^  n'a  vanté 
ce  zèle  bibliophobe  et  que  nul  payeu  ne  l'a  maudit?  Pourtant  Libanias  et  Eunape,  chez  les 
payens.  Butin,  Socrate,  Sozomène,  Théodoret,  chez  les  chrétiens,  n'ont  pas  été  avares  de 
détails,  les  uns  dans  leurs  plaintes,  les  autres  dans  leurs  chants  de  triomphe,  sur  la  chute 
du  vieux  Temple  Alexandrin.» 

Le  Père  Chautard  a  eu  la  patience  de  compter  et  d'énumérer  les  cinquante  et  un  écri- 
vains profanes  des  IV''  et  V"*  siècles  ne  parlant  pas  de  la  disparition  ou  de  la  destruction 
par  les  chrétiens  de  la  Bibliothèque  du  Sérapéum  et  des  soixante  et  quatre  écrivains  ecclé- 
siastiques de  la  même  période  qui  n'en  parlent  pas  davantage.  Parmi  ces  écrivains  chrétiens 
nous  signalerons,  par  exemple,  l'évêque  platonicien  Synésius,  disciple  de  la  célèbre  philosophe 
payenue  Hypathie  dans  ses  cours  de  l'Université  d'Alexandrie,  et  qui  a  tant  regretté  son 
assassinat,  causé  par  les  tumultes  populaires  qu'avait  excités  S'  Cyrille,  le  neveu  de  Théophile. 
Comme  tant  d'autres  et  comme  les  savants  Théophile  et  Cyrille  eux-mêmes,  il  aimait  trop 
la  science,  pour  qu'une  telle  destruction  des  livres,  si  elle  se  fut  produite,  ne  l'eût  pas  in- 
digné. A  plus  forte  raison  et  malgré  le  peu  de  tolérence  de  quelques-uns  pour  les  personnes, 
ne  peut-on  accuser  aucun  de  ces  illustres  Pères  de  l'Église  d'avoir  provoqué  un  tel  forfait, 
d'ailleurs  si  inutile,  pour  la  cause  qu'ils  représentaient.  M.  Butler  a  cependant  un  autre  argu- 
ment pour  sa  thèse  que  le  passage  d'Orose,  cité  plus  haut.  La  bibliothèque  du  Sérapéum  a 
dû  être  détruite  par  quelqu'un.  Si  ce  n'est  pas  par  Théophile,  ce  serait  donc,  suivant  l'opinion 
commune,  par  Amrou,  le  conquérant  musulman  de  l'Egypte.  Il  en  est  accusé,  il  est  vrai, 
par  les  historiens  arabes.  Mais  le  plus  ancien  des  chroniqueurs,  qui  aient  parlé  de  la  cou- 
quête  de  l'Egypte,  Jean  de  Nikiou,  n'eu  parle  pas  dans  la  version  éthiopienne  que  Zotembbrg 
en  a  publiée.  J'ai  sous  les  yeux  cet  ouvrage,  dont  le  Père  Chautard  n'a  parlé  que  de  seconde 
main,  comme  d'ailleurs  des  écrivains  arabes,  que  je  possède  également,  liais  cette  documen- 
tation plus  nourrie  ne  m'empêche  pas  d'adhérer  à  ses  conclusions  qui  sont  conformes  à  la 
tradition  générale  ci-dessus  visée. 

Je  dois  même  ajouter  quelques  observations  complémentaires. 

En  ce  qui  touche  Jean  de  Nikiou,^  il  n'y  a  pas  seulement  à  arguer,  comme  on  l'a  fait, 
des  lacunes  qui  se  sont  produites  dans  le  texte  de  ce  livre  et  qui  ont  été  remarquées  par  son 
éditeur  lui-même.  En  somme,  ce  chroniqueur  n'a  pas  du  tout  voulu  faire  (p.  572  à  578  des 
Extraits)  un  récit  détaillé  de  l'occupation  d'Alexandrie  par  Amrou.  Il  a  voulu  décrire,  et  il  l'a 
fait  à  merveille,  avec  un  sentiment  d'impartialité  très  louable  pour  un  adversaire  religieux,  le 
récit  de  ce  que  fit  le  patriarche  chalcédonien  Cyrus  (surnommé  Makaukas  par  les  arabes), 
quand  l'empereur  le  renvoya  en  Egypte  comme  préfet  augustal,  en  lui  donnant  la  mission 
de  faire  la  paix  avec  les  arabes.  Il  a  peint  l'enthousiasme  universel  qui  accueillit  son  arrivée, 
les  démarches  couronnées  de  succès,  semblait-il,  qu'il  fit  auprès  d'Amrou,  le  traité  qui  s'en 
suivit  :  et  le  manque  de  foi  complet  du  général  arabe,  manquant  à  tous  les  engagements  qu'il 

'  Enfin,  Hist.  eccl.,  liv.  II,  c.  XXII,  etc.;  Socrate,  Hist.  eccl.,  liv.  Y,  c.  XVI;  Sozomène,  Hist.  eccl., 
liv.  IX,  c.  XV;  Théodoret,  Hist.  eccl.,  liv.  V,  c.  XXII;  Nicéphore.  Hist.  eccl.,  liv.  XII.  c.  XXV— XXVI. 

'  .le.nn  de  Xikiou  écrivait  environ  40  .ins  .ins  après  roceupation  d'Alexandrie   et  la  mort  de  Cyrus. 


La  bibliothèque  du  Sékapéum  d'Alexandrie.  109 

avait  pris  lors  de  la  capitulation.  Il  nous  le  peiut  ensuite  mourant  de  douleur  :  et  c'est  tout. 
Il  n'avait  pas  à  entrer,  là  du  moins,  dans  les  excès  commis  par  les  musulmans  et  qu'il  vise 
d'une  façon  globale.  Il  laisse  ce  soin  à  d'autres  contemporains,  qu'out  ensuite  reproduits,  soit 
le  chroniqueur  Abulfaradj,  particulièrement  eu  ce  qui  concerne  la  destruction  de  la  bibliothèque 
d'Alexandrie,  soit  le  chroniqueur  des  patriarches  monophysites  Sévère  d'Ashmoun,  qui  nous 
dit  que,  quand  Amrou  prit  possession  d'Alexandrie,  en  l'an  360  de  Dioclétien,  il  eu  détruisit 
les  murs  et  en  brûla  les  églises,  y  compris  l'église  cathédrale  de  S'  Marc,  les  monastères  et 
beaucoup  d'édifices.  C'est  pourtant  à  ce  moment  —  celui-là  même  de  la  mort  du  patriote 
Cyrus'  —  que,  selon  le  récit  de  l'histoire,  il  envoya  cette  lettre  à  toutes  les  provinces  d'Egypte  : 
«Protection  et  sécurité  est  accordée  au  lieu  où  est  Benjamin,  le  patriarche  des  chrétiens  coptes, 
et  paix  de  la  part  de  Dieu.  Laissez-le,  en  tranquillité  et  sécurité,  administrer  les  affaires  de 
l'Église  et  le  gouvernement  de  sa  nation.»  Ce  Benjamin,  jusque  là  persécuté  par  les  ortho- 
doxes, s'était  déjà  réfugié  près  d'Amrou  quand  il  s'était  emparé  de  la  forteresse  de  Babylone, 
c'est-à-dire  de  ce  qui  devint  le  Caire,  oii  Benjamin  établit  son  siège  patriarcal.  Celui-ci  ne 
put,  après  la  reddition  d'Alexandrie,  s'y  installer  que  nominalement  et  officiellement  au  milieu 
des  églises  détruites  et  dans  un  lieu  encore  tout  plein  du  souvenir  de  sou  adversaire.  Bien 
ne  le  rattachait  plus  à  cette  vieille  colonie  grecque,  où  les  patriarches  avaient  eu  jusque  là 
une  liturgie  exclusivement  grecque,  qu'il  fit  alors  traduire,  eu  copte,  dans  le  dialecte  spécial 
des  égyptiens  habitant  le  quartier  de  Eacoti,^  à  Alexandrie,  la  grande  ville,  l'ancien  siège 
de  ses  prédécesseurs. 

'  C'est  lui  qui,  en  qualité  d'Augustal,  paraît  avoir  (jrgauisé  la  résistance  contre  les  Arabes  en  Thé- 
baïde,  résistance  qui  dura  six  ans  au  moins  d'après  la  correspondance  du  patrice  Abraham  avec  S' Pésun- 
thius,  évêque  de  Coptes,  que  j'ai  publiée  p.  136  et  suivantes  du  tome  IX  de  la  Sevue  égyptologique,  p.  140 
et  suiv.  Nous  avons  publié  aussi  une  lettre  que  le  même  patrice  Abraham  écrit  à  sa  seigneurie  illustrissime, 
l'évêque  préfet  augustal,  au  sujet  de  l'établissement  des  impôts  dont  il  l'avait  aussi  chargé  en  même  temps 
qu'il  était  chargé  de  la  direction  de  la  guerre  dans  ce  pays.  Le  titre  de  patrice  que  porte  Abraham,  titre 
recherché  des  rois  barbares,  même  des  rois  francs,  était  une  haute  faveur,  obtenue  poiu-  lui  par  Cyrus, 
de  la  cour  de  Constantinople.  La  situation  n'en  était  pas  moins  des  plus  pénibles,  en  même  temps  que  très 
périlleuse.  Sans  cesse,  Abraham  avait  k  s'excuser  près  de  l'évêque  monophysite  Pésunthius  des  réquisi- 
tions de  bestiaux,  etc.  qu'il  était  obligé  de  faire,  même  dans  les  monastères  :  «Il  ne  faut  pas  trop  exciter 
ma  nature  ...  Le  seigneur  le  sait,  lui  dit-il,  je  veux  la  paix.  Mais  tu  as  été  déçu  à  notre  sujet.  Tu  sais 
qu'ils  ont  pris  le  peuple,  ces  étrangers  armés,  et  cela  depuis  six  ans.  Mais  qu'il  en  soit  ce  qui  plaît  à  Dieu  ! 
Nous  prions  donc  l'esprit  de  Dieu  qui  habite  eu  vous  :  Ne  nous  souvenez  pas  de  nos  iniquités  antérieures, 
mais  ayez  la  bonté  de  conférer  et  de  vous  entendre  avec  nous  depuis  ce  jour.  Peut-être  qu'un  gouverne- 
ment et  qu'une  paix  pourra  en  résulter.  Le  seigneur  le  sait  :  voilà  ciiui  ans  que  vous  passez  sans  pénétrer 
notre  affaire.  Faites  qu'une  paix  solide  soit  établie  (entre  les  chrétiens),  car  si  vous  le  recherchez  par  l'in- 
teiTuédiaire  d'Abraham,  le  patrice,  vous  trouverez  qui  a  commencé.» 

^  C'est  ce  qu'on  nommait  autrefois  le  memphitique.  Mais  le  cartulaire  de  S'  Jérémie  de  Memphis, 
que  j'ai  publié,  prouve  que  le  copte  de  i\Iemphis  était  le  thébain.  Ce  qui  est  vrai,  c'est  que  les  livres  de 
la  liturgie  patriarcale  furent  écrits,  depuis  Benjamin,  à  Memphis.  c'est-à-dire  au  Caire,  oii  Benjamin  établit 
définitivement  le  siège  patriarcal  copte.  Notons-le  d'ailleurs,  les  premiers  manuscrits  datés,  que  nous  possé- 
dons dans  le  dialecte  alexandrm,  transporté  à  Memphis,  sont  tous  postérieurs  à  cette  époque;  car  le  copte 
n'était  à  Alexandrie,  ville  essentiellement  grecque,  qu'une  sorte  de  patois  pour  les  gens  du  peuple  et  les 
commerçants  égyptiens  :  et  nullement  encore  une  langue  littéraire.  C'est  pourtant  à  ce  dialecte  que  S'  Mesrob, 
débarquant  à  Alexandrie  pour  aller  voir  le  patriarche  de  sa  communion,  avait  emprunté,  dans  le  5=  siècle, 
les  six  lettres  propres  à  l'égyptien  qu'il  introduisit  dans  son  alphabet  arménien  définitif,  quand  on  renonça 
dans  ce  pays  aux  cunéiformes  païens,  comme  on  avait  renoncé  en  Egypte  au  démotique  pa'i'en.  Parmi  ces 
six  lettres  copto-arméniennes  se  trouve  le  S  =  (dém.  is)  qui  n'existe  dans  aucun  autre  dialecte  copte.  J'ai 
d'ailleurs  démontré   dans   mes  cours  que  l'uniipie  dialecte,  parlé  dans  tout  le  cours  du  Nil  depuis  Philée 

15 


110  Eugène  Revillout. 


On  comprend,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  pourquoi  Jean  de  Xikiou,  s'oecupant 
exclusivement  de  Cyrus  dans  le  chapitre  que  nous  venons  d'analyser,  n'a  pas  parlé  de  la 
destruction  du  Sérapéum  d'Alexandrie.  Il  serait  absurde  de  tirer  de  son  silence  une  con- 
clusion négative  contre  cette  tradition  universelle  et  constante.  Rien  n'empêche  d'ailleurs 
d'admettre  qu'il  eu  ait  parlé  lui-même  ailleurs  dans  un  des  passages  qui  ne  nous  sont  pas 
parvenus.  Et  s'il  ne  l'a  pas  fait,  d'autres  contemporains  ont  dû  le  faire,  je  le  répète,  car  c'est 
d'après  leurs  écrits  qu'Abd-al-latif  en  parle  comme  d'une  chose  connue  de  tous,  51.  Butler 
le  reconnaît,  —  et  connue,  bien  avant  le  récit  détaillé  Abulfaradj  -'  sur  cet  événement  raconté, 
aussi  par  Abulféda^  et  par  Makrizi^  et  j)ar  un  anonyme,  cité  par  de  Sacy. 

C'est,  eu  effet,  à  de  Sacy  qu'il  faut  toujours  recourir  pour  cette  question,  qu'il  a  mer- 
veilleusement éclairée  dans  les  notes  de  son  Abd-al-latif.  II  a  prouvé  que  l'ordre  d'Omar,  donné 
à  Amrou  au  sujet  de  la  destruction  de  la  bibliothèque  d'Alexandrie,  résultait  d'une  politique 
générale,  également  pratiquée  eu  Perse,  où  il  prescrivit  semblable  destruction  des  livres. 
Omar  sentait,  en  efï'et,  que  la  science  serait  le  principal  obstacle  pour  la  propagation,  par  la 
violence,  des  rêves  et  des  idées  de  Mahomet,  dont  chacune  des  sourates  était  alors  confiée  à 
la  mémoire  d'un  ou  plusieurs  gardiens.  S'il  tit  écrire  ces  sourates,  jusqu'alors  verbales,  il 
tait  important,  au  contraire,  de  détruire  les  livres  religieux  et  autres  des  peuples  brutale- 
ment soumis  à  son  cimeterre. 

De  Sacy,  entre  autres  mille  renseignements  précieux  à  ce  sujet,  démontre  aussi  que 
le  Sérapéum  —  dont  la  bibliothèque  n'avait  pas  été  détruite  par  Théophile  —  subsistait 
encore  au  moment  de  la  conquête  d'Amrou  et  qu'il  a  été  décrit  très  tardivement  par  plu- 
sieurs écrivains  arabes.  En  effet,  ceux  qui  ont  lu  la  description  que  j'ai  donnée  plus  haut  du 
Sérapéum  dans  mon  roman,  description  basée  sur  celle  de  Euffin,  etc.,  ont  remarqué  que 
la  chapelle  de  Sérapis,  dont  la  destruction  systématique  par  Théophile  nous  a  été  soigneuse- 
ment décrite,  était  située  dans  la  cour,  fermée  par  une  sorte  de  cloître,  fermée  par  des 
bâtiments  contenant  la  bibliothèque,  les  salles  d'étude  et  les  logements  des  savants.  Tout 
cela  avait  été  soigneusement  conservé  lors  la  démolition  de  la  chapelle  de  Sérapis,  ordonnée  par 
Théophile,  tout  cela  est  encore  décrit  postérieurement  par  le  rhéteur  Aphtonius  dont  de  Sacy  a 


jusquaux  embouchures,  était  le  théliaiii  —  eu  basse  Égyjrte,  aussi  bien  que  dans  le  Saïd  —  les  inscriptions 
le  prouvent.  Il  en  était  différemment  à  Alexandrie,  placé  sur  le  côté.  (On  disait  :  sortir  d'Égyjite  pour  aller 
h  Raeoti.)  Il  en  était  différemment  aussi  pour  le  dialecte  qu'on  a  appelé  improprement  Akhmimique, 
parce  que  les  manuscrits  en  ont  été  trouvés  dans  la  bibliothèque  du  monastère  d'Aldimim,  patrie  du  grand 
Senuti.  qui  a  toujours  écrit  en  thébain.  Ce  dialecte,  très  différent  du  thébain  et  qiii  contient  aussi  une 
lettre  spéciale,  l'aspirée  forte  ^,  tirée  du  i  démotique,  doit  être  recherché  soit  du  côté  de  la  Mer  Rouge, 
soit  dans  les  Oasis. 

1  Ainsi  que  l'a  noté  très  bien  le  P.  Chautard,  Abd-al-latif,  médecin  et  historien  arabe,  né  à  Baddad, , 
vivait  de  1161  à  1231.  Notons  que  M.  Bltler  cite  toujours  une  édition  anglaise  de  préférence  à  celle  de 
notre  grand  de  Sacy  aux  notes,  duquel  il  a  fait  cependant  de  larges  emprunts. 

"  «Aboulfaradj,  fils  d'un  médecin  chrétien  et  chrétien  lui-même,  naquit  en  1226  à  Malaka,  ville 
d'Annénie  et  mourut  évêque  d'Alep»  (ibid.). 

"  «Né  à  Damas  en  1273,  mort  en  1331»  (ibid.). 

*  «Né  au  Caire  en  1365»  {ibid.).  —  J'ai  tenu  même  pour  les  indications  \nilgaires  à  montrer  le  soin 
du  P.  Chautard  dans  son  travail.  Il  parle  aussi  d'un  auteur  introuvable,  signalé  par  31.  de  Vai-lzant  dans 
son  itinéraire  descriptif  de  l'orient  et  dont  les  indications  ne  sont  pas  faites  pour  inspirer  confiance.  Le 
P.  Chautard  a  écrit  à  son  éditeur,  mais  en  vain,  pour  avoir  des  renseignements  complémentaires. 


La  bibliothèque  du  Sérapéum  d'Alexandrie.  111 

reproduit  et  traduit  le  texte.*     Tout  cela  fut  même  conservé  après  la  destruction  des  livres 
qu'Amrou  lit  brûler  dans  les  appareils  de  chauffage  des  bains  publics. 

Je  renvoie  ceux  que  la  question  de  la  destruction  de  la  bibliothèque  d'Alexandrie  in- 
téresse au  travail  du  Père  Chautard,  que  celui  ci  compte  bientôt  publier  en  entier. 

>  «Quand  ou  eutre  dans  l'axpojtoÀ'.;.  on  trouve  un  emplacement,  borné  par  quatre  côtés  égaux,  en 
sorte  que  la  figure  de  cet  édifice  est  celle  d'un  moule  à  faire  des  briques  (c'est-à-dire  d'un  carré  long). 
Au  milieu  est  une  cour,  environnée  de  colonnes  et  à  cette  cour  succèdent  des  portiques;  les  portiques  aussi 
sont  divisés  par  des  colonnes  d'une  même  proportion  .  .  .  Chaque  portique  se  termine  à  l'angle  ou  aboutit 
un  autre  portique  et  il  y  a  une  colonne  double  qui  appartient  en  même  temps  à  l'un  et  à  l'autre  portique, 
étant  la  dernière  d'un  portique  et  la  première  d'un  autre.  En  dedans  des  portiques,  on  a  construit  des 
cabinets,  les  uns,  qui  servent  à  renfermer  des  livres,  sont  ouverts  à  tous  ceux  qui  veulent  s'appliquer  à 
l'étude  de  la  philosophie  et  offrent  à  toute  la  ville  un  moyen  facile  d'acquérir  la  sagesse;  les  autres  avaient 
été  consacrés  au  culte  des  anciennes  divinités.  Ces  portiques  ont  un  toit,  orné  de  dorures  et  les  chapitaux 
des  colonnes  sont  en  cuivre  doré.  La  cour  est  décorée  d'embellissements  de  différentes  sortes;  chaque 
partie  a  les  siens;  il  y  a  un  endroit  où  l'on  voit  les  combats  de  Persée.  Au  milieu  de  la  cour  s'élève  une 
colonne  d'une  grandeur  extraordinaire  et  qui  sert  à  faire  connaître  cet  emplacement;  car  quand  on  arrive 
on  ne  saurait  pas  où  on  va,  si  cette  colonne  ne  ser\-ait  comme  de  signe  pour  reconnaître  les  chemin». 
Elle  fait  reconnaître  l'acropole  tant  sur  terre  que  sur  mer.  Sur  le  chapiteau  de  la  colonne  sont  placés  tout 
autour  les  éléments  de  tout  ce  (jiù  existe.» 

C'est  à  propos  de  cette  colonne  et  de  celles  qui  l'entouraient,  toutes  décrites,  avec  de  nombreux 
détails,  par  différents  auteurs  musulmans,  antérieurs  d'un  ou  cleux  siècles  à  Al>d-al-latif  et  dont  de  Sacy 
reproduit  les  témoignage  p.  231  et  suivantes  de  son  ouvrage,  (pie  p.  182—183  Abd-al-latif  lui-même  s'ex- 
prime ainsi  : 

«J'ai  vu  à  Alexandrie  la  colonne,  nommée  Amoud-al-saiva7-i  (la  colonne  des  piliers).  Elle  est  de 
granit  rouge,  tiquetée,  qui  est  d'une  extrême  sûreté.  Cette  colonne  est  d'une  grosseur  et  d'une  hauteur  sur- 
prenante; je  n'aurais  pas  de  peine  à  croire  qu'elle  a  soixante-dix  coudées  de  haut,  son  diamètre  est  de  cinq 
coudées;  elle  est  élevée  sur  une  base  très  grande  et  proportiomiée  à  ses  dimensions.  Sur  le  sommet  de 
cette  colonne  est  un  grand  chapiteau,  qui  n'a  être  ainsi  placé  avec  une  juste  précision,  sans  une  profonde 
connaissance  de  la  mécanique  et  de  l'art  d'élever  de  grands  poids  et  une  extrême  habileté  dans  la  géométrie 
pratique.  Un  homme,  digne  de  foi,  m'a  assuré  avoir  mesuré  la  périphérie  de  cette  colonne  et  l'avoir  trouvée 
de  soixante-quinze  empans  de  la  grande  mesure. 

«J'ai  vu  aussi  sur  les  bords  de  la  mer,  du  côté  oii  elle  avoisine  les  murailles  de  la  ville,  plus  de 
quatre  cents  colonnes.  l)risées  en  deux  ou  trois  parties,  dont  la  pierre  était  pareille  à  celle  dont  est  faite 
la  colonne  des  piliers  et  qui  paraissaient  être  à  celle-ci  dans  la  jiroportion  d'un  tiers  ou  d'un  quart.  Tous 
les  habitants  d'Alexandrie,  sans  exception,  assurent  que  ces  colonnes  étaient  dressées  autour  de  la  colonne 
des  piliers;  mais  qu'mi  gouverneur  d'Alexandrie,  nommé  Karadja,  qui  commandait  dans  cette  ville  pour 
Youssouf,  iils  d'Ayyoub  (Saladin),  jugea,  à  propos  de  renverser  ces  colonnes,  de  les  briser  et  de  les  jeter 
sur  le  bord  de  la  mer,  sous  le  prétexte  de  rompre  l'effort  des  flots  et  de  mettre  ainsi  les  murailles  de  la 
ville  à  l'abri  de  leur  violence  ou  d'empêcher  les  vaisseaux  ennemis  de  mouiller  contre  les  murs.  C'était  agir 
en  enfant  ou  en  homme  qui  ne  sait  pas  distinguer  le  bien  du  mal.  J'ai  vu  pareillement  autour  de  la  colonne 
des  piliers,  des  restes  assez  considérables  de  ces  colonnes,  les  uns  entiers,  les  autres  brisés.  On  pouvait 
juger  encore  par  ces  restes  que  ces  colonnes  avaient  été  couvertes  par  un  toit  qu'elles  soutenaient.  Au- 
dessus  de  la  eolonue  des  piliers  est  une  coupole,  supjjortée  yiar  cette  colonne.  Je  pense  que  cet  édifice 
était  le  portique  où  siégeait  Aristote  et  après  lui  ses  disciples;  et  que  c'était  l'Académie  ({ue  fit  construire 
Alexandre  quand  il  bâti  cette  \ille  et  oii  était  placée  la  bibliothèque  que  brûla  Amrou  lien  Alas  avec  la 
permission  d'Omar.» 


112  Eugène  Revillout. 


LE  SYLLABAIRE  DEMOTIQUE. 

PAR 

Le  Professeur  D"^  Eugène  Revillout. 

Pendant  toute  ma  \ie  scientifique  je  me  suis  occupé  (lu  syllabaire  tlémotique,  mais  surtout  à  deux 
périodes  spéciales  : 

1°  Lors  de  la  fondation  faite  par  moi  de  l'École  du  Louvre'  à  laquelle  mon  ami,  M.  de  Ronchaud, 
directeur  des  Musées  Nationaux,  fit  donner  enfin  son  existence  officielle. 

2°  Peu  de  temps  avant  et  peu  de  temps  après  ma  mise  à  la  retraite  en  pleine  activité  intellectuelle.' 
Pendant  la  première  année  de  l'existence  officielle  de  l'École  je  consacrai  l'un  de  mes  trois  cours,  celui  de 
ilémotique,  au  sj'llabaire.  Après  cela,  trois  de  mes  élèves,  JIM.  JIallet,  Berger  et  Compagnon,  qui  furent 
successivement  mes  répétiteurs  pour  le  démotique,  tandis  que  mon  élève  M.  Paturet  joiiait  ce  rôle  pour 
le  droit  égyptien,  se  chargèrent  de  continuer  cet  enseignement  pour  les  nouveaux  d'un  auditoire  alors  très 
nombreux.'  Moi,  je  m'étais  fait  une  règle  de  ne  jamais  me  répéter  et  de  traiter  toujours  des  questions  nou- 
velles en  droit  et  des  textes  nouveaux  en  philologie.  M.  Berger,  professeur  agrégé  de  l'université,  entreprit 
même  avec  mon  assentiment  la  publication  de  mon  syllabaire  dont  il  commença  l'autographie,  mais  que 
ses  nombreuses  occupations  l'empêchèrent  d'achever. 

C'est  cette  première  étude  des  caractères  du  démotique  classique  dont  Berger  avait  entrepris  la  pid)li- 
cation  que  je  vais  donner  d'abord  maintenant  avant  d'entreprendre,  également  par  voie  d'autographie, 
la  publication  complète  du  syllabaire,  tel  que  je  l'ai  rêvé  ces  années  dernières. 

Celui-là,  c'est  le  syllabaire  démotique  historique  contenant  toutes  les  formes  relevées  dans  les  contrats 
archaïques  que  je  viens  de  publier,  avec  les  origines  hiératiques  de  chacune  et  les  transformations  qu'elles 
subirent  dans  les  diverses  périodes  secondaires. 

Mon  ouvrage  se  composera  ainsi  de  trois  parties  ou  de  trois  fascicules  : 

1"  L'alphabet,  provisoirement  rangé  d'après  la  parenté  phonétique  des  lettres,  mais  aboutissant  à 
des  conclusions  qui  me  permettront  d'établir  un  nouveau  classement  historique  des  signes  pour  l'égyptien, 
le  démotique  et  le  copte,  parallèle  à  l'alphabet  de  l'hébreu,  du  phénicien,  du  grec  et  du  latin,  dont  l'origine 
a  été  fort  bien  précisée  par  JI.  de  Rougé  avec  quelques  lacimes  et  quelques  erreurs  de  doctrines.  On  y 
trouvera  toutes  les  preuves  de  lecture,  les  transcriptions  sémitiques,  et  pour  le  démotique  les  transcriptions 
grecques  et  hiéroglyijhiques  des  sons  et  articulations.* 

2°  Le  syllabaire  démotique  de  la  période  classique  mis  en  ordre  d'après  ce  nouveau  classement  et 
contenant  aussi  les  preuves  de  lecture. 

S"  Le  syllabaire  général  proprement  dit  s'appliquant  aux  périodes  archaïques  comme  aux  époi[ues 
plus  modernes.  J'y  suivrai  l'ordre  ordinaire  des  syllabaires  hiéroglyphiques  d'après  la  nature  des  objets 
figurés  d'oii  le  hiératique  et  le  démotique  ont  été  tirés.  Je  me  contenterai  de  celui  de  Levi  qui  est  en  tête 
de  son  dictionnaire  et  entre  les  mains  de  tous. 

Sous  les  numéros  en  chiffres  arabes  se  rapportant  aux  caractères  hiéroglyphiques  du  dit  syllabaire 
dont  j'ai  retrouvé  jusqu'ici  les  équivalences  en  démotique  —  caractères  hiéroglyphiques,  qui  joueront  pour 
moi  le  rôle  des  clefs  dans  la  lexicographie  chinoise,  se  trouveront  donc  rangés  les  caractères  démotiques. 
M.ais  ceux-ci,  sous  chacune  de  ces  clefs,  auront  des  numéros  spéciaux  en  chiffres  romains  se  référant  aux 
principaux  types  et  dont  la  série  sera  également  continuée. 

En  ce  qui  concerne  les  renvois,  je  me  référerai  par  des  lettres  aux  différentes  périodes  ou  écoles 
graphiques. 


1  MM.  les  Professeurs  Schîaparelli,  Krall,  etc.  furent,  avec  d'antres,  mes  élèves  au  Louvre  avant  la  reconnaissance  officielle 
de  l'École. 

'  Lors  de  cette  brusqu:>  mise  en  retraite,  causée  par  des  jalousies  scientifiques,  on  n'avait  pas  voulu  tenir  compte  pour  ma  pen- 
sion d'un  de  mes  cours,  à  moi  confiés  par  arrêté  ministériel,  cours  toujours  professé  par  moi.  Mais  le  Conseil  d'État  vient,  dans  sa  séance 
du  24  juillet  1912,  de  condamner  sur  ce  point  l'administration,  de  révoquer  le  décret  présidentiel  du  23  juillet  1909  et  de  me  donner  raison. 

'  Une  douzaine  d'élèves  au  moins  pour  le  démotique  et  une  cinquantaine  pour  le  droit  égyptien. 

*  Ce  fascicule  paraîtra  en  même  temps  que  ce  numéro  de  la  Revue  ègtjpiologique  (SIV,  JII).  On  le  trouvera  chez  les  mêmes  dépo- 
sitaires que  mes  Contrats  égyptiens  archa'lques. 


Le  syllabaire  démotique.  113 


La  i)remière  période  grapliique,  la  plus  archaïque,  comprenant  Bocchoris  et  les  éthiopiens  de  la 
branche  aînée  ou  de  la  branche  cadette,  portera  la  lettre  A. 

La  seconde,  comprenant  Amasis  et  les  Persans,  la  lettre  B. 

Tous  les  documents  de  ce  genre,  jusqu'ici  connus,  se  trouvent  dans  mon  livre  «Contrats  égyptiens 
archaïques  démotiques  et  araméens». 

Des  renvois  très  détaillés  seront  faits  ainsi  par  exemple  :  A  16,  3  voudra  dire  :  contrats  1"  période, 
p.  16,  1.  3  de  mon  livre  ;  B  256,  5  indiquera  la  seconde,  p.  256,  1.  5  du  même  livre. 

Après  la  lettre  B,  la  lettre  C  désignera  d'une  façon  globale  et  sans  renvois  détaillés  les  contrats 
de  la  famille  d'Alexandre  et  des  Ptolémées. 

La  lettre  D,  les  contrats  d'époque  romaine. 

Les  lettres  suivantes  se  référeront  aux  principaux  livres  démotiques  : 

Les  lettres  B  R  aiu\  papyrus  bilingues  Rliind. 

Les  lettres  B  P  au  bilingue  de  Pamont. 

Les  lettres  S  X  A  à  Setna. 

Les  lettres  S  X  B  à  Setmé. 

La  lettre  K  au  Kouii. 

Les  lettres  P  M  L  au  papyrus  moral  de  Leide. 

La  lettre  P  à  Petubast. 

La  lettre  G  aux  papyrus  gnostiques. 

Les  lettres  B  V  aux  pap)Tus  hiératico-démotiques  de  Vienne. 

La  lettre  V  aux  Varia. 

Eniin  les  lettres  syll  avec  le  numéro  du  fascicule  aux  deux  premières  iiarties  du  syllaliaire  dont  les 
pages  seront  également  indiquées. 

Quelques  remarques  préliminaires  nous  semblent  utiles  à  communiquer  aux  lecteurs  attentifs. 

A  noter  un  groupe  très  important  des  signes  démotiques  archaïques  dont  l'origine  se  réfère  non  au 
hiératique  immédiatement  antérieur  ou  contemporain,  mais  au  hiératique  des  premières  d3Tiasties,  tel  qu'il 
a  été  classé  par  Môlleb  dont  la  paléographie  hiératique  sera  sans  cesse  visée  par  nous  à  côté  de  celle  de 
SiMÉoN  Levi.  Ce  fait  est  parallèle  à  celui  que  nous  avons  indiqué  pour  les  grammaires  égyptiennes.  La 
philologie,  comme  la  nature,  ne  procède  pas  per  saltum.  Or,  citons  un  seul  exemple  qui  tourmentait  autrefois 
mon  ami  Eeman.  Il  me  disait  :  «Comment  se  fait-il  que  vous  ayez  en  démotique,  comme  plus  tard  en 
copte,  l'optatif  en  mai  ou  mare,  qui,  après  avoir  existé  dans  les  anciennes  périodes,  n'existe  plus  en 
nouvel  égyptien?»  Or,  il  se  trouve  que  certains  dialectes  démotiques  n'ont  pas  plus  cet  optatif  qu'ils 
remplacent  par  mtufar,  que  le  prétendu  nouvel  égyptien,  et  que  d'autres  dialectes  démotiques  joignent  à 
mtufar  un  autre  temps  différent  de  sens  en  minarf,  tandis  que  d'autres  possèdent  maarf  ou  maref'ar.  En  un 
mot,  le  démotique  a  été  multiple,  comme  le  nouvel  égjijtien,  et  il  faut  se  résigner  à  admettre  que  nous  ne  possé- 
dons pas  toujours  toutes  leurs  formes  contemporaines.  II  en  a  été  de  même  pour  la  paléographie  égyptienne. 

Ainsi  qu'on  a  pu  le  voir  à  la  fin  de  trois  de  mes  fascicules  des  contrats  démotiques  archaïques. 
la  cursive  démoticpie  a,  comme  cursive,  entraîné  une  polyphonie  apparente  de  signes  très  différents  dans 
l'origine  —  polyphonie  que  sont  encore  venus  compliquer  les  lettres  doul)les  relativement  rares  en  hiéra- 
tique et  d'un  usage  beaucoup  plus  étendu  dans  le  démotique  surtout  récent.  Une  autre  polyphonie  résulte 
et  a  toujours  résulté  des  changements  que  la  langue  parlée,  se  modifiant  sans  cesse,  introduisit  peu  à  peu 
dans  la  langue  écrite.  Il  en  est  ainsi  du  syllaljique  aa.  qui  reçut  les  prononciations  les  plus  diverses  selon 
les  mots  ainsi  écrits.  Il  en  est  ainsi  également  du  mot  ejnSesma  qui  se  prononça  aussi  mate  dans  certains 
dialectes,  etc. 

Nous  reparlerons  dans  la  suite  de  toutes  ces  choses. 

Pour  le  moment  inserons  ici  au  sujet  de  la  lecture  du  démotique  quelques  mots  qui  étaient  destinés 
à  servir  de  préface  au  travail  malheureusement  incomplet  de  M.  Berger  (travail  que  j'ai  dû  refondre  et 
mettre  tout  à  fait  .à  jour  dans  la  première  partie  de  mon  syllabaire  actuel). 


114  Eugène  Revillout. 


Transcrijjtions  (issiirant  ht  lecture  des  signes  déntotiques. 

Des  transcriptions  grecques  viennent  donner  à  la  lecture  du  démotique  un  caractère  de  certitude  qui 
manquait  .à  la  lecture  des  signes  hiéroglyphiques  et  c'est  ce  qu'a  fort  bien  mis  en  lumière  Eeuvens  dans 
sa  publication  du  papyrus  bilingue  de  Leide.  Deux  autres  papyrus,'  dont  l'un  a  été  publié  par  Jl.  Maspero 
et  dont  l'autre,  celui  de  Londres,  est  maintenant  publié  par  M.  Revillout  dans  la  Eeviie  égyptologiqiie  et 
appartient  sans  doute  au  même  manuscrit  que  celui  de  Leide,  dont  il  nous  donnerait  le  titre,  sont  venus 
apporter  de  nouvelles  transcriptions.  Ces  transcriptions  démotico-grecques  ont  d'ailleurs  éclairé  pour  la  lecture 
de  leurs  correspondants  hiéroglyphiques  ou  hiératiques  quand  le  papyrus  bilingue  n'en  donnait  pas  la  lec- 
ture directe  comme  de  ff  9  t&t,  etc.  Je  citerai  le  signe  — i —  =  «-=>,  auquel  JI.  de  Eougé  a  donné  avec 
raison  la  lecture  aa  (et  non  a,  comme  on  le  fait  parfois  fautivement  maintenant),  parce  que  le  papyrus 
bilingue  transcrit  ~^  tooi  et  que,  d'une  autre  part,  son  complément  phonétique  C)  =  t7  =  .^^ — n  est  partout 
transcrit  ew.  Le  signe  <> — "  ^=  V  dans  les  transcriptions  sémitiques,  ainsi  que  l'a  très  bien  aussi  démontré 
M.  DE  lîouGÉ,  et  dans  l'alphabet  sémitico-grec,  le  J?  est  devenu  un  o.  On  comprend  donc  à  merveille  comment 
l'aïn,  qui  chez  les  arabes  est  considéré  comme  une  consonne  très  gutturale,  a  pu,  redoublé  surtout,  être 
transcrit  ma»  :  mais  ce  n'en  est  pas  moins,  dans  l'origine,  une  simple  voyelle,  dont  la  parenté  avec  l'aleph  ou 
comme  point-voyelle,  le  pathah  hébreu  est  évidente.^  Mais  dans  toutes  les  langues  qui  ont  vécu  longtemps 
—  même  l'anglais  —  les  voyelles  écrites  sont  souvent  prononcées  plus  tard  d'une  autre  manière,  ou,  si  l'on 
se  sert  du  language  des  sémitisants,  elles  sont  mues  d'une  autre  manière.  Le  papjTus  à  transcription  de 
Leide  nous  en  fournit  de  bons  exemples.  Ainsi  en  est-il  par  exemple  du  syllabitiue  — I —  =  o=  aa,  dont 
nous  venons  de  parler.  Ce  syllaliique  aa  était  primitivement  employé  isolément  poiir  plusieurs  mots  distincts. 

1»  Le  mot  "^^^  aa  qui  signifie  «grand»  (ïn-a.».-tj)  et  dont  la  transcription  démotique  ~+~  sert,  comme 
souvent,  à  rendre  dans  le  jjapyrus  bilingue  les  lettres  mû),  oo  ou  m  des  mots  grecs. 

2°  Le  mut  ^^S^  aa  signifiant  «âne>  et  qui  en  copte  est  devenu  iio.  Ce  mot,  transcrit  en  démotique 
;^,  est  lu  également  ito  dans  le  pai)yrus  bilingue  et  sert  même  à  transcrire  le  nom  nim,  prononcé  ito 
par  les  gnostiques,  etc. 

3°  Le  mot  x*^  aat,  signifiant  «lin»  et  qui  est  devenu  en  copte  ei&.A.ir.  transcrit  en  démotique  vi, 
est  lu  ei  dans  le  papyrus  bilingue. 

C'est  le  même  principe  du  changement  de  prononciation  dans  la  langue  jiarlée  qui  a  amené  la  poly- 
phonie de  beaucoup  de  syllabiques  en  hiéroglyphes  même  et  qui  dans  le  démotique  a  été  parfois  appliqué 
à  des  mots  entiers,  c'est-à-dire  à  un  ensemble  de  plusieurs  caractères.  Je  citerai  le  mot  ^  5  P  *"'  *^''  '"" 
signifiant  d'abord  «en  ordre  vrai»,  puis  très  bien,  beaucoup,  etc.  Ce  mot  ^^  P  se  trouve  sous  cette  forme 
dans  la  version  hiéroglyphique  du  décret  de  Rosette  et  dans  la  version  démotique,  sous  sa  transcription 
Wi.  Mais  dans  la  langue  parlée,  il  s'était  dès  l'époque  ptolémaïque  prononcé  M«..Te,  parce  que  dans  la 
langue  parlée,  conservée  par  le  copte,  cette  signification  se  rendait  par  mj^tb,  cmô^tc  valde,  multum,  etc. 
Aussi  trouvons-nous  le  même  groupe  démotique  employé  dans  un  contrat  de  Leide  de  cette  époque  pour 
désigner  (ici  avec  les  affixes  de  la  2°  personne)  le  mot  *v.«kTc  possidere.  Il  ne  faut  donc  pas  nous  étonner 
de  voir  ce  mot,  dont  les  principaux  signes  primitifs  deviennent  muets,  recevoir  à  l'époque  romaine  le  com- 
plément phonétique  ^  =  'fVa  =  [Ici  et  oD  (syllabique  transcrit  Tto  ailleurs  par  notre  papyrus)  ou  bien  encore 

le  complément  plionétii]ue  r-K  =  7"  J,  que  notre  papj-rus  bilingue  transcrit  tctt  ou  tktt  ailleurs,  parce  que 

lèvent,  .symbolisé  par  la  voile,  se  disait  tht  en  copte  (en  hiéroglyphes  ^^(gX^n^  ^°^  |i__i  j.  Le  mot 
Svj  devient  aussi,  soit  ^^v),  soit  ^>Kv3,  mate  dans  le  sens  précité  valde,  multum,  très  bien. 

Par  les  exemples  que  nous  venons  de  citer  et  auxquels  on  pourrait  joindre  bien  d'autres,  on  a  pu  voir 
que  les  transcriptions  sont  au  moins  aussi  importantes  que  les  compléments  phonétiques  pour  la  lecture  de 
l'égyptien,  car  les  compléments  phonétiques  sont  susceptibles  de  changer  eux-mêmes  de  prononciation  dans 
la  langue  parlée,  avec  ou  sans  l'addition  de  nouveaux  signes. 

On  a  pu  devenir  aussi  quels  secours  ces  transcriptions  du  démotique  eu  grec  ont  pu  apporter  à  la 
lecture  des  hiéroglyphes  eux-mêmes,  et  effectivement  je  pourrais  en  donner  beaucoup  d'exemples.   Mais, 

1  Mentionnons  aussi  un  fragment  acquis  pour  le  Musée  du  Lonvre  par  M.  Revillout. 

^  Dans  un  article,  publié  p.  134  et  suivantes  du  tome  XIII  de  la  Revue  igijpioloqique ,  j'ai  démontré  que  le  patiiah  n'était  que  le 
point-voyelle  de  l'antique  voyelle  écrite  ahi)h,  comme  le  kamets  n'était  que  le  point-voyelle  de  l'ancienne  voyelle  écrite  atn  (E.  R.). 


Le  syllabaire  démotique. 


115 


bien  entendu.  parallMement  la  comparaison  des  mots  hiéroglyijhiques  et  démotifiues  viennent  aussi  éclairer  ces 
derniers.  Les  bilingues  ou  trilingues  de  sens,  tels  que  les  décrets  ptolémaïques.  les  papyrus  bilingues  Rhind^ 
nous  donnant  le  texte  dans  plusieurs  versions  parallèles  dune  langue  dont  le  fond  et  l'origine  est  identique 
parfois  même  le  mot  employé,  sont  aussi  d'un  fréquent  secours. 

Il  ne  faut  pas  oublier  non  plus  les  papyrus  démotiques  dont  pour  les  noms  propres  nous  trouvons  les 
transcriptions  grecques  dans  des  textes  parallèles.  De  ceux-l.i,  M.  Revillodt  s'est  largement  servi  dans  le 
rétablissement,  fait  par  lui.  de  la  transcription  et  de  la  traduction  de  la  langue  démotique,  voie,  dans  la- 
quelle YouMG,  DE  Rougk'  et  Brccsch  étaient  entrés  partiellement  les  premiers. 

Dans  les  pages  qui  suivent,  nous  utiliserons  d'abord,  en  partie  du  moins,  ces  diverses  sources  pour 
l'histoire  des  transcriptions,  puis  nous  examinerons  rapidement  les  valeurs  des  lettres  et  des  syllabiques 
démotiques,  même  non  transcrits  en  grec,  valeurs  que  JI.  Revillout  est  parvenu  à  spécifier  et  dont,  pour  la 
plupart.  BRrcscH  n'avait  pas  la  plus  légère  idée  dans  sa  grammaire  démotique.  Dans  cet  ouvrage,  tout 
entier  à  refaire,  les  bé^nies  sont  innombrables.  Mais  avant  de  commencer  le  chapitre  des  transcriptions,  il 
faut  que  nous  fassions  quelques  obsenations  prémonitoires. 

Les  lettres  voyelles  dans  l'alphabet  hébréo-phénico-grec  (lettres  voyelles  correspondant  en  hé1>reu.  dans 
a  suite,  à  certains  points-voyelles  spéciaux,  qui  leur  ont  succédé,  en  quelque  sorte,  au  point  de  vue  phoné- 
tique) paraissent  avoir  en  leurs  correspondants  exacts  dans  la  langue  hiérogliQ)hique. 

L'aleph  répond  au  h  et  au  ^. 

Le  iod  au  (jO  et  au  w. 

Le  vav  au  %,  au  '2  et  parfois  au  .Cl. 

Le  aïn  au  ^ — d  ou  ^  et.  comme  point-voyelle,  au  lamets,  qui  est  tantôt  un  a.  tantôt  un  o.  et  qui 
dans  l'origine  graphique  est  l'origine  de  l'omicron. 

Là  s'arrête  l'échelle  primitive.  Mais  lora  de  la  fonnation  de  l'alphabet  phénieo-grec,  le  ~  hé,  qui  était 
primitivement  une  aspirée  douce,  analogue  au  ITl  et  au  |  hiéroglyphique,  est  devenu  un  e,  l'epsilon,  tandis 
que  l'aspirée  dure,  le  kliét  n,  répondant  au  ®  et  au  i  hiéroglyphique,  est  devenue  un  T,-ai,  rôle  que  ces  deux 
lettres  ne  paraissent  pas  avoir  eu  déjà  dans  la  vieille  langue  égyptienne.  Mais,  à  la  basse  époque,  en  Égvpte 
même,  ces  sons  étaient  devenus  indispensables.  Aussi  leur  a-t-on  créé  des  correspondants  dans  les  papyrus  à 
transcriptions.  Comme  en  hélireu  également,  on  a  trouvé  à  l'a'in  v= — d  (kamets  comme  point-voyelle)  un  son 
guttural  mitoyen,  vocalement  entre  l'a  et  l'o.  Mais  on  a  voulu  mieux  spécifier  encore  que  les  massorètes  des 
distinctions  qui  paraissaient  nécessaires,  ainsi  que  M.  Revillout  l'a  spécifié  depuis  longtemps  dans  les  «Mélanges 
d'archéologie  égyjjtienne».  Le  <^3  ^  ^  =  -= — n  restera  un  a;  mais  s'il  est  redoublé,  par  exemple  dans  la  pro- 
nonciation du  syllabique  ^i^j  aa  =  o  ,  il  deviendra  ûi&i  et  oo.  Le  caractère  ~S~  servii-a  donc  à  rendre 
ce  son.  D'une  autre  part,  —  de  même  que  dans  la  Massore,  on  avait  le  kamets  (ancien  a'i'n)  ayant  parfois  le 
son  0  à  côté  du  holam  (venant  primitivement  du  vav)  l'ayant  toujours,  —  dans  les  papyrus  à  transcriptions, 
pour  rendre  les  variantes  de  ce  son  o,  on  aura,  à  côté  du  ~J~,  le  '^,  autrefois  syllabique  at  ou  déter- 
minatif  de  l'épine  dorsale  et  parfois  des  herbes. 

De  même,  pour  rendi'e  les  sons  h  et  c  (alors  confondu,  tandis  que.  dans  le  8'  et  le  9*  siècle,  dans  la 
prononciation  grecque,  le  j)-a  passera  au  son  du  iota).'  pour  rendre,  dis-je,  le  h  et  le  e.  on  aura  1 1.  Ordi- 
nairement aussi  /.  =  <:::=■  passera  au  son  e,  comme  la  préposition  <:^>  est  elle-même  devenue  un  e  en 
copte.  Il  faut  noter  pourtant  que  cet  /  =  c  est  moins  franc  que  e,  et  que  les  transcriptions  le  rendent 
parfois  par  &. 

Toutes  ces  lettres  voyelles  sont  employées  dans  la  transcription  démotique  des  mots  grecs,  comme 
d'autres  caractères  d'origine  démotique  sont  employés  dans  les  transcriptions  grecques  des  mots  égyptiens. 
1°  Soit,  pour  rendre  des  sons,  ayant  appartenu  autrefois  à  la  langue  grecque,  et  qui  en  sont  tombées  de 


ceux  qu'avait  identifiéa 
a  dans  les  noms  propres 


'  M.  Berger  a  pnblié,  comme  thèse  à  l'École  du  Louvre,  un  corieni  bilingne  de  ce  Renre  (analogn 
Yonng)  on  que  j'avais  publiés,  moi-même,  joignant  aux  avantages  du  bilingue  de  sens,  ceux  du  bilingue  de 
transcrits  en  grec. 

'  C'est  de  Rongé  qui,  daua  une  lettre  publiée  par  la  Revue  ègyptologique.  a  remis  Brugsch  dans  cette  bonne  voie.  Dans  ses  pre- 
miers travaux,  Brugïch  avait  suivi  le  mauvais  sentier,  suivi  par  51.  de  Saulcy  —  en  dépit  de  quelques  découvertes  benreoses,  telles  que 
celle  qui  a  fait  voir  à  ce  dernier  la  presse  des  hommes  de  la  marine  dans  nn  texte  de  Rosette  que  les  traducteurs  grecs  voulurent  inter- 
préter d'une  toute  antre  manière. 

'  Il  ne  l'avait  pas  quand  Aristophane  faisait  dire  aux  moutons  ÊH  ÊH.  Le  È  aussi  n'était  pas  alors  un  r,  mais  il  avait  son  son 
érasmien. 


116  Eugène  Revillout.    Le  syllabaire  démotique. 

l'alphabet,  comme  le  qoppa,  à  une  époque  où  les  égyptiens,  qui  le  laissèrent  plus  tard  aussi  tomber  en  copte, 
tenaient  encore  à  les  conserver  bien  distincts  dans  les  transcriptions  du  démotique.  2°  Soit,  pour  rendre 
des  sons  absolument  étrangers  à  la  langue  grecque,  et  dont  les  figurations  ont  été  empruntées  ensuite  par 
les  Arméuiens.  M.  Revillout  a  bien  développé  tous  ces  points  dans  les  Jlélanges  d'areliéologie  égyptienne 
eu  faisant  remarquer  que  ce  procédé  a  été  appliqué  aussi  dans  les  jjreiuiers  essais  des  inventeurs  de  l'alphabet 
copte,  c'est-à-dire  par  les  sorciers,  dont  les  transcriptions  d'incantations  égyptiennes  en  caractères  grecs  nous 
sont  parvenus.  Souvent,  ils  semblent  avoir  hésité,  du  reste,  entre  plusieurs  caractères  empruntés  au  démo- 
tique et  qu'ils  ont  employés  parallèlement.  Pour  le  hori,  par  exemple,  on  a  eu  les  différentes  formes  du 
h  doux  et  l'on  trouve  même  en  outre,  dans  les  papyrus  démotiques  à  transcriptions,  le  V  ypsilon  grec,  ser- 
vant aussi  à  rendre  le  h.  sans  doute  parce  que  cette  lettre  initiale  a  ordinairement  en  grec  l'esprit  rude. 

Revenons-en  à  l'échelle  de  nos  voyelles  égyjjtienues  en  démotique.  Généralement,  alors  le  •^■^  — 
i  —  S  cède  la  place  au  ^,  si  fréquent  avec  cette  valeur  dans  les  textes  hiéroglyphiques  de  basse  époque. 
Le  i  =  -= — "  est  pourtant  bien  lohi  d'avoir  disparu  de  la  langue.  Dans  nos  papyrus  à  transcriptions  eux- 
mêmes  on  trouve  des  mots,  tels  que  ^»].^i — ^"j6  (atinoati  en  copte),  ï,4u,  etc.  Mais  aucune  transcription 
grecque  ne  nous  en  est  donnée  (pas  plus  que  dans  les  noms  propres  des  contrats  bilingues  ptolémaïques). 

Les  seules  transcriptions  que  nous  possédions  pour  ce  caractère  S  se  trouvent  dans  les  équivalences 
données  par  nos  papyrus  gnostiques  pour  certains  mots  transcrits  en  hiératique  et  en  démotique.  Mais  le 
•-,  =  -= — D  hiératique  a  en  démotique  l'équivalence  C)  =  '^  2_i^.iM5f5i.ib  =  rni^nocj;  it):t;m2ii;t> 
=  fooviii/iii)  (aimer  le  grand  soleil).  Parmi  les  noms  divins,  sans  cesse  mentionnés,  on  aura  aussi  en 
hiératique  le  nom  de  mm  sous  la  forme  •Ï,i:;(7\x-,1<1  =  i&^jo  et  en  démotique  sous  les  formes  rô/><i"i 
==  I cyD  uj  et  rs>o  tj  1)1  =  c <\v o-  Parmi  les  mots  hiératiques  contenant  le  •^> — "  et  très  fréquents  dans  nos  papyrus 

à  transcriptions,   nous  citerons  aussi    '^fef  =  cc\)i  (c'est  littéralement  satialcs      |(  >=. — "  ^^^  Wl)  ^^ 


.  e  que  nous  avons 


•^1ii$  t,iij->  ^  ivfip&ce.^   (littéralement  airasatiaks  ^ — n  j  |  Jj"      ,    V])'  *-"^ 

dit  pour  le  -= — <^,  doit  se   dire  aussi  pour  [1.     Nous    avons    le    correspondant    démotique    dans    bien    des 

mots   des  papyrus  gnostiques  eux-mêmes  ^1 ,    (I  ,    Vil   =  M  =0=,   etc.  Mais,  par  mi  liasard  iden- 

tique, jamais  ce  correspondant  démoti(iue  n'est  transcrit  eu  grec,  '  et  cela  aussi  bien  dans  les  papyrus 
gnostiques  que  dans  les  noms  propres  des  contrats  bilingues.  Au  contraire,  la  forme  hiératique,  même 
transcrite  en  grecque,  se  trouve  souvent,  soit  dans  les  mots  écrits  purement  en  hiératico-hiéroghi)liique  ^  p  ^  p 
=  «^OTT,  ^—(■  =  ù.MOT!-it,  soit  dans  les  mots  hybrides  liiératico-démotiques  iir/j|  =  j^pm.'' 

Eu  définitive,  et  ce  sera  notre  conclusion  avant  d'en  arriver  au  détail  de  preuves,  les  voyelles  transcrites 
dans  nos  papyrus  gnostico-magiques  ont  une  échelle  différente  de  celle  des  voyelles  hiérogljT)hique8  primi- 
tives. Aussi  intervertirons-nous  ici  leur  ordre. 

Nous  commencerons  par  la  voyelle  la  plus  sourde,  l'aïn  -=. — <^,  dont  nous  étudierons  ensuite  les  diverses 
transformations  dans  nos  papyrus  à  transcriptions.  Nous  continuerons  par  l'aleph  û  ou  ^  et  les  transfor- 
mations de  l'un  de  ses  dérivés  aboutissant  au  son  e,  que  l'on  rendait  aussi  par  une  diphtongue  et  par  une 
ancienne  consonne.  Nous  passerons  ensidte  au  iod  vrai,  au  vav  et  aux  divers  signes  rendant  les  sons  ou  et 
0.  Par  le  ou,  nous  abordons  les  consonnes  proprement  dites,  à  cause  des  parentés  du  ou  et  du  6,  et  nous 
terminerons  par  les  transcriptions  des  autres  consonues  et  de  quelques  syllabiques.' 

'Dans    Cl/fj^l     1(1        l\  ccr><::;s>),  transcrit  )^i(j.vap«u;,  l'initiale  (I  est  négligée. 

3  Le  signe  [1  redoublé  est  nn  t  et  le  M  H  est  transcrit  ;  it   en  démotiqae.    Mais  on  tronve  la  transcription  de  la  forme  hiératique 
dans  les  mots  suivants   ttiic   =  *^pOirei;    v^^P/^'  avec  le  signe  du  duel  3^^3^**.  avec  Ê  =  ^s  —       forme  rare. 
^  Ce  plan  a  été  modifié  par  nous,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut. 


I 


Le  papyrus  médical  copte  de  Meschaïch.  117 


LK  PAPYLîUS  MÉDICAL  COPTE  M  MESCHAÏCH. 

PAR 

Fr.  a.  Deibbr  0.  p. 


PKEFACE. 

M.  Urbain  Boueiant,  directeur  de  l'Institut  français  d'archéologie  orientale,  avait  fait  l'acquisition,  il 
y  a  une  quinzaine  d'années,  du  papyrus  qui  fait  l'objet  de  ce  volume.  Il  se  préparait  à  livrer  ce  document 
à  la  publication,  lorsque  subitement  il  fut  terrassé  par  le  mal  qui  devait  l'emporter  et  priver  la  science 
égyptologique  d'une  collaboration  très  active.  Sa  famille  avait  songé  mener  ce  travail  à  bonne  fin.  Déjà 
on  en  avait  annoncé  la  publication  dans  le  Recueil  de  travaux.'  Des  circonstances  particulières  n'ayant  pas 
permis  de  réaliser  ce  désir,  on  m'a  communiqué  les  éléments  de  ce  papyrus  et  les  quelques  notes  de  M.  Ur- 
bain BouRiANT,  en  me  priant  d'en  tirer  parti. 

Le  papyrus  original  est  demeuré  h  l'Institut  français  d'archét)logie  orientale,  au  Caire,  aussi  me  suis-je 
empressé  d'avertir  M.  Chassinat,  le  directeur  actuel,  au  sujet  des  papiers  (jui  m'étaient  remis  et  de  m'entendre 
avec  lui. 

M.  Urbain  Bouriant  avait  déjà  commencé  à  reconstituer  l'alphabet  cryptographique  en  usage  dans 
ce  texte,  et  qui  était  sans  doute  destiné  à  dérouter  le  public  dans  la  lecture  et  la  connaissance  des  recettes 
médicales  dont  il  est  question.  Puis  il  avait  établi  un  essai  de  traduction  allant  jusqu'à  la  formule  71,  y 
laissant  un  certain  nombre  de  lacimes  par  suite  de  l'incertitude  oii  il  se  trouvait  au  sujet  du  sens  et  de 
l'interiirétation  de  certains  mots  que  ses  recherches  subséquentes  devaient  fixer.  Enfin,  quelques  notes 
destinées  à  la  confection  de  l'index,  prises  de  Dioscoride,  d'Oribase,  d'Avicenne  et  de  Daoud  el-Antaki. 

C"est  sur  ces  bases  que  j'ai  commencé  mon  étude  et  ce  sont  ces  premiers  jalons  indicateurs  qui  ont 
été  mes  premiers  guides  dans  mes  recherches.  Comme  on  le  verra  par  le  texte  lui-même,  elles  ont  dû  être 
assez  longues  et  assez  minutieuses.  Le  point  de  vue  grammatical  n'offre  pour  ainsi  dire  pas  de  difficulté, 
car  il  ne  s'agit  dans  toutes  ces  formules  que  de  simples  énuniérations  de  produits  médicamenteux  et  phar- 
niaceuti(|ues;  mais  il  a  fallu  au  point  de  vue  lexicographique  étudier  presque  chaque  mot,  pour  en  déter- 
miner le  sens  exact  à  l'aide  soit  des  papyrus  médicaux  de  l'ancienne  Ég}q)te,  soit  des  médecins  grecs  et 
arabes  ou  des  auteurs  anciens  d'histoire  naturelle,  et  i)our  ainsi  dire  faire  un  dictionnaire  des  nombreux 
termes  spéciaux  usités  dans  ce  papyrus. 

Voici  donc  l'indication  bibliographi(]ue  des  ouvrages  ipie  j'ai  consultés  à  cet  effet  : 

Papi/rus  Ehers,  das  hernietische  Buch  iiber  die  Arsneimittel  der  ulten  Àgypter.  2  vol.  in-fol.  Leipzig.  En- 
gelman,  1872. 

H.  JoACHiM.  Papyrus  Ebers,  das  àlleste  Buch  iiber  Heilkundc  ans  dem  Âgyptischen  zum  ersienmal  vollstàndig 
iibersetzt.  1  vol.  in-S",  Berlin,  1890. 

Geo.  Reisner.  The  Hearst  3Iedical  Papyrus,  Hieratic  text  in  17  fac-similé  plates,  in  collotype  tvith  intro- 
duction and  Vocabulary.  1  vol.  in-fol.,  Hinrichs,  Leipzig,  1905. 

Victor  Lohet.  La  flore  pharaonique  d'après  les  docicments  hiéroglyphiques  et  les  spécimens  découverts  dans 
les  tombes.  1  vol.  in-8",  2"  édition,  Leroux,  Paris,  1892.  —  liecueil  de  travaux  relatifs  à  la  philologie 
et  à  l'archéologie  égyptienne  et  assyrienne,  in-S",  Paris,  Bouillon,  1870—1907.  —  Zeitschrift  fur  àgyp- 
tische  Sprache  und  Altertuttiskunde,  in-4",  Leipzig,  1863—1907. 

HippocRATE  DE  Ces,  460—372  av.  J.-C,  œuvres,  édit.  Kuhn,  1825—1827  et  Littré,  1839—1861;  7  vol.  in-8°, 
Ballière,  Paris. 

Aristote,  le  Philosophe  de  Stagire,  384—322  av.  J.-C,  œuvres,  4  vol.  in-4°,  édit.  Firmin  Didot,  Paris. 

DiosconiDK  d'Anazarba,  50  ans  apr.  J.-C,  De  materia  medica  libri  quinque,  édit.  Curt.  Sprenoel,  coUect. 
Kuehniana,  2  vol.  in-8'',  Lipsiae,  1829. 

Galien  de  Pergame,  23—79  apr.  J.-C,  œuvres,  édit.  Bussemaker  et  Dakemberg,  1851  —  1876.  6  vol.  in-8'',  Bal- 
lière, Paris. 

'  Nouvelle  série,  t.  X,  fasc.  I,  p.  23,  Notice  sur  Urbain  Bouriant.  1904. 

16 


118  Fr.  a.  Deiber  0.  P. 


I'line  l'Ancien.  79  apr.  J.-C.  Naturalis  historia,  recognovit  atiiue  indicibua  instruxit  Ludovicus  Jainis,  3  vol. 

in-16.  Lipsiae,  Teubner,  1870. 
lîuFus  d'Ephèse,  110  apr.  J.-C,  œuvres,  publii'es  par  Dakemiierg  et  E.  Rielle,   imprimerie  nationale,    l  vul. 

in-8°,  Paris,  1879. 
OaiBASE,  360  apr.  J.-C,  œuvres,  édit.  BussEMAKEn  et  Daremberg.  1851 — 1872,  6  vol.  in-8°,  Ballière.  Paris. 
Alexandre  de  Thalles,  VP  siècle,  apr.  J.-C,  De  arte  medica.  édit.  Andernach,  Bâle,  1556. 
Aelics  d'Amida  en  Mésopotamie,  VP  siècle,  apr.  J.-C,  œuvres,  édit.  Herbenstreit.  1757. 
Paul  d'Egine,  VIP  siècle,  apr.  J.-C,  translated  from  the  GreeJc  with  a  commentary  .  .  .  by  FRA^•CIs  Adams. 

3  vol.  in-8°,  SïDENHAM  society.  London.  1844. 
Avicenne,  philosophe  et  médecin  arabe,  980 — 1037,  apr.  J.-C,   Canonis  medicinae.   1  vol.  in-4"'.   Roniae.  iu 

typograpbia  medicea  1593  et  traduction  latine.  Venise,  1608. 
Abu  Mansur  Muwaffak  Ali  Karawi.  médecin  persan,  X'  siècle,  apr.  J.-C.  Die  Pharmakologischen  Grund- 

sàtze.  herausgegeben  von  Prof.  D'  R.  Robert,  1  vol.  in-8°,  Halle  a.  S.,  Tausch  und  Gross,  1893. 
Alkaliouet  (Schifrab  eddin  Ahmed),  médecin  du  Caire,  né  à  Calioub,  mort  en  1659.  Le  livre  des  flambeaux 

resplendissants  au  sujet  de  la  médecine  humaine:  mssc.  de  la  Bibliothèque  nationale,   publié  jiar   le 

D"'  Sanguinetti  sous  le  titre  :   Quelques  chapitres  de  médecine  et  de  thérapeutique  arabe,  1  vol.  in-r2. 

imprimerie  impériale.  Pari.i.  1866. 
Abderrezzaq  (Ibn  Mohammed  al-Djafain),  médecin  algérien.  XVIIP  siècle,  apr.  J.-C,  Révélation  des  énigmes 

dans  l'exposition  des  drogues  et  des  plantes  (Kashef  erroumoug  .  .  .  etc.).  traduit  par  le  D'  Leclerc. 
C'est  un  traité  liasé  sur  les  œmTes  d' Avicenne.  d'Ibn  Beithar  et  de  Daoud  el-Antaki.  J.-B.  Baillikre.  Paris.  1874. 

Avec  leur  secours,  j'ai  essayé  de  donner  un  texte  et  une  traducticjn  aussi  exactes  que  possible.  Ce 
devait  être  ma  seule  et  unique  préoccupation.  Sans  doute,  il  suffit  d'être  quelque  peu  érudit  et  quelque 
peu  versé  dans  l'étude  de  l'anticpiité.  pour  sentir  l'importance  historique  de  ce  papyrus  au  point  de  vue 
thérapeutique.  Il  touche  aux  usages  médicaux  des  anciens  coptes,  à  leurs  connaissances  en  botanique,  en 
minéralogie,  en  anatomie.  en  physiologie,  et  il  y  aurait,  certes,  de  ce  côté,  une  étude  intéressante  et  un 
commentaire  sérieux  à  faire.  Déjà  nous  avions  le  papyrus  Ebers  et  le  papyrus  médical  de  Berlin,  qui  nous 
renseignent  sur  l'état  de  la  médecine  aux  temps  de  la  civilisation  pharaonique;  enfin,  le  papjTus  médical 
de  Hearst,  découvert  récemment.  Notre  texte  à  son  tour  nous  apprend  quelque  chose  des  idées  et  des  con- 
naissances des  coptes  sur  les  maladies  et  les  soins  à  leur  donner.  C'est,  en  efïet.  le  premier  texte  d'une 
telle  importance  qui  nous  parvient  en  cette  langue. 

Zoëga,  dans  son  catalogue  des  manuscrits  coptes  de  la  bibliothèque  Borgia.'  a  fait  connaître  quatre 
pages  d'un  traité  de  ce  genre.  Il  contient  quarante-cinq  recettes  contre  les  maladies  de  la  peau,  gale  et 
démangeaison.  Deux  traductions  ont  été  faites,  l'une  par  Champollion  lui-même,'  l'autre  par  Dulaurier.' 
En  1886,  M.  U.  Bouriant  fut  assez  heureux  pour  rencontrer  un  autre  fragment  médical  en  copte  thébain. 
C'est  une  feuille  de  parchemin  simple  mesurant  environ  15  c.  de  haut  sur  12  c.  de  large,  qui  formait  les 
liages  214—215  du  manuscrit,  ayant  vingt-cinq  lignes  chacune,  d'une  petite  écriture  inégale.  Les  quelques 
recettes  qu'elles  contiennent  sont  destinées  à  guérir  les  maladies  du  sein,  douleur  et  inflammation,  pénurie 
du  lait.  «J'ignore,  dit  M.  Bouriant.  d'oîi  provient  le  fragment  de  la  Bibliothèque  Borgia,  mais  celui  que  j'ai 
retrouvé  à  Akhmim  appartenait  au  Deir-el-Abiad  (couvent  blanc),  construit  près  de  Sohag,  sous  le  vocable 
d'Amba  Shenoudah.  A  en  juger  d'après  l'écriture,  ce  n'est  pas  \m  morceau  du  monument  d'oii  ont  été 
arrachées  les  quatre  pages  publiées  par  Zoëga.  Cela  n'a  rien  de  surprenant:  chaque  couvent  devait  posséder 
au  moins  un  exemplaire  de  ce  codex.»* 

Notre  présent  iiapjTus  est  donc  de  beaucoup  le  jilus  volumineux  et  il  peut  être  considéré  à  différents 
points  de  ^•ue,  selon  (^u'il  touche  à  la  médecine  ou  à  une  branche  quelconque  de  l'histoire  naturelle.  Une 
semblable  étude  excéderait  le  cadre  d'une  publication  qui  doit  se  borner  à  la  philologie  et  ;i  l'intelligence 
du  texte. 

La  division  de  cet  ouvrage  est  très  simple  : 

1°  Dans  ime  première  partie  j'examine  les  caractères  généraux  du  papyrus. 

1  Catalogns  codicnm  copticornm,  p.  626  et  s. 

'  PnbUé  par  Ephrcm  Poitevin,  Revut  archéologique,  11*^  année. 

'  Journal  asiatique,  1S41. 

«  Académie  des  Inscriptions  et  BeUes-Lettres,  1887.  Séance  du  12  août,  communication,  n"  VI,  p.  379. 


Le  papyrus  médical  copte  de  Meschaïch.  119 

2"  Je  (loiinr  ensuite  le  texte  et  la  traduction  dont  j'ai  numéroté  les  formules,  afin  de  faciliter  les 
recherches. 

3»  Vient  enfin  l'index,  qui  forme  comme  le  dictionnaire  explicatif  du  papyrus. 

J'ai  évité  la  plupart  des  notes  longues  et  surchargées  au  bas  des  pages  du  texte  ou  de  la  traduction; 
je  n'ai  laissé  subsister  que  ce  qui  m'a  paru  absolument  indispensable  en  même  tem))s  que  la  lecture  correcte 
des  mots  et  signes  cryptographiques;  chacun  des  renseignements  utiles  ou  nécessaires  se  trouvant  au  mot 
correspondant  de  l'index. 

Le  Caire,  7  mars  1909. 

F.  A.  Dkiher  0.  P. 


PREMIERE   PARTIE. 
CARACTÈRES    OÉNÉRAUX    DU    PAPYRUS. 

§  I.  Description  du  manuscrit. 

Le  papyrus  médical  copte  de  Mescha'i'ch,  nom  sous  lecjuel  je  désignerai  désormais  le  présent  docu- 
ment, a  été  acheté  par  M.  Urbain  Souriant  dans  la  localité  de  ce  nom.  Elle  se  trouve  au  sud  de  Guirgueh, 
sur  la  rive  Est  du  Nil,  dans  la  région  de  l'Aulad  Jahjia.  à  peu  près  vis-à-vis  Abydos,  à  l'cmijlacement  de 
l'ancienne  Lépidotonpolis.' 

Ce  papyrus  se  compose  de  six  feuillets,  écrits  au  recto  et  dont  on  voit  des  fac-similés  dans  les 
planches  hors  texte.  Ils  sont  de  différentes  longueurs  et  mesurent  de  40  à  55  cent,  de  long  sur  environ 
30  cent,  de  large;  chacune  de  ces  pages  contenant  un  nombre  variable  de  lignes,  par  exemple  :  feuillet  1. 
45  1.,  feuillet  III,  79  1. 

L'écriture  est  régulière  et  bien  lisible;  elle  est  parfois  resserrée  et  rapetissée,  comme  pour  gagner 
de  la  place,  ainsi  feuillet  III  vers  le  milieu,  pour  reprendre  son  allure  régulière  vers  la  fin.  Elle  se  distingue 
de  celle  des  deux  exemplaires  cités  plus  haut,"  celui  de  Zoëga  et  la  feuille  d'Akhmim;  et  d'ailleurs,  les 
caractères  crvptographiques  de  notre  texte,  qui  font  défaut  dans  les  deux  autres,  montrent  bien  que  nos 
feuillets  ne  se  rattachent  aucunement  à  ceux-là,  mais  appartenaient  à  un  volume  différent.  Ils  contiennent 
une  suite  de  recettes  médicales  .au  nombre  de  201,  concernant  toutes  sortes  de  maladies.  Chacune  de  ces 
formules  est  reportée  à  la  ligne  et  commence  en  général  par  les  signes  ^.  Elle  se  termine  par  @;  quelque- 
fois le  dernier  mot  est  écrit  en  retour  au-dessus  de  l'avant-dernier,  afin  de  ne  point  perdre  une  ligne,  ]>ar 
exemple:  feuil,  III,  form.  66;  feuil.  Y,  form.  90,  etc.;  on  encore  une  formule  très  courte,  comme  feuille  V, 
form.  117,  commencée  sur  la  même  ligne  que  la  fin  de  la  précédente,  pour  s'achever  elle-même  en  retour, 
au-dessus,  entre  les  deux  fins  de  ligne  et  en  écriture  plus  petite.  Enfin,  la  formule  est  achevée  par  sou 
signe  ordinaire  Q  et  par  son  sens;  feuille  V,  form.  137.  On  semble  cependant  avoir  oiddié  quelque  chose 
et  on  y  ajoute  quelques  mots. 

De  ci,  de  là.  ou  rencontre  quelques  signes,  sortes  de  fioriture;  form.  13  et  14  .^;  form.  17  5;  form.  22 
@  >  S-  Seraient-ce  des  signes  alchimiques  qui  se  rapporteraient  par  conséquent  au  caractère  cryptogr.aphique 
du  papyrus?  Il  est  difficile  de  le  dire. 

Le  tout  est  bien  conservé,  comme  on  peut  le  voir  par  les  planches.  Il  n'y  a  pas  de  titre,  sauf  feuille  II, 
oii,  avant  la  formide  35,  on  indi(iue  que  l'on  va  traiter  des  remèdes  pour  les  mahadies  de  l'estomac.  Cepen- 
dant il  n'y  en  a  pas  long.  Sans  .aucune  indication,  on  passe  de  nouveau,  form,  44  et  suivantes,  aux  recettes 
pour  iiurg.atifs,  pour  mal.adie  de  l'intestin,  de  l'œil,  etc. 

La  feuille  I  a  le  plus  souffert.  Elle  est  déchirée  dans  sa  partie  supérieure;  il  y  manque  environ 
20  cent,  pour  être  de  même  longueur  que  les  autres.  Les  premières  formules  par  lesquelles  elle  commence, 
1,  2,  3,  4  sont  inachevées  par  suite  de  la  brisure  du  papyrus.  Dans  les  formules  5,  7,  11,  18,  14  il  manque 
un,  deux  ou  trois  mots;  feuillet  III,  form,  71,  les  trois  premiers  mots  ont  disparu,  parce  qu'en  dépli.ant  le 
papyrus,  celui-ci  s'est  un  peu  effrité,  mais  ils  ont  pu  être  cepend.ant  relevés.   Enfin,  le  dernier  mot  de  la 


'  On  j  voit  encore  aujourd'hui   les  restes  d'un  temple  de  Eamsès  II,  restauré  par  Minéphtah,   et,   dans  la  montagne 
des  tombeaux  creusés  dans  le  roc  dont  le  principal  est  celui  d'un  grand  prêtre  de  This  Enher-Mosé  du  temps  de  Jlinéphtah. 
*  Préface,  p.  2. 

16* 


120  Fr.  a.  Deiber  0.  P. 


fonn.  161.  feuille  V,  est  à  moitié  disparu.  Il  iic-ut  être  complété  sans  aucuue  diffioulté,  il  se  trouve  une  autre 
fois  dans  la  même  formule. 

§  II.  Caractère  crtptographique. 
Mais  si  l'ensemble  extérieur  du  manuscrit  se  jjrésente  sous  un  aspect  des  plus  satisfaisants  et  paraît 
dune  lecture  facile  de  prime  abord,  il  en  est  autrement  quand  on  l'examine  avec  attention.  Dès  les  pre- 
mières lignes  nous  rencontrons  des  signes  inconnus  ((ui  nous  arrêtent.  Ce  sont  des  mots  entiers,  écrits  de 
cette  façon,  par  ex.  form.  2  :  Xhiii=;  d'autres  avec  une,  deux  ou  trois  lettres  ciiangées,  par  ex.  form.  2  ; 
ittoï/WV;  enfin  des  mots  qui  sont  correctement  écrits  avec  les  lettres  coptes,  par  ex.  form.  24  :  «oocÊto  et 
(jui  cependant  n'ont  aucun  sens  et  ne  correspondent  à  aucune  racine.  Bientôt  l'on  acquiert  la  con\iction 
<pie  l'on  se  trouve  en  présence  d'un  texte  cryptograpliiqite.  que  ceux-là  seuls  (pii  en  iiossédaient  la  clef, 
les  initiés  pouvaient  lire  et  interpréter.  La  première  recherche  donc  qui  s'impose,  est  de  débrouiller  l'alpha- 
bet bizarre  employé  à  chaque  ligne  du  manuscrit,  de  le  reconstituer,  d'en  trouver  la  wileur  et  de  rendre 
au  texte  sa  véritable  physionomie. 

M.  Urbain  Bouriant  avait  été  frajipé  par  certains  groiqies  de  mots  se  répétant  a^•ec  des  variantes, 
et  qui  l'ont  mis  sur  la  trace  du  déchiffrement.  C'est  par  ex.  form.  96.  RHue  no^o.  et  form.  97  et  98.  khiuic 
iîpip;  form.  85,  6AAe  nû)7V^j=  et  form.  126,  êhAA.  ncoo-roe. 

En  comparant  ces  groupes  qui  probablement  .sont  équivalents,  on  obtient  ;  nO||o  =  npip,  soit  :  o=p 
et  ,1  =   1.  _ 

n(oA(!/^r  =  ricooT^e,  soit  :  w  =  c.  'A.  =  o,  -^  =  ott,  ^  ^  o^  et  =  =  e.  De  même  form.  80.  je 
srouve  n6iiin=  no^o  (jui  fait  penser  à  rhue  nojo  et  à  RHnne  npip;  n6iim=  équivaudrait  donc  à  RHime, 
toit  :  n  =  R,  6  =  «.'"=";  1''^  lettre  n  n'est  pas  changée  et  =  =  t.  ce  que  nous  avons  déjà  constaté, 
auparavant. 

Avec  cet  alphabet  rudimentaire  appliqué  à  d'autres  groupes,  on  arrive  à  retrouver  d'autres  lettres 
et  à  obtenir  d'autres  mots  jusqu'à  ce  qu'enfin  la  certitude  absolue  s'en  suive. 

Ainsi,  form.  10.  "^U^-,  nous  connaissons  déjà  les  lettres  qui  é(iui\-alent  à  coi  . . .  c.  reste  5.  (pii  cor- 
respond évidemment  à  m.  et  nous  avons  :  (a))%=  =  coi«.c. 

De  même,  form.      8.  ARi^Ttiii  fournit  r  =  n  et  le  mot  onion. 

form.      7.  irôouAû»  j        u-  =  x  "  X&pRoe. 

form.    79,  ^««(o  »       «  =  &  »  Av^«.ce. 

form.  142,  ir«V!Sr6to  ,        \^r  =  t  »  X-^P"^"*- 

form.  184,  iiiS^ggx""^"^        *        3=-'*,  X  =  ^-"  =  "  •  "^Ç.  *i-vvpcHuH. 

form.  144.  g^cp  ;>        &  =  «.  c  =  <o,  p  =  p  :.  M«K«p. 

etc ,  de  sorte  qu'on  peut  reconstituer  l'alphabet  C(m]i)let. 

Alphabet  régulier  :  «v     Ê       t"       a.      c      ■;        H     <»     1     R     A.    av         n         2       ° 

Alphabet  CRTPTor.RAPHiQi'E  :  ®     h     (3)     (e)     =     (p)     ê     &     ^     11     o     3     ni,  h    (av.)     X 

Alphabet  régulier  ;  npcT-r'\>x'*\'"         ujcjo^ato- 

Alphabet  crtptographique  :  r     o,  p    co     ijf     x    (S,)    t"     ('r)     c         ^   x      I  if 

Les  lettres  f,  5,  t^  et  oc  ne  se  retrouvent  pas  dans  les  groupes  écrits  en  caractères  cryptograijliiqties. 
Il  est  facile,  en  examinant  ce  tableau,  de  voir  le  procédé  qui  a  ser^•i  à  composer  un  ))areil  crypto- 
graphe. Les  combinaisons  n'ont  pas  dû  être  bien  pénibles.  Les  vingt-quatre  lettres  grecques  ont  été  séparées 
en  trois  sections  de  huit  lettres  chacune,  chaque  section  étant  représentée  par  les  mêmes  lettres  écrites  en 

sens  inverse. 

\re  groupe  :«wÉ!T"î^e        5H-» 

La  lettre  a>-  qui  représente  la  lettre  e   a  été  remplacée   pour  des  raisons  inconnues  i)ar  le  signe  S. 

sauf  une  fois  form.  74. 

2"  groupe  ;     1        r       \       ai        n       5       o       h 

^,  a"     n       o       2      ">  "     *^      ^       "^ 

La  lettre  1  a  été  mise  à  part  et  représentée  par  un  signe  particulier  )  ;  on  trou\"e  aussi  form.  160.  s". 
Les  sept  autres  lettres  ont  suivi  la  marche  ordinaire,  mais  la  lettre  it  étant  représentée  par  n  lui-même, 
on  a  choisi  pour  dérouter  le  lecteur  un  signe  spécial  m  pour  le  figurer;  on  trouve  encore  form.  184  h 
pour  n;  quelquefois  même  n  est  resté  comme  form.  63. 


Livres  et  revues.  121 


3*  g^roupe  :     p       c       t       t      *5)      ^C      ''l'       " 
'^      ^'    ce      'î*       ''"       ■''        "^ 

La  lettre   p.   détachée  elle-même  aussi  du  groupe,   est  figurée  par  le  caractère  °p:   les   sept  autres 
suivent  la  loi  indicjuée  plus  haut,  excepté  t^.  qui  est  remplacé  par  <S3. 

Quant  aux  lettres  d'origine  égyptienne,  on  leur  a  donné  pour  équivalent  des  signes  quelconques  naji- 
partenant  à  aucun  alphaliet 

uj       q        O        Dt         s" 

/)i\     ^       (  if  (La  suite  iirochaiuement.) 


LIVRKS  ET  KEYUES. 

Monsieur  le  Professeur  Ermax  de  Munster  (Westphalie)  m'écrit  ;  «Je  vous  adresse  un  tirage  à  part 
relatif  à  Vhypotheca  romaine,  dont  vous  vous  êtes  si  souvent  occupé  et  dont  la  critique  (ou  l'hypercritique) 
moderne  voudrait  faire  une  invention  byzantine.  queTrihonien  seulement  aurait  prêtée  aux  juristes  classiques.» 

Le  travail  est  intitulé  :  «PigniLS  hyiiothecave».  reproduisant  ainsi,  jusijue  dans  l'en-tète.  le  parallé- 
lisme constant  établi  par  les  juristes  romains  entre  le  pignus  latin  et  l'hypothèque  grecque. 

Pour  l'hyi)othèque  grecque.  •Jizoïjr^/.r,,  devenue  romaine  par  une  assimilation  savante.  M.  Ebuas  rap- 
pelle d'abord  les  témoignages  de  C'icéron.  Horace,  Pétrone.  Martial,  Pline.  Tertidlien.  les  discu-ssions  de 
Ser\-iu8  et  de  Labeo.  la  formula  serviana,  devenue  formula  hj-pothecaria,  et  les  innombrables  témoignages 
des  pandectes  et  des  codes.  Il  met  bien  en  himière  les  témoignages  de  Gains,  qui,  à  propos  de  l'édit  pro- 
vincial 9  P  (16,  1),  13,  §  1,  parle  de  la  formula  quasi  ser\-iana  quae  et  hypothecaria  vocatur,  de  C'icéron 
(ad  fam.  13,  56,  2)  se  serrant  du  mot  jTioSr/.rj  et  des  jurisconsultes  dont  la  liste  est  très  longue  et  qui  ne 
peuvent  avoir  été  tous  interpolés  :  nous  en  avons  la  preuve  positive  pour  quelques-uns.  Je  renvoie  pour 
tonte  cette  discussion,  très  riche  et  très  savante,  au  travail  même  de  notre  savant  collègue.  Mais  il  me 
semble  bon  d'ajouter,  en  mon  propre  nom.  quelques  réflexions  qui  me  paraissent  utiles  et  que  j'ai  immé- 
diatement envoyées  à  mon  excellent  ami. 

c Je  viens  de  lire  avec  grand  intérêt  votre  beau  travail  pigmts  hypotheca  ce  dont  le  titre  même,  tiré 
des  vieux  testes,  me  paraît  très  bien  résumer  la  question. 

Le  pignus.  dont  le  nom  est  emprunté  au  prêt  sur  gage  des  objets  mobiliers,  a  concentré  en  lui  tous 
les  gages,  même  celui  (jue  les  Grecs  nommaient  hypothèque.  Mais,  pour  les  immeubles,  les  Romains  ne 
connurent  d'abord  que  la  fiducie. 

Dans  le  code  d'Amasis.  imité  par  les  auteurs  de  la  loi  des  XII  tables  (je  le  démontre  encore  dans 
mon  dernier  livre),  les  Égyptiens  avaient  aussi  la  fiducie,  se  rattachant  aux  différents  usages  égypto-romains. 
usages  semblables  dans  les  deux  droits.  Mais  en  Egypte,  antérieurement  au  code  d'Araasi.s.  à  l'époque 
éthiopienne,  par  exemple,  le  gage  prenait  (par  suite  des  influences  assyriennes,  subies  par  Bocehoris)  une 
autre  fonue  :  celle  de  l'antichrèse  babylonienne,  d'oii  est  sorti  en  Chaldée  même  le  maslcanu,  pris  {sahtum) 
ou  non  pris,  c'est-à-dire  le  gage  livré  ou  non.  C'est  le  via-skanu.  qui  a  été  le  père  de  l'hypothèque  grecque 
et  qui  a  été  imité  aussi  par  les  Égyjjtiens  de  l'époque  classique,'  lui  donnant  le  nom  autrefois  générique 
d'aouo  ou  de  puissance  acquise  et  en  faisant  l'équivalence  de  la  -sï:i;  /.xlx-ip  tv.  o'./.r;ç  ou  de  l'exécution 
parée.  Cette  exécution  parée  en  droit  gréco-macédonien  remplaçait,  en  effet,  \ ■J-^'ir;/.T^  d'autres  droits  grecs 
et  pouvait,  par  conséquent,  à  l'époque  ptoléma'ique  être  considérée,  au  moins  au  point  de  vue  pratique, 
pour  les  macédoniens  d'Egypte,  comme  une  sorte  de  synon^-me  de  \aouo  du  droit  des  égyptiens  de  race, 
bien  que  se  rattachant  à  une  autre  origine  dont  nous  aurons  à  parler. 

Mais  primitivement,  je  le  répète.  les  Égyptiens  n'avaient  connu  que  l'antichrèse  et.  un  peu  plus  tard, 
que  la  fiducie,  reposant  d'ailleurs,  comme  l'antichrèse,  sur  une  jouissance  temporaire,  donnée  sous  forme  de 
vente  dans  la  fiducie  et  sous  fonne  de  prêt  dans  l'antichrèse.  En  arriver  de  là  à  un  droit  abstrait  à  l'hy- 
pothèque vraie  ou  au  matlianu,  c'était  un  progrès,  dû.  je  le  dis  encore,   à  l'esprit  commercial  des  baby- 

'  Pent-être  est-ce,  grâce  à  l'influence  des  Athéniens,  qui  vinrent  aider  les  rois  réroUés  égyptiens  contre  les  Perses,  qn'il  faut 
«ttribner  l'origine  de  cette  nonTellc  conception  de  l'uouo-hTpotièqne.  Les  Athéniens  connaissaient  ens,  l'r.-îoSrjjtr;,  imité  de  l'ancien 
majtona  :  et  c'est  précisément  sons  les  rois  égyptiens,  révoltés  contre  les  Perses  et  aidés  par  les  générani  Athéniens,  qne  fat  rédigé  le 
noDTeaa  code  égyptien  de  l'époqoe  classique.  Malhenreusement,  les  contrats  originaux  nous  manquent  pour  cette  période. 


122  Eugène  Revillout. 


Ioniens,  progrès  que  n'ont  connu  ou  du  moins  iiratiqué  les  Ejjrjjtiens  et  les  Romains  qu'à  nue  époque 
tardive. 

l.es  grecs  ou  du  moins  certains  grecs  visés  par  Gains,  à  propos  de  ledit  provincial,  avaient  hérité 
1  livpothèque'  (encore  nommée  avec  ce  sens  par  Démosthène  et  Aristote-)  de  l'époque  de  l'hégémonie  orien- 
tale, alors  qu'ils  portaient  les  longues  robes  décrites  par  Pausanias.  Cela  ne  veut  certe  pas  dire  qu'il 
faille  pousser  l'hypercritique  jusqu'à  faire,  comme  vous  le  dites,  de  l'hypothèque  romaine  une  invention 
byzantine,  prêtée  par  Tribonien  aux  jurisconsultes  classiques.  C'est  beaucoup  plus  tôt  qu'on  a  assimilé 
Ihvpothèque  au  pignus.  devenu  une  chose  toute  autre  que  la  vieille  fiducie  romaine  —  chose  que  les 
romains  avaient  trouvée,  non  seulement  sous  le  nom  d'hypothèque  en  Attique,  etc..  mais  sous  d'autres 
noms  dans  l'Egypte  saisie  par  Auguste  et  dans  les  provinces  orientales.  Les  gouverneurs  romains  avaient 
nécessairement  du  la  connaître  :  et  d'abord,  après  les  édits  provinciaux  des  gouverneurs,  les  prêteurs  péré- 
grins,  puis  les  prêteurs  urbains  l'introduisirent  dans  le  droit  à  Rome  même,  par  des  assimilations  savantes. 
On  ne  saurait  donc  accuser  Tribonien  d'une  falsification  universelle  de  tous  les  textes,  non  seulement  cités 
par  lui  dans  le  Digeste,  mais  encore  existant  à  l'état  séparé  dans  d'autres  documents.  L'hypercritique,  dont 
quelques  adeptes  .allaient  récemment  aussi  jusqu'à  nier  l'authenticité  de  la  loi  des  XII  tables,  est  donc 
absolument  dans  l'erreur,  erreur  facile  à  constater,  des  deux  parts,  dans  l'ensemble  des  documents  contem- 
])i>rains. 

Kncore  un  mot. 

J'ai  parlé  tout  à  l'heure  de  la  Jifïji;  xïOa^rsp  v/.  èizr,;.  qui.  dans  les  contrats  du  droit  gréco-macédonien 
d'Egypte,  correspondait  à  Vaouo.  hypothèque  égyptienne.  J'ai  depuis  longtemps  fait  remarquer  que  cette 
itpi;i;  sortait  elle-même  de  la  pignoris  capio,  résenée  dans  les  droits  égyptien  et  romain  archa'iques  à 
certaines  actions  religieuses,  on  de  l'État,  et  dont  j'ai  donné  plusieurs  exemples  dans  mon  nouveau  livre 
(le  droit  comparé. 

Ce  livre,  publié  par  la  librairie  Geuthneb.  est  intitulé'  :  Les  origines  égyptiennes  du  droit  civil 
romain.  Xouvelle  étude,  faite  d'après  les  textes  hiéroglyphiques,  hiératiques  et  démotiques,  rapprochés  de 
ceux  des  Assyro-chaldéens  et  des  Hébreux,  avec  un  premier  supplément  sur  les  contrats  égypto-araméens 
d'Éléphantine,  un  index  alphabétique  des  questions  juridiques,  économicjues  et  historiques,  un  index  alpha- 
bétique des  noms  propres  et  des  addenda  et  des  errata  (concernant  surtout  les  contrats  égyptiens  de  l'an- 
cien empire,  tirés  des  mastabas  et  des  autres  documents  de  même  période).*  Dans  le  volume  lui-même  on 
trouve  les  textes  et  les  commentaires  juridiques  des  contrats  démotiques  relatifs  aux  premières  formes  du 
droit  sous  le  régime  du  code  de  Bocchoris.  Les  actions  de  la  loi  usitées  en  Egypte  après  la  loi  des  XII 
tables  y  occupent  une  large  place,  comme  les  contrats  de  mancipation,  pour  changer  l'état  des  biens, 
l'état  des  personnes  et  garantir  les  obligations.  Les  textes  eux-mêmes  des  «contrats  archa'iques  égyptiens,, 
démotiques  et  araniéens»  sont  étudiés  philologiquement  et  en  mot  à  mot  dans  ime  publication  parallèle. 
En  ce  qui  concerne  les  actions  de  la  loi,  ce  dernier  livre  contient  le  compte  rendu  détaillé  d'une  actio 
sacranienti,  qui,  du  temps  d'Apriès.  est  tout  à  fait  parallèle  de  Vaciio  sacramenii.  datée  des  Ramessides,  dont 
j'avais  depuis  longtemps  publié  le  texte  dans  les  Proceedings  de  la  Société  d'archéologie  biblique  et  le 
commentaire  dans  ma  Eevue  égyptologique  et  dans  mon  Précis  de  droit  égyptien.  Dans  mon  nouveau  livre 
juridiipie  je  n'avais  pu  en  dire  que  quelques  mots.  Je  rappellerai  à  mes  lecteurs  qu'ils  trouveront  les  con- 
trats démotiques  archaïques  au  prix  de  46  fr.  aux  librairies  Leroux.  Geuthner  et  Hakrassowits  et  les  ori- 
gines égyptiennes  du  droit  civil  romain  au  prix  de  10  fr.  à  la  librairie  Geuthner. 

Chez  MM.  Leroux,  GErtHNER  et  Hakrassowits  ils  trouveront  aussi,  au  prix  de  25  fr.,  le  1"  fascicule 
de  mon   syllabaire   démotique,   dont  le  2°  fascicide  va  bientôt  paraître. 

Excusons-nous  d'avoir  pris  tant  de  place  pour  nos  propres  publications  et  passons  maintenant  aux 
livres  que  nous  avons  reçus  depuis  peu  et  dont  malheureusement  nous  devrons  remettre  une  partie  à  un 
])rochain  numéro  de  la  Bévue  à  cause  des  développements  qu'ils  comportent. 

Dans  une  bibliographie  fort  écourtée  du  dernier  numéro  de  la  Renie,  sans  vouloir  alors  appuyer 
là-dessus,  nous  avons  mentionné   un  no\iveau  décret,   frère  de  celui   de  Rosette,   et  qui   a  été  publié  bien 

i  'Voir  ce  que  dit  Eiman  (p   5}  à  propos  de  l'inscription  grecgne  de  Temnos. 
'  Voir  les  textes  cités  par  le  Tbésaarus. 

'  'Voir  Taimable  et  savant  compte  rendu  qu'en  a  fait  le  professeur  Rudolf  Leonharii  de  Breslau  dans  la  Deutsche  Literaturzeitung 
1912,  n»  29. 

*  J'ai  l'intention  de  publier  sous  peu  en  mot  à  mot  la  totalité  de  ces  textes  juridiques  hiéroglyphiques. 


Livres  et  revues.  123 


singulièrement  de  toutes  les  manières.  Xous  ne  nommerons  pas  même  aujourd'hui  l'auteur  de  cette  publi- 
cation, pas  plus  qu'il  ne  nous  a  nommé  nous-mêmes,  alors  qu'il  citait  tout  ceux,  qui,  plus  ou  moins  mal. 
ont  parlé  de  Rosette.  Mais  nous  devons  insister  un  peu  sur  le  texte  que  nous  étudierons  bientôt  plus  en 
détail.  Nos  lecteurs  et  nos  élèves  se  rappellent  ;  1"  que  dans  notre  Chrestomathie  démotiqiie  nous  avons 
publié  les  trois  versions  du  décret  de  Rosette  en  mot  à  mot  avec,  dans  la  préface,  un  mémoire  sur  les 
décrets  de  Rosette  et  de  Canope,  celle-là  éclairée  par  la  comparaison  de  contrats  démotiques  des  rois  ré- 
voltés de  Thébaïde,  qui  nous  faisaient  mieux  comprendre  toute  cette  période  historique;  2"  qu'à  bien  des 
reprises  nous  sommes  revenus  pour  de  nouvelles  constatations  sur  ce  sujet,  tant  dans  la  Revue  archéolo- 
gique que  dans  la  Revue  égyptologique,  dans  les  Proceedings  et  dans  nos  cours  où  nous  avons  expliqué  le 
décret  de  Xaucratis  dès  son  apparition,  comme  de  nouveau,  il  y  a  peu  d'années;  3°  que  dernièrement  encore 
nous  avons  consacré  aux  versions  de  Rosette  et  aux  diverses  promulgations  de  ce  décret  deux  longs  tra- 
vaux publiés  par  la  Revue  égyptologique  et  par  le  Journal  asiatique.  Eh  bien,  ces  travaux  ont  été  continués 
par  le  nouveau  texte,  qui  fixe  à  l'an  20  l'expédition  d'Epiphane  et  de  ses  généraux  contre  les  derniers 
révoltés,  comme  nous  l'avions  fait  nous-mêmes,  et  qui,  rédigé  à  Memphis  pour  Diospolis  parva,  le  même 
jour  du  même  mois  de  la  même  année  (23«)  que  le  décret  trouvé  à  Naucratis  et  destiné  à  cette  ville  et 
d'une  façon  foncièrement  parallèle  avec  deux  autres  décrets  également  rédigés  à  Memphis,  et  dont  l'un  de 
l'an  21  était  destiné  à  Philée  et  à  la  Thébaïde,  tandis  que  l'autre  de  l'an  9  avait  en  vue  Lycopolis  et  sa 
reddition  au  roi.  Dans  le  Journal  asiatique  nous  avions  montré  que  le  prétoire  sacerdotal  fonctionnait  sous 
ce  règne  dans  la  capitale  religieuse  de  Memphis.  selon  une  même  procédure  relativement  aux  diverses  pro- 
vinces. Cette  procédure  n'avait  rien  de  hatif.  C'est  en  l'an  19  qu'avait  été  réglé  le  sort  de  Philée.  et  le 
décret  de  Philée  est  de  l'an  21.  C'est  en  l'an  20  qu'a  eu  lieu  la  soumission  des  dernière  révoltés  ;  et  les 
décrets  de  Naucratis  de  Diospolis  parva,  etc.  furent  rédigés  à  Memphis  en  l'an  23.  Je  dis  :  etc.  En  effet, 
il  existe  d'autres  décrets  ou  des  fragments  d'autres  décrets  du  même  genre.    Nous  aurons  à  en  reparler. 

Nous  avons  mentionné  aussi  à  la  fin  du  dernier  numéro,  dans  la  bibliographie  fort  écourtée  dont 
nous  avons  parlé  tout  à  l'heure,  plusieurs  travaux  de  notre  ami,  le  Professeur  Erman  de  Berlin.  Mais  nous 
avions  réservé  un  livre  de  lui.  qui  demandait  une  plus  ample  notice. 

Il  s'agit  d'une  publication  fort  intéressante  dont  Ebman  m'a  envoyé  la  seconde  édition  peu  après  le 
moment  où  je  recevais  du  traducteur  français,  M.  Vidal,  la  première,  je  veux  parler  de  «la  religion  égyp- 
tiennes, publication  des  «Musées  royaux  de  Berlin».  Bien  entendu,  la  seconde  édition  est  beaucoup  plus 
riche  que  la  première,  tant  en  renseignements  qu'en  représentations  figurées,  presque  toutes  tirées  du  Musée 
de  Berlin.  Ce  recueil  de  documents  mythologiques  est  indispensable  à  tous  les  travailleurs.  On  regrette 
seulement  qu'on  n'ait  pas  utilisé  ceux,  si  abondants  et  si  précieux  du  Louvre,  ainsi  que  ceux  du  British 
Muséum,  si  largement  collectionnés  surtout  pour  mon  ami  Birch,  ceux  des  Musées  d'Italie,  etc. 

L'auteur  étudie  successivement  :  1°  la  foi  aux  dieux  à  l'époque  ancienne  et  dans  le  nouvel  empire; 
2"  les  croyances  relatives  aux  morts  dans  les  temps  les  plus  reculés,  ainsi  que  la  condition  des  morts  au 
temps  ancien  et  dans  le  nouvel  empire;  3°  la  magie;  4°  la  religion  dans  les  temps  postérieurs;  .5°  la  religion 
égyptienne  dans  les  pays  voisins;  6°  l'Egypte  au  temps  des  Grecs;  1"  la  religion  égyptienne  en  Europe. 

Les  vignettes  les  mieux  choisies,  les  plus  originales  et  les  plus  parlantes  illustrent  sans  cesse  le 
texte  (en  dehors  de  celle  du  titre,  un  peu  singulière  et  qui  représente  l'aigle  impérial  prussien  avec  le  signe 
oudja  sur  la  poitrine). 

La  seule  critique  qu'on  puisse  adresser  à  l'auteur  s'applique  également  à  Brugscu  et  à  tous  ceux 
(jui  se  sont  occupés  de  mythologie  égyptienne.  Tous  se  sont  fait  des  systèmes,  fort  divers,  mais  reposant 
toujours  sur  une  religion  unique  commune  à  toute  l'Egypte,  et  pouvant  seulement,  comme  Ermax  l'admet, 
se  modifier  dans  la  suite  des  temps.  En  somme,  la  religion  différait  autant  selon  les  lieux  que  selon  les 
temps  :  je  dirai  même  :  parfois  selon  les  personnes.  C'est  ainsi  que,  dans  l'ancien  empire,  il  y  avait  des 
monothéistes  et  non  énothéistes.  puis  tels  que  Ptahhotep,  l'auteur  du  plus  ancien  livre  du  monde,  et  les  ré- 
dacteurs des  inscriptions  de  plusieurs  mastabas  de  même  période,  en  même  temps  que  des  payens  vénérant 
Hathor  ou  d'autres  dieux.  Plus  tard.  Pianchi  nous  dit  que  les  Memphites  ne  connaissaient  pas  la  religion 
d'Amon.  Autre  était,  en  effet,  la  religion  d'Amon  et  la  religion  de  Ptah.'   La  religion  de  Neith   de  Sais 

>  Cette  lutte  pasîionnée  entre  la  religion  memphite  de  Ptili  et  la  religion  thébaine  d'Amon  (qni  sons  les  rois  tliébains  s'était 
introdnite  de  force  à  Memphis  même,  ainsi  que  le  prouve  une  bien  intéressante  statue  de  bronze,  aclietée  par  moi  pour  le  Louvre)  se 
remarque  encore  dans  un  roman  démotique,  écrit  sons  l'empereur  Clau'lc  et  qui,  comme  le  roman  ptolémaîquc  dit  de  Setna,  a  pour  héros 


124  Eugène  Revillout. 


était  à  la  basse  époque  encore  plus  différente  des  autres,  etc.,  etc.  Les  influences  exercées  par  les 
mystères  locaux  et  par  les  traditions  des  sacerdoces  particuliers  étaient  considérables.  Le  plus  habituelle- 
uient.  on  avait  la  triade  et  son  développement,  le  plérôme  de  9,  trois  fois  trois,  le  chiffre  sacré  par  excel- 
lence. Mais  à  Sais,  la  mère  divine  du  soleil.  Xeith,  paraissait  seule,  et  ailleurs  au  chiffre  9  se  substituait 
le  chiffre  8,  incamé  pour  le  dieu  Eschnum  et  comprenant  foncièrement  4  éons  de  ténèbres  et  4  éons 
de  lumière,  s'eugendrant  l'un  l'autre  et  faisant  tout  sortir  du  chaos  et  de  la  nuit,  comme  l'a  développé 
Brucsch.  a  ces  systèmes  anciens  des  écoles  théologiques  égyptiennes  se  rattachèrent  les  divers  gnosti- 
cisnies.  et  particulièrement  celui  de  Valentin.  dont  TertuUieu  a  pu  dire  avec  raison  qu'il  sortait  tout  entier 
des  tenqjles  d'Égjiite.  En  Egypte  on  peut  tout  retrouver  :  1°  monothéisme  pur;  2»  monothéisme  reposant 
sur  un  dieu  unique  se  développant  lui-même  en  triade  et  en  ennéade,  et  restant  toujours  le  père  des  Dieux 
et  le  créateur  de  tout,  système  que  les  hj^mnes  nous  montrent  identique  sous  des  noms  différents  dans 
bien  des  sanctuaires;  3°  panthéisme  théiste,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi,  déifiant  réellement  les  forces  na- 
turelles; 4°  panthéisme  athée,  ne  vénérant  plus  de  personnalités  divines,  même  sous  les  noms  divins; 
5°  naturalisme,  ne  cherchant  rien  an  delà,  pas  même  une  tliéorie  d'ensemble;  6"  fétichisme  abject,  surtout 
dans  les  masses  populaires,  ne  distinguant  pas  le  symbole  sous  l'animal  et  sous  la  plante;  7°  religiosité 
vague,  cherchant,  au  contraire,  le  divin,  au  lieu  du  dieu,  et  reposant  surtout  sur  la  conscience  et  l'aspira- 
tion naturelle  ii  l'homme  vers  l'infini.  Eemarquons,  du  reste,  que  les  cadres  des  systèmes  devinrent  à  la 
basse  époque  extrêmement  larges.  Après  la  conquête  grecque,  ils  pennirent  les  assimilations  les  plus 
bizarres  (reposant  d'ordinaire  sur  une  assonance  ou  sur  un  rôle  très  sommairement  compris)  entre  les  dieux 
égyptiens  et  les  dieux  grecs  :  Ptah  devint  ainsi  Htpaiffîoç.  Ne'i'th  devint  Athéné  en  écriture  boustrophédon,  tandis 
qu'Amou,  le  grand  dieu,  qui  avait  présidé  le  panthéon  égyptien  sous  les  dynasties  amoniennes,  devint 
Zeus  ou  Jupiter,  sa  femme  Jlaut,  Héra,  ou  Junon,  son  fils  Clions,  Hercule  ou  Hpaz),»]ç.  le  dieu  de  Sinope, 
Sérapis  Osorhapi,  cest-à-dire  l'Apis  mort,  etc.  qui  n'en  fut  pas  moins  considéré  comme  le  véritable 
Osiris,  qu'il  remplaça  au  point  de  vue  grec,  le  mari  d'Isis  et  le  père  d'Horus.  Par  une  largeur  d'idées 
encore  plus  grande,  le  plérôme  (ou  plénitude  du  divin)  s'élargit  de  plus  en  plus,  et.  soit  chez  les  magiciens, 
soit  chez  les  gnostiques,  il  laissa  entrer  Jéhovah.  Adona'i  Sabaoth,  devenu  l'intime  d'Anubis,  les  archanges 
et  les  patriarches,  à  côté  de  dieux  appartenant  soit  au  padanisme  local,  soit  à  d'autres.  Origène  même 
admettait  tout  cela,  comme  Valentin.  dans  son  singulier  christianisme  et  il  croyait  à  la  puissance  des  incan- 
tations, s'adressant  soit  aux  anges  des  planettes.  soit  aux  patriarches  dont  il  prou^'ait  ainsi  l'existence,  soit 
à  des  dieux  cachés  sous  les  dbrasax  et  ayant  appartenu  à  d'antiques  générations  et  à  d'antiques  tradi- 
tions de  peuples  inconnus.  En  somme,  nous  ne  connaissons  assez  bien  que  :  1°  la  religion  amonienne  fort 
intéressante  et  à  laquelle,  autant  qu'à  celles  de  la  Basse  Egypte.  Platon  pendant  son  séjour  eu  Egypte, 
parait  avoir  emprunté  plusieurs  de  ses  idées,  2°  la  religion  funéraire  se  rattachant  au  mythe  d'Osiris,  cet 
être  bon,  martyr  du  bien  et  juge  des  morts  qui,  elle,  était  devenue  générale  en  Egypte. 

Les  idées  de  résurrection,  de  punition  des  méchants,  de  récompense  des  bons,  jugés  d'après  leurs 
mérites,  remontent  très  haut  en  Égyiite  et  se  rattachent,  peut-être,  à  des  traditions  patriarcales,  comme  le 
monothéisme  primitif  dont  nous  avons  parlé. 

le  tatzm  on  granâ  prêtre  mempbîte  Ehaemnas,  fils  de  Sesostris.  Nouveau  St.  Joseph,  Ehaemuas  est  alors  devenu  le  père  putatif  ou  nour- 
ricier d'une  incarnation  divine  —  ici  d'Osiris.  11  devient  le  disciple  de  son  fils,  qui,  après  lui  avoir  fait  faire  dans  les  enfers  un  voyage 
analogue  à  celui  du  Tasse  et  lai  avoir  raontré,  par  un  vivant  commentaire  de  la  parabole  de  Lazare  et  du  mauvais  riche,  les  misérahles 
glorifiés  dans  l'autre  vie,  tandis  que  les  richards  égoïstes  y  sont  punis,  en  vient  à  lui  apprendre  bien  d'autres  secrets,  se  rattachant  davan- 
tage aux  traditions  égyptiennes  provinciales. 

Tout  est  faux,  bien  entendu,  dans  le  cadre  historique,  imaginé  ici  par  l'auteur  de  basse  époque.  Il  se  figure  alors  Ramsès  II— 
Sesostris  dans  la  situation  politique  qu'ont  eu  en  Egypte  certains  roitelets  des  dynasties  qui  ont  succédé  aux  Shéshonkides,  Sesostris  ne 
possède  pas  ainsi  l'Ethiopie,  qui  appartient  alors  à  un  empereur  amonien,  dont  le  roi  d'Egypte  doit  subir  l'hégémonie,  comme  Tafoekht, 
par  rapport  à  Pianlihi.  Or,  Justement  vient  d'arriver  à  Memphis  un  ambassadeur  de  l'empereur  d'Ethiopie.  Il  apporte  un  message  scellé 
et  dont  il  exige  la  lecture  sans  briser  les  cachets.  Si  les  savants  d'Egypte  ne  peuvent  y  arriver,  il  emportera  en  Ethiopie  la  honte  de 
l'Egypte. 

Ramsès  II  est  frappé  de  stupeur,  ainsi  que  toute  sa  cour.  Il  fait  comparaître  le  grand  prêtre  Khaemuas,  toujours  célèbre  par  sa 
connaissance  des  sciences  occultes.  Celui-ci  prend  un  délai  et  s'en  retourne  chez  lui,  où  il  se  précipite  sur  son  lit  poar  se  livrer  à  un 
profond  désespoir.  Sa  femme  s'inquiète.  Puis  son  fils  intervient  et  finit  par  lui  arracher  son  secret.  II  se  charge  lui  de  répondre  à 
l'éthiopien  et  il  lit  le  papyrus,  sans  l'ouvrir,  devant  le  roi  et  toute  sa  conr.  L'éthiopien  lui-même  est  obligé  de  reconnaître  qu'il  a  bien  lu. 
Or,  ce  qu'il  lit,  ce  sont  les  luttes  éternelles  du  dieu  thébain  et  éthiopien  Amon  et  du  dieu  memphite  Ptah,  représentés  dans  l'aiitiquité 
déjà,  d'un  côté,  par  l'empereur,  le  a/iur,  d'Ethiopie,  souverain  de  l'Egypte  comme  de  l'Ethiopie,  et,  d'un  autre  côté,  par  le  petit  Pharaon, 
son  vassal.  Par  des  sortilèges  le  premier  fait  rouer  le  second  de  coups  de  bâton  —  là  s'arrêtait  le  document  éthiopien  —  mais  l'enfant 
divin  montre  ensuite  que  la  réciproque  eut  lieu  et  que  l'Ethiopie  eut  sa  part  de  honte.  Nous  donnerons  bientôt  cet  intéressant  document 
avec  le  commentaire  approprié.  Au  point  de  vue  mythologique  il  est  d'un  très  grand  intérêt,  comme  au  point  de  vue  philologique. 


LiVEES    ET    REVUES.  125 


Ce  ne  sont  pas  'es  questions  de  sépulture,  différentes  dans  les  époques  les  plus  anciennes,  qui  peuvent 
nous  indiquer  soit  des  différences  foncières  de  convictions,  soit  des  questions  de  race  :  pas  plus  en  Égj-pte 
que  dans  notre  occident,  bien  que  se  rapijortant,  reconnaissons-le,  à  des  rites  religieux  dissenililal)les.  A 
Rome  des  compatriotes  employaient,  selon  les  gentes,  tous  les  rites  funèbres  connus. 

Pour  moi,  je  ne  crois  pas,  non  plus,  comme  mon  ami  Lohet,  que  l'idée  même  de  dieu  n'est  venue 
que  tard,  symbolisée  par  l'usage  de  la  hampe  du  signum,  portant  le  symbole  de  totem,  d'une  tribu  divi- 
nisée ensuite.  Je  crois  que  l'idée  divine  est  très  vieille  en  Egypte,  comme  aussi  l'idée  de  cette  immortalité 
du  /chou,  du  vous  bienheureux  qu'on  retrouve  dans  les  mastabas  du  vieil  empire.  Peut-être  cela  remonte-t-il 
jusqu'au  temps  antique  dont  parle  Ptahhotep  dans  sa  préface,  alors  que  la  divinité  conversait  avec  l'honnne. 

Le  paganisme,  entraîné  surtout  par  le  culte  de  la  femme  divinisée  ou  des  symboles  funéraires,  tels 
que  celui  du  chacal  Anubis,  ne  serait  qu'une  défonnation  postérieure,  comme  l'enseigne  la  Bible.  Cette 
opinion  n'est  nullement  contraire  à  tous  les  faits  allégués,  par  exemple  à  celui  d'enseignes  de  tribus,  tels 
que  l'épervier,  etc.  Seulement,  disons-le  à  Loret,  réper\-ier  sacré  et  divin,  est  seulement  nommé  Horus. 
tandis  que  le  nom  de  bek  est  celui  de  l'épervier  vulgaire.  Quant  à  la  raison  qui  faisait  jn-endre  l'épervier 
comme  symbole  solaire,  tout  le  monde  la  comprend  pour  cet  oiseau,  qui  est  censé  contempler  le  soleil,  et 
lorsque  la  tribu  l'ayant  pour  symbole  l'emporta,  ce  symbole  devint  aussi  royal. 

Revenons-en  au  livre  d'ERMAN,  qui  nous  donne  très  Itien  tout  le  matériel  des  images  et  des  noms 
divins,  bien  que  ces  noms,  ces  dieux,  toujours  conservés,  aient  souvent  caché  bien  des  idées  différentes, 
selon  les  temps  et  les  lieux.  Pour  tout  cela,  pour  les  doctrines  et  leurs  transformations  locales  ou  tempo- 
relles, il  y  a  encore  pour  nous  bien  des  choses  inconnues  ou  mystérieuses.  Dans  ces  conditions  une 
méthode  nouvelle  s'impose,  la  même  que  celle  qu'ERMAN  a  inaugurée  pour  les  diverses  grammaires  égyp- 
tiennes. Au  lieu  de  confondre,  comme  ses  prédécesseurs  et  beaucoup  de  ses  successeurs,  sous  le  nom  de 
grammaire  égyptien  tous  les  paradigmes  des  divers  lieux  et  des  di\-erses  époques,  il  a  fait  sa  grammaire 
admirable  du  «nouvel  égyptien»,  sa  grammaire  antique  du  papyrus  Westcar,  etc.  Là  est  la  vérité.  Il 
faut  procéder  là  par  périodes  et,  j'insiste  sur  ce  point,  non  seulement  par  périodes,  mais  par  régions,  par 
lieux,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  cette  année  dans  mon  cours  de  philologie  de  l'Institut  catholique  de  Paris, 
en  traitant  des  diverses  origines  de  la  grammaire  copte,  etc.  Erman,  je  l'ai  raconté,  me  demandait  lui- 
même  autrefois  :  Comment  se  fait-il  que  vous  ayez  en  démotique  le  temps  en  vtai  comme  aux  anciennes 
époques,  tandis  que  dans  le  nouvel  égyptien  il  n'existait  pas?  La  même  question  pouvait  se  poser  d'ailleurs 
pour  l'optatif  copte  en  Mikpeq  ou  mai  arf.  Elle  est  facile  à  résoudre  par  les  questions  dialectales;  et  nous 
l'avons  dit  plus  haut  :  nombreux  sont  les  problèmes  de  ce  genre  :  et  cela  aussi  bien  en  mythologie  (pi'en 
grammaire.  Il  faut  savoir  restreindre  son  cadre  et  y  pratiquer  des  dépouillements  complets  —  unique 
clef  pour  découvrir  la  vérité. 

A  peu  près  en  même  temps  que  le  travail  mythologique  (I'Erman,  j'en  ai  reçu  deux  autres  sur  le 
même  sujet,  un  de  mon  ancien  élève,  M.  Vikey,  qui  contient  les  idées  exposées  par  lui  à  l'Institut  catho- 
lique, l'autre  de  M.  Amélineau.  Je  ne  retrouve  pas  sous  la  main  le  livre  de  M.  Viret,  dont  je  parlerai  par 
conséquent  plus  tard.  Quant  à  celui  de  M.  Amélineau,  il  est  trop  touffu  et  de  tendances  trop  opposées  aux 
miennes,  pour  que  j'en  entreprenne  en  ce  moment  l'analyse.  Je  crois  plus  pratique  de  le  laisser  parler 
lui-même  (p.  11  de  son  introduction)  ; 

«Il  m'a  semblé  nécessaire,  avant  tout  de  délimiter  autant  que  possible  le  champ  des  investigations 
que  nous  pouvons  faire  dans  l'étude  de  la  religion  égyptienne,  d'étudier  d'abord  ce  que  les  Égyptiens 
entendaient  par  ce  mot  Dieu,  qui,  chez  nous,  s'applique  à  un  être  immatériel,  doué  de  toutes  les  perfections 
que  nous  avons  pu  imaginer  et  cela  à  un  degré  inlini,  tandis  que  chez  les  Égyptiens  il  s'appliquait  à  des 
êtres  parfaitement  matériels,  ne  différant  aucunement  des  hommes  ou  même  des  animaux  et  qui.  peu  à  peu. 
à  mesure  que  la  civilisation  progressait,  se  sont  vu  attribuer  toutes  les  qualités  morales,  tous  les  attributs 
infinis  dont  nous  dotons  aujourd'hui  la  divinité.  C'est  cette  étude  du  sens  attribué  par  les  égyptiens  au 
mot  Bieu^  qui  fait  l'unité  de  mon  livre  :  il  n'est  pas  un  seul  chapitre  de  cet  ouvrage  dont  toutes  les 
idées  ne  C(mvergent  vers  le  sens  attribué  à  ce  mot.  quoique  l'étude  de  ce  sens  ne  vienne  qu'au  4=  chapitre.^' 


ï  Les  chapitres  de  l'ouvrage,  après  rintroduction,  sont  ;  Chapitre  I*^*",  De  la  méthode  à  suivre  dans  l'étude  de  la  religion  égyp- 
tienne; chapitre  II,  Origine  des  Égyptiens;  chapitre  III,  Le  totémisme  en  Egypte;  chapitre  IV,  Ce  qu'était  le  dieu  T  en  Egypte;  Clia- 
pitre  V,  Du  composé  humain  et  du  sort  que  lai  réservaient  les  anciens  Égyptiens  dans  la  seconde  vie;  chapitre  YI,  Observations  sur  la 
du  monde  fanéraire.  —  Conclusions. 


126  Eugène  Revillout.    Livres  et  revues. 

On  verra  dans  le  long  travail  philosophique  sur  «l'idéalisme  chez  les  Égyptiens»,  que  je  publierai 
dans  cette  Semé  même,  combien  je  diffère  d'avis  avec  M.  Amélineau;  et  sur  le  totémisme  et  sur  l'idée,  et  le 
mot  même  de  Dieu,  et  sur  tout  l'ensemble  de  son  travail,  dont  je  ne  parlerai  jjlus  du  reste  —  quoiqu'en 
estimant  beaucoup  la  science  de  l'auteur  —  car  les  discussions  ne  servent  à  rien;  et  il  est  plus  profitable 
(le  suivre  chacun  sa  voie. 

Nous  avons  également  reçu  : 

1°  Le  premier  fascicule  du  tome  I^'  des  œuvres  de  Schenoudi,  texte  copte  et  traduction  française, 
par  51.  Amélineau  (in-4o,  Ernest  Leroux).  Nous  avons  à  l'étudier  plus  en  détail. 

2°  L'Egypte  à  petites  journées.  —  Le  Caire  d'autrefois  —  par  M.  Rhoné.  Cette  nouvelle  édition  (in-4°) 
est  ornée  des  dessins  inédits  de  Paci.  Chardin  C,  Mauss  A,  Dauzats  A,  Baudrt,  Bourgoin,  etc.  et  de 
lielles  photographies.  Elle  est  fort  soignée  au  point  de  vue  artistique  —  surtout  arabe.  Les  détails  rétro- 
spectifs qu'elle  nous  donne  sur  l'ancien  Musée  de  Boulaq  et  les  fouilles  du  Sérapémn  par  notre  vieil  ami 
Mariette,  sont  intéressants.  Elle  est  en  vente  à  la  Société  générale  d'éditions.  20,  rue  des  Petits  champs 
et  chez  Jouve.  15.  rue  Racine. 

3°  Plusieurs  brochures  égyptologiques  du  D''  Rodolfo  del  Castillo  y  C^uartiellers  de  l'Académie 
historique  de  Madrid  :  A)  la  oftalmologia  en  tiempo  de  los  Romanos;  B)  la  niedicatio  oleosa  en  tiempo 
de  los  Faraones,  el  aceite  de  ricino;  C)  momiiicacion  y  erabalsamento  en  tiempo  de  los  Faraones;  D)  la 
Esterilizacion  de  las  aguas  del  Nilo  en  el  siglo  XL 

4"  Nouvelles  maximes  en  démotique  appartenant  au  papyrus  moral  de  Leide,  lecture,  faite  à  l'Aca- 
démie des  inscriptions,  par  notre  élève  Noël  Giron. 

5*  Le  grec  Alexandrin,  par  notre  ami,  le  D"^  Apostolides. 

6"  Un  tirage  à  part  :  Ex  serto  Naberico  a  philologis  batavis  collecto.  Il  s'agit  du  volume  rédigé 
en  l'honneur  du  vénérable  J\I.  Naber,  père.  L'extrait  en  question,  «ex  jure  attico»,  a  pour  auteur  notre  cher 
ami  .1.  C.  Naber,  fils,  l'émineiit  professeur  de  droit  romain  de  l'L'niversité  d'Utreeht,  qui  y  montre  sa  per- 
spicacité habituelle. 

7°  Ricerche  sui  Tolemei  eupatore  et  Tolemei  filopatore,  nota  di  Luioi  Pareti. 

8°  Un  tirage  à  part  de  la  Wiener  Zeitschrift  fur  die  Kunde  des  Morgenlandes,  intitulé  ;  «Bemerkungen 
zii  Papyrus  G  des  Fundes  von  Assuan,  von  L.  Freund. 

9"  Les  tapisseries  d'Antinoe  au  Musée  d'Orléans,  par  L.  Baillet. 

10°  Questions  de  grammaire,  par  Eugène  Devand. 

11»  Étude  sur  quelques  monuments  égyi^tiens  du  Musée  archéologique  de  Cannes,  par  Alfred  Dubenge. 

12°  Des  monuments  et  de  l'histoire  des  11^  et  III"  dynasties  ég3'ptiennes,  gros  volume  de  plus  de 
500  pages,  par  M.  Raymond  Weil.  Jl.  Wf.il,  avec  des  idées  souvent  différentes  de  celles  de  M.  Amélineau, 
y  étudie  les  nouveaux  monuments,  datés  ou  non  datés,  trouvés  dans  les  fouilles  d'Abydos,  etc.,  aussi  bien 
que  ceux  des  trois  premières  dynasties  dans  les  documents  ultérieurs.  Il  étudie  aussi  les  édifices  et  termine 
par  une  synthèse  historique  et  tles  conclusions.  On  sait  que  M.  Weil  est  le  seul  français  qui  fasse  actuelle- 
ment des  fouilles  en  Egypte,  parallèles  à  celles  des  Allemands  et  des  Anglais.  Il  est  aidé  dans  ces  fouilles 
jiar  notre  collaborateur  et  ancien  élève,  M.  Bisson  de  la  Roque,  auquel  nous  souhaitons,  ainsi  qu'à  M.  Weil, 
beaucoup  de  succès. 

13°  Nous  avons  reçu  enfin  des  Musées  de  Manchester,  Angleterre,  et  de  Toledo  (États  unis)  diverses 
publications  de  textes;  de  son  fils,  une  vie  de  notre  maître  Emmanuel  de  Rougé  et,  à  la  dernière  heure, 
sous  le  titre  :  «Zur  agyptischen  AVortforschung  II  — III»,  ime  de  ces  bonnes  études  philologiques  dont  notre 
ami.  le  Professeur  A.  Erman,  est  coutuniier. 


L'Éditeur  Ernest  Leroux,  Propriétaire-Gérant. 


REVUE  ÉOYPTOLOGIQUE 

PUBLIÉE   PAR 

M.  EUGÈNE  REYILLOUT. 

AVEC  LA  COLLABORATION  DE 

MM.  AMÉLINEAU,  BIGOT,  BISSON  DE  LA  EOQUE,  P.  DEIBER,  DELAPOETE, 
GIKON,  GUÉEIN,  MALLE T,  PATURET,  ABBÉ  SAINT  PAUL  GIEAED. 


ERNEST  LEROUX,  ÉDITEUR 

LIBKAIRE  DE  LA   SOCIÉTÉ  ASIATIQUE,   DE  L'ÉCOLE  DES  LANGUES  ORIENTALES  VIVANTES,  ETC.  EÏC 
38,  RUE  BÛSAPAKTE,  2S,  A  PARIS. 

XIV^  Volume.  N°  IV.  1913. 

La  REVUE  EGYPTOLOGIQUE  paraît   tous   les  trois  mois  par  numéros  de   six  feuilles  au   moins,  avec 

planches,  fac-similé  etc,  • —  Aucun  numéro  ne  se  vend  séparément. 

Frix  de  l'abonnement  annuel  :  Paris  30  fr.  —  I>épartements  31  fr*  —  Étranger  3'J  fv. 

Sommaire.  :  Mémoire  sur  la  vocalisation  hébraïque,  par  Ecgkne  Revillout.  —  La  grammaire  copte  étudiée  dans  ses  origines 
hiéroglyphiques  et  démotiques,  par  Eugkne  Revillout.  -r-  Sur  un  cas  d'inceste  imputé  au  roi  Snefru,  par  Henri 
SûTTAS.  —  Chronologie  des  rois  de  l'époque  archaïque.    Etude  sur  les  divers  systèmes  proposés,   par  E.  Amélineau. 


MÉMOIEE  SUR  LA  VOCALISATION  HÉBRAÏQUE. 

PAR 

Eugène  Revillout. 

iSuite.) 

Il  nous  reste  mainteuant  à  étudier  les  quatres  aspirées,  non  plus  lorsqu'elles  sout 
quiesceutes,  mais  lorsqu'elles  sont  mues  par  des  voyelles.  Nous  nous  appliquerons  à  faire 
ressortir  les  nuances  qui  les  distinguent  alors  les  unes  des  autres,  nuances  qui  jusqu'ici 
passaient  inaperçues. 

Pour  bien  comprendre  l'influence  que  les  diverses  aspirées  peuvent  exercer  sur  les 
voyelles,  il  faut  avoir  une  idée  juste  de  ces  voyelles  et  de  la  place  que  chacune  d'elles  peut 
occuper  dans  la  syllabe.  Nous  allons  rappeler  d'une  façon  sommaire  ce  qu'il  y  a  plus  indis- 
pensable pour  l'inte.lligeuce  de  ce  chapitre  dans  les  notions  que  nous  avons  données  précé- 
demment sur  ce  sujet. 

Elles  aussi,  les  voyelles  composent  une  série  pour  ainsi  dire  ininterrompue  depuis  la 
plus  essentiellement  brève,  le  patbah,  jusqu'à  la  plus  essentiellement  longue,  le  holam.  Quand 
on  dit  qu'en  hébreu,  la  brève  doit  nécessairement  faire  partie  d'une  syllabe  fermée,  c'est-à- 
dire  nécessairement  être  suivie  d'une  consonne  terminale  dépourvue  de  voyelle,  ou  d'un 
t  acheva  quiescent  ou  d'un  daguesch  (sauf  bien  entendu  si  elle  subit  l'influence  d'une  aspirée), 
cette  règle  si  générale  ne  s'applique  en  réalité  dans  sa  rigueur  qu'au  seul  pathah. 

Le  ségol  soutenu  par  un  accent  tonique  peut  prendre  place  avant  une  consonne  ordi- 
naire, mue  par  une  voyelle;  et  quant  au  kametz,  au  kibbutz,  à  l'hirik,  au  sujet  desquels  notre 
manière  de  voir  s'éloigne  notablement  des  doctrines  courantes,  il  nous  suftit  pour  le  moment 


128  Eugène  Revillodt. 


de  rappeler  que,  d'après  ces  doctrines  même,  le  kamets,  l'hirlk,  le  kibbuts,  s'ils  sont  souvent 
brefs,  peuvent  être  longs,  c'est-à-dire  qu'ils  peuvent  écbapper  à  l'application  de  la  règle  et 
se  trouver  dans  une  syllabe  ouverte  avec  ou  sans  accent  tonique. 

Si  l'on  veut  donc  apprécier  l'influence  que  les  gutturales  peuvent  exercer  sur  les  voyelles, 
qui  exigeraient  certaines  conditions  pour  subsister  avant  les  consonues  ordinaires,  le  mieux 
est  encore  de  porter  toute  son  attention  sur  le  patbah  et  sur  le  ségol. 

A  ce  point  de  vue,  les  quatre  aspirées,  quand  elles  sont  mues  par  des  voyelles,  se 
classent  autrement  que  quiescentes.  Très  près  de  l'aleph  se  range  l'a'in,  puis  le  bé  et  le  blietb. 

1"  L'alepb,  non  qniescent,  pour  soutenir  le  patbab  qui  le  précède,  a  besoin  d'être  mû 
par  un  scbeva-patbab,  et  de  même,  pour  soutenir  le  ségol,  il  a  besoin  d'être  mû  par  un  scbeva- 
ségol.  Par  exemple,  sur  trentre-trois  alephs  non  quiescents  précédés  de  ségols,  tant  dans  le 
Lévitique  que  dans  la  Geuèse,  il  n'en  est  pas  un  qui  ne  porte  un  scbeva-ségol;  sur  cent 
soixante  et  un  alepbs  non  quiesceuts  précédés  de  pathabs  dans  ces  deux  livres  (dont  cent 
quatre  dans  la  Genèse),  on  n'en  trouve  que  deux  qui  ne  soient  pas  mus  par  un  scbeva- 
patbab;  et  encore  ces  deux  exceptions  tiennent-elles  à  la  présence  d'un  mot  qui  fuit  excep- 
tion à  toutes  les  règles;  le  préfixe  interrogatif  H  (nûSH  Genèse  42,  16;  F]S_n  Genèse  18,  23). 

Pour  ne  pas  confondre  ce  préfixe  avec  l'article  H,  qui  a  la  même  prononciation,  la 
même  situation,  la  même  consonne,  alors  qu'on  lui  donne  le  patbab,  on  lui  refuse  le  dagucscb, 
qui  en  devrait  être  la  conséquence,  et  le  kamets  de  compen.sation  lorsque  le  daguescb  est 
impossible.  C'est  ainsi  que  souvent  en  bébreu  ou  individualise  deux  mots  dont  les  consonnes 
sont  les  mêmes,  en  les  ponctuant  dift'éremment,  et  parfois  l'un  d'eux  coutre  toutes  les 
règles. 

Cette  préoccupation  de  le  distinguer  de  l'article  a  fait  donner  à  l'affixe  ,1  interrogatif 
une  constitution  des  plus  anormales.  Ou  le  trouve  uue  fois  isolé  dans  le  Deutérouome,  du 
moins  suivant  l'édition  d'Atbias,  conforme  au  texte  des  Soréens  (nirTS  H  Deutéronome  32,6). 
Dans  ce  cas  le  bé  porte  un  mappik  et  le  patbab  doit  par  conséquence  se  prononcer  avant 
l'aspiration,  comme  le  fait  un  patbab  furtif  après  une  voyelle  longue  à  la  fin  des  mots.  Il 
n'est  rien  de  plus  irrégulier  d'après  les  principes  généraux  de  vocalisation  bébraïque,  et  il 
ne  faut  pas  s'étonner  après  cela  de  voir  le  même  mot  conserver  son  patbab  quand  il  devrait 
le  perdre. 

Sauf  donc,  quand  il  est  précédé  de  cet  n  interrogatif,  l'alepb  non  quiescent  ne  supporte 
pas  avant  lui  de  patbab,  s'il  n'est  mû  par  un  scbeva-patbab;  de  ségol,  s'il  n'e.st  mû  par  un 
scbeva-ségol.  Cette  remarque  réduit  à  rien  l'influence  de  l'alepb  en  tant  que  gutturale  pou- 
vant soutenir  le  patbab  ou  le  ségol  dans  des  conditions  exceptiounelles.  En  effet,  l'attraction 
des  scbevas  composés  pour  les  voyelles  similaires  est  telle  qu'ils  soutiennent  ces  voyelles 
avant  des  consonnes  ordinaires  non  daguescbées,  lorsqu'ils  se  trouvent  mouvoir  de  telles  con- 
sonnes (ex.  :  !in3£';?srn.  Juges  16,  16;  ni"i2n  Genèse  27,  38,  etc.).  C'est  donc  d'une  manière 
très  indirecte  que  l'alepb  influe  sur  le  patbab  ou  le  ségol  qui  le  précède;  comme  aspirée,  il 
prend  un  scbeva  composé;  mais  c'est  ce  seheva  composé  qui  supporte  seul  avant  lui  uue 
voyelle  similaire.  Il  semblerait  même,  en  ce  qui  toucbe  particulièrement  le  ségol,  qu'avant 
l'alepb,  l'accent  tonique  ne  suffit  plus  pour  soutenir  cette  voyelle,  comme  il  suffit  avant  les 
consonnes  non  gutturales. 


MÉMOIRE    SUR   LA    VOCALISATION   HÉBRAÏQUE.  129 


Nou8  donnerons  dans  le  chapitre  correspondant  de  notre  mémoire  le  tableau  des  formes 
bibliques,  soit  régulières,  soit  irrég-ulières,  de  tous  les  verbes  dont  l'aleph  est  première,  ou 
seconde,  ou  troisième  radicale.  Ce  tableau,  trop  considérable  pour  pouvoir  trouver  place  ici, 
conduit  en  somme  aux  mêmes  conclusions  que  nos  premières  statistiques. 

Pour  le  moment  bornons-nous  à  dire  que  dans  les  formes  daguescbées,  piel,  puai,  bith- 
pael,  jamais  le  patbab  ne  persiste  avnnt  l'aleph,  lorsque  celui-ci  ne  porte  pas  un  patbab  com- 
posé (par  exemple  il  persiste  dans  les  mots  :  IJXÎSn  Isaï  1,  20;  13SSS^  Jérémie  25,  28;  f:^'^ 
Isaï  33,20  et  passim;  bien  que  le  plus  souvent  il  s'allonge  en  kamets,  même  avant  un  alepb 
portant  un  scheva-pathah,  exemples  :  13Stî2'1  Zacbarie  7,  11;  D^SSip  Psaume  50,  18;  l'i'sarni; 
^h^'^],  etc.). 

En  effet,  pour  pouvoir  subsister  sans  scheva-pathah  avant  l'aleph,  le  patbab  aurait  exigé 
au  moins  un  daguescb  implicite,  et  nous  avons  vu  précédemment  que  l'aleph  n'a  jamais  de 
daguesch  implicite.  Ce  daguescb  répond  à  un  redoublement  de  la  consonne  qu'il  affecte,  et 
le  son  de  l'aleph  étant  à  peine  sensible,  si  tant  est  même  qu'il  soit  sensible,  n'est  pas 
susceptible  d'être  prolongé  par  redoublement,  comme  le  son  du  bhetb,  gutturale  dure,  de 
l'aïn,  gutturale  profonde,  ou  même  du  bé,  aspiration,  qui  de  très  faible  peut  devenir  forte 
eu  certains  cas.  Si  l'aleph  peut  porter  un  scbeva  quiescent,  implicite  ou  non,  c'est  que  ce 
scheva  ferme  la  syllabe,  même  avec  la  moindre  aspiration,  le  moindre  ))rolongement  vocal, 
un  simple  hiatus. 

Ce  n'est  donc  pas  en  y  cherchant  un  daguescb  occulte  qu'il  faut  expliquer  la  présence 
fréquente  de  l'hirik  et  du  kibbuts  dans  les  piels  'et  les  puais  des  verbes,  qui  ont  un  alepb 
pour  deuxième  radicale.  L'hirik  et  le  kibbuts  peuvent  alors  persister,  malgré  l'absence  de  tout 
daguesch,  parce  que  l'hirik  et  le  kibbutz  sont,  comme  nous  l'avons  dit  ailleurs,  des  voyelles 
mixtes,  tenant  de  la  brève  et  de  la  longue.  La  seule  brève  proprement  dite  est  le  patbab 
dont  se  rapproche  le  ségol;  et  ni  le  ségol,  ni  le  pathah  ne  sont  soutenus  par  l'alcpb. 

2"  Non  loin  de  l'aleph  vient  l'a'in.  L'aïn  peut  d'abord,  comme  l'alepb,  et  comme 
d'ailleurs  toute  autre  consonne,  gutturale  ou  non  gutturale,  soutenir  avant  lui  une  voyelle 
similaire  au  scheva  composé  qu'il  porte.  Mais  là  ne  se  borne  pas  son  rôle.  Quand  la  voyelle 
qui  le  précède  est  affectée  d'accent  tonique  ou  de  métbeg,  il  peut  soutenir  en  elle  par  sa 
présence  une  voyelle  similaire  à  celle  qui  le  meut  :  un  patbab,  s'il  porte  un  pathah,  un  ségol, 
s'il  porte  un  ségol. 

Tant  dans  la  genèse  que  dans  le  lévitique  nous  trouvons  quatre  cent  trente-un  a'ins, 
mus  par  des  schevas-pathahs  et  précédés  de  pathahs  (trois  cent  quarante-deux  dans  la  Genèse, 
quatre-vingt-neuf  dans  le  Lévitique)  ;  vingt-neuf  sont  mus  par  des  ségols  et  précédés  de 
schevasségols;  mais  en  outre  cent  quatre-vingt-quatre  (dont  cent  quarante  dans  la  Genèse), 
portant  des  pathahs,  sont  précédés  de  pathahs,  soutenus  par  des  accents  toniques  ou  des  mé- 
thegs,  et  deux  autres,  mus  par  des  ségols,  sont  précédés  de  ségols,  également  soutenus  par 
des  accents  toniques. 

On  voit  que  l'a'in  n'a  pas  encore  une  grande  attraction  pour  le  ségol,  bien  qu'il  le 
supporte  avant  lui  dans  certains  cas  où  un  scbeva-ségol  n'est  pas  sous  lui.  Nous  venons  de 
voir  un  de  ces  cas,  celui  d'un  a'in,  mû  par  un  ségol;  il  en  est  un  autre  assez  fréquent,  celui 
d'un  aïn,   mû  par  un  kamets  et  précédé  de  l'article  H  ou,  ce  qui  revient  au  même,  d'une 


130  Eugène  Revillout. 


préposition  renfermant  l'article.  Ceci  est  un  trait  de  ressemblance  qui  rapproche  l'aïn  du 
bbetb  et  du  bé;  car  avant  ces  deux  gutturales,  quand  elles  sont  mues  par  un  kamets,  l'ar- 
ticle prend  pour  voyelle  un  ségol;  tandis  qu'il  n'en  reçoit  jamais  avant  l'aleph. 

Ce  n'est  pas,  du  reste,  le  point  de  contact  le  plus  important  de  l'a'in  avec  le  hheth  et 
avec  le  hé.  Comme  ces  gutturales,  plus  encore  peut-être,  l'a'in  est  susceptible  de  redupli- 
cation, par  un  daguescb  implicite,  dans  les  conjugaisons  normalement  daguescbées  :  dans  le 
pie],  le  puai  et  l'ithpael  des  verbes.  Par  le  moyen  de  ce  daguescb  occulte,  il  peut  alors, 
mais  alors  seulement,  soutenir  un  patbah,  qui  le  précède  dans  une  syllabe  dépourvue  d'accent 
tonique  et  de  raétheg,  et  sans  lui-même  porter  un  patbab  (exemples  :  "IJ??'  I  Rois,  14,  10; 
ns?:n  Job   13,  11;  D^nri   Psaume  107,  18;    Deutéronome  23,8;   "TiSy}  Éxode  14,27,  etc.). 

Il  ne  faudrait  pas  oublier  que  l'a'in  n'agit  point  alors  en  tant  que  gutturale;  il  est  da- 
guesché  par  le  type  et,  comme  consonne  daguescbée,  ferme  la  syllabe  précédente.  En  dehors 
de  ces  cas  bien  déterminés,  et  en  écartant  comme  toujours  le  préfixe  H  interrogatif,  pour 
que  le  pathah  puisse  subsister  avant  l'a'in,  il  est  nécessaire  que  les  conditions  indiquées  plus 
haut  se  trouvent  réunies,  tant  en  ce  qui  touche  la  voyelle  ou  semi-voyelle,  portée  par  l'a'in, 
qu'en  ce  qui  concerne  le  métheg  ou  l'accent  tonique. 

3°  Le  hé,  qui  vient  après  l'a'in,  possède,  en  sa  qualité  d'aspirée,  une  influence  bien 
plus  marquée  sur  la  voyelle  que  le  précède.  Il  peut  encore,  comme  l'a'in,  se  trouver  entre 
deux  patbabs  dont,  le  plus  souvent,  le  premier  est  soutenu  alors  par  un  accent  tonique  ou 
par  un  métheg  (dans  la  Genèse  et  le  Lévitique  réunis,  sur  dix-neuf  pathahs  précédant  des  hés 
que  meuvent  des  pathahs,  dix-sept  se  trouvent  accompagnés  d'accents  toniques  et  deux  de 
méthegs).  Mais  en  outre,  le  bé  peut  parfaitement  soutenir  un  patbab  avant  lui,  lorsqu'il  porte 
une  autre  voj'elle.  Tant  dans  la  Genèse  que  dans  le  Lévitique,  vingt-quatre  fois  les  hés  pré- 
cédés de  pathahs  portent  des  tsérés,  seize  fois  des  schouronks,  sept  fois  des  bolams,  sept  fois 
des  biriks.  Il  soutient  donc  cinquante-quatre  fois  le  patbab  dans  des  conditions  où  ne  le  sou- 
tiendrait pas  l'a'in.  Ajoutons  que  l'accent  tonique  ni  le  métheg  ne  sont  plus  nécessaires  dans 
la  syllabe  qui  contient  un  pathah,  suivi  d'un  hé,  lorsque  cette  aspirée  est  mue  par  une  longue; 
autre  dififérence  essentielle  avec  l'a'in.  Enfin,  la  proportion  des  schevas  composés  servant  à 
soutenir  les  voyelles  similaires  est  infiniment  moindre  pour  le  bé.  Dans  la  Genèse  et  le 
Lévitique  pris  ensemble,  le  nombre  des  scbevas-patbahs,  précédés  de  pathahs,  n'est  que  de 
quatre-vingt-neuf  sous  le  hé;  tandis  que  sous  l'a'in  il  est  de  quatre  cent  trente-un.  De  même 
sous  le  hé  on  ne  trouve  pas  un  scheva-ségol,  précédé  de  ségol,  on  en  compte  neuf 
sous  l'a'in. 

Lorsqu'un  ségol  précède  un  hé,  le  hé,,  le  jdus  souvent,  est  mû  par  un  kamets.  Nous 
avons  vu  que  le  kamets  ne  figurait  pas  au  nombre  des  voyelles,  qui  peuvent  mouvoir  le 
hé,  lorsqu'il  suit  un  pathah.  Et  déjà,  en  traitant  de  l'a'in,  nous  avons  vu  que  quelquefois  le 
kamets,  mouvant  cette  aspirée,  attire  avant  elle  un  ségol.  Ce  qui,  pour  l'ain,  était  encore 
exceptionnel,  est  devenu  très  fréquent  pour  le  hé.  Dans  la  Genèse  cinquante-un  ségols  et 
cinquante-six  dans  le  Lévitique  précèdent  des  hés,  mus  par  des  kamets.  De  ces  ségols,  quatre- 
vingt-onze  ont  un  iod  muet,  qui  les  sépare  d'un  hé  final;  neuf  sont  immédiatement  suivis 
de  ce  hé  final,  mû  par  un  kamets;  six  se  trouvent  au  commencement  ou  dans  le  corps 
des  mots. 


MÉMOIRE   SUR   LA   VOCALISATION   HÉBRAÏQUE.  131 

Comme  le  bé  final,  mû  par  un  kamets,  est  un  affixe,  on  pourrait  croire  que  le  ségol 
que  le  précède  tient  à  des  causes  exceptionnelles,  indépendantes  de  l'influence  de  la  voyelle 
combinée  à  celle  de  la  gutturale.  Mais  nous  trouverons  la  même  conjonction,  au  moins  aussi 
fréquente,  en  étudiant  le  bbetb  qui  ne  peut  jamais  être  affixe. 

Le  pathab  ne  s'allonge  généralement  pas  avant  le  bé  dans  les  conjugaisons  daguescbées 
des  verbes  qui  ont  le  hé  pour  deuxième  radicale.  Nous  n'avons  trouvé  dans  toute  la  bible 
qu'une  seule  exception  à  cette  règle,  et  encore  est-ce  dans  un  livre  dont  la  vocalisation  est 
souvent  fautive,  ayant  été  pointée  tardivement  avec  peu  de  soin  :  le  livre  d'Esdras.  Ajou- 
tons que  le  mot  en  question  (nniSH  Esdras  6,  20),  pointé  d'un  kamets  sous  le  teth  dans 
l'édition  de  Van  der  Hooght,  revue  par  Judah  d'Alleman,  est  cité  par  Buxtorp  comme 
portant  un  pathab  dans  ce  passage  même;  et  très  certainement  il  en  porte  un  dans  la  Genèse 
Oinfâni  Genèse  35,  2). 

Cette  conservation  «du  pathab  fait  une  nouvelle  différence  entre  le  hé  etl'aïu;  car,  dans 
les  conjugaisons  daguescbées,  Tain  soutient  bien  plus  rarement  le  patbab  qu'il  ne  le  laisse 
allonger  en  kamets  (exemples  :  ^p^h  Isaï  6,  13;  S]5?DÛ  Isaï  10,  33;  "ijjri'i'^l  Daniel  11,  40; 
DJJSnril  Daniel  2,  1;  pjj^û  Eois  II,  2,  12;  Ip^l  Jérémie  11, 16;  rym  Psaume  106,  40,  etc.). 
C'est  qu'en  effet  l'aïn,  pour  soutenir  le  patbab  sans  être  mû  par  le  pathab  ou  par  le  scbeva 
composé  correspondant,  exige  absolument  un  daguesch  implicite,  tandis  que  le  hé,  comme 
nous  l'avons  vu,  soutient  le  patbab  par  lui-même,  sans  qu'il  soit  besoin  de  daguesch  occulte, 
alors  qu'il  est  mû  par  un  tséré  ou  par  toute  autre  longue,  le  kamets  excepté.  Le  patbab  n'est 
même  pas  toujours  accompagné  d'un  accent  tonique  ou  d'un  métheg  quand  il  précède  un 
hé,  mû  par  une  longue. 

Ajoutons  que  l'aïn,  de  même  que  l'aleph,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  laisse 
parfois  allonger  le  pathab  dans  les  conjugaisons  daguescbées,  alors  qu'il  pourrait  le  soutenir, 
étant  mû  par  un  scbeva- pathab  (l^y'iTI  P.?aume  83,4;  Vwyjn»!  lob  5,  25)  :  nouvelle  ressem- 
blance entre  les  deux  gutturales  que  nous  avons  étudiées  les  premières;  nouvelle  différence 
avec  les  deux  autres.  Le  bé  et  le  bbetb  (sauf  le  cas  douteux  cité  plus  haut)  ne  permettent 
jamais  l'allongement  du  patbab,  faute  de  daguesch,  lorsqu'ils  sont  mus  par  un  scbeva-patbah. 

Rappelons  que  le  bé  soutient  le  ségol  seulement  alors  qu'il  est  mû  par  un  kamets; 
tant  dans  la  Genèse  que  dans  le  Lévitique  on  ne  trouve  pas  un  seul  ségol  avant  un  bé  por- 
tant, soit  un  scbeva  ségol,  soit  un  ségol. 

4°  Le  bbetb  est  la  plus  forte  et  la  plus  puissante  des  gutturales.  Il  réunit  toutes  les 
propriétés  actives  de  toutes  les  autres. 

En  ce  qui  touche  le  ségol  :  comme  l'aleph  et  l'aïn  il  le  soutient,  quand  il  est  mû  par 
un  scheva-ségol  (seize  fois  dans  la  Genèse  et  le  Lévitique);  comme  l'aïn,  et  plus  souvent,  il 
soutient  le  ségol  dans  une  syllabe,  munie  d'accent  tonique  ou  de  métheg,  alors  qu'il  est  mû 
par  un  ségol  (trente  fois  dans  la  Genèse  et  le  Lévitique  réunis).  Enfin  comme  l'aïn  et  le  hé, 
plus  fréquemment  encore  que  ce  dernier,  il  soutient  le  ségol,  alors  qu'il  est  mû  par  un 
kamets  (cent  dix-neuf  fois  dans  la  Genèse  et  le  Lévitique). 

En  ce  qui  touche  le  pathab  :  comme  l'aleph,  l'a'in  et  le  hé,  il  le  soutient,  alors  qu'il 
est  mû  par  un  scheva-patah  (deux  cent  neuf  fois,  tant  dans  la  Genèse  que  dans  le  Lévitique); 
comme  l'aïn  et  le  hé,  il  soutient  le  patbab,  qui  le  précède  dans  une  syllabe  tonique,  alors 


132        Eugène  Revillout.    Mémoire  sur  la  vocalisation  hébraïque. 

qu'il  est  mû  par  un  patbah  fceut  dix-huit  fois,  taut  dans  la  Genèse  que  dans  le  Lévitique); 
mais,  en  outre,  à  la  différence  de  l'un  et  de  l'autre,  quand  il  est  mû  par  uu  pathali,  il  sou- 
tient également  le  pathali,  qui  précède  dans  une  syllabe  non  tonique  (tant  dans  la  Genèse 
que  dans  le  Lévitique,  le  hheth,  portant  un  pathah,  soutient  cinquante-quatre  fois  le  pathah, 
qui  précède  sans  accent  tonique  ui  métheg). 

Enfin  comme  le  hé,  plus  fréquemment  que  lui,  il  soutient  le  pathah,  alors  qu'il  est  mû 
par  une  voyelle  dissemblable,  holam,  tséré,  schourouk,  kibbuts,  hirik  (tant  dans  la  Genèse 
que  dans  le  Lévitique,  le  hheth,  précédé  du  pathah,  est  mû  trente-sept  fois  par  tséré,  trente- 
trois  fois  par  un  holam,  dix  fois  par  un  schourouk,  dix  fois  par  un  hirik,  deux  fois  par  un 
kibbuts). 

Dans  les  conjugaisons  dagueschées  des  verbes  nombreux  dont  le  hheth  est  seconde 
radicale,  nous  n'avons  trouvé  que  deux  fois  le  pathah  s'allongeaut  avant  lui  en  kamets  ('pnjl 
Genèse  8,  10;  ''riyn"irin"DS  lob  9,  30).  Dans  le  dernier  exemple  le  hheth  est  mû  par  un 
pathah;  quand  au  premier,  il  ne  peut  compter,  car  l'allongement  du  pathah  en  kamets  est 
causé  par  la  suppression  d'un  iod  radical  qu'il  rappelle;  le  mot  complet  serait  hn''''],  comme 
le  fait  remarquer  Buxtorf. 

Nous  avons  montré  dans  ce  chapitre  que  les  aspirées  forment  une  série,  dont  l'aleph 
d'une  part,  et  d'autre  part  le  hheth  forment  les  deux  extrémités.  L'aleph  est  à  peine  une 
gutturale,  à  peine  une  consonne;  comme  nous  le  verrous  à  propos  des  muettes,  il  peut  être 
tellement  nul  qu'il  se  trouve  entre  deux  consonnes  dans  une  syllabe  fermée,  ou  que  sans 
voyelles,  inaperçu,  il  se  glisse,  muet,  entre  deux  syllabes  fermées  consécutives. 

Le  hheth,  au  contraire,  est  toujours  consonne,  toujours  gutturale.  Quand  il  est  quiescent, 
il  ferme  la  syllabe,  et  à  la  fin  des  mots,  il  appelle  le  plus  souvent  un  pathah  furtif  ou  nou 
furtif,  sauf  quand  un  kamets  le  précède.  Quiescent  ou  non,  il  attire  et  soutient  le  pathah, 
par  lui-même,  indépendamment  de  toute  influence  d'accent  tonique  ou  de  voyelle;  il  soutient 
aussi  le  ségol,  mais  dans  des  cas  déterminés. 

L'aïu  et  le  hé,  intermédiaires  entre  l'aleph  et  le  hheth,  tienuent  à  la  fois  de  l'un  et 
de  l'autre. 

Comme  l'aleph,  bien  que  d'une  façon  moins  générale,  le  hé  peut  être  muet,  mais  par 
sou  action  sur  le  pathah  il  se  rapproche  plutôt  du  hheth.  Il  soutient  plus  difficilement  le 
ségol,  que  l'un  et  que  l'autre,  quand  il  n'est  pas  mû  par  un  kamets.  Et  il  a  ceci  de  parti- 
culier qu'il  est,  à  peu  près  dans  tous  les  cas,  précédé  de  kamets,  lorsqu'il  ferme  exception- 
nellement la  syllabe  à  la  fin  des  mots,  étant  fortifié  par  un  mappik. 

L'aïn  quiescent,  comme  le  hheth,  ferme  la  syllabe,  mais  on  a  pu  voir  qu'à  d'autres 
points  de  vue  il  se  rapproche  des  aspirées  moins  fortes. 

Nous  ne  voulons  pas  nous  étendre  plus  longuement  sur  ce  sujet,  de  peur  de  choquer 
plus  encore  en  soutenant  toujours  des  opinions  contraires  aux  opinions  reçues;  et  nous 
prions  ceux  qui  nous  lisent  de  ne  pas  juger  trop  sévèrement,  avant  tout  examen,  cette 
témérité.  Nous  n'avons  pas  cherché  l'originalité;  elle  nous  est  venue  naturellement  par  une 
étude  plus  approfondie  des  textes  bibliques. 


La  grammaire  copte.  133 


LA  GRAMMAIRE  COPTE 

ÉTUDIÉE  DANS  SES  ORIGINES  HIÉROGLYPHIQUES  ET  DÉMOTIQUES. 

l'AK 

Eugène  Revillout. 

(Suite.) 

En  effet,  l'iiistoire  de  l'alphabet  copte,  comme  celle  de  lalpliabet  arménien  après 
l'abandon  des  cunéiformes  païens,  a  eu  des  aspects  très  variés  se  rattachant  à  des  origines 
locales  diverses. 

Puisque  nous  venons  de  parler  de  l'alphabet  arménien,  nous  devons  dire  qu'il  nous 
fournit  un  jalon  précieux  pour  la  question  qui  nous  occupe. 

En  effet,  quand,  après  bien  des  essais  successifs,  S'  Mesrob  lui  fournit  dans  le  courant  du 
cinquième  siècle  sa  forme  définitive,  il  s'en  alla  chercher  en  Egypte  plusieurs  éléments,  c'est-à- 
dire  justement  les  articulations  étrangères  au  grec  et  semblables  en  égyptien  et  en  arménien. 
C'est  là  une  remarque  que  j'ai  faite  dans  mes  «Mélanges»  de  1873,*  et  qui  est  ici  de  la  plus 
grande  importance. 

Pourquoi  S'  Mesrob  alla-t-il  chercher  ses  inspirations  dernières  chez  les  coptes?  —  Par 
une  raison  bien  simple  :  c'est  que  l'église  arménienne  a  toujours  été  en  rapports  étroits  avec 
l'église  égyptienne  d'Alexandrie,  dont  elle  s'inspira  —  et  du  temps  de  S'  Athanase  et  du 
temps  de  S'  Cyrille  et  du  temps  de  Dioscore  dont  elle  suivit  le  schisme.  Elle  eut  donc 
toujours  un  rôle  analogue  à  celui  de  l'église  éthiopienne  —  sans  dépendre  directement  comme 
celle-ci  du  même  patriarcat.^ 

Dans  les  lettres  que  S'  Mesrob  emprunta  aux  coptes  —  très  certainement  à  Alexandrie 
où  il  débarqua  —  on  distingue  : 

r  Le  '/,  identique  au  q  copte  et  représentant  également  un  v  dur  ou  aspiré. 

2°  Le  a",  identique  au  2«.  copte  et  qui  se  prononce  dj,  comme  le  susdit  2c  à  cette 
époque. 

3"  Le  ^,  identique  au  «  copte  et  qui  se  lit  h  aspiré  ou  dur.^ 

'  Voir  aussi  mon  article  paru  dans  le  numéro  de  décembre  1903  de  la  société  d'archéologie  biblique 
de  Londres,  p.  865. 

*  Par  voisinage  elle  se  rattacherait  plutôt  à  celui  d'Antioohe,  dont  les  tendances  doctrinales  étaient 
toutes  contraires,  et  du  temps  des  ariens  et  du  temps  des  nestoriens  et  du  temps  de  Dioscore. 

»  Les  deux  lettres  arméniennes  t  {cin)  et  7^  [scia),  qui  traduisent  le  ch  français  et  le  sh  anglais, 
semblent  à  première  vue  se  rattacher,  soit  au  ^  =  T(T(Ti  soit  au  4  =  ®,  que  nous  trouvons,  soit  en 
démotique,  soit  dans  les  documents  proto-coptes,  c'est-à-dire  de  l'égyptien  transcrit  en  grec.  Mais  la  seconde 
seulement  de  ces  formes  se  retrouve  dans  le  troisième  dialecte  avec  une  valeur  que  nous  verrons  être 
toute  différente  de  la  valeur  arménienne  en  question.  La  chuintante  est  partout  alors  en  copte  le  vj,  dont 
l'origine  graphique  est  toute  différente,  S'  Mesrob,  se  serait-il  livré  à  Alexandrie  à  des  recherches  d'éru- 
dition pure?  C'est  possible;  mais  c'est  douteux.  Il  a  dû  emprunter  ailleurs  ou  imaginer  les  lettres  en 
question,  peut-être  parce  qu'alors  le  son  du  jh  lui  semblait  trop  différent  du  son  des  lettres  arméniennes 
qu'il  voulait  traduire  dans  l'écriture. 

On  sait  qu'en  démotique  Ttîtî  s'écrivait  3,  ou  %,,  et  que  cette  dernière  forme  est  l'origine  du  uj 
copte.  C'est  d'ailleurs,  semble-t-il,  la  plus  primitive,  bien  que  ce  ne  soit  pas  celle  qu'aient  d'abord  adopté 
les  auteurs  de  nos  papyrus,  à  transcriptions. 


134  Eugène  Revillout. 


Or,  il  faut  remarquer  que  cette  lettre  répoudant  au  T  hiéroglyphique  et  au  h  dé- 
motique (homophone  de  ©),  que  nous  avons  trouvé  dans  nos  papyrus  à  transcriptions,  ne 
se  rencontre  jamais  en  thébain  et  dans  les  dialectes  analogues  les  plus  anciennement  écrits 
dans  les  manuscrits  que  nous  possédons  et  dont  beaucoup  sont  antérieurs  à  S'  Mesrob  ou 
contemporains.  En  thébain  on  n'a  conservé  qu'une  seule  aspirée,  l'aspirée  douce,  provenant 
de  ?.  ou  *==  ^  fi  et  répoudant  au  hori  (o  ).  Les  inscriptions  et  les  textes,  même  prove- 
nant de  la  Basse  Egypte,  des  environs  de  Memphis  ou  de  Memphis  même,  ou,  pour  mieux 
dire,  de  tout  le  cours  du  Nil  depuis  le  haut  jusqu'en  bas,  n'ont  que  cette  lettre  jusqu'à  la 
conquête  musulmane.  C'est  seulement  après  cette  conquête,  lorsque  les  patriarches  mouo- 
phj^sites  ont  quitté  Alexandrie  pour  venir  s'établir  au  Caire  ou  Babylone,  c'est-à-dire  à  l'an- 
cienne Memphis,  que  l'on  constate,  dans  cette  Memphis,  un  nouveau  dialecte,  autrefois  appelé 
memphitique,  nom  auquel  on  a  été  obligé  de  renoncer  depuis  ma  découverte  et  ma  publi- 
cation partielle  du  cartulaire  de  S' Jérémie  de  Memphis,  écrit  en  thébain;  dialecte  que  nous 
nommerons  dorénavant  alexandrin. 

Jusque-là,  la  langue  de  la  liturgie  patriarcale  était  le  grec  et  les  patriarches  —  y  com- 
pris Dioscore  —  ne  savaient  souvent  pas  le  copte.  La  seule  liturgie,  écrite  en  copte,  était 
celle  de  la  Haute  Egypte,  dont  les  évêques  ne  connaissaient  même  pas  le  grec  et  elle  était 
eu  thébain.  Quand,  après  les  capitulations,  favorables  aux  coptes  monophysites,  leurs  pa- 
triarches renoncèrent  à  Alexandrie,  où  siégeait  encore  le  chalcédonien  et  qui  était  restée  eu 
rapports  constants  avec  la  chalcédonieune  Byzauce,  pour  venir  séjourner  dans  le  centre  même 
du  nouveau  gouvernement,  ils  jugèrent  opportun  d'abandonner  aussi  la  liturgie  grecque  et 
de  la  faire  traduire  eu  copte.  Or,  ce  copte  fut  naturellement  celui  qu'ils  avaient  entendu 
parler  à  Alexandrie  dont  ils  sortaient  par  les  commerçants,  etc.^  Ce  dialecte,  jusquelà 
uniquement  civil,  devint  donc  la  langue  sacrée  des  patriarches,  le  nouveau  memphitique, 
c'est  à-dire  l'ancien  alexandrin,  auquel,  dès  le  b"  siècle.  S'  Jlesrob,  en  débarquant,  avait  em- 
prunté les  lettres  égyptiennes  qu'il  introduisit  dans  l'alphabet  arménien. 

Le  dialecte  alexandrin,  en  usage  dans  une  région  tout-à-fait  à  part,  était  fort  diiierent 
pour  la  phonétique,  etc.,  du  dialecte,  qui,  avec  quelques  légères  distinctions,  se  parlait  sur 
le  cours  ordinaire  du  Nil  depuis  le  haut  jusqu'en  bas.  Les  coptes,  ne  disaient  ils  pas  :  «  sortir 
d'Egypte,  pour  aller  à  Racoti»?  Ce  dialecte  avait  conservé  les  aspirées  dures  qu'avaient 
abandonnées  par  simplification  les  auteurs  de  l'alphabet  copte  chrétien  du  cours  du  Nil.  Il 
avait  conservé  aussi  certaines  expressions  païennes  systématiquement  délaissées  par  les  très 
chrétiens  thébains  —  fort  ennemis  des  païens  sous  tous  les  aspects.  Je  citerai  l'expression 
neb  ^^z^  ws  =  1  /(  =  «seigneur^',  qu'on  rencontrait  sans  cesse  dans  les  hymnes  païens  et 
que  les  chrétiens  thébains  supprimèrent  partout,  en  la  remplaçant  par  l'expression  tes 
"i  W>  élevé,  3C-06IC,  venant  de  atici  dotninus  (y.up'.sc).  Tes  siguifiant  altissimus,  s'échange 
ainsi  dans  les  textes  bibliques  avec  dominiis  ("'ns  ou  y.upts;).  11  en  prit  l'acception  spéciale. 
En  alexandrin,   le  mot  miÊ  subsista,   au  contraire,   toujours  et  il  se  retrouve  dans  tous  les 


'  Voir  pour  toute  cette  question  historique,  du  transfert  du  patriarche  copte  d'Alexandrie  à  Babylone 
(vieux  Caire),  un  article  que  j'ai  pul)lié  dans  la  Revue  l'Intermédiaire  des  curieux,  tome  LXI,  p.  395  à  402. 


La  grammaire  copte.  135 


textes  liturgiq.ues  ou  bibliques  du  nouveau  dialecte  patriarcal.  Les  exemples  de  ce  genre 
sont  très  nombreux. 

L'aspirée  dure  i  =  *  (T  =  i),  proscrite  par  les  thébains/  qui  voloutairemeut  la 
confondirent  avec  l'aspirée  douce  h  (o  =  ^  =  <=  ==  |\  aspirée  dure,  qui,  dans  tous  les 
dialectes  démotiques  même  contemporains  du  copte,  est  soigneusement  conservée,  eut  donc 
droit  de  cité  dans  l'alexandrin,  devenu  au  7<=  siècle  de  notre  ère  la  langue  sacrée  patriarcale. 

En  ce  qui  concerne  la  phonétique  proprement  dite,  il  faut  faire  une  remarque  très 
importante  (et  tout-iï-fnit  parallèle  à  ce  que  nous  venons  de  dire  eu  dernier  lieu),  à  propos 
d'un  autre  dialecte,  certainement  aussi  localisé  dans  une  région  étrangère  au  cours  ordinaire 
du  Nil,  c'est-à-dire  soit  sur  les  bords  de  la  mer  rouge,  soit  aux  oasis  (puisque  le  Faium 
avait  un  dialecte  analogue  pour  la  phonétique  au  tbébaiu).  Ce  troisième  dialecte,  récemment 
découvert  et  qu'où  a  fort  mal  à  propos  appelé  akhmimique,^  possède  lui  aussi  une  aspirée 
dure  d'un  caractère  très  particulier.  C'est  le  O  ou  o,  provenant  de  ^  ^  '^  et  qui,  sous  sa 
forme  vraie  G>  ou  sous  une  forme  légèrement  adultérée,  dont  g^  pourrait  bien  être  aussi 
une  résultante  pour  la  partie  supérieure  du  signe  tout  au  moins,  a  été  souvent  employé  — 
nous  l'avons  vu  —  par  les  gnostiques  magiciens,  etc.  dans  les  alphabets  précurseurs  de  l'al- 
phabet copte.  Cette  lettre  a  été  considérée  par  Bouriant  et  ses  disciples  allemands  comme 
intermédiaire  entre  le  a  et  le  uj.  C'est  exact,  nous  le  verrons,  si  on  ne  s'inspire  que  de  cer- 
taines comparaisons  lexicographiques  uniquement  coptes.  C'est  entièrement  faux,  nous  le 
verrons  aussi,  si  on  veut  remonter  aux  origines  non  seulement  graphiques,  mais  encore  pho- 
nétiques. Or,  le  phonétisme  d'un  nouveau  dialecte  ne  peut  pas  se  juger  par  le  phonétisme 
des  dialectes  voisins,  mais  par  le  sien  propre  :  la  seule  comparaison  de  l'alexandrin  et  du 
thébain  suffit  d'ailleurs  pour  le  prouver,  non  seulement  pour  le  a  et  le  ç^,  mais  pour  le  -x. 
et  le  tr  s'échangeant  dialectalement  en  alexandrin  en  dépit  d'origines  assurément  fort  diverses, 
etc.  Eien  ne  prouve  par  conséquent  que  dans  le  dialecte  x,  con.sidéré  en  lui-même,  le  g^  = 
G>  ^  ®,  c'est-à-dire  toujours  l'aspirée  forte  g^  —  et  cela  jusque  dans  ses  origines  —  nous 
allons  le  démontrer  tout  àl'heure  —  ait  eu  la  moindre  parenté  avec  le  «y,  qui  existe  paral- 
lèlement dans  le  même  dialecte  et  ne  s'échange  jamais  avec  lui. 

Je  sais  bien  ce  qu'on  va  m'objecter.  En  hiéroglyphes  même,  ®  (M)  s'échange  souvent 
(peut-être  parfois  dialectalement)  avec  izso.  J'ajouterai  même  que  la  gamme  de  ces  échanges 


'  Je  ne  sais  pas  trop  bien,  je  l'avoue,  la  cause  de  cette  proscription.  Faut-il  la  cliercher  clans  une 
sorte  de  scission  entre  la  langue  écrite  de  ces  régions  et  la  langue  parlée,  scission  que  les  chrétiens  auraient 
voulu  consacrer  dans  leur  écriture  propre?  C'est  bien  douteux.  J'y  verrais  plutôt  une  rage  de  la  simpli- 
fication, poussée  beaucoup  trop  loin  chez  des  réformateurs,  que  hantaient  malgré  tout  la  phonétique  grecque, 
car  l'alexandrin  est  généralement  plus  doux  ou,  si  l'on  veut,  moins  rude  que  le  tliébain.  Je  donnerai  pour 
preuve  la  coutume  alexandrine  d'adoucir,  à  la  grecque,  dans  certaines  circonstances  le  n  et  le  t  en  9  (/") 
et  0  (le  dernier  avec  le  son  du  th  anglais),  tandis  qu'en  thébain  9  et  0  ne  sont  jamais  que  des  lettres 
doubles  =  no  et  to,  c'est-à-dire  un  n  ou  un  t,  suivi  d'une  aspiration.  J'ai  grande  tendance  à  croire 
qu'en  thébain  le  o  avait  une  double  prononciation,  forte  ou  dure,  selon  l'origine,  prononciation  que  l'usage 
faisait  connaître,  ainsi  que  peut-être  certaines  règles  spéciales  de  phonétisme,  ignorées  de  nous. 

2  Ce  nom  lui  a  été  donné,  parce  que  les  manuscrits  qui  s'y  réfèrent  ont  été  découverts  par  Bou- 
iiiANT,  etc.  â  Akhmim  dans  l'ancien  monastère  du  prophète  âenuti,  l'illustre  orateur,  dont  toutes  les  œuvres 
sont  en  thébain,  ainsi  d'ailleurs  qu'une  multitude  de  manuscrits  du  même  monastère.  Par  la  même  raison 
on  pourrait  dire  que  la  langue  générale  de  sa  cité  était  le  syriaque,  parce  qu'on  y  a  trouvé  beaucoup  de 
manuscrits  syriaques,  apportés  par  certains  moines  syriens  d'origine. 


136  Eugène  Revillout. 


est  encore  agrandie  en  démotique.  Menx  y  est  sans  cesse  écrit  mens;  x^m,  Scm,  etc.  Ce 
n'est  pas  tout.  Nous  avons  nous-même  démontré  plus  liant  que  Cô,  forme  démotique  de  ®,  ne 
servait  pas  à  l'aspirée  dure  dans  le  manuscrit  de  Paris  (contenant  la  transcription  grecque 
d'un  texte  égj^ptien  avec  plusieurs  lettres  surajoutées),  mais  servait,  au  contraire,  toujours 
pour  le  uj  (qui  n'a  pas  pour  le  traduire  d'autre  caractère)  et  pour  le  <y  copte  (ancien  ffl  = 
..^i_  =  g)  D'une  autre  part,  s  des  textes  démotiques  semble  souvent  s'être  transformé  en  ui 
dans  les  textes  coptes  —  ce  qui  est  cause  de  ma  transcription  primitive  de  <3  en  \\  sî«.* 
Mais  le  <&  démotique  se  rattache  toujours  à  un  ®  primitif,  comme  ^  dans  le  dialecte  x. 
Celui-ci  se  comporte  à  ce  point  de  vue  comme  le  T  ;ja  =  i  primitif,  devenu  .J  =  a  en 
alexandrin  et  dont  l'origine  n'a  pas  plus  de  rapports  avec  le  ^  coexistant  que  les  échanges 
intra  dialectaux. 

D'ailleurs,  en  cette  matière  surtout  comparaison  n'est  pas  raison.  La  vérité  ne  nous  est 
fournie  philologiquement  que  par  la  méthode  du  dépouillement  complet,  s'appliquant  »eule- 
ment  au  dialecte  qu'on  étudie.  Nous  allons  donc  achever  notre  démonstration  sur  le  g  =  % 
en  examinant  successivement  tous  les  exemples  qu'on  a  allégués  pour  une  opinion  opposée 
et  même  tous  les  exemples  lexicographiques  y  relatifs. 

Commençons  par  donner  ceux  qui  ont  été  cités  par  Bouriant,  pour  établir  l'assimilation 
entre  le  g^  et  le  ja,  qui,  nous  l'avons  dit,  existent  parallèlement  dans  ce  même  dialecte. 
Nous  indiquerons  chaque  fois  entre  parenthèses,  précédée  de  la  lettre  R,  notre  réponse  oji, 
pour  mieux  dire,  nos  renvois  aux  formes  primitives  se  référant  à  l'aspirée  dure.  La  lettre  H 
indiquera  les  mots  hiéroglyphiques  et  la  lettre  D  les  mots  démotiques  transcrits  en  hiéro- 
glyphes. 

Hi'vie  A. 

1°  B  eg=  ev«,  quoi  (E,  H  ()    ®  ,   D  (j ®  et  (j®). 

2°  B  egT  =  cujT  pendre  (R,  H  '^"^^^  I> "fl^l]-^)- 

3»  B  Mig^e  =  Mi«ie  combat  (R,  H  ^I^ll]^-  tfeî'^flfl)' 

4»   B    n&gr  =  nevUiT    dur    (R,   H  ©    ^^ o,    D  \\. 

5°  B  oiTûige  =  oTTOJujc  vouloir  (R,  H  %T  ^,    >>I  ?^^  chercher). 

6"  B  oTj-oe  =  oTs-ujH  nuit  (R,  H  ,       ,|. 

7°  B  nevgp  =  npui  étendre  (R,  H  ®  i>|. 

'  Nous  avons  vu  que  tl.ans  le  papyrus  bilingue  de  Londres  Leide  i.  sert  à  noter  le  passage  du  ®  — 

s  ou  UJ.  Exemple;  1)w(ôj  =  n^toï  (copte  nujtoi)-  En  démotique  ®^C\   '^^^  s'écrit  co_i3(3,    puis   cf_i)i 

(copte  ujhm),  n  Y    s'écrit  l2_/(3.  puis  li^/ï-     Dans  le  dialecte   x    on  trouve  aussi  çhm  (ujhm), 

g&pn  (=  ujopn),  etc.  Mais  cela  n'infirme  en  rien  notre  thèse,  nous  le  verrons  plus  loin.  D'ailleurs  en 
di'motique  atissi  il  y  eut  plusieurs  dialectes  et  les  valeurs  adoucies  ou  durcies  pouvaient  souvent  être  chose 
ili.alectale,  même  dans  l'échelle  des  aspirées  fortes. 


La   GRAimAIEE   COPTE.  137 


8"  B  o&  et  oeve  =  ujev  fêle  (R,  H    s  ,  D    s  J}). 

9'   B   c&oÊe  ou  CAO-^e  =-.  c.xujÊe,  cewm-i    7    (R     H    fl     "^     '  '  '  '\ 

I   ^. —   Ml/' 

10-'  B  ^ev  =  uie.  orieut  (R,  H    S  V 

11»  B  o&io  =  lyoc.uj  poussière  (R,  H  ®%?"^.    Le  mot  s'écrit  aussi  '^^^^^S^'i 

Jf  à  00  ,, aooo/' 

12»  B  oe.A  =  ujo\  dent  (R,  D  ©.Ss&l  (?). 

13»     B     0».AIT    =    UJO.MT     3     (R,     H     f^^    -   ). 

14»  B  oa-pn  =  ujopn  premier  iR,  H  <:3>(7,  D  l^\ 

^  D   i       ^   a  21'/ 

15»  B  o*.T  =  ujoT  dur  (R,  H  ^-^^^^^^ a  =^  ««'Vy^) 

Ifi»  B  oÊHp  =  ujûHp  compagnon  (R,  D  ®  <^s  [1  •<s>- -i?)  j. 

17»  B  OHM  =  «JH.VV  petit  iR,  H  ©  Jn^^^,  D  ^  J^^^,  ®^^^). 

18»  B  otonc  =  ujwne  être  (R,  H  ^<=>,  ^,  D  'w). 

19°   B   eoûjne  =  eiywne   si   (R,    H    <=>'^,    D  <=>  ^   et    (1  S  ^^=^  ^V 

20°  B  o  remplace  va  devant  les  racines  verbales  (en  d'autres  termes  remplace  le  po- 
tentiel cuj)  (R,  H  D  '©  =  ,  voir  les  exemples  de  la  clémentine  comme  ceux  de 
Bouriant). 

Nota.  Deux  seuls  des  exemples  qui  sont  aussi  allégués  par  Bodriaxt  ne  s'expliquent 
jusqu'ici  pas  bien  par  l'aspirée  forte.   Ce  sont  :  1°  c&o  =  cuuj  mépriser  (D  .-^-^^^y 

Quant   au  D   "^^^  ^^   =   cwuj-^,   il   pourrait   s'expliquer    par    une    métathèse    de 

"^X^  écarter,  combattre,  repousser.    2°  00  =  ujm  sable,  dont  je  ne  connais  jusqu'ici  que 

les  correspondants  H  °q,  D  TtTtT  ^  pied.   3»  oe  ^  uie,  dont  il  ne  donne  aucun  renvoi  et 

qui  est  toujours  écrit  uje  dans  la  clémentine  '-^  ¥\_^-  Quant  à  Me^oe  ^  Avoouje  marcher, 
il  ne  se  trouve  parmi  les  manuscrits  de  Bouriant  que  Ex.  IV,  19  et  ]\Iaccb.  VI,  7,  tandis 
que  dans  Ex.  II,  5  et  dans  la  clémentine  ou  trouve  toujours  sous  une  autre  orthographe 
dont  nous  reparlerons.  Il  nous  reste  à  parler  de  l'équivalence  gù.poTj-Mcicc  =  uja.TAviei,  mais 
c'est  moins  une  équivalence  qu'une  traduction.  La  préformante  uj&  du  temps  d'habitude  se 
trouve  sans  cesse  en  démotique  spécialement  dans  le  poème  satyrique.  La  préformante  0B>p 
représente  au   contraire  la  préformante  x^^  o"  U  "^^^  aryer  ou  [1  <=>      signitiaut 

«quand». 

Venons  eu  maintenant  à  la  seconde  série  de  Bouria>'t,  à  la  série  B,  assimilant  o  à  * 
eu  alexandrin  (appelé  alors  memphitique)  et  à  §^  en  thébain. 


138  Eugène  Revillout. 


Série  B. 

r  H  «ew^T  =  'î>^*T  =  neoT  tomber  (H,  H   °  ^^^,  D  dT)^- 

■>"  B  C.SO  =-  cevs  =  c^o  écrire  (\\,  H  fft,  pî'^'^  )• 

3°  B  Teo  =-  oco*  =  Two   mêler,  troubler  (R,  H  i — r  TtoTtoo  =  1) 

*^  troubler,  révolutiouner). 
4"  B  oiiig^  ^  0)11*  =;  (oiio  vivre  (R,  H  ■¥■        ,  D  a-¥-®|. 
5°  B  g^iv  =  *ev  =--=  oi\  devant  (R,  H  m,  D  m). 
6°  B  g^ive  =  *<.c  =  ç^.xe  dernier  (R,  H  1%^^^^»  D  î^^^)' 

T  B  ç^coTÊe  =  *63Te6  =  o<otê  tuer  (K,  H  ^  J  ^,  D  ^  J  '  ^^  ^'  ^  J  ' ')• 

8°  B  g^ice  =  sici  =  oice  peiner  (R,  H  '"'^ '^,   1)  I  toi  û  0  ^)- 

9°  B  g^i»  =  *en  =  ç^ii  dans  (R,  H  et  D  ^  cr^). 

10°  B  ivopHi  =  £*pcvi  =  copcvi  (R,  H  <=>  T  <=>  [1  (1  c:~a  en  l)as). 

11°  B  gpujipe  =  scAiHipi  =  opuiipe  jeune  homme  (R,  D  T -®2>  2?)  X^^  ^'U  x^^X^'^'h 
l)uisque  dans  les  planchettes  biling:ues    S)  est  lu  cHpi). 

12°  opivir  ^  spcDOT  =  opooT  voix  (R,  H  vï'   ^  ï  '  9())* 

Voici  maintenant  la  3*^  série  de  Bodriant  d'après  laquelle  o  =  o , 

Série  a 

1°  B  o c  =  oc  modus  (R.  S'agit  il  de  y,  prononcé  comme  ®k=>  ^e,  ou  de  qui  a  son- 
vent  le  sens  de  manière). 

2°  B  olvoe\  =  ^v.o«>A  (R,  D  ®  ^v   "^  ?  .Ê^  â,  voir  plutôt  T-2a.  f)  VS^  ou  yelyeri, 
gjAg^eA.  «puer»  a  souvent  le  double  sens  de  puer  en  latin). 
3"  B  g^ii&n  =  çton  approcher  (R,  H   at>  a,  S  ^)' 

4°  B  oeie  =  oc.  =  oe  tomber  (R  Î^QQ^i  I^^^)' 

Nota.  BouRiANT  cite  aussi  :  1"  mô-iç^e  =  avoioc,  dont  nous  n'avons  trouvé  jusqu'ici  que 
le  correspondant  démotique  vK  l]  (]  fU  "^^  QA.  2°  atjvo  =  3too,  dont  nous  n'avons  trouvé 
jusqu'ici  que  les  correspondants  démotiques  A  <^=  (1  ©  QA  et  ci=^^=(|^i^.  3°  ç^nnHn- = 
ç^rtKOTs-,  dont  il  ignore,  lui-même,  la  signification.  4°  g^ei  =  oi  sur,  dans,  pour  lequel  il  ne 
donne  aucun  renvoi,  mais  cite  seulement  l'exemple  ç^itç^i  ««eqa-iafi.  =  ^itoh  imeqenat.  Mais 
SLi  est  partout  ailleurs  dans  la  clémentine,  etc.  écrit  ç^i  =  @,  comme  en  thébain. 

mentionnons  encore  une  quatrième  catégorie  dans  laquelle  deux  exemples  de  o  =  o- 
sont  apportés  par  Bouriant  et  un  de  ç^  ^  =£..  Pour  ce  dernier  mot  Tgno,  fréquent  aussi 
dans  la  clémentine,  notre  explication  est  toute  autre.  Nous  l'avons  déjà  donnée  à  nos  élèves 


I 


La  grammaire  copte.  139 


avant  la  découverte  du  dialecte  x.  En  effet,  si  tçtio  =  ^cno  c'est,  parce  que  acno,  soit  dans 
le  sens   d'enfanter,   soit    dans  le  sens   de  gagner  répond  en  démotique  à   -b^  ==  W 

«faire  être».  Eestent  Toie  =  To-e^ie'  blâmer  (?)  et  oot  ==  s-w,  pour  lequel  on  ne  nous  donne 
aucun  renvoi. 

Dans  la  clémentine   nous  trouvons  (outie  les  exemples  déjà  cités)  pour  la  série  A  : 

r  ^Ho.  =  «,„..  =  U.HO..  =  II  \^^\%  K^T'  ^  y\\^  '''''^■ 

2°  ç^MT  =  «jooT  =  ^    ^^  o°o  =  J"^  ^^"^  ancien,  parfois. 
3"  ^&pg^pe  =  vHopvap  =  1)  cr^  I  ^^  démolir. 

4°  o&6.pe  =  uj^ivp  =  uî*'P  ^  D  ®  'j  <=>  ^^ï^  ^^  =  ©  ^  <rs>  [|  (2  ^^  =  ®  ^^^<:=- 
'■^^r.  ^^  frapper. 

6°   oe  =  u|e  =  yjM   =  ()    bois. 

7°  ^i  :=  uji  =  D  t  0  [1  ^-"^  g7\,  II  t'^ — 0  mesure. 

8°  g(oî\.  =  oojA  =  D  ®_2a»^  jiiller,  voler. 

9°  g_e?v.  =  ui&A  =  H     ®    c°oî  Oûoo'  D  ®-Sis>°  myrrhe,  encens  (Ail'iavo;). 

10"  ^nc  ==  cujtonc  =  <::z>  M   (voir  plus  haut). 

ir  eioc  =  lyi  =  H  "     °^^j  D  """""(jllltn  (voir  plus  haut). 

12°   pûjoe  =  ptoiye  =   H      ^     j  ,    D  ,    il. 


13"   e„oe  =  CHU,.  =   H    pj.-.,   D  fjl\^   •'""P- 

14°  OTTfoco  =  OTWwc  =   H    vN  A. 

15°  cûfig.  =  «oiiv«  =  D  "^^  ®  ^.  "^"^  <=.  ^  «"^^'i^i'- 

16°   grevpTpe  =  «jTOpTp  =  «j«>opTep  =   H      q     '^^^. 

170  ^çç^T-  ^  ^y^ç^T  ^  H  ^^,  D    ®    lû"^^  ennemi,  d'où  vient  vy^'-i^  delinquere, 

D  Jmî^  ^^^  et  ^o?^. 

Nota.     Les  seuls  mots  encore  douteux  sont  : 

1°  g^evo  =  la'vo,  dont  je  ne  connais  encore  que  l'équivalent  démotique  ]££^(l  ""ll^- 

2°   2c.A.gc!e.eg^  =  (Totijcj'eiH  =  acoujateiy.   3°  nwco  =  noiujc? 


1  Le  mot  démotiqwe,  jusqu'ici  connu,   est  /j|;_   =  «rjvio,  3£.mwou-  |^^^^-    ^^''''*  s'agit-il  bien 


de  cette  racine  et  non  de 


140  Eugène  Eevillout. 


La  série  M  est  ainsi  représentée  : 

i       OevT^T    =    SOTieT    =    ÇOTOT    =     U  1     "^    ,    =:     H  A. 

li"    oHÉsc   ^  *HÛc   =   OHfie   =    H    0    j   P  (1  ,    D    T  '(^f  [q1  (1  . 

3"     OOTOTR    ^    SOJU    ==    OtOWK      =     H  ^  [>=3,     D     T  Z)        <2        . 

-^-n  i     i     III 

4"   oAAo  =  SeXAo  =   D   t  .Sa^  S)  ^^",    COllf.   oX   et   Ç^-v^gA. 

5°  M\jvg^  =  mAa*  =  mA^o  ==  d  Ix  _2a>  I  ^^>-.^  et  1;\    1  _2a  O  e  I 


It^; 


7°   ope  =  *pe  =  ç^pe  =   H  (S),    D  T  <=:=>^^ 

8°   o^poTto  =  SepoTOT  =  o^poiro  =   D   |  (2  57\ 
9°   opûe  =  ^cpeÈ  =  ç^pû  =   D   T  ■:^=>  ^^^  Q]\   = 
10°   &)CQ  =  iae£  =  wco  =    \\    \\®^^'~'. 


® 


1   1  o  " "       ' 

1  1        TUgO    =    T<Mt*0    =    T&U^O    =  -f" 

12°   o&OTe  =  S*.TeH  =  o^TC  =   D  Si' 

13°     3Ca30Me    =    (TOjSCJiV     =    fXtOOAV. 

14°  oe  =  Se  =  ç^e  =     .    Ex.  :   ^v  ^^:z^    de   toute    manière,    V\  ^,-»-^ 

alio  modo. 

La  série  C  (de  g  =  o  )  comprend  : 

1°  oETHo-r  =  ocvTHT  =  o^\THOT  =  H  ^^  | -O-i   teuipéte   (mot-iimot   avec  veut). 

Le  vent  iî-i  est  prononcé  tht  dans  nos  biling'ues  démotiques,  comme  en  copte. 

2  g^i  =  sh  =  ç^i  =1  H  ?)   L*  ?  venter. 

3°  acigpiv  =  atiç^pe^.  (Eu  coptc  OU  a  deux  mots  de  diverses  origines  s'écrivant  3c.iop&..) 
L'un  est  basé  sur  op».  face   I    ^   (^ )   et  signifie  acceptio  personarum;   l'autre   est   basé  sur 

çpo,  =  shcoo-t  =  (2  ï  QA  ^oix  et  signifie  prendre  voix,  prendre  parole  ou  élever  la  voix. 

Des  confusions  ont  souvent  été  faites.  Ainsi  l'éditeur  de  la  clémentine,  tout  en  traduisant 
«converser»  cs.iç^^  dans  XI,  17,  ne  le  rattache  pas  moins  dans  sou  lexique  à  ç^p«w  face.  Bou- 
RiANT  a  procédé  de  même  pour  opni  =  spHi  qu'il  rattache  à  ope^  face,  tandis  que,  nous 
l'avons  vu,  il  faut  le  rattacher  au  démotique  /Xwjh  =  J  <=■  [1  (1  c-a  en  bas,  opposé  à 
]0  ==  F==q  her  en  haut  (particule  qui  s'est  aussi  fondue  dans  eçpiM  en  thébain). 

La  clémentine  nous  donne  aussi  divers  mots  nouveaux  dont  il  est  difficile  souvent  de 
voir  ou  de  préciser  l'origine.  Je  citerai  :  1°  enug^  cendres;  2°  ^grn  vers,  contre  (=  ffl  — ?); 
3°  oiio'^iq?;  4°  §&Te  arracher  (=  *ft.T,  *i  excoriare);  5°  omTe  camper;  6°  oexÊe  =  Taçv)  (de 


La  grammaire  copte.  141 


,^ JL_;  *"Tefi  tuer  dans  le  sens  passif?);   7"  o^o  chemin   de  T  ^^^î^  qvii  a  le  même 


C^^Jl'. 

sens;  8°  ofieon  aire  (mot  composé  peut-être  de  IJo'^  pièce  de  terre  et  "''^  ^v  terrain  nu). 

Mais  tout  ceci  est  encore  bien  problématique.  Ce  que  nous  pouvons  conclure  avec  cer- 
titude de  notre  examen  général,  c'est  que  g^  dans  le  dialecte  x  représente  une  aspirée  dure 
et  rien  autre  chose,  en  dépit  de  quelques  très  rares  exceptions  ajjparentes  qui  s^expliciueront 
avec  le  temps. 

Dans  le  dialecte  x,  le  o,  le  uj  et  le  =£.  ont  leur  valeur  ordinaire  dans  les  autres  dialectes. 
Il  en  est  de  même  du  tf  copte  avec,  parfois,  mais  rarement,  l'équivalence  «..  Ex.  :  s-odAdc 
pour  RtoXoc,  (TOTT  pour  rois-. 

En  démotique,  le  G>,  reju-ésentant  encore  toujours  ®,  ne  s'échange  au  contraire  qu'avec 
A  ou  5  ^  uj  ou  avec  i,  lettre  double  primitive  i  1  qui  semble  y  avoir  pris  une  valeur 
intermédiaire  adoucie  curieuse,  comme  le  syllabique  primitif  T  ^a  ^  *  (1^^  X^  "^"  ^'''0 
a  pris  une  valeur  accentuée  déterminée  dans  l'échelle  du  ©.  Le  fait  de  lettres  doubles, 
s'acceutuaut  aussi  avec  une  valeur  sjilabique  ou  alplialétique  spéciale,  n'est  pas  rare  en 
égyptien.  Ex.  :  nt  =  ^,  ti  =  ^i,  etc.  En  démotique,  ces  faits  sont  fréquents  et  ont  laissé 
leurs  traces  jusqu'en  copte.  Évidemment,  s  de  l'alexandrin  est  en  parallélisme  absolu  comme 
aspirée  dure  avec  §^  du  dialecte  x.  Mais  il  ne  serait  pas  impossible  que  dialectalement  il  y 
ait  eu  une  nuance  de  prononciation  se  rattachant  à  l'origine  même  de  ces  lettres.  L'unité 
n'en  resterait  pas  moins  intacte  dans  la  diversité.  Dans  tous  les  cas  maintenant  il  nous  est 
impossible  d'apprécier  nettement  ces  différences  dans  la  prononciation  antique.  Etudions 
à  présent  l'alphabet  copte  entier. 

§  2  Origines  de  l'alphahet  copte. 
Les  origines  de  l'alphabet  copte  se  rattachent  en  très  grande  partie  à  celles  de  l'al- 
phabet gréco-phénicien,   qui,   selon  E.  de  Rougé  et  Lenormant,   sortirait  lui-même  d'Egypte 
et  en  partie  aussi,  par  emprunt  direct,  aux  écritures  les  plus  récentes  de  cette  même  Egypte. 

A. 

Nous  n'entrerons  pas  aujourd'hui  dans  la  discussion  ou  la  défense  du  système  de 
E.  DE  RouGÉ  qu'où  a  récemment  attaqué  dans  notre  société  asiatique. 

En  tout  cas,  les  principes  qui  ont  présidé  à  la  genèse  de  ces  alphabets  paraissent  bien 
analogues.  Selon  la  théorie  de  Champollion,  qui  repose  sur  des  arguments  qu'on  peut  même 
maintenant  considérer  comme  sérieux,  les  lettres  égyptiennes  sont  hiéroglyphiquement  figurées 
par  des  objets  dont  l'initiale  phonétique  représentait  la  lettre  eu  question,  comme  l'aigle 
axom  figurant  la  lettre  a,  etc.  Or,  en  phénicien,  c'est  la  même  chose,  Gésénius  dans  son 
dictionnaire  et  l'abbé  Barges  dans  un  travail  inédit  insistent  beaucoup  sur  ce  fait  qui  n'est 
pas  si  contradictoire  qu'il  le  paraît  au  premier  coup  d'œil  avec  le  système  de  E.  de  Rougé. 
En  effet,  les  caractères  hiératiques  ne  rappellent  que  de  très  loin  souvent  la  forme  hiéro- 
glyphique originelle.  Ce  qui  primitivement  était  un  aigle,  peut  donc,  après  la  transformation 
du  hiéroglyphique  en  hiératique  et  du  hiératique  dans  le  nouveau  dérivé  phénicien,  passer 


142  Eugène  Eevillout. 


pour  un  bœuf  (alepb)  ou  plutôt  pour  uue  tête  de  bœuf.  Par  le  même  procédé,  le  b  (beth) 
figurait  primitivement  une  maison,  analogue  au  plan  de  maison  hiératique  fl  (se  lisant  en 
égyptien  jw  et  non  ha);  le  g  un  chameau  (guimel),  inconnu  alors  dans  la  vallée  du  Nil; 
le  d  un  battant  de  porte  {daleth),  battant  de  porte  auquel  l'hymiarique  a  conservé  sa  forme 
hiéroglyphique  égyptienne,  mais  qui  se  lisait  a  en  égyptien  ...  et  ainsi  de  suite. 

Notons  que  parfois  une  rencontre  singulière  donne  en  phénicien  le  même  nom  au  hiéro- 
glyphe signifié  qu'en  égyptien. 

Je  citerai  le  3  ou  caph  (kappa),  traduisant  le  creux  de  la  niaiu  et  qui  en  égyptien  se 

lit  iS=i  avec  cette  valeur  et  pour  ce  k  i"^::^^  =  D  =  k). 

D  .  .     '      . 

Je  citerai  aussi  le  tn,  qui  se  nomme  en  hébréo-phénicien  mim  (masse  d'eau),  mot  devenu 

mu  eu  grec  et  représentant   |\    *^aa/^v.a  mu  =  a^oo^  eau  en  égyptien.  Les  anciennes  formes 

graphiques  sémitiques  représentent  bien  cet  amas  d'eau.     Mais  eu  égyptien  l'image  du  m 

était  celle  du  hibou. 

Quant  au  n,  appelé  nun  en  hébréo-phéuicieu  et  nu  eu  grec,  son  nom  paraît  se  référer 

au  O  et  au  mot  w>a«a   qui  tantôt  se  lisait  mm  (nou-n  abyssus)   et  tantôt  nu.     Mais  en 

phénicien,  la  forme  se  rapproche  de  celle  du  poisson  (nun). 

Je  citerai  aussi  le  p  ou  ^j/i  (phe)  dont  la  forme  en  samaritain  et  en  hébreu  carré  est 
presque  identique  à  la  forme  du  •c::>|  ro  hiératique.  Phé  signifie  bouche  en  hébréo-phénicien 
et  <=>  I  ro  à  la  même  signification  en  égyptien. 

Il  est  vrai  que  S  phe  peut  venir  aussi  graphiquement  du  hiératique  de  op.  Ou  aurait 
d'autant  plus  de  tendance  à  l'admettre  que  la  bouche  ro  <=>  \ ,  augmentée  d'un  trait,  figu- 
rant en  phénicien  une  sorte  de  cou  ]  a  été  prise  pour  uue  tête  (resli).  Les  Grecs  semblent 
avoir  conservé  le  nom  égyptien  ro  pour  le  po  ou  r. 

La  question  du  nom  des  lettres,  comparée  à  celle  de  leur  place  dans  les  divers  alpha- 
bets et  de  leur  valeur  numérale,  est  d'ailleurs  fort  intéressante  et  mériterait  un  travail  appro- 
fondi spécial.    Donnons  seulement  ici  quelques  exemples  : 

1°  Le  n  he  hébreu  représente  Ve  (epsilon)  dans  l'échelle  des  voyelles  grecques  et  latines, 
toujours  avec  la  valeur  numérale  5  et  le /*  (m)  doux  en  égyptien,  «  H  Ae  (voici),  dit  Barges, 
main  ouverte  montrant  un  objet  rapproché  (en  phénicien)»,  comme  fD^,  dont  le  sens  est 
identique,  Levy  l'a  remarqué,  à  celui  de  la  particule  sémitique.  Barges  lui-même  assimile  H 
à  rn,  dont  la  forme  est  identique  eu  syriaque. 

2"  Le  vav  1  correspond  en  grec  au  /  =  ç  digamma  ou  épiséma  =  C  copte  (ayant 
également  la  valeur  numérale  6)  et  au  F  latin.  Eu  égyptien,  il  devait  correspondre  au  '^^■^ 
hiéroglyphique,  au  v  démotique  et  au  q  copte,  lettre  qui  dans  l'alphabet  copte  a  remplacé 
comme  chiffre  le  qoppa  p,  ayant  certaine  parenté  graphique,  avec  la  valeur  90,  et  qui  dans 
l'alphabet  se  place  au  2«  rang  parmi  les  lettres  égyptiennes  d'origine,  de  suite  après  le  uj. 
Le  nom  du  vav,  signifiant  clou  eu  hébreu,  peut  être  rapproché  de  fau  =  vau,  fai  =  vai, 
qui  est  le  nom  d'un  serpent  et  dont  l'initiale  est  '^^  .  En  copte,  le  nom  de  la  lettre  est 
aussi  fai. 

3°  L'aspirée  forte  n  h'et  devint  en  grec  par  le  fait  de  Simonide  une  simple  voyelle, 
la  voyelle  r-.oi,  toujours  avec  la  valeur  8,   en  même  temps   que  l'aspirée  douce  H  devenait 


La  grammaire  copte.  143 


en  grec  l'epsilon  (e).  Eu  latin,  elle  devint  l'aspirée  douce  H  et  elle  resta  en  égyptien  l'aspirée 
dure  T.    La  figure  et  le  nom  du  n"n  yet  se  rapporte  à  une  haie,  un  enclos,   une  muraille. 

Dans  l'égyptien  moderne,  la  lettre  double  ï  =       yet  servait,  nous  l'avons  vu,  pour  l'aspirée 
forte.     Mais  ce  nom  ne  peut  remonter  au  temps  présumé  de  la  constitution   de  l'alpbabet 
phénicien.  Dans  le  sens  de  clôture  du  n'H  sémitique,  on  peut  seulement  citer  dès  ce  moment 
Q  yet  clore  et       Q  cr^  lieu  clos. 

4°  Le  ÎD  teth,  lettre  simple  ayant  la  valeur  9,  céda  eu  grec  la  place  au  Or,Ta,  lettre 
double  ou  aspirée,  introduite,  dit-on,  dans  l'alphabet  cadméen  par  Paiamède,  du  temps  de 
la  guerre  de  Troie,  en  même  temps  que  la  lettre  9,  autre  lettre  double  ou  aspirée.  Il  règne 
cependant  une  certaine  incertitude  pour  l'échelle  du  daleth  (^delta),  du  teth  et  du  tau.  Les 
ég3'ptologues,  pour  la  plupart,  voient  maintenant  un  d  dans  c:s>  «la  main»,  se  lisant  toi. 
Mais  le  nom  même  de  lot  se  rapproche  de  teth  (thêta),  qui  en  sémite  représente  un  serpent 
intortillé.  Quand  au  D  (signe  poteau,  croix),  il  est  probablement  identique  au  -s  grec  (t) 
et  au  ^  t  hiéroglyphique,  qu'on  retrouve  dans  .  ^  .  to  terre. 

5°  Le  sigma  (Barges  l'a  bien  vu)  représente  évidemment  le  samech  D  hébreu.^  Dans 
l'alphabet  gréco-copte  moderne,  le  samech  est  remplacé  par  la  lettre  double  ;  (devenu  x  eu 
latin),  qui  conserve  sa  valeur  de  60.  De  son  côté,  le.  sigma  (venu  du  samech)  remplace 
lui-même  dans  l'ordre  alphabétique,  avec  la  valeur  200,  le  iT,  non  encore  dédoublé-  en 
sin  et  en  sin.  Ce  double  déplacement  fut  opéré  lors  de  la  guerre  de  Troie  par  Paiamède  — 
on  ne  sait  pour  quelle  cause  —  quand  il  inventa  le  li  et  le  ï;  et  transforma  le  teth  en  Ori-a 
avec  une  nouvelle  valeur.  Plus  tard,  dans  un  système  de  raccordement  des  divers  alphabets 
dialectaux,  joint  à  de  nouvelles  additions  alphabétiques,  on  introduisit  le  aav  dorien  (dont 
Hérodote  nous  montre  la  prononciation  semblable  à  celle  du  '■!!  sin  ou  à  celle  du  ttftT 
hiéroglyphique,  2?  et  ■&  démotique)  —  après  le  to  valant  300,  l'upsilon  valant  400,  le  si 
500,  le  yj.  600,  le  'i:  700  et  l'oméga  bOO  —  avec  la  valeur  900,  que  conserva  toujours  le  lav 
{sin)  ou  ca;j.7:;,  même  quand  il  cessa  d'être  en  usage  comme  lettre.  Ce  système  de  raccorde- 
ment est  dû  sans  doute  à  Simonide,  qui  inventa  le  (ii  et  l'oméga  en  même  temps  qu'il  trans- 
formait, en  le  laissant  à  son  ancienne  place,  le  teth  en  6ï;-3!,  dont  on  lui  attribue  l'invention; 
car  l'alphabet  de  Paiamède  devait  s'arrêter  au  /;. 

En  ce  qui  concerne  les  valeurs  numérales,  remarquons  quelles  sont  identiques  jusqu'au 
p  inclusivement  dans  les  anciens  alphabets.  Depuis  le  tsadé,  qui  a  en  hébreu  la  valeur  90, 
il  n'en  est  plus  de  même.  Cette  lettre  n'a  aucun  correspondant  grec  ou  latin.  Le  o[of,  qui 
suit  (qoppa  grec),  toujours  représenté  par  g  en  latiu,  n'a  plus  que  la  valeur  numérale  90 
en  grec  au  lieu  de  la  valeur  100,  qu'elle  avait  avant  la  suppression  du  tsadé  hébreu.     Le 


'  Il  comparait  mieux  D  samech  à  la  forme  cursive  a  du  signe  grec. 

'  On  aurait  pu  penser  à  la  lettre  dédoublée  sin,  si  elle  avait  déjà  existé.  Mais  Barges  dit  fort  bien  : 
«L'alphabet  hébreu  se  composait  comme  celui  des  autres  peuples  sémitiques  de  22  lettres.  Tel  est  le 
nombre  que  l'on  trouve  dans  les  psaumes  dits  alphabétiques,  particulièrement  dans  le  119',  dans  le  dernier 
chapitre  des  Proverbes  et  le  premier  des  lamentations.  Mais  depuis  que  l'on  a  introduit  le  système  des 
points  voyelles  et  des  points  diacritiques,  l'on  a  divisé,  le  signe  r,  en  deux  lettres  t?  et  t\  ce  qui  fait 
que  l'on  doit  compter  aujourd'hui  23.  Il  en  est  de  même  de  l'alphabet  arabe  qui  compte  aujourd'liui 
28  lettres  n'en  ayant  eu  primitivement  que  22.»  Ajoutons  que  l'étude  de  l'alphabet  arabe  est  également 
fort  intéressant. 

19 


144  Eugène  Revillout. 


resh  ou  ro  vaudra  donc  100  en  grec  et  200  eu  bébreu.  Le  siu  300  en  bébreu  et  le  sigma 
200  eu  grec;  le  tau  400  en  bébreu  et  le  -z  300  eu  grec.  A  la  tin  de  l'alpbabet  sémite 
modifié,  comme  nous  l'avons  dit,  par  eux,  les  Grecs  ont  ajouté  l'upsilon  (u)  par  dédouble- 
ment de  l'ancien  vav  avec  la  valeur  400  (eu  latin  u  ou  i');  le  o,  lettre  double  ou  aspirée, 
avec  la  valeur  500;  le  ■/,  autre  lettre  double  ou  aspirée  (dont  les  Grecs  ont  fait  souvent  la 
transcription  du  h'et  ou  yet),  avec  la  valeur  600;  le  à,  lettre  double,  avec  la  valeur  700;  la 
lettre  double  w  (oméga,  grand  o),  basé  sur  o  (omikrou,  petit  o),  avec  la  valeur  800;  et  le 
sampi  ^,  ancien  san  ou  shin,  déplacé  avec  la  valeur  900.  Il  faut  remarquer  que,  par  une 
rencontre  singulière,  dans  l'alphabet  copte  le  ja  scei  (sh)  remplace  le  san  ou  sampi  qui  avait 
autrefois  la  même  valeur  et  qu'où  lit  suivre  des  lettres  empruntées  également  par  les  Coptes 
à  l'ancien  égyptien.  Nous  tâcherons  de  les  remettre  plus  loiu  à  leurs  places  primitives. 

B. 

Au  moment  où  les  auteurs  des  tablai  funéraires,  d'une  part,  et  les  gnostiques  magi- 
ciens, d'autre  part,  ont  voulu  transcrire  certains  mots  ou  certaines  formules  égyptiennes  en 
caractères  grecs,  l'alphabet  grec  avait  déjà  perdu  ou  transformé  plusieurs  des  lettres  qu'il 
avait  empruntées  à  lalphabet  phénicien.  Parmi  ces  lettres,  il  faut  compter,  nous  l'avons  dit 
déjà  eu  partie  : 

1°  L'épiséma  ou  digamma,  correspondant  au  vav  hébreu  et  au  F  latin,  qui  ne  gardait 
plus  que  sa  valeur  numérale. 

2"  L'aspirée  dure  h'et  ou  yd,  devenue  une  simple  voyelle  r,-oi. 

3°  L'aspirée  douce  he,  devenue  un  s  epsilon. 

4°  Le  thet,  lettre  simple,  qui  céda  sa  place  au  f)r,-x,  lettre  double  ou  aspirée,  introduite 
par  Palamède  eu  même  temps  que  le  ç,  autre  lettre  double  ou  aspirée. 

5°  Le  samech,  lettre  simple,  remplacée  à  sa  place  dans  l'alphabet  par  la  lettre  double 
ç.  En  réalité,  nous  avons  vu  que  ce  samech  était  le  sigma,  qui  était  venu  se  substituer  plus 
loin  au  w*. 

6°  Le  ain  >,  qui,  au  lieu  de  son  son  guttural  de  consonne,  était  devenu  la  voyelle  o 
dont  il  affectait  déjà  la  forme  en  phénicien. 

7"  Le  tsadé,  disparu  en  grec  sans  laisser  de  trace. 

8°  Le  qof  ou  qopim,  disparu  également  sauf  sa  valeur  numérale. 

9°  Le  shin  'C,  qui  n'avait  plus  d'emploi  dans  le  grec  ordinaire,  mais  qui  remplaçait 
l'ancien  cav  des  Doriens  selon  Hérodote,  et  qui  numéralement  avait  été  conservé  dans  le 
signe  aa[ji.7:i  ^  valant  900. 

Par  suite  de  ces  suppressions  et  de  ces  transformations,  ou  n'admit  plus  comme  cad- 
méennes,  c'est-à-dire  comme  apportées  de  Phénicie  par  Cadmus  ou  l'ancien,  que  les  16  lettres 
qui  n'avaient  pas  été  changées  en  grec  :  et  encore  n'y  comprit-on  pas  le  zêta  qui,  au  fond, 
représeutait  bien  exactement  le  za'ïn,  dont  il  tenait  la  place  numérale  et  dont  on  attribua 
l'introduction  à  Simonide  650  ans  après  la  guerre  de  Troie,  ainsi  que  celle  du  nta  ou  Tâiet, 
transformé  de  l'oméga  (grand  o  ou  o  double)  et  de  la  lettre  double  psi  ('i). 

Au  fond,  d'ailleurs,  il  est  très  possible  que,  dans  le  dialecte  représenté  par  l'alphabet 
cadméen,   ou   ait  fiiit  un  choix  d'abord  très  limité  dans  les  lettres  phéniciennes,  tandis  que 


\ 


La  grammaire  copte.  145 


dans  d'autres  le  choix  ait  été  plus  éteudu  et  se  soit  appliqué  à  la  fois  au  samedi  =  cifjj.a 
et  au  shin  =  ex/,  au  coph  et  au  caph,  etc.  Nous  constatons  plus  tard  en  copte  des  choix 
parallèles,  analogues,  divers  et  plus  ou  moins  reclus  lors  de  la  constitution  dialectale  des 
alphabets  :  tbébain,  alexandrin  et  x.  Quant  aux  réformateurs  grecs,  dont  on  nous  parle,  leur 
rôle  semble  s'être  borné  :  1°  à  l'introduction  (dans  certains  dialectes  qui  ne  les  comportait 
pas  d'abord)  de  certaines  lettres  adoucies,  telles  que  le  Oï;Ta,  le  •(;-«  et  le  zaïn,  dont  l'origine 
graphique  et  les  noms  furent  également  empruntées  au  vav,  fond  phénicien,  mais  avec  une 
valeur  transformée;  2°  à  la  constitution  de  certaines  lettres  doubles. 

Quoiqu'il  en  soit,  taudis  que  ces  réformes  se  faisaient  chez  les  grecs,  elles  avaient 
leur  contre-coup  chez  les  latins,  se  rattachant,  tout  le  monde  le  sait,  aux  Doriens,  qui  paraissent 
avoir  eu  l'alphabet  le  plus  riche.  Les  latins  perdirent  cependant  le  ca'/  dorien  ou  shin,  mais 
ils  conservèrent  avec  soin  et  à  leur  place  dans  l'alphabet  phénico-grec  :  1°  le  vav  ou  di- 
gamma,  devenu  la  lettre  F;  2°  le  Met,  devenu  une  aspirée  douce,  le  ho,  au  lieu  d'être  une 
aspirée  forte,  comme  chez  les  phéniciens,  ou  une  voyelle  {r,xa),  comme  chez  les  grecs;  3°  le 
qoph  ou  qoppa,  resté  le  q. 

Comme  les  grecs  plaçant  à  la  fin  de  l'alphabet  après  le  to  l'upsilon  u,  sorti  par  dé- 
doul)lement  de  l'ancien  vav,  le  phi  ç,  le  /t,  le  psi  à,  l'oméga  et  le  sampi  (900),  les  latins 
avaient  mis  à  la  fin  de  leur  alphabet  comme  correspondant  et  dédoublement  de  l'upsilon 
le  u  et  le  v,  et  comme  correspondant  non  du  ■/  sans  doute,  bien  qu'il  en  ait  emprunté  la 
forme  et  la  place,  mais  du  Ç  le  x.  L'y  grec,  simple  prononciation  plus  moderne  de  l'upsilon, 
et  le  zed,  représentant  le  zêta  ou  le  zaïn,  repoussé  d'accord  des  premiers  inventeurs,  sont 
les  derniers  emprunts  au  vieux  fond.  Le  x  doit  être,  en  effet,  le  plus  ancien  dans  l'alphabet, 
puisque  chez  les  grecs  le  ;  remontait  à  Palamède  du  temps  de  la  guerre  de  Troie  et  qu'il 
a  pris  le  rang  et  la  valeur  numérale  du  samech.  Quant  à  la  substitution  du  x  au  -/_,  elle  ne 
doit  pas  plus  étonner  que  la  substitution  nouvelle  du  c  au  gamma,  alors  que  le  vieux  g  latin 
avait  remplacé  le  zêta.  Nous  savons,  en  effet,  par  les  auteurs  que  le  c  n'est  dans  l'alphabet 
latin  qu'une  introduction  récente  et  qu'autrefois  c'est  par  Je  que  s'écrivaient  tous  les  mots 
qui  le  comportent  maintenant.  L'histoire  de  l'alphabet  latin,  sur  laquelle  je  ne  puis  en  ce 
moment  insister,  est  tout  aussi  compliquée  que  celle  de  l'alphabet  grec.  Souvent  on  s'étonne 
de  l'ingéniosité  des  réformateurs,  soit  pour  se  rapprocher  d'un  vieux  classement  qu'on  aurait 
cru  oublié,  soit  pour  rejeter  à  la  tin  par  ordre  chronologique  les  nouveaux  emprunts  à  l'an- 
cien fonds. 

Tel  était  l'état  des  choses  quaud  on  voulut  employer  l'alphabet  grec  pour  l'égyptien. 

Mais  l'égyptien  avait  jusque  là  beaucoup  mieux  conservé  que  le  grec,  si  ce  n'est  au 
point  de  vue  de  la  forme,  du  moins  au  point  de  vue  des  sons,  les  articulations  et  voyelles 
de  l'ancien  alphabet  sémitique  ou  plutôt  phénicien,  car  les  chaldéo-babyloniens  avaient  dès 
longtemps  perdu  l'ancienne  valeur  dure  de  l'a'iu. 

En  égyptien,  le  guimel  correspondait  à  l'ancienne  époque  dans  les  transcriptions  au  ffl, 
comme  le  vav  au  -^^  ,  l'a'in  au  .= — d,  le  tsadé  au  I,  le  qoph  ou  qoppa  au  ^,  toujours  distinct 
du  ^C3^  ou  kappa,  le  ti'  sin  au  sai  îtTtT  et  peut-être  le  daleth  au  c=s:>.  Ce  dernier  point 
reste  pour  moi  douteux,  je  l'ai  dit;  car  <=^>  pourrait  tout  aussi  bien  correspondre  à  l'ancien 

19* 


148  Eugène  Revillout. 


graphique  correspoiulaute  à  ffl  (démotique  al_),  ou  alla  chercher  uue  forme,  tirée  du  ®  ou 
lih  —  c'est-à-dire  <f,  qui  en  démotique  avait  encore  la  valeur  précitée;  on  la  choisit  peut- 
être  pour  cette  nouvelle  valeur,  parce  que  dans  certains  documents  (par  exemple  le  papyrus 
de  la  Bibliothèque  nationale,  contenant  en  caractères  grecs,  etc.  des  transcriptions  ég3'ptiennes) 
il  était  devenu  l'équivalent,  tantôt  du  Q  C""  copte),  tantôt  du  Î)T)T  (ui  copte),  peut-être  aussi 
à  cause  des  parentés  modernes  de  a-  et  de  a,  à  côté  des  échanges  de  <f  et  de  rst. 

Quant  au  gamma,  il  n'intervint  plus  eu  copte  que  dans  les  mots  grecs  ou  parfois  après 
n  dans  n^  =  nu.  La  scission  s'était  donc  faite  complète  entre  l'ancien  et  le  nouveau  gitimel. 

Revenons-en  au  tsadé  ou   L   dont  nous  l'avons  rapproché  à  cause  de  certaines  trans- 
it 

formations  phonétiques,  nous  avons  dit  qu'en  copte  il  était  devenu  un  jr  tschin  sous  sa 
forme  se,  empruntée  au  démotique  }-.  liais  à  l'époque  intermédiaire  de  la  formation  du 
nouvel  alphabet,  employé  par  les  tablai  et  les  coupérations  magiques,  le  |  ou  U-  avait 
encore  son  ancien  son  ts.  Je  vous  ai  cité  sa  transcription  tc  dans  un  de  nos  bilingues.  Sou- 
vent aussi  on  hésitait  dans  les  transcriptions  entre  le  t  et  le  c,i  au  lieu  d'écrire  l'un  et  l'autre. 
Les  transcriptions  de  ce  genre  sont  très  nombreuses.  Souvent  enfin  pour  plus  de  simplicité 
on  reproduisait  la  lettre  démotique  dans  un  mot  dont  les  autres  éléments  étaient  écrits  en 
caractères  grecs;  ou  bien,  dans  le  papyrus  bilingue  de  Leide  notamment,  on  lui  donnait 
dans  le  texte  grec  la  forme  d'un  angle  sans  boucle  L,  alors  que  dans  le  domotique  il  était 
écrit  Ij-.  Ex.  :  «j^cL'^jît  =  C:.'^|.J_</»hj,  sLeici'^«  =  {'-T'^m<vni\l-h.  Un  autre  procédé, 
rendant  à  accentuer,  au  contraire,  le  nœud  ou  la  boucle,  consista  plus  tard  dans  une  rectifi- 
cation toute  différente,  c'est-à-dire  à  attribuer  au  ot,  sauf  la  base,  la  forme  du  •/  grec.  C'est 
semblablement  que  <3  devint  g^  dans  le  dialecte  x,  en  faisant  porter  le  diacritisme  du  retour 
d'une  ligne  médiane  sur  le  o  pour  l'aspirée  forte,  au  lieu  de  retourner  pour  ainsi  dire  la 
lettre  5,  comme  nous  le  voyons  pour  la  même  articulation  dans  les  transcriptions  du  papyrus 
grec  de  la  Bibliothèque  nationale. 

En  ce  qui  touche  l'aspirée  forte  sus  visée,  le  li'et  %,  transcrite  G>,  et  parfois,  soit  ô  = 
T  .soit  i  =  en  démotique,  elle  est  sans  cesse  reproduite  dans  nos  tablai  et  dans  nos 
textes  magiques.  Mais  cette  aspirée  dure  a  complètement  disparu  du  copte  thébain.  Elle  ne 
se  retrouve  que  dans  deux  autres  dialectes  :  1°  le  dialecte  autrefois  appelé  memphitique 
parce  qu'il  était  le  dialecte  introduit  par  le  patriarche  Benjamin  dans  sa  liturgie,  quand  il 
la  traduisit  du  grec  après  la  conquête  musulmane   et  qu'il  fixa  sa  résidence   à  Babylone 


Les  lettres  égyptiennes  sont  ainsi  sép.irées  des  antres.  Le  ac.  est  rapproché  du  ■^•,  peut-être  par  un  sou- 
venir inconscient  de  son  ancienne  valeur  de  tsadé.  La  prononciation  ghima  qu'attribue  Peydon  au  <f  serait 
un  souvenir  de  l'.ancien  ghimel. 

'  Le  tsadé  est  devenu  le  sad  des  arabes. 


La  grammaire  copte.  149 


(nouvelle  Mempliis  ou  vieux  Caire),  mais  qui,  avant  cette  période,  je  l'ai  déjà  dit  plus  haut, 
n'était  pas  usité  dans  cette  région  —  je  l'ai  démontré  par  le  cartulaire  de  S'  Jérémie  de 
Memphis.  C'était,  je  l'ai  démontré  aussi,  le  dialecte  des  commerçants  d'Alexandrie,  ancienne 
résidence  du  patriarche  et  la  lettre  «î  ou  *,  tirée  de  J  =  i»,  fut  justement  empruntée  à 
Alexandrie  au  5^'  siècle  par  S'  Mesrob  pour  l'alphabet  arménien,  ainsi  que  les  autres  lettres 
coptes  rendant  des  articulations  arméniennes;  2°  dans  le  dialecte  nouvellement  découvert  et 
qu'on  a  appelé  à  tort  akhmimique,  parce  que  les  manuscrits  en  ont  été  trouvé  dans  le 
monastère  du  thébain  èenuti  à  Akhniim  ou  ujmiu.  J'ai  prouvé  également  que  ce  dialecte 
devait  être  cherché,   soit  du  côté  des  oasis,  soit  du  côté  de  la  mer  rouge;    car  sur  tout  le 

cours  ordinaire  du  Nil,  du  haut  en  bas,  on  parlait  thébain.    Je  remarquerai  de  plus  que  le 

®  .      . 

§  =  <3  =     ,  particulier  à  ce  dialecte,  nous  atteste  par  son  emploi  (non  seulement  parallèle 

au  s,  mais  aussi  souvent  parallèle  dans  les  autres  dialectes,  soit  au  uj,  soit  au  ç^)  que  l'aspirée 
dure  originelle  des  hiéroglyphes  avait  été  là  beaucoup  mieux  conservée  que  même  dans 
l'Alexandrin. 

Quant  aux  lettres  doubles  %,  ^,  «,  -ij,  elles  ne  sont  dans  nos  manuscrits  gnostico- 
magiques  à  transcriptions  grecques,  comme  eu  copte  thébain,  que  des  lettres  doubles.  En 
dehors  des  mots  grecs,  le  li'  est  toujours  jiour  ^s  =  ne,  le  5  pour  lis  ou  kc,  ^  pour  fh  = 
itç^,  le  «►  pour  tli  =  r^.  Dans  certaines  tablai,  au  contraire,  nous  avons  pour  '^-'^  =  *-  =  q 
parfois  la  transcription  r^,  etc.  C'est  donc  une  question  dialectale  et  nous  voyons,  ainsi  que 
l'alexandrin,  qui,  dans  certaines  conditions  phonétiques,  substitue  l'article  tj»  (forme  adoucie 
attirée  par  certaines  lettres)  à  l'article  n,  comme  l'article  «►  à  l'article  t,  cédait  à  des  in- 
fluences locales  et  non  pas  seulement  à  des  transformations  dues  au  temps,  puisque  les  trans- 
criptions des  tablai  sont  antérieures  aux  textes  thébains  coptes.^ 

Nous  ne  mentionnerons  que  pour  mémoire  la  lettre  "V  qu'on  peut  considérer  comme 
une  lettre  double,  formée  de  t  et  de  i  superposés  et  qu'on  peut  aussi  considérer  comme  une 
dérivation  du  démotique  -^  =  .  Elle  est  souvent  prononcée  2^1  ou  tsi  dans  les  transcrip- 

tions des  tablai  qui  donnent  parfois  une  valeur  analogue  au  «^  prononcé,  se  lisant  d'une  façon 
adoucie  ts  ou  th.  Dans  les  bilingues  magiques  -^  a  seul  la  valeur  2-1.  En  démotique  on  peut 
peut-être  croii-e  que  cette  valeur  est  cause  du  i,  écrit  tw,  qu'on  trouve  pour  -/,  suivi  des 
affixes  et  qui  n'existe  pas  devant  un  autre  régime  ou  un  second  verbe.  Mais  en  thébain,  la 
forme  T&«vq  suppose  seulement  une  prononciation  antérieure  taiaf. 

Nous  avons  dit  aussi  que  dans  les  bilingues  magiques  :  1°  le  upsilon  u,  initial,  sert  à 
rendre  le  h  (aussi  bien  que  u  u),  parce  que  le  u  initial  porte  généralement  l'esprit  rude  en 
grec;   2"  que  =  =  2V  sert  à  rendre  le  son  co,  <uoi   dans  les  transcriptions  démo- 

tiques du  grec,  alors  qu'il  s'agissait  primitivement  du  aïn  j;,  ^ — n  redoublé. 

Notons  à  ce  point  de  vue  que  dans  les  mêmes  textes  \'aïn,  devenu  aussi  parfois  10  eu 
grec,   est  rendu  par  les  transcriptions  grecques  ou  démotiques  indifféremment  par  un  signe, 

'  II  est  vrai  que  sous  les  Ptolémées  des  bilingues  thébains  admettaient  le  q>  adouci  tout  à  fait  à 
la  grecque.  Mais  c'était  dans  des  textes  grecs  oii  l'on  cliercliait  une  équivalence  souvent  peu  adéquate  des 
noms  égyptiens  et  non  des  transcriptions  prétendant  s'inspirer  de  la  phonétique  égyptienne  et  destinées 
souvent  aux  égyptiens  néophytes  de  certaines  sectes. 


146  Eugène  Revillout. 


teih,  alors  que  le  tetb  ne  s'était  pas  encore  transformé  en  Or,Ta,  lettre  double  ou  aspirée. 
Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'il  différait  du  q  thau  ou  to.  Ce  qui  est  non  moins  certain,  c'est 
que  le  delta  n'intervient  en  copte  que  pour  les  mots  grecs.  En  démotique,  le  cisixi  et  le  o 
s'étaient  unifiés  déjà  en  une  seule  lettre. 

Quant  au  lie  sémitique,  aspirée  faible,  qui  n'était  pas  devenu  en  égyjitien  la  voyelle  e 
(ou  epsilon),  il  s'écrivait  [u  ou  ft  et  à  la  basse  époque  ^=^.  La  voyelle  i  était  jusque  dans 
les  formes  récentes  de  l'alpbabet  le  résultat  de  la  diphtongue  au  d'après  les  transcriptions. 
Il  résultait  parfois  aussi  d'un  affaiblissement  de  la  cousonne  <rr>  er  qui  s'échangeait  sans 
cesse  à  toutes  les  époques  avec  la  diphtongue  [1  (2  au.  Il  faut  remarcjucr,  en  effet  —  je  l'ai 
établi  dans  une  série  d'articles  publiée  dans  les  recueils  de  la  société  d'archéologie  biblique 
de  Londres  —  que  les  seules  voyelles  connues  autrefois  des  égyptiens  étaient  celles  que 
possédaient  seules  primitivement  les  sémites,  c'est  à-dire  le  a,  le  m  et  le  i.  J'ajouterai  que 
ces  seules  voyelles,  conservées  par  les  chaldéens  comme  par  les  arabes,  étaient  en  Egypte 
et  dans  les  pays  sémites  figurées  primitivement  par  des  lettres,  au  lieu  de  l'être  comme  plus 
tard  chez  les  derniers  par  des  motions,  c'est-à-dire  par  des  petits  signes  écrite  au-dessus  ou 
au-dessous  de  la  lettre  ou  aussi  attachées  à  elle,  comme  les  éthiopiens  le  tirent  pour  l'ancien 
alphabet  sabéen.  Ces  voyelles,  écrites  d'une  façon  intermittente,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi, 
et  la  plupart  du  temps  omises  graphiquement,  étaient  :  chez  les  égyptiens  ^^  ou  (1  =  a, 
Vi  ou  (3  =  M,  M  (|,  w  =  i;  chez  les  sémites  s  =  a,  l  =  t<.  '  =  i-  Les  deux  dernières 
jouaient  aussi  le  rôle  de  semi-voyelles,  comme  notre  v  et  notre  y.  La  première  devint  finale- 
ment muette  et  toutes  purent  être  mues,  c'est-à-dire  recevoir  les  points  voyelles  dont  nous 
parlions  tout-à  l'heure.  Les  savants  sémitisants  en  ont  donc  fait  des  consonnes  :  ce  qui  est 
faux.  Quant  à  la  gutturale  i?  =  .^^ — d,  c'était  réellement  une  consonne  aussi  forte  que  l'aspirée 
du  h' et,  bien  que  sa  forme  phénicienne  en  ait  été  empruntée  par  les  grecs  pour  rendre  leur 
voyelle  s,  de  même  qu'ils  avaient  emprunté  le  h  ou  aspirée  douce  pour  rendre  le  t  et  le 
h'et  lui-même  pour  rendre  le  -r^za.  Nous  avons  vu  à  quels  artifices  on  eut  recours  en  Egypte 
pour  pouvoir  transcrire  le  £.  Quant  au  o,  même  à  la  plus  basse  époque,  il  ne  fut  pas  fourni 
directement  par  l'aïn.  Les  papyrus  bilingues  gnostico-magiques  ont  recours,  nous  le  verrons, 
un  redoublement  de  cette  lettre  syllabique  ,   en   démotique  2*7  aa,   pour  obtenir  un  c 

ou  un  œ. 

Les  massorètes,  au  contraire,  ne  se  sont  pas  bornés  aux  trois  voyelles  sémitiques  fon- 
damentales. En  ponctuant  le  texte  hébreu  de  la  Bible,  ils  ont  inventé  une  multitude  de 
petits  signes  qui  nous  offrent  une  échelle  très  complète  des  voyelles  occidentales  depuis  les 
plus  accentuées  jusqu'à  \e  muet  (sclieva).  On  a  le  tsérê  ou  e  long,  le  ségol  ou  e  muet,  le 
holam  ou  o,  etc.  à  côté  de  l'a,  de  Yi  et  de  I'm.  Cela  leur  a  permis  en  s'appuyant  sur  une 
grammaire  de  plus  en  plus  compliquée  d'après  ces  bases  de  fixer  définitivement  la  traduction 
de  la  loi  et  des  prophètes,  comme  le  firent  plus  tard  les  premiers  Califes  pour  le  Coran. 
Les  syriens,  par  deux  procédés  graphiques,  ont  imité,  comme  plus  tard  les  éthiopiens,  le 
système  de  vocalisation  des  Jlassorètes  avec  cette  différence  que,  si  le  leur  semble  avoir 
vécu  réellement,  celui  des  rabbins  est  beaucoup  plus  savant.  Là,  les  voyelles  y  sont  en 
parallélisme  avec  un  ensemble  très  compliqué  de  daguesch,  d'accents  toniques  ou  de  ponctuation, 


I 


La  grammaire  copte.  147 


vraie  notation  musicale,  etc.  J'en  parle  avec  d'autant  plus  d'admiration  que  vers  la  fin  de 
l'empire  je  me  suis  livré  à  leur  étude  et  qu'après  le  dépouillement  complet  de  tous  les  signes, 
de  tous  les  mots,  de  toutes  les  formes  grammaticales,  de  toutes  les  phrases  de  la  Bible, 
après  avoir  pesé  les  syllabes  fermées  ou  ouvertes,  permettant  ou  ne  permettant  pas  certaines 
voyelles  dans  certaines  conditions,  j'ai  formulé  leurs  règles  phonétiques  oubliées  des  modernes 
dans  un  mémoire  encore  inédit,  dont  Barges  traitait  les  conclusions  de  véritables  décou- 
vertes. Cela  ne  m'empêche  pas  de  préférer  encore,  au  moins  au  point  de  vue  de  l'esprit 
sémitique,  aux  points  voyelles  des  hébreux,  ceux  beaucoup  plus  simples  des  arabes,  s'appli- 
quant  seulement  aux  trois  sons  initiaux  comme  les  syllabiques  chaldéens  et  couvrant  égale- 
ment une  grammaire  très  riche  et  pour  les  déclinaisons  —  inconnues  ailleurs  —  et  pour  les 
conjugaisons  avec  temps  subordonnés,  etc. 

D'ailleurs,  je  dois  dire  que  rien  de  tout  cela  n'a  existé  en  égyptien  —  comparable 
phonétiquement  à  un  hébreu  sans  points  avec  des  lettres  figurant  des  voyelles,  qui  ont  pu 
être  mues  à  leur  tour,  comme  les  voyelles  écrites  des  anglais,  mais  qui  sont  beaucoup  moins 
fréquentes.  Il  faut  remarquer,  du  reste,  qu'un  système  massorétique  aurait  été  utile,  ne  fut- 
ce  que  pour  nous  permettre  de  distinguer  les  verbes  passifs,  la  vocalisation,  la  motion  distin- 
guant, comme  chez  les  sémites,  des  verbes  actifs,  les  transitifs,  etc. 

Ajoutons  que  le  copte  pour  ces  choses  a  été  inspiré  par  les  vieilles  traditions  égyptiennes 
et  sémitiques.  Les  lettres  voyelles  écrites  y  sont  fort  rares,  les  schevas  très  abondants  et 
la  vocalisation  sous-entendue  évidente. 

Continuons  maintenant  l'étude  des  consonnes  que  cette  longue  parenthèse  nous  a  fait 
interrompre. 

Au  moment  précis  où  l'on  voulut  se  servir  de  l'alphabet  grec  pour  l'égyptien,  on  y 
joignit,  nous  l'avons  dit,  plusieurs  lettres,  tirées  du  démotique  pour  combler  les  lacunes. 

La  première  à  laquelle  on  dut  songer  fut  le  ]j]jj,  traduisant  le  V  sémitique,  et  dont 
la  forme  démotique  2?  fut  admise  dans  les  transcriptions*  jusqu'à  ce  que  les  coptes  y 
substituent  la  forme  démotique  plus  primitive  'fe,  devenue  uj. 

Le  gamma  ne  correspondait  plus  complètement  alors  au  guimel  et  à  l'égyptieu  S, 
voisiu  des  Je,  et  le  tsadé  sémitique  lui-même,  c'est-à-dire  le  |j  égyptien  (oc  copte)  usurpait 
parfois  la  valeur  que  les  sémites  modernes  attribuaient  à  l'ancien  guimel,  devenu  le  dschim 
j.-:^  arabe,  dont  le  son,  dans  certaines  provinces  du  moins,  est  dj.  De  son  côté,  l'ancien 
guimel,  que  les  coptes  nomment  tschima,^  avait  passé  dans  une  échelle  voisine  des  chuin- 
tantes sans  perdre  le  souvenir  de  son  origine  voisine  du  k,  puisqu'il  s'échange  sans  cesse 
dans  certains  dialectes  coptes  avec  =£..  On  le  transporta  donc,  nous  l'avons  dit,  à  la  fin  de 
l'alphabet  copte  à  la  suite  du  shin  ou  shai  et  après  l'ancien  vav,  devenu  q,  l'aspirée  dure, 
devenue  s  en  alexandrin  (et  ç^  dans  le  dialecte  x),  l'aspirée  douce,  devenue  ç^  et  le  =£.  ou 
giangia.^    Mais  par  une  singulière  anomalie,  au  lieu  de  lui  attribuer  en  copte  une  forme 

'  A  côté  de  la  forme  p.arallèle  x,  venant  de  cisezi. 

=  C'est  le  son  donné  d'après  les  coptes  par  Devéria  imur  a-lAv^v  par  Peïron,  prononcé  (jhima. 

"  Il  existe  aussi  un  autre  ordre  pour  l'alphabet  copte  antique,  ordre  (jui  nous  a  été  transmis  par 
des  planchettes  des  tessons  et  des  papyrus.  Dans  des  alphabets  sur  tesson  de  provenance  thébaine 
(n°  27414  et  31663  du  British  Muséum)  er  précède,  au  contraire,  le  =;£.    Lun  est  ainsi  disposé  ; 


150  Henri  Sottas. 


adopté  à  cet  usage,  le  ^  ou  e/;i«e  dorsale,  ayant  autrefois  la  valeur  '~^—  at  et  qui,  avec 
sa  valeur  primitive  d'épine  dorsale,  est  devenu  en  copte  «ot  eu  alexandrin  et  coto  en  thébain  : 
oiujT-^  =  oicoM-^  =  ''ji^-jrx$-  Il  est  vrai  qu'il  s'agissait  de  noms  gnostiques  n'ayant  par 
eux-mêmes  aucune  signification  :  je  renvoie  pour  les  exemples  à  mes  Mélanges  de  1873. 

Le  qof  existait  aussi,  nous  l'avons  dit,  à  l'époque  de  ces  textes.  Tantôt  on  l'intercalait 
avec  sa  forme  démotique  dans  les  transcriptions  grecques,  tantôt  on  lui  donnait  l'équivalence 
•Tj-  beaucoup  plus  exacte  que  l'équivalence  "^  =  y  ou  w".  Le  -fV  se  trouve,  en  effet, 
souvent    avec    un    complément    phonétique   dans    le    papyrus    moral    de   Leide  pour  rendre 

[ 1 1  (^3).    Dans  le  Kouti  il  semble,  au  contraire,   s'être  prononcé  ^zz::;*  et  l'équivalence  avec 

le  kappa  est  fréquente  dans  les  bilingues  gnostiques.  En  effet,  le  qo2)h  tendait  de  plus  en 
plus  à  disparaître,  bien  que  les  puristes  le  notassent  encore. 

Toutes  ces  distinctions  ont  d'ailleurs  définitivement  disparu  dans  l'alphabet  copte. 

Résumons  maintenant  dans  un  tableau  les  données  principales  que  nous  avons  recueillies 
pour  les  alphabets  égyptiens,  grecs,  latins  et  coptes. 

(Le  reste  manque.) 


SUR  TN  CAS  D'INCESTE  IMPUTÉ  AU  ROI  SNEFRU. 

PAK 

Henei  Sottas. 

Dans  un  récent  article,  intitulé  :  ^Das  Fehlen  des  Begriffs  der  Blutschande  bei  den  alten 
Agyptern,:»^  M.  le  Professeur  Sethe  revient  sur  la  traduction,  fournie  par  lui  l'année  précé- 
dente,^ de  deux  lignes  de  généalogie  tirées  du  tombeau  de  H'^f-Snfrw  :^  «iLe  roi  Snefru,  sa 
fille  aînée  de  son  sein  Xfrt-Klw,  leur*  fils  Nfr-2I\H,  son  fils  H'f-Snfnc.-^ 

Des  protestations  s'étant  élevées  contre  la  notation  d'inceste  impliquée  par  ces  mots  au 
compte  du  roi  Snefru  et  de  sa  fille,  M.  Sethe  s'est  efforcé  de  justifier  son  interprétation  par 
des  arguments  dont  le  plus  fort  est  que  Nfr-MVt  porterait  le  titre  de  1  ^^'  ^^  ^"^  '^ 

souverain  qui  lui  aurait  ainsi  donné  le  jour  ne  pourrait  être  autre  que  Snefru. 

Tout  cela  est  très  ingénieusement  déduit;  on  ne  peut  rien  dire  là  contre.  J'imagine 
cependant  qu'un  certain  nombre  de  lecteurs  du  premier  article  de  M,  Sethe  n'ont  pas  été 
tentés  de  s'étonner  outre-mesure,  simplement  parce  qu'ils  se  sont  crus  autorisés  par  leurs 
souvenirs  à  ne  pas  prendre  le  mot  si  «fils»,  au  pied  de  la  lettre  et  qu'ils  ont  vu  dans  Nfr-Ml't 
le  fils  de  yfrt-Klw  et  le  petit-fils  de  Snfriv.  Ainsi,  bien  qu'on  doive  lire  su  et  non  s,  il 
n'y  aurait  rien  à  modifier  à  l'interprétation  donnée  jadis  de  cette  généalogie  par  M.  Erman 
dans  son  Agypten  (p.  227),  où  elle  vient  d  ailleurs  à  la  suite  du  développement  (p.  22-i  sq.) 
sur  l'héritage  transmis  du  grand-père  à  la  fille,  puis  au  petit-fils. 


A.  Z..  L.  57—60. 
A.  Z..  XLIX,  97  sqq. 
L.  B.,  II.  16. 
«Ihr  (beider    Sohn.» 


Sur  un  cas  d'inceste  imputé  au  roi  Snefru.  151 

La  question  du  sens  un  peu  flottant  à  attribuer  au  mot  «fils»  n'est  pas  nouvelle  et 
M.  DE  BissiNG  s'est  récemment  1  attaché  à  prouver  que  les  termes  désignant  les  deg-rés  de 
parenté  ont  parfois  un  caractère  vague  susceptible  d'entraîner  bien  des  erreurs.^ 

Peut-être  51.  Sethe,  tout  en  faisant  droit  aux  remarques  de  M.  de  Bissing,  n'a-t-il 
pas  cru  devoir  y  souscrire  pour  l'époque  reculée  où  nous  entraîne  le  texte  de  Gizeh.  C'est  ce 
qui  m'engage  à  reprendre  la  question  et  à  citer,  en  remontant  le  cours  du  temps,  les  quelques 
exemples  qui  me  sont  présents  à  la  mémoire. 

Un  texte  du  tombeau  de  Wsr-Hlt  à  Cheikh  abd  el-Gurna/  datant  de  Séti  I",  fournit 
la  généalogie  suivante:  2^"~|®|^tû^tl^=^g'^'^^"|î|— (] 

Sans  même  suivre  M.  Legrain  dans  ses  très  habiles  considérations  généalogiques,  ten- 
dant à  prouver  que  Wsr-Hlt  n'était  même  pas  le  propre  fils  de  Hlpw-Snb  (pas  plus  que 
de  Jj-m-litp  ou  de  nnéw-m[hb]),*  mais  avait  vécu  environ  deux  cents  ans  après  lui,  il  paraît 
impossible  de  découvrir,  pour  la  constitution  de  la  famille  égyptienne,  une  tolérance  qui  per- 
mette de  prendre  au  pied  de  la  lettre  la  généalogie  ci-dessus. 

Si  nous  passons  au  Moyeu  Empire,  nous  lisons  dans  la  célèbre  stèle-limite  de  Senwsert  III  :^ 

Q  ^  ^^=^  -wNAw  )[^  «Or  donc  celui  de  mes  tils  qui  affermira  cette  frontière  qu'a  constituée 
ma  Jlajesté,  c'est  que  ce  sera  mon  fils,  né  de  moi  (litt.  enfanté  pour  moi).»  Il  est  bien 
évident  que  Senwsert  III  ne  vise  pas  ici  qu'une  seule  génération,  mais  toute  sa  descendance. 
Tout  cela  n'a  rien  que  de  très  counu,  mais  il  est  intéressant  de  poursuivre  le  phéno- 
mène jusqu'à  l'Ancien  Empire.  M.  Setiie^  a  publié  après  M.  Frasera  une  inscription  du 
célèbre  tombeau  de  Tehneb,  ainsi  libellée  : 

'  Beciteil,  XXVIII,  6-7. 

'  M.  DE  BissiHG  8'appuie  surtout  sur  l'iuscriiition  de  Jles,  dont  le.?  commeutateur.s,  M.  Mouet  d'abord, 
puis  M.  Ctardinee,  ont  signalé  la  généalogie  embrouillée.  On  peut  invoquer  en  outre,  sans  prétendi-e  épuiser 
les  exemples  :  1°  l'expression  sln  ht-f  pour  laquelle  je  renvoie  à  ce  qu'est  dit  plus  loin  à  propos  de  si 
néwt  H  ht-f;  2°  le  sens  collectif  «descendance»  applicable  à  s  5  notamment  dans  la  stèle  d'Athènes  publiée 

par  W.   Spiegelberg   [Rectieil,   XXV,   190  sqq.)  :  |   ^^   ^  =<-:^  <=>   n    '^     ^        «^^w 

^^  VO\  /^,v^^  ;  g»  l'espressiou  si  mr-f  ou  sl-f  mr-f  qui  constitue,   comme  on  sait,   un  véritable  titre, 

souvent  porté  par  d'autres  personnages  (|ue  le  propre  tils  du  défunt.  Un  cas  particulièrement  typique  est 

celui  d'une  stèle  de  la  XII^  dynastie  du  Musée  Guimet  (A.  Moret,  Catalogue,  p.  9— 11  et  pi.  IV,  5)  :   \\  '•'^"^ 

^^  J^^     I      I  «~     ^^  U  ^vvAA  is.^    /v,^^^  ^?\  K^=^  ,  etc.  Ainsi  le  texte  dit  très  nettement  que  le  si  mrf 

est  ici  le  ne^■eu  du  défunt  (plutôt  que  le  cousin,  comme  le  veut  M.  Moret,  car  l'expression  sn-f  n  mt-f 
rignifie,  non  le  frère  de  sa  mère,  mais  son  frère  par  sa  mère.  Cf.  A.  H.  GJardiner,  Admonitions,  44).  — 
Sur  «père»  pour  «frère  aîné-  à  l'époque  grecque,  cf.  Witkowski,  Epist.  priv.^,  p.  74  (p.  e.  influences  grecques). 

"  Publié  par  R.  Mond,  Annales  du  Service,  VI,  65  sqq.  et  commenté  par  G.  Legrain,  ib.  VIII,  258  aq. 

*  Restitution  de  Legrain. 

=  L.  D.,  II,  136  h. 

'"'  Urkunden  I,  32.  '  AnHales  du  Service  III,  123  sq. 

20 


152  Henri  Sottas. 


r^]^i^4rt^h- 


j> 


N-Kl-'nh  «geehrt  vom  groBen  Gotte». 

M.  Fraser  traduit  :  «Sa  fille  et  sou  fils  lui  ont  fait  cela  conformément  à  son  (his) 
attachement  envers  lui.»  M.  Sethe  a  jugé,  je  pense,  qu'il  y  aurait  infraction  aux  usages  à 
nommer  la  fille  avant  le  fils'  et  il  interprète  :  «sa  fille  et  son  gendre  (?).»  Or,  si  l'on  s'en 
tient  ici  aussi  à  la  lettre  du  texte,  on  doit  admettre  qu'il  n'y  eut  ([u'un  seul  dédicant,  comme 
il  n'y  a  qu'un  seul  sujet  au  verbe  irj-  et  que  le  genre  en  est  masculin.  Car  enfin  il  est  dit  : 
«conformément  à  son  (f)  attachement  envers  lui.y> 

Dans  l'expression  "^^^  ^^  le  rapport  de  coordination  n'est  pas  tel  que  l'ont  admis 
les  précédents  iuterprétateurs.  Ce  n'est  pas  :  .«a  fille  et  son  fils  (ou  son  gendre),  mais  il  faut 
voir  ici  la  forme  d'énumération  généalogique^  que  M.  Sethe  a  étudiée  en  l'appuyant  pré- 
cisément de  l'exemple  tiré  du  tombeau  de  H''f-Snfrw  en  litige.* 

La  particularité  intéressante  est  qu'au  lieu  d'avoir  slt-f,  sl-é,  on  ait  slt-f,  sl-f;  ce  qui 
implique  que  le  personnage  visé  se  trouve  vis-à-vis  de  Nk-^nh  dans  le  rapport  familial 
d'un  si.  D'où  deux  hypothèses  possibles: 

1°  SI  est  pris  dans  son  sens  littéral  et  il  s'agit  du  fils  que  Nk-'^nh  a  eu  de  sa  propre 
fille.  Dans  ce  cas  la  thèse  de  M.  Sethe  serait  confirmée  et  au  delà  puisque  l'usage  criminel 
qu'il  tolère  à  la  rigueur  chez  les  rois  se  trouverait  étendu  aux  simples  particuliers. 

2°  Le  sens  de  si  est  élargi  comme  aux  époques  postérieures  et  nous  nous  trouvons  en 
présence  de  Nk-^h,  sa  fille  X,  son  (his,  sein)  [petit]-fils  Y.  Dans  ce  cas  l'exemple  utilisé  par 
M.  Sethe  perd  toute  valeur,  car,  si  au  tombeau  de  Tehneh  un  petit-fils  se  trouve  vis-à-vis 
de  son  grand-père  dans  le  rapport  de  parenté  défini  par  le  mot  si,  rien  d'étonnant  à  ce 
que  chez  Wf-Snfrw,  la  famille  étant  supposée  constituée  de  la  même  manière,  père,  fille, 
petit-fils,  on  ait  dit  de  ce  dernier  :  i-leur  fils». 

De  ces  deux  solutions  la  seconde  me  paraît  sensiblement  plus  acceptable.  En  tête  de 
notre  inscription  l'épouse  légitime  Hkn  est  citée  immédiatement  après  le  chef  de  famille. 
Partout  ailleurs  dans  le  tombeau''  elle  est  représentée  à  côté  de  son  époux  et  il  semble  bien 
qu'elle  occupe  auprès  de  lui  une  place  sans  partage.  Admettre  que  la  fille  qu'elle  a  eue  de 
NJc-'nk   la   remplace   parfois  en  son  lit  nous  entraînerait  tout  de  même  un  peu  loin. 

^  Cet  ordre  pourrait  dans  une  certaine  mesure  se  justifier  par  la  correspondance  avec  celui  des  sta- 
tues et  des  noms  qui  les  surmontent. 

'  Il  est  à  peine  besoin  de  taire  observer  que  je  ne  m'appuie  nullement  ici  sur  la  forme  h-  nf  qui  est, 
non  pas  sdmnf.  mais  le  verbe  suivi  du  régime  indirect. 

'  A  moins  qu'il  ne  s'agisse  d'un  génitif  précédant  son  antécédent,  comme  il  est  de  mode  au  Moyen 
Empire  :  de  A  le  iils  B.  pour  :  B,  fils  de  A.  Ici  :  de  sa  fille  son  fils  pour  :  son  fils  de  sa  fille.  Quel  que 
soit  le  rapport  exact  des  termes  les  conséquences  sont  les  mêmes. 

*  Les  noms  et  titres  n'ont  pas  été  inscrits  ici  puisqu'ils  se  trouvent  déj.à  au  dessus  des  statues 
dans  l'ordre  correspondant. 

^  Consulter  la  publication  de  Fraser. 


Sue  un  cas  d'inceste  imputé  au  eoi  Snefru.  153 

Eeste  le  titre  de  1  ^^>  porté  par  Nfr-Ml^t  et  invoqué  par  M.  Sethe  à  l'appui  de 
sa  thèse.  Je  ne  crois  pas  qu'il  puisse  fournir  un  argument  définitif.  Encore  cette  fois  je  sup- 
pose que  M.  Sethe  ne  s'est  pas  cru  autorisé  à  élargir  le  sens  de  cette  appellation  pour  l'époque 
Memphite.  Si,  comme  précédemment,  nous  remontons  dans  le  temps,  nous  nous  trouvons  en 
présence  de  faits  de  nature  à  lever,  en  partie  au  moins,  les  scnipules  de  cette  ordre.  Chacun 
sait  qu'au  Nouvel  Empire  on  ne  doit  pas  attribuer  une  valem*  littérale  à  des  titres  comme  : 
«fils  royal  de  Kus»;  «fils  royal  d'El-Kab^';  «fils  royal  de  Ramsès»-;  «premier  fils  royal 
d'Amon».'  Ce  sont  là  des  titres  complexes  dont  certains  éléments  peuvent  avoir  vu  leur  signi- 
fication première  s'altérer.  Mais  sous  la  XVIII''  dynastie  on  trouve  l'expression  'fils  du  roi» 
suivi  de  l'épithète  «véritable».*  Et  dès  le  Moyen  Empire,  <fils  de  roi»  tout  court  est  un  titre 
porté  par  des  individus  qui  ne  sont  même  pas  de  race  royale.^ 

Là  s'arrêtent  les  références  positives  que  je  puis  donner;  mais  l'expression  si  nsict  n  hi-f 
n'est-elle  pas  là  pour  nous  avertir  que  déjà  sous  l'Ancien  Empire  il  y  avait  des  «fils  de  roi> 
authentiques  et  d'autres  qui  l'étaient  moins?  Etant  donné  que  l'argumentation  présentée  ci- 
dessus  relativement  au  mot  «fils»  en  général  peut  être  étendue  à  la  famille  royale,  on  ad- 
mettra volontiers  que  dans  certaines  conditions  le  petit-fils  du  roi  ait  pu  porter  le  titre  discuté. 

Pour  conclure,  sans  opposer  formellement  la  négation  à  l'affinnation,  je  crois  prématuré 
d'admettre  que  l'Egypte  ait  connu  et  reconnu  cette  forme  d'union,  criminelle  à  nos  yeux. 
Il  n'est  pas  question  de  faire  intervenir  la  notion  d'inceste,  qui  n'est  pas  innée  chez  les 
groupements  primitifs."  Constatons  simplement  que,  si  les  allusions  aux  mariages  entre 
frère  et  sœur  ne  sont  pas  rares  dans  les  textes  égyptiens,  le  fait  relevé  par  M.  Sethe 
resterait  isolé.  En  effet,  des  deux  exemples  que  l'on  a  cités''  de  semblables  unions,  l'un 
n'a  jamais  été  admis  sans  conteste  et  l'autre  a  perdu  tout  crédit.** 

Août  1913. 


CHRONOLOGIE  DES  EOIS  DE  L'ÉPOOrE  ARCHAÏQUE. 

ÉTUDK    Sl'R     LES     DI\'T:RS     SYSTÈMES    PROPOSÉS. 


PAE 

E.  Amélineau. 

(Snite.) 


D'ailleurs  ces  personnages  sont  accompagnés  de  charges  différentes,  si  les  hiéroglyphes 
expriment  bien  la  charge  dont  ils  étaient  revêtus,  et  souvent  une  charge  est  exprimée, 
comme  par  exemple  au  bouchon  153  de  M.  Pétrie,  où  on  lit  ^_^  f  P^''^  1 IZJ  ®'  ^^''  ^^  '^^^' 
nier  mot  est  le  nom  d'un  pain,   comme  le  montre  le  déterminatif,  comme  le  154  où  il  y  a 


'  Annales  du  Service.  X.  193. 

'  Maspero.  Histoire.  IL  761  ;  Guide  du  Visiteur.  385. 

'  P.  Lacac.  Stèles  du  Nouvel  Empire,  p.  82. 

*  Sethe.    Urkunden.  IV.  1067. 

'  Annales  du  Service.  XI.  170. 

■^  Ed.  Metef.  Histoire  de  l'Antiquité,  trad.  franc.,  I,  33. 

■  Maspero.  Histoire.  I.  50;  II.  424. 

«  Ermax.  Agypten.  22].  S:  À.  Z..  XXX^■.  24. 


154  E.  Amélineau. 


(f  «i±ti>  ^  ]   flf;  6*c.  Le  second  fonctionnaire  que  cite  M.  Sethe    1  ^°1  Y  I I  "'^   1^^^ 

de  titre  de  fonction  dans  le  seul  exenaple  cité  sous  le  roi  Djer,  et  il  s'écrit  I  ^^  |  y  j  sans  indi- 
cation de  la  moindre  lacune  pour  le  signe  |  qui  devrait  être  fermé  et  qui  est  ouvert;  sous 
le  roi  Serpent,  au  n°  12  de  M.  Petrik,  ce  groupe  est  fait  de  façon  fort  différente  : 
ri  LiJ  V  0  0  0  6t  je  serais  tenté  de  voir  dans  la  première  partie  le  nom  de  la  charge  et  dans 
la  seconde  le  nom;  mais,  là  encore,  il  y  a  différence  de  style,  et  par  conséquent  d'obiatenr; 
de  même  au  numéro  7  qui  a  une  toute  autre  apparence  et  aux  6  et  7  où  le  signe  troisième 
est  fait  très  distinctement  W,  ce  qui  ne  peut  aucunement  se  lire  y,  et  il  est  suivi  ou  pré- 
cédé des  mêmes  signes  (](  )  J!K'  et  du  nom  du  vignoble.  Toutes  ces  différences  indiquent  dans 
d'autres  oblateurs  ayant  les  mêmes  charges  sans  doute,  et  peut-être  des  noms  divers.  Le 
culte  ancestral  vient  encore  ici  expliquer  ce  qui  semble  inexplicable  au  premier  abord.  Par 
conséquent  il  ne  faut  pas  trop  s'appuyer  sur  des  ressemblances  aussi  dissemblables  pour  en 
tirer  d'aussi  grosses  conclusions.  De  même  c'est  un  peu  se  moquer  de  ses  lecteurs  d'assurer 
que  la  place  de  plusieurs  rois  est  telle  et  telle,  parce  que  des  bouchons  fragmentaires  ont 
été  trouvées  dans  deux  tombes  aussi  rapprochées  que  celles  du  roi  Den  et  du  roi  Serpent  puis- 
qu'il n'y  avait  pas  plus  de  45  mètres  de  distance  entre  les  deux  et  qu'après  les  boule- 
versements qui  n'ont  pas  été  faits  seulement  par  mes  ouvriers,  mais  encore  par  les  spoliateurs 
du  VP  siècle,  on  ne  peut  être  certain  de  rien  à  ce  sujet,  ainsi  que  je  l'ai  dit  si  souvent. 
De  plus  je  comprendrais  encore  qu'on  s'appuyât  sur  les  fragments  de  bouchons,  si  ces  frag- 
ments s'étaient  trouvés  en  grand  nombre  mélangés  les  uns  aux  autres  et  qu'il  y  eût  eu 
comme  un  échange  entre  les  deux  tombes;  mais  cet  échange  se  borne  à  un  bouchon  qui  s'est 
trouvé  à  la  fois  dans  le  tombeau  du  roi  Serpent  et  le  tombeau  de  Den,  qui  ne  porte  pas 
de  nom  royaD  et  dont  par  conséquent  on  ne  peut  arguer  en  faveur  du  roi  Serpent,  et 
quant  au  second  c'est  notre  connais.sance  de  tout  à  l'heure,  c'est-à-dire  un  bouchon  qui  ne 
porte  pas  non  plus  de  nom  royal,  qui  témoigne  seulement  qu'on  a  fait  acte  du  culte  funé- 
raire dans  la  tombe  du  roi  Bjer,  et  que  celui  qui  fit  cet  acte  était  différent  du  précédent^. 
Cette  minutieuse  investigation  prouve  aussi  que  M.  Sbthb  connaît  l'art  de  tirer  plusieurs 
arguments    d'une   même   source.     Si   j'en   viens   maintenant  à   l'examen   de   la   forme   des 

signes    \ ),   ^ — n    et  c^:^    qui  ont  tous  les  trois  les  doigts  de  la  main  allongés,  je  vois 

tout  d'abord  que  des  différences  notables  se  peuvent  observer  entre  ces  divers  signes.  A  la 
planche  V  du  second  volume  de  M.  Pétrie,  je  vois  une  ville  dont  le  nom  est  écrit  ~g  , 
et  aux  numéros  13  et  14  je  vois  aussi  mention  du  roi  prétendu  ^^ ,  mais  rien  ne  m'as- 
sure que  ces  deux  fragments  ont  été  trouvés  dans  la  tombe  d'Osiris,  et  si  je  cherche  à  savoir 
d'où  ils  peuvent  provenir,  je  suis  obligé  de  dire  qu'après  avoir  aussi  minutieusement  exa- 
miné cette  tombe  que  je  le  pouvais  faire,  je  la  fis  remplir  par  les  débris  de  la  série  sud  des 
tombes  avoisinantes.  Par  conséquent  la  provenance  ne  peut  pas  être  certaine,  pas  plus  d'ail- 
leurs que  la  provenance  des  objets  que  j'ai  moi  même  trouvés  en  de  semblaldes  circonstances, 


'  C'est  le  numéro  10  de  la  planche  XIX,  tome  I  des  Boyàl  tombs  of  the  first  dynasty. 
^  C'est  le  numéro  123  de  la  ))1.  XVI,  du  tome  second  de  M.  Pétrie. 


Chronologie  des  eois  de  l'époque  archaïque.  155 


puisque  la  place  preniièie  de  ces  petits  objets  avait  été  changée  par  les  apoliateuis  du 
VP  siècle.  A  la  planche  XII,  le  n"  3  nous  montre  une  main  du  |_J  les  doigts  étendus,  mais 
non  de  la  même  manière,  car  les  doigts  sont  arrangés  en  forme  d'arc  de  cercle,  tandis  que 
sur  les  monuments  dont  je  viens  de  parler  une  chose  frappe  d'abord,  à  savoir  la  longueur 
énorme  du  pouce  et  sa  forme  réversible.  Au  numéro  III  de  la  planche  XV,  la  main  n'a 
plus  que  trois  doigts,  tandis  qu'à  la  planche  XIX  du  tome  F'',  n"  9,  10,  le  fragment  de  bou- 
chon qui  a  été  trouvé  à  la  fois  dans  le  tombeau  du  roi  Serpent  et  dans  celui  de  Den  nous 

montre  deux  mains  avec  trois  doigts  et  deux  avec  quatre.  Par  conséquent  la  forme  des  -.^ o, 

des  [ j  et  des  ^=^>  avec  doigts  étendus  n'est  pas  caractéristique  des  tombes  de  Djer  et  du 

roi  Serpent.  Elle  se  retrouve  au  bouchon  132  lequel  est  attribué  à  Merueit  avec  trois  doigts, 
sur  le  bouchou  28  avec  quatre  doigts  pour  écrire  le  nom  de  ^^,  au  bouchon  46  avec  trois 
doigts  pour  écrire  également  le  nom  de  ^^;  si  elle  ne  se  retrouve  pas  sur  les  bouchons 
à'Adârep,  de  Mersehha,  de  Qâ  et  de  Eliâ-sekhemoui,  c'est  sans  doute  que  ces  bouchons  n'ont 
pas  eu  l'occasion  de  l'employer;  mais  elle  reparaît  sur  les  bouchons  de  Peràbsen  dans  #■— n  -w| 
du  bouchon  190.  Alors?  Il  ressort  très  clairement  de  ce  petit  tableau  que  les  observations 
de  M.  Sethb  sont  controversées,  que  par  conséquent  les  raisons  sur  lesquelles  il  s'appuyait  pour 
faire  entrer  le  roi  Serpent  dans  la  I'*^^  dynastie  n'existent  pas  et  que  ce  roi  doit  être  rayé  de 
cette  dynastie,   parce  qu'il  n'y  a  pas  plus  de  raison  de  l'identifier  avec  Ata  qu'avec  Attha. 

IX.  Le  roi  Merneit  ^.  Après  M.  Naville,  ^  M.  Sethb  rejette  ce  roi  tout  comme  je 

l'ai  rejeté  moi-même.  M.  Sethe  trouve  qu'il  a  une  tombe  extraordinaire,  ce  qui  est  fort 
vrai,  et  il  en  prend  occasion  pour  dire  que  c'était  une  reine,  et  je  l'ai  dit  aussi  en  même  temps 
que  lui^;  mais  je  ne  le  suivrai  pas  jusqu'à  dire  que  cette  reine  avait  apporté  à  son  époux 
le  droit  au  trône  qu  il  n'avait  pas^.  C'est  une  pure  fantaisie  que  sans  doute  les  théories  de 
M.  Pétrie  lui  ont  suggérée  et  que  rien  ne  l'autorisait  à  émettre,  puisque  rien  ne  lui  en  appor- 
tait la  moindre  preuve.  Toutefois  en  admettant  que  le  nom  de  Merneit  puisse  être  un  nom 
de  femme,  je  ne  puis  m'empêcher  de  penser  au  nom  à'Ouhamer  qui  s'est  trouvé  écrit  sans 
aucun  signe  de  royauté  sur  la  grande  tablette  et  qu'en  raisonnant  ainsi  que  nous  le  faisons, 
MM.  Sethe,  Naville  et  moi,  on  serait  conduit  à  l'éliminer  de  la  liste  des  rois,  quand  cepen- 
dant c'est  bien  certainement  un  roi.  Je  ne  regarde  pas  en  effet  l'orthographe  de  M.  Sethe 
comme  exacte  ^  ;  jamais  sur  les  fragments  il  n'y  a  de  ^  du  féminin,  et  sur  la  stèle  de 

ce  nom  le  signe  ^^^t.  a  bien  son  complément  <=>,  qui  est  brisé,  mais  qui  peut  parfaite- 
ment encore  se  différencier  du  c^  à  cause  de  la  longueur  du  signe''. 

Si  je  voulais  aller  au  foud  de  la  pensée  de  M.  Sethe,  peut-être  trouverais-je  que  la 
grande  raison  qui  l'a  porté  à  éliminer  Merneit,  c'est  qu'il  ne  savait  qu'en  faire:  il  a  besoin 

'  Naville,  Les  plus  anciens  monuments  égyptiens,  II,  p.  8  du  tirage  à  part. 

'  E.  Amélineau,   Nouvelles  fouilles  d'Abydos,  IV,  p.  680. 

'  KuRT  Sethe,   Eeitrâge  zur  àltesten  Geschichte  Âgyptens,  p.  29. 

*  M.  Sethe  dit  que  ce  i^  se  retrouve  sur  deux  fragments  de  vases  publiés  par  M.  Petrik  à  la  pi.  V 
de  son  premier  volume  n°  3  et  7.  Au  numéro  3  le  signe  n'est  pas  fermé  et  il  est  trop  grand  pour  un  c,, 
il  est  fait  ainsi  '^j  au  n°  7,  il  n'est  pas  complet  et  peut  être  toute  autre  chose.  M.  Sethe  dit  en  outre  qu'aux 
numéros  1  et  2,  le  signe  a  disparu  dans  une  cassure,  c'est  inexact;  il  y  a  parfaitement  la  place  iionr  le 
mettre  et  il  n'y  est  pas;  à  la  pi.  V.  du  tome  II,  n"  6  il  n'y  est  pas  également. 


156  E.  Amélineau. 


en  eiFet  de  cette  élimiuation  pour  pouvoir  placer  les  rois  qui  vont  suivre;  si  Merneit  était 
sorti  vainqueur  de  l'examen,  la  théorie  de  M.  Sbthe  eu  eut  été  vaincue  et  tuée  en  nais- 
sant :  il  fallait  donc  à  tout  prix  la  sauvegarder.  Quant  à  l'appellation  de  Den  l"  donné  à 
Merneit  par  M.  Pétrie,  c'est  de  la  pure  fantaisie  sur  laquelle  il  vaut  mieux  ne  pas  insister. 
X.   Le  roi  Den   ^^^^  que    M.   Sethe  appelle  Oudimou,   peut-être  avec  raison.   Il 

identiiie  ce  roi  avec  le  roi  nommé  f^^^^  pour  f  trtt  Tmr  J    de   la  liste  d'Abydos  et  f  ] 

de  Papyrus  de  Turin.  Il  justifie  cette  identification  par  la  présence  des  deux  noms:  1°  sur 
un  sceau  de  ce  roi;  2°  sur  d'autres  sceaux;  3»  sur  les  tablettes  officielles  et  comniémora- 
tives  des  hauts  faits  de  ce  roi.  Examinons  donc  les  monuments  sur  lesquels  s'appuie  M.  Sethe. 
Le  bouchon  auquel  il  fait  allusion  a  été  publié  aux  numéros  5  et  6  de  la  planche  VII, 
second  volume  de  M.  Pétrie;  malheureusement  l'impression  ou  la  publication  est  loin  d'être 
nette.  Voici  la  description  qu'en  donne  M.  Pétrie  :  «Le  dessin  en  son  entier  semble  être: 
1°  le  nom  de  |    j   de  Den   avec   l'épervier   en   dessus;    2»  le  roi  debout;    3"  une  inscription 

em  se  ab nehti,    ^x     l'O ^='^^)   ■i"  Den  ayant  pris  un  crocodile  à  l'hameçon, 

le  tire  de  l'eau  et  se  prépare  à  le  percer  de  son  harpon;  5°  le  nom  personnel  du  roi  Setoui 
ou  Semti;  6°  Den  luttant  avec  un  hippopotame.»  M.  Pétrie  dit  ensuite  qu'une  petite  partie 
de  ce  sceau  avait  été  trouvée  l'année  précédente  et  que  ce  fut  la  première  preuve  que  Den 
s'était  appelé  Setoui.^  J'avoue  que  je  n'ai  pas  d'aussi  bons  yeux  que  M.  Pétrie  et  que 
n'ayant  pas  vu  l'original,  je  ne  puis  voir  que  l'animal  contre  lequel  lutte  Den  soit  un  hippo- 
potame, que  cet  hippopotame  soit  tiré  hors  de  l'eau  au  moyeu  d'un  hameçon;  je  vois  seule- 
ment  qu'après  un  personnage  en  avant  et  en  arrière  duquel  sont  les  signes  f^^"^ ,  il  y  a  un 
autre  personnage  luttant  contre  un  animal,  que  ce  personnage  est  suivi  de  l'épervier  debout 
sur  le  rectangle  de  la  maison  où  est  inscrit  le  nom  ^^  et  que  derrière  ce  nom  est  le  roi, 
coiffé  de  la  couronne  blanche,  un  bâton  à  la  main  droite  et  une  autre  arme  à  la  main 
gauche,  et  derrière  lui  vient  l'inscription  que  j'ai  signalé.  Il  semble  donc  que  le  roi  con- 
temple un  autre  personnage  luttant  contre  un  animal  quelconque,  car  évidemment  il  ne  peut 
se  contempler  lui-même  luttant  contre  une  bête  quelconque,  et  comme  les  signes  r^^^^ 
se  trouvent  en  avant  de  ce  personnage,  on  peut  supposer  que  c'est  le  nom  de  ce  person- 
nage tout  aussi  bien,  et  à  meilleur  compte,  que  celui  du  roi.  Du  reste,  sur  un  monument 
autrement  soigné,  le  n°  7  de  la  même  planche,  l'épervier  est  debout  sur  la  maison,  son  nom 
écrit  ^"^^  —  ce  qui  montre  encore  que  le  <z^>  se  faisait  ainsi  sous  ce  roi,  et  non  pas  seule- 
ment sous  les  deux  rois  Djer  et  Serpent  —  et  devant  se  voient  les  signes  f^^,  c'est-à-dire 
seulement  Set  et  non  plus  Setoui.  Si  l'on  veut  bien  observer  le  relief  puissant  avec  lequel 
se  détachent  les  signes,  surtout  l'animal  qui  marche  le  long  d'une  branche,  ou  d'un  bâton 
recourbé,  la  façon  dont  sont  faites  les  portes  de  la  maison,  on  sera  convaincu  que  l'auteur  y 
a  apporté  une  application  aussi  considérable  que  son  talent  et  que  ce  n'est  pas  sur  un  pa- 
reil monument  qu'on  doit  chercher  une  faute.  Par  conséquent,  je  fais  conclure  que  ces  mo- 
numents ne  prouvent  en  rien   que  le   roi  Den  serait  appelé  Setoui  ni  même  Semti.    Par 

'  Fl.  Pétrie,  The  royal  tomhs  of  the  first  dynasti/,  II,  p.  25,  col.  4. 


Chronologie  des  eois  de  l'époque  archaïque.  157 

contre  je   ne  saurais  voir  non  plus  dans  ces  signes  la  mention  des  peuples  étrangers  dont 
a  parlé  M.  Na ville.' 

M.  Sethe  dit  encore  que  sur  les  sceaux  151  et  152  de  M.  Pétrie,  le  roi  Den  est  aussi 
nommé  Seioui  ou  comme  il  dit  :  Hesehti.^  Je  ne  sais  pas  où  il  a  vu  que  le  n»  152  con- 
tenait  la  mention  Q:£^  :  elle  n'y  est  pas.  Elle  existe  au  contraire  parfaitement  sur  le  151 
deux  fois  :  de  la  seconde  on  ne  voit  que  les  signes  f^^;  de  la  première  on  voit  seulement 
les  deux  signes  ^^,  et  en  dessus  de  ces  signes  sont  deux  ^c:.  qui  étaient  eux-mêmes  sur- 
montés d'un  autre  signe  dont  on  ne  voit  plus  que  l'extrémité  supérieure.  Selon  la  coutume 
ordinaire  en  ces  bouchons,  coutume  que  connaît  fort  bien  M.  Sethe  et  à  laquelle  il  a  fait 
allusion  plusieurs  fois  dans  son  œuvre,  c'est  le  nom  de  l'oblateur  qui  doit  se  trouver 
après  le  nom  du  roi,  ou  le  nom  de  l'oblation.  Il  ne  saurait  donc  s'agir  du  nom  propre 
du  roi. 

Restent  les  tablettes  commémoratives  des  actions  célèbres  du  roi  Den.  M.  Sethe  ren- 
voie à  la  planche  XI,  4,  du  2"  volume  de  M.  Pétrie,  à  la  planche  XIV  et  à  la  planche  XV, 
11"=  16  et  18.  Examinons.  Tout  d'abord,  au  u°  4  de  la  planche  XI,  je  ne  trouve  rien,^  mais 
bien  au  n°  14  je  vois  les  deux  signes  que  M.  Pétrie  a  interprétés  ^^  :  ce  monument  avec 
le  n°  16  de  la  planche  XV,  ne  comptent  donc  que  pour  un.  A  la  planche  XIV,  c'est  au 
n"  9  que  se  trouvent  les  signes  r^^'^  en  arrière  d'une  enseigne  où  l'on  voit  un  chacal  de- 
bout et  en  avant  d'un  roi  qui  semble  armé  en  guerre.  Et  c'est  tout  :  il  n'y  a  ni  le  nom  de 
Ben,  ni  quelque  indice  que  ce  soit  qu'il  s'agit  de  lui  :  on  a  seulement  trouvé  ce  fragment 
de  tablette  dans  le  tombeau  de  Den  et  cela  suffit  pour  faire  connaître  à  M.  Sethe  que  Den 
s'appelait  Setoui.  Il  a  vraiment  le  don  de  seconde  vue.  Reste  la  grande  tablette  représentée 
au  n°  14  de  la  planche  XI  et  reproduite,  interprétée  par  M.  Pétrie,  au  n°  16  de  la  planche  XV. 
Cette  tablette  est  d'autant  plus  intéressante  que  l'oblateur  était  le  chancelier  du  nord  Hemaka, 
que  par  conséquent  je  ne  puis  pas  mettre  en  avant  le  nom  de  l'oblateur.  Les  signes  ^^ 
se  trouvent  seuls  après  un  signe  O  incertain  et  sont  suivis  de  quelques  autres  signes  in- 
distincts; mais  si  l'on  observe,  comme  je  l'ai  fait  remarquer,  la  direction  de  ces  signes  ou 
des  oiseaux,  on  remarque  que  les  deux  signes  ^^  doivent  se  lire  avant  les  autres  et  là 
encore  il  n'y  a  pas  possibilité  de  lire  le  nom  du  roi,  car  le  nom  de  Den  ne  se  trouve  que 
dans  la  seconde  partie  de  la  tablette.  S'il  suffisait  que  les  trois  signes  Q£i£j,  ou  le 
seul,  se  trouvassent  dans  une  inscription  avec  le  nom  d'un  roi,  je  pourrais  prouver  tout 
aussi  bien  que  M.  Sethe,  que  Ramsès  II  s'appelait  Setoui.  Que  reste-t-il  donc  des  preuves 
de  M.  Sethe?  Rien  :  elles  se  sont  toutes  évanouies;  alors  pourquoi  avoir  dit  que  «la  po- 
sition de  ces  deux  noms  l'un  près  de  l'autre  rendait  l'assimilation  de  Den  avec  Hesepti 
assurée».* 


^  E.  Na VILLE,  Les  plus  anciens  monuments  égyptiens,  II,  p.  7  du  tirage  à  part. 

^  Je  ne  sais  sur  quoi  se  fonde  M.  Sethe  pour  cette  lecture. 

"  Le  lecteur  verra  au  n»  5  de  la  pi.  XI,  aux  W'  12  et  13  de  la  pi.  XIV,  que  le  <=^^  du  nom  de  Den 
est  aussi  fait  avec  les  doigts  écartés;  de  même  dans  la  tablette  de  Mersekher,  pi.  XVII,  n°  26. 

■■  KtiRT  Sethe.  Beitrâge  sur  àltesten  Geschichte  Âgyptens,  p.  29.  Voici  ses  paroles  :  Dièse  Gleichsetzung 
ist  gesichert  durch  das  Nebeneinaudervorkommen  beider  Namen  etc. 


158  E.  Amélineau. 


XI.  Le  roi  Adârep,  ^^,  =  ,  ou  Azab,  que  M.  Sethe  appelle  and-ih.  M.  Sethe  iden- 
tifie ce  roi  avec  Merbapa.  Cette  identification  lui  semble  assurée  par  la  présence  de  ces 
deux  noms  qui  se  suivent  sur  un  sceau,  et  cette  preuve  prend  une  nouvelle  force  de  la 
confirmation  que  lui  apporte  la  présence  simultanée  des  deux  noms  sur  les  monuments  du 
roi  précédent.   L'identification  du  roi  '■^^l  v  avec  le  f  ^^  "^  J  des  listes  plus  tardives  est 

as.surée  par  l'orthographe  du  nom  :  ""^^l  =  ,  D  étant  le  même  signe  dans  l'un  et  l'autre 

cas,  ^^  =  xy.  C'est,  conclut  M.  Sethe,  le  fondement  certain  et  incontestable  pour  toute  l'his- 
toire la  plus  ancienne.^  Je  ne  suis  pas  de  son  avis.  Le  sceau  auquel  fait  allusion  M.  Sethe 
est  le  57=^  de  M.  Pétrie  :  c'est  celui  que  j'ai  décrit  ailleurs  :  d'abord  l'épervier  debout  sur 
la  maison  dans  lequel  est  écrit  =,  ,  puis  le  nom  de  Merbapa  précédé  du  titre  de  4>^  ^'^^  ^^t 
et  je  dois  dire  que  ce  sceau  a  été  trouvé  à  la  fois  dans  la  tombe  d'Adârep  ou  Asab  et 
dans  celle  de  l'épervier  Qâ.  Encore  ici,  c'est  la  même  situation  que  pour  De»  :  suffit-il  que 
deux  noms  soient  sur  un  même  fragment  pour  qu'où  doive  en  faire  les  noms  différents  d'un 
même  personnage?  Ce  que  j'ai  dit  pour  Den  montre  bien  que  cela  ne  suffit  pas,  et  de  fait 
il  y  a  ici  une  explication  très  simple  :  c'est  de  faire  du  roi  Jlerbapa  l'oblateur  et  nous  nous 
trouvons  dans  les  cas  précédents  :  le  nom  de  l'épervier  à  qui  l'un  offre  quelque  chose,  le 
nom  de  celui  qui  offre.  Ici  l'oblateur  était  le  roi  de  la  Haute  et  Basse  Egypte  Merbapa  et 
celui  à  qui  l'on  offre  l'épervier  Adâre^h  Si,  en  effet,  celui  à  qui  l'on  fait  offrande  était 
répervier-roi  Adârep-Merhai^a,,  comment  se  fait-il  que  ce  bouchon  contienne  un  texte  unique, 
comment  se  fait-il  que,  si  l'on  a  voulu  désigner  le  roi  par  tous  ses  titres,  on  ne  l'ait  pas 
nommé  en  toutes  lettres  sur  les  autres  bouchons  '?  Nous  pouvons  donc  nous  regarder  comme 
autorisés  à  séparer  les  deux  rois  :  l'épervier  Adârep  d'un  côté,  le  roi  de  la  Haute  et  Basse 
Egypte  Merbapa  d'un  autre,  celui  à  qui  l'on  fait  offrande  d'abord,  celui  qui  oifre  ensuite. 
Les  trois  sceaux  suivants,  à  savoir  58,  59  et  60  sont  une  confirmation  de  cette  manière  de 
voir,  car  tous  les  trois  contiennent  d'abord  le  nom  de  l'oblateur,  le  nom  de  la  chambre  où 
se  fait  l'oblation  et  le  nom  de  l'offrande;  le  nom  de  l'oblateur  est  le  roi  de  la  Haute  et 
Basse  Egypte  Merbapa;  le  nom  de  la  chambre  où  se  fait  l'oblation  est  :  la  chambre  Seul 
est  l'épervier,  le  roi  de  la  Haute  et  Basse  Egypte  Merbapa,  parce  que  la  chambre  était 
remplie  des  offrandes  de  ce  roi;  le  nom  de  l'oiïrande  était  :    ^jF  X .  Si  l'on  objectait  que  le 

mot  J  désigne  la  tombe,  je  dirais  qu'au  n"  60,  le  mot  J  est  employé  pour  le  roi,  et 
aussi  pour  la  chambre  kî^î?,  ggg  ,  chambre  où  de  plus  l'on  enfermait  la  viande  de  porc. 
Ces  preuves  prennent  encore  une  plus  grande  consistance  du  fait  que  le  roi  ""^rxi  a  son 
nom  sur  des  fragments  et  que  le  nom  est  précédé  du  titre  de  4=^i  ou  du  titre  ^^,  ou 
des  deux  ensemble.  Or  le  titre  Ji>^  est  traduit  d'ordinaire  par  les  deux  Dieux,  ou  par 
le  double  Horus,  et  par  là  on  entend  Horus  et  Set.  Les  diverses  traductions  que  je  viens 
de  citer  sont  justes;  mais  elles  out  besoin  de  quelque  explication.  Si  l'épervier  debout  sur 
un  support  a  été  choisi  par  les  scribes  de  cette  époque  pour  signifier  l'idée  de  dieu,  c'est 

'  KuRT  Sethe,  Beiirdge  zur  àltesten  Geschichte  Àgyptens.  p.  24. 


Chronologie  des  rois  de  l'époque  archaïque.  169 


que  le  dieu  protecteur  de  la  tribu  était  ce  même  épervier,  car  tous  les  conquérants  de  l'E- 
gypte étaient  des  éperviers.  Or  Merbapa  est  un  nom  d'épervier-roi;  il  n'a  donc  pas  besoin 
d'un  autre  nom  d'épervier  et  par  conséquent  Adârep  qui  est  aussi  un  nom  d'épervier  ne 
peut  être  assimilé  à  l'épervier  Merlapa.  Je  trouve  la  preuve  qu'il  en  est  ainsi  sur  un  frag- 
ment de  vase  publié  par  M.  Petkie  dans  son  premier  volume,  pi.  V,  n"  51.  Le  nom  d'éper- 
vier &  Adârep  ou  Azdb  est  suivi  du  nom  de  Seioui.  S'il  suffisait  de  la  présence  de  deux 
noms  sur  un  même  morceau  pour  les  identifier  l'un  avec  l'autre,  c'est  bien  ici  le  cas  ou 
jamais,  d'autant  plus  que  les  deux  noms  ont  été  tracés  à  l'encre  et  sont  bien  de  la  même 
encre  et  de  la  même  main  et  que  le  nom  d'épervier  précède,  comme  ce  doit  être,  le  nom 
de  royauté.  J'y  re\iendrai  d'ailleurs  au  numéro  suivant  et  ferai  ressortir  davantage  cet  argu- 
ment. Je  dois  dire  en  terminant  que  je  ne  peux  m'empêcher  de  conserver  quelques  doutes 
sur  l'assimilation  de  ""^^l^  ;ivec  le  roi  dont  le  nom  est  écrit  [^-—^  g  j  sur  la  table  d'Aby- 
dos,  r^^  *n  '1  s"i'  celle  de  Saqqarah  et  f  ^^  i  .1^1  *^^'  papyrus  de  Turin.  Les  signes 
ne  sont  pas  dans  le  même  ordre,  et  cependant  cet  ordre  est  très  rarement  cbangé  dans  les 
noms  de  roi,  tandis  qu'ici  il  est  constant,  de  sorte  qu'il  faudrait  lire  Merpaha.  Je  serais 
complètement  rassuré  si  l'on  trouvait  un  monument  où  le  rang  des  signes  serait  respecté  et 
si  j'admets  cependant  que  c'est  bien  le  même  roi,  c'est  un  peu  avec  le  cœur  gros. 

Xn.  Le  roi  Mersekhu.  ^v?  I  «*-=•  d'après  j\I.  Sethe  qui  lit  :  SemerJchet.  J'ai  toujours 
dit  que  l'on  ne  savait  pas  quel  était  le  signe  qui  commençait  ce  nom,  par  conséquent  qu'on 
ne  pouvait  le  lire.  Si  je  prends,  en  effet,  l'objet  qui  a  été  le  plus  soigné  de  sa  tombe, 
c'est-à-dire  la  stèle  du  roi  qui  est  au  musée  du  Caire,  je  vois  que  ce  signe  est  spécial 
chez  M.  DE  Morgan  1,  et  M.  de  Morgan  est  un  dessinateur  autrement  habile  que  tous 
les  Pétrie  et  sous-Petrie  du  monde  :  d'ailleurs  j'en  ai  fait  prendre  la  photographie  et  cette 
photographie  donne  raison  à  ce  dessin.  Il  n'est  pas  plus  certain  que  le  troisième  signe  soit 
le  »-=',  c'est-à-dire  ce  qu'on  nomme  le  ventre,  et  par  conséquent  puisse  se  lire  Khet. 

Les  raisons  pour  lesquelles  l'épervier  Merselcha  est  identifié  avec  le  roi  Semenpetah 
par  M.  Sethe  sont  les  suivantes  :  1°  il  a  été  trouvé  un  sceau  sur  lequel  le  nom  d'épervier 
se  trouve  à  côté  du  nom  propre  du  roi  précédé  du  titre  ^£,  et  cette  identification  des 
deux  noms  est  rendue  vraisemblable  par  le  sceau  où  le  nom  du  roi  Merbapa  est  renfermé 
dans  le  signe  J,  sceau  que  je  viens  d'expliquer  plus  haut;  2"  une  tablette  de  commé- 
moration officielle  des  actes  du  roi  comprend  les  deux  noms  rassemblés.  Examinons.  Pour 
la  première  raison,  je  vois  que  le  sceau  79  de  M.  Pétrie,  auquel  fait  allusion  et  renvoie 
M.  Sethe,  donne  d'abord  le  nom  d'épervier,  puis  un  nom  de  roi  écrit  dans  une  chambre 
,  ensuite  le  nom  de  la  substance  offerte,  ici  des  grains  de  la  maison  royale  ^__[  ^J. 
Où  est  le  nom  de  l'oblateur  en  tout  cela?  Il  est  précisément  dans  la  chambre  du 
roi  dont  le  nom  se  lit  Semenpetah.  Le  sceau  79  nous  présente  une  inscription  analogue 
à  celle-ci  et  M.  Sethe  s'est  bien  donné  garde  d'en  parler,  car  il  aurait  fait  crouler  son 


système.    En  effet,   ce  bouchon  donne  d'abord  le  nom  de  l'épervier  Mersekha,  puis  ensuite 


'  J.  DE  Morgan,  Recherches  sur  les  origines  de  l'Egypte,  II,  p.  232,  iig.  380. 


160  E.  Amélineatj, 


le  nom  d'uu  roi 
le  74.  Veut-ou  un 
chambre ,  je  le 
vier,  puis  ensuite 


m 


,  et  ce  roi  est  autre  que  Semenpetali.  Il  eu  était  de  même  pour 
exemple  que  c'est  ainsi  qu'il  faut  interpréter  le  nom  de  la 
trouve  au  bouchon  77  (pii  nous  montre  d'abord  le  nom  d'éper- 
le  nom  de  l'offrande  écrit  C^fiÇ^E^  ll|l  et  le  nom  de  loffrande 
est  répété  ensuite  sous  cette  autre  forme:  ^1  a  \,  c'est-à-dire  :  dans  la  chambre  des  deux  Ap, 
et  le  détermiuatif  des  trois  jarres  coiffées  et  scellées  nous  montre  que  vraisemblablement  il 
s'agissait  d'offrandes  liquides  ou  solides  qui  étaient  logées  dans  la  chambre  connue  sous  le 
nom  des  deux  Ap. 

Si  je  passe  maintenant  à  la  tablette  commémorative  des  exploits  royaux,  je  vois  bien 
que  cette  tablette  a  été  sculptée  au  nom  du  roi  Semenpetah,  mais  non  qu'elle  a  rapport  au 
roi  Mersékha,  car  le  nom  d'épervier  est  absent  et  nous  n'avons  d'autre  garant  qu'il  s'agisse 
de  cet  épervier  que  le  fait  suivant  :  cette  tablette  a  été  trouvée  dans  la  tombe  de  MerseJcha. 
Ainsi  M.  Pétrie  et  après  lui  M.  Sethe  s'appuient  sur  cette  seule  circonstance  fortuite  pour 
étayer  une  aussi  grasse  conclusion,  après  tous  les  remaniements  qu'ont  subis  ces  tombes. 
C'est,  je  crois,  faire  œuvre  de  légèreté.  Comment  ce  seul  monument  pourrait-il  fournir  la 
plus  petite  preuve  que  le  roi  Semenpetah  doive  être  assimilé  au  roi  Mersékha  lorsqu'il  ne 
contient  que  le  nom  de  Semenpetah?  Il  me  semble,  et  je  crois  que  mes  lecteurs  penseront 
avec  moi,  qu'il  n'a  aucune  voix  au  chapitre. 

Mais  il  y  a  une  bonne  preuve  que  le  roi  Merselcha  ne  peut  aucunement  être  identifié 
avec  Semenpetah  ;  la  voici.  M.  Naville  a  démontré  tout  d'abord  ^  que  le  nom  d'épervier  est 
toujours  le  même  que  le  titre  de  vautour-urœus,  qu'il  appelle  nom  de  nchti;  je  l'ai  aussi 
démontré  en  amplifiant  grandement  ses  preuves,^  et  il  reste  acquis  que  toujours  le  titre 
d'épervier  et  le  titre  de  vautour-ura;'us  ont  été  suivis  du  même  nom  jusqu'à  la  XIP  dynastie, 
où,  sous  le  quatrième  roi  Ousortesen  II,  s'opère  un  changement  radical.  11  va  sans  dire  que 
M.  Sethe  ne  parle  pas  de  cette  règle  absolue;  mais  peut-êti-e  a-t-il  eu  eu  vue  de  la  com- 
battre quand  il  a  écrit  que  le  roi  Fepi  I"  avait  pour  nom  de  vautour-nraîus  Merikhet,  quand 
son  nom  d'épervier  était  meri-taoui.^  Mais  en  écrivant  cela,  M.  Sethe  a  omis  de  dire  qu'une 
seule  fois,  sur  les  rochers  de  Hammamat,  ce  nom  Merikhet  a  remplacé  le  nom  Meritaoui, 
qui  se  trouve  seul  ou  réuni  avec  le  nom  propre  de  royauté  Pepi.*  Il  y  a  là  comme  une 
tendance  :  M.  Sethe  a  signalé  ce  nom  comme  s'il  était  général  et  connu  de  tous,  et  il  s'est 
bien  gardé  de  réfuter  autrement  l'opinion  de  M.  Naville  qu'il  connaissait  afin  de  ne  pas 
s'exposer  à  une  contre-réfutation  qui  eut  vraiment  été  trop  facile.  La  chose  est  donc  bien 
établie  :  d'après  ce  que  nous  connaissons,  toujours  —  sauf  une  fois  où  le  graveur  peu  habile 
ou  s'étant  trop  hâté  a  dû  commettre  une  méprise,  les  autres  faits  le  prouvent  —  le  même 
nom  suit  les  deux  titres  d'Épervier  et  de  Vautour-Uranxs.  Ur  que  voyons-nous  ici?  Le 
roi  Semenpetah  a  ce  nom  après  le  titre  de  vautour-urœus,  après  même  les  deux  titres  de 
roseau-abeille  et  de  vautour-uraîus.  Qu'en  conclure,  sinon  que  son  nom  d'épervier  ne  pouvait- 

'  E.  Naville,  Les  plus  anciens  monuments  éguptiens,  II,  p.  6  de  tirajje  à  part. 

'  E.  Amélineau,  Nouvelles  fouilles  d'Abj/dos.  IV,  p.  639  sq.;  et  Journal  Asiatique,  mars-avril  1906. 

°  Sethe,  Beitrâye  sur  âltesten  Geschichte  Àgyptens,  p.  41. 

*  Lepsius,  Konigsbuch,  25  a,  25  d,  25  g.  —  Bkugsch  et  Bouriant,  Livre  des  rois.  p.  9. 


Chronologie  des  rois  de  l'époque  archaïque.  161 

pas  être  Mersekha?  Ce  n'est  pas  parce  que  le  titre  de  vautonr-uranis  est  seul  qu'il  doit  em- 
porter un  autre  titre  que  lorsqu'il  est  réuni  à  celui  d'épervier.  Le  nom  de  Mersekha  ne  peut 
donc  aucunement  être  assimilé  à  celui  de  Semenpetah  :  la  preuve  est  faite.  La  preuve  est 
faite  aussi  que  les  noms  des  rois  de  la  première  dynastie  sont  des  noms  d'épervier,  de  vau- 
tour-uraîus  et  de  roseau-abeille  tout  à  la  fois  :  ainsi  Menés,  Ata,  Teta,  Merbapa,  Semenpetah 
sont  des  noms  d'épervier;  les  rois  n'en  avaient  pas  d'autre  à  cette  époque,  et  comme  ces 
noms  d'épervier  diffèrent  du  tout  au  tout  des  noms  des  éperviers  d'Abydos,  on  ne  peut  plus 
songer  à  les  identitier  l'un  avec  l'autre.  Je  dois  dire  aussi  en  finissant  que  l'hiéroglyphe  qui 
écrit  le  nom  de  ce  roi  n  diffère  sensiblement  de  celui  qu'emploie  la  table  d'Abydos  pour 
écrire  le  nom  de  Semempsès   "m   et  que  peut-être  l'identification  n'est  pas  certaine. 

XIIL  Le  roi  Qâ  .  Il  est  aussi  probable  que  le  nom  de  ce  roi  devait  se  lire  autre- 

ment, mais  je  laisse  le  nom  sous  lequel  il  est  connu.  M.  Sethe  le  nomme  de  leur  nom  de 
royauté  Senmou  et  dit  que  les  deux  noms  se  rencontrent  sur  plusieurs  tablettes  officielles 
que  j'ai  déjà  signalées  plus  haut.  Le  fait  est  vrai,  mais  la  conclusion  est  fausse.  Le  nom 
de  l'épervier  Qâ  est  écrit  :  ^^^         ,  ou  ^P         ,  ou  encore  ^^  mR,         >  comme  il  a  un 


nom  de  vautour-urœus  et  que  ce  nom  est  ,^  il  ne  peut  eu  avoir  un  autre  Sen-mou,  car 
ce  nom  est  tout  différent  de  Qâ,  et  la  règle  d'accord  avec  le  fait  exige  que  ce  nom  soit  Qâ. 
Comme  le  nom  Sen-mou  est  bien  le  titre  de  vautour-urœus,  il  faut  en  conclure  qu'il  s'agit 
d'un  autre  roi,  ce  qui  n'est  pas  fait  pour  nous  étonner.  Cette  première  conclusion  une  fois 
admise,  l'assimilation  de  Sen-mou  avec  le  dernier  roi  de  la  première  dynastie  tombe  à  plat. 
Quant  à  l'origine  de  la  méprise,  pendant  que  JI.  Pétrie  assure  qu'ail  semble  possible  qu'un 
signe  sen  11  avec  une  base  très  large,  comme  sur  une  stèle  pi.  XXXIV,  13,  ait  été  pris  par 
un  scribe  d'époque  plus  récente  pour  le  vase  Icabh  lO,  et  le  signe  «awws,  n,  pour  le  déter- 
minatif  de  l'eau »,^    M.  Sethe  préfère   la  voir  dans  la  forme  que  le  bras  ^ — d  a  dans  deux 

fragments  où  il  semble  fait  ^ J,   et  qui  aurait  donné  lieu  à  la  lecture   zlj    que  plus  tard 

on  aurait  écrit  ^  |  §  jv-'  Je  les  mettrai  d'accord  en  disant  que  le  roi  Qebeh  ne  pouvait  tirer 
son  origine  ni  de  l'une,  ni  de  l'autre  de  ces  deux  méprises. 

J'en  ai  fini  avec  les  identifications  de  la  I'**  dynastie.  On  a  vu  que  les  raisons  de 
M.  Sethk,  pour  être  présentées  d'une  façon  autrement  scientifique  que  les  dires  de  M.  Pétrie, 
n'en  sont  pas  plus  solides,  qu'elles  se  sont  écroulées  au  premier  examen,  et  je  pourrais  pro- 
longer cette  démonstration,  car  j'en  ai  les  éléments,  sans  apporter  plus  de  lumière.  Je  passe 
donc  à  la  IP  dynastie. 

'■  Je  dois  faire  observer  que  le  nom  de  ce  roi  d'après  la  stèle  qui  est  au  musée  du  Caire  s'écrit 
avec  la  main  aux  doigts  étendus  :  on  peut  voir  ainsi  quelle  confiance  méritent  les  assertions  de  M.  Sethe 
qui  veut  faire  de  ce  signe  le  propre  des  rois  Djer  et  Serpent. 

2  Fl.  Pktrie,  The  royal  tovihs  of  tlie  first  dynasty,  I,  p.  27,  2=  col. 

^  KuRT  Sethe,  Beitrfhje  zur  àltesfen  GescMchte  Açiyptens,  p.  27.  M.  Sethe  en  pensant  ainsi  rendrait  compte 
de  la  possibilité  de  l'écriture  aJ,  mais  non  pas  de  l'écriture  zlj  |  oii  un  nouvel  élément  s'ajoute  aux  deux 
autres.  On  ne  peut  dire  ici  que  la  lettre  |  soit  amené  par  zjj,  il  faut  une  seconde  erreur  de  plus  à  l'ac- 
tif du  scribe,  et  j'admire  combien  on  est  facile  sur  ce  chapitre  pour  les  pauvres  scribes  égyptiens,  parce  qu'on 
est  aussi  facile  pour  les  théories  qu'on  forme  sans  base  solide. 

21* 


162  E.  Amélineau. 


XIV,  XV,  XVI.  Les  trois  rois  Uoteiy-seldiemoui,  Ra-nth  et  Ncteren  :  ^  .-o—  ?  ?, 
yv  ,  *^^^     1     :  51.  Sethe  lit  ce  dernier  Neterniou.  Ce  sont  ces  trois  noms,  je  le  rappelle, 

(jui  sont  inscrits  sur  l'épaule  de  la  statue  n"  1  du  musée  du  Caire,  et  ce  sont  aussi  les  deux 
prenùers  que  M.  Maspero  et  M.  Barsanti  ont  trouvés  sur  les  sceaux  rencontrés  près  de  la 
pyramide  d'Ouuas.  Il  est  bien  probable  qu'ils  doivent  se  suivre  sur  la  liste  chronologique 
de  ces  rois.  M.  Sethe  l'admet  ici  parce  que  les  noms  de  ces  trois  rois  ayant  été  trouvés  dans  le 
tombeau  de  Perabsen,  ils  doivent  avoir  précédé  Perahsen,  ce  qui  n'est  pas  une  preuve  convain- 
cante. C'est  affaire  à  lui;  moi,  je  continue  de  croire  qu'une  pareille  méthode  viole  le  bon 
sens.  Je  les  ai  aussi  trouvés  dans  la  tombe  de  Set  et  Horus,  ou  de  Kliâselchemoià;  ils  n'ont 
donc  pas  aussi  pour  lui  existé  nécessairement  avant  Kâsehhemoui,  car  il  n'admet  pas  que 
la  loi  de  M.  Pétrie  soit  une  loi  inviolable.  Je  suis  heureux  de  me  rencontrer  avec  lui;  mais 
mon  bonheur  ne  doit  pas  être  de  longue  durée,  car  je  ne  saurais  admettre  un  seul  instant 
que  «cependant  l'identification  de  Pétrie  pour  ces  rois  jieut  être  juste».*  Elle  est  complète- 
ment fausse.  D'abord  le  nom  du  premier  de  ces  rois,  nom  d'épervier,  s'est  trouvé  être  le 
même  sur  les  fragments  de  Saqqarah  que  le  nom  de  vautoururîeus;  la  conséquence  est  que 
ce  nom  n'a  plus  la  possibilité  d'avoir  un  second  nom  d'épervier,  puisqu'il  en  a  déjà  un.  Il 
en  est  de  même  du  troisième,  s'il  s'agit  bien  de  lui,  dont  le  nom  de  ]  w^n^a  est  précédé  des 
titres  ^\^,  ^£  et  suivi  d'un  autre  signe  :  |  .^^.  Mais  la  question  est  de  savoir  .si  nous 
avons  dans  ce  dernier  exemple  ]  %^  le  nom  de  ce  roi  ou  un  roi  nouveau.  M.  Sethe 
penche  pour  l'affirmation  qu'il  s'agit  du  même  roi  et  alors  le  signe  '^—^  serait  un  détermi- 
uatif  de  l'eau,  ce  qui  serait  un  exemple  unique;  je  pencherais  plutôt  pour  un  roi  nouveau. 
Quoiqu'il  en  soit,  à  plus  forte  raison  si  ce  n'est  pas  un  seul  et  unique  roi,  il  faut  conclure 
(ju'il  ne  peut  être  identifié  au  roi  Binothris,  le  deuxième  roi  de  la  deuxième  dynastie,  puisque 
son  nom  de  vautour-urieus  est  bien  |  .^  En  outre,  le  fragment  que  je  viens  de  citer,  lequel 
a  été  trouvé  dans  le  tombeau  de  Perabsen,  portait  le  nom  de  ce  roi  et  il  a  été  effacé  par 
Nouteren,  en  écrivant  un  |  au  lieu  de  c-=)  et  en  effaçant  le  ^,  mais  il  a  laissé  la  lettre  I 
qu'on  voit  fort  bien  encore.  C'est  une  preuve  que  Perabsen  vivait  avant  Neteren  et  par  con- 
séquent avant  Hotep-Sekhemoui  et  Ea-neb,  car  ce  serait  trop  demander  à  un  roi  d'effacer 
lui-même  sou  nom  sur  un  des  vases  qui  lui  étaient  dédiés  pour  écrire  le  nom  d'un  de  ses 
prédécesseurs. 

XVII.  Le  roi  Perabsen.  'kJ  =  I  .  M.  Pétrie,  nous  l'avons  vu,  identifie  ce  roi  avec 
l'épervier  Sékhem-db,  ^^  |  <0',  et  M.  Sethe  tient  cette  identification  pour  bonne.  Or,  d'après 
la  règle  que  j'ai  dite  avoir  été  indiquée  par  M.  Naville  et  que  j'ai  contribué  à  établir  après 
lui,  le  nom  d'épervier  de  ce  roi,  s'il  est  Seliliem-ab,  doit  se  retrouver  après  le  titre  de  vautour- 
uriBus,  et  nous  avons  au  contraire  :  f^  ^£  ^  I  j  i'  "'y  ^  ^^^^  aucun  moyen  de  l'iden- 
titier  avec  SeMem-ab.  Le  fragment  que  j'ai  indiqué  plus  haut  portait,  en  effet,  les  titres  de 
roseau-abeille  et  vautour-urajus,  suivi  du  nom  de  Perabsen.  Il  se  trouve  aussi  sur  le  n"  190 


'  .Sethe,  Beitnige  zur  ciltesten  Geschichte  Àgyptens,  p.  36. 

-  Fl.  Pétrie,  The  royal  tombs  of  the  first  di/nasty,  II,  pi.  VIII,  12. 


Chronologie  des  eois  de  l'époque  archaïque.  163 

de  la  planche  XXII  sans  autre  titre  que  ^1^,  ce  qui  est  très  précieux  eu  ce  que  ce  titre 
est  le  titre  royal  par  excelleuce  et  que  le  uom  qui  suit  ce  titre  est  le  même  que  le  nom 
qui  est  enfermé  dans  la  maison  rectangulaire,  laquelle  est  surmontée  de  l'animal  typlionien 
au  lieu  de  l'épervier  pour  une  raison  que  je  m'etïbrcerai  d'expliquer  plus  loin.  Mais  il  y  a 
encore  i)eaucoup  mieux;  sur  la  stèle  de  Scheri,  trouvée  par  Maeiette  et  déposée  au  Musée 
du  Caire,  le  nom  de  Perahsen  est  écrit  dans  l'enroulement  elliptique,  nommé  cartouche,  essen- 
tiellement réservé  aux  rois  et  aux  reines  ayant  régné  effectivement,  les  reines  ayant  obtenu 
cet  honneur  qu'à  la  XVIP  dynastie.  Scheri  qui  était  de  la  III"  dynastie,  qui  était  prêtre 
de  Perahsen  en  même  temps  que  de  Sent,  devait  savoir  à  quoi  s'en  tenir,  aussi  bien  que 
MM.  Pétrie  et  Sethe  qui  sont  du  XX"*  siècle;  par  conséquent  ma  contiance  va  vers  lui  avant 
d'aller  h  eux.  Je  ne  dois  pas  laisser  passer  sans  protester  la  plaisante  manière  dont  M.  Sethe 
explique  comment  Perahsen  qu'il  identitie  avec  Ouadjnès   In      a  pu  devenir  ce  dernier 

nom.    D'abord  la  syllabe  1 1  ^^ww-  a  pu  par  interversion  devenir     n    ,  et  |   a  pu  provenir  de 
^  ,  parce  que  les  scribes  avaient  une  grande  liberté  pour  placer  les  signes.     C'est  pour- 
quoi sans  doute  les  noms  des  rois,   qui  ont  été  trouvés  à  des  centaines  d'exemplaires,  ont 
toujours  la  même  orthographe. 

XVIII.  Le  roi  Khâ-sekhem,  ^.  q  |.  M.  Sethe  n'admet  pas  que  ce  soit  un  roi,  pas 
plus  qu'il  n'admet  la  théorie  de  M.  Naville  qui  fait  de  ce  nom  le  uom  que  porta  tout  d'abord 
le  roi  Khâ-scJchem  (jui,  après  avoir  vaincu  la  Basse  Egypte,  changea  sou  nom  en  celui  de 
Ehâ-sclchemoui  est  ajjparu  le  double  maUre,  au  lieu  de  «est  apparu  le  maître».  Pour  ce 
dernier  cas,  je  suis  de  sou  avis,  mais  non  pas  pour  le  premier.  Je  crois  fermement  que 
Khâ-selchem  est  un  nom  de  roi  par  lui-même,  se  suffisant  à  lui-même  et  pas  besoin  n'est 
d'aller  chercher  le  mot  besch  J  pour  en  faire  son  nom  propre,  d'après  ce  que  j'ai  dit  plus 
haut  et  pour  le  ranger  dans  la  IIP'  dynastie,  comme  le  fait  M.  Sethe.  Quant  à  son  identi- 
fication avec  le  roi  Sethenes  0  ,  elle  n'est  pas  possible  et  me  voici  de  nouveau  d'accord 
avec  JI.  Sethe. 

XIX.  Le  roi  Kara  f\_\  o\  Ce  nom  n'appartient  ni  aux  fouilles  d'Abydos,  ni  à  celles 
de  Neggadeh,  ni  même  à  celles  de  Hiéracônpolis  :  il  a  été  trouvé  par  M.  Safce  à  El-kab, 
en  face  de  Hiéracônpolis  et  M.  Pétrie  !'a  admis  parce  qu'il  sonne  à  peu  près  comme  le 
/aipr;;  de  Manéthon.  Les  deux  autorités  sont  plus  que  minces,  car  si  le  mot  yaiçrtç  représen- 
tait un  roi,  ce  serait  sans  doute  Q  o  et  non  |_Jo;  de  plus,  ce  mot  se  trouve  par  de  cor- 
respondant dans   les  noms  égyptiens.     Je  le  rejette  donc  aussi,  à  l'exemple  de  M.  Sethe. 

XX.  Le  roi  Khâ-sclûiemoui  ^'V1q||^^=^=,^.  M.  Sethe  éprouve  d'abord 
le  besoin  de  changer  ={}=  en  +,  am  en  oun.  De  plus,  il  fait  de  la  dernière  partie  de  ce  nom, 
à  savoir  ^  ^  ,-q-^  le  nom  propre  du  roi.  Or,  si  l'on  s'en  rapporte  aux  sceaux  qui 
nous  ont  conservé  cette  inscription,  nous  voyous  que  si  l'on  trouve  bien  seulement  dans  le 
rectangle  surmonté  de  l'épervier  et  de  l'animal  typhouien  q  |  ^,  Khâ-seMemoui,  on  trouve 
tout  aussi  bien   la  formule  entière:   q|^  J^  Jè^  r^  ^^,    car  même   en  la  photographie 


164  E.  Amélineau. 


de  M.  QuiBELL  prise  sur  le  iiinminient  il  n'y  a  pas  moyen  de  taire  le  changement  que  \ou- 
drait  voir  etiectuer  M.  Sethe.  Il  y  a  bien  4"  et  non  pas  ~.  Mais  ici  encore  la  règ:le  qui  a 
été  établie  plus  haut,  à  savoir  que  le  nom  d'épervier  est  le  même  que  le  nom  de  vautour- 
uranis  trouve  son  application,  car  on  trouve  aussi  :  4=^  J^£  Q  y  7  ^  ^  -Tr"*—  '  ^^^'  ^^"" 
séquent  il  n'y  a  nul  doute  à  avoir.  Mais  le  nom,  est-il  un  nom  de  roi  ou  est-il  une  péri- 
phrase pour  désigner  le  tombeau  de  Set  et  Horus?  Je  suis  bien  tenté  de  croire  qu'il  peut 
s'appliquer  aux  deux;  d'abord  un  roi,  puis  plus  anciennement  à  Set  et  Horus.  Le  roi,  loin 
d'être  placé  à  la  tin  de  la  I^  dynastie  et  de  pouvoir  être  identifié  avec  le  roi  |  |  S^  l]  Q, 
le  premier  roi  de  la  IIP  dynastie,  appartient  sans  nul  doute  aux  dynasties  préménites,  car 
j'ai  trouvé  dans  sa  tombe  d'abord  les  trois  rois  dont  le  nom  est  inscrit  sur  l'épaule  de  la 
statue  n°  1  du  musée  du  Caire  et  ensuite  le  nom  de  l'épervier  Adârep  ou  Azab,  et  il  en 
faut  bien  tenir  compte,'  qu'on  le  veuiille  ou  non.  Par  conséquent  le  roi  Khâ-sékhemoui,  si 
c'est  sa  tombe  qui  est  à  Om  el-Ga'ab,  ce  que  je  ne  crois  pas,  a  précédé  dans  la  royauté 
les  rois  Hotep  sekhemoui,  Ba-neh  et  Nderen,  même  le  roi  Adârep,  puisque  j'ai  trouvé  ce  nom 
au  fond  d'une  chambre.  C'est  ici  le  lieu  de  mentionner  le  nom  de  la  reine  Hapenmâl  que 
j'ai  trouvé  dans  le  tombeau  de  Kliâ-sékliemoui  et  à  propos  duquel  on  a  fait  tant  de  bruit. 
Ce  nom,  a-t-on  dit,  est  le  nom  d'une  reine  qui  a  été  mère  du  roi  Snefrou.  Je  pourrais  le 
contester,  car,  si  je  vois  bien  que  cette  reine  a  été  mère  de  l'enfant  royal,  je  ne  vois  au- 
cunement que  cet  enfant  royal  soit  Snefrou.  ilais,  si  je  l'admets  pour  un  moment,  cette  reine 
qu'est-elle  allée  faire  à  Om  el-Ga'ab'?  Elle  est  allée  faire  acte  du  culte  ancestral.  On  est 
bien  obligé  de  l'admettre.  Alors  qui  pourrait  soutenir  un  seul  instant  qu'elle  l'a  fait  pour 
un  roi  de  la  II"  dynastie,  mais  qu'elle  ne  l'aurait  pas  fait  pour  un  roi  de  la  première,  pour 
un  roi  préménite  ?  Je  voudrais  bien  le  savoir.  D'ailleurs  qui  peut  prétendre  que  ce  nom  n'a 
pas  été  porté  avant  la  IIP  dynastie?  J'ajouterai  que  dans  les  sceaux  de  cette  reine  il  y  a 
personne.  Je  ne  suivrai  pas  M.  Sethe  dans  l'examen  des  noms  d'épervier  de  quelques-uns 
des  rois  de  la  IIP  dynastie  :  cela  sort  de  mon  sujet  qui  finit  à  Menés.  Je  ne  veux  plus 
que  lui  exprimer  mon  refus  de  le  suivre  en  pensant  que  le  nom  de  l'épervier  Kheper,  qui 
se  trouve  mentionné  dans  les  Denhnàler  de  Lepsius,  est  le  nom  d'épervier  du  roi  Dadafra, 
comme  il  le  dit.^  J'ai  eu  l'occasion  d'étudier  ce  nom  à  propos  du  Cidte  des  rois  préhistoriques 
d'Abydos  sous  l'Ancien  Empire  égyptien;  et  je  n'ai  pu  y  voir  que  le  nom  d'un  roi-éper- 
vier  qui  se  serait  appelé  Kheper,  c'est-à-dire  :  le  scarabée.  Je  ne  sais  où  M.  Sethe  a  pris 
le  renseignement  qu'il  donne,  car  il  ne  l'indique  pas;  ce  que  je  sais,  c'est  que  je  ne  l'ai 
ti-ouvé  ni  dans  Mariette,  ni  dans  les  deux  planches  de  Lepsius  où  est  mentionné  le  "^m 
et  que  tous  les  noms  de  lieux  mentionnés  dans  le  tombeau  de  Samuofer  avec  nom  de  roi 
sont  au  nom  de  Khoufou,  et  que  ce  Samnofer  était  porte-crâne,  attaché  à  la  maison  de 
l'épervier  Kheper. 

'  Je  dois  faire  obsen-er  ici  que  JI.  Sethe  n'a  tenu  nul  compte  de  mon  second  volume  sur  les  Nou- 
velles fouilles  d'Abydos  :  je  lui  fais  observer,  sans  acrimonie  aucune,  qu'il  s'est  ainsi  privé  des  moyens 
de  parvenir  à  la  lumière.  Je  suis  bien  loin  de  lui  reprocher  ce  manque  d'infonnation.  mais  je  veux  lui 
faire  remarquer  que  mes  observations  valent  autant  que  celles  de  M.  Pétrie  et  qu'un  auteur  ipii  se  res- 
pecte ne  doit  pas  se  montrer  partial  à  ce  point.  Il  n'y  aura  vraiment  rien  gag:né. 

'  Sethe.  Beitrnge  zur  àltesten  Geschichte  Agyptens.  p.  39. 


Chronologie  des  rois  de  l'époque  archaïque.  165 

Ayant  achevé  l'examen  des  systèmes  de  JIM.  Pétrie  et  Sethe,  auxquels  j'ai  joint  au- 
tant que  cela  m'a  semblé  nécessaire  ceux  de  JBI.  JIaspero  et  Naville,  il  me  faut  dire  ({uel 
est  le  mien,  car  ce  n'est  pas  tout  de  faire  œuvre  de  démolisseur,  il  faut  s'efforcer  de  re- 
construire après  avoir  démoli,  et  je  ne  suis  pas  homme  h  fuir  les  responsabilités  qui  m'in- 
combent. J'ai  été  le  premier  et  à  peu  près  le  seul  à  soutenir  dès  l'abord  que  la  civilisation 
si  étonnante  que  j'avais  tout  à  coup  rencontrée  dans  les  tombes  dOm  elGa'ab  était  une 
civilisation  préhistorique,  celle  qu'avaient  régie  les  rois  Mânes  de  Manéthou  et  l'examen  que 
je  viens  de  faire  des  théories  de  mes  adversaires  n'est  pas  fait  pour  me  faire  abandonner 
ma  manière  de  voir.  Aussi  au  lieu  de  m'y  prendre  comme  mes  devanciers,  de  vouloir  faire 
entrer  de  force  certains  des  rois  sortis  au  jour  dans  la  première  et  la  seconde  dynasties  où 
ils  ne  ])euvent  le  foire,  je  vais  employer  une  autre  méthode. 

Dans  un  autre  ouvrage  en  cours  d'impression,  j'ai  admis  et,  je  crois,  prouvé  que 
l'Egypte  avait  été  conquise  par  une  race  provenant  de  1  intérieur  de  l'Afrique,  ayant  descendu 
le  Nil  peu  à  peu  à  des  époques  inconnues,  eu  des  étapes  successives  plus  ou  moins  longues, 
s'étant  arrêtée  eu  des  lieux  que  nous  ne  pouvons  encore  soupçonner  parce  que  nous  ne 
connaissons  à  peu  près  rien  sur  les  pays  qu'elle  traversa,  dont  cependant  nous  pouvons 
saisir  la  première,  ou  la  seconde,  ou  même  la  troisième  étape  en  Egypte,  à  savoir  l'établisse- 
ment à  Hiéraeônpolis,  comme  l'ont  surabondamment  démontré  les  belles  fouilles  et  les  heureuses 
découvertes  de  M.  Quibell.  11  est  indéniaple  que  la  civilisation  qui  régnait  à  Hiéraeônpolis 
est  de  nature  à  soutenir  cette  théorie.  L'examen  des  tablettes  attribuées  à  Narmer  nous 
montre  tout  d'abord  que  les  tribus  envahissant  l'Egypte  provenaient  de  l'Afrique  centrale, 
puisqu'elles  connaissaient  des  animaux  propres  à  l'Afrique,  notamment  la  girafe,  et  peut  être 
cette  girafe  à  cinq  cornes,  que  Sir  Harry  Johnston  a  trouvée  encore  vivante  dans  l'Ouganda, 
fait  capital  qui  est  appelé  à  exercer  une  grande  influence  sur  la  direction  future  de  nos 
études.  Comme  cet  animal  par  ses  habitudes  ne  pouvait  pas  vivre  en  Nubie  qui  a  toujours 
été  un  pays  pauvre  et  désolé,  parce  que  la  Nubie  ne  consista  au  fond  que  dans  les  deux 
berges  sablonneuses  du  Nil,  plus  au  moins  étendues,  mais  dont  la  plus  grande  largeur 
n'excède  pas  500  mètres,  il  n'aurait  jamais  pu  trouver  sur  un  terrain  aussi  pauvre  les 
moyens  de  subsister.  11  faut  donc  de  toute  nécessité  remonter  jusqu'à  l'endroit  où,  au  sor- 
tir de  cet  affreux  désert,  la  vallée  du  Nil  s'élargit  soudain,  parce  que  le  fleuve  n'est  plus 
serré  par  les  deux  chaînes  de  montagnes  entre  lesquelles  il  va  couler  jusqu'à  son  entrée 
dans  l'oasis  égyptienne.  Et  ce  n'est  pas  seulement  la  girafe  à  trois  ou  cinq  cornes  que  l'on 
trouve  sur  la  tablette  de  Narmer  et  sur  d'autres  monuments  en  petite  quantité,  c'est  aussi 
la  nombreuse  tribu  des  diverses  antilopes,  dont  quelques-unes  nous  étaient  complètement  in- 
connues, et  létaient  aussi  aux  Égyptiens  de  plus  Ancien  Empire.  Par  conséquent  pour  la 
dessiner  et  la  graver  avec  cette  sûreté  qui  nous  la  fait  encore  reconnaître  au  XX"  siècle 
après  Jésus  Christ,  à  une  distance  de  neuf  ou  dix  milles  ans  environ,  il  fallait  que  ceux 
qui  en  gravèrent  limage  l'eussent  encore  assez  présente  à  l'esprit  pour  ne  pas  se  tromper,  et 
cela  fait  elle  disparaît  pour  ne  plus  reparaître  que  vers  la  XVIIP  dynastie,  si  je  ne  me 
trompe. 1  Par  conséquent,  je  puis  en  toute  sûreté  partir  de  cette  base  pour  étayer  ma  chro- 

'  Dans  le  tombeau  de  Reldimara  en  particulier.  Cf.  Vihky.  Tombeau  de  FeMmara,  pi.  VL  dans  le 
V«  \-ol.  des  Mémoires  de  la  Mission  du  Caire. 


166  E.  Amélineau. 


nologie.  D'ua  autre  côté,  si  je  regarde  la  forme  des  tombes,  je  vois  qu'à  Hiéracônpolis  ces 
tombes  ont  la  forme  ronde  en  même  temps  que  la  forme  elliptitiue  et  que  ces  deux  formes 
ont  donné  lieu  aux  hiéroglyphes  qui  servent  à  écrire  le  nom  de  cette  station,  à  savoir  ©  et 
cTD,  ainsi  que  je  l'ai  fait  observer  mes  Prolégomènes  à  l'étude  de  la  mythologie  égyptienne;  je 
vois  aussi  que  le  premier  de  ces  signes  indique  une  construction  ronde  comme  celles  des 
cases  des  indigènes  dans  l'Afrique  centrale,  et  que  le  second  n'est  sans  doute  qu'une  évo- 
lution de  la  première  forme.  C'était  évidemment  dans  de  semblables  cases  qu'habitaient  les 
Eperviers  qui  s'installèrent  en  Egypte  et  qui  durent  s'arrêter  à  Hiéracônpolis  parce  que 
l'Egypte  était  déjà  peuplée  par  une  race  qui  était  sans  doute  autochtone  :  c'est  vraisemblable- 
ment cette  race  qui  fut  représentée  alors  et  plus  tard  par  le  pluvier,  ce  que  nous  nommons 
l'oiseau  rekhit,  et  c'est  pour  cela  qu'on  voit  ces  oiseaux  pendus  par  le  cou  sur  l'un  des 
monuments  d'Hiéracônpolis,  comme  à  travers  tout  l'empire  égyptien  on  les  trouvera  à  la 
base  des  colonnes  tendant  leurs  pattes  et  les  mains  dont  on  les  a  doués  en  signe  d'adoration, 
de  respect  et  de  crainte,  ce  qui  est  tout  un.  Les  résultats  auxquels  semblent  parvenus  les 
savants  qui  étudient  la  population  de  l'Egypte  à  cette  haute  époque  sont  en  faveur  de 
cette  théorie,  puisqu'ils  admettent  avoir  découvert  au  moins  deux  races  distinctes  parmi  les 
crânes  soumis  à  leur  examen.  Le  fait  eu  outre  que  sur  les  masses  d'armes  décorées  d'Hiéra- 
cônpolis on  voit  d'un  côté  seulement  quatre  noms  désignés  par  leur  étendard,  puis,  ensuite 
sur  une  autre  de  plus  nombreux  représentés  aussi  par  leurs  enseignes,  semble  bien  montrer 
que  la  conquête  de  l'Egypte  par  les  nouveaux  arrivants  se  fit  par  étapes  successives  comme  leur 
arrivée  et  leur  installation  dans  la  vallée  du  Nil.  Enfin  le  fait  indéniable  que  les  Eperviers 
de  Nekhen  désignés  sous  le  nom  à' Amer  de  Nekhen  et  représentés  les  plus  souvent  par  des 
Eperviers,  le  titre  qu'on  leur  donne  de   1  ij  ^    v  ffl  '   c'est-à-dire  de  roseaux  ou  rois  au 

Midi,  en  face  des  abeilles  du  nord  qui  habitent  Pa  au  Bouto  \^.  ■=■  ^  ^  ']  T  V  '  ^'^^^' 
à-dire  les  rois  de  la  Basse  Egypte,  désignés  aussi  sous  le  nom  d'âmes  de  Bouto,  c'est-à-dire 
les  anciens  rois  qui  régirent  la  Basse  Egypte,  montre  bien  que  primitivement  l'Egypte  était 
partagée  comme  elle  l'a  toujours  été  en  deux  parties,  et  le  roi  qui  fit  bâtir  Memphis,  c'est-à- 
dire  Athotis,  selon  Manéthon,  à  la  T"  dynastie,  choisit  une  position  intermédiaire  entre  le 
sud  extrême  et  le  nord  extrême  de  l'Egypte.  Et  peut-être  cette  ville  même  a-t-elle  une  ori- 
gine encore  plus  lointaine,  comme  semble  le  prouver  les  découvertes  de  MM.  Barsauti  et 
Maspero  sous  la  pyramide  d'Ounas? 

Je  placerai  donc  à  l'une  des  extrémités  de  l'échelle  chronologique  des  rois  égyptiens 
les  rois  d'Hiéracônpolis,  non  pas  que  je  crois  que  ce  soient  les  premiers  chefs  qui  enva- 
hirent l'Egypte,  mais  je  crois  que  ce  sont  les  premiers  que  nous  connaissons  historiquement. 
Ces  premiers  rois,  nous  ne  les  connaissons  même  pas  et  ils  sont  encore  à  trouver,  parce  que 
je  ne  peux  croire  que  les  monuments  si  parfaits  trouvés  à  Hiéracônpolis  soient  les  œuvres 
de  ces  premiers  rois  :  ils  sont  seulement,  à  mon  avis,  les  œuvres  de  leurs  successeurs.  Au 
nombre  de  ces  successeurs,  je  mettrais  d'abord  le  roi  Scorpion  et  après  un  intervalle  assez 
considérable  le  roi  Narmer,  le  l'oi  Kha-sehhem  et  enfin  le  roi  trop  célèbre  KhaseJchemoui, 
non  pas  que  je  veuille  affirmer  que  ce  roi  ait  eu  son  tombeau  à  Hiéracônpolis  plutôt 
qu'ailleurs. 


Chronologie  des  rois  de  l'époque  archaïque.  167 

Après  les  rois  d'Hiéracônpolis  vieudrait  le  roi  de  Neggadeh  qui  fat  probablement 
Ahâ.  Après  Abâ  le  roi  Djer  qui  est  l'un  des  rois  d'Abydos  et  dont  le  nom  se  trouve  après 
celui  d'Ahâ  sur  le  sceau  à  trois  noms  provenant  de  la  tombe  d'Osiris,  puis  après  le  roi  Djer, 
le  roi  Mou.  Après  celui-ci  je  placerai  le  roi  Ka,  le  roi  Perahsen  et  les  autres  rois,  dont  les 
noms  ont  été  trouvés  à  Om  el-Ga'ab  en  tenant  compte  de  leur  distance  du  tombeau  d'Osiris 
et  des  circonstances  indéniables  et  inattaquables  des  positions  de  leurs  tombes  respectives  et 
des  objets  rencontrés  au  fond  des  tombes  et  non  pas  à  la  surface.  Les  trois  rois  de  la  sta- 
tue numéro  I"'  du  musée  du  Caire  viendraient  eu  dernier  lieu,  ou  tout  au  moins  en  arrière 
des  rois  d'Om  el-Ga'ab.  Si  quelque  confrère  trouvait  extraordinaire  que  je  ne  puisse  donner 
une  place  plus  certaine,  je  pourrais  encore  établir  la  chronologie  à  peu  près  assurée  du  roi 
Serpent,  du  roi  Den,  iVAdârep,  de  Mersekha  et  de  Qâ.  Quant  aux  autres,  je  ne  puis  m'em- 
pêcher  de  penser  que  toute  tentative  faite  à  présent  pour  leur  assurer  un  rang-  chronologique 
est  une  tentative  prématurée  et  condamnée  à  un  insuccès  certain  :  le  temps  n'est  pas  encore 
venu  de  cette  chronologie  et  il  faut  que  de  nouvelles  découvertes  nullement  improbables  vien- 
nent nous  apporter  de  nouvelles  données.  Si  l'on  acceptait  l'ordre  que  je  viens  d  indiquer 
et  qui  me  semble  et  le  seul  logique  jusqu'à  l'épervier  A]iâ,  et  le  plus  probable  pour  les  rois 
d'Abydos,  j'estime  que  ce  ne  serait  pas  un  mince  résultat.  Si  l'on  objectait  en  outre  que  les 
inscriptions  elles-mêmes  parlent  de  conquêtes  faites  sur  les  peuples  du  nord,  je  répondrais 
que  J'expressiou  nord  est  une  expression  très  élastique,  se  déplaçant  selon  le  besoin  et  que, 
comme  je  l'ai  dit,  même  dans  l'extrême  sud,  le  village  le  plus  au  sud  a  toujours  un  village 
voisin  qui  est  situé  à  son  nord.  Les  Égyptiens  en  s'orientant  vers  le  Sud  ont  voulu 
par  cet  acte  rendre  un  hommage  de  respect  à  la  partie  de  l'Afrique  dont  ils  étaient  venus 
et  cet  hommage  s'est  perpétué  à  travers  les  siècles,  alors  même  qu'ils  en  avaient  perdu  le 
sens  originel.  C'est  tout  ce  qu'il  me  semble  possible  d'affirmer  en  tenant  compte  des  règles 
de  la  plus  élémentaire  prudence  en  un  sujet  aussi  difiicile. 

Le  lecteur  aura  vu  que,  dans  la  précédente  chronologie,  j'ai  soigneusement  évité  la 
question  des  dynasties  divines;  mais  je  veux  avant  de  terminer  cette  étude  lui  dire  que  je 
n'ai  pas  abandonné  une  seule  de  mes  vues.  Tout  d'abord  pour  le  tombeau  d'Osiris,  je  crois 
toujours,  et  j'en  suis  certain,  avoir  trouvé  à  Om  el-Ga'ab,  non  pas  le  tombeau  dans  lequel 
fut  enterré  Osiris  tout  entier,  mais  l'un  des  tombeaux  dans  lesquels  ou  croyait  en  Egypte 
posséder  l'une  quelconque  des  parties  du  corps  divin.  A  Om  el-Ga'ab,  c'était  la  tête  qui  était 
gardée,  ainsi  que  la  tradition  tout  entière  de  l'Egypte  l'attestait  et  l'atteste  encore.  J'ai  cité 
dans  le  quatrième  volume  des  Nouvelles  fouilles  d'Abydos  les  textes  qui  le  prouvaient;  je  n'y 
reviendrai  donc  pas;  mais  j'en  ai  trouvé  un  nouveau  dans  le  Dictionnaire  Géographique  de 
Henri  Brdgsch  et,  pour  en  avoir  le  cœur  jiet,  je  me  suis  adressé  à  l'homme  que  je  regarde 
comme  le  plus  compétent  en  démotique,  JI.  Revillout,  qui  a  bien  voulu  me  transcrire  le 
texte  du  papyrus  de  Leyde  et  il  y  est  parfaitement  question  de  la  tête  d'Osiris  que  l'on 
conservait  en  Abydos.  Voici  le  texte  :  «Il  glorifie  Osiris,  le  roi  du  monde  des  profondeurs, 
le  maître  de  l'ensevelissement,  celui  dont  la  tête  est  dans  la  ville  de  TJiinis,  son  pied  étant 
dans  la  ville  de  Syèue,  celui  qui  est  plein  de  sollicitude  pour  la  ville  d'Abydos,  etc.»^  Le 

'■  Brugsch,  Dict.  Géogr.  p.  280  pour  le  texte  et  281  pour-l.i  traduction. 


168  E.  Amélineau. 


texte  que  M.  Kevillout  a  bieu  voulu  transcrire  pour  moi  est  le  suivant  :  ^^  0  >)"  SI) 

^(j(|®()^2ii^L! flT"®^    o    ^5Pf  y^®,  etc.Ml  n'y  apasàtergi- 

verser,  Osiris  est  bien  appelé  celui  dont  la  tête  est  à  Thinis,  celui  qui  prend  plaisir  à  Aby- 
dos  (osLi  op«w  hcêcotI.  De  plus  dans  la  liste  des  reliques  d'Osiris,  H.  Brugsch  met  pour  le  nome 
abydénieu  le  texte  tel  qu'il  l'a  lu  encore  sur  les  murailles  d'Edfou,  texte  qui  a  sans  doute 
disparu  à  l'heure  actuelle  puisqu'on  n'eu  trouve  pas  trace  dans  la  publication  qui  a  été  faite 
du  grand  texte  géographique  de  ce  temple  dans  les  Mémoires  de  la  Blission  française  au 
Caire,^  à  savoir:    H  w^-xR   T©  )«*— ="        |:  c'est-à-dire:  le  nome  de  ">6>,    (Tbinite)  dont  la 

métropole  est  Abydos  t'apporte  la  tête  du  Dieu.'  Il  uy  a  donc  nulle  ditticulté  à  avoir,  car  le 
signe  -ya-.  est  employé  pour  écrire  la  ville  d'Abydos  et  il  représente,  comme  je  l'ai  dit,  la 
jarre  dans  laquelle  on  mettait  primitivement  le  cadavre  ou  plutôt  le  squelette,*  et  même,  dans 
le  texte,  l'enseigne  du  nome  Tbinite  est  la  tête  d'Osiris  sur  un  pavois.^  Si  j'avais  malheureuse- 
ment négligé  de  faire  le  procès  verbal  de  la  découverte  du  crâne  que  j'ai  rencontré  dans 
le  tombeau  d'Osiris,  je  le  répète,  quels  cris  n'eût-on  pas  poussés!  je  l'ai  fait,  on  a  poussé 
des  cris  en  sens  contraire,  on  a  crié  à  mon  absurde  naïveté  :  serait-ce  donc  que  j'ai  bien 
tenu  la  conduite  que  j'avais  à  tenir? 

Ou  a  d'autre  part  voulu  expliquer  que  les  habitants  d'Abydos  avaient  choisi  un  tom- 
beau —  le  tombeau  du  roi  Djer,  eu  l'espèce  —  pour  en  faire  le  théâtre  du  culte  osirien 
dans  la  nécropole  d'Abydos  :  je  n'en  sais  rien  pour  ma  part,  pas  plus  que  ne  le  savait 
M.  Maspero  quand  il  a  émis  cette  hypothèse,''  pas  plus  qu'il  ne  le  sait  aujourd'hui;  mais  ce 
que  je  sais,  c'est  que  jamais  on  n'a  trouvé  dans  un  tombeau  un  monument  apporté  d'ailleurs, 
un  monument  se  rapportant  directement  au  culte  d'Osiris,  à  savoir  le  lit  sur  lequel  il  est 
représenté  et  dont  un  moulage  existe  au  musée  Guimet.  Quand  ou  aura  cité  un  autre  exemple 
semblablement  probant,  c'est-à-dire  d'un  mort  qui  usurpe  après  sa  mort  le  tombeau  d'un  roi 
qui  ne  devait  exister  que  longtemps  après  lui,  alors  il  sera  temps  de  s'apprêter  à  la  discus- 
sion :  jusqu'à  ce  tour,  je  reste  en  possession  de  mon  droit  à  affirmer  que  j'ai  bien  réelle- 
ment découvert  le  tombeau  d'Osiris  à  Abydos. 

M.  Petkie,  il  est  vrai,  pense  que  le  tombeau  que  j'ai  découvert  à  Abydos  est  celui  du 
roi  Djer  que  l'on  avait  choisi  pour  être  le  lieu  officiel  du  culte  d'Osiris  mort,  car  le  temple 

'  Lettre  de  mai  1906.  sans  autre  date  plus  précise.  Je  dois  dire  ici  (|u'auparavaut  j'avais  fait  trans- 
crire le  même  passage  du  papyrus  de  Leide  par  un  des  mes  élèves,  ]\I.  Noël  Giron,  et  c'est  après  avoir  vu 
que  sur  sa  copie  il  s'agissait  bien  de  la  tête  d'Osiris,  que  je  me  suis  adressé  à  M.  Eevillout  dont  l'autorité 
est  si  grande.  M.  Noël  Giron  ira  loin,  s'il  continue  d'étudier  sérieusement. 

^  Tome  X,  p.  339. 

"  Brugsch,  Dictionnaire  Géographique,  supplément,  p.  1359.  DiJuncHEN  de  même  a  aussi  publié  le 
texte  d'Edfou  dans  les  Geographische  Inschriften.  pi.  LXI;  J.  de  Eougé  de  même.  Notices  et  inscriptions 
recueillies  à  Edfou,  pi.  CXXXIX.  mais  le  passage  relatif  an  VIII»  nome  est  détruit. 

*  E.  Amélineau,  Nouvelles  fouilles  d'Abydos,  IV:  cf.  Sphinx,  V,  p.  240  sq. 

'■  Brugsch,  Dict.  Géograph.,  suppl.,  p.  1375. 

"  Compites  rendus  des  séances  de  l'Académie  de  I.  et  E.,  L..  mai  1898. 


Chronologie  des  rois  de  l'époque  archaïque.  169 


d'Osii-is  sis  au  village  actuel  d'El-Kherbeb,  un  peu  au  nord-ouest,  suffisait  au  culte  d'Osi- 
ris-Dieu,  et  il  croit  pouvoir  assigner  l'époque  à  laquelle  eut  lieu  ce  changemeut  ou  plutôt  cet 
établissement  d'un  lieu  de  pèlerinage  ayant  pour  but  d'honorer  Osiris  :  il  fixe  la  XVIIP  dy- 
nastie; pour  un  peu  il  dirait  sous  quel  roi  se  produisit  ce  phénomène  religieux,  mais  il 
hésite  entre  plusieurs  rois.  Cependaut  il  serait  bien  étonnant  que  si  une  telle  crise  de  mysti- 
cisme religieux  se  fût  produit  à  cette  époque,  elle  n'eût  pas  laissé  de  traces  par  un  monu- 
ment quelconque.  Or,  personne  n'a  trouvé  ce  monument  :  on  en  a  au  contraire  trouvé  d'autres 
plus  anciens,  comme  cette  table  d'offrandes  du  nom  d'Ousortesen  I"  en  l'honneur  de  son 
grand  père  Mentouhotep,  le  dernier  roi  de  la  XP  dynastie,  lequel  n'était  comme  jusqu'cà  mes 
fouilles  que  par  son  prénom  Sônekhkara.  Mais  il  existe  dans  les  musées  bien  d'autres  monu- 
ments, publiés  ou  encore  inédits,  qui  prouvent  d'une  manière  indubitablement  péremptoire  que 
le  culte  d'Osiris  existait  dès  la  XIP  dynastie  et  qu'il  était  reconnu  de  toute  l'Egypte,  puisque 
les  rois  de  cette  dynastie  envoyaient  leurs  grands  officiers  pour  mettre  tout  en  ordre  et 
assister  aux  cérémonies  reproduisant  trait  pour  trait  les  différentes  phases  de  la  passion 
d'Osiris,  absolument  comme  on  reproduisait  au  moyen  âge  les  traits  divers  de  la  passion  du 
Christ  dans  des  cérémonies  dont  le  dernier  écho  nous  est  parvenu  dans  les  Mystères  du 
théâtre.  Or,  en  1906,  M.  Schafer  du  musée  de  Berlin  a  publié  une  étude  sur  une  stèle  de 
ce  musée  et  il  a  intitulé  cette  étude  :  ^Les  mystères  d'Osiris  à  Abydos  sous  le  roi  Sesos- 
tris  III,'  d'après  la  stèle  du  grand  maître  du  trésor  Ai-kha-nofret.»^  Dans  cette  étude  que  je 
connais  seulement  depuis  quelques  mois,  M.  Schafer  admet  parfaitement  que  c'est  le  tombeau 
d'Osiris  qui  a  été  trouvé  a  Om  el-Ga'ab,  quoiqu'il  partage  cet  honneur  entre  JI.  Pétrie  et 
moi,  et  cela  m'est  assez  indifférent,  car  tout  le  monde  sait  que  lorsqu'une  chose  est  une  fois 
découverte  on  ne  peut  plus  la  découvrir,  et  c'est  bien  moi  qui  ai  découvert  ce  tombeau. 
Il  semble  repousser  de  plus  la  théorie  de  M.  Pétrie  dans  une  phrase  quelque  peu  obscure  : 
«On  put  bien  découvrir  un  beau  jour  que  la  sépulture  ruinée  d'un  roi  oublié  depuis  long- 
temps était  le  tombeau  d'Osiris,  mais  il  est  impossible  de  penser  que,  lorsqu'eut  lieu  cette 
découverte,  déjà  en  quelque  sorte  un  autre  endroit  de  la  même  nécropole  situé  tout  auprès 
aurait  joué  le  même  rôle  dans  le  culte,  des  siècles  durant.  Si  donc  nous  trouvons  dans  notre 
iuscription,  au  Moyen  Empire,  mention  du  tombeau  d'Osiris  en  Abydos,  nous  ne  pouvons  le 
chercher  qu'au  même  endroit  où  il  se  trouve  quatre  cents  ans  plus  tard,  c'est-à-dire  dans  le 
tombeau  de  Djtr  à  Om  el-Ga'ab.»^  M.  Schafer  admet  donc  que  le  tombeau  d'Osiris  se  trou- 
vait dès  la  XIP  dynastie  dans  la  tombe  du  roi  Bjer,  roi  oublié  depuis  longtemps,  ajoute-t-il. 
Je  serai  bon  prince  et  me  contenterai  pour  le  moment  de  sa  déclaration  :  il  lui  restera  à 
expliquer  comment  il  regarde  comme  probable  que  la  substitution  de  la  tombe  d'Osiris  à  celle 
de  Bjer  ait  pu  se  faire  à  la  XIP  dynastie  :  dans  une  pareille  question,  plus  on  se  rapprochera 
de  l'époque  archa'fque,  plus  une  semblable  substitution  se  prouvera  difficile  à  admettre,  car 
plus  elle  sei-a  opposée  un  sentiment  vif  et  profond  qui  s'attachait  au  Culte  des  Ancêtres. 
Dans  la  stèle  du  musée  de  Berlin,  Aikheruofret  raconte  qu'il  fut  envoyé  par  le  roi 
Ousortesen  III  pour  inspecter  les  œuvres  d'art  se  rapportant  au  culte  d'Osiris  à  Abydos. 

'  C'est  aussi  que  les  égyptologues  allemands,  et  d'autres,  désignent  les  Ousortesen. 
-  H.  Schafer,  Die  2Iijsterien  des  Osiris  in  Abydos  tenter  Kônig  Sesostris  III. 
^  H.  Schafer,  Die  Mysterien  des  Osiris  in  Abydos,  p.  29. 

22* 


170  E.  Amélineau. 


Après  les  avoir  mises  ou  trouvées  en  bon  état,  il  raconte  ainsi  la  part  qu'il  fut  aux  fêtes 
d'Osiris  qui  eurent  lieu  cette  année,  laquelle  fut  sans  doute  la  19'^  du  règne  de  ce  roi:  «Je 
réglai  les  préparatifs  de  la  sortie  d'Apouaïtou,^  lorsqu'il  alla  pour  aider  son  iière;  j  écartai  de 
la  barque  Neschemt  les  étrangers  renversés;  je  mis  à  terre  les  ennemis  d'Osiris.  Je  réglai 
la  grande  sortie  du  Dieu  et  le  suivis  en  sa  marche.  Je  lis  s'avancer  la  barque  divine,^  et 
Thot  (dirigeait'?)  le  cours  de  la  procession.  Je  munis  d'un  reposoir  la  barque  du  maître 
d'Abydos  celle  qui  paraît  en  vérité;  je  solidifiai  ses  belles  couronnes,  afin  qu'il  se  rendit 
dans  le  territoire  de  Peqer.  Je  disposai  les  chemins  du  Dieu  vers  son  tombeau  dans  Peqer; 
je  vengeai  Ounnofer  dans  ce  jour  du  grand  combat;  je  renversai  tous  ses  ennemis  sur  (l'eau?) 
de  Nedit.»^  Et  alors  au  milieu  des  acclamations  la  barque  sacrée  revint  prendre  sa  place 
dans  le  temple  d'Osiris  à  Abydos,  jusqu'à  la  prochaine  fête.*  Je  crois  qu'il  serait  difficile  de 
demander  un  texte  plus  clair.  On  part  du  temple,  on  se  dirige  vers  le  tombeau  d'Osiris  si- 
tué dans  un  endroit  qui  s'apelle  Peqer;  puis,  les  cérémonies  achevées,  on  repart  de  Peqer 
et  l'on  revient  au  temple  d'Osiris.  Il  n'y  a  pas  possibilité  d'être  plus  clair  et  par  conséquent 
toutes  les  objections,  qu'on  m'avait  soulevées  comme  à  plaisir,  tombent  devant  ce  texte  si 
clair  :  le  célèbre  escalier  d'Osiris  existe  bien  à  Peqer,  puisque  son  tombeau  y  était  aussi  ; 
cet  escalier  ne  se  trouvait  donc  pas  dans  le  temple  d'Osiris  à  Kom-es-Soultau,  comme  on 
l'avait  prétendu.  Il  ne  reste  plus  qu'à  indiquer  d'après  les  textes  égyptiens  où  était  situé  ce 
Peqer. 

M.  Maspero  eu  a  très  bien  indiqué  l'emplacement  dans  la  note  suivante  :  «Le  Ro- 
Peqaït,  ou  Eo-Peqarit,  était  situé  dans  VOuou  Peqaït  ou  Peqarit,  situé  lui-même  à  l'occident 
d'Abydos.  Le  nom  signitie  littéralement  Bouche  de  la  fente,  et  désigne  la  fente,  la  fissure, 
par  laquelle  le  soleil  descendait  dans  le  monde  de  la  nuit.»^  On  ne  saurait  mieux  dire,  à 
l'exception  que  cette  fente  conduit,  non  pas  dans  l'autre  monde  ou  le  royaume  de  la  nuit, 
mais  à  l'oasis  d'El-Khargeh,  et  cela  aujourd'hui  comme  autrefois.  Elle  est  située  presque 
en  face  du  tombeau  d'Osiris,  un  peu  au  sud-ouest,  et  elle  est  faite  d'une  véritable  fente  qui 
s'est  produite  à  cet  endroit  dans  la  montagne  libyque  et  qui  permet  d'escalader  commodé- 
ment le  haut  plateau  par  lequel  on  se  rend  à  l'oasis  d'El-Kargeh.  Qu'il  y  ait  dans  l'année 
un  jour  où  le  soleil  semble  disparaître  derrière  cette  fente,  cela  se  peut:  mais  ce  n'est  pas 
pendant  les  mois  de  l'hiver  où  il  se  couche  plus  au  nord.  Le  mot  ^  "^"^  désignait  donc 
toute  la  plaine  dans  laquelle  se  trouvait  la  nécropole  d'Om  elGa'ab.  On  s'3^  rendait  du  temple 
d'Osiris  en  suivant  le  cours  du  torrent  que  forment  les  eaux  après  un  fort  orage  en  descen- 
dant vers  la  plaine;  c'est  à  l'endroit  où  il  fallait  quitter  ce  lit  des  eaux  que  l'on  avait  bâti 
une  petite  chapelle  qui  servait  de  reposoir,  et  qui  existait  dès  le  temps  de  Eamsès  II,  et 
sans  doute  bien  auparavant  :  c'est  ce  que  Mariette  appelait  le  petit  temple  de  l'ouest.  On 
se  dirigeait  alors  en  traversant  le  lit  desséché  des  eaux,  en  montant  à  gauche  de  la  pre- 
mière butte,  et  l'on  suivait  aussi  la  gauche  du  premier  plateau  jusqu'au  delà  de  la  quatrième 

'  C'est  le  nom  du  chacal  ouvrant  les  chemins,  c'est-à-dire  guidant. 

-  Il  s'agit  de  la  barque  que  les  prêtres  portaient  sur  leurs  épaules,  ciminie  l'arohe  d'alliance  <les  Israélites. 

'  Lac  mythologique  qui  joue  un  rôle  considérable  dans  les  textes  des  Pyramides. 

■*  ScHAFER,  loc.  cit.  p.  20— 30. 

^  Maspero.  Etudes  de  mythologie  et  d'archéologie  cgi/ptienne,  I.  p.  14.  note  1. 


Cheonologie  des  rois  de  l'époque  archaïque.  171 

butte  sons  laquelle  était  le  tombeau  d'Osiris  et  où  l'on  trouvait  la  plate-forme  en  terre  qui 
permettait  d'arriver  au  tombeau  et  d'exécuter  les  diverses  cérémonies  des  mystères  d'Osiris. 
Ces  cérémonies  devaient  se  célébrer  au  mois  de  Koiakh,  comme  dans  toute  l'Egypte.  Ce 
n'est  pas  ici  le  lien  de  dire  tout  au  long  ce  qu'était  le  tombeau  d'Osiris;  je  le  ferai  sans 
doute  quelque  jour,  puisque  je  me  trouve  jeté  presque  malgré  moi  dans  ce  difticile  sujet: 
il  me  faut  seulement  essayer  de  pousser  plus  loin  ma  démonstration  et  de  montrer  que  ce 
tombeau  existait  dès  l'Ancien  Empire  et  même  dès  les  temps  préhistoriques.  Quand  les  Égyp- 
tiens veulent  parler  des  temps  les  plus  éloignés,  ceux  dont  ils  ne  savent  rien,  ils  emploient 
une  expression  bien  connue  :  ©  ®,  c'est-à-dire  :  '-la  première  fois»,  au  premier  temps,  au 
temps  le  plus  ancien  avant  lequel  il  n'y  en  avait  pas  d'antre  et  qui  était  le  premier.  Or. 
sur  une  statue  de  notre  musée  du  Louvre,  cotée  A.  66,  un  grand  prêtre  d'Osiris  à  Abydos, 
nommé  Ounnofer,  dit  en  parlant  de  lui-même  et  de  son  rôle  dans  les  mvstères  de  son  Dieu  : 

^^^  -c,;^  c'est-à-dire  :  «J'ai  apporté  les  couronnes  des  morts,  j'en  ai  orné  le  Dieu:  j'ai 
prononcé  les  litanies  de  louanges  à  Hoijeqert,  son  lieu  brillant  de  la  première  fois.  L'ex 
pression  "  g.  veut  dire  :  depuis  le  commencement  en  général,  depuis  la  première  fois.- 
11  n'y  a  donc  pas  à  en  douter,  le  tombeau  d'Osiris  existait  à  Peqert  depuis  si  longtemps 
que  le  temps  où  il  avait  été  construit  apparaissait  aux  Egyptiens  eux-mêmes,  comme  le  com- 
mencement de  toutes  choses.  Et  maintenant  je  le  demande,  que  peuvent  contre  ces  textes 
les  pauvres  petites  affirmations  de  M.  Pétrie?  Je  pourrais  triompher  ici  et  demander  qui  de 
nous  avait  raison  :  je  n'en  ferai  rien,  je  laisserai  à  mes  lecteurs  le  soin  de  tirer  eux-mêmes 
les  conclusions  qui  doivent  être  tirées  de  ce  qui  précède,  et  j'arrêterai  ce  que  j'ai  à  dire  à 
propos  du  tombeau  d'Osiris,  non  pas  que  je  n'aie  plus  rien  à  dire,  plus  de  textes  à  citer, 
mais  parce  que  je  juge  en  avoir  cité  assez  désormais  et  que  ceux  qui  me  restent  nie  seront 
utiles  au  moment  voulu. 

Il  me  reste  encore  à  parler  de  Set  et  de  Horus.  Sur  ce  sujet  je  serai  très  bref  Je 
n'ai  aucun  texte  nouveau  à  citer  et  jusqu'ici  l'on  n'a  pas  répondu  à  ceux  que  j'ai  cités.  Je 
continue  toujours  de  croire  que  le  tombeau  des  deux  Dieux  Khasekhemoni  est  bien  le  tom- 
beau de  Set  et  Horus;  la  position  particulière  de  leur  tombe  commune  et  de  celle  de 
Perabsm  qui  ne  sont  ni  l'une  ni  l'autre  entourées  de  la  suite  de  leurs  officiers  royaux,  me 
paraît  avoir  été  motivée.  Ce  motif,  je  le  trouve  dans  la  légende  et  le  rôle  ([u'attribue  cette 
légende  aux  princes  de  la  suite  de  Set.  Mais  je  suis  le  premier  à  dire  qu'oxrtre  les  textes 
que  j'ai  cités  dans  mon  IV'=  volume  des  Nouvelles  fouilles  d'Abydos,  je  ne  peux  aujourd'hui 
eu  apporter  aucun  autre.  Peut-être  le  pourrai  je  nu  jour,  ou  peut-être  apportera-t-on  aux  dé- 
bats des  preuves  qui  modifieront  mes  vues;  mais  jusqu'ici  je  dois  dii-e  que  ces  preuves  n'ont 
pas  été  apportées.  La  jiréseuce  des  deux  animaux  symboliques  sur  le  haut  du  rectangle  et 
le  nombre  inusité  de  ceux  qui  habitaient  la  tombe,  nombre  que  les  fouilles  ont  démontré 
être  de  deux,  restent  toujours  les  plus  fermes  appuis  de  ma  théorie. 

Châteauduu,  novembre  1907 


'  Cf.  De  Rougé.  Kotices  des  monuments  exposés  dans  la  galerie  égyptienne  du  musée  du  Louvre.  A  66. 
'  Brcgsch.  Dictionnaire  hiérogli/phiqtie.  p.  1200. 


172       E.  Amélineau.    Chronologie  des  rois  de  l'époque  archaïque. 

J^ota.  —  Je  dois  ajouter  ici  quelques  mots  d'explication  sur  la  date  tardive  à  laquelle 
paraît  cette  tin  d'étude.  Le  manuscrit  tout  entier  en  fut  remis  à  E.  Kbvillout  en  l'année 
1907,  comme  le  prouve  la  date  de  la  première  partie.  Cette  première  partie  parut  avant  le 
livre  auquel  je  fais  allusion,  à  savoir  mes  Prolégomènes  qui  virent  le  jour  en  1908.  E.  Re- 
viLLODT  m'avait  bien  promis  de  le  faire  paraître  tout  de  suite;  il  est  mort  avant  d'avoir 
tenir  sa  promesse,  quoique  sept  ans  se  soient  écoulés  depuis  qu'il  l'avait  faite.  Ces  obser- 
vations expliqueront  au  lecteur  comment  il  se  fait  que  je  n'ai  pas  cité  des  travaux  parus 
depuis  la  date  de  1907.  Je  n'ai  pas  varié  dans  mes  opinions  depuis  i]ue  j'ai  écrit  l'article 
précédent;  le  retard  mis  à  l'apparition  de  ces  opinions  n'a  même  fait  subir  aucun  préjudice, 
je  crois,  à  leur  expression.  Je  suis  même  arrivé  à  trouver  des  textes  que  je  pul)lierai  ailleurs, 
lesquels  démontrent  que  pour  le  tombeau  de  Set  et  Horus,  de  même  que  pour  le  tombeau 
d'Osiris,  je  suis  dans  la  vraie  tradition  de  l'Egypte,  qu'on  en  pense  ce  qu'on  voudra.  Et 
maintenant  je  m'excuse  près  de  mes  lecteurs  d'avoir  retenu  si  longtemps  leur  attention  et 
je  m'en  excuse  en  disant  que  pareille  chose  ne  m'arrivera  plus  :  je  n'écrirai  plus  dans  cette 
Revue  et  mon  nom  disparaîtra  de  la  couverture. 

Châteaudun,  9  janvier  1914. 


L'impression  de  ce  fascicule  a  été  retardée  par  la  mort  de  51.  Eugène  Revillout,  dont 
les  derniers  articles  insérés  ici  resteront  malheureusement  incomplets.  Une  notice  sur  le 
savant,  qui  a  donné  à  cette  Revue  tant  de  son  labeur  et  de  son  érudition,  paraîtra  dans  le 
prochain  numéro.  La  Revue  Êgyptologique  continuera  sa  publication  sous  la  direction  de 
JL  A.  MoRET,  professeur  à  l'École  des  Hautes  Études,  conservateur  du  Musée  Guimet  à  Paris. 


E.  L. 


L'Éditeur  Ernest  Lekodx,  Propriétaire-Gérant. 


-^r- 

v^^- 


é  >^ 


^ii^'4 


«NT'i^' 


1         ..^^r~VjUE->*=^fl>V'«^ 


■-<?■ 


/•l 


(^. 


^rt.^ 


^MmWk^^^^^'%Jafï. 


&>"!*.  *L.,-r 


^•^^h  ^ 


r^i 


Vi? 


r<,^ 


^*- 


iî^î...  ^>^  7 


*  K 


À     ,  *■